« «.- t -Hf>Ç^' >• . '^:- '•> -W*,; *-;«<>*5^<' / -*«>-. ^' ^ -.. -^. SOCIÉTÉ AGRICOLE, SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE DES PYRÉNÉES-OllIENTALES. DOCZIKMB VOLUME. PEï^^MGNAN, IMPRIMERIE DE J.-B. ALZINE, Rue des Trois-Rois, I. ISGO. ^ ^ ^ SOCIETE DES PYRENEES-ORIENTALES. XII. La Société n'entend approuver ni improuver les opinions émises dans les travaux qu'elle publie : elles appartiennent à leurs auteurs qui en sont seuls garants. Les lettres, mémoires, etc., etc., doivent être adressés (franc de port) à M. Louis Fabre, Secrétaire de la Société, rue Traversière-de-l'Ange, 4; et les objets d'histoire naturelle à M. CoMPANYO, Conservateur du Cabinet, place Laborie, 5, à Perpignan. SOCIÉTÉ AGRICOLE, SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE DES PYRÉNÉES-OIUENTALES. Uf0.ati2±iu'^ ■r, b;in(|ui«r, aiuit'ii maire de la ville, membre du Conseil-Général d'Agriculture et du Conseil-Géné- ral du département. yice-Pré^ideiit : ÎM. Companvo, père, docteur-médecin, conservateur du Cabinet dMiistoire naturelle. SecTélaire : RI. Fabre (Louis) , pro- fesseur de troisième et de commerce au Collège. yke-Secrétaire : M. Alaot, secrétaire de rinspecteur d'Académie. Trésorier : M. Siau (Antoine), négo- ciant. Archiviste : i\I. SiiivEX (Joseph) éco- nome des Hospices. 1860. Président : M. LLODBES (Aususte), '^ . banquier, ancien maire de la ville, membre du Conseil-Général d'Agriculture et du Conseil-Géné- ral du département. Vice-Président : M. Companyo , père, docteur-médecin, conservateur du Cabinet d'bistoire naturelle. Secrétaire: M. Fabrk (Louis) , pro- fesseur de troisième et de commerce au Collège. Vice-Secrétaire : M. Alart, secrétaire de l'Inspecteur d'Académie. Trésorier: M. Siau (Antoine), négo- ciant. Arcliivisle : M. l'abbé Delhoste , vi- caire à la Cathédrale. C0.M1TE DE REDACTION 1859. M. l'abbe I'incs, chanoine, supérieur du Graml-Séininuire. M. l'abbé IJensa, chanoine honoraire, prof, de philosophie et de théologie au Grand-Séminaire de Perpignan. 1860. RI. l'abbé Fines, chanoine, supérieur dn Grand-Séminaire. RI. l'abbé Bensa, chanoine honoraire, prof, de philosophie et do Ihéidogie au Grand-Séminaire de Perpignan. SÉANCE PUBLIQUE DU l^-" AOUT 1858. PRESIDENCE DE M. AUGUSTE LLOUBES. La Société a tenu le 1" août sa séance annuelle pour la distribution des primes accordées sur les fonds du département, pour l'amélioration de l'espèce bovine, et elle a distribué dans celle même séance divers encoura- gements. La chaleur proverbiale du mois d'août n'avait pas empêché un auditoire nombreux de venir assister à cette fête modeste, qui a toujours le privilège d'intéresser vivement. La musique des élèves des Frères de la Doctrine Chrétienne s'est fait entendre, à plusieurs reprises, avec beaucoup de succès. Les autorités du département et de la commune étaient représentées, et siégeaient avec les membres du bureau. M. Auguste Lloubes, président, a ouvert la séance par l'allocution suivante : « Messieurs, « C'est avec juste raison que notre époque peut s'enor- gueillir des ctlorts qu'elle lait, sous rius[)iralion d'un gouvernement éclairé, pour faire pénétrer le progrès dans IX toutes les industries qui sont du domaine de l'activité humaine. De quelque côté (juc nous tournions nos re- gards, nous trouvons l'initiative gouvernementale ou l'initiative individuelle se posant le proMème du mieux, et poursuivant sa mission avec une loi et une énergie sans précédents. Pour ne parler que de ce qui rentre plus spécialement dans notre sujet, nous vous dirons avec quelle persévé- rance on poursuit les progrès agricoles, et avec quel soin tout particulier on organise les moyens de les pro- voquer dans les Concours régionaux, dont l'efiicacité est reconnue; et l'heureuse pensée à qui nous les devons, a, tout à la fois, rendu hommage au caractère français', si avide de luttes intellectuelles et de distinctions hono- rifiques, et fourni à l'agriculture un U vier des plus puis- sants pour obtenir les améliorations qu'elle appelle de tous ses vœux. « Dans ces luttes pacifiques, où les concurrents n'ap- portent que des dévouements, le succès du but proposé ne peut être douteux; et à côté du bien agricole qui en résulte, il en est un tout aussi grand, celui que retirent toujours de leur communication des hommes mis en contact et obligés de se connaître et de s'apprécier. « La Société des Pyrénées -Orientales a compris, dès le début, toute l'importance des Concours; et, dès ipie la région à laciuelle elle a été rattaclK'o a été définitivement fixée, elle s'est empressée de demander à Son Excellence Monsieur le Ministre de TAgricuIture do vouloir biin désigner Perpignan pour la tenue, en l a rendre des services aux agriculteurs qui pourront en faire l'acquisition pour le hattage des céréales. L'asso- ciation pourra, du reste, alléger les charges qu'impose toujours la pro.uiérc mise de fonds pour l'achat d'une machine, et l'emploi pourra alors s'en populariser. La Société a reconnu qu'elle devait récompenser Mon- sieur Vilallongue de son heureux perfectionnement Elle lui a accordé une médaille d'argent, grand module. Elle a voulu aussi récompenser MM. de Gonsalvo Bert et Rouilla frères : elle a remis à chacun d'eux une mé- daille de bronze. M Isidore Borrell a été aussi l'objet d'une distinction en obtenant un rappel de médaille. La distribution des primes a immédiatement suivi et la somme de 1.980 francs a été répartie entre les éleveurs du département qui ont été reconnus les plus dignes lors du concours de 18o7. ITl SÉANCE PUBLIQUE DU 51 JUILLET 1859. PRÉSIDENCE DE M. AUGUSTE LLOUBES. Comme d'Iiabitiule, la Société a tenu sa séance publique annuelle, le dernier dimanche de juillet, pour la distribu- tion des primes et autres récompenses accordées par le Gouvernement et par la Société elle-même. M. le Préfet, absent de Perpignan , était représenté par M. de Çagar- riga, secrétaire-général de la Préfecture, qui occupait une des places d'honneur près de M. le Président, ainsi que M. Saisset, adjoint à M. le Maire de Perpignan, et la séance s'est ouverte à deux heures de l'après-midi, devant un auditoire nombreux. Dans un discours plein d'idées élevées et dans un lan- gage que tout l'auditoire a compris, M. le Président a, successivement, passé en revue toutes les questions agricoles, industrielles et économiques, qui peuvent in- téresser l'opinion publique du département. M. le Président s'est exprimé ainsi : « Messieurs, frNous vous annoncions il y a un an, avec un véritable bonheur, que Son Excellence Monsieur le Ministre de I Agriculture, avait, sur notre demande, promis au dé- XVII parlement la tenue du Concours régional pour 1862 : sa promesse s'est réalisée. Les prétendants ii la prime d'honneur pourront faire parvenir, au plus tard le l^r mars 1861 , leur demande a la Préfecture. Les fermes qui concourent sont examinées un an à l'avance. Nous espérons que , comme dans les autres départements , les concurrents seront nombreux. La variété et l'importance de nos cultures ouvrent les portes des concours à beau- coup d'agriculteurs. Le but de l'institution est d'encou- rager ceux qui font beaucoup avec peu et qui le font bien, l'amendement des terres, leur bon état, l'entretien d'un cheptel au-dessus des besoins de la ferme, l'extension des cultures fourragères, la tenue d'une comptabilité quelconque qui permette au cultivateur de se rendre compte, l'introduction d'animaux perfectionnés, l'adop- tion d'instruments nouveaux reconnus utiles, la bonne confection des fumiers, sont les éléments principaux qui fixent l'attention du Jury. « C'est une grande récompense que la prime d'hon- neur; nous sommes certain qu'elle sera brillamment disputée. Mais avant cette é|»0(pie, le département ne doit pas s'elVacer aussi complètement qu'il l'a fait pour ses produits au Concours de Carcassonne. Les blés, les vins, les huiles, les laines, les soies, le miel, y auraient occupé une place d'honneur, nous pouvons le dire, nous étions du Jury. A Montpellier donc en 1860 , pour prendre la revanche. Il est juste de dire toutefois que certains de nos éleveurs ont brillé d'un éclat qui se sou- tiendra nous l'espérons; ils feront revivre la vieille répu- tation du Roussillon, où venaient s'approvisionner, il y a un siècle, tous ceux qui, en France et jusqu'au fond b xvm de TEurope , voiilaieiit obtenir la race luériiic pure |)(>ur raniélioratioii des espèces ovines indigènes. C'est du Roussillon (jue sont sortis les premiers béliers cl brebis mérinos qui ont produit ces belles laines du nord , qui n'auront bientôt plus de rivales, grâces à Tiiabileté des cultivateurs. « Nous savons que Ion se plaint généralement de lin- succès de l'éducation des animaux de l'espèce ovine, que l'on prétend ne garder que pour le fumier qu'ils produi- sent. Mais est-il bien démontré que cette éducation soit faite comme il convient? Pour élever des animaux do- mestiques, il faut les avoir étudiés, connaître leurs mœurs et leurs maladies et les causes qui les produisent. Com- bien de propriétaires ont-ils fait cette élude et où leurs bergers ont ils pu la faire? Des préjugés, voila leur guide principal ; aussi avons-nous beaucoup de gardiens de trou- peaux et peu de bergers. Sans avoir la sotte prétention de nous ériger en professeur, nous croyons pouvoir signaler deux des défauts principaux de notre éducation : sans aborder la question capitale de l'amélioration , l'insulli- sance de nourriture, une stabulation vicieuse qui, dans un pays très-chaud, prive d'air des animaux que la nature a garantis du froid et les fait croupir sur leurs fumiers. Cette question nous amènerait trop loin, si nous voulions la développer. La Société s'emparant des idées du Gou- vernement qui, dans les faits agricoles, veut que les récompenses arrivent partout où elles sont méritées, a découvert un bon paysan qui dans sa modeste position fait bien , et elle va le récompenser. 11 a introduit et multiplié la race barbarine. Elle a ses dél'auts et ses qualités, mais les dernières l'emportent sur les premiers. Elle esl très-tV'coiule. Les agneaux, jdmeaiix toujours, se vendent 7 francs en naissant, !20 francs à deux mois et demi, 00 francs à un an, et a cet âge, la boucherie les immole comme moulons; c'est deux tiers d'avance sur les autres races, dont les moulons ne sont faits qu'à l'âge de trois ans, et valent alors 40 francs au plus. Nous croyons que les agriculteurs feront bien d'étudier cette espèce, sans négliger cependant celles que nous con- naissons, et dont nous devons viser a présenter on 1862 des types parfaits. « La Société fera lous ses efforls pour qu'il soit joint au Concours régional un Concours de l'espèce chevaline et une exposition de l'industrie ; elle promet dès ce mo- ment une exposition maraîchère et florale , et elle espère d'avance être secondée dans ses bonnes intentions. Nous avons une grande réputation au-dehors, il convient de la justilier. Au point de vue agricole, on jugera de nos eflbrls par les diflicultés que nous avons à vaincre, et dont certaines nous sont communes avec d'autres contrées. « Parmi celles-ci , la maladie des vers à soie et celle de la vigne causent un véritable dommage aux agriculteurs, donnnage qui s'accroit delà sécheresse, des intenqjéries, du bas prix des denrées, des mal-façons de la main-d'œuvre, réunion de fléaux qui font de l'agriculture, la plus précaire des professions. Dans un pays d'organisation rationnelle comme le nôtre, on doit s'attendre à une protection des plus ellicaces. L'Klal nous l'accorde, il faut la demander aux autres pouvoirs publics. L'agitation provoquée à l'oc- casion du déficit successif de plusieurs récoltes de blé, a fait craindre un instant que ceux (|iii voulaient le triom- XX plie (l"une théorie, ne l'emportassent sur la niasse des producteurs, qui voulaient conjurer une ruine. Mais le Gouvernement, voulant de bonne Coi être éclairé, les efforts des conseils généraux, des sociétés d'agriculture, d'Iionimes considéraliles, leur iiersévérance, les })rotes- tations venues de tous les points de l'Empire, ont fait que cette grave question a été examinée sous son véritable jour; l'échelle mobile a été maintenue en principe; l'agriculture a été sauvée d'un désastre, grâces en soient rendues à tous ceux qui y ont contribué. « Tout n'est pas fait cependant , si le blé national est protégé contre le blé étranger; il faut aussi qu'il soit protégé contre la mauvaise farine nationale, qui trouve d'autant plus de débit dans la boulangerie qu'elle est vendue à crédit. C'est d'une police vigilante que l'agri- culture attend celte protection : elle l'attend d'elle aussi pour toutes les sophistications qui lui causent un préju- dice des plus sérieux, telles que celles des soufres, des huiles et des vins. Les charges augmentant, le revenu doit les suivre, sans cela l'on avancerait au rebours. «Comme nous le disions il y a un instant, le déficit des soies compte au nombre des perles de l'agriculture : les mûriers et les vers a la fois sont malades. L'arbre esl atteint comme la vigne; mais le ver? Depuis que la science a trouvé le moyen d'agglomérer dans un même local des masses énormes de vers, il s'est déclaré des maladies qui ne sévissaient pas. La réunion sur un point d'un trop grand nombre d'individus de la même es- pèce, semble être contre les vœux de la nature; aussi les petites éducations réussissenl-elles généralement. Un rafiporl à ce sujet va dans un instant jeter du jour sur XXI celle queslion si intéressanlc. S'il y a eu des mécomples pour nos sériciculleurs, ils leur s'ont communs avec tous ceux de la France, et le déparlement n'en est pas moins aussi propice qu'autrefois a l'éducation de l'espèce bom- bycine. « L'énumération des pertes comprend encore malheu- reusement la vigne: une lueur d'espoir avait brillé l'an dernier ; elle s'est évanouie celle année. Ce sont les viticulteurs les plus confiants qui sont atteints. Croyant à la cessation de l'oïdium, ils n'ont pas soufré préventi- vement, et le mal, rebelle à leurs efforts tardifs, a sévi. Cette circonstance prouve une fois de plus l'excellence du système de M. Lafforgue. On ne peut pas se rendre un compte bien exact de l'effet du soufre sur la vigne alors qu'on n'y voit aucune trace d'oïdium; mais on ne peut contester qu'il ne prédispose les raisins à n'être pas ma- lades. Quant à nous, nous croyons à plus que cela, nous croyons qu'il détruit l'oïdium qui existe en germe, pour n'éclater que lorsque l'état de l'atmosplière lui convient, de même que les mauvaises graines qui sont dans le sol ne germent que lorsque le moment opportun est venu. Il nous semble que pbysiologiquemcnl l'oïdium n'est pas suflîsamnienl étudié. C'est, d'après nos observations, une végétation parasite du printemps. Elle est commune à bon nombre de végétaux; tant qu'on la remarquera sur eux dès le mois de mars, la vigne ne sera pas guérie. Aussi pensons-nous que ce n'est que pendant le prin- temps qu'il faut soufrer les ceps , en commençant de bonne beure. Si l'on songe qu'à la Saint-Jean, fin du printemps, le bien et le mal sont faits, on reconnaîtra que notre observation a quel(|ue fondement. I,es viti- XXII culleuis expériinenlés seront de notre avis, nous n'en doutons pas; ils penseront aussi, comme nous, que le soufre doit être employé sans mélange. « Qu'il nous soit permis avant de terminer, d'ap{)eler votre attention sur une date que nous ne itouvons pas laisser passer inaperçue. C'est le 7 novembre 1059 que le Roussillon l'ut réuni détinitivement à la France, à la première des nations. Cet anniversaire, deux fois cente- naire, va sonner dans peu de temps; nous sommes certain que comme nous vous le saluerez du fond du cœur, et que vous accorderez un souvenir à ceux de nos ancêtres qui ont coopéré à ce grand acte. » Dans un premier rapport sur l'éducation des vers à soie dans k dqxniemcnt en 1859, la commission, dont M. Siau s'est fait l'organe , a constaté qu'une amélioration notable avait eu lieu, et elle a pu se convaincre que les petites éducations ont les plus grandes chances de succès. C'est un fait acquis depuis longtemps, et confirmé de nouveau, cette année, par les détails que fournit M. Siau sur les éducations de MM. Lopez et Trilla, d'Ille; Llopet, de Serdinya, et Ange Delpech, de Millas. M. Siau a lu un autre rapport sur la fabrication d'ou- vrages en bois dans les ateliers de M. Hippolyte Servole, situés au faubourg des Tanneries. Les détails intéressants sur la vie artistique de M. Servole et sur les divers objets qu'il labri([ue, ont été écoutés avec la plus vive attention; on comprend qu'avec un maître de ce mérite, et sous son habile et patiente direction, les apprentis apprennent vite, et la Société n'a pas hésité à leur témoigner sa XXIIl sollicitude, comme elle le l'era pour (rautres iiultislries épjalemeiit mérilautcs, qui exisleul dans la ville de Per- pignan. La question de la culture horticole a donné lieu à un troisième rapport de M. Siau, qui a commencé par signaler l'importance, de plus en plus grande, (jue prend la culture de nos jardins et celle des artichauts, principalement de la variété dite blanche ou des quatre saisons , dont le pro- duit s'est élevé à des proportions considérables, depuis la lin de septembre jusqu'au 20 mai dernier. 11 injporlait de connaître et de récompenser ceux qui , par leurs soins intelligents, ont le plus contribué à propager cette culture dans notre pays; et il résulte de l'enquête faite par la So- ciété, que celte culture, entreprise sur une vaste étendue, dès 1818, par Jean Piquet, aujourd'hui décédé, reçut, peu d'années après, de plus grands développements par les soins d'Antoine Coll, Ignace Figuères et Jean Tarrissou. Des récompenses avaient été votées par la Société pour consacrer le souvenir des services rendus au Uoussillon par ces trois anciens jardiniers. Depuis lors, d'importantes améliorations ont eu lieu dans la culture forcée; mais elle est encore trop peu étendue dans les diverses parties de notre département, où elle pourrait être développée à bien peu de frais, favorisée, comme elle l'est, par notre beau climat, par nos canaux d'arrosage, et surtout par notre position lopographique. Comme preuve de ce que nous pouvons espérer dans ce genre, M. Siau cite les noms de ceux de nos conqiatriotes qui avaient fourni leurs produits pour lexposilion horticole de Carcassoime, et (pii ont éh- iiigés dignes de récompenses. IMiisit^irs do nos jar- XXIV diniers préparent aussi leurs produits pour notre concours régional de 18G2, qui pourra largement récompenser tous les méritants. M. Siau fiiit ensuite connaître le mérite d'une variété de fraisier qui avait été également exposée au concours de Carcassonne, et que M. Philippe Massot a obtenue par riijbridalion du fraisier sauvage de rAlbère,et des grosses fraises de Paris, que M. Routfia avait le premier intro- duites parmi nous. M. Massot a donné une grande exten- sion à cette culture et à celle des asperges de Hollande et d'Allemagne, que M. Hippolyte Picas a indroduites dans le département. M. le Rapporteur fait connaître également l'importance de la culture d'asperges deHoUande, pratiquée par M. Jean Roquefort, qui avait déjà fourni, pour l'exposition de Car- cassonne, des asperges classées au premier rang par le Jury. M. Roquefort se recommande à d'autres titres, et M. Siau rappelle qu'il a, l'un des premiers, introduit la culture des micocouliers dans notre plaine. M. Massot s'est aussi fait remarquer par les perfectionnements qu'il a apportés à l'industrie des manches de fouet, qui occupe environ loO ouvriers dans le département, et fournit par an 22.000 douzaines de manches de fouet, d'une valeur totale de 200.000 francs. M. Siau présente encore une notice sur l'élève de la race harbarine, qui offre, sur les brebis ordinaires, des avantages qui ont paru évidents à la Société, et ont fait accorder au sieur Castres, dit Général, domicilié à Saint- Féliu-d'Avail , une médaille de bronze et une prime pour la propagation de cette espèce. XXV M. Siau leniiine ses lectures en faisant connaître les quatre niaitres-valets , dont les noms seront donnés plus loin, et qui ont mérité des récompenses pour leur conduite, lem-s travaux intelligents et la durée de leurs services dans les exploitations rin-ales. Après les lectures de M. Siau, M. l'ahbé Delliostc a transporté l'auditoire dans un de ces jardins, où la main prévoyante du Créateiu- a réuni les plus beaux et les meilleurs fruits de la terre, — nous étions toujours en Roussillon, cela va sans dire, ~- a l'ombre, ou plutôt en face d'innombrables pècbers, dont les fruits savoureux sont l'ornement de nos tables, après l'avoir été de nos jardins, lis sont, en outre, une source de richesse pour nos cultivateurs; c'est, du moins, ce que M. Dellioste voulait établir, et ses bonnes raisons ont dû convaincre tout le monde. Les 120 variétés de pêchers cultivées dans notre département, donnent, dans les années ordi- naires, un revenu considérable, qu'il importe de ne pas laisser diminuer, et qu'il sera possible d'accroître encore. C'est, surtout, en envisageant la question à ce dernier point de vue, que M. Dellioste indique les espèces de pêchers les plus productives et les pins favorables à l'exportation, et par conséquent les plus utiles a notre département. De bons conseils sont donnés ensuite sur la culture du pêcher et sur les moyens de le [)réserver des ravages des insectes, et surtout de la fourmi, (jui est son ennemi le plus acharne. Malheureusement, l'avenir et la prospérité de cette culture sont un peu compromis par la délicatesse de l'arbre lui-même, ou plutôt par sa vieillesse précoce, « car le pi'cher ne vit guère que l'es- XXVI « pace de douze à quinze ans, el encore ne donne-t-il , « vers la lin de sa vie végétative, que des fruits petits, « malades et peu nombreux. » M. Crova nous a ensuite transportés au milieu de l'é- poque anté-historique, dans une notice sur les ossements fossiles Ironirs clans les havaiix de la nouvelle route de grande comniunication de Perpignan à Canct. Les ter- rains dont ces travaux ont mis en évidence la structure, font partie du bassin tertiaire de Perpignan, qui se continue vers Cabestany jusqu'aux environs d'Argelès, se rattache aux dépôts tertiaires marins de Banyuls-dels- Aspres, Thuir, Nelfiach, Estagel, dont il n'est peut-être pas rigoureusement contemporain, et parait s'étendre, vers le nord, jusqu'aux dépôts secondaires qui com- mencent à paraître îi Opoul et au-delà de Vingrau. Des ravinements creusés par les eaux, à une époque reculée, y ont formé la dépression dans laquelle sont plantés leg jardins de Saint-Jacques, et y- ont fortement accusé un talus qui s'étend de Perpignan au voisinage de Canct, par Castell-lîossello. La nouvelle roule est tracée le long de ce talus, sur un terrain dont la structure est composée d'alternances d'argile et de sables marneux. Au-dessus, se trouve un terrain toul-à-fail récent, où l'on découvre une assez grande quantité d'ossements se rapportant aux espèces actuelles et associés à des fragments de poterie et de débris de l'industrie humaine. M. Crova laisse à l'archéologie toute cette partie du terrain qui ne se rat- tache qu'à l'histoire de l'homme; il cherche beaucoup plus bas les traces des êtres qui vécurent les premiers sur les bords de la Tet. Ses recherches ont déjà produit XXVll (l'iieuieux résultats, que notre incompétence nous permet tout au plus (le constater ici; encore nous mettrons-nous respectueusement à couvert sous la décision d'une des autorités scientifiques les mieux établies de la Faculté de Montpellier. Les débris organisés contenus dans les argiles et les sables fossilifères de notre gisement, consistent principa- lement en ossements de mammifères, parmi lesquels les pachydermes sont surtout abondants. Parmi les genres déterminés jusqu'à présent par M. Gervais, se trouvent un rhinocéros, un antilope, un é(piidé du genre hippa- ryon, d'une espèce qui était complètement inconnue des savants, et que M. (Servais a appelé hipparyon crassiim; enfin, de petits fragments de bois de dicotylédones par- faitement pélriliés. Tous ces débris appartiennent aux terrains tertiaires, probablement au miocène. De nou- velles fouilles se feront dans ces lieux, que le monde scientifique de la France méridionale étudie avec le plus vif intérêt, et fourniront sans doute des faits importants et nouveaux pour l'histoire géologique de notre dépar- tement. Les fouilles de M. Alart ne s'opèrent pas aussi pro- fondément dans la terre, et ses études ne s'étendent pas si loin dans la nuit des tenqjs. Il s'arrête à la première moitié du xv siècle, et jette un coup-d'œil sur la cou- che la plus superficielle du sol roussillonnais. Que s'y passait-il h cette épocjue? Les rhinocéros et les antilopes avaient disparu depuis nombre de siècles sous d'épaisses couches de sable et d'argile, et c'étaient de bonnes gens, des hommes créés, comme nous tous, à l'image de Dieu, xxvm qui vivaient alors près de la Tet et sur nos montagnes. Mais il y avait entre ces manans ronssillonnais, liommes propres, solins et amansats, asservis à mille redevances et servitudes, et le pages de nos jours, toute la dislance qui sépare le serl' de l'honmie franc et libre; et cette dif- férence, quelque ijrande qu'elle fût, finit par disparaître en Roussillon pondant les cinquante années qui précédèrent l'occupation française de Louis XI. Ce résultat ne s'obtint néanmoins qu'après un long siècle de guerres, de pillages, de famines, de pestes et de calamités de toute espèce, qui réduisirent de moitié la population rurale de ce pays, rendirent les manses inhabitables, et en imposèrent l'af- franchissement complet, comme le seul moyen qui pût conserver aux seigneurs les revenus de leurs possessions. Telles furent, selon M. Alart, les causes et les circons- tances qui transformèrent en Roussillon les conditions de la propriété foncière, et rendirent nos i)ropriétés territo- riales ce qu'elles étaient en 89 , ou à peu près ce qu'elles sont de nos jours. Pour faire voir l'importance de cette révolution, dont il fallait aussi explicpier les causes, M. Alart a été obligé de montrer la misérable condition des anciens tenanciers ronssillonnais et les terribles épreuves qu'ils durent subir pour être affranchis , et c'étaient nécessairement des couleurs sombres et sévères qui formaient le fond de ce tableau. L'auditoire a été ramené à des scènes plus riantes; mais nous n'avions pas quitté les champs, et la Muse se tenait encore au village , pour une fête , dont le Père Vanière a fait les premiers frais, et que M. Fabre a tra- duite en vers français. Le Mariage de la Villageoise est XX l\ un des plus gracieux épisodes du Prœdium rusticum. Le poète de Béziers aimait beaucoup les travaux de la campagne; mais il était presque impossible qu'un auteur qui connaissait à merveille les poètes anciens, ne laissât pas percer quelques réminiscences païennes dans un poème que l'on peut dire uniquement inspiré par les Géorgiques de Virgile. Noire conq)atriote s'est attaché à atténuer autant que possible toutes ces réminiscences, qu'il ne dépendait pas de lui de faire disparaître entiè- rement. Cependant la traduction est aussi fidèle qu'une traduction peut l'être : elle ajoute quelques traits gra- cieux, en atténue d'autres d'un goùi assez équivoque, et ces modilîcations paraissent heureuses, celles-ci entre autres : Elle, les yeux baissés, des fleurs à la ceinture, Marche tiniidenient , gênée en sa parure. Les fleurs à la ceinture, (pii ne sont pas dans le texte latin, ne nous déplaisent pas, et la fiancée gênée en sa parure, remplace avantageusement le Novis sudore madct stib vestibiis, du P. Vanière. Les divers incidents de la fête sont ainsi passés en revue, sans oublier quelques gens mal appris qui toujours, on le sait, Sont prêts à s'égayer sur le sort des maris, et le tableau du repas final retentit d'une franche gaité, qui contribue au bon effet de l'ensemble. xxx La séance a élé termine''»' par la lecture de (iuel«iiies bonnes stances de M. Sirven, qui les appelle son dernier amour. Ne vous effarouchez pas. 11 ne s'agit pas de ces amours de cœur ou de tète , qui forment , dit-on , le roman de la vie de jeune homme, mais dont on poursuit vainement les feuilles volantes, lorsque tous les cha- pitres sont lus. M. Sirven chante aujourd'hui son pays, son dernier amour, sentiment vreux comme le monde, mais toujours nouveau; c'est le Dulcrs reminisrÂtnr Ar- gos, qui renaît chez Gnillem de Cabestany, On II remembre, doussa terra e 'l pais. Notre chevalier troubadour du xiic siècle n'avait pas lu Virgile, mais le naturel retrouve partout et dans tous les temps les mêmes expressions pour chanter les mêmes sentiments, et M. Sirven, qui, depuis bien longtemps, aime son doux pays, retrouve aujourd'hui ses inspira- lions premières, car 07i revient toujours à ses premièi'es amours. Immédiatement après ces lectures , M. le Président a distribué les médailles, primes et récompenses accordées par le Ministère de l'Agriculture, par le Conseil-Général et par la Société des Pyrénées-Orientales. ÉDUCATION DES VERS A SOIE. M. Llopet, de Serdinya, médaille de bronze, grand mo- dule; -MM. Lopez et ïrilla, d'Ille, médaille de bronze; — M. Ange Delpech, de Millas, médaille de bronze. XXXI lABRICATIOîS n'oUVKAGES EN BOIS. Médaille de bronze, grand module, à M. Hippolyte Ser- vole; — mention honorable et prime a ses trois apprentis, Maurice Durand, François Pierson et Jacques Basia, CULTURES IIOlVnCOLES. Médaille d'argent à M^I. Antoine Coll, Ignace Figuères et Jean Tarrissou; — médaille de bronze à M. Etienne Gaillard, dit Estcve, d'Olette; — mentions honorables à MM. Louis Ribes, Jean Coll, François Taillade; — men- tion honorable et prime à MM. Joseph Noguès et Jacques Hadie. CULTURES HORTICOLES ET DES MICOCOULIERS. Médaille de bronze, grand module, à M. Philippe Massot; — médaille de bronze à M. Jean Roquefort. AMÉLIORATION DE LA RACE OVINE. Médaille de bronze et prime à M. Castres, dit Généra) , de Saint-Féliu-d'Avail. SERVICES RURAUX. Mention honorable et primo à MM. Fionaventure Bonis, dit l'alun, premier maitre-valel, depuis trente-cimi ans, au service de M'"e Rambaud, h Pia; — Michel Hibeil. premier maitre-valet, depuis trente-deux ans, au J7'/.v- Lederc, près d'Argelès , chez Mn^e Miquel de Riu ; — \X\\l Fran(,'ois Biô, premier niaitre-valel , depuis vingt-neiif ans, à la métairie dite de Mallolcs , chez M. P"^ Saisset; — Matthieu Carbasse, premier niaitrc-valet, depuis viugl- neuf ans, à la métairie de las Llobères, chez M. Joseph Jaunie. ÉPIGRAPHIH HOIJSSILLONNATSE. Par M. Lovis »b Bonkefot, Membre résidanl. PKEMIEK ARRONDISSEMENT. — SUITE. (Voir les 10- et H- Bulletins.) CLAYRA. 142. —Porte de l'église. 1279. t : ANNO : DOMIM : MILLESSI fsic) MO : DVSSENTESIMO fsicj : SEPTVA GESIMO : NOÎVO : QVINTO j IDV S IVNII : OfMIT l>OMI.NA EU MENGARDIS CONDAM VXO R i RAYMVNDf lAVBEini : f>f: CLAYRANO : CVIVS AN IMA REQVIESCAT : L\ PACI' : DIC : l'ATER NOSTER PRO ME : I^a première syllabe du mot iavberti est douteuse. U3. —Porte du cimetière. 1344. ANNO : DOMIM : M : CCC : XL : ifir : QVAUTO : DIE : NOVEMBRfS : OBIIT : PETRVS ■ MARTINI \ " TV : yvi : ME : LEGIS :'dic : PRO : ANIMA : MEA : SI : TIBI : Pl.ACET : fATER : NOSTER : Sui la |iicii'.', I ('iiilaplic et racclamalioii sont |»la((''cs en regard , et sé|iaréos |)ar la Itraiiclic supériciiro d'ime croix llcurddisée. Au-dessous, deux écussons stMnl)Ial)les à celui de l'ordre de la Merci, (|ui porlail de gueules à la croix d'argent, coupé d'Aragon. Pierre Marti lui donc uienilire religieux (Ui Iaï(|ue de l'ordre. Est-ce de lui ijuc fait mention Ribera, sous la date de 1525, avec le titre de Seigneur d'Aldea près d'Amposta? {Nucstra Sei'iora lie la Merced, centur. i-^, page 40o). 144. — Cimetière. 1246. : t : VII : ÎT : MADII j AN'N 0 : xFl : M : CC : XL : • • • • 'm VI : 0 nOMO : QVI : ME : LEGIS CINIS : ES : ET : IN : CIXEREM : REVBRTEIl IS : VIDES .; ME : QVOD j SVM : ERIS : QVOD : ES : FVI : DIC : PATER : NOSTER : IN : REMISSI ONEM •: ANIME : MEE : PAC • l^EMTENCIAM : ORIIT : l'ETRVS : RI j REMVNTERII i : f : Formes inusitées : les N armées dune traverse hori- zontale et semblables a nos h , le b différant k peine du. K par une légère inflexion de la panse inférieure vers le bas de la liaste , des p cl des r a panse ouverte dans le liant connue la branche supérieure du k, des o à panses distinc- tes ou reliées seulement par le bas. On en jugera par le fac-similé des trois mots anno • obiit • petuvs. 'HHHO.omT.KTF^. 143. — Cimetière. 1572. LO SEYOR : EN : GVlLIiEM : CAP DEVILA : DE : CLAYRA : FE : AQVESTA : CAPEL A : LAV : M : CGC : lAXIl : Au-ilessns de rinscri|»lion, los armes parlantes du Ton- dateur, divisées en deux écussons, l'un au buste de lenime (cap), l'autre au château sommé de trois tours (vila). 1/t6.— Cloches. 1528. Sur la plus grande (diamètre : lf",04.— Sol.) : f : mm : DOMIM : M : CGC : \\ : vfll : i : XPE : Fir,[ : DEt : VIV( : MISERERE : NOBIS : AMEN : Sur l'autre (diamètre 0m,9o. — Si bémol.) : t kmo : DOMIM : M : CCG : XX : VÎlI : t MEiMEM : SAXCTAM : SPONTANEAM : IIONOREM : DEO : ET : PATRIE : LIBERATIONEM : Reste à déchiffrer le nom du fondeur inscrit en légende, autour d'une petite cloche, dans un médaillon circulaire; je l'ahaudonne à des yeux meilleurs ou plus exercés! L'épaisseur relative de ces deux cloches est à noter : la première est en quinze bords, la seconde en douze bords et demi, et cependant elles sont jumelles, tout le dit, même abstraction faite de la date. niAS-ROVIRA. 147. —Au-dessus de la porte. 1195. ANNOJ M : G : \C : III : XPI INGARNAGIOMS ^" :^^: UltlS : OlllIT : BERENfiARivs : pRroR : SANGTI : PETRI : DE j VIEARIO : OR AT ME : FRATRES Ce marbre a été tiré du prieuré de Saint-Pierrc-dii- Vilar dont on voit encore la chapelle à un kilomètre environ du Mas-Kovira. L'inscription court sur le cadre autour d'un personnage en bas-relief couvert d'un vête- ment qui s'arrête à mi-jambe. Les sept premiers mots sont cbamplevés, le reste est gravé en creux. C'est le plus ancien document qui nous soit parvenu sin- le petit prieuré de Saint-Pierre dont nos archives constatent la décadence dès le xiii^ siècle , et la réunion h la cure de Clayra vers le milieu du xir^ siècle. En 1552 on trouve un Guillaume de Pia qualifié de Prinr seu Hector ecdesie sandi Vinmitii de CUnjrano, en 1 i08 Guillaume Brenach presbitcr, oblinens prioratus parrorJnalis ecdesie sancli Vincemii; et d'une date à l'autre, et postérieurement, c'est toujours ' Prior de Clayrano , ou Prior sandi Vincentii, lorsque le titre du prieuré est exprimé, jamais Prior de Yilari. FSPIRA-DE-L'AGLY. 148.— Cimetière. 1280. : i ANNO : DOMINl | M \ CC : LXX : Vllll : lit : NO : MARCII : OBIIT : DOMINA : BF.RNARDA : VXOR : GAV r-ELMI : i\II[.ITIS : Dr: : VILLALONG : QVI : TVMV LVM : CE:RNIS : CVR : NON : MORTALIA j SPERNIS : TALI •: NAMQUn: j DOMO : CLAVDITVR : OMNIS : HOMO Dir. : PATER •: NOSTRR : PRO [ ANIMA : MEA i AMEN Sur les bandes verticales de la bordure , deux étoiles à huit rais, deux écussons chevronnés, une main bénis- sante, un feuillage enroulé. Voir, pour la date, l'obser- vation faite au n" 104. 5 Î49.— Cimetière. 1280. f i ANNO : DOMINl [ M : CC LX .; Ûl : VI : YDVS : lANVARII OlilIT : lOlIANNES : NAÏALIS : Dl- l'EariMANO : CVIVS .; ANIMA : HK QVIliSCAT : I.N : PASCI- fsicj : CVlVS COIU'VS : FVJT : TUANSLATV.M AN.NO : DOMIM : M : ce : LXXX : V! • • • • rÀJlî)- lui : KL KOVEMBUIS l'OST : TESTVM • OMNIVM • SANCTOKVM QVI : I\IE : LEGIT : l'ATEK : NOSTEK : 1)IC.\T. Je ne crois pas qu'on puisse lire autre chose que i»0ST l'ESTVSi OMMVM SANCTOiiVM (l.ms les quatre mots ainsi abrégés et disposés sur le marbre : l»OS : Fi' ST. 01 V • SC09 Mais alors comment expliquer la contradiction dans les termes que présente cette leçon : le -i des calendes de novembre (:20 octobre) rty/>V6- la Toussaint (jcr novem- bre)? Par une distraction du lapicide qui lui a lait subs- tituer le nom des calendes à celui des nones, iÎL à nn, c'est-à-dire le t2î) octobre au 2 novembre. Cette formule surérogatoire ne serait donc, à mon sens^ qu'une reclilication telle quelle du faux quantième m Kl. Au reste l'inspection seule de la dernière ligne prouve que le post feskun omnium sanctomm napparte- nait pas à la rédaction primitive. Régulièrement ces mots ne jtouvaient y trouver assez, de place qu'au.v dépens de la |»nère linale qui me Icr/it, etc. Pour ne rien sacrifier il a fallu écrire le supplément inattendu en petits carac- tères, sur double ligne, et recourir, quant au reste, à toutes les ressources de la brachygraphie. La bonhire de celle inscription est ornée de leuillages courants et de quatre écussons chargés d'une coquille. Il faut appliquer à la première date, celle de la mort de Jean Nadal, la règle établie au n*^" lOi, et lire 1264. doO. — Cimetière. 1516. ANNO : DOMINl : M : CGC : fl : VII : ID-J : Al'llILlS OBIIT : VENERABILIS : DOMIINVS • ARNALDVS : CAYOTI : DEI : GRATIA PRIOR : HVIVS : MONASTERll : i'RO QVO : ET : SE : ET : SVIS I PETRVS : PEREGRI NI : RECTOR : ECCr.ESlE : SANCTI •' NATSARll : INSTITV • * • • • Il : ANNIVERSARIVM | QVORVM : ANIME : REQVIESCANT : IN PAGE : AMEN : f TRANSLATIO : DICTl : DOMINl : ARNALDI : FVIT : FACTA : ANNO : DOMINl : M : CGC : \\ ' \TI • • • « • * • KL : FEBRVARII j DIC : PRO EIS : PATER • NOSTER : ET : AVE : MARIA : Sur la bordure, des feuillages enroulés; à chaque angle, un écusson chargé d'un loup (?). Voir j)Our la date de la translation la remarque faite au n» lOi. Un parchemin des archives du Domaine nous a con- servé l'acte de l'élection d'Arnaud Canyot, à la date du 1i des calendes de février 4279 (19 janvier 4280). Voici la substance de cette pièce : L'évêque diocésain, Bernard de Sala, se rendit au monastère, accompagné de deux chanoines, fondés de pouvoirs du chapitre d'Elnc; la communauté désigna de son côté trois de ses membres, et les cinq élus, après délibération, proclamèrent Arnaud Canyot, dont le choix fut approuvé par l'évêque. Deux mots sur l'origine du prieuré d'Espira-de-l'Agly. Les titres 578, 587 et 589 de VApcndix au Marca Uispanica nous apprennent : 1". Que le o des ides de juin 117)0, (Idalgar, L'vè((uc d Kliic , consacra l'église d'Es|)ira, nouvellement construite, sous le vocable de Notre-Dame; !2" Que le 5 des ides de novembre WôA, l'abhé de Sainl-Michel-de-Cuxa et ses moines cédèrent à l'évèque Udalgar, déjà nommé, et au chapitre d'Elne, l'église d'Espira , en échange de celle de Saint-Vincent de Ria; o^ Que le 8 des calendes de janvier 1156, le même évê(|ue fonda, pour desservir l'église d'Espira, un chapitre assujetti à la règle de saint Augustin, el qu'il plaça la communauté naissante sous la direction de Pierre Arnaud, chanoine d'Elne, avec le litre de prieur. Oans ce dernier acte est établie pour l'avenir la l'orme d'élection ci-dessus. Vers la lin du xiv'^' siècle (G octobre 1581), le chapitre d'Espira l'ut transféré à l'église de la Réal à Perpignan : toutefois le prieuré fut maintenu comme prieuré détaché, après cette translation. Je signale, en passant, à l'attention des archéologues la curieuse église d'Espira; ses murs épais revêtus de marbre de la base au faite; ses absides jumelles, obstruées maintenant par une tribune ; sa porte digne sœur de celle de Cornclla-de-Coullent beaucoup plus coinuie et seule citée, à cause du voisinage de rélaldissemenl thermal de Vcrucl. Le plein cintre règne partout jusqu'à la voùle (|ui est ogivale, ainsi que le clocher. 151. — Cimetière, xiv^ siècle. : BOFAT : FVSTER •' DLl : BAYXAS : :f : : Sur la traverse d'une croix tréllée, on marbre blanc. Ce débris, qui voyage d'une tombe à l'autre, périra infailliblement, si on ne prend pas la précaution de l'en- castrer dans le mur d'enceinte du cimetière, à coté d(>s inscriptions précédentes. NOTRE-DAME-DK-rElXE. 152. — Citerne. 1414. A IHS : XPS : LAY : MCCCCXIIll : FOV FEYTA : LA CISTliRNNA (tkj : PER MA : DEN BERNAT : AN(J1. ES PEYRER : DE PERPENYA AM LAVMOYNE : DE LA BONA : GENT : En deux pièces superposées, celle de dessus formant corniche ; l'acclamation est gravée dans un cavet. Sur la pièce inférieure , le reste de l'inscription d'abord , en gothique carrée h pointes lancéolées, comme aux n°^ 36 et 54; au-dessous un losange en relief retenu par des griffes sur ses quatre faces et chargé d'une truelle, attri- but de profession. La gravure fait honneur au ciseau de Bernard Angles. On doit la conservation de ce monument à M. Jaubert de Passa qui l'ayant trouvé hors de place et menacé de destruction, le fit apporter chez lui à Perpignan jusqu'à l'entier achèvement des réparations entreprises à la citerne. Il a été réintégré par les soins de M. L. Jusl, dont on connaît le zèle pour nos ermitages. BAIXAt». i53. — Ancien hôpital. 1557. ANNO • DOMINI • M C(!c . XXX VII • FO • HEDIFICAT LO ESPITAL • PEU W ERMEiNGAV PARAYKE DE PERPENYA FIL DEN • ERMENGAV • SA ENTRAS • DE BAYXAS • AB Mil LITS • DE • DRAPS TOT FATT 9 ASSA • l'ROPI • MKSSIO • A • HONOR ■ I)K • !NOSTRE SENYOR ■ DEV • IHESV XPIST • E • DE • LA • VERGE MARIE • MARE • SVA • EN • QVE • ELS • l'OBRES • SIEN RECVLITS E • ALHARGATS ■ PER • TOTS • TEMPS • AL DIT ESPITAL AB LOS VIII LITS • DE DRAP DEV • TENIR TOSTEMPS LA • CUMVMTAT DE BAYXAS COM ES • PER EN lOIIAN RAS DE • BAYXAS AYSO • FO FAYCT Celte inscription et les deux suivantes {n^^ 154 et loo) ont été prises dans un ancien recueil auquel j'ai déjà fait quelques emprunts. C'est assez dire que les marbres sont perdus, ou que du moins je les ai vainement récla- més sur les lieux pour collationner et compléter la leçon. iM. — Église. 1210. ANNO DOMINl MCCX- IDVS APRILIS HIC lAGET BERNARDVS PVBENS LOCO lACET 1S5. — Église (?). 1505. A DEL MES DE IVNY I-50 3 EN ESSENT CONSULS GREGORI II ROG MAIOR DE DIES Y MIQVEL LLIMOS Y ANTICU COLELL Y II ORRES lOUAN PRATS Y ANTONI GVIRART AU TOT 1.0 GONSELL. MILLAS. 156.^ Église. On conservait dans la sacristie de l'église de .Millas 'inr armoire dont l'intérieur (fond, côtés, ciel el vaiilaux) 10 ('lait couvorl d'anciennes peintures. Au tond Dieu le liis, assis, bénissant de la main droite, tel en un mot qu'il est partout représenté; sur le vantail de droite, le mys- tère de l'Annonciation avec ces mots : ecce ancilla DOMIM. Mes souvenirs ne vont pas au-delà. C'est bien peu sans doute, mais rien ne pouvait me faire prévoir, la dernière fois que j'ai vu ce joli meuble, (lu'il passerait à l'improviste dans l'atelier d'un brocanteur, et me lais- serait le regret de n'avoir pas arrêté par écrit des notes précises en tenq)S opportun. L'armoire de Millas brossée, lavée, rafraîchie, orne déjà sans doute le cabinet d'un heureux amateur qui l'a payée à chers deniers. Loin de moi la pensée de provoquer le bruit ou ce qn'on ne manquerait pas d'appeler du scandale, autour de ce fait sans remède ; mais il a eu ses précédents, cl l'on a jugé qu'il valait mieux se taire : le silence indélini deviendrait complicité. Bornons-là ces réflexions; aussi bien seront- elles autant de coups d'épées dans l'eau. S'il faut en croire la rumeur publique, une autre inscrip- tion nous échappe non loin de Millas. Elle fut découverte, dans les derniers mois de 1858, au milieu des travaux de terrassement entrepris à Force-Réal, pour agrandir la plate-forme de l'ermitage , et disparut la nuit suivante sans qu'il ait été possible d'en retrouver la trace. Cet enlèvement réveilla le souvenir d'une tradition séculaire de trésor enfoui sous les ruines de l'ancien château dont les restes sont encore debout. On se raconte même tout bas les mystérieux détails de séances nocturnes de magnétisme et de baguette divinatoire tenues auprès de la chapelle. Les Esprits n'ont |)as donné des nouvelles de la pierre ; quant aux révélations quil leur a plu de faire sur l'existence et le gîte du trésor, elles ne sont pas de mon sujet. Le public attend avec impatience une double notice religieuse et monumentale sur la chapelle et le châ- teau de Forco-Kéal , tpi'oii dit être sous presse. 11 COIUIKRA-D'AMOIVT. J57. — Vieille église de Saint-Pierre, xiv^ siècle. lOIlANNKS : RES : ECCLESIE : SANCTI : PETRI : DE CORBARIA Au-dessus, le délunt en habits d'olliciant. 158. —Vieille église de Saint-Pierre. 1541. LO RETAVLA SE l'OSA A X DE DESEMRRE Peint en rouge sur le tympan de la porte. On cherche vainement le retable à l'intérieur de Tédilice, tout y est dévasté; les murailles ont perdu même partie de leur revêtement de calcaire rouge : la voûte se crevasse et n'abrite plus que deux tombes récentes. 159. —Cloche de l'église paroissiale. 1585. AVE MARIA GRATIA l'LENA DUMfiXVS TIXVM. ^585. 160. — Puits du château, xv siècle. HONORAT DOMS. J'hésite à croire que cette pierre ait toujours appartenu à la margelle du puits dont elle lait partie. Au reste, le nom d'un mendtre de la famille d'Oms ne peut causer ici de surprise. Le château de Corbéra, avec ses déj)endances, lïil apporté dans cette maison par Huguetle de Ça (iarriga (voir n" 180) qui donna sa uiaiu à IVrnanl, (lualrième du nom, d'après une généalogie tenue |)om aiillienlicpie. 12 On Iroiivf au inèiue lieu , depuis quatre ans , l'inscrip- lion des coknllivs et celle de Jean Blaitcha , déjà rap- portées ci-dessus lU"* 32 et 55). conni-UA-Di-r-MiG, ou, lf.s coutals. 161. — Puits coininunal. xi»-" siècle. DEI : ET SAiNCTI PE RVS : GAETERII OUE SVA EORVM REME D'après les souvenirs d'un vieillard de Corbéra, ce marbre est descendu de l'église abandonnée de Saint- Pierre dont il vient d'être question (no 1Î)(S). J'accepte ce témoignage d'autant plus volontiers que le parement intérieur du vieil édifice a été souvent mis à contribution, que notre fragment n'est pas à sa place, et qu'il me semble appartenir à l'inscription commémorativc d'une consécration. Serait-ce en effet trop accorder aux con- jectures que de compléter ainsi la formule : Anno incar- nationh dominicœ consacrata fuit hœc ccclesia in honoreni dei et sancti VEtri ? L'identité d'âge entre le monument et l'écriture fournit un dernier motif de probaiiiiité. En groupant plusieurs rectangles , dont un seul représente ce qui existe, j'ai voulu, s'il se pouvait, rendre sensible l'idée que je me fais de l'inscription entière. Elle était gravée sur le mur et conviait plusieurs pièces de rapparcil. I.(^ trat,niient sauvé serait une de ces pièces, i)artie aliqtioto de l'ensemble. L'examen le plus at- tentilnem'y a fait reconnaître aucune trace de mutilation. s.\i\t-fI':lii'-I)'amo\t. 162.— Église. Table d'autel. €amos, Jardin de Maria, p. 5i5. L'église de Saint-Féliu-d'Amont est dédiée à Notre- Dame de la Salvetat, appelée aussi Notre-Dame des Lettres (Nostra-Senj/ora de las Lleiras) à cause de quebpies noms propres gravés sur la table du maitre-autel , entremêlés de monogrammes, croix et autres signes. On pressent une légende; je la copie dans l'bistorien des sanctuaires de Notre-Dame en Catalogne, Fra Narciso Camos. « Le « ciel opère une grande merveille sur la table de l'autel « de cette Vierge sainte. On y voit api)arailre, pendant « la nnit de l'Annonciation, des lettres gravées comme « avec la pointe d'une aiguille, à peine visibles d'abord, « se formant peu h peu et s'approlbndissant jusqu'à ce « (pi'elles soient parvenues à leur entier développement ; « dilliciles à lire néann)oins, car il y en a d'iiébraicpies, « de grecques et de latines, les unes petites et les autres « plus grandes. Dans le nombre on distingue quebpies « noms comme Salamo, Bcrlo ci Albckik, et çà et là des « croix entremêlées. Kntr'autres singularités qui accom- « pagnent ce prodige, on a observé que les lettres appa- « raissent au nombre de trois, de cinq, ou de sept, « suivant les années, et que ce dernier nombre est tou- rt jours le signe d'une récolle abondante. Ces lettres sont « répandues sur toute la surface de l'autel, et dans cer- « taines parties on reconnaît qu'elles ont été elfacées; « rien de plus naturel d'ailleurs, car s'il en était autre- « ment, la table serait pleine depuis longtemps, tandis 1* « que, au oontraire, il reste toujours un espace vide. La « nuit (le rAnnoncialion ,. un grand concours de peuple « se presse et veille dans Téglise, louant Dieu et sa « saiute Mère. » (Camos. Loc. Cit.) Telle est la légende qui avait cours il y a plus de deux siècles. Canios n'invente pas; pieux visiteur, il observe, il interroge, il prend des notes pour son Jardin de Maria, et ce qui peut être aujourd'hui contrôlé dans cet ouvrage est d'une si scrupuleuse exactitude qu'on s'en rapporte pleinement à la bonne foi de ses récits. Mais laissons le merveilleux et venons à la réalité, c'est-'a-dire aux noms propres gravés sur l'autel. On y lit encore bien clairement : IVLIA • SALAMON • ALBARICVS • Du BERTO cité par Camos on distingue les trois dernières lettres. A part quelques syllabes isolées, tout le reste est confus, et la lecture en pourrait être facilement contestée. Le bon chroniqueur ne se doutait pas que ces caractères mystérieux avaient été tracés de main d'homme par des pèlerins qui l'avaient précédé de plusieurs siècles au sanctuaire vénéré de Notre-Dame de la Salvctat. Suivant un usage qui remonte bien haut dans l'antiquité, ils avaient laissé le témoignage de leur pieuse visite, mais la tradition de cet usage s'était perdue. « On sait, dit « M. Edmond Le Blant, qu'en visitant un lieu, un mo- « numeut célèbre ou vénéré, les païens y laissaient « souvent la trace écrite de leur passage. Ces actes « d'adoration ou de visite, ces proscynèmes, comme ils « se nomment eux-mêmes, se retrouvent particulièrement « en Egypte, sur les pyramides, sur le colosse de Mennion « et dans les syringes de Thèbes. Aux premiers siècles « de l'Église, les pèlerins chrétiens, continuant l'usage « antique, ont gravé sur des monuments sacrés leurs « noms, et, parfois aussi, quelques lignes empreintes « d'un pieux respect. La chapelle centrale du cimetière 15 « de Saint-Callislo, réceminenl découvcrle par le savant « M. (le Ilossi , pi'éseiito plus de trois cents inscriptions « ainsi gravées [)ar les visiteurs. La Gaule me parait « apporter de même plus dune preuve de l'antiquité des « pèlerinages. » (Inscripl. chrét. de la Gaule, tome I, p. i85. ) Les proscynèmes de Saint-Féliu seront sans doute une des preuves apportées par M. Edmond Le Blant, mais seulement pour établir la perpétuité de l'usage après les temps qu'il étudie. Son cadre n'embrasse que les sept premiers siècles , et je ne crois pas que nos signatures atteignent la limite la plus rapprochée de cette période. Il n'est et ne peut être ici cpieslion que des trois mots intégralement conservés. J'ai dit qu'un grand nombre d'autres laissaient apercevoir leur silhouette incertaine , et ce ne sont pas les moins anciens. Les sigles, les monogrammes, les croix sont entassés sur les bords; ils devieniient très-rares au contraire vers le milieu de la table, où l'ardoise, en s'efléuillant, a perdu la bonne part de ses plus vieux souvenirs. Nous aurons le dernier mot sur l'autel de Saint-Féliu dans le deuxième volume de rexcellcnl ouvrage déjà cité. Mais sans attendre l'opinion du savant épigraphiste sur l'âge approximatif de nos pros- cynèmes, nous [)ouvons d'avance les ranger parmi nos inscriptions les plus intéressantes. A ce titre ils se recommandent d'eux-mêmes à la sollicitude de MM. les Curés qui se succéderont à la desservance de la succursale. 163.— Église. Chapellede Notre-Dame du Rosaire. 1585. : vin : YDVS : IV MI : AN NO : NA TIVITATIS : UOMIM : M : CGC : LXXX : V : OBI ir : VENIlUABILIS : IJERTKANDVS . iOUDANl : I-ILIVS : liOMORABI LIS : DOMINI : GVILLl-LMt : KUIDAM : CVIVS ANIMA : REQVlliSCAl : IN PACI' : AMEN Gothique carrée. Je signale ce ^'eiire d'écriture chaqu.- fois qu'il se présente au xiv« siècle , où , chez nous , il fait encore exception. La borilare est ornée de guirlandes et de quatre écussons, l'un, celui de l'angle supérieur à gauche, carré, posé sur pointe et adiré; les autres, de forme ordinaire, chargés de trois fasces. 164. -Église. Dalmatiquc. \oM. On trouve dans le modeste mobilier de l'église de Saint-Féliu-d'Aniont, deux dalmatiques en soie rouge, relevée de quelques broderies. Sur le devant est la date ANY iUbi. Derrière, en haut, saint Gaudéric à mi-corps, barbu, nimbé, un épi de blé dans la main droite et le pouce de la main gauche engagé dans la ceinture, simple courroie d'où pend une aumonière. Il est enfermé dans un mé- daillon circulaire, parsemé d'étoiles dans le champ. En bas, une bordure assez large en festons de bon goût ait centre desquels, l'inscription suivante : SANTE • GAV DEiur.E . oITa ajoutons pko nobis sommairement représenté par la barre horizontale jetée au-dessus du dernier mot. L'extrémité des épaulières porte également des broderies. Une frange en soie jaune et rouge suit les bords du vêtement. 465. — Église. Chape. 1552. Avec romemenl qui précède est conservée une chape en velours rouge à grandes fleurs, vulgairement connu sous le nom de velours d'Utrecht. Les broderies y sont plus riches que celles de la dalmatique. ['ne bande à fond bleu, relevée de jolis dessins en soie jaune, descend per- pendiculairenient des deux côtés en guise d'orfroi. Le chaperon est d"une seule pièce d'épaisse broderie : sous un édicule assez lourd soutenu par deux colonnes massi- ves, saint Gaudéric en pied, nimbé, une poignée d'épis dans la main droite, et s'appuyant de la gauche sur une fourche à trois branches. Le champ est parsemé d'étoiles et de rinceaux. Au-dossous du chaperon, vers le bas de la chape, au milieu d'un cadre rectangulaire : SANCTK : GVALDli HICE : (tUA PR 0 NOBIS • AN Y lS.i2 Chape et dalmatiques appartenaient, dit-on, jadis a I;i sacristie de Saint-Martin-de-Canigô, d'où elles passèrent à celle de Saint-Félin, après la sécularisation du monas- tère, vers la lin du siècle dernier. L'image représentée sur l'une et l'autre confirme cette tradition, moderne d'ailleurs et dont on trouverait peut-être encore quelque témoin vivant. On sait que les reliques du saint laboureur, dépo- sées aujourd'hui dans une chapelle de la cathédrale à Perpignan, étaient honorées et conservées de temps im- mémorial à Saint-Martin. On recourait h leur intercession, comme ou le l'ait encore, contre le lléau des sécheresses brûlantes qui désolent trop souvent nos plaines. La châsse descendait alors processionnellement, portée par les moi- nes, jusqu'à Perpignan et même jusqu'à la mer. (Voir pour les détails les Mémoires de la communauté de Saint- Jean de Perpignan.) Ififi. — Église. Mur do l'ouest. xii« siècle. : XVI .; I IVMI : (ujirr : uwrRK I)V |{ Il : 9 18 L'église de Saint-Kéliu-d'Ainonl lui longlem[)S desservie par des religieux de la congrégation de Sainl-Iluf, sous la direction diin prieur. Les fastes de la communauté ne vont pas, à ma connaissance, plus haut que les premières années du xiii" siècle, mais l'origine est plus ancienne. Notre inscrii>lion qui remonte certainement aux premières années du xiF, est peut-être l'épitaplie dun prieur. La position délavorable de la pierre jointe à son étal de dégradation , m'ont empêché de déterminer ce (ju'il y a de vrai dans cette hypothèse. Elle se trouve au ras du sol et le salpêtre la ronge ; il est à désirer qu'on l'encastre quelques pieds plus haut perpendiculairement au même gîte, il n'y aurait pas déplacement pour ainsi dire; d'ail- leurs les motifs très-sérieux qui s'opposent, en thèse générale, au déplacement des mouunents épigraphiques, ne peuvent prévaloir contre le principe de conservation. SAINT-FELIU -D'A VA LL . 167.— Église. Autel de Notre-Dame du Rosaire. 1 318 (?). t ANNO : DOMINI : M : CGC : Xvfl : KL : FEBROARII : OBIIT FELIX : GIL\BERTI : SACRISTA : CONDAM : ISTIVS : ECCLESIE : QVI : INSTITVIT : SACERDOTEM : ET ANNIVERSA RIVM : IN : ISTA : ECCLESIA : ET : EODEM : ANNO : OBIIT : GVILLELMVS : GILABERTI : FRATER : EIVS : Grâce h sa position derrière les gradins de l'autel, ce marbre est sans blessure. D'après les observations ci- dessus (nos 101 et lOi), il faut lire à la date, ou 1501, le 17 des calendes de février, ou 1318, le jour des calen- des de février. 19 ir.K LE SOLER s. - - Kglise. l 554. PERE ftlIQVELL FABRE j. . 1 A 0 ■ DEL • MES DE • IVLIOL • Voli'i r.E ■ COMENSA L.\ • PRESENT ESGLE SIA • I POSA LA PRI MERA • PETRA Je transcris ces lignes dans l'ordre qu'elles ont sim" la pierre. A ne consulter que le sens et la syntaxe, la pre- mière devrait être la dernière. Elle a été gravée, en dehors du clininp, sur la bordure supérieure, et peut-être avec iutenliou, pour altirer le premier regard du lecteur. L'écriture est la majuscule romaine, généralement em- ployée dans nos inscriptions du xvF siècle. Le sanctuaire de l'église du Soler est surmonté d'une coupole. L'édilice, malgré ses étroites dimensions, ne lut constiuit que peu à peu. L'n marhre errant et voué à une destruction prochaine, témoigne de travaux entrepris au xviiie siècle. 11 est cal(]ué sur le précédent , moins l'irrégularité signalée : ALS ^5 7BRE 1703 GOMENCA LA PRESENT • CAPE LLA ANTON • VALS • V PO SA L\ PRIMERA PEDRA • L(» REVERENT • RERNAT QVES , PÉSILLA-DE-LA-RI\ IJERK. i69. — Église. Cloche. 1571. t SANCTVS DEVS SANXTVS FORTIS SANCTVS ET IMMORTALiS MISERLIŒ Noms. ANNO DOMINI Si CCC LX'xi. Ce n'est pas une cloche du xiv^ siècle qui dirige les pas de l'archéologue vers Pésilla-de-la-Rivière. Tout le monde connaît le monument gallo-romain communément appelé Aulcl de Diane; il a été souvent décrit et je ne fais que le rappeler. Les projets d'agrandissement de l'église, projets encore entravés, mais trop sérieux pour être abandonnés, permettent d'espérer d'intéressantes découvertes. TUUIR. 170. — Statue de la Vierge, xii^ siècle. Camos, Jardin de Maria, p. 345. MATER DEI. En relief sur le socle d'une statue de la Vierge. Cette statue est en plomb et haute de cinquante centimètres. La Vierge est assise, tenant sur ses genoux l'enfant Jésus. La main droite a été coupée, nous saurons bientôt à quelles fins; Camos qui l'avait vue avant cette mutilation, dit qu'elle reposait a plat sur le genou ; la main gauche se rapproche de la même position. La tête est ornée d'une couronne fermée, sommée d'une boule et relevée de crochets et de perles : il s'en échappe un voile qui encadre la figure et descend jusqu'aux épaules où il s'arrondit en forme de guimpe. L'enfant divin , assis sur les genoux de sa mère, se présente de face, la main droite élevée , la paume tournée en dehors et marquée 21 du styginale , si luulefois il ne l'aiit pas attribuer à un accident la dépression du métal et le petit trou qu'on y remarque. Sa main gaucho tient un livre appuyé contre le genou, ses pieds sont nus. Il est vêtu d'une tunicpie €t d'un manteau; comme sa mère, il |)orle une couronne. La Vierge est assise dans un Ouiteuil en hois où l'on découvre encore quel([ues peintures, vers la partie supé- rieure, seule visible depuis que le- siège a été encastré dans un grand piédestal assez moderne qui a doublé la hauteur de l'ensemble. J"ai décrit la statue dans sa sim|)licité native, telle qu'on la vit longtenq)S exposée à la vénération des fidèles, c'est-à-dire, dépouillée des étoffes dont elle est mainte- nant couverte. Sous ces vêtements qui descendent jusqu'à la base du socle moderne, la Vierge parait être debout, et [)roportionnellement de haute taille. On n'aperçoit plus que sa tête, et, au-dessous, dans la perpendiculaire, la tête de l'enfant qui se fait jour à travers une ouverture de la robe de sa mère. Tous les deux ]»ortent, |)ar dessus leur couronne de |)lomb , une couronne dargont , royale pour l'enfant, rayonnante pour la mère. La main droite enlevée à la Vierge a été soudée à un avant-bras d'argent que l'on a fixé, dans le bois du siège, à la hauteur con- venable pour produire l'illusion. Les doigts ont été repliés et tiennent un sceptre. Les artistes du moyen-âge n'auraient certainement pas traité avec autant de soin les draperies des statues si nombreuses de la Vierge qui sortirent de leiu's mains, du xir- au xvie siècle ; ils ne les auraient pas relevées d'or, de couleurs et d'incrustrations si Tusage 0 il était peu répandu. Cet auteur a décrit plus do cenl cinquante statues, et pour douze ou quinze, au plus, son dernier coup de pinceau est celui-ci : Adonuinla con difercntes mantos, ou bien : Tiene vestidos diferentes con que la vislcn y adornan. Or, l'exactitude minutieuse qu'il apporte dans ces descriptions ne laisse pas supposer que cette particularité ait échappé, ou n'ait pas eu de valeur à ses yeux; et l'induction tirée de son silence peut être regardée comme rigoureuse. Genre espagnol! disons-nous : les touristes l'ont dit, et nous le répétons après eux. Va pour le genre espagnol! mais n'allons pas croire que l'imitation soit restée circons- crite à notre province. On lit dans un rapport de M. de Caumonl à la Société Française d'Archéologie, qu'il dirige et préside si habilement : « La Vierge-Noire-de-Notre- « Dame est couverte de vêtements, comme la plupart « des madones. » {Bull, momim. xx. 120.) La madone dont parle M. de Caumont est celle de Dijon ; la mode aurait donc fait bien du chemin de proche en proche. Est-ce par forme de protestation contre le genre espagnol, qu'on a chassé de la niche centrale du joli retable de Notre-Danie-de-la-Malgrana, à Saint-Jean de Perpignan, l'ancienne statue de la Vierge? 11 aurait sulli de lui enle- ver ses vêtements d'emprunt. La statue qui l'a remplacée a le défaut capital de n'être pas en harmonie avec les peintures du xvic siècle qui l'entourent. La Vierge de Thuir est connue sous le nom de Notre- Dame-de-la- Victoire , et ce nom lui vient de loin , s'il faut en croire les récits de nos pères. Charlcmagne, prêt à marcher contre les Sarrasins , avait placé la sainte image au milieu de son armée. En présence de l'ennemi, sur les hauteurs de Passa , les Francs , brûlés par une soif ardente, laissent tomber leurs armes. Charles, plein de confiance en la patronne qu'il s'est choisie, l'invoque, et, plongeant son épée dans le sable d'un torrent dessé- 23 ché, en lait jaillii' une source alxindante. Les soldais épuisés se désallèrcnt, volent ii l'ennenii et le refoulent au-delà des monts. Le monarque victorieux fonda sur le lieu témoin du prodige une abbaye qu'on ap[)cla Moneslir- del-Camp. Mais Cliarlemagne ne fut pas toujours là pour défendre nos frontières; Finlidèlc porta de nouveau le fer et la flannnc dans ces clianq)s témoins de sa défaite. Notre-I)anie-de-Ia-Victoire fut alors soustraite à leurs profanations, et sa trace resta longtemps perdue. Un berger, à la reclierche d'une brebis égarée, retrouva la statuette dans un bois épais qui couvrait la place où s'élève aujourd"liui Tliuir. On bàtil une cbapelle en mé- moire de celle invenlion, et peu à peu les babitauls de Tliuir, alors distant d'un millier de pas, vinrent grouper leurs babilations autour du sanctuaire. Le respect dû à cette légende n'a pas étouffé tous les doutes. On avait lu dans la cbronique d'Adon, qu'en 772 « le glorieux roi Cliarles détruisit cbez les Saxons « le temple d'Adermensul, et que là, son armée souf- « frant d'inie soif cruelle, tout-à-coup, en plein jour, « du milieu d'un torrent , jaillirent des eaux abondantes « où se désaltérèrent lioinmes et chevaux. » (llislor. drs (iaulcs, V. Ô18.) Et tandis que les annales dcFulde, la cbronique d'Hennan et autres attestaient le même fait en termes presque identiques, Tauleur du Plùlomcna s'en emparait à son tour pour le transporter au centre de la Seittimanic. Est-ce en Allemagne, est-ce à Carcassonne, est-ce au pied des Pyrénées qu'il faut placer le renou- vellement du prodige dTloreb? On se demande en outre si, malgré les allirmations de Toniicb, Pujades et bien d'autres, il n'est pas permis de croire que Cliarlemagne n"a jamais visilé nos contrées (voirie Publicalctir, 1805, p. 12 I. Quant à l'origine du Moncstir-del-Canq), elle est plus moderne : l'occasion d'en dire un mol va se pré- senter dans les numéros suivants. ■2'i Revenons a noire statue. A [jarl la imililalion déjà signalée, elle est dans un bon état de conservation. Sa couleur la place parmi les statues que l'on appelle Vierges noires; mais il n'en a pas été toujours de même. On aperçoit encore des restes de pointure sur les ligures et sur les mains, et des traces de dorure sur les draperies. Quel est son âge? Un archéologue espagnol, iM. le duc de Solferino, la croit du viiie ou du ix^' siècle; se trou- vant à Thuir, il y a quelques années, il y développa cette opinion devant quelques habitants de la localité. Ses arguments n"ont laissé d'autre souvenir que la conviction des auditeurs; j'ai pu voir seidement le Tort joli dessin de la Vierge en bois du château de Centellas qu'il envoya plus tard à l'appui de sa thèse orale. Mais a-t-on bien compris la pensée de cet archéologue? La figure calme et régulière de notre Vierge , le naturel des poses , le mouvement des draperies, tout annonce la bonne époque de la fin du xii^ siècle ou des premières années du xiii^. L'inscription mater dei, dont voici le fac-similé, ne contredit pas cette date. On ne l'a pas gravée après coup ; elle est en relief, elle est sortie du moule avec le socle qui la porte, en même temps que la statue qui fait corps avec le socle. Les statues en métal sont rares dans nos pays; Camos n'en cite que deux, celle de Thuir et une autre qui est en cuivre. 171. — Église, xiiie siècle. : + : ANNO : DO.M. . . . • M : Cf, : LXXX. . I : XI : K LS : OCTOBIUS : VLIEK 25 : PKi ^1 : CEiiM s['i:i; Nis : T viin vu : OM i NOS TEU : r... : ANI j Kl i Les lacunes de cette inscription, à partir du milieu de la troisième ligne, peuvent être facilement restituées au moyen de la formule si connue : Qui iumuhim cernis, etc. CAMIXAS. 172. — Porte de l'église, xii*^ siècle. VIII .; w : MAI .; oiiiii ; t.\iL\ MATI:R : PETRI •: DE j CAMEIJS : Au-dessous, une croix inscrite dans un cercle. i 73. — Cimetière. 1302. Au milieu du cimetière de Camélas, contigu à l'église, s'élève une croix en fer à branches égales formées d'en- roulements légers, et montée sur une ham|)e octogone de di.v-huil millimètres d'épaisseur. Sa hauteur au-dessus de la pierre cylindrique qui lui sert de base est de deux mètres. Sur une plaque du même métal, large de huit centimètres, haute de cinq, et soudée à moitié hampe, est buriné le nom du donateur avec la date : MOSSEN lOAN • PERE CI G VET FEV • FEK li)92. Jean-Pierre Ciguct, natif de Camélas et prêtre bénéd- cier de Saiiil-Jean de Per(>ignaii , avait été inlenlit à la 2(> suite triinc rixe accompagnée de ineiiiUe. Il se relira dans sa laniille el denienra suspens toulo sa vie, quoirpie la victime l'eût justilié, avant de mourir, en s'avouanl coupable de provocation. Il tant lire ce détail biographi- que dans les mémoires naïfs qu'écrivait, il y a plus de deux siècles, Mossen Honorât Cuiro, prêtre et natif aussi de Camélas. On y trouve l'éloge de Pierre Ciguet comme peintre et comme calligraplie; je cite ce dernier Irait textuellement parce qu'il est très-court : « Foncli moll « bon scriva, o ténia inolt bona pluma, del cpial da « teslimoni lo llibre dels baulismes era landie i)intor, « testimoni la figura de un Christo de pinsell ab iNostra- « Senyora y sant Jolian, loqual esta devant la porta de « la iglesia. » 174. — Cloche, xv" siècle. t XT'S RE\ VENU IN PAGE DEVS HOMO l-ACTVS EST. AVE MARIA i llTs AVrEM TRANSIENS TER MEIUVM ll.t.ORVM IBAT FOR<^)UES. 17o. — Porte de l'église. lo42. f ANNO : DOMINl : M : CGC : XLII : NONS : NOVEMURIS : OBIIT : DOMINVS : GVILf.ELMVS : GER || ARDI • EliDOMADARlVS : DE : FVRGHIS || QUI : INSTITVIT : ANNIVERSARIVM : V fquinque) \ SOLIDORYM : DIE : OBITVS : SVI : ifi : PRO MIS II SIS : ET : U : PAVrERlDYS : i (c.hrhli) ■ IN PANE 1| FRACTO Sous une ogive trilobée que couronne un fronton garni de feuilles rampantes, le défunt, gravé au trait, revêtu d'ornements sacerdotaux, la tète nue, les mains jointes. Aux deux angles d'en haut, dans le champ, écussons chargés d'un lion. L'épitaphe part du bas de la bordure à gauche, fait le tour, et rentre dans le chanij) au mol FHACTo, placé iiiiniécliatemenl au-dessous de la date- Deux autres mots gravés auprès de la tête du défunt sont a peu près mutilés; fun d'eux pourrait être cleuici. 176. — Église. Cloche. Ii55. iils xfs \'i:mt in v\œ i)i:vs iiomo i-agtvs est SANCTE MARTINE OllA TRO NOBIS LANY Mir.CCCGXXXVFV FET rOXTELLA. 177. — Ancien cimetière. xiiF siècle. HOC lACI'T IN TVMM.d liiaiNAIlDVS IVNGE SEr T : SVrERiS : .... ; !■ ESTIÎSA : Kt deux autres lignes, où l'on ne distingue plus (pie des lettres isolées. 478. — Ancien ciFuetière. xiiF siècle. Deux autres pierres tuniulaires ne portent nue le nom du défunt. L'une existe encore : IIIG lACET GVlLf.ELMVS GVINARUI. L'autre est perdue ou recouverte par le nouveau crépi jeté sur l'extérieur de l'église. La voici d'après un estam- page pris il y a quelijues années, et qui me laisse des doutes sur le dernier mot : IlIC lASCET (fie) ARNAVDVS DVOATA 179. — Tour-des- Vents. Pnblicaleur. 18Ô5. N-^ 49. Au territoire de Pontella, près la métairie de SaiiU- Nicolas, lieu dit Tour-dcs-Vods , M. Jauberl de Réart ■2H découvrit, en 1855, des substiuctions aiiliqiies. Le sol légèrement louillé à l'aide d'un bàlon, rendit au jour quelques débris de poterie rouge^ et, parmi eux, le fond d'un vase avec celle eslampille : CN • ;î:f- ■ ( CNetHs JEUus ) Le numéro du journal où ce cachet de potier lut publié porte JEi au lieu de ^el. La variante ^el m'est fournie par une copie faite au moment de la découverte, et, dit-on, de la main de M. Jauberl de Réart lui-même, jei serait donc une faute d'impression. Je n'ai j)u découvrir ce qu'est devenu le vase. Sur un autre fragment était le premier mot d'une seconde estampille : OF • {Oflicina.J La Tour-des- Vents est retombée à tort dans l'oubli depuis 1855; je n'ai pas appris qu'on y ail tenté de nouvelles fouilles. moivestir-di:l-camp. 180. — Église. 1505. : ANISO 1 DOMINF : M : CC : XC ; H • XI : [J[> (sic) \ MARCll j OBIIT : DOMINA j BEATRIX • DE • TAVTAVLLO : FILIA : CONDAM | GVILLELMI I DE : SARAGVOSSA MILITIS. : ANNO : DOMINI : M : CGC : il : xll : iJf. (sic) : MAUCII : OBIIT : DOMINA : SIBIF.IA : DE : ATCIAO : FIIJA : CONDAM = GVILLELMI : DE : SARAGVOSSA • MILITIS : Entre ces deux épitaphes <|ui occupent les bordures horizontales, un bas-relief représente Jésus-Christ sur la croix , entre sa mère cl saint Jean. On remarquera l'abré- viation lïïï, pour calendas, deux fois répétée si clairement 21) (\\\"i[ ny a pas à st^ Diépiviulre. Je ut: lai rtMUîonlivt.' imlh^ autre pari. Les dates doivent être lues 1295 et 1307), suivant la règle posée au n" lOi. Nous dirons un mot tout à l'heure (n" 183), de la famille Saragossa. On a vu in" 170) (jnelle origine VKcanijilc des qiic- iinuiUcs donnait au Monestir-del-Camp. Il y a beaucoup à décompter de cette glorieuse antiquité. Les cendres du grand Uoi étaient depuis longtemps refroidies, lorsque révèque d'Elne, Artal II, fonda la communauté del Camp et la mit sous la direction d'un de ses chanoines, avec le titre de prieur, vers la lin du xi'" siècle. Il est vrai de dire que l'église était déjà construite et qu'elle avait été donnée à l'évêque par Raymond-Guillaume de Rocaberli. Ce prieuré fut sécularisé, avec tous les monastères de la règle de saint Augustin dans le lloussillon et la Cerdagne, par huile de Clément Mil donnée aux calendes daoùt 1a92, à la prière de Philippe 11, roi d'Espagne. 11 fut H'gi depuis lors par des prieurs séculiers dont le dernier, Antoine de Lante-la-Rovère , prit possession de la com- mende, le l*^'" juillet 1789. « Il n'en reste plus aujour- « d'hui , disait le docteur Carrère à la lin du dernier « siècle, que le titre prieural, (}ui est en commende, et « rapporte 3.000 livres; et celui d'un cure ou vicaire « perpétuel avec le titre de chanoine, qui jouit d'environ « 1.200 livres. L'église subsiste encore avec quelques « portions des bâtiments qui servent aux fermiers. » La porte en marbre blanc, à double archivolte, est dans un bon état de conservation. Les chapiteaux de ses colonnes sont curieux ; le baron Taylor en a donné le dessin dans son grand ouvrage. 181. Cloître. 1307. ANNO : DDMIM : m : cjc : \ii : AC.TA : F\[;UVNt : lll.C : 30 L'a linâi »'t tnoitié de lu i[\n le pirrèile soiii à iieiiic tracés à la poiiiio. Pourquoi ces lettres iuaclievées? (Jiii arrêta le ciseau i)rêt l\ graver le nom ^lu Prieur sous le- quel lut élevé le cloître ou le nom du maître-d'œuvres qui le construisit? Ces questions ont été posées, discutées, mais non résolues : je ne me charge point d'éclaircir le mystère, si mystère il y a. Le cloître du Monestir-del-Camp, le plus petit des cloî- tres qui nous restent, est un quadrilatère irrégulier. On y compte vingt-sept arcades, portées sur des colonnettes simples, et maintenues aux quatre angles par des piles carrées. Le dessin de l'arcade est un tribobe ogival renfermé dans une plus grande ogive. Nous devons la conservation de ce monument aux soins intelligents du propriétaire, M. Jaubert de Passa, trop tôt enlevé à son pays et à la science. D'autres mains l'eussent probable- ment laissé tomber de lui-même en ruines; les arcades poussaient au vide sous le poids de Tappentis qui couvre les galeries; il était urgent de les relever. On souleva l'appentis, et sans déposer une seule pierre, le frêle appui fut remis en son aplomb. Cette opération délicate a parfaitement réussi. 182. — Cloître. HOH. DE VILLA r.ONGA liEKTRANDVM ; PETRA SIGILLAT ,• OSSA LAPIS RETINET ; SPIRITVS ALTA PETIT MILITAT IN CELiS ; QVI MILE S ; IN GRUE REFVLSIT -, CVI CORVS ANGELICVS (iA VDET ADESSE COMES . • lîll CESSIT ID9 IVNII ; SVIi MILLE nVCENTIS AÎNNIS xT»l ; SVNT on llll INOE MINVS -, 31 Nous n'avons pas lronv('' et nons no Iroiivcrons pas de ïnarhrc aussi barharonitMU gravé (celui de l*ia, n" 155 n'est rien auprès). Il se dislingue en outre par le genre de récriture qui est la minuscule des manuscrits de réj)0(pie; on y retrouve cei»endant I'e oncial, et une seule majuscule n placée en tète. Le type de la ponctuation a été pris à la même source ; c'est le point, simple ou double, mais toujours accompagné de la virgule, sauf à la septième ligne où l'on trouve les trois points posés en triangle. Le lapicide improvisé, qui fait ici son appren- tissage, n'avait jamais écrit que sur le vélin. Dans une transcription dont il existe plusieurs copies, l'abréviation IN de la dixième ligne a été rendue par infua; j'aime mieux inde. Le sens est peut-être plus clair avec infrà, mais la leçon n'est pas régulière. On pourrait ajouter que la i»ros()(lie s'accommode mieux de ind!\ si les règles de la quanlité avaient quelque chose à voir dans la "poésie du xiF siècle, témoin ici même idus et junii, qui font tache après les deux premiers distiques. 185. — Cloilre. 1269. ; t : ANNO : DOMIiM : M : cc : LX \ Vlli : XIH : KLS : FE BROARII : OBIIT j DOMINA : BERENGVAIUA : DE SARA " r.OSSA : CViVS : IN HOC TVMVLO \ l'EUSISTV NT : OSSA : SEPVLTA : QVI TVMVLVM CERNIS i CVR NON MORTALIA Sl'ERNIS : MVNDO NE CREDAS : QVIA NESCIS QVANDO RECEDAS : ROGVO (sic) : DIC PATER NOSTER j PRO ANIMA ME\ : Le 8 des calendes de juillet 1200, une autre Réren- gère de Saragossa, veuve de Guillaume (celui de l'ins- cription 180 sans doute), fait aveu de féaulé à IJernard Ids d'Ainaud Berlrand de Corbéra, pour les (iefs qu'elle possèdi' aux tcrroiis de Saini-l>ierre de Corlu-ra ei d,. •y} Saint-Julien de Vallventosa. Le 29 janvier 1412, le seigneur de Corbéra . dame Iluguèle de Ça Garriga , appelle à reconnaissance féodale, i)Our les mêmes liefs, Jacques de Saragossa, domicilié à Millas, descendant de (iuillaume. On retrouve ainsi très-souvent cette famille dans nos vieilles écritures pendant quatre siècles. Citons un dernier trait de ses annales : En i52i, P>ançois de Saragossa donna un rare exemple de fidélité, au milieu des trahisons qui souillèrent cette époque, et précipitèrent la chute de la dynastie Mayorquine. Cwouverneur du châ- teau majeur de Perpignan , il n'en rendit les clefs que sur un ordre écrit de la main du roi Jacques déjà dépos- sédé par Pierre IV d'Aragon , et prisonnier de ce prince à Elne. Voir pour la date de cette inscription l'observation faite au n» 104. 184. — Cloître. 1006. : t : ANNO : DOMIM : M : JcG : VI : VÎll : kls : MAY : l'ETr.VS : lOllANMS : BAIVLVS : DE PACIANO : TRANSLA TAVIT : OSSA : MARIE : TAI.AVIS : CONDAM = DE I.VPIANO : AVIE : SVE : ITEM : OSSA : ARNAF.DI : TALAVIS : SAnUSTE : ['ACIAM : EIIJI \ DICTE : MARIE : QVI : INSTITVERVNT : HVIC : MONASTERIO : \II \ SOLIDOS : BARCIIINONENSES : ET : M i DENARIOS \ l'RO ANM VERSA RUS ; SVIS j En 1310, on trouve un membre de cette famille, Jean Tallavis, nommé Bailli de Passa par Renaud de Martigny, administrateur perpétuel du prieuré. 18o. — Cloître. 1311. ANNO i DOMIM ; .M \ CXT. : \l : xîll • k.M.S : IWIl \ OBIIT tiVlLEELMVS : TEVI.JCII : DE VILLA j MVLACIIA \ QVI : MIGRAV 33 IT : DIK : ASCKNSIOMS : HOMINI : QVI : TVMVLVM : CKUNIS GVR : NON •: MORTALIA : SPERNIS : IVIVNDO : NF. • CRK DAS : QVIA i MiSCiS : QVANDO | RECEDAS ROGO : DIC I PATER f NOSTER \ PRO : ANIMA : MEA ROGO : DIC : ET : AVE : MARIA ' f 186. —Cloître. 1525. ANNO : DOMINI = M : CGC : llll : il NNS AVGVSTI : OBIIT : DOMINA : AVDA VXOR : RAYMVNDI : FABRE : DE \ bWA \ QVI : TVMVLVM [ CERMS : CVR : NO N I MORTALIA | SPERNIS : MVNDO NE ;• CREDAS : QVIA NESCIS j Q VANDO : RECEDAS : ROGO | DIC : PAI'ER : NOSTEIl : PRO j AMM A : MEA I DJSENDO (sic) ] SIC \ AVE j MVRIA ANNO •; DOMINI i M : CCC : XXIII : in : KÀLS : NOVEMBRIS : OBIIT | PETRVS : DE BVLA : CANONICVS ; QVI TVMVLVM : CERNIS : CVR NON : MORTALIA j SPERNIS MVNDO : NE : CREDAS | QVI A -: NESCIS : QVANDO : RE CEDAS : ROGO : DIC : PATE h : NOSTER : i>RO : ANIMA : MEA : 34 Ces deux épifaplu's ne sont pas sur le marbre , comme dans la copie, a la suite l'une «le l'autre , mais en regard et séparées par une moulure. On est étonné de ne trouver au cloitre du Monestir aucune tombe de prieur. Avaient-ils leurs caveaux dans l'église? Il n'y en reste pas plus de traces que dans le cloitre. ORTAFA iSl. — Église. XF siècle (?). PETRVS : AMELI .; S\Œ RDOS : PRESHITERI : AD ECLESIAM IIONO RE SANCTE EVGENIE Je me suis trouvé assez embarrassé pour classer chro- nologiquement cette inscription. Les fautes de syntaxe m'ont déterminé pour le xi« siècle , autant que l'écriture, dont voici un spécimen : P ETRV S Il faut y joindre un e cursif et le c carré, quoique cette dernière forme persiste chez nous jusqu'aux premières années du xiiiR siècle, et soit par conséquent très-peu caractéristique, prise isolément. Quant à la syntaxe , je ne trouve pas après le xi^ siècle une série de solécismes comme celle-ci : Sacerdos près- bit eri ad ecclesiam honore. 35 SAiivT-PArr. 188. — Porte de l'église. 1507. ANNO : DOMINI j M : CGC : VII : III : ID9 : DI'Œi^lHUIS : 0BIIT|( DOMINVS : lOlIANrqES : NDEDES : HECTOR : ECLESIE : SAXCTl || PAVLI : CVIVS : AMMA : EIVS (sic) : REQVIESCAT : IN : PAGE : AMEN : DICATIS : PATER • NOSTER || PLA^GITE : QVI CVPITIS : MORTEM : VITARE : SEVERAM : QVOD : SVM : VOS : ERITIS II QVIPPE : VOS j ESTIS : ERAM f 0 TV : QVI TRANSIS : UOMINVM : ROGARE : MEMENTO || PRO ME : QVI : lACEO : TVMVLATVS : IN HOC : MONVMENTO : AGITE : PENITENCIAM SbUs le point de vue paléographiciue, cette inscription est une variété , à cause du grand nombre de petites lettres gravées en interligne. On n'y en compte pas moins de quatre-vingt-sept, et la plupart ne sont pas abrévia- tives. Il n'y a pas de règle uniforme pour la lecture des mots, dont la moitié est ainsi superposée à l'autre moitié. DCTS (décatis), j,^^^,'^ (plangite), [J;J[{ frogare), par exem- ple, doivent être lus dans un autre ordre que J'^^, (erilis), ^P^j (affile), j>Y (cujus), et des uns comme des autres se distingue [\]j,^jq (mémento). 189. — Porte de l'église. 1515. ANNO I DOMINI | M | C(T, f \lîl | il | ID9 | MADII FVIT 1 INCI:P TA | ECrÊSIA I SANGTI Ï^ETRI APOSTOIJ I Deux cercles concentriques, sonnnés d'une petite croii au pied liclié, prenneul toute la hauteur de la pierre entre les bordures, de sorlc (pie les trois lignes de Fins- 36 criplion sonl coupées au milieu , la première par la petite croix, les deux autres par la circonférence du grand cercle. Du centre de cette roue symbolique, dont le sens m'échappe, partent des rayons (jui s'arrêtent à la circon- férence du petit cercle. Est-il besoin d'ajouter que très- positivement ce n'est pas un cadran solaire, comme je l'ai entendu soutenir? 190. — Cloche. 1348. LANY MIL CCCCC XXXXVIIt . SANCTE PAVLE ORA PRO NOBIS Le cinquième c pourrait bien être une l, ce qui chan- gerait la date de 1548 en 1498. Je n'ai pas vu la cloche d'assez près pour éclaircir ce doute. Sur une autre plus grande, mais plus moderne, on lit ces deux vers connus : t L.VVDO DEVM VERVM TLEBEM VOCO CONGREGO CLERVM DEFVNCTOS PLORO PESTEM FVGO PESTA DECORO. suivis de l'acclamation : sancte pavle or\ pro nobi<; NOTRE-DAME DE LA VALL. 191. — Oratoire de Sainte-Anne. 1485. LANY MIL CCCC Lxxxm A Xllt DE MARS FOC CO MENSAT LORATORF. On rencontre l'oratoire de Sainte-Anne à un kilomètre environ de Caudiès , au bas du plateau sur lequel s'élève l'église de Notre-Dame de La Vall , dont il est fait men- tion dans la bulle de Serge IV constitutive du monastère de Saint-Paul-de-Fcnollet , en 1011 : Et ccdesium sandœ Alariœ de l'aile. Notie-Dame de La Vall n'est plus qu'im ermitage. DEUXIEME ARRONDISSEMENT. ci:ret. 192. —Église, petite porte. 11284. : ANNO : DOMIM : M : CC : LXXXllII : I (?) : AVG VSTI (?) : OBIIT j DOMINA \ UERENGARIA : DE : VALCROSA : V XOR j RAIMVNDI j TRILES : MILITIS : DE ; CERETO : CVIVS | ANIMA : REQVIESCAT : IN ; PAGE : SEPE : RECO RDERIS : BONE : FRATER : QVOD : MORIERIS : CVM TE RES : PVLCRA ] RLANDIIVR : GERNE • SEPV LCRA Au-dessous une croix patlée , au pied fiché , accom- pagnée de deux écussons chargés aussi d'une croix. 193. — Église, près de la grande porte. 1521. ANNO : DOMIM ■ M : CGC : XXÎ : V : ID9 : APRILIS : OBIIT : BER NARDVS : SALINI (?) : DE : CERETO : ITEM : XH | KLS : AVGVSTI : ANNO : DOMINI : M : CCG : IIH : OBIIT : DOMI NA : SAVRINA • VXOR : EIVS : QVORVM (?) : ANIME : PER j PEI : MISERICORDIAM REQVIESCANT : IN | PAGE j AMEN | 194. — Eglise , grande porte. 1598. LANY : DE NOSTRE : SEVOR : M CCG : lAXXXVIIl : FO KEYTA AQESTV : poi;rM.I'U\ : 3S Porte à quade archivoltes soutenues par des colonnes, seul ornement des parois verticales. C'est, avec le clocher, tout ce qui reste de l'aucieuue église; mais en la respec- tant on l'a écrasée sous une grande niche à plein cintre et fronton brisé, type du style architeclonique à l'époque de la reconstruction. 195. —Cloches. 1488. MENTEM SANCTAM SPONTANEAM IIU.NOKEM DEO ET PATRIE LIBERATIONEM • LANV MIL CCCC LXXXVIII. Sur une autre plus petite. t IHS X?S ME FECrr lOIIA GIL LAY M CCCC LXXXVIII. Nous connaissons dçjà Johan Gil (o» 59); nous trou- verons bientôt la génération antérieure de cette famille de fondeurs. TALLET. 196. — Église. 123-1 OBIIT : BERiNAJlDVS : TEXTORII : VJIII • là : APRILIS : ANNO. • X m i ce i XLIIII : VII : iTl : MAI : ANrSÔ : X : M : ce : L : IIII : OBlil : SE BILLA : VXOK : EIVS : D après une copie Ugurée qui ma élc c(»mmunique(' par M. Alart. 39 SAINT-JEAN-PLA-DE-CORTS. 197. — Église. 1225. t ANNO : M | CC : XXV : VII iTÎ. WMUS : F VIT IK ANSLATATA llIC : SAVRINA • VT AiNIMA EIVS REQVIESCAT IN PAGE : Au-dessus, à l'intérieuf du cadre, daus l'augle de droite, une main bénissante, et dans Pangle de gauche, une main portant un encensoir. 198. — Cloches. i SANCTA BARBERA ORA PRO NOBIS ; SAN lOAN BATISTA TOMLS J'ignore la signification des cinq dernières lettres. Les caractères de cette inscription sont semblables a ceux du bourdon de Saint-Jean de Perpignan, fondu en 1418 (no 56). Sur une autre , aussi sans date , mais plus ancienne, de forme très-évasée, sans aucun ornement : f MENTEM : SANTAM (sic) \ SPONTANEAM : HONHOREM {sicj [ DEO : ET : PATRIE : UBERACTONEM (sic) Une autre cloche, du xv^ siècle, et du poids d'envi- ron cent kilogrammes, se voyait encore, il y a dix ans, dans un grenier à foin de l'ancien château du lieu. On y lisait : XPS REX VENIT IN PAGE DEVS IIOIMO FACTVS EST LE VOLO. 199. —Église, a côté de la porte. 1220 (?). Baron Taylor, Vo;/. Pittorcs., planches. 40 • ANNO : \PI i MILLi:siMO : CC j VICiKSIMO \ SECVNOO : IDVS : NOVI'VIBRIS : OBMT : IM'TUVS : DE CASLLMS • • • • • QVi SVl NEPOTIS ARTE I VCET lUC TVMVLATVS : HIC SEMPEIt IKETVS : OFICIO l'KESBIÏEUATVS En chef, à l'angle de droite, une main bénissante; au milieu , une croix grecque au pied (iché , accostée de deux chandeliers. Une guirlande de feuillages encadre ces ornements et l'inscription. Le sens de la quatrième ligne a besoin de commentaire. En prose on aurait écrit simplement : Listituit presbitemm pcrpetuum , formule ordinaire de la fondation d'un obit, telle que nous la trouvons a chaque pas (voir n^s 90, 101, 106, 109, etc.). 200. —Cloche. 1436. t PATER EST PAX FILIVS EST VITA SVIKITVS SANCTVS EST REMEDIVM MAESTRES YPOLIT GIL E lACME GIL ME FECERVNT LANY MIL- CCCC- XXXVI- Diamètre de la cloche : l'»,02. J'ai signalé déjà cette autre génération de la famille Gil (voir n^ 193). 201. —Maison Vilar, auge du puits. 1547. : VIR : CIRGVMSPECTVS PRO : VIDENGIE : HONORABILIS : BERNARDVS : lORDAM | QVONDAM : BAIVLVS : HVIVS : L0CI : lACET : me : QVI : OBIIT : X : DIE : IVLII : ANNO : DOMINI : M i CGC : XLVII : GVIVS : ANIMA ; REQVI ESCAT : IN : PAGE : AMEN ; Sarcophage converti en auge auprès du puits de la maison Vilar. L'inscription est accompagnée de deux écussons à trois fasces ondées, armes parlantes des Jorda , par allusion au lUuive célèlue de la Palesiiric (|uc nous appelons aussi Jorda dans noire langue calalaiie. L'inscription est en creux, les écussons et la bordure de feuillages courants, qui encadre l'ensemble, sont champ- levés. Le sarcophage n'a qu'un mètre de long sur largeur et hauteur proportionnelles. Ces dimensions paraissent avoir été généralement adoptées chez nous, au xiv^ siè- cle, si nous en jugeons par les modèles qui sont restés. Ils ne recevaient que la charpente osseuse du défunt après qu'on avait laissé aux chairs le temps de se consumer dans la terre. On m'a signalé dernièrement un sarcophage semblable dans la banlieue de Perpignan : c'est la tombe de Pons des Barres enlevée au couvent de la Merci de- puis 89. J'en ai donné ci-dessus (n» 73) l'inscription très-inlidèle, d'après une ancienne copie. Je corrigerai plus tard cette leçon , mais dès h présent je demande asile dans notre musée pour un monument qui en est digne, et que le propriétaire échangerait volontiers, je n'en doute pas, contre une auge de même capacité. SAINT-MARTIX-DE-FEXOLLAR. !202. Église. Pointures murales, xu'-' siècle. L'église de Saint-Martin-de-Fenollar forme deux pa- rallélogrammes rectangles, d'inégale grandeur. Le plus |ietit, qui était autrefois l'abside, a ô"','22 de longueur et !2"\4o de largeur; il est couvert par une voûte en berceau qui prend naissance à 2"i,0ij au-dessus du sol. Le développement du chevet, de la voûte et des parois latérales ofl're une surface de 5i mètres carrés, ornée aux qiiatre cinquièmes de ces peintures murales du moyen-âge dont le Poitou garde la plus belle page :t Saint-S;i\in. Klles ont soulVerl du temps et de la main des hommes surtout, mais il en reste assez pour faire bien com|)rendre l'ensemltle de la composition. i2 La représenlaliuii de Dieu le lils, avec son corlége ordmaire, occupe un gros tiers de la voûte : il est assis au milieu d'une auréole ellipti([ue , la têle couronnée du nimbe crucifère, les pieds nus, bénissant de la main droite et tenant la main gauche appuyée sur un livre que porte le genou. Les quatre évangélistes raccompagnent; saint Matthieu, saint Marc et saint Luc tiennent dans leurs bras l'animal qui les symbolise. Chacun d'eux est en outre appelé par son nom dans une inscription de quatre vers écrite sur les deux plus longues bandes du cadre rectangulaire qui embrasse tout le sujet. Voici ce que j'en ai su lire : MATEVS NATVM DE YIUGINI' l'RI'DIGAT AGNVM MARCVS AVREM PER DESERTA AM VERBO PETITA SuVNCTVS (?) lOANNES US AJEDICVS LVCAS TENET ORE VIVEINT. . . (?) Avec ces autres fragments disposés en cette forme sur la ligne du petit axe de l'auréole : D C E A ' X T T R E A T PE V CT I vs N ■s '^ TA S A droite et à gauche de ce tableau central, dans l'es- pace compris entre les longs côtés du cadre et la ligne de naissance de la voûte, sont assis quatorze personnages couverts d'amples vêtements et les yeux tournés en haut, vers limage du Sauveur. De la main gauche ils tiennent élevée une coupe a pied, ou calice, et de la main droite uiie sorte de violon à trois cordes percé de deux ouïes : leur coiffure est un bonnet cylindrique, terminé quelque- 43 fuis par iiii cùue applali el ressemljlaiil alors à une mitre. Sur la paroi verticale, du côté de l'évangile, au-dessous de deux arcades surbaissées, la mort de la sainte Vierge (?) et celle de saint Joseph (?). La peinture est très-altérée. Du côté de ré[)ître, les rois mages conduits par l'étoile, et quelques lambeaux d'inscription qui laissent deviner ce texte connu : vklhnus stellam eius in ORiEN/e, et \Enimus cvm Mvner/Bvs adorxRE Dominum ( Office de l'Epiphanie). On entrait jadis dans l'église par une porte au midi de la nef; mais on a trouvé plus à propos de murer celte porte, de transporter l'autel a l'ouest et d'ouvrir le fond de l'abside. Le pire inconvénient de cette combi- naison, çst d'avoir détruit la moitié des peintures du cbevet. Nous y trouvons encore, au-dessus de la porte, la sainte Vierge assise dans une auréole eu losange , les luains élevées, la tète couverte de la coiffure cylindrique signalée plus liant. Immédiatement au-dessous venaient se rejoindre en s'abaissant vers la pointe inférieure du lo- sange, i)lus basse ipie leur niveau, les personnages peints sup les bandes latérales de la voûte; on ou distingue encore deux au retour d'équerre, de chaque côté de la porte. Dans le bas était l'adoration de& bergers, feisant suite à l'adoration des mages. Dans un pays plus jaloux (jue le nôtre de ses monu- ments, les peintures de Saint-Martin-de-Fenollar seraient déjà calquées, dessinées, gravées. iNous nous contentons de savoir qu'elles existent et nous ne paraissons pas nous soucier de l'apiirendrc aux autres. Il est encore temps de réparer cette négligence, mais il faut se bâter, n'at- tendons |)as qu'un épais badigeon, cm tout autre agent destructeur, nous en aient ôté les moyens. L'église de Saint-Martin-de-Fenollar est a|>pelée La Mulnil. L'origine de ce nom a été l'objet de vives dis- 4'i eussions dans les colonnes du Publicateur de 1852. Cette polémique ne touche en rien à mon sujet. LA CIXS/V. 203. — Église. 1292. t -; TKliCIO i DtClMU : I(LS : MAKCI I •: ANNU : DOMIM \ M i CC : NONAGK SIMO i PHI^IO : OlilIT : PONCIVS : OK CAPITE I AIAGNO : DOMICEIXVS : : DOMINVS : CASTRI : DE j CLVSA : : ROGO : TE : VT : ORES : DEVM : PRO : ME : • • • • • Le cadre est orné de croix à douze pointes pommelées. L'église de La Clusa a trois nefs terminées par des absides en hémicycle. x\ l'extérieur on ne voit qu'un chevet plat , percé de trois petites fenêtres ; il est cons- truit sur la ligne du mur d'enceinte du vieux château a l'est, et c'est peut-être uniquement à cette circonstance qu'il doit sa forme droite, comme plus favorable au système de défense. Le château de La Clusa fut un des points militaires les plus anciens de nos comtés ; nous n'avons pas, dans ce département, de ruines aussi imposantes par leur étendue. ARGELÈS. 204. —Église. Fonts baptismaux xiiF siècle. MAGISTER : GVILLELMVS : ÎMARCIII \ HE VOLONO : .ME : FECIT : • • • La cuve baptismale, où se lit cette inscription, res- semble beaucoup h un grand bénitier. Son réservoir hé- misphérique est creusé dans une table polygonale qui engendre par-dessous une pyramide renversée du tnènie nombre de côtés. Ainsi laite, elle ne pouvait se tenir debout sans un appui étranger; on l'a scellée dans le mur auprès de la porte de l'église. Sa date nous est donnée par l'inscription qui est du xiii« siècle. Guillem March a signé son œuvre en caractères si élégants et si purs qu'on aimerait à retrouver-son nom sur un monu- ment plus digne de lui. 205. — Cloche. 1470. IJTS • ML:MF:M SâNCTAM SPONTANt'AM IIONOREM DKO l-T l'ATI'.IK MBERACIONEM • LANY M CCCC • LXX TE DEVM LAVDAAIVS Sur une autre cloche, de plus fort diamètre, ancienne aussi , mais sans date : LAVnO DEVM VERVM l'I.EREM VOCO CDNCRK^O (ÏÏ.FRVM ni'FVNCTOS PLORO ERMITAGE DE SAI\TE-MA(.OELAI\'E. 206. — Église, derrière l'autel, liii. AGI lAV NANTONI MELER QVI PASSA DAQVESTA VIDA • A ■ VI • DE GFNER LANY MIL • CCCC • XXXX II II Sainle-Magdeiaine , ou, comme on rappelle |)lus eoni- muiiémenl aujourd'hui, Notre-l)ame-de-Vie, est un lieu de pèlerinage situé dans le territoire d'Argelès, an sud- ouest et à demi-lieue de ce village. 207. — Sacristie, xiir siècle. Sous le lavoir de la sacristie de Sahite-Magdelaine a élé mis pour évier un marbre qui n'avait |>as été destiné 16 sans doule à cet usage, quoique sa forme s'y prèle on ne peut mieux. La salutation angélique y est gravée, -partie dans le fond de la cuvette, partie sur le cadre, en écriture des premières années du xiiF siècle, ati plus tard. Au milieu du fond, une croix latine, accom- pagnée, vers les angles, de quatre croix plus petites, à branches égales , inscrites dans un cercle ; aux quatre coins du cadre, des croix semblables. A quoi servait autrefois ce marbre? On ne le sait pas; la génération vivante l'a toujours vu , on croit l'avoir toujours vu sous le robinet de la fontaine. COLLIOITRE. 208. — Église. XI ve siècle. A XIII ANTONI PRKGA : DEVS : PEU i KL : Première et dernière ligne d'une inscription funéraire placée à la plus haute marche du maître-autel, et s'effa- çant peu a peu sous le frottement des pieds; on n'y lit plus rien avec confiance dans les lignes intermédiaires. 209. ÉgHse, ancienne sacristie, xiv^ siècle. ...Mi CGC : OBIlî : DOMINVS : GVILLELMVS : GAVSELMI. . REQVIESCAT : IN PAGE DICATIS : PATER : NOSTEIl : Entre ces deux lignes, gravées sur les tranches hori- zontales du cadre, un bas-relief représente Jésus-Christ en croix, la sainte Vierge et saint Jean, sous des arcades trilobées. 210. — Église du couvent. 1451 . AGI • 1\V r.O HONORABLE • EN • lOHAX ■ CASSES • MERCADER DE • PERPENYA M LO • QVAL • MOlU • CONSDL \ V Dl' . AGOST- ANY ■ M CCCC, • SI iNCANTA IIV (Irande dalle de 2"',r)() de long el 0"',i)0 de large. On la coupée en deux, au tiers environ de sa longueur; le plus petit fragment est resté dans l'église du couvent ; l'autre couvre au cimetière une tombe assez récente. L'inscription, en gothique carrée, haute et serrée, fait le tour de la pierre; aux quatre angles, un écusson ren- fermant une 11 dont la haste est prolongée au-dessus de la panse, et croisée; dans le champ, deux groupes de quatre maisons placées en quinconce, armes parlantes de Cases. On trouve mémoire de la mort de Jean Cases dans le cartulaire municipal de Perpignan, appelé livre des Ordinations, à la date du 25 octobre 1 iol : « Corn nos « altres Frances Andreu, Frances Castello, Thomas « Monner e Johan Barrau , consols lany présent elets « de la vila de Perpinya, ensemps ab lo honorable en « Johan Cases , après de sa electio mort, etc. » {Ordin. i, 558 yo). Pierre Vedrinyans paraît à sa place dans le même registre , en qualité de troisième consul , le 9 décembre suivant. MADALOTII. 21 1 . — Lieu dit le cimeiière. P. Puiggari, Piddicalexir , 1852, n» i2. — Henri, Guide en Roussillon, page L^i2. — De Gazanyola, llist. du Ronssillon, page 25. VAFP l'M 1 V se L I K l'M- M. p. Puiggari a donné l'explicatiim suivante de cés: sigles : 48 H xxlerius liacciis , pruefedus vraesidii , yiomimentum M lussil, \ivus, sihi condi, loco intersepto Et EMunito. « Valôi'ius Flaccus, commandant de la forteresse, s'est « fait construire , de son vivant, ce tombeau dont la « place a été circonscrite et défendue par un mur. » Cette interprétation fut publiée, en 1832, sous la pro- tection d'un si quid novisti melius, auquel personne encore ne s'est chargé de répondre. Les variantes que l'on a proposées n'offrent rien de sérieux ; elles ne chan- gent ni le sens ni le style du premier thème , et l'énigme reste entière. Quelques personnes ont suspecté l'authen- ticité de l'inscription elle-même, d'après de vagues don- nées, et probablement sans l'avoir vue. Les amateurs qui voudraient éclaircir leurs doutes a cet égard, trouveront le monument à 800 mètres environ, nord-est, de la (our de Madeloth , entre le -puig de Tallaferro et le coll de MoUô, sur un étroit plateau que les gens du pays appellent lo sementcri. Ces indications ne les dispense- ront pas de jirendre un guide pour s'éviter des recher- ches pénibles et peut-être sans résultat. Les rares habitants de ces coteaux solitaires connais- saient depuis bien longtemps la pierre écrite; dans leurs idées , elle couvrait ou indiquait le gîte d'un trésor ca- ché, mais après avoir inutilement bouleversé le sol à plusieurs reprises, ils ne faisaient plus cas du signe menteur. En 1825 des bergers, encore abusés par la vieille tradition, entreprirent de nouvelles fouilles avec une ardeur qui les trahit. M. Pi, de Cosprons, proprié- taire du terrain où se poursuivaient les recherches, vint les interrompre en se rendant sur les lieux. Il y trouva nos sigles gravés sur une grande dalle de pierre schis- teuse dont il avait ignoré jusqu'alors l'existence. Près d'elle gisaient deux autres dalles de même longueur, mais plus étroites, qu'on lui dit avoir été posées autre- fois de champ et recouvertes par la plus grande. M. Pi i9 remarqua en outre qu'à six pieds environ à l'entour de oes dalles, perçaient les fondations d'une enceinte con- tinue. C'est de ces circonstances, et du voisinage de ((uelques ruines appelées lo Castellet, (pie i\I. Puîgj^ari conclut à la signification des quatre derniers sigles : loeo intersepto et cmuuito. TATSO. 212. - Porte de l'église, xiiie siècle. ...KALElNDAS MADI! OBIIT BERENGARIVS TACITONIS. ■ . FAMA VIR[ FLORET ET MILITAT EIVS HONORI. . . ATQVE NESCIT CVM MORIENTE MORI D'après une copie de la main de M. P. Puiogari Je n'ai pas su retrouver cette inscription. " LA ROC A. 215. — Porte de l'église. : INTVS : CLAVSVRAM : IIVIVS TVMVLI : ATQVE : STRVCTVRAM TRANSLATA SVi\T CORPORA BERNARDI COREDI ET VXORIS ET OMNIS GENERIS EFVS ET : BARTOLOMEf : GRAMATICI : ET : VX Au-dessous un espace égal pour cinq autres lignes qui n ont jamais été remplies. 214. —Cloches. 1407. 1426. 1459. _ANG^;LE DOMINI PENTESON QVI CORPVS DOMIiM NOSTRI IHV XPr IN MONVMENTO CVSTODISTI CVSTODI NOS Ali OMNI ADVERSITATE ET FVIGVRF IT TEMPESTATE :- P t X .;. U f N M,AN MIL CCGC ' VII ' 4 50 Celte cloche a 0"\97 de dianièlre, el donne le la. Les sigles p • X • D • N • sii,Mii(ienl : pax Christi Donthu nostri. Je trouve cette lormule sur uue autre cloche plus moderne. Angcle Penteson pouiTait se rendre par : Ange de la douleur, ou Ange du deuil, du mot grec ttcvÔ/oo, je pleure, je suis dans le deuil. XPS : VINCIT : xFs : lŒGNAT : XPS : IMI'KUAT : XPS ; NOS : DEFENDÂT : |1 LANY : MIL : CCCC : XXVI : MAESTRE ; POLIT : GIL : ME : FEV | Hippolyte Gil est sans doute celui qui a fondu la clo- - che du Volo en compagnie de son parent et associé Jacques (voir n» 200). t liiS : MENTEM : SANCTAM : SPONTANEAM * HONOREM : DEO : ET PATUI || f ANNO : DOMINl : M : CCCC : XXXIX : X'PS REX VENU IN PAGE DEVS HOMO Les deux formules sont incomplètes faute d'espace. VILALLONGA-DELS-MOM'S. 215. —Église. Cloches. 1410. XPS VINCIT XPS REGNAT X?S IMPEKAT XPS AB OMNI MALO NOS DEFENDAT AMEN • M • CCCC • X • MENTEM SANCTAM SPONTANEAM nONOREM DEO ET PATRIE LIBERACIONEM • M • CCCC • X • LE VILAR DE VILALLOIVGA-IJELS-MOIVTS. 216. — Porte de l'église. 1245. : XV : KL : SEPTEMBRIS : AN NO i : DOMINI i M • CC : XL : III : omiT : RAIMVNDVS DE : ORVLO i PREPOSITVS 51 « Des prud'hommes ruraux, dont les noms sont restés « dans l'oubli, élevèrent jadis non loin de Villclongue- « dels-Monls, et à la [)artie dite aujourdiiui le Mlar, « une église qu'ils dédièrent à la sainte Vierge. Des « chanoines réguliers de Saint-Augustin l'iu-eiil appelés « dans cette solitude et y fondèrent un monastère dont « le chef porta le titre de Prévôt. Cette colonie monasli- « que était déjà établie le 10 des calendes de novembre « de l'an 1H7, époque ou Adroer et Vera, son épouse, « donnèrent à la prévôté du Vilar, un champ au territoire « de Villelongue, lieu dit Puig Cabell ou Calbcll, con- « frontanl d'un côté avec le torrent dcls Serrait lus. » (Renard de Saint-Malo, Pablical.., 1855, n" !2'2. ) L'église du Vilar fut consacrée, le 17 des calendes d'avril H42, par LMalgar, évèque d'Elne, qui la plaça sous la dépendance du monastère de Notre-Dame-de- Llado , dans le diocèse de Girone , en la retenant foute- fois sous sa juridiction. De nos jours, l'abolition des droits féodaux avait telle- ment réduit les revenus de la Prévôté du Vilar, que l'impôt et les frais d'entretien ou de culture absorbaient en entier le revenu du seul ténement rural dont elle eut conservé la propriété. Pour en linir avec cet état de choses, le prieur de l'église séculière et collégiale de Notre-Dame-de-Llado, dûment autorisé, vendit, le 50 juillet 1X02, au prix de 4.000 francs, la montagne dite du Vilar, avec l'église, dont on a fait une bergerie. 217. —Porte de l'église. 12o0. invs ocroBRis anno domim m d; L : OBIIT •: EUCSFADIS : DE : FVRCIS 218. — Porte de l'église. 1262. V lltVS AVGVSTI ANNU noviNi M r.c ■ i.x fi ■ oriit • PETRVS : GHRAVni • DK VHA^ RI MONTESQUIU. 219. — Enclos devant l'église. 1298. ANNO : DOMINI \ M : CC : XC : VIII : QVINTO : IDV S : JNOVF.MBRIS : OBIT (sic) [ DO.MINVS | GVILLELMVS : lOERII = CAP ELLANVS : DE | MOMESQViVO : QVI : DIMISIT : V NAM i LAMPADEM : SEMPER : ARDENTEM : ET : VNVM : TORTI CIVM : CEREVM : SEMPER : AD : ELEVANDVM • CORPVS : XPI : IN : ECCLESIA : SANCTI : SATVRMM j PRO : QVIBVS ■ OBLI GAVrr : DVAS : CLAVSAS : AFRONTAT : CVM : ORT • ■ • • • 0 : ECCLESIE : ALIA • CVM : F : CELERA : ET : lACES (sic) ', HIC : CVM i OMNI I SVO : GENERE : HOMO : QVID : ASPICIS ; QVOD i ES I FVI : QVOD : SVM : ERIS : MEMENTO | MEI f E D I G A S : l (?) PAT NOST Sur la bande verticale du cadre, à droite, sont dispo- sées, quatre par quatre, douze petites croix. Le g du mol GENERE (9e ligne) est minuscule. La dernière ligne est gravée sur le cadre ; elle m'a paru de la même main que le corps de l'épitaphe ; et comme les deux premiers mots appartiennent au catalan, je dois modifler l'opinion inexacte émise aux n°^ 21 et M sur l'introduction de cette langue dans nos monuments épigraphiques. La re- marque laite au n" 72 tombe donc aussi d'elle-même. L'épitaphe de G. Joer est protégée par une grande arcade ogivale que soutiennent quatre colonnes, au- dessus d'une fosse profonde. Les tombeaux-arcades étaient nombreux , mais presque tous ont disparu parce qu'ils gênaient les abords des églises où l'on avait l'ha- 53 bitude de les placer. Parmi ceux qui resleul encore, deux ou trois à peine ont conservé l'inscription funé- raire. La cupidité n'a pas été toujours étrangère à cette destruction. 220. — Cimetière. xiiF siècle. VI • IDVS APRrUS OBIIT PETRVS BERGOIONI ET • NATI SVI lACET HIC ] ARTE : PETRI SEPVLTVS :] Voilà bien exactement l'inscription , moins la fornie de l'écriture. Point de millésime : on en remarque lab- sence parce que les deux petits cadres de la seconde ligne, qui lui avaient été réservés, sont restés vides; mais on est encore j)lus frappé de la ressemblance des caractères avec ceux de ré[)itaplie de Pierre (Gasoils, au Vole (no 199). S'ils étaient mobiles, on pourrait sans inconvénient les transposer d'une inscription à l'autre, et la subslitulion ne se trahirait que i)ar une légère iné- galité de liaiiteur. La croix et les chandeliers que l'on voit sur le marbre de Montesipiieu sont la copie eu grand de la croix et des chandeliers du Volo. Je trouve xm dernier trait d'air de famille dans le mot arte, formule nouvelle dans iu)tre épigraphie. Je suis très-porté à croire que le fils de Pierre Rergonyos était le neveu de Pierre Casells. Les deux tcunbeaux furent élevés par ses soins, ou construits de sa propre main, suivant la signi- fication que Ion attache au mol arte; mais dans le pre-' mier cas, c'est au mémo la|»ici(lc ([uil s"csl adressé pour j^raver les deux éiutaphes. 221. — Cimetière. lo!24. J574. mm DOMINI M CGC XXlill QVAIITO là SliPTI-MBRIS VllNALlWS GVILt.lXMI DE MONTES yVIVO FtClT ISTVD PlTAi'ILVM KT lA CET HIC iVlVTER SVA CVM GENERE SVO. PiTAFiLVM ne se trouve ni dans Calepin ni dans Du Cange. .N'est-ce pas epitaimiivm que l'on a voulu mettre, en le prenant dans le sens de tombeau? Orelli propose la même acception pour ce mot. (Inscr. Rom., n^ 4318.) Sur la bordure inférieure : : AiNNO i\l CCC LXXIUI MOU! : EN : FEll (Vj : VALS : NET : 1)I:N I AKNAV : GMI.LEiM : E FE : PINTvR : LO : CAP : DE : LAGLESA Quoique l'on ait gravé ces deux inscriptions sur le même marbre, elles sont entièrement distinctes, et la seconde est en réalité de cinquante ans moins vieille que la première. Il ne reste plus trace, dans Téglise, des peintures dues à la libéralité de Ferrer Valls; de la porte à l'abside règne la blanche uniformité du lait de chaux. SA INT-GE1VIS-1)ES-1 OINTAINES. -±±■1. - Eglise. Linteau de la porte. 1020. (iallia christ. , t. VI, col. IlOo. — liulld. de lu Soc. (les Vijr. -Orient. , I. VIII, p. 272 et pi. 7^. ~- linllrfiii ivoniiDi. , I. 22. 55 t ANNO VIDIiSIMO (sic) QVARTO Rl'ENNANTt: ROTIŒKTU lŒGi: AMMFLMVS GRATIV DEI AltA {$icj ISTA OPERA FIl'RI iVSSlT IN ONORE (sicj SANCTf GENESII r.EîSOBlI QVE fsicj VOCANT FÛNTANAS Le linteau de l'église de Saint-Gcnis est un monolithe (le 2"!, 20 de longueur, sur 0'", 70 de largeur moyenne. La différence de hauteur entre les deux extrémités de la pierre est très-siMisiMe à I'umI; mais on rencontre à chaque pas tant d'exemples de l'iiulifférence des artistes de celte époque pour la symétrie de certains détails, (ju'on ne s'en étonne plus. Notre quadrilatère irrégulier n'en est pas moins couvert d'intéressantes sculptures. .\u centre, Dieu le lils, assis, harhu, pieds nus, couronné du nimhe crucil'ère, bénissant de la main droite et la main gauche ajjpuyée sur un livre fermé, que soutient le genou. L'auréole perlée qui l'environne est formée par deux cferdes inégaux, (\m se coupent et sont raccordés aux points d'intersection par une touffe de feuillage; deux anges agenouillés la soulicMinenl. L'alphu et ïom(''gVX MVN 1)1 : Sous ses pieds nus, des croissants et des. (lualrefeuilles d'or, cernés d'un rayonnement blanchâtre, nagent dans un fond d'azur, comme des astres au ciel : S\d) jiedibus cju.s... (iiiasi cu'lttiii- (ExOde). L'auréole eHi|tlique et dorée (pii renvironne cssl brodée de petites perles en relief du même ('mail, cl d<' cabochons plus gros, allernalivemenl 53 rougos el bleus. Le fond du nimlte, aussi dor, est ic- haussé de perles et de rinceaux linemenl dessinés. L'au- réole est cantonnée du tétraniorphe, l'ange et les trois animaux syml)oli(|ues sont nind)és, et chacun d'eux porte sur un larnbcl le nom de l'évangélisle (pi'il représente. A droite et à gauche [)araissent les douze apôtres, six de chaque côté , disposés trois par trois, sur deux rangs parallèles, debout, nimbés, les pieds nus. Tous sont uominativement désignés, à l'exception de saint l'ierre, qu'on distingue à l'attribut de la clef à double panneton. Vient enfin la signature de l'artiste , écrite sur un étroit ruban qui traverse horizontalement le tableau , à droite el a gauche de l'auréole, sous les pieds des apôtres du rang siq)érieur : MAGISTKR ALEXANDEU : ISTA OPF.RA FF.CIT . Peut-être un ruban parallèle, placé dans le bas, sous les apôtres du second rang , donnait-il la date précise de l'œuvre; mais l'humidité salpétreuse du sol n'a laissé d'un bout à l'autre ni peinture, ni toile, ni bois, sur une lar- geur de cifiq à six centimètres. D'autres sujets recouvraient les faces latérales de l'autel. Du côté de l'évangile, tout est détruit; le panneau, corres- pondant, du côté de l'épitre, est en fort mauvais état. On y distingue ce|iendant saint Genis décapité : comme notre saint Denis, il marche portant sa tête dans ses mains. Un grand nombre d'exemples paraissent démontrer (]ue l'ico-; nographie du moyen-âge avait ainsi (consacré le symbo- lisme de la décollation. On lit dans un coin de la toile : s GKNESIVS : A droite, un ange descend du ciel, tendant vers le saint un objet i palme ou couronne) ipie la confusion de cette partie du tableau rend méconnaissable. Trois guerriers, velus du hauberl et chaperon de mailles, considèrent le f.O prodige avec un étoniieineiil inèlé de crainle. Ce sont les bourreaux : deux d'entre eux tiennent à la main 1 epée nue et sanglante. J'ai dit ailleurs, et je crois encore, que ces peintures datent de la lin du xiii^ siècle ou des premières années du XIV. Cependant , je ne dois pas taire qu'un homme connu par un grand nombre de mémoires sur diverses branches de l'archéologie, M. de Barthélémy, membre de plusieurs sociétés savantes, les a jugées beaucoup plus anciennes (BuUet. mon., t. 22). Les connaisseurs appré- cieront. Je verrais sans regret mon opinion condamnée par eux, et l'importance du tableau de Saint-Genis accrue par cela même. 228. — Église. Crosse d'abbé, xiiie siècle. Quelques années après la révolution, lorsque l'église de Saint-Genis fut rendue au culte, on trouva, derrière le maitre-autel. parmi des décombres de tout espèce en- tassés dans l'abside, une volute de crosse abbatiale, seul débris du genre sauvé des ruines de nos monastères. Cette volute, en cuivre doré, date du xiiF siècle. On peut en voir le dessin dans les mémoires de notre société (t. VIII, pi. 2j. Elle est figurée par un serpent couvert d'écaillés, a la croupe hérissée de crochets, se repliant en orbe vers lui-même et broutant le feuillage. Dans la courbe gracieuse qu'il décrit, au milieu d'un quatrefeuilles perlé, se tient l'agneau divin triomphant, la tète tournée vers la croix , qu'il semble soutenir de sa jand)C gauche repliée. Sur la banderole qui Hotte attachée à la hampe «le la croix, sont burinés ces mots : AGNVS I) !• I • La douille où s"eminauchait le bâton de la. crosse , a conservé la couleur rou£;eàlre du métal, la trace des 61 morsures de la lierre ol les irons où passaient les tèles des goupilles. Une gaine dorée et sculptée recouvrait cette partie de la volute et formait le ummuI. 220. ~ Cloître. H97. Gallia christ., t. VI, col. IlO-'i. —Snr. ries Pi/r.-Or., t. VIIl, p. 27r> et pi. 2. VER\X FACVNDVS FONS MANANS:FL0 S RVBICVNDVS HOSPES lOCViND VS i MISERORVM PASCVA FVNDVS FRVCTV FEGVN DVS NVLLl PROBI TATE SECVNDVS PRE MVNDIS • MVN DVS F VIT : A BRAS ISTE RAIMVNDVS QVEM PIA LVX MAR TIS • DEGASEPTIMA DVXIT IN ASTRIS QVATVOR EXEM TIS ANNIS DE MI LLE DVCENTIS Telle est la disi)Osition de ces vers sur le marbre; un cordon perlé trace les lignes de séparation. L'élégance des caractères et la fermeté de la gravure font de cette inscription un contraste frappant avec celle du Monestir- del-Camp (ci-dessus, n" 182), plus vieille de dix mois à peine, et pourtant si barbare. Au quatrième vers, le Gallia écrit PREMV^D[ en un seul mot, au lieu de pre (prœ) mvndis; la phrase n'a pas de sens avec cette variante. La gloire de l'abbé Raymond est tout entière dans son épitaphe; on le trouve à peine mentionné par le Gallia en MSi^ et 1187. Le millésime de sa mort est 1107, d'après la règle posée au n" lOi. 250.— Cloître. 12Ô4. Gall. christ. , t. VI , col. HOfi. - 1MI . dr la Snr. ries Pyr.-Or.. t. VIII, p, 278. 62 ABBAS GAVSIBERTVS (sic) lACET HIC BONVS ET BENE CERTVS i\10RIBVS ORNATVS • POLLESTRIS IN OPIDO NATVS VITA FVIT CVIVS ORBIS SALVS ET DECVS IIVIVS : DANUO GAVDEBAT • PROPRIVM SIBI NON RETINEBAT : SET DABAT ABSQVE MORA MISERIS SVA QVALIBET IIORA MORIBVS HORNAVIT (sic) SOCIOS QVOS SEMPER AMAVIT (?). ET MVNDÂNORVM CREVIT PRO POSSE BONORVM • ANNIS TERDENIS OGTO MINVS ORDINE PLENIS j DVX FVIT ECCLESIE : COMPLENS DOCVMENTA SOPHIE : ANNO MILLENO : BIS : G : TER : X : BISQVE SECVNDO : EIVS NOVEMBRIS • IHI • KALD MORS DATA RIEMBRIS : QVESVMVS 0 XPE TECVM CONGAVDEAT ISTE : QVOD VT CONCEDAT : PATER NOSTER QVISLIBET DICAT : QVOD ES FVI QVOD SVM ERIS : VIGILA NE DEVORERIS : Dans le cours de leurs immenses travaux, les Béné- dictins, ne pouvant tout voir par eux-mêmes, durent accepter souvent de confiance et les yeux fermés, les documents qui leur étaient fournis, et souvent aussi, chez leurs correspondants, la science fut au-dessous du zèle. Ici, par exemple, leurs confrères de Saint-Genis, plus fervents cénobites qu'habiles paléographes, ont dé- naturé le sens du quatrième vers, en substituant qvando à DANDO. Au même vers et au douzième, ils ont remplacé par des points des mots très-lisibles encore aujourd'hui. 'TlR lu S (proprium sihi). [jj^ (j (fjuœsunms 0) . Mais on ne s'explique pas comment les savants auteurs n'ont donné au bisqve secvndo (10'' vers) que la moitié de sa valeur, ce qui les a conduits à fixer les vingt-deux années de l'abbaliat de Gaushert entre 1210 et 1252, tandis qu'elles devraient être comptées de 1212 à 1254. 63 J'ai mis lo signe du cloute après le deriiiec mot du sixième vers, parce que la leçon amavit n'est j)as n'gu- lière. A la rigueur, c'est annavit qu'il l'audrail lire. La prétendue M n'est qu'une n double, identique à celle du mol ANNO dans une inscription d'Elne de la nit'me (''pO(|ui' (no402): Mil . mo. C'est probablement une erreur du lapicide ; n»ais elle importe peu : le sens de la phrase demande amavit, et l'on peut s'y tenir. Les vers un à sept de notre inscription sont placés sur la pierre en regard des vers huit à quatorze et séparés seulement par une moulure verticale. Les deux vers écrits sur chaipu; ligne ne se suivent pas, coninu; dans l'inscrp- tion grecque du reliquaire de saint Jean-I^itiste (n" 15): c'est un livre ouvert dont il faut lire la première page avant la seconde. 251. — Cloître. 1281. Gallia christ., t. VI, col. 1106. ANNO • DOMINI • M • CC • LXXI • PR[T)IF. • CALKNDAS IVNII • OBIIT • DOMNVS • SAPTE • DE • POLMiSTRlS • ARHAS IIVIVS LOCI QVI REXIT HANC ■ ECCLESIAM XXIX ANNIS • ET • ADQMSIVIT ■ CASTRVM • DE • lîRVI.I.tANO DE ■ MARI ■ DECIMAM • l'ISClVM • HONOREM RERNARni OLIBE • DE • VILLALONGA • CONDAMINAM • PETRI DE TACIONE • MANSVM • ET HONOREM ERMEîNGAVDI • DE INSVLA • CAMPOS • DE • GRADV • DE VLMO • DE VERNADELI.A • DE LORTALI • DE • MOF.INO POMd.S DE ARGLEERIIS ET ISTIVS • MONASTERII liEPARAVlT 64 COOPERVIT ECCLESrAM • CONSTRVXIT . DO!\IVM NOVA M '• SVPRA BVATVM STABILIVIT CVILIBET MONACHORVM - QVATVOR OVA . OMNIBVS • DIEBVS • MERCVRU ET • VENERIS ET SVVM ANNIVERSARIVM • ET PATRIS ET MATRIS • ET FRATRIS SVI AVBERTI BAIVLI DE ROCA CVIVS AVXILIO CASTRVM DE • BRVLLIANO FVIT EMPTVM ANNO • CHRISTI • M CC LXXXl • MENSE OCTOBRI • TRANSLATVS EST • SVB • HAC ■ PETRA • QVEM • CHRISTVS • TRAXIT • AD ETHERA ■ ORATE PRO • EO Je copie cette inscription dans le Gallia, ne pouvant mieux faire. On voit dans le mur du cloître, auprès des inscriptions précédentes, les traces du descellement de deux pierres; l'une de ces pierres devait être l'épitaphe de Sapte de PoUestres. C'est du reste la place que les Bénédictins lui assignent : Hoc ipsius epitaphium in datistro ad ingressum ecdesiœ legitnr. On la retrouverait sans doute en retournant les seuils et les linteaux des ouvertures modernes, qui ont défiguré l'ancien cloître. Le château de Brulla, dont -il est parlé, fut acheté en 1269 a Pons Hugues, comte d'Ampurias, au prix de 10.000 sols melgoriens. 252. — Cloître. 1507. Gallia christ., t. VI, col. 1106. — BnU. de la Soc. des Pi/r.-Or. , t. VIII , p. 280. V • IDVS OCTOBRIS • ANiNO ■ DOMINI M • CLC • SEPTIMO OBIIT • FRATER GVILLELMVS • DE ABBATIA IIVIVS MONASTERII ABBAS CVIVS ANIMA REQVIE SCAT IN PAGE CVIVS CORPVS RECONDITVM EST IN HAC TV.MRV 65 Sur le devant cl"un sarcophage de nièiiie dimension à peu près que ceux de Bernard Jorda et de Pons des Bar- res, signalés ci-dessus (n" 201). Cette tombe n'a pas été violée ; on ne peut la déplacer ni mémo on soulever le couvercle, sans étançoniier solidcnionl un arc de la voûte du cloilrc, qui sappuio sur la lace encastrée dans la muraille. Avec une bonne copie de cette inscription sous les yeux, les Bénédictins n'auraient pas créé un abbé de Saint-Genis imaginaire: Ji. de Abbaiia, disent-ils, haiid almndè innolcsrit quam ex epitaphio, et ils rapportent à la suite l'épitapbe de Guillaume. Le g est pourtant à (leur de coin sur la pierre, et le doute impossible. Il faut donc rayer de la liste du Gallici ce faux Bernard, et lui subs- tituer Guillaunu' II, désigné comme son prédécesseur dans le même ouvrage, avec cette courte notice : (hdl- lelnms II reperihir Ahbas S. Gmesii amiis 1283, 129i, 94, 98, i 502 et 1505. (Loc. cit.) 255. — Cloches, xv siècle. liuUet. de la Soc. des Ihjr.-Or., t. VIII, p. 280. Sur la plus grande : f QVI StNE PECCATO : VI'STRVM : EST : Piii:\IVM : LAPIDEM : MITAT (sic) \ FOV FET EN LAN Y : M : CCCGLI i,).riAT : PER LA GRACIA : DE DEY : FUA : BERNAT : PVGOL TE DEVM LAVDAMVS • Quatre médaillons: lïïs. Erre Ifomn , la sainte Vierge portant Tenfant Jésus, saint iMichel cond)attant le (h-agoii. Sur le cerveau de la plus petite : DICOR MARIA MEVM NOMEN VIR(ilNE\.M 66 Sans date, mais autant que je puis en juger, un peu plus vieille que la précédente. 254. — Territoire de Saint-Genis. Publicateur, -1853, n» 8. PREPi Marque de potier sur une petite lampe en terre cuite, trouvée à Saint-Genis, dans une propriété de M. Bosch. Le même territoire a fourni plusieurs specirnm de briques a estampille , qui ont été perdues , et grand nombre de médailles consulaires et impériales. Erratum I page 32. — Une erreur typographique a fait rapporter à l'an ^524, au lieu de -1344, la date bien connue de la chute de la dynastie niajorquine. GEOGRAPHIE lllSTORIQDE DES PYREIES-ORIEÏÏAIES, Par M. Il» Alart, membre résidant. PERIODE GALLO-ROMAINE. Populalions itrimitives. Les premières populations des pays qui forment aujour- d'hui la France el rEspai,Mie appartenaient sans doute à une même i'amille. iMais, dès que les premières lueurs de l'histoire permettent de distinguer un peu leur physio- nomie et leur caractère, on reconnaît en elles certaines différences de langage, de mœurs et d'institutions, qui en forment deux peuples distincts : le premier, établi au sud des Pyrénées, s'appelle le peuple lbi:re; l'autre prend le nom de peuple Celle ou Gall, sans que leur limite com- mune ait été en aucun temps exactement déterminée. La masse inq)Osante des Pyrénées attira de bonne heure l'attention des anciens historiens, qui se figurèrent que cette barrière avait élerncllement séparé les peuples Gau- lois de ceux de l'Ibérie. Pour Polybe, Diodore de Sicile, Tite-Live, Strabon et Ptolémée, celte limite naturelle a été unanimement considérée comme une limite ethno- graphique ou politique; et, pour tous ces auteurs, le pavs au nord des Pyrénées s'appelait la Cellique , habitée par les Celles ou Galls, et tout ce qui est au midi appartenait à VIbérie. Cependant celte erreur avait été reconnue, dès l'anticpiité, par Jules César, et cet auteur, qui était en mesure de connaître la vérité à cet égard, n'a pas hésité à rattacher les peuples aquitains à la race Ibérienne. Mais, G8 c'est surtout pour la j»artie oiientale des Pyrénées, que cette erreur est maniieste. I/histoire démontre que cette partie de la chaîne n'a jamais réellement séparé les popu- lations qui en occupent les deux versants. Les peuples du Roussillon et du Confient ont toujours reconnu des frères d'une même famille dans ceux de la Cerdagne et de la Catalogne; les montagnes n'ont été pour eux qu'un moyen de communication ou plutôt le boulevart d'une nationalité comnmne, et c'est seulement du jour où Louis XIV a dit : // n'y a plus de Pyrénées, qu'elles se sont dressées comme une barrière définitive pour séparer deux peuples cons- tamment unis jusqu'alors. On ne saurait donc entendre que dans un certain sens les noms de Celtes ou de Gaulois, appliqués par beaucoup d'auteurs anciens aux premières populations des pays qui forment les Pyrénées-Orientales. 11 existe, en effet, même pour les temps les plus reculés, des indications importantes et précises sur l'origine des premiers habi- tants du Roussillon, et tout démontre qu'ils appartenaient, comme les Aquitains, à l'ancienne race des Ibères. Le Périple de Scylax, dont les témoignages se rappor- tent aux premiers temps de l'histoire occidentale (vers le VI® siècle avant notre ère), nous apprend que toute la côte, « depuis la limite des Ibères jusqu'au fleuve du «Rhône, était alors habitée par un mélange de peuples « Lighyens et Ibères ' ; » et Skymnos de Chio nous repré- sente ce même pays comme occupé par les Lighyens *. 1 Airo âî iSr'ipoyj v/o-j-y.'. hlyjiç, y.OLi iSyips; a'.yâSz:;, (jteyp! -TTOraiJiou Pooavoj. Ex reriplo Scy lacis , p. 3. 2 ETtoc lêyjpeç ....Eiretra Trapa9a)àTTiO£ xarco ripcoro fxev EfXTropiov, Vô^n ^î èvj-îp'x. Skïm. de Ciiio, Offris dtscrifl. v. 100, 101, ^05. 69 On sait, d'autre part, que ces Lùjhyens ou Liguriens étaient un [ieuple d'origine ibérienne, que les migrations des Celtes e!i Espagne avaient déterminé à s'épancher dans les Gaules par les poits des Pyrénées '. 11 est donc bien certain <]ue le fond des populations primitives de l'ancienne Narbonnaise appartenait à la race qui avait peuplé l'Espagne, et formait un mélange d'Ibèrea et de IJyhyes, au milieu desquels vivaient aussi quelques tribus d'origine celtique. Yoila le témoignage de l'histoire, et tous les faits que l'on peut observer encore aujourd'hui ne font que le confirmer. Qu'était-ce donc que ce peuple Ibrro - Ligurien de l'ancien Roussillon, et à^iucls traits peut-on reconnaître encore sa parentti av(!c les Ibères-Wascons des Pyrénées occidentales? Depuis près de trois mille ans, il s'est passé trop d'événements dans ce pays, pour que les traits phy- siologiques, les monuments, les mœurs, le caractère et les institutions des populations, dont les éléments remon- tent peut-être à l'époque la plus reculée, puissent être, aujourd'hui, facilement reconnus, et en assez grand nombre, pour permettre de décider si le peuple rous- sillonnais, tel que nous le voyons, se rattache aux popu- lations ibérienncs, plutôt qu'à celles de la Gaule. Il y a place sans doute pour des systèmes bien opposés dans ce vague mélange de débris du passé; mais il y a un guide certain qui peut diriger les recherches "au milieu des difli- cultés et des incertitudes : c'est la linguistique. Car il existe encore aujourd'hui des témoignages certains de l'occupa- tion de notre pays par la race des Ibères, dans les noms de quelques cours d"eau, de montagnes et de quebjues villages , qu'on ne peut expliquer par la langue d'aucun des peuples que l'histoire signale en Roussillon depuis le VIO siècle avant notre ère; et ces dénouiinations ne sauraient dès lors appartenir qu'à des popuiaticms anté- rieures a l'époque historique proprement dite. ' be ta ':ilM/{ia(inii Caulniie. fd , par 'W (iirauil. Ou a diversement apprécié la valeur des iulerprélalions étymologiques, et, depuis longtemps, on a essayé d'expli- quer, d"uno manière habile et savante, par les langues orienlales ou par celles de l'antiquité classique, beaucoup de noms du Roussillon dont le sens est encore inconnu. Mais tout ce qu'on peut conclure de ces tentatives plus ou moins heureuses, c'est, qu'en pareille matière, on ne saurait procéder avec trop de précautions. Cependant, quand on voit un grand nombre de ces noms rationnel- lement expliqués par l'histoire, la grammaire et l'archéo- logie, au moyen de la langue cmmara, qui présente tous les caractères d'une haute antiquité, et qui est encore parlée par un peuple que toutes les traditions rattachent à l'ancienne famille ibérienne établie sur toute la ligne des Pyrénées; peut-on s'empêcher de rapporter à ce même peuple, ou du moins à une de ses branches, les anciennes populations du Roussillon qui parlaient évidemment ce même idiome, puisqu'on en roconnait encore quelques débris dans les noms des lieux qu'elles avaient habités? N'est-il pas rationnel d'appliquer alors les principes de l'étymologie et d'en accepter les conséquences, et peut- on rejeter ce moyen scientifique de porler un peu de clarté dans la nuit des siècles passés? Les travaux de G. de Humboldt et de Fauriel ont déjà montré quel secours on pent espérer de l'étude de la langue des anciens Was- cons, pour les origines espagnoles, françaises et même italiennes. En ce qui concerne le Roussillon, on peut ciler les anciens noms de quelques-uns de nos villages, tels que Llar, Bffs^>(Baho), Astovere (Astoher), Uech, IJr, i^pm (Aspira), JUberri et bien d'autres, qui s ex- pliquent sans diffîculté par la langue basque actuelle'. < Os ronsidérations se trouvent déjà émises, on pnrtic, dans notre mémoire sur la Géographie hislor. du Confient (Bull, de la Snr. des ryr.-Or.. X,p.67). Onsait.iuc!aInn{;Mebasqucn'a|)as de mots commcnrant pr la lettre n , et, s'ils cmprnnteni des termes élranijers où celte eonsonnp 71 11 ne laul point s'attendre d'ailleurs à ce que celle langue, qui n'est qu'un débris d'ui» dialecte ibérien , puisse nous donner aujourd'hui l'explication de tous les noms laissés en Roussillon par ces ])opulations primitives. Les anciens Ibères formaient une famille de peuples, ayant chacun leur langue particulière, avec des niols et des cxmstructions qui pouvaient souvent être étrangers à d'autres tribus, quels que fussent d'ailleurs les rapports et la parenté de ces dialectes et de ces peuples entre eux. Il existe, en effet, sur beaucoup de points du Roussillon, des noms qui ne s'expliquent ni par le basque ni par les langues sémitiques ou indo-germaniques ' , et on est fondé à les considérer comme des débris de l'idiome, éteint depuis longtemps, des peuplades Ibères qui occupèrent notre pays dans les siècles les plus reculés. se trouve être la première, les Basques la font toujours précéder des voyelles A ou E. CVst ainsi qu'ils emploient, sons les formes arriu, arrat , les mots que nous prononçons W« et rat. On trouve des traces de celte particularité dans les noms de Ria, Ro, Raluir, Raiieu, etc., qui, dans les plus anciens documents, se trouvent toujours écrits Arùa, Arro, Anahur, Ardeu. 11 y a en outre bien des noms, latins ou romans, en apparence, qui se rattache'nt peut-être à l'ancienne langue des Ibères, tel est celui à'IUe, que les tabel- lions du moyen-âge s'empressèrent de latiniser sous la forme hmda , de même qu'ils rendaient celui de Canamals par Canibus malis. Cependant la situation de la ville d'Ille n'a aucun rapport avec ce que nous appelons une lie, et ne reirouve-t-ou pas ce nom sur plusieurs points du départe- ment? près du Perthus (las Illas), en Vallespir (Sainte-Colombe de las //'as;, au-dessus de .loch fSa-hilla), et dans vingt autres endroits, où il ne peut être question d';/M, ni même de ruisseaux pour les former ? Knfin, lorsque le nom d'Ille se montre pour la première fois, dans une cliarle latine du u'^ siècle f Marca , n» 23), ce n'est pas sous la forme Imula, mais sous celle d'l7a, qui a un sens bien caraclérisé dans la langue basque et tout-à-fait différent de celui que lui donneraient les idiomes latins. ' Tels sont les noms de Xarel. Bul, Volo. etc., qui sont trop fréquemment employésdansnosdénominalions territoriales pour n'avoirpasété appliqués, dans l'origine, à certaines cultures ou à des accidents de terrain, etc. Volo a le sens certain du mot catalan riba, celui de Buta semble se rapporter à un cours d'eau ; mais on ne sait, ou du moins je ne sais, n quelle langue les rattacher. 72 yiieiclucs noms roussilloniiais conservent aussi des tra- ces de la langue celtique, entre autres Kexans (Caixas, Quexans, Mar-quexanes), Pcnn (Pena), Qticr, et bien d'autres que l'on signalerait dans notre département. Ainsi donc , bien que les secours de la linguistique soient encore insullisants dans bien des cas, ces expli- cations sont cependant assez nombreuses et assez satis- faisantes pour faire admettre que les premiers habitants du Roussillon parlaient un dialecte ibérien mélangé de mots celtiques; et, dans son ensemble, cet idiome devait avoir de grands rapports avec la langue euscuura, dont les populations basques se servent encore de nos jours. Il est donc constant que les premiers peuples de notre pays (Sordes ou Cérétans) appartenaient à la famille ibé- rienne. Leurs descendants ont formé, de tout temps, le fond de la population des Pyrénées-Orientales; car les autres peuples, Phéniciens, Massaliotes, Piomains, Wisi- goths, Arabes et Francs, qui ont successivement par- couru ce pays, ont pu y établir des colonies, le dominer et y marquer leur influence d'une manière plus ou moins profonde; ils ont pu, comme le (iront les Romains et les Wisigotlis, modifier les mœurs, le caractère et les condi- tions de la race primitive; mais ils n'ont pu la détruire ni la chasser, ni par conséquent la remplacer. Il n'en faut pas moins examiner les circonstances particulières de ces dominations étrangères, ou les relations qui s'éta- blirent entre elles et les peuples de cette contrée , et tâcher de connaître la part qu'il faut attribuer à chacune d'elles dans l'histoire de notre géographie. Pbénlrlens. Les navigateurs de Tyr qui, vers le x*^ siècle avant notre ère, parcoururent tous les rivages de la Méditer- ranée, ont laissé, dans l'histoire et les traditions de la 73 plupart des nations occidentales , des influences reli- i^ieuses et commerciales, dont le souvenir n'est pas en- tièrement effacé. Il n'y a aucun intérêt à contester ces faits généraux, que la critique d'Heeren a historiquement démontrés, mais on ne peut non plus les admettre sans preuves en ce qui concerne le Roussillon , ni surtout leur donner une importance et des proportions que rien ne semble justifier; car il est certain que les historiens et les géographes anciens n'ont laissé aucune indication particulière sur le commerce ou les établissements des Phéniciens dans notre pays. Ce silence ne prouve rien sans doute en faveur de ces établissements; mais on ne peut non plus s'en appuyer pour les rejeter d'une manière absolue. 11 ne fait que laisser le champ libre aux conjec- tures et aux preuves étymologiques ou autres que les savants modernes auraient pu présenter. Il s'agit donc d'apprécier la valeur des conjectures émises à ce sujet dans ces dernières années. C'est surtout M. Puiggari qui a mis en avant les in- fluences phéniciennes à propos du Roussillon. Sur de simples données étymologiques, savamment étudiées et sou- tenues par d'habiles explications, il en était veiui à admettre connue histoii'c positive la fondation de litiscino, d'Illi- beris et de Caucoliberi par des colons phéniciens. Divers lieux du voisinage, tels que licrcal et MadaloUt, auraient eu la même origine. M. Puiggari suivait ensuite les traces des Phéniciens dans le haut Vallespir, où il retrouvait ce nom de Madalolli. 11 ne signalait rien dans le reste du Roussillon. Il indicpiait (puîlqucs dénominations sémiti- ques dans le haut Conflent, et, comme couronnement de son système, il trouvait une véritable colonie de Cretois ou de Phéniciens, dans la Cerdagne, où les racines pu- niques se nxultreraient à profusion. Eu effet, M. Puiggari en cite un grand nombre, qu'il explique avec le concours de Rocliart, dont la science n'est pas plus contestable que 74 riiabileté de notre archéologue '. Mais, tout en admettanl que les noms de CaucoUheri, l'r, UUberis, etc., puissent s'interpréter d'une manière savante, sinon certaine et décisive, par les langues sémiti(|ues, on n'expli(iue pas cependant comment ces dénominations, dont on com- prendrait à la rigueur la présence sur les côtes roussil- lonuaises, qui ont pu être visitées par les Phéniciens, disparaissent presque complètement à mesure que l'on s'avance dans l'intérieur du pays, pour reparaître, toul- à-coup, en Cerdagne, dans des proportions extraordinaires. C'est une bizarrerie dont on ne rend compte que par de pures suppositions. Il j a, au contraire, une explication bien naturelle, si l'on prend pour guide la langue de l'ancien peu[)le que l'histoire signale réellement dans ces régions; car la langue basque explique presque tous les noms que M. Puiggari interprète par l'hébreu, ceux de la côte, comme ceux des montagnes, et on rattache ainsi les premiers aux seconds, par beaucoup d'autres noms laissés par l'ancien peuple ibère, dans l'espace intermé- diaire qui reste en blanc sur la carte étymologique de M. Puiggari. Son opinion se trouve d'ailleurs formelle- ment détruite par le témoignage de l'histoire. En effet, outre le silence des auteurs anciens, qui n'ont jamais signalé dans les parages roussillonnais la présence des ncls de Tvr ou de Sidon, nous avons déjà cité les géographes de l'antiquité d'après lesquels les côtes de la Narbonnaise lurent peuplées par les Ibères. Quant au peuple cérétan, nous avons le témoignage d'Aviénus (Ceretes, gens est Iberiim) et celui de Strabon, qui dit en propres termes : «On trouve, au milieu des Pyrénées, de belles vallées, « occupées, en partie, par les Cerrelans, }ienple ibérien. » (Liv. IV.) Il faut donc rejeter, jusqu'à preuve nouvelle , toute « Publkateur, année II, 2. 3. — IV, 25. 26. 'lO— V, 24. Stalittique Pi/renc«»7ie de M. Du Mége. influoDce phénicienne en Roussillon, et attendre que les progrès de la linguistique et l'étude des anciens idiomes ibéricns nous révèlent le sens de quelques dénominations primitives de ce pays, qui résistent encore à toute inter- prétation par la langue eiiscuara actuelle. Circcs-Hassalfolc». Les Grecs succédèrent aux Phéniciens dans les mers occidentales, qui, dès le viF siècle avant J.-C, lurent presque uniquement parcourues par les Rhodiens, et plus tard par les Massaliotes. Ici, les données de l'histoire sont moins vagues : elles indiquent positivement les colonies grecques de Rliocla (Roses) et d'Emportés (Castellô) au sud des Pyrénées; Lcucas , AgafJié-Ti/ché (Agde), etc., dans la Narhonnaise. Quant à la côte roussillonnaise proprement dite, il est probable qu'elle fut explorée, pour la première fois, par les navigateurs grecs, à qui nous devons quelques-uns de nos anciens noms géogra- phiques, ou du moins la forme sous laijuolle ils nous ont été transmis. I)'ai)rès une ancienne tradition ' , les Massa- liotes auraient fait jadis un grand commerce et entretenu d'importantes relations avec le Port de Pyrhie, et on ne peut nier que leur influence n'ait dû s'étendre au loin dans l'intérieur même du pays. Mais on tomberait encore ici dans le domaine des chimères et des conjectures si on voulait faire l'application de ces données générales à des faits particuliers. On ne trouverait pas aujour- d'hui dans notre département un seul nom géographique qui |)uisse être attribué avec certitude à la langue de Massalic; et ceux mêmes que les auteurs grecs onl cités ne se sont pas conservés sous la forme helléni(iue. Ainsi, tandis (pi'en dehors du Roussillon et presque sur ses limi- tes, on trouve encore aujourd'hui les noms grecs à^Ag(h\ ' FesTts AviENUs, Ora marilima. Leiicate , Roses et Emportes , nous n'avons pas conservé la l'orme grecque Sordi/.('/ie pour l'ancien lleuve de l'étang de Salses, ni même le nom grec AWphroditc au Port des Pyrénées connu maintenant sous le nom latin de la divinité de ces montagnes. Quant aux noms de liiar, de Boïiskino, Polillc et autres de la même côte, où l'on a cru trouver une étymologie ou du moins une tournure grecque, nous ne voyons rien qui puisse affaiblir nos doutes dans les explications fournies à cet égard. En sorte que s'il y avait une conclusion h tirer de cette absence complète de noms grecs sur la côte et dans l'intérieur du Pioussillon , on comprend qu'elle ne serait guère plus favorable au système des influences helléniques qu'à celui des établissements phéniciens'. > Ou ue peut cependant mettre en doute le passage des Grecs sur nos cfttes, leur étalilisseinent au voisinage des Pyrénées et leur infleoce sur la civilisation première des habitants de nos contrées, qui ont pu leur emprun- ter, tout comme aux l'iiéniciens, des expressions et des idées commerciales et religieuses, dont notre histoire et le catalan lui-même fournisseul des preuves suffisantes; car il faut s'attendre à trouver des analogies de mots là où il a pu V avoir importation d'idées ou d'objets matériels : alors la vraisemblance morale vient s'ajouter à la vraisemblance philologique. !\lais il est une classe de mots dont il faut exclure tout élément sémitique ou iiellénique, tant qu'il n'est pas historiquement prouvé, tels sont les nujus de rivières, de montagnes et en général les noms de lieux; car c'est pour désigner des localités d'un pays qu'on emprunte le moins volontiers à un idiome étranger, et il est certain que les établissements des Grecs, la conquête des Romains, et, plus tard, celle des Wisigolhs, ont laissé sub- sister dans notre pays un grand nombre de noms ibériens et celtiques antérieurs a ces peuples. Il peut donc exister dans notre langue vulgaire bien des locutions laissées par les Grecs qui fréquentèrent ilos parages; mais il ne reste, aujourd'hui, en lîoussillon aucune trace des noms grecs que l'histoire avait transmis; et cette disparition, (|ue nous croyons complète, doit réduire à des proportions insignifiantes, la <|itistion des origine» ou des influences greccpies dans ce pays. i / Romainiit. L'an 058 de Rome (H8 avant J.-C), les Romains envoyèrent une colonie à Narbonne, et, à partir de cette époque, toute la province, qui porta désormais le nom de cette ville, passa sous leur domination. Ils régnè- rent dès lors en maîtres dans notre pays, jusqu'à la ruine de l'Empire d'Occident et h rétablissement desWisigoths dans les provinces de l'Espagne et de la Gaule méridio- nale. Il ne faut donc pas voir ici des influences épliémè- res ou fabuleuses comme celles des Phéniciens, ou de simples relations commerciales, comme celles des Grecs de Massalie. C'est la domination d'un peuple qui s'est établi en maître dans le Roussillon , y a fondé des colo- nies, des villes et des villages, construit ou réparé des routes, des temples et des monuments de toute sorte, et y a régné pendant cinq siècles au moins, par les armes, les lois, les mœurs, les institutions, la religion, la langue, les lettres et l'action irrésistible d'une civilisation beau- coup plus avancée que celle des anciens Ibères. Aussi, c'est Rome, l'ancienne Rome, qui se montre partout dans le passé du Roussillon et dansle peuple qui l'habite encore. Le catalan qu'on y parle aujourd'hui, n'est, pour ainsi dire, que le latin privé de ses terminaisons; nos lois, jusqu'à l'épotiue moderne, sont presque exclusivement romaines; des traits de mœurs et les traditions popu- laires nous montrent Rome à chaque pas parmi nous, et une infinité de lieuv portent dans les débris de leurs monuments, dans les médailles qu'on y découvre et jus- que dans leurs noms actuels, des preuves irrécusables de la domination romaine. Ce n'est [loint d'ailleurs, comme on pourrait se le figu- rer, siu' nos rivages seulement ou sur le parcours de l'an- cienne voie romaine, mais encore sur les points les plus 78 reculés de nos montagnes , que ces décou vertes se font et se feraient, pour ainsi dire, tous les jours. Comment s'en étonner? Dès le premier siècle de notre ère, une colonie romaine était fondée à l'extrémité de notre pro- vince, au cœur du pays des Cerretans, dans la ville qui porte encore aujourd'hui le nom de Livia. Les Latins qui s'y étaient établis avaient dû nécessairement relier cette position à la colonie de Ruscino et à la ville à'IHi- beris, et ce ne pouvait être qu'au moyen d'une voie qui suivait le cours de la Tet. Des témoignages certains et des débris encore conservés, prouvent en effet qu'il y a eu, dans cette direction, une voie importante qui |)artait à'IUiberis pour aboutir a Livia, et tout indique que sa création remonte au moins à l'époque romaine'. Notre province fut donc parcourue dans toute son étendue, par le peuple dont le souvenir remplit toutes les pages de nos annales; et n'est-il pas évident que, pendant une domi- nation de plusieurs siècles, l'inlluence romaine a dû s'é- tendre, non-seulement sur le parcours de cette route, mais encore sur les points les plus reculés des vallées qui viennent y aboutir? On ne saurait dire assurément que les Romains se soient établis sur tous les lieux habitables de notre département, ni qu'ils en aient chassé ou exter- miné les populations indigènes. L'histoire et la raison démentiraient hautement de pareilles assertions. Tout ce qu'on peut conclure des considérations qui précèdent, c'est que tous les points de notre pays ont été connus et parcourus par les Romains, qui ont pu, par conséquent, s'y établir, se mêler aux populations primitives, et par suite y laisser des traces de leur passage ou de leur séjour. On comprend dès lors quelles proportions atteindrait 1 Nous auroas l'occasion de faire un jour riiistoirc de ce grand chemin; pour le moment, nous nous bornerons à renvoyer à ce que nous en avons dit dans un mémoire sur la Géographie hist. du Conflcnl (Bull, de la Soc. des Pyr.-Oi., X, p. 70). rélude de nos antiquités romaines, si on voulait les rechercher sur tous les points oîi il peut en exister encore des débris. Il n'y a pas de localité qui ne puisse en fournir d'une manière ou d'autre, et l'on est pres(|ue tenté de sou- rire en voyant les exclamations de certains archéologues, qui sont tout surpris de découvrir, sur le territoire de nos villages, des médailles ou des constructions appartenant à un peuple qui a occupé ce pays pendant plus de cinq cents ans, et Ta si bien occu|)é que, dès le premier siècle de l'ère chrétienne, Pline disait qu'il ressemblait plutôt à l'Italie qu'à une Province (liv. III, c. 3). Il est évident qu'il y aurait d'intéressantes recherches à faire à ce sujet, et des études suivies jetteraient des lumières précieuses sur l'histoire de la domination romaine dans ce pays. On parviendrait sans doute, par ce moyen, à marquer pour notre département certaines régions ou zones dans lesquelles l'inlluence romaine serait mieux constatée que dans d'autres, et l'on ne peut méconnaître l'utilité et l'impor- tance de pareilles recherches, quelles qu'en soient d'ailleurs l'immensité et les dillicullés. !Mais il est certain , qu"à part les données générales que nous venons d'indiquer, les anciens ne nous ont laissé aucun témoignage particulier qui puisse guider les explorateurs; de sorte qu'au lieu d'émettre des conjectures plus ou moins fondées à ce sujet, nous nous bornerons à reconnaître et à préciser la ])lace exacte du petit nombre de noms transmis par les anciens et que l'on peut inscrire avec certitude sur une carte de l'ancien Rous- sillon, vers le iv^ siècle de l'ère chrétienne. Les inscriptions romaines et les travaux des savants modernes n'ont ajouté que des indications assez vagues et souvent inexactes, des conjectures et surtout beaucoup de dilBcultés aux rares témoignages des anciens géographes, et nous ne pourrions nous livrer qu'avec une extrême réserve à l'examen de nos antiquités et a la discussion dos preuves, des explications et des travaux, dont elles ont é(<' l'ol>j«'t panni nous. 80 HontagneH» Caps et Fleaves. MONTAGNES. La chaîne de montagnes qui sépare le bassin de l'Lbre de ceux de la Garonne, de l'Aude, de la Tet et du Tech, portail sous les lloniains le nom de Vijrénées , et celte dénomination générale s'appliquait, alors comme aujour- d'hui , non pas aux rameaux qui s'en détachent et la sui- vent quelquefois parallèlement, tels que les montagnes de Toses, de Pug-mal, de Madrés ou du Canig(j, mais à la chaîne principale, dont la ligne continue, malgré de fortes dépressions, sépare presque partout le versant espagnol du versant roussillonnais. Quelques auteurs catalans, ou français, guidés par des préoccupations politiques tout- à-fail étrangères à l'histoire et 'a la géographie, ont voulu voir la ligne principale des Pyrénées, tantôt dans les Corbières, ce qui n'a pas besoin de réfutation; tantôt dans les serres de Toses, qui renferment des sommités fort éle- vées et forment, au sud de la Cerdagne, une saillie bien plus imposante que celle du plateau de la Perxa. Mais cette opinion est formellement détruite par le témoignage de Pline, qui déclare que les rivières d'illibéris, de Rus- cino et de l'Aude prennent leur source dans les Pyrénées * . Il est donc évident que ce nom de Pyrénées s'appliquait, alors comme aujourd'hui, à la chaine qui entre dans notre département au col de Puy-Morens, se dirige vers le Cap- cir, descend ensuite au midi , dans la direction de Nuria, et se prolonge, par les montagnes de Rojâ et de VAlhera, jusqu'au cap de Creus. ' Flumen Atai r PvrciisDo Rubrensein laciim penneans (lib. 5, c. A). SI Il faul observer aussi, relalivenieiil au nom de ces montagnes, que Polyhe et Tite-Live sont les seuls autours anciens qui en parlent une fois au pluriel (rà njpr;va?a opr,, Pyrenœi montes'). CAPS DES PYllÉNÉES. La description de la côte maritime du Roussillon est fort incomplète dans les auteurs anciens; mais elle ne peut offrir de dilïicultés que dans la partie comprise entre l'embouchure du Tech et celle de la Muga. On sait qu'il existe, entre ces deux lleuves, une côte sourcilleuse qui s'avance en pointe vers le sud-est, en décrivant une ligne semée de promontoires, entre lesquels se dessinent de petites anses et des ports plus ou moins importants. TPous ces accidents sont produits par dos rameaux que la chaîne des Pyrénées projette dans tous les sens avant de disparaître dans la mer, et plusieurs d'entre eux se prolongent encore par des masses rocheuses, dont la tête se montre au-dessus des flots et forme des écueils à une petite distance de la côte. Mais ces sinuosités n'ont pas été décrites avec beaucoup de détails par les anciens, et l'on ne s'est guère attaché, dans les temps moder- nes, à chercher ce qu'il peut y avoir d'exact dans ces descriptions, pour fixer les points auxquels ces indica- tions pourraient se rapporter encore aujourd'hui. Voici donc le relevé de cette partie de la côte, avec le petit nombre de données que les auteurs anciens fournissent -^ ce sujet. A partir de la ville de Rhodn, que tout le monde s'ac- • Partout ailleurs, ces deux écrivains, ainsi que Strabon , Ptolénire, Mêla , Ccsar, Sallustc, Dion Cassius, Pline et Aviénus, en parlent au sin- gulier; Pijrene, le mont Pyréne ou Pijrenée. Celle observation peut avoir sou importance, i-t nous y reviendrons ailleurs. 6 corde à trouver dans celle de Roses et qui est, par consé- quent, un point l)ien détorniiné, Polybe, Stralion et Pomp. Mêla signalent divers promontoires, qu'ils appellent le^ caps (les Pijvénées (axpa rr,; Il-jprrj-nç , Pyrcnœi, promun- toria). On trouve, eu effet, en parlant de Roses, les pointes du château de la Trinité et del Falcô, les caps d'en Orfeo, de Cadaquers, de Crcus, de Calaprona, de Lladô, de Port bô , et, sur le territoire français, les caps de CandcU, de Peiirc file, de Redcris, de VAbelle, de Ltcslrell et de Biar. Les anciens ne les ont ni comptés ni nommés; mais il faut admettre qu'ils en ont signalé deux au moins. Le premier, et le plus important, est celui que Tite-Live ajipelle Promnn- torium Pi/rcncs, lorsqu'il dit, qu'en l'an 218 av. J.-C, P. Cornélius Scipion traversa le golfe (jaulois , fit le lonr du Promontoire de Pyrène, et alla débarquer ses troupes à Emportes*. Ce promontoire ne peut être que la pointe extrême du cap dit aujourd'hui de Crcus; car il n'existe, sur tout ce littoral, aucun autre point saillant dont le par- cours mérite de figurer dans une narration hislori([ue. C'est-là que nous retrouverons ce rocher qui s'élève si haut (ou s'avance si loin dans la mer), et que Mêla dit très-rap- proché de Cervera, en le signalant au navigateur comme point de repaire entre la limite des Gaules et l'embouchure du Thicis. Pour Mêla, la limite des Gaules est à Cervaria. Le rocher ou promontoire en question se trouve donc plus au sud, et cette situation convient parfaitement au cap de Creus, qui est justement fins rapproché de Cervaria que du tleuve Thicis, qui se jette dans la mer à VO. de Roses*. 1 Deindè Pyrenes circutnvectus prointintorium, Emporiis, urbe Grsera, rDpias exposait (lib. 26, c. -19). - « Cervaria lociis, finis Gallia»... A Cervaria pro\ima rst rupcs quœ iii aUuin Pyrcnxiim oxtnidil. Di'iii Thicis liunu'n » (lib. 2, c. G). On corrigerait volontiers ce passage, en mettant quam au lieu de qua; celte correction, qui rendrait le sens plus clair, n'a «railleurs aucune im- portance an point de vue de la géographie. ( 83 C'est le cap principal de toute cette côte, celui que Pline se contente d'a|)peler « le promontoire, au-delà duquel se «trouve Vénus Pijrént'cnne^. » Vient ensuite le lieu Cervariu, dont le nom se conserve encore aujourd'hui dans celui de Cervera. En suivant la côte, on trouve le cap sur lc(juel était bâti le temple d'Aphrodite. Strahon semble l'appeler une l'ois VAplirodision; mais il est douteux que ce lïït-là le nom propre de ce promon- toire. Le même auteur l'appelle, dans un autre endroit, le cap Aphrodision de Pyrène, et Ptolémée le nomme, à plus juste raison sans doute , le Promontoire de Pyrcne, sur lequel est bâti le Temple Aphrodisien {Ptol., lib. II). Il est bien évident que nous ignorons le nom propre que ce promontoire portait dans les temps anciens; il n'est déterminé i)our nous que par le temple qui le surmontait. C'est donc à ce monument seul qu'il faut appliquer le nom à' Aphrodision, temple ou hieron Aphrodisien, fanum Veneris, et Venus Pyrenœa , que lui donnent les géogra- phes anciens. C'est ce temple qui avait jeté un certain éclat sur le Port de Vénus et sur son Promontoire , qui était peu important par lui-même, et n'aurait sans doute jamais été mentionné sans cette particularité. Pomponius Mêla ayant placé le Porlus Veneris dans les Gaules, dont il fixe la limite à Cervaria, on ne peut songer à chercher ce port au sud de Cervera, ni le pla- cer sur la côte française dans un lieu plus convenable que celui qui s'appeljc encore aujourd'hui Port-Vendres. «Ce nom, dérivé de Porlus Veneris, donne une sin- « gulière force à l'opinion que nous soutenons. En effet , « il est aussi probable (jue l'on a désigné ce port par le « nom de la déesse dont le temple avait été élevé dans « le voisinage, qu'il le serait pou (pi'on lui eût imposé ' Pyrciidîi inonlcs tli^panias (iallinsqiie (lislfrininanl, ■promuntoriis in duo ilivuisa maria |>iojectis.. . riuinon Ticliis. Al) ro l'yieiuva Vomis in laloif yiramantorii altcio xi. m (lil), .3, <•. .>, lieacriplion de riCspagne). 84 « un pareil nom , si cel édifice eût été construit dans un «endroit éloigné de sept à huit lieues'. » D'après toutes ces considérations, nous placerons 1'^- phrodision sur le cap Biar, qui forme un des points les plus remarquables de cette côte, au sud de Port-Vendres. Il est vrai qu'aucune découverte de ruines romaines n'est venue signaler jusqu'ici, sur ce point ou ailleurs, la place du Temple d'Aphrodite; mais les raisons énoncées ci- dessus peuvent tenir lieu de preuves matérielles. Quoi qu'il en soit, les anciens noms des deux pmmontoires pyrénéens dont nous avons essayé de déterminer la position, demeu- rent inconnus, et le nom (VAphrudisium ne peut s'appli- quer à aucun d'eux, puisqu'il appartenait seulement au monument élevé près du port de Pyrène à la divinité de ces montagnes. COTE ROUSSIIXONNAFSE — FLEUVES. Feslus Aviénus est le seul écrivain de l'antiquité qui nous ail laissé une description de la côte maritime du Roussillon, description bien incomplète sans doute , mais fort impor- tante, si l'on lient compte du temps auquel se rapportent ces renseignements, puisés, selon toute probabilité, aux écrits des navigateurs de Massalie, qui parcouraient les côtes de la Celtique et de l'Ibérie vers le v^ siècle avant l'ère chrétienne. Le poëme des Ora maritima se rattache donc aux premiers temps de l'histoire et de la géographie. Après avoir suivi les côtes de Barcelone et du pays des Cérètes (Ampourdan), le poète géographe arrive aux Pro- montoires de Pyrène, et continue ainsi sa description : « A partir de ce point, s'étendait le peuple Sordus, vivant « dans des repaires d'un accès diflicile, depuis l'endroit où « les sommets de Pyrène couverte de pins... plongent dans > De 6\Z4'Sï0i.*, Hist. du floi(,«,i., p. 58. 85 « les flots de la mer. Dans les confins du rivage Sordicène «avait existé, à ce qu'on dit, la riche cité de Pyrène... « Après le mont Pyrénéen, s'étendent les sables du littoral « Ci/nétiqiie, que sillonne la rivière Roschinus; c'est-là, « comme nous l'avons dit , le sol de la Terre Sordicène. « Vient ensuite un étang et un marais d'une vaste étendue, « que les habitants appellent Sordicène. De ce même étang fl coule la rivière Sordus, entraînant quelque fois avec elle « les eaux agitées de ce vaste golfe, dont les bords sont « tellement étendus et ouverts que la fureur des vents y « pénètre et en soulève les vagues ' . » La description d'Aviénus s'applique parfaitement à l'état actuel de la côte roussillonnaise, et l'on n'a pas même besoin, pour la suivre, de prendre en considération, comme l'a fait M. do fiazanyola-, les diangomonts que ces lieux ont pu éprouver dans un intervalle de plus de vingt siècles. 11 n'y a donc qu'à expliquer et compléter cette relation ' Gens est Iberuni. Sordus \nie dt>ni(|uc Populus agcbat intcr avios lucos; Ac pertiuentes usque ad interius mare, Qua pinifcrla; stant Pvreiia; vcriices liitcr ferarum lustra i- Tt-t/a (8o0j , Tencilmn, Tedo (855), Tede (950), (7erf937), Tête (810). Il porte aujour- d'hui le nom de La Tel, qui se trouve déjà , muni de l'ar- ticle et sous la même forme, dans une charte de l'an 966. C'est le fJnmn) Telis de Mêla ; car, mali^ré les remanpies grammaticales de M. Puiggari, il semble dillicile de voir autre chose qu'une faute de copiste dans la leçon Telis du géographe latin '. En sorte que le nom de La Tet, qui se conserve encore aujourd'hui, remonte aux premiers peuples du Roussillon. Ce fait esl certain pour lilibéris, et tout porte à croire qu'il en est de même pour Uousliino. En outre, Polybo, Strahon et Ptolémée déclarent que chacun des duu\ fleuves avait près de son cnilmucliure une inllc qui fartait le mCme nom. r..e premier de ces écrivains fournit nionie nn ar(|uni('iit dicisif à cet égard, car il :ie se borne pas à mentionner les deux fleuvcii d' lilibéris et de Rouskino, et il parle dans la même phrase du fleuve de iVurfroiid, qui ne peut s'entendre que de VAlax. Or tout le momie sait rorijjine du nom de Xar- bona, qui s'appliijuait, non pas au fleuve do l'Aude, mais à la colonie fondée dans son voisinage, l'an I I.S av. J.-C. Il faut donc regarder comme un fait inconteslahle Tignoranre ou le silence des écrivains grecs relativement au nom propre des fleuves du Uoussillon. Ils se sont bornés à leur donner celui des villes dont ils arrosaient le terri- toire, et ce sont les écrivains de Rome qui nous en ont lransn)is les noms primitifs, ' • Le nom de Tkelis, a dit M Puiggari ('Sûtices sur F.tue). n'est autre chose qu'un arrhaïsme; car les anciens, au rapport de Vanon, permutant / en /, disaient précisément Thelis pour Thelis, en parlant toutefois de la déesse et non de notre rivière. » I\I. Puiggari a dit ailleurs (Ituncinn. Public , II, 2): " Telis, au lieu de Telis, ne peut être qu'une de ces nombreuses fautes de copiste, avec lesquelles l'ouvrage de Pomponius Mêla nous esl parvenu. " 89 Le troisième fleuve roussillonnais est formé de la réu- nion (le trois anUients presciiie égaux, portant tous des noms qui remontent à une haute antiquité. Le premier, sur la rive droite, qui porte, depuis le xiv^ siècle au moins, le nom d'Adcsi;/, est appelé flnmen de Adadig dans une charte du ô des cal. de juillet II 42 (Cari, du Temple, fol. 78, r")- Le second alllucnt, (pii est le plus important, porte déjà le nom de jhinuni AquUimim en 961 (Marca, n" 96). Le troisième aifluenl, sur la rive gauche, appelé aujourd'hui Verdoblc, porte le nom de Verndoble dans une charte de l'an 1558 (Reg. I de la Proc. real , fol. Mo, et V, fol. 151), et rien n'empêche d'y retrouver le Vernodubrunt de Pline. Cet afllucnt est le plus rapproché de la côte, et il n'est pas étonnant qu'à une époque où les Ron)ains ne connaissaient peut-être que très-imparfaitement le' pays dit aujourd'hui de Fo- nollet, ils aient donné au fleuve qui l'arrose le nom d'un de ses principaux afllucnts. On voit cependant que, dès le xe siècle, le fleuve portait le nom à'Aquilimim dans sa partie inférieure, comme près de sa source au xii*'', et ce nom se montre dès l'an 1278 sous la forme actuelle de l'Agli*. On trouve un lieu de Moule AUjlino, dans le pays de Fonollel, mentionné en 12H^. Enfin, Aviénus a signalé sur la côte roussiilonnaise un quatrième cours d'eau, Sordus amnis, que beaucoup d'écrivains modernes ont confondu avec l'Agli. La des- cription d'Aviénus ne [)ermet |)as la moindre confusion à cet égard , puis(iue , à la suite du (kuve Roschinus, qui ne peut être que la Tet, il cite encore dans le pays do ' Monastcriuin S. Pniili, super ripas /i^iii/i'iii (Riillt- île Tan 1120. — BaLUZE, Bulles, n" lo. — llisl. de Languedoc, to. 11, prouv. 582). 2 Pro|iricU'S à Sainl-Ilippohle , arf ripam de l'Agli .. in flumine de l'Agli (Cart. du Temple, fol. 88 r"). 3 Ibid, fol. 16. 00 peuple Sonle, uu étang e)Uourê de marais, que les habi- tants appellent Sordikcnc, et c'est de ce même étang que sortaient les eaux de la rivière Sordus. On ne peut recon- naître ici que l'étang mentionné également par Polybe, Strahon et Mêla, et appelé aujourd'hui étang de Salscs, dans lequel se jettent, en eflet, deux véritables cours d'eau, aux(iuels la dénomination d'amnis peut parfaite- ment convenir '. Il Caut donc voir dans notre Fo7it Estramcr, celle fon- taine de Salses signalée par Desclot comme limite du Rous- sillon; c'est le fom Salsulœ de Mêla, la rivière Sordus d'Aviénus, et rien n'empêche d'appliquer à notre littoral actuel la description que les Grecs de Massalie en faisaient il y a plus de deux mille ans^ ' Pour que la rivière Socrfia d'Aviénus fût l'Agli , il faudrait adineUrc (|iic, celte rivière se jetait ancicniicineiit dans Tétang de Salses. C'est une opinion (|ue rien ne justifie, car l'histoire n'a mentionne aucun fait qui j)nissc s'y rapporter; la disposition topographique du pays s'y oppose, et M. de Gazanyola a prouvé historiquement l'impossibilité du passage de l'Agli dans tout autre lit que celui qu'il a de nos jours. Aucun géographe ancien n'a fait mention de l'Agli à l'exception de Pline. Aviénus a donc pu le passer sous silence, comme il Pavait fait pour le Tech. Il s'est borné à signaler sur ce littoral cette source merveilleuse et abondante, cette fontaine de Salsulœ, mentionnée par Mêla , et qui mêle ses eaux avec celles de la mer dans Pétang de Salses. 2 II y a i|uelqucs observations importantes à faire sur les noms primitifs des rivières et des cours d'eau du lloussillon. On peut remarquer, qu'à Peï- ccplion de ceux qui appartiennent évidemment à la langue et à la période latine, ils sont presque tous monosyllabiques, et qu'ils se retrouventsouvcnt sous des formes identiques sur les deux versants des Pyrénées orientales. Ainsi les anciens nomment déjà, au nord et au sud de ces montagnes, les fleuves Tichus ou Tecus , et on y retrouve le Teser du moyen-àge, la Ter de nos jours, dont l'analogie avec la Tel ne peut échapper à personne. Il en est de même de la rivière Sordus, qui semble se retrouver dans le nom de certains cours d'eau mentionnés dans des documents d'une date asse:: ancienne, et dans (|uelques ravins connus encore aujourd'hui dans notre plaine et jusque sur les lianes du Canigd, sous le nom de correchs d'ayijues sourdes. Le mot sorrc ou sourre, dont nous ignorons Porigine, mais qui a 91 Quel était le nom propre du pays dont nous venons de parcourir le rivage? Nul ne le sait. Tout porte à croire, cependant, qu'au vp siècle av. J.-C. les habitants dési- gnaient sous le nom de terre de Cynel ou de Kyn, la partie du rivage comprise entre les embouchures du Tech et de l'Agli, sans que l'on puisse déterminer si cette dénomi- nation s'appli(iuait à la côte seulement ou à l'intérieur du pays. Quant aux écrivains grecs ou latins, ils ne l'ont désigné que par le nom qu'ils donnaient aux populations de la côte, qu'ils appelaient Sordoncs. Ils connaissaient donc, depuis le vF siècle av. J.-C. jusqu'au ii^ de notre ère, sous les noms de reyio, ou même ora Sordomim, tout le littoral qui s'étend des caps des Pyrénées jusqu'à la fontaine de Salses. Ce nom fut-il maintenu dans la suite, et à cpielle époque celui de Pagus Huscinonensis lui fut-il substitué? Les anciens auteurs sont complètement tant d'analogie avec le nom «le la fontaine de Salses et de l'ancien peuple de notre littoral, s'eniploie aujourd'hui en Kousstlion pour désigner le sas de Fonoiiet, une origine distincte de celle des anciens habitants du Roussillon proprement ditetdelaCerdagne, où les noms prnnitifs sont presque toujours monosyllabiques, et semblent se rallacher à un idiome diffen'ut. 92 muets k cet égard. Il n'existe donc aucun témoignage qui puisse autoriser à faire remonter cette dénomination a l'époque romaine, et il est certain que le nom de Pagus Rusci)ionensis, ou plutôt de Comilatm Rossolionoisis, se trouve écrit, pour la première fois, dans une charte re- cueillie par M. Fossa, qui l'attribue à l'an 801 '. Ce ne serait donc que sur de simples conjectures qu'on pourrait inscrire le nom de Pagus Ruscinonensis , à la place de celui de Regio Sordomim, sur une carte historique de la Gaule antérieure au viF siècle de notre ère. IVoms de Peuples et Limites. Nous laissons de côté les Miromandui, les Taleli, les Perpinianœi et autres peuples fantastiques, établis, avec plus ou moins de crédit et de raison, par divers écrivains modernes, dans l'ancien pays de Roussillon. Les médailles, les inscriptions et les auteurs anciens n'apprennent abso- lument rien à cet égard , et il est certain que les seuls peuples mentionnés par les écrits de l'antiquité classique, qui peuvent être réellement placés dans ce pays, sont les Cerelani et les Sordones. SORDO>JES. Comme nous l'avons vu, Aviénus, dont le témoignage se rapporte au moins au vi^ siècle avant J.-C, place le peuple Sorde sur la côte qui s'étend des Pyrénées à l'étang de Salses. Il appelle cette côte, Sordicène, et nous apprend que les habitants donnaient ce même nom à l'étang et aux marais qui livraient passage à la rivière Sordus. Cet état de choses n'avait pas changé au siècle d'Au- guste ou de Claude, et Pomponius Mêla, décrivant les • Docum. inédits sur l'IIisl. de l-'rance, extraits de la Dililiolh. Roy. et des Arcb. el des Uihiioth. des Départ., lo. III. I 93 côtes de la Narbonnaise dans un ordre diamétralement opposé à celui d'Aviénus, arrive h la fontaine de Salses (liv. Il, c. 5), où commonçaif, d'après lui, la région des Sonlones*, dont il parcourt la côte maritime jusqu'au lieu de Ccrvaria, limite des Gaules, et sans doute aussi du peuple en (piestion. Enfin, un demi-siècle après, Pline- l'Ancien, décrivant à son tour la Province Narbonnaise, y inscrit quelques noms qu'il semble emprunter à une table géograpliique, et en se dirigeant des Pyrénées vers Narbonne, il place a la région des Sordones^ sur la côte, « et celle des Consuarani ^ dans l'intérieur. y) Voilà les seuls ' Il V a Sordomtm dans les tnciliciirs manusi-rils de Mêla , et cVst la leçon qu'à choisio le ileinierelsavaiitécliteui- ( Tzscnicii, Ed. de Mêla, t II, p.-îOG, — VVai.ckenaèh, Géographie des Gaules, In. Il, part. II, c. A ). Le mot Sordones est une nouvelle forme latine du mot .Sordi d'Aviénus; mais il désigne évidemment le même peuple. 2 In oru regio Sardonum, inlusqut Consuaranorum (liv. III, cli. .'5). Tous les éditeurs de Pline se sont obstinés à écrire Sardonum au lieu du Sordonum que portent les meilleurs manuscrits , ainsi que Tavoue le P. liurJuuiu ; aussi les critiques les plus savants u'ont-ils pas hésité à considérer la leçon Sardonum comme une erreur, soil qu'elle provienne de Pline lui-même, soit (|u'il faille ratlrilnier aux copistes de ses manuscrits. Quoi (|u'il en soit, tous identilient ce peuple avec celui des Sordones mentionné par iMéla. 3 (À's Conswrani (jui' l'iine a mentionnés en deii'; mots, à la suite des Sordones , ont donné lieu à divers systèmes qui ont lour-à-tour promené ce peuple depuis les teries dites aujourd'hui du Conllent, jusqu'aux rives de lu Garonne. M. de Marca a dislin{jué les Consuarani des Consoranni , en |)laçant les premiers dans le Conllenl et le (^apeir, les seconds sur la rive droite du haut cours de la Garonne. Dom de Vie, Demi Vaisséte, MM. Henry; Puigdari, de Gazanyola et hien d'autres, ont adopté cette opinion , rejetée par d'Anville, et acceptée, sous certaines réserves, par M. Walclieiiaér. Par des raisons que personne n'a sérieusement combattues, d'Anville, a place les Consuarani et les Consoranni dans le pays appelé plus tard le Couserans, et tout-à-fait en dehors des Pyrénées- Orienlales. Quant à !\I. de Marca, il s'est hoiiié , pour toutes raisons, à citer le passajje de Pline, Doni Vaissète et tous les auteurs venus à la suite ont adopté l'opinion de Marca sans autre examen , et tous ces écrivains se sont ainsi bornes à sappuver sur l'opinion de leurs devanciers, ^ans y ajouter aucune preuve ou considération nouvelle. 94 Icmoigiiages que raiiliqiiilé nous ail transmis sur le peuple de notre littoral. Polybe et Strabon ajoutent que ce pays était i)euplé par des Celtes, par des iianhiis selon Tite- Live, et Plolémée étend les Vohqucs Arckominucs jus(pi"aux Pyrénées : ce qui veut dire, tout simplement, qu'aux yeux Od se retrouve donc en face de Pline lui-incnie, et il ])eut être bon d'exa- miner si son témoijjiiage n'a pas iHc iiitcr|)rcté iliine nianiiTe, arbitraire et i)ar suite erronée. IMinc nomme tout simplement, parmi les peuples de la Narbonnaise, « les Sardanes sur la cote, et les Consuarani dans l'intérieur. » Mais (jnel est le sens du mot initis? Demandons-le a Pline lui-même. Le procédé de cet auteur, dons ses descriptions géograpbiqnes, consiste à inscrire d'abord les noms des villes qu'il Ironve sur le bord de la mer, pour donner ensuite ceux de l'inti'ricur des terres. C'est ainsi (|u'après avoir décrit les cotes de l'Espagne eitérieure, il place, à l'inlèrieur , \os Ausetani, les Lacetani, les Cerrelani et les Vascons: « Post eos... intus receJcntes radiée « Pvrena?i, Ausetani , Lacetani, etc. In ora autem colonia liareino. » (Uisl. Nat., III, 4. ) De même pour la Narbonnaise, dont l'intérieur, était occupé par les TricoUi, les Vocontii, les Segovellavni , les Allobroges , etc. « Ei inliis (I Tricolloiuin , Vocontiorum et Segovellaunoruni : mox Allobrojjuni. At «in ora Massilia, etc. » fibid., III, S.) Tous ces peuples étaient considé- rablement éloignés du rivage; mais, comme on le voit, ce sont toujours les mêmes expressions qui reviennent (in ora, intits), et tout ce qu'on peut logiquement inférer du langage de Pline sur le point que nous examinons, c'est (|ue, vers les Pvréiiées, la limite de la Narbonnaise était occupée, aux deux extrémités, par les SordoHfs à l'est et par les Constiarani à l'ouest, sans que !e géograpbe ait fixé le point qui aurait pu leur servir de limite coui- luunc, ni mentionné aucun autre peuple dans l'espace qui pouvait les séparer. llcsU' à savoir si, en portant au cours de la Garonne les limites de la Narbonnaise, nous demeurons dans les données géograpbiques de Pline. Or, cet auteur se borne à indiquer les monts Gebenna connue une des limites de cette province, dans laquelle il place d'ailleurs les Tolosani sur les confins de l'Aquitaine : « A rcliquù vero Galliâ latere septenitrionali montibus Il Gebenna cl Juia... In mediterraneo coloniœ : Arelate Sextanorum ,... « Tolosani Tcclosaçium , Aquitania; coulermini. » (Ibid., III, îi. ) — H n'y a donc rien, dans ce (|uc nous avançons, qui ne soit pleinement d'accord avec le dire de cet écrivain, et, si ces raisons sont logi(|uenieiit déduites, il en résulle que le peuple Consuaran doit être dérinitivement fixé sur la rive droite de la Ilaule-tiaroiine, et qu'on ne saurait s'appuyer sur le témoignage de Pline pour le placer dans le Coiillent ou dans toute autre partie du département des l'yrénées-Orientales. 95 (le ces écrivains, les villes d'Illibéris et de Riiscino se trouvaient comprises dans le pays qu'ils appelaient (hiule ou (\'llique\ < Il ii'csl plus (nipstion du peuple Sorde après le premier siècle de l'ère cliréliennc, cl celle ilisparilioii du nom d'un peuple, qui n'a laissé aucune trace dans le pays qu'il a occu|>é, fait iiailre des doules assez lé(;iliine!, sur la justesse de celte dénomination. On observe , en effet, qu'en général , les noms des peuples gaulois de la période romaine se sont conservés pendant tout le moyen-àjjc, et souvent jusqu'à nos jours, et l'on s'e\plii|ue dilfici- 'eiiienl (|ue des noms nationaux aient fini par disparaître, lorsque les l)euples qui les portaient n'ont pas été complètement détruits. On remarque, au contraire, que les noms qui lombenl ainsi en oulili, sont souvent des dénominations arbitraires on purement scientifiques, qui n'ont jamais été adoptées par les peuples auxquels on les appliquait. N'y a-t-il pas aujour- d'hui, sur divers points des côtes d'Afrique et d'Amérique, des noms de peuple imposés par le caprice des navigateurs et dont les populations ne se doutent même pas? Pourquoi u'cn serait-il pas de uiéiiie des Sort/es .i* Les premiers navigateurs grecs qui parcoururent les côtes de notre terre de Kyn , y trouvèrent un peuple dont le nom jiroprc leur était inconnu. Ils remurquètcnt surtout, dans ces parages, un phénomène naturel qu'ils entourèrent de prodiges et de merveilles. L'imagination grecque accumula les fictions sur celle fontaine de Salses, qui surgissait à l'entrée du Houssillon. Ce nétaieul que contes et récits surlcslagunesqui l'entouraient, les iles ilot- tautcs qui la dérobaient quelquefois aux regards des curieux, et les poissons fossiles que le trident frappait dans les cavités de ses champs suspendus. Les indigènes lui donnaient le nom de Sorde, ainsi (|u'aux marais qui l'avoi- sincnt. C'en fut assez pour les navigateurs de Massalie. Ils donnèrent à toute celte cote et à ses liabilants le nom de cette source, dont la description tient plus de place que tout le reste du pays dans les ouvrages des géographes anciens. Les voyageurs modernes n'ont pas procédé autrement, pour beau- coup de pays et de peui)les découverts dans les deux derniers siècles. Les terminaisons mêmes (cespcs SordiccHM.f, gleba Sordiccno , stagnuni Sordifoi) qui sont celles de l'adjectif hellénique, trahi.ssent l'origine et l'histoire de ce nom, et tout concourt à prouver (jue son emploi remanie au moins à l'époque des Grecs de Massalie. Mêla et Pline rempruntèrent aux écrits des géographes qui les avaient précédés ; mais rien n'indique que les habitants l'aient adopté, car, si c'ertt été leur nom propre, ils l'au- raient conservé,.! la place de celui de pays de liuscino. appli(|ue depuis plus de onze siècles au pays dont on attribue le rivage aux anciens Sordes. L'opinion qui ferait veuir ce nom d'une colonie do Sardaignc ne pourrait s'appuyer que sur la leçon de» manuscrits de Pline, qui écrivent Snrdnnfx 96 CER RETANS. Il est facile de reconuaitre le peuple cérélan dans ces Cérèles et Acrocêi'èles qui , au v^ siècle av. J.-C. , étendaient leurs tribus jusqu'aux ctablissemenls d'Empories(AviENUS, Ora mar., v. ooO) '. Ils occupaient alors toute la ligne des Pyrénées orientales, depuis le Sègre jusqu'à la mer, et s'étendaient, au pied de ces montagnes, dans les pays appelés aujourd'hui de Berga, de Vich et de Résalu. Il n'y a aucune difllcullé à admettre une communauté d'origine pour toutes les populations du versant méri- dional des Pyrénées, dans les limites que nous venons d'indiquer, et il n'y avait-là que des peuples d'origine céré- tane ou ibérienne, comme le dit Aviénus, d'après les écrits des navigateurs de Massalie. Quant au versant septen- trional, correspondant au Roussillon , nous avons le témoignage de Slrabon , qui trouvait le versant espagnol des Pyrénées beaucoup plus boisé que celui de la Celtique. le nom (|no les autres écriv;iins antéjicurs écrivent Sordones et Sorrfi. Ce systétne doit sécrouli'r et dis|)arailrc avec, cette fausse leçon. Nous rejetons également rétymologic qui ferait dériver ce mot d'une colonie de Tyr, parce qu'une pareille orijjiiic ne peut s'appuyer directement sur aucun témoijjnajje positif de l'histoire, et surtout parce que la racine phénicienne Tsor ou Tzour, qui est, en effet, le véritahle nom de Tyr, n'aurait jamais pu produire le dérive Sori par les règles et les procédés connus des langues sémitiques. Le témoifpiajjc des auteurs anciens subsiste donc tout entier. D'après eus , le peuple appelé Sorde était d'origine celtibérienne , et c'est seulement dans les débris des anciennes langues ibères et celtiipies qu'il feindrait chercher l'origine de son nom. ' Quelques éditions donnent Aucocereles, au lieu d'icroecreles, qui signifie en grec Cerélesdc-la-mnnlagne. C'est sans doute sous ce nom que les connais- saient les habitants d'Empories; et comme Aviénus adopte ordinairement, pour les noms de lieu.x , les traductions et les terminaisons des écrivain» grecs (|u'il avait consultés, nous ne voyons aucune raison pour conserver la le^-ou iueneerelcs, qui n'est probablement qu'une erreur de copiste. !)7 « Cepentlani, ajoulait-il, il y a au milieu des Pyrénées des «vallons pariaitfiinent habitables, qui sont peuplés de « Cerretans-Ibéiiens '. » J)ans la pensée de Slrabon, ces magnifiques vallons, (pii contrastaient avec les terres généralement dénudées du reste de la Gaule , au milieu desquelles ils laisaient exception, ne pouvaient être compris que sur le versant septentrional , et ne devaient s'entendre que des hautes vallées de l'Aude, de la Tet et du Tech, qui, pendant des siècles, ont eu, en effet, des souverains communs avec la Cerdagne, et bien distincts de ceux qui dominaient sur le littoral roussillonnais '. Quant aux Atacini, que l'on s'accorde à placer vers la partie supérieure du cours de l'Aude, ce n'est pas un nom de peuple proprement dit, c'est une manière de dési- gner les populations (pii habitaient sur les bords de cette rivière, connue on appelait .Surt/es ceux qui se trouvaient aux environs de la rivière Sonie. Dans tous les cas, cette dénomination ne pouvait s'appliquer qu'à une partie infi- niment réduite de notre province, et nous nous croyons fondé à conclure que le peuple Cérélau est le seul qui A:jrr/ç ok rr,ç nupriv/jç to ^h Ior;p£xov -jrXs-jpov , £^SvjSpo-j ro «5£ KeXtïxov liùfrj. 'Vol S\ ixigoi. iurj-yi, Ksppy/rxJo':, to '::\(o-j ro~i lSoptxo~j (p-j).o-j. I.il, |||. - La question de l'ori(;iiiL' roivlaiif îles anciens liabitanls Ju Confient ne présente aucune diliiiiilté. Quant à celle des |)i)|Uilatioiis ilii liant Valles|)ii-, nous avons les noms, cucoïc couscivés, de Ccrel et Saint-l.anrent-de-Ci^ii/rtiis. On a dit, il est vrai, dans l'annuaire de^Sô^l : « 0» présume que ee viliajje « lut une lolonie de vassaux cerdaf;nais, transférés des sonnnités de la l'erche, « on iNotre-Daine de Vallespir avait prieuré et hospice, n C'est une simple conjecture. On trouve déjà, dans un acte du 18 août l59'i , Franeois Itru- dada, rectoT Eccksie Sancii- Lamcncii de Serdanis (Arcli. de r!!o|). de IVrp , plech ô!(, n" '< ) , et on ne peut voir dans celte dénomination, comme dans celle de Cèrel, que des souvenirs de l'ancien peuple Ctrélati que Strabon sii;i\alait déjà dans ictle valliT. 98 ait été désigné par les anciens, comme ayant réellement occupé les pays du département actuel des Pyrénées- Orientales. Dès les temps les plus reculés, il en avait peuplé les hautes vallées que ses descendants occupent encore aujourd'hui sous le même nom. Nous n'insisterons pas davantage sur ce point. E^îiuiteN nutnrolloM. !.os limites naturelles de la France et de l'Espagne sont aussi anciennes que le monde, et, s'il n'y avait à décider qu'une simple question de géographie physique, la discus- sion ne serait ni longue ni difficile. Mais la limite naturelle des Pyrénées a-t-elle été reconnue comme limite politique dans les temps qui ont précédé la visite des Grecs ou la domination de Rome? On peut en douter. Rien ne prouve que cette limite ait été reconnue, durant cette période, par les peuples qu'elle concernait, et l'histoire nous montre, au contraire, des populations de race identique, établies sur les deux versants des Pyrénées orientales. Ces mon- tagnes ne furent jamais une barrière pour les populations ibériennes, qui ne purent, en aucun temps, les accepter comme les bornes de leurs établissements. Ne voyons- nous pas, en effet, pendant tout le moyen-âge, les Comtes de la Marche hispanique, à cheval, pour ainsi dire, sur ces montagnes et réunissant sous un sceptre commun les pays qu'elles semblent séparer? Le Roussillon proprement dit, soumis aux Comtes d'Empories; le haut Vallespir, à ceux de Bésalu; tandis que les Comtes souverains de Cerdagne, établis aux sources du Sègre, du Llobrégat et du Ter, de la Tet, de l'Adesig, de l'Aude et même de l'Ariége, dominaient sur les pays de Berga et de Ribas, comme sur le Confient et le Capcir. Voilà les choses telles que les a comprises le génie des populations de notre ancien pays. Et ces faits parlent assez par eux-mêmes. Ils 99 ne se seraient jamais produits, sans les causes que nous avons indiquées, et qui seules ont pu les faire durer presque jusqu'à nos jours. Il n'y avait donc aucune différence d'ori- gine entre les Ibères de la Catalogne ou du Roussiilon, et la limite des Pyrénées ne fut jamais pour eu.v ipi'une fiction de la politique ou de la littérature. liiniïtes lii«s(ori<|neM. Cependant, lorsque les contrées occidentales commen- cèrent à être mieux connues, les historiens et les géographes ne tardèrent pas à y reconnaître deux races distinctes, quoi- que confondues sans doute à leur point de contact, qui ne fut jamais bien déterminé. lisse bornèrent donc à diviser le terriloiie occupé par ces deux nationalités en deux contrées distinctes, celle du nord, dont ils firent la Gaule Transal- pine, et celle du midi, qui forme l'Espagne ou Ibérie. La limite des deux races ne pouvant être déterminée, on leur imposa celle des Pyrénées, qui furent censées séparer désormais la Celtique de l'Ibérie , sans tenir compte des Ibères qu'on laissait au nord de la chaîne, ou des peu- plades celtiques qui vivaient encore au milieu des Ibères, comme l'ont reconnu César et Strabon. La limite des Pyrénées eut donc une existence histo- rique dont il faut tenir compte, et c'est à ce point de vue que nous allons nous en occuper, en ce qui concerne la partie orientale. L'historien Polybo en parle le premier, à propos de la seconde guerre punique; mais ce n'est guère à ses yeux qu'une simple htnrilre naturelle, qui s'étend depuis la Méditerranée jusqu'à la mer extérieure*. ll-jpyjvatojv opôiv, a. Starîivei xotra to cjve^^cç àiro -f/; iS-noaç xix: Kr/TO-jç. Pmvn., lib III. 3.«i n 39 too Strabon, Mêla, IMine , donnonl eiisuile la chaine des Pyrénées comme la limite de la Gaule et de l'Espagne, et Silius Italicus y a trouvé matière à trois vers excellents, où il consacre un mensonge historique, en désignant les Pyrénées comme la limite cterneUc des Celtes et des Ibères, qui ne l'ont respectée en aucun temps : Pvrenc ccls;i nimbosi veiticis arce Divises CcUis latè prospectât Iberos, Atiriie nnterna tenet inajjnis divortia triris. (l.ib. III, 'H" cts.].) Nous l'avons déjà dit, la limite des Gaules et de llltérie suivait anciennement la chaîne des Pyrénées. Elle est fa- cile à suivre sur toute sa longueur, et c'est seulement à l'extrémité orientale et au voisinage de la mer Méditer- ranée que commencent les incertitudes ou les variantes ; car les auteurs anciens indiquent, pour la limite extrême sur la Méditerranée, deux lieux différents qu'il inqiorte de reconnaître exactement. Strabon signale le désaccord qui existait déjà sur ce point parmi les écrivains de son temps i où yap oaoXoyî'rcci). On désignait alors deux endroits pour cette limite , et il parait se ranger à l'opinion qui la mettait au Temple d'Aphrodite, correspondant au cap Biar ; Ptolémée adoptr aussi cette limite , sans faire mention d'aucune autre. Selon d'autres écrivains, dont Strabon rapporte l'opi- nion, la limite des Gaules se trouvait lixée aux Trophées de Pompée, situés sur la route qui conduisait d'Italie en Espagne. C'est l'opinion que Pline a adoptée, et il dit, à deux reprises différentes, que les Trophées de Pompée étaient situés sur les limites (fines) de l'Espagne ultérieure' . Enlin, Mêla ne parle point des Trophées de Pompée; mais il se sert de la même expression que Pline; il ' Tioph.Tis suis quic slaliiebal in PynMi.rn .. ad fines lliapanitr iiltoriuris (Hist. Vur, liv. III, 5 et VII, 2(i.) e 101 indique le lieu de Cervaria comme la limite de la Gaule (finis Galliœ), et nous espérons prouver plus loin que ce lieu, facile à reconnaître encore aujourd'hui, correspond exactement à celui qu'indiquent Pline et Strabon, sous le nom de Trophées de Pompée. Le cap de V Aphrodision et Cervaria sont les seuls points signalés ponr notre limite; mais on ne peut hésiter h adopter le second. Les Trophées de Pompée ou l'anse de Cervern, voilà donc le lien que les Romains avaient adopté pour la limite de la Gaule et de rihérie; c'est celui qui, de tout temps, a borné le territoire de Banyuls-sur-Mer, et qui sépare encore au- jourd'hui la France de l'Espagne. ■^Imites et di«'i«iuu^ g>arlâculierc« «Iok itciipleM de l'anvie» KoufthiEEuit. Nous avons dû nous borner à indiquer la limite poli- tique (dans le sens historique du mot^ de l'ancienne Gaule et de ribérie : à ce point de vue, il y a des données assez précises, qu'il n'était pas inutile de reconnaître. Quant aux limites ethnographiques des Golls et des Ibères, ce serait peine perdue que d'en rechercher le moindre indice dans la province roussiilonnaise. Il ne serait guère plus utile de chercher les limites géographicpies des anciens Cerétans et des Sordes, ou des autres peuples de la même famille qui ont pu s'établir, sous divers noms, dans ce pays; car tout le monde sait que les peuplades, plus ou moins indépendantes, fixées dans nos vallées, étaient souvent désunies par la passion ou par des intérêts, dont il se- rait impossible de suivre les vicissitudes. Tout porte donc à croire qu'au voisinage des Pyrénées, par un phénomène encore saillant de nos jours, les mœurs étrangères et indi- gènes se confondaient et se mêlaient comme les races. Nous avons vu, il est vrai, certaines caries d'amateurs, qui placent chacun de nos |ieuples dans des espaces bien 10-2 déterminés, couverts de noms de villes et de villages, et M. Henry', entre autres, a suivi de point en j)oint, avec toute la précision de la topographie moderne et sans autre guide que son imagination, les prétendues limites des Sordes, des Consuarans et des Indigètes, qu'il avait jugé à propos d'établir dans l'ancien Roussillou. Ce sont des tours de force que nous n'avons pas le courage de tenter. Les auteurs anciens n'ont absolument rien dit à ce sujet; ils n'ont indiqué nulle part les limites des Sordes et des Cérétans, en admettant qu'il en existât entre eux, ni celles qui pouvaient les séparer des autres peuples établis sur les bords de l'Aude. On ne saurait donc trouver mau- vais que nous laissions cette question dans la profonde obscurité qui peut seule la caractériser, et que nous nous arrêtions aux limites que l'histoire elle-même s'est imposées. Lorsque l'ancien Roussillon passa sous la domination de Rome, il ne pouvait exister que des divisions essen- tiellement variables entre les peuples qui l'occupaient; car les races étaient confondues, et leurs intérêts poli- tiques variaient incessamment. Les limites politiques ou géographiques n'ont pas grande valeur dans l'état de bar- barie; il n'y a de divisions réelles et nettes que celles qui répondent aux besoins d'un service civil, judiciaire, censitaire ou religieux, et ces divisions lixes ne purent être créées dans ce pays qu'à l'époque où Rome fonda son administration provinciale avec des pouvoirs circonscrits. Malheureusement nous ignorons complètement ce qui put être fait à cet égard dans l'ancien pays de Ruscino, pendant toute la durée de l'Empire Romain; et cette ville n'ayant pas joui du titre de cité, tout semblerait indiquer que, sous le rapport administratif, l'ancien Roussillon fut une simple dépendance de la cité de Narbonne. ' lltfl de RvusM.. lo II, p. ()06. 103 Le titre de cile seul ne nous apprendrait rien d'ailleurs sur les limites politiques que nous .cherchons; car la cité romaine était morcelée d'une foule d'enclaves, sans territoires (ixes. C'était l'idée de propriété qui dominait dans le système municipal de Rome , et nous voyons des cités posséder des domaines fort éloignés de leurs murs. Leur territoire ne fut irrévocablement limité, dans les Gaules , qu'à l'époque où les villes devinrent le centre de la surveillance épiscopale et de l'administration ecclésias- tique. Enfin , on n'est point assuré de la transmission exacte du territoire des cités à l'autorité épiscopale du ixc siècle, et nous avons, en Lombardie, trois anciennes cités romaines, qui n'ont formé que deux diocèses*. Quant au diocèse d'Elne, les premiers titres certains que nous possédions sur son étendue ne remontent qu'au ix'' siècle, et pendant les trois cents ans qui ont précédé ces docu- ments, sommes-nous sûrs qu'il n'y ait eu aucun rema- niement, aucun changement, aucune suppression? Ainsi donc, en résumé, y aurait-il eu au iv<^ siècle une ville du Roussillon portant le titre de cilé^, qu'il serait encore téméraire de décider que son territoire soit exactement représenté par celui de l'ancien diocèse d'Elne; à plus forte raison serait-il difficile d'affirmer que ce territoire représentât l'étendue et les divisions des anciennes po- pulations de Sordes ou Cérétans qui avaient occupé ce pays. Il est cependant une ancienne division romaine qui a pu subsister presque intacte, en raison même de son peu d'importance; c'est celle des cités en pagi. Le pagus était ' Emile Desjardins, AUsia. ^8o8. ^ f-e diocèse d'EInc ne fut érige que dans le cours du vi' siècle , et la date seule de ccUe fondation, dont les causes sont d'ailleurs inconnues, prouve que, dans l'époque antérieure , aucune vilU du Uoussillon n'avait ^lé décorée du nom do cilé. 104 uno osi>»'C(' (le caiilcui, ayant sous l'Enipin; Romain ', ses magistrats connus sous les noms de pirfds (»u (■((iles du Pagtfs, investis d'attributions clairement délinies par le code théodosien. Le pagus n'a guère varié d'étendue pen- dant le moyen-âge; nous le retrouvons, avec ses anciennes limites, jusqu'au xviic siècle, dans nos anciennes Vigucrics administratives et surtout dans les Viran'ats ou Drccntats de l'ancien diocèse d'Elne, petites métropoles paroissiales, reste de ces vicariati ou divisions baptismales des pre- miers temps-, qui représentaient assez exactement les anciens /)rtr/^ des cites. C'est donc le payiis romain qui a subsisté et qui pourrait se retrouver en principe dans les vicariats, et non la cité dans le diocèse. Les pagi du territoire actuel des Pyrénées-Orientales, sont connus, dès le ix^ siècle, sous les dénominations suivantes : 1° Le pagus IJvieusis'', partie de la Cerdagne et du pays de Livia, aux sources du Sègre, dans l'ancien diocèse d'Urgel ; 2» Le pagïis Redensis* ou fit'f/dt'jm^ (Razès), s'étendanl jusqu'aux sources de l'Aude, comprenait le pays connu, plus tard, sous le nom de Capcir, qui fit d'abord partie du diocèse de Narbonne; ' Au temps de César, les Gaulois habitaient de grands villages ou de» cités fortiRées. Le territoire de ces habitations agglomérées formait une division géographique, (jue les Romains ont conservée, en donnant à roiu'ii'ii nom gaulois une désinence latine (pagus). - On sait que le baptême, dans la primitive organisation de l'Eglise, ne pouvait être administre que par les archiprêtres ayant sous leurs ordres plusieurs paroisses. ■' Ou trouve le suhurbium Liviense , dans une iliaile de Tan S78. fllarca, Il . ) "* l.e pagus Reddensis est connu des Tan 7SS. (Gallia Christiana, tonu- VI, page 2.) lor. 5" Le pagu^- Ffiioliclousis'-^ ou Fonalii'leiists, bassin su- périeur (le 1 Agli, était aussi compris dans l'ancien diocèse (le Narbonne ; io Le pagm Confliicntis ou Conflmnlanus, bassin supé- rieur de la Tel ; 5° Lepagiis ou vallis Asperiij s'étendait dans les bassins supérieurs du Tech, du Réard et du Boules; 6° Le pagus Ruscinonensis ou Rossolionemù, comprenait toute la plaine ou partie inférieure de nos trois cours d'eau, entre les Corbières, la mer et l'Albèra. Ces trois derniers pays formaient l'ancien diocèse d'Elne. Rien n'empêche de croire ([ue ces divisions territoriales existaient d(''jà sous l'Empire liomain; mais nous sommes loin de prétendre qu'elles eussent dès lors les mêmes noms et les mêmes limites, et surtout nous nous gar- derions bien de les inscrire sur une carte historique de la Gaule romaine. Si nous les indiquons ici , ce n'est que pour prémunir, dès ce moment, contre l'erreur trop sou- vent admise, que l'étendue de ces divers pays n'aurait jamais varié, et qu'elle était, dès le ix^ siècle, telle qu'on la voyait encore en 17S0. Il est bien vrai cpie les limites du diocèse d'Elnc n'ont i)oint varié pendant cette période, et, par conséquent, la frontière de la Cerdagne et du pays de Fonollet a dû rester la même a l'égard du Confient et (lu Roussillon. Quant h l'étendue du Confient et du Vallespir, elle a subi, dans le cours des siècles, des variations qui ne semblent pas avoir été sullisamment étudiées jusqu'ici et sur les({uelles les documents historiques peuvent seuls jeter quelques lumières. Cette question, qui est une des plus importantes de la géographie historique de l'ancien Roussillon, fera l'objet d'une dissertalion particulière. • On Iroiivc Ir pagus FeimUlus di-s Tan S'ri. (Histoire de l.augucdoc , tome I", |iiciiv. ,Sf>. ) 106 Villen, Por(«i, CliAt«auK et Mutr««i lleum. du Uous- «lllon cités par les auteiirn anciens. RDSCINO (CASTELL-ROSSELLÛ). Si l'on admettait le système de M. Puiggari sur les établissements des Phéniciens, la fondation de Ruscino remonterait au moins au xi^ siècle avant notre ère, à l'époque où le commerce de Tyr semble avoir pris la plus grande extension dans la partie occidentale de la Médi- terranée'. Malheureusement, comme nous l'avons déjà dit, l'histoire ne nous apprend absolument rien sur les prétendus établissements phéniciens de l'ancien Hous- sillon. Les géographes grecs, Skymnos et Skylax, gardent le silence le plus complet sur la ville de Ruscino; seur lement, Aviénus ayant mentionné le fleuve Roschnim, qui, selon tout apparence, ne devait ce nom qu'à la ville dont il baignait les murs, on peut en conclure que Ruscino existait déjà vers le vi^ siècle avant Botre ère. Ce nom se montre, pour la première fois, dans le récit (les événements de la seconde guerre punique , l'an 218 avant Jésus-Christ. Suivant Tite-Live (hb. XXI, c. 20), pendant qu'Annibal se disposait à franchir les Pyrénées, les ambassadeurs romains, chargés de lui susciter des ennemis sur sa route , ayant échoué dans leurs négocia- tions avec les Espagnols, passèrent dans la Gaule , et se présentèrent à Ruscinon devant les Gaulois, qui, suivant leur usage, étaient venus tout armés à l'assemblée. On sait quels éclats de rire et quels murmures d'indignation éclatèrent parmi les jeunes guerriers, lorsque les députés leur proposèrent d'attirer la guerre sur leur pays, pour l'empêcher de passer eu Italie, et pour servir la querelle de Rome contre ses ennemis. Toutes les sollicitations ' Ruxr.inn, par ^I. Piiiffgari, dans le Pubikaleur, II' aiinéf, n"'5, 'i el '6. 107 furent inutiles, et Annibal vint camper suiis les tiiurs d'Illiheiis (EInej, après avoir opéré sans dilficulfé le pas- sage des Pyrénées. Cependant, la crainte de la servitude avait fait prendre les armes à plusieurs peuplades de la Gaule, qui se rendirent à Ruscinon, et Annibal, qui craignait plus de perdre un temps précieux que de com- battre de tels ennemis, envoya aux cliels une députation, pour leur demander un entretien. Ses démarches eurent un plein succès. « Après ces négociations, les petits rois coDJcctinos viennent encore suppléer à ce silence, el, depuis M. de Marca, tous nos historiens ont répété que la ville (rilélène, comme celle de Rnscino, lut javagée, en -408, par les Vandales, accon)pagiiés des Mains el des Suèves, qui ne se sont peut-être jamais montrés dans cette partie des Pyrénées, et linalement, en 41 i, par les Wisigotlis, qui vinrent, en effet, s'établir dans ces contrées, pour en restaurer les villes, et non pour les détruire. Toujours est-il que l'histoire n'a parlé ni dEIne ni de Ruscino, à propos des liarhares germains et des ravages qu'on leur attribue dans ce pays. Elle nous apprend, au contraire, que la ville (ÏUt'IoKi , qui n'avait pas encore de siège épiscopal sous Ilonorius', jouit du titre de cité dans le siècle suivant, et possédait un évéque en 571*, sous la domination des "NVisigoths. On semble donc autorisé à reléguer dans la région des fables toutes ces destructions, dont nous sommes loin assurément de contester la possibilité, mais qu'il est, pour le moins, inutile d'imaginer, lorsque l'histoire n'en a rien dit, et qu'elle peut se passer de ce genre d'explications. Tenons seulement pour certain (\\vHdcna, restaurée dans les premières années du iv-' siècle, prit de rapides accrois- sements et une importance, qu'elle conserva sans inter- ruption jusqu'à l'époque où elle devint le siège épiscopal de notre diocèse. Les destinées d'Elne chrétienne sont étrangères h la période que nous embrassons dans cette partie de notre travail. Les débris de l'antiquité sont presque aussi rares h Elne qu'à Château-Roussillon , et l'on peut à peine citer quelques pans de mur d'origine douteuse, des médailles de toutes les époques, quelques fragments de poterie sans importance, el deux ou trois sarcophages conservés ' ynlkia Galliarum suh Ronorio. KdiH. Sirniiiiid. 2 JoiiANNis Bici.AH. Chronic, aniiooTI. 117 (lans la ville ou ;hi\ environs. Les temples el autres monuments publics de l'antique Illibéris, occupaient sans doute l'acropole, ou partie haute de la ville, sur laquelle s'élève aujourd'hui léylise-mère du Houssillon, et il y a lieu de croire que la reconstruction de cette basilique amena la ruine complète des derniers débris des anciens monuments païens qui pouvaient encore subsister au xi<= siècle. ■S.\l,SlJL.î; (SALSES.J Au siècle d'Auguste, Mêla (II, 5) cite la source salée de Salsulœ (Salsuhv fons), à l'entrée du pays des Sordons'. Une population assez importante s'était sans doute grou- pée aux environs, on ne sait depuis quelle époque, sur le passage de la voie romaine, qui compte Salsidas parmi ses stations, àôO milles de Narbonne. Ce même nom reparait au moyen-âge-, pour désigner la ville de Salses qui, selon toute apparence, occupe la même place que le lieu de Sal- sidœ de l'Itinéraire romain. Des débris d'antiquités y ont été signalés à diverses époques, et il s'est fait, il y a deux ans, près de la Fant-Damc, une découverte importante de médailles consulaires, ce qui semble rapporter ce d('pôt à l'époque qui suivit immédiatement la conquête de ce pays par les Romains. ' Salses Dguie dus k- xil' sièclo coniiiu- la ilcriiifro ('011111111110 du [{ous- sillon, sur la limite du Narbonais. Terra nostra à Saisis usqtté ad Uertusam osl-il dit dans le Traité de Paix et Triîve de 1)73 {.Uarca. n" 506). Dcsclot rite la font de Salses coiiiiiic rcxtrOnic limite du lloussillon , ;iu Xin" siècle. ( El rey dix : «Si nos podem tant cavalcar.... que pas.«ada <( liagain ta font de Salses , nos farcm lai ardit que non \iu lloncli loiniis • lia pus beil. — E llavors, hagueien pensaineiit quel rey volia anar a ia « ciutat de Narbona. • Cronica del rtij En Père, capitol 154. ) - F.c nom de Saisines, qui se trouve dans l'acte de consirration de l'éfflj-e de Salses (Worca , n" 5o2) n\st sans doute qu'une erreur de lecture pour Saisule*. Cette ville est communément appelée Salsas , pcndaul tout le moyen-à(;e, et ce nom {villa Salsas) se trouve déjà dans une < liarie de l'aii 1)51 [Callia ' tirialiana, i«. VI, p. ',2'i). IfC COMBUSTA. Entre Salsulœ et Ruscino, et probahlenieiit dans le voisinage de Saint-Pierre del Vilar, se trouvait le lieu dit Combusta, dont on ne connaît ni l'origine ni lim- portance. On ne sait pas même si c'était un lieu habité. La dissertation sur la voie romaine fournira quelcpies développements à ce sujet. Combusta se montre, pour la première fois, dans V Itinéraire romain dit iVAntonin, et, pour la dernière, dans le géographe anonyme de Ra- venne, qui avait copié ce nom dans quelque document routier, et le rangea, sans façon, ainsi que Pyremum, parmi les cité^ de la Septimanie (lib. V, sectio 3). AD STABUr.UM. Nous n'en dirons guère plus ici sur le trop fameux Stabulum, dont on avait voulu faire la ville du Volo, et qui, selon toute apparence, n'était qu'une simple etché- live étable , bonne à citer pour préciser les distances d'une carte routière, mais sans importance aucune pour la géographie historique. Ce nom ne se trouve que sur une des rédactions de V Itinéraire dit d'Antonin, et M. de Gazanjola le place entre le Tech et Illibéris, presque sous les murs de cette ville (Hist. du Rouss., p. 57). AD CKNTENAUIUM -AD CKNirRIOM-S. La Table romaine dite de Pealimicr cite également, sous le nom de Ad Ccnlenarium, entre Illibéris et les Pyrénées, un lieu qui correspond, par sa position, à celui que y Itinéraire appelle Ad Cenluriones. Il ne peut y avoir la moindre dilficulté à cet égard; il n'en est pas de même de la situation de ce gîte, qu'il sera impossible de retrouver, tant que les lieux par lesquels passait notre voie romaine n'auront pas été reconnus d'une manière 117 précise et certaine. Tout ce que l'on peut dire, dans l'état actuel de cette question et dans le système que nous avons cru devoir adopter, c'est que le lieu dit Ad Cente- narium, se trouvait entre le Tech et les Pyrénées, aux environs d'Argelès ou de Tatzo. Quant au lieu lui-même, on suppose, avec quelque raison, que c'était un poste militaire, commandé par un centeniei' ou centurion. Mais ce renseignement n'apprend rien de certain sur l'impor- tance de cette station, qui a bien pu se composer d'une simple demeure isolée, construite sur le bord de la route. CAUCOi,ini:Hi (couioire). Le nom de Caucoliberi a trop de rapports avec celui à'Illibciis pour échapper à l'attention de M. Puiggari, qui a fait appel à toutes les ressources de l'érudition pour trouver encore ici une fondation phénicienne, antérieure, peut-être, à celles d'Illibéris et de Ruscino. L'opulence et les richesses d'Illiben'ft, tant vantées par Mêla, n'auraient pas eu d'autre débouché. Nous sommes loin d'accep- ter l'origine phénicienne de CaxcoUbcri ; mais rien n'empêche d'y voir, en effet, l'ancien port de la ville d'Illibéris, et peut-être même cett€ cité de Pyrène, fré- quentée par les négociants de Massalie quelques siècles avant l'ère chrétienne'. Tnc IVc des Saints, recueillie par les Kollandistes, y place le martyre d'un saint Vincent, vers l'an 506; mais le nom de Caucholiberi se montre, pour la première fois, dans le géographe anonyme de Ravenne (lib. IV, sectio 8), dont les renseignements se rapportent, en général, h l'époque de Théodoric le Crand. En 672, le Castnim Caucoliberi est compté parmi les châteaux Pyrénéens dans lesquels s'étaient retranchés les partisans du duc Paul , révolté contre le Roi de Tolède. Canrolihcri fut soumis par les troupes de Wamba, et ses défenseins, parmi lesquels on compte LeolVed el Giiidri- ' FisTts AviEsus, Ora mautxma , vers 258 elsq. 120 <,'ild, y ruient faits prisonniers, ainsi que leurs épouses (Ilislor. Wambœ, régis Tolelani , auclore Do. Juliano Toletan;r Scdis Arcliiepisc). Le nom de Cancoliberi ne reparaît pas ensuite avant la lin du x^ siècle (Matra, 128). On n'a signalé juscju'ici, à Collioure, aucun débris de constructions romaines, bien qu'on y ail recueilli des mé- dailles de toutes les époques et quelques amphores anti- ques, ce qui semble indiquer que cette ville n'a jamais eu, dans les temps anciens, l'importance qu'elle acquit aux xive et xv«" siècles. PORTOS vkm;kis (port-venvres). Le Portus Veneris, qui devait son nom au Temple de Vénus, élevé sur un des promontoires du voisinage, ne se trouve mentioné que dans la Géographie de Pomp. Mêla'; car la Pyrauxa Venus de Pline (III, 5) ne peut s'entendre que du temple de la déesse. 11 n'y reste, d'ailleurs, aucune trace du temple ni d'aucun autre monument qui rappelle l'antiquité, et la correspondance seule des noms et des positions peut faire retrouver aujourd'hui le Porhis ]'eneris dans notre Port-Vendres , qui ne ligure dans aucun* de nos documents antérieurs au testament de Jacques*le- Conquérant, de l'an 1272 (D'Aciiéry, Spicileg., III, 675). * Tùm inter Pyrenaei promuntoria Portus Veneris insi(;nis fano (liv. II, c. 5). 2 On a cité un dcinuinent de l'iiii t <09 {Uist. de Languedoc, t. II , pr. 350)., où il est dit : A yizza usquc ad Portum Veneris. Mais ce Porlus Veneris, au liru de désigner notre Port- Vend res, s'applique à Porto-Vencre, sur la cote de Gênes. Un passage d"nn autre traité de l'an -1 153 , qui n'est, pour ainsi dire, que le renouvellement du premier, rend toute confusion impossible. On y lit: Quod ullus homo Januensis qui habilet a l'orlu Veneris usque aii l'orlwm MonacHvi non donel in Tortosa ultum usalirum (Arcli. rcal de Barcc- loiia, perff. ir 206. l'iiblié par lioffaruil ). 11 était temps de relever celle erreur adoplee par tous nos historiens : elle n'a pas grande importance au point de vue de la géographie, mais elle a donné lieu aux plus singu- lières asserliuiis sur notre ancien droit commercial et sur la prélenduc suprématie des Comtes de Toulouse sur l'ancien lloussilion \2[ CIÎIIVAIUA (CERVERAJ.-nWl'llJEX VOMVFAl MAGNI-PYRENiEDM ET SUMMUM PYRENEUM. Le lieu de Cervaria, correspondant à l'anse actuelle de Cervera, est aussi mentionné par Ponip. Mêla, qui ne nous apprend rien sur son importance, et se l)orne à le désigner comme le point extrême de la limite des Gaules (finis Galliœ). C'est donc en ce lieu, ou dans le voisi- nage, que se trouvaient les Trophées de Pompée, men- tionnés par Pline et par Dion Cassius, et placés, par Stral)on, à la limite des Gaules et de l'Ibérie, près de la voie (pii conduisait do rilalie en Espagne. Ces désigna- tions ne peuvent, à notre avis, convenir qu'au lieu appelé Summum Pyrœneiim, ou simplement Pyrcnœum, par les Tables itinéraires de Rome; mais les notions des lieux parcourus par notre ancienne voie n'ont pas encore ac- quis un caractère de certitude sullisant, pour permettre de mieux préciser celui des passages de nos Pyrénées qui correspond à cette station de la voie romaine. GASIIÎUM VUr/rURARIA ( CASTEU. D'OLTnF.n.iJ. Le Casirum VnlUiraria remonte incontestablement jus- qu'à l'époque romaine, bien qu'il n'en soit question qu'en 67ii, dans le récit de Julien de Tolède, qui com[)te cette forteresse parmi les cliâteaux des Pyrénées qui essayèrent de résister aux armes de Wamba. llne charte de l'an 981, l'appelle Castrum Vullrarium (Marcn, l'20), et, pendant les trois siècles suivants, il ligure sous les noms de Vul- Iraria, Vollurariinn , Vullreria , l'Hraria (Marra, 251, 320, ÔGO, 575, /m. — Spicikg., III, 598), et Ollreyra\ parmi les principales lértés féodales de l'Albèra. C'est raiicicn château ruiné iVOltrera, construit sur un rocher ' lî.icinj.irius de Ollrcyra (l'.arlul. du Temple, fol. H")}. 120 qui domine le vallon de Monlhiam, au-dessus de la Pava. «Le Cashum VallHrariurn , dont le nom parait bien « indiqm-r lOrigine, est une véritable aire de vautours, « où Ion ne pénètre qu'après avoir disputé, pour ainsi « dire, le passage, sur les aiguilles d'une roche abrupte « et glissante ; et on arrive à la partie la plus élevée , à « travers les décombres des nmrs, des voûtes, des cré- « noaux abattus et des casemates écroulées.» — Jalbert DE Réart, le Vallon de Monlbram. CASTRUM CLAUSUliAS (LA CLVSA). Dans le jugement promulgué contre les complices du duc Paul , on semble comprendre, sous le nom de Claii- siiras, tous les châteaux de la ligne des Pyrénées orien- tales. Cependant, le rédacteur de ce jugement, qui est le même que l'auteur de V Histoire du roi Wamba , applique le nom de Castrum Clausurns à un château particulier, dont il parle en ces termes , sous l'année 672 : « Une «irruption fut faite dans le château que l'on appelle « Clausuras, par un corps de troupes détaché en avant, « sous la conduite de deux Ducs. On y fit prisonniers, « Ranosind et Hildegis, avec un grand nombre de rebelles, « qui s'étaient chargés de défendre ce château. On les « conduisit tous au Roi, les mains liées derrière le dos.» Les forces dirigées contre cette forteresse, montrent assez son importance, et font comprendre, sans le justifier, l'arrogant défi que le rebelle Paul , s'intitulant Roi d'O- rient , adressait au Roi de Tolède : Descende usque ad Clausuras; nnm ibi invenics Oppopumbeum (jrandem, etc. Le nom de Claiisuras' se transforme ensuite en celui de ' [,c concile célébré ;i Tolède en OOî , prit des dispositions ri(;ourciisfs contre les Juifs, en exceptant , toutefois, cfii\ rpii étaient établis en |uel<|ues éditeurs, la ville désignée dans ce passage serait le lieu de f.iviana de la Table de l'eutinger, entre Carcassonne et Narbonue. * Casiruin l-iby;e, <|uod est l'.irritania.' oaput... (|uem lacintlius Episropus cuni Araiigisclo.. post jus l'anli peilidi viiulicdbanl. Jui. Ilisl.rtg. Hdmft.) 9 130 porain', se contente de désigner cette ville par le titre A' Oppidum Cen-iUniensc. A pnrlir du ix" siècle, elle n'est plus connue que sous le nom de Livia% cpf elle porte encore de nos jours; mais il parait que la ville actuelle de Llivia estmoderno, elTantiqueLiV^ym existait à une petite distance au N.-O., sur la colline où se voient encore les restes des mursdont elle était entourée (IIemiy, Guide m Ronss.,1oo}. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que la ville de Libyen n'était pas comprise dans les Gaules; c'est aujourd'hui une ville espagnole, qui se trouve enclavée dans le territoire du département des Pyrénées-Orientales, et c'est pour cela , seulement, que nous avons cru devoir en parler. t Neinpe ubi in Corritancnsc oppidum repcritur vallatus, obsidione oppressus, etc. {Clironic. Isidori Episcopi Pacensis.) 2 Livia,cn8l9(Marca,J) — En85G,parrochiaquajdicilurLivia(/6.,-l'l). —En 876, in suburbio Liviense(l6., 41). Nous venons de passer en revue tous les noms géographiques cités dans les auteurs de l'antiquité, et qui peuvent être inscrits, avec certitude, sur une carte historique du pays des Pyrénées- Orientales, sous la domination romaine. Ces noms laissent entre eux des vides immenses, que l'élude de nos antiquités permettrait de remplir, jusqu'à un certain point; mais nous n'avons pas voulu faire ici une statistique monumentale, et le titre même de notre travail ne nous permettait pas de faire autre chose que ce (jue nous avons fait. Ce n'est pas que nous ne comprenions l'utilité d'un répertoire archéologique; malheureusement, lorsqu'il s'est agi de convertir en faits de géographie positive, pour notre déparlement, les indications fournies par les médailles, les inscriptions, les étymologies et les débris de constructions romaines, nous avons rencontré des difficultés, qui n'arrêteront pas tout le monde, sans doute, mais que nous n'avons jias cru pouvoir aborder. Car la topogra]tliie historique veut autre chose que des conjectures, des probabilités et des points d'interrogation; et il nous semble impos- sible d'inscrire, sur une carte historique du Roussillon romain, autre chose que les noms transmis par les documents de l'histoire elle-même, ou par les inscriptions contemporaines. l.'il LA VOIE ROMAINE DE L'ANCIEN KOUSSILLOiN . Par M. B. Al>ABV, niciiibre résidant. Nous aurons encore à ronibattre, au sujet de notre voie romaine, comme nous avons dû le faire pour certaines questions de notre topographie ancienne, les opinions d'hommes éminents, qui ont pu se trom|)er quelquefois, mais qui n'en duivcnl pas moins être considérés comme les véritables loiidateurs de l'archéologie rous- sillonnaise. Les Fossa, les Sainl-Malo et les Puiggari ne sont pas sans doute, en tout et toujours, des oracles infaillibles; cependant, ce n'est pas sans éprouver de pénibles regrets, que nous nous voyons obligé d'abandonner, pour une question particulière, des guides que nous voudrions toujours suivre, et dont on ne saurait trop écouter les leçons. Mais l'arcliéologie ne se fonde (las sur la tradition : ce sont ici les découvertes et les faits qui décident les convictions, et nous pouvons conserver religieusement le souvenir des maîtres, sans oublier que nous ne devons jamais les honorer aux dépens de ce que nous croyons être la vérité. Il a pu exister plusieurs routes romaines dans le pays de Ruscino, pour aller de Narbonne en Espagne; mais les auteurs anciens n'ont parlé que d'une seule, et leurs témoignages, qui sont, d'ailleurs, peu explicites et en fort petit nombre , peuvent se résumer en quelques lignes. Les monuments archélogiques découverts jusqu'ici dans le département, sont aussi fort rares et d'un faible se- cours, pour la question dont il s'agit. 132 C'est avec ce petit nombre de documents incomplets, souvent incertains et diversement inlorprélés, que les savants modernes ont essayé de retrouver la voie romaine qui traversait le Roussillon. Mais les opinions émises à ce sujet sont aussi nombreuses que contradictoires; car certains auteurs ont vu deux voies là où d'autres n'en ont admis qu'une seule, et il n'existe pas moins de dix systèmes, souvent entièrement dillércnts, sur la direction de notre roule, et la situation des diverses stations signa- lées par les textes anciens. On ne saurait, d'ailleurs, traiter aujourd'hui les questions qui se rattachent à cette partie de la Voie AurcUa , sans examiner les travaux des écrivains qui s'en sont occupés; et il importe de se tracer d'avance un plan pour la dis- cussion de ces matières difficiles, afln d'éviter, autant que possible, la confusion. Nous procéderons par ordre chronologique, et nous commencerons par citer les textes anciens, dont nous tàclierons de faire comprendre le sens et la portée. La discussion des opinions émises jusqu'ici, indiquera les preuves de toute nature sur lesquelles on les a appuyées, et donnera l'occasion d'en apprécier la valeur et le caractère. Nous développerons, cnlin, le système qui nous paraîtra le mieux s'accorder avec les témoignages authentiques des auteurs anciens, et avec les preuves fournies ii ce sujet par la géographie, l'histoire et l'ar- chéologie, en y ajoutant le petit nombre de preuves nou- velles et de considérations particulières, qui nous auront semblé venir à leur appui. 11 y aura peu de découvertes archéologiques a signaler dans notre travail ; car il ne faut pas se dissimuler que, sous ce rapport, la question de notre voie romaine est une question à peine entamée, et le sol du Roussillon n'a pas encore été soumis a des explorations archéologiques dont la science puisse tirer quelque profit. Nous ne sau- rions, dès lors, avoir d'autre but que d'arriver, par l'in- i:i3 lerprétalion riguiireiise des textes anciens, à |)lacer quel- ques jalons et à indiquer la direclion de l'ancienne voie dans notre pays; et, si ce résultat se trouvait définiti- vement acquis, il serait facile d'en coni|)rendre linipor- tancc , j)ar le simple exposé liist()ri(}uc des systèmes contradictoires émis jusqu'ici à ce sujet. lïfat ilc la romalno, en fiSôi^ Malgré la diversité des interprétations , il n'y avait eu qu'un système longtemps adopté sur la voie romaine que les savants modernes traçaient à travers le Hous- sillon, dans une direction qui, au fond, restait toujours la même, entre Salses et le Pertlius, lorsque M. Jacques de Sainl-Malo |)ul)lia ses Éludes sur la ]'oie Ilomaiuc, conduisant de Aarhunne en lhcric\ Notre archéologue envisageait la (picstion sous un point de vue entièrement nouveau; il admettait deux voies, au lieu d'une, et leur assignait des stations presque toutes différentes de celles qu'on avait signalées jusqu'alors. « il se trouvera ])eut- « être des juges sévères, ajoutait M. de Sainl-31aIo, qui « repousseroJit mes études, parce qu'ils ne verront que « des conjeclures dans tout ce qui a rapport, soU à la « direction que j'attribue à la voie romaine, soit à la « position des dites. Mais les écrivains qui m'ont j)récédé X dans cette carrière, n'ont pas agi dilTéremment. La « raison en est simple : c'est qu'il n'y avait pas d'autre « moyen pour parvenir au but qu'ils s'étaient proposé; « l)uisque l'objet qu'ils voulaient faire connaître avait « totalement disparu » — Annuaire de i85i , p. 23!2. ' Dans VAnmtaite des l'yrénées-Oïknlala , pour 1851. |raf;e i\)l e^ suiv.iiiU--. 134 Nous ne saurions assurément nous ranger, à aucun litre, parmi les juges sévères dont |)arle M, de Sainl- Malo ; mais il est permis de regretter qu'un critique aussi éminent n'ait pas vu d'autres moyens que dos conjectures, pour résoudre la question (jui nous occupe. Même, en admettant que la route romaine du Koussillon soit aujour- d'hui complètement détruite, la saine critique pourrait toujours s'en tenir aux témoignages des auteurs anciens. INous sonnnes convaincu qu'on peut encore arriver au but autrement que par dos hypothèses et des conjectures, et le moyen consiste dans l'interprétation exacte et rigou- reuse des anciens documents, dont il faut reconnaire le sens et la valeur, avant de songer a les mettre en œuvre. Par là, seulement, on peut espérer de savoir sur cette question ce qu'il est possihlc d'oi stivoir (lujovfd'hni, au lieu d'aboutir à de simples conjectures, plus ou moins vrai- semblables , ou de procéder à la reconstruction exacte et complète d'un monument qui aurait totalement disparu. Cependant, à Tépoque même où 1\I. de Saint-Malo semblait considérer le problème de celte Voie comme une question à peu près insoluble, il n'y avait plus qu'un pas à faire, selon nous, pour arriver à la solution définitive; et, ce pas, c'est M. de Gazanyola qui l'a fait. Son système n'était pas tout-à-fait inconnu à M. de Saint-Malo, qui semble y faire allusion , en parlant « des personnes qui « établissent la station Sunwmm Pyrenœum, à l'extré- « mité méridionale du col de Banyuls, et Ce)iturio7ies, en « vue de la tour de Madalolh'. » Il attendait, en consé- quence, « qu'on signalât cotte intéressante localité d'une « manière plus précise, et qu'on administrât des preuves « propres à transformer, en propositions incontestables, « les assertions relatives à la position des deux station* « ci-dessus mentionnées ^ » I Ànnuairt de IS54, \yi^E l'OI.YP.r. Après cet événement , nous trouvons un témoignage précieux de riiislorien Polybe, qui mourut au plus tard 1 an lli avant Jésus-Christ, trois ou quatre ans après la conquête de la Karbonnaise par les Romains. Voici les termes mêmes de ce passage , qui est de nature à jeter un jour essentiel sur la question qui nous occupe : Atto ^è TO-j Io-/)0o; e?ç Karcopuo-J , yCk'.O'. ahj klay.oi'.oi:; {gtcxSiok;). Kjl' py^v vjvvjBvj èm tyjv TO\i Po'îavovj è>.6S'xrjVJ, csrjTi'j.î'MTy.'. y.y.TCi oraSiO-jç ox-o> Si(X Pco^uaicov eTrtfxs/ôo^. POLYB. Jfisl. m, ,y9. «De l'Èbre à Emporks, il y a 1.600 stades, et, de « là, jusqu'au passage du Rhône, il y en a tout autant; « car tout ce trajet se trouve maiiilownl mesuré et soi- « giicusement marqué de huit en huil stades par les Ro- « mains. » Les bornes milliaires qui avaient permis aux Romains de mesurer la dislance entre le Rhône et Empories, n'avaient pu être établies (]ue sur un chemin antérieur à leur conquête, et (pii était sans doute l'œuvre des (iau- lois. Il importe peu de savoir si cette route |)rimitive était comparable, pour la construction ou les dimensions, aux voies que les Romains établissaient, dès cette époque, dans d'autres pays; mais on voit que le parcours en était marqué, avce le jilus f/rand soin, par des bornes placées à "200 milles les unes des autres; et cette régu- larité des mesures, ('tablies par les Romains, et relevées I3S dune luauièio si précise par Polybe , prouve que cette route n'oirrail alors (ju'uiie seule voie dans tout son par- cours, do même que sa direction par Kmpories montre qu'elle ne devait guère s'écarter du voisinage de la mer. « A cette époque lUihcris et liuscino étaient les seules « ou du moins les principales villes du iloussillon. La « civilisation du pays avait commencé sur les côtes : « c'était donc là qu'on avait eu plutôt senti le besoin «d'une route, et qu'on avait eu plutôt les moyens de «l'entreprendre. Tout, en un mot, doit nous faire pré- « sumcr que le chemin dont parle Polybc était celui « qu'avait suivi Annibal, et qu'il passait par liuscino et « Illiberis, traversant les montagnes dans le voisinage « de la mer ', » pour aboutir à Empories. TFMOIONAGl': Dh: SIRABON. Le témoignage que nous fournit le géographe Strabon, au premier siècle de notre ère, n'est pas moins précieux, et il s'accorde parfaitement avec celui de Polybe. Ev-b; (5e TO-j iÇripoq iJ-î'ypi Fluor/Vr/; -/.a: tcov Uoix'Kri'.'o-j oiMoS-n'J-oiTO^-j , ypAo: x-X'. îcc/.y.ô-i'.O'. — Msra^ù è\ tcov to-j lo^/jpoç fxrpoTcov, xa: twv axpœv Tv,q ri'JCrlv/yÇ, £cp ô)V lèp-jvy.'. Tût a:jyf)ri'j.y.rc/. to'j ïlo^uLirr/'o-j, irptoTV) Tapaxcov laxi iroXtç. Stuar., lib. IIL «Il y a, dit-il, de TÈbre jusqu'à Pyrènc et aux « Trophées de Pompée l.COO (stades)... Knire lesembou- « chures de l'iUire et les extrémités de Pyrène où sont « construits les Trophées de Pompée, la première ville « que l'on trouve est Taracon (Tarragone). » Strabon continue ensuite la description de la cale et arrive à Kmpnrion. « C'est une fondation des Massaliotes , à « 400 stades de Pyrènc et des limites de rihérie et de ' Uid. ihi rummllon, ji.ir VI. do (Jnz.iuyol.n , |i. 'i 'i. 130 « la Cellique (o-jov ■:irrjay.'.n inclincruil à penser ij ne le ïielleron de Stialion pourrait ëlre le lieu (le Sfceiras (le Vllinèraue J'Antoniii, en ndmettanl, Lien entendu, une errenr chez Tnn ou chez l'autre de ces auteurs. La corruption du texte de Slrabon parait é\ii!enlp, niais |)<'ul-(?lre, an li, ii de i.£Xcppa)V, faudrait-il lire h^p-TTOOcJOV, ou tout au plus FîCCOVOa, Germida , (|ui se trouve (également sur le parcours de la \"ie romaine, entre les Pyrénées et Tariajjonr , d'après YUinnaire. dans l:i dircclioii de l:i loiile i\un l'olyi)(3 si^'iialait déjà sur celte lip,'ric, et ijiie Sliahou retrouve, en eUel, sur la limite des (juules et de l'il^érie. Or, cette route, selon Strabon, suivait presque toujours le hord de la nier, et, si elle s'en écailail (|ii(!l(|uerois, c'élail seulement dans lus parties occidentales, cl après ([u'elle avait dépassé l'Èbre. Klle côtoyait donc la mer au |)assaf,'e des Pyrénées; elle en était encore i)ien [)rès, lors(|u'elle traversait le champ Juncoire, puiscpie Strabon (b'sij^ne, sous ce nom, la côte basse et marécageuse (jiii entoure Empories. 11 n'y a donc rien, dans cette description, (|ui ne soit en rapport avec le lémoij,'na}^e de l'olsbe, et il est inipos- sil)i(; de clierclier ailb'urs (ju'a'.voj'3! y.y t.'^ç Kî/rîzr,; îct: o v/Jij e:ç >aj;ooi)va fxi'My ly. Stuau., lib. IV. Strabon veut donner, dans ce passage, la mesure de la côte niariliine des (iaules, comprise entre I Italie et l'Espagne. Il part, évidemment, des deux points extrê- mes situés sur le bord de la nier, soit rcndjoucbure du Var et le Tew}il<' d' .{phradili' Pyrénéenne, qui étaient les deux limites de la (' de Creus, mais personne, à coup sûr, ne s'aviserait d'aller prendre sa mesure au Perlhus ou à Puig-Cerda. Il faut bien croire que les anciens n'étaient pas plus arriérés que nous à cet égard. Si nous lisions aujourd'hui, dans une géographie du Roussillon : « C'est le phare du Cap Biar qui forme la « limite de la France et de l'Espagne; d'autres, au con- « traire, fixent la limite à l'anse de Cerbéra, » nous nous bornerions à dire que la seconde opinion est la seule vraie. Mais si l'on écrivait, que, « pour quelques-uns, cette limite « est fixée à Vansc de Cerhéra, tandis que d'autres veulent « la mettre au fort de Bellegarde , » il serait permis de dire que ces deux opinions sont également fondées, en ajoutant, toutefois, qu'il est au moins inutile, pour ne pas dire plus, de donner, comme différentes, deux opinions qui s'accordent parfaitement. Or, nous nous demandons s'il est permis de prêter à Strabon une phrase équivalente; car on ne lui fait pas dire autre chose, lors(|u'on admet que les trophées de Pompée pouvaient se trouver au passage actuel du Perthus. Il nous semble que Strabon mérite d'autres égards, et si, dans le calcul qu'il faisait, cet auteur cite, comme également respectables, deux opinions dillérentes relatives à la limite de la côte des Gaules du côté des Pyrénées, il fallait bien que les deux points qu'on lui signalait comme limite iusseiil situés sur la côte cl dam in mê)iic direction; car, s'il se fût açji des limites intérieures, on aurait pu lui citer cent endroits dillerents, au lieu de deux, pour former la limite entre la Gaule et l'Ibérie. On ne saurait donc trouver un sens raisonnable dans le passage de Strahon cité plus haut, qu'en plaçant les trophées de Pompée sur le bord de la mer, à l'exlrémilé de la côte des Gaules. Kn sorte, qu'en admettant que le temple de Vénus correspond à notre Port-]'emlres , et la position des trophées de Pomper au lieu actuel de Cervera, situé un peu plus au sud et toujours sur la côte, le pas- sage de Strabon reviendrait à ceci : « La côte de la Cel- « tique s'étend jusqu'au Temple de Vénus (Port-Yendres), «qui est la limite de la Gaule et' de l'Espagne (selon « Strabon, Ptolémée, etc.); d'autres, au contraire, fixent « cette limite (un peu plus au sud), à l'endroit oii sont « les trophées de Pompée , par où passe la route qui « conduit de la Gaule en Espagne. » Ceci est parlaitement clair, et il résulte évidemment du langage de Strabon, que les trophées de Pompée , au lieu de se trouver au Perlhus, à plus de quatre lieues dans l'intérieur des terres, devaient, au contraire, être situés, au voisinage de la mer, un peu plus au sud que le Temple de Vémis, sur la route qui conduit des Gaitles en Jbcrie. C'est donc dans les environs de Cervera qu'il faut cher- cher les trophées. Nous ignorons pourquoi Pomponius Mêla n'a fait aucune mention de ce monument ; mais, pour lui, Cervera est encore le finis (jaUiiv, et son opinion, conforme à celle de ces écrivains dont parle Strabon, vient corroborer le langage du géographe d'Amasic, et la tra- duction que nous en avons donnée. Cette interprétation n'est d'ailleurs rien moins ipie nouvolle. En érudit du xvi'' siècle, qui n'avait aucune notion sur la to|)ographie et sur les routes du Roussillon moderne; mais qui, en retour, avait le mérite do bien conquendre ses auteins anciens, Abraliain Oilhélius avait déjà reconnu que \o passage de Strabon ne pouvait pas se conij)rendre autre- ment. Il plaçait par conséquent les trophées de Pompée, ainsi que la route des Gaules en Ibérie, près du cap des Pyrénées'. Ce cpii prouve, une fois de plus, (}ue, si nos savants avaient voulu interpréter les textes anciens d'après ce qu'ils disent réellement, sans trop se préoccuper de l'état du Roussillon au xyii^ siècle ou de nos jours, bien des erreurs auraient été évitées. Itinéraires Romains. TABLE DITI' DE PEUTINGER. Après Strabon, les historiens et géographes anciens, Pomponius Mêla, IMine et Ptolémée, ne fournissent au- cun renseignement sur la route qui traversait notre pays. Toutefois, M. de (îazanyola fait remarquer (pic ces auteurs n'ont mentionné, dans cette contrée, que des villes ou des lieux, tels que Salsiilœ, Ruscino, lUiheris, PoHus Veneris, Cervariu, qui, selon toutes les probabilités, devaient se trouver sur cette route ou dans son voisinage. Cela ferait supposer qu'en décrivant le pays des Sordons, ces écri- vains avaient sous les yeux une de ces Tables géogra- phiques qui, dès l'époque d'Auguste, représentaient, avec la configuration alors acceptée, les portions du monde qui étaient connues. Telle était cette sorte de Mappemonde, ou Orhis pictus, qu'Agrippa, gendre d'Auguste, fit peindre dans un portique. Pour en rendre l'usage plus facile, on les allongea en les déprimant, de telle sorte que la confi- guration des terres était considérablement changée; mais ' Carie de l'Espagne ancienne. Orlliéliiis a place li's Iropliécs de l'oiiiptc au pronionloirn do Curvera. » De la quai npinio nos te altra prova siiio la < allegacirt, sens rcslar al(jim V('sti(;i , • ,i rjil (tosch. Tilots, clr., p. 121. 1 45 des lignes iracées sur la carte, infliquaienl la route qu'il fallait suivre d'un lieu à un autre, avec le nombre des milles (|ui les séparaient. Outre les grands chemins, ces tables (kssinéc.s (dcpidœ, comme les appelle Vcgèce), insé- raient le nom des diverses provinces, les montagnes, le cours des rivières et les mers voisines. Notre Table dite de Pcutmger, est du nombre de ces documents routiers. L'exemplaire manuscrit qui avait apppartenu au praticien Conrad Peutinger, fut publié, en 1755, par Sclieyb, qui l'attribuait à tort au règne de Théodose II. La copie actuellement existante parait avoir été faite, en I2G5, par un moine de Colmar, et Mannert a presque démontré que l'origine de cette carte remonte au temps de l'empe- reur Sévère (ou à l'an 2ô0 de J.-C). Dans tous les cas, sa date se trouve déhnitivement fixée entre les années 222 et 270. Il est probable qu'il y en eut plusieurs édi- tions antérieures à la chute de l'Empire Romain, et bien que le texte en soit fort corrompu , il est facile à rectifier pour la partie qui concerne notre pays. C'est là, d'ailleurs, un point peu essentiel. Mais, ce qu'il importe de faire re- marquer, pour la question qui nous occupe, c'est que ce document, parfaitement authentique, n'offre qu'une seule roule traversant le Roussillon pour alliM* des Caules en Espagne. On y trouve les indications suivantes : Ex Tabida Peulingcriana. Bclerris \.\ I . Narbonc VI. Uiiscinonp VII. iUibeire \II. \J Ceiitcnariuni \ . Il) Siiiniiii) l'vroiico Mil Declana.....' Mil. Juiu-aria [ Ouehpies lacunes et des erreurs évidentes rendent ce 10 146 dncument incertain, pour la nirsure des distances; mais il est û'nnc parfaite exactitude, pour les noms des stations et la dirocli(ni de la route. Il se trouve ainsi complètement d'accord avec les témoignages de Polybe el de Strabon qui, d"après nos inductions, faisaient aussi passer cette voie uniijuc sur le bord de la mer, en parlant de Narbonne, dans la direction (de Uuscino, d'Illibcris, et) d'Empories. Les positions de Dechina et Juncaria sont sans doute les mêmes que celles de Deciana et luncaria , placées par Ptolémée (lib. II, cap. 6) chez les Indigètes, aux environs (VEmpories. Il n'existe donc aucune contradiction, aucune diffé- rence , dans les divers textes examinés jusqu'ici. On voit, au contraire, un accord frappant dans tous ces témoignages d'époques diflérentes, qui s'expliquent et se complètent les uns par les autres, et prouvent que tous ces auteurs et ces documents n'ont réellement parlé, pour notre pays, que d'une seule voie, dont la direction générale se trouve déjà suflisamraent déterminée. ITINlh^MRFS niTS D'ANTONIN. Vient enfin le document connu sous le nom à' Itinéraires d'Antonin, que tous nos archéologues ont pris pour point de départ, dans leurs travaux sur la voie romaine du Rous- sillon, et qui a été la source de presque toutes les opinions erronées que nous aurons h discuter. Il importe donc , avant tout, de se rendre bien compte de la nature et de l'époque de ce document, dont l'authenticité ne saurait être contestée, mais dont on ne peut faire usage sans en avoir bien déterminé le sens et le caractère. On n'a pas été toujours d'accord sur l'époque à laquelle il faut attribuer cet ouvrage, tel (jue nous l'avons. Les différents manuscrits nomment comme auteur ou protec- teur de l'entreprise, les uns .Iules César, les autres Cara- calla, d'aiilrt's cnlni TIk'mkIoso', el porsoniio ne puurrail aujourdluii raltrihiier avec cerlitiule au prince Aiiîonin, (ioiil il porte le nom, car on y trouve plusieurs endroits qui ne furent connus que sous ses successeurs. Cepen- dant, tout le monde peut y reconnaître un de ces itinéraires décrits (annotata) dont parle Végèce, qui ne contenaient que les noms des lieux et des stations, avec la distance de l'un à Taulre; el son examen lait voir qu'il est tiré d'an- ciens et de nouveaux tableaux de roule, dont on avait successivement publié de nouvelles éditions, toutes anté- rieures à Théodose. Ce sont de longues listes de noms de lieux, aeco!!tpagnés de c'iilîres indiquant leurs distances respectives; et, dans l'opinion généralement admise par les critiques de nos jours, ce document représente la géographie du règne de Dioclétien. Il serait donc, sous sa forme actuelle, postérieur a la Table dite de Pculinger. Voilà ce que l'on sait sur l'époque de la composition de l'ouvrage dit Itinéraires d'Autoitin. Quant à l'usage auquel il était destiné, personne n'a pu le déterminer. Les matériaux primitifs qui servirent à le composer avaient certainement ce qu'on appellerait aujourd'hui un caractère oUlciel; car on peut admettre, sons dillicullé, que l'administration rouiaine possédait, pour son service , des Tableaux complets de toutes les voies de l'Empire, indiipiant non-seulement les cités, villes, bourgs et villages qu'elles traversaient , mais encore les relais de poste, les camits et postes militaires, hôtelleries, granges, fermes et mansions isolées, avec les lleuves, rivières, canaux, ponts, bacs, défdés et autres accidents de ter- rain qui se trouvaient sur le [larcours des routes, et nu'me certains points qui n'étaient nianpiés que jtar de simples borni'S ou mesures itinéraires, l'n simple coup-d'o^il jeté sur nos IliïX'ndrrs dits d' Aiitnnlii, pr(»nve qiic ccl ouvrage • Srii 1 n.i\ , Mtalia, i-li' 148 n'est pas un de ces tableaux coniplcb, mais un recueil d'extraits pris sur des tableaux de cette espèce, car on y trouve des noms tels que Stabuhm , Iforrea, Fines ^ Prœlorium, Cenlurioncs, Vigesinmm et d'autres, que les auteurs de ces extraits prenaient ou omettaient arltitrai- renicnl, on plutôt dans des vues et pour des objets diffé- rents qui nous sont aujourd'hui inconnus. Il faut bien se garder surtout de croire, comme on l'a fait trop souvent, que ces extraits, tels que nous les avons, n'eussent pour but que d'indiquer les diverses stations ou relais de poste établis sur les routes romaines. On sait en effet que, dans tous les chemins bien administrés, les relais de {)OSte ne peuvent être de quelque utilité, qu'à la condition d'être établis d'une manière uniforme et à des distances à peu près égales. On voit même que, dès le temps de Polybe, les Romains avaient mesuré, peut-être dans ce but, tout le parcours de la roule (\m conduisait des Gaules en Ibérie, et en avaient marqué les distances avec le plus grand soin, au moyen de bornes placées de huit en huit stades. On rcmanjue au contraire, sous ce rapport, une dispro- portion effrayante dans les ïtincraircs d'Anlonin tels que nous les avons, puisque les distances qui séparent les diverses stations, offrent des différences allant souvent de quatre jusqu'à cinquante milles. Ces distances n'avaient donc pas pour but l'indication des relais de [loste, et ces notes étaient évidemment destinées à un autre usage, que personne n'a pu déterminer jusqu'ici. Enfin, il est assez naturel de conclure de tout ce qui précède, que deux ou plusieurs auteurs d'extraits de ce genre pouvaient relever ou omettre, dans la description d'une même route dont ils avaient la Table complète sous les yeux, les lieux ou les distances (pii leur convenaient le mieux, et citer par hasard les mêmes noms ou en prendre d'autres, dans des vues et pour des destinations différentes. Il pouvait donc leur arriver do citer, pour un même tron- !i9 çon de roule, des noms lout-à-lail dilVérenls, sans qu'on puisse être autorisé à conclure pour cela (}u'ils eussent suivi des directions difiërenles. Tel est le caractère qu'il faut attribuer aux Itinéraires dits d'Àntonin, pour en avoir une saine intelligence et en faire une juste application. C'est ainsi que nous expli- querons la partie qm se ra|)porte h l'ancienne voie du Koussillon, cl cet examen fera mieux comprendre les con- sidérations qui précèdent et pourra au besoin les juslilier. Il y a précisément dans les Itinéraires d'Antonin deux rédactions différentes, pour la route comprise entre Nar- bonne et Tarragone. La première, (jui se trouve dans la description de la route â'Arelatc à Castulone (Cazlona), contient les indica- tions suivantes, entre Narbonne et Barcelone : Narbonem Ad Vi(jesiiniiiii !\I. P. XX. Coinlidsluni XIV. niiscinniieni VI. .\il Ci'iitiiriolu's XX. Siiiniiunii Pyroiiacum V. Jiincariain XVI. Ciiinaiiiaiii \V. .\(Hias Voconias XXIIII. Sccerras .XV. Pra'torium XV. Barcinoncm XVII. La seconde, qui comprend la route de NarlnvDtr à Lcr/io 17/ Gcmina (Léon), conq)rend les noms sui- vants : Narboncm Saisulas M P. X.\X. Ad Stalmluin XLVIll. Ad Pyrciia;\iin XVI. Juncariam XVI. (îeriiiidain XXVII. Rarciiioncm LXVI Il est cerlaiu t|tie le calcul des dislaiicos n'ollrc pas un i'(>siilt;it seiiiI)la!»lo dans ces deux rédactions, puisque la proniicre coniplc 5.") milles, et la seconde îli, entre Narbonue et les Pyrénées, tandis que la première porte encore J02 milles, et la seconde 109, entre les Pyrénées et Barcelone. H faut donc reconnaître qu'il y a des inexac- titudes, et même des erreurs manilesles, dans ces calculs : tout le monde est d'accord sur ce point. Mais ce qu'il y a d'évident aussi, c'est que ces variantes ne proviennent pas d'une différence de direction. En effet, outre qu'on ne comprendrait guère pounjuoi les Pioniains parlant de Narbouiie jiour Caslvhnia, auraient suivi une autre route que celle (jui allait à Lcijio Vil, puisque, dans tous les cas, ils devaient passer par Barcelone et Tarrmjone, il est clair que, dans l'hypothèse de l'existence des deux routes, le point où elles auraient été le plus écartées l'une de l'autre se serait trouvé au passage des Pyrénées. M. de Saint-Malo avait aduiis, d'après les deux rédac- tions des Itiniraires , l'existence de deux routes entrant en Ibérie, l'une h Pyremcuni {soii le Perthus), l'autre à StunDium Pyrenœuin (à l'est du Perthus, au Coll de ta Carkissei-a ) , et se joignant à Jn/iairia , [)our aboutir ensemble à Géroue; et, dans cette hypothèse, la |)remière aurait dû prendre une direction à peu près semblable à celle de la route actuelle. Or, étant donné un point quelcon(|ue de cette ligne occidentale (soit Juacaria, à MS milles au sud de la crête des Pyrénées i, il est maté- rielle,ment impossible d'en faire partir ime seconde route, qui offre précisément la même distance , pour aboutir à un autre passage plus oriental des Pyrénées, tel que le coll de la Carhassera ou celui de Banyuls. (J)mment se fait-il alors ((ue les deux rédactions des Jlitiéraires comp- tent également 16 milles, entre Pyrenœum ou Sumiuuni Pyrenœum el Jtincaria? Les deux rédactions présentent, il est vrai, pour tout le parcours entre .hnicaria et Bar- <:.i celoni', iiiu' (Jiiréreiice de 7 milles, que nous n'avons pas à exi)li(|uer, niais elles sont parlailemenl d'accord pour le trajet entre Jinican'a et les Pyrénées, juste à l'endroit où elles auraient dû réellement présenter une différence, si les (ieux tronçons de route eussent traversé les montagnes dans deux endroits assez écartés l'un de l'autre, pour se joindre ensuite au lieu dit Juiiain'a. D'après l'état des lieux, cette harmonie de dûlWes, enlve Juncaria et les Pyrénées, n'a pu se produire que dans le cas d'une seule route. Mais, o!)jecte-t-on encore, s'il n'y avait qu'une seule voie à travers le Houssillon, comment se fail-il que, dans lesy///(c/y^m'iia première rédaction présente '2,'') milles entre la station des Pyrénées et celle de Sdlsulœ, tandis que la seconde en compte 64 entre ces deux mêmes stations? La réponse est facile. Kn ell'et, tout le monde est d'accord, ceux qui admettent une seule voie, comme ceux qui en admellenl deux, pour reconnaître que la notation de la seconde rédaction est erronée et complètement inadmis- sible. Mais, du moment où il y a une correction à faire dans le texte de Vllinéraire, rien n'empêche de réduire les Ci milles de la deuxième rédaction à 24 ou même à 25, et de la rendre ainsi enlièrement conforme, comme elle l'était sans doute dans le texte original, ii la première rédaction , (jui compte en effet 25 milles entre Salsulœ et Pi/renœum * . ' « l-st-il |)rol)al)lc (|Uf lis ({oiiuiiis , si ecoiioriics du U'iraiii (|u"ils ronsacraienl à leurs voies militaires, ayant déjà de Satsulœ a Jnnctniit une roule passant par Ittisciiw et lUiheih , 1rs deiu villes les plos cimsiilcraMes du pays, en aient eoiisliiiit nue autre peu distante de rancieiine, lieau(ii\i|i pins l(in)|iic et ne passant point par ces villes? Une seule roniniiiniealion dans ei'Ite partie, entre les den\ royaumes, a toujours paru siillisante dans Jcs temps modernes, où le mouvement comniereial est eertuinemcnt plus fort (|u il ne fui jamais sous la domination romaine, l'ourquoi , sur un simple énoncé tie Vllinéraire, admettrions-nous une seconde route, dont on ne trouve aucunes traces sur le terrain, auiuns indices dans les chartes du ni"y. u ,i;;. III dans les traditions locales, cl ijui parait avoir été inconnue • 52 (I osl donc bion démonlré (jue les inexacliludcs ou les erreurs de chiffres signalées dans les itinéraires romains de notre voie, ne peuvent provenir que de l'inadvertance des rédacteurs ou des copistes de ces documents; de sorte qu'en disposant typographiquemcnt , les uns à la suite des autres et à leurs positions respectives, les noms fournis par la Table et les Itinéraires, on aurait, pour l'espace compris entre Narbonne et Gérone, le tableau suivant : iNaibdiif . Ad Vi|;csiiniiiii. Salsulas. C.omhiistaiii. Kusciiioiie. lirbcrre. Ad Stal)iiliiiii. Ad CeutiiriinH's. In Sununo l'yreiiico. Ik'claiia. Juiicaria. Cinnaiiia. (iLTllIldii. Ainias Vdconias. On aurait ainsi rétabli, pour la partie de la roule ro- maine qui traversait le Roussillon, une table, incomplète sans doute, mais assez approchante du document primitif où puisèrent les auteurs des divers extraits qui nous res- tent aujourd'hui. Il est d'ailleurs inutile d'insister, pour faire voir combien ce document, ainsi rétabli, se trouve en accord parfait avec les données de Polybe et de Strabon. Il ne s'accorde pas moins avec les documents qui nous restent encore k examiner. à tous les auteurs antérioiiis à la chute de rEinpire d'Occident? Tous les lieux mentionnés par ces écrivains se tinurent en effet sur Paulre. » Di: Gazanviii.a, llisl . du Roussill , |). 5.'» 153 FaiïM lilKforSiiuoK. « L'an 550 de notre ère, l'eiiipereur Constant, fuyant «vers l'Espagne, iut atteint et massacré à EIne. Mais » ce prince ne pouvait fuir avec rapidité qu'en suivant la » voie militaire. Elue devait donc alors être située sur « cette voie ' . » Vers la fin du même siècle, saint Paulin écrit à son ami Sévérus, pour l'engager à venir le voir à Barcelone, et il ne parle (|ue d'une seule voie pour aller de Narbonne en Espagne : « Tarn brcvis enim et f'acilis est via, ut nec « in Pi/renœo ardua sit; qui Narbonmsi ad Hispanias « agger, nomen magis (|uàm jugum, horrendus inter- « jacet. » Epist. VII. Nous trouvons ensuite un témoignage dont personne jus(iu'ici n'a fait mention, pour la question qui nous occupe, et qui cependant ne man([ue pas d'importance. Nous voulons parler du cosmogra|)he anoni/me de Ra- vonic, (jui écrivait, selon toute présonij.tion, au ix^ siècle. Les matériaux dont il s'est servi senddeut avoir été réunis |>our représenter la géographie politicpie des premières années du vP siècle (règne du grand Théodoric); mais connue ils proviennent eux-mêmes de sources beaucoup |)lus anciennes et empruntées directement h une table analogue, sinon idenli(pie, à notre Table de IVutinger, on peut en faire usage pour compléter certains points obscurs de cette carte. M. Alfred Jacobs s'en est servi, de nos jours, pour rétablir des voies romaines dont les an- ciens lliiicraircs n'ont |>as même fait mention. L'Ano- ' !>i. (i\/.\N\oi.\, llisl. du Roussill.. |i. 'ili toi iiMiu' [)arle on deux ciiJroils du pays qui {'onuc aujour- d'hui le Roussillon; il ineiilionne (au liv. IV, sed. S), entre autres lieux : « Beleroris, Narhono , Ruscilone, Carcnsona, Cau- « choliheri, » et au livre V, scct. ô : « NarJjone, Combusta, Huscinone,... Pyreneum. » Les noms de Conibusla et Ruscinone se trouvent déjà dans les Itinéruires d'Aitlonin. Quant à celui de CauchoUbcri, qui se montre ici pour la première fois, il s'ai>plique à une localiî(; qui se trouvait nécessairement sur le parcours de notre voie romaine, dans la direction ([ue lui assignent Polybe et Strabon; et rien n'empêche de croire que V Ano- nyme l'aura pris, de même que Combusta et Ruscinoiie, dans un de ces itinéraires complets, où la Table et les Iti- néraires d'Auto)iiii avaient également emprunté leurs indications. Nous n'avons pu songer un seul instant, dans la dis- cussion qui précède, à prétendre qu'il n"y eût pas, dans nos montagnes et dans notre pays, d'autres [>assages jtra- ticables pour des voies [tuhliques, pendant la période romaine. Mais ces chemins, quelle que fût d'ailleurs leur importance, n'ont jamais été mentionnés par les géogra- phes ni les itinéraires anciens, et nous n'avons eu d'autre but que de rechercher la direction de la seule route qui soit indiquée par les anciens auteurs et par les faits his- toriques. On ne saurait même douter que, pendant les cinq cents ans de la domination de Rome dans notre pays, la civilisation et l'administration romaines, en s'é- tendant loin du rivage de la mer et dans toutes les parties du lloussilion, n'aient établi des communications directes à travers tous les passages des Pyrénées. Mais rien ne doit faire supposer que cette diflusion administrative ait pu faire abandonner l'ancienne voie qui traversait nos montagnes. On no connaissait pas, à celle époque, le besoin de créer (le iiouvcllos roules, dans le seul but déuiblir des coiii- inuiiicalions plus riipides. Eu outre, pendant toute cette période et longtemps après, Hnscino , Elue, CulUoure , Emporics , les principales villes et les seules qui soient citées dans celte région, se trouvaient toutes sur la voie primitive; et, comme les routes ne sccn'aientalorset n'exis- taient que pour le service et les intérêts des villes les plus inqjortantes par leur richesse et leur population, il est évident (ju'il n'y eut aucune raison de modifier la direc- tion de l'ancienne route dont nous venons de parcourir les annales. Nous sommes donc convaincu (pie, pendant la domination romaine, et même sous radministralion des Wisigotlis, le principal chemin pratiipié entre (îérone, Ruscino et Narhonne, était celui qu'avait suivi Annibal. Tout ceci, d'ailleurs, se trouve justilié par un |>assage de Julien de Toh'de. M. de Gazanyola ayant cilé tout de travers et d'une manière fort inexacte le texte de cet historien, il sera nécessaire de rétablir les laits, pour en faire mieux ressortir l'importance. En l'an 672, Paulus, duc de la Narhonnaise, lit révolter cette province contre Wamba, roi des Wisigotlis, et une partie de la Tarraconaisc ne tarda pas à se joindre aux rebelles. Wamba accourut en toute hâte, il soumit Bar- celone, d'où il se dirigea sur Gérone, et c'est probable- ment dans cette ville qu'il prit ses dernières dispositions [tour attaquer les n^belles, dont la première ligne de dé- lerise s'étendait le long de la chaîne des Pyrénées, depuis la Cerdagne jus(prà la mer. Wamba divisa son armée en trois colonnes, « voulant, « dit Julien de Tolède, que la première se dirigeât sur « Casiriiin Lihi/a' , qui est la capitale de la Cerdagne; la « seconde devait gagner le centre des Pyrén<'es par la cité « iVAu.^oïKi (Vieil), tandis que la Iroisième s'avancerait « iHir ht roic inihlicjw,, près nvof/e de la mer. — Ees « corps d'armée ainsi dis|i(»S('s sempariMil des chiUirnir 156 « clés Pyrénées ([ue loii appelle Caïuvlilicn', VuUuniria , « et (lu Cadnim Libyœ. Deux Ducs, envoyés en éclai- « reurs, surprennent le château appelé Clausuras, et, « après avoir franchi les I\vrénées, Wamba descend dans « la plaine (du Roussillon), où il ne séjourne que deux «jours pour rallier tous les corps de son armée'. Il se « dirige ensuite sur Narbonne, et lors(iue le rebelle Paul « eut été soumis, le Roi victorieux prit encore deux jours « de repos à Helma , d'où il rentra en Espagne-. » Ce passage appartient à un historien contemporain de ces événements, et tout le monde sera frap[)é de son accord parfait avec les témoignages déjà rapportés. Wamba part de Gérone, par où passait aussi la voie des itinéraires d'Anlonin. Le principal corps d'armée se dirige de là vers le Roussillon, par la voie publique, * Il (Wamba) clcctis Ducibiis, in Ircs liirnias cxcrritiim dividil : ila ut uiia pars ad Castrum Libyœ, «niod est Cirritaiiiaa caput, pcrleiidcrt-t ; soi-iii;da pcr Aiisonciiscin civilaU'iii ['yrcnx'i inedia pcterel; tiTtia per viam j)ubUcan juxla ora manlima. jji-adorctur. Ijiso laiiicn reli{;iosi!s Princeps... suhscqucbatur .. Gcninda subjicitur... ligressus post \y.vv. l'rinccps de Gc- runda civitato, beIiij;fiosis incuisibus gradiens, ad Pyr.oiiaM montis ju{;a pervenil. Tbi diiobiis diebus cr.orcitu lepausato, per 1res dies, ul dictiim est, tiinnas exercilus Pyreiicci montis dorsa ordiiiavit, Castra(|ue PyrciKTira, (jua; vocaiilur Cauroliberi, Viilluraria et Castniiii Liby:p mirabili viotori:c trioinpbo repil, etc. Pr.Tdictonini castroiuiu siibjii{;ato e\crcitu, in plana post traiisitum Pyrena>i montis descendens, duobus tantîim dicbus cxcr- citiiin in iiniini coiijjrejfaUirus expectat.» llist. Wamba', reyis Tulelaiii, auci. Julianoarcbiep. — Le teUedo Julien deTolèJe n'est pas un modèle de pureté, peut-être y a-l-il quel(|ues transpositions dans ce passage, qu'il serait con- venable de rétablir comme il suit: « Gerunda siibjicilnr... ubi duobus diebus exercitu rcpausato, per (rcs, ut dictnm est, turmas exercitum ordi- navit, beiliijerosisquo incursibus gradiens, ad Pyrenœi montis juja pervenit, castraque, etc. u Cette restitution n'a d'ailleurs aucune importance pour la question de la voie romaine i|ui s'agite ici. - Ipse quoquc llelenam pervcniens , duorum ibi dierum immoratione delentuscst. Sicque ex inde profeitus, secundis polilus sunessibus llispa- niam rediit. Ibidem. IÔ7 près du rivage de la mer, route déjà citée par Polybc et Strabon , dans la direction d' Emportes et des anciens tropliécs de Pompée. Il s'empare tout d'abord de Cau- coliberi, qui se trouvait en effet sur le parcours de cette voie, et deux Ducs, détachés du corps principal, vont surprendre les châteaux (VOUrera cl des Clausiires, qui se trouvent dans cette même région, mais un peu écartés sur la gauche. Julien de Tolède n'entre dans aucun détail sur les opérations de la seconde colonne, qui pénétra sans doute en Houssillon, en remontant la vallée de Tlipoll, par Campredon et le haut Vallespir. Mais il est bicii évi- dent qu'on ne saurait attribuer la [)rise du château des Clausures à un corps d'armée jjarti de Gérone, dans la direction de Vich ; et la surprise de ce château , comme celle (V Vitrera, fut opérée, c'est Julien lui-même qui le dit, par deux Ducs détachés en éclaireurs de la colonne principale, (}ui s'était avancée vers Collioure par la voie pxddique, près du rivage de la mer. Waniha dut reprendre le même chemin , lorsqu'il partit iVlIelena pour rentrer en Espagne. Ce passage est le dernier où il soit fait mention de notre voie romaine, mais il est on ne peut plus explicite, et, h notre avis, il clôt définitivement la question. Il s'ac- corde complètement avec tous les témoignages fournis à ce sujet par les historiens et géographes de ranticjuité, depuis l'an 121 av. J.-C. jus([u'à l'an 072 de notre ère, et il prouve jus(iu'à la dernière évidence (pie la seidc route mentionnée dans notre pays, pendant toute cette période, partait de Narbonne, en passant par Salses, Ruscino (Castell-Ilossello), Elue, Collioure, Empories et Géroïie; et c'est seulement dans cette direction ipfil faudrait aujourd'hui chercher les débris qui peuvent en subsister. 158 Ti'avau!K cl SywtèiueM moileriieM l'dafirw A la Voie nomaino. Pendant tout le moyen-âge, les chartes et documents iliplomatiqiies ' parlent souvent de vieux chernhis dans ' Quelques auteurs out rorisidérc comme des souvenirs de notre ani-ieuiie voie romaine, les nienlions de voies francesqucs que Ion Irouvc assez souvent dans nos vieilles chartes. On sait que Cliarleinajjne prit, en effet, des mesures pour entretenir des communications avec toutes les parties de son vaste em- pire. K Mais ces routes , dit M. de Saint-Malo, loin d'avoir été nouvellement 11 construites, irétaient que des voies romaines, sans doute dégradées. On " trouve, entre Ruscino et Elue, les vestiges d'un grand chemin, vnlgai- i( rement appelé la carrera de Carlos Magno , c'est-à-dire la voie de Cliarle- (1 magne, dénomination qui annonce la grande route officielle choisie pur I cet empereur pour aller en Espagne, dont il prescrivit la conservation, II ainsi que l'entretien, et sur laqiielli' furent exclusivement placés les relais Il à l'usage des courriers ou des grands personnages, voyageant pour le (I service du Roi ou par ses ordres. Telles sont mes idées relativement à ce n grand chemin. ■ Jacques de Saint-Mm.o , .hinuaire de 183'», page 211. Ces idées, nous les partageons, bien i]u'il soit difficile d'établir liislori- quement Tintervention de Gharlemagne dans les travau\ d'entretien des chemins roussiilonnais , et surtout, sans attacher la moindre importance, pour le fait de notre roule, à la dénomination de carrera de Carlos Magno , qui nous parait d'origine romanesque et assez moderne. M. de Gazanyola (page oO ) dit aussi, sans citer aucune autorité que Gharlemagne fit, sans doule, réparer notre ancien chemin, indisjiensuble jKiur ronminniquer avec ses conquêtes au-delà des Pyrénées. Quant aux l'oies francesqucs de l'ancien Koussillon, elles feront l'objet d'un travail particulier, et, pour le moment, nous nous contenterons d'en signaler trois dans notre département: La première, partant d'Elne, dans la direction d'Ortafa, passait entre Bruilla et Saint-Jeau-!a-Cella , et se continuait vers Passa. Elle est men- tionnée dés l'an 801 (via publica que dicitur Francisco, — Docum. iiiéd. sur l'Hisl. de France, to. III ) , et le Carlulaire du Temple en parle encore en 1 1/(5 (in camino Franceschi,—tol. 158), et en I ICI {in via Francescha. — fol. I"j7). — La seconde, mentionnée déj l'an 851, sous le nom de slratii Francisco, qu'elle conservait encore au x' siècle, s'appelle ensuite la strada ou via Cnnflenlana. Elle partait d'Elue et se diri(;eait vers la Cerdagnc , eu remontant le cours de la Tet. — La troisième partait également d'Elue, et se dirigeait vers les l'yrénée;, eu suivant la vallée de l.a Itoca. V.Wv est cm-ote diverses partios du [«oussilloii. Mais ces ciieinins, qui pouvniont (Mit anciens relativement à d'antres voies de comniiinicalioi!, n'ont aucun rapport, soit par leur direc- tion, soit par leur importance, avec la voie de Tépoque roinaine, et l'on peut être certain qu'avant le xv<^ siècle, personne, dans notre pays, n'avait songé à s'occuper de l'ancienne voie qui l'avait traversé. Il est même fort dou- teux qu'il s'en fût conservé à cette épocjue le moindre souvenir. Les Itinéraires dits d'Anton in portèrent l'atten- tion de ce côté. Jean Moles de Margaril, évéque d'Elne et puis de Gérone, décédé en ilGI, écrivit le premier, dans son ouvrage historique intitulé Paratipomenon Ilispaniœ, que Perpignan était la station du nom de Stalmlinu, |)lacée sur V Itinéraire entre Sal.sulœ et Vtjrenœum '. Mais Margarit ne tient aucun compte des distances; il n'en parle même pas, et son opinion, déjà critiquée par Louis JS'onius, écri- vain érudit et sensé, n'en lut pas moins répétée par notre chroniqueur Bosch, à une époque où il sullisait, pour le succès des écrivains, de flatter la vanité des grands, des peuples et des villes''. L'o[)inion de Margaril est au- dessous de toute discussion, et nous aurions pu nous dispenser de la mentionner, si elle n'avait été le point de départ de |)lusieurs systèmes erronés »iue nous aurons ii discuter. niLMilioiinéc J.iMs un artiMlu 2() avril I '(07 (in ilinore Vrancisco, — Tliolosa, iinlairc). Il y aurait «rautrcs iiuIiiMlioiis à foiiniir a ce sujtt, mais (m voil iiuo, soit par leur noiribn-, suit par lc!:r diri'clioii , nos voies Frnncesques ne peuvent avoir rien de foilimun avec l'uniijiio voie romaine, signalée dans notre pavs par lis auteurs anrieiis. ' Noli-e elironiijueur Biiseh dit { |>a(;e 583) an sujet de l'erpijnan : Le Publical., Il, 40. — Les rliarles nous indiquent des Volos en plusieurs endroits; entre CHstell-15n.(;ne et du lionssillon ; telles sont Fonollcl qui a donné son nom à une partie de l'anrien diocèse d'AIel, le lieu de Fonollar, sur la route actuelle du Perthus , cl bien d'autres. On citerait de m^me plusieurs localités du nom de Jonqu--fes, en (Catalogne, eu Houssillon et en l,ani;ucdoe. I6r) dopter, pour éclaircir l'itinéraire d'Anloniii, (lu'il rapporte dans le Recueil des Ilistoriots de France. Mais ces savants ne fournissent aucune nouvelle preuve, en faveur du système qu'ils ont embrassé. Wesseling a pris le même guide, avec lequel il diffère néanmoins au sujet de la station Vicjesimvm, qu'il place à Sigean. Cette rectilication n'est pas heureuse; car, de Narbonne à Vigcsimum , comme l'indique ce nom, on comptait 20 milles, tandis que de Narbonne à Sigean, on trouve 10.400 toises, valant un peu plus de 15 milles. « DA?iviLLE a également suivi M. de Marca, dont il a cru devoir modifier l'opinion sur deux points seulement. Le premier, c'est Combusta, station qu'il reconnaît mal placée à Rivesaltes, et qu'il propose de chercher sur un point qui s'accorde mieux avec les distances respectives de Vigesimum et de Ruscino. En cela, sa remarque est parfaitement juste. Mais Banville aurait dû s'apercevoir que la station nommée ad Viijcsimmn, n'était pas mieux placée aux Cabanes de Fitou. Il veut, en second lieu, qu'on cherche la station de Centuriones , près du vcdlon qui mène à Bellegarde*. Ces deux rectifications, par la ' .M. Henry déclare, dans son Ilisloire de rtuusillloH (to. I, p. xxv), que « Lnccrletum esl le lien désifjné par Danville pour la station ad l'.enlenarium.» Ailleurs, il convient (|ue le lieu de Locertelum lui était lout-ii-fail inconnu avant que M. de Saint-Malo lui etU si{jnalé le document du ix* siècle où il en esl fait mention, et qui avait été [)nblié dans le recueil de Marca ; nénn- moins, il afiirme fllisl. de Rouss., lo. 1, p. '«-iO) que « de Céret, la voie ro- 'I mainc devaitaller joindre la montée de I.a Clusa etse rendreau IVrlhus par " Locerletum et Maurellas,» ce qui fixerait la position de ce lieu au-dessous de Cérct, sur la rive droite du Tccli. Il esl permis de penser, après ces avons, que Topinion de M. Henry ne pouvait pas élre trop bien assise à cet éyard. La charte de Pan 8Ô5 (Marca, 8) nomme, en effet, parmi les confronts du territoire de Céret, à l'est, la viUa quœ vocalur Locericlum ; mais ce lieu se trouvait sur la rive gauche du. Tech, entre Céret et Vivers, au voisinaijc de .Saint-l■\■^réol.^'ous y trouvons, en effet, une pièce de terre ainsi dési(;née dans »n acte de vente du IG aoi'it f Ô73 ; < l'^sl aulem infra terminos (^astri de Viva- ■ riis, loco vocale lesCosles deLaserlet >< (Ar.de lUop.de l'erp., jil. \2, n" 23). un manière vague dont elles sont proposées, n'aplanissent aucune dillicullé, et laissent, par conséquent, les curieux dans la même incertitude, dans la même ignorance. « Don François Douca, chanoine de la cathédrale de Gérone (Martires de Gcvona), n'a lait que répéter l'opi- nion de M. de Marca , sans entrer dans la moindre dis- cussion. Il élahlit, cependant, la station Vigesimum à Leucate, à 18.000 toises (25 milles) de Narhonne, an lieu de 20 qu'il en faudrait, d'a|)rès les anciens itinéraires'. » SYSTÉMI-: DE M. DK WALCKENAl'Il. Nous devrions ici, pour suivre l'ordre chronologique, examiner les travaux des archéologues roussillonnais qui se sont occupés de notre voie romaine. Malheureusement, leurs écrits ne paraissent pas, jusqu'ici du moins, avoir dépassé les limites du département; et l'ouvrage le plus important qui ait été publié de nos jours, sur l'ancienne géographie des Gaules, celui de M. de Walckenaër, semble avoir été privé de ces matériaux, désormais indispensables pour traiter ces questions. Son travail n'est qu'un reflet de l'opinion de Marca et de Danville, et nous allons nous en occuper, pour terminer l'examen des systèmes des écrivains qui ont étudié notre pays et nos antiquités, sans avoir eu l'avantage de les voir de près; nous passerons ensuite aux savants qui sont allés au cœur de la ipiestioii et l'ont étudiée sur les lieux mêmes, en s'entouranl de tous les secours que peut fournir la connaissance exacte des lieux, de leur histoire et de leurs monuments. M. de Walckenaër a émis quelques opinions nouvelles sur notre géographie ancienne-, mais l'ensemble de s(m travail dénote, chez cet auteur, une médiocre connaissance ' Jacqoks de Sum-M\i.o, le l'ublicalcur du 20 s»i>U'iiibic IS32. - Géographie ancienne des Gaules, \n\v !.■ l)nion de Walclimnir, toinc |, 2, .") l'I C; lu il, |i,irt. U rli . ', ; t,i. ||| , pnfj. ÔO . 12!» <•[ sirivanlps 168 de riiisloire el de la topoj^iapliie du Koussilloii. 11 n'a point fait, d'ailleurs, une étude spéciale de la question de notre voie romaine, et les renseignements qu'on trouve, à ce sujet, dans son ouvrage, semblent fort incomplets, confus, et même contradictoires. M. de Walckenacr a lixé la position de Ruscino à Caslell-Roussillon, d'où il conduit la route justiu'à ////- bcris, qu'il place à Elne ou Ehieija (p. 105). Voici son itinéraire comjjlet, dont nous supprimons seulement les indications des distances : Ad Vigesimum .... l'ont de 'Iroillo, pri-s ri'laiij; de la l'aluie. Salsulis Fort Salas (lisez Saisis). Combusla 5.000 loises un sud de Salas. Ruscinone Caslcl-luiussilldii. Ad Slabulum . , |^^ appelle Saiul-.Marlin, passade de ta Tech, Ad Cenlurioncs. ^ ^^^.^ ,^ p^,^,^,,^ ^,,,.^,^|. ,,^ ,^, ..i^.j-...^ Ad Centenarium , Ad l'yreneum . . . . Château du ïù-art. A'UKimo Vyrenwo . ■ . Bellejjardo et riicluse, soinmel des l'yiéiiéts. Juncaria I.a JoiKjuii're. Enlin, dans une table particulière (p. 255), pour le premier segment de la carte théodosienne, il maintient au château du Réart le Sumimim Pyrmœum, confondu , dit-il, avec ad Pi/iraœHm; Dedana est placé h l'Ecluse, et Juncaria à Jonqn'ùrc. Nous ne parlerons pas des noms mal écrits, tels que la Tech, Elneya ou Alnéya, Salas et son fort; mais, en ce qui lient à la question même, il serait inutile d'in- sister pour montrer que ce système renferme de graves erreurs. Bornons-nous à ra[)peler (pie le château du Réart est à trois lieues au nord de la chapelle de Saint-Martin, el que La Clusa est sur le versant nord des Pyrénées, et non pas sur le versant sud. La connaissance des lieux dont il s'agit, et le simple énoncé de ce système, sulliseiit pour le réfuter. Observons aussi que ce qu'il peut y avoir de bon se trouve déjà chez Dan ville. Les erreurs de M. de Walfkonaéi', telles que la position de Pyreuœitiituu château (lu Uéart, et celle de Dedana à l'Écluse, n'a|)[»arlien- nc'iit qu'à lui. Quant aux |M)sitions(|u'il assiii;no à Combusta et à CoUuriones, ollcs se trouvent déjà chez M. Henry, à qui M. de Walckcnaer les a sans doute enipruntées. !• CRI VAINS IJOUSSII.I.ONNAIS. Il existe un manuscrit de Tan 1774, intitulé : Description histortque et yroijraphiqtœ de la province du Houssillon , dont l'auteur a suivi exactement les indications de M. de Marca, relativement à la voie romaine. Il observe, d'ail- leurs, (|u'il existait encore en Roussillon qudques vestiges de l(( voie militaire pour la marche des troupes, et il ajoute qu'au xvn« siècle, on voyait sur cette route, entre Cerct et Maurcllas , des restes de chaussée et des endroits pavés. Enfin, pour expliquer la seconde rédaction de l'Itinéraire d'Antonin, il prétend « iprapparemment, en ce tenq)S-là, « lorsijue le Tech était i-uéalde, on allait di'oit de Rusci- « noue au Boulon (ad Slabidum) , et on laissait, comme « aujourd'hui, le long détour de la ville de Céret. w De pareils arguments sont bien moins des secours que des embarras, (^est le jugement que Ton peut aussi porter sur les indications de Carrère ( Joseph-Uarlliélemi-Franrois), (pii s'est aussi occupé de la voie romaine, dans sa Des- cription de la Province de Roussillon 1 1788) , et n'a fait que reproduire l'opinion de M. de Marca, excepté pour la station Combusta. « On voit encore, dil-il, derrière La « Tour-bas-Elue, et entre Céret et Maurellas, des vestiges « de la voie militaire pour la marche des troupes romaines; « des restes de chaussées et des endroits pavés avec de « grandes pierres, donnent une idée de la beauté de ce « clicinin. .\ous en trouvons l'itinéraire dans Tite-Live et « Slraban, il connuenvait ii Sidsiilas (Salses); il allait en- « suite ad Vondjustain, (pie li's uus croient être Hivesaltes, 170 « les autres Tora, viUaije dont il ne reste aucun veslige; « ad Ruscinonem (Châtcau-Roiissillon), ajjrès avoir passé « la rivière de la Tel sur un pont que l'on croit avoir été « dans le même endroit où est celui de Perpignan ; ad « Slabulum (le Volo); ad Centurionem (Céret), où l'on « passait le Tech, sur un pont dont on voit des vestiges « au-dessus de celui ([ui existe aujourd'hui ; ad Pyrenœum; « c'est le lieu où est aujourd'hui le cul de Pertus, etc., » (p. 4 et 5). On remarquera avec quelle assurance on débitait toutes ces assertions plus que contestables, et il était temps que la critique moderne vint en démontrer la fausseté. SYSTEM t: Dlî M. HENRY. Dès son arrivée dans le département des Pyrénées- Orientales, M. Henry s'empressa de diriger ses recherches sur la route de Rome en Espagne a travers le Roussiilon , et il développa son opinion à ce sujet, dans un mémoire de 51 pages, intitulé : Recherches sur la Voie de Rome en Espagne à travers le Roussiilon ' . La nouvelle opinion se rattachait aux données générales du système de M. de Marca et de ses imitateurs, que nous venons de passer en revue, et il n'y avait de réellement nouveau, dans le système de M. Henry, que la fixation de la station ad Centuriones , qu'il plaçait a l'église de Saint- Martin-de-Fonollar. Quant à la position de Tora, qu'il croyait signaler pour la première fois , elle était déjà .connue et adoptée par quelques érudits, à l'époque de Carrère (1788). Après être parti de Narbonne et avoir iwé la station Vigesimmn aux Cabanes de la Palme (a 20 milles romains de Narbonne), M. Henry place Comlmsta sur la rive gau- che de l'Agli, à la chapelle de Saint-Martin-de-Tora (à • IVrpijjiian, chez TasUi, [htc et lils, iinpiiiiniirs, I820. 171 14 milles romains des Cabanes de la l*almc), el se dirige ensuite sur le po)if de (a Pierre, pour aller h lînsn'rio. 11 rejette complètement la 'Dthlc de Peutinger, et au lieu de passer à lUibcris, il dirige la voie prétorienne de Kuscino par Cabestany, jusqu'au-dessus du contluent de la rivière de PoUestres et du llcart, où il joint la route actuelle d'Es- pagne, qui le conduit au Volo (ail Slabuluml. 11 y passe le Tech et parvient à la chapelle de Saint-Martin-de-Fonollar, où il place Cnituriones (p. 17), après avoir parcouru 1 9.308 pas romains. Enfin, il compte, de cette chapelle au Perthns (Summum Pyrenœum), la même distance que celle qui est indiciuée dans l'Itinéraire d'Antonin. On peut remarquer que c'est, en général, la seule iden- dité des distances (|ui guide M. Henry dans ses opérations, et décide pour lui la fixation des diverses stations. 11 se borne à corriger en 28 milles les i8 qui, selon l'itinéraire, séparaient .S'rt/^'w/fC de Stabuliira. Il tâche, en outre, de consolider son système par des considérations archéolo- giques qui, fussent-elles exactement fondées et convena- blement interprétées, ne prouveraient absolument rien pour la solution du problème de notre voie romaine. Ce système fut vivement cond)attu par M. Jacques de Sainl-Malo '. Notre savant archéologue trouva, d'après les calculs auxquels il s'était livré lui-même , un excédant de 5 milles romains dans le chiflre donné par M. Henry, puisque en partant du premier torrent au midi du village de la Palme, en ajtpréciant, autant (pie possible, les sinuo- sités de la roule juscpià Salses, et en allant ensuite en droite ligne à St-Martin-de-Tora, il trouve 15.171) toises entre les deux points extrêmes, au lieu de 11). 950, données par M. Henry. De même, il constate une dilférence de 1.000 toises en plus, dans le |)arcours de la route de Rus- cino au Volo, etune dillérence de 2 uiilles en moins, dans la dislance totale de Kuscino à Saint-.Martin-de-Eonollar. ' l.e l'ublicaleur, l" aniu'o, ii" riC lT-2 M. Henn iien reproiluisit pas moins son système en 185i, dans son Uistoire de Roiisxillon. 11 y persista, huit ans plus tard, dans son Guide en Roussillon (18U), où il maintint, pour toutes les stations de l'Itinéraire, la position qu'il leur avait assignée en 1820. Son assurance ne parait avoir été troublée que relativement à la station ad Stabidam , pour laquelle il se contente de mettre en avant l'opinion do :Marca, tout en ayant l'air de la rejel^er. Il avait été lui-même plus affirmatif, h cet égard, en 1854. Il répondit, cependant, aux observations de M. de Saint- iMalo; mais, pour ce qui tient aux distances, il en prit facilement son parti, en déclarant (pie, de (pieique ma- nière qu'on s'y prit, il était impossible de faire accorder les chiffres des itinéraires avec les distances et les posi- tions des lieux sur lesquels on les avait rapportés jus- qu'alors. On lui avait également objecté que les lieux nouveaux, qu'il iudi(piait pour les stations romaines, n'avaient été signalés par aucun monument archéolo- gique, ni par aucun souvenir qui put se rattacher à l'époque romaine. M. Henry eut le malheur de découvrir sur les points exigés, des ruines et des débris, qu'il n'hésitait pas :i faire remonter jusqu'à l'époque voulue : ce qui ne fil que le confirmer dans l'opinion qu'il avait émise d'abord. Nous n'entrerons pas dans la discussion de ce genre de preuves; car ces ruines seraient romaines, qu'elles ne prouveraient absolument rien, telles qu'elles sont, pour la question qu'il y avait a déterminer. Les critiques de M. Jacq. de Saint-Malo eurent encore un autre résultat sur M. Henry, et lui firent imaginer une nouvelle solution pour une des dillicidtés de l'Itinéraire. Il contin\ia à ne tenir à peu près aucun compte des indi- cations de la Table de Peutinger; mais la seconde rédac- tion de l'Itinéraire d'Antonin , qui ne pouvait concorder avec son propre système, lui fit chercher une seconde voie, (pii se détachait de la première au jtont delà Tet, 17S pour passer de là au pont de ia Vasse, oX siircessivoineui à Villa (iodonim, Tidiigcs, Canohes, Pontclla, Trullas et Tresserre, pour rejoindre la route à'IUibcris à Slaindum (au Volo) '. M. Flenry parvint ainsi, sans fournir, il est vrai, la moindre preuve, à se rendre compte des 5î) milles, et non des 48, comptés entre Salsiiliv ciStalnilum. Il n'y a qu'à promener un compas sur une carte, pour trouver des solutions pareilles et obtenir les distances proposées. SYSTÈ.M1-; Di: M. JACQtîES Dl' SAIM-MALO. Après de profondes études sur la question qui nous occupe, M. Jacques de Saint-Malo publia le résultat de ses rechercbes dans VAiurudire pour les Pipritrcs-Orien- talcs , de iSÔâ. Son opinion différait essentiellement de toutes celles qui s'étaient produites jusqu'alors, et s'ap- puyait sur des considérations et des preuves savamment exposées: c'était le produit d'un travail prodi£,neux dont l'analyse la plus détaillée donnerait dillicilement une idée surtisante. Partant de cette donnée, que les Itinéraires d'Antonin renferment, en effet, deux rédactions différentes de la route qui traversait le Roussillon, pour aller de Narbonne en Ibérie, M. de S'-Malo s'était, pour ainsi dire, unique- ment attaché à expliquer ces deux rédactions, en néijli- geant presque entièrement les autres témoignages des historiens et des géographes anciens. II reconnaissait sans diUiculté que, du tenqis d'Annibal, il y avait une roule pour voyager, depuis l'Kspagne, à tra- vers les Pyrénées, jusqu'aux Alpes. « Plus tard, ajoute-t-il, « après la complète de la (laule Braccala par les Romains, n Domitius (rt'ji(d>arbus lit construire un grand chemin qui « traversait entièrement la nouvelle province. Prnt-rirc ' lli\l. de RousiiUon . lo I. p ','<(). 174 « même que cette nouvelle voie n'était qu'une amélioration « apportée à la route primitive, en lui donnant sur certains « points, sur certaines localités, une direction nouvelle. » En conséquence de cette hypothèse, M. de Saint-Malo pensait, qu'à l'exception d'une partie du chemin, en sortant de Narhonne, rien n'était commun entre les deux embranchements, pas même le point par lequel ils en- traient dans le pays des Sordons, ni celui par où ils débouchaient en Ibérie. C'étaient donc deux routes distinctes, ayant chacune des stations i)articulières, au moins depuis Viçicsimum, où elles se séparent, 'jusqu'à Juncaria, où elles aboutissent également, pour se diriger ensuite à travers la Péninsule Hispanique. M. de Saint-Malo ne s'est pas occupé de celle de ces deux branches qui, dans son hypothèse, passait par Salsulœ, Saint-Saturnin, Pia et Ronpas, pour aboutir à Ruscino, et allait ensuite directement sur le passage actuel du Perthus (Pi/renœum). Sa dissertation avait principalement pour objet la branche qui, suivant lui, passait par Ruscino et Illiberis , et qu'il considérait comme la route primitive. Voici les résultats auxquels il était arrivé. M. de Saint-Malo fait commencer la bifurcation des deux routes depuis Vigesimum, qu'il place à la Palme; il contourne l'étang de ce nom, en se dirigeant en droite ligne vers Leucate. H s'avance entre l'étang de Salses et la mer, passe le Grau, et établit la station Combusla au lieu appelé Tottr ou la Tour sur l'Agli, « qui, à cette « époque , et même plusieurs siècles après , au lieu de « se perdre dans la mer, se dégorgeait dans l'étang de « Salses. » La roule arrive ensuite à Ruscino, en passant par Mulationes (Mudagons), dont le nom semble indiquer une niulalion, ou maison de poste. A partir de Ruscino, le chemin suivait la carrera de Carlos Magno, dans la direction df Cabestany et de Salellas, jusqu'aux environs 17.-) du Mas Rocabruna, cl arrivait à 'lésa. « Au-delà de ce « lieu, la voie romaine fournit do nouveau deux branches: « l'une conduisait à Cduroliberi et Porhis Venen's, à tra- « vers les territoires de Mossellos, S'-Cyprien, La ïour- « l)as-Elne et Argelès; l'autre, se dirii^cait sur Illiberis, <( en passant par Cornelia-del-Vercui '. » Celle-ci, qui, selon notre auteur, serait celle de VJtmérairc, s'en va, par un chemin bien connu, (Vfllibcris à ïatzo-d'Amont, « Tacio, dans les plus anciens documents du moyen-âge, « corru{)tion iiicoiilrslable du mol latin Slatio, désignant «un j)oiut d"itniéraire, et par conséquent le voisinage « d'une ancienne voie publique. » De Tatzo, le chemin parvenait sans difliculté ii la vallée de Saint-Martin, en passant par la Pave » Pansa, dans les monuments du « moyen-àge. La dénomination de ce hameau et sa posi- « lion sembleraient indiquer un lieu de repos, établi pour « les voyageurs, sur la route que parcvurut un corps d'ar- « mée du roi Wamba^. » Le hameau de La Vall serait la station ad Ccnturiones. Le chemin se perd, à quelque distance de là; mais l'inspection des lieux porte M. de Saint-Malo à croire que la voie romaine remontait le vallon de la rivière de la Massane, et parvenait au coll de la Carbassem, à l'est du Roc vulgairement appelé dels quatre Termens. Ce passage se trouvant élevé de 500 mètres de i»lns que celui du Perfhus, explique, suivant notre ariticiuaire, pourquoi les Homains, reconnaissant la différence d'élévation de ces deux débouchés, voulurent la constater, sans doute, en appelant simplement Pi/re- nœum la première station (le lY^rthus), et Summum ' M. ilf Sainl-M.ilo adiiieUiiit (loin- l'cxislrnre de trois tcmU-s , partant toutes d'Llliic, pour fraucliir les Tyrénéos, Tmiio au IVrllius, l'.itilrr au coll dt la Carbassna , ri la troisii'inc par le IkuiI di' la uki-, »îes par Ick Miittérnit'^fa t'Oiâtniats rclutitu à notre Voie. Tous les renseignements fournis sur notre voie romaine par les auteurs a.iciens, ne pouvant se rapporter qu'à une seule voie, il semble assez naturel de croire que ces docu- ments devraient se trouver parfaitement d'accord sur les chiffres des distances, comptés entre les diverses stations. 11 n'en est pas tout-à-fait ainsi. Ces distances ne sont marquées que sur la Table dite de Prutinr/er et sur les deux rédactions des Itinrraircs dits dÀntonin, et l'examen I 181 (le ces Irois docuinents constate seulement, entre eux, les ressemblances suivantes : i" Les deux rédactions des Ilinrrairrs sont unanimes pour compter IB milles entre Juncaiia et Pyronvum ou Summum Pyrenœum. La Table com[tte 8 milles entre Summum Pyrenœum et Juncaria, en mettant, à -4 milles de l'un et de l'autre, la station intermédiaire de Dedana. Mais ces derniers chilfres sont évidemment erronés, et l'on peut, sans hésiter, corriger les deux nondjres un en VIII, ou l'un des deux en xii; ce qui donne les xvi milles Iburnis par les Itinéraires; 2<^ La première rédaction de VIfinéraire et la Table s'accordent à com[)ler o milles entre Summum Pyrmœum et Cenluriones , ou Centcnarium (selon la Table); 3° La première rédaction de \ Itinéraire compte G mil- les entre liuscinone et Combusta. La Table présente aussi le nombre 6 entre liuscinone et la première station qui venait à la suite, en se dirigeant sur Narbonne; et, bien que le nom de cette station soit omis, on ne saurait hésiter à restituer ici le nom de Combusta. On constate, au contraire, les différences suivantes : 1" Entre Rnscinone et Cenluriones, la première rédac- tion des Itinéraires compte 20 milles, tandis que la Table n'en donne que 10, entre liuscinone et Centcnarium ; 2" Entre Salsula' et Stabulum , la seconde rédaction des Itinéraires devrait compter 19 milles, pour être d'ac- cord avec les chiffres de la première rédaction , tandis qu'elle en porte 48, c'est-à-dire 20 milles de trop. Cette seconde différence est tellement dispro|)(»rtinnnée, que, pour trouver l'explication des i8 milles, il iaudrait , non-seulement diriger la voie de Salses jus(|n'an I^miIuis, mais encore lui supposer des contours extriiordinaires à droite et a gauche, à moins de la faire revenir plusieurs fois sur elle-même. C'est um' erreur évidente, reconmie i82 par tous ceux qui se sont occupés de noire voie', et l'on peut, sans aucune dilïiculté, corriger le nombre xlviii en XVIII, ou même en xviiii milles, si l'on veut que celte rcdaclion de Vllinêraire soit tout-à-lait d'accord avec la première. On ne saurait donc avoir une confiance absolue dans nos trois documents routiers, tels que nous les avons, pour ce qui concerne les nombres comptés entre les diverses stations. Nous ne cbercberons i)as d'où peu- vent provenir ces variantes, et bien moins encore quels sont les chiffres qu'il foudrait adopter comme définitifs. Mais il est bien évident que la seule différence réellement constatée dans nos deux itinéraires (celle de 1 mille de moins entre Ruscinon et Ccnturiones) , n'est pas assez importante pour faire croire qu'elle puisse provenir de ce que les rédacteurs de ces documents auraient suivi deux -routes distinctes entre les deux stations mentionnées, puis(jue ces trois itinéraires eux-mêmes prouvent qu'ils avaient tous suivi la même route, en donnant les mêmes nombres entre Combusta et Ruscino, Centiiriones et Sum- mum Pyrenœum,ce dernier point eiJuncarin . Nous sommes donc parfaitement d'accord avec tous les témoignages des auteurs anciens relatifs à notre voie romaine, en concluant que les indications des trois itinéraires, comme celles de Polybe, de Strabon et de Julien de Tolède, se rapportent a une seule et même route, allant de Narbonne à Barce- lone, en passant par Salscs, Ruscii)o, UUbcris, Canco- lihcri, les environs d'Enqiories et Gerone; et nous pou- vons combiner, dans le tableau suivant, tous les noms et les chiffres fournis par les trois itinéraires, pour la partie de cette route qui concerne l'ancien lloussillon. 1 F.ouis Noniiis (Nouez) et M. Ilcnry , réduisent les 48 milles à 38 ; M. Je Maica, à 28; M. de Saint-Malo propose aussi diverses corrections. 183 NOMS DES STATIONS fournis par les trois ilinéraires. Narbona Vigcsiinuni. NOMrtnE HE MILLES FOURNIS PAR La Table do l'eutinKcr. La première réilaction (le ritiniîrairc d'Aiitonin. 20 .La deuxième rédaction de riliiidraire d'Antonin. 30 Salsulic , 14 Coinbusta . Ruscinone. 48 lllibcris. Stabuluni 12 20 Ccnlurioncs ou Cenlena- riiiin 1G Pyrenîciim ou Suunmiin Pyreiioeum; Dec la 11 Jiiiicaria . ) * , I (ïiO u <6 184 La concordance des nombres fournis entre certaines stations, dans la Table et les Itinéraires, ])rouve que ces documents ont fait usage d'une mesure identique, et le mille romain, qu'ils ont employé, a une valeur de d.-i85 mè- tres, selon Topinion généralement admise. C/est d'ailleurs, une question qu'il importe peu d'élucider ici; car nous serions fort embarrassé, s'il fallait ai)pliquer aujourd'liui, sur le terrain , les données des itinéraires de l'époque impériale, et justifier l'emploi exact et rigoureux des 1.48o mètres du mille romain, pour retrouver la position j)récise des stations de notre voie. Sur quoi se baserait- on? Quel serait le point de départ de ces mesures, et comment pourrait-on en contrôler l'application? ^iotre ancienne voie est aujourd'hui entièrement détruite, et, tout au plus, peut-on conjecturer qu'il en existe de rares fragments, à quelques mètres au-dessous du sol actuel, dans la partie de la Salanque comprise entre le cours de l'Agli et celui de la Tel. Des fouilles dilliciles et bien incertaines pourraient seules les faire découvrir. Quant aux débris signalés dans le voisinage de Saint-Cyprien, ils ne paraissent pas plus authentiques que ceux de l'ancien chemin de Maurellas. On n'en indique point ailleurs, qui puissent être admis d'une manière incontestable comme des restes de notre voie romaine , et il nous en coiile peu d'avouer que nous n'en avons {»u découvrir le moindre indice. Dans un pareil état de choses, la connaissance rigoureusement exacte de la valeur du mille romain ne serait pas d'une grande utilité, et la recherche des distances réelles qui séparaient les stations anciennes, devient ex- trêmement diilicile. Si on voulait, par exemple, opérer entre deux stations bien reconnues (Rusciiiu et llliheris), et séparées par une dislance de 7 milles, selon les itiné- raires, on ne connaîtrait d'une manière précise ni le point de départ, ni celui où il faudrait s'arrêter, dans l'une ou l'autre de ces localités. Suivrait-on une ligne rigoureu- IÎS5 seinenl dioile, ou s'eiigagerait-oii clans tous les coiilours (les clu'inins, plus ou moins anciens, qui conduisent encore aujourd'hui d'Elne à Castell-Rossollo? Les objections et les (liinrultés sont encore plus nombreuses pour les autres stations, surtout pour celles où les mouvements du terrain augmentent nécessairement les sinuosités d'une mute quelconcpie; et l'on ne saurait quel compte tenir des pentes qui seraient inévitables dans nos calculs, et qui pouvaient être moins sensibles autrefois, à cause des ponts ou des terrassements qui ont [ni exister, et dispa- raître depuis bien des siècles. Ainsi donc , tant (pie des découvertes archéologiques n'auront pas lait reconnaître, d'une manière complète et certaine, le parcours exact de l'ancienne voie romaine en Iloussillon, on ne peut songer à déterminer d'une manière précise la valeur du mille employé dans les anciens Iliué- raires, ni désigner les lieux où il faudrait placer les sta- tions mentionnées. Tous les calculs ne pourraient donner que des résultats aitproximalifs, et n'aboutiraient (ju'a (les données générales, dont il faut bien se contenter en cemomen'i, si l'on ne veut pas s'égarer dans le champ des conjectures et s'exposer à voir renversé, par une décou- verte imprévue, un édifice (\u\ ne pourrait être bâti aujour- d'hui que sur de pures su[)|»ositions. C'est un écueil que nous lâcherons d'éviter, et au lieu de tracer, pour le plan topographique de notre ancienne voie, une ligne d'un parcours bien déterminé, avec des chill'res et des noms bien certains, correspondant aux évaluations et aux sta- tions des anciens itinéraii'es , nous nous bornerons à applicpier sur le terrain même, autant (|ue possible, les indications fournies par les auteurs anciens, et que nous avons tâché d'interpréter, en prouvant que le petit nom- bre d'indications modernes recueillies jusipi'ii ce jour, conlirmenl toutes nos explications, et jiislilienl les seules consé(piences (jue nous prétendions en tirer. 186 Parcours «lo la %'olc Komainc, tic Gerutula à Karlionnc. Sans piélendre, en (jnoi (|ue ce soit, contester la pos- sibilité de Texistence de plnsieurs routes en Roussillon, pendant la période romaine, nous croyons avoir établi que les documents anciens n'en ont jamais mentionné qu'une seule, qui allait d'Emporics^ au filiône (Polybe), on suivant la côte autaut que possible. Elle entrait dans la Gaule aux Tropliées de Pompée, situés an voisinafje de la mer, selon Strabon, et traversait le Roussillon, en passant par llUbcris, Huscino et Salsulœ, selon les Ili- ncmires. En partant de ces données, dont nous venons de démontrer l'exactitude , nous allons suivre sur les lieux mêmes le parcours de notre route. En partant de Gerunda vers Narbonne, la voie publique se dirigeait vers la côte marilimc, et arrivait à Emportes. Les llinéruires ne nomment pas cette ville, et, bien que ' Tout en aJmettatit que les tcmni[;nages de Tantiquité, recueillis jus- (|u'ici sur celte question, ne se rapportent qu'à une seule et même route, on se demande, il est vrai, pourquoi certaines villes, telles ({u'/iiît/jotcs, ne se trouvent pas même nommées dans les Itinéraires romains. Ces omis- sions sont faites pour surprendre; mais il ne faut pas oublier que les auteurs de ces documents, composés dans un but qui demeure encore inconnu, ne se proposaient nullement de nommer les villes plus ou moins importantes qnc traversaient les voies romaines; el, pour ne parler qucdu Roussillon, nous voyons que la ville à'iUiberis est omise par les deux rédactions des Ilintraires, celle de Huscino est également passée sous silence parla 2"^ rédaction. D'autres villes, bien plus importantes, se trouvent aussi omises dans ces documents, (|ui sont remplis de noms vagues, tels que fines , désignant de simples liiuilcs, ou Vigesimum , qui n'était ni une ville ni un hameau , mais une simple borne marquant le vimjlicme mille à partir de Narbonne. Le silence de ces documents ne saurait donc affaiblir, en quoi que ce soit, la valeur du témoignage de l'olybe. 187 leur silence ne prouve iien contre le témoignage lonnei de Polybe, on peut admettre que, sans arriver à lùiipo- rics, la route de l'époque impériale laissait cette ville un peu à l'est, et traversait en droite ligne la plaine basse et marécageuse, qui l'entoure à l'ouest et au nord, et qui, dans Strabon, jjorte le nom de Champ Juncaire. Les trois itinéraires signalent précisément une station du nom de Jnnraria, dont la position, d'après le chillVe des lUncraircs (à IG milles des Pyrénées), correspond sans difficulté à un point quelconque du ttccJiov lo-j-y-yaoïov, La voie se dirigeait ensuite vers les Trophées de Pompée, situés sur la côte, au sud du Temple d'Aphrodite et sur la limite des Gaules et de l'Ibcrie, position qui ne peut convenir qu'au lieu de Cervaria , ou aux environs de l'anse actuelle de Cervera. Pour arriver en ce lieu, en partant de Juncaria , la route devait nécessairement Irancbir une cliaine de montagnes qui se détaclie des Pyrénées, entn; le col de Iktiii/ids et ta Massana, et se prolonge justju'au cap de Creus. Rien n"indi(pie aujour- d'bui l'endroit où s'elfectuait ce passage; car la station intermédiaire de Declana, citée par la Table de Peutinger entre Juncaria et Summum Pijrenœum (et corrigée en Deriana par les éditeurs modernes), pourrait corres- pondre au lieu actuel de Dcijiù, selon M. de Saint-Malo, ou à celui de Llaiiçà (Lanciuna) sur mer, selon d'autres. Nous n'avons pas à nous prononcer entre ces deux opi- nions, qui se fondent uniquement sur l'analogie que ces noms offrent entre eux. Cc[)en(lant, c'est de là (pie dé- pend la connaissance du lieu dit l'i/reiia'utii ou SuniDiutu Pijrcnœiim, qui correspondrait aux environs du col de Banyuls si la route devait venir de Del fia, tandis qu'en partant de LIança, et en suivant la côte, il faudrait le clierciier vers le col qui débouche sur lîanyuls, entre la tour de (Jucr-l(oi(j et Ccroaria , (jui était la limite des (iaulcs, selon Mêla. C'est là que se trouvaient les ISS Trophées de Pompée. On ignore d'ailleurs eu quoi con- sistait ce monument, et l'on sait que, du temps de la République Romaine, on entendait par trophées de sim- ples poteaux auxquels étaient suspendues les armes prises à l'ennoiiii, telles que casques, cuirasses et boucliers. Pline ajoute que, dans le monument élevé en ces lieux sous le nom de trophées, Pompée « s'était borné à « constater la soumission qu'il avait obtenue de 876 «villes, depuis les Alpes jnscju'aux frontières de VE&- « pagne lllérieure; » et Dion Cassius ^iiv. XLl) ajoute que Jules César passa aussi par le Pyrenœum, à son retour de Tarragone, « mais il n'y éleva pas de trophées, parce « qu'il se rappela que Pompée avait été repris a ce sujet; « il se borna donc à dresser un aulel (ô'coy.ov) de pierres « taillées içEcrrfTr/i, non loin des trophées de son rival. » Personne, jusqu'ici, n"a pu indiquer, d'une manière cer- taine , la place exacte ou le moindre débris de ces deux monuments. Quoi qu'il en soit, en parlant des Trophées de Pompée, la route devait remonter la côte, dans la direction du Temple d'Aphrodite et du Port de Vénus, pour aboutir à Caucolil)cri iCollionre). Ces deux noms ne se trouvent sur aucun itinéraire romain , mais l'anonyme de Ravenne nomme Caucoiilyeri parmi les cités de la Septimanie, au même titre que Comimsta et Pyrenœum, qui, selon toute apparence, n'étaient pas même des lieux babités. On est donc fondé à croire qu'en ceci, ce géographe se bornait à transcrire ces noms tels qu'il les trouvait dans les documents routiers; d'autant plus que, d'après les récits de Julien de Tolède, nous voyons, celle des colonnes de Wamba qui avait suivi la voie publique, le long de la mer, arriver tout d'abord au Casfrum Cnncoliberi, et s'en em- parer après être partie de Geninda. C'est exactement le chemin (pie nous venons de parcourir. Notre voie parve- nait ensuite à lUibcrre, selon la Table de Peutinger, puis \H9 à Ruscinonc, selon cft iiiôine document, d'accord, on coci, avec la première rédaction des Itinéraires dits d'Anfonin. Kntrc Rnscinonc, dont la situation est bien déterni inéo, et le passage des Pi/rrixrs^ qu'il est encore impossible de désigner d'une manière précise, nous n'avons eu d'autre guide que les témoignages des auteurs anciens; car on ne peut faire aucun usage des inscriptions de Théza ou de Saint-André, des médailles ou autres monuments antiques découverts jusqu'ici, dans la région que nous venons de parcourir. Ces monuments n'ont aucun rapport avec une voie publique, et ne peuvent rien prouver dans cette question. On ne signale, d'ailleurs, ni là, ni sur aucun autre point du Roussillon, aucun vestige certain d'une voie romaine. Tout ce que l'oi» peut considérer, comme définitivement établi, se borne donc à la direction générale de la route, telle que nous venons de l'indiquer, et aux deu.\ stations bien reconnues de RHsci)to et d'Illihrris Entre celte dernière et celle de Summum Pi/renœum, les documents routiers signalent encore la station dite Ad Stabulum , qui, d'après les nombres de la deuxième rédaction des Itinéraires d'Antonin , comparés à ceux de la première, devait se trouver h 1 mille d'Illilx'ris, vers le passage du Tech. Il serait bien dillicile, et, dans tous les cas, fort peu important, de rechercher aujourd'hui la situation de cette ctable , prise connue jalon d'une nota- tion d'itinéraire, dans un but qui demeure inconnu; et il est bien certain que la connaissance de ce lieu ne serait d'aucun intérêt, sous aucun autre rapport. Il en est de même du poste dit Ad Ccntcnarium ou Ad Centvriones , qui, d'après nos calculs, se trouverait à 12 milles de Stabulum et à 5 milles de Pyrenœum : ce qui se rappor- terait à peu près au territoire de Collioure'. * Quelques mois d'uiio note, Iriinsporlés, par' tniMir, dans le texie de la p. ■Il î), foraient considérer comme nous appartenant, une opinion que nous siiminc-i loin d^irccplci', nu iiiji'l ilo Iii Mliiatinn du liin dit ail rtnliiriniif\ 190 11 y a moins d'incertitudes pour la partie de la route qui reste à parcourir, entre Rnscino et la limite du pays des Sordons. 11 est vrai, que plusieurs auteurs, comme on l'a vu, ayant considéré comme des ruines romaines quelques débris d'anciens ponts, qui se voient encore à Perpignan et à lîivesaites, en ont conclu que la voie romai- ne, au sortir de Ruscino, se dirigeait vers le pont de Per- pignan, pour y passer la ïet, et aller de là vers Rivesaltes et Salses. Mais on est loin d'avoir reconnu une cons- truction romaine dans le pont dont une partie existe encore à Perpignan; et, l'importance de cette ville ne datant tout au plus que du xiF siècle, rien ne peut au- toriser à y faire passer la voie romaine qui conduisait de Narbonne à Ruscino. Lesvlisiances marquées sur les Iti- néraires s'y opposent; la construction d'un pont comme celui de la Pierre n'offrait pas plus de dilîlcultés à Castell- Rossellô qu'à Perpignan, et tous les témoignages con- courent à prouver que la voie romaine allait directement de Ruscino vers Salsidœ, à travers la Salanca. Il existe des preuves certaines à cet égard. Pour aller directement de Ruscino à Saisniœ , la route passait nécessairement entre le village actuel de Bonpas et Saint-Sauveur-de- Canomals. « De là, elle se dirigeait vers le pont Traucat, « épithète indice d'une grande vétusté , qu'il portait dt\jà « en 1569, époque où le chemin qui venait y aboutir, en «partant de Pia, était appelé indifféremment cami del « Pont tramât ou de la Caussade, en langue vulgaire, « ou (kdciata, en latin, dont la signification prouve assez « qu'une chaussée avait passé sur ce pont. De là, cette « chaussée pénétrait dans le territoire de Pia, traversant un « terrain boisé, appelé la Femna morla , jusqu'aux ruines « d'un pont dit de Pacals. C'est du moins ce que parait « prouver un acte du 6 juin 1413 *. » Après le passage de * De Gazanyola, llisl. du fioiiss., p. 55 et '6'i. Nous ne roniiaissons Tarie 101 la rivière de l'Agli, la roule se dirigeait, entre Saint- Pierre-(/e/-r«7rtr et Clayra, à travers une plaine caillou- teuse, aujourd'hui i>lanlcc en vignes, et atteignait le lieu de Sidsithr. Les souvenirs de Tancienne chaussée ahon- dent dans tout ce parcours. Dès l'an H39, nous trouvons mention de deux vignes situées au territoire de Canonials , au lieu dit Cal- çada * . Selon M. de Sainl-Malo, un acte du mois de juin 120.S signale, dans la Salanca, « un vieux chemin, auquel on « donne le nom de Calciala, mot dont on se servait dans « la basse latinité pour désigner une chaussée ou, pour « parler plus clair, un chemin ferré, d'où l'on peut con- « dure qu'un chemin conservant encore quelques vestiges « propres à caractériser une voie romaine, ou du moins « suivant le gisement d'une de ces anciennes voies, exis- « tait au commencement du xiiF siècle dans ces localités.» Anmudre de 1851 , p. 2!2!2. Le mot de Slrada n'est pas moins significatif, et Ton trouve, dans un acte du ô des cal. de mars li260, une propriété des Templiers, située au territoire de Salses, de I'(I5 qiio par la meiilioii qu'en fait M. de Gazanyola , i|iii a In l'acals au lieu de l'cracals. Celle erreur s'explique assez, pour ceux ([ui oui (jnelque liabiluJe des abrévialions palco{;rapliic|ues de l"écriture roussillounaise au XV'' siècle; mais la correclioii que nous proposons est pleinement justifiée par la situation do la villa du Veracals, près de l'Agli, au voisinage iVorlo- lanes. Ou lit, en effet, dans une donation deTaniSlil : <• Dono... alodem... llorli an'imeuat Cattada , auv I 151». » 19^ au lieu dit c Ik Slnidu, conlVonlaiit au uiidi avec Ir chemin qui va à Salses*. Enfin, nous trouvons encore un souvenir de raucienne voie ou cliaussée, dans un acte de 1517, portant vente d'un champ situé au territoire de Clayra, au lieu dit la Caxssaila, coni'rontanl avec le chemin qui va de Clayra à Sainl-Pierre-del-Vilar-, et avec un mitre rhcmin qui va vers la rivière {de l'Agli), et appelé lo Pas de l'Ayr/uc, à l'endroit, sans doute, où l'on passait anciennement ce cours d'eau. Toutes ces preuves sont plus que sullisantes pour éta- blir d'une manière incontestable la direction que nous attribuons à la voie romaine, dans la section comprise entre Ruscino elSalsulœ. La route sortait ensuite du pays des Surdons, et arrivait à Narbonne, située à 50 milles de Salsuhr. Les Itinéraires ne signalent dans cet inter- valle qu'un seul point désigné seulement par le nom du Vingtième milliaire (ad Vigesiimnn), qui s'y trouvait placé. ' artie du chemin, de même que le mot catalan crcinal est la simple tiaduclion du latin combiishi . ' (W'il le nom ((lie ci^ cliomiii porli' <'iii'ori" sur ic |il.iii ratlastr.il. 13 i9i Conclusion. La discussion ([ui précède indique assez quels sont les points de la question de notre voie romaine, que nous considérons comme définitivement ac(|uis. Tels sont la situation des stations de Salsuhv, de RiisriDo et (Vlllibm's, le passage de la voie à une petite distance à l'est de la chapelle actuelle de Saint-Piorre-f/fV-TV/ar, et la direc- tion générale de la route, le long de la côte, en parlant d'Elne vers Cervaria. Mais l'œuvre de l'archéologie est loin d'être terminée, puisqu'il reste encore a découvrir la situation exacte des stations dites Ad Comhtisln, Ad Slabnlum, Ad Centc- narhim et Ad Summum Pyrenœum, ainsi que la ligne précise et autrement importante , suivie par la voie romaine, depuis son arrivée dans le pays des Sordons jusqu'à son entrée en Ibérie. En se tondant sur de simples présomptions, il serait possible de tracer, sur une carte du département des Pyré- nées-Orientales, une ligne qui serait censée représenter, tant bien que mal, le parcours de la Voie Domilia. D'autres l'ont lait, ou le feront sans doute. Quant h nous, si nous avions cette mission , nous marquerions la voie par une teinte tellement décolorée, qu'elle serait à peu près invisible à l'œil nu. On pourrait, tout au plus, en suivre la direction générale, par les points d'interrogation qui l'accompagneraient des deux côtés, depuis Salsulcc jusqu'au Pyrenœum. Encore cette insaisissable repré- sentation nous semblerait-elle bien inutile, et capable de nous causer, h l'avenir, des embarras ou des regrets que nous avons voulu nous éviter, en nous abstenant de joindre une carte à notre travail. 195 ÉPHÉMÉRIDES Dp l'IIi^ilal Sainl-Jeaii et de l'Hospice de la Miséricorde DE TERFIGMABT. Par M. «iOSEPH SlHVE»', ini'Mibie n'sidanl. AVANT-PROPOS. Il i)araitrail (|U(' IHôpilal civil de Perpii^nan, à l'époque lie sa loiulalion, aurait reçu le nom de Saiul-Blaise, d"une coiilréne qui y existait (liasse 1, n" li); mais, lorsque divers hôpitaux furent créés dans cette ville (i)resque chaque corps de métier avait le sien), l'Hcipital Saint- Biaise dut perdre son nom primitif, et être appelé, comme de nos jours, llô|)ital Saint-Jean, du nom de l'église contre laquelle il était hàti. Cette opinion ne nra pas paru dénuée de fondement , et je Tai adoptée , en attendant que des faits authentiques viennent la détruire. La confrérie Saint-Hlaise s'étaignit vers le commen- cement du xvie siècle, et fut remplacée par celle de la Sainte-Croix, à laquelle Léon X accorda un privilège apos- tolique (liasse J, n"52). Cette dernière disparut dans la tourmente révolutionnaire. Les Chartres de Cirard II, dernier comte du Roussillon, de rinfant I). Jacques et de Jacipies I'^, dit le Conquérant, que je publie, jetteront un grand jour sur l'histoire de rno|»ilnl Saint-Jean. Celle de (iirard, lils du premier lit de Causfrel III, comte du Roussillon, fera connaître les nom- hreux privilèges dont jouissait alors la maison hospitalière. 196 Bien qu'accordés niovennanl (inaiico, ils iiélaieiit pas moins précieux, ne (levnicnt pas moins être considérés comme un grand hienl'ail, à la suilc de la guerre de famille qui avait ravagé le Roussilion, sans même avoir respecté ni églises ni monastères, après que Ganslret eut répudié sa première femme ' , malgré les excommu- nications lancées contre lui par les deux Souverains- Pontifes, Eugène H et Adrien IV. Lorsque Perpignan eut une charte municipale (119G), les Consuls créés par elle devinrent les patrons-nés de l'Hôpital Saint-Jean , comme l'étaient avant cette époque les Bons hommes ou les Notables de la ville : une foule de documents historiques le constatent. Ce patronage des Consuls s'est conservé sans interruption jusqu'en 1789, où un nouvel ordre de choses a brisé des liens que le temps avait respectés, et qui paraissaient indissolubles. Ainsi, Jacques ï<'^ en vendant à son (ils, D. Jacques, le patronal qu'il prétendait lui appartenir sur les biens et les revenus de l'établissement des pauvres, fit un acte arbitraire; mais, quelques années après, mieux éclairé, et à la suite sans doute d'une supplique des Consuls, h laquelle durent se joindre les prières de FÉvèque d'Elne, ce monarque rendit la somme de 10.000 sols melgoriens que son lils avait reçue des frères hospitaliers. Il est fâcheux que la charte de D. Jacques, dégradée dans plusieurs de ses parties, n'ait pas pu être copiée en entier. Les fragments que je publie de l'édit du mois d'avril 1686, relatif à l'établissement d'un hospice ou hôpital général des pauvres, et union de cet hôpital h la Misé- ricorde, feront connaître les peines sévères qu'encou- raient les individus qui étaient trouvés mendiant dans les rues de notre ville et dans la province du Roussilion, ' Ermt'ii(;ai-Ji' Trcncavcl , iiilc ilii Vicotnle de BoziiTï. 1;>7 comme aussi, les amendes inlligées à ceux qui faisaient i'aumône i)uljliquenieiit. Louis XFY, en ordonnant la séquesiralion des pauvres à la Miséiicorde, rendit un service signalé à notre pro- vince, qui servait de refuge, comme aujourd'hui, ii un trop grand nombre de vagabonds, de gens sans aveu, (pie nous envoyaient la Catalogne et le Languedoc, et dont redit nous débarrassa complètement. Pour soutenir cette union, le Roi ordonna la levée d'une imposition extraordinaire de 1.000 livres, pendant six années, sur les habitants de la province, tant sécu- liers qu'ecclésiastiques; il établit à toujours celle de 2 deniers sur chaque livre de viande, soit bœuf, mouton, veau ou cochon, qui se débitait, et celle de 2 deniers par livre de tout ce qui était vendu à l'encan public dans la ville de Perpignan et dans la i)rovince, meubles ou immeubles, etc.; enfin, il lit don en (;iveur de l'hôpital général de tous droits d'amortissements à lui dus pour les acquisitions, fondations, legs faits et à faire à celte maison, jusqu'à concurrence de la somme de cent mille francs. De plus, il ordonna l'établissement d'ateliers de différents métiers, pour occuper les pauvres, et prescrivit les punitions corporeiios que ceux-ci devaient subir, le cas échéant. Malheureusement, cette maison éprouva vers l'an 1759 des pertes considérables, qui mirent les administrateurs dans la rigoureuse nécessité de renvoyer les mendiants, faute de pouvoir les nourrir et les vêtir'. Avant de terminer, je dois relever une erreur impor- tante, qui s'est glissée dans mes Éphémérides, 11^ Bul- letin, page 515, année 12a0, au lieu de: M^' Ilrançier de Pi'viUos , évèquc d'KInc , lisez : J/"" licrnard de Bergo , évêque d'Elue. ' \'nyp7. ma linliro sur lr<; llnipn .■> , l(V RiiIIpIiii ilr l:i Sociélé. li»S SUPPLÉMENT. (Voir [laye Ô09 et suivantes du •!-)* Bulletin de la Société des l'vrénés-Orien taies. I!278. — Dona Raimonde Matheii, de Cornella-dol- Vercol, par son testament du 15 des cal. de noveinbi'e (Guillaume Adémar, notaire), lègue à Bernard-Martin, son (ils illégitime, un patus situé à Cornella; à ses fils légitimes et à ses neveux, elle fait des legs particuliers; et elle institue l'Hôpital Saint-Jean son héritier, eu ré- mission de ses péchés (liasse 3o, n" 59 ). 1290. — Licence accordée par l'Official de la Cort ec- clésiastique de la ville de Perpignan, avec la licence du Capitoul de l'Évéché d'Elne, qui permet à Guillaume Tolza, fabricant de draps, d'entrer en religion, bien qu'il soit marié , et qui reconnnande à la femme de ce dernier de vivre chastement.- — 4 des cal. de mai, Pierre Pages, notaire (liasse 1, n» 2). 1297. — Charte de Jacques I^r, roi de Majorque, comte du Pioussillon , du 6 octobre, permettant de construire, à Cornella-dcl-Vercol, un ruisseau connu sous le nom A'agouilk capdal, pour arroser les terres appartenant à l'Hôpital (liasse 50, n» 5). 1350. — Nomination de Guillaume Albert, homme de Dieu, à la charge de Bailli de Cornella-del-Vercol, pour deux années, faile par le Prieur de l'Hôpital. — Pierre Montaigut, notaire (liasse 50, n" 11). 1545. — Rémission de deux meurtres, par Dona Maria, reine d'Aragon , moyennant la fondation de messes , de rentes en faveur des enfants des victimes, etc. Les cou- l)abli>s étaient au service de Donzetls ou Chevaliers (liasse 4, n" 15). 199 1568. — Acte de pardon accordé par Pierre Jalabert, de Sainl-Félicu-d'Avall, à Jean-IMcrre Moner, à l'occa- sion de coiii)s qu'il a reçus de ce dernier. — Notaire : Jean Bigorda (liasse ii, n" 40). 1595. — Guillaume Gorricli, jardinier, fait don à l'Hô- pital de la somme de i.OOO fr.— Acte reçu par François Duran, notaire (Livre des Bienfaiteurs, fol. 8). 1407. — Nicolas Jalabert, maître apothicaire, lègue à l'Hôpital 1.000 florins d'or; il lègue une pareille somme à Vaumônc commune. — Testament reçu par Guillaume Coma, notaire (Livre des Bienf., fol. 9). 1408. — Privilège de Martin, roi d'Aragon, en date du 27 n)ars, accordant aux hospitaliers et à l'aumônier de l'Hôpital S'-Jean et de Vaumùne commune, la faculté de conserver leurs emplois pendant sept ans, si les seigneurs Consuls et le Conseil-Général de la ville de Perpignan le jugent convenable (Livre Vert mineur, fol. 555-568). La restriction qu'on remarque à ce privilège, prouve (jue l'autorité municipale avait alors la haute main sur les établissements hospitaliers et de bienfaisance, et que le Monarque tenait à res[)ecter et à maintenir ces préroga- tives, basées sur la constitution de la ville. T>ien que je n'aie pas pu vérifier, faute de documents authentiques, si les Consuls et le Conseil-Général sanc- tionnèrent ce privilège , en tout contraire aux usages établis, je pense que jusqu'en 1716, les jiospitaliers ont été extraits au sort, comme par le passé, à la maison consulaire, après deux ans d'exercice, sans pouvoir èlre réélus. (Voyez Livre Vert mineur, fol. 92.) 1515. — Jean Valenti, marchand, lègue à l'llôj)ital une rente annuelle de 6 francs, pour ètn* eni|iloyèe à l'achat d'étonès devant servir à la confection de bonnets et coilfes pour les femmes malades.— Testament reçu par Jean Mas, notaire (Livre des Hicnf., fol. I i). 2(>0 l.jr>0. — I). Ik'rnard Xanxo, chevalier, lèi;ue à lllûpilal une renie annuelle do 60 l'i-., pour être employée en aciial de linge. — Testament reçu par François Masdemont, notaire {Livres de la FunI, fol. 48 et des Bienf., fol. loj. loô^. — Antoine Devi, de Perpii,man, lègue à l'Hôpital une redevance à' un dounj dhuile d'olives, ou !20 litres, mesure nouvelle. — Testament reçu par François Masde- mont, notaire (Livre des Bienf., É'ol. 13). 'Ioo8. — Guillaume Puig, prêtre, lègue k l'Hôpital une rente annuelle de 20 francs, qui doit servir à acheter des poules pour le régal des malades. — Testament reçu par Antoine iMasdemont, notaire (Livre des Bienf., fol. \1\. Ioi)8.--Jean Sahater fait don à l'Hôpital d'une grande quantité de linge cl d'une rente annuelle de oO francs. Il fonde, à porpéluité , l'entrelien d'un lit, ne devant servir i|ue pour les prêtres malades , à la charge par les liospilaliers de faire célébrer, tous les ans, un anniver- saire pour lui et ses parents. — Acte reçu par V^'^ Fabre, notaire (Livre des Bienf., fol. 19). 16ii. — Dominique Pujadas, apothicaire, lègue à l'Hôpital toutes les drogues existant dans sa boutique au moment de sa mort. — Testament reçu par Guilhol y Marur, notaire (Livre de.s Bienf., fol. 52). 1632. — Dame Guiomar-Llot, laisse tous ses biens aux religieux de Saint-Dominique, à condition qu'ils établiront, à Piigarda, une maison de leur Ordre et un professeur de philosophie. En cas de non exécution de ses volontés, elle nomn)e ses héritiers l'Hôpital Saint-Jean et l'Hospice de la Miséricorde. — Testament reçu par Arles et Carrère, notaire (Livre des Bienf., fol. 55). Les religieux se mirent en possession desdits biens; mais longtemps après, comme ils n'exécutaient pas les intentions de la testatrice, les deux Maisons les actionnèrent et les fnent condamutM- par arrêt du 29 jan\ier 17 i2. Ces biens furent vendus et le prix i)artagé entre l'Hôpital et la Miséricorde. 201 I<»91. M. cU' Cliiiiièiies, culoiii'l du Ro\al Roussilluri, ilouiio à rilospice de la Miséricorde la somme de 1 .700 fr. ( Livre, des Bicnf., fol. 2i. 1697. — Raphaël Solanllong, prèlre, curé de Caldégas, fait donation à l'Hospice de la Miséricorde de ses droits sur une somme de '2.000 francs, montant d'une indem- nité due par le (jouvernement, qui s'était emparé d'une de ses propriétés, nécessaire à la construction du fort de Bellegarde; il lui donne, en outre, les pensions et intérêts échus et à échoir de cette dette. — Acte reçu par Jacques Estève, notaire, le 12 juin (lettre N, n» 1; Liv. des Bienf., fol. 5). l"-5.- Jean Gispert, aumônier de l'hôpital, chanoine de la cathédrale et grand pénitencier, fait don à cette maison de la somme de 40G francs, qu'il lui avait prêtée; de plus, il déclare qu"il ne veut retirer aucun honoraire pour ses fonctions iraumonier iy^' Rnjisb-e des DdibcnUians , fol. lo9 et 17o; Livre des flienf., fol. iô). 1768. — L'art. 20 de l'édit du Roi de l'année 1686, obligeait les maîtres chirurgiens de la ville de Perpignan à faire gratuitement le service à l'Hospice de la Miséri- corde, y compris la rasurc et la coupe des cheveux des pauvres; il leur était enjoint d'envoyer, à leur place, des élèves, qui, après six ans d'exercice dans cette maison, passaient maîtres à leur tour. En 1768, les maîtres chirurgiens cherchèrent à se soustraire à ce service. Plainte est portée contre eux par la Commission admi- nistrative devant le Conseil Souverain du Roussillon, qui, par son arrêt du 2i mars 1768, ordonne aux maitres chirurgiens, aux termes de l'art. 20 de l'édit précité, de fournir un ou deux élèves ou coiiquignons cajjahles et agréables ii la Connnission, pour ser\ir graluilement dans ledit hospice, en tout ce (pii concerne leur état ou obli- gation; et ce, incessammeni, sans délai aucun, si mieux 202 iiailueul les uiailres chirurgiens servir eux-mêmes gra- tuiteuient ledit hospice, a tour de rôle, le tout sous peine de 100 Ir. d'amende au profit des pauvres, non commi- natoire, mais exécutable à chaque contravention. Les maîtres chirurgiens se soumirent à cet ordre for- mel (liasse P, m' 21). 1772. — M'ne la marquise d'Aguillar, lègue à l'Hôpital la somme de 400 francs (Livre des Bienf., fol. 56). i779._Aux termes de l'édit du Roi du 10 mars 1776, qui défend d'inhumer dans les églises, l'Hospice de la Miséricorde ouvre un cimetière à côté de la chapelle, qui est béni par M. Bastide, prêtre, aumônier de la Maison, le 24 mai 1779, avec la permission de M. Hyacinthe Girbau , chanoine , vicaire-général du diocèse d'Elne (liasse P, n" 4). Le décret du 25 prairial an XII a régularisé le service des inhumations. 1781._M'"e ïabarié, veuve de feu Tabarié, marchand, fait don h rnô[)ital de la somme de 1.500 francs, le 14 octobre 17.S1 ; elle désire que la somme de 1.200 francs serve pour les besoins de la maison, et qu'avec celle de oOO francs on achète un ornement d'étoffe en or, fond rouge, qui se trouvait en pièces à la sacristie, et dont elle- même avait fait présent. La Commission administrative, touchée de la plus juste reconnaissance, délibère (jue cette personne charitable serait mise au rang des bienfaiteurs de l'Hôpital, et qu'on lui rendrait les mêmes honneurs qu'aux directeurs et admi- nistrateurs, le cas échéant (3^ Reg. des Délib., fol. 149; Livre des liienf., fol. 60). 1790. — M. et M^'' Bonaure, donnent un dais pour le service de la chapelle de l'Hôpital (Liv. des Bienf., fol. 69). 1791. — M. Bessière, prêtre, aumônier de l'Hôpital, fait, en le ([uitlaut, don et remise, le 26 juin 1791, de la suiiiiin' tlo r'A)0 lï'., qui lui était due pour ses liuiioraircs. IiulépcMulanniienl du zèle et de l'exactitude qu'il a>ait ap- portés dans l'exercice de ses fonctions, l'Hôpital lui était encore redeval)le de plusieurs aumônes particulières qu'il avait faites, et qui, d'après le dépouillement, s'élèvent à 52ofr. [l'-Rerj. desDclih., fol. 73; Livre des Tiienf., fol. 69). 1806. ^M. François Durand, banquier, fait une aumône de 200 fr., le 19 juin , à l'occasion de l'admission à l'Hô- pital d'un pauvre estropié (Livre des Bicnf., fol. 75). 1810. — M. Jean Salvan, prêtre, ancien économe de l'Hôpital, par son testament ologra[)lic du l^r mai (Jaume, notaire), lègue à cet établissement la somme de 1 .000 fr., pour être employée en achat de draps de lit et de chemises à l'usage des malades (Livre des Jiienf., fol. 78). 1817. — M. Sauveur Jaume, notaire, par son testament du l'"'" janvier, lègue la sounne de 600 fr., à partager entre l'Hôpital et l'Hospice de la IMiséricordc (Idem, fol. 79). 1818. — M. François lionafos, médecin en chef des Hospices, depuis le 1 février 1779, décédé le l^ juillet 1818, recommande à ses héritiers de remettre à l'Hôpital, après son décès, la somme de'iOOfr., destinée à l'établis- sement d'une orangerie dans le jardin de la maison (Livre des Bienf., fol. 81). 1820.— Un bienfaiteur, (pii désire rester inconnu, fait don, le 19 novembre, de la somme de 500 fr., pour être employée ii l'achat de lits en fer, à l'usage des pauvres de l'Hospice de la Miséricorde (Liire des Bienf., fol. 82). 1821.— M. Jacci- Vassal, administrateur, et M'^^^Vassal- Frigola, son épouse, font, le 20 mars, don aux Hospices d'une reconnaissance de liquidation de la somme de 1.000 francs, avec un coupon d'intérêts de 2,') francs, à l'échéance du 22 mars de la même année (Livre des Bienf., fol. 82). 1826. — M. François de Llaro-Cellés, administrateur, après avoir constamment donné des preuves de zèle pour les hospices, el leur avoir riiidii, par ses lumières et son 201 travail iiifaliguable, de très-grands services, recommande à sa famille, avant son décès, snrvenn le 10 aont 18!27, une aumône en leur faveur de la somme de 500 francs (Livre des Bienf., fol. 90 j. 1850. — M. l'abbé Eyclienne, chanoine, grand péniten- cier, fait l'aumône de 500 fr., destinés aux réparations urgentes à faire aux bâtiments ruraux des hospices (Livre des Bien f., fol. 92). 185i. — M. Siau, docteur-médecin, par son testament olographe du 50 avril, lègue la somme de 1.200 francs, à partager entre l'Hôpital et l'Hospice de la Miséricorde (Livre des Bienf., fol. 96). 1854. — M. l'abbé Vialar, chanoine, curé de La Real, fait don à l'Hôpital, le 19 septembre, pour une personne qui veut rester inconnue, de la somme de 1.000 francs (Livre des Bienf., fol. 95). 1855. — M. Puiggari, économe de l'Hôpilal, verse à la caisse des Hospices, pour une |)ersonne qui désire rester inconnue, la somme de 1 .000 francs, destinée à la Misé- ricorde (Livre des Bienf., fol. 90). 1856. — M. l'abbé Raymond, par son testament du 12 février, lègue la somme de 6.207 fr. 50c , à [)artager entre l'Hôpital et la Miséricorde (Livre des Bienf., fol. 96). 1841. — M. François Durand, administrateur, fait l'au- mône de 400 fr., destinée à l'achat de linge pour le service de l'Hospice de la Miséricorde (Livre des Bienf., fol. 97). 1846. — M. Miciiel Brugtière, avoué, verse à la caisse des hospices, au nom de M"'c Eulaiie Raymond, veuve Anglada, la somme de 1 .000 fr., léguée à l'Hospice de la Miséricorde, par testament myslique du 19 mars 1859 (Idem, fol. 99). 1848. — M. Lucia-Garau, propriétaire, fait don de 1 .200f., à partager entre l'Hôpilal et la .Miséricorde (Id., fol. 100). 1849. — M. Louis de Ronnefoy, administrateur, fait l'au- mône de 200 fr., à partager entre l'Hôpital et l'Hospice de la Miséricorde (Livre des Bienf., fol. iOL. 20i CHARTE DE GIKARD II, DERNIER COMTE DU UOLSSILLON. Iii Dei nomiiie . Notuiii sil cuiicUs preseiitibii.s (!t l'ului-is i|iio(i ego Girardus Cornes Rossilionis, per me et per oinnem posleri- taleni iiosinim, doiio et laudo atque concedo Domino Deo et Ospil;ili de Sco loliaiino d(> IVrpiniano, et omnibus paiiperilms eiiisdciii Ospilalis jiresenlihiis et l'utiiris et tilii Kaiimiiido de Garridz, (jiii hoc accipis pei' predicttim Ospitale, omnem illmn honorem quem /lodie liabei prediclus Ospitale in aiacentin S' lohannis l'erpiniani, et toliim ijuantum adqiiire (sic) poterit vel poteril luibere ah ac die in anlea infra villa Perpiniani d extra in cunclis jocis, ad iilililatem hiiius domus predicte de Ospitale; Et ad hiic dono prediclo Ospifali et paiiperibiis eius licenciam emeudi et captandi vcl qui cis dure voliicril de feuodis vel de alodiis in predicta villa Perpiniani velin cunclis aliis locis. Et adhuc dono predicto Osi)ilali ut bestie eius habeant pascua in omnem lerram . ita ut non laciant talam, et si facercnt falam' emendenf illani consilio boiiuruni hominuni, et non laciant uUum usaiicum de pascuis nec de omnibus adquisitis vel adquirendis ab ac die in aniea; sed sit liberum et franchum de predicto Hospilali totum quantum adquircre poterit in perpetuum. El ultra hoc toluni, accipio predicto Ospitale et omnes res eius présentes et futuras in mea custodia et in mea delFensione et in mea baiulia et in mea manutenentia semper ad lumoriMii Dei cl prcdirli Ospilalis et omnium pauperum preseuciiim et l'ulurorum. El propter hoc donum prediclum . et hanc laudacionem . et concessionem predictam, quam feci Deo et predicto Ospilali, habui et recepi ego Cwirardus prediclus de ele- mosinis predirti Ospilalis de manibus liamundi de Garridz c.soj. Malgur. Et est iiiaMifeslum. Si (|uis cdutra hor venire lejilaueril agcre non valeal (juod requiref . scd in diiplo ( iinip(in;il, cl pusca (lefje poslea) firnium cl stabiie permaneal onini (cniporc . Acluni est hoc . nj . nonas. lanuarii . anno incarnarionis Domiiii . m r. Lx- vij. régnante Lodoico rege. Sigfnnm Girardi Gomilis Rossi- lionensis qui anc carlam donacionis laudacionis et concessionis ficri iussi firmnvi laudavi el (estes firmare rogavi. Sig-j-nuni Arnaldi s 20G RadiiUi. Siiijiuini Siciiliimi SmIhus. Sit;f mini Ptnicii Calo. Si|ï-|-mini Bernardi Ksiiologali. Si;j:fiiiiiii Ualiiiacii île Ciiiiriil/. Siii-j-miin l!i>- reni^arii de (larrid/,. Sigfiumi Honiardi do Sro Lanrencio. Nicholaus Leuila qui hoc scripsit rogatus alqiie iussus sub dio ot anno quo supra :, fAirh. ilr l'Hôp. de Prip., liasse 2^, n" i.) Ce texte a été suivi par une copie de l'an 1309, contenue au n* 5. — I.e n* 6, qui a été suivi par Marca , parait aussi ancien que le n" 4. — Les mots soulignés manquent ou offrent quelques variantes dan? le n* ij. CHARTE DE DON JACQUES. Noverint univers! quod Nds Infaiis Jacobiis, lllnsfris Heg:is Aragonum filius, héros Maiorieanini et M(iiilis]ielii Hossilioiiis Cerilanie et Confluentis, jier nos et noslros daiiius liceiiliain et plénum posse vobis, fratri Petro Pagesii Comendatori hospitali pauperuni de Perpiniano cl aliis universis fratribusdicli hospitalis, quod vendalis, bladiim el besliariuiii et oninia alla Itona iiiobilia dicti Hospitalis us(|ue ad eompleiiienluni Quiudecini niiiiuiu soli- dorum Malgur. illa videlicet que modo habelis, deduclis inde om- nibus necessariis vestris et dicli hospitalis usque ad festum Sri Johannis Junii proxime venturum. FA si prerinm quod inde habe- hilis non sulïieiet ad suiiimani dieloniin qiiiiideciiii miliuin soli- dorum , Concedimus vobis quod vendatis cui et quibus volueritis tôt el tanta de bonis iiimobilibus dicli hospitalis, scilicet, domos, ortos, eampos et vineas, quod preciiim eorum siiiïiciat ad comple- menlum dicte qiiaiililatis pecunie siniul cuin jirecio quod liabebitis de bonis mobilibus supradictis. Volentes quod venditiones omnium predictormn t'acialis cum consilio et voluntale Guillemi Carbo et Pétri Rubei Judicis Perpiniani. Nos enim promitinius per nos cl noslros [ ] l'acte fuerint in omnibus et por omnia observare el lacère observari sine impedimento c[ ]ius persone. Kt l'aciemus emplores tenere el habere omnia supradicta imiicrpel 1 Perpiniano • \'° Idus oclobr. anno Doniini. mccLx- Sexto. Sieffnnni Infantis Jacobi Illustris Régis Aragoniim filii lieredis Maioric. Monlpelii Rossilioiiis Cerilanie et Conlluenlis. Testes sunt R. de Urgio. Gaucerandus de Vrgio. (1. (le Gaslio novo. II. de Ganejo. Ii. de Giiardia. 207 Sigfnnni l'eliidcflapclladosqiii mandadodjcli Doniini Int'antis hor scrihi ferit ol clausit loco die et anno prefixis. (Lianse 9, n° 24. ) CHARTE DE JACQUES 1", DIT LE CONQUÉRANT. Noverint iiiiivcrsi qnod ciini NosJacobus Dei g:racia Kcx Aragon. Maiorir. ol Valcnric ('onifs Harcliiiioiif o\ rriiclli cl Doiiiiims Moiifpf'lii veiididissc'imis liilaiili Jacobo tilio nosti'o, jus patronatus rpiod habobamus in Hospitale pauperiim Perpiniani, pro Decem Miilia sol. Malg. et ipso filins nosfer postea vendidissel bonores el possessioncs ipsius bdspitalis pro ipsis (b'ccni niillia sol. Maltr. et niinc nobis daliini sit iiilclliiii ipiod de jure dictani vendicioneui lacère non poleranuisetquodoccasione dicte vendicionis facle de bonis dicii bos|iilalis por diclum iiosiruui filiiini, ut est dicluni, nuilti'iin idem liospilale dani[»uilicalus esl: Idcirco voicnles dictos denarios in comoduni ejusdeni bospitalis restiUiere, Recognosci- mus et confiteniur debere vobis, Coniendatori el fratribus bospi- talis predicii , Dtvom Miilia sol. Mali:, (jui' (piidein assignanuis vobis liabciula el percipieuda in reddilibns cl exilibiis iioslris Cau- chiliberi. Mandantes Martine dcl Trillaf bajulo nostro Perpiniani et Caucliiliberi, (|uod de rcddilibus el exilibus prediclis donel et solvat dicta dcceni niillia sol. Malg. lia qnod ca Iradal Dalmacio de Villarasa et G. Garboni de Perpiniauo, ut de ipsis euiaiit bonores et possessiones ad opus bospitalis predicii. Dat. in Monteplo. Idus octobr. anno domini . m • r?c • Lxx- Secundo. (Liasse 2, n"> 25.) EXTRAITS DE L'ÉDIT DE LOUIS XIV, POUa l'établissement d'un hôpital général en la ville de PERPIGNAN, ET liMON DUDIT HÔPITAL A CELUI DE LA MISÉRICORDE. XXII.— Faisons très-expresses inbibitions et défenses ù toutes jiersonnes el de tous sexes, lieux el âges, de quelque qualité el naissance, et on quelque étal cpi'ils puissent être, valides ou inva- lides, malades nu convalescents, curables ou incurables, do maiulier dans la ville el diocèse de Per|)ignan et pays de Rous- sillon, ni dans les églises ou aii\ [lorlos d'icelles, aux portes des maisons, ni dans les rues, publiquemenl ni en secret, de jour 'Ml d(> iiiiil . -v.iii» aucune excepliim des rètes ^olennollcs, Pardons 2()s ou Jubilés, ni assemblées, foires ou niaicbés, pour (luelqu'uiilre cause que ce soit, à peine du l'ouel, conire les contrevenants pour la première fois, et pour la seconde fois des galères conire les hommes et garçons, et du banissemenl conire les femmes et (illes. XXIII. -Faisons inliibilions et défenses à lonles personnes, de quebpie qualité et condition ([u'ils soient, de donner l'aumône ma- nuellement aux mendiants dans les rues et lieux ci-dessus, non- obstant tout motif de compassion, nécessité |iressanle ou autre prétexte que ce puisse élre, à {u'ine de cent sol.s iramende, ajtpli- cables au prolil dudit Hôpital cl Maison de la Miséricorde, au paye- ment de laquelle ils seront contraints et sans dépôts, en vertu des ordonnances des administrateurs, sur le rapport de leurs officiers. XXIV. — Défendons pareillement aux propriétaires et locataires des maisons et à tous autres, de loger, retirer, ni retenir chez eux, après la publication des présentes, les pauvres qui sont ou seronl mendiants, à peine de cent livres d'amende pour la première fois. de trois cents livres pour la seconde, et de plus grande en cas de récidive, le tout applicable au profil des pauvres dudit Hôpital Général et Maison de la Miséricorde, pour raison de quoy les pro- priétaires, locataires et autres, pourront être contraints par saisie de leurs biens, et emprisonnement de leurs personnes en vertu des présentes, et des ordonnances desdits administrateurs. XXV.— Pourront lesdits intendants, administrateurs et syndics, employer telles personnes qu'ils aviseront, pour arrèloi-el conduire audit Hôpital les pauvres mendiants (jui se trouveront dans ladite villeet diocèse, pour être ceux dudit diocèse enfermés audit Hôj»ital Général, et les autres remis entre les mains des juges ordinaires pour être châtiés conformément à l'article XXll des présentes. XXVI. — Faisons très-expresses inhibitions et défenses à tous les habitants de ladite ville, de (pu'hiue (pialité et condition qu'ils soient et à tous autres, de donner le moindre empêchement à ceux qui seront préposés pour chasser lesdits mendiants et vagabonds. et pour la capture d'iceux; et nous voulons que ceux qui seronl assez téméraires pour molester lesdits préposés ou pour les mal- traiter, soient condamnés à des peines et des châtiments sévères par ledit Conseil supérieur de Houssillon. 209 DES FIÈVRES DE MARAIS, Par M. P.>tV.-F. AltBBRCiB, Docteur en Méilociiii; , Aiicioii Mcdecin priiu'i()al des atiiii'L's t't l'ii cLof di' l'llr>j)iliil militaire de lîoiie (Algérie), Officier de la Lcg.-d'FIonn., membre résidant. INTRODUCTION. J'ai divisé mon travail en deux parties, et chacune de ces parties offre un intérêt tout spécial. Dans la première partie, après (juelques considérations essentielles sur l'éiiidémie qui a régné à Bône (Algérie) pendant l'année 1S")5, j'ai fait l'exposé des observations pratiques des nosologistes sur les lièvres de rnarais, et, en particulier, de ma méthode de traitement. La deuxième partie démontre le parallèle différentiel de trois méthodes de traitement qui ont été employées à l'hôpital militaire durant cette épidémie. Je terminerai ce travail par plusieurs observations de fièvres pernicieuses très-graves, recueillies dans mon ser- vice et traitées par le sulfate de ([uinine h haute dose. L'analogie frappante que j'ai reconnue entre l'intoxi- cation paludéenne de Bône et celle qui s'est montrée dans nos contrées pyrénéennes, princi|)alement à Salses, mais a un degré moindre d'intensité, m'a engagé à publier ce liavail. Je le soumets donc aujourd'hui, dans une pensée hu- manitaire et comme enfant du Hoiissillon , à la Société Agricole, Scientiliipie et Littéraire des Pyrénées-Orien- tales, heureux si l'étude que j'ai laite des fièvres de marais, peut être nu jour utile à mes chers compatriotes. 14 '210 PREMIÈRE PARTIE. Lisez, comparez, jugez... Nous étions arrivés à la fin du mois d'octobre, l'état sanitaire s'était maintenu jusqu'alors dans des conditions très-avantageuses; le nombre des malades à l'hôpital de Bône se trouvait au-dessous de la moyenne de celui des bonnes années; les diverses affections n'avaient présenté que le caractère de gravité afférent à chacune d'elles; nous étions heureux de voir disparaître la saison que paraissent affectionner les épidémies; chacun de nous formait ses petits projets ; moi-même, je songeais h aller en France pour soigner ma santé, sensiblement altérée par l'épidémie de l8o2, lorsque, tout-a-coup, les malades augmentèrent progressivement, et les entrées à l'hôpital se montrèrent très-fréquentes. Ainsi, les malades, qui étaient au nombre de 255 au commencement du mois de novembre, ont présenté une marclie rapide et ascension- nelle pendant tout le mois, et, à la fin du mois, le chilfre des malades s'était élevé a 575, soit en plus 5120. Cette aggravation spontanée dans l'état sanitaire, qui revêtit immédiatement le caractère épidémicpie, se déve- loppa sous l'inlluence active de l'intoxication paludéenne, vivement ranimée et répandue dans l'air par les chaleurs persistantes et le siroco , qui a soufflé avec violence pen- dant les premiers jours du mois de novembre. Alors, de reprendre son poste, de faire appel au dé- vouement et de faire face à l'épidémie, chacun de nous s'occupa. 211 Jamais épidémie n'a présenté un caractère plus franc, plus vif et aussi tranché. Les lièvres se sont généralisées l)eaucoup plus rai»i(lenient que l'année dernière, et les personnes qui n'avaient pas été atlcinles en J8o2 ont été comprises parmi celles qui ont été malades en 1855. Elle s'est répandue indistinctement dans tontes les classes de la sociélé, aussi bien chez les riches que chez les pauvres; les militaires de tous les grades et de toutes les positions, de même que toutes les administrations ont pris une part active et très-prompte à sa brusque apparition. Le pauvre, épuisé par l'épidémie de l'année dernière, qui l'avait laissé débilité et sans ressources, a fourni une plus grande pro- portion à celle de cette année; aussi, la plupart des cas pernicieux dont nous avons eu à déplorer la mort, ont-ils été observés chez lui. Ils exprimaient, à nos yeux, des sentiments de la plus grande misère, et nous répétaient que la douleur morale était encore plus forte que les vives soulfrances que nous découvrions chez eux. ils soulfraient moralement , parce qu'ils ne pouvaient plus acheter du sulfate de quinine, étant sans ressources, et, cependant, ils disaient avoir plus besoin de ce médicament que de pain. Ils étaient sincères dans leurs besoins comme dans leurs douleurs: le sulfate de quinine était devenu une denrée de première nécessité, le viatique général. Cette position, si digne d'exciter le plus vif intérêt, fut comnmniquée au (Conseil d'hygiène et de salubrité, dont j'avais l'honneur de faire partie, et, dans la séance du 25 novembre 185"), il émit uiuuiimement le vœu que le pharmacien de l'hôpital civil lut autorisé à délivrer des médicaments, aux prix de revient, aux familles gênées, et gratuitement aux indigents. Ce v(eu fut accepté par l'autorité civile; et, par un senti- ment (jui l'honore, elle lit connaître j)ubliquemeiil les heures de distributions aux habitants de iJône. A cet ellet, la pharmacie de l'hôpital civil est restée ouverte, le malin, de six heures et demie à onze heures; l'après-niidi, de une 21-2 heure à cinq heures; le soir, de sept heures à dix heures. Ainsi, le sulfate de quinine était payé, oO^ le gramme; les potions, indistinctement, 40^; les purgatifs et médicaments externes, ^O^. Cette mesure fut accueillie partout avec satisfaction et reconnaissance, et les ftimilles |)urcnt ainsi ménager leur entrée à Ihôpital. Elle a donc été d'un très- grand bienfait. Les pluies torrentielles que nous avons supportées de- puis le 19 novembre jusqu'à la fin du mois, ont considé- rablement augmenté et aggravé les pyrexies, qui n'ont pris le caractère pernicieux cpic par l'inlluence du froid humide, occasionné et entretenu par la durée de ces mêmes pluies. Si le nombre des malades a augmenté par cette même cause très-puissante, ce n'est pas par suite d'une nouvelle intoxication, qui n'était plus possible, la plaine se trouvant submergée; mais bien en privant la peau de ses moyens d'élimination naturels, et en décidant la période d'incu- bation. C'est mon opinion bien intime. Plusieurs personnes demeurent étonnées, en voyant les fièvres se produire après des pluies aussi abondantes, lorsque les médecins eux- mêmes leur avaient assuré que les pluies seules pouvaient arrêter les progrès de la maladie et empêcher l'influence pathogénifère des marais. Il est, en effet, certain que les nouvelles intoxications ne peuvent plus avoir lieu, lorsque le marais qui fournit le foyer de pestilence se trouve entiè- rememt submergé; mais les personnes qui avaient été sa- turées de ce principe marémalique avant les pluies, doivent fournir prise a l'épidémie, et c'est précisément chez elles que le froid humide a agi assez directement pour produire la manifestation de cette pyrexie, en les privant des moyens éliminateurs accomplis par la peau. Le froid, en pareille circonstance, renferme le principe fébrifère dans l'orga- nisme , et pour me servir de l'expression d'une de nos célébrités médicales d'Afrique : il enferme le loup dans la bergerie. 2n L'aulorilé militaire, si pleine de sollicitude pour la santé dn soldat, a bien voidii soustraire presque toute la gar- nison à linlluence morbide des marais avant les chaleurs accablantes qui ont eu lien cette année. Celte mesure liygiénique a empêcbé, évidemment, la manifestation de plusieurs allections, et, partant, conservé la santé des troupes de la garnison. La marclie de cette épidémie a été si prompte, qu'il est permis de poser en certitude , d'après la proportion des malades de la population civile, comparativement aux malades militaires, (pic si la garnison avait présenté le même efl'octit' (pie Tannée précédente; si les huit cents détenus politiques s'étaient trouvés encore à la Casbah; si, enlin, les femmes et enfants des colonies diverses avaient été reçus à l'hôpital, comme par le passé, il est certain, dis-je, que le nombre des malades à l'hôpital aurait été plus considérable (jue celui de Jorter la quantité juscju'à o , 6 et même 7 grammes dans les vingl-ijuatre heures. Ces doses ont réussi dans des cas qui avaient paru désespérés aux médecins qui suivaient ma visite. Dans les cas de coma, j'ai toujours eu recours aux vési- catoires et aux sinapismes, étendus sur de larges surfaces. Du h' novembre IS58 an 28 février J85i : Morlalilé aljsuhie ^50; Mortalité relalive aux entrées '/29J Sulfate de quinine. Consoiiniiation totale 2.116g'',3; Sulfate (le ijuiiiino. Consommation moyenne par ma- lade traité ". is^il . Rapprochons maintenant les mortalités, les consomma- tions de sulfate de (piinine et les médications. DÉSIGNATION MORTALITÉ des ^-^-.— ^— — — -. DIVISIONS. ABSOLl'E. RELATIVE. 5' 52 Vi- . 2e 43 V2r. |r. 30 '/20 CONSOMMATION moyenue du suUate de quinine. MEDICATION AUXILIAIRE. 5e\ ôO SB'', 70 2f ',-',{ Emissions sanguines. Purgatifs. Vomilifs. go; De ce rapprochement, il est facile de conclure (pie les môdicitions iiulirech^s, (Mriployôcs roncurroiiimciit avec la iiiédicalion s[tt''oili(pio ou directe dans les lièvres inter- niiltenles, inlUient sur leurs terminaisons, et que leurs l)ons ou mauvais efïets ne sont ni masqués ni annulés par la niédication spécifuiue ; Que les émissions sanguines sont évidemment nuisi- bles; Que la médication purgative est d'une efticacitc moin- dre que la médication vomitive; Que la in(''(lioation vomitive donne une mortalité moin- dre et réduit la dépense du suH'ato de quinine; Que les doses du sulfate de quinine doivent être élevées au début, pour supprimer promptemenl la lièvre; Ei, enfin, que la dose de 5 grammes en vingt-quatre beures, à laquelle on s'arrête généralement dans les accès pernicieux, peut être portée très-utilement h 6 grammes, c'est-à-dire au double dans le même espace de temps. Ce sont les faits que je viens d'exposer et les conclu- sions (\ne j'en ai tirées, (jui m'ont déterminé à laire choix de cette épigrajihe... Lisez, comparez, jugez... Ci-après , les tableaux des divers mouvements tles malades traités à riwtpital militaire de Bône, durant rendi'uio-épidémie de l »;s 182 10 400 SU (;i s TOTAL GÉNÉRAL. H II 18 28'. 150 12 8,-, ENTRANTS par ,J I .•> 9il 70!) ('■: 85 i)ll 879 815 C05 SORTANTS par 3o8 ."09 2U7 2G0.', 10 s Ul -a 5'.0 80Ô I 62 mu iOI 30 19 2.880 229: 00 ODSERVATIOyS. 358 2 '. 20 1 199 )2:j 201 2.880 228 8 '^ (S e 8 *m (/D \ f- £ . _ \ Z ra *^ (M •V» n OC o> 00 S \ M l« £ -r U 'T es o lo o\ 1 ci 1 lO ««■ M o 1 s ' o 00 c / w / .2 00 o -.'î 05 1 « JO l> « œ L 9 .— 1 «5 V g 1 H l a 1 ■^. ] ,r> 1 ^ t. ) — J H £,'■ 1 = \ O J W3 1 -r ;o ^ c: JO f o; o 00 C o f '^ b- 00 t^ o*. \ " " 1 / C / -2 \ c- s a Ci [ ^ -r -^ C/3 l S H l « 5 J -;S i w / « 1 o: 00 C5 o V o 00 00 1 ■" l> es ce to / 1 '^ d ( e>i ^ t 1 H -a H— g 00 ^. o c 1- «S 05 (M 3 S c/3 bJ « Q a C/D -s 'W " H M S s < a ^ O G. r/^ a r,"! 0 '-S « i»« Z e o fi CA a < H ce ■< a. ^^ o 2 H S R i — z ra — c; - — o = ii O H oc 00 ce (M ce pa i^ ■ùq "^ (=1 piq ce OQ ce O o s — o S a» s a o B C5 flO o se & 00 -^ .■.'^ 00 o — o C5 (M lO (M 00 O C5 h- es o o 00 00 230 COMPARAISON DES MORTALITÉS. NUMÉROS NOMBRE de MORTALITÉ des malades " " '" " ~^ DIVISIONS. traités. ABSOLUE. U E L A T I V E. ^'■8 Division 875 30 \ sur 29,46. 2' Division -1.094 -53 \ sur 25,4^.. 3* Division 9ii %2 1 sur 17,51. 2.880 425 •j;;i OBSERVATIONS DE FIÈVRES PERNICIEUSES TRÈS-GRAVES, TRAITÉES PAn LE SULFATE DE QUININE A HAUTE DOSE. t'o OnsERVATioN. — Fièvre pernicieuse comateuse très-grave , râle trachéal. Sulfate (le quinine : 7 grammes G décigrammcs en vingt-six heures. — Gucrison. Dezulier (Jean), appartenant au T^c B'^" de Chasseurs à pied, nti le 10 septiMnl)ro 18'2i, à Thicrs (Piiy-de-Dome), onlrt' d'urgence à 1 hôpital militaire de Bùne, le ôl déceni- hre 1855, à midi. Ce malade, tpii, au dire de ses camarades, était depuis huit jours environ atteint de récidive d'accès de fièvre, qu'il dissimulait soigneusement au médecin de son corps, se trouvait à son entrée dans l'état suivant, ipii durait, assurc'-l-ou, depuis huit heures du matin. Coma très-animé, intelligence complètement suspendue, œil éteint et terne, Irismus de la mâchoire, raideur des membres, algidilé générale, respiration anxieuse, pouls irès-iréquent , (ililonne, presque insensible, peau très- sèche. Prescription par le médecin de garde d'une potion anti-spasmodique, contenant deux grannnes de sulfate de (juinine, que l'on fait dilHcileuient avaler au malade par cuillen'cs; moyens de calorilicatiiui ordinaires, tels que cruchons d'eau chaude et sinapismes comme révtdsifs. A deux heures du soir, au momenl de la contre-visite, cet état s'est encore aggravé ; le pouls est resté presque 232 insensible, la peau loiijuiirs froide esJ devenue visqueuse, le Irisnuis et la raideur des membres ont augmenté; bien jdus, il s'y est joint un râle trachéal, qu'on entend à grande distance; la bouche et les narines sont constamment cou- vertes d'une écume qui se renouvelle sans cesse. En i)résence d'un étal si grave, et qu'on peut consi- dérer comme désespéré, Monsieur le Médecin en Chef ])rescrit une seconde potion anti-spasmodique, contenant !2 grammes de sulfate de quinine, à prendre eu deux fois, ;i une heure d'intervalle, et comme adjuvante; dans le cas où elle ne pourrait pas être absorbée, un lavement conte- nant 2 grammes de sulfate de quinine. Les sinapismes sont renouvelés aux cuisses, des vésicatoires camphrés sont appliqués aux jambes, et des frictions avec le vinaigre rubé- fiant sont faites sur tout le corps. A six heures du soir, l'état du malade n'a pas changé. A dix heures, le pouls semble un peu relevé, le corps tout entier est baigné de sueur. A dix heures du niatin,le1'î'' janvier, le malade est assis sur son lit, manifestant son étonncment de se trouver à l'hôpital, et répondant avec intelligence aux questions (jui lui sont adressées. Il ne reste qu'un peu d'aluiiblissemenl et de courbature. A liuit heures du malin, il est prescrit 16 décigrammes de sulfate de quinine, à prendre en deux fois. A partir de ce moment, le mieux jjersiste; et depuis longtemps le malade aurait pu quitter l'hôpital, sans quelques douleurs arthritiques, antérieures à son entrée. Eu résumé, ce malade, du 51 décembre, à raidi, au 1er janvier 1851, à deux heures après-midi, c'est-à-dire en vingt-six heures, ce malade, dis- je, a pris avec bénéfice évident 7 grammes G décigrammes de sulfate (le quinine, et ce succès inespéré, obtenu par de hautes doses de ce sel, s'est plusieurs fois renouvelé dans la yîéme salle. 233 Orne OnsEHVATiox. — Ficvrc pprniciciisc romaleiisp jjrave. Sulfatf de quinine : 8 grammes en trente heures. Guérison. Saiinte-Barke, appartenant au train tlos équipages militaires, né à Sellièros (Jura), le 7 novembre 1850, atteint de récidive de lièvre depuis deux jours, apporté d'urgence a l'hôpital le 29 décembre 1855, à dix heures du matin. Ce malade, (pii offre quelque analogie avec le précédent, était dans un état de coma complet, rintelligence était totalement suspendue, tous les sens abolis, Irismus de la mâchoire, peau froide et sèche, commencement de rigidité des membres, pouls complètement insensible a la radiale des deux côtés, faible et vite, parfois iuter- niillent au [tli du bras. Le médecin de garde prescrit 2 grammes de sulfate de quinine, avec addition de 15 gouttes de teinture d'opium, des sinapismcs sont appliqués aux jambes. A deux heures du soir, lors de la contre-visite, pas de changement dans les symptômes déjà indiqués. Le malade semble éviter instinctivement de s'appuyer sur la région cervicale; de temps en temps il y porte la main, comme si ce point était le siège de vives douleurs. (Ce symptôme s'est renouvelé chez plusieurs de nos malades. ) Il est administré en deux fois, ii ime heure d'intervalle, une potion anti-spasmodique contenant 2 grannnes de sulfate de quinine. Les sinapismes sont renouvelés aux cuisses, deux vésicatoires cam|dirés sont ap[)li(pu''S aux jambes, et des frictions rubéOaiites faites sur tout le corps. Cet état persiste dans la soirée. Le 30, à la visite du matin, la position du malade ne fait ([ue s'aggraver, et les signes de conqiression cérébrale ont augmenlé; la contraction esl plus générale, les dents, forteuienl serrées, permettent dillicilemenl d'introduire le litpiide dans la bouche, et jiresque imnièdalement il est ■231 rejeté; la respiralioii est embarrassée; le pouls se seul à peine à la saiguée; sueur visqueuse sur tout le corps. On essaie de lui faire prendre une troisième potion anti-spasmodiqne, avec 2 grammes de suHalo de quinine, en lui en administrant une cuillerée a Louche toutes les cinq minutes. A deux heures du soir, relâchement général des mem- bres; de temps en temps, le malade pousse des cris, en portant ses mains sur les vésicatoires; le pouls est plus sensible, il a repris un peu de largeur à la saignée, le corps est en moiteur. Il y a évidemment un commence- ment d'amélioration. Lavement de sulfate de quinine, 2 grammes. Le ôl, à huit heures du matin, le malade est radica- lement guéri; il sourit agréablement a tout le monde, accuse un grand bien-être et de plus un appétit très-vif; néanmoins la diète est maintenue, sauf un peu de lait sucré. Dès le lendemain, le>- janvier 185i, le malade demande la sortie; et, sur ses instances réitérées, après constatation de son parfait rétablissement, il quitte l'hôpital le i jan- vier, au soir, sept jours après son entrée. Sa santé ne s'est pas dérangée depuis , ainsi que nous avons pu le reconnaître. 5"" ÛBSEnvATioN. — Fièvre pernicieuse cliolériquc {;ravc , voinisseinenU et lioijuels persistants. Sulfate de quinine : G grammes en vingt-quatre licures. Guérison. M. NoiROT, lieutenant au 08'"c de Ligne, né a Nancy (Meurthe), âgé de vingt-neuf ans, d'une bonne consti- tution, entré à Thôpital militaire de Bône, le M décembre 18o5, a huit heures du soir. Cet officier, qui se trouvait avec son bataillon au camp de Fée-Kl-Semiâ , sur le bord de la Seybouse, à onze 235 lieues de Bône, avait déjà eu plusieurs atteintes de fièvre, qu'il avait supprimées par le suliate de quinine. Depuis six jours, une nouvelle recliute avait eu lieu, et la violence des accès ne faisant qu'ani^nnenter, malgré le snllate de quinine, il se (it transporter à riiôpilal. Il était, à son entrée, dans l'état suivant: coma, intelligence suspendue depuis quelques heures, diflicile à réveiller et disparais- sant de suite, algidité générale, petitesse et fré([uence de pouls, vomissements de bile presque continuels et souvent par régurgitation , hoquet persistant , très- sonore. Le médecin de garde fait réchauffer le malade par les moyens ordinaires, lui fait appliquer des sinapismes aux jambes, et lui administre 2 gr. de sulfate de quinine, dans une potion opiacée. Le 5, à la visite du matin, l'état du malade ne s'est pas modifié; il faut beaucoup d'insistance pour réveiller son intelligence, encore ses réponses sont-elles diOuses; la peau est même froide, mais le pouls ne s'est pas relevé; le hoquet et les vomissements bilieux persistent. Une partie de la quinine de la veille ayant été rendue, M. le Médecin en Chef fait préalablement administrer une potion opiacée à 20 gouttes, et, une heure après, l'estomac paraissant dans le repos, 2 grammes de sulfate de quinine, également opiacés, qui sont gardés. Le luxiuet, (|ui n'a pas disparu, est combattu avec avantage par l'eau de seltz aromatisée et sucrée. A huit heures du soir, le pouls s'est relevé, et le malade semble se rattacher à la vie extérieure, mais le hoipiet et les vomissements reparaissent; on recourt de nou- veau à l'eau de seltz aromatisée et sucrée, qui réussit plus lentement. Le 6, à la visite du malin, le malade se trouve frès- bien; l'intelligence est itarl'aite; il ne reste cpie de la courbature et la surdité produite [>ar le médicament; la 236 convalescence est, loutclois, un peu plus lente que chez les njalades précédents. Cet officier, à part une légère rechute de fièvre, sur- venue le "li décemhre, et racilcmonl arrêtée, a joui d'une très-bonne santé et a \ni s'embarquer le lo janvier pour se rendre en France. 4""' OnsErivATiON. — Tièvrc pernicieuse comateuse liés-prave. Sulfale Je (juii)iiic : 10 grammes en viii(;t-(jualre heures. Guérison. M. BuQUET, sous-lieutenant au 6(S"ie do Ligne, né à Dieuze (Meurthe), le 7 nov. 1820, transporté à l'hôpital de iîône, le 17 février 1854, à huit heures du soir. Cet officier était depuis huit jours atteint de fièvre, qu'il cond)altait par des pilules de sulfate de quinine. Etant sorli le 17 au soir, malgré quelques légers frissons, il tombe subitement, comme foudroyé, dans la rue, et est envoyé à l'hôpital, sous la prévention d'une congestion cérébrale. Le coma était complet, et la vie ne se mani- festait que par une respiration difficile et un pouls lili- forme et presque insensible. Le médecin de garde s'étant fait rendre compte avec soin, par des tiers, des circonstances qui avaient précédé cet accident, s'occui)a de réchauffer le malade, lui appliqua des sinapisnies promenés sur tous les membres, et lui fit prendre une potion anli-spasmodique, contenante grammes de sulfate de quinine. Le 18, à la visite, coma presque carotiqiie, perte com- plète de l'inlclligence, trismus de la mâchoire, agitation l)ernianente des membres supérieurs, avec frémissement des doigts, pouls fréquent et petit. Deuxième potion de sulfate de quinine de 2 grammes, éthérée et opiacée à 10 gouttes, qui est donnée par cuil- lerées, et (pie le malade rejette en grande partie ; lavement suppléinenlairc de sulfate de (juinine de deux grammes; 237 sinapismes aux cuisses, deux vésicatoires camphrés aux janîl)es et friclious ruhéliautes. A la contre-visite de trois heures, la peau s'est un peu réchauffée, le pouls a repris un peu d'ampleur; mais l'in- telligence est encore engourdie, ([iioi(|ue l'œil soit un peu moins terne. Quand on interroge le malade, il send)le affecté par le son de la voix, mais il ne parait pas en comprendre la valeur. Une troisième potion de sulfate de quinine de 2 gr., également élhérée et opiacée , est administrée , mais énergi(piement repoussée par le malade, qui parait avoir conscience de son amertume. Une partie, cependant, a été absorbée; et, pour suppléer à son insullisance, il est donné un lavement de 2 grammes de sulfate de quinine. A six heures du soir, l'intelligence se réveille; le ma- lade ne répond pas encore aux (ine, le 0 février ISoi, à deux heures de I a|très-midi. (lonstitulion très-forte et vigoureuse. D'après les renseignements obtenus, ce malade avaient 238 (III violenl accès lie fièvre la veille de son entrée k l'iiô- jiital. I.ors de la conlre-visite , il présente la physionomie d'un accès de fièvre pernicieux a son début : intelligence déjà chancelante; il l'aut renouveler chaque question au malade pour en obtenir une réponse, qui est assez claire du reste, mais débitée d'un Ion sec, tranchant et vibrant; tendance à la stupeur; o'il terne, ne reprenant de l'éner- gie que sous rinlltience d'une stimulation extérieure vive; les mains se portent constamment à la nuque, pour sou- tenir la tète, où résident quelques douleurs sourdes; peau froide et sèche; pouls petit et fréquent (H2 pulsations environ). Il est prescrit une potion anti-spasmodique , contenant 2 grammes de sulfate de quinine, à prendre en deux doses, à une heure dintervalle. A huit heures du soir, le malade, visité par le médecin de garde, est dans un état de coma plus avancé; la ten- dance a la somnolence est plus grande; les réponses sont moins faciles, moins claires; l'expression du visage est plus hébétée; il y a déjà un peu de raideur dans la mâ- choire ; la peau est cependant moins froide. Potion anti- spasmodique avec sulfate de quinine; deux grammes en deux doses et à deux heures d'intervalle. Le 7, à huit heures du matin, il y a un mieux sensible; l'œil et la physionomie ont repris de l'intelligence; la peau est fraîche, le pouls est moins fréquent et plus développé, mais il y a un peu de raideur dans les membres supérieurs. Sulfate de quinine : 8 décigrammes a neuf heures, et 8 décigrammes à midi. A la conlre-visite, loin de s'améliorer, l'état du malade est moins bien que le malin ; les douleurs à la nuque ont reparu, les mains s'y portent constamment; les réponses sont sèches, un peu égarées; la peau est fraîche, mais le pouls compte encore lOi pulsations. Potion anti-spas- modique contenant 2 grammes de sulfate de quinine, à prendre en deux fois, à quatre heures d'intervalle. 239 Le 8, à la visite du lualiu, raïuélioiation est fran- chement accusée : l'expression du visage esl plus libre, plus franche; l'œil esl plus ouvert; la eéphalalgie a tota- lement cessé; les membres ont repris leur sou[desse; la parole est facile; il existe 6i pulsations h la minute; le ma- lade accuse par une mimique énergique un très-vif appétit. Riz au gras, limonade gonmieuse, potion gommeuse. A partir de ce moment, la convalescence s'établit et marche à grands pas, sans qu'aucun accident vienne l'en- traver. Le mauvais temps peut seul retenir à l'hôpital le malade, qui sort parfaitement guéri, le 10 février. ginc Obsi:iivation. — Fièvre pcrniciousc lomatpuse lrrs-f[tavc. Barelli, François, coraillenr napolitain, constitution forte, âgé de soixante-huit ans, atteint de fièvre perni- cieuse comateuse très-grave, entré a l'hôpital le 8 août 1834, décédé le 9, à trois heures du soir. Ce malade nous est apporté à Thôpilal, vers huit heures du matin, dans un état de corna très-profond, par des personnes qui ne peuvent nous donner aucun rensei- gnement sur les antécédents de sa maladie et de Barelli lui-même. Nous ne pouvons donc rien savoir. Nous cons- tatons : abolition complète des facultés intellectuelles; renversement de la léle en arrière, avec raideur du cou et des membres; les yeux déprimés et enfoncés dans les cavités orbitaircs; le pouls irrégulier, dur, fréquent àl20; respiration sterloreuse abdominale avec immobilité des côtes; peau cuivrée; sueurs visqueuses. Après plusieurs interpellations, nous réveillons pour un instant son in- telligence, et, par le geste, nous parvenons h lui faire tirer la langue, qui est un peu sèche et un peu rouge. Nous prescrivons immédiatement, tigrannnes de sulfate de quinine et des révidsifs (Miergigues, deux larges sina- pismes. Une partie du sulfate de quinine est rejelée, ainsi 240 que la tisane de tilleul, la déglutition étant embarrassée. Vers trois heures, même état : potion anti-spasmodique avec 2 grammes de sulfate de quinine; lavement avec 'i autres grammes; vésicatoires sur les mollets; frictions avec le vinaigre rubéliant sur le corps. Le malade témoi- gne de la sensibilité pendant les frictions, et aussi par la douleur des vésicatoires. Neuf heures du soir, le sulfate de quinine n'a plus été rendu , le malade est toujours plongé dans un coma profond; Taspect des yeux est terne, pouls à 155, irré- gulier, danger imminent. 9 août, la nuit a été tranquille, point de selles ni de vomissements. Le matin , il y a une légère amélioration : l'intelligence semble revenir, les yeux sont moins ternes, moins enfoncés, le râle trachéal a disparu; mais la res- piration est toujours abdominale et les côtes immobiles , le pouls est à 120, moins sûr, plus régulier, la peau perd de sa teinte cuivrée et la chaleur est naturelle, point de raideur dans les membres, la déglutition est plus facile, langue humide et rosée. En un mot, il y a une rémission sensible, qui donne un bon espoir, pourvu qu'un nouvel accès ne vienne pas aggraver cet état encore si grave. Nous continuons la potion anti-spasmodique, avec 2 S'- de sulfate de ipiinine, et on entretient les vésicatoires; à midi, encore 1 granmie de sulfate de quinine. A deux heures et demie, nouvel accès. Barelli vient d'être pris de frissons; abolition complète de l'intelligence, déviation des commissures de la bouche, avec écume, enfoncement plus profond des yeux, râle trachéal, res- piration entièrement mécanique par le soulèvement du diaphragme, pouls très-irrégulier, petit, fréquent, con- traction des membres, teinte fauve foncée de la peau, avec sueurs viscpieuses, extrémités froides, déglutition impossible, urines involontaires, mort imminente. A trois heures, mort dans la période du frisson. •2 VI AUTOPSIE. Cavité crânienne : Injection considérable des vaisseaux cérébraux, sérosité trouble dans l'arachnoïde et les ventri- cules, très-abondante, léger épaississen)ent et teinte opa- line des enveloppes; la substance cérébrale offre plus de consistance avec un sablé rouge très-prononcé. Cavité titoracique : Ilien de particulier, si ce n'est une certaine quantité de sérosité citrine (60 grammes) dans le péricarde. Cavité abdominale: Présence de la bile dans l'estomac, et l'intestin grêle, avec injection rouge peu prononcé dans ce dernier; le foie est un peu plus volumineux et la vési- cule remplie d'une bile épaisse et noire ; la rate, de volume normal, a perdu toute consistance et se réduit en bouillie; la muqueuse vésicale offre aussi la teinte ictérique de l'in- testin. Rien de particulier dans les reins. "'■«' Oiisr.iiVATiû:i. — Fii'vie rémiUonle Lilieiise , .i doiiMp paroxysme- le scplicmo accès est pernicicii'i. Sulfate de quinine : •J.ÔK'' 20. Guérison. Mademoiselle D. F., âgée de trente-six ans, tempérament lympbatico- nerveux, sujette aux lièvres, sans altération organique, habitant Bône depuis trois ans, lut prise, dans l'après-midi du i'ô août 185i, d'un ujalaise général, avec douleurs anthralgiques, frissons, vomissements, cépha- lalgie, s'irradiant jusqu'à la région occipito-cervicale. Klle combattit cet état, comme il lui était déjà arrivé plusieurs fois, par une dose de 5 décigr. de sulfate de (piinine, et le soir, se croyant mieux, elle alla au bal ; mais, peu après, grande faiblesse, vertiges, sueurs froides, qui la forcent à se remettre au lit; insomnie, agitation. Le l(> août, malgré deux doses de sulfate de quinine de 5 décigrainmes chaijue, jtrises l'une le matin, l'autre le soir, il y eut deux accès : l'un à une heure de l'après- 16 242 midi, avec céphalalgie intolérable, vomissements verdàtres, frissons suivis de sueur; le deuxième, dans la nuit du 16 au 17, à une heure du matin, avec insomnie, anxiété générale, vomissements d'un jaune foncé, urines noires et brillantes, crampes dans les mollets. Le il au malin, encore o dccigrammes de sulfate de quinine; mais, comme la veille et à la même heure, il y eut un paroxysme dans la journée avec les mêmes symp- tômes. Vers huit heures du soir, appelé près de la mala- de, je la trouvai dans l'état suivant : abattement extrême, face pâle et altérée, les sclérotiques d'un jaune citron, voix afl'aiblie, vomissements répétés, verdàtres, urines noires et difficiles. Les antécédents bien établis, je prescris 1 gramme de sulfate de ijuinine, pour prévenir l'accès qui devait arriver après minuit; un autre gramme, à prendre le fendemain matin, à huit heures; limonade gazeuse. 18 août. Le matin, il y a eu de l'amélioration; le paro- xysme de la nuit a été plus bénin, sans crampes ni douleurs anthralgiques. En ce moment, la parole est plus libre, la soif moins intense, les vomissements moins abondants, toujours verdàtres, et les urines presque noires. Je pres- cris : limonade gazeuse à la glace, sulfate de quinine, 8 décigrammes, à dix heures du matin, et 8, à neuf heures du soir. Le paroxysme du jour fut presque nul, et la ma- lade, se croyant guérie, ne prit la seconde dose que pour obéir à son médecin. 19 août. A une heure du matin, je fus appelé eu toute hâte près de ma malade, et la trouvai dans un état très- alarmant. Vn nouveau paroxysme, c'était leseplihne, venait de débuter d'une manière inquiétante, par des frissons, perte de connaissance, yeux ternes, éteints, face déco- lorée, froide, avec trismus, la tête renversée en arrière, hoquet sourd et persistant, les bras fortement contrac- tures; une sueur froide et visqueuse couvrait le corps. 2i:\ J'ajipliquai iinmédiateineni des révulsifs énergiques, tViclions avec le vinaigre rubéfiant, cruchons d'eau l)ouil- lanle aux pieds, deux vésicatoires camphrés. En même temps, ])otion éthérée et opiacée, avec 2sr de sulfate de quinine, à prendre en deux fois, dans une heure; lave- ment avec 2 autres grammes de sulfate de quinine. Huit heures. A la suite de cette puissante médication, il y eut une détente sensible, l'intelligence reparaît par intervalles, la contraction des membres se dissipe. Restait h prévenir le paroxysme de la journée, cpii pou- vait devenir falal. Je lis prendre immédiatement 2 s'" de sulfate de quinine en lavement, et une potion de 8 déci- grammes pour dix heures. Le paroxysme ne se montre pas; nous constatons une amélioration progressive , le coma se dissipe, avec le tris- mus et la contraction des membres; la parole, quoique faible, redevient naturelle. A quatre heures du soir, la malade, en me voyant, me dit, qu'elle vient de se réveiller d'un profond sommeil. Il ne lui reste qu'un léger ho((uet, jjour lequel je prescris de la glace arrosée du jus de citron. A 10 heures du soir, le hoquet a disparu. J'ordonne encore 8 décigranmies de sulfate de quinine, pour pré- venir l'accès de la nuit. 20 août. Le i)aroxysme de la nuit ne se manifeste que par une certaine agitation, avec insomnie. Du reste, la malade va très-bien. Dès ce moment, tout accès disparaît; plus de cépha- lalgie, plus de douleurs dans les mend)res, rien (ju'une certaine lassitude, et bientôt les urines, de bourbeuses rodevienueut lim|)ides. 21 août. La malade va de mieux en mieux, l'appétit se fait sentir, tout traitement est suspendu ; et, après une courte convalescence, il y eut un prom|)t retour à la .«^aulé. 244 RÉFLEXIONS. Cette dernière observation, surtout, vient de démontrer à la dernière évidence cette grande tolérance du tube digestif pour le sulfate de quinine dans les fièvres palu- déennes, même dans le cas où la membrane muqueuse est violemment surexcitée. Ce fait, qui est encore en opposition avec quelques tbéories médicales, doit aujour- d'hui être adopté, puisque la médication par le sulfate de quinine à haute dose dans les fièvres très-graves et per- nicieuses vient d'être sanctionnée par l'expérience... Cette tolérance du tube digestif pour le sulfate de qui- nine, se reproduit également pour la potion ipéca-stibiée; ainsi , dans les fièvres intermittentes chez lesquelles ou observe les mêmes phénomènes que dans les inflamma- tions aiguës de l'estomac : acération, rougeur des bords de la langue, enduit muqueux ou bilieux, ou bien acidulé, vomissements, douleurs à l'épigastre, etc., etc., tous ces symptômes disparaissent, comme par enchantement, sous l'influence de la médication vomitive qui précède toujours la médication spécifique dans les fièvres de marais, sous les conditions que j'ai indiquées dans la première partie. J'ai tellement confiance dans les caractères que je viens de tracer, que je n'hésite pas à rappeler l'opinion de M . Bailly sur l'aspect de la langue dans les fièvres intermittentes : « La couleur de la langue, dit-il, est si peu importante dans (< ces maladies, qu'en général les médecins italiens la con- « sultcnt rarement, au moins à Rome, où je les ai suivies « plus qu'ailleurs; et quand ils la faisaient tirer aux malades, « lorsque j'étais présent a leurs visites, c'était plutôt parce « qu'ils connaissaient ma curiosité h cet égard , que pour f( former leur opinion. » Cette opinion de M. Bailly a été rapportée par M. le J)'^ Maillot dans son traité des Fihrcs inlerniit lentes, p. 22. 2i5 DES RACES PERFECTIONNÉES DAIHS LE DÉPARTEMENT DES PYRÉNÉES -ORlEiNTALES, l'ar M, ia.*i,K«iVK. membre résidant. Invité par Monsieur le Président de la Société Agricole et Scientifique, à présenter un résumé sur les avantages que les races perfectionnées peuvent offrir aux agriculteurs de notre département, nous avons hésité un instant à nous rendre à cette invitation, comptant encore peu sur notre expérience. Cependant, le désir de nous rendre utile eu soulevant une question tant de fois controversée, et qui dans le nord, l'ouest et l'intérieur de la France trouve un commoncement de solution, ce désir nous a fait vaincre toute répugnance, heureux s'il nous était donné de con- courir pour une petite part à l'action du progrès agricole dans notre pays. Notre examen portera d'ahord sur l'espèce bovine, et dans cette espèce surtout sur la race durham, qui 'est le vrai type des races pertoctionnées. Nous dirons aussi, avant de linir, quel(pjes mots sur l'amélioration dont est suscej)lihle notre race de Cerdagne. La race de Durham tire son origiue des bords de la rivière Tces, qui sépare en Angleterre les comtés d'Vorck et de Durham. Les Anglais, nos maiires en agricullure, travaillent depuis plus d'un siècle à améliorer celte race' Ils ont commencé, dit-on, par la croiser primitivement avec des sujets de la race hollamlaise. Lorsqu'ils ont ainsi ol)lonM. après bien des essais et des tâtonnements, le type 246 de la bête de boucherie , qui était le but qu'ils se propo- saient, ils ont abandonné le croisement de cette nouvelle race, dite de Bxirham. améliorée, avec toute autre race, comptant avec raison que rélevai^e in-aiid-in ou dans et dans, c'est-à-dire la reproduction par des mâles et lemelles améliorés, appartenant à la même famille, serait le vrai moyen de conserver, de fixer le nouveau type et les nom- breuses qualités de cette race améliorée. Tous les agriculteurs qui suivent le progrès agricole, savent que le bœuf durliam est le modèle de la bête de • boucherie; et de tous les animaux des races bovines, il est celui qui par l'harmonie de ses formes et sa préco- cité approche le plus de la perfection , s'il n'est permis de dire qu'il est la perfection même. Sa tète est petite, ses yeux grands, doux et |)lacés à fleur de tète, ses cornes minces, sa peau fine, son cou court et grêle, sa poitrine profonde, large et projetée en avant, ses jambes courtes, fines et écartées, son ossature légère, ses muscles parfaitement développés, la ligne du dos droite comme une llèclie. Chez cet animal, le train pos- térieur est remarquablement développé , les hanches sont larges et longues, la cuisse descend perpendicu- lairement sur le jarret, la queue est mince et attachée bas, le corps est cylindri(iue, on pourrait même dire cubique chez les meilleurs sujets de l'espèce. Par cette description il est facile de se rendre compte que dans cette race les améliorateurs ont cherché à aug- menter, autant que possible, l'assimilation de la nourri- ture consommée, en donnant au sujet une poitrine large et profonde, c'est-à-dire de larges poumons. Ils ont encore cherché à augmenter les morceaux de viande de première qualité qui se trouvent dans le train postérieur, à diminuer relativement ceux de seconde et surtout de troisième qm- lité ; enfin, à réduire tout ce qui n'est pas viande ou graisse, comme la tête, les cornes, les os, les jand)cs, le cuir, etc. 247 Quoicjuc le liurhain soil la biHe de boucherie par excel- lence, un grand nombre de lemelles de cette race se l'ont encore distinguer par leurs qualités lactil'ères: il n'est pas rare de trouver des vaches qui donnent depuis 12 jusqu'à 20 litres de lait par jour. Quant au travail, il n'en faut point demander à des animaux chez les(iuels on a nMluit autant qu'on l'a pu les parties du corps susceptibles de le fournir. Le bœuf durham se fait remarquer encore autant par sa précocité que par la lacilité avec laquelle il prend la graisse; et chose étonnante, il s'accommode de tous les climats. On a beau le dépayser, l'exporter d'Angleterre en France, en Amérique, en Australie : partout il prospère connue si on l'avait façonné exprès pour sa nouvelle patrie. Telles sont les qualités que possèdent les sujets de cette magnilique race de durham, qui rend déjà de si grands services dans une bonne partie de la Fiance. Ces qualités sont devenues tellement inhérentes à cette race, par l'é- levage aussi intelligent que constant des améliorateurs, que le pioduit du premier croisement d'un taureau durham avec une vache de race quelconque perd déjà le cachet de la mère, tandis qu'il acquiert celui du jjère, dont il hérite surtout les belles formes et une propension très- marquée à prendre la graisse. Un autre fait digne de remarque et déjà sanctionné par l'expérience, est que les produits du premier croisement et nième du second, tout en acquérant une partie des qualités du père, con- servent beaucou[i de propension au travail, si la vache- mère appartient à une race qui possède cette qualité. Y a-t-il en France, dans notre espèce bovine, une race qui corresponde à celle de durham en Angleterre? iNous possédons bien les races llamande, colentine, dont les vaches se font remarquer, les unes par la (]uanlité, les autres par la llement, sans soins jiarticuliers, par le l'ail même de ses (jualilés, à un état d'embonpoint supérieur, et cela à l'âge de 50 mois et même de 24. Nous pouvons appuyer ce que nous avan- çons sur des laits déjà acquis dans noire dé|)artcmenl; nous [)Ouvonsnous-m('me montrer des animaux de celle race p.ure et même des croisés '' j sang (pii, grâce à une nourriture abondante et appropriée, sont à l'âge de neuf mois, un an, vingt mois, dans un état d'embonpoint fort raison- nable, (pie n'atteignent point les animaux gras de ciii<| et six ans cpiou amène sur le maich('' de noire chef-lieu. Il est facile aux personnes cpii douteraieiil du fait, de sacrilier quehpies heures pour venir s'en convaincre. Nous avons été plus loin : ayant dans noire exploitation des sujets de la race indigène bazadaise, race qui n'est 250 certes pas a dédaigner pour la boucherie, cl des sujets 7a sang dnrham cliarolais, nous avons voulu nous donner la satisl'action de faire avec un sujet niàle de chacune de ces races un essai coniparalif, qui a commencé le 1^'' décembrel8o8, et a duré jusqu'au ler juin 1859. Le jeune veau bazadais né chez nous le 21 avrd 18o8, avait été parfaitement allaité par sa mère et de plus nourri a pro- fusion jusqu'au l^''' décembre. Aussi se trouvait-il en bon état, mais il n'avait pu déjà alors acquérir l'embonpoint des veaux durham ses voisins , qui étaient à la même ration. Le jeune durham cliarolais né le lo avril 1858, nous arriva avec sa mère du département de la Loire a la lin de décembre dans un état vraiment pitoyable (la sécheresse ayant fait manquer les fourrages dans ce dé- partement). Le l'^'" décembre, le sujet bazadais qui se trouvait en bon état, et le sujet durham charolais qui était excessivement maigre furent attachés à la même mangeoire, seuls, côte à côte, mais de manière a ce que le plus fort ne put prendre la nourriture au plus faible. Ils reçurent pendant décembre, janvier et février la même ration, qui se composait d'un peu de luzerne, beaucoup de turneps et une petite quantité de farine d'orge. Ces trois mois écoukîs, le sujet croisé durham avait grandi comme le bazadais, avec la différence que l'embonpoint de ce dernier était resté stationnaire, tandis que celui du croisé durham avait beaucoup augmenté. La différence fut bien plus sensible pendant les trois mois qui suivirent. En mars, les doux animaux reçurent encore la même ra- tion, la betterave avait remplacé le turneps. Au commence- ment d'avril les deux jeunes veaux grandissaient beaucoup, mais le bazadais perdait de son embonpoint et le durham charolais gagnait encore. Nous nous décidâmes alors à faire augmenlcr la ration du bazadais, (lui eut de la peine à se maintenir jusqu'à la lin en assez bon étal, pendant que le durham charolais, avec son ancienne ration, en- 25f graissait toujours. Les deux sujets ont été [)résenlés au concours tic Carcassonne, où il était facile de reconnaître coinl)ien le croisé durham remportait sur le bazadais. L'essai a été, ce nous semble, assez concluant; il l'eût été bien davantage, si le ler décembre les jeunes sujets avaient été tous les deux en aussi bon état l'un que l'autre. Traitons maintenant la questioii sous un autre point de vue. Faut-il, pour améliorer nos races françaises, leur infuser a toutes le sang durbam? Nous ne le pen- sons pas. La race durham a aussi ses exigences. Si elle a des qualités très-marquées, telles que sa grande pré- cocité, son extrême propension à engraisser, etc., elle possède aussi les défauts de ces mêmes qualités. Si elle est excessivement précoce, ce n'est qu'à la condition de recevoir déjà dans son jeune âge une nourriture abon- dante et appropriée, qui permette un pronq)t développe- ment, rsous entendons par nourriture appropriée, celle qu'appète surtout le durham , et qui se compose de fourrages verts et de fourrages racines, comme trèfles, maïs, esparcette, turneps, betteraves, et non des fari- neux, ce (pie l'on croit généralement. (On ne se sert de ces derniers que pour (pielques sujets hors ligne, qui par leurs qualités extraordinaires peuvent servir à l'amé- lioration de la race.) Or, nous ne croyons pas qu'il soit encore permis dans la généralité des fermes du Midi de la France , de distribuer aux jeunes sujets de l'espèce bovine une nourriture abondante et même appro[)riée; donc le durham ne convient point dans ces fermes, et l'on aurait grand tort de l'y introduire, parce qu'au lieu du bénélice qu'il [U'ocin*e, lorsqu'il est placé au milieu de raliondanco, il constituerait en perle ragriculloiu' (|ui voudrait l'élever dans de mauvaises conditions. Telles contrées sont susceptibles d'élever avec profit le durham et ses croisements, comme la Normandie, le Cbarolais, la Vendée, les bords de la Cîaronne, etc.; 252 telles autres doivent encore y renoncer, comme la Gas- cogne, l'Auvergne, et pour parler de notre pays même, la Cordagne. Les ressources l'ourragères sont trop res- treintes dans ces dernières contrées, pour qu'on pense à y introduire des races perfectionnées pour la boucherie. Mais, pourquoi bannirions-nous le croisement durham de notre beau Roussillon? Est-ce ((ue les ressources fourragères maniiuent dans la Salanqne et dans une grande partie du Riverai? Non seulement ces ressources sont abondantes, mais elles sont encore apjjropriées aux besoins de cette race anglaise. Nous pouvons donner aux sujets de l'espèce bovine du mais en vert depuis le commencement de juillet jusqu'à la mi-octobre, des tur- neps ou betteraves depuis la mi-octobre jusqu'à la tin d'avril; les fourrages verts ne manquent certes pas en mai; et s'il fallait encore du vert pour le mois de juin, ne pouvons-nous point réserver une prairie naturelle ou la deuxième coupe d'une prairie artilicielle en esparcette pour la faire consommer à cette époque? Quoique le fourrage soit abondant et varié dans notre pays, il faut avouer que la majorité des agriculteurs s'en servent mal. Les uns vendent une grande partie de leur meilleur foin, réservant pour l'élevage et l'amélioration de leurs animaux une pitance quelquefois assez abondante comme volume, mais bien pauvre en principes nutritifs; d'autres sont enchantés de nourrir six tètes de gros bétail au lieu de quatre, par exemple, ne se doutant seulement pas que les quatre tètes coiisonnnant la ration médiocre pour six et suftisante pour quatre, donneraient plus de travail, ou plus de lait, on plus de viande, et plus de fumier. Ceci est cependant facile à comprendre. Chaque animal a besoin, rien que pour vivre, d'une certaine quantité d'aliments, qui compose la ration d'entretien; le surplus de cette nourriture essentielle à la vie forme la ration de produit, c'est-à-dire le travail, le lait, la ■Jôi viande. Si iiik' (-(M'iniiic (juanlité do iioiirrilnrc ('huit doniH'O, on venl nourrir six ti-ies au lieu de quatre, les ,) en certaines parties de son corps susceptibles dT-tre cor- rigées, et cette aniélioralion, an lien de faire perdre à cet animal la qualité qui le dislingue à un si haut degré, la rendrait encore chez lui plus forte et plus apparente. Quelques défauts sont inhérents à la race de Cerdagne, et ils se trouvent plus ou moins prononc(''s chez tous les sujets. Ainsi, la tète est longue et un peu busquée, le dos ensellé, la côte un peu plate, les hanches étroites, la croupe avalée , la (pieue attachée très-haut. Celte défectuosité du train postérieur fait que les aplombs des jambes de derrière laissent beaucoup ;i désirer. Pour corriger cette mauvaise conformation, l;iut-il améliorer cette race par sélection? Choisir quelques sujets exempts de ces défauts dominants et les accoupler entre eux? ISous serions de cet avis, si nous n'étions certain que, pour former une telle famille améliorée et amélioratrice, les sujets manquent complètement. A quelle race re- courir alors pour corriger les défauts de la race de Cerdagne, sans faire perdre à cette dernière les qualités, le cachet, la robe, les habitudes (pii la distinguent? Après avoir bien cherché, nous n'en trouvons qu'une, qui, à notre point de vue, réunisse les conditions nécessaires: c'est la race aubrac. Le bœuf aubrac est un très-bon bœuf de travail; il est léger et fort ; il est élevé dans les mêmes conditions de sol, de nourriture, de climat, que le bœuf de Cerdagne. Il a aussi le uK'me pelage on bien à peu près; mais il a la lète courte, large et carrée; le dos droit , la côte assez arrondie , chez lui le train posté- rieur, sans être aussi large que chez le bœuf d'engrais, l'est assez cependant pour que les jambes qui le portent aient de bons aplondis; la (jueue n"esl allacliée ni trop bas ni trop haut. D'après cela le sang-aubrac est, ce nous semble, celui qui pourrait le mieux se fondre dans le sang «les sujets de la race de Cerdagne, qui avec lann-lioralion encore plus recherchés par nos voisins de l'Ariége, et porteraient par conséquent plus de profit aux éleveurs. Quant à la manière de s'y prendre pour opérer ce croi- sement, elle esttrès-lacile. On n'a qu'à bannir complètement les taureaux de Cerdagne des troupeaux qu'on se propose d'améliorer, et se procurer avec la valeur de ceux-là, jointe à une somme peu considérable, des reproducteurs aubrac. Ce serait alors le cas de faire l'élevage in-und-in, c'est- à-dire par sélection. Au lieu de bistourner les taureaux aubrac qui auraient fait une ou deux montes, comme c'est Ihabitude pour les taureaux de Cerdagne , on devrait les garder jus(iu'à l'âge de six , sept et même huit ans. Nous connaissons des exploitations qui possèdent des taureaux âf^és de dix ans, qui sont aussi proliliques et donnent des produits (jui ne le cèdent en rien à leurs aînés. Ces tau- reaux aubrac, pouvant ainsi saillir leurs propres filles, avanceraient énormément par le second croisement du même individu l'amélioration ([u'on s'était proposée. Pour porter les agriculteurs de la Cerdagne à faire ce croisement, il sullirait de quelques sacrifices de la part de l'xVdminis- tralion départementale. Quatre ou cinq jeunes taureaux, bien choisis sur les montagnes d'Aubrac, et mis en vente aux enchères dans la Cerdagne, obtiendraient, et d'autres que nous en sont convaincus, une moj ennede prix supérieure au prix d'achat; et lorsque le premier pas vers l'amélioration serait fait, les éleveurs de ce pays, cpii sont intelligents et ont un coup-d'œil fort juste, continueraient et consom- meraient de leur propre mouvement l'œuvre commencée. 11 ne faudrait pas oublier de récompenser par des primes raisonnables, de 80 à 200 francs chacune, les éleveurs qui présenteraient à la commission départementale les taureaux et les génisses les mieux conformés, appartenant à la race de Cerdagne, améliorre par le sang atihrac. Nous sommes persuadé qu'en employant de pareils moyens, peu d'agri- culteurs de la Cerdagne résisteraient à l'impulsion donnée. 257 HArPORT SUR L'INDUSTRIE SÉRICICOLE DU DÉPARTEMENT DES PYRÉNÉES-ORIENTALES EN 1859, l'ar M. A» SlAli, Trc'soiier do la Société. Messieurs, Vous avez eu a cœur de prouver, celte année encore, que l'industrie séricicole faisait l'objet de vos préoccupations. La commission que vous avez nommée dans la séance du 25 mai dernier, com|)osée de ilM. Companyo père, Auge, Roltin et Antoine Siau, désireuse de reiiiplir sa mission, a commencé le l'^'^juin ses visites, ayant pour but de rechercher, dans les éducations de vers à soie, ce qui avait clé nuisible ou avantageux. Nous procédions, par là, à l'enquête que sollicite M. le Préfet, en consécpience de la demande faite par Son Excellence M. le Ministre de l'Agriculture. Nous visitâmes d'abord la magnanerie de M. Sabatier, au domaine de Jau, situé entre Cases-dc-Pène et Kstagcl. Nous (brons avec regret, que cet éducateur intelligent, qui avait toujours eu des succès encourageants, même depuis l'épidémie, n'a eu cette année que le tiers de la récolte. En 1857, — 1.250 grammes, lui fournirent 2.110 kilogrammes. Fn 1858, — 1.250 "" id. — 1.850 iil. En 1859, — 1.250 id. — 000 id. Il se procure, chaque auiiée, la graine chez les petits éducateurs de Sainte-AnVi(p)e (Aveyron). 17 258 Nous attribuons le faible résultat de cette année à la température, très-variable, d'abord bumide, et orageuse ensuite, sous lintluence du vent marin, très-nuisible aux éducations à proximité de la mer, à la feuille du mûrier, gelée lors de la première pousse; la seconde n'était pas assez nourrie lors de la période de la -¥ mue à la montée. I.a muscardine avait atteint un certain nombre de vers, d'autres étaient ijras, fondus et faibles. Nous jugeons la feuille généralement malade; elle subit encore comme la vigne et une infinité de plantes et d'arbres, les fâcheuses conséquences d'un principe délétère, sur la nature duquel nous ne pouvons porter un jugement cer- tain. 11 parait évident que les maladies destructives des récoltes des vers à soie, ont pour origine la muscardine. L'invasion du botryiis basiana se présente sous des for- mes souvent bien différentes; mais c'est presque toujours cette végétation qui entraiue la perte des chand)rées. Quant aux vers à soie qui n'atteignent pas leur complet développement, on peut attribuer ce résultat à la mau- vaise qualité de la feuille. En effet, les vers qui l'ont consommée tout-à-fait mauvaise sont très-petits, tandis que ceux qui ont été nourris de feuille meilleure acquiè- rent plus de développement. C'est encore a ce fait qu'on doit attribuer la dégénérescence de l'œuf du ver à soie, observée par les savants et les éducateurs. Le nombre des mûriers, dans le domaine de Jau, est de 4.000. Nous avons visité, à Estagel, l'éducation de M. Ange de Gonsalvo, qui eut, l'année dernière, une assez bonne récolte. 100 grammes de graine lui fournirent 142 kilo- grammes de cocons, tandis que cette année 100 grammes de graine n'ont produit que 50 kilogrammes de co- cons. Les soins convenables ont été donnés a cette éducation. La graine était de race d'AndrinopIe. File lui a été envoyée •259 par une nuiison de France, dont il a cru devoir nous taire le nom. Les vers étaient au i" âge. iNous en avons oliservé d'inégaux et qui étaient restés très-faibles. La température avait été la même que chez M. Sabatier, et la première feuille attaquée par le froid. Une bien petite éducation avait réussi à Estagel; une jeune personne l'avait dirigée. Marguerite Forner, avec a grammes de graine, avait eu 5 kilogrammes de cocons. Ils sont de race d'Andrinople; la qualité est aussi belle que celle de sina. M. Bartlie, régisseur du domaine de M. le marquis de Fiinestous, distribuait annuellement aux petits éducateurs de La To^r-de-France ^.oOO grammes de graine. L'on ne recueillit. Tannée dernière, que 850 kilogr. de cocons. M. Harthe , découragé, n'avait mis en incubation, pour sa propre éducation, que 100 grammes de graine d'Alais, et 250 grammes de la graine de ses cocons de 1858, race des Cévenncs. Le produit n'a été que de 90 kilogr. et les cocons de mauvaise qualité. La première feuille avait souffert de la gelée. Parmi les vers, les uns étaient atteints de la muscai- dine, d'autres étaient faibles et d'autres courts. Ces maladies s'étaient montrées à tous les âges, et principa- lement de la ¥ mue à la montée. Le nombre des mûriers cultivés à La Tour s'élève à li.O(»0, savoir: Dans les propriétés de M. do fiinosloiis. . 0.000; Dans celles de M. Tiilla 1.500; Chez divers 3.500. Deux autres éducations avaient ('té faites à La Tour, avec !25 grammes de graine : l'une par M. Kiie Coronat, qui n'a pas eu de succès; l'autre par M"" .Iulia, qui a eu un tiers de récolle. 260 Nous allons vous entretenir de noire seconde course, faite dans la journée du 9 juin. Si la première a été signa- lée par de mauvaises réussites, celle-ci a été marquée par plusieurs résultats bien favorables. Nous nous arrêtons à Saint-Féliu-d'Amonl, pour visiter deux petites éducations : celle de M. Joseph Torrent, qui avec 48 grammes de graine, a obtenu 51 kilogr. de cocons, et celle de M. Paul Miffre, qui avec 18 grammes de graine, a recueilli 129 kilogrammes de cocons. Des fourmis avaient dévoré une petite partie de jeunes vers. N'ous n'avons pas reconnu la moindre trace de maladie. Les soins les plus attentifs avaient été donnés à ces édu- cations. Les graines avaient été fournies par M. Alberny, rue de la Cathédrale, à Carcassonne, et l'on nous a dit qu'elles provenaient de la maison Y<' Nicod fils, d'An- nonav. Sur l'une des boites était écrit : Smyrne. Nous avons compté, dans les deux communes de Saint- Féliu, environ oOO mûriers. La feuille n'avait pas été attaquée par le froid ; elle paraissait saine. L'éducation de M. Joseph Capdelaire, qui avait parfai- tement réussi l'année dernière , à Millas , n'a fourni , cette année, avec TiO grammes de graine, que 10 kilo- grammes de cocons. Il est vrai que la plus grande partie (le la graine avait été brûlée, ayant été soumise, pour l'éclosion, à une température trop élevée. Pour les petites éducations, on a l'habitude, dans nos campagnes, de placer les graines dans un petit compar- timent qui est derrière le four, et que Ton nomme la (jlorietle; système vicieux, qui ne peut produire que de déplorables résultats. L'œuf du ver a soie, soumis à une chaleur trop forte, et surtout privé d'éléments humides, altère l'embryon et ne lui procure qu'im avenir rachi- ',i(pic. 2GI L'autre éducation de Millas a été heureuse; elle a reçu les soins de la femme Deipech. 25 i,M-aniines de graine de M. Alberny, de Carcassonne , ont Ibinni i^ kilogrammes de cocons. — 25 grammes de graine de ses cocons de 1858, ont produit 17 kilogr. La commune de Millas possède 600 mûriers. Nous avons visité, avec intérêt, à Ille, l'éducation dirigée i»ar M. Lopez. M. Trilla avait fourni les fouilles, et la graine avait été envoyée par M. Alberny. L'éducation a reçu les soins ordinaires, mais dans des circonstances parliculières, que nous ferons connaître. L'éclosion a eu lieu derrière le four; la chaleur ordi- naire y est de 18 à 22 degrés. Les vers ont été [icrtés, après l'éclosion , dans un coujpartiment contigu, où la température était de 16 degrés, et, dans la soirée, on les a placés dans les trois appartements consacrés à l'éduca- tion , où la teujpérature était de 12 à 14 degrés. Nous observerons que, pendant les trois premiers jours seulement, de la cendre chaude y fut placée, et que les rayons du soleil ne pénétraient dans ces appartements que durant trois heures de la journée. La température a été très-variable pendant l'éducation : chaleur au\ deux premières mues; humidité prolongée et temps orageux pendant les deux autres. Néanmoins, les vers se sont développés avec vigueur, et, chose digue de remanpie, un grand nombre de sujets , posés, faute de place, sur les briques du sol de ces appartements sont montés sur les bruyères, avec la même force que ceux établis sur les clayons élevés. Nous observerons, en outre, que nous avons vu, en- dehors des fenêtres, un certain nombre de cocons atta- chés aux coulrevents. Les vers étaient sortis, pendant que ces croisées restaient ouvertes pour l'aération d» s salles. 262 Il n'existait pas de trace de maladie; les cocons étaient beaux, réguliers, race Tranche de Valence iKspagne). MM. Lopez et Trilla avaient mis en incubation 75 gr. de graine, qui ont produit 150 kilogrammes de cocons. Il existe 600 mûriers dans la commune d'Ille; M. Trilla en possède 200. Nous devons vous entretenir de l'éducation de M'"^ Auge, à Perpignan, que les ravages de l'épidémie n'ont jamais découragée, et qui fait preuve de connaissances spéciales très-étendues. Cette année, elle avait mis en incubation 25 grammes de graine, qu'elle avait récoltée l'année der- nière, et qui avait bien léussi; 18 grammes de graine, race d'Andrinoi)le , qui a donné des résultats inférieurs. Ces 45 grammes de graine ont produit 59 kilogrammes de cocons. Vous n'ignorez pas, Messieurs, que M""^ Auge est très- utile aux petits éducateurs pour l'achat de leurs cocons; elle pourra rendre, en 1860, un service signalé à tous ceux qui se livreront à l'industrie séricicole dans le dé- partement, parce qu'elle a eu le soin, après l'achat des cocons, de réserver pour la graine ceux recueillis dans les magnaneries exemptes de maladies. Ils donnent déjà de très-beaux papillons, (jui fournissent de la graine de belle espérance. ]\Ime Auge a également à sa disposition la majeure partie des cocons de M. Llopet, de Serdinya. Notre ho- norable vice-président, M. Companyo, nous communiqua, sur l'éducation de M. Llopet de l'année dernière, des détails intéressants. En efiét, M. Llopet avait eu l'idée de placer, quelques jours après leur éclosion , une certaine quantité de vers sur les mûriers de sa pépinière. Ces vers, expo- sés aux intemj)éries , avaient grandi et fait les cocons sur l'arbre. Cette année, M. Llopet a renouvelé cet essai; mais il a été infructueux, h cause des pluies constantes du mois 263 (le mai. Il avait mis en incubation (>5c'',50 de graines, jtrovenant de son éducation de 1858; il en a relire ICK) kilogrammes de cocons, tous de belle qualité. Plusieurs d'entre vous ont pu apprécier, sur un rameau du lavandula sla'clias , les beaux résultats de cette édu- cation. Le lavandula slœchas remplace avantageusement, dans cette contrée, la bruyère et les cistes. La magnanerie est exposée au sud , abritée contre le vent marin. Cette exposition est très-favorable. Aucun caractère de maladie ne s'est présenté dans le cours de l'éducation. Les vers avaient opén'' la montée le vingt-buitième jour, avec une vigueur supérieure "a celle de l'année dernière : l'incubation (ut, a cette épo- que, de 100 grammes de graine (races de Brousse et de Smyrne) qu'il avait reçue par l'entremise de son frère, receveur des Contributions indirectes à Aubenas. Le temps a été très-variable pendant la dernière édu- cation. La pluie a duré vingt jours consécutifs; le tonnerre a grondé avec force, le premier jour de la montée. A Saint-Laurent-de-Cerdans, à Elno, Torreilles, Prades, Calllar et Molitg, les magnaneries ont donné de faibles résultats. Pour abréger cette lecture, je passe sous silence les noms des autres éducateurs. Toutes les graines mises en incubation, en 1859, dans le département, s'élèvent à 2.800 granunes; elles n'avaienl pas été examinées par MM. Jouve, Cbavaud et C'^, à Ca- vaillon. Leur produit a été de 1.500 kilogr. de cocons seulement; en en portant le priv à 7 francs, cours actuel, nous trouvons une valeur do 10.500 francs. Ce cliilfre est bien réduit. Avant l'épidémie, ou niellait en éclosiou, dans le déparlement, 000 onces, soit 15.000 granunes de graine. La production moyenne étant de âO Uilogrammes par '25giammcs, les magnaneries produisaient 18.000 Uil. 264 de cocons, et le prix moyen étant de 4 fr. par kilogramme^ la valeur était de 72.000 francs. Les heureux résultais de certaines éducations de cette année, sont d'un fiivorable augure pour 1860. Donnons des encouragements, comme nous le fîmes l'année dernière; alors les petites éducations se multiplieront, ayant plus de chances de réussite avec les graines produites des magnaneries exemj)tes de maladies, et nous augmente- rons le bien-être de plusieurs familles. Le département renferme 40.000 mûriers, tous répan- dus dans des contrées favorables à l'éducation. Si les feuilles en étaient utilisées dans des magnaneries, qui fourniraient une valeur de ^iO.OOO francs, elles ser- viraient à mettre en incubation 50.000 gram. de graine. Voici les données sur lesquelles se fonde ce résultat : La feuille de 20 mûriers, de venue ordinaire, est né- cessaire pour 2o grammes de graine, qui produisent, en temps ordinaire , 50 kilogrammes de cocons; les 50.000 grammes produiraient GO. 000 kilogrammes de cocons, et en portant le prix seulement à 4 francs, nous arrivons à la valeur de 240.000 francs. Les points les plus favorables à l'éducation sont: ceux connus sous la dénomination d'Aspres, les environs de Perpignan , tous les villages des bords de l'Agly jusqu'à Caudiès, ceux des bords de la Tet jusqu'aux environs d'Olette, les vallées des Albères, du Tech, et celles de Coustouges et celles de La Manère. M. Jaubert de Passa introduisit en Roussillon, il y a environ cinquante ans, la bonne culture des mûriers, leurs diverses variétés et la taille, ainsi qu'elle est pratiquée dans les Cévennes; il lit de grands sacriliccs pour donner de l'extension à l'éducation des vers ii soie; l'im des premiers il établit des magnaneries vastes et bien aérées. l'iusieurs races de vers à soie sont élevées dans les Pvrénées-Oricnlales. 265 La race-andrinople ,»à cocons blancs, introduite par Mme Auge, qui l'avait reçue de M"'e \o Kicod, d'Anno- nay , est remarquable par la grosseur des cocons et la linesse de la soie; mais elle ne réussit qu'exceptionnel- lement. La race de Lombardie, à cocons jaune-paille , de di- verses nuances, gros et de belle forme, soie line et qui se fde bien, plus robuste que la première. La race-sina, à cocons blancs, reçue, en 18Ô4, par M. Corbière-Vilallongue, de M. Camille Beauvais; elle s'est propagée à cause de la bonté de la soie et de sa blanclieui- argentine. La race de Brousse, h cocons jaunes, élevée avec suc- cès en Algérie; la couleur se rapporte à celle de Chine, mais la l'orme du cocon diiïènî un peu. La soie est moins line, mais elle est très-résistante, et se dévide bien. La race des Cévennes, introduite par M. Brosson, à cocon paille, assez uni, gros, se dévidant facilement, soie forte; ver robuste. Une autre race a été obtomîc dans le département, par des graines reçues du Piémont; le cocon est moins gros, bien fiiit et d'un jaune peu foncé. La race-espagnole, appelée vulgairement Espagnolet, dont la graine fut apportée de Valence (Espagiîe), par Mme Auge, en !8i7. Le cocon en est jaune-i)aille, uni, bien fait; les vers robustes et montant bien. Ils ont gé- néralement bien réussi, pendant l'éducalion de 1859; néanmoins cette race est sujette à la dégénérescence, connue l'indiquent ses cocons à soie verdàtre. Il serait à supposer que les vers qui la produisent sont atteints de maladie, ayant éprouvé une altération dans le système digestif, par rinliltralion d"une matière verte, produite par la fouille mangée et qui n"a pas été digérée. Ce pliéuoniènc accidentel se trouve dans toutes les édu- cations (le \m\). 2f)6 Ce fait doit attirer l'attention ;, il n'a pu être éclairti d'une manière précise. L'accouplement des vers atteints de cette alFeofion facile a reconnaître, produit une géné- ration qui doit être élevée à part. Les cocons qui restent purs de race sont bien faits; la soie en est bonne et d'un dévidage facile. On a observé (jue la constance de la couleur verte, persiste dans les produits futurs, et que les cocons de- viennent une bourre informe et sans aggrégation des fds qui la composent. Nous terminons en vous signalant ceux des éducateurs que nous jugeons dignes d'encouragements : MM. Llopet, à Serdinya; Lopez et Trilla, à lUe; Mme Auge , à Perpignan ; MM. Ange Delpecb, à Millas; Joseph Torrent, à Saint-Féliu-d'Amont; Paul Milfre, à Saint-Féliu-d'Amont. 26': RAPPORT DE M. ANTOINE SIAU, SUR LES PRODUITS ENVOYÉS PAR LA SOCIÉTÉ AU CONCOIRS DE CARCASSONNE, EN MAI 1839, ET SUR LA CULTURE DES ARTICHAUTS. Messieurs , La Société d'Agriculture de l'Aude ayant témoigné le désir de voir figurer au Concours horticole de Carcassonne les produits de nos jardins, notre Société nomma une commission, composée de MM. François Astors, Sauveur Dadins, l'abbé Delhoste et Antoine Siau. Je lus chargé de faire la livraison, et de fournir, au besoin, les indi- cations sur la culture des produits envoyés. Kn voici la note : Diverses variétés de patates, fournies et la plupart créées par notre collègue, M. Jean Eychenne, et par M. Saturnin LIanta, propriétaire à La-Tour-bas-Elne , auxquels nous devons l'introduction et la propagation de ce tubercule dans le départ(Mnent. Trois variétés d'asperges. Celles dites de Hollande et d'Allemagne, introduites, en iSoO, par notre collègue, M. Hippolyte Picas, étaient remarquables par leur gros- seur. Les deux bottes fournies par M. Jean nocpicfort, lurent reconnues supérieures ;i celles des exposants de l'Aude, (lu Vaucluse et de la Haute-Garonne. Quatre variétés de cerises, arrangées avec goût dans des boites, attiraient l'allenlion par leurs brillantes cou- leurs et leur grosseur. Parmi elles se trouvait la variété dite (le SaiiU-Ceorge, que produisent on abondance, vers la lin (le mars, les montagnes de Cciel. 268 Plusieurs boites, coiilen:int diverses variétés de fraises» disposées avec art par M'^c Darche, se distinguaient par leur beauté et leur parfum , entre autres les belles fraises dites anglaises, propagées par notre collègue, M. Roulïia, et la variété obtenue par M. Pbili|)pe Massot par l'hybri- dation de la Duchesse de liHchingam et la fraise sauvage des Albères, dont la plante est aussi [)récieuse par sa fécondité que par la bonté du fruit, qui s'étend jusqu'à la saison rigoureuse de l'hiver. A cet envoi étaient joints des petits-pois, des fèves dites iVEspagnc, dont nous avons les primeurs en plein vent au mois de mars, et des haricots verts. Nous mentionnerons nos quatre variétés d'artichauts, dont plusieurs pieds, avec leurs fruits nombreux, étaient dans des pots. Une grande extension a été donnée à la culture de cette plante aux environs de Perpignan. Les excellentes qualités de nos produits maraîchers se font apprécier et s'expliquent par la nature du terrain d'alluvion et par l'arrosage : les eaux qui viennent de la rivière de la Basse, saturées par les matières que con- tiennent les égouts de la ville et des faubourgs, sont entraînées dans les canaux et fécondent ainsi tous les jardins. Nous parlerons d'abord de la variété d'artichaut blanc, dite des (ptatre-saisons : cette variété est la plus cultivée à cause de sa précocité ; le premier montant poite, en octobre , de cinq à six fruits , les autres se succèdent jusqu'à la fin de mai. La feuille est plus faible dans cette variété que dans les autres. Pendant la période de fructification des huit derniers mois, cette variété a fourni dans la banlieue de Perpignan, environ 3.500.000 douzaines d'artichauts, au prix moyen de 25 centimes la douzaine, soi! la valeur de 875.000 francs. 2G9 Le prix île la douzaine varie de ;') à 7o cenlimes, et mcnic à 1 franc. Le prix de 5 (,'enliuics est celui (ju'ou |iaie en mai, les autres variétés fournissant alors abondamment leurs fruits, et en février le prix est de 73 centimes à 1 franc. Le fruit dos qnatre-saisons est moyen, d'un vert clair; il prend la teinte violacée aux chaleurs du printemps. L'artichaut dit de mai est le plus beau, le mieux pommé et le meilleur; il parait du 13 avril à la fin de mai. La feuille est plus large que celle des autres espèces. Pour augmenter la grosseur du fruit, nos jardiniers mettent en croix, vers l'extrémité de la tige, deux che- villes en bois, huit à dix jours avant de cueillir le fruit, en ayant soin de le couvrir des quatre feuilles qui l'en- vironnent, et ils l'attachent ensuite. Le fruit devient plus gros et pins tendre; il est d'un vert pâle. La variété connue sous le nom de movrrou de haddl (museau de veau), iVuctilie en février jusqu'au 13 mai. Le fruit est violet; la tête et le bas sont plus aplatis que dans la variété des quatre-saisons. Ce produit est hybride de la morisque. La mon'f^qiir est la moins cultivée; elle donne ses fruits du 13 avril à la lin de juin. La nuance violacée est plus foncée que celle du miiseaii de veau. La feuille est plus nourrie que celle de la variété précédente. La valeur moyenne des trois deinièrcs variétés est d'environ 180.00() francs, soit 1.200.000 douzaines à 13 cenlimes. Les pieds d'artichauts exposés avaient été fournis par les sieurs Joseph Nogués, Jean Coll et Louis Ribes. <\tllure. — Nos jardiniers ont le soin de choisir, pour la re|»roduction de la plante des (lunhr-saisons, les pieds i\\\\ ont porte'; les plus beaux fruits et ceux [)ourvus de six feuilles, produisant des fruits itrécoces. Après la fructification, la plante est divisée en aulaiii 270 de tronçons munis do racines qu'il y a de branches à fruits; on les plante en lignes et a dislance de 50 centi- mètres. Cette distance permet, lorsque le froid est rigou- reux, de prendre la terre intermédiaire pour chausser les pieds , après y avoir placé du fumier et de la litière. Au milieu des deux lignes, et dans la direction du midi , on sème des fèves. Nos jardiniers ont renoncé, depuis trois ou quatre ans, à renouveler la plante d'artichaut par œilletons ; ils ont reconnu que les fruits avaient dégénéré, comme ils ont pu constater l'immense avantage obtenu en renouvelant la plante, chaque année, par tronçons, i>arce qu'alors elle conserve toutes ses propriétés. A l'époque où la division de la plante n'était pas prati- quée , on ne détachait les œilletons qu'a la quatrième ou sixième année. C'était au mois d'octobre ou à La Tous- saint, et le fruit paraissait en mars , lorsque la saison était favorable, et finissait à la fin de mai. Il n'y avait, par- conséquent que trois mois de fructification, lorsqu'elle est actuellement de huit mois dans la variété des qualrc-sat- sons , et que le fruit se présente a une époque où la na- ture est avare de ses dons. L'idée de diviser la plante par tronçons enracinés , la pensée de la renouveler après qu'elle a fourni les fruits, et la connaissance des avantages de culture de la variété des quatrc-saison.% furent donc un bienfait pour le Kous- sillon; car, jusqu'en 1816, ces avantages étaient ignorés, puisque cette variété n'était pas cultivée alors avec plus d'étendue que les antres. A l'occasion des récompenses que la commission crut de son devoir de proposer à la SocifUé, en faveur de ceux qui avaient fourni leurs produits pour le Concours de Carcassonne, nous jugeâmes utile de faire une enquête auprès des plus anciens jardiniers, afin de mettre au jour 271 les noms (le ceux qui avaient amélioré ou propagé la cul- ture (les artichauts. Voici le résultat de nos investigations : En 1818, Jean Picpict, décédé, avait déjà reconnu les avantages de l'artichaut des quatre-saisons et le cultivait de préférence. En 1822 et i82ô, Antoine Coll divisait déjà les plantes; il les cultivait sur une vaste échelle et de prélérence la variété des quatre-saisons. En 1826, Joseph Baratte, décédé, cultivait environ iO.OOO pieds d'artichauts. La variété des quatre-saisons était, à cette époque, peu abondante. En 1820, au mois de novembre, les jardins de Saint- Jacques, les seuls qui existassent dans la banlieue de Perpignan, finent ravagés par une inondation; à quelques jours de-là, ils turent détruits par un froid rigoureux. Quatre carrés d'artichauts des ^y/fz/rc-srt/.so/^.s furent abrités, dans le jardin de Coll, par des broussailles que les eaux avaient entraînées lors de l'inondation. M. Coll eu venditles produits, depuis 1850 jusqu'en 1855, de 1 à 4 francs la douzaine, il ciait alors fermier de M. Amanrich. En (juit- tant ce jardin, il consacra uue grande étendue du terrain qu'il venait d'acquérir sur la route de Saint-Estève, à la culture de l'artichaut des quatre-saisons. En 1820, Ignace Figuères était aussi fermier de mon- sieur Amauricli , et son jardin voisin de celui de Coll. Il se livrait aux mêmes cultures; mais il ne sut pas tirer aussi bon parti de ses artichauts préservés .\ il les vendit, en grande partie, à 5 francs le pied. Plus tard, il donua à cette culture une plus grande oxlension , et l'améliora, par des soins intelligenis, dans le jardin dont il devint propriétaire, situé aussi sur la route de Saint- Eslève. Vers la même époque, Jean Tarrissou, qui se distin- guait également par son intelligence horticole, avait reconnu '21-2 le mérite de la culUn-e des artichauts, et lui donna un 1,'rand dévolopi)enient, d'abord dans le jardin de M. Moral, dont il était fermier, ensuite dans les deux jardins silués dans les bas-fonds de Saint-Jacques, dont il avait fait l'acquisition. Pour consacrer le souvenir des services rendus à l'hor- licullure par ces trois jardiniers, la commission vous pro- pose de leur décerner une médaille d'argent. Nos cultures potagères et fruitières ont fait de grands progrès dans ces derniers temps : nous pomrions citer, en assez bon nombre, les noms de ceux qui les ont ob- tenus; mais nous nous bornerons aujourd'hui à désigner ceux qui, en fournissant quelques produits pour le Concours de Carcassonne, nous ont mis à même de rendre service au département, en faisant reconnaître leur supériorité sur les produits similaires du Midi. En effet, le Jury, nous tenant compte de notre bonne volonté dans celle modeste exhibition , décerna à la Société une médaille d'argent. Nous vous proposons, en conséquence, des encoura- gements en faveur de MM. Etienne Gadlard, dit Estève, d'Olette; Jean CoU; Louis Ribes; Philippe Massot; RouHia; Jean Roquefort; Joseph Noguès; Jean Radie. Nous ne saurions terminer notre rapport sans fournir notre tribut de reconnaissance à la commission horticole de Carcassonne, pour l'accueil bienveillant et amical qu'elle nous fit, et sans la féliciter, ici , comme nous l'avons fait ailleurs, au sujet des ornements du terrain consacré à l'exposition: les dispositions prises, "a cet égard, répon- daient pleinement ii toutes les exigences de l'art et aux convenances particulières des produits exposés. fâmmm mm\m des pïhé.^eks-oriextales , Par M. .^i.AKT. iiK'iubrc résidant. PÉRIODE WISIGOTIIIQUE. 4I« — 911. Les Wisigoihs ayant [)assé lo Rhône, sous la conduite d'Ataulfe, Fan il!2 de J.-C, entrèrent, en automne de la même année, dans la cité de Narbonne, d'où ils s'éten- dirent rapidement dans la Gaule Méridionale et dans la Tarraconuaise. La domination romaine ne conserva plus désormais qu'un semblant d'empire dans toutes ces con- trées. Néanmoins, on ne peut considérer l'établissement des Wisigotbs comme déliniliC, dans la Narbonnaise et le pays de Ruscino, avant l'année 162, où la cité de Narbonne fut livrée au roi Théodoric par le comte gaulois .Vgrippinus, qui remplissait un odice important dans cette ville, peut- être celui de Pirsiiloil de la prcmii'rc Xarbonnaiw^ Le Roussillon lut, sans contredit, un des pays où les Wisigoths s'établirent en plus grand nombre, comme l'ex- plique sa situation entre Toulouse, Narbonne et Barcelone qui lurent tom-à-tour la capitale du royaume jusqu'à ce que le roi .Vllianagiido eut transféré le siège de la monarchie à Tolède, vers le milieu du vi^ siècle. Plus tard, les ravages et les persécutions des Arabes, conquérants de l'Espagne, refoulèrent vers les Pyrénées des bandes nombreuses de Gotbs, qui s'établirent naturellement dans les vallées du ' M.iliiis, c.lironic. :iil aiin. 'iC>i. — l-]i) l" i , IWrvirnif fut soiiinisi' put- Finie, cl SiiliiiiiiK \|)()lliLi.iiis fui envoyé en i'\il dans la ville oque, dans la province de Narbftiine. Quoi (pi'il cii soii. ro nom. qui se monlie pour la pieuiuTc l'ois en 473 ' , sp trouve IJi-esque seul usité dans les quatre siècles suivants. Mais il ne parait pas que les Wisigoths l'aient employé. Pour eux, toute la région dont Nari)onne était le cliel-lieu poli- tique et religieux, s'appelait la Province des Gothsfdans la Gaide^), ou la Province Gaidoise au-delà de CUmsuras'. Tout ce pays formait un Gouvernement (ducatiis), confié à un général (diix), cl subdivisé en cités, administrées, chacune par un Comte. Les comtes Avisigolhs portaient aussi le titre de Jinjes, et avaient sous leur dépendance des Vicarii (Viguiers), qui les représentaient dans les diverses subdivisions des comtés. Il ne s'est conservé, en Roussillon, aucun nom, aucun souvenir qui puisse se rattacher a cette administration de l'époque uisigolhique, et l'on ne sait si le pays de Ruscino formait dès lors un comté particulier, ou si c'était une sim- ple dépendance du gouvernement {dticatus) de Narbonne. Les documents et les auteurs contemporains n'indiquent rien a cet égard; et bien que la Cerdagne eût alors une capi- t(de{capuf)\ il est fort douteux que la résidence du principal administrateur wisigotli en Roussillon ait joui du même titre. On ne saurait, dans tous les cas, en quel lieu établir cette résidence. En effet, ce pays portait sans doute alors le nom de paçins Ilnscinonensis; la ville de liuscino existait toujours, comme l'indique la géographie de l'Anonyme de Ravenne, et comme le prouve bien mieux encore le texte < Vel Gnthis crcdilo, <|ui fîcpcnnmcrn etiam Scpliinaiiiaiii suimi fustidiunt. (Sidonius Apollinaris. Kpist . , lih III , I • Avito.J 2L'cv^qiio UulRaran érril, vers Tan 610, au sujot (IcmIpiix vil lajjos situés iuix l'iivirons de Bé/.iers : <> De loc.i unde inliiiiaslis, JuLiiiiauo vel CoriU'- liano, qua; in provincia Golhorum noscitur Uomiia Uruiii{;ildis possidere...» Kfial. ad lipiscopum Francorum. ^ Ik-bi-œi, (lui Galliw prfivinciir, viddicel utha Clttitsuras, niisrunlur Iialii- lalorcsexistcrc. {Concile de JoUde, de l'an 60-i.) * Cnslrum I.ibv.T, ([und est Cirnlanioc capu». (Julien de Tolède, f)72.) 277 de la division des diocèses wisigotliiqiies ' , dans lequel notre ancien oppidum est évidemment désigné sous le nom de Bosinola, corruption de Rosilona. Mais il n'en est lait aucune mention dans le récit des événements histo- riques, tandis qu'il est plusieurs l'ois question de la ville et de révèché à'Hcleiia, à partir de 571 . Le roi Wamha s'ar- rêta dans cette dernière cité à son retour de l'expédition contre le rebelle Paul , et c'est de là qu'il renvoya ses divers corjjs de trou[)es, avant de rentrer en Espagne. Ces faits et l'existence même du siège épiscopal d'KIne prouvent assez qu'à cette époque, cette ville devait avoir beaucoup plus d'importance que Ruscino, et c'est !à, sans doute, ce qui la tit choisir pour l'établissement de l'évêché. D'un autre côté, Ruscino existant toujours, et les événements des règnes de Charlemagne et de Louis- le-Uébonnaire la désignant, sans contredit, comme le chef-lieu i)olitique du pays de Roussillon, il est naturel de penser qu'il en avait été de même sous la domination des Wisigoths. Voilà les faits, et il serait dilïicile de s'en autoriser |)our attribuer le titre de capitale du Roussillon à Elue plutôt qu'à Ruscino, pendant toute cette période. Les documents de cette époque citent encore, en Rous- sillon ou dans le voisinage, les châteaux pyrénéens de Cau- choUbcri (Collioure), de Vulturaria (OItrérat, de Clnusuras (La Clusa), celui de Libiju , capitale de la Cerdarjne, et, enlin, la Clausura Sordonia, dont il a été déjà longuement question dans la période gallo-romaine. Il faut y ajouter le lieu cVAngera, qui, sous les Wisigoths, marquait l'extrême limite du diocèse d'KIne, au couchant. Malheureusement, ces limites sont fort incertaines , et nous avons déjà ' Caicnsniia hicc ti'iip.il: do Moiik- Riif.» usi|ni' .\ii|[('irini, de Aiigosa usniie Montana, l'.lna liœc loiieal : de Ainjcra iimjiic ttosiiinlain. de l.aliTosa nsqiio Lainusain. Uivisio Lpiscopaluum provinciœ \arbonensis , dum Gothis fiarcbat. (llist. m. Ki'diic , 11, 719.) l.cs liiniti-s |iartiuulii>rvs du diocèse do INarbonnc DP sont pas indiquiTs dans celte di\i!;i()n. 278 exprimé ailleurs ' notre opinion à ce snjel. Les qualre noms cités dans le texte semblent se rapporter aux quatre j)oints cardinaux, mais ils sont extrêmement corrompus, et celui de l'est, Rosinola, est le seul dans lequel on puisse reconnaître avec certitude le nom de Rusitona. Celui du sud, Lamum, semble une coi'ru|)tion de Lauuiga, et mieux Sambuga ou Sainbuca , ancien nom de la rivière de la Muga qui forme, en effet, la limite de l'ancien diocèse d'Elne, vers le haut Yallespir. Le nom de Lalcrosa cor- respond, au nord, à un point de la frontière du Narbon- nais qu'il nous est impossible de déterminer. Quant à celui d'Anr/era, au couchant, nous avions indiqué le lieu d'Ânyer, qui se montre sous les formes iVAgnera, Angerro eiAnger, dans les anciens documents; mais la situation de ce village ne correspond pas exactement aux limites connues du diocèse d'Elne, dans les siècles suivants. On peut donc admettre encore ici une forte altération du texte; et il n'y a plus dans toute cette région, que le lieu des Angles, en Capcir, qui ait pu marquer à cette époque la limite des anciens diocèses d'Elne et de Carcassonne, et dont le nom ait quehpie similitude, si foible qu'elle soit, avec VAngera de la nomenclature wisigothique. Nous venons de signaler tous les noms géographiques du Roussillon, qui nous ont été transmis par les docu- ments de la période Avisigolliique ; mais on en trouve encore quelques autres qui se montrent seulement dans les siècles suivants, et qui pourraient remonter à la même époque. Villa Godorlm. — Il a existé au sud-ouest et à une très- petite distance de Perpignan, une ville dont il ne reste 1 Géographie historique du Confient, dans le X^ Bulletin de la Société dis Pyrénées-Orientales, p. 9'i. 279 plus aujouicrhui que le nom, conservé dans le quartier de Mallolcs, centre d'une population encore importante au x.iii« siècle, et connue primitivement sous le nom de villa Godorum, ou Godore. M. Puiggari a lu villa Gothorum L'd Malleolas, dans un acte de l'an 1)29 (Public, HT, 1). Ce nom est toujours accompagné de celui de Malleolas, qui en usurpe ensuite entièrement la place, vers la fin du xie siècle, selon M. Henry (IlisL de lîouss.,- to. I, p. 4o7). C'est ce nom de villa Gotliorum, ou plutôt villa Godorum, écrit aussi Godore, Godoro et Godor', qui peut seul faire altriliuer à ce village une origine vvisigothique; car les noms gotliiquos des anciens habitants de Malloles , cités par M. Puiggari, se retrouvent à tous les siècles, dans la moindre commune du Roussillon; etf d'un autre côté, les monuments archéologiques qui, selon certaines tradi- tions, provenaient de Malloles, ne peuvent, dans aucun cas, se rapporter avec certitude à l'époque de la domi- nation des Wisigoths. M. Henry n'en a pas moins conjec- turé que « les |)laids des anciens Comtes Colhs, et peut- <( être aussi des premiers Comtes Franks du Roussillon, « se tenaient près de ce bourg, » cl il cite un contrat de vente d'un terrain , situé au territoire de la villa Godo- rum, et confrontant avec le Campus Madii. Nous trou- vons, en effet, en 1565, une pièce de terre «al terme « de Maloles, al loc appelai Camp de Maijg-.» Mais rien n'indiipie, chez les Wisigoths, ces assemblées nationales des peuplades germaniques, où chaque homme libre avait son avis et son vole sur les affaires de tous. Les assem- ï Nous retrouvons ciicon-, en 12G5 cl en I2G0 (Liber feuil , A, fol. ) 17 et Cari, lin Temple, fol. 268) un Chevalier du nom iVArnald de Godor. 2 On acte île 1250 place , dans In ;i«roissc de Perpignan . une partie «lu Camfus de Vadio (Cari. 0i (Ubcr (end., C. fol. :jO),rl celui |up, pendant plus de ciii(|uaMle ans après la rnnijiièle de l'ipiu, l'o pnvs eul encore à suhir «les invasiiins leiribles ; voilà pourtpioi. clans le ix' siècle, il csl dit si sutiveul t|ue les l'ayriis nul ravajje ol détruit les ofîlises, el ipie lis Aliliès ont tiré leuis celluKs (x trcmi vastilale. - Coude, lili. I , cap. Tû . 2H6 graphie d(» ceiti' périodo , dans une enqurte testimoniale faite en 879, pour rétablir des litres perdus. Les témoins y déposent que certains individus avaient vendu (vers l'an 841) aux moines d'Exalada, le villar Pauliannm ou Polia- ntun, dont ils avaient hérité de leurs pères et grands-pères, flls de Mascaran, qui le possédait ' sous le riyne d'Anmar, lorsque Ihin-Aumar rétjissail Aarbonnc. l)om Vaissète et M. de Gazanyola n'ont vu ici qu'un acte l'ait sous le règne d'Omar II, mort le 10 février 720. On sait, en effet, que les historiens arabes rapportent à Tan 7 1 9 la prise de Narbonne, fixée à l'an 721 par tous les chroniqueurs chrétiens. 'Mais l'administration arabenepouvaitpas, dès l'an 7 19, être aussi bien établie à Narbonne que le donnerait à entendre le do- cument en question. Nous le rapporterions plutôt à l'an 754. A cette époque, un certain Amer-boi-Amrou, s'étant révolté contre le vvali d'Espagne, s'empara de tous les pays au nord de l'Èbre, et donna le gouvernement de Saragosse à son fils Wahib. Il avait pu de même donner celui de Narbonne à im autre de ses fils, ce qui expliquerait la formule : Aumar (Amer) régnant, le fils d' Aumar régissant Narbonne. Mais nous attachons peu d'importance à cette question de date; il nous sullit que ce document se rapporte à l'époque de la domination arabe en Roussillon : ce qui ne saurait être mis en doute. Or, nous croyons avoir prouvé ailleurs* que le villar Polianum ou Pauliamim du viii'^ siècle, n'est autre que le lieu de Folianum ou Fauliamim, aujourd'hui appelé Fulhà, dans le Confient. Il en résulte que, |)endant l'occu- pation arabe, les limites de la INarbonnaise comprenaient tout le bassin de la Tet; et, comme les Arabes et les^Visi- goths, leurs prédécesseurs, n'avaient rien innové à cet égard, on doit considérer cette limite comme la seule qui ait été reconnue pour cette province sous la domination romaine. ' lit tcuiierunt ad proprium tempore qno rognavit Aiiinar, Ibinauniar rcjjenlc Nurbona. (Marca, 40.) 2 Journal des Pyrénées-Oritntates , 16, 20, 23 et 27 octobre ^SSS. 28-; LE MARIAGE DE LA VILLAGEOISE, ÉPISODE TRADUIT DU PR.€DWM RUSTICUM DU P. VANIKRE, Par JM. li. FAnnK, rrdfissfur an Ckilléçe de PiTpii;nan, Secri'Uive de la Société. La fille du villa£;c est à peine nubile, Qu'on la voit s'empresser et devenir utile. De sa robuste mère imilant les travaux, Elle aime à manier la serpe et les râteaux. Ni la pourpre ni l'or n'entrent dans sa parure; Point (le cheveux d'emprunt... C'est la simple nature, Sans les dons de Saha, ni de riches atours. Comme elle est femme enfin, à l'âge des amours, Elle veut plaire aussi, mais sans art; une rose Qu'elle cueille en un champ, qui sur son sein repose. Est, aux jours l'ériés, son plus bel ornement. Auprès d'un clair ruisst?au, qui coule lentement, On la voit ajuster sans fard, sans artifice, De ses brillants cheveux le modeste édifice, Qu'embellit de son front la naïve pudeur. Ce n'est point en beauté, c'est en force, en valeur. Qu'elle veut exceller et vaineri' ses compagnes; El bienlùt, ces trésors, qu'admirent les campagnes, Des jeunes villageois attirant tous les yenx, Lui donnent un époux riche et laborieux. De l'hvflien, en effet, quand la puissanle flamme. Soudain d'un chaste amour vient surprendre son âme, Pour l'enginrer, enfin, dans des liens charmants, Dès laube matinale on voit les deux amants. '288 li'àgc à peu près égal cl d'égale tendresse, Accourir dans les champs, transportés d'allégresse. Cherchant à se parler, ou, tandis que leurs mains Du cep avec ardeur détachent les raisins, Ou ([uand l'épi doré tombe sous la faucille. La première au travail, la rude jeune fille Guide les moissonneurs, qu'animent ses discours, Et, malgré leurs efforts, les devance toujours. C'est ainsi qu'elle veut plaire à celui qu'elle aime. De ses tendres regards la poursuivant lui-même, 11 s'applaudit tout bas d'en être devancé. Tantôt, d'un ton qu'il feint de rendre courroucé, Il se plaint des épis, que sur la terre on laisse. C'est afin qu'à sa voix, sa vaillante maîtresse. Tourne soudain vers lui ses yeux avec son cœur. Aux heures du repos, quand chaque moissonneur S'abandonne au sommeil sur l'herbe douce et tendre, Que font nos deux amants? Il faudrait les entendre. Engagés dans le cours d'un aimable entrelien. Parler de leurs projets, des soins qu'exige un bien. Des moyens de tenir, de régler un ménage, De ne point dissiper même un faible héritage. Pour nos deux jeunes gens, enfin, brille le jour. Où leurs parents, instruits, charmés de leur amour. Les croyant dignes, lui, de la vaillante fille, La fille du garçon, consultent la famille. Et bientôt un contrat, qu'on signe avec transport. Des jeunes fiancés fixe à jamais le sort. Pour l'hymen, cependant, tout s'agite et s'apprête : Des villages voisins accourent à la fête, Oncles, cousins, amis, laboureurs, pastoureaux. Apportant aux futurs de rustiques cadeaux. Du jour tant désiré on voit paraître l'aube : Le prêtre impatient, revêtu de son aube. Accuse leur lenteur, debout près de l'autel. Tandis que tous les deux, sur le seuil paternel, 289 Se prosternent aux pieds des auteurs de leur vie. De ce pieux respect, émus, VAme ravie. Ceux-ci, levant vers Dieu, leurs âmes et leurs mains, Conjurent de roncort le Père dos humains De l'aire à cos iMilanls une. htMirciisc existence, Qui soit de leurs vcriiis la digne récompense. On pari... Un rulian liieu, de rose nuancé, Orne le feutre gris du jeune fiancé; Elle, les yeux baissés, des fleurs à la ceinture, Marche timidement, gênée en sa parure. On arrive à l'aiilel, on se met à genoux: Le prèlre bénissant les deux nouveaux époux. Unit, enfin, leurs mains, par le soleil hâlées, Et que n'a pu blanchir l'eau pure des vallées. Quand ils ont bien promis de s'aimer devant Dieu, Les flûtes, les hautbois, la jeunesse du lieu, Les ramènent en corps : ses compagnes, l'épouse, Les garçons, le mari. Sur la verte pelouse, Suivant un vieil usage, en nos climats transmis. Ils font asseoir le couple, étourdi de leurs cris, Sous un orme toufl"u, dont l'immense feuillage. Depuis plus de reni ans protège le village. Aux regards de \i\ foule, en cercle se pressant, L'épouse étend la main, et verse en rougissant, Quehiues grains de blé pur sur la tète inclinée De son heureux époux, (|ui, ITune fascinée. Lui répète tout bas les plus tendres aveux. Puis, timide el tremblante, elle exprime des vœux Pour la prospèi'ilé du nouveau mariage, Et rajiporte un gâteau, symbole du ménage. Parmi la foule, alors, queliiues gens mal appris. Sont prêts à s'égayer sur le sort des maris , Si l'époux, prudemment, avec (|ueli|ue monnaie, Ne romprinu' snuilain leur audace eiïréiu'e. Qui cède t(iiit-;'i-|';iii -i (pieliiues brocs de vin. Mais sur table servi déjà fume un festin. Que n'nni point enrichi les marchés de la ville, 19 290 Sompluciix, lontefois, siicculeiil el facile: Pour la première l'aini, un mouton, un chevreau, Sont, en effet, venus, chacun de son troupeau. La fermière d'ailleurs, pour cette circonstance, Réserva des poulets "gras, de helle apparence; Des chapons bien nourris; de superbes canards, Dont l'aspect aussitôt attire les regards; Et pour rendre complet ce festin délectable, Vers la tin du repas paraissent sur la table. Des figues, des gâteaux, un fromage mollet, Des châtaignes, des noix et quantité de lait. Ces mets ex(|uis, le vin qu'on verse avec largesse, Tous seuls n'excitent pas la commune allégresse; Ce sont des quolibets, des chansons, des bons mots, Des rires éclatants, des verres et des pots, Que l'on casse à dessein, des vers que l'on déclame, En l'honneur de Monsieur el surtout de Madame. Puis, la nappe enlevée, on joue, on court au bal: Ce sont de nouveaux cris, un joyeux bacchanal. Qui troublent le sommeil de tout le voisinage. Le récit qu'on en fait de village en village. Occupe les esprits, qui, pendant plusieurs jours, A la veillée, aux champs, n'ont pas d'autres discours. On souhaite aux époux une longue existence, El d'enfants dignes d'eux une heureuse abondance. »®®B^r— 2'Jl L'AUTISTE RECONNAISSANT, ANECDOTE HISTORIQUE, Par M. I.ovi« Faobe, Professeur au Collège de Perpignan, Secrétaire de la Société. Ce que Paris nomme Champs-Elysées, N'est pas toujours peuplé de hienheureu'x. A rencontrer les preuves sont aisées. Heureusement, quelque cœur généreux S'y trouve encor. Voici ce que naguère Dans un journal je lus aux laits divers: Un beau Monsieur, son épouse et sa mère, Se promenaient sous les ombrages verts Que de ses eaux alimente la Seine. IJe tous côtés il portait son regard, Quand il découvre une bien triste scène: C'est. un pauvre homme, ou plutôt un vieillard. Propre et pourtant annoncanl l'indigence. Un violon, qu'avec peine il raclait, •îetait au vent, implorant l'assistance, Ite maigres sons ipie pas un n'écoulait. A cet aspect, se creusant la mémoire, Le beau Monsieur y cherche un souvenir- Puis, tout-à-coup : C'est à ne p;,s y croire! Uxclame-f-il; et, sans plus rélléchir. Il court au vieux : Ecco mi, mon cher Maître! rtil-il d'abord , c'est moi, c'est Borsari ! Ail, .lacomo! Pourrais-tu méconnaître Celui qui lut Ion élève chéri. Qui lient de toi savoir, gloire, richesse? il 20-2 Premier Dassu délia Scale, à Milan, J'y fais fureur, el la ville ne cesse ■pe m'aiiplatidir, d'exalter mon talenl, Et me voici maiiitenanl en vacances! — Je me souviens, lui répond l'indigent; Tu n'as donc pas trompé mes espérances, Cher Borsari! Des bra\ûs, de l'argent IHeuvenl sur toi!... Cela seul me console De tous les maux que j'ai vus m'assaillir. — Toi, dont jadis le talent lit Ecole, Cher Maestro! Peut-on sauï- tressaillir Te voir ainsi prostituer la gloire? A cet état comment es-tu réduit? Cher Borsari! c'est une triste histoire : Vers l'Orient, par un démon conduit. J'ai parcouru la Grèce et les Cyclades, Accompagné d'un essaim de chanteurs; Mais la plupart, bientùl morts ou malades. Me laissent là , quoique mes débiteurs. Dès cet instant, j'entrevis la misère; Car, je trouvai, pauvre impressario, Ma caisse, hélas! chaque jour plus légère, Pour solde, enfin, n'offrir rien qu'un zéro. Je revenais; le vaisseau lit naufrage; J'eus à courir mille el mille dangers; Mais, Dieu m'aidant, je gagnai le rivage, Avec, je crois, cinq ou six passagers. N'ayant en tout conservé (|ue ma vie. Le même jour, par un destin fatal, Je suis saisi d'une paralysie. Qui me retient six mois à l'hôpital. J'étais guéri; du moins je croyais l'être, Lorsque je fus amené dans Paris Par un Français qui m'avait eu pour maître. Mais de mon sort qui ne serait surpris? Mon protecteur, au bout d'une semaine. Meurt et me laisse à mon malheur livré. Que devenir? Avec bien de la peine Va bien dos pas, j'ôliiis ciiliii enli'ô Dans un Ihéâlro, où j'avais de quoi vivre. Jp respirais et je crus un momeiH Que le malheur cessait de me rf; Mais vain i'S|ii)ir! Une imit ijur ^m. ,, !it, Après souper, je regagnais ma chambre, Le mal aflrcux que j'avais cru chasser Me ressaisit, m'enchaîne chaque membre. A mon Ihéàlre il faillit renoncer; Et depuis lors en proie à la misère. Toutes les fois que mon infirmité Me le permet, ce qui n'arrive guère, Je viens ici, par la faim excité, Gonime lu vois, niendiei' à la ronde. — L'Elève ému fouille dans son gousset; N'y troKv.uil pas une somme assez ronde: — Maiire, dil-il, peux-tu de ton archet Accompagner l'air de la calomnie? — Tant bien que mal; mais je puis le tenter. — Courage donc! Le Dieu de riiarmonie. J'en ai l'espoir, voudra nous assister. — Et le Dasso, d'une voix éclatante, Acceninée et d'un timbre enchanteur, Atla(|U(i l'air. Chaque note vibrante Fait accourir maint et maint auditeur. Auloiir de lui |,i foule croit, s'amasse, Tous les cafés son! soudain désertés; (loupé, calèche, enliii loul ce (|ui passe S'arrête là... Séduits et transportés. De beaux Messieurs en descendent sans cesse. A cet aspect, le vieillard (oui ému A retrouvé sa première soujdesse; A ses trente ans il se croit revenu. Son violon, sous l'archet électrique. Rend de^ accords à pénétrer les conirs. Charmant duo, que rendent plus magique D'un blond soleil les mobiles lueurs. Qui, rayonnant à travers le feuillage. 29i Sur ce taldcau, transportent tous les sens Aux lionls (lu Tibro, liarnioiiioux rivair»'. Où tout t'st beau, soleil, vfi'diiro et chants. Ils ont cessé... L'auililoire immobile Écoute oncor. Il éclate à la lin, El ses bravos vont émouvoir la ville. Notre Basso se découvre et soudain Dans son chapeau lait la quête à la ronde r/était à voir! Dans sa bourse ([ii'il tient lïhacun choisit. Bref, parmi tant de monde, Pas un, je crois, de donner ne s'abstient, Aux mains de tous l'argent, l'or étincelle ; Beaux empereurs, républiques et rois Dans le chapeau s'entassent pèle-mèle; Notre chanteur les en lire à la fois. Alors plus lier (|u'un Manpiis ou qu'un Comte, 11 court au Maître et les lui donne tous. — Tiens, lui dit-il, ce n'est là qu'un à-compte; En attendant viens dîner avec nous! 295 LE DERNIER AMOUR , Par j\]. ilOSEPH ISlRTIill, membre résidant. L'amour, ce séduisant mirage, Qui nous berce aux jours du printemps, Lorsque arrive l'hiver de l'âge. S'envole sur l'aile du temps; Le souvenir de la chaumière Où nous avons reçu le jour. Survit, jusqu'à l'heure dernière. Aux charmes du premier amour. Chacun , aux lieux de sa naissance , Trouve dos siles enchanteurs; Méry célèhre la Provence, Pétrarque, l'Italie en lleurs; A tous les pays, je préfère Le Roussillon, ce beau séjour; C'est celui de ma bonne mère; 11 sera mon dernier amour. 0 Roussillon, terre chérie! Ta mer, les monts, ton ciel d'azur. Ta plaine richcnieul lleurie. Ton climat si doux et si pur; Oui, tout en toi provoque, insiiire Les chants joyeux du troubadour: Tu reçus mon premier sourire. Tu seras mon dernier amour! LISTE DES MEMBRES COMPOSANT LA SOCIETE AGRICOLE. SCIEMIFIQUE ET LITTEHIIRE DES PYRÉIVÊE8-ORIE!VTAIiES. Hemltrcis lionoruircs. 1835. M. Mathieu, C. ^, membre de VInsfitut. 1836. M. GuizoT, C. ^, membre de V Académie française. Uembree* résidants. 1854. M. Abblard, professeur à l'École-Normalc. 1853. M. Alart, secrétaire de rinspertion Académique. 1833. M. Alzine, imprimeur-libraire (/'')'. 1857. M. A.MADIS, professeur au Collège. 1853. M. Argiot (Jacques), homme de lettres. 1855. M. AsTOR, professeur au Collège. 1857. M. AsTORS (François), propriétaire. 1859. M. Auberge (François), médecin principal en retraite. 1853. M. AuDUSso.N (Olivier), propriétaire. 1838. M. AuGÉ, *, capitaine d'artillerie en retraite. 1854. M. AussEL, professeur au Collège. 1846. M. AzÉMAR, propriétaire. 1836. M. Bach, ^ , colonel d'artillerie en retraite. 1857. M. Harberet, inspecteur d'Académie. 1833. M. Batlle, négociant (F). 1855. M. Bédos, avocat. 1833. M. Béguin, directeur de l'École-Normale (F). ' Les roBdateurt de la Société sont désignés par la lettre F, qui est  la suite de leur nom 2;>8 J8Ô8. M. Bensa, clianoine honoraire, pt-ofesseur de |.|,ilo.op|,io el (le (héologie au Grand-Séminaire. 1853. M. Bertkand-Balanda, propriétaire. 1857. M. BOCA.MY, docteur-médecin. 1853. M. BoNAFos, docteur-médecin. 1847. M. BoNNEFOY (de), propriétaire. 1856. M. Boix, maître en pharmacie. 1855. M. BoucABEiLLE, aumônier de l'École-Normale. 1835. M. Bouis, ex-professeur de chimie. 1830. M. Bjiesson, propriétaire. 1833. M. Gaffe, architecte de la ville de Perpignan (F). 1855. M. Galvet, agronome. 1857. M. Cayrol, employé des Gontributions indirectes. 1848. M. Ghapé, lithographe. 1835. M. Gompanvo père, docfenr-médeciji. 1853. M. Gompanyo fils, docleiir-médecin. 1854. M. GoNTE (Félix), propriétaire. 1840. M. GosTA (Léon de), chef de Division -, la Préfecture. 1847. M. GuiLLÉ, directeur de la Ferme-École. 1853. M. Badins (Sauveur), propriétaire. 1855. M. Delhoste, vicaire de la Gathédrale. 1848. M. Després (Antoine), propriétaire. 1854. M. Durand (Justin), «, banquier, député au Gornc. Législatif. 1850. M. Escallar (d'), propriétaire. 1841. M. Eychenne aîné, propriétaire. 1849. M. Fabre, proiesseur au Gollége. 1833. M. Fauvelle, sondeur (F). 1857. M. Ferrer (Léon), pharmacien. 1854. M. Fines, chanoine titulaire du diocèse, supérieur du Grand-Séminaire. 1857. M. Flotte (de), directeur du Haras. 1853. M. Garrette, banquier. 18i8. M. GouELL, docteur-médecin. 299 1859. M. Granier de Gassagnac, chanoine honoraire, priaciie Section. — Sciences physiques et naturelles. Sn-e Section. — Belles-Lettres et Archéologie. 4™e Section. — Industrie, Commerce et Beaux-Arts. Membres eorrcspontlantM. 1830. M""' Lafabrégie, naturaliste, à Lyon. 1839. M-ne Tastu (Amable), à Paris. 1839. M'-" ViEN (Céleste), à Paris. 1840. M™« Faure (Anaïs), née Biu, à Limoux. 1842. M'i" Favifr (Eulalie), à Marseille. 1833. .M. Armon VILLE, secrétaire du Conservatoire des Arts et Métiers, à Paris. — M. Arvers, -ijv, ancien pharmacien militaire, à Perpignan. — M. Bastard, docl.-médecin, à Châlonnes (Maine-et-Loire). — M. Roi'RKK, géologue, à Paris. — M. CuAi'SAL, prêtre, à 111e (Pyrénées-Orientales). — M. Christol (Jul. de), professeur d'histoire naturelle, à Montpellier. — M. Des Moulins (Charles), membre de plusieurs sociétés .savantes, à Lanqnais. 302 1833. M. Denis de Saint-Antoine, ijrésiilenl des relations inté- rieures do la Société de CiviUsatmi, à Paris. M. DiAs DE Morales, ancien député aux Corli's,àMarseille. — M. Ferrus, ancien principal du Collège de Perpignan (F). — M. Fraisse, de Perpignan, direct, des postes, à Cette (F). — M. GoiJGET, chirurgien-major au 47» de Ligne. — M. Ivan (Michel), docteur-médecin, à Digne. — M. JuLiA, de Perpignan, profess. de langues, à Alger (F). — M. Marcel de Serres, prof, de géologie, à Montpellier. — M. SiAU, de Perpignan, ingénieur en chef des Ponts-et- Chaussées en retraite, à Bordeaux. — M. TouRNAL, géologue, à Narbonne. — M. Vène, ingénieur des mines, à Toulouse. 1834. M. BoiSGiRAUD, professeur de chimie, à Toulouse. — M. César-Moreau , directeur fondateur de la Société fran- çaise de Statistique, à Paris. — M. Gros, avocat, à Carcassonne. — M. Delestre, président de VAthénée Impérial, à Paris. — M. DupuY, *, colonel d'état-major on retraite, à Toulouse. M. Godde de Liancourt, président de la Société universelle de Civilisation, à Paris. — M. IzERN , de Perpignan , membre de plusieurs sociétés savantes , à Paris. — M. PcjADE, *, docteur-médecin, à Âmélie-les-Bains. — M. Poulain, chirurgien en chef. — M. Salin, contrôleur do la monnaie des médailles, à Paris. — M. Xatart, pharmacien, ;\ Prals-de-Mollo. 1835. M. ÂRAGO (Etienne), de Perpignan, homme de lettres. — M. Chenu, chirurgien-major au 12« Chasseurs. — M. Combes, docteur-médecin, à Toulouse. — M. Enselv, docteur-médecin, à Castolnaudary. — M. Gallay, * , do Perpignan , professeur de cor à VÉcole Impériale de Musique, à Paris. — M. Gallv-Cazalat, professeur de physique, h Versailles. 303 18*35. M. GuiNARD ;iîiié, pliorniai-ioii, h liordeaux. — M. GiiiTER, d»^ Perpignan , ancien notaire. — M. GuvoT DE Fére , secrélairo perpétuel de la Société d'Eneouragetnent, à Paris. — M. Itier, naturaliste, directeur des douanes, à Montpellier. — M. Lecoq, professeur de botanique, à Glei'raont-Ferrand. — M. Leucotte, capitaine d'état-major, à Paris. — M. Maurin (Antoine), de Perpii^nan, litho^fi'ajdie, à Paris. — M. Maurin (Laurent), de Perpignan, lilliograplie, à Paris. — M. Michel, capitaine au 17e je Ligne. — M. RiGAUD (Esprit), de Perpignan, avocat à la Cour de Cassation, à Paris. — M. RiBEs, de Perpignan, professeur à la Faculté de Méde- cine de Montpellier. — M. Sarrus, doyen de la Faculté desSciences de Strasbourg. 1836. M. Aleron, naturaliste, à Perpignan. — M. Breghotdu Lut, conseiller à la Cour Impériale deLyon, membre de V Académie Impériale de la même ville. — M. Cachelièvue, ingénieur des mines. — M. Calmètes, *, de Perpignan, conseiller à la Cour de Cassation , à Paris. — M. Chevrolat (Auguste), membre de la Société Entomo- logique de France, à Paris. — M. CoRNUo, cliirurgien-major au 85« de Ligne. — M. Delocre, docteur-médecin, à Lyon. — M. Denizart-Hurtzel , propriétaire, à Lille. — M. Duffourc, *, colonel du génie. — M. JuLiA, de Perpignan, capitaine d'artillerie, -h Alger. — M. Lacroix, ifi?. de Perpign;ni, oonseillor à la Cour Im- périale do Moiilpellier. — M. Llanta, de Perpignan, lithographe, à Paris. — M. Merch, trésorier de la Société Linéenne de Lvon. — M. MuLZANT, professeur d'entomologie au Lycée et à la Faculté des Sciences de Lvdii. 304 1830. M. Parés (Théodore), 0. Si; , de Perpignan, ancien pro- cureur-général, à Montpellier. — M. Pkuicaud, bibliothécaire de la ville de Lyon, membre de Y Académie Impériale de la même ville. — M. RouFFiA (Côme), maître de pension, à Millas. — M. Thurbert, ingénieur des mines. — M. Walter, ingénieur civil, professeur à VÉcole des Arts et Mamifartiires, à Paris. 1837. M. Barrau, homme de lettres, à Toulouse. — M. BoLUix, de Perpignan, capitaine de frégate, à Toulon. — M. Jasmin, homme de lettres, à Agen. — M. Mercadier aîné, lithographe, à Toulouse. — M. Reboul, homme de lettres, à Nîmes. 1838. M. Bonafos, docteur-médecin, à Sigean. — M. DuROSOY, inspecteur des mines. — M. DuviGNAU, homme de lettres, à Agen. — M. Grenier, docteur-médecin, professeur d'histoire natu- relle, à Besançon. — M. Vaillant, dessinateur, attaché au Muséum d'Histoire naturelle, à Paris. 1839. M. Brochier, capitaine du génie, à Paris. — M. Cadilhac (Désiré), à Puisségur, près Béziers. — M. CouBART d'Aulnay, membre de Y Athénée des Arts, à Paris. — M. Du Mége (Alexandre), secrétaire-général de la Société Archéologique du Midi, h Toulouse. — M. MiCHAUT, naturaliste, capitaine au 10« de Ligne. — M. Terrevert, naturaliste, à Lyon. 1840. M. Arago (Alfred), sous-inspecteur des Beaux-Arts, à Paris. — M. JouLiA (Henri), maître de pension. — M. Monzic-Lasserue, doct. -médecin, à Ceux (Dordogne). 1841. M. François, ingénieur des mines. — M. Fontan, docteur-médecin. 305 1841. M. Moquin-Tandon, naluralisle, à Toiilouso. — M. Vienne, bibliothécaire de la ville de Toulon. 1842. M. Benêt de Peratjd, docteur-médecin, à Paris. — M. Gellé, professeur h l'École Vétérinaire de Toulouse. — M. Godard, naturaliste, capitaine adjudant-major au 67^ de Ligne. — M. L.\UGiER, attaché à l'Observatoire de Paris. — M. Petit, directeur de l'Observatoire de Toulouse. — M. PoNCY, ouvrier maçon, homme de lettres, à Toulon. — M. Selva (Prosper), *, de Perpignan, capitaine de vaisseau, à Paris. 1843. M. D'Ombre-Firmas, d'Alais. — M. Pagès-Roudière, docteur-médecin, à Perpignan. — M. PA.SSAMA, ih, de Perpignan, capitaine de frégate. — M. Massot-Retoier, *, de Perpignan, procureur-général à la Cour Impériale de Rouen. — M. SoLLiERS (Félix), homme de lettres, à Paris. '1844. M. Rouis fils, de Perpignan, professeur de rliimie , à Paris. — M. Didier (Petit), de Lyon. — M. Perev (Alexis), professeur de mathématiques, à Dijon. — M. Robinet, membre de V Académie Impériale de Médecine. 1847. M. Ivat, avocat à la Cour Impériale de Paris. — M. Renard de Saint-Malo, de Perpignan, avocat à la Cour de Cassation, à Paris. 1848. M. Laurence, principal du Collège, à Mont-de-Marsan. — M. Lefranc, homme de lettres, à Paris. — M. Perris (Kdouard), naturaliste, à Mont-de-Marsan. — M. Reboud, docteur-médecin, aide-major (Algérie). 1849. M. AuTiiEMAN, économe des hospices, à Lisle-sur-Sor^ne (Var). — M. CAucnois-FERR.vND, officier d'état-major. — M. Pietta (Lucien), à Montesquieu, près Toulouse. — M. Tastu (Emile), de Perpignan, avocat, h Montpellier. 20 300 1851. M. Gaubill, cuiiitaine en reliaile. 1853. M. Collet, professeur au Collège de Caslelnaadary. — M. Fauke, docteur-médecin, en Algérie. — M. Maniel (Jacques), de Perpignan, iugénieur en chef des chemins de fer du Nord. 1854. M. Bataille, procureur impérial, à Limoux. — M. Bonnet (Edmond), ingénieur civil. — M. Carvallo (Jules), ingénieur civil, membre fondateur de Ylnstitiit arcliéokgique et historique du Limousin. — M. Denjean, professeur au Collège de Lodève. — M. Maurice, agent-voyer en chef du département de Loir- et-Cher. — M. Thevenin, procureur impérial, à Auch. 1855. M. Barthélémy (de), ancien conseiller de préfecture. — M. Barthélémy (A'« de), sous-préfet, à Béfort. — M. Calisti, inspecteur d'Académie, à Foix. — M. CoRTiE, professeur au Collège de Castelnaudarj-. — M. Chaurand de Malarce, homme de lettres, à Blois. — M. Crova père, professeur éniérite, à Perpignan. — M. Crova lils, professeur de chimie et de physique, à Metz. — M. GuiGON, professeur de mathématiques, à Baslia. M. Jubinal, ancien inspecteur d'Académie. — M. Paris (Louis). — M. SouBEYRAN (Paul de), préfet, à Blois. — M. Soultrait (Georges de), ancien sous-préfet, à Castel- Sarrasin. 1856. M. Mercader (Ernest), docteur-médecin, à La Magistral (Tarn-et-Garonne). 1857. M. Soubeyr^vn (Léon), pharmacien, à Paris. 1858. M. Caralp (Raymond), directeur des cultures du péni- tencier de Marseille. — M. Ghambeu (l'abbé). — M. LouRDOUix (Paul de), à Paris. 307 1859. M. Dabaux, prélet, à Carcassonne. — M. Dardé, avoué, à Carcassonne. — M. Denille, directeur de la Ferme-École de l'Aude. — M. Desalle, agent-voyer en chef du départem' de l'Aude. — M. Courrier de Fraissé, à Cabardès (Aude). — M. Guilhaume, ingénieur en chef des chemins de fer de Toulon à Marseille. — M. GuiTER, lieutenant d'infanterie, en Afrique. — M. JoNQUET, docteur-médecin, aide-major au 2« régiment du Génie, à Montpellier. — M. Lespiau (Henri), •$(, docteur-médecin, aide-major militaire de première classe. — M. Maraval, vice-président de la Société d'Agriculture de l'Aude. — M. Mares (Henri), membre de la Société d'Agrix^ulture de l'Hérault. — M. Pellet (Pierre), naturaliste, à Béziers. — M. Portal de Moux, propriétaire, à Carcassonne. — M. Rendu (Victor), inspecteur-général de l'Agriculture. — M. Roques-Salvaza, député de l'Aude. — M. Salaman, notaire, à Carcassonne. — M. Talrich (Jules), artiste préparateur d'analomie en cire, à Paris. — M. Valayer, propriétaire, à Avignon. 1860. M. Aragon (Victor), i^, président de chambre à la Cour Impériale de Montpellier. CorreitpontlaniN étrangfcrs. 1833. M. RiBELL, *, docteur-médecin, à Barcelone. — M. Llobet, géologue, à Barcelone. — M. Ladron de Guerrera, chanoine et curé d" Retirn, ;i Madrid. :'.o6 iaijû. .M. LOUKNZO DE lÎKllKCILLA, ll(illinit> (Ic It'llies, il MliJliil. — }i\. Francisco Vkka, liouinio de lellrcs, ;i Madrid. — M. AcEVEDO, hoiiinie do lettres, à Madrid. M. LoRENZo Abat, homme de lellrcs, à Madrid. — M. Mahiano de Sans, naturalisle, à Barcelone. — M. Rouiu, professeur de chimie, à Barcelone. — M. Garnier, membre do l'Université, à Madrid. M. Raull, avocat, à Barcelone. — M. Bastuc, censeur royal, à Barcelone. 1842. M. Luis Balagué, membre de la Société Philomuthique , à Barcelone. 1847. M. le marquis de Belpuig, duc de Savella, à Palma (Iles Baléares). — M. Jo.\cHiM Maria Bover de Bossello, à l'aima (lies Baléares). — M. Nicolas Brozedo y Zafortera , à Palma ( lies Ba- léares). — M. Jules de Gabarrus, consul de France, à Palma (Iles Baléares). — M. Basilio Sebastiaî iTroyes. {sociéléd'Agric, Arts et Belles-Lettres.' I Société d'Agriculture. CarcaSsonne. \comice Agricole. Limoux. Aude Isociélé des Arts et Sciences. Carcassonne. 1 Comice Agricole de l'arrondissement de \ flarbonne. Nai'bonne. Ariége Société Agricole et Littéraire. Foix. Aveyrou Société d'Agriculture. Rodes. (Société d'Horticulture. [société de Statisliqut „ , 1 ni. 1 Académie des Sciences. /Marspillp Bouches-du-Rhone .< . /Marseille. jsociété de Pharmacie. \ Revue Jlorticole des Bouches-du-Rhône. j ^ (rédacteur.) Drôme Société d'Agriculture. Valence. Société Yétérinaire des départements du\ Calvados et de la lilanche. I , , ,, >Bayeux. Société d'.\griculture, Sciences et ikUes-i Lettres. j Calvados isociété d'Agriculture et du Commerce. \ \Académie des Sciences, Arts et BellesACaen. Lettres. j Société Académique , Agricole , Indus- trielle et d'Instruction. Falaise. 311 Cantal Propagateur Agricole M, eic.jrédacteur). Aurillac. Charente Société d'Agriculture, Arts et Commerce. Angoulènic. /Société des Sciences, Arts et llelles- Charente-Inférieure.' Lettres. Rochefort. {Athénée de la Charente-Inférieure. Beauvais. Cher Société Agricole du Cher. Bourges. (Académie Impériale des Sciences et Arts. Cote-d'Or . Société d'IIorticultnre et d'Arboriculture Dijon. Doubs Besançon. Société des Sciences Naturelles et Ar- chéologiques. Guéret. (Société d'Émulation . KSociélé d'Agriculture. Drônie Société de Statistique , des Arts et des Sciences. Valence. Eure Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres. Évreux. Gard. Nîmes. Garonne (Haute-) (Académie des Sciences, etc. ^Société d'Agriculture. Académie des Jeux-Ploreaux. Académie des Sciences et Belles-Lettres. Société Archéologique du Midi. Société d'Agriculture. Journal d'Agriculture jiratique et rf'K-\Toulouse. cnnomie rurale pour le .1/irfi de lai France, publié par les Sociétés d'A-} griculture de la Haute-Garonne et de | firiégc. Gers, Société Agricole. Reuue Agricole el Horticole (rcdaclenr) nr)j Auch. 312 ! Académie Impériale des Sciences, BeUes-\ Lettres et Arts. Sociité Linnéenne. . ■:..•.. ■ ,. /Bordeaus. Socielt d llorlicullurc. Société d'Agriculture. \Société de Médecine. Société Archéologique. ^Société d''Agriculture. [Montpellier. louttcit^ i* .11/1 ((/UiKt; c. V'^ Hérault ■{ . , , .,.,•! 1 \ iLe Messager agricole du Mtdi (rsdacleur). ' \Sociéié Archéologique. Béziers. Indre Société d'Agriculture. Chdteauroux. ladre-et-Loire Société Médicale. Tours. i Société d'.igricutlurc. Académie Delphinale. Société de Statistique des Sciences «a-f ^ ■ ■ turelles. Sud-Est. Journal agricole et horticole] \ (rédacteur). Jura Société d'Émulation. Lons-le-Saulnier. Landes.. Société d' Agriculture. Mont-de- Marsan. Loir-et-Cher Société d'' Agriculture. Blois. Loire Société d'Agriculture. Mont-Brison. Loire (Haute-) Société des Sciences et d'.igriculture. Le Puy. Loire-Inférieure.... Académie. Nantes. Loiret Société d'Horticulture. Orléans. Lot Société Agricole et hidustrielle. Cahors. Lot-et-Garonne. . . . Société d'Agriculture et Arts. Agen. Lozère. , . , , . Société Agricole, Scientif. et Littéraire. Mende. 313 Maine-et-Loire. ! Société d' Agriculture , Sciences et Arts. Société Industrielle. Société Académique. Manche Société Académique. Marae. . (Académie Impériale. {Société d'Agriculture. Meurlhe. (Société des Sciences, Lettres et Arts. Société Centrale d'Agriculture. i ,. ,, (Société d'Histoire Naturelle. Moselis ] [Académie Impériale. Angers. Cherbourg. Châlons. Nancy. Metz. Valencieunes. Nord. Société d'Agriculture. Société d'Agriculture, Sciences et Arts. Douai. Société d'Émulation. Cambrai Académie yalionalc Agricole, Manufac- turière, etc. Société des Sciences , de V Agriculture et des Arts. \Lillc. Comice Agricole. Comice Agricole de l'arrondissement de Lille. Oise Société d'Agriculture Pas-de-Calais. Compiègne. Académie des Sciences. \ Société Centrale d'Agriculture du /•as-5.\rras. de-Calais. 1 Société des Sciences et Iklles- Lettres. \ ISociélé d'Agriculture de l' arrondisse- Soulof^nc. \ ment de Boulogne. Rhin (Haut-) ^Société d' Agriculture. {société Industrielle. Colmar. Mulhouse. 314 i Académie des Sciences. Société des Sciences l'hjsiques , .V«f«- ,„,^,„o relies, d\igricuUure et d' Industrie }^L^on. I Société Impériale d'Agriculture et d'nor- \ liculture pralique. Sarlhe Société d'Agriculture , Sciences, Com- merce et Arts. Le Mans. Académie y'alionale Agricole, }Ianufac- turière et Commerciale, icadémie des Arts. Société Centrale d'Agriculture. Société pour l' Itutruetion élémentaire. Société de Statistique universelle. Société d'Encouragement p. C Industrie. Cercle Agricole. \société de la Morale chrétienne. Annales administratives et scientifiques d'Agriculture française. Cercle Historique. Institut Impérial de France. Société Protectrice des Animaux. Tribune des Linguistes, Philosophie des Langues. L^ Appiculteur , Journal des Cultivate^irs d'Abeilles (riidacteur). Moniteur des Comices et des Cultivateurs (rédacteur). I Cercle de laPresse sci(;n(t^Aniiens. Société d'Horticulture. > Tarn Société Littéraire et Scientifique. Castres. ! Société des Sciences. Société d' Agriculture et du Commerce. Société Scientifique et Arcliéologique. Dragtiignan. Bulletin trimestriel du Comice Agricole de l'arrondissement de Toulon. Toulon. Vancluse Société d'Agriculture et d'Horticulture. Avignon. Vienne Société d'Agriculture Poitiers. i Société d' Agriculture , des Sciences et\ Arts. ! Limoges. L'Agriculteur du Centre. ' Vosges Société d'Émulation. Epinal. Yonne Société Archéologigue. Sens. (Toulon. e.) Algérie RuUetin de la Société d'Àgriculturt d'Alger. 31<) Sorlctés Étrangères. Aiiyli-terrc Àcadtmie Brilanniqué. Londres. Itfigique Société Archéologique de Bruxelles. Bruxelles. ICI Propagadnr de la l.iberlud. Barcelone. Espagne Uo Granja fRevista) . Figuèns. Hollande Académie Royale des Sciences. Anistordam. fortugal 0. Archiva Rural. Jornal de Agricul- tura, Arles et Seiencias (rédacteur). Lisbonne. R"ssie Société Impériale d'Agriculture. Moscou. FIN. :)!' TABLE DES MATIÈRES. Pages. Séanre publique du I" août 1838 ix Séance pul>li({ue du 51 juillet 1859 xvi Epigrapliie roussillonnaisc (Suite), par M. de Bonnefoy < Géographie historique des Pyrénées-Orientales, par M. Alart 67 Période gallo-romaine 67 Montagnes , caps et fleuves 80 Noms do peuples et limites 92 Péiioile u isigothiquf 273 Doniinaliou arabe 282 La voie romaine de Pancien Roussillon, par M. Alart iôi Ephéniérides de PHopital Saint-Jean et de l'Hospice de la Miséri- corde de Perpignan , par M. Sirveii 195 Des fièvres de marais, par M. Auberge 209 Des rai'cs perfectionnées dans le département des Pyrénées-Orien- tales , par M. iMalègue 245 {{apport sur l'industrie sériciole du département des Pyrénées- Orientales en 1859, par M. Siau 257 Rapport sur ii's inoduits cnvovés par la Société au Concours de Carcassoniic , en mai -(859 , et sur la culture des artichauts, par M. Siau 267 318 Le Mariage de la Villajjeoisc , épisode traduit du Prœdium Ruslicum Page> du P. Vanicre , par M. Faire 287 L'artiste reconnaissant, anecdote historique, par M. Fabre 29^ Le Dernier amour, par M. Sirven 29d Liste des Membres composant la Société 297 Liste des Sociétés correspondantes 340 FIN DE L\ TABLE. i r" SOOIÉTÉ AGRICOLE, SCIENTIFIÔlE ET LITTÉRAIRE I DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. TBElZlKnB VOIilinB. PERPIGNAN. IMPRIMERIE J)E.I.-Ji. M./.INE. Rue (les Trois-Uois, I . /cSY> M^f. 2 V ■ - -' p ^ SOCIETE DES PYUENEES-OUIENTALES. XIII. La Sociélé ireulond approuver ni improuvor les opinions éniisos dans les travanx (jn'ellc pulilie : elles appartiennent à leurs auteurs qui en sont seuls garants. Les lettres, mémoires, etc., etc., doivent être adressés (franc de port) à M. Louis FAuaf;, Secrétaire de la Société, rue Traversière-de-l'Ange, 4; et les olijels d'histoire naturelle à M. CoMPANvo, Conservateur du Cabinet, place Laborie, 5, à Perpignan. APICOLE, SCIENTIFIODE ET LITTÉRAIRE DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. TREIZIEME VOLUME. l'aisons tous nos cll'orls pour qu'an jiuissc i!irfi un jour : Il y fui il Perpignan une socirl.'- d'hommi's à hiienlions géni-reuses, dont les travaux lurent utiles à leur pays. (JAiiiEnr HE Réart, I" Bulletin, p. 4 ) PERPIGNA.N. IMPRIMERIE DE J. B. AL2INE , RUE DES TROIS-ROIS, I. iHo:t. .^^.V;#f GCCÎIÉTS AGRICOLE, SCIENTIFIQUE 8: LITTÉRAIRE DES rYni:\ÉES-onii:i\TALES. COMPOSITION DU BUREAU POUR LES ANNEES 1861. 1862. Président : M. I.I.ULBI'S (Aicistk), rnsidenl : M. LLOUlil'S (Aigiste), ifif, banquier, ancien maire delà ;!^, l)an(|ni(T, ancien maire de la \ille, membre dn (Innsfil-fiénérai ville, membre dn (!!onseil-(ii'ni'ral d'Auricnllure et dn (lonscil-déné- d' \i;rioiillnre et du Conseil-Géné- ral du dé|)ar(emenl. rai du département. Vice-I'rrsideiit : M. Compa>\(), |ière, lice-Z'n-'sii/eii/ .- M. Companyo, père, doelenr-médeein, (•nnser\alenr du diirtiiir-méilecin, ronservnleur du Cabinet d'iiisloire nainrdie. Cabir.et d'iiislnire naturelle. Sccrctaire ■ M. Fabiik ( l.nuis ), ]iro- Sccrélaire : M. Fabhe (Louis), pro- fesseur de Iroisièmc et de commerce fesseurde lroisi(?mcetde commerce au Collège. au Collège, Vicc-Secrtldire : M. Aiaut, arrliivisle Virc-Scrilairc : M. Ai.aiit, arcliivislc du département. du deparlement. Tr.sorier : M.Siai (Antoine), négo- Trisniier : M. Siai (Antoine), négo- ciant, ciant. Archivisie : M. l'abbé DiirinsTi , vi- Arcliivifle : M. l'abbé Deliioste, vi- caire à la eatbédrale. caire à la cathédrale. COMITE DE REDACTION : 1861. 1862. M. l'ablié FiNFS, cii.inoine, supérieur 1\I. l'abbé 1"im s, cIkiikmeic, supérieur du (irand-Si'minaire. du (Jrand-Séniinaire. M l'abbé |{|;\SA, clianoine honoraire, 'S], l'abbé Iîknsa, chanoine lionorairp, pidf. de pliiloMiphie et de lliécilugie prof, de philosophie et de llieolugiu au firand-Séniinaire de Perpignan. au tîrand-Séminaire de Perpignan. Wmm DKS TUAVAUX DE LA SOCIÉTÉ, DEPUIS LE MOIS b'OCTOHRE IS59 JL'SOIAI ôl DÉCEMBRE iSf.2, l'ai M. FABRE, scrnUiiin-. Avant riiislitiilioii des concours rcgionnnx , ninliirô les nonild'Ciix et rapides uioumis do coniiininication , les difl'érentes provinces dont se compose aiijoiird'liiii la France, étaient en (iiichpic snrie ('trangèrcs les unes aux autres, surtout sous le rap|)ort des i)ro(luclions agricoles. La plupart des hahitanls dune contrée étaient bien loin de connaître toutes les ressources des contrées voisines. Quehpics-uns niènie ignoraient les richesses de leur propre pays. Tout est bien changé depuis (pie cluuiue région, chaiiue déparlenient di' lenipire français, peut exposer aux regards de toute la Fiance, et pour ainsi dire du inonde entier, tout ce qu'il recèle dans son sein. Depuis la publication de noire douzième bulletin, uni! de ces utiles et iin|torlantes solennités a eu lieu à l'erpi- gnan. Toute la région dont lait partie notre beau dé|iar- teinenl a 6u'' invitée ii prendre [)arl a celte exposition des produits de l'agriculture, des arts et de rindiistrie. On s'est rendu de tous C(">tés ii cet a|)pel. On a admiré, dans le local de la llalle-au-Blé, une inlinité de cliefs- d'd'uvre de peinture et de sculpture (pic possède notre (b'partement , et dont la plupart ('taient ignorés et en (pielijue s(»rle enfouis. On a admiré, près de la porte Notre-Dame, notre Palais de l'Industrie, et nos produits indigènes rivalisant a\ec les produits étrangers, Tempor- tant mémo quoI(|iiet'(tis sur eii\ ; mais, ce (jiii surtout a excité la siirprisi' cl l'ontliousinsme des visiteurs eiiaii- gei'S, c'est notre nia!^nili(iue pioincnade des platanes, ces arbres géants, dont la cime se perd dans les nues, c'est ce dôme de verdure, iuterce|»iant les rayons du soleil, et figurant aux regards étonnés la voûte d'une immense et majestueuse l)asili(iue; ce sont ces longues files d'animaux utiles, amenés de nos trois arrondisse- ments, et surpassant |>ar leur nomhre, (pnMtpiefois par leur taille el leur beauté, eeii\ cpi'on avait vu figurer dans les expositions voisines. Kiilin, ec (pii a mis le comble ;i radiiiiralion des élrangers, ce sont ces nom- breux, ces incomi)aral)les écliantillons de nos produits maraiebcrs, qui dt'sormais assurent à notre dé|)artement le nom de .Ictrdin de la France. Kt , cependant, il faut bien l'avouer, tous nos liorticniteurs n'ont pas, en cette circonstance, déployé le même /Me. Un grand nombre n"onl pas répondu ii linviialiim (|ui leur a été adressée. Esp(''rons que celle pri'miéi(> liMe régionale aura déjà éveillé l'émulation des plus indillérents; (|ue pas un ne man- quera au rende/.-vous (jui leur est assigné dans dix ans, cl (pTcn 18Tti, la l'rance el l'I^u'opc entière apprécieront, comme il le mérite, noire beau Uotissillon. A|)rcs avoir consacre ces (picbpies lignes à notre concours régional, el avant d(> donner un aperçu des travaux agricoles, scientiliciues et lilti'raires que renlérme ce bulletin, nous paycMuns, comme d'ordinaire, le juste tribut de nos regrcls ii la im-mniic des mcndircs dont la Société déplore la perle toute récenle. Kll<' s'est vu en- lever, depuis l(S,')î>, .M. I.acombe .Saint-.Micbcl , ancien maire de Perpignan, dont le noble caractère riMulil, dans (les circonstances difiiciles, iremiiieMls ser\i((s ii la ciié-; M. IlippiiJUc l'iias, iiieinbre de l'Assemblée Coustiluanle en 18i j)ar M. André Leroy, d'Angers, sur un nouveau procédt' de bouturage de la vigne, qui parait avoir été mis en pratlipie, pour la pre- mière l'ois, par un vigneron des environs de Samnur. Ce 11 procL'ilo consisle à enlever coniplétemenl l'écorce ii la base des crosselles, sur une longueur de 20 à 50 cenli- nù'lres, selon la distance des yeux ou la dimension des mérythaUes, etc. » A. la lecture de cette notice, M. Siau ajoiile : « (le mode de bouturage est depuis longtemps connu dans notre département. Il a été particulièrement mis en prali(|ue par des viticulteurs d'Kstagel. « M. Philippe Boluix, juge au tribunal de Perpignan, a essavé ce bouturage, il y a cinq ans, et les résultats ont été entièrement eonrormes à ceux (pie signale M. l.eroy. « M. Sylvestre Vilallongue a enjployé ce même procédé en décembre dernier, sur une |)lanlation de (pialre hec- tares de vigne. Il se propose de soumettre cette expé- rience h l'examen d'une commissi(m nommée par notre Société. » Communication : 1" D'une lettre [lar laipielle M. Péri- dier, de S:iiiii-Laurent-de-la-Salanque, adresse à M. le Président de la Société (piehiues échantillons de vin de la plaine, avec prière de les soumettre à l'appréciation de la Société. Ces échantillons sont envoyés à une com- mission composée de .MM. Carlioneil et Reynès-Audusson. 2° D'une lettre de M. le Préfet, annonc^anl cpie l'adresse présentée par la Société Agricole, Scientiliipie et l.itti'- raire des Pyrénées-Orientales, à l'occasion du programme impérial du 5 janvier dernier, a élé mise sous les yeux de S. M. rKm|)ereur, (pii en a pris connaissance avec intérêt. 5" D'une lettre de M. L Coule, d'Kstagel, conçue en CCS ternies: « .l'iii riionuciu' de \oiis envoyer une notice sur la maladie de la vigne. Si vous y trouvez tpielipie chose de bon, er de la iiroposilion de M. Ronllia, une connnis- sion compos('o de MM. ('.onq)anvn, père, Sian et Victor Rallie, maire de Cabestanx. 16 Séance du 15 Janvier 'fS62. — Sur la proposition de M. le Président, la Société décide qu'a l'occasion du Concours régional, elle décernera des récompenses aux serviteurs ruraux les plus méritants. Séance du 23 Avril 1862. — M. le Président comnmnique la liste des personnes qui se sont présentées afin d'obte- nir des récompenses pour services ruraux. Les plus mé- ritants, d'après l'avis unanime de la Société, sont: 1'^ Hohor, Isidore, depuis soixante-dix ans au service de M. Fabre, ju'opriétaire, domicilié à Saborre; 2» Haynal, Jean, depuis cinquante-sept ans au service de iM. de Selva; 5'^ Bacliès, François, berger, depuis (piarante-neui" ans au service de M. Keste, Josepb, maire de la commune de L'A Ibère; 4o Large, Pierre, berger, depuis quarante-quatre ans au service de M. Jonquères, François, propriétaire, domi- cilié à Vilellongue-de-la-Salanque; 5° lîoscb, André, depuis vingt-sept ans au service de M. Bonalbs, d'Ille; 6° Polmade, François, depuis vingt-quatre ans au ser- vice de M. Numa Lloubes, dans son domaine de Bagës; 7° Malis, Jacques, depuis vingt-quatre ans au service de M. Assisclc Jonquères, maire de Cornoilla-del-Yercol ; 8" Brousse , François , depuis vingt ans au service de M. Passama, docteur en médecine. Séance du U Juin 4862. — M. le Président fait part à la Société d'une lettre, dans laquelle M. Becb, propriétaire, à Argelès-sur-Mer, expose les lieuroux résultats obtenus sur un terrain inculte par une plantation de micocouliers. 11 espère que la publication de ce fait contribuera à jeter quelque clarté sur les moyens à prendre, pour augmenter dans notre département le revenu des terres. SCIENCES, ARTS ET INDUSTRIE. Séance du 30 Movembre 18o9. — Coiniminicatioii d'une lellrc (le M. Fossaty, annonçaiil (lu'il a iiili'odiiit des amélioralions iiiiporlanles dans la ral)i'iealiûii du olioculat, 01 inventé une spécialité qu'il nomme chocolat analeptique et rafraîchissant, composé de cacao et de pistaches, par des procédés (jui lui sont propres, «puisqu'il est, dit-il, le seul qui le lal)ii(pie en France.» Il prie, en même temps, la Société de nonnner une commission pour exa- miner et apprécier ses produits. La Société, se rendant au\ vo'ux de M. Fossaty, nomme pour faire l'essai de son chocolat, une commission composée de MM. Siau, l'ahhé Delhoste, Boix et Vilallongue. Séance du 2/ Décembre 1859. — M. (^ourtais, instituteur communal à Port-Vendres, ouvre cette séance par la lec- ture de quelques passages d'un mémoire sur ras|)hodèle (liasliila rcgiii'i, dont il est parvenu à extraire une suhs- tance alimentaire, d'excellent vinaigre, et même du sucre de bonne qualité. A M. Courtais succède M. Boi.x, pharmacien, rappor- teur de la commission chargée de se rendre à rétablis- sement de M. Fossaty, pour assister à la fabrication de ses chocolats et porter sur eux un jugement. M. Boix, après avoir rendu com[)l(' du procédé ingé- • nieux de M. Fossaty et de la supériorité de ses produits, termine par ces mots : « En signalant à votre attention les chocolats de M. Fossaty, nous ne faisons que rap- peler le succès qu'il obtint a rexposilion universelle de \Soo. Une médaille de deuxième classe lui fut accor- dée pour ses chocolats si bien préparés et parfaitement broyés. » 2 18 Séance du 25 Janvier 1860. — M. Tabbé Fines, ren- dant compte d'un volume de l'Académie des Sciences de Toulouse, cinquième série, tome troisième, y signale entre autres notices étrangères à noire déparlement, un mémoire de M. Filhol, inlilulé : Recherches sur l'alcaliniU des eaux sulfureuses des Pijrénées-Orientcdes. Séance du 50 Mai hS60.—yi. le Président communique à la Sociclé : 1° Une lettre de M. le Directeur de la Topographie des Gaules. Cetle missive est conçue en ces termes: «S. Exe. M. le Minisire de rinstriiction publique a communiqué à la connnission de la Topograjjbie des Gaules le mémoire de M. K. Alarl sur la géographie histo- rique des Pyrénées-Orientales. La connnission examinera ce travail avec intérêt. H vous prie de remercier de son utile concours la Société Agricole, Scientifique et Litté- raire, dont vous êtes le président, Le travail de M. Alart a paru à la ibis sérieux et original à deux des membres de la commission qui ont pu y jeter les yeux. La commis- sion ne doute pas qu'il ne réponde à son attente et ne lui donne la solution des dilïicultés que soulève la géo- graphie ancienne des Pyrénées-Orientales. » !2" Un mémoire sur le croup, présenté par M. Julien Bonafos, docteur-médecin, àSainl-Laurent-de-la-Salanque, mend)re correspondant. Séance du 16 Janvier 1861. — M. Companyo, père, donne lecture de deux lettres qu'il a reçues de son (ils, M. le docteur Louis Conq)anyo, attaché, en (pialitc de médecin, à la compagnie maritime de l'isthme de Suez, et qui renferment d'intéressants détails sur cette con- trée et sur les travaux qu'on y exécute. Séance du 8 mai 1861 . —M. .louane, boulanger, à Per- pignan, ayant présenté à l'appréciation de la Société un 19 pétrin lionl il est riiiveulcur, M. le Président désigne, pour examiner cet objet, une commission composée de Àl.M. lioix, Siau et Coinpanyo, père. Il désigne ensuite une autre commission, composée de M.M. Carbonoil, Conto et Passama, chargée d'examiner un soulllet pour le soufrage de la vigne, de rinvention de M. Amiel, d'Estagel. Séance du 26 Juin 4861. — M. le Président, commu- nique à la Société : 1° Une lettre, où M. le I)'' Auberge, médecin principal, oflicier de la Légion-d'IIonnour et mend)re résidant de la Société, lui adresse un exemplaire de son ouvrage intitulé : Ifi/drûlogie médicale de l'Ela- blisscmcnt de La Presle, et lui en ollVe la dédicace, ce que la Société accepte avec reconnaissance. 2'J Un mémoire sur les moyens (rempéclier les inon- dations, et, en même temps, de canaliser les llenves et rivières, par M. Fraisse, de Perpignan, mendjre corres- pondant de la Société. Une commission , composée de MM. Bacli, Caiî'e et de Lamer, est chargée d'examiner ce mémoire. o" Une lettre, dans laquelle M. Leyméric, professeur de géologie a la Faculté de Toulouse, nous adresse une lu'ochure intitulée : Xotice géologique sur Amélie-les-Bains, et nous témoigne le désir de voir insérer, dans notre pro- chain bulletin, ce travail, d'un intérêt local pour notre déparlement. M. Companyo, père, donne lecture d'une lettre qu'il a reçue de M. Noguès, professeur d'histoire naturelle au Collège de Sorèze et membre eorrespondant de notre Société. Le but de cette missive est d'annoncer la com- position de la carte géologlipie des Pyrénées-Orientales, que M. Noguès a entreprise, de concert avec M. d'Ar- chias, professeur de paléontologie. M. Boix, rapporteur de la comndssion chargée d"exa- 20 miner et d'apprécier le pétrin mécanique, inventé par M. ,louane, boulanger, l'ait part à la Société des ohser- vations qui ont été faites sur celte machine. « De tels résultats, dit-il en terminant, devraient appeler l'atten- tion des boulangers, et les porter a ado|)ter ce nouveau pétrin. Voire commission vous |)ropose, .Messieurs, d'en- courager de pareils essais, et de lénioigiier à M. Jouane votre satisCaclion pour l'heureuse invention qu'il vous a présentée. » Les conclusions de ^I. lîoi.v sont adoptées par la Société. Séance du 47 Juillet ISGL — Par sa lettre, datée de Cases-de-Pène, du lc> juillet 18(>l, M. Carboneil annonce à M. le Président qu'il a essayé le soulllot inventé pour le soufrage de la vigne par M. Amiel , d'Kstagel. Il fait connaître les inconvénients de celle nouvelle macliine, et engage M. le Président à prendre l'avis de -AI.M. Juslin Durand et Passania, qui en ont fait usage, a(in de voir s'ils signaleront les mêmes inconvénients, quand on s'en sert une journée entière. Séance publique du 28 Juillet ISUI. — M. Chape a lu une notice sur les travaux et les succès en sculpture de notre compalriote Oliva, et a parlé des progrès rapides du jeune Borreil, qui, marchant sur les traces de M. Oliva, fera un jour, comme lui, honneur à notre département. Séance du 9 Octobre tS6L — M. Companyo, père, com- munique à la Société un mémoire, où M. Noguès, profes- seur d'histoire naturelle, donne d'intéressants détails sur les découvertes géologiques qu'il a faites dans les terrains des vallées du Tech et de la Tel. Séance du i Décembre IHGI. — M. Companyo, père, offre à la Société , et dépose sur le bureau, le premier & 21 voliinic do son onvr.igc, intilnlé : lUstnire- nalnreUc du département des Pyrénées-Orientales. La Société vote des remerciments à >l. Companyo, avec insertion au procès- verbal. Séance du II Juin ^802. — M. André Crova, notre compatriote , actuolloment professeur de pliysi(|uc au Lycée impérial de Metz, a lait hommage à notre Société, dont il est nicndtre correspondant, des thèses qu'il a présentées à la l'acuité de Montpellier, pour obtenir le grade de docleur-ès-sciences. M. le Président, à qui ce travail a été adressé, en tait pari à la Société, et propose d'écrire à M. Crova une lettre de remercîment, ce qui est adopté. LITTÉRATURE, HISTOIRE, ANTIQUITES. Séance du 20 Novembre 4859.— }il. le Ministre de l'Ins- truction pnbli(pie et des Cultes avait adressé une circulaire aux Sociétés savantes de tous les départements, sur le projet de publication d'un Dictionnaire géographique de la France ancienne et moderne. M. Alart, chargé par notre Société de rendre compte du rapport que M. le Ministre nous a depuis envoyé sur le plan de cet ouvrage, analyse verbalement ce document, et expose quelles sont les intentions de Son Excellence,, qui, |)our bien l'aire coiiiprendre rajiplicalion des jjrin- ci|)es sur lesipiels doit reposer ce Dictionnaire, joint à son envoi ipielipu^s exi^nples tirés du Dictionnaire yro- (jrapltique du dcpartrmeid de la Manche. M. Alart, qui les a pris pour modèles, donne lecltn-e de deux articles (pi'il a rédigés sur la localité de Nidoléras, commune d(> Tresserre, canton de Tlmir, cl sur la ((unniune de Cort- savi, canton d'.\rl(>s. Il ajdulc ipn'. vu le tem|is et les oo recherches qu'a exigés la composition de ces deux arti- cles, la vie entière d'un homme, qui n'iiiirait pas d'autre occupation, ne sulTirait [)as, selon lui, pour remplir en- tièrement les intentions do M. le Minisire, en ce qui concerne le seul département des Pyrénées-Orientales; et il pense que ce travail ne peut être hien l'ait que par plusieurs personnes dévouées, qui y consacreraient tout leur temps. Séance du 21 Décembre /Sô'.9.--M. Alart lit un mé- moire sur l'emploi des canons au mv" siècle. M. Amadis, une dissertation sur les causes qui ont contribué à la décadence de la langue et de la poésie catalanes. Séance du 2-') Janvier /S6'fl. — M. l'ahbé Fines, rendant compte d'un volume des Mémoires de r.\cadémie des Sciences de Toulouse, cinquième série, tome troisième, V signale un essai sur l'ancienne constitution municipale de la ville de Perpignan. Séance du ii Mars 1860.— M. Alart signale dans le rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Helles-Lettres, au nom de la Commission des Antiquités de la France, par M. Léon Piénier, le compte-rendu d'un mémoire de M. Fejosne sur la géographie ancienne du Uoussillon, , qui a valu une mention honorable à cet ancien profes- seur d'histoire du Collège de Perpignan. M. Alart, (pii a fait des études approfondies sur l'histoire et la géogra- phie de notre pays, combat, en même temps, quchpies erreurs émises par l'auteur du compte-rendu, et cite, à cet elVet, (iiiehjues passages d'un mémoire qu'il a com- pose lui-même sur le même sujet. Séance du 25 Avril 1860. — Au sujet L de Bonnefoy, labbé Fines, lîarberet, Amadis, Alart et Pierre Batlie. La commission ci-dessus, a[)rès s'être réunie plusieurs fois et s'être livrée à un consciencieux examen des pièces de vers envoyées au concours, a chargé un de ses mem- bres de présenter l'expression de son jugement, ce (pi'il a (ait en ces termes : « Les habitants des Pyrénées-Orientales se souviendront toujours avec reconnaissance de l'administration toute paternelle du maréchal de Mailly. Ils n'oublieront point tout ce qu'il lit, dans nos contrées, pour l'agricidture , le coujuiercc, les sciences et les arts. Aussi, la ville de Perpignan n'a-l-elle laissé échapper aucune occasion de célébrer les vertus héroïques de son bienfaiteur. « La Société Agricole, Scientiri(]uc et Littéraire des Pyrénées-Orientales a donc cru ajouter un nouvel éclat à la létc du Concours régional, en mettant aussi au concours: !« l'éloge poéti(|ue de M. le maréchal de Mailly; 2" une descrijjtion, en vers légers, des monuments et des sites pittoresques du département des Pyrénées-Orientales. «Cet nppel a été entendu. Six pièces de vers ont été présentées au concours, sous les titres suivants : «Noi. — Eloge du maréchal de Maiily, lieutenant- général du Uoussillon et commandant en chef de cette province , avec cette épigraphe : On lient èlre liéros s;iiis r;iv;ignr la terre. (lion.EAU.) «N"2. — Éloge (d'après le programme) du maréchal de France, comte de Maiily d'Harconrt, chargé, en (]ua- lité do I.ieutenant-Général, sous Louis XV, du coiniiian- dement en chef de l'ancieime province du Roussillon, avec celte épigraphe : iJouverneur bienfaisanl, il n'eut point d'antre envie Que de plaire à son roi, de servir sa patrie. Il vrcnt en liôros, il mourni on martyr! Jetons un cri de gloire, exhalons un soui)ir! « N° 5. — Ode au maréchal de Maiily, par un lious- sillonnais du xim^ siècle, reconnaissant, avec cette épigraphe : Le confiiiérant est craint, le sa^e est oslinié; Mais le bieniaileur charme, et lui seul est aimé. (Voltaire.) «Cette ode est précédée d un prologue intitulé : lloui- magc à Messieurs les Memhres de la Société Agricole, Scientilique et Littéraire des Pyrénées-Orientales. « N» 4. — Lnc pièce de vers, intitulée : Mon Roussillon, avec cette épigraphe : Salve, innçjna parens friicjum, sahiniiii Iclliis Maijna vinim (Virgile.) 29 «No o. — Deux pièces de vers, inliliilées: la première, Le Canigou; la seconde, Une Fêle dans les Pyrénées, avec celle épigraphe : Je vais jiisi|ii"ui'i je puis. «N" 6. — Une pièce de vers, iiUiliilée : Silcs et Monu- menls des Pyrénées-Orientales, avec celle épigraphe : El dulces rcminiscilui' Argos.. . . (Virgile.) « Les ailleurs des pièces N" 1 el N" 2 oui perdu de vue cpie cï'lail [)riuci|)aienicnt l'éloge de M. le maréchal de Maiily, comme Gouverneur du Roussilion, qui avail été mis au concours, el ils se sonl surtout étendus sur les i)alaiiles auxquelles il avail pris part. Toutelbis, la pièce iS» J s'élant un peu plus a|tprochée du programme, a été jugée digne {i<>i'li'iir lie la Coiiimissioii ilf \ isllc. (Expost'' In 011 Srnnce |iiilili que. ) M ESSIEU us, La pari consi(iéial)le ([ui apparlieiitlra aux commissions de la prime. d'Iiuuiiour dans les progrès de notre ai^ri- culliuv, (ail encourir à ceux qu'elles désiguenl pour leurs iiiterprèles, des responsabililés de plus d'une sorte. Com- bien ces responsabilités ne s'aggravenl-elles pas, quand on doit parler au nom des juges les |»lus autorisés de celle région, devant les auteurs des grandes opérations cultmales qu'elle présente, et ([uand on succède dans un tel r(ile, non-seulement à l'un des maîtres parmi les maîtres, mais à (luebpi'iin (Imil les discours charmants renq)lisscnl encore vos souvenirs! Je ne viens donc pas, sans une crainte sincère, vous retracer l'examen de la 3 34 commission qui visitait rannt'e dcrnièro, in-esquo à pareil jour, les domaines concurrents, et justilicr ses décisionsC. J'ai dû ce dillicile mandat à une hienveillaiice extrême, que je voudrais justilier; mais je sens qu'il me faudra toute la vôtre encore pour ne pas paraître au-dessous des devoirs qu'il impose. Le département des Pyrénées-Orientales est un des joyaux de cette llégion Sud , où il y a de si belles par- ties, et qui, jusque dans ses aridités, est marquée d"un si grand caractère. On Tembrasse presque tout entier d'un regard, et vous avez admiré rampliitliéàlre magni- fique qu'il présente. La vaste plaine qu il olTre aux yeux, encadrée dans les lignes grandioses de ses montagnes, étageanl les riches teintes de sa végétation, c'est ce Roussillou, où l'art cultural de la vieille Espagne a créé un de ses réseaux d'irrigation les plus parfaits. Au-delà de celte plaine célèbre, derrière les contre-forts qui l'en- tourent, deux vallées étroites et prolongées forment à (1) Celle cninniission, formée sous la iirésidcnec tle M. V. Renol', insiiect.-jjéiiéral (rauriciilluie , avait élé coin|)oséc par M. le .Miiiislre, de MM. De I.abxume, président de rhaiiibre a la cour inipcriale de Nimcs, propriélaire-agriculleur (hiiis le lianl ; De Bovis, propriélaire-ajjiiiiilleur dans Vaucluse; De r.ASQtET, propriélaire-dirceleur de lu fei nie-école du Var; IMAiiinEDV, propriétaire, lauréat de la prime dlionueur des lîouclies- du-lUiône, en ISlil ; J. FikGÉ/.ï, maire de Alontpellier, proiir.-atjricnlteur, dans 1 Hérault; De l'iEiiLAS, propriétaire-agriculteur à Nice; Doclcur GoliKlEli, proprietaiic, lauie;it de la prime d'I.onucur do l'Aude, en IS.oO. La commission sVsl réunie, h l>e,pii;nan, le 20 mai I8til; elle a conli- m.e jus-iu^au 8 juin ses opcralions, dont le rapport a de eonlié au secré- taire, M. Henri DoMOl.. , ,, , Le jurv régional, assemblé, le !) mai IS(;2, sous la présidence de M. I. SaU.es, préfet des Pyréuées-Orienlales , a adopté à runauimilé les termes cl les propositions «le ce rapport. 35 I<^iir cMiémilé, rinlércssaiilo coiitroe do pâturages e( do k'Iail (lui s'est appelée la Terdagne. A pari la Cenlagiie, il y a peu de place pour l'agri- ciiluire dans ces vallées. Leurs (x'iites rajtides el resser- rées ne comportent guère (pie la culture à bras (riiomnies. l-a vigne et l'olivier aussi liant (pie possible, le mico- coulier, le châtaignier, ce sont leurs produits principaux. Même, là où s'oflVaient des plans plus larges, il n'v a guère (]iie la produclion pastorale (pii ait pu s'étendre avec avantage. La plaine est un de ces lieux privilégiés où tout semble préparé jiar la nature pour sourire aux besoins des hom- mes. C'est une vaste alluvion, déposée au pied des mon- tagnes à mesure du ravinement de leurs pentes, et (pii incline doucement vers la mer. Des terres mélangées des plus fertiles éléments, une grande surface accessible au meilleur arrosage, un climat (pii permet jus(]u'à trois récolles par an , les parties les moins bien partagées pouvant prodniie nos vins les plus gcméreiix, telles en sont les conditions iieureuses, et Tagriculture les y trouve presque en charpie lieu. Cette plaine n'est pas sans laisser voir dans son exploi- tation des divisions générales en ra|)port avec les dispo- sitions naturelles ou la composition de ses terrains. C'est ainsi (pic les trois rivières [irincipales du département v ont tracé comme trois larges bandes juxtaposées, dans chacune desquelles une nature d'exploitation parait pré- dominer particulièrement. Au nord, le long de la chaîne des Corbières, les matériaux déposés par les eaux de l'Agly, terres calcaires, pierreuses, laites pour la vigne, et qui I ortenl en effet les crus sans rivaux de Hivesakes! Au-dessous, les sédiments de la Tel, mieux composés pour la culture arable, et où l'arrosage répand de toute l»arl ses bienfaits. Plus bas, sous le prolil majestueux des Albèros, les dep(jis plus sableux du Teeh , bien connus 36 autrelois pour stériles sous la déiiouiinaliou iVaspres. Il V a, on outre, soil au devant de ces parties, (pic l'on pourrait appeler anciennes, soit au bas des vallées, soit le long de la nier ou dans les replis nombreux de la surface, des alluvions plus modernes, les .saUiiiques, les terrc-cerls, qui doivent, à rexcellcnce de leur mé- lange , à leur iraiclieur constante , aux proportions parfaites quehiuefois de rinliltration saline , d'être un des limons les plus riches soumis nulle part ii l'imlustrie agricole. Mais, quand on regarde de près, tous ces accidents se reproduisent à chaque pas, et la culture n'a pas de can- tonnements absolus; les terres, sans être identiques, ne peuvent s'utiliser que de la même manière ou par des soins semblables. Les exploitations qui ont jtris part au concours, se trouvent pres(|ue toutes dans celte |)artie centrale, qu'on pourrait appeler la région de l'arrosage; une seule est en dehors, presque sur le terrain des aspres. Ensemble, néanmoins, elles représentent bien ragricullure du Roussillon ; et, a tout prendre, elles au- raient fait |»asser suus vos yeux celle du département tout entier, si les prairies et les élevages de la Cerdagne avaient pris part au concours. Neuf personnes de ce beau pays avaient demandé à disputer la prime d'honneur ou les récompenses spé- ciales qu'il vous est donné de distribuer. — Xw dernier moment, deux ont manqué : l'une, des Mazos, dans rarrondissemenl de Prades, parce (jne les procédés de détail qu'elle annonçait, ne suflisaienl [tas pour la main- tenir dans le concours; l'autre, de Millas, parce qu"en ne se trouvant i»as présente au moment de la visite, et en ne laissant personne à sa place |)0ur conduire la commission, elle a dû être regardée comme se retirant d'elle-même. 37 Les sept concuiTtMils (|ui sont entrés en lice, sont: MM. ,1. Hiirrère, pour ses cxploilalioiis do Bnges et de Moiilescol; G. Caillé, de Perpignan, pour son exploitation de Germain- ville; L. Durand, de v^ainl-Nazaire, pour son exploitalion de Sainte- Croix; Ilénaut, du Solcr, pour son exploilalion du Mas-d'Rule; V. Malègue, pour son exploilalion de Pézilla-de-la-Hivirre; Prax, coniniissioiinaire, à Perpignan, pour son exi)loilidioii de Saiulc-Eugrnie-du-Soici'; Sauvy, ancien négocianl , pour son exploitation du Mas- Sauvv, à Villnu(Mive-(l('-l;i-rialio. On lait de ragriciillnre depuis longtemps, et en France pres(iiie tout le monde en fait; mais l'agriculture raisonnée, devenue une induslrie (pii se gouverne par des prinei|)es, est une chose moderne vers laquelle on ne va (pie timi- dement. On passe par pliisieiu's phases avant de prendre loiil-a-lait les voies utiles. D'ahord, on surveille son do- maine; on le suit de plus piès (ju^nulrefois, on conseille, on dirige ceux qui le cultivent. A la phase densuile, on le fait valoir soi-même; ou le répare, on essaye d'autres assolements, d'autres cullin-es, le plus grand pas est lait. Vient la phase dernière, oii \'nu |trali(pie \\ lond le mé' lier, où Ton manie le sol comme le mamiraclurier ses matières, où l'on sait comme lui sonder les débouchés, l)ro|)ortiouuer lai lion, où l'on tire de ce sol, comme lui de sa lahrique. toulc la rcmuuéralion nécessaire. Dans les exploitations (pii ont piis part au concours, vous allez retrouver, sous des mesur.es variées, toutes ces situations dilVérentes. SAlNTK-ELr.ÉNlE-DU-SOLER. A la phase du didiul apparlicnt le domaine de Saiiile- Kugénit'-(lu-S(dcr. Ou \ voit uiic agrimllnri' lout-ii-lait coinnicMcanlc, mais qui a loi|| lieu de grandir. SAlNTE-CnOlX. On mot le pied sur mi ipnaiii où les clicniins du pro- i,Mès sont (léjii tracés, (piand on entre che/ M. Laïuont Durand, à Sainte-Croix. Ce domaine demandait des amé- liorations considéraliles : on y en fiiit depuis dix années, et tout n'est pas fini. II reste surtout a élever d'une manière uniforme le niveau de la eulturo. M. Laurent Durand est un propriétaire aclif. Sorti des débuts, cpii sont toujours les moments riules pour le cullivatcur, et (]ue la commission se plait à louer clie/. lui, on ne sau- rait douter ([u'il n'avance désormais dans les juarKincs Iructueuses '''. LE MAS-SAUVY. C'est plus utilement que M. Sanvy a traité le domaine qn'il s'est formé aulour de Villeneuve-de-la-rîalio , toutes conditions naturelles égales d'ailleurs. Ce domaine a 180 hectares, qui se présentent en trois grands lots, assez distants, quoique régis d'un centre d'exploilalion unicpie. 11 n"a pas fallu moins de vingt-cin(| années et plus de trente actes d'accpiisition ou (rechange, pour arriver à le grouper de celle manière encore imiiarfaile. Le'.Mas-Sauvy porte à juste lilre le nom de son jiro- priétaire; car, indépendamment de celle constitution ma- térielle, celui-ci y a presque tout créé: l'Iiabilation et les bàliments (jui s'y trouvenl , la verdure qu'on y voit, le re- venu (piil donne, on pourrait dire l'eau même qui y coule. 15ien employer son terrain suivant sa deslinalion natu- relle, i)artout où c'était innnédialement possible; là où on n'aurait pas pu l'utiliser, le rendre i)ropre à l'être, telle (l'i l'arrni lis (iihi:i|ms :irl,cvry. I;i (■(Hiiiiiis-ioii n icir.uijiu' |virliriiiic- rciiu'iit l'iilucuvoir ii iiiiuiliins, cl.iiili elui {\u'\ a vu la commission, justifiait pleinement la valeur de ce système, transiiion ingénieuse entre les habitudes ordinaires et une spi'cialisation plus couqtlèle. Le trou- peau, formé de 200 tètes, était un spécimen j)récieux de ce qu'on peut obtenir avec la race des Corbières associée aux métis-mérinos, au moyen d'une sélection intelligente et d'une alimentation bi(Mi (Mileudue. Ou reconnaît dans les travaux du Mas-il'I^ule, l'iulluence d'un voisinage dont je vais avoir ;i vous entretenir bientôt : imitation ou conseil, ils n'ont |>as moins un grand mérite. V2 La coiniiiission vous demandera de les mettre au n)ême rail}; dans leur genre, (|ue ceux du Mas-Sauvy dans le leur, el de les récomi)enser de même. l'exploitation de m. MALfcGUE A l'ÉZILLA- DE-LA-UIVlkUF.. M. Vincent Malègue ouvre, dans le concours, la série des exploitations gouvernées par la science, ou d(uil les prali(]ues, au moins, sont du domaine de cet art relati- vement moderne, (pii enseigne a traiter le sol avec les méthodes ou les forces capables de lui l'aire rendre toute la production relativement possible. Le nom deM.Malègue n'est pas nouveau pour la Région. C'est celui d'un éleveur déjà chargé de couronnes. L'éleveur est greffe chez lui sur nn cultivateur très-zéb' et plein de connaissances, (^ui trou- vera certainement les derniers succès, cpiand il s'attachera à un domaine mieux constitué et de plus de ressources. M. Malègue, sur 56 hectares, n'en a (pie 20 arables**'; l»our près des deux tiers, il n'est que rermier, et tontes les parties : terres, bàlimeiils, habitation, sont morcelées, très-distantes entre elles, très-impropres à une exploitation d'ensemble. On ne sent pas moins ciiez lui des ell'orts sérieux pour conjurer ces mauvaises conditions. Il a un assolement raisonné (pii donne les quatre sixièmes de son cadre aux fourrages, cl il vise ;i une soli(laril('' étroite de toutes les cultures. On voit surtout (juehpie chose de tres- saillant, c'est le nombreux bétail sur leipiel son exploi- tation repose, et les vues particulières dans lesquelles ce bétail est entretenu. On y trouve l'équivalent de iO tètes de 100 kilos<-', soit ÔOOi^ (1 tète "., i par hectare arable, et 270'^ ou deux tiers de tète toutes terres conqu'ises, et cette (I) Il a l'ii (iiilro : vij;iifS, 22 licilaics ; iili\icis, (i lieclarrs. (1)8 chevaux , ."2 lid'iils, vailles ou eli-ves; if rosti- en porcs mi iT|irc- !ciilc [laf (Iciu mois tic iioiifriluie d'un Inuipcau de 180 Ictcs. i3 grande (iiiaiitilé do chair vivante est produite, élevée, cntrelenue tout entière pour la boucherie. Xon-seulenient une telle proportion, mais une spécialisation si accusée du bétail, la commission ne les a pas rencontrées ailleurs. Faire ou pré|)arer de la viande, et le plus de viande possible par tète entretenue, pour avoir beaucoup d'en- grais au |)lus bas prix possible, c'est le but très-raisonné, très-suivi (pie s'est proposé M. Malèguc. Un esprit éco- nomiste aussi éclairé, (pi'un sens agricole droit, lui ont (ail penser ipie lorsipTon avait les lécondes alluvions du Roussillon el les eau\ (jui les arrosent, à côté de la Pro- vence et du Languedoc, où le bétail ne peut être qu'ex- ceplionnel, tandis (pic la richesse de leurs habitants et l'extension de leurs grandes villes les rendent le lieu (ruiie consommation sans cesse accrue, produire de la viande serait une grande source de prolits. Il a i'ornié et peuplé ses écuries dans cette vue. (l'est elle (pii a fait de lui un éleveur tout d'abord. Les Durbains, les Cha- rolais purs el croisés, les belles tètes porcines (pi'il pré- sente chaque année aux concours de la Région, en sont les produits cherchés avec patience, contrôlés par une (•oinptalHlit('' exacte, et dont r(>Ievag(> a lonrni d(''j;i plus d'un sujet aux c(dtivateiirs environnants, (/est aux Jurys des animaux ;i dire à M. .Malèguo s'il est dans une voie utile ipiant ii la nature el ;> la réussite de ses croisenuMits; mais il y est certainement (piant an but final. D'aillem's, rien n'est négligé pour faire remplir à ce Ix'tail le rôle (ju'en attend M. Malègue. Il a créé une distdlerie pour en ajouter les résidus ii ses moyens de nourriture; il vend le parcours de ses iierbes non faii- cliables pour se |)r()curer des fourrages supplémentaires; il ne craint pas d'acheter le double de la paille (pi'il |)ro- duil; le S(d et la |)enle de ses écuries, tout mal disposés qu'ils étaient à l'origine, ont été cond'inès pour (pie les litières s'imbibassent bien; les [)urins excédant sont re- 44 ciiftillis, on en arrose le fumier, et ce fumier, bien tassé, liioii pn'sorvé do l'enn dos loiis, est trnit('' aussi l)i(Mi qu'un fiiuiiei' à découvert peut Tètre. .Malgré tout cela, la culture a des progrès à faire encore chez M. Malègue. Il en est beaucoup des bons principes d'agriculture, comme des bonnes intentions : on les a, on ne s'en sert pas toujours au mieux, et d'assez habiles eux-mêmes. \ côté de très-beaux blés, la commission a été surjjrise, par exemple, que les fourrages laissassent à désirer. Mais il n'y a (|ue six ans (pic M. Malègue cul- tive. On peut dire que ce (pi'il a fait (h'jii est un bon gage. On le dirait avec d'autant plus de plaisir, (pie cet agri- culteur est venu demaiuler ainsi ;i l'industrie rude et peu prisée des champs, nue profession suivie, à l'âge où ordi- nairement on s'en éloigne pour la vie des villes ou pour les carrières en vue; (piil n'a pris et ne prend encore (pie dans ses épargnes seules le moyen d'élever son indusirie, et (pu', d'année eu année, il l'élève d'une manière sensible. En attendant (pie de meilleures conditions agraires et plus de temps permettent à M. Malègue d'atteindre à des succès plus complets, la conmiission vous priera d'attacher une de vos récompenses à cette proportion si remai(piable du bétail, qui est jusqu'ici le fait le mieux réussi de l'exploi- tation de Pezilla, et (pii montre, à tout le |)ays d'arrosage du Iioiissillon , le chemin , nouveau pour lui , d'un des larges débouchés réservés à la production. LES EXPLOITATIONS DE M. J. IJ.VlUUaiE, A ItAGES ET A MONTESCOT. Kn agriculture, comme en l(uit , on voudrait être à même de distribuer autrement qu'on ne les trouve les situations respectives ou les aptitudes. On formerait des exploitations bieii iemar(piables , ii donner ainsi aux uns ce (]u'onl les auti'es! Si les piiiici|(es d'agronomie sur Ies(iuels M. .Malègue se guide avaient été le partage de 45 M. iiarièie, peu (rd-iivres iigiicules iipproclieraifiil de la sienne dans la lléi^ion loiil entière. i*oin'(juoi l'aiit-il, messieurs, que, depuis noire visite, la mort ait frappé M. Barrère, et que nos paroles et vos distinctions vien- nent a\ijourd'liui raviver l'adlielion d'une lamille, (juand nous nvions été si heureux do |)enser (pi'elles en feraient la joie. M. Barrère était un de la foule, né au pauvre foyer d'un laljoureur, et tout ce pays, en (]uel(|U(ï sorte, a suivi ses funérailles. I.e premier inai'istral de ce département les a conduites lui-in('mc. Animé d'un rare sentiment de sa mission, et nous associant à sa démarche, avec une délicatesse dont le souvenir nous sera précieux , il a exprimé, au hoid de cette tombe trop tôt ouverte, les sympathies et les regrets publics. Il ne nous reste mal- heureusement (pi'ii faire connaitre à cpiel degré, de si uni- versels et si hauts lémoij^uaj^es étaient léi^ilimcs : laissez- nous vous en entretenu' avec (juelque développement. C'est sous (les proportions peu habituelles dans le Roussillon, (pie se présentent les exploitations de M. ,1. Barrère. Il ne s'agit pas moins que de 077 hectares de surface, et l'agriculture y est une industrie véritable; car plus des deux tiers de cette étendue S(jnt tenus à ferme. On est en face d'un capital d'exploitation de 155.000 fr., de 25.000 fr. de travaux fonciers, d'inventaires (jui se soldent par des Avoir de 400, -ioO.OOO fr., entièrement produits par l'agriculture, et ces résultats matériels ne sont rien auprès des résultats moraux : cette situation, digne d'envie, a eu les plus humbles commencements; le travail seul l'a créée; le travail, lécondé par toutes les vertus de famille, au sein de la plus intéressante famille (pii lui Pi jamais dû rexistencc et le succès. Les parents de M. Ilarrère, cultivateurs aisés pour le tem|)S, avaient émigré à la Révolution. Son père fut ramené à Bages pres(pie enfant, en 170:2, par sa mère, devenue veuve. A eux deux, ils ne possédaient qu'un 46 (loiil)le écii (rKspai^iie, et ils ne l'ont jain;iis (l(''|ieiist'. Le jeune homme lïit six ans journalier ou laboureur à gages. Après ce temps il osa alVei'mer (luehpies terres, ])uis un petit domaine, puis un autre. H était redevenu un cultivateur aisé, lorsque l'indemnité lui rendit le petit [Kitrimoine de sa famille. (Test cet héritage de vaillants labeurs (jut; M. Jacques Harrère a élevé au point que je viens de dire. Son père le lui remit il y a vingt-(iuatre ans, ayant perdu sa femme et ne se sentant plus le courage de continuer sans elle le |)atient exhaussement de sa condition. M. Ikurère recul ;iiusi ralfermc de !200 hectares, en deux domaines, dont le bail devait courir encore (juatre années; quelques pro- priétés détachées, un capital d'exploitation de 55.000 fr., sous charge d'en payer l'intérêt, et 8.000 fr. de la fortune de sa mère, il (Mait marié; mais l'apport de sa femme n'ajoutait en (|uelque sorte lien à ces ressources. Hages et Montescol se louchent. Leurs territoires se Irouvenl à l'evlréinilé inférieure des .\spres, hors de la contrée d'arrosage. Ce sont des collines siliceuses au sommet, marneuses dans leurs pentes, el entre les ver- sants des(iuelles s'étendent des fonds limoneux. On y voit encore maintenant l'ancienne culture biennale, avec jachère morte; il y a vingt-quatre ans, elle y était générale et absolue. En dehors de médiocres prairies et de quel- ques rares sainfoins et luzernes qu'on ne défrichait jamais pour ainsi dire, on n'y eût pas conq)ris, on n'y eût i)as permis d'autre rotation. Celle-là était imposée par les baux; on les faisait biennaux à cause d'elle, pour elle, el ils la rendaient inlransgressible en aucun cas. La première et la capitale opération de M. Barrère a été de sortir de cette vieille rotation. Il en suivit les erre- ments quatre années : mais ce temps lui suHit j)our se convaincre (pi'en dehors du strict salaire du travail, ils ne laissent presque rien de quitte; que le courage el les |iriv;ilions y ('■laicnl loiil ; (iiic l;i rf'imiiiéralioii y reslitit bien au-dessous dos elVorls, parce que nulle combinaison n'y avait place. Avant (]ue les baux de son père ne fus- sent expirés, il s'était refait ((tut un autr<' jilau, et ce plan c'était tout uuiuienl de sui»slitu<'r la culture par les four- rages il la culture par jachère morte. I.e sens prali(pu^ tout seul lui avait donné comme l'intuition même de ce (pTen- seignail alors la science. Les luzernes, les sainfoins, tout au |)lus connus autour de lui comme fourrages, la vesce elle-même, il se mit à les établir sur ses terres en fonde- ment de rotation. La fortune de M. Harrère date de cette conception féconde, comme la richesse agricole de noire pays en est venue; mais aussi il i'aut voir connue il sut la suivre. C'est pres(pie par ccutaiues de francs par hectare, au lieu de centaines de centimes, que les produits annuels se sont produits chez lui dès ce moment '*'; combien ne s'en (I) i\l. HaniTC, qui o vôiifio sa rarriJ'i'o ajjiicoli' ;iii (Titcriiiiii iriiiic c()iii|)lal)ilil(' raison lire, a r.ilriiK'' ']\w, J.iiis 1rs liaiix de liuil ans, le liavail le |i!iis assidu l'I le plus diiIdiiiu' ir- lirait de la nilalioii Ijiciiiiale avec jachère iniirlo , Irais payés, (jik' '2 fiaiics de net aiiinielleineiit par lieclaie. .fo reproduis ici ee ealeal eoinine un doeunienl eurieo\ d'iiisloiie de l'éco- noiiiie ruiale, autant ijue eonirne un ensei|jnenient piéeicux. Calcul compare de la ciilliire d'un hectare de terre par assolement biennal, avec jachère morte et par asiolemenl alterne avec sainfoin, dans un bail de huit années, sur des terres de Iroisiéme classe. ASSOLEMENT TAU JACIIEUL MOUTE. PRODUIT. 1.3 hectolitres de bli' \'2 c]iiiulau\ métriques de paille. IRAIS. ,'i labours SU' .. 2 licctol. de ffonienl p. semence.. S,'irclaj;e 7 511 Moisson '211 » Transport des gerbes Baltatre il .. 13 » par ... . ^'ulliplié dC9 50 A Pour ipialre aiuiées (>"8 i lahouis p. i annexes de fourrages. 'Ai Seinenrc de fourrage AH h'iMiiure pour les A ans KiO A annres de fermage à 40 fr 'iiO TllT.M. . 15;)8 26 Multiplié par. . . 281! A » gc dos 2 années. HAA «0 H ToT.a EllAls 1254 1238 P.ir année. Reste net 16 o 48 seraioiil |i.is l(Mius à ce succès! Lui ii'\ voii i|uiiii siimii- laiil el un moyen. Entre|)rises, bénélices, progrès, il a tout accru depuis parallèlement : il n'avait encore été que cultivateur; désormais, il sait (pie Tagriculture aussi est une industrie. Kpuisor cette première idée, c'est d'ahord son occu- pation. Une lois certain de ce qu'elle vaut, il en demande les avantages à l'étendue; en quelques années, il ajoute, par afferme, j)Ius de 200 hectares arables aux 200 hectares qu'il exploitait déjà. Après, c'est aux travaux fonciers qu'il s'adresse. Eu j)ossession de faire des avances au sol, il s'y crée les conditions physiijues fructueuses. Ici, c'est l'irri- gation qu'il se procure : à Bages, il fora successivement six puits artésiens, el il venait d'en forer un septième à Monlescol. Ailleurs, c'est l'assainissement qu'il poursuit: les meilleurs fonds de ce territoire sont des limons salins, qui couqjorleut l'exploitation la plus énergicjue quand leur sol est aéré par une culture profonde ou assaini par de bons drainages, mais qui n'olfrent, autrement, que des sols per- fides pour le cultivateur, comme tous les terrains mouillés ou inféconds connue les salobres. M. Barrère n'a pas creusé moins de 16.000 mètres courants de fossés d'écoulement; ASSOLEMENT DE SAINFOIN. FRAIS. !? Uilionrs pirparaloires 4S' 5 liL'Ctol. de Siimfuin par hectare. 50 Frais de coupe, pour 3 ans, à 1 fr. 21 Fenaisons et transports , à 9 fr. par an 27 \ labours pour le Uf (H 3 — ■ pour avoines 'lli 5 labours l'our le blé So — de l'avoine 22 Du fourraite di'robj 2i Sarclage de la derhii>re année de blé :! Moisson des trois années liO Transport des jrerbes 20 l;alta-e 54 Fumure 100 Fermage 320 1046 "5 PROOl'lT. 339 qx niétrii|ue5 de fourrage jiar an, à 3 Ir. 50 c 340' » 20 hectolitres de froment 400 « 25 hectolitres d'avoine 250 » Valeur d'un fourrage fiO » 10 hectolitres de froment 320 » Paille, en calculant comme dans l'assolement biennal 104 » 4 regains et sainfoins 00 » ToT,\L 1540 .. Fu.M» à déduire. 1040 75 I Par an . Reste net 493 25 (il -. 4 y il ;i praliqué le drainage régiilicM- de quinze hectares, se servant de pierres, malgré leur haut |)ri\-, quand les tuyaux étaifMit inconnus; il allait en drainer dix autres, de concert avec un de ses bailleurs. Kniiu, une autre de ses opéra- tions radicales, comme celle du début, et qui en renou- velait déjà les succès, venait d'être ouverte par M. Uarrùre dans ces dernières années. Il avait cru que des terres réputées mauvaises, (|ui portaient des vignes vigoureuses quand on les avait défoncées, traitées de nirme pour les céréales et pour les autres cultures, donneraient des ré- sultats semblables. Il avait essayé, avait réussi; s'était lait aussitôt du déibncement.nne base d'assolement nouvelle; s'était construit une déibnceuse à douze bœufs, assuré d'un grand domaine de plus : en qiKiUe années, il avait l»u étendre à 200 hectares rapjiiication de celte féconde vue, et là-où l'on avait peine aiq)aravant à récolter l'avoine qu'on semait, il obtenait deux froments de suite, rendant au-delà de 22 hectolitres à l'hectare en moyenne W, Je ne puis montrer ici que, par les sommets, le dévelop- pement (le cette agriculture intelligente, active et si résolue. Si j'entrais dans le détail, vous verriez ces grandes (lualités mieux en jeu, et elles prendraient comme un prix parti- culier de ce qu'à certains égards elles suppléaient en quel- que sorte aux vraies connaissances pratiques. M les pro- cédés, ni les règles de la culture, en eflèt, n'étaient encore chez M. Barrère au niveau de ces aptitudes ai^ri- coles et de cet ensemble imposant d'industrie. Ainsi, pas un tubercule; on tenait pom- une fumure conq)lète 20.000 kilos par hectare; il n'y a pas une seule place à luuner, et ce sont des litières plus ou moins parfaitement consommées qu'on porte aux champs, plus souvent qu'un (I) 1.0 d..|„„cem..„t ot. lui.,nénR. n\.n cU.h. pas la cause uni.,,,.. F,, .ndauifeam au. s.lices d.. la surfa.e u,,.- ..ouoiie .1,, ,ous-sol , il ,„-,ulni«a,t .M, .uarua^. parfaile.uc-ul p.uporl,o.,„o, ,,u, expli,,ue oe succès de cé,éal..s sans ruiDicr sui- des leires luules ci-ues. 4 50 fiiiiiier fait; les céréales occupent encore moitié des terres arables'"; le froment succède au fronieiU sur les mêmes terres, malgré les grandes diiïérences constatées aux rendements îles secondes années; le hctail de toute sorte n'est pas nourri de l'açon à répondre, dans toute la mesure utile, à quelle que soit des tins (ju'on lui demande. A côté de ces manpies d'une éducation culturale encore incomplète, les ofiérations les plus heureusement conçues et traitées. Un des derniers travaux exécutés, nolammenl, constituait un exenq)le nouveau autant ([u'utile poui' ce pa\s. Au-delà de Monlescot, sur la droite de la roule d'Èlne, nous avons vu un tènement de treize hectares, chargé de magniliques moissons dans une moitié, olVrant le meilleur labour dans l'autre, auprès de grands es[)aces ingrats qui l'avoisinent. Une profonde ceinture de foss(''S entourait ce tènement; sur sa partie non couverte on achevait un drainage par tuyaux, qui s'étend au tiers de sa surface totale; tout-a-fait au sommet, jaillissait l'eau d'un puits artésien. Celte grande pièce était hier à peine sans ctdlure, ou a\i moins sans production. Ues eaux douces (pii viennent des pentes voisines la noyaient, et, en se saturant de sel dans leur rencontre avec les inlil- tralions marines, elles en faisaient un grand salobre, où l'on s'épuisait sans profit à pratiquer de forts labours, les épandagcs de sable ou de balle de blé, tous les vains ])allialifs ordinaires. M. liarrère était las de ces moyens onéreux ou insignifiants; il en voulait de délinitifs; il a montré où il fallait les prendre. Ces fossés profonds sont pour arrêter les eaux salines dans la couche sableuse même ([ui les conduit; ce drainage pour devenir maître des eaux douces qui s"y mêlaient; le puits artésien va (I) Voici la irpaililion des cuiliiros : lerios uiablos, 2j8 iii'cl.; piuiiii'S naliin-llcs, 71 lied.; vignes, G7 liect.; olivelles, 2."i liicl. — Sur les leiies araliles : céréales, 20/ 'lO; luzernes ou sainfoins, 8/'t0 ; founagos à moulons, VZ-iO; plantes sarclées ou racines, l.4ll; jaelicres, ■'(/■'lO. Tolal, lOZ-îO. 51 clierclier cos eaux ii leur source [tour les taire servir à fertiliser la surface qu'elles slérilisaieul. Il s'était assuré ainsi à jamais, dans cette i>rande pièce, les avantaiços de ces heureuses tcircs de Salan(iue, où réiéuient salin n'existe que pour apitorlcr une fertilité nierveilleuso, [)arce que toute la partie nuisible en est retirée. Vous voyez ce qu'était le cultivateur en M. J. IJarrère, Ce qu'a été le ciief de famille agricole frapi)e encore davan- tai^e. Des beaux enfants ipii lui étaient nés, il avait su en laire des auxiliaires précieux. A tous il a fait donner l'éducation libérale, puis il les a ramenés tous au foyer pour y |)rendre successivement leur rôle. Après leurs années de collège , les fds sont revenus à leur rang dans les travaux du pèi'C , y ap[)ortant leurs idées plus jeunes et leurs connaissances, qui en agrandissaient l'horizon. Les Hlles aidaient leur mère dans les soins de ce lourd ménage ou dans les latigues des champs; avec une grande supériorité, une d'elles tenait la comptabilité en partie double et très-détaillée de ces vastes entrepiises, et c'est de ces sœurs modèles (|ue l'illustre Olivier de Serres aurait écrit, comme de l'épouse qu'il souhaitait îi son ménager, « que si une telle lui est donnée de Dieu, se pourra dire heureux et se vanter d'avoir rencontré un bon trésor. » Tout respirait ralfcction nuituelle, sous la solidarité la plus intime, dans cet intéiieur (jui montrait, à un rare degré, que ce n'est pas de sortir de sa condition qui élève, mais d'y rester en s'élevant soi-même; et celte industrie culturale si dévelop[»ée après des commencements si hum- bles, qui devait ce développement tout entier au seul mérite de riioinme, y prenait aux regards une valeur plus grande encore. La commission n'a autant sonhaité nulle part i|ue tout se rencontrât |)our appeler la Prime d'honneur; c'est avec le plus unanime regret (ju'elle n'a pu vou> proposer de décerner lii ce grand prix. Mais la se Prime d'honneur a pour bnt denseigner, et ici il s'en fau- drait trop (jne l'enseignement l'ùl siillisanl. Il y a mallieu- reuseincnl si loin, dans noire pays, de l'agricuhnre de tout le monde à ragricniiure normale, que Ton ne voit qne trop ce contraste d'œiivres agricoles l)ien an-dessns des l)al)ilii(les ordinaires et pourlanl loin du bien, et que tant de qualités de tout ordre, si lrap|)anles dans les exploi- tations de M. Barrère, peuvent ainsi se rencontrer avec une inqjerl'ection sensible dans l'ai't d'appli(pier à la culture tontes les forces voulues pour obtenir tout rellet utile. Mais si toute la série des progrès n'a pas été |)arconrue par M. Barrère, ceux qu'il avait laits le placent bien haut. C'est le rang le plus voisin de la Prime d'honneur que la connnission vous prie de lui assigner dans le concours. On ne voyait chez lui, ni le bétail soigné du Mas-d'Eule, ni la belle exploilalion viiicole du Mas-Sauvy, ni les prin- cipes agricoles de Pézilla : quelle diiïérence, toutefois, dans le chemin parcouru, et où des résultats relatifs pa- reils se sont-ils montrés? Après le mérite de présenter une exploilalion parlaile, en sait-on de plus grand que d'être remonté ainsi de soi-même, sans connaissances ac(piises, sans comparaisons exlériem'es, du plus bas niveau de la pratique culturale au plus fécondes notions; de la pure jachère morte aux alternances fourragères, aux grands travaux fonciers, aux labours profonds, et de l'avoir fait avec tant de hardiesse et d'ampleur? Les opérations spé- ciales abondent à Bages ou à Montescot, pour y attacher une récompense. On peut choisir siu'lout ce vaste dessa- lement de salobre, si bien en rapport avec les besoins de toute une partie de la Hégion, si empreint aussi de ce sens des grandes opérations, qui fut le caractère agricole de M. Barrère; mais ce n'est pas un détail seulement de cette belle carrière, c'est elle-mênie tout entière iju'il faut marquer de distinction. La récompense que vous décer- nerez à M. Barrère, faites-là assez marquante et excep- 53 tinnnolle pour (|ir;i vùir dos enseignements de la Prime d'honneur, elle signale à la Hégion , comme de grands modèles, ce beau patrimoine formé de rien dans la cul- ture et par la culture seide, toutes les meillem-es, toutes les plus lecondes vertus de nos classes rurales, résumées dans la vie et dans le succès de ce laboureur, et surtout le grand exemple qu'il a donné de l'élévation d'une famille an sein de sa condition même, par le travail cl |.;ii l'jn- telligence. GERMAIN VILLE. Je disais à propos du Mas-d'Enle, (pie ses travaux rcmanpiahlcs devaienl (|uekpie chose à un voisinage dont j'aurais à vous parler avec détail. Ce voisinage, c'est Ger- mainville, la ferme-école des Pvrénées-Orientales. Il n'a pas été précieux |)onr M. llénaul seulement; la conimis- sion espèi'c qu'il va mériter à vos yeux d"éire érigé en modèle pour le déparlemenl tout entier. Sa supériorité s'exprime en peu de mois: on y voit plus considcrahles, plus complètes, pins achevées que chez aucun concurrent,' ces réparations foncières (pii se sont rencontrées chez plu- sieurs, et (|ui send)lent l'onivre première de presque tous les cultivateurs de ce pays; il présente, en outre, ce que vous n'avez trouvé encore nulle pari ; un bel étal de cul- ture el de production, régnant de la manière la plus égale dans toutes les parties d'ini grand domaine. Germainville est une des ariciennes propriétés de ce pays. Le canal espagnol , qu'on appelle le nuisscau de Perpi;/ii(m, passe lout auprès, et il jouit d'une de ces chartes de plein arrosage signées par les Rois d'.VragonO. Il ap|)artient, connne le Mas-d'Kule, à ces tènements qui s'étendent entre Thuir et le Soler, el qui sont en (piehpie (I) |i!iil(ml les niveaux, I;i pciiU', cl épierrer les cliamps. Une Irancliéo (jni t'iiiome snns inlorriiptioii la projjriété entière, tel a clé le picniicr oiivrai,'e. Ce sont près de deux lieues (le vastes ibssés''', dont plus de moitié n'a pas moins de (piatre mètres de liautcur sur trois de plafond. Après cet énoruie travail, on a dû creuser dans le talweg des terres, sur l.aOO mètres de développement, un grand lit de (piatre mètres de large, où vont aboutir toutes les eaux des drains et toutes celles d'arrosage. Vous recon- naissez là le modèle, et une partie de ce ipie vous avez loué et encouragé au Mas-d'Kule. M. Ilénaut, clleclive- nient, a fait à moitié trais 700 mètres de ce grand travail (pii longe sa propriété. D'mi autre côté, toutes les pièces du domaine étaient remaniées, nivelées à nouveau, sil- lonnées de pierrées profondes, (pii les drainaient tout en d(''l)layant leur surface. Ouinze années ont été nécessaires pour mener à lin ces opérations, dont chacune à elle seule est un travail considc'rahle. Aujourd'hui tout cela est achevé justprau dernier détail, porte ses fruits et montre une exécution supérieure. Le domaine oUVe dans toutes ses parties des |)lans parfaits, (jue Tirrigalion aliciut partout sans ellbrts, où pourraient manœuvrer avec tout le profit désirable les instruments les plus délicats de la mécanique agricole, si bien (ju'avec ses terres aduiirablemeut unies, ses canaux soigneusement tenus, ses belles eaux, ses avenues om- bragées, ses chemins bien ouverts, ses grands rideaux d'arbres cl riiori/A)n maguiliipie cpii renviroiiiic, (i(Miiiaiii- ville semblerait un vaste jardin, plutôt (pi'nne exploitation agricole , ii (pii ne sauiait pas v(»ir dans ces soins et ce Uni lannonce et la souice même dune production hors ligne. C'est la cultin'e, en elfel, qui pare Germainxillc Ce (Iniii.iinc pr('S('nl;nt deux imlures de terrains. I ne |i;irli(\ (Ij S. 0(10 mc'ii's (II' ilcvolnii|i(imiil. 56 la iDoindre^'^ était ari^ilo-sableusc, passant sur (|iielqiies points à une alliivion prolondo ; dans le reste, la silice seule existait, [irésenlant |)art"ois un gravier pur. Somme toute, c'était un tènemenl médiocre. H iallait les grands travaux (juo vous venez de voir, pour met Ire le meilleur en état (le produire, et Ton n'aurait lire une rémunération sérieuse d'aucune partie sans les délbncements , les en- grais, de bonnes rotations, l'arrosage, en un mot sans les plus judicieuses règles de l'agronomie. Distribuer la production entre ces divers teriains, c'(''lail la pierre de touche : on y a pleinement réussi, (^e qui est caillouteux, sans liaison, impropre à tenir l'engrais, se desséchant vile, on l'a donné à la vigne; M. Cuillé en a ajouté 7û hectares aux 8 hectares (pi'il trouva [)lantcs. Le surplus ap|)arlicnt à la culture arable , et deux assolements , deux modes d'exploilalion se le parlagent , associés chacun à une forte proportion de luzerne et de sair)ioin hors sole. Dans les parties perméables, où la chaleur pénètre vile, on la végétation est ra|)ide, l'assolement biennal du Uoussillon : piailles sarclées et blé, avec ciilluies dérobées, rendu coiiiplétement inliMisiC |iar ÔO.tJOO kilos de fumier par hectare appli(piés aux |tlanles sarclées. Dans les terrains consistaiils, profonds, frais par eux-mêmes, un assolement (piiiu|uennal qu'ouvrent des récolles sarclées bien fumées, et (pii fait alterner rigoureusemeni les fourrages verts avec les céréales. C'est le seul assolenuMif normal ipi'il ail élé donné à la commission de renconlrer en dehors de celle culture biennale sans repos que les conditions naturelles permeltent ici, et, parmi les rotations faites pour exploiter la fertilité tout en l'accroissant sans cesse, c'est une de celles (pii seraient le plus propre îi développer la prodiic- lion dans les riches limons el dans les puissanls lenc.- vci-ls si répandus en Uoussillon'-'. (1) Ai) hcrlarfs uiivirun. (2) l'rciriitTu année, févcrollos sur ilcloiioiiiiciil, luiin.'i's ;i 'l'i.OOO kilnsi' 57 Dans le détail, loul répond a la justesse de ces règles, et témoigne de leiii" application suivie, f.a commission n'a vu que des labours parfaits et des récoltes complètes. Sauf une prairie naturelle usée, qui est h détruire tout entière, elle n'a rien trouvé qui fùl fail)l(^ ,Ie n'en exce|)te pas les vignes, qiioi(pio les anciennes dussent être déjà renouvelées ou greffées, si les prix actuels du vin n'expli- quaient pas qu'on les ait maintenues. Les céréales surtout sont remarquables, oiïrant la plus vigoureuse végétation, aibnirablement égales, |)résagoant de très-liauts rendo- nienls. Dos lupins (|u'()n allait faucher lors de notre visiie, des farouches (jui l'avaient été le malin, 10 hectaies de luzerne à l'arrosage après la coupe et dans une terre très-médiocre, les pommes de terre, une grande pièce de betteraves, du mais-fourrage, un sainfoin de Tannée, des terres qu'on jtréparait pour le maïs en grain et le petit millet, tout cela appelait l'éloge d'une manière ab- solue, el la commission éprouve d'autant plus de satis- faction à le dire, (pie tout cela lui a été montré tel que (•ha(iue jour le présente, sans apprêt aucun, connue si ses nuMnbres n'étaient pas des juges dis|)osant du prix le [)lus envié. Tout cela se résume à son tour par ce chill're, (jue l'hectare, qui donnait une moyenne de 5o fr. net, en donne à présent une de plus de l.'iO fr. Du reste, si l'on regarde au bétail et au fimiicr, c'esl- ii-dirc à ce qui assure à Texploilalion son mouvement et ses forces, on s'explique cet état remaripiable du liavail et des récoltes. Germainville enirelient une pojudarion animale do (]0 têtes, représentant chacune 120 kilos de poids vif par hectare arable "*. (-e nombreux bétail est iliinii'ini', l>li' avec trMlc ; Iroisii-iiio, liMli'; (jnalrii'iiic, avoine; cinquifiiu', li)iii'ra(ji's de |ii'ii)l('in|i$ (orge el vescos). (I) 12 rlu'vaiix iiii juments, 12 bœuls ilo tia\ail, 10 vaclies, ." lanivanx, !)()() iDoiitons, la Iruics, 2 venais, de 80 à 100 poieelots. [^e troiiiieaii passe i'élc à la ilionlajjiie [niiir éviter le sanj; de lale. 58 remar(|iinhlc pros(inp à tons (^ijards. Los donzp Itœiil's de travail, (rès-vii(<»iii(Mi\, tii's-l)oaiix, (|iiol(|iios-uiis de |tie- mier choix, appartiiMincnl aux races de l'Ariége et du Roiissilloi), croisées entre elles, cl la iiliipail sont r)és et élevés sur le domaine. M. (Iniilc ne veut ce|)cndanl pas s'en tenir h ce croisement. Lors de la visite de la comnnssion, il venait de renouveler tonte sa vacherie en hiMes de Scliwit/. d"une rare perfection. Il était allé les choisir Idi-iuème sur les lieux. Il allcnd des n'-sultats su|)érieurs du mélaiii>c des sangs schwit/ et mijanais, et la commission ne l'a pas vu sans satisfaction entrer dans celte voie, cpii lui |)arail approprit'e au pays. I,a seule critique à faire, porte sur le troupeau, non (pi'on ne le trouve pas, comme îoiil le reste, irréprochable d'enlre- lien, de tenue et donnant une laine très-line, mais parce que M. (luillé ne le reijarde pas encore des mêmes yeux dilliciles (\uo son hétail bovine. .\vec ces yeux-là, il le voudrait plus rapproche du type de boucherie, auipiel il l'aul venir, bon gré mal gré, pour avoir du bénélice. Son espèce porcine est dans ces principes: on ne pouvait faire de meilleurs choix ici que les hampshire et berkshire (|ui le composent. Somme toute, on est autorisé îi dire, (pi'à côté de ses travaux hors ligue et de ses récoltes parfaites, ce domaine possède encore un magniM(|ue bétail. Ce bétail ne fait (pie très-accessoirement de la viande. .\ tout ce laulrc, (pie le jour indispensable. Il présente deux cases, don! le phm incline vers un réser- voir commun, et entre les(|iielles un lond)ereau peut se placer. On slralillc successivement dans ces cases les (I) l^es vai'lics iiiciinjs sont aUeléus j».)iir los U'avaiu faciles. 59 litières de toute provenance, augmentées des vidanges de la maison, et l'on arrose les tas avec le jus (pi'ils rendent, étendu d'une dissolution de sulHite de l'or"). On a ainsi un fumier normal, au(|uel il ne manquerait que de rece- voir tous les pin-ins des écuries pour être dans le rapport le plus complet, le plus IVuclueux, avec le bétail entretenu et la nourriture consonnnée. Vous connaîtrez toute l'exploitation de y\. Cuillé, quand j'aurai dit que les bâtiments ipii la desservent, répondent à ses autres parties. Ils forment, avec la maison (niahilalion, un enseudtle bien à portée de tout le domaine, ouvert sur une large avenue, où tous les cliemins s'endjranclient, orné de beaux jardins fruitiers. Quoi(pie construits ou augmentés successivement , ils ont été commodément disjtosés, sans place perdue et sans dépense inutile. Les écuries des bêtes de travail, déjà aueiennes, n'olfrent pas les détails perfectionnés (pii deviennent habituels mainte- nant; du moins sont-elles spacieuses, bien aérées et stric- tement alfectées chacune à une catégorie d"animau\ ; j'ajouterai, d"aillein's, (pie la supc-riorilé de ces animaux détournait lolalement de voir (piil y manquât (piehpie chose. La bergerie, en tout cas, plus récemment faite, est un établissement complet, en tout ce qui le regarde, et presipie modèle. La porcherie, qu'on venait d'achever I année dernière, remplit aussi toutes les exigences, pré- sentant sous un même toit une suite de loges disposées des deux côtés d'un corridor, avec cour pour chacune , préau commun, bassin d'eau, sa cuisine spéciale, ses magasins et ses logements à elle. Les chais, les caves à tubercules, les greniers ;i blé, les logements du person- nel, forment le reste de ces bâtiments, où l"on doit dire que tout ce (jui est nécessaire existe dans les conditions convenables. Voilà connnent tout se soulienl el se [iroduit récipro- (I) llaiis la |)ro|iMilion ,lr I l.il,, p,,- |00 lidcs J".,)!!. 60 qnement dans l'exploitation do Germainvillo. Quolquo chose V reste îi voir : c"esl la terme-école, qui date de la l'onda- tion de ce genre d'établissements en Ieiidanl ëenucoup à ne pas dédaigner les puissantes forces (pie les engrais pulvéridenls procurent, et à sortir de roulillage médiocre (lu pays, pour prendre les instruments mieux combinés qui sinqdilienl le travail tout en le rendant meilleur; je suis presque confus de dire que les charrues Domhasie même sont exclues de (iermainville, comme de tout le Rous- sillon. Toutefois, on n'élève pas sans timidité, vis-à-vis de M. Cuillé, ces réserves commandées par ragronomie. Il a sextuplé sa renie en délinitive, porté de o.oOO fr. à près de 20.000 fr. son revenu moyen; il a eu plus de 50.000 fr. de (piitle ces années dernières, .\voir obtenu cela avec les pralicpies de tout le monde, donne une autorité faite pour retenir la critique, et explique qu'on aarde les voies battues sans se tourmenter du mieux. Mais, d'un autre côté, quel prix ne doit-on pas reconnaître a ce caractère de fini dans les conditions ordinaires, qui est celui de l'agricidture de C.ermainville. Que de richesses nouvelles, et que de populations élevées, si seulement, ce caractère devenait commun ! Certes, on aime à attacher la Prime d'honneur à ces agriculures d'éclat, qui saisissent par leurs procédés autant que par leurs effets; mais un travail excellent et une production pleine, réalisés dans toutes les parties à la fois dun domaine à cultures variées en se tenant dans les conditions usuelles , c'est quelque chose de non moins fécond pour ne pas paraître aussi bril- lant, et de non moins rare, quoique ce semble facile. C'est le plus parfait modèle aussi, le modèle qui est dans la juste proportion des choses. Les instructions mêmes qui sont ici la loi du jury, avaient en vue des exploitations comme celle de M. Cuille, quand elles donnaient celte délinition si bien mesurée du lain-éal de la Prime d'honneur : « Tu domaine sagement dirigé, et soumis a une culture en rapport par- €3 lait avec les circonslances locales, liicn i(''i^l('e dans ses (Icpenses, produclive dans ses résultais, dont l'exemple puisse être sûrement invoqué. » Vous sanclionneiez donc, messieurs, le jiigemcnlde la commission, rnanimement. comme elle, vous décernerez la l^iime d'honneur an domaine l'erme-école de (iermain- ville. Comme elle, aussi, vous n)arquerez de la plus liante lie vosdistinctions spéciales, les i^rands exemples ai;iic(des de Hages, en attribuant la grande médaille d'or aux ing(''- iiieux et puissants dessalements de salobres qu'avait laits M. J. Harrère. Nous vous demandons d'accorder, en outre, une médaille d'or à l'ensemble vilicole de M. Saiivv; une autre, à M. Ilénaul, pour ses travaux de dessèchement et d'irrigation combinés; une troisième, à .M. V. Malègne, pour la proportion exceptionnelle du bétail dans sa |)etile et jeune exploitation. Il n'y aura pas une partie du département (pii ne soit enseignée par ces récompenses, et elles ne montreront à son agriculture que les routes on elle peut utilement s'engager. D'antres avantages s'y attacheront encore. Les travaux (|u'elles vont signaler appartiennent à cette agro- nomie désormais commandée par les choses, qui ne vent plus mesurer les eiïorts que sur les besoins sans cesse augmentés, et qui se (le :i l'apidication de forces t(»nj(Hirs plus grandes au sol pour en obtenir toute la rémunération légitime. l]tt temps a existé où l'on vivait chez soi et sur soi. Les bornes de son propre pays lormaienl pour le » iilii- vatenr presijue celles du monde. C'était produire sans issue que de produire beaucoup. L'agriculture était deve- nue naturellement cette inerte jouissance de la terre, re- cherchée pour la sécurité de la lortune ac{inise, mais oîi l'on eût cr.i perdu ou jeté en prodigue t(.iit capital qu'on y eût employé. On est sorti désormais de ces données stériles, comme des anciennes voies sociales d'où elles dérivaient. L'entière liberté de la vie. rabaissement de 64 toute frontière, luiiiversalité et l'instantanéité des rap- ports et (les échanges, impriment |)arlonl un mouvement rapide qui généralise le bien-être, qui en élève le niveau à toute heure, (pii l'ail une ohligaliou rigoureuse de l'élever sans cesse : produire aclivemenl, produire de plus en plus, c'est la loi nécessaire. Nous ne sommes ici (|u'à cause de cette loi. A cause d'elle a été entreprise celte révision mémorable de notre législation économique, poursuivie avec une supériorité si soutenue et un si prolbud sentiment de sa fécondité par le Ministre de qui nos opérations res- sorlenl; à cause d'elle, il allait lui-même, l'autre jour, remettre aux concurrents de Poissy les grands prix qui s'y décernent, et leur parler le langage élevé que dictent les vues d'Élal, ap|)uyées sur la science et le bien public-. Si dans ces dispositions, qui n'ont que trop lardé, il est un service considérable entre ceux que les Concours Régionaux sont appelés à rendre, c'est de faire oublier déliuilivemenl les vieilles opinions, (|ui ne voyaient dans l'agriculture qu'un état sacrilié, où il y avait d'autant ])lus de mérite à se tenir, qu'il ne laissait pas de fortune à faire. Comme les lauréats des années précédentes, les lauréats d'aujourd'hui nous aideront dans cette tâche. Au déparlemenl qui les présente, et dans lequel la nature a réuni toute la fertilité des alluvions, tonte la puissance du climat méridional,;! toute la fraîcheur de l'arrosage, à celle Jléiiion Sud qui recèle encore tant de richesses latentes sous ses grandes richesses visibles, a notre pays tout entier, qu'attend une ère agricole nouvelle, ils feront voir ce que de judicieuses et de généreuses avances peuvent pom- la production; ils apprendront ce que procurera de richesse et d'élévation de la vie, l'agriculture devenue une profes- sion véritable; ils diront une fois de plus que, !ors(pi'on décerne de hautes distinctions à des cultivateurs d'élile, ce ne sont pas des vertus résignées et obscures qu'on récompense, mais une grande industrie que l'on relève. DISTRIBUTION DES PRIX ET MEDAILLES. COMMISSION CENTRALE. Président M. le Préfet. Vice-Présidents.... M. le Maire de Perpignan. M. le premier Adjoint. M. Saisset, deuxième Adjoint. Secrétaire-Général. . M. Lloiibes ( Aui^'^iiste ) , président de la Société Agricole, Scienlilique et Littéraire des Pyrénées- Orientales. MM. les Présidents, Vice-Présidents et Secrétaires des diver.ses Commissions spéciales. PREMIERE DIVISION. Prime d'Honneur pour l'exploitation du département des Pyrénées-Orientales la mieux dirigée, et qui a réalisé les amé- liorations les plus utiles et les plus propres à être olTertes comme exemple. Une coupe d'argent et une somme de cinq mille francs, à M. Ger- main Cuillé, directeur de la Ferme-École de Liermainville, à Perpignan. Récompense aux agents de l'exploitation qui a obtenu la prime d'honneur. Une médaille d'argent et 100 l'r., à M. Boy. Idem et 100 ù M. Aymar. Idem et 100 à M. Gantier. Lue médaille de bronze et 50 à M. Solère. Idem et 50 à M. Pomeroly. Idem et 50 à M. Madern. Idem et 35 à M. Amalrich. Idem et 15 à M. Bignals. 66 Médailles proposées pour des améliorations agricoles spéciales. Grande médaille d'or, à M. Barrère (Jacques), à Bages. Médaille d'or, à M. Sauvy-Vilar, à Perpignan. Id. à M. Malègue, à Pézilla-de-la-Rivière. Id. à M. llainaut, au Scier. DEUXIÈME DIVISION.— ANIMAUX REPRODUCTEURS. FREMIÈHC CI.ASSE. — ESPÈCE BOVINE. PREMIÈRE CATÉGORIE.— RACES FRANÇAISES PURE3. Mâles. Première Section. ^e>- i„ix. — Une inéJaille d'or et 600 fr., à M. Marion île Gaja , h Gaja-la- Selve. 2e pris. —Une médaille d'argent et oOO fr., à M. Bncb, à iMonti)elIier. 5e prix. — Une médaille de bronze et 400 fr., à M. Jumas, à Uzès (Gard). 4e niix.- Une médaille de bronze et 500 fr., à M. Bazille, à Moulpellier. Deuxième Section. ^er prix. — Une médaille d'or et 600 fr., à M. Bazille, précité. 2= prix. — Une médaille d'arjjent et 500 fr., à M. Marion de Gaja, précité. 5e pris. — Une médaille de bronze et -iOO Fr., ii M. Bocb, précite. 4e pris.— Une mcd. de bronze et 500 fr., à M. Latapie, à Castelnaudary. Femelles. Première Section. ^er prix. — Une médaille d'or et 500 fr., à M. Faral, h Alzonne. 2* prix. - Une médaille d'argent et 200 fr., à M. Marion de Gaja, précité. 5e prix. -Une médaille de bronze et I iiO fr., à M. de Selva, à Perpignan. Deuxième Section. .,.r prix. - Une médaille d'or et 400 fr., à M. Vincent Malègue, précité. 2<- prix.— Une médaille d'argent et 500 fr., à M. Tarai, précité. y prix. —Une médaille de bronze et 200 fr., à M. Latapie, précité. 67 Troisième Section. ^"■'■ prix. --Une inédailli; d'or et 400 fr., à iM. Lourdon, à Montpellier. 2« prix. — Une médaille d'argent et 300 fr., à M. Mourgues, à Montpellier. 3'' prix. — L'ne médaille de bronze et 200 fr., à M. Bazille, jirccilc. A^ prix. — Une médaille de bronze et liiO fr., à M. Marion de Gaja, ■précité. DEUXIÈME CATÉGORIE. — RACE DURHAM PURE. Mâles. Première Section. l'oint de prix. Deuxième Section. l'oint de premier prix. 2» prix. —Une médailL' d'aiMcnt el "iOD (r., ;i M. Malèguc, 'précité. Femelles. Première Section. Point de prix. Deuxième Section. Point de premier prix. 2'' prix. — Une médaille d'ar(yrnt et 300 fr., à i\I. Sabatier d'I'lspeyran , à Saiiit-Ciilles. Troisième Section. l'oint de prix. TROISILME catégorie. — R.4.CES ÉTRANGÈRES PURES DIVERSES. Mâles. Première Section. 1"^ prix. — Supprimé. ' • DiMixièmo Section. Point do prix. 68 Fejnelles. Première Section. Point de pris. Deuxième Section. Point de premier prix, 2» prix. — Une médaille d'argent et 500 fr., à M. Causse, à Sommières. Troisième Section. ^e'■ prix. — Une médaille d'or et 400 fr., à RI. Destrcmx de Saint-Cbrislol, à Alais. 2e prix. — Une médaille d'argent et 500 fr., à M. Causse, précUii. 3* prix. — One médaille de bron/.e et 200 fr., à M. Mourgues, précité. QUATRIÈJIE CATÉGORIE. — CROISEMENTS DURHAM. Mâles. Première Section. Point de prix. Point de Prix. Deuxième Section, Femelles. Première Section. Point de premier prix. 2« prix. — Une médaille d'argent et 200 fr., à M. Destrcmx deSaint-Cbristoi, précilé. Deuxième Section, Point de premier prix. 2* prix. — Une médaille d'argent et 300 fr., a RI. Malègue, précité. Troisième Section, Point de premier prix. 2' prix. — Une médaille d'argent et 300 fr., à M. le duc de Filz-Janies, à Saint-Gilles. 6 y CINQUIÈME CATÉGORIE. — CROISEMENTS DIVERS. Mâles. Première Section. Point (le prix. Deuxième Section. Point de prix. Femelles. Première Section. Point de premier prix. 2' prix. — Supprimé. Deuxième Section. ^" prix, — Une médaille d'or et 200 fr., à M. Sabatier, précité. Troisième Section. •I'''' prix. — Supprimé. Oe prix. — Une nicdaillc d'ar{;cnl et 200 fr., à M. Numa Rives, à Cuxac- Ca bardés. 5' prix. — Une médaille de brome et 1 aO fr., à M. Latapic, précité. DEUXIÈME CLASSE. ^ESPÈCE OVINE. PREMIÈRE CATÉGORIE.— U.\Ci:S MÉRINOS ET MÉTIS-MÉRINOS. Mâles. ^-■r prix. —Une médaille d'or cl 500 fr., h M. Courier, à Fraisse-Cabardès. 2"^ prix. —Une médaille d'aryrnl et 250 fr., à M. de Cassai(;neau de Brasse, h I.imonx. 5e prix.- Une médaille de bronze et 200 fr., à M. Louis de Fournas , à Carcassonne. /,c prix. — Une médaille de bronze et ITo fr., à M. Cnillé, précité, fi' prix. — Une médaille de bronze et l.'iOfr., h ^\. Marion de Gaja, pre'ciVe. fjc prix. — Une médaille de bronze et 125 fr., à M. Siurolcs, à Pczilla-de- la-Riïiére. 70 7c prix. — Inc mcJaille de bronze et \ 10 fr., à M. Auriol, à Canet. ge j)ii\. — Duc mcilaillc de bronze et 100 fr., à M. Angles, à Sigean. ge prix. — Pne imilaille de bronze et 80 fr., à M. Briizy, à Perpignan. Femelles. 1er prix. _ Une médaille d'or et 500 fr , à M. Cuillc, ■précité. 2" prix. — Une médaille d'argent et 2o0 fr., à M. de Cassaigneau de Brasse, précilê. 3e prix. — Une midaillo de bronr.e et 200 fr., à M. llainaiit, jirétilé. 4« prix. — Une médaille de bronze cl l7o fr., à iM. Tapié-Mengau, à Salles (.\iide). 5» prix. — Une médaille de bronze et ^50 fr., à M. Mortagc, à Pézilla-de- la-Rivière. G« prix. - Une médaille de bronze cl I2j fr., à M. Lades Goût, à Carcas- sonne. 7= prix. — Une médaille de bronze et 1 10 fr, à M. Foixnnnet, à Alénya. ge pri^_ —Une médaille Je bronze et 100 fr , à M. Piijas, à Argelés sur-M. DEUXIÈME CATÉGORIE. — RACE BARRARINE. Mâles. |rr prix. — Une médaille d'or et 200 fr., à M. le duc de Fi(z-,Iames, })rfVi7c'. oe prix. — Une médaille d'argent et 150 fr., à M. Castres, à Sainl-Kéliu- d'Avall. 5« prix.- Dne médaille de bronze et 100 fr., à M. André Tenipier, à Ainiargues (Gard). Femelles. I«r prix.— Une médaille d'or et 200 fr., ;i M. André Tcmpicr, prm/é. 2^ prix. — Une médaille d'ar|;en tel I jO rr.,à M. le dnc de Filz-Jamcs, ptci/t. TROISIÈME CATÉGORIE. — RACE A LAINE COMMUNE. Mâles. Point de prix. Femelles. I "prix. —Une médaille d'or el 500 fr, à M. deCassaigncau délirasse, preci/i;. 71 2' prii. — Une médaille d'arijcut el 200 fr., à M. de MarlriD-Uonos, à Narboniie. 3<- j)iis. — Une médaille de bronze et loO fr., à M. Siurolcs, précité. QUATRIÈME CATÉGORIE.— RACES ÉTRANGÈRES DIVERSES. Mâles. ^ir|„.i^._Unc iiK'daille d'or cl 500 fr., à M. Louis Fabre, à Saiiit-Privat (Vaucluse). 2'' i)rix. — Due médaille d'argent et 200 fr., .'i M. L* de Fournas, précité. Femelles. I" prix. — Duc médaille d'or et ÔOO fr., à M. Louis Fabre, précité. CINQUIÈME CATÉGORIE. — CROISEMENTS DIVERS. Mâles. .jfipri>t. — Une médaille d'or et 500 fr., .'i M. Louis Fabre, précité. 2" prix. — Une médaille d'argent et 200 fr., à M. Sarda, h Lésignan (Aude). 5e prix. — Une médaille de bronze el loO fr., à M. Barrère, précité. Une mention bonorable, à M. le duc de Fitz-Fames, précité. Femelles. I" prix. — Une médaille d'or et ÔOO fr., à M. Louis Fabre, précité. 2' prix. — Une médaille d'argent et 200 fr., à M. le duc de Filz-James, précité. î)e prix. — Une médaille de bronze et 1 .'iO fr., à M. André Tempier, précité. A' prix. — Une médaille de bronze et 100 fr., à M. Barrère, précité. Une mention bonorable, à M. Ïapié-Mengau, précité. TROISIEME CLASSE. ESPECE PORCINE. PREMIÈRE CATÉGORIE. — RACES INDIGÈNES PURES. Mâles. l'oint (Ir piix. Femelles. l'oint de premier pris. 72 1 2' prix. — Une nicJaille d'arj;cnl et 150 fr., à M. Coloinbics, à Pézilla-de- la-Rivière. Dne mention honorable, à M. Malègue, précité. | DEUXIÈME CATÉGOniE. — RACES ÉTRANGÈRES. Mâles. •("prix. — Une médaille d'or et 2o0 fr., à M. de IMartrin-Donos, jirécité. 2' prix. — Une niéilaillc d'argent et 200 fr., à M. Maiègne, jtrécilé. 3' prix. — Une médaille de bronze et lîiO fr., à M. de Cassaigncau de Brasse, précité. A^ prix. — Une médaille de bronze et 100 fr., à M. Marion de Gaja, précité. Femelles. ■1"' prix. — Une mcd;iille d"or et 200 fr., h iM. Malègue, précité. 2"^ prix. — Une médaille d'argent et 150 fr., à M. Marion de Gaja, précité. 5* prix. — Une médaille de bronze et 100 fr., à M. Sanvy, précité. ■'i' prix. — Une médaille de bronze et 80 fr., à M. de Cassaignean de Hrasse, précité. S"" prix.— Une médaille de bronze et 70 fr., à M. Cnillé, précité. TROISIÈME CATÉGORIE.— CROISEMENTS ENTRE RACES FRANÇAISES ET RACES ÉTRANGÈRES. Mâles. Point de prix. Femelles. Point de premier prix. 2" prix.— Une médaille d'argent et 100 fr., à M. Wali'gne, précité. QUATRIÈME CLASSE. ANIMAUX DE BASSE-COUR. Une médaille d'argent et 100 fr., à M. r,aies, ;i Millas. Une médaille d'argent et 100 fr., ;i M. Clialcrie, à Marseille. Une médaille de bronze et 20 fr., à .M. Pages, à Saint-Génis. Une niéilaille de bronze et 20 fr., à M. Guillanme Sabalier, à Montpellier. Une médaille de bnime et 20 fr., à M. Baillo, à Thuir. I 73 IVECOMPEÎ^Sî:.S aux serviteurs R13R\\3X. Une somme de 100 fr. et une méduillc d'argent, au sieur Chavannac, emplové chez M. Marion de Gaja. Une somme de 80 fr. et une médaille d'argent, au sieur Romeu, employé chez M. Malègue. Une somme de 70 fr. et une médaille d'argent, au sieur Tailleur, employé chez M. le duc de Filz-Jamcs. Une somme de 60 fr. et une médaille d'argent, au sieur Bonifacc, employé chez M. Gaston Baziile. Une somme de "jO fi'. et une médaille do bronze, au sieur Daniel Michelin, employé chez M. Dcstremx. Une somme de 23 fr. et une médaille de bronze, au sieur Hilles Louis, employé chez M. Gouricr. Cno somme de 2.j fr. et une médaille de bronze, au sieur Esraré, employé chez M. IMartrin-Donos. Une somme de 25 fr. et une médaille de bronze, au sieur Alcngrv, employé chez M. Tapié-Mengau. Une somme de 2o fr. et une médaille de bronze, au sieur Casiex, employé chez M. Sarda. Une somme de 23 fr. et une médaille de bronze, à M"' Catherine Gilles, employée chez M. Gazes. INSTRUMENTS ET MACHINES AGRICOLES. PREMIERE SECTION. Inslrunienls et Machines à l'usage de l'Induslrie agricole, appartenant à des exposants de la Région. Preniièi-e Sous-Section. — Travaux d'extérieur. Charrues. Rappel de médaille d'or, à M. .\uguste Estrade, à Canobès. 74 Point de deuxième prix. 3' prix.— Une médaille de bronze, à M. Court, à Perpignan. Mention honorable, à M. Séguy, à Tliézan (llcraultl. Charrues sous-sol. H;ippel de médaille d'or, à M. Auguste Kstrade, pncilé. 2' prix.— Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, à Montpellier. Mention honorable, à M. Desiremx de Saint-Christol, firécilé. Herses. Rappel de médaille d'or, ;i M. Auguste Estrade, jtrniié. 2« prix. — Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, précité. Rappel de médaille de bronze, à M. Vincent Malègue, précilé. Rouleaux. Rappel de médaille d'or, à M. Auguste Kstrade, précilé. Scarificateurs et Extirpateurs. Point de premier prix. 2' prix. — Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, précilé. Mention honorable, à M. de Chefdebien, à Narbonne. Butteurs. Prix uni(|uc.— (j'ne médaille de bronze, à M. Fulcrand, précité. Mention honorable, à I\I. Malègue, précilé. Machines à faucher les praiiies naturelles ou artificielles. l'oint de prix. Râteaux à cheval. Rappel de médaille d'or, à M. Auguste Estrade, précilé. Véhicules destinés aux transports ruraux. Rappel do médaille de bronze, à M. Rernard, à Montpellier. Mention honorable, à .M. Sarda, h Ralio. Harnais propres aux usages agricoles. Point de prix. 75 Collections d'instruments à main. Point de premier prix. 2* prix. — Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, précité. Menlion honorable, à M. Pierre Eslirach, à RivcsaKes. Araires vigneronnes. I*^'' prix. — Cnc médaille d'or, à I\I. Vincent Mali'gne, firécilé. 2» pii\.— Une médaille d'aqjent, à M. Paul Coste, à Saint-Gilles (Gard). 3» prix.— Une médaille de bronze, à M. Fulcrand, précité. Mention honorable, à M. Peyre, à Conques (Aude). Extirpateui's. Une médaille de bronze, à M. Carcassonne, à Perpignan. Instruments pour tailler la vigne. Une médaille d'argent, à M. Sagan, à Perpignan. na|)pt'l de médaille d'argent, à M. Fulcrand, précité. Une médaille de bronze, à M. Pierre Fstirach, précité. Mention honorable, à M. Barrant, à Cassagnes (Pyrcnces-Oricntales). Deuxiômc Sous-Section. — Travaux d'intérieur. Malaxeurs. l'oint de piemier prix. 2'' prix.- Une médaille de bronze, ,i M. Pinsard, h Montrcdon (Aude). Machines à vapeur, mobiles, applicables à la machine à battre, ou à tout autre usage agricole. f' prix.— Une médaille d'or, à M. Frézonis, à Mars-Saiiit-Pnolle (.\ude) Machines à battre, mobiles, rendant le grain tout nettoyé, propre à être conduit au marche. Point de premier prix. Point de deuxième prix. ."'• prix.— Une médaille de bronze, à M. Soubielle, il Formiguèrcs. 76 Cribles et Trieurs, H«' prix.— Dne médaille d'argent, à M. Prax, à Perpignan. 2' prix.— Dne médaille de bronze, à !\F. Fourment, à Ille. Dne médaille de bronze, à M. Soulé, h Perpignan. Hache- Paille. Point de premier prix. Point de deuxième prix. Mention honorable, à M. Puig, à Perpignan. Pressoirs à vin, mobiles. Une médaille d'or, à M. Macabies, à Perpignan. Une médaille de bronze, à M. Estirach, précilé. Pressoirs à vin, fixes. Une médaille d'or, à M. Tarbouriech, à Pézénas. Tonnellerie. Une médaille de bronze, à M. Alazet, à Saint-Laurent-de-la-Salanque. Une médaille de bronze, à M. Sauvy-Vilar, précité. Pompes mobiles. Rappel de médaille d'or, à MM. Fafcur, à Carcassonne. Pompes fixes. Une médaille d'argent, à MM. Fafenr, précilés. Appareils à soufrer la vigne. Une niéd.iille do bronze, à M. Faurie, à Narbonnc. Happel de médaille de bronze, à M. Granal, à Béziers. Pressoir à cire. Une médaille de bronze, à M. Anrcill, ,'i Vinra. 77 DEUXIÈME SECTION. Iiislruiuenls el Macliines à l'usage de l'induslrie agricole, apparleiianl à des exposants étrangers à la région. Première Sous-Section. — Travaux d'extérieur. Herses. Rappel de imiJuille (rainent, à M. Pellier jeuno, à Paris. Dutteurs. Prix unique.— Une médaille de bronze, à M. Yeillon, à Matlia (Ciiar.-Inf.). Machines à faucher les prairies nalurelks ou arlijicieUes. I""pri\.— Une niédailio d'or, à M. Peltier jeune, prédit:. 2" prix. — Une médaille d'argent, » MM. Clubb et Schuiitb, à Paris. Machines à faner. ••"■prix. — Une médaille d'or, à M. Peltier jeune, précité. 2^ prix. — Une médaille d'argent, à iMM. l^liibb et Scbuiith, précilcs. Râteaux à cheval. J'"" prix. —Une médaille d'argent, à M. Peltier jeune, précité. 2" prix. — Uue médaille de bronze, à iMM. Clubb el Scbniitb, précités. Machines à moissonner. •I*' prix. —Une médaille d'or, à M. Peltier jeune, précité. Pompes à purin. C'' prix.- Une médaille d'argent, à M. Peltier jeune, précité. Ruches. Ua])pel de médaille d'argent, à iM. Haniet, à Paris. Vigneronnes. ^'"■p^ix. — Une médaille d'or, à M. Peltier jeune, précité. 2' piix— Une médaille d'argent, à .M. Veillon, précité. 78 Extirpateurs. Une médaille de bronze, à M. PelLior jeune, pncilé. INSTRl^MENTS îsON PREVUS tM PROGU\MME. Lne médaille d'argent, ;i M. l'iiisard, précité, pour ciment. Une médaille d'argent, à M. Féline, ii Allègre (Gard), pour un sporomètre. Une médaille de bronze, à M. LIanta, à l,a Tour-bas-I^inc (Pyrénées- Orientales), pour une presse à foin. Une médaille de bronze, à iM.M. Fafeur, précités, pour une boite à clapet et robinet. Une médaille de bronze, à M. llolland, à Corneilla-de-la-llivière (Pyrénées- Orientales), pour fers il cbeval. Une médaille de bronze, à iM. Badimon, à Marmaude (Lot-et-Garonne), pour fouloir-égrappoir. Une médaille de bronze, à M. Vigouroux, à Nimes (Gard), pour robinets. lîappel de médaille d'or, à M. Pellier jeune, précité, pour un liaclie-paille. Rappel de médaille d'or, à M. Pialoux, à Agen (Lot-et-Garonne), pour macliine à battie. Rappel de médaille d'or, à M. l'ialoux, précité, pour tarare. Rappel de médaille d'or, à M. Pinet fils, à Abilly ( Indre-et-Loire) , pour manège sans courroies. Une médaille d'or, à M. Grenier, à Toulouse, pour pompes mobiles. Rappel de médaille d'argent, à M. Caroiis, à Toulouse, pour égrainoir a mais. Rappel de médaille d'argent, à M. Gasquet, à Castres, pour trieur. Rappel de médaille d'argent, à M. Vermorel, à Villefranebe (Rbône), pour un tarare. Une médaille d'argent, ii M. Caroiis, précité, pour manège. Une médaille d'argent, à .MM. Massonnct, iNassivet et C'", à Nantes, pour cbarrie-paille secoueur. Une médaille d'argent, à M. Pinel fils, précité, pour égraineuse à trèfle. Rappel de médaille de bronze , à M.M. Massounet, Nassivct et C'"", précités, pour un tarare débourrcur. Une médaille de bronze, à M. Dubois, à Paris, pour un porte-bonleilles. Une médaille de bronze, ;i M. VeiUoii, précité, pour une bonde de tonneau. lions DU Co.NCouiis.-- M. Passedoit, à Saunuir (Maine-et-Loire), pour une umcliine ii vapeur, arrivée trop tard. 79 PRODUITS AGRICOLES. MÉDAILLE d'or, A MM. Gclabcrt et Casteillo, fi Kivesaltes, pour leur vin muscat vieux. Siugla, à Uivesaltfs, pour sou vin roinje ordinaire de 1801. MÉDAILLE d'argent, A Jl.M. Laurent lUirunJ, a Saint-Nazaire ( l'yiént-cs-Orienlalcs) , pour une loison du laine. Guérin Cliallit'r, à Florenzac (Hérault), pour huile d'olives. Louis Fabre, prccilé, pour rensemble de sa colleclion. Gervais,à MoutpclliiT, pour ["acclimatation de Truites de lue et Saumon. Gourier, précilé, pour l'ensemble de son exposition. Malègue, précilCj pour Teusenible de sa collection. Médecin, à Menton (Alpes-Maritimes), pour l'enscnible de ses essences. l'bilippe Massot, à l'erpiguau, pour ses nianclies de fouet en mico- coulier. MÉDAILLE DE BRONZE 5 re . A MM. Carboiiell, à Lr ( i'yrénécs-Orientales) , pour ses pommes de ten Caries, à Perpitjnan, pour souches greffées, d'un à deux ans. Christol, à Béziers, pour engrais indigène. Dauder,à Vernet-les-lJains(l'yrén.-Ui'ienlales), pour son miel et cire. Durand, à Perpignan, pour ses lièges. De Gonsalvo, à Kslagel (Pyrénées-Orientales), pour huile d'olives. Labrousse, à Nyer (l'yrénées-Urienlales), pour miel et cire. De l.ourdoueix, h Montalba (Pyrénées-Orientales), pour ses rouleaux de cercles de châtaignier. Pujol, à Fourques (Pyrénées-Orientales), pour ses planches de liège. Thomas, à lîivcsaltcs, pour ses cristaux de marc. Tapié-Mengau, pricité, pour ses toisons mérinos. Trilha, à La Tour-de-France (Pyrénées-Orientales) , pour ses cocons et ^uies. La Commission décerne une Mention honorable à la Société Agricok", Sciontilitiue et Litléi'aire ilos Pyrénées-Orientales, pour l'ensemble de son exposition. 80 VINS, etc. MÉDAILLE d'argent, A M.M. Sévorin Bassal, à Hivesaltes, pour son vin rougo de -1861. Henri Duverney, à Perpignan , ponr son vin rouge de commerce de 1861. M. Jancr, à Perpignan, pour sou vin rouge de commerce de 1861. Souvras-Territ, à Perpignan, pour son vin rouge froid de <86l. bélieu, à Port-Vendres, pour son vin rouge doux de l8o9. Bonaventure Ueig, à Port-Vendres, pour son vin rouge doux de 1859. Av-DiHiias, à Hivesaltes, pourson vin de gi'enaclie de <86l . Lacrouiolte-BeHonet fils, à Fronligiian ( Hérault ), pour ses vins blancs muscat. Bouaventure Keig, précité , pour son vin rouge, façon l'orlo vieux. Lloubes père, à Perpignan, pour son vin blanc de ^858. Carbonnell, à Cases-de-Péne, pour son vin de malvoisie vieux et son vin de macabeu vieux. Auguste Lloubes, à Perpignan, pour son vin de malvoisie de 18o7. François Pi, à Port-Vendres, pour ses vins de Cosperons de 1837 et 1842. Bonet, a Baiiynl-s-dels-Aspres, pour sou vin rancio, de 40 ans. La Société lioussillonnaise, à Bivesaltes, ^our sou vin de grenache muté de 1858. Auguste Lloubes, précité, pour ses vinaigres de 1850 et 185". Auguste Lloubes, précité, pour son eau-de-vie de muscat de ^850. Guérin-Cbailier, précité, pour son eau-de-vie de vin. Carbonell, précité, pour son ratafia de Cosperons. Blanc-Nover et C'", à Perpignan, pour aiiiselte de Bordeaux et menlbe glaciale. MÉDAILLE DE BRONZE, A MM. Laurent Calmont, à Opoul (Pyrénées-Orientales), pour son vin ronge de commerce de 1 80 1 . Pla, à Saint-l'aul-de-Fenouillet (Pyrénécs-Oricnlulcs), pour son vin rouge de commerce de 18GI • Paul Coronat, à La Tour-dc-Fiance , pour son vin rouge de com- merce de I 861 ■ 81 A MM. Caries, prédit, pour son Tin rouge de 1858. Marlimort, à Rasijjuéres (INrénces-Orientalcs), pour son vin rouge de commerce de I8GI . Roca, à Perpignan, pour son vin ronge de )86). Bélieu, prccité, pour son vin, façon l'orlo. Numa Moubes, à Perpignan, pour son vin blanc de ^8o2. La Sociélé Roussillonnaise do Uivesalles, pour son vin de inacabcu de I8GI. Gauze, à Rivesaltes, pour son vin de Tokay de tSiiT. Panis-Bobé, à Port-Vcndres, pour son vin rancio de 12 ans. Adamoli, à Perpignan, pour son vin rouge d'aranion de I8GI. Anbiiul, à Sallèles (Auiie), pour son vinaigre de 22 ans. Bertrand aîné, à Béziers, pour son vinaigre de madère de 1849. (îélabert et Casteillo, précités, pour leur eau-de-vie de muscat. Robelin, à Salses, pour son eau-de-vie de vin. Calvet, à Cauobès, pour son esprit 5/6 de marc. Villacè(jne père el fils aiué , à Peyrcslortes (Pyrénées-Orientales), pour esprit 3/G ( le goiU de vin ). Lavaysse, à Giguac (Hérault), pour son cura(,'ao. Forl-Despax et Darot, à Toulouse, pour leurs liqueurs. CONCOURS DES ANIMAUX DE LA RACE CHEVALINE, ET DES ANIMAUX GRAS ET DE TRAVAIL. PREMIÈRE CLASSE. — ANIMAUX DE LA RACE CHEVALINE. PREMIÈRE SECTION. — JLMENTS POULINIÈRES. Une prime de 120 fr., à M. de Selva , à Perpignan, pour la jument Biche, âgée de 9 ans. Une prime de 120 fr., à M. Duvernev, à Perpignan, pour la jument Belle, âgée de 13 ans. Une prime de 120 fr., à M. Biaise Fontaneill, à Pézilla-de-la-Rivicre, pour la jument Cocotle, âgée de 13 ans. Lue prime de 120 fr., à M. Justin Durand, :i Perpignan , pour la jument Cocotte, Agée de \0 ans. 6 82 Une prime tle 100 fr., à M. Dtiveniey, précité, pour la jument idolpha, dgce de -'( ans. Une prime (le 100 fr., à M. Joué, ;i Vilk-longuc-Jc-la-Salanque, pour la jument Obtissanle, âgée du G ans. Une prime de 100 fr., à M. Jean Durcassy, à Villelon(;ue-de-la-Salanque, (loiir la jument Belle, âgée de ^0 ans. Une prime de 100 fr., à iM. Jérôme Llobet, à Saint-Féliu-d'.Vvall, pour la jument Anglaise, àjjéc de ■'( ans. Une prime de 100 fr., ;i iM. Jean Baptiste Hcnric, il Saint-Eslèvc, pour la jument lirunelle, âgée de 'i ans. Une prime de 100 fr., à M. ,\ndré Uoger, ;i Saint-Laurent-dc-la-Salanque, pour la jument Belle, âgée de '6 ans. Une prime de 72 fr., à M. de Stlva, précité, pour la jument Biche, 12 ans. Une prime de 72 fr., à M. François Sibieude, i Corneilla-de-la-RivJcro , pour la jument Charmante, âgée de G ans. Une prime de 72 fr., h I\l. Jauberl , à Llupia , pour la jument Moutarde, âgée de 8 ans. Une prime de 72 fr., à M. Marcel Ducassy, à Villelongue-de-la-Salanque, pour la jument Belle, âgée de 4 ans. Une prime de 72 fr., à M. Jacques Durand, à Hivesaltcs, pour la jument Belle, âgée de G ans. Une prime de 72 fr., à M. Joseph l'rax , il Perpignan, pour la jument Gestation, âgée de ^2 ans. Une prime de 72 fr., ii M. iîonct-Desmazes, à Sainl-f.aurent-de-la-Salanque, pour la jument Biclie, âgée de 7 ans. Une prime de 72 fr., à .M. Saturnin Dadies , à Perpignan , pour la jument Belle, âgée de 13 ans. Une prime de 72 fr., il M. Prax, précité, pour la jument l'élisse, 8 ans. Une prime de 72 fr., ;i M. Jean Baillo, à Thuir, pour la jument Stella, âgée de 10 ans. DEUXIÈME SECTION. — POULAINS, POULICHES ET CHEVAUX OU JUMENTS DE SERVICE. Pouliches de 3 ans. Inc prime de 200 fr., à M. Berlrand-Ualanda , à Perpignan, pour la ponliclic Belle, 83 Une [iriine de ISO fr., .i M. Joseph Cavaillt-, à Saiiit-Jcan-Pla-de-Coils, pour la |Hiiili(lio Sorma. Une [irimc de iliO fr., à M. Jean Miffre, à Pi'zilla-de-la-Iiivii're , pour la poulielic yanquine. Une prime do l.'iO fr., à M Jean Montai, au Soler, pour la ])Oulicbc Aa/es«e. Une prime de 100 fr., ;i M. l'erier, à lialio, pour la pouliclie Obcissanle. Une prime de 100 fr., ;i M. de C.iiefdebien , à l'erpignan , pour la puulicbc biche. Pouliches de S an.i. Une prime de liO fr., à M. Jean Miffre, précilé, pour la poiilielie Belle. Une prime de ÏJO fr., à .M. l'onlaneill, précilé, pour la pouliihc Licite. Une prime de oO fr., à M. Jnsliii Durand, précilé, pour la pouliche Palmyre. Une prime de JiO fr., à M. Jules Parcs, à l'erpi|;nan, i-our la pouliche Belle. Une |)rime de 2o fr., à M. François Baillo, à Ihuir. \ Une prune de So Ir., a !\l. .Jean BailIo, a Ihuir. ; Poulains et Pouliches d'un an. • Une médaille d'argent, à M. Ducassy, précilé, pour le poulain Diaz. Une médaille d'argent, à M. Joseph Denamiel , à Millas, pour la pouliche .)liss Sophiii. Une médaille de bronze, à i\I. Ducassy, précilé, poui' la pouliche Itéussile. Une médaille de bionze, à M. Raphaël Joué, à Villelongue-de-la-Salamiue, pour le poulain Obéissanl. Une médaille de bronze, à M. Bonavcnturc Camps, à La Tour-bas-Elne, pour le poulain Kalés. Une médaille de bronze, à i\l. Brogard , à Mine, pour la pouliche Scapine. Une médaille de bronze, à M. Jean Baillo, précilé , pour la pouliche liijou. Une médaille de bronze, ii M. Duverney, précité , pour la pouliche YaiiAi'ii. Poulains de S ans. Une médaille d'argent, à M. Jean-Baptiste Henric, j)rtci/f , pour le poulain Sankin. Une médaille d'argent, à M. Sébc, à l'erpignan, pour le poulain .VaiiAiii. Une médaille de bronze, à .M. (juiler, à S'-llippolyle, pour le poulain Itlond. Une méilaille Je bronze, à M. (iuiler, précilc, |iour le poulain linrdol. l'nc médaille de bronze, à M. l.-lt. I.abau, à llle, pour le poulain liijou. 84 UnB nu'iliiille de bronze, à M. Charles Lazeniic, à Perpignan, pour le poulain Zesmer. Une médaille de bronze, à M. Corne Modal, à Corncilla-de-Ia-Rivièrc, pour le poulain Lionel. Poulains castrés, de 3 ans. Une médaille d'argent, à M. Jules de Lamcr, a Perpignan, pour le poulain Front in. Une médaille d'argent, à M. François Baillo, pn'ci/f, pour le poulain Ltger. Chevaux et Juments de service, de 4 à 5 ans. Une médaille d'argenf, à M. Fontaneill, précité, pour la jument GringaUttt, A ans. Une médaille d'argent, à I\l. Cii. Lazcrmc , prédit , pour la jument Kalése , A ans. Une médaille d'argent, à M. de Chefdebien , précité , pour le cheval Coco, 4 ans. Une mcddille d'argent, à M. de La Busta, à Alénya, pour le cheval yerveux, a ans. Une médaille de bronze, à M. Charles Lazerme, précité, pour le cheval Grin- galet, 4 ans. Une médaille de bronze, à M. Fontaneill, précité, pour la jument Lise, o ans. Une médaille de bronze, à M. de La Busta, précité, pour le cheval Piron , o ans. Une médaille de bronze, à .M. Charles Lazerme, précité , pour la jument Mauresque, A ans. Une médaille de bronze, à M. Dispan , à Palau-del-Vidrc , pour la jument Marquise, A ans. Uue médaille de bronze, à M. Sanyas-Siuroles , à Saint-Laurent-de-la- Salanque, pour sa jument de A ans. Une médaille de bronze, à M. James Jaume , a Perpignan , pour la jument Biclie, A ans. Uue médaille de bronze à M. Jacques Falgucre, h Palau-del-Vidrc, pour la jument Belle, A ans. 85 DEDZiÈmE CLASSE. ANIMAUX GKAS ET DE TltAVAIL. PREMIÈRE SECTION. — ANIMAUX DE TRAVAIL. Première Catégorie. — Espèce Bovine. • •^■■piix. — Une mi'd.iille d'or, à M. Cliailos Héiingo, à rerpijjiiaii. 2* pri\. — Une médaille d'argrnt, a i\I. Ilainaut, au Soler. Alciilioci lionoiable, avec niudaillL' de bionzi', à M. Soler, à Alénya. liK'ni Idcni a M. Foixonnet, .î Perpignan. Deuxième Catégorie. — Mides et Mulets. ("■inlï.— Une nn'ilaiile d"or, à M. Sauvy, à l'erpi|;nan. 2' i)i'ix.— Une nu'daillc d'ai|;iMil, à M. niiiand, à Saint-Nazaire. .Mention honorable, a^c iiudaillf de Ijron/.e, à .M. Guichet, ;i \'i!!i!ongue- dels-Monts. Troisième Catégorie. — .incs et Anesses. l'fprix. — Une nu-ilaille il'arjîent, à !M. Sédes, à Pia. 2« prix. — Une médaille d'argent de 2" classe, à M. Modal, ,i Thnir. Alentioii honorable, avec médaille de bronze, .i M. Uacoinbc Saint-Michel, il SaJses. DEUXIÈME .SECTION. — ANIMAUX GRAS. Première Catégorie. — Espèce Bovine. Première Seclion. — Uœuts gras. I>' prix.— Une médaille d'or et 100 fr., à M. Galle, à Thuir. Point de deuxième prix ni de mentions honorables. Deuxième Section. — Bandes de Liieuls. point de prix. Troisième Section. — Vaches. I" prix. — Une médaille d'or et 100 fr., à M. losepli Anf-ladc, ;i Ihéza. 2e prix. — Une médaille d'argenl el .jO fr., ii M. Joseph Giiilard, à Palalda Point de mentions boiuiiables. Onalrième Seclion. -- Bandes de Vaches. Point de prix. 86 Cinquième Section. — Bandes de Veaux, jer |,riv.— Un.' MR'Jaille d'arj^eiit et jO fr., à M. Ilainaul, au Solcr. l'oint de ilcinionu' [)ii\ ni de mentions honorables. Deuxième Catégorie. — Espèce Ovine. Première Section. — Moutons de 24 mois au plus. .jc>pii,._Une médaille d'or et 100 fr., .'i M. Itarrl're fils, à Dagcs. 2' prix.— Une nicdaille d'argent et 50 fr,, à M. Mir, h Formiguèr.s. Deuxième Section.— Moulons âgés de plus do 2i mois. jerj,ri^._L'ne médaille d'arj;cnl et 50 fr., h M. VA. Foixonnet, h Perpignan. Point de deuxième prix ni de mentions honorai)les. Troisième Section. — Brebis. .|er |,ri,._ Une médaille d'argent et )00 fr., h M. Ilainant, au Sider. 2» prix. — Une médaille d'argent cl i)0 fr., à M. Mare Conte, h .Vrgelès- sur-Mcr. Point de mentions lionorablcs. Quatrième Section. — Agneaux de lait. ^e.v |„.i,i._Une médaille d'argent et 50 fr., h M. lîarri le lils, à Bages. 2e prix. — Une médaille d'argent de 2' elassc et ."0 fr., à M. Jae.]. Pujas, à Argelès-sur-Mer. Point de mentions honorables. La Commission a vu avec regret que M. Vincent Malègne, un de ses membres, (pii avait exposé une génisse croisée Durham, ainsi qu'une vache Durham garonnaise, par une délicatesse exa- gérée, a rel'usé toute participation au concours. La Commission se fait un devoir de déclarer, à l'honneur de M. Maiègue, dont elle n'a pu vaincre la résistance, <|ue les deux sujets qu'il a pré- sentés, et qui viennent d'être désignés, ont mérité d'être classés comme premier prix, chacun dans sa section. 87 PRODUITS INDUSTRIELS ET MANUFACTURÉS, PREMIÉRR CATÉGORIE. MédaUle d'or, A MM. Iliillzer, Ouriaii, Jacoiny et C'", à lîia llanls-l'otirneaux. James •fiuiinc, ,i IV'rpiij'iiaii. l'ouïes: Ilaiih-Fouriuaux. Médaille de vermeil, A M. Tons, à Corlsavy. Vers de forge. Médaille d'argent, A MM. Tciiituriei' cl C"^, a MniitjjailLiid. Minerai de cuivre- Usine Sainte-Mario, à La Nouvilli'. Smifies. Médaille de bronze, A MM. Dubois, Anloiiii', h Arlcs-siir-Tcch. t'ers de forge. Saules, à Saint-réliii-d'Avall. Soufres. Piax, Joseph, à l'crpijpian. Soufres. Marty-l'arazols, à Narboiiiie. Soufres (avec ineiilion). Mention honorable, A MM. Plas, frères, ii Hiresaltes. Soufres. Razouls et C'*"; à F.,a Nouvelle. Soufres. Lasserrc, [.oui.';, à Narbonne. Sel marin. DEUXIÈME CATÉGORIE. Médaille d'argent, A MM. Diircniie, à Soniinevairc. Fontes d'ornement. (Rappel.) (îodiii-Lomaire, à Guise, l'onles d'ornement. (Rappel.) Nel, Pliilippo, à Marseille, liaignoircs. (I{ap])el.) lldciuard .Moural, à rerpi(;iian. llijoulerie. Vidal iMentor, .i Mèze. Outils de vilicnlture. Dubois, l'ierre, ii Arles-sur-Terli. l'ers de forge . Médaille de bronze, A MM. Berdaguer, Jaeijues, à ['rades. Couteaux de fantaisie. Sajfaii, Alexandre, à l»erpi|;nan. Outils. Roslin, à l'erpijjnan. Cisailles four la vigne. 88 A "\IM. Lueran, .Tosppli, à l*crpi)|ii;in. Couteaux Sales, à Perpifjiian. Couteaux. Hnca, à llle. Couteaux. Guchens, à Perpijjnan. Bijouterie. Vidal et Lemircliand, n l'erpignan. Cuvette en fonte de fer. Mention honorable, A MiM. Bordaguer, fils, ;i l'rades. Couteaux catalam. Courtes, fils, h Pézenas. Lanttrne. James, à Per|)i{;i)aii. Vonderie en cuivre. Pélissier, à Hivesalles. Ciseaux ])our tailler la vigne. Dorcl, à Perpignan. Outil pour rabattre les faux: Sales, Pierre, à Perpignan. Serrurerie. TROISIÈME CATÉGOHIE. Médaille d'or, A M">° veuve Du Oueylar, à Marseille. Verreries. (Ilappel.) Médaille d'argent, A AIM. Geste, à Toulouse. Vitraux. (Rappel.) Maiivernay, à Saint-Galniicr. Vitraux. (Kappel.) Brunet, à Montpellier. Vitraux d'église. (Kappcl.) Saint- Victor (d'André) à S'-Vielor-des-Oules. Ilriques réfractaires. Oliva, Guillaume, à Saillagouse. Poteries. Couissinier, à Marseille. Ilriques et Carrelages. (Rajipel.) Médaille de bronze, A MM. Boisset-Faucber, à Anduze. Cases pour jardins. Uibère, fils, à Thuir. Cruches. RIagnaii, Maliliieu, à Perpignan. Brigues. Savaglio et Molo, ;i Perpignan. Otijets en élain. Mention honorable, A MM. Astaing, Jean, à Perpignan. Cruelles et Vases. Astaing, liayniond, à Perpignan. Cruelles et Vases. Baillaiid, à Perpignan. Terre cuite; Ciment. Sabarllii'S, à Tluiir. l'olerics. Vicens, s Tluiir. Poteries. 89 QUATRIÈME CATÉGORIE. Médaille d'or, A M. riiili|iot, :i l'ft'pijiian. Marbres. Médaille d'argent, A MM. Ik'vcl, rrédc'i'ic, ;i Tri'bcs. Carreaux vilrés. Magnaii, Valeiitiii, ii Porplgiian. l'tacayes ; Bois. Aulet, à Thuir. Marbres. Médaille de bronze, A MM. (îiiiiaïul, fils, aillé, à TrMjcs. ilarrelages. (Rappel.) (ùiirautl, Aiitoiiio, à Trùhcs. i:arrelaijes. (Rappel.) Maillard, à l*rats-dc-Moll6. Marbres. Uaynaud, père et fils, à Alet. Meules à aiguiser. Alary elJaiiel, à Perpignan. Marbres. (Rappel.) Dehnas, à Perpignan. ISois de conslrnction. MciiHiiii hiiiinrahli', A MM. Caillens, à f.e.Mjuerdc. l'iùtres. (iuiraud-l^vard, à Trébes. Carrelayes. Haxès, à Montbolo. l'hilres. ' Guiry, à Bouleterni'ie. Marbres. l.lorel, à Revnès. Pldlrcs. Maidat cl Aiidonncl, à Candies, /(ois de consiruclion. Vilasèque, à Reynés. Plàlres. Ablanl, ;i Perpignan Marbres; Terre cuite. Hoyer, à Perpignan. .Marbres. Kleinliolt, à iMarseille. l'ians en relief. Ho(ineforl, Jacques, à Perpignan. Lambris d'assemblatje. llouvicre-Cabane, à Mnies. Pierres de taille. Sarda, à Balio. l-^scalier à vis. CINQUIÈME CATKGOUIE. Médaille de bronze, A MM. Aziberl, (ils, à (îruissan. Cordages. MolliMi, (iaspard, ii Marseille. Hameçons. Kiben. fils. !i 'Jriii!>, à Saint -Laurenl-de-la-Sal. Modèle de Trois-MAls. Noé, Joseph, à Coilioure. Modih de Trois-)Iàts. SIXIÈME CATÉGOUIK. Médaille d'argent, A MM. Bernard, lils, à Sainl-l,aiirent-dc-Cerdans. Clnits. (Uappel.) (îranal, à Bézlers. Instnanenls de soufrage. (Rappel.) Géiis, h l'erpiijnan. Machine à tarauder et à visser les chaussures. VelmorcI, à Vilkfranche. Tarare. (Rappel.) Médaille de bronze, A MM. Delor, César, à Grand-Gallar|;ues. Oulils de tonnellerie. (Rappel.) Robert, père et fils, à Montpellier. Soufllcls de [nrges. (Rappel.) Delor, aine, à Gallargues. Outils de lonncUerie. (Rappel) BiebnycU, à Quillan. Chemin de fer aérien. Castany, à Perpignan. Pom)>e n double effet. Glaiisel et G'', à Sauve. Fourches. Jambon, à Sauve. Alambics. Jouane, à Perpignan. Pétrin mécanique. Amans, à Narbonne. yivean volant. Mention honorable, A MM. Basas, h Saint-l.aureiit-de-la-Salan(ine. Oulils de menuiserie. Caulet, à Montpellier. Coupe-papier. I.amolc, à Sournia. Vans en osier. Malbcc, à Réziers. Soufflets pour soufrer. Bouquet, h Montpellier, Muchine à cintrer les brancards. Colomer, à Odeillo. Oulils de menuiserie. DeviUe, à Lalour. Oulils de menuiserie. Vidal-Delos, à Couslouges. Piège à loup. Court, Adolphe, à Perpignan. Soufjlel de forge, Pallarés, Ange, i Boulelcrnère. MouUm à main. 91 A MM. (Unies, Mirlu'l, à Pnmcl. }lndrle de jiressoir. Dourclie, il Marseille. Scie pour le sucre. Labiirllie, à Moiil-de-Marsaii. Pompe à soiilirer. (.assallc, à Sainl-Lauronl-de-la-Salanque. Hache en (er. I.ouison, à Toulouse. Yori« à main. Massiiies, h Canes. Chauffe lils. Plas, Jean, à Kivesaltes. OtUils de menuiserie. SEPTIÈME CATÉGORIE. Médaille d'argent, A MM. Crova et Deihauinau, à Perpignan. Pile cleclriquc. (Rappel.) Pierron, .'i Marseille. Inslriimenls de pesage. (Rappel.) Ahadic, à Perpignan, llnrlaije. Cantagrel, à Montpellier. Cosmo/jraphe. Médaille de hronz-e. A M. Vila, à Perpignan. Cadran solaire. Mention honorable, \ MM. l'Ia-i, à Uivesalles. Compas à ruie points. Gaulas, l'rançois, à Perpignan. Cadran régulateur. Gauilron, à Perpignan. Ilchappemenls. HUITFKMK CATÉGORIE. Médaille d'or, A M. Baudassc-Gazottes, h Montpellier. Cordes de boyaux. (Rappel ) Médaille de vermeil, A MM. Maury et Dumas, à Ninies. Pianos; Clavier-régulateur. (Rappel.) Médaille d'argent, A MM l'iiiiet, I.iieien, ;'i Paris, l'ianns. ^Rappel.) Médaille de bronze. .\ MM. Rrisillacli, à Perpignan, liistraments de musique. Toron, à Perpignan, Instruments de musique. 92 NEUVIÈME CATÉGORIE. Médaille d'or, A M. Canquoin, à Marseille. Cliromngraphies. (lîappel.) Médaille d'argent, A MM. Arles, à Monlpcllii-T. Éliquelles pour jardina. (Uappi-l.) Hngiict-Molinc, à IMontpcllier. Photographies- (Huppel.) Cliapé, à l'crpigiiaii. Lithographies. Médaille de bronze, A M"' Antoinette Tasui, à rorpiijnaii. Imprimés: Affiches. MM. Bataille, à Perpitiiian. l'holographies : Paysages. Cointc-Firiniii, ii Carcassoiiiie. Portraits-cartes. Deplaye-JuUieii ctC'e, au Vitjan. Pierres lilhogrophiques. Mention honorable, A MM. Dessoris, à Per|)i<;nan. Cartes à jouer (catalanes). Hoiicoules, il l'erpijjnan. Édition d'une carte du département. Tiiniiiiier, à Moiitiiollier. Panneaux armoriés. Murer, à l'erpigiiau. Casiiuier compteur. Rayiiauii, à Saiiit-llillaire. Tableauj: grapliiques. Tranloul, à 'l'oulousc. Photographies. DIZIÈME CATÉGORIE. Médaille d'or, A M.M. Paiilet, cousins, .'i S;jint-\n(lié-(lc-San(joins. Eau-t-de-Vies. (liappcl ) Veraii're, à Anianc. Peaux et Tiges pour chaussures. (Rappel.) Lloinbanl, Jacipics, .'i Perpi;;nan. Cuirs tannés. Médaille de vermeil, A M. BarJou, Pierre, à Perpignan. Papier-Job. Médaille d'argent, A MM. Vidal, Joseph, à Perpi|;naii. Cuirs tannés. Banlou, Joseph, à lVrpi(jMi:in, papier-cigarettles. Noèll, Honoré, ;i Perpi(;nan. Teintures. Ronffia, frères, h Perpignan. Papier Impétial li fumer. Brousse, Kdoiiard, à Perpignan. Papier c. fumer cgtindriijue. 93 Médaille de brome. A MiM. Clii'islol, :i Bi'/.iers. ICmjrais. (Rappel.) Milliaiid, jcmic, à Marsfille. Savon blanc. (Rappel.) Capdellayro, Xavier, à Saiiil-l'eliii-ir.Vvall. Savons. Escoffct, à Céi'et. Eau de fleurs d'oranger. Izarn, Denis, à Perpijjnan. Cuir tanm'. Rlir, Jac(|iies, à Pc'r[>ij;iian. Teintures de peaux. Baffait, à l'erpignaii. Veau lannt. Robert, aillé, à Perpignan. Cuirs tannés. 'riiiliaud, à Montpellier. Cuirs et Peaux. Vila, i>ouis, à Perpignan. Chandelles épurées. Garrigues, Jacques, à llle. Peaux ouvrées. Douis, Edouard, h Perpignan. Produits pharmaceutiques. Xalart, à Perpignan. Produits de pliarmacie vétérinaire. Peeli, à Saint-l'aul. Pipes et Cannes artistiques. (Rappel.) Robert, frères, à Perpignan. Cuirs tannés. Ribére, fièrcs, à Perpignan. Cuirs tannés. Gaston, à Rivesalles. Mastic pour tonneaux. Basset, Bernard, à Kspéraza. Peaux ouvrées. lionboninie, à Perpignan. Peaux de chèvres. F^abatliie, à .Montpellier. Papiers ii fumer. (Rappel.) Pislre, Jacq., à Narbonne. S«6«/ance pour bonifier les vins. (Rappel.) Suquet et C'^, à Cl.rniont-i'ilérauit. Engrais. (Rappel.) Mention honorable, A MM. Ilelloc, à Perpignan. Cuirs tannés. Biavy clSieard, à Bé/.icrs. Produits pharmaceutiques. Casicii, à Perpignan. Cuirs tonnés. Grosso, ;i Perpignan. Cwirs tannés. Joullié, À Aniane. Cuirs tannés. Justafré, à Céret. Cuirs tannés. RIarly, llls, à llle. Huiles pour fabriques. Ro.i.'.aud, à Saint-Paul. Cuir. Sicarl, à Narbonnc. Torches tn cire. Trinqnier el Baduel, h I-odève. Peaux préparées. Gravas, à llle. Cuirs tannés. Campanand, u Perpignan. Cierget. 94 A MM. firaïul, à t'rades. Laines (iUes. PoiH-i't, ;i Perpijjnaii. Encre à écrire. Vilar, à Giiiet. Pipes en racine de bruyère. Barraii, à Casteliiauilai y. Engrais. Saj;nls cl O, à Banytils-sur-Mcr. Écorces à lan. Mosselmaii. Enr/rais. Reissac, à Marseille. Pouilre insedicide. KcjToier, fri-res, à Ilia. Engrais. Carbasse, l.ooii, à Perpignan. Panneau.v en papiers peints. Ferian, fièios, à .Aryelcs-sui-IMcr. Cuirs. Havnal, à Narboiine. Pains de verdet. ONZIÈME CATÉGORIE. Horf! (joncours. —Distinction particulière. Administralion de la (îuciTe. liiscuil pour l'armée el la marine. Médaille d'or, A MM. Brunet, à Marseille. Semoules de blé. (Rappel.) Rciiiaiid, Chappar et G'**, à Marseille. Liquturs. (Rappel.) Rouqncllc, père et fils, à Brasse. Farines. (Rappel. ) Médaille de vermeil, A MM. Gros, Jérôme, à Perpignan. Chocolats. iNomdcdeu-Durand, à Gollioure. Conserves d'anchois. Prax, aine, à Perpignan. Fruits glacés et confits. Médaille d'argent, A MM. Blanc-Noyer et 0% à Perpignan. Liqueurs. (Rappel.) Médecin, à Menton. Fleurs d'oranger ; Essences. (Rappel.) Gély, à Garcassonne. Liqueurs; Fruits conjUs. (Rappel.) Portes Fabre, à Garcassonne. Liqueurs cl Sirops. (Rappel.) André et Josepli Nicolan, à Perpignan. CImolals. Teslorv, Eugène, à Perpignan. Liqueurs et Sirops. Fossaly, à Perpignan. Chocolats. Médaille de bronze, A MM. Fort-Paulin et G'S à Toulouse. Liqueurs. (Rappel.) Lavaysse, à (iignac. Liqueurs. (Rappel.) 95 A M!\t. Sauniade, frères, h Montpellier. Dragées; Uoiibons. (Rappel.) Bonzom, Clément, à Perpignan. Biire de BavUre. Caloiii, à Collioure. Conserves d'anchois. Labrousse, à Thorent. Miels. Alicbcl et Viguier, à Cavaillon. Saucissons. Pagès-Réallon, ;i l'erpignan. Chocolats. Salomon, à Avignon. Liqueurs. Vivant, à Perpignan. Confiserie. Banyuls, fi'ères, à Collionre. Anchois. Pourtet, aine, à Perpignan. Confitures; biscuils. Gonrce. (ils, à Arles-sur-Tecli. Chocolat. Mention honorable, A M.M. Arlus, Pierre, à Perpignan. Vins fins. Talavignes, à Sigean. Sel. Itarllielemy, à Montpellier. Fruits imités. Bonzom, Clément, à Perpignan, lins et Eau-de-Vie. Pains-Holié, à Port-Vendres. \in. Brousse, Baptiste, à Perpignan. Liqueurs. Caillens, à Saint- Paul. .Iliel. Cornet, à Perpignan. Chocolat. Vignoles, à Perpignan, l'aim à cacheter (couleurs). fialangau, à .Monlferrer. Trii/'/es conservées. Guinard, Jean, ii Rivesaltes. Vins imités. I.ainolc, à Perpignan. Sirop de punch. Ouillant, à Amélie-les-Bains. Chocolat. Pernod, à Lunel. Absinllus. Raynalt, à Oponl. Vin. RonJony, fils, à Prats-de-Moll6. Chocolat; Ruches à double couvert. Salières et Carbon, à Carcassone. Liqueurs. 'J'alayracli, à Baixas. Viiit. Areens, à Sainl-Paul. lilanquelle. Bane!, à Peipignan. lin ordinaire. Basso, à 'l'bnès. Miel. Royer, à Perpignan. Pièce montée. ColonJre, à 'J'bnir. Sirops. l'illols, il Nvcr. Miel et Ctn. 9G A MM. Galau frères el Ducros, ;i Celte. Vermulhs. Morens, à Osséja. Chocolat. Pui(j, à Céret. Eicre allemande. Rière, à Collioure. Barils pour anchois. Rius, à Marseille. Kxtrails concentrés. Coulzach, à TrouUlas. Vins. Fnurès, ii La Grasse. Blanquette mousseuse. Kaiix minérales de Vergés (Gard). Eaux iniiiérales de Campagne (Aude), liailloc, à Neffiacli. Eau-de-Vie de mûres. Iinberl-Poitevin, à Lunel. Yermutk. IJaurens. Eau-de-Vie. Pages, Aiiloiiie, à Perpignan. Punch. Hors concours, A MM. iiesombes-Parès, frères, à Saint-Laurenl-de-la-Salanque. \ins. Decose, à Liinoux. Yins. De Llobet, à Perpignan. Vins. Noé, Michel, à Collioure. Vins. DOUZIÈME CATÉGORIE. Médaille d'or, A MM. Boudet, à Uzès. Soies grèges. (Rappel.) Nourrigat, à Lunel. Soie; Cocons. (Rappel.) Médaille d'argent, A MM.Pinel, à Quillan. Laines filées. (Rappel.) Vézian-Lombard, à Limoux. Draps. (Rappel.) Bertrand, Martin, à Mont-Louis. Bonneterie. Cavailhé et C'=, à Rives. Draps. (Rappel.) Médaille de bronze. A MM. Conort, h Perjiignan. Sacs de chasse. Laeaze, à Saint-l'aul, Ficelles. Uarric, Jacques, à llle. Veaux ouvrées. Mention honorable, A MM. Alouges, à Collioure. Cabas pour moulin à huile. Beix, à Toulouse. Tissus. 97 A MM. IJobel, à nie. SitarUrie. Mir, à Perpi(;iiaii. Objets en sparterie. Yila, à Prals-Jc-Mollo. Bonnets catatans. I.iioosk', à l'orplniKiii. Couvertures en fit. Mccli, h rcrpi(;iKiii. Cabas en simrterie. TRKIZIÈ.ME CATKGOaiK. Médaille i'anjent, A M.M. Carpeniras, fils, à Marseille. Rois et Marbres peints. (Rappel ) Lapère, à Marseille, '"liiis et Soies. (Kappel.) Huillac, .i Mézcs. Cliaire à prfclier (Ilappel.) Hoii|;iii)l, cadet, ,'i .Saint-l'aul. Ebaiicliuns : Bimbeloterie. MercaiJer, à IVrpij;naii. Hittard. Set vole, à Perpignan. Olijets tournes. Médaille de hronz-e, A MM. Carcassoiiiic, (ils, à l'erpi(;iiaii. Fantaisies tournées. Guelieiis, Joseph, à l'erpij;iiaii. Siéyes ; Fauteuils. I.aijiic, il Perpignan. Sièges: Fauteuils. Lcncou, à Perpignan. Dorures. PoiiipiJur, à Perpignan. Bois et .]larbres peints. Taliés, ;i Perpignan. Meubles (avec mention). Tiran, Noël, à Marseille. Lettres peintes. Aspar, Michel, à Perpignan. Meubles. Mention honorable, A MM. Aller, à Toiilonse. Chaises fliors région). Gdii'uuJ-Fulcran, à Lodève. /'ri«-flieu. Mai lin, à Ginoles. Buis tourné. Magnan, à Perpignan. Buffet en ckéne. Combes, à Millas. Cage. Serre, à Perpignan. Cartonnage. Michel, à Perpignan. Tabouret invacitlable. Non, Julien, à Caslell. l'.orbeillis. ■Son, Michel, à Verncl. /'ailiers. liailletlo, Pierre, à Perpignan. Tableau en paille. Granier de C.assagnae. à Perpignan. Objets divers. 98 QUATORZIÈME CATÉGOKIi;. Médaille d'argent, A JMM. Mercier, à Toulouse. Voilures légères, (ilappcl.) Joseph Caseneuve, (ils, ;i Toiiloiisp. Voilures. Médaille de bronze, A MM. Taui-inya, à Per|)it;nan. Voilures (avec menlliui). Babflnau, à Cliàlcaiibriand. Colliers ù ressort (hors région). Uespaul, à Ulelte. Gourdes. -^ j/y^ / Mention honorable, A MM. Azaïs, à Perpignan. Collier. Pujol, il Perpignan. Coffres de voyage. Mourat, à Perpignan. Boile modèle. ,.),;i QUINZIÈME CATÉGORIE. Médaille d'argent, A MM. Marly, père, à llle. Chapeaux de feutre. Derroja, Uose, à Perpignan. Broderies. Médaille de bronze, A MM. De Capot, à Perpignan. Douions. Il Coste, Ois, à Sainl-l.aureut-(le-Ccrdans. Alpagalei.^ Sidobre, aine, à Perpignan. Saboh. 'j"i";i' Sidobre, jennc, à Perpignan. Sabols. •^"'' ''''H' Vie, à Perpignan. Chapeaux de feuire. ,, Vila, à Perpignan. Chaussures. Rey, Marie, à Perpignan. Broderies en nr. Mention honorable, A M.M. Bailly, à Prades. Espardilles. Daraillé, ii Perpignan, l'ormes pour chaussures. ■ ù ,«'nliii. Veuve Béuézecli, a Celle. Fleurs en coquillages. Cartade, à Perpignan. Souliers de chasse. Cros, à Carcassonne. fleurs en pastdlage. Julien, à lii'ziers. Ouvrages en cheveu.e. Laur.nt, Hélène, à Perpignan. Denleties. Mac, Jenny, à Perpignan. Travail d'aiguille. ■) inc / A MM. Mcifieii, pi-i'c, i PtM*[)igiiaii. Dents arlifmcUea. Julia (pour \oi''), i Collioiir.'. Vicelks. Poix, à Milliis. T/ssaj'; t'n /î<. ■ f Salèlos, à Saiiil-F,aiireiil-tlu-Is-SaIan(|UP. 5afco/s. Taillolc, l'YIicitr, à Perpignan, «oies an crocheU

ti,\ .](.\i,q U A Tlimihfil, Y.vUur, ;, Pcrpijrnan. L'rorferiM ; Tapisserie. Wor.nsn', A-lolpl,., ;. l'crp.j.nan. IHmn.ls. .,nn-Ju.U.ùl .i/, A Xrllic, aiiu', à Perpijjiian . Ciiiffiinr-. liary, à Porpigiiaii. ruraplui.s et VmbicUes. „}| .(/:]/ y Coslc, pi-rc, à l'eipignaii. Soii/iei* awc s«nic/te de chanvre. Danoy, Thérùsc, à Sainl-Laiirfnt-de-Ia-Salai)(|ue..WM«>;.;o i Marr.'ioii, à l'cTpijrnaii. IWjins.cs. ■ ,."... PéroM.U', I.ouis.s à Saint-L.HMi-nl-.l,-la-Sdlj,i.,„e. Ouhutte,. Salas, lîosalif, à ||lc. Deiilelles. ,(j Vidal, Jiis.'pliiiie, à Perpignan. lienldUs. ,:; Talli's, jiMinc, .1 l'crpi|nian. f.asiiuctles. j; CosU", à IVrplifiian. Iiolles vernies. , il Bos, André, à l.aroque. Dais sc«//)/i'. nhùlf. liila, Félii-e, à liivesaltes. Cuiissin à dentelle. lîordeau (vouve), à Perpignan. Dentelles. Bournel, Jean, à Quillan. Sahols. j,,^^,^ ,/j^ ^ Bruyas, Hose, à Perpignan. Chapeaiu de paille. i],„„y Carbon, à Amélie. Oiivi(i(jes en cluveui-. a Cartier, à lispéraza. Iientelles. ., Castel, Pierre, à Perpignan. Ouvrages en cheveti.i\ i De.sjuseur, i Lvon. Vindeties dur. j Dirae, à Celle Oiioraijis en cheveux. ,1 l'orgas, à lilne. Ouvrages eu cheveux. Ccorge, a Toulouse. Dentier. firavas, ;i llle. -rH/rs tannes. f.aporle, Lonis, à Perpignan. Ouvrages en cheveuxyi à ,e-jd ÎMarligncdes, à Sainl-Paiil. Toile impcrnvnblc. Mernu, Jean, à l'erpignan. liais faf,-(,nnc. Pons. Joaeliim, à Saint-I.anienl. LspardiU.es. Snubiié, à l'erpignan. Huis Orodi'. 'Iliezon, frères, à liivesalles. i:hausi.ures. 100 SEIZIÈME CATÉGORIE. Médaille d'or, A M. Massot, Philippe, à Perpignan. Manches de fonds. Médaille de vermeil, A AI. Pujol, Joseph, à Fourques. Liège et Bouchons, Médaille d'argent, A M. Piickroil-Davey-Chanii, à Marseille. Mèches de sOretè. (Rappel.) Médaille de bronze, A MM. Bosch, à Perpignan. Boiichous. Llinas-Diirand, à Argelès-sur-Mer. Manches de fouels. Falgiières-Badie, ii Sorède. Manches de fuuels. Latitic, à Perpignan. Charredes. Fabre, à Peyrestorles. Charrue-vigneronne. De Lourdoueix, à Perpignan, Cercles en chùtaignier. (Rappel.) Delclos, à Veriu'l-ies-Bains. Cercles en chùlaignier. Keig, Biinavenlure, à Porl-Vendres. Futailles. Panis-Bohé, à Port-Vendres. Fulailles. Marlrou, à Lens. Planteur pour la vigne. Compristo et Galibern, à Collioure. Lièges ouvris. Mention honorable, A MM. Âlazet, à Saint-Laurenl-de-la-Salantjue. Barils. Ausell, il Cérel. Manches de fouels. Bonel, Jean, à Perpignan. Tonneaux. Bonnet, Joseph, à Perpignan. Tonneaux. CoDle de Boiicl, à Perpignan. Cercles en chdtaignier. Darne, à Laro({uc. Cercles en châtaignier. Dauzon, Sauveur, ii Collioure. Barils. Lstève, il Saiul-Laurcnt-dc-la-Salantjue. Bondes pour futailles. Grill, il iMaureillas. Bouchons. Laverny, ii Vives. Bouclions. Libes, à Perpignan. Tonneau^;, [libère, Joseph, il Cérel. Douelles et Cercles Marsal, h VerHet-les-Bains. Cercles. Gaspard, Bernard, à Montpellier. Outils agricoles. Konnet, François, il Avignon. Outils agricoles. Destaville, Joseph, ;i Perpignan. Barils. Marienac, Jean, ii Perpignan. Harili. Vie, à Rivesahes. Barils. 101 BEAUX-ARTS. Médaille d'or, A MM.Oliva, à Paris. Pcrot, à Nimes, (Kappcl.) Michel, à Montpellier. (Rappel.) Médaille de vermeil, A M. Miinch, armurier Jii 2"'" rôginicnt du Gonit-, à Monlpellior. Médaille d'urgent, A MM. Gardot, peintre, à Perpi(;iian. L'Eglise de Cornclla-ilcI-Vercdi. Trinquet, à Ninics. Frère Samuel, à Biv.iers. Pngeiis, Eu{;rnc, à Perpignan. Rocamir, à Toulouse. Rigaiid et G'", ;i Toulouse. Glaize, à Montpellier (Uappel.) Gaubcrt à Narbonne. (Rappel.) Vignol, à Perpignan. Médaille de bronze, A MM. Alary et Janel, à Perpignan. Bernier, à Saint-Paul. Canavy, à Cassette (Allier). Cessou, Victor, à Prades. Champagne, .i.Carrassonuu. li'alibé Coste, à Perpignan. Dou/.il, à Ninies. L'Eglise de Collioure. L'Eglise de Font-Romeu. L'Église de l'alau-del-Vidro. L'Eglise de Seidinva. Farrail, à i'erpignan. Fraissc (Mademoiselle), ^ Cetlr. 102 K MM. Fn-ie lÎMipére, h l'erpignai». Frère Alliaiiaso, .î Passy. Frère Pclcfjrini, à Lîastia. Garbel, à Toulouse. Mercuriol, ii Marseille. Pech, Médéric, à Saiul-Paul. < ^,u,.r■ - Ralheau (Madame), à Amélic-les-Bains. Raynal, Simon, à lialio. Mention Imnoruble, ,bnuU .U / A iMM. Boyer, à Perijifjuaii. Billot. BoUiua, il Perpignan. l'I^ / Baronnié, à Toulouse. Cases, il IMillas. Davan. I/Kglise de Camélas. L'Kglise de Neffiarh. LM''{;lise de l'orniigueres. i;f:glisc de Vernet-les-Bains. L'Kglise d'Ui'. l/liglised'llle. l/i:glise de Saiiil-Jacques (Pcri.iguan) . Gilbert. Ilugoniot, il Peri)ignan. -'^I' ' Lasserre, a Perpignan. Romain l.acomlc Saint-Michel, à Perpignan. Noell, Jean, à Arles. Rojas, à Carrassonne. Tous les exposants amateurs et M. Guiniuil, conservulcur ilii Musée, ont été mis hors Concours. La Commission leur a volé des remcrcimenls. 103 HISTOIRE NATURELLE ET PALÉONTOLOGIE. Médaille d'or, A M^F. Le doc tour Coinpanvo, (|iii a préseiiti-, clans deux (fraudes vitrines, le tracé des vallées du Tocli et de la Tet, avec les érlianlillons de roches, minerais, sables et eaux minérales de tons les affluents, pour servir à i'ctude de la géologie et de l'Iiydrograpliie des deus plus grandes vallées du (lé|)artement des l'vrénées-Orienlales. Le doiieur i'aul Massot, pour sa riclic collection de co(|uilles fossiles du département. Méddille de vermeil, A MAI. Le docteur l'endiinal, maire de l'ort-Vendrcs, pour sa collection de roches et minerais de l'Albére, et pour sa belle collection de CO(|uillages exoli(|ue?, de polypieis. Fouzau, commandant à Collioure, pour sa belle collection d'in- sectes et de coquillages divers. Médaille d'argent, A MM. Aulet, lîonaventure, pour les marbres de Castelnou et de Sainte- Colombe, dont re\|)l(iilalioM, en activité depuis plusieurs mois, occupe déjà une eiM(|uantaine d'ouvriers, et parait destinée à donner de tris-baiis résultats. Non, Michel, à Vcrnet-les-lfaius. Collection de coléoptères et de lépidoptères du département. .\spar, à Perpignan. Colieiliou de uiammireres et d'oiseaux du département. Médaille de bronze, A .M.M. Jacomv, liémv, .'i l'rades. Minerais de fer, de cuivre, de pierres aciéreuses l't de talc. Soumains, A/.édérac, à Saliorre. Miiu'iais de fer spathique, oligisle, brun raiboiialé, manganésifèrc. l'ous, il l>(Htsavv. Minerais de fer de Batère. Dubois, Antoine, à Arles-sur-Teeh. Minerais de fer de liatère. Douzats, idiarmaeien aiile-major à l'ilopilal d'Amélie-les-Bains. Ileibicr des pl.iiites fourragères du départ, des Pyrén. -Orientales. loi A M.M. Couly, Ycliiriiiaiic tu |iiiMiiifi- au 10* Chasscurâ. Ht-rbier des piaules foiiri'a(;cros du (lé|)a(lcnieiil de l'Aude. Jouriinii. Ili'rbii'i' ilc l'IU'iault. .laubcrtde-l'assa, Adol|)lu". lù-iiantillons de tous les bois du dépar- tement des Pvrciu'es Orientales. Bardoii, Pierre. Collections ifinan. Pierson, Joscpli, propriétaire, id. Ifaiate, Louis, jardinier, id. .Mir, Louis, jardinier, iil. Ribes, Louis, jardinier, id. rs'oguès, Josepli, jardinier, iil. Gndaiil, Pierre, (ils, jaidiiiiei-, id. Primes en argent, A MM.Hibes, Fran<;ois, jardinier. .Simon, .Jean, id. Conor, Antoine, id. Sainte, Pierre, id. Taslu, Joseph, id. 'l'astu, Marcel, id. (îodaiil, Pierre, id. (iélis, Michel, id. Cainy, Pierre, id. Delhoste, Fran(;ois, id. Margouet, Laurent, id. Jourda, Jacques, id. Helinas, iil. Idre, Michel, id. Barandc, Philippe, i«.-L'heure approche où notre départ(;mcnl devra prou- ver à la région dont il dépend, (pie lui aussi a progressé; . que ses procédés sont en rapport avec les perfectionue- nienls modernes, et qu'il pratique ce grand axiome de !a bonne culture: donner au sol ce qui lui convient. Ses irrigations, étendues à d'immenses surfaces, sous un soleil ardent, ses |)rairies, ses bois d'oliviers, de micocouliers, de chihie.s-liége, ses 60.001) hectares de vigne, seront-là 111 pour le prouver. Mais, pour (|ue celle preuve soil lai le ^ elle ne doit pas resler dans le domaine de la stalisli(|ue; il laut. (|ue les l'enncs inscriles avant le Ici- ,,,3,.^ j,*^(]| pour la prime d"ljonneur, soient nonilMeuses; il faut (]u'en 18C2 les produits e.xpose:s soient nombreuv; il litiii, enlin, qu^„ dans les Pyrénées-Orientales, tout le njonde fasse preuve de bonne volonté, pour mettre le département en relie!'. Il n"a point à redouter ses concurrents; il peut les surpasser par rexhibilion des produits de son sol. Les autres concours de la région, plus imporlanls par leur position plus centrale, pèchent par l'ensemble de leurs produits, (pii, jusqu'ici, ont été faiblement repré- sentés. Hennissons le type de tous nos vins, de nos huiles, de nos graines de toute sorte, de nos laines, de nos miels, de nos essences forestières, de nos cultures arhustives et maraîchères, et nous atteindrons à un ensend)le de ricbesse auipiel on ne croira qu'après l'avoir vu; car on se dispose à venir nous visiler, à cause de la haute idée qu'on se fait de notre pays. t;T« Nous savons que la machinerie agricole laisse à dési- rer. Sans adopter tout ce qui parait de nouveau, on peut rechercher, comme éminemment utiles, certaines machi- nes à battre, les râteaux à cheval, les tarares dcbourreurs, les scarilicatems, les charrues vigneronnes, fouilleuses, défonceuses, les pressoirs à vin, toutes choses (pii ont fait leurs preuves dans la culture du Midi. «Quant aux espèces animales, nous espérons obtenir que la race chevaline et ses dérivés soient admis au concours. Ce nest pas un jjays qui a tant lait pour être doté d'un Ih.ras, qui doit cacher ses succès éclatants dans ce genre d'élevage appelé à tant d'avenir. On peut donc se préparer pour cette éventualité. «l/cspèce bovine, connue l'ont ])rouvé les nombreux el légitimes succès d'un de nos collè-iu's, est en voie d'amélioration au point de vue de la boucherie; mai^ h> 1J-2 bœuf est le plus précieux inslrument de liavail que la Providence ait donné à l'homme; il faut donc le perfec- tionner pour l'attelage, et le vouer à la boucherie lorsque l'âge rend ses services onéreux. Nous croyons qu'un bon choix des types du Riverai et de la Cerdagne, peut dé- montrer au concours, que nous avons dans notre race indigène, l'espèce à double lin que l'agriculture recherche avant tout. Nous devons travailler a la perfectionner par elle-même, car elle supporte la chaleur, et c'est une précieuse qualité. « L'espèce ovine, cette caisse d'épargne du petit culti- vateur, ne rend pas les services pour lesquels elle a été créée. Les nouvelles dispositions douanières adoptées par le Gouvernement, que Ton prend par erreur pour du libre-échange, doivent forcément amener l'agriculteur à entrer résolument dans la voie de l'amélioration de ces précieux animaux. Ils sont utiles par leur viande, leur laine et leur fumier. Si on remédie a leur tardivité d'en- graissement, leur laine a moins d'importance; si ses prix doivent se réduire, la [terte est moins sensible et sera compensée. Nous ne parlerons pas du mérinos pur-sang, dont le type disparait devant les difiîcultés du parcours, et surtout devant de mauvais procédés d'élevage; mais, nous aurons en vue les métis, et surtout le mouton à laine commune, le plus robuste de tous. Si on rachète par le mélange du sang south-dovvn anglais, sa lenteur à s'engraisser; si l'on gagne, comme c'est possible, au moins deux ans, on entre dans la voie de la vraie culture améliorante, on double les forces productives de celte branche de l'industrie agricole, on double ses profils et l'on diminue les mauvaises chances. Nous ferons (ous nos elforts pour que des croisements avec des soulh- dovvn soient tentés; nous les signalons, en attendant, à ratlention des hommes qui s'occupent de ces questions et qui se préparent pour le concours. 113 « Il est une branche accessoire pour ce pays de l'in- dustrie agricole, qui pcul figurer avec succès, comme le démontrent des l'ails récents. Alors (pie bien des gens pensaient, à tort, que notre climat n'était |)as propice à l'élève des vers-à-soie, nos éducations ont été les plus i)elles de la France : ou est venu de tous les points taire de la graine. C'est à la lois un signe de la régéné- ration de ce précieux insecte, et une preuve de l'aptitude des lieux où il a été élevé. Ne cessons pas de planter des mûriers, sur la montagne surtout, et ne, répudions pas une industrie (]ui lait la lorlune de contrées déshéritées par la nature; ipii n'exige [)as de capitaux, et donne ses produits dans quarante jours. «La Société a promis, pour 1862, une exposition d'horticulture. Elle sait que le concours des amis des (leurs, si nombreux et si zélés, ne lui fera pas défaut; mais, pour que l'exhibition que le département doit taire dans celte occasion soit complète, il nous semble que nous devons provoquer une exposition de l'industrie, limitée aux produits de notre pays, et une exposition des beaux-arts, dans laquelle serait comprise une ex|)ositioii religieuse. La piété de nos aïeux a conservé beaucoup d'objets précieux au point de vue de l'art et de l'histoire; la génération actuelle ne peut que gagner à les connaître. Les concours régionaux, tels que les centres où ils se tiennent les pra- tiquent, sont devenus dans leur ensemble un étalage de joyaux. Pour(pioi cacherions-nous les nôtres? Si notre département est petit en surface, il est aussi grand que tout autre par tout ce qui distingue riiomme ! Concer- tons-nous pour le prouver. C'est de longue main que ce concert patriotique doit avoir lieu. C'est pour l'établir que nous avons fatigué quelipies instants votre attention. Nous serons heureux si, dans deux ans, nous pouvons dire : Nous avons conquis notre rang dans la Région du Sud-Est. » 8 114 RÉCOMPENSES DÉCERNÉES PAR LA SOCIÉTÉ. ÉDUCATION DES VERS-A-SOIE. Médaille de bronze. M. Rertrand, Joseph, qui dirige réducation de M. Sabatier, à Jau. M"« Berland, Marie, idem, idem. AGRICULTURE. Médaille de bronze. MM. Berland, Joseph, au domaine de Jau. Macai'i, Éloi, propriétaire, à Vinça. M"« Motas, propriétaire, à Perpignan. MM. Fontaneil, propriétaire, ù Vingrau. Calmon-Langoustet, propriétaire, à Opoul. Estirac, Nicolas, propriétaire, à Opoul. Fillol, Pierre, propriétaire, à Nyer. Cazes, Joseph, jardinier, à Perpignan. Ribes, Louis, jardinier, à Perpignan. Taillade, François, jardinier, à Perpignan. Mention honorable. MM. Margaill, Paul, propriétaire, à 111e. De Compte, Xavier, propriétaire, à Vinça. Ulme, Jean, propriétaire, à Thuès. Noguès, propriétaire, à Estagel. Rigole, propriétaire, à Llo. Batlle, dit Bardou, propriétaire, à Banyuls-sur-Mer. Delhosle (ancien jardin Capot), à Perpignan. Taillade, Joseph, jardinier, à Perpignan. Baratte, Louis, jardinier, à Perpignan. Noguès, Joseph, jardinier, à Perpignan. Delmas (jardin Carrette), jardinier, à Perpignan. Tastu, Joseph, jardinier, à Perpignan. Conte, Joseph, jardinier, à Perpignan. INDUSTRIE. Médaille de bronze. MM. Fossaty, tahricaiit do chocolat, h. Perpignan. Peus, Joseph, briquetier, à Perpignan. 115 SK.4N(:K PCBLIOUIl 1)1 -28 JlJlLLrr 1861. PRÉSIDENCE DE M. AUGUSTE LLOUBES. La Société a tenu sa séance annuelle; les principales autorités et un public nombreux y assistaient. Le Cercle Sainle-Cécile, a l'ail entendre plusieurs mor- ceaux qui ont été fort applaudis, et a donné le signal de l'ouverture de la séance. Monsieur Lloubes, président, a prononcé l'allocution suivante : te Messieurs, « L'agriculture française est placée, depuis un an, dans une situation toute nouvelle : des dispositions législatives récentes, ont complété les mesures qui a|)pellenl les produits étrangers à lui faire concurrence. Comment la soutiendra-t-elle? C'est ce que nous allons examiner sommairement. Les grandes divisions de la production française, sont: pour le iNord , la betterave, donnant le sucre et l'alcool, les plantes oléagineuses ou textiles, les céréales, l'élève du bétail; pour le Midi, la vigne, l'olivier, les céréales, l'élève de l'espèce ovine. «L'agriculture du Nord, entourée de fabriques, peu- plées de nombreux ouvriers, mani|)ulant même plusieurs de ses produits, sera peu sensible aux dis[)ositions nou- velles; celle du Midi, placée dans des condilit)ns in\ erses, devra réellement lutter. Grevée de charges, qui n'ont pas d'analogues h l'étranger, impôt direct, centimes commu- naux, départementaux, coalition tacite de la main d'œuvre, elle doit se pn'seul(>r résolument devant ses adversaires. ut; Le fera-t-elle? pourquoi en douter! Que lui faut-il pour cela? le courage, l'intelligence? elle les a; la volonté? elle doit lui venir: il faut en prendre son parti. Les me- sures dont nous nous occupons émanent de la grande pensée qui a voulu réduire le prix de toutes les subs- tances indispensables à la vie, et qui, pour atteindre ce résultat, a rompu avec les idées du passé. On le sait: les actions des sociétés, comme celles des individus, subissent la pression de la nécessité. A une époque oîi les produits du sol étaient relativement rémunérateurs, l'agriculteur pouvait n'employer que certains procédés simples de culture; il faut, maintenant, que le prix de vente de ses produits sera moindre, qu'il use de tous les procédés que l'expérience et la science mettent à sa disposition : c'est seulement ainsi qu'il soutiendra la concurrence étrangère avec avantage. « Pour nous, l'élève du bétail se présente en première ligne, comme devant aider puissamment à atteindre le but proposé. Nous produisons beaucoup de fourrage; mais nous en exportons beaucoup. Sans renoncer à un débouché lucratif, augmentons la surface des prairies, et surtout cultivons les racines, car nous ne les cultivons pas. Plus de bétail donnera plus de fumier; et moins de terres emblavées, mais bien fumées, donneront plus de blé : nous arriverons à avoir moins de terre à labourer; elle sera mieux retournée et plus fertile. Le prix anormal du vin, sert de prétexte aux exigences de la main d'œuvre; elle est surtout impérieuse au moment de la moisson. « Les concours régionaux ont fait connaître d'excel- lentes moissonneuses, d'excellentes batteuses à vapeur; il faut recourir à l'emploi de ces utiles instruments. Ln désir (juc nous avions exprimé, il y a cinq ans, s'est réalisé : des associations de propriétaires ont acquis des batteuses avec locomobile, et les louent aux particuliers. Ce perfectionnement devient par là accessible ii toutes les 117 fortunes : en économisant l'argent et le temps, qui est de l'argent, il contribue à réduire le prix de revient du blé. Que l'on seconde les importateurs de batteuses; que l'on renonce à ces procédés primitifs, qui, en éternisant une opération défectueuse, faisaient perdre beaucoup de temps à une é|)oque où il est précieux, et l'on verra bientôt lin- trodudion de moissonneuses pour être louées au public. Les faucbeuses suivront, et nous jouirons des meilleurs instruments pour exécuter trois des grandes opérations de l'agriculture, dette circonstance produira de grands résultats; car elle aura, |)Our conséquence forcée, l'adop- tion (1(! tous les outils perfectionnés que la culture du Midi peut s'a|)proprier. Il n'y a pas de petite exploitation .. (jui ne puisse proliler de ces améliorations, et faire mieux qu'elle ne fait. Nous comptons beaucoup sur le concours (le 1802, pour vidgariser l'emploi de l'outillage nouveau. Appelé à le faire fonctionner, à .Marseille , nous pouvons affirmer ce (ju'il vaut. Nous sci'ions incom|»let, si nous ne disions pas ipie la vigne, malgré le haut prix de ses pro- duits, doit éveiller toute la sollicitude de l'agriculteur. « On supporte facilement dans ce momenl-ci les frais nombreux (pi'elle occasionne; mais, que le prix du vin vienne ;i baisser, el l'on en trouvera le poids lourd. « Nous sommes malbeureusement menacés de soufrer longlenq)s. Il faut donc viser à produire abondamment el à bas prix; les façons à donner au sol seront pour beaucoup dans ce résultat. Nous ne saurions tro|> recom- mander, pour le second el le troisième labour, la boue à (•lieval (le .M. de .Moux, (bM'.arcassonne. (îet instrument est inconnu ici; son adoption rendra de véritables services. Ne perdons jias du reste de vue, que la France se couvre de vignes! Nous dépasserions les limites de la discnUion, si nous insistions davantage sur un sujet iiissaiitc ii IVT|)i|jiian. t;ile rifcvait des l.'|;s ; s' imposa il ; payait rliiTrim-iit .■^.•s pi ivilr|.fs au liso ; delc- 136 tal Saint-Guillaume et Sainte-Madeleine, fondé par une corporation religieuse , existait dans le local même où l'on a placé le Dépôt de Charité. Les Hôpitaux civils existant dans notre département, en 1865, sont au nombre de onze, savoir : ii Perpignan, Klne, Millas, Céret, Collioure, Arles, Prats-de-Mollô, Saint-Laurent-de-Cerdans, Prades, Ille et Vinça. Celui de Collioure ne reçoit point de malades; on se borne a donner des secours à domicile ; il a le caractère d'un Bureau de lii en [aisance. L'Hôpital de Saint-Laurent-de-Cerdans (jui n'existait plus, a été créé de nouveau, en I800, grâce a l'héritage légué par les demoiselles Cramadells , pour la fondation de cette bonne œuvre. M. Bernola, de Sainte-Léocadie, a légué, en 1842, a l'Hôpital de Prades, une propriété estimée 40.000 fr. Un Hôpital existait très-anciennement près du Pont de pierre de Perpignan, sur la Tel. Pierre H, roi d'Aiagon, en M97, accorda certains avantages aux hospitaliers chargés de l'entretien dudil pont. Il existait encore en 1500. Villa Godorum ou Mailloles, a la banlieue de Perpi- gnan, possédait aussi un Hôpital, puisque le ''28 avril 1565, l'oflicial de l'évêque d'Llnc > faisait une visite par ordre du prélat. W'iO, — Etienne de Correyo donne à l'Hôpital une maison située dans Per|)ignan. — Guillaume Palagri , notaire. (Liasse 51, n" 11.) 1205.— Bernard Calva donne à l'Hôpital une pièce de [[liait aiipii'S (lu roi ses fniidés de pouvoirs ; s'asscnil)l:iil iMi son liolcl , dit du conseil , au chanii) de rames , où elle possédait une lialle aux draps, ou niai;as)u, appelée Lusa de la (iimda. » (M. de Saiul-iMali), licclierdns sur le cuinmeirc lli)u>silliinnais. ) 137 terre située au territoire de Sainle-Marie-de- (y'/^re/a. ( Liasse ôi, n» 28. ) 1210. — Pierre H, roi d'Aragon, donne à l'Hôpital deux métairies, l'une près de celle d'Alherl Gasc, aujour- d'hui lo Mas dels pobrcs: l'autre près des murailles de Perpignan. Il conlirme de nouveau toutes les grâces et privilèges accordés par les comtes du Koussillon; met de nouveau rH()|)ital sous sa protection royale, et déclare avoir reçu des frères hospitaliers, gratuitement, 10.000 livres harcelonnaises pour le soutien de son armée contre les vSarrasins. — Charte donnée a Salses. (Liasse 2, no 18.) 1216. — Pierre Torderas de Vilanova donne tous ses biens à l'Hôpital. — Acte reçu par André Livita, notaire. ( Liasse o i, n" 2^.) 1222. — Piaymond et Guillaume Albert cèdent à l'Hôpi- tal tous les droits et actions qu'ils ont sur deux métairies situées au territoire de Cornella-del-Vercol. — Acte reçu par Pierre de Bajoles, notaire. (Liasse 54, n" 2i.) 1255.- — Pierre Pages se lait religieux hospitalier, et donne tous les biens (pi'il posède îi Cornelia-del-Vercol, à l'Hôpital. — Acte reçu par Pierre del Riu , notaire. (Liasse 54, n» 27.) 12i7. — Bulle du pape Innocent IV, qui met l'Hôpital sous la protection du Saint-Siège, et rexcnq)te de la dime du carnclagc relativement a ses trou()eaux. — Donné à Lyon, aux calendes du mois de mars, de son pontificat le quatrième. (Liasse I, u° 54.) l2o5. — Pierre Albert donne à l'Hôpital une maison (pi'il possède à (lornclla-del-Vercol. — Acte reçu par (iuillaume Pons, notaire, i Liasse 5i, n" 5i.) 1200. — Bernard Bosch lait don à l'Hôpital d'une niélairie située au territoire de Cornella-del-Yercol. — Acte reçu [lar Arnaud Miro, notaire. (Liasse 54, n» 50.) I2!>S. Itcriiaid AiIkisc;!. i\v Sitiiil-Martin-de-Soreda, 13R donne tous ses biens à l'Hôpital. — Acte reçu par Pierre de Vernet, notaire. ( Liasse 54, n» 4. ) 1312. — Matthieu Massine, de Montesquieu, donne tous ses biens a l'Hôpital. — Acte reçu par Guillaume Raduif, notaire. (Liasse 54, n" 56.) 1565. — Pierre Fabre , marchand pareur, institue l'Hôpital son héritier universel. — Testament reçu par Guillaume Manci, notaire. (Liasse 53, n" 12.) 158o. — Marie Vilanova, épouse de Guillaume Vilanova, habitant à Orle, donne tous ses biens à l'Hôpital. — Acte reçu par Pierre Armany, notaire. ( Liasse 54, n» 55.) i59o. — Honoré Jaubert, banquier à Perpignan, subs- titue l'Hôpital et la Pieuse Aumône à ses enfants, s'ils meurent sans postérité. — Testament reçu par Pierre Descamps, notaire. (Liasse 5o, no 72. ) 1455. — Jean Vola, bourgeois de Perpignan, lègue l'usnlruit de ses biens à son épouse, et institue ses héri- tiers, par égales portions, l'Hôpital, la Pieuse Aumône et la Marguillerie de Saint-Jean. — Testament reçu par Antoine Paracols, notaire. (Liasse 55, n° 65. Livre des Bienf., fol. 10.) 1444. — Agnès Cauzit, épouse de Guillaume Cauzil, pelletier de Perpignan, institue l'Hôpital et la Marguille- rie de NoIre-Dame-du-Pont, ses héritiers par indivis. — Testament reçu par Jean Vilarnau, notaire. (Liasse 55, no 67. Livre des Bienf., fol. H.) 1462. — Guillaume Fabre, pareur de Perpignan, lègue à rHô|)ital un jardin au territoire de Saint-Jean , con- frontant avec la Basse. — Testament reçu Bernard Catorra, notaire. (Liasse 55, no 11. iJvre des Bienf., fol. 12.) 1472. — Jean Caliose lègue 200 fr. à l'Hôpital, qui doivent être employés à fairii venir l'eau a la fontaine de l'établissement. — Testament reçu par Jean Bolil, notaire. (Liasse 55, no 59. Livre de Bienf., fol. 12.) 1500. — Guillaume Thio , lègue îi l'Hôpital une rente 139 annuelle de 56 fr. qui devra être emiiloyée à l'achat de la collation de Noël, à servir, tous les ans, aux malades de rilôpilal. (Livre de la Font, fol. 273 et des Bienf., fol. 15.) j 507. — Pancrace Salvatat, bourgeois, lègue a l'Hô- pital les terres (lu'il possède au territoire de Mossellos, Vilaraza et Cornella-del-Vercol. — Testament reçu par François Masdemont, notaire. (Liasse 55, n» 8. Livre des Bienf., fol. 15.) 1511. — Le révérend Bernard Boixa, prêtre bénéficier de Saint-Jean, fait don de tous ses biens a rilôjjilal. — Acte reçu par Pierre Vilarnau, notaire. (Liasse 54 n" 5. Livre des Bienf., fol. 15,) 1514.- Hugues Tardieu, mercader, lègue à l'Hôpital un clan au Marché-neuf de Perpignan, et 200 fr. pour être placés en rente constituée, qui serviront pour l'en- tretien du linge de l'établissement.— Testament reçu par Jean Mas, notaire. (Livre de la Font, fol. 211 et des Bienf., fol. L4.) 1515.- Lettres patentes du l^'- juillet i)orlant qu'au cas de remboursement des rentes constituées appartenant à l'Hôpital et à raumo»e rommune, placées sur particuliers, les Seigneurs Consuls en retireraient le capital au prolit de la communauté, ceux-ci devraient répondre de l'inté- rêt, afin que, par ce moyen, les rentes de ces deux Etablissements subsistassent a toujours. (Carton 0. 2.) 1 550. — Antoine Péris, notaire à Perpignan, institue l'Hôpital son héritier universel. — Testament reçu par Pierre Fabre, notaire. (Liasse 55 n^ 52. Livre des Bienf., fol. 17.) 1558.- (iuillaume l/nii, prêtre bénélicior de Sainl- Jcan, lègue à l'llô|)iial une rente annuelle d'un dourg d'huile d'olives (20 litres, mesure nouvelle).— Testament reçu par Vincent Cahell , notaire. (Livre des Bienf., fol. 17.) 140 1340. — Gaspard Rovira, notaire, institue l'Hôpital son héritier universel. — Testament reçu par Pierre Fabre, notaire. (Livre major, fol. 290 et des liienf., fol. 17.) 1o4o. — Jean Ferrando, crieur public, natif de Castille, lègue à l'Hôpital trois maisons qu'il possède rue de la Loge, à Perpignan. — Testament reçu par Antoine Fita , notaire. {Livre de la Font, fol. 212 et des Jiienf., fol. 18.) 1546. — Honoré Marti, mercader, substitue l'Hôpital à un enfant illégitime qu'il avait institué son héritier, pour la moitié de ses biens. — Testament reçu par Michel Joli, notaire. (Livre des Bienf., fol. 18.) 1551. — Demoiselle Anne Medine donne à l'Hôpital tous ses biens, meubles et immeubles. — Acte reçu par Pierre Fabre, notaire. (Livre major, fol. 210 et des Bienf., fol. 19.) 1351. — François Pimente de Palencia, lègue à l'Hôpital 180 ducats d'or. — Testament reçu par Estève, notaire. {Livre major, fol. 501 et des Bienf., fol. 19.) 1591. — François Alzine, lègue 200 fr. à l'Hôpital, qui devront servir à acheter des matelas, couvertures et linge. — Testament reçu par Joli, notaire. (Livre des Bienf., fol. 23.) 1395. — Don Galcerande Vilanova, Chevalier, lègue à l'Hôpital 1 .000 fr. pour être placés h rente constituée et dont l'intérêt devra servir à acheter du linge a l'usage des malades. — Testament reçu par Joli, notaire. (Idem, fol. 23.) 1598. — Barthélémy Marça, maître tanneur, lègue tous ses biens à l'Hôpital. Cette succession était assez impor- tante, puisque les propriétés léguées, sises aux territoires de Torreilles, Sainl-Genis et Bompas, rapportaient 800 fr. de revenu. — Testament reçu par Honufre Sabater, notaire. {Livre de la Font , fol. 572 et 16 et Livre des Bienf., fol. 26.) 1599. — Madone Marja de Bernardin Cantayre, donne tous ses biens à l'Hôpital.— Acte reçu par Honufre Saba- ter, notaire. (Livre des Bienf., fol. 27.) 141 1601. — Ange Cardone, lègue à l'Hôpital, première- ment 100 l'v. en compensation de ce qu'il aurait pu oublier lorsqu'il avait l'administration de ses biens; secondement, doux renies constituées, l'une de 25 fr. et l'autre de 15 IV., h la charge par l'Hôpital d'employer ces pensions a l'entretien d'un lit. — Acte, reçu par Guil- laume Doménech, notaire. (Livre major, fol. 460 et des Bienf., fol. 27. ) 1605. — ^Baudire Corratger, mercader, institue l'Hô- pital son héritier universel. Les biens que l'établissement possède a Tliéza proviennent de celte succession. — Tes- tament reçu par Jean Roig, notaire. (Livre major, fol. 140 et des Bienf., fol. 28.) 1616. — Jean Grimau, prêtre, lègue à l'Hôpital une rente annuelle de 84 fr. destinée a l'entretien du linge qu'il a donné a cette maison. — Testament reçu par Pierre Carbonell, notaire. (Livre des Bienf., fol. 29.) 1623. —Elisabeth Malpas, de Claira , orpheline auto- risée par Catherine Malpas, veuve en secondes noces, se donne, elle et tous ses biens à l'Hôpital. — Acte reçu par Honufre Sabater, notaire. {Idem, n» 50.) 1628. — Magnifique Jérôme Soler, lègue a ITIôpilal dix charges de blé ou vingt hectolitres mesure nouvelle. — Testament reçu par Damien Vinyes, notaire. (Idem, fol. 50.) Le même défend expressément h ses héritiers de ne jamais rien aliéner volontairement, et dans le cas con- traire, il autorise l'Hôpital à revendiquer a son profil les propriétés aliénées. — (Même Testament.) 1657. — Le révérend Bernard Ribes, prêtre, résidant à Céret, institue rilôi)ital son héritier universel. Celte succession était assez importante. — Testament reçu par Jérôme Vinyes, notaire. (Liasses 53 et 43, Livre des Bienf., fol. 51.) 1646. — Dame Anne Fabre, substitue à ses enfants les Pères de la compagnie de Jésus, et ordonne à son héritier de compter 400 fr. à l'Hôpital pour être placés à rente constituée et l'intérêt de cette somme devra servir à l'entretien du linge et des pauvres de cet éta- blissement. (Livre des Bienf., fol. od. ) 1652. — Dame Guimar Llot, lègue à la Miséricorde , diverses terres à Kigarda. — Testament reçu par Arles et Carrère, notaire, le 27 juin. (Idem, fol. 1.) 16o4. — François Biossa, d'Arles, fait donation de tous ses biens à l'Hôpital, sous la condition qu'on l'en- tretiendra sa vie durant, en santé comme en maladie, dans la maison hospitalière. — Acte reçu par Thomas Ferriol, notaire. (Idem, fol. 54.) 1662. — Don Augustin Masco, lègue a la Miséricorde un héritage à Bompas et à Saint-Génis-des-Tanières. — Testament reçu par Debadie, notaire, le 16 août. (Idem, fol. 1.) 1671. — Don François de Caramany, lègue 200 fr. à l'Hôpital et enjoint à son héritier de fonder et d'établir un lit dans cette maison, avec paillasse, matelas, draps, couvertures, chemise et bonnet de nuit, pour un malade. Il prie le Préfet du collège de Perpignan, de veiller à l'exécution de celte fondation, et à faire changer les draps, chemise et bonnet de nuit chaque quinze jours en hiver et chaque huit jours en été. — Testament reçu par Rovira, notaire. (Idem, fol. o5. ) En 1717, M. de Boisambert, héritier de M. De Cara- many, Gt faire un lit complet conformément à la fonda- tion. (!'='■ Registre des délibérations, fol. 58.) En 1720, le même pria le bureau de vouloir bien estimer ce que pourrait valoir l'entretien de ce lit. Les Commissaires du bureau l'ayant estimé 20 fr. tous les ans, M. de Boisambert compta premièrement la somme de 272 fr. pour les arrérages, et celle de 400 fr. pour l'acquit du capital, moyennant quoi il fut libéré de son 143 obligation, (l^r Registre de< délibérations, loi. 118 cl 120. Livre des Bieiif., fol. oo.) 1674. — Ignace de Toros, Américain, malade à l'Hô- pital, lui lègue tous les biens qu'il possède dans son pays. — Acte reçu par Mie el Rovira, notaire. (Lias.se 3o, no oo. Livre des Bienf , fol. oG.) 1G8G. -Dona Madeleine de Çagarriga et Esprer, lègue à l'Hôpital une pension de 15 fr. qui doit servir pour le régal des malades. — Testament reçu par Joseph Ferriol, notaire. (Livre des Bienf., fol. 37.) 1G9I. — Jacques I.leuriale, lègue à la Miséricorde deux champs et un pré à Pézilla-de-la-Hivière. — Testament reçu par Marti, notaire, le 25 juillet. (Idem, fol 2.) 1692. — Madame la Baronne de Monclar, lègue 800 fr. à la Miséricorde. (Idem, fol. 2.) 169G. — Monseigneur Jean Hervieu Basan de Flamen- ville, évêque d'Elne, fait plusieurs dons à l'Hôpital et s'oblige à payer fîO fr. tous les ans pour la célébration d'une messe à la chapelle de celte Maison. (Idem, fol. 58.) 1701. ^Madame Catherine de Trobat , épouse de M. Raymond de Trobat, premier président et intendant du Roussillon, lègue à la Miséricorde la somme de 500 fr. (Idem, fol. 5.) 1715. — Madame de Breuil, lègue 400 fr. à la Miséri- corde. (Idem, fol. 5. ) 1719. — M. Jean Privât, directeur et trésorier, lègue à la Miséricorde la somme de 1.000 fr. (Idem, fol. 5.) 1720. — M. François Després, chanoine de la Cathé- drale , vicaire-général , verse par anticipation à la caisse de rilôpital un legs de 2.200 fr. (Livre des Bienf., fol. 42.) 1720. — M. de Momfort, du Vivier, lègue à l'Hôpital 1.000 fr. qui ont été versés à la caisse, par M. de Lan sac. (Idem, fol. 12.) 144 1721. — Madame Louise D'ardena, lègue 1.080 Ir. à l'Hôpital. (Livre des Ilienf., fol. 42.) 1721. — M. Michel de Vilar, président et intendant du bureau, fait à la Miséricorde l'aumône de 300 fr. (Idem, fol. 5.) 1725. — M. Legras, intendant de la province, accorde sa protection spéciale a l'Hôpital. Entr'autres bienliiits, il ordonne au bureau de Notre-Dame de Miséricorde de payer a l'Hôpital la somme de 5 sols au 25^ pour chaque journée de malade indistinctement qu'on y envoie. Ce secours se portait à 1 .200 fr. environ. (Livre des déli- bérations, fol. 177 et 178 et des Bienf., fol. -45.) 1727. — M. de Boisambert, fait à la Miséricorde l'au- mône de 175 fr. (Livide des Bienf., fol. 4.) 1728. — M. Claude Duclos de Momignière, employé aux vivres de l'armée , institue l'Hôpital son héritier universel. — Testament reçu par Coll, notaire. (Idem, fol. 45.) 1755. — M. Pierre Calmon, prêtre bénéficier de Saint- Jean, aumônier de la Miséricorde, l'institue son héritier. ■ — Testament reçu par Jaume, notaire, le 10 juin. (Idem, fol. 4.) 1759. — M. Jacques Sarlabous , prêtre, procureur syndic de l'Hôpital, institue celte maison son héritier universel. — Testament reçu par Joseph Costa, notaire. Le même avait déjà fait donation à l'Hôpital de plu- sieurs capitaux de rentes constituées s'élevant à un total de 4.000 fr. — Acte reçu par Albafouille, notaire, le 27 juin 1750. (Idem, fol. 45.) 1740. — La compagnie des gardes de M. le Maréchal de Noailles fait souvent des aumônes considérables à l'Hôpital, par mains du notaire greffier de la capitainerie. (Idem, fol. 46.) 1745. — M. Jacques de Lacombe, lieutenant do roi à Perpignan, lègue 400 Ir. à la Miséricorde. (Idem, fol. 4.) 145 1749. — M. François Garrigue, notaire à Perpignan, institue l'Hôpital son liéritier universel. — Testament reçu par lionnel, notaire. (Livre des Bienf., Col. 48.) 1750. — M. Després, procureur-général, lègue à l'Hôpital la somme de 2.750 Ir. (Idem, loi. 50.) 1750. — M. Marron, prêtre, docteur on théologie, curé de Néfiach. lait don de la somme de 1.000 fr. Le même fait un legs en laveur aussi de l'Hôpital de 2.000 fr. (Idem, loi. 51 .) 1752. — M. Pierre Roudel, marchand à Thuir, lègue 500 fr. a la Miséricorde.— Testament reçu par M" Gralfan, notaire, le 15 janvier. (Idem, fol. A.) 1754. — M. Claude Duclos de Monsignière, lègue 1.100 fr. a la Miséricorde. (Idem, fol. i.) 175i. — M. Antoine Marron, curé de Néfiach , fait à la Miséricorde l'aumône de 2.2i0 fr. (Idem, fol. i.) 1759. — M. Dominique Marti , curé à Caldéguas en Cerdagne, lègue à la Miséricorde la somme de 800 fr. (Idem, fol. 5.) 1759. — M. le Comte de Montégut, fait don a l'Hô- pital de 2.000 fr. (Idem, fol. 51.) 1760. — M. de Champselles , major du régiment de Noailles, lègue \ MO fr. à l'Hôpital. (Idem, fol. 52.) 1700. — M. .Jean-Baptiste Lantourne, chanoine d'Elue, lègue à la Misécorde la somme de 500 fr. (Idem-, fol. 5.) 1761. — M. de Redon, commandant de la citadelle de Perpignan , fait un don de 400 fr. à l'Hôpital , auquel il lègue'ô.OOO fr. (Idem, fol. 52.) 1762. — Don François de Caliors, grand prieur de Catalogne, fait l'aumône de 150 fr à la Miséricorde. (Idem, fol. 5.) 1762. — M. Joseph Serra, chanoine, grand-archidiacre, lègue à rilôpilal la somme de 5.000 fr. (Idem, fol. 52.) I7()ô. — Mademoiselle Rose Do et Palegri, lègue 1.000 fr. à la .Miséricorde. (Idem, fol. 5.) 10 146 1765. —Mademoiselle Brouset, fait l'aumône de 200 fr. à la Miséricorde. (Livre des liicnf., fol. 5.) 17(55. _]\I. de Redon, commandant de la citadelle de Perpignan, donne des sommes considérables, pendant sa vie, a la Miséricorde, et par Testament du 29 septembre reçu par Diego, notaire, il lègue a cette maison la somme de 3.000 fr. (hkm, fol. 6.) 17(3r,._M. de Buonin-Segui, major du régiment royal italien , lègue a la Miséricorde la somme de 400 fr. (Jdcm, fol. 6.) 1767. —M. Bernard Sabaly, chanoine de la cathédrale, donne à l'Hôpital la somme de 4.500 fr. (Idem, fol. 55.) J7G8. — Madame la Comtesse d'Albarel fait l'aumône de 100 fr. à la Miséricorde. (Idem, n^ 6.) 1768, — M. François Brouset, mercader, et directeur du bureau, lègue 600 fr. à la Miséricorde. (Idem, fol. 6.) 1770.— M. Pierre Matthieu, marchand, et directeur du bureau, lègue 600 fr. à la Miséricorde. (Idem, fol. 7.) 1772. — Doua Jeanne de Marguarit, marquise d'Aguilar, lègue 1 .000 fr. à la Miséricorde. {Idem, fol. 7.) 1772._M. Daniac, curé à Sainl-Estève, lègue 600 fr. a la Miséricorde. {Idem, fol. 7.) 1775.— M. Matthieu Garrigua, prêtre, prieur d'Espira en Gonflent , lègue à l'Hôpital la somme de 1 .000 fr. {Idem, fol. 56.) 1774.— M. le marquis d'Aguilar, fait l'aumône de 560 fr. a la Miséricorde. [Idem, fol. 8.) 1775.— M. le comte de Ros, donne en différentes fois 68ifr., et paye, par anticipation, un legs de 5.000 fr. Le même a fait, dans le temps, uu grand nombre de dons, soit pour la décoration de la chapelle, soit pour le soulagement des pauvres de l'Hôpital. [Idem, fol. 55.) 1775. _l)on Jean de Guanter, fait don à l'Hôpital de la somme de 500 fr. {Idem, fol. 56.) 1777. — Don Dominique de Marguarit, comte de 147 Momégul, (loiiiie durant sa vie des sommes considérables à la Miséricorde. {Livre des liicnf., Col. 8.) -1780. — M. Jean Donal , mercader el directeur du bureau, cède à la Miséricorde son intérêt sur la ferme du droit roycd. Cet intérêt a produit 2.004 fr. {Idem, fol. 9. ) 1780. — Don Louis de Boisainbert , fait des dons considérables, pendant sa vie, a la Miséricorde, et lègue 000 fr. à celte maison. {Idem, fol. 9.) 1780. — Emmanuel Ribes, mercader, lègue 1.000 fr. à la Miséricorde. [Idem, fol. 9.) 1781. — M. Jean Mouran et Mademoiselle Catherine Mouran, sa lille, font a l'Hôpital, l'aumône de 600 fr. {Idem, fol. 59.) 1782. — M. Thomas Diego, notaire, fait en deux fois l'aumône de 400 fr. à l'Hôpilal. [Idem, fol. 00.) 1782. — M. Jean Serra, chanoine de la cathédrale, et archidiacre du Vallespir, lègue 2.000 fr. à THôpital. — Testament rc(,'u par Serra, notaire. {Idem, fol. 01.) d782. — M. Michel Scrradell, directeur du bureau, lègue 1.200 fr. à la Miséricorde. {Idem, fol. 10.) 1782. — Madame Elisabeth Llombart-Augé, institue ses héritiers l'Hôpital Saint-Jean et la Miséricorde. — Testament reçu par Mundi , notaire , le 24 novembre. {Idem, fol. 10.) 1785. — M. Michel Navarre, curé des Masos , en Conlïenl, lègue 600 fr. a la Miséricorde. {Idem, fol. 10. ) 1783. — M. Pierre-Jean de Melit, major de la place à Villerranche , lègue 800 fr. à la Miséricorde. {Idem, fol. 10.) 178i. — Madame Raphaële Ferrussola-Barréra, institue la Miséricorde son héritier. — Testament reçu par Jaunie, notaire, le 11 février. {Uej/istre des délibérations de 1785 et 178i et Livre des liieiif., fol. 10.) 148 1781. — M. Hyaciiillie Girbau, chanoine d'Elne, lègue 300 tV. à la Miséricorde. (Liire des Jiicnf., fol. 10.) 1785. — M. de (lagarriguu Ksprer, fait l'auniône de 500 fr. h la Miséricorde. (Idan, fol. 10.) 1785.- — M. Raymond de Sainl-Sauveur , intendant de la province, fait divers dons en plusieurs occasions à la Miséricorde. {Idem, fol. 11.) 1786. — Don François-Xavier de Tort de Calio, direc- teur du bureau, lègue oOO fr. à la Miséricorde. — Tes- tament reçu par Serra, notaire. (Idem, fol. 14.) 1786. — Madame Balanda-Pélissier fait à l'Hôpital l'aumône de 500 fr. pour le repos de l'âme de feu M. Pélissier, son père. {Idem, fol. 65.) 1786. — M. Jean-Baptiste-Gaudérique-Josepli Després, ancien capitaine au régiment de Vermandois, lègue 500 fr. à l'Hôpital. {Idem, fol. 65.) 1787. — Doua Monique -Marie- Angélique -Madeleine Forcade, marquise de Montferrer, veuve de Don François de Banvuls, marquis de Montferrer, lègue 200 fr. h l'Hôpitaf. {Idem, fol. 65.) 1788. — M. Antoine Celles, chanoine d'Elne, lègue à la Miséricorde la somme de 600 fr. — Testament reçu par Me Mundi, notaire. {Idem, fol. 15.) 1788. — M. de Lucia, avocat-général au conseil souverain du Boussillon , lègue à la Miséricorde la somme de 500 fr. — Codicile retenu par M^ Jaunie, notaire. 1788. — Madame de Lucia de Garau, sa veuve et M. de Lucia, son fds aîné, héritier, ajoutent à la somme de 500 fr., celle de 200 fr. {Idem, fol. 16.) 1789. — Madame Anne Mouran-Do, lègue à la Miséri- corde la somme de 2.000 fr., et pareille somme à riiôpiial. — Testament reçu par M^ Conte, notaire. {Idem, fol. 18.) 178!). — M. Grégoire Gironne, marchand, lègue 1 .000 fr. à rilôpital. {Idem, fol. 66.) I 149 1789. — M. Michel Moliiis, décédé à Marseille, lègue à rilô|)ilal la somme de 1.200 fr. [Livre des Bicnj.^ fol. 07.) nUO. — M. Jean de Ribes, directeur de la monnaie de ]*er|)ignan, Hiit plusieurs dons à la Miséricorde, s'éle- vant ensemble à 5. loi) IV. [Idem, loi. 1I. Philip, cbanoine, verse à la caisse des Hos- pices, le 7 juillet, au nom de M. Jaubert Campagne , avocat, la somme de 500 fr. . aumône faite à rilôpital. [ïdem, fol. 103.) 1X54. _ Mademoiselle Callierinc Hlancbard , [)ar son testament du 30 août, lègue à la Miséricorde la somme de 300 fr. [Idem, fol. 103.) 155 1854. — M. Emmanuel lioiial'os, docteur-médecin, an nom de son père, Kmnianuel lionafos, ancien médecin en chef de l'Hôpital, verse à la caisse des llos|)iccs l'aumône de 2,500 fr., an profit de cet établissement. {Livre des Bicuf., fol. 105.) 1855. — Madame Lalabrèçjne, née Janliert Cam|)a- gne, verse à la caisse des Jfospices, au nom de sa mère, dame Thérèse Cabaner, la somme de 600 IV. , à partager entre l'Hôpital et la Miséricorde. {Idem, loi. 105.) 1855. — Madame Marie Auberge, née Courret, verse à la caisse des Hospices Taumône de 2,000 IV., qui est convertie en rentes sur l'Étal, avec la condition expresse que le revenu de cette somme sera annuellement, et h perpétuité, remis aux aumôniers qui se succéderont à 1 Hôpital, pour être par eux distribué, et sans en ren- dre compte, aux malades sorlanls selon leurs besoins; (pie, sur ce revenu, il sera prélevé 2 IV. 25 cent., à partir du jour de son décès, arrivé le 10 aoiit 1850, qui serviront à célébrer annuellement une messe basse pour le repos de l'àme de cette bienihilrice. dans la chapelle de l'établissement. {Idem, fol. lOi. i 1856. — La chapelle du Christ de l'Hôpital est recons- truite, grâce aux dons erpignan bénit, le 6 juillet, l'Oratoire de la Vierge el le Calvaire, élevés aux frais de deux bienfaiteurs dans le jardin de l'Hôpital, au milieu d'un concours nombreux de lidèles; el par ordonnance du 12 du même mois. Monseigneur accorde iO jours 157 d'indulgence à gagner clia(|ue fois que l'on priera soit au Calvaire, soit devant l'Oraloirc de la Vierge. 18()0. — M. Joseph I.lobel et ses frères, propriétaires à Perpignan, versent, le i\ juillet, à la caisse des Hospices, au nom de M. Charles LIobet, leur oncle, la somme de I.OOO fr., à titre d'aumône, à partager entre rilôpilal et la Miséricorde. {Livre des Bioif., fol. 106.) 18(51. — M. Boluix, Jean, propriétaire, a fait l'au- mône k la Miséricorde de la somme de oO fr. 1801. — M. Henri Carcassonne, notaire, a fait l'au- mône à l'Hôpital de la somme de 125 fr.Toc, pour hono- raires d'un acte reçu par lui , le 20 août. (Idem, fol. 100. ) hSO-i. — ^ La Loge de V l'niun de Perpignan fait l'au- mône aux Hospices de la somme de oOO fr. , provenant d'une quête. [Idem, fol. iOO.) 1802. — M. Auguste Bardou , négociant, a donné, pendant sa vie, à la chapelle de l'Hôpital, un Christ et une statue; il a fait peindre le plafond et les murs du sanctuaire a ses frais; et, avant de mourir, il a recom- mandé à sa mère d'offrir, on son nom, à cette cha[)elle, un ostensoir en vermeil avec sa niche dorée. Madame veuve Bardou, née Pradal , s'est fait un devoir d'exécuter les pieuses volontés de son lils. Ces divers dons s'élèvent ensemble h la somme de 2.900 fr. {Idem, fol. 107.) 1802. — Les dames Viader, de Rovira, de Lacroix et de Çagarriga versent, le 10 août, a la caisse des Hos- pices, à litre d'aumône, au nom de Mademoiselle Josè- phe de Lucia, la somme de oOO fr. {Idem, fol. 107.) 180)5. — ■ Madame Anne Antoinette d'Oms, veuve de M. Adrien d'Anglade, décédée à Pézilla-de-la-Rivière, le 8 janvier, par ses testaments mystiques des 2i juillet 18.')7 et 17 octobre 1801 , déposés chez M'^ Anioiiroux, notaire, à l'erpignan, lègue à rilos|)ice des malades, Iloiu'lid Siii)U-.fean, toutes les |)r(»priélés rurales (prelle possède dans l'étendue du territoire de Torreilles, canton 158 de Rivesaltcs, ainsi qu'une bâtisse servant do bergerie et (le i^renier à foin qu'elle possède dans la même com- mune; et toutes les valeurs mobilières, qui dépendront de sa succession , consistant en capitaux de rentes sur divers Etats, actions et obligations sur les chemins de ter ou sur d'autres compagnies de finance, de commerce ou d'industrie , actes d'obligation poiu- cause de prêt ou de prix de vente, billets et lettres de change, bons sur le trésor, et toutes autres de la même nature, ainsi que tous intérêts se rapportant auxdits titres, qui pourraient être dus à l'époque de son décès. Elle lègue, en outre, à l'Hospice delà Miséricorde, une somme de 800 tr. qui devra être allectée en achat de linge. Malgré les charges imposées par la testatrice à l'Hô- pital Saint-Jean, cette succession peut être placée au rang des plus importantes que la maison hospitalière ait reçues depuis sa fondation. [Livre des Bienf., fol. 107.) 18(35. — Mademoiselle Françoise Gorry a recommandé a son frère, M. Eugène Gorry, de faire en son nom, après son décès, l'aumône de 100 fr. a l'Hospice de la Miséricorde. Cette somme a été versée a la caisse hospitalière, le 14 février. [Idem, toi. 108.) 'J865. — M. Bernard Âuriol , banquier, ancien admi- nistrateur des Hospices, décédé le 17 avril, par son testament olographe en date du 4 octobre 1857, déposé chez Me Boluix, notaire, lègue la somme de 800 fr., h partager entre l'Hôpital Saint-Jean et l'Hospice de la Miséricorde. M. Prosper Auriol, son lils, en sa qualité d'héritier préciputaire, s'est chargé de verser la somme de 800 fr. dans la caisse des Hospices et de payer les droits de mutation de ce legs. {Idem, fol. 108.) 159 LES RUINES DE CABIIENE, AVEC PLAN A L 'APPUI , Tar iM. A. BATMt.*r,c-ni,it;,ine, .■lu.f.l,, (i,;„i,., h Am,.|i,.-|,.s-B;,i„s iiu'iiibi'e iL'sidanl. Kntro les deux (orroiits de La Manéra et de Serra- loni^a, existe une loni^ne arête de séparation {sierra en espagnol, serra en catalan), qni donne son non. an village de Serralonga, dont l'église remonte, dit-on, an coniniencenient du onzième siècle (1018). L'arrte se termine vers le sud, à 6 kilomètres de î^erralonga, par des masses granitiques élevées à 1500 mètres environ au-dessus du niveau de la mer. On peut y arriver de Serralonga en suivant la crête, ou bien de La Manera, par une marche d'une heure et demie duis les doux cas. Dans le second, partant du village on suit d abord le sentier qui conduit au col de las i<«/- gueres; puis, tournant brusiiuement à gauche, on ga"ne en montant, d'abord le Mas-lidladou , et ensuite\^-o| du même nom; là on revient à droite, suivant un petit sentier à peme tracé dans le rocher, au milieu d'une vegetalion rabougrie, le(iuel conduit par une ponte assez |aiilai.ls (lu pavs (loiveiil avoir \iy\^ pnur ilii cuivre faram). 18,-) le lit delà rivière, entre leurs masses solides, coinnie dans un élau; la gorge va se rétrécissant; les deux rives escar- pées semblent vouloir se toucher comme pour se réunir encore une fois, malgré le soulèveuient qui les a sépa- rées. I.e |)aysage devient de plus eu plus sévère; en s'élevant, la solitude se fait autour do soi; les bruits de la plaine, les sons du village n'arrivent plus à l'oreille; seul le choc de l'onde contre le rocher, ou son heurte- nienl contre elle-même, lrou])leut le calme imposant de celte sévère, mais charmante Thébaïde. Parfois, pourtant, le marlin-pècheur (rt/(7Y/o ispida , \àu.), le merle des rochers {tnrdiis saxatilis, Lath.), la grive {lurdus musi- CHs, Lin.), le bécasseau coconrli [Iringua suharcuala, Tcm.), le roitelet (regulus cristatus, Lath.), marient, à celle de l'onde, leur voix aiguë ou harmonieuse. La soiH'ce de Vamni sourd au pied d'un escarpement verti- cal, constitué par un épais dépôt détritique, qui repose sur le micaschiste. L'eau minérale arrive à l'extérieur par une galerie profonde, (jui parait être une ancienne re- cherche de mine; du reste, on trouve, sur |)Iusieurs points de la vallée, au contact du schiste ou du mica- schiste et des roches granitiques, des traces d'anciennes exploitations métallifères. Ces cavités souterraines, que l'imagination a |)euplées et poétisées, jjassent, auprès de vieilles feunnes du pays, pour le séjour des fées malfai- santes I ciicitidada-'i). La légende locale raconte des récits merveilleux , (jui paraissent autant d'exagérations [>oéti(|ues de l'histoire métallurgi(iue de celte région. Dans ces fées, qui vivent sous terre, ne reconnait-on pas un peuple de mineurs, peut-être étrangers à la contrée? La première roche azlus bruscpiomont. En outre, un nouvel élément minéral apparaît. Au four à chaux de Sorède, près du pont des forges, se montre, à mi-hauteur de rescarj)oment de la rive droite, une couche pou épaisse d'un calcaire cristallin (jui |)arait l)longer vers l'est. Ce noyau calcaire sendjie s'être déposé dans quehpie dépression ou dans quelque poche de schiste, de micaschiste ou do gneiss. C'est probable- ment un fragment de la couche calcaire qui se montre à Prats-(lo-Moll(J, Cérot, etc., et qui forme une l)aiide, souvent iii'orroni|)ue, sur le versant septentrional des Pyrénées-Orientales. Le calcaire cristallin de Sorède, exploité comme pierre ;i cImux (carrière de Jean Estève'i, d'un blanc ou blanc- blouàtro, s(> |)résonlo sous la formo (\(> inmes rhondioï- 192 dales superposées. Sur certains points, surtout vers les bords de la couche, il se clive en gros cristaux. Attaqué en roche par l'acide nitrique, il fait à peine effervescence; trituré, il donne une poudre blanche qui se laisse vivement attaquer par les acides avec un abon- dant dégagement d'acide carbonique. Ce calcaire présente une particularité remarquable : à son contact avec la roche encaissante, il se recouvre de minces lames cristallines, bleuâtres, nacrées de felds- path. Lorsque de la carrière de Jean Eslève on se dirige vers le nord-est, par le petit sentier qui conduit a Sorède par la métairie de Coudulès, on voit bientôt apparaître les schistes de transition à teintes bleuâtres ou ferrugineuses. Ils plongent, comme ceux de La Roque, vers le N,-E. en faisant avec l'horizon un angle d'environ 80 à 80". Si, à partir de là, on suit les premières rampes de la montagne, à la hauteur de la métairie Llinas, on ren- contre les roches granitiques, les gneiss, les micaschis- tes. De là on descend dans le vallon d'Argelès-sur-Mer, où se montrent les puissants dépôts diluviens de la plaine, (jui recouvrent aussi, dans les parties élevées du bassin inférieur du Tech, les roches anciennes des Albères. D'Argelès-sur-Mer à Port-Vendres , la route marche parallèlement à la mer. Le paysage s'est transformé; les décorations du tableau ont changé; ce ne sont plus ces massifs d'arbres verdoyants jetés sur les lianes des gorges profondes (jui encadrent la scène. Ici la Méditer- ranée fond son azur avec l'azur du ciel du Koussillon ; elle ondule , dans l'espace qu'embrasse le regard , ses draperies bleues, ornées de franges de blanche écume. D'un côté, donnant asile à des vignes vigoureuses, des coteaux de schistes ou de phyllades contournés, plissés, 193 comme écrasés par des pressions latérales; de l'autre, la mer qui brise ses vagues contre la falaise qui porte le chemin. Dans les plis étroits et tranquilles de ces escar- pements, où vivent les moules (mylilus edulis) et les oursins (echinus lividus), se montrent seuls quelques rares bateaux de pêche, jetés sur le sable ou se balan- çant sous la protection de leur ancre. Sur ces falaises, on coupe aussi des tranches puis- santes de micaschistes à larges lames de mica , parfois à cristaux de grenat opaques et violacés. La tourmaline noire, en longues aiguilles cristallines ou en cristaux cylindriques ou polygonaux prismatiques, s'y trouve en- clavée dans de gros fragments de quartz. Dans toutes ces roches anciennes, se présentent de gros cristaux d'orlhose jaunâtres et a l'aspect nacré. Ainsi donc, entre les schistes, les micaschistes, le gneiss et les granités divers qui constituent essentiellement le chaînon des Albères, on trouve de nondjreux minéraux acci- dentels soit en fdons ou en veines, comme les oxydes et les sulfures de fer, le sulfure de plomb, la galène argentifère, etc., soit en cristaux isolés comme le gre- nat, le mica, le feldspath, la tourmaline, etc. A^jù du chaînon des Albères. — « Différentes circons- tances me font présumer, dit Dufrénoy, que le dernier surgissement du groupe du Canigou, est plus moderne que celui du reste de la chaîne : la principale consiste dans le relèvement des terrains tertiaires les plus récents vers les cimes du Canigou. Ainsi à Nelliach, à Banyuls- dels-Aspres, villages situés dans la vallée de la Tet et du Tech, au nord du Canigou, M. Reboul a indiqué, depuis longtemps, que les marnes argileuses, qui con- tiennent des fossiles analogues aux terrains subapennius, sont en couches fortement inclinées. « .\u sud du Canigou, dos terrains à lignitos égale- ment irès-modernes, qui forment une petite bande dans 13. 194 la Cnrdagne, depuis Llivia jusqu'à la hauteur de la Seu- d'Urgel , y sout en couclies relevées d'environ 00° vers le N. 20'^ 0. Les terrains tertiaires, situés sur les deux versants de cette montagne, ont donc été fortement dérangés, tandis que sur toute la longueur de la chaîne des Pyrénées, les terrains tertiaires se sont déposés horizontalement au pied de la vaste falaise, formée par cette même chaîne. La direction des couches tertiaires de la Cerdagne, E. 20" N.-O. 20° S., est à peu près la même que celle que le soulèvement des ophites a im- primé à ces mêmes terrains dans la Catalogne, dans la Navarre et la Chalosse. Cette direction, (pii correspond à celle indiquée par M. Élie de lîeaumonl pour la chaîne principale des Alpes et les chaînes les plus récentes de la Provence, me conduit à supposer que c'est à cette même époque que le massif du Canigou a pris son relief actuel; la direction générale de ses crêtes, celles des vallées de la Tet, du Tech et de la Sègre, qui en sont la conséquence , s'accordent avec cette sup- position. « Plusieurs vallées, qui sillonnent le pied du Canigou, sont très-profondes. La petite vallée qui prend naissance au-dessous de Corlsavy et se jette dans le Tech, près d'Arles, présente un escarpement à pic de plusieurs centaines de mètres; cette circonstance, jointe k la po- sition des lambeaux de calcaire de transition qui forment, par leur ensemble, une ceinture discontinue sur les ilancs du Canigou , ne peut s'expliquer qu'en admet- tant que ce groupe de montagnes a été soulevé d'un seul jet au milieu des terrains de transition qui avaient alors un relief peu prononcé, et qui étaient recouverts, en ditTérents points, par des dépôts très-mod(M-nes; cependant, comme les lambeaux de terrains modernes n'ont jamais été continus, |»uisqu'ils sont en partie marins et en partie d'eau douce, il est certain que le 195 sol sur lequel a surgi le Canigou , était déjà montueux à une époque antérieure <^>. » Les Alhères, qui se ratlaclient au Canigou par les massil's montagneux de Maureiilas, de Céret et d'Arles, ont été fortement inlluencées par la dislocation du sol , qui a lait surgir ce groupe de montagnes. Mais un seul mouvement du sol n'a pas donné au chaînon albérien son relief actuel ; il n'a pris la configuration , la forme que nous lui voyons aujourd'hui , qu'à la suite de quel- ques révolutions dont il porte l'empreinte évidente et bien sensible. Les savants auteurs de la carte géologique de la France, attribuent au soulèvement de la chaîne principale des Alpes, le sui'gissement du mont Canigou avec ses formes actuelles. Mais avant ce grand cataclysme de la nature, cette montagne, presque la plus élevée de la chaîne orientale des Pyrénées, présentait une certaine élévation, ainsi que le chaînon des Albères qui en dépend. Les schistes , les micaschistes et les roches granitiques stratifiées des Albères, sont fortement relevés; parfois ils atteignent à la verticale et même sont renversés. Ils alîectent les mêmes caractères que les roches identiques qui se montrent au pied du Canigou ; leur orientation les fait ranger dans les terrains de tran- sition. A l'inspection des Albères et du massif du Canigou, le géologue retrouve partout des traces incontestables des systèmes du Morbihan , du Westmoreland et du Hunds- rùek, etc., qui ont relevé les divers membres de la série azoïque et paléozoïque dans les i\vrénées-Orientales. Les couches anciennes qui composent les Albères, pa- raissent donc avoir pris, à cette époque primaire, leurs (I) MM. niifi-t'iioy pi l'.lic Je Bramnoiil : Mimnires pour stivir à une descriplion géalogiqut de la France , loiiie II, pujCB 42(3-428. 196 inflexions primordiales, quoiqu'elles doivent leur relief actuel à des mouvements beaucoup plus récents. Dans les dépressions les plus profondes des vallées transversales, dans les concavités ouvertes entre les plis des roches, nulle part, dans les parties élevées du chaînon des Âlbères, on ne trouve aujourd'hui aucunes traces des dépôts subapeunius des vallées du Tech et de la Tet. Ces dépôts marins ne pénètrent pas dans les petites vallées transversales, qui étaient donc déjà fer- mées ou ouvertes en partie ; ils ne s'élèvent jamais à des hauteurs un peu considérables; dans la vallée du Tech , ils n'arrivent pas à Maureillas , et à peine attei- gnent-ils les premières collines de Vilellongue-dels-Monts. Cette observation a un grand poids dans la question qui nous occupe; elle prouve clairement que le relief des Albères était assez montueux pour s'élever au-dessus des eaux , lorsque les dépôts subapennins ou pliocènes se sont formés sur les schistes paléozoïques de la vallée du Tech, déjà relevés par des dislocations antérieures. Dans les parties élevées des vallées transversales, on aperçoit partout de puissants dépôts diluviens, horizon- taux ou très-peu inclinés , qui descendent dans la plaine où ils forment ces immenses couches caillouteuses de la période quaternaire ou diluvienne, si prononcées dans la plaine de Rivesaltes et de Perpignan. Dans les parties élevées, ces dépôts reposent sur les schistes ou les au- tres roches de transition, ou sur les roches granitiques, sans que l'on trouve enire les deux systèmes de couches aucune trace, aucun vestige des marnes et des grès fossilifères de la partie déclive de la vallée du Tech. Toute la série secondaire manque complètement dans les Albères, du Perthus à la Méditerranée. Durant toute cette longue période géologique, la chaîne, constamment émergée, a formé une Ile au soin de la mer. D'un côté, ses pieds schisteux étaient battus par la vague de la mer, 197 qui occupait une portion de la plaine actuelle de Figuèrcs; sur le versant septentrional, par la mer du Roussillon, qui, par quelque canal étroit, a pénétré, à une certaine épo- que, jusqu'aux environs d'Amélie-les-Bains pour y dépo- ser les sédiments secondaires que l'on y a signahîs. Ainsi, toutes les observations portent à croire, que le sol d'une partie du Roussillon a été émergé et immer- gé plusieurs fois. L'absence de couches stratifiées plus récentes que le terrain silurien ou dévonien , autres que celles de l'ancien pliocène, permet cette conclusion. On constate, cependant, ainsi que nous l'avons déjà dit, dans le département des Pyrénées-Orientales, quel- ques lambeaux du terrain secondaire, mais en dehors du chaînon albérien. Les dépôts crétacés de la vallée de l'Agly commencent à se montrer vers Peyrestortes , Baixas, pour se développer vers Vingrau, Estagel , iMaury et Saint-Paul-de-Fenouillet. Dans la vallée du Tech , des couches h cyclolithes elliptica, rhymkonella difîormis, à hippurites, etc., se montrent à Amélie, Coustouges, La Manère., etc. Pendant que ces dépôts marins se formaient sous les eaux, une grande partie du bassin inférieur du Tech était assez élevée pour être complètement émergée. Ce n'est qu'une dislocation postérieure qui a permis à la mer d'occuper, par un affaissement du niveau du sol, les vallées du Roussillon pour déposer les couches de l'ancien pliocène. Ces couches ne se montrent guère au- delà du Roulou; si elles se sont déposées sur d'autres points du cours supérieur du Tech, elles ont été facile- ment dénudées, après leur relèvement, lors des grandes débâcles qui ont porté les dépôts quaternaires ou dilu- viens dans les trois grandes vallées des Pyrénées- Orientales. (( La plaine du Roussillon, dit Uehoul , située comme un golfe entre deux arêtes de montagnes (pii jettent des 198 promontoires dans la mer, est bien évidemment formée de inalériiuix de comblement, descendus des Pyrénées, par les trois issues des vallées du Tech, de la Tet et de TAgly. Les accroissements que ces trois torrents ont pu ajouter a ce terrain de transport, depuis la date des descriptions géographiques de Slrabon et de Pomponins- Méla, ne sauraient être évalués même à la centième partie de son étendue totale '''. » L'examen des faits précédents nous conduit à admettre, que le chaînon des Âlbères avait un relief assez prononcé dès le commencement de la période secondaire ou dès la lin de la période primaire : les premiers soulèvements qui l'ont aiïecté remontent à la période paléozoïque ou de transition. Mais ces dislocations anciennes ne lui ont point donné sa forme et sa hauteur actuelles. Du Perthus k la Méditerranée, dans l'axe du chaînon, on ne trouve aucun dépôt secondaire; tandis qu'au pied du Canigou, aux environs d'Amélie se montre un lambeau crétacé, ce qui conflrme et prouve clairement, ce que nous avons déjà dit, que le chaînon albérien, tel que nous l'avons limité, a été émergé pendant une partie de la période paléozoïque et pendant toute la longue période secondaire. Lorsqu'on étudie attentivement, la boussole à la main, le terrain tertiaire supérieur de la vallée du Tech ou de la Tet, on s'aperçoit que l'inclinaison générale des couches a lieu vers le N. ou le N.-E., parfois vers le N.-O.; de manière que les tranches ou les tètes de cou- ches regardent le Canigou et les Albères. C'est là une preuve que ces massifs montagneux ont contribué au relèvement de l'ancien pliocène. Par conséquent, il a fallu que les Albères se relèvent pour produire cet effet sur les couches de leur base. (1) Rcboul. Géologie de la période quaternaire. 190 La longue file de collines pliocènes qui borde les deux rives du Tech , s'élève, sur la rive droite du torrent, assez haut sur le pied du chainon, en suivant sa direc- tion et son inclinaison, quoique à slralificalion très- discordante. De tous ces faits, et d'autres qui seront exposés ailleurs ('*, il faut conclure que le relief ac- tuel du chainon des Albères, a été produit par la disloca- tion qui a soulevé et dérangé les couches marines de l'ancien pliocène a la base des Pyrénées-Orientales et au pied des Apennins. Tout le monde sait que M. Élie de Beaumont attribue ce mouvement du sol au surgisse- ment de la chaîne principale des Alpes. Outre ces soulèvements, qui ont imprimé les grands traits du tableau, on reconnaît dans les Albères de petites lignes de dislocation qui ont incliné certaines couches vers le S.-O. Ces dislocations restreintes n'ont pas induencé l'ensemble de la chaîne. l ne étude attentive des crêtes saillantes et des lignes de dislocation du Roussillon , montre à l'observateur la complication de plusieurs soulèvements. Chacun de ces mouvements du sol, lents ou rapides, ont fourni un trait, une ombre, un accident au tableau pittoresque que la nature s'est complue à dérouler à nos yeux dans cette belle et fertile province. Les massifs montagneux des vallées du Tech et de la Tet, ont reçu quelques-unes de leurs formes à chacun des divers soulèveu)ents qui ont imprimé leurs caractères aux Pyrénées. Mais c'est la dislocation qui a fait émerger les dépôts sélurieus et dévoniens, qui a relevé les .\lbères, qui depuis lors sont restées constamment émergées. Cependant, parmi tous ces mouvements qui ont exercé leur terrible iniluence sur le sol de la vallée du Tech, (I) Dans lo texte de la Carte [jéolo(;ii]iie du dopatlemont des l'yréiu'es- Orienlali's. 200 c'est le soulèvement désigné par M. Élie de Beaumont, sous le nom de système des Pyrénées, qui s'est, peut- être, le moins fait sentir dans le chaînon des Albères et au pied du Canigou. En résumé, les Albères ont pris un relief montueux assez prononcé dès la période paléozoïque; mais c'est la dislocation de la chaîne principale des Alpes, qui a relevé les dépôts subapennins, qui a donné au chaînon toutes ses formes actuelles. Sorèze, ce 10 novembre 1861. 201 CHRONIQUE PEKPIGNANAISE, Par M. Joseph EMWAWlJEli Sibvew, nicmbrc (le plusieurs Sociétés académiques. Philippe III, que le Duc d'Ossone appelait plaisamment le grand tambour de la monarchie espagnole, mourut, a Madrid, le 15 mars 1621, a l'âge de quarante-trois ans. Ce prince fut victime de l'étiquette. Étant au conseil, il se plaignit de la vapeur d'un brasier, qui l'incommodait d'autant plus qu'il relevait d'une grande maladie. L'ofilcier chargé du soin d'entretenir le feu étant absent, personne n'osa remplir cet emploi; et celte délicatesse mal entendue coûta la vie au monarque. Le 5 mai de la même année , les Consuls de la ville de Perpignan firent publier cette nouvelle au son des tambours et des trompettes, par des crieurs habillés de noir, accompagnés des confréries à cheval et des corps de métiers. Les boutiquiers durent fermer leurs boutiques pendant neuf jours, sous peine d'amende et de prison; tous les travaux furent suspendus. Le deuil eut lieu chez le sieur Antoine Séragut, bourgeois honoré, alors premier consul. On ordonna une neu vaine; tout le temps qu'elle dura, les cloches des couvents et des églises de la ville attristèrent les habitants par leur tintement lugubre; la nuit même, la nuit ne mettait point une tn've à ce lamenlable carillon; plusieurs Bourgeois en devinrent sourds, si jen 202 crois la chronique Et les confréries, celle de Saint- Georges en têle<'', se rendirent trois fois le jour, le matin, h midi et le soir, chez le sieur Antoine Séragut, pour lui adresser des compliments de condoléance : quelles péni- bles charges ces messieurs avaicnl-là!... Le i2, les Consuls, dans leur costume de rigueur, se transportèrent à Saint-Jean , où ils avaient tout fait pré- parer pour la célébration des oraisons funèbres du Roi. Mais celle cérémonie fut renvoyée à un autre jour; voici à quelle occasion : Don Christoval y Traginé, gouverneur de Perpignan, arriva dans l'église après les Consuls, escorté des officiers de la garnison et précédé de deux massiers... Qu'on juge de l'effet que produisit celle inno- vation sur l'esprit des Consuls jaloux de leurs prérogatives, puisque de temps immémorial à eux seuls appartenait la distinction des masses!.... Ils restèrent pétrifiés, ni plus ni moins, que des zooUlhcs... Je vous le demande, pou- vaient-ils, en conscience, laisser s'établir un pareil précé- dent? C'eût été en quelque sorte abdiquer, et ces messieurs en étaient incapables. En conséquence, après être revenus de leur étonnemenl, ils prolestèrent avec énergie : chacun de part et d'autre soutint ses droits; on dit même qu'il y eut des épées, des poignards tirés et prêts a frapper; que des perruques furent arrachées, foulées aux pieds, et que des personnes Irès-respeclables reçurent l'alfront le plus sanglant... Je ne garantis pas la dernière assertion, tout en affirmant que celte scène causa un grand scandale, à la suite duquel les Consuls, violets de colère, plantèrent là le Gouverneur; quittèrent brusquement l'église; le peuple les imita, et il lit bien. (1) I.a Confiéric . A ces Comtes amovibles, succédèrent des Comtes héré- ditaires. L'examen des chartes données par ces derniers, constate également l'absence complète de sigillalion. C'est donc par suite d'une erreur inexplicable, que l'auteur de VAnnuaire de la Noblesse, signalant les armoiries attri- buées au comte Gérard par le peintre de la salle des croisades, a Versailles, a pu dire: « Gérard, comte de « Roussillon, se distingua au siège d'Antioche, et entra « l'un des premiers dans la ville sainte; son sceau repro- « duit par Dom Vaissète, dans Y Histoire du Languedoc, « représente : Deux fermaux rais en pal <-'. » Est-il besoin de rappeler ici que le sceau reproduit par Dom Vaissète, est celui du comte Sanche d'Aragon (L. I), vivant en t22G, cent trente ans après la première croi- sade, et non celui du comte Gérard, mort en lllôi^J? (t) Marca Hispanica. Appendice. (2) Borel d'Aulerive. Annuaire de la A'obksse, J8ii. (3) Est-on bien eerlain du reste de l'aiillionlicité de ce sceau à deux faces, isolé de la charte à laiinolle il a élu suspendu? Si, d'un cùlé, se présente un guerrier à cheval . portant à sou luns l'écu d'Aragon, entouré 208 Les chartes relatives aux intérêts religieux du diocèse d'Elne, conservées dans divers dépôts depuis le neuvième siècle, font également voir que, jusqu'au treizième, la sigillation était encore inusitée en Uoussillon , même parmi les ecclésiastiques du rang le plus élevé <^^ 11 paraît donc très-croyable, et l'on pourrait même affirmer, qu'avant la première réunion du Roussillon au roi Alphonse, en 1172, aucun acte émanant du pouvoir civil, de l'autorité religieuse ou de simples particuliers, n'a été scellé dans les Comtés. Cependant, on doit croire, qu'en Roussillon, comme ailleurs, le haut clergé précéda le mouvement général, et que lès Évêques adoptèrent les premiers cet usage, tellement répandu plus lard dans cette province, qu'au dix-septième siècle, par exemple, il était peu de per- sonnes qui ne possédassent un cachet particulier, et qui ne se crussent obligées d'apposer leur signe ou marque aux moindres actes dans lesquels elles venaient figurer. d'une légende au nom du comte Sanche ; de l'autre , je vois un chevalier portant un bouclier chargé de deu\ fermaux mis en pal, entouré d'une légende beaucoup trop incomplète pour être expliquée. Dans ces deux empreintes si ditTérentes , dont l'une sert à l'autre de contre-sceau , je serais assez disposé à reconnaître deux sceaux distincts, appartenant à deux seigneurs dill'érents, (jui n'auraient pas trouvé de meilleur moyen pour valider une charte, peul-ètre relative à leurs intérêts communs; car, rien ne peut m'expli(juer dans quel but, Sanche d'Aragon, aurait, seul de sa Camille, employé un tel contre-sceau, (t) Marca Hispanica. Appendice, XXVI, XXXVIII , LXX , CGCLI. 209 PREMIERE PARTIE. Slceaux du Clergé, I. — Le premier sceau dont la date soit bien connue (Cl. 1), est celui de Bernard de Berga, évêque d'Elne. Il pend à une charte en parchemin, datée du 8 des cal, d'août 12 ii, par la(iuclle ledit Évêque accorde quarante jours d'indulgence aux iidèles qui contribueront, par leurs aumônes, à la construction de l'hôpital d'Ille et de son église. Ce sceau, de forme ovale, en cire blanche, avec contre-sceau au revers, est long de 0"i,0o, large de 0"i,05; la partie antérieure, qui a reçu l'empreinte en cire brunâtre, représente l'Évéque debout, coiffé de la mitre, tenant la crosse d^ns la main gauche, et donnant la bénédiction de la main droite. La légende, en capitales romaines, mêlées de gothiques, porte : f S. B: DEl : GRACLV : IIELNENSIS : EPISCOPI O. « La conservation du contre-sceau a été un peu com- '< promise par l'usage auquel cette pièce a été longtemps '< destinée; car le Frère quêteur, porteur de cette mis- « sive, était obligé de la présenter à toutes les personnes « dont il sollicitait les secours. Tel qu'il est, on y distingue « encore, au milieu d'un cercle de 0"i,OI8 de diamètre, « deux têtes nimbées, qui sont celles des patronnes d'Elue, « comme on le voit par la légende qui se lii autour : f S. « EVLALIA... 1VLL\. » L'écrivain roussillonnais*^ auquel (1) Archives de l'Hôpital d'Ille. (-2) B. Alart. Les Patronnes d'Elue, 1857. U 210 on doit la découverte de ce monument sigillograpliique, et dont j'emprunte ici les expressions, a cru remarquer entre le sceau et le contre-sceau des diflerences de date bien tranchées. « Les caractères de l'inscription du sceau, « dit-il , ont bien la forme généralement adoptée dans « noire pays pendant le treizième siècle, tandis que ceux « du contre-sceau, notamment la lettre V, semblent se «rapporter à une époque beaucoup plus ancienne....» Suivant une conjecture de cet auteur, le contre-sceau de la charte d'Ille, serait le type du sceau primitif de l'Église d'Ehie attaché à tous les documents diplomatiques éma- nés de la cathédrale, et ne variant jamais, tandis que le sceau particulier aurait été renouvelé à chaque élection d'évèque. Le petit nombre de sceaux de cette époque que j'ai pu comparer, ne me permet pas de trancher catégo- riquement la question abordée par iM. Alart, dans un but purement historique d'ailleurs. Je ferai observer, toutefois, que dans certains sceaux du treizième siècle et du qua- torzième même, on rencontre souvent la lettre V écrite en capitale romaine, notaniment,en 1228, sur un sceau de l'Archevêque de Narbonne, reproduit par Dom Vaissète, et dont la légende est ainsi conçue : S. PETRL NARBO- NENSIS.ARCIIIEPISCOPI-, et au contre-sceau .-;- S. I VST. S. PASTOR. L'analogie qui existe entre ces deux sceaux et leurs contre-sceaux, me porte à croire qu'ils sont tous quatre bien contemporains, émanant du même burin peut- être <*>. Je pense que ce sceau et son contre-sceau doivent (4) Dom Vaissète. Histoire du Languedoc, tom. V. Sceau de Pierre dWincliiis, 1228, arclievèque de Narijonno (Cl. 2). Voir aussi les sceaux de Raymond de l<'a!gar, évèque de Toulouse, 1249; de Bernard d'imbert, abbé de La Grasse, 1254; d'Arnaud, évèque de Nîmes, 122G, etc., etc. Du reste , les évè(|ues ont eu souvent des contre-sceaux relatifs aux patrons de leurs églises, ou tirés de l'bisloire de ces églises. Suivant Jl. de \VailIy, les bustes de saint Paslor et de saint Just se voient sur les contre-sceaux de plusieurs Archevêques de Narbonne. Le nom de 211 remonter à l'année 1250, époque de l'élection de l'évêque Bernard. L'Hospice Saint-Jean de Perpignan, possède une charte du même évéque, portant la date des cal. de mars 1250; mais le sceau est perdu (*>. II. — Un sceau conservé à l'Hospice Saint-Jean <->, et suspendu à une charte du 4 des calendes de mai 1290, donnée par la Cour Ecclésiastique de Perpignan , avec licence du Chapitre d'Elne , sede vacante, au sujet de l'entrée en religion de Guillaume Tolza, marchand de drap, est, sans contredit, le plus précieux monument de la collection roussillonnaise(CI. 3). La charte, curieuse en ses détails (^>, se termine ainsi : Ad habendam aucto- ritatem, fidem et finnitatem omnium predictorum, sigillum officialatûs nostri Perpiniani pendens presentibus dnrimus apponendum Cette formule, dans laquelle parait le mot officialatits pour officialis, est très-rare, suivant M. Natalis de Wailly, qui n'en a cité qu'un seul exemple , celui du sceau de rOllicialité de Nantes'^'. Le sceau, en cire jaune, de forme ronde, au diamètre de 0'",04, représente un personnage , la tète découverte , assis sur un fauteuil à doubles colonnes, et tenant entre ses mains un objet qui saint Trophiine se retrouve sur plusieurs contre-sceaux des Archevêques d'Arles. Le contre-sceau de Guillaume, évr'que de Carcassonne, représente les bustes de saint Nazaire et de saint Celse, avec la légende : NAZARIVS • CELSVS. La croix paraît sur plusieurs contre-sceaux des Évèques d'Or- léans. Les contre-sceaux des Archevêques de Paris, montrent, quelque- fois, l'image de la sainte Vierge ; ceux de l'Évêque de Poitiers, le buste de saint Pierre. (1) Arch. de l'Hosp. Saint-Jean. Liasse 1, n» 1. (2) Idem. Liasse I, u» 2. (3) Le Juge ecclésiastique , en consentant à l'entrée en religion dudit Tolza, oblige la femme de ce dernier, à vivre honnêtement et chastement. (^4) Natalis de Wailly. Éléments de Paléograpliie, tom. II. 212 parait être un livre. A droite de ce personnage, on voit une crosse, posée en pal, un peu au-dessoiis d'une étoile h huit rayons, armoiries du Chapitre d"l":iue; à gauche, on lit l'inscription suivante, eu lettres capitales romaines, mêlées de gothiques, disposées sur quatre lignes, dans le champ même du sceau : ITE | IVD [ ICA | TE. La légende, aussi en capitales mixtes, porte : f Sigilliim OFFICl... PerPINiani PRO DomiNO EPiscopO ELeNensi. La forme des lettres et les abréviations dont il est fait usage, jointes à la naïveté de la gravure, permettent d'assigner à ce type une date beaucoup plus ancienne que celle de la charte qui a reçu son empreinte ; il faut remonter au moins jusqu'aux dernières années du dou- zième siècle pour trouver des types analogues. Ce sceau, qui sert en 4290, diffère de ceux employés dans les siècles postérieurs par l'Ofïicial de Perpignan , en ce qu'il ne désigne nullement l'Évéque au nom duquel la justice était rendue. Cela tient, sans doute, à ce qu'en cette année 1290, le 4 des calendes de mai, le siège épiscopal était vacant <". Or, comme il n'est pas présu- mable que la cour ecclésiastique prit le soin de faire graver un type spécial à chaque vacance d'évèque, je n'hésite pas à admettre que celui dont on s'est servi en cette occasion, ait dû être habituellement alfecté pendant un certain temps a la sigillation des chartes données par rOflicial de Perpignan , sede Pastore carente. Il n'est point indifférent de rechercher quel peut être le personnage gravé sur ce sceau. M. de Wailly prétend n'avoir jamais vu de sceau où la hgure de l'ofiicial fût représentée. Il cite, pourtant, celui de l'OHicialité de (1) C'est par erreur que M. Puigg^n, dans son Catalogue des Evêques d'Elne, dit le siège épiscopa! occupé, dès 1289, par révéque Raymond de Costa, malgré l'assertion contraire exprimée, en 1833, par M. Jacq. de Saint-Walo. 213 Lyon, en I28i, (|ui représentait un prêtre debout, tenant un livie. Mais, dans l'exemple ci-contre, le personnage tenar)t un livre et entouré des attributs de l'évèipie, alors que le siège épiscopal est vacant, ne peut être autrement considéré que comme la figure sjndiolique du prêtre qui rendait la justice. III. — L'original d'une sentence arbitrale, prononcée entre la cure de Malloles et l'dospice Saint-Jean, à la date du 8 des ides de mars 1295, indique Ibrmellement que celte charte a été revêtue du sceau de chacune des administrations intéressées. Ces deux sceaux sont perdus; il ne reste que les attaches, qui sont en fil'^--'. IV. — Une lettre adressée, en 1315, à la Reine de Ma- jorque, par le Prieur des Carmes, porte les traces d'un sceau suspendu par une lanière en parchemin f^). V. — Le sceau de Bérenger lîatlle, évêque d'Elue (Cl. 4), est suspendu a une charte du 8 des ides de juin 1521 <*), en vertu de laquelle les revenus des bénéfices vacants de l'église Saint-Jean de Perpignan, doivent être consacrés à la construction d'une nouvelle église du même nom, à côté de l'ancienne. 11 parait remonter à l'époque de l'élection de cet évêcpie, en 1517. Sa forme est ogivale (0'",0Go sur 0'",055); le moule, en cire brune, est re- couvert, à la partie antérieure, d'une plaque en cire rouge, qui montre l'évêque mitre, debout sur un socle, (1) Arcli. IIosp. Saiiil-Jeaii. Liasso II, no 27. (2) Raymond Guillein, sacristain d'Elno, scelle de son propre sceau, suspendu à une lanière de soie jaune et rouge, un acte du 3 des ides de mai 1303. Le sceau indinué dans l'acte est perdu. (Arcli. Saint-Jean.) (3) .\rcli. Pyrén.-Orient. (4) Arcli. Hosp. Saint-Jean. Liasse I , n" 5. 214 la crosse dans la main gauche, et la main droite levée, donnant la hénédiction. Ce sceau, fort déléiioré, brisé en plusieurs endroits, laisse pourtant lire la légende en c;ipi- tales gothiques : S. BerengaRii : BAYULI : PHOVIDEiNClA: DIVIN : EI>NENS1S : EPiscopI. Il n'y a pas de contre- sceau et rien ne vient ici rappeler les patronnes du diocèse. VI. — Ce débris de sceau, dont j'ai tenté de rétablir la forme primitive (Cl. o), est attaché à une charte, adressée la veille des ides de décembre 1552, par Arnaud Tcrrena, sacristain, Arnaud Vivers, chanoine olhcial (de Perpignan sans doute?) et Pierre Johan, ollicial d'Elue, vicairos-géné- raux pour l'évèque Gui Terrena, absent, à tous les curés du diocèse, dans le but d'exciter leurs paroissiens à faire l'aumône pour l'œuvre de la construction de l'église Saint- Jean*'). Autant qu'on en peut juger par ce fragment, le contour de ce sceau a dû affecter la forme rare de l'octo- gone, et avoir environ Om,Oi de diamètre. Le champ a dû être occupé par l'efligie des saintes Eulalie et Julie, pa- tronnes d'Elne, debout sous un portique, et tenant cha- cune une palme dans la main. La légende, en cajjitales gothiques, ne montre plus que: VM : DNI :G que j'interprète par : SigillVM : DNI : Guidonis... Il n'y a pas apparence de contre-sceau. VIL— Gui Terrena, appelé aussi Gui de Perpignan, du nom de sa ville natale. Le sceau de cet Évéque d'Elne (Cl. G), pend à trois chartes de l'Hospice Saint-Jean. Par l'une d'elles, datée du 15 mai 1555, Gui renouvelle le décret rendu par son prédécesseur, le 8 des ides de juin 1521, pour subvenir a la construction de la nouvelle église, à Perpignan ^^K Ce sceau, d'une exécution remar- (1) Arcli. Hosp. Saint-Jean. Liasse I, n» 6. (2) Idem. Liasse I , no 7 . 215 (|uable et d'une conservation parfaite, est ovale (0"i,07, sur O'n,0o), en cire brune, recouverte de cire rouge, comme les précédents. Il représente l'évèque debout, revelu des babils poulilicaux, coid'é d'une milre à Corme basse, tenant la crosse dans la main gaucbe et bénissant de la droite; sur la poitrine repose une étoile à buit rayons, dans laquelle je n'bésite pas à reconnaître le symbole béraldique du Cbapilre d'Elne. La ligure de T.ui, encadrée dans une sorte de porli(iue bysantin, est llan- quée, à bauleur de la ceinture, de deux écussons : celui (le droite, portant trois pals, représente, je crois, les armoiries du Roussillon , ou plutôt celles des Rois de Majonpie, comme suzerains de ce comté (^); celui de gauclic, est : parti, au premier, à deux lézards, posés en pal, l'un sur l'autre, et, au deuxième, à un lion ram- pant, armoiries personnelles à l'évèque. Au dernier siècle, Fossa, dans son mémoire pour l'Ordre des Avocats (-), prétendait qu'on voyait autrefois dans l'église des Carmes d'Avignon, les armoiries de Gui Terrena, et il les blazonne en ces termes : « de... à une bande de... cbargée de trois « lézards, accostée de trois étoiles de... en cbef, et de « deux croissants en pointe. » Dans la première moitié du «piatorzième siècle, les règles héraldiques n'étaient pas tellement fixées, que l'on puisse s'étonner de cette variante de l'écusson du mrme personnage. Une légende en capitales gotbicpies entoure le sceau; on y lit: S : I RATRIS : GVIDOMS : DVINA: PROVIDENCIA : EPIS- COPI : ELNENSIS. Il n'y a pas de contre-sceau, et, cbose remaniuable, dans le sceau d'un évéqne (pii devait (jucl- quos années plus tard instituer une fête particulière en riionneur des saintes Euialie et Julie, il n'existe aucune (1) Vdir a la douxième piirlie, à l'article : Armoiries du Comté de lloiissillon, no I. (2) l'ossa. Mémoire pintr l'Ordre des Avocats, p. 423. 216 trace de l'effigie des deux patronnes. Cette particularité vient confirmer, du reste, l'opinion généralement reçue, que jusqu'au (juatorzième siècle, l'image des évoques parut seule sur leurs sceaux personnels, tandis que les sceaux émanant de l'adminislration diocésaine portaient, le plus souvent, le signe dislinclil' des églises*'*. Les Archives des Notaires du Koussillon'^', vaste nécro- pole où moisissent d'innombrables documents historiques, pour la plupart inédits, contiennent une certaine (luanlilé de pièces originales, revêtues des sceaux de divers mem- bres du clergé catalan. C'est dans ce dépôt que j'ai décou- vert la plus grande partie de ceux qui vont être décrits. Presque tous les actes scellés qui s'y trouvent, et dont le plus ancien remonte seulement h l'année iôo5, sont en papier, écrit d'un seul côté, et signés le plus souvent. Seulement, à l'encontre des documents de même sorte, venus des diverses provinces de France, et qui se trou- vent dans le même dépôt, les sceaux, au lieu d'être appliqués à la fin de l'acte, du même côté que l'écriture, le sont au verso; et cette manière de sceller s'y nMicontre d'une façon si constante, jusqu'au seizième siècle, que je ne puis y voir (]ue la conséquence d'un usage parti- culier a la principauté de Catalogne, lequel aurait cessé depuis la première occupation française. Au quatorzième siècle, le papier est généralement re- vêtu d'une couche de cire très-mince, de couleur diverse, (t) Voir ci-dessus, la note de la page 210. (2) Rrnferniées longtemps dans les combles du Tribunal do Conuiierce de Perpignan, ces archives, qui se composaient de plus de lO.OUO regis- tres de toutes dimensions, giMiûralcnient en mauvais état, réclamaient les soins d'un conservateur intelligent, capable au moins d'en dresser le catalogue. Ce vœu, exprimé à plusieurs reprises par queUpies Iloussil- lonnais crudits vient d'être exaucé ; car \m arrêté récent du Ministre de l'intérieur a prescrit leur translation aux archives départementales , dû toute la sollicitude du savant archiviste leur est assurée. 217 mais, selon toute appareiico, soumise à certaines règles, sur laquelle a été appliqué directement le sceau matrice; puis, sans doute, dans le but de donner un peu de con- siiuance à l'emprcinle ainsi obtenue, un petit morceau de papier a été apposé sur la cire encore cliaude, de manière à lui éviter tout frottement extérieur. Je cliei:elie en vain une autre explication à l'adjonction de ce papier, qui, outre l'altération forcée du type, devait avoir l'in- convénient de dérober aux regards le sceau, dont on ne pouvait |)lus dès lors vérilier l'autluMilicité. Il est résulté de cet usage ipie très peu de sceaux, dont il a été pos- sible de soulever le masque de papier, se sont montrés décliilfrables, et (pie j'ai dû en négliger un très-grand nombre. Cet usage cessa en Roussillon dès les premières années du quinzième siècle, et non pas au seizième, comme rindi(pient tous les traités de paléographie. Il fut rem- placé par l'application du type de métal sur un petit morceau de papier placé alors entre lui et la cire chaude. On trouve un exemple de cette dernière manière de sceller dès l'année lôTi, dans le sceau du Bailli de Perpignan. Vni. — Une lettre du 16 août 15G0, adressée aux exé- cuteurs testamentaires de Guillaume d'Aragall, damoiseau, par frère Arnald , Abbé de Saint-Génis-des-Foiitaines, vicaire-général pour Pierre de l.a Planella, évèciue d'Elue, porte un sceau ogival en cire rouge (Cl. 7), de Oi",07o sur 0'",053, d'une assez bonne conservation, et qui se distingue entre tous par la simplicité de la gravure O. Un porlicpie, formé de deux pilastres, réunis |)ar un arceau en plein cintre, surmonté d'un pignon triangu- laire, encadre une ligure velue d'une longue rol)e, debout sur un écusson indéchidVable, et sans aucun attribut de ( I ) AitIi. (1i'< XiitaiiTS. 218 nature à faire connaître sa personnalité. La tête, en appa- rence découverte, ne semble pas celle d'un évèijuc; mais aussi, d'un autre côté, l'absence de l'auréole, (jui d'ordi- naire entoure la tète des saints, ne permet pas d'allirmer que ce soit l'image d'une des patronnes du diocèse. Oans le doute, je préfère m'abstenir. La légende, illisi- ble, ne peut éclairer la question. Vin bis. — Cette image informe se trouve au dos d'un acte du 15 mai 1572, relatif à la location de plusieurs pièces de terre sises à Thuir, donné par Arnald d'Oms, vicaire-général de Pierre de Cima, évèque d'Elue (Cl. 8). On y distingue, avec un peu de bonne volonté, l'elligie des deux patronnes d'Elne, occupant le milieu du sceau, et surmontant un écusson, ijrobablenient aux armoiries de l'évêque. Cette empreinte est la première (a ma connais- sance du moins) qui affecte cette disposition, imitée, pendant plus d'un siècle, par les successeurs de Pierre de Cima. Elle est ovale, d'une longueur présumée de 0^,07 sur 0m,0i5. La légende est totalement effacée ('>. ÏX. — Le 2 décembre 1572, Pierre Bou, bachelier ès-lois, chanoine de l'église collégiale de Saint-Jean de Perjjignan et officiai de la môme ville, mettant en possession d'un héritage, Sclarmonde, femme de Bernard Angles, se sert d'un sceau ogival (0m,06 sur 0"',055) en cire verte, sur lequel on distingue une partie de l'effigie du patron de ladite église, entourée d'une légende illisible (Cl. 9). Bien n'indique le nom de l'évoque vivant h cette époijue, Pierre de Cima, cité plus haut (-*. X. — Pierre, abbé de Sainte-Marie d'Arles, donnant le 15 mai 1574, procuration à Pierre Boig et Raymond (I) Arcli. dos Notaires. (2) hlnn. &19 Pastor, chanoines d'EInc , pour recevoir de Pons de Coloriiinos, bénélicier de ladite église, un bénéfice que ce denn'er voulait permuter avec le Curé de l'église des Bains-d'Arles, a employé un sceau ogival en cire rouge (Om,045 sur 0'»,05), représentant un moine debout, la léte nue et rasée, suivant la coutume des ordres religieux, vu de |»rofil et tenant entre ses deux mains un livre! Derrière la tête du moine, à la partie sénestre du sceau, se trouve un écusson indécliidVable. I.a partie supérieure est occupée par trois sortes de clochetons en ogive, celui du milieu surmonté d'une croix. Une légende, en capitales .gothiques, mêlées d'onciales, en partie détruite, porte: S: .... Ali.... VL : MON : OKD : C... cl probablement: Sigillum : ABbaiis : sanctc marie :arV[.arum :MO\asterii : OUDinis : Climiacensis. (CI. 10.) Je ne puis dire si ce sceau fut particulier à l'abbé Pierre, ou bien, comme cela s'est rencontré ailleurs, s'il a été commun à divers abbés ('l XI.— Raymond de Las Escalas, évèque d'FJne. Le 12 mars 1578, année de sa consécration, ce Prélat accorda des indulgences à ceux qui contribueraient par leurs lar- gesses a la construction de l'église Saint-Jean <-). A la charte de concession, est suspendu, par une tresse de soie rouge, im sceau ogival, extrêmement mutilé, long deO'",07 et large de 0"\0i5, du.juel on ne distingue plus qu'une faible partie de la légende : ..VM : PiAYMVM)I : DE... PISCOP... en capitales gothiques, attenant à quel- que fragment de portique gothique assez finement dessine. Toute la |)artie centrale a disparu (Cl. 1 1). J'ai pu suppléer à sa description et reconstruire le sceau dans ce (pril a de plus important, par l'adjonction d'un autre débris, émané (1) AitIi. (Ips NoIaiiTs. ("2) Arcli. IIns|i. Saint-Jean. Liasse I. 220 du même type, et trouvé sur un acte en papier, du 50 octobre 1378, dans les archives des notaires. A l'aide de ce fragment, j'ai pu me convaincre de la présence des deux patronnes d'Elne, au centre d'une niclic à pilastres gothiques, au-dessous de laquelle ligure un écusson chargé d'une échelle en pal , armoiries parlantes de Raynioiid de Escalis. En pointe de sceau , sous l'écusson , la légende montre le mot DIVINA en capitales gothiques. Il n'y a point de contre-sceau, et je dirai, une fois pour toutes, qu'à l'exception de celui de Bernard de Borga, il ne s'en est trouvé aucun dans toute la collection. L'évêque Raymond a aussi scellé une ordonnance, en' date du 15 octobre 1582, devant affecter quelques revenus à l'œuvre de Saint-Jean. Le sceau, appliqué sur un mor- ceau de papier, pendait à une lanière de parchemin; il est complètement détruit'**. XII. — Nicolas Gil, chanoine d'Elne, écrivant, le 10 septembre 1578, a deux chanoines de la même ville, scelle sa missive de son sceau particulier (Cl. 12), qui est rond et au diamètre de 0'",02, portant au centre un écusson illisible , et dans le pourtour extérieur une légende, dont on ne distingue plus que: f S : CAN... AI : GILI. (t Sigillum CANonici : nicholAI : GILI). Le texte porte : Egidii. La cire est rouge et posée en croix au dos de l'acte (^'. XIII. — Officialilé d'Elue*'''. Les sceaux appliqués par l'Olïicial d'Elne sur un très-grand nombre de jugements rendus pendant plusieurs siècles, semblent avoir été pro- duits par un type unique, ou du moins différant très peu (!) Ardi. Hosp. Saint-Jean, Liasse I. (2) Arcli. des Notaires. (3) Idem. 221 (lu type primitif, que la vétusté des empreintes rend à peine déchilTiable (Cl. 15). Dès l'an 1580, je trouve des sceaux ronds on cire rouge, de O'",0io de diamètre, représentant invariablement deux (igures nimbées, portant cliacune une palme dans la main gauche, et qui sont, à n'en jtas dou- ter, les saintes Eulalie et Julie, de temps immémorial patronnes de la cathédrale d'Elne. Sur une de ces em- preintes, on distingue le mot IVLIA , terminant la légende et écrit en capitales romaines, ce qui est un indice de ranti(iuilé du type. Le nom et la (igure de rÉvéque ne paraissent point indiqués sur ces sceaux. XIV.— Un acte du 13 janvier 1589, en forme de lettre missive, émanant de Galcerand, abbé de Saint-Michel-de- CuxaC', et autorisant Ermengaud, moine de Saint-Cucufat, à recevoir la résignation de la Prévôté de Fiilols, que le frère Batalla de Ventanach se propose de faire , et à la conférer à Rertho Agusti , moine de Saint-Michel , porte un sceau de forme ogivale (0"',055 surO'",0"2), produit par le contact du type sur un papier posé d'avance sur la cire chaude (Cl. 14). Il représente l'archange Michel, debout sur un dragon terrassé, qu'il menace de son épée' Au-dessous du dragon, est un écusson illisible. Un seul côté de la légende montre ces mots, en capitales gothi- ques : ....MICAEE: DE.-COXAO. Ainsi que je l'ai lait remarquer plus haut, cet exemple est un des plus anciens de cette manière de sceller, car M. de Wailly, ne cite que celui de Jean, comte de Boulogne et d'Auvergne, en date du 4 mars 1585. XV. —Vicariat de Rarthélemi Peyro, évèque d'Elne. Sceau plaqué en cire rouge t^-', du même module que celui (1) Arch. des Notaires. (2) Idem. 222 (le Raymond de Escalis (voir no IX), au type des deux patronnes d'Elue, surmontant un écusson , où se dessine vaguement la forme d'un mont, armoiries présumées de l'Évèqne (Cl. 15). Ce sceau, tont aplati, employé par Jean Jaubert, archidiacre du Contient et chanoine d'Elue , vicaire-général pour Barthélemi , à la date du 10 décembre 1391, ne porte pas de légende lisible; mais tout me porte à croire qu'il n'était pas particulier à l'évêque. En effet, un acte du 7 août 1404, donné par frère Barthélemi Peyro'*', en personne, garde les traces d'un sceau différent (Cl. 16). On n'y voit phis, a la vérité, que les lettres de la légende : S.... TH.... IS. (Sigillum barTHolomei.... elnensIS.) Deux écussons occu- paient la partie inférieure du sceau, que je ne signale ici que pour mémoire. XVI. — Raymond Descatllar, promu à l'évêché d'Elue en 1408, scella, le 19 décembre de la même année, certains statuts des prêtres de Saint-Jean de Perpignan , avec son sceau d'Abbé, en déclarant qu'il n'en avait pas encore d'autre*-'. Je n'ai pas vu ce sceau; mais il est à croire que par suite de sa translation soudaine au siège de Girone, le 9 janvier suivant, Raymond n'en eut jamais au type du diocèse d'Elue. XVII. —Ce sceau ogival en cire brune (O"\0osur 0^,055), appliqué à une grande quantité de jugements de 1o90 à 1408, par l'Official de Perpignan, agissant au nom de l'évêque Barthélemi Peyro, porte, au centre, l'elligie de saint Jean-Baptiste, patron de la collégiale, encadrée dans une niche à piliers gothiques, au-dessous de laquelle se dessine un écusson chargé d'un mont surmonté d'une (1) Arch. des Notaires. {'2) Puiggari. Cat. des Evêq. d'EIne. 2^3 croix, accosté de deux étoiles, armoiries de l'évêque (Cl. 17). Une légende, en minuscules gothiques, séparée en deux par l'écusson , porte les mots: SIGILF.UM : 0FF\,7 ICIALIS : PerPINIANI. La création de ce type doit re- monter à Tannée 1587, époque de l'élection de Bartliélemi PeyroC). XVIII. — Le Vicaire-Général de Jérôme d'Ochon, écri- vant, le M avril 1413, h l'Odicial d'KIne, pour l'informer que le parti de Guillaume de Vilardeli, de Hésalu, et celui de Pierre Carrera, de la même ville, ont fait un traité de paix, emploie un sceau ogival de cire rouge'-', de O'",06o sur 0'»,0i; au centre d'une niche, surmontée de trois étages d'arceaux gothiques, vus en perspective et d'un travail assez délicat, se voit une (igure nimhée, tenant à la main gauche une palme (Cl. 18). La présence d'une seule patronne sur ce sceau, aurait lieu d'étonner, si l'on n'en trouvait ailleurs d'autres exemples, desquels je ne vois à tirer qu'une conséquence, à savoir que le caprice et non la règle a le plus souvent présidé à la création de tous ces types si dillérents et pourtant destinés à un même usage. Du reste, un sceau particulier de Jérôme d'Ochon, trop détérioré pour être reproduit, atïectait certainement la même disposition que celui de son pré- décesseur, et portait au centre l'elUgiedes deux patronnes du diocèse. Un large écusson en pointe du sceau au-dessous de la sainte, porte, écartelé au 1er et au 4.e, un lion rampant, et aux 12e et 5e, un arbre, armoiries de l'évêque Jérôme. La légende, en capitales gothiques, dit: SIGILLVM : YICAHIATVS : DomiM \J lEKUMMi : EPiSCOPl : ELN ensis. (1) Arch. des Notaires, (â) Idem. 224 XIX.— Ce sceau, également ogival et en cire brune (0^,06 sur 0"™,03o), est appliqué sur plusieurs documents des'années 1418 à i425 par l'Official de Perpignan, agis- sant au nom de l'évèque Jérôme, cité jjIus liaut (Cl. 19). Il diffère de celui reproduit au n» XVII , par le dessin du portique renfermant le saint Jean-Baptiste, par l'écusson déjà hlasonné de Jérôme d'Oclion, et par la disposition des mots de la légende , en capitales gothiques : Sigilluni : CVRIE : OFFICIALI : ^ S : PEUPIMAM W. XX. — Hugues , abbé de La Grasse , scelle entre deux papiers, une lettre particulière, le 11 octobre 1425, vraisemblablement avec un anneau manuel, du diamètre de O'",0lo, portant un écusson indéchiffrable, entouré de ces mots, en minuscules gothiques : S' UVGOIS' ABBÂÏIS- CRASSE-, et sommé d'une crosse (2>. (Cl. 20.) XXI. — Jean de Casanova, cardinal prêtre de la sainte église romaine, perpétuel administrateur de l'église d'Elne, contérant a Nicolas Sunyer, clerc du diocèse de Cirone, le bénéfice fondé a Sainte-Marie-du-Ponl de Perpignan, par Esclarmonde, veuve de Raymond Roig, emploie, le 6 novembre 1450, un sceau <^) dont la disposition était encore inusitée parmi ses prédécesseurs. Ce sceau, de forme ogivale (0'»,09 sur 0m,0o5), est suspendu entre deux papiers, par une lanière de parchemin, à l'acte, aussi en parchemin. Trois portiques, surmontés de plu- sieurs étages de pignons tleuronnés, en occupent le champ. Sous celui du milieu, on voit l'image de la sainte Vierge Mario, portant l'Enfant Jésus, et sous les deux autres, parait l'efligie des deux Patronnes d'Elne. Il est (1) Arch. des Notaires. (2) Idem. (3) Idem. 00- exprimé dans l'acte, que le Prélat se sert du sceau ponti- fical dont il usait autrefois : Nostri pontificalis sigilH quo alias ulebamnr, fecimus appensione muniri. I.'effîgie de la Mère de Dieu se trouve ici, sans doute, couiuie un témoignage de la dévotion particulière de Jean de Casa- nova envers Marie; car, je ne pense pas qu'on doive attacher à sa présence sur ce sceau aucune importance historique'^). Un écu chargé d'une maison ajourée, ar- moiries de la famille Casanova, et sommé d'une crosse épiscopale, sépare en deux la légende, en minuscules gothi- ques : Sigillum : lOHANNIS : MISerACIone H DIVINA : EPISCOPI : ELNensis. XXII. — Un acte par lequel Germain de Gaston, vicaire- général pour Jean, administrateur perpétuel du diocèse d'Elne, confère, le 5 sept. 1451, à Jean Ribes, chanoine, le bénéfice fondé dans l'église de Tresserrapar En Gavell, est scellé entre deux papiers d'un sceau, dont le champ est occupé par l'elligie d'une seule patronne, et présente beaucou|) d'analogie avec celui employé par le Vicaire de Jérôme d'Ochon (Cl. 18, 22). La légende et l'écusson sont illisibles (-1 XXIII. — Jean, abbé de Sainte-Marie de La Real de Perpignan, mandataire du Pape, écrivant au Chapitre d'Elne, de surseoir a tou*-^ sorte d'actes au sujet d'un bénéfice conféré dans l'église Saint-Jean, le 15 février (1) Toiitolois, il n'est pas impossible que Jean de Casanova, apparte- nant à rOi'ilre (les Dominicains, ait été i'iieur d'nn Monastère placé sous Tiinocation de la sainte Vierge, el ait désiré rappeler ce souvenir, dans le sceau afTeclé plus tard aux actes de sou épiscopat. On sait, du reste, que prescpie toutes les églises des couvents roussilhumais étaient dédiées à la Vierge Marie. Peut-être, d'un autri' côté, Jean était-il cardinal au titre d'une des églises de Rome dédiées à la Mère du Sauveur. {^1) .\rcli. des Notaires. 15 226 1455, employait, à défaut de son sceau abbatial, certain anneau (Cl. 25) portant en légende les mots suivants, écrits en minuscules gothiques : Sagel • DE • PEllE • DE* CâNDELL'*'. Cet anneau, de forme octogonale, se com- pose d'un écu carré, de 0'",01, posé sur pointe, dont les quatre angles louchent le cordon extérieur, et dont le champ est occupé par un loup passant accompagné à sénestre d'une lleur de lis. Le même anneau avait déjà servi, le 27 juillet 1450, à sceller un acte émanant de Bernard Peyro, prêtre d'Estagel, lequel n'en avait point sans doute <^). A partir de cette époque, les sceaux plaqués employés en Roussillon sont entre deux papiers, à très peu d'excep- tions près. XXIV.— Le sceau de Galcerand Albert, évêque d'Elue, déjà découvert, en 1857, par M. Alart*^' sur deux chartes, des 12 août 1454 et 18 août 1452, se trouve aussi appliqué sur un acte du 12 juillet 1445, par lequel Bernard Casa- devall, commissaire aux causes, agissant pour ledit évêque, autorise un exécuteur testamentaire de Marguerite, veuve de Bérenger Descatllar, damoiseau d'Elne, a ajourner, à quatre mois plus tard, l'exécution d'un legs (Cl. 24). Ce sceau ogival (0'",075 sur 0"\04o) représente les deux saintes Eulalie et Julie, encadrées dans une niche formée de deux colonnettes avec pinacles tleuronnés, supportant deux dômes à pendentifs , couronnés chacun d'un petit clocheton; le tout d'un dessin correct et délicatement gravé. A la partie inférieure du sceau, suivant l'usage déjà connu, existe un écusson chargé d'un mont sur- monté d'un arbre à deux branches, armoiries parlantes (1) Arch. des Notaires. (2) Idem. (3) Pairûiines d'Elne, loc. cil. 227 de la famille Albert, et sommé de la mitre et de la crosse épiscopales. Plus heureux que l'auteur des Patronnes d'Elne, j'ai pu lire entièrement la légende, en lettres minuscules gotlii(pies, qui entoure le sceau : Sigillum : VICARlÂTus : Galccrandi : DIVINA : MISerAClO^'E : EPiscopI : ELN ensis <■>. XXV. — Ce sceau de l'Official de Perpignan, presque semblable au n" XIX , en diffère seulement par l'écusson aux armoiries de l'évèque Galcerand Albert (Cl. 25). La légende est identique f^'. XXVI. — Jacques Prada, prieur de Sainte-Marie de Serrabona, autorise frère Bernard Fuster, prévôt de Marin vans, à permuter un bénéfice avec frère Raymond Bach, et emploie, à défaut du sceau habituel, un sceau secret portant un P majuscule couronné (Cl. 26). Cet acte est du 4 mars 1434 ^^K XXVII — Jean Moles de Margarit, évêque d'Elne, a emplové, à ma connaissance, trois sceaux différents (Cl. 27, 28, 29). Le 7 avril 1438, la concession d'un bénéfice dans l'église de Saint-Matthieu, au sage et discret Barthélemi Foquet, par suite de la résignation qu'en a faite le cha- noine Jean Foquet, est scellé du sceau du vicariat (.ogival, 0>n,08 sur 0'»,045). La disposition du dessin est analogue à celle de la plupart des sceaux déjà connus; au centre, les doux patronnes, sous des portiques gothiques, et surmontant un écusson aux armes de l'évoque : parti, au le, à ô marguerites, 2 et I ; et, au 2e, à un oiseau, (1) Arcli. (l(^s Notaires. (2) hh'in. (3) hhm. 2-28 qui paiail être un paon. L'écusson , sounné d'une mitre, sépare la légende, en minuscules golliiiiues : SIGILVm . lOHVnnlS : MARGÂRITI (J/ DEi : GllAcia : EPISCOPI : ELNENSIS '^'. Le 8 juin 1437, Jean s'élail servi d'un sceau secret, de forme ronde, de 0m,04 de diamètre, dans l'acte de concession d'un bénélice de Clayra, à Jacques Vilar. Au centre de ce sceau, on voit une aigle aux ailes éployées, couronné d'une mitre, tenant entre ses serres l'écusson du Prélat. La légende est illisible (-'. Enfin, le 6 juin 1460, Jean de Margarit, écrivant à Jean de Saint-Martin, archidiacre majeur d'Elne, pour le charger de mettre le chanoine Jean des Casesnoves en possession de l'église paroissiale de Sainte-Marie-la-Mer, scelle sa lettre de son anneau manuel, qui est ovale (0'n,OI8 sur 0"\0I5) et représente son écusson sommé d'une mitre , ainsi que la légende en minuscules gothi- ques : Sigillum : lOhannis : EPiscopI : ELiNENsis (3). Suivant Moreri, les services rendus au Roi d'Aragon Jean II, par Jean de Margarit, alors cardinal et évèque de Girone, et son frère Bernard, dangereusement blessé au siège de ladite ville, en défendant la P»eine d'Aragon, furent si noblement appréciés, que ce prince crut ne pouvoir mieux les récompenser qu'en permettant à ces deux frères et à la postérité de Bernard , de l'un et de l'autre sexe , de porter en chef des armes de leur mai- son, qui étaient: de gueules à 3 margueriles d'argent, écartelé à 5 pals de gueules, les armes royales d'Aragon, de Navarre et de Sicile. M. Puiggari, dans son Catalogue des Évêques d'Elne, interprétant à sa manière le texte du Gallia Christiana, (1) Arch. des Notaires. (2) Idem. (3) Idem. 529 qui désigne cet évèque sous le nom de Johannes iMoles de Margarit, dit carrémcnl qu'il était issu seulement par sa mère de cette famille illustre de Catalogne, tandis que l'article de Moreri, ne mentionne aucunement le nom de Moles. Je ne me charge pas de tranclior la question généa- logique; cependant, la disposition de l'écusson gravé sur les sceaux du Prélat, me donne la certitude que ce dernier a fait pendant une grande partie de sa vie usage d'armoi- ries autres que celles indiquées par Moreri; de même que les trois marguerites qui ligurent au premier parti, sem- blent, par la [)lace (ju'elles occupent dans l'écusson, des armoiries paternelles. Quoi qu'il en soit, Jean n'a jamais fait usage, en Roussillon, des armoiries concédées à sa famille par le Roi d'Aragon, et c'est encore le même écusson qu'on retrouve sculpté et peint sur la clef de voûte de l'avant-dernière travée de l'église Saint-Jean, indice probable que cette partie de l'édilice fut terminée pendant la durée de l'épiscopat de Jean de Margarit. XXVIIT. — I.'Ofllcial de l^erpignan, emploie un sceau en papier, au type du saint Jean-Baptiste, avec un écusson en pointe aux armes de Margarit '**. La légende est illisible. Le jugement porte la date du 20 juin 1459; il est relatif à une permutation de bénéfices entre deux ecclésiastiques (Cl. 50). XXIX. — Charles de Saint-Gelais, évêque d'Elne. F>e 31 mars 1175, Bernard AI|)honsello, vicaire-général pour ledit évêque absent du diocèse, confère à Jean Casanova, prêtre, le canonicat et la prébende vacants par suite du décès de Bernard Patau. Cet acte, donné à EIne, siib siijiUo virMritili, vient à l'appui de ma précédente obser- vation sur la manière d'appliquer les sceaux toute parti- culière aux provinces de la monarchie aragonnaise (-'. (1) Arcli. des Notaires. (2) Idem. 230 Le sceau ogival (0^,075 sur 0'",045) est appliqué entre deux papiers au bas de l'acte, du même côté que l'écri- ture, suivant l'usage français. De la même dimension que celui du vicariat de Galcerand Albert, il affecte, à peu de chose près, la même disposition. Les deux patronnes, couronnées d'un diadème à 5 perles apparentes, sont en- cadrées dans des niches d'un dessin exactement semblable au sceau précité. La seule différence consiste en ce que le sceau de Charles montre un écusson sous chaque patronne. Sur celui de droite, je distingue la croix, sym- bole héraldique de l'illustre famille de Saint-Gelais; celui de gauche, malheureusement indéchiffrable, devait porter l'étoile à 8 rayons du Chapitre d'Elne. La légende, très- longue, en lettres minuscules gothiques, est illisible''*. (Cl. 51 ). XXX. — Charles de Martigny, évoque d'Elne. Pierre Gallet, vicaire-général dudit évêque in remolis agentis, informe, le 4 novembre M80, Jacques Martin, prêtre de Perpignan, que trois ecclésiastiques désirent pcrnuiter entre eux leurs bénéfices, et le charge de les mettre en possession, par une lettre, en parchemin, scellée du sceau épiscopal, suspend», entre deux papiers, par une languette aussi en parchemin <'^). Ce sceau ogival (0'",05 sur 0"',05), montre, sous un portique, l'image d'une seule patronne, tenant une palme dans la main gauche. Il est entouré d'une longue légende , en minuscules gothiques , dont je ne puis déchiffrer que la première moitié : KÂROLYS. EPiscopVS- ELNENsis. ABBAS.... Il diffère de la plupart des précédents, par l'absence de tout écusson armoirié. XXXI. — César Borgia, obtint, dit le père Anselme, en mai 4499, des lettres patentes de Louis XII, par lesquelles (1) Arcli. des Notaires. (2) Idem. 231 il fut adopté, lui et sa postérité, aux armes de France, avec permission d'en user en tous actes. Son sceau, en cire rouge, à la date du 16 mai de ladite année, repré- sente un écu parti : au i'^'' un bœuf, et au 2^ un fascé. Le 25 octobre suivant, l'écu est écartelé au l^r et au 4^ de France, au 2^ un bœuf, et au o^ un fascé. Le 15 juillet 1502, l'écu pareil au précédent, et sur le tout deux clefs mises en santoir, surmontées d'un pavillon, au- dessus duquel est une pique. Le premier a pour légende: CESAR : BORGIA • DVX • VALENT. Le second, CESAR • BORGIA • DE FRANCLA • DVX • VALENT W, C'est uniquement par pure curiosité que j'ai transcrit ces notes du père Anselme, et parce qu'elles se rappor- tent à un personnage qui administra pendant quelques années rEvéclié d'EJne et rAi)baye de Saint-Michel-de- Cuxa, h une époque antérieure, du reste, à l'année 1499. Si cette étude sigillographiquc n'était, par sa nature, en dehors de toute critique religieuse, ne serait-ce pas ici le cas de signaler l'hypocrite bulle du 5 des nones de juin 1494, par laquelle le pape Alexandre VI «ayant « le plus ferme espoir que le Seigneur dirigera les actes « de son fils bien-aimé César, le nonmie Abbé de Cuxa, « avec la confiance que, grâce à son zèle, ce nionastère « sera utilement et heureusement dirigé, et en retirera « de précieux avantages spirituels et temporels. » lleureu- semcnl, dit M. Alarl'-', ce scélérat ne s'occupa jamais de son Abbaye ([uc pour en recouvrer les revenus. Ajoutons qu'il en fut de même de son Évéché d'Elne, dans lequel il ne fit jamais acte de présence, et oii ses procureurs ou vicaires-généraux seuls agirent en son nom. (1) Père Anscliuc. Hisl. des Grands Officiers de la Couronne, tom. V, page 52'2. (2) Notices historiques. Lr Roussillmindi^, Cal. pour tS62. 232 XXXII. — François de Lloris, évêque d'Elue. Ce sceau ogival (0m,07 sur Om,0io) que je n'ai pas vu en original, a été publié en 18o7 par l'auteur des Patronnes d'Elue, qui l'a trouvé attaché à une charte du 18 mai loOl, rela- tive a la collation d'un bénéfice fondé dans une église d'Iile, et qui en a donné la description suivante : « L'em- « preinte du sceau est marquée presque partout avec une « remarquable netteté. Ce sont, comme dans le sceau de « l'évéque Galcerand, les saintes Patronnes d'Klne, dans « des niches à colonnettes, surmontées de dômes golhi- « ques, avec pendentifs, pinacles et clochetons gracieu- « sèment découpés. Mais, la différence est grande sous le « rapport de l'art et dans les détails d'une ornementation, « dont la richesse trahit Tinspiralion nouvelle qui animait « déjà toutes les liranches des beaux-arts. C'est le souille « de la renaissance qui pénètre dans l'art ecclésiastique, « et nous verrions sans difficulté l'œuvre d'un artiste de « Rome ou de Florence, dans ce sceau d'un Prélat qui «passa le reste de ses jours en Italie, fut Cardinal de « Sainte -Marie -A'orc^/e, Patriarche de Constantinople, « secrétaire d'Alexandre VI, et mourut, à Rome, le 22 K juillet lo06. L'écu de François de Lloris occupe la « partie inférieure du sceau; mais nous n'avons pu recou- rt naître les armes qu'il portait, et tout ce que nous avons « pu lire de la légende, se réduit au mot : LORIS (^>. » Je me contenterai de faire remarquer que cette appré- ciation, fort juste au point de vue de Kart en général, a sans doute été suggérée à l'auteur par la différence qui lui semblait exister entre les deux seules empreintes parvenues jusqu'alors à sa connaissance. La comparaison des types précédemment décrits, montre incontestable- ment, que, sans recourir aux maîtres italiens, les ama- teurs de belle gravure avaient trouvé déjà de précieuses (i) B. Alart. Patronnes d'Elne, loc. cit. 233 ressources clans le burin des artistes catalans, dès la première moitié du quinzième siècle (Cl. 35). XXXIII. — Jacques de Serra, évêque d'Albane et admi- nistrateur de l'Eglise d'EIne. Le vicaire-général de ce Prélat, irrité des scandales qui se renouvelaient conti- nuellement dans le diocèse d'EIne, ordonne des réformes importantes. Dans une lettre adressée le 21 avril 1512, à son clergé, il signale nombre de faits contraires aux bonnes mœurs, et lui défend, tout particulièrement, de fréquenter les mauvais lieux, de prendre part aux danses publiques et aux mascarades, sous les peines canoniques les plus graves. Il excepte, toutefois, de son interdiction les mascarades faites en vue de la représentation des mystères. Cette pièce est revêtue d'un sceau ogival t^0i",07 sur ()'",() ia) entre deux papiers, dont la disposition, encore incoimueen Roussillon, était déjà répandue en France dans le courant du siècle précédent (Cl. 54). En effet, substi- tuant à l'image des saintes patronnes du diocèse, la (igure d'armoiries personnelles à l'évéque, le graveur a repré- senté, au centre, un écusson parti au Ic' à un arbre, et au 2e à un lévrier rampant , sommé d'un chapeau é[)iscopal avec ses cordons, et entouré d'une légende illisible <'). XXXIV. — Alphonse de Meza, prêtre de l'église d'EIne, agissant au nom du chapitre diocésain, demande copie d'une lettre de feu Raymond , ancien évèque d'EIne , déposée dans les archives (hulil chapitre. Celte demande, a la date du 18 août 153i, est scellée d'un sceau ogival (0'",0i sur O'",02o) qui n'est point particulier à AI|ihonse de Meza, et est employé en l'absence du sien propre (Cl. 55). Ce sceau parait remonter h une épocpic beau- coup plus ancienne; il représente un prêtre debout, vu (I) Arch. df>s Notaires. 234 de profil , tenant les mains jointes devant un autel. Une étoile se voit à hauteur de la tête du prêtre. Une légende, en capitales gothiques, porte : f Sigillum : P : DE MONle acVTO : PresBITERl. On ne distingue, cependant, du nom, que les lettres MON...CVTO(^'. XXXV. — Jérôme de Réquesens, évêquc d'Elne. Le vicaire-général de cet évêque, approuve, le 2 décembre -1511, un legs pieux, et scelle sa lettre du sceau de la Cour du Vicariat. Ce sceau, rond, au diamètre de Oni,Oi, est indéchif- frable; on devine, toutefois, que le centre du sceau a dû être occupé par un écusson , le chapeau et les cordons épiscopaux; et de la légende, en capitales romaines, on ne lit que : SIGILLV <2). La famille de Réquesens, illustre on Catalogne, portait : écartelé au !«'• et au 4^ d'Aragon; aux 2c et 5^ d'azur, à trois rocs d'échiquier d'or; a la bordure engrelée d'argent, A partir de cette époque, tous les sceaux du clergé | roussiilonnais se bornant à représenter des armoiries 1 personnelles, l'intérêt qui a pu s'attacher à la reproduc- ' tion des types plus anciens, se trouvera considérablement réduit, relativement a ceux qui vont suivre; aussi, me bornerai-je à les mentionner succinctement. XXXVL — Ferdinand de Loazes , inquisiteur pour le Saint-Siège dans les royaume d'Aragon, principauté de Catalogne, et comtés de Roussillon et de Cerdagne, écrit, le 20 octobre 1559, au Bailli d'Elne, pour le prier de faire mettre en possession d'un certain héritage la dame An- tonia Viganda, de ladite ville. Le sceau ogival (0"i,Oi sur 0m,025) représente une ligure d"ange, surmontée d'un petit portique. La légende ne laisse voir que : S (I) Arrli. des Notaires. (2) Idem. 235 CONIA(»). Ce Ferdinand de Loazes, natif d'Orihuela, fut promu à rÉvêchc d'Elne, le ô des nones de mai 1542. Son sceau épiscopal m'est resté inconnu (CI. 36). XXXVII.— Pierre d'Agustin, évèque d'Elne, élu et non encore consacré, écrivant, le 23 avril 1544, à tout son clergé, pour le convoquer h la réunion qu'il a depuis longtemps indiquée pour le règlement du don gratuit ou secours charitable qui lui est dû à l'occasion de son avènement, emploie un sceau oblong (0"',024 sur 0'",02) représentant un écusson écartelé: au ler^ une étoile à 6 rayons; au 2°, une aigle éployée; au 3% une plante, et au 4^ trois poissons, l'un sur l'autre, rangés en fascé. Le tout sommé du chapeau épiscopal. Un simple cordon forme la bordure du sceau, qui ne contient pas de légende (2^ (Cl. 37.) XXXVIII.— Michel Puig, inquisiteur dans la principauté de Catalogne et les comtés de Roussillon et de Cerdagne, donnant une dispense de mariage entre parents, moven- nant une somme destinée à la tabrique des basiliques de Saint-Pierre et Saint-Paul à Rome, et aux frais de la guerre contre les Turcs et les Maures, scelle sa lettre d'un sceau rond de 0m,04 de diamètre, dont le centre est occupé par un grand écusson, chargé d'une croix pattée et alaisée. Il n"y a pas de légende (^l. Cet inqui- siteur fut nommé, en 1545, à l'Évêché d'Elne. Je n'ai pas trouvé son sceau épiscopal. (Cl. 58). XXXIX.— Raphaèl Ubach, évoque d'Elne, ordonnant à son clergé W de mettre Damien Sunyer, prêtre de Vich, en possession de quatre bénélices, emploie, le II juillet (h Arcii. dos Notaires. (3) Arcli. des Notaires. (2) Idem. (i) /,/,,„_ 236 1556, un sceau rond, de 0"",05 de diamètre, dont le centre est rempli par un écusson, sommé du chapeau épiscopal, et écartelé : aux l^r cl 4", un échiqueté, et aux 2e et 5°, une étoile à 8 rayons, Irès-cerlainemenl celle du Chapitre d'Elne (Cl. 59). Une légende, en capi- tales romaines, porte ces mots : fR . UBAC . KPISCOPVS . EF^NENSIS. C'est la deuxième fois que dans une légende roussillonnaise , je remarque l'absence du mot sigdlum. (Voir le sceau de Charles de Martigny.) XL. — Jean Géraud Ballaro, archid. de Vallcspir, vicaire capitulaire d'Elne, sede vacante, informe, le 18 mars 15o7, les curés du diocèse, qu'il vient de conférer à François Cazals, clerc, un bénéfice dans l'église de La Real, vacant par le décès d'Antoine Ballau. Lo sceau rond, deO'",Oi, représente, sous un portique à fronton gothique, les deux Patronnes d'Elne , surmontant un petit écusson indé- chifl"ral)le. La légende, en capitales gothiques, j)orte : Sigillum : ONORABILIS : capi \) tuli : ELNENSIS <'). On serait tenté de supposer à ce type une date de création bien antérieure au seizième siècle, quoique jusqu'à celte éqoque, il ne paraisse pas avoir été employé (Cl. 40). XLL — Ce sceau, employé, le 16 décembre 1578, par Dymas Ballaro, chanoine d'Elne, vicaire capilulaire, sede vacante, dans une lettre par laquelle il ordonne aux curés du diocèse de melire Barlhélemi Condor, en possession d'un bénéfice dans l'église de Sainie-Maric-la-Mer, dilfère très peu du précédent. La date est également incertaine; mais l'empreinte, mieux conservée et plus nette, permet de saisir davantage les détails (Cl. il). C'est bien encore la ligure des saintes Eulalie et Julie, sous un portique, surmonté de trois arcs en ogive, et (1) Arch. des Notaires. 237 accosté de deux petites iiiclies vides, ogivales, à pignons terminés par une étoile à 6 rayons. Un écusson , placé en pointe du sceau, est chargé d'une étoile semblable. La légende, en capitales gothiques, porte : Sigillum : ONOliABlLlS : CAPITULI : ELNENSIS (^'. XLIf. — Loup Martinez de Lagunilla, évêque d'Elne, écrivant à son clergé, le 21 février lo6o, signe sa lettre de sa projtre main, et la scelle d'un sceau*-' rond, de 0'",02v) (le diamètre, à ses armes, qui sont une grue ou cigogne marchant dans un bassin, accostée à dextre d'une couronne à trois pointes, et à sénestre d'une (leur de lis. L'écu, sommé d'un chapeau épiscopal avec les cordons. Il n'y a pas de légende. On voit que l'usage de substituer les armoiries personnelles aux signes distinctifs des Églises, tend à se vulgariser. (Cl. 42.) XLIIL — Jacques Pélisser, archidiacre de Confient, vicaire-général pour Loup Martinez de Lagunilla, désigne le 5 sept. loOG Jean Serin van pour desservir le vicariat d'.\rgelès, jusqu'à ce que le Pape ail pourvu quelqu'un de ce bénéfice'^'. L'acte est revêtu d'un sceau rond, de 0'",0i, appliqué au bas de l'écriture et aux armes de l'Évèque. Une légende, en capitales romaines, contient ces mots: t M • D • L.\GVx\lLLA • EPISCOPVS : ELNENSIS. (Cl. 45.) XLIV. — Ilonuphre Masdamont , chanoine d'Elne , vicaire-général de l'évêque Pierre-Martyr Coma, ordon- nant, le 21 juin 1572, aux curés du diocèse de mettre un certain chanoine Jérôme Noguer, on possession d'un bénétice dans l'église du Houlou, emploie le sceau épis- copal (*> de forme ovale ( 0">,04o sur 0">035 ) aux armes (1) Ârcliives des Notaires. (3) Arch. des Notaires. (2) Idem. (i) Hem. 238 de rÉvèque, qui sont écartelées : au 1er ei au 4«, à deux fasces, et aux 2^ et 3^, k cinq coquilles, posées 2, i et 2. Le cartouche qui renferme l'écusson, gracieusement en- touré de ligures d'une certaine (inesse d'exécution, et surmonté d'une mitre, est entouré d'une légende en capi- tales romaines : F. PETUVS. MARTIU. COiMA . EPIS. ELNENSIS. (Cl. U.) XLV. — En vertu de la charte du 25 juillet 4587, accordée par Philippe II, roi des Espagnes, qui permet à l'Hôpital Saint-Jean de Perpignan d'avoir des quêteurs dans les diocèses de Girone et d'Elue, les administrateurs de cet établissement délivraient, à chaque quêteur, le titre sur parchemin de ses prérogatives et privilèges <•>, dans les termes suivants : Lo cartell de las gratias y prcrogativas que gosan los Baciners del hospitcd gênerai de pobres de Sant-Joan de Perpinya , dins loqiial se fa narrassio de diversos privilegis, etc., etc. Cette pièce se termine ainsi : En testimoni de les quais coses avcm nianat spedir les présents noslres impresses y sota sentes de ma propria del notari devall scritt, y ab lo sagell de dit espilal al peu de les présents estampât. Dat en Perpenya, etc.<"^> Ce sceau, imprimé du côté de l'écriture, est un carré de 0'",0Ô5 de côté, posé sur une de ses pointes, suivant un usage fréquent en Catalogne. Si l'on s'en rapportait aux traits du dessin, le champ serait occupé par o pals, celui du milieu, couvert en partie par l'image de saint Jean-Baptiste*^'. Au-dessous de cette image, existe une (1) Bulklin de la Soc. Ph'thm. des Pyr.-Oiient. , Xle vol., p. 248. Éphéinérides de l'Hospice Saint-Jean, Joseph Sirven. (2) Ardi. de rifosp. Saint-Jean. Liasse I, n° 33 (3) J'aime mieux croire à une erreur de burin , et admettre le champ chargé de i pals, avec le saint Jean Lrociiaut sur les deux, du milieu. 239 croix pattéo, ancienne marque dislinctive des Hospitaliers chargés du soin des malades, et que ces religieux portaient sur une tunique blanche au côté gauche de la poitrine (Cl. 45). L'Hospice Saint-Jean (autrefois de la Miséricorde) étant devenu la propriété de la ville de l*erpignan, en porta natu- rellement les armoiries, surchargées de son propre insigne héraldi(pic, la croix pattée. C'est à tort, croyons-nous, que dans ces derniers temps, le sceau de l'Hospice représente uniquement la croix pattée, h l'exclusion du blason de la ville <'i. XLVI. — Ce sceau appartenant à Don François Lopès de Mendoça, évoque d'Elne, se trouve dans une lettre du 6 octobre IG^S, mentionnée par M. Alart dans son Etude sur les Patronnes du Diocèse. Je n'ai pas vu ce sceau, que je me borne à représenter d'après la gravure qu'en a donné cet auteur (Cl. 46). On y voit l'écusson très- compliqué du Prélat, sommé du chapeau épiscopal, et en- touré d'une légende en capitales romaines : DON FRAN- CISCYS LOPES DE MENDOCA EPLSCOPVS ELlNEN(^). XLVH. — Ici devrait se borner cette Étude des sceaux du clergé roussillonnais. Toutefois, je n'ai pu résister au désir de reproduire le sceau de l'évèque d'Elne Vincent de Margarit, nommé par Louis XIV, après la réunion (1) La brandie transversale de cette croix était rouge, celle verticale bleue. {Hullclin de lu Soc. PliilDin. dm Pjir.-Orient., Xe vol., p. -459. Louis do lioniififoy. Épigraphie Koussillonnaise.) — Pour être juste, et n'omcUre aucun indice, je dois constater que dans le sceau actuel de riiospicc, ainsi que sur un écussim nnulerne placé dans l'éi^liso dudit bospice, et au-dessus de deux lonlaines dépendantes dudit établissement, datant du quinzième siècle, la croix pallée est représentée au pied ficbé. L'exemple ci-dessus diffère et montre la croix pattée simple. (-2) B. .Mart. Les Patroniiea d'Elue. (Extrait du Xb' lUill. de la Soc. des Pyr. -Orient.) 240 définitive du Houssillon à la France par le traité de 1639 (Cl. 47). Dans ce sceau, se retrouvent les armoiries concé- dées aux frères Bernard et Jean de Margarit par le roi d'Aragon Jean II , au quinzième siècle *'>. XLVIII.— Ayant eu également connaissance des sceaux de certains évêques du siècle dernier, je les mentionne, pour mémoire, par ordre chronologicjue. Louis Habert de Montmorl, nommé évèque d'Elne, le 2 novembre 1680, portail : d'azur, au chevron d'or, accom- pagné de trois anilles d'argent. XLIX. — Jean Hervé Bazan de Flamenville, nommé évêque d'Elne le 8 septembre l69o, portait : d'azur, à deux jumelles d'argent, surmontées d'un lion du même passant, armé, lampassé, couronné d'or. L.— Jean de Barthélemi de Gramont de Lanta, nommé évêque d'Elne le 17 octobre 1725, portait : d'azur à trois bandes d'or, qui est de Gramont. LI.— Charles-François-Alexandre de Cardevac, de Gouy, d'Avrincourl, nommé évêque d'Elne en septembre 1745, portait : d'azur, semé de mouchetures d'hermine, au comble de sable. LU. — Jean-François de Saunhac-Bekastel, nommé évêque d'Elne en 1822, portait : d'or, à un lion couronné de sable, à l'orle de douze billettes de gueules. LUI.— Olympe-Philippe Gerbet, nommé évêque d'Elne, le 7 avril 1854, porte: d'argent, à deux palmes mises en sautoir, cantonnées de quatre étoiles de gueules. (1) Arch. des Notaires. 241 Sceaux du !ll4^ili*oi>oli(ain. L'Évêchc d'Elne était siiiïragant do l'Archevcclié de Narbonne. Les Pères de Sainle-Martlie, généralement mal renseignés sur les Églises du iMidi de la France, ont prétendu que l'Évêque d'Elne jouissait, dès le dixième siècle, du droit de prendre la première place parmi les suffragants de la Métro|)ole. Cette prérogative n'appartint jamais dans l'Église, qu'à l'Évèque le plus anciennement ordonné. J'ai reproduit, en note, au 11° 1, le sceau de Pierre d'Amélius, archevêque de Narbonne, vivant en 1228, tel que le donne D. Vaissètc; voici le sceau de Pierre de La Jugie, vivant en 1574 (Cl. 48). Suivant M. de Wailly, cet Archevêque scella les lettres qu'il dressa pour la convocation de son concile [)rovincial, avec son grand sceau et son signet ou cachet. Elles finissent ainsi : Dalum snb sigillo noslro impcndeiite et signdo, in Castro novo de MoidilUs , die prima mensis fcbriiarii , anno nativitatis Christi ^574 ''*. Je ne sais si le sceau appliqué le (illisible) de l'an 1374 sur un acte donné en son château d'Apjjia (Pia) par ledit Pierre de la Jugie, est le même que celui signalé |)ar les Bénédictins. 11 représente, sous un portique gotlii(iue, l'image d'un arclievêque aux pieds de la sainte Vierge, ac- costé de deux écussons peu déchiirrables*-'. Une légende en ca|titales gothiques porte ces mots : CON (?).... MIS : DIV : SCE : PE BON : ABEPl : ATQ : PAT. Que l'on doit interpréter sans doute de la manière suivante: CONtrasigillum?...MlSEli.ViIOiNE : DIVLNA : SANCÏE : (1) Élém. de Paléog., p. 21G. — (2)Arcli. des Notaires de Perpignan. 16 242 PRIME : SEDIS : NARRONENSIS : ARCHIEPISCOPI : AÏQUE ; PUIM MIS. Ce sceau est roiul, an diamèlre de ()m,Oi. H a ilù èlre un contre-sceau; car, au bas de l'acte, du même coté que l'écriture, ou voit les restes d'un pelil cachet ruud de 0"',0lo, |jorlaut un écusson iudecliilVrabie, soniuié d'une crosse. Une légende, en capitales gothiques, laisse voir les lettres ci-après: SECRT... P. A (secretum . PETRI . ARCH . NAR?) C'était le sceau parti- culier de Pierre de Julie. Jacques, chanoine, vicaire-général d'Antoine Crespin du Rec, archevêque de Narbonne, employait, le dernier jour de juin 1402, un sceau (Cl. 49), dans lequel je crois remarquer les bustes des saints Just et Pastor, sous un portiitale; la seconde, se composa des Marches d'Espagne, dont Wilred-le-Velu, souche des Comtes héréditaires de Barcelone, fut le pre- mier marchis connu. Il serait ridicule assurément de tenter de rechercher les armoiries des Comtes de Roussillon el de Barcelone, (1) Tratado de las monedas labradas en el principado de Catalunu, toiii. I, p. 56. 245 du luiitième siècle ;hi onzième; mais ce que la numis- matique nous apprend est plus sérieux. Il est certain (jue les Carolingiens, maîtres de la Septi- manie, frappèrent des monnaies de diverse valeur, dont le type, prescpie invariable, montre sur l'un des cotés de la pièce la figure d'une croix, dont les branches, d'égale grandeur, vont en s'élargissant vers le pourtour extérieur, et ofTrenl alors le caractère d'une croix patiée ou [)oteiicée. On attribue même h Louis-le-[)ébonnaire des monnaies frappées dans les comtés de Barcelone et d'Anqmrias, et très-probablement aiissi dans le comté de Roussillon, dont le revers est marcjué de celle figure liéraldi(pie (''. An neuvième siècle, les Comtes amovibles du Roussillon, simples agents stdtalternes, continuèrent, sans doute, le uionnayage au nom des Carolingiens, et durent conserver intact le type usité dans le royaume (rA(piitaiue '-). Au dixième siècle, les Comtes de Roussillon, devenus bérédilaires, s'a|)pro[»rièrent le droit de battre monnaie, laiiuelle, connue dans les cliartes sous le nom de monefu (iossrlla, /iuscilioncusis, numda l'cipiniani, l'ut sans doute frappée à Perpignan, chef-lieu du comté. Il n'existe pas de mention ni de spécimen connu de la monnaie des Comtes de Roussillon, avant le douzième siècle; mais on possède, depuis peu d'années, ini dtMiier de (îansfred IV, vivant de i I 15 à I Um; un denier et une obole de Girard II, vivant de I lliô à I M"!. Crs trois pièces, dont l'un des côtés représente une croix paltée, acconq)a- guée dini sigm-'^» cfunmnn sur les monnaies du royaume Carolingien d'A(|Miiaine, sont analogues aux monnaies de (1) Rerherrhes sur les monnaies qui ont eu cours en noussi'Ion. Colsoii, f85i, |)1. I, fig. 7 el 8. (!2) .M. de Lnntrpcrier. \otire rlrt monnnirs franrnises . etc., p. 102. (3) Un U à dnulilu (|uoiR'. Colsoii. loc. cil. 246 Toulouse, de Béarn, d'Albi, et surtout aux deniers de Bonafos, fabriqués au douzième siècle. Cette série, bien peu étendue, puisqu'elle se borne à deux types seulement, ne donne certainement pas la preuve décisive que la croix pattée composait le blason des Comtes de Boussillon, bien qu'il soit possible de reconnaître dans l'emploi de ce signe , un emprunt fait aux Carolingiens, leurs anciens maîtres. Cependant, si l'on considère l'époiiue à laquelle les deux monnaies qui le portent furent frappées, il sera sans doute plus rationnel de croire que cet emblème, d'un usage si fréquent depuis la première croisade, avait été adopté par le comte Gérard, et transmis par lui à ses descendants. Je serai par suite fort tenté de rapprocher de ce symbole héraldique répété sur les monnaies des deux derniers comtes, le signe ana- logue qui figure dans le quatorzième siècle sur les murs de l'Hospice Saint-Jean, fondé à Perpignan, en 1116, par Arnaud Gausfred, régent du Boussillon, oncle de Gaus- fred IV; sur l'ancien sceau dudit hospice; sur la poitrine des religieux chargés du soin des malades, et, chose plus significative peut-être, sur une des faces du clocher de l'ancienne église d'Élne, rebâtie dans le onzième siècle, en partie des libéralités du comte Gausfred II et de sa femme Azalaïs. Ce qui n'est qu'une hypothèse en ce qui concerne le blason incertain desComtes de Boussillon, m'apparaît sous une forme plus assurée lorsque je recherche les armoiries des Comtes de Barcelone, leurs ancêtres présumés. Les divers auteurs qui ont traité juscjuici des armoiries catalanes et aragonnaises, me semblent avoir accrédité de graves erreurs. Tous, ou presque tous, racontent que depuis le mariage de Baymond-Bérenger IV, comte de Barcelone , avec Pétronille , dernière héritière des Bois d'Aragon, l'écu aragonnais fut remplacé par celui des Comtes de Barcelone , qui était : d'or, à quatre pals de 247 gueules, et ils affirment même que Wifred-le-Velu tenait ces armoiries de l'empereur Cliarles-le-Cliaiive, sans songer qu'au n(Mivième siècle aucun Élat d'Europe ne connaissait encore le blason (^'. De graniies dissertations ont été aussi entreprises à reflet de savoir si l'écu aux quatre pals de gueules, est plus ou moins ancien que l'écu chargé de la croix de Saint-Georges. On raconte alors que le comte de Barce- lone Raymond-rJorell II, en mémoire de la victoire qu'il remporta sur les Sarrasins en OOt), par la protection de saint Georges, écartela d'une croix rouge en champ d'ar- gent, son écu d'or h quatre pals de gueules. Aucune monnaie connue des anciens Comtes de Barce- lone, ne représente de pals, ou de croix de Saint-Georges, mais souleniont la ligure d'une croix patlée. En ellet, une rnancme d'or, frappée à Barcelone en 1 157, au nom de Bérenger IV, montre, des deux côtés, une croix dont les branches viennent aboutir aux bords de la pièce, en coupant la légende. Depuis cette époque, toutes les mon- naies frappées à Barcelone présentent, au revers, un signe semblable, devenu, à n"en pouvoir douter, par la suite, ainsi que je vais le démontrer, le symbole héraldique héréditaire des souverains de la Catalogne issus des anciens comtes. Suivant D. Prosper de Bofarull, archiviste de la couronne d'Aragon, les archives espagnoles ne possèdent aucun sceau émanant des comtes de Barcelone ni nième du roi Alphonse, fils de Baymond Bérenger IV et de Pétronille, (jui régna de 117'2h II 96. Pour mon compte, je puis alllrmer (pfaiicune des chartes de ce souverain conservées dans les divers dépcjts roussillonnais, ne porte la moindre trace de sigilla- tion. Ces chartes représentent invariablement le styiium du roi Alphonse II dans la forme suivante : 'Is^ (1) Mariana, Gfiroiiimo Blaiicas, Aiiisa, Zurila, Dcutcr, le P. Roig, Feliu (le La Pena et autres. 248 Que doit-on voir dans celle figure, qui porle évidem- ment un certain caractère hér;il(li(]ue? sinon le symbole héréditaire empreint sur les monnaies et les chartes des anciens Comtes de Barcelone, locpicl doit se perpétuer, avec de légères variantes, de génération en génération, jusqu'à la lin du ipiinzième siècle dans les monarchies aragonnaise ou nuijorquine. Bolarull a reproduit en fac-f^ . Borel, en 951, emploie la croix potencéei^, cantonnée de quatre poinis. JMiron, en la même année, fait précéder et suivre son nom d'une croix pattée>I-< . Baymond- Borel, en 992, emploie une croix semblable, cantonnée de quatre poinlSi;]t=; Bérenger, en I0l8,t§i; Baymond-Béren- ger II, en 1076^; Baymond-Bérenger IV, en 1131, 4f. Baymond-Bérenger, son Dis cadet, frère d'Alphonse 11, qui ne régna pas sur le comté de Barcelone, faisait suivre son nom du signe a^ T» La croix paltée, ou polencée si l'on veut, que l'on ren- contre pendant plusieurs siècles sur les monnaies el dans les chartes catalanes jusqu'en 1513, est, selon moi, le plus ancien et seul véritable blason des Comtes de Barce- lone; tandis que les pals, n'apparaissant qu'après la réunion des deux États, constituaient celui des Bois d'Aragon; el c'est encore la numismatique qui viendra en aide à ma démonstration O. (1) Don Joseph Pellicer, dans son Idea del Prinripado de Catnluha. liv. I, no 24, dit : « que les qualn- pals colorés nn champ d'or, ne sont pas les armes de la Principauté de Catalogne concédées au comte Wilied- le-Velu par Charles-le-Chauve , mais bien celles des Rois d'Aragon, qui en usèrent avant l'union du comte Raymond avec la reine Pétronille. » 249 En eiïel, les nioDiiuies du roi Kainire, qui gouverna l'Aragon , en 1055, portent une petite croix au sommet d'un pal. Celle petite croix, accompagnée de deux (leurs parlant du bas de ce pal, existe également sur les mon- naies des Rois successeurs de Hamire. On remarcpie une figure à |)eu près semblable sur la monnaie nnclo, créée par Alphonse II; le symbole aragonnais occupe le champ de l'avers, le revers [jorlanl la croix de Barcelone. — La monnaie qualernc et doblaïque de Jacques-lc-Coiupiérant, fra|)pée à Valence, porte les mêmes types : d'un côté, la croix baicelonaise ; de l'autre, la peiile croix haussée d'Aragon, ou bien, l'écu aux quatre pals, dont il parait le premier a\()ir lait usage ^'. Du reste, le nombre des pals ne fut pas toujours inva- riable. On les rencontre à diverses époques, tantôt réduits à trois, même à deux, et tantôt portés à cinq, six et même sept, sur les sceaux, monnaies ou manuscrits de la Prin- cipauté de Catalogne, depuis la réunion du Roussillon au royaiune d'Aragon (I5ii). En rappelant ci-dessus le sujninn des Comtes de Barce- lone depuis 85)8, je n'ai |)oint voidu prétendre cpie, dès cette épo(iue, il (Vit employé en guise de blason. Mais, ainsi que je le montrerai plus loin, je pense que les Rois d'Aragon, issus des Comtes, retinrent avec intention l'emblème de la croix dans leur signature, en souvenir des armoiries de leurs ancêtres paternels, auxquelles l'écu aragonnais avait été substiliu'. Quant à l'écusson porté de tenq)s immémorial par la ville (le Barcelone, et (jui est : écartelé au l''' et au ¥ d'argent à la croix de Saint-Georges de gueules, et aux 2e et 5e d'or, aux l pals de gueules, l'Iiislorien Bosch veut que la croix rouge ait été prise en mémoire d'une (1) Colson, Recherches sur les Monmties. \\\. I, tisj. 15, l(i, 17, \H, 19, 20 et 21. 250 apparition miraculeuse du bienheureux saint Georges, patron de la Catalogne. Pounjuoi n'y verrail-on pas plu- tôt la représentation, légèrement altérée, du type primitif, porté d'une manière conslanlc sur les monnaies et les chartes anciennes, témoins autl)enti([ues, irrécusables? Une lettre des Consuls de Mer de Barcelone, adressée le 26 mars 1560, au Bailli de Perpignan, porte un sceau de 0'",05 environ; le pourtour extérieur où se trouvait la légende est indéchiffrable; au centre, on voit un écusson carré, posé sur une de ses pointes, sans aucune espèce de cimier ni de couronne, écarlelé au 1*='' et au 4^, k une croix pleine; et aux 2^ et 5^, à trois pals. En 1588 et pendant plusieurs siècles, car au dix- septième je retrouve encore le même type, le Viguier de Barcelone employait un sceau de 0"i,06, représentant au centre une figure géométrique, composée de quatre demi-circonférences, reliées entre elles par autant d'an- gles aigus saillant vers le pourtour extérieur; au centre un écusson carré, posé sur une de ses pointes, chargé de cinq pals, et portant en abime un autre carré, également sur pointe, chargé d'une croix alaisée, cantonnée de quatre points (besants?). Lég. t S : VIC/RII : B/RCHN : PRO : DOiMINO : REGE : /RÂGONVM : COMITE : B RCHN. Ces deux exemples ne font-ils pas voir clairement (L. 2) l'union des deux États, Catalogne et Aragon (L. 5), et la sui)rématie des armes Catalanes sur celles d'Aragon, par la dis[)osition intentionnelle de la croix barcelonaise bro- chant sur les pals aragonnais? L>51 I. — Lorsque, par son testament de 1172, le comte Girard II ont \é^né le Roiissilion au roi Alphonse, ce comte devenu partie intégrante de la monarchie aragon- iiaise, fut gouverné directement par les Officiers du Roi. Le Roussillon n'eut pas alors d'autres armoiries que celles du Royaume. Seulement, l'écu du Comté de Roussillon, alïecla généralement la forme d'un carré posé sur une de ses pointes, et chargé le plus ordinairement de quatre pals: mais quelquefois aussi d'un nomhre diflerenl. La période pendant laquelle le Roussillon lit partie du Royaume de Majorque, et qui est comprise entre l'année 1270 et l'année lôii, n'est représentée dans ma collec- tion sigillaire par aucun spécimen, si l'on veut excepter, toutefois, le sceau de l'évêque Gui Terrena, décrit au No VU de la première partie. Les plus anciens sceaux où figurent les armoiries du Comté de Roussillon, datent du retour de ce pays au Royaume d'Aragon , et le premier que je retrouve est ap|)liqué sur un acte du le"" septembre 1355, donné, à Perpignan, par Guillaume de Rellaria, conseiller du Roi d'Aragon et Gouverneur pour lui dans les Comtés de Roussillon et de Cerdagne , (pii nomme Rernard Vais, habitant de ladite ville, à l'ollice d'avocat des pauvres <''. Le sceau (L, 4) en cire rouge, a 0"',06 de diamètre; le champ est occupé par un personnage couvert d'un manteau, la léte nue, ceinte d'une auréole (dans lequel j'incline à voir saint Georges, patron de la Catalogne), portant, entre ses deux mains, à hauteur du ventre, un écusson carré, posé sur une de ses pointes, et dont la disposition héraldi(|ue montre seulement trois pals. De légers ornements, circonscrits dans une bordure formée ( 1) Arch. (les Notaires. 252 de seize quarts de circonférence, reliés ensemble par nne petite boule ronde au point d'intersection, entourent le saint. Une légende en capitales gotliiipios, précédée d'une petite croix pattée, se compose des mots suivants : >l< SIGILLVM : OFtlCIi : GVBI^rnalionis : comilalWM : ROSSILIOMS : Et : cerlTANIE. Les deux autres sceaux (L. 5 et 6), apposés sur de nombreux actes de 1570 à 1431, par les Gouverneurs des Comtés ou par leurs Lieutenants, (pioique dirCérarit très peu à première vue du précédent, oflVenl cepen- dant une légère variante, (pi'il est utile de constater. C'est toujours (dans la lig. D) le saint Georges portant un écu carré sur pointes, couvert celte fois de deux pals seulement. L'encadrement n'est plus composé que de six circins, dont le bord intérieur est dentelé. La légende, aussi en capitales golbiipies, au lieu de commencer |)ar une croix pattée, est précédée d'un petit écu triangulaire à un pal, et certains mots diffèrent de ceux portés sur le sceau de l3o5, par l'orihograplie : \^) sKiILLV.M : OlliCii : gVBERNAtiONIS : COMlTATVVm : ROSSILlOnis : el : CEriTANIe. Dans la fig. E, le saint Georges porte un ccusson à cinq pals. La légende est précédée d'un écu triangulaire a trois pals, plus grand que dans l'exemple précèdent: H SIgILLVM : OFIÎCII : GVBErnallOMS : comlTATVVm : ROSsILiONlS : EÏCERlTANie. Voici le nom des Gouverneurs des Comtés de Roussillon el de Cerdagne dont j'ai retrouvé les sceaux, pendant cette période d'un siècle environ : Guillaume de Bellaria, 1555; Gelabert deCruyIles, 15. Une empreinte, qui « a moins de 5 pouces de diamètre (J. 588, an 1298), « représente Jacques If"", assis et couronné, tenant de la (1) Arch. de THosp. Saint-Jean. Liasse II, n" 25. (2) Arcli. (les Pvr. -Orient. (3) Dans une notice insérée mi Journal des Pyrénées-Orientales (:inn. 1852), M. P. Tastu, traitant des armoiries de Perpignan, prétend que l'écu des Rois de Majonpie était tout dilVérent de celui des Rois d'Arat;on. romine son assertion n'est appuyée d'aucune preuve, je n'iiésite pas à préférer celle de M. de Wailly. 17 258 « mnin gauche un globe surmonté d'une croix, et de la « main droile, une épéc posée sur ses genoux. La légende « est ainsi conçue : S i lA : DEI i GRA i REG \ MAIOlilC « COMIT i P.OSSIL : et CElilTAN i Eï DO.MI i M0.NT1S|). « Les mois de celle légende sont séparés par trois points « disposés verlicalemenl. Le conlre-sceau est sans ins- « cription. Le champ, dont le diamètre est de 14 lignes, « est occupé par un écu portant trois pals. Un acte de «1505 (J. 879) est scellé d'un sceau équestre sans « contre-sceau; on ne retrouve plus dans la légende les « titres de Comte de Roussillon et de Cerdagne, et de « Seigneur de Montpellier : lACOBVS DEI GRACIA REX « MAIORICARVM c^. Une charte du 15 mai 1500, donnant à bail plusieurs pièces de terre à Guillaume du Puig d'Orfila, de Collioure, est datée de Majorque , et porte Tindicalion d'un sceau de plomb, qui a disparu (2). (Voir la signature du Roi, planche 7.) V.— Sanche, roi de xMajorque, qui régna de 151 J à 1524, réglementant la corporation des tisserands de Perpignan, par acte du o des ides d'avril lôSO'^*', emploie un sceau rond a deux faces, en cire jaune, de 0m,09 environ, dont il ne reste plus qu'un fragment. D'un côté on distingue le roi à cheval, et de l'autre, le roi assis. La légende a dis- paru entièrement. Les armoiries du bouclier ne sont plus décbidVables ; mais le caparaçon du cheval est, comme le précédent, chargé de pals aragonnais (L. Ll). La signature du roi Sanche est semblable à celle de son prédécesseur. (1) Élém. de Paléogr., tom. II, p, UO et suiv. (2) .\rch. des Notaires. (3) Arch. des Pjr.-Orient. 259 Il semble que la jeune dynastie majnrquine, dont le royaume n'existait que par le caprice du Conquérant, ait tenu d'une manière toute particulière à ra[>peler sa descen- dance directe des Comtes de Barcelone, tout en conser- vant cependant aussi les couleurs de l'Aragon, dont elle demeurait vassale. VI,— Jacques II de Majorque, régna de 1524 à 1544, époque à laquelle le roi d'Aragon Pierre IV, son parent, s'empara du Royaume de Majorque et le réunit définiti- vement à ses États. Son sceau, qui m'est inconnu, pendait à une charte portant concession de privilèges à l'œuvre de Saint-Jean, à la date du 15 des calendes de juillet looO *'). Les cordons d'attache sont en soie rouge et jaune, disposée en cinq parties égales, trois jaunes et deux rouges, dans lesquelles on peut voir les couleurs aragonnaises. Suivant M. de Wailly '->, : « Jacques II a employé un « sceau de cire à peu près semblable à celui de son aïeul « Jacques I^r. Il a en outre scellé en plomb; une bulle d'un « pouce 7* de diamètre, suspendue à un acte de 1541 (J. « 598), le représente, d'un côté, assis et couronné, tenant « le sceptre et le globe; de l'autre, monté sur un cheval « de bataille: lÂCOBVS DEI GRA. REX MAIORICARVM « COMES ROSSIE.7.CERITAINIE. 7. DNS. MONTISPLI.» La signature est semblable à celle des deux Rois pré- cédents. VIL— Suivant M. de Wailly (^t, le sceau de Pierre IV, dit le Cérémonieux, ressemblait, li quelque chose près, à celui de Jacquesli d'Aragon, qui employait un sceau équestre sans (1) Arcli. de THosp. Saint-Jean. Liasse II, n» 34. (2) Elém. de Paléug. Loc. cit. (3) Elém. de Paléog. Loc, cit. 260 ronlro-RConii : « IJnf» pmproin!o de ce type est suspendue à III) iK-lr (le l'ion (.1. I(jii; elle a "2 ponces ^'^ de a légende, on minus- cules gotIii(iues, est illisible. La signature du roi Ferdi- nand est semblable aux précédentes. XIL — Al[)lionse V, qui régna de 1416 à 1 4o8, se ser- vait, étant prince de Girone, d'un sceau en cire ronge, (lonl le diamètre m'est inconnu , et qui est suspendu à une charte du 15 septembre 1410, donnée au conmien- cement de son règne, avec l'indication qu'il l'emploie parce qu'il n'a pas encore de sceau royal (L. 15). (le débris représente le prince à cheval, la tête couverte d'un heaume, ayant au bras un écu chargé de deux pals. Le champ du sceau est comme semé de petits écussons à deux pals, les uns triangulaires, les autres en losange(-'. Ce roi a aussi employé un sceau secret, de Oni,Oo(L. 1 1), qui représente son écusson supporté par deux griiïons ailés, assez semblables à ceux (pii se voient dans le sceau secret du roi Ferdinand ; une tète de dragon surmonte l'écusson et se trouve encadrée sous un petit portique. La légende, en minuscules gothiques, porte : S • .SECRKTVM • ALFOXSI • DEI • GRAGA • REG • AR.VGONVM • ET • SICILIE*^^ (1) Airli. lies Notaires. (2) Arcli. fies P.vr.-Orieiil. (ii) Arrh. des Not.iires. 264 Alphonse V a encore employé un sceau rond de 0"i,l. Il esl indéchiiïrable*''. La signature du roi Alphonse est semblable aux précé- dentes. XIII.— Marie de Castille, femme d'Alphonse, roi d'Ara- gon, lieutcnante- générale pour son mari, a employé, pendant les années 1440, 1402 et 1453, un sceau rond; de 0"i,08, (jui dlIFère de celui employé par elle, en 1 425, par la dimension. Ce dernier, qui a O'",10o, n'est pas assez bien conservé pour que je puisse savoir si c'est le sceau particulier de la Reine ou celui du Roi. Elle a encore employé un sceau portant un écusson couronné, à quatre pals, semblal)le à celui du roi Ferdinand*-'. Marie de Castille faisait apposer a une charte de 1445 son signum, qui représente un écu losange, parti, au 1^'' d'Aragon, et, au 2^, écartelé de Léon et de Castille. Les quatre sommets toujours terminés par une croix pattée'^'. (Voir planche 7.) XIV. — Jean, qui régna sur l'Aragon de 1458 îi 1479. Le sceau de Jean, comme roi d'Aragon, m'est inconnu. Mais j'en ai trouvé de deux dimensions différentes, comme Roi de Navarre, et Infant d'Aragon et Sicile. Le plus an- cien, de l'année 1456, de 0'",1 , est indéchiffrable. Le second, de 1455, de 0'n,085, représente un écu couronné aux armes d'Aragon; deux pals sont encore visibles, ainsi que la couronne, mais la légende ne l'est plus. La signature du roi Jean est la môme que celle de ses prédécesseurs'*'. (1) Arch. des Notaires. (2) Idem. (3) Arch. des Pyr. -Orient. (i) Arch, des Notaires. 265 XV.— Jean, Infant d'Aragon, premier-né du Roi pré- cédent, Duc de Calabre et prince de Girone, employait en 1168 un sceau deO'n,04o, actuellement indécliilîrable. En revanche, sa signature est apposée au bas d'un acte écrit en catalan, dans cette même année''*. (Voir planche 7.) XVf.—Ferdinand-le-Catholi(iue(-> employa, le 29 février 1496, un sceau secret, de 0"i,07, représentant un écu sommé d'un casque royal, ayant pour cimier une tète de dragon (L. 15). Cet écu est écartolé au 1^- et au i«, contre - écartelé de Castille et Léon ; au 2e et au 5e, parti d'Aragon et de Sicile, et enté en pointe, de Grenade. Des listels en bandcrolles, portant le nom des provinces de la monarchie aragonnaise, voltigent autour de l'écusson'^l. Ce sceau est entre deux papiers. Ferdiuand-lc-Catholique est le dernier des Rois d'Ara- gon dont la signature rappelle la croix pattée des Comtes de Barcelone ; elle est semblable à celle de Jean , son prédécesseur. Je n'ai pas jugé opportun de pousser plus loin mes recherches sur les sceaux des souverains. Je noterai, cependant, qu'à partir de Charles-Quint, les actes con- servés dans les archives des notaires, sont scellés en papier timbré h froid, et ap|)liqué ensuite sur un peu de cire chaude, posée en rond ou en croix, au dos de lacté. XVII. — En parlant des armoiries du Comté de Rous- (1) Ari'li. lies XdhiiiTs. ("■2) .le iiii' suis iilislcnii ili' n'prniluii'p les sroaiix siiffis.iniini'iit connus des liois (II' l'iiiiui', i)eiiil;inl la ilun-o de l'ornipation du l'ioussillou par leurs troupes (1.il>i2 à 1493). Les .Vrcliives de la Préfertiue possèdent rcpendanl plusieurs sceaux bien cnnservi^ de Louis XI et de Charles VIII. (3) Arcli. des Notaires. 266 sillon, j'ai dit que ce pays, dopuis lôii, fm gouverné directement par les Rois d'Aragon. Ces souverains nom- maient, quelquefois, un lieutenant-général pour gouverner la Catalogne pendant leur absence. C'était toujours un des premiers personnages de la lamille régnaule ipii était investi de cette fonction quasi-royale, en vertu de laquelle il nommait à tous les emplois. Plus tard, cependant, ce commandement fut donné h des seigneurs, dont les pou- voirs furent moins étendus, et qu'on appela capitaines- généraux. Ceux-ci avaient sous leurs ordres deux lieute- nants (Portant- VeusJ, indépendants l'un de l'autre; l'autorité du premier embrassait la Catalogne [troprement dite, et celle de l'autre s'étendait sur le boussillon et la Cerdagne. J'ai nommé, au n'^ I, quelque.s-uns de ces derniers, et reproduit les sceaux de leur cour. Si les Portant- Veus chargés d'administrer le Roussillon et la Cerdagne, employaient dans leurs actes un sceau officiel aux armes des Comtés, les Capitaines-Généraux paraissent, au contraire, avoir fait usage de sceaux per- sonnels, sur lesquels figure leur écusson particulier, en- touré d'une légende explicative de leur dignité. Du moins, le petit nombre d'actes que j'ai trouvés encore revêtus d'un sceau en apporte la preuve. Un ordre, adressé aux Consuls de Tura, le 25 novem- bre 1596, au sujet du cliàleau-fort d'Opol, qui est tombé aux mains du Comte de Foix , par Raymond, vicomte, par la grâce de Dieu, de Perellos et de Roda, porte au dos un sceau rond, en cire rouge, de 0m,045 de diamètre, dont le champ est presque entièrement couvert par un écusson triangulaire aux armes parlantes de Perellos, trois poires, posées 2 et 1 . La légende, en capilales gothiques, est écrite en catalan, ce dont je n'ai pas trouvé d'exemple plus an- cien : ^ S DEL • CAPITA. GENERAL • DEL • COTAT • DE • ROSELLO • E • CERDAYA (L. 16). Le même sceau est employé encore en 1423 et 1431, 267 par les lieutenants du Vicomte de Perellos, agissant en son nom'*'. XVIII.— Bolille (le .luge, comte de Castres, capitaine- général en Roussilloii, pour le Moi de France, l.ouis XI, condrinant les privilèges des employés de la monnaie de Perpignan, le 24 décembre 1482, emploie un sceau entre deux papiers, fixé h une queue de parchemin, qui tient à l'acte, aussi en parchemin (L il), f.'écusson porte une croix dentelée; il est sommé d'un heaume à cimier, en- touré de laml)re(juins. La légende, en minuscules gothi- ques, dit: SIGM • HOFILLl • DE • JVDICE • COMITIS • CASTRENSIS (2). XIX. — 1). fleuri de Gusman, capitaine-général dans les Comtés de Roussillon et Cerdagne , écrivant aux Hailli , Consuls, etc., de la cité d'Elne, pour leur rappeler la teneur d'une lettre précédente du Roi , scellée du sceau de Majesté, emploie, le 16 mars 1496, un sceau de O'",01o, h ses armes, qui sont : un écusson tiercé, en pairie renversé, portant, au l*"'" et au 2^, un château fort, sommé de trois donjons, et au 5e, un liont^' (L. 18). XX.— Le 20 septembre 1552, le lieutenant de Charles d'Oms, capitaine-géni'ral des susdits comtés, écrivant aux administrateurs de rilospice de Perpignan, em[)loie un sceau rond, de 0m,0ù5, dont le chanq) est occupé par un écusson carré, posé sur une de ses pointes, a 6 pals, chargés de Timage de saint ,Iean -Baptiste <*'. J'ignore à ([iiel litre oc sceau, représentant les armoiries de Per- (t) Arrh. ilrs Notaires. (2) Arch. des l'yr. -Orient. (3) Arch. des Notaires. (i) Idem. 268 pignan , esl employé par le lieutcnanl capilainc-géiiéral. (L. 19.) XXI.— Le même type; mais, celte fois, au diamètre de Oi",Oi, était employé, le 18 avril 1509, par Pierre d'Oms, capitaine-général des comtés'') (L. 20). XXII.— Le li septembre loG", Diego Ilnrlado de Men- doça, duc de Francavilla, capitaine-général des comtés, scellait une lettre adressée à François Galiart, docteur ès-lois de Perpignan, d'un sceau rond, de 0"\03, à ses armes, qui sont : parti, au premier, de Mendoça; au second, écartelé au l^f et au i^ parti de Caslille et Léon; et au 2e et 5" de France (->. L'écu couronné a pour légende : DIDACVS . DVX : FRANCAVILLE(L. 21). XXIII. — Charles d'Aragon, duc de Terranova, capitaine- général des comtés, écrivant, le 7 mai lo82, aux divers officiers du roi a Perpignan, se sert d'un sceau rond, de 0'",07, à ses armes, qui sont : écartelé au I^i', un palmier; au 2e, une croix pleine, chargée de cinq aiglettes, et can- tonnée d'Aragon; au 5^ parti, au I^r de., à un chef de.., au 2e écartelé, au I^ et au 4" un scorpion (?), aux 2^ et ôe un lion ; enfin, au 4^^ semé de croiseltes pattées, mises en bande (3) (L. 22). XXIV. — Laurent Suarez de Figueroa et de Cordova, duc de...., capitaine-général dans les comtés, écrivant, le 7 mars 1599, à Ferdinand de Tolède, son lieutenant a Perpignan, au sujet d'une requête présentée à son conseil (1) Arch. des Notaires. (2) Idem. (3) Idem. 269 par D. Louis de Cruillos, damoiseau, emi)loyail un sceau ovale (Of",0io sur (li",()ô5) à ses armes, qui sont : parti, au |c'', d'or, ii cinc] feuilles de figuier de sinople (Figueroa), et au ^e, d'or, à trois fasces de gueules (Cordova). (L. 25.) L'écusson , sommé d'une couronne, est placé sur une aigle couronnée, aux ailes éplojées, qui le tient dans ses serres (^l XXV.— Sous les ordres des Portant- Veus, se trouvaient plusieurs olliciers royaux. Au nombre de ces derniers, était le Procureur-Hoyal , chargé de l'administration du domaine et du revenu particulier du Souverain. En 1205, le 5 des ides de juin , les Procureurs du Roi d'Aragon , scellaient de leur propre sceau, une charte portant sen- tence de restitution à l'Hospice Saint-Jean (-'. Le sceau est perdu, mais l'acte le mentionne en ces termes : Hanc paginant rohore mei sigilH mmiio. En 1571, le Procureur-Royal se servait d'un sceau rond, de 0'",02, portant l'écu royal triangulaire et couronné, avec la légende en capitales gothitpies : -j- S. PCVRATO- RIS • REG • ROCILIONIS • ET ■ CHIT (L. 2i). Ce type fut modifié en 1-428, l'écu royal n'est plus entouré d'une légende. XXVI. — En 1460, pendant l'occupation française, le Procureur-Royal se servit d'un sceau rond, de 0"',05, portant l'écu de France, sans couronne ui légende'^). (L. 2o.) XXVII. — Le Portanl-Veus présidait un tribunal, où aboutissaient, par appel, les causes jugées en première (1) Arch. des Notaires. (2) Arcli. de l'Hosp. Saint-Jean, Liasse II. (3) Arch. des Notaires. 270 instance par les Viguiers et les Baillis. Ce Iribnnal pos- sédait, en 1558, un sceau rond, de 0^,045, dont le champ était occupé par un écusson triangulaire à trois pals, entouré de huit dcnii-circonlérences. La légende, en capitales gothiques, n'est pas lisible. (L. 26.) XXYIII. — Ce type fut changé en 159i; la dimension de l'écu triangulaire fut un peu élargie, et il ne fut plus encadré que dans trois denii-circonlérences , se coupant entre elles, deux à deux. La légende en capitales gothi- ques, porte : »î< SIGLLVM : CYRIE : APPELLATIONVM : COMITATVM : ROSSILIONIS : ET : CERITANIE (i'. Je n'ai plus retrouvé ce type depuis 1429 (L. 27). XXIX. —Les "Viguiers étaient aussi sous les ordres du Portant-Veus. On comptait quatre Vigueries dans les Comtés. La première comprenait le Roussillon et le Val- lespir, chef-lieu, Perpignan; la seconde, le Confient et le Capcir, chef-lieu, Villefranche; la troisième, la Cer- dagne, chef-lieu, Puycerda, et la quatrième, la vallée de Ribas, chef-lieu, Ribas. Les Viguiers jugeaient en première instance. Pierre Blandini, sous-viguier et lieutenant du Yiguier de Roussillon et de Vallespir, écrivant, le 50 mai 1569, à Pierre-Guillaume de Queralls, bailli de Baixas, employait un sceau roud, en cire rouge, de 0'n,05, dont le centre est un écusson triangulaire à quatre pals ; une légende, en capitales gothiques, porte : >î< S : CVRIE : VICARII : ROSSILIONIS : ET : VALLISPIRI : COMITAT. (L. 28.) XXX. — En 1596, le Viguier se servait d'un sceau, différant du précédent par le nombre de pals, qui n'est (1) Arch. des Notaires. 271 que de trois, et par une couronne surmontant l'écusson. La légende n'est plus lisible (L. 29). En 1451, l'écu est couvert de six pals, et la légende est en minuscules gothiques. XXXI. — Le 16 janvier M71 , pendant l'occupation française, Ermengaud Marti, lieutenant du Viguier de Roussillon et Vallespir, emploie un sceau aux armes de Erance, écu couronné à trois fleurs de lis, 2 et 1, légende illisible. XXXIL— Le 15 mai 1476, Barthélenii Jaubert, mettait sur son sceau l'écu de Erance, couronné et supporté i)ar deux anges, entouré d'une légende en capitales gothiques • t S. CVRIE : VICARII : RUSSILIO.MS : ET : \ ALLIS- PIRL (L. 50.) Enfin, le 8 janvier 1555, le sceau du Viguier de Rous- sillon et de Vallespir, était un écu couronné portant cinq pals; la légende n'est pas lisible. XXXIIL— Le J2 juin d570, le Viguier de Confient et Capcir, Raymond Junya, chevalier, se servait d'un sceau rond de 0"i.05, dont le champ est rempli par un écusson carré sur pointe portant quatre pals. Il est en cire rouge. La légende n'est plus lisible Cl. (L. 51.) XXXIV.— Outre le Viguier, résidant à Perpignan, il y avait encore le Bailli, oiricier royal fort important, puis- que les Consuls ne pouvaient jmblier leurs ordonnances sans son autorisation. Le premier acte scellé émanant de la cour du Bailli de Perpignan, porte la date du 2 juin 1574. Vital Gri- mau, emploie un sceau entre deux papiers, de forme (1) Arcli. dus Notaires. 372 octogonale, de 0^,04, dont le centre est couvert par un écu carré, posé sur une de ses pointes et portant quatre pals. I^ne légende en capitales gnthicpios, conin)ençant par une petite croix ])artant de l'angle supérieur de l'é- cusson, porte : ^ SIGILLUM : CVRIE : BAIVLI : PERPI- NIAI. (L. 52 ) Ce type, employé sans interruption jusqu'en 1440, fut remplacé par un sceau rond, portant, de même, l'ancien écu du Comté de Roussillon , mais seulement trois pals. La légende, en minuscules gothiques, porte les mêmes mots que le précédent. XXXV. — En 1431, le type se modifie. L'écu carré sur pointe aux quatre pals, est couronné. La légende n'est pas lisible. Ce sceau est rond ; son diamètre est de 0'",05. (L. 55.) Le 4 novembre 1471, Thomas de Vivers, seigneur d'Alénya , lieutenant de Gabriel de Blandra , bailli de Perpignan, emploie un sceau aux armes de France, analogue à celui du Viguier de la même époque. XXXVL — Sous l'administration de Guillaume de La Barre, en 1479, ce type se modifie encore; la légende est en langue catalane : f S i DE • G : DE • LA : BARRE : BATLE : DE LA : VILA : DE : PEBPEYA. (L. 54.) XXXVIL — Enfin, en lS7o, Raphaël Jorda, bailli de Perpignan, se sert d'un sceau rectangulaire à cinq pals, sans couronne ni légende*^'. (L. 55.) XXXVIIL — Le sceau du Consulat de Perpignan, m'invite naturellement k parler des armoiries de cette ville. (1; Arcli. des Notaires. 273 MM. IHiigiçari, P. TnsUi ot Henri, ont exprimé, à ce sujet, leiir opinion d'une façon plus ou moins conforme à la vérité de l'Iiisloirc. Les monuments, monnaies, sceaux et chartes dûment consultés et vérifiés, je vais, à mon tour, donner mon avis. Et d'abord, Perpignan, chef-lieu du Comté de Rous- sillon, eut-il des armoiries avant 1172? N'ayant admis que sous toute réserve celles de ses premiers Comtes, je doute que Perpignan ait possédé à cette époque un blason particuliei'. L'établissement du pouvoir nmnicipal par Pierre II, en 1196, donna peut-être lieu à la création d'un sceau consulaire; mais aucune preuve n'en est venue jusqu'à moi, et la fabrication des monnaies ayant été interdite a Perpignan, depuis 117'^ jusqu'en 1270 et pendant toute la durée du lloyaume de Majorque, rien ne vient suppléer au manque absolu de type sigillaire pendant ces deux siècles. C'est seulement à partir de 15i9, que Perre IV, ayant permis de fabriquer des florins et des écus d'or h la monnaie de Perpignan , je pourrais espérer de voir apparaître le premier emblème héraldique particulier h cette ville. En effet, en 1562, circulait la monnaie dont suit la description : Florin et demi-florin. Avers : figure de saint Jean- Raptiste debout ; légende : PETRUS REX. — Revers : fleur de lis étaminéc; légende : ARAGO (L. 56). En 1565, florin. Avers : grande fleur de lis étaminée; légende : ARAGO REX. — Revers : figure de saint Jean- Raptiste, debout, vu de face, la tète nimbée, et tenant un bâton terminé par une croix; légende : S. lOHANNES B (aptista) ('). ^L. 57.) (I) Recherches sur ks Monnaies du Roussillon, Colson, pi. II, fiç. 36, 37 d 38. 18 274 Il est notoire que, dans la plupart des villes possédant des ateliers monétaires, l'usage constant voulait que l'un des côtés des pièces fût marqué d'un signe particulier à ces villes, lequel signe n'était généralement autre que la représentation de leurs armoiries. Or, en celte circons- tance, le choix du saint Jean-Baptiste n'est point arbi- traire, car ce saint est le patron de Perpignan depuis l'an 1025, époque où fut consacrée, sous son invoca- tion, sa première église. Si donc Perpignan n'avait point encore en lôH'i d'armoiries, proprement dites de com- mune, on peut, sans s'exposer à une grave erreur, ad- mettre qu'il choisit alors celles de sa paroisse. M. Puiggari, qui sans doute était de mon avis, se borne à dire'**: «Il parait que les armoiries de Perpi- « gnan n'offraient primitivement que l'image de saint « Jean-Baptiste, patron de la ville. » Mais il ne se donne pas la peine de prouver son assertion. Sur la demande des Consuls et Prudhommes de Per- pignan, Martin, roi d'Aragon, par une pragmatique du 8 juillet 1400, permit de changer l'ancien sceau du consulat et les armoiries de la commune, de prendre, à cet effet, son écu royal (d'or à quatre pals de gueules), et de le surcharger de l'image de saint Jean-Baptiste <"-'. (1) Le Roussillonnais, Année 1852. (2) Nos Martinus.etc... Et cum ipsis consulibus et probis hominibus non modirum iyisit cordi mulure siyilluni consulalùs dicte ville et diversum ab antiquo farere et alias in sigillo et armis de noro fabri- candi, arma regia et effigiem sancti Joannis-Baptiste in medio armo- rdrn regioriim poncre, ut effigie et figura tanti sancti et nostris armis sigillum de novo fabricandum non modicum decoretur. Tenore presen- cium, eorum in hac parte bénigne supplicationibus inclinati, concedimus dictis Consulibns et universitati predicte quod possint imponere qiiando- cttmque et quocinscumguè eis placuerit , sigithan consulat ùs et arma ejusdem ville iniUare ad libitum voluntatis. Dum tamen in eisdem sigitlo et armis sint arma mstm regia et effigies dicti sancti. (Liv. 1er des Provisions, fol. 2Û8, Mairie de Perpignan.) 275 Nous voici (lès lors en présence d'un titre officiel, en vertu duquel les sceaux reproduits ci-dessous ont dû être gravés. Les 10 janvier 1414 et 4 septembre 1454, les Consuls (le Mer de la ville de Perpignan, employèrent un sceau, en cire rouge, rond, de 0,04, représentant la ligure de saint Jean-Baptiste au milieu d'un petit rectangle, placé lui-même au centre d'un cercle chargé de quatre pals. Une légende, en capitales gothiques, sauf les V qui sont romains, porte ces mots : >!■< S • COiNSVLATYS • MARIS* VILE • Pi\I • PRO • DOMINO • REGE (L. 58). Le recto de ces actes, porte un autre petit sceau, de 0"», 02 , représentant une tête nimbée ( celle de saint Jean- Baptiste sans doute), avec une légende illisible. (L. 39.) Ne serait-ce pas là l'ancien sceau des Consuls avant l'an 1400, qui ferait l'ollice de contre-sceau? Rien ne l'indique dans les actes précités. XXXIX— Les 15 juin 1425 et 14 mai 1458, les Con- suls de Perpignan, employaient un sceau en cire jaune, de O'",0oo, affectant la même disposition que le précé- dent, sauf le nombre de pals, porté à six (L. 40). — La légende, en capitales gothiques, porte les mots catalans: ^-SAGEL.-.DelconsolaT.-.De la VlLA.'.DvPERPEYA. Il n'y a pas de contre-sceau (^>. Jusqu'ici, aucun autre monument ne vient déterminer la forme toute spéciale (|ue doit prendre plus tard l'écu des armes de la ville de Perpignan : je veux dire le carré sur pointe. Ouire que la pragmatique du roi Martin n'en dit pas un mot, P. Taslu signale un cachet qui, selon lui, se trouverait au bas d'instructions, sans date, données par (1) Ârch. des Notaires. 276 les Consuls à F. Puydauliich. « Lequel cachet, dit-il'^), « est rond, ne porte pas d'écu, les pals sont égaux et le « saint Jean-Baptiste ne (igure pas au milieu. » Mais, deux monuments d'une authenticité certaine, prouvent que dans la première moilic du quinzième siècle l'écusson de Perpignan ne l'ut pas un carre posé sur pointe ni une losange. La deuxième travée de l'église Saint-Jean, porte a la clef de voûte un cul de \am\)e de forme ronde, portant sur champ de gueules, entre deux pals d'or, un rectangle d'azur, chargé de la figure de saint Jean-Raptiste. J'ignore à quelle époque fut sculptée cette pierre; mais je la sais postérieure h l'an 1400'-'. La première page du Livre P' des Provisions, com- mencé en 1409'^*, porte aussi l'écusson des armoiries de Perpignan. Cet écu, de forme rectangulaire, est à fond d'or, chargé de cinq pals de gueules; sur les trois du milieu, broche un rectangle d'azur, chargé de l'image de saint Jean-Baptiste**'. Bien que je me croie le droit de critiquer quelques détails de celte peinture, je n'en tiens pas moins pour certain qu'en 1409, 1414, 1458 et ^4o4, (t) Journal des Pyrénées-Orient., 1852. — L'aflirmatioii (ruii lémuiii soi-disant oculaire, influence toujours un peu Tarchéologue auquel niauquu tout moyen de contrôle. Cependant, je lis dans l'ouvrage déjà cité de Colson, p. t08, que la mission de ce François i^uigdaulucli, délégué du consulat, date de l'an 1455; or, comment admettre que cinquante-cinq ans après la concession royale du blason de Perpignan, les consuls qui avaient déjà fait usage du sceau au type de Saint Jean-Baptiste, se soient servis d'un sceau dill'érent (^t sans valeur à cette époque'/ Le sceau en cire jaune des consuls présentant peu de relief, la tigure du Saint a pu disparaître par suite de la ductilité de la cire; c'est ce qui aura induit en erreur M. Tastu. (2) En effet, cette partie de l'église fut couverte sous l'épiscopat de Galcerand .\lbert, entre 1431 et 1453. (3) Arcli. de la Mairie de Perpignan. (4) Certains détails me font penser que ce dessin a été fait, ou tout au muJMs corrigé à deux repiises ditl'érentes. 277 Vécu ninle, ainsi (]u'oii le voit dans le poids du réal de cuivre de Kerdinand-le- Catholique. C'est encore en 1495, que le roi Ferdinand, ayant permis aux Consuls de fabricpier une monnaie municipale, ceux-ci produisirent des deniers, sur l'avers desquels fut gravé un écu carré sur pointe à trois pals, celui du milieu chargé de deux P golhi(iues accolés, monogramme de Perpignan, avec la légende : Villa Pcrpiniani, et por- tant , au revers , un écu semblable , mais chargé de l'image de saint Jean-Baptiste , avec la légende : Ecce agniis Dei '''. Au lieu de chei^cher dans la forme de cet écusson un insigne de virginité, n'est -il pas plus naturel d'y voir l'imitation du sceau à l'usage du Bailli de Perpignan , venant rappeler lui-même la forme de celui du Comté de Roussillon? Un sceau type en argent, récemment trouvé dans les décombres du nouveau quai de la Basse, et dont la créa- tion doit dater du seizième siècle, montre le carré sur pointe avec la figure de saint Jean-Baptiste au milieu , avec la légende, en minuscules gothiques ; SICILLUM VILLE PERPINIANI (L. 42). J'ai décrit ailleurs le sceau de l'Hospice Saint-Jean , dans lequel la forme carrée est parfaitement marquée, à la date de 1287 (n" XLV. Se. Eccl.) En 1040, la ville de Perpignan, portant une recpièle au roi d'Aragon Philippe-le-Crand , lit imprimer, en tète (i) Recherches sur les monnaies, Colson. loc. cit., pi. Il, fig. 70, 74. 279 de sn pétition, ses armoiries, où il n'est pas le moins du monde question d'éciisson losange*** (L. 41). On les voit aussi sur le cadre d'un tahleau, avec la date do 1669-) Per|)ii,'nan conserva ces armoiries jus(|u'('[) l()8l. «A Cfllo époque, dit M. Puiggari'^», les Consuls de Perpignan, voulant donner un gage de leur dévouement au roi Louis XIV, écrivent au marquis de I.ouvois, secré- taire d'État, que M. de Chazeron , commandant de la province, et M. Trobat, président de chambre du conseil souverain, « ayant lait remarquer que les anciennes armes « dont la Irès-lidèle ville de Perpignan avait accoutumé « de se servir n'étaient pas celles dont elle se sert actuel- « iement, ils avaient fait des recherches exactes des anti- « quités de ladite ville, et qu'ayant trouvé que lesdites « armes qu'elle avait avant l'année 1440, étaient ttn « écKsson en losange, en champ d'azur, semé de fleurs « de lis sans nombre, et chargé d'un saint Jean au milieu, « au lieu que celles dont elle se sert maintenant sont un « écusson en losange chargé de pals d'Aragon , ayant « aussi un saint Jean au milieu, et que ce changement «d'armes fut fait par les Espagnols, lorsque, en ces « temps-là, ladite ville et le pays de Roussillon, tombè- « rent en leur pouvoir » ils désirent ardemment de reprendre lesdites armes, s'il plaisait à Sa Majesté d'en accorder la permission. » Cette nalierie ne pouvait déplaire au Pioi de France, qui s'empressa d'accorder aux Consuls leur demande, par lettres du 10 septembre 1G8I, dans lesquelles se trou- vent ces mots ; «Nous trouvons bon que vous repreniez « les armes anciennes dont notre dite ville de Perpignan « se servait auparavant ladite année 1440, savoir : « un (1) bibliolli. iiuitliqui! de l^orpignan. (2) Église Sainl-Jpaii, chapelle des Innts-liaptisniaux. ("3) Le Romsillomiais. 1852. 280 « écusson en losange, en champ d'azur, semé de Heurs « de lis d'or sans nombre, chargé d'un saint Jean au « milieu. Vous assurant que nous reconnaîtrons en toutes « occasions, les témoignages ([ue vous nous donnez en « celle-ci de votre zèle et alFcction singulière à noire « service <'*. » « Alors, continue M. Puiggari, on représenta ces nou- velles armoiries dans l'église Saint-Jean, sur le plateau fixé à la clef de voûte de la première travée. Le temps n'en a point fait encore disparailre lazur du champ, quelques restes des (leurs de lis d'or et le saint du mi- lieu. Alors, aussi, fit-on sculpter les quatre écussons blasonnés de même, (lui figurent sur la partie inférieure du maitre-autel... La maison de ville en fut pareillement illustrée. » Quoique fondée sur Terreur, la concession d'armoiries de Louis XIV n'en est pas moins formelle; et, jusqu'il l'obtention de nouvelles lettres patentes souveraines, Perpignan n'aurait pas dû changer son écusson^-*. (1) Arch. des Pjr. -Orient. Fonds de rinleudante. 11 a été établi (|iie les fleurs de lis n'ont remplacé les pals quq sous Louis XI, et par consé- quent à une date qui ne peut être nnlérienre à l'an I Wï>. (2) Les lignes suivantes sont extraites textuellement de VArmorial des Villes de France, publié dans YAnmiaire de la I\'(ililcsse en l(Sr)o, par M. Borel d'Hauferive. « Perpignan. — .Vrmes : de gueules, à deux tours crénelées d'argent et « à nue flenr de lis d'or en rlief(L. 13). L'existence de Perpignan ne « date que du luiitiéme siècle; elle suivit cnnslamnienl les deslinées du (I Roussillon, dont elle devint la capitale, F.n Jitri, la coniunine \ l'ut « confirmée par le comte Gérard. n On donne quelquefois pour armes à cette ville les pals des rois « d'.\ragon, qui la possédèrent longtemps; mais nu les charge alors d'un « Saint .lean-Iiapliste brochant sui' le tout. (' Mais le blason ([u'ou assigne eu général à Perpignan, c'est cclin ipie « nous avons adopté. Les toiu's rappellent sans doute les fortifications « élevées par les rois d'.Vragon cl augmentées par Charics-Uuint. Peut- 28 1 Mais, déjà en IT^i ou IT^S, le bon sens artistique perpignanais protestait contre l'ignorance ou la servilité des Consuls de 1G8I. Un magnilicjue tableau, peint par Guerra, représentant saint Eline, patron des navigateurs, « être, aussi, est-ce un souvenir des sièges brillants qu'rllo a soutonus « en 1473, 1542, 1597, IGiO et 1G41. La llcur de lis est une concns- « sion postérieure à rétahlisseiTienl do la dominalion française. Elle fut « obtenue sans doute en même temps que la ronfinnation des priviléj^es « des bourgeois et des citoyens nobles de Perpignan par le roi Louis Xlil, (' en 1(U2. I>e Ronssillon conquis à cette époque, fut détinilivement cédé « à la France par le traité des Pyrénées. » Sauf le deuxième alinéa, autant d'erreurs que de mots! Kn deliors de la question sigillographique et héraldique, je renvoie le lecteur à VHisl. (le Rniissillon de .M. Henry, et à celle de J. de Cazanyola. Lors de la confection de IWrmorial général de l'Vance, les provinces et les villes furent invitées à produire le dessin de leurs armoiries. Celles qui se dispensèrent de cette formalité, et dont Fécusson n'était pas déjà formellement connu, furent gratifiées par le juge d'armes de Tépoipie, de blasons plus ou moins fantaisistes , ipi'on ne se donna pas toujours la peine de leur notifier, mais dont elles durent généralement payer les frais d'enregistrement. Cette faron d'agir n'avait qu'un but, celui de battre monnaie; ce but, une fois rempli, les villes restèrent libres de porter ou de répudier leurs anciennes armoiries, et beaucoup d'entre elles igno- rèrent complètement celles (pii venaient de leur être concédées, J'extrais d'un ouvrage déjà cilé(l) le texte des armoiries attribuées à diverses villes du Houssillon, sans me porter aucunement garant de leur authenticité : « Peupignan. — Nous avons reru de la numicipalité de Perpignan, un dessin où se trouvent trois écus dill'érents. Le premier, désigné sous le nom d'armes primitives, est d'.Vragon; c'est-à-dire, de gueules à quatre pals d'or ^.s((^ Le deuxième, est dit avoir été concédé par le roi Martin, qui aurait chargé les pals d'.Vragon d'un saint Jean-l^aptiste, tenant dans ses bras l'agneau pascal. I^e troisième, indiipu'- connue ayant été octroyé par II' roi Lmii-^ XIV, est semé de Krance . à un saint ,lean-i3aplisle au natiu'el, teuani di' la main dextre une épée, la pointe en bas, et de sa main séneslre une palme d'or, posé sur des nuai;es (raruent. qui s'élèvent d'une mer au naturel mouvante, de la pointe de l'écu. Dllozier a, au contraire, enregistré ces armes : d'or, au chef composé d'argent et d'azur, et i.,eman de la .laisse, dans ■icsCuiies générales de lu Mniinirliii' Fniii- (I) .\nn. nat. de France; Traversier, 1842, p. 75 et suiv. 282 pour le Consulat de Mer, fut entouré d'un beau cadre, en bois sculpté, aux armes de Perpignan, telles «pje les indique la pétition de 1640. Deux autres tableaux du même peintre, aclueliemcnt dans l'église Saint-Jean, çoîse (in-folio, 1730) les représento : de gueules, à deux tours d'arprent ouvertes, ajourées, maçonnées de sable, séparées par une fleur de lis d"or, en chef(l). » Baixas. — De gueules, au sautoir d'or, parti d'argent. « Caudies-de-Saint-Paul. — D'or, à un chaudron de gueules, Panse levée. » Elne. — D'azur, à la croix haussée et alézée d'argent, accostée en pointe de deux fleurs do lis d'or (2). « EsTAGEL. — De gueules, à un agneau pascal contourné d'argent, sur une terrasse de sinople portant une croix d'nr, la bauderolle d'argent, la tête de l'agneau tournée à dextre et couronnée d'un diadènie d'or. « MiLLAS. — D'azur, à une plante ou toulFe de plusieurs épis de millet, feuilles et tiges , sur une terrasse , le tout d'or, à la bordure d'argent , chargée des mots : La Ville de Millas, en caractères de gueules. « PÉziLLA. — D'azur, à la croix alaisée et pattée d'argent, cantonnée de quatre fleurs de lis d'or, à la bordure d'argent , chargée du mot : Pézilla , en caractères de gueules. '< Saint-Pauf^-de-Fenouillet. — De gueules, k une épée d'argent, garnie d'or, la pointe en bas. « Salses. — Semé de Franco, à un saint de carnation, vêtu d'une aube d'argent et d'une dalmatique de gueules, posé sur un tertre d'or, tenant de sa main dextre une palme du même et soutenant de sa main sénestre un livre d'argent , la tète rouronnéi^ d'une gloire d'or, à la bordure d'ar- gent, chargée des mots: La Ville de Salses, en caractères de gueules. « Tour-de-France. — D'azur, à une tour d'argent. « TiiLiR. — D'ai'gent, à un tourteau de gueules, parti de sinople. « GÉRET. — D'azur, à trois fleurs de lis d'or, deux en chef, une en cœur, celle-ci, accompagnée à dextre d'un (î et d'un E, à sénestre, d'un R, d'un E et d'un T joints ensemiile, aussi d'or, et en pointe, de deux clefs d'argent, posées en sautoir. « Argelés. — D'argent, à un genêt arraché de sinople, fleuri d'or, accompagné de trois fleurs de lis d'azur, deux en fasce, une en pointe, celle-ci soutenue d'une terrasse de sinuple. « BoULOU.— D'argent à une fleur de lis d'azur, en chef et à un vol (1) Ces trois blasons sont inconnus à Perpignan. {Note de l'auteur.) (2) Blason inconnu à EIne. 2S3 portent aussi les anciennes armoiries de la ville, au temps «les Rois d'Araj,n)n; les cadres porienl la date de 1714-15. Depuis quelques années, Perpignan a repris son ancien écnsson. abaissé, dn sable on pointe, à la bordure de gueules, cliargx'cs des mots: La Vi a del Volo, en ciiraclèrcs d'or. « CoLLiouRE. — D'azur, seuié de fleurs de lis d'or, à un saint do car- nation, vêtu d'argent et de gueules, tenant de sa main dextre une épée d'argent garnie d'or, la pointe en bas, et de sa main séucstre une palme aussi d'or, la tête entourée d'une goirc du même, le saint posé sur une montagne d'argent, mouvante, d'une onde de sinople. « PRATS-DE-lVlOLLd. — D'or, à un saint de carnation, vêtu de pourpre et de gueules, tenant de sa main dextre une palme de sinople et posé à dextre sur luie terrasse de même, et à un saint .André, aussi de carnation, vêtu d'azur et de pourpre, ayant sous sou bras dextre, appuyé sur sa croix , (le sable et posé lui-même à séuestre sur une terrasse de sinople, trois fleurs de lis d'azur entre les deux saints, deux en rbef, une eiî cœur, et un pré de sinople en pointe. « BouLETERNERE.— D'azur, à un lion d'argent, tenant de sa patte dextre une Heur de lis d'or, à la bordure du même, enfermée dans une bordure cousue d'argent, chargée des mots: Biila Taranera . eu carac- tères de sable. « Ille. — D'azur, à la croix d'or, parti d'argent. (' Marquixanes. — D'argent à une clef de sinople, parti de gueules. « Mont-Louis.— Parti de France et de Navarre. « Rl.\.— D'argent, à la fasce de gueules, parti de sinople. « SouRNiA. — De France. «Vmç A. — D'azur, à trois fleurs de lis d'or, une et deux, celle en chef surmontée d'une couronne du même et accostée d'im V et d'un F d'argent; les deux en pointe, accostées d'un N et d'un G, soutenues d'un A, le tout d'argent. <( Villefranche-de-Conflent.— D'azur, à deux tours d'ar-ent, entre lesquelles est posée une éloile à six rais du même, soutenues d'une onde, aussi d'ari;cnl, en pointe; l.' imii surmonté d'un écusson d'azur, (ib'ariré'de 'trois fleurs de lis d'or, bordé dur d sommé d'une rounuluè royale 'du même; le i;rand écusson entouré d'Une liordure d'argent, cbargée des mots : Vilafmma de Conficul . eu raraclères de "ueu- les(1). .) (I) En général ces écdsson& soDt incoDuus dans le Ftonssillon. 284 Je ne poursuivrai pas plus loin cette digression; il se- rait trop long d'énumôrer et de relever les irrégularités héraldiques commises par nos contemporains, qui s'obsti- nent à représenter en losange ranti(|ue carré sur pointe, seule forme consacrée par les monuments de toutes les époques; tandis que la forme losangée n'exista jamais que dans les lettres patentes de Louis XIV et l'iniagi- nation de MM. de Chazeron et Trobat. Je me permettrai, pourtant , de demander ce que prétend signifier la cou- ronne ducale que l'on place de nos jours sur ledit écu losange. Le Roussillon fut-il jamais l'apanage d'un Duc, et Perpignan fut-il jamais autre chose que le chef-lieu d'un comté? Sous les Rois d'Aragon, Perpignan était ville royale; si l'on veut raviver ce souvenir, c'est d'une couronne fermée (lu'il faudrait faire usage. Mais depuis sa réunion à la France, aucun litre légal n'autorise celte ville h sommer son écusson autrement que d'une cou- ronne murale; et je me plais h reconnaître que c'est celle qui ligure snr la bannière de l'orphéon de Perpignan. XL.— Collioure, aussi ville royale, réunissait, dès le quatorzième siècle, dans le sceau de son Bailli, sans doute, car la légende n'en dit rien, l'écu d'Aragon et ses armoiries propres; c'est ce que l'on voit dans une lettre adressée, le 26 juin \7,m, au Bailli de Perpignan, par Bernard Traginer, bailli de Collioure. Le champ de ce sceau, rond, de 0^,05 de diamètre, représente deu.v châteaux, donjonnés do trois pièces, surmonlés de l'écu royal à quatre pals. Je pense que ces deux châteaux font allusion au vieux fort de Collioure , bâti sur un rocher, et à une autre tour voisine, également sur un rocher, qui remonte à une haute antiquité (L. 44). Bien que de nos jours, Collioure n'ait plus qu'un fort de création moderne, il faut croire qu'autrefois plusieurs citadelles protégeaient celte petite ville; car un titre du seizième 285 siècle, que je n'ai pas sous les yeux, mais dont conitiin- nicalion m'avait été donnée par M. Alart, archiviste des Pyrénées-Orientales, mentionne un membre de la famille d'Oms, qui se disait à cette époque, Castellanus arcium Coquoliberi <''. La légende, en capitales gothiques, porte rfS^CVRIE: DrCOQVOLIBERlt. XLI. — Perpignan |)ossédail un Hôtel de la Monnaie. Le mailre de cet établissement (Seca), était appelé Al- cayde. Le 14 octobre I4IG, Guillaume de Johan, alcayde de la monnaie de Perpignan, lieutenant de Jean Aybri, écrivant au Bailli et aux Juges de la Cour de ladite ville, employait un sceau rond, de Om,Oi, dont le champ est occupé par un écu royal , sommé d'une couronne , et entouré d'une légende en capitales gothiques: -;-S:CVRIE : MONKTARIK : YJLLE : PEHPINIANI (2) (L. 45). XLIL — Thuir, ville royale, à quelques kilomètres de Perpignan, portait sans doute les armoiries de ses sou- verains; car, pendant l'occupation de Louis XI, le sceau employé le 29 mars 1466 i)ar le Lieutenant du Bailli de cette localité (=') était rond, de 0"',028, portant un écusson carré, posé sur pointe, chargé de trois (leurs de lis, 2 et i . Sur chaque côté du carré, sont les lettres TOIH, Corme catalane du nom de Thuir (L. 40). XLIIL— Prats-de-Mollô, aussi ville royale, portait, en 1522, l'écu couronné, aux armes d'Aragon <») (L. 47). XLIV.— Le sceau employé, le 15 novembre 1575, par Jean Bolet, député local de Perpignan, est rond, au (1) Arcli. des Notaires. (3) Arcli. des Notaires. ("^) Idem. (i) Wt-m. 286 diamètre de Oi^iOSS; le centre, est un carré sur pointe, chargé d'une croix de Saint-Georges, symbole héraldique des Corts de Catalogne. Une légende très-abrégée, en capitales romaines conjointes , porte : »î« GEiNEAL D PPINYA") (Généralité de Perpignan). (L. 48.) XLV. — La ville de Puycerda, chef-lieu de la Viguerie de Cerdagne, portait : de sinople, à une cloche d'or. Cet emblème, qui se retrouve sur les monnaies les plus anciennes de cette ville, figure sur un sceau des Consuls, suspendu, entre deux papiers, à un acte du 4 mai 1G'27(-), notifiant la confirmation, par le roi Philippe, des privilèges de franchise de leude, accordés aux habi- tants de Puycerda, le 2 des calendes du mois de.... l'an 1181, par Alphonse II. La légende est illisible (L. 49). XLVI. — Dans le but de se concilier la bienveillance des Perpignanais, en grande partie froissés de la sup- pression du Royaume de Majorque, qui faisait descendre au second rang leur ville, résidence des Piois depuis soixante-dix ans environ, Pierre IV fonda, le 13 des calendes d'avril 1349, l'Université de Perpignan. Son successeur, Jean I^'', confirma l'œuvre de son père, en la complétant, par permission donnée, aux Consuls de cette ville de construire un bâtiment ad hoc, sur l'emplacement qui leur conviendrait le mieux, et de la dimension qui leur plairait. Je pense que cette Université, qui réimissait les cours publics de théologie, droit civil et canoni(|ue, sciences et arts, eut un sceau particulier, lequel m'est resté inconnu. Celle institution fonctionna jusqu'au traité dos l'yré- (1) Arch. des Notaires. (2) hxc\\. des Pyr. -Orient. 287 nées, après lequel elle tomba en ilécadence. Ce ne fut que sous l'adininislraliou du Comte de Mailly, Maréchal de France, Couverneur du Roussillon , que rCnivcrsilé de Perpignan fut relevée de ses ruines. L'année 17o9 vit s'opérer cette heureuse restauration. Un discours à la louange du Roi, fut alors établi et fondé à perpétuité pour la consécration du rétablissement de l'Académie, et le Recteur fut chargé de le prononcer. Un exemplaire de ce discours, conservé à la Bibliothèque de Perpignan, porte, gravé sur la première page, le dessin des armoiries de la ville et celles de la ville d'Elne. Les premières représentent, au milieu d'un cartouche de fan- taisie, entouré des divers attributs d'une ville, l'iinage de saint Jean-Baptisle, sur un fond semé de fleurs de lis. Les secondes, dans un cartouche semblable, entouré des attributs épiscopaux, portent une étoile d'or à six rayons, sur un champ d'azur. On voit aussi dans cet opuscule, le dessin d'une médaille frappée à cette date de 1759, REGI REMVNERATORL — Un autre imprimé, également conservé à la Biblio- thèque de Perpignan'^', est le catalogue des livres appar- tenant, en 1771, à l'Université. Sur la première page, on voit un dessin qui offre tous les caractères d'un sceau qui a dû (Hre particulier à cette Académie. Dans un ovale, de Oi",0o sur Oni,Oi, on voit la figure de saint Jean-Baptiste, tenant la main droite levée, et dans sa gauche, l'agneau, entouré d'un petit cercle. Le saint patron de la ville est accosté, h dextre, d'un petit écusson ovale, aux armes de France, et, à sénestre , d'un écusson semblable , portant le n)ono- gramine de Perpignan, PP. Une lég<'nde porte ces mots: ACADEMIA PERPlNlA.NENSiS. (L. 50.) Le local aftecté à l'ancienne Université de Perpignan , (^1) Bibliûtli. publique de Perpignan. 288 sert actuellement à renfermer la Bibliothèque et le Musée de cette ville. XLVII. — Le dessin représenté ((ig. ol)'**, et celui du sceau de la ville trouvé dans les décombres du quai, sont les seuls de toute la collection reproduite au présent ouvrage, qui aient été faits d'après un type de métal. J'ignore complètement à quelle administration le pre- mier a dû appartenir. Voici cependant le résumé des con- jectures auxquelles j'ai dû me livrer en l'absence de toute légende explicative. La forme carrée de l'écusson, dont on trouve tant d'exemples en Catalogne, rend indubitable la provenance Roussiilonnaise. La disposition de l'écu parti, dont un coupé, au i^r ^ l'étoile d'Elne, au 2^ h deux pals, fait supposer une administration tenant à la fois du civil et du religieux; le l^"' parti, a trois ponnnes de pin, parais- sant indiquer le blason proprement dit de l'établissement ou d'un personnage ayant fait usage de ce sceau. Une maison d'éducation fondée, dans le siècle dernier, par un certain chanoine Py, pourrait avoir possédé un sceau semblable. Des renseignements piis à cet égard n'ont amené rien de concluant. Grâce à l'obligeance de M. l'abbé Grauier de Cassagnac, principal actuel du^Collége de Perpignan, j'ai pu considérer, dans son cabinet, le portrait dudil chanoine Py, et l'écusson de ses armes, dans le coin du tableau. Cet écusson, est également parti, au d^'' un arbre, qui peut être un pin par allusion au mot Py, accosté des deux lettres PI; et au 2" d'azur, à une étoile à 8 rayons d'or, symbole de l'Eglise d'Elne, le susdit écusson, enté en pointe, de gueules plein. De la ressemblance qui existe entre deux sceaux ou deux écussons, il serait téméraire sans doute de cerlilier l'identité des familles ou des admiuis- (1) Trouvé duns les fossés de la citadelle de Perpignan, il y a quelq\ies années, et possédé par le Concierge de i'Évéché. 289 Iralioiis qui les ont possédés. Tl est facile de voir, du reste, dans i'éciisson du !)on chanoine, un Ijlasou tout-à-(ait personnel, le premier parti l'ournissant des armoiries par- lantes; le second iiuliiiiiant le chapitre dont il était digni- taire, et l'autre indiquant, selon moi, la couleur du camail dont l'abbé Py est revêtu dans son j)orlrait. Je donne cette inter()rélatioii à défaut d'une meilleure. Quant à ce qui concerne le sceau ci-dessus, le métal employé (cuivre rouge, paraissant avoir été doré ou argenté;, et la forme du dessin, se rapportent, comme anti(iuité, a l'époque de la fondation du collège de Py; les trois pommes de pin, peuvent avoir constitué le symbole de cet établissement, connu sous le nom précité, même après la mort de son fondateur; l'étoile peut vouloir indi(iuer le patronage de l'autorité diocésaine, en mi'mc tenq)S que les pals, qui entrent dans le blason de la ville de Perpignan, signilie- raient l'inlluence municipale, plus grande peut être que partout ailleurs, dans cette ville, jalouse et Hère de ses antiijues privilèges. Les deux branches portant un trou à leur extrémité, ont dû, autrefois, être repliées à angle droit, pour endjrasser un manche maintenu de chaque côté par un clou. Il est inutile d'ajouter que je n"ai trouvé aucun document scellé du susdit sceau. 19 :i% RÉSUMÉ. l ne centaine de sceaux, tant ecclésiastiques que laïcs, telle est la mince récolte de plus d'une année de recher- ches minutieuses. Aussi, n'ai-je pas la prétention d'avoir tout dit sur l'art sigillaire en Roussillon. Le clergé était pourtant très-nombreux dans les comtés; car l'historien Gazanyola^') me fournit les détails suivants sur son organisation, lors du traité des Pyrénées ; « La Cerdagne et la vallée de Ribes appartenaient à (( l'Évèché d'IJrgell; le Capcir, à l'Evèché d'AIet; le Rous- «sillon, le Contient et le Vallespir, formaient rLvrclié « d'Elne, où l'on trouvait (piatre abbayes (Arles, Saint- ce Michel, Saint-Génis et Saint-Martin), treize prieurés, « six prévôtés, quatre commanderies de Malte, neuf cou- « vents de mendiants, cinq chapitres, vingt-trois comn)u- « nautés ecclésiastiques; le chapitre d"EIne, composé de « quatre dignitaires et de vingt et un chanoines, avait été « transféré depuis peu à Perpignan avec l'Evêque, et établi « dans l'église Saint-Jean, l'une des quatre paroisses, où « résidait une communauté de cent cinquante prêtres. « 11 y avait un chapitre de quinze chanoines et une com- « munauté de trente prêtres à La Real, l'une des paroisses «de Perpignan. On voyait, en outre, dans celte ville, « dix-sept couvents de moines ou de religieuses, quatre «hôpitaux, une université, où l'on enseignait le latin, «la rhétorique, la logique, la théologie, le droit et la « médecine. » Il y a donc lieu de s'étonner qu'un si petit nombre de sceaux du clergé ait écbapi)é à la destruction. (1 1 Hisi du lîiiiis.ulhiii, p 'riil. 291 Quanl à ceux des adiuinisU'aliou.s laïques, n'en ii}ani trouvé aucun vesligc avant 15ii, épot|ue à laquelle le lloussilllou rentra au pouvoii des Ilois d'Aragon, j'incline à penser (et c'est, à Perpignan, l'opinion des gens érudits) que les archives du Iloyaunie de iMajorque lurent trans- portées à Barcelone; disposition uialenconlreuse, qui a {trivé plus dun historien de connaître la vérité sur les antiquités roussillonnaises. Néanmoins, dans le petit nombre d'empreintes sigillaires (jue j'ai pu recueillir, je constate une grande analogie avec les sceaux usités en France, à toutes les épocjues. C'est toujours, (pioique a des dates un peu dilférenles, la même marche dans la succession des types, que l'on peut ranger en trois catégories : 1" Avant le quatorzième siècle, etligie particulière des personnages possédant un sceau , et usage des contre- sceaux; 2" Du quatorzième au seizième siècles, complication dans les légendes et dans le dessin , qui joint alors aux symboles particuliers des établissements laïcs ou religieux récusson armorié des titulaires, et suppression totale des contre-sceaux, excepté dans les sceaux des souverains; o" Enfin, du seizième siècle à nos jours, représen- tation exclusive des armoiries , avec ou sans légende explicative. Aucun sceau matrice ne m'ayant été communiqué, et n'ayant pu, par conséquent, opérer que sur des em- preintes en fort mauvais état , pour la plupart ('), je n'ai (1) L'cxanicu des sceaux de simples parliculiers n'ayaul présenlé rien iriiilércssaut, j"ai népili^é de les reproduire. Je n'en ai, du reste, ren- ie, l'élude du désert (|ni nous cnlourait , enlin l'c-lude des peuples Arabes et des iJédouini:'-, dont la vie nomade est si inté- ressante? Quelipies observateurs s'occupaient uniquement de l'agriculture arabe. Tout étant ainsi disposé, le local de la Société vil bientôt arriver de tontes parts, des produits du ])ays, des pièces archéologirpies, nnmismatiques, des ossements fossiles d'animaux lerreslres, mèb's (piebpiel'ois à ceux des animaux a(piali(ines, des eslampages des monolitbes ([uc nos moyens de locomotion ne permettaient pas d'amener auprès de nous. Tout réussit à merveille. Désormais, ce qui pouvait inté- resser les sciences, les arts et l'hisloire du pays nous ('lait acquis, et dans le complc-rendu des travaux de la Société pour les années 18GI et ISO^, j'avais déjà à signaler le zèle et le dévouement de plusieurs membres pour divers mémoires adressés à noire instilulion naissante. Jetons maintenant tni C()U|)-d'(r'iI,;i vol d'oiseau, sur les points (pii lixèrent le plus mon allenliim : l'ji septembre 18()l , je quittai Suez. Après avoir visite la l'ontaine de Moïse, je suivis jusqu'aux lacs amers les traces encore ap])arentes du canal, que le temps n'a pu eflacer du sol.— Arrivé au campement du djébel-(ienefîé, montagne aride, abrupte el toin-mcnlée, je me dirigeai sur un point couvert de végélalion, qu'on aperçoit de loin dans la partie nord des lacs, et que les Arabes nomment El-Amback. Je traversai les lacs dans leur plus grande largeur, sans tenir conq>le des sentiers (racés par les caravanes, (|ui condui- senl, les uns en Syrie, les aulres à l]|-Aiid)a(lc et aulics localilés. J'eus (pielque peu de peine à atteindre Kl-Ani- bacl<; le sol, quoique dépourvu d'eau, cédait sous le poids 29(i des bètes de somme. A mon arrivée, je trouvai, au milieu de joncs et d'arbustes, une source abondante, qu'on nomme Ain-el-Amback; l'eau est. claire et limpide, légèrement amère. Je pense (ju'elle emprunte une partie de son amer- tume, aux plantes qui croissent autour de ses bords. Les plantes des lacs amers sont toutes d'irie couleur blancbàtre, connue toutes celles »iui naissent sur le bord de la mer ou des lacs, tandis que celles qu'on rencontre dans l'intérieur des terres ont une couleur verte. Je lis aux lacs amers plusieurs sondages, qui me prou- vèrent que les eaux, quoiipie éloignées du golle arabique d'environ 50 kilomètres, sont soumises à l'inlUience du llux et du relUix de la mer rouge; que les eaux filtrent a travers les sables et les couclies argileuses, et que l'étendue de celte liltration est plus ou moins grande, selon que le terrain est plus ou moins pénélrable. Les diUércnles couches obtenues par mes sondages , sont indiquées dans le croquis que j'ai l'honneur de vous soumettre. L'étude des produits de ces sondages, me prouve que le grand bassin des lacs amers et le lac Tmisali, avaient été, à une époque très-reculée, le domaine du gollè ara- bique, et qu'on ne pouvait en attribuer le dessèchement qu'au phénomène de l'évaporalion. En ma qualité de membre correspondant, je crus bien faire de recueillir en cet endroit quehjues coquillages cl autres productions marines; de les destiner à MAL les membres de la Société Agricole, Scienliliiiue et Littéraire du département des Pyrénées-Orientales, qui ont beaucoup lait pour moi, et auxquels je désirais de|)uis longtemps as- socier et mon coeur et mes vonix, et les assurer désormais de mon entier dévoiiemenl. Mes opérations de sondage achevées, je visitai plus tard le seuil du Serapéum, où gisent les restes d'un monument persépolitain, probablement consacré à Darius, à l'achè- 297 veiiienl du canal des deux mers (Ilérodole). Il a du aussi exister en cet endroit un temple, que les Égyptiens consa- craient à Sérapis. En quittant le Serapcum, j'ellleurai le tombeau de Cheick Knedec et Toussoum, centre de population important, créé par la compai,Miie. Le 5 ocloi)re IHtil, en clierchanl à lier sur ma plan- clielte le lacTmisah aux lacs amers, je vis, à 4 kilomètres N.-O. de Toussoum, et sur un vaste plateau dominé par le djéhel-Mariam, des dc'bris de poteries anli((ues, des briques, des ossements humains, des pierres contenant des caractères liiéroi;Iyplii{|ues gravés en relief. Nul doute qu'il a existé en ce lieu une ville considérable, dont la superlicie peut être évaluée à 90 hectares, y compris une certaine étendue de terrain, qui jjarait être l'ancienne >»écrop(de. J'ai consulté plusieurs itinéraires anciens, afin de pouvoir me rendre compte de cette ville antique, de son importance. Aucun ouvrage n'a pu me fournir des données. Cependant , l'élude scrupuleuse des anciens campements des Israélites , lors de leur départ pour la terre promise, me porte à croire que cette position est, celle de lanlique liaal-Tsephon de la Bible, qui signiûe Dieu sentinelle. En cet endroit, nous dit-on, les magi- ciens d'Egypte avaient mis une idole, comme une barrière qui devait arrêter les Hébreux, et s'op()Oser à leur fuite. Combien n"e\iste-t-il point dans l'Isthme, de ruines de villes et de monumeuls de cette grande et anti(pie nation, dont la position est ignorée cl s'esl perdue avec le tenqis! Les médailles grec(iues et romaines, l'urne en marbre cl les lampes romaines qui vous ont éié remises, ont été trouvées au pied du djébel-Mariani et à Hubastis, aujour- d'hui /ag;i/.ig. Qu'il me soit |)ermis, en achovaut, de vous offrir un estampage lait |)ar moi , et tiré d'un nninolithc qui repose depuis plusieurs siècles sur les hauteurs do Kanlara-el-Krasné. 29S KXPl.OllATION EN TIJNISIE, l'ar II. ,\, Cil'lTEn, MciTil)ic' Je [)liisii'iirs SocicU-s Savantes. Aidé du concours bienveillant de LL. EE. Messieurs les Ministres de h duerre et de TAIgérie, el des Colonies, je quittai Alger, le ^25 mars 1860, pour aller explorer la llégence de Tunis, tant au point de vue arcliéologi(iue , qu'au point de vue de l'histoire physique du pays. Après avoir visité Philippevillc, Conslantine, fiuelnia, Soukarras, Bône et autres centres importants de la pro- vince de Constantine, j'arrivai, le 12 avril, à cinc] heures du matin en vue de Tunis; à six heures, le Clyde jein'ii son ancre. La mer était calme, el le ciel sans nuages me permettait de contempler un des plus riches pano- ramas de la Régence. Tnc vaste étendue de pays, comprise entre le village de Sidi-bou-Saïd et le lac el-Héhira, fixa mon attention. C'est là que s'élevaient autrefois Carthage-la-Puni(]ue et la cité romaine. Quelques ruines, échappées aux ravages du temps et des hommes, sont les seuls matériaux dont nous pouvons disposer aujourd'hui jjour reconstruire leur passé. La chapelle Saint-Louis s'élance majestueusement sur le point culminant de la Hyrsa. C'est sur ce même em- placement que mourut le ISoi de France (1270), en prodi- guant des soins aux peslitérés de son armée, canq)ée devant Tunis. Après avoir débarqué à la Goulette, où existent encore des traces d'un chàlcau-fort itàli par Charlcs-Quinl , je 2'»9 me rendis à Tunis. La dislaiiee qui sépare ces deux loca- lités est de ii kilomètres. Plus tard, ceux qui me liront, jugeront du bon accueil que je reçus de M. Léon Roches, notre représentant chargé dos allaires de France à Tunis, et des bons odices que m'ont rendu tous les sujets français. Je ne devais point prolonger mon séjour à Tunis. Le J i avril, je me rendis à Carlhagc; là, une chambre de la chapelle Saint-Louis fut mise à ma disposition par M. le Consul-Général, pendant la dun'e de mes travaux. Le lo, je commençai mes travaux topogra|)hi(|nes, pendant que quchpies indigènes fouillaient les points ([ue j'avais signalés à leur attention , et qui devaient me servir pour la reconnaissance des anciens monuments de Cartilage. Le plan de celle localité; l'étude de la Bvrsa, du (piar- tier de Mégara, des |)oris de guerre (Colhon) et marchand, des anciens quais, des citernes publiques de la Malga, de celles situées au nord-est de Carlhage; l'étude des ruines d'une basilique, des thermes Gargiliens, du forum, du cirque, du théâtre, des divers temples, ainsi que tous les anciens monuments placés à la surface du sol, me tinrent' sur ce coin de terre pendant un mois et demi. Je ne pouvais plus m'en éloigner; c'est iju'il en est de certains sites comme de certaines mélodies, qui ont le privilège de captiver l'admiration. Dévoré d'activité et diuq)alience, je pris mon album et me rendis au djébel-Camarl, au village de Sidi-bou- Saïd, il la Marsa, à Douas-Chol, au Chikii, petite ile située dans le lac de Tunis, à la Couletle. Mes dernières heures passées dans celle parlie de la Hégence, furent consacrées ;i des travaux de sondage du lac Réhira. Ces travaux achevés, je parcourus alors le Bardo, la Mannouba, .Vriana, les sebkhas el-Rouan et el-Scdjoumi, rii.immam-Lif et ses thermes romains, la Mohmmédia, 300 Simindja, Zong^'ar, Zagliouan, ses sources, son lemplo , l'aqueduc qui amenait les eaux du djebel Zagliouan à Cartilage. A la solidité de sa construcliou , à ses pierres diamantées, unies par uu ciment im[)érissable, on reconnail i'aciienienl lu main des lîumaiiis. Les vastes ruines d'Ulina lOudna) ni celles d'Utique n'éclia|)pèrent point à mon examen. Celte exploration me valut bon nombre d'inscriptions, médailles, bas-reliefs, objets d'art et minerais. Le 18 juin, par une Itelle matinée, je me dirigeai vers l'est de la llégence, pour acbever la carie (pie j'avais commencée sur l'ancienne Zengitane. J'étudiai, avec la plus scrupuleuse altenlion, la péninsule Herma-um jus- (pi'à llammamet, en passant par llades, l'oued Millau, Soliman el sa riche plaine, C.ucrombalia et Doucha, vil- lages arabes, à cheval sur la route de Tunis à Soiissa. J'eus soin de prendre, là comme partout ailleurs, lu nomenclature des pays que j'avais traversés, montagnes, rivières, ruisseaux, lacs, schkhas et tribus, et des notes sur les mœurs et babil udes singulières des habitants. Le 2i juin, je rentrai à Tunis, avec une abondante moisson de dessins, estampages et autres objets curieux. Le 26, je quittai de nouveau la capitale de la Ilégence pour me rendre à Soussa, par l'Ilamman-Lif, Cuerom- balin, le fondonk de Jîerloubit;! et llercla. Lutre ces deux derniers points, et près d'une tour romaine, je vis, pour la première fois, des traces d'une route romaine en béton, bordée de pierres plates sur champ. Cette roule reliait inrailliblemenl Pul|)ut à Ilorrea-Cœlia , et faisait |)arlie de la grande voie de Carthage à Sufetula de l'itinéraire d'Anlonin. Depuis llercla jusqu'aux environs de Soussa, le j)ays est légèrement ondulé et pierreux; on ne trouve aucune trace de culture nulle part : tout y est d'une monotonie inconcevable. 1 301 Peiulanl mon sc'joiir à Soussa, je fus parfaiteinenl secondé dans mes opéralions. M. le général Ucoliid m'aida de ses lumièccs; M. Kspina, vice-consid et mend)rc de |)lusienrs sociétés savantes , et mon collègue de la Société Historique Algérienne, me prêtèrent leur concours éclairé. Je dois aussi bien de la reconnaissance a MM. le doc- teur Clément, Pierre Sacomman, Edouard Carleton, Henri Siccarol, ainsi qu'au Révérend l*ère Agustino de Ucggio, président de la mission apostolique. A Soussa (l'antique Adrumetum), je vis une niagnilique collection de médailles consulaires en or et en argent, trouvées dans colle ville et aux environs; mais mallieu- reuscment enlouies dans des sacs, et, par suite, perdues pour la science. Je dois. encore à la bienveillance accoutumée de M. le général Rccliid, une niagnilique collection de poteries romaines. Soussa est riche en sites pittoresques et en beautés de toute naiure. M. Espina, vice-consul, m'apprit à connaître toutes les richesses archéologiques du pays. Pendant celte tournée, je lis d'abondantes moissons. Je reconnus Soussa pour rAdrumolum des anciens; je levai et dessinai le brise-lames du port ancien, que le savant docteur Shaw ne put voir; je dessinai la batterie de Ras-el-Bordj , sentinelle avancée de la cité moderne; ses anciennes citernes; un hypogeum circulaire taillé dans le roc ; de vastes routes souterraines creusées dans le tuf, et de nombreuses ruines. Le 50 juin, je quittai Soussa pour retourner à Tunis. Il serait trop long d'énumérer et de décrire les ruines considérables que Ton rencontre à droite et à gauche de la roule. Comme ce voyage m'avait beaucoup fatigué, je crus 302 devoir nvarrèler (luelquc temps à Tunis, pour inellre au net quel(iues-uns de mes travaux, et parcourir encore une l'ois ses environs. Le "iO juillet, je partis pour le Kef (accompagné d'un homha cl de mon domestique) , afin de l'aire un travail géograplii(iue , physique et descrijjlil' de la Medjerda ( le iiagrada des anciens) et de sa vallée; de dresser une carte donnant le tracé du fleuve , depuis sa source jus- qu'il son emhoiicliure; de l'aire connaître ses principaux aUluents, les villes, villages et localités qui se trouvent dans le bassin de ce fleuve ; d'esquisser les mœurs , les habitudes de certaines tribus tunisiennes, et, enlin, de recueillir des renseignements sur les [iroduils du pays. Dans cette tournée, je ne pouvais perdre de vue l'étran- glemcnt que franchit la Mcdjerola, au-dessus de Testour et du confluent de l'oued Siliana et de l'oued Tibourack, qui m'avait été signalé par M. Berbrugger, président de la Société Historique Algérienne, et par M. Mac-Carthy. Si cette longue excursion a l'ouest de la Régence tut très-pénible, à cause des chaleurs accablantes qui se lirenl sentir pendant toute la durée de mon voyage, je dois dire aussi qu'elle me donna de bien beaux résultats. Je possède plus de vingt cotes d'élévation de diverses montagnes de la Régence, grand nombre d'inscriptions, médailles, dessins de temples, monuments romains et d'une église chrétienne, des vues de Tebourba, Mectjez-el-Rab, Slougli, Testour, Tonga, Tiboursck, El-Mest(Musti), le Kef et autres points importants. Pendant mes excursions, je n'ai eu qu'à me louer des indigènes de la Tunisie. Les habitants de ce pays ne sont pas si i'arouches (ju'on nous l'a voulu persuader jusqu'ici; ils n'ont de barbare que le nom seulement. .'{(13 inor.llAPlHES IIOUSSILLOMAISES, Par II, l'altbc Jf. Tolra »k Boroas, Doi-lfiir l'ii Iijoil raiiou et un Hi'uit civil, Professcui' ilc J'hilosiiphie et (rHistoiro, Membre résidant '. MONSEIGNEUR FRANÇOIS XIMENEZ, Évoque d'Elue (1400—141:)). l'alni' (le KraiKuis \iineiiez. ' Ximenez, savoir: Mb'' Barlhclenii Peyro , et Slïf Ray- mond Descallar. 308 plus pauvres et les plus Imiiihles troiivaienl auprès de lui secours et protection , et ses hautes (pialités le re- comniantlèrent liientût aux personnaijcs les plus distin- gués et les plus puissants. C'est ainsi qu'il mérita la conliance de la reine d'Aragon , Dona Maria Lopez de Luna, sœur de Benoit Xlll (Pierre de Luna), si bien que cette princesse le désigna comme un de ses exécuteurs testamentaires <'). Les conseils de la couronne et le Sou- verain Pontife lui-même, dit le P. Coll <-', ne rougissaient pas de recourir a lui dans les doutes ou les embarras, cl de s'en rapporter a ses sages décisions; car ce qu'on estimait et ce qu'on admirait en lui, c'était une alliance si intime de la science et de la sainteté, qu'elles formaient comme un seul élément, et constituaient sa nature |)ropre; de telle sorte que sa profonde humilité n'était nullement altérée par les applaudissements et les louanges, pas plus que sa science n'était amoindrie par le peu de valeur qu'il s'attribuait et la pauvre idée qu'il avait de lui-même. On peut même dire, en reproduisant la pensée des historiens de sa vie, que son esprit s'élevait et s'ornait à proportion des pénitences et des mortilications qu'il imposait a son corps. Ce fut là le secret de la gloire qu'il conquit auprès de ses contemporains, et plus particulièrement auprès de son Ordre et dans son diocèse; c'est aussi ce que constate le MarUjrologe franciscain d'Espagne, lorsque, à la date du 14 novembre (que certains donnent comme le jour de la mort de l'illustre prélat), il insère la mention suivante : (1) Les deux autres étaienl : le P. Jean Ximenez, qui devint, peu d'années après, évêque de Malte, et le P. Bartliélemi Born'is, tous de rOnlre de Saint-François. La Reine mourut le 2!) décembre LiOtî; elle ne l'ut pas li'mnin de tout te (jue causèrent de dilticullcs et de scandales, en Roussillnn et dans toute l'Église, l'amliilion et l'opiniùtrelé de son frère Benoît XIII. {i) Ci'ôiiica scrdfica, etc., loc. cit., § Gil. 30!) « A Perpignan, dans le comté de Roussillon, lo vénérable » Père l-'rançois Xinionez , évcqnc d'EInc et Patriarche « de Jérnsalem, qui brilla de la donble auréole de l'éru- « dilion et de la sainteté, et rendit son ministère pastoral « non moins fécond par l'exemple et le parfum de ses « vertus, que par l'étendue de sa science et l'excellence « de sa doctrine''). » IS'ous touchons à un des événements les plus célèbres de l'histoire de l'Église ; je veux parler de cet épisode du Schisme d'Occident, qui se déroula dans la ville de Perpi- gnan sous l'épiscopat de Mfc''' Ximcnoz , et dont nous ne rappellerons ici (lue ce qui se rattaclie à notre sujet. Il y avait déjà quel(|ues années que l'ambilion de Grégoire XII et de Benoît XIII jjrolongeait le schisme et divisait l'Eglise. Ce dernier, après avoir été quelque temps prisonnier dans son palais d'Avignon, s'était enfui h (iénes, alors occupée par la France et gouvernée par le maréchal de Boucicaul. L'ordre avait été déjà expédié h ce dernier de se saisir de Benoit, et d'empêcher ainsi qu'il n'allât hors du royaume prolonger sa Papauté et son schisme, ce que son opiniâtreté ne faisait que trop appréhender. Mais, aussi vigilant (]u'opiniâlre, il s'enfuit bientôt de Porto-Venere, port situé sur la cote de Gènes'-', s'approcha des galères qu'il entretenait toujours bien ar- mées le long de cette plage, et, accompagné de quatre cardinaux (•», il s'embarqua le lo juin 1408 (terme remar- (1) « ...qui cl emdilione siiif/ulari pliirimiim e.vcelluit, et Vilm sanc- tilule populo sibi commisso non minus profuil. (2) M. licnn nous sciiiMo avoir confondu Porlo-Vrnere, port ilali(!n, avpc Poit-Vt-niIres , où il fait (IrbaniiiiT lînnoit, In 2 juillet (llisloini (lu Houssillon , loni. 11, p. 21)). (3) Les cardinaux de l''ius(iiic, de Clialanl , do (îironc cl d'Urrios. C'csl à tort nue le 1'. Martèue y met Mi,''' .lean d'Armagnac, arclievèijuc.'' d'Auili, (|ui, d'ailleurs, ne lut trcé cardinal, à Perpignan, que dans le mois de seplenïlire suivant. 310 qiiablc du séjour que les Papes avaient fait en France durani 103 ans), après avoir, dans une bulle datée de ce même jour, exposé ce qu'il avait lait pour procurer l'union de rÉ<'lise, et convoqué pour la Toussaint prochaine un Concile général dans la ville de Perpignan, en Espagne, en opposition avec le Concile que Grégoire XII parlait déjà de réunir avec ses adhérents, et surtout en opposition avec celui que les anciens cardinaux dos deux obédiences parlaient de convoquer a Pise pour l'année suivante. Benoit XllI débanpia a Collioure, où il se trouvait vers le 15 juillet {1408), d'après certains auteurs, tandis que les annalistes espagnols nous apprennent, au con- traire, qu'il avait fait son entrée à Elne dès le 23 juin<''. Quoi qu'd en soit, Ms'' Xinienez le reçut dans sa ville épiscopale, ce qui dut faire concevoir a Benoit l'espé- rance de voir grandir et triompher la popularité de sa cause par l'adjonction et les hommages d'un prélat aussi considéré que l'était l'évèque d'Elne. Aussi , se proniel- tnil-il d'heureux résultats d'un Concile soutenu par la doctrine et éclairé par les lumières de M?'' Xinienez. Après avoir attendu quelcjucs jours à Collioure (ou à Elne), la réponse au message qu'il avait envoyé au roi d'Aragon, son beau-frère, Benoît vint à Perpignan, dont le château lui fut assigné pour résidence. 11 s'y trouvait le 23 juille!, comme l'alteslc l'historien espagnol Zurita. Dès le 1 i, les six cardinaux (jui avaient autrefois reconnu son obédience et résidaient à Livourne, lui avaient écrit une lettre très-modérée, très-sage et très-respecluense, pour l'inviter h assister au Concile de Pise. Cette lettre n'ayant été suivie d'aucune réponse, ces mêmes cardinaux, rendus a Pise, lui écrivirent une seconde lettre, datée du 24 septembre, tout aussi réservée, mais plus pressante ^ (1) Ce dernier senlinieiit nous senililrriiil vl»s vraisomlilablc, vu ipic la traversée de rorlo-Ycncn; \\ Gollinure ne pouvait se iiroloneiT un mois. Il 311 que la première. C'est à Per|)ignan (jue Beiioil XIII pril connaissance de celle seconde missive, don», avait été chargé, on ne sait comment, Jean GHiart, archidiacre de Poitiers, an moiiionl mi-me on Benoit faisait des pi"0- cédnres contre les députés de l'Lnivcrsilé de F'aris, el les autres amhassadeurs (jue le roi avait envoyés aux deux Papes, lesquels députés furent cités à comparaître, dans soixante jours, à Perpignan, devant Benoit, par une bulle de ce dernier, datée du 21 octobre'''. Pierre de Luna ne répondit que le 7 novembre "a la se- conde lettre des cardinaux. iJans cette réponse singulière, le Pape réfutait les considérations et les motifs contenus dans la lettre des cardinaux de Pise; et, non-seulement il refusait de se rendre au Concile de celle ville, n)ais il leur ordoiinail de se rendre au Concile de l'eri»ignan. Au moment où il écrivait sa réponse, le Concile avait déjà été ouvert depuis le 1«'" novembre, jour de la Tous- saint, par une messe solennelle; mais, comme on attendait encore plusieurs personnages (pii devaient s'y trouver, on en remit la première session à quinze jours. Pendant ce temps, afin de ren Ire l'assemblée jilus auguste et plus majestueuse, Benoit conféra le litre de Patriarche à divers' prélats du second ordre. M»'' Xinienez, évèqne d'Elne, fut de ce nombre; il reçut la dignité de Patriarche de Jéru- salem, et fut sacré en celle (jualité dans la principale église de Perpignan, par le cardinal-archevêque d'Auch, le 14 novembre, en même temps que le trésorier de Maguelonne recevait la consécration comme Patriarche d'A mioche '2>. (I ) 1. 'archidiacre Guiarl, lidiiimc il'esiuit, ohsorva la situation f\c cette Cour ponlilicale reléguée dans un coin du Roussiliou, ainsi que les pré- paratifs qu'on y faisait pour le Concile. On a une lettre fort curieuse, où l'archidiacre de l'oilicrs rend compte de sa mission auprcs de licuoit (Histoire du l'Eglise Gullicunc, par le P. Bcrlhier). (2) On comprend des lors le lilr'^ i\i- l'sciiflo-Palii'tirha Hierosohj- 312 Le 15 novembre 1408, Benoit CLMébra la messe dans cette mi'''me église'", en présence de nenf cardinaux, des quatre Patriarches créés par lui, des arclievr-qucs de Tolède, de Sa- ragosse et deTarragonne, d'un certain nombre d'évèques<-* et, enfin, de saint Vincent Ferrier, personnellement invité h cette assemblée par Benoit XllI, qui le choisit pour son confesseur, et lui avait ofl'crt la pourpre. Cet illustre enfant de saint Dominique, après avoir fait entendre sa puissante parole dans la Catalogne et l' Aragon, après avoir évangélisé les populations de la Provence, du Dauphiné, de la Savoie et de la Lombardic, venait de donner dos missions non moins fécondes dans l'Andalousie et jusque dans la Grande-Bretagne. En traversant les provinces de Picardie, de Poitou et de Gascogne, il avait opéré d'innombrables conversions, et rentrait en Espagne, lorsque Benoit XllI sollicita sa présence au conciliabule de Perpignan. Depuis longtemps déjà, saint Vincent soupirail après le rétablis- sement de l'unité dans le suprême Pontificat, et suppliait Benoît XllI de tout faire pour atteindre ce but. Mais Benoît ne pensait qu'à se servir du crédit et de la répu- tation du grand serviteur de Dieu, pour donner à sa cause plus d'apparence de justice et assurer la tiare sur sa tête. Saint Vincent Ferrier prononça plusieurs discours en latin dans les premières sessions du Concile de 'Perpi- gnan. 11 usa de toute la force de son éloquence et de toute l'influence de ses conseils, pour procurer la paix de l'Église, pour décider Benoît XIII à céder ses droits et pour l'en- mitanus, que donnent à ce prélat, Guillaume Cave el les auteurs de la Gallid Chrifttiana. (1) D'autres disent dans Téi^lisc do La Real. M. Henry prétend, nous ne savons sur quel fondement, que l'ouverture du Concile fut retardée jusqu'au 22 novembre (toni. 11, p. 3S). (2) Conl-vinu'l , d'après Zurita, ou seulement quarante, d'après les mémoires produits au Concile de l'ise. Ils appartenaient aux royaumes de Caslillc et d'Araîon, aux comtés do Vv'w oi do lYovence. 313 gager à envoyer an Concile de Pise un représentant chargé (i'ofl'rir son abdication. Mais l'obstination de lienoit rendit inutiles les conseils de saint Vincent, qui, désolé des mau- vaises dispositions de Pierre de Luna, se hâta de (piitter Perpignan et reprit le cours de ses prédications ">. Cependant, l'assemblée dura jusqu'au mois d'avril de l'année suivante (1409), et eut quatorze sessions. Les opinions s'étant partagées sur ce qu'il y avait h faire pour le bien de l'Église, plusieurs prélats, et entr'autres Ms-'"" de Maumont, évoque de Béziers, quittèrent Perpignan. Il n'en resta que vingt-trois, qui, peu après, se réduisirent à seize ou dix-huit, et conseillèrent à leur Pape (l'"'' lévrier 1 409) d'envoyer à Pise, où le (Concile avait été réuni par Grégoire Xll , des légats autorisés à renoncer en son nom au Pontificat... On sait tout ce qui suivit, et l'assemblée des évoques dans la chapelle du château royal de Perpignan (7 mars 1109), et la persistance de ces prélats dans leur première proposition, et l'obstination de Henoit, et son consentement à envoyer des prélats à Pise pour y traiter en son nom (26 mars), et la députation solennelle des deux Papes, Grégoire XII et Benoit XIII, dans la quinzième session (lu Concile iT) juin"), et enfin, l'élection en conclave d'Alexandre V (26 juin 1409). Les documents nous manquent pour bien déterminer le rôle de Mg'" Ximenez au milieu de situations si dilli- ciles, et d'événements si importants pour la cause de l'Eglise. Mais, si les historiens et chroni([ueurs ne traitent pas ce [)oint d'une manière explicite, nous devons remar- quer les détails qu'ils nous ont transmis sur les hautes vertus de cet cminent prélat, dont la vie lut exclusivement consacrée au service de Dieu , à la conversion des âmes et à l'extension du règne de la paix autour de lui. Tovl (1) I.os Arrliives tin !\IoiiI|m'IIu'i- nous ;i|i|»rciiiienl que rapôtrc cnlniir dans coUc ville, dès le "1') iioveinliri' 31 i pain- Dièu et le prochain, sciiiblail èlre sa devise cl sa règle (le comluile. Il s"oiil)liait coiuplélemeiU liii-inème, et n'avait en vue que la gloire de Dieu cl le salut de ses frères, soil daus ses actions de chaiiue jour, soit dans la composition de ses ouvrages, dont il avait commencé à praiiijuer la doctrine et les maximes, avant de les trans- aieltre par écrit : en un mut, ses ouvrages ne sont que rex[)licali()n de sa vie. C'est qu'il savait que les plus brillants et les plus solides enseignements n'obtiennenl que la moitié de leur ellicacilé, si leur auteur ne com- mence lui-même par les mettre en prati(iue. Une cireur de date semble avoir écbappé aux savants auteurs de la Gcillia ClirisUana , lorscjue, après avoir consacré quelques lignes à Msf Ximenez cl à ses écrils, ils ajoutent : « Peu après la mort de François Ximenoz, « Pierre de Luna (lienoil XIlli tint un conciliabule à Per- « pignan"*... » On a vu, il est vrai, ([ue le faux Concile de Perpignan s'était prolongé jusqu'au mois d'avril 1409, et que, par conséquent, il n'était pas terminé le 25 jan- vier, jour auquel certains auteurs rapportent la mort du prélat; mais on sait que ce Concile était ouvert depuis le l^"', ou du moins depuis le 15 noveuibre de l'année précédente, et (pie Ms'' Ximenez avait siégé avec le titre de Pdlriarcbe de Jérusalem. S'il fallait admettre raulbenticité d'une inscription reje- tée par des critiques très-éclairés, et qu'on voyait gravée sur sa tombe, dans l'ancienne église des Cordeliers de Per- pignan, notre évéque sérail mort le 25 janvier I409<-). {l) Pauh'i pnst abilitm Franrisci, Pet rus i' Liinn concilinbiiliim Per- p'miuni hnhuit, in fjitn aiicloies à fuerunt rpisrnpi. ut si Grcgnrius a suis exauctnrnrftur , ipse papales apiees cleponerH (loc. cit.). (2) Voici cette inscription, d'après la Gallia Christiana : [). \). Y. l'ilANCISf.CS Xl.MENEZ, 0UD1M.S .MlNORLM, EPISCOt'l S IIkLF.NENSIS ET J'.\TlU.\liCH.\ IllEK(JSUl.YMlT.\NIS, OI'.UT DIE XXUI .l.V.M'.XUll MCOCCIX. HÙC EST TRAN5LATUS DIK XVII SEI'TE.MDUIS .MDCXXUI. 313 Sa dépouille iiiorlclle aurait clé lenlbrniéc dans un sarco- phage de piene, déposé, deux siècles plus lard ; 1(325), dans celte même église, au-dessous de la perle de la sacristie, avec ladite inscription; mais, d'un autre côté, les auteurs des chroniques espagnoles no rapportent la date de sa mort qu'au 1 i novembre 1 il 5, d'où il résulte que la chronologie de la vie de Mt''' Ximenez est assez chancelante, puisque, selon que l'on adopte une des dates de 1380, 1400 ou 1406 pour sa jjromotion , et celles de 1409 ou de 14lo pour sa mort, son épiscopat peut pré- senter une durée variahlo de trois ans (1406 — H09), de neuf ans (^1400 — 1409 ou 1400 — lil.'Ji, de quinze ans (1400— 141u), de vingt-neuf ans (1580—1 109), ou, enfin, de Irente-cinq ans (1580— 141o), selon que l'on adopte les unes ou les autres de ces diverses dates. 11 eut pour successeur sur le siège d'Elue, non point Mfe'' Jérôme d'Oclion, comme l'avaient dit les auteurs de la Gullia Chrislianu, mais Ms'' Alphonse d'Exéa, dont l'é- piscopat assez court, a échappé aux savants Bénédictins. Ce ()rélat, issu de la noble maison aragonaise d'Exéa, est sans doute le même (pii, décoré par Benoit Xlll du titre de Palrinrcbc de (".onslantiiiople, avait prononcé le dis- cours d'ouverture au conciliabule de Perpignan '*. Quant à Ms'" Jérôme d'Ochon, religieux aragonais, confesseur et camérier de Benoit, il ne vint qu'après Ms'' d'Exéa. Dans tous les cas, il n'est pas [lossible d'admettic cpi'il ait élé nommé à l'évèché d'Elue par IJenoil Xlll, deux ans après lit pru)iiolion de ce dentier (luSuuL-eniia Poidi/ical'-'; ce qui nous ferait remonter a 1590. Au surplus, en adop- tant la date la plus reculée, on ne peut jamais faire remonter ( 1 ) Lubbc. Collcclion des Coiiriles. {'2) C'est iKuirtant ce i|iic nous lisons ilmi!; nue ircente l /<• de suint Viiirail Fcnicr. jiar l'ablji' A. lîiiyle. l'aiis, iJruy, édilcnr, isr)5; I vol. iri-8", |i .j'i. 31 fi l'avénemcnt de Mk"" d'Oclion a une cpoquo antérieure a 1409, date assignée par plusieurs auteurs à la mort de M?'' XinienezC). Il nous reste a dire quelques mots de Ms"" Ximenez comme écrivain. Ce savant prélat s'était fait remarquer par d'excellents ouvrages d'histoire, de politiijue, de théo- logie et d'ascétisme, composés en latin ou en espagnol, ()ui ne furent publiés (|ue longtemps après sa mort à Gérone, Alcala, Burgos, Barcelone, Grenade ou Valence ^2'. Nous allons passer rapidement en revue les principaux de ses écrits, ou les plus connus : 1» Une Vie de Notre-Seigneur (Vita Chrisli), écrite en lalin, traduite en espagnol par Ms'" ïalavera, archevêque de Grenade, et imprimée à Valence en 1493. Ce livre a été aussi traduit en français. 2° Un livre sur la Nature des Anges (Liber insignis de naturâ ongelicâ ) , composé par Mn'' Ximenez en 1392, et traduit aussi en français. Cet ouvrage, dont le maims- crit original, ainsi que celui du précédent, se trouvait, lorsque le P. Coll écrivait sa Chronique (1758), h la Bibliothèque du Boi a Paris, fut publié a Burgos, puis à Alcala de Hénarès, en lo27(=*>. 5° Le Pastoral, pour l'instruction des évrques ou des supérieurs (Pastorale, i^ro instnidione episcoporum cl (1) 11 paraît, en effet, que Mg:r d'Oclion était cvèque d'Elne au mois de décembre 1109 (Catalorjue des.Évéques d'Elne, par P. Puiggari). (2) La diVomerfe de rimprimorio ne date, on le sait, que de 1 iO:2. Ce retard forcé dans la publitalion des écrits do notre auteur, expli(|ue le caractère apocryphe de certains ouvrages attribués à Mgr Ximenez sans preuves positives, comme aussi l'incertitude qui plane sur l'authentirité d'autres écrits du prélat, dont on n'a pu quelquefois vérifier les originaux avec un soin assez minutieux. (3) Une copie manuscrite de ce livre, faite en lil5, se trouvait, il n'y a pas longtemps, à la bibliothèque du couvent des Carmes déchaussés. à Barcelone. 317 super ior uni ) , dédié a rarchevéque de Valence el i)ul)lié en 1495 a Harcelonc. On conserve le manuscrit de cet ouvrage dans la Bibliothèque Ambrosicnne de Milan. Ce livre est peut-rtrc celui qui a le plus contrihué à établir la réputation de laulcur, qui expose lui-même son but : Esca prœparalur el cibus omnibus prœlatis Ecdesiœ frœ- scntibus et futuris; après quoi, il le divise en quatre par- ties : dans la première, il traite de la dignité du sacer- doce, et s'adresse au clergé en général; la seconde partie s'occupe des évéqnes, dont il trace les devoirs dans un ujagnilique commentaire des Épitres de saint Paul sur ce sujet; dans la troisième, l'auteur examine et t'ait res- sortir les obligations de la charge pastorale du prêtre vis-à-vis de son troupeau; enfin, dans la quatrième par- lie, il traite de la récompense et de la gloire réservées au pasteur lidèle el vigilant. 4» Un Traité sur la Vie chrétienne, en quatre livres, publié en espagnol , sous ce titre : Informacion de la Vida cristiana , et suivi d'un Traité sur les Sacrements, et en particulier sur la Pénitence. Ce traité sur la vie chrétienne, publié à Grenade en 1490, fui le premier livre imprimé a Perpignan, en 1502. 5" La Doctrina cristia)ia, ouvrage cité par Carboncll, dans sa Chronique d'Espagne. (i^ De l'Échelle mystique /De Scalâ I)ci ) , publiée en 1501, à Uarcelone. L'auteur l'avait dédié à la Heine Dona Maria l.opez de Luna, a qui il avait dédié un autre livre sur la dévotion : Uibre de la devociâ. 7» Le char des dames (El carro de las damas), appelé communément ïx livre dos femmes, dédié à la très-haute el Irès-iiliisire Dona Sanche Ramiroz de Arenos, comtesse de Prades. Ce livre réunit à l'enjouement le plus spirituel, une profonde connaissance du cœur humain, et une mo- rale des plus saines. Il fut imprimé à Barcelone en 1495, et traduit du catalan en castillan par un Frère Mineur. 318 8" Enfin, onlre une Exposition des sept psaumes, nne Méthode pour la confession et pour obtenir une bonne mort, et une Histoire Ecclésiastique, dont il n'esl pas sûr qu'il soit l'auteur, Ms"' Xinienez a laissé encore un ouvrage lliéologico-politi(]ue intitulé : Le Chrétien, ou du Gouvernement des Princes et de la chose publique (El Crestià , ô del Reyimen dcls Princeps y de la casa pûblica) , qu'il avait dédié à Don Alphonse d'Aragon, lils de i'Inlant Pierre d'Aragon, devenu franciscain après la mort de son épouse. Cet ouvrage, que l'auteur avait adressé à tous les magistrats de Valence, dénoie chez l'illustre évêque l'érudition la plus vaste, et renferme la plus solide doctrine; car il tient à la fois h la philo- sophie morale, au droif, à la tliéologie et à la polili(|ue. [| comprend treize livres, dans lesquels se trouvent suc- cessivement traitées les questions les plus élevées et les plus pratiques. iMs' Ximenez l'avait dédié au marquis de Villena. Plusieurs des écrits qui précèdent, et quelques autres ouvrages inédits, non moins remarquables, étaient con- servés manuscrits dans la hibliothècpie du couvent de Sainte-Marie-de-Jésus, près de Barcelone, au témoignage \ de Wading'", de Gonzaga*-' et du P. Coll(^'. Mais les événements de 1715 et 17i4, c'est-a-dire le siège de Barcelone et la destruction presipie complète du couvent, durent faire disparaître [tlusieurs de ces précieux manus- crits. (1) De scriptoribus Ordinis Minortim, p. i iO. (2) Ci'onica fjeneral de lu Orden Frunciscaiia, 1-' Pari., p;îi;. 8i. (3) Ouvrage iô]h cilû, liv. 111, cliaii. XXXVIII. — Guillaume Cave dil la même chose : Alla l'jtis opéra ipuimplurima, lingiià palrid coiiscripta, in bihliiillu'cii cu'iiobii S. Marin: de Jesu , propc Barcinonem, MSS. iiascrrari testattir M'addiiigus... loc. cit. 319 APPENDICE. Puisque nous avons commencé le récit succinct des événements relatifs au grand Schisme et accomplis en Roussillon, il nous semble nécessaire, pour compléter le tableau, de rapporter les principaux faits qui suivirent. Nous avons vu (jne saint Vincent Ferrier avait quitté Per|)iguan et s'était rendu à Montpellier, dès la lin de novend)rc J i08, (piinze jours à peine apiès l'ouverture du Concile. I.e saint apôtre, après avoir donné une mis- sion des plus fructueuses à Montpellier, crut devoir retourner à Perpii-nan. C'était au mois de décembre de cette même année. Chemin faisant, il annonça la parole de Dieu dans plusieurs villes et villages. Arrivé à Perpi- gnan, il se mit à prêcher au peuple tous les jours. Cependant, le Concile de Perpignan se terminait sans aboniir à aucun résultat sérieux. Les cardinaux restés auprès du Ponlité, le supplièrent, dans une dernière séance, d'abdi(|uer tous ses droits, lui montrant claire- ment que c'était le seul moyen de rétablir l'union dans l'Eglise. Les évèques rassemblés à Pise pour travailler a faire cesser le Schisme, priaient tous ceux de leurs amis qui approchaient Denoit XIII, de décider ce Ponlité à l'abdication. Le cardinal Drancaccio écrivit à Don Doni- lace Ferrier, frère du saint et supérieur des Charireux, qui se trouvait aussi h Per[)ignan, une lettre pressante, qui se terminait ainsi : « Excusez-moi si je n'écris pas à « noire seigneur Denoîl XIII ; c'est que je sais (]u'il reçoit « mal mes |»aroles. Je me recommande aux prières de « votre bienveillante charité. Saluez de ma part votre « frère Vincent, mon très-cher ami, avec qui [dut à Dieu « que je pusse encore m'entretenir. Que le Très-Haut « vous conserve heureusement pour son service, et vous « accorde une longue vie.— Ecrit à Pise, le dernier jour 3Q0 « du mois de janvier 1409(i). » Lorsque celle Icllre par- vint à Don Bonilace, saint Vincent en avait reçu une du roi d'Aragon , ainsi conçue : « Nous désirons vivement « traiter avec vous quelques alFaires , (ju'il ne convient « pas de confier au papier. Nous vous prions donc aftec- « tueusement, pour notre honneur, de venir vers nous, « si vous voulez nous servir et nous donner un conseil «important; vous nous ferez un très-grand plaisir. — « Donné à Barcelone, scellé de notre sceau, le !2'2 jan- « vier 1409. » Dès qu'il eût reçu celle lettre, saint Vin- cent quitta Perpignan et se dirigea vers Barcelone. Toutefois, malgré son désir de se rendre promplement auprès du roi d'Aragon, saint Vincent crut devoir s'arrêter (pielques jours dans certaines villes qui se trouvaient sur le chemin de Perpignan à Barcelone, cl qui avaient besoin de sa présence. Elne était désolée par d'anciennes ini- mitiés et de funestes discordes. Saint Vincent y prêcha pour pacifier les esprits; il fut reçu dans cette ville comme un ange de paix, cl les partis le choisirent pour juge de leurs ditférends. Benoit XIII devait recevoir d'Elne, chaque année, deux cents florins. La ville pré- tendait que cette somme devait être payée par les parti- culiers; ceux-ci, au contraire, voulaient que ce tribut fût a la charge de la ville. On s'en remit, de part et d'autre, au jugement de saint Vincent Ferrier : il écoula et pesa les diverses raisons apportées pour et contre; et, après un mûr examen, il déclara que les deux cents florins devaient être payés par la ville. C'est ce qui fut pratiqué l'année suivante. Cette décision fut confirmée par un arrêt du roi en faveur des particuliers*-'. (1) Pour celte letlrc cl la suivante, voyez la Vie de saint Vinceiil Ferrier, par le P. Vidal, liv. II, cliap. IX. (2) Cet arrêt porte : Ver arerlos (feclarudo libres en su senteneiu el B. P. y sehor maestro en sayrada thenJeKjia , arbilru arbitrador y umigable componcdor. . . 321 Après cela, saint Vincent évangélisa eu triomphateur tJéroiic, Barcelone, Valence, la Caslille, etc. Plus tard, nous le voyons appelé à faire partie du conseil arbitral qui déterminait à qui devait (Mre donnée la couronne d'Aragon*''. L'année suivante (14.I2), nous voyons saint Vincent Ferrier obtenir de nombreuses conversions de Juifs à Alcaniz, à la suite de conférences solennelles soutenues avec les rabbins et instituées par Benoit XIII; nous le voyons accomplir encore des prodiges à Lérida; enfin, à Tortose, où se trouvait Benoit, il redouble d'ell'orls, avec le roi Ferdinand , pour décider l'antipape à se désister de toutes ses prétentions, afin de rendre la |)aix à l'Eglise; mais ils ne purent vaincre l'opiniâtreté du vieillard (novembre Iil2). L'apôlre se rend ensuite à Valence, sa patrie, où, parmi les personnages distingués venus à sa rencontre, se trouvait un franciscain, nommé François Ximenez, docteur en théologie et ami intime du saint. Nous ne pouvons dire si c'était notre évéque lui-même, ou un autre religieux du même nom*'-'. Le roi Ferdinand désirait toujours l'union de l'Fgiise. Aussi, au mois de juin fil 4, il se rendit à Morella, où se trouvait lanlipape, et où saint Vincent ne tarda pas à les rejoindre, ainsi que les ambassadeurs de l'empereur (1) Ya\ lill, au Congrès d'Alcaùiz, saint Vincent opta ])our Ferdinand, Inlant de Castille, qui, monté sur le trône et ne pouvant lui liùre accepter de rL'COMipense, le nomma son confesseur et son prédicateur. {i) 1! no serait pas impossible cpie ce lût Mf' Ximenez; mais, alors, il faudrait embrasser l'opinion de ceux qui ne le font mourir qu'en liiS. F.ncorc, serait-il permis de s'étonner (|ue l'évéque d'KIne n'eût été désiijné es paroles causèrent un grand tumulte, et les rabbins eussent peut- être été victimes i) sur le siège de Gérone, devait avoir pour liuitième successeur, sur ce dernier siège épiscopal, ce même Michel Ponlich. De bonne heure, il fit preuve d'une inlelligence vive et facile; et la bonne éducation qu'il recevait au sein de sa famille, ne faisait que développer son attrait pour l'étude en même temps que son goût naturel pour les exercices de dévotion. Aussitôt après qu'il se fut sérieusement appliqué aux éludes de grammaire, ses parents l'envoyèrent à Perpi- gnan pour y faire ses humanités et sa philosophie. Or, avant que l'âge pût l'entraîner vers les plaisirs ou au milieu des écueils du monde, le ciel l'attira miséricor- dieusement vers le port de la religion séraphique. Il demanda, étant encore très-jeune, l'habit de l'Ordre, qui lui fut donné à Perpignan même, d'après VEspana sagrada, a Barcelone d'après le P. Coll. L'année de son noviciat expirée, il fut admis sans relard à la profession ; et, après avoir été, pendant quelque temps, chargé de l'enseignement de la langue latine dans un couvent très- rapproché du lieu de sa naissance'-', il fut envoyé au couvent de Gérone, où il trouva Ms'' Parcero. Le o mars 1632, à dix-neuf ans, il fut agrégé à la cléricature et (1) C'est par erreur que le P. Villanueva le foit naître en 1630(V'ja^e literario d las Ljlesias de Eupaiia, tom. XIV, \i. W'i). (2) ...Le enviaron d enseiiarla d olro convenlo, immediuto al pueblo de su nacimiento (Espafia sagrada). Ce couvent ne pouvait être que celui J'Illc, très peu éloigné, en effet, de Bouleternère. 335 tonsuré. Cinq jours après, le iO du même mois, Monsei- gneur Ilyacintlio Serroni, évoque d'Orar)ge, lui conférait les ordres niineuis et le sous-diaconat, dans l'église du monastère de Sainl-Pierre-de-Galligans, à Gérone. Après avoir été employé pendant un certain temps comme lecteur ès-arts<*' au couvent de lieuss, il lut en- voyé à Vieil, pour s'y appliquer à l'étude de la pliilo- sopliic scolasti(pie, et probablement aussi de la théologie. Les succès de notre religieux dans ces deuv sciences, justifièrent amplement les espérances de tous cenv qui le connaissaient, et on n'admirait pas moins l'étendue de ses connaissances et son rare talent d'exposition, que sa prodigieuse facilité et la pureté de son langage. C'est sur ces entrefaites (|u'il fut promu, dans le cou- rant de l'année lOrii, au diaconat, et, le 10 décembre, au sacerdoce, par Ms' Raymond de Semmanat, évêque de Vieil. Appelé d'abord à professer la philosophie dans cette même ville de Vich, il y débuta dans la chaire en im- provisant un sermon qu'on l'avait prié de prononcer lorsque déjii la cérémonie était commencée. Nommé ensuite lecteur de théologie, il remplit successivement cette fonction à Gérone, à Tarragonc et à Barcelone, toujours avec succès et distinction ; et les fruits abon- danls (|u'il obtint, attestèrent rexcellence de sa méthode, non moins que la solidité de son enseignement, l ii de ses biographes nous apprend que, le plus souvent, il n'avait rien écrit de ce qui devait faire l'objet de la leçon, et que, nonobstant cela, ses arguments n'en étaient pas moins redoutables, surtout à cause de la linesse et de l'acuité lU; son esprit*-'. Délégué par sa province au Chapitre-général de Tolède, (1) C'est-à-dire, professeui' de grammaire. ("2) Voyez Espam sagrada, ioc. cit.. >5 lii- 336 il conquit tous les suflïages par sa science et la douce modestie de ses manières. Comme il s'était acquis déjà dans l'Ordre une liante réputation, le Hévérendissime Père François Samaniet'O, alors (iénéral, le chargea de présider un des actes publics de théologie, (|ue les Frères Mineurs avaient Thahitude de tenir dans leurs assemblées capilulaires. Or, en pareille circonstance, le Général dési- gnait les religieux les plus distingués et les plus savants de chaque ])rovince. On lui avait adjoint pour soutenir la thèse le 11. P. Ignace Lianes, lecteur ès-arts au cou- vent de Tarragone et déjîi connu comme prédicateur dans toute la province, qu'il lut appelé a gouverner comme Provincial. Ces deux savants religieux méritèrent dans cette brillante lutte les applaudissements de tous leurs confrères présents à celte séance solennelle, et particu- lièrement la haute et llatteuse approbation du lî. P. Gé- néral, qui les félicita chaleureusement et les embrassa devant toute l'assemblée. Les hautes qualités du P. Michel Pontich le désignaient aux supérieurs de son Ordre, lue llatteuse récompense lui avait déjà été accordée : nous voulons parler de la jubilation, qui lui fut déférée après quinze ans passés dans l'exercice du professorat comme leclenr en théulogie''^K II fut successivement gardien de Tarragone et custode ; dans ces diverses positions, le P. Michel Pontich ne chercha à s'élever au-dessus de ses frères que par sa lidélilé à observer la règle de son Ordre, et surtout par le soin qu'il mettait à faire briller autour de lui la sainte vertu d'une parfaite humilité. Le pain venait-il à maïupier au couvent de Tarragone , le Père Michel Pontich , comme un simple frère-lai, se chargeait de la besace et allait demander l'aumône de porte en porte, se souvenant que (1) Le titre de lecleur jubilé était à peu près ce que fut jadis chez nous celui de professeur émérite. 337 saint François, dans le cliapilre VI de sa Règle, rappelle '^i'exeinple de notre divin Sauveur, qui, en venant sur la terre, voulut être pauvre par amour pour nous. On comprend combien cet acte de profonde liumililé, chez un religieux si éminenl, édifiait tous ceux qui le voyaient ainsi passer revêtu des livrées de TOrdre mendiant de Saint-François. Son archevêque, le Révérendissime D. Emmanuel d'Espi- nosa, en était particulièrement et profondément touché '*'. Aussi, toutes les fois que le bon religieux venait quêter à l'archevêché, le prélat lui remetlait-il cent pains jjour sa communauté; puis, prenant un des pains que le Père Gardien portail dans sa besace, il le coupait pieusement en plusieurs morceaux qu'il distribuait à tous les gens de sa maison, en leur recommandant de se nourrir de ce pain comme s'il avait été bénit par saint François lui-même. Ce fut sur ces entrefaites, vers 1670 ou 1674, que le Général de l'Ordre, voulant utiliser la science, la [)ru- dence et la sainteté du P. Michel Pontich, le choisit en qualité de commissaire-visiteur des couvents du royaume de Sardaigne. Celte honorable mission, qu'il s'empressa de remplir à la voix de son supérieur, ne servit qu'à faire ressorlir les qualités dont l'excellence avait déterminé le choix du Général; car, pendant tout le temps qu'il résida en Sardaigne, les religieux de cette contrée lui témoi- gnèrent toujours l'obéissance comme à un pasteur vigi- lant, en même temps qu'ils lui avaient voué un amour et un dévouement à toute épreuve comme à un père tendre et affectueux. Mais bientôt, le R. P. Marc Zarçosa, alors commissaire- général de l'Ordre pour les pays eu-deçà des monts, eut (1) Voyez rouvrai;e précédemment cité de Villaiiueva(tom. XX, Viage à Tarragona, p. 50—52). L'épiscopat de Mb'"" d'Espiuosa dura de 1664 à 1679. 22 338 connaissance des précieuses qualités du saiiu religieux et de la manière dont il avait rempli son importante mission en Sardaigne, alors que lui-même se trouvait custode- général de la province de Catalogne. Aussi, le désigna-t-il comme commissaire-visiteur pour la province de Valence. Peu de temps après, ce même P. Zarçosa ayant convoqué le chapitre-général de la province de Catalogne, qui s'as- sembla et se tint sous sa présidence, le 18 mars 168i, dans la ville de Reuss, au couvent de Jésus, le R. P. Michel Ponlich y fut élu Ministre-Provincial a l'unani- railé. Il remplissait en même temps la charge de Quali- ficateur de la sainte Inquisition. 11 y avait un an îi peine qu'il gouvernail ainsi l'Ordre Franciscain de la province de Catalogne, lorsque Monsei- gneur Sévère-Thomas Auter, qui occupait le siège épis- copal de Gérone depuis 1679 , fut transféré au siège métropolitain de Tortose <". La haute réputation que s'était acquise notre Provincial le désignait pour la dignité pastorale, et tels étaient les vœux de tous ceux qui le connaissaient. Aussi, n"était-il pas besoin que le marquis de Leganez le recommandât au souverain. Quoi qu'il en soit, Charles II, roi d'Espagne, ayant résolu de récom- penser le P. Ponlich de ses éminents services et de faire jouir tout un diocèse de son habile direction, le désigna comme évoque de Gérone. Celte heureuse nouvelle par- vint au Chapitre de celle ville, le o août de l'an 168o. Il est inutile de dire la joie qu'elle ût naître, et les féli- citations auxquelles elle donna lieu. Le P. Michel Ponlich, lorsque fut publiée et connue sa nomination a révêché de Gérone, se trouvait a Barcelone, oîi les devoirs de sa charge de Provincial le retenaient le (1) Voyez Villanueva. — Ce prélat, qui était natif de Puycerdâ et appartenait à l'Ordre de Saint-Dominique, ne mourut qu'en 1700, deux ans environ après M;-''' Ponticli . 339 plus souvent. C'est là qu'il reçut une députation du Cha- pitre de Gérone, envoyée [)Our le complimenter. Toutefois, nonobstant la nouvelle dignité dont il venait d'être revêtu, notre religieux continua de gouverner la I)rovince ])cndant près d'un an, jusqu'aux derniers jours de juin 1(586. A celte époque, il laissa l'administration de la province franciscaine de Catalogne aux soins du R. P. Joseph de Copons, alors définiteur, ancien provincial, lecteur jubilé, qualificateur du tribunal de l'Inquisition, commissaire et procureur-général près la Cour de Rome. 11 avait songé à se faire sacrer à Barcelone, dans l'église du couvent de Saint-François; mais il y renonça lorsqu'il apprit que M?»" Salazar, évêque de cette ville, parlait de faire préparer un dais magnifique pour la cérémonie, et il se retira humblement dans la petite ville d'Arenys-de- Mar^*', où se rendit M^'' J.-B. Desbach, évêque d'Urgell*-', qui lit la cérémonie de la consécration du nouvel évêque le 25 juillet 1686, assisté de Ms'" Antoine Pascual, évêque de Vich et de Ms'' Joseph Mora, auxiliaire de l'archevêque de Tarragone'-''. Le 8 octobre suivant <'^', le nouveau pontife iit son entrée solennelle dans sa ville épiscopale et prit posses- (1) C'est évidemment de cette ville qu'il est ici question, bien que les autours de VEqxiîia .sagrada la dt'si2[n(Mit sous le nom {VAirnys, et Villanueva sous le nom d\An'i)ijs-(lo-Vit ou ne suspendit ses actes intérieurs, si bien que de loin en loin on l'entendait même murmurer une parole. A une heure de l'après-midi, on lenlendit dire : « Le moment est arrivé; //a es liora... » et, a|)rès avoir répondu à toutes les prières pendant qu'on lui administrait rcxtrêmc-onclion . il demeura assis sur son séant pondant les litanies, demandant qu'on les récital 346 lentement afin qu'il pût suivre, et répondant même quel- quefois. Mais bientôt il perdit la parole, et, selon la recommandation qu'il en avait faite , on lui lut ses orai- sons jaculatoires. Les prières de la recommandation de l'âme furent récitées par les quatre chanoines (jui, à tour de rôle, étaient toujours auprès du prélat, et auxquels était venue se joindre une foule de prêtres, tant séculiers (pic réguliers. Il était quatre heures moins un quart, lorsque le vénérable pontife rendit son âme à Dieu. Il était âgé de soixante-huit ans et deux mois moins quatre jours, et avait occupé le siège épiscopal de Gérone pen- dant douze ans et demi, y compris ses trois ans et demi d'absence'''. A la nouvelle de la mort de leur premier pasteur, les habitants de la ville de Gérone firent bien voir, par la spontanéité et la vivacité de leur douleur, quelle grande place occupait dans leur cœur celui qu'ils venaient de perdre. On embauma son corps, qui fut exposé dans la grande salle du palais épiscopal. Les obsèques et le ser- vice funèbre furent célébrés le 29; mais la dépouille mortelle du prélat ne fut déposée que le lendemain dans le caveau qui lui avait été préparé; et, comme le Chapitre avait laissé aux exécuteurs testamentaires pleine liberté sur le choix de sa sépulture, on descendit le corps de l'évoque sous le presbiterium , à coté de Ms'' Arévalo Zuazo. Ce fut assurément une heureuse pensée que celle de réunir ainsi les deux évèques, qui, ayant occupé le siège de Gérone au commencement et à la Hn du xviF siècle, s'étaient rendus tous les deux célèbres à des titres divers, et spécialement par leur union avec leur Chapitre. Durant les deux jours qui s'étaient écoulés entre la mort et les obsècpies de Ms'' Poulicli, il fut manifestement (1) Le P. Coll csl loiiibt' dans rcrrciir, quand il indiiiue l'année 1098, comme lit date de la nuirt de Mb''' Ponticii. I à 347 constaté que les articulations restaient parlailenient flexi- bles. Lorsque, au bout d'une année, on fit de nouveau la visite du corps, il lut trouvé tel qu'il avait été vu lors de la cérémonie funèbre. C'est ce que nous apprennent les graves auteurs de VEspana sngradn. Voici l'inscription qui tut gravée sur son tomheau, et qui nous a été conservée par le P. Villanueva*^'. Nous la reproduisons ici, à cause de la singularité de sa rédaction en pbrascs léonines de quinze syllabes à béinisticbes rimes, bien plus que i)our son mérite littéraire : l). 0. M. Prorsus onini lande difjniis, Fr. Micliaël l'onlich, Paiipcruin l'alcr bcnigniis, artlens zelo, jdcet lue. Sedis liiijus alm;e prœsiil virlulem ilcmoiisinivit. A domo gallissiui; exul, annos quatuor pavit Dilcctiini sibi commisstim tôt grogem niaïui et ore. Ardue Iracîans remissum, dehilem sed amore. Quem religio minorum prccsidem jam feceral Ad exemplar dodiorum, Bula niundo dederat. Absqnc scalis ningniT» porta', pluros sunt mcmnriœ Qu;c lletuni irioveiit in morte, preccs alque rjloriœ. Annos terdecim Pastoris jam fere compleverat, Cùni finem tanti laboris pax Dei decreverat. Die XXVI januarii m dc xcix. Le siège épiscopal de Géronc fut vacant jusqu'au mois de mai suivant. Pondant cet espace de quatre mois, le diocèse l'ut gouverné par Don Isidore Bertran, grand- arcbidiacre, dont on vantait la sagesse et le zèle. M^' de Taberner, cbanoine de Tarragone et ancien magistrat, nommé évêque de Gérone, ne délégua son frère Don Félix, cbanoine do Barcolone, que le lO mai 1690, pour jjrendre en son nom possession du siège, et il ne lit (1) Vjnyï' (iicrarin à Ins Iglesias de Espaita, Icmi \IV, p l|-J-ll3. (>'esl le soûl auteur qui ait recueilli cette inscriptiou. 348 lui-même son entrée dans cette ville, que le 5 avril de l'année suivante. Pendant son épiscopat, la Catalogne ne devait pas être moins agitée que sous celui de Ms'" Pon- ticli, car la guerre de la succession se ])rcparait. Ajoutons (juelques mots sur les principales vertus qui brillèrent dans Ms'' Ponlich. La générosité et l'inépuisable charité du pontife étaient l'objet de l'admiration de tous; et, cependant, combien d'actes de bienfaisance, qui sont demeurés inconnus!... La guerre qui avait ensanglanté et dévasté la Catalogne pendant son épiscopat, lui fournit des occasions nom- breuses et signalées d'exercer cette charité aposloli(iue, qui était aussi pour lui la conséquence de ses vœux reli- gieux, et particulièrement de celui de pauvreté. Dix-huit églises de l'Ampourdan ayant été, durant celte guerre, saccagées et complètement dépouillées de tous les objets servant au culte, notre évoque, dans le court espace de temps qui s'écoula entre sa rentrée et sa mort, les pour- vut toutes, y employant des sommes considérables. Nous mentionnerons particulièrement l'église de Caslell-Fullit, qui avait été en parlie démolie lors du siège que ce point avait eu à soutenir contre la France, en IGOo, et à la restauration de laquelle il consacra, de ses deniers, plus de six mille livres. Rien n'échappait à sa sollicitude, qui n'excluait aucune église, aucune maison religieuse. Il donna un Enfant-Jésus en argent au couvent que les Chartreux avaient à Monta- lègre, et dans lequel un de ses neveux, D. Ignace Ponlich, avait pris l'habit religieux de cet Ordre"). Le couvent de (1) Don hmco Ponlich, né à Boulctcrnère, comme son oncle, vivait encore en Ht*]. Il a laissé un récit des Bévclations el faveurs célestes du vénérable Jean Fort, rharireux du couvent de Scala-Dei , et nn livre manuscrit, intitulé : L'Hameçon d'Or (\mnc\o de oro), recueilli et publié par les soins du savant Don Pedro Serra y Posljus (Voyez le P. Coll et D. Félix Torres Amat). 341) Saint-Michel d'Escornalhou, qui avait été érigé en maison de Missionnaires Franciscains sous le provincialal du R. P. Michel Ponlich, éprouva aussi l'effet des libéralités de l'évcque, qui y lit faire diverses constructions à ses frais <*>. Quand il quitta, en 1G97, le couvent de Reuss, qui devait lui être si cher, et qu'il rentra dans son diocèse, il laissa dans ce couvent divers souvenirs plus ou moins précieux, ornements d'église, garnitures d'autel, etc.'->. Peu après sa rentrée à Gérone (1608), il résolut de refaire les vitraux qu'on appelle les vitraux de TO *^', et que le bombardement avait brisés en 109i. Le généreux prélat donna à cet effet onze cents livres'*'; mais il ne put voir raccom|)lissement de ce travail, qui ne fui achevé qu'en 1706. En souvenir du donateur, on fit peindre sur les vitraux saint Michel son patron. Le couvent de Sainl-Krançois de sa ville épiscopale ne pouvait être oublié. Il ne dépensa pas moins de trois mille livres i)our faire dorer le magnifique retable du grand autel, et celui de l'autel des Saintes-Vierges, dédié à sainte Ursule et à ses compagnes <•'"'. En sa qualité d'Enfant de Saint François, l'évêque de Gérone avait une dévotion toute particulière à l'Imma- culée Conception de la très-sainte Vierge. Aussi voulut-il que l'église du couvent de Sainte-Claire de sa ville épis- copale, dont il posa la première |)ierre à la fin de sa vie, fut dédiée à Marie sous le vocable de sa Conception (1) Le P. Coll nous apprend que, dans le dernier siècle, on appelait encore c/iami;-e de l'Ereque, l'apparlement qu'il iiabitait, .qirès l'avoir fait construire et approprier à ses Irais. (2) Le P. Coll, loc. cit., § 790. (3) Eupuna sagrada. Ils étaient ainsi appelés, à ce qu'on croit, à cause de leur forme circulaire ou sphérique. (4) Le P. Coll. — L'Espaùu sagrada parle de 200 doubles (loc. cit §U5). (5) Cronka seraphica du P. Coll, liv. IV, cli. V, § 771. 350 Immaculée. Nous avons vu comment il avait lui-même appelé cette pierre le dernier degré de son escalier : la mort, en effet, l'empêcha de voir cette église achevée; mais ses largesses lui survivaient, car il laissait |)lus de sept mille livres pour son achèvement. Ce pieux et zélé disciple de la sainte pauvreté, se mon- tra toujours le père des pauvres. Il pourvoyait avec une admirable sollicitude à tous leurs besoins spirituels et corporels. Les militaires qui allaient l'aire leur garde à la porte Saint-Christophe étaient reçus à l'évèché, où ils trouvaient la table servie. Dans une occasion, une compa- gnie de cavalerie tout entière fut logée au palais épiscopal, dont les greniers étaient à la disposition des militaires. Il employa plus de quatre mille livres à la construction de salles pour les soldats malades dans Thôpital royal de Gérone, et l'hôpital de Sainte-Catherine de la même ville, reçut de notre évêque, peu de temps avant sa mort, un secours de huit mille livres. Enfin, l'hôpital royal du fort de Roses en avait reçu plus de trois mille. On peut juger, d'après cela, de ce que devaient être les aumônes particulières et secrètes du saint évoque, surtout à l'égard des pauvres honteux, qu'il soulageait toujours en proportion du rang et de la qualité des per- sonnes et des familles. La plupart des iilles pauvres de son diocèse recevaient du saint évêque, a l'occasion de leur mariage, un habil- lement neuf et une sonmie d'argent. Il fournissait très- souvent la dot de celles qui, étant sans fortune, désiraient entrer en religion. Enfin, il procurait du travail aux pauvres valides, et son palais était ouvert aux malheureux vieux ou infirmes, qui tous se retiraient amplement satisfaits de l'aumône qu'ils avaient reçue. Du reste, son majordome avait constaté que ce vertueux et charitable prélat donnait en aumônes et en bonnes œuvres bien au-delà des revenus de son évèché. 351 C'est ce que nous apprend le P. Coll. Il semble, en vérité, dirons-nous avec un autre de ses biographes <■>, que le Seigneur se plut à niulliplier visiblement les trésors dont il l'avait constitué dépositaire; car il était impossible qu'il pût, avec ses ressources ordinaires, l'aire face, dans des temps si calamiteux, à toutes les misères et à tous les besoins... Aussi, ne peut-on se l'aire une idée exacte de la désolation de tous les indigents à la nouvelle de sa mort : mieux (|ue tous, en effet, ils devaient sentir la grandeur de la perle qu'ils faisaient. Ce charitable prélat appelait les pauvres ses créanciers, et croyait avoir à se reprocher toute dépense qui n'avait pas en vue leur soula- gement. Citons un trait : Don Sulpice Pontich, neveu de l'évoque de Cérone, touchait, sur la mense épiscopale, une pension de 500 ducats (-1 Or, à une époque, il se trouva qu'il avait à recouvrer plusieurs annuités arriérées de cette pension et de quelques autres bénéfices. L'évêque, à la fm de ses jours, demanda a son neveu de renoncer à ces diverses sommes, pour en disposer en faveur des pauvres, et, selon ses propres expressions , pour leur rendre ce qui avait été consacré aux frais de son éducation et de ses études. Le chanoine y consentit volontiers. Cependant, l'évêque, craignant, dans l'intérêt de ses pauvres, que son neveu n'eût la pensée do revenir sur cette disposition, recom- manda de ne pas lui faire connaître le danger de mort dans lequel il se trouvait. On comprend bien que Don Sulpice ne put l'ignorer; mais il n'en respecta pas moins les volontés et les désirs de sou oncle, dont il recueillit le dernier soupir '-^^ Pour û juner une idée de son zèle pastoral, nous dirons (1) Espafia sayrada, loc. cit., § 147. (2) Environ 800 francs de notre monnaie. (^3) Kspuîia sayrada, loc. cit., § 148. 352 seulement que, non content de s'entourer de vicaires-géné- rau\ actifs et éclaires, de conseillers pieux et prudents, Ms'" Pontich voulait voir et faire par lui-même, autant qu'il le pouvait, tout ce qui touchait îi l'administration de son diocèse, persuadé que, devant le tribunal suprême, il ne pourrait dégager sa responsabilité, en objectant que tels et tels actes étaient à la charge de ses vicaires-généraux, de ses ofticiaux ou de ses curés. Aussi visitait-il par lui- même toutes les églises de son diocèse, sans tenir compte de l'éloignement des paroisses, de leur situation sur les montagnes et des dangers (pi'il devait affronter, souvent même dans un état de souffrance ou d'infirmité*^). Le roi d'Espagne, Charles H, nous disent ses biogra- phes, avait de lui une haute idée, et ses ministres, dans une circonstance, écrivirent a notre évêque pour le re- mercier, au nom du monarque lui-même, de tous les soins qu'il avait fait donner aux soldats, tant valides que ma- lades, et de tous les secours dont il les avait assistés. S'il observait des manquements ou des négligences dans le service du roi ei chez les gens du gouvernement, il transmettait discrètement un avis à cet égard; et s'il avait constaté un abus que l'influence du \ice-roi de Catalogne pût faire disparaître , il n'hésitait pas h s'a- dresser directement à lui. Par où l'on voit que la vigi- lance de l'évêque de Gérone était d'un grand poids dans les mesures prises par l'autorité. On affirme même que le passage de Saint-Pol<-' fut défendu par un fort, sur les instances de Ms'' Pontich, ce qui arrêta l'armée française, qu'attendaient d'ailleurs les Espagnols à Iloslalrich. Enfin, sans parler de son inépuisable sollicitude pour le progrès de la discipline ecclésiastique dans son diocèse, nous ne pouvons nous dispenser de mentionner un de (1) Espai'ia sagrada, loc. cit., § ill. (2) Situé près de la côte, entre Arenys et Calelle. 353 ses plus beaux titres de gloire, la célèbre collection des Assemblées sf/nodales de Gérone, dont les Conslitutious sont encore en vigueur. Cette colleciion, publiée dans celte ville en KJOl et formant un volume in-lblio, avait été mise en ordre et enrichie de commentaires par un savant jurisconsulte, I). Francisco Romaguera, natif de La Bisbal et contemporain de Mfc''' J^onlicli. Les notes et commentaires de ce légiste, dit Ms'' Félix Torres Amat*^*, sont une mine précieuse et une source féconde d'éclaircis- sements pour les canonistes, les casuisles et les curés. Tel est le récit succinct et bien incomplet de la vie de l'illustre Michel Poniich , évoque de Gérone. Puisse cet hommage rendu à sa mémoire vénérée être un nouvel écho de l'estime et de la considération dont nos compa- triotes, et particulièrement les bons habitants de Vinça et de Rouleternère, sont habitués à entourer cette noble et ancienne famille, a laquelle celui qui écrit ces pages est heureux d'être uni par des liens d'autant plus chers (ju'ils se formèrent presque sous l'épiscopat du saint prélat. Un mot en terminant sur le chanoine Don Sulpice Ponticîh, déjà connu du lecteur. Né à Bouleternèrc comme son oncle et Don fgnace, son frère, il avait terminé à quinze ans ses éludes de théologie, et pris à dix-huit ans ses grades de docteur en philosophie, en théologie et en droit. Chanoine de Gérone, il consacra ses loisirs à la composiliou d'un important ouvrage intitulé : Diclionnaire olphabclique de tant ce qui est relatif à l'Eglise et au Diocèse de Gérone, (1) Mt mot tas para mjudar a formar un diccionario critico de lot escritorcs cut:il(tnes. V» Romagucra. 23 354 dont le tome IV (in-folio) forme une Episcopologic de cet important diocèse, depuis la conquête de Charlemagne jusqu'en 1729. Il est impossible de se faire une juste idée des immenses rechciches que l'auteur dut faire dans diverses archives pour la composition de cet ou- vrage monumental, qui malheureusement n'a pas été imprimé. Don Sulpice avait encore écrit une Yie de Ms"" Michel Pontich, son oncle, laquelle, conservée manuscrite dans le couvent de Montalègre, a servi de principal document, ainsi que nous l'avons dit, a la Notice biographique de VEspana sagrada, qui nous a été à nous-mème d'un si puissant secours, avec celles du P. Coll et du P. Villa- nueva. 355 IIÎ LE R. P. MÉLITON DE PERPIGNAN, Capucin ( 1G80— 1755). Naissance et famille du 11. 1'. Méliton. — Ses études au couvent. Dignités aux(|uelies il est élevé : il devient neuf fuis ijurdicn , puis vicaire- provincial et (Ii'liniteur. — Sa mort. — Livres de Piété composés par le R. P. Méliton.— Ses grands ouvrages scientifiques. — 11 est nommé membre correspondant de l'Académie des Sciences et de plusieurs autres sociétés savantes. — Le II. P. Méliton artiste. Né à Perpignan vers 1680, ce religieux, issu de la famille de Llobet, entra dans l'Ordre des Capucins vers 1700 C, à l'âge de vingt ans environ, et prit le nom du saint évèque de Sardes, du courageux apologiste qui, vers la lin du second siècle, dénonçait à l'empereur Anlonin les vexations odieuses dont étaient victimes, dans les provinces d'Asie, les chrétiens lidèles à la loi de Jésus-Christ. Il s'appela désormais, non plus Fran- çois-Joseph DE Llouet, mais le Père Méliton, nom sous lequel il devait se rendre célèbre aux yeux de la postérité. Il parait bien que ses talents se développèrent et gran- dirent à l'ombre du cloitre; car il ne larda pas à être dési- gné par ses supérieurs en qualité de lecteur de philosophie, et puis de théologie, au couvent de Toulouse, chef-lieu de la province de TOrdre. Ses occupations dans renseigne- ment des sciences ecclésiastiques et la parfaite régularité qu'il apporta toujours dans l'exercice et l'accomplissement (1) Il nous a élé impossible de préciser ces deux dates. Du reste, on s'apercevra iiientôl que les documents nous manquent sur la vie du I\ .Méliton, et que la notice ([ue nous donnons ici est très-incomplète. 350 de ses tlevoirs de religieux, ne l'empêchèrent point de Gulliver les inalhémaliques et l'astronomie, sciences pour lesquelles il possédait une a|)litude toute pariiculière. Son mérite ne put rester ignoré et franchit l'enceinte du monastère. Il est même permis de supposer que (pichjues écrits littéraires ou sçieutiliques l'ayant l'ait connailrc et apprécier, ce fut durant son séjour dans la capitale du Languedoc, dans la docte et religieuse Toulouse, que l'Académie des Sciences de cette ville se l'associa comme membre titulaire et résidant, longtemps avant la pulilica- tion de son premier ouvrage scienlilique, jiaru en 1758. Le Père Méliton fut choisi six fois comme gardien ou supérieur du couvent de Perpignan, savoir : 1° le 11 septembre 17^2, au Chapitre de Carcassonne ; 2" le 7 septembre 1720, au Chapitre tenu dans la même ville; 50 le 50 mai 1727, au Chapitre de Castelnaudary; 4" le 12 mai 1750, à la Congrégation de Monipellier; o« le 3 septembre 1734, au Chapitre de Carcassonne; 6° eulin, le 12 septembre 1749, a la Congrégation Capitulaire de Montpellier, ce qui représente, en tout, dix ans de gar- diennat. Il dut assister, eu qualité de gardien sortant, aux Chapitres de Montpellier fl72i), de Casieluaudary (1727), de Narbonne (1728), de Béziers (1751), de Pézé- nas (1737) et de Castelnaudary (17o0). Le P. Méliton fut, en outre, gardien du couvent de Prades en 4728, gardien du couvent de Céret en 1729 et 1757, maître des novices, délinileur, etc., etc. Pendant ces divers gardiennats, nous le voyons prendre une part active aux missions du diocèse, et prêcher, en 1727 et 175G à La Real, en 1757 h Baixas, en 1749 à La Roque-d'Albère, etc.*^*. » (1) Sur la plupart des faits que nous rapportons ici, nous avons surtout consulté un ro;;islrc do l'ancien couvent des Capucins de Perpignan, qui n'était que rabréi;é de ses archives, auxquelles il est souvent renvoyé. Ce redstre, relié en parcheiuiii, et formant uu volume in-io, de 400 à 357 , Les talents supérieurs et la haute intelligence du Père Mélilon ne lui faisaient pas négliger les détails de la maison confiée à ses soins : c'est ce que nois révèlent les mémoires manuscrits déposés à la Biljliothèque de Perpignan , les seuls documents qui nous apprennent qucKpie chose sur la vie du savant capucin. Ainsi, nous voyons noire religieux s'occuper, en 1724, du porche extérieur de l'église, établir deux nouveaux confession- naux, ouvrir les deux arceaux du presbilerium, et [ilacer quatre grands prie-dieu avec leurs sièges sous ces mêmes arceaux, etc., etc. En 1726, h l'occasion du payement intégral de la somme de douze cents livres, qui avait été léguée au couvent en 1721 par M. François Collard, caissier du trésorier de l'armée d'Espagne (à la charge de priei- Dieu pour lui), le P. Mélilon avait transcrit la note suivante sur le registre du couvent : « ...Toutes les fois que j'ai « reçu des payements partiels de cette somme, je me suis « acquitté de ce que je devais de justice et de reconnais- n: sauce à feu M. Collard, en app!iqi;aat à son intention « les messes, communions, jeûnes, disciplines, etc., des « religieux de la communauté. Je mets cette note pour « conserver la mémoire de notre bienfaiteur. Ce 29 dé- « cembre 1720. Fr. Mélilon. cap. cl rjard. indA^K » L'année suivante (1727), fut donnée à Perpignan une grande mission, (jui ne dura pas moins d'un mois et demi environ, c'est-h-dire , du IG novembre au 28 dé- cembre. Le P. Mélilon, alors gardien du couvent de Perpignan, y prit une part active. 11 y avait trente mis- 500 pages , est intitulé : Mémoires du couvent des Capucins de Perpi- gnan, iTcuciliis par \n ï\. P. (Irtliricl de Saiul-Nazairc, iraidicn dn couvent, l'ail 1(')U3, et coutiiuiés, depuis, par les gardiens suivants ( I^ibliotlièque de Perpignan, section des Mnnuscrils, n" 9). (1) Frère Mélilon, rnpucin ni qnrdien indiijnc Celait la signature ordinaire. 358 sioiinaires de l'Ordre des Capucins. Le R. P. ÉlicDiic de Caslillon, provincial, dirigeait la mission; le R. V. Uvacintlie de Toulouse prêchait tous les soirs à Saint- Jean; le P. Léopold de Limoges et le P. Emmanuel de Chalabre prêcliaienl alternativement le matin ; le R. P. Télespbore faisait les conférences, et le R. P. Clcmeul de Saint-Germain donnait les retraites à la chapelle du Christ.'Ce n'est pas tout : le R. P. Joseph de Carcas- sonne fit la retraite aux abbés et prêcha aux soldats; eniin , le P. Agathonge de Lavaur prêchait le malin à La Real, où le R. P. Méliton se faisait entendre le soir, après les catéchismes, dirigés par le P. Aphrodisc de Réziers. Cette mission, dont le R. P. Méliton nous a lui-même laissé un récit succinct, produisit de très-grands fruits dans la ville de Perpignan et procura aux ouvriers évangéliques d'innombrables consolations, ainsi qu'il le déclarait sur le registre déjà cité. Au mois d'avril 1750, eut lieu dans les divers cou- vents de Capucins, une magnifique et touchante solen- nité, à l'occasion de la béatification du Vénérable Fidèle de Sigmaringen^^l Durant trois jours (-', les cérémonies furent accomplies avec pompe dans l'église du couvent de Perpignan, brillamment décorée et illuminée. Les préparatifs et l'ordonnance de la fête furent dirigés par le R. P. Méliton, qui se trouvait encore gardien, et dont le récit se trouve consigné dans le manuscrit de notre bibliothèque. La veille, '25 avril au soir, la fête fut an- (1) Ce saint missionnaire, dont on fiM(''brc la fiHc le 2i avril, était entré à 3i ans dans lOrdre des Cainiciiis, après avoir exercé avec snccès la profession d'avocat. Il avait déjà opéré d'innombraliles conversions parmi les hérétiiiues, lorsfpril fut envoyé dans le pays des Grisons, où les chefs des sectaires, feignant de vouloir se convertir, le massacrèrenl, le 2i avril l(i22. 11 a été, plus tard, solennellement canonisé par Benoit XIV. (2) C'est ce qui a fait apiieler liidim la fête (|ui a lieu It l'occasion d'une béatification ou d'une canonisation. noncée el puhliéo par douze cricurs publics on robe rouge, accompagnés par (|uaraiile tambours de la gar- nison. M?"" de Grammont de Lanta, évêipic d'EInc, vint ce même jour au couvent , accompagné de ses archi- diacres et de ses aumôniers : il nolida et promulgua la bulle de béatification ; après quoi, il entonna le Td Deiim, qui fut clianlé en musi(pie, et donna la bénédiction. Le lendemain, 21 avril, premier jour de la solennité, tous les Pères du couvent allèrent chercher processionnellemeni le Chapitre de la Cathédrale pour la grand'messe, qui lut célébrée par M. de Sallèlos; le soir, après les vêpres, chantées en musique comme la grand'messe, il y eut sermon prêciié par M. Vernet, bénéficier de Saint-Jean et prolesseur royal. La bénédiction couronna la céré- monie; après quoi, les religieux allèrent, comme le matin, accompagner processionnellement le Chapitre h Saint- Jean, musique en tête. Les Consuls assistèrent en robe à cette procession : ils avaient diné au couvent, ainsi que les membres du Chapitre. Le 25 avril , second jour du Iridno, le chanoine Quéralt ofiicia, assisté de deux autres chanoines el de plusieurs membres du clergé diocésain. Tout fui chanté en musique comme la veille; la céré- monie se termina par un sermon du P. Hyacinthe de Toulouse el par la bénédiction du Très-Sainl-.Sacrement. Le lendemain, troisième jour du Iriduo, les religieux allèrent en procession chercher les prêtres de la commu- nauté de La Piéal, qui firent rolficc au couvent. L'offi- ciant fut M. Saunier, chanoine et vicaire-général; et le soir, le panégyrique du Bienheureux fui prononcé par le R. P. Coste, dominicain el professeur de théologie. Le P. Mélilun ne manque pas de faire observer que les frais de celle fêle furent couverts par le produit des (piêles abondantes faites à cette occasion parmi les fidè- les, dont le concours et la générosité fiu'ent au-delà de toiilo expression. Les religieux qui se distinguèrent jjIus 360 particulièrement dans l'ordonnance do la fêle, furent le P. Isidore de Perpignan, le P. Jean-François de Prades, sans oublier le P. Jean-Joseph de Gaillac, qui prépara les feux d'artifice. Durant le cours de cette même année (1750), le Pi. P. Méliton fut préoccupe par quel(]ues enibarr; s qui sur- vinrent de la part des ingénieurs ou des préposés de rinlendanl. Voici dans quelles circonstances : Dans le mois de mai, on travaillait h la grande allée (jui longeait le mur du jardin du couvent"'; or, les ingénieurs vou- lant suivre le niveau fixé pour cette allée, avaient beau- coup trop abaissé le terrain le long de ce mur, dont les fondements étaient en partie découverts. Le P. Méliton, en qualité de gardien, demanda et obtint la consolidation de ce mur et l'établissement d'ép.anclioirs sur cette allée. Vers le mois de décembre suivant, le P. Méliton, après avoir secondé les plans de l'Intendant par des travaux considérables ^-^ avait permis aux ouvriers de ce dernier de déposer dans le préau du monastère tons leurs outils, pioches, piquets, brouettes, etc.; or, une partie de ces objets vint à disparaître, et force fut, pour protester contre les soupçons que des personnes malveillantes semblaient diriger contre les gens du couvent, de signifier au préposé de l'Intendant que la permission de déposer ces objets serait retirée pour l'avenir, vu que le préau était un lieu à peu près public, et conséquemment peu sûr. (!) On sait que rancicn rouvcnt des Capucins riait situé en lace de la Pépinière, à gauche de la roule de Prades. I/allée dont il est ici question, qui était à peu près sur remplacement ou dans le sens de cette route, s'appelait alors Cours de Mo'' de Jallais, du nom d'un Intendant aimé dans la province. Indépendamment de l'agrément que celle allée pouvait procurer au couvent, elle servait de digue pour en éloigner la rivière. (2) Notamment, par un doulde mur, construil le long du ruisseau (pii longeait le couvent, etc. Du reste, il faut dire que l'Intendant, de son côté, dédommagea les Pères Capucins des impenses faites à celle occasion. 361 Durant rintervalle ({ui s'ccoula entre son ciii(]uiènie et son sixième l'anliennat a Perpignan, nous voyons le P. Méiiton remplir les fonctions de i^^ardicii par la Société Royale des Sciences de Montpellier, sur le rapport de deux de ses membres qui avaient été chargés d'examiner le livre. Le 18 décembre suivant, une approbation plus (1) Les 14 février et 21 mai 1740. Dans la secoiule approbalion, le Général des Capucins donne au P. iMéiilon le titre iaPro comitiis nostris (jeueralibus custos. (2) Le 11 févàer 1740. 366 haute et plus flatteuse, au point de vue de la science, était attachée h cet ouvrage : Tapprobalion de l'Académie Royale des Sciences de Paris, signée par l'illustre Fon- tenelle, alors secrétaire-perpétuel. N'oublions i)as que le savant Cassini fut un des deux académiciens chargés de rendre compte de l'ouvrage du P. Méliton, nommé quel- que temps après membre correspondant de l'Académie des Sciences (^*, et honoré des félicitations des plus célèbres astronomes de l'époque. Enlin, le 25 juin 1742, l'Aca- démie des Sciences de Toulouse, approuvait hautement la publication de l'ouvrage, encore manuscrit, de son associé, et ajoutait, après avoir proclamé la grande utilité de la Gregoriana correctio , que ce livre faisait le plus grand honneur au R. P. Méliton. Inutile de dire que les nombreuses sociétés savantes auxquelles cet ouvrage avait été soumis, constatèrent la justesse et l'exactitude des calculs de l'auteur, la clarté et la solidité de ses raisonnements, la portée judicieuse de ses réflexions. L'Académie Royale des Sciences, en parti- culier, en rendant hommage aux recherches curieuses que présentait ce livre, déclarait «que la substitution faite « par l'auteur des épactes des pleines lunes a celles des « nouvelles , au moyen de laquelle le calcul était singu- « lièrement abrégé et notablement simplifié, était très- « ingénieuse , et qu'en général tout l'ouvrage dénotait « beaucoup de sagacité et de connaissance de cette ma- « tière dans l'auteur, qui l'avait traitée d'une manière « nette et précise... » Toutefois, nonobstant ces flatteuses approbations don- nées à l'ouvrage du P. Méliton , nonobstant la vaste et solide science dont il était la preuve, son livre fut attaqué en Italie par D. Rettazzi, de Prato, curé ^-^ du diocèse de (1) Le diplôme lui fut expédié le 29 novembre 1746. (2) Piovano , comme en lutin plebanus . dans le sens de rccior ou 367 Pisloie, en Toscane, et auteur (run livre intitulé : Epitome Operis Paschalis^ public à Florence en 1753. La nouvelle dissertation du criti(|uc italien fut composée en langue vulgaire et imprimée à Lucques, sons ce titre : Soilimeiito del Piovano Jacopo BE'rTA/.zi, (// Prato, in tnrno cl Uhro del mollo Uev. P. Melitone, du Prrpignano^^K L'auteur, en envoyant au P. Méliton un exemplaire de son mémoire, prolestait que, s'il avait employé l'idiome vulgaire, pour combattre un ouvrage scientilitpie écrit en latin , c'avait été, non |)oint pour pouvoir rabaisser impunément le livre du capucin auprès des ignorants, mais seulement afin d'être compris de ceux de ses amis (jui ne connaissaient pas la langue ecclésiastique. La défense que prépara immédiatement le P. Méliton, ne parut qu'en 174o, lorsqu'il était à Montpellier*-'. La publication en avait été retardée , d'abord , parce que le P. Méliton dut recourir a un interprète pour se l'aire traduire le mémoire italien de Bettazzi; en second lieu, parce qu'il dut se procurer VEpitome Operis Paschalis , auquel l'auteur renvoyait souvent dans son mémoire, et sur lequel il tondait ses griefs contre les tliéories du sa- vant capucin; enfin, parce que la mort du R. P. Pro- vincial étant survenue sur ces entrefaites, le P. Méliton s'était trouvé occupé par les fonctions de sa charge de Vicaire-Provincial, comme nous l'avons dit plus haut. Dans sa défense ou Apologia, écrite aussi en latin, le P. Méliton, suivant pas h pas chacune des objections de son adversaire, établit contre Bettazzi : 1° l'exactitude et parochus , quasi plebis dominus aut magisler, id est, qui plebi prœest (Glossaire i! ^ Du Cange). (1) Opinion du curé i. Dettazzi, de Prato, sur l'ourrauf du Irès- Hévérr.ud Père iMéliton, de Perpiynan. Cette criticiue pmul en 11 H. (2) Celte défense ou apologia formait une brocliure in-i" de 70 pages, jointe (|uel(iuelois à la suite du grand ouvrage. 368 la supériorité de la réforme grégorienne, attaquée clle- mèrue par le critique italien ; 2" l'avantage de ses calculs, dont il justilie la précision, en repoussant ceux qu'avait proposés ïkltazzi dans son Epilome. Après cette polémique, dans laquelle nous pouvons bien dire, sans craindre d'être accusé de prévention ou de partialité, que l'avantage resta tout entier au capucin- astronome, celui-ci envoya au savant Henoit XiV, qui occupait alors la chaire de Saint-Pierre, un exemplaire de son grand ouvrage et de sa drfensc. il reçut, à l'occa- sion de cet envoi, le 8 janvier 1746, une lettre appro- bative des plus llalleuses du Souverain Pontife. A l'activité dans l'administration des couvents qu'il eut a diriger, au ministère actif de la prédication qu'il exerça si souvent et avec tant de fruit, aux talents de l'écrivain ascétique et du théologien, le P. Méliton ne joignit pas seulement la connaissance et l'étude solide des sciences exactes : il fut encore artiste, et artiste in- venteur... Je veux parler des soins qu'il sut donner a la simplification d'un système de mosaïques, exposé et développé par son auteur dans un ouvrage curieux à plusieurs titres, et dont on peut consulter, dans la Biblio- thèque publique de Perpignan, le manuscrit demeuré inédit jusqu'à ce jour. Cet ouvrage a pour titre : Traité des carreaux de deux couleurs, mi-parlis par une diatjonale'^^K L'auteur entend par carreau l'assemblage de deux triangles isocèles de deux couleurs, susceptibles de recevoir deux positions différentes, suivant qu'ils sont placés sur les côtés ou sur les angles. Or, le P. Mélilon expose une méthode qui permet de produire une variété presque infinie de (1) Le texte latin et la tradu(;tion franraise sont en re!,'ard. Voici le titre latin de rouvra!];c : Trnclatits dclateirulis bicoloribiis lineâ diar/onali bipurtitis , methoduin adstrui-ns , quâ inter varias ac pené iufiiùlux ichnographias possibiles seliguntur eleganliores. 369 dessins, par les nombreuses combinaisons de ces deux positions et avec l'unique secours de deux couleurs. On peut distinguer clans l'ouvrage manuscrit du P. Méli- ton deux parties bien distinctes. Dans la première partie, toute scientiliquc, et qui comprend les deux tiers de l'ouvrage, l'auteur, à l'aide de nombreux calculs et de savantes théories, développe son système avec une rare clarté. Ces pages dénotent chez le savant capucin une profonde connaissance des mathématiques, une forte application au travail, enlin la simplicité dans la méthode exposée. La seconde partie, embrassant l'autre tiers du volume et comprenant 89 planches, est à la fois artis- tique et mécanique; car elle présente l'heureuse appli- cation de cette méthode. D'après l'opinion déjuges éclai- rés et compétents, cette seconde partie pourrait, à la rigueur, être considérée comme la seule vraiment utile au fabricant et à l'ouvrier, si ce bel et curieux ouvrage du P. Méliton était jamais livré au public. Ce qui est certain, c'est que les nombreuses ligures contenues dans chaque planche, étonnent par la variété et la régularité des dessins obtenus au moyen de deux seules couleurs; si bien qu'on ne sait ce qu'il faut admirer le plus, ou de la grâce ingénieuse de ces dessins, ou de la savante complication des ligures, dont certaines sont composées de 64 et même de 100 carreaux. Il existe deux exemplaires manuscrits de cet ouvrage : l'un à la Bibliothèque Impériale, à Paris; l'autre à la Bibliothèque de Perpignan (^'. Ce dernier, qui provient de l'ancien couvent des Capucins de celte ville, forme un volume in-i", écrit de la main même du P. Méliton et portant \i date de 1724. (2) Opus quQdservatur, uiiuoi Pansiis.iiiBibJiotheca Regia, etaliud in Cûnvcnlu Mstro Perpiiiiani (BMioÛiecd scrip'.oraiu Grdiuis Miiiorum S. Francisci Canjcciuoruin). 24 370 Celte œuvre dei notre religieux avait été soumise à l'Académie des Sciences de Paris, dans le sein de la- quelle elle fil l'objet d'un rapport favorable et Irès- clogieux de Fontenelle, qui devait, quelques années plus tard, apprécier si avantageusement la Gregoriana cor- redio u[us!rata, composée par le même auteur ^^>. « Il y « a dans cet ouvrage, disait l'illustre académicien, beau- « coup de métho Je et de travail ; il ajoute à ce que le « R. P. Donat, religieux Carme, avait ingénieusement « trouvé sur cette matière. Cette méthode, plus juste et « plus courte que celle du li. P. Sébastien Fruchet. meni- « bre honoraire de l'Académie des Sciences, produit un « nombre infini d'arrangements différents qui n'avaient ce pas été trouvés, et en règle le choix... » L'Académie de Monlpellier, qui avait aussi approuvé et très-honorable- ment mentionné le livre du P. Méliion, ajoutait qu'il serait « d'une grande utilité au public, surtout pour le pavé des « églises et des grandes salles, où ces combinaisons et chan- ce gemenls pourraient paraître dans toute leur étendue. » On doit donc regretter qu'une œuvre de cette nature, d'ailleurs honorée des approbations nécessaires pour qu'il pût être procédé à sa publication, soit demeurée inédile, et à peu près ignorée, même en Roussillon. Le P. Bernard de Bologne nous apprend que le P. Méliton, voyant que l'impression de son ouvrage et surtout la reproduction des planch'îs, entraîneraient des frais considérables et peu compatibles avec la pauvreté des Frères Mineurs, avait insisté lui-même pour empêcher sa publication'-*. Espérons qu'elle sera enfin entreprise, ne fût-ce que dans l'intérêt de l'industrie. (1) Co rapport est inscrit dans les registres de l'Académie des Sciences, à la datri du "20 février 1723. (2) Opus.... oh militas ichnographius sumplti non mediovri nostrœ paupertati non congruo exculpendas impcditum ah audore ne in Iticem prodirel. 371 VIGAHOSY, y-M II» JOSEPH SiRVEW, membre résidant. Les lettres et le département de l'Âriége, ont fait une perle sensible dans la personne do M. Vigarosy (Anloine- Benoîl), chevalier de la Lcgion-d'llonneiir, maire de Mire- poix, ancien membre et président du Conseil-Général de l'Ariége, membre de plusieurs Sociétés Académiques, décédé le 16 mars 1837, à l'âge de soixante-huit ans. Jeune encore, il embrassa par inclination la carrière des armes, où il obtint de beaux succès; les événements politiques de iSli, le trouvèrent capitaine d'état-major. Le licenciement de Tarmée, qui eut lieu à cette époque, en brisant son épée, le ramena à Mirepoix, au sein de sa famille. Dans ses loisirs, il aimait à se livrer au doux commerce des lettres. Diverses compositions, en prose et en vers, qu'il mit successivement au jour, contribuèrent à lixer sur lui ralleulion publique; les écrivains distingués de l'é- poque l'encouragèrent et applaudirent ses heureux essais; des académies en renom de la province s'empressèrent de l'associer a leurs travaux, et le Midi s'enorgueil it bientôt de compter parmi ses enfants un poète de plus, riche d'avenir. En 1850, nommé maire de Mirepoix, il a rempli ces fonctions honorables et souvent difficiles jus{ju'à sa mort, au gré de tous, se faisant aimer et respecter de ses admi- nistrés, dont ii était le (tèrc et le prolcclour le |)lus dévoué. Aussi, voulurent-ils lui donner une preuve d(t haute con- liance en l'envoyant siéger au Conseil-Géaéral de leur département, où il occupa la première place. 372 En 1832, cédant aux sollicitations pressantes de ses amis, il se décida à publier un volume de fables, quelque temps après un volume de poésies, intitulé : L'Amaryllis. M. Edouard de Puycousin, directeur des Revues de Nimes et de Montpellier, à propos de la publication de ce dernier ouvrage, formula alors en ces termes son opinion sur le mérite littéraire des œuvres du poète ariégeois : « Au nombre des hommes, dont les écrits font depuis « longtemps le plus |d'honneur à la littérature dans le «Midi, on peut incontestablement ranger M. Vigarosy. « Poète brillant et facile , autant que prosateur d'un « goût sévère et pur, les journaux, les annales littéraires, « les annuaires, les keepsakes, répétèrent longtemps les «r accents qu'il modulait du fond des Pyrénées. « Si par ses fables si bien contées, si pleines de grâce « et de naturel, et dont la publicité lui valut, il y a quel- ce ques années, le surnom de Fabuliste du Midi, M. Viga- « rosy a pris rang parmi les Florian, les Arnault, les Sé- « gur, les Jauffret, les Gosse, les Le Baiily, on peut dire « que par ses méditations, ses tableaux, ses souvenirs, il a « mérité aussi une des premières places parmi les poètes « de nos jours qui se sont distingués par la grâce de « l'expression et la force de la pensée. Correspondant de la Société Agricole , Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales, M. Vigarosy comptait dans celte Société des admirateurs de son talent qu'il honorait d'une estime particulière. Or, en payant un tri- but à la mémoire du littérateur, nous n'oublions pas l'ami dévoué dont la bienveillance toute cordiale, toute sympa- thique, nous a fait plus vivement sentir combien sa perte doit nous laisser de profonds et d'éternels regrets. 373 AVALISE CIllllIÛl'E DE LA STÉATITE DE HOSSET, Par U. liéom FEunEa, Pharmacien de ire classe, Secrétaire du Conseil d'Hygiène publique et de Salubrité, membre résidant. On lit dans Anglada : « Ce qui mérite surtout d'être signalé à l'intérêt des naturalistes, pour les excursions dont Molitg peut devenir le pivot, c'est non-seulement la richesse de la flore de la montagne de Mosset, mais encore une belle formation de stéatitc que l'on y découvre dans cette portion de territoire que l'on connaît sous le nom de .fasse dcl Callau. » M. le docteur Companyo décrit aussi cette espèce miné- ralogique dans son intéressant Traité d'Histoire naturelle des Pyrénées-Orientales , et la désigne sous le nom de stéatite ou craie de Briançon. Je viens d'avoir l'occasion d'étudier ce minéral, qu'on trouve associé au quartz hyalin et à la chaux carhonatée, sur plusieurs échantillons qui m'ont été apportés de ilosset. Il est compacte, tendre, onctueux et même savonneux, comme la stéatite; mais la proportion d'alumine qui entre dans sa composition chimique le fait appartenir à une espèce distincte de la sléalite, quoique très-voisine. La stéatite ou talc compacte, fait partie, avec le talc foliacé ou laminaire et le talc écailleuxO, de l'espèce talc. Ces diverses sortes de talc ont pour caractère commun d'être composées de silice et de magnésie dans des pro- portions presque identiques, avec une quantité d'eau va- viable. F^'alumine n'entre pas dans leur con^position, et, si exceptionnellement (pielques échantillons en ont fourni à l'analyse, c'est en très-petite quantité. Un échantillon de talc écailleux, analysé par Vauquelin, a donné i,oO d'alu- (1) C'est une variété de talc écailleux, d'un assez beau blanc, qui existe a>ix environs de Briançon, qu'on appelle improprement Craie de Briançon. 374 mine pour cent; un cchanlillou de siéatitc a conné à un chimiste allemand, Tengstroem, 0,78 p. 7o seul-mient. Les autres analyses que je connais de diflerenies variétés de talc, ne nienlionnonl pas la présence de l'alui line. Sous le noiii de soponite, M. Leymeric rassemble, pour en faire une espèce distincte, des minéraux lompactes, très-voisins de la stéatite, qu'on a appelés pierre à savon, saponile, cérolUc , et chez lesquels l'analyse indique un hydro silicale de magnésie, avec 8 a 10 p. 7o d'alumine. Le minéral qui nous occupe contient, d'après l'analyse que j'en ai laite et que je rapporte plus bas, 8,82 p. % d'alumine. Le nom de saponite lui conviendrait donc, et j'auriàs proposé de le lui donner, si M. Nicklès n'avait jeté récemment un peu de confusion sur ce nom, en l'appli- quant à un minéral trouvé à Plombières, qui selcn l'analyse qu'il en a présentée a l'Académie des Sciences, est un hydro silicale d'alumine, ne contenant que des traces de magnésie. Je conserverai à notre espèce minéralogique del Callau de Mosset, le nom de stéatile, mais en lui ajoutant le mot alumineuse, pour la distinguer de la sléatite proprement dite. Elle m'a donné a l'analyse : Silice 59,70 Magnésie 28,08 Alumine 8,82 Eau 3,40 100,00 Au lieu de la considérer comme un silicate de magnésie simple contenant de l'alumine, j'admettrais plus volontiers que l'alumine y existe à l'état de silicate d'alumine, et que cette espèce minéralogique est un silicate double de magné- sie et d'alumine. En discutant les résultats de mon analyse dans cette hypothèse, on trouve un équivalent d'alumine silicalée Al-"0' SiO% uni h un équivalent de magnésie silicalée de la fornmle TMgO , (îSiO' ( cette formule exprime la composition la plus habituelle des silicates magnésiens naturels) et enfin, 2 équivalents d'eau. La formule de la stéatite alumineuse de Mosset, serait donc : Mg^ SÏ« -{- Xi' Si-f-H'. 375 YKRS ADRESSÉS A MONSEIGNEUR GERBET, LORS DE SA VISITE AU COLLÈGE DE PERPIGNAN, POUR Y ADMIN13TRER LE SACREMENT DE LA CONFIRMATION. Monseigneur , Quand près de remonter vers son père et le nôtre, Pour la dernière fois exhortant cliaque apôtre. Allez, leur dit Jésus, parcourez l'Univers, Et semez ma parole en mille endroits divers; Surtout ajouta-l-il, observant mes exemples, Répandez-la d'abord dans les plus humbles temples; Qu'elle soit prodiguée à ces infortunés. Qui, dès l'aube du jour vers la terre inclinés, Subissent sans répit le jugement sévère Contre l'homme porté par mon céleste père. Les apôtres, suivant le vœu de Jésus-Christ, Et bientôt cnnanimés do son divin esprit, En firent rayonner les sublimes lumières Chez les humbles de cœur, dans les simples chaumières, D'où la foi s'éleva jusqu'au cœur d'Augustin Et monta sur le trône au front de Constantin. Éloquent héritier de ces élus célèbres. Qui du monde romain dissipant les ténèbres, Même aux plus aveuglés dessillèrent les yeux, A peine de la Somme arrivé dans ces lieux. Vous avez. Monseigneur, parcouru nos campagnes, Visité nos vallons, et franchi nos montagnes, Partout du Saint-Esprit distribuant les dons, Et partout de respect faisant d'amples moissons. 376 El nous disions alors: quand donc en celte cnceinle Vicndra-l-il sur nos fronls répandre l'huile sainle? Quand voudra-1-il aussi nous voir et nous bénir? Nos cœurs étaient tournés vers ce doux avenir, Lorsque vous rappelant que le Sauveur lui-même Avait dil : Approchez, mes enfants, vous que j'aime! Ah! qu'on permello à tous d'arriver jusqu'à moi! Vous venez, agitant nos cœurs d'un saint émoi, Vous venez, Monseigneur, de votre main auguste, En notre âme imprimer le divin sceau du juste: Nous serons désormais vos enfants devant Dieu; Fiers de ce nom sans prix en tout temps, en tout lieu, Illuminés d'ailleurs de la vive étincelle Qui nous va pénétrer, quel courage et quel zèle Ne déploirons-nous pas, pour orner chaque jour Nos esprits de talents, nos cœurs d'un saint amour, Pour rendre noire vie utile el fortunée, El mériter la gloire aux élus destinée; Mais si jamais leur foi venait à chanceler, Vos enfants, Monseigneur, pi-ompts à se rappeler Vos exemples louchants, voire vertu sublime, Retrouveraient soudain l'ardeur qui les anime. Sur le Irùne, dil-on, le plus grand des guerriers, Eslimanl à leur prix son litre cl ses lauriers, S'écria : Mes amis, ma plus belle journée Fui celle où dans mon cœur, en ma douzième année, Pour la première fois je reçus Jésus-Chrisl ! • Touchés de son exemple et pleins de son esprit, Nous aurons. Monseigneur, présent dans la mémoire, Jusqu'au dernier soupir, cet heureux jour de gloire, Où Jésus, en vos mains, fait briller à nos yeux Le signe qui peut seul nous guider vers les cicux ! !.. FARRR, Secrétaire de la Société. Professeur en rolraite. 377 LA CHARITÉ. (isti».) Fille du ciel, la Charité, D'un ange a le doux caractère ; Elle calme, par sa bonté, Les maux cruels de cette terre. Qui ne chérit ses douces lois? Et, précédant les saints apôtres. Elle apprit aux peuples, aux rois, A s'assister les uns les autres. L'homme, sous le poids du chagrin, A sa voix prie et se console ; Elle est mère de l'orphelin Que repousse un monde frivole; Sa main, à flots, verse sur nous Les biens que la Vierge lui donne; Et l'incrédule, à deux genoux. L'appelle quand tout l'abandonne. Voyez cette famille en pleurs, Mourant de faim dans sa chaumière; Elle s'abreuve des douleurs Que connaît seule la misère; Mais pour elle brille soudain L'étoile au malheur si propice: Elle renaît, elle a du pain. Grâce à la sainte protectrice. 378 Elle créa la bonne Sœur, El la plaça dans cet asile Où l'infortune et la douleur Trouvent enfin un port tranquille, Où reçoit les mêmes recouis Le chrétien comme l'infidèle : La Charité sera toujours. Ici-bas, un divin modèle. A Madame Elle bénit votre berceau, Et vous anima de la flamme D'où naît ce sentiment si beau Que l'on admire en vous, Madame; Et chaque jour, faisant le bien. Vous êtes, par votre assistance. Aux yeux du pauvre sans soutien , Une seconde Providence! Joseph SIRVEN, Membre de plusieurs Sociétés Académiques. 379 LES GRUES D'IBICUS. ANECDOTE HISTORIQUE. L'avide malfaiteur, qui médite un .^rand crime, D'ombres enveloppé va cliercher sa victime, Dans l'espoir de soustraire aux regards des humains Son forfait et le sang dont il rougit ses mains. Vaines précautions! Mille fois un indice Le livre sur le champ au fer de la justice. La trompe-t-il d'abord? Il ne trompe pas Dieu; Dieu, dont Fœil vigilant, en tout temps, en tout lieu, Le poursuit jusqu'au jour où la vérité pure Perce de ses rayons la nuit la plus obscure, Lorsqu'enfin, à défaut d'un dénonciateur, Le coupable devient son propre accusateur. Quels crimes, en effet, dès le berceau du monde, Commis par notre race en méfaits si féconde, Restèrent impunis? Je pourrais longuement Citer ceux que suivit un juste chAtiment; Mais au lieu d'entreprendre une tâche inutile. Prenons aux temps anciens un exemple entre mille : Déjii célèbre et fier de vingt rivaux vaincus, D'un pas précipité, le poète Ibicus, Seul, traversait un bois au sinistre feuillage. Quel était donc le but d'un si pressant voyage? 380 Olympie... Il allait sous ces ombrages verts, Y disputer le prix et des chants et des vers. Demain, se disait-il, transporté d'espérance, Demain, devant les rois, devant un peuple immense. J'entrerai dans la lice, où, laissant de côté Le prix qu'attend la force ou la légèreté. Et cédant au transport qui m'échauffe et m'inspire, Je pourrai sous mes doigts faire rendre à ma lyre De sublimes accords, et par eux obtenir Les lauriers immortels que rien ne peut flétrir. Je dirai les héros, les demi-dieux... Arrête! Crie une voix terrible, et soudain sur sa tête Ibicus voit briller de sinistres poignards, Qu'agitaient deux brigands aux farouches regards. 11 veut les repousser; mais vainement... Habile Dans les arts de la paix, sa main est trop débile Pour détourner le fer qui menace son sein. Sous les coups redoublés de ce couple assassin , Il tombe... Il se débat... Sentant qu'avec la vie, A son brillant espoir la couronne est ravie, Il lève vers le ciel un regard presque éteint ; Tandis que de son sort aux Muses il se plaint. Il aperçoit soudain une troupe de grues. Du nord vers le midi planant au sein des nues: Oiseaux qui voyagez, dit sa mourante voix, Abaissez vos regards dans ce funeste bois; Voyez ces deux brigands, leurs poignards, leur victime ; Plaignez mon triste sort et dénoncez le crime! Je vous lègue ce soin! Un cri tunuiltueux, Au poète mourant répond du haul des cieux... Vous m'entendez? Adieu! Qu'une flèche inhumaine Ne vienne point briser l'essor qui vous entraîne? Il expire à ces mots.,. Un sourire moqueur fknd encor plus h\àem ces deux hommes sans c<êW, 381 Sur ces restes sanglants l'un et l'autre se jette, S'empare du peu d'or que le divin poète Plaça dans sa ceinture en quittant ses foyers ; Mais auprès du cadavre ils laissent volontiers La lyro d'Ibicus... Et qu'importe une lyre Aux cœurs qu'agite seul un criminel délire ! Cependant Olympie a, dès l'aurore, ouvert La lice, où de cent lieux accourent de concert Rois, peuples et héros, et chacun d'eux s'apprête En simple spectateur à jouir de la fôle, Ou bien à disputer la palme du vainqueur. On attend Ibicus... Chaque âme, chaque cœur. Que transporta vingt lois sa puissante harmonie. Brûlent de voir encore éclater son génie. Sans doute, disait-on, il va nous captiver Par ces brillants accords que lui seul peut trouver. Quand soudain un héraut, tout couvert de poussière, Et répandant des pleurs, entre dans la carrière; Sa main porte une lyre avec un voile noir : Grecs, s'est-il écrié, pleurez tous! plus d'espoir! Plus de ces chants divins qui ravissaient nos iîmes! De cruels ennemis, des brigands, des infâmes Ont percé notre ami! Poète infortuné! Ibicus, Ibicus est mort assassiné! 0 singulier pouvoir qu'exerce le génie! Celte foule de gens de cent lieux réunie, N'avait point, la plupart, vu les traits d'Ibicus; Ils avaient lu ses vers, que fallait-il de plus? Sa voix avait partout, sublime et populaire, Retenti dans les cœurs, comme la voix d'un frère. Et ce frère était mort! Un long gémissement Fait du peuple éclater le premier senliuient;. 382 Puis, l'indignation se frayant un passage, On n'entend que clameurs, menaces, cris de rage. Où sont les scélérats, les monstres inhumains. Qui d'un poignard armant leurs sacrilèges mains, De son digne poète ont privé la patrie ; Ou sont ceux qui, poussés par l'enfer en furie, Ont osé profaner un luth religieux. Et dans leur favori frapper même les dieux? Et chacun, la douleur sur le visage empreinte. D'un regard courroucé parcourt toute l'enceinte, Cherchant à démêler sur quelque pâle front Les ravages affreux que les remords y font. Mais rien ne trahissait une âme bourrelée. Lorsqu'afin de calmer la foule désolée, Un généreux poète, émule d'ibicus, Eut, en improvisant, célébré ses vertus ; Qu'il eut rendu justice à sa Muse sublime, Et qu'au nom de la Grèce, en ces lieux unanime, Il eut avec respect couronné de lauriers Ce luth qu'avait souillé la main des meurtriers. On commence les jeux... Le premier fut la course : Dans l'émulation, des succès noble source. Puisant une autre force, une nouvelle ardeur. Des hommes, comme un trait qui part avec raideur. S'élancent dans la lice... Une épaisse poussière S'élève et les poursuit le long de la carrière; Chacun d'eux le premier au but veut parvenir, Dùt-i!, en l'atteignant, le toucher et mourir. Quant à la multitude, inconstante et légère. Elle sèche ses pleurs... Sa douleur éphémère S'apaise... Pour la course elle oublie Ibicus, Et, captivée ailleurs, n'y songe déjà plus. ;i83 Mais le but est atteint, la palme décernée, Et de l'heureux vainqueur la tête est couronnée. Tandis que l'on prépare un deuxième combat, Que toute l'assemblée attend le pugilat, Soudain, du haut des airs une clameur bruyante Attire les regards de la foule ondoyante. Au même instant, assis sur le plus haut gradin. Un homme au sombre aspect, coudoyant son voisin , Lui dit en ricanant : Regarde dans les nues; Regarde! D'ibicus, ce sont, ma foi, les grues! Ibicus! Est-ce bien Ibicus qu'il a dit? Quels rapports ce poêle eut avec ce bandit? Pourquoi ^rononce-t-il un nom si vénérable? Serait-ce l'assassin? Voyons-nous le coupable? Le mot qu'a dit cet homme, h l'eiitour répété. Éveille les soupçons... Sur le champ arrêté, Avec celui que tout fait croire son complice, L'un et l'autre pâlit, et, devant la justice Amenés tous les deux, ils sont interrogés Séparément, ensemble, et sans être obligés De subir la torture, atroce extravagance Sauvant cent fois le crime et perdant l'innocence; Ils coniessent enfin leur horrible forfait. Et leur prompt châtiment à la loi satisfait. Vous, que la soif du sang à le répandre porte, Sachez que tôt ou tard, mortels, à votre porte Frappera la justice, implacjble Érinnys, Qui ne laisse jamais de forfaits impunis. L. F.\BRE. Secrétairi' de la Société, Professeur en retraite. 384 ÉLOGE DU MARÉCHAL DE MAILLY, LIEUTENANT-GÉNÉRAL DU ROUSSILLON ET COMMANDANT EN CHEF DE CETTE PROVINCE. (Ouvrage couronné par la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales, au Concours régional de 1862.) On peut être héros sans ravager la terre (BOILEAU.) I. Heureux le souverain qui, pour auxiliaire, Choisit un magistrat que le peuple révère; Uu homme vertueux, un esprit éclairé, Qui, semant des bienfaits, peut cueillir à son gré. Pour son prince et pour lui, d'amples moissons de gloire. Et dont l'ambition est d'enrichir l'hisloire. D'illustrer son pays, de se faire bénir, De laisser un grand nom aux siècles à venir; Qui, ferme sans rigueur, indulgent sans faiblesse, Fait respecter la loi, qu'il respecte sans cesse. — Un tel auxiliaire est un présent du ciel ; Il rend le peuple heureux, le monarque éternel. Ce n'est que par l'amour que s'afl'crmit un trône. L'éclatant diadème où la gloire rayonne, Aux gloires de l'État emprunte sa splendeur. Et souvent les grands rois ieur doivent leur grandeur, 385 Comme un astre pompeux poursuivant sa carrière, Et que son satellite inonde de lumière. L'auréole qui brille au front d'un souverain D'un peuple glorieux n'est que le riche écrin : C'est là que tout rayon converge et se condense, C'est là que resplendit la gloire de la France !... — Mais si le fleuve altier, comme l'humble ruisseau, Se perd dans l'océan ainsi qu'en un tombeau. Le génie émergent qui rend un homme illustre, Au radieux foyer conserve encor son lustre, Dont Téclat rellété sur la vague des ans Brille comme un soleil à l'horizon des temps. Or, l'astre le plus grand n'est pas le plus utile : Pour nous de Sirius la lumière est stérile. Tandis que nos regards, pour retrouver le port, Cherchent avec amour l'humble étoile du nord. — Les hon.mes dont les noms remplissent tant de pages. Dans l'esprit du penseur ne sont pas les plus sages : Le plus sage est celui qui, sur l'humanité, Epand les doux trésors d'un cœur plein de bonté. — Tel est le Maréchal! homme à la trempe antique, Eminent citoyen et soldat liéroïiiue. Magistral éclairé, grand administrateur, Et semblable à Bayard, sans reproche et sans peur. Il connaît ses aïeux, et, si noblesse oblige, Ici, le rejeton rehausse encor la tige ; Car, fidèle à son roi jusqu'au dernier soupir, Il vécut en héros et mourut en martyr!... — Il était de ce temps où le nom, la naissance, Conduisaient aux honneurs, assuraient la puissance. Mais Mailly, dédaignant ces faciles accès, A son mérite seul veut devoir ses succès; El fuyant les ])laisirs ([ue recherche l'enfance, Dans l'étude il puisa la vertu, la science. 25 386 Aux sources du savoir sa curieuse arileur De bonne heure trempa son esprit et son cœur. Sa grande âme embrasée aux récits de l'histoire, Des héros immortels rêve déjà la gloire • 11 en a la valeur qu'il lient de ses aïeux; 11 est adolescent et déjà digne d'eux... — Sois fière de tes fils, ô France, noble France ! Ils rêvent ta grandeur en sortant de l'enfance... Ton passé glorieux, garant de l'avenir, T'assure qu'ils sauront toujours vaincre... ou mourir!.. Tes enfants d'aujourd'hui valent ceux d'un autre âge : Dans l'histoire, comme eux, ils auront une page Qui sera digne aussi de la postérité : Ils mouraient pour leurs rois!... nous, pour la liberté! Qu'importe que l'idole ait changé? La patrie. C'est notre idole à nous ! La Pologne meurtrie Terrassée, expirante, attend un prompt secours. Le colosse du nord a mesuré ses jours. Et l'aigle famélique, en tressaillant de joie, Dans sa serre sanglante étreint déjà sa proie... — La France courroucée organise soudain Une imposante armée. Elle franchit le Rhin. Sous les yeux de Derwick, véléran magnanime E.icore plein d'ardeur, Mailly, soldat sublime, D ;vant Kehl asàégé cueille un premier laurier. Sloloplien, Philisbourg, révèlent un guerrier. Au combat de Clauzen il brave la mitraille. Et devient un héros sur le champ de bataille. — Mais la ;)aix est conclue, et le jeune soldat, Fier de ses grands exploits, regrette le combat. 387 Il revoit sa pairie, escorté par la gloire. Le ciel lui réservait encor mainte victoire. — La guerre se rallume, et l'Autriche aux abois, A l'aspect des Français tremble encore une fois. Tout présage au soldat une guerre effroyable : On voit de toutes parts un apprêt formidable. L'Europe est embrasée, et le cœur de Mailly Au signal du départ de joie a tressailli. Sa belliijucuse ardeur enflammant son courage, Lui montre dans l'histoire une nouvelle page. L'Allemagne, témoin de ses premiers exploits, Le verra s'élever aux plus nobles emplois. — Que le Dieu des combats protège sa bravoure ; Pour détourner la mort qu'un bon ange l'entoure; Qu'il sème sur ses pas de glorieux lauriers ; Qu'il éloigne la bombe et l'obus meurtriers ; Le Roussillon attend un Messie : il l'appelle!... Les trésors de vertus que son âme recèle, Sur un peuple anxieux se répandront un jour, Et tous les cœurs pour lui déborderont d'amour... — La campagne est ouverte, et, prompts comme la foudre, Les balaillons français niellent Braunaw en poudre. Mailly, braviint la mort, debout sur les remparls, A l'eunenii ([ui fuit monire nos étendards. Là, comme à Danurcns, on la gloire l'entraîne, 11 promet à la France un brillant capitaine. Le vétéran l'estime, et ses rivaux surpris N'osent de la valeur lui disputer le |)rix. Des guerriers consommés il a l'expérience, El sa bouillante ardeur n'exclut pas la prudence. 388 — Ses rares qualités, signalent l'officier A l'armée, et ses chefs savent l'apprécier. 11 (levieirt leur égal et chacun l'en sait digne. Bienlôl pour commanilcr sa valeur le désigne. 11 vole à Weis.sembourg, où l'ennemi l'allend. Ses soldais près de lui tombent en comballant. L'Autrichien, blotti derrière sa muraille, ^''osera dans la plaine accepter la bataille; Mais si nos escadrons se montrent isolés, Par le nombre aussitôt ils se voient accablés. Déjà deux régiments expiant leur audace, Sous un choc iormidable ont péri!... iMailly passe. Voit ce massacre affreux, qu'il jure de venger. Le cœur plein de courroux, dédaignant le danger. Il fond comme un torrent, avec quelques gendarmes, Sur l'ennemi qui tombe écrasé sons nos armes. Les débris avec peine atteignent les remparts, Où les suit la terreur avec ses yeux hagards.... — Ce coup audacieux, qu'a buriné l'histoire. Le rend cher à l'armée et le couvre de gloire. Louis, pour honorer celte belle action. Au héros exprima son admiration. Cet éloge flatteur fait tressaillir son âme: La parole du roi l'électrise et l'enflamme. Il marche sur Fribourg, qu'il assiège et qu'il prend. Et l'ennemi vaincu se disperse ou se rend... — Mais, que de compagnons gisant dans la tranchée!.. De leurs débris sanglants la terre était jonchée!... A ce navrant aspect, le valeureux guerrier. Déplora dans son cœur le prix d'un vain laurier... — Oh! la guerre!... la guerre!... e>l un lléau terrible !... Mais ce fléau cruel est-il donc invincible? 389 Est-ce une loi d'en luiul ((u'oii ne puisse jamais Voir régner ici-bas une durable paix? Que poursuivais-tu donc, dans ta philanthropie, Rêveur humanitaire?... (2) une vaine utopie, En appelant sur nous ce merveilleux accord Qui doit, selon tes vœu.\, embellir noire sort?... Non, de paisibles jours luiront sur celle terre. L'homme alors, dédaignant les lauriers de la guerre, Parce que ces lauriers sont ruisselants de sang, Demandera la gloire et l'honneur au talent. Il cueillera pourtant des palmes immortelles, Quand son puissant génie, ouvrant ses vasies ailes, Révélant aux humains le secret d'être heureux, Les rendra justes, bons, éclairés, vertueux... Le S[)liinx de la misère, à l'œil louche, au teint blême, Aux Œdipes nouveaux propose ce problème. Ils sauront le résoudre, el la solution Est digne de tenter leur noble ambition. Mailly, dont la bonté surpassait le courage. Enviait cette gloire : elle fut son partage. — Mais l'honneur de la France a réclamé son bras. Et, grand, il va grandir encor dans les combats. Sur les alpestres monts où l'aigle pend son aire, Aux blocs immaculés d'un cristal séculaire. Le roi des airs, planant autour de ses aiglons, Verra passer bientôt nos vaillants bataillons, Et du haut du rocher qui l'orme son domaine, Fier, il conlcm|dera l'illustre capitaine. — L'Apennin sous ses pas a déjà tressailli. Maillebois conliant est suivi de Mailly : (Il L'.ilibii lie Sainl-l'iorri'. 390 Il connaît sa valeur, et lranf|iiillc il s'avance. On voit briller au loin l'étendard de la France, Tandis que Don Philippe, aux donjons de Milan, Sous les yeux de l'Autriche arbore un drapeau blanc. Quelques efforts encore et l'armée alliée Verra par ses revers rAutriche humiliée... Mais Lichteustein paraît : la fortune le suit, Et pour voler à lui, la victoire nous fuit : L'armée est en déroute! Italie! Italie! 0 terre du soleil et de la poésie, Triomphants ou vaincus, tu nous vis bien des fois!... Tes fortunés vallons, blanchis par nos exploits, Aux siècles attestant nos brillantes prouesses, Rappelleront aussi nos malheurs, nos détresses!... Qu'on interroge, hélas! tes fertiles sillons. Où ruissela le sang de tant de bataillons : Le penseur apprendra ce que coûte la gloire!... Le revers suit de près le succès dans l'histoire : Marignan!... et Pavie!!... Austerlitz!... Waterloo!! C'est toujours le laurier à côté du tombeau!... — Console-toi, Mailly : la France est satisfaite : Un héros de vingt ans a vengé ta défaite. Ton armée est battue à FatHiire d'Asti : Lui, pareil au dieu Mars, court d'Arcole à Lodi, Et plus tard, dans les plis du drapeau de la France, Aux peuples asservis il porta l'espérance. Et, divin laboureur, semant la liberté, 11 transforma l'Europe, où ce germe est resté ! !... — Mais, dans l'art stratégique, une habile retraite, Pour la gloire et l'honnenr égale une conquête. 391 Aux bords du Tanaro tes efforts iuouis Permirent aux Français de revoir leur pays. Orsolengo, Tydon, la Tréhie et Plaisance, Montrent notre valeur par notre résistance, Et font briller ton nom au temple glorieux. Résigne-toi, Mailly, tu dois quitter ces lieux, Témoins de tes exploits, et franchir la frontière L'étranger va souiller cette France si chère !... — Oh ! lorsque du pays le sol est profané. Par la vengeance alors tout cœur est entraîné. Pour laver cet affront, vers la croisade sainte. Soldats et citoyens s'élancent sans contrainte. Dans le moment suprême où chancelle l'espoir, S'éloigner est un crime et mourir, un devoir. — Mais toi, pour (|iii Ion Prince, ainsi que la patrie. Est le constant objet de ton idolâtrie, Par quel magique effori, en ce néfaste jour, Mailly, prouveras-tu ton zèle et ton amour? Tu sais verser ton sang pour l'honneur de la France ; Il faut plus maintenant : il faut sa délivrance. Ton génie inspiré par le commun danger, Saura guider l'armée et chasser l'étranger... — î)êjh de l'ennemi les puissantes cohortes Ont franchi la frontière et menacent nos portes. Comme un torrent fougueux par l'orage amené, Elles ont envahi le riche Dauphiné Et s'étendent au loin jusque dans la Provence. Mais, le front menaçant, Mailly paraît, s'avance: A l'aspect du guerrier et de ses légions, S'èlani.Mnt au combat ainsi que des lions. On voit rélrogader l'ennemi téméraire. Qui, rlierchani un abri, prend le Yar pour barrière. 392 Mailly se multiplie : il est présent partout, Frappe, ordonne, et pour vaincre à mourir se résout. Distribuant l'armée, il couvre plusieurs villes. Un moment arrêté dans le combat d'Exilés, Oubliant sa blessure, on vit le général S'élancer au combat en dépit de son mal. — Alors, tel qu'un reflux abandonnant la grève, L'ennemi se replie. 11 demande une trêve... — Comme un gladiateur par la lutte épuisé, Et qui voit de son sang tout le cirque arrosé, L'Europe fiUiguée, en proie à tant d'alarmes, A besoin de repos. — Au tumulte dos armes Succède enfin la paix. L'orage évanoui Découvre un ciel serein dont l'œil est ébloui. Des plus tendres rayons l'horizon se colore : On dirait d'un beau jour la magnifique aurore. Qu'une muse savante exalte les hauts-faits D'un conquérant : la mienne aime ù chanter la paix. Le tumulte l'effraie et le calme l'inspire. Les zépbirs de la paix font seuls vibrer ma lyre. Fille de l'harmonie, oh ! viens, descends du ciel. Répands tes flots d'amour dans le cœur du mortel. Viens, règne parmi nous, et que les douces flammes Embrasent à jamais et nos cœurs et nos âmes!... Charité! charité! que les effets sont beaux! Tu comptes des martyrs, mais aussi des héros. Ils ont leur auréole cl leur modeste palme, Qui dissipe l'orage et ramène le calme... — Peuples, soyez heureux!... Reposez-vous, guerriers Le repos est si doux à l'ombre des lauriers!... 3!»3 Là, vous pourrez encor briguer une autre gloire : Celle (le faire un jour bénir votre mémoire Par ceux dont vous aurez adouci le doslin... — Mailly, le Roussillon t'appelle dans son sein : IIAte-toi d'accourir, car tu sais que la guerre N'a servi jusqu'ici qu'à conquérir la terre : C'est à toi maintenant de conquérir les cœurs... Vois ces plaines, ces monts étincelants de (leurs. Et ces riches vallons et cette mer splcndide. Et ce ciel, dont l'azur est toujours si limpide!... En ces lieux fortunés, l'homme, pour être heureux, N'attend qu'un gouverneur éclairé, vertueux : Le roi t'a désigné dans sa haute sagesse, El les fiers Catalans tressaillent d'allégresse. Ils te seconderont dans tes féconds essaiSj^ Et c'est par toi, Mailly, qu'ils deviendront français... — Le Goldal citoyen a parcouru nos villes; Ses guerrières vertus et ses vertus civiles. Font rayonner son front d'un prestige enchanteur; On le vénère, on l'aime, il fait croire au bonheur. Le cœur des Catalans s'ouvrait à l'espérance ; On nommait sa venue — Ère de renaissance... — Mais la France insultée appelle le héros, El son brusque départ interrompt ses travaux. La perfide Albion, imitant les pirates. Sans cause et sans motifs nous ravit deux frégates. La guerre recommence, et l'Allemagne encor, A travers .'^es brouillards voit l'ange de la mort... 394 — Le Wéser est franchi. Cumherland en déroute Du Hanovre aux Français ne défend plus la roule. Les duchés de Brunswick, de Zell, de Lunébourg, Au combat dllaslcnbeck, oii notre armée accouri, Sont enfin délivrés. Mailly, par son audace, Ajoute à ses lauriers les lauriers qu'il amasse, Et montre, rappelant le preux de Marignan, Qu'il n'avait pas trouvé Capoue à Perpgnan. — A travers les vapeurs d'une épaisse fumée Tonne une batterie écrasant notre armée. Elle vomit au loin la terreur et la mort; Mais Mailly, qui les brave, a déjà pris l'essor : Il vole et dans le feu soudain se précipite. En tumulte aussitôt l'ennemi prend la fuite, Et tournant contre lui ses canons fulgurants, 11 fait passer la mort et l'cnVoi dans sos rangs: Cumherland refoulé, demande un armistice. — Mailly trouva bientôt Frédéric dans la lice. Le grand roi philosophe à Rosbach est vainqueur. Parmi nos alliés se glisse la terreur. Soubise est entraîné; Mailly voit la défaite. Ne pouvant triompher, à mourir il s'apprête : Aussi prompt que l'éclair, l'impétueux héros Charge soudainement les gendarmes royaux, Les frappe, les disperse et les suit dans la plaine. Son audace a rendu la victoire incertaine. Mais blessé, consumé, par ce suprême elTort, Il tombe... et devant lui l'ennemi tremble encor !. — Ton cœur, Mailly, saigna bien plus que ta blessure. Ouand lu vis s'élever ce monument d'injure 395 Qu'érigea sur les lieux un orgueilleux vainqueur, Qui ne put s'empêcher d'admirer la valeur. Il voulait de la France éterniser la honte! Mais que peut contre nous le granit ou la fonte? Le soldat d'Austeilitz, d'Arcole et d'Aboukir, Elfacera bientôt ce triste souvenir... (*' — Mailly, grand au combat, au conseil toujours sage, Captif, supportera l'exil avec courage. Le stoïque héros, dans son adversité, Console ses amis. — Sa générosité Double l'affection de ses compagnons d'armes. En parlant de la France, il peut verser des larmes ; Mais, comme Régulus, il reprendrait ses fers S'il devait au pays épargner un revers... 11 soupirait pourtant après cette patrie Qu'il avait tant aimée et noblement servie!... L'amour de la patrie embrase un noble cœur. Il faut être captif pour en sentir l'ardeur! Il faut avoir clé séparé de sa mère, Avoir lé cœur rempli d'une tristesse amère Et gémir loin des siens, pour comprendre l'amour Qu'inspire la patrie!... Oh! quand vient le retour, Quelle ineffable joie inonde alors notre âme! Quel divin sentiment et quelle sainte llamme Font palpiter le cœur!... Oh! tu l'éprouvas, toi, En retrouvant ton fils, ta patrie et ton roi!... — Ses vœux sont exaucés : Frédéric, qui l'estime, Lui rend la liberté ; car le roi magnanime A de son prisonnier apprécié l'honneur. Comme il avait naguère admiré sa valeur. (11 Kn 1800, Napolton fit lomlirr cette folonne, qui nppelait la défaite des Français. 396 — Aurait île la vertu, que ta puissance est belle! Dans l'âme on voit briller la divine étincelle. Elle attire, éblouit, enciiante, et son aspect Séduit môme les rois, et conquiert leur respect. — L'armée, en relrouvanl un chef qu'elle vénère, Laisse éclater sa joie cl croit revoir un père. L'espérance et l'amour dilatent tous les cœurs; Gomme l'adversité, l'allégresse a ses pleurs : Ses anciens compagnons, frémissants sous les armes, En embrassant Maillv couvrent ses mains de larmes. — II va combattre encore : A Corback, à Casse), Le héros va cueillir un laurier immortel, Et puis il quittera celle vaillante armée Fière de ses exploits et de sa renommée, Non pour se reposer, mais toujours valeureux, Pour conquérir des cœurs et faire des heureux. Il veut jusqu'à la morl être utile à la France; Mais son fils bien-aimé, sa plus chère espérance, Saura le remplacer sur le champ de l'honneur : Digne fils d'un guerrier, il en aura le cœur. A côté de son père il vole !i la victoire, El trouve à Grebeslein le chemin de la gloire. II — Étale ton azur, beau ciel du Roussillon; Montagnes, tressaillez sous ce bleu pavillon ; Fleurs, embaumez les airs de vos parfums suaves; Mer, sur tes riches bords retiens les flots esclaves, 397 Et loi, fier Catalan, célèbre ce beau jour. Qui de ton bientailcur t'annonce le retour... — Le voici! le voici! !... Courez sur son passage; Que l'amour de vos cœurs brille à voire visage; Qu'il lise sur vos fronts la joie et le bonheur. Et que votre allégresse inonde aussi son cœur... — 11 n'enchaînera pas vos libertés antiques. Filles de l'harmonie et des vertus civiques : Non, non, rassurez-vous. Parmi-vous il se rend Pour vous faire oublier ([u'un roi fut conquérant. Ce n'est pas par l'épéc ou la plume qu'un prince A ses puissants Etals annexe une province. Par les armes il peut envahir un pays; Mais les sujets vaincus restent ses ennemis. La force ne peut rien, l'amour seul assimile: C'est par lui que Mailly rendra tout cœur docile, Et les Rousàillonnais, dont il veut le bonheur. L'aimeront désormais comme un libérateur. — Il faut un stimulant énergique au génie : C'est la nécessité qui pousse à l'induslrie. Le repos séduit l'homme, et dans le Houssillou, Le soleil généreux comble seul le sillon. Aussi, le Catalan, dans son insouciance. Sans peine et sans travail nageait dans l'abondance. Le jiampie et l'olivier, ombrageant ses coteaux. Au retour de l'automne emplissent ses tonneaux, Et ses arbres enllés d'une sève féconde, Arrosés par le ciel et que nul fer n'émonde, S'alfaisscnt sous leurs fruits aux exquises saveurs. Tombant sur un gazon tout émaillé de (leurs... Mais Mailly, d'un coup-d'œil dont on sait la justesse, A découvert partout des sources de richesse. 398 Il montre la Corlune, et ses puissants attraits Vont de l'agriculture activer le progrès. De ce nectar divin ([ue la vigne élabore, Et qu'on laissait vieillir dans le fond d'une amphore, Le monde émerveillé verra le Ilot vermeil, Où semble se jouer un rayon de soleil. — Le sage Gouverneur l'ait tomber les barrières Qui s'élevaient encore aux anciennes frontières. Pour donner au commerce un efficace essor, 11 devra sur la cote ouvrir un vaste port. Sillonner le pays de canaux et de routes. Jeter sur les torrents des ponts aux larges voûtes, Et par une constante et vive impulsion, Arracher l'habitant à son inaction... — A côté des sentiers qu'envahissaient les herbes, Serpentèrent bientôt mille chemins superbes. Où les lourds chariots, ployant sous leurs essieux. Roulaient, chargés de fruits et de vins précieux; Et l'on vil afduer, par ces mêmes artères, Les produits merveilleux, enfants des arts prospères. Et qui devaient bientôt, salutaire aiguillon. Réveiller l'industrie au sein du Roussillon. — Les arts, fils de la paix, embellissent la vie ; La science vers Dieu porte l'âme ravie : Elle agrandit notre être, elle adoucit les mœurs: La science et les arts font les hommes meilleurs. — Sous les aspérités de son âpre rudesse. De l'esprit catalan on voyait la finesse : Il est, comme le sol, généreux et fécond, Exubérant, subtil, vif, délié, profond. Quand une habile main le flatte ou le caresse, Comme un métal ductile, il se plie, il se dresse; 399 Mais il faut le traiter avec aménité, El ne jamais froisser sa rigide fierté. M;iilly, pour qui toujours le triomphe est facile, A ses sages conseils le trouvera docile. — Dans rUniversité, serre-chaude où l'esprit, Comme un lis au soleil se dilate et fleurit, Le jeune Catalan va puiser la science, El c'esl-là qu'il apprend à connaître la France, Ses penseurs, ses héros, ses poêles, ses rois, Sa générosité, son esprit el ses lois. Il senl battre son cœur aux accents de Corneille; Molière le conduit de merveille en merveille ; De Racine il entend le verbe harmonieux. Doux, sonore el touchant comme un accord des cieux. Il cile nos grands noms, dont la gloire l'enflamme. De savants professeurs infillrenl dans son âme, Avec l'esprit franrais, l'amour de ce pays, Et c'est par cet amour que son cœur fut conquis. — Mailly, voilà ton œuvre : elle est grande, elle est belle! Par elle Ion génie éclate et se révèle. Mais ton cœur poursuivait une autre ambition : Du pauvre tu voulais la sainte alfection. Par de nombreux bienfaits tu la conquis encore. Cet asile de paix que la vieillesse implore. S'éleva par les soins, et tous les malheureux Ne virent plus en toi qu'un envoyé des cieux. L'infortuné, témoin de ta sollicitude, Lègue à l'infortuné sa tendre gratitude. Et par ce souvenir, les générations Te combleront toujours de bénédictions. Le nom d'un bienfaiteur demeure populaire : Le pauvre chaque jour le mêle à sa prière, Et l'aïeule, le soir, au coin du noir foyer, A de blonds chérubins l'apprend à bégaver. 400 Les siècles en passant fiisligenl de leur aile Le porphyre et l'airain; mais la gloire éternelle Se grave dans les cœurs, et l'injure des ans Ne saurait éclipser ses rayons éclalanls. Mailly, les monuments passeront : ton image, Du temps, sur leurs débris, aIVrontera l'outrage. Oui, les inscriptions pourront s'oblitérer; Mais l'amour dans les cœurs ne saurait s'altérer Louis quinze était mort. La nation française, Conlianle et fidèle, acclama Louis seize. La France savourait les douceurs de la paix. L'éternel ennemi du royaume, — l'Anglais, — Dont la prospérité dépend de nos détresses. Fait entendre le bruit de ses armes traîtresses : Il ([uitte son repaire, où s'étend le brouillard, Et la France indignée attend le léopard. — On signale déjà ses lormidables Hottes. Mailly fut désigné pour défendre nos côtes. Par un magique élan, à l'appel du guerrier. Se leva tout armé le Roussillon entier. Chacun veut témoigner son dévoùment sincère Par son empressement, ù celui qu'il vénère... — Voilà, voilà le prix de tes bienfaits, Mailly : C'est par eux que l'amour de tout cœur a jailli. On court de toutes parts, on inonde la grève.- Le vieux soldat se croit sous l'empire d'un rêve. Heureux d'avoir conquis à son roi tant de cœurs, Son cœur est plein de joie et ses yeux pleins de pleurs. — Avant que resplendît la beauté de l'aurore, Anxieux et pensif sur la plage sonore. 401 Il conleniplail la mer, oii le ciel reflélé Gonslellait de ses feux le liquide argenté. — Mais les paillettes d'or que l'étoile brillante Semait avec amour dans l'onde scintillante, Pâlissent en tremblant devant l'éclat du jour, Dont l'aube souriante annonce le retour. La lumière jaillit de sa source féconde Et l'orient vermeil la répand sur le monde... — Le lever du soleil!... Quel spectacle imposant!... Qui pourrait exprimer ce que l'âme ressent Quand le géant des cieux s'élance dans l'espace. Versant la pourpre et l'or sur l'ombre qui s'eftace; Transformant la prairie en somptueux écrin, Où brillent sur les fleurs, les perles du matin. A. son aspect, l'oiseau sous la feuilléc humide, Charme par ses chansons sa compagne timide. Et la neige des monts, aux feux naissants du jour. Rougit comme une vierge au premier mot d'amour; De son disque éclatant la lumière ruisselle; La terre est palpitante et la mer étincelle... — L'écrasante grandeur de tant de majesté Faisait jaillir des cœurs des flots de piété. Mais bientôt le soleil, dardant ses vives flammes, Des soldats laboureurs vint embraser les âmes. D'impatience alors ils se sentent frémir: Sous les yeux de Mailly chacun voudrait mourir En défendant la France; et, pareille ù la houle. Sur la plage on voyait bondir l'ardente foule. Le courage et l'audace illuminant les fronts, On défiait r.\nglais, sa flotte et ses canons; Et le bras menaçant, tous agitaient leurs armes. A cet aspect .Mailly fut ému jusqu'aux larme? : '26 402 — Enfants du Roussillon, dit-il, votre valeur Est digne des Français, dont vous avez le cœur. L'ennemi vous connaît : il fuira cette plage; Car la mort, s'il venait, laverait son outrage. — Enfants, sachez-le bien, le plus cher de mes vœux Serait, en vous quittant, de vous laisser heureux; De voir luire pour vous un avenir prospère. Ce climat fortuné, ce soleil, cette terre, Tout convie au bonlieur et l'assure à jamais. Si vous savez aimer la justice et la paix. Par de constants labeurs vous aurez l'abondance. Le Roussillon sera le jardin de la France ; Et ses nombreux produits, ses vins, ses fruits exquis. Par le monde enviés enrichiront vos fils. Les peuples deviendront alors vos tributaires. Vos thermes, renommés par leurs eaux salutaires. D'étrangers tous les ans peupleront vos hameaux. Ils viendront admirer ces émouvants tableaux Qu'oflVent aux yeux surpris vos riantes montagnes. Les touristes au loin vanteront vos campagnes, Et l'azur de ce ciel, que rien ne peut ternir. Et dont le cœur toujours garde le souvenir. Une forêt de mâts, ombrageant vos parages, Dans vos tranquilles ports bravera les orages. La nature elle-même a creusé ces abris. Que l'ouragan jamais ne trouble de ses cris. Il nous faut élargir ces refuges paisibles. Où se balanceront nos Hottes invincibles, Où le navigateur, par la vague emporté, Retrouvera le calme et l'hospitalité... —Qui sait? peut-être un jour au rivage d'Afrique, La France arborera son drapeau magnifique. Son domaine étendu par de brilluiils combats Pour limilo et pour borne aura le mont Allas. 403 La Mikliterranôc, où le pirate règne, Verra sur les Mois bleus où Port-Vendres se baigne Voguer eu sùrelc, connue en un lac français, Nos agiles vaisseaux par la brise pressés. Alors dans vos cités aftUiera la richesse, El ce beau Roussillon sera dans l'allégresse. Travaillons pour la gloire et pour l'humanité : A l'œuvre, enfants, îi l'œuvre!... et la postérité Bénira votre nom, qui, flottant sur les âges. Des siècles à venir conquerra les hommages. . ;:ji. i-j'; — Cette voix vénérée a fait vibrer les cœurs : Un peuple entier s'excite aux plus rudes labeurs. Un vaste port surgit dans ce golfe tranquille. Dont les bords fortunés verront naître une ville. — Chaque pierre, Mailly, devrait porter ton nom ; Mais vivre dans les cœurs est ton ambition. Et pourtant tes travaux, autant qu'une victoire, Sur toi refléteront une éternelle gloire; El pour en consacrer le pieux souvenir, Le Roussillon entier se hâta de t'oflVir De sa reconnaissance un flatteur témoignage, Un monument d'amour érigé sur la plage Où le pauvre porta son obole pour toi. Mais, désintéressé, lu l'oifris à ton roi. Ton cœur avait déjà reçu sa récompense: Faire chérir son roi c'est bien servir la France; Enseigner la vertu, c'est faire des heureux; Gouverner sagement, c'est mériter les cieux. Tu remplis noblement celte mission sainte! Quand on vil dans le bien, on peut mourir sans crainte : L'amour dompte la mort et brave le trépas! Quand on vil dans les cœurs, Muilly, l'un ne meurt pas!.. 404 — La médiocrité pour s'élever s'agile. Elle peut un instant éclipser le mérite; Mais, comme le génie, il sait se faire jour. On peut le dénigrer à la ville, à la cour : Il saura dissiper par sa vive lumière Les brouillards ténébreux obstruant sa carrière. — Le jeune souverain, au l'ond du Roussillon, Vit briller de Mailly le glorieux rayon. Auprès du Prince aimé le serviteur s'avance, Et reçoit le bâton de Maréchal de France. — Les services rendus, sa vertu, sa valeur. Rendaient le vieux soldat digne de cet honneur. Accablé par les ans, il est toujours lidèle. Toujours prêt à marcher où le devoir l'appelle. Son bras est au pays, son cœur est à son roi ; Son ami c'est le pauvre, et l'honneur est sa loi... — L'édifice chancelle et le vieux monde croule. Une sourde rumeur agite au loin la foule. Par son souffle embrasé, la révolution A déjà mis la France en ébullition. L'ouragan se déchaîne, et l'on voit pêle-mêle, Peuple, nobles et rois, tomber comme la grêle Dans le creuset sanglant, d'où le monde nouveau Va surgir tout armé, comme on vit d'un cerveau Minerve s'élancer. L'elfroyable tempête Dans l'asile des rois s'engoufl'rc, et chaque tête Se courbait à sa voix!... Mailly reste debout : Près de son Souverain il était le dix août, Lorsque la populace, avec sa main de Parque, Arbora son bonnet sur le front du Monarque. 105 Le vieillard indigné beat au fond do son cœur Se réveiller soudain sa juvénile ardeur. Il s'appréle à punir une main sacrilège. On l'enloure aussitôt, on l'insulte, on l'assiège. Un sabre sur sa tète était déjà levé; Mais par un bras nerveux ce sabre est soulevé. C'était un vieux soldat. Il arrête la foule, Sauve son général,... et le torrent s'écoule... — Quand le flot populaire, inconstant, irrité, Comme un tigre blessé bondit dans la cité, Roulant avec fracas sa digue frémissante. Qui pourrait retenir sa vague menaçante? Son écume rougie inspire la terreur Et Dieu seul peut alors arrêter sa fureur!... — Ce flux est-il fatal? ou bien la politique A-t-elle dans sa main quelque prophylactique Pour prévenir sa vague? ou peut-elle au besoin Lui dire comme Dieu : —Tu n'iras pas plus loin? — Le flot montait toujours!... sous sa puissante houle La France est ébranlée, et le trône s'écroule! Le fils de saint Louis, brisé contre un écueil. En s'envolant au ciel, laissa la terre en deuil! !... — Qui n'a frémi d'horreur au récit de ce crime? Quels yeux n'ont pas pleuré cette grande victime? Mais qui pourrait narrer ton angoisse, Mailly? Ton cœur fut atterré, mais il n'a pas failli! La mort même ne peut abattre ton courage. Son aspect ne saurait altérer ton visage. Regarde l'échafaud : on le dresse pour toi ! Marches-y d'un pied ferme, et va joindre ton roi!... J . MERCADIER, premier commis de Dirwiion des CoDlributioms Indirectes. *w> LES MÉTAMORPHOSES D'UNE GHAINE. POEME. Un homme prit un grain de sénevé et le sema dans son jardm. et il crût, et il devint un grand arhrc, et les oiseaux du ciel se reposèrent dans ses rameaux. (Évangile selon S. Llc , chap. VfH, v. t9. ) Un jour je méililais à l'ombre d'un vieux chêfte. Dont les rameaux touffus ondulaient sous l'haleine D'une brise embaumée au souflle liarraouieux. Au zénith, le soleil ardent et radieux Dardait ses rayons d'or sur l'arbre centenaire, Qui les décomposait en brillante poussière, Impalpable, argentée, et sur le frais gazon Tamisait les Inésors que recèle ua rayon. L'ombre, doux crépuscule, inspire le poète. L'oiseau silencieux voltigeait sur ma tète; La cigale chantait; l'inconstant papillon Volait de fleur en Heur, de sillon en sillon. L'onde d'un clair ruisseau, tendre échanson du chêûe. Lui jetait ses adieux et fuyait dans la plaine En caressant les fleurs. Assis sur le gazon, Je rêvais. Mon regard embrassait l'horizon. 407 Ému, j'en conlcniplais les beanlés dispersées, Kl mon front s'inclinait sous le poids des pensées; Le ciel, ce vaste ciel, resplendissant d'azur, Était si transparent, si limpide, si pur, Que l'œil se promettait d'en percer le mystère. Mon esprit agité fuyait loin de la terre. Et, nouveau Prométliée, allait ravir aux cieux Cet idéal rêvé que n'ont pas vu mes yeux, Que souhaite mon co'ur et qu'entrevoit mon âme, A travers les vapeurs où rayonne sa llamme. Dans les champs de l'Éther j'avais pris mon essor : Ma pensée explorait ses riches sphères d'or Qui planent dans l'azur au-delà des orages. Sur les molles vapeurs des célestes rivages. Mais l'espace fuyait : de ces globes vermeils Je voyais luire au loin de splendides soleils : J'y volais. Étonné, j'en voyais luire encore, Et toujours et toujours!... La main qui les colore Derrière un voile épais se cache à tout mortel, Et mes yeux éblouis cherchaient en vain le ciel. Ces astres éclatants, roulant sur notre tête. Ne sont que les degrés qui conduisent au laite, Où Dieu, de son regard embrassant l'univers, Des mondes palpitants, écoute les concerts; Et, tandis qu'ici-bas l'ombre aux rayons se mêle. Ils épandent là-haut leur splendeur éternelle. Ici toute clarté se voile de vapeur, Et la science même a maint aspect trompeur : L'erreur se mêle à tout, comme au froment l'ivraie; L'âme, comme les yeux, n'en est jamais sevrée. En cherchant la lumière au-delà du soleil. Je poursuivais un rêve et j'étais au réveil. A l'algèbre des cieux, écrite sur ses voûtes. Je demandais en vain de dissiper mes doutes. i08 — 0 Colomb! ton génie, enllanimanl Ion cerveau, Par delà rOcéan vit un monde nouveau, Et, sillonnant les flots, tu découvris ce monde, Tandis que ma pensée errante et vagabonde Dans l'espace perdue, au sein de la clarté, N'a su voir dans le ciel... rien... que l'immensité! Fuyant ce labyrinthe, où la raison s'égare, Éperdu, je tombai comme autrefois Icare, Et je vis un oiseau qui prenait son élan Vers le chêne; il portait un brin d'herbe en volant; Le bruit doux et léger de son aile empressée Changea soudainement le cours de ma pensée. Distrait, je le suivais dans ses ébats joyeux : 11 attira bientôt mes regards curieux ; Sautillant, voletant, hérissant son plumage, 11 s'éclipsait parfois à travers le feuillage; Attentif, je suivis son évolution : Il captivait mes sens et mon attention. Gentil petit oiseau, (ils de l'air, me disais-je. Sans prévoir l'avenir et sans craindre le piège. Tu vis heureux, content. — Une graine de lin. Échappée à son bec vint tomber sur ma main. L'oiseau fut oublié; je contemplai la graine; El tandis que mes yeux la dislingaient à peine, Mon esprit découvrait des trésors dans son sein : L'émeraude, l'azur, voilés sous le satin Où Dieu les enveloppe. A travers l'épiderme. J'apercevais d'abord un embryon qui germe. Une lige qui monte, un bouton qui fleurit, Un calice azuré, que l'aurore remplit De ses pleurs éclatants, diamants éphémères. Reflétant les splendeurs des beautés printanières. 409 Comme au Ironl d'une vierge un saphir enchanteur Reflète sa beauté, sa grâce et sa candeur. Et puis, je distinguais des merveilles sans nombre. Un monde tout entier recelé dans son ombre : Pour l'en faire jaillir, il suffit d'un rayon, Et déjà mon esprit voit son éclosion. — Tout se tient ici-bas, tout se lie et s'enchaîne : Tous les événements ne forment qu'une chaîne. De la cause sans-cesse on voit surgir l'effet; L'effet, devenant cause, engendre un autre fait, Et ces divers anneaux qu'enlace la nature, Parlant du Créateur, vont à la créature. Toujours gros du passé, le présent qui s'enfuit, Enfante l'avenir et tombe dans la nuit... — Mais la lleur s'étiole et la sève se fige. Les vents ont enlevé les feuilles ù la tige. Le calice se ferme et le feu du soleil A changé l'émeraude et l'azur en vermeil... C'en est fait, les zéphyrs, la rosée et la pluie Ne prodigueront plus à la plante la vie : La racine est séchéo, et d'une avide main, Le diligent fermier l'arraclicra demain... — Oli! ne la plaignons pas: elle est digne d'envie. Mourir quand le printemps laisse l'âme ravie. Avant que les frimas sur la nature en deuil N'étendent leur manteau, comme sur un cercueil. N'est-ce pas, en effet, une mort salutaire? La vie a pour escorte une douleur amèrc : La saison des amours peut seule l'adoucir, Mais l'àpre et rude hiver ne fait que l'endurcir!... 410 Rien ne meurt tout entier : la lormc seule change ; L'eau pure qui jaillit du rocher, devient fajogc; Mais bientôt le soleil, par sa vive clarté, Lui rend sa transparence et sa limpidité. La plante n'est donc pas à mourir condamnée; Mon esprit peut encore suivre sa destinée. Le tissu filandreux au bois agglutiné, Comme Tespril au corps par la vie enchaîné, Tient à l'état concret mille et mille merveilles; Je les vois resplendir. Durant les longues veilles Des sombres nuits d'hiver, de son doigt exercé. Une vierge filant près de son fiancé, Mêlant à ses soupirs les rêves de son âme, De son lit nuptial préparera la trame : Fée, elle changera la tige en doux salin. — Un pauvre un jour viendra : son malheureux destin Portera la pitié dans le cœur d'une mère. Qui de son dinùment voilera la misère Avec le doux tissu par sa main préparé. Puis, tombant en lambeaux, par le temps déchiré, Les vents le laisseront gisant dans la poussière. De la graine de lin est-ce la fin dernière? Non, non; une autre mai» de son abjection La tirera bientôt. Voyez-vous ce chiffon Que foule le passant dans sa marche distraite? C'est une chrysalide, une larve muette: Ainsi qu'un papillon la vie en va jaillir, Demain, le chilTonuier viendra le recueillir; Les loques tomberont alors dans la chaudière, Où, sous l'ardeur du feu s'épure la matière. Observez : voyez-vous ruisseler ce vélin? N'est-ce pas le produit de la graine de lin?... — La graine a disparu; mais cette feuille blanche. Plus blanche que la neige attachée à la branche, Lui survivni loujoiir^, coinine Tesprit au corps, Quand l'implacable faux a brisé ses ressorts. Oui, celte blanche feuille est l'àme de la graine. Elle s'envolera vers l'immortel domaine, Quand l'esprit du penseur animant ce vélin , Lui pnMera son aile et son souffle divin. — A ce satin glacé quelque nouveau Messie Ne con(iera-t-il pas sa sainte prophétie? Relique vénérée, immortel monument, La feuille deviendrait un divin talisman Que les pieux croyaats garderaient dans leur arche. Le temps impétueux, dans sa rapide marche, N'oserait outrager l'impérissable autel Où serait déposé ce message du ciel... — Mais qui peut garantir que quelque faux prophète. En y versant l'erreur, n'y sème la tempête? De ce vélin fatal l'orage peut surgir. Dieu! je l'entends gronder, et je me sens frémir ! Le contrat social qu'un sophiste élabore. Sur celte feuille un jour viendra peut-être éclore. Supposez que le vent au milieu du forum Au peuple frémissant jette ce labarum ; Que sa puissante main sape aussitôt les trônes, En donnant aux enfants'pour cerceaux des couronnes; Qu'il se proclame alors législateur et roi. Et que d'un nouveau code il promulgue la loi; Que foulant à ses pieds des préjugés antiques, Sur des trônes croulants fonilanl des républiques, 11 déchaîne le flot des révolutions. Comme un cratère ardent en ses éruptions... Le voyez-vous bondir sur un torrent de laves? 11 soulève les serfs, il brise leurs entraves!... L'idée est comme l'onde : elle prend son niveau. Et, remuant le c(eur, embrase le cerveau. 412 Elle sY'Ieiul parlent, elle couvre la terre, Et, comme la vapeur, recèle le tonnerre. — La foudre et les éclairs, l'un sur l'autre entassés. Dans la graine de lin étaient donc condensés, Confondus avec l'or, l'azur et l'émeraude : L'élément qui féconde et celui qui corrode, A côté de l'amour, le fléau qui détruit... Ecoutez, écoutez ce formidable bruit : C'est un monde qui croule, un autre qui se fonde!:.. Une graine a suffi pour transformer le monde! ! !... —Ah! des desseins de Dieu qui peut sonder le fond? Si je veux les scruter mon esprit se confond! Qui donc m'expliquera ces merveilleuses choses, Ces transformations et ces métamorphoses? Où trouver un flambeau dont la vive lueur Epande ses rayons dans la nuit de mon cœur? Où, le critérium pour ma raison fragile? Une voix me répond : —Médite l'Évangile. J. AlEllCADIER, premier commis de Direction des ConlribulioDs Indirectes. ili LE GASCON ET LE BANQUIER. CONTE. Que le cœur ou l'esprit soit vide, On n'en meurt pas, car les plus creux Bien souvent sont les plus heureux. Mais l'outre de la Danaïde Que l'on appelle le gaster, Ne remplit pas son gouiïre avide D'amour, de rêves ou d'étlier. Un gascon l'éprouva. Seul, en pleine campagne, Ce gascon voyageait, Bâtissant, en marchant, des châteaux en Espagne. Tandis que son espoir à l'aise s'y logeait. Ses entrailles criaient sous son gousset aride Qui n'avait pas horreur du vide : L'or ni l'argent, hélas! N'y germaient pas... Le pauvre voyageur n'avait d'autre ressource Que celle d'un esprit prompt en expédients. Il avait oii'ilié dans son chàloau sa bourse. — Tout gascon a castel sur les bords si riants De la Garonne. — Enfin, une pénible course .\vait débilité son robuste estomac : 11 chercliail \m iliner plus encore qu'un hamac. 414 Harassé, soucieux, aux abords d'une ville Il accoste un quidam De la façon la plus civile : — « Qu'avez-vous de nouveau par ici, dit-il. » — « Dam ! Répond le citadin, nn riclio mariage, Qui se rèyle aujourd'hui. La liile est belle et sage: C'est celle du banquier. Cent mille francs comptants; Voilà sa dot. On va dîner en |}eu' d'mstants. » — Le gascon, pour calmer sa faim inexorable, Se présente au moment où l'on se met à table. Et prenant un sourire, un parler des plus francs. Il propose au ban(iuier cinquante mille francs A gagner. A ces mots, quittant son air sévère, Le Crésus répliqua : — « Nous avons le notaire; Nous pourrons aisément nous entendre au dessert; Entrez et permettez que j'ajoute un couvert. » — ^Le gascon famélique obéit sans débattre; Il prit place au festin et mangea comme quatre, But de même, causa sans le moindre embarras Et fit des calembours. Vers la fin du repas. L'heureux amphitryon, d'un air fort débonnaire. S'approcha du gascon pour parler de l'allaire: — « Hé bien! mon cher, dit-il, voyons, quels sont vos plans? — C'est simple : vous gagnez cinquante mille francs. —Mais comment? — Le voici: Votre fille est charmante; Vous la dotez de cent, je la prends pour cinquante. » J. MERCADIER, premier commis de Direction des Contnbuuons Indirectes. LISTE DES MEMBRES COMPOSANT l\ SOCIETE ACIIICOLE, SlIESTIFIOUE ET LITTERIIRE DES PVRÉIVÉES-ORIEIWTALUS. Membres lionoriklres. 1835. M. Mathieu, 0. ^, membre de VInstitut. 1836. M. GuizoT, G. ^ , membre de V Académie Française. membres résidants. 1854. M. Abblard, professeur à l'ÉcoIe-Normale. 1853. M. Alart, archiviste de la Prcleclure. 1833. M. Alzine, imprimeur-libraire (F)'. 1853. M. Argiot (Jacques), homme de lettres. 1857. M. AsTORS (François), propriétaire. 1853. M. AuDUSSON (Olivier), propriétaire. 1838. M. AuGÉ, ^, capitaine d'artillerie en retraite. 1846. M. AzÉMAR, propriétaire. 1836. M. Bach, 0. ^, colonel d'artillerie en retraite. 1857. M. Barberet, ^, inspecteur d'Académie. 1860. M. Batlle (Victor), maire de Cabestany. 1855. M. Bédos, avocat. 1833. .M. Béguin, directeur de rÉcole-Normale (F). 1858. M. Bensa, chanoine honoraire, professeur de philosophie et de théologie au Grand-Séminaire. 1853. M. Bertrand-Balanda, propriétaire. 1857. M. lîocAMv, docteur-médecin. 1850. M. Boix, pharmacien. 1861. M. Boisso.NiNET, G. i(, colonel d'artillerie. ' L(i fonJatours do la Socivtî' sont dé»if(uéi par h leltre F, qui est à la sulie de leur nom 416 1853. M. BoNAFOS, docteur-médecin. 1847. M. BoNNEFOY (de), propriétaire. 1855. M. BoucABEiLLE, chan. honoraire, aumônier de l'École- Normale. 1836. M. Bresson, propriétaire. 1833. M. Gaffe, architecte de la Ville de Perpignan {F}. 1855. M. Calvet, agronome. 1861. M. Carcassonxe (Jean), propriétaire. 1835. M. Companyo père, docteur-médecin. 1840. M. Costa (Léon de), chef de division à la Préfecture. 1847. M. CtiiLLÉ, *, directeur de la Ferme-École. 1853. M. Badins (Sauveur), propriétaire. 1855. M. Delhoste, chan. honoraire, vicaire de la Cathédrale. 1848. M. Desprès (Antoine), propriétaire. 1861. M. Desprès (Jules), propriétaire. 1854. M. Durand (Justin), ^, banquier. 1850. M. EscATLLAR (d'), propriétaire. 1841. M. Eychenne aîné, propriétaire. 1865. M. Estrade (Auguste), propriétaire. 1849. M. Fabre (Louis), professeur en retraite. 1861. M. Ferrer (Léon), pharmacien. 1854. M. Fines, chanoine titulaire du diocèse, supérieur du Grand-Séminaire. 1853. M. Garrette, banquier. 1848. M. GouELL, docteur-médecin. 1859. M. Granier de Cass.\gnac, *, chanoine honoraire, prin- cipal du Collège de Perpignan. 1854. M. Jaume (Amédée), notaire. 1854. M. Jouy-d'Arnaud, *, propriétaire. 1850. M. Labau, propriétaire. 1860. M. Lacombe Saint-Michel (Romain), propriétaire. 1854. M. Lacroix (Ferdinand), avocat. 1854. M. Lafabrègue, juge. 1853. M. Lamer (Jules de), propriétaire. 417 1841. M. Lazehme (GLarlcs), iiropriétaire. 1853. M. Lloket (Joseph de), propriétaire. 1834. M. Lloubes (Auiruste), banquier. 1835. M. Massot (Paul), docleur-médeciii. 1853. M. Massot (Aimé), doclcur-médecin. 1862. M. Mercadieu, commis des Conlributions Indirecles. 1861. M. MoREU, professeur au Collège. 1853. M. MuxART (Auguste), avocat. 1835. M. Passama, docteur-médecin, maire de Perpignan. 1858. M. Philip, chanoine titulaire du diocèse. 1834. M. Pljade, doclcur-mcdccin. 1857. M. PiEYNÈs-AuDUSSON, propriétaire. 1853. M. Rides, directeur de l'École primaire supérieure. 1853. M. Robin (Louis), propriétaire. 1858. M. RouFFiA (Joseph), instituteur. 1859. M. Saignes (Justin), lithographe. 1854. M. Sauvy (Joseph), négociant. • 1853. M. SiAU (Antoine), propriétaire. 1833. M. SiRVEN, agent principal des Hospices de Perpignan (F). 1854. M. Talayracu (Joseph), avocat. 1855. M. Tarrés, docteur-médecin. 1860. M. Tastu (Antoine), ingénieur en chef des Ponls-el- Chaussécs. 1860. M. Testory (Paulin), pharmacien. 1841. M. ViLALLONGUE (Svlveslre), négociant. UombrcN résidante n'habitant pa» l'crpignan. 1858. M. Besombes (Joseph), négociant, à Saint-Laurent-de-la- Salaiique. 1861. M. Bosch (Joseph), propriétaire, à Ille. 1850. M. Camp, curé, ù Via (can».cn de Saillagouse). 1856. M. Cardonnell, propriéliiire, à Cases-de-l*éne. 1860, }\. Cazes, noluirf. à iMiilas. 27 418 1851. M. Conte (^Joseph), propriétaire, à Estagel. 185Ô. M. DuvERNEY, propriétaire, h Espira-de-i'Agiy. 1847. M. GiRVÈs (Sauveur), propricluiro, à Vinça. 1801. M. IlÉ.N.-vuT (Jean), propriétaire, au Soier. 1856. M. Malègue, propriétaire, à Pézilla-de-la-Rivière. 1858. M. .Marquv (ils, pépiniériste, à lile. 1858. M. NoGUÈs, juge de paix, à Olette, 1858. M. Pl.\, juge de paix, à Saint-Paul. 1860. -M. Ratiieau, ^, capil., chef du génie, à Amélic-les-Bains. 1858. M. ToLRA DE Bordas (Joseph), prêtre, professeur de philosophie et d'histoire au Petit-Séminaire de Prades. 1861. M. Truillès (Joseph), notaire, à Ille. 1861. M. ViLAu-SouBiRANE, propriétaire, au Boulou. Membres correMponâaiitii. 1839. JI™<= Lafabrègue, 'naturaliste, à Lyon. 1839. M""" Tastu (Araable), à Paris. 1839. M"'e ViEN (Céleste), à Paris. 1840. ÎJ'°e Faure (Anaïs), née Biu, à Limoux. 1842. M"" Favieu (Eulalie), à Marseille. 1833. M. Armonville, secrétaire du Conservatoire des Arts et Métiers, à Paris. — M. B.ASTARD, docl.-médecin, à Châlonnes (Maine-et-Loire). — M. BouBÉE, géologue, à Paris. — M. ChrisTol (Jul. de), professeur d'histoire naturelle, à Montpellier. — M. Des Mouli.ns (Charles), membre de plusieurs sociétés savantes, à Lanquais. — M. Denis de S.unt-Antoine, président des relations inté- rieures de la Société de Civilisation, h Paris. — M. Di.AS DE MoRALÈs,ancien député aux Cortès, à. Marseille. — M. Ferrus, ancien principal du Collège de Perpignan (F). 419 1833. M. FiuissE, lie Perpignan, négociant, à Celle (f). — M. JuLiA, de Perpignan, secrétaire d'Académie, à Alger(Fj. — M. SiAU, de Perpignan, ingénieur en chef des Ponls-et- Chaussées eu retraile, à Bordeaux. — M. TouuNAL, géologue, à Narbonne. — M. Vène, ingénieur des Mines, à Toulouse. 1834. M. BoiSGiRAUD, professeur de chimie, à Toulouse. — M. César-Moueal", directeur-fondateur de la Société fran- çaise de Statistique, à Paris. — M. Gros, avocat, à .\arbonne. — M. Delestre, président de VAthénee Impérial, à Paris. — M. DupuY, -iï, colonel d'élal-major en retraite, à Toulouse. — M. GoDDE DE LiANCOURT, président de la Société universelle de Civilisalion, à Paris. - M. Puj.iDE, i(, docteur-médecin, à Amélie-les-Bains. — M. Poulain, chirurgien en chef. — M. Salin, contrôleur de la .Monnaie des Médailles, à Paris. — M. X.ATART, pharmacien, à Prats-de-Mollù. 1835. M. Arago (Etienne), de Perpignan, homme de lettres, à Paris. — M. Breghotdu Lut, conseilleràlaCourlmpérialede Lyon. membre de V Académie Impériale de la même ville. — M. Cachelièvre. ingénieur des Mines. — M. Calmètes, Sf,de Perpignan, conseiller à la Cour de Cassation, à Paris. — M. Chevrolat (Auguste), membre de la Société Enlomo- logijue de France, à Paris. — M. Combes, docteur-médecin, à Toulouse. — M. Delocre, docteur-médecin, à Lyon. — M. Denizart-Hurtzel, propriétaire, à Lille. — .M. DuFFOURC, ^ , colonel du génie. — M ExsELY, docteur-médecin, à Caslelnaudary. — M. Gally-Cazal.at, professeur de physique, à Versailles. — M. GuiNARD aîné, pharmacien, à Bordeaux. 430 1835. M. GuiïER, de Perpignan, à Chaaibéry. — M. Gi voT DE Fère, secrétaire perpétuel île la Sociétt d Encouragemeui. h Paris. — M. Iritn, naturaliste, ù Moulpellier. — M. Jllia, de Perpignan, chel" d'escadron d'artillerie. — M. Lecoq, professeur de botanique, à Glerniont-Ferrand. — M. Maurin (Laurent), de Perpignan, lithographe, à Paris. — M. Merch, trésorier de la Société Linnéenne de Lyon. — M. MuLZANT, professeur d'entomologie au Lycée et à la Faculté des Sciences de Lyon. — M. Péricaud, bibliothécaire de la ville de Lyon, membre de V Académie Impériale de la même ville. — M. RiGAUD (Esprit), de Perpignan, avocat à la Cour de Cassation, à Paris. — M. RouFFiA(Côme), de Perpignan, maître de pension, à Millas. — M. TiiURBERT, ingénieur des Mines. — M. >Valter, ingénieur civil, professeur à l'École des Arts et Manufactures, à Paris. 1837. M. Barrau, homme de lettres, à Toulouse. — M. BoLVix, (le Perpignan, capitaine de frégate. — M. Mercadier allié, lithographe, à Toulouse. 1838. M. DuROSOY, inspecteur des .Mines. — M. Grenier, docteur-médecin, professeur d'histoire natu- relle, à Besançon. 1838. M. Vaillant, dessinateur, attaché au Muséum d'Histoire naturelle, à Paris. 1839. M. Brochier, capitaine du génie, à Paris, — M. Cadilhac (Désiré), à Puisségur, près Béziers. — M. CouDART d'Aulnay, membre de l'Athénée des Arts, à Paris. — M. Terrevert, naturaliste, à Lyon. 1840. M. Arago (Alfred), de Perpignan, sous-inspecteur de* B'iaux-Arls, à Paris. '42 î 1840. M. Monzic-Lasserre, doct. -médecin, à Coux(Dorilognc). 1841. M. François, ingonieur des Mines. — M. FoNTAN, docteur-médecin. — M. Moquin-Tandon, naturaliste, à Toulouse. — .M. Vienne, bibliothécaire de la ville de Toulouse. 1842. M. Bénet de Peraud, docteur-médecin, à Paris. — M. Gellé, professeur à l'École Vétérinaire de Toulouse. — M. Laugier, attaché à l'Observatoire de Paris. — M. Petit, directeur de l'Observatoire de Toulouse. — M. PoNGY, ouvrier maçon, homme de lettres, à Toulon. — M. Sel VA (Prosper), îrf , de Perpignan, capit. de vaisseau. 1843. M. D'O.MBRE-FiRMAS, d'Alais. — M. Passama, ^>, de Perpignan, capitaine de frégate. — M. Massot-Reynier, ^, de Perpignan, premier président i\ la Cour Impériale de Rouen. — .M. SoLLiEus (Félix), homme de lettres, à Paris. 1844. M. Bouis fils, de Perpignan, prof, de chimie, à Paris. — M. Didier (Petil), de Lyon. — M. Perey (Alexis), professeur de malhémaliques, à Dijon. — M. Rori.net, membre de V Académie Impériale de Médecine. 1847. M. [vat, avocat à la Cour Impériale de Paris-. — M. Renard de Saixt-Malo, de Perpignan, avocat à la Cour de Cassation, à Paris. 1848. M. Laurence, pri"hcipal du Collège, à Mont-de-Marsan. — M. Lefr.\nc (Pierre), homme de lettres, à Paris. — M. Perris (Edouard), naturaliste, à Mont-de-Marsan — M. Reboi'd, docteur-médecin, aide-major (Algérie). 1849. M. AuTHEMAN, économe des hospices, à Lisle-sur-Sorgu« (Var). — .M. PiETTA (Lucien), à Montesquieu, près Toulouse. 1853. M. Collet, principal du Collège de Castelnaudary. — M. CoMPANVo fils, de Perpignan , docteur-médecin , en Egypte. — M. Fai're, docteur-médecin, en .\lg[éTie. *2!2 1853. M. Mamel (^Jacquesj, de Per|iig!iai) , ingHnieui- un chel des chemins de fer du Nord. ~ M. Bon:;eph de), docteur-médecin, à Narbonne. — M. NoGUÈs (A.-F.), professeur d'histoire naturelle. — M. Pagezy, maire de Monipellier. — M. Ricard (Alphonse), avocat. 1861. M. A.MAS, employé à la Direction des Douanes, à Marseille. — M. Bataillari), naturaliste, à Audeux (Doubs). — M. BoNNEL (Gabriel), avocat, à Narbonne. — M. Bonnet, ,i:ige de paix, à Aubagne (Bouches-du-Rhône). — M. BouNiN, vice-prés, de la Société d' Agriculture de Mce. — M. Bovis (de), propriétaire, à Avignon. — M. Fernand-L.\garrigue, membre de Vlnstitut historique de France. — M. F'/ssiAUX (l'abbéV direct, du pénitencier des Boucbes- du-Rh6np. 1861. M. Hardy, directeur de la pépinière centrale du Gouver- iiemenl, près d'Alger. - M. Hklzé (Giislave), prolesseur d'agriculture à l'École iiiij'ôriale de Grignoii. — M. Labeaume (de), président de la Société d'Agriculhirc du Gard. — M. Levmêric, prof, de géologie à la Faculté de Toulouse. — M. RouGEMONT, président de la Société d'Horlicuhurc des BoucIies-dii-Blu'me. — M. Salles (Isidore), ^, prél'el. — M. SiCARD , secrétaire de la Société d'Horticulture des Bouches-du-Rliône. 1862. M. Chardon, président de la Société d'Horticulture et de Botanique du département du Gard. — M. Éloffe (Arthur), naturaliste, à Paris. — M. Ville (Ludovic), '^, de Rivesaltes, ingénieur en chef des Mines (Algérie). 1865. M, Fuix, de Perpignan, ingénieur en chef des Ponts-et- Chaussées, à Amiens. — M. Oliver (Paul), memhre de la Société de Botanique dr France. Correspondants étranger». 1833. M. Llobet, géologue, à Barcelone. — M. Ladron de Guerrera, chanoine et curé du Rctiro, à Madrid. 1835. )1. LoRENZo DE Redecilla, homme de lettres, à Madrid. — M. Francisco Vera, homme de lettres, ;'i Madrid. — M. Acevedo, homme de lettres, à Madrid. — M. Lorenzo Abat, homme de lettres, à Madrid. — M. Mari.\no de Sans, naturaliste, à Barcelone. — M. Roura, professeur de chimie, à Barcelone. — M. Bastuc, censeur royal, n Barcelone. 435 1835. M. Gauimer, membre de l'Université, à Madriil. — M. Raull, avocat, à Barcelone. 1842. M. Luis Balaguk, membre de la Société Philomaihique, à Darcelon'^. 1847. M. 1»^ marquis de Belpuig, duc de Savella, à Pa!ma (Iles Baléares). — M. Joachim Maria Boyer de Hossello, à Palma (lies Baléares). — M. Nicolas Brozedo y ZAFORTERA,à Palma(lles Baléares). — M. Jules de Gabarrus, consul de France ^ Palma (Ilo« Baléares). — M. Basilio Sebastiano C.\stellano, bibliothécaire de la Bibliothèque Royale, à Madrid. — M. Luis Maria Hamirés Las Gazas Deza, prés, de V Aca- démie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Cordoue. — M. MoDESTO La Fuente, homme de lellres, à Madrid. — M. Isidore Ghaussat, homme de lollres, à Barcelone. 1848. M. Martinez (Ant.), à Palma (lies Raféares). — M. Medel (Raymond), à Palma (lies Baléares). 1840. M. Faces de Roma, inspecteur-général d'agriculture dans la province de Girone. i8r)l. -M. Vidal, prolesseiir d'histoire naturelle à Tlniversité de Valence. ^ 1852. M.Macdonald, président de V Académie Britamique . à Londres. — M. le comte de Mélaxo, secrétaire perpétuel de r.4crt- démie Britannique, à Londres. 1853. M. REUMK(Aua'iisle de), capitaine d'artillerie en Relgique. membre de YAcadémie Britannique. — M. Blbio y Ors, professeur de littérature espagnole à l'Université de Castille, à Valladolid. — M. Fadeuille (de), membre de YAcadémie Britannique. — M. Florencio Jaker v (Ihaim.s, hnmnif (!*> lettres, h Madrid. 1853. M. J. Trljillo uel Pakraso, houiinc de lettres, à Madrid. — M. Gens (Eugène), professeur d'histoire ù l'Alhénée Royal d'Anvers. — M. le vicomte de Kerckov-Varent, président de YAca- déwie d'Archéologie de Belgique, grand'croix et com- mandeur de plusieurs ordres. -- M. le \icomle Eugène de Kerckov-Varent lils, charge d'affaires de l'Empereur de Turquie près le Gouver- nement Belge. — .M. Alexandre Scoaepkem , peintre de paysages, profes- seur de peinture, à Mai'Slrich. — M. Léonard de Cuyper, statuaire, à Anvers. — M. Nicolas Van-der-Hevden, généalogiste, à Anvers. — M. Raphaël Atienza, marqués de Salvatierra, à Ronda. — M.Thomas Aquilo. professeur universitaire, à Palma (lies Baléares). 1859. M. Alex.vndre Schaepkens, direct, de l'École des Beaux- Arts, chevalier de la Couronne de Chêne, à Macstrich. 1861. M. le doctenr Don Juan de Dios Montesimos y Neira. à Cordoue (Espagne). — M. Damaso Calvet, ingénieur, à Figuéres. Membres résl«laM«iit dc«-éd«is depuis la publication du dernier lïulieiin» M. Amadis, professeur au Collège de Perpignan. M. Batlle (Pierre), homme de lettres, à Perpignan, it'.^ M. Lloubes (Jean-Jacques), banquier, à Perpignan. M. Méric (François), homme de lettres, à Perpignan. M. Pagès-Roudiére, docteur-médecin, à Perpignan. M. PicAS (Ilippolyte), avocat, à Perpignan. M. Saléta, capitaine d'artillerie en retraite, ù Perpignan. ,M. Tastu-Jaireut, avocat, à Perpignan. 427 'Académie dos Sciences et Belles- \isnr ) Leilres. ^c„;„r n ■*'*" j ;c>ainl-Ouciiiiii. Sociotés corroMpondantp» '.4f«rfemie ^/c.ç Sciences et Belles- J Leilres. [Comice Agricole. ' \lpes (Basses). . . Sociclé cenirale d' Agriculture et d'acclimatation. Di!(iH> (Société Scientifique et du Commerce., ^"'"-' ISociélé d'Agriculture, Arts et Rel-Y^royes. ' ■ les- Lettres. ) ; Société d'Agriculture. Carcassoniip \Comice Agricole. Limoiix. ^"'''' ^Société des Arts et Sciences. Gartassonuf. IComice Agricole de l'arrondisse- \ ment de Aarbonne. Narbonnc. Ariége Société Agricole et Littéraire. Foix Avt'yrnn Société d'Agriculture. Hnrjp/ ! Société d'Horticulture. ! Société de Statistique. i Académie des Sciences. iMarseilIr. Société de Pharmacie. i Berne Horticole des Bouckes-du-^ \ Rhùne. Société Vétérinaire du départemcut du Calvados et de la Mandie. i Société d'Aqricullure. Sciences elî^''^-''^'^ I Belles-Lettres. \ \Snciété d'Agriculture h ,ln l.,,,,,- Calvadiis / merce. .{rndemic des Sciencen . .Iris et'r.,,,,, Ilelle.-Leltres. i^"^" j Société Linnéenne de yormandie. Société Académique, Agricole. In- du.tlrielle et d Insirnrtion. Falaisp. '■^•n'^' PrnpuijriT^-ur ignrole dti Ciiiffil \iirillar. 128 r.harenlf Société d Agriculture. Arts et Com- mera Aii^oukMiii. i Société (l'Afirinilluiy, des Sciences. nharcnip-lntôr-e .( Arts et Belles-Lettres. Rocheforl 'Athénée de la Charente-Inférieure. La Rochelle Cher Société Agricole du Cher. Bourges .Académie impériale des Sciences \ \ el Arts. I CAte-d'Or L . ..„ . , „ , , .Dijon fSociete d HoHirullure et n Arbori-\ \ culture. . Creuse Société des Sciences Xalurelles et A rchéologiques . (iiiérel . {Société d'Emulation. i Doubs ] (Besançon. [Société d'A()ricnlture. ) .Société de Stati.ifique, des :\rts et\ Hirtnif ] des Sciences. Walence. Société d'Agriculture. ture Société libre d'Agricu'Iure, Scien- ces, Arts et Belles-Lettres. Kvreux. ! Académie des Sciences, cic. \ < .,T>\ , {^"'''^^ d'Agriculture. {^.^^^^ fComice Agriroh' de l' arrondisse- \ ment de finies. j Académie des Jeux-Floraux. [Académie des Sciences et Belles- \ Lettres. ^Société Archéologique du Midi. Garonne ( Haute"). . (Société d'Agriculture. ,^Toulousp. \jourmil d'Agriculture pratique eli d'Économie rurale pour le Miili\ de la France, publié pur lcs\ Sociétés d'Agriculture de laj Haute-Garonne et de l'Ariége. ' \Soriélé Anrirolf. ) (..•rs l ,, , (Auch. [Renie Agricole et Horticole. Academit Impériale dt» Science.», S Belles-Lettres et Artt Société Linnéenne. ^ \Sodélé dHorticullure. ^Bordeaux I Société d'Agriculture . {Société de Médecine. (Société Archéologique. Société d'Agriculture. i Le Messaqer Anricule du .Midi' ,, , ,.. riermm y (rédacteur). , Montpellier. lAnnales de la Société d'Horticulture] et de Botanique de l'Hérault. [Société Archéologique. Béziers. Indre Société d'Agriculture. Chàteauroux. (Société Médicale. ^ !..),> ,1 !„;,.„ \Société d'Anriculture , Sciences Jr^ lndie-.t-Loire. . . ^^^,^^ ^^ Belles-Lettre. r"""'' [Société Archéologique de Touraine. j .Société d'Agriculture. \ [Académie Delphinale. j jgère.. . .■ jSociété de Statistique des Sciences' Qr(.in,[,ie i naturelles. ( f Sud-Est. Journal agricole et hor-] \ ticole (rédacteur). i Jura Société d'Emulation. Lons-!e-Saulnier. Landes. Société d'Agriculture. Mont-de-Marsan. Loir-el-Cher ... Société d'Agriculture. Blois. ! Société d'Agriculture. Montljrison. Société Impériale d' .Agriculture , Sciences, Arl» et Belles-Lettres du département de la Loire. Saint-Etienut-. Loire (Haute). . . . Société des Sciences et d' Agriculture Le Puy. Loire (Inférieure). Académie de la Loire-Inférieure. Nantes. iSociété d'A^^irieulture. , Loiret „ . ,, ...,,. , Orléans ySoctete d horticulture s 430 Lot . ■ Société Affi'icole et Indu^trielU taliors. Lot-et-Garonne. . Société d'Agriculture et Arts. Agen. Lozère Société A qricole , Scientifiqiu et Littéraire. Mende. [Société d'Agriculture, Sciences et^ \ Arts. / Maine-et-Loire . . L-.^. i,^d,^trielh. (•^"^^"■'' {Société Académique. ' Manche Société Académique Cherbourg. 'Académie Impériale. \ L, . . „ , . ,. jChàlons. Marne 1 Société d Agniulture. ^ [Académie de Reims. Reims. (Société des Sciences, Lettres et Arts.) .Meurthe ■] (>ancv. 'Société centrale d'Agriculture. > ^Société d'Histoire Naturelle. Moselle ] [iMeli!. ■Académie Impériale. ' jSociété d'Agriculture. Valenciennes. I Société d'Agriculture , Sciences etj Arts. fr^ „• l Comice Agricole de f ArrondisseA 1 ment de Douai. ) hociété d'Émulation. Cambrai. Nord VAcadémie Nationale Agricole, Ma- . j nufacturiére, etc. i ÎSociété des Sciences, de l'AgriculJ I turc et des Arts. /Lille- I Comice Agricole. \ \Comice Agricole de l'arrondisse-] ^ ment de Lille. > .Société d'Agriculture. Compiègne. Oise ISociélé Académique, Sciences et ' Arts du département de l'Oise. Beauvais. i Académie des Sciences. i Pas-de-Calais... Isocie/t- Centrale d'Agriculture duM'^^- ' Pns-de-Cnlais. ] 431 Pas-de-Calais... Puv-de-Dùme Rhin (Haut). Société (les Science-> el Belles- \ Lettrea. jSociélé d' Atjric'iHtire de l'arron~\, \ dissemciil de Boulogne. ) Boiilouno Rhôue Sarthe . Seine . . Académie d?s Sciences , Belles- Lettres et Arts. Ciormont Fcrrand. Société d'Agriculture. \ .}Société d'Histoire ?iaturelle. i 'société Industrielle de Mulhouse. .Mulhouse. I Académie des Sciences. [Société des Sciences PkijsiqtiesA \ Xaturelles, d'Agriculture et d'In-1 , .' dustrie. >Lyon. ISociété Impériale d'Agriculture et\ [ d' Horticulture pratique. ] \ Société Littéraire. . . Société d'Agriculture , Sciences , Commerce et Arts. Le Mans. Académie Nationale, Agricole, Ma- nufacturière cl Commerciale. ! Académie des Arts. i Société Centrale d'Agriculture. I Société pour l'Instruction élémen- taire. Société de Statistique universelle m-iété d'Encouragement pour /'/«- dustrie. \ Cercle Agricole. Société de la Morale chrétienne. lAnnules udminii^tratives et scienti fiqucs d Agriculture française. ICercle Historique. \ Institut Impérial de France. I Société Protectrice des Animaux. i Tribune des Linguistes, Philosophie ■ du Langues. (Paris ia-2 ^exnf L Apiculltui , Journal des Cultiru- teura (iAbcillts (rédacteur). Moniteur des Comices et des Culti- vateurs (rédacteur). , Cercle de la Presse scientifiquel (rédacteur). I La Bévue d'Economie rurale (ré- dacteur). Journal d'Agriculture pratique ] (rédacteur) 1 Annales du Ilihliophile. du Zi/W/o-^parjj tliêcnire et de l Archiviste , pu-' bliées pur Louis Lucour. Revue des Sociétés Savantes des\ départements , publiée sous !es\ auspices du Ministre de l'instrur-\ tion publique. Lu Ferme, Journal Agricole et Horticole, des Comices Agricoles, des Sociétés Savantes, des liédac- teuri de Journaux, des Pasteurs et des Instituteurs (rédacteur M.! Defranoux). Seine-Inférieure. jSociété des Sciences, Arts et Bel- , les-Lettres. [Société d Horticulture. }Société libre d'Émulation et dei^^^^'^^^ Commerce. \ ISociété Centrale d'Agriculture. ] Société Hdvraise d'Etudes diverses.) I Cercle pratique d'Horticulture c/lLe Havre. de Botanique. j Seine-et-Marne . . Société d' Agriculture et Sciences Morales. Welun. Seine-et-Oisc . ilnstitut National Agronomique. ^ ■'Société des Scieuces Murales, (/es, Versailles. ( Lettres et Arts. * i33 , Société d'A(iricultur(' et lt'tt'iii' Académie Britannique. Londres. I Société Arihéologique de Bru.ri'lles. Bruxelles. l^ftlS'"?!"' ^Société de l'Union des artistes [ Liégeois. Liège. .El Propagador de la Libertad Barcelone. Espagne 5 „ • , ., . 'La Grajija (ncvista). rij^nres. Hollande Académie Royale des Sciences \mslc'nliiin Portugal 0 Airhiri) Mural. Jorual de Agri- cuhitrn, Arles e Sciencias. Lisbonne. Suisse Société Vaudoise des Sci.''mes na- turelles. Lausdiine Bussie Société Impériale d'AgrInilhi'r Vosr^u Fém TAi!Li<: Diis »i\'HÈiu:s. RébUjm'! (les travaux de la Société, depuis le niois d'octobre 1859 jusqu'au 31 décembre IS62, nar M. Fabre, secrétaire b t'encours régional de Perpignan et expositions annexées, en i^ti'â. .'{1 La prime d'honneur des l\\Téuées-Orientales, par M. Henri Doniol, secrétaire et rapporteur de la commission de visite -VA Distribution des prix et médailles t>f> Séance publique du 29 juillet 18G0 109 Séance publique du 28 juillet 1861 115 Rapport sur l'exposition florale et maraîchère du Concours régional de Perpignan, par M. l'abbé Delhoste, secrétaire de la commission. 120 Une procession au quinzième siècle, par M. l'abbé E>elhoste 12!"") Kin du supplément aux Éphémérides de riiôpital Saint-Jean et de l'Hospice de la Miséricorde de Perpignan, par M. Joseph Sirven. 129 Les ruines de Cabrenç, par M. Piatheau, capitaine, chef du Génie, à Amélie-lcs-Bains 1 5 Biographies roussillonnaises, iiar M. Tabbé J. Tolra de Bordas I. Mf,-'- François Ximi-nez, fivèqiie d'FJno (1i')0~l il5). . II. Mfc-r Michel Pontich, Évêque de Géroiic (1032—1699) . III. Le R. P. Méliton de Perpii;nan, Capiuiii (iOSO— 1755) 303 303 333 355 Vigarosy, par M. Joseph Sirven 371 Analyse cliimique de la stéatite de Mosset, par M. Léon Ferrer. . . 373 Vers adressés à Mgr Gerbet , lors de sa visite au Collège de Perpignan poiiry administrcrle sacrement de la confirmation, par M. L. Fahre. 37.") La Charité, jiar M. Joseph Sirven 377 Les Grues d'Ibicns, par M. L. Fabre 379 Éloge du Maréchal de Mailly, par M. J. Mercadier 384 Les métamorphoses d'une graine, par M. J. Mercadier lOtJ Le Gascon et le Banquier, par M. J. Mercadier . 413 Liste des Membres composant la Société .il 5 Liste des Sociétés correspondantes i27 FIN DE LA TABLE. tUj 1LU.H.V Uj _1L.'.. -uVi,:::- -"j: /MP> , .Ac-i .it' ..;';_ . . • .■f;.'v. PL.l. PIKEÎIIÈME PARTIE ■scEirx imr r.LF.RuMK. .'-t^ ae.^suûi;;; le. -i£.-. J'ii-.if Z.r.-jnes. M,ii;:Jié .VjiJ. Pi:-n:ou ,,, 3. . ^ ^i.^^ -iti.Affin S«j;yMj. Jfji-J» AW..''»r-iij-.. PI.. 2. IPKEMffiKJF, HMMIIIE. ^r.EAC"^ ror i'.lek^vE. iiCrJmœ S,^j.»...5fi.-i. JW„-er^.,a.. litr..»'"iu»iai. Sf^jiiBJ . Msa-che A ' PL..3. FKi^IIEEE PARTIE. SCEAUX BU CLEffi.GÉ, C-, . Svjhit Spd-jpjèa . Maz'ciie i^eui . l'ei-iixyuss. 9. L:Th. Jnsfn 3,v/r:t:, Mn^ht f'f'.sf . ,Vvi»wv PL. +. BErXIElUE PARTIE. CEUX DES LAÏ9IES. 8. 9. ^ww NfTjffigaf ^-. 1 X-; " : r; :y;l:i.:.^,)i^i:.l/t'rth'>''-'l ffTi:-ifn.v. S '' èi ?Mchnr clf! PL. ii)Eil"sii:me partie. SCEM^X MES EMflliEES. IitkJiisfin Sâiçraes. Marche Netu.Feijuc^nB. t'd '' os Fonrhiev itl. Lidi. Juifiu Saipiss. Mirde Neuf , PBi:,r ps^nuui. PL. 6. DEUXIÈME P.IRTIE . S CE AITX DES LMOUE S . Ed. de Fûucluer àel. LiÛi. Jusfin 3aicpi>i5. Mai'ihé Neuf . Perju^ui r. .1*1 43 .14. / , NEHAL N . 1 .\n.i..„s Ouvi-:ivVs MUiliuvps ,\f C AhKY.y Ç \,v^ h\ .n.VNERA fVn«" femliles^. n=f- PROFIL OEÎSERAL DKT.^LS DE LA TiilR > ■ 2 Plan du I" Eta?p .li- la Tour N« 1 Plmi s-vuviuit AB illt'vahon smvdiit E F Cuiipe sm\aill Q H I M- i:- Plai\ STiivant CD i'tlifUf e/f o oot f'itf iitt'fn' pour /i.v l'/nn r/ l'it-fil irf/nriti/.i- {■:>-ftcnt' iTV o ooS par nn-fn- /'"«/■ /,-.<■ Afl