liiiiisisiss ftLPt 0I4H HARVARD UNIVERSITY. UBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY. &xs$ IAAVC Crue^Ji^SJ^^ . NOV S 1 BULLETINS lU DE L'ACADEMIE ROYALE DES Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts DE BELGIQUE. 67me ANNÉE, 5me SÉRIE, T. XXXIII. 1897 n$ty3>Ql&Ç* BRUXELLES, HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. Rue de Louvain. 112. 1897 * f BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts DE BELGIQUE. BULLETINS [)K L'ACADEMIE ROYALE DES Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts DE BELGIQUE. (I7me ANNÉE. 5"ie SÉRIE, T. 55. 1897 HRUXELLES, HAYEZ, IMPRIMEUR DE L ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DCS BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, Rue de Louvain, 112. IX! )1 \v INU v BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1897. — N° 1. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 9 janvier 1897. M. Al. Brialmont, directeur pour 1896, occupe le fau- teuil. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Alfr. Gilkinet, directeur pour 1897; lebaronEdm.de SelysLongchamps, G. Dewalque, E.Can- dèze, Éd. Dupont, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De ïilly, Ch. Van Bambeke, G. Vander Mensbrugglie, M. Mourlon, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, H. Valérius, L. Fredericq, J.-B. Masius, membres; A. -F. Renard, L. Errera, J. Neu- berg, A. Lancaster et G. Cesàro, correspondants. MM. Henry, Mansion et Lagrange écrivent pour motiver leur absence. Ome SÉRIE, TOME XXXIII. 1 ( 2 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique transmet : 1° Une ampliation : a) de l'arrêté royal, en date du 16 décembre dernier, nommant président de l'Académie, pour l'année 1897, M. le comte E. Goblet d'Alviella, directeur de la Classe des lettres pendant la même année; b) un arrêté royal du 28 du même mois approuvant l'élec- tion de M. V. Masius, en qualité de membre titulaire de la Classe; 2° a) Une requête, avec annexe, de M. le D1 Paul Masoin, assistant à l'Université de Louvain, qui demande à être envoyé à la station zoologique de Naples pour y étudier l'action de quelques substances sur la vitalité de certains organismes ou sur le cœur de certains Mol- lusques; b) une lettre de la Société royale belge de géo- graphie demandant que M. Taquin, docteur en médecine et membre de l'expédition antarctique belge, soit envoyé en mission à la même station. — Commissaires : MM. Van Beneden, Van Bambeke, L. Fredericq et Errera. — MM. Masius, élu membre titulaire, et Mendeléeff, Beltrami, Janssen et des Cloizeaux, élus associés, adres- sent leurs remerciements. ( 3) MM. (.. Cesàro, De Bruyne, Heymans, Van der Stricht, Massart et Lancaslcr (au nom du Comité de rédaction de Ciel et Terra, remercient pour les distinc- tions académiques qu'ils ont remportées. M"" Jeannette du Bois-Reymond, née Claude, notifie la mort de son mari, M. le professeur D1 Emile-Henri du Bois-Reymond. ;issocié de la Classe, et secrétaire perpé- tuel de l'Académie royale des sciences de Berlin, décédé en cette ville, le 26 décembre 1896, à l'âge de 7(J ans. Une lettre de condoléances sera adressée à Mrae veuve du Bois-Reymond. - M. Stanislas Cannizzaro, associé de la Classe, à Home, remercie pour les marques de sympathie qui lui ont été adressées à l'occasion de son soixante-dixième anni- versaire. Il ofl're, en même temps, le compte rendu de la cérémonie ainsi que quelques-uns de ses écrits publiés pour la circonstance. — Remerciements. — La Classe accepte le dépôt dans les archives d'un pli cacheté adressé le G janvier par M. Folie. — M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire du tome VI des OEuvres de Galilée. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° Scritti intorno alla teoria moleeolare ed atomica ed alla notazione chimica; par S. Cannizzaro; 2° Onoranze al professore Stanislao Cannizzaro (Mil luglio 1896). Rendiconto générale; ( 4) 5" a) Les bactériacées de la houille; b) Notice sur les calamariees (suite); par B. Renault, associé, à Paris; •1° Station agronomique et laboratoires d'analyses de l'État, 1871-4896; llapport présente au Ministre de l'Agri- culture et des Travaux publies; par A. Peteniianu. (Pré- senté par M. C. Malaise avec une note); 5° Annuaire pour l'an /— — log(2T/a), Iog(2>r7ti) = log|2W/| h sign./*. " 2ti7i 2tM ov y nv ' ol '2 Par suite, tous calculs faits, on a la formule de Rum- iner, où a est compris entre 0 et 1, d'après les formules auxiliaires employées : (j \ ce g-2T -^ e«r.*(« oi /-— =B-+-/ — e-"^ — — — e-*y ■ ., ■ o On trouve o n dt I — (e"x — e'x)= I ltdt = vlv—v; O 0 ( 13 ) puis, après quelques transformations, ,„ _ lra _ j W _ (. _ .) fa + , _ _ 2' », ___ , Ra=/ — r^ -,x(/x ~h Connue ma =

2xih ( M) C'est le premier nouveau résultat important dû à M. Landsberg. Pour v = 0, cette formule devient celle de Kummer. IV. L'auteur s'attache ensuite à mettre la somme S qui entre dans la série nouvelle sous une forme telle que l'on obtienne la formule de Stirling et la formule de Stirling généralisée. En laissant aux coefficients RA leur forme primitive, on trouve aisément : /°° e~lxdx e'bt i — — [%(x,a-ii)— %(0,a-i>)],x(x,6)= — — --. 0 résultat qui peut s'établir d'ailleurs, à partir de la pre- mière formule du n° TI, par une voie plus simple. Pour v = a, S prend la forme qui a servi à trouver la formule de Stirling, par le développement de % suivant les puis- sances croissantes de x. M. Landsberg indique en parti- culier comment on peut obtenir, dans ce cas, la célèbre forme du reste, en intégrale définie, due à Schaar. Dans le cas général, on a : X X* x(x, b) = i0b -*- - -+- etc., I 1.2 les ty désignant certaines fonctions bernouilliennes. On en obtient la valeur en comparant cette série au développe- ment trigonométrique connu, lequel peut s'écrire : ;(*,&) = 2' iwih +wf tfzihb l X (- i)aXa *l7rihb ( "Inih (2jt//i)"~' (x -+- Ixih) ( '5 ) En introduisant le dernier terme de ce développement dans S, on trouve finalement, si a = 6 ■+- v : lTa = lT{b -+- v)= il(tw) h Wr — dh h — - /oc +oo „ÏTihb ir"dx xniY — — * (2*ih)n[x+2rilt) (Test la formule généralisée de Stirling, avec un reste, due à M. Landsberg. Il enferme ce reste entre deux limites, l t -f„(ft)±-f;0 et prouve que ce reste aura la valeur la plus convenable si n = E (2-v) ou E (2m>) -+- 1, par une discussion plus simple que celle qui est relative à la formule de Stirling non généralisée. La nouvelle formule est d'ailleurs diver- gente comme l'ancienne, quand on ne l'arrête pas à un reste. V. L'auteur termine son mémoire en faisant diverses applications des résultats obtenus. La comparaison des deux séries nouvelles lui a fait trouver une série pseudo- convergente pour Ew, mais il l'établit directement pour éviter toute objection. ( 16 ) Il trouve aisément la formule suivante : Eiz = I e~*dx I yz~*dy a> 0 0 oc » 1 -+- lûg -- y La série pseudo-convergente nouvelle s'obtient en remplaçant 1 -+- log - par I - log --t- log- + ..-*-(— I)' y \ y On trouve ainsi : l -+- log n 1 1.2 txn i.2...(rt-r \z z- z zn 1 . 2 ... »\ wr4* G et 6' étant compris entre 0 et 1, et R(a) désignant la partie réelle de z. Si z est réel, 6' est nul et il faut remplacer l\(z) par z. VI. Comme on le voit, le mémoire de M. Landsberg est une contribution importante à la théorie de la fonction gamma et de l'exponentielle intégrale; il généralise de la manière la plus heureuse les résultats trouvés par Schaar ( *7 et Ruminer; il montre les liens cachés <|iii existent entre des parties en apparence absolument hétérogènes de la doctrine des eulériennes. .Nous proposons à la Classe d'adresser des remercie- ments à L'auteur et de voter l'impression de son mémoire dans le Recueil des Mémoires des savants étrangers. » MM. Deruyts et Neubergse rallient aux conclusions du rapport du savant premier commissaire; celles-ci sont adoptées par la Classe. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Comment les /leurs attirent les Insectes. — Recherches expé- rimentales. Troisième partie; par Félix Plateau, pro- fesseur à l'Université de Gand, membre de l'Académie. §4. — Introduction. Les expériences sur les inllorescences dont les portions voyantes sont masquées par des feuilles vertes et sur les Heurs ou les inllorescences dont les organes colorés, pétales, sépales, fleurons, ont été coupés, décrites dans la première (1) et dans la seconde partie (2), conduisent a (1) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 3e série, t. XXX, n° 11 (novembre,/, 189o. (2) Ibid., 3l série, t. XXXII, h° Il (novembre). 1896. 5me SÉRIE, TOME XXXIII. - ( 18 ) cette conclusion principale que le rôle attractif attribué à l'éclat ou à la couleur est loin d'avoir l'importance admise jusqu'à présent, les Insectes étant probablement guidés, dans leur recherche du pollen et du nectar, sur- tout par un sens autre que la vue, vraisemblablement par l'odorat. Si cette conclusion est l'expression réelle de ce qui se passe dans la nature, il faut : 1° Que, contrairement à ce qui a été avancé plusieurs fois, les Insectes manifestent l'indifférence la plus com- plète pour les couleurs diverses que peuvent présenter des fleurs de même espèce ou de même genre; 2° Qu'ils se portent, sans hésitation, vers des fleurs habituellement négligées pour absence ou pauvreté de nectar, du moment où l'on met dans celles-ci du nectar artificiel représenté par du miel; 5° Que les Insectes cessent leurs visites lorsque, tout en respectant les organes voyants colorés, on enlève la partie nectarifère de la fleur, et qu'ils recommencent ces visites si l'on remplace ultérieurement le nectar supprimé par du miel. Ce sont ces trois points qui font l'objet de la notice actuelle. D'autres faits seront décrits dans une quatrième partie en cours de préparation. § 2. — Indifférence des Insectes pour les couleurs diverses des variétés d'une même espèce de fleurs ou des espèces d'un même genre. Une des idées difficiles à extirper, conséquence naturelle de l'hypothèse de l'attraction prépondérante par l'éclat des corolles, est que certaines espèces ou certains groupes ( «9 ) d'Insectes ont une préférence marquée pour des couleurs déterminées et une répugnance instinctive pour d'autres. J'exposerai ailleurs connue quoi les divers ailleurs qui parlent de ce sujet devaient arriver, et arrivent en effet, aux résultats les plus discordants. Ici je me bornerai ;i une simple remarque : A supposer que certains Insectes manifestent une préférence apparente pour des pétales bleus, des pétales jaunes ou des pétales rouges, cela ne signifierait aucunement qu'ils voient bleu ce que nous appelons bleu, ou rouge ce que nous appelons rouge; cela indiquerait uniquement qu'ils perçoivent une différence entre des rayons lumineux très réfrangibles et îles rayons peu réfrangibles. On oublie toujours les patientes et remarquables recherches de V. Graber (1), d'où résulte que les Arthropodes se divisent en leuco- philes et leucophobes, que les leucophiles recherchent les rayons très réfrangibles et les leucophobes les rayons de moindre réfrangibilité, prenant le rouge pour l'obscurité, etc. Ainsi, l'Abeille, que les expériences de Graber montrent être leu- cophile, c'est-à-dire avide de lumière, comme ses habitudes pouvaient le faire prévoir, étant appelée à choisir entre un éclairage rouge clair et un éclairage violet foncé, se porte toujours vers le violet foncé, bien moins lumineux, mais plus réfrangible ; entre le rouge clair et le jaune foncé, elle choisit le jaune encore une fois plus réfrangible que le rouge ; entre le vert foncé et le jaune clair, elle ne manifeste pas de préférence : les individus, au lieu de se diriger en majeure partie vers le jaune clair, qui est plus lumineux, se partagent au contraire égale- ment entre les deux couleurs d'une réfrangibilité trop peu différente pour que les Insectes s'en aperçoivent (2). Ce sont là des faits de valeur que les biologistes devraient toujours avoir présents à la mémoire quand ils parlent de choix que semblent faire des animaux articulés entre des couleurs diverses. (1) Graber, Grundlinien zur Erforschung des Helligkeits and Farbensinnes der Thiere. Prag und Leipzig, 1884. — Id., Ueber die Helligkeits and Farbenempfindligkeit ciniger Meerthiere. (Sitzungsber. Akad. Wien, Math. Naturwiss. Classe, XCI. Bd, I. bis IV. llelt, I. Abth., 1885.) (2j Graber, Grundlinien, etc., pp. 167 et suiv. (20) Pour en revenir aux préférences ou aux répugnances montrées par des Insectes à l'égard de fleurs de couleurs particulières, je crois que les naturalistes ont été trompés par de simples coïncidences. Les observations suivantes me paraissent prouver que les Insectes se chargent eux- mêmes de nous montrer que toutes les couleurs des corolles ou des inflorescences leur sont parfaitement indifférentes, du moment que ces mêmes corolles ou inflorescences contiennent soit le nectar, soii le pollen cherché. a. — Observations sur le Centaurea cyanus L. G. Bonnier(I) ayant rencontré dans un champ de blé la variété blanche du Bleuet répandue au milieu d'indi- vidus à fleurs bleues, constata que les Abeilles visitaient à peu près en même nombre les fleurs des deux couleurs. Mes observations, tout en confirmant celle de Bonnier, sont plus complètes. J'ai cultivé en mélange les variétés bleue, rose, blanche et pourpre foncée du Centaurea cyanus. Le groupe de plantes était assez grand, très serré, et les inflorescences se comptaient par centaines. Parmi les quatre variétés, la bleue ou ordinaire dominait quelque peu. Les Hyménoptères affluaient et semblaient se rendre indifféremment aux capitules des diverses couleurs; mais afin d'éviter des erreurs, je me suis astreint à suivre des yeux certains individus déterminés, en notant d'un signe sur mon carnet chacune des couleurs visitées. (1) Bonnier, Les Nectaires. (Annales des sciences nat. bot., 49° année, VI1' série, t. VIII, nos 1 et 2, p. 45, 1879.) (31 ) "21 juin, beau temps. Une Abeille se rend aux Ileurs successives, dans l'ordre suivant: bleu, pourpre, blanc, bleu, bleu, bleu. 2\) juin. Une autre Abeille donne la série : blanc, bleu, bleu, pourpre, bleu, bleu, pourpre, bleu, pourpre, bleu. J'observe, le 27, les allures de Mégachiles (Megachile ericetorum) sur les mêmes Bleuets. lri> Megachile : blanc, bleu, pourpre, blanc; 2« — blanc,. bleu, bleu; 3e — rose, pourpre, blanc; 4e bleu, rose, bleu, bleu. La préférence apparente pour les capitules bleus tiont à cette particularité indiquée plus haut que ceux-ci étaient plus nombreux que les autres variétés. L'indifférence pour la coloration est du reste à peu près complète. b. - Observations sur le Dahlia variabilis Dest. Depuis plusieurs années, je cultive en mélange une série de variétés du Dahlia variabilis simple, rouges écar- lates, pourpres, roses, jaunes orangées (saumon) et blanches. J'ai constaté à satiété que les nombreux Insectes, Abeilles, Bourdons, Mégachiles, Piérides, Vanesses, Eristales, etc., qui fréquentent les inllorescences vers la fin d'août et durant tout le mois de septembre, passent continuellement, sans le moindre choix, d'une variété aux autres. C'est là un fait banal dont tout observateur peut être témoin dans les jardins où l'on cultive des Dahlias sim- ( 22! ) pies. Si l'une des variétés semble plus fréquemment visitée, cela dépend uniquement du nombre prépondé- rant de capitules par lequel elle est momentanément représentée (1). c. — Observations sur le Scabiosa atropurpurea L. Première série, 19 et 24 juillet, beau temps. De nombreux pieds de Scabiosa atropurpurea à petits capitules sont plantés en ligne. Les inflorescences offrent les variétés de coloration suivantes, sans ordre et avec de fréquents mélanges : pourpre foncé, rouge, rose et blanc à peu près pur. J'y observe butinant: Apis melti/ica, Bombus hypnorum, Megachile ericetorum, Eristalis tenax, Syrphus divers, Vanessa c-album, Pieris napi. Or, ici où les inflorescences ne sont pas densément serrées comme pour les Bleuets, mais rangées en ligne, l'examen des allures des Insectes est singulièrement faci- lité, et je constate que tous indistinctement se portent d'un capitule à l'autre sans aucun choix dans la couleur, visitant un peu plus souvent les fleurs pourpres tout sim- plement parce que ce sont les plus nombreuses. Deuxième série, 9 et 10 août, beau temps. Des Scabiosa atropurpurea d'une variété à capitules beaucoup plus volumineux que ceux de la précédente et mesurant de 4 à 5 centimètres de diamètre, en pieds (1) Quelques variétés sont, en effet, plus florifères que d'autres; telle est, chez moi, la variété pourpre. (23 ) nombreux plantes aussi en ligne, avec couleurs mélan- gées, offrent les colorations qui suivent : blanc pur, rose franc, violet et pourpre foncé. Les visiteurs sont des Lépidoptères diurnes, Wuiessa lo, Pieris brassicae, Pieris napi. (".es Insectes, qui butinent longuement sur chaque inflorescence, passent sans hésiter de l'une à l'autre, quelle que soit la couleur, se rendant cette fois un peu plus fréquemment sur les capitules roses parce qu'ils sont plus nombreux. Ainsi, un observateur superficiel aurait conclu de la première série à une préférence pour la couleur pourpre, et s'il n'avait examiné que la deuxième série, il aurait admis une préférence pour le rose. d. — Observations sur les Linum gramhflorum Desf. et L. US1TATISSIMUM L. Au milieu d'un groupe de Lin à fleurs écarlates, Linum grandiflorum, ont poussé par hasard deux pieds de Lin à fleurs bleues, L. usitatissimum, circonstance des plus favorables à l'observation, le rouge vif et le bleu étant ici deux couleurs extrêmes. Les Insectes visitent peu les fleurs de Lin (1) ; cepen- (1) Suivant Mac Leod (Over de bevruckting (1er bloemen in het Kempisch gedeelte van Vlaanderen, blz. 421, Gent, 1894), le Linum usitatissimum est peu visité chez nous, par suite de sa pauvreté en nectar. L'auteur ne signale sur cette fleur qu'un seul Hyménoptère, Bombus agrorum, et un seul Diptère, Hylemyia coarctata. H. Millier (The Fertilisation of Flowers, pp. 147 et 148), parlant du Linum Catharticum, dit : « Malgré la grande abondance de cette plante, je n'y ai observé que deux Insectes », et il cite deux Diptères : Systoechus ( 24 ) dant un examen attentif permet, le 6 juillet, par un beau temps, de voir de petits Diptères syrphides allant du Lin écarlate au Lin bleu. Un Hyménoptère, une Andrena, butine sur le Lin rouge, puis, spontanément, sans hésita- tion, va butiner sur le Lin bleu. L'indifférence pour la couleur me parut être absolue. e. — Observations analogues faites par d'autres auteurs. Ch. Darwin (1) dit : « J'ai vu des Bourdons volant directement d'une plante de Dictarnnus fraxinella de la variété rouge à une autre de la variété blanche, se rendant d'une variété à une autre variété de Delphinium consolida; le même fait s'est répété pour les variétés de Primai a veris. Ces Insectes se portaient d'une Pensée d'un pour- pre foncé à une autre d'un jaune clair, d'une espèce de Papaver à une autre espèce différente. » Et il ajoute plus loin (2) que les cas qu'il a cités d'Hy- sulphureus et Empis livida. Sur le L. usitatissimum, il n'a vu que deux Hyménoptères : Apis melliftca, Halictus cylindricus, et un Lépi- doptère, Plusia Gamma. Le faible nombre de visites que j'ai pu noter rentre donc dans la catégorie des faits normaux. (1) Darwin, The effects of cross and self Fertilisation in the vege- table kingdom, p. 416. London, 1876. (2) Darwin, Op. cit., p. 421. « That the colour of the flowers is not the sole guide, is clearly shown by the six cases above given of Bées which repeatedly passed in a direct Une from one variety to another of the same species, although they bore very differently coloured flowers. » J'ai tenu à reproduire intégralement le passage pour lever tous les doutes. Darwin y parle de six cas ; en réalité, dans les lignes auxquelles il fait allusion, l'auteur n'en signale que cinq. Petite erreur de rédaction sans importance. ( 25 ) ménoptères passant d'une façon répétée et directe d'une variété à une autre variété, bien qu'elles présentassent des couleurs très différentes, démontrent clairement que la coloration n'est pas le seul guide qui détermine le choix des Insectes. G. Bonnier (l), dont j'ai déjà rappelé plus haut l'obser- vation sur le Centaurea cyanus à (leurs bleues et à (leurs blanches, signale en outre les cas suivants : Trois pieds d'Althaea rosea à (leurs simples rouges, trois pieds à (leurs blanches et trois pieds à fleurs d'un rose pale ont été observés quatre jours consécutifs. Quinze (leurs de chaque couleur avaient été marquées. Les Hyménoptères visi- teurs appartenaient aux espèces : Apis mdlifica, .1 . meUifica var. ligustica, Bombus lerrestris, Ilombits hortorum. D'un petit tableau que donne l'auteur et qui renseigne les moyennes des nombres d'Insectes visitant quinze (leurs de chacune des variétés résulte que ces animaux n'ont fait aucun eboix spécial et se sont rendus indifféremment aux diverses (leurs, quelle que fût leur coloration. Mêmes résultats en opérant comparativement sur les variétés roses et blanches de Digilalis purpurea et d'Epilo- biiim spicatum. Enfin, il a vu un grand nombre de fois des Hyméno- ptères butinant sans choix sur les Brassica oleracea à (leurs jaunes et à fleurs blanches, la même Abeille passant d'un pied à fleurs jaunes à un pied à fleurs blanches et réciproquement. De tout ce qui précède, des observations de mes devan- ciers comme des miennes, on peut évidemment conclure (1) Bonnier, Op. cit., pp. 44 ot ( 26 ) que les Insectes se montrent parfaitement indifférents aux couleurs, n'ont ni préférences ni répugnances. Il est fort probable que chaque fois qu'une préférence ou une répugnance pour certaines fleurs a été nettement constatée, le phénomène trouvait sa cause dans tout autre chose que la coloration : pauvreté en nectar ou même obstacle mécanique, tel que celui signalé par Errera et Gevaert (1). Ces deux botanistes, observant un parterre où crois- saient en mélange les Pentstemon Hartwegi Benth. et Pentstemon gentianoides G. Don. offrant des variétés à fleurs rouges écarlates, rouges foncées, blanches, striées et mauves violacées, virent les Syrphides et les Hyméno- ptères visiter presque exclusivement les fleurs mauves, dédaignant les autres. « Ce n'est, disent-ils, ni le goût du nectar, ni son parfum, ni la couleur de la corolle (2) qui produisent ... cette sympathie particulière, » et ils con- cluent que « la cause de beaucoup la principale, sinon la seule qui détermine la préférence des Insectes (dans ce cas particulier), est l'inégale distance chez les diverses variétés entre le point où s'incurve le staminode et le fond de la corolle. Cette distance représente la longueur de la trompe qui puisse puiser tout le nectar. » Suivent des mesures qui confirment cette opinion. (t ) Errera et Gevaert, Sur la structure et le mode de fécondation des fleur?,, pp 188 à 190. (Bull. Soc. roy. de botanique de Belgique, t. XII, 1878.) (2) Ces mots ne sont pas soulignés dans le texte original. ( 27 ) § .">. Pleurs très voyantes, mais normalement PEU VISITÉES, RENDUES ATTRACTIVES PAR DU MIEL. Quelques-uns de mes savants prédécesseurs se sont assurés : 1° Que des fleurs bien apparentes, négligées pendant un certain temps par les Insectes, reçoivent tout d'un coup des visites fréquentes au moment de la sécrétion du nectar; 2° Que des fleurs apparentes aussi, mais toujours dédaignées à cause de leur pauvreté en liquide sucré, attirent au contraire les Insectes lorsqu'on y introduit du miel. Donnons d'abord ces observations : Ch. Darwin (1) s'exprime ainsi : La visibilité de la corolle ne suffit pas pour déterminer les visites répétées des Insectes si en même temps il n'y a pas sécrétion de nectar et peut-être émission d'un peu d'odeur. J'observai pendant une quin- zaine de jours et chaque jour durant un certain temps, une muraille couverte de Linaria cymbalaria en pleine floraison, et je ne vis jamais une Abeille y faire attention. Vint ensuite un jour très chaud, et immé- diatement plusieurs Abeilles apparurent au travail sur les fleurs. Il semble qu'un certain degré de chaleur soit nécessaire pour la sécré- tion du nectar... c'est le cas pour les Linaria, Pedicularis sylvatica, Polygalu vulgaris, Viola tricolor et quelques espèces de Trifolium. J'ai surveillé les fleurs jour par jour sans voir une Abeille à l'ouvrage, puis soudainement toutes les fleurs furent visitées par beaucoup d'individus de cette espèce. Comment un si grand nombre d'Abeilles découvrent-t-elles à la fois que les fleurs sécrètent du nectar? 1 présume that it miist hâve been by their odour (2). (1) Darwin, Op. cit., p. 422. (2) Ces mots ne sont pas en italique dans le texte de Darwin. ( 28 ) G. Bonnier (1), observant des Pulmonaria officinalis qui, dans les circonstances ordinaires, n'étaient visitées avec succès que par des Bombus, la trompe des Abeilles étant trop courte pour atteindre le nectar (2i, assista au changement de conditions suivant : « . . Comme des jours chauds et soleilleux avaient succédé à une longue suite de jours de pluie, le nectar devint très abondant. Dans beaucoup de fleurs de Pulmonaria, le niveau du nectar s'était élevé de 3 à 4 milli- mètres au-dessus des nectaires. Dès lors, l'Abeille pouvait atteindre la matière sucrée avec sa trompe; aussi les Pulmonaires furent-elles abondamment visitées par les Abeilles ce jour-lit. » J. Pérez (3) relate ce qui suit : « Je considérais un jour d'automne où la température était un peu basse, bien qu'il fit un beau soleil, une vaste corbeille de Salvia splendens, au jardin public. Pendant un temps fort long, ces plantes ne reçurent pas la visite d'une seule Abeille et j'étais tout disposé à attribuer leur délaissement absolu, suivant l'opinion du savant italien (4), à la couleur rouge éclatante de la fleur. Mais voilà qu'à un certain moment la corbeille, jusque-là dans l'ombre, vint à recevoir le soleil et presque aussitôt, des Abeilles survinrent et même assez nombreuses... Il y a tout lieu de croire que la chaleur communiquée aux fleurs de la Sauge par les rayons du soleil avait favorisé l'excrétion du nectar ou provoqué le dégagement de son parfum, précédemment imperceptible ou tout à fait nul. » Il résulte donc bien de ces diverses observations que, comme je le disais plus haut, des fleurs voyantes négli- gées durant un temps par les Insectes reçoivent tout d'un coup des visites fréquentes au moment de la sécrétion du nectar. Arrivons maintenant au second point à démontrer : l'effet presque infaillible de l'introduction artificielle dans (1) Bonnier, Op. cit., p. 67. (2) H. MiiLLER, Op. cit., p. 413, cite effectivement sur la Pulmo- naire : des Anthophores, des Osmies, des Andrènes, des Bourdons, et pas d'Abeilles. (3) Péuez, Notes zoologiques. (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, vol XLV1I, série V, tome VII, pp. 250 et 251. Bordeaux, 1894.) (4) Il fait ici allusion à Delpino. 29 ) dos fleurs négligées, de nectar, c'est-à-dire de miel. Ainsi qu'on va le voir, c'est à .1. Pérez qu'on doit la première expérience dans ce sens. Les fleurs, cependant si brillantes, de Pelargonium zonale sont presque complètement dédaignées par les Insectes, comme tout observateur a pu s'en assurer el comme le fait ressortir le passage suivant, emprunté' à Errera et Gevaert (1). « ... nous avons plusieurs fois observé un parterre de Pélargoniums (vulgo Géraniums) tout couvert de fleurs très voyantes, roses et rouges, et entouré d'une bordure d'Héliotropes dont la teinte, comme on Le sait, n'est pas fort apparente. Et cependant, les Héliotropes sont extrêmement visitées par une foule de Papillons et d'Hyménoptères, tandis que les Pélargoniums n'ont pour hôtes qu'un petit nombre de Papillons. » (Ils signalent en note quelques Rhopalocères et le Macroglossa stellatarum.) J. Pérez (2) a songé, comme il dit, à « voir comment les butineuses (les Abeilles) se comporteraient en pré- sence de ces Heurs dédaignées, si on les garnissait artifi- ciellement de miel ». 11 ;i choisi des Pélargoniums écarlates et a déposé du miel dans la gorge des corolles. « Des Abeilles qui butinaient sur des Héliotropes voisines n'ont pas lardé a être frappées par l'odeur du miel dont elles ont eu bien vite découvert la situation. Sans la moindre hésitation, elles se sont jetées sur les fleurs écarlates, en ont avidement sucé le miel et n'ont cessé, jusqu'au soir, de les visiter assidûment... J'ajouterai même qu'elles se portaient directement et même d'assez loin sur ces fleurs, sans prêter la moindre attention aux variétés blanches ou roses de la même espèce, taisant partie de la même corbeille, et dont aucune n'avait été garnie de miel. » (1) Errera et Gevaert, Op. cit., p. 107. (2) Pékez, Op. cit., p. 253. ( 30) Tel est le résultat capital de cet essai intéressant. Pérez termine par ces lignes que je reproduirai, afin de ne pas avoir l'air de tronquer une citation : « La couleur écarlate s'était si bien associée dans leur souvenir à l'idée du miel, qu'elles se posaient à la fin sur des fleurs de cette couleur n'en ayant pas reçu et ne les quittaient qu'après s'être assurées, par un examen scrupuleux et persistant, qu'elles n'avaient rien à y recueillir. » Le lecteur verra que je puis confirmer l'exactitude de l'expérience de Pérez. Pour un seul détail seulement, celui qui concerne le rapport qu'auraient établi les Abeilles entre la couleur et la présence du miel, je suis en contradiction avec l'éminent naturaliste. Après cette revision de ce qu'ont observé mes devan- ciers, revision un peu longue, mais indispensable pour prouver que mes expériences personnelles avaient leur raison d'être, j'aborde la description de ces dernières. a. — Expériences sur le Pelargonium zonale Willd. 19 août, temps pluvieux, parfois un rayon de soleil. Un parterre elliptique assez étendu est couvert de Capu- cines naines, fleurs qui sont généralement visitées par des Hyménoptères, surtout par des Bourdons. Ce par- terre est garni, en bordure, de Pelargonium zonale à fleurs écarlates, toujours dédaignées par les Abeilles et les Bourdons, malgré leur coloration intense. Le matin, j'introduis, à l'aide d'une pipette effilée, une goutte de vrai miel liquide de rucbe (1) dans les fleurs (1) Éviter les mélanges falsifiés qu'on vend chez les confiseurs. ( 31 ) de dix-sept ombelles de Pélargoniums situés en série continue et en prenant la précaution de marquer, par des piquets ûchés en terre, le commencement et la lin de la série, dans le but de ne pas confondre les fleurs miellées avec d'autres. I. 'après-midi, durant une éclaircie, je pus déjà observer en une beurc huit visites de Bombus terrestris. Chaque fois le Bourdon négligeait absolument les Capucines et visitait activement les Pélargoniums garnis de miel, passant de fleur en fleur et restant souvent à sucer sur la même durant vingt-cinq secondes. Lorsque l'Insecte avait ainsi absorbé le liquide d'un certain nombre de Heurs miellées, il lui arrivait de se diriger vers des Pélargoniums non munis de miel; il se bornait alors à voler en tournant rapidement autour, sans se poser, puis partait vers son nid ou revenait aux Pélargoniums à miel. 20 août, temps beau et chaud. Le lendemain matin, entre 8 et 9 heures et avant l'installation d'une nouvelle expérience, j'observe deux Abeilles butinant sur les Pélargoniums miellés de la veille. Vers 40 heures, je remets encore du miel dans les Ileurs de vingt-six ombelles de Pélargoniums appartenant à la même rangée limitée par des piquets. Dès le moment de l'opération et en trois quarts d'heure, je note les visites de : 3 Apis niellifica suçant leur Heur pendant dix-sept et vingt-sept secondes; 5 Bombus terrestris se comportant comme ceux de la veille; 3 Vespa vulgaris; D, -, n- ,. I Eristalis tenax, Plusieurs Diptères . . \ / Lucilia caesar. ( 32 ) Le même jour, à 2 heures de l'après-midi, les Hymé- noptères foisonnent. En trente minutes, je compte appro- ximativement (1) : 18 ApLs mellifica ; 5 Bombus terres tris ; 5 Vespa vulgaris. A un moment donné, sur cette étroite bande de 4 mètres au plus de longueur, butinaient à la lois de nombreuses Abeilles et deux Bourdons. Le jour suivant, 21 août, Abeilles et Bourdons visi- taient encore avec assiduité les mêmes Pélargoniums. Sauf le cas de quelques vols d'exploration de Bourdons que j'ai indiqués plus haut, les Pélargoniums de tout le reste de la bordure du parterre (plus de vingt-cinq plantes en Heurs) qui n'avaient pas reçu de miel, sont restes abso- lument négligés par les Abeilles, comme s'ils n'existaient pas. L'expérience de Pérez est donc exacte, à cette excep- tion près que les Abeilles n'ont été attirées que par le miel et non par la couleur, puisqu'elles n'ont jamais exploré les Heurs vides des Pélargoniums voisins. Fait dont je suis parfaitement certain, les essais ayant eu lieu dans mon jardin où durant les mois de vacances je passe les journées entières. b. — Expériences sur le Phlox paniculata L. Le Phlox ordinaire des jardins, malgré ses nombreuses Heurs à couleurs vives, est relativement peu visité par les Insectes diurnes (2). Ceux qu'on observe pendant le jour (1) La quantité d'Insectes était trop grande pour pouvoir noter exactement leur nombre. (2) Le soir, le Phlox est visité par des Noctuelles, entre autres par Plusia Gamma. ( 33 ) sur cette plante sont par-ci, par-là un Lépidoptère rhopa- locère, dont la visite est du reste très courte, et quelques Diptères syrpliides de petite taille. 20 août, vers 3 heures, temps beau et chaud. Je choisis deux variétés communes, l'une à Ileurs violettes, l'autre dont les Ileurs sont blanches à centre rose. Les deux touffes sont au moins à 20 mètres l'une de l'autre, et plus de vingt autres touffes de Phlox sont disséminées dans le jardin. Au moyen d'une pipette effilée, je mets une goutte de miel liquide dans une vingtaine de fleurs des deux variétés indiquées. L'expérience est à peine commencée que j'observe une Abeille sur la variété violette. En moins d'une heure, j'y ai vu : 3 Apis mcllifica; 1 Vespa vulgaris ; 2 Picris brussicae, les Pieris butinant cette fois longuement pendant plu- sieurs minutes. La variété blanche à cœur rose étant en ce moment à l'ombre, n'a rien donné. 22 août, temps trais (vent du nord), beau. Je recommence la même expérience sur les deux pieds de Phlox précédents. Quoique d'autres occupations ne me permettent pas d'observation continue, je note cependant : „,,.,. I Avis mellifica. . . 1 visite. Phlox violet ••••},, , ... ( vespa vulgaris . . 4 visites. Plilox blanc et rose . . . Vespa vulgaris . . 4 — 3me SÉRIE, TOME XXXUI. 5 (34) c. — Expériences sur /'Anémone japonica Sieb. et Zucc. Bien que ses nombreuses et grandes fleurs blanches ou rosées soient très voyantes, l'Anémone du Japon n'est guère visitée que par des Diptères (1). 22 août, temps beau et frais (vent du nord). Quatre fleurs seulement de la variété blanche sont ouvertes. Au moyen d'un pinceau, j'y mets du miel dès le matin. Aussitôt les Insectes arrivent en nombre. Je note, en me promenant, non seulement de fréquents Syrphides (Syrphus et Eristalis), mais de plus, comme Hymé- noptères : Bombus muscorum 1 visite. Bombas terres tris 1 — Odynerus quadratus 1 — Vespa vulgaris 4 visites. On remarquera que n'ayant pas observé d'une manière continue, beaucoup de visites ont dû m 'échapper. 8 septembre, temps beau et chaud. Afin de rendre l'expérience aussi démonstrative que possible, je procède cette fois de la manière suivante : La touffe d'Anémones blanches porte en tout vingt- neuf fleurs épanouies. Je mets du miel dans six seulement de celles-ci, formant un petit groupe bien reconnaissable, quoique contigu aux autres. (1) J'ai vu une fois une courte visite de Bombus terrestris. ( 33 ) En une heure d'observation continue, de 10 à 1 1 heures du matin, je note tous les Insectes visitant d'une pari les vingt-trois Heurs intactes et d'autre part les six fleurs miellées : ■27, FLEURS INTACTES. (i FLEURS MILLI.ÉES. Eristalis tenax 76 visites. 66 visites. Helophiltis 4 — 5 — Syrphus 1 visite. 4 — Calliphora vomitorïa .... 0 — 3 — Musca 8 visites. 4 — Petit Diptère indéterminé . . 10 — 9 — Odynerus quadratus .... 0 visite. 2 — Petit Hyménoptère indéterminé. 1 — 0 visite. Pieris napi 0 — 1 — Totaux. . . 100 visites. 94 visites. Si maintenant on calcule la proportion de visiteurs par fleur, on trouve qu'elle n'est que de 4.5 pour les fleurs intactes et qu'elle monte à 15.6 pour les fleurs miellées. L'influence attractive de la présence du miel est ainsi démontrée. d. — Expérience sur le Convolvulus (Calystegia) sepium L. Le grand Liseron blanc des haies, Convolvulus sepium, dont la large corolle d'un blanc pur se détache nettement sur le feuillage, passe avec raison pour être négligé par la plupart des Insectes, et surtout pour être beaucoup moins visité que le petit Liseron des champs, Convolvulus arvensis. ( 36 ) II. Millier (1) et ses continuateurs attribuent cette dif- férence à la production d'un parfum assez intense par le Convolvulus arvensis, alors que le Convolvulus sepium n'aurait presque pas d'odeur. Millier fournissant là un argument contre la théorie du rôle de l'éclat des fleurs dans l'attraction des Insectes, il était fort intéressant de voir ce qui arriverait lorsque, sans changer l'aspect de la corolle du Convolvulus sepium, on lui donnerait une odeur de nectar. 5 septembre, temps beau et chaud. Je choisis à la campagne un pied de Convolvulus sepium ne portant qu'une seule fleur épanouie bien en évidence; il est à plus de 20 mètres de tout autre pied fleuri. La fleur est sans visiteurs ; j'y introduis, au moyen d'un pinceau, un peu de miel étendu d'eau. Immédiatement les Insectes arrivent et, en trente minutes d'observation, je note vingt-neuf visites que je groupe comme suit : Panorpa communis 3 visites. Musca {dômes tica ?) 12 — Syrphns divers 9 — Callipkora vomitoria 1 visite. Lucilia caesar 1 — Eristalis tenax 1 — Bombus muscorum 1 — Vespa crabro 1 — L'ardeur des Insectes est considérable; à certains moments, il y a dans la corolle jusqu'à quatre Insectes à la fois. (lj Muller, Op. cit., |> 424. ( 37 ) Les Panorpes, quoique Névroptères carnassiers, ne venaient pas là pour capturer des Diptères, mais, comme je l'ai nettement constaté, pour lécher le miel. Elles étaient si occupées à eelte opération qu'elles ne faisaient pas attention aux Mouches placées près d'elles dans la fleur. L'arrivée du liomlnts muscorum eut lieu d'une façon directe, sans hésitation, et la durée de sa visite fut longue. L'arrivée de la Vespa crabro (l) eut lieu aussi directement, sans recherches. Enfin, lorsque j'ai inter- rompu l'observation, les visites d'Insectes continuaient. L'expérience confirme donc parfaitement l'explication hypothétique que donne H. Millier du faible nombre de visiteurs pour le Liseron des haies et prouve que, dans le cas actuel, comme presque toujours du reste, les Insectes ont été guidés par un sens qui ne peut être que l'odorat. $ 4. — Cessation des visites après la suppression de la portion nectarifère; rétablissement des visites a l'aide de miel. 11 serait ordinairement impossible de supprimer la portion nectarifère des fleurs sans en altérer profondé- ment l'aspect. Cependant les Composées radiées se prêtent bien à ce genre d'opération ; c'est pourquoi je me suis adressé à ce type, choisissant encore une fois les Dahlias simples si abondamment visités et dont les hôtes habi- tuels m'étaient connus dans les moindres détails de leurs allures. (1) Le lecteur verra surtout dans J;i quatrième partie de ces recherches que c'est bien le miel qui attire les Guêpes dans les essais que j'ai institués. ( 38) Expériences sur le Dahlia variabilis. 50 août, temps beau et chaud. Au milieu d'un massif de Dahlias simples comprenanl plus de douze touffes en fleurs, on choisit un pied portant des inflorescences à fleurons périphériques pourpres et très visitées. Sur huit capitules, on enlève soigneusement tous les fleurons centraux et on remplace chacun de ces cœurs jaunes par un petit disque, jaune aussi, découpé dans une feuille jaunie de Cerisier et fixé à l'aide d'une fine épingle neuve. La couleur jaune des disques est à peu près la même que celle des fleurons centraux enlevés et appartient à un corps végétal n'ayant fait partie d'aucune fleur. Les Insectes qui fréquentent à cet instant l'ensemble des Dahlias, sont des Bombus terrestris, B. lapidarius, B. muscorum, Megachile ericetorum, Eristalis tenaxet autres Eristalis, Pieris napi. Durant trois quarts d'heure d'observation attentive, on ne voit aucun Insecte se poser sur les inflorescences transformées. Les Bourdons ou les Mégachiles qui quit- tent des capitules de Dahlias intacts se portent naturel- lement assez souvent vers les Dahlias mutilés mélangés aux précédents, mais ces Insectes se bornent à décrire devant ces inflorescences quelques courbes prouvant incontestablement un examen rapide, puis fondent tout droit sur un Dahlia intact. Ces hésitations ne doivent pas être immédiatement interprétées comme résultant de la prétendue fonction (39) vexillaire dos fleurons périphériques restés en place (1). Il ne faut pas oublier, en effet, que je venais d'enlever les fleurons tubuleux centraux en les écrasant entre les doigts, et que les capitules devaient en avoir conservé un peu d'odeur. Dans tous les cas, je le répète, aucun Insecte ne se posa sur les Dahlias mutilés. Ceci constaté à satiété, j'enduis de miel, à l'aide d'un pinceau, les disques artificiels jaunes. Aussitôt, les Insectes n'hésitent plus un instant et visitent les Dahlias mutilés aussi activement, ou même plus activement que les autres. En une demi-heure, je note quarante et une visites, se répartissant comme suit : Bombus terrestris 26 visites. Bombus muscorum 1 visite. Megachile ericetorum 2 visites. Vespa vulgaris 12 — 41 visites. Je n'ai jamais annoté comme visite que l'arrivée d'un nouvel individu ou le retour d'un individu qui s'était éloigné vers son nid. On remarquera de nouveau l'appari- tion des Guêpes, attirées de loin par l'odeur du miel. Les Insectes y mettent tant d'ardeur qu'on observe plusieurs des inflorescences occupées simultanément par (1) On sait, par la première partie de mes recherches (Bulletin de l'Acad. roy. de Belgique, 3e série, t. XXX, n° 11, novembre 1895), que le fait de cacher tous les fleurons périphériques, en laissant à nu les tleurons centraux, ne diminue en rien le nombre des visites des Insectes. ( 40;) deux individus. Nombre de fois un Bombus ou une Vespa se rendent successivement à deux ou trois capitules miellés. Deux jours après cet essai, les disques jaunes artificiels sont desséchés, leur miel épuisé et les capitules qui les portent sont encore une fois entièrement négligés par les Insectes. J'enlève les disques et, dans la cupule vide et verddtrc qu'ils occupaient, je dépose à nouveau un peu de miel au moyen d'un pinceau. Quoique cette opération fût rapide, les Insectes arrivèrent avant qu'elle eût été entièrement terminée et, en quarante-cinq minutes, je pus encore noter quarante et une visites, savoir : Megachde cricctorum . . . , . . 5 — Vespa vulgaris .... . . . 13 — 41 visites Ces visites à des réceptacles vides de fleurons centraux, mais enduits de miel, sont tellement actives qu'à plusieurs reprises on voit à la fois deux Bourdons ou un Bourdon et une Guêpe se disputer le même capitule. Seize fois, le même Bourdon ou la même Guêpe ont visité successive- ment deux inflorescences. Quatre fois, le même Insecte se porte successivement aussi sur trois ou quatre Dahlias mutilés et garnis de miel. Quelques jours plus tard, je recommence la même série d'expériences en employant onze capitules d'un autre pied. Tout se passe encore exactement de la même façon. ( 4" ) Il est impossible de ne pas être frappé de la netteté de ces résultats : absence de visites lorsqu'il n'y avait pas de miel, et cela malgré la présence des fleurons périphé- riques pourpres; au contraire, visites actives, presque incessantes, lorsque du miel a été mis, non seulement sur des simulacres de cœurs jaunes découpés dans des feuilles jaunies, mais encore dans le centre verdàtre de capitules absolument privés de fleurons tubuleux. C'est, on le voit, la confirmation, par un autre procédé, des résultats de la première partie concernant les Dahlias masqués par des feuilles vertes. En résumé, les Insectes ont répondu clairement aux trois questions qu'on leur avait expérimentalement posées: 1° Ils ne manifestent aucune préférence ou aucune antipathie pour les couleurs diverses que peuvent pré- senter des fleurs des différentes variétés d'une même espèce ou d'espèces voisines; 2° Ils se portent sans hésitation vers des fleurs habi- tuellement négligées, pour absence ou pauvreté de nectar, dès qu'on met dans celles-ci du nectar artificiel repré- senté par du miel ; 5° Us cessent leurs visites lorsque, tout en respectant les organes voyants colorés, on enlève la partie nectari- fère de la fleur, et ils recommencent ces visites si l'on remplace ultérieurement le nectar supprimé par du miel. («) Identité de l'effet produit par la lumière et par l'effluve électrique sur une plaque photographique recouverte d'une lame peu conductrice; par P. De Heen, membre de l'Académie. Nous avons montré, dans nos précédentes notes, que si P représente une plaque photographique (1) préala- blement voilée, e une feuille e d'étain en contact avec la sur- face sensible, /"une feuille de bois, un faisceau de rayons émanant du soleil ou d'une lampe à arc, détermine une impression plus forte sur la partie de la plaque préservée par la feuille d'étain. P Si la plaque n'a pas été voilée, l'impression derrière la feuille d'étain est sensiblement nulle. Nous avons interprété ce phénomène en admettant que sous l'influence des rayons R la planchette reçoit une f R FlG. 1. (1) Nous avons fait usage du bain révélateur suivant : eau, 100 grammes; sulfite sodique, 7sr,5; carbonate sodique, 15 grammes; bydroquinone, 1 gramme; éosine, de quoi colorer le bain en rose. Les plaques Beernaert's ont été généralement employées; de plus, pour réussir convenablement ces expériences, il faut placer le châssis dans le voisinage le plus immédiat possible d'un puissant arc électrique, ou encore utiliser le rayonnement d'un beau soleil d'été. ( 43 ) variété de l'énergie électrique à laquelle nous avons donné le nom d'inf'ra-éleetricité , laquelle ne produit que des effets peu sensibles à l'électroscope. D'autre part, elle participe à toutes les propriétés photographiques de l'électricité proprement dite. Elle est avant tout un agent continuateur de ces réactions, lorsqu'elle est en repos, mais elle enlève le voile déjà produit si elle est en mouvement. Nous avons interprété l'expérience (ligure 1), en mon- trant qu'elle est une conséquence de l'équilibre électro- statique. Nous allons montrer que les effets photogra- phiques produits par l'effluve électrique se confondent avec ceux produits par un rayon de lumière. / e p l'IG. 2. Le châssis est composé de la même manière, et l'on substitue aux rayons lumineux l'effluve produit par deux plateaux, A et B, munis de pointes et reliés aux deux pôles d'une machine de Holtz. Le temps de pose était à peu près le même que pour la lumière, c'est-à-dire qu'il variait ( 44 ) de 1 heure à 1 l/2 heure. En f se trouve une deuxième lame de bois, destinée à préserver la plaque. L'impression est sensiblement nulle lorsque la plaque n'a pas été voilée. Une plaque voilée donne le résultat reproduit par la planche, résultat absolument identique à celui fourni par les rayons lumineux; la surface recou- verte par la feuille d'étain est vivement impressionnée. Cette photographie nous montre encore des points très brillants où l'électricité s'est portée en trop grande abon- dance pour pouvoir se maintenir en équilibre-. Il en résulte que de ceux-ci une certaine quantité d'électricité s'est déversée dans l'espace environnant, lequel déplace- ment a déterminé la disparition du voile, autour de cha- cun de ces points. Des aigrettes qui se sont développées sur le bord de la feuille ont provoqué autour d'elles le même phénomène. Si l'on reproduit la même expérience à l'aide d'une bobine d'induction, on obtient des résultats négatifs; on observe cependant sur les bords de la feuille d'étain des aigrettes dont la forme est toute différente de celle que l'on obtient avec la machine de Holtz. Elles présentent la forme filamenteuse, mais elles sont moins déliées que celles que l'on obtient par le procédé indiqué dans une précédente note (l). Il résulte de ceci que la quantité de l'électricité se modifie en se transmettant sous forme d'effluve; de plus, on peut conclure de ces faits que l'électricité de Holtz se rapproche davantage de l'infra- électricité que celle de la bobine d'induction. (1) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3e série, tome XXXI, p. 458, 1896. ( tâ : En résumé, les effets photographiques obtenus à l'aide de la lumière et à l'aide de l'ellliive électrique, présentent les mêmes caractères (impression des plaques voilées, dévoilage par le mouvement de l'électricité, résultat négatif sur la plaque non voilée). La seule nuance qui différencie l'infra-électricité de l'électricité même, se trouve dans une action répulsive inoins sensible de ses éléments entre eux. De là, absence d'aigrettes et action très faible sur l'électroscope. Certaines photo- graphies manifestent cependant les points brillants a entourés de la zone dévoilée. Les pulsations électriques paraissent plus lentes et moins actives. Il m'a paru intéressant de répéter l'expérience pré- cédente en interposant une lame de celluloïde entre la surface sensible et la feuille d'étain, à la demande qui m'en avait été faite par M. Le Bon. Dans ces conditions, rien n'est changé au résultat final et il en est encore de même si l'on substitue à l'effluve un faisceau de rayons lumineux. Une planche reproduite dans un de nos précédents travaux, montre encore ce phénomène de disparition du voile, lorsque l'étincelle chemine dans l'épaisseur de la gélatine (1). Ce résultat a été obtenu à l'aide de la bobine de Rubm- korff. L'une des feuilles d'étain abcd était disposée sur la surface sensible, une deuxième feuille était placée sur la surface opposée a'b'c'd', puis elles étaient mises respec- tivement en contact avec les pôles de la bobine. Cela étant, une étincelle partant du point a était attirée par l'électricité de nom contraire de la feuille a'b'c'd' et che- (1) Voir le travail cité plus haut. Fig. 3. ( *6 ) minait à l'intérieur de la gélatine sur la longueur a* (fig. 3). La plaque devenait sur ce trajet absolument vierge; au delà du point a', elle déterminait les phénomènes lu- mineux ordinaires et produisait la trace habituelle. L'expérience (fig. 2) permet encore de reproduire les effets d'ombre et de lumière que nous avons obtenus à l'aide des rayons lumineux. A cet effet, nous avons recouvert la partie inférieure du châssis à l'aide d'une lame de plomb; la partie supérieure seule était soumise à l'ef- fluve (fig. 4). On remarque que si AB représente la ligne d'ombre, ABCD étant la surfacç préservée par la lame de plomb, abcd la surface de la plaque recouverte B par la feuille d'étain, la surface ae ADCB fb est fortement et uniformé- ment impressionnée. Les surfaces a'aek et bb'Bf le sont beaucoup fig. 4. moins, ainsi que cela se passe en faisant usage des rayons lumineux, pour lesquels ABCD représente l'ombre. h' a' a h e f A dr D C I'. Di 3« sér , t XXXIII, ii' i, p. 4J, . Cliché P. De Ilcen Phoiotypic E. Castclcin. Bruxelles (47 ) l.a grotte du mont Falhise (Anthée); par Julien Fraiponl. La petite caverne dont il va être question est creusée dans le calcaire carbonifère, à l'extrémité du mont Falhise, au lieu dit : « lhirt du Gibet », commune 0(>. La situation des professeurs avait beaucoup souffert; les pri- ( 64 ) vilèges avaient été méconnus; l'enseignement avait été désorganisé; la splendeur du grand institut en était menacée gravement. Cette visite est la première régu- lière depuis l'origine, ainsi que le disent les textes offi- ciels de cette date, ne considérant donc pas comme telle celle de Charles le Téméraire en 1476. Les princes se mirent d'accord avec le Saint-Siège, car l'Université, en vertu de son institut, dépendait à la fois des deux pouvoirs. Par leur accord furent chargés de l'enquête Jean Drusius, député aux États de Brabant, et Etienne van Craesbeek, conseiller de Brabant, conjointe- ment avec le nonce, Dèce Carafa, archevêque de Damas. L'enquête fut assez laborieuse; interrompue par la guerre, elle aboutit à un règlement solennellement confirmé par Paul V et promulgué en séance plénière de l'Université, le 5 septembre 1617. L'exécution en fut confiée à l'un des commissaires, Drusius, qui s'en acquitta avec tant de zèle que le règlement entra promptement dans les mœurs et qu'en 1054, à son décès, on ne lui donna pas de suc- cesseur. Les nombreux privilèges de l'Université furent confirmés, notamment dans l'ordre de la juridiction comme dans l'ordre fiscal, et leur puissance réglée par les statuts de la visite. Pendant la durée de la visite, la Faculté de droit avait été représentée au rectorat par Gérard de Courselle. Les fonctions de chancelier, vacantes pendant quelque temps, avaient été confiées dès 1598a Grégoire d'Autriche, neveu de l'empereur Maximilien, qui les conserva jusqu'en 1619. Le règlement nouveau qui sortit de la visite de 1617, chercha à assurer la marche régulière de l'enseignement dans les diverses Facultés. Au point de vue spécial de 65 ) notre travail, nous allons dire en quelques mots l'orga- nisation de renseignement juridique (1). Le personnel est double, ayant à pourvoir à rensei- gnement des deux droits : le droit canonique et le droit romain. Le règlement oblige à parcourir le cycle entier de la matière; pour certains cours, il y a un roulement, de telle façon que les divers titulaires d'un cours fassent toute la matière des décrets, ou des lois civiles. En outre, il y avait des cours spéciaux et annuels. Étaient annuels le cours sur le décret de Gratien, à la revision duquel l'Université avait largement contribué peu auparavant ; annuels aussi le cours d'institutes et celui de Paratitla Digestorum, exposé général et rationnel des matières du corpus juris civilis. Pour nous limiter au droit civil, constatons ensuite que trois professeurs se partageaient les matières des Pmulectes du droit romain, suivant l'ancienne division maladroite, mais acceptée, en Diyeslum velus, infortiatum, et novum (2). Ils devaient y joindre le Code et les NoveUes. I | Sur l'ensemble : Privilégia Academiœ lovaniensi concessa; éd. Lov., 1752. On y trouvera le texte de la visite de 1617, p. 253. Sur la visite, cf. les documents groupés dans les Annuaires de l'Université de Louvain pour 1840, 1841 et 1855. On y trouve les lettres de l'archiduc et celles du nonce Carafa. Dans les Privilégia, à la suite de la visite, est inséré le bref de Paul V confirmatif de la visite. Sur l'organisation des cours et les fonctions, on trouve une foule de détails dans les Fasli aeademici de Vai.ère André, qui est contemporain. (Sur les Fasti, cf 1". Nève, La renaissance des lettres en Belgique, Louvain, 1890, p. 421.) On trouve aussi des indications utiles dans YAcademia lovaniensis île Vernulacus, qui était à la même époque professeur à la faculté des arts, ed 1627. (2/ Sur cette division toute factice, voir C.-J. de Ferrière, Histoire du droit romain. Paris, 1726, p. 264. 5me SÉRIE, TOME XXX11I. 5 (66) Le droil féodal s'y rattachait grâce aux Consuetudincs feu- dorum qui se trouvent jointes aux lois romaines. Il y avait trois professeurs ordinaires, chargés de l'en- seignement des Pandectes. Les cours annuels étaient donnés par trois autres professeurs dits professores regii. Il y avait en outre deux professeurs extraordinaires de droit civil enseignant extra-or dinem, en temps de va- cance, etc. Les professeurs ordinaires et extraordinaires sont nom- més par le magistral communal de Louvain. Telle est la règle dès l'origine. C'est aussi le magistrat qui fournit une partie de leur salaire, auquel se joignent des subsides divers. Le choix du magistrat pouvait présenter des inconvénients; la compétence pouvait être mal jugée, ou mise au second plan. Parfois la nomination était criti- quée par l'Université ; c'est ainsi qu'en 1580 un juris- consulte de haute valeur, dont nous reparlerons, Gude- linus, appuyé aussi par le patricial local, s'était vu préférer par les voix démocratiques un concurrent, pour la chaire des Pandectes. Le mécontentement académique ne fut apaisé que par la promesse de nommer Gudelinus à la première chaire vacante. Mais les princes jugèrent qu'il était sage de prévenir ces faits et exigèrent qu'on ne s'in- spirât, dans les nominations, que de la science et des apti- tudes, et qu'on s'éclairât toujours de l'avis de la Faculté. Depuis Philippe II, quelques nominations professorales appartiennent au roi : ce sont les professores regii, dont il a déjà été question. Les professeurs n'avaient pas seuls accès à la chaire. Le titre de docteur, qui avait alors une signification éminente, indiquait la capacité d'enseigner (doccre); les docteurs constituaient, à côté du collège strict des profes- ( 07 ) seins directement investis et appointes, un coUegium latum, dont les membres pouvaient participer aux exer- cices des disputes académiques et aux autres functiones consuetœ. En 1()J7, les princes, craignant la trop grande extension de ces attributions, les réservèrent aux profes- seurs et à un seul docteur désigné par les suffrages de ses collègues. Les matières enseignées, la collation des grades, la durée des éludes, les conditions requises pour l'exercice des professions furent aussi déterminées. Examen et exer- cices étaient requis pour les grades de bachelier, puis de licencié. De sérieuses recommandations sont faites quant à cet examen et aux thèses qui doivent fournir des prati- ciens instruits et respectables. Quatre années d'études et de fret] uentation des cours étaient exigées pour la licence en droit. Ce titre était requis pour exercer la profession d'avocat. Quant au doctorat, nous l'avons déjà dit, il était réservé aux personnalités distinguées, solum selectissimi ad doctoratum provehantur; aussi rend-on rigoureuses les épreuves qui conduisent à la doctoralis laurea. Le règlement académique détermine, on l'a vu, la répartition des matières. Les professeurs étaient tenus d'exercer leurs fonctions. L'enseignement du droit (1), tel qu'il résulte de la visite de 1017 et des faits bien connus, portait presque exclu- sivement sur le droit romain. La fondation de l'Uni ver- ( I j Voir, sur l'ensemble, Valère André, qui, dans la Bibliolheca et les Wasti, donne les renseignements biographiques, ainsi que Foppens. Paoiot, etc. Cf. Riyiek, Histoire de la science du droit en Belgique. (Païkia belgica, II.) — Britz, Ancien droit belgique. ( 08 ) site remontait à l'époque de la grande vogue de la loi romaine, ratio scripla. La réception du droit romain en 1495, par la diète de Worms, dans le Saint-Empire, bien qu'elle n'eût pas, au moins en fait, vigueur dans nos provinces, y exerçait une grande influence morale. Il serait d'ailleurs oiseux de démontrer le fait bien connu de l'empire de ce droit au XVIe siècle. Le droit national n'avait encore, en principe, aucune part dans l'enseignement. Il en fut d'ailleurs ainsi jusqu'à la lin de l'ancien régime, et cette situation, au XVIIIe siè- cle, soulèvera les plaintes des jurisconsultes(l). Au début du XVIIe siècle, le monopole de l'enseignement ne parais- sait guère contesté au droit romain. Seul le droit féodal, grâce aux annexes du Digeste, y pénétrait, et encore était-ce le droit féodal étranger à nos États. Cependant, dans les développements des leçons, les professeurs fai- saient des échappées sur le droit national; parfois même, notamment pour le droit féodal, ils le déclarent ouverte- ment (2). Cependant quelques matières spéciales, par leur rapport avec le droit canonique et leur importance pra- tique, sont aussi l'objet des leçons de jurisconsultes; notre cahier en fera bientôt la preuve. Le droit national ne devait prendre plus d'importance que grâce à l'Édit perpétuel de 1611 et à l'homologation des coutumes, et encore cette importance se manifeste par les livres plutôt que dans l'enseignement proprement dit. La méthode de l'enseignement juridique, à cette (1) de Ghe^iet, Méthode pour étudier la profession d'avocat. Cf. Piot, Le règne de Marie-Thérèse. Louvain, 1874. p. 152. (2) Voir notamment Gudelinus, J.-C, De jure feudorum et pacis eommentarii ad mores Belgii ac Francité conscripli. Lov., 1641. ( 69 ) période, était celle des commentaires judicieux et scienti- fiques dont Alciat et Cujas inaugurèrent le système en France. Les commentaires rationnels de la loi avaient été, nouvelle méthode, déjà introduits à Louvain par Gabriel Mudée (Valider Mtiyden, de Brecht), qui débuta en 1547. Des commentaires et des interprétations rem- placent les citations et les analyses; c'est l'école de juris- prudence rationnelle, Yécole élégante, qui l'ait à Mudée une place hors pair dans l'histoire de l'enseignement juri- dique, jurisprudentiœ purius tractandœ et docendœ auc- tor (I). Sans être, comme lui, des initiateurs, les maîtres de notre période peuvent prétendre à un rang distingué; nous n'avons pas ici à analyser leurs opinions, mais à les marquer comme professeurs, élèves et continuateurs de Mudée. Au début du KVÏP siècle n'appartiennent cependant que peu de noms professoraux très marquants. L'époque des troubles, qui avait permis aux anciens de tra- vailler, avait sans doute été peu favorable à l'éclosion de vocations scientifiques nouvelles. Cependant, on peut citer avec éloges P. Gudelinus et son successeur, Henri Zoesius, Tulden, Valère André et quelques autres. Gudelinus, d'Ath (1556-1619), s'attache avec quelque prédilection au droit moderne; dans ses études et leçons de droit féodal, il reproche à ses devanciers de com- menter les lois féodales des Lombards, oubliant le droit national, et il promet d'y consacrer ses soins. Ses leçons de droit féodal méritent à cet égard de faire date dans l'enseignement. (1) Valère André, op. cit., p. 187. Cf. Britz, p. 82. — Kivier, op. et loc.'cit. ( 70) Quant à Henri Zoes, d'Amersfort, son éloge est plutôt celui d'un professeur consciencieux et intelligent que d'un grand jurisconsulte. Il occupait les fonctions recto- rales au moment de sa mort, en 1627, l'année même où se célébrait le deuxième centenaire de la fondation de l'Université. A Louvain appartient encore Diodore ïulden, de Bois- le-Duc, devenu professeur en 1620, dont les ouvrages sont assez étendus et qui joint aux connaissances juri- diques des qualités brillantes de style et des aperçus phi- losophiques en matière politique et sociale. Citons enfin, dans la môme Faculté de droit, Valère André, qui avait d'abord occupé une chaire d'hébreu et dont le principal titre scientifique se trouve dans la Bibliotheca, où il a réuni de précieuses notions sur les écrivains des Pays-Bas. Le même professeur nous a fourni de très abondantes données sur l'histoire de l'Uni- versité par la publication de ses Fasti academici, qui con- tiennent des indications précises sur les coutumes et le personnel de nos anciennes Facultés (1). Enfin, à la même époque appartient notre Gérard de Courselle, dont nous connaissons aussi la valeur et qui jouit d'une grande renommée. il) En dehors de l'Université, la science juridique est représentée par des noms éminents, soit dans la magistrature et les conseils par Peckius, Maes, soit ailleurs, dans l'Église, par Zypœus et le jésuite Lessius. Dans la Faculté canonique, une mention spéciale est due à Jean Malderus, qui devint ensuite évêque d'Anvers et laissa d'impor- tants travaux. ( 71 ) II. - Le cahier. Le cahier de cours môme nous invite maintenant à dire un mot de la méthode de l'enseignement oral au \ VIP siècle. Quant à la méthode d'enseignement, nous savons peu de choses bien intéressantes. II est clair que les textes en formaient la hase. En droit canon, le décret de Gratien avait été recon- stitué, on l'a dit. Pour le droit civil, on suivait les textes législatifs de l'Empire, sans se borner, comme autrefois, à la sèche analyse du texte lui-même. Le cours annuel d'Institutes était complété par le cours général des Pan- dectes, qualifié de Paratitla parce qu'il comportait un aperçu d'ensemble des titres de ce vaste recueil. Venait enfin l'explication, devenue juridique et approfondie, des lois romaines elles-mêmes, les Pandectes, avec des com- mentaires souvent étendus et parfois des aperçus civils ou canoniques. Le professeur tantôt dictait, tantôt par- lait (1). Le cahier était la base d'étude. Bien des leçons n'ont été publiées qu'après la mort des docteurs par leur famille ou leurs disciples. Le cahier écrit ad calamum ne variait pas également partout. C'était un signe de travail continu et tenace que Valère André signale chez Henri Zoes qui, pendant treize ans, modifia chaque année quelque partie de son cours et parfois le refondait tout entier (2). (1) Valère André, Fasti, p. 147 : « Horas continuas, qua dictando, qua disserendo. » (2) Idem, Biblioth. belgic. : «■ Elogium Henrici Zoesii. » ( 72 ) Un des professeurs de notre époque, Diodore Tulden, nous a laissé un curieux discours d'ouverture, Oratio auspicalis, où il discute la question des mérites compa- ratifs de la dictée et de la parole. Il est intéressant de parcourir cette dissertation : De metltodo docendi discen- dique commodissimd (1). Le professeur y expose avec verve et en termes pittoresques la supériorité de son système qui supprime la dictée, la remplace par un texte imprimé et le complète par des explications orales. Il en énumère amplement les avantages : l'élève a la moitié de la besogne faite; il suit la pensée avec vivacité au lieu de s'hébéter; on gagne beaucoup de temps; la parole, loin d'être uniforme, insiste sur les points délicats, les répète sous diverses formes accessibles aux esprits divers, souligne les principes et met les arêtes en vive lumière; la parole, par son animation, son entrain, sa vigueur, donne à la leçon du charme, de la liberté, de la vie. J'en passe, et des plus piquants. On voit que les débats pédagogiques n'étaient pas ignorés de nos anciens, et ils y mettaient une vigueur d'aperçus, une verve qui d'ailleurs se rencontre souvent dans les thèses de l'époque. III. — La matière du cours. Il s'agit d'une matière de droit à la fois canonique et économique, celle des cens et rentes. La matière à cette époque était très importante; chez les juristes et les cano- (1) Tuldeni Opéra, éd. Lovanii, 1702, t. IV. (Initiamenta jurispru- dentije, pp 55 et suiv.) (73) nistes, elle tient une grande place. C'était, en effet, un des moyens les plus usilés de faire valoir ses capitaux. Nous n'avons pas le projet de l'aire ici même une esquisse de l'économie financière du XVIIe siècle, nous espérons le l'aire bientôt plus longuement, mais il est curieux de signaler renseignement universitaire d'un juriste sur cette question. Le cours comprend de nombreux chapitres que nous n'analyserons [tas ici, investigant toutes les questions relatives à la constitution des rentes; mais il en est beau- coup dont l'intérêt est exclusivement juridique et qui sortiraient de notre cadre. Au moyen âge (1), la rente réservée par le vendeur lors de l'aliénation d'un fonds de terre, était fréquente, et ce n'est pas de celle-là que nous aurons à parler ici ; la constitution d'une rente, ayant pour effet de se créer un revenu en l'achetant et le payant d'un capital, est un mode de placement plus récent, mais déjà usité aussi au moyen âge. Ce mode de taire valoir son capital, déjà en usage depuis longtemps, est généralement admis à certaines conditions depuis les décisions pontificales du XVe siècle. On sait quel en est le caractère ordinaire : une personne se reconnaît débitrice d'une rente annuelle moyennant payement d'un capital qu'on s'engage à ne pas lui récla- mer, mais qu'elle peut rembourser. La nature juridique des rentes constituées les ramène à une vente de rente (1) Voir notre livre sur Les théories économiques aux XIIIe et XIVe siècles, p. 164. Louvain, 1895. ( 7* ) au prix de... (1). L'objet de la vente est le droit de per- cevoir la rente : jus ad pensionem annuam exigendam (2). Mais la nature des rentes était loin d'être uniforme, et la controverse qui les concerne variait d'après les rap- ports de plus ou moins de ressemblance qu'elles présen- taient avec le prêt à intérêt. Vu l'extension et l'importance de ce mode de place- ment, les auteurs s'en occupent beaucoup et longue- ment (3). Deux canonistes belges de cette époque, Zypseus et Lessius, surtout celui-ci, en ont traité avec détails. C'est aussi la matière du cahier de cours de Gérard deCourselle. Ce petit livre juridique est instructif, bien que les ques- tions de doctrine économico-canonique y soient traitées avec moins d'étendue, d'attention et même de précision qu'on ne le souhaiterait. Le droit romain ne connaissait que le prêt; les circon- stances tirent surgir le contrat de rente, dont on trouve à peine l'indication en droit romain et qui répondait à une situation spéciale. Il rendit de grands services en donnant aux emplois de capitaux des formes utiles et légitimes. Le cours de G. de Courselle traite fort en détail la question juridique des rentes et nous nous garderons de la reprendre minutieusement; les controverses y foison- nent, mais certains chapitres présentent quelque intérêt au point de vue économico-juridique. Le premier chapitre (1) Zyp.els, Consultât, canonic, éd. Antverpiie 1675, lib. III., p. 1 13, et Notitia Juris Belgici, liv. IV, § H. ('2i Lessius, De Justitia et Jure, éd. Antverpiae 163Gi, p. 297, lib. II, cap. 22. (3) Cf. Britz, op. cit, p. 602 (73 , contient une sorte d'exposé historique; il indique com- ment l'interdiction de l'usure a fait songer à ce mode de placement, inconnu ou à peu près au droit romain. C'esl la fréquence même de son emploi qui donne le motif de son cours (l). Le chapitre 3 : Quid sit reditus, quotuplex (2) et (in sit licitus, indique la forme très variée de ce contrat. Il exa- mine la licéité de ces placements au point de vue du droit canonique. Ce chapitre est un des plus curieux. Le chapitre 8 enfin étudie : Quod sitjustum precium redituum annuorum. Ce sont les plus importants, les seuls sur les- quels je me permettrai de m'arrèter quelques instants (S). Il y avait bien des genres divers de rentes. Il y avait les rentes foncières et les rentes constituées ; les rentes réelles et les rentes personnelles; les rentes rachetables ou non rachetables. Les auteurs, et notamment G. de Courselle, en déterminent la nature (4). Ces distinctions répondaient à de multiples intérêts. (1) Cum in sacris canonibus usure damnate sint, inventa est poste- riori bus seculis liée ratio questus ex pecunia faciendi sine usurarie improbitatis iabe .. opère precium est ob fréquentera eorum usuin pauca hic dicere velut per indicem. (2) Reditum definire licet jus légitime constitutum percipiende annue pensionis ex re aliéna. Redituum gênera multa constitui pos- sunt. (3) Le reste du cahier, assez long, est absorbé par une foule de controverses juridiques, dans lesquelles il serait impossible d'entrer ici, mais qui sont détaillées. (4i Cap. 3 : Inseremus ea que distinguuntur in usu. Reditus alii fundiarii sunt, alii constitutii. Fundiarius est cum dominus fundum suum in alium transtulit ea lege ut annuarn pensionem sive annuum reditum ei ex dicto fundo prœstet. Constitutus reditus est quem quis fundo aut bonis suis imposuit aut ad quem prœstandum se obligavit. ( 76 ) I^a rente est dite foncière ou réservée quand elle est le résultat de l'aliénation de la chose dont le vendeur se réserve une rente. Elle est constituée si l'établissement même de la rente a été l'objet d'un contrat spécial. La rente est réelle si elle repose sur les choses ; elle est personnelle si elle repose sur une personne qui s'oblige à payer la rente. La rente réelle, portant sur une chose qui donne des fruits, est le point de départ des rentes constituées, dont l'usage s'est étendu. La rente personnelle s'éloigne évidemment de cette notion première et présente un danger d'usure qui peut s'écarter cependant à certaines conditions. La rente est rachetable ou irrachetable notamment selon qu'on peut ou non s'en libérer par le rembourse- ment du capital (surs). Le contrat qui établit la rente est de la nature de la vente. Ces contrats s'étaient fort multipliés dans l'usage, sur- tout depuis la déclaration de la licéité du contrat lui- même. Hic precio pecuniario vel aliis modis uti legato, donatione, ratione dotis, causa divisionis constituuntur. Rursus vel perpetui, hereditarii vel temporanei reditos sunt. Item reditus alii sunt redimibiles, alii irredimibiles dicuntur. Redi- mibiles qui sorte restituta a debitori redirai possunt. Irredimibiles qui invito creditore, redimi aut solvi nequeunt. Redimibiles sunt omnes precio quesiti Geteri irredimibiles nisi lex contractus sive constitutio redimi permittant. Item reditus alii reaies, alii personales dicuntur. Reaies sunt qui impositi rébus seu prediis, personales qui personali solum obliga- tione inducuntur Et d'autres distinctions encore. (77 ) La législation sur l'usure maintenait sévèrement les principes de l'égalité dans les contrats et opposait une barrière à l'exploitation. On cherchait à faire des emplois légitimes de ses biens, et c'est ce qui a fait naître le contrat de rente et ses nombreuses modalités. La controverse surgissait sur les diverses formes. Les uns y trouvaient un moyen d'éluder la loi ; les autres, au con- traire, cherchaient loyalement à distinguer l'emploi permis et honnête de l'exploitation abusive et prohibée. Aussi le contrat de rente, d'une autre nature juridique que le prêt, joue-t-il un très grand rôle dans l'économie de la Renaissance et déjà dans celle du moyen âge. Les faits multiples, souvent variables, de l'ordre écono- mique, alors très agité, faisaient surgir des combinaisons qui soulevaient des critiques et des interprétations. La rente réelle, reposant sur une chose frugifère, tirait de là sa justification initiale. La rente personnelle était plus exposée à dissimuler des fraudes usuraires et les auteurs y assignaient des conditions multiples. La licéité de la constitution de rente réelle et ruche- table déjà usitée depuis longtemps, avait été otlicielle- ment reconnue par constitution des papes Martin V, en 1425, et Calixte III, en 1455 (1). L'usage avait étendu la notion et la pratique. La rente personnelle présentait davantage le danger de simuler l'usure. Quand la renie repose sur des choses matérielles, ainsi que le prévoit la constitution de ces papes, la question est plus simple que lorsqu'il s'agit d'un revenu promis par une per- sonne. Une constitution de Pie V de 1569 exige pour la (i) Coi'pus juris canon. Exlrav. comm., lib. 111 : De Emtione. ( 78 ) rente une foule de conditions, notamment que la rente porte sur une chose frugifère. Notre auteur, lui, tranche en quelques mots la question de licéité, et d'une façon vraiment trop sommaire. La constitution de Pie V, d'après lui, n'est pas en vigueur dans les Pays-Bas où elle ne fut pas promulguée, et il n'y a pas de raison, dès lors, de condamner les reditus personales. Mais Lessius(l), bien que tenant grand compte des faits pour bien ana- lyser l'application des principes, tout en admettant que la constitution de Pie Y n'est pas en vigueur, exige cependant des conditions spéciales pour la rente person- nelle et notamment que la personne sur qui elle est con- stituée, soit de situation à payer la rente de son bien ou de son industrie, ce qui explique la matière du contrat. L'usage de la stipulation de rachat en faveur du débi- teur était très répandu. Plusieurs décisions particulières et des édils de Charles-Quint l'imposaient dans bien des cas; c'était le cas prévu par les premières constitutions pontificales et celle de Pie V l'exigeait expressément (2). Le débi-rentier pouvait donc se libérer quand il voulait en restituant le capital, et cette situation lui était très favo- (1) Lessius, De Justitia et jure, lib. Il, cap. 22. - Zyp.uus, Notitia, loc cit. Nous n'avons pas à nous prononcer ici ni sur la portée exacte des constitutions pontificales en cette matière, ni sur les interpréta- tions qu'on en donnait en Belgique. Cf., outre les ouvrages cités de Lessius et Zyp.eus, le Cardinal de Lugo, De justitia et jure, 27, Reiffenstuel, Jus canonicum universum, t. VI, pp. 442 et sq. (2) Bien que le droit canonique positif exigeai la faculté de rachat en faveur du débiteur, il est certain que le droit positif belge permet- laii l'usage de rentes perpétuelles, qui étaient moins favorables au débiteur, mais que les canonistes déclaraient d'ailleurs licites en droit naturel. Cf. Lessius, Ibid., n° <)*2. (79) rable, lui donnait une grande sécurité. Quant au crédi- rentier, il pouvait toujours rentrer dans ses l'omis en \cn- dant à un tiers le droit à la rente. En pratique, très grave aussi est la question du juste prix des revenus, et les auteurs y insistent comme sur un clément essentiel à l'honnêteté du contrat. Elle est très intéressante au point de vue économique. On sait d'ailleurs l'importance que présente cette ques- tion du juste prix dans tous les contrats (1). Comment fixer ce prix? L'examen de ce point nous amènerait a un aperçu du taux des revenus dans nos provinces à cette époque; malheureusement, la précision manque ici. C'est une question de valeur à régler d'après l'estimation commune, qui est le critère bien connu, mais quel est le prix que fixe cette estimation? Il est très variable d'après les régions et les circonstances (2). On comparera le revenu des terres; on tiendra compte de la rareté de l'argent : car si l'argent est rare, on préfère ne pas l'engager, le prix des rentes baisse, l'expérience le prouve \Sj. Le goût du public pour tel ou tel placement influe donc sur le prix. Il y avait d'ailleurs aussi des prix légaux (lege taxatum). Nous ne pouvons examiner ici la théorie môme du juste prix ni en décomposer les éléments ; tâchons seulement d'examiner, en fait, quel fut le taux de capitalisation des rentes à cette époque. Il v avait, nous l'avons dit, des rentes irrachetables. (I) Cf. notre ouvrage cité sur Les théories économiques, p. 198. (% Justum precium redituum, dit notre auteur (cap. 8), constitui débet ex communi estimatione. Et variât pro locorum et regionum varietate prout et commereia rerum et rci pecuniarie ratio variât. (3) Lessius, op. et loc. cit., n° 103. ( 80) Les perpétuelles irrachetables étaient fort appréciées dans nos provinces, parce que c'était là un revenu très sûr. Mais elles étaient rares : un édit de Charles-Quint de 1520 avait détendu d'en établir sur les terres féodales et un édit de 1528 défendit, en général, d'en constituer de nouvelles à prix d'argent, à cause des charges qui s'accumulaient sur les terres. Les rentes rachetables, même réelles, étaient bien moins chères; la faculté de rachat, d'après les auteurs, les déprécie, car la situation du débi-rentier qui peut toujours se libérer est plus large, et partant celle du crédi-rentier moins stable. La rente, constituée par un capital mobilier, même quand elle est garantie par hypothèque, se ressent de la vivacité des affaires commerciales; elle peut être dépré- ciée par la facilité des lucres commerciaux. Pour le taux même de capitalisation, les auteurs ne sont pas bien d'accord; il est difficile de le dégager avec une netteté suffisante. Notre auteur lui-même manque de clarté, et c'est en combinant ses données avec celles tirées d'autres auteurs, tels que Zypa'us et Lessius, que nous tâcherons d'établir un petit calcul très approximatif, car les indications sont souvent peu claires. Le taux s'exprime par le prix d'achat de la rente. Ainsi, on dit que la rente est au denier 20 quand on donne 20 pour avoir 1 de revenu annuel; nous dirions donc qu'on est à 5 °/„. D'après cette terminologie, les rentes réelles irrache- tables sont aux environs de 25, vers 1625 (1) ; un peu plus (1) L'édit de Io"20, de Charles-Quint, avait déjà déclaré rachetables •i ce taux les anciennes rentes féodales, irrachetables jusque-là. ( 81 ) tard, on n'en trouvera plus guère en dessous du denier 50, donc de 4 °/„ à 3.55 %. Elles deviennent très rares, ce qui s'explique notamment, nous l'avons dit, par la défense d'en rétablir (1). Les rentes rachetables, on l'a vu, valent beaucoup moins cber, c'est-à-dire que le revenu y est plus élevé, relativement au capital d'achat. Leur prix ordinaire dans nos provinces est même aux environs du denier 1G, ce qui va à (5.25 °/0, mais il n'en est pas ainsi partout; parfois elles valent moins, parfois plus, et il y a là beau- coup d'influences locales. Divers édits ont cherché à fixer le taux des rentes; les oscillations entre les taux du denier 20 et du denier 1G, c'est-à-dire de 5 à G. 25, sont peu précises. En tous cas, ce dernier taux paraît être un maximum dans nos États (2). D'ailleurs les textes sou- vent ici manquent de clarté. Il est certain que le taux fut variable; les auteurs citent les exemples pour les autres pays et on sait combien cette matière est sujette à oscillations. Nos indications sur ces taux de capitalisation sont donc très insuffisantes; c'est une voie dans laquelle on pourrait faire peut-être encore de curieuses trouvailles, mais nous y engager serait sortir de notre sujet, car il faudrait rechercher aussi le taux des autres profits que nous ne pouvons étudier ici. (1) Cf. une lettre curieuse de Zypœus sur le taux d'une rente à payer par l'Université, dans l'Annuaire de l'Université de Loavain de 1853, p. 230 (% Zyp.kis, Xotitia, lue. cit. : « Legitimum reditum hic constitui nummo decimo sexto non minori nisi Princeps speciatim induisent. — Lessius, op. et loe. cit. (n° 134), parle pour le cens réel rachetable d'une taxe légale de 14, que nous n'avons pu retrouver. 3me SÉRIE, TOME XXXIII. G (82 ) Nous nous arrêtons donc pour le moment dans ces calculs. La matière des rentes est une des plus importantes de l'histoire économique de cette période. On l'a souvent mal exposée, et c'est ce reproche que nous faisons à bien des historiens de la Renaissance. On a cru voir des trans- formations de doctrine là où il y avait tout simplement des modifications dans l'application, résultant du chan- gement même des faits. Quoi de surprenant que des prin- cipes identiques amenassent des conclusions différentes quand les circonstances des faits se modifiaient si sensi- blement? Quelle différence entre l'état économique du XIIIe siècle et celui du XVIIe, et qu'y a-t-il d'étonnant à ce que le même droit y aboutît en fait à des solutions diverses? Ce n'étaient certes pas les règles de la justice qui se modifiaient, mais les conditions matérielles de l'équivalence dans les contrats. Il en était ainsi dans cette matière si vivante du contrat de rente, arrange- ment économique riche en combinaisons utiles. Sans doute cette matière pouvait prêter, comme bien d'autres, à des abus, — il y a souvent moyen d'éluder une loi, — mais dans sa sphère régulière, maintenue avec netteté par la doctrine, elle a eu un grand rôle économique. Nous ne pouvons songer ici à développer ces aperçus. Mais l'importance du contrat de rente explique comment, au milieu des splendeurs du droit romain, on fait des cours détaillés sur le régime des rentes; c'est aussi notre excuse d'avoir attiré l'attention sur ce modeste manuscrit et d'en avoir entretenu la Classe pendant quelques instants. ( 83 ) CXASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 7 janvier 1897. M. Th. Radoux, directeur pour l, occupe le fau (cuil. M. le chevalier Edmond Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Th. Vinçotte, directeur pour I8i)7 ; Éd. Fétis, F. -A. Gevaert, Ad. Samuel, G. Guffens, Peter Benoit, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, Alfr. Cluysenaar, F. Laureys, J. Win- ders, Em. Janlet, H. Maquet, membres; J.-B. Meunier et Van Ysendyck, correspondants. M. Jules Pécher exprime, par écrit, ses regrets de n'avoir pu assister aux dernières séances à cause de son état de santé. Il se voit encore obligé, ajoute-t-il, de réclamer l'indulgence de la Classe au sujet de son absence à la réunion actuelle. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique transmet une ampliation de l'arrêté royal, en date du 16 décembre, nommant président de l'Académie, ( 84 ) pour l'année 1897, M. le comte Goblet d'Alviella, direc- teur de la Classe des lettres pendant la même année. M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics, ayant les beaux-arts dans ses attributions, demande l'avis de la Classe sur le second rapport semes- triel de M. Jean Delville, prix de Rome pour la peinture en 189<>, ainsi que sur le premier envoi des travaux réglementaires que le même lauréat a exécutés pendant la première année de ses voyages d'études. - - Renvoi aux commissaires qui ont examiné le premier rapport : MM. Hymans, Robie, Hennebicq et Cluysenaar. - Le même Ministre transmet une expédition de l'ar- rêté allouant la pension de 4,000 francs à M. Arthur Sterck, lauréat du grand concours de gravure de 1890. MM. Vloers et Baetes remettent une reproduction photographique de leurs œuvres couronnées lors du der- nier concours de la Classe. — Hommages d'ouvrages : 1° La musique et les écoles nationales; par Th. Radoux; 2° Essai sur Cari contemporain ; par H. Fierens- Gevaert ; 5° Le peintre lorrain Claude Jacquard suivi de : Un protecteur des arts, le prince Charles-Alexandre de Lor- raine; par Albert Jacquot. (Présenté par M. H. Hymans.) — Remerciements. ( 85 ) RAPPORTS. Sur l'avis favorable de la section de sculpture, la Classe adopte le buste en marbre de feu Henri Van der Haert, commandé par le Gouvernement à M. J. Hérain, pour la galerie des bustes des académiciens décédés. ELECTIONS. La Classe se constitue en comité secret pour procéder aux élections pour les places vacantes. Ont été élus : SECTION DE PEINTURE. Correspondant, en remplacement de M. le comte J. de Lalaing, élu membre titulaire : M. Bourlard, directeur de l'Académie des beaux-arts de Mons. Associé, en remplacement de lord Frédéric Leigbton, décédé : sir Edward Burne- Jones, baronnet, artiste peintre, à Londres. SECTION D'ARCHITECTURE. Associés : 1° en remplacement de Ch.-Fred. de Leins, de Stuttgart, décédé : J.-L. -Charles Garnier, membre de ( ««) l'Institut de France, à Paris; 2° en remplacement de Mariano Medino Contreras, de Grenade, décédé : George Aitchison, président de l'Institut royal des architectes, à Londres. SECTION DE MUSIQUE. Correspondant , en remplacement de Jules Busschop, décédé : Emile Mathieu, directeur de l'École de musique de Louvain. Associé, en remplacement d'Ambroise Thomas, décédé : Vincent d'Indy, compositeur, à Paris. — La Classe procède ensuite à l'élection de son direc- teur pour l'année 1898. Les suffrages se portent sur M. Charles Tardieu, membre de la section des sciences et des lettres dans leurs rapports avec les beaux-arts. M. Tardieu remercie pour cette marque de bienveillance. M. Radoux, directeur sortant, exprime ses sentiments de gratitude pour l'honneur d'avoir été appelé à diriger les travaux de la Classe pendant l'année 1896. Il ajoute qu'il conservera le plus vif souvenir du concours qu'il a rencontré dans la Classe pour faciliter sa tâche. Il installe ensuite au fauteuil M. Vinçotte, lequel remercie M. Radoux pour la manière dont il s'est acquitté de son mandat et surtout pour le discours qu'il a prononcé en séance publique. M. Vinçotte invite M. Tardieu à venir prendre place au bureau. (87 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Radoux (J.-Th.). La musique et les écoles nationales, dis- cours. Liège, 1896; extr. in-8° (20 p.). Petermann (A.). Station agronomique et laboratoires d'analyses de l'État, 1871-181)13. Rapport au Ministre de l'Agriculture. Bruxelles, 1896; in-8° (84 p., pi). De Vuyst (P.). Cultures spéciales. Expériences de Bors- beke Iez-Alost, 1890-1896. Rapports. Louvain, 1896 ; in-8° (238 p.). Navez (Louis). Waterloo, deuxième édition. Bruxelles, 1896; in-8° (183 p., 14 photogravures, 2 cartes et une réduction photolithographique de la notice historique de Craan). Sermre(C.-A.). Les monnaies des Voconces. Essai d'attri- bution et de classement chronologique. Paris, 1896; extr. in-8° (95 p.). Lameere (Aiuj.). Essai sur l'origine et les attributions de l'audiencier dans les anciens Pays-Bas. Dissertation. Bru- xelles, 1896; in-8°(78p.). Willems {Jos.). Essai sur la responsabilité civile (articles 1382-1386 du Code civil). Paris-Louvain, 1896; in-8° (184 p.). — La loi Aquilienne, théorie du dommage aux choses en droit romain. Louvain, 1896 ; in-8° (112 p.). Meerl (//.). Distels. Proeve van taalzuivering, te gebrui- ken bij het onderwijs in de nederlandsche taal. Bruxelles, 1897;in-8°(186p.). Bruxelles. Société belge d'astronomie. Annuaire pour l'an 1897. Guide de l'amateur, deuxième année. 1897 ; pet. in-8°. ( 88 ) Bruxelles. Ministère de l'Intérieur. Statistique médicale de l'armée belge, 1895-1896; gr. in-8°. — Ministère de l'Agriculture. Rapports des commissions médicales provinciales, 1895. — Ministère des Finances. Catalogue des bibliothèques. Bruxelles, 1896; gr. in-8°. — Ministère de l'Industrie et du Travail. Travail du dimanche, volume V; pays étrangers. Rapports, 1896. — Bibliothèque royale de Belgique. Rapport adressé à M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique sur la situation de la Bibliothèque durant les années 1894- 1895; par M. Ed. Fotis, conservateur en chef. 1896. Gand. Dietsche Warande. Tijdschrift voor Schoone-kunst, enz., 1896. Liège. Société de salubrité publique et d'hygiène. Bulletin, tome III, 1896. Tournai. Société historique et archéologique. Annales, nouvelle série, tome Ier, 1896. Allemagne. Berlin. Archàologische Gesellschaft, 56. Programm : Griechisches Pferdegeschirr im Antiquarium der kônigli- chen Museen (Erich Pernice), 1896 ; in-4°. Hanovre. Historischer Verein. Zeitschrift, 1896. Metz. Académie des lettres, sciences, etc. Mémoires, 1894-1895. Leipzig. Kôn. Gesellschaft der Wissenschaften. Zur fùnf- zigjàhrigen Jubelfeier, 1896. — Fùrstlich Jablowski'sche Gesellschaft. Preisschriften, mathematische Section : XX. Détermination des inva- riants... (A. Tresse). Historische Section : XIII. Die Koloni- (89 ) sirung uml Germanisirung der Gebiele zwischen Saale und Elbe, 1896; gr. in-8°. Stuttgart. Wurttembergische /Commission fur Landesge- schichte. Hùgelgrâber auf der Schwâbischen Alb. (Julius von Fôhr und Ludwig 3Iayer), 1893 ; in-8". — Fundc antiker Mùnzen im Kônigreich Wùrttemberg (Dr. Wilhelm Nestlé), 1893 ; in-8". — Geschichte des Feldzuges 1814 gcgen Frankreieh, unter besonderer Berùcksichligung der Anteilnahme der kôniglich wùrttembergischen Truppen. (Fritz von Hiller), 1893; in-8°. — Wurttembergische Geschichtsquellen (Dielrich Schà- fer), Bund Mil, 1894-1896 ; 3 vol. in-8°. — Bibliographie der wùrttembergischen Geschichte, (Wilhelm Heyd), Band I und II, 1895-1896; 2 vol. in-8». Wiesbade. Nassauischer Verein fur Naturkunde. Jahrbù- cher, Jahrgang 49. Amérique. Honoré {Charles). Loi du rayonnement solaire. Monte- video, 1896; gr. in-8° (356 p.). Mexico. Republiea mexicana. Estadistica gênerai, 1889 ; gr. in-8°. — Academia de ciencias. Anuario, 1895. Washington. Bureau of éducation. Beport of the commis- sioner of éducation for the year 1893-1894, volumes 1 and 2. 1896. ( 90 ) France. Beinach (Théodore). Observations sur le système monétaire delphique du IVe siècle. Paris, 1896; extr. in-8° (8 p.). Nadaillac {Le marquis de). Les Cliff'Dwellers, une mono- graphie. Louvain, 1896; extr. in-8° ^66 p.) Renault (B.). Les Bactériacées de la houille. Paris, 1896; extr. in-8° (3 p.). — Notice sur les Calamariées (suite). Autun, 1896 ; in-8° (50 p., 12 pi.). Jacquot {Albert). Le peintre lorrain Claude Jacquard, suivi de: Un protecteur des arts, le prince Charles-Alexandre de Lorraine. Paris, 1896: in-8° (93 p.). Fierens-Gevaerl {IL). Essai sur l'art contemporain. Paris, 1877; i n-12(174 p.). Paris. Société de l'histoire de France. Journal de Jean de Roye connu sous le nom de Chronique scandaleuse (1460-1483); par Bernard de Mondrot, tome IL 1896. — Brantôme, sa vie et ses écrits; par Ludovic Lalanne. 1890. Grande-Bretagne et colonies rritanniqles. Bickerlow (A.-W.). A new story of the stars. S. 1. n. d.; in-18(20p.). — Keply to critics on « a new story of the stars ». Christ- church. 1895; in-18(16 p.). — Some récent évidence in favour of impact. Welling- ton, 1894; in-8°(13 p.. 1 pi.). — Copie of letters sent to « Nature » on partial impact. New Zealand, 1879; in-8° (16 p.). ( 91 ) Sherrard (James-K.). Illustrated officiai handbook to the aquarium, picture salon, and Muséum collections. Mel- bourne [1896]; in-4« (98 p.). Law (Thomas Graves). The archpriest controversy. Docu- ments rclating to the dissensions of the roman calholic clergy (1597-1602^. Edited from the Petyt M. SS. of the Inner Temple, vol. I. Londres, 1896; vol. in-4° (xxvii- 248 p.). Coghlan (T. -A.). A statistical account of the seven colo- nies of Australasia, 1895-1896. Sydney, 1896; in-8° (xm- 502 p.). Londres. Zoological Society. List of the vertebrated ani- mais now or lately living in the gardens of the Society, 9» édition, 1896; in-8°(724 p.). — Nautical almanac for the year 1900. Londres, 1896. Sydney. Royal Society. Journal and proceedings, vol. XXIX, 1895. Italie. Galilée. Le opère di Galileo Galilei, volume VI. Rome, 1896; in-4°. Salvioni (E.). Ricerche di Criptocrosi : sul potere péné- trante dei raggi X. Perugia, 1897 ; extr. in-8° (20 p.). Cannizzaro [Stan.). Scritti intorno alla teoria molecolare ed atomica ed alla notazione chimica. Palerme, 1896; in-8° (387 p.). — Onoranze al professore Stanislao Cannizzaro (12 luglio 1896). Rendiconto générale. Rome, 1896; in-8° (103 p.). ; 92 ) Pays-Bas. De Man (Marie). L'émission des assignats el monnaie de nécessité en Zélande, pendant l'an I de la République batave. Paris, 1896; in-8° (17 p.). — lets uit de geschiedenis der zeeuwsche assignaten in 1795. Amsterdam, 189G ; in-8° (34 p., 2 pi.). Otterloo [A. 'A. van). Johannes Ruysbroeck, een bijdrage tôt de kennis van den ontwikkelingsgang der Mystiek, opnieuw uitgegeven door J.-C. van Slee, met een vvoord tôt inleiding, van Paul Fredericq. La Haye, 1896; in-8° (xxiv-391 p.). Maestricht, Société historique et archéologique . Publica- tions, tome XXXII, 1895. Pays divers. Draghicénu (Math. -M.). Les tremblements de terre de la Roumanie et des pays environnants. Bucharest, 1896; in-8° (84 p., 1 carte). Sars (G.-O.). An account of the crustacea of Norway, with short descriptions and figures of ail the species, vol. II, Isopoda, part 1 and 2. Bergen, 1896; in-8° (40 p., 16 pi.). Madrid. Observatorio. Observaciones meteorologicas, 1894-1895. Resumen de las observaciones meteorologicas, 1893-1894. 2 vol. in-8». — — ~S~' &&&&&*>* BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1897. — N° 2. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 6 février 1897. M. Alfr. Gilkinet, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Éd. Dupont, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, G. Dewalque, E. Can- dèze, Al. Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, M. Mour- lon, P. Mansion, P. De Heen, F. Terby, J. Deruyts, Léon Fredericq, J.-B. Masius, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; A. -F. Benard, L. Errera, J. Neuberg, Alb. Lancaster et G. Cesàro, correspondants. 3mt SÉRIE, TOME XXXIII. 7 ( 94) CORRESPONDANCE. M. Hervé Faye, associé de la Classe, adresse ses remer- ciements pour les sentiments qui lui ont été exprimés à l'occasion de la célébration, le 25 janvier dernier, de son cinquantenaire d'élection de membre de l'Académie des sciences de Paris. — MM. D.-I. Mendeléeff, Beltrami, Janssen et Des Cloizeaux remercient pour l'envoi de leurs diplômes d'associé. — La « Smitbsonian Institution » de Washington annonce la mort de son secrétaire assistant, George Brown Goode, décédé le 6 septembre dernier. — M. Gilkinet dépose sur le bureau le discours qu'il a prononcé à l'Université de Liège, le 17 décembre der- nier, lors de la cérémonie qui a eu lieu en mémoire de J. Delbœuf, membre de l'Académie. La Classe remercie M. Gilkinet pour ce discours, qui ligure ci-après. — L'Association générale pharmaceutique de Belgique annonce que le huitième Congrès international de phar- macie aura lieu à Bruxelles au mois d'août prochain. — L'Académie des sciences de l'Institut de Bologne envoie le programme du concours ouvert pour le prix Aid i ni sur le « Galvanisme ». ( 95 ) - L'Académie royale des sciences de Turin envoie le programme du onzième concours pour le prix Bressa. L'Académie de Stanislas, à Nancy, envoie le pro- gramme des prix Despeux et Herpin à décerner en 1N!)K et en 1899. — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages suivants : 1° Ânatomie du système nerveux de l'homme, 2e édition : par A. Van Gehuchten; 2° Flora Balava, 3I5,le en 516,le alleveringen. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° Annales du Musée royal d'histoire naturelle, tome XII : Les Arachnides de Behjique; par Léon Becker (présente par M. Éd. Dupont, directeur du Musée); 2° Les origines des }\'allons et des Flamands; par Julien Kraipont; 5° Huit brochures sur la géologie de la Belgique ; par Michel Mourion; 4° Onderzoekingen in het physiologisch Laboralorium te l trecht, IV, 4; par Th.-W. Engelmann, associé; 5° Album de statistique graphique : démographie et hygiène de la ville de Bruxelles; par le D' E. Janssens; G0 Instructions pour effectuer des observations météoro- logiques au Congo; par J. Vincent; 7° Sur la géométrie des courbes transcendantes; par Ant. Cabreira, à Lisbonne. — Remerciements. ( 96 ) — Travaux manuscrits renvoyés à l'examen : 1° Recherches sur l'acide phénoxacétique. — Deuxième communication : Acide phénoxycinnamique ; par le docteur A.-J.-J. Vandevelde, assistant à l'Université de Garni. — Commissaires : MM. Spring et Henry; 2° Action des vibrations électriques sur quelques sub- stances ; par A. de Hemptinne. - Commissaires : MM. Spring, De Heen et Van der Mensbrugghe. — Sur sa demande, M. A. Renard est remis en pos- session de son mémoire Sur la météorite de Lesve et sur le mode de formation des météorites pierreuses, sur lequel il n'a pas encore été fait rapport. Discours prononcé au nom de la Classe des sciences, par M. A . Gilkinet, lors de la cérémonie à l'Université de Liège, le 17 décembre 1896, à la mémoire de J. Delbœuf, membre de l'Académie. Respectant la volonté exprimée par la famille, l'Aca- démie royale de Relgique s'était abstenue d'exprimer sur la tombe de Joseph Delbœuf les regrets que sa mort avait causés au sein du corps académique. L'Université de Liège ayant décidé de consacrer une séance solennelle ii l'éloge de celui qui fut une de ses illustrations les plus incontestées, la Classe des sciences ne pouvait manquer de s'associer à cette cérémonie. Élu membre correspondant de l'Académie le 14 dé- cembre 1877 et membre titulaire le 15 décembre 1887, Joseph Delbœuf n'a cessé d'apporter au corps savant qui ( 97 ) l'avait appelé dans ses rangs le concours de son activité scientifique. M. le Recteur de l'Université de Liège et M. le Doyen de la Faculté de philosophie ont caractérisé d'une façon complète l'œuvre de Delbœuf et en ont l'ait ressortir l'importance. Qu'il me soit permis de rappeler, comme organe en cette circonstance de la Classe des sciences, que plusieurs mémoires très importants de Delbœuf ont été publiés par l'Académie royale de Belgique. Je citerai notamment ses Recherches théoriques et expérimentales sur la mesure des sensations: une Théor'œgénérale de la sensibilité; plusieurs mémoires Sur la liberté et ses effets mécaniques ; différents travaux Sur les illusions d'optique, Sur le daltonisme; enfin, Sur l'hypnotisme et ses effets curatifs, etc. Savant aux vues larges et originales, Delbœuf était prêt à accepter toutes les innovations qui lui paraissaient justi- fiées. Rien n'échappait à son esprit critique. Personne ne savait mieux que lui analyser une théorie et mettre en lumière ses côtés faibles; bien peu ont possédé au même degré cette facilité extraordinaire de travail dont témoigne l'œuvre considérable qu'il laisse après lui. En dépit du mal dont il souffrait depuis longtemps, mal qui inquiétait tous ses amis et contre lequel il réagis- sait avec une énergie extraordinaire, jusqu'à ses derniers moments, Delbœuf assista régulièrement aux réunions académiques. Quelques semaines avant sa mort, il prenait part encore aux travaux de la Classe des sciences et don- nait lecture d'un rapport qu'il ne lui a pas été donné de voir imprimé. L'Université de Liège n'oubliera pas le nom du col- lègue dont l'enseignement et les travaux ont jeté sur elle un si vif éclat. (98) L'Académie royale de Belgique conservera la mémoire du Confrère dévoué, du savant infatigable dont la vie entière a été consacrée à la recherche de la vérité. CONCOURS. Programme du concours annuel pour 1898. SCIENCES MATHÉMATIQUES ET PHYSIQUES. PREMIÈRE QUESTION. Faire l'exposé des recherches exécutées sur les phénomènes critiques en physique. Compléter nos connaissances sur cette question par des recherches nouvelles. DEUXIÈME QUESTION. Faire t exposé et la critique des diverses théories proposées pour expliquer la constitution des solutions. Compléter, par des expériences nouvelles, nos connaissances sur cette ques- tion, surtout en ce qui concerne l'existence des hydrates en solution dans l'eau. TROISIÈME QUESTION. Apporter une contribution importante à l'étude des cor- respondances (Verwandtschaften) que l'on peut établir entre deux espaces. L'Académie accepterait, par exemple, une étude des connexes à deux séries de quatre variables homogènes, dans le sens des recherches de Clebsch (voir Vorlesungen iiber Géométrie, chapitre Vil); de même, on pourrait ( 99 ) répondre par une étude géométrique et analytique de l'équation «H *î -*• «îî *î ■*■ «33 x« + "4« x\ -+- 2ct„ xt Xj •+- 2 allyliques se transforme, en s'ajoutant à l'acide hypo- i CHf'l chloreux, dans le système chloro-hydroxvlé i CH2-OH des dérivés glycériques. Quoi qu'il en soit de ma démon- O La présente notice est ancienne, car elle date de 1878; je ne sais pour quel motif elle n'a pas été publiée à cette époque. Depuis lors, je l'avais complètement oubliée, lorsqu'il y a peu de jours, je l'ai retrouvée au milieu d'autres papiers scientifiques. Le temps ne lui a pas fait perdre, ce me semble, de son intérêt, et je ne crois pas inutile de la livrer aujourd'hui à la publicité. (") Comptes rendus, etc., t. LXXIX et t. LXXXII. ("*) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 2« sér., t. XXXVII, pp. 357 et suiv.; pp. 521 et suiv. (1874). { m ) stratioD, M. Hanriol a mis en doute la nature de la monochlorhydrine glycérique résultant de l 'addition de OH - Cl à l'alcool allvlique. Voici ce qu'on lit, en effet, dans un mémoire publié par ce savant dans le BuUelin de la Société chimique de Paris (*) : « Il est probable que l'action de l'acide hypochloreux sur » l'alcool aUylique donne l'isomère cherché», — il s'agit de la monochlorhydrine bi-primaireCH2(OH)-CHCl-CH2-(OH), - « mais la constitution du produit obtenu dans ces con- » ditions n'a pas été nettement établie. » Je ne partage pas les doutes que conserve M. Hanriol sur la constitution de la monochlorhydrine que j'ai obtenue et décrite précédemment, par l'addition de l'acide (OH)CI à l'alcool allylique; le but de la présente notice est de montrer qu'ils ne sont pas fondés, et je me propose de démontrer que Y analogie et les faits autorisent à attribuer à ma monochlorhydrine la constitution exprimée par la formule Ch\OH) i CUCI CHâ(OH). El d'abord l'analogie. J'ai démontré, par des expériences directes, que lors de l'addition de l'acide hypochloreux - et même de l'acide hypobromeux — tant au propylène qu'à ses dérivés primaires de substitution, c'est-à-dire les composés allyliques CH3 CH,X C3tl6 CH C3IISX Cil il il Cil, Cll2, (*) T. XXIX, p. 399. ( 112 ) le corps halogène, chlore ou brome, se fixe sur le chaî- non - CH = et l'hydroxyle sur le chaînon = CH.2, donnant ainsi un dérivé alcoolique primaire susceptible d'être transformé en un acide C3 sous l'action de l'acide azo- tique. La monochlorhydrine propylénique C3H6 -+- (OH)Cl m'a fourni l'acide monochloro-propionique CO^OII) i CHCI i CIV, la dichlorhydrine (C3H5)C1 4- (OH)CI m'a donné l'acide bichloro-propionique COOI1 i CHCI i Cu\CI; les chloro-bromhydrines (C3H3)Br -+- (OU)Cl et (C3H5)C1 -+- (OH)Br ont produit respectivement les acides chloro- bromo-propioniques (*) COOH COOI1 i i CHCI et CHBr i i CHjBr CHaCI. En présence de ces faits, il est légitime d'admettre que le dérivé hydroxylé correspondant à ces dérivés haloïdes, (*) Ces deux acides, dont j'ai fait connaître l'existence ('), ont été étudiés plus tard dans mon laboratoire par M. U. Massalski. Les résultats des recherches de M Massalski sont consignés dans la dis- sertation inaugurale qu'il a présentée à la Faculté des sciences de l'Université de Louvain pour l'obtention du grade de docteur en sciences chimiques. («) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXXY'It, 2« séi\, p. 521 (mai 1874). ( "3 ) c'est-à-dire l'alcool allylique C3Hg (OH), se comporte ave» l'acide (OII)Cl comme ces dérivés haloïdes eux-mêmes, et que son produit d'addition a une constitution identique à celle des produits qu'ils fournissent eux-mêmes, c'est- à-dire que la monochlorhydrine (C3H;)OH + (OH)Cl répond à la formule CH.OII i CHCI i CILOI! Quant aux faits, deux méthodes se présentent pour déterminer la position du chlore dans ce composé : l'oxy- dation et la réduction. Une monochlorhydrine de cette nature doit fournir par oxydation un acide bihasique, l'acide malonique monochloré CqH - CHCI - CqH> J'ai tenté cette réaction autrefois, mais sans succès; en oxydant cette monochlor- hydrine d'origine allylique par l'acide azotique dans les conditions ordinaires, j'ai obtenu de l'acide oxalique. Cet insuccès n'a d'ailleurs rien de surprenant, et la formation de l'acide oxalique correspond à l'existence dans ce composé d'un chaînon médian CHCI; je ferai remarquer que l'oxydation par l'acide azotique de la monochlorhydrine, éther haloïde primaire CH^Cl-CH-OIl -CH2-OH, fournit l'acide acétique monochloré ^ - oïl -CH2CI. J'ai soumis à l'action réductrice de l'amalgame sodique en présence de l'eau, la monochlorhydrine allylique el j'en ai obtenu le glycol propylénique biprimaire CH2OH - CH.2-CH2-OH. Voici quelques détails au sujet de cette opération. ( H4 ) La monochlorhydrine a été dissoute dans l'alcool for- tement aqueux additionné d'acide chlorhydrique, et on y a introduit, par portions successives, une quantité d'amal- game sodique beaucoup plus considérable que la quantité théoriquement nécessaire, en ayant soin de maintenir la liqueur acide. L'addition du carbonate potassique sépare de la liqueur l'alcool qui tient en dissolution le glycol pro- pvlénique formé. Par la distillation, on obtient celui-ci sous forme d'un liquide exempt de chlore et bouillant vers 210°. On sait que la monochlorhydrine ordinaire CtLCl-CH -OH-CH2-OH fournit dans ces conditions du glycol isopropylénique CH2 - OH - CH - OH - CH3 bouillant à 188° (*)". J'ajouterai, en terminant, un mot encore au sujet de la monochlorhydrine C3H5-OH -+- OHC1. J'ai dit dans mon travail sur les produits d'addition de l'acide hypochloreux aux composés allyliques, que le rendement de cette opé- ration est faible. Cette assertion n'est exacte qu'en appa- rence. J'ai retiré autrefois le produit formé par l'addition de OHC1 à C-H--OH par l'éther. Or, les monochlorhy- drines glycériques ne se dissolvent pas ou fort peu dans l'éther. En remplaçant l'éther par l'alcool avec le carbo- nate bipotassique, j'ai obtenu des résultats beaucoup plus avantageux et un rendement en monochlorhydrine satis- faisant. Cette monochlorhydrine bouillait vers 200°; elle avait pour densité à 18", 8, 1,31, et pour densité à l'état de vapeur, 5,(36; la densité calculée est 3,81. (*) H.-L. Buff, Liebig's Annalen der Cfiemie, etc., Supplément, t. V, p. 249(1867). ( US ) .Sur l'alcool nitro-propylique primaire (HO)Cl!,-(:il(NO,)-CH3; par Louis Henry, membre de l'Académie. Je me suis occupé, dans diverses communications anté- rieures (*), de la condensation des aldéhydes alipha- tiques avec les paraffines nitrées, réaction qui donne lieu à des alcools nitrés, renfermant le système bicarboné (N02)C-C(0H). i J'ai constaté que la capacité réactionnelle des nitro- paraffines vis-à-vis des aldéhydes, et notamment vis-à-vis du me'thanal rUC = 0, l'aldéhyde par excellence, est déterminée par le nombre des atomes d'hydrogène hvés sur l'atome de carbone auquel est lui-même attaché le radical nitryle NO^, et égal à ce nombre. Alors qu'elle est multiple, cette aptitude à la conden- sation peut s'opérer, comme la saturation des bases et des (aides polyvalents, de deux façons différentes : en une fois et d'une manière complète, ou d'une manière partielle et successive, en plusieurs fois. En ce qui concerne spécialement le nitro-étltane CH5-CHç)(N02), composé bivalent, j'ai déjà fait connaître le produit de sa condensation totale avec le méthanal (**), (*) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3e sér., t. XXIX, p. 834: t. XXX, p. 25 (1895); t. XXXII, p. 17 (18%). f) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3e sér., t. XXX, p. 25 (1895). c'est-à-dire le qlycol isobutylique mononitré tertiaire ncn \r s (CH2 " 0H)2 Je m'occuperai dans la présente notice du produit d'une condensation incomplète de ce corps avec la môme aldéhyde, c'est-à-dire de l'alcool nitro-propylique primaire (HO)CH2 - CH(N02) - CH3. Ce corps résulte de la fixation d'une seule molécule de méthanal sur la molécule de l'éthane mononitré. La réaction s'accomplit, au sein de l'eau, avec un dégage- ment de chaleur sensible, sous la stimulation du carbo- nate bipotassique. Il se forme en même temps, comme il fallait s'y attendre, une certaine quantité de glycol isobutylique mononitré (N02)C < Vj^ " '"2, produit de la réaction du méthanal sur l'alcool nitro-propylique formé tout d'abord. Voici le détail d'une opération : Dans 50 grammes de la solution aqueuse du méthanal à 55 °/0, additionnés d'environ leur volume d'eau, on a introduit 25 grammes de nitro-éthane. Celui-ci tombe au fond du mélange liquide. On ajoute quelques petits frag- ments de carbonate bipotassique et on agite vivement. La réaction s'accomplit petit à petit et la température s'élève d'environ une trentaine de degrés. La couche insoluble du nitro-éthane disparait en grande partie. Cette opération a été faite plusieurs fois et l'on a réuni les masses liquides. On extrait les produits nitro-alcooliques formés à l'aide del'éther; après l'expulsion de celui-ci par distillation au bain d'eau, il reste un liquide épais et visqueux, à peu près incolore. ( M7 ) On l'abandonne pendant quelque temps sur l'acide sulfurique dans le vide, puis on le soumet à l'action d'un mélange réfrigérant de glace et de sel. La plus grande partie du glycol nitro-isobutylique formé se sépare à l'état cristallin. Le liquide restant est soumis à la distillation sous pression raréfiée; on recueille ce qui, sous la pression de 50 à 40 millimètres, passe de 120° à 135°. Il ne reste que peu de produit solide dans le ballon à distillation. Une seconde rectification du produit distillé donne un produit pur, passant fixe à 120"- 122° sous la pression de 52 millimètres. Le nitro-propanol primaire (HO)CrL> - CH(N02) - CH3 ainsi préparé a donné à l'analyse les résultats suivants : Azote Substance. Trouvé. Calculé. l . 11. . . . 08r,5106 . . . 0«r,3G79 13,20% | > 1o,û3 7 13,12 •/. j La détermination de son poids moléculaire par la mé- thode cryoscopique dans l'eau a fourni les chiffres sui- vants : Abaissement Poids du point molécu- Substai ice. de congélation. laire. Moyenne. 1 . 0gr,3009 0°,215 103,5 H . . 0«r,6260 0°,425 113,0 108,3 III . . CKr,9457 0%650 107,0 IV . . lev2G29 0°,850 110,0 ( H8 ) Le poids moléculaire calculé est 105 (*). L'alcool nitro-propylique primaire (H0)CH2 - CH(NO^) - CH3 ainsi obtenu est analogue extérieurement à son isomère Yalcool nitro-isopropylique, produit de la conden- sation du nitro-méthane avec l'éthanal (**). C'est un liquide parfaitement incolore, plus ou moins épais et visqueux, soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther. Son odeur est faible, légèrement piquante; sa saveur piquante n'a pas cet arrière-goût nauséabond qui caractérise si désa- gréablement son isomère. Sa densité à 6° est égale à 1 ,209. Son isomère a pour densité, dans les mêmes conditions, 1,199. Il bout sans décomposition à 120°-1:2!20 sous la pres- sion de 52 millimètres. Son isomère bout dans les mêmes conditions à 115°. Le pentachlorure de pbospbore l'attaque vivement et le transforme en chlorure de propyle primaire mononilré C1CH2 - CH(N02) - CH3. Éb. 172M750 (***). La réaction du méthanal sur les deux alcools propy- liqucs nitrés les différencie d'une manière frappante. Le dérivé alcoolique primaire (HO)CH2 - CH(N0.2) - CH-, composé monovalent que je viens de décrire, fournit un composé en Cj, le ylycol isobutylique mono- (') Ces déterminations numériques, de même que d'autres consta- tions expérimentales, ont été faites par mon préparateur, 31. Aug. De Wael, dont il m'est agréable de reconnaître le zèle et l'habileté. (") Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXIX, p. 834 (1895). (***) Ce produit sera décrit dans une communication ultérieure. Je dirai dès à présent que les ring propanes chloro-nitrés C3H6 < ™ - possibles ont été faits dans mon laboratoire. ( *i9 ) nitré (N02)C < ru~ "• corpssolide nettement cris- tallin, fusible à 139°-140°. Le dérivé alcoolique secondaire (N02)CH2 - CH(OH) - CH3, en sa qualité de composé bivalent, fournit au contraire un dérivé en C8, une glycérine isoamylique mononitrée (N02)C < ^H(OH) - CH3' comPosé solide cristallin, fusible à 125M260 (*).. Sur la prétendue existence de la densité critique; par P. De Heen, membre de l'Académie. La croyance actuellement répandue et qui consiste à admettre qu'à partir de la température critique il ne peut exister qu'un fluide unique, et par conséquent qu'une seule densité, devait nécessairement conduire à la con- ception, du reste purement idéale, d'une densité critique. Je dis purement idéale, car jamais cette densité n'a été observée directement. M. Amagat se montre d'ailleurs très explicite à cet égard; il dit en effet: « Il ne faut pas oublier que le groupe de constantes obtenu par une coïncidence est fonction de toutes les parties du réseau qu'il caractérise, et non point, particulièrement, de celles qui avoisineut le point critique: il est même rationnel de moins se O Ces produits ont été décrits antérieurement. ( 120 ) préoccuper de la coïncidence des isothermes trop rap- prochées de ce point, que de celles qui l'encadrent de plus loin, dont la détermination présente moins de ditti- cultés »; et encore : « L'instabilité de la matière finit par devenir telle qu'on ne peut plus arriver à obtenir une position t\\e du ménisque au voisinage du point criti- que (I). » En se servant du procédé absolument direct que nous avons indiqué antérieurement (2), il est facile de recon- naître que l'on obtient nécessairement l'homogénéité de densité de la masse à la température critique dans deux cas particuliers; et lorsque ces conditions sont satisfaites, ces densités sont sensiblement dans le rapport de un à deux, l'une représentant la densité critique du liquide, l'autre la densité critique de la vapeur. Il nous a paru intéressant d'examiner à ce point de vue les magnifiques réseaux d'Amagat, afin de vérifier si les faits représentés par ceux-ci correspondent à l'idée que l'on se fait généralement du phénomène critique. On dit que la température critique est la température à partir de laquelle les parties rectilignes des isothermes cessent d'exister. Mais on commet certainement une erreur si l'on admet que la dernière de ces droites (celle qui correspond à la température critique) se confond avec un élément rectiligne. La figure l représente à peu près l'aspect général que prendrait le réseau s'il en était ainsi. On pourrait alors (1) Journal de physique de d'Alnieida, 3e série, 1. 1, p. 290. l2j Bull de l'Acad. roy. de Belgique, 3e série, t. XXXI, p. 379, 1890. ( '21 ) légitimement attribuer à la courbe abc la loi me que nous lui donnons et qu'on lui donne généralement. PV l'iG. 1. Mais, on réalité, rien de semblable n'a jamais été observé; le réseau affecte au contraire très nettement dans son ensemble l'aspect indiqué ligure 2. Et ce n'est qu'en faisant passer la courbe par des points absolument arbitraires qu'on parvient à réaliser la forme abc (ïig. 1). rie. y. ( 122 ) Les droites AB ne se réduisent donc pas à un élément de droite à la température critique. Enfin, la portion rectiligne ne disparaît pas brusque- ment à la température critique ; elle persiste au contraire un peu au delà, en s'inclinant légèrement sur l'axe des ordonnées; mais il ne peut en aucun cas être question d'une courbe telle que celle qui est représentée par la ligure 3, dont un élément a unique est parallèle à l'axe des ordonnées. Ce tracé est aussi contraire à la réalité que celui représenté figure 1 . Fie. 3. Nous avons agrandi à l'aide de la photographie les remarquables réseaux que M. Amagat vient de publier (1), afin de vérifier la belle loi des températures correspon- dantes de M. van der Waals. Les planches qui accom- pagnent cette note et qui reproduisent ces photographies nous permettent non seulement de reconnaître ce que (1) Journal de physique de d'Almeida, 3e série, t. VI, p. 9, 1897. T. De Heen, Bull, de l'Acad roy. de Belgique 3< scr , t. XXXUI, n« -'. p. 123, 1897. P. De Heen, Bull de l'Acad. roy. de Belgique, 3' scr , t. XXX III, n« 2, p. i23, 1 ( wz ) nous venons d'affirmer, mais permettent encore d'établir à l'aide de mesures quel est le rapport existant entre la densité critique du liquide et la densité critique de la vapeur, ce rapport étant l'inverse de celui qui existe entre les valeurs de PV, prises à la pression critique el correspondant respectivement à l'état liquide et à l'étal de vapeur. Le diagramme A fournit, pour le rapport des densités critiques du liquide et de la vapeur, le rapport 4^== 2,17; le diagramme B fournit le rapport ^= 1,98; les recher- ches faites à l'aide de l'analyseur de l'étal critique nous ont fourni le rapport ^g = 2,15. Si donc nous admet- tons le théorème des états correspondants, nous pouvons dire que le rapport des deux densités critiques est sensi- blement égal à 2 pour tous les corps. Quant à l'adoption de la courbe admise et que nous indiquons en pointillé, elle est absolument contraire à l'expérience et rien ne la justifie. Ajoutons que la den- sité critique telle qu'elle a été déterminée jusqu'à pré- sent, représente la moyenne des deux densités. Ces considérations permettent de reconnaître que les observations antérieures à celles que nous avons entre- prises à l'aide de l'analyseur de l'état critique et qui mettent la question hors de doute, permettaient déjà de reconnaître l'erreur que l'on commet en admettant l'exis- tence d'une densité critique unique. Nous avons tous eu le malheur de considérer comme axiome une proposition mal établie, que l'expérience dément actuellement et sur laquelle on a fondé malheu- reusement de fort laborieuses recherches théoriques, qui ont enraciné le préjugé. J'exprime en terminant le souhait de voir les physi- ( *24 ) ciens qui s'occupent de la question, répéter l'expérience faite à l'aide de Yanalyseur de l'état critique. J'ai du reste la conviction que la thèse que je viens de soutenir ne commencera à se généraliser que lorsque ces expériences auront été répétées un grand nombre de fois par plusieurs physiciens. Ce n'est que dans ces conditions que l'on peut porter atteinte à des convictions ayant poussé de si profondes racines. Sur l'observation d'étincelles positives et négatives ; par P. De Heen, membre de l'Académie. M. Zenger avait déjà observé que si l'on détermine la production d'étincelles électriques sur la surface d'une glace recouverte de noir de fumée, la traînée produite est double et présente sensiblement l'aspect du dessin (fig. 1). Ce physicien en conclut avec raison que cette étincelle Fie. i. revêt la forme d'un cyclone dont la partie centrale représente l'œil de la tempête. Déjà précédemment nous avons confirmé cette manière de voir. M. Zenger ajoute d'une manière interrogative : « Ne peut-on expliquer cette observation en admettant qu'il y a. dans la décharge, formation de deux tourbillons mar- chant en sens contraires? » Nous avons eu la bonne fortune de voir directement celte prévision réalisée. L'étincelle que nous avons observée était produite par une forte bobine fournissant des décharges de 20 à ( 125 30 centimètres, et munie d'un condensateur de grande dimension et d'un gros (il induit. Cela étant, en faisant varier la distance des deux électrodes formées de deux (ils de cuivre, on pouvait observer directement les aspects suivants (fig. 2) : a) Lorsque la distance dépassait la distance explosive, on observait l'aigrette négative et l'aigrette positive bien caractérisée par la délicatesse de ses ramifications. a) — r—^~z & l) Fig. 2. b) En rapprochant légèrement les deux conducteurs, on observait avec une admirable netteté la disparition de l'aigrette positive et la production de l'étincelle négative présentant la forme d'un tube dont la partie centrale était absolument noire et dont les bords présentaient des irrégularités. c) Mais si, partant de la position a, on rapproche davantage les deux électrodes, on voit très nettement un des filaments de l'aigrette positive s'insinuer dans le tube de l'étincelle négative et le double courant d'étin- celles positives et négatives jaillir en sens contraires. L'étincelle positive présente un éclat très vif; elle est de Ome SÉRIE, TOME XXXIII. 9 ( 126) plus très déliée et n'occupe que la partie centrale du tube obscur. L'étincelle négative, qui représente la périphérie du tube, offre un éclat beaucoup moins vif. Les étincelles que l'on observe habituellement sont des étincelles positives. Il semble résulter de l'ensemble de ces considérations que l'étincelle c est le résultat de deux mouvements tourbillonnants qui, étant emboîtés l'un dans l'autre, se meuvent en sens contraires, le pas de vis étant incom- parablement plus petit pour l'étincelle positive que pour l'étincelle négative. Note. — Une bobine qui ne fournissait que l'étincelle positive ordinaire à fil induit long et fin, a produit les étin- celles dont nous venons de parler à l'aide de la disposition suivante (fig. 5). A et B, pôles de la bobine; a, b, c, d, pla- £ c d FlG teaux isolés (suspendus à l'aide d'un fil de soie) munis de pointes; R, résistance. L'étincelle jaillit entre c et d. ( 427 ) C LASSE DES LETTRES. Séance du 1n février 1897. M. le comte Goblet d'Alviella, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F. Vander Haeghen, vice-direc- teur; Alph. Wauters, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, T.-J. Lamy, G. Tiberghien, J. Vuylsteke, Ém. Banning, A. Giron, le baron J. de Chestret de Haneffe, Paul Fredericq, God. Kurth, Mesdach de ter Kiele, H. Denis, le chevalier Ed. Descamps, G. Mon- champ, membres; Alph. Rivier, J.-C. Vollgraff, associés; Paul Thomas, Ern. Discailles, Ch. Duvivier, V. Brants, Ch. De Smedt et A. Willems, correspondants. CORRESPONDANCE. L'École française d'Athènes, qui célébrera les 26, 27 et 28 avril prochain, le cinquantième anniversaire de sa fondation, adresse une circulaire relative à un projet de congrès archéologique qu'elle tiendrait à Athènes à cette occasion. — La Commission permanente du Congrès interna- ( 128 ) tional des orientalistes annonce que sa onzième session se tiendra à Paris du 5 au 12 septembre prochain. M. Lamy y représentera l'Académie. — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de la publication : Uitgave der Antwerpsche Inbliophilen, n' 20 : Le passe-temps de Jehan Lhermite, tome II, publié par MM. Ouverleaux et J. Petit. — Remer- ciements. Hommages d'ouvrages : 1° David Teniers et son fils, le troisième du nom ; par Alph. Wauters (présenté par l'auteur, avec une note); 2° Triptyque : Le Paquebot — Le Village — L'Épopée du fer; poésies par Honoré Ponthière (présenté par M. Lamy, avec une note); 5" Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, publiés avec une introduction critique, par F. Cumont (présenté par M. Paul Thomas, avec une note). — Remerciements; Les notes bibliographiques lues par MM. Wauters, Lamy et Thomas figurent ci-après: - Travaux manuscrits à l'examen : 1° Notes pour servir ci l'histoire du règne de Charles- Quint ; par Ern. Gossart, conservateur à la Bibliothèque royale. — Commissaires : MM. Piot, Bormans et P. Fre- derieq; 2° Notes d'aneien wallon ; par Maurice Wilmotte, pro- fesseur à l'Université de Liège. Commissaires : MM. Stecher, Discailles et Bormans. ( i29 ) Prix Anton Bekgmann, fondé pour inte monographie, en langue néerlandaise, d'une ville ou d'une commune flamande de la Belgique. M. le Secrétaire perpétuel présente les trois monogra- phies suivantes, adressées à l'Académie, pour la deuxième période décennale de ce concours, ayant pour objet les villes ou communes de la province de Brabant (l'arron- dissement de Nivelles excepté). Le n° 1, intitulé : Gesehiedenis van Leuven, porte pour devise : le scrive die historié compleet ende impartiaelic. Le n° 2, intitulé : Gesehiedenis der slad Leuven, a pour auteur M. Herman Vander Linden, professeur à l'Athénée royal d'Anvers. Le n" 5, intitulé : Gesehiedenis vun Sehaarbeek, porte pour devise : Vis unila fortior. Conformément à l'acte de fondation de ce prix, la Classe dresse la liste de dix noms à soumettre au Gou- vernement pour le choix du jury de cinq membres qui jugera ce concours. ÉLECTION. La Classe procède, conformément à l'article 12 de son règlement, à la formation du comité de trois membres, élus au scrutin secret, pour s'occuper, conjoin- tement avec le Bureau, de la présentation des candida- tures pour les places vacantes. Les suffrages se portent sur MM. Wauters, Stecher et Piot. 130 ) NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. M. Alphonse Wauters, en présentant à la Classe des lettres son travail intitulé : David Teniers et son fils, le troisième du nom , fait remarquer à ses confrères que son but principal a été d'insister sur l'inconvénient que pré- sente l'emploi de la qualiiication de le Jeune, donnée habi- tuellement au grand artiste d'Anvers. Actuellement on connaît, au moins dans ses principales lignes, la bio- graphie d'un troisième artiste appelé David Teniers, mort avant son père en 1685. C'est à lui que revient absolument cette désignation; elle a été adoptée par lui pour se distinguer de son père et, comme il travaillait dans le même genre, il est important de ne pas laisser s'accréditer une confusion qui n'a déjà que trop duré. M. Wauters, après avoir constaté les dissensions qui ont divisé les deux artistes, décrit en détail des peintures et des tapisseries signées par l'un et par l'autre, et montre la différence qui séparait leurs productions. Le talent de Teniers ne doit plus désormais être amoindri par la fausse attribution d'œuvres sans date ni signature, qui sont probablement dues à un Teniers dont le nom — mais non le mérite — était semblable au sien. J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de mon collègue, M. Ponthière, le recueil de poésies qu'il a publié sous le titre de Triptyque et dont M. de Hérédia, membre de l'Académie française, a accepté la dédicace. C'est une suite de sonnets rangés sous trois titres : le ( 131 ) Paquebot, le Village, l'Épopée du fer. Ces titres indiquent suffisamment les sujets que l'auteur a choisis. Dans le Paquebot et VÉpopee du fer, sa muse apparaît doublée d'un ingénieur et elle sait enchâsser dans de jolis vers une foule de termes techniques qui semblent tout étonnés, en sortant de la houillère, de la forge ou du hateau, de se trouver si élégamment habillés. Le Village, au contraire, nous transporte dans les beaux sites de nos Ardennes, nous introduit à un foyer hospi- talier, dans une de ces familles aux mœurs simples et pures dont le divin Crucifié est la foi et l'espérance à tra- vers les épreuves de la vie. Le poète ingénieur se délasse et se repose dans ce délicieux séjour des fatigues arides de l'industrie et chante les charmes si divers du prin- temps, de l'été, de l'automne et de l'hiver, et les travaux qui leur sont propres. Habitué à disséquer les mots et les phrases des langues sémitiques, je n'ai pas qualité pour apprécier le travail de M. Ponthière : je me borne à l'indiquer à mes con- frères qui cultivent les belles-lettres et la poésie. Ils éprouveront, je n'en doute pas, le bonheur que j'ai res- senti à sa lecture, se souvenant Qu'un sonnet sans défaut vaut seul un long poème. T.-J. Lamy. J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de M. Franz Cumont, professeur à l'Université de Gand, le 4e fascicule des Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra. Ce fascicule contient le supplément et les tables du recueil. On y trouve entre autres une description très ( 132 ) complète des mithréums récemment découverts à Petro- nell (Autriche) et à Sarrebourg (Lorraine). M. Cumont a mené à bonne fin sa vaste et laborieuse entreprise. Il ne lui reste plus qu'à exposer, dans une Introduction critique, les résultats de l'étude dont il a réuni les matériaux avec une si admirable patience, une exactitude si scrupuleuse, une érudition si étendue et si sûre. Nous attendons avec impatience cette introduction, qui couronnera dignement, nous n'en doutons pas, l'œuvre magistrale de notre jeune et savant collègue. P. Thomas. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. H. Denis donne lecture de la première partie d'un travail, accompagné de diagrammes, Sur l'interprétation des données de la statistique et sur la natalité et la matrimo- nialité. — Impression dans les Mémoires. Des graves dangers auxquels sont exposés les livres et les manuscrits de nos dépôts publics ; par Ferd. Vander Hae- ghen, membre de l'Académie. Les livres et les manuscrits de nos dépôts littéraires et scientifiques ont beaucoup à souffrir d'une funeste habi- tude qui se propage de plus en plus, celle de se mouiller le 'doigt pour tourner les pages. Au nom des conser- vateurs de nos dépôts publics comme au mien, je crois ( i35 ) devoir appeler l'attention de l'Académie sur on état de choses qui tend à la destruction ou tout au moins ;i la détérioration de nos documents littéraires et historiques, et qui est de nature à nuire à la santé des hommes d'étude. Je prie l'Académie de vouloir prendre en considération quelques réflexions sur ce sujet. Dans une de ses causeries qui, sous une forme attrayante, ont tant contribué à répandre des notions scientifiques. M. de Parville adressait naguère ce conseil aux biblio- philes : « Essuyez, n'époussetez pas. » Le savant vulgarisateur constatait — et pourtant les études de M. Pasteur n'avaient pas rendu tangibles les périls que nous créent les infiniment petits — combien néfastes peuvent être, pour l'organisme humain, les débris organiques ou minéraux qui, après s'être joués invisibles autour de nous, gisent inertes en apparence sur les rayons de nos bibliothèques, attachant des germes mortels aux feuillets de nos livres préférés. Les études poussées fort loin aujourd'hui dans le domaine de la bactériologie révèlent toute l'étendue du danger que produisent les bibliothèques mal tenues, et particulièrement celles contenant des livres maniés par des mains malpropres. Il résulte des observations des spécialistes que la pous- sière s'attache par une sorte d'attraction aux papiers secs accumulés : le public est donc en droit d'exiger qu'une grande propreté, entretenue par de fréquents nettoyages, règne dans les dépôts publics. C'est là la part de l'administration dans l'hygiène des bibliothèques; mais il ne semble pas que le public se ( 134 ) doute qu'il dépend surtout de lui de rendre nocives ou non les collections mises à sa disposition. L'observation médicale a permis de constater que de simples lettres missives avaient servi de véhicule à des germes morbides, et cela après de longs voyages. Des précautions minutieuses ont été suggérées par ces constatations aux administrations postales pendant les épidémies; mais il est à remarquer qu'en tout temps les amis du livre sont exposés à des périls dénoncés par de récentes expériences. Deux praticiens français, attachés l'un et l'autre à l'hôpital de Val-de-Gràce, MM. Du Cazal et Catrin, se sont livrés à des essais dont voici les conclusions : Des livres mis en contact avec des malades atteints de diph- térie, de tuberculose ou de typhus ont été soumis à une macération plus ou moins prolongée dans des liquides stérilisés; ils ont, par voie d'inoculation, communiqué le virus à divers animaux. Une remarque typique a été consignée par les médecins du Val-de-Gràce. La contamination a été rapide surtout lorsqu'on s'est borné à faire macérer dans le liquide de culture les coins des pages de livres confiés aux malades. Or, cette toxicité spéciale est, au jugement des expérimentateurs, imputable « à l'habitude commune à beaucoup de personnes de se mouiller les doigts de salive pour tourner les feuillets d'un livre ». Il n'est pas dans les attributions de notre Classe de s'occuper de questions médicales; aussi ne veux-je m'ar- rôter qu'incidemment aux travaux de MM. Du Cazal et Catrin, et me bornerai-je à enregistrer leurs conclusions : elles démontrent l'étendue de ce péril engendré pour (13b) tous par la contamination qu'une habitude, hautement vicieuse, inflige aux documents de toute nature confiés à nos dépôts publics, et dont ne sont pas même exempts les manuscrits les plus précieux. La singulière particularité sur laquelle les spécialistes du Val-de-Grâce appellent l'attention, comme une des pires causes de contagion morbide, et qui ne tend mal- heureusement qu'à se propager, fait depuis longtemps le désespoir de tous ceux qui ont le respect des livres. La salive déposée par des doigts qui peuvent être imprégnés eux-mêmes de sueurs morbides, amène, on le conçoit, une sorte d'inoculation presque directe de la plus implacable contagion. Tout en me gardant encore d'empiéter sur le terrain de nos confrères de la Classe des sciences, je crois pou- voir ajouter que la salive humaine recèle, d'après les bactériologues, un nombre considérable de ferments dan- gereux. Ceux-ci ne se rencontrent pas seulement chez les malades notoires qui forment la clientèle des hôpi- taux : quantité de personnes saines se trouvent à même de communiquer de graves et même de mortelles infir- mités. De telles considérations devraient n'être ignorées de personne, car la vicieuse habitude à laquelle je fais allu- sion est plus répandue que l'on ne pense. Sa fréquence est même faite pour étonner. On comprend assez aisément que des ouvriers, chez lesquels de rudes travaux manuels ont pour ainsi dire détruit le tact de l'épiderme, jugent nécessaire de se mouiller le doigt pour provoquer une sorte de sensibilité et faciliter ainsi la préhension. Nous voyons les terras- siers en agir de la sorte, pour mieux faire adhérer à ( 136 ) leurs mains calleuses le manche de la bêche, de la pioche ou du marteau, lorsqu'il s'agit de se livrer à quelque rude effort. Mais n'est- il pas stupéfiant de voir des gens du monde avoir recours à ce procédé aussi peu respec- tueux de la propriété collective que de la santé du pro- chain? Un regard jeté autour de nous révèle immédiatement l'étendue de cette fâcheuse habitude, et c'est même quel- quefois, hélas! aux personnes les plus honorables qu'il faut s'en prendre. Si l'on trouvait demain dans un jour- nal ceci :... Dans la réunion de savants auxquels étaient soumis les précieux codices de la bibliothèque de X***, l'un des assistants, après s'être mouillé le pouce et l'in- dex d'un geste large, s'apprêtait à saisir le coin d'une miniature, lorsque, à sa grande surprise, son bras fut arrêté par le conservateur!... Y aurait-il quelqu'un qui révoquât le fait en doute, ou le crût seulement invrai- semblable? Mais n'insistons pas. Laissons chacun faire, s'il y a lieu, son mea culpa... Vous le savez, Messieurs, les ouvrages communiques dans les salles de lecture ou à domicile sont, au bout d'un terme plus ou moins long, — et proportionnelle- ment au mérite de l'auteur, — souillés et parfois mécon- naissables. Quelques-uns portent trace de tels contacts qu'il n'est d'autre ressource que de les livrer au feu. A la rigueur, on se consolerait de ces maculatures, si celles-ci prouvaient que les livres en question ont beau- coup servi, et, par ainsi, répondu au vœu de ceux qui créèrent les collections publiques, de ceux encore qui provoquent l'extension de ces institutions si nécessaires. Cette constatation consolante peut être faite sans doute en de tels cas, mais dans quelque proportion seulement. i 137 ) car ces souillures établissent surtout que les ouvrages qui les portent ont été livres à des mains malpropres OU Ion! au moins peu scrupuleuses. Il devrait exister chez ions un vif désir de respecter le livre qui appartient à tout le momie et de contribuer de la sorte à l'utilité des dépôts publics el à leur durée. On voii qu'il n'en est pas ainsi. Les règlements atteignent difficilement de tels abus, si graves qu'ils nous paraissent, car lorsque la souillure d'un livre se révèle irréparable, c'est une nombreuse collectivité qui est responsable du t'ait accompli. La persuasion seule peut être mise en œuvre pour déraciner de si malpropres traditions, et, sans doute, on contribuerait efficacement à ce résultat en fixant l'atten- tion du public sur le danger que les germes d'infection déposés sur les pages des livres présentent pour la santé des lecteurs. ( 138 ) classe de§ beaux. -a ht». Séance du i février 1897. M. Th. Vinçotte, directeur. M. le chevalier Edmond Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ch. ïardieu, vice -directeur; Éd. Fétis, Ad. Samuel, G. Guffens, Th. Radoux, Jos. Jaquet, Jos. Stallaert, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, A. Hennebicq, Éd. Van Even, le comte J. de Lalaing, J. Winders, Ém. Janlet, H. Maquet, mem- bres; J.-B. Meunier, Alb. De Vriendt, C. Hermans et A. Boudard, correspondants. M. le Directeur souhaite la bienvenue aux deux nou- veaux correspondants : MM. Bourlard, de la section de peinture, et Emile Mathieu, de la section de musique. Je saisis cette occasion, continue M. Vinçotte, pour annoncer à la Classe que l'un de nos confrères, M. Henri Hymans, vient d'être élu correspondant de l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France. Je crois que la Classe apprendra cette nomination avec d'autant plus de fierté que c'est la première fois qu'un de nos confrères s'occupant de littérature ou d'histoire des arts est appelé à faire partie de l'Institut de France. ( \o9 ) Cette distinction, si flatteuse pour M. Hymans, rejaillit donc sur l'Académie tout entière, qui ne saurait qu'ap- plaudir à ce choix. L'élection de M. llyinans vient res- serrer encore les liens de confraternité qui unissaient déjà la Classe à l'Académie des beaux-arts de Paris, parmi laquelle figurent aussi, comme associé étranger, M. Gevaert, et comme correspondants dans les diffé- rentes branches artistiques, MM. G. Guffens, E. Wauters, Alb. De Vriendt, Peter Benoit, Paul De Vigne et G. Biot. Les applaudissements de la Classe accueillent ces paroles ainsi que les remerciements que M. Hymans adresse à ses confrères. CORRESPONDANCE. MM. Bourlard et É. Mathieu, élus correspondants; sir Edw. Burne-Jones, Charles Garnier, George Aitchison et Vincent d'Indy, élus associés, adressent leurs remercie- ments. — M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage : La peinture en Europe : Venise; par Georges Lafenestre et Eugène Richtenberger. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° Forschungen zur Kunstgeschichte Bôhmens. II. Der Bildercyklus des Luxemburger Stammbaumes aus Karlstein; ( 140 ) par le Dr Joseph Neuwirth (présenté par M. Hymans, avec une note qui figure ci-après) ; 2° Net Wilhelmuslied uit een musikaal oogpunt beschouwd; par Flor. van Duyse; 5" A. Phidppe de Monte, célèbre musicien du XVIe siècle ; 1). Les carillons el les carillonneurs à Malines; par G. Van Doorslaer. Remerciements. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. Y)' Joseph Neuwirth. Forschungen zur Kunstgeschichle Bôhmens. — II. Uer Bildercyldus des Luxemburger Stamm- baumes ans Karlslein. Prague, 1897, I vol. grand in-fol. avec 16 planches. Pour faire suite à la série de ses remarquables études sur le passé de la Bohème, le Dr Neuwirth, de Prague (1), vient de mettre au jour un document de très haute importance et, en l'espèce, unique pour l'époque. D'intérêt d'abord national, il n'est pas sans rapports multiples avec l'histoire de notre pays et sollicite, par là même, l'attention de l'Académie à laquelle, du reste, l'auteur en fait hommage. En octobre lilô, le chroniqueur brabançon Edmond (I) Le prof. D«- Neuwirth a publié dans nos Bulletins, G4a année, .!' série, t. XXVIII (-1894), un important travail intitulé : Beziehungen Brabunler KUnstler :-u Bôhmen wiïhrend des XIV. Jahrhundertes. (Ul ) de Dynter, alors au service d'Antoine de Bourgogne, duc de Brabant, se trouvait à Prague, chargé d'une mission de son maître auprès du roi de Bohême. Il raconte qu'â- pres un festin somptueux, réunissant au palais de Karl- stein, sur le Hradschin, de nombreux convives, le roi Wenceslas, lui prenant la main, le conduisit dans une salle dont les murs portaient une généalogie de ses ancêtres, parmi lesquels les ducs de Brabant, jusqu'à Jean III, peintures que l'empereur Charles IV, le père de Wences- las, avait consacrées à la gloire de ses aïeux:. Rappeler les alliances de la maison de Luxembourg, de laquelle étaient issus les rois de Bohème, avec celle de Brabant, me parait superflu. La tâche du peintre appelé à représenter les membres de l'une et de l'autre n'était point mince, attendu que la maison de Luxembourg pré- tendait descendre de Saturne et que celle de Brabant se réclamait de Priani ; que toutes deux, par une combinai- son savante dont le mieux est de vous faire grâce, avaient pour ancêtre commun Noé. Le déluge les empêchait mal- heureusement de remonter plus haut. La chose n'a d'ailleurs rien de très spécial; au XVIe et au XVIIe siècle, les grands avaient pour invariable pré- tention de se réclamer des héros des temps fabuleux. Quant aux peintures de Prague, l'intérêt de la commu- nication de M. le professeur D' Neuwirth est surtout que, ayant cessé d'exister depuis plusieurs siècles, elles revivent dans un manuscrit de la Bibliothèque impériale de Vienne, que l'auteur a eu la bonne fortune de décou- vrir et le mérite d'identifier, avec une certitude qui ne saurait surprendre de la part d'un homme aussi profon- dément versé dans la connaissance des sources de l'his- toire de son pays. 5rae SÉRIE, TOME XXXIII. 10 ( M2 ) Le doute est d'autant moins permis que la série des miniatures composant la généalogie de Weneeslas se complète de divers groupes et portraits reproduisant d'une manière intégrale des fresques jusqu'à ce jour con- servées au palais de Hradschin. Telle est la portée de l'intéressant travail qui l'ail l'ob- jet de cette notice. M. Neuwirth arrive à élucider la plupart des questions que soulève l'ensemble dont il s'occupe. Le manuscrit est postérieur d'une couple de siècles à l'exécution des fres- ques qu'il a pour objet de reproduire. Comme il porte sur le frontispice les portraits en médaillon de l'empe- reur Maximilien II et de l'impératrice Marie, fille de Charles-Quint, il s'agit nécessairement d'un travail du XVIe siècle. Les fresques subsistèrent jusque vers 1597; à cette époque, elles étaient dégradées au point de rendre vaine toute tentative de restauration. Si profondément qu'il pénètre dans son sujet, M. INeu- wirth n'arrive à préciser ni le nom de l'auteur des pein- tures originales, ni même celui de l'interprète évidem- ment chargé par l'Empereur d'en conserver le souvenir. A Thomas de Modène ou à Théodoric de Prague, les deux peintres les plus notables ayant travaillé en Bohême au moyen âge, il n'y faut pas songer. Reste Nicolas Wurmser, de Strasbourg, que l'on sait avoir été au service de l'empereur Charles IV en 1557. Qu'il s'agisse de ce dernier ou de tout autre, à travers les altérations presque inévitables d'une transcription faite au XVIe siècle, les originaux, comme conception générale, attitude et disposition, accusent un ensemble de fort respectables qualités. Que si les personnages font songer aux rois et aux ( U3 ) dames des cartes à jouer et des jeux d'échecs, cela tient tout simplement à ce que ceux-ci nous fournissent préci- sément quelques-uns des types les plus fréquents de la sculpture et de la gravure à ses débuts et encore plus tard. A peine est-il besoin de rappeler les imposantes figures de bronze groupées autour du sarcophage de Maximilien Ie', à l'église des Franciscains d'Inspruck. Pour ce qui concerne la gravure, ce sera parmi les cartes à jouer que nous trouverons ses plus anciens repré- sentants, et rien de fort étrange, dès lors, à ce qu'un rap- prochement s'opère entre leurs productions et l'œuvre de notre miniaturiste. Quant à lui, son rôle est subordonné, mais nous pou- vons louer sa conscience. Elle nous procure, et M. Neu- wirlh le démontre, une œuvre de précieuse valeur pour l'histoire du costume au XIVe siècle, ses courants géné- raux et ses variations. Le texte du savant professeur abonde en informations et en aperçus qui, peut-on dire, épuisent la matière et dont l'intérêt pour l'archéologue et pour l'artiste n'est pas moindre que pour l'historien. Henri Hymans. RAPPORTS. La Classe, sur la proposition de la section de sculp- ture, adopte le buste en marbre de J.-B. Brasseur, exécuté par M. Ém. Cantillon, pour la galerie des bustes des académiciens décédés. ( 144 ) Elle se rallie ensuite à l'avis favorable de la même section sur le modèle qui lui est soumis par M. Charlier du buste de Théodore Schwann, aussi commandé par le Gouvernement pour la même galerie. OUVRAGES PRESENTES. Duyse (Flor. Van). Het Wilhelmuslied uit een musikaal oogpunt beschouwd. 1897; extr. in-8° (40 p.). Fraipont (Julien). Les origines des Wallons et des Flamands. Liège, 1896; extr. in-12 (31 p., 4 pi.). Mourlon (Michel). Sur la non-existence des dépôts de l'éocène supérieur asschien, en dehors des environs de Bruxelles, dans la région comprise entre la Senne et la Dyle. Liège, 1895; extr. in-8° (4 p.). — Sur une nouvelle interprétation des dépôts rapportés par Dumont à son système laekenien dans la région com- prise entre Waterloo et Ottignies. Bruxelles, 1895; extr. in-8° (4 p.). — Sur la nécessité de maintenir les étages asschien et wemmelien de l'éocène supérieur. Bruxelles, 1895; extr. in-8° (7 p.). — Observations à propos du gîte fossilifère découvert par M. Velge dans l'argile de la bruyère de Haut-Ittre. Liège, 1895; extr. in-8° (6 p.). — Sur l'âge des sables qui, entre Aerschot et Watervliet, au nord d'Eecloo, séparent l'argile de Boom (oligocène moyen) de l'argile sous-jacente à ces sables. Liège, 1895; extr. in-8° (20 p.). — Compte rendu de l'excursion de la Société royale ( 143 ) malacologique du lundi 24 septembre 1894, aux massifs tertiaires entre Waterloo el Ottignies. Idem du mardi 23 septembre, aux collines tertiaires au sud-est de Louvain. Bruxelles, 4895; extr. in-8° (12 p.). — Les mers quaternaires en Belgique, d'après l'étude stratigraphique des dépôts flandriens, etc. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (43 p.). — L'avenir delà géologie en Belgique. Bruxelles, 1897 ; extr. in-8° (6 p.). Wauters {AlphX David Teniers et son fils, le troisième du nom. Bruxelles, 1897 ; extr. in-8° (40 p.). Janssens IE.). Album de statistique graphique : démo- graphie et hygiène de la ville de Bruxelles. Bruxelles, 1896; vol. in -4°. Vincent (J.). Instructions pour effectuer des observations météorologiques dans les régions tropicales, et plus parti- culièrement au Congo. Bruxelles, 1897 ; extr. in-18 (25 p.). Doorslaer (G. Van). Philippe de Monte, célèbre musicien du XVIe siècle. Malines, 1894; in-8° (9 p.). — Les carillons et les carillonneurs à Malines. Mali- nes, 1896; in-8 désignera l'axe TOI,

mètres en suppléant à la contraction qui accompagne la solution, par un complé- ment de liquide. Le spectre du mélange a été identique au précédent. Une vérification semblable a été faite à l'aide d'alcool éthylique et d'alcool amylique, puis à l'aide d'eau et de glycérine, chaque fois avec le même résultat. Je rappellerai d'ailleurs que dans mon travail sur la transparence des solutions des sels incolores (*), j'ai déjà constaté que le spectre de l'eau n'était modifié en rien par la présence des sels dissous. Je citerai encore des observations de A.-E. Botswick (**), qui a trouvé que si dans un mélange de carmin et de bichromate de potassium on voit un déplacement des C) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3« série, t. XXXI, p. 640, 4896. (") Jahresbericht f. reine Chemie, 188$, p. 320. ( "» ) bandes d'absorption, il n'en est pas de même dans un mélange de fuchsine et de bleu d'aniline. On peut vrai- semblablement conclure de là que le déplacement n'a lieu que si les corps mélangés sont en état de se combiner; mais alors ce n'est pas l'état moléculaire qui entre seul en jeu. Un travail plus récent, de 0. knoblauch (*), conduit à la même conclusion. En résumé, il me paraît établi que la position des bandes d'absorption est plutôt en rapport avec les ten- sions qui s'exercent dans les molécules qu'avec celles des molécules entre elles. Influence de la température. W.-J. Russel et W. Lapraik (**) trouvèrent que le spectre de la chlorophylle se modifie par la chaleur comme par l'action des acides. J'ai donc comparé le spectre de quelques substances (chlorure d'éthylène, alcool amylique, benzoate d'éthyle) à 0° et à environ 50°. Le tube de 2 mètres de long qui contenait les liquides, occupait le milieu d'une longue cuvette que l'on remplissait alternativement de glace et d'eau chaude. Il ne s'est manifesté aucune différence dans les spectres. On peut donc admettre que la position des bandes d'absorption n'est pas influencée par la tempéra- ture dans les limites indiquées. Ce résultat, qui est con- forme, au fond, au précédent, donne à penser que la O Wiedemann's Annalen, t. XLIII, pp. 738-783, 1891. C*) Journal of the Chem. Society, t. XLI, pp. 334-339. ( i80 ) chlorophylle subit, sans doute, une altération chimique au contact de l'eau quand la température s'élève, comme elle en subit sous l'influence des acides dissous ou des sels. Résultats des observations. Couleur des corps et fluorescence. — L'examen des cin- quante et un corps mentionnés plus haut a confirmé entièrement mes observations antérieures (*) au sujet de la couleur des matières organiques. Les corps organiques sont de couleur jaune plus ou moins foncée, selon l'épais- seur de la couche liquide, si leur molécule ne renferme aucun groupe oxhydryle (OH). Lorsque cette condition n'est pas remplie, les corps sont bleus, bleu-vert, verts ou vert jaunâtre, selon la prépondérance du chaînon carboné sur le ou les groupes OH. Ainsi l'alcool bulylique, qui compte un (OH), est vert-jaune, tandis que l'acide tartrique, qui en a quatre, donne une solution bleue immédiatement après la filtration sur du noir animal pur. De même, une solu- tion de sucre pur est bleue, malgré les deux chaînons C6 que contient sa molécule, tandis que l'alcool amylique est vert jaunâtre, bien que dérivant seulement d'une chaîne C5. Dans mon travail précédent (**), j'avais exa- miné déjà les acétates d'éthyle et d'amyle, que l'on peut envisager comme des homologues supérieurs de l'acide acétique, afin de vérifier l'altération de la couleur de l'acide libre. Ces éthers se sont montrés jaune ver- O Bull, de l'Acud roy. de Belgique, 3" série, t. XXXI, pp. 246-256. (**) Loco citato. ( 181 ) ddlre. Aujourd'hui la série est complétée pour l'acétate de méthyle et l'acétate d'isobutyle ; aussi la gradation de la couleur est-elle intéressante à observer : l'acétate de méthyle est bleu sans mélange; ce n'est qu'à l'étage éthylique (CgHj;) que la nuance verte apparaît, pour virer ensuite de plus en plus au jaune à mesure de rallon- gement de la chaîne carbonée. Le groupe 011 forme donc bien la tète de la série OCuHÎI1 + ,, dont les termes entrent dans la composition des élhers; en un mot, les éthers composés forment la suite des acides au regard de la couleur. Os phénomènes de coloration me paraissent montrer, jusque dans leur dégradation successive, la présence réelle de groupes atomiques distincts dans les molécules carbonées. Je ne terminerai pas ce paragraphe sans mentionner encore un fait qui se rapproche des phénomènes de colo- ration, car il est de ceux qui se constatent immédiate- ment par la vue. La fluorescence que certaines matières montrent sous faible épaisseur, comme c'est le cas par exemple pour une solution de sulfate de quinine, est à ranger à la suite des phénomènes de coloration. Comme la couleur, elle apparaît chez certains liquides seulement quand on envisage des épaisseurs suffisamment grandes. Pour con- stater le fait, j'ai rempli des tubes de verre, de 5 mètres de long, de différents liquides et je les ai éclairés latéra- lement au moyen de la lumière du jour, en empêchant, par un écran, la lumière d'entrer longitudinalement dans l'ap- pareil. En regardant alors dans la direction de la lon- gueur du tube, on voit la paroi éclairée, d'une couleur 5,ne SÉRIE, TOME XXXIII. 15 ( 182 ) bleu foncé, alors môme que par transmission le liquide est jaune. Cette fluorescence a pu être constatée avec tous les hydrocarbures cycliques cités plus haut, mais non avec les dérivés qui, comme l'essence de térébenthine, portent des chaînes latérales assez longues et sont plus saturées; elle a fait défaut aussi chez toutes les combi- naisons aliphatiques. Il paraîtrait donc que cette faible fluorescence est le propre du benzène, comme la couleur bleue est le propre de l'eau; fluorescence et couleur dimi- nuant chacune à mesure que la complication des dérivés du benzène ou de l'eau grandit, pour finir par reparaître, l'une ou l'autre, dans des composés particuliers de com- plication extrême. Spectres continus. Toutes les substances que j'ai examinées n'ont pas donné un spectre interrompu par une ou plusieurs bandes. Quelques-unes ont fourni un spectre continu, l'absorption de la lumière étant générale dans la région visible, ou intéressant, tout au moins, les extrémités du spectre. 11 importe de distinguer d'abord les corps à spectre continu et de s'assurer s'ils permettent de faire une remarque générale sur leur structure moléculaire. Le premier point frappant, c'est que les combinaisons à un atome de carbone donnent un spectre continu ou un spectre à bandes extrêmement peu sombres. Ainsi, le sulfure de carbone, le tétrachlorure de carbone, l'acide formique ont un spectre continu; le chloroforme, l'al- cool méthylique, un spectre clans lequel les bandes appa- raissent seulement comme une ombre. Or le CS9 et ( «83 ) le CCI4 sont des combinaisons symétriques, tandis que HCCI3 et CH3.OH ne le sont pas; l'acide formique H.CO.OH ne l'est pas non plus, niais peut-être le groupe carboxyle CO^H est-il doué d'une transparence telle que sur une épaisseur de 5"',75 (équivalente à 4 millimètres d'alcool méthylique) la bande d'absorption ne se marque pas (*). Un second point remarquable est que les combinai- sons polycarbonées donnent aussi un spectre continu quand leur symétrie chimique est plus ou moins complète. Tel est le cas pour l'acide oxalique (en solution), l'acide tartrique (id.), la glycérine, la saccharose, l'acide malique et même le trinitrophénol, dans lequel les trois groupes NO^ sont en position symétrique (1, 5, 5) autour du noyau C6. Si l'on rapproche ces points d'une remarque faite par Metzki dans son traité des matières colorées orga- niques (**), il est impossible de méconnaître une certaine analogie entre les propriétés optiques des combinaisons aliphatiques incolores et des combinaisons cycliques colo- rées. « On voit, dit Nietzki, que la constitution des » chromogênes dont il est question, est définie par un » groupe ckromophore qui fait partie d'une chaîne fermée » et se distingue essentiellement des autres groupes par )> sa valeur et ses attaches. Même quand il y a quatre C » secondaires dans une molécule, comme dans l'acide » rhodizonique CG(OH).204, la coloration persiste. Mais » quand les six atomes de C passent à l'état secondaire, O Même pour une épaisseur double de liquide, le spectre îeste continu. (**) Chemie der organischen Farbsto/jè, p. 10, 1894. ( m ) » comme c'est le cas dans le perchinone CG06, la couleur » disparaît complètement. » En d'autres termes, un groupe chromophore tel que C'.O cesse d'agir comme colorant, même dans les combinaisons cycliques, lorsqu'il se trouve distribué symétriquement dans une molécule. Il est sans doute permis d'étendre cette remarque aux corps aliphatiques : CC14, CS2, (C02H)2, etc.; ceux-ci présenteraient une résistance homogène à la lumière par suite de Y équilibre des tensions dans leurs molécules; mais lorsque les atomes ou groupes différents du carbone se distribuent inégalement autour d'un chaînon carboné, c'est-à-dire lorsque les substituants de l'hydrogène sont surtout concentrés vers l'une des extrémités de ce chai- non, la résistance au passage de la lumière n'est plus homogène : certains faisceaux d'ondes (généralement comprises entre l = 600 et / = 650) sont alors facile- ments éteints. Spectres à bandes. D'après ce qui a été dit dans le paragraphe précédent, nous ne rencontrerons ici que des substances dont le chaînon carboné a des extrémités hétérologues. Les résul- tats seront plus commodément dominés si l'on adopte l'ordre suivant dans l'observation des corps : 1° alcools; 2° acides; 5° éthers (simples, haloïdes et composés); 4° hydrocarbures. Voici d'abord les résultats des observations; j'ai fait figurer, afin de comparaison, les résultats de Russel et Lapraik chaque fois que nous nous sommes rencontrés sur les mêmes substances; ils sont marqués par les lettres R et L. ( 185 ) Alcools. Eau . . . Métlianol . Éthanol . . l'ropanol 1 , 2. Isobutauol ( Amvlol ('*) . MILIEU de la bande. LARGEUR de la bande. GO 1,7 639,5 633,7 636,7 634,o 636,1 638,1 7,0 18,2 6,6 7,0 8,2 10,2 10,3 H. et L 603,0 (') 632,0 638,5 632,5 634,0 Il est à remarquer que l'opacité de la bande des alcools est inégale : elle est très faible pour le métlianol, puis, toutes choses restant égales d'ailleurs, elle est plus faible pour les termes de rang impair (CH3.OH; C3H7.OH; C-;H,i.OH) que pour les termes de rang pair (C2Hs.OH; C4Hn.OH). Tl est très curieux de constater toutefois que le propanol 2, [(CH5)2CH.OH], se comporte comme s'il était de rang pair. O Ces nombres sont déduits de la planche qui accompagne le mémoire deRussel et Lapraik. (**) Sous une épaisseur de lo mètres, on constate une seconde bande vague, vers 562. ( 186 ) Acides. MILIEU de la bande. LARGEUR de la bande. B. et L pas de bande 614,7 033,3 3,4 9,8 613,0 VI H ERS. PREMIÈRE BANDE. SECONDI ; BANDE. R. et L. Milieu. Largeur. Milieu. Largeur. Élher éthylique . . . 633,8 6,6 630 — éthylamylique 636,1 11,4 (2 bandes j uxtaposées) - Formiate d'éthyle . . 632,0 8,6 - - - Acétate de méthyle . 624,7 21,2 (2 bandes j jxtaposées) - — d'éthyle . 632,0 6,6 615,4 3,6 - — d'amyle . 636,9 9,0 615,0 4,0 - Butyrate d'éthyle. . 635,3 9,8 (2 bandes j uxtaposées) - Benzoate d'éthyle 633,8 5,9 605,6 14,2 - Bromure d'éthyle 633,0 6,5 628,2 11,0 - lodure d'éthyle . 624,0 8,0 - - 625 Chlorure d'amyle. 636,9 9,8 630,4 3,3 - Bromure d'amyle 636,9 9,8 625,7 6,0 - lodure d'amyle . — - - - 632 Chlorure d'élhylène 622,7 8,0 5t2,3 2,0 — Bromure d'éthylène 620,6 8,3 542,3 2,0 - Chlorure de benzyle 606,9 12 2 562,5 1,0 - 1 Chloroforme . . 626,7 1,0 613,3 8,4 615 ( 187 ) Hydrogarbures. PREMIÈRE BANDE. SECONDE UANDE. 15. et L. Milieu. Largeur. Milieu. Largeur. Ligroïne (3o0-45°) . . . 058,6 1,0 636,1 8,2 — ( KJ°-70») 648,6 1,0 G36,l 8,2 - — (40°-110°) 635,0 2,0 641,0 4,8 - — (70°-85°) 630,0 1,0 637,0 6,5 - Pétrole (120»-270°; 646,7 22,7 — - - 632,0 8,0 632 Benzène. . . . 606,5 613,0 9,0 14,6 563,0 563,0 6.0 6,0 610,533 612 636,9 9,8 611,0 10,1 612,636 637,7 «,4 12,4 10,3 — Carvène .... 6-20.1 Spectic 8,6 vague 636,1 11,4 610,636 Ess. de térébenthine (*" Autres corps. Acétone . . . Benzaldéhyde . Nitrobenzène . Nitrotoluène. . Nitronaphtaline. Binitronaphtaline PREMIERE BANDE. Milieu. 632,0 606,9 603,2 606,2 Largeur. 6,5 12,2 5.6 3,5 SECONDE BANDE. Milieu. Largeur. 619,6 311,0 589,7 591,2 6.3 3,0 11,4 16.5 En solution clans l'alcool. — Spectre vague. Id. Id. (*) Le toluène a une troisième bande faible, à (.02,7. (**) L'essence de térébenthine a une troisième bande à 615,8. ( 188) Les conclusions à tirer de ces résultats me paraissent être les suivantes. La position des bandes d'absorption ne dépend pas, d'une manière essentielle, du poids moléculaire des corps. En effet, des substances de même poids moléculaire fournissent des bandes différentes. Par exemple, l'acide acétique et les deux propanols ont pour poids molécu- laire 60, tandis qu'ils donnent les bandes 014,7; 634,5 et 636,7; l'acétate d'étbyle, l'amylol et l'acide butyrique ont tous trois pour poids moléculaire 88, et cependant on constate pour le premier corps deux bandes (615,4 et 652,0) lorsque les derniers n'en ont qu'une (638,1 et 655,3), etc. Il est visible aussi que le poids spécifique et le volume moléculaire sont sans influence immédiate sur la position des bandes. Celle-ci paraît en relation directe avec les groupes hydrocarbonés entrant dans la composition des molécules et en relation indirecte avec les groupes com- plémentaires. Dans la série des alcools, chaque groupe alkyle donne une bande spéciale dont la position dépend, sans doute, de sa structure, mais qu'il n'est pas possible de mettre en relation avec le poids moléculaire, comme Russel et Lapraik l'ont fait dans leur mémoire. Les bandes ne s'approchent pas régulièrement de l'extrémité rouge du spectre à mesure que le groupe alkyle grandit. Cette con- clusion se dégage même des observations de Russel et Lapraik que j'ai reproduites plus haut. Dans la série des acides, le déplacement de la bande vers le rouge parait suivre l'augmentation du poids moléculaire, mais le nombre des corps examinés est trop faible pour conclure avec certitude. v '89 ) Si la position des bandes est spéciale aux groupes alkyles, il est important de s'assurer si elle se conserve dans les corps qui renferment des alkyles identiques. On aura à comparer d'abord des corps différents, mais dans lesquels la liaison de Falkyle est dans les mêmes conditions chimiques; ensuite on comparera des corps dans lesquels cette liaison est hétérologue. Poursuivons d'abord la bande du groupe élhyle à travers ses combinaisons oxygénées. Dans l'éthanol C2H5.OH, la bande est à 635,7, et dans l'éther éthylique C2H5.O.C2H5, nous la trouvons à 635,8 avec la même largeur; la position est donc identique. Dans le formiate d'étbyle, elle est à 632; dans l'acétate d'étbyle, on voit deux bandes, l'une à 632 et l'autre à 615,1; or l'acide acétique a donné une bande à 614,7; il est donc permis de regarder la première bande comme causée par C^H; et la seconde par le radical acétyle CH5.CO. Dans lebutyrate d'étbyle, il n'y a qu'une bande 1 655, 5), mais sa largeur est 9,8, comme dans l'acide buty- rique lui-même. Ici la bande de C2H5 esl couverte par celle du radical butyryle C-II7.CO. Dans le benzoate d'éthyle, ce recouvrement n'a plus lieu : il y a deux bandes distinctes, l'une à 655,8 et l'autre à 605,6, qui est sans doute celle du radical benzoyle (C6H5CO), car on trouve dans le benzène une bande dans la posi- tion 606,5. On voit donc que si une molécule organique est for- mée de fragments distincts, caractérisés par une bande spéciale, elle fournit un spectre dans lequel s'inscrit chacun de ces fragments. Voyons si le fait persiste dans d'autres groupes. L'amy- lol a une bande à 658,1 ; or, celle de l'éthanol étant à ( 190 ) 635,7, le groupe arayle CriHH et le groupe C2H5 réunis devront donner deux bandes dont le milieu sera à 63S,I -v- 633,7 ! = 635,9; or on trouve, pour l'éther éthylamylique C2H5 - 0 - C5H4, la bande dans la position 656,1, ce qui peut être regarde comme suffisant. L'acétate d'amyle donne deux bandes : G3G,9 et 615,0. La première est, malgré son léger déplacement (voir plus loin), celle de l'amyle, et dans la seconde on retrouve celle de l'acétyle. Dans la comparaison des bandes de l'alcool méthylique et de l'acétate de méthyle, les résultats paraissent moins évidents, par suite de l'incertitude qui règne sur les limites de la bande du méthyle ; nous avons vu que celle-ci se présente comme une ombre dans le spectre; néanmoins il est très remarquable que la somme des largeurs des bandes du méthyle et de l'acétyle est à peu près égale à la largeur de la bande de l'acétate de méthyle : 18,2 -i- 3,4 = 21,6, au lieu de 21,2. Passons à présent au cas où la liaison des alkyles a lieu avec des atomes hétérologues. Dans le bromure d'éthyle, nous retrouvons la bande à 653,0 au lieu de 655,7 que donnait l'éthanol; mais dans l'iodure d'éthyle, il y a un déplacement certain de la bande, car elle est à 624, c'est-à-dire bien en dehors des limites des erreurs d'observation. Pour le chlorure et le bromure d'amyle, on obtient la même position 636,9, qui est très voisine de 658,1 trouvée pour l'alcool et qui se confond avec 656,9 correspondant à l'acétate d'amyle. J'ajouterai 491 ) que Russe! ci Lapraik ont trouve (>r>:2 pour l'iodure d'amyle. Le chlorure et le bromure d'éthylène ont fourni respectivement 02:2,7 et <>:2. On remarquera que les déplacements des'bandes dans ces combinaisons hétéro- logues suivent un ordre régulier : les bandes s'écartent plus du rouge du spectre quand le chlore est remplace par l'iode. Or la position des bandes n'étant pas en rela- tion directe avec, le poids moléculaire ni avec la densité des corps, il ne reste qu'à supposer quelle varie avec l'affi- nité chimique, c'est-à-dire avec l'intensité de la tension que provoque dans la molécule la liaison du carbone avec Cl, Br ou I. Si cette conclusion est vraie, on reconnaîtra qu'un faible déplacement des bandes devra nécessairement avoir lieu aussi quand un alkyle déterminé entre dans la composition de corps différents à liaisons de même nature chimique. C'est peut-être à celte circonstance que l'on doit attribuer les petites différences relevées dans la com- paraison des alcools et des acides avec les éthers. Hydrocarbures. Ces corps ont donné aussi des spectres à bandes. Si l'on fait état des considérations émises plus haut au sujet de la cause de la présence ou de l'absence de bandes dans le spectre, on regardera les hydrocarbures comme n'étant pas formés de molécules homogènes dans lesquelles les tensions seraient équilibrées. Malgré l'identité matérielle des atomes d'hydrogène, on doit concevoir qu'un certain nombre d'entre eux ne forment pas aussi intimement groupe avec les chaînons carbonés. Ainsi on remarquera que l'amylène a une bande unique à (>ô!2, tandis que les ( 192 ) hydrocarbures cycliques (benzène, toluène, etc.) en ont deux ou trois. On peut se demander si ce fait n'est pas en relation avec la facilité de formation des produits de bi- et de trisubstitution dans ces corps. Si nous comparons la position des bandes dans les hydrocarbures cycliques, nous pourrons faire quelques remarques curieuses. Le benzène a une bande à 606,5 et une antre à 563; la première correspond sans doute à la seconde bande du benzoate d'éthyle, qui a été trouvée à 605,6; elle est peut- être propre au groupe C^H-;. Le toluène, le xylène, le cumène ont leur première bande (celle qui est la plus rapprochée de l'extrémité rouge du spectre) respectivement à 613, 636,9 et 637,7, c'est-à-dire de plus en plus vers le rouge et de plus en plus vers la position de la bande du groupe méthyle qui a été trouvée à 659,5 dans l'alcool méthylique. Or ces trois hydrocarbures ont aussi, respectivement, 1 , 2 ou 5 groupes CHr, dans la molécule; on est donc porté à conclure que ce groupe fait sentir son influence d'autant plus qu'il entre un nombre beaucoup plus grand de fois dans la composition de l'hydrocarbure. En outre, dans chaque cas, la position paraît influencée par la tendance du groupe C6 à absorber les rayons 606. Ce qui tend à donner un appui à cette manière de voir, c'est que le benzène et le toluène ont une bande commune à 565, c'est-à-dire assez loin de la sphère d'influence d'un groupe méthyle. S'il y a deux ou trois groupes méthyle (xylène et cumène), la bande commune apparaît à 611,0 et à 612,4, c'est-à-dire toujours davantage vers l'extrémité rouge. L'essence de térébenthine, qui est en majeure partie for- mée de pinène CH5.C6H6.G5H7, donne une bande à 636,1, ( 193 ) voisine donc île colle du méthyle, et une autre à 646,1, qui n'est pas éloignée de la première bande de la ligroïne (6-i8,(>). On ne perdra pas de vue que le pinène est un hydrocarbure plus saturé que les dérivés proprement dits du benzène. Je ne ferai pas ressortir les remarques que suggèrent les ligroïnes de divers points d'ébullition comparative- ment avec le pétrole, parce que tous ces corps sont des mélanges non définis. Autres corps. La benzaldéhyde donne une première bande à (>(>(>,!); elle correspond sans doute à la bande 606,5 du benzène; puis une autre bande particulière à 511. Le nitrobenzène et le nitrotoluène donnent lieu à des observations analogues à celles qui se rapportent au ben- zène et au toluène ; les bandes se rapprochent plus de l'extrémité rouge du spectre quand la molécule renferme le groupe CH3. Il est curieux de constater que le groupe NOg ne donne pas, dans ces dérivés nitrés, cette multi- tude de bandes que l'on observe à l'aide du peroxyde d'azote libre (j'en ai compté au moins 55). Quant à l'acétone, elle donne une première bande (652) qui se rapproche de celle de l'alcool isopropylique (654,5), et une autre bande particulière, à 619,6. Conclusions. Malgré les lacunes que ces observations présentent encore, on peut, je crois, résumer comme il suit les résultats auxquels elles ont conduit. Les corps organiques passant pour incolores ne donnent pas de spectres à bandes d'absorption quand leur mole- ( \U ) cule est formée de chaînons carbonés autour desquels des atomes ou des groupes hétéroiogues sont distribués d'une manière sensiblement égale ou symétrique. Lorsque, au contraire, ces atomes ou ces groupes sont concentrés ou réunis à l'une des extrémités de la chaîne carbonée, les corps donnent des spectres à bandes. Le nombre de ces bandes paraît en relation étroite avec le nombre des groupes hydrocarbonés que l'on doit distin- guer dans la molécule : ainsi, par exemple, un éther composé donnera deux bandes dont l'une correspondra au radical acide et l'autre au radical alcoolique, alors que l'acide et l'alcool isolés ne fournissaient chacun qu'une seule bande. La position de ces bandes paraît spéciale à chaque groupe et elle se conserve, le plus souvent, pour chacun d'eux, quel que soit l'étage chimique du groupe avec lequel celui-ci est associé. Elle est donc caractéris- tique, au moins pour les substances dans lesquelles les liaisons ne dépassent pas un certain degré de compli- cation. Si deux groupes se trouvent unis assez intimement pour que l'influence de l'un retentisse sur l'autre, les bandes propres à cbaque groupe pris isolément sont déplacées (cas des dérives méthylés du benzène); elles tendent même à se confondre en une bande résultante. Les corps compliqués formés d'un grand nombre de groupes fortement unis les uns aux autres, pourront donc donner des spectres plus simples; ils se rapprochent, à cet égard, des corps dont la structure est bomogène. On observe encore un déplacement des bandes d'ab- sorption dans les séries hétéroiogues, suivant les varia- tions de l'affinité des groupes bydrocarbonés pour les groupes bétérologues, alors même que ces derniers ne. ( 195 ) sont pas de nature à produire une absorption d'ondes lumineuses de longueur déterminée. En somme, ces observations viennent à l'appui de la théorie chimique des corps organiques telle qu'elle s'est développée à la suite des idées que Kekulé a introduites «huis la science : un corps organique n'est pas un tout homogène, mais il est assimilable à un organisme formé de parties diverses concourant à imprimer à l'ensemble le caractère de l'individualité. L'analyse spectrale permet de découvrir ces parties, mais seulement dans les matières dont la constitution répond à des conditions de simplicité statique et dynamique telles que la réalisent le plus souvent les matières dites incolores. Liège. — Institut de chimie générale, 1er mars 1897. Recherches sur la volatilité dans lks composés carbonés ; par Louis Henry, membre de l'Académie. Sur la volatilité dans les composés fluorés. Le fluor est un gaz dont le point d'ébullition, malheu- reusement encore inconnu, doit être situé fort loin sous 0°. Aussi, quoique le poids atomique de cet élément soit 19, alors que celui de l'hydrogène est 1, sa substitu- tion â l'hydrogène dans les hydrocarbures intacts ne paraît pas déterminer une notable élévation dans leur point d'ébullition. C'est ce que montrent les exemples suivants, dans le groupe aromatique, les seuls d'ailleurs à citer : C6H6 .... Kl). 80° C6H5F1 8i°-8o° C6HS-CH3 . . . . Hl° CeH^l-CHj . . . il G" ( 196 ) Il n'en est pas ainsi lorsque le fluor remplace de l'hydrogène dans un hydrocarbure dont l'hydrogène a déjà subi une substitution préalable, assez avancée. Dans ces conditions, l'entrée de cet élément dans la molécule a pour conséquence un abaissement dans le point d'ébulli- tion de celle-ci. Il y a là une confirmation éclatante de la loi que j'ai formulée à diverses reprises, à savoir que l'accumulation des radicaux négatifs 01 un point des ?nolécules carbonées constitue pour celles-ci une cause puissante de volatilité, dont l'intensité peut aller jusqu'au renversement de la relation normale de volatilité que l'on constate entre un composé carboné hydrogéné et son dérivé de substi- tution. L'hydrogène étant l'élément gazeux par excellence et celui dont le poids atomique est le plus faible, il s'en- suit que les bydrocarbures sont les plus volatils parmi les composés du carbone. Toute substitution de II par X réalisée dans un hydrocarbure intact, a pour résultat, en même temps qu'une augmentation dans le poids molé- culaire de celui-ci, une diminution dans sa volatil ilé et une élévation dans son point d'ébullition. Grâce aux travaux de divers chimistes (*), le nombre des dérivés fluorés s'est notablement accru dans ces der- niers temps. Il m'a paru qu'il ne serait pas inutile de (*) A côté des noms de chimistes français tels que MM. Chabrié, Colson, Meslans et Girardet, qui, à la suite de M. Moissan, se sont occupés des composés fluorés du carbone, il m'est agréable de citer celui d'un chimiste belge, M. Frédéric Swarts. Ses remarquables tra- vaux sur les composés du fluor en Ci et en C2 m'ont fourni des exemples nombreux et du plus haut intérêt, au point de vue des relations générales qui m'occupent en ce moment. ( <97 ) présenter l'ensemble des combinaisons lluorées où se constate le fait d'apparence anormale que je viens de signaler. a) Voisinage de corps halogènes, Cl ou Br. Poids moléculaire. Ëbullition. UCC15 FICC15 HjCCl, HC < cl "*C < Br FI HC < Cl Br OC -Cl i CljCH OC -Cl I CljCFl OC - OH i C)2CH OC - OH i C12CF1 3me SÉRIE, TOME XXXIII. 121,5 159,5 85,0 103,0 129,5 147,5 147,5 1G5,5 129,0 147,0 + Gl° + 24° + 41° + 14°,5 + 68° + 58° 107» 75° + 190° 1C2°,5 Différence. - 37u - 26%5 - 30° - 32° - 27°,5 14 OC - OC2H5 i CI2CH OC - OC2HB i CIXFI OC-NU2 i C1XH OC - NH, i Cl9CFi ( ^98 ) Poids moléculaire. Ébullition. 157,0 175,0 128,0 1 40,0 157e 130° + 253° + 215° Différence. 27e - 18e 6) Voisinage de Yoxygène (*). Poids moléculaire. H3C - C < g 44 H5C - C < ° 02 Ébullition. Différence. + 21° \ 20°,8 + 0° (*) L'augmentation de volatilité que détermine la substitution de FI à H dans le chaînon aldéhyde C < u, semble, par ces trois exemples, les seuls du reste à citer aujourd'hui, croître à mesure que s'élève le poids moléculaire et que le groupement hydrocarboné C„HX fixé sur le chaînon aldéhyde ou fluorure acide, est plus considérable. Il serait intéressant, sous ce rapport, de mettre au jour et d'examiner les fluorures acides supérieurs à C3, tels que les fluorures butyrique, valérique, etc. Je regrette de n'être pas à même de faire cette recherche. Les fluorures acides sont plus volatils que les chlorures correspon- ( ^99 ) Poids moléculaire. Ébullition. Différence, HBC2-C<2 58 + 49° \ ) - 5° H8C2 - C <[ pj 76 + 44° / H>C6-C<° 106 + 179° \ ) - 25» HSC6- C < p. 124 + 154° / On sait quelle influence puissante exerce sur la vola- tilité des molécules carbonées le voisinage du chlore et de dants. Des relations de volatilité analogues à celles des fluorures vis- a-vis des aldéhydes se constatent entre ces deux classes de composés. H3C-C < qj H3C-C<° 78,5 62,0 Éb. t 51° \ > - 30* H5C2-C< qj 92,5 78° \ S - :-îi° HSC2- C 1,S + 15° / CN i ira 110,0 112M130 \ ILLIj ) - 50' CN / i 14i,5 830-84° / CCI, Il serait intéressant de connaître quelle est celle du voisinage du fluor et de Y azote; il est à prévoir qu'elle est plus puissante encore. Malheureusement, on ne con- naît aujourd'hui aucune combinaison carbonée azoto- fluorée (**). Cet abaissement dans le point d'ébullition, à la suite O Voir ma notice dans les Comptes rendus, etc., t. C, p. 1502 (année 1885). (**) Le chlorure de cyanogène C1CN bouillant déjà à 15°,5, le fluorure correspondant doit être un gaz dont le point d'ébullition doit être assez loin sous 0°. Si le chlorure est aisé à obtenir, on prévoit de quelles difficultés doit être entourée la production du fluorure F1CN. La déshydratation de l'amide fluo-bichloro-acétique F1C12C-C ^ ^\ de M. F. Swarts fournira , probablement sans embarras, le nitrile correspondant F1C12C - CN. L'acétonitrile bichloré HC12C- CN bouillant à 4120-1130, il est vraisemblable que son dérivé fluoré F1C12C-CN aura un point d'ébullition notablement moins élevé, au-dessous de 83° qui est celui de C13Ç - CN. ( 201 ; du remplacement de H par FI, est d'autant plus intéres- sant que le remplacement de H par CI dans les mêmes composés a une conséquence toute contraire et déter- mine une élévation dans le point d'ébullition. a) Voisinage des corps halogènes. Poids moléculaire. tfbullition. Différence. HC-CI3 !19,5 + 61- CIC-Clj 154,0 + 75° H2C-CI2 85,0 + 41° HC-CIS 119,5 + 6I<" ri l»8C < gj, 428,5 + 68° HC < gr2 164,0 + 92° OC -Cl 1 145,7 + 107° C12CH OC -Cl i CLC - Cl OC -OH i CISCH OC -OH i ca 182,0 +118° 129,0 + 190° 163,5 + 195» + 14° 20° + 24° + 11' ( 202 ) Poids moléculaire. Ébullition. OC - OC,H8 i C12CII OC - OC2H5 i CCI, OC-NH2 i CI2CH OC - NH2 i CCI, 157,0 128,0 H3C - C < H3C - C < II 44,0 78,5 157< 191,5 + 1G4° 233° 162,5 + 238° 6) Voisinage de Y oxygène. Poids moléculaire. Ébullition. 0 21' + 51° Différence. + 7° + 5° Différence. + 30° H8C2 - C < JJ 58,0 H„C3 - C < 0 CI 92,5 + 49° 78° 27° HKC6-C CF1 > CF1 > CF1 > CX i • Ch\> (CH,),, etc. i i > CX > CX Une dernière observation. Le fait général que je viens de signaler, une fois encore, est au fond moins étrange qu'il ne le parait dès l'abord, si l'on tient compte de la nature des éléments en question. L'hydrogène est, comme M. Dumas l'a nommé avec tant de vérité, un métal gazeux; c'est un élément positif très énergique, si l'on tient compte surtout de la faible masse par laquelle il intervient dans les actions chimiques. Aussi ses combinaisons avec les éléments négatifs énergiques, tels que le fluor, l'oxygène, etc., se font-elles remarquer, comme celles des métaux les plus forts, alcalins et alcalino-lerreux, par leur caractère de fixité relative, alors que ces mêmes éléments déterminent ( 204 ) avec les éléments négatifs proprement dits, des composés remarquables par leur volatilité et souvent par leur état gazeux (*). Le carbone est, d'autre part, un élément de signe ambigu, que son indifférence chimique permet de ranger aussi bien dans les éléments négatifs que dans les élé- ments positifs. C'est l'hydrogène qui communique aux groupements hydrocarbonés CnHx leur caractère positif et qui diminue la volatilité dans leurs combinaisons avec le fluor et avec l'oxygène. Sa pénurie et plus encore sa disparition totale vis-à-vis du carbone restitue à cet élé- ment son caractère propre d'élément négatif-relatif. Aussi voyons-nous ses combinaisons avec le fluor, l'oxygène, le chlore, le soufre se faire remarquer par leur volatilité et souvent par leur état gazeux. 0 HFl Liquide th. 19°,4 H20 » 100» PF13 Gaz PF1S » PF13GI, » PFI3l!r_, •' - 10» PF130 » - 50» PF13S » AsFls Liquide 63» 8iFl4 Gaz SOs » - 10» ( 20o ) Photographie de la chromosphère du Soleil et consti- tution de cet astre; par P. De Heen, membre de l'Aca- démie. Nos précédentes recherches nous avaient déjà permis de reconnaître que si l'on dirige un faisceau de lumière sur une plaque voilée en partie préservée par une mince planchette de bois, et dont la moitié est complètement préservée contre le rayonnement par un écran métallique, par exemple, la partie exposée au rayonnement se dévoile, alors que le voile s'accentue dans l'ombre. Ce phénomène est dû à la présence de variétés de l'énergie électrique, produites par le rayonnement, auxquelles nous avons donné le nom d'infra-électricités. On obtient du reste les mêmes résultats si l'on substitue au faisceau de rayons lumineux l'effluve de la machine de Holtz. D'autre part, mon assistant M. Dwelshauvers-Dery avait remarqué qu'en photographiant un paysage où le Soleil faisait partie de l'image, celui-ci fournissait une impres- sion positive au lieu de fournir une image négative. Il résultait donc de ceci que le dévoilage dont nous avons parlé ne se produisait pas seulement lorsque la plaque était préservée par la planchette, mais alors même que celle-ci était supprimée. La première impression produite par la lumière déterminait un voile qui était ensuite com- plètement éliminé. Guidé par ces observations, nous avons eu la curiosité de rechercher quelles étaient les parties du Soleil qui ( 206 ) présentaient plus particulièrement ce pouvoir dévoilant. Nous avons à cet effet projeté sur une plaque photogra- phique et déjà fortement voilée l'image non agrandie du Soleil, obtenue à l'aide de l'objectif d'une petite lunette de Secretan, la pose étant de deux secondes. Nous avons constaté de la sorte que le pouvoir dévoilant s'accentue lorsque l'on part du centre pour se diriger vers la péri- phérie du Soleil, c'est-à-dire là où la chromosphère pré- sente pour nous sa plus grande épaisseur et là où l'astre envoie la plus faible proportion de radiations calorifiques, actiniques et lumineuses. Si l'on fait usage d'une plaque très fortement voilée, la pose étant de deux secondes, on obtient la photographie de la chromosphère sous la forme d'un anneau très délié entourant le Soleil (pi. I). Si la plaque est moins voilée, on constate la variation du pouvoir dévoilant à la surface même de l'astre, depuis le centre jusqu'à la périphérie (pi. II). En résumé, c'est cette atmosphère solaire qui nous envoie les radiations dévoi- lantes les plus actives, c'est-à-dire les plus aptes à la pro- duction des phénomènes électriques ou infra-électriques. On voit donc que cette atmosphère, à laquelle on avait attribué jusqu'ici un rôle relativement passif, celui d'absorber les radiations de la photosphère, possède au contraire un rôle éminemment actif. Il est intéressant de remarquer combien la limite de la chromosphère est nettement définie; le pouvoir dévoilant cesse brusquement d'agir à cette limite, pour reprendre un peu au delà, mais il serait difficile de décider actuel- lement si l'impression que l'on observe dans le voisinage du Soleil est produite par la couronne ou par la diffusion dans l'atmosphère terrestre. ( 207 ) 11 est très vraisemblable que ce procédé permettra éga- lement de reproduire les protubérances. Nous avons ensuite recherché quelles étaient les ana- logies qui pouvaient exister entre le Soleil et l'arc élec- trique. Si l'on projette celui-ci sur un écran, on remarque que les charbons sont relativement brillants alors que l'arc lui-même, beaucoup plus sombre, présente une belle coloration bleue entourée d'une auréole vert pâle. Il résulte de cette première observation que si nous comparons le Soleil à une lampe à arc, les charbons incandescents représentent la photosphère relativement brillante, alors que l'arc lui-même représente l'atmo- sphère. Si cette hypothèse est exacte, nous devrons retrouver à l'aide de cette lampe tous les phénomènes photographiques présentés par le Soleil. Si l'on photographie l'arc en faisant usage d'une pose excessivement courte, résultat que l'on obtient en pas- sant rapidement devant l'objectif un écran muni d'une fente, on obtient la planche III, pour laquelle les char- bons ont présenté une action photogénique beaucoup plus intense que l'arc lui-même. Nous reconnaissons donc ici la photographie normale du Soleil, dont le bord qui correspond plus particulièrement à l'atmosphère est moins impressionné que le centre de l'astre. Ce centre envoie en quantité plus grande les rayons émis par l'incandescence des parcelles solides ou liquides qui constituent la photosphère, au même titre que les charbons. Si ensuite nous prolongeons la pose (pi. IV), nous voyons le centre de l'arc se dévoiler complètement, alors que les charbons restent brillants, de même que dans le premier cliché. Nous voyons donc ici se produire la ( 208 ) caractéristique de l'atmosphère solaire, dont le pouvoir dévoilant est plus grand que celui de la photosphère. Lorsque, enfin, on fait usage d'une plaque voilée et d'une pose très longue, on obtient un dévoilage complet, non seulement des parties correspondant à l'arc, mais aussi de celles qui correspondent à l'incandescence des char- bons (pi. V). Cela a lieu pour le Soleil lorsque la pose est exagérée. En résumé, la partie du spectre qui correspond à V incandescence simple possède un pouvoir dévoilant plus faible que celle qui correspond à l'arc. Mais ce pouvoir dévoilant existe, ainsi que nous l'avons reconnu à l'aide de la lumière Drumont et de la lampe à incandescence. Les rayons du spectre déterminent donc l'énergie élec- trique ou infra-électrique, quelle que soit la nature de la source. Il n'y a, en un mot, qu'un seul spectre; l'effet produit dépe?id uniquement de l'intensité et de la longueur d'onde du rayon, et il détermine à la fois la chaleur, la lumière et l'électricité. La qualité de l'énergie électrique dépend de la longueur d'onde du rayon qui l'a engendrée (1). On voit qu'il est tout à fait inutile de compliquer la nature en faisant intervenir d'énigmatiques rayons élec- trisés. Nous allons, du reste, montrer directement que là où le spectre est particulièrement lumineux, là aussi se pro- (1) Remarquons cependant qu'à partir d'une certaine limite de lon- gueur d'onde, la diminution de celle-ci peut entraîner une diminution de réfrangibilité. Un deuxième spectre peut alors se superposer au premier. Il est vraisemblable que les phénomènes de décharge observés par Hertz sont dus à celui-ci, car le verre cesse d'être trans- parent pour ces radiations, alors que le quartz les laisse parfaitement passer. ( 209 ) cliiit le maximum d'énergie électrique ou infra-électrique, c'est-à-dire le plus grand pouvoir dévoilant. A cet effet, nous avons projeté, à l'aide de l'objectif d'une lunette astronomique, l'arc électrique sur la fente d'un spectroscope. L'observation directe montre que son spectre est composé de trois bandes particulièrement brillantes, situées vers la partie la plus réfrangible. Si l'on prend la photographie instantanée de ce spectre, ces bandes se présentent en noir (sur le négatif) (a, pi. VI); si la pose est plus longue (une minute : b, pi. VI), on observe un commencement de dévoilage dans les parties les plus brillantes; et si, enfin, on fait usage d'une pose très longue (de vingt minutes) à l'aide d'une plaque voilée, on obtient les bandes parfaitement dévoilées (c, pi. VI). Le rouge produit un dévoilage faible, mais très nette- ment accentué. Cette partie du spectre jouit donc de la propriété de produire simultanément des effets calori- fiques, électriques et lumineux. Il sera extrêmement intéressant d'examiner à ce point de vue le spectre solaire, lorsque le temps le permettra. Disons encore que la remarquable découverte de Stas, qui a établi que le spectre solaire est bien celui que l'on réalise à l'aide de l'électricité, ne nous permet plus de douter que la lampe à arc représente bien la miniature du Soleil. La couronne solaire ne représenterait autre chose que l'effluve s'échappant de cette atmosphère saturée d'énergie électrique, dans le milieu ambiant beaucoup plus raréfié. L'étendue de la couronne dépendrait donc simplement de la tension électrique de la chromosphère. Quant aux protubérances, elles représentent les aigrettes qui s'échappent violemment de ce corps électrisé. La cause de la recrudescence des aurores boréales ( 210 ) pendant les périodes de perturbation de l'atmosphère solaire, découle immédiatement de tout ceci, attendu que c'est elle qui nous envoie les rayons les plus efficaces au point de vue de la production de l'électricité. Si enfin nous jetons un coup d'ceil sur l'aspect que présentent les diverses étoiles, les étoiles bleues sont celles qui sont le siège des plus puissantes manifestations électriques de leur atmosphère et dans lesquelles le phé- nomène de l'incandescence n'occupe qu'une place secon- daire. Les étoiles rouges paraissent au contraire être celles où le phénomène de l'incandescence est prédo- minant. Nouveaux faits (Télectrochrose, et sur l'infinie variété des phénomènes dits cathodiques; par P. De Heen, membre de l'Académie. En partant de cette considération, au début purement hypothétique, que nous avons déjà développée précédem- ment et d'après laquelle l'électricité serait la manifes- tation de pulsations d'un éther plus ou moins condensé, nous avons été amené à admettre les conclusions sui- vantes : Lorsque les pulsations sont concordantes, il y a attrac- tion ; lorsqu'elles sont discordantes, il y a répulsion, comme le montrent les expériences classiques de Bjerknacs. Cependant l'attention du célèbre physicien ne paraît pas avoir été attirée par cette circonstance que l'on peut réali- ser des phénomènes attractifs ou répulsifs, alors même que le nombre de pulsations par seconde n'est pas le Hebn, Bull, de l'Acad . t. XXXIII, n », p. ho, h. VI. Pl. II. © Pl. I. Clkhé P. De Hecn. Phototypie E. Castclein. Bruxelles. P. l)i Hebn, Bull, dt l'Acad 3* sér , t. XXX11I, u' 3, p. MO, 1897. Pl. III Pl. IV. Pl. V. Cliché P. De Ileen. Phototypie E. Castclcin. Bruxelles. ( 241 ) même pour les deux corps puisants, la qualité des éner- gies électriques-dépendant précisément du nombre de ces pulsations. Considérons deux corps puisants, A et B par exemple, tels que le corps puisant A exécute une pulsation tandis que le corps puisant B en exécute trois. Supposons égale- ment A et B concordants à l'origine de l'opération. Nous pourrons, dans ces conditions, diviser la période de pulsa- tions A en six phases, ainsi que eela est indiqué (tîg. 1). / B lJ L^î concordant discordant concordant concordant discordant concordant I II III IV V VI FiG. i. Nous aurons deux phases discordantes et quatre phases concordantes; le résultat final sera donc une attraction. Si, au contraire, nous supposons l'un des corps puisants gonflé et le deuxième déprimé à l'origine de l'opération, nous aurons deux phases concordantes et quatre phases discordantes; il y aura donc répulsion. Il est facile de voir que si B exécute deux pulsations alors que A n'en exécute qu'une, il n'y a ni attraction ni répulsion, car il y a autant de concordances que de dis- cordances. 11 est vraisemblable que lorsque les deux électricités sont produites simultanément par le même producteur, c'est généralement la pulsation la plus rapide qui corres- pond à l'électricité dite positive. ( 212 ) En réalité, le fait que deux électricités s'attirent ou se repoussent, d'un grand intérêt lorsqu'il s'agit de l'étude des forces développées par cette énergie, est le moins important lorsqu'on se place au point de vue de la physique proprement dite. Au contraire, le nombre de pulsations exécutées pendant l'unité de temps, nombre qui caractérise la qualité de cette énergie, au même titre que le nombre de vibrations éthérées caractérise le rayon lumineux ou calorifique, présente le plus vif intérêt au point de vue de la philosophie naturelle. Les énergies électriques constituent dans leur ensemble un véritable spectre. Les recherches que nous avons entreprises nous ont montré qu'il est aisé de transfor- mer cette énergie et d'en obtenir un nombre indéfini de variétés, de même que les phénomènes de thermochrose permettent de modifier la radiation calorifique. Il importe dès lors, pour étudier la qualité d'une électricité, de faire usage d'une méthode dans laquelle les actions réciproques des molécules électrisées ou puisantes puissent être considérées comme négligeables ou tout au moins très faibles par rapport à l'action de la surface puisante de l'électrode qui communique à ces molécules des vitesses initiales qu'elles sont destinées à conserver plus ou moins parfaitement, eu égard à leur indépendance à peu près parfaite. Cette condition est réalisée daus le tube de Crookes. D'autre part, l'observation photographique des aigrettes montre que l'énergie électrique se transforme lorsqu'on l'oblige à se transmettre sous forme d'effluve. Afin d'exécuter ces expériences, nous avons d'abord photographié directement l'aigrette positive. A la plaque photographique b on superpose une feuille d'étain c, à ( 213 ) laquelle est appliqué le conducteur positif A d'une forte bobine; le tout est enveloppé du papier noir a (fig. 2). Si l'on fait usage de la pile au bichromate, on obtient par ce procédé des aigrettes d'une linesse excessive (pi. I). On peut faire ensuite usage de l'effluve. A cet effet, le même dispositif photographique est placé entre deux plateaux métalliques munis de pointes A, B (fig. 5), suspendus par des fils de soie à des tiges de verre fixées horizontalement et mis en commu- nication avec les pôles de la bobine. L'effluve positive électrise les lames d'étain dont les bords fournissent toujours des aigrettes, mais celles-ci sont incomparablement moins fines que les premières (pi. II). a Fig. 2. Fig. Fig. 4. Si l'on fait usage de quatre plateaux (fig. 4) et si l'on 3rae SÉRIE, TOME XXXIII. 15 ( 214 ) règle les choses de manière à obtenir des aigrettes pré- sentant à peu près les mêmes dimensions, afin d'éviter l'objection que l'on pourrait faire et qui se rapporterait à une variation de tension, on remarque que l'émanation électrique tend à prendre la forme de taches rondes d'où s'échappent des aigrettes relativement rares, mais encore droites (pi. III). Avec six plateaux, on obtient des aigrettes pour ainsi dire flasques, manquant de force de projection et se recourbant en tous sens (pi. IV). Les taches rondes se transforment en surfaces impressionnées plus étendues. Enfin, avec huit plateaux, l'aspect de l'émanation est complètement modifié, il n'y a pour ainsi dire plus trace d'aigrette (pi. V). On voit dès à présent que notre système A B de plateaux est comparable à un véritable spectre électrique. Guidé, d'une part, par ces der- nières considérations et, d'autre part, par l'idée que nous venons de développer et que nous nous sommes faite du tube de Crookes, nous avons entrepris les expé- riences ci-après. Mettons l'un des pôles de la bobine, par exemple le pôle posi- tif, en communication avec le plateau A muni de pointes, lequel envoie des effluves à un deuxième plateau identique B (fig. 5). Le plateau A est mis en communi- cation avec le plateau a d'un tube de Crookes, et le plateau B en communication avec l'écran en forme de croix b. On obtient dans ces condi- FlG. ( 215 ) lions une ombre anodique très agrandie, à contours estompés, de la croix, mais dont les dimensions dimi- nuent à mesure que l'on écarte les deux plateaux A el B. Si, au contraire, on fixe le conducteur du plateau B à a et celui de A à b, on obtient une ombre ayant des dimen- sions normales, sensiblement indépendante de la distance des plateaux, ayant en un mot tous les caractères de l'ombre cathodique normale, mais excessivement faible. Considérons encore l'expérience telle qu'elle est indi- quée (fig. 5) et intercalons entre A et a une résistance (on peut se servir à cet effet d'un tube capillaire de I millimètre de diamètre environ sur 80 centimètres de longueur, renfermant une colonne d'eau et aux extrémités duquel on plonge les fils conducteurs); on remarque que l'ombre anodique s'agrandit. Les faits que nous venons de signaler nous permettent déjà de démontrer que la qualité de l'électricité A est différente de la qualité de l'électricité B, et qu'on ne peut les interpréter par la considération d'une simple différence de potentiel. En effet, si nous diminuons pro- gressivement le potentiel en a, l'ombre de la croix s'agrandit d'une manière continue, le potentiel a devient plus petit que le potentiel b et devient finalement sensi- blement nul. Or, si nous supposons la qualité de l'élec- tricité A identique à celle de B, et si nous renversons la disposition, le potentiel b étant plus petit que a, nous devrons obtenir une croix d'autant plus agrandie que la distance des plateaux deviendra plus grande, c'est-à-dire que b deviendra plus faible. Or nous avons vu qu'il n'en était rien; l'ombre possède alors sa dimension normale, et sa grandeur est indépendante de la position du plateau B. ( 216 ) En résumé, B se comporte comme une cathode vis- à-vis de A, bien qu'étant électrisé positivement dans l'ancienne acception du mot. Si l'on répèle les mêmes expériences avec le pôle négatif de la bobine, on obtient les mêmes résultats; dans l'expérience (fig. 5), la croix, tout en étant agrandie, est plus petite; les choses se passent comme si le plateau B était plus éloigné du plateau A. Si l'on relie B à a et A à 6, B se comporte toujours comme une cathode et A comme une anode; il n'y a plus agrandissement de l'ombre. On pourrait exprimer cette proposition en disant que B est ultra-négatif. On obtient encore exactement les mêmes résultats, mais d'une manière plus affaiblie, si, en faisant usage de trois pla- teaux à pointes A, B, C, on se sert pour activer le tube des pla- teaux B et C. Dans ces conditions, le plateau B joue le rôle du pla- teau A de la première expérience, et le plateau C, le rôle du pla- teau B (fig. 6). Nous avons dit que si l'on considère l'expérience (fig. 5) en écartant progressivement B de A, l'ombre devient de plus en plus petite et atteint une dimension limite lorsque B est à l'infini ou supprimé. Lorsque, dans ces con- ditions, on fait usage du pôle fig. 6. positif, cette ombre conserve tou- C 2|7 ) jours des dimensions plus grandes que la dimension normale. Ce fait que le tube fournit une ombre avec un seul (il nous a suggéré l'idée de rechercher la loi des variations de la dimension de l'ombre en fixant successivement le fil aux plateaux A, B, C, D. Si l'on fait usage du pôle positif de la bobine, comme cela est indiqué figure 7, on D FlG. 7. remarque : 1° que la dimension de l'ombre est indépen- dante de la distance des plateaux ; 2° qu'elle est plus grande pour le plateau B que pour le plateau A; elles ont à peu près la même dimension en B et en C; mais en D, elle est notablement diminuée, ses contours sont très nets ( 218 ) et, contrairement à ce qui avait lieu, ses dimensions sont sensiblement celles que l'on obtient dans l'expérience classique. Remarquons qu'il s'agit ici précisément de l'énergie dont la photographie ne fournit plus d'aigrettes. Si l'on fait usage du pôle négatif de la bobine, la dimen- sion de la croix est toujours celle de l'expérience clas- sique pour tous les plateaux. Mais voici un lait extrêmement curieux : supposons le conducteur c. lixé au plateau D, pour lequel l'ombre posi- tive et l'ombre négative ont à peu près mêmes dimen- sions. Supposons que le pôle positif active d'abord l'appa- reil et qu'à un moment donné on substitue au pôle positif le pôle négatif. On constate à ce moment un agran- dissement considérable delà croix, et ce n'est qu'après une minute environ qu'elle reprend sadimension ordinaire. L'agrandissement anormal de l'ombre parait donc être le résultat de cette circonstance que le tube est activé simultanément par des énergies de qualités différentes, mélangées pendant les premiers moments du renverse- ment du courant. L'agrandissement anormal de l'ombre que l'on observe généralement avec le pôle positif serait le résultat de ce que l'électricité positive représente un mélange de plusieurs énergies, dont les temps de pulsa- tions sont très variables, alors que l'énergie fournie par le pôle négatif est plus homogène. Nous avons encore fait usage de deux séries de pla- teaux, l'une étant activée par le pôle positif de la bobine, l'autre par le pôle négatif. Pour les trois premiers pla- teaux, la marche est normale; mais si l'on se sert simul- tanément des quatrièmes plateaux, comme cela est indi- qué (fig. 8), on obtient toujours une ombre, quelle que soit ( 219 ) la position du pôle. L'ombre cathodique est un peu plus grande que l'ombre anodique. A B 1) B' C D' Fie. 8. On remarquera que dans l'expérience précédente, où l'on fait usage d'un seul fil, c'est à partir du quatrième plateau que l'ombre devient normale ; rappelons encore que cette électricité ne détermine plus en photographie la formation d'aigrettes. Nous avons cependant réussi à obtenir une ombre ano- dique faible et agrandie à l'aide des troisièmes plateaux. En réalité, il n'y a ni rayons cathodiques ni rayons anodiques, mais il y a une infinité de rayons ou mieux de projections produites par des énergies différentes, les vitesses de projection dépendant du mode d'énergie dont ( 2-20 on t'ait usage; el si, pour faciliter le langage, nous employons l'ancienne appellation, nous pouvons dire que les rayons anodiques existent au même titre que les rayons catho- diques. La démonstration de l'existence de rayons ou de projections anodiques confirme singulièrement l'hypo- thèse faite par nous et d'après laquelle les rayons \ seraient dus à des vibrations résultant des chocs provo- qués par la rencontre des projections cathodiques et anodiques. L'agrandissement de l'ombre anodique serait dû à ce que le manque d'homogénéité de l'électricité positive la rend moins propre à projeter les molécules, lesquelles, en rencontrant d'autres molécules lancées par la croix, rico- chent et possèdent dès lors des trajectoires qui se rap- prochent probablement de celles que nous indiquons (fig. 0). 1 Omi Te FlG. 9. Disons enfin que l'aimant exerce sur ces rayons une action qui nous a paru indécise. P. Ds Hr.EH, Bull, de l'Acad roy. 3'icr , t. XXXIII. Pl. I, Pl. II. It^« Pl. Il Pl. IV Pl. V Cliché P. De Hccn. Pholotypie E. Castclcin. Bruxelles. ( 221 ) Recherches sur l'acide phénoxacé tique. - Acide phénoxy- cinnamique. — Deuxième communication; par le I)rA.-J.-J. Vandevelde, assistant à l'Université deGand, Dans une précédente communication (*), j'ai fait l'étude de l'éthcr phénoxacétique monosodé, et montré de quelle manière se comporte cette substance quand elle se trouve en présence de certaines combinaisons balogénées. Comme il m'avait été impossible de greffer une chaîne latérale sur la molécule de l'élher phénoxacétique C6H30 — CH2 — COc2C2H5 en partant de son dérivé métallique et en appliquant la méthode synthétique géné- rale de Fittig, j'ai eu recours à la réaction de Perkin; j'ai remplacé H2 de C6H30 — CH2 — C02H par le grou- pement C,;H-; — CH = de l'aldéhyde benzoïque et pré- paré ainsi l'acide phénoxycinnamique f 6H50 — C — C02II II C6H5 — CH C'est l'étude de ce nouvel acide et de quelques-uns de ses dérivés que j'ai l'honneur de soumettre à l'apprécia- tion de l'Académie. O Bull, de l'Acad. roy. de Behjique, 3e série, tome XXXII, n° 8, pp. 302-315. 1896. ( 222 ) Acide phénoxycinnamique. 100 grammes de phénoxacétate de sodium bien sec, additionnés de 64 grammes d'aldéhyde benzoïque et de 120 grammes d'anhydride acétique, sont chauffés durant 18 heures à 140-160° au bain de glycérine, dans un ballon muni d'un réfrigérant ascendant. La masse brune résultant de l'opération est reprise par beaucoup d'eau ; après ébullition, fîltration à chaud et refroidissement, il cristallise un mélange d'acide phénoxacétique inaltéré et d'acide phénoxycinnamique, qu'une seconde cristallisa- lion de l'eau permet de séparer, l'acide phénoxycinna- mique étant à peu près insoluble à froid. Le rendement est de 20 grammes. C6HK0 — CH2 — C02Na -t- CGHsCH0 -*- (CH3C0),0 = C6H„0 — C — C02H -+- CH3C0,H ■+- CH8CO*Xa II C6HS — CH Cet acide est insoluble dans l'eau froide, soluble dans beaucoup d'eau bouillante, soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme et le benzol, d'où il cristallise facilement. Il sublime aisément et fond à 121°. Une analyse par combustion a donné les résultats sui- vants : 0^,0805 de substance donnent 0*r,2209 C02 0*r;0381 H20, soit C = 0«r,0603 74,91 % H = 0&r,004:2 5/21 •/. Calculé pour C6HsO — C — CO..H C = 75,00 % II C,H„ — CH H= 5,00 •/. ( 223 ) Les sels alcalins de cet acide sont solubles dans l'eau, et leur solution précipite l'acide phénoxycinnamique par addition d'un acide; ces sels alcalins sont solubles dans l'alcool et précipitent par addition d'éther. Les chlorures de calcium et de baryum donnent, avec les solutions aqueuses d'un phénoxycinnamate alcalin, des précipités blancs cristallins, apparaissant lentement. Le nitrate d'argent et l'acétate de plomb donnent des précipités blancs pulvérulents. L'acide phénoxycinnamique est un acide non saturé, auquel l'hydrogène s'additionne facilement pour produire un acide hydrocinnamique. 11 se combine aussi au brome pour donner un acide que je n'ai fait qu'entrevoir, et qui semble être à la fois un composé additionnel et un pro- duit de substitution; le brome, en agissant sur l'acide en suspension dans l'eau, semble donner un acide tribromé. L'acide phénoxycinnamique renferme à la fois un groupe- ment phénylique CGH ; et un groupement oxyphénylique. Il sera intéressant de rechercher dans quel noyau vient se fixer l'atome de brome de substitution. Je me propose d'étudier les dérivés halogènes de cet acide, ainsi que d'autres composés qui présentent, dans leurs molécules, des groupements benzoliques différents. Acide phénoxyhydrocinnamique. L'amalgame de sodium, en agissant pendant 24 heures sur l'acide phénoxycinnamique en suspension dans l'eau, provoque la dissolution complète de ce dernier; il donne naissance au sel de sodium de l'acide phénoxyhydrocin- namique par fixation de deux atomes d'hydrogène C0HsO - C — COJI + H, = C0HBO — CH — COoH Il I CfiHK — CH ('H, - CH, ( 224 ) Le liquide filtré précipite en blanc quand on l'acidulé; le précipité, qui n'est autre que l'acide lui-même, est le plus souvent laiteux et cristallise difficilement; on le purifie par plusieurs dissolutions dans l'eau bouillante, en ayant soin de plonger la dissolution encore chaude dans un mélange réfrigérant, ce qui provoque une cristal- lisation plus rapide et permet d'éviter toute précipitation huileuse. Cet acide, insoluble dans l'eau froide, soluble dans l'eau bouillante, soluble dans les dissolvants organiques, fond à 81°. Une analyse par combustion a donné les résultats suivants : 0^,1311 de substance donnent Oer,356(; COa Osr,OG96 ll20, soil C = 0. Points de fusion. Différences. Acide cinnamique 155 » hydrocinnamique ... 47 » phénylcinnamique ... 170 » phcnylhydrocinnamique . 84 8G 86 Cette relation ne se retrouve plus dans le cas de l'acide phénoxycinnamique : l'oints de fusion. Différence. Acide phénoxycinnamique. . . 121 phénoxyhydrocinnamique. 81 40 Phénoxycinnamale de sodium. L'acide phénoxycinnamique neutralisé exactement par de la soude titrée donne un sel de sodium. Ce composé est blanc, cristallin, soluble dans l'eau, soluble aussi dans l'alcool, mais précipité pai l'éther à l'état de poudre cristalline, ce qui permet de le purifier facilement; le produit est finalement desséché dans le vide. (*) Ann. de Chimie et de Phys. (4), t. XXVII, p. 378. ( 226 ) Un dosage de sodium par la méthode au sulfate de sodium a conduit au résultat suivant : 0er,2b47 de substance donnent 0er,0685 Na2S04, soit Na = 0er,0222 8,71 •/. Calculé pour C6H50 - C - CO,Na Na = 8,78 •/. Il C,:HK— CH Phénoxycinnamate d'argent. De l'acide phénoxycinnamique est neutralisé exacte- ment par de l'ammoniaque, ce qui amène sa dissolution; la solution obtenue donne avec le nitrate d'argent un précipité blanc, pulvérulent, soluble dans l'ammoniaque et l'acide nitrique. C'est le phénoxycinnamate d'argent. La simple calcination de ce sel lavé à l'eau et desséché dans le vide a donné : 0er,1369 de substance donnent 0er,0434 Ag, soit Ag = 31,05% Calculé pour C6H50 — C - CO,Ag Ag = 31,12 •/. II CrH, - CH Ph en oxycinnama te d'aniline . Une dissolution éthérée de i grammes d'acide phénoxy- cinnamique et de lgr,2 d'aniline laisse, par évaporation, des cristaux transparents assez volumineux, très solubles dans les dissolvants organiques. Le produit cristallisé de l'alcool et de l'éther fond à 15()°. ( 227 ) Un dosage par combustion donne les nombres suivants : ■ C«fr,1229 de substance donnent 0er,3417 C04 0er,0G42 HîO. soit C = 0*r,0952 75,85 0/0 H = 0er,007l 5,77% Calculé pour C^O — C — COsH NII,C6H, C = 75,68 "/. 11 C6H, — LH H= 5,71 •/. Phénoxycinnamate de phényle. Cet éther phénolique a été préparé en passant par le chlorure acide. 8 grammes d'acide phénoxycinnamique bien sec furent additionnés de 8 grammes de pentachlo- rure de phosphore pulvérulent ; la réaction ne tarda pas à s'établir avec un vif dégagement d'acide chlorhydrique. Après avoir éliminé par distillation l'oxychlorure de phosphore formé, j'obtins un résidu brun, qui s'altérait sous l'action de la chaleur, et dont la purification s'an- nonçait comme devant être fort difficile, attendu que je n'avais à ma disposition que 1) grammes de produit brut. A ce dernier, qui vraisemblablement devait être le chlo- rure acide de l'acide phénoxycinnamique, j'ai ajouté 4 grammes de phénol cristallisé sec; de nouveau l'acide chlorhydrique se dégagea et j'obtins au bout de peu de temps une huile noire épaisse, refusant de cristalliser. La masse entière fut lavée au moyen d'une solution étendue de soude caustique pour enlever l'excès de phénol et dissoudre également, après les avoir décom- posés, le chlorure acide de l'acide phénoxycinnamique et une trace d'oxychlorure de phosphore encore présents. La partie insoluble dans la lessive alcaline fut dissoute ( 228 ) dans l'éther, séchée sur du chlorure de calcium et sou- mise à la distillation dans le \ide après évaporation de l'éther. La portion distillant entre 250-260° sous 90 mil- limètres de pression se prit rapidement en une masse cristalline soluble dans les dissolvants organiques. Je l'ai purifiée par plusieurs cristallisations de l'éther et dessé- chée dans le vide. Le produit fond à 74° et ne renferme pas de chlore, ce qui prouve que le penlachlorure de phosphore, en agissant sur l'acide phénoxycinnamique, ne fixe pas de chlore à la double soudure pour la simplifier. Les réactions sont donc les suivantes : C,iHsO — C — C02H -t- PCI5 = C6HbO — C — COC1 -t- POCI, Il . Il C6H5 — CH C6H5 — CH -*- HCI C,HsO — C - COC1 -+- C6H5OH = C6H50 - C — CO.CelI, -+- HCI Il II C6H5 — CH C6H5 — CH La combustion du produit a conduit au résultat sui- vant : 0er,1523 de substance donnent 0er,4454 C04 Oer,0709 H,0, soit C = 0sr,l 209 79,38% H = 0er,0079 5,18% Calculé pour C6H60 — C — C02CGH5 C = 79,74 % II C6HS — CH H= 5,0G% Comme je l'ai annoncé au cours de cette note, j'ai l'intention d'étudier la substitution halogénée dans des ( 229 ) combinaisons renfermant des groupements benzoliques différents; j'avais dans ce but essayé de préparer, outre l'acide phénoxycinnamique, des composés synthétiques analogues. J'avais, entre autres, fait agir la benzophénone sur le phénoxacétate de sodium et l'anhydride acétique pour obtenir : C6H50 — C — CO-H II C6H,-C -C6H8; de même j'avais essayé de provoquer la réaction de Friedel et Crafts entre le chlorure de phénoxacétyle (pré- paré par l'acide phénoxacétique et le pentachlorure de phosphore et bouillant vers 213°) et le benzol en solution dans le sulfure de carbone en présence du chlorure d'alu- minium, dans le but de préparer le dérivé QH.O — CIL — CO — CCHS. Mais jusqu'ici mes essais dans ce sens sont restés infruc- tueux. J'espère revenir plus tard sur ces réactions. Je présente ici mes remerciements à M. le professeur Th. Swarts, dans le laboratoire duquel ce travail a été effectué. Laboratoire de chimie générale de l'Université de Gand. 4 février -1897. 5me SÉRIE, TOME XXXIII. 16 ( 230 ) CLASSE »ES LETTRES. Séance du 1ev mars 1897. M. le comte Goblet d'Alviella, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F. Vander Haeghen, vice-direc- teur; Alph. Wauters, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Vanderkindere, Ad. Prins, J. Vuyl- steke, Ém. Banning, Paul Fredericq, God. Kurth, Mes- dach de ter Kiele, le chevalier Ed. Descamps, G. Mon- champ, membres; A. Bivier, J. Vollgraff, associés; D. Sleeckx et P. Thomas, correspondants. CORBESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publi- que envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages suivants : 1° Chansons et poésies lyriques ; par N. Defrecheux ; 2° / fioretti. Les petites fleurs de la vie du petit pauvre de Jésus-Christ; par saint François d'Assise. Traduction d'Arnold Golïîn ; ( 251 ) 3° Annales de lu Fédération archéologique et historique de Belgique. Congrès de Gond, 1S*)(>; 4° Textes et monuments figurés relu/ifs aux mystères de Mithra, avec une introduction critique ; par F. Cumont ; 5° Recueil de travaux publiés pur lu Faculté de philoso- phie et lettres de i 'Université de Gand, fascicules 15, 17, 1S et 19. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : I" Un peuple oublié: les Matiènes ; par Théod. Reinach, associé ; 2° VeTslag aarigaande een voorloopig onderzoek te Parijs naar archivalia belangrijk voor de geschiedenis van Neder- luud; par P.-J. Blok. (Présenté par M. Piot, avec une note qui figure ci-après.) — Remerciements. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. Depuis plusieurs années, le Gouvernement des Pays- Bas a chargé les savants de ce pays d'examiner, dans les dépôts d'archives à l'étranger, les documents relatifs à l'histoire des provinces septentrionales des Pays-Bas anciens. Tour à tour l'Allemagne, l'Autriche, la Russie et l'Angleterre ont reçu de ces délégués des visites dont les résultats sont publiés. M. Blok, professeur à l'Université de Leide, a été chargé l'année dernière de visiter, dans le même but, les dépôts de Paris. ( 232 ) Le résultat de ses recherches est consigné dans le travail que j'ai l'honneur de présenter à la Classe en son nom, et dont le titre porte : Verslag aangaande een voor- loopig onderzoek te Parijs naar archivalia belangrijk voor de gcschiedenis van Nederland; La Haye, 1897, in-8". Il a visité, dans la capitale de la France, la Bibliothèque nationale, celle de l'Arsenal, celle dite Mazarine, le Ministère des Affaires étrangères et les Archives nationales. Partout il a été accueilli avec déférence. Ce travail n'intéresse pas uniquement les provinces septentrionales des Pays-Bas; maint et maint passage du rapport concerne la Belgique. A ce titre, la publication de M. Blok s'adresse autant à notre pays qu'à la Hollande. La cause en est facile à comprendre. Longtemps les deux pays ont eu les mêmes souverains, les mêmes intérêts, des tendances similaires; la même langue était en usage dans une grande partie de leurs provinces : l'idiome bas-allemand. C'est la Révolution du XVIe siècle qui les a séparés. Par exemple, M. Blok parle dans son travail des papiers de Colbert, si intéressants au point de vue des chartes et actes de la Flandre, et dont M. Gachard s'est déjà occupé. Ensuite il donne des notes sommaires à propos de la Bibliothèque de Bourgogne à Bruxelles, des négo- ciations de Nimègue, des affaires de Gueldre, de Hai- naut, etc., ainsi que sur d'autres questions relatives aux deux fractions des Pays-Bas anciens. On le voit, le travail du savant professeur mérite une attention spéciale de la part des historiens belges. Ch. Pl'OT. ( 235 ) ÉLECTIONS. La Classe se constitue en comité secret pour prendre connaissance de la liste des candidatures présentées poul- ies places vacantes. RAPPORTS. MM. Vanderkindere, Alph. Willems et le comte Goblet d'Alviella donnent lecture de leurs rapports sur le mémoire en réponse à la deuxième question du concours annuel (Croyances et cultes de l'île de Crête dans l'antiquité). — La Classe se prononcera dans sa séance de mai sur les conclusions des rapports de ses commissaires. .Xotes d'ancien wallon; par M. Maurice Wilmotte, professeur à l'Université de Liège. ii«), ,,<>>! île fl. J. Slecher, premier cotntt*i**nire. « M. Wilmotte, professeur à l'Université de Liège, communique à l'Académie quelques notes assez curieuses sur un manuscrit wallon de Turin et sur un travail alle- mand concernant le dialecte d'une chronique de Flo- refife. La Classe, qui s'intéresse aux choses wallonnes comme aux choses flamandes, accueillera, je crois, avec faveur ces remarques suggestives pour notre philologie natio- nale. ( 234 ) En se fondant sur la caractéristique établie par sa Dialectologie wallonne, M. Wilmottc conteste à M. Camus, professeur à Turin, la provenance namuroise d'un traité de médecine superstitieuse comme elle l'était en Grèce avant le rationalisme d'Hippocrate. Il croit que les gra- phies dénoncent la zone liégeoise. On sait que le parler de l'antique Éburonie est des plus originaux et des plus imprégnés de pénétration germanique. Cette origine liégeoise est aussi revendiquée pour un Livre de l'expocicion des songes que M. Wihnotte compare à un texte de l'ancien couvent de Saint-Jacques de Liège qu'il a décrit dans ses Etudes romanes. Tous ces Sompniaris, comme disait Maerlant en son thiois, ne sont que des paraphrases d'un Sommarius latin. Il est probable que celui de Saint-Jacques, trouvé à Darmstadt, est plus ancien, étant plus sobre, moins délayé que celui de Turin. Au fond, toujours la même anémie médiévale. Dans ces Notes d'ancien wallon envoyées à l'Académie, la critique du travail allemand sur le texte de Floreffe (recommandé, chose piquante, par le chroniqueur wallon « à ceux de langue tyoise ») est basée sur des documents que M. Wilmotte a autrefois insérés dans la Bomania de M. Gaston Paris. Elle est encore confirmée par des publi- cations de la Société liégeoise de littérature wallonne en 1890. Dans l'intérêt des études romanes, j'ai l'honneur de proposer à la Classe l'insertion de la notice de M. Wil- motte au Bulletin. Quant à certaines particularités idio- matiques, je dois m'en référer aux autres Commissaires, à M. Discailles pour la région du Hainaut, à M. Bormans pour celle de la Meuse. » ( 235 ) Slapi><>> t rie ff. Kff. «m nillfê, i>:til dtt fi. Itorituttts, ti'oitièniB contint a attire. « Dans la note qu'il présente à la Classe, M. Wilmotte rend compte de deux publications récentes faites à l'étranger, et qui intéressent la dialectologie wallonne. Sous ce titre : Un manuscrit namurois du XVe siècle, M. le professeur Camus, de Turin, a décrit et analysé un manuscrit wallon conservé dans la bibliothèque de cette ville. M. Wilmotte pense qu'il est plutôt liégeois que namurois, et il le prouve, d'abord par l'étude des graphies ou formes dialectales, ensuite par la comparaison avec un autre manuscrit plus ancien, de la Bibliothèque grand- ducale de Darmstadt, provenant de l'ancienne abbaye de Saint-Jacques, à Liège. Examinant de près un traité des songes qu'ils renferment tous deux, il croit pouvoir ( 239 ) établir que le manuscrit de Turin n'est qu'une copie délavée de celui de Darmstadt. C'est possible. Mais ne serait-il pas possible aussi que les deux versions déri- vassent directement d'un texte latin, l'une par une traduc- tion littérale, l'autre par une sorte de paraphrase? Un manuscrit de la Bibliothèque royale de Bruxelles a t'ait l'objet de la seconde publication dont nous entretient M. Wilmotte. Elle est intitulée : Ueber Sprache und Vers- bau der Chronik von Floreffe, et a pour auteur M. Peters, élève de l'Université de Halle. M. Wilmotte en donne un compte rendu détaillé, accompagné d'observations cri- tiques. Sa conclusion est que « si la langue de l'auteur de cette chronique rimée de Floreffe n'est pas le liégeois, elle s'en rapprocbe singulièrement ». M. Discailles attire l'attention de la Classe sur la propo- sition que le savant romaniste de Liège fait de publier pour l'Académie, avec la collaboration de M. Camus, les manuscrits de Darmstadt et de Turin. L'offre est sédui- sante. Mais, si je ne me trompe, l'Académie n'admet pas dans ses Mémoires, tant in-8° qu'in-4°, des éditions d'au- teurs anciens, et la Collection des grands écrivains du pays, destinée aux œuvres littéraires, semble exclure, par son titre même, la publication de textes dans un but purement philologique. C'est à examiner. En attendant, je me joins aux deux premiers commis- saires pour proposer à la Classe l'insertion de la note de M. Wilmotte dans le Bulletin. » — Adopté. ( 240 ) COMMUNICATION ET LECTURE. Notes d'ancien wallon; par Maurice Wilmotte, professeur à l'Université de Liège. Ii a paru à l'étranger, depuis deux ans, toute une série de monographies et d'articles se rapportant à notre passé littéraire. Un professeur de l'École de guerre de Turin, M. Giulio Camus, a signalé un manuscrit wallon du XVe siècle, conservé à la bibliothèque de la ville, où il enseigne le français; un élève de M. Suchier, l'illustre maître de l'Université de Halle, M. Hermann Peters, a consacré une étude minutieuse à un texte oublié et en partie inédit, la Chronique de Floreffe; il en a montré les caractères dialectaux, qui sont ceux du wallon. D'autres publications ont été faites en Allemagne, qui ont trait à la Cantilène d'Eulalie et au Fragment de Valenciennes. Ces deux textes vénérables, nos plus anciens monuments littéraires, ont été réédités par M. Koschwitz (1). M. Mar- chot a étudié le dialecte de la Cantilène (2) et M. Ennecerus a repris de plus près l'examen paléographique du manu- scrit qui nous l'a conservée (3). Enfin, M. Salverda de Grave a publié dans le Tijdschrift van Nederiandsche Taal- en Letterkunde (XV) ses Bijdragen tôt de hennis der uit het (1) Les plus anciens monuments de la langue française, publiés par Ed. Koschwitz, 5e édition. Leipzig, 1897. (2) Zeitschrift fur romanische Philologie, t. XX, pp. 509-14 (1896). (3) Zur lateinischen und franzôsischen Eulalia. Marburg, 1897. ( 241 ) fransch overgenomen woorden in het nederlandsch, où le wallon a une large part. J'ai fait, dans les pages qui suivent, abstraction de ces derniers travaux; en revanche, je me suis attaché à ceux de MM. Camus et Peters, essayant de compléter les données du premier par la comparaison de l'un des traités qu'il a mis au jour avec une œuvre du même genre, beaucoup plus curieuse, que j'ai pu consulter à Darmstadl et que j'ai copiée ensuite. En attendant une publication intégrale de cette œuvre et des autres traités scientifiques que renferment les manuscrits de Darmstadt et de Turin, publication qu'il dépend de l'Académie que nous entre- prenions, M. Camus et moi, à bref délai, j'ai pensé que la présente notice ne serait pas jugée inutile; j'y ai joint des additions et la critique du travail de M. Peters. Le manuscrit M. IV, II de Turin. Ce manuscrit a été signalé, décrit et analysé par M. le professeur Camus (I). Il date du XVe siècle et renferme un certain nombre d'œuvres plus ou moins scien- tifiques, notamment une copie du fameux traité d'Ale- brant et le traité de « l'orine » de Cuilleame l'Englois. Mais près de la moitié du codex est consacrée à l'énu- mération de remèdes populaires, de recettes culinaires, à l'interprétation des songes, à la chiromancie, à des pronostics diurnes ou lunaires, bref, à toutes les supersti- tions chères au moyen âge et qui n'ont pas disparu totale- ment aujourd'hui. Le manuscrit de Turin est d'origine wallonne; c'est ce qu'a démontré M. Camus en s'appuyanl (1) Un manuscrit namurois du XVe siècle, extrait de la Revue des langues romanes, t. XXXVIII, n06 l et -i. Montpellier, I89o. ( 242 ) sur la caractéristique que j'ai donnée de nos dialectes romans dans mes Études de dialectologie wallonne. Est-il namurois, comme le présume le distingué professeur de Turin? C'est ce qu'il me semble plus difficile d'établir. Je me refuse, en tout cas, à y reconnaître « d'une part l'influence du dialecte picard, de l'autre celle du dialecte bourguignon ». Nos chartes les plus authentiques du XIIIe siècle offrent des spécimens de toutes ou presque toutes les graphies relevées par M. Camus. Peu de formes, parmi celles que le Glossaire m'a permis d'identifier, se refusent à une descendance strictement liégeoise; une foule d'autres sonnent comme dans le nord -wallon : arrase, arsille (ârzëy), as (â), bruwyre (brouwîr), celoigne (sêlogne), chauldire (tchàdir), clawechon (clawson), crevece (grèvesse), deventrain (d'vintrin), esblatcee (esblawi), espillé (spiyi), espatter (spaté), freixe (frëZ), gaille (djav ou djèy), harpoix (hârpik),7'a/ie (djane), lavasche (lavasse), macquette (idem), maradich (mérédiZ), martruel (mwè- trou), noisier (nceXi), papin (idem), papire (idem), paul (pau), persin (pierzin), plomrne (idem), plueve (plève), pyonne (idem), raloier (raloyi), reculisse (récoulisse), roinsce (ronX), royenne (royène), saiien (idem), sayer (sayi), soyer (soyi), tapper (idem), tieste (tyesse), tourteal (tortè), trauer (idem), vaincre (vink), veyue (vèyowe), voi(r)le (veule). Plusieurs de ces formes n'appartiennent qu'au parler de Liège ou de la région voisine ; la plupart sont encore vivantes chez nous. Je signalerai particulièrement torteal qui est nord-wallon, à l'exclusion de Huy et du cours supérieur de la Meuse (1). Il est inadmissible que cette (1) Voyez Romania, t. XVII, p. 556. ( 24-3 ) forme soit duc au copiste (l), qui est, lui, certainement Namurois ou même de la frontière picarde. D'ailleurs, elle n'est ))as isolée dans le texte, si j'en juge d'après le Traité des songes que M. Camus a publié récemment et dont je m'occuperai tantôt (2). Dans ce seul traité, qui occupe les feuillets 179-197 du manuscrit de Turin, je note les formes liégeoises aneal \ anneal , nouveal, ruisseal \ ruiseal), chapeal. Le copiste a introduit d'autres graphies à côté de celles-là; il écrit tantôt ial (coutial), tantôt iel (muyel), tantôt el (annel, mantel), donc des formes sud-wallonnes, picardes et même centrales; de même les formes fléchies sont soit en eaulx (poureheaulx, beauls, etc.), soit en iau I ce (soliaus, capiaulx), non en eaz ou iaz, comme l'exige la prononciation de nos patois. Le « picardisme » du scribe s'accuse davantage dans la façon dont il orthographie les mots en c(a) et c(e, i); il écrit ehiel, chierges (cierges), rechoipt, chainture, souspechon, exaulclrie, etc., mais canchon, cachier (chasser), escapper; ceci n'est ni liégeois ni namurois, mais du picard belge ou français. En revanche, si je consulte de plus près le vocabulaire du Traité des songes, outre les termes bien liégeois signalés par M. Camus et reproduits plus haut, je relève encore coulons (colon), hourdée (voyez Gggg. s. v. hourder), poillus (liégeois: poyou), reversie (riviersé), non renviersie qui aurait donné rinv- ou rèviersé. Une place à part doit être faite aux mots qui, dans les parlers modernes, ont un traitement particulier de sy ou de x(sc); le liégeois en a fait X(xh), le namurois, ch(j); dans (1) Je dis au copiste, bien qu'il y ait toute vraisemblance qu'ils soient plusieurs; M. C. parle de « divers copistes », mais il ne fait pas d'exact départ entre eux. (2) Bulletin de Folklore, t. II, fascicules VII-VIII. Liège, 1895. ( au ) les extraits publiés du manuscrit, le scribe, sinon l'auteur, écrit régulièrement boisier, nois, noisier, ois (d'où otè liégeois, ochia plus au midi), oiseaulx, paisieble, peissons, roinsse. Toutefois, à côté de ces graphies, qui nous laissent dans l'incertitude, il en est d'autres qui ne peuvent se justifier que par une provenance tout à fait septentrionale : craixse (crâ/.), laixse (ta*/?), touxse et peut-être freix, si ce mot, allégué dans le Glossaire et qui figure aussi dans les Prophéties d'Ezéchiel (n° XI du manuscrit), est bien le correspondant ancien du wallon freV. (= humide). Des autres traits phonétiques (1) et flexionnels, il n'en est pas un seul qui exclue l'hypothèse de l'origine liégeoise du manuscrit. Il y a plus : cette origine est confirmée par un fait qui a forcément échappé à M. Camus et que je dois de con- naître à un séjour que j'ai fait et à des notes que j'ai prises à Darmstadt, en 1890. Je reconnus, en effet, dans un manuscrit (n° 2i()0) de la Bibliothèque grand-ducale de cette ville, le caractère wallon d'un manuscrit qui avait été signalé, pour la première fois, à l'attention du monde savant par un collaborateur des Roman ische Forschungenfë) . Ce manuscrit, que j'ai décrit sommairement ailleurs (5), provient du couvent de Saint-Jacques, à Liège, et il renferme, entre autres traités de même nature que ceux du manuscrit signalé par M. Camus, une interprétation des songes, qui offre avec le Livre de l'expocicion des soitujes de Turin des traits d'étroite parenté. L'écriture du traité renfermé dans le manuscrit de Darmstadt est, comme (1) Je n'ai plus a revenir sur le traitement de c(e, i ; ce qu'il m'est apparut et que j'en ai eubt l'advertisse- » ment, tant par vrais escrips comme par vives voix, » lequel traittié touche et declaire aucunement la 1res » sainte, dévote et sollempnee fundacion et hault estât » de la vénérable église et monastère dudil Floreffe. » L'auteur offre ce traité à l'abbé de Florelfe, persuadé qu'il voudra bien le lire, quoiqu'il soit écrit en français : « Aussi, ajoute-t-il, il m'est avis que vous et cheulx de o la langue tyoise pourront prendre alcune récréation et » plaisance en lisant ce franchois (2). » (1) Ueber Sprache und Versbau der Ckronik von Floreffe, inaugural dissertation... von Hermann Peters, Halle a. S., 1896 (aussi dans la Zeitschrift fur romanische Philologie, XXI). {% Voilà un intéressant témoignage en faveur de notre bilinguisme dans le passé; il me parait mériter une place à côté de ceux que, dès 1859, M. Stecher avait réunis si utilement dans son opuscule, Flamands et Wallons. ( 2j-2 ) Les derniers vers de la Chronique renferment de nou- velles excuses au lecteur et concluent ainsi : Le xime jour de février Je cessai lors de rimoier Ce présent et petit livre, Lequel baillai tout à délivre A ung escripvain courtois, L'an quatorse cens sexante trois, Pour le mettre au net et doubler Et a mon amy présenter. Nous savons donc quand l'auteur écrivit (1462-1465) et qu'il lit taire une copie de son ouvrage (1). Est-ce cette copie que nous possédons ou une autre, laite ultérieure- ment d'après elle? M. Peters ne se prononce pas, et d'ailleurs, il est difficile d'émettre un avis motivé, car si nous sommes certains de n'avoir pas l'original même de notre Chronique, rien ne nous détend d'attribuer les négligences (2) de la copie qui nous en reste, au plus ancien scribe, chargé de la « mettre au net et doubler »; ce scribe pouvait fort bien n'être pas non plus du même (1) Cette copie est restée en partie inédite, et M. Peters annonce la publication du premier tiers dans la Zeitschrift fur romanische Philologie. Les deux autres tiers 3570 vers) ont été imprimés par M. de Reiffenberg, dans le tome VIII de ses Monuments pour servir à l'histoire des provinces de Namur, de Hainaut et de Luxembourg . (2) Je n'insiste pas ici sur les négligences imputables à l'auteur lui-même. M. Peters en a fait le relevé minutieux, notamment dans les pages qu'il consacre à la versification de la Chronique. Je signalerai seulement qu'en six endroits du texte de Reiffenberg (727, 1514, 2340, 2504, 3240, 3309), trois vers n'ont qu'une seule rime; que dans deux autres passages (après 2175 et 3376) il manque un vers sans que le sens paraisse altéré. ; 253 ) pavs que rauleur, quoiqu'il nous soit interdit de lui assigner une provenance bien éloignée de celle que les rimes permettent d'établir; c'était sans doute, sinon un Picard, du moins un habitant de la zone wallonne-picarde, de la région qui s'étend entre Floreffe et Charleroi; ainsi s'expliquent certaines graphies qui sont en contradiction avec les rimes, donc avec la langue de l'auteur; il écrit, par exemple, yawe (aqua), alors que nous avons la rime eaue : saine (R. 1l ; fièrent : restablirent, R. 201)0, etc.) ; ch pour c\ e. i) et k pour ch(c + a), enfin ch final dans des mots tels que euch, peuch, vich, fich, etc. La rime des vers P. l^ilT- 12!)8 ne peut, comme l'observe M. Peters (§ 51), s'accom- moder du traitement picard que nous notons dans ces quelques formes. Il y a plus. P..1023-1024, on trouve puis : Machabeus que M. Peters interprète ainsi : peus (analogique de la deuxième et de la troisième personne du singulier) : Machabeus. Au contraire, je lis pu i)s Machabë-us, avec un son u (ou français) des deux parts et, de même, P. 1297-12UN illeuc : peuch me paraît devoir être entendu ainsi illou(c) : pou <■ . Telles sont les principales altérations que la simple et rapide lecture du texte permet d'attribuer au copiste : elles attestent son « picardisme ». En revanche, la langue de l'auteur, si elle n'est le liégeois, s'en rapproche singu- (1) R. désigne la partie de la chronique publiée par de Reiffenberg; P., le début qu'il n'a pas communiqué et (pic nous devions de con- naître à M. Peters. ( 254 ) lièrement. Pour s'en assurer, M. Peters aurait bien t'ait d'user plus fréquemment de la méthode comparative, de consulter d'autres documents du wallon, notamment les chartes que j'ai publiées dans la Romania, dont il n'a tiré presque aucun parti et, à défaut de renseignements directs sur le parler actuel de Floretîe, la version la plus proche de la Parabole de l'Enfant prodigue. Cette version est celle de Fosses (1); en la mettant à profit et en com- plétant ses données à l'aide de quelques notes prises dans la région voisine par un de mes anciens élèves, je crois être en mesure de corriger et d'éclaircir sur quelques points l'exposé qui nous est fait de la langue de l'auteur anonyme de la Chronique de Floreffe. C'est par là que je terminerai ma notice. Pour le vocalisme, il faut observer qu'on a de-ci de-là le traitement français. Ainsi, o > eu est général sauf -our (ôrem) à la rime; or, le liégeois a conservé très tard ou = o (voyez nouk, -planton, etc.), et ce n'est que sous l'influence du français qu'il a adopté le son eu dans des mots dont la plupart ont une valeur abstraite. De même o > ou graphie ue comme dans nos vieux textes (Darmstadt a uo; Turin, des formes telles que : martruel et oingteruelle ; coin p. Ig. planlroûl et mwètrou). Ici on a Chartruex R. 1715, 1755 = lg. Chàtrou; cuert = court, etc. Ainsi s'expliquent les rimes précitées où figurent puis, peuch (prononcez pou); de même, on a dit jou (Poème moral juin) et fou (Eulalie, Poème moral, etc.), qu'on retrouve dans fou-uà, èfou-ue, alou-ué, etc., ce qui explique la rime fu : virtù, P. 10(>9, où il faut prononcer ou des deux parts. (lj Publications de la Société liégeoise de littérature wallonne. année 1870. ( 255 ) Le traitement des autres voyelles est bien celui du lié- geois (a > et; iee > ie et ie > i); je signalerai les Tonnes stea?, rfiex et egliesc où l'on note une transcription spéciale de e -h y; deismes n'est pas « eine abweichcnde Schrei- bung », c'est la l'orme populaire, de même que le moderne diX et sïX. (plus au sud dîch et sïch). Le traitement de * sequere qui donne sûr, écrit swt're (: conduire), rend difficilement explicable ri(eg)le rimant en i (1); le patois du nord dit rûl'. Enfin, ai > a, oi > o sont caractéris- tiques de la région d'où provient le texte; on lit dans la Parabole : évoe (envoie), vae (vaie) ; tout le pays wallon dit tchènôn', Anton (le texte a Ânthonne, c(h)anonnes, avec la voyelle non encore dénasalisée). De même, dj'a, l'a's) sont liégeois; à Fosses [Parabole), on dit aussi : dji v'sa. Une des grosses ditlicultés phonétiques du texte consiste dans les rimes femme : âme, P. 798; baptesmes : dames, R. 5514. M. Peters ne s'en est guère soucié (S 21), et il a eu tort. Le mot feme, dans les textes du Centre et de la Champagne, rime avec ame (Yvain, 5757), avec dame (Ibid., 1651, 2489, etc.) et même avec règne (2) (Prise d'Orenge, 181 ; Erec, 1900, etc.). Il y a donc toute une (1) Toutefois, dans les Vers (tel Juïse, on trouve ces rimes : lins : i 96; rius : i 269; Mathius : i 367. Dans Meyer, Rapports, etc., p. 206, Andrius : (raiti(e)rs. Le liégeois dit : ri, Mathi, Andri, mais non li — locus; li(u) : i est aussi picard. Voyez Adam de la Halle, Congié. 113; mais siwe : i...e 347. (2) Outre dame: gemme aie, les exemples ne sont (1) Et même o comme le prouvent le? rimes où entrent dame et sane. (2) Voyez Romania, t. XVII. p. 560. 257 pas rares dans le wallon oriental; mais a Fosses el lieux voisins, on dit taure {Parabole), stôf, stâvlatch, fof, etc. Il -+- cous, est a m u i dans tout le nord wallon; comp. le liégeois : lâm, dji palle, lâge, etc. Même observation pour sir, réduit d'abord à si [paislre : tempesle II. 121!), puis à s (Ig. limpess). Quant à la deuxième consonne de -et, on constate déjà ici sa disparition. Acke est liégeois (= aete). La conservation du -/ de deiibtement rappelle des pbénomènes analogues que j'ai signales dans mes Études précitées. Le manuscrit de Turin a rut' lue = rue. La llexion n'offre rien de bien notable; j'ai déjà parlé de peitch et puis, de vich et de fich; les troisièmes personnes du pluriel du présent en -eut ont assourdi la dernière syllabe; mais le patois de la région, au contraire, a des formes accentuées sur la désinence [tchant'nù); il s'agit donc d'un compromis entre l'usage populaire et l'ana- logie du français. ( 258 CXASSR DES Itl \I \-\StI v Séance du 4 mars 1S97. M. Th. Vinçotte, directeur. M. le chevalier Edmond Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ch. Tardieu, vice-directeur ; Éd. Fétis, Ad. Samuel, G. Guffens, Th. Radoux, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Gustave Biot, II. Ilynians, Jos. Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, G. Huberli, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Alfr. Cluysenaar, J. Winders, Ém. Janlet, H. Maquet, membres; J.-B. Meunier, Alb. De Vriendt et Flor. van Duyse, cor- respondants. CORRESPONDANCE. M. le Directeur, en ouvrant la séance, annonce à la Classe la perte qu'elle vient de faire en la personne de l'un de ses membres titulaires, M. Félix Laureys, de la section d'architecture, né à Ostende le 10 avril 1820 et décédé à Bruxelles le 13 février dernier. Des remerciements sont votés à M. Vinçotte, qui a bien voulu, en sa qualité de directeur, se faire l'organe de la Classe lors des funérailles qui ont eu lieu le 17 février. v 259 ) Le discours de M. Vinçotte paraîtra au Bulletin. Une lettre de condoléance sera adressée à M. Eugène Laureys, frère du défunt. M. le Ministre de l'Agriculture et «les Travail v publies transmet : 1° Une ampliation de l'arrêté royal en date du 10 lévrier dernier ouvrant le double concours des cantates flamandes et françaises pour le choix d'un poème destiné à servir de thème aux concurrents pour le grand concours de com- position musicale de 181)7. M. le Ministre invite en même temps l'Académie à lui soumettre une liste de quatorze noms pour le choix du jury de sept membres chargé de juger ce concours; 2° Le 4e rapport semestriel de M. Emile Vereecken, lauréat du grand concours d'architecture de 1893. - Renvoi à la section d'architecture; 5° La 21m0 livraison des œuvres de Grétry (L'Amant jaloux, comédie en trois actes) éditées par la Commission académique pour la publication de ces œuvres. — Remerciements. — Sir Edward Burne-Jones et MM. Charles Garnier, Georges Aitchison et Vincent d'indy remercient pour leurs diplômes d'associé. 260 Discours prononcé aux funérailles de Félix Laureys, membre de la Classe, par Th. Vinçotte, directeur de la (liasse. Messieurs, Talent, beauté de caractère, générosité de cœur, voilà celui que nous pleurons. Le plus bel hommage, et le plus complet, qui puisse lui être rendu, serait le récit fidèle de ce que fut sa vie. Je viens, au nom de la Classe des Beaux-Arts de l'Académie royale de Belgique, rappeler quelques traits de cette existence si utilement et si noblement remplie. Félix Laureys naquit à Ostende en 1820. Ses années d'enfance ne reçurent d'autre instruction que celle que peut donner une école de village. Bientôt après, le voilà à Bruges, commençant seul le dur apprentissage de la vie, travaillant tout le jour à la conquête du pain quoti- dien, prolongeant ses veilles dans l'étude du dessin et surtout de l'architecture, vers laquelle une passion irré- sistible l'entraîne. Son beau zèle le pousse aussi à acquérir de solides connaissances générales, et seul, sans le secours d'aucun maître, il apprend plusieurs langues avec une facilité merveilleuse. A 29 ans, il remporte le prix de Rome ! Succès inouï si l'on tient compte des conditions où se trouve le jeune homme! Mais que ne peut la volonté unie à une belle intelligence et au culte du bien et du beau, cette seconde religion des âmes d'élite? Le jeune lauréat parcourt la France, l'Italie, l'Espagne, ( 201 dans un élan d'enthousiasme qui ue se refroidit p;i> un seul jour. L'Académie conserve les rapports de ses voyages et de ses impressions. L'admiration exaltée, les appréciations savantes et judicieuses en sont la marque distinctive, et caractérisent bien ce que fut Laureys : une âme de poète unie à un jugement droit et lucide. Ce besoin d'idéal et d'art devait être sa passion domi- nante. Tous les ans, malgré ses travaux, malgré les mille obligations tyranniques de la vie sociale, maigre la vieil- lesse, il retourne en Italie. A soixante-dix ans, il entre- prend un long voyage en Grèce et en Orient... Quoi de plus touchant que cet enthousiasme qui persiste à travers une vie longue et laborieuse? C'est que l'amour des beautés de l'art et de la nature va sans cesse grandissant chez d'aussi nobles esprits, et que jamais il ne laisse de déception dans l'âme de ceux qui lui ont voué leur culte. Comme artiste, comme créateur, comme auteur, Félix Laureys laisse des œuvres remarquables. Comme profes- seur, son nom restera attaché aux succès de toute une pléiade d'architectes dont plusieurs sont déjà des maîtres incontestés. Comme caractère, il était la droiture, le désintéressement, la générosité. Il était modeste jus- qu'à l'effacement, réservé presque jusqu'à la timidité. Mais ce charmant et sympathique défaut, devenu si rare, lui servait de rempart contre les amitiés banales et super- iicielles. Il observait les hommes avec une puissante pénétration et ne se livrait qu'aux natures droites et libres comme la sienne. La profonde affliction de ceux qui ont pénétré celte âme délicate nous dit assez quel ami ils ont perdu. 5™"' SÉRIE, TOME XXXIII. IN ( 262 NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. Le peintre lorrain Claude Jacquard. — Un protecteur des arts : le prince Charles-Alexandre de Lorraine, par Albert Jacquot. Paris, J. Rouani, 1890. Une brochure in-8°, de 95 pages. Claude Jacquard, né à Nancy en 1680, mort dans la même ville en 1750, est au nombre des artistes que l'on voit, en compagnie de Boffrand, concourir à l'embellisse- ment de la riante capitale des ducs de Lorraine. Les palais et les églises de Nancy gardent les traces de son activité ; elles lui assignent une place honorable parmi les maîtres dont la réputation, il faut l'avouer, n'a pas franchi de beaucoup les limites du sol natal. M. Jacquot relève, au sujet de l'artiste, un certain nombre de particularités intéressantes, précise la date de sa naissance et dresse une liste assez développée de ses œuvres existantes ou disparues. Comme graveur, Jacquard a laissé des planches non dénuées de mérite ni d'intérêt. Notre Cabinet des estampes en possède quelques-unes. Au nombre des mentions recueillies par M. Jacquot, ligure celle d'une composition de la Prise de Bude par le duc Charles V de Lorraine. Le renseignement nous met sur la trace de la détermination d'un morceau de haute valeur, une tapisserie appartenant à la couronne d'Au- (riche et que l'Empereur avait envoyée à l'Exposition du Millénaire hongrois, organisée à Pesth en 1890. Elle y figura sous le n° 7085, salle LfV, et fut un des orne- ments de ce brillant ensemble. ( 263 ) L'inscription portait : Pillage et saccagement de Bude. L'Aga des Janissaires conduit prisonnier. I^iis était fait un retranchement. Le 2 septembre 1686. L'armoirie de Lorraine, décorant la partie supérieure de ce spécimen, de très remarquable composition et de coloris tout à fait distingué, autorise à croire qu'il s'agit bien d'une reproduction du tableau de Jacquard, men- tionné par lui-même dans la noie de ITL'i recueillie par M. Jacquot. In protecteur des arts, le prince Charles- Alexandre de Lorraine, offre pour notre pays un intérêt plus spécial. Nous y voyons qu'à peine âgé de 14 ans, le futur gou- verneur général de nos provinces voulant, comme plus tard Albert de Saxe-Teschen, faire œuvre d'architecte, lit ériger, d'après ses plans, dans les bosquets de Luné- ville, un château toujours conservé. Il n'avait oublié qu'un détail : l'escalier! Ce fut Boffrand qui dut venir en aide au royal architecte pour réparer cette incroyable inadvertance. Le plafond circulaire du grand salon - M. Jacquot en reproduit l'esquisse - est l'œuvre de Claude Jacquard. Diverses lettres adressées à Charles de Lorraine et que reproduit M. Jacquot, sont intéressantes. La plupart, faut-il le dire? sont des suppliques. Deux émanent de Mme de Gralligny; elles concernent un de ses neveux. Une mention spéciale revient à la pièce suivante, signée Macmahon, directrice de l'Opéra à Toulouse. Elle consti- tue un document pour l'histoire du théâtre en Belgique. ( 264 ) « Mon Prince, » J'ay appris que Votre Altesse Royal estoit dans le des- sein davoir un spectacle a Bruxelle, comme je suis à la teste d'un opéra qui est très bon, souffrez quejose prendre la liberté de vous Loffrir. Les sujets qui le composent dans cette ville sont digne d'un grand prince comme vous, comme j'ay eu l'honneur de chanter devant Madame Royal et Son Altesse Royal Madame la Princesse Char- lotte à Commercy, et quel m'ont fait pressentir qu'els aimoit les talens, soyez sure grand prince, que personne au monde ne feroit de plus grands effort que moy pour amuser Votre Altesse Royal, par les grands soins que je prendroit à faire allés cette opéra qui jusqu'à présent va de peire avec celuy de Paris. Si je pouvois réussir a avoir l'honneur de votre protection, personne au monde, grand Prince ne tacheroit à la mériter mieux que moy par la grande attache que jay toujours eu pour la Maison de Votre Altesse Royal. Lorsque Mde des Jardins fut à Bruxelles avec Lopera, la ville luy envoya quinze mille livre pour y arriver. J'espère que Votre Altesse Royal feroit le mesme don gratuit pour pouvoir transporter celuy cy qui est composé de quatre vingt personnes, grand prince, si Votre Altesse Royal veut bien recevoir mes vœux, hommage, et voir mon opéra, je mourerez contente pour la grande satisfaction que j'auroi davoir le plaisir de voir en face le prince le plus grand jenereux de Lunivers, jattens de Votre Altesse Royal un succès favo- rable âmes vœux et suis avec toute la soumission possible, grand Prince » Votre très humble et très obéissante et soumise servante, » Macmahon, » L»i lectrice de lopera de présent à Toulouze dans le Languedoc. » \ Toulouse ce "Ie aoust 1749. » ( 263 L'opuscule de M. Jacquot se termine par l'inventaire des curiosités et objets d'art possèdes par le prince Charles de Lorraine à son décès, arrive, comme on sait, au château de Tervueren, le 4 juillet 17X0. Le document n'offre qu'un intérêt secondaire, attendu qu'en dehors (le la liste des pensionnaires du prince et des prix d'estima- tion, on le retrouve mot à mot dans le catalogue de la vente des collections ducales faite à Bruxelles dès Tannée 1 7S I . Henri Hymans. CONCOURS DES CANTATES. La Classe procède à la formation de la liste de quatorze noms pour le choix du jury chargé de juger le concours des cantates de l'année actuelle. Cette liste sera transmise à M. le Ministre de l'Agri- culture et des Travaux publics. RAPPORTS. MM. Hymans,Robie, Hennebicq et Cluysenaar donnent lecture de leurs appréciations sur le deuxième rapport semestriel de M. Jean Delville, lauréat du grand concours de peinture de 1895. — Renvoi à M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics. ( 266 ) OUVRAGES PRESENTES. Folie (F.). Annuaire de l'Observatoire royal de Belgique, 1897. Bruxelles, 1897 ; in-12. Lancaster (A.). Le climat de la Belgique en 1896, 11e année. Bruxelles, 1897; in-18. Du Jardin {Jules). L'art flamand; la Renaissance. 1897; vol. in-4° (vin-214 p.; photogravures et dessins dans le texte). Defrecheux (N.). Chansons et poésies lyriques. Liège, 1896; in-12 (243 p.). Assise {Saint François d'). I fioretti. Les petites fleurs de la vie du petit pauvre de Jésus-Christ. Traduction d'Arnold Goffin. Bruxelles, 1896; pet. in-8° (196 p.). Laurent (Ém.), Marchai (Ém.) et Carpiaux {Ém.). Recher- ches expérimentales sur l'assimilation de l'azote ammo- niacal et de l'azote nitrique par les plantes supérieures. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (53 p.). Grétry. OEuvres complètes, livraison 21 : L'Amant jaloux, comédie en 3 actes. Leipzig-Bruxelles, 1896; in-4°. Meunier {F.). Les agrionides fossiles des Musées de Munich et deHaarlem. Paris, 1896; extr. in-8° (8 p.). — Les chasses hyménoptérologiques aux environs de Bruxelles, 2e partie: Fouisseurs. Bruxelles, 1897; extr. in-8° (11 p.). Fédération archéologique et historique de Belgique. An- nales : Congrès de Gand, 1896; tome XI, lre partie. Cand, 1897. ( 267 ) Bruxelles. Ministère de l'Industrie et du Travail. Travail du dimanche, vol. I, II, V. 1890-97; gr. in-8°. — Troisième session (1895-96) du Conseil supérieur du Travail : Contrat du travail. 189G; in-4°. Bruxelles. Revue de l'Université de Bruxelles, 2e année, n°s 1-5. 1896. CiAND. Université. Recueil de travaux publiés par la Faculté de philosophie et lettres : loe fascicule. Les gildes marchandes dans les Pays-Bas au moyen âge; par Herman Vanderlindcn. 1896. 17e fascicule. Anecdota Bruxellensia, III : Le « Codex Schottanus » des extraits « de Legationibus »; par Ch. Justice. 1896. 18e fascicule. Catalogue des manuscrits de classiques latins de la Bibliothèque royale de Bruxelles; par P. Tho- mas. 1896. 19e fascicule. L'élément historique dans le Coronement Lovïs, contribution à l'histoire poétique de Louis le Débon- naire; par Léonard Willems. 1896. Louvain. La Cellule, recueil de cytologie iJ.-B. Carnoy , t. XII, lerfasc. 1897 ; in-i°. Allemagne et Autriche-Hongrie. Bélohoubek {Antonin). Studien ùber Presshefe. Prague, 1876 ;gr. in-8° (23 p.). — Das Shoyn. Munich, 1888; extr. in-8° (5 p.). — M. Louis Pasteur. Prague, 1897; gr. in-8° ;20 p.). Budapest. Congrès international d'hygiène et de démo- graphie. Comptes rendus et Mémoires du huitième Congrès ( 268 ) tenu à Budapest du 1er au 9 septembre 1894, tomes l-VIII. 1895-96; 8 vol. gr. in-8°. Goerlitz. Gesellschaft der Wissenschaften. Neues Magazin, Band 73. Festschrift zum 550. Gedenktage des Sechsstâdte- bûndnisses (1896). Gràtz. Historischer Verein. Mittheilungen, 44. Heft. 1896. Giessen. Gesellschaft fur Natur- und Heilkunde. 31. Bericht. 1896; in-8°. Amérique. Melville-Bell [Alexander). Englische sichtbare Sprache in zwôlf Lektionen. Washington, 1895; in-18(vi-80 p.). Emmens {Stephen-Il.). The argentaurum papers : n° 1, Some remarks concerning gravitation. New Brighton, 1896 ; in-8°(149 p.). Comstock [George). 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Résultats des campagnes scientifiques, l'asc. XI : Contribution à l'étude des Stellérides de l'Atlantique Nord, par Edmond Perrier. Monaco, 1896; in-4°. — Sur la troisième campagne scientifique de la « Prin- cesse Alice ». Paris, 1896; extr. in-4° (4 p. . Richard (Jules). Sur un appareil destiné a démontrer que la quantité des gaz dissous dans les grandes profon- deurs de la mer est indépendante de la pression. Paris, 1896; extr. in-4° (4 p.). Reinach (Théod.J. Un peuple oublié : Les Matiènes. Leyde, 1896; extr. in-8° (15 p., 1 carte). Gosselet (Jules). Note sur les gîtes de phosphate de chaux d'Hem-Monacu, d'Etaves, du Ponthieu, etc. Lille, 1896; extr. in-8°(26 p., 3 pi.). — Note sur des troncs d'arbres verticaux dans le terrain houiller de Lens. Lille, 189o; extr. in-8° (13 p., fig.). Chantre (Ernest). Rapport sur une mission scientifique en Asie Mineure, spécialement en Cappadoce (1893-94). Paris, 1896; extr. in-8° (41 p., fig.). Lyon. Université. Annales : Etude sur le mécanisme de la thermogenèse et du sommeil chez les mammifères. Phy- siologie comparée de la marmotte (Haph. Dubois). 1896. ( 270 ; — Recherches physiologiques sur l'appareil respiratoire des oiseaux J.-M. Soum). 1896. — Résultats scientifiques de la campagne du « Coudan » dans le golfe de Gascogne, 1895. (R. Koehler); fasc. 1-3. 1896. — Études sur les terrains tertiaires du Dauphiné, de la Savoie et de la Suisse occidentale ^H. Douxami). 1896. — Synthèses d'aldéhydes et d'acétones dans la série du naphtalène, au moyen du chlorure d'aluminium (L. Rous- sel . 1897. Grande-Bretagne et Colonies britanniques. Harrison [William). An archaeological Survey of Lanca- shire. Westminster, 1896; in-4°(26 p. et 1 carte). Bevan (J.-O.), Davies (James) et Haverfield (F.). An archaeological Survey of Herefordshire. Westminster, 1896; in-4° (16 p. et une carte). Glasgow. Philosophical Society. Proceedings, 1895-96, vol. 27. Londres. Geological Society. Geological literature during 1896. — General index to the fîrst fifty volumes of the Quarterly Journal, part 1 . Melbourne. Royal Society of Victoria. Proceedings, vol. VIII. 1896. Mauritius. Royal Alfred Observatory. Annual report, 1894. Results of meteorological observations, 1895. In-4°. ( 271 Italie. Omboni (Giovanni). Commemorazione del Barone Achille de Zigno. Venise, 1897 ; in-8° (40 p.). Sconamiglio [Prof. G.). Su alcuni nuovi preparati di chinina. Naples, 1896; in-8" (9 p.). Bologne. R. Accademia délie scienze. Memorie, 5a série, tomo IV. 1894; in-4°. Rome. Società délie scienze. Memorie di matematica e di fisica, tomo X, 1896; in-4°. Pays-Bas. Flora Balava («/. Kops et Van Eeden). Atlevering 315 en 316. Harlem, 1896; in-4°. Engelmann (Th.-W.). Onderzoekingen gedaan in net physiologisch Laboratorium, IV, 4. Utrecht, 1896; in-8°. Blok (P.-J.). Verslag aangaande een voorloopig onderzoek te Parijs naar arehivalia belangrijk voor de geschiedenis van Nederland. La Haye, 1897 ; in-8° (54 p.). Leyde. Maatsehap-pij der Nederlandsche letlerkunde. Levens- berichten en handelingen, 1895-96. — Muséum van oudheden. Aegyptische monumenten, 111 : Behoorende tôt de graven ; Mu mie en mumiekisten van Petisis. 1896; in-folio. ( 272 ) Pays divers. Cabreira {Antonio). Sur la géométrie des courbes trans- cendantes. Lisbonne, 1896; in-8° (64 p.). Leyst (E.). Meteorologische Beobachtungen in Moskau im Jahre 1895. Moscou, 1895; extr. in-8° (16 p.). Kiersnowsky (/.). Ueber die Richtung und Stârke der Winde im russischen Reiehe. Catherinenbourg, 1895; in-folio. Arnaiz (il.). Los grandes problemas tilosôtico-naturales. Saint-Sébastien, 1897 ; in-8° (24 p.). Preudhomme de Borre (A.). Note sur le Pyrrhocoris mar- ginatus. Genève, 1896 ; extr. in-8° (1 p.). Wessel (Caspar). Essai sur la représentation analytique de la direction. Copenhague, 1897; in-4° (xiv-60 p. et 3 pi.). Luxembourg. Institut grand-ducal de Luxembourg. Publi- cations de la section historique, vol. XLV. 1896. Gothenbourg. Hôgskala. Arsskrift, 1896, BandII. Madrid. Almanaque nautico para 1898. Bergen. Muséum. Aarbog, 1896. Norske Nordhavs- Expédition. XXIU : Zoologi, Tunicata. Christiania, 1896; in-4°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1897. — N° 4. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 5 avril 1897. M. Alfr. Gilkinet, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Éd. Dupont, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, G. Dewalque, E. Can- dèze, Al. Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, L. Henry, M. Mourlon, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, H. Valérius, Léon Fredericq, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; A. -F. Re- nard, L. Errera, J. Neuberg, Alb. Lancaster, M. Delacre, G. Cesàro et Julien Fraipont, correspondants. M. le comte Goblet d'Alviella, président de l'Académie et directeur de la Classe des lettres, assiste à la séance. 3me SÉRIE, TOME XXXIII. 1!» ( 274 ) CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la mort du professeur James-Joseph Sylvester, né à Londres le 5 septembre 1814, élu associé de la section des scien- ces mathématiques et physiques le 13 décembre 1895, décédé le 15 mars 1897. — M. Melchior Treub, directeur du jardin botanique de l'Etat, à Buitenzorg (Java), remercie pour son diplôme d'associé. — La Classe accepte le dépôt dans les archives de l'Académie d'un pli cacheté de M. le D1 M.-C. Schuyten, rue Van Luppen, 51 , Anvers. — Hommages d'ouvrages : 1" Mathesis, recueil mathématique, 1896; par P. Man- sion et J. Neuberer: 2° Observations de la planète Mars, faites par M. Schia- parelli, à Milan, en 1885-1884; par F. Terby; 5° Contribution à l'étude des tourteaux... pour le bétail, 1" partie; par Fréd. D'Hondt; 4° Description géologique de Java et Madoura, tomes I et II ; par Verbeek et Fennema. — Remerciements. — Travaux manuscrits à l'examen : 1° Sur quelques dérivés (luobromés en C2; parFr. Swarts, ( 275' ) répétiteur à l'Université de Gand. — Commissaires : MM. Spring et Henry; 2° Notice sur un appareil permettant de tailler un cristal suivant une direction déterminée, et sur une méthode de tuilier des plaques à faces parallèles; par le Dr V. Stôber, répétiteur à l'Université de Gand. - Commissaires : MM. Ch. de la Vallée Poussin et A.-F. Renard; 5" Lettre relative à la théorie des nombres premiers ; par M. ,1. Marchai, géomètre-arpenteur à Jamioulx. ■ — Com- missaire : M. Mansion. RAPPORTS. Il est donné lecture des rapports de : 1° MM. Cl), de la Vallée Poussin, Malaise et Renard. sur un mémoire de M. Jean De Windt, docteur en scien- ces naturelles : (Établir les relations qui existent au point de vue lithologique entre les roches considérées comme cam- briennes des massifs de Rocroi, du Brabant et de Stavelot.) — Impression dans les Mémoires in-4° après que l'auteur aura satisfait aux observations des commissaires; 2° De MM. Spring et De Heen, sur la revision du tra- vail de M. A. de Hemptinne concernant VAction des vibrations électriques sur quelques substances. — Impres- sion dans les Mémoires in-S°. v 276 ) Sur la courbure des lignes et des surfaces; par M. Stuyvaerl. Êlai>i>oi-t dtf MM. H «i»«*io»i et !\t'tthwy. a Ce mémoire est surtout intéressant par les méthodes qu'il met en œuvre. Nous citons d'abord le principe suivant dont M. Stuy- vaert déduit des conséquences curieuses : Si l'e'quation d'une courbe algébrique passant par l'ori- gine 0 des coordonnées est mise sous la forme F„ = fn -f- ?„„, -+- ••• •+- fp -t ?,,_, -4" ••• -4- ?t = 0, où cp, désigne un polynôme homogène en x et y, de degré i, l'équation Fp=?p "+- ?P-t H -4- ?, = 0 représente une courbe qui a, avec la première, un contact d'ordre p au point 0. En particulier, l'équation 91 = 0 est celle de la tan- gente en 0. Cette remarque, appliquée à une conique, conduit rapidement à l'expression du rayon de courbure. L'équation F2 = centimètres de longueur. Dans les pontes produites par ces individus atteints de gigantisme, la moitié des œufs produisaient un premier globule polaire de dimensions exception- nelles, pouvant atteindre, dans certains cas, le diamètre de l'œuf lui-même, de sorte que l'on aurait pu croire avoir affaire à une segmentation, n'était que l'on pouvait voir côte à côte, dans la même ponte, toutes les transi- tions entre les globules normaux et les globules les plus volumineux. L'auteur a pu suivre le développement ulté- rieur de ces globules gigantesques, les voir produire un second globule de grosseur normale, l'œuf lui-même donner en même temps un semblable élément, un sper- matozoïde pénétrer dans le premier globule et deux gastrula se développer côte à côte dans la même coque. Ces observations résolvent définitivement la question si longtemps mystérieuse de la nature des globules polaires. Le second point sur lequel je désire attirer l'attention est relatif à la constitution des ligures dicentriques de direction. La présence de sphères attractives et de corpuscules centraux dans les ligures de direction est encore contes- tée. M. Francotle affirme, et ses préparations ne laissent pas le moindre doute sur l'exactitude de ses observations, que, chez toutes les espèces étudiées par lui, aussi bien dans la seconde que dans la première ligure, il existe de ( 282 ) belles sphères, bien délimitées, au centre desquelles se montre toujours un corpuscule central facile à mettre en évidence par la méthode de Heidenhain. Les images obtenues par M. Francotte sont très semblables à celles que M. Wheeler a observées chez les Myzostomes. M. Francotte, comme M. Wheeler, voit une sphère avec corpuscule central persister, à côté du pronucleus maternel en voie de reconstitution. Mais tandis que, chez les Myzostomes, il ne se forme pas de spermocentre, au voisinage du pronucleus mâle, chez les Polyclades une sphère avec corpuscule central procède du zoosperme. Malheureusement, aux stades subséquents, les sphères et les corpuscules deviennent indistincts; il n'est plus pos- sible de les mettre en évidence, même en recourant à la méthode de Heidenhain. Il en est résulté que l'étude des Polyclades n'a pu servir à élucider la question si con- troversée de l'origine des sphères de la première figure de segmentation. Le mémoire de M. Francotte est accompagné de plan- ches, dans lesquelles l'auteur a reproduit, par la photo- graphie, ses préparations les plus démonstratives. Ces planches ont la valeur de documents authentiques. Je n'hésite pas à proposer à l'Académie d'ordonner l'impression de ce beau travail dans la collection des Mémoires in-4° et la reproduction des photogrammes qui accompagnent le texte. Je propose, en outre, de voter des remerciements à l'auteur. Le mémoire adressé à l'Académie est le fruit de plu- sieurs années d'un labeur ininterrompu, et j'éprouve, pour ma part, la plus haute estime, non seulement pour le talent, mais aussi pour l'énergie, la ténacité et le désintéressement de celui qui a su le mener à bonne tin. ( 283 ) Ceux-là seuls qui ont suivi de pics M. Prancotte peu- vent se rendre compte des difficultés de tous genres qu'il a dû vaincre, des obstacles qu'il a eu à surmonter pour aboutir. Alors que la plupart d'entre nous, grâce à nos nouvelles installations universitaires, disposent pour leurs travaux et ceux de leurs élèves, de laboratoires bien outillés, M. Francotte en est réduit à devoir travailler chez lui. Instruments, réactifs, livres et matériaux d'études, il doit se les procurer par ses propres ressources. Pour se livrer à ses travaux, il n'hésite pas à s'installer itérativement à Ostende et à y faire des séjours prolongés; il se rend au Portel, puis à Concameau, puis encore au Portel, et tous ces voyages, il les fait à ses frais, sans l'in- tervention ni de l'Etat, ni de l'Université de Bruxelles, ni de personne. Un travailleur de cette trempe mérite à coup sûr d'être encouragé par l'Académie. Je demande donc que des mesures soient prises pour que la publica- tion du mémoire de M. Francotte ne subisse pas de retards. » M. Masius, second commissaire, se rallie, aux conclu- sions du rapport de M. Ed. Van Beneden. Ces conclusions sont adoptées par la Uasse. D'un caractère différentiel entre leucoblasles et érythroblastes; par M. le professeur A. Trambusti. i:iij>/ii>il de M. Ch. I <•#• ViêistbeliPf />»•€•»#»!>#• tomtttéttnii tf . « En histologie normale aussi bien qu'en histologie pathologique, il importe de pouvoir distinguer nettement, à toutes les phases de leur existence, les leucoblastes ( 284 ) des érythroblastes. Or, comme le remarque l'auteur, s'il est en général possible d'établir une distinction entre les formes jeunes des globules rouges et celles des globules blancs, il est souvent très difficile (comme le rappelle le professeur Trambusti, Flemming estime même qu'il est presque impossible), dans l'étude des organes hémato- poiétiques, de reconnaître l'une ou l'autre espèce cellu- laire, s'il s'agit d'éléments non au repos, mais en voie de division karyokinétique. Cette difficulté rend compte de la divergence qui existe entre les anatomistes au sujet de la genèse des leuco- cytes et des érythrocytes, certains d'entre eux soutenant encore l'origine leucoblastique des globules rouges. En exposant l'état de la question, M. le professeur Trambusti rappelle notamment les caractères distinctifs préconisés par Bizzozero et par 0. Van der Stricbt. Par sa méthode, le premier reconnaît les érythro- blastes, même à l'état de division, à la présence de l'hé- moglobine, qui manque dans les leucoblastes, et à l'absence, dans le cytoplasme, des granulations caracté- ristiques de ces derniers. Dans son mémoire sur la formation du sang, Van der Stricht insiste tout particulièrement sur ce dernier carac- tère. Mais la présence de l'hémoglobine signalée par Biz- zozero ne se constate que dans certaines conditions spéciales d'éclairage, et il faut avoir l'œil sensible, sur- tout à la couleur jaune, pour pouvoir l'apprécier. Cela diminue naturellement la valeur de ce caractère distinctif. Beste donc l'aspect homogène du cytoplasme des éry- throblastes, alors que celui du cytoplasme des leuco- blastes est granuleux. Comme Bizzozero et Van der Stricht ( m ) l'ont établi, ce caractère différentiel se constate même pendant la mitose. Lo travail du professeur Trambusti ;i pour 1 > 1 1 1 de l'aire ressortir la valeur de ce caractère. Dans un mémoire anté- rieur sur La moelle osseuse dans la diphtérie, l'auteur avait pu constater qu'après double coloration par la safranine et Pinduline, les granulations renfermées dans le cytoplasme des leucoblastCS en mitose fixent celle dernière substance, tandis que rien ne décèle la présence de granulations dans le cytoplasme des érytbroblastes en voie de division. C'était la première lois que la présence de granulations, dans le cytoplasme des leucoblastes à la première phase de leur évolution et durant la scission indirecte, était mise en évidence par l'emploi de colo- rants. Aujourd'hui, le professeur Trambusti confirme ces pre- miers résultats à l'aide d'une nouvelle méthode; conten- tons-nous de dire que, dans cette nouvelle méthode, les coupes sont colorées par la thionine et l'éosine. Alors qu'avec la première méthode les granulations prennent la couleur de l'induline, avec la seconde elles se colorent par l'éosine. Le cytoplasme des érythroblastes, à toutes les périodes de leur cycle évolutif, reste clair. La planche qui accompagne le travail fait bien ressortir ces diffé- rences. A la fin de sa notice, l'auteur insiste sur certaines con- ditions qui font varier la quantité de granulations ren- fermées dans le cytoplasme des leucoblastes, granulations qui, d'après lui, représentent de véritables produits de sécrétion. Le travail dont nous venons de donner une courte analyse apporte une contribution utile à la connaissance ( 286 ) des éléments morphologiques étudiés par l'auteur. Aussi je n'hésite pas à proposer à la Classe : 4° d'insérer le travail de M. Trambusti dans le Bulletin de nos séances; 2° d'adresser des remerciements à l'auteur. » M. Van Beneden se rallie aux conclusions du rapport de l'honorable premier commissaire. Ces conclusions sont adoptées par la Classe. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Silex néolithiques et paléolithiques de Court-Saint-É tienne ; par le comte Goblet d'Alviella, président de l'Académie. La commune de Court-Saint-Etienne, qui a eu, à plusieurs reprises, l'honneur d'attirer sur ses produits minéralogiques l'attention de l'Académie (1), avait la chance de posséder il y a une vingtaine d'années encore, sous les sapins presque centenaires de la Quenique, un cimetière, à peu près intact, du premier âge du fer. On se rappelle l'émoi que causa, en 1879, dans le monde des I Voyage et observations minéralogiques depuis Bruxelles jusqu'à Cour t-Saint-É tienne, par le conseiller Burtin. Tome V des Mémoires de l'Académie impériale et royale. Bruxelles, 1788. — Sur une espère minérale nouvelle pour la Belgique: V Arsénopyrite ou Mispickel, par C. Malaise. Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. XLVI (1878 , ( 287 ) archéologues, la nouvelle de ee que M. le baron de Loë a appelé « le grand sac de la nécropole de Court-Saint- Etienne ». Parmi les centaines d'urnes et d'objets en métal qui y avaient revu le jour sous la bêche et la pioche des terrassiers, pour être aussitôt brisés et dispersés, c'est à peine si quelques échantillons ont pu être conservés dans des collections particulières (1). Les explorateurs, comme MM. Rucquoy, (Hoquet, Lebon , d'autres encore, qui, prévenus trop tard, accoururent visiter, sur le plateau de la Quenique, l'emplacement des tombelles nivelées, n'y trouvèrent plus guère de vestiges du premier âge du 1er, mais ils découvrirent, à la surface du terrain, de nom- breux silex, attestant l'existence d'une véritable station néolithique, et. depuis cette époque, on n'a cessé d'y recueillir des outils ou des éclats travaillés qui se ratta- chent à l'industrie de la pierre polie. Je me suis particulièrement appliqué à cette recherche depuis 1885, tant sur. le plateau de la Quenique que dans les autres parties de la commune, et je suis parvenu à réunir, avec le concours de quelques personnes habi- tant la localité, près de quinze cents silex travaillés, dont (1) Les objet? qui se trouvent au Musée du Cinquantenaire, rensei- gnés comme provenant de Court-Saint-Étienne, ont été recueillis dans une fouille partielle, exécutée en 1861 par M. Tarlier pour le compte du Gouvernement. Une dernière tombelle, qui avait été seulement effleurée en 1879, a été fouillée, en 1891, devant les membres de la Fédération archéologique et historique. (Baron de Loë, Fouille d'une tumbcllc du plateau de la Qucnique, dans les Comptes rendus du septième Congrès de la Fédération. Bruxelles, 1892, pp. 517 etsuivantes.^ — Voir aussi N. Cloquet, Cimetière celtique de Court-Saint-Étienne, dans le tome II des Annales delà Société archéologique de Nivelles. Nivelles, 1881. ( 288 ) la majeure partie portent dès traces d'usage, entre autres quatre-vingt-quatre échantillons complets, éclats ou frag- ments retravaillés, de haches polies. Ce sont les pièces les plus importantes de cette collec- tion que je prends la liberté de soumettre aujourd'hui à la Classe des sciences. A. — Néolithique. En premier ordre, j'ai placé quelques spécimens de blocs-matrices et de percuteurs, en m'efforçant de mon- trer les différentes étapes de l'opération qui a fait déta- cher des premiers, à l'aide des seconds, des lamelles et des éclats plus ou moins réguliers. Nous avons ainsi le simple caillou roulé qui a été employé comme percuteur, puis le nucleus utilisé lui-même comme marteau à ses deux extrémités, enfin le percuteur sphérique soit en silex, soit en grès bruxellien. Ce dernier exemplaire est assez important, non seulement à raison de sa taille, mais encore parce qu'il s'agit peut-être de l'utilisation d'une roche locale. Les nuclei sont, en somme, assez rares; j'ai exposé le plus volumineux que j'ai trouvé; il pèse 2k,75. En fait de lames, à côté de quelques éclats et de quel- ques grandes lames travaillées, j'ai exposé une vingtaine de lames qui présentent un beau bulbe de percussion ou qui ont été utilisées sur les deux tranchants, parfois même qui ont l'extrémité arrondie pour servir de grattoir. J'ai disposé parallèlement une cinquantaine de petites lames qui se distinguent par la finesse de la taille. ( 289 ) Les scies sont fort rares. Je n'en ai recueilli qu'une, et encore n'est-ce peut-être qu'une lame ébréchée. Parmi les poinçons et les éclats qui ont servi comme tels, on peut suivre la gradation du travail, depuis l'uti- isation de la pointe accidentellement produite, jusqu'à l'emploi de longues lames taillées pour servir sur les deux bouts (pi. I, n° 4). Deux de ces lames triangulaires pourraient bien être des pointes de javelots. Les grattoirs offrent des formes très variées. Il y a d'abord la forme bien connue en bec de canard; ensuite l'instrument va en s'arrondissant jusqu'à ce qu'il atteigne la forme circulaire. Ce sont surtout des grattoirs de tête; cependant quelques-uns ont servi également sur la face latérale. L'un d'eux présente une double tête. Un autre qui s'est, par l'usage, arrondi comme une pièce de mon- naie, a encore son bulbe de percussion. Viennent ensuite quatre javelots et treize pointes de flèches. Parmi ces dernières, douze sont en forme d'amande; une est triangulaire; deux seulement sont à ailerons. Je n'en ai pas trouvé qui soient à pédoncule latéral ni à tranchant transversal. Je passe maintenant aux ciseaux, haches et hachettes. Signalons trois ciseaux polis; un quatrième, finement taillé, est poli non seulement sur le tranchant , mais encore sur une partie des aspérités de la crête. Une des plus belles pièces est une ébauche de grande hache, considérablement dégrossie, en silex de Spiennes. Elle mesure 41 centimètres de large à la base et 25 cen- timètres de long. A côté j'ai placé la moitié d'une hache polie qui a dû sortir d'une ébauche analogue. 3me SÉRIE, TOME XXXIII. 20 ( 290 ) Je signalerai encore : Une hachette finement taillée, de proportions régu- lières, offrant presque la l'orme des celts (pi. I, n° 1). Une hachette polie, retaillée en forme de ciseau. Une hachette polie et retouchée d'un côté. Une hachette taillée, polie sur l'extrémité en biseau, adoucie sur la crête et finement retaillée sur les côtés latéraux, d'un silex très pur (pi. I, n° 3). Deux hachettes dont le tranchant oblique et recourbé a été aménagé en vue de l'emmanchement. Une petite hachette à tranchant horizontal, d'un beau poli et d'aspect porphyrique. Une petite hachette à bords épais et à tranchant oblique, qui rappelle, comme forme, les haches des cités lacustres. Deux haches d'un beau poli, en forme de cognée, dont on a retaillé le tranchant. Une belle hache complète, aux bords latéraux aplatis, qui offre cette particularité d'avoir été trouvée dans les murs d'une vieille maison en démolition au hameau du Sart. Elle y avait évidemment été insérée à titre de « pierre de tonnerre », comme amulette contre la foudre. Les gisements étaient assez éloignés pour que la plu- part des outils arrivassent tout taillés, comme en témoignent la rareté des nuclei ainsi que le nombre des tentatives pour utiliser les fragments brisés de haches polies. Je possède de ces fragments qui ont servi tantôt de percuteur; tantôt de hachette, après une taille nou- velle; tantôt de grattoir, après une fine retouche; tantôt de javelot. Parfois c'est une moitié de hache à laquelle on a voulu refaire un tranchant; parfois ce sont des ( 294 ) haches hors d'usage donl la moitié a été taillée sur un côté latéral ou sur l'extrémité. Parmi les objets qui paraissent mériter une mention spéciale, je citerai encore : Un couteau avec deux encoches intentionnelles qui ont peut-être été taillées pour faciliter la suspension de l'outil. Un silex, avec encoignure sur ses quatre faces qui a servi de racloir et probablement de poinçon. La partie terminale d'un petit ciseau à tige arrondie qui a peut-être servi de lissoir (pi. I, n° 2). J'ai ajouté, pour compléter la collection, plusieurs bri- quets, pierres à fusil et pierres à pistolet, dont quelques- uns ont été fabriqués à l'aide de silex déjà travaillés par l'homme préhistorique. Les gisements dont proviennent tous ces silex sont assez divers. Les échantillons les plus beaux et les plus nombreux sont en silex de Spiennes. Viennent ensuite des roches qu'on serait tenté de rattacher au silex de Wan- sin, à celui d'Orp-le-Grand, à celui de Maeslricht, etc.: enfin, un grès lustré, de teinte brunâtre, à paillettes de mica, dont je n'ai pu déterminer la provenance. J'ai cru bon de grouper ensemble les éclats travaillés en phtanhe, cette roche affleurant sur plusieurs points dans les terrains primaires des environs, notamment en gros rognons, d'une extrême dureté, à la base des sables bruxclliens, le long du chemin creux qui monte du village vers la Quenique. Cette roche aura sans doute été travaillée sur place, par nécessité plus que par choix. J'en ai réuni quelques nuclei; l'un d'eux a ultérieu- rement servi de percuteur; un certain nombre de cou- teaux; un fragment avec encoche utilisé comme racloir: ( 292 ) plusieurs grattoirs, dont un, bien taillé, à forme classique; une hachette dont le tranchant a été fortement retouché; enfin, une pointe de flèche à ailerons (pi. I, n° 5), objet dont je ne connais pas d'autre exemplaire en phtanite. Les quatre cinquièmes des silex compris dans cette col- lection ont été recueillis à la Qucniquc ou dans les terrains qui forment la continuation de ce plateau, c'est- à-dire sur les parties les plus élevées du trapèze qui a pour base le chemin de fer du Grand-Luxembourg, pour côtés les vallées de l'Orne et de la Dyle, pour sommet la vallée inférieure de la Thyle. Le reste a été trouvé des deux côtés de la vallée de la Dyle, particulièrement en deux endroits : l'un au-dessus du confluent de la Dyle et de la Cala, sur le plateau où s'élève, aux confins de la commune de Bousval, une tombe! le dite la Tombe de la iielle-Alliancc, fouillée sans résultat il y a quatre ans (1); l'autre, au lieu dit le Fond des Mées, parmi les ondulations qui dominent la rive gauche de la Thyle. En général, on peut dire que, dans toute la partie de la commune située en deçà de la rive gauche de la Thyle et de la rive droite de l'Orne, des traces de l'industrie préhistorique ont été relevées partout où le sol est resté à l'état de bruyères et de bois, c'est-à-dire, en général, là où il est formé de sables bruxelliens. Toutefois il n'est pas permis d'en conclure que ces produits aient été moins abondants sur les points intermédiaires. Ici, en effet, le sol ordinaire- ment argileux a été livré à la culture de temps immé- morial, ce qui a dû amener depuis longtemps la disper- (1) Voir sur cette fouille le rapport de M. le baron de Loë dans I' 'Annuaire de la Société d'archéologie de Bruxelles, année 1893. ( 293 ) sion des silex travaillés. Il convient de mettre à part 1rs cinq ou six hectares de la Quenique, où l'abondance des produits semble attester l'existence d'une véritable station, antérieure aux tombelles ou contemporaine de leur érection. B. - - Paléolithique. Si intéressants que puissent être, à titre de collection exclusivement locale, ces vestiges de l'époque néolithique, je ne me serais pas cru autorisé à en occuper les moments de la Classe, s'ils n'avaient été complétés récemment par une découverte qui tend à reculer considérablement dans le passé l'âge où l'homme a occupé la région. Déjà à plusieurs reprises j'avais rencontré des éclats travaillés qui, par leur aspect général, leur forme, leur patine, faisaient penser à une industrie paléolithique, comme celle dont M. (J. Cumont a recueilli les produits dans une autre localité du Drabant, à Rhode-Saint-Genèse, — entre autres un couteau grossier, ayant servi sur les deux tranchants, un racloir latéral, des éclats grattoirs, dont un, assez volumineux, laisse apercevoir son bulbe de percussion (pi. II, n° 1), un fragment de hache (pi. II, n° 2); etc. L'an dernier, e'était une hache en grès sili- ceux, assez ébrêçhée, taillée en amande, présentant de nombreuses traces de martelage, qui était trouvée, au bord d'un petit jardin, près de la Quenique (pi. III). Enfin, il y a deux mois, mes ouvriers, en défonçant le sol d'une sapinière, à 70 centimètres de profondeur, rame- naient à la surface du sable bruxellien deux belles haches en amande d'un type acheuléen parfaitement caractérise ( 294 ) bien que d'une patine différente, Tune d'un blanc laiteux sur les deux faces, la seconde blanche sur une face, bleuâtre nuancée de blanc sur l'autre (pi. ÏV, n0< 1 et 5). Elles étaient enfouies à quelques mètres de distance; aux alen- tours, je relevai, dans le terrain remanié, des traces de charbon de bois. Ces deux haches sont identiques de forme et de pro- portions avec celles que M. De Pauvv, le savant conserva- teur des collections de l'Université de Bruxelles, a décou- vertes, il y a quelques années, dans une autre localité du bassin de la Dvle, localité dont il s'est réservé de faire ultérieurement connaître le nom (1). Il est donc probable que la peuplade quaternaire dont j'ai retrouvé les traces à Court-Saint-Étienne occupait plusieurs stations dans la vallée de la Dyle, s'étendant peut-être vers le nord-ouest jusqu'à Rhode-Saint-Genèse, et, en tout cas, maintenant des relations avec les populations du Hainaut qui lui four- nissaient ses silex. Ainsi se trouve de plus en plus justifiée l'opinion — émise il y a longtemps déjà par notre émi- nent confrère M. Éd. Dupont - - qu'à l'époque où les troglodytes quaternaires du bassin de la Meuse utilisaient les silex de la Champagne, nos plaines étaient habitées par des peuplades en rapport avec les populations de la Somme et des environs de Mesvin. Il est à observer que le point exact où ces haches ont été exhumées n'est pas à cent mètres de la première (l)Les haches de M. De Pauw, de même que les pièces deM. Cumont, ont figuré à l'exposition préhistorique organisée à Bruxelles, il y a six ans, par la Fédération archéologique et historique de Belgique. ^Compte rendu de la septième session delà Fédération. Bruxelles 1892, pi. IX et X.) ( 29d ) tombelle de la Qucniquc. Il y a donc là une nouvelle confirmation de la thèse que, à toutes les époques de la préhistoire comme de l'histoire, les populations qui se sont succédé ont habité de préférence les mêmes régions, se sont fixées à tour de rôle sur les mêmes points. On ne peut, du reste, s'en étonner, quand on voit les avantages naturels qu'offrait ce plateau. Dominant, en effet, de ses escarpements le cirque naguère marécageux où coule l'Orne, il vient aboutir au point où la crête commence à s'abaisser sur la vallée de la Thyle, près de la naissance d'un vallon latéral qui descend en pente douce dans la large vallée de la Dyle, alors qu'en arrière le terrain s'incline d'une façon presque insensible vers un petit atïïuent de la Dyle, le Ry Angon. (Voir la carte ci-jointe.) En résumé, nous trouvons à la Quenique : 1° Des traces d'une industrie paléolithique; 2° Les vestiges d'une importante station néolithique; 3° Un cimetière à incinération appartenant au premier âge du fer. Pour continuer la série, du moins en ce qui concerne le territoire de la commune, dans un rayon de moins de "2 kilomètres, on peut encore mentionner : 4° Des traces d'occupation romaine. On a trouvé, en effet, il y a une cinquantaine d'années, au bois de Mori- mont, près du Ry Angon, les débris d'une antique con- struction où la tradition veut qu'on ait recueilli des lampes et même des monnaies romaines. Des fragments de tuiles romaines s'y rencontrent encore aujourd'hui. Enfin, sur la rive droite du Ry Angon, au sommet de la colline qui forme la limite entre les communes de Court, ( 290 ) de Céroux-Mousty et d'Ottignies, MM. Thibaut et Cordier ont trouvé, il y a sept ans, avec les restes d'une petite station néolithique, une monnaie d'Hadrien ainsi que des urnes et des vases gallo-romains dont l'un portait le nom du potier (1); 5° Le souvenir d'établissements francs, qui s'est maintenu dans le nom même du Ry Ângon, ainsi que dans celui, plus significatif encore, du hameau de Fran- quegnies; 6° En face de la Quenique, au confluent de l'Orne et du Glory, sur une butte naturelle, une enceinte retran- chée qui doit être antérieure à l'époque où le village entre dans l'histoire, vers le XIe siècle de notre ère (2). Des constatations analogues ont déjà eu lieu sur d'au- tres points du pays. Tout permet de présumer qu'elles ne s'arrêteront pas là. Où ont séjourné les conquérants de notre sol, à l'origine de l'histoire, ont campé avant eux les peuplades des âges du métal; celles-ci n'ont fait que succéder aux hommes de la pierre polie, et c'est là où se sont accumulées les traces de l'industrie néolithique qu'il y a le plus de chances de trouver les vestiges de ses devan- cières, aussi bien sur les plateaux du Brabant que dans les vallées du Hainaut, les grottes de la Meuse et les plaines du Limbourg. (1) Bulletins de la Société d'anthropologie de Bruxelles, t. X, Bruxelles, 1891-1892, pp. 184-186. (2) Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles, t. IV, Bruxelles. 1891, t. V, p. 54 et pi. II»». CARTE ARCHÉOLOGIQUE DE COURT-ST-ÉTIENNE ~-"^ J/T { VN ^~ry Fcanqixënel La Motte .A AN t]«l//il« AN^B UN AN „< AN an AN / Château. 4" Court ~S MEtienne > n No/rhàt* Siizcril ■ê iSart-Messj're — iTiuUaume ?.f- \;y»'"-- Le Chenoy InstiM mrtvtjTftpkimie militain -J K ■ . Mai iiï()-. Echelle do + o ooo ( 297 ) Carte archéologique de Court-Saint-Étienne. LÉGENDE. X^X Station. A Découverte d'objets réunis. A Découverte d'objets isoles. r> Tumulus. ..*.♦/ Cimetière à incinération. \_ï^ Sépulture isolée Q Oppidum. (Les sept signes ci-dessus sont empruntés à la nomen- clature proposée par M. E. Delvaux dans son Essai d'un*' carte préhistorique de la Belgique, Feuille de Flobecq, dans le tome VIII des Annales de la Société belge d'anthro- pologie. Bruxelles, 1888.) P. Paléolithique. N. Néolithique. F1. Premier âge du 1er. R. Romain ou gallo-romain. S ( 298 ) Silex travaillés de Court Saint É tienne EXPLICATION DES PLANCHES. (Figures de grandeur naturelle.) PLANCHE I. ÉPOQUE NÉOLITHIQUE. Fig. 1. — Hachette polie en psammite. Fig. 2. — Ciseau ou lissoir poli en silex du gisement de Wansin. Fig. 3. — Hachette taillée, polie sur l'extrémité en biseau, adoucie sur la crête et retaillée sur les côtés, en silex de Spiennes. Fig. 4. — Couteau, qui a pu servir de racloir et de poinçon, en silex gris. Fig. 5. — Pointe de flèche en phtanite. PLANCHE 11. ÉPOQUE PALÉOLITHIQUE. Fig. 1. — Grattoir, montrant le bulbe de percussion, eu grès siliceux. Fig. 2. — Moitié inférieure d'une hache, l'orme d'amande, en grès siliceux. PLANCHE III. ÉPOQUE PALÉOLITHIQUE. Fig. 1. — Hache, forme d'amande, en silex. Fig. 2. — Coupe de la même, passant par les points a, b, c de la figure 1. La lettre b marque un point qui a été martelé pour enlever les saillies. PLANCHE IV. ÉPOQUE PALÉOLITHIQUE. Fig. 1. — Hachette, forme d'amande, eflilée a son extrémité, en silex de Spiennes (?). Fig. 2. — Coupe de la même, passant par les lettres a, b c. Fig. 3. — Hachette, forme d'amande, en silex de Spiennes ? . . . t. XXXIII, FlG. 2. Fig. 3. FiG. 5. Fig. 4. Phctotypie E. Castelein. Bruxelles. .y. d» lActtd. roy r., t. XXXIII, n« i, p. 2S6. 1897. Pl. 11. Fig. 2. ' **,. r ^ Fig. 1. Phototypie E. Casteleiu. Bruxelles. Iles. 3« scr., t. XXXIII, Pl. III. FlG. 1. Phototypic E. Castelein. Bruxelles. : a, Bull, d* VAcad 3. s() cette latitude corrigée du terme non périodique de la nutation diurne. Soit o la moyenne des ç(), r désignant le résidu obtenu par M. Tucker, w la correc- tion de la latitude moyenne qu'il a adoptée, on aura Ao = 0 — heures 7 —10 11 15 1" 12 ■+- 11 2" 9 5" 6 — 5 5" 14 — 1 6" 7 7" 1 — 17 9" 50 ■+■ 14 10" 19 111' 9 — 1 15" — 1 — 2 14" 2 I5L — 5 -+- 4 17" — 12 ■+■ 2 18" — 12 19" — 12 -4- 4 21 ii — IG — 2 21" — 10 -25" — 17 — 9 15" 21" —15 — 1 Dans ce tableau, les r sont les différences entre la ( 502 ) latitude moyenne adoptée et la latitude déduite des étoiles observées : 1° entre 0 et 2 heures, 2 et 4 heures, etc.; 2° entre 0 et 4 heures, etc. ; 5° entre 0 et 6 heures, etc.; les r' sont les résidus obtenus par la substitution à x, »/, a- des valeurs trouvées pour ces inconnues. Ces valeurs, résultant des vingt-deux équations de condition (1) formées au moyen du tableau précédent, en attribuant les poids respectifs 1,4 et 1,7 aux résidus de la deuxième et de la troisième colonne, sont a = —0,051, 7/ = -+- 0,166, w = 0,914. On en déduit, au moyen des équations (2), ]glg2L = 9,4884,,, 2h = 22h,8, L = ll",4, longitude orientale du premier méridien par rapport à Lick Observatorv, ou ô heures par rapport à Greenwich; puis v = 0",lo0, coefficient de la nutation diurne. Or les déterminations que nous avons faites des constantes de la nutation diurne, au moyen des observations de Struve en ascension droite et de Gyldén en déclinaison, ont donné toutes deux L = Sh 25"' E. de Greenwich, v = 0",067 ['). Eu égard au très petit nombre d'équations employées, on doit reconnaître que la longitude du premier méridien (*) Révision des constantes de l'astronomie stellaire, 189G. ( 50.1 ) est déterminée, par les observations de la latitude de Lick Observatory, d'une manière fort satisfaisante; quanl au coefficient de la nutation diurne, il va , au nombre de 200, et par Gyldén, en déclinaison, de 1805 à 1870, au nombre de Ô12. nous en avons déduit, pour les constantes de la nutation diurne : v ■= 0",070 ± 0,001 9, L = 1 1 " 9m ± 7"1 E. de Poulkova ; et 0",0G2 ± 0,0024, L = 1 2h 5 1 "' ± 8'" dont la combinaison a donné v = 0",067 ± 0,001 5, L = 1 Si" 16m db 5™ f) = 2,,25m E. de Greenwich. t*j Revision des constantes de l'astronomie stelluire, 1896. ( 304 ) La comparaison des catalogues de Bruxelles et de Washington, fondés sur un système de réduction uni- forme, a donné y = 0",071, L = 12h54m. Je suis parvenu à réduire très considérablement les différences systématiques constatées par Downing entre les catalogues de Greenwich, de Melbourne et du Cap, en prenant v = o",075, L = ll"5m. Les variations systématiques constatées par Gould dans les déclinaisons qu'il a observées à Cordoba pendant sept ans, sont représentées empiriquement par sa formule Ac?=0",075sin(l8h -4- a). Le terme de notre formule précédente (1) est absolu- ment de la même forme, et sa comparaison avec le terme empirique de Gould donne v = 0",0G5, L = 01' 5m, valeur trop faible de l''5m environ (*). Nous venons de trouver enfin, par les différences systématiques de Lick Observatory, v = 0",l5, L = 5,l0ra. (*) Notices extraites de Y Annuaire de l'Observatoire pour 1897. ( 305 ) Les écarts entre les dernières valeurs de L et la véri- table proviennent de la non-élimination de la nutation eulérienne. Il en est de même des valeurs tirées des observations de la polarissime de Fabritius à des inter- valles de quelques heures seulement, au nombre de onze, dont chacune a donné individuellement des valeurs com- prises toutes entre 0",05 et 0",15 pour y, entre ovules progresse, ces granules se répandent dans le (316) vitellus sans que la couche périphérique semble perdre de son importance, ce qui doit faire supposer qu'une genèse de granules a lieu à ce niveau. Comme le prou- vent le rôle et le siège qu'ils occupent dans les ovules à sphères vitellines en voie d'évolution, les granules adi- peux répandus dans le vitellus sont bien les homologues, au point de vue fonctionnel, de ceux qui, chez Pholcus, proviennent de la métamorphose des grains safran ino- pbiles issus eux-mêmes du morcellement du corps vitellin. Quatrième stade. - - Vacuolisalion progressive du vitellus à la nui le de la genèse des globules vilellins. Au troisième stade, qui semble être de courte durée, eu égard aux ovules peu nombreux qui le représentent, fait suite un stade surtout caractérisé par l'apparition des sphères vitellines et par la vacuolisation grossière du vitellus, conséquence de cette apparition. Les œufs de ce quatrième stade, contrairement à ceux du précédent, sont nombreux. En se basant notamment sur la manière d'être de la vésicule germinative, on peut les ranger en deux catégories; bien entendu, il n'existe pas, entre ces deux catégories, de démarcation tranchée : elles sont reliées par des formes intermédiaires. Première cale'gorie. — La vésicule germinative a perdu, au moins partiellement, sa paroi propre; l'irrégularité de son contour, conséquence de mouvements amœboïdes. est encore peu prononcée; son contenu n'a pas éprouvé, en apparence du moins, de modifications notables. Du côté du vitellus, la principale modification résulte de l'apparition des vacuoles avec les sphères vitellines y ( 317 ) renfermées. Celles-ci sont homogènes, hyalines; elles tranchent, par leur ton pâle, faiblement jaunâtre, sur le fond rosé de la masse du vitellus; leur surface est lisse, .1 contour toujours arrondi; leur forme est sphérique, ellipsoïde ou ovoïde; leurs dimensions varient, parfois dans d'assez, larges limites. Dans certains ovules, les vacuoles et leur contenu arrivent jusque près de la vési- cule germinativ.e ; mais c'est là une exception à la règle; en eifet, dans presque tous, une zone libre de vacuoles s'observe tout autour de la vésicule germinative. A cet endroit, le vitellus, plus fortement coloré par la safra- nine, affecte encore parfois la disposition radiaire dont il a été question. La distribution des granules adipeux, à l'intérieur du vitellus, varie : tantôt ils sont répartis assez uniformé- ment dans toute la masse vitelline, en laissant plus ou inoins libre la zone périvésiculaire susdite; tantôt on les trouve accumulés en plus grand nombre en certains endroits du vitellus, mais partout ils occupent les inter- valles des vacuoles où sont logées les sphères vitellines. il en résulte que le cytoplasme ovulaire renferme deux espèces de vacuoles : les unes, plus volumineuses, rem- plies par les sphères vitellines; les autres, plus petites, situées dans les travées qui séparent les premières, et renfermant les granules adipeux. On peut dire que l'apparition des granules adipeux est le signal de celle des grosses vacuoles vitellines et de leur contenu. Grâce à l'appoint fourni par les éléments adipeux, le cytoplasme, devenu plus actif, sécrète ou éla- bore les matériaux qui donnent lieu à la vacuolisation grossière du vitellus. Or, comme les granules adipeux pro- viennent en définitive du corps vilellin, il est permis d'en ( 318 ) conclure que ce dernier intervient, du moins indirectement, dans la formation du vitellus nutritif. Deuxième catégorie. Dans les ovules de la seconde catégorie, les modifications dont la vésicule germinative est le siège sont des plus remarquables. Elles intéressent sa délimitation, sa tonne et sa constitution. De la paroi nucléaire safraninophile, partiellement effa- cée dans les ovules de la première catégorie, il ne reste bientôt plus de trace. Nous avons interprété les irrégularités du contour nucléaire visibles jusqu'alors comme étant l'expression de mouvements aniœboïdes du noyau. La forme actuelle de ce contour ne laisse plus le moindre doute à cet égard. Ce contour doit manifestement son irrégularité à la pré- sence d'expansions pseudopodiques nombreuses et parfois très développées. Leur forme varie : dans certains cas, elles sont épaisses et obtuses, méritant alors le nom de lobopodes; mais le plus souvent elles sont allongées, diminuant de plus en plus d'épaisseur à mesure qu'elles s'éloignent du noyau, jusqu'à devenir filiformes; en nu mot, elles se présentent avec les caractères de pseudo- podes en aiguilles; il n'est pas rare non plus de voir un pseudopode massif en émettre d'autres plus déliés. Les expansions parlent en général de tout le pourtour nuclé- aire, mais il est rare qu'elles atteignent, sur tout ce pour- tour, un égal développement. 11 est fréquent de rencon- trer un faisceau de longs pseudopodes limité à une certaine région, alors que, sur le reste du pourtour, les expansions sont [dus rares et moins développées. Comme j'ai pu m'en assurer, cette direction et ce développement prédominants de certains pseudopodes correspondent ( 319 ) généralement à un endroit du viteïlus où se trouve un plus gros amas de granules adipeux. Le contenu nucléaire a subi d'importantes transforma- tions. Le réticulum safraninophile ne tarde pas à disparaître complètement, pour faire place à nue masse assez com- pacte, jaunâtre ou jaune-bistre, pins ou moins granuleuse, à vacuoles plus ou moins nombreuses. La tache germina- tive ;i conservé, en grande partie, son caractère antérieur; mais fréquemment le contour net, safraninophile, qui la délimitait, a disparu en tout ou en partie, et l'on remarque parfois une solution de continuité au niveau de laquelle le contenu de la tache s'épanche dans le reste du contenu nucléaire (1). Dans beaucoup d'ovules, la zone périnucléaire dépour- vue de vacuoles est bien apparente; elle tranche, par son ton rosé et son aspect granuleux, sur la substance nu- cléaire plus opaque, jaunâtre ou jaune-bistre; plus rien n'y trahit la disposition radiaire du viteïlus. Quand existe la zone, c'est dans sa substance que pénètrent les pro- longements amœboïdes du noyau ; en son absence, ceux-ci plongent directement dans les travées cytoplas- miques délimitant les vacuoles. Comparées à celles de la vésicule germinative, les modi- fications éprouvées par le viteïlus sont beaucoup moins importantes et, en tout cas, moins appréciables. Les vacuoles, dont la forme est conservée, sont devenues plus volumineuses, ce qui fait que les travées qui les séparent sont plus étroites. Le viteïlus est délimité maintenant (1) Cette sorte d'évacuation ne doit pas être confondue avec la rup- ture de vacuoles nucléolaires, laquelle peut s'observer à tous les stades. ( 320 ) par une zone périphérique à vacuoles plus petites que celles situées plus profondément; parmi les éléments contenus dans ces vacuoles, il en est qui se distinguent des sphères vitellines par la couleur rouge plus ou moins accentuée que leur communique la saframne. La quantité et la distribution das granules adipeux varient notablement d'après les ovules et, dans le même ovule, aux diverses profondeurs du vitellus. Dans certains ovules, sans doute les plus avancés en développement, ils sont rares ou même ont disparu complètement ; dans d'autres, ils sont plus nombreux, et généralement alors on les trouve surtout amassés dans le voisinage de la vésicule germinative; ailleurs, nombreux et uniformé- ment distribués, ils délimitent le contour nucléaire et irradient, à partir de ce point, dans les travées séparant les vacuoles; ailleurs encore, les granules adipeux forment des amas tellement considérables qu'on se met à douter si tous ont bien pour origine les granules safranino- philes issus du morcellement du corps vitellin. Quoi qu'il en soit, dans l'oocyle de Pholcus phatan- giohles, le protoleucyte ou deutoplasme consiste, à une certaine phase de l'évolution de l'œuf : a) en les gra- nules adipeux, et b) en les sphères vitellines. Toutefois, on peut considérer les premiers comme n'ayant qu'une existence transitoire, leur mission étant de fournir des matériaux nutritifs au cytoplasme et de le rendre ainsi plus apte à sécréter les secondes; les sphères vitellines représentent, par conséquent, le vrai vitellus nutritif; elles ne diffèrent entre elles que par leurs dimensions, et, si l'on tient compte des caractères de certaines sphères périphériques, jusqu'à un certain point, par leur compo- sition chimique. ( 321 ) il résulte aussi de ce qui précède que le fait surtout caractéristique du quatrième stade de l'oocyte en voie iU maturation consiste en une relation plus intime et en une augmentation de la surface de contact entre le ci/toplasmt d la substance de la vésicule germinative. D'où vienl l'impul- sion première? Est-ce du noyau dont l'action sur le cyto- plasme ambiant sciait comparable, comme le veut kor- schelt, à celle d'un ferment ; ou bien est-ce du cytoplasme qui, ayant éprouve une modification dans sa composition chimique, exerce une action attractive sur la substance nucléaire? Dans ce cas, nous serions eu présence d'un phénomène de chiniiotropisme positif, .le me bâte d'ajouter que je pose ces questions sans les résoudre. \u surplus, ce n'est pas sur des objets lixés. comme ceux qui ont servi à la confection de mon travail, qu'elles peuvent trouver une solution, .le compte d'ailleurs entrer dans plus de détails à ce sujet dans le mémoire in extenso. Détermination de la partie du spectre qui développe la plus grande proportion d 'infra-électricité; par P. De Heen, membre de l'Académie. Dans notre précédente note relative à la photographie de l'atmosphère solaire, nous avons montré que la partie du spectre de l'arc électrique qui présente le plus fort pouvoir décodant se trouve dans la portion la plus réfran- gible. Il ('tait dès lors important de vérifier directement si ce sont ces mêmes radiations qui accentuent le voile. 5,ne SKRIK, TOME XXXIII. 22 ( 322 ) lorsque la plaque sensible voilée est recouverte par une feuille métallique, une feuille d'étain par exemple. Si l'on projette simplement le spectre sur une bande d'étain recouvrant la plaque sensible voilée, on trouve, après une pose de cinq heures environ, que la plaque s'est considérablement noircie derrière la bande; mais l'éner- gie s'étant répandue d'une manière à peu près uniforme sur toute l'étendue de celle-ci, on ne trouve pas de diffé- rence de ton appréciable. Afin de faire l'expérience d'une manière décisive, on dégarnit complètement la plaque photographique de sa couche sen- sible, excepté en a et en b. Ces parties étant séparées par un canal dénudé, chacune d'elles est recouverte par une feuille d'étain de même dimension. Cela étant, nous avons projeté sur la feuille a le rouge et le vert du spectre, et sur la feuille b le bleu et le violet. Enfin, un morceau de la plaque voilée avait été conservé comme point de comparaison. Après une pose de cinq heures, nous avons remarqué que la partie a, qui correspond au rouge et au vert, avait gardé sensiblement la teinte primitive de l'échantillon conservé, tandis que la portion b, correspondant au bleu et au violet, s'était considérablement renforcée. Ce sont donc les mêmes radiations les plus réfran- gibles qui possèdent le pouvoir dévoilant ou le pouvoir voilant le plus actif, suivant que l'on expose la surface sensible découverte ou recouverte d'une feuille métal- lique. ( 323 ) C'est du reste la vérification du résultat que nous avions obtenu précédemment. En opérant simultanément à l'aide de châssis munis de verres bleu, vert et rouge, nous avons remarqué que les verres rouge et bleu fournis- saient respectivement les clichés les moins et les plus vigoureux. Description du glycol isobutylique mononitre : CHs.OH ISO* — C — CH5 I CH'.OH; par G. Cesàro, correspondant de l'Académie. Ce corps a été obtenu par notre savant confrère M. Henry, en faisant agir deux molécules d'aldéhyde fbrmique sur une molécule de nitro-éthane (*). J'ai examiné deux lots de cristaux : les uns, jaunâtres, très volumineux, ont quelquefois plus de 15 millimètres de longueur; les autres, plus petits, sont parfaitement incolores. Les uns comme les autres possèdent un clivage 1res net suivant un plan de symétrie; ils rayent fortement le gypse, mais sont rayés par le spath. a) Les grands cristaux, représentés par la ligure 1, ont la forme générale d'un clinorhomboctaèdre. Cependant, l'angle e, sensiblement droit, montre que l'on pourrait (*) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3me série, t. XXX, n° 7, |>|>. 28 et 29, 1895. ( 524 ) Fie. 1. ( 325 ) bien avoir affaire à des cristaux orthorhombiqnes : prismes primitifs modifiés sur leurs arêtes basiques, modifications dont quatre faces seulement seraient développées; ajoutons que dans plusieurs cristaux, deux petites facettes, cou- pant m suivant des horizontales, modifient chaque angle i et viennent compléter le rhomboctaèdre //'*. Enfin, une lame produite par le clivage tut parait s'éteindre, entre les niçois croisés, nettement suivant l'axe z, ce qui ajoute encore à la probabilité de la symé- trie orthorhombique. Les faces des grands cristaux sont ternes et irrégu- lières; on n'a pu obtenir que des mesures approximatives, dont on s'est servi pour identifier ces cristaux avec ceux qui vont suivre. On a mesuré : mmsurx = 81°, »m(Ï10j//'*(M 1) = 34°, b'ub''- sur z = 67 a. b) Les petits cristaux ont donné lieu à des mesures plus exactes, mais cependant pas assez exactes pour que l'on puisse décider si ces cristaux doivent être considérés comme géométriquement orthorhombiques, ou bien comme provenant d'un prisme clinorhombique à base presque horizontale. Empressons-nous de dire que ce point a peu d'importance : comme nous le verrons plus loin, la présence d'un clivage, seul de son espèce, normal au plan de symétrie et oblique sur la verticale, met hors de doute la symétrie clinorhombique de ces cristaux, au point de vue physique. Le point douteux est donc purement géométrique; il se réduit à savoir si la base du prisme clinorhombique primitif est inclinée à 88° ou à i)0° sur la verticale. Les petits cristaux dont il s'agit sont représentés par ( 326 ) la figure 2; la pyramide sensiblement orthorhom bique \ Fig. 2. est développée à une extrémité de l'axe vertical. Les facettes qui se rencontraient quelquefois comme modifi- cation des angles i des grands cristaux (fig. 1), sont ici nettement développées; c'est à elles que nous assignons la notation d"2 = 111; comme les faces d"' sont plus nettes que les faces b"*, nous partons des incidences rela- tives aux premières pour le calcul des dimensions du prisme primitif. On a mesuré : mm = (HO) (1 10) = 80» 41' (5, Î5, 4, 1 4, 8, 5), mil '» = (1 10) (111) = 33° 52' (5, 6, 2, 9, ÏÔ), d¥' = (1H)(1Ï1)«= 63° 52' (2, 1,1). ( 327 ) En partant de ces trois angles, on obtient d'abord : o'/i' = 41» 2' 0",7, puis: (3 «= 88° 12'45",2, log a =7,9288501, loge — 7,9774291, a :b:c = 0,8489: 1 : 0,9494. Si Ton supposait la base du prisme horizontale, c'est- à-dire (3 = 90°, en partant des deux premiers angles cités ci-dessus, on obtiendrait pour le troisième : tr«S = 88°i3' /3 = 90° Mesurés (H0)(IÏ0) "80° 41' "80° 41' 80° 41' (110) (H 1) *55°52' *53°52' 53° 52' (111) (iTl) '65° 52' 65° 2' 05° 52' (Ï*H)(ÏH) 65° 27' 05° 2' Gi° 49' appr. (Ul)(Tll) 78° 4' 78° 52' 78° 50' (H0)(Tiï) 98° 22' 97° 44' 98M' (Tl I) (TlT) 08' 54' G7°44' 09e 25' Les laces opposées à d"* par rapport au centre, faces qui dans le groupe holoédrique devraient leur être iden- tiques, sont toujours différentes des premières. Quelque- ( 328 ) fois ce sont des faces dm différentes de dx>i\ ainsi dans le cristal représenté par la figure 3, tandis que l'arête d"*d' * l'ic. 3. fail avec la verticale un angle d'environ il0, l'arête opposée fait avec la même direction un angle de 52° et correspond à l'intersection de deux faces cP\ forme pour laquelle l'angle dont il s'agit est de 52° 9' (*). En général, les faces opposées à d1'* sont très irrégu- (') En supposant p = 88° 13', nous faisons la même hypothèse dans ce qui suit. ( 529 ) lières et paraissent dues à l'alternance de différentes formes : dans le cristal représenté par la figure "1, on a pu déterminer la lacet/'* inférieure par les angles de 09° 23' et 1)8° 1' qu'elle fait respectivement avec b"* =111 et r»= 110; d'autres facettes en zone avec 110 et ïlï donnaient des images correspondant aux anglesa=»18°21 et 21° 15' avec 44 f. Ces facettes sont de la forme h . k h -+- k la première correspond à la seconde à Les formes et h -=2,5156, h - = 3,0812. 10.4.7 — rf,;« *(("•/»"' 3l2 = o. correspondent assez bien avec x = 18° 11' et 20°54'. Rarement les faces dont nous nous occupons sont mesurables : elles forment d'ordinaire une surface cylin- drique cannelée, à génératrices parallèles à l'arête d'inter- section avec m = 1 10. Clivages. — Nous avons déjà dit qu'il existe dans ces cristaux un clivage très net, parallèle au plan de symé- trie g1. { 350 ) Un second clivage, peu net et cireux, normal au pre- mier, se produit lorsqu'on exerce une pression sur une lame g1 (*). La trace de ce clivage (fig. 5) fait un angle œ d'environ 19° avec la verticale; il correspond à la notation o1 » = 502, avec ? = 19° 28' (**). Le même clivage se produit plus ou moins parfaite- ment lorsqu'on chauffe les cristaux au-dessus de 60°. Conclusion. - - Le clivage o*'% qui ne se répète pas symétriquement par rapport à la verticale, montre que le plan de symétrie vertical normal à g1, plan qui parait exister d'après les angles obtenus dans certaines parties du cristal, n'existe pas en réalité. Les cristaux de glycol isobutylique mononitré ne possèdent donc qu'un seul élément de régularité : un plan de symétrie suivant lequel existe un clivage facile. Leur symbole est P, c'est-à-dire qu'ils doivent être classés dans le groupe anti- hémiédrique du système clinorhombique ; le prisme primitif dont ils dérivent est géométriquement très voisin d'un prisme orthorhombique. Propriétés optiques. — Si l'on examine une lame de clivage g1 air microscope, on voit que l'une des directions (*) Par exemple, en abaissant le corps du microscope jusqu'à ce que l'objectif presse la lame cristalline sur le porte-objet. (**) Les notations o£ et oi donnent respectivement tp=23°47' et «p = 16°27\ ( 331 ) d'extinction z (ûg. 3) esl dirigée suivant la verticale; cette direction est positive. Une lame de clivage o*'5 montre une très belle figure d'interférence en lumière conver- gente : une bissectrice négative peu inclinée sur la normale à la lame, à axes très rapprochés; elle montre aussi que le plan des axes optiques coïncide avec g1. L'orientation optique peut donc se résumer ainsi : p . A . 0 = (/, Biss. < 0 normale à /i', 2E = 35°. L'indice moyen d'une lame g1, déterminé approxima- tivement, par la méthode du duc de Chaulnes, a été trouvé de 1 ,48. La biréfringence, c'est-à-dire la différence entre les indices extrêmes, exprimée en millièmes, est n9 — "p = H- Les lames normales à la bissectrice aiguë présentent une particularité remarquable lorsqu'on les observe en lumière blanche parallèle : dans les positions où l'extinc- tion devrait se produire, la lame, au lieu de s'éteindre, prend une teinte bleue violacée; la même teinte est obtenue lorsqu'on essaye de compenser la lame, placée à 45°, par un biseau de quartz croisé. Ce fait paraîtrait indiquer un genre de dispersion incompatible avec la symétrie clinorhombique; en effet, dans ce système, le plan de symétrie g[ est un plan diamétral principal des ellipsoïdes de toutes les couleurs; donc toute section normale à ce plan doit s'éteindre rigoureusement suivant la trace du plan de symétrie. ( 332 ) quelle que soit la couleur et par conséquent aussi en lumière blanche. Mais ce phénomène n'est pas dû à une dispersion des axes d'élasticité : une lame normale à la bissectrice aiguë se présente en lumière blanche convergente sans aucun genre de dispersion des bissectrices ; la figure d'interférence possède nettement deux plans de symétrie rectangulaires, dont l'un dirigé suivant y1 ; c'est-à-dire que, au point de vue optique, non seulement le corps possède la symétrie clinorhombique, mais aussi celle d'un corps orthorhom- bique (*). La teinte violacée dont nous nous occupons est exces- sivement basse, car elle ne paraît pas influencer une hune teinte sensible; le phénomène en question, ana- logue à celui qui est présenté par certaines chlorites, est probablement un phénomène d'absorption. La figure d'interférence présentée en lumière blanche convergente par une lame normale à la bissectrice accuse une dispersion notable des axes optiques (p > u) ; les branches hyperboliques, dans le voisinage de la trace du plan des axes optiques, sont fortement colorées en bleu dans leur partie concave, en rouge dans leur partie convexe. Action de la chaleur. — En chauflant un cristal sur une lame de verre, à 140°, il fond en un liquide transparent; si ensuite on laisse refroidir lentement, on constate au microscope, entre les niçois croisés, que la masse solidifiée est amorphe et quelle reste amorphe jusqu'à ce que la tempé- (') Comme le sphène. ( 535 ) rature soit descendue à endroit 57°; à ce moment, elle cristal- lise brusquement, et le champ du microscope, qui était obscur, s'éclaire subitement. Si l'on chauffe de nouveau la substance modérément, au-dessus de 57° elle redevienl amorphe, pour redevenir cristalline par le refroidisse- ment, et ainsi de suite. Je me suis demandé si ce phénomène nécessitait la fusion préalable de la substance, ou bien si le glycol que nous examinons jouissait de la singulière propriété de ne pouvoir présenter l'état cristallin qu'au-dessous de 57°: à cet effet, j'ai chauffé vers 70° une lame de clivage g1; j'ai constaté qu'effectivement elle devenait amorphe, tout en conservant sa forme extérieure, pour redevenir cristalline lorsque la température descendait à 57°. Seulement, le bouleversement produit par ces transformations fait que le cristal ne s'éteint plus régulièrement, tout en devenant lumineux entre les niçois croisés. Pour la même raison, une lame perpendiculaire à la bissectrice, placée dans les mêmes conditions, tout en redevenant cristalline à 57°, ne présente plus de figure d'interférence en lumière con- vergente. D'un caractère différentiel entre leucoblastes et érythroblastes. — Observations cytologiques ; par M. le professeur A. Trambusti, de l'Université de Ferrare. S'il est possible, pour un œil très exercé dans les recherches hématologiques, de différencier les foi uns jeunes des globules rouges des formes jeunes des globules blancs, il est souvent très difficile (et Flemming estime même qu'il est presque impossible), dans l'étude ( 334 ) des organes hématopoiétiques, d'établir la diagnose de l'une ou de l'autre espèce cellulaire, si, au lieu d'avoir sous les yeux des éléments à l'état de repos, ceux-ci se présentent en voie de division karyokinétique. Les difficultés inhérentes à ce genre d'observations nous expliquent les différences d'opinions des auteurs relativement à la genèse des globules blancs et des glo- bules rouges, au point que beaucoup soutiennent encore l'origine leucoblastique des globules rouges. Quelques-uns de ceux qui se sont occupés de cette question ont essayé d'établir des caractères différentiels entre les leucoblastes et les érythroblastes. Ainsi, Lôwit attribuerait une certaine importance au type de division que l'on rencontrerait dans les deux formes cellulaires : suivant lui, les leucoblastes se diviseraient d'après un mode spécial de mitose qu'il appelle divisio indirecta per (jranula, plus simple que la mitose ordinaire et différente de la divisio indirecta per fila, qui serait propre aux érythroblastes. Denys, au contraire, établit sa diagnose d'après le siège occupé par les deux formes cellulaires : ainsi, tandis que les cellules en division que l'on ren- contre dans le parenchyme médullaire appartiendraient à des leucoblastes, celles qui se trouvent dans les capil- laires veineux devraient être considérées comme appar- tenant à des érythroblastes. Bizzozero reconnait les érythroblastes, même à l'état de division, à leur contenu en hémoglobine, qui manque dans les leucoblastes, et à l'aspect granuleux que présente le protoplasme de ceux-ci. Van der Stricht insiste plus spécialement sur ce der- nier caractère, sur lequel il appelle plusieurs fois l'atten- tion dans ses travaux. ( 335 ) Parmi les caractères différentiels que je viens d'énu- mérer, les plus importants sont ceux de sou travail Sur la structure de la moelle des os chez les oiseaux, en parlant des scissions indirectes des leucocytes, Bizzozero s'exprime ainsi : <( il n'est pas possible de penser que ces mitoses appar- » tiennent à des éléments cellulaires autres que les leu- » cocytes, puisque, [tendant le processus de scission, » leur protoplasme se modifie beaucoup moins que dans » d'autres formes cellulaires, de sorte que, soit par le » manque de couleur, soit parce qu'il est grossièrement » granuleux, il ressemble beaucoup au protoplasme » des leucocytes circonvoisins qui se trouvent en état de » repos. » (l'est d'après l'ensemble de ces caractères que Bizzo- zero a pu établir le principe que « la production des » globules rouges, chez tous les vertébrés, a lieu par » multiplication karyokinétique d'une forme cellulaire » typique, constituée par un noyau sphérique revêtu o dune mince couche de protoplasme contenant de l'hé- » moglobine ». Le caractère de granulosité du protoplasme des leuco- ( 537 ) blastes, sur lequel Bizzozero avait déjà attiré l'attention, csi considéré par Van der Stricht comme le caractère différentiel le plus important qui distingue les leuco- blastes des érythroblastes. Plusieurs Ibis, dans son ample monographie Sur la genèse des globules rouges et des globules blancs du sang, il s'arrête sur ce caractère et il en démontre toute l'importance au point de vue de la diagnose des formes cellulaires. Ainsi cet auteur a pu, lui aussi, on s'appuyant spécia- lement sur ces données, établir que les globules blancs, des leur apparition, « présentent des caractères distinctifs ii tous les stades de leur évolution », parce que, même au stade de division indirecte, tandis que « les érythro- » blastes se reconnaissent à la présence d'une mince » bordure de protoplasme homogène, les leucoblastes » sont reconnaissantes à l'existence d'une zone proto- »» plasmatique plus large, analogue à celle qui caractérise » ces éléments au stade de repos » (globules blancs à protoplasme finement granuleux et globules blancs à gra- nulations éosinophiles.) Dans des préparations de moelle d'os de lapin que j'avais faites dans un autre but, en employant la méthode de coloration de Flemming, mais en colorant successive- ment avec une solution aqueuse d'induline, j'avais pu démontrer que les leucoblastes et les leucocytes adultes présentaient tous, à un degré plus ou moins grand, cette caractéristique, qu'ils contiennent, dans le cytoplasme, des granulations tantôt très petites, tantôt un peu plus 5me SÉRIE, TOME XXXIII. --"> ( 338 ) grosses, eolorables avec l'induline, et que ces granula- tions persistaient chez les leucoblastes en mitose, tandis que, dans le cytoplasme des érythroblastes en repos ou en voie de scission indirecte, on ne rencontrait jamais aucune granulation. Le fait que j'avais mentionné incidemment, dans mon travail Sur la moelle des os dans la diphtérie, était très intéressant, car bien que Bizzozero et Van (1er Strichl eussent parlé d'état granuleux du cytoplasme des leuco- cytes en repos ou en divison, c'était la première t'ois que l'on démontrait, au moyen de la coloration, les granula- tions cytoplasmatiques de ces éléments cellulaires dans les premières phases de leur évolution et durant la division cellulaire. Et c'est précisément à cause de l'importance que peut avoir cette donnée pour l'étude des problèmes de l'hémato- poièse que je me proposai de revenir sur cette observation, en cherchant à établir, au moyen d'autres conditions expérimentales, si le fait était constant. dette l'ois, je me suis servi de la moelle d'os de lapins jeunes, saignés à plusieurs reprises, et qui était extraite douze à quatorze heures après la dernière saignée, moment regardé comme le plus propice pour trouver de nombreuses mitoses. Outre la méthode, mentionnée plus haut, de la double coloration avec la safranine et avec l'inuline, j'ai employé aussi la coloration avec la thionine et l'éosine, qui m'a donné également d'excellents résultats. La planche qui accompagne le travail a été dessinée d'après des préparations colorées suivant cette seconde méthode. ( 359 ) Le procédé de coloration est très simple. Les coupes des pièces fixées en Flemming se colorent pendanl vingt- quatre heures dans une solution à 1 ° 0 de thionine dans de l'eau d'aniline (eau, KM) narlies; huile d'aniline. îi. Les coupes fortement colorées se décolorent au moyen de l'alcool chlorhydrique; ensuite on les passe dans une solu- tion aqueuse, puis dans une solution alcoolique d'éosine, de celle-ci en xylol, après quoi l'on monte en baume. I>e même que les granulations, par la première mé- thode, prennent la couleur propre de l'induline, ainsi. par cette seconde méthode, elles prennent, au contraire, la couleur rouge de l'eosine (planche, le). Également dans les [(réparations de moelle de lapins saignés, tandis que le cytoplasme des érythroblastes, à quelque période de leur cycle évolutif que se soit, se montre clair et homogène (planche, er), celui des leuco- cytes et des leucoblastes, aussi bien dans le stade de repos que dans celui de division, présente constamment des granulations (planche, le). Os granulations sont tantôt très fines, tantôt un peu plus grosses; parfois elles répondent au type des granu- lations éosinophiles d'Ehrlich. Dans les moelles de lapins saignés, cependant, on ne les rencontre pas avec autant d'abondance que dans d'autres conditions physiologiques che/. ces animaux, et spécialement lorsqu'il \ a une grande stimulation de l'activité de sécrétion des cellules médullaires. J'ai, en effet, soutenu dans d'autres travaux et d'autres le soutiennent avec moi — que les leucocytes ont principalement une fonction sécrétoirc. Les observations de (iahrietchewskv, de Van (1er Stricht. de Neusser, de ( 340) Kantack, de Buchner, 1 i- qtie transmet une expédition de l'arrêté royal en date du ï2<) mars, qui décerne à M. Ch. Duyivier, correspondant de l'Académie, le prix quinquennal d'histoire nationale (période de 1891-1895), pour son ouvrage : /.'/ querelle îles d'Avesnes et des Dam/pierre. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages cites ci-après : 1° La Belgique sous l'Empire et ht défaite de )Va(erloo f 804-1815), tomes I et II; par Sylvain Balau; 2° Quelques noms et quelques faits à propos de la guerre des paysans 1 798-1799); par l'abbé Van Caenegem; 7>" Cartuluire de la commune d'Andenne, tome [er; par Léon Lahaye ; \ Institut colonial international. Publications, 2e série: Les fonctionnaires coloniaux, tomes I et II. — Remerciements. M. le Minisire de l'Industrie et du Travail (dire un exemplaire des ouvrages suivants : Travail du dimanche, vol. 1, II et V. Conseil supérieur du travail: 51' session, 1895^-1896, (Amiral du travail. — Remerciements. Hommages d'ouvrages : 1° Poésies. Théâtre de salon. Monologues et saqnètes ; par Paul Henrard, offert par M"" veuve Paul Henrard; ( 344 ) 2° j Le roi Louis-Philippe et le droit de grâce. \ Lecture faite à l'Académie française, dans la séance du 18 mars ISf/7: par le duc d'Aumale, associé de la Classe ; 5° Colonies françaises et colonies anglaises; par le mar- quis de Nadaillac, associé de la Classe; 4° a) Inscriptions de Delphes; b) Statue de bronze décou- verte à Delphes; par J. -Th. Homolle, associé de la Classe; 5° a) Sur l'administration de la justice en Suéde, en 1895; b) Sur l'état des prisons en Suéde, en 1895; par C. d'Oli- vecrona, associé de la Classe. — Remerciements. RAPPORTS. Notes pour servir à l'histoire de Charles-Quint; par Ernest Gossart. Hupporl de M. M*iot, preêniet' commissaire. « Le mémoire présenté à la Classe par M. Gossart et portant pour titre : Jotes pour servir à l'histoire de Charles-Quint, est divisé en cinq parties intitulées : 1° Relations des ambassadeurs vénitiens Pasqualigo et Corner sur Charles-Quint et les Pays-Bas (1515 à 1521); 2" L'apprentissage politique de Charles-Quint ; 5° Projets de cession des Pays-Bas; 4° Après l'abdication; o° Les testa- ments de Charles-Quint. Ces chapitres sont suivis de deux appendices : A. Le Grand Capitaine et la république de Venise, d'après la ( 345 ) correspondance de Corner; I». Avis donne à l'Empereur pour le bon gouvernement de ses royaumes ci i'.iais. Ces documents, dont les copies reposent aux Archives janvier 1556. L'attitude de Philippe et de ses courtisans espagnols ne fut rien moins qu'édifiante à ee moment : on trouvait l'Empe- reur bien lent à se dessaisir de l'Espagne et de Naples; Marie de Hongrie dut intervenir pour rappeler ces impa- ( 352 ) tiences au respect. On aurait voulu retenir à Bruxelles le monarque dépouillé de son pouvoir et lui faire porter le poids de la lutte qui allait s'engager avec la France. Il n'en fit rien; le 8 août 1556, Charles-Quint quittait défi- nitivement les Pays-Bas : la scène du départ fut émou- vante. De tous côtés se manifestaient de sombres pres- sentiments. La dernière note de M. Gossart se rapporte aux testa- ments et codicilles de Charles-Quint, au sujet desquels il s'est livré à de longues et minutieuses recherches; il en signale quinze, de 1522 à 1558, dont plusieurs inédits. Un certain nomhre de ces actes ont disparu : l'auteur s'est borné jusqu'ici à en établir le catalogue, qui pourra servir de point de départ à un travail ultérieur. Ces considérations m'amènent à la même conclusion que notre savant confrère, M. Piot. En accueillant avec sympathie les nouvelles études de M. Gossart, il me sera permis d'exprimer le vœu de lui voir continuer ses fruc- tueuses recherches sur l'histoire du XVIe siècle. Après les résultats dignes d'attention qu'il a obtenus, il faut garder l'espoir qu'il n'a pas renoncé entièrement au plan qu'il s'était tracé tout d'abord, et qu'il finira par coordonner en une œuvre d'ensemble les chapitres isolés qui vien- nent prendre place dans les recueils de l'Académie. » Ra/jfioi't tte .If. f*. frfeWc«jr, troisième con»»t»i*»aire. ce Les développements que les deux premiers commis- saires ont donnés à leurs rapports, me dispensent d'entrer dans le détail du nouveau mémoire soumis à la Classe des lettres par M. Ernest Gossart. ( 353 ) C'est un travail remarquable, contenant beaucoup de choses neuves; l'auteur a fait lui-même d'heureuses trou- vailles et les met en œuvre avec une grande sûreté d'in- formations. C'est pourquoi je n'hésite pas à me rallier aux conclu- sions de mes deux honorables confrères et j'ai l'honneur de proposer avec eu\ l'impression du manuscrit de M. Gossart dans les Mémoires in-8" de l'Académie. » - Adopté. JUGEMENT DES CONCOURS. Conformément à l'article 38 du règlement, il est donné lecture des rapports sur les mémoires présentés aux con- cours de cette année. Le prononcé du jugement aura lieu dans la prochaine séance, lixée au 10 mai. COMITÉ SECRET La Classe se constitue en comité secret pour discuter les titres des candidats aux places vacantes et pour l'adop- tion de candidatures nouvelles. ■ — ^JifrÇ-g^gHSX SÉRIE, TOME XXXIII. ( 354- ) CREASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 1er avril 1897. M. Ch. Tardieu, vice -directeur, occupe le fauteuil. M. le chevalier Edmond Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Th. Vinçotte, directeur; Éd. Fétis, F. -A. Gevaert, Ad. Samuel, Th. Radoux, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Jos. Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Roo- ses, G. Huberli, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Alfr. Cluy- senaar, le comte J. de Lalaing, J. Winders, Ém. Janlet, H. Maquet, membres; J.-B. Meunier, A. Bourlard et Em. Mathieu, correspondants. M. J.-J. Van Ysendyck exprime ses regrets de ne pouvoir assister à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics adresse une expédition d'un arrêté royal en date du :2r> mars, nommant MM. Benoît, Gevaert, Samuel, Fétis, :>55 Rooses. Snieders et P. Willems membres du jury chargé de juger le double concours pour un poème en langue française et un poème en langue flamande destinés à servir de thème aux concurrents du grand prix de com- position musicale de cette année. M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire du livre intitulé : Les heures (Je i\olre Dame dite de Hennexsy, élude sur an manuscrit de la Bibliothèque royale de Belgique, par Joseph Destrée. Remerciements. M. L. Laureys remercie, par écrit, la Classe, pour le discours prononcé par M. Vinçotte lors des funérailles de M. Félix Laureys, et pour les condoléances qui ont été exprimées à la famille du défunt. - La Classe renvoie à l'appréciation de la section d'architecture le cinquième rapport semestriel de M. E. Vereecken, premier prix du grand concours d'architec- ture de 1893. Hommages d'ouvrages : Annuaire da Conservatoire royal de musique de Bruxelles, vingtième année; offert par M. Cevaert. (tara dvl Monte en Deodatus Van (1er Mont; par P. Génard. Remerciements. ( 556 ) RAPPORTS. MM. Fétis, Clays, Cluysenaar, Hennebicq et Stallaert donnent lecture de leur appréciation «les troisième el quatrième rapports de M. Ed. Van Esbroeck, boursier pour la peinture, en 1, de la fondation Godecharle. - Renvoi à M. le Ministre de l'Agriculture et des Tra- vaux publics. CONCOURS DES CANTATES IMUT, L'ANNEE 1«S«)7. M. le Secrétaire perpétue] dépose sur le bureau les poèmes portant les titres suivants, qu'il a reçus pour ce eoncours : POÈMES FRANÇAIS. 1. Salul à l'Escaut. Noël. Le Drapeau. Sans devise. 2. Mu ils héroïques. Devise : Dieu! (jiie le son du cor est triste au fond des Lois. A. de Vigny. ."*>. Alcyuue. Devis*' : Eros. \. Job. Sans devise. .">. La Vierge-Cygne, légende. Sans devise, (i. Le Mousse Angelo, monologue. Sans devise. 7. Myrrha, poème lyrique en trois tableaux. Devise : Ilonos alit artes.- 8. Paix! poème lyrique et sympbonique en trois parties. Devise : Exulsior. 1>. Judith. Sans devise { 557 10. Adam et Eve. Sans devise. I I. Le Crépuscule Devise : L'aine, de reres d'or, fait une ample cueillette ! 12. A Jérusalem, épisode de la première croisade; Sans devise. 15. Yconnic. Sans devise. 11. Le Triomphe des Arts et de l'Industrie. Sans billet cacheté. Monogramme L: .1. 15. Le Vieux Saule. Sans devise. 16. Germankm, mélodrame. Sans devise. 17. La Foret. Sans devise. IN. Lizel, poème lyrique en trois fragments. Sans devise. 10. La Civilisation belge au Congo. Sans devise. 20. L'Adoration . Jephtah Victorieux! Sans devise. 2i. Lu ( haniuiue. Sans devise. 25. A tire d'aile. Sans devise. 20. Les Inoubliables. Sans devise. 27. La Paix. Sans devise. 2K. Démence de Judas l'iscarîole. Sans devise. 2!). Désespérance. Devise : Bondissant dans ma course errante, puissé-je aller avec le souffle des cents. Aristophane, Les Oiseaux. 30. Antigonc. Sans devise. 51. Honneur à la langue maternelle, conversation entre deux soldats. Sans devise. 52. Les Vaincus Devise : Gloria victis. 33. (omala, d'après Ossian. Sans billet cacheté. ( 358 ) POÈMES FLAMANDS. 1 . Menschemtrijd. Kenspreuk : Godsdienst, kunst, welen- schap. "2. Agrippina. Kenspreuk : Kanst is leven. 5. Nachtmijmering. Kenspreuk : Poesis sollatiuw per vicissitudines vitœ. 4. Zomernachtsdroom. Kenspreuk : Ich homme (ang- sam, enz. Goethe, Torquato Tasso. 5. Lenledag. Kenspreuk : lilijde lente, lusl der aardc, enz. Feith. . Niobe. Kenspreuk : Deemoed. 27. Ilcrodias. Kenspreuk : Excelsior. 28. l>e Val van Woden. Kenspreuk : Amant alterna ( amœnœ. 2i). Robrecht en Anna. Zonder kenspreuk. .10. Kandia Zonder kenspreuk. 11. Humanos. Kenspreuk : Excelsior. 52. De Iioep van Smte Fransiscus van Sales. Kenspreuk : Qttis similis lai inforlibus, Domine'/ etc. (iïxod. XV, 11.) 33. De Liefde. Kenspreuk : Ehret die Frauen! etc. 31. Phadaëla. Zonder kenspreuk. 35. De Sporenslag. Zonder kenspreuk. 36. Iphigenia in Tanris. Zonder kenspreuk. 37. De Moed. Kenspreuk : Waarom nict? 38. Frei/a. Zonder kenspreuk. 39. Odusseus. Kenspreuk : Es ist eine aile Geschichte. U). Coram populo. Kenspreuk : Zoo rein als 7 dons der zwanen. il. Esdrade. Kenspreuk : Pro arte. fâ. Inawaca. Kenspreuk : Fatum fatorum et omnia fatum ! 13. Het Werk. Kenspreuk : Fiai! 11. Mené, Thekel, Uphnrsin! Kenspreuk : Nog éénf 13. Een Lied vanVIaandcrens Vtas. Kenspreuk : Waarom moel destofvan onze kantaten allijd episch, mi/tho- logisch of gescliicdkundig zijn? enz. 360 ) PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1898. PARTIE LITTERAIRE. PREMIERE QUESTION. Quelles sont les analogies ou les différences qui existent entre l'allégorie et le symbole? Établir et caractériser, par des exemples empruntés à l'histoire de la peinture, les élé- ments essentiels qui rapprochent ou distinguent ces deux conceptions esthétiques . DEUXIÈME QUESTION. Faire l'histoire de la céramique au point de vue de l'art. dans nos provinces, depuis le XVe siècle jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. TROISIÈME QUESTION. Écrire l'histoire des édifices construits place de l'Hôtel de Ville à Bruxelles, après le bombardement de 1695. Expo- ser les faits, donner une appréciation esthétique des bâtiments et faire connaître leur importance au point de vue de l'his- toire du style architectonique auquel ils appartiennent. QUATRIÈME QUESTION. Faire l'historique de la partie spécialement musicale de la chanson flamande (origine des mélodies et des formes ryth- miques), depuis le haut moyen âge jusqu'aux temps modernes. ( 561 ) La valeur des médailles d'or présentées comme prix sera de huit cents francs pour la première question, de mille francs pour la deuxième, pour la troisième et pour la quatrième question. Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doivent être lisiblement écrits et peuvent être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, avant le 1er juin 181)8, à M. le Secrétaire perpétuel, au Palais des Académies. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage ; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront sur un pli cacheté renfermant leur nom et leur adresse (il est défendu de faire usage d'un pseudonyme); faute, par eux, de satisfaire à ces formalités, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le temps prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie demande la plus grande exactitude dans les citations : elle exige, à cet effet, que les concurrents indiquent les éditions et les pages des ouvrages qui seront mentionnés dans les travaux présentés à son jugement. Les planches inédites, seules, seront admises. L'Académie se réserve le droit de publier les travaux couronnés. Llle croit devoir rappeler aux concurrents que les manuscrits des mémoires soumis à son jugement restent déposés dans ses archives comme étant devenus s;i propriété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre copie à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au Secrétaire perpétuel. 362 ) ART U'I'UÇII GRAVURE EN TAILLE-DOUEE. On demande le portrait en buste, gravé en taille-douce, d'un Helge contemporain, ayant une notoriété reconnue dans le domaine politique, administratif, scientifique, lit- téraire ou artistique. Le prix sera de 800 francs. Ce portrait doit être absolument inédit. La tète aura 0 à 7 centimètres de hauteur. Les concurrents sont tenus de soumettre deux épreuves au moins de leurs planches, dont une sur chine, et non encadrées ni sous verre. Ils devront y joindre le dessin qui leur a servi de modèle; ce dessin devra avoir été fait d'après nature. Les épreuves soumises au concours resteront la pro- priété de l'Académie. SCULPTURE. On demande un bas-relief (à figures demi-nature) repré- sentant la Belgique recevant les Nations étrangères à l'occa- sion de l'Exposition internationale de Bruxelles. Le prix sera de 800 francs. Les concours d'art appliqué sont limités aux Belges de naissance ou naturalisés. Les gravures et dessins et les bas-reliefs devront être remis, francs de port, au secrétariat de l'Académie avant le l*r octobre 1898. 363 I,' Académie n'accepte que les travaux entièrement achevés. Les auteurs couronnés du bas-relief sont tenus de donner une reproduction photographique de leur œuvre, pour être conservée dans les archives de l'Académie. Les concurrents ne mettront point leur nom à leur travail ; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reprodui- ront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les travaux remis après le terme prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. Un délai de trois mois à partir du jugement des concours est accordé aux auteurs des bas-reliefs pour reprendre leurs oeuvres. PROGRAMMA DER PRUSKAMPEN VOOR 1898. IITTKI(kl>IMI. CSEDKKI.TB. KKRSTF. VRAAG. Welke overeenkowsl of welk verschil bestaat er tusschen de figuurlijke voorstellinr deze beide wedstrijden zullen bij het Secretariaat der Académie vôôr (>8. Un Nicolas Stramot, lils de Pierre etd'AnneSchandelyns, y naquit le lî) avril 1657. En 1636 demeurait dans cette ville un autre Nicolas Stramot, époux de Martine 's Hertogen. Il était bourgeois de Diest et propriétaire de la maison qu'il occupait et qui était située à côté du local de la Chambre de rhétorique : Les OEillets du Christ (5). Encore un autre Nicolas Stramot s'y maria, le 25 août 1669, avec Marie Vranckx. Il en eut quatre enfants, dont le dernier fut baptise à l'église de Saint-Sulpice, le 12 novembre l(>7;i. L'artiste se fixa à Louvain et v rencontra l'accueil (1) Anvers, 1863, p. 159. (2) Supplément au catalogue du Musée d'Anvers, p. i(j(). (3) h ... Nicolaes Sthamot, mari on moinboir vom Marlynkcn 's Hertogben, borger der stadt van Diest... » Diplôme de Philippe III. donné à Bruxell.'s, le 16 mai 165b'. 5"" SÉRIE, TOME XXXIU. 2-) ( 370 ) le plus bienveillant. L'administration communale lui accorda, le 6 juin 4079, l'exemption de la taxe sur la bière, du service de la garde urbaine et d'autres charges communales. Il dut cette faveur, on le comprend, à son talent d'artiste. Il est possible, probable même, que Stramot avait été appelé à Louvain par Claude-François de la Vief- ville, prélat de l'abbaye noble de Sainte-Gertrude, qui le chargea de plusieurs travaux importants. Ce dignitaire était pour l'artiste un protecteur qui occupait une situa- tion brillante: non seulement il était abbé mitre de Sainte- Gertrude, mais aussi juge synodal, membre des Etats de Brabant et conservateur des privilèges de l'Université. Par sa naissance, il appartenait à la haute noblesse : il était fils d'Eustache de la ViefVille et de Claudine de Mérode, laquelle était fille de Philippe de Mérode et de Jeanne de .Montmorency. C'était un homme d'un carac- tère aimable et charmant. A une haute instruction, il unissait un vif amour des arts. Il se plaisait à rassembler à son abbaye des œuvres d'art de toutes sortes et à vivre au milieu de ces belles productions. Appelé à l'abbatiat en 1668, il porta la crosse pen- dant à peu près trente ans, c'est-à-dire jusqu'en 1697. En 1082, on célébra à l'église de Sainte-Gertrude le cinquantième anniversaire de la fondation de la confrérie des Trépassés, érigée par un autre prélat de cette abbaye, Joseph-Geldolphe van Ryckel, savant distingué, auteur de plusieurs travaux sur l'hagiographie nationale. Afin de conserver le souvenir de cette solennité, de la Viefville chargea Stramot de l'exécution d'une toile de vastes dimensions pour être placée dans son église. Elle a une largeur de o mètres et une hauteur de 4 mètres. ( ">7( ) La toile orne encore le temple pour lequel flic a (;i<; exécutée. La scène se [tasse à l'intérieur de l'église de Sainte-Gertrude. La composition, qui a pour tond le jubé du temple, représente l'office dos morts sur le point de prendre tin. Tous les personnages, de grandeur natu- relle, sont des portraits. Au premier plan et au centre de la toile se trouve l'abbé de la ViefVille, agenouillé sur un prie-Dieu, les yeux lixés sur le spectateur : sa superbe tête est d'une grande fermeté de dessin et de modèle. Placé en pleine lumière, l'abbé domine majestueusement toute la composition. A sa droite, on voit tous les chanoines de l'abbaye en surplis, portant des flambeaux allumés. Seul le prieur, qui est agenouillé comme ses confrères, porte le costume noir de l'ordre de Saint-Augustin. Au second plan, un prêtre, revêtu de la chasuble en deuil et portant le calice voilé de noir, revient de l'autel. Il est précédé d'un jeune homme tenant un plateau sur lequel se trou- vent des burettes renversées. A gauche, sur le premier plan, on voit un des maîtres de la confrérie en toge; un autre se trouve du côté opposé. Comme pose et comme tournure, ces deux ligures rappellent les grands portraits en pied de l'époque. Une dame dans un beau costume se penche pour retenir son enfant, afin de permettre à l'offi- ciant de passer. Sur Parrière-plan apparaît le curé' de la paroisse en rochet et revêtu de l'étole noire. Cette vaste composition est une page des plus intéres- santes au point de vue archéologique. Elle a toute la vérité d'une chronique écrite par un témoin oculaire. Le prie-Dieu est orné- des armoiries de (Mande de la Viefville et de cette inscription : N. Stramot, I.. An \o 1682. ( 372 ) Le sujet de cette toile était, il faut bien le reconnaître, peu fait pour inspirer un tableau d'histoire. Stramot en a tiré tout le parti possible. Dans son ensemble comme dans ses détails, cette énorme machine révèle un artiste joignant à l'étude des grands maîtres celle de la nature. Les personnages sont bien campés et bien groupés, et leurs têtes sont rendues avec une grande sûreté de pinceau. Quant aux draperies, elles sont arrangées et disposées avec goût. Inutile d'ajouter que toute la com- position respire la foi religieuse de l'époque. La couleur, un peu sombre, convient à cette peinture, qui constitue, nous le répétons, une très intéressante page d'histoire locale de la fin du XVIIe siècle. L'église de Sainte-Gertrude renferme deux autres toiles de Stramot : la première représente saint Augus- tin debout, en vêtements pontificaux; la seconde, sainte Gertrude, également debout, en costume d'abbesse de Nivelles. Ces deux ligures sont d'un beau caractère et d'une agréable tournure. Au premier aspect, on pren- drait la Sainte Gertrude [jour une œuvre de de Graver : c'est la même couleur blonde et chaude, le même travail, le même contraste de lumière et d'ombres. Ces toiles sont ornées des armoiries de Claude de la Yiefville : fasce'es d'or et d'azur à trois annelels de gueules rangés en chef brochant sur les deux premières fasces. Devise : /Eterna rectis. Stramot exécuta indubitablement d'autres peintures à l'abbaye de Sainte-Gertrude. Malheureusement, elles ont été déplacées ou détruites lors de la suppression de ce monastère, il y a aujourd'hui tout juste cent ans. L'artiste a dû exécuter à Louvain des portraits de famille. Nous y avons rencontré plusieurs tableaux de ( 373 l'époque dans lesquels nous avons cru reconnaître son pinceau. Mais comme ils no portent aucune signature, on n'a aucune certitude à cel égard. Nicolas Stramot avait épousé Marie Scliouters. qui lui donna deux enfants : Jean-François, baptisé à Saint- Pierre, le 11 septembre 1689, et Paul-Maximilien, bap- tisé à la même église, le 5 octobre l<>!):2. Le 2.vi février 1690, l'artiste prit en location, de maître Guillaume Herthals, licencié es lois, pour le terme de trois années, au prix annuel de 57 florins, une habitation située dans la cour de la maison Le Glauve, rue de Namui . Cet immeuble forme la troisième maison à partir de la rue de Stemdonek, vers la porte urbaine. Le bail, reçu par le notaire Van Vossum, est signé par le peintre et son épouse. On -y Ut : Nicolaes Stramot; Maria Scliouters. La signature du mari trahit un homme qui a l'habitude de manier la plume. Toutes les lettres dont elle se com- pose sont tracées dans une forme élégante et correcte; la signature de l'épouse témoigne également d'une cer- taine instruction. L'artiste travailla aus^i eu Angleterre, où, depuis le séjour d'Antoine Van Dyck, les peintres flamands étaient en estime. 11 y exécuta probablement des portraits. De retour dans le pays, le magistrat de Louvain lui renou- vela, le dernier février 1696, les franchises dont nous avons parlé plus haut (1). (1) « Oock is aen Myue Hecren verthoont by S1 Niclaes Stramot den vrydora welcken der selver vonrsaeten syn gedient geweest hem ver- thoondere te jonnen van den bieraccynse, wachte, en/.., by acte van den 6 Julii 1679, vvaerinne de teghcnwoordighe pàchters van den bieraccynse stoot msecken, onder pretext dat hy nyet en soude vuyt- gesteken wesen, by condition van verpachtinghe, ende geconsidereert ( 374 ) Stramot exécuta plusieurs dessins pour l'ouvrage du baron Jacques Le Roy intitulé : Châteaux et maisons de campagne des gentilshommes de Brabant et les monastères les plus remarquables représentés au naturel. Leyde, 1690, in-folio. On y trouve de l'artiste une vue à vol d'oiseau du prieuré de Bethléem lez-Louvain, ainsi que des vues des châ- teaux d'Heverlé, Thy et Rouxmiroir ; ces trois dernières planches sont gravées par Jacques Harrevvyn. La belle planche représentant le prieuré de Bethléem est dédiée à Jacques Marien, prieur de ce monastère, mort le 27 lévrier 1702. Elle est gravée par Philippe Bouttas, d'Anvers. L'artiste fournit plusieurs autres dessins à des gra- veurs de son temps. Le protecteur de Stramot, Claude de la Viefville, mourut le 16 juillet 1697. Ce fut probablement cette perte qui obligea l'artiste à quitter Louvain, pour cher- cher de l'occupation ailleurs. Ce qui nous autorise à le supposer, c'est qu'après cette date, on ne trouve plus de trace desa présence dans cette ville. Que devint ensuite le coloriste? Dans quelle localité passa-t-il le reste de sa vie? Les archives, qui ont encore tant de choses à nous révéler, répondront un jour, nous l'espérons, à cette double question. dat suIck is toegecomen ter saecke van de absentie des suppliants bin- nen Engelant, soo is geseght dat hy in desen synen vrydomme sal vermoglien te continueren van Marie Magdalene naesteomende, mits hiervan doende houden notitie ten registre. » Résolution du magistrat, séance du dernier février 1695, f° 252 (375) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Uenrard {Paul,. Poésies. Théâtre de salon. Monologues et saynètes. Bruxelles, 1897; in-18 (322 p.). Génard {P.). Clara del Monte en Deodatus Van rier Mont. Anvers, 1897; in-8«(8p.). Mansion (P.) et Neuberg (,/.). Mathesis, recueil mathéma- tique; 1893, 1894 et 1896. Terby (F). Observations de la planète Mars faites par M. Schiaparelli à Milan, en 1883-84. Bruxelles, 1897 ; extr. in-8° (8 p.) Balau {Sylvain). La Belgique sous l'Empire et la défaite de Waterloo (1804-1815), tomes I et II. Paris-Louvain, 1894; 2 vol. in-8°. Swaen {A.). Recherches sur le développement du foie, du tube digestif, de l'arrière-cavité du péritoine et du mésen- tère. Paris, 1897; extr. in-8° (67 p. et û2 pi.). Caenegem {L'abbé Van). Quelques noms et quelques faits à propos de la guerre des paysans ;1 798-1799). Gand, 1896; in-8°(49 p.). D'Hont (Fréd.). Contribution à l'étude des tourteaux et farines alimentaires pour le bétail, lre partie. Bruxelles, 1897 ;in-8° (105 p.). Destrée {Joseph). Les heures de Notre-Dame dite de Hen- nessy, étude sur un manuscrit de la Bibliothèque royale de Belgique. Bruxelles, 1895; in-4° (79 p. et lviii pi.). Dm Jardin {Jules). L'art flamand : La Renaissance. Ouvrage illustré de photogravures d'après les œuvres originales des maîtres; dessins dans le texte par Joseph Middeleer. Bru- xelles, 1897; vol. in-4°. Lahaye {Léon). Cartulaire de la commune d'Andenne, tome 1er. Namur, 1896: in-8° (cxc p.). i 376 ) IS'imal [II... Villcrs et Aulne, célèbres abbayes de l'ancien diocèse de Liège. Les gloires de leur passé. Liège, 1896; in-8°(xu-290) p.. Anvehs. Bulletin des Archives, tome XX, 2e livr. 4897. Bruxelles. Office international de bibliographie. Catalogue des publications, 1897; (23 p.) Club alpin belge. Bulletin, n° 23, 1897. Conservatoire rouai de musique de Bruxelles. Annuaire, 20e année. 1896. Institut colonial international. Publications, 2e série : Les fonctionnaires coloniaux, tomes I et 11. 1897; 2 vol. in-8°. Liège. 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Louvain, 1897 ; in-8» (47.). Uynderick de Theulegoet (le chevalier). Des perquisitions et des saisies en matière répressive. Gand, 1896 ; in-8° (67 p.). Lahaye (Léon). Cartulaire de la commune d'Andenne, tomes I et II. Namur, 1895-96; 2 vol. in-8°. Lameere (Eug.) Essai sur l'origine et les attributions de l'audiencier dans les anciens Pays-Bas. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (78 p.}. Poncelet (Edouard). Le comté de Beaurieux. Liège, 1895; in-8" (108 p.). — Rapport sur les cartulaires et documents manuscrits se rapportant à la Belgique. Bruxelles, 1896; in-8° (24 p.). — L'abbaye de Vivegnies. Liège, 1896; extr. in-8° (41 p.). Vannérus (Jules). Un projet d'émigration en Hongrie de quelques familles de Musson, Halanzy, Habay-la-Vieille et Tintigny. Arlon, 1896; in-8° (17 p.). — Le siège de Luxembourg de 1684. Luxembourg, 1896; extr. in-8° (50 p.). du Chastel de la Howarderies-Neuvireuil (Comte Paul- A.). Note sur Pierre d'Oudegherste. Tournai; extr. in-8° (2 p.). — Origine et description de l'église de Saint-Nicolas du Bruile, dite du Château, à Tournai. Mons, 1874; extr. in-8° (8 p.). Notices généalogiques tournaisiennes, dressées sur titres, tomes I-IH. 1881-87; 3 vol. gr. in-8°. ( 581 ) — Crayon généalogique de la maison du Chaste), par 1». De Waldencourt. Tournai, 1882; gr. in-8°(44 p.). — Epitaphes et blasons. Choix d'épitaphes et d'inscrip- tions actuelles du canton de Tournai, suivi d'articles divers concernant Pcpigraphie et le blason. Tournai, 1882; gr. in-8° (320 p.). — Le livre noir du patriciat tournaisien ou Mémoires de Pierre de la Hamayde. Douai, 1884; in-8° (110p.). — Généalogie de la famille Pallio di Rinco ou Pally, dressée sur titres. Tournai, 1884; in-4° (17 p.). — Origines historiques de la famille du Chastel, dite de Blangerval, et des sires de Villers en Artois, lre partie. Bou- logne-sur-Mer, 1884; gr. in-8° (42 p.). — Preuves des extravagantes prétentions de la famille roturière Chanel, dite de Crouy-Chanel de Hongrie, et de la légitimité de la maison princière de Croy-Dùlmen. Tour- nai, 1885 ; gr. in-8° (30 p.). — Généalogie de la famille Hardy dite de Beaulaincourt. Douai, 1888;in-8° (54 p.). — Généalogie de la famille d'Aubermont, dressée sur titres. Tournai, 1889; in-8° (84 p.). — Un cartulaire de la Hovvarderie. Actes scabinaux, mémoriaux et documents divers. Tournai, 1889; in-4" (234 p.). — Epigraphie nobiliaire du Tournaisis, epitaphes et inscriptions. Tournai, 1890; in-8° (18 p.). — Notes pour servir à l'histoire de la famille Li Muisis ou Le Muisi. 1891. Tournai, 1891 ; in-8" (32 p.). — Filiation des Dennetières avant leur anoblissement 1280 à 1523), précédée de la critique de leur origine. Tour- nai, 1892 ; in-8° (40 p.). — Les familles Croquevilain, de la Foy et de Cambry. 1893; in-8°(132p.). — Notes sur la famille de l'aventurier Perkin Warbeck. Tournai, 1893; extr. in-8° (4 p.). ( 382 ) — Donation de la ferme d'Aubergus aux Chartreux de l'abbaye du Mont-Saint-André, a Chereq-lès-Tournai. Tour- nai, 1893; extr. in-8° (6 p.). — Notes sur les familles Bousin et de la Vacquerie, dit Vairon, suivies de l'origine de Jean Sarrazin. Tournai, 1893; in-8" (14 p.). — Les vrais sires de Woudripont, 1381 à 1472. Note sur l'origine de la famille de Tornaco. Tournai, 1893; in-8° (88 PO- — Notes pour servir à la généalogie de la famille Bernard (à l'épée^. France, Belgique, Néerlande, 1250- 1894. Tournai, 1894; in-8° (118 p^. — A propos d'un monument tournaisien de la famille de Seclyn. Tournai, 1894; in-8" (8 p.). — Notes sur les armoiries des Du Bos (aux Boquets), des Bernard (à l'épée) et sur l'origine de la maison de Hau- dion, dite de Ghiberchies. Tournai, 1894; in-8°(26 p.). Généalogie de la famille tournaisienne de Bary ou de Barry. Tournai, 1894; in-8° (30 p.). — Notes pour servir à la généalogie de la famille Nicolas dite de Surpalis. Tournai, 1895; in-8° (28 p.). — Essai de libation sur la famille des seigneurs de Calonne-lès-Tournai, et sur quelques-unes de ses branches. Tournai, 1895; in-8" (90 p.). — Généalogie de la famille de la Croix, dite de Maubray et d'Ogimont. Tournai, 1896; in-8° (35 p.)- — Le terrier d'Esplcchin. Tournai, 1896 ; extr. in-8° (23 p.). — A propos de trois médailles (Numismatique et généa- logie). Tournai, 1896; extr. in-8° (45 p.). — Arrestation, jugement et exécution du chevalier félon Walter de le Plagne ou de Laplaingne. Sort de ses com- plices (1273-1274). 1896; in-8" (7 p.). — []n mot sur une origine présumée. Tournai, 1896; in-8°(2 pA ( 583 ) — In bibliophile lournaisien du XVIIIe siècle. Tournai, 1896; in-8°(2 p.). — Origine de la famille du Maulde de la Tourelle. Tournai, 1896; in-8«(4 p.). — Généalogie de la maison de Condet, dile de Bailleul (Beloeil) et de Moriamez. Tournai, 1896; in-8° (31 p. et 1 pi.). — Le livre de raison de la famille d'Aubermont. Tour- nai, 1896; in-8°(32 p.). — Origine et généalogie de la famille Déchaux, dite Deschaux, qui s'est dite Declmux et se croit De Chaux. Tournai, 1897; in-8° (17 p.). — Epigraphie nobiliaire du Tournaisis, épi ta ph es et inscriptions recueillies. Tournai, 1890 ; extr. in-8° (18 p.). Bruxelles. Société d'archéologie. Annales, t. XI, 1. — Annuaire pour 1897. Charleroi. Société paléontologique. Documents et Rap- ports, t. XX, 2e livraison, 1895. Gand. Cercle historique et archéologique. Bulletin, 4e année, n- 4, 6-8, 1896. Malin es. Cercle archéologique. Bulletin, t. III- VI, 1892-95. Mons. Société des sciences. Mémoires, t. VI et VIII, 1893-96. Namur. Société archéologique. Annales, t. XVIII, 4. Tournai. Société historique et littéraire. Annales, nouvelle série, t. I, 1896. Carlsrlhe. Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins; neue Folge, Band XI, 1-4; XII, 1. Leipzig. Universitàt. 35 Inaugural-Dissertationen. Strasbourg. Uistorisch-litteraturischer Zweigvereiu des Yogesen-Clubs. Jahrbuch fur Geschichte, Sprache und Lit- leratur Elsass-Lothringens, Jahrgang XII, 1896. Paris. Ministère de l' Instruction publique. Bibliothèque des Ecoles françaises d'Athènes et de Rome, fasc. 74. ( 384 ) — Collection de documents inédits : Comptes des bâti- ments du Roi sous Louis XIV, t. IV. Le Moyen A(je. Bulletin d'histoire et de philologie, 1895, 6-12; 1896, 1-12. Reims. Almanach-annuaire historique de la Marne, 1890 et 1897; in-16. Roiïbaix. Société d'émulation. Mémoires, t. XVI, 1894-95. Naples. VOrienle, rivista trimeslrale, anno II, 1895-96, n°s 3-4. Rome. Accademia dei Lincei. Rendiconti, spienze moral i, série quinta, vol. Y, 10-12. Atti, parte 2% Scavi, 1896, novembre e dicembre. — Società romana di storia patria. Archivio, vol. XIX, 3-4; 1896. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1897. — lN° 5. CLASSE DES SCIENCES. Séance du II mai 1897. M. Alf. (Iilkinet, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Éd. Dupont, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, G. Dewalque, E. Can- dèze, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bam- beke, W. Spring, L. Henry, P. De Heen, C. Le Paige, Ch. Lagrange, F. Terby, J. Deruyts, Léon Fredericq, J.-B. Masius, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; L. Errera, J. Neuberg, Alb. Lancaster et Julien Fraipont, correspondants. MM. Van der Mensbrugghe et Mansion font exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance, désirant être présents aux funérailles de M. Valérius. 5me SÉRIE, TOME XXX1I1. 26 ( 586 ) CORRESPONDANCE. La Classe apprend, sous l'impression d'un vif senti- ment de regret, la mort de M. Hubert Valérius, membre de la section des sciences physiques et mathématiques, décédé à Gand le 8 courant, à l'âge de 76 ans. M. Valérius avait exprimé le désir qu'aucun discours ne fût prononcé à ses funérailles, fixées au mardi 11 mai. Une lettre de condoléance sera adressée à la famille. La Classe prend ensuite notification de la mort du professeur Edouard Drinker Cope, né à Philadelphie le 28 juillet 1840, élu associé de la section des sciences naturelles le 15 décembre 1895, décédé à Philadelphie le 12 avril 1897. — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage intitulé : De Vlaamsche volks- namen der planten van België, etc. ; par E. Pâque. — M. le Ministre de la Guerre fait hommage du Cata- logue de la bibliothèque de son Département, Ie' volume, supplément. - M. le Ministre de l'Industrie et du Travail transmet 16 feuilles de h Carte géologique de la Belgique, formant le quatrième envoi de cette publication. — Remerciements. ( 387 — Hommages d'ouvrages : 1" Musée royal d'histoire naturelle de Belgique. Guide (huis les collections. Bernissart et les fguanodons; par Éd. Duponl (avec une noie bibliographique «le l'auteur); 2° Extension de l'Université libre de Uni. relies. Année académique 1896-1897. Existe-t-it une force vitale? p; v L. Errera ; .">" Compte rendu de la session extraordinaire de m Société géologique de Belgique et de la Société royale malaco- logique de Belgique, journée du mardi 8 septembre 1896, de Bruxelles à Tervueren; par (i. Velge (présenté par M. Dewalque avec une note); i° Die Energiden von v. Sachs im Lichte der Gewebdeh der Thiere; par A. von Kôlliker, associé, à Wurzboure: .V Températures de saturation et températures critiques; application à l'analyse générale; parL. CrismeretJ. Motteu; (>° A. Températures critiques de dissolution ci tubes ouverts. Application à l'analyse du beurre; ]>. L'analyse des beurres par la détermination de la température critique de dissolution; par L. Crismer (présentés par .M. Gilkineî avec mie note) ; 7° Les théories physico-chimiques; par A. Reychler; t*li^i<|n«" qui ;i produit des résultats dépassant nos espoirs par leur importance et leur é en- due. Le second but concerne l'enseignement, et il «-vis: tel par le l'ait que ces sortes d'institutions sont rendues publiques. Le nombre de nos visiteurs fut l'an dernier de mes de soixante-dix mille; ils sont attirés par le désir de s'instruire, d'augmenter leurs connaissances. Les collections exposées, même avec leurs étiqu déterminatives, les planisphères ou les vignettes de reconstitution que j'y lais joindre depuis vingt-cinq ans, ne peuvent suffire à la curiosité du public. Il réclame des catalogues ou, pour mieux dire, des explications, des notions précises et à sa portée sur les objets. C'est bien là un enseignement direct, et je fus long- temps à trouver la voie pratique pour le donner; car, à l'opposé de renseignement classique, cet enseignement ne peut être ni didactique ni gradué : la nature et l'ex- tension des collections s'y opposeraient; il est siq Hu de faire remarquer qu'il n'est pas davantage soumis à sanction. Les visiteurs sont de toutes les classes de la soci té, depuis l'illettré jusqu'aux hommes de haute culture scien- tifique. Pour arriver à me définir exactement les données qu'ils désiraient, j'ai accompagné pendant de longues années de nombreuses personnes dans leurs visites : des savants, des lettrés, des ouvriers, des gens de la campagne, des écoles conduites par leurs instituteurs; j'ai écouté leurs réflexions, répondu à leurs questions et cherché à com- ( 590 ) prendre ce qu'ils désiraient savoir. Il m'a été ainsi pos- sible de saisir quel pourrait être le thème d'une sorte de conférence à donner sur chacune des collections pour satisfaire à leurs aspirations. Je me mis, en conséquence, il y a deux ans, à rédiger de courtes notices explicatives qui, imprimées en gros caractères, turent placées devant les objets eux-mêmes. Comme elles reçurent l'accueil que j'attendais, je n'hé- sitai pas à compléter la mesure en faisant imprime)' en brochure ces explications, à commencer par les collec- tions de Bernissart. A l'aide de textes sommaires, de dessins d'objets, de la reconstitution du site, la signification à donner aux célèbres restes de ce gisement y est, je crois, rendue accessible à un grand nombre et, s'il en est réeilemenl ainsi, le but que j'ai poursuivi se trouverait atteint. É. Dupont. le Compte tendu de l'excursion géologique de Uni relies à Tervueren; par Ci. Velge. J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, de la part de M. G. Velge, ingénieur, le compte rendu de la troisième journée de la session extraordinaire de la Société géolo- gique de Belgique, excursion de Bruxelles à Tervueren, le S septembre dernier. A ce tiré à part {\é6 Annales de cette société, l'auteur a ajouté une seconde carte, extraite de la feuille IJccle-Tervueren, :2e édition, de la Carte géologique en cours d'exécution, par M. M. Mourlon. INous avons regretté que notre honorable confrère ne fût pas venu défendre ses tracés, dont le diestien et la plus 591 ï grande partie du tongrien ont disparu pour être rem- placés par de l'asschien. On connaît le problème posé depuis longtemps par la constitution de l'étage asschien aux dépens «lu tongrien inférieur dix* Flandres et d'une partie du Brabant. Le uœud de la question se trouvait entre Bruxelles el Ter- vueren, où les deux étages se rencontrent. La c;iilii de M. Mourlon -dont on regrette de n'avoir pas le texte explicatif, prévu par le règlement - n'a pas résolu le problème. .M. Velge nous offre une solu- tion, qui est probablement la bonne. J'ai dit, à la lin de l'excursion, que j'avais vu à Louvain, dans le tongrien inférieur, tout ce que M. Velge venait de nous montrer dans l'asschien : notre confrère est d'avis que cette partie inférieure du tongrien inférieur de l'est n'est que de l'asschien, méconnu jusqu'aujourd'hui. Je signale cette question aux recherches de nos jeunes géologues de Bruxelles et de Louvain. (i. Dewalque. J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie, au nom de M. Crismer, de trois brochures relatives à l'analyse du beurre. La méthode d'analyse décrite par M. Crismer est basée sur la détermination de la température critique de disso- lution du beurre dans l'alcool absolu; elle découle des recherches de l'auteur insérées dans un précédent Bulletin de l'Académie; elle est d'une extrême simplicité et permet de déterminer, en un temps très restreint, sans recourir à aucune pesée, le contenu d'un beurre en margarine avec une exactitude comparable à celle que donnent les meilleurs procédés d'analyse actuellement connus. A. Gilkinet. ( 592 ) ELECTIONS. — M. Crépin est réélu délégué de la (liasse auprès de la Commission administrative pour l'exercice 1897-1898. RAPPORTS. Sur l'avis de M. Mansion, une note de M. J. Marchai, de Jamioulx : Théorie des nombres premiers, sera déposée aux archives. Sur quelques propriétés des polyèdres non centrés superpo- sables n leur image; par M. (i. Cesàro. Kapport tie .M. »«• Tètly , pfea» !>»• coiitmitaait'e. « Le petit mémoire actuel de M. Cesàro l'ait suite à trois autres travaux du même auteur (1). Si Ton parcourt le tableau I du dernier de ces mémoires, on reconnaît les deux propriétés suivantes : J° Un polyèdre non centré ne possède, dans un même ;t) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXII, 1891. Mémoires des savants étrangers, in-i°, t. LUI, 1893. Mémoires de l'Académie royale de Belgique, t. LUI, 1896. ( 393 ) ordre, qu'une OU deux espèces (Taxes inverses simples; 2° Un polyèdre non centré ne possède qu'un ou deux ordres d'axes inverses. On sait, par le second des mémoires de M. Cesàro, que pour les axes directs il en est autrement, le nombre d'espèces d'axes du même ordre pouvant s'élever à trois. ainsi que le nombre d'ordres différents. Dans le travail actuel, l'auteur se propose de démon- trer directement les propriétés énoncées plus haut, en établissant pour les axes inverses une relation analogue à celle qu'il a établie pour les axes directs. Seulement, celle équation, qui est si féconde dans le cas des axes directs (car elle permet d'en chercher toutes les combinaisons possibles dans les polyèdres), devient une identité lorsqu'il s'agit d'axes inverses, après avoir donné les deux propriétés ci-dessus. La méthode paraît donc absolument inféconde en ce qui concerne la recherche de toutes les classes possibles de polyèdres superposables à leur image. Cependant, en y ajoutant la méthode de combinaison des axes par le triangle d'Euler (a priori et non a posteriori, comme il a été fait pour les axes directs), l'auteur est parvenu a déterminer, plus simplement qu'il ne l'avait fait précé- demment, les différentes classes de polyèdres superposa- bles à leur image. Pour bien dégager ce qu'il y a de nouveau dans cette note et pour éviter les redites, notre confrère la présente comme un appendice à son mémoire intitulé : Des polyèdres superposables à leur image, en laissant, au moins pour le moment, au lecteur le soin de réunir les deux notes de manière à en éliminer les théorèmes inu- tiles pour le but à atteindre. ( 39i ) C'est à |)cu près le vœu que j'ai émis moi-même à la fin de mon rapport précédent (I) : Il est à désirer que quelqu'un entreprenne la tâche de refondre l'ensemble des travaux de M. Cesàro sur les polyèdres, pour en former une théorie simplifiée des axes de symétrie, propre à être introduite dans les traités de géométrie. J'ai l'honneur de proposer à la Classe d'ordonner l'im- pression de la note actuelle de M. Cesàro dans les Mémoires de l'Académie. » La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles se sont ralliés les (\vu\ autres commissaires, MM. Neuberg et île la Vallée Poussin. Sur quelques dérives fluobromés en C>; par F. Swarts, répétiteur à l'Université de Gand. Stti/t]n>È't de .*#. *V. S/n-it»;/ , ftt'fttiief vo»nnti*Mait'C « M. Swarts a continué les travaux qu'il a entrepris, il y a quelques années déjà, sur les dérivés fluorés du carbone. Il a soumis, à présent, à l'action du mélange de fluorure d'antimoine et de brome Véthane télrabromé; il a pu obtenir deux dérivés fluorés qui ont été, à leur tour, le point de départ de plusieurs combinaisons nou- velles. il) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3e série, t. XXXII, 1896. 593 ) Ces deux dérives fluorés répondent respectivement aux formules CJLBi-F! et CtlItBr.PI* ainsi <|iril résulte des analyses et des valeurs obtenues pour la densité de leur vapeur. Ces corps sont des liquides bouillant à 107", :i et 171", et ne se solidifiant pas encore à — 85°. En taisant réagir sur ces deux dérivés une solution de potasse dans l'alcool, M. Swarts a obtenu, de l'un et de l'autre, de Véthylène bromofluoré : C2HBr2Fl (ébullition à 91°). Ce corps absorbe l'oxygène de l'air et fournit alors le fluorure acide de l'acide bibromacétique : C,HBr2FI + 0 = CuY,H . COFI. L'ammoniaque ne forme pas d'aminé avec les éthanes bromotluorés, mais réagit, comme la potasse, pour don- ner des éthylènes bromofluorés. La poudre de zinc enlève du brome au corps C2H2Br3Fl et le convertit en éthylène bromofluoré C2H2BrFl, qui bout à 56°,5. Le même produit s'obtient également par l'action du zinc sur le corps C2H2Br2Fl2 ; dans ce cas, il y a donc enlèvement des éléments brome et fluor. L'auteur conclut à la formule CllIJr, — CtlFI, pourcetéthanebibrombifluoré, parce que, selon Sabanejeff, le zinc n'enlèverait exclusivement le brome que si cet élément est fixé à deux atomes de carbone différents et ( 396 ) que, si celte condition n'est pas remplie, le zinc enlèverait le brome associé à un autre halogène. Si l'on admet la formule susdite, la réaction «le la potasse devra s'écrire comme il suit : CHBi\, CBr.2 - KOH= || -+- KFI 4- H,0. CHF1, CIIFI (c Cependant, fait remarquer l'auteur, celte formule » serait le premier exemple de substitution totale du » brome par le fluor sur un même atome de carbone. » Enfin M. Swarts a constaté que l'éthylène fluobromé C2HBr2Fl se combine au brome pour donner C^HBi^Fl (ébullition à 204°), lequel, à son tour, abandonne les élé- ments de l'acide bromhydrique à la potasse et devient l'éthylène fluotribromé Cç>Br3Fl (ébullition à 147°,2). Ce dernier fixe Voxygene de l'air et se convertit en un fluorure acide; il fixe aussi le brome et devient C2Br5FI, qui est un corps solide cristallin, sublimant à 120°, pour fondre finalement à 176°. Les lignes qui précèdent font voir que le travail de M. Swarts est riche d'observations nouvelles; j'ajouterai qu'il a été exécuté avec grand soin et qu'il témoigne d'un travailleur expérimenté. Je n'hésite donc pas à proposer à la Classe l'insertion de cet article dans le Bulletin de la séance. » M. L. Henry, second commissaire, adhère à celte pro- position, qui est adoptée par la Classe. ( 397 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. L'expression de l'heure (Unis le système de l'axe instantané; par F. Folie, membre de l'Académie. Dans nue note précédente (*), j'ai dit que, si la mita- tion enlérienne est éliminée en obliquité et en longitude dans les formules rapportées à l'axe instantané, c'est pour reparaître dans l'expression de l'heure, chose autrement grave, puisque l'uniformité absolue de l'heure est la hase la plus essentielle de l'astronomie sphérique. Il y a un moyen fort simple de le démontrer. On sait que, dans le cas où il n'existe pas de forces perturbatrices, cas que nous traiterons ici, l'axe instan- tané de rotation Ç est immuable dans l'espace. Dans l'équateur instantané, fixe également, nous choi- sirons deux axes rectangulaires, l'un ç, dirigé suivant l'intersection de cet équateur et de l'écliptique fixe, l'autre v\, perpendiculaire au premier. Ces deux axes, joints à l'axe instantané Ç, constitueront notre système d'axes fixes. Les axes mobiles sont les trois axes principaux de la Terre, x, //, r. Nous appellerons, avec les astronomes contemporains, C) Bull, de VAcad. roxj. de Belgique, 3e sér., i. XXXIII. p. 154. ( 598 ) déclinaison d'une étoile, sa distance à l'équateur instan- tané; ascension droite, la distance du cercle de déclinai- son à l'équinoxe, qui est fixe; colatitude d'un lieu de la Terre, sa distance au pôle instantané, comptée sur le méridien (instantané) du lieu; sa longitude sera la dis- tance de ce méridien instantané au méridien, instantané également, de Greenwich. Lorsqu'il s'agira des coordonnées du lieu rapportées aux axes d'inertie, que nous supposerons fixes dans la Terre, nous les appellerons latitude et longitude géogra- phiques, et ces coordonnées du lieu, à l'inverse des pré- cédentes, seront absolument constantes. Au contraire, les coordonnées d'une étoile, rapportées aux axes instantanés, seront évidemment constantes, tan- dis que, rapportées aux axes géographiques, elles seront soumises à la nutation eulérienne. Les formules de transformation des coordonnées ortho- gonales donnent dy , — = — l cos y -+- m sin », dl dp (1). . . . / sin y — = /sin » -+- meoso, dl ' T dj d^ — = // — c-osy — ; dl dl /, m, n représentent les composantes de la vitesse de rotation de la Terre autour des trois axes principaux x, y, z; y est l'inclinaison de l'équateur instantané sur l'équa- teur géographique, ® et <\> sont les angles compris entre les axes des x et des H, et l'intersection des deux équateurs; ( 599 ) ces angles sont comptés, le premier, dans le sens du mou- vement de rotation, le second, en sens inverse. Dans le cas traité, où il n'existe pas de forces pertur- batrices, on a / / = in(i représentent les composantes de la vitesse de rotation de la Terre autour des trois axes principaux x, y, z; y est l'inclinaison de l'équateur instantané sur l'équa- teur géographique, cp et

représentent v— rt y—' et -., /*ab; A, B, C sont les moments d'inertie principaux de la Terre. Substituant, on trouve, en admettant, pour simplifier l'étude de la question, que a = b, et en faisant ay, = 6y, — fxj : (3) — = jM, l'OS(/f -4-5,-4- v). smr -.— = a, sin(/£ -f- fej n- y), — = " — ^ <'Ot t sin (// + 6,+ ?). L'intégration rigoureuse de ees équations offrirait de très grandes difficultés. Pour le but que nous voulons i*) Revision des constantes de l'astronomie stellaire, p. 04. ( 400 ) atteindre, nous pourrons, à cause de la petitesse de ml9 supposer, dans le second membre, » = nt ; alors ic. (41. . . . ày = sin (d -+- S, -t- y), n -+- i quantité très petite, de sorte que y pourra être considéré comme constant dans l'intégration de la seconde et de la troisième équation, qui donneront ainsi 5). . . sin y Ai = cos(/J ■+- fi, -+- s-), (6). . . ? = nt coty sin( désignant l'heure pour un lieu de longitude géogra- phique orientale / par rapport au premier. La définition la plus capitale de l'astronomie, celle d'une heure rigoureusement uniforme, est donc radicale- ment impossible dans le système de l'axe instantané; et, si l'ascension droite et la déclinaison d'une étoile y sont constantes, il n'est plus possible de définir la première comme étant l'heure de son passage au méridien; il n'est [dus même possible de déterminer exactement ce méri- dien, soumis lui-même à la nutation eulérienne, à moins d'admettre que l'ascension droite d'une étoile est l'heure de son passage à ce méridien, ce qui est faux dans ce système, et que les ascensions droites de toutes les étoiles observées sont, et rigoureusement connues, et rigoureu- sement calculées. On m'objectera peut-être que cette dernière condition doit être réalisée également dans le système des axes géographiques. A quoi je répondrai : 1° Que, dans ce système, l'ascension droite d'une ('toile se déduit tout à fait correctement de l'heure de son passage au méridien; 2° Que ce méridien est fixe et que, par conséquent, on peut le déterminer au moyen d'une très longue série d'observations, dans laquelle les petites erreurs de posi- tion ou de calcul du lieu apparent de l'étoile se compen- seront. Une autre objection qu'on fait à ce dernier système d'axes, c'est que la nutation eulérienne y apparaît dans les expressions de l'ascension droite et de la déclinaison; mais la forme connue de sa nutation permet de l'éliminer assez fréquemment ; elle permet, en tout cas, de juger de la négligence que l'on commel si l'on n'en lient pas compte: elle permettra enfin de la déterminer. Tandis que, dans le système de l'axe instantané, à cause des erreurs dans lesquelles Oppolzer a versé à son insu (*), on a cru de bonne loi, avec lui. qu'il sullisait de rappor- ter les formules de réduction à cet axe pour éliminer la nutation eulérienne, sans altérer en rien la notion de l'heure : la nutation eulérienne, pense-t-on, se traduit simplement par la variation des latitudes (astronomiques); on reconnaît bien qu'il en résulte également une varia- tion des longitudes, mais on n'a pas donné l'expression de celte variation, qui n'est pas insensible, comme l'a montré la discussion de l'équation (5). Non; cette opi- nion est tout à fait erronée : on vient de voir que si, dans le système de l'axe instantané, la nutation eulérienne est éliminée en obliquité, elle ne disparaît ni en longi- tude, ni dans les expressions des longitudes et latitudes terrestres, ni dans celle de l'heure; et que, dans ce sys- tème, l'ascension droite d'une étoile n'est plus l'heure de son passage au méridien. Dans le système des axes géographiques, au contraire, l'heure est rigoureusement uniforme, l'ascension droite se détermine par l'heure du passage de l'étoile au méridien, celui-ci est fixe, les lon- gitudes et les latitudes terrestres sont constantes (**). Rref, dans le système de Laplace, on marche sur un O Voir Une réaction en astronomie iNotices extraites de VA nnpaire de V Observatoire pour 1897) et Vierteljahrschrift, 189G, 4e trimestre. (*') Je fais ici abstraction 7 milli- mètres, sans subir de décomposition. L'iode du chaînon - CHJ présente, dans ce composé, les mêmes aptitudes réactionnelles que dans la mono- iodhydrine correspondante. L'analyse de ce produit a donné les chiffres suivants : I. 0,6007 de substance ont fourni 0,6415 d'iodure d'argent. II. 0,4715 de substance ont fourni 0,4954 d'iodure d'argent. Ce (jui correspond à Trouvé. I. II. Calculé. Iode 7, . . . 55,82 56,44 r55,72 ( 412 ) 5. -- Propanol mononitré bi-primaire i -5, (H0)CH2 - CH2 - CH8(N02). Il résulte de la réaction de la monoiodhydrine trimé- thylénique sur le nitrite d'argent. 4. Acéto- propanol mononitré bi-primaire 1-5, (N02)CH2 - CH2 - CH2{C2H302). Il résulte de la réaction de l'acéto-iodliydrine triméthy- lénique sur le nitrite d'argent. Ces deux composés seront décrits dans le mémoire suivant : Sur divers alcools nitrés. Sur divers alcools nitrés ; par Louis Henry, membre de l'Académie. I. — Alcools nitrés en C3. Nitro -propanol bi-primaire 1 - 3, (HO)CH2 - CH2 - CII2(NO)2 ou nitrô-propanol triméthylénique. Au propane H5C - CH2 - CH3 correspondent trois alcools nitrés : a) Deux continus : h\C - OU H2C - NO, i i HC-N02 et IIC -OH H3C H3C. Je les ai l'ait connaître précédemment (*). Ils résultent (*) Voir Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3e série, t. XXIX, p. 834, ett, XXXIII, p. 117. ( 415 ) respectivement de la condensation du méthanal HgC = 0 avec le nilro-éthane ll-C - C1L(N0,_>) el de colle du nitro- méthane ll-C - N02 avec Véthanal ll-C - Cil =0. b) Un discontinu (*) : II.C-OH I II,C I IIX - NO,, le nitro-propanol bi-primaire I -5. J'avais cru obtenir ce composé par la condensation du nitro-méthane avec l'oxyde d'éthylène H C *i > 0 + HCIIa.NO. H,C - OH i HjC - NO. On sait que l'acide cyanhydrique, en s'ajoutant à (*) Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire, j'entends par com- posés continus les composés polyatomiques à fonctions multiples, simples ou mixtes, où les radicaux fonctionnels X, X', etc. sont fixés sur un même atome de carbone ou des atomes de carbone distincts, mais directement unis les uns aux autres, et par composés discontinus ceux où ces radicaux sont fixés sur des atomes de carbone distincts, unis, ou, ce qui revient au même, séparés par au moins un autre atome de carbone. On sait combien cette circonstance influe puissamment sur les propriétés de la molécule totale et sur la valeur fonctionnelle des divers composants CX, CX' Voir mes études sur la Solidarité fonctionnelle dans les Comptes rendus, etc. e1 1rs Btdletins de l'Aca- démie royale de Belgique. ( 444 ) l'oxyde d'éthylène, fournit le nitrile lactique primaire (*) H,C - OH H C ' 2: > 0 + IICiN = H2C ll8C i NC. Je ne suis pas parvenu jusqu'ici à réaliser cette syn- thèse. Le pouvoir additionnel aux composés renfermant le système HC-. à hydrogène basique, qui est si déve- loppé dans les oxydes CnHïn = 0 renfermant le système HC = 0, parait avoir, en grande partie, disparu dans ceux renfermant le système bicarboné >C J'ai dû recourir, pour arriver à ce nitro-propanol 1 - ô, à la méthode de Y. Meyer pour la préparation des dérivés nitrés aliphatiques. En fait, le nitro-propanol bi-primaire 1 - 3 résulte de la réaction de la monoiodhydrine triméthylénique (HOJCHg - CH2 - CH2I sur le nitrite d'argent AgNOo. La réaction est aisée; elle s'établit déjà dès la tempé- rature ordinaire. On la réalise le plus commodément dans l'éther anhydre. Il suffit de chauffer au bain d'eau dans un appareil à reflux, pendant quelque temps, une demi- heure environ. On filtre, on expulse l'éther et l'on soumet le résidu à la distillation sous pression raréfiée. Le pro- (*) Ehi.enmeyer, Liebig's Annalen, etc., t. CXCI, }>. 173 (année 1878). ( 415 duit boul vers 140°-145° sous la pression de 40 milli- mètres. Le rendement de l'opération est avantageux : on recueille environ 70 °/0 de la quantité théorique. Le nitro-propanol bi-primaire 1 - 3 (HO)CH2 - CH2 - CH2(N02) constitue un liquide plus ou moins épais et visqueux, incolore, d'une faible odeur piquante, piquant sur la langue, mais beaucoup moins que le dérivé iodé qui en est l'origine. 11 n'a pas cet arrière-goût nauséabond qui caractérise son isomère 1 - 2, (N(h,)CIL> - CH(OH) - CH3. Il se dissout aisément dans l'eau, l'alcool, l'étber, etc. Sa densité à 15° est égale à 1,173. Il bout à 158°-140° sous la pression de 52 millimètres. Son isomère 1 - 2, le nitro-propanol secondaire (N02)CH2 - CH(OH) - CH3, bout à 1 12° sous la pression de 50 mil- limètres. Il n'est pas inutile de rappeler, à cette occasion, les points d'ébullition des deux alcools propyliques, primaire et secondaire, CH3-CHs-CIJa(OII) Éb. 90° C1I3-CH(0I1)-CH3 82°. Quoique les poids moléculaires des alcools nitrés soient plus considérables que ceux des alcools simples correspondants Poids moléculaire. Diff. NO C^H«>OH m \ C3W7-OII GO / ( 446 ) la différence de volatilité que l'on constate entre eux est plus grande que celle que l'on constate entre ceux-ci. Différence de volatilité. Propanols nilrcs 25° environ Propanols 14° La raison en est évidemment dans le voisinage des radicaux (N02) et (OH) ; ce voisinage constitue une cause de volatilité qui cesse par l'éloignement résultant de l'interposition du chaînon - CH2 entre les atomes de car- bone sur lesquels sont fixés ces radicaux fonctionnels. La densité de vapeur du nitro-propanol 1-5 a été trouvée égale à 5,4(>. Substance 0sr,0079 Pression barométrique .... 758" Mercure soulevé 739" Tension de la vapeur 49u Volume de la vapeur 104",4 Température 130° j ni ii i km oi lium La densité calculée est 5,61. Son analyse a fourni les résultats suivants : Azote °/0 Substance. Trouvé. Calculé. I . . . . Cs',2348 15,01 13,33 II ... . 0er,2l98 13,16 ) Le nitro-propanol bi-primaire se condense aisément OH avec l'alcool méthyléno-pipéridique IL>C < ^ r „ . Le r\ - i^nio mélange des deux liquides s'échauffe et se transforme ( *n ) en une masse épaisse qui se prend à la longue en cris- taux. Le produit répond à la formule (HO)CHî-CHJ-C<^_N==C5„|o)j Insoluble dans l'eau, il est aisément soluble dans les alcools méthylique et éthylique, dans l'éther, etc. Il cris- tallise aisément de l'alcool méthylique en aiguilles d'assez grandes dimensions, fusibles à 70"-7l". J'ai fait connaître précédemment (*) le dérive chlor- hydrique correspondant à ce nouveau nitro-propanol, c'est-à-dire le propane chloro-nilré bi-primaire 1-5 C1CH2 - CIL - CH2«(N02), qui résulte de la réaction du chloro- iodure de triméthylène CICIL - CH2 - CH J sur le nitrite d'argent. C'est un liquide à odeur piquante, bouillant sous la pression ordinaire à 197°, ayant pour densité 1,267 Son acétate (N02) CIL - CH.2 (C2H302) peut s'obtenir dans les mêmes conditions par la réaction de Viodo-acé- tate triméthylénique ICH2 - ClU - CH2 (C2H30.2) sur le nitrite d'argent. Il constitue, comme son alcool, un liquide incolore, plus ou moins épais, faiblement odorant, d'une saveur piquante, insoluble dans l'eau. Sa densité à 40° est égale à 1,191. Il bout, sous la pression de 58 millimètres, à 14(1-142°. • liait, de l'Acad. roy. de Belgique, 3e série, t. XXXII, p. 263. .">"" SÉRIE, TOME XXXIII. 28 ( 418 ) Son analyse a donné le résultat suivant : Substance. 0*r,1678 Je tiens à faire remarquer combien il importait d'ap- peler à l'existence le nilro-propanol bi-primaire 1-5. non pas parce qu'il complète la série des propanols nitrés, C3H(i (OH) (N02), mais parce qu'il est nécessaire pour résoudre la question de la relation qui existe entre le degré de rapprochement des radicaux N02 et OH, et l'intensité de l'influence que subit ce dernier dans son énergie alcoolique de la part du nitryle N02. II. — Alcools nitrés en C5. OH A. Alcools normaux ou nitro-pentanols C-Hj,, < ^ . Nitro-pentanolZ-ù CHtl-CH(i\02)-CH(OH)-CH2-CH3. Il résulte de l'addition du nitro-éthane CH3 - CH2(N02) au propanol CHr> - CH2 - CHO. 15 grammes de propanol et 19 grammes de nitro- éthane ont été mis en réaction. Les deux liquides se mélangent en se dissolvant. On y a ajouté quelque peu d'eau et quelques fragments de carbonate bipotassique. Le mélange des ingrédients liquides surnage. La réaction se détermine lentement par l'agitation de la masse. Le thermomètre s'élève de 18° à 59°-40°. Le produit formé reste incolore; il surnage ou tombe au fond de la solution potassique, suivant la concentra- tion de celle-ci. ( 419 ) On continue l'opération suivant la méthode ordinaire : extraction par l'éther; expulsion de celui-ci et distilla- tion du résidu sous pression raréfiée. Le nilro-peiilmwl 2 - 3 ainsi préparé constitue un liquide incolore, peu épais, d'une faible odeur aldéhy- dique, d'une saveur amère. Il est insoluble dans l'eau, mais l'alcool et l'éther le dissolvent aisément. Sa densité à 14° est égale à 1,071. Il bout, sous la pression de 43 millimètres, à H8M210 (*). Son analyse a fourni les chiffres suivants : Azote %. Substance. Trouvé. Calculé. I . . . . QS',3345 10,80 j > 10,52 II . . . . 0«r,2422 10,4 G ) Penlanol miré 2-5 CH3 - CH(OH) - CH(N02) - CIL, - CH3. Il résulte de l'addition du nitro-propane normal H3C - CH2 - CH2(N02) à Véthanal CH3 - CH = 0. C'est un corps analogue au précédent, liquide incolore, bouillant à 112° sous la pression de 30 millimètres. Ce produit a été fait par un de mes élèves, le P. Pau- wels, S. J., et sera étudié dans un travail spécial. B. Alcools nitrés dichotomiques ou nitro-isopentanols CH3 ^ r „ .OH CH-, ^ li5"4 ^ N(V ,* Son homologue immédiat en C.iH3G - CH(N0S) - CH(OH) - CH, bout à 112°-115° dans les mêmes conditions à peu près. (Voir mon travail, Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3e série, t. XXXII, p. 23. ( 4-20 ) ISitro-isûpentanol 1 -2 J^ > CH - CH(OH)-CH2(JSOâ). !1 résulte de l'addition du nitro-méthane à Yisobulanal | |];x;ii-<:h = o. 24 grammes d'aldéhyde ont été mélangés à 20 grain nies de nitro-méthane. Les deux liquides se dissuivent en une masse homogène qui surnage l'eau que l'on y ajoute en faible quantité, en même temps que quelques fragments de carbonate bipotassique. La réaction se détermine lentement et progressivement par l'agitation vive de la masse. Le thermomètre s'élève d'environ 30° à 55°. Pour extraire le produit, on suit la méthode ordinaire : traitement à l'éther, etc., et l'on distille, après expulsion de celui-ci, sous pression raréfiée. Le nitro-isopentanol ainsi obtenu constitue un liquide incolore, d'une faible odeur aldéhydique, d'une saveur piquante avec un arrière-goût nauséabond (*). Ce corps est insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'alcool, l'éther, etc. Sa densité à 14° est égale à 1,096. Il bout sous la pression de 40 millimètres à 120M250. Son analyse a fourni les chiffres suivants : Azote ° o. Substance. Trouvé. Calculé. I . . . . C«r,227l 10,30 j 10,52 II . . . . 0*r,209S 10,28 Cet arrière-goût nauséabond me parait propre aux alcools nitrés renfermant le système -CH(0H)-CH2(N02). On le retrouve dans les termes moins carbonés en C( et en C3. ( 421 ) fsopentanol mononitré I - 2 [:[[•"' > GH - CH(N02) -CH2(OH). Ce corps résulte de la condensation du méthanal CH2=0 (Il avec le nitro-isobutane primaire p„3 > CH - CH2(N02). Il est analogue au précédent. C'est un liquide incolore, insoluble' dans l'eau, peu odorant, ayant pour densité f, <>!)()(> et bouillant à 158°-159° sous la pression de 56 millimètres. Ce produit a été préparé et étudié par un de mes élèves, M. Shaw, qui s'en occupera, avec d'autres, dans un travail spécial. III. — Alcools nitrés en C6? Nitro-isohexanol I - 2 £|{3 > CH - CH2 - CH(OH) - CH2(N02). Il résulte de l'addition du nilro-me'thane CH3 - NOo à Visohexanol £**3 > CH - CH., - CHO (aldéhyde valé- Ui3 rique). On a mis en réaction - l0 de molécule de chacun de ces composés, 18 grammes d'aldéhyde et 12 grammes de nitro-méthane. Les deux liquides se dissolvent l'un dans l'autre. On ajoute quelque peu d'eau et quelques fragments de car- bonate bipotassique. On agite vivement la masse. La réaction se détermine lentement et la température s'élève de 14° à 42°. On extrait la couche surnageante par l'éther addi- tionné d'un peu d'acide chlorhydrique étendu, et l'on distille, après expulsion de l'éther, sous pression raréfiée. r 4.22 ) Ce nitro-hexanol est en tous points analogue au nitro- pentanol correspondant Çfjs > CH - GH(OH) - CH2(N02), produit à l'aide de l'aldéhyde isobutylique et du nitro- méthane. C'est un liquide plus ou inoins épais, peu odorant, d'une densité de 1,025 à 1 i". Il est insoluble dans l'eau. Sous la pression de 38 mil- limètres, il bout à 127°-130°. Son analyse a donné les chiffres suivants : Azote o'o. Substance. Trouvé. Calculé. I . . . . 0er,lG60 9,35 9 59 Il . . . . Oe',2403 9,49 Nitro-isohexanol 2-5 £[J3 > CH - CH(N02) - CH(OH) - CH5. Ce produit a été obtenu par M. Shaw. ïl résulte ( 'H de la condensation du nilro-isobutane primaire '„■" > CH CH3 - CH2(N02) avec l'éthanal CH- - CHO. C'est un liquide analogue au précédent. Sa densité à l'état liquide est 1,0533 à la température ordinaire. 11 bout à 119°-123° sous la pression de 38 millimètres. J'ai fait connaître jusqu'ici des alcools nitrés en C3, C4, C3 et C6. Leur comparaison au point de vue physique permet de faire certaines remarques qui ne sont pas, ce me semble, dénuées d'intérêt. Je n'en mentionnerai qu'une seule en ce moment, celle qui concerne la densité de ces corps à l'état liquide. De même que dans les paraffines nitrées, la densité à l'état liquide va, dans les alcools nitrés correspondants. ; «3 ) en diminuant à mesure que leur poids moléculaire s'élève, c'est-à-dire qu'ils sont plus riches en carbone. Paraffines mirées Densité. Étage. Alcools nitrés. Densité. CHs(NOs) 1,1441 à 15° C, CH-j-CH^NO,) 1,0583 à 13» ^ CHj-CHj-CBitNOi) 1,0108 à 15° C3 Crls-CHOHj-CH^NOi) 1,191 à >«J JjjJ^CHCH.NO, C4 CHs-CHj-CHlOH CiyNO*) I,144à35« C- [i[jï >CH-CH OH -CH.tNOi) l,096à li° C6 ^jj3>CH-CH.rCH( OHî-CHilNOi) 1,0525 a 14». Les densités des alcools simples correspondants à ces divers alcools nitrés sont respectivement : C, . . . . 0,7870 à 10° C, ... . 0,8190 à 20° C5 . . . 0,8113 à 18" Cc . . . . 0,8183 ;i 17° Le remplacement d'un atome d'hydrogène dans un chaînon - CH- par le radical - N(X», en déterminant une augmentation dans le poids moléculaire du composé pri- mitif, entraîne une augmentation dans la densité à l'état liquide. Celle-ci est d'autant plus faible que le poids moléculaire de l'alcool est lui-même plus considérable. Ces augmentations sont respectivement : à Iclagc C- ... 0,404 C, ... 0,325 C, .... 0,285 C„ . . 0,207 ( An ) Il en doit être ainsi dans tous les cas; le radical - NO^ ou 46 représente une fraction d'autant plus faible du poids moléculaire que celui-ci est plus considérable, c'est-à-dire que le composé est plus carboné. Il serait intéressant de connaître les résultats de Yoxy- dation et de la réduction des alcools nitrés. Des recherches sont entreprises dans ce but dans mon laboratoire. J'ai confié à l'un de mes élèves, M. De Battice, la tache d'exa- miner sous ce rapport l'alcool nitro-isopropylique CH3 - CH (OH) - CH2 (N02), celui d'entre ces corps que l'on peut préparer le plus aisément en grande quantité. Il est à prévoir que Y oxydation ménagée de ce composé donnera Y acétone mononitrée CH3 - CO - CH2(N02) et sa réduction, Y alcool isopropylique amidé H5C - CH(OH) - CH2(NH2) (*). H serait superflu de faire ressortir l'in- térêt que présentent des composés de ce genre. IV. — Synthèse d'alcools halo-mtrés. Les paraffines chloro- etbromo-nilrées, de divers genres, renfermant encore de l'hydrogène dans le système carbo- nilré > C - N02, se condensent aisément avec les aldé- hydes. Il en résulte des alcools chloro- et bromo-nilrés. Ci Je viens de lire dans le dernier numéro du Bulletin de la Société chimique de Berlin, t. XXX, p. 909, la description de l'alcool amido- éthvlique (H0)CH2 - CIL NH2 que M. L. Knorr a obtenu par la fixation H C de l'ammoniaque sur l'oxyde d'éthylène ,,2/, > 0. Il est à prévoir que l'alcool amido-isopropylique possède des propriétés en tous points analogues. ( 425 ) Je fais connaître aujourd'hui les produits de l'addition du methanal à Péthane chloro- el bromo-nitré (-11,-, - CH < 9L (*), CH3 - Cil < v!\ . c'est-à-dire les alcools propyliques ou propanols primaires, chloro- el bromo- nitrés Cil- - C < ^Q - CH2(OH). Propanol primaire chloro-nitré (III- - CH < J,-* - CH2(OH). 20 grammes d'éthane chloro-nitré (*) ont été mélangés avec 20 grammes de la solution aqueuse à 40 °/0 du methanal, ce qui représente un léger excès. Le nitro- chloro-éthane tombe au fond. On y ajoute quelques petits fragments de carbonate bipotassique. La réac- tion s'établit par l'agitation. Le thermomètre s'est élevé de 14° à 58°. Tout se dissout pour former un liquide homogène, d'où le carbonate bipotassique fait sortir l'alcool chloro-nitré produit sous forme d'une huile surnageante. On la dessèche à l'aide du K2C03 en frag- ments et on la rectifie sous pression raréfiée. Le chloro-nitro-propanol primaire CH5-C(N02)C1 - CH2(0H) ainsi obtenu constitue un liquide épais et vis- queux, parfaitement incolore, qui se soliditie a la longue ' Je m'occuperai dans un travail spécial des deux dérivés chlores du nitro-éthane : a) HC<{jq Kh. 124°-I2Ô°; b) HgC-NOi Éb. 163°-16S°. H,C - Cl v *26 ) en cristallisant en grosses aiguilles prismatiques fusibles à 15°, 5. A la température de 14", sa densité est égale à 1,570. La densité de l'alcool nitro-propylique primaire CH- - CH(N02) - CH^OH) est, à 6°, égale à 1,209. Il bout sans décomposition à 115° sous la pression de 44 millimètres. Sa densité de vapeur a été trouvée égale a 4,50 dans la vapeur de l'alcool amylique. Substance .... Pression barométrique Mercure soulevé . . Tension de la vapeur. Volume de la vapeur. Température . . . 0er,02 1 0 722""- 38""» 106te,8 130° La densité calculée est 4,81. Son analvse a fourni les chiffres suivants II . Substance. 0*r,2G58 0f5r.255î> 10,03 Propanol primaire bromo-nitré H3C - C < ^L -CH2(OH). 27 grammes de bromo-nitro-éthane H-C - CHBr (NO)2 ont été mélangés avec 14 grammes de la solution à 40 % du méthanal; celle-ci surnage et ne dissout pas le composé nitré. On y ajoute un fragment de carbonate 427 bipotassique et l'on agile vivement. La réaction ne tarde pas à s'établir et la température s'élève de 13° jusque vers 70°. Vers K)', la masse liquide devient homogène et tout est dissous. Le carbonate bipotassique sépare le produit dissous sous l'orme d'une huile loir le qui tombe au tond; <>u l'extrait par l'éther. Après expulsion de celui-ci, la masse se prend en cristaux. Le propanol primaire bromo-nitré (III- - C < ,.! . .\ i )._> -CH2(OH) ainsi obtenu se présente sous l'orme d'ai- guilles cristallines d'une blancheur parfaite, d'une odeur et d'une saveur très piquantes, insolubles dans l'eau, aisé- ment solubles dans l'alcool, l'éther, etc. 11 fond ii 42° en tube capillaire. L'analyse de ce composé a fourni les résultats suivants : Azote °/0. Substance. Trouvé. Calculé. I . . . . Oer, 18-26 7,49 7,60 II . . . . 0*V2000 7,42 Je ferai remarquer, à l'occasion de ces dérivés halo- nitrés, la différence de capacité de condensation avec le méthanal HoC = 0, qui existe entre l'éthane mononitré et ses dérivés chloré et brome CHs-CH^NO,) Cil, Cil < ^0 Cil- - Cil s ( w$ ) L'éthane mononitré, qui est bihydrogéné dans son chaînon actif Hc2C - N02, est bivalent, alors que ses dérivés chloré et brome, qui sont monohydrogénés, - CM S CM S **'' sont monovalents, conformément à la règle que j'ai for- mulée précédemment (*). Je ne suis pas parvenu jusqu'ici à produire le propanol primaire binitré CH3 - C(N02)2 - CH2 - OH, corps qu'il importe de posséder pour résoudre la question de l'in- fluence que subit l'hydroxyle alcool - OH de la part du radical nitryle - N02, eu égard à la masse de celui-ci. Le méthanal ne se condense pas dans les conditions ordi- naires avec l'éthane binitré CH- - CH(N02), qui est un véritable acide. Peut-être réussirai-je à obtenir ce corps important par la réaction du propanol bromo-nitré CH3 - CH < J^0 - CH2(OH) sur les nitrites alcalins. Je ne suis pas parvenu non plus à produire \e propanol iodo-nitré CH5 - CH < /v . - CH9(0H). On a vainement tenté de préparer dans ce but Yiodo-nitro-élhane CH5 - CH < /XA . . Voici la relation d'une expérience faite pour arriver a ce compose : 50 grammes d'iodure sodique ont été dissous dans l'alcool méthylique. On y a ajouté 30 grammes de bromo- nitro-éthane CH- - CH < z,^ . La réaction s'établit déjà à Bull, de VAcad. roy. de Belgique, 3-' série, t. XXX, p. 30, 1895. ( 429 ) froid. La liqueur brunit intensivement. Apres avoir chauffé pendant un quart d'heure au bain d'eau, on a filtré pour séparer le bromure sodique formé. Par l'addi- tion de l'eau, il se précipite une huile très lourde, de cou- leur très foncée. C'est évidemment le nitro-iodo-éthane CH- - CH < Ln . Mais il n'a pas été possible de purifier ce produit brut. Soumis à la distillation, il passe dès 75" sous une pression de 40 millimètres, en se décomposant fortement, avec mise en liberté d'iode. Les dérivés iodo-nitrés, renfermant lesvstème> C(N02)I, me paraissent manquer de la stabilité nécessaire pour pouvoir être obtenus à l'état de pureté. Avant de terminer, j'aime à constater toute la part qu'a prise dans ce travail et le précédent, au point de vue expérimental, mon zélé préparateur, M. Aug. de Wael, qui a droit à tous mes remerciements. De l'action du soleil sur les plaques photographiques; par C. Le Paige, membre de l'Académie. Dans une des dernières séances de l'Académie, notre savant Confrère M. P. De Heen a communiqué quelques résultats intéressants qu'il a obtenus en photographiant le soleil à l'aide de l'objectif d'une petite lunette de Sécrétan. Les faits observés par M. De Heen, s'ils devaient recevoir l'interprétation qu'en donne notre honorable Confrère, seraient d'une telle importance qu'il nous a paru nécessaire de les contrôler par une observation ( 450 ) attentive. Ils ne tendraient à rien moins, en effet, qu'à prouver qu'il est possible, en se servant d'une plaque sensible préalablement voilée, de photographier la chro- mosphère solaire. Dans la courte note que j'ai l'honneur de présenter à la Classe, je ne veux en rien discuter les idées de M. De Heen sur l'assimilation possible des diverses parties du soleil à l'arc voltaïque; je n'ai pour but que de présenter les observations que j'ai faites. J'ai disposé, à l'extrémité qui porte l'oculaire de la lunette équatoriale de l'Institut astro-physique de Cointe, un châssis photographique qui reçoit l'image formée par l'oculaire. Ayant conçu autrefois quelques doutes sur l'origine des faits constatés par M. De Heen, j'ai cru nécessaire, en premier lieu, de contrôler le fait du dévoilage de la plaque sous l'action du soleil. Ce fait est parfaitement établi. Ayant exposé d'abord une plaque sensible à la lumière diffuse, pendant deux secondes, cette plaque reçut pen- dant deux secondes l'action des rayons solaires, concen- trés par l'objectif de la lunette. Placée ensuite dans un autre appareil photographique, elle m'a donné, dans la partie centrale, actionnée par la lumière solaire, une image parfaitement visible, bien que peu définie, d'un paysage fortement éclairé (fig. 1). L'image s'arrête nette- ment à la partie dévoilée. Il est donc établi que l'action lumineuse renferme au moins trois phases distinctes : voilage de la plaque; dévoilage sous l'action solaire; impression nouvelle sur la partie dévoilée. , «I ) J'ai essayé de me rendre compte, jusqu'à un certain point, de la rapidité de ces actions. Pour y arriver, l'appareil photographique étant muni d'un obturateur instantané analogue à l'obturateur de Dallmayer employé par le P. Secchi, j'ai exposé une plaque sensible à l'action solaire pendant un intervalle extrêmement petit. Une seconde plaque, exposée une première fois dans les mêmes conditions, est restée dans le châssis et a été soumise une seconde fois à l'action instantanée du soleil. Les clichés obtenus ont un aspect pour ainsi dire identique; mais, en effectuant le développement, j'ai pu observer que, dans la première plaque, le centre vient d'abord, tandis que dans la seconde, les bords viennent en premier lieu. On peut donc en conclure que sous l'action d'une lumière puissante, les deux premières phases constatées par la première expérience se succèdent pour ainsi dire instantanément. Le premier fait de l'action lumineuse et le mode de cette action étant établis, il restait à contrôler l'interpré- tation qui en a été donnée. Une première vérification s'imposait. Si, en réalité, la chromosphère a le pouvoir dévoilant, l'image produite sur la plaque voilée devait être plus grande que l'image produite par la photosphère. J'ai donc mesuré d'abord sur l'écran en verre dépoli de l'appareil photographique l'image produite par le soleil et ensuite l'image du soleil sur la plaque voilée. Les dimensions sont parfaitement concordantes. ( 432 ) On ne peut objecter que cette vérification est insuf- fisante. En effet, d'après les observations spectrosco- piques et celles qui ont pu être faites pendant les éclipses totales de soleil, la chromosphère s'étendrait à environ 5,000 milles anglais au delà de la limite de la photo- sphère (1). Dans une image du diamètre de 35 millimètres envi- ron, telle que celles que j'ai obtenues, l'agrandissement diamétral de l'image devrait être deOmm,8 environ. Bien que les procédés de mesure dont je me suis servi n'aient pas toute la délicatesse qu'on pourrait désirer, une pareille différence ne saurait échapper. On pourrait objecter que la plaque photographique et l'écran ne sont pas rigoureusement dans le même plan, que l'épaisseur du verre de l'écran peut modifier le diamètre, qu'enfin le foyer chimique ne coïncide pas rigoureusement avec le foyer optique. Il m'a donc paru nécessaire d'obtenir l'image photo- graphique de la photosphère. Cette image a été obtenue à l'aide d'une obturation instantanée : la concordance des diamètres des deux plaques obtenues au même temps s'est conservée. Cette première vérification rendait déjà douteuse l'action de la chromosphère dans le phénomène du dévoi- lage. Les observations suivantes me semblent de nature à augmenter ces doutes. J'ai déjà fait observer que l'exposition instantanée au (1) H. E. Uoscoe, Spectriim analysis, p. 233. ( 453 soleil, suivie d'une seconde action instantanée, décelait, au développement de la plaque, l'origine centrale du dévoilage. Les figures II, III, IV donnent les images du soleil obtenues sur une plaque sensible : 1" avec une pose instantanée; 52° avec une pose d'un quart de seconde; 5° avec une pose de 1 seconde environ. Avec le premier mode de photographie, l'image du soleil est complètement blanche. On s'aperçoit même, comme cela doit être, que l'action lumineuse diminue du centre vers les bords. Dans la seconde image, le bord est parfaitement blanc ; le dévoilage a commencé au centre. Dans la troisième, la partie blanche se réduit à un simple anneau; la partie la plus dévoilée est encore au centre. Si la chromosphère devait intervenir dans l'action dévoilante, ce serait l'inverse qui se produirait. Bien plus, l'action lumineuse primitive étant la plus faible sur les bords, et l'action dévoilante qui lui succède étant la plus forte aux bords, ce seraient nécessairement les bords qui présenteraient une coloration foncée relativement au centre. Il est aisé, en même temps, de se rendre compte de l'image que présente la croisée des fils que j'avais fait placer en avant de la plaque afin d'orienter le soleil, croisée que j'ai fait enlever pour la remplacer prochaine- ment par une autre, établie dans de meilleures conditions d'ajustement. Dans les figures III et IV, l'image des lils apparaît en blanc, sauf sur les bords ; néanmoins, la partie impres- 3m* SÉRIE, TOME XXXIII. 29 ( 434 ) sionnée et noire est plus considérable dans la figure III, exposition un quart de seconde, que dans la figure IV, exposition une seconde. Suivons le phénomène dans ses trois phases, détermi- nées par l'expérience I. L'action lumineuse impressionne le disque, sauf aux parties cachées par les fils, qui apparaissent en noir; l'ac- tion se continue et voile, même sous les fils, en com- mençant par le centre, en même temps que le dévoilage commence dans les parties non protégées par les fils. La partie centrale doit donc apparaître en blanc au centre, en noir aux bords, et le rapport des parties noires et blanches doit diminuer avec la durée de l'exposition. Il y a plus, l'explication se vérifie jusque dans ses moindres détails. J'ai dit que le voilage de la seconde phase se fait sous les fils; c'est donc par les bords des fils qu'il doit commencer; or, en examinant l'image à la loupe, on aperçoit parfaitement des traces d'impression sous la partie médiane des fils et surtout au centre de la croisée, où la protection contre la lumière est la plus efficace. Jusqu'ici, sauf pour établir le fait du dévoilage, je n'ai pas fait usage de plaques voilées préalablement. Au fond, le fait importe peu, puisque, ainsi que je l'ai établi par mes deux premières séries d'expériences, les actions suc- cessives de voilage et de dévoilage se présentent, dans les photographies obtenues, avec une intensité qui croît d'après la durée de pose, et en observant toutefois que la sensibilité de la plaque, dans ces diverses phases, va en diminuant, comme il résulte de la faiblesse de l'image I. Les figures V et VI ont été obtenues à l'aide de pla- ( 435 ) ques voilées par l'ex position à la lumière diffuse pendant deux secondes. L'exposition au soleil a eu lieu, pour toutes les deux, pendant {\cu\ secondes, mais pour la ligure V, j'ai employé un diaphragme 2, tandis que pour la figure VI. j'ai fait usage du diaphragme (> appliqué à l'objectif de l'équatorial (1). La ligure M est la seule qui présente quelque intérêt, parce qu'elle revêt l'apparence de celles qui ont été com- muniquées à l'Académie par M. De Heen. Si nous la rapprochons de la figure IV, on constate à première vue qu'elle offre en quelque sorte le négatif de celle-ci. Cette apparence est parfaitement explicable d'une manière générale, puisque, dans la formation de cette image, nous avons une phase de plus que dans la figure I V . la plaque ayant été préalablement voilée. Comme pour la ligure IV, il n'est pas difficile de pré- senter l'explication des différentes circonstances qui s'y font remarquer, explication directement en contradiction avec l'hypothèse de M. De Heen. La plaque a été uniformément voilée; l'action lumi- neuse, dans la seconde phase, la dévoile en commençant par le centre; la partie centrale ayant été dévoilée, l'ac- tion lumineuse du soleil agit à nouveau, en commençant par le centre. Celui-ci paraîtra donc sur l'image, relati- vement clair à l'égard des bords. L'intervention de la chromosphère n'a rien ii faire dans l'image VI. (1 L'éclairage augmente avec le numéro du diaphragme. ( 436 ) Cette interprétation est confirmée par l'apparence que donne l'image des fils. Ceux-ci apparaissent en blanc dans la partie non impressionnée par le soleil ; le blanc pénètre en partie dans l'intérieur du disque. La partie centrale est noire, sauf la croisée des fils, qui est relativement claire. Reprenons l'examen de l'action de la lumière. La plaque est uniformément voilée. Les fils protègent partiellement la plaque contre l'action lumineuse. Celle- ci, faible en debors de l'image solaire, dévoile faiblement la partie circulaire impressionnée; les fils apparaîtront en blanc. Le même phénomène, à un degré moins fort, se présentera sur les bords du disque où l'action solaire est moins intense. Dans la partie centrale, l'action lumineuse, très forte, dévoile en dessous des fils; ceux-ci s'impressionnent. La plaque devenant de moins en moins sensible, la troisième phase de l'action lumineuse ne parvient plus à voiler uni- formément au-dessus des fils; ceux-ci apparaissent en noir. A la croisée, où la protection est double, la seconde phase n'a pas le temps de se produire; le centre de la croisée est relativement blanc. S'il restait quelque doute sur la vérité de l'interpréta- tion que je crois devoir donner des phénomènes, il s'éva- nouirait, je pense, à l'inspection de la figure VIL Ici, j'ai également fait usage d'une plaque voilée préa- lablement et dévoilée par action solaire. Le dévoilage est à peu près uniforme, parce que j'ai fait usage du dia- phragme 2; mais si l'action dévoilante était due à l'action de la chromosphère, c'est dans le voisinage des ( 457 ) taclies qu'elle devraii se manifester davantage : celles-ci apparaîtraient en noir. Or, il est très visible que le dévoi- lage n'a pas eu lien à l'endroit des taches qui apparais- sent en blanc et d'autant plus en blanc que nous sommes dans le voisinage du noyau obscur. La comparaison des figures II et VII ne laisse aucun doute à cet égard (I). Cointe, Institut astrophysique, le 9 mai i 897 . Réponse à M. Le Paige; par P. De Heen, membre de l'Académie. La question de la réalisation de la photographie de la chromosphère solaire peut se résumer comme il suit : Trouver un procédé capable de rendre plus particulière- ment sensibles les parties du soleil qui présentent comme la chromosphère le plus faible pouvoir actinique. Le procédé des plaques voilées réalise cette condition, ainsi que cela résulte également des expériences de M. Le Paige, lesquelles ne font que compléter ce que nous avons dit à cet égard. Mais il importe évidemment de déterminer par tâtonnements le degré de voilage et le temps de pose les plus efficaces. Les effets successifs constatés par mon savant confrère me paraissent égale- il) Je me plais à dire que tous les accessoires construits pour exé- cuter ce travail : châssis photographiques, obturateur instantané, etc., ont été exécutés à l'Institut astrophysique de Cointe par le prépara- teur M. Ch. Mottet, qui a également effectué le développement de la plupart des clichés. ( 438 ) ment le résultat de ce fait que, par suite d'un voilage insuffisant, les plaques n'avaient pas complètement perdu leur faculté aclinique. Dans ces conditions, le dévoilage au centre doit nécessairement être en avance sur le dé voi- lage au bord, puisque le voilage s'est d'abord produit d'une manière plus énergique au centre également (1). Quoi qu'il en soit, les photographies que j'ai pu réaliser pendant le petit nombre de jours de beau temps qui se sont produits vers le milieu de février m'ont permis de reconnaître que le bord du soleil, à cette époque, pré- sentait des différences considérables : il est ilou sur une grande partie de la périphérie, représentant d'une manière non douteuse celle qui est occupée par les protubérances, alors qu'une autre partie de la périphérie présente au contraire une grande netteté. L'existence d'une différence sensible éventuelle entre le diamètre solaire obtenu par ce procédé photographique et la mesure directe s'était également présentée à mon esprit. Le mauvais temps ne m'a pas permis de réaliser cette recherche. Il faudrait, pour admettre d'une manière définitive l'argument que fait valoir M. Le Paige à cet égard, connaître d'abord l'état du soleil au moment de ses expériences et s'assurer si les temps de voilage et de pose sont, comme je l'ai dit, ceux qui permettent l'appa- rition des particularités que j'ai remarquées. Quoi qu'il en soit, je ne doute pas que toute divergence de vues ne cesse d'exister entre mon honorable Confrère et moi, lorsque le soleil voudra bien nous prêter son concours d'une manière quelque peu continue. (I) De nouvelles expériences faites depuis cette lecture ont com- plètement vérifié ces prévisions. ( 439 Sur quelques dérivés (luobromés en Cg (première commu- nication); par Fréd. Swarts, répétiteur à l'Université de Gand. Dans un précédent mémoire (*) que j'eus l'honneur de présenter à l'Académie, j'annonçai des recherches sur les dérivés ftuobromés de l'éthane que pourrait donner l'éthane tétrabromé symétrique, sous l'influence du fluo- rure d'antimoine et du brome. Ce travail, que j'ai dû interrompre à plusieurs reprises, n'a pu être achevé qu'aujourd'hui. Je me permets d'en soumettre les résul- tats à l'appréciation de l'Académie. Le télrabromure d'acétylène, d'une préparation jadis pénible et coûteuse, est actuellement facile à obtenir en grandes quantités. L'acétylène brut obtenu par l'action de l'eau, ou mieux de l'acide chlorhydrique étendu, sur le carbure de calcium, est dirigé dans un tube à boules de Thorner contenant du brome. Pour parer à la forte élévation de température que provoque la réaction, ce tube est plongé dans un baquet rempli déglace. L'acéty- lène, qui peut passer en quantité assez notable sans être absorbé, est reçu dans un deuxième tube qui le retient presque complètement (**). *) Bull de l'Acad. roy. de. Belgique, 3e sér., t. XXVI, p. 102, 1893. (**) J'ai observé que quand on fait passer de l'acétylène à travers une série de tubes de Thorner contenant du brome, le premier tube se décolore lentement, beaucoup d'acétylène passant sans être absorbé, tandis que le brome est complètement transformé dans le deuxième ( 440 ) On arrive à se préparer ainsi en un jour plus d*un kilogramme d'acétylène létrabromé brut. Celui-ci est secoué avec de la soude, puis séché sur du chlorure de calcium. Pour obtenir un produit pur, je ne me suis pas servi de la méthode recommandée par Sabanejeff et par Anschïitz (*). Ces auteurs réduisent le tétrabromure brut par le zinc, de manière à préparer de l'éthylène bibromé symétrique, lequel peut être distillé à la pression atmo- sphérique et obtenu très pur. On le transforme en tétra- bromure par addition de brome. A ce procédé, assez long, j'ai préféré substituer la distillation fractionnée dans le vide, en me servant d'un tube de Lebel à six bou- les. En recueillant le liquide bouillant entre 150° et 135° sous une pression de 30 millimètres de mercure, et en le distillant encore une fois sous la même pression, j'obtins, aux dépens de 1 kilogramme de tétrabromure brut, envi- ron 850 grammes de produit tout à fait pur, bouillant à i34°. Pour m'assurer de sa pureté, j'ai déterminé sa den- sité à 20°. Elle s'est trouvée être de 2,9G56, tandis que le produit le plus pur obtenu par Anschùtz aurait à cette température une densité de 2,9648 [valeur déterminée par interpolation linéaire à l'aide des densités données par Anschùtz (**)]. En outre, son indice de réfraction à 20" et même le troisième tube avant de l'être dans le premier. Je n'ai pas étudié la réaction à ce point de vue, mais il y a là un point intéressant à élucider. Sabanejeff a observé un phénomène de ce genre : l'acéty- lène impur provenant de l'action de la potasse caustique sur le bromure d'éthylène et contenant du bromure de vinyle était mieux absorbé que l'acétylène pur. (*) Anschùtz, Ann. (1er Ckem., t. CGXXI. (" Anschùtz, /. c. ( 441 ) était de l ,65795, c'est-à-dire exactement celui qu'a trouvé Weegmann (*). La distillation sous pression réduite permet donc, à condition d'opérer sur des quantités de matière un peu toiles, d'isoler, sans longues manipulations, un produit tout aussi pur que celui qu'on obtient par réduction préalable, et cela avec un minimum de perte. Le tétrabromure d'acétylène a été soumis à l'action ûuorurante du mélange de fluorure d'antimoine et de brome. A cet effet, j'ai introduit dans l'appareil de platine que j'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de décrire, trois molécules d'éthane tétrabromé avec une molécule de fluo- rure d'antimoine et environ une demi-molécule de brome. Celui-ci étant constamment régénéré, peut être employé en quantité notablement inférieure à celle que comporte la formation du composé SbFl5Br2. J'ai chauffé au réfri- gérant ascendant à 150', d'abord pendant huit heures. Après refroidissement, j'ai constaté qu'il s'était produit une abondante cristallisation de bromure d'antimoine, mais que le fluorure n'était pas entièrement transformé. J'ai repris l'opération en chauffant pendant douze heures, ce qui amena une transformation totale du fluorure d'an- timoine. Le produit brut de la réaction a été lavé d'abord avec de l'acide chlorhydrique, puis avec une solution d'acide tartrique, afin d'enlever complètement le bromure d'anti- moine. Il fut secoué ensuite avec une solution de sulfite de sodium, pour le débarrasser du brome. Ces opérations furent faites en évitant une élévation trop notable de température. Le liquide incolore que j'obtins de la sorte (*) Weegmann, Zeitsch. fur physik. Cliemie, t. CXXII, p. 217. ( 442 ) fut lavé à l'eau, séparé à l'entonnoir à robinet et séché sur du chlorure de calcium. Après dessiccation, je l'ai soumis à la distillation frac- tionnée. L'ébullition commence à 95° et une assez forte proportion du liquide distille entre 100° et 120°, le ther- momètre se maintenant surtout entre 105° et 110°. Au delà de 120°, la température d'ébullition s'élève assez rapidement jusque 170° et une nouvelle portion de liquide distille à température fixe. Mais on constate en même temps une décomposition du produit restant dans le bal- lon, avec dégagement de brome et d'acide bromhvdrique. Comme le tétrabromure d'acétylène commence à se décomposer vers 190°, j'ai supposé qu'une certaine quan- tité de ce corps était restée inaltérée dans le produit de la réaction et que c'était à sa destruction partielle qu'était dû le dégagement de brome et d'acide bromhvdrique. Pour éviter cette destruction, j'ai soumis le résidu bouil- lant au-dessus de 170" à la distillation sous pression réduite, sous une pression de 30 millimètres de mercure. Je n'ai plus observé aucun phénomène de dissociation. Une partie du liquide distille vers 90°, puis le thermo- mètre s'élève peu à peu jusque 134° et se maintient à cette hauteur, c'est-à-dire à la température d'ébullition du tétrabrométhane symétrique. Toute la portion distillant au-dessous de 130° sous une pression de 30 millimètres de mercure fut soumise à une nouvelle distillation à la même pression et séparée en trois fractions, la première bouillant au-dessous de 100°, la seconde de 100° à 130°, la troisième de 150° à 153°, limite que le thermomètre n'a pas dépassée. La première fraction fut rectifiée sous la pression atmo- sphérique et commença à distiller vers 163°, sans décoin- ( 445 ) position. Le thermomètre se maintint presque tout le temps entre 170" et 17o°, el ne s'est pas élevé au-dessus de 180". La deuxième fraction fournit à la distillation sous la pression ordinaire un peu de liquide bouillant vers 170", mais ne tarda pas à subir un commencement de décom- position. Par rectification dans le vide sous une pression de 30 millimètres de mercure, je parvins à en extraire encore une certaine quantité de liquide passant au-dessous de 100° et qui s'est laissé distiller sans décomposition à la pression ordinaire pour fournir le corps bouillant à 170- 175°. La fraction passant à 150°-155° est du létrabrom- éthane inaltéré. Par une série de rectifications des portions bouillant de 100" à 120°, de 120" à 170° et de 170" à 180" sous la pression atmosphérique, je suis parvenu à isoler deux liquides, dont l'un distille entre 100" et 109°, l'autre entre 172" et 175°. Il y avait donc eu formation de deux composés diffé- rents. Comme j'avais employé une quantité de fluorure d'antimoine suffisante pour remplacer un atome de brome par du fluor dans la totalité du tétrabrométhane, et que je retrouvais une partie de celui-ci inaltéré, il était pro- bable que la flttoruration avait porté, au moins partielle- ment, sur plus d'un atome de brome. La différence des points d'ébullition entre le produit primitif et le liquide bouillant à 175" (01") d'une part, avec le liquide bouil- lant à 107° d'autre part (128°), me firent supposer que j'avais entre les mains deux corps don! l'un était mono-, l'autre bifluoré. En effet, la température d'ébullition d'un, hydrocarbure fluoré est généralement inférieure de 65°- 70° ;i celle de l'hydrocarbure brome correspondant, comme j'ai déjà eu l'occasion de le montrer. ( 444 ) L'analyse a confirmé ces prévisions. Le liquide bouillant à 107°-109° fut rectifié une der- nière fois au Lebel à cinq boules et fournit un corps bouillant absolument constant à i()7°,5 sous 764 milli- mètres de pression. J'y ai dosé le carbone et l'hydrogène par la méthode que j'ai décrite ailleurs. 0Br,7046 de substance ont donné 0er,0648 EIaO, soit 0er,0071 !G H ou 1,01 % et Osr,2797 C02, soit 0er,0765 C ou 10,75 •/.. 0«p,5959 de substance ont donné 0^,0581 11*0, soit 0«p,00645 II ou 1,08°/. et (J<5',2289 C08, soit 0«-,0G24 C ou 10,51 •/• Calculé pour CiHiBriFl1 C 10,71 % II 0,895 •/. Trouvé. 10,75°/.- 10,51 •/„ LOI •/„- 1,08% J'ai pris en outre la densité de vapeur du nouveau jtroduit, en employant la méthode d'Hofmann. Poids Pression en millimètres Volume Densité Poids de Température. de Hg observé. déduite. moléculaire. substance. (réduite à 0°;. Ob', 1405 100° 212,3 67cc,7 7,83 226,7 Os',126 100« 170,4 76«,2 7,8 224 ( *4:> x Cette densité est donc absolument normale : le poids moléculaire théorique ". H n'attaque le verre qu'au rouge et n'est pas combustible. Le liquide bouillant de 170" à 17;i" fut rectifié égale- ment et donna un corps rigoureusement pur, bouillant à 171° et dont l'analyse a fourni les résultats suivants : 1«r,023I de substance ont donné 0«r,ôt92 CO*, soit 0«r,08705' C ou 8,49 •/. el 08r,0779 H,0, soit 0«r,008G4 II ou 0,84 %. u*r,7509 de substance ont donné 0er,2274 COt, soit 0 N Nous verrons plus loin ce qu'il faut penser de cette interprétation. La préparation des deux dérivés fluorés que je viens de décrire ne s'exécute que malaisément dans un appareil en verre. D'abord, parée qu'un contact aussi prolongé ave.- du fluorure d'antimoine chaud produit déjà à lui seul une corrosion du verre. En outre, à cette température, le brome agit faiblement comme substituant, et il se forme un peu d'acide bromhydrique et du tétrabromfluoréthane, corps dont je parlerai plus loin et dont j'ai reconnu la présence, en petite quantité, dans le produit distillant de 180° à 200°, de 100" à 150° sous une pression de 30 millimètres. L'acide bromhydrique formé décom- pose un peu de fluorure d'antimoine avec production d'acide fluorhydrique, qui attaque le verre. Cette forma- tion d'acide fluorhydrique peut aussi se constater dans l'appareil de platine. Le tube de verre en U contenant de l'acide sulfurique, qui ferme supérieurement le réfri- gérant ascendant, est corrodé. La formation du tétrabromfluoréthane peut être due, ou bien à une action substituante du brome sur le tri- bromfluoréthane, ou bien à ce que le brome attaque légèrement le tétrabrométhane pour le transformer en pentabrométhane (*), lequel subirait à son tour la substi- tution fluorée. En tous cas, cette réaction est très limitée et il ne se forme que des traces de tétrabromfluoréthane. Je me suis assuré qu'en chauffant du tétrabrométhane pendant trente-six heures avec du fluorure d'antimoine seul à 150°, il ne se produit aucune réaction. O Bourgoin a démontré que cette réaction se produite 160\ {Bull. de la Soc. chim. de Paris, t. XXIII, p. 173.) 3me SÉRIE, TOME XXXIII. 30 ( 450 ) En possession de ces deux nouveaux corps, j'ai essayé d'en préparer les dérivés éthyléniques. J'ai fait agir la potasse alcoolique sur le tribromtluor- éthane. J'ai introduit dans un ballon muni d'un réfrigé- rant ascendant et d'un entonnoir à robinet 8«v> grammes de tribromfluoréthane et j'y ai fait couler en un mince tilet une solution de 17 grammes de potasse caustique dans 1:20 grammes d'alcool, c'est-à-dire un léger excès d'alcali par rapport à l'étbane. La température s'élève fortement et il se produit instantanément un précipité blanc cristallin. Il n'y a pas de dégagement gazeux, mais si l'on ne prend pas soin de refroidir en immergeant le ballon dans l'eau froide, le liquide s'écbauffe jusqu'à bouillir. Après introduction de toute la potasse alcoolique, ce qui prend environ un quart d'heure, j'ai abandonné l'ap- pareil à lui-même pendant une heure et, afin d'assurer éventuellement une réaction complète, j'ai chauffé ensuite pendant une heure au bain-marie. Puis je laissai refroidir; j'attendis douze heures. Ce repos ne provoque pas la précipitation d'une nouvelle quantité de sel de potassium. Le produit de la réaction fut ensuite soumis à la distil- lation au bain d'huile jusqu'à obtention d'un résidu abso- lument sec. Ce résidu fut analysé et s'est trouvé exclusi- vement formé de bromure de potassium. Quant au distillât, il fut fractionné au Lebel. La distillation commence à 70° et le thermomètre se main- tient assez longtemps lixe à 74°, 5, puis il monte lentement, s'arrête à 78° et ne s'élève pas au-dessus de 85". J'ai séparé le liquide bouillant à 74°-7«)" et j'ai secoué le reste avec de l'eau pour enlever l'alcool. Il s'est précipité ainsi m\ liquide [dus dense que l'eau, qui fut séché sur du ( 48! ) chlorure de calcium et distillé. Il bouillait entre 90° et 100° et donna par rectification un corps distillant à 91°. Mais le rendement l'ut peu satisfaisant : j'obtins à peine l.-i grammes de produit. Pour débarrasser le liquide bouillant à 74°-75° de l'alcool qui aurait pu l'accompagner, je l'ai secoué avec de l'eau, ce qui amena une diminution de volume de plus de moitié, 10 centimètres cubes donnant 3CC,8 d'un liquide insoluble dans l'eau, qui fut séché et distillé. La température d'ébullition de la substance ainsi purifiée fui trouvée être de 91°. Il \ avait donc eu production d'une vapeur mixte d'al- cool et du corps bouillant à 91", vapeur ayant un point d'ébullition fixe. J'ai été amené à reprendre plusieurs fois cette opéra- tion, et chaque t'ois j'ai observé que la distillation du liquide alcoolique primitif donnait un distillât bouillant à 74",.-> et contenant la presque totalité du dérive éthylé- nique. J'ai soumis à l'analyse le nouvel éthylène ainsi pré- paré : 0Br,8991 de substance ont donné Osr,5766 COa, soit Oer, 10266 C ou 11,49°/» et (Jsr,0492 11,0, soit Oer,00546 H ou 0,6 "/„. Calculé pour CâHBrsFl. Trouvé. C H,76"/0 U,49'/« Il 0,49% 0,6 % Il s'est donc formé du dibromfluoréthylène, comme le faisait prévoir la formation exclusive de bromure de ( 452 ) potassium et la disparition totale du Irihromfluoréthane. Il n'y a pas production de dérivé acétylénique. Le fluordibrométhylène est un liquide incolore, d'une odeur assez désagréable, bouillant à 90°, 3 sous 748 mil- limètres de pression; sa densité est de 2,29082 à 17°, 5; son indice de réfraction, de 1,49539 à 17". Je n'ai pas pu constater de phénomène de polymérisation. La détermination de la densité de vapeur à 100° a con- duit au résultat suivant : Poids de substance. Température. Pression en millimètres de Hg (réduite à 0°). Volume observé. Densité déduilc. Poids moléculaire. Og'^2Ho 100° 307,6 ""fi 7,H9 205,8 J'obtiens donc un résultat théorique, le poids molécu- laire calculé étant 204. Le dibromfluoréthylène n'attaque pas le verre à froid. Il salière à l'air en absorbant l'oxygène, comme le font d'ailleurs le tribrométhylène et le dibromélhylène dissy- métriques. Tl se transforme alors en fluorure acide, prend une odeur piquante et fume à l'air. Ce qui démontre que c'est un fluorure acide et non un bromure acide qui se forme, c'est que si l'on conserve le dibromfluoréthylène dans un tube scellé, il ne s'altère pas et le verre reste transparent. Mais si on l'enferme dans un flacon impar- faitement bouché, il fixe l'oxygène, et l'humidité de l'air attaque le produit d'oxydation en donnant de l'acide ( 453 ) fluorhydrique, «loin la formation se manifeste par une corrosion énergique du verre. Il v a donc production de fluorure acide de dibromacétyle d'après l'équation C*IIBr,FI -+- 0 = ClirJI — COKI. Le dibromfluoréthylène retient très facilement l'eau et surtout l'alcool. Pour enlever totalement ce dernier, il tant un lavage soigné. La constance avec laquelle se produit, dans la distilla- tion d'un mélange d'alcool et de dibromfluoréthylène, la vapeur mixte à point d'ébullition constant dont j'ai parle plus haut, m'a amené à déterminer la densité de vapeur <\e ce mélange. J'ai obtenu ainsi les données suivantes : Poids de substance. Température. Pression en millimètres de Hg (réduite à 0°). Volume observé. Densité déduite. Poids moléculaire. 08',()2i 100" 259,2 72«,3 4,04 ' Cette densité correspond à peu de chose près à celle d'un mélange d'alcool avec une molécule d'éthylène fluo- dibromé, mélange dont la densité serait 4,5. Sur le tribromfluoréthanej'ai également fait agir l'am- moniaque en solution alcoolique. On sait qu'en tubes scellés celte solution agit sur le tétrabrométhane pour donner de l'éthylène tribromé. Une réaction semblable a lieu pour le tribromlluoréthane. Il n'est pas néces- ( 454 ) saire de chauffer. J'ai simplement laissé en contact dans un llacon bien bouché 28ë',5 de tribromfluoréthane et 100 centimètres cubes d'une solution alcoolique d'ammo- niaque deux fois normale. Après quatre jours, il s'était produit une abondante cristallisation de bromure d'am- monium. J'ai distillé le liquide. La distillation commence à 70° pour donner une combinaison additionnelle d'un dérivé éthylénique et d'alcool bouillant à 74°, et tout le liquide bout au-dessous de 80". En précipitant le distillât par l'eau, j'ai isolé un liquide bouillant à 90°, 3, présen- tant toutes les propriétés du dibromfluoréthylène et qui a donné à l'analyse les résultats suivants : 0e'\7427 oules. J'ai séparé d'abord un liquide alcoolique, dont j'ai extrait le dibromfluoréthylène par précipitation par l'eau, dessiccation et rectification, un peu de dibroindilluoréthane inaltéré, puis un liquide peu abondant, distillant de 130" à 180° (10 centimètres cubes environ). Ce dernier produit, rectifié derechef, m'a donné une petite quantité d'un corps bouillant de 150° à 160°, sans point d'ébullition bien constant. Je n'en ai obtenu que 5 centimètres cubes. Il possède une odeur rappelant celle du bromacétate d'éthyle, irrite très vivement la conjonctive et est attaqué par la soude caustique et l'acide sulfurique concentré. Chauffée au rouge dans un tube de verre, sa vapeur cor- rode vivement le tube. Malheureusement, j'ai eu trop peu de substance à ma disposition pour pouvoir la purifier d'une manière com- plète. Sa densité de vapeur est égale à 180 et se rap- proche de celle de l'éther lluodibromé inconnu (490), qui pourrait se former par substitution du brome par l'oxéthyle. Trois dosages de carbone et d'hydrogène ont donné comme teneur en ces deux éléments, respective- ment 25,79 %, 25,64° „ et 25,7 % de carbone, et 5,52- 0, 5,46 °/0 et 5,50 % d'hydrogène. L'éther lluodibromé' contiendrait 25,2 ° „ de carbone et 5,68 % d'hydrogène. La forte teneur en hydrogène exclut l'hypothèse que le corps serait un éthylène substitué. En outre, il ne se combine pas au brome par addition. Sa teneur en brome (environ 43 "■„, calculée pour l'éther lluodibromé, 41,05) constitue une présomption de plus en faveur de la formation d'un dérivé par substitution d'un atome de brome par l'oxéthyle. Ces teneurs en brome, hydrogène ci carbone correspondent en effel à (-«'Iles d'une substance qui contiendrait un atonie de brome pour quatre atonies rie carbone el sept d'hydrogène. En rapprochant ce fail de la grandeur du poids moléculaire (180), l'hypo- thèse que je me trouve en présence de l'éther fluodibromé devient très plausible. Je ne puis évidemment, à l'heure actuelle, me prononcer d'une façon définitive, mais la formation d'un corps de ce genre explique la formation du bromure de sodium que j'ai trouvé dans le résidu de distillation. L'analyse m'a montré, en effet, que le résidu contenait 15^,1 de lluor au lieu de 11), et lO^o de brome au lieu de 80, quantités que j'aurais dû trouver si la réaction avait été totale dans le sens d'une substitution fluorée ou d'une substitution bromée. Je me propose de revenir sur ce point, de l'étudier avec plus de détails, en opérant sur de fortes proportions de substance, puisque le rendement est si mauvais. J'aurai l'honneur de tenir l'Académie au courant de mes recherches. L'enlèvement de l'acide fluorhydrique par l'alcoolate de sodium est une réaction chimique en apparence déconcertante. Mes travaux antérieurs ont en effet montré la grande affinité du carbone pour le lluor et l'énergie avec laquelle ces deux éléments tiennent l'un à l'autre. J'ai montré ailleurs (*) combien il est difficile d'enlever le lluor au carbone par l'hydrogène naissant. D'autre part, nous savons qu'en général, dans les C) Sur l'acide fluoracc tique (Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, :> série, t. XXXII, n" 7, p. 77) et Sur l'acide dichlor/luoracctitjue Mémoires cour, et autres mémoires, in-S°, t. LI). ( 462 ) éthanes bisubstitués par des halogènes différents, l'acide bromhydrique est plus facilement enlevé que l'acide chlorhydrique. Cependant il existe de nombreuses excep- tions à cette règle, exceptions dont M. Henry a signalé plusieurs exemples. Ce savant a démontré (*) quel'iodure d'éthyle bichloré, soumis à l'action de l'éthylate de sodium, donne surtout (pour les 4/5) de l'éthylène bichloré par enlèvement d'acide iodhydrique, mais que pour un cinquième il est transformé en éthylène chloroiodé, el cela malgré l'affinité beaucoup plus grande du chlore pour le carbone, comparée à celle de l'iode. De même, il a observé (**) que l'éthane chlorobromoiodé, traité par la potasse alcoolique, se transforme surtout par arrache- ment d'acide chlorhydrique en éthylène bromoiodé dissymétrique (pour les 3/4) ; mais un quart du produit mis en œuvre perd de l'acide iodhydrique pour devenir éthylène chlorobromé dissymétrique. Ici j'observe un phénomène du même genre; la réaction se produit surtout dans le sens d'un enlèvement d'acide fluorhydrique aux dépens du dibromdifluoréthane, mais il se produit en même temps une réaction du côté brome de la molécule. M. Henry attribue la production de deux réactions simultanées, dans les cas qu'il a étudiés, à l'existence de deux isomères dans les éthanes dont il est parti. Malgré tous les soins que j'y ai apportés, je ne suis pas parvenu à séparer deux isomères dans le dibromdilluoré- (*) Sur T addition du chlorure d'iode à l'éthylène monochloré (Comptes RENDUS, t. XCVIII, p. 519). (**) Sur l'addition du chlorure d'iode à l'éthylène monobromé (Comptes rendus, t. XCVIII, p. 680). ( 463 ) thane, et je suis plutôt porté à croire que c'est un corps unitaire, mais qu'il réagit de deux manières différentes : principalement en perdant de l'acide fluorhydrique, et secondairement en donnant un dérivé par substitution du brome. L'enlèvement de l'acide fluorhydrique par la potasse est un phénomène analogue à ceux déjà observés par M. Henry dans les réactions que j'ai signalées plus haut, et dans lesquelles c'est l'halogène le plus actif qui est arraché avec l'hydrogène, malgré son affinité plus forte pour le carbone. L'action du zinc sur le difluordibrométhane est de nature à donner des indications sur la constitution de ce corps et par conséquent sur celle des dérivés éthylé- niques qu'il engendre. J'ai l'ait réagir le zinc dans les mêmes conditions que pour le tribromlluoréthane, c'est-à-dire en mélangeant le dibromfluoréthane avec deux fois son poids d'alcool. J'ai mis en œuvre 100 grammes de produit dans chaque expérience. La réaction est beaucoup moins vive qu'avec le tribromlluoréthane, mais elle se produit néanmoins avec élévation notable de température.* Il ne se dégage pas de gaz, mais il se produit un liquide très volatil. L'introduction du zinc fut faite en deux heures envi- ron; l'appareil fut abandonné à lui-même pendant trois heures, puis je distillai le liquide au bain-marie. J'ai recueilli le liquide condensé dans un tube en U à robinet, fortement refroidi. La distillation commence à 20" et le thermomètre se fixe à 34"-3Gu, pour s'élever ensuite jusqu'à la température d'ébullition de l'alcool, limite qu'il ne dépasse pas. Le distillât fut secoué avec de l'eau glacée pour enlever l'alcool, puis séché et soigneusement rectifié. ( 464 ) J'ai séparé ainsi un liquide bouillant à 56°, 5 et ressem- blant en tous points au fluorbrométbylène obtenu aux dépens du tribromtluorétbane et du zinc. Je l'ai analysé et suis arrivé aux résultats suivants : 0er,9578 de substance ont donné 0er,685 COj, soit Oer,OI8627 Cou 19,44 •/• et 0gr,1655 11,0 ou Oer,OI833 H ou 1,90°/.- Calculé pour CjH4BrFl C 1 9,20 •/. H 1,6 •/- Trouvé. 19,44"/. 1,9 °/« La densité de vapeur a également conduit à des don- nées concordant avec la formule C2BrFlH2. Poids de substance. Température. Pression en millimètres de Hg (réduite à 0»). Volume observé. Densité déduite. Poids moléculaire O6'',087o5 17o,5 9,4 67«,3 4,29 m,\ Le poids moléculaire de C2H2FlBr est égal à 124,75. L'indice de réfraction à 16°, 4 est de 1,41765, J'ai donc obtenu le même étbylène fluobromé aux dépens du tribromfluoréthane et du dibromdifluorétbane et qui ne peut être que CHBr Cil Kl. ( 4(K> ) Or la formation de ce corps aux dépens du dibrom- difluoréthane implique le départ d'un atome de brome et d'un atome de fluor. Sabanejeff a montré (*) que, pour les dérivés chlorobromés contenant plusieurs atomes de brome, celui-ci seul est enlevé par le zinc quand il est lixé à deux atomes de carbone différents, mais que quand le brome est fixé entièrement sur un seid carbone, il se produit une soustraction d'un atome de brome et d'un atome de chlore par le zinc. Or, c'est un phénomène absolument analogue qui s'observe ici. Dans le tribromfluoréthane, chez lequel il y a certainement i\u brome sur les deux atomes de carbone, le brome seul est enlevé, mais dans le dibrom- difluoréthane, il y a arrachement d'un atome de brome et d'un atome de fluor. Nous pouvons en conclure que dans le dibromdilluorétliane, les deux atomes de brome sont fixés sur un même carbone et la formule de ce corps sera donc CHBr, I Cil FI,. dette formule nous rend un compte satisfaisant de l'action de l'alcoolate de sodium ou de la potasse causti- que. Il y a enlèvement d'acide lluorhvdrique dans le difluordibrométhane et d'acide hromhydrique dans le tri- bromfluoréthane parce que, dans le premier, deux atomes de tluor sont fixés sur le même carbone, ce qui doit ren- dre cet halogène plus mobile et diminuer l'affinité de chacun des atomes de fluor pour le carbone. De même que nous voyons que les éthanes bichlorés dissymétriques bromes peuvent plus facilement perdre de l'acide chlorhv- ■ Sabakejeff, Ann. der ('.hem., 021l). Ome SÉRIE, TOME XXXIII. -">! ( 4C6 ) drique (jue les dérivés symétriques sous l'influence de l'alcoolate de sodium, de même l'enlèvement de l'acide Huorhydrique est rendu plus facile par la présence de deux atomes de fluor au même atome de carbone. In autre argument pour expliquer le départ d'acide Huorhydrique plutôt que d'acide bromhydrique repose sur la grande aflinité du fluor pour l'hydrogène. Dans le corps IICHr, I FIC — Il FI, l'enlèvement d'acide fluorhydrique satisfait le mieux cette aflinité, l'hydrogène restant se trouvant à côté du fluor, lin enlèvement d'acide bromhydrique irait au contraire à l'encontre de l'affinité du fluor pour l'hydrogène. De la formule dissymétrique du difluordibrométhane,il résulte que l'action de la potasse doit être représentée par l'équation ClIBi-s CBr* | + KOII = || -*- Kl I -+- 11,0, CIIFI, HIFI ce qui nous permet de fixer la formule du dibromfluor- éthylène. Cependant, c'est la première fois que je constate une substitution totale du brome par le fluor sur un même atome de carbone. Dans mes précédentes recherches, j'avais réalisé d'une façon constante le remplacement d'un seul atome de chlore ou de brome par le fluor, et la réaction s'arrêtait là, pour les chaînons hydrocarbonés . Je n'ai jamais observé auparavant la formation simultanée de deux produits de substitution fluorée dans la chaîne hydrocarbonée. La fluoruration double qui donne lieu à la production ( 46? ) du difluordibrométhane ne peut donc pas s'expliquer, si la formule CHBr2- - CHF12 est exacte, par l'argument, invoqué plus haut, que le tétrabrométhane symétrique est deux fois du bromure de méthényle. La formule CHBr* — CHFIs du dibromdifluoréthane est justifiée par la formation de l'éthylène fluobromé symétrique sous l'action du zinc et par l'enlèvement de l'acide fluorhydrique dans le traite- ment par l'alcool ate de sodium. Cependant elle ne parait pas s'accorder avec les faits que j'ai observés jusqu'ici dans la tluoruration des chaînons hydrocarbonés poly- bromés. Peut-être le chaînon CHBi\> — exerce-t-il sur le chaînon CHFIBr une action de voisinage, rendant le brome de ce dernier plus mobile. Nous connaissons maint exemple de faits de ce genre. On peut, d'autre part, admettre que la formation du dibromdifluoréthane dissymétrique est un nouvel exemple de ces réactions de substitution si fréquentes dans les- quelles nous voyons que deux atomes de même espèce tendent à se placer aussi près que possible l'un de l'autre. Dans ce cas, le fluor choisirait de préférence la position « à la position (3 quand il se substitue au brome dans le tribromfluoréthane : /s CHBi-j I CHBrFI. y. A ce fait se rattache le phénomène mentionné plus haut, à savoir que la présence du fluor dans la molécule facilite la substitution fluorée, le tribromfluoréthane étant ( «») plus vite attaqué par le fluorure d'antimoine que le tétra- brométhane. D'un autre côté, la formule CHBr2 — CHF12 aurait pu faire croire à la possibilité d'une fluoruration plusavancée, le chaînon — CHBi\> encore intact pouvant à son tour subir la substitution fluorée par le fluorure d'antimoine et le brome. Il n'en est rien. J'ai traité le dibromdifluor- éthane par un tiers de molécule de fluorure d'antimoine en présence du brome, et cela sans aucun résultat. Je me propose d'établir encore par d'autres recherches la constitution du dibromdifluoréthane et, par consé- quent, du dibromfluoréthylène. Le dibromfluoréthylène se combine énergiquement au brome avec élévation de température. J'ai obtenu de celte manière le tétrabromfluoréthane CBi3 I CHBrFI en faisant agir une molécule de brome sur une molécule de dibromfluoréthylène. Pour modérer la réaction, je dissous l'éthylène dans son poids de tétrachlorure de carbone. J'en fais de même pour le brome. La solution d'éthylène dibromofluoré est introduite dans un ballon immergé dans l'eau froide et muni d'un réfrigérant ascendant et d'un entonnoir à robinet. Je laisse couler la solution de brome goutte à goutte. Il se produit une décoloration immédiate. Si le brome arrive un peu vite, la température peut s'élever jusqu'au point d'ébullition du tétrachlorure de carbone. A la fin de l'opération, la décoloration se produit plus lentement et, après addition de tout le brome, le liquide reste coloré en rouée. ( 401) ) Le méthane perchloré fut éliminé par distillation au bain-marie et le résidu chauffé à feu nu. Le thermomètre monte à 190° et le tétrabromfluoréthane commence à distiller. Cette distillation s'accompagne d'une dissocia- tion partielle, avec formation de vapeurs de brome. Le thermomètre s'élève jusqu'à 205°-206° et se maintient à cette température, à laquelle distille la presque totalité de la substance. Le distillât, coloré en rouge, se décolore rapidement, les produits de dissociation se recombinant à froid. J'ai rectifié au Lebel et j'ai isolé ainsi un liquide bouil- lant à 204° sous 758 millimètres de pression. Il y a décomposition partielle à la distillation, mais reconstitu- tion dans le ballon récipient. Pour éviter cette décomposition, j'ai, dans une autre opération, effectué la distillation sous pression réduite. Sous une pression de 50 millimètres, le point d'ébulli- tion se trouva être de 106° et la distillation s'accomplit sans trace de décomposition. Le rendement est de 1 10 grammes pour 7(> grammes de dibromttuoréthylène. Voici les résultats du dosage de carbone et d'hydro- gène : 0*r,9452 de substance ont donne 0er,03o9 H.20, soit 0er,005988 H ou 0,42 °/0 et 0i?r,2347 co^ soit o«r,Of»4 C on (5,77 •/„. Oer,9i!27 de substance ont donne Oe',0321 H,0, soit 0er,0035 H ou 0,37 »/. et 0^,2505 CO„ soit 0er,06267 C ou 6,64 %. Calculé pour C4HBr4Fl. Trouvé. C 6,61°/. 6,77%- 6,64% H 0,27 % 0,4-2 %-0,57 % ; 47.) ) La densité de vapeur tut déterminée par la méthode d'Hofmann dans la vapeur d'aniline. Poids de substance. Température. Pression en millimètres de Hg (réduite à 0°j. Volume observé. Densité déduite. Poids moléculaire. Os',9195 182* 65 12o«,9 12,72 366, '♦ Il ne se produit donc pas de dissociation à cette tem- pérature. Le tétrabromtluorétliane est un liquide incolore, très réfringent, mouillant mal le verre, jaunissant à la lumière. Il possède une odeur camphrée et ses vapeurs irritent fortement les paupières. Il n'attaque le verre qu'au rouge. Sa densité à 10° est de 2,95800, son indice de réfraction est de 1,59707 à 16°. Il ne se congèle pas à — 58°, bout à 20i" sous 700 millimètres de pression, à 100° sous 30 millimètres et à 105°,5 sous 23 milli- mètres. J'ai dit plus haut qu'il se forme en petite quantité par l'action du fluorure d'antimoine et du brome sur le tétra- brométhane. Soumis à l'action de la potasse alcoolique, il réagit ( «1 ) immédiatement ci il se produit un abondant précipité de bromure de potassium. Après addition de la potasse, je chauffe au bain-marie pendant une heure, puis je traite le produit brut par l'eau pour dissoudre le sel de potassium et précipiter l'éthylène. La solution aqueuse ne contient que du bromure de potassium. Le liquide insoluble dans l'eau est sécbé et distillé. La distillation s'effectue sans la moindre décomposition et donne un liquide bouillant de 140° à 150°. Par rectification répétée, j'ai séparé un corps bouillant à 1 47°, 2 sous 758 millimètres de pres- sion. Rendement : 45 grammes de produit tout à t'ait pur et 15 grammes de substance bouillant de 140° à 147° et de 147° à 150° pour 90 grammes de tétrabromfluoréthane mis en œuvre. Un dosage de carbone et d'hydrogène a fourni les don- nées suivantes : 1^.477 de substance ont donné 0*r/*G-2G CO*. soit 0?r,l26l6 C ou 8 52 % pas d'eau Calculé pour C4Br3Fl. Trouvé. C 8,47 •/. 8,5'2 % Il se produit donc élimination d'acide bromhydrique, avec formation de tribromfluoréthylène. Le tribromfluoréthylène est un liquide incolore, ne s' altérant pas à la lumière, d'une odeur camphrée. Sa densité est de 2,0699 à 15°, de 2,6659 a 20°. Son indice de réfraction est égal à 1,54821 à 20". Il bout à 147°,2 ( 472 ) sans décomposition. J'ai recherché sa densité de vapeur et j'ai trouvé les données suivantes : Poids de substance. Température. Pression en millimètres de Hg (réduite à 0°). Volume observé. Densité déduite. Poids moléculaire 0er,0852 139°,8 138,8 87«<\4 9,81 283,2 Le poids moléculaire théorique est 285,2. Le tribromfluoréthylène iixe l'oxygène de l'air en se transformant en fluorure acide, comme le prouve l'at- taque du verre quand on le conserve dans des flacons imparfaitement bouchés. Il se forme probablement du fluorure de tribromacé- tyle. Cependant cette transformation se produit beaucoup moins facilement que pour le dibromfluoréthylène. Le tribromfluoréthylène ne se polymérise pas. Dissous dans le tétrachlorure de carbone ou le chlo- roforme, il s'additionne à une molécule de brome. Cette réaction ne se fait pas très vivement et l'absorption des dernières portions de brome a lieu très lentement; le liquide reste même coloré en rouge. En évaporant le dissolvant, j'ai obtenu un produit cristallin, que j'ai fait recristalliser de l'alcool chaud, dans lequel il était assez soluble. A froid, au contraire, la solubilité était beau- coup plus faible, ce qui permit une purification facile. ( 473 ) J'ai recueilli de la sorte de beaux cristaux eu paillettes blanches, nacrées, dont j'ai l'ait l'analyse. tgr -2754 de substance ont donné 0er,2G53 C()t, ou 0er,O7255 C ou 5,67 °/0 U',5835 de substance ont donné 0er,3OI C02, soit 0er,08209 C ou 5,19%. Calculé pour CâBr5Fl. Trouvé. 5,42% 5,G7%-5,»9% Le pentabromfluoréthane est un corps solide, blanc, d'une odeur fortement camphrée, cristallisant en prismes. Il est peu soluble dans l'alcool froid, plus soluble dans l'alcool chaud, très soluble dans la benzine, le chloro- forme et l'éther. 11 commence à se sublimer vers 120° et fond à 176° en subissant une légère décomposi- tion. Chauffé plus fort, il se dédouble complètement. Les éthylènes substitués que j'ai préparés sont vive- ment attaqués par l'acide nitrique fumant. Cette réaction fera l'objet d'une étude ultérieure. J'ai également observé que le tétrabromiluoréthane est susceptible d'être fluorure par le trifluorure d'antimoine et le brome, ce qui était à prévoir. J'ai obtenu ainsi un liquide bouillant à 146° et qui pourra être le point de départ d'une nouvelle série de dérivés (luobromés. Avant de clôturer cette note, je voudrais cependant faire une remarque sur les points d'ébullition des dérivés que j'ai obtenus. Ces points d'ébullition sont en général inférieurs d'environ 70° à ceux des dérivés bromes cor- ( 474 ) respondants, comme le prouve le tableau suivant, donné pour les corps dont on connaît les points d'ébullition: DÉRIVÉ BROME. a o t- '-3 Z 13 DÉRIVÉ FLUORÉ. ri 0 u X a. _a a. j3 ■0 S CHBr4- CHBr., . . 2350? CHBr 8 — CHBrFl. . 174° ! 61° ? CHBrt — CHBrFl. . I74o CHBrj— CHF1, . . 107» 67» CHBr — CHBr. . . 110» CHBr — CHF1 . . . 36° 74° GHBr — CBrs . . . 163» CBrj-CHt'l . . . 91° 72° ( «7S ) CLASSE IMS II IlitlH Séance du ta mai 1897. M. le comte Goblet d'Alviella, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F. Vander Haeghen, vice-directeur ; Alph. Wauters, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Ch . Loomans, G. Tiberghien,L. Vanderkindere, Ad. Prins, J. Vuylsteke, Ém. Banning, A. Giron, le baron J. de Chestret de Hanefl'e, Paul Fredericq, God. Kurth, Mesdach de ter Kiele, H. Denis, G. Monchamp, membres; A. Rivier, J. Vollgraff, associés; P. Thomas, V. Brants, Ch. De Smet et Alph. Willems, correspondants. M. le comte Goblet, en ouvrant la séance, annonce que le duc d'Aumale est décédé inopinément, le 6 de ce mois, dans son domaine de Zucco, à Montelepre (Sicile). « La mort du duc d'Aumale, dit-il, ne frappe pas seule- ment la Famille royale et l'Institut de France, elle atteint aussi l'Académie royale de Belgique, qui s'honorait de compter parmi les associés de la Classe des lettres l'il- lustre auteur de V Histoire des princes de Condé. » Aussi est-ce sous l'impression d'une profonde émotion ( 4-76 ) que l'Académie vient d'apprendre le douloureux événe- ment qui ravit à l'Institut l'un de ses membres les plus glorieux. La Classe charge le Bureau d'écrire à l'Institut combien elle s'associe d'esprit et de cœur aux regrets soulevés par la perte du grand historien. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique fait connaître que, par arrêté royal du 10 avril 181)7, pris sur la décision du jury qui a examiné les travaux de la troisième période du Prix quinquennal des sciences sociales, le prix de 5,000 francs est décerné à M. P. De Paepe, conseiller à la Cour de cassation, pour son ouvrage intitulé : Études sur lu compétence civile. - M. le baron Lambert, président de la Commission d'organisation du Congrès international colonial, invite les membres de l'Académie à s'intéresser à ce Congrès. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages dont les titres suivent : 1° Bibliotheca Belgica, livraisons 157 à 141 ; par F. Vander Haeghen ; 2° Cartulaire de la commune d'Ancienne, tome II ; par Léon Lahaye ; ( 477 ) 5° Dietsce rime. Geestelijke gedichten uit de XIIIe, XIVe en XV'eeutc; par K. de Gheldere ; 4° Inventaire analytique et chronologique des archives de la ville de Saint-Trond, tome VI, 1" livraison; par Fr. Straven; *')" Histoire du Conseil provincial de Luxembourg; 6° Bulletin de Folklore, 1895, tome [J, 7e-8e fascicules. — Remerciements. — M. le Ministre de la Justice envoie un exemplaire des Coutumes des pays et comte de Flandre, quartier de Fumes, tome II. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° Histoire des systèmes économiques et socialistes, volume Ier : Les fondateurs; par Hector Denis; 2° Quelques mots sur André Vésale, ses ascendants, sa famille et sa demeure à Rru.relles, nommée la maison de Vésale; par Alph. Wauters; 5° The Svastika, the earliesl knoun Symbol, and Us Migrations; ivith observations on the migration of certain Industries in prehistoric limes; par Thomas Wilson, à Washington (présenté par M. Goblet d'Alviella avec une note qui ligure ci-après); 4° Des fresques de la Leugemeele; leur découverte en ISi6; leur authenticité; par J. Van Malderghem (présenté par M. Alph. Wauters); 5° Monasticon belge, tome I", 2" livraison; par le R. P. dom l'rsmer Berlière. ( 478 ) NOTE BIBLIOGUAPHIQUE. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une publica- tion que lui offre M. Thomas Wilson, curateur au dépar- tement de l'anthropologie préhistorique du Musée natio- nal de Washington. C'est un volume renfermant 254 pages, ï>;> planches et 571 figures, sur la croix gammée ou svastika (1). Il résume d'une façon très complète tout ce qui a été imprimé jusqu'ici sur ce signe cosmopolite que l'auteur appelle le plus ancien symbole connu; il ren- ferme en outre des renseignements nouveaux très inté- ressants sur la présence et la diffusion de la croix gammée parmi les populations aborigènes du Nouveau- Monde. Il y a surtout deux problèmes qui se posent à propos de la croix gammée : l'un est relatif à son origine, l'autre à sa signification. M. Thomas Wilson reproduit le tableau que j'ai publié, en 18«Xi), dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, sur les migrations de la croix gammée et il ne semble pas éloigné d'admettre mes conclusions qui placent dans la vallée du Danube le point de départ de ce symbole, pendant le premier âge du fer, vers le XIIIe siècle avant notre ère. Il est même plus affîrmatif que je ne l'ai été, lorsqu'il proclame sans hésitation l'iden- tité d'origine des croix gammées dans l'ancien et le nou- veau continent. A l'entendre, la croix ordinaire est un (ii The Svastika, the car lies l known Symbol, andits Migrations ;with observations on the migration of certain Industries in prehistoric Urnes. Washington Government printing Office, 189G. ( 479 signe si simple et si naturel qu'il a pu naître partout spontanément, alors que la croix gammée est un symbole trop complexe pour qu'on puisse lui attribuer plus d'un berceau. Cette conclusion me parait trop absolue. Si je me suis prononcé pour la commune origine ffiièicf romiHMiiiiiVi ce L'examen du mémoire sur Les croyances et les cultes de l'île de Crète, pour lequel la Classe m'a l'ait l'honneur de me nommer commissaire, présente de réelles dilïî- cultés. Il faudrait, pour être tout à fait compétent, connaître non seulement les religions de la Grèce, mais encore celles des peuples sémitiques, car la Crète a été, dès les temps les plus anciens, comme une terre de transition entre l'Orient et l'Europe, et d'ailleurs la ten- dance actuelle de l'étude des religions est de donner des ( 484 ) origines phéniciennes même aux mythes qui ont été considérés jusqu'ici comme l«' plus franchement helléni- ques. Peut-être ce mouvement d'idées a-t-il pris une fâcheuse exagération; mais il fallait s'y attendre. Il y a un demi-siècle, c'était une thèse en faveur de représenter les Grecs comme autodidactes; on se plaisait alors à soutenir qu'ils n'avaient rien emprunté aux autres peuples; dans l'art, la philosophie, la politique, la religion, on reven- diquait pour eux une originalité sans mélange. Les découvertes de l'archéologie ont rudement Ébranlé tes assertions, et il ne semble plus trop hardi d'enseigner aujourd'hui que si les Hellènes diffèrent si profondément des Romains, s'ils ont des aptitudes que n'ont jamais montrées ces derniers, ils les doivent peut-être en partie aux influences de leurs voisins non ariens de la Méditer- ranée orientale. Dans le domaine religieux, on tente la même démons- tration; mais il me semble qu'on dépasse le but; pour quelques faits authentiques, combien d'hypothèses aven- tureuses, et combien de fois n'imagine-t-on pas des éty- mologies à la légère pour retrouver sous les figures de l'Olympe hellénique des prototypes phéniciens! L'auteur du mémoire que j'ai sous les yeux s'est laissé entraîner très loin dans cette direction ; le livre de Lewy, Die semitischen Fremdwôrter im Griechischen, parait avoir exercé sur lui une grande influence. Il n'a pas connu cependant celui de M. Victor Bérard, non plus que l'ou- vrage anglais du professeur Robertson Smith : Religion of the Semits, dont il est difficile de se passer aujourd'hui pour l'étude d'un tel sujet. Le travail qui nous est soumis dénote d'ailleurs des recherches approfondies et une connaissance sérieuse des 3me SÉRIE, TOME XXXIII. 52 ( 482 ) sources. Pour ce qui concerne l'antiquité, il n'a, ce me semble, rien négligé ; il s'oriente parfaitement dans la science allemande; en revanche, les livres anglais ne sont guère mentionnés, notamment les précieux volumes de Farnell, The cuits of the Greek States. Après une introduction traitant de la géographie et de l'ethnographie de l'île de Crète, railleur consacre un long chapitre aux divinités sémitiques (pp. 30 à 140) et un second chapitre aux divinités helléniques (pp. 141 à 285). Il passe en revue, avec une méthode assez sévère, les diverses personnalités mythiques que les écrivains anciens, les inscriptions, les monuments figurés nous révèlent, et il cherche à définir leur caractère et leur rôle. Ce qui fait défaut, ce sont les vues d'ensemble. Tout le mémoire n'est qu'une minutieuse analyse, dans laquelle on demande en vain un fil conducteur. 11 eût été impor- tant, tout d'abord, de bien faire comprendre en quoi les religions sémitiques différaient de celles des Hellènes ariens ;_ l'auteur ne semble pas s'en être préoccupé, et maintes fois il attribue aux Phéniciens, non seulement une figure divine, une appellation, un détail du culte, mais encore le mythe dans sa floraison la plus touffue.. Or, je crains que ce ne soit là une erreur fondamentale. Les savants qui se sont occupés avec le plus de compétence des religions sémitiques, comme Tliiele, Edouard Meyer, Pietschmann, Renan, Roberlson Smith, font tous ressortir leur simplicité relative, je dirais presque leur nudité. Les Phéniciens adorent les formes mystérieuses, particulière- ment celles qui sont redoutables, sombres, menaçantes: ils se préoccupent de les apaiser; mais ils n'ont rien de la brillante fantaisie des Grecs, ils ne transforment pas leurs 185 ; dieux en créatures vivantes el d'oui pas souci de raconter leur histoire, leurs aventures analogues à celles des humains. Ces créations n'ont aucune individualité; elles demeurenl vagues, el sons leurs noms divers on retrouve partout la même force. C'est à l'astre solaire que les Sémites primitifs paraissent avoir songé toujours : ils craignaient l'ardeur de ses rayons qui brûlaient les hérites indispensables à leurs troupeaux, et s'ils le représentent parfois sous la forme mâle, comme le puissant Baal, par- fois comme divinité femelle, ou encore comme la triade du père, de la mère et du iils, au fond c'est toujours le même principe: M. Renan s'est peut-être trompé en les dépeignant comme monothéistes par essence, mais Thiele n'a pas eu tort de les appeler motioldtres. Quelle diffé- rence avec la joyeuse fécondité des Hellènes, qui ont dis- tingué dans la nature mille phénomènes auxquels se rat- tachent la vie et la pensée des hommes, et qui à chacun de ces phénomènes ont su donner le support d'une per- sonnalité nettement caractérisée. On aurait aimé à retrouver dans le mémoire quelque reflet de ces considérations générales. Mais, à dire vrai, le monde hellénique y apparaît comme noyé dans le monde sémitique, et la grande île qui a vu se développer avec tant d'ampleur des institutions doriennes, qui nous a conservé des lois aussi essentiellement grecques que celles de Gortyne, ne s'y montre guère que comme une annexe de la Phénicie. Ce n'est pas seulement Aphrodite, Héraclès, c'est Zeus lui-même, Artémis, Athéna, combien d'autres! qui ont emprunté un masque sémitique, et tou- jours c'est le soleil et c'est la lune qui doivent fournir l'interprétation mythique. Voici, par exemple, Britomartis, ( 4-84 ) une figure originale de la religion Cretoise. Pour l'auteur, c'est encore une divinité lunaire sémitique. M. Farnell me semble avoir montré parfaitement qu'elle a plutôt des origines phrygiennes, et qu'elle est, comme Artémis elle-même d'ailleurs, une déesse de la végétation, de la sève vivace, des forces de la nature dans leur épanche- ment fécond. Je ne voudrais pas cependant faire à l'auteur un procès de tendance. Il a étudié consciencieusement son sujet, et s'il arrive à des conclusions qui ne me plaisent pas entiè- rement, il peut répondre qu'elles sont plus fondées que mes critiques. Mais ce que je dois lui reprocher, c'est la négligence et la pauvreté de la forme; les mêmes expressions se ré- pèlent plusieurs fois sur la même page avec une mono- tonie désolante ; des membres de phrase entiers se retrou- vent identiques à divers passages, et si le mémoire n'est qu'une perpétuelle analyse, le style a le même caractère; il procède par courtes propositions que ne relie aucun enchaînement. Ce défaut de rédaction et de composition rend la lecture pénible, ou tout au moins peu intéres- sante, et il ne me semble pas vraiment que dans ces conditions la Classe puisse couronner le travail qui lui est soumis. Toutefois, comme il présente de réelles qualités d'éru- dition, je n'irai pas jusqu'à le repousser absolument. Nous avons décidé, avec raison, je pense, de ne plus accorder de prix à une œuvre qui ne soit pas complète- ment achevée et prête pour l'impression; je suis donc obligé de conclure à la prorogation du concours. » ( *M ) rtti/i/nx t tir n. Êl/ih. llifffiiM, tli-H.rn-im- cottmtiuair*. « J'éprouve quelque embarras ii contester les conclu- sions de l'excellent rapport que vous venez d'entendre. Je n'ai garde de méconnaître le bien-fondé des critiques qu'il renferme. L'auteur du mémoire sur Les croyances et les cultes de l'ile de Crète eût mieux fait, je suis tout dispos»'' à eu convenir, de suivre le plan tracé par l'éminenl rap- porteur, d'élargir quelque peu son horizon et de ne point s'en tenir exclusivement à la Crète. Les vues d'ensemble l'ont défaut, et c'est évidemment une lacune. Mais, quoi qu'il en soit, j'avoue que j'ai été surtout frappé du savoir très étendu et du talent très réel dont ce travail fait foi. Non que je partage en toutes choses la manière de voir de l'auteur. Sur un point surtout, je tiens à exprimer de formelles réserves. La part qu'il fait à l'élément sémi- tique est très exagérée, et c'est à mes yeux un tort fon- damental. Si, comme il le donne à entendre, Cronos et Zeus, Hêra et Athèné, Cypris, Poséidon, Héraclès et tant d'autres ont emprunté leurs traits essentiels aux dieux phéniciens, en quoi donc consistaient les croyances pri- mitives des Grecs? Sans doute en de simples abstractions, en de purs symboles, vagues, flottants, sans formes arrê- tées, sans existence individuelle, et ces symboles n'au- raient pris corps et ne seraient devenus des êtres vivants, que sous l'action de l'esprit sémitique. De sorte que la race la plus richement douée et la plus créatrice qui fut jamais, celle qui à elle seule inventa plus de légendes que tous les Aryens réunis, aurait emprunté ses croyances, dans ce qu'elles ont de typique, à des étrangers sans imagination et sans idéal, et qu'elle tint de tout temps pour des barbares! ( 48H ) Je crains que l'auteur n'ait cédé à une pure illusion. Les conceptions religieuses, prises à leur origine, peuvent toujours se ramener à quelques principes fort simples. Chez les Phéniciens comme chez les Grecs, les dieux ne sont en dernière analyse que des personnifications des puissances de la nature. Certains phénomènes naturels, favorables ou nuisibles, mais toujours les mêmes, le soleil et la lune, l'été et l'hiver, l'aurore et le crépuscule, leur ont donné naissance. Que des phénomènes iden- tiques aient servi de support à des mythes analogues, quoi de plus naturel? Et si des races d'origine très diverse possèdent ces mythes, est-on en droit de con- clure qu'elles se les soient mutuellement empruntés? Cer- tainement pas. Les unes comme les autres ont subi la loi qui préside partout aux créations religieuses. Mais ce fonds premier de croyances suggéré par les forces naturelles, chaque peuple l'a développé suivant son génie propre. Et c'est ici qu'apparaît la profonde originalité des Grecs. Car non seulement les dieux de l'Orient n'ont pas créé les dieux hellènes, mais on démontrerait sans peine qu'ils n'ont pas même eu sur eux une influence décisive. Quand, riches de leur propre fonds, les populations helléniques, jeunes, actives, exu- bérantes d'imagination et de vie, se trouvèrent en contact avec les vieilles civilisations de l'Asie et de l'Afrique, loin de se mettre à leur école, elles eurent tôt fait d'absorber tout ce qui pouvait rentrer dans le cadre de leurs idées et de leurs croyances; les divinités rudimentaires des bar- bares et les mythes assez pauvres auxquels elles avaient donné lieu, elles les adoptèrent, mais en les dépouillant de leur caractère national, en les transfigurant, en les recréant à leur image, si bien qu'il a fallu toute la saga- ( 487 ) cité de l'érudition contemporaine pour en retrouver les linéaments primitifs. Gardons-nous de confondre le corps avec le squelette. A éliminer dans les choses humaines ce qui l'ait la variété et la vie, nous risquerions de méconnaître partout l'ori- ginalité. Pour emprunter un exemple à un livre récent, on pourrait tout aussi bien démontrer l'action décisive de la danse grecque sur les danses modernes. Car, en par- tant du principe que les pas et les temps sont forcément les mêmes en tout temps et en tous lieux, M. Maurice Emmanuel a réussi à prouver l'analogie profonde qui existe entre nos pas de danse et ceux des Grecs. S'il avait procédé comme l'ont certains mythographes, il eût été tout aussi fondé à prétendre que sans les Grecs les danses modernes n'existeraient pas ou seraient essentiellement différentes. Le principal théâtre de la fusion des mythes grecs et sémitiques fut la Crète, et c'est ce qui fait l'intérêt du mémoire qui vous est soumis. Je ne pense pas qu'on puisse faire un grief à l'auteur du point de vue où il s'est placé. Les belles découvertes de ce siècle écoulé, dans le domaine de l'archéologie orientale, ont créé un puissant courant d'idées dans ce sens. L'auteur n'est pas le pre- mier qui ail tenté de faire de la Grèce comme une pro- vince de l'Asie. Il est utile, il est même souhaitable que cette thèse soit défendue. Je crois, pour ma part, qu'en religion comme en art, quand on aura fait le départ de ce qui appartient en propre à l'Orient, l'originalité des Grecs apparaîtra plus puissante que jamais. En tous cas le travail dont vous avez bien voulu me charger de vous rendre compte, témoigne d'une érudition très solide et très sûre. Si l'auteur a cru que le caractère ( 488 ) tout spécial de son sujet le dispensait d'entrer dans des considérations générales, du moins le détail est-il partout précis et exact. Tous les documents fournis par les textes, très minutieusement épluchés, par l'épigraphie et par les monuments figurés, ont été mis à contribution. De sorte que ce n'est pas trop de dire que nous avons là une ency- clopédie complète de la mythologie Cretoise. On peut regretter avec M. Vanderkindere que l'auteur n'ait pas eu connaissance du livre de M. Farnell sur les cultes des fctats grecs. Mais ce livre, dont il reste, je crois, un volume à paraître, n'a vu le jour que dans la seconde moitié de l'an dernier, et il se peut qu'à celte époque le mémoire fût déjà terminé. Quant aux négligences de rédaction et à la répétition, choquante en effet, de certaines formules, il serait aisé, ce me semble, de les faire disparaître avant l'impression. Sous ces réserves, le mémoire sur Les croyances et les cultes de l'Ue de Crète me paraît digue d'être couronné par la Classe des lettres. » Rapport do .Vf. le couèto «loblel rf' Aleinlla, tt'oittiôtnf vo»tft»i**nit'P. Le rôle du troisième commissaire, assez facile à rem- plir quand il s'agit simplement de souscrire à l'avis unanime de ses deux prédécesseurs, devient quelque peu embarrassant quand il faut se prononcer entre les conclu- sions divergentes de deux membres aussi compétents que mes savants confrères MM. L. Vanderkindere et Alpb. Willems. Heureusement leurs rapports ont une partie commune, et, après une lecture attentive du manuscrit soumis au jury, je crois qu'il serait difficile de ne pas se rallier aux passages où ils s'accordent pour ( 489 ) faire ressortir d'une pari les recherches consciencieuses, l'esprit d'analyse et les qualités d'érudition qui distin- guent le mémoire, d'autre part les lacunes ducs à l'omis- sion de toute vue d'ensemble, ainsi qu'à l'ignorance «le sources désormais indispensables, comme les ouvrages de Robertson Smith et de Farnell. L'auteur possède l'avantage assez rare d'être également verse dans la connaissance des antiquités grecques et des langues sémitiques, au moins d'une façon suffisante pour traiter de première main les principaux problèmes qui se rattachent à son travail. On ne peut s'étonner dès lors si, par réaction contre les tendances exclusives des hellé- nistes de l'école classique, il fait un peu pencher la balance en faveur des religions de l'Asie. Il ne nie pas, du reste, — comme on pourrait le croire à prendre trop à la lettre les observations d'un de mes savants confrères, — que les divinités helléniques ne soient le produit d'un déve- loppement religieux propre à la Grèce. Il se borne à sou- tenir — ce qui est incontestable — que les dieux grecs et surtout leurs mythes se sont plus ou moins modifiés au contact des croyances sémitiques et que ces modifications sont particulièrement nombreuses dans les cultes de la Crète. Le reproche que je lui adresserai, c'est moins d'avoir fait une grande part aux influences sémitiques que d'avoir trop laissé dans l'ombre l'apport des autres religions exotiques, notamment celles de la IMirvgie et de l'Egypte. Tout ce qui a trait aux mythes, sinon au culte de Rhéa, à Dionysos, aux Curetés, aux Dactyles, aux Corv- bantes, etc., atteste bien l'influence de cette mythologie phrygienne que l'auteur laisse un peu à l'arrière-plan ou qu'il nous présente trop souvent comme un reflet des traditions sémitiques. De même, quand il mentionne (pie ( 490 ) le tombeau de Zeus dans l'île de Crète avait son pendant dans le tombeau de Bel à Babylone, il aurait bien pu rappeler le tombeau d'Osiris dans des parages moins éloignés. Au lieu de chercher en Pbénicie les origines du rite qui représentait Zeus Zagreus mis en pièces et dévoré par les Titans, à l'exception du cœur, il aurait pu se demander s'il n'y avait pas là un écho de la destinée d'Osiris mis à mort et dépecé par Typhon. Pourquoi allirme-t-il d'une façon aussi nette, contrairement aux apparences et même aux témoignages des écrivains antiques, que Zeus Ammon procédait du Baal Hamman vénéré à Tyr et non de l'Amoun-Ra installé dans l'oasis libyenne dès le VIIe siècle avant notre ère, à l'époque où se fondait, sur le rivage voisin, la colonie grecque de Cyrène? Enfin l'Astarté phénicienne, au temps où elle put influencer la conception hellénique des déesses lunaires, n'avait-elle pas déjà opéré des échanges d'attri- buts, de symboles, peut-être de mytbes, avec les Isis et les Hathor sorties de la vallée du Nil? L'auteur ne semble pas même avoir bien compris la double face de la grande déesse sémitique. Si j'ai saisi sa manière de voir, c'est seulement après s'être confondue avec l'Aphrodite grecque qu'Astarté serait devenue la déesse de l'amour. Partout cependant, dans le monde sémitique, cbez les Babylo- niens aussi bien que chez les Cananéens, nous la voyons apparaître avec le double caractère, tantôt de déesse vierge et guerrière, tantôt de déesse amoureuse et féconde. Les procédés mythologiques de l'auteur sont un peu vieillis et d'une simplicité qui ne répond pas à la réalité. Je comprends et je partage l'impatience de mes savants confrères, quand nous le voyons retrouver exclusivement le soleil et la lune dans toutes les divinités mâles et femelles du panthéon sémitique. Sa clef des mythes ( M)i ) devient ainsi un passe-.partout aii(}uel nulle serrure ne résiste. Je n'entends pas lui faire un grief de chercher dans la liera hellénique et l'Athèné Cretoise des divi- nités originairement lunaires; dans Ares un dieu solaire; dans Eros un dieu de la guerre; dans Kronos, suivant les besoins de la cause, tantôt le soleil vivifiant, tantôt le soleil destructeur, tantôt enfin le soleil couché ou souter- rain. Mais il ferait bien de ne pas nous laisser ignorer que ces interprétations sont fort controversées et ne peuvent guère figurer qu'à titre d'hypothèses. Un chapitre est consacré au culte des héros. Mais l'auteur ne nous dit rien du culte des morts, qui serait intéressant à étudier sur un territoire où les pratiques funéraires des Grecs se sont rencontrées avec celles des Phéniciens. Il ne nous dit rien des fouilles qui ont mis à jour, dans le territoire de l'ancienne Gortyne, des tombes qui remontent jusqu'à l'époque mycénienne et qui ont livré ces vases-ossuaires en forme de cuve, sans analogues ailleurs. A vrai dire, il ne nous parle pas davantage des fouilles qui ont été pratiquées aux abords du sanctuaire de Zeus sur l'Ida, ainsi qu'en d'autres points encore de l'île. Sans doute, les résultats de ces explorations ne sont pas jusqu'ici fort importants, mais il n'est pas possible de les passer sous silence dans un travail complet sur les cultes de la Crète, et l'auteur se montre trop au courant de la numismatique Cretoise pour qu'il ait le droit de négliger le concours de l'archéologie. Il ferait bien de parcourir à cet égard les collections de la Revue archéologique et peut-être aussi de la Revue des éludes grecques. Je ne voudrais pas que ces critiques donnassent le change sur mon appréciation des qualités sérieuses par lesquelles se recommande le manuscrit soumis au jury. Si nous ( 492 ) pouvions le recevoir à correction, je n'hésiterais pas à me rallier aux conclusions de M. Alphonse Willems. Mais je crois que la Classe atteindrait plus sûrement le même résultat en se rangeant à l'avis de son premier commis- saire, M. Léon Yanderkindere, c'est-à-dire en prorogeant le concours d'une année et en engageant, par la publi- cation des présents rapports, l'auteur à reprendre son manuscrit pour le compléter. Ce procédé nous a permis tout récemment de remplacer un autre travail, rempli d'excellents éléments, mais hâtif et incomplet, par une œuvre de valeur qui fera honneur à la fois, comme nous l'avions prévu, à l'auteur et à l'Académie. Je suis con- vaincu que nous pourrons en dire autant du présent mémoire, si l'auteur veut en revoir les conclusions et en combler les lacunes, après avoir pris connaissance des ouvrages que lui signalent les deux premiers rapporteurs. Il devrait aussi y ajouter, comme introduction, une vue d'ensemble, où il examinerait d'une façon plus générale les rapports entre les croyances de la Grèce et les reli- gions étrangères avec lesquelles ces croyances se sont trouvées en contact sur le sol de la Crète. Il y a là une question de méthode à vider tout d'abord. Je l'engage fort, à cet égard, à s'inspirer des sages conseils que donne M. C.-P. Tiele dans son mémoire : Comment dis- tinguer les éléments exotiques de la mythologie grecque, publié dans le second volume de la Revue de l'histoire des religions. La Classe remet la question au concours dont le délai pour la remise des manuscrits expirera le Ier novembre prochain. 493 CINQUIEME QUESTION. Quel est le fondement du droit de propriété individuelle? La suppression de ce droit sentit-elle compatible avec l'exis- tence d'un État régulièrement organisé et arec le développe- ment de la richesse publique? L'auteur analysera et discutera les principales théories socialistes et collectivistes modernes. « Diverses productions, au nombre de cinq, ont répondu à l'appel de l'Académie, qui avait pour objet cette triple proposition, à savoir : 4° Quel est le fondement du droit de propriété indi- viduelle? 2° La suppression de ce droit est-elle compatible avec l'existence d'un Etat régulièrement organisé et avec le développement de la richesse publique? 3° Analyser et discuter les principales théories socia- listes et collectivistes modernes. I. Notre examen porte en premier lieu sur un travail assez développé, d'environ trois cents pages de texte imprimé, petit format, sous la devise : Le défaut d'unité est le signal de la mort; il est également le signal de l'erreur. Et la première conjecture à en tirer a été pour nous l'espoir que cette unité si désirable en toute discussion scientifique ne ferait défaut ni dans le plan que l'auteur ( 494 ) s'est imposé, ni dans Tordre des déductions qui devaient l'amener à l'aboutissement final. Malheureusement, notre illusion ne fut pas longue et, dès l'introduction déjà, il était aisé d'entrevoir que l'auteur, au lieu de condenser son sujet, déjà suffisam- ment vaste par lui-même, se laisserait aller à l'étendre bien au delà de ses limites naturelles, par des digressions peu opportunes et peu coordonnées, dont il ne cherche môme pas à se rendre compte, au risque de rompre cette unité d'ensemble à laquelle, avec raison, il attache tant de prix. Aussi ne tarde-t-il pas, comme il en l'ait l'aveu, « tantôt » à s'élever à des spéculations d'ordre philosophique, » tantôt à s'arrêter aux indications toutes contingentes » de l'art politique » (p. 5). Ces digressions ne laissent pas de répandre un certain vague sur l'ordonnance générale, comme sur la suite du raisonnement, à ce point de ne pouvoir pas toujours démêler avec certitude le fond de la pensée de leur auteur. Les exemples n'en sont que trop nombreux; n'en citons qu'un seul, emprunté au prélude de sa conclusion, précisément à l'endroit où s'impose le besoin d'une for- mule précise et claire qui frappe l'esprit, page 275, où nous lisons ce qui suit : « L'état des esprits, tel est l'élément prépondérant » dans l'organisation sociale; les institutions ne peuvent » se modifier utilement que d'après lui. .... » Des conditions de la vie matérielle dépend, » dans une certaine mesure, l'état des esprits; le côté » économique a donc son importance et, dans la mesure » où il agit sur l'opinion publique, il agit nécessairement I 495 ) » par contre-coup sur les institutions six iules. Celles-ci » sont, en définitive, le résultat des doctrines et elles » n'ont de stabilité que si les doctrines dont elles s'in- » spirent ont su adapter à la contingence des laits les » principes éternels de l'ordre naturel. Ces principes, » invariables quant au fond, laissent néanmoins les » institutions revêtir les formes les plus diverses, suivant » le milieu où elles se trouvent établies, suivant la place » que l'opinion leur a virtuellement faite à l'avance. » Rien donc ne s'opère que par la lente élaboration des » idées; elles président à la formation de l'opinion, » suivent ses développements et travaillent à maintenir » continuellement l'organisation sociale au niveau mar- » que par l'état des esprits et dans le sens tracé par » l'éternelle justice. C'est le travail du temps, et non » pas l'œuvre des théoriciens de la révolution. » Ces citations, nous les pourrions multiplier sans peine; qu'il nous suffise de dire que l'œuvre presque tout entière se meut dans ce même plan, à quelques variantes près, et que ce n'est pas sans quelque effort que le lecteur parvient à démêler le sentiment de l'auteur. Nous nous prenons à douter que, prise de si haut, sa thèse soit d'un grand secours au maintien de celle de nos institu- tions publiques qui importe le plus à la conservation de notre ordre social. Ses devanciers n'y avaient pas employé autant de détours, comprenant fort bien que, s'adressant plus particulièrement à une classe de la société peu préparée à l'intelligence de ces graves problèmes, ils n'y pouvaient apporter trop de clarté. Ce n'est pas cependant qu'il hésite à formuler sa pen- sée; partisan convaincu, avec l'immense majorité du ( 494» genre humain, de la légitimité de la propriété indivi- duelle et de son inéluctable nécessité, il en trouve le fondement dans l'individualité des énergies propres à chaque individu, dans la personnalité du travail et des besoins inhérents à tout être humain (pp. 17, 20, 25, 56, 112, 148, 171, 172). Mais, en matière scientifique, il ne suffit pas d'une simple affirmation ; la conviction, pour se former, a besoin de lumières et de preuves à l'appui. Sous ce rapport, on trouvera sans doute que la person- nalité éminente de la nature humaine constitue à elle seule une justification suffisante du principe, pour se passer de l'invocation du droit à l'existence avec les moyens de le satisfaire. Si tout homme, en ce monde, a le droit indéniable de posséder en propre et de retenir pour lui le produit de son industrie, c'est bien moins à cause de l'utilité qu'il en peut retirer qu'en vertu d'un principe primordial d'équité et de sens intime déposé au fond de la conscience universelle; invoquer ici la loi du besoin, c'est implicitement reconnaître que son droit doit s'arrêter à l'endroit précis où cette nécessité aura obtenu pleine satisfaction. 11 n'en est pas ainsi. La pro- priété des biens est le premier attribut de la liberté poli- tique, et l'atteinte qui lui serait portée, si légère qu'elle fût, se répercuterait inévitablement sur l'autre. 11 n'est pas plus au pouvoir du Souverain d'imposer à la pro- priété quelque régime arbitraire, que de régler les volontés, les inclinations de chaque individu, dont cette même propriété est la résultante. Libre à lui de la sou- mettre à quelque sage règlement, en vue du bien-être général, mais la supprimer, jamais. La propriété est le rapport des choses et des personnes. Ce rapport est ( 497 préexistant à toute loi. Si ses facultés, si son génie sont bien à chaque individu, au même titre que le sang qui coule dans ses veines, comment n'aurait-il pas le droit de proclamer sienne l'œuvre exclusive de ses propres mains et ce qu'il continue de faire sien par un judicieux emploi de son intelligence? Assurément, ce n'est pas dans le seul but d'entrer en partage avec la masse de ces oisifs, à qui manque le courage de suivre son exemple et d'aller comme lui puiser à la rivière l'eau qui va rafraîchir leurs lèvres altérées ! Des cigales et des four- mis, il y en aura toujours. C'est assez (pie la voie soit libre et accessible à tous, sauf à prêter aide et assistance aux impotents et aux invalides, hors d'état de se suffire à eux-mêmes. Ces préceptes, notre auteur est loin de les mécon- naître, nous avons même de justes motifs de croire qu'ils constituent le fond de sa doctrine, mais nous eussions été heureux de leur voir donner plus de relief encore, par le motif que, à notre sens, c'est là que réside le prin- cipe dirigeant en cette matière. A l'existence indivi- duelle, dit-il (p. 17), correspond la propriété « indivi- » duelle dans son principe rudimentaire». C'est une grande vérité, que l'on ne saurait assez méditer et que, cepen- dant, le génie le plus puissant de l'antiquité dédaigna de reconnaître, en poussant la rigueur de son système jus- qu'à l'anéantissement légal de la personnalité humaine. Nous ne pouvons qu'acquiescer aux vues de l'auteur lorsqu'il déclare (p. 171) que « le droit de propriété » individuelle est indissolublement lié à l'existence d'un » État régulièrement organisé et au développement de la » richesse publique ». .")""' SÉRIE, TOME XX XIII. 33 ( 498 ) Avons-nous besoin d'ajouter que, malgré ses imperfec- tions et parmi bien des obscurités, cet écrit ne laisse pas de renfermer, en passant, nombre de propositions justes et solides, qui ne manqueront pas de réunir la grande majorité des suffrages, telles que celles-ci : Page 64. Les abus pratiqués dans l'administration de nos sociétés anonymes. Pages 63-7-1 et 167. Les réformes à apporter dans le contrat de louage. Pages 151-155. La nécessité de favoriser l'esprit de spéculation honnête et, par contre, de réprimer l'agio- tage. Pages 164-175. De même le besoin de réagir contre les excès du luxe et le gaspillage insensé de tant de patri- moines, là où tant d'hommes manquent encore du néces- saire. Page 170. La réduction du degré successible. Page 172. Combien l'industrialisme favorise le déve- loppement régulier de la population, combien au con- traire le communisme lui est funeste. Page 179. Et surtout, la nécessité, pour la classe indigente, de redoubler d'efforts pour aider au relèvement de sa race, par un emploi plus judicieux de ses res- sources, par des habitudes plus rigoureuses d'ordre et d'économie, par la suppression radicale, absolue de toute boisson enivrante, comme de tout jeu de hasard, où tant de patrimoines ont péri. — Si l'homme voulait toujours être sage, rarement aurait-il besoin d'être heureux. — Que l'on daigne jeter les yeux sur l'emploi donné au salaire par l'ouvrier dans nos grandes industries, telles, par exemple, que les charbonnages, les usines métallur- giques ou la pèche de marée. Quoique, dans la plupart ( 499 ) des cas, suffisant pour l'entretien d'une famille, quelle est la part qui en revient à la ménagère? Bien souvent, à peine la moitié. Vainement la rémunération sera-t-elle majorée, l'épargne n'en aura rien, si le salarié ne revient pas à des habitudes régulières trop souvent négligées par lui. Il est utile de le lui redire et de l'y encourager sans cesse. Si nous passons enfin à la troisième partie, qui a pour objet l'examen des systèmes adverses (p. 183), nous éprouvons toujours, quoique à un moindre degré, quelque difficulté ii suivre l'auteur dans Tordre de ses déductions; mais nous nous plaisons à reconnaître le fondement de ses critiques et la justesse de ses appréciations, soit qu'il conteste (p. 188) à la puissance publique le droit d'im- poser une doctrine en opposition manifeste avec la loi naturelle, ne lui reconnaissant d'autre mission que celle de protéger tous les droits, sans faire violence à aucun, soit qu'il relève (p. 206) le revirement inattendu qui s'est produit naguère, au sein du clergé romain, relative- ment à l'attitude à prendre vis-à-vis du socialisme (Rerum novarum), réservant, non sans raison (p. 253), ses meilleures armes contre cet esprit de révolution qui. s;ms se décourager, agile de nouveau la société moderne. Toutes pensées auxquelles il est difficile de refuser son assentiment; mais, tout en rendant hommage aux convictions de leur auteur, il échet de se demander si son œuvre se signale par quelque aperçu nouveau à l'attention de l'Académie, au point de mériter la distinc- tion à laquelle il aspire. Nous ne saurions vous le pro- poser. 500 ) M. La deuxième production, sous la devise : Suum cuique, est conçue d'après un plan tout opposé et dans des vues complètement différentes. L'auteur se pose en adversaire déterminé de la propriété individuelle; laissant de côté les enseignements de l'histoire, il discute en théorie pure la légitimité de son fondement. Ce n'est pas cependant qu'il méconnaisse l'existence de toute espèce de propriété personnelle, en tant que fruit promérité de l'industrie de chaque individu, mais, cet aveu consenti, il fait aussitôt apparaître le phéno- mène d'une propriété impersonnelle enveloppant, dans son immensité, toutes les productions du domaine pur de l'ordre de la nature, avec tout ce qu'il renferme de contingent (p. 7). Cette ahstraction forme le point de départ et comme l'âme de tout son système; bientôt (p. 11) il en déduit cette conséquence, que chacun a déjà pressentie, à savoir : « que la propriété du sol n'est pas absolue, et que la » nature y a sa part de travail, qui constitue un bien im- » personnel ! Elle a donc droit au sol et à la récolle ! » Faire de la nature un être personnel, investi de droits personnels, tels que de propriété, en possession du sol avec une dîme sur la récolte, c'est confondre toutes choses et perdre de vue cette notion élémentaire qui fait que l'homme seul, personne physique et vivante, est capable de droits, à l'exclusion de toute abstraction pure, sauf, bien entendu, certaines fictions légales en petit nombre, qu'impose la nécessité sociale, la force des choses; ( soi ) jamais, que nous sachions, ou n'a songé à faire de la nature, considérée en elle-même, et qui n'existe qu'en pensée, un sujet de droit, juris capax. Comme la pro- priété ne consiste que dans un simple rapport de chose à personne, où cette personne fait défaut, la propriété n'a pas occasion de naître et se trouve frappée de néant dans son principe même. Elle n'a pas de raison d'être: ombre sans corps, elle n'a pas de besoins, elle est sans droit. La propriété est l'organe de la vie. périodiquement par la pluie que la plante se développe •) sous l'action fécondante des rayons du soleil. Or, le >» travail de la nature n'est plus la propriété personnelle • de l'homme et appartient à tout le monde. Par consé- » quent, l'occupant n'est pas propriétaire exclusif de la récolte, et il doit la partager avec ses congénères. » Et l'auteur de s'étonner de ce que, « quelque fondé > que paraisse cet argument, jusqu'ici personne ne s'est » décidé à s'en prévaloir pour le mettre en pratique! » ( 503 ) L'aveu est bon à retenir. L'auteur n'apporte pas dans ses jugements plus de rectitude quand (p. 1<>) il aborde la légitimité d'un inté- rêt, en retour d'un capital prêté, et il formule sa thèse en ces termes : « L'emprunteur ne doit rien que la » restitution du capital et sa gratitude. En effet, ajoute- » t-il, le capital est le produit d'un travail accompli, mais » il ne travaille pas et, par conséquent, ne produit o rien. » Mais bientôt, comme pris d'un remords subit, revenant sur lui-même, il confesse que « si, au point de vue pure- .> ment moral, le capitaliste ne peut exiger aucun intérêt, >. rien ne l'empêche cependant de profiter de la situation » et d'exiger, en véritable matérialiste, l'intérêt le plus » élevé qu'il puisse obtenir », ... par le motif qu'il est bon .< qu'il ait un profit matériel en épargnant et en prêtant, » profit qui se trouve déterminé par le libre échange ». Ces affirmations contradictoires n'ont pas seulement le défaut de s'entre-choquer et s'entre-détruhe, mais encore de jeter le lecteur dans l'indécision entre deux régimes qui s'excluent réciproquement el dont l'un est la néga- tion de l'autre. Passant ensuite (p. 19) à la discussion du rôle de l'Étal et à la nature de sa haute mission, l'auteur la fait consister à garantir le gagne-pain à chacun de ses mem- bres, avec obligation d'occuper les .sans travail à des travaux d'utilité publique. Il ne manque, en effet, pas d'économistes et de philan- thropes, surtout parmi les moins bien inspirés, qui se complaisent à exalter les avantages de l'assistance publique prétendument due aux misérables; mais il reste ii démontrer les avantages de cette doctrine et son etlica- ( 506 ) leur, lorsqu'il énonce (p. 22), cette autre proposition : a que la propriété agraire ne peut être aliénée ni hypo- » théquée! » Que (p. 25), « en cas de décès, le bien ne pourra être » partagé qu'avec l'autorisation du gouvernement... ; que » là où ce fractionnement serait contraire à l'économie » agricole, le bien passerait à l'aîné des descendants » mâles, ... les autres enfants héritant des économies » laissées par le défunt. En cas de conflit, vente du bien » aux enchères, pour compte des héritiers; en cas d'ab- » sence de ceux-ci, au profit de l'Etat. » Bientôt il revient à sa thèse favorite, des accroisse- ments de valeur dont toute propriété foncière est suscep- tible, sans que le travail personnel du maître y ait aucune part; telles, par exemple, certaines plus-values subites, comme il s'en voit tous les jours dans les grands centres de population, ensuite de l'ouverture de quelque voie nouvelle. On pourrait y ajouter la suppression de l'octroi, qui a fait la fortune de nos faubourgs. Mais est-ce là un motif qui justifie l'attribution de cette valeur nouvelle à la col- lectivité sociale? Puis, est-ce tenir la balance d'une main cquitable que de passer, par contre, sous silence les multiples causes de diminution auxquelles tout fonds de terre est sujet? Que de quartiers importants, dans nombre de nos grandes cités, aujourd'hui délaissés, qui naguère s'étaient rapidement développés, et, sans sortir de notre chère capitale, l'établissement récent d'une avenue splendide n'a-t-il .pas déplacé tout le trafic du monde élégant, au détriment d'une section qui eut aussi son heure de prospérité? ( 507 ) La vérité est que ce sont là autant de causes de fluc- tuations do valeur qu'il n'est pas au pouvoir de la société, moins encore des individus, de conjurer et qui, en définitive, à ne les considérer qu'en masse et dans leur ensemble, Unissent à la longue par se compenser dans quelque mesure, grâce a une espèce de solidarité qui, dans un même rayon, enveloppe tontes les pro- priétés. L'auteur ne se montre pas plus heureux (p. 27) quand il discute les éléments de la propriété minière et suppute les bénéfices considérables prétendument réalisés par certains maîtres de fosses, sans faire état, par contre, des pertes incalculables essuyées par tant d'autres dont le nom même s'est éteint. Il Test moins encore dans le rap- port dressé par lui entre l'insignifiant salaire, parcimo- nieusement compté au mineur, et les opulents revenus dont s'engraisse à ses dépens la féodalité industrielle, passant habilement sous silence le chiffre du capital engagé dans cette pénible entreprise et qui, pour la seule province de Hainaut, passé trente ans, ne s'élevait pas à moins de six cents millions (Rapport de la Chambre de commerce de Mons, par H.-C. Sainctelette, in Belgique judiciaire, 1870, p. 1365), aujourd'hui anéanti pour plus des deux tiers. A ces enseignements, marqués pour la plupart au coin d'une critique peu judicieuse, nous préferons le conseil (p. 35) de réduire l'intervention du commerce à ce qui est vraiment nécessaire et indispensable à l'effet de mettre les produits fabriqués à la portée du consommateur ; hors de là, son intervention n'a pas de raison d'être et grève la marchandise de frais dépourvus d'une juste cause; ceci ( 508 ) est un problème qui est plus du ressort de l'économie politique que du droit public et de la science sociale, à la solution duquel notre époque a eu la satisfaction de voir apporter un tempérament d'une inappréciable utilité par l'institution féconde des coopératives de consommation. Arrivons actuellement, car il est temps de conclure, à la partie la plus délicate dé cet examen et qui consiste à démêler, parmi divers théorèmes difficiles à saisir, la conclusion finale de l'auteur ; nous ne le faisons qu'avec d'infinies précautions et sous les réserves les plus expresses. Fixons-nous, avant tout, sur la valeur des termes qu'il emploie. Il qualifie du titre de thèse la base du régime actuel (p. 57). Par contre, l'antithèse constitue celle du collectivisme (p. 58). Enfin, la synthèse est l'expression du régime normal. Nous espérons ne pas nous tromper en estimant que ses préférences sont pour cette dernière, par une sorte d'éclectisme; mais cela implique (p. 57) l'adoption de tant de réformes, et de ce nombre le principe de l'inalié- nabilité de la propriété dite impersonnelle ou foncière, que nous ne voulons pas nous arrêter à la combattre en détail; contentons-nous de dire que celte école, beaucoup trop imbue d'esprit nouveau, a le tort grave, comme plus d'une de ses consœurs, de ne tenir aucun compte de ce principe fondamental, essentiel à toute société bien coor- donnée, qu'en matière gouvernementale, ce à quoi il faut veiller avant tout, c'est à faire marcher les idées et les doctrines de pair avec les faits. Pour nous résumer, le mémoire est de ceux qui ne gagnent rien à être tirés de la poussière de l'oubli. 509 ) III. La troisième production revêt des qualités autrement sérieuses, sous la devise : Improbos odimus odio civili, témoignant ainsi, dès le frontispice, que l'auteur entend faire œuvre de polémiste et de critique, sans toutefois se faire illusion « sur ses lacunes et ses défauts » (p. 558). « Obscur soldat de la liberté et de la démocratie », comme il se complaît à le dire (p. 170) — et pourquoi non? — il témoigne de beaucoup de lecture avec des emprunts discrètement faits aux meilleures sources, non sans méthode ni sûreté de jugement, à quelques excep- tions près. Sa foi dans la meilleure direction à donner au gouver- nement de la société, il n'a garde de la dissimuler, tant est grande sa conviction et réfléchie. Comment en eût-il pu douter? Car ses propositions, pour la plupart, ne manqueront pas de recueillir les suffrages de tous les partisans de l'ordre avec la liberté pour base. Qu'il affirme, soit : 1° Le dominium ou la puissance de l'artisan sur les produits de son travail (p. 7), l'homme n'est homme qu'à la condition de pouvoir posséder (pp. 76, 510, 542), avec cette conséquence rationnelle, non seulement (p. 12) d'en disposer à son gré, par voie d'échange ou autrement, mais de les tenir en réserve par épargne (pp. 27, 172, 554). 2° D'où naturellement le droit de lester (pp. 22, 41), au même titre que toutes les autres libertés de droit naturel, telles que de religion, d'industrie, d'enseigne- ment, de charité (p. 501), etc., voire même celle de la ( 5*0 ) voie publique; ce qui sans doute sera trouvé excessif, car il lui faut compter avec un pouvoir qui ne comporte de restriction d'aucune espèce, vu sa souveraineté, la police de la rue. (Cour de Cassation, chambres réunies. 8 juin 1892. Pasic, 1892, 1,286.) 5° Le maintien indiscutable de la famille, de la pro- priété et de la justice, fondement indispensable de tout ordre social bien ordonné (p. 169). Quoi qu'on fasse, quelque violence que l'on mette en œuvre, jamais on n'empêchera le libre jeu de l'offre et de la demande «le mettre le véritable prix aux choses, aux salaires non moins qu'à l'intérêt (p. 171). Pas plus qu'on n'empêchera l'ouvrier de se servir d'un outil, ni un ingénieur de per- fectionner cet instrument, pour en faire une machine. (Ibid.) Jamais de marché abondant, où il n'y a pas grande facilité d'accès. (Ibid.) 4° Pas de capital sans l'épargne qui le constitue (p. 172). En état de mutuelle dépendance l'un de l'autre, ils se doivent un appui réciproque. (Ibid.) 5° L'utilité indispensable des machines à tous les degrés, depuis la simple bêche et la pioche jusqu'à la locomotive perfectionnée. Quel sort serait réservé au travailleur, si l'on en venait à les lui retirer? N'est-ce pas dans les contrées les mieux pourvues de machines, que l'activité industrielle est la plus grande et prospère le mieux (p. 288)? 6° Une notion non moins exacte qu'édifiante sur le droit d'appropriation par le travail (p. 509) comme sur l'état improductif de toute portion du sol qui n'est pas mise en valeur. 7° Tandis que la plus grande somme de liberté doit être laissée au travail avec appel au concours de toutes ( 5H les intelligences et de tous les efforts, en vue d'une plus grande somme de produits (p. 355), conséquent avec sa prémisse, l'auteur ne pouvait manquer, par contre, de définir la mission restreinte de l'Etat, toute de surveil- lance et de police bienveillante, de crainte d'étouffer l'initiative et la spontanéité de chaque individu, source de progrès incalculables. Le gouvernement n'a pas charge d'âmes, non plus que le devoir de prendre soin du bien positif de ses adminis- trés; au delà de la sécurité personnelle il ne leur doit rien; différemment, il s'expose inévitablement à donner atteinte à leur liberté, et à les entraver dans leur déve- loppement naturel. Gouverner le moins possible; son devoir est négatif et consiste à s'abstenir, laissant à chacun la faculté de se mouvoir librement dans la sphère qui lui est propre; il est peu digne de la grandeur morale de l'homme de vivre emmaillotté. Dans l'industrie comme dans le commerce, l'activité privée est seule féconde. Voulez- vous étouffer le génie, contentez- vous de le protéger (p. 88). Chez toutes les nations civilisées, le progrès se mesure au minimum d'action gouvernementale; c'est la vraie cause de la supériorité de la race saxonne dans l'art de la colonisation. Peuple autoritaire, médiocre colonisa- teur; en regard de la Nouvelle-Calédonie, où l'adminis- tration déploie le plus grand zèle à occuper militairement, à fortifier, à clôturer, à verbaliser, à inspecter, mettez la Nouvelle-Galles du Sud, où fleurit la plus grande liberté. L'auteur pouvait se dispenser d'en convenir, il est de l'école manchestérienne et sans réserve (pp. 532 à 555). faisant observer avec justesse que cette école n'a pas créé un dogme économique, mais s'est contentée de con- ( 512 ) staterun fait, une situation difficile à méconnaître (p. 354). Comment ne pas l'en féliciter? En Russie, pays protectionniste à outrance, l'industrie et le commerce se trouvent singulièrement en retard sur le reste de l'Europe, comme aussi le confort bour- geois, qui en est une conséquence naturelle. De même que, en France, par l'effet d'un revirement soudain dans sa législation économique que l'on ne peut que déplo- rer, le commerce d'exportation va à la dérive, tandis que, par un sort inverse, mais bien justifié, la surproduc- tion ne cesse de s'élever. Grâce au nouveau droit de 7 francs par hectolitre de blé, l'ouvrier paie son pain 60 et 70 °/0 plus cher que le Belge, mais le gros proprié- taire foncier s'en trouve bien. Jamais le commerce étran- ger ne va mieux que quand toutes les portes sont ouvertes. Rien de surprenant, dès lors, que l'auteur se montre adversaire déterminé de ce malencontreux esprit de réglementation qui se complaît à semer des restrictions, des empêchements et des gênes sans nombre, sur une route à l'usage du public et dont le Souverain n'a que la police, « avec le devoir de la rendre bien libre, bien dégagée et bien roulante », comme tout bon cantonnier. (Cormenin, Le livre des orateurs, II, p. 548.) Ce n'est pas dans une pensée différente qu'il combat cette tendance toute moderne à imposer à nos adminis- trations publiques, dans les travaux qu'elles décrètent, un minimum de salaire, avant que de l'étendre à toutes les transactions d'intérêt purement privé (pp. 249 à 238), la journée de huit heures (p. 278) et cette autre utopie de la mine aux mineurs, qui en est encore à faire ses preuves. 343 ) S* L'auteur ne se contente pas de ces seuls aspects de la question; sa conception est plus haute; il l'envisage encore avec infiniment d'à-propos, au point de vue de ceux qu'elle intéresse le plus, se demandant si ce n'est pas d'eux-mêmes que doit venir le premier effort, témoi- gnant qu'il prend sérieusement à cœur la cause du peuple; et, par cette expression, nous entendons non seulement les déshérités de la fortune, mais la société tout entière. \ compris la classe aisée qui est encore du peuple, l'adjurant de modérer certains appétits factices et de réduire, dans de larges proportions, tout un ordre de dépenses ruineuses, inspirées par la seule vanité, dont, malheureusement, les plus indigents ne sont pas toujours exempts (p. 557). Quelle satisfaction pour la plupart d'entre nous que de posséder ce qui n'est qu'à la portée d'un petit nombre, quelque exemplaire unique, et de détruire dans l'espace de peu d'heures le produit de bien des journées de travail pénible! Notre luxe, par ses excès, éveille les plus cou- pables convoitises, sans faire jamais d'heureux, et discré- dite à bon droit la propriété individuelle. C'est surtout aux époques de relâchement et de décadence qu'on le voit se développer sans mesure; il est le plus grand obstacle aux résolutions viriles, non moins qu'à tout effort personnel; par contre, combien lui sommes-nous redevables des malaises qui affligent la cohorte des gens blasés et ennuyés, tous les oisifs de nos grandes cités, à commencer par le spleen et les pertes d'appétit, quand, d'autre part, nous entendons, dès l'aurore, le savetier voisin entonner son chant de gaité? Ce qui est déplorable à notre époque, c'est l'oisiveté dans le luxe et la pratique du luxe extravagant (pp. 22i), 3me SÉRIE, TOME XXX1JI. 54 ( su ) 362, 366, 368, 378). « C'est une chose de fait, a dit » un philosophe plein de sagesse, que la vie simple peut » seule rendre un peuple riche, puissant et heureux. » (Co;ndillac, Le commerce el le gouvernement, ch. XXVII.) Bannissons, en conséquence, de nos demeures toute folle magnificence, pour n'y laisser régner que propreté, économie et commodité, voire même quelque confort de bon goût, réservons notre superflu aux ouvrages d'uti- lité générale, aux temples, aux palais, aux collections publiques d'art et d'enseignement, et ne nous lassons pas de dire que si nous voulions toujours être sages, rare- ment aurions-nous besoin d'être heureux. Là est le remède. Aussi l'auteur se montre-t-il sans pitié ni merci « pour cette tourbe éhontée de fauteurs » de désordre, bohème avide de corrupteurs de la con- » science publique, en lutte ouverte et incessante » avec l'ordre politique, l'ordre économique et l'ordre » social » (p. 378). Anarchistes en un mot, dont le champ d'expériences est au Pérou, au Paraguay (p. 266), en Icarie (p. 176). Depuis le divin Platon jusque de nos jours, qu'ont-ils enfanté? Après avoir ainsi rapidement acquitté notre dette envers l'auteur dans ce qui nous a paru digne d'appro- bation, notre devoir est d'apporter plus de réserve dans certaines parties de son œuvre, moins importantes il est vrai, mais relativement auxquelles nous avons le regret de ne pas partager son sentiment, notamment en matière d'impositions publiques, qu'il propose (p. 357) de modi- fier radicalement, au point de les supprimer toutes, sans exception, pour y substituer un droit unique : l'impôt proportionnel sur le revenu (pp. 140-14(5). r;iî> ) C'esl déjà, en elle-même, une réforme qui ne manque pas d'une certaine hardiesse, si pas de témérité, que de renoncer bénévolement, en matière de^revenu, au béné- fice de la multiplicité, pour s'en tenir rigoureusement à l'unité. N'avoir qu'une corde à son arc, quand il est possible d'en mettre plusieurs, n'est pas toujours consi- déré comme un avantage; bien au contraire, uno avulso, von déficit aller. Mais l'objection revêt un caractère plus sérieux à l'endroit de la progression assignée à celte taxe, et qui, au lieu de se renfermer dans des limites restreintes qui la rendraient supportable, ne s'arrête pas, si baut que puisse monter le revenu, au risque d'une confiscation inévitable du capital destiné à le produire. Nous avions espéré que l'exemple récent tenté par nos voisins, tant au nord qu'au midi, nous eût épargné jusqu'à la tentative de semblable infortune. Puis, quand l'auteur condamne en principe « tous les » impôts indistinctement, parce que tous, et pris en » bloc, ils sont arbitraires, injustes et attentatoires au » droit (p. 156), » ne se laisse-t-il pas aller trop facile- ment au charme d'une critique qui ne manque jamais d'approbateurs, sans être appelé en retour à combler le précipice creusé par sa témérité? A un autre point de vue, l'auteur paraît peu renseigné sur notre législation fiscale, notamment sur l'incidence de plusieurs de nos impôts; par exemple, quand il dit (p. 95): « L'Etat moderne, plus jperfectionné que Tibère, n'y » regarde pas de si près, et, s'il tond toujours, il écorche « le plus souvent. ( »16 ) » Travailler est non seulement un droit naturel, mais » un devoir social. Or, avant de pouvoir le faire, le citoyen doit payer patente, et demander à l'État la » permission d'ouvrir atelier ou boutique. » Le reproche manque absolument de justesse, car la partie la plus considérable de nos travailleurs, toute celle qui vit du produit de ses mains, échappe à l'impôt. Sans doute le banquier, l'armateur, l'importateur, le commer- çant, aussi bien que l'industriel, doit payer tribut, au seul titre des bénéfices qu'il peut tirer de son industrie ; il agit dans une pensée de lucre, et toutes les fois qu'il apparaît d'un gain, ne fût-il qu'en espérance, le Roi ne renonce pas à son droit ; par contre, la loi, toujours paternelle, ne connaît le simple artisan que pour le protéger, et pousse la condescendance jusqu'à lui faire remise de toute con- tribution à raison de l'habitation qu'il possède en toute propriété. C'est pourquoi sont exempts de tout droit de patente la classe si nombreuse des cultivateurs, des tis- serands, des compagnons, ouvriers et apprentis, et d'une manière générale tous journaliers, manœuvres et porte- faix, etc. Mais quiconque ouvre boutique et s'interpose, dans des vues intéressées, entre producteur et consom- mateur, est soumis à taxe; et chacun dira que c'est jus- tice. « Pourquoi)), se demande l'auteur (p. 136), « l'accise sur » les bières, l'alcool, le tabac? Pourquoi pas sur la fàbri- )> cation de la toile, du coton, du drap, du cuir, du » papier, du savon? » La raison en est simple : c'est que les premiers sont des articles de consommation, dont le peuple, s'il est sage, peut aisément se passer. Celui-là paie l'impôt qui le veut bien, nul n'y est contraint. Ce revenu, d'ailleurs, ( 517 ) n'acquiert d'importance que par l'énorme quantité de la denrée consommée pour la majeure partie sans nécessité aucune; c'est à peine si le fumeur d'habitude paie un centime par semaine, à raison d'une couple de pipes par jour; le litre de bière, pas un centime. Quant à l'alcool, que ne nous est-il donne, à l'exemple de l'Angle- terre, dont il défraie la marine, d'élever au quadruple la licence qu'il supporte ! Tandis que les tissus à l'usage des classes nécessiteuses, tels que la toile, le drap, de même que le cuir, justifient d'un titre suffisant à l'immunité, à la différence des tissus de luxe, tels que le velours et la soie. Pourquoi, ajoute-t-il (p. 156), taxer les chevaux et non les vaches, les porcs et les chats? C'est que les chevaux ne sont imposés que comme objet de luxe, autant qu'ils servent au transport des personnes, tandis que le bétail ne participe pas de ce caractère et fait partie du capital fixe de toute exploitation agricole. Ne mentionnons que pour mémoire les chats qui, vraisemblablement, ne doi- vent leur salut qu'à la difficulté de les porter sur aucun rôle, non plus que les coqs de combat et les pigeons sportifs (p. 157). Il ne faut pas davantage laisser s'accréditer cette autre erreur (p. 145), que les ministres du Roi et les hauts prélats ne paient pas l'impôt des bâtiments qu'ils occu- pent (p. 145). Le foncier, évidemment non, car c'est une charge de la propriété que le maître de tout domaine acquitte à l'aide du revenu qu'il en retire. Ici le droit de propriété réside dans le chef de la Nation, en laquelle les deux qualités de créancier et de débiteur se trouvant réu- nies, l'obligation et la créance se compensent mutuelle- ment (muluâ compensatione todun(ur). ( S18 ) Quant au mobilier existant dans les parties d'un hôtel ministériel ou d'un palais épiseopal à d'autres usages que le service de l'État, des provinces ou des communes, il est passible de la contribution personnelle (loi du 28 juin 1822, art. 27). Est-il nécessaire d'ajouter que, relativement aux domestiques et aux chevaux, tout chef d'un Département ministériel en est personnellement tenu. Quoique le programme de ce concours soit déjà, par lui-même, suffisamment ample et de grande portée, l'auteur s'est naturellement senti entraîné à dire en pas- sant quelques mots de divers autres problèmes de science sociale, dont la solution n'est pas indifférente au bonheur du peuple, tels que celui du service personnel, de l'ensei- gnement par l'État, de la lutte contre l'alcoolisme, etc., qu'il est de notre devoir de passer sous silence, par le motif qu'ils ne rentrent pas dans notre sujet. Mais nous ne saurions lui infliger aucune censure pour avoir courageusement dénoncé, au tribunal de la con- science publique, la perversité d'une école qui n'a d'autre but que de renverser les bases fondamentales de la société par la confiscation de la propriété privée, avec suppres- sion de la personnalité individuelle et du droit de famille (pp. 175 et 191 à 11)7). Elle ne compte pas de pires ennemis. I\ Après la lecture décevante des théories qui réprouvent la propriété individuelle, quel soulagement n'éprouve- t-on pas à revenir à des notions plus saines et plus con- ( 5*9 ) formes à la nature des choses, dont à notre époque Por- talis a buriné la formule magistrale! Tel est le but que se propose l'auteur du quatrième mémoire (devise : L'homme est une personne sociable, 17 cahiers petit in-4", de 356 pages) et, dès le début, il est aisé d'entrevoir la conclusion à laquelle il va aboutir en définitive. Avant que d'exposer son plan, il nous donne la liste des ouvrages consultés par lui, au nombre de non moins de quatre-vingt-deux, non par vain étalage de science facile, mais uniquement pour en extraire la substance et la faire partager par le lecteur. A ce premier aspect déjà, l'excellence de sa méthode ne saurait être trop prisée en ce que, sous une forme con- densée, elle l'initie rapidement à la connaissance des nombreux systèmes auxquels, déjà dans l'antiquité, la théorie légale de la propriété a donné naissance et que les concurrents sont invités à analyser et à discuter. Cela fait, il ne fallut pas longtemps à l'auteur pour marcher droit au but et (p. 8) marquer du doigt la date précise de la naissance du droit de propriété individuelle, au lendemain même du premier jour de l'humanité, s'im posant à elle par la force des choses, au seul titre de son indispensable nécessité, faisant très large la part de la communauté sociale sans l'exagérer toutefois, lui accordant tout ce qui lui est absolument indispensable, mais rien au delà, de crainte d'entreprendre sur la per- sonnalité humaine, qui est tout, n'oubliant pas que ■ ( toutes les fois que les hommes se réunissent pour former » une corporation, chacun d'eux, par une convention > tacite et réciproque, met dans un dépôt commun la » somme de moyens et de force nécessaire pour le main- ( 520 ) » lien de la société, la conservation de ses membres et la » défense de ses droits et de ses propriétés ». (Arrêté du Directoire exécutif du 15 floréal an Vif, Pasinomie, IX, p. 202.) Il va de soi que, en se réunissant en société, chacun n'aliène en sa faveur que le minimum possible des droits qu'il tient de la nature : peu d'apports, avec la plus grande somme d'avantages en retour; et l'on a toujours observé que le meilleur gouvernement est celui qui accorde à chacun toute la liberté compatible avec l'intérêt de tous. L'auteur trouve ainsi (p. 15) sa raison d'affirmer que le droit de propriété ne procède pas de la loi, qui ne fait que la réglementer dans l'intérêt de tous, uniquement pour en contenir les abus; faisant de la famille, à l'exem- ple de Cicéron (p. 10), la première de toutes les sociétés avec primauté d'honneur et de rang au Roi de la créa- tion, à la personnalité humaine. Que si la mise en commun de certaines jouissances foncières a pu exister à l'origine, non pas de nombre de nations régulièrement ordonnées, mais seulement de simples peuplades nomades, comme il s'en rencontre encore de nos jours, aux derniers confins de la civilisa- tion (p. 80), adonnées au pacage et au libre parcours, sans pouvoir se fixer nulle part, cet exemple trouve sa justification dans l'impossibilité même, pour ces miséra- bles usagers, de cantonner le bétail qui lait toute leur richesse sur un point déterminé, susceptible de culture réglée. 11 n'est personne qui ne reconnaisse que cette communauté sans ordre est la source des plus grands abus, et que là où il n'est pas de propriété individuelle, l'industrie ne peut ni naître ni prospérer. Bien plus, comme l'étendue des jouissances de cette sorte est en ( 521 ) raison de l'importance des troupeaux de chaque manant, nécessairement l'avantage est pour les riches seuls (p. 27). Mais autant nous souscrivons volontiers à la plupart (les propositions énoncées par l'auteur, autant il nous est difficile de partager celte affirmation (p. 89) trop souvent renouvelée d'une prétendue confiscation des anciens biens du clergé, dès le début de la Révolution de I7» tuité du territoire français, morts civilement, et dont les biens » furent acquis à la République ». (Décret des 28 mars-5 avril 1793.) ( 525 ) Louvaiii, 1645, Comra. in l'ami., tome I", |». I2X. Lib. III, tit. IV, quaestio IV.) Vers la même époque, au cœur de l'Allemagne, lors des négociations <|ni précédèrent la paix de Westphalie, les États catholiques, qui représentaient l'ancien ordre de choses, entrèrent en composition et consentirent à la sécularisation des biens de l'Église. (Albert Sorel, L'Europe et la Révolution française, 1895, 1"' partie, p. 249.) D'autre part, en France, au siècle précédent (août 1559), François I1', abolissant les confréries de métiers, n'hé- sita pas à reporter au trésor tous leurs biens meubles et, pour les contestations, s'il venait à s'en élever, à en attri- buer la connaissance à ses juges royaux. En ce qui concerne nos provinces, est-il [besoin de rappeler la mainmise nationale dont turent frappés jtous les biens ci-devant possédés par la plus puissante de toutes les compagnies religieuses (20 septembre 1775)? Plus près de notre époque, au sein des États-Unis d'Amérique, l'assemblée de Virginie ne se contenta pas de prononcer la séparation de l'Église et de l'État, elle dépouilla de ses biens l'Église épiscopale pour les attri- buer au domaine. (Baird, liv. Il, ch.XX. — A. Carlier, Hist. du peuple américain, I, p. 125.) Que le lecteur bienveillant nous permette cette dernière invocation. Personne n'ignore que l'ancienne Église des Mormons, fixée aux Étals-Unis, s'était acquis une déplo- rable notoriété par ses mœurs non moins que par l'étran- geté de ses statuts. Après plusieurs avertissements, une loi du 5 mars 1887 finit par ordonner sa dissolution avec liquidation consécutive. Ses biens s'élevaient à une valeur de cinq millions de francs, que le gouvernement fédéral ( 524 ) se proposait de réaliser, lorsque l'ancienne association excipa de l'inconstitutionnalité de la mesure. Mais la Cour suprême, jugeant qu'elle continuait à poursuivre son but et à contrecarrer les efforts du Congrès, reconnut au pouvoir le droit d'en disposer. (Arrêt du 19 mai 1890. Annuaire de législation-étrangère, 1890, p. 790.) Ces développements échapperaient difficilement au reproche de n'être ici qu'un hors-d'œuvre, n'était la nécessité de répandre quelque lumière sur un point de l'histoire qu'on se complaît à obscurcir et d'empêcher de s'accréditer une erreur bien des fois combattue. Hâtons- nous de rentrer dans la discussion de notre sujet. 11 nous faut renoncer à suivre l'auteur pas à pas dans les assauts répétés qu'il livre aux adversaires de la société, non plus que dans ses considérations sur la part faite au salaire industriel comparativement aux bénéfices préten- dument réalisés par le capital, sur le droit d'occupation, la loi d'airain, les crises d'abondance (p. 143), le protec- tionnisme et la réglementation. Notons cependant, à raison de son importance, la concentration capitaliste et ses dangers (p. 157), les riches devenant plus riches et les pauvres plus pauvres, tandis que les classes moyennes sont appelées à dispa- raître ! L'auteur y répond (p. 100), non sans avantage, en démontrant que le machinisme ne lue ni la petite ni la grande industrie, que le nombre des petits ateliers ne se chiffre pas et qu'ils n'ont rien à redouter de leur absorp- tion par quelques banques colossales. Sa réponse est dans le développement de l'esprit d'as- sociation qui ne saurait être enrayé et ne manquera pas d'avoir raison de l'accaparement imaginaire, par quelques ( 525 ) individualités, des éléments de la richesse générale. En attendant, te morcellement du sol en infinies parcelles poursuit régulièrement son œuvre bienfaisante et civi- lisatrice. Qu'importe que, au point de vue de la produc- tion, le capital se condense en quelques mains, si, an moment de la répartition, il retourne à chaque ayant droit? I Mus loin, l*auteur se montre adversaire déterminé du protectionnisme (p. 152), du suffrage universel (p. 188), de l'abus des grèves (p. 189), de la règle des trois huit (p. 194), de l'impôt progressif (p. 206), comme de toute réglemen- tation tendant à paralyser l'initiative individuelle. Nous ne saurions lui en faire un grief. l'ai contre, il préconise (p. 215), ce qui n'est pas moins bien, la solidarité féconde du capital et du travail. Mais toute sa verve et sa puissance d'argumentation, l'auteur, en bon stratégiste, la tient en réserve contre cet effondrement général dont la propriété privée se trouve menacée, et qui, nonobstant toutes les cautèles dont on s'efforce de l'enguirlander, n'en forme pas moins le credo ne varietur du collectivisme intégral. « Le » socialisme limite la propriété aux seuls objets de con- )> sommation, d'usage quotidien ou immédiat, de sorte » que les associés de la grande coopérative socialiste » n'auront plus qu'un outil, un pain, une paire de draps, » pas même une culotte de rechange » (p. 222). (Citoyen » Ad. Tabarant, Catéchisme socialiste, 78° question.) Assurément, parmi toutes ces propositions discutées tour à tour, il en est peu qui aient le mérite de la nou- veauté; mais c'est beaucoup déjà que d'avoir retracé, avec clarté et méthode, celles qui présentent un relief suffisant pour en tirer une conjecture et caractériser toute une école. ( 526 ) Après^ètre parvenu ainsi, non sans un talent réel, à faire judicieusement la part de l'ivraie d'avec le bon grain, l'auteur ne pouvait manquer de répondre au vœu de la Classe, en passant à l'analyse et à la discussion des principales théories socialistes et collectivistes modernes. Cette troisième partie ne le cède en rien aux deux pre- mières et, dès le début, l'auteur s'attache, avec l'auto- rité de Fustel de Coulanges (p. 235), à réfuter la pré- tendue existence d'une communauté absolue chez les Germains d'autrefois, Valemende n'apparaissant que tard vers le XIIIe siècle et se limitant aux forêts, aux pâquis livrés à la jouissance, comme de nos jours encore dans certains cantons de la Suisse, de la Belgique et de la France. Plus loin (p. 258), il s'en prend aux inconvénients de la théorie proposée par de Laveleye, pour nous initier au régime de la propriété foncière de Java (p. 259). Là aussi le manant est attaché à la glèbe, ce qui n'empêche aucu- nement la propriété privée de subsister à côté de cette tenure; encore, sur vingt provinces, c'est à peine s'il en existe six où [ce mode soit pratiqué; il s'explique d'ail- leurs par des nécessités inhérentes à la culture étendue des rizières et des terres irriguées, — et semble, du reste, peu se recommander par ses résultats financiers. L'auteur ne pouvait passer sous silence (p. 245) l'argu- ment tiré par ses adversaires de ce que l'on est convenu d'appeler le socialisme d'Etat, en tant qu'il s'applique à l'exploitation du chemin de fer, des postes et télégra- phes, etc., avec les agrandissements incessants du domaine national. Mais, il est. aisé de le pressentir, d'avance la raison a répondu pour nous que ce ne sont là qu'autant de ser- ( 527 ) vices publics et d'administration pure, auxquels, pour constituer de vraies industries, l'esprit de spéculation fait complètement défaut, et, pourrions-nous ajouter, plût au Ciel que le gouvernement de la société n'eût pas d'autres sujets de crainte, et bientôt la paix universelle se trouve- rait solennellement scellée. « Malheureusement, ses » adversaires ne dissimulent pas (p. 310) ninté»stiii-f « Il n'est peut-être pas de question agitée depuis plus de temps que celle que nous sommes appelés à juger. Depuis que l'esprit humain discute l'organisation sociale, il a dû débattre cette question de la propriété privée. Si les adversaires ont changé, les arguments directs et essen- tiels changent peu. Certes, l'organisation du régime économique des sociétés modernes a fourni quelques données nouvelles; on a articulé contre la propriété quel- ques griefs nouveaux. La stratégie de l'attaque a amené une modification dans celle de la défense. II y a un côté neuf du problème, mais le fond est vieux de plusieurs siècles. Vapparatus se complique, l'art du débat s'aflîne, la polémique essentielle demeure toujours la même. En demandant aux concurrents la défense de la propriété, on ne pouvait donc espérer beaucoup de neuf; on ne pou- vait que réclamer un clair exposé de la doctrine et un habile et sagace système de défense adapté à la stratégie contemporaine. Ainsi comprise d'ailleurs, la question était vaste déjà; presque tous les concurrents l'ont prise dans sa notion stricte, sans chercher à la rattacher à des systèmes plus généraux. Ont-ils eu tort? On serait tenté de le croire, car il y aurait eu du charme à voir prendre corps à corps ces théories qui ont accaparé le nom de sociologie et n'ont pu encore s'accorder sur un système déterminé. Il y aurait eu plaisir à voir éclater, sous la plume vigoureuse de certains concurrents, le rapport intime qui existe entre le principe de la propriété et la finalité humaine que proclame l'un d'entre eux. Mais peut-être valait-il ( 535 ) mieux sacrifier cette satisfaction scientifique et ne pas élargir une question déjà si vaste, savoir se borner pour rester méthodique. C'est ce qu'ont fait les meilleurs con- currents, se contentant, dans de rapides aperçus, d'indi- quer les causes plus lointaines des erreurs qu'ils combat- tent. Ils s'en sont tenus aux. théories se rattachant tout intimement à la propriété; s'ils y ont perdu en envergure, ils y ont gagné en précision ; ils ont jugé, peut-être à bon droit, qu'ils ne pouvaient, à propos de propriété, discuter toute la vie sociale, sous peine de faire des volumes ou de rester superficiels et vagues. M. le premier Commissaire a analysé les cinq mémoires soumis au jugement de l'Académie; il ne les a point tous classés, mais il a indiqué celui qui lui paraît mériter vos suffrages. Ma tâche se trouve d'autant plus simplifiée que sur ce dernier point, la conclusion, je me trouve d'accord avec lui : c'est également au mémoire qu'il a marqué n° 5 et portant pour épigraphe : Aëi xxX. que je propose à la Classe d'accorder la palme. Il me sera permis cependant d'ajouter quelques consi- dérations au sujet des divers mémoires reçus en les pre- nant sans suivre un ordre déterminé, selon qu'ils s'offrent à mon examen. Je ne m'attache pas au mémoire qui porte pour devise : Cuique suum, dont M. le premier Commissaire a parlé longuement; je me permets de dire un mot des quatre autres. ( 536 ) Le défaut d'unité est le signal de la mort, etc. Telle esl l'épigraphe d'un petit volume coquettement imprimé. Il se divise en trois parties : Fondement du droit. - Opportunité du droit. — Systèmes adverses. — Au point de vue du style, il paraît le meilleur; peut-être le paraît- il à cause de la facilité de lecture d'un texte imprimé. Il a aussi un autre mérite, celui de mettre en vedette le caractère matérialiste du marxisme. L'évolution maté- rialiste a une influence très grande sur la doctrine de Marx, et nos concurrents en général, même celui-ci, y insistent trop peu. Il le fait aussi, je le reconnais, comme le lui reproche M. le premier Commissaire, avec trop peu de clarté. Dire que « la structure économique est la base réelle sur laquelle s'élève ensuite l'édifice juridique et politique », cela peut s'interpréter de vingt façons; ce qu'il importe d'exclure, c'est le déterminisme de l'évolu- tion intégrale par le phénomène économique, s'il m'est permis d'employer ce style que je ne chéris pas, pour exprimer une idée que je ne chéris pas davantage. L'auteur expose le fondement de la propriété indivi- duelle; il le trouve dans la personnalité, mais sa démons- tration, en effet, est imparfaite. Il a l'air de limiter la propriété aux besoins de l'existence; il en a l'air, dis-je, car en réalité peut-être ne le veut-il point; il cherche à s'expliquer, mais il y a là évidemment un défaut de netteté. D'autre part, il expose longuement les atténuations de la propriété, des correctifs par justice et charité (paragr. XIX : Propriété, justice, charité) dans l'usage. ( 537 ) dos biens, dans 1rs contrats, dans l'ensemble de la vie sociale. L'idée est fort à sa place, et nous reprochons aux autres mémoires de l'avoir un peu négligée. .Nous voulons bien admettre que l'auteur se soit un peu trop éloigné du sujet principal, que son étude des contrats de société et d'industrie prenne relativement trop de place; nous ajouterons que nous ne partageons pas son avis sur les limites qu'il assigne à la justice et à la charité, mais il n'en est pas moins vrai que cette théorie est en rapport intime avec le rôle de la propriété dans l'économie sociale. Cet exposé, avec le chapitre intitulé : Opportu- nité du droit, tout converge vers cette idée maîtresse que le régime de la propriété individuelle, malgré ses abus, est conforme à l'ordre naturel, qu'il est lié au dévelop- pement de la richesse publique. « Le régime de la pro- priété individuelle, dit-il (p. 180), se caractérise précisé- ment par là, qu'il livre en quelque sorte l'homme à ses propres destins et à ses délibérations personnelles; là se trouvent à la t'ois son mérite et ses dangers, mais ceux-ci peuvent être combattus sans qu'on doive pour cela faire disparaître le régime, tandis que son mérite ne se retrouve nulle part ailleurs, et, lui disparu, disparaîtrait sans retour. » « S'en prendre aux abus, rien de mieux, ce doit être l'objet d'un travail incessant, mais ayons tou- jours soin, dit-il (p. 172), de distinguer l'abus de l'insti- tution à laquelle il s'attache. » Ces abus, il en signale de diverses natures, comme il marque les avantages du système actuel. Peut-être va-t-il trop loin, et les limites qu'il assigne aux devoirs moraux qui restreignent la liberté sont-elles trop peu sévères; mais nous n'avons pas à faire la critique détaillée des opinions des concurrents. On pourrait se demander ici si les démonstrations ne sont ( 538 ) pas trop affirmatives, si la preuve est assez fournie. L'auteur est aussi évidemment plus philosophe et théori- cien que statisticien, mais il y a dans ses remarques bien des observations très justes, et l'empire qu'il donne à la notion de la finalité humaine mérite d'être noté. En somme, l'auteur ne traite bien certainement pas la question suivant les traditions classiques; il a une allure personnelle; peut-être se dégage-t-il même trop des tradi- tions. Il y a des idées trop générales, des aperçus qui manquent de netteté, mais il y a des qualités sérieuses. Nous regrettons que la notion philosophique n'ait pas été étudiée suivant une méthode plus rigoureuse. C'est le présent mémoire qui s'attache surtout à ce que j'appelle- rai la psychologie de la propriété, et néglige son histoire externe. Il le fait souvent avec ingéniosité, souvent aussi avec justesse, sinon avec assez de netteté et de méthode. Si le résultat ne répond pas à l'attente, si le travail ne répond pas suffisamment à son plan, il faut cependant lui tenir compte de ce plan lui-même et des aperçus très suggestifs qu'il contient. Improbos odimus odio civili, tel est le titre d'un autre mémoire. Il se divise en quatre parties : Fondement du droit de propriété individuelle. — Suppression du droit de propriété individuelle. — Le socialisme. — Conclusion. Nous voudrions commencer par celle-ci, où il y a quel- ques pages éloquentes, défendant en termes émus et élevés la doctrine du spiritualisme. Le souci trop exclusif des intérêts matériels est un des éléments essentiels du socia- lisme; on ne peut assez le mettre en lumière. Le matéria- ( 539 ) lisme est l'âme du socialisme; il est la raison d'être de ses succès pratiques. Mais, même dans cette partie du mémoire, s'il y a quelque éloquence, il y a bien peu de méthode et de pro- cédé scientifique. Les autres chapitres, où, sans doute, se trouvent aussi quelques bonnes pages, sont, dans l'ensemble, d'une lamentable faiblesse. L'auteur du mémoire est un partisan intransigeant de la liberté, un libertaire féroce. Selon lui, sans doute, la loi morale doit régler les actes humains, mais dans la vie sociale le rôle de l'État doit être réduit à sa plus simple expression. Il y a des choses qu'il doit faire, mais il les fait déjà bien mal, et chaque jour on lui trouve de nouvelles attributions! Il se mêle de tout, il limite, il entrave la propriété individuelle; c'est lui le grand coupable. Que l'auteur critique certains abus, certaines erreurs de l'Etat, parfait! Mais quelles exagérations ne sont pas les siennes! L'État a toujours été un socialiste incorrigible! Toute intervention lui parait socialiste, et c'est à grand regret qu'il laisse à l'État quelques attributions essentielles. Il est clair qu'en matière économique l'intervention ne se justifie pas pour l'auteur. La célèbre formule du laisser faire, laisser passer a toute sa sympathie. C'est dur peut- être parfois, dans certaines circonstances, mais la justice est toujours implacable ! Il y a d'ailleurs la loi divine de la charité à laquelle il remet le soin d'en corriger les rigueurs. Il n'y a pas lieu de combattre ici la thèse même de l'auteur. Réduire à un tel point le droit de l'Etat est une exagération funeste dont les faibles sont trop souvent victimes. Et, sans doute, si partout régnait une vive effer- ( 540 ) vescence de charité, on pourrait se passer de lois réprimant les abus; mais nous ne sommes pas dans cette cité idéale. L'auteur n'a aucun besoin de déclarer qu'il appartient à l'école de Manchester; au surplus, je me demande s'il se trouve beaucoup d'auteurs, même de son école, allant aussi loin que lui. Il n'y a pas de pire moyen de défendre la propriété que de la rendre illimitée dans le sens absolu où l'auteur l'entend. Défendre la propriété et la liberté ne suffît pas d'ail- leurs; il faudrait tout au moins marquer les devoirs qui y servent de contrepoids. L'auteur, qui combat si bien les abus de l'État, parle à peine de ceux des hommes. Défen- due comme elle l'est par l'auteur, la propriété me parait en très fâcheuse posture devant ses juges. Mais ce n'est pas la doctrine de l'auteur qui fait l'objet de ce rapport. S'il avait su la bien défendre, il eût mérité notre suffrage. Mais il est difficile de concevoir méthode moins scientifique. Sans doute, le style est alerte, incisif, mais il procède presque partout par affirmations tranchantes, se bornant à enlever la preuve par quelques arguments aussi clinquants que rapides. C'est un feu d'artifice, qui éblouit plus qu'il n'éclaire. Il n'y a dans tout ce manuscrit presque pas une cita- tion, même des auteurs socialistes qu'il doit combattre; il y en a bien peu d'autres, car je ne puis compter quelques mots latins passés en quasi-proverbes ou en brocards juridiques. Il est bien clair que l'auteur n'a pas besoin de citations, et le lecteur serait mal avisé de ne pas se déclarer satisfait! Je n'insisterai pas sur quelques bizarreries d'un style si original qu'il est souvent étrange. Ce qui domine, c'est l'affirmation sans preuve suffisante, le procédé de démons- tration par suggestion. ( S4I ) L'auteur a d'ailleurs des qualités, il en a même de sérieuses. Il a des idées: il en a même de bonnes, pas loutes; mais il n'a pas les qualités d'un démonstrateur rigoureux et convaincant. Le mémoire ayant pour litre: L'homme est une personne sociable, est de la part de M. le premier Commissaire l'objet de justes éloges. Il est divisé en trois parties. La première étudie !e fondement du droit de propriété pri- vée; la seconde critique les divers systèmes socialistes; la troisième réfute le socialisme intégral. Le travail s'ouvre par une démonstration directe du droit individuel de la propriété. L'auteur procède par voie philosophique et rattache ce droit individuel au droit de perfectionnement de l'homme. Le style est un peu lourd, et l'on voudrait quelques arêtes plus vives. Cet argument est par lui-même si éclatant et si aisé à mettre en valeur ! La thèse du régime légal, organisation concrète et variable du droit, est courte; elle l'est trop; les limites sont indiquées, mais combien sommairement! L'argument de l'utilité sociale est mieux exposé. La question de l'inégalité est l'objet d'un aperçu; com- bien il est facile de montrer celte inégalité de fortune, sœur jumelle de celle des capacités physiques, intellec- tuelles et, comme celles-ci, indestructible! La deuxième section de cette première partie s'attache à démontrer par l'expérience que« le régime économique, tel qu'il tend à s'établir aujourd'hui, satisfait en général aux exigences du régime social ». L'auteur divise cette étude d'après les principaux griefs que font les socialistes ( 542 ) à l'élat social actuel : acquisition de la propriété, notam- ment celle des mines, valeur, capital commercial, industriel, propriété foncière, son exploitation, rente, plus-value, fermage, progrès industriel, renvoi d'ouvriers, coopération, division manufacturière, travail des femmes et des enfants, prolongation de la journée, compensation, loi de la conjoncture, effet du capitalat, etc. Cette partie est d'une argumentation serrée. Les divers points traités sont bien ceux qui s'imposent naturellement ici ; il y a de la controverse et de l'analyse. 11 y a, semble-t-il, une nuance d'optimisme chez l'auteur, mais il y a de la vigueur, et cette note d'optimisme est plutôt d'impres- sion que de réalité, résultant de l'entrain de la réfutation, plaidant surtout le pour, sans méconnaître qu'il y ait un certain contre, c'est-à-dire des misères humaines qu'il faut tâcher de guérir. Cette section n'est pas très neuve, sans doute, mais on ne pouvait espérer beaucoup de neuf, nous l'avons fait observer au début. Il y a des faits bien groupés, et notre suffrage serait très favorable à l'auteur si nous ne nous étions aperçu par hasard qu'il a emprunté à un ouvrage du P. Castelein sur le même sujet avec une abondance un peu grande (Le socialisme et le droit de propriété, Lou- vain, 1896). La seconde partie du mémoire contient l'examen dé- taillé du marxisme, seule théorie socialiste que l'auteur examine à fond. Il analyse la théorie de la valeur et du profit, et les critiques du régime capitaliste. Ici encore il est malaisé d'être neuf, mais il y a beaucoup de faits bien choisis. L'examen, que fait l'auteur, du collectivisme pratique se divise en collectivisme relatif et absolu. Le premier mot ( 5i3 ) n'est pas nouveau, mais il est joli. Il y aborde les ques- tions des heures de travail, de participation aux bénéfices, d'impôt progressif, mais trop sommairement. Evidem- ment, on ne pouvait lui demander une étude détaillée de tous ces points, mais, ainsi présenté, cet aperçu l'ait un effet de pauvreté. Peut-être aussi les vues sont-elles un peu systématiques, bien qu'il y ait de bonnes idées, mais il n'y a pas lieu de s'y étendre ici. Bien meilleure est la partie consacrée à la réfutation du socialisme intégral; elle est traitée avec vigueur et une argumentation très serrée. Les citations, surtout belges il est vrai, sont abondantes; la thèse mise en lumière est vigoureuse; les extraits sont indiqués avec soin et l'arsenal des textes est riche- ment pourvu pour la polémique. Dans son ensemble, ce travail est une œuvre conscien- cieuse; on peut en louer à la l'ois le sens, la réflexion et la vigueur; c'est une étude sérieuse et qui mérite l'atten- tion. J'ai eu le regret et la surprise de voir M. le premier Commissaire profiter d'un aperçu de ce mémoire pour essayer la justification de la confiscation des biens ecclé- siastiques en 1789. Ce n'est pas ici le moment ni la place de discuter cette thèse, mais je ne puis la laisser sans protestation. Il est douloureux de voir émettre une théo- rie qui nie les droits naturels de la société religieuse et même de toutes les sociétés légitimes en les soumettant à l'arbitraire légal, en invoquant l'autorité d'un des spolia- teurs, le ci-devant marquis de Condorcet. M. le premier Commissaire, qui m'a dit lui-même, avec sa courtoise bienveillance, qu'il acceptait la contradiction, me pardon- nera d'autant mieux celle-ci que je la considère comme un devoir. ( SU ) Reste le mémoire qui porte en exergue une devise grecque empruntée à Aristote : Ait. xzk. Cet important tra- vail commence par définir le droit de propriété et s'étend longuement sur cette notion. Il fait dès le début une dis- tinction entre « l'essence » et « l'usage » du droit. La théorie du devoir est dans presque tous les mémoires une des plus sacrifiées. Elle importe cependant à la judi- cieuse défense du droit lui-même. L'auteur ne la passe pas sous silence; et sans examiner ici le fond de son système, il faut lui en savoir gré, si court que ce soit. Il examine longuement les divers fondements qui ont été assignés à la propriété et en fait la critique. M. le premier Commissaire a fait remarquer l'analogie qui existe entre l'allure générale de ce mémoire et celle du précédent. Il en est bien ainsi, mais l'auteur de celui-ci est de ceux qui s'attachent beaucoup au côté historique des doctrines. L'exposé en prend une part importante de son travail, soit pour les défenseurs, soit pour les adver- saires de la propriété et pour le régime légal et positif de l'appropriation elle-même. Les auteurs anciens, dans cette première partie, sont étudiés surtout avec une abondante prédilection, en sacrifiant ceux du moyen âge, qui mériteraient plus ample description. Puis il énonce en quelques pages fermes et claires le principe du droit individuel, et établit la distinction, fort opportune, entre le droit d'acquérir la propriété et la réalisation de ce droit, qui est subordonné pour chaque homme à un titre concret et positif. L'argu- ment de V utilité sociale de la propriété n'est pas assez ( 345 ) nettement dégagé, sous prétexte que la réfutation du col- lectivisme intégral y suilit. Les divers titres d'acquisition de la propriété occupent ensuite l'auteur. Dans un long chapitre, il expose le régime historique et législatif de la propriété chez les peuples anciens avec une abondance d'érudition que nous avouons ne pouvoir contrôler, mais qui est très riche en citations variées. Il s'en prend, comme l'a l'ait aussi d'ail- leurs le mémoire précédent, et avec raison, à la thèse du communisme primitif. La démonstration directe ainsi faite, l'auteur expose les théories socialistes. De Platon, il passe à Thomas Moins, puis aux écrivains du XIXe siècle, Saint-Simon, Fourier, L. Blanc, Proudhon, puis les collectivistes qu'il classe par pays. Il a voulu, à la différence des autres concurrents, donner une idée des écoles. La question y prêtait ainsi que le goût évident de l'auteur pour les expo- sés historiques. Certes, ces aperçus ont leur intérêt, et le texte de la question parait même les demander. Peut-être était-il peu utile de s'attacher aux précurseurs. On les a résumés tant de fois, et l'auteur ne semble le faire pour plusieurs que de seconde main. On peut le lui pardonner; sans doute la genèse théorique est intéressante, mais après tout, c'est moins l'histoire rétrospective que la doctrine vivante que désirait l'Académie. Au surplus, il est le seul qui ait cru devoir refaire cet exposé, après Sudre, Reybaud, Thonissen, de Laveleye et autres, qui l'ont fait à leurs points de vue divers. Aujourd'hui sans doute, on reprend cette histoire, mais ce serait affaire d'une étude spéciale que de remettre à leur vraie place tous ces écri- vains dans la filiation des idées. Au point de vue critique, le mutuellisme de Proudhon, 3me SÉRIE, TOME XXXIII. 5G ( 54-6 ) bien que détrôné, méritait une exécution plus soignée; il a d'ailleurs avec le collectivisme contemporain plus de parenté qu'il n'y paraît à prime vue. Ce qui serait très curieux, serait de montrer la parenté des systèmes. Qui est le vrai père du collectivisme? Ce n'est certes pas César de Paepe, bien qu'il ait décidé de l'adoption de sa formule dans le programme des congrès socialistes. Revenons à notre mémoire : il étudie Marx, Bebel. Malon, sans s'arrêter, il est vrai, aux multiples diver- gences des écoles françaises, mais avec une étendue suf- fisante, puis, sous le nom surtout de Vandervelde, il examine les formes dites transitoires, en marquant chaque fois les points considérés comme les plus saillants. Vient ensuite la réfutation des arguments socialistes et collectivistes : notion du capital, maux résultant du capitalisme, loi de l'évolution, loi d'airain, etc. Il exa- mine ces idées au point de vue théorique et au point de vue des faits. Sauf une attaque injustifiée contre la théo- rie du prêt au moyen âge, il y a là bien des considéra- tions sages et bien des faits accumulés, quoique peut- être dans un ordre qui eût pu être plus méthodique. Il insiste avec raison — encore trop peu — sur les théories de l'évolution morale, de l'égalité. Il y a des citations bien choisies et reproduites même en entier. La dernière partie du mémoire est la critique du col- lectivisme intégral ; elle est relativement courte, mais peut l'être, vu l'ensemble qui précède. Ici d'ailleurs, l'auteur a beau jeu; cette partie de la tâche a été prépa- rée par tant d'autres! Ces quelques critiques sont compensées par notre con- clusion. La voici : Ce mémoire, fort étendu, est le résultat d'un efforl ( 347 ) très considérable. Il a du mérite, de l'érudition histo- rique, bien que donnant peut-être trop d'importance relative à certains côtés de l'histoire et en négligeant d'autres; nous n'admettons pas toutes les appréciations qu'il contient, mais c'est un ensemble sérieux et impor- tant. Dans sa partie non historique, il ressemble beaucoup au mémoire précédent, mais il nous parait supérieur en clarté dans la démonstration directe de la propriété; il lui est égal dans la réfutation, moins détaillée peut- être à certain égards, mais d'autre part plus étendue, grâce à l'exposé historique. Après mûre réflexion, nous proposons à la Classe d'accorder ses suffrages à ce mé- moire, qui est très considérable et dénote un travail opi- niâtre; nous nous rallions donc sur ce point à la conclu- sion de M. le premier Commissaire. » Rnpport de M IPeniê troitiètne i onttuit ««•'#•#■. << Les deux honorables premiers rapporteurs proposent à la Classe de couronner le mémoire qui porte comme devise un extrait en grec de la Politique d'Aristote. Ce mémoire est à plus d'un titre digne d'être remarqué par l'Académie. Philologue, jurisconsulte, théologien, méta- physicien même d'une réelle distinction, armé d'une vaste érudition classique, l'auteur a consacré un travail consi- dérable à son œuvre, dont plusieurs parties sont vraiment d'une grande valeur. Cependant, j'ai le regret de me déta- cher de mes collègues, et je me borne à voter l'impression de ce mémoire : j'ai d'autant plus le devoir d'exposer les motifs de mon vote que j'ai plus profondément senti, comme il est arrivé peut-être à d'autres qu'à moi, mes ( 548 ) préoccupations de doctrine et d'école ébranler parfois mon impartialité de juge. Aucun débat d'une plus haute portée ne peut se pro- duire devant l'Académie : il touche aux fondements mêmes de l'organisation de la société, il pénètre au cœur du problème social. C'est dans l'institution de la propriété privée que le philosophe, le législateur, l'économiste ont cherché l'une des conditions essentielles de la stabi- lité et du progrès des sociétés économiques; c'est dans la transformation de la propriété que les novateurs socia- listes recherchent l'une des conditions essentielles d'un ordre social supérieur, tendant à la réalisation de l'éga- lité des conditions. Dans les temps troublés, comme le nôtre, les doctrines, après avoir été, ce qu'elles sont toujours en une large mesure, le reflet des besoins, des aspirations de leur époque, redescendent à leur tour, si je puis ainsi dire, de la sphère de l'esprit pour inspirer les intérêts dans leurs revendications et leurs résistances, et il n'est pas de plus sûr moyen de réduire les antago- nismes sociaux à leurs limites les plus étroites, de pré- parer dans une paix au moins relative une évolution sociale supérieure, que d'éclairer les doctrines elles- mêmes de la lumière la plus vive, la plus pure, la plus sereine. L'Académie est placée à une telle hauteur qu'elle peut enlever aux controverses une grande part de leur àpreté en les rendant plus fécondes. En effet, ce qui l'arrête sur- tout dans les concours, ce sont les méthodes et leurs appli- cations, c'est la iidélité, la précision dans l'exposition des doctrines ou des faits, c'est l'importance des sources aux- quelles les auteurs ont puisé, c'est l'abondance et la soli- dité des matériaux employés, c'est la netteté, la sûreté, ( 549 ) l'impartialité, l'élévation de pensée dans la critique des textes, dos documents, des théories. Dans l'accomplisse- ment de cette juridiction suprême, à la fois scientifique et morale, l'Académie peut produire une action pacifi- catrice sur la direction des esprits, bienfaisante sur la conduite d'un peuple. C'est dans ce seul domaine que j'ai le devoir de porter la discussion, c'est là aussi que le mémoire la porte par ses caractères et ses tendances. C'est qu'en effet, par un retour remarquable, l'œuvre qui nous occupe, dans toute sa partie théorique, s'oppose à celle d'Emile de Laveleye : Im propriété et ses formes primitives; dans toute sa partie critique sur le socialisme, elle renferme une condamnation des tendances mêmes d'Emile de Laveleye. L'auteur cri- tique à la l'ois les fondements philosophiques et la concep- tion historique de la propriété, que notre illustre compa- triote a adoptés et proposés, et c'est à des erreurs de méthode qu'il rattache la direction socialiste qu'a prise sa pensée. Rarement un rapprochement plus intéressant et plus important s'imposera à l'attention d'un corps savant. En traits plus décisifs, l'opposition sera, au fond, entre la méthode inductive et la méthode déductive, elle sera entre une conception flexible et évolutionniste et une conception inflexible, absolue, immuable de la pro- priété; dans cet effort de redressement des méthodes et des doctrines, l'auteur n'a pas triomphé, à mes yeux, d'Emile de Laveleye ; il m'a surtout paru de beaucoup inférieur à lui dans la compréhension du problème social; et pourtant, plus nous avançons dans ce siècle de controverses ardentes et violentes sur les principes constitutifs des sociétés, et plus doit s'élargir la coin- préhension des événements qui les ont fait naître : ( 550 ) il semble que l'esprit des historiens et des critiques doive décrire des cercles concentriques, d'un rayon toujours plus étendu, embrassant et coordonnant dans leurs rap- ports réels un nombre toujours plus grand de faits et d'idées. Ce n'est pas l'impression que m'a laissée la lecture de l'œuvre de l'auteur. Mes observations ne peuvent évidemment porter que sur un certain nombre de points; elles se rattachent : 1° A la méthode de l'auteur dans l'exposé des théories de la propriété, et à ces théories mêmes; 2° A la théorie qu'il a adoptée; 3° A sa revue des doctrines socialistes; i ' A certaines critiques du socialisme. I. L'auteur ramène à trois les théories de la propriété : a la première, qui la fonde sur la nature humaine, il rattache les noms d'Aristote, de Cicéron, de Sénèque, des jurisconsultes romains, de saint Thomas d'Aquin et, plus avant dans l'histoire moderne du Droit, de Portalis, de Troplong, de Laurent; la seconde, qui fait dériver son institution de la loi, compte parmi ses défenseurs Platon, Hobbes, Spinoza, Montesquieu même, J.-J. Rous- seau, Kant et Fichte; la troisième, adoptée par Grotius et Puffendorf, la fait naître d'un contrat social primitif. Il v a, dans cet exposé de l'auteur, des morceaux d'une érudition à la fois abondante et solide. Cependant on s'étonne de voir resserrer dans d'aussi étroites limites la classification des théories et celle des théoriciens de la propriété : à peine les noms de quel- ques contemporains se mêlent à ceux de philosophes et ( 551 ) de jurisconsultes d'époques déjà éloignées. Ou s'étonne, par exemple, que la théorie légale de la propriété n'appelle pas les noms de Laboulaye et surtout d'Adolphe Wagner, le savant professeur de Merlin; on s'étonne davantage en constatant que pas un seul économiste moderne ne prend place dans cette revue historique. Il semble, à lire ce mémoire, que la théorie des fonde- ments de la propriété se ramène à quelques types fixés dès l'antiquité, autour desquels gravite la pensée de tous les âges. Or c'est là, à mon avis, une erreur essentielle de méthode. Les théories justificatives de la propriété individuelle présentent une véritable évolution, et l'absence des éco- nomistes dans l'exposition de l'auteur m'a convaincu que tout un aspect des théories du Droit, le Droit économique, a peu fixé ses recherches. Non seulement l'esprit humain s'est efforcé de cher- cher la justification de la propriété dans ses origines, comme la nature humaine, la loi, le contrat, mais il s'est appliqué de plus en plus, dans les temps modernes, à la justifier par ses fins, par sa fonction sociale, par son utilité sociale; la considération prépondérante du droit privé a fait place à celle d'un droit public nouveau; les théories de la propriété sont devenues économiques et sociales. Dès lors, elles se sont incorporées insensiblement à la sociologie même ; elles obéiront désormais aux progrès de la science sociale. Les conceptions primitives du droit naturel, de l'origine légale de la propriété se transfor- meront elles-mêmes au contact des connaissances socio- logiques accumulées, et le droit naturel n'aura plus et ne pourra plus avoir la même signification pour de Laveleye que pour Cicéron, l'institution légale n'aura plus et ne ( 552 ) pourra plus avoir, pour Adolphe Wagner, la même signi- fication que pour Hobbes. L'un des moments les plus importants de l'histoire des théories de la propriété est la constitution du Droit économique naturel par l'École physiocratique. C'est par cette École, en effet, que la justification de la propriété, dans sa fonction économique, est tentée ; et cette fonction sera de déterminer les énergies humaines volontaires à réagir sur la nature extérieure avec le plus haut degré d'efficacité possible, et, par suite, à assurer d'une manière constante et normale une production économique qui satisfasse aux besoins d'une population croissante. La propriété n'a plus, dès lors, un caractère purement individuel, mais un caractère social et organique, car elle concourt à la conservation et au développement de la vie collective, et le degré de sa légitimité sera dans le degré de perfection avec lequel elle accomplit sa fonction. Ce rôle social de la propriété a été célébré dans un langage enthousiaste par les physiocrates, et surtout par Lemercier de la Rivière, Dupont de Nemours, Baudeau, Letrosne, par Turgot lui-même, qui procède à la fois de Locke et de Quesnay dans sa théorie de la propriété, et qui, tidèle à Locke dans son mémoire sur les mines, assigne à l'extension de la propriété les limites de l'oc- cupation par le travail. Plus tard, dans l'école d'Adam Smith, les liens du Droit naturel et de l'économie politique se relâchèrent: celle-ci cessa d'être, selon le mot de Dupont de Nemours, tout entière dans ce Droit, mais la conception des physio- crates, désormais incorporée à la science, reparut sous une autre forme dans les théories de la propriété. C'est pour son utilité sociale qu'on la verra justifier par Ben- ( 533 ) lham, par John Stuart Mill, par Roscher, par Courcelle- Seneuil, et, chose intéressante au plus haut degré, c'esl à l'utilité sociale de la propriété que s'arrêteront eu der- nière analyse les économistes contemporains, les adver- saires les [tins ardents du socialisme, comme M. l\ Le- roy-Beaulieu; et un [tenseur comme Proudhon lui-même, après avoir ébranlé tous les systèmes philosophiques qui justifient la propriété- dans ses origines, et en maintenant la condamnation qu'il a prononcée, s'arrêtera néanmoins, dans une théorie de la propriété publiée après sa mort, — devant la justification de la propriété, unique- ment par ses fins politiques. Une fois le problème de la propriété individuelle transporté dans le domaine de sa fonction sociale, de son utilité sociale, l'institution a été livrée au contrôle perma- nent des méthodes d'observation : un tait primitif, immuable, indéfectible n'a plus sufli à en assurer la justi- fication éternelle. C'était là le terrain d'un débat néces- saire. On peut dire que c'est une véritable révolution qui s'est accomplie dans la méthode; la méthode déductive, qui fait dériver la légitimité de la propriété d'une donnée primitive ou d'un fait irréductible, s'est combinée de plus en plus avec la méthode inductive, qui interroge les rap- ports de la propriété avec tout l'ensemble des phéno- mènes sociaux. Les théoriciens d'une économie politique progressive, comme Sismondi et Mill par exemple, recher- chent sans cesse dans quelles conditions l'institution réalise le plus parfaitement sa fonction sociale, son uti- lité effective, et jusqu'où il suffit d'étendre les droits inhérents à la propriété pour assurer l'accomplissement de sa fonction sociale ou la réalisation de son utilité sociale. La conception primitivement absolue des théo- ( 584 ) riciens devient relative, limitée, conditionnée, la pro- priété est conçue comme pouvant se modifier suivant les milieux et les temps; elle est, dans la pensée des théori- ciens, comme soumise incessamment à une œuvre d'adap- tation. C'est ce qui a t'ait dire à de Laveleye que cette théorie utilitaire permet d'améliorer successivement l'in- stitution actuelle; elle entr'ouvre, en effet, la perspective d'une évolution future du Droit, elle lui communique une flexibilité qu'elle ne peut avoir quand elle puise dans un fait primitif, dans un antécédent causal désormais immuable ou inaccessible, la légitimité de résistances absolues à toute transformation. La théorie de l'utilité autorise aussi, et surtout, à divi- ser ce redoutable problème : par exemple, en se plaçant dans la direction intellectuelle de Stuart Mill, on a pu se demander si, pour atteindre les fins sociales assignées à la propriété, il est nécessaire et légitime d'assurer au propriétaire tous les accroissements de rente foncière et de rente d'emplacement qui se produisent indépendam- ment de son action et sous l'influence de causes pure- ment sociales; on a pu se demander, dans la direction des idées d'Emile de Laveleye et de Mill, si la reconsti- tution au moins partielle du domaine communal collectif ne permettrait pas d'obtenir tous les avantages actuels de la culture, en y ajoutant ceux d'une diffusion plus grande et plus égalitaire de la jouissance de la terre, et même des garanties plus solides et plus flexibles pour le cultivateur; si c'est un régime idéal que le régime d'ex- ploitation du sol, où la plus grande partie du territoire arable est cultivée par des locataires, où ceux-ci n'ont que d'insuffisantes garanties de jouir des améliorations qu'ils apportent au sol, et où les propriétaires non cultiva- ( :»s ) leurs n'accomplissent le plus souvent que d'une manière insuffisante leur fonction «le veiller aux intérêts perma- nents du sol. On a pu se demander, dans la direction des idées de Wagner el de Laveleye, si le système des concessions, adopté comme régime légal des mines, est bien celui qui devait satisfaire au plus haut degré aux exigences de la production et à celles de l'harmonie des intérêts du capital et du travail ; ou bien, si le régime exclusif de la propriété individuelle, considéré à l'égard des habitations, sullit, avec la seule sollicitation de l'in- térêt personnel, à assurer à la masse de la population des logements ii bon marché, salubres, compatibles avec les exigences de la morale (1); si l'intervention directe des pouvoirs et du domaine publics ne concourrait pas à mieux résoudre ce problème que la seule propriété indi- viduelle dont la fonction, quand elle se sépare de la jouissance, n'est nullement ici la même que dans l'exploi- tation du sol; là, elle agit comme stimulant de la produc- tivité du travail ; à l'égard des habitations, malgré des réformes salutaires, elle n'est accessible qu'à une partie limitée de la classe ouvrière. On a pu se demander encore (1) On s'émeut devant les résultats des enquêtes qui se poursuivent sur les logements de la classe ouvrière et auxquelles j'ai moi-même pris part : si l'on admet, par exemple, avec les hygiénistes, qu'un logement de trois pièces par ménage soit seul conforme aux vraies prescriptions de l'hygiène, et qu'un logement d'une seule pièce soit décidément condamnable, on aboutit à cette conclusion, exprimée par le résultat de mes calculs approximatifs, que, dans les communes réunies de Bruxelles, Schaerbeek, Ixelles, Etterbeek, sur 100 ménages d'ouvriers, il en est 18 qui sont logés dans des conditions manifeste- ment conformes à l'hygiène, 44 dans des conditions passables et 38 environ dans des conditions vraisemblablement contraires à l'hygiène. Voir les travaux de MM. De Quéker, Lagasse, Bauvais, Brasseur, Bosschaert, Lamal, etc. ( ooG ) si la limitation des degrés de succession en ligne collaté- rale n'est pas l'un des éléments de solution du problème social les plus compatibles avec l'évolution de la société et de la famille, etc., etc. J'ai dit tout à l'heure que même les théories classiques de la propriété ne doivent pas être ramenées à des types invariables. Il suffit d'un trait pour s'en convaincre. Adolphe Wagner s'est rattaché à la théorie légale de la propriété, après avoir soumis toutes les autres à une critique qui est certainement l'une des plus savantes et des plus profondes de ce siècle; mais il est aisé de voir «pie sa théorie légale est une véritable synthèse où il donne place à des éléments complexes et dont le facteur principal est l'utilité sociale méthodiquement et sévère- ment interrogée. Comme il le dit lui-même, le législateur devra, dans les formes à donner à l'organisation de la propriété, s'inspirer de considérations sur la nature éco- nomique de l'homme, notamment sur l'intérêt personnel de l'individu, comme il devra faire une part à la théorie de l'occupation en général, et à celle de l'occupation par le travail. Et il ajoute, pour écarter l'arbitraire du légis- lateur : u d'une modiûcation »lu droit de propriété. Ensuite de cela, il s'agit de créer ici des garanties pour un examen de cette espèce, (les garanties siègent dans l'éducation morale et intellectuelle, surtout économique du peuple, et dans l'éducation morale et l'indépendance de toutes les classes économiques, et dans une représen- tation du peuple organisée avec justice et fonctionnant à côté d'un bon gouvernement. La question de la propriété, comme question de droit privé, touche ici à des questions importantes de droit public... » (§ 279.") Quand la théorie philosophique de la propriété s'est élevée au point où J. Stuart Mill l'a portée avec ['uti- lité, Ad. Wagner avec la légalité, on est bien près de la ramener à une conception plus générale, toujours perfectible, la conception que j'appellerai sociologique pure et simple, qui prendrait la place de toutes les con- ceptions abstraites des jurisconsultes et des métaphysi- ciens du Droit. Le Droit apparaîtrait comme la fonction suprême qui coordonne et règle toutes les activités sociales, qui s'adapte aux conditions d'existence et de développement progressif des sociétés humaines, comme la puissance organique par excellence, et dès lors, sa flexibilité serait non seulement concevable sans arbitraire, mais elle ne serait que l'expression la plus haute de la fonction sociale incomparable qu'il remplit, elle expri- merait son adaptation aux conditions variables d'exis- tence et de progrès des sociétés civilisées. C'est certaine- ment d'une telle conception du Droit que s'inspirait de Laveleye quand il sollicitait avec une éloquence si admirable et parfois si déchirante les hommes de notre génération à accomplir un énergique effort dans la direc- ( 558 ) lion de l'égalité, et lorsqu'il terminait la préface de son célèbre ouvrage par ces tristes paroles : « Nos sociétés européennes, où se développent la démocratie et les aspirations égalitaires, sont donc très menacées, et je ne sais si elles trouveront en elles-mêmes la sagesse, l'énergie et la science nécessaires pour modifier leurs institutions par des réformes successives. » La pensée ne m'est même pas venue de faire grief à un savant aussi sincère et aussi convaincu que l'auteur du mémoire, d'avoir suivi une direction opposée à celle d'Emile de Laveleye et cherché à fixer sur des fonde- ments indestructibles et inaccessibles à toute atteinte, la propriété quiritaire, au lieu de s'engager dans la théorie évolutionniste du Droit. Mais j'ai l'obligation de signaler les lacunes dans son exposé et sa critique des théories. La conception du Droit économique, qui revêt des formes si importantes depuis les physiocrates jusqu'à Mill, cette sorte de syncrétisme des doctrines qui s'opère avec Wagner et de Laveleye, l'importance décisive que don- nent à l'utilité les économistes qui y trouvent, comme M. P. Leroy-Beau] ieu. une justification suffisante de la propriété quiritaire, et qui y puisent, comme Mill, la justi- fication de modifications progressives de la propriété, la nécessité d'un retour incessant à l'observation, qu'elle exige parce qu'elle comporte une justification de l'insti- tution par les fins sociales qui lui sont assignées, et non [dus seulement par ses origines; tout cet ensemble de con- sidérations est d'une telle importance au point de vue scientifique et au point de vue pratique, il entraîne de tels changements dans les méthodes, dans la direction des recherches, et surtout dans celle des réformes, que j'ai cru devoir leur donner une large place dans ce rapport. ( 559 ) II. Cest une remarque d'une très haute portée à faire que, sur les fondements de la propriété, les théoriciens indi- vidualistes et socialistes s'accordent souvent ; niais il y a toujours cette différence radicale que tout théoricien socialiste tend à l'égalité et généralise l'interprétation ou l'application d'un principe, dont la généralisation n'apparaît pas connue nécessaire au théoricien indivi- dualiste. Voyez, par exemple, en quoi diffèrent les physio- crates de William Thompson. Les physiocrates ont fondé la théorie du Droit naturel économique, mais la pro- priété du sol est aux mains d'une classe et la fonction sociale que la propriété exerce, la réalisation du produit net le plus élevé possible parait à leurs yeux remplie par une classe distincte de la nation ; ils s'émeuvent fort peu des protestations de Maldy, qui, entrevoyant le pro- blème social du XIXe siècle, leur crie : « 11 faut être bien sûr de son éloquence et de son adresse à remuer des sophis- mes pour oser se flatter qu'on persuadera à un manouvrier qui n'a que son industrie pour vivre laborieusement dans la sueur et dans la peine, qu'il est dans le meilleur état possible, que c'est bien fait qu'il y ait de grands pro- priétaires qui ont tout envahi. Qu'on nous vante tant que l'on voudra cette merveilleuse correspondance de besoins et de rapports qui unit et lie toutes les parties de la société, et vous verrez, après toutes vos démonstrations, que ces parties si unies et si nécessaires les unes aux autres continueront à être divisées, tant qu'on ne leur fera pas un sort égal. » ( 5G0 ) William Thompson, le plus savant disciple d'Owen, n'adopte pas un autre principe que celui des physiocrates; seulement, il le généralise, et il attend de cette générali- sation une productivité du travail humain que les phy- siocrates eux-mêmes n'avaient pas soupçonnée : « Aussi longtemps que deux niasses d'intérêts opposés existeront en société, dit-il, les propriétaires du travail d'un côté, les propriétaires des moyens de travail de l'autre, aussi longtemps qu'une distribution aussi contraire à la nature sera maintenue, les neuf dixièmes des produits que l'hu- manité peut atteindre ne seront pas réalisés, et les nouante centièmes parties de bonheur que l'humanité peut réaliser seront sacrifiées. » Thompson ne l'ait ainsi qu'étendre le principe des physiocrates. quand il rêve d'assurer à tout producteur l'intégralité de son produit. C'est l'aspect individuel du collectivisme moderne. Toute la partie critique du premier mémoire de Proudhon sur la propriété se ramène essentiellement ii soutenir qu'aucune théorie ne se justifie que par la généralisation de son principe, c'est-à-dire par l'égalité.. L'auteur du mémoire reconnaît, à l'égard de la théorie qu'il adopte sur le fondement de la propriété, qu'il est d'accord au point de départ avec les socialistes aboutis- sant à certaines formes de propriété collective. Il est évident que rien n'est [dus important que d'exa- miner comment la séparation s'accomplit et se légitime à ses yeux. L'auteur admet que la propriété est un droit naturel, inhérent à la nature humaine; ce droit dérive du droit de conserver sa vie physique, de travailler librement et de jouir des fruits de son travail. Pendant que les socia- listes s'appliquent à déduire de ce droit naturel un ensem- ( 56! ) Lie d'institutions qui en fassent une réalité tangible et une réalité universelle, l'auteur du mémoire l'ait une distinc- tion entre le droit d'acquérir la propriété, considéré in abslracto et qui seul est commun à tous les hommes, et le droit de propriété réalisé, concrétisé. Il reconnaît à chacun le droit de devenir propriétaire, mais la qualité de pro- priétaire ne dérive pas nécessairement de la nature humaine; il faut, pour que le droit réel se constitue, un titre, un fait positif. C'est ainsi qu'il reconnaît à chacun le droit de se marier : c'est le droit au mariage in abs- tracto; mais pour qu'il y ait mariage effectif, il faut le con- sentement de deux époux. C'est ainsi qu'il reconnaît in abslracto à chacun le droit de devenir membre du Parle- ment, mais encore est-il qu in concrelo il faut les suffrages des électeurs. L'auteur a trouvé cette distinction si lumineuse et si décisive qu'elle suffit, à ses yeux, à l'anéantissement des sophismes du socialisme, et pour l'avoir méconnue, il reproche à Emile de Laveleye d'avoir radicalement vicié toute sa théorie de la propriété. C'est par Yoccupation que le droit abstrait passe dans la réalité : voilà le fait complémentaire et nécessaire qui donne originairement une objectivité décisive à l'élément subjectif de la propriété. L'auteur ne s'applique pas d'ailleurs, comme Locke et Turgot, à chercher les limites d'une occupation légitime par le travail. On conçoit à quel point une telle doctrine simplifie la solution pratique du problème redoutable de la propriété ; elle en supprime même toutes les difficultés, car l'occu- pation, à l'égard de la terre, est devenue aujourd'hui un mode d'acquisition de la propriété à ce point rare dans 5,:ic SÉRIE, TOME XXXIII. 57 { 562 ) les Étals civilisés, que le Code civil n'en parle même pas; il ne l'exclut pas, il l'oublie, sans qu'il ait même à distinguer l'occupation en général de l'occupation par le travail. « Où est en Europe, dit quelque part l'auteur du mé- moire lui-même, la partie du sol qui soit sans maître? » Couverte par la prescription que l'auteur légitime, l'occupation primitive est à l'abri de toute atteinte, et en l'ait, il ne reste dans sa théorie que deux modes d'acquérir la propriété : l'hérédité et le contrat, c'est-à-dire des modes de transmission. Il ne m'appartient nullement de faire reproche à l'au- teur d'avoir accueilli ou repoussé quelque doctrine que ce soit. Je comprends trop d'ailleurs les graves préoccu- pations auxquelles il obéit pour y songer. J'ai le devoir seulement de rechercher si, dans le développement de sa thèse, il a sullisamment tenu compte de l'état de la cri- tique au moment même où il l'a produite, et si le repro- che adressé à de Laveleye, page 108, est fondé, « de n'avoir point remarqué la distinction qu'il donne aujour- d'hui comme fondement théorique à la propriété, et d'avoir, sous l'empire de cette erreur, trouvé mauvais les arguments invoqués en faveur de la propriété ». Or, je regrette, je l'avoue, de n'avoir pas vu discuter de plus près les objections que la critique moderne a opposées, soit à la théorie du fondement personnel de la propriété, soit à celle de l'occupation proprement dite ou à l'occupation par le travail, soit à la combinaison de ers théories, et qui sont développées avec une grande force, surtout chez certains économistes, comme Ad. Wagner, et certains juristes, comme Suinner Maine. A ne prendre que cette distinction de la condition personnelle et de ( 303 ) l'occupation, et la nécessité de leur réunion pour donner une réalité au droit, il est intéressant de voir les écoles les plus diverses s'entendre pour les rejeter. M. de Laveleye, autant et plus que personne, s'est pré- occupé de définir le droit naturel : « Aujourd'hui, dit-il, les défenseurs de la propriété quiritaire répètent à l'envi qu'elle est un droit naturel, mats il en est peu qui compren- nent la portée de ce mot. » Et il s'applique alors, en invo- quant la philosophie du droit dans Fich te, Krause, Ahrens, Hegel lui-même, à montrer que la théorie du droit naturel implique un droit primordial sur la matière, et qu'tï suffit d'être homme pour avoir droit à une propriété. Pour lui, le concret est inséparable de Vabstrait. Au témoignage d'Emile de Laveleye, écrivain libéral et socialiste de la chaire, on peut joindre celui d'un écri- vain catholique remarquable : Fr. lluet, l'auteur du Règne social du Christianisme (p. 245). « On a beaucoup disserté, dit-il, on disserte encore tous les jours sur l'origine de la propriété. Nous parlons ici de l'origine philosophique et du fondement premier du droit. Les uns l'appuient sur le travail, les autres sur une première occupation, quelques-uns sur la prescrip- tion ou le seul bénétice du temps. Mais il serait étrange que le droit de propriété fût un droit naturel et qu'on en dût chercher l'origine hors de la nature humaine, qu'il dépendit d'un acte extérieur, d'un accident, d'un hasard. Ou les mots n'ont plus de sens, ou mettre la propriété au nombre des droits naturels signifie que le titre originel d'investiture pour les biens de la terre est la qualité d'homme, que la qualité d'homme engendre par elle seule et immédiatement un droit èi une quantité déterminée de ces biens : première propriété qui devient pour chacun la ( 564 ) source, le fondement et le moyen de toutes les autres. » ïr. Huet combat ainsi directement la distinction, dès 1855. Ad. Wagner a consacré de longs chapitres à cette théorie naturelle de la propriété qui la fait dériver de l'essence de la personnalité humaine, et à celles de l'occupation en général et de l'occupation par le travail en particulier. Aucune d'elles ne sutlit à justifier l'insti- tution, d'après lui, mais il interprète la théorie naturelle comme impliquant un droit actuel et immédiat sur la matière; seulement, elle ne peut, selon lui, fournir de justification de la propriété que dans d'étroites limites, et telle qu'elle est en général exposée, elle ne peut complè- tement asseoir la propriété sur un terrain stable. « Ce qui le montre le mieux, dit-il, c'est que du côté socialiste il y a, avec aussi peu ou autant de raison, une organisation juridique précisément contraire à la propriété privée et qui dérive de l'essence de la personnalité humaine, c'est-à-dire une telle organisation qui procure à tous les hommes les biens économiques nécessaires à l'accomplis- sement des buts physique et moraux de la vie, ou qui établissent du moins les conditions économiques et juri- diques égales pour tous, à l'effet d'atteindre ces buts. Voilà pourquoi la propriété des moyens de production aux mains des individus, point caractéristique de l'orga- nisation de la propriété privée qui est en vigueur, a été attaquée et fondamentalement rejetée. » La théorie de l'occupation en général, et celle de l'occupation par le travail, présentées par Wagner, ne fournissent pas à la théorie naturelle l'élément com- plémentaire qu'elle réclame, dans la pensée de l'auteur du mémoire, et qui lui suffit, d'après lui. La théorie de l'occupation, pas plus que la théorie personnelle, natu- ( 565 ) relie, ne légitime par elle-même la propriété, selon Wagner : elle fournit seulement certains éléments six cents francs, au travail portant pour devise une sen- tence d'Aristote; l'auteur est M. Alphonse Caparl, pro- fesseur au collège Notre-Dame de la Paix, à Namur. ( 595 ) SIXIEME QUESTION. Kxposcr les théories de la colonisation au XIXe siècle et étudier le rôle de l'État dans le développement des colonies. na/i/iofl de Kl, ##<"»•*». fit fittirt- rôtit miuair*. « La dépression économique, qui prolonge son action sur les principales nations industrielles du monde depuis près d'un quart de siècle, a, d'une part, refoulé un grand nombre d'entre elles dans une réaction protectionniste, de l'autre, en exaltant le sentiment de la conservation col- lective, a fortifié ou éveillé la préoccupation de rechercher des débouchés nouveaux dans l'établissement de colonies. Pendant que la constitution de l'unité économique et morale du monde, cédant devant le particularisme natio- nal, subit un temps d'arrêt, les économistes et les hommes d'Etat interrogent l'avenir de ces entreprises lointaines. Plus durement éprouvée peut-être par la crise économique qu'aucune autre nation, parce qu'elle est plus profondé- ment qu'aucune autre engagée dans l'économie générale du monde, la Belgique industrielle, elle aussi, dirige sa préoccupation inquiète vers le problème colonial. C'est dans ces circonstances que l'Académie a mis au concours la question, avec sa haute portée scientifique et pratique. Un seul mémoire a été présenté en réponse à la ques- tion proposée. Il se compose de trois énormes volumes grand in-quarto, de plus de douze cents pages. Cet ouvrage ( 596 ) se divise en trois parties, fort inégales d'ailleurs en étendue : la première est consacrée à l'émigration; la seconde, à la théorie générale de la colonisation; la troi- sième, à l'exposé des systèmes de colonisation des princi- paux peuples modernes. Les notices bibliographiques placées en tête des différents chapitres révèlent des recherches fort étendues. J'y ai cependant constaté l'ab- sence de travaux considérables publiés en Allemagne, en Angleterre, en Italie; on en jugera en consultant la bibliographie des mots Kolonien du dictionnaire de Conrad et Lexis, ou Colonisation du dictionnaire de Pal- grave. Quoi qu'il en soit, la lecture de ce vaste ouvrage convainc qu'il est le fruit d'un dur et patient labeur. On y trouve peu de vues originales et d'audaces de pensée, mais l'auteur, écrivain sincère, consciencieux, économiste éclairé, animé de nobles sentiments, a le souci réel et constant d'être juste; seulement, une sorte de bienveil- lance générale, souvent admirative, qu'il répand sur les entreprises coloniales de la plupart des gouvernements, t'ait perdre à ses jugements, à ses appréciations, quelque chose de leur netteté, de leur précision, de leur vigueur. Le style s'élève dans plusieurs chapitres, mais, en géné- ral, il manque d'élégance. La phrase est parfois négligée, lourde et embarrassée, ou même incorrecte. Dans l'analyse qui suit, je ne comprendrai pas les chapitres consacrés aux travaux de la Conférence de Berlin. Des collègues éminents, qui ont pour ainsi dire vécu cette phase impor- tante de l'histoire du droit colonial, prépareront là, mieux que moi, le jugement de l'Académie. ( 597 ) l. L'auteur traite d'abord de l'émigration. Il l'étudié suc- cessivement dans ses effets généraux, dans ses formes, dans ses conditions, dans ses perspectives d'avenir, et recherche quelle législation doit lui être appliquée. L'in- fluence de l'émigration sur la population a préoccupé beaucoup d'économistes : l'auteur reproduit l'opinion généralement admise, et que Roscher et M. P. Leroy- Beaulieu ont savamment défendue. L'observation révèle que l'émigration n'a pas, en général, pour effet de conte- nir l'essor de la population, et, le plus souvent, le contin- gent de l'émigration reste au-dessous de l'accroissement de population résultant de l'excédent des naissances sur les décès. L'auteur eût pu puiser les plus riches informa- tions dans des travaux démographiques récents et très remarquables, tels que ceux de MM. Levasseur, Bodio et Geffken; celui-ci a rappelé que de 1820 à 1880, l'émigra- tion a enlevé à l'Europe 17 millions d'habitants; dans le même intervalle, la population européenne s'est élevée de 200 millions à 530 millions d'habitants : l'émigration n'a doue pas réussi à contenir ce mouvement progressif qui inquiétait, hier encore, M. le général Brialmont. Dans tout pays, le mouvement réel de la population dérive du concours de divers facteurs : il résulte du rap- port entre les naissances et les décès, combiné avec le rapport entre l'immigration et l'émigration. L'auteur admet que l'émigration et l'immigration s'équilibrent en Belgique; les conditions du travail et du salaire sollici- ( 593 ) tent à quitter le pays un nombre de Belges sensiblement équivalent à celui des étrangers que ces mêmes conditions sollicitent à y venir. La thèse de l'auteur est justifiée par les résultats globaux des recherches statistiques; elle est loin d'avoir la même rigueur si l'on décompose en périodes l'histoire de l'émigration et de l'immigration, en les rattachant à nos grandes fluctuations économiques. C'est ainsi que de 1841 à 18(30, on peut constater la prédominance de l'émigration ; de 1871 à 1880, et même peut-être à 1880, année décisive dans la dépression économique contem- poraine, la prédominance de l'immigration. La poussée d'émigration devient alors plus énergique; mais, de 1891 à 1805, une véritable onde de retour des autres peuples, plus douloureusement affectés encore par leur situation économique, se produit en Belgique. L'auteur eut dû suivre cette évolution. Les formes et la direction des courants d'émigration donnent lieu à des considérations intéressantes, beaucoup trop courtes pour le second objet. C'était le moment d'exposer, d'après la statistique moderne, les résultats de l'expérience de près d'un siècle, comme l'ont fait Duval, Bodio, Guyot, Levasseur, et de chercher, dans les lois effectives suivant lesquelles les émigrants d'Europe se distribuent à la surface du globe, des indications pré- cieuses pour assurer la direction la plus judicieuse possi- ble aux courants d'émigration dans l'avenir. Il faut regretter cette lacune. La répartition des émigrants européens entre la zone tempérée et la zone chaude, l'attraction persistante et prédominante de la région tempérée et la faiblesse des ( 599 ) contingents que la zone intertropicale a reçus, ce sont là les leçons les plus éloquentes de l'histoire, que la statis- tique traduit en quelques chiffres et peut exprimer en diagrammes saisissants. L'auteur, qui est un écrivain loyal et sincère, reconnaît d'ailleurs que tous ceux qui ont étudié les régions inter- tropicales s'accordent à dire que l'Européen ne peut y cultiver la terre. En 1890, le Congrès international d'hygiène de Londres, sur des rapports décisifs, que l'auteur n'a peut-être pas eus sous les yeux et qui émanent de médecins des colonies des Indes et de l'Insulinde, a confirmé cette opinion. J'ai cru intéressant de rechercher les directions prin- cipales que l'émigration helge a prises dans le cours du siècle. Duval signalait déjà les États-Unis comme la région attractive par excellence; elle l'est restée pour nous. La République Argentine vient ensuite, puis le Brésil, mais avec une importance bien moindre. Le rôle du Gouvernement est le principal objet des pré- occupations de l'auteur; il est hostile à toute organisation, même à tout encouragement de l'émigration par l'Etat, et condamne non moins énergiquement toutes les mesures législatives qui auraient pour objet direct d'arrêter les courants d'émigration. Il eût été intéressant de rappeler ici les efforts infructueux tentés de 1841 à 1850, en Bel- gique, pour alléger, par l'organisation de l'émigration, la misère effroyable des Flandres, et les travaux de Ducpe- tiaux, de Duval, du Congrès de bienfaisance de 1856, qui s'y rattachent. L'auteur réduit l'intervention de l'État aux mesures de police et d'hygiène auxquelles s'obligent déjà la plupart des gouvernements civilisés. ( 600 ) Il expose d'une manière intéressante la législation brésilienne, destinée à assurer aux immigrants un accueil conforme à la fois aux intérêts de la colonisation et à ceux de l'humanité. Le rôle de l'État à l'égard du fait de l'émigration est ainsi étroitement circonscrit et se réduit à régulariser le laisser- faire. On pouvait attendre de l'auteur qu'il étendit ses recherches au delà de ce modeste objet, et pénétrât dans le domaine des causes générales de l'émigration. C'est à cet autre point de vue, en effet, qu'il faut se placer pour pouvoir attribuer une intervention plus directe et plus positive à l'État; car si l'émigration n'exerce sur le mouvement de la population qu'une influence insigni- fiante, temporaire ou secondaire, des réformes inté- rieures, économiques et sociales, peuvent avoir une action durable et profonde sur le mouvement de la popu- lation. Cette étude des conditions sociales, de ce grand problème, et des remèdes sociaux, domine toute la théo- rie et la pratique de la colonisation. L'excédant annuel moyen des naissances sur les décès, en Belgique, est de 8.5 par 1,000 habitants, soit, absolu- ment, de 52,700 pour le pays tout entier; mais ce n'est là que l'excédant absolu de la population : il y a un excé- dant relatif qui dérive des transformations du régime agri- cole, des progrès du machinisme, de la contraction des débouchés. J'ai évalué à plus de 400,000 âmes la popu- lation flottante des travailleurs, de 1880 à 1890. C'est là que surgit la question très complexe des réformes sociales intérieures, qui pourraient contribuer à contenir le prin- cipe de la population. L'auteur, en abordant la question de l'émigration au ( 601 ) point de vue international, entend surtout parler de la législation et des conventions entre les nations. Jusqu'ici, aucune entente internationale n'a arrêté les principes qui doivent régir rémigration et l'immigration. L'auteur indique, avec une réelle hauteur de vues, les ques- tions qui devraient être soumises à une conférence : Peut-on contraindre un État à arrêter son émigration? L'État vers lequel le courant se dirige peut-il le refouler? Au milieu de l'insolidarité générale qui subsiste aujour- d'hui, il n'y a guère qu'à enregistrer, comme l'a fait l'auteur, les mesures législatives nationales destinées à contenir l'immigration ou à la refouler, telles que la loi Greary, aux États-Unis, et l'acte du G décembre 1882, dans la Nouvelle-Galles du Sud. Le problème supérieur d'une redistribution rationnelle, réglée par le contrat, de la population humaine sur le globe, implique deux condi- tions : la première, c'est que le mouvement et la distri- bution de la population dans chaque pays, embrassés sous tous leurs aspects et dans toutes les causes qui les affectent, deviennent des objets permanents de préoccu- pation pour la société et pour l'État; la seconde, c'est que la solidarité humaine s'affirme avec une énergie suffisante pour vaincre les résistances injustes du particularisme national. Cette première division de l'œuvre soumise à l'Aca- démie est insuffisamment documentée et manque de pro- fondeur dans certaines parties essentielles. ( 602 ) II. Dans la seconde partie, l'auteur aborde successivement les caractères généraux de la colonisation, ses causes, la classification des colonies; puis viennent les systèmes et les moyens de colonisation, l'intervention de l'État et le rôle des compagnies de colonisation, la constitution de l'armée coloniale, la main-d'œuvre pénale, les missions ; l'exploitation des colonies appelle donc l'histoire de l'esclavage, la question du recrutement actuel des colons et du personnel administratif des colonies. Leur repré- sentation législative, leur émancipation future sont les objets de deux chapitres; vient ensuite un long exposé des travaux de la Conférence de Berlin, expression la plus récente et la plus élevée de la conception du droit colo- nial. L'utilité des colonies est l'objet du dernier chapitre. Il y a ici un vice de méthode; des considérations de cet ordre se rattachent aux causes de la colonisation et au classement des colonies. Les considérations générales sur la colonisation sont d'une réelle élévation de pensée; l'établissement de colo- nies de peuplement, qui surtout préoccupe ici l'auteur, n'est pas seulement, en effet, un problème économique et politique, une opération commerciale, un compte de doit et avoir, c'est un problème social au sens le plus complexe, et qui relève directement de la sociologie : il embrasse toutes les conditions biologiques et sociales de l'adaptation d'un agrégat d'êtres humains à un autre milieu; il exige, d'une part, la connaissance de l'état phy- ( 603 ) sique, économique, intellectuel, moral, social de la population qu'il s'agit de transplanter ailleurs, de ses besoins, de ses aptitudes, de son génie propre; de l'autre, la connaissance suffisamment précise du milieu auquel ces éléments empruntés à la mère patrie devront s'adapter, et non seulement du milieu physique, mais encore du milieu social nouveau. C'est donc une véritable applica- tion des lois de la sociologie, avec tous les aspects mésologiques, biologiques et psychologiques qu'elles pré- sentent. Les causes de la colonisation ne sont guère l'objet que d'une simple énumération, et l'auteur se borne à résumer en deux pages les historiens de la colonisation. La clas- sification des colonies forme un chapitre beaucoup plus étendu. L'auteur reproduit d'abord les divisions généra- lement adoptées et que Roscher a, je pense, tracées avant M. I1. Leroy-Beaulieu. Les colonies sont militaires, pénales ou civiles; les colonies civiles, qu'il s'agit d'étu- dier ici, se subdivisent en colonies commerciales, colonies de plantations, colonies de peuplement ou agricoles. Les colonies commerciales n'exigent ni forte émigration ni appropriation du sol : leur prospérité dépend de l'étendue de leurs relations avec les indigènes; elles tendent à une pénétration de plus en plus profonde dans le territoire étranger. Les colonies de plantations réclament surtout des capitaux, et l'élément colonisateur, qu'une faible émigration peut alimenter, s'y superpose à l'élément indigène et aux travailleurs importés qu'il domine et exploite. Dans les colonies agricoles ou de peuplement, i'élément colonisateur se substitue à l'élément indigène, il le refoule; il s'alimente d'une forte émigration, s'adapte à la zone tempérée et tend à s'émanciper graduellement. ( 604 ) Je ne rappelle ici ces distinctions adoptées par la plupart des auteurs que pour insister sur leur importance pratique; tout peuple qui tente de s'engager dans la voie de la colonisation doit avoir une claire vision de la nature des établissements coloniaux qu'il peut eflective- ment entreprendre : le but à poursuivre doit être en rap- port avec les conditions mêmes dans lesquelles se trouve la nation colonisatrice et les moyens quelle a d'y attein- dre. Une erreur dans la notion peut entraîner des désas- tres. L'auteur critique des classifications récentes et plus simples qui réduisent ces établissements à deux formes fondamentales : les colonies peuplées et les colonies à peupler de Chailley-Bert, les colonies et les simples pos- sessions de Pommorino. Cette opposition a été plus accen- tuée encore par un écrivain que l'auteur ne cite pas, M. Hùbbe-Schleiden, qui distingue la colonie proprement dite de la Kultivatîon : M. Hùbbe-Schleiden réserve le nom de colonie, comme M. Pommorino, à l'établisse- ment qui sert à l'expansion de la population de la mère patrie; c'est la colonie à peupler de M. Chailley-Bert. La Kvltivalion embrasse alors les établissements commer- ciaux et les plantations par les indigènes. Cette division fondamentale peut parfaitement, à nos yeux, se combiner avec la division tripartite adoptée par l'auteur, et elle met mieux en relief les caractères distinctifs les plus généraux de ces établissements. L'étude des caractères des protectorats complète celle des colonies; elle est approfondie, bien que l'auteur ne me paraisse pas trop attendre de cette méthode de colonisation et de son caractère éducatif; elle exige une organisation suffisam- ment cohérente des indigènes et elle est une transition à l'annexion plutôt qu'à l'émancipation du peuple protégé. ( 605 ) Nous voici parvenus maintenant à l'examen des prin- cipes des institutions coloniales. L'auteur est d'abord en présence du système colonial dont Adam Smith a fait si puissamment la critique et qui n'était qu'un élément du système mercantile. Il y avait peu de chose à ajouter à la critique du pacte colonial qui, sous l'apparence d'un contrat synallagmatique, dissimulait tout l'échafaudage des combinaisons égoïstes destinées à assurer l'exploi- tation la plus lucrative et la plus tyrannique même des colonies. Quand l'auteur recherche les principes de justice absolue qui doivent régir désormais ces rapports, il semble que sa pensée soit parfois hésitante et qu'elle n'ait pas atteint son expression définitive. D'une part, il admet que toute possession doit être, en général, admi- nistrée dans l'intérêt du pays dont elle relève, mais que rien ne peut excuser les rigueurs excessives, les iniquités ajoutées au tissu des monopoles (p. 424). De l'autre, il invoque Rossi qui dit : Le droit et la morale ne peuvent pas facilement se concilier avec un système fondé sur le principe que la métropole exploite la colonie à son profit (p. 117). La justice absolue est du côté de Rossi et l'auteur montrera lui-même plus tard, par les exemples de l'Inde et de l'Insulinde, que telle est bien la direction normale de l'histoire. Ce chapitre porte les traces de remaniements et il est nécessaire que l'auteur donne de l'unité à sa pensée. Les trois chapitres qui suivent nous font pénétrer dans la pratique qui sera toujours, quelque forme qu'elle revête, dominée par la conception sociologique de la colonisation, et mettra en rapport, de la manière la plus parfaite pos- sible, des éléments empruntés à un état de civilisation donné avec un milieu physique et social nouveau. L'auteur ( 606 ) embrasse dans son étude la colonisation libre, la coloni- sation officielle et l'institution de compagnies de colo- nisation. Il se prononce, en général, pour l'initiative privée, quand il s'agit d'établir une colonie dépeuplement dans des terres inhabitées et uniquement peuplées de chasseurs errants; mais là où il s'agit de juxtaposer deux populations et deux races, l'intervention de l'État est nécessaire. L'intervention économique de l'État, une fois admise, se ramènera à mettre à la portée des colons la libre dis- position des forces naturelles; les travaux préparatoires qu'il accomplira comprendront les travaux des ports, la viabilité, l'allotissement des terres. L'auteur rappelle lui-même que des hommes d'État, comme Gladstone, ont étendu l'intervention de l'État bien au delà. Il s'arrête assez longuement au régime de distribution des terres. Il se prononce pour la vente des lots, sauf à admettre des concessions gratuites tout au début. J'ai regretté vivement de ne pas voir l'auteur exposer et discuter les projets d'Emile de Laveleye et de Ch. Gide, d'après lesquels des baux emphytéotiques sont accordés aux colons, à très longs termes, ce qui concilie l'intérêt de l'Etat et de la conservation du domaine public avec l'intérêt du colon. J'eusse souhaité un exposé plus com- plet des doctrines de Wakeheld, et une critique plus développée et plus précise du suflicient piice et du prix fixe et uniforme auquel les lots étaient vendus aux colons, d'après le plan de cet économiste célèbre, qui exerça une si profonde influence sur la colonisation en Australie. Le chapitre qui se rapporte aux compagnies de coloni- sation est très étendu. L'auteur divise leur histoire en ( 607 ) deux parties: Tune, consacrée aux compagnies anciennes; l'autre, aux compagnies contemporaines. Adam Smith a résumé depuis longtemps l'histoire des compagnies anciennes dans ce jugement terrible : « Le gouvernement d'une compagnie privilégiée de marchands est peut-être le pire de tous les gouvernements pour un pays quel- conque. » Le tableau qu'en retrace l'auteur ne fait que confirmer ces paroles. Investies d'un monopole commer- cial, elles y trouvèrent la cause de leur ruine en sacrifiant les préoccupations d'avenir à des avantages immédiats; unissant des attributions politiques à la préoccupation du lucre, elles se rendirent odieuses par leurs actes oppressifs. Les compagnies ont reparu à l'époque contemporaine, depuis le moment où, selon l'expression d'un écrivain anglais, l'Afrique s'est tout à coup offerte comme un butin immense à toutes les nations. Les compagnies nouvelles ont en commun avec les compagnies anciennes une délégation de pouvoirs politiques et administratifs; elles en diffèrent par l'absence de tout monopole légal. L'auteur connaît si bien les controverses qu'elles sou- lèvent qu'il s'applique à reproduire en détail les argu- ments invoqués pour et contre leur établissement. Et il le fait avec impartialité et d'une manière intéressante. Les arguments invoqués en leur faveur sont des considé- rations d'utilité; ces pays primitifs n'offrent aucun point d'appui solide aux gouvernements colonisateurs; le recours aux compagnies apparaît comme une solution entre l'impuissance de l'initiative privée et les difficultés d'une intervention directe de l'État; elle favorise surtout les entreprises des gouvernements en atténuant et mas- quant leur responsabilité. Il y a des besognes qu'un ( 608 ) gouvernement n'aime pas à faire, des responsabilités ou des reculades qu'il veut s'épargner. On invoque d'ailleurs le contrôle, les devoirs spéciaux et les garanties que les gouvernements métropolitains peuvent imposer aux com- pagnies ou exiger d'elles; c'est ainsi qu'elles préparent la prise de possession définitive de la colonie par l'Etat. L'auteur ne se prononce pas entre les deux systèmes; il aura d'ailleurs, par la suite, l'occasion d'y revenir, dans l'histoire de la colonisation hispano-portugaise, anglaise, allemande. J'avoue, quant à moi, que des arguments invincibles contre les compagnies se dressent dans mon esprit : il est impossible que l'État délègue une partie de ses pouvoirs à une association poursuivant avant tout un but de lucre; il est d'autant plus immoral que l'État tente de se soustraire à une responsabilité directe que le domaine inévitablement abandonné à l'arbitraire est plus vaste, et le contrôle plus incertain. L'étude des moyens de colonisation nous fait successive- ment aborder des considérations d'ordre militaire, d'ordre économique, d'ordre moral, d'ordre administratif et poli- tique, tableau complexe où se succèdent les différents aspects de l'organisation coloniale et de son activité. L'auteur se prononce pour une armée de mercenaires et il s'applique à réhabiliter ce mot lugubre, qui ne laisse pas, je pense, de faire une impression pénible, même sur celui qui voit dans l'institution d'une telle armée l'une des conditions nécessaires du régime colonial. Le chapitre des missions religieuses soulève de graves problèmes. L'auteur condamne la neutralité des auto- rités colonisatrices et la qualifie même en un endroit de béate, et non seulement l'antagonisme du christia- nisme et du mahométisme lui apparaît comme inévi- ( ()09 ) table, mais comme une sorte de fatalité à laquelle il faut se préparer. « Entre chrétiens et musulmans, dit-il, il n'y a pas de conciliation possible... » Ici encore je déclare, quant à moi, que ces perspectives me font frémir, et plus le péril religieux est imminent, plus rigoureusement aussi le gouvernement me parait tenu de rester fidèle aux principes fondamentaux du droit public moderne et à la tolérance la plus large, la plus humaine, en donnant aux missions tous les gages de liberté et de sécurité. [.es considérations sur la main-d'œuvre pénale mêlent à l'ordre moral les préoccupations économiques. L'auteur se prononce, dans certaines limites, pour la transporta tion, mais sans la rendre obligatoire pour aucune catégorie de criminels : il en fait une sorte de faveur; il est préoccupé d'assurer des bras à la colonie et de hâter la libération définitive des criminels. Une autre partie de ce chapitre soulève des objections d'une gravité extrême. L'auteur propose de développer dans les écoles de bienfaisance les métiers propres à la colonisation, d'appliquer, l'été, les élèves de ces écoles aux travaux agricoles de la Campine, puis, après une certaine préparation, de tenter l'expatriation de jeunes gens vers les régions africaines en leur confiant des terres à exploiter et en les préparant à devenir propriétaires. L'auteur lait ici, d'abord, une confusion qu'il faut avant tout redresser. L'école tle bienfaisance ne réalise pas un système de répression, mais un système d'éducation obligatoire; les pouvoirs du gouvernement ne peuvent aller au delà des exigences de l'éducation des enfants qui lui sont confiés. C'est à la mère patrie et non à la colonie qu'il doit les rendre. ."i"" SÉRIE, TOME XWIII. 40 ( 610 ) L'auteur oublie aussi, ce qu'il a d'ailleurs reconnu lui- même, que le travail en plein air est impossible pour l'Européen dans les régions des tropiques. Le gouver- nement, par ses essais d'expatriation, alfronterait la plus lourde responsabilité, il dénaturerait l'école de bien- faisance en en faisant un objet de terreur. L'étude du recrutement des colons a pour préliminaires inévitables un chapitre sur l'esclavage, qui ravive toutes les boutes de la colonisation. L'histoire de la traite, de son abolition, celle de l'abolition de l'esclavage y sont résu- mées avec un réel intérêt. On se sent pénétré d'une sorte de remords collectif en songeant aux destinées qui sont, d'après l'auteur, réser- vées aux nègres des Etats-Unis et du Brésil, condamnés à disparaître, soit par leur fusion dans la masse des immi- grants, soit par les ravages de la misère et de l'alcoo- lisme; et l'idée se fortifie dans l'esprit que l'abolition de l'esclavage ne devrait être que la première mesure d'une œuvre de réparation, de tutelle et d'émancipation pro- gressive qui s'impose aux anciennes colonies esclava- gistes. Désormais, ce sont des travailleurs libres qui accom- pliront l'œuvre de la colonisation. L'auteur condamne justement le système odieux de recrutement des colons, qui, inspiré du seul esprit de lucre, livre à tous les hasards les hommes les moins faits pour les affronter. Les vertus qu'il exige du vrai colon en font un être presque idéal, tel qu'on rêve de le voir rester dans la mère patrie. 11 veut que le colon s'engage dans son œuvre sans esprit de retour. C'est bien de la théorie de Wakefield qu'il s'inspire ici visiblement : la colonie doit être une fin, et non un moyen de rapide fortune; l'auteur veut d'ailleurs ( 6W ) que la colonie reste attachée à la métropole comme une province, comme une extension de la patrie : le déchire- ment sera moins profond. La prévoyance et l'esprit de suite sont des conditions nécessaires à l'évolution de la colonie, mais ces vertus doivent régir la conduite collec- tive autant que la conduite individuelle, et l'œuvre colo- niale est celle de groupes compacts, emportant avec eux tous les éléments essentiels d'une civilisation. C'est encore bien là l'aspect moral de la théorie de Wake- field. Même ainsi dirigée, la colonisation est une œuvre de longue haleine et la première génération sème pour celles qui la suivent. Il faut louer ici la mesure, la réserve de l'auteur, qui ne songe pas à nourrir de vaines illusions. Le recrutement des fonctionnaires s'inspire des mêmes principes. Ce sont les organes permanents des intérêts de la colonie ; il ne faut pas qu'ils soient dominés par la préoccupation de leur intérêt personnel, et leurs garanties morales doivent être d'autant plus solides que, investis d'une plus grande autorité, ils peuvent être les artisans des plus grands maux pour les indigènes. Les réformes réclamées par l'auteur, dans l'organisation de l'enseigne- ment commercial, sont bien conçues et justes. Les considérations sur la représentation des colonies eussent dû être rattachées à celles qui ont pour objet l'indépendance future des colonies, alors qu'elles sont séparées les unes des autres par une longue étude sur la Conférence de Berlin. La question de la représentation des colonies est résolue différemment par les nations métropolitaines, selon leurs tendances fondamentales dans la colonisation même. Pour les unes, comme l'Angleterre, cette tendance est à l'autonomie coloniale et à un empire colonial fédérât if ; pour les autres, comme ( 612) le Portugal et l'Espagne, elle est à l'incorporation des colonies au gouvernement de la métropole. Cette oppo- sition se traduit par le développement des institutions parlementaires aux colonies pour les premières, par la représentation partielle ou par la représentation appa- rente des colonies au Parlement métropolitain pour les autres. L'auteur, ici encore, comme dans le chapitre sur les compagnies de colonisation, fait plutôt une exposition objective de ce qui est ; mais il est visiblement favorable à l'émancipation de toutes les colonies qui seront capables de pratiquer des institutions libres. M. P. Leroy-Beaulieu, qui lui sert souvent de guide, se prononce pour l'indé- pendance finale des colonies de peuplement et des colo- nies mixtes; mais est-il interdit d'espérer que l'action tutélaire des nations de l'Occident européen puisse pré- parer les mêmes destinées aux établissements du sud de l'Asie et même du centre de l'Afrique? Le chapitre le plus important de la théorie de la colo- nisation a été placé à la fin du traité. Il a pour objet l'utilité des colonies. L'examen et la réfutation des argu- ments d'adversaires tels que de Molinari, de Laveleye, F. Passy, Yves Guyot, Colajanni, Achille Loiïa, exigeaient de larges développements et la réunion de matériaux solides. L'auteur s'est placé successivement au point de vue de l'intérêt particulier des nations et de l'intérêt général de l'humanité. Il a écrit des pages vraiment éloquentes, mais j'ai regretté bien des fois qu'il s'en tint à des considérations générales, ne serrant ni les faits ni les arguments d'assez près, et qu'il ne répondit pas mieux aux préoccupations présentes. Ce ne sont pas les avantages des colonies de peuplement, par exemple, qui peuvent provoquer en ce moment un débat scientifique utile, ni ( 613 préoccuper même l'opinion publique : l'ère de ces colo- nies est close, selon un mot de Bordier; des rapports comme ceux qui ont été soumis au Congrès d'hygiène de Londres révèlent que l'adaptation de notre race au cli- mat des bautes terres des ^tropiques serait même d'une difficulté extrême et que le travail des champs devrait encore y être proscrit. Le rôle des colonies commerciales, comme remède aux crises, exigeait de plus longues recher- ches. Les plus puissantes nations colonisatrices modernes ont-elles échappé aux fluctuations générales du com- merce, à la baisse des prix qui caractérise la dépression économique contemporaine? Une étude attentive montre la concordance des phénomènes en Angleterre, en France, en Belgique, et l'opération de causes générales agissant sur l'économie des nations les plus avancées. Dans quelle mesure les colonies ont-elles exercé une action régula- trice sur l'industrie et le commerce de leur métropole, dans le cours de cette longue dépression économique? L'auteur semble ignorer que, depuis 1886, l'Angleterre a institué successivement trois vastes enquêtes sur la dépression du commerce, sur les variations de la valeur relative des métaux précieux, sur la situation de la classe des travailleurs, triple aspect de la crise économique actuelle. J'ai calculé qu'en Belgique les prix exprimés par les index numbers avaient baissé, en 1895, de 56 °0, relativement aux moyennes de 1 807-77 . Sauerbeek a abouti à peu près au même résultat pour l'Angleterre. De 1890 à 1892, les exportations des produits britanni- ques se sont abaissées de 263,530,585^ à 227,060,224 £, c'est-à-dire de 15.7 °/0, chute plus forte qu'en Belgique. Sans doute, le commerce colonial prend d'une manière constante une place assez grande dans le commerce ( 614 ) anglais, et il y a là un facteur dont il serait puéril de méconnaître l'importance; mais cette importance a-t-elle varié dans les moments de crise au point d'assigner au commerce colonial une action compensatrice, même mo- dératrice? En 1890, les exportations aux colonies repré- sentaient 55.2 °/0 de l'ensemble; en 1891, 54.8 %. Les questions se pressent dans l'esprit de quiconque a interrogé avec impartialité les matériaux statistiques. A quel point la statistique comparative donne-t-elle tort à de Laveleve, quand il soutient qu'un État ne doit pas posséder de colonies pour avoir un commerce floris- sant? Il y avait là place pour des investigations étendues, dont j'ai pu apprécier moi-même à la fois la difficulté et la nécessité. L'influence des colonies sur le trésor public ne pou- vait être négligée, au moins dans ses résultats généraux. L'aspect humanitaire du problème touche par bien des côtés à son aspect utilitaire. La colonie commerciale dans la région des tropiques tend à se transformer en colonie de plantations pour réaliser son maximum d'utilité et s'alimenter dune production intérieure régulière; la plantation implique l'adaptation des indigènes au travail régulier. C'est là qu'apparaît le problème moral dans toute sa grandeur : comment éviter que l'œuvre éduca- trice des nations inférieures devienne une œuvre d'exploi- tation? Et s'il est vrai de dire, avec M. Gide, que la colonisation soit une obligation morale des peuples avancés, n'est-ce pas uniquement à une action collective et coopérative de ces peuples qu'il faut en demander l'accom plissement aujourd'hui à l'égard des races infé- rieures, et ne faut-il pas élever d'un degré encore la pensée féconde de la Conférence de Berlin, et subor- ( 6!S ) donner par là définitivement, sans les effacer, les intérêts commerciaux particuliers à l'intérêt humanitaire dans la colonisation de l'Afrique centrale? A l'idée d'un partage pacifique de l'Afrique, qui porte encore la trace de la conquête et ouvre les voies à l'esprit de lucre des nations copartageantes, est-il impossible de substituer l'idée d'une tutelle collective, contenant davan- tage les égoïsmes nationaux, et celle d'une éducation économique des races inférieures, qui se concilie avec les intérêts industriels et commerciaux de l'ancien monde? L'auteur ne pourra donner à tant de problèmes une réponse sommaire qu'à la condition de les reprendre un à un dans les conclusions générales de son livre. En effet, la distribution des matières qu'il a adoptée porte logiquement à penser que la théorie générale de la colo- nisation, du premier volume, ne renferme que les déduc- tions pratiques des principes de la science économique, à l'égard des grands problèmes de l'intervention de l'Etat, du rôle de l'initiative privée; l'étude historique des systèmes coloniaux des différents peuples va l'amener à corriger, à modifier, à compléter à l'aide des données des méthodes inductives, les déductions préparatoires. Il tient d'ailleurs formellement en suspens son apprécia- tion sur certaines grandes institutions, telles que les compagnies de colonisation. Le plan qu'il a adopté ne présente pas d'autre justification. 11 reste à voir comment il l'a exécuté. III. Dans le deuxième et le troisième volumes de son œuvre, l'auteur déroule l'histoire des systèmes coloniaux des nations européennes. ( 616 ) Nous pourrions résumer l'évolution coloniale, où cepen- dant se sont accumulées tant d'horreurs, par un mot de Roseher : «Le point fondamental, dans l'histoire des colo- nies, c'est leur passage progressif du régime de restric- tion au régime de liberté. » Qu'on l'interroge, en effet, dans la colonisation anglaise, française, néerlandaise, aussi bien que portugaise ou espagnole, elle témoigne de la destruction graduelle de cet ensemble de monopoles, de privilèges qui formaient le système colonial et que l'on avait décoré du nom de pacte colonial, à raison de la réciprocité apparente des avantages que se promettaient la métropole et les colonies. La décomposition graduelle du pacte colonial s'accom- pagne du progrès de la liberté des échanges et de la con- sécration graduelle du principe de l'égalité de traitement de toutes les nations dans le commerce colonial ; sous des aspects bien plus importants encore pour l'avenir de la civilisation, elle s'accompagne de l'émancipation des esclaves et d'efforts soutenus dans la direction de l'éman- cipation politique des colonies ou, tout au moins, de la participation des colonies à l'administration de leurs propres intérêts. Les différentes nations colonisatrices, les différentes colonies franchissent plus ou moins laborieusement les phases d'une évolution commune, et à travers les résis- tances qui dérivent soit des antécédents historiques, soit du milieu, on voit se dégager les traits différentiels des systèmes de colonisation qui sont propres à chacune d'elles. C'est ainsi que la tendance persistante à l'auto- nomie coloniale se révélera dans la politique anglaise, c'est ainsi que l'incorporation des colonies à la mère patrie caractérisera, au contraire, les systèmes portugais ( 617 ) ou espagnol, c'est ainsi qu'une tendance persistante ;» la centralisation, tantôt exclusivement autoritaire, tantôt démocratiquement dirigée vers l'assimilation, caractéri- sera la politique coloniale française. L'auteur commence sa revue des entreprises modernes par la colonisation portugaise, dont les destinées ont été si étroitement associées à la traite des noirs. Ce sont les Portugais qui inaugurèrent cet effroyable trafic au XVe siècle, et l'abolition définitive de la traite, en 1854, ouvrit une phase décisive dans l'histoire des colonies portugaises. L'auteur a expos;'? avec intérêt les longues et honteuses résistances à l'abolition de la traite, qui mar- quent la première moitié du siècle. L'un des traits du système portugais, c'est l'incorporation politique des colonies à la métropole. Cependant, bien que les colonies aient des députés aux Cortès, il s'en faut que l'assimi- lation soit complète. L'auteur expose l'organisation admi- nistrative et l'étendue des pouvoirs du gouvernement métropolitain. Il y a peut-être là une faiblesse de l'admi- nistration portugaise, dit-il : il ne doit pas hésiter à l'affirmer nettement. Des raisons d'économie ont fait reparaître, dans les établissements des côtes d'Afrique, des compagnies portugaises de colonisation, mais l'auteur n'a pu exposer leurs actes. L'histoire des colonies espagnoles du nouveau monde se divise en trois périodes principales : la première, qui va jusqu'à l'édit du commerce libre de 1778; la seconde, jusqu'à l'émancipation des colonies de l'Amérique du Sud; la troisième se prolonge jusqu'à nos jours pour les débris de l'empire colonial. L'auteur expose très bien l'ensemble des causes qui ont précipité l'émancipation des républiques sud-américaines, et quelle part considé- ( 618) rable y eurent les fautes accumulées des gouvernements, la corruption, les excès, joints à une situation financière déplorable. Les récents événements donnent un attrait particulier aux chapitres étendus qui sont consacrés à Cuba et Porto-Rico. La question cubaine, depuis la première tentative insurrectionnelle de 1823, retentit douloureusement à travers le siècle. Il est impossible de juger trop sévèrement l'administration métropolitaine : la cause véritable de tant de soulèvements répétés et sanglants, c'est le maintien d'un régime colonial con- damné par l'histoire tout entière. L'auteur expose toutes les solutions possibles de la question cubaine, et il n'hésite pas à reconnaître qu'il ne s'agit plus aujourd'hui de concessions et de réformes, mais de la suppression com- plète de l'exploitation espagnole, que l'on adopte pour Cuba le régime du Canada, ou que les iles s'incorporent aux États-Unis ou à une fédération républicaine des Antilles. Les conclusions générales de l'auteur sur la colonisation espagnole témoignent d'une indulgence que les chapitres antérieurs ne faisaient pas attendre. « La législation donnée aux colonies espagnoles, dit-il, a toujours été pleine d'humanité ; elle était, de même que les instruc- tions qui en étaient les corollaires, la conséquence d'une nécessité reconnue. » Il faut redouter que par un tel lan- gage on ne semble légitimer tous les abus de l'histoire. L'auteur prend inutilement la peine de venger contre Merivale la vaillance du peuple espagnol que nul ne peut sérieusement contester, mais il lui reconnaît les plus belles qualités pour un peuple colonisateur : la fierté, la bravoure, la ténacité. Il faut avouer que le moment est mal choisi pour en constater les effets. L'auteur affirme ( M 9 ) néanmoins la nécessité des réformes. Le dernier chapitre, qui porte la trace de remaniements, me semble avoir besoin d'une revision complète. Le système colonial des Pays-Bas et son histoire em- brassent la plus grande partie du second volume. Cette histoire comprend, d'après l'auteur, quatre périodes que l'on pourrait même subdiviser en cinq. Dans la première, qui va de 1605 à 17ÎJ5, l'auteur retrace le tableau de la formation, du développement rapide, de la prospérité inouïe, de la décadence et de l'effondrement de la Com- pagnie des Indes; de 1795 à 1830, on peut former deux périodes intermédiaires. L'année 1850 est marquée par l'institution du célèbre système de culture du général Vandenbosch; de 1862 à nos jours, sous la pression de l'opinion publique, ce funeste système est aboli et le régime colonial transformé. L'auteur a très bien exposé, en puisant aux meilleures sources, les caractères et les ellèts de cette culture forcée, et montré comment tous les intérêts individuels des fonctionnaires étaient associés à l'intérêt inavouable de l'État, et toutes les énergies com- binées dans l'odieuse exploitation des indigènes. On voit comment le travail exagéré des hommes et l'épuisement graduel de la terre provoquèrent ainsi des famines ter- ribles, des insurrections sanglantes qui furent à la fois la sanction physique et la sanction morale des excès d'un système colonial inique. Le soulèvement des consciences en Hollande, l'œuvre préparatoire de Vandeputte, les lois agraires réparatrices de 1870 sont l'objet d'une section très étendue de l'ouvrage. L'évolution de la propriété qui s'accomplit sous ces régimes coloniaux successifs, le mouvement oscillatoire auquel elle obéit et qui déter- mine, d'abord, une extension du domaine communal. ( 620 ) ensuite, une tendance inverse à la décomposition de la dessa, sont fort intéressants à suivre pour le sociologue. Il eût été très important de connaître de près les effets du système de la liberté commerciale sur l'industrie hol- landaise : les lois des 17 novembre 1872 et 16 avril IS, qui anéantissent le régime du monopole et consacrent l'uniformité des droits d'entrée, ouvrent une période vraiment expérimentale, d'un puissant intérêt pour la science. Aucun privilège n'étant plus accordé aux nationaux dans le commerce avec l'Insulinde, on pourra mesurer les avantages indirects de la colonisation et apprécier à quel point elle assure un débouché aux indus- tries de la métropole et la place dans des conditions de lutte plus favorables que les nations concurrentes. L'au- teur a des conclusions optimistes, mais, je l'avoue, je désire des statistiques plus étendues et plus précises. Dans cette transformation de régime, la Hollande a sacrifié ses intérêts matériels immédiats à la justice et aux intérêts supérieurs de la civilisation. C'est la gran- deur indéniable du spectacle qu'elle présente; l'histoire des difficultés premières, des perturbations dans l'équi- libre budgétaire qui sont les résultats de la transformation coloniale, est l'objet d'intéressants chapitres. L'auteur examine aussi si l'Insulinde est susceptible de devenir une colonie de peuplement. Il confirme le témoignage de l'expérience. Le blanc n'y fait pas souche après la troisième génération; pût-il même s'établir à de grandes altitudes, il serait toujours soumis à la concurrence dépressive des indigènes. Cette vaste étude sur les sys- tèmes de colonisation de la Néerlande est richement documentée et forme la meilleure partie de tout l'ouvrage. Dans l'histoire du système colonial de l'Angleterre, ( 621 ) l'auteur trace les phases dont le soulèvement et l'émanci- pation des Ktats de la Nouvelle-Angleterre marquent la dernière. Dès le début, et à travers les fautes de ta métropole, il dégage les traits généraux d'un système qui ira s'affermissant : le principe de non-intervention dans les affaires locales des colonies, la tendance à leur accor- der des institutions libérales. L'auteur s'applique à mon- trer qu'entre les partis anglais il n'y a, à l'égard de la politique coloniale, que des différences de degrés. L'An- gleterre compte cependant des esprits éminents qui vou- draient hâter l'émancipation des colonies, même celle de l'Inde. L'auteur, à ce sujet, oublie de signaler les repré- sentants de l'école positiviste anglaise, comme Harrison et Congrève. L'administration des colonies est étudiée longuement. L'un des principes dirigeants de l'Angleterre, et qui place son système à l'opposé du système hispano-portu- gais, c'est que les colonies n'ont aucun représentant au Parlement anglais. Le corollaire de ce principe, ce sont les larges prérogatives des établissements coloniaux. La distinction des colonies administrées directement par le gouvernement britannique et des colonies ayant à des degrés divers des institutions représentatives, les droits restreints qui restent au gouvernement métropolitain, l'indépendance grandissante des colonies, tous ces aspects du système sont successivement passés en revue; l'auteur consacre, en outre, un chapitre aux compagnies de colo- nisation, qui ont eu une nouvelle efflorescence, surtout en Afrique, depuis 1881. Elles s'appliquent à étendre l'in- fluence de la métropole et à préparer le dominium plénum. Des études monographiques sur l'Inde et le Canada permettent de suivre les transformations (\u système de colonisation de l'Angleterre. ( 6-22 ) L'histoire de la Compagnie des Indes, dont le privilège commercial a pris fin en 1853, et dont les pouvoirs poli- tiques, comme une sorte de funeste survivance, se sont maintenus un quart de siècle et plus, est exposée à grands traits. L'auteur enregistre les jugements sévères que les histo- riens de la colonisation ont prononcés sur la Compagnie des Indes. La substitution de l'État à cette compagnie tendra à transformer graduellement le système colonial en simple protectorat. La métropolejprépare les Indes au self government; mais, bien qu'il faille tenir compte des lieux, des temps, des aptitudes de la race, selon le vœu de l'auteur, il faut reconnaître que la'métropole est loin encore ici d'avoir accompli sa mission coloniale tutélaire. Le Canada nous offre un État qui a pris et atteint le degré le plus élevé de l'évolution dans le système colo- nial anglais; il ne lui reste qu'un lien 'fragile à rompre pour achever de consolider sa constitution fédérative. L'Angleterre tend ainsi à dégager l'individualité de ses colonies, surtout de ses colonies de peuplement. Ce sont les premières qui s'émanciperont, et sans doute, selon le beau mot d'Erskine May, quand le lien se rompra, ce sera par la seule énergie expansive de la liberté. Dans les chapitres consacrés à l'histoire coloniale de la France, l'auteur montre un antagonisme incessant entre la politique continentale et la politique coloniale de cet État. C'est parce que la France n'a pas su conser- ver son empire colonial qu'elle a adopté, pour les débris qui en subsistent, un régime opposé à celui de l'Angle- terre. Ce régime est caractérisé par la centralisation poli- tique et administrative, et par un effort persistant dirigé vers l'assimilation des colonies à la métropole. Les fluc- ( 625 ) mations de la politique intérieure de la France reten- tissent dans les colonies, et la centralisation y revêt la forme autoritaire quand la politique monarchique pré- vaut; la rigueur de la centralisation ilécliit et les mesures favorables à l'assimilation remportent avec la politique républicaine. Il y a des degrés dans cette assimilation : ainsi, la Guadeloupe et la Martinique sont devenues de véritables départements lointains. L'auteur expose en détail l'administration coloniale et l'organisation mili- taire des colonies françaises; il consacre un long chapitre aux compagnies de colonisation, ou plutôt aux efforts accomplis pour les installer; avec une réelle impar- tialité, il reconnaît les résistances jusqu'ici invincibles qu'elles ont rencontrées dans l'esprit public, malgré l'avis favorable d'économistes éminents, comme M. P. Leroy- Beaulieu ; il pense lui-même qu'il est au moins douteux que la création de compagnies nouvelles soit un bien pour la France. L'Algérie est l'objet d'une étude spéciale. L'auteur retrace les alternatives de la prépondérance civile et de la prépondérance militaire dans l'administration de cette colonie. Elle participe de la nature des colonies de peu- plement et de celle des colonies d'exploitation : elle doit être dotée d'un bon régime foncier. L'auteur expose les changements successifs qu'il a subis, le pas- sage du système de concessions des terres domaniales au système de vente de ces terres, et le retour actuel au systèmes de concessions, que l'auteur condamne comme aboutissant à la création de villages artiiiciels. Les dispo- sitions légales sur la conservation et la transmission de la propriété ont subi des variations successives impor- tantes, qui sont exposées en détail. En 1852, on livre à la ( 024 ) colonisation les terres du domaine, en respectant la pro- priété individuelle et collective des indigènes; de 1857 à 18G5, on s'efforce de faire entrer dans la circulation la totalité des terres familiales; en 1865, la législation a des retours vers la propriété collective des terres; depuis 1875, le législateur tend à l'organisation de la propriété individuelle et à la transformation de la propriété col- lective des Arabes. L'auteur, après avoir exposé le régime colonial de l'Algérie, livré à tant d'instabilité, exprime l'opinion que sa colonisation a été une idée malheureuse, qu'au- jourd'hui encore elle coûte des millions à la France et qu'avec une population égale à la moitié de la nôtre, elle n'atteint pas le dixième de la valeur de nos impor- tations et de nos exportations. Le système colonial de la Russie révèle un esprit de suite, une persévérance, une continuité d'action qui contraste avec la colonisation française. L'auteur en divise l'histoire en deux périodes : la première, qui va de Pierre le Grand à la réorganisation des colonies mili- taires en 1818; la seconde, s'étendant de 1818 à nos jours; il déroule le plan gigantesque d'une entreprise qui menace à la fois la Chine, la Perse et l'Inde. Le trait le plus important du système, au point de vue d'une étude comparative, c'est l'intervention de l'État. Nulle part l'État n'a concouru plus directement à l'ex- pansion coloniale; il a exécuté des travaux publics énormes, favorisé le transport et le commerce, concédé des territoires entiers pour les mettre en culture, et fait servir son armée à la fois à la conquête et au développe- ment économique. L'étude de la colonisation allemande présente l'intérêt considérable d'une expérience qui s'accomplit sous nos ( 64S ) yeux mêmes et dont nous avons pu suivre lotîtes les phases. L'auteur y consacre une grande partie de son troisième volume. Deux ordres de circonstances ont porte les préoccupations vers les colonies : l'importance grandissante de l'émigration allemande, d'abord, et la direction des courants d'émigration, sans avantages directs pour la mère patrie, la réaction protectionniste en Europe ensuite, qui détermine les peuples industriels à rechercher des débouchés nouveaux. Mais à l'égard de l'émigration, la solution ne pouvait être cherchée que dans les colonies de peuplement, et les seuls établisse- ments coloniaux allemands auxquels l'auteur assigne ce caractère sont ceux du sud-ouest de l'Afrique et de la Nouvelle-Guinée. J'avoue que, même dans ces limites, je ne partage pas son avis. L'auteur nous dit d'ailleurs que les courants primitifs d'émigration ne se sont pas détournés. On le croit sans peine. L'évolution coloniale allemande, retracée avec détail, a commencé par l'institution de compagnies de coloni- sation, et l'intervention de l'État affectait, à Poriffine, la seule forme du protectorat : l'extension rapide de ces compagnies et de ces protectorats en Afrique et en Océanie est exposée dans plusieurs chapitres. Mais ces formes cir- conspectes de la colonisation allemande ne devaient être que transitoires. Si les hommes d'État allemands n'y virent d'abord que des établissements commerciaux, la pression des événements contraignit l'Empire à une intervention de plus en plus étendue et durable, jusqu'à transformer en véritables colonies de la Couronne, au sens anglais, une partie de ces établissements. L'auteur consi- dère que cette mesure doit se généraliser, et réclame des sacrifices nouveaux de l'État allemand. 3n,e SÉRIE, TOME XXXIII. -\ \ ( 626 ) Dans les dix pages de conclusions qui se rattachent à l'Allemagne, l'auteur résume les principes de la poli- tique coloniale allemande par ces mots : « Faire le mieux possible, et laisser tout faire. » Après l'exposé qu'il a tracé lui-même, ces paroles semblent quelque peu ironiques. La colonisation italienne vient la dernière dans cette revue historique. Ici encore, les préoccupations coloniales sont nées du développement considérable de l'émigration italienne, mais ici aussi, la seule voie raisonnable eût été dans la direction des colonies de peuplement. Aux yeux de l'auteur, l'Italie a une véritable vocation coloniale, et il y a pour elle nécessité de coloniser, (le n'est pas l'avis de publicistes italiens d'un grand mérite, comme Colajanni, qui a consacre un livre important à la colonisation italienne; et il semble certain que des réformes agraires profondes, en Italie même, eussent paralysé ou ralenti l'émigration. C'est là qu'est le vrai remède à l'émigration. Les établissements de la mer Rouge, conquis par l'Italie, ne pouvaient, d'après l'auteur môme, servir de colonies de peuplement, et une colonie d'exploitation ne pouvait guère qu'attirer les capitaux étrangers. Voilà le dilemme dans lequel était enserrée l'Italie. Cependant, avec cette sorte d'indulgence coloniale qu'il montre trop souvent, malgré son indéniable sincérité. l'auteur s'efforce encore de légitimer, au point de vue commercial, les entreprises italiennes. Au moment où il terminait son ouvrage, des nuages assombrissaient ce qu'il appelle le ciel de la colonisation italienne. Nous savons que c'est une pluie de sang qui a jailli de ce ciel et baigné l'Ervthrée. ( 627 ) Cette longue exposition des systèmes de colonisation appelait des conclusions d'un sérieux et fécond enseigne- ment, en même temps que d'une haute portée sociale. L'étude comparative des systèmes de colonisation, des formes de colonies, des zones colonisées, des influences qu'exerce le milieu physique sur le sort de la colonisa- tion, des modes d'intervention de l'État, des effets de l'initiative privée, des résultats que l'application des divers systèmes a produits pour la métropole, toutes ces recherches précieuses devaient fournir des principes diri- geants pour la conduite des peuples. L'auteur nous devait ces conclusions à un double titre : en effet, la méthode d'exposition adoptée par lui et d'après laquelle la théorie déductive de la colonisation précède les inductions spéciales de l'histoire et de la statistique, l'obligeait à opérer une revision des princi- pales conclusions de la première partie de l'ouvrage, et, surtout, à préciser celles qu'il avait expressément réservées. Des questions que l'histoire et la statistique pouvaient seules éclairer surgissaient d'elles-mêmes. Par exemple : dans quelle mesure les colonies et le commerce colonial peuvent-ils contre-balancer les changements généraux dans l'économie commerciale du monde? Lue étude statistique comparative de l'ensemble du mouve- ment commercial et du commerce colonial s'imposait. In exemple en marquera la portée. Le traité de 1860 avec l'Angleterre ouvre en France la période du libre échange. Le commerce reçoit une impulsion considérable : de 18(51 à 1;>, le montant des exportations s'accroît en moyenne de 290 millions de francs par an: or le chiffre total des exportations françaises, dans toutes les colonies delà France, n'atteint que 503 millions de francs en l.X«i ! . ( 028 ) Qu'on se transporte à trente ans du traité anglo-français. La réaction protectionniste a entraîné la France. Sous l'influence de ce régime et de la baisse des prix, le com- merce d'exportation tombe de 3,753,000,000 de francs en 1890, à 3,209,619,000 francs en 1892. L'écart est de près de deux fois toute l'exportation aux colonies. Après le iraité de 18(>1, qui inaugure en Belgique l'ère de la liberté progressive, nos exportations s'élèvent, de 1 80 1 à 1871, de 453 millions de francs à 888 millions; l'écart est égal à une fois et demie tout le montant des exportations de la France dans ses colonies. De 1891 à 1892, la dépression des affaires fait retomber les exportations en Belgique de 130 millions de francs, la moitié du chiffre des exporta- tions de la France aux colonies françaises. Ne faut-il pas conclure que, même à l'égard des nations engagées depuis longtemps dans la colonisation, alors surtout que leurs colonies se distribuent dans les régions intertropicales et les régions chaudes, les changements généraux dans l'économie mondiale ont une influence infiniment plus rapide et plus profonde que les colonies? Quelle place reste-t-il à l'action régulatrice des colonies? Quelle pourra être la limite de cette action dans le cas d'une colonisa- tion récente? C'est là un problème que l'auteur a lui- même elfleuré dans la première partie de son livre. 11 résulte des recherches de l'auteur que la tendance invincible de l'évolution historique est à réaliser l'égalité des conditions de toutes les nations dans le commerce colonial, et à abolir tous les privilèges de la métropole. Quels avantages spéciaux subsistent alors en fait pour celle-ci? Dans quelle mesure la communauté de langue, d'origine, de race, de traditions, d'habitudes, fait-elle naître des relations commerciales durables, qui persistent ( 629 ) après que les privilèges ont disparu, après même que le lien colonial s'est dissous? Quelle comparaison utile ne peut-on Taire à cet égard entre l'Angleterre et l'Espagne, à l'égard de leurs anciennes colonies émancipées; quelle comparaison entre les colonies de peuplement et les colonies de plantations ou de commerce! Quels enseigne- ments la statistique néerlandaise du dernier quart de siècle, déjà interrogée partiellement par des économistes comme M. G. de Laveleye, peut-elle nous procurer aujourd'hui? Dans quelle mesure ces liens multiples et complexes de la métropole avec les colonies se relâchent- ils devant cette loi générale que, à égale qualité des produits, la préférence est donnée dans le commerce des colonies à la nation qui produit au meilleur marché? Bien d'autres questions se posent dans la pensée du lecteur. L'auteur, clans ses conclusions, ne s'est pas mis au point de vue rigoureusement positif auquel lui-même s'était obligé à se placer. Ses conclusions, d'un caractère beaucoup trop général et sommaire, élèvent sans doute la pensée à la considération abstraite et philosophique de l'influence qu'exerce la colonisation sur les progrès de la consommation et de la production, sur le peuplement du globe, sur la diffusion et la pénétration réciproque des races humaines, sur l'expansion des institutions libres et de la solidarité humaine. Il ouvre les perspectives de la constitution finale de l'économie mondiale, de l'unité économique et morale du monde. Cependant, il fallait nous ramener plus directement et plus rigoureusement des hauteurs de la philosophie de l'histoire aux pro- blèmes qui pèsent aujourd'hui d'un si grand poids sur l'esprit des hommes d'État, et demander à l'histoire et à { 630 ) la statistique d'éclairer plus vivement et plus complè- tement les efforts actuels des nations industrielles de l'ancien monde. La légitimité des observations critiques qui précèdent ne peut me faire oublier le travail considérable auquel l'auteur s'est livré, l'utilité des matériaux qu'il a ras- semblés, la science et le talent avec lesquels il a souvent réussi à les mettre en œuvre. D'une part, la considération des mérites incontestables et même vraiment supérieurs de ce mémoire me porte à proposer à l'Académie de le distinguer; de l'autre, la considération des lacunes qu'il présente, de l'imperfection de certaines parties, et l'insuffisance des conclusions géné- rales, mises en rapport avec les grands intérêts qu'elles doivent éclairer, me portent à suspendre un jugement favorable. J'attendrai la communication des rapports de mes honorables collègues avant de me prononcer définiti- vement, mais j'exprime, dès à présent, l'avis formel que l'Académie, en couronnant ce mémoire, devrait réclamer le l'auteur la revision de plusieurs chapitres de la première et de la seconde parties, et la refonte des con- clusions générales, en donnant à celles-ci de larges déve- loppements. » ttaft/tui-t U« H. Bmtning, orain. La source du mal es! parloul la même : les vues sont trop générales, les considérations abstraites domi- nent, l'examen n'atteint pas le fond des problèmes. En matière d'émigration et de colonisation, la statistique est d'un grand secours : il convient d'en compulser avec soin les éléments et d'interpréter judicieusement les chiffres. Ce moyen efficace de contrôle est reste dans l'ombre : son absence infirme la portée pratique d'un travail qui commande la sympathie par l'ampleur de ses proportions et la sincérité de l'effort. L'histoire de la colonisation forme la seconde partie de l'ouvrage : elle remplit deux loris volumes. Après une esquisse assez sommaire, non à l'abri de toute critique, de la colonisation dans l'antiquité et au moyen âge, railleur passe successivement en revue les entreprises coloniales exécutées depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours par le Portugal, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Angle- terre, la France, la Russie, l'Allemagne, l'Italie. L'avant- dernier chapitre traite de la question coloniale en Bel- gique et le dernier formule les conclusions finales, Le champ d'exploration est vaste : pour s'y mouvoir avec succès, il faudrait une érudition peu commune, une initiation profonde à nombre de questions politiques et sociales de la nature la plus complexe. Malgré tout le désir que j'éprouve de rendre hommage à l'application de l'auteur, à la somme considérable de labeur qu'il a accomplie, je ne saurais émettre l'opinion qu'il ail réussi dans sa lourde tache. La plupart de ses chapitres sont des résumés rapides, ne sortant pas des généralités, soule- vant au passage bien des objections sous le rapport de l'exactitude historique. II convient de faire une exception pour l'exposé de l'œuvre coloniale des Pays-Bas. surtout ( 636 ) dans la période contemporaine : î * - i l'on sent une prépa- ration spéciale et la connaissance directe des sources. Le tableau est plein d'intérêt : la question des cultures for- cées est traitée avec maturité et l'analyse de la réforme entreprise et poursuivie avec persévérance sur ce terrain donne une haute idée de l'administration néerlandaise et de l'esprit colonisateur de la nation. Il s'en faut malheureusement que les chapitres consa- crés aux entreprises coloniales des autres peuples soient trains avec cette compétence. En général, l'historien n'est pas à la hauteur de l'économiste. Les sévères méthodes de la critique historique ne lui semblent pas familières. Les bibliographies qui précèdent les diverses parties de l'ouvrage accusent un singulier mélange d'ouvrages d'une valeur fort inégale; elles retardent trop souvent sur l'état de la science et il n'est pas rare d'y voir omettre l'œuvre capitale sur la matière. Une source largement utilisée, ce sont les articles de revues : elle n'est pas toujours sûre. Dans une œuvre aussi étendue, d'un caractère presque encyclopédique, on s'étonne que l'expérience coloniale qui se poursuit depuis 1885 sous le nom de l'Etat Indé- pendant du Congo n'ait pas fait l'objet d'une étude spé- ciale : ii peine en est-il fait quelques mentions rapides. Cette abstention s'explique d'autant moins qu'elle ne saurait être attribuée à un sentiment d'hostilité. L'exposé de l'activité coloniale des Belges aux diverses époques de leur histoire est à peine esquissé. Sans même sortir de ce siècle, les tentatives dans cette voie ne furent pas rares. La dernière en date n'est autre que le projet de reprise de l'État du Congo, qui fit l'objet du traité du 9 janvier 1895. Il semble que cette transaction tant dis- ( 637 ) eutée et si peu comprise eût pu fournir à l'auteur l'occa- sion de terminer sur le terrain national sa revue des entreprises coloniales des peuples européens. Ce n'est pas sans quelque regret que j'arrive à la con- clusion de cet examen. La (liasse se trouve en présence d'une œuvre dont les proportions dépassent le cadre habituel des travaux qui lui sont soumis. L'effort est grand et sérieux: il témoigne d'un zèle soutenu, inspiré d'idées justes et vraies, dirigé vers un but élevé, digne de toute approbation ; mais cet effort s'est trouvé dispro- portionné aux moyens d'exécution. Est-ce le temps qui ;i l'ait défaut? On peut le supposer, ne fût-ce qu'en con- statant l'état rudimentaire de la forme, qui réclame une revision attentive. De nombreux indices dénoncent un travail hâtif, dominé sans doute par la préoccupation d'aboutir à un délai fatal, manifestement trop court pour remplir un aussi vaste programme. Dans les conditions actuelles, le livre qui nous est soumis ne peut être consi- déré comme une œuvre de science, parce qu'il ne satisfait pas pleinement aux exigences d'une critique rigoureuse. et il n'est pas davantage une œuvre de vulgarisation, parce que celle-ci commande des vues mieux arrêtées, des lignes plus précises. Cependant plusieurs de ses par- ties sont traitées avec un réel talent et partout se révèle un labeur persévérant avec une intelligence peu commune des aspects multiples du problème colonial. Quoi de plus légitime dès lors que de permettre au concurrent de remettre son ouvrage sur le métier, de lui donner le temps nécessaire pour mûrir sa pensée, étendre et appro- fondir ses recherches? En décidant, dès à présent, de maintenir la question de la colonisation au concours, la Classe garderait la confiance de recevoir dans quelques ( 638 ) années une œuvre qu'elle pourrait couronner en toute sécurité et qui assignerait à son auteur un rang en rap- port avec son incontestable mérite. » J<</<<>» I il,- in. If cheraléff Op«rnmp«, /»•«#»'»»»•*»«»• <(><><><< ls»a if *■ « Après les rapports étendus de mes honorés confrères, MM. Denis et Banning, ma tâche est simplifiée et je puis me borner à formuler brièvement mon opinion concer- nant le mémoire qui nous est soumis. Je me rallie à l'opinion de M. Banning. Je ne le fais pas sans hésitation et sans un vif regret, car des efforts comme ceux qu'atteste le mémoire semblent mériter une récompense immédiate. Malgré les défauts de méthode et les inégalités qui existent entre les diverses parties de cet ouvrage, malgré les négligences de forme relevées par mes honorés confrères, il y a dans ce travail une .étude consciencieuse et remarquable du problème colonial sous ses multiples aspects. Aussi ai-je la confiance que le délai nouveau éventuellement accordé par l'Académie aura pour conséquence, non de décourager l'auteur très méritant du mémoire, mais de lui permettre, en profitant des cri- tiques dont son ouvrage a été l'objet, de nous présenter une œuvre de nature à taire honneur, de tous points, ii notre littérature nationale. » La (liasse, adoptant les propositions de ses commis- saires, n'a pas décerné le prix proposé. La question sera remise au concours pour 1899. ( 659 ) PRIX PERPÉTUELS. V r i v Joseph G à n t r e l le. Philologie classique. (Troisième période : 1895-1896.) PREMIÈRE QUESTION. Préparer une édition critique des « Vies des douze Césars », par Suétone. « Je ne cacherai pas à l'Académie que j'ai éprouvé une vive satisfaction en examinant le mémoire qui porte pour épigraphe : Ne quid nimis, el qui répond à la question : Préparer une édition critique des « Vies des douze Césars ». par Suétone. Dès la première lecture, je me suis senti en présence d'une œuvre véritablement scientifique, et une étude plus approfondie n'a fait que confirmer cette impression. Le sujet proposé était singulièrement difficile. Les manuscrits de Suétone sont nombreux, et ils ne sont (je parle même des meilleurs) qu'imparfaitement connus. Quels sont ceux qu'il faut choisir pour guides et comment convient-il de les classer? Roth et G. Becker ont assuré- ment contribué à élucider ce problème compliqué, mais ils sont loin de l'avoir complètement résolu et, sur plu- ( 640 ; sieurs points, leurs conclusions sonl erronées ou contes- tables : il n'en pouvait être autrement, car ils n'avaient pas suffisamment étendu leur enquête. Après le choix des manuscrits vient le choix des leçons, opération délicate, qui dépend sans doute de la première, mais qui en est distincte; il ne s'agit pas, en effet, de suivre aveuglément tel manuscrit ou telle famille de ma- nuscrits : les témoignages doivent être à chaque instant comparés et pesés; or les cas embarrassants ne sont pas rares dans Suétone. Enfin le texte des Vies des douze Césars est corrompu en maint endroit et ne peut être rétabli que par con- jecture. Ce n'était pas une tâche aisée que de réunir les corrections qui ont été proposées non seulement dans les anciennes éditions, les commentaires, les Adversaria, etc., mais encore dans les journaux savants, les dissertations spéciales, les livres d'histoire et les trai- tés d'antiquités; de discerner celles qui méritent d'être introduites dans le texte d'avec celles qui ne sont que vraisemblables ou propres à en suggérer de meilleures, et d'apporter à la restitution des passages altérés sa contri- bution personnelle. L'auteur du mémoire a abordé franchement toutes ces ditïicultés et il n'a pas épargné sa peine pour satisfaire à toutes les conditions qu'on exige aujourd'hui d'une bonne édition critique. Il a commencé naturellement par se rendre compte de l'état des sources. Dans son Introduction, il nous signale 1Ô7 manuscrits de Suétone. Il a vu lui-même tous ceux de Paris, de Londres, de Florence, de Rome, de Naples, de Venise, de Milan, de Berne, de Soissons, de Montpel- lier, de Leyde et de Harlem; pour les autres (du moins v 641 ) pour ceux qui lui paraissaient présenter quelque intérêtjr, il s'est procuré les renseignements nécessaires en s'adres- sant à des personnes compétentes. Les manuscrits les plus importants ont été collationnés en entier (4) et, ce semble, avec beaucoup de soin. Une t'ois en possession de ces riches matériaux, l'au- teur s'est appliqué à établir la généalogie des manuscrits. Sa classification diiîère sensiblement de celles de Roth et de G. Becker. Il divise tous les manuscrits de Suétone en deux grandes classes, qu'il désigne par X et par /. Dans la première, qui est aussi la meilleure, il place le M( minianus (A), dont la primauté est incontestable, le Valkanus 1904 (B), le Gudianus 268 (C), le Parisinus 5804 (D) et l'archétype, aujourd'hui perdu (x'), d'un groupe formé par le Mediceus tertius ou Laurenrianus (>8,7 (a), le Parisinus 5801 (b), le Mediceus primus ou Laurentianus 66,39 (c) avec son descendant le Bemensis 104 (d), et le Montepessulanus (f). B et x' semblent déri- ver d'un même manuscrit perdu (x), frère de A. La seconde classe comprend quatre manuscrits principaux : le Londinensis Regius 15 C 111 (a), le Parisinus 6146 (js), le Parisinus 5802 (y) et le Suessionensis (-), ainsi qu'un certain nombre de manuscrits de moindre valeur. Quant à la tourbe des détériores (quelques manuscrits du XIVe siècle et tous ceux du XVe), l'auteur l'écarté résolument comme dépourvue de toute autorité. Je n'oserais affirmer que cette classification est irréprochable et définitive; mais en tout cas elle me semble bien plus près de la (t) Pour le Gudianus, l'auteur, n'ayant |>u le consulter, a dû se contenter d'une collation qui se trouve à la bibliothèque de Gôttingue. 3",e SÉRIE, TOME XXXlll. i2 ( 642 ) vérité que celles île Hoth et de G. Becker, et elle marque un progrès considérable dans la critique de Suétone. Ajou- tons que l'auteur a redressé en passant plus d'une erreur de ses devanciers et qu'il a réussi à identifier bon nom- bre de manuscrits qui avaient servi à divers savants et dont on ne connaissait pas exactement le caractère et la valeur. Dans la constitution du texte, il a procédé avec tact cl avec prudence. Il a pris pour base le Memmianus ; mais, sans verser dans un éclectisme arbitraire, et appliquant une saine méthode, il n'a pas hésité à adopter de bonnes leçons que lui fournissaient les autres manuscrits, et dont une partie était ignorée jusqu'ici. Pour les conjectures, il s'est montré très réservé et n'a admis que les plus cer- taines; il n'en a lui-même hasardé qu'une ou deux. L'apparat critique est fort bien rédigé ; je n'en saurais assez louer la clarté et la sobriété. Les variantes inutiles ont été laissées de côté; en revanche, les indications pré- cieuses y abondent. Les conjectures des savants sont séparées des leçons des manuscrits; celte disposition permet de mesurer le chemin parcouru depuis que les efforts de la critique se sont portés sur Suétone. Le concurrent, avec une franchise qui l'honore, déclare qu'il n'a pas eu le temps de mettre la dernière main a son travail. Son Introduction est, en effet, écourtée; il n'a pu développer toutes ses idées ni donner toutes les preu- ves à l'appui de ses assertions; il a été obligé de suspen- dre son jugement sur des questions de détail, sur des passages controversés; je pourrais aussi relever ça et là de légères inadvertances. Mais les résultats auxquels il est parvenu dans le trop court délai qui lui a été accordé sont un sûr garant qu'il sera bientôt à même de livrer à ( M5 ) la publicité son ouvrage entièrement achevé ci amélioré par une révision attentive, et je ne doute pas que cotte édition, préparée avec tant de zèle, d'intelligence et de méthode, ne tasse honneur à la science belge. Pour ces considérations, j'estime que le mémoire por- tant pour épigraphe Nequid m'mis est digne du prix. » ttappoi't tin .Vf. f*a II illtttti, ilt-ux irnif rAHiiiiiunirr. « Notre savant confrère, M. Thomas, a exposé les mérites du mémoire envoyé en réponse à la question : Préparer une édition critique des « Vies des douze Césars », par Suétone. Il a mis parfaitement en lumière le labeur immense, souvent aride, que le concurrent s'est imposé, et il a fait ressortir les résultats acquis : une connaissance plus approfondie de l'histoire et du texte de nombreux manu- scrits, une classification plus exacte de ces manuscrits, et partant une base plus certaine pour la constitution du texte de Suétone: enfin, la rédaction d'un apparat critique perpétuel et complet, rédigé avec soin et confor- mément au système du concurrent sur la valeur relative des manuscrits. Toute cette partie mérite les grands éloges que notre honoré confrère lui décerne. Mais il restait une seconde partie, où l'auteur avait spécialement l'occasion de faire preuve de ses aptitudes critiques. C'est la constitution du texte. Je suis porté à croire que le défaut de temps aura empêché l'auteur de mettre la dernière main à cette partie. En effet, je ( 044 ) remarque que le texte qui nous est proposé est celui de Roth, modifié seulement dans une cinquantaine de pas- sages, et encore ces modilications portent souvent sur d'anciennes corrections ou conjectures reprises, ou par- fois sur des détails d'orthographe. Les corrections diplo- matiques introduites dans le texte sont peu nombreuses, et, à quelques exceptions près, d'une importance secon- daire. J'en conclus que, ou bien l'édition de Roth était quasi parfaite, ce qui écarterait la nécessité d'une, édi- tion critique nouvelle, ou bien les résultats pratiques obtenus par le concurrent ne sont pas en rapport avec la somme de travail préparatoire fournie. C'est ce qui me porte à croire, et d'ailleurs l'auteur en convient, que le concurrent n'a pas eu le temps de mûrir la constitution définitive du texte. Bref, comme M. Thomas, je suis d'avis que l'énorme travail fourni, de même que les résultats déjà acquis, méritent la récompense du prix, mais que si l'édition de Suétone était imprimée aux frais de l'Académie, le travail devrait être revisé, et après revision, être soumis à nou- veau à la Classe. » lln/t/Hit'l dtf 11. I «//«/» «»// lf«i»iètne rouiuii'nah'e. « Je n'hésite pas à me rallier aux conclusions de mes savants confrères, MM. Thomas et P. Willems. Le concurrent n'a pas présenté, il est vrai, à l'Acadé- mie, une édition nouvelle de Suétone : nous ne pouvons pas même juger par son mémoire s'il possède les quali- tés d'esprit très spéciales, indispensables pour bien accomplir une tâche si difficile. Cependant, son travail, ( 613 ) qu'il nous es! évidemment impossible d< contrôler dans tous ses détails, mais qui nous semble être fait avec beau- coup de soin, mérite sans doute d'être considéré comme une bonne préparation d'une édition de Suétone. L'apparat critique est très bien rédigé. Le concurrent a répondu sous ce rapport au vœu de l'Académie, et je propose donc de lui décerner le prix. » La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a décerné le prix proposé (3,000 francs) à l'auteur de ce travail, M. L. Preud'honime, à Gand. DEUXIÈME QUESTION. Étude sur l'art oratoire, la langue et le style (THypéride. /{»;>//<>t« tfr M. l'ollgtutff, f(t'«>uii>>' eommiaiaire. « La Classe des lettres a reçu, en réponse à cette ques- tion, deux mémoires d'étendue et de valeur très di île- rentes. Le n° t porte pour devise : "A OettIv â'^avT|, âvàvxr, -où; owàffxovTaç TcXf/VpW'.Ç XX'. ~o~.q H y péri de (frag. 195 Blass) et se compose de 105 pages; le n" 2 porte la devise : Ense et calamo et ne se compose que de 61 pages. Le second travail, fort mal rédigé et fort incomplet, ne saurait en aucune façon être considéré comme répondant au vœu de l'Académie. ( 646 ) L'auteur, très faible helléniste et qui semble ignorer jusqu'à l'accentuation du grec, ne s'est occupé ni de l'art oratoire ni du style de l'orateur. 11 se borne à nous entretenir de la langue d'Hypéride ou plutôt à présenter une série d'observations grammaticales incohérentes et en grande partie inexactes sur : a) lés prépositions et leurs régimes; b) l'emploi des cas et des temps. En ce qui concerne sa méthode, il la caractérise eu ces termes : « Lorsqu'il nous paraîtra que la langue de notre auteur n'est autre que la langue classique ou usuelle, nous nous bornerons à l'indiquer d'un mot, en ayantsoin, toutefois, même en ce cas, de citer, empruntés aux prin- cipaux auteurs grecs, quelques exemples bien choisis de l'explication (?) dont il s'agit. » Je suis convaincu que mes collègues estimeront que ce travail partiel ne peut, à aucun point de vue, prétendre à l'obtention du prix. Le premier mémoire, au contraire, contient un examen complet et bien coordonné. Après une introduction générale sur la vie et les dis- cours d'Hypéride, l'auteurétudie successivement, et d'une façon détaillée, les traits caractéristiques de son énergi- que et touchante éloquence dans l'admirable arrangement de ses discours ; dans son pathétique plein d'esprit qu'anime et colore presque toujours le mouvement d'une imagination vive et ingénieuse; dans ses mœurs oratoires et dans son invention. Partout l'auteur observe une louable exactitude dans les nombreuses citations des textes et des travaux philo- logiques anciens et modernes qu'il a consultés, et nous montre, par des exemples généralement bien choisis. ( 647 ) dans les différentes parties de l'éloquence d'Hypéride, tonte cette simplicité, cette souplesse et cette vigueur que lui reconnaissait Denys d'Halicarnasse. Avec le même soin, il examine ensuite, dans deux longs chapitres, les particularités de la langue et du style. k En somme, lisons-nous dans sa conclusion, le style d'Hypéride est clair et naturel. Soignant particulière- ment le fond de ses discours et sans trop se soucier de la forme, il réalise, connue écrivain, la pensée de Boileau, Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement. » On peut dire que l'auteur de ce mémoire mérite lui- même, dans une certaine mesure, cet éloge. Sans doute, il ne serait pas bien difficile de faire quel- ques observations et quelques critiques de détail. Parfois l'auteur, épris de son sujet, découvre des ligures et des beautés littéraires jusque dans les fragments les plus arides et les plus insignifiants. Non rarement le lecteur attentif est péniblement surpris par quelque grave faute d'accentuation comme fioùX/j, fera;, xaO(tftcifr fon*n*i**aéf« , « Mes savants confrères proposent d'écarter le mémoire n° 2 et d'accorder le prix au mémoire n° 1. Sur le pre- mier point, je suis entièrement d'accord avec eux ; sur le second, j'aurais quelques observations à présenter. Le mémoire n° 1 est mal écrit : les incorrections gram- maticales, les expressions impropres, les tournures lourdes et négligées, y abondent. Choquant en tout genre d'ouvrage, ce défaut est particulièrement grave dans une étude littéraire, et je ne puis approuver qu'on analyse en mauvais style les beautés d'un orateur attique. ( 651 ) De plus, il conviendrait de supprimer certaines ré- flexions un peu naïves et certaines répétitions vraiment intolérables. Enfln, le sujet ne me parait pas épuisé; la partie grammaticale notamment est, comme l'a remarqué M. P. Willems, excessivement maigre. Toutefois, comme ce mémoire a des qualités sérieuses, je me rallierai à l'avis des deux premiers commissaires ; seulement, j'engagerai l'auteur à revoir très attentive- ment son travail avant de le livrer à la publicité. » La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a décerné le prix proposé (3,000 francs) à l'auteur du travail n° 1, M. Simon Kayser, professeur au Collège communal de Nivelles. ELECTIONS. La Classe procède à ses élections annuelles; les résul- tats seront proclamés dans la séance publique du 12 mai. M. Alph. Wauters est réélu délégué de la Classe auprès de la Commission administrative pour l'exer- cice 1897-1898. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. Conformément à l'article 15 du règlement de la Classe, MM. le comte Goblet d'Alviella et Ad. Prins soumettent leurs communications pour la séance publique. ( 652 ) Cll«4««i; DES LETTRES. Séance publique du 12 mai 1897. M. le comte Goblet cI'Alviella, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Edmond Marchai, , secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. S. Bormans, Ch. Potvin, Ch. Loo- mans, G. Tiberghien, L. Vanderkindere, Ad. Prins, ,l. Vuylsteke, Ém. Banning, A. Giron, le baron J. de ChestretdeHaneffe, Paul Fredericq, God. Kurth, Mesdach de ter Kiele, G. Monchamp, membres; Alph. Rivier, J.-C. Vollgraff, associés; C. De Smedt, Alph. Willems et Jules Leclercq, correspondants. Assistent à la séance : Classe des sciences. — MM. Éd. Dupont, vice-directeur; G. Dewalque, E. Candèze. Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briarl, Fr. Crépin, J. de Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry, P. De Heen, C. Le Paige, J. Deruyts, Léon Fredericq, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; L. Errera, correspon- dant. Classe i>ks beauv-auts. -- MM. Charles Tardieu, vice- directeur; Éd. Fétis, F. -A. Gevaert, Ad. Samuel, Th. Radoux, Joseph .laquet, J. Demannez, P.-J. Clays, ( 653 (.. De Groot, Gustave Biot, Joseph Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, G. Huberti, A. Hennebicq, Ed. Van Even, AU'. Cluysenaar, J. Winderset IL Maquet, membres. A *2 heures, M. le comte Goblet d'Alviella ouvre la séance et prononce le discours d'usage; il a pour titre : Les (hecs dans l'Inde, essai de résiliation historique. L'Inde antérieure aux invasions musulmanes nous a longtemps étonnés par le contraste entre l'éclat de sa cul- ture et l'obscurité de son histoire. A n'en juger que par les indications éparses dans l'énorme masse des documents indigènes, on ne se douterait guère que le grec est resté, pendant plusieurs siècles, la langue officielle dans tout le nord-ouest de la péninsule, et que des souverains helléniques s'y sont transmis, pendant de nombreuses générations, un empire dont Strabon a pu «lire à un moment donné : « Il finit par posséder plus de sujets et de tributaires que n'en a compté Alexandre (1). » L'est que les Indiens ont toujours voulu envisager les laits historiques comme des incidents secondaires de leur vie sociale et religieuse, tout au plus propres à fournir des exemples grammaticaux, des titres généalogiques ou des thèmes édiliants. Ajoutez que, pour cette race éprise de son isolement et convaincue de sa supériorité, les Grecs, les Yavanas, n'ont jamais été que des étrangers, des barbares, des infidèles, des agités, — des sans-caste, (i) Sthabon, Géographie, liv. M, chap. XI, !, ( 654 ) ce qui, daii6 la société hindoue, est le dernier terme de la dégradation. D'autre part, les Grecs de l'Inde furent bientôt coupés du monde hellénique par toute l'épaisseur de l'empire parthe. et, pendant longtemps, leurs destinées ne nous ont été connues que grâce à quelques allusions brèves et isolées des auteurs classiques, comme Justin, Plutarque et Strabon. Cependant, l'Inde n'a pu se dérober aux entreprises des sciences historiques, qui ont renouvelé de nos jours la connaissance de l'Orient. Une investigation plus com- plète et une interprétation plus rigoureuse des documents indigènes ont conduit à d'ingénieux rapprochements avec les informations contenues non seulement dans les histo- riens et les géographes classiques, mais encore dans les voyageurs et les annalistes chinois. L'archéologie, l'épi- graphie, la numismatique, mettant à profit les matériaux amassés par des explorations de plus en plus fécondes, ont apporté à leur tour des renseignements qui ont contrôlé et, sur bien des points, complété les décou- vertes de la critique littéraire. On ne s'est plus contenté d'approfondir l'histoire de la domination hellénique au sud de l'Hindou-Koush ; on a cherché à déterminer la part des influences classiques dans le développement artis- tique, littéraire, voire social et religieux, de cette civili- sation indienne, qui a passé, jusqu'à nos jours, pour ne rien devoir à personne et où même, à plus d'une reprise, des esprits enthousiastes ont cherché les origines pre- mières de notre propre culture. Parmi les indianistes qui ont le plus contribué à l'élu- cidation de ces problèmes, nous devons mentionner en premier lieu Lassen, qui, dans son Indische Alterthums- ( 655 ) kunde, publié il y a un demi-siècle, avait rassemblé et commenté, avec autant de sagacité que d'érudition, tous les textes de la littérature classique relatifs à l'Inde. De son côté, M. Albrechl Weber s'est attaché, dans de nombreux et brillants travaux qui couvrent un espace de près de (in- cluante ans, ii rechercher, dans les productions littéraires de l'Inde, tous les indices qui dénotent une inspiration hellénique fl). S'adressant aux mêmes sources que l'émi- nent indianiste allemand, un jeune savant français, actuellement professeur au Collège de France, M. Syl- vain Lévy, a réuni en î8«»0, dans une thèse latine : Quid de Grœcis veterum Indorum monumenta tradiderint, les passages relatifs aux Grecs, qui se rencontrent dans les traités et les monuments de l'Inde antique. En même temps, un membre de l'Institut, M. Emile Sénart, tirait de la savante critique à laquelle il a soumis les plus anciennes inscriptions sanscrites, des jalons précieux pour l'histoire et la chronologie de la période qui nous occupe (2). En Angleterre, les deux principaux représentants de l'archéologie anglo-indienne, James Fergusson et le général Cunningham, ont consacré une partie de leur longue et fructueuse carrière à démêler la part qui revient aux influences classiques dans les plus anciens monuments de l'Inde. Ces recherches, qui ont reçu, en 1870, une impulsion décisive grâce aux belles découvertes archéolo- (1) Voir notamment son mémoire : Die Gricchcn in India, dans les Siteungsberichte dcr Kôniglich Preussischen Akademie der Wissen- schaften. Berlin, 1890, pp. 901 et suiv. (2) Notes d'épigraphie indienne, dans le tome XV, 8e série, du Journal asiatique, pp. 139 et ?niv. l'ari?. 1890. ( 656 ) giques réalisées par le Dr Leitner parmi les ruines boud- dhiques du Gandhâra, ont été poursuivies par toute une pléiade d'archéologues et d'explorateurs qui ont publié leurs travaux dans YIndian Antiquary, VArchœological Survey of India, les journaux des Sociétés asiatiques de Londres et de Calcutta, etc. Parmi ces travaux, je me bornerai à recommander, comme une des meilleures vues d'ensemble, le mémoire de M. Vincent A. Smith, Grœco- Roman Influence on the Civilization of India (1). Nous ne devons pas non plus oublier l'ouvrage de M. Percy A. Gardner, qui, sous le modeste titre de Catalogue of Indian Coins in the British Muséum, Greek and Sçythic Kings (2), est devenu le manuel indispensable de tous ceux qui désirent approfondir l'histoire de la domination grecque dans l'Inde du nord-ouest. Enfin, je mentionnerai un autre catalogue encore, le petit volume qui a paru dans les publications du Musée royal de Berlin, liuddislischc Kunst in Indien, où M. A. (irunwedel a reproduit, avec de judicieux commentaires, les principaux chefs-d'œuvre de la sculpture gréco-bouddhique (5). Les premiers Indiens qui se trouvèrent en contact avec la Grèce furent peut-être les mercenaires appartenant aux contingents de l'Inde et du Gandhâra, que Xerxès avait incorporés dans son armée d'invasion sous les (1) Journal of the Asiatic Society ofBengal. Calcutta, t. LVII, part. I (1889), et t. LXI, part. I (1892). (2) Un vol. in-8°. Londres, 1886. (S) Un vol. in-12 de 178 pages, avec 77 figures. Berlin, 1893. ( 657) ordres de Mardonius (i). Mais les vaincus de IMatée, s'ils revirent leur pays d'origine, ne durent guère y rapporter qu'une vague description de la civilisation hellénique, peut-être avec quelques légendes transmises de seconde main. Même l'expédition d'Alexandre n'exerça aucune action durable sur les populations établies à l'est de l'Indus. Son seul résultat immédiat fut de rattacher au monde hellénique les provinces méridionales de la Bactriane, c'est-à-dire l'Afghanistan et le Bélouchislan actuels, qui, depuis près de deux siècles, gravitaient dans l'orbite de la monarchie perse. On a retrouvé dans Pânini le nom d'Ambhi, rajah de Takshaçilà (Taxila), qui fut le premier allié d'Alexandre sur le sol indien (2), et l'on possède des monnaies émises parSaubhouti (Sophylès), un autre prince qui joue un rôle dans l'histoire de l'expédition (5). Cependant, le nom même d'Alexandre n'est mentionné dans aucun ouvrage de l'Inde antique (4). Nul vestige n'a survécu des douze autels de pierre qu'il éleva sur les bords de l'Hyphase,non plus que des deux villes qu'il passe pour avoir fondées sur l'Indus : Nicée et Bucéphalie (5). Quant aux alliés qu'il (1) Hérodote, Histoire, Vil, 65 et 66. (2) S. Lévy, dans le Journal asiatique (le Paris, mars-avril 1890. (3) Percy Gardner, Greek and Sajtltic Kings, pi. 1, n" 3. (4) M. Weber a essayé de mettre le nom d'Alexandre en rapport avec celui du dieu de la guerre, Skanda (Die Griechen in India, pp. 903-903 . Mais l'hypothèse est péremptoirement écartée par la plupart des indianistes. (5j[ Ce n'est pas qu'on ne trouve aujourd'hui dans le Penjab des traditions se rapportant à Alexandre Un artiste anglais qui a parcouru plusieurs fois le pays, M. W. Simpson, rapporte que les ruines boud- 3me SÉRIE, TOME XXXIII. 4*> ( 058 ) laissa au pays des Sept-Rivières, ils ne tardèrent pas à payer de leur trône l'appui qu'ils avaient prêté à l'étran- ger (1). Porus lui-même périt assassiné, entre 521 et 325, dans la satrapie qu'il gouvernait sur l'Indus intérieur (2). A cette époque dominait, dans la vallée du Gange, le dernier souverain de la dynastie Nanda, Xandramès, dont Alexandre avait songé un moment à envahir les États. Un sujet rebelle du prince indien s'était présenté au camp macédonien ; dédaigneusement écarté, peut-être même menacé de mort par Alexandre, il chercha son salut dans la fuite, groupa autour de lui les tribus du Penjab et, ayant détrôné Xandramès dans sa capitale de Pâtalipou- tra (la moderne Patna), étendit son autorité sur tout le nord de l'Inde (5). C'était Tchandragoupta, dont l'identi- fication avec le Sandracottos des historiens classiques, établie il y a un peu plus d'un siècle par Sir William Jones, a été le premier point de repère dans les horizons fuyants de l'histoire de l'Inde antique. Le fondateur de la dynastie des Mauryas ne tarda pas dliiques de Manikyala étaient communément appelées la tombe de Bucéphale et qu'il n'est pas un bosquet de dattiers qui ne soit donné pour un ancien camp d'Alexandre; les Pcnjabis affirment que les arbres sont issus des noyaux de dattes jetés par les soldats grecs (Journal of the Royal Institule of Architects, p. 101. Londres, 1894). Mais lien ne prouve que ces légendes ne soient pas d'origine rela- tivement récente. Les Anglais et, avant eux, les Musulmans ont du trop souvent parler aux Penjabis du passage d'Alexandre dans le pays des Sept-Rivières pour que les indigènes n'aient pas fini par en localiser au hasard les épisodes traditionnels. (1) Justin, liv. XV, 4. (2) Von Gldschmid, au mot Persia, dans le t. XVIII de YEncycbpœdia britannica. 0_uant a Sopliytès, sa capitale était tombée, vers la même époque, entre les mains des Mauryas. (3) Justin, liv. XV, 4. ( 659 ) à entrer en collision avec le lieutenant d'Alexandre à qui l'Asie était échue en partage, Séleucus Nicator. Celui-ci dut s'estimer heureux d'acheter la paix en concluant avec Tchandragoupta une alliance matrimoniale et en lui cédant les provinces situées au sud de l'Hindou-Koush, la Paropamisade, l'Arachosie et la Gédrosie, qui, depuis le passage d'Alexandre, avaient reçu plusieurs colonies grecques (1). C'est à l'occasion ou à la suite de ces négo- ciations que Séleucus envoya, entre 511 et 302, à la cour de Pàtalipoutra, son secrétaire Mégasthène, dont les curieux mémoires fournirent pour longtemps la matière première aux descriptions de l'Inde dans les écrivains classiques. Nous ignorons ce que devinrent, sous la domination des Mauryas, les établissements helléniques de la Paropami- sade et de l'Arachosie. L'histoire rapporte que les succes- seurs de Tchandragoupta renouvelèrent leur alliance avec les Séleucides. Quelques années plus tard, la Perse et la Bactriane, ayant secoué le joug d'Antiocbus II, se consti- tuaient en États indépendants, la première sous le Parthe Arsacès, la seconde sous le Grec Diodote. Le fils de ce dernier, Diodote II, fut renversé par un Magnésien, Euthydême, qui fit adroitement reconnaître son indépen- dance, vers 208, par Antiochus le Grand, et lui fournit, en échange, des secours pour envahir l'Inde (2). Antiochus étant rentré en Syrie après avoir repris aux Mauryas le pays de Caboul et sans doute une partie du Penjab, Euthydême garda ces conquêtes pour son propre (1) Sir Alexandre Cinwixgham, Ancient Geography of ludia, t. I, 1871. — Il semble que Darius avait déjà déporté des Grecs en Bac- triane. (2j Poi.ybe, Histoire, X et XI, 34. ( 6G0 ) compte (1), si bien que, sous son fils Démélrius (peut-être le Dattâmilra du Mahâbhârata), l'empire bactrien s'éten- dait de la Tartarie chinoise au golfe de Cambaye et du Khorassan au bassin du Gange. — Une conséquence de cette extension fut la création de monnaies bilingues qui, à partir de Démélrius, mettent pour ainsi dire sur un pied d'égalité les langues de la Grèce et de l'Inde (2). Fie. t. Démélrius coiffé d'une tête d'éléphant. (D'après une monnaie reproduite par M. Percy Gardner, pi. 11, 9.) Entre 181 et 171, Démétrius, à son tour, fut détrône par un de ses généraux, Eucratide, qui était peut-être de sang royal par sa mère (5). Suivant Justin, Eucratide sou- leva la Bactriane pendant que Démétrius faisait une expédition dans l'Inde. Le roi revint en toute hâte, mais malgré la supériorité numérique de ses forces, il fut vaincu par une habile manœuvre de son rival (4). Le règne (1) La ville de Çàgala dans le Penjab reçut le nom d'Euthydêmia. (2) Percy Gardner. Greek and Scythic Kings of India, pp. xxv et un. (3) On trouve au revers d'une pièce d'Eucratide les portraits géminés de son père, Hélioclès, et de sa mère, Laodice. Mais cette dernière porte seule le diadème. (Percy Gardner, op. cit., pi. VI, fig. 9 et 10.) (4) Justin, liv. XLI, 6. ( «61 ) d'Eucratide eut de brillants débuts, mais la lin en lut mar- quée par des revers qui s'accentuèrent sous son fils, le parricide Hélioclès (155-120). La Bactrianese trouva, dans l'ouest, aux prises avec Mithridate Ie', roi des Parthes, qui lui enleva deux de ses satrapies (1), et dans l'est avec Pouchpamitra, le successeur des Mauryas, qui, vers 150, infligea aux Grecs une sanglante défaite sur les bords de Pïndus inférieur (2). Enfin, entre 150 et 128, une peu- plade descendue de l'Asie centrale, les Yueh-tcbi, pressés par les Huns, envahirent la Bactriane, prirent sa capitale Bactres, et refoulèrent les Grecs au sud de l'Hindou- Koush (3). Ainsi réduite à ses possessions de l'Inde, la domination grecque se prolongea pendant près d'un siècle. Elle est représentée dans le monnayage par vingt rois et deux reines, dont l'ordre chronologique est assez incertain. On suppose que certains d'entre eux exercèrent parallèle- ment le pouvoir dans différentes parties de la région. Deux de ces princes seulement, Apollodotos et Menander, nous sont connus par d'autres sources que les monnaies. Apollodotos est l'équivalent grec du sanscrit Bhagadatta, le puissant roi des Yavanas, que le Mahabhàrata présente successivement comme l'adversaire malheureux et l'allié iidèle du légendaire Arjouna, dans la lutte des Pàndavas (1) Strabon, liv. XI, chap. XI, § 2. (2) Telle est, du moins, la tradition indienne rapportée par Kâlidasa. (Voy. S. Lévy, Quid de Grœcis, p. 15.; (3) La date est précisée par des documents chinois. {Journal asia tique de Paris, t. II de la 8e série, p. 348.) ( 662 ) contre les Kauravas. Quanta Ménandre, dont les exploits et les vertus ont été célébrés à la fois par des écrivains classiques et des auteurs indiens, non seulement il réunit entre ses mains toutes les anciennes possessions de la Bactriane au sud de I'Hindou-Koush, mais encore il étendit son empire jusqu'au cours moyen du Gange et aux bouches de la Nerboudda, peut-être jusqu'au Konkan et à l'Orissa (1). C'est sans doute à ces conquêtes que se rapporte la prédiction de la Gârgî-Samhitâ, que : sous le règne de Çâliçouka, les Yavanas s'empareront de Çaketa (Oude), du Pancâla, de Malbourà et même de Pâtalipoutra, « bouleversant toutes les provinces et établissant une » religion odieuse ». L'auteur du traité ajoute que, néanmoins, leur conquête sera éphémère : « Ivres de > carnage, ils se livreront entre eux, sur leur propre ter- » ritoire, des combats cruels et horribles; après quoi, » sur les ruines de leur domination, sept rois régneront -> simultanément (2). » N'est-ce pas là une allusion à l'anarchie qui dut suivie de près la mort de Ménandre et qui coïncida avec le progrès des envahisseurs étrangers? Au cours du der- (1) Strabon XI, 11, 1) rapporte que Ménandre franchit l'Hypanis (le Sutlej) et pénétra jusqu'à l'Isamos [probablement la Jumna]. De son côté, l'auteur anonyme du Périple de la mer Erythrée [ch. XLVII, éd. Didot) mentionne que les drachmes d'Apollodote et de Ménandre circulaient encore de son temps au port de Barygaza, la moderne Barouch, au sud du Goujerat. Ces assertions sont confirmées par la constatation de M. Percy Gardner, que des monnaies de Ménandre sont encore continuellement trouvées de nos jours dans toute la région comprise entre Caboul, Jellalabad, Peshawar, Mathourâ et Rampour. (Greek and Sr.ythic Kitiys of India, p. xxxvn.) (2) S. Lévy, Quid de Grœcis, p. 17. ( 063 ) nier siècle avant notre ère, nous trouvons le nord-est de l'Inde partagé entre de nombreux souverains, les uns d'origine grecque, Epander, Strato, Agathocleia, Dio- mède, Archebios, Zoïlos, Dionysios, Antimachos, Philo- xenos, Amyntas; d'autres portant des noms parthes, comme Arsacès et Gondopharès; d'autres encore de race évidemment scythique, Maucs, Azes, Azilises, Spali- rises (1). Presque tous gravent sur leurs monnaies des légendes bilingues, en grec et en sanscrit. Peut-être la rivalité des Scythes et des Parthes eut-elle pour résultat de prolonger l'agonie de la domination grecque dans le Penjab. Vers l'an 25 avant notre ère, le dernier des rois indo-grecs, Hermaios, se trouva contraint de partager le pouvoir avec un chef des Yueh-tchi, le koùshan Kadphisès. Quand Hermaios, après un long règne, mourut, Kadphisès gouverna seul tout l'ancien royaume de Bactriane. Ces faits tendent à établir qu'il n'y eut pas de dépos- session violente. Nous ne savons si Kadphisès, devan- çant une parole célèbre, s'écria : « Il n'y a rien de changé dans l'Inde, il n'y a qu'un Yavana de plus. » Mais il semble que les Scythes se fussent assimilé la civilisation grecque pendant leur siècle de séjour dans le nord de la Bactriane, et des vestiges nombreux attestent que les arts continuèrent à fleurir sous leurs premiers souve- rains dans le Penjab ainsi que dans le Caboulistan. Grecs et Scythes se mêlèrent même à tel point que. (lj Suivant M. Von Gutschmid (Encyclopaedia britannica, au mot Persia), les Imlo-Parthes étaient également des Scythes, appartenant à la tribu des Sse, que l'invasion des Yueli-Tchi rejeta sur l'Afgha- nistan et le Cachemire. ( 604 ) dans la littérature indienne de l'époque, ils sont désignés comme formant un seul peuple sous le nom composé de Çaka-Yavanas, dénomination ethnique qui ne laissa pas d'intriguer plus tard les grammairiens indigènes et même certains orientalistes européens. C'est de cette période que datent les premières rela- tions de l'Inde avec l'empire romain. Auguste rapporte dans son testament qu'il reçut de l'Inde plusieurs ambas- sades. Selon Suétone, elles venaient des Indiens et des Scythes, « pays que jusque-là on connaissait seulement de nom (1) ». Strabon dit expressément que l'une d'elles avait été envoyée par un successeur de Porus qui régnait sur les Gandhariens (2). On a, du reste, recueilli de nos jours, dans les ruines bouddhiques du Gandhâra, des monnaies romaines qui vont, sans interruption, d'Auguste et même des derniers temps de la république à Caracalla. Les Indo-Scythes frappèrent des pièces d'or sur le modèle des aurœi romains. M. Percy Gardner fait observer que le portrait de Kadaphès, le successeur immédiat de Kad- phisès, rappelle singulièrement le profil d'Auguste (5), et une pièce de Houvichka, qui monta sur le trône en 106, porte l'inscription RIOM avec l'image d'une femme armée où l'on a cru reconnaître la déesse Roma (4). Il est probable que cette influence se fit surtout sentir par les relations maritimes avec la côte occidentale de (1; Suétone, Octave Auguste, chap. XXI. (2) Strabon, liv. XV, cliap. 1, § 4. (3) Greek and Scythic Kings, pi. XXV, n- S. (4) Idem, pi. XXVIII, n° 20. — 11 ne faut pas oublier que la monnaie romaine circulait abondamment dans toute l'Asie. Pline [Histoire naturelle, XII, 41, 18 rapporte que l'Inde, la Chine et l'Arabie absor- baient chaque année cent millions de sesterces. ( ()()D ) l'Inde. La table de Peutinger mentionne l'existence d'un temple dédié à Auguste, près de Calicut, sur la côte du Malabar. Déjà sous Açoka, le petit-lils de Sandracottos, vers le milieu ). Il ne peut s'agir que des Yavanas établis dans le Goujerat; en effet, les Çaka-Yavanas étaient alors à l'apo- gée de leur puissance, et d'autres documents nous les montrent s'alliant, au contraire, à Çâlivâhana pour conquérir l'Orissa, où ils avaient déjà fait des incursions à plusieurs reprises (4). Peut-être même cette expulsion (1) Blrgess, Archœological Survey of Western India, t. IV. (2) « Atheniensis in Asia tuiba est. » (Con.solatio ad Helviam, ch. VI.) (3) S. Léw, Quid de Grœcis, p. 16. (4) D'après les annales de l'Orissa, compulsées par M. A. Stirling (An account of Orissa, dans le tome XV des Asiatic Researclies, Seramporc, 1 845 Suivant les traditions brahmaniques, l'ère dite d). L'éclectisme religieux des rois indo-grecs nous est attesté par un document indigène fort curieux et fort instructif, le Milinda Panha, traduction pâlie d'un ouvrage sanscrit qu'on croit avoir été composé vers le commencement de notre ère. Le but de l'auteur est de raconter la conversion du roi Ménandre au bouddhisme. Décrivant la capitale de ce prince, Çâgala, avec une richesse de couleur locale qui fait songer à certaines pages des Mille et une Nuits, il ajoute que « les rues y résonnent de paroles de bienvenue adressées aux apôtres de tous les cultes et que les docteurs de toutes les sectes y trouvent un asile (4) ». L'auteur nous apprend ensuite que son héros était né à Kalasi, dans une île de l'Indus, près d'Alasanda, l'une (1) E. Sénakt, Notes d'epigrapkie indienne, dans le t. XV, 8e série, du Journal asiatique, pi. II. Paris, 1890. (2) A. Grunwedel, Buddhistische Kunst, fig 29, p. 91. (3) Percy Gardner, pi. IV. 10. (4) I, I, 2. Traduction de M. Rhys Dayids, The Questions of King Milinda, formant les volumes XXXV et XXXVI des Sacred Books of the East, publiés sous la direction de M. Max Mûller. Oxford. 1890- 1894. ( (383 ) des villes, fondées par les Grecs, (jui portaient le nom d'Alexandrie. C'était, nous dit-il, un prince « instruit, éloquent et sage, observateur Jidèle et judicieux de son propre culte ». Il brillait dans toutes les sciences: « Comme dialecticien, il était difficile à égaler, plus diffi- cile encore à vaincre, ouvertement supérieur à tous les chefs d'école. En force, en agilité, en vigueur, de même qu'en sagesse, il n'avait pas de rival dans l'Inde. Riche et heureux, il possédait des soldats innombrables (1). » Nous avons vu plus haut que la puissance de Ménandre est également attestée par les auteurs classiques; la lon- gue durée de son règne semble résulter de ses monnaies qui le représentent à plusieurs âges. La physionomie qui s'y révèle est a la fois fine, calme, énergique. Le front est un peu fuyant, mais largement développé. Sa coiffure est tantôt le diadème, tantôt le casque. En exergue sont gravés, au droit, le titre de Basiieus Sôter, au revers, en sanscrit, celui de Maharaja Tradata. Fie <>. MéiKiiuhe, d'après ses monnaies (2). Le Milinda Panha raconte comment, après avoir passé la matinée à exercer ses troupes dans les environs de la capitale, Ménandre consacrait une partie de la journée à (1) Questions of Milinda, liv. I, § 9. (2) Percy Gardner, op. cit., pi. XI, 7 à 13, et XII, \ à 4. ( 6M ) s'entretenir avec les philosophes, les sophistes, les doc- teurs les plus illustres de toute école et de toute secte. Cet exemple de haute curiosité et d'indépendance d'es- prit devait être imité dans les mêmes parages, seize siè- cles plus tard, par un souverain qui, sans doute, n'avait jamais entendu parler de Ménandre : le Grand Mogol Akhar. Lui aussi réunit, dans son palais de Fouttipour Sikri, des oulémas, des brahmanes, des rabbins, des dastours guèbres et jusque des jésuites portugais, qu'il chargeait à tour de rôle de lui exposer leurs doctrines respectives. Ces « Parlements de religions », qui ont tant de peine à se taire accepter dans notre vieille Europe, n'ont jamais eu dans l'Inde rien de choquant ni même d'insolite. Les interprètes de la pensée indienne ont pu avoir de tout temps, en philosophie comme en religion, des vues bien exubérantes et bien fantasques, pour ne pas dire pis. Cependant, à de rares exceptions près, nous leur voyons, dans toutes les périodes de l'his- toire, pratiquer non seulement la tolérance, mais encore le respect des opinions divergentes, comme s'ils voulaient rester fidèles à l'adage védique que l'Être unique a plus d'un nom. En matière d'extravagances religieuses, l'Inde a beaucoup péché. Mais il doit lui être beaucoup par- donné, parce qu'elle a beaucoup toléré. Ménandre, tel que le Milinda Panha nous le dépeint, était avant tout un chercheur de vérité : « Vénérable Seigneur, lui dit un jour un docteur bouddhiste, voulez- vous discuter en savant ou en roi? — Quelle est la diffé- rence? — Lorsqu'on discute entre savants, aucune des parties ne se fâche, quand elle est convaincue d'erreur. Quand c'est le roi qui discute, si l'on n'est pas de son avis, il vous fait punir par ses officiers. — Eh bien ! ( 685 ) reprit Ménandre, c'est en savant et non en roi que je veux discuter. Votre Révérence peut s'exprimer sans réserve, comme elle le ferait devant un frère, un dis- ciple, un novice ou même un serviteur (4). » Le roi de Çâgala ne se contentait point, comme Akbar, de convoquer dans son palais les docteurs des différentes sectes; il les visitait chez eux, après les avoir fait pré- venir par son astrologue. « La nuit est belle, disait-il parfois à ses conseillers. Quel est le Maître itinérant ou le Brahmane que nous pourrions visiter ce soir pour converser avec lui et résoudre nos doutes (2)? » Aussitôt renseigné, il faisait atteler le char royal et, escorté de ses principaux ofliciers, s'en allait courir les monastères et les ermitages. Tant qu'il eut seulement affaire aux principaux repré- sentants des écoles brahmaniques, le Milinda Panha nous le montre sortant sans peine victorieux de la contro- verse ; si bien que, lassé par ses succès mêmes, il finit par murmurer : « Il n'y a donc personne, philosophe ou prêtre, qui soit capable d'éclaircir mes doutes. L'Inde est. vide. En vérité, tout n'y est que bavardage (5). » C'est saint Augustin, s'écriant, dans un état moral . analogue : « Tout cela n'est que vent et fumée, vanité et néant. » Et, de même que l'illustre rhétoricien de Carthage se convertit à la religion du Christ, quand il eut ouvert son âme à la prédication de l'évêque Ambroise, ainsi le grand roi de Çâgala se laissa gagner à la religion (1) Questions of Milinda, II, t, 3. (2) Idem. I, 37. (3) Idem, 1, H. ( 68(i ) du Bouddha, le jour où il eut rencontré sur son chemin l'arhat Nâgasêna, qu'une longue suite de mérites dans des existences antérieures avait prédestiné à devenir l'instrument de cette conversion. Le Milinda Panha relate, dans sa conclusion, que Ménandre, après avoir fondé un monastère qui porta son nom et y avoir installé Nâgasêna avec ses moines, abdi- qua le trône en faveur de son (ils, pour s'adonner jusqu'à sa mort à la vie d'ascète (1). M. Rliys Davids n'est pas éloigné de croire que ce passage a été interpolé par le traducteur pâli (2). Mais la conversion môme de Ménandre au bouddhisme n'a rien d'invraisemblable. Plutarque, après avoir rapporté que ce prince mourut dans son camp, ajoute que les principales villes de l'empire se dispu- tèrent ses cendres, pour rendre hommage à sa réputation de justice, et que, finalement, se les étant partagées à l'amiable, elles les déposèrent dans des monuments élevés à sa mémoire (3). C'est là un trait essentiellement bouddhique, qu'on croirait emprunté à l'histoire de Sakya Mouni et qui implique l'existence de nombreux stoupas dédiés à la mémoire de Ménandre. 11 est d'ailleurs avéré que, dans tout le nord-ouest de l'Inde, le paganisme classique lit place au bouddhisme (4). Le doute ne peut porter que sur la date de cette substi- tution. Quand, moins d'un siècle après Ménandre, les Scvthes s'établirent dans le Penjab, ils n'apportèrent pas (1) Questions of Milinda, VII, 7, 21. (2j Idem, introduction, p. xxiv. (3) IIoXtTtxa napayyeXiJLaTa. Éd. Didot, t. II, p. 1002. (4) C'est ce qu'attestent les sculptures du Gandhâra. ( 687 ) la religion du Bouddha, ils l'y trouvèrent établie et l'acceptèrent avec le reste de l'héritage des Grecs (1). A l'eneontre de cette conclusion, ou a fait valoir que les divinités représentées sur les monnaies des rois indo- grecs appartiennent toutes au panthéon hellénique et que l'image du Bouddha apparaît seulement sous les Indo- Scythes. Mais jamais les Bouddhistes ne proscrivirent la représentation ni même ne contestèrent la réalité des dieux qui se trouvaient sur leur chemin; ils se bornèrent à en faire des êtres un peu plus rapprochés de l'homme et soumis, comme lui, à la loi de l'universelle nature. Les divinités helléniques se maintiennent d'ailleurs dans tout le monnayage indo-seythe, à une époque où personne ne nie plus la prédominance du bouddhisme. Il est très vrai que l'image du Bouddha ne se montre pas sur les monnaies antérieurement au règne de Kanichka. Toutefois, nous savons qu'on s'est longtemps abstenu chez les Bouddhistes de reproduire les traits du Maître : dans toutes les sculptures antérieures à notre ère, il n'est jamais figuré que par un symbole : trône vide, parasol, triçul, une paire de pieds, l'arbre sacré ou la Roue de la Loi. Or, sur une monnaie de Ménandre, le revers est précisément occupé par la représentation de cette roue, qui remplace, ici, l'image ordinaire d'une divinité, et sur certaines pièces, le titre habituel du souverain, (1) Kanichka lui-même, dont la tradition a fait un des propagateurs les plus zélés du bouddhisme, semble avoir appartenu d'abord à la religion de Zoroastre, si l'on en juge par les monnaies où il nous apparait dans son costume royal, étendant la main sur un pyrée ira- nien, et aussi par les légendes où il prend le titre de MA2A00NAN0, que Cunningham traduit par « Mazdéen », c'est-à-dire « adorateur d'Ahoura Mazda ». (Babylunian and Oriental Record, t. II, p. 44.) ( 688 ) Tradata (Sôter) est remplacé par la dénomination de Dhramika (pour Dharmika), que le graveur grec a traduite, dans la circonstance, par Dikaios (Juste), mais qui se rend plus exactement par « Fidèle à la Loi », expres- sion essentiellement bouddhique (1). On a quelque peine à comprendre comment celte société grecque, légère et raffinée, fière de son passé, tout imprégnée d'une culture qui implique une concep- tion sereine et optimiste de la vie, en vint à se jeter dans les bras d'une religion de renoncement et de désespé- rance, où l'idéal s'incarne dans l'ascète et non plus dans le héros, où le but devient l'anéantissement de la per- sonnalité en un sommeil sans rêves, et non plus son épa- nouissement dans la radieuse clarté des Champs Élyséens. Cependant, un phénomène analogue n'allait-il pas bientôt se produire en plein Occident? (1) Dans un récent article du journal de la Royal Asiatic Society \avril 1897), M. L.-A. Weddel a soulevé des objections contre l'identifi- cation du roi Ménandre avec le héros du Milinda Panha. 11 fait valoir que, dans certaines traditions du bouddhisme septentrional, le sou- verain converti par Nâgasêna se nommait Nanda ou Ananta, et, s'appuyant sur divers détails de la version pâlie elle-même, il en conclut que le prince en question pourrait bien être un roi de l'Orissa ou du Bengale. A cela nous répondrons que le rôle attribué à Milinda dans les dialogues du Milinda Panha a pu être également prêté à d'autres souverains dont on voulait raconter la conversion édifiante. Mais il n'en est pas moins évident que, dans la pensée de l'auteur du Milinda Panha, il s'agissait bien de Ménandre, le roi des Yavanas qui régnait à Eutliydêmia, dans le Penjab. D'ailleurs, M. Rhys Davids offre d'excellentes raisons pour faire remonter l'original de la version pâlie au premier siècle de notre ère, c'est-à-dire à une époque où les sou- venirs de Ménandre étaient encore vivants, alors que, de l'aveu de M. Weddel, l'existence de la version chinoise à laquelle il fait allusion ne peut être établie qu'au cinquième siècle après Jésus-Christ. V «89 Les Grecs de l'Inde se trouvèrent en proie, trois siècles avant leurs cousins d'Europe, à la crise morale qu'engen- dre dans les âmes de haute culture la prédominance des jouissances matérielles et l'impuissance des anciennes croyances à satisfaire les besoins de la raison et du cœur. Le bouddhisme s'offrit à point pour fournir un refuge à ces désabusés, qui, comme Ménandre, trouvaient l'Inde « vide ». Us y rencontrèrent la paix de l'âme, mais ce fut peut-être aux dépens de l'activité et de l'énergie qui allaient leur devenir plus nécessaires que jamais pour lutter contre les éléments désorganisateurs au dedans et au dehors. Que Ménandre ait terminé ses jours, comme Charles- Quint, dans la paix d'un monastère, ou comme Marc- Aurèle, dans le tumulte d'un camp, il ne nous apparaît pas moins le symbole de sa race et de son temps. Pour mettre dignement en lumière celte grande figure qui s'esquisse dans la pénombre du passé, l'histoire ne suflit guère: il faudrait le talent d'un romancier comme Bulwer Lytton ou Ebers, d'un poète comme Edvvin Arnold, d'un librettiste comme Richepin. Ajouter un cha- pitre à la psychologie des peuples, en personnifiant le conflit du génie hellénique avec l'âme indienne, — mon- trer comment les fiers successeurs des compagnons d'Alexandre et la non moins orgueilleuse descendance des brahmanes deux fois nés communièrent dans l'évan- gile d'humilité et d'amour prêché par le doux ascète de Kapilavastou, - - faire la part de l'éternel féminin en opposant une Sacountalâ ou une Izeil au double type que la civilisation grecque a partout porté avec elle : l'épouse et la courtisane, — grouper enfin tous ces éléments r>roe SÉRIE, TOME XXXIII. 45 ( G90 ) autour d'une des physionomies les plus attirantes et les plus énigmatiques de la royauté indo-grecque, — dans un cadre fourni par le mélange de deux civilisations aussi complexes et aussi disparates que celles de la Grèce et de l'Inde à l'apogée de leur épanouissement, — n'est-ce pas un sujet bien fait pour tenter un écrivain de talent, dans un siècle aussi favorable que le nôtre aux restitutions archéologiques? Même sur le terrain historique, l'élément tragique ne ferait pas défaut devant l'ombre grandissante que devaient projeter, comme plus tard en Occident, les « barbares » — Scythes, Parthes, Hindous — campés le long des frontières. Les dix mille Grecs de Ménandre, poignée d'hommes perdus dans un coin de l'Asie, au milieu de races étrangères, isolés de la mère patrie, comme les compagnons de Gordon à Khartoum et d'Émin dans le Soudan, par toute la profondeur d'un continent hostile, devaient instinctivement sentir que leurs victoires n'auraient pas de lendemain. Or, je neconnais rien de plus mélancolique que les dernières floraisons d'une race qui s'éteint ou d'une société qui s'écroule, quand elle commence à prendre conscience que l'avenir lui échappe. Puissent ces angoisses être épargnées à nous et à nos enfants ! Les Indo-Grecs étaient donc condamnés. Mais une civilisation ne périt jamais tout entière et la culture classique, qu'ils avaient importée dans l'Inde, laissa der- rière elle plus d'un germe qui devait fructifier chez leurs successeurs. !)8 ) tendres et délicates ont pu conserver leur fraîcheur, où les impressions premières ont été saines. C'est ainsi que l'on protège la sève, la vigueur et la fécondité d'un peuple, qu'on lui inspire le sentiment de la dignité et du respect de soi-même et que l'on conserve son patri- moine moral. C'est ainsi qu'une nation a des enfants dont le cœur n'a pas été flétri, dont on n'a pas fait des monstres de précocité, des petites filles qui n'ont pas encore l'expé- rience d'une femme blasée, des garçons sans rides assez naïfs pour ne pas comprendre tout ce qu'on dit et deviner tout ce qu'on ne dit pas; des enfants enfin, dont l'œil clair et le rire franc révèlent qu'ils sont restés simple- ment des enfants. N'oublions pas que ce qu'on enlève à l'idée morale, on le donne à la force brutale et à l'égoïsme, et, comme le dit Albert Sorel, que la licence du marquis de Sade enfante la cruauté de Carrier. Partout l'on comprend ces cboses, et cela suffit à expli- quer la réaction contre la grossièreté et la vulgarité, et l'aspiration générale vers la région supérieure de l'idéa- lité. Je me figure un jeune bomme dont les sentiments ne sont pas émoussés. Il a passé quelques années à la ville; il a coudoyé tous les mondes, respiré l'odeur des tavernes, entendu les propos des chambrées et il est convaincu que désormais il connaît la réalité de la vie. Et voici qu'il retourne au foyer paternel et que le village natal apparaît au loin dans la campagne baignée de clarté; et des fonds verdoyants où le ruisseau clapote sous les saules, où les blés d'or ondulent au soleil, monte avec une inexpri- mable fraîcheur la sensation de l'éternelle jeunesse et de la fécondité sacrée de la Terre. 1>99 ) Mors la grande paix de la nature le reprend; des souf- fles mystérieux, semblant venir de très haut et de très loin, l'enveloppent et le pénètrent de l'infinie douceur de vivre et il sent que tout cela, c'est aussi la réalité, mais une réalité plus pure (pie celle qu'il vient d'abandonner. Eh bien, Mesdames et Messieurs, c'est quelque chose de semblable > familles diverses, tout ce que la vie bourgeoise peut offrir de cynisme, de scandales et de hontes; l'effet d'optique est tout aussi factice et mensonger, et il est facile de montrer combien il y a moyen d'être plus naturel en étant moins natura- liste. Permettez-moi de prendre un exemple banal a force d'être connu. Je veux parler de Dickens, que je choisis précisément parce que tous l'ont lu et qu'il a exercé une grande influence au dehors : il ne vise pas, lui, à la reproduction photographique; sa caractéristique, au con- ( 700 ) traire, est l'exubérance de l'imagination. Pourtant, le nom de David Copperfield subsiste dans notre mémoire comme celui d'un ami avec lequel nous avons passé des jours joyeux ou sombres. Et quand, à la dernière page du roman, à côté d'Agnès qui le regarde et de la lampe qui s'éteint, il dépose la plume, nous nous séparons de lui à regret, avec l'espoir qu'il sera heureux. Et pourquoi donc connaissons-nous si bien, non seule- ment l'âme de David Copperfield, mais le milieu où il a vécu, et les rues anglaises, et le brouillard anglais, et la pluie anglaise, et les pauvres anglais, et les abus anglais, sinon parce que l'imagination de Dickens lui permet de donner à la fois la personnalité aux êtres et le relief aux objets? En même temps que la chaude lumière de son esprit éclaire ses héros et les empêche d'être étouffés sous le poids inexorable des choses, elle donne aux choses le reflet de la vie. Voilà la réalité même, l'art complet qui réveille la matière endormie et donne aussi la force et la puissance à l'idée. Nous ne sommes pas de simples appa- reils enregistreurs, de simples miroirs, dit Fouillée. La vérité philosophique est aussi la vérité artistique. Il y a toujours action et réaction réciproque. Le milieu agit sur l'individu, l'individu projette son âme sur le milieu. Et si parfois, dans les souvenirs de l'âge mûr, se détache, avec une netteté admirable, la chambre des jours d'enfance, si la fenêtre où l'on s'accoudait aux heures de pluie, où l'on faisait des bulles de savon aux heures de soleil, si la table où l'on apprenait à épeler dans le livre aux lettres immenses, si le polichinelle usé et défraîchi, compagnon de toutes les joies et de toutes les douleurs, avec lequel on pouvait entamer de si longues causeries sans jamais l'ennuyer, si tout cela se lève dans la brume 701 ) du passé et semble parler, pleurer, aimer, sourire, n'est- ce pas qu'il y a eu nous une force invincible et cachée qui, à travers le temps et l'espace, prête aux choses nos sentiments et nos pensées? Laissez-moi vous donner un second exemple d'un genre tout opposé : le roman plus récent de Suderman, Frau Sorge, « La Dame < 1 1 1 Souci ». Rien n'est plus simple, et rien n'est plus émouvant. C'est l'histoire d'une conscience engourdie qui s'ignore, et solitaire, repliée sur elle-même, se détend peu à peu. Elle sent les mor- sures de l'existence d'autant plus profondément qu'elle est incapable de s'épancher. Les privilégiés nés avec les dons les plus brillants, et qui vont droit devant eux, hardis, assurés, s'assimilant toutes choses comme en jouant, ne soupçonnent pas les jours amers et douloureux de l'être fruste ayant la notion du devoir et le désir de l'accomplir, mais ne trouvant jamais le mot juste ou le geste nécessaire. Sans cesse heurté par la foule des médiocres, il trébuche quand eux marchent sans hésitation et toute sa conduite met en relief le contraste entre l'être d'instinct et le monde de convention et de formule, entre l'esprit d'élite et la tourbe des esprits ordinaires. Paul Meyhofer, le héros du roman, est une de ces âmes d'exception renfermées et incertaines ; son moi se dégage lentement, il se forme et s'élève dans les épreuves, au milieu des chagrins, des humiliations, des secousses, des incidents terre à terre d'une vie difficile. Quand la plu- part des romans contemporains nous montrent l'individu, victime fragile et assouplie de la fatalité sociale ou héré- ditaire, ici, au contraire, la volonté du héros réagit contre ( 702 ) le milieu, et Paul Meyhofer triomphe, fidèle à un idéal confus vaguement entrevu, et à un amour d'enfance naïf, timide et pur, qui, traversant sa jeunesse comme un doux rayon de chaleur perce le froid de la brume, fait évanouir enfin la Dame du Souci. Tout cela n'est pas compliqué, et pourtant c'est rede- venu neuf au regard de la majorité des œuvres actuelles; car en général, ou bien l'individu est le jouet de la néces- sité organique, nous savons d'avance dans quelle direc- tion il sera poussé et l'intérêt dramatique disparaît pour ne laisser dominer que le mérite de la facture; ou bien ce sont même parfois, comme dans Lourdes ou La Débâcle, des toiles d'un coloris splendide ; l'homme s'efîace dans la mêlée; l'on songe aux tableaux des anciens peintres de batailles, où les plans étaient con- fondus, où l'on s'ingéniait à rendre les mouvements d'ensemble sans souci du rôle des personnages et où les masses profondes de cavaliers et de fantassins se perdaient elles-mêmes dans la fumée des combats. Cependant, encore une fois, le développement de l'énergie spontanée de l'individu, l'éclosion de la con- science, le spectacle de la force morale aux prises avec le milieu organique, la lutte de ce qu'il y a en nous de liberté immanente avec les puissances extérieures, ces choses vieilles comme l'Humanité sont aussi la vie et la nature et la vérité, et elles ne sont pas seulement vivantes et naturelles et vraies, elles inspirent, non la satiété et le désenchantement, mais le désir de l'action et l'enthou- siasme sans lequel une société n'est qu'un mécanisme vide et perd jusqu'au patriotisme ; elles reconstituent le foyer où viennent converger les espoirs et les aspirations ( 703 ) dos hommes, cl il est [tennis d'affirmer que si un natura- lisme excessif a donné à la conscience universelle l'appa- rence d'une nébuleuse, il appartient à l'idéalisme bien compris de montrer sous cet amas confus le inonde des étoiles. Les idées ne sont-elles pas pour nous, après tout, ce que sont pour le navigateur les étoiles qui palpitent dans le silence de la nuit sans bornes? L'idéalisme renaît donc en ce moment et l'on assiste à une sorte de montée de l'esprit dans les nuées du rêve et de la fantaisie. Mais si le réalisme a pu devenir con- ventionnel et systématique, l'idéalisme est exposé aux mêmes écueils. Gardons-nous des systèmes d'où qu'ils viennent : « En fait de systèmes, écrit Brunetière, il n'y » a que les morceaux qui soient bons. » Et Arioste pen- sait de même. Il envoie Astolplie dans la lune pour y retrouver les choses perdues; et Astolphe remarque des flacons plus grands que les autres : ils contenaient tout le bon sens perdu sur la terre par les faiseurs de systèmes. Oui, gardons-nous des faiseurs de systèmes. Il y en a des milliers; il n'y a (prune façon d'être sincère et, à travers les siècles, les styles et les écoles, l'œuvre d'inspi- ration vraie résiste; l'artificiel et le convenu sont balayés de la mémoire des hommes. L'Europe actuelle compte beaucoup d'artistes qui, vivant de la vie de tout le monde, semblent par leur jar- gon rocailleux ou leur dessin tourmenté n'avoir de sym- pathie que pour l'indéchiffrable, le singulier, le bizarre, le macabre ou le monstrueux, et qui se plaisent à défor- mer jusqu'aux sentiments les plus simples, à troubler jusqu'aux sources les plus pures de la poésie, comme l'amour ou la mélancolie. 701 ) Pourquoi les strophes de la Tristesse d'Olympio, du Lac ou du Souvenir, les cris de désespoir de Rolla ou de Childe Harold nous émeuvent-ils encore? Parce que sous la magnificence des vers transparaît de la vraie souffrance humaine; parce (pie rien n'est plus pénétrant devant le pourquoi des choses, que la douleur du penseur saisi du vertige de l'infini et scrutant en vain le mystère décevant d'êtres passionnés qui s'agitent et passent, dans la sérénité de l'Univers qui demeure! A côté de cette flamme ardente, l'agencement de mots qui ne reflètent pas une âme sincère, est stérile et nous choque. Et parfois, en lisant certaines œuvres, en regardant certains tableaux modernes, plus d'un a du, comme moi, se dire que la mère de famille ignorante, ornant son modeste intérieur, mettant aux fenêtres des rideaux blancs et des fleurs parfumées, donnant à ses enfants, avec la santé physique et morale, la joie de vivre, est au regard de l'idéal une plus grande artiste que les intel- lectuels alignant des phrases entortillées et composant des dessins obscurs pour étonner le pauvre monde. Plus d'un a dû songer à ce passage de Rabelais, où Panurge et Thaumaste discutent par signes, puis « s'acca- blent mutuellement d'éloges pompeux, convaincus que pour éblouir les sots, le grand point est d'avoir l'air de comprendre ce qui est inintelligible (1) ». Assurément, le génie est en dehors et au-dessus de nous; il a cette étincelle qui le différencie des esprits moyens, et Napoléon n'a pas dû attendre Lombroso (1) René Millet, Rabelais, p. 125. ( 705 ) pour dire à Esquirol qu'il u'y a pas loin d'un fou à un homme de génie. Mais si parfois le génie manque de pondération, il ne s'ensuit pas qu'il suffise de manquer de pondération pour avoir du génie, ni même de faire des vers de dix- sept pieds pour donner la sensation de Tau delà. M. Paul Deschanel a reconnu chez certains hommes politiques la crainte singulière de ne pas paraître assez avancé. La littérature de ces derniers temps nous a révélé une peur plus singulière encore : la peur de paraître trop bien équilibré. De là une recherche d'excentricité, une absence de goût, quelque chose de maladif et d'in- cohérent qui n'est pas de la décadence ou de l'épuise- ment, mais le fait de ne pas se résigner à être vrai, à se montrer tel que l'on est et surtout à penser avec simpli- cité, ce qui est peut-être le meilleur moyen de penser avec force. Si maintenant l'on demandait pourquoi il y a encore tant de Thaumastes et de Panurges se faisant des signes incompréhensibles et tant de spectateurs se pâmant devant eux, la réponse serait simple : La force directrice, le principe d'ordre et d'harmonie qui fait défaut en politique, nous manque aussi dans la recherche du beau. L'art actuel ne condense plus en un faisceau les senti- ments et les idées. L'art grec est un hymne à la gloire de la beauté; l'art hindou s'inspire des Védas, comme l'art du XIIIe siècle de la foi chrétienne; l'art de la Renaissance est en rapport avec l'humanisme, comme l'art du XVIIe siècle avec l'esprit cartésien. L'art moderne n'a plus de caractéristique. La pensée et la forme se sont morcelées et individualisées à outrance. A l'accord social a succédé l'émiettement, 7ime SÉRIE, TOME XXXIII. 46 ( 700 ) l'inquiétude et le tourment d'une conscience tiraillée en tous sens. A l'effort en commun a succédé l'anar- chie des esprits, un état Ilot tant et contradictoire tel qu'on en a rarement connu de semblable. Parmi toutes les preuves générales qu'on en peut donner, il est un détail non sans importance et qui mérite d'attirer un instant l'attention. Richelieu, en fondant une académie, avait eu l'illusion d'imposer et de conserver artificiellement une sorte de maîtrise du goût et de l'esprit; plus tard, au XVIIe siècle et plus près de nous, sous la Restauration, les salons ont été comme les écoles de la discipline intellectuelle et ont exercé leur influence sur l'Europe entière, tandis qu'aujourd'hui nous n'avons plus ni la centralisation factice de Richelieu, ni la décentralisation moins factice des salons. Pourtant, dans nos démocraties, entre les masses passionnées et l'autorité bureaucratique, le salon pourrait avoir une signification. J'entends parler, bien entendu, non de groupes mon- dains exclusifs, mais de ces groupes intellectuels d'autre- fois où toutes les classes et tous les partis se réunissaient dans le culte du beau, où l'artiste et le penseur affinés par les dons naturels et le bourgeois, fils de ses œuvres, affiné par la lutte pour l'existence, et le grand seigneur affiné par l'éducation et l'hérédité, se coudoyaient, se pénétraient, se comprenaient, constituaient une élite ayant pour but de maintenir le respect des choses de la pensée et établissaient une communion intime entre l'art et le public. Le salon peut accomplir une pareille tâche même avec la dose de snobisme qu'il comporte. J'aurais peut-être à m'excuser de sacrifier à l'universelle manie de parler des snobs. Mais à l'heure où tout le monde les attaque et où ( 707 ) Jules Lemaître seul leur accorde sou indulgence souriante, j'aimerais à dire qu'à mon avis l'émiiient ironiste ;i raison. Les snobs font partie de l'humanité; il y en avait chez les Scipion à Home, chez les Médieis à Florence, comme chez le Grand-Duc Karl-Augusl à Weimar, comme dans la retraite de Wahnfried à Bayreuth. Il yen a peut-être un peu plus aujourd'hui parce que les névrosés dont le nombre augmente forment un appoint dans la grande armée des snobs. Il y en a partout, jusque dans la poli- tique, où ils sont parfois dangereux. Mais dans les arts, où ils n'ont jamais su barrer la route à une idée ou à un homme, ils ne sont jamais dangereux: ils ne sont ([lie ridicules. Leurs appréciations n'ont pas de valeur; ils louent quand il est distingué de louer; ils ne jouissent pas de l'art, mais du bon ton qu'il y a à étaler leur approbation; ils admirent avec d'autant plus d'énergie qu'ils savent combien ils auraient dédaigné l'homme désormais arrivé, si, humble, ignore, luttant pour l'existence, il avait encore son chemin à faire. Et pourtant ils ont leur utilité; ils sont un élément de cohésion, ils servent d'escorte au talent reconnu; ils subissent la suggestion hypnotique du succès et ils con- tribuent ainsi à former les courants dont l'artiste a besoin pour s'épanouir. On aurait tort de ne pas utiliser des instruments aussi dociles. Donc nous avons et nous aurons toujours les snobs, mais nous n'avons plus de salons; notre siècle niveleur et industriel, avec ses classes supérieures privées de cul- ture intensive, a tué le salon. Aussi l'artiste, seul devant ( 708 ) la foule, est devenu plus esclave des préjugés, des fantai- sies, des caprices de celle-ci; immédiatement il a été plus tenté de lui plaire, de faire des confidences et des professions de foi à tout l'univers, d'afficher des théories extraordinaires, de se procurer la notoriété par l'affecta- tion des sentiments, du style ou du costume. Chacun d'eux a voulu être chef d'école; chacun est levenu moins simple, oubliant cette parole si vraie de faine : « Les artistes sont moindres quand l'Art est plus grand. » Pour le même motif, l'opinion publique a été réduite en poussière; c'est pour cela qu'on se laisse si facilement séduire par l'excentrique, le compliqué, le bizarre; c'est pour cela que les engouements sont aussi violents qu'éphémères; on adore l'idole d'un jour; on l'adore avec frénésie et partialité, car l'ignorance rend sectaire; on l'adore par impulsion irréfléchie, par parti-pris d'esthète ou par mode. Qu'est-ce donc, en effet, sinon une mode et un caprice, que l'ensemble des manifestations qui, dans tous les domaines artistiques, l'ait défiler devant nous des déca- dents et des préraphaélites, des séraphiques, des occul- tistes, des mages, des symbolistes de tout genre, et nous révèle entre eux tous le même point de contact : la recherche de l'artificiel? Oui, l'art tout entier n'est que symbole; oui, au delà le la région étroitement bornée où nous marchons, s'étend la région illimitée de l'Inconnaissable et de l'In- tangible; oui, l'Univers n'est qu'une vaste énigme, et partout derrière le fini et le compréhensible se dresse le sphinx de l'infini et du mystère. Mais pas plus que notre 709 raison, l'art n'a de prise sur lui, car l'arl el la raison c'est nous, el nous sommes et nous resterons impuissants (levant le sphinx. Et le symbolisme éternel que nous rencontrons dans Eschyle ou le Dante, dans Michel-Ange ou Wagner, dans Victor Hugo ou dans certaines œuvres d'Ibsen, n'a rien de commun avec la forme étriquée d'un symbolisme conventionnel dont la tendance est de faire croire à un sens ésotérique et de transformer l'art en une science réservée à quelques initiés hautains et méprisants. Comme si les géants qui dominent l'humanité ont jamais dû, pour la conquérir, s'entourer de nuages, et comme s'il n'avait [tas suiïi de s'approcher d'eux pom être ébloui par la chaude clarté qui jaillit de leur génie comme du soleil! N'y a-t-il pas une part de mode et de caprice aussi dans le culte exclusif rendu aux primitifs? Nul assuré- ment ne leur refusera le tribut de son admiration; Van Eyck et Memling nous enveloppent de la profondeur et de la naïveté flamandes, comme Masaccio, Fra Filippo Lippi et Botticelli nous pénètrent de la grâce et de la fraîcheur florentines; jamais on n'a dépassé leur délica- tesse infinie, jamais on ne rendra mieux la candeur des rêves angéliques et des visions virginales. Mais leur art est une étape et non un point d'arrivée. Ces maîtres sont des précurseurs. S'ils se rattachent aux enlumineurs exquis des vieux missels, ils les laissent der- rière eux et ils signifient, avant tout, une inspiration plus libre et plus personnelle, désireuse de se dégager de^ formules et de comprendre le monde. Ils ne pouvaient la posséder encore, cette compréhen- sion complète: ils ne pouvaient saisir la noblesse d< ( 710 ) l'être parfait, la beauté de l'Univers, la puissante lluidité de la vie coulant incessamment comme un grand lleuve. Seulement, quand on les admire, non pour leur élan vers la vérité, mais aussi pour ce qui devait leur manquer, quand on loue leur gaucherie, leur gracilité et leur incorrection, on nie l'évolution artistique, on méconnaît qu'ils n'ont pu qu'entrevoir et deviner ce que d'autres ont réalisé. Ce sont leurs descendants qui, à l'intensité de l'expression, ont joint la magie de la forme et de la couleur, et ont réuni les éléments d'un idéalisme sain, fécond et créateur. Après des siècles d'efforts, nous voyons mieux que jamais que l'art n'est pas uniquement l'exubérance de la nature plastique sans flamme intérieure qui l'anime, ou la pure contemplation intérieure, le rêve de l'esprit sans attaches avec le milieu ambiant, mais à la fois la splendeur de l'idée vivifiée par la réalité, la splendeur de la réalité vivifiée par l'idée. « Le réel et l'idéal sont la double patrie de nos âmes (1). » La jeunesse actuelle, produit d'un siècle exceptionnel, est bien placée pour garder et défendre cette double patrie. Jamais on n'aura légué aux générations nouvelles une i-onnaissance plus détaillée du Cosmos; jamais on n'aura avec plus de patience essayé d'en pénétrer les secrets; jamais on n'aura scruté plus avant les replis les plus intimes du cœur et de la nature. Jamais on ne leur aura transmis une plus riche moisson de formes et de mots, une plus grande profondeur de sentiment. Ce n'est plus la naïveté primesautière et charmante du regard étonné s'ouvrant à la matinale lumière du prin- 1) Noi.en, Introduction aux œuvres de Lange, p. xlvi. ( 711 ) temps, unis l'émotion grave comme un beau soir d'au- lomne de ceux qui ont, en vain, tenté d'aller au fond des choses. Et c'est pourquoi, Mesdames et Messieurs, à travers tout et malgré tout, l'art continue sa marche triomphale. De même qu'il a fallu les rêveries des astrologues pour provoquer les découvertes des astronomes, de même que l'alchimie a préparé la chimie, de même que des milliers et des milliers de talents avortés, d'ambitieux, déçus, sont sacrifiés à 1 eclosion d'un seul génie, de même que des milliers et des milliers de semences se perdent dans les airs pour que quelques-unes puissent germer, de même c'est de tâtonnements et de recherches sans nombre, d'essais bizarres et multiples de formes et d'idées bientôt oubliées que sortent les progrès durables de l'art. Dans la mêlée confuse des écoles et des tendances, la jeunesse contemporaine rappelle un peu l'enchanteur Merlin qui, au temps jadis, dans l'enchevêtrement de la forêt de Brocéliande, toute peuplée des fées du songe et de l'espace, s'était élancé à la poursuite de Viviane. Elle aussi, cette jeunesse enthousiaste et capricieuse, s'est mise à la poursuite de la fée aux cheveux d'or qui verse aux mortels le philtre divin de l'inspiration sin- cère ! Elle aussi est sur le point de l'atteindre et l'aura bientôt trouvée ! Et ce jour-là elle pourra inscrire sur sa bannière ces trois mots que j'ai lus dans l'église de Weimar sur la tombe du noble Herder, et qui caractérisent si bien à la fois et les conditions de l'art en général et les condi- tions de notre grand art flamand : Licht, Liebe, Leben ! « Clarté, Amour et Vie ! » ( 712 ) M. Paul Fredericq donne lecture du rapport suivant, fait au nom du jury qui a décerné les prix Joseph De Keyn (neuvième concours, première période, 1895-1896) : Enseignement primaire (1). Messieurs, Une cinquantaine d'ouvrages nous ont été soumis par les auteurs ou les éditeurs; mais le jury a examiné égale- ment, autant que possible, ceux qui ne lui avaient pas été adressés. Pour pouvoir prétendre à un prix Joseph De Keyn, il faut évidemment que l'ouvrage soit neuf et que son ori- ginalité soit de bon aloi. Or, la plupart des livres qui nous ont été envoyés manquent absolument de nouveauté et d'originalité. Sans parler des mauvais, dont l'envoi au jury fait suppo- ser chez l'auteur une ignorance candide ou une assurance digne d'une meilleure cause, beaucoup de ces ouvrages soumis à notre jury se bornent à répéter ce que d'autres manuels avaient déjà dit avant eux, souvent même sous une forme plus pédagogique. Quelques-uns, enfin, ne manquent pas d'originalité dans le plan ou dans la méthode, mais trop de défauts viennent contre-balancer ces qualités pour nous permettre de décerner une récompense. (1) Le jury était composé de MM. Ch. Potvin, président; Êm. Ban- ning, S. Bormans, Léon Fredericq, J. Neuberg, P. Willems, membres. et Paul Fredericq, secrétaire-rapporteur . ; 7i3 En revanche, quelques bons ouvrages nous ont payés de tous nos ennuis. C'est ainsi que nous avons examine avec un vif intérêt les deux brochures de Ml|p Marie Du Caju : De l'éducation de la prévoyance (\) [texte flamand sous le titre de : De verbreiding der insteUingen van vooruitzicht doorhet onder- wijs (2)] et De vrouwelijke opvoeding in haar verband met deeischen des levens (5). L'opuscule que Mlle Du Caju a consacré à l'éducation de la femme, sans contenir beaucoup de choses vraiment neuves, en contient beaucoup de très raisonnables, ce qui est déjà un mérite peu commun. Mais l'attention du jury s'est portée surtout sur son second opuscule (16 pages), concernant la Caisse d'épargne, la pension de retraite, les assurances sur la vie et la mutualité, que l'auteur vou- drait faire pénétrer dans les masses par le canal de l'école primaire. L'idée n'est pas neuve quant à l'épargne scolaire. On sait que notre illustre confrère François Laurent y a atta- ché son nom pour l'avoir introduite le premier dans les écoles communales de Gand et pour l'avoir répandue dans le monde entier par ses écrits. Mais, comme M"e Du Caju le constate avec tristesse, dans énormément d'écoles belges l'épargne est encore inconnue. Autour de cette ville de Gand d'où le mouvement est parti, il y a une trentaine d'années déjà, dans la Flandre orientale, plus des trois quarts des élèves n'épargnent pas. La propor- tion est désolante, si l'on prend à part les élèves des (1) Nouvelle édition, 16 pages, 1896. (2) Nieuwe druk, 16 blz., 1896. (3) Nieuwe vermeerderde druk, 84 blz., 1896. 714 ) écoles adoptées et subsidiées de celte même province ; il n'y a parmi eux que 8 °/0 d'élèves épargnants. En indiquant les progrès qui restent à réaliser de ce côté, M"e Du Caju insiste aussi pour que les élèves des écoles d'adultes, des écoles professionnelles el même des écoles primaires soient affiliés à la Caisse de retraite de l'État et forment entre eux des mutualités scolaires. M"e Du Caju cite, à titre d'exemple, ce qui a été fait à Gand à l'école professionnelle des garçons (École JMcaise) et dans certaines communes du Hainaut. L'administration de celte province s'occupe activement de cette impor- tante question et depuis quelque temps le Conseil pro- vincial du Hainaut a voté des subsides relativement élevés pour favoriser l'organisation de sociétés de jeunes mutuellistes dans les écoles primaires. Mlle Du Caju pré- conise aussi la vulgarisation par l'école des notions con- cernant les diverses combinaisons de l'assurance sur la vie, qui, bien comprise, est appelée à produire des résul- tats merveilleux. La brochure de M"e Du Caju fait éloquemment appel au dévouement du personnel enseignant et à l'initiative des administrations communales. Creusé davantage, le sujet qu'elle traite pourrait fournir la matière d'un livre précieux, qui rentrerait assurément dans les conditions du concours Joseph De Keyn. Citons aussi les ouvrages suivants dont le jury a appré- cié les mérites divers : Premières leçons de néerlandais parlé à l'usage des Wallons, par Aug. Gittée; L'enseigne- ment des formes géométriques et du dessin, par E. Welsch ; Cours de perspective et Le dessin, par P. Wathoul ; Car- tonnage, par J.-B. Tensi ; Liederen en gezangen voor groote en Heine kinderen, par Emmanuel Hiel; Atlas illustré { 713 ) ou géographie en images, par J. Roland, et Essai d'un cours méthodique île dessin, par E.-J. Thys. Après mûre délibération, le jury a spécialement dis- tingué les trois ouvrages suivants : 1° Kinder lust. Gedichten voor de jeugd, manuscrit de 109 pages, dont l'auteur a fait connaître son nom dans un billet cacheté; 2° De (a réorganisation des cours d'adultes, par Victor De Vogel et Luc Lontils; et 5° L'enseigmment des travaux manuels, par A. Sluys. Ce dernier ouvrage n'est qu'une seconde édition, d'ail- leurs remaniée et augmentée, du rapport publié dès 1885 par M. Sluys sur sa mission en Suède. Déjà à cette époque, le rapporteur du jury De Keyn, feu notre con- frère Wagener, avait consacré quelques lignes élogieuses au remarquable ouvrage de M. Sluys. Depuis lors, l'in- troduction des travaux manuels dans nos écoles primaires est sortie du domaine de la théorie pure et, quoique trop d'administrations communales se refusent encore, par esprit de routine, par esprit d'économie ou par manque de ressources, à appliquer la réforme préconisée par M. Sluys, ses idées ont fait ça et là leur trouée et dans quelques écoles on a pu en apprécier les heureux résul- tats. Une littérature scolaire toute nouvelle en est née et déjà notre jury a couronné, en 1895, un ouvrage qui se rattache au mouvement dont M. Sluys a été l'initiateur en Belgique, notamment le livre de MM. Stepman et Calozet sur Le modelage scolaire. II nous a paru juste de ne pas oublier le père de la réforme, alors que nous avions été heureux de pouvoir couronner deux de ses dis- ciples. D'ailleurs, en remaniant et en complétant son rapport de 1885, M. Sluys y a ajouté de curieux détails v 716 ) sur mainte question connexe, ainsi qu'une vue d'en- semble suc les efforts tentés en Belgique jusqu'à ce jour. Le livre de MM. V. De Vogel et L. Lonfils est aussi une œuvre originale et forte. Frappés de l'état d'abandon dans lequel l'enseignement des adultes est laissé en Bel- gique, les auteurs ont consacré une étude complète et en beaucoup de points neuve à la question de la réorganisa- tion des cours d'adultes. Ils ont réuni une masse consi- dérable de documents émanant des autorités scolaires de Belgique et de l'étranger et les ont mis en œuvre en remuant beaucoup d'idées. Ils commencent par faire l'histoire de l'enseignement des adultes; cette partie, d'une érudition un peu bàtive, ne devient vraiment intéressante qu'à partir de 1815, époque où l'administration éclairée du roi Guillaume ne nous dota pas seulement d'universités, mais aussi d'un excellent enseignement moyen et d'écoles primaires admirables pour le temps, sans négliger les adultes. Le tableau désolant que les auteurs nous retracent de l'état actuel des cours d'adultes en Belgique est peut- être un peu poussé au noir, mais on ne peut nier que la situation ne soit affligeante. Le livre de MM. De Vogel et Lonfils, où ils signalent une série de remèdes, contri- buera sans aucun doute à réveiller l'opinion publique et à stimuler le zèle des administrations communales et de l'État. Peut-être y a-t-il quelque naïveté d'optimisme à récla- mer en ce moment l'obligation de fréquenter les écoles d'adultes jusqu'à l'âge de dix-huit ans, dans un pays qui répugne encore à imposer l'instruction obligatoire aux petits enfants; mais les auteurs, qui poursuivent un idéal absolu, l'exposent avec confiance, en détournant les yeux ( 717 ) de la triste réalité qui nous entoure en matière d'ensei- gnement populaire. Bâtons-nous (rajouter, du reste, que les autres remèdes indiqués par eux sont loin d'être aussi utopiques. Ils sont au contraire vraiment pratiques. Aussi le livre de MM. De Vogel et Lonfils sera-t-il consulté avec le plus grand fruit non seulement par nos administrateurs com- munaux, à qui incombe la mission officielle de pourvoir à l'instruction des adultes, mais encore par tous ceux que cette œuvre, si importante et trop négligée en Belgique, ne laisse pas indifférents. Le livre de MM. De Vogel et Lonlils est une mine extraordinairement riche en pré- cieux renseignements et en conseils utiles. Si les deux ouvrages qui précèdent soulèvent des pro- blèmes irritants et redoutables, sur lesquels bien de bons esprits ont peine à se mettre d'accord, l'auteur du recueil intitulé Kinderlust s'est réfugié dans les régions sereines de cette poésie délicate, pure et naïve, d'ailleurs difficile et rare entre toutes, qui veut parler au cœur et à l'ima- gination de l'enfant. L'auteur nous semble avoir réussi presque toujours à trouver le ton juste. Dans une soixantaine de poésies assez courtes d'ordinaire, il s'est fait le poète des bam- bins de sept à dix ans. Il a réussi à mettre beaucoup de variété dans les sujets frais et naïfs qu'il traite avec une verve et une originalité de style incontestables. Comme il prend soin de l'indiquer lui-même, il a emprunté huit de ses petits poèmes à des auteurs allemands et anglais (Fr. Gùll, R. L. Stevenson et J. Lohmeyer), mais, même alors, il a imité plutôt que traduit. Le meilleur éloge que l'on puisse faire du recueil Kin- derlust, c'est qu'il a tenté la verve poétique d'un des ( 718 ) membres de notre jury. On devinera sans peine le nom de celui qui a mis en vers français quelques-unes des bluettes enfantines de l'auteur flamand : pendant toute sa vie, le poète wallon a fraternisé avec la poésie flamande. Le jury, en remerciant notre excellent confrère de la peine qu'il a prise, exprime le désir que ces imitations en vers français soient publiées comme annexe à ce rapport, afin que le lecteur français soit à même de deviner la saveur des piécettes flamandes. Pour conclure, le jury a l'honneur de proposer à la Classe des lettres d'accorder un prix de mille francs à chacun des trois ouvrages appréciés plus haut et dont les auteurs sont MM. De Vogel et Lonfils, A. Sluys, et Théophile Coopman. LE MORCEAU DE PAIN (1). Vois-tu, dans la rue, un morceau de pain, Ne l'écrase pas du pied, ma fillette : Peut-être va-t-il sauver de la faim Quelque bonne bête. Ocb! mets-le plutôt sur la pierre, ici, Le long du trottoir; alors, s'il s'émietto. Peut-être bientôt quelque souricetîe Te dira merci. CHANTEK (2). Auprès de ses œufs mouchetés, Au bord du nid l'oiseau chante. Le marin, sur les flots domptés. Chante dans sa barque errante. (1) Ceci est imité de l'allemand de Fr. Giill. L'auteur nous en prévient dans sa table des matières. (-') Traduit de l'anglais de R. L. Stevenson. ( 719 Partout, de la Flandre au Japon. L'enfant, lui, chante et bavarde. Et l'aveugle, en toute saison, Chante aussi sur sa guimbarde. LE PORTRAIT. Au livre d'heures de ma mère, Je vis — oh! le portrait charmant! — En un joli berceau dormant, Une enfant, blonde, douce et chère. Blanche comme son oreiller. Rigide sous la mousseline, Deux lis lui couvraient la poitrine. Mêlés de roses d'églantier. Mère, m'écriai-je, distraite, Si je m'endors un jour ainsi, Cueilleras-tu des fleurs aussi Pour me parer dans ma couchette? Elle me regarda : ses veux Montraient une douleur si forte ! Et sur ma petite sœur morte, Nous pleurâmes longtemps à deux. LE NOUVEAU PETIT FRÈRE. Littre do Ninettc h Caroline. Cette nuit — j'en reste ahurie et hère — La mère Cigogne, avec grand mystère, M'apporta, devine, un tout petit frère. Un fameux gaillard, oui, foi de Ninette: Avec une rose à chaque pommette, Avec menton rond et gente fossette. Son béguin mignon est coquet vraiment. Un ruche de soie en fait l'ornement, Jamais on ne vit bonnet plus charmant. ( 720 ) Sa robe est de lin, garnie en entier De rubans d'un bleu de ciel printanier; La fraîche layette abonde au panier. Pour le garantir d'un soleil trop chaud, Pour qu'il n'entre pas de mouche au berceau. On l'enveloppa d'un mince rideau. Et quand je l'ouvris d'une main légère. Et je me penchai sur mon petit frère, lin bonheur nouveau m'attendait, ma chère. 11 tenait en main un cornet soyeux, Dentelle d'argent et papier or vieux, Tout plein des bonbons que j'aime le mieu\. Pralines, fondants, amandes sucrées, Tout ce qu'on peut voir de tines dragées, De saint Nicolas à peine espérées ! Donc, je vais compter jusqu'à dix, ma chère, Et puis, je t'attends, heure militaire, Pour te faire voir mon beau petit frère. L ORPHELIN. 0 petit rosier chéri, Tu dois être bien sous ce frais abri ! Dans mon cœur je te porte envie. L'hiver tu paraissais sans vie, Et maintenant que revient le beau temps Je te vois tout couvert des roses du printemps. Après la gelée et les brumes, Tu crois, tu souris, tu parfumes! Et moi, le jour, la nuit, je suis dans les tourments C'était une rose aussi que ma mère, Tout le monde te le dira. Mais sans refleurir elle se fana, Et je reste seul sur la terre! ( 721 ) 0 cerisier, grand et beau, Te voir, chaque année, à ton renouveau, Est une merveille de joie. Front nu, branchage à claire voie, Squelette raidi de froid tout l'hiver, Aujourd'hui, te voilà de fruits roses couvert, D'une saveur rafraîchissante, Où l'oiseau se délecte et chante. Et moi, je fonds en pleurs et fuis le jardin vert. C'était un bel arbre aussi que mon père, Tout le monde te le dira. Mais rien qu'en mon rêve il refleurira, Et je reste seul sur la terre. M. le Secrétaire perpétuel proclame les résultats suivants des concours et des élections : CONCOURS ANNUELS, 1897. Un manuscrit portant pour devise : Dicit Sallustius Cre- toises primos invertisse religionem (Servius in Verg. Aeneid, VIII, 355), a été reçu en réponse à la deuxième question du programme sur Les croyances et les cultes de l'île de Crète dans l'antiquité. La Classe a reporté la question au concours dont le délai pour la remise des manuscrits expirera le 1er novembre prochain. Cinq mémoires ont été reçus en réponse à la cin- quième question : Quel est le fondement du droit de propriété individuelle? La Classe a accordé sa médaille d'or d'une valeur de six 5me SÉRIE, TOME XXXIII. 47 ( 722 ) cents francs an travail portant pour devise une sentence d'Aristote; l'auteur est M. Alphonse Ça part, professeur au collège Notre-Dame de la Paix, à Namur. Un manuscrit portant pour devise : Quid deceat, quid non (Horace, Art poétique), a été reçu en réponse à la sixième question Exposer les théories de la colonisation au XIXe siècle et établir le râle de l'État dans le développement des colonies. La Classe n'a pas décerné le prix proposé. La question sera remise au concours. Prix Joseph Gantrelle. (Troisième période : 1895-1896. Un mémoire portant pour devise : Ne quid nimis, a été reçu en réponse à la première question (Préparer une édi- tion critique des « Vies des douze Césars », par Suétone). La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a décerné le prix proposé (3,000 francs) à l'auteur de ce travail, M. L. Preud'homme, à Gand. Deux mémoires ont été reçus en réponse à la seconde question (Etude sur l'art oratoire, la langue et le style d'Hypéride). Le numéro 1 a comme devise le fragment 195 d'Hypé- ride. Le numéro 2 porte pour devise : Ense et calamo. La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a décerné le prix proposé (5,000 francs) à l'auteur du travail n" 1, M. Simon Kayser, professeur au Collège communal de Nivelles. ( 723 ) Prix De Keyn. (Neuvième concours, première période, 1895-1896. Enseignement primaire.) Sur la proposition du jury, la Classe décerne un prix de mille francs : 1° A M. Th. Coopman, à Bruxelles, pour son manuscrit intitulé : Kinderlust. Gedichten voor de Jeugd; 2° A MM. Victor Devogel, professeur agrégé de l'ensei- gnement moyen, et Luc Lonfils, instituteur, à Saint-Gilles, pour leur livre : De la réorganisation des cours d'adultes; 5° A M. A. Sluys, directeur de l'École normale d'insti- tuteurs, à Bruxelles, pour son livre : L'enseignement des travaux manuels dans les écoles primaires de garçons. Prix quinquennal d'histoire nationale. (Dixième période : 1891-1895.) Par arrêté royal du 20 mars 1897, pris sur la décision du jury qui a examiné les travaux de cette période, le prix de cinq mille francs est décerné à M. Charles Duvivier, correspondant de l'Académie, professeur à l'Université de Bruxelles, pour son ouvrage intitulé : La querelle des d'Âvesnes et des Dampierre. Prix quinquennal des sciences sociales. (Troisième période : 1892-1896.) Par arrêté royal du 10 avril 1897, pris sur la décision du jury qui a examiné les travaux de cette période, le ( 724 ) prix de cinq mille francs est décerné à M. P. De Paepe, conseiller à la Cour de cassation, pour son ouvrage inti- tulé : Études sur la compétence civile. ÉLECTIONS. Depuis ses dernières élections, la Classe a perdu MM. Aug. Wagener et Paul Henrard, membres titulaires; Ern. Curtius et le duc d'Aumale, associés. Sont élus : Membres titulaires (sauf approbation royale) : MM. Domi- nique Sleeckx, Paul Thomas et Ernest Discailles, corres- pondants. Correspondants : MM. Jules Leclercq, juge au tribunal de première instance, à Bruxelles, et Maurice Wilmotte, professeur à l'Université de Liège. Associé : M. Jules Lemaître, membre de l'Institut (Académie française), à Paris. ( 7w2o ) Séance générale des trois Classes du 11 mai 1897. Salle de marbre.) M. le comte Goblet d'àlmella, président de l'Acadé- mie. M. le chevalier Edmond Marchal, secrétaire perpétuel. Prennent également place au bureau : M. Alf. Gilkinet, directeur de la Classe des sciences; M. Th. Vinçotte, directeur de la Classe des beaux-arts, et M. le baron Edm. de Selys Longchamps. Sont présents : Classe des sciences. — MM. Éd. Dupont, vice-direc- teur ; G. Dewalque, E. Candèze, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, L. Henry, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, Léon Frede- ricq, J.-B. Masius, membres; L. Errera, J. Neuberg, Alb. Lancaster, M. Delacre et Julien Fraipont, correspondants. Classe des lettres. — MM. P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, Ï.-J. Lamy, Ch. Loomans, G. Tiberghien, Ad. Prins, J. Vuylsteke, Ém. Banning, A. Giron, le baron J. de Chestret de Haneffe, Paul Fre- dericq, God. Kurth, Mesdach de ter Kiele, le chevalier Ed. Descamps, G. Monchamp, membres; Alph. Rivier, J.-C. Vollgraff, associés; Ch. De Smedt et Jules Leclercq, correspondants. ( 720 ) Classe des beaux-arts. — MM. Charles Tardieu, vice- directeur; Éd. Fétis, F. -A. Gevaert, Ad. Samuel, Th. Radoux, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groo-t, Gustave Biot, Joseph Stallaert, Alex. Mar- kelbach, Max. Rooses, G. Huberti, A. Hennebicq, Ed. Van Even, Ém. Janlet, H. Maquet, membres; Flor. van Duyse et Van Ysendyck, correspondants. MM. Wauters, membre de la (Masse des lettres, et Hymans, membre de la (Masse des beaux-arts, écrivent qu'une indisposition les empêche d'assister à la séance. CINQUANTENAIRE ACADÉMIQUE DE M. LE BARON EDM. DE SELYS LONGCHAMPS. M. le comte Goblet ouvre la séance à 2 heures pré- cises en prononçant l'allocution suivante : La séance des trois Classes coïncide, cette année, avec le cinquantenaire académique d'un de nos membres les plus estimés et les plus sympathiques, l'honorable baron de Selys Longchamps. L'Académie ne pouvait laisser échapper cette occasion de témoigner à l'éminent jubilaire les sentiments qu'elle éprouve pour lui de longue date et que justifie l'étendue de ses services. Une voix plus autorisée que la mienne, celle de l'honorable directeur de la Classe des sciences, va vous retracer la carrière scientifique du baron de Selys et vous exposer ses titres à notre reconnaissance. J'ai donc prié notre vénérable confrère de vouloir bien prendre place au bureau pour nous permettre de lui ren- dre l'hommage que nous lui devons. (Applaudissements,) ( 727 ) M. Giikinet a pris ensuite la parole, au nom de la Classe des sciences. Cher et vénéré Confrère, Je dois à ma qualité de directeur de la Classe des sciences le grand honneur de vous exprimer aujourd'hui les félicitations de la Classe à l'occasion du cinquantième anniversaire de votre entrée à l'Académie royale de Bel- gique. Cet honneur, j'en comprends l'importance, mais j'en sens aussi le fardeau. Non pas que, moins que tout autre, j'apprécie les éminentes qualités qui vous distin- guent, non pas que mon admiration pour vos travaux et votre caractère le cède en rien à celle que vos confrères ont tenu à vous manifester aujourd'hui, mais je crains que ma voix ne soit impuissante à vous rendre dignement justice, qu'elle ne paraisse faible et insuffisante à l'Aca- démie qui désire exalter, comme elle le mérite, votre carrière tout entière consacrée au culte de la science et au bien du pays, et j'aurais désiré qu'un confrère plus ancien et plus autorisé que moi eût solennisé de sa parole cette cérémonie dont vous êtes le héros. C'est en 1831, il y a de cela soixante-six ans, que vous préludiez aux recherches qui devaient vous illustrer, en insérant dans le Dictionnaire géographique de la province de Liège publié par Van der Maelen un catalogue des oiseaux et des insectes aptères, névroptères et lépido- ptères de la province de Liège, et, depuis lors, votre acti- vité scientilique n'a cessé de se manifester par des travaux concernant presque toutes les subdivisions du règne ani- mal. Vous avez revu les genres Mus, Arvicola, Sorex, ( 7:28 ) publié des notices sur le Mus agrestis, les Musaraignes, les Campagnols observés en Belgique, et YArvicola Savii, espèce italienne nouvelle de Campagnols, vous doit la dénomination qui l'introduisit dans la systématique. Dans vos études de micromammalogie, vous étendiez vos recherches aux Mammifères d'Europe en général, et dans votre Faune belge, qui si longtemps a servi de guide à nos naturalistes, vous avez décrit les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles et les Poissons de notre pays. La classe des Oiseaux n'a pas manqué d'exercer votre sagacité : vous avez opéré un grand nombre de croise- ments dans la famille des Anatidés et constaté que la sous-famille des Ansérinés est celle qui fournit le plus d'hybrides. Dans vos Bemerkungen iiber die irahren Ganse, publiées par Naumannia de Dessau, vous avez étudié spécialement le genre Amer; enfin, vous avez consacré de très nombreuses notices aux Oiseaux de passage, aux Oiseaux américains inscrits dans la faune européenne, à la famille des Récurvirostridés, aux Mésanges, à l'Hiron- delle rousseline, au Buteo variegatus, à la Columba livia, aux Becs croisés, aux Nucifrages, aux Passereaux, etc. Dans la classe des Poissons, les Cypridinés, le Corre- gonus oxyrhynchus, les Anguilles ont fait l'objet de vos recherches; mais c'est dans l'étude de la classe des Insectes que votre activité scientifique s'est surtout mani- festée et, parmi ceux-ci, les Odonates ou Libellules vous doivent les travaux les plus importants qui aient été publiés sur leur classification. Non seulement vous avez réuni de ces jolis insectes la collection la plus complète qui existe, mais vous leur avez consacré de nombreuses notices qui, réunies, forme- ( 729 ) raient la matière de plusieurs volumes. Des savants étrangers s'occupant des mêmes études, entre autres le D1 Hagen,de Kônigsberg, ont réclamé votre collaboration, et la monographie des Caloptérygines, que vous avez publiée avec ce savant, vous a valu, en 1857, une part du prix quinquennal des sciences naturelles. Odonates d'Italie, de Sicile, du Mexique, des îles Sey- chelles, d'Algérie, de l'Asie septentrionale, de Madagas- car et des Mascareignes, des Philippines, de Sumatra, de la Nouvelle-Guinée, de Cuba, vous avez tout examiné, tout passé au crible de votre critique éclairée et judi- cieuse. Après les Libellules, les Lépidoptères semblent avoir été l'objet de vos prédilections et vous leur avez consacré de nombreuses pages dans les Mémoires de la Société des sciences de Liège et dans les Annales de la Société entomologique de Belgique. Admirateur fervent de la nature, vous ne vous êtes pas borné à l'étudier dans le règne animal, et tous ceux qui ont eu le bonheur de vous approcher savent quel soin jaloux vous apportez à conserver et à augmenter la végé- tation magnifique qui fait le charme de ce parc de Long- champs dans lequel vous allez chercher le repos après les fatigues de l'étude ; vous avez décrit ces arbres dans le Bulletin de la Société royale de botanique et fait con- naître les effets qu'a produits sur eux l'hiver néfaste de 1879-1880; vous avec décrit également une variété nou- velle du Populus virginiana. Ce ne sont pas seulement les recueils de l'Académie et des Sociétés belges qui ont publié les résultats de vos recherches : un grand nombre de revues scientifiques im- ( '30 ) portâmes de l'étranger ont été heureuses de leur accorder l'hospitalité. Je citerai notamment : la Société entomolo- gique de France, la Revue zooloyique de Guérin-Méne- ville, les Bulletins de l'Académie d'Hippone et de la Société zoologique de France, de l'Académie royale de Turin, les Actes de l'Académie de Florence, les Annales du Musée d'histoire naturelle de Gênes, de la Société espagnole d'histoire naturelle de Madrid, de la Société entomologique de Russie, les Annals and Magazine of nalural history, le Journal d'ornithologie, les Transactions of Entomological Society et Y Entomologist monthly Maga- zine de Londres, le Naumannia de Dessau, les Mitlheilun- gen des Kôniglichen Zoologischen Muséums de Dresde, etc. Je ne puis, cher et vénéré Confrère, passer en revue tous vos travaux, dont la liste seule n'occupe pas moins de vingt pages de notre Bibliographie académique. J'ajoute- rai pourtant que la question si importante de l'épuration et du repeuplement de nos rivières a trouvé en vous un protagoniste ardent et convaincu, tant au Sénat qu'à l'Académie, et qu'en l'année 1K82 vous avez institué un prix de 5,000 francs destiné à récompenser le meilleur mémoire sur la purification des eaux contaminées. Ces titres, cher et honoré Confrère, ont fait votre gloire et celle de l'Académie. Vous en possédez d'autres, d'une nature plus intime, qui vous ont conquis nos cœurs : je parle ici de votre caractère si droit, si loyal, si digne, si élevé, de cette courtoisie qui ne se dément jamais, du tact et de l'exquise délicatesse dont vous faites preuve dans vos rapports avec vos confrères, de votre inépuisable bonté, en un mot. ( 731 } Cher kt vénéré Confrère, De votre longue carrière, si noblement parcourue, découle un grand enseignement. Né dans des conditions de fortune et de position sociale qui vous dispensaient de la lutte pour l'existence, vous auriez pu, comme tant d'au- tres, vous borner à jouir des biens que le destin vous avait départis; vous ne l'avez pas voulu. Votre vie, vous l'avez consacrée tout entière au culte de la science et au service de votre patrie. Vous avez montré que le travail, représenté par certaines théories dissolvantes comme un châtiment immérité infligé par le sort aux déshérités de la fortune, est au contraire la loi et en même temps l'honneur et la consolation de tous. L'exemple que vous avez donné ne sera pas perdu. L*Académie, fière de vous posséder dans son sein, vous présente ses vœux les plus respectueux. Elle espère que pendant de nombreuses années encore vous conti- nuerez à siéger au milieu de vos confrères et à les éclai- rer de vos lumières. Les applaudissements unanimes de l'assemblée ont accueilli ces paroles ainsi que les remerciements que l'honorable jubilaire a adressés à ses confrères. ( 732 ) INAUGURATION DU MONUMENT STAS. (Grande salle des séances solennelles.) A 4 heures, le Comité exécutif de la souscription pour la publication des œuvres de Jean Stas, composé de MM. le général Brialmont, Depaire, Banning, Spring et Léo Errera, ainsi que M. le comte Goblet d'Alviella, pré- sident, et le chevalier Edm. Marchai, secrétaire perpétuel de l'Académie, viennent se constituer en bureau pour la cérémonie de l'inauguration du monument élevé à la mémoire de Jean Stas, dans le jardin du Palais des Aca- démies. Assistent à la cérémonie : M. le Ministre Nyssens, le Bureau de l'Académie royale de médecine, M. Buis, bourgmestre de Bruxelles, M. Graux, administrateur- inpecteur de l'Université libre de Bruxelles, M. Linls, bourgmestre, et MM. De Coster et Bosmans,échevins de la ville de Louvain, M. Leclercq, président de la Commission centrale de statistique, des membres de la famille Stas, des députations de plusieurs associations d'étudiants de l'Université libre de Bruxelles avec leurs drapeaux res- pectifs et un nombreux public composé principalement d'amis du défunt. ( 733 ) M. le général Brialmont, président du Comité exécutif de la souscription prononce le discours suivant (i) : Messieurs, Après la mort de Jean Stas, une commission inter- nationale se constitua et lit appel aux savants de tous les pays dans le but de perpétuer le souvenir des grands services rendus à la science par cet illustre chimiste. Avec les fonds qui ont été réunis ainsi, le Comité exécutif de la souscription a élevé à la mémoire de Stas an monument impérissable : l'édition complète de ses œuvres. Mais les trois volumes qui la constituent reposant dans les bibliothèques et les laboratoires, ne peuvent être appréciés que par une élite. Il nous a paru que ce n'était pas assez et qu'il convenait de faire connaître également au peuple, par un monument accessible à tous, un homme sorti de ses rangs, qui par son génie et ses tra- vaux fait honneur au pays et à l'humanité. Il fut un temps où les sciences, encore peu cultivées, n'intéressaient qu'un petit nombre d'esprits supérieurs et ne se manifestaient que rarement par des inventions ou des produits utiles à la masse des citoyens. Il n'en est plus de même aujourd'hui ! Les sciences, et particulière- ment la chimie, ont fait depuis le commencement de notre siècle des découvertes dont les applications ont exercé la plus heureuse influence sur la condition écono- mique des nations. C'est donc faire acte de justice et de (1) Ce Comité est composé de MM. Brialmont, Depaire, Banning, Spring et Léo Errera. Feu M. Maus en a fait partie également. ( 754 ) reconnaissance que d'honorer publiquement les savants qui ont créé ce mouvement sans précédent dans l'histoire. Le reliquat de la souscription après la publication des œuvres de Stas et les subsides mis à notre disposition par le Gouvernement et la Ville de Bruxelles nous ont permis de réaliser cette pensée par l'érection d'un monu- ment dans l'enceinte de ce Palais où son souvenir ne s'effacera pas. Au moment de procéder à l'inauguration de ce monu- ment, il convient d'exposer les principaux titres de l'homme illustre dont il consacre la mémoire. Jean Stas était élève à la Faculté de médecine de l'ancienne Université de Louvain, sa ville natale, quand il organisa dans les combles de la maison de son père — qui exerçait la profession de serrurier-poèlier — un petit laboratoire dont plusieurs instruments furent fabri- qués par lui. C'est là qu'il fit, en 1853, à l'âge de 20 ans, sa première découverte, celle de la phlorhizine, qui lui valut les félicitations de deux chimistes célèbres : Dumas et Berzelius. Celui-ci entrevit dès lors l'avenir réservé à notre jeune compatriote. Dans son Jahresbericht de 1855, il disait : « Il y a beaucoup à attendre d'un chimiste qui débute de cette manière. » Admis peu de temps après dans le laboratoire de Dumas, Stas compléta son mémoire et fut appelé à en lire des extraits devant l'Institut de France, honneur qui n'avait été fait jusque-là à aucun savant belge. Sous la direction et avec la collaboration de son illustre maître, Stas rédigea plusieurs mémoires, dont les plus remarquables, ceux qui devaient immortaliser son nom, ont pour titres : Recherches sur le véritable poids atomique du carbone et Mémoire sur les types chimiques. ( 733 ) Les travaux qu'il entreprit ensuite pour déterminer les rapports réciproques des poids atomiques lurent inter- rompus, en 1841, par sa nomination de professeur de chimie à l'École militaire de Bruxelles. Stas s'engagea à les continuer, mais il n'y avait pas alors en Belgique un laboratoire outillé pour de pareilles recherches, et le Gou- vernement refusait de compléter celui de l'École militaire. Stas fut donc obligé d'en faire construire un à ses frais dans la petite maison qu'il avait louée rue de Joncker. Celte construction et les expériences auxquelles il se livra pendant plusieurs années absorbèrent son petit patri- moine et une partie de son modeste traitement de profes- seur. En 1860, il écrivait à un de ses amis intimes : a Pour continuer mes recherches, je me suis imposé des sacrifices qui m'ont mis dans une gêne voisine de la pauvreté. » Le grand chimiste allemand Liebig connut cette situa- tion. Après la réception des Recherches sur les poids ato- miques, frappé d'admiration pour ce travail, il engagea vivement l'auteur à élargir encore le champ de ses investigations et lui offrit de réclamer à cet effet le con- cours du Roi Maxim ilien de Bavière, qui mettait chaque année à la disposition des savants une somme d'environ 100,000 florins pour faciliter leurs recherches. Cette lettre, qui est de 1860, a fait dire avec raison à l'un des biographes de Stas : « Un homme ayant au cœur quelque fierté pour son pays ne saurait lire cette lettre sans un profond sentiment d'humiliation. » Stas déclina l'offre de Liebig. Nul ne se méprendra sur le sentiment qui le guidait. La grandeur de son œuvre et l'étendue de son sacrifice n'ont été compris ni par le Gouvernement belge ni par la nation. L'esprit scienti- ( 736) tique était alors et est encore aujourd'hui peu développé dans le pays. A la fin cependant, les démarches de quelques amis décidèrent le Ministre de l'Intérieur à allouer à Stas, pour continuer ses expériences, un crédit de 6,000 francs à répartir sur trois années ! Trois ans auparavant, d'obscures intrigues avaient écarté d'une chaire universitaire à Liège cet homme qui l'aurait illustrée. Il faut rappeler ces faits, il faut les met- tre en parallèle avec ce qu'ont fait, par exemple, l'Angle- terre pour Faraday, la France pour Pasteur, l'Allemagne pour Helmholtz, atin qu'ils servent d'avertissement à tous. Qui peut dire jusqu'où Stas, qui alors avait encore devant lui trente ans d'incessant labeur, aurait poussé ses recher- ches et quels plus grands services encore il eût rendus à la science, à l'agriculture, à l'industrie, si l'Etat avait créé pour lui un laboratoire à la hauteur de toutes les exi- gences, où il eût poursuivi ses travaux à l'abri de toutes préoccupations matérielles, avec le concours de quelques élèves choisis, héritiers de sa pensée, continuateurs de son œuvre ? Si, depuis, les devoirs de l'État ont été mieux compris, si les moyens d'investigation sont devenus plus abondants, les successeurs de Stas se plaisent à le pro- clamer, c'est encore à lui, à ses persistants efforts que ce progrès est dû. Le premier travail fait par Dumas et Stas sur le poids atomique du carbone avait été une confirmation partielle de l'hypothèse de Prout : que les poids atomiques des corps sont des multiples exacts du poids atomique de l'hydrogène et que ce dernier est, par conséquent, la matière primordiale de laquelle les autres corps dérivent par voie de condensation. Cette preuve avait une grande importance, non seule- ( 737) ment au point de vue scientifique, mais encore au point de vue philosophique, car la notion de l'unité de la matière se rattache par un lien étroit à celle de sa nature et de son origine. Mais Stas se défiait des conclusions prématurées, qui généralement procèdent d'idées pré- conçues, et défendait à l'imagination d'envahir le domaine de la science. Avant d'admettre l'hypothèse de Prout comme une loi de la chimie, il jugea nécessaire de véri- fier si le résultat constaté pour le poids de l'atome de carhone avait un caractère général ; en d'autres termes, il voulut savoir si tous les poids atomiques s'expriment aussi par un multiple de l'hydrogène lorsque leur déter- mination a lieu d'une manière irréprochable. Il contrôla donc, par une méthode nouvelle, le poids du carbone; puis il fit connaître le poids de plusieurs autres corps simples, avec un degré de certitude qui étonna le monde savant. C'est à la suite de ces laborieuses recherches, poursuivies durant trois années, qu'il put conclure « que » l'on doit considérer la loi de Prout comme une pure y> illusion ». Un temps plus long lui fut nécessaire pour terminer son célèbre mémoire intitulé : Recherches sur les rapports réciproques des poids atomiques. Ce travail provoqua une admiration générale, excepté en France, où Dumas et quelques-uns de ses élèves ne purent se résoudre à abandonner l'hypothèse anglaise, si séduisante, de l'unité de la matière. « Vos importantes recherches, écrivit Bunsen à Stas, attacheront votre nom pour toujours au domaine le plus difficile delà chimie. » Et Liebig s'exprima ainsi : « C'est vraiment le fruit d'un travail extraordinaire et immense, poursuivi avec Ô""J SÉRIE, TOME XXXIII. 4i %iiii: de 1897. V Annuaire de 1897 contient vi-171 pages, comprenant la liste des membres, des correspondants et des associés de l'Académie, et les notices biographiques suivantes : Gustave Frédérix (156 pages avec portrait), par Ch. Potvin; Gustave De Man (8 pages avec portrait), par le chevalier Edm. Marchai. KUTH'EW BIOGRAPHIQUES ET IIIIM.KM. Il « !>■■ I©1 \K» concernant les membres, les correspondants et les associés. En assemblée générale des trois Classes du 6 mai 1852, l'Académie décida la publication, comme annexe à son Annuaire, d'une Bibliographie renfermant la liste des travaux des membres, des correspondants et des associés habitant le pays. Le volume actuel (vi-832 pages) est la quatrième édition de ce recueil dont la première parut en 1854, la deuxième en 1876 et la troisième en 1886. 11 comprend : 1° un aperçu historique sur l'organisation de l'Académie depuis la fondation, en 17(>9, de la Société littéraire qui fut érigée en 1772, par Marie-Thérèse, en Académie impériale et royale des sciences et belles- lettres de Bruxelles; supprimée de fait, en 1794, elle fut rétablie en 1816 par le Roi Guillaume Ie' et réorga- nisée en 1845 par le Roi Léopold Ie' en Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de ( 747 ) Belgique; 2° la liste des présidents, secrétaires perpé- tuels, directeurs, membres régnicoles el étrangers de 1769 à 181(> ; celle des présidents, secrétaires perpétuels, membres honoraires, directeurs, membres, correspon- dants et associés des Classes des sciences, des lettres et des beaux-arts, de 1 «S 1 < ï jusqu'à ce jour; 3° la liste des notices biographiques consacrées aux académiciens et insérées dans les publications de l'Académie; !" les noti- ces bibliographiques des membres, correspondants et associés des trois classes habitant le pays. (mémoires dk l'académie, l\-4 ".) Tome eiii. 3e fascicule. {Sciences.) Des polyèdres superposables à leur image (40 pages et 9 figures); par «. Cesàro. id. 4e fascicule. (Lettres.) De secten der Geeselaars en der Dansers in de Nederlanden tijdens de 14de eeuw (62 pages et 1 chromolithographie); par 1». Fre- dfiitq. ■d. 5e fascicule. (Sciences.) Description des minéraux phos- phatés, sulfatés et carbonates du sol belge (Mémoire couronné en décembre 1896, 136 pages et 54 figures); par ft. osiin». ■d. 6e fascicule. (Lettres.) Le monument chrétien de Si-ngan-fou; son texte et sa signification (32 pages imprimées1; par t.-j. i.»hh> et .%. oueiuy. MÉMOIRES COURONNÉS ET MÉMOIRES OES SAVANTS ÉTRA**»ERS (lI%-4°). Tome lt. 2e fascicule. (Lettres.) La torture aux Pays-Bas pen- dant le XVIII0 siècle; son application ; ses partisans et ses adversaires; son abolition. Étude historique (176 pages); par Eugène Hubert. ■d. 3e fascicule. (Lettres.) Histoire du Bouddhisme du Nord, principalement au Népaul (Mémoire couronné ( 748 ) en 1896, lOi pages imprimées); par Louis do la Vallée Poussin. Tome LV, 4e fascicule. (Sciences.) Recherches sur la maturation, la fécondation et la segmentation chez les Poly- clades (16 pages imprimées;; par ■». Francotte. HÉNOIRFJ I.K-S0. Tome vi.% in. {Lettres.) La frontière linguistique en Belgique et dans le nord de la France (Grand prix de Stassart en 1888, 2e volume, 32 pages imprimées); par G. Kurth Tome L. [Lettres.) Étude historique sur les corporations profes- sionnelles chez les Romains depuis les origines jusqu'à la chute de l'Empire d'Occident (Mémoire couronné en 1889, vol. II, pages 433-553); par J.-l». Walizing. Tome mv. 4e fascicule (Lettres.) La rivalité de la France et de l'Espagne aux Pays-Bas, 1633-1700. Étude d'histoire diplomatique et militaire (Mémoire couronné en 1894, 367 pages); par Henri Loncuay. Tome i>v. 1er fascicule. (Sciences.) Le poids moléculaire de l'eau et de l'iode. (Mémoire couronné en 1895, 94 pages et 2 figures : par .i Versciioffelt. Contribution à l'étude de la localisation microchimique des alcaloïdes dans la famille des orchidacées (30 pages et 1 planche); par i>c uroog. ■il. 2"ie fascicule. [Lettres.) Joseph II et la liberté de l'Escaut. — La France et l'Europe (254 pages ; par F. Magnctte. Quelques mots sur André Vésale, ses ascendants, sa famille et sa demeure à Bruxelles, nommée la maison de Vésale 75 pages, 3 planches et 1 figure : par Al pli. Wauters. id. 3me fascicule. (Sciences.) Sur un nouveau développe- ment de la fonction Gamma qui contient la série ( 719 ) de Stirling et celle de Kummer 28 pages); par G. l.andNbtM'K- Tome lv. Sur l'action chimique des effluves électriques et des rayons de Rôntgen (36 pages et 11 figures). — Action des vibrations électriques sur quelques substances "28 pages, 2 figures-, par A. de llemplinue. Tome LVi. [Lettres.) Les caisses d'épargne en Belgique. (Mémoire couronné en 1894 (112 pages imprimées); par F. Iturny et I- . llumande. LISTE DES TRAVAUX A PIBLIEB. Sur les impôts de consommation. (Mémoire couronné en 1893. 137 pages manuscrites); par Norman ScuoolnieeMters. Sur le rôle de la gravure en taille douce (mémoire couronné en 1893, 85 pages); par René van Hastelaer. Sur l'intervention de la phagocytose dans le développement des invertébrés (Mémoire couronné le 13 décembre 1896, 114 pages pro- patria et 5 planches in-4°); par le ■»■' c «e Rmyne. Sur le système nerveux périphérique de l'amphioxus (Mémoire couronné le 15 décembre 1896, 78 pages et 13 planches); par rm. J.-F. Heymaus et <>. Van lier Mtrleht. Sur la cicatrisation chez les végétaux (Mémoire couronné le 15 décembre 1896); par Jean Maasart. Sur les fonctions hypergéométriques d'ordre supérieur (26 pages manuscrites); par J. Reaupaln. Les passions allemandes du Rhin dans leur rapport avec l'ancien théâtre français (50 pages ; par m. Wiimofte. Sur la courbure des lignes et des surfaces (18 pages); par IM. Stuyvuert. .Notes pour servir à l'histoire du règne de Charles-Quint (158 pages); par Km. Gossart. Sur l'interprétation des données de la statistique et sur la natalité et la matrimonialité; par h. Rouis. Sur quelques propriétés des polyèdres non centrés superposables à leur image (10 pages et 8 figures); par c. Cesaro. Quel est le fondement du droit de propriété individuelle? Mémoire couronné, 591 pages); par Aipii. tapait. ( 750 ) CLASSE DES lll-MI \-ARTK. Séance du 12 mai 1897. M. Ch. Tardieu, vice -directeur, occupe le fauteuil. M. le chevalier Edmond Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Éd. Fétis, F. -A. Gevaert, Ad. Samuel, Th. Radoux, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, Jos. Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, G. Huberli, A. Henne- bicq, Ed. Van Even, Alfr. Cluysenaar, J. Winders et H. Maquet, membres; C. Hermans et Ém. Mathieu, cor- respondants. M. H. Hymans écrit qu'une indisposition l'empêche d'assister à la séance. CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la perte qu'elle vient de faire en la personne de Johannes Brahms, né à Hambourg le 7 mars 1855, élu associé de la section de musique le 7 janvier 1880, décédé à Vienne le 5 avril 1897. ( 751 ) — Hommages d'ouvrages : i. La sculpture française depuis le XIVe siècle; par Louise Gonse ; 5. a) In peintre belge de la fin du XVIIIe siècle, Antoine Clevenbergh, de Louvain ; h) La bienheureuse Marguerite de Loucain dite Marguerite la Fière, sa légende, son culte, sa chapelle; par Éd. Van Even; 5. Les futurs boulevards de Bruges; par Ad. Duclos; 4. De la gamme musicale; par Frédéric Hesselgren, à Turin. — Remerciements. - M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics transmet : 1° Le cinquième rapport réglementaire de M. Van Esbroeck, boursier pour la peinture, de la fondation Godecbarle, en 1895. — Renvoi à MM. Fétis, Clays, Hennebicq et Cluysenaar; 2° Une nouvelle composition intitulée : Salvo Regina, envoyée par M. Mortelmans, lauréat du grand concours de composition musicale de 1895, en exécution de ses obligations réglementaires. — Renvoi à MM. Huberti et Van Duyse. ELECTION. La Classe renouvelle le mandat de M. Éd. Fétis comme membre de la Commission administrative pour l'année 1897-1898. ( 752 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Dupont (Edouard). Guide dans les collections du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique. Bruxelles, 1897; in-8°(o4 p.). Van (1er Haeghen [F.). Bibliotheca Belgica, livraisons 137-141. Denis {Hector). Histoire des systèmes économiques et socialistes, vol. Ier : Les fondateurs. Bruxelles, [1897]; pet. in-8° (271 p.). Errera {Léo). Extension de l'Université libre de Bru- xelles. Année académique 1896-1897. Existc-t-il une force vitale? Bruxelles, 1897; in-8° (20 p.). Even {Edw. Van). Un peintre belge de la fin du XVIIIe siècle, Antoine Clevenbergh, de Louvain. Gand, 1897; extr. in-8° (30 p.). — La bienheureuse Marguerite de Louvain dite Mar- guerite la Fière, sa légende, son culte, sa chapelle. Lou- vain, 1896; in-8°(68p.). Wauters (Alph.). Quelques mots sur André Vésale, ses ascendants, sa famille et sa demeure à Bruxelles, nommée la maison de Vésale. Bruxelles, 1897; extr. in-8° (74 p. et 3 fig.). Crismer (L.) et Motteu(J.) Températures de saturation et températures critiques; application a l'analyse générale. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (19 p.). Crismer {L.). La résazurine, indicateur pour l'alcali- métrie. Bruxelles, 1896; extr. in-8°(4 p.). — Températures critiques de dissolution en tubes ouverts; application à l'analyse du beurre. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (7 p.). ( 735 ) Crismer (L.). — L'analyse des beurres par la détermina- tion de la température critique de dissolution. Bruxelles, 1897; extr. in-8» (31 p.). Meunier [Fernand). La prétendue période glaciaire à l'époque houillère de M. Julien, et la faune entomologiquc du stéphanien de Commentry. Bruxelles, 1896; extr. in-8° (2 p.). — Note sur un hyménoptère des lignites du Rhin. Bruxelles, 1890; extr. in-8° (2 p.). — Sur les prétendues empreintes d'arachnides du coral- lien de la Bavière. Bruxelles, 1897 ; extr. in-8" (4 p.). — Quelques réflexions au sujet du nouveau système de classification des insectes « muscides » de M. Girschner. Bruxelles, 1897 ; extr. in-8° (5 p.). — Les chasses diptérologiques aux environs de Bru- xelles. 1897; extr. in-8°(10 p.). Lahaye {Léon). Cartulaire de la commune d'Andenne, tome II, 1651-1792. Namur, 1895; in-8° (460 p.). Pàque (£.). De vlaamsche volksnamen der planten van België, Fransch-Vlaanderen en Zuid-Nederland. Namur, 1896; in-8°(o69 p.). Reychler {A.). Les théories physico-chimiques. Bruxelles, 1897; in-8" (281 p.). Duclos (Ad.). Les futurs boulevards de Bruges. Bruges, 1897; in-8°(24 p.). Van der Burch (le comte Guillaume). Le problème pro- portionnel arithmétiquement résolu à deux points de vue différents. Bruxelles, 1897; in-4° (35 p.). Gheldere (K. de). Dietsce Rime. Geestelijke gedichten uit de XIIIe, XIVe en XVe eeuvv, naar een Hs. van het einde der XVe eeuw uitgegeven, en van aanteekeningen en woor- denlijst voorzien. Bruges, 1896; in-8° (vm-280 p.). Slraven (François). Inventaire analytique et chronolo- gique des archives de la ville de Saint-Trond, tome VI, lre livraison. Saint-Trond; in-8°. 5me série, tome xxxm. 49 ( 1U ) Meerens (Ch.). Une réforme de pédagogie musicale. Bruxelles, 4897; extr. in-4° (2 p.). Malderghem {Jean van). Les fresques de la Leugemeete ; leur découverte en 4846 ; leur authenticité. Bruxelles, 4897; extr. in-8° (24 p.). Velge{G.). Compte rendu de la session extraordinaire de la Société géologique de Belgique et de la Société royale malacologique de Belgique : journée du mardi 8 septembre 4896, de Bruxelles à Tervueren. Liège, 4897; extr. in-8° (48p., 4 pi). Berlière (le R. P. Dom Ursmer). Monasticon belge, tome 1, 2me livraison. Maredsous, 1897; in-4°. Histoire du Conseil provincial de Luxembourg. Arlon, 4896; in-8° (xi-249 p.). Ministère de l'Industrie et du Travail. Carte géologique de la Belgique au 40,000e, 4e envoi : feuilles de Brecht-Oost- malle, Beersse-Turnhout, Arendonck-Postel, Saint-Gilles- Waes-Beveren, Anvers-Borgerhout, Schilde Grobbendonck, Lille-Casterlé, Béthy-Moll, Knesselaere-Somergem, Lierre- Berlaer, Hérenthals-Gheel, Meerhout-Baelen, Wynghene- Thielt, Aeltre-Nevele, Welteren-Zele, Boisschot-Westerloo, Kappelhoek-Hoogstaede. Ministère de la Guerre. Catalogue de la bibliothèque, 4e' volume : supplément. 4897; in-88. Ministère de la Justice. Coutumes des pays et comté de Flandre. Quartier de Furnes, tome Iï et III. (L. Gilliodts-Van Severen.) 4896; in-4°. Bulletin de Folklore, 4895, tome II, 7e-8e fascicules. Gand. Kon. Vlaamsche Académie. Middelnederlandsche gedichten en fragmenten, 3de aflevering (Nap. dePauw). — De Keure van Hazebroek van 4336, 3de deel (Edw. Gailliard). 4897; 2 vol. gr. in 8°. Liège. Institut archéologique . Bulletin, tome XXV. 4896. ( 755 ) Allemagne et Autriche-Hongrie. Kôlliker {Albert von). Die Energiden von v. Sachs ira Lichte der Gewebelehre der Thiere. Wurzbourg, 1897; in-8" (21 p.). Leipzig. Verein fur Erdkunde. Mittheilungen, 1896. — Die Insel Sansibar (Oscar Baumann). Leipzig, 1897. Munich. Aon. b. Akademie der Wissenschaften. Almanach, 1897; in-8°. Breslau. Verein fur Geschichte und Alterlhum Schlesiens. Zeitschrift, 31. Band. Autorenregister zu Band I-XXX. Scriptores rerum Silesiacarum, Band XVI. Halle. Akademie der Naturforscher. Repertorium zu den Acta und Nova Acta der Akademie (Arnim Graesel), Band II, 1 : Nova Acta, Band IX-LXIII. — Nova Acta, tom. LXV-LXVII. Leopoldina, 1896. Kata- log, Band II, 4. Vienne. Kais. geographische Gesellschaft. Mittheilungen, 1896. France. Gonse (Louis). La sculpture française depuis le XIVe siècle. Paris, 1895; vol. in-4° (360 p., pi. et fig.). Ferai (Gast07i). Observations météorologiques sur les pluies générales et les tempêtes, nouvelle édition. Albi, 1897; in-8°(22 p.). Paris. Académie des sciences. Réunion du Comité interna- tional permanent pour l'exécution de la carte photogra- phique du ciel, tenue à l'Observatoire de Paris en mai 1896. In -4°. ( 75G ) Grande-Bretagne. Carvill- Lewis [Henry). Papers and notes on the genesis and matrix of the diamond. Edited by T. -G. Bonney. Londres, 1897; in-8° (xn-72 p. et 2 pi.). Edimbourg. Royal Collège ofphysicians. Reports, vol. VI. 1897. Londres. Royal historical Society . The domesday of inclo- sures (1517-1518), vol. I and II. 1897 ; 2 vol. Italie. Hesselyren [Frédéric). De la gamme musicale; étude critique des gammes tempérées et de la gamme naturelle. Turin, 1897; in-8° (34 p.). Mantoue. R. Accademia Virgiliana. Atti e Memorie, 1895- 1896. Pise. // Nuovo Cimento, 1894-1896. Pays divers. Gretclianinow (A.). Sur la stabilité du mouvement de la machine réglée par un régulateur à action directe. Khar- kow, 1897; in-8° (91 p. et 2 pi.). La Haye. Ministerium der Kolonien. Die Triangulation von Java, 5. Abtheilung (Dr J. Oudemans). 1897; in-8°. Madrid. R. Academia de ciencias (isicas. Anuario, 1897; in-16 (364 p.). Upsal. Kôn. Universitàt. Zoologische Studiën. Festschrift Wilhelm Lilljeborg, zum 89. Geburtslag gewidmet von schwedischen Zoologen. 1896; in-4°. Zurich. Nalurforschende Gesellschaft. Verhandlungen (actes et comptes rendus des travaux). 1895 et 1896. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1897. — iV G. CLASSE DES SCIEMCKS. Séance du o juin 1897. M. Alf. Gilkinet, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Éd. Dupont, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, G. Dewalque, E. Can- dèze, Gluge, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie," F. Plateau, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, L. Henry, M. Mour- lon, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, Léon Fredericq, J.-B. Masius, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; A. -F. Renard et J. Neu- berg, correspondants. MM. Ch. Lagrange et G. Cesàro expriment leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance. 5rne SÉRIE, TOME XXX1U. 50 ( 758 ) CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la mort de deux de ses associés de la section des sciences naturelles : Alfred-Louis Legrand Des Cloizeaux, né à Beauvais le 17 octobre 1817, décédé le 7 mai 1897; Et le D1 professeur Julius von Sachs, né à Breslau le 2 octobre 1852, décédé à Wurzbourg le 29 mai 1897. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publi- que transmet une demande du Gouvernement russe de voir représenter l'Académie au Congrès international de géologie de Saint-Pétersbourg. — La Classe délègue M. Dewalque. — Hommages d'ouvrages : 1° Musée d'histoire naturelle de Belgique. D'Omalius d'Halloy (1785-1875); par Éd. Dupont (avec une note qui figure ci-après) ; 2° A. L'oocyte de Pholcus phalangioïdes Fuessl; I>. A propos de la délimitation cellulaire; par Ch. Van Bambeke; 5° De la nécessité d'une nouvelle loi au sujet de la partie de la médecine qui traite des signes de la mort; par le docteur Guillery. — Remerciements. — Travaux renvoyés à l'examen : 1° Sur quelques éthers des acides monochlor- et mono- bromacétiques ; par Rodolphe Steinlen, préparateur adjoint ( '59 ) à l'Université de Gand. Commissaires : MM. Spring et Henry; 2° Sur la triphényléthanone; par A. Gardeur. — Com- missaires : MM. Delacre et Henry. NOTE BIBLIOGRAPH1QIK. J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie un exemplaire dune seconde édition de la biographie de M. d'Omalius d'Hallôy. Elle se rappellera que la première édition a paru dans notre Annuaire de 1876. A cette époque déjà, j'étais convaincu de la nécessite de reproduire la Carte géologique du premier Empire français, terminée par l'illustre savant en 1815, et d'y joindre le tracé des énormes itinéraires qu'il avait exé- cutés pour la lever. C/ctait à la lois maintenir le souvenir d'une œuvre qui marque un point de départ dans la géologie de l'Europe occidentale, et préciser, par un procédé tangible, l'admi- rable effort qu'elle nécessita. Mais Y Annuaire ne comportait pas une annexe de ce genre. D'un autre côté, le moment présent me parut particu- lièrement opportun pour une deuxième édition. La question de l'origine des Indo-Européens et de leur civilisation première semble sur le point d'être élucidée dans le sens que préconisa d'Omalius d'Hallôy dès 1839. C'est seulement dans ces derniers temps que ses droits de promoteur sur ce sujet fondamental d'ethno- graphie ont été formellement reconnus dans la science. 11 importait de les affirmer. ( 760 ) L'étendue de ce nouvel exposé de la vie et des travaux de mon vénéré maître, non moins que l'adjonction de sa Carte géologique, ne lui faisait pas trouver place dans nos recueils. J'ai été par là amené à en faire une publica- tion à part. K. Dupont. KAPPOHTS. Il est donné lecture des avis de .MM. De lleen et Van der Mensbrugghe, sur une Théorie substantielle de la chaleur; par W. Goldschild. -- Dépôt aux archives. Sur l'éther (Uiisoy lacély lacet ique et ses dérivés ; par A. Sclioonjans. ltap/un-1 de ti . S/it-iuff, />«•*>»••>»- coiNiMJttai'i'P, (( L'auteur s'est proposé de vérifier si la méthode indi- quée par M. le professeur L. Claisen, pour obtenir l'éther benzoylaeétylacétique a un caractère général ou non. Dans le travail qu'il présente aujourd'hui à l'Académie, il a constaté qu'en effet le radical benzoyle peut être rem- placé par le radical anisoyle dans la méthode indiquée, sans préjudice pour le succès des opérations; des essais avec d'autres radicaux seront faits ultérieurement. Les recherches de M. Schoonjans peuvent être résu- mées comme il suit : Si l'on traite de l'éther acétylacétique mêlé d'éthylate ( 761 ) de sodium en solution alcoolique par du chlorure d'ani- soyle, en avant soin d'ajouter ce dernier par portions suc- cessives de plus en plus faibles, il se produit, en quantité presque théorique, de Véther anisoylacétylacétique CII!.CO.CH2 ) Sur les dérivés mercuriques halogènes de l'antipyrine; par le D' M.-C. Schuyten, docteur en sciences. Rapport ilf M. .1 . Jo »*»***•»•, pi'etniff commitintii'e. « Poursuivant ses recherches sur la composition et les propriétés des combinaisons que forme l'antipyrine avec les chlorures, bromures, iodures et cyanures de divers métaux, M. Schuyten s'est occupé en dernier lieu de l'étude des composés de mercuricum obtenus au moyen de cette base. Si l'on se rappelle (pie l'antipyrine est un médicament d'un usage courant en thérapeutique, qu'elle se caracté- rise par la facilité avec laquelle elle est influencée par beaucoup d'agents chimiques et que l'association de cette substance avec d'autres produits peut, à la suite de réac- tions spéciales, donner naissance à des mélanges dange- reux pour l'homme (1), on reconnaîtra que des recherches de ce genre présentent un réel intérêt au point de vue de la chimie pharmaceutique. Dans la note qu'il adresse à l'Académie, l'auteur fait connaître les conditions dans lesquelles se forment les composés de mercuricum dont il a entrepris l'étude, et décrit les caractères analytiques de. ces combinaisons. A ce propos, il a cru devoir indiquer, avec de nombreux détails, l'action de divers réactifs sur les produits qu'il a préparés. Sans offrir une bien grande importance au point de vue de la chimie générale, cette partie du travail de 1) Dr B. Fischer, Die neueren Arxeneimittel. Berlin, 1893, p. 233. ( 763) M. Schuvten constitue cependant, à notre avis, une con- tribution utile à l'étude des propriétés de l'antipyrine. En conseillant à l'auteur de présenter à l'avenir ses observations sous une forme plus concise, nous avons donc l'honneur de proposer l'impression de cette note dans le Bulletin de nos séances. » M. Spring, second commissaire, se rallie à cette pro- position, qui est adoptée par la Classe. Notice sur un appareil permettant de tailler un cristal suivant une direction déterminée et sur une méthode de tailler des plaques à faces parallèles; par le D1' F. Stober, répétiteur à l'Université de Gand. Kn/tpot't dft Jf . Ch. tle la Vallée t*ou**it*f ftffiiitff coiiittti.ssttiff. « L'appareil de M. Stober permet de tailler un cristal donné suivant une orientation déterminée. Cet appareil l'emporte par sa simplicité sur ceux qui ont été imaginés dans le même but. Il repose sur ce fait qu'une face plane est fixée de position quand on connaît son incli- naison sur un plan donné et la direction de sa trace dans le plan. L'auteur a imaginé un dispositif d'une grande simplicité, qui permet d'appliquer ce principeàun cristal, qu'il ne reste plus qu'à tailler et à polir suivant le plan indiqué par l'instrument. Les expériences consignées dans le mémoire de M. Stober font voir que les résultats obtenus par sa méthode ne comportent pas un écart dépassant 15 minutes angulaires. .le propose l'insertion de ce travail dans les Bulletins de l'Académie et la publication des figures qui l'accom- pagnent. » ( 764 ) Rapport de M. Kenat'H, aecottd romtiiMiairf, « L'étude des propriétés optiques des corps cristallisés réclame des appareils qui permettent de tailler les cris- taux suivant une orientation déterminée. On s'est beau- coup occupé, ces derniers temps, de la construction de ces appareils, et l'auteur de la notice rappelle ces divers instruments et discute les résultats qu'ils ont fournis. L'appareil qu'a imaginé M. Stôber n'a pas seulement le mérite d'être très simple, mais il est d'une grande précision et peut s'appliquer à la taille orientée de cris- taux de petites dimensions. Le principe du dispositif dont il s'agit repose sur le fait qu'une face est déterminée quand on connaît son inclinaison sur un plan donné, et une droite contenue dans le plan et par laquelle passe la face considérée. Cet appareil se compose d'un prisme en cuivre à base triangulaire équilatérale, sur lequel sont appliquées deux plaques de verre. On oriente celles-ci et le cristal de manière que le plan passant par les arêtes libres des plaques occupe par rapport au cristal la posi- tion de la face à tailler. L'auteur entre dans les détails du fonctionnement de l'appareil, il consigne une série d'expériences qui montrent que les écarts entre les angles des faces obtenues par le polissage et ceux déterminés par le calcul dépassent rarement 15 minutes, approxi- mation remarquable, si l'on tient compte que ces résul- tats furent obtenus par un instrument susceptible de subir encore quelques légères modifications de détail que l'auteur signale et qui en feront un appareil parfait. En terminant cette note, M. Stôber indique le procédé dont il se sert pour tailler dans un cristal une face paral- lèle à une autre face. ( 765 ) J'ai l'honneur de proposer à la Classe la publication de cette notice et des figures qui l'accompagnent dans les Bulletins de l'Académie. » La Classe adopte les conclusions des rapports de ses commissaires. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur l'incorrection de l'heure et de l'ascension droite déter- minées dans le système de l'axe instantané; par F. Folie, membre de l'Académie. Dans l'une des notices extraites de V Annuaire pour 1897, j'ai dit (p. 185) que les formules d'Oppolzer, qui suppriment la nutation eulérienne, pour la remplacer simplement par la variation des latitudes, seraient cor- rectes si ses angles s' et <{/i, angles compris entre l'axe instantané et l'axe de Fécliptique d'une part, entre l'in- tersection de l'équateur instantané avec Fécliptique et Féquinoxe lixes d'autre part, se rapportaient à trois axes rectangulaires X", V", Z", dont le dernier est l'axe instantané; mais qu'il n'en est pas ainsi dans l'exposition de l'astronome viennois. Je vais examiner, avec plus de détails que je ne i'ai t'ait dans F Annuaire, la signification des équations d'Oppolzer dans le cas où elles sont correctes. Supposons la Terre et ses axes principaux fixes; l'équa- ( 766 ) teur instantané oscillera, en vertu de la nutation eulé- rienne, de part et d'autre de sa position moyenne en une période de trois cent et quelques jours; il en sera de même de son intersection avec l'écliptique fixe; en sorte que l'angle ^1 d'Oppolzer sera soumis à la nutation eulérienne. Et lorsqu'il a démontré, dans le cas que je considère, et qui est celui d'une exposition correcte, que de\ de' , dp' . dp — — — i sin f,> — = sin e' — dt dt dt dt les conclusions qu'on en peut tirer sont les suivantes : La nutation eulérienne disparaît en obliquité; elle disparaît en longitude relativement à l'intersection de l'équa- leur instantané avec l'écliptique fixe. Mais elle ne disparaît nullement pour cela en longitude, comme le dit l'auteur, puisque la droite à partir de laquelle se comptent les variations A<[> de l'angle ^î? variations qui sont indépendantes de la nutation eulé- rienne, est soumise elle-même à cette nutation; de sorte que l'angle total, compté à partir de l'équinoxe fixe, y est soumis également, contrairement à l'affirmation d'Oppolzer. Nier ce point reviendrait à nier l'existence de la nuta- tion eulérienne. En d'autres termes, s'il est vrai que, dans le cas où le mouvement de la Terre est rapporté aux axes instantanés rectangulaires X", Y", Z", la nutation eulérienne est nulle dans l'espace, à d'intimes quantités près, pour ces axes, elle existe néanmoins pour l'observateur, dont la position, relativement à ces axes, varie en vertu de cette nutation. ( 7<>7 ) Et ce n'est pas seulement aux. variations de sa latitude qu'il le reconnaîtra, niais également aux variations de l'heure et de l'ascension droite. (1 me semble que c'est là un point sur lequel n'a pas encore été appelée l'attention des astronomes. Une objection que je nie suis faite à moi-même, se présentera peut-être à leur esprit. Dans le cas le plus simple, où il n'y a pas de forces perturbatrices, l'axe de rotation et l'équateur instantané, qui lui est perpendiculaire, sont immuables dans l'espace, à une intime quantité près; l'ascension droite et la décli- naison sont donc invariables lorsqu'on les observe par rapport aux axes instantanés. La latitude et la déclinaison, rapportées aux mêmes axes, sont faciles à déterminer au moyen de combinaisons de passages supérieurs ou inférieurs; la latitude sera naturellement variable, à raison de la notation eulérienne de l'axe géographique, supposé immobile dans la Terre; la déclinaison sera constante. Mais l'ascension droite, comment sedélerminera-t-elle? Admettons que la Terre tourne uniformément en vingt- quatre heures autour de l'axe instantané et considérons un lieu déterminé. Le méridien instantané repassera-l-il devant une étoile vingt-quatre heures exactement après son passage précé- dent? Évidemment non, puisque la position relative du lieu et du pôle instantané a varié en vertu du mouvement eulérien, et comme cette variation a une période de trois cent quatre jours, la quantité dont l'heure du passage de l'étoile au méridien instantané différera de vingt-quatre heures, ira en croissant à partir de zéro, pendant C 768 ) septante-six jours; elle pourra donc acquérir une valeur qui ne sera pas insignifiante, et il n'est pas permis d'aftir- mer que l'ascension droite, qui est constante, est l'heure, variable, du passage de l'étoile au méridien. Comment donc déterminer l'heure et l'observer dans le système de l'équateur instantané? Et comment observer l'ascension droite, qui doit être constante dans ce sys- tème, tandis que l'heure, déterminée par le passage d'une étoile au méridien instantané, est nécessairement variable? On voit ici reparaître, sous une autre forme, la nutation eulérienne du lieu de la Terre, dans les observations, malgré l'immuabilité des axes instantanés dans l'espace absolu ! Si donc, dans le système correct de ces axes, on peut atlirmer, avec Oppolzer, que la nutation eulérienne dispa- raît en obliquité et en longitude dans V espace absolu, elle se manifeste, pour l'observateur qui y est soumis, et par une variation dans la latitude, et, chose autrement grave, par une variation dans l'heure, dont l'uniformité absolue est l'élément le plus capital de l'astronomie. 11 va de soi, et l'un des astronomes les plus distingués l'a, du reste, reconnu, que les longitudes terrestres sont variables également dans ce système, et que leurs varia- tions dépendent non seulement de la nutation eulérienne, dont l'expression ne nous est guère connue, mais, en plus, de la latitude du lieu. En résumé, Oppolzer a affirmé que, si l'on rapporte les formules du mouvement de rotation de la Terre à l'axe instantané : 1° La nutation eulérienne disparaît en obliquité; 2" Elle disparaît en longitude; ( 769 ) 3° La définition de l'heure reste la môme que dans le système des axes principaux. On vient de voir que, si l'on rapporte correctemenl les formules à l'axe instantané, la première affirmation seule est exacte, les deux autres sont absolument fausses. Et (jue l'on n'arguë pas de la petitesse de la négligence commise dans l'omission de la notation eulérienne en longitude et en temps : autant vaudrait dire qu'on peut négliger la variation, bien établie, des latitudes; car les deux négligences sont absolument du même ordre. Certes, la matière est extrêmement délicate, et l'on n'a pas le droit d'être surpris que tous les astronomes, même géomètres, se soient laissé induire en erreur par la sub- tilité de l'analyse d'Oppolzer, qui ne s'est pas douté lui- même du vice originel dont elle est entachée. Résumons. En admettant même que la position abso- lue de l'axe instantané fût immuable dans l'espace, ce qui ferait disparaître toute notation en obliquité et en longitude, sa position apparente ne le serait pas, parce que l'observateur est soumis à la rotation de la Terre et à la nutation eulérienne; celle-ci se manifestera donc, et en obliquité, relativement à l'axe géographique, et en longitude, relativement à une origine iixe sur la Terre, et même dans l'heure. Ce qui manque au système d'Oppolzer, c'est surtout de pouvoir considérer la Terre comme lixe et le Ciel comme mobile. Et c'est le grand avantage du système de Laplace de pouvoir le faire. Dans l'un et l'autre système, on a les mêmes expres- sions des vitesses angulaires de la Terre autour des trois axes principaux X, Y, Z, fixes dans la Terre. ( 770 ) Au moven des formules connues do . . d* — = / cos » — m sin » ; sin 0 — • = l sin « -+• m cos o — — n — cos e — i dl dt on obtient, dans l'un et l'autre système, les expressions différentielles des variations en obliquité dO, en longi- tude dfy, et en vitesse angulaire do autour de l'axe prin- cipal Z, par rapport à trois axes fixes dans l'espace, auxquels l'écliptique et Péquinoxe fixes servent de base. Dans le système de Laplace, quoi de plus simple et de plus adéquat aux observations que de dire maintenant : Les axes principaux de la Terre sont fixes, l'écliptique et Péquinoxe sont mobiles? Dans le système de l'axe instantané, ceci n'est plus possible, puisque cet axe n'est pas immobile dans la Terre, et de là, indépendamment des erreurs de transfor- mation d'Oppolzer, des obscurités à peu près indéchiffra- bles dans son système. Après la démonstration que je viens de donner, il m'est permis de dire : Malheur à l'astronomie du XXe siècle, si elle persiste à se servir des formules d'Oppolzer, au lieu d'en revenir aux formules de Laplace et de Bessel, augmentées des termes dont le grand géomètre a donné l'expression, mais qui avaient pu être négligés jusqu'à ce que la pré- cision de l'astronomie contemporaine, et surtout la découverte des variations de latitude, eût obligé à en tenir compte! ( 771 ) Et malheur aussi aux astronomes qui prendraient, devant le XXe siècle, la responsabilité de cette injusti- fiable décision ! Ce serait imprimer à leur réputation une tache qu'ils auront à cœur d'éviter. Sur la période eulérienne; par F. Folie, membre de l'Académie. Depuis plusieurs années, j'ai nié que la période eulé- rienne pût différer notablement de la valeur théorique (504 jours) qu'elle a pour une Terre solide. Le plus illustre des astronomes-géomètres contem- porains a cherché à expliquer, par l'élasticité de l'écorce terrestre, la période chandlérienne (*) ; mais il semble que cette élasticité devrait avoir également pour effet de modifier assez notablement les termes dépendants des doubles longitudes de la Lune et du Soleil, fait que l'astronomie n'a pas constaté. Aussi ai-je cherché une explication plus simple de cette période, en faisant remarquer qu'elle serait celle-là même que l'on trouverait pour le mouvement eulérien consi- déré comme direct, si celui-ci était, au contraire, rétro- grade. Si le mouvement de 504 jours, auquel correspond un arc de 452° par an, est rétrograde, cet axe sera égal à — 452°, ou à 288" dans le sens direct, nombre qui correspond assez bien à la période de Chandler. C Monthly Sot., 1892. ( 772 ) La seule question est donc de savoir s'il existe un terme appréciable, à mouvement rétrograde, dans la nutation eulérienne. Ce terme existe en théorie. L'expression de la nutation eulérienne est, en effet, en obliquité : (I) Aa = — ^i sin (? -+-/£-♦- S0) -t- v{ sin (— ? -*- A -* ô0) (*); l'expression de sin 0AX est la même, à part le changement des sinus en cosinus dans le second membre. |30 est une constante arbitraire; «, et vt sont les pro- duits respectifs d'une seconde constante arbitraire par nAfW C — B est égal à V (C — A)(C — B) AB Les deux arbitraires sont déterminées par les condi- tions initiales du mouvement. Lorsque l'on a posé les équations différentielles du mouvement de rotation, soit de la Terre solide, soit de son écorce, en tenant compte des forces extérieures (attractions du Soleil et de la Lune, et, dans le second cas, attraction du noyau interne), l'intégration amène, dans l'un et l'autre cas, identiquement les mêmes expressions (I) pour les termes dépendants des constantes arbitraires. Il va de soi que, dans l'un ou l'autre cas, (') Révision des constantes de ["astronomie stellaire, p. 24. ( 775 ) A, B, C représentent les moments d'inertie principaux de la Terre ou de l'écorce. Si, pour la Terre solide, les mesures d'arcs de méridiens permettent d'affirmer qu'elle diffère peu d'un ellipsoïde de révolution, et que, par suite, B - A, qui entre comme facteur dans I! peut être considéré comme insensible, rien absolument ne nous autorise à supposer qu'il en soit de même pour l'écorce, à cause des différences d'épaisseur qui s'y mani- festent certainement. Bien au contraire, l'existence de la nu talion diurne établit que la différence précédente a une valeur sensible. Nous avons trouvé, pour le coefficient de la nutation diurne de l'écorce, par deux excellentes séries d'obser- vations, l'une en ascension droite, l'autre en 1), ys= 0",0G7 (*). L'expression de ce coefficient est 3/w.V/C — A C — B 8 V n I \ B — représentant le rapport du moyen mouvement du Soleil à celui de la Terre autour de son axe. Delà on[déduit, pour l'écorce terrestre. C — A C — B 8 / w \« (11) = - — 0",067sin 1" = 0,116. v ' B Afc-, 5 »»,/ (*) Revision des constantes de l'astronomie stellaire. Ô"IP SÉRIE, TOME XXXIII. 51 ( 774 ) Cette valeur très considérable permet certainement d'affirmer que celle de V G — A _» / (J — B V â B n'est pas minime et que, par conséquent, on est tenu d'avoir égard au second terme de la nidation eulérienne dans l'étude du mouvement de l'écorce terrestre. On peut observer, au surplus, que la quantité précé- dente 0,1 16 est égale au produit u, vA; d'où il suit que vt n'est pas insignifiant. Pour la Terre entière, pt serait égal à 0,08; mais nous ne pouvons avoir, par là, la moindre idée de sa valeur pour l'écorce. La seule relation que nous possédions entre les moments d'inertie de celle-ci est (II). Quant aux rela- tions qui sont données par les valeurs des constantes de la précession et de la nutation, on sait qu'elles sont relatives à la Terre entière, et non à son écorce (*). C'est donc l'observation seule qui pourra nous fixer sur le rapport des coefficients y{ et vt; mais une chose est hors de doute : c'est qu'il existe deux termes de nutation eulérienne, le premier à mouvement direct, le second à mouvement rétrograde. Si la période du pre- mier est de 501 jours, celle du second, considéré comme direct, sera de 456, o jours. Si l'on admettait que, pour l'écorce, la période du premier est de 529 jours, celle du second, considéré comme direct, serait la période chand- lérienne. (*) Ronkar, Sur l'influence du frottement et des- actions mutuelles intérieures dans les mouvements périoditjues d'un système (MÉM. COUR. ET DES SAV. ÉTBANG. DE l.'ACAD IN-4°, t. 1.1 . ( "5) Telle est, ce me semble, l'explication la plus simple de cette [tri iode. Les tentatives que Ton a laites pour expliquer un mouvement direct de l'écorce, d'une période de 4-30 jours, se heurtent à des objections irréfutables. Il serait possible, toutefois, que la période de Chandler provînt d'un terme de nutation tout à l'ait inconnu, dont l'existence semble révélée par certains faits nouveaux, qui ne trouvent pas leur explication dans la nutation eulérienne. Dans l'exposé qui précède, j'ai dit que celle-ci a la même expression pour l'écorce que pour la Terre entière, même si l'on tient compte de l'attraction du noyau sur l'écorce. Il n'en serait pas tout à fait ainsi dans le cas où l'on tiendrait compte également du frottement qui a lieu entre l'écorce et la couche superficielle fluide du noyau. Néanmoins, les termes eulériens resteraient inaltérés; mais il s'y ajouterait des termes, dépendants du frotte- ment, de la forme fie "', comme cela a été démontré dans un mémoire très savant que j'ai consulté dans les archives de l'Académie (*). Ces termes, décroissant très rapidement avec le temps, sont probablement insensibles à l'époque actuelle, et, dans tous les cas, trop peu sensibles pour que l'observa- tion puisse en constater l'existence. Les astronomes auront déjà beaucoup de peine à déterminer la période du mouvement eulérien, ainsi que les trois constantes, [3,„ yu,, yvL, qui déterminent ce mou- vement. Jusqu'à ce jour, on peut dire que les nombreuses et très laborieuses recherches auxquelles a donné lieu la (*) Voir mon rapport sur ce mémoire dans le Bulletin, t. XXVIII, p. 449. (776) variation des latitudes n'ont abouti à aucun résultai certain. Elles doivent être reprises conformément à la théorie du mouvement de rotation, non de la Terre, pour laquelle y, est insensible, mais de l'écorce terrestre (1). La faune marine du quaternaire mose'en révélée par les sondages de Strybeek (Meerle) et de Wortel, prés de Hooy- straeten, en Campine; par Michel Mourlon, membre de l'Académie. j'ai montré dans une publication récente (2) qu'il existe sous les amas de cailloux quaternaires, si bien déve- loppés en Campine, un puissant dépôt de sable blanc, dit sable de Moll, présentant, vers le nord-ouest, des bancs d'argile dont le plus supérieur a fourni à Merxplas des bois de Cervidés et de Bison (?). Il ressort également des nombreux sondages que j'ai effectués dans toute cette région, que le sable de Moll surmonte les dépôts tertiaires les plus récents du pliocène diestien et poederlien. Je me suis attaché enfin à montrer que le sable de Moll a été déposé par la mer quaternaire la plus ancienne et qu'il constitue le seul représentant bien défini de l'étage moséen. Malgré les considérations que j'ai fait valoir en faveur de l'origine marine dudit sable, certains géologues ne m'ont pas caché leurs doutes à cet égard. (1) Voir Essai sur les variations de latitude (1894) et Révision des constantes de l'astronomie Stella ire. (2) Les mers quaternaires en Belgique (Bull, de i.'Acad. roy. de Belgique, 3<- série, t. XXXI 1. p. t>7! ; 1896). ( 777 ) Rien que j'eusse signalé la présence de tubulations d'annélides dans le sable blanc deWaltwilder, près de Bil- sen, lequel occupe une position identique à celui de Moll, ils n'ont pas manqué de m'objecter, (l'une part, l'absence, dans ce dernier sable, de débris organiques marins et, d'autre part, la présence dans le même sable, à de certains endroits, de bancs tourbeux. C'est ainsi, notamment, que notre savant collègue d'Utrecht, M. le D1 Lorié, en me faisant connaître, par sa lettre du 25 janvier dernier, ses préférences pour l'ori- gine fluviatileà attribuer au « sable de Moll », s'exprime comme il suit : « En délibérant sur la possibilité de l'origine lluviatile, on ne doit pas penser (d'après ma manière de voir) aux rivières actuelles, qui coulent dans des chenaux assez étroits, mais plutôt aux terrains inondés où l'eau coule plus lentement, en nappes très larges, mais peu profondes, qui auraient déposé le sable en couches plus horizontales, de la même manière qu'elles déposent actuellement l'argile. Certes les coquilles peuvent disparaître des sables marins, élevés au-dessus du niveau de l'eau souterraine, mais il serait très curieux qu'il n'en restât pas une seule, surtout dans les lentilles ou les couches intercalées d'ar- gile. Ces couches contiennent des fossiles, mais ce sont des fossiles terrestres, des ossements de Cervus et de Bison. En outre, il y a de la tourbe dans le moséen, ce qui n'est pas non plus en faveur d'une origine marine : 1° Calmpthout . . . 9,20 — 11,20 m. ou 11, 00— 9,00m. -t-0 2« Westmalle. . . . 10,20 — 11,00m. ou 9,30— 9,00m.-+-0 3° Oostmalle. . . . 5,50 — 5,70 m ou 17,50 — 17,30 m. h- 0 4° Arendonck . . . 19,50 — 19,90 m. ou 5,50- 5, 10 in. h- 0 » Or la tourbe est une formation non marine. Il faudrait ( 778) invoquer, pour l'expliquer, des oscillations du sol, tandis qu'elle s'explique sans difficulté quand on considère le moséen, ainsi que le campinien, comme fluviatile. » J'ai cru devoir reproduire les lignes qui précèdent, non seulement parce qu'elles résument bien les princi- pales objections laites à mon interprétation de l'origine marine du sable de Moll, mais aussi parce qu'elles éma- nent de l'un des géologues les plus compétents en la matière. Aussi n'est-ce pas sans une vive satisfaction que je me trouve à même aujourd'hui de pouvoir annoncer que les objections dont il s'agit ne subsistent plus. Tous les doutes qui pouvaient encore exister dans l'esprit de cer- tains géologues quant à l'origine marine du sable de Moll sont levés maintenant par les résultats aussi impor- tants qu'inattendus des deux derniers grands sondages que je viens d'effectuer à l'extrémité septentrionale de la Campine. Le premier de ces sondages, pratiqué à l'estaminet In de Vos, situé à la frontière de Hollande, au hameau de Strybeek, à 12 kilomètres au nord de Hoogstraeten, a donné la coupe suivante : Sondage de StrybeeL Mèires. ///. 1. Sable quartzeux, blanchâtre 1,00 2. Sable quartzeux, gris, graveleux, avec quelques petit? cailloux 1,00 3. Sable quartzeux, jaunâtre, graveleux 0,80 qlas. 4. Argile sableuse, grisâtre 0,30 ijls. 5. Sable quartzeux, jaunâtre, assez grossier 0,60 ({las. b\ Argile sableuse, gris jaunâtre 0,10 A KEPORTEK. . . :i,80 ( 779 ) Mètres. Report. . . 3,80 qls. 7. Sable quartzeux, jaunâtre 1,20 if fa. 8. Argile schistoïde, gris bleuâtre, pailletée, parfois plastique 6,00 qls. 9. Sable quartzeux, demi-fin, grisâtre, pailleté. . . . 4,70 10. Sable quartzeux, grisâtre, pailleté 1,00 11. Sable très quartzeux, gris un peu plus foncé. . . . 0,50 qtsa. 12. Sable argileux, grossier, gris foncé, avec taches noires 0,20 qls. 13. Sable quartzeux, assez, grossier, plus pâle 0,60 14. Sable très quartzeux, grisâtre 0,30 qla. 15. Argile grise très fine, légèrement pailletée .... 0,30 qls. 16. Sable quartzeux fin, gris, pailleté 0,60 qla. 17. Argile grise, très fine et légèrement pailletée . . . 3,80 qls. 18. Sable gris, très quartzeux 4,00 qla. 19. Linéole d'argile grise 0,20 qls. 20. Sable gris, très quartzeux 3,80 qls(f). 21. Sable quartzeux, eoquillier : Cerithium... sp. ? <•. Cardium edule. Hydrobia ulvœ. Mya arenaria. Cette couche a une épaisseur de 4,30 qls. 22. Sable quartzeux, gris bleuâtre 10,50 23. Sable très quartzeux, gris, avec fragments et linéoles d'argile grise 1,0) 24. Sable très quartzeux, gris 1,00 qlm(f).1o. Idem, très eoquillier : Littorina littorea. Mya arenaria ce. — rudis ce . Corbula ... sp. ? Cerithium... sp. ? Cardium edule c. Murex... sp.? Pectuncidus... sp.? Ensis ensis. lialanus. avec fragments de bois et d'argile grise, ainsi que es cailloux de différentes grosseurs 3,50 A K PORTEK. . . 53,50 (780) Mètres. Report. . . 53,50 20. Un gros caillou. 27. Sable quartzeux, gris blanchâtre 1.00 28. Sable très quartzeux, gris, très coquillier : Littorina rudis ce. Cardium edule c. Cerithium... sp.? — norwegicum. Mya arenaria ce. lialanus. Dosinia exoleta. C-rustacé (pince). Lucina... sp.? Oursins (piquants). Mytilus edulis. avec fragments et linéoles d'argile, quelques frag- ments de bois et de petits cailloux 8.00 Totai,. . . 62,50 Le second sondage qui m'a fourni des coquilles mannes dans le moséen est situé au sud du précédent et à Test de Hoogstraeten, au village de Wortel, dans les dépen- dances d'une ferme appartenant à M. l'avocat Vaes, d'Anvers, et occupée par les enfants Vermeulen. En voici la coupe : Sondage de Wortel. Mètres. q4. 1. Sable quartzeux, jaunâtre, avec quelques grains de gravier 1,30 qia. 2. Argile grise plastique 1,70 qlas. 3. Argile sableuse, grise, bigarrée 0.50 4. Idem, gris bleuâtre, pailletée 0,50 qisa. 5. Sable argileux, gris bleuâtre, pailleté 1,00 6. Sable légèrement argileux, gris bleuâtre, pailleté . 4,50 qlas. 7. Argile sableuse, gris jaunâtre, pailletée 0,20 qts. 8. Sable gris bleuâtre, pailleté 2,50 A ueporter. . . 12,20 ( 781 ) Mètres. Report. . . 12,20 9. Sable fin, gris verdâtre clair, légèrement glauconi- fère et pailleté 2,00 10 Sable quartzeux, assez grossier, jaune verdâtre . • 2,30 qlas. II. Argile grise, légèrement sableuse, finement pailletée 2,00 12. Argile sableuse, gris foncé, avec taches noires. . . 2,00 qlsa. 13. Sable argileux, gris bleuâtre, pailleté 0,50 <{\a. 14. Argile bleue, légèrement pailletée 0,10 qlaa. 15. Sable légèrement argileux alternant avec de l'argile sableuse, grise, pailletée et des bancs de sable durci . . '. 12,00 q1s. 16. Sable un peu quartzeux, gris bleuâtre, pailleté, avec quelques linéoles d'argile gris bleuâtre '2,00 17. Sable assez grossier, gris bleuâtre, avec quelques linéoles d'argile et des fragments de tourbe. . . 2,00 18. Grès 0,0:i 19. Sable grossier, gris, légèrement pailleté 5,95 20. Sable quartzeux, pailleté, gris, légèrement glauco- nifère 5,00 qim. 21. Sable grossier, gris, graveleux, légèrement glauco- nifère. ' 2,00 c22. Gravier, cailloux et fragments de bois 0,30 23. Sable très quartzeux, gris, graveleux, glauconifère 1,70 q1m(f).%. Sable quartzeux, gris, glauconifère, graveleux, coquillier : Cardium edule c. Dosinia exoleta. — sp.'/ Balanus ce. Peclen 3 sp.? Ihyozoairc avec cailloux, fragments de grès roulés et de bois. 0,70 Total . . 53,70 Comme on le voit par ce qui précède, les sondages de Strybeek et de Wortel ont fourni respectivement à la ( 782 ) prorondeur de 51"\50 à 62m,50 pour le premier et à celle de 55 mètres pour le second, des amas de coquilles marines à différents niveaux dans le sable moséen et dans les couches graveleuses de la base de cet étage. Ces coquilles, que j'ai eu l'occasion de soumettre à un examen rapide de M. P. Dautzenberg et pour l'élude desquelles M. de Cort, le sympathique secrétaire général de la Société royale malacologique, a bien voulu me prêter son concours, constituent une faune non encore signalée, au moins à ma connaissance. Elles compren- nent, outre un certain nombre d'espèces qui se retrouvent dans nos dépôts quaternaires flandriens et modernes, quelques formes se rapportant aux genres Cerithium, Corbula, etc., qui n'ont encore été signalées jusqu'ici que dans nos couches tertiaires. Ce fait témoigne bien que les sédiments moséens qui renferment ces coquilles marines se sont déposés à l'au- rore des temps quaternaires dans le grand estuaire de la vallée de la Meuse, laquelle était par conséquent déjà formée à cette époque. Les sciences minérales devant les jurys des prix quinquen- naux des sciences naturelles; par G. Dewalque, membre de l'Académie. Au moment où, pour la première fois, les publications relatives aux sciences minérales sont soumises à l'appré- ciation d'un jury chargé de décerner le prix décennal récemment institué pour elles, après une longue attente, il m'a paru intéressant de revoir ce qui s'est passé chez nous pendant quarante ans, lorsqu'il existait seulement ( 783 ) un prix des sciences naturelles pour la meilleure des publications concernant les trois règnes de la nature. Cette revue m'a semble de nature à intéresser le public savant et en particulier mes confrères de l'Académie, et je demande la permission de la faire devant eux : les réflexions qu'elle suggère se présenteront naturellement. En 1845, à l'occasion de la réorganisation de l'Aca- démie, le (iouvernement institua un prix de 5,000 francs en faveur du meilleur ouvrage sur l'histoire du pays, publié durant chaque période de cinq années. La fonda- tion de ce prix quinquennal fut accueillie avec faveur, et bientôt les lettres et les sciences furent appelées à des encouragements semblables. Sur la proposition de M. Ch. Rogier, Ministre de l'Intérieur, un arrêté royal du (> juillet 1851 instituait cinq prix quinquennaux, dont un pour les sciences physiques et mathématiques, un autre pour les sciences naturelles ; puis un arrêté royal du 29 novembre suivant édictait le règlement de ces prix. Le premier devait porter sur les sciences naturelles, pour la période finissant le 31 décembre 1851. D'après l'article 2, « tout ouvrage sur une des branches énoncées » dans l'article précédent est admis au concours s'il est » publié en Belgique, s'il est entièrement achevé et si :» l'auteur est Belge de naissance ou naturalisé ». Par l'article 5, le jugement est attribué à un jury de sept membres. Aux termes de l'article 6, les ouvrages des membres du jury ne peuvent faire l'objet de son examen. A part quelques modilications de détail, dont la prin- cipale a été l'interdiction de diviser le prix, nous avons vécu pendant quarante ans sous l'empire de ce règlement. iN'ous allons voir ce qui est advenu pour les sciences minérales. (784 ) Première période : I8i7-1851 (l). Le jury était composé de J.-B.-J. d'Omalius d'Halloy, Cantraine, Gluge, Stas, Martens, Lacordaire et A. Spring. Nous ne savons qui lurent le président et le secrétaire ; Lacordaire fut rapporteur. Nous ne voyons pas ce qu'un chimiste pouvait faire dans ce jury. Le jury a d'abord résolu affirmativement la question de savoir si les mémoires académiques sont admis au concours, et négativement celle d'y admettre les travaux, dont les auteurs ont eu seulement en vue les applications dont la science est susceptible, et non la science elle- même. Puis il s'occupe de « la carte géologique du » royaume, à laquelle M. le professeur Dumont a tra- » vaille avec une si infatigable persévérance pendant » plus de dix années, et qui n'a été terminée qu'à la tin » de l'année dernière. M. Dumont a offert un exemplaire D de cette carte à la Classe des sciences de l'Académie » dans sa séance du mois de décembre 1851 ; d'autres » se trouvaient, à la même époque, déposés au Ministère » de l'Intérieur; bors de là, il n'en existait nulle part, » lorsque le concours fut fermé, un seul exemplaire à la » disposition du public, (le double dépôt, entre les » mains du Gouvernement et celles de l'Académie, pou- )> vait-il être considéré comme constituant une publicité » réelle? Le jury s'est prononcé pour la négative. » (i) Voir Bull. Acad. roy. de Belgique, l>'« série, t. XIX, 3e partie, jjp. (iO'2 et suivantes ( 78.-; ) Le jury déclare ensuite qu'il « a passé en revue tous » les travaux sur les sciences naturelles qui ont vu le » jour en Belgique depuis cinq années, et que, dans le » nombre, trois lui ont paru mériter son attention la » plus sérieuse, savoir : » 1° La Description des animaux fossiles du calcaire car- » bonifère de Belgique, 1842-1844, avec Supplément, 1S,*J1, » par L.-(î. De Koninck; » 2° Le mémoire de M. le professeur Dumont sur les » terrains ardennais et rhénan; » 5° Le mémoire sur les vers cestoïdes, par M. le » professeur Van Beneden. » Cet ordre ... n'est qu'un simple classement alpha- » bétique, basé sur les noms de leurs auteurs. » Le rapport analyse ensuite ces trois ouvrages, et il con- clut ainsi : « Tel est, Monsieur le Ministre, l'exposé lidèle des » impressions que l'examen de ces trois ouvrages a fait » naitre dans l'esprit du jury. Son amour-propre ne » souffre pas en vous avouant la perplexité qu'il a éprou- » vée lorsqu'il s'est agi de se prononcer en faveur de » l'un d'eux, à l'exclusion des autres. Porter un jugement » sur les œuvres de l'esprit humain dans lesquelles les » pensées, l'imagination et le style sont tout, c'est une » tâche comparativement facile; à lui seul, l'instinct du )> vrai et du beau y suffirait au besoin. Mais dans une » science positive, qui exige avant tout des faits, et qui » se subdivise en une foule de branches distinctes, que » faire lorsque des ouvrages rivaux, appartenant à des » branches différentes, se présentent avec un cortège » égal de résultats utiles à la science? Le problème à )> résoudre n'est-il pas à peu près le même que si l'on ( 786 ) » proposait à un mathématicien de combiner des quan- » tités de natures différentes? Les trois ouvrages dont il » vient de vous être rendu compte, Monsieur le Ministre, » n'ont rien de commun entre eux par le sujet, chacun » d'eux a fait taire un pas égal à la partie des connais- » sances humaines dont il traite. Dans l'impossibilité où » il se trouve d'établir lequel d'entre eux est supérieur » aux deux autres, le jury les met sur la même ligne et » conclut à ce que le prix soit partagé, ex œquo, entre » MM. De Koninck, Dumont et Van Beneden. » On pourrait retrouver dans le rapport d'autres traces de l'embarras où le jury s'est trouvé. Ainsi, l'analyse du travail de De Koninck occupe trois pages, celle du mémoire de P. Van Beneden, quinze pages, celle du mémoire de Dumont, huit lignes, plus cet alinéa, qui mérite d'être reproduit parce qu'on ne lit rien de pareil au sujet des travaux de ses concurrents. « Toutefois, cet immense travail, qui n'a vu le jour » qu'en l visiter une partie des lieux pour s'éclairer à cet égard. » Ce membre a choisi pour le but de cette excursion les » bords de la Salm, c'est-à-dire l'une des régions les » plus compliquées de l'Ardenne, et là, il a reconnu, » pour ce qui concerne ce point, l'exactitude de tous les )) faits énoncés par M. Dumont. Il faut dès lors admettre, » jusqu'à preuve du contraire, qu'il en est de même ■» pour les autres assertions du savant professeur, et, » cela étant, le jury n'hésite pas à dire que son mémoire )> doit être placé parmi les plus remarquables travaux de » géologie descriptive. » ( 787 ) On remarquera aussi que le rapport du jury ne fait aucune mention des ouvrages qui venaient en seconde ligne. L'exemple ne sera pas perdu. Arrivons à la période suivante. Deuxième période : I8i)2-ts:ifi (1). Le rapport est signé J. d'Omalius, président, Gluge, secrétaire, Stas, Spring et Lacordaire, rapporteur, c'est- à-dire que les sciences minérales n'y avaient encore qu'un seul représentant et qu'on y retrouve le chimiste. La carte de Dumont revint sur le tapis. Voici ce que le rapport nous apprend : « La carte géologique de la Belgique, ouvrage de l'en » M. le professeur Dumont, n'avait pu être admise à » concourir faute d'avoir été publiée en temps opportun. » Il s'en fallait, du reste, de très peu, car il en existait )> déjà un exemplaire, offert par l'auteur, entre les mains » de l'Académie et quelques autres déposés par lui au » Ministère de l'Intérieur. Il s'agissait, par conséquent, » de savoir s'il y avait dans ces deux dépôts une publicité » suffisante. Le jury se prononça pour la négative, et le » travail du savant professeur, dont la Belgique déplore » la perte, se trouva ainsi reporté dans la période quin- » quennale actuelle. » Cette fois, une question plus grave se présentait : » Cette carte pouvait-elle faire partie du concours? » L'affirmative n'était pas douteuse, si l'on s'en tenait » strictement à la lettre de la loi; mais en consultant (l) Voir Bull. Acad. roy. de Belgique, 2e série, t. III, p. 504. ( 788 ) » l'esprit de cette dernière et l'équité, les choses pre- » naient un tout autre aspect. » Un concours suppose, entre ceux qui y prennent » part, une certaine égalité de position et de forces. » Or, ici, l'inégalité était immense à ces deux points de » vue : d'un côté, des travaux dus à des savants livrés à » leurs propres ressources, sans autre soutien que leur » dévouement pour la science, manquant même parfois » du temps nécessaire pour approfondir, autant qu'ils le » voudraient, les questions objets de leurs études; d'un » autre côté, un ouvrage commandé et patronné par le » Gouvernement, exécuté à ses frais, élaboré avec len- » teur et maturité pendant dix-huit longues années. » Évidemment la partie n'était pas égale, et appeler » concours une lutte établie dans des conditions aussi » dissemblables, ce serait presque une dérision. A quoi » il faut ajouter que si la valeur scientifique du travail » en question était grande, le Gouvernement et l'opinion » publique, tant en Belgique qu'au dehors, ne s'étaient )> pas montrés ingrats envers l'auteur. Il a eu le bonheur » peu commun d'obtenir de son vivant une justice qui, » trop souvent, ne commence qu'après leur mort pour » les hommes qui ont consacré leur vie à la science. » Cette décision lut généralement approuvée. Le but du Gouvernement, en instituant des prix quinquennaux, avait été de favoriser la publication d'uuivres de valeur, à ce point que le règlement admet que le prix ne soit point décerné ou ne le soit qu'en partie. Il est clair que des travaux commandés et payés par lui n'ont pas besoin qu'on en favorise la publication. Le jury s'est alors occupé des publications les plus remarquables, et, après un examen attentif, son choix ( 789 ) s'est porté sur les œuvres veaux de nos terrains tertiaires, le mémoire couronné » de M. C. Malaise : Description du terrain silurien du » centre de la Belgique, une note de M. E. Dupont Sur une » nouvelle exploration des cavernes d'Engis, les recherches » de M. Monrlon sur l'étage devonien des psammites du » Condroz et sur les terrains des environs d'Anvers. » Puis, publiés soit à part, soit dans des ouvrages spê- » ciaux : les deux travaux de M. De Koninek : Recherches » sur les animaux fossiles {monographie des fossiles » carbonifères de Bleiberg en Carinlhie) et Recherches » sur les fossiles paléozoïques de la Nouvelle-Galles du Sud, » le manuel de Minéralogie pratique de M. Malaise,... les » articles de J. d'Omalius, Dupont, Arnould et de Rodi- » gués, Soreil, Hagemans et Berchem dans le compte » rendu de la sixième session du Congrès d'anthropologie » et d'archéologie préhistoriques; enfin, les chapitres » Orologie, Populations préhistoriques, par E. Dupont, » Géologie, par Mourlon, Paléontologie des vertébrés, par » P.-J. Van Beneden, dans Patria Belgica, œuvre juste- » ment estimée. » Nous ne pouvons cacher notre étonnement de voir classés dans les ouvrages de géologie des publications de paléontologie pure dont la place est dans les sciences zoologiques : nous voulons parler des travaux cités plus haut de De Koninek et de P. Van Beneden. Si, avec les prix décennaux actuels, la botanique et la zoologie fos- siles venaient faire concurrence à la minéralogie, à la pétrographie et à la géologie, plusieurs penseront qu'il serait préférable de supprimer les prix. Parmi tous ces travaux (au nombre de 161, compre- nant 280)0 pages d'impression et 159 planches), le jury en distingua deux, les Nouvelles recherches de De Koninek ( 794 ) sur les animaux fossiles du terrain carbonifère de la Belgique, — mais l'œuvre ne concernant que les polypes, n'était qu'à son début, — et la Description du terrain silurien du centre de la Belgique, par C. Malaise, couronnée par l'Académie. Finalement, le prix fut décerné à M. É. Van Beneden pour ses Recherches sur les Dicyémides, sur les premiers phénomènes du développement de l'œuf des Mammifères, etc. Septième période : 1877-1881 (1). Le jury était composé de MM. E. Candèze, président, É. Dupont, rapporteur, E. Morren, Crépin, Van Bambeke, (lilkinet et F. Plateau. Il semble s'être passé de secré- taire. La première phrase du rapport de ce jury doit être reproduite textuellement, car elle indique un change- ment complet de vues sur les ouvrages appelés à concou- rir. La voici : « Le jury chargé de décerner le prix quinquennal à » l'auteur belge qui a fait réaliser le plus de progrès à » l'histoire naturelle pendant la période... » C'était se placer en dehors des conditions réglementaires. Comme le rappellent la plupart des rapports précédents, les prix sont institués, non en faveur des auteurs qui ont fait réa- liser le plus de progrès, mais de l'ouvrage le plus remar- quable. Le Gouvernement n'a pas fait d'observations, mais ce précédent ne peut faire loi, malgré les réclama- tions, tant que l'arrêté royal du 0 juillet 1851 n'est pas modifié. Il y a pour son maintien des motifs importants, que nous serons peut-être amené à développer. (t) Voir le Moniteur belge du t« décembre 1882. ( 793 ) Le jury, après avoir constaté l'éclal avec lequel diverses branches avaient été cultivées depuis le dernier concours, distingua deux auteurs. « Pendant la seule période quinquennale dernière, » M. P.-J. Van Beneden a publié, sur la distribution » géographique des mammifères marins, non moins de » douze mémoires et notices, fruit de longues recher- » ches qui ont nécessité à la fois une complète compé- » tence et des relations scientifiques très étendues. » Cette série de travaux ne constitue cependant qu'une » sorte d'appendice à l'œuvre que M. Van Beneden exé- » cute sur les cétacés fossiles... Il suffira de rappeler » que ces descriptions (des cétacés d'Anvers) sont accom- » pagnées d'atlas comprenant 127 planches in-plano, » pour donner une idée de l'extension du travail; et » encore les matériaux qu'il reste à faire connaître et » dont l'élaboration est déjà fort avancée, atteignent-ils » peut-être la même étendue que celle qui vient d'être » décrite. » Pendant la même période, M. De Koninck a publié » deux groupes de travaux... : la description des fossiles » siluriens, devoniens et carbonifères de l'Australie, dans » les Mémoires de la Société royale des sciences de Liège, » et la description des poissons, des céphalopodes et des » gastéropodes du calcaire carbonifère de la Belgique, » dans les Annales du Musée. » Ce dernier ouvrage n'aurait peut-être pu l'emporter, » dans la décision du jury, sur l'œuvre cétologique de » M. Van Beneden, l'un et l'autre étant d'une impor- » tance magistrale. Mais il nous a paru que les publica- » tions de M. De Koninck sur l'Australie, s' adjoignant à » son grand travail sur le calcaire carbonifère belge, fai- » saient définitivement pencher la balance en sa faveur. » ( 796 ) Le rapport analyse ensuite la description des fossiles de l'Australie et celle des poissons, céphalopodes et gas- téropodes du calcaire carbonifère de notre pays, « com- prenant trois volumes; un quatrième vient d'être mis en librairie ». Puis il insiste sur la partie slratigraphique de l'œuvre, et ce dans des termes qu'il convient de reproduire : « Alors que les opinions émises en dernier lieu consi- » déraient la faune du calcaire carbonifère belge comme » ayant évolué graduellement et avec continuité, il nous » montre d'une manière irrécusable qu'elle s'est déve- » loppée pendant trois époques distinctes et successives, » que pendant ces trois époques la plupart des espèces » ont été modifiées ou renouvelées au point de former » une série faunique particulière et caractéristique pour » chacune d'elles. La première... » Il v a là des opinions à laisser pour compte au membre représentant la géologie dans le jury. Le prix fut décerné à l'unanimité. Huitième période : 1882-4886 (1). Le jury était composé de MM. Crépin, président, Ma- sius, rapporteur, Fredericq, Gilkinet, Mourlon, Plateau, Renard, membres. Pas de secrétaire. « Parmi les nombreux travaux ressortissant aux » sciences naturelles qui ont paru pendant la période » quinquennale 1882-1 880, le jury a particulièrement » distingué une œuvre de M. É. Van Beneden... Recon- (lj Voir le Moniteur belge du 14 décembre 1887. ( 797 ) » naissant le mérite supérieur de cet ouvrage, le jury » propose de lui décerner le prix. » Suit l'analyse de cet ouvrage; il n'est pas question d'autre chose. On peut partager l'opinion du jury et regretter qu'il n'ait pas cru devoir citer les travaux qui, à défaut de l'œuvre couronnée, auraient pu aspirer au prix. Ce reproche ne peut être adressé au jury suivant. Neuvième période : 1887-1891 (1). Le jury était composé de MM. Crépin, président, Errera, de la Vallée Poussin, Malaise, Mourlon, Renard et Masius, rapporteur. Il n'avait donc point de secré- taire, mais les sciences minérales y étaient représentées par MM. de la Vallée Poussin, Malaise, Mourlon et Renard. Le rapport constate des travaux considérables, notam- ment ceux de MM. Dollo, Cesàro, J. Fraipont, M. Lohest, F. Plateau, Van Gehuchten, L. Fredericq et É. Van Reneden; sans compter M. l'abbé Renard, qui s'était retiré du concours et siégeait dans le jury. « M. Dollo s'est occupé notamment des Chéloniens » oligocènes et néogènes de la Relgique et des Mosasau- » riens de Mesvin... » « M. Cesàro a publié plusieurs mémoires de très » grande importance et bon nombre de notes concer- » nant la minéralogie et surtout la cristallographie, » branche où il s'est acquis une réputation hors ligne. » (I) Voir le Moniteur belge du 28 décembre 1892. ( 798 ) Suit une longue analyse des principaux travaux de notre savant confrère. « MM. J. Fraipont et M. Lohest se sont particulière- » ment distingués par la publication de nombreux et » importants travaux. Nous nous bornerons pourtant à » l'exposé de ceux qui paraissent avoir la portée la plus » étendue. » Les Recherches sur les ossements humains découverts » dans les dépôts quaternaires d'une grotte à Spy consti- » tuent une œuvre capitale... » M. Quatrefages a dit, à juste titre, au Congrès de » Paris, en 1889, que nos deux jeunes savants belges » ont établi la race de Neanderthal sur des bases scien- » tifiques désormais indestructibles. » « Mentionnons aussi la Monographie du genre Polygor- » dius de M. J. Fraipont... » « Nous citerons enfin différentes Notices sur les phos- » phates de Hesbaye, les Recherches sur les poissons » devoniens et les Recherches sur les argiles plastiques » d'Andenne, par M. Lohest. » « M. F. Plateau... « M. A. Van Gelmchten... « L'œuvre de M. L. Fredericq est très considérable. » Elle le place au premier rang des physiologistes les » plus renommés... » « M. É. Van Beneden... » Le jury estime que son mémoire a un mérite pré- » pondérant. Il le considère comme l'ouvrage le plus » remarquable paru pendant la période, le plus riche en » idées générales et le plus fécond en enseignements » scientifiques. L'importance exceptionnelle et la portée » si étendue des découvertes qui sont consignées dans ce » travail, le placent hors de pair. » ( 799 ) On voit la part qui a été faite aux sciences minérales par des jurys dans lesquels, huit fois sur neuf, elles ne comptaient qu'un représentant. Les travaux les plus importants sont passés sous silence ou à peine honorés d'une mention. Mais n'insistons pas. De cette revue se dégagent, croyons-nous, quelques considérations qui méritent de ne pas être perdues de vue : 1° Les jurys doivent nommer un secrétaire, et les pro- cès-verbaux des séances, après approbation, doivent être déposés dans les archives de l'Académie, au vœu des instructions ministérielles ; 2° 11 est désirable que les rapports ne se bornent pas à mentionner et à analyser le mémoire couronné, mais fassent connaître l'appréciation des travaux qui ont approché du prix ; 5° Il est désirable que les rapports des jurys soient insérés dans les Bulletins de l'Académie, comme cela a eu lieu dans les premiers temps. Il n'est pas à craindre que le Gouvernement s'y oppose; 4° On doit en revenir à l'organisation primitive, attri- buant le prix à Vœuvre la plus remarquable, et non à l'auteur dont les notices ont fait faire le plus de progrès. On peut différer d'opinion sur ce point; mais l'arrêté royal doit être observé tant qu'il n'a pas été modifié. Et s'il doit l'être, ce sera sans aucun doute après une discus- sion à la Classe des sciences de l'Académie; 5° La proposition, adoptée par la Classe, de réduire le nombre des membres du jury à cinq n'aura pas seule- ment pour effet de faciliter la liste double des présenta- ( 800 ) tions, elle aura aussi pour avantage de donner plus de responsabilité à chacun. Cette réduction sera d'autant plus facile que les ouvrages de paléontologie animale ou végétale prennent part aux concours des sciences zoologiques ou botani- ques, et que ceux de paléontologie stratigrapbique ont pour juges naturels les stratigraphes. Note relative à la photographie de l'atmosphère solaire; par P. De Heen, membre de l'Académie. Dans la dernière séance de l'Académie, notre savant confrère, iM. LePaige,a communiqué une note pleine d'in- térêt sur les phénomènes qui se présentent lorsqu'on photographie le soleil à l'aide de plaques non voilées ou relativement peu voilées. Les faits signalés sont abso- lument conformes à la réalité, mais ils ne louchent qu'en certains points au fait que nous avons voulu montrer. Dans tout travail d'expérimentation, il importe d'isoler aulant que possible le fait que l'on veut étudier, afin de le montrer dans toute sa simplicité. Or, dans la question qui nous occupe, deux actions inverses se superposent généralement : le pouvoir actinique et le pouvoir dévoi- lant. L'étude du pouvoir actinique d'une source lumi- neuse doit se faire en éliminant le pouvoir dévoilant, résultat que l'on obtient aisément en faisant usage de poses très courtes et absolument instantanées lorsqu'il s'agit du soleil. De même, lorsque l'on veut étudier le pouvoir dévoilant, il importe de faire disparaître en tota- lité ou en presque totalité le pouvoir actinique, par une ( 801 ) exposition préalable et prolongée à la lumière (1). De pareilles plaques fournissent des résultats d'une grande simplicité : Quelque pelil tjue soit le temps de pose, l'image du bord du soleil est toujours plus dévoilée que le centre. Nous avons, à cet effet, fait varier les temps de pose depuis celui qui fournissait une image à peine percep- tible jusqu'à celui qui fournissait les images les plus vigoureuses, et toujours le bord s'est trouvé plus dévoilé. Nous remarquons que pour les images très faibles le disque solaire n'a encore exercé aucune action sur la plaque, lorsque le bord seul montre une trace de dévoi- lage. Le deuxième point touché par mon honorable confrère se rapporte au diamètre des images observées. A l'aide de plaques non voilées ou insuffisamment voilées, on obtient bien des anneaux voilés ou dévoilés suivant le temps de pose, dont le diamètre est celui de l'image produite sur le verre dépoli, c'est-à-dire l'image de la photosphère, mais il en est autrement lorsque la plaque a perdu sensiblement sa faculté actinique. On remarque alors que l'anneau présente un diamètre sensiblement plus grand. Afin de le montrer d'une manière indéniable, nous nous sommes servi successivement de deux plaques auxquelles nous avons fourni le même temps de pose : l'une était suffisamment voilée, l'autre l'était d'une ma- nière insuffisante. Cettedernière a fourni l'anneau brillant (positif) (fîg. I) bien nettement marqué; l'autre, l'anneau (1) Le temps de voilage varie nécessairement avec le genre de plaques et l'intensité de la lumière. Les résultats que nous signalons ici ont été obtenus à l'aide de plaques Beernaerts exposées pendant 10 secondes dans un appartement éclairé par le soleil. ( 802 ) noir (fig. II), lequel ne représente pas le renversement de l'anneau clair, car en superposant les deux clichés nous avons obtenu l'image du phénomène de l'éclipsé; l'anneau noir était entouré en tous ses points par l'anneau dévoilé du deuxième cliché (fig. III). L'anneau dévoilé représente donc bien, dans les conditions que nous venons d'examiner, l'image de l'atmosphère solaire, dont la photographie ou l'observation directe n'ont pas été réalisées jusqu'à présent. Cette interprétation est du reste confirmée d'une ma- nière éclatante par cette circonstance que l'épaisseur de cet anneau correspond précisément à celle que possède généralement la chromosphère, soit un accroissement diamétral inférieur à 1 millimètre pour une image de 4 centimètres de diamètre. A la suite de la communication de M. De Heen, M. Le Paige fait connaître verbalement à la Classe les résultats qu'il a obtenus depuis la dernière séance. Il n'a pas eu le temps de coordonner complètement ses obser- vations et de les discuter. Cet exposé pourra se faire plus utilement lorsqu'il aura pu prendre communication des observations de son savant confrère. Il tient néanmoins à faire consigner le fait suivant : la photographie du soleil obtenue par une exposition suffisamment prolongée donne un cliché négatif, presque aussi satisfaisant que celui que l'on obtient par une pose instantanée. Il en résulte que les trois phases successives dont il a déjà indiqué l'existence dans sa première note, ont bien lieu. La troisième phase, c'est-à-dire l'obtention du second négatif, n'est plus modifiée par une prolongation de l'exposition. Bulletins, 3<> série, t. XXXIII, p. 802. Fig. I Fig. II Fis. III Clichés P. I)e Meen. G. Lavalette, dessin. ( 805 ) ISote préliminaire sur la constitution de la bande silu- rienne de Sambre-et-Meuse ; par C. Malaise, membre de l'Académie. J'ai signalé, à différentes reprises, des découvertes apportant des données nouvelles sur la constitution de la bande silurienne du Condroz ou de Sambre-et-Meuse (1), que Dumont avait considérée comme extrêmement simple. J'ai pu y constater, jusqu'à présent, l'existence de divers niveaux géologiques, correspondant aux divisions anglaises classiques suivantes : Arenig — Llan- deilo — Caradoc — Llandovery — Wenlock — Ludlow. J'ai démontré par l'étude des graptolithes (2) que les (1) Description du terrain silurien du centre de la Belgique. 1873. Mémoire couronné. (Mém. cour, et des sav. étr. de l'Acad. roy. de Belgique, in4°, t. XXXVII, p. 56.) Observations sur quelques graptolithes de la bande silurienne de Sambre-et-Meuse. Liège, 1886-1887. (Annales de la Société géolo- gique de Belgique, t. XIV.) Les schistes de Huy et leur signification géologique. Liège, 1887-1888. (Ibid., t. XV.) Sur les schistes noirs de Sart-Bernard. (Ibid.) Découverte de la faune de la base du silurien en Belgique. 1888. (Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3° série, t. XV, p. 365.) Sur les graptolithes de Belgique. 1890. (Ibid., t. XX, p. 440.) (2) Sur les graptolithes de Belgique. (Loc. cit., p. 440.) ( 804 ) niveaux de Arenig — Wenlock — Ludlow y étaient parfaitement caractérisés, et que le Caradoc y était représenté par les fossiles qui spécialisent celui-ci dans le silurien du Brabant (1). D'autre part, M. M. Lohest a trouvé au fond d'Oxhe, près Ombret (2), une faune que je crois appartenir au Llandeilo supérieur (5). De nouvelles recherches et des débris organiques en meilleur état de conservation m'ont fait découvrir, prin- cipalement dans les schistes et calschistes supérieurs au niveau du Caradoc, un ensemble de fossiles caractéris- tiques du Llandovery , du Wenlock et peut-être du Ludlow. Les subdivisions du silurien supérieur sont caractérisées, soit par la présence de quelques espèces qui leur sont particulières, soit par la réunion d'un ensemble d'espèces spéciales, occupant une position stratigraphique bien déterminée. Certaines espèces peuvent se trouver dans plusieurs subdivisions, mais la réunion constante d'un certain ensemble est particulière à une subdivi- sion. L'Arenig que l'on observe aux extrémités orientale et occidentale du tunnel de Huy-Statte et dans la grande (1) Description du terrain silurien du centre de la Belgique. (Loc. cit., pp. 61-62.) (2) G. Dewalque, Un nouveau gisement de fossiles siluriens à Ombret. (Annales de la Soc. géol. de Belgique, t. XXI, p. lxxx.. Liège, 1893-1894.) (3) C Malaise, Sur l'aspect Llandeilien du massif d'Oxhe (Ombret). (Ibid., p. cvm.) ( 805 ) tranchée entre Sart - Bernard et Nanïnnè, contient les espèces suivantes : Climacograptus antennarius, Hall. — Scharenbergi, Lapw. Dichograpius hexabrachyatus, Mal. — octobrachyatus, Hall. Didymograptus Murchisoni, Beck. Diplograptus pristinifbrmis, Hall. — (Cryptograptus) tricornis, Carr. Phyllograptus typus, Hall. Tetragraptus bryonoides, Hall. Caryocaris Wrightii, Sait. .Eglina binodosa, Sait. Je considère comme se rapportant au Llandeilo les schistes quartzifères micacés, avec quartzites presque noirs, du petit fond d'Oxhe, près Ombret. Les fossiles que Ton y trouve appartiennent à des genres renfermant de nombreuses espèces, et souvent la partie caractéristique n'est qu'imparfaitement conservée; aussi je ne puis que leur donner des noms justifiés par affinités. Homalonotus (aff. i bisulcatus, Sait. Trinculetis{aiï.) concentricus, Eat., var. favus. Beyrichia (aff.) complicata, Sait. Orthis (aff.) redux, Barr. La faune du Garadoc se trouve entre Arville et Wierde, à Fosse, à Vitrival, caractérisée par les espèces suivantes : Calymene incerla, Barr. Cheirurus juvenis, Sait. Dalmania conophthalmus, Boeck. (sp.). Homalonotus Omaliusii, Mal. Illœnus Bowmanni, Sait. — Davisii, Sait. 5,ne SÉRIE, TOME XXXIII. 55 ( 80ii ) Lichus laxatus, M'Coy. Trinucleus seticornis, His. Sphœrexoctms mirus, Beyr. Zethus verrucosus, Pand. Orthoceras Belgicum, Mal. Raphistoma lenticularis, Sow. Orthis Actonice, Sow. — biforata, Schloth (sp.). — calligramma, Daim. — porcata, M'Coy. — lestudinuria, Daim. — vespertilio, Sow. Leplœna sericea, Sow. — tenuicincta, M'Coy. Strophomena rhomboidalis, Wilck (pp.). Glyptocrinus basalis, M'Coy. Tiges d'encrines. Eckinosplumtes BaUicus, Eich. Sphœronites stelluliferus, Sait. Petraia subduplicata, M'Coy. Fenestella Milleri, Lonsd. — subantiqua, d'Orb. Glanconome disticha, Goldf. Phyllopora (Retepora) Hisingeri, M'Coy. Plilodyctia dichotoma, Portl. Des schistes et des calsehistes supérieurs aux roches contenant la faune du Caradoc, s'observent à Fosse. On y trouve un ensemble d'espèces caractéristiques du Llandovery. C. Lld. W. L. (1) Calymene Blumenbachii, Brongn. lllœnus (atf.) parvulus, Holm. Lld. W. Phacops Stockesii, Milne Edw. (1) Les lettres Ll. — C. — Lld. — W. — L., précédant le nom des espèces, indiquent le niveau, Llandeilo — Caradoc — Llandovery — Wenlock — Ludlow, où elles ont été rencontrées dans les Iles Bri- tanniques. ( $07 ) C. LUI? \V. Spluerexoctws tnirus, Beyr. Orthoceras (sp.). C. Lld. W. Atrypa marginalis, Daim. C. Lld. W. Or////* W/oéa, L. C. Lld. — crispa, M'Coy. C. Lld. W. — insularis, Eichw. C. Lld. W. Leptœna transversalis, Daim. Ll. C. Lld. — tenuicincta, M'Coy. Lld. Meristella subundata, M'Coy. C. Lld. Strophomena corrugalella, Dav. C. Lld. W. — peclen, L. (sp.). C. Lld. W. L. — rlwmboidalis, Wilck (sp.). Ll. C. Lld. W. Halysites catenularius, L. (sp.). C. Lld. W. Heliolites (Propora) tubulatus, Sow. Lld. W. Favosites Gothlandica, L. Lld. W. — mttltipora, Sow. W. L. Petraia bina, Sow. A l'ouest de Naninne, des schistes contiennent des graptolithes du niveau de Wenlock : Cyrtograptus Murcliisoni, Carr. MonograptiLS Bohémiens, Barr. NUssoni, Barr. priodon, Bronn. vomerinus, Nich. Retiolites Geinitzianus, Barr. On y ^trouve en outre : W. Orthoceras (aff.) atlenuatum, Sow(l). L. — — gregarium, Sow. C. W. L.? — primœvum, Forbes. (1) Les Orthocères de la bande de Sambre-et-Meuse sont souvent en très, mauvais état et, en général, peu susceptibles d'une déter- mination spécifique. ( 808 ) A Maulenne (Floreffe), on trouve dans des schistes noirâtres à Monograplus vomerinus: Orthoceras (sp.). W. Obolus Davidsoni, Sait., var. transversus. Des calschistes avec nodules calcaires se trouvent à Naninne au voisinage des schistes à Monograptus vome- rinus; on y rencontre : Ortfioceras ip.). C? W. L Cardiola interrupla, Brod. Des schistes, calschistes, calcaires compacts, parfois crinoïdo-lamellaires, véritables petit granité silurien, renferment une assez bonne faune, analogue à celle des calcaires de Wenlock, à Claminforges (Falisolle - Fosse- Lld. W. Phaeops Slockesii, Milne Edw. W. Proetus Slockesii, Murch. Orthoceras (s p. t. W. Atrypa imbricata, Sow. C. Lld. W. — marginalis, Daim. Lld. W. L. — rcticularis, L. (sp.). W. L. Discina rugata, Sow. W. Leptœna segmenlum, Ang. W. Meristella crassa, Sow. (sp.). Lld. W. L. — didyma, Dav. Lld. W. — tamida, Daim. (sp.). C Lld. W. Orthis biloba, L. W. — Edyelliana, Sait. Lld. W. L.? Rhynckonella borealis, Schloth. W. Retzia Salteri, Dav. C. Lld. W. Strophomena antiquata, Sow. C. Lld. W. pecten, L. (sp.). C. Lld. W. L. — rhomboidalis, Wilck (sp.). C? W. L. Cardiola inlerriipla, Brod. ( 809 ) C. Lld. W. L. Orthoceras ibex, Sow. (sp.). Lld. W. L. Cornulites serpularius, Schloth. C. Lld. W. Tentaculites anglicus, Schloth. W. Q cuites (s p.). Lld. W. Favositçs Gothlandica, L. W. — Hisingeri, Milne Edw. Ll. C. Lld. W. Halxjsites catenularius, L. (sp. >. C. Lld. W. Heliolites (Propora) tabulai us, Sow. W. L. Petraia bina, Sow. Près de la route de Fosse à Floreffe, à Thimensart (Sart-Saint-Laurent), on trouve dans les schistes le niveau de Ludlow, représenté par de nombreux exem- plaires de : Monograptus colonus, Barr (I |. On y trouve également L. Orthoceras Mocktreense, Sow. Nous avons donc constaté dans la bande silurienne de Sambre-et-Meuse l'existence de Arenig-Llandeilo- Caradoc du silurien inférieur ou système ordovicien ; et dans le silurien supérieur ou système silurien propre- ment dit, celle de Llandovery-Wenlock-Ludlow. De nouvelles recherches amèneront probablement la constatation d'autres subdivisions et fourniront des don- nées sur les rapports et l'arrangement des divers étages. (1) C'est par erreur que Retioiites Geinitzianus est indiqué au niveau de Ludlow, dans Les graptolithes de Belgique, Bruxelles, 1890, p. 14, et Bull, de la Société belge de géologie, t. V. Bruxelles, 1891, p. 92. ( 810) Sur l'éther anisoyl-acétyl-acétique et ses dérivés (première communication); par A. Schoonjans. M. Claisen a décrit récemment (*) un nouveau procédé pour l'obtention de l'éther benzoyl-acétyl-acétique, et, en général, des dérivés benzoylés des p dikétones. Ce procédé, que l'on peut appeler procédé par benzoylisa- tions fractionnées, est d'exécution commode et conduit à des rendements presque théoriques, alors que les méthodes antérieurement en usage donnaient lieu à de nombreuses réactions secondaires et, par suite, à des mélanges ne contenant que très peu de benzoyl-dikétone. Il n'était pas sans intérêt d'établir expérimentalement que la méthode par benzoylisations fractionnées est susceptible de généralisation, qu'elle peut s'appliquer avec succès à l'introduction de radicaux acides autres que le benzoyle à la place de l'hydrogène du groupement CH2 dans l'acide acétyl-acétique. Sur les conseils et sous la bienveillante direction de M. le professeur Claisen, j'ai fait agir le chlorure d'ani- soyle sur l'éther acétyl-acétique, d'après la méthode susdite. Je me permets de soumettre à l'Académie le résultat de mes recherches. (*) Lieb. Ann., 291 (1896), pp. 33 et suiv. SU ) Préparation du chlorure d'anisoyle. Caliours, qui le premier a préparé ce corps (*), le décrit comme un liquide bouillant à 2(>2°. D'après Lossen (**), au contraire, le même composé est solide à la température ordinaire et se décompose lorsqu'on essaie de le distiller. La préparation du chlorure d'anisoyle conduit à d'ex- cellents résultats dans les conditions suivantes : Dans un ballon distillatoire on mélange à molécules égales du pentachlorure de phosphore et de l'acide ani- sique finement pulvérisé et desséché dans l'exsiccateur à vide. Au début, la réaction est très vive; on l'achève en chauffant au bain-marie le ballon muni d'un tube à chlorure de calcium et on maintient l'action de la cha- leur jusqu'à ce que le dégagement d'acide chlorhydrique ait cessé. Alors on substitue au tube a CaCl2 un tube capillaire et on relie à la trompe le tube abducteur du ballon distillatoire. En faisant passer à travers le liquide un lent courant d'air desséché par un passage sur de l'acide sulfurique, on détermine une prompte évapora- tion de l'oxychlorure de phosphore. Dans ces conditions, la masse restant dans le ballon ne se fonce pas. Une fois le POCl5 éliminé, la distillation se fait de préférence au bain d'air de L. Meyer. La température se maintient constante et le résidu de distillation est insignifiant. (") Annales de physique et de chimie, [3]23, p. 351. (*') Lieb. Ann., 175, p. 284. ( 812 ) Voici les rendements obtenus : 30 grammes d'acide ont donné 32 grammes de chlorure 50 » » 53 » » 60 » 66 * » Points d'ébullition observés : 1G0"-I64° sous 33 millimètres 152° -153° » 24 145° » 14 Le chlorure d'anisoyle se présente sous forme d'un liquide incolore, très réfringent. Il a la propriété de se maintenir parfois très longtemps en surfusion. Mais si l'on plonge dans l'eau froide le récipient qui le contient, il se prend immédiatement en un amas de longues aiguilles enchevêtrées, blanches, fondant à 22°. L'obser- vation de Lossen relative à l'état physique de ce corps à la température ordinaire est donc exacte (*). Méthode d'aïiisoylation . La méthode suivie est la même que celle employée par Claisen pour benzoyler l'éther acétyl-acétique (**). Elle a dû subir toutefois une légère modification, la non-fluidité du chlorure d'anisoyle ne permettant pas sa mesure rigoureuse dans une burette. Pour tourner la difficulté, on tare le flacon renfermant le chlorure d'anisoyle (préalablement liquéfié par immersion du flacon dans l'eau chaude) et on en déverse chaque fois la quantité de O J'avais achevé cette préparation, lorsque j'ai pris connaissance d'un travail de M. W. Jung, Ueber die Oxime des Anisils (Inaugural- Dissertation. Erlangen, 1896). L'auteur y constate que le chlorure d'anisoyle se laisse distiller dans le vide. O Lieb. Ann., 291, p. 6S. ( 813 ) chlorure exigée. Il faut évidemment peser avec rigueur et éviter soigneusement de dépasser le but en versant. Dans 550 centimètres cubes d'alcool absolu, contenus dans un ballon surmonté d'un réfrigérant ascendant, on introduit par petites portions 55^,4 de sodium. La dis- solution achevée, on parfait avec de l'alcool absolu à <>00 centimètres cubes. A 100 grammes d'éther acétyl-acétique, contenus dans un vase de Berlin placé dans de la glace, on ajoute 500 centimètres cubes de la solution d'éthylate de sodium et l'on agite ce mélange jusqu'à ce qu'il se soit refroidi à 10° environ. On y verse ensuite goutte à goutte et en remuant constamment (ce qui peut se faire à l'aide d'une turbine), (>5S',75 de chlorure d'anisoyle, soit la moitié de la quantité exigée pour 100 grammes d'éther acétyl- acétique. On laisse reposer durant 15 minutes environ, pendant lesquelles on peut anisoyler une seconde portion d'éther. Cela fait, on reprend le premier vase, on y ajoute, dans les mêmes conditions que précédemment, 150 centi- mètres cubes d'éthylate de Na et 32s',87 de chlorure d'ani- soyle; puis de même pour le second et ainsi de suite. Les quantités respectives à ajouter successivement sont : (C6H4.0CH5 -i 30CL NaOC.2H5. 65*r,75 500 centimètres cubes 32«r,87 150 » 16er,U 75 » 8er,22 58 » 4*r,H t9 • 4Hr;, dans laquelle R — CO — désigne un radical acide plus positif que l'acétyle. Une première confirmation expérimentale de ce fait est fournie par l'éther anisoyl-acétique que j'ai isolé. Lorsqu'on ajoute à de l'éther anisoyl-acétyl-acétique deux fois et demie son poids d'une solution d'ammoniaque à 10 %, il se forme d'abord un précipité jaune de dérivé ammoniacal. Si l'on secoue vigoureusement, la masse s'échauffe spontanément et le sel disparaît peu à peu pour faire place à une huile. Après vingt minutes environ, la décomposition est complète, sans qu'il soit nécessaire de chauffer. On reprend par l'éther, on lave la solution C) Patçe 70. ( 817 ) éthérée à l'eau, on la sèche sur du CaCL>, <>n distille l'éther et on rectifie dans le vide. La majeure partie du liquide passe entre 140° et 142° sous 10 millimètres de pression. Elle se compose d'éther anisoyl-acétique, ainsi qu'en témoigne l'analyse suivante : 06r,IC65 de substance ont donné 0',5969 CO, et 0*',0956 H,0. Trouvé. Calculé pour CliH140,i. C = 65,00 •/. 64,86 •/. H= <>,37% 6,30 •/. L'éther anisoyl-acétique est un liquide incolore, doué d'une odeur agréable, insoluble dans l'eau, miscible à l'alcool et à l'éther. Sa densité, déterminée au pienomètre, est 1,0558 à 19°. Le chlorure ferrique colore sa solution alcoolique en rouge foncé. Avec l'acétate de cuivre, il donne un dérive métallique vert-olive Ci^C^H^O^, cris- tallisable de l'alcool et du chloroforme en petites aiguilles qui se décomposent à 180°. L'analyse a donné : I. 0sr,1500 de substance ont donné Oer,5150 CO*, 0*r,0700 Hs0 et 0sr,0237 CuO. 11. 0sr,191o de substance ont donné 00 + C,H604 H2C — COOC,HB H,C — C = 0 Ce corps cristallise de l'alcool bouillant en longues aiguilles jaunes, fusibles à 145° en se décomposant. Il est peu soluble dans la ligroïne, aisément soluble à chaud dans le benzol et soluble à froid dans les alcalis. Sa solution alcoolique donne avec FeCl3 une solution noir d'encre; elle réduit le nitrate d'argent ammoniacal. Une analyse n'ayant pu être faite, je m'abstiens pro- visoirement de conclure à la présence certaine à'anisyli- soxazolone. La saponification de l'éther anisoyl-acétique par la potasse alcoolique ne m'a pas réussi; même à froid, ce réactif dédouble la substance en acétate et anisate de potassium. Lors de la distillation de l'éther anisoyl-acétique, il reste comme résidu une masse solide, brune, d'aspect cristallin, peu soluble dans l'éther et l'alcool, aisément soluble dans le chloroforme. Pour extraire la partie utile de ces résidus de distillation, on les traite à plusieurs reprises par l'éther bouillant et l'on dissout le résidu d;ins le chloroforme. On ajoute de l'alcool jusqu'à apparition d'un trouble, on rechauffe et on laisse cristalliser. Il se dépose bientôt des paillettes cristallines, jaune d'or, miroitantes, très légères. Ce composé fond à 191°; il est insoluble dans tous les dissolvants neutres, à part le chloroforme qui le dissout abondamment et l'alcool bouil- lant dans lequel il se dissout quelque peu. ( 819 ) Par son mode de formation et par ses propriétés, ce produit présente la plus grande analogie avec les acides déhydracétique et déhydro-benzoyl-acétique. Aussi ai-je cru pouvoir le considérer comme acide déhydro-anisoyl- acétique et interpréter sa formation par le schéma sui- vant (*) : lOCJhVtio / r \ 0=C C-CJVOCH-, I II CH5OC6H4-CO-CH CH \T / ;HC2H50:C=0 Éther anisoyl-acétique (2 mol.!. 0 A 0=C C-C6h\.OCH5 I II =CH3OC6Hi-CO-CH CH -+ 2C2HsOH. V c II o Acide déhydro-anisoyl- acétique. Les résultats de l'analyse confirment cette interpréta- tion : 0f?r,t65o de substance ont donné 0er,4125 COs et 0er,0687 H20. Trouvé. Calculé pour C20H1606. C = 67,91% 68,18 •/. H= 4,61 °/o 4,55% L'acide déhydro-anisoyl-acétique fournit avec l'acide (") Ce schéma est conforme à l'interprétation que Feist (Lieb. Ann., 257, p. 213) donne de la formation de l'acide déhydro-acétique aux dépens de l'éther acétyl-acétique. ( 8g20 ) sulfurique concentré une solution rouge-orange. Chauffée, cette solution se fonce pour devenir brune avec fluores- cence verte. Chauffée plus fort, elle pâlit et finit par perdre entièrement sa coloration. Celle-ci ne réapparaît ni par refroidissement ni par addition d'eau. La solution alcoolique de l'acide, additionnée d'une goutte de FeCl-, donne une magnifique coloration rouge- pourpre. L'acide déhydro-anisoyl-acétique est soluble à froid dans l'ammoniaque. Si l'on abandonne cette solution à elle-même, il s'y forme après quelque temps un dépôt jaune qui est de l'acide inaltéré. La solution ammoniacale neutralisée exactement par l'acide nitrique donne avec AgN05 un précipité caséeux jaunâtre, résistant à la lumière, soluble dans l'ammo- niaque. Si je me suis décidé à publier dès à présent les résul- tats encore bien incomplets de mes recherches, c'est que, par suite de circonstances indépendantes de ma volonté, mon travail doit être momentanément interrompu, et que je désire me réserver l'étude de l'éther anisoyl-acé- tique et de ses dérivés. Dans quelque temps je repren- drai mes recherches et aurai l'honneur d'en soumettre les résultats à l'Académie. Ce m'est un agréable devoir de remercier M. Je pro- fesseur Claisen, ainsi que son assistant, M. le docteur E. Haase, pour la bienveillance qu'ils n'ont cessé de me témoigner au cours de mon travail. Aix-la-Chapelle, mai 1897. Organisches Laboratorium der Kônigl. Technischen Hoehscliule. ( 821 Sur les dérivés mercuriques halogènes de l'antipyrine; par C. Schuyten, docteur en sciences. Je demande respectueusement à l'Académie la per- mission de soumettre à son appréciation les résultats de mes recherches sur la préparation et les propriétés des chlorure, bromure, iodure et cyanure doubles de mercuri- cum et d'antipyrine. Chlorure double de mercuricum et d'antipyrine. Ce composé a déjà été préparé et décrit (*). Il a pour formule : CnH^N^O. HgCL>. Je crois qu'il ne sera pas inutile de compléter ici l'étude de cette combinaison intéressante. Ses meilleurs dissolvants sont l'alcool et l'eau; le dis- solvant le moins actif est l'éther sulfurique; on peut le faire dissoudre, surtout à chaud, et dans des proportions variables, dans le benzène, le toluène, le sulfure de car- bone. L'évaporation lente de tous ces dissolvants donne généralement des résidus qui, examinés même à la loupe, paraissent amorphes. L'examen microscopique n'a rien décelé de bien intéressant non plus sous ce rapport. (*) Schuyten, Maandbl. v. Natuurw., 7-8, 1895; Hirsch, Ber. pharm. Ges., 6, 1896 5me SÉRIE, TOME XXXIII. 54 ( 822 ) Ainsi le résidu provenant de la solution aqueuse se présente en petites aiguilles pointues isolées; celui de l'alcool est composé d'une multitude de petits globules bien distincts les uns des autres; l'étber donne des masses opaques, assez rares, de forme variable; le benzène montre des corpuscules irréguliers très nombreux; le toluène, des points épars; le sulfure de carbone, des masses irrégulières denses. Tous ces résidus, du moins ceux qui m'ont paru transparents, s'éteignent quand on tourne le nicol inférieur. Dans aucun cas, je n'ai pu caractériser une forme cristalline nette dans les condi- tions d'évaporation que je viens de décrire. La solution aqueuse est neutre au papier de tournesol; or les sels mercuriques solubles le rougissent; I'antipy- rine donc, qui n'a pas d'action sur ce réactif à l'état libre, possède des propriétés basiques suffisamment fortes pour enlever au chlorure mercurique ses caractères acides (*). L'hydrogène sulfuré donne, dans les solutions primitive, acidulée ou alcaline, un précipité blanc d'abord, puis jaune, puis noir intense, soluble dans le sulfure de sodium alcalin, insoluble dans les acides; ce précipité est du HgS pur. La soude caustique, ajoutée en excès, ne donne d'abord rien; puis, lentement, il se forme un louche jaune à trans- parence verdàtre; à l'ébullition, le liquide ne paraît pas changer sensiblement ; ce n'est qu'après un repos d'une (*/ J'ai fait une remarque analogue pour le CdCl2. Voir Bull. Acad. roij. de Belg., 3* série, t. XXXII, p. 869. ( 823 ) heure environ qu'on peut remarquer au fond du tube un léger dépôt jaune. L'ammoniaque, bien que chassée de ses sels par l'anti- pyrine. est assez forte pour produire un trouble blanc de chloramidure de mercure. Le chlorure stanneux, on solution chlorhvdrique, donne un précipité blanc qui ne devient pas gris par l'addition d'un excès de réactif; le précipité est lourd et se dépose- rapidement; ce n'est que quand on laisse reposer long- temps que les flocons se foncent; à l'ébullition, au con- traire, la précipitation métallique s'opère tout de suite. Le ferrocyanure de potassium produit un précipite blanchâtre qui se dissout par l'agitation; à l'ébullition, le liquide devient vert-bleu. Une lame de cuivre bien décapée et bien brillante, plongée dans la solution aqueuse du chlorure double de mercuricum et d'antipyrine, se recouvre après quelque temps d'une couche de matière grisâtre; séchée et frottée avec un morceau de laine, elle ne donne pas le beau miroir obtenu dans les mêmes conditions avec le mercure métallique, mais un dépôt noirâtre brun, susceptible éga- lement d'un beau brillant; chauffé dans le tube, il donne un sublimé blanc dans lequel la loupe ne permet pas de distinguer des globules; mais l'iode en vapeur a parfaite- ment donné de l'iodure mercurique rouge et jaune. Le cuivre semble donc précipiter des produits de décompo- sition autres que le mercure libre. Le couple galvanique, composé d'une lamelle de pla- tine et d'une lamelle d'étain, plongée dans la solution aqueuse du chlorure double, provoque la précipitation totale du mercure sur les parois de la capsule dans laquelle ( SM ) on opère, sur la lamelle de platine, mais surtout abon- damment sur l'étain. Le nitrate d'argent donne un précipité blanc dont le caractère principal est d'être très résistant à l'action de la lumière solaire; le lendemain de sa formation, il n'était pas encore devenu violet. Le nitrate mercureux donne un précipité blanc de chlorure mercureux, avec ses caractères habituels. L'acétate de plomb n'a rien produit, peut-être bien à cause de la faible concentration de la solution examinée. Quand on pulvérise la substance organique sèche avec du peroxyde de manganèse également sec et qu'on y verse de l'acide sulfurique concentré, on constate d'abord que celui-ci ne noircit pas le produit blanc qu'on peut encore distinguer dans la masse; mais quand on chauffe, le tout devient très noir et il se dégage un mélange gazeux dans lequel j'ai pu distinguer de l'acide chlorhy- drique, mais pas de chlore. L'addition de l'acide sulfurique concentré au mélange sec bien pulvérisé de la substance avec le chromate de potasse, provoque une très vive réaction et unéchauftement considérable du tube; il se dégage encore un mélange de plusieurs gaz parmi lesquels j'ai caractérisé l'acide chlor- hydrique; pas d'oxychlorure de chrome. Le résidu de la réaction est vert. La solution aqueuse, additionnée de quelques gouttes d'une solution de nitrite alcalin, acidifiée ensuite par l'acide acétique, donne immédiatement la coloration verte typique pour la phényl-diméthyl-pyrazolône; la cou- leur, toutefois, n'est pas stable : elle passe insensiblement au jaune pâle. ( 825 ) Bromure double de mercuricum et d'antipyrine. On peut préparer ce corps en traitant la solution aqueuse du chlorure double correspondant par le KBr, ou bien en mélangeant les solutions des components pris en proportion convenable. J'ai trouvé que la meilleure façon d'obtenir un rendement quantitatif est la suivante : on dissout dans l'alcool l'antipyrine et le bromure mer- curique, pris dans le rapport de leurs poids moléculaires, on laisse refroidir s'il est nécessaire, et on mélange les solutions froides; si alors on secoue en agitant en même temps avec une baguette, il se produit une abondante précipitation blanche, pulvérulente, lourde, qu'on peut mettre tout de suite dans l'exsiccateur après lavage à l'al- cool. Il faut éviter de mélanger les solutions chaudes des components, car alors le produit est jaune; il ne faut pas porter non plus le corps encore mouillé dans l'étuve, ni le soumettre longtemps à l'action d'une chaleur même modérée (70°), car, dans ces deux cas, le composé perd rapidement sa belle blancheur. Dans le tube, il fond en un liquide jaune clair qui se fonce lentement et passe au rouge grenat; puis il se forme des vapeurs blanches de HgBr2 en abondance; finale- ment on a un charbon épais, difficile à brûler. Point de fusion, déterminé dans l'appareil Anschùtz- Schulz : 105° (non coor.) (*). (*) On peut sécher le corps à 97°-100° sans que sa composition s'altère; une analyse l'a prouvé; seulement il faut qu'il ait séjourne au préalable assez longtemps dans l'exsiccateur ; ensuite il a perdu sa blancheur et est devenu rose pâle. ( 826 ) L'analyse a démontré qu'il faut attribuer au corps cette formule : C„HlaN,0 . HgBiv En voici les résultats : SUBSTANCE. HgS. AgBr. 0,2030 0,2300 0,07543 0,1546 Exprimés en %, on obtient : Hg Br Trouvé. Calculé. 37,15 36,49 -28,f)0 29,19 Les meilleurs dissolvants du bromure double de mer- curicum et d'antipyrine sont l'alcool, le benzène, le toluène; le corps est peu soluble dans l'eau, le chloro- forme, l'éther sulfurique, le sulfure de carbone. L'évaporation spontanée de ces solutions ne donne pas des formes cristallines décelables à la loupe. Au mi- croscope, le résidu d'évaporation d'une solution aqueuse est formé d'une couche uniforme de petits globules amorphes en apparence; ils ne s'éteignent pas complè- tement sur fond noir. Avec l'alcool comme dissolvant, on obtient de petits globules très rapprochés les uns des autres et qui s'éteignent également quand on tourne le Tiicol inférieur; mais si on place sur le porte-objet une certaine quantité de substance, qu'on l'arrose d'alcool et ( 827 ) qu'on en dissout une certaine partie en agitant le liquide avec un fil de platine, on obtient un résidu global dont les morceaux qui n'ont pas été en dissolution restent transparents sur fond noir, tandis que le reste, le résidu d'évaporation, se comporte comme ci-dessus. Le chloro- forme et l'éther donnent des agglomérats sans forme régu- lière avec de petits points brillants. Le benzène produit des petits mamelons transparents, à l'aspect huileux; il en est de même pour le toluène; mais quand on les examine sous un grossissement convenable et qu'on tourne avec précaution la vis micrométrique, les globules provenant du toluène présentent trois cercles bien tranchés, offrant une résistance différente au passage des rayons lumineux; au centre, on observe un petit point étincelant ; ils s'éteignent sur fond noir; les globules provenant du benzène peuvent affecter, à un moment donné, un aspect vert bleuâtre; alors on observe très nettement qu'ils ont une forme hexagonale régulière, qu'ils forment un hexagone dont les six côtés sont égaux ; ils s'éteignent. Les globules provenant du sulfure de car- bone présentent aussi un centre lumineux, avec des cercles verts et rouges; le bord est sombre; ils s'éteignent. L'hydrogène sulfuré, conduit à l'état gazeux dans la solution primitive, alcaline ou acide, provoque la forma- tion d'un précipité noir de HgS, avec ses caractères connus. La soude caustique ne donne aucun précipité, non plus quand on ajoute un excès de réactif et qu'on fait bouillir; on peut observer à peine une trace de changement de couleur du liquide bien incolore et transparent. L'ammoniaque produit un précipité blanc jaunâtre, floconneux; on obtient ce même résultat quand on fait ( 828 ) agir la soude en présence d'un sel ammoniacal, comme le chlorure ammonique. Le peroxyde de soude donne un précipité jaune d'oxyde de mercure, qui rapidement se fonce et passe à l'état métallique ; la précipitation métallique est complète, car un courant d'hydrogène sulfuré, dirigé jusqu'à refus dans le liquide alcalin filtré, n'y produit aucun trouble. L'iodure de potassium se comporte d'une façon très curieuse : quand on ajoute ce réactif au liquide primitif, on obtient un précipité jaune verdâtre, qui passe au blanc quand on secoue, pour disparaître ensuite et faire place à un trouble rougeàtre transparent; celui-ci est soluble dans un excès d'iodure de potassium. A froid, le ferrocyanure potassique ne produit rien; mais à l'ébullition, il y a formation de bleu de Prusse et colo- ration verte de la liqueur. Le chlorure stanneux chlorhvdrique précipite un corps blanc volumineux ; une nouvelle addition de réactif ne le réduit pas à l'état métallique; il ne devient gris-noir qu'à l'ébullition. Un couple galvanique (Sn ■+- Pt) produit un dépôt métallique sur le platine, mais abondamment sur l'étaiu ; seulement il est lent à se produire. Une baguette d'étain donne le même résultat ; mais j'ai pu remarquer que toujours la formation du trouble noir-gris est précédée de la formation d'un précipité blanc floconneux, léger; il est très possible que cette réaction se rapporte à l'action précitée du chlorure stanneux. Une lame de cuivre convenablement préparée se re- couvre d'une couche de substance qui, séchée, est blan- châtre; quand on la chauffe dans un tube, il se sublime un composé blanc qui, examiné à la loupe, ne semble pas ( 829 ) se composer des globules de mercure bien caractéristiques devant se produire dans ces conditions; toutefois, quand on les traite par l'iode en vapeurs, il se convertit en sublimé rouge de IIgL2. Le nitrate d'argent, ajouté en excès, l'ait apparaître un louche blanc, qui ne se réunit pas en cailleboté quand on agite la liqueur; mais aussitôt qu'on acidulé par l'acide nitrique étendu, le cailleboté se forme instantanément; l'ammoniaque dissout le louche et fonce le liquide. L'eau de chlore ne met pas le brome en liberté; il n'y a aucun trouble, aucun changement de couleur; non plus quand on fait bouillir. C}uand on verse sur le mélange intime, sec, de peroxyde de plomb et de bromure double de mercuricum et d'anti- pyrine, de l'acide sulfurique concentré, il y a élévation de température et la masse devient vert brunâtre; il se dégage peu de gaz; si on chauffé, la réaction s'active et il se dépose sur les parois froides du tube un corps volatil blanc, amorphe à la loupe; il se dégage beaucoup d'anhydride sulfureux, reconnaissable à l'odeur, mais pas de brome. Le bromure double, chauffé avec la solution concentrée aqueuse de bichromate alcalin, additionnée d'acide sulfu- rique, rend le liquide noir verdàtre à l'ébullition ; à cette température, la réaction continue d'elle-même et il se forme des vapeurs à odeur pyridique; pas de brome. Le chlorure d'or, à froid, ne donne rien; mais à l'ébul- lition, il y a coloration brune quand on regarde dans le liquide de haut en bas, coloration verte quand on tient le tube contre la lumière; odeur de substance aromatique bromée; peu de temps après, on voit les parois de ( 830 ) réprouvette se couvrir, jusqu'à la hauteur du liquide, d'un joli miroir rouge cuivré, à reflet métallique (*). L'acide nitrique concentré colore la solution primi- tive en jaune pâle; à l'ébullition, il se forme une teinte rougeâtre faible; il est possible que la mise en liberté du brome, se portant immédiatement sur le noyau anti- pyrique, empêche la formation franche de la coloration rouge-rubis ordinaire. L'acide nitreux (KNOâ ■+- C2H402) donne tout de suite la coloration verte, qui s'accentue d'abord, atteint un point maximum d'intensité et diminue ensuite lentement. Todure double de mercuricum et d'antipyrine. J'ai vainement tout tenté pour préparer ce corps. Je crois pouvoir affirmer qu'il ne peut pas exister dans les conditions ordinaires de pureté et de température. Quand on attaque par la chaleur l'iodure mercurique ;*) J'attribue cette métallisation de l'or à la présence de l'antipy- rine, qui, comme matière organique, a naturellement des propriétés réductrices; et ce qui le prouve, c'est que le HgBr2 ainsi que les bro- mures alcalins (K, Na) ne donnent pas cette réaction; mais aussitôt qu'on ajoute un peu de l'alcaloïde à la solution, le trouble brun café apparait sans donner toutefois, à l'ébullition, le miroir de cuivre. Celui-ci d'ailleurs ne se produit pas toujours: il m'a semblé qu'il faut chauffer doucement et n'élever la température jusqu'à l'ébullition que très lentement. J'ai tenu à insister quelque peu sur cette réaction parce que, autant que je sache , on ne connaît pas l'or précipité avec les caractères extérieurs du cuivre vc'est parfois à s'y méprendre) et parce que, dans le système Mendeléeff, le Cu, l'Au et l'Ag sont réunis dans un même groupe. ; 83i } en suspension dans une solution aqueuse d'anti pyrine, la couche supérieure de la poudre rouge pâlit et devient orange; on observe qu'il s'opère un phénomène de disso- lution; l'évaporation de cette solution donne l'antipyrine inaltérée avec, dans sa masse, de petits points rouges observables à la loupe; les parties orangées non dissoutes par le lavage redeviennent rouges. J'ai eu recours alors à l'alcool comme dissolvant, et j'ai mélangé les solutions alcooliques des components, pris tous deux dans la proportion de leurs poids molé- culaires. Le liquide abandonné dans un ballon fermé dépose après quelque temps des cristaux jaunes et rouges; finalement, tous sont rouges. L'iodure mercurique dissous seul dans l'alcool se comporte exactement de la même manière. En outre, j'ai examiné ces cristaux à l'action de la chaleur et je n'ai pas pu constater la présence de l'antipyrine. Je crois bien que ces laits indiquent qu'il faut renoncer à préparer l'iodure de mercuricum et d'antipyrine par addition directe. J'ai essayé ensuite la double décomposition, et j'ai traité le chlorure double correspondant, en solution aqueuse, par l'iodure de potassium. Il se forme un préci- pité jaune qui se fonce de plus en plus au fur et à mesure que l'on continue l'addition du réactif ; finalement, il se sépare de l'iodure de mercure rouge, avec ses carac- tères ordinaires. Cette méthode refuse donc également ses services, et j'en suis réduit à dire que je n'ai pas pu constituer l'iodure double de mercuricum et d'anti- pyrine. ( 832 ) Cyanure double de mercuricum el d'antipyrine. J'ai obtenu ce corps, au commencement, en évaporant dans le dessiccateur le mélange des solutions aqueuses des components pris tous deux dans la proportion des poids moléculaires. On obtient ainsi, après quelque temps, de beaux prismes clinorhombiques transparents, qui peu- vent atteindre jusqu'à 1 centimètre de longueur, avec un diamètre (diagonale des angles obtus) de I millimètre. Toutefois, s'il s'agit d'obtenir le produit rapidement et eu quantité convenable, on mélange les solutions chaudes un peu concentrées et, pendant le refroidissement à l'air libre, on remue le liquide avec un agitateur; il se forme alors une abondante cristallisation sous forme de petits prismes allongés ayant l'aspect d'aiguilles ; on laisse reposer un peu, on décante l'eau mère et on recristallise de l'eau bouillante. La masse blanche donne de très jolies couleurs quand on y fait jouer la lumière. Séchés, les cristaux conservent leur parfaite transparence. Chautfé dans le tube, le corps émet des vapeurs blanches épaisses; il reste un charbon abondant, difficile à brider. Dans l'appareil Anschiitz-Schulte, un cristal de 5 milli- mètres de longueur se trouble entre 160° et 165°, el devient laiteux; il reste en cet état jusqu'à 224°, température à laquelle il fond en un liquide jaune transparent; il m'a semblé voir des vapeurs blanches dans le tube capillaire, se condensant sur les parois en dépôt blanc ; peut-être bien que le trouble blanc laiteux dont je viens de parler est dû précisément à la mise en liberté d'un corps volatil blanc. ( 855 ) L'analyse conduit à la formule CnHiaNgO.HgCya. J'ai dosé le mercure à l'état de sulfure, en me basant sur la propriété du cyanure de mercure d'être complètement décomposé par l'hydrogène sulfuré. Le cyanogène a été transformé en cyanure d'argent; j'ai pesé l'argent métal- lique après calcination du cyanure. Pour mettre l'acide cyanhydrique en liberté, j'ai employé la méthode de Heintzsch, qui dose l'HCN du HgCy2 en traitant celui-ci par l'hydrogène naissant (acide sulfurique -+- quelques gouttes d'acide nitrique -+- zinc grenaille) et en recueil- lant les gaz produits dans une solution aqueuse de nilrate argentique. L'évacuation complète de l'appareil par un courant d'air pur demande plusieurs jours, ce qui est dû sans doute à la lenteur de la réaction; on ne perçoit, en effet, qu'un très faible dégagement de gaz, et, au lieu du départ tumultueux habituel de l'hydrogène, on n'observe que l'amalgamation du zinc, qui se trouve ainsi soustrait partiellement à l'action directe de rH2S04. SIBSTANCL. HSS. A-. 0,3453 0,2003 0,10745 0,1605 Ces résultats exprimés en "/„ donnent Trouvé. Calculé. Hg . . . 40,13 45,45 CN . . . 11,29 11,81 LTn courant d'hydrogène sulfuré, conduit dans la disso- lution aqueuse du cyanure double de mercuricum et ( «34 ) d'antipyrine, donne d'abord une coloration brune, puis une précipitation noire fine de sulfure mercurique. La soude caustique, les cyanures alcalins et l'acide nitrique ne dissolvent le précipité ni a chaud ni à froid; à lébullition, le sulfure se réunit en grumeaux fins qui se rassemblent complètement au fond; en présence de la soude, ce phénomène est peu net. L'acide chlorhydrique concentré ne change pas, à froid, sensiblement l'aspect du liquide louche tenant le HgS en suspension; mais à chaud, la dissolution est complète et le liquide est incolore, transparent. Le sulfure de sodium ne semble pas modi- fier la précipitation; à chaud, le louche perd de son opa- cité; et quand on ajoute un peu de soude, la dissolution est complète à froid. Tous ces caractères montrent de la façon la plus évidente que la présence de l'antipyrine ne modifie en rien l'action de l'acide sulfhydrique sur le HgCy2 inaltéré dans la molécule, que, par conséquent, le précipité obtenu est du HgS pur et qu'une combinaison additionnelle de HgS et d'antipyrine ne se produit pas dans ces circonstances. Le sulfure obtenu après acidifica- tion par l'HCl et départ de la majeure partie de l'acide prussique, est également du HgS pur. Si on alcalinise par la NaOH, le précipité noir se redissout quand on pro- longe le courant d'hydrogène sulfuré, ce qui est dû évi- demment à la formation du sulfure de sodium dans lequel le sulfure de mercure est soluble. La soude, l'ammoniaque, le ferrocyanure potassique ne produisent aucun changement, ni à froid ni à chaud. Le peroxyde de sodium, qui, comme on sait, décom- pose complètement la plupart des sels de mercure (*), O Schuyten, Ckem. Ztg., 1896, 20. 25. ( 835 ) avec dépôt du métal lourd, agit sur le cyanure de mercure d'une façon très typique. Après la réaction (départ vio- lent d'oxygène et d'ozone), la liqueur est jaune et au fond de la capsule en porcelaine on n'observe aucun dépôt ; quand on chauffe, il se forme un précipité gris en petite quantité : c'est du mercure ; si on fait bouillir le liquide décanté bien clair, il se forme un louche à peine percep- tible, mais net; un courant d'hydrogène sulfuré y provo- que immédiatement un précipité noir. La séparation du mercure par le Na^O.) est donc incomplète. J'ai tenu à comparer ces réactions avec celles qu'on peut observer avec le cyanure de mercure traité dans les mêmes condi- tions : le peroxyde alcalin donne tout de suite le dépôt gris, mais la séparation du métal est incomplète aussi, car l'hydrogène sulfuré décèle également le mercure en abondance dans le liquide décanté. Ces résultats ne doi- vent pas trop nous étonner si nous nous rappelons que le HgCy2 est une substance qui se combine avec la plus grande facilité aux sels les plus divers; puisque l'oxygène et l'ozone, à l'état naissant, sont capables de mettre une partie du mercure en liberté, du cyanogène devient libre aussi et se combine au Na détaché du superoxyde; ce nouveau cyanure peut se combiner au HgCy2 (*); il devient donc probable qu'il se forme un cyanure double ou triple très complexe, empêchant toute précipitation métallique ultérieure, d'autant plus que la soude caustique, même bouillante, n'altère ni le cyanure mercurique ni les cyanures doubles que celui-ci peut con- tracter. O Gmelin a décrit entre autres HgCy2. 2KCy. ( 836 ) Le chlorure stanneux , en solution chlorhydrique , donne un précipité blanc devenant gris, puis noir; il est composé d'un mélange d'étain et de mercure; en effet, quand on lave le dépôt, qu'on le sèche prudemment et qu'on le chauffe ensuite, on obtient un miroir de mercure; il reste un petit résidu grisâtre, en faible quantité, qui ne peut être que de l'élain. L'iodure de potassium ne donne rien non plus quand on chauffe; si l'on acidifie par l'acide chlorhydrique étendu, le liquide jaunit légèrement et, après refroidisse- ment, il se forme un dépôt blanc jaunâtre. Un élément galvanique (Sn -f- Pt) plongé dans la solu- tion acidulée par l'acide chlorhydrique, sépare du mer- cure en partie dans le fond du vase, en partie sur la lame de platine. Une goutte de la solution aqueuse, déposée sur une lame de cuivre bien décapée, produit après peu de temps une tache noire, qui, après lavage et séchage, ne s'enlève point quand on la frotte avec un papier buvard. Les acides provoquent un dégagement d'acide cyanhy- drique, et il m'a semblé que c'est l'acide chlorhydrique qui amène la décomposition la plus complète, ce qui répondrait aux résultats publiés par P.-C. Plùgge (*) au sujet de la décomposition du cyanure de mercure par les acides. Le nitrate argentique ne donne pas tout de suite un pré- cipité; il se forme d'abord, après quelques minutes, un louche blanc bleuâtre qui ne s'accentue que très peu à froid et à chaud ; si l'on ajoute un peu d'acide nitrique, il O Plugge, Ztschr. anal. Chem., 18, 408. ( 857 ) disparait immédiatement. Le louche produit n'est donc pas simplement du A.gCy. Le mélange de sulfate ferreux -+- chlorure ferrique, acidifié par quelques gouttes d'acide chlorhydrique, ne produit rien; on observe seulement que le sel ferrique tend à se décolorer; l'addition de NaOH fait apparaître un précipité floconneux, dense, vert foncé, qui se dissout complètement dans l'acide chlorhydrique et ne laisse pas d'emblée du bleu de Prusse insoluble; il y a dégagement d'acide prussique et le liquide vert-herbe se trouble sen- siblement; le lendemain, il s'est formé un dépôt bleuâtre pâle. L'acide picrique, à chaud, ne donne aucune coloration. L'hyposulfite de soude, à la boucle de platine, mélangé au composé à la façon ordinaire, forme un sulfocyanure reconnaissable à son action sur les sels ferriques. Quelques gouttes de la solution aqueuse ajoutées à une solution d'iodure d'amidon acidifiée par l'acide sulfurique, décolorent celle-ci immédiatement. L'hydrogène sulfuré chasse tout l'HCy du cyanure dou- ble, soit que celui-ci se trouve dissous ou en suspension dans l'eau. J'ai pu caractériser le noyau antipyrique inaltérable par ses réactifs ordinaires. L'acide nitrique concentré donne une coloration rouge un peu plus tardive qu'à l'ordinaire et après refroidisse- ment elle s'affaiblit lentement. La production de la coloration verte sous l'influence de l'acide nitreux (KN02 ■+- C2H4O2) est favorisée par le chauffage et l'agitation, mais n'apparaît pas immédiate- ment; il est aisé de s'imaginer que l'HCy libéré n'est pas étranger au phénomène. 5me SÉRIE, TOME XXXIII. 55 ( 838 ) Il existe maintenant encore quelques réactions qui sont propres à la molécule HgCy2 et que j'ai examinées aussi. Quand on verse une solution aqueuse de chlorure de chaux du commerce dans une solution aqueuse du cya- nure mercurique, il se produit au hout de quelques secondes un trouble laiteux accompagné d'une très vive effervescence; d'après les auteurs, il y a mise en liberté et départ violents de CN •+- N -+- C02. Dans la solution aqueuse du cyanure double de mercuricum et d'antipy- rine, rien de semblable: le liquide reste clair, il n'y a pas d'effervescence, donc pas de départ de gaz; je n'ai pu obtenir aucune bulle; le liquide regardé de haut en bas apparut jaune clair. Le brome, ajouté au cyanure mercurique solide, attaque fortement ce composé, surtout si on encourage la réac- tion par une chaleur même modérée; l'addition, après quelques instants, de quelques gouttes de soude caus- tique, produit encore une vive réaction avec formation de HgO jaune. Le brome chasse donc le Cy du HgCy2. J'ai observé qu'il en est de même pour le cyanure double organique; seulement, il se forme à la surface du liquide qui tient l'oxyde jaune en suspension une huile rouge qui se solidifie bientôt et est composée surtout de bro- mure d'antipyrine. L'iode mis en présence de HgCy2 colore celui-ci en rouge. Si on triture HgCy2 -+- T, on obtient une poudre rouge homogène qui, chauffée, redevient blanche sans émettre des vapeurs d'iode; mais bientôt il se sublime de l'iodure mercurique jaune et rouge. L'iode chasse donc, comme le Br, le Cy du HgCy2 (Davy). Si on fait les mêmes opérations avec le cyanure double de mercuricum et d'antipyrine, on obtient par le triturage une masse ( 859 ) jaune-brun pins ou moins collante, qui, chauffée, donne d'abord une belle sublimation blanche floconneuse, en aiguilles, d'une odeur pénétrante très forte (j'ai pu carac- tériser Cyl), puis des vapeurs diode, puis un résidu char- bonneux. J'ai donc assisté à ce phénomène curieux que l'iode, en présence du noyau antipyrique, a plus d'affi- nité pour le cyanogène que pour le mercure, et le lait qu'il se forme des vapeurs d'iode après la sublimation du Cyl, semble prouver qu'il s'était produit aussi de l'io- dure d'antipyrine. Il se trouve indique et il est généralement admis (d'après Johnston et Schlieper) que le cyanure mercu- rique dissout l'oxyde correspondant en quantité considé- rable; j'ai pu constater que cela est, en effet, le cas pour l'oxyde jaune, tandis que l'oxyde rouge se montre, au contraire, très rebelle à la dissolution dans le HgCy2. (I en est de même pour C^H^NgO.HgCyâ. Appendice. L'ensemble des faits qui précèdent permet de donner ;i cette nouvelle série de combinaisons la formule de constitution générale suivante : dans laquelle R' représente le résidu halogénique mono- valent. Le mercure, élément mono- ou divalenl suivant les cas, se combine à l'antipyrine à l'état maximum et con- ( 840 ) tracte des combinaisons dans lesquelles le noyau mercu- rique semble rester en son état primitif, bien que cer- taines réactions indiquées dans les pages qui précèdent ne répondent nullement aux réactions des sels mercu- riques. Mais il y a plus. Pourquoi l'atome métallique, dans ses combinaisons additionnelles, ne fixe-t-il pas un nombre de molécules antipyriques en rapport avec sa valence? Nous savons que les composés du zinc (Van Itallie) et du cadmium (Schuyten) fixent deux noyaux de base, et ceux du ferricum (Hasse-Schuyten), trois. Dans les combinaisons des sels mercuriques avec l'antipyrine, le phénomène se présente donc comme si le métal pas- sait au minimum, ou mieux peut-être comme s'il perdait en partie de ses propriétés d'élément maximum; qui sait s'il ne prend pas une position intermédiaire entre les deux états de saturation habituels? Et ce qui semble don- ner quelque poids à cette manière de voir, c'est le fait que le calomel refuse de s'additionner à la phényldimé- thylpyrazolône; il donne le chlorhydrate de cette base, du sublimé, de l'oxyde de mercure et du mercure (*). Le passage de l'état maximum à l'état minimum incomplet pourrait se représenter graphiquement comme je viens de le faire dans le dessin ci-dessus: un des atomes d'ha- logène quitterait l'atome métallique auquel il se trouve lié par aflinité et irait se porter sur l'atome N qui fixe déjà la moitié des valences du mercure; l'azote méthy- lique groupant ainsi dans la sphère de son activité deux éléments à caractères électriques opposés, me semble donner l'image de la possibilité du principe que j'avance. 0 Wekner, Pharm. Ztg., 1896, 41, 395. ( 841 ) à savoir : qu'i/ existe un étal de saturation intermédiaire cuire l'étal maximum et l'état minimum des combinaisons du mercure et qu'elles affectent cet état intermédiaire dans leurs combinaisons arec l'antipyrine. Je pourrais l'exprimer encore d'une autre façon, en disanl que les forces dyna- miques que l'antipyrine est capable de déployer en pré- sence d'un sel métallique HgR'9 provoquent dans la construction moléculaire de celui-ci un ébranlement tel que la solidité du groupement atomique se trouve par- tiellement entamée; ce qui permet de conclure que plus la combinaison mercurique est forte (stable), plus elle sera difficilement disloquée par le corps avec lequel elle peut contracter une addition. On mesure la force de com- binaison par le nombre de calories qu'une combinaison dégage ou absorbe lors de sa formation et on a coutume de dire que la chaleur dégagée et absorbée est en raison inverse de la solidité de la construction moléculaire. Si l'on écrit Pb -+- I, = PbL, -+- 52,8 cal., on veut dire que l'énergie de l'iodure de plomb est de 52,8 calories plus petite que la somme des énergies des components. Il est par conséquent possible de comparer entre elles les stabilités de plusieurs composés d'une même série, et de dire d'avance lequel aura le plus de facilité à se combiner, additionnellement par exemple, à un corps quelconque; ce sera celui qui aura subi la plus grande perte d'énergie, qui possède la plus forte chaleur de formation; en effet, ce sera ce composé-là dont le groupement atomique pourra le plus aisément se modi- fier sous une influence extérieure (addition, réaction, fusion, dissolution). Appliquons ces raisonnements aux ( 842 ) composés qui forment l'objet de la présente étude. Nou* avons Hg -*- Clâ = HgCL -+- 62,8 Cil Hg ■+■ Bi\ HgBr.. •+■ 59,8 ■ Hg -+■ h HgU ■+■ 44,8 0 (rouge "g -+■ U Hgl. ■4- 41,8 » (jaune] Ce tableau montre que le composé mercurique qui a conservé le plus d'énergie, qui résistera donc le mieux à l'ébranlement moléculaire, se trouve être l'iodure, qui précisément ne se combine pas à l'antipyrine. J'ose presque dire que la vitesse de combinaison des composés halogènes du mercuricum avec cette base, diminue gra- duellement du chlorure à l'iodure, et que l'iodure jaune est encore plus rebelle que l'iodure rouge. Peut-être bien qu'un jour je réussirai à réunir des preuves expérimen- tales à ce sujet. Le cyanure de mercure, que quelques chimistes rangent dans cette série de composés, semble se soustraire à l'ap- plication de ces principes. On a : Hg -»- Cy2 = HgCy, -+- 23,8 cal., c'est-à-dire que ce composé se combinerait plus difficile- ment encore à l'antipyrine que l'iodure; c'est le contraire qui a lieu. Mais si le cyanogène a des analogies avec les halogènes au point de vue analytique, au point de vue de la chimie pure, ce groupe n'est comparable ni au Cl, ni au Br, ni à l'I. Il était donc tout indiqué de ne pas pou- voir appliquer les raisonnements précédents à la façon dont se comporte le cyanure de mercuricum vis-à-vis de l'antipyrine. Anvers. Laboratoire privé. Avril 1897. ( 843 ) Notice sur un appareil permettant de tailler un cristal suivant une direction déterminée, et sur une méthode de tailler des plaques à faces parallèles; par le Dr F. Stober, répétiteur à l'Université de Gand. Tout cristallographe qui s'est occupé de recherches sur les propriétés physiques des cristaux, et notamment de l'étude de leurs propriétés optiques, aura reconnu la nécessité d'avoir à sa disposition un appareil simple et facile à manier, qui permît d'opérer la section des cris- taux suivant une orientation donnée. Nous n'en voulons pour preuve que les nombreuses tentatives de divers savants pour construire un appareil satisfaisant à ces conditions. Nous connaissons en effet, en nous bornant à citer les auteurs qui sont parvenus à une solution plus ou moins heureuse du problème, les descriptions d'appareils données par MM. Rauff, Fuess, Wùlfing, Tutton, Halle (*). (*) Rauff. Ueber eine verbesserte Steinschneidemaschine sowie ïiber einen von M. Wofc in Bonn construirten, damit verbundenen Schleif- apparat zur Herstelhcng gênait orientirter Krystallplatten. (Neues Jahrb. f. Min., etc., 1888. t. IL) Fuess, Ueber eine Orientirungsvorrichtung zum Schneiden und Schleifen von Mineralien in bestimmten Richtungen. (Neues Jahrb. f. Min., etc., 1889, t. II.) Wulfing, Ueber einen Apparat zur Herstellung von Krystallschlif- fen in orientirter Lage. (Zeitschr. f. Kryst., etc., 1890.) Tutton, Ueber ein Instrument zum Schleifen von genau orientirten ( 844 ) On trouvera dans les recueils cités en note tous les renseignements relatifs à la construction de ces appa- reils; aussi ne nous attarderons-nous pas à leur descrip- tion. Qu'on nous permette seulement de faire ressortir les raisons pour lesquelles l'usage de ces appareils ne s'est pas généralisé dans les laboratoires de minéralogie : précisons, à cet effet, les conditions auxquelles doit répondre un appareil de ce genre pour être vraiment utile et pratique. Il faut : 1° qu'il donne des résultats suffisamment exacts; 2° que les faces obtenues soient par- faitement planes; 5° qu'il permette de tailler des cristaux relativement très petits; 4° que l'appareil soit commode et d'un maniement facile. Les dispositifs imaginés par les auteurs cités plus haut, si ingénieux que soient plusieurs d'entre eux, ne réunissent pas toutes les qualités voulues pour satisfaire à ces diverses conditions. L'appareil de M. Rauff, qui s'adapte à la grande machine à tailler les roches construite par la maison Max Wolz à Bonn, ne peut servir que quand il s'agit de polir une face parallèle ou perpendiculaire à une autre face, ou quand la face à tailler tronque l'arête formée par deux faces déjà existantes. D'autre part, cet appareil ne peut être employé que pour des cristaux assez volumineux, parfois difficiles à trouver; il en résulte que son usage est nécessairement fort restreint. L'appareil de M. Fuess est à la fois plus pratique et plus précis; il s'adapte à la petite machine à tailler les roches Platten und Prismen kiïnstlictier Krystalle. (Zeitschrift f. Kryst., etc.. 1895 und 1896) Halle, Ein muer Handschleif apparat fur Krystallpriiparate. (Neues Jahrb. f. Min., etc., 1896, t. 11.) ( 845 ) mise en vente par le même constructeur, et permet de tailler les cristaux dans tous les sens, par l'emploi de trois mouvements de rotation perpendiculaires l'un sur l'autre. Pourtant, il serait difficile de tailler, à l'aide de cet appareil, des cristaux qui n'atteignent pas une cer- taine grosseur; et cet inconvénient réduit, dans beaucoup de cas, la portée pratique de ce dispositif. M. Tutton a été amené par ses travaux bien connus sur les propriétés cristallographiques des sulfates isomorpbes, à faire construire un instrument permettant de tailler des laces parfaitement planes et dont l'orientation est exacte à quelques minutes près. Cet instrument d'une précision remarquable, mais qui ne peut servir que pour des cris- taux artificiels de faible dureté, a été modifié plus tard de manière à pouvoir être utilisé pour des cristaux d'une dureté plus considérable, et à permettre même de section- ner un cristal dans une direction donnée. D'après l'auteur, cet appareil est fort commode et donne de très bons résul- tats; mais par contre, il est très compliqué et par consé- quent probablement très coûteux, ce qui l'empècbera, nous semble-t-il, de s'introduire dans les laboratoires de minéralogie. M. Halle a construit tout récemment un appareil qui a l'avantage de permettre, pendant l'opération, un contrôle relatif à l'orientation de la face à polir; mais le degré d'exactitude que donnent les deux mouvements de rota- tion perpendiculaires à l'aide desquels on oriente le cris- tal, n'atteint que dix degrés dans le sens de l'un de ces mouvements, et un degré dans l'autre. Il sera toujours fort difficile, croyons-nous, d'obtenir des résultats relati- vement exacts à l'aide de cet appareil, et son emploi ne peut être avantageux que dans les cas où il n'est pas ( 846 ) nécessaire d'atteindre une grande exactitude dans l'orien- tation de la face à tailler. Aucun de ces appareils ne peut être mis en comparaison avec celui qui a été décrit par M. Wûlfing ; cet appareil, le plus simple et le plus ingénieux de tous ceux que l'on a construits pour l'usage dont il s'agit, donne, d'après les expériences de l'auteur, une exactitude pour ainsi dire parfaite; les angles formés par la face artificielle ne s'écartent que de 3 à 4 minutes, tout au plus, de ceux qui ont été trouvés par le calcul. On atteint donc, pour ainsi dire, la dernière limite de l'exactitude par l'emploi de cet instrument; il n'a qu'un seul inconvénient, qui semble du reste avoir frappé l'auteur lui-même : c'est que l'usage de ce petit appareil exige au préalable une série d'opé- rations géométriques et parfois même quelques tâton- nements qui, à la vérité, ne diminuent en rien son utilité pratique, mais demandent du temps et nuisent à la rapi- dité de l'opération ; c'est probablement cet inconvénient qui a empêché les cristallographes de faire un usage général de cet appareil. On voit par ce qui précède que le problème de trouver un dispositif réellement pratique et d'une exactitude suffi- sante n'est pas résolu. Dans beaucoup de cas, on doit recourir encore au pro- cédé de Nôrremberg, qui consiste à donner au cristal une orientation approximative en le serrant entre deux morceaux de liège, au travers desquels on passe quelques épingles pour les maintenir en place. Il est vrai, d'autre part, qu'en beaucoup de cas on peut se passer de tailler des plaques orientées, grâce à l'ingé- nieuse méthode de Klein, en plongeant le cristal à étudier dans un milieu dont l'indice de réfraction est à peu près ( 847 ) égal à l'indice moyen du cristal. Cependant il y a des cas, notamment quand il s'agit de déterminations très pré- cises, où il devient indispensable de tailler des plaques et des prismes orientés; il ne sera donc pas inutile de décrire ici un dispositif que nous avons imaginé récem- ment et qui nous a déjà rendu de réels services. Le principe de ce dispositif repose sur le fait qu'une face est déterminée quand on connaît son inclinaison sur un plan donné et une droite contenue dans ce plan et par laquelle passe la face considérée. La droite située dans le plan donné peut être une arête formée par un second plan, une ligne de clivage, une trace de macle, etc. fy* La ligure i donne, en réduction, un croquis de notre petit appareil; comme sa construction est facile à com- ( 848 ) prendre, nous pouvons nous borner à des indications sommaires. P est un prisme creux en cuivre, à base équilatérale et à faces bien planes; sa hauteur est de 9 centimètres et sa base mesure 5 centimètres de côté environ. Deux plaques de verre rectangulaires sont fixées sur deux des faces de ce prisme à l'aide de baume du Canada; l'une d'elles, V,, mesurant à peu près 5 centimètres de largeur sur 9 cen- timètres de hauteur, est placée de manière qu'un de ses longs côtés coïncide exactement avec une arête A du prisme; cette plaque garde la même position dans tous les essais, tandis que l'autre plaque, V2, qui a la forme d'un carré de 9 centimètres de côté, peut être déplacée perpendiculairement aux arêtes du prisme. L'angle a du prisme, correspondant à l'arête A formée par les deux faces sur lesquelles s'appliquent les plaques de verre, est mesuré au goniomètre une fois pour toutes; en outre, on détermine aussi exactement que possible la largeur de la plaque V4. Pour expliquer le fonctionnement de l'appareil, suppo- sons qu'il s'agisse de polir une face donnée X sur un cristal terminé par deux faces M et N dont la position est connue et qui se coupent suivant une arête réelle q; on commence par calculer l'angle y formé par la face X et l'une des deux faces M et N, M par exemple, ainsi que l'angle que l'arête q fait avec la trace de X sur la face M. On détermine ensuite la longueur du côté c par la résolu- tion du triangle plan ABC (fig. 1) dont on connaît le côté b et les angles a et y; cela fait, on trace sur la plaque V2 une ligne marquant la largeur c et on déplace cette plaque jusqu'à ce que ladite ligne coïncide avec l'arête A du prisme. On voit que le plan passant par les longs côtés ( 849 ) non contigus des plaques \\ et V2 forme alors avec le plan V( un angle A.CB égal à y, et il ne reste qu'à fixer la face M du cristal sur la plaque V, et qu'à le faire tourner autour de la normale de celle lace jusqu'à ce que l'arête 7 forme avec le bord de Y, l'angle <\> donné par le calcul. Ces opérations étant exécutées, le cristal est oriente; on n'a plus qu'à placer l'appareil de manière que les bords non contigus des plaques de verre repo- sent sur une plaque bien plane de verre ou de fer, et à user le cristal à l'émeri jusqu'à ce que le bord libre de V! touche la plaque à émeri (*). Pour éviter d'user le bord de Vo, il est utile de placer une feuille de papier à l'en- droit où ce bord porte sur la plaque à émeri, jusqu'au moment où le bord de V( vient en contact avec elle. Abstraction faite des mesures préliminaires et du calcul déterminant la position de la face à tailler, l'instal- lation de l'appareil consiste donc en deux opérations : I" déplacement convenable de la plaque V,, et 2° orien- tation du cristal sur Vt. La première de ces opérations se fait sans aucune difficulté : après avoir tracé sur V2, aussi exactement que possible, la ligne indiquant la largeur c, on fixe cette plaque sur le prisme au baume de consistance moyenne. Pour faciliter le maniement de l'appareil, il est bon de (') Nous avons remarqué que lorsqu'on opère sur des cristaux de faible dureté, il est utile de remplacer l'émeri par la poudre qu'on obtient en frottant un morceau de coticule sur une plaque de verre dépoli; cette poudre convient surtout pour l'achèvement des faces : elles sont plus lisses et se laissent polir plus facilement que lors- qu'elles ont été usées à l'émeri, dont le grain est rarement uniforme. ( 850 ) passer dans le creux du prisme un morceau de bois triangulaire et de placer V2 à plat sur une plaque métal- lique qu'on chauffe doucement jusqu'au ramollissement du baume; l'ajustage de V2 s'opère alors avec une grande précision. La seconde opération n'est pas plus difficile; on peut s'y prendre de différentes manières, selon le degré d'exactitude que l'on veut atteindre. La meilleure méthode consiste à se servir du microscope; il est néces- saire pour cela que la platine rotative du microscope soit inunie d'une vis d'arrêt et possède deux mouvements de translation perpendiculaires; il faut aussi que les angles de rotation puissent être mesurés avec une exactitude suffisante (trois minutes au moins). On commence par coller le cristal sur la plaque \{ suivant une orientation approximative, avec du baume convenablement bouilli; on fixe ensuite l'appareil à l'aide de deux ressorts, en couchant la plaque Vt sur la platine du microscope, puis on amène le bord libre de Vj en coïncidence avec le fil transversal du réticule; après avoir noté la position de la platine, on la fait tourner, de l'angle j>, dans le sens déterminé et on la fixe. Il ne reste qu'à ramollir le baume du Canada d'une façon convenable et qu'à rectifier la position du cristal jusqu'à coïncidence parfaite de son arête q avec le fil transversal. Il va de soi que l'axe de rotation de la platine doit coïncider avec l'axe du micro- scope, et que, au besoin, on aura recours aux mouvements de translation pour pouvoir procéder à l'orientation de l'arête q, tout en donnant au cristal une position telle qu'il soit possible de le tailler sur une étendue conve- nable. ( 831 ) Le ramollissement du baume peut être obtenu par la plupart des dispositifs qui servent à chauffer des prépa- rations sous le microscope. On peut employer à cet effet la flamme d'un chalumeau convenablement fixe à une tige verticale et que l'on place, par-dessous, dans l'ouver- ture de la platine dont on a enlevé les appareils d'éclai- rage et de polarisation ; mais il faut que la pointe du cha- lumeau soit très tine et sa courbure assez faible, afin que la petite flamme soit stable et puisse être réduite à volonté; une flamme grosse comme une tête d'épingle suflit amplement. Cette méthode d'orientation du cristal atteint une très grande exactitude, pour autant que le bord de VL et l'arête q soient suffisamment nets. Ainsi, par exemple, ayant donné d'après cette méthode une orientation <{, = 39° 2',S sur un porte-objet stauroscopique (P. Groth) à l'une des arêtes d'un petit solide de clivage de calcite, nous avons trouvé, après coup, au goniomètre les valeurs suivantes (voir figure 2) : «': 6= 74° 55'; 6:c = 4l°27'; c = 90«; f.9 les faces supérieures du verre et du cristal coïncidaient ( 852 ) parfaitement; ces mesures prouvent que l'orientation réellement obtenue était de 39°5'. L'appareil disposé comme l'indique la figure permet de tailler des cristaux sous des angles y, à partir d'envi- ron 50°; pour des angles y inférieurs à 50°, on fait glisser la plaque V2 ainsi que l'indique la figure 5; le cristal se place alors sur la face inférieure de V,. jy-s Quant à l'approximation qu'on peut atteindre à l'aide de notre appareil, on comprend qu'elle dépend essentiel- lement de l'exactitude avec laquelle s'opèrent l'orienta- tion du cristal et la mesure de la largeur des plaques V, et V2; il faut aussi que les faces du prisme et des plaques \\ et V2 soient bien planes, et qu'en outre les bords de ces plaques qui sont parallèles aux arêtes du prisme soient parfaitement droits et nets. Pourtant, lorsqu'on ne recherche pas une exactitude absolue, on peut couper les plaques Vj et V2 dans du verre ordinaire et les user con- venablement sur une meule à émeri suffisamment plane: v 853 ) il suffit alors de mesurer les largeurs à l'aide d'une petite règle divisée en demi-millimètres, ce qui permet d'atteindre par estimation une approximation d'un déci- millimètre à peu près; pour un appareil présentant les dimensions indiquées plus haut, une incorrection de l/10 de millimètre dans la position de la plaque Vç> se traduit par une erreur de 20' environ dans l'inclinaison de la face à tailler sur la face donnée M. Pour nous rendre compte de l'utilité pratique de ce dispositif, nous avons essayé de polir les faces «' = (0001) et ri* = ( I l"âO) sur de petits solides de clivage de calcite. Quand, pour obtenir la première de ces faces, on prend une face du rhomboèdre comme M et une de ses arêtes comme arête q (l'angle dièdre du rhomboèdre étant de 105°5'), on a f = 59'2'£; r = 44*50'*. Comme la largeur de la plaque \\ était b = 62""",-") et l'angle du prisme « = 60°lo', 5, nous avions sinr 45-»,2. sin (a •+- y) Six solides de clivage ont été mis en expérience à l'aide des deux données * = 39°2'i et c = 45n"0,2, 3"" SÉRIE, TOME XXX III. ,')(> ( 854 ) et nous ont fourni, après le polissage, les résultats sui- vants : e/j o ce ■a S s z ANGLE DE LA FACE OBTENUE AVEC ANGLE CALCULÉ. (loii). (4101). (Oïll). 1 2 3 4 5 6 44° 24' 44» 36' 440 sir 44o55' 44» 23' 44° 44' 440 42' 44° 59' 44» 14' 44° 21' 44° 45' 4404g' 44° 50' 44° \r 44° 43' 44»34' 44° H' 44° 2 1' 44° 36'{ » 1 Quant à la face d2 = (1120), les angles y et <]> sont respectivement de 52°32',5 et de 0°; il s'ensuit que c = 53mm,7. Les deux faces que nous avons taillées étaient situées exactement dans la zone des deux faces de clivage dont elles tronquaient l'arête, et inclinées sur une de ces faces, l'une de 52°38' et l'autre de 52°23' (angle calculé, 52°32',5). Les écarts entre la valeur des angles calculés et mesurés dépassent rarement 15', approximation remarquable, surtout si l'on tient compte de ce que les plaques \\ et \\2 étaient faites de verre ordinaire et usées à la main, de sorte que les bords étaient légèrement courbés et peu nets; en outre, les mesures b et c étaient prises à l'aide d'une règle de bois divisée en 0mm,5. Il n'est donc pas douteux que dans les opérations, d'ailleurs très rares, où une plus grande approximation serait nécessaire, on ne ( 855 ) puisse arriver à des résultats beaucoup meilleurs en se ser- vant de plaques de verre appropriées et d'un instrument permettant de faire les mesures de b et c à 0mm,02 près. Il n'est pas inutile de remarquer, en ce qui concerne l'orientation du cristal sur la plaque Vt, qu'on peut recou- rir à l'ingénieuse méthode imaginée par M. Bertrand pour la mesure des cristaux microscopiques, notamment dans le cas où l'arête q serait virtuelle ou peu nette; on pourrait même, à l'aide de cette méthode, opérer sur des cristaux très petits et obtenir de bons résultats sans tâtonnements. Pourtant nous avons remarqué qu'il est difficile d'orienter un petit cristal et de le coucher, en même temps, exactement à plat sur une de ses faces. Pour éviter toute erreur, nous nous servons, dans ce cas, d'une plaque de verre auxiliaire (A, fig. 4, un verre porte-objet découpé convenablement) que nous collons sur la J&-4 plaque Vj à l'aide d'une goutte de baume préalablement bouilli; le petit cristal est couché ensuite, bien à plat, sur la plaque A, suivant une orientation approximative- ment exacte, et on lui donne son orientation définitive,- sous le microscope, par une rotation autour de la goutte de baume B qu'on chauffe doucement de haut en bas à l'aide de la petite flamme du chalumeau mentionné plus haut. La plaque auxiliaire peut servir aussi lorsque le ( 85G ) nicol inférieur doit être remis en place, l'orientation du cristal se faisant suivant une lamelle maclée. Ajoutons que cette plaque peut faire l'office de porte-ohjet stau- roscopique pour donner à l'orientation toute la précision possible; en effet, en supposant que la face c soit polie et perpendiculaire à la surface de la plaque A et qu'en outre la gouttelette de baume B soit remplacée par un axe fixe, on pourrait, après avoir collé solidement le cris- tal sur \7!, déterminer sans difficulté, par le procédé de Groth (*), l'erreur commise dansl'orientation du cristal par rapport aux longues arêtes de c, et rectifier la position du cristal en faisant tourner la plaque A jusqu'à ce qu'un vernier glissant en regard d'une graduation tracée sur V,, indique que cette plaque a tourné d'un angle égal à l'erreur. De cette manière, l'orientation du cristal se ferait sans le secours du microscope ; de même, le déplacement de la plaque V, pourrait s'opérer mécaniquement et avec une grande précision, à l'aide d'une crémaillère convenable- ment disposée à l'intérieur du prisme. En somme, la construction de l'appareil est susceptible de subir quelques modifications de détail, qui le ren- draient certainement plus exact, sinon plus simple. Mais, sous la forme que nous venons de décrire, il offre déjà des avantages notables, qui sont : 1° la simplicité de sa con- struction; 2° l'exactitude suffisante des résultats; 5° la possibilité de l'appliquer même à des cristaux très petits et à des cristaux à faces ternes; 4° la facilité avec laquelle il permet d'obtenir des faces parfaitement planes et des prismes à arêtes très nettes. (*) P. Gkoth, Physikalische Krystallographie, p. 702. ( 857 ) Moyen de polir une face parallèle à une autre face. On sait que pour opérer des coupes à faces parallèles, on procède ordinairement de la manière suivante : On se procure d'abord une des deux faces; on colle le cristal, par cette face, sur un verre porte-objet et on l'use jusqu'à ce qu'il présente l'épaisseur voulue, en maintenant le verre porte-objet parallèle à la meule. Cette méthode, qui ne garantit nullement le parallélisme des deux faces, peut être d'une exactitude suffisante quand il s'agit de coupes de faible épaisseur et d'étendue relativement grande , mais elle ne saurait être admise quand on opère sur de petits cristaux ou que l'épaisseur de la plaque doit dépasser quelques dixièmes de millimètre. On peut alors recourir aux dispositifs indiqués par MM. Fuess et Tutton, qui paraissent donner des résultats satisfaisants, mais on peut aussi se passer de tout instrument, ou, pour être plus exact, on peut fabriquer soi-même, en quelques instants, un appareil convenable. A cet effet, on prend un morceau de verre plan, de 1 centimètre carré environ, dont l'épaisseur est à peu près celle que l'on veut donner à la Jfy-s plaque, et on le divise en quatre petits carrés a (v. fig. 5) qu'on colle au baume du Canada aux quatre coins d'un verre porte-objet ordinaire, en ayant soin de le chauffer ( 858 ) tout entier et de l'appuyer, pendant le durcissement du baume, sur une surface bien plane, les morceaux de verre a étant tournés vers le bas; on fixe ensuite le cristal au centre du porte-objet entre les quatre morceaux de verre, en le couchant bien à plat sur la face à laquelle la face à polir doit être parallèle. Afin d'éviter tout ramollis- sement du baume entre les verres a et le porte-objet, on se sert d'une très petite flamme. Le cristal fixé, il ne reste qu'à l'user jusqu'au moment où les quatre verres a touchent également la meule. On obtient ainsi sans aucune difficulté une face presque rigoureusement parallèle à la première, même quand le cristal est très petit et que la plaque doit avoir une épaisseur notable. Nous avons taillé de cette manière trois petites plaques dont deux avaient 1 millimètre d'épaisseur et la troisième l'épaisseur d'un verre couvre- objet; les angles compris entre les deux faces étaient de 180°1\ 180°4',5 et 180°1\ Comme, dans les recherches cristallographiques, l'épais- seur d'une plaque peut généralement varier entre cer- taines limites, il est toujours facile de trouver un petit morceau de verre plan dont l'épaisseur corresponde à peu près à celle que l'on veut donner à la plaque à tailler. Université de Gand. Laboratoire de minéralogie. ■0C88fttt< 859 ) CXA8SK DUS LETTRES. Séance du I i juin 1897. M. le comte Goblet d'Alviella, directeur, président w2 ) M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics adresse un exemplaire du rapport fait par M. de Borch- grave, au nom de la section centrale de la Chambre des représentants, sur le projet de loi approuvant l'acte addi- tionnel et la déclaration interprétative élaborés par la Conférence internationale pour la protection des œuvres littéraires et artistiques. -- Remerciements. - M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages intitulés : 1° Monaslicon belge, tome Ie'. 2e livraison; par le R. P. Dom Ursmer Berlière; 2° Een gerechtelijlt drama in 1815; par Aug. Thys. — Remerciements. — M. le Ministre de la Justice adresse deux exemplaires de l'ouvrage : Coutumes des pays et comté de Flandre. Quartier de Fumes, tome III; par Gilliodts-Van Severen. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° A. Le Yi-King, traduit d'après les interprêtes chinois avec la version mandchoue; B. Vocabulaire bouddhique sanscrit-chinois ; par le chevalier C. de Harlez (avec une note qui figure ci-après) ; 2° Cour de cassation de Belgique (deuxième chambre), 2i mai 1897. Immunité diplomatique. Ministre étranger. Contestation civile. Excès de pouvoir; par Mesdach de ter Kiele; 3° Discursos leidos ante la rèal Academia Seviflana de buenas tétras; por los senores don Carlos Jiménez-Placer ( 865 ) v don Servando Arboli y Faraudo, en la réception publica y solerane de] primero el dia 18 de diciembre de 1887 (présente par M. A. Wauters, avec une note qui figure ci-après); 4° Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France : Besançon; par Aug. Castan, ancien associé (offert par M""' veuve Castan) ; 5° Apollon, statue trouvée à Magnésie du Sipyle, Musée impérial de Constantinopte; par Th. Reinach, associé. — Remerciements. La Société d'Émulation d'Abbeville fait savoir que la célébration de son centenaire aura lieu le dimanche 11 juillet prochain et demande à l'Académie de s'associer à cette manifestation. Une lettre de félicitations sera adressée à la Société d'Émulation. Le comité pour la statue à élever à Lierre à J.-R. David, ancien membre de la Classe, demande que l'Académie délègue un de ses membres pour assister à l'inauguration. -- M. P. Willems accepte de représenter la Classe. - Le Congrès archéologique de Malines de 1897 demande que la Classe s'associe officiellement à cette réunion. — La Société havraise d'études diverses envoie le programme de son concours de poésie pour 1897. { 861 ) NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai l'honneur de présenter à la Classe des Lettres mes deux derniers opuscules. Le premier est un vocabulaire des principaux termes religieux employés par les bouddhistes. C'est un texte chinois-sanscrit, édité avec une traduction explicative en français. On y trouvera une sorte de résumé des doctrines et coutumes des sectateurs du Bouddha. Le second est la traduction définitive du Yi-king et de tous sesappendices, d'après la version mandchoue faite par les Chinois eux-mêmes. J'y ai adjoint le texte mandchou, pour que les spécialistes puissent en vérifier l'exactitude. Je ne dirai rien de cette traduction. Qu'il me soit per- mis seulement de faire remarquer qu'elle confirme de point en point celle que j'avais donnée précédemment du texte chinois, si mal compris jusqu'ici. C. de Harlez. Il y a une trentaine d'années, je publiai, dans le Bulletin de l'Académie royale de Belgique (1), une notice sur le peintre Pierre Campana, dont je fis connaître, à cette époque, le véritable nom de famille : De Kempeneer ou le Campinois. Je ne pus toutefois éclaircir sa biographie, car cet artiste vécut surtout à Séville, où il a orné les (1) Quelques mots sur le Bruxellois Pierre De Kempeneer connu sous le nom de Pedro Campana, 2e sér., t. XXIV, p. o69. ( 865 ) églises de peintures remarquables. Depuis, un Espagnol. don Carlos Jiménez-Placer, a repris le même sujet dans un discours qu'il a lu à l'Académie sévillane des belles- lettres. En m'adressant un exemplaire de son travail, il y en a joint un second, qu'il m'a prié d'offrir à l'Aca- démie royale de Belgique. La brochure dans laquelle figure son travail est intitulée : Discursos leidos ante la real Academia Sevillana de buenas letras... en la recepeion publica...del primer o eldia 18 de diciembre de 1887 (Séville, 1887, in-8°). Elle contient des détails pleins d'inté- rêt sur les œuvres de Campana, mais des renseigne- ments relatifs au peintre lui-même restent à connaître. Peut-être quelque jour en trouvera-t-on davantage en étu- diant la généalogie des de Kempeneer, qui, au XVIe siècle, se livraient, à Bruxelles, à la pratique des beaux-arts, comme la peinture, et des arts industriels, comme la fabrication des tapisseries. A propos de ces dernières, permettez-moi de vous entretenir un instant d'un fait qui m'est personnel. Il y a quatre ans, en 1895, j'eus l'honneur d'offrir à la Classe un exemplaire d'une notice sur le peintre bruxellois Ber- nard Van Orley, notice dans laquelle on a reproduit par la phototypie des dessins qui sont attribués à notre com- patriote et conservés au Musée du Louvre, où j'avais eu l'occasion de les voir (1). Ils représentent les épisodes d'une bataille que je soupçonnai être celle de Pavie, d'après une étude minutieuse des détails de ces dessins. (1) Bernard Van Orley, par Alphonse Wauters, dans la collection intitulée : Les Artistes célèbres, collection placée par autorisation ministérielle du 15 juillet 1892 sous le haut patronage du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux- Arts. Paris, 1893, in-8°. ( 866 ) Actuellement tout doute est levé à cet égard, car on vient de publier à Milan un volume intitulé : La Battaglia di Pavia, illustrata negli arazzi del marchese del Vasto al Museo nazionale di Napoli, c'est-à-dire : La bataille de Pavie décrite d'après les tapisseries du marquis du Guast au Musée national de JSaples. Milan, 1896; in-folio. Le volume contient un texte de l'architecte Luc Bel- trami et sept héliotypies très remarquables. Ces dernières sont évidemment la reproduction des dessins de Paris, dont toutefois je n'avais pu faire reproduire que cinq, à cause de difficultés matérielles. La comparaison entre mes phototypies et les héliotypies de M. Beltrami ne permet pas de concevoir le moindre doute à cet égard, quoique M. Beltrami ne me paraisse avoir eu connaissance ni des dessins de Bernard Van Orley, ni de mon travail. Mais un fait est acquis aujourd'hui : la belle tenture du marquis du Guast, dontj'avais essayé de rétablir l'histoire dans mes Tapisseries bruxelloises, est bien une production de l'in- dustrie de notre pays. Elle était autrefois, à cause de sa beauté, attribuée au Titien, mais la paternité de l'œuvre doit être restituée à un maître flamand de l'époque de Charles-Quint, et le nom de Van Orley, sous lequel les dessins figurent dans les inventaires du Louvre (voir Reiset, Catalogue des dessins du Louvre, p. lxxxiii), peut difficilement être contesté. Quant à l'exécution comme tapisserie, il n'y a qu'à Bruxelles qu'on se livrait, à la même époque, à la fabrication d'œuvres pareilles. Si l'on ne voit pas sur la tenture la marque de cette ville, instituée en 1528, ainsi que me l'ont rapporté des personnes dignes de foi, qui ont vu et admiré ces tapis- series, c'est probablement parce qu'elle a été fabriquée immédiatement après la bataille de Pavie, livrée le 29 février 1524. ( 867 ) (les tapisseries représentent : La première, l'attaque de l'artillerie de Gaillot de Genouillac par les lansquenets de Georges Furstenberg. La deuxième, les arquebusiers du marquis de Guast et la cavalerie du connétable de Bourbon assaillant le centre de l'armée de François Ier. La troisième, l'attaque du camp français. Abandon du camp français. Les Suisses, malgré les exhortations de leur chef, Jean Diesbacb, et du marquis de Fleuranges, refusent de combattre. François Ier est fait prisonnier ; le vice-roi descend de cheval pour recevoir l'épée du monarque. Fuite du duc d'Alençon au delà du Tessin. Les Suisses, en se séparant de l'armée française, sont repoussés vers le Tessin. Ces tapisseries sont au Musée de Naples, auquel elles ont été données en 1860 par le marquis du Guast. Mais on ne peut encore les exposer, car la donation est attaquée par un parent du marquis, et un procès est engagé devant les tribunaux. Quoi qu'il en soit, l'art flamand peut dès aujourd'hui revendiquer cette belle tenture, dont la valeur, peut-être exagérée, est évaluée à trois millions. Quant à Van Orley, elle lui fournit l'occasion d'un nouveau triom- phe. A ses portraits si pleins de vie, à ses vitraux de l'église des Saints-Michel et Gudule, à Bruxelles, qui peuvent être rangés parmi les plus beaux qui existent encore, à ses tapisseries dites des Chasses de Maximilien, où il se montre paysagiste et animalier excellent, il peut joindre, en la revendiquant comme un titre de gloire de plus, sa Bataille de Pavie où, dans un domaine différent, il déploie toutes les qualités d'un talent de premier ordre: la fougue militaire, inséparable du sujet; la beauté de ( 868 ) l'ordonnance, le naturel des poses, tout ce qui constitue les mérites d'un peintre de batailles. Le premier il excelle dans ce genre où depuis ont brillé Callot, Snyders, Van der Meulen. A aucun, dans toutes les branches de l'art, il ne le cède en puissance, ni comme pensée, ni comme exécution. Jusqu'à preuve du contraire, les dessins de h Bataille de Pavie doivent donc lui être attribués. Y voir l'œuvre du Titien ou du Tintoret, comme le fait M. Beltrami, c'est, me semble-t-il, admettre une opinion contre laquelle tout proteste. Alphonse Wauters. M. Alphonse Wauters a présenté en mai dernier à l'Aca- démie un exemplaire de sa brochure portant pour titre : Quelques mots sur Vésale. Il fait remarquer à la Classe qu'il a joint à son texte des phototypies, entre autres une vue de la Maison de Vésale, 't huys van Vesalius, qui fut cédée en 1617 parla princesse de Bournonville à la communauté des Frères minimes, et un plan du quartier environnant, d'après les anciens plans de la ville du XVIe et du XVIIe siècle. Ces documents sont du plus grand intérêt pour l'ancienne topographie de Bruxelles et fixent, d'une manière positive, l'emplacement de la demeure que s'était fait construire, dans cette ville, le Père de l'anatomie. M. Wauters a présenté ensuite, au nom de M. Jean Van M;ilderghem, archiviste adjoint de la ville de Bruxelles, un exemplaire de son travail intitulé : Les fresques de la Leugemeete, leur découverte en 1846, leur authenticité (Bruxelles, Vromant, in-8°, 1897). Dans sa brochure, M. Van Malderghem conteste l'ancienneté que l'on a attri- buée aux fresques découvertes, dit-on, dans la chapelle de la Leugemeete, à Gand, et que Félix De Vigne a fait ( 809 ) connaître dans le volume portant pour titre : Recherches historiques sur les costumes civils et militaires des gildes et des corporations de métiers. On a voulu attribuer une grande autorité à ces représentations, dont M. Van Mal- derghem signale, avec raison, les côtés faibles. A mes yeux, la question ne peut être douteuse. Cette exhibition des milices communales, divisées en métiers, correspond mal avec l'organisation de la ville de (iand où, au XIIIe siècle, tout le pouvoir appartenait à la coop- mans gilde ou gilde des marchands, adversaire politique «les métiers. L'apparition, à la même époque, d'une com- pagnie de l'arc ou de Saint-Sébastien, reconnaissable à sou étendard aux armes de Jérusalem, n'est pas conci- liaire avec l'histoire au XIIIe siècle, pendant lequel on ne cite, dans les villes des Pays-Bas, que des gildes ou ser- ments d'arbalétriers. Ceux d'archers n'apparaissent qu'au XIVe siècle. Tout contribue donc à l'aire rejeter l'exécu- tion de ces fresques à une époque postérieure et à leur ôter ce caractère d'ancienneté qu'on leur a attribué à tort, sans le moindre motif. Sous ce rapport comme sous les autres, la thèse de M. Van Malderghetn me paraît in- contestable. Elle est en concordance parfaite avec les documents que l'on possède au sujet de la chapelle et sur sa destination ancienne de servir d'oratoire à un hospice de vieilles femmes établi en 1315. On s'explique dillici- lement la présence, dans un semblable édifice, de repré- sentations militaires de la bourgeoisie de Gand. 3n,e SÉRIE, TOME XXX1U. ,*>7 ( 870 ) COMMUNICATION ET LECTURE. Les Marchanda Aventuriers à Anvers; par Ch. Piot, membre de l'Académie. I. Dès les premières périodes du moyen âge, la Belgique servait d'entrepôt aux marchandises du nord et du midi. Ce fait est attesté par des documents contemporains d'une authenticité incontestable, par des relations à l'abri de toute critique et par les découvertes de monnaies belges recueillies dans le nord de l'Europe, pays privés pendant longtemps d'un numéraire national. L'Angleterre contribua plus tard à ces échanges, grâce aux nombreuses expéditions de laine et d'autres objets de commerce envoyés dans notre pays, soit par la voie de Damme, soit par celle de Bruges, soit par le port d'Anvers, spécialement lorsque l'Escaut n'était plus l'ob- jet de contestations territoriales entre les princes voisins de ce fleuve (1). (h Busr.H, England unter den Tudors, pp. 72 et suiv. Llndsay, History of marchant shipping and amical commerce, pp. 417 et suiv. Larrey, Histoire d'Angleterre, t. I, p. 723. Rymer, Fœdera, conven- tions, littera, etc., t. XVI, pp. 323 et 324, le Sy Habits des Rymers fœdera, vol. III, General Index, et Ducange, verbo Adventuraria societas. Van Bruyssel, Histoire du commerce, t. II, p. 125, t. III, pp. 58, 60 et 61. Comptes rendus des séances de la Commission royale d'histoire, t. I, p. 367, t. VIII, p. 239 et t. XII, p. 53. ( 871 Nos provinces surent tirer un parti merveilleux de cette situation pour créer à Anvers une place de com- merce de premier ordre, un siège important d'affaires financières, en y attirant les spéculateurs de tous les pays par suite des privilèges que la cité avait obtenus des ducs de Brabant (1). Primitivement et surtout durant le XIVe siècle, le com- merce anglais était exploité par les Stillards, vaste asso- ciation de Marchands étrangers, préoccupés de spéculer sur les produits de leur pays et de vivre à ses dépens. Il y avait, en outre, une confrérie placée sous l'invocation de saint Thomas Becket de Canterbury, une association des Marchands d'Étaples et enfin celle des Marchands Aventuriers, qui jouissait de grands privilèges. A Anvers, ceux-ci formèrent une société de commer- çants anglais, que M. Busch appelle : ein Bindcglierf zwischen England und den Niederlanden (2). Cette associa- tion donna lieu, au XVe siècle, à la création et à l'orga- nisation d'une compagnie de négociants étrangers, dont il n'est pas possible de fixer l'origine d'une manière pré- cise (5). Complètement indépendante du gouvernement des Pays-Bas, elle s'organisa comme bon lui semblait, était dirigée par un gouverneur de nationalité an- glaise, très entier dans ses opinions, poussait l'arbi- traire à tel point, que William Davison s'en plaignit il) Mertens et Torfs, Geschiedenis van Antwerpen, t. II, pp. &9 el suiv. Hansenreecken, Halbaum Hansisches Urkundenbueh, Hansische CeschichtMiitter. Worms, Histoire, commerciale de la ligue haméa- tique. (2) England unter den Tudors, p. 72. (3) Gibbins, History of commerce in Europe, pp. 97, 136. ( 872 ) ouvertement à Walsinghara. La société s'occupait de spé- culations financières, d'expéditions de marchandises à l'étranger par l'intermédiaire du transit en Allemagne, introduisit dans le pays des draps anglais au grand pré- judice de l'industrie nationale, se mêlait des questions de religion dans le sens de la Réforme et organisait de l'opposition quand bon lui semblait au sujet des affaires religieuses et civiles. La dénomination de Marchands Aventuriers lui fut donnée par suite des spéculations que ses membres fai- saient sur les produits du commerce dans les pays les plus éloignés. Partout on les rencontre, là spécialement où il y avait moyen de spéculer sur les marchandises, n'importe leur origine et leur nature. Dans cette notice, nous devons nous borner à parler uniquement des Aventuriers établis à Anvers (1). II. Gresham, agent anglais très connu et souvent cité dans les annales de son pays au XVIe siècle, séjournait con- stamment à Anvers et mettait ses compatriotes au cou- rant de tout ce qui s'y passait. Par une lettre datée de cette ville, le 18 avril 1560, il annonça un fait très remarqué qui eut lieu à cette époque. Un moine s'étant permis de faire, pendant un sermon, la critique des (1) Dans son travail intitulé : Relations politiques des Pays-Bas et de l'Angleterre, t. II, p. 230, M. le baron Kervyn de Lettenhove cite un travail manuscrit conservé dans le Brilish Muséum, fonds Harlay, n° 537, et intitulé : History ofthe marchants avanturers and of their Lowe-Contries. (873 ) i (formes introduites en Angleterre par Elisabeth en ma- tière de religion, fut obligé de présenter ses excuses aux Marchands Aventuriers, s'il voulait éviter le mauvais parti que ceux-ci étaient prêts à lui iniligcr (1). Un ministre protestant affilié à l'association en dirigeait les affaires religieuses et autres, sans que le gouvernement des Pays- Bas pût y intervenir en aucune façon. Par exemple, l'État avait beau prohiber la sortie des armes, les Aven- turiers s'en emparèrent clandestinement pour les envoyer en Angleterre, grâce à la complicité des agents belges, qui eurent soin de fermer les yeux sur ces fraudes. L'as- sociation était tellement puissante, si bien fournie de tonds qu'elle en prêtait aux souverains d'Espagne, de Fiance, de Portugal, aux Guise et à la reine d'Angle- terre. Celle-ci les faisait passer aux États des Pays-Bas, dans le but d'entretenir dans ces provinces l'insurrection contre le gouvernement espagnol, sachant très bien qu'au grand jamais ces États ne seconderaient Philippe lï, s'il se décidait à faire la guerre à l'Angleterre. Il n'y a, par conséquent, pas lieu de s'étonner du prestige et de l'in- fluence de cette société au XVIe siècle. L'intervention du gouverneur des Marchands anglais dans les affaires politiques allait si loin, qu'il se rendit à Paris à l'effet de s'entendre avec Throckmorton, dans le cas où l'insurrection des Pays-Bas pourrait avoir besoin de l'appui de la France contre l'Espagne, et servir les intérêts de l'Angleterre. Les Aventuriers en voulaient surtout à Granvelle, grand partisan de l'égalité en matière de commerce, toujours prêt (1) Baron Kervyn de Lettenhove, loc. cit., p. 334. ( 874 ) à repousser les attaques dirigées contre notre industrie, contre la maison d'Espagne et à contrarier l'introduction des marchandises anglaises dans notre pays, spécialement au moment où la peste régnait à Londres. De concert avec Marguerite de Parme, il avait suspendu ce qu'on appelait l'entrecours, par suite des nouvelles levées d'im- pôts faites dans les ports d'Angleterre. Il avait beau pro- tester et agir dans un sens favorable à notre commerce, tous ses efforts échouèrent en présence de la ténacité d'Elisabeth. Elle voulait à toute force déverser aux Pays- Bas les marchandises prohibées par suite de la peste qui sévissait dans sa capitale. Mettant à profit ces contesta- tions, la ville d'Emden expédia en Angleterre trois agents chargés de nouer des relations directes entre ce pays et la Hanse, sans passer par l'intermédiaire des Pays-Bas. Ce fait se passa précisément au moment où les navires de nos provinces ne furent plus admis dans les trois ports anglais (1504), par mesure de représailles, et lorsque la (lotte des marchands d'Angleterre était prête à mettre à la voile pour Emden. On prétendait en même temps, dans le but d'effrayer l'Angleterre, qu'il y avait un com- plot ourdi de livrer cette ville aux Espagnols. A la suite de toutes ces circonstances, un agent, Georges Sout- wicke, engagea Elisabeth à choisir, pour siège des rela- tions commerciales avec l'Allemagne, les villes de Ham- bourg et d'Emden, et à abandonner complètement Anvers. 111. Devant toutes ces coïncidences, que restait-il à faire au gouvernement des Pays-Bas? Celui-ci résolut d'en- voyer en Angleterre un agent chargé d'une mission spé- ( 875 ) ciale et de faire à la reine des représentations à ce sujet. Cet agent était le seigneur de Sweveghem, personnage très peu au courant des affaires de commerce et moins encore de la politique de l'Angleterre. Par bonheur, une brouille survint entre les Anglais et la ville d'Emden; elle avait pour cause la grossièreté des habitants de la localité et l'envoi par eux, en Angleterre, de produits expédiés des Pays-Bas en contrebande. Chaloner constata, en outre, que rien n'y était prêt et lit observer qu'il fallait, au préalable, conclure une paix stable avec la France avant de prendre une décision définitive au sujet de la demande si pressante des Aventuriers de s'établir sur les bords de la Baltique. Entretemps, les prêches prirent à Anvers un dévelop- pement extraordinaire, à tel point qu'on y comptait, dit-on, jusqu'à 40,000 personnes dévouées à la religion nouvelle. C'était la ville des Pays-Bas méridionaux dans laquelle les adversaires de l'Inquisition furent les plus nombreux et les plus décidés à défendre la liberté religieuse (i). Les hardiesses des réformés y furent telles, que le magis- trat, grand partisan de cette liberté, se vit obligé de prendre des mesures contre les nouveaux croyants. Ce fut surtout le concile de Trente qui souleva l'opposition la plus vive (2). Des Anglais appartenant au culte réformé y affluèrent de tous côtés. Ils se rendirent complètement maîtres de la situation, au grand préjudice du commerce indigène, (i] Muldek, Twee verhandelirujen over de lnquisitie, pp. 6 et suiv. (2) Ibid , pp. 29, 63, 76. Voy. aussi Brieger. Aleander und Luther Qepeschen, pp. 78 et suiv. (876 ) favorisaient les revendications des confédérés belges à charge du gouvernement espagnol, excitaient le magis- trat d'Anvers contre l'État. Ces étrangers se mêlaient de toutes les affaires publiques, cherchaient querelle aux délégués du gouvernement et spécialement à l'Université de Louvain, lieu de refuge de bon nombre de catholiques anglais. S'ils ne pouvaient complètement réussir dans leurs revendications, les ministres de l'Église réformée établis à Anvers réclamaient l'appui de la reine d'Angle- terre qui, de son côté, ne se faisait pas défaut d'intervenir dans les affaires du pays, sous prétexte de vouloir favo- riser le commerce. Enfin, la situation de la ville d'Anvers devint telle, que l'émigration y fut générale. Richard Clotigh annonça, en lo(J7, que la cité était menacée d'une ruine complète. Dans cette situation, le magistrat d'Anvers s'adressa aux Marchands Aventuriers de cette ville, en les engageant à intervenir près de la reine d'An- gleterre afin de rétablir l'échange des marchandises et mettre un terme aux pirateries commises sur les côtes de son pays contre le commerce belge. Vains efforts, qui n'eurent aucun résultat. Au moment de la retraite de Marguerite de Parme et de l'arrivée aux Pays-Bas du duc d'Albe, en 15GX, les mesures prises par le nouveau gouverneur général contre les marchands anglais, à propos du zèle qu'ils montraient en faveur de la religion nouvelle, donnèrent lieu à des plaintes formelles de leur part. La situation était telle- ment tendue, que le gouvernement des Pays-Bas et Elisabeth finirent par comprendre la nécessité absolue de s'entendre, de respecter les droits et usages admis pour sauver le commerce. Des correspondances furent entamées à ce sujet. En principe, la question fut tranchée, v *77 ) mais en application, elle présenta de graves difficultés. Elisabeth désirait le triomphe complet de la Réforme religieuse et, comme conséquence, l'expulsion des Pays- Bas de tous les réfugiés anglais établis dans nos pro- vinces. Philippe II, qui les avait reçus, ne voulait eu aucune façon foriaire à sa parole. Selon sa manière de voir, ils devaient jouir de leur liberté au même titre que les réfugiés belges en Angleterre, dépendant don Guérau d'Espès, agent espagnol à Londres, conseilla au duc d'Albe de traiter aux Pays-Bas les marchands anglais de la même façon qu'Elisabeth agissait à l'égard des nôtres chez elle. Une pareille proposition ne résolvait pas les dillicultés de la situation, il s'en faut. Celle-ci était telle, que la reine finit par donner l'ordre de veiller à ce que toutes les relations commerciales cessassent entre son pays et la Belgique. De son côté, le duc d'Albe lança une proclamation dans laquelle il déclara positivement que si l'Angleterre et la maison de Bourgogne avaient décidé la destruction des pirates, ceux-ci étaient encouragés par Elisabeth. En dépit, disait-il, des passe-ports accordés par elle aux navires chargés de l'envoi des fonds destinés au payement de l'année espagnole, elle s'en était emparée, (l'était vrai. En retour, fît-il observer, les marchands anglais étaient poursuivis, tracassés et détenus à Anvers. C'était encore vrai. Enfin, la reine répondit à ces reproches en défendant aux Anglais d'entrer en relations avec les sujets du roi d'Espagne. De cette manière, tout le commerce d'Anvers se bornait aux relations avec les Portugais et les Italiens, à l'exclusion de l'Angleterre. Pareille situation finit par léser les intérêts des deux parties. ( 878 ) Les marchands anglais, prenant l'initiative, adres- sèrent au duc d'Albe une requête tendant à obtenir un changement complet dans les relations entre les deux pays. Ils demandèrent au gouverneur général de mettre eu liberté les marchands anglais et autres sujets de la reine arrêtés dans les Pays-Bas, « de cesser et annuler toutes et quelconques obligations, cautions et sûretés qu'ils ont mises et données en manière et place dudit général arrêt ». Le duc consentit volontiers à cette demande, à la condition que la reine en fit autant. Il était prêt, dit-il, à accorder aux sujets anglais une géné- rale, franche et libre décharge et restitution de toutes les marchandises, dettes, deniers et biens arrêtés à partir du 18 décembre 1568; mais toujours à la condition que la reine en fit autant. Cette condition fut exigée pour toutes les autres demandes des marchands en fait de restitution de navires saisis et de biens confisqués. Tous ces pourparlers eurent pour résultat la convention conclue à Nimègue le 15 mars 1575, en vertu de laquelle Llisabeth et Philippe II fermèrent les frontières de leurs pays respectifs à tous les rebelles de l'un et de l'autre parti, et rétablirent les relations commerciales; en outre, les sectaires seraient poursuivis. Cette convention fut seu- lement ratifiée par Philippe II le H juin suivant, au grand déplaisir d'Elisabeth, et précisément au moment où le duc d'Albe, complètement disgracié, allait remettre ses fonctions au duc de Medina-Celi, le nouveau gouver- neur des Pays-Bas. Le sire de Sweveghem fut de nouveau chargé d'entamer des négociations en Angleterre, sans obtenir aucun succès, par suite des assemblées secrètes des réfugiés catholiques anglais en Belgique, dénoncées par John Lee à lord Burleigh, et des lenteurs résultant ( 879 ) des négociations diplomatiques. Irritée au suprême degré de toutes ces tergiversations, la reine menaça de taire vendre les marchandises belges saisies en Angleterre, malgré les démarches du sire de Sweveghem, qui, en pré sence de son insuccès, se décida à demander son rappel. IV. Les Marchands Aventuriers établis à Hambourg finirent par demander l'autorisation de se fixer à Emden, de manière que l'agent espagnol annonça au secrétaire Albornoz que l'on pouvait regarder comme rompues toutes les négociations commerciales avec l'Angleterre. Par contre, les Marchands Aventuriers d'Anvers avaient, de l'aveu d'un négociant de cette ville, la main si haute que, selon son expression, « leur maison était une peste et un monopole contraire au bien public de la généralité». Pour en finir, la reine proposa carrément la fermeture de l'Escaut. Cette menace produisit son effet. Le duc d'Albe annonça à Elisabeth (15 avril 157Ô) qu'il s'était décidé à rétablir les relations commerciales entre les deux pays. Par conséquent, la liberté de l'Escaut fut demandée à giands cris par les commissaires des Marchands Aventu- riers (12 mai 1575). Tout le inonde comptait si bien sur le bon résultat de cettedémarche,qu'unefète fut organisée par le magistrat d'Anvers pour célébrer cet heureux évé- nement. A ce moment, l'avenir semblait se présenter sous un aspect riant, lorsque surgirent des difficultés nouvelles. 11 fallait, pour passer par les bouches de l'Escaut, le con- sentement du gouverneur de Flessingue, ville dévouée aux insurgés et au prince d'Orange. De là des négociations ( 880 ) sans issue; de là des plaintes de la part des marchands anglais trafiquant à Anvers; de là des faveurs accordées à certains négociants anversois, partisans des Gueux, et expulsion de ceux qui n'appartenaient pas à ce parti. Charles de Boisot, si dévoué à la Révolution et par conséquent à l'Angleterre, put enfin annoncer de Middel- bourg à lord Burleigh qu'on avait fait droit aux plaintes des Marchands Aventuriers (8 mai 1574) ; c'étaient des promesses qu'il voulait bien mettre à exécution sans avoir l'autorisation nécessaire à cet effet. Cette autorisation était d'autant plus difficile à obtenir, que la Zélande était occupée par les insurgés, toujours disposés à causer le plus grand tort possible aux provinces encore sou- mises à la domination espagnole. Ils voulaient par consé- quent empêcher la navigation sur l'Escaut, n'importe à quel prix. Dans le but de mieux encore embrouiller les affaires, la reine réclama de nouveau l'expulsion des réfugiés anglais établis dans les Pays-Bas (3 mai 1574) et la libre navigation sur l'Escaut pour les marchands anglais, sachant très bien que cette liberté était impossible par suite de l'insurrection de la Zélande. On le voit, partout Elisabeth avait des espions qui la mettaient au courant de ce qui se passait. V. Lorsque Requesens, le nouveau gouverneur des Pays- Bas, arriva à Anvers, il demanda aux États des subsides dans le but de faire des armements en Flandre, d'y com- battre l'hérésie et de contrarier l'Angleterre. Elisabeth en tint compte pour agir en conséquence. Jean de Boisschot. ( «H ) avocat liscal près du Conseil de limitant et envoyé en Angleterre dans le but d'y soutenir le sire de Sweveghem, informa Requesens des nouvelles démarches laites par la Hanse dans le but d'attirer les marchands aventuriers en Allemagne. Ceux de Lubeck el «le Hambourg veulent bien, dît-il (11 septembre 1574), traiter en particulier avec les Anglais, dans le but d'y attirer le trafic et négoce de l'Ançleterre, leur offrant d'excellentes conditions. Mais j'apprends, ajoute-t-il, que ceux de Cologne n'y tiennent pas, à cause de l'intérêt qu'ils ont à conserver leurs rela- tions avec les Pays-Bas. Cette opposition n'aboutit pas. L'Angleterre avait le plus grand avantage à contrarier notre commerce, pendant que les Flamands dévoués à la Réforme et réfugiés en Angleterre y faisaient une rude concur- rence à notre industrie et à notre commerce, au plus grand profit de leur nouvelle patrie. Du moment où les bouches de l'Escaut étaient occupées par les insurgés, la navigation y devenait impossible. De là des plaintes con- tinuelles de la part des intéressés à propos des charges et vexations endurées par les marchands belges en Angle- terre et par les Anglais aux Pays- lias. Afin d'arrêter l'essor de notre commerce, ceux-ci envoyaient directe- ment leurs draps à Emden, dans le but d'exciter des troubles dans le pays, ainsi que le fit observer à juste litre l'évêque d'Aquila. Requesens voulait, ii n'en pas douter, favoriser les relations commerciales entre les deux pays, à la con- dition d'établir une égalité parfaite entre les parties; mais il lui était impossible d'affranchir les bouches du lleuve occupées par les insurgés. En vain les intéressés voulaient-ils tourner les difficultés au moyen de trans- actions très équitables. Rien n'y lit. Si des Marchands ( 882 ) aventuriers obtenaient la permission de passer par l'Es- caut, c'était par exception et lorsque les insurgés voulaient bien le permettre en vertu des recommandations de l'Angleterre. Celle-ci n'avait pas grand intérêt à ce que ces laveurs fussent souvent accordées et devinssent géné- rales. Un Anversois, Edouard Casteleyn, très peu disposé à favoriser sa ville natale, avoua à lord Burleigh que les Marchands Aventuriers d'Anvers étaient une source de profit pour les Pays-Bas et fit observer qu'à son avis mieux vaudrait la réserver en faveur de l'Angleterre (29 mai 1575). En présence de pareils aveux, y a-t-il lieu de s'étonner qu'Elisabeth abondait dans ce sens? A ses yeux, l'Angleterre devait primer. En attendant, rien ne se fit. Le temps se passait au milieu de correspondances sans fin, d'entretiens avec d'Assonleville, de Champagney, le duc d'Aerschot, le comte de Berlaymont, d'Everstein. de Rassenghien, Schetz, etc.; et les plaintes des Anglais détenus à Anvers ne produisirent aucun effet (15 avril 1576). Tout restait dans le statu quo. Requesens ne fut pas capable de porter remède à la situation. Il en fut de même sous les gouvernements de don Juan et de son successeur Alexandre Farnèse. L'association des marchands périclitait constamment, sans qu'il fût possible de rien changer à sa position. En novembre 157(3, elle eut beau se recommander aux lords du Conseil privé, ce fut en pure perte. Roda promit, il est vrai, de donner d'une manière générale satisfaction aux marchands anglais; Wilson annonça au comte de Leicester qu'il s'occupait des affaires des Anglais à Anvers; mais rien ne fui exécuté. Enfin ils passèrent à Lierre (15 décembre 157(i). (''était leur dernière étape dans les provinces méridionales des Pays-Bas, malgré les . 885 ) tentatives faites par Elisabeth et par les Etats géné- raux d'obtenir de nouveaux emprunts par l'intermédiaire de l'association (18 octobre 1577). En quittant son an- cienne résidence, elle ne paya pas même ses dettes, ainsi que le constate en vain un marchand anversois, Jean délia Faille, dans une lettre de décembre 1577. A la suite de cette disparition, le désarroi financier fut tel que les ban- quiers résolurent de quitter la ville. C'est ce qu'ils tirent (lettres des 5 décembre 1577 et 12 avril 1578). S'il faut en croire Walsingham, les Aventuriers se plaignirent encore, en mai 1578, de ne pas pouvoir exercer le culte réformé dans leur maison. Finalement ils avaient bien positive- ment quitté la ville pendant cette année, ainsi que le constatent des lettres de juillet et du 14 octobre 1578. William Davison adressa encore (10 octobre 1578) au gou- verneur des Marchands une « admonition » en son nom et celui de Cobham au sujet de la défense qu'ils avaient faite au ministre Travers de prêcher, et d'agir ainsi sans en avoir référé à Elisabeth. Pareille situation s'explique facilement. Le commerce veut la liberté, le cosmopolitisme, la paix, la fédération, la sociabilité, la tolérance. 11 abhorre les violences, peu importe leur origine, leur nature, déteste l'anarchie et exige le respect des conventions. Aucune de ces condi- tions, à très peu d'exceptions, n'existait à Anvers à partir du milieu du XVIe siècle. Depuis cette époque, la ville fut témoin des horreurs commises tour à tour par les Espa- gnols, les Français, les mutins. Des Aventuriers se fixèrent à Flessingue, à Middelbourg, dans les Pays-Bas septentrionaux, puis en Allemagne, là où ils purent exer- cer librement leur négoce avec les pays voisins, tels que. le Danemark, la Suède, la Pologne, la Moscovie, etc., sans l'intervention de nos provinces. ( 884 ) A qui la faute de ce désarroi? A l'intolérance religieuse, dont le docteur Wilson reconnut tous les dangers, sans v porter remède. Elisabeth exigeait que tout le monde liit protestant, Philippe 11 ne voulait que des catholiques. C'est ainsi que l'intolérance en matière de foi et la scis- sion entre les provinces méridionales et septentrionales des Pays-Bas furent la cause première, nous ne dirons pas unique, de la perte d'une institution appelée à enri- chir le pays et spécialement la ville d'Anvers. Nous recon- naissons aussi, en ce qui concerne nos provinces, que les convoitises de l'Angleterre, de la France et de l'Alle- magne contribuèrent singulièrement à ce désarroi. Elisa- beth n'avait-elle pas fait dresser un travail généalogique dans le but de prouver que la province de Hollande devait passer à elle et à sa famille par droit et par devoir? Elle était décidée à anéantir le commerce anversois. Les Aventuriers allèrent plus loin encore en tâchant, pendant l'année 1585, de contrarier le trafic avec la Hanse. A cet effet, ils modifièrent complètement leur association et la changèrent en «une société monopolière, pestiférée et con- damnée parles lois», selon l'expression de Henri Suder- mann, syndic de la Hanse, privèrent les Hanséates de leurs privilèges, « ne cessèrent d'éluder et efforcer avec la royne, non seulement de troubler, mais de perdre et anéantir entièrement la fixe résidence des dits Hanséa- liqiies en la ville d'Anvers (1) ». Enfin la situation était tellement tendue, que Farnèse engagea la Hanse à prohi- ber l'entrée des draps et autres marchandises d'Angle- terre, et de ne plus rien fournir à la Grande-Bretagne (2). il) Comptes rendus de la Commission royale d'histoire, ISîK'i, p. 91 . -2 Md., p. 98. ( 885 ) (Tétait à nous de déjouer ces prétentions par l'union et des vues larges et bien comprises, sans sacrifier les convictions religieuses du pays et celles de nos voisins du nord. Telle était aussi la manière devoir de plusieurs membres du haut clergé et de quelques professeurs dis- tingues de l'Université de Louvain; mais le mal était fait, il fallait en subir les conséquences. De plus, Farnèse détestait les Aventuriers. Il n'y en avait plus à Anvers lorsqu'il fit la conquête de cette place. Les Marchands Aventuriers n'y laissèrent plus ni traces ni vestiges de leur existence, de leur ancienne splen- deur. En fait de commerce et de spéculations financières, le rôle de cette ville était terminé. Désormais elle ne comptera plus dans le commerce du pays. Au XVIIe siècle, il y eut encore en cette ville une asso- ciation de marchands anglais, mais elle n'offrait rien de commun avec celle des Aventuriers. 3n,e SÉRIE, TOME XWIll. 58 ( 886 CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 5 juin 1897. M. Th. Viïnçotte, directeur. M. le chevalier Edmond Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ch.Tardieu, vice- directeur ; Ad. Samuel, Th. Radoux, Jos. Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Jos. Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, G. Fluberti, A. Hen- nebicq, Éd. Van Even, Alfr. Cluysenaar, le comte J. de Lalaing, J. Winders, Ém. Janlet et H. Maquet, membres; J.-B. Meunier, Alb. De Vriendt, C. Hermans et Van Ysen- dyck, correspondants. M. Ém. Mathieu exprime ses regrets de ne pouvoir assister à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics transmet le rapport fait par M. de Borchgrave, au nom de la section centrale de la Chambre des Représentants, sur le projet de loi approuvant l'acte additionnel et ( 887 ) la déclaration interprétative élaborés par la confrérie internationale pour la protection des œuvres littéraires et artistiques. — Remerciements. M. Plorimond van Duyse offre, au nom de M. Jan Bols, curé de l'église d'Alsemberg, membre de l'Académie llamande, un exemplaire de son livre : llonderd oude VUmmsche liederen, met woorden en zangwijzen, verzameld en voor de eerste maal aan het licht gebracht. Namur-Anvers, 1897, in-8°. — Remerciements et impression au Bulletin de la note lue par M. van Duyse en présentant ce volume. — La Classe renvoie à MM. de Lalaing, Slallaert et Demannez une lettre de M. Delville, premier prix du grand concours de peinture en 1895, datée de Rome, Académie belge, juin 189". NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. Honderd oude Vlaamsche liederen, met woorden en zang- wijzen, verzameld en voor de eerste maal aan het licht gebracht door Jan Bols, pastoor van Alsemberg, lid der Koninklijke Vlaamscbc Académie (Namen, Ad. Wes- mael-Charlier, 1897). J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le volume publié par M. J. Bols et comprenant cent chansons, la plupart recueillies, texte et musique, d'après la tradition orale. Les textes se composent d'une partie pieuse : noëls. chansons des Rois, chansons de la Passion, etc., el ( 888 ) d'une partie profane : chansons narratives, amoureuses, satiriques, etc. Ce volume prouve une fois de plus combien certaines chansons populaires ont la vie dure. M. Bols a pu, à l'heure actuelle, recueillir de la bouche du peuple, dans la province de Brabant — une douzaine de chansons ont été notées à Alsemberg, aux portes de Bruxelles — des chants datant de plusieurs siècles. Un des noëls, n° 16, p. 23 : En er viel een hemelsch dauvvken Al op eene blij magedje rein, figure déjà dans un des manuscrits du XVe siècle ayant appartenu à Hoffmann von Fallersleben et se trouvant aujourd'hui à la Bibliothèque de Berlin. Certes, la nou- velle leçon n'est pas absolument semblable à celle du manuscrit, mais le fond est identique, la marche et le nombre des strophes sont les mêmes, des vers entiers sont demeurés. La mélodie n'est pas davantage celle qui a été adaptée à ce chant au XVe siècle et qui nous a été conservée, ni celle qui lui a été adjointe au XVIe et qui nous est également demeurée; mais elle n'en est pas moins ancienne et démontre que, jusqu'à ce jour, l'antique mode éolien n'a pas perdu ses droits dans le chant populaire. A côté d'intéressantes variantes, celle que nous venons de citer, celles des Drij Koningsdochlerkens, et de la très ancienne chanson des Douze nombres, celles des chansons dites Verhuisliederen, le volume nous apporte des textes et des mélodies non publiés jusqu'ici. Telle la chanson Van de twee Gezusters (p. 131), reposant sur l'ancienne légende des pains pétrifiés. ( 889 ) Outre des chanls à l'allure grave et austère, le recueil contient aussi des pièces d'un caractère enjoué et badin. Celles-ci, M. Bols n'est pas le dernier à le constater, remplaceraient avec avantage mainte chanson populaire de nos jours. Chaque pièce est accompagnée de la mélodie. Toutes les mélodies n'ont pas la même valeur musicale, mais il en est de fort remarquables. Je citerai les quatre mélodies adaptées à des chants de la Passion (pp. 60-70), et notamment le beau chant en mode éolien : Wat zelten ze onzen Lieven lleer op zyn Iwod. Le Kyrie eleison, le cri populaire remontant aux premiers temps du christianisme, que l'on trouve dans le refrain aussi bien que la mélodie elle-même, est un sûr garant de l'ancienneté du texte et de la musique. M. Bols déclare modestement qu'il n'a fait que réunir ce qu'il a pu glaner sur sa route. 11 oublie d'ajouter qu'après avoir recueilli avec une piété filiale ces souvenirs charmants que se sont légués les générations, il a co- ordonné ces matériaux épars, qu'il a annoté, commenté les textes et qu'en bien des endroits il les a élucidés. Son œuvre revêt ainsi un caractère à la fois artistique et scientifique. Elle sera consultée avec fruit par tous ceux qui s'intéressent à notre littérature et à notre musique anciennes. Plorimond van Duyse. ( 890 ) CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1897 M. le Secrétaire perpétuel présente un mémoire portant pour devise : La nature, toujours la nature, rien que la nature (Navez), envoyé en réponse à la question : Faire l'histoire de l'influence de l'école de David sur l'art belge. — Commissaires : MM. Stallaert, Hymans et Rooses. OUVRAGES PRESENTES. Rambeke {Ch. Van). A propos de la délimitation cellu- laire. Bruxelles, 1897; extr. in-8° (16 p.). — L'oocyte de Pholcus Phalangioides, Fuessl. Bruxelles, 1897; extr. in-8° (17 p.). Dupont {Éd.). D'Omalius d'HalIoy, 1783-1875. Bruxelles, 1897; in-8°. Hurlez {Le chevalier Ch. de). Le Yi-King, traduit d'après les interprètes chinois avec la version mandchoue. Paris, 1897; in-8»(220 p.). — Vocabulaire bouddhique sanscrit -chinois. Han Fan Tsih-Yao. Précis de doctrine bouddhique. Leyde, 1897 ; extr. in-8° (66 p.) (95 p., portrait et carte). Mesdach de ter Kiele {Ch.). Cour de cassation de Belgique (2e chambre), 24 mai 1897. Immunité diplomatique. Ministre étranger. Contestation civile. Excès de pouvoir. Bruxelles, 1897; in-8°(5 p.). Meunier {Fernand). Revue critique de quelques insectes ( 89» ) fossiles du Musée Teyler. Harlem, 1897; extr. in-8° (22 p., 11 pi.). Bols (Jean). Honderd oude Vlaanische liederen, met vvoor- den en zangwijzen, verzameld en voor de eerste maal aan het licht gebracht door Jan Bols. Namur-Anvers, 1897; in-8° (263 p.). (•uillery (Le DT). De la nécessité d'une nouvelle loi sur... les signes certains de la mort. Charleroi, 1897; in-8° (5 p.). Thys (Augustin). Een gerechtelijk drama in 1813; zaak Werbrouck en consoorten, naar onuitgegeven oorkonden. Anvers, 1897; in-8° (195 p.). Amérique. Wilson (Thomas). The swastika, the earliest known symbol, and its migrations; vvith observations on the migra- tion of certain industries in prehistoric times. Washington, 1896; extr. in-8° (252 p.). Honoré (Carlos). El sol. Montevideo, 1897; in-8° (230 p.). See (T.-J. -J.). 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France. Reinach (Théodore). Apollon, statue trouvée à Magnésie du Sipyle. (Musée impérial de Constantinople.) Paris, 1897; extr. in-4° (13 p., 3 pi.). Castan (Aug.). Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Départements : Besan- çon. Paris, 1897; in-8° (xxxv-1015 p.). Rey-Pailhade (,/. de). Actions de l'eau, du soufre et de l'oxygène dans le traitement par les eaux sulfurées. Rôle intermédiaire du philothion. Conférence. Toulouse, 1896; in-8° (20 p.). Amiens. Académie des sciences. Mémoires, tome XLIII, 1896. Angers. Société nationale d'agriculture. Mémoires, tomeX, 1896. Arras. Académie des sciences. Mémoires, tomes XXV- XXVII, 1894-1896. Besançon. Société d'émulation. Mémoires, tome X, 1895. Bordeaux. Académie des sciences. Actes, 1893. — Société d'anatomie et de physiologie. Bulletins, t. XVII, 1896. Paris. Société mathématique. OEuvres mathématiques d'Évariste Calois; avec une introduction par Emile Picard. Paris, 1897; in-8° (63 p.). ( 893 ) Caen. Académie des sciences. Mémoires, 1896. Chamrkry. Société d'histoire. Mémoires, tome XXXV, 1896. Dijon. Académie des sciences. Mémoires, tome V, 1895-96. Paris. Société de l'histoire de France. Annuaire-Bulletin, 1896. — Ministère de l'Instruction publique. Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France : départements, tomes XXVI et XXXII. — Réunion des sociétés des beaux-arts des départements, 1896. — Comptes rendus du Congrès des sociétés savantes de Paris et des départements tenu en 1896 : section des sciences. — Collection de documents inédits : Lettres de Peiresc, tome VI. 1896; in-4°. Rouen. Société d'émulation. Bulletins, 1895-1896. Toulouse. Académie de législation. Recueil, tome XLV, 1895-1896. Congrès international des architectes, troisième session tenue à Paris du 17 au 22 juin 1889. Organisation, compte rendu et notices. Paris, 1896; in-8° (416 p.). Italie. Piolti (Giuseppe). Sull' origine délia magnesite di Casel- lette (Val di Susa). Turin, 1897; extr. in-4° (17 p., 1 pi.). Aciréale. Accademia di scienze. Atti e rendiconti , volume VII, 1895-1896. Brescia. Ateneo. Commentari, 1896. Pise. R. Scuola normale. Annali, filosotia, volume XI, 1896. Turin. /}. Accademia délie scienze. Memorie, volume XL VI. 1896; in-4°. ( 894 ) Pays-Bas et Indes néerlandaises. Bois-le-Duc. Genootschap van Kunsten en Wetenschappen. De « Stuerghewalt » of zoogenaamde « Booze Griet » van 's Hertogenbosch (W. Wakker). 1897; in-8°. Batavia. Observatorïum. Observations, 1895. — Regenwaarnemingen in'Nederlandsch-Indië, 1895. Utrecht. Genootschap van Kunsten en Wetenschappen. Verslag en Aanteekeningen, 1896. ■s Pays divers. Jiménez-Placer (Don Carlos) et Arboli y Faraudo (Don Servando). Discursos leidos ante la R. Academia sevillana de Buenas Letras, el dia 18 de diciembre de 1887. Séville, 1887; in-S°(81 p.). Vasconcellos (Joaquim de). Damâo de Goes. No quarto eentenario da India Portugueza, 1497-1897. Porto, 1897: in-8° (xxm-152 p.). Gautier [Emile) et Gautier {Raoul). Nouvelles moyennes pour les principaux éléments météorologiques de Genève de 1826 à 1893. Genève, 1897; extr. in-8° (4o p.). Kammermann {A.). Résumé météorologique de 1896 pour Genève el le Grand Saint-Bernard. Genève, 1897 ; in-8°. Sars (G.-O.). An account of the crustacea of Norway, wilh short descriptions and figures of ail the species, volume 1, 3-4. Bergen, 1897; in-8° (40 p., 16 pi.). Association géodésique internationale. Comptes rendus des séances de la Commission permanente, réunie à Lau- sanne du 15 au 21 octobre 1896. 1897; in-4°. Tiflis. Plu/sikalisches Observatorïum. Beobachtungen , 1895. In-4°. Zurich. Société helvétique des sciences naturelles. Nouveaux mémoires, volume XXXV; in-4°. Saint-Pétersbourg. Observatoire physique central. Annales, 1895, l,e et 2de parties. BULLETINS DE L* ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME TRENTE- TROISIÈME DE LA TROISIÈME SÉRIE. 1897. TABLE DES AUTEURS. Académie des sciences de l'Institut de Bologne. Envoie le pro- gramme du Prix Aldini sur le Galvanisme, 94. Académie de Stanislas à Nancy. Envoie le programme des Prix Despeux, et Herpin, 95. Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Liste des travaux pu- bliés de mai 1896 à mai 1897, 745. Académie royale des sciences de Turin. Envoie le programme du Prix Bressa, 95. — Annonce la mort de MM. G. Ferraris et L. Schiaparelli, 150. Aitchison [George). Élu associé, 86; remercie pour son élection et son diplôme, 139, v25!). Albert Ier de Monaco .S. A. R. le prince). Hommages d'ouvrages, 151. Anonymes Concours de la Classe des lettres, 1897) : Mémoire sur les croyances et les cultes de l'île de Crète dans l'antiquité Rapports de MM. Vanderkin- dere, Alph. Willems et le comte Gobletd'Alviella), 480,485, 188. — Mémoires sur le fondement du droit de propriété indivi- duelle (Rapports de MM. Mes- dach de ter Kiele, Brants et Denis), 193, 534, 547. — Mé- moire sur les théories de la colonisation au XIXe siècle. (Rapports de MM. Denis, Ban- ning et Descamps), 595, 630, 638. Arboli y Faraudo :don S.). Voir Jiménez-Placer. Association générale pliant) accu- 891» TABLK DES AUTEURS. tique de Belgique- Annonce que le VIIIe Congrès international de pharmacie aura lieu à Bru- xelles, 94. Aumale (le duc d'). Hommage d'ouvrage, 344. Annonce de sa mort. Lettre de condoléances à l'Institut de France. 175; réponse de l'Institut, 861. l\ Baetes J. . Remet une reproduc- tion photographique de son projet de médaille couronné en 1896, 84. Bambeke [Ch. Van). L'oocyte de Pholcus phalangioides Fuessl. Communication préliminaire , 307. Hommages d'ouvrages, 758. — Rapports : voir Goldschild (W.y, Masoin (C): Taquin {A.); Trambusti(A.). Banning [Ém.). Membre du jury pour les prix De Keyn, 59; rapport, 712. —Rapports : voir Gossart (Em.) et Anonymes (Mémoire de concours). Bêcher (Léon). Hommage d'ou- vrage, 9."i. Beltrami (Euy.). Remerciements pour son élection et pour son diplôme. 2, 94. Beneden (Éd. Van). Rapports : voir Masoin (C.) et Taquin ( A . : Francotte (P.); Trambusti (A.). Benoit (P.). Membre du jury du concours des cantates, 354. Berlière dom Ursmer\ Hommage d'ouvrage. 477. Blok(P.-J. :. Hommage d'ouvrage avec note par Ch. Piot (Verslag aangaande een voorloopig on- derzoek te Parijs naar archi- valia belangrijk voor de ge- schiedenis van Nederland), 231. Bols (Jan). Hommage d'ouvrage avec note par Flor. van Duyse (Honderd oude vlaamsche lie- dercn), 887. Bormans (Stanis.). Membre des jurys : 1° Prix De Keyn, 59; rapport, 712; 2° Prix Anton Bergmann, 860. — Rapport : voir WilmotteiM.). Bourlard (A.). Élu correspondant. 85; remercie, 139. Brahms (Johannes). Décès, 750. Brants [V.). In cours de droit au XVIIe siècle. Traetatus de reditibus annuis, de Gérard de Courcelle (1623), 61. — Note bibliographique : voir Willems (Jos.). — Rapport : voir Capart (Alph.) et Anonymes (Mémoires de concours). Brasseur (ieu J.B.). Son buste en marbre par Ém. Cantillon, 143. Brialmont [Alexis). Discours pro- noncé à l'inauguration du mo- nument Stas, 733. Burne-Jones (Sir Edward). Élu associé, 85; remercie pour son élection et son diplôme, 139, 259. Cabreira (Ant.). Hommage d'ou- vrage. 95. TVRLK DES Al I II RS. S97 Cannizzaro Stan.) Remercie pour les félicitations au sujet de son soixante -dixième anniversaire, :!. Hommage d'ouvrages, 3. Cantillon (Êm.). Buste en marbre de .1.-15. Brasseur, L43. Capart Alphonse). Fondement ilu droit de propriété indivi- duelle [Mémoire couronne). Rapports de MM. Mesdacli de ter Kiele, V. Brants et Denis, 193, 534, 547; proclamé lau- réat, 7±!; remerciements, 860. Castan kuAug.). Hommage d'ou- vrage fait en son nom, 863. Cesàro (G.). Remercie pour la distinction accordée à son mé- moire sur les minéraux du sol belge (t. LUI, Mémoires de l'Académie), 3. — Sur quelques propriétés des polyèdres non centrés superposables à leur image {Mémoires de l'Académie). Rapport de MM. De Tilly, Neu- berg et Ch. de la Vallée Pous- sin, 392, 394. — Glycol isobu- tvliquemononitré : CH*. OH I NO2 — C — CH* i CH'.OH, description, 323. Gharlïer (G.). Modèle du buste de Th. Schwann, 144. Ciel et r«"re(Comité de rédaction). Prix Mailly, première période (remerciements), 3. Clays(P.). Rapport : voir Esbroeck Éd. Van). Cluysenaer (Alfr. . Rapports : voir Delville J \; Esbroeck (Éd. Van . Coopman (Th. . Prix De Keyn, TUS; proclamé lauréat, 743. Cope(Éd. Drinker). Décès, 386. Crépin /•>.). Réélu membre de la Commission administrative, 392. Crismer L.). Hommage d'ouvra- ges avec note par Alfr. Gilkinet Analyse des beurres;, 387, 391. Cumont{F.). Hommage d'ouvrage avec note par P. Thomas (Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, i-efasc), 128, 131. I) d'Aumale (Le duc).— Voir Aumale. De llruyne (Ch.). Mémoire cou- ronné sur la phagocytose (re- merciements), 3. DeHeen (P.). Identité de l'effet pro- duit par la lumière et par l'effluve électrique sur une plaque pho- tographique recouverte d'une lame peu conductrice, 42. — Sur la prétendue existence de la densité critique, T19. — Sur l'observation d'étincelles posi- tives et négatives, 124. — Pho- tographie de la chromosphère du soleil et constitution de cet astre, 205. — .Nouveaux faits d'électrochrose et sur l'intinie variété des phénomènes dits cathodiques, 210. — Détermi- nation de la partie du spectre MX TABLE DES AUTEURS. qui développe la plus grande proportion d'infra- électricité , 321. — Réponse à M. Le Paige (Action du soleil sur les plaques photographiques), 437. — Note relative à la photographie de l'at- mosphère solaire, 800, 802. — Rapports : voir Goldschild ( W '.) ; Hemptinne (A. de). de la Vallée Poussin (Ck.). Rap- ports : voir Cesàro (G.): De Windt (Jean); Stùber (F.). Delbœuf (/.). Hommage rendu à su mémoire à l'Université de Liège (Discours de M. Gilkinet), 96.' Delville [Jean). Réception de son second rapport semestriel et de son premier envoi réglemen- taire, 84; lecture des apprécia- tions de MM. Hymans, Robie, Hennebicq et Cluysenaar, 265 ; réception de sa lettre datée de Rome, juin 1897, 887. Denis {H.). Sur l'interprétation des données de la statistique et sur la natalité et la matrimo- nial i té (lecture), 132. — Hom- mage d'ouvrage, 477. — Rap- port : voir Capart{Alph.) et Ano- nymes (Mémoires de concours). De Paepe (P.). Prix quinquennal des sciences sociales (IIIe pério- de). 47(i ; proclamé lauréat. 723. Deruyts (/. >. Rapport : voir Lands- l'erg G.). Descamps {Le chevalier Éd.). Rap- port : voir Anonymes (Mémoires de concours). Des Cloizeavx (A .-L.-O, Legrand). Remercie pour son élection d'associé et pour son diplôme. 2, 94. — Son décès, 758. Devogel ( Victor). Prix De Keyn, 718 ; proclamé lauréat, 723. De Vuyst (P.). Hommage d'ouvra- ge arec note par Léo Errera. (Cultures spéciales. Expériences de Borsbeke lez-Alost, 1890- 1896), 4. 6. Dewalque (G.). Délégué au Congrès international de géologie de Saint-Pétersbourg, 758. — Les sciences minérales devant les jurys des prix quinquennaux des sciences naturelles, 782. — Rapport : voir Fraipont (/.). — Note bibliographique : voir Vel- ge(G.). De Windt {Jean). Établir les rela- tions qui existent, au point de vue lithologique, entre les ro- ches considérées comme cam- briennes des massifs de Rocroi, du Brabant et de Stavelot. Lec- ture des rapports de MM. de la Vallée Poussin (Ch.), Malaise et Renard, 275. D'Hondt (Fréd.i. Hommage d'ou- vrage, 274. d'indy {Vincent). Élu associé, 86: remercie pour son élection et son diplôme, 139, 259. Discailles [Ern.). Promu Officier de l'Ordre de Léopold, 52. — Élu membre titulaire, 724; ap- probation royale de son élec- tion, 860; remercie, 860. — Rapport : voir Wilmotte {M.). TABLE I>KS WTKIKS. 899 d'Olivecronu ;C). Hommage d'ou- vrage, 344. Doorslaer (G. Van). Hommage d'ouvrages, 140. du Bois-Reymond Emile-Henri . Décès, 3. Duclos (Ad.).Hommaged'ouvrage, 751. Dupont {Ed.). Élu directeur de la Classe des sciences pour l'an- née 1898, 8. — Hommage d'ou- vrages avec notes : 1° Guide du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique. 387, 388; 2° d'Oma- lius d'Halloy, 1783- 1875, 758, 759. Duvivier (Ch.). Prix quinquennal d'histoire nationale i Xe période, 1891-1895), 343. — Proclame lauréat, 723. Dtcyck [M.). Sur une combinaison de certains terpènes avec les salicylates alcalins, 388. Duyse(Flor.van). Hommage d'ou- vrages, 140 — Note bibliogra- phique : voir Bols (Jan). École française d'Athènes. Célé- bration de son cinquantenaire (Remise à cause de la guerre), 127. Engelmann (Th.-W.). Hommage d'ouvrage, 95. Errera (L.). Hommage d'ouvrage, 387. — Note bibliographique : voir De Vuyst (P.). — Rapport : voir Masoin^P) et Taquin (L.). Esbroeck (Éd. Van). Troisième et quatrième rapports semestriels ; appréciation de MM. Fétis. Clays, Cluysenaar, Hennebicq et Stallaert, 350. — Réception de son cinquième rapport, 751. Even (lùhv. Van). Note sur Nicolas Stramot, peintre belge de la fin du XVII* siècle, 367. — Hom- mage d'ouvrage, 751. Faye (Hervé). Remercie pour les sentiments qui lui ont été ex- primés à l'occasion de son cin- quantenaire de membre de l'Institut, 94. Fennema (H.). Hommage d'ou- vrage, 274. Ferraris (Galileo). Décès, 150. Fétis (Éd.). Jlembre du jury du concours des cantates, 354. — Réélu membre de la Commis- sion administrative, 751 . — Rap- port : voir Esbroeck (Éd. Van). Fierens-Gevaert (H.). Hommage d'ouvrage, 84. Folie (F.). Dépose un pli cacheté. 3. — Réflexions sur l'aberration planétaire, 103. — De la néces- sité d'une réaction en astro- nomie sphérique, 154.— Preuve de la nutation diurne par les écarts systématiques trouvés dans les latitudes déterminées à Lick Observatory , 299. — L'expression de l'heure dans le système de l'axe instantané, 397. — Sur l'incorrection de l'heure et de l'ascension droite déterminées dans le système !MK) TABLE DES AUTFAIKS. de l'axe instantané, 765. — Sur la période eulérienne, 771. — Phénomènes naturels observés en Belgique (fév. et mars 1897), 164, 306. — Hommage d'ou- vrage, 151. Fraipont (2 TABLE DES AUTEURS. Jacquot (Alb.). Hommage d'ouvra- ges (Le peintre lorrain Claude Jacquard. — Un protecteur des arts : le prince Charles-Alexan- dre de Lorraine). Note par H. Hymans, 84, 262. Janssen (P.-J.-C.). Remercie pour son élection d'associé et pour son diplôme, 2, 94. Janssens (E.). Hommage d'ou- vrage, 95. Jiménez-Placer (don Carlos) y Ar- boii y Faraudo (don Servando). Hommage d'ouvrage avec note par Alph. Wauters. (Discursos leidos ante la rèal Academia Sevillana...), 862, 864. Jorissen (A.). Rapport : voir Schuyten (Af.-C). Kayser (Simon). Étude sur l'art oratoire, la langue et le style d'Hypéride (Mémoire couronné). Rapports de MM. Vollgraff, P. Willems et P. Thomas, 645, 648, 650. Proclamé lauréat, 722 ; remercie, 860. Kôlliker (A. von). Hommage d'ou- vrage, 387. Kurth (God.). Officier de l'Ordre de Léopold, 52. Lameere (Eug.). Hommage d'ou- vrage avec note par Ch. Piot (Essai sur l'origine et les attri- butions de l'audiencier dans les anciens Pays-Bas), 54, 55. Lamy (T.-J.). Le monument chré- tien de Si-nganfou, son texte et sa signification en collaboration avec Gueluy (A.) (Mémoires de L'Académie in-4°, t. LUI). Lec- ture des rapports de MM. Mon- champ et de Harlez, 61. — Délé- gué à la onzième session du Congrès international des orien- talistes, 127. — Note bibliogra- phique : voir Ponthière (H.). Lancaster (Alb.). Hommage d'ou- vrage, 151. Landsberg (G.). Sur un nouveau développement de la fonction gamma qui contient la série de Stirling et celle de Kummer (Mémoires in-8°, t. LV). Rapport de MM. P. Mansion, J. Deruyts et Neuberg, 9, 17. Laureys (F.). Son décès, 258. — Discours prononcé à ses funé- railles ; par Th . Vinçotte, 260. — Remerciements de la famille, 355. Leclercq {Jules). Élu correspon- dant, 72i; remercie, 860. Lemailre (Jules). Élu associé, 724 ; remercie, 860. Le Paiye (C). De l'action du soleil sur les plaques photogra- phiques, 429. — Sur la photo- graphie de l'atmosphère (suite à une note de M. De Heen), 802. Lon/ils (Lue). Prix De Keyn, 718. Proclamé lauréat, 723. TABLE DKS AUTEURS. 903 >l Malaise (C). Sur la constitution de la bande silurienne du Gon- droz de Sambre-et-Meuse, 803. — Note bibliographique : voir Petermann [A.\ — Rapports : voir DeWindt(J.);Fraipont ./.). Malderghem (J. Van). Hommage d'ouvrage avec note par Alph. Wauters (Les fresques de la Leugemeete, à Gand), 477. Mansion P.). Hommage d'ou- vrage, w274. — Rapports : voir Landsberg (G.); Marchai (J.); Stuyvaert [M.). Marchai ./.). Lettre relative a la théorie des nombres premiers, 275 ; déposée aux archives sur l'avis de M. Mansion, 392. Masius [V.). Approbation royale de son élection de membre titu- laire, 2; remercie, 2. — Rap- port : voir Francotte (P.). Masoin (P.). Demande à pouvoir bénéficier de la table belge à la station zoologique de Na- ples, 2; lecture des rapports de MM. Van Beneden, Van Bam- beke, L. Fredericq et L. Errera, 102. Massart J.). Mémoire couronné sur la cicatrisation chez les vé gétaux (remerciements), 3. Mathieu (Emile). Élu correspon- dant, 86; remercie, 439. Meert(U.). Remet un exemplaire imprimé de son travail cou- ronne par le jury De Keyn (Dis- tels), 54. Mendeléef(D.-J. . Remerciements pour son élection d'associé et pour son diplôme, 2, 94. Mesdach de ter Kiele (Ch.). Hom- mage d'ouvrages, 862. — Rap- port : voir Capart Alph.) et Anonymes (Mémoires de con- cours). Ministre de l'Agriculture et des Travaux publies. Envois d'ou- vrages, 139, 259, 862, 886. Ministre de la Guerre. Envoi d'ou- vrage, 386. Ministre de la Justice. Envois d'ou- vrages, 477, 862. Ministre de l'Industrie et du Tra- vail. Envois d'ouvrages, 343, 386. Ministre de l'Intérieur et de l'In- struction publique Envois d'ou- vrages, 3, 53, 95, 128, 150, 230, 343, 355, 386, 476, 862. Ministre des Finances. Envoi d'ou- vrages, 53. Monchamp G.). Rapport : voir Lamy i T.J.) et Gueluy (A. . Mortelnians (L.). Envoi réglemen- taire (Salée Recjina), 751. Motteu J. . Hommage d'ouvrage, 387. Mourlon (M.). Hommage d'ouvra- ges, 95. — La l'aune marine du quaternaire moséen révélée par les sondages de Slrybeek (Meerle) et de Wortel, près de Hoogslraelen, en Campine, 776. 904 TABLE DES AUTEURS. N Nadaillac (Le marquis de). Hom- mage d'ouvrages, 53, 344. Navez (Louis). Hommage d'ouvra- ge, 53. Neuberg (/.). Membre du Jury pour les prix De Keyn, 59; rapport, 712. — Hommage d'ou- vrage, 274. — Rapports : voir Cesàro (G.); Landsberg (G.); Stuyvaert (M.). Neuwirth {Joseph). Hommage d'ou- vrage avec note par H. Hy- mans (Forschungen zur Kunst- geschichte Bôhmens. II. Der Bildercyklus des Luxemburger Stammbaumes aus Karlstein\ 139, 140. O Olivecrona [C. d'). Voir d'Olive- crona. Petermann (A.). Hommage d'ou- vrage avec note par C. Malaise (Station agronomique et labora- toires d'analyses de l'État, 1781- 1896). 4, 5. * Piot (Ch.). Commandeur de l'Or- dre de Léopold, 342. — Les Marchands Aventuriers à An- vers, 870. — Notes bibliogra- phiques : voir Blok (P.-J.);La- meerc. (Eug.v, Serrure (C.-A.). — Rapport: voir Gossart (Ern.). Plateau (F.). Comment les fleurs attirentles Insectes. Recherches expérimentales. Troisième par- tie, 17. Ponthière (//.). Hommage d'ouvra- ge avec note par T.-J. Lamy (Triptyque : Le Paquebot — Le Village — L'Épopée du fer), 128. 130.' Potvin (Ch.). Membre du jury pour les Prix De Keyn, 59; rap- port, 712. Traduction en vers français de poésies flamandes (ouvrage couronné par le jury De Keyn), 718. - Jean Stas (poé- sie), 743. Preud'ho)nmelL.).«Yies des douze Césars » par Suétone (Mémoire couronné). Rapports de MM. P. Thomas, P. Willems et Voll- graff, 639, 643, 644. Proclamé lauréat, 722; remercie. 860. 1\ Radoux (Th). Hommage d'ou- vrage, 84. Reinach (Th.). Hommage d'ou- vrages, 53, 231, 863. Renard (A.-F.). Remis en posses- sion de son mémoire Sur la météorite de Lesve et sur le mode de formation des météo- rites pierreuses, 96. — Rap- ports : voir De Windt (Jean); Stôber (F.). Renault (B.). Hommage d'ou- vrages, 4. Reychler (A.). Hommage d'ou- vrage, 387. TABLE DES AUTEURS. 905 Robie (KS MATIKHKS. illl Concours Godecliarle. Peinture (1893). Lecture des apprécia- lions de MM. Fetis, Clays, Cluy- senaar, Hennebicq et Stallaerl sur les troisième et quatrième rapports du lauréat Éd. Van Esbroeck, 356. Réception du cinquième rapport du même lauréat, 7S1. Concours des cantates (1897). Ouverture du concours et liste de quatorze noms pour la for- mation du jury, 259, 265; mem- bres du jury, 354. — Liste des poèmes reçus, 336. Congrès de l'Association générale pharmaceutique de Belgique (Huitième), 94. Congrès archéologique de Malines, 1897 (invitation), 863. Congrès archéologique organisé par l'École française d'Athènes (remis à cause de la guerre), 127. Congrès international colonial (in- vitation), 476. Congrès international de géolo- gie, à Saint-Pétersbourg, loi. — M. Dewalque délégué de l'Aca- démie, 758. Congrès international des orienta- listes (onzième session à Paris). M. Lamy délégué, 127. Courbure (Sur lai des lignes et des surfaces; par M. Stuyvaert (Mémoires). Rapport de MM. Mansion et Neuberg, 276. Crète (Ile de). Sur ses croyances et ses cultes dans l'antiquité. — Voir Concours de la Classe des lettres, 1897. Cristallographie. Sur un appareil permettant de tailler un cristal suivant une direction déter- minée et sur une méthode de tailler des plaques à faces paral- lèles; parle D' F. Stober, 843; rapports de MM. Ch. de la Vallée Poussin et A. -F. Renard, 763, 764. — Voir Polyèdres. Croix gammée. Voir Symbolique. Cultures. Voir Agronomie. Cytologie. Voir Leucoblastes. D David (J.-B.). Voir Monument. De Kémpeneer. Voir Campana ( P.). Densité. Sur la prétendue exis- tence de la densité critique; par P. De Heen, 119. Dérivés. Sur quelques dérivés fluo- bromés en C2; par Fréd. Swarts, 439; rapports de MM. Spring et Henry, 394, 396. — Voir Anti- pyrine; Et fiers. Dons. Ouvrages imprimés offerts par : Albert I,r de Monaco (le prince), 151; Arboli y Faraudo (don S.), 862; Aumale (le duc d", 344; Bambeke (Ch. Van), 758; Becker (L.)., 95; Berlière (doni Ursmer), 477; Blok (P.-J.), 231 ; Bols(J.),887;Cabreira(A.),95; Cannizzaro (Stan.), 3; Castan (feu Aug.), 863; Crismer (L.), 387: Cumont (Fr.), 128; Denis 912 TABLE DES MATIERES. (H.), 477; De Vuyst (P.), 4; D'Hondt (F.), 274; d'Olivecrona (G.), 344; Doorslaer (G. Van), 140; Duclos (A.). 751; Dupont (Éd.), 387, 758;Duyse F. van), 140; Engelmann (Th.-W.), 95; Errera (L.), 387; Even (Edw. Van), 751; Fennema iR.), 274; Fierens-Gevaert (H.). 81; Folie F.), ^51; Fraipont (J.), 95; Gé- nard (P.), 355; Gevaert (F.-A.ï, 355; Gonse (L.), 751; Gosselet (J.), 151;Guillery (Le D'0,758; Harlez (Ch. de), 862; Henrard (feu P.), 343; Hesselgren (F.). 751; Homolle (J.-Th.), 344; Jacquot(Alb.),84;JanssensiE.), 95 ; Jiménez-Placer (don Carlos). 862; Kôlliker (A. von), 387; Lancaster (A.), 151; Lameere (Eug.),54;Malderghem(J. Van), 477; Mansion (P.), 274; Meert (H.), 54; Mesdach de ter Kiele (Ch.), 862; Ministre de l'Agri- culture et des Travaux publics, 139, 259, 862, 885; Ministre de la Guerre, 386; Ministre de la Justice, 477, 862; Ministre de l'Industrie et du Travail, 343, 386; Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique, 3, 53, 95, 128, 150, 230, 343, 355, 386, 476,862; Ministre des Finances, 53; Motteu (J.), 387; Mourlon (M.), 95; Nadaillae (de), 53, 344; Navez (L.), 53; Neu- berg (J.), 274: Neuwirth (J.), 140; Petermann (A.), 4; Pon- thière (H.,, 128; Radoux (Th.). 84; Reinach iTh.), 53, 231 ; Renault (B.), 4; Reychler (A.), 387; Serrure (C.-A.), 53; Siée (J.-C. van)', 54; Société belge d'astronomie, 4; Terby (F.), 274 ; Van der Burch (G.), 387 ; Velge (G.), 387 ; Verbeek (D.-M.), 274; Vincent (J.), 95; Wauters (Alph.), 128, 477, 862; Willems (J.), 54; Wilson (Th.), 477. Droit. Un cours de droit au XVIIe siècle (Gérard de Courselle); par V. Brants, 61. — Sur le fon- dement du droit de propriété individuelle (voir Concours de la Classe des lettres, 1897). — Voir Responsabilité. E Élections. M. le comte Goblet d'Alviella nommé président de l'Académie, 2, 53, 83. Classe des sciences. M. Du- pont élu directeur pour 1898, 8. Approbation royale de l'élec- tion de M. Masius, 2. Remercie- ments pour les élections et les diplômes, 2, 94, 150, 274. Classe des lettres. M. F. Vander Haeghen élu directeur pour 1898, 59; MM. Wauters, Stecher et Piot élus membres du Comité pour la présentation des candidatures aux places vacan- tes, 129; MM. Sleeckx, Thomas et Discailles élus membres titu- laires, 724; approbation royale de leur élection, 860; MM. J. TABLE DES MATIERES. !>!.-> Leclercq ei M. Wilmotte «'lus correspondants; Jules Lemaitre, associé, 724. — Remerciements pour les élections et les diplô- mes, 860. Classe des beaux - arts. M. Ch. Tardieu élu directeur pour 1898, 86; MM. Boudard et Ém. Mathieu élus corres- pondants, 85; sir Edw. Burne- Jones, Cli. Garnier, G. Aitchison et Vincent d'Indy élus asso- ciés, 85; remerciements des élus, 139, 259. M. H. Hymans élu correspondant de l'Institut de France félicitations), 138. Électricité. A. Sur l'action chi- mique des effluves électriques et des rayons de Rontgen; B. Ac- tion des vibrations électriques sur quelques substances; par A. de Hemptinne (Mémoires in-8°, t. LV). Lecture des rap- ports de MM. Spring, De Heen et Van der Mensbrugghe, 103, 152, 275. — Sur la synthèse des substances organiques par les effluves électriques; par A. de Hemptinne, 388. — Identité de l'effet produit par la lumière et par l'effluve électrique sur une plaque photographique recou- verte d'une lame peu conduc- trice; par P. De Heen, 42. — Sur l'observation d'étincelles positives et négatives; par P. De Heen, 124. — Nouveaux faits d'électrochrose et sur l'in- finie variété des phénomènes dits cathodiques; par P. De Heen, 210. — Détermination de la partie du spectre qui déve- loppe la plus grande proportion d'inl'ra-électricité ; par P. De Heen, 321. — Voir Soleil. Embryologie. Voir Polyclades. Encéphale de la Salamandre (Le ganglion hasal et la commissure habénulaire dans 1'); par A. Van Gehuchten, 388. Éther (Sur 1') anisoyl-acétyl-acé- tique et ses dérivés; par A. Schoonjans, 810; rapports de MM. Spring et Henry, 760, 761. — Sur quelques éthers des acides monochlor- et mono- bromacétiques; par R. Stein- len, 758. Excursion géologique de Bruxelles à Tervueren. Compte rendu; par G. Velge (Note bibliogra- phique par G. Dewalque), 390. Faune (La) marine du quaternaire moséen révélée par les sondages de Strybeek (Meerle) et de Wor- tel, près de Hoogstraeten, en Campine; par Michel Mourlon, 776. Fleurs. Comment les fleurs atti- rent les insectes. Recherches expérimentales, troisième par- tie; par F. Plateau, 17. Fonction. Sur un nouveau déve- loppement de la fonction gam- ma qui contient la série de 91 1 TABLE DES MATIÈRES. Stirling et celle de Kummer (Mémoires in-8°, t. LV). Rapport de MM. Mansion, J. Deruyts et Neuberg, 9, 17. Fondations Voir Concours et Prix. Fresques (Les) de la Leugemeete, à Gand; par J. Van 31alderghem (Note bibliographique par Alph. Wauters), 868. Funérailles; Condoléances. Dis- cours prononcé au nom de la Classe des sciences, à la mé- moire de J. Delbœuf; par Alfr. Gilkinet, 96. — Discours aux funérailles de Félix Laureys; par Th. Vinçotte, 260. — Mort du duc d'Aumale (condoléances exprimées à l'Institut de France), 475. Réponse de l'Institut à la lettre de l'Académie, 861. G Géologie. Note préliminaire sur la constitution de la bande silu- rienne de Sambre-et-Meuse ; par C. Malaise, 803. — Voir Congrès; Excursion, Faune et Minéra- logie. Gérard de Courcelle. Voir Trac- ta tus... Glycol isobutylique mononitré CH2 . OH I N02 — C — CH3 I CH2.0H; description par G. Cesàro, 323. Crrcs (Les) dans l'Inde, essai de restitution historique ; par le comte Goblet d'Alviella, 653. Grotte (La) du mont Falhise (An- thée), par J. Fraipont, 47; lec- ture des rapports de MM. De- walque, Dupont et Malaise, 8. H Histoire. Voir Archives; Beaux- arts; Césars; Charles-Quint ; Grecs; Marchands. Heure (Expression et correction de 1'). Voir Astronomie. Hygiène. Voir Bibliographie. Hypéride (art oratoire, langue et style). Voir Prix Joseph Gan- t relie (troisième période). Inde. Voir Grecs. Insectes. Comment les fleurs atti- rent les insectes. Recherches expérimentales, troisième par- tie; par F. Plateau, 17. Jacquard (Claude), peintre lor- rain; par Alb. Jaequot(Note bi- bliographique par H. Hymans), 262. Jubilés. Soixante -dixième anni- versaire de Stan. Cannizzaro (remerciements), 3. — Cinquan- tenaire de Hervé Faye comme membre de l'Institut de France (remerciements), 94. — Celé- T.VBLK DES MATIKRKS. 915 bration du cinquantième anni- versaire de l'École française d'Athènes (remise à cause de la guerre), 127. — Cinquantenaire académique de M. le baron Edm. de Sely s Longchamps (allo- cution du président de l'Aca- démie), 726; discours de M. Gil- kmet, 727; remerciements de M. de Selys Longchamps, 731. — Centenaire de la Société d'émulation d'Abbeville (félici- tations), 863. /. . Remerciements du Comité de rédaction de « Ciel et Terre », 3. — (Deuxième pério- de, 1896-1899). Programme, 102. Prix Herpin. Réception du pro- gramme, 95 5,ne SÉRIE, TOME XXXIII. Prix Jean-Servais Stas. Question posée, 101. Prix Joseph Gantrelle (troisième période, 1895-1896. Mémoires reçus et nomination des com- missaires, 60. — Mémoire sur les « Vies des douze Césars » par Suétone (rapports de MM. P. Thomas, P. Willerns et J.-C. Vollgraff), 639, 643, 644. — Mé- moires sur l'art oratotoire, la langue et le style d'Hypéride (rapports île MM. J.-C. Vollgraff, P. Willerns et P. Thomas), 645, 648, 650. — Proclamation des résultats, 722. Remerciements de MM. L. Preud'homme et S. Kayser, lauréats, 860. Prix quinquennaux des sciences naturelles (Les sciences miné- rales devant les jurys des1 ; par G. Dewalque, 782. Prix quinquennal d'histoire na- tionale (dixième période, 1891- 1895). M. Ch. Duvivier, lauréat, 343, 723. Prix quinquennal des sciences so- ciales (troisième période), dé- cerné à M. Polyd. De Paepe. 476. 723. Il Responsabilité civile (La), par Jos. Willerns (Note bibliographique par V. Brants), 58. Radiographie. Voir Électricité. Ruysbroeck (Joh.), par feu A. -A. van Otterloo. Réimpression par GO 918 TABLE DES MATIERES. J.-G. van Siée (Note bibliogra- phique par P. Fredericq), 57. Salamandre. Voir Encéphale. Silex néolithiques et paléolithi- ques de Courl-Saint-Étienne; par le comte Goblet d'Alviella, 286. Si-ngan-fou {Le monument chré- tien de). Voir Monument. Silurien. Voir Géologie. Soleil. Photographie de la chromo- sphère du soleil et constitution de cet astre; par P. De Heen, 205. — De l'action du soleil sur les plaques photographiques ; par C. Le Paige, 429. — Réponse à M. Le Paige; par P. De Heen, 437. — Note relative à la photo- graphie de l'atmosphère solaire; par P. De Heen et C. Le Paige, 800, 802. Spectre (Sur le) d'absorption de quelques corps organiques in- colores et ses relations avec la structure moléculaire; par W. Spring, 165. — Voir Électri- cité; Photographie. Stas (Feu J.-S.). Voir Monument. Station agronomique. Note par C. Malaise (Station agronomique et laboratoires d'analyses de l'Étal; par A. Petermann), 5. Station zoologique de Naples. MM. P. Masoin et A Taquin demandent à pouvoir bénéficier de la table réservée à la Bel- gique, 2; lecture des rapports faits sur ces demandes par MM. Éd.VanBeneden,VanBam- beke, L. Fredericq et Errera, 102. Statistique. Sur l'interprétation des données de la statistique et sur la natalité et la matrimo- nialité. Lecture par H. Denis, 132. Stramot (Nicolas), peintre belge ; note par Edw. Van Even, 367. Symbolique. The Svvastika, the earliest known Symbol, and its Migrations ; par Th . Wilson (Note bibliographique par le comte Goblet d'Alviella , 478. — Voir Mit lira. I Tapisseries bruxelloises. [La ba- taille de Pavie : par B. Van Orley). Voir la note de M. Alph. Wauters sur Campana (P.), 864. Teniers i David et son fils, le troi- sième du nom; par Alph. Wau- ters (Note bibliographique par l'auteur), 130. Terpènes. Sur une combinaison de certains terpènes avec les salicylates alcalins; par M. Duyk, 388." Tractatus de reditibus annuis, de Gérard de Courselle (1623) ; par V. Brants, 61. Triphényléthanone (Sur la); par A. Gardeur, 759. Triptyque, poésies; par H. Pon- thièreNote bibliographique par T.-J. Lamvi, 130. TABLE DKS MATIKRHS. 019 Vertébrés inférieurs. Voir Moelle. épinière. Vésale Quelques mots sur André); par Alph. Wauters (lecture im- primée dans le tome LV des Mémoires in-8°), 61; note biblio- graphique sur ce travail par l'auteur, 868. Vocabulaire bouddhique sanscrit chinois; par le chevalier C. de Harlez (Note bibliographique par l'auteur), 8(34. Voconces. Voir Monnaies. Volatilité. Recherches sur la vola- tilité dans les composés car- bonés; par L. Henry, 19?). w Wallon (Notes d'ancien); par M. Wilmotte, 240; rapports de MM. J. Stecher, Ern. Discailles et Bormans, 233. 235, 238. Yi-King (Le) traduit d'après les interprètes chinois; par le che- valier C. de Harlez (Note biblio- graphique par l'auteur), 864. TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES. Cesaro (G ). Glycol isobutylique mononitré : CH2 . OH I NO* — C — CH* I CH2.0H; description (3 figures), 323-328. De Heen (P.). Identité de l'effet produit par la lumière et par l'effluve électrique sur une pla- que photographique recouverte d'une lame peu conductrice (1 planche et 4 figures), 42-46. — Sur la prétendue existence de la densité critique (2 planches et 3 figures), 121-123. - Sur l'observation d'étincelles posi- tives et négatives (3 figures), 124-126. — Photographie de la chromosphère du soleil et con- stitution de cet astre (2 pi.), 210. — Nouveaux faits d'électro- chrose et sur l'infinie variété des phénomènes dits catho- diques (1 planche et 9 figures), 210-220. — Détermination de la partie du spectre qui développe la plus grande proportion d'in- fra-électricité (1 figure), 322. — Note relative à la photographie de l'atmosphère solaire (1 plan- che), 802. Folie (F.). Réflexions sur l'aber- ration planétaire (4 figures), 103-108. Fraipont (J.). La grotte du mont Falhise, Anthée (1 planche), 47. Go blet d'Alviella (Le comte Eug.). Silex néolithiques et paléolithiques de Court-Saint- Étienne (1 carte et 4 planches), 296-298. — Les Grecs dans l'Inde ; essai de restitution histo- rique (6 figures , 660, 679, 680. 683. Stober (F.). Sur un appareil per- mettant de tailler un cristal suivant une direction déter- minée, et sur une méthode pour tailler des plaques à faces parallèles (5 figures), 847-857. Trambusti (A.). D'un caractère différentiel entre leucoblastes et érythroblastes (1 planche,, 341. " PUBLICATIONS ACAI Depuis la réorganisation, Nouveaux Mémoires, t. 1-X1X (1820-1845); in-4°. — Mémo^ e t. XX-L1I (1846-189;!); in-4°. — Prix : 8 fr. par volume à partir du tome X. Mémoires couronnés, t l-XV (1S17-18Î2); in-4°. — Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers,!. XVI-LIV : 843- 181)4 . — Prix : 8 fr. par volume à partir du tome XII. Mémoires couronnés, in-8°, t. I-LIV. Prix : 4 fr. par volume. Ta oies de Logarithmes, par A. Namur et P. Mansion, in-8°. Tables des Mémoires (1816-1857) (1858-18781. ln-18. Annuaire, lrtÉ à 63mi: année, 1835-1897; in-18. Règlements et Documents, concemantles trois Classes; 1896, iu-18. Bulletins, l'e sér., t. 1-XXIll ,— 2'' sér., t. l-L;— 3esér.,t. l-XXXIIl,in-8°.— Annexes aux Uulleiiiis de 185 k, in-8°. — Prix : 4 fr. par volume. xabies générales des Bulletins : t. 1-XXIII, lrc sér. (1882-1856). 1858; Ul_8o. _ ± sér., t. 1-XX (1857-1866;, t. XXI-L (1867-1880), 1883; in-8°. Bibliographie académique, lre édit., 1854, 2e édit., 1874, 3e édit., 1S86; in-48; 4e édit., Is96. catalogue de la Bibliothèque de l'Académie, lre partie : Sociétés savantes et Recueils périodiques; 2de partie : sciences, lettres, arts, 1881-90; 4 vol. in-8°. Catalogue de la bibliothèque du baron de Stassart, 1863; in-8°. Centième anniversaire de fondation! 1772-1872). 1872; 2 vol. gr.in-8° Monuments de la littérature flamande. OEuvres de >ran Maerlant : Der NATUREN BLOEME, tome 1er, publié par J. Bormans, 1857; 1 vol. in-8». — Kymuybel, avec Glossaire, publié par J. David, 18SS-1860; 4 vol.; — Alexanders Geesten, publié par Snellaert, 1860-1862; 2 vol.— Nederlandscbe gedichten, etc., publiées par Snellaert, 1869; 1 vol. — parthonopeus van Bloys, publié par J. Bonnans, 1871; 1 vol. — Spegnel der AVysheit, van Jan Praet, publié par J. Bormans, 1872; 1 vol. Œuvres des grands écrivains du pays. oeuvres de Chastellain, publiées par le baron Kervyn de Lettenhove. jliS, 8 vol. in- 8°. — Le 1" livre des Chroniques de Frois- sax-t, par le même. 1861, 2 vol. — Chroniques de Jehan le Bel, par L. l'olain. 1861, 2 vol. — L,i Roumans de Cléomadès, par André Vau Hasselt. 1866, 2 vol — Dits et Contes de Jean et Baudouin de Condé, par Auguste Scheler. 18lil>, 3 vol. — Li ars d'amour, etc., par J. Petit. 1866-1872, 2 vol. — Œuvres de Froissart : Chroniques, par le baron Kervyn de Lettenhove. 1867-1877, 2d vol.; — Poésies, par Aug. Scheler. 1370-1872. 3 vol.; — Glossaire, par le même. 187 i, 1 vol. — Letres de Coin» mines, par Kervyn de Lettenhove. 1867, 3 vol. — Dits de Watriquet de Couvin, par A. Scheler. 1868, 1 vol. — Les Enfances Ogier, par • même. 1874, 1 vol. — Bueves de Commarchis, par Adenès li Bois, par le même. 1874, 1 vol. — Li Rouinans de Berte aux grans pies, par le même. 1874, 1 vol. — Trouvères belges du XIIe au Xiv siècle, par le même. 1876, 1 vol. — Nouvelle série. 1879, 1 vol. — Li Bastars de Bullion, par le même. 1877, 1 vol. — Récits d'un Bourgeois de Valenciennes (X.I"VC siècle), par le baron n de Lettenhove. 1877, 1 vol. — Œuvres de Ghillebert de Lannoy, par CI). Potvin. 1878, 1 vol. — Poésies de Gilles li Muisis, par Kervyn de Lettenhove. 1882, 2 vol. — Œuvres de Jean Lemaire de Belges, par J. Stecher. 1882-91, 5 vol. avec notice. — Li Regret Guillaume, par A. Scheler. 1882, 1 volume. Biographie nationale. Biographie nationale, t. 1 à XIII; XIV, 1. Bruxelles, 1866-1896, i 8*. Commission royale d'histoire. Collection de Chroniques belges inédites, publiées par ordre du Gouvernement; 98 vol. in-4°. (Voir la liste sur la couverture des Chroniques.) Comptes rendus des séances. I" sér.. avec table (1837-1849), 17 vol. — 2me sér , avec table (1850-1859), 13 vol in-8». — 3me sér., avec table (1860- il.in-8".— i»ie sér., 17 vol. in-8° (1873-1891).— 5»u' sér., t. l-VI; VII (n« 1-2;. Ami oxes aux Bulletins, 22 vol. in-8°. (Voir la liste sur la couverture des Chro- ii's Comptes rendus.) 3 2044 093 256 436