^^ n VA :/J^Sl c *. •. • / Paris. •- Iiii| liiiifiir ili^ L- MAr.nxi'T. nii> Mif^nnn, y .. •• • BULLETIN r r DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOI.OCIIQUE D'ACCLIMATATION FONDÉE LK 10 FÉVRIRR 1S5'4. TOME NEUVIÈME. AWKE 1863. *JÎ5*fAIÉ.V « vs^>.: Si\yi%. • • ivvr . v^cAi •« ». * 4-;?* ■,.♦ -'^ PARIS / ' VICTOR MASSON ET FILS, PI.ACr. DE l'école-de-mkdkcinf., • * • n rri * T T n T rS n T-" rv t-* TA o n /"i T T^ T' L^ 4 • RT AU SIEGE DE LA SOCIETE, llùTEl, I.AlinAGIIAI?, VMV. PK I.II.I.r, 10. 1 sn-2 k » A. f-»-i-. /f^ . * ji] SIXIÈME SÉ\Î\CE PllBLIOlE A^MELLE -^^>- vo#«j: DE . ' *-itiJ LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. PROCÈS- VERBAL. Cette séance a eu lieu à l'Ilùtel de ville, salle Sainl-.lean, le jeudi 20 février 1862. S. A. I. Mgr le prince Napoléon, ayant daigné honor(M' celle solennité de sa présence, avait pris place au bureau, où sié- ceaient aussi, avec M. Drouvn de Lhuvs, ])résident, M)L Mo- quin-Tandon et A. Passy, vice-présidents; le. comte d'Epré- mesnil, secrétaire général ; Dupin et Soubeiran, secrétaires, et de Quatretages, membre du Conseil. Sur l'estrade se trouvaient placés MM. les membres du Conseil, les présidents, vice-présidents et secrétaires des cinq sections, la Commission des récompenses, et un grand nombre de membres de la Société, iVançais et ('1 rangers. Une tribune avait été réservée à la famille de M. Is. Geof- froy Saint-Hilaire, et d'autres tribunes étaient occupées par les dames patronnesses du .lardin d'acclimatation et par un grand nombre d'invités, parmi lesquels se trouvaient : LL. AA. madame la princesse Bonaparte, marquise de Roccagiovine, et madame la comtesse de Primoli, princesse Bonaparte; mes- dames la princesse de Castelcicala, la marquise d'Hautpoul, la comtesse Chouvaloff, la comtesse de Damrémont, la comtesse d'Oraison, la comtesse de Rayneval; mesdames Calvo, Cuéri- neau née Delalande, Marques-Lisboa; MM. le baron d'Andri', ministre de France à la Haye; Calvo, chargé d'affaires du Paraguay; Marques-Lisboa, ministre du Brésil; le chevalier Nigra, ministre du roi d'Italie; le baron de Seebach, ministre (2s|de Wurtemberg; le chevalier Canofari, ancien ministre de ^Naples; le comte de Monlessuy, ancien ministre de France à r^^la Haye; le chevalier Bargagli, le duc deCajanello, le prince ,,jp«de Castelcicala, le comte ChouvaloIV, le comte de Koskull, le £v; '• 1^> If^'i-- — S'jniicc publique . a ]| SOCIÉTÉ I.MPÉlilALE ZOOLOGKÏUE D'AOCr.IMATATION. diK' (Ir Maddaloni, le duc de Pagaiiica, le duc délie Pesclie, le maréchal Saula-Criiz, le colonel Sol, et })lusieurs autres étran- gers de distinction. Une très nombreuse assemblée occupai! la salle, dont la disposition avait ('lé confiée, connue les années précédentes, aux soins d'une Commission composée de MM. E. iJupin , V. Jacqueuiarl e[ le comle de Sinety, meudires du Conseil. M. le marquis d ipère fer-de-lance), à l'étal de liberté. On devra avoir obteim trois générations. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. Concours ouvert jusqu'au ■)" déccndjre 1800. l'iilX. — \:\ni médaille de -1000 francs. Séance [jublique annuelle du ili février 1861. Introduction, culture et acclimatation du Quinquina dans le midi de l'Europe ou dans une des colonies françaises. Concours ouvert jusiiu'au 1" décembre 1805. Prix. — Une médaille de 1500 francs. * Séance publique annuelle du '20 février 18G'J. 1. -Métissage de riJéiuionc ou de ses congénères (Dauw, Zèbre, Couagga) avec la jument. On devra avoir obterm un ou plusieurs métis âgés au moins d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1 " décendjre 1866. Prix.— Une médaille d.> 1000 francs. II. Propagation des métis de l'iléinione et de ses congénères avec l'ànesse. • Ce prix sera décerné à l'éleveur qui aura produit le pl'is de n'.étis. (!| de\iM en présenlei six individus au moins.) Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1866. Prix.— Une médaille rie lOdfl Iimucs. IV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Jll. Domcsiiciition de T A ut ruche d' Afrique {Struthio cdmchis) en Europe. On devra jiislifitT de la possession d'au moins douze Anlruchcs nces chez le propriétaire cl âgées d'un an au moins. Concours ouvert jusqu'au 1" décemlire 1866. Prix. — Une médaille de 1500 francs. IV. Domestication de rAulruche {StnUhiu vameXus) en Afrique. On devra justifier de la possession d'au moins Irente-six Autruches nées chez le pro- priélaii-e, et âgées d'un an au moins. Concours ouvert jusqu'au \" décendire 180IJ. t'nix. — Une médaille de 1500 francs. Y. Introduction en l'^rniice et repi-oduction en captivité du Dindon ocellé {Melcagris ucelUita). Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 180". J>HIX. — Une méilaille de 1000 IVancs. VI. Iteproduclion en Fiance du Tetrau nipicln. On devra présenter au moins di\ sujets vivants, de seconde génération pioduile en captivité. Concours ouvert jusqu'au 1" di'ceinluo 1865. Prix. — Une médaille de 800 francs. VIL r.epfodnction en caplivité du Loi)lioi)lioi'e {biphophonis rcjaUjens) en Fiance. On devra présenter au moins si>: sujets vivants, de seconde génération produite eu captivité. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 186". Pmx. — Une médaille de 500 francs. VIIL llepi-oduction du Gouca {Cohiinba coronata) en l''rance. On devra préscnler an moins deux sujets vivants, de seconde génération produite en captivité. Coni'ours ouvert jusqu'au [" di'cendire 186". Prix. — Une nnklaille île 500 francs. IX. fnti'oduclion et acclimatation d'un nouveau l'oisson alimenlaiic dans les eauK douces de la France, de rAl^^éric, de la Martinique ou de la GuadtMoupc, ou d'un Crustacé alimentaire dans les eaux douces de rAlgérie. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1866. Prix. — • Une méilaille do 500 francs. I.e prix sera doublé, si le poisson inti'oduit et acclimaté est le Gourami. X. Acclimalalion accomplie, en France ou en Algérie, (l'une nouvelle espèce de \cv à soie, i)roduisant de la soie bonne à dévider cl à employer industriellement. Cnncunrs ouvert jusqu'au 1" décendirc 1866. Pmx. — Une médaille de 1000 francs. PraX FONDÉS PAR DES MEMDRES DE L.V SOCIÉTÉ. Séance publique annurllr du 17 fcrricr 1859. Prix fondé par HI. F. »AVI\, manurafturicr. Propagation de la race ovine (^raux dv. Maucliami». Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1864. PniX. —Uuc somme de 1000 francs à ajouter à la uiédaillo de 1000 francs fondée par !a Société pour le nièmc objet (voyez page |irci.:édente'. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE. V Prix fondé par in. le docteur .SAl'C. Aniélioialion de la Chèvre d'Angora, Concours ouvert jiiS()ii'aii 1" décembre 1SC2. Prix. — Une prime de lOo francs pour la toison la plus lourde de Chèvre d'An':'ora. Si la toison est remarquable par ses qualités, la Société triplera celle prime. Séance publique annuelle du l/i février 1861. Prix fondé par IVIadame GUÉRI.\E.4L% née DEL.4Ljt\'DE. Une grande médaille d'or sera décernée, le 10 février 1863, au voyageur qui, en Afrique ou en Amérique, aura rendu de|)ui.s huit années le plus de services, dans l'ordre des travaux de la Soci(''lé, ])rincipalenieiit au point de vue de ralinienlalion de l'iionune. Les pièces relatives à ce concoin-s devront parvenir à la Société acant le \" décembre 1862. Prix fondé!« par un nicnihre de la .*»oeiété «{ul a voulu garder l'anonyme. Deux primes, l'une de 200 fr., l'autre de 100 fr, , seront décernées, chaque année, pour les hons soins donnés an\ animaux ou aux végétaux, soit au .Tanliii zoologique d'acclimalaliou (prune de 200 fr.), soit dans les étal)lisseincnts d'acclimatation se rattachant à la Société (prime de 100 fr.). Les pièces relalivcs à ce concours devront parvenir à la Socii'lé iivaiil le 1 " décembre (le cliaque année. Séance publique annuelle du 20 février 18G2. Prix fondé par madame tlFHIXEAtl, née l)EL.4L.t\DE. Une grande médaille d'or, à l'edigic d'isidore (leoflroy Saint-llilaire, sera décernée, le 10 février 186Zi, au voyageur qui, en Asie ou en Océanie, aura rendu, depuis neuf années, le plus de services dans l'ordre des travaux de la Société. • Les pièces relatives à ce concours dcvroul èh'e remises avant le l" décembre 1803. PrK fondé par !VI. TIIElI.LIEIt -nESJ,lKUI\^. membre et délégué de la Soeîété. Reproduction en liberté du Colin de Californie. On devra fournir la preuve que l'on a obteuu, en France, deiiv géuéralions successives de Colins de Californie, pondus, couvés, nés et reproduits eu liberté ilaus la même localité. Concours ouvert jusqu'au i" décendire l8Gi. Paix. — Une médaille de 500 francs. — M. lecomle d'Eprémesnil, secrétaii'c gém'Lal, a présenté enstiilc lo Happorl sur les iLavaiix de la Commission des récompenses. — Il a été décerné celte année : 1" (Juatre prix .spéciaux, dont une médaille de 2000 francs, deux de JOOO francs et une de 500 fiaiics ; '2' l'n liln- de uiciidirc iKuiorairc : VI SOCIÉTÉ niPÉrilALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOX. 3" Trois grandes médailles d'or hors classe; h" Vingt-quatre médailles d'argent, médailles de première classe. Il y a eu, en outre, sept rappels de médailles de pre- mière classe, dont une de vermeil; 5" Treize médailles de bronze (de seconde classe); 6" Cinq mentions honorables ; 7" Les deux primes annuelles de 200 et 100 francs ; 8" Cin(| récompenses pécuniaires. Les prix spéciaux ont été décernés dans l'ordre suivant : La médaille de 2000 francs, fondée par M. Chagot pour la domestication de l'Aulruche, à M. Hardy, d'Alger; Une médaille de 1000 francs, pour la domestication de la grande Outarde, àM. Altiiammer, ornithologiste à Arco (Tyrol); Une médaille de 500 francs, pour l'introduclion d'un Poisson alimentaire dans les eaux de l'Algérie, à M. Kralik, à Paris; Une médaille de 1000 francs, pour l'acclimatation ac- complie d'une nouvelle espèce de Ter à soie donnant de la soie bonne à filer, à M. Guérin-Méneville, à Paris. Le titre de membre honoraire a été conféré à M. Duchesne DE Bellecourt, consul général et chargé d'affaires de France au Japon. Les trois grandes médailles d'or ont été décernées : La première à M. le conseiller Dutrone, pour la création, la propagation et l'acclimatation dans divers pays de la race bovine sans cornes, Sarlabot. Les deux autres (e.r œquo), à madame la comtesse de Cor- :neillan, à Paris, et à M. le docteur IL Fougemoi^, à Tournan (Seine-et-Marne), pour la découverte d'un procédé de dévi- dage des cocons naturellement ouverts du Bomhyx-Cijiitlna, Ver à soie de l'Ailante, et des autres espèces analogues. Pour les autres récompenses, voyez ci-après le rapport de M. le Secrétaire général. — Le Conseil, par décision pi isole 21 lévrier, a a)'rét('' que les discours prononcés dans la séance publi([ue du 20 février 1(S62 sciaient ins(''r('s in extcnsu dans le BnUclin de la Société et placi's cil tète du volume en cours d'exécution. ho. Secrétaire des séances, L. Sori!F,IR.\N. DISCOURS D'OIIYERTITRE Par M. DROl y;^ DE LHUYK . r'i'csiiloiit (le la Suciélé. Monseigneur, Messieurs, Vos souvenirs, vos regrets évoqueiil, nii milieu de nous, et replacent en quelque sorte sur le fauteuil ((ue j'occupe, l'homme de bien qui, depuis l'origine de notre Société, en dirigeait les travaux avec une autorité si douce et si incontes- table! Lorsque, l'an passé', nous écoutions ici sa parole pleine d'énergie et de contiance, pouvions-nous prévoir que cette voix allait s'éteindre, qu'en I8(j"2 le deuil mêlerait ses voiles aux trophées de la séance solennelle, et que le discours d'ouverture serait l'oraison lunèbre de notre Président! Isidore Geoflroy Saint-Hilaire est un de ces hommes auxquels on succède, mais qu'on ne remplace pas. Plus j'ai étudié sa vie, plus j'ai compris que notre perte était irréparable. Aussi, croyez-le bien, pour me l'air(^ accepter l'héritage (jue m'a déféré votre indulgence, la témérité n'eût pas sufïi , il fallait du dévouement. C'est dans ce sentiment, et surtout dans le puissant concours de mes collègues, que je puiserai la force ou plut()t le courage de continuer l'œuvre que mon prédéces- seur avait entreprise. . Isidore Geoffroy Saint-Hilaire était nnn-seulemeni pré- paré par ses études, mais pour ainsi dire prédestiné par sa naissance à cette ]ioble tâche. Le sceau de la science avait consacré son berceau. Dans le xviii'' siècle, la famille dont il élait issu avait donné trois membres à l'Académie des sciences, ei, dès le commencement du siècle suivant, son illustre père attacha à ce noju une gloire impéiissalile. C'est un l)eau spectacle, messieurs, que cette succession de grands esprits qui se passent ainsi de main en main le flambeau sacré pour éclairer le inonde. La science a son blason et ses dynasties. LesCassini, les .lussieu, les GeuflVoy VlU SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SaiiU-Ililaire, les Brongniarl, onl i'ondé et maintenu clans leurs maisons ce précieux majorai. Par quelle loi cette hérédité est- elle régie? La Providence, dans ses impénétrables desseins, a-t-elle choisi certaines lamilles pour exercer le sacerdoce de la science? Les aptitudes de riiitclligcnce se transmettent-elles comme les habitudes du corps? ou plutôt n'est-ce pas l'édu- cation qui, par une salutaire iniluence, communique aux eii- laiils les vertus et les mérites de leurs pères? Quoiqu'il en soit, Isidore savait que noblesse oblige, et vous n'entendrez pas sans émotion les expressions touchantes par lesquelles, dans un de ses ouvrages, il expli(|ue sa vocation : <( .l'ai dû, dit-il, à mon vénéré père, à ses conseils, à ses » leçons intimes dont j'avais chaque jour l'heureux privilège, » de voir de bonne heure la science sous son double point de » vue théorique et pratique ; et j'ai cru (pie je devais essayer » de lui payer un double triinit. Chacun puise ses devoirs dans » sa situation, et les miens étaient nettement tracés par la y> mienne. A moi moins (pi'à tout autre il eût été permis de » délaisser riiisloire naturelle générale ; l'exemple de mon » père et le culte de ses travaux ne m'appelaient pas moins » de ce coté que mes jiroprcs prédilections. Mais, en même temps allaché de bonne heure au Muséum d'histoire naiu- » relie, et très lieureusenienl placé pour les (''Indes expérimen- tales sur les animaux, j'élais redevable envers l'histoire nalurelle appliquée de loules les études, de tous les essais qu'il » était en mon pouvoir de tenlersui' racdimatation des ani- maux utiles, .l'en ai jugé ainsi, et mes premières études )) dans cette dirtM'ilou remontent à 18!>i), mes premiers essais » en 'JS;^S, époque où je lus chargé, sons l'autorité de mon » père, de la surveillance générale de la Mf'uagerie, dont j'eus » à mon tour la direction à partit' de JS/iO. » Voyez, messieurs, quel contraste jirf'sente la vie de ces savants, ('elle d'Ktienne, enq)ortée dans le tourbiUon des urands événements, est vme suite de croisades et de tournois scientihipies. Vaillant jouteur, pionuiei' ini'aligable, les tra- vaux du cabinet sont l'arsenal dans lecpiel il l'orge incessam- ment ilev armes pour les liantes luttes et les coïKjuètes bun- DISCOURS D Ol'VEUTURE. IX laines. Sa vie est toute militante. Elle commence au milieu (les orages de la première révolution. En 1703, il fonde la Ménagerie du Muséum d'histoire naturelle. Mais les abstractions de l'esprit n'étouffaient pas chez lui les émotions du cœur. Son courage, aussi ingénieux ({u'intrépide, disputa auxhour- reaux les têtes de son bienlait(Hir Daubenton, du poète P»ou- cher, de l'abbé Ilaiiy, son maître, et de douze professeurs du collège de Navarre. Pou d'aïuiées après, soldat lettri- de l'armée d'Egypte, suivant son heureuse expression, il allait, dans cette mystérieuse contrée, explorer le désert, déchiffrer les hiéroglyphes de l'histoire naturelle, et enlever, sous le feu des batteries anglaises, de j)récieux fourgons chargés des dé- pouilles opimes conquises par nos savants. Plus tard, nous le retrouvons à Lisbonne, poursuivant à travers de périlleuses aventures une mission diplomatique dont le résultat devait être d'enrichir i>ar des échanges nos collections et nos musées. Comme l'administration portugaise manifestait la crainte qu'il n'abusât des avantages de la victoire, il dit, atin de la rassurer : f( .le suis venu ici [)Our organiser les études, et non pour en » enlever les éléments. » Il tint parole. La chute de l'empire rendil la paix à rEni'o}je, mais non pas à Etienne Geoffroy. Il ne désarma poinl. Il continua, avec l'alliance des Cuvier, des Dumi'ril, des Laiiiarck, des Plain- ville, l'éternelle guerre de r(''lude contre les [iréjugés de l'igno- rance, et grâce aux héroïques efforts de cette arrière-garde, les frontières intellectuelles de la France s'étendaient à mesure que la fortune des ai'mes rétrécissait notre territoire. Pendant que les dynasties s'(''croulaienl, les princes de la sciem'e voyaient leur trône s'affermir. La révolution de 1830 offrit à Etienne une nouvelle occasion de montrer (pie son caMU- (''galait son esprit. Au milieu de ces catastrophes politiques, il passait en faisant le l)ien. L'archevêque de Paris, pour échapper à une émeute populaire, avait cherché un asile chez M. Serres, à l'iKjpital de la Pitié. Celte retraite était menacée. « Passez-le-moi, dit Etienne à son collègue, vous » savez que je suis coutumier du fait . » Nol)le priviiï'ge des âmes supérieures de faire les grandes choses avecsinqtlicilé! C'est à X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLniATATlON. cette (''jDoque qu'il couronna sa vie par un duel mémorable dans lequel il eut pour champ clos l'Institut de France, |)0ur juge le monde savant, Cicellie pour allié et (luvier pour adversaire. Revenons, messieurs, au digne fils d'un tel père ; il me par- donnera cette digression. Si je me suis égaré, c'est en suivant ses pas. A chaque page de ses écrits j'ai rencontré la trace de son illustre maître ; il inaugurait tous ses travaux eu invo- (juant cette oniltre vénérée, et sur le frontispice des monu- ments qu'il élevait de ses propres mains, sa ^liété filiale aimait <à écrire le nom de sou père. La vie d'Isidore s'est écoulée presque tout entière sous les paisibles ombrages du Jardin des plantes : c'est là qu'il naquit le IGdécemhre 1805 ; c'est là qu'il y a trois mois nous allâmes chercher sa dépouille mortelle pour la conduire à sa dernière demeure. Entre ces deux limites, quelles études ! que de fécondes veilles ! que de fleurons ajoutés à la couronne paternelle ! Vous n'attendez })as de moi, messieurs, une analyse, une appréciation raisonnéc des compositions scientifiques d'Isidore Geoffroy. Au lieu du suffrage d'un juge si incompétent, permettez-moi de faire passer sous vos yeux des témoignages dont personne ne récusera rautorit(''. M. Milne Edwards vous apprendra que « son esprit droit, ferme et méditatif était mûri par l'élude ; que, sans négliger les travaux dont ses propres inspirations étaient l'unique source, il s'est appliqué avec une rarepersévéranc*; à développer, à rendre saisissables pour toutes les intelligences, à perfectionner même les grandes vues théoriques de son père.... Que son livre sur les inons- tniosités créa presque toute une branche nouvelle des sciences physiologiques, le porta au premier rang des naturalistes, et marqua sa place à l'Académie des sciences, où il vint s'asseoir en 1833, âgé seulement de vingt-sept ans, à côté de sou illustre père, entre les représentants de la zoologie en France.... Oue parmi ses ouvrages, les uns sont consacrés à la constalalion et à la classineation des faits particuliers...; d'autres ont pour sujet l'examen de diverses questions des plus ardues et DISCOURS d'ouverture. \] des plus vastes..., et que tons portent le cachet d'un esprit sage, élevé et généralisateiir, ...» M. de Quatrefages vous dira que a dans ses écrits, comme dans son enseignement, percent toujours des préoccupations élevées, des vues remarquablement larges, des pensées essen- tiellement philosophiques Que son Histoire naturelle générale des règnes organiques constitue pour lui, et pour la France entière, un sérieux titre de gloire ; qu'elle fait à son auteur une place à pari, lui assure en zurdogiele titre de chef de l'école philosophique actuelle, et met le fils non loin du père dans une des plus larges voies qu'ait ouvertes nolri^ grand BufTon. » Le même témoin vous présentera Tinventain; des trésors (pi'il ajouta aux collections du Muséum et du Jardin des plantes, malgré la parcimonieuse dotation de cet établissement (1). \oulez-vous savoir ce qu'il fit pour l'enseignement! M. le professeur Delaunay vous répondra « qu'Isidore Geoffroy était un professeur des plus distingués; qu'il avait l'élocution facile, s'exprimait avec une gracieuse simplicité, sans aucune prétention h l'éloquence, et captivait l'attention de son audi- toire à la fois par la clarté de ses explications et par l'art avec lequel il savait grouper les faits isolés autour des idées prin- cipales qu'il cherchait à mettre en lumière. » Le temps me presse et je ne puis qu'indiquer rapidement les étapes de cette laborieuse et honorable carrière. Vous me pardonnerez la sécheresse de ce résumé chronologique. En 1823, Isidore Geoffroy fut reçu bachelier es lettres; En 182Zi, bachelier es sciences et aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle; En 18-27, collaborateur du grand ouvrage sur l'Egypte (par décision ministérielle) ; En 1829, docteur en médecine et suppléant de la chaire d'ornithologie au Muséum ; En 1833, membre de Tlnslitut de France (Académie des sciences); (1) \oy(v. ri-apiès la liste cli's oiiv raines (risidoio r.oolïroy Sniiil-Hilaire. XII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOÛLOGIQUE D ACCLIMATATION. En 1837, professeur suppléant à la Facull*' des sciences de Paris ; En 1838, professeur de zoologie et doyen à la Faculté des sciences de Bordeaux; En I8/1O, chargé des fonctions d'inspecteur général des études, agrégé près la Faculté des sciences de Paris et inspec- teur de r Académie; En 18Û1, professeur administrateur du Muséum d'histoire naturelle ; En iSlih, inspecteur général des études ; En 1845, conseiller ordinaire de l'université; En I8Z18, inemhrc de la haute commission des études ; En 1850, professeur à la Faculté des sciences de Paris; En 185/i, président de la Société zoologique d'acclima- lation ; En 1858, président de l'Académie des sciences; En 1859, président du Conseil d'administration du Jardin zoologique d'acclimatation du hois de Boulogne. En jetant les yeux sur cette Hste, on s'étonne qu'une seule personne ait pu remplir des fonctions si nomhreuses et si diverses. A'otre surprise serait plus grande encore si j'énu- mérais ici toutes les Académies, toutes les Sociétés savantes qui, soit en France, soit en pays étrangers, l'avaient accueilli dans leur sein, pour rendre justice à son mérite ou faire appela sa collahoralion (1). Le nomhre en dépasse soixante; en sorte que l'on peut affirmer qu'il n'existe pas un pays civilisé où il n'ait acquis le droit de liourgeoisie, oîi son nom, ses écrits, l'écho de sa doctrine, n'aient pénétré. Plusieurs souverains avaient ajouté à l'honneur de ces témoignages collectifs un signe éminent de leur estime. Est-ce, messieurs, pour décerner de vains hommages à une omhre vaine que je rappelle ces faits ? Non! mais j'en veux tirer un utile enseignement. La vie d'Isidore Geoffroy Saint- llilaire, partagée tout entière entre la famille et l'élude, est certainement un des exemples les plus saisissants que l'on (I) Voyoz la lisii- ri-;ipr('',s. DISCOUKS DOUVERTIUE. XllI puisse citer de la force et de l'influence qu'un homme peut acquérir par un patient labeur. Il ne s'élançait pas vers le but par bonds et impétueuses saillies ; il y marchait d'un pas ferme et sûr. C'est en cherchant la vérité qu'il rencontra la renommée sur son chemin ; c'est en travaillant au bien public, sans nul souci de la fortune, qu'il avança les intérêts de sa Hoire. « Chaque science, disait-il, a sa mission, et pour ainsi dire sa fonction sociale. C'est à la mécanique, à la ]»hysique, à la chimie, qu'appartiennent la construction et rarranticment de nos demeures, les voies et les moyens de transport, l'échange de la pensée à travers l'espace. Dans le domaine de l'histoire naturelle se place tout ce qui se rapporte au vêtement et à l'alimentation. C'est l'histoire naturelle, en effet, qui, faisant l'inventaire des innomljrables espèces qui peuplent le globe, découvre ]»armi elles et désigne celles qui peuvent nous être utiles.... Considérée à ce point de vue, elle tient manifeste- ment entre toutes une place très élevée, en raison de la nature et de l'universalili' des l)ienfaits que nous avons à en attendre. » Tel est, messieurs, l'esprit qui respire dans les ouvrages du savant que nous pleurons , particulièrement dans ses Lettres sw les substances alimentaires et dans son livre sur V acclimatation et la domestication des animaux utiles. Telle est la pensée qui présidait à son enseignement et qui servit de liase à ses deux o^^uvres de i)rédilection : la Société d'acclima- tation et le .Jardin zoologique du bois de Boulogne. Telles sont les considérations qu'il a maintes fois développées dans cette enceinte. Dérobons son image au grand jour de la vie publique; pla- çons-la un moment dans la lumière plus discrète de la vie privée : en changeant de point de vue, nous y découvrirons des attraits nouveaux et ce je ne sais quoi d'achevé qu'un bon cœur ajoute à une belle intelligence. Vous savez comme moi s'il fut alïectueux collègue et ami sincère ; vous savez de ({uelle pieuse vénération, de quel respect délicat, de quelle tendre sollicitude il entourait le tombeau de son père, dont XIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. il a écrit riiistoiro; le berceau de son fils, (jui lui promel un successeur ; le fauteuil de sa vieille mère, dont la tète blanchie porte si noblement les tristes couronnes ({ue le deuil y dé- posa tant de fois depuis vingt ans ! Que ne puis-je vous initier au mystère plein de charme d'une correspondance dont je dois la communication à la confiance d'un ami, et dans laquelle, depuis 1830 jusqu'à la veille de sa mort, Geoffroy Saint-Ililaire consignait la naïve expression de ses sentiments? La vie intime a sa pudeur, c'est pres([ue la profaner que d'en soulever le voile. SouflVez cependant, messieurs, (pic je vous lise deux passages de ces lettres si touchantes. Le premier se rapporte aux funérailles de l'émule de son père, l'illustre Cuvier. « .le n'ai pu, écrivait le jeune profes- » seur en 1832, m'empôcher, pendant presque toute la céré- )) monie à laquelle j'ai voulu assister, quoique malade, de )> verser des larmes abondantes. La pensée que cette vaste )) intelligence, qui jetait autour d'elle une lumière si vive, » était éteinte pour jamais, quand elle eût pu encore briller » une longue suite d'années, m'était plus pénible que je ne » puis le dire... Ayant, le soir, un coursa faire à l'Athénée, » je dis en arrivant, connue je le sentais, que dans un jour » aussi funeste, je ne pouvais parler que d'un seul homme » et d'un seul sujet : M. Cuvier et les immenses services ren- » dus par lui à la science ; ce que je fis en effet, avec une émo- » tion que partagèrent tous les assistants. Alors surlout que » j'en vins à parler de ses derniers travaux, au milieu des- » quels et par suite desquels il était mort martyr de l'étude, » mon émotion était telle que je fus obligé dem'arrèter, et je » vis qu'un grand nomfire de mes auditeurs avaier^t aussi les » larmes aux yeux. Oucl bel hommage que cette universalité » de respects, que ces témoignages unanimes rendus par une )) assemblée entière com})osée de personnes dont presque )) aucune cependant ne connaissait personnellement M. Cuvier! » Je n'ai jamais senti connue en ce moment (pi'un grand » homme a|)partientà ses concitoyens, eî que sa mort laisse DISCOURS d'ouverture. XV )) ail milieu d'oiix un vide que chacun éprouve comme une » calamité personnelle. » Ah ! messieurs, en reHsant cette page, je me demande pourquoi je prononce un long discours. Ces quelques lignes ne sont-elles pas l'oraison funèhre de Geoffroy lui-même? Vous y li'ouvcz les premiers symptômes de cette sensibilité fié- vreuse qui, plus tard développée par la douleur d'un ci'uel vcuvagv, flevaitle conduire au tombeau. Ce secret lui échappe dans l'eliusion de Tamilié. Permeltez-mf>i de vous lire cette dernière lettre écrite en 1860 : « Vous avez raison de mettre mon trop long silence sur le » compte de mes occupations chaque jour plus nomhreuses » et [dus absorbantes. Faut-il m'en plaindre? Non. Que » scrais-jc devenu sans cela? Ce qui ne m'empêche pas ') de dire aussi : Oue deviendrai-je avec cela ? L'arc peut-il )) toujours être tendu et ne pas se rompre? L'existence que y> je mène m'alarme quelquefois. J'ai eu, en novembre, une )) grande fatigue de tête; il a fallu diminuer fortement, sou- » veni enrayer tout à fait le travail... Je me laisse bien aller )) sur la pente des délassements (non des délassements gais » toutefois); mais les délassements sont d'un instant, les tra- » vaux ne durent qu'une partie du jour, et il faut toujours en » revenir à l'isolement du foyer, à l'absence de ce qui con- ') sole, repose, vivifie. Or cette absence seule, ce vide est )) déjà par lui-même bien pénible : qu'est-ce donc quand il » s'y joint l'amertume du regret, le souvenir du bonhciu' )) possédé dans sa plénitude, et perdu? )-> Mais pardon de me laisser entraîner sur la pente où m'ap- » pelle votre amitié. Je vous allligerais, et tel serait le seul » résultat d'un ('panchement qui vous montrerait à nu ce » pauvre ca^ur déchin'' ! » (juelle révélation, messieurs, que ce combat ignoré, dans Icipiel l'àme épuise ses forces en luttant contre la douleur avec l'alliance fidèle de l'étude, et sans autre consolation (pie la pensée du h'wAi (ju'on peut laisser dans ce monde après soi ! C'est en effet l'amour de l'humanité qui avait en- Nvi sociÉTi': i.Mi'ÉiiiALi: /odijti.iQUL; d'acclimmaiio.n. traîné Goi)ffroy Saiiit-Hilaire dans la voie où nous l'avons suivi, nous devons à sa mémoire de continuer son ouvrage. Puissent les maîtres de la science marcher à notre tète et poursuivre cette initiation, œuvre des siècles, qui met l'inti'l- ligence de l'homme en relation avec les vérités éternelles ! La science est la mystérieuse échelle où Jacob voyait en songe des esprits monter et descendre ])Our porter au ciel les vœux de la terre et rapporter à la terre les bénédictions du ciel. l^OTE I. i>LBI.ir,ATiONS DE M. Is. GEOFFROY SAlNT-IIILAtlJE. Mémoire sur un Nyctinomc américain (Ann. des se. nat.) iSlh Sur les Vesportilions (lu Brésil {Ann. des se. nat.) 18-25 Mémoire sur dos liîmeiles (!<• l'aisans à plumage de mâles. Description d'un nouveau genre de Mammifères nommé Protète. Considérations générales sur les Mammifères. 1 vol. in-18 1826 r.eptiles et Poissons d'Kgypte (cMr. du grand ouvr. sur l'Egypte). 1 vol. in-8 1827 Mémoire sur quelques espèces du genre Musaraigne. .Notice sur la Viscaclie et le Chinchilla (en commun avec M. d'Orbigny). 1828 Hemarques sur quelques Chauves-Souris frugivores. Hecherches analomiqnes sur les canaux péritonéaux (enconnnun avec Al. le docteur Martin Saint-Ange). Propositions sur la monstruosité (thèse de médecine) 1829 Hemarques sur les caractères généraux des Singes anu'ricains. Articles Mk^agerik et Naturaliste de VEnnjclopédic moderne. Notice sur un nouveau genre de Mammifères aiipeh' Macroscélide. De la nécessité et des moyens de cr(''er pour les Mouettes une nomen- clature rationnelle iSoO r.emarques sur les caractères et la classification des Oiseaux de proie nocturnes. Mammifères de l'Inde (extrait de la Zoolrifiie de I3élanger). Histoire générale et particulière des anomalies, t. t 1832 l\echcrches sur les variations de la taille. Considérations sm- les caractères emjtloyés en ornithologie. Éludes zoologiques. P^' livraison. ^ote sur ses travaux (ciuididature à l'Académie des sciences) .... 18^3 Mammifères el Oiseiuix de l'expédilioii de M(U('e. l'iapport sur un travail de M. Milu • lùlwards relatif aux changements de forme des Crustacés. ♦ DISCOURS d'ouverture. ' XVII Étiidos zoolosiqiics, 11'' livraison 183i Sur le gciuc Cheval, ot particulièrement sur riléniione 1835 llisluire générale et particulière des anomalies, t. Il, août 1836 liisldire générale ei particulière des anomalies, t. Il [, décembre. Résumé de ses leçons de Mammalogie, par M. P. Gervais. Résumé de ses leçons de Tératologie, par M. Victor Meunier. . . . 1836 Considérations historiques sur les sciences naturelles 1837 Article ZoOLOOiK de V Encyclopédie du XIX" siccle. Cours de Mauuiialogie de 1837 (analyses et extrait de la Reçue fran- çaise). Rapport sur l'Atlas des Oiseaux d'Europe par M. Werncr. Publication à Bruxelles de deux éditions de l'Histoire générale et par- ticulière des anomalies (contreraçons). Instnuiions pour l'expi'dition du Nord (partie zoologique) 1838 De la doiucstication des animaux {Encijclopédie nouvelle). Rapport sur les œuvres d'histoire naturelle de (Jœthe. Cours de Zoologie générale (analyse de la 1'^'' leçon) 1839 Notice sur les Tanrecs et les Ericules. Notice sur les Ichneumons et les Galidies. Notice sur trois nouveaux genres d'Oiseaux. Notice sur les Rongeurs épineux 18'i0 Essais de Zoologie générale (avec atlas). Sur la denlilion du Protète 18/jl Albinisiue chez un Macaque. Mélanisme chez la Panthère 18/t2 Sur les Singes de rancien monde. Elud(> sur la niélliode de Linné. Rapport sur un travail de M. E. de Caslelnau, relatif à la Eloride. Mammifères et Oiseaux des collections de .lac(iuemont iSh'ô Siu- la classilication des Primates. Mannuifères de la zoologie de la Vénus \Slik l'.nf.iiice et première jeunesse d'Etienne Cieollroy Sainl-llilaire. . . , 18^5 Instiuctions pour le voyage de :\l. Darcel. Rapport sur un ouvrage de MM. .N. Joly et Lavocal, relatif à la Girafe 18/i5 Description des Mammifères nouveaux ou peu coinius iSàà-ll^ Vie, travaux et doclriiu- scientifique d'Éliemie Geollroy St-llilaire. . 18/i7 Sur quelques essais d'acclimatation et de domestication. De la naturalisation en France du Lama, de l'Alpaca et de la Vigogne. Sur quelques essais d'acclimatation, et lettre au Ministre de l'agricul- ture et du conuuerce. Note sur l'Alpaca et l'Alpa-Vigogne ..... 18/|9 Note sur le Lanri et l'Alpaca. Rappoit général sur la naturalisation. I.akanal, sa vie et ses travaux. T. I\, ISCl'. — Sruurr |,ll!l|i,jlie b XVIII SOCIl^TÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Résumé dos leçons sur la Zoologie générale (iii-Zi lilhograpliié). . . . 1850 Préface de rilisloire naturelle générale des règnes organiques . . . . 1851 Rapport sur les travaux relatifs aux l'hlébentérés. . .. Note sur des ossements et des œufs provenant d'un niseau gigantesque. Article Monstruosité de l Encyclopédie du AIX*" siccte. ' Sur un nouveau genre de monstres parasitaires. ^ ' Sur un nouveau genre de monstres doubles. '' Cours de Zoologie (espèce et série animale). Sur la distribution géographique des Primates. ' Discours prononcé aux funérailles de Savigny. Introduction au Catalogue méthodique des collections du Muséum. Note sur Tencéphale du Alicrocèbe, et sur une application nouvelle de la classificnl ion par st'ries parallèles 1852 Note sur 1(> Corillc. Troisième mémoire sur les Singes. L'IIaje ou Serpent à lunettes 1853 Les Cafrcs au .Muséum d'histoire naturelle. Histoire naturelle générale des règnes organiques, I. 1 185/i Discours prononcé à la séance publique annuelle de la Société pro- tectrice des animaux. Notice biographique sur M. Dutrochet. L'Acacia dt> lîobin. Fragments liisloriques sur la domestication des animaux. Notions historiques sur les règnes de la nature. Domestication et naturalisation des animaux utiles. Sur rilémip|)e et sur le genre Cheval (discussion a\ec le prince Charles Bonaparte) 1855 Cours de Zoologie (rédigé et recueilli par M. Roux). IVapporl sur les récompenses à décerner par la Société impériale zoo- logique d'acclimatation 185G De l'usage alimentaire de la viande de Cheval (leçons recueillies par M. Camille Deh aille;. Leçons anthropologiques (recueillies par Camille Delvaille). Lettres sur les substances alimentaires, et paiticulièrement sur l'usage de la viande de Cheval. Zoologie du voyage de M. F. de Casteinau : Primates. Histoire naturelle générale des règnes organiques, t. Il, V fasc. Sur la classification zoologique de Linné , . ]y57 Discours prononcé aux obsèipies de M. le baron Thenard. Sur quel(|ues résultats relalifs au \ er à soie du Ricin. Quatrième mi'moire sur les Singes (Corille) 1858 Des origines des auimauv domestiques (Alanmiifèi-es et Oiseaux) . . . 1859 Résumé des \nes sur l'espèce organique. Discours ])ron(iiic(' à la séMocc du 10 lévrier i\f |;i Socif'K' impi'-riale d'accliniatati»jn. DISCOUHS d'ouverture. " • xiX .Note sur l'emui diiii lioupeyii île Dromadaires au Brésil, Classiliration zoologique et anthropologique. Histoire naturelle générale des règnes organiques, i. II, 2'' fasc. ' ■ Histoire naturelle générale des règnes organiques, t. Hl, l-^' fasc. Sur la classification anthropologique {Mém. de la Soc. d'unthroij.). 1*^61 Acclimatation et domestication des animaux utiles, 1 vol. in-8, Scms date précise. Sur diverses tentatives d'acclimatation du Lama et de l'Alpaca, Fragment d'un mémoire siu' le Crocodile. lîecueil de Mémoires sur les poissons d'Egypte. Mémoire sur les glandes abdominales de rOrnithorhynque. Mémoire sur les glandes nionolrémi([ues. Rapport sur un mémoire de MM. Milne Edwards et Audouin. Essai sur la détermination de quelques animaux sculptés. Rapport sur un mémoire de M. Rouliu, Rapport sur l'existence de l'OEslre chez l'homme. Rapport sur un mémoire de M. Jourdau. Découverte d'ossements fossiles en Auvergne. Fragments d'un ouvrage sur les Orangs. ^lémoire où l'on recherche les rapports des animaux actuels avec les espèces antédiluviennes. Mémoire sur les Trochitres et Bdelles d'Hérodote. Tableau montrant la concordance de l'hyoïde. LISTE DES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS AUXQUELLES AF>PARTEN.MT M. IS. GEOFFROY SAINT-HILAIRF.. Sociétés de Paris. Membre de la Société d'histoire naturelle de Paris 1826 Membre de l'Institut de France (Académie des sciences) 1833 Membre de la Société géologique de France 1833 Membre de la Société des sciences naturelles 1833 MiMubre de l'Institut hislorique 183^ Membre de la Socit'-té ethnologique de Paris I,'i39 Membre honoraire dit la Société anatomique 18^6 Membre de la Société de hiologie Ig/iS Membre de la Société météorologique (le France 1852 Membre fondateur de la Société zoologique d'acclimatation 18ôZi Membre de la Société de photographie 1^55 XX SOniHTÉ IMPKRTAT.E ZOOLOniOUE D ACCLIMATATION. AIf'nil)ro (11' la Socii'-lt'' pnilcciiiit' (Ifs iiiiiiiiaux 185(1 Associé libre de rAciidémie iiiipihialfdo im-dorine 1S5S Meiiiltie fondateur de la Soriéléd'anliiiopuio^àe 18l)9 Meinl)re lioiioraiie de la Société impériale et centrale d'iioiticnlliire . 186t) Membre de la Société d'économie sociale 1800 Sociétés cks départements. Correspondant de la Société des sciences de Lille 1820 Correspondant de la Société des sciences d'Anas 18'2G Correspondant (hi MusiMim de Douai 1829 Corresp(jndant de la Société pliiloniatbique de \ erdun 18^51 Ciirrespondant de la Société royale de Lyon 18.'j0 Membre correspondant de la Société des sciences naturelles de Clier- bourg 185'-' Membre cori'ospondant de la Société d'émulation de PAlliiM' 18515 Membre correspondant de TAcadémie de Stanislas, à .Nancj 1857 Membre bonoraire de la Société zoologique de Marseille 1859 Membre lionoraire de la Société d'agriculture des Basses-Ali)es. . . . 1850 Sociétés étrangères. Membre de la Socii'ti- d'bistoire naturelle de Halle ISil^ y\ssocié de la Société mi'dicale de Suède ISoG Correspondant de la Société d'histoire natm'clled'Atliènes 18I'G Correspondanl de la Société de médecine d'Alliènes 18i)0 Coires|)ondant de la Société d'Iiistoire naturelle de llarllord 18o7 Corresponilant de la Société (riiisloirc naturelle cl de médecine de (dittiugeii 18;!9 Membre correspondam de Tlnsliiut national des Élals-l nis 18/i'i Membre ordinairede la Soci(''lé impérialedes naturalistes de Moscou. 18û'i \leud)re de la Société américaine e|bnologi(|ue 18^l5 Membre bonoraire de la Socii'li- d'Iiisloire naturelle de Pile Maurice. 1S/|() Membre correspondant de la Société du Musée d'Iiistoire naturelle de Madrid 18Z|9 Membre bonoraire de l'Union de Alunicli pour les sciences nalurelles. 18/|9 Membiê libie de l'Académie agraire de Tmin 1855 Correspondant étranger de l'Académie royale des sciences de Aladi'id. 1855 Membre (1(> la Société zoologique de Londi'es 1855 Membre de l'Académie Ces. Léop. Car. des curieux de la \alure. . . 1855 Correspondant de l'Académie royal(> agr.nre desCeorgolilide Florence. 1855 Mendiredcla Société' ornilbologi([ur alleniande 1855 Membre de la Société biillandaise des sciences à Harlem 1855 Membre correspond. ml de la Socién'' impériale ej ro\aie d'agriculture à \ ieniie 185r) DISSOLUS 1» (M \i;i;TuriE. \xi Mniil)! !• cl ((Misrillcr iioiioniire delà S(i (les sciences de IIon;;ric 1859 Alembre lionorairede la SociéléprotecIricedesanimaiiK de Hambourg. 1859 .Mend)re lionoraire de rinsfitut éc;yplien 1859 !\icmbre honoraire de la Société proteclrice des animaux deAienne. . 1859 Mcndnc lionorairede la Société séricicole allemande 1861 Mend)re de l,i Société séricicole de Suède 186 i Associé étranger de la Socii'té liinii'eune de Londres 1861 Décoralions île M. Isidore Gen/froy Sainl-lIUaire. C.lievalierde la i,és;ion (riiomieur 18o6 Ollicier de la Légion (riionneur 18:^5 Commandeur de Tordre du Christ de l'orlugal 1855 Commandeur de Tordre de la T.ose du iirésil 1858 Conun.uuleur de Tordiv de Charles il I (TEspagne 1857 Chevalierde Tordre di; TÉtoile i)olaire de Suéde 1S61 Connnaiideur de la Légion d'honneur lyGl RAPPORT SUR LKS TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE /OOLOliKjUK D'ACCLIMATATION, l'as- 91. !.. KOIHEIRAIN'. Secrolaire lies séances. MoNSEKiNEun, Messieurs, Celui qui iiilroduil dans un pays une nouvelle espèce est un bienfaiteur, dit M. le commandant Maury (L). L'honneur, la joie de mériter celle (lualification est le désir le plus vif de notre Société. C'est. k\ le but vers lequel elle tend, c'est le programme qu'elle aspire à renq)lir, el (jui lui a valu les nombreux adhé- rents qu'elle se lait gloire de posséder dans toutes les parties du monde, dans tous les rangs de la société. Mais il ne faut pas se bercer d'illusions, un but aussi nolilc in' peut être atteint qu(> lentement; avant d'y parvenir, il l'aul s'attendre à des retards, à des échecs, et tous ceux qui se plaignent des lenteurs de l'acchmatation, tous ceux qui nousreproclient den'avuir fait encore que peu de chose, devraient réfléchir aux nombi'euses conditions ipie nous avons à reuqilir pour arrivera un résultat heureux. En eflet, ce n'est pas parce (pi'on aura réussi à transporter, de leur patrie dans d'autres régions, des plantes ou des animaux, qu'ils seront acclimatés. Eùl-on même obtenu pendant un certain nond)re d'années la reproduction des êtres soumis à nos essais, on ne serait pas encore en droit de conclure à un succès; parmi les causes nombreuses qui viennent agir sur eux, il en est un grand nombre qui se font sentir pour ainsi dire à toute heure, à tout instant, elce sera un grand pas de fait, (piand on aura su triompher de leur action incessante. Mais tout ne sera pas encore dit; à coté de ces causes permanentes (el l'oubli de la moindre d'entre elles (1) rrrssp sciriill/iiiucdrs (Ifii.r ino)i(lr.y, 1" mars ISGl : n-aduclion, par M. .Margoll('.(riiii dis-iinrs du commandant Maury à la Surivfé d'agriculture cl (le mécaniqur d' AUiliaina . RAPPORT SUR LES TI'.AVAUX DE E SOCIÉTÉ. XXIII peut luiil j)erdro), il en est (jui ne se font sentir qn'à des in- tervalles plus ou moins éloignés, et auxquelles il faut que les sujets de nos expériences puissent également résister. Exami- nons, par exemple, l'une de ces actions les plus saillantes, l'une de celles dont les effets sont le plus marqués, l'abaissement de la température. Ne voyons-nous pas, à de certaines époques, quelquefois très éloignées les unes des autres, nos hivers pré- senter des rigueurs exceptionnelles, et alors bon nombre de plantes (1) qui avaient supporté sans inconvénient un abais- sement moyen de température, périr dès qu'un certain degré a été dépassé. Ne croyons donc pas que tant que ce critérium des températures extrêmes n'a pas été éprouvé, on puisse consi- dérer racclimalation comme accomplie ; et ce que nous disons ici du froid, nous pourrons le dire de chacune des causes (|ui réagissent perpétuellement sur les sujets soumis à nos expéri- mentations. Quand nous songeons au grand nombre de celles qui nous sont connues déjà, et à celui plus grand encore, peut- être, de cellesque nous connaissons mal ou que nous ignorons, nous devons reconnaître que l'acclimatation n'est pas chose facile, mais qu'an contraire son accomplissement est rempli d'entraves. Sachons-le bien, il faut une persévérance obstinée pour n'être pas rebuté par les difficultés de notre œuvre; il laut nous roidir contre les obstacles, et nous rappelant la devise que nous a h'guée notre regretté président, rtiUtaii , puiser dans nos échecs mêmes la force nécessaire pour re- conmiencer sur de nouveaux frais. Chacun de nos insuccès, chaque école doit porter sa leçon, et marchant courageuse- ment dans la voie que nous nous sommes tracée, puisant une nouvelle énergie dans le sentiment du devoir accompli, du service à rendre, persévérons, persévérons toujours. Un mo- ment viendra où l'œuvre sera plus complète, et alors nous pourrons nous féliciter d'avoir fourni de nouvelles richesses à notre pays, un nouveau bien-être à nos contemporains. L'année qui vient de s'écouler nous a montré les progrès que (1) C'est ainsi que, pondaiil l'année 1859, un grand nombre de végétaux qu'on aurait pu croire acdimali's ont succonil)é le jour où !a température s'est abaissée jusqu'à — 17 désirés. XXIV SOCIÉTÉ IMl'ÉlilALK ZOOlJMjiOlJK d'acGI.I.MATATION. fait incessamment l'acclimatation (1), qui trouve chaque jour de nouveaux adhérents chez tous les peuples civilisés, et nous n'en voulons pour preuve (pic l'établissement des Sociétés d'acclimatation de Païenne, de Glascow, de Melbourne, de Sidney, etc., et la fondation de jardins zoologiques à la Haye, à Moscou, à Florence, aux environs d'Alger. Non-seulement vous décernez, dans vos grandes séances an- nuelles, des récompenses à tous ceux qui ont travaillé utile- ment à faire progresser l'acclimatation, mais vous avez voulu, sur la proposition d'un vénérable anonyme, rendre un écla- tant liommage à l'un de vos plus éminents collègues, dontje nom se rattache aux acclimatations les plus importantes, M. de Montigny, aucpiel vous avez offert une luédaille fiappée en son honneur, heureux que vous étiez de lémoigner devotre reconnaissance et de votre estime pour un confrère que ses travaux ont placé hors ligne. A'ous aviez rendu justice à l'un de nos contemporains, vous avez voulu rendre aussi justice à des tentatives heureuses d'acclimatation faites à une époque déjà éloignée de nous : en même lenq)S vous répariez un oubli, car en ouvrant une souscription pour élever une statue à Daubenton, vous hono- riez non-seulement l'introducteur des Mérinos enFrance, mais aussi le savant qui guida les premiers pas d'Etienne Geoffroy (1) M. Drouyii de J.luiys a rappcli- à la Scjciété mi essai d'accliiualatioii tenté aux îles Saiulwicli, il y a environ vingt ans, par M. Vignes, qni y a cultivé avec succès bon nombre d'espèces d'arbres fruitiers d'Europe, le Fro - ment, l'Orge, le :\laïs, etc. Ses éducations de Dindons étaient aussi couron- nées des plus beurenx aucà's {Bulletin, t. \\U, p. /i7 0). M. II. P. Picliot, dans une leUre adressée à M. le Président, a fait con- naître aussi des détails très intéressants sur les progrès de l'acclimatation en Russie [Bulletin, t. VIll, p. /lO/i). INoIri' regretté collègue M. le baron Bande nous a transmis des documents importants sur le climat des câtcs de Bretagne, et sur les avantui/es (jue peuvent présenter ces contrées pour des essais d'acclimatation [Bulletin, t. IX, p. 37). >'ous devons à M. le professeur Becquerel nii l'appurl intéressant sur l'utilité desobservdtions inétéorologinucs au paint ilr ouc de l'accUunlaliou [Bulletin, t. VIII, p. 12'J). liVlTOilT Sun LliS TlîAVAUX l)K l,A SUGIÉTÊ. X\V SaiiiL-llilairc dans la science, cl dont les travaux méritaient depuis longtemps l'hommage de reconnaissance que vous lui accordiez. Cet hommage n'en sera pas moins éclatant, et ce sera un honneur pour notre Société d'avoir lait cesser un oulili qui n'avait que trop longtemps duré (1). Vous avez aussi inauguré l'année dernière une série de conférences (2) destinées à propager les idées utiles dont vous êtes les promoteurs, et les noms les plus éminents dans la science se trouvent auprès de ceux d'autres confrères moins connus sans doute , mais qui ont com[»ensé par le zèle que vous aviez le droit d'en attendre l'autorité qui manquait à leur parole. Du reste, le nombre des auditeurs (jui ont suivi assidvuuent les séances, soit au siège de la Société, soit au Jardin du bois de Uoulogne, témoigne que l'institu- tion des conférences a répondu pleinement au but (|ue vous vous proposiez. Vous avez suivi avec intérêt les communications iiombreu- ses(3)qui vous ont été faites sur les Yaks introduits en Europe (1) M. l'i'piua rappolc', dans un li'avail remarqiial)le, les services rendus à l'acclimatation par les naturalistes Pérou cl Guiclienol, auxquels nous sommes redevables de plusieurs espèces très précieuses {Bulletin, t, VIH, p. 2/|). (2) Les conférences et lectures, dont Tinstitution a reçu la haute approba- tion de S. Exe. le Ministre de rinstruction publique, ont eu lieu pendant tout riiivcr au siège de la Société, et pendant la belle saison, au Jardin zoo- iogi(|ue du bois de Boulogne. Les diverses sciences dont Tétude occupe la Société ont fait successivement l'objet des leçons, et des résumés en ont été publiés dans le Bulletin. (3) L'Yak, dont la Société possède un trou])eau dans la ferme de Sou- liard (Cantal) et à Grenoble, qui s'est accru celle année encore {Bulletin^ t. V 1 1 1 , p. 287), est un animal robuste dont l'acclimatation serait très utile dans les contrées montagneuses. Afin d'obtenir plus facilement des métis qui par- ticipent directement des qualités de cet animal, M. le préfet des Basses-Alpes a fait inscrire, pour le concours régional, une allocation pour le métis, désirant ainsi vaincre la répugnance des cultivateurs à faire saillir leurs Vaches par des laks {Bulletin, t. VIII, p. oU). Une élude attentive sur l'Yak, faite au point de vue de sa domestication, de sa «onformation nmsculaire et de sa rus- ticité, a été lue, à la séance du 22 fi'vrier 1861, par M. Ilicliard (du Cantal), ([ui, depuis, dans un rapport présenté à la fin de Tannée, sur le troupeau de Souliard, a fait connaître la vivacité extraordinaire que présentent les jeunes Yaks dès les premiers moments de leur existence {BuUrlin, t. IX, p. 1). XX'Vl SOCIÉTÉ IMPÉUIALK ZOOLOGIQUP: d'acCLIMATATION. par M. (le Monligny, et dont l'acclimatation dans nos mon- tagnes paraît assurée aujonrd'hni; plusieurs naissances sont venues augmenter notre troupeau, et d'autre [)art on a obtenu des métis qui paraissent participer des qualités des races différentes auxquelles appartiennent leurs parents. Vous avez entendu, sur ces animaux, un intéressant rapport de notre vice-président M. Richard (du Cantal) (1). Vous avez aussi été tenus au courant dos progrès de la race bovine sans cornes créée par M. le conseiller Dulrône(2), ([ui vous a fait don de plusieurs animaux de race pure ou métis, et (|ui, directement on par votre entremise, l'a introduite dans diverses régions du globe. L'intérêt que vous portez à la race des Sarlahots s'explique par les avantages qu'elle pré- sente, et qui vous ont été signalés dans plusieurs rapports dus à des Commissions compétentes. Tout récemment en- core, vous avez reçu, à ce sujet, de S. A. R. le prince Adalbert deRavière, de [)récieux témoignages du haut intérêt dont ce prince éclairé, qui n'a pas dédaigné de se constituer le protec- teur de la race Sarlahot,\Qn\ bien honorer nos travaux. Ou'il nous soit permis, à cette occasion, d'offrir à Son Altesse Royale le respectueux témoignage de la reconnaissance de la Société, en nous félicitant, avec Elle, de la réalisation de ce pr()grès, dû à la persi'vérance éclairée de M. Dutrnne et conforme à (1) IM. l'aul Séguin a oljtemi à la lin de l'annéo un mélis d'Yali el de Vache bretonne, qui est dans d'excollenles conditions. Ce lait est d'autant plus ronuu-quahlc, que l'Yak Plulon, père de ce nouveau produit, s'était jusqu'alors refusé à saillir des femelles n'appartenant pas à sa i)ropr(; espèce {Bulletin, t. Vlll, p. 610). Cette mauvaise disposition du Taureau était d'autant plus regretlable, que des expériences intéressantes avaientdéniontré la bonne qualité du lail de ces mélis chez une Vache existant au Jardin du bois de Boulogne {Bulletin, t. VIII, j). 3Zi9). (2) Les Bœufs Sarlabot, sur lesquels la Société a entendu un rapport favorable de M. Le Blauc {Bulletin, t. V, 1858), ont été depuis leur créa- tion, par les soins de M. le conseiller Dutrône, généreusenieni propagés par la libéralité de leur créateur, qui a introduit celte race à la Alarlinique, à Alger, en Prusse, en Grèce, dans le royaume de Siam, en Bavière, etc. Les qualités de celte race ont été justement appréciées dans tous les pays où elle a été introduite, et de nombreux rapports, de nond)reuses récompenses viennent témoigner du iu(''rite de la création de i\l. Dulrônr. liAPPOItT SUli LES ÏHAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXVIl l'inspiration (lel'illuslrc Etienne Geoffroy Saint-IIilaire, qui, (|uarante ans plus toi , écrivait ces paroles remarquables : « Le cultivateur donne des étalons de choix, ayant telle qualité déterminée, à sa cavale, à ses brebis ou à sa génisse, pour se procurer,je suppose, une race hybride, des agneaux à lainage beaucoup plus fin, ou un veau qui croîtra sans prendre de cornes (1). » Un remarquable rapport de M. Davin (2) vous a donné de précieux renseignements sur les diverses espèces qui fournis- sent de la laine, et c'est à la suite d'une intéressante discussion sur l'introduction des Mérinos en France (;^), que vous avez résolu d'élever à Daubenton un monument durable de la i-e- connaissance que la France lui doit. Des documents pleins d'intérêt vous ont été soumis par MM. les docteurs Vavasseur (/i), Pichot (o), Jagerschmidt (6), et à l'occasion d'une de ces communications, vous avez connu les efforis et les succès de MM. Rouvier et Vassal, qui ont pu introduire en Russie des Moutons mérinos; regrettons que les (1) Philosophie annf.oviiquc, t. fl, p. Zi90, 1822. (2) Dans cet important u-avail î\l. Davin a l'ail connaître à la Société les mesures prises par de dévoués confrères, pour pouvoir importer en l'^rance un nouveau troupeau dWlpacas, deslinés à remplacer ceux que nous avons perdus si mallicureusement, et pour introduire à Buenos-Ayres de beaux spécimens des Mérinos Graux de Mauchanip, (jui doivent y r(''i;énérer la race ovine, si abondamment élevée dans ce pays (Bulletin, I. Vllt, p. 1). (.')) t/cxamen de cette importante question, qui a été l'occasion de conmni- nications de !\L\L Hicliard, du Cantal {HiiUctin, t. Vllf, p. 59, 92), le baron Ségnicr (//>., p. 15()), jjuzard (/^.,p. 15/i), t'ontan et Bourgeois, etc., a été renvoyé à une Commission qui est chargé(> de réunir tous les documents nécessaires pour élucider le point en lilige. Cl) \I. le docteur \ avasseur a lail connaître, dans un travail étendu, des documents très importants sur les InHos à laine des Cordillères des Andes (Bulletin, t. VIII. p. Jol, 187, 2/|3). La Société doit aussi à M. le docteur Vavasseur une note intéressante sur une espèce de Tatou très recherchée comme aliment dans les provinces de la Plata (Bulletin, t. VIII, p. 529). (5) Bulletin, \. VIU, p. /lOi et /i52, , . ',(3) M. .lagerschmidt a donné dans son mémoire, Notice sur l'industrie de la laine on. Bussie, les détails les plus circonstanciés sur toutes les phases des tentatives de AIM. Houvier et Vassal [lintlctia, L VIU, p, 582). XWIII SOCIÉTÉ IMI'ÉUIAI.I-: ZUULOCluL K 1»'A(.(:LI.MATAT1(»N. règlements de notre Commission des récompenses ne Ini aient pas ])crmis de leur dikerner une preuve de l'intérêt que nous prenons à des résultats si importants; mais l'époque où ces travaux furent accomplis est trop éloignée de nous, et nous ne pouvons aujourd'hui que signaler à vos applaudissements les noms de iMM. Houvier et Vassal. M. le baron de Noirmont (1), dans un mémoire étendu, vous a rapporté de curieux détails sur l'histoire de quelques Mam- milères de France disparus ou devenus très rares ; et un autre de nos confrères, M. Yiennol (2), vous a fait connaître d'inté- ressants documents sur les Bœufs sauvages d'Ecosse, à l'oc- casion d'un de ces animaux que vous avait ofl'ert Sa Grâce le duc (rilamilton. Vous avez à plusieurs reprises reçu des conununicalions importantes sur les Alpacas et sur les Moutons Graux de Mauchamp, à la propagation desquels vous vous intéressez tout particulièrement (3). Rappelons enlin la remarquable étude de nos savants con- frères MM. de (Juatrefages et Lherbette, snr l'amélioration de la race chevaline en France (h). (1) Voyez Jhdh'tiii, l. MU, p. /i38, hSli- A IVuXiisioii de a; tiaxail, M. Cliaiios Desmoiilins a fail connaître quo la (ieneUc se liouvail, (iuoi(|ui' rarement, clans le Bordelais {BuUptin, l. \1II, p. OM). (2) Sur les B(vufs sauvages des ixircs d'Ecosse, de ChilUncjhain et d'Ha- viilton {Bulletin, t. VIII, p. 87]. (3) Parmi les connnunications faites reiali\enieMl aux Alpaeas, noii>> rap- pellerons, outre le rapporule M. Daxin {Bulletin, l. VIII. p. I), une notice de M. Ledger (due à l'obligeance de M. Ilamel) sur les avantaejes que pré- sente leur introduction e7i Australie {Bulletin, t. A^III, p. 3o) ; une nolic*! de .M. l)niu\n de Éhnys snr la dduiesticatioji et le croisement des \ igo- gnes, des Lanças et des Alpacas : dans ce travail notre illustre président fait connaître avec détail loules les expériences du cnvr Cabrera, membre lionoraire de la Société', qui a pu ol)lenir des résultats très bemeux, après vingt-cincj ans de travaux [Bulletin, t. \ III, p. /i9/i), et une note de M. l'oucel sur la nécessité d'établir des étapes d'acclimatation entre les Cordillères et l'ocian Mlantique, étapes (jui seules, suivant lui. pernidlioiil l'introduction de ces animaux en Europe {Bulletin, I. \ 111, p. o/iB et Zi'JU). I,a Société a reçu aussi diverses connnunications surlcs Clièvres d'Angora, de MM. Sacc {Bulletin, p. 97;, Clos (//-., p. ti'2), etc. (îl) ISuIlctiu. I. Mil. p. '25Z|, 305, 3G'J. RAPPORT Srn LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXIX Los Iciilalivos d'éducation de l'Autniclio, auxquelles le prix fond(' par noire généreux confrère M. Cliagot donne fani de valeur, ont été le sujet d(^ nombreuses communications de iMM. Hardy (1) etNoëlSuquet (2), qui nous ont tenus au cou- rant de chacune des phases de leurs expériences, et nous ont permis ainsi de les suivre, en quelque sorte, à chaque instant. Les succès obtenus à Alger et à Marseille ont excité le plus vif intérêt dans nos séances, ainsi que la nouvelle des incuba- lions heureuses du Droméc do l'Australie, effectuées au Buen- lictiro, près Madrid (3). M. Cosson (h) nous a lait connaître aussi que l'on était auto- risé, dès aujourd'hui, à considérer comme accomplie la natu- ralisation du Faisan doré dans nos bois, et que déjà nos chas- seurs |(ouvaienl ajouter un nouveau gibier à celui qui lait l'objet de leurs poursuites ordinaires. Sans doute , dans un temps assez proche, d'autres noms viendront s'ajouter à la liste des animaux de chasse naturalisés. Les efforts de M. Poujade (5), consul général de France on (1) M. Hardy a adressé à la Société ])lusienrs rapports sur ses éducations d'Autruches, et a consigné dans un inéinoire le résumé de ses études sur l'état de la doinestivatinn ijc IWutrmhe à AUjer [BitUotin, t. \Jll,i). l(i, ('i:)\ Pins tard il a indi(jné les résultais (ihtennsen ISGi dans ses éducations [UnHelin, t. iX, p. 8). (2) ^\. Noël Snqnet. directeur du jardin zoolosiqne de Marseille, a indiqué également les résultats de ses éducations par des notices publiées dans le fiulletin (t. Mil, p. 1/|2, ;j82). (3) M. C.raells, di-légiié à Madrid, nous a donné- riieureuse nouvelle que les Droniécs du Jînen-lietiro s'y étaient reproduits, et que les petits ont bien réussi ; il annonce également que les Autruches y ont couvé, mais sans riMissir dans rincnbation {Jiiillptin, p. 559). Cl) M. Cosson nous a lait connaître que le faisan doré est aujourd'hui na- turalisé- dans les bois de Sivry près Melnn, et \ est presque aussi abondant que le l'aisan conunnn lui-même. Ce résultat est dû à M. Place, Iribilemeiu secondé parAl. Cigousl, brigadier des gardes-chasse {/)((//c//;t, t.Vllf, p. 192). (5) A plusieurs reprises M. Poujade a fait i)arvenir à la Société des teiifs de grande et de petite Outarde [Bullclin, t. V lit, p. 368, l\lh], dont l'intro- duction en France serait d'aulaiu plus intéressante, que les succès obteiuis par M. Allliannner, d'Arco (Tyrol;, sont du jikis heureux pronostic pomde l)areilics tentatives (/;«//c(!//i, t. V|[f, p. ;'>i8}. XXX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Valachie, pour nous procurer dos œufs de grande et de petite Outarde, nous fourniront le moyen de mener à bonne fin cette entreprise. Si la tentative d'introduction en France du Tétras huppecol, que notre confrère M. Servant (i) a pu nous procu- rer de l'Amérique septentrionale, n'a pas encore donné des résultats aussi satisfaisants que nous le désirons, nous ne de- vons pas toutefois désespérer encore, et nous avons coutiance que l'avenir viendra donner raison aux efforts que nous au- rons faits. Les tentatives d'introduction de la Perdrix (jambra en France (2) ont été singulièrement favorisées par le généreux concours de noire confrère M. Beaussier, à qui nous devons des envois considérables d'œufs expédiés dans d'excellentes conditions. M. (linot (3) nous a d'ailleurs fait connaître un moyen facile de faire voyager les œufs, qui paraît parfaitement propre à leur conservation. Mais nous n'avons pas seulement pour mission de favoriser l'introduction dans les divers pays des espèces qui y manquent encore; nous avons un autre devoir tout aussi sérieux, (pii consiste à protéger contre une destruction inconsidérée, ceux des Oiseaux indigènes qui nous rendent des services, les insec- tivores par exemple. Vous avez été saisis de cette grave (jucs- tion par notre zélé confrère M. le docteur Turrel {U), au((uel plus tard M. le sénateur Bonjean est venu apporter le secours de son autorité dans un rapport fait au Sénat. Vous avez re- connu que le massacre continuel qui se fait des petits oiseaux (1) .M. Servant a lait don à la Sociétô de douze Tétras huppecols venant des plaines de (lalena, sur les bords du Mississipi, entre Saint-Louis el la chute Saint-Antoine {Bulletin, p. 106). (2) Les Perdrix Gambra, don! nous devons un j;rand nombre d''2~), a demandé qu'une rommission fût chargée d'étudier cette question, el elle a donné un avis favorable {Bulletin, t. Vlll, p. /j^o). Depuis, la Société a été informée que le générai Garibaldi allait commencer des tentatives d'accli- nialalion des Éponges autour de l'ile de Caprera {Bulletin, t. Mil, p. 560). (^1 Une Coimnission a été chargée également de donner son avis sur les moyens proposés par M. Salles, pour l.i multiplication des Tortues de mer dans la Méditerranée {Bulletin, L Vlll, p. ZlOo, 560). Son rapport, (jui était favorable. ;i éiô i)nl)lié dans le Bulletin, t. \lll, p. 577. UArPur.T SliU LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXIII VOUS avez saiiclionués de voire approbation, et qui vous ont donné la preuve que votre aulorilé était reeonnue eonipé- lente pour les (juestionsles plus graves, et votre voix écoutée avec la conliance qui lui est due. Parmi les Poissons d'origine étrangère ou dont l'introduc- tion dans les contrées lointaines a été tentée avec succès, rap- pelons l'envoi de Cyprins fait de Chine en France par notre conl'rére M. Simon (1), et le transport, fait d'Europe en Aus- tralie, de Tanches (jui sont arrivées à Melbourne en bon état de santé, malgré les difficultés d'une si longue traversée (2). L'ouverture du magnifique aquarium du Jardin d'acclimata- tion a été un des faits les plus saillants de cette année, et nous trouvons dans son élabhssement le moyen de nous initier aux merveilles des profondeurs des eaux. La foule qui se pressait dès les premiers jours à ce spectacle nouveau en France, a témoigné par son allkience même de l'intérêt que tout le monde y prend ; et déjà une notice de M. Vien- not (3) vous a dépeint les principales beautés que peuvent otlrir ces réservoirs, qui présentent à nos regards de si curieux objets d'étude et d'admiration. Parmi les importantes questions dont vous vous êtes occupés, celles des moyens propres à détruire les Vipères dans nos pays et le Fer-de-lance à la Martinique (4) ont été sérieusement étu- diées par la Commission que vous avez nommée ; et si son rapport ne vous a i)as encore été présenté, ne l'imputez pas à sa négligence, mais soyez persuadés que c'est parce que l'appel que vous avez adressé partout, en France et à l'étranger, n'a pas été entendu complètement, et qu'elle a été arrêtée dans son travail. Espérons que notre voix aura le pouvoir de (1) niillchii, t. Mil, p. 527. (2) Bulletin, t. Vlll, p. 105. (3) i\l. Vionnot a publié une Notice sur les curiosités de l'A(jUtniinn, dont les détails sont empruntés au Fraser's Muijazine [Bulletin, p. 592 et 61G). (/|) Al. le comte de Cliaslei;;nier a demandé de nouveau à la Société de .s'occuper des moyens de détruire le Botlinijis fer-de-lance, et une Commis- sion a déjà laiton rapport à ce sujet, pour indi((nei- dans quel sens les essais devaient être tentés (Hulletin, I. Vlll, p. ôtK). T. I\, lS(i'2. - Sr'.-Hirn |inlilir|iic. C XXXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZoOLOGIQUE D ACCLIMATATION. presser les retardataires, et que nous serons bientôt en mesure de vous présenter le travail conij)let que nous vous devons. Parmi les questions dont la Société s'est donné le noble devoir de poursuivre la solution, une de celles qui lui ont jusqu'à ce jour fourni le plus d'éléments, c'est certainement l'étude des Insectes qui sécrètent la soie (1). Justement émue des funestes effets de la maladie qui sévit depuis bientôt dix ans sur ces précieux animaux, elle a voulu aider, autant qu'il lui était possible, tous ceux qui travaillent à détruire cette cause de la ruine de notre industrie séricicole, et leur a géné- reusement distribué à tous, qu'ils lui appartinssent ou qu'ils lui lussent étrangers, des graines de Vers à soie ordinaires, provenant de sources nouvelles et qu'on présumait exemptes de l'épidémie. Cette année, comme les précédentes, la Société a répandu li])éralement toute la graine qu'elle a pu se procu- rer ; mais cette année encore le nombre des personnes qui ont répondu à son désir de recevoir le journal des éducations faites avec ses produits a été peu considérable. Regrettons- le, car nous n'arriverons à jiouvoir coudiattre victorieuse- ment le lléau, nous ne serons assurés du tiâoinplie qu'alors seulement que de nombreux documents, résultats d'observa- tions faites en des contrées différentes, nous auront permis de saisir la cause du mal et d'y porter remède. Nous pouvons ce- . pendant tirer cette conclusion des quelques rapports que nous avons reçus, que la maladie paraît entrer dans sa période décroissante, et nous aurons peut-être le moyen de la faire disparaître promplemcnt, grâce au concours zélé de M. Du- (1; l'arnii les (locuiiiciils reçus, nous signalerons les (oninHinicalionsdc ^L (liozelicr sur rinlroduction en Calil'ornie du Bumbi/x Mori par les soins de M. PrévosI {llullcdii, I. Mil, p. oôG) ; do \L Nourrirai. (|ui a lail con- li.ùlre les lieurcux résullals (pi'il a oi)lenus du Moins jaiHin/ca, et qiu en a ollcil i)lusieMrs pieds à la l^oriélé iUiilIrtlii, I. ^]II, p. lOo'; de M. Clia- vaiines, (|ui a Ir.uisniis un lésunié de ses observations sur la maladie des Vers à soie el sur le moyen de les réi;énérer {lUdlrliii, \. VIII, p. lO/i). M. de L'orlli l'.ouen, uiiuislrede France en Saxe, nous a lail coiniailrc d'iii- K^ressauis délails sur r<''ducalion des Vers à soie en Cliint% en nous hiursinel- laul 1rs rens('ii;u( inenls (pTil asail reeirsd'un missionnaire eliinois {Hidlctin, l. \ m, p. 2i)'i;.. UAPPORT Slf! LES TliAVArx Ï)E J,A SOCIÉTÉ. XXXV chesrip do BelloroiuM, auquel nous devons dos t^raines de Vers à soie du Mùriei' }irovenanl du Japon. En elVel, les divers éducateurs de Vers à soie ijui oui pu expérimenter cette graine lui ont tous reconnu des qualités exceptionnelles : de leurs observations il résulte que les Vers sont plus robustes, man- gent une moins grande quantité de feuilles, sintout dans leur jeune âge, et fournissent de nombreux cocons d'une soie jugée d'une très belle qualité par les lilateurs les plus liabiles. Un dernier avantage qui, s'il se représentait dans les cauqjagnes procbaines, serait capital, c'est qu'élevée au milieu d'autres races qui toutes ont été attaquées de la maladie, celle-ci a pu eu ('viter les atteintes et produire des papillons forts et vigou- reux (1). Si les Vei's provenant des envois de M. Ducbesne de Bellecourt supportent encore victorieusement une épreuve semblable à celle de celte année, nous pourrons sans doute re- voir les beaux jours de la sériciculture si cruellement (''prou- vée. Parmi les personnes qui nous ont envoyé de jirécieux renseignements sur les Vers à soie du Mûrier du Japon, citons madame veuve Boucarut ('2) , feu notre collègue M. Heyraud (3), M. le comte Taverna (li), M. le comte Ro- (1) M. nuérin-Méiieville poiisc que la maladie des Vers à soie n'est pas coiilagieiise ; il a lapporlé à ce sujet plusieurs observations qui semblent con- cluantes. Du reste, madame Bernard (de Pamicrs) vient confirmer cette idée; car, dans ses éducations de cette aimée, elle a vu les ^ ers du Japon ne pas être atteints, quand ceux des autres races, au milieu desquels ils avaient été élevés, étaient décimés par le fléau (DuUetin, t. iX, p. 2G, iSOi"). ('2) Madame veuve Boucarut (d'Lzès) a obtenu de 15 grannues de graines envoyées par M. Ducliesuede Bellecourt en\iroii 'J8 kiiogranunes de cocons, dont la soie a été reconnue très belle par \1. Boudet, grand filateur du (lard. Madame BoucaruI, qui a déjà dislriinié à plusieurs éducateurs une partie de ses produits de celte amnie, doit envoyer à la Suciélé la moitié de la graine qu'elle a faite. Malgré le succès obtenu, elle craint que les Vers ne résistent pas à la maladie lors di' la ( anqiagni- prochaine. (3) Feu .M. Heyraud aie Villeneuvc-de-Berg), dont les expériences ont été surveillées et continuées par sa fille, mademoiselle Eudo\ie Heyraud, a con- slalé que les Vers résistent Uès bien à la maladie, mangent moins, et a obtenu 2;') kilogrannnes de bons cocons poui' environ 'J(j graninies d'œufs. Alade- miiisclle iieyraud nous a lait coimailrc aussi un nouvel a|tparcil p'nir la mise en cocons des \ers {l.ullflui. I. \ III, \). où"). (,'i) iM. le comte 'J'averna, dans une lettre du 17 décembre 18G1, annonce NWVI SOCIÉTÉ I.MPÉRIALE ZdOLOGIQUE d'aGCLIMATATION. Iieili (1), donl les rdiicnliuiis oui pivsciilr ile^î résullats très sittislaisaïUs pourle préscnl cl du plusliciiicux [iroiioslicpour l'avenir. C'est encore à M. Docliesne de BellecourI que nous devons les graines d'un nouveauVer àsoie du (Uièuc {liombijx ijnmn- maï, Guérin-Méneville) (2), provenant du Japon, espèce qui semble, par la vie prolongée de sa clienille, éniinenimenl propre à être cultivée sous le climat de l'Europe tempérée. Si inallieurcusement des circonstances résultant de l'éclosion des Vers avant la végétation des Chênes dont il uiang(^ les feuilles, ne nous ont pas permis de sauver, celle année, celle les in.iiivais succès olik'iiiis avec les jiiaiiics d'OUlciiiicli cl de Dciiuler, mais il s'csl U'rs bien Uonvé de rédiicalioii des Vers du .lapon. (|iii, doiK's d'une plus grande force vitale, hii ont donné 2'''', 871 de cocons. Il se félicite de son édncalion de ces Vers, qui lui ])araissent appiiés à une lieureuse iniluonce sur la séiicicnllure. AI. le comte Taverna a aussi lait connaître les bons ré- sultais d'une éducation du \ er à soie du Mûrier l'aile en plein air à Milan ilhtlleiin, t. Mil, J 861, p. 7',)). (1) M. le comte lioberti (de Turin) a ésalemenl oblenii de bons résultats des Vers dus à M. Dmiicsne de l'.ellccourt. Il a cependant o])servé un ])i'u de Sattine, qu'il a combattue avec avantage, en saupoudrant les Vers avec delà chaux nièliM- de (barbon. 'i'''',5t> de cocons lui ont doiUK' 200 graimnes de graine {Hullclin, t. VII, p. o/i7). En ré'sumé, les n'sultals obtenus i)ar l'éducation d"s Vers à soie du Mûrier du Japon dus à \!. Ducliesno de ik'IIerourt, ont été très satisfaisants, et si leur force de n-sislance à la maladie peut se prolonger, ce ne sera pas un des moindres bienf.ûts de notre confrère (]ue de nous avoir donni' celte ract; précieuse; c'est ce que témoignent aussi MM. (leraldi (de Turin), Millet aine (de Vaucluse), Nourrigat (de Lunel) , (k'iUlivres (de l'assaing). {lîulUiin, t. VIII, p. 270.) (2) 1,0 V l'r à soie Ydina-niii)', doni riiistoii'e a (■lé; ii'aih'c par noire con- frère M. (iuérin-\Iénevill<\ (pii a pu suivre son développemeni complet {liiillftiii, 1. Vlll, p. o.'i7), et donl noire confrère M. Dunn'ril nous a aussi entretenus {Coiiiplcs reuiliis), conslitue une espèce nouvelle, malbem-euse- menl perdue .mjourd'imi, mais (pie M. Ducbesne de BellecourI doit envoyer de nouveau cette année. S. M. le roi de Hollande vient ('gaiement iW'n demander de l.i graine à ses agents consulaires au .lapon. (', race au Z('l('' con- cours de MM. Aguilion, Margollé, 'l'uirel el Denis (d'IIyèies), l'éducation des chenilles a i)u .se faire, d('s les [)remiers temps de leur édosion, car ces dévoués ciinbi'res ont jn'is soin d'eiivover clia(]iie jour, du Midi, les feuilles de Chêne nécessaires à biir nnmrilure. KMM'Olli SI i; 1J':S TliAVAl X \)K l,.\ SOCIÉTl':. XXXVIl iiKiL;iiili([ii(' l'S|k"'c(,', nous jmuivous espéi'cr cjuc hieulùl nous en flotcrons notre agriculture; nous pouvons l'assurer, car noire dévoui' collègue M. Ducliesne (de L'ellccourt) habile encore le Japon, ci le zèle qu'il n'a cessé de nous témoigner jus([u'à ce jour nous est, un sur garant de l'avenir. Nous avons reçu aussi, des contrées les plus dilTérentes, des cocons de diverses espèces, [taruii lesquelles se trouvent : le Bombijx Cecropia, que nous devons à l'ohligcance de M. La- vallée (1), (jui nous a mis ainsi eu mesure d'enrichir la sérici- culture de nouveaux produits ; le lîom h yx du lîicin (//. .1 ;v/;/^//V/), dont la race pure, devenue très rare cliez nous, avait été con- servée aux Canaries par M. le comte de Vega-Grande("2). Ce zélé confrère nous a lait parvenir une provision considérable de beaux cocons vivants provenant des individus qu'il avait l'ecus, il y a quelques années, de la Société, etgràcc au soin avec lequel les dispositions de l'emballage avaient été prises, grâce aussi au dévonernentdeM.Guérin-Méneville,(pu s'est donné la peine de recueillir tous les œufs et tous les Vers éclos peiulant le v(»vage, nous possédons aujourd'hui eu l''ranee plusieurs milliers d'individus de race pure. yViissi pourrons-nous r.'pandi'e celle précieuse espèce, et étudier son (■diieaiiou eonein-i'emmenl avec celle des métis des Vers du llicin et de FAilaute, ddiit plusieiu's de nos confrères ont continué à s'oecu[)er encore celle année avec succès (3). (1) Le Bomlnjx Cecropia, que la Soriéu' avait déjà rorn de VI. Aiidoiix, \'û sur les Abiicoliers ot autres plantes analogncs, et pourra èlre rohjet d'éducations fructueuses, par suite de la décoin ecic de niadanie la conitess(> de Corneillan et de M. le docteur Fori^cniol {Bulletin, t. ^ III, p. 'J/i, lo/i). (2) Le Ver à soie du liicin, dont l'éducation i)résente nutiiis de facilité eu France, où le r.icin n'a pas une véfiélalion assez active, donne les meilleurs résultats dans le midi de Flùirope. Au moment où sont arrivés en France les Vers envoyés par M. le comte de Vega-Grande, il existait à la ménagerie des reptiles du IMuséum de Paris une (luaranlaine de Vers de race pure, vivant sur un pied de llicin, et (pu ri'i)résenlaient le resie des Vers que la Société avait pu conserver. (3) ]\l. Vlaumenet (de Nîmes), qui a fait sinudlanénu-nt des éducations, en plein air et à l'intérieur, de ces Vers mi'lis,a remarqué une dilléreuce nota- ble entre les époques de production des cocons {Bulletin, t. VIII, p. /t'23). X.XXVlll SOCIÉTli lAJPÉRlALl!: ZOOLOGiQUK iVAllGIJ.MATATlors'. Mais, [lanni les espèces (l'origiiio (Urangère sur les(juelles nous avons élé à même do rcjuivoir les ])lus noinln'cnxrensei - giiements, il en est une dont la cuUure se développe partout et donne des résultats avantageux aux nombreux éducateurs qui s'y adonnent, c'est le Ver à soie de l'Ailante. Non-seulement les éducateurs qui, comme M. le comte de Lamote-Baracé (1), avaient commencé cette culture les années précédentes, ont continué cette année avec succès, mais encore, de toutes parts, de nouveaux essais sont tentés et donnent les résultats les plus satisfaisants. Nous n'en voulons pour preuve que les rapports que nous avons reçus de madame la baronne deCastillon (2), qui a démontré nettement que l'Ailante pouvait devenir l'objet d'un(^ industrie fructueuse dans la Provence moyenne, et de M. Roy, ancien officier d'administration en retraite à Châlons- sur-Marne (S), etc., et, d'autre part, l'initiative prise parla Société industrielle de Reims (h). Cette Société vient en effet (1) M. lo, comte de Laniole-BaraciMaiiréal déjà de la Sucicté, pour le zèle avec lequel il s'est occupé de réducntion des Vers à soie de FAilaute, a obtenu cette année plus de 150,000 corons, et a généreuscmeni; mis à la disposition de la Société une certaine quanlilé de cocons quYUe destinait à des envois (tans plusieurs pays, et notamment aux îles Ioniennes, où le 2;ouvernenienl anglais avait manifesté le désir de tenter l'introduclion du Iiomb>jx Cijnthia {Ihilletin, t. Vlll, p. 152). (2) Madame la baronne de Castillon, qui a tenté une éducation en plein air de Bombyx Cyrithia dans le département des Bouclies-du-llliône, a eu qne!((ue peine à éviter que ces Vers ne fassent nianL;és par les Êperviers et les Lézards ; mais, malgré cet inconvénient, elle a pu obtenir, en trente jours, cinq cents cocons. L'exemple qu'elle a donné parait devoir être suivi de plu- sieurs personnes de l'elissane. (3) M. .lean lloy, dont les travaux ont été pul)liés par extraits dans les divers journaux de la Cliampagne, s'est livré avec ardeur à diverses éducations qui lui ont permis de constater que le Ver à soie de l'Ailante pouvait réussir en Champagne. Al. Hoy a trouvé moyen de rendre productifs, par la culture de l'Ailante, les terrains crayeux «H arides des environs du cam[) de Cliàlons. (i) La Société industrielle de lU'iuis, voulant encoiu-ager la propagation de 'Allante, a pris, le i" octobre! SOI, les résolutions suivantes: « Lme prime de 100 francs sera accordée par'la Société indusnidle de Heims aux dix culii- valrursqui. d'ici au 31 décembre I8t3/j, auront planté les premiers un iiec- tare d'Allante, el juslifieronl avoir vendu au conïincrce 100 kilDgraaimcs de cocons vides de bombyx Ciiathia. lin outre, une mé;kul[j d'or sera de- l!Al'['()liT SUi! J.KS TRAVAUX DE LA SOCIETE. XXXIX (1(3 l'oridcr des primt^s pour 1(3S cnllivateiirs (jui auront, piaulé avant 18(5ù un liectan^ d'Ailanteet livré au coium(?rce 100 kilo tjrammes de cocons vides. Nous avons à signaler aussi, par rapport aux Vers de l'Ailanie, les expériences de MM. Léon Maurice (i ) et le liaron Anca sur la possibilité de nourrir ces Vers avec d\autres plantes : le Sumac, par exemple. Rappelons encore, cà propos de ce Bombyx, les curieuses expé- riences de notre zi'lé sériciculteur, M. Micbcly (de Cayenne) (2), (pri, dans ses essais d'acclimatation du Cf/nt/iia ônns noire colonie, a vu les Vers du Café diable ou Francara, reluser de manger les feuilles de cette plante après avoir été nourris de l'Ailanie, observations ([ui nous l'onl espérer l'introduc- lion eu France d'une nouvelle es[)èce de Ver à soie. Si juscprà présent une inégalité c(>nsid(''rable de valeur existait entre les cocons fenités des Vers à soie et les cocons ouverts naturellement, cette différence ne sera plus un (distacle, elle disparaîtra ; car, presque simultanément, madame la (•('rii(5(i à celui des dix c(illivalcurs(](ii ;mra le mieux léussi sa plantation et l'(ilèvc du Ver. » Pour faciliter les leiilatives des agriculteurs, la Sociét»- a publié un fluide piati(jue, que noire confrère M. Gu(îrin-M(^neville a bien voulu r(^'diger, à sa tteniande. (1) liCs plantes du genre Sumac, sur les(pielles ?ii. i,(''on _"\laurice a t'-levé avantageusement des Vers mélis de l'Ailanie el du llicin, paraissent appartenir, d'après M. Decaisne, aux Hhm (jlitbvu et eleijum {Bulletin,, t. VIII, p. [i99). (2) :\1. Michely, qui s'adonne loul particulièrenjent aux recberclies de sériciculture à Cayenne, a vu les Vers à soie indigènes du Fraivara, dont aiilrefois Ai. Beauvis avait tenté réducation, ollrir une couleui- dillérènle suivant qu'ils étaient nourris avec l'Ailanie ou le Café dial)le, taiulis que les cocons n'ont cependant pas cbangé de poids ni d'aspect {Ihilletin, I. VJII, p. 562). Notre zélé confrère, qui nous a plusieurs l'ois déjà l'ail parvenir des cocons vivants du Bonibyx llesporus, se propose de n^nouvelcr procliaine- nient ses envois, pour faciliter autant que possible l'inlroduclion de nouvelles espèces en Europe. D'autres confrères, parmi lesquels nous citerons M. Hayes (de Chander- nagor) el l^erroltet (d(^ l'ondiehéry), ont à plusiciurs reprises fait parvenir en France des cocons de Jiuin'jijx MijlUta ei Sclenc. Nous rappellerons aussi les observations de M. Chavannes sur ses éduca- tions du fiomôj/o; .U(/ii«a (fiit^.'e^/", t. Vil, p. l/jO; ^ III, 79). XL SOClÉTl': IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE )) ACCLI.MATATloN. coin(es«^p Cli'inence de Cornpilhm (1), la petite-nièce de Phi- lippe de (iirard, e(, M. le docteur Forgemol (de Tournan), ont découvert, chacun de leur côté, des procédés cpii leur permet- tent d'obtenir des flottes de soie grége ou continue de la plus grande beauté, et, par suite, aujourd'hui, les cocons ouverts naturellement pourront être soumis à toutes les manipulations industrielles qui étaient exclusivement employées pour la soie du Mûrier. Cette importante découverte augmente de beaucoup la valeur de l'introduction du Bombyx de l'Ailante, que nous devons aux soins de notre zélé confrère M. Gnérin-Méneville, qui, depuis, a donné tous ses soins à la propagation de cette espèce, et qui a su lui gagner de nombreux et puissants pro- tecteurs (2). Le règne végétal a été l'objet de nombreuses communica- tions dans le cours de cette année ; non-seulement il vous a été fait des dons importants en plantes, l'ruits et graines, pro- venant, pour ainsi dire, de toutes les parties du monde, mais des rapports très intéressants vous ont tenus au courant des expérimentations d'un certain nomlire de nos collègues ()^). (1) Miidiimc l;i ronilosso de Comoillnn est parvciiuo à Irouvor \\n procédé applicable dans la praliqtie industrielle du dé\ idape du cocuii du \ er à soie de l'Ailante; prestpiesiinullanénient M. le docteur Forgemol, arrivait au même résultat, et mettait sous les yeux de la Société de nombreux et volumineux écliantilloiis, non-seulement du Boinbijx Cijntliia, mais de tous les axons ouverts naturellement (pill a pu avoir à sa disposition, en Hottes très longues et tordues en (ils à plusieurs brins {linlletin, t. ^i[l, p. Gr2-6'2'2). (2) M. GuiMin-Méncville, qui n"a cessé, depuis l'origine de la Société d'ac- climalalion, de lui rendre les services les plus dévoués, et qui s'est adonné d'une manière toute spéciale à la sériciculture, a publié dans les Ihdletins de la Société de nombreuses comnumicalions relatives aux divers Jktmbyx, et a surtout donné tous ses soins à la propagation du Bominjx Cyntliia. Les ell'orts de notre zélé confrère ont été couronnés de succès, et le nombre même des observations qui sont transmises à la Société sur les divers Bom- hijx sont la preuve tpie son exemple est suivi de toutes parts (voyez B'illeti», t. Vlil, p. 156, 162, 22/i, 2o0, 28vS, 200, o23, obi, G12, (522; I. I\,p. 21, 1862). (.")) !\I. l'épin a communiqué à la Société des détails sur r.4//!rtyi Mauro- rniii. qui fournil une Manne sucrée employée dans l'Orient, et a rappelé les RAPl'OUr ^Un LES TliAVAUX UE l.\ SOCIÉTÉ. XLl C'est ainsi qiio M. le professeur J. (;ioquct(l) vous a lail con- naître les succès qu'il obtient dans sa i»ro])riété tic Lamalgue (près Toulon), dans la culture des Bambous de la Chine et des Palmiers; que M. Brierre (de Biez) (2) a continué, comme les années précédentes, à vous communiquer régulièrement ses observations, accompagnées de dessins à l'huile, sur toutes les plantes qu'il a semées et suivies à chaque instant de leur existence; que MM. David, Hébert (3), Guérin-Méneviile et (juelques autres de nos collègues, vous ont rendu compte de leurs expériences sur les diverses espèces de Pommes de terre d'Australie, de Sainte-Marthe et de Sibérie. A cette occa- sion, nous vous rappellerons un remarquable rapport de notre confrère M. Lalllley (h), qui, après avoir émis autrefois des tentatives d'iiUroduclion de cette plante dans le midi de la France, par le pro- fesseur riafTeneauDelile {Bulletin, t. VIII, p. 83). M. Raniel a appelé Tattention de la Société sur le Fahricia, qui pourrait rendre de grands services, en retenant les sables mouvants des dunes et des Landes [BuUelin, t. MU, p. a/i'2). M. le baron Anca, et M. Laborde (de Rayonne) ont donné d'intéressants détails sur le Sorgho sucré {Holchiis saccharatus] , sur Tulilité de son sirop poin- remplacer le principe sucré des vins de certaines localités, et sur son emploi pour faire une boisson saine et économique {Bulletin, t. VIII, p. b'4, U59, /|75). M. le marquis de ^'ibraye a fait part des résultats de ses cultures d'Ortie de Chine, et à ce sujet une intéressante discussion s'est ouverte sur l'intérêt que présenterait la connaissance des procédés chinois pour travailler ces fibres {Bulletin, t. VIII, p. 155). (1) Voy. Bulletin, t. MU, p. 250. (2) Voy. Bulletin, t. VIII, p. 5!i, 15,j, 223, 28i, 289, S'il, 357, !i1h,klG, 521, 567, 613. (3) Les espèces exotiques de Ponnnes de terre ne sont pas attaquées par la maladie, et donnent des produits de plus en plus satisfaisants, à mesure que le nombre des années de culture augmente (Bulletin, t. VIII, p. 29, 32, 89, 92) . Cependant M. A. de Cheveigné déclare n'avoir pas obtenu des produits aussi avantageux (/î;«//('//n, t. Vlll, p. 218). M. Hamel fait oi)server que l'espèce dite d'Australie n'est véritablement pas indigène, mais que M. Stuart, dit-on, vient de découvrir dans l'intérieur de l'Australie une I^omme de terre pro- bablement spontanée {Bulletin, t. VIII, p. 218). {!{) Ce travail, communiqué au Comice agricole des arrondissements de Melun et de Fontainebleau, démontre que si les produits de la première année XLli SOÛIÉ'IÉ IMPÉKIAKK ZOOF.OGIQUE u'ACGLIMATATION. (joules sur la valeur de riutr(Jiluction de ces tubercules, est venu liii-Hiènie apporter de nouveaux faits à l'apinii de l'utilité de cette acclimatation. M. Bourgeois (1) vous a montré, par de nouveaux exemples, les avantages que l'on peut retirer de la pratique de l'incision annulaire pour favoriser le dévelop- pement et la maturation des fruits. MM. Delisse (2), Ramel (3) et Belhomme {li) vous ont l'ait connaître aussi les avantages delà culture de quelques plantes étrangères qu'ils (Uit étudiées avec soin, et «pii paraissent de- voir rendre de grands services à notre agriculture : ils nous ont indi(pié également les meilleurs moyens de cultiver ces magnitiques /i^/cY//y/j^/us(iiie [Bulletin, t. VU), en faisant comiaitre la diifércnce de produits fournis [)ar les deux variétés de VAcer sacrhurinani [Bulletin, t. VUl,p. /il5). XLIV SOCIÉTÉ IMPÉniAI.K H)n]ju,\u[K irACCI.I.MATA'Ilu.N. jeunes })laiits qui ont été partagés entre le .laidin du Ikùs de Boulogne et plusieurs de nos eollègucs. M. le docteur Tiurcl vous a l'ait connaître enlin une variété intéressante de Cà])rier, qui dilïère de l'espèce ordinaire par l'absence d'épines (1). Vous le voyez, messieurs, les travaux importants n'ont pas manqué cette année, pas plus qu'ils n'avaient manqué les années précédentes, et nous devons puiser une n(nivelle énergie dans le sentiment des services (jue nous sommes appelés à rendre, (pie nous rendons déjà. El d'ailleurs, (pud encouragement ne devons-nous pas trouver dans le précieux concours que nous donnent tant de j)ersonnes, même étran- gères à notre Société, (pii s'empressent à l'cnvi de nous Iburnir des documents, et qui enrichissent nos collections des plantes les plus utiles, des animaux les plus rares. Ces zélés donateurs semldent rivaliser entre eux pour nous prociu'cr le j)lus de moyens d'atteindre le but que nous poursuivons. En première ligne, sur cette liste de nos généreux bicn- l'aiteurs, nous devons inscrire le nom de Sa Majesté l'Empe- reur, qui nous a manifesté à plusieui's rejirises sa haute bienveillance et l'intérêt qu'il veut bien prendre à nos tra- vaux i)ar des dons précieux, et qui, ces jours derniers encoïc, honorait notre jardin de son auguste visite; celui de Sa Ma- jesté l'hupératrice, (pii, voulant témoigner de l'intérêt qu'elle porte au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, a daigné nous ilonncr une magnifique collection de soies grèges et de graines de diverses plantes. Remercions aussi de sa bienveil- lant)^ |)rotection le prince auguste qui honore cette solen- nité de sa présence. Nous avons reçu aussi des preuves de la bienveillance de S. A. le vice-roi d'Egypte, qui non-seulement a ordonné la création, au Caire, d'un jardiu zoologique d'acclimatation, (I) Ce Cupparis, qu\ csl oriijiiiairc de Malion, sciiii)le n'eue qu'une \à- r\ijlé dn Capparis spinosa : il offre l'avantage sur l'espèce ordlnairemenl cul- livéc, d'épargner aux femmes chargi'cs de la recolle les lorlures que leur causent les ('-pines dont la base des pétioles est armi-e. l;es j)roduits sont au moins aussi abondants que ceux de la variété épineuse, et ollVent les mêmes . qualités connue condiment {Bulletin, t. Vili, p. hliH). liMToP.T SUR LES TRAVAUX. DE LA SOCIÉTÉ. \LV mais encore, d'une manière plus direele, nous a fait parvenir, à plusieurs reprises, de riches collections des animaux les plus intéressants lie ses Etals. Nous devons aussi à la libé- ralité d'un de nos membres honoraires, M. Delaportc , consul général de France, plusieurs belles espèces de l'Egypte et du Soudan. Citons encore, parmi les personnes qui nous ont fait de précieux envois des diverses parties de i'Alrique, S. Exe. le général Khérédine, ministre de la marine du bey de Tunis; S. Exe. sir Georges Grey, gouverneur de la colonie du Gap ; S. Exe. le duc de Malakoff, gouverneur général de l'Algérie ; MM. Ferdinand de Lesseps, Beaussier, Cliagot aîné. L'Amérique nous a l'ourni aussi un précieux contingent, grâce au généreux concours de MM. Frébault, Las Cases, Lavallée, Gauldrée-Boilleau , comte de Brossard, Lelong, Boehn, Cloquet, Chappuis, et Drouyn de Lhuys. Nous man- querions à notre devoir si nous ne ra[)pelions d'une manière spéciale M. Bataille, dont \o zèle incessant semble augmenter tous les jours, et qui aussi li-i'-quemment qu'il le peut, accu- mulant pour nous largesses sur largesses, nous fait parvenir tous les animaux utiles ou curieux que le climat de Cayenne lui présent(\ Pour trouver autant de générosité et autant d'ardeur à rem- plir les vides de nos collections, il fout aller aux contins du monde, à Melbourne, où M. Mueller, l'infatigable acclima- tateur, le zélé donateur, par ses envois uiulti])liés, nous fait connaître tout ce que l'Australie renferme de rare, de curieux ou d'utile. Nous ne pouvons citer M. Mueller sans rappeler encore le nom de M. Bamel, (pii, lui aussi, travaille à nous enrichir sans cesse, et se montre, pour nous, plus insatiable, plus dévoué que nous ne pourrions l'être nous-mêmes. Nous ne quitterons pas cette terre privilégiée des antipodes sans exprimer notre reconnaissance pour le dévouement sans bornes dont M. Wilson a donné tant de preuves en faveur de notre œuvre. Incarnant en lui, si nous pouvons nous exprimer ainsi, cette idée dont personne ne sait mieux ({ue lui expri- mer la grandeur, il n'a pas cessé de travailler à son dévelop- pement avec cette ardeur dont nous vous signaliIIATRI^FACiK«4. Messiei'Iis, D'Hésiode jusqu'à Virgile e( de Vir^iile jusqu'à nous, les poêles ont eéléliré à l'envi les inépuisables largesses, les maternelles bontés de la déesse qui préside aux moissons. N'en déplaise à ees beaux génies, leurs hommages se sont trompés d'adresse. Cérès n'est qu'une nourrice et une nour- rice sévère. Elle ressendjle beaucoup à Hercule, en ce sens qu'elle n'aide que ceux qui d'abord se sont remués (1 ). Avant de féconder les sillons, elle veut -que le laboureur les arrose de ses sueurs comme d'une olîrande, et no les défend pas toujours contre le souille brûlant nu glacé' des enfants d'Eole, contre les orages de Jtqiiter. 11 y adans l'Olympe de nos pères une autre divinilébieu moins exigeante et bien autrement libérale, .le veux parler de Tétbys, l'épouse du vieil Océan, la mère des fontaines et des tleuves, en d'autres tci'incs la déesse des eaux. Il'est elle qui se conduit vraiment en tendre mère, (biiiuant tdujoui's sans compter, sans rien attendre en retour. A (|ui e\[doile ses domaines, elle ne demande ni défricliemeni, ni labours; elle sauve tous les labeurs, sauf ceux qu'exige la récolte; et c'est poiii' cela même peut-être qu'elle a été négligée. L'bomme a parfois le cœur bizarre et facile à rinor;ititU(l(\ Il dédaiune aisément ce qu'il acquit sans peine; il oublie le bienfaiteur dont le cu'ur et la main toujours ouverts ont trop prévenu ses demandes; il garde plus de souvenir à celui (pii se fait arracher le bienfait. Voilà pourquoi les initiateurs de la vieille Grèce prodiguèrent d'abord à C(''rès les témoignages de gratitude filiale qui reve- naient de droit à Tétbys. Mais un jour, comme pris de remords, ils iiieni naitre de récumedes mers Vénus, la mère des Amours, la fécoiulité incarnée. C'était à la fois ré()ai'ei' une injustice et (l) lloiriiji' vfiil (|u"(iii se remue, miis il aide les ^cns. (I,A I-'ONTAINE.) T. I\, 1S6'2. — SrMiire |Milili(|iic. il L SOCIÉTÉ JMPÉRIALE ZOOLOf.IQUR D ACCLIMATATION. reniror dans ces vérités élernelles que caclieut si souvent les mythes sombres ou gracieux de ranti([uit(''. La l'écondité, telle est en effet pour l'expérience la plus vulgaire comme pour la science la plus élevée, le premier attribut de l'eau. Sans eau, le sol le plus riche reste absolu- ment stérile, tandis (jue pour jtroduire toute sorte d'êtres vivants, l'eau semble se suffire à elle-même. Partout où elle s'amasse et séjourne, même en minime quantité, la vie appa- raît sous mille formes. Avant que le soleil du printemps ait desséché les ornières de nos routes, chacune d'elles a vu s'élever, grandiret mourir des générations d'Algues microsco- plipies, de liotateurs, de Crustacés inférieurs ; la moindre mare est tout un monde que se disputent les représentants des deux règnes organiques et ceux d§s quatre grands types du règne animal. Oue sera-ce si nous reportons nos regards sur les rivières et les fleuves ! Mais pour voir éclater dans toute sa puissance cette force d'organisation et de vie qui semble inhérente à l'eau, il faut se tourner vers la mer. Ici ce n'est plus de l'étonnement, c'est de la stupéfaction qu'on éprouve. Pour constater des merveilles, pas n'est besoin d'aller jusqu'à ces mers tropicales doni les voyageurs attestent tous la fécondité exceptionnelle; nos cotes de France suflisentà l'observateur. Tout d'abord il sera frappé d'un fait bien étrange. — Dans la mer, ce n'est pas la terre, l'équivalent de notre so/ arable, ipii se montre le plus fertile, c'est le roc. F^lus celui-ci esldiu' el com- pacte, plus il est impénéirable à quoi que ce soit ressemblani à t'es racines, plus il nourrit d'êtres vivants appartenant aux deux règnes. De Boulogne à Saint-Jean-de-Luz, nos côtes les plus riches sont incontestablement celles de la Bretagne. C'est là, sur des granits inaltérables, que s'épanouit plus large et plus serrée cette ceinture ininterrompue de Fucus qui doime la soude à l'industrie, et à l'agriculture un engrais sulïîsant pour remplacer tous les autres ; c'est là que tout chenal, toute crique avec leur fond de roches amoncelées, se changent en vallons plus ondtreux où les Algues de toute sorte et de toute laille i('pn''S('iilent la moufse, les gazons, les buissons, les s FERTILITÉ ET CLLirilE DE l'eAU. L1 taillis de la terre ferme; c'est là aussi tivie les espèces herbi- vores, trouvant au sein de la végétation la jilus luxuriante la nourriture la [ilus abondante, sont le i»lus nond)reuses, le plus fécondes, et nourrissent à lenrs dépens le plus d'espèces car- nassières. — Or, tout ici se passe dans l'eau; tout vient d'elle et tout y retourne. La terre n'y est pour rien ; car le point de départ de ce cercle, où se succèdent la vie et la mort, est toujours une simple plante api)li(iuée sur le rocher nu. Cette apparence de pouvoir créateur que présentent jus- qu'aux dernières molécules d'eau, et qui grandit avec les masses liquides, devait séduire l'esprit humain. A elle se rattachent de près ou de loin quel(}ues-unes des spéculations cdsmogoniques de divers peuples, et toutes ces théories de génération spontanée que cherchent à faire revivre, en dépit des faits acquis, quelques hommes d'un mérite d'ailleurs très réel (i). C'est encore elle (jui a enfanté ces idées vagues dont la poésie s'est emparée, et (ju'un des plus charmant esprits, un des plus séduisants écrivains dont s'honorent les lettres françaises, a développées dans un livre que vous avez tous lu (-2). — (Ju'y a-t-il toutefois au fond de tous ces mi- rages? Rien qu'un fait très simple, mais très grand, que la science moderne coastate, explicpie, et peut par conséquent poursuivre dans ses conséquences de toute sorte. Lorsque les continents actuels surgirent au-dessus des flots où ils avaient jjris naissance, la plus forte part des principes solubles, seuls assimilables par les êtres vivants, s'accumulèrent avec les eaux dans le bassin des mers. De[)uis cette épo({ue, des milliers, des myriades de siècles peut-être se sont écoulés; (1) IjCS evpt'iifnces si précises, si neUcs de M. l\istcnr, venant confirmer et les exprrieuces pi-<''C('(leniment l'iiiles et les résultais fomiiis depuis (piiiize ans par féludc des animaux supérieurs, ne peuvent aujouid'liui, ce nous semble, laisser la moindre place au doute. Ainsi en ont juy;('', du reste, des physiciens, des cliimisles jusque-là partisans déclarés delà génération spon- tani'e. L'un d'eux, à ta suite d'une conversation cpii avait roulé en entier sur les beaux tra\au\ de M. Pasteur, s'écriait avec un accent de regret : « En- core une illusion ((ui s'en va. » (2i Ks(-il besoin de nommer M. iMiclielcL ei de rappeler son livre inlituté la Mfv? LU SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. et la It^rrf* sans cessr laviM' pnrlt'S iiliiies, cVsl-à-dii^^ jiar de l'eau distillée, n'a cessé de tuuniir à cet iiiiinense réeeplacle des nialéi'ianx de même nature et des détritus organiques. Voilà comment Feau des lleuves débordés est à elle seule un engrais ; comment Teau de la mer est pour les êtres qu'elle couvre un véritable bain nutritif. Ainsi s'explique la surabon- dance de productions en tout genre que recèlent les Ilots, et dont l'existence ressemlde à un paradoxe : v(''gétaux sans racines, se nourrissant exclusivement par leurs frondes ; ani- maux lixés (jui attendent du liasard des aliments qui ne man- quent jamais; animaux libres, mais ilottant pres(pie inertes au gré des vents et des vagues qui les disséminent partout, et qui partout rencontrent ce qu'il faut [umv les nourrir. En revancbe, même dans l'Océan, là où n'arrivent pas les lavages du sol, là cesse la vie et règne la mort. La plaine liquide a ses déserts connue la terre ferme. Telle est une vaste région du Pacifique méridional que le courant glacé du pôle sud, le courant de Ilumboldt, isole des côtes améri- caines, et qu'on a justement nommé la mer désolée (1). Ici le flot s'élève et retombe sans remuer autre cliose {jiic de l'eau, la vague n'est jamais sillonnée par la nageoire d'un pois- son, l'air j)ar l'aile d'un oiseau. Si aune certaine distance des côtes la uiei' ne pi'ésentc jias constamment rétrange stérilité qui a si vivement impressionné tous les marins, c'est que des luis les plus générales auxquelles obéit notre planète, il ré- sulte entre toutes ses parties des échanges incessants. La ro- tation UK'iiie du glo])e engendre des courants ijui vont de l'éqnateur aux pôles cl des pôli'S à l'écpiateur, (jui poussent ius(praii iiouv(\iu continent l'eau (pii vient de baigner les rivages du vieux monde, et ramènent vers celui-ci les flots qui battaient naguère les côtes (rAméri(pie. Counne nos grands fleuves auxquels on les a depuis longtemps comjtarés, ces cou- rants (barrient les éléments de toute sorte enlevés à la terre, et, brassant pour ainsi dire les océans, n'-pandenl jiartout où ils atteignent la fécondité et la vie. CI) (\)uriiiUs cl ri'ruhitinns ih' rdfniosplirri' ri ilo la mer. par Julien, lii'iiK liant (le vaisseau. KKIiriMTÉ 1:T CULTl I!E dk i.'eai'. I.lll Ainsi le sol n'est Ibrlile iiu'à l;i coiulititin dèlro iiri'Ksé; IVjau n'est tecondo qu'à la condilioii de recevoir et de transformer les éléments que lui cède le sol (1). La mer onvoie à la terre les pluies qui lui sont indispensables ; la terre envoie à la mer l'engrais qui lui est nécessaire. Chacune attend du retour pour ce qu'elle donne, et ni l'une ni l'autre n'a encore nié sa dette. Voilà comment, recevant sans cesse et rendant toujours, toutes deux concourent à ces merveilleuses harmonies natu- relles (lui ont, sur les conceptions les plus ingénieuses, l'avan- tage d'être vraies, (pii, mieux que les plus beaux rêves, ont en elles ce qu'il faut pour frapper l'imagination, agrandir les intelligences et élargir nos horizons. Lorsque l'homme, longtemps absent de la création, intervint dans ce grand cercle d'actions réciproques, il accepta d'abord les faits tels qu'ils résultaient de la force seule des choses. A l'origine des sociétés, nous le trouvons partout exclusive- ment chasseur et pêcheur. Il ne demande au sol comme à l'eau que ce qu'ils produisent d'eux-mêmes; et, par conséquent, il lui faut d'immenses espaces oi^i ses tribus peu nomiu'euses puissent rencontrer les fruits incultes, le poisson, le giliier nécessaires à leur subsistance, et qui souvent leur font défaut. — De nos jours encore quelques populations en sont là, et nous les appelons des populations sauvages. L'homme devient ensuite pasteur, c'est-à-dire (ju'il groupe autour de lui quelques animaux utiles. Il s'élève ainsi d'un degré dans l'échelle des civilisations. Moins exposées à la fa- mine, les tribus s'accroissent et deviennent des hordes. Mais pour nourrir les auxiliaires qu'il s'est donnés, il faut encore que l'honuue se transporte avec eux de pâturage en pâturage. — Il reste donc errant et barbare. Enfin, il imagine d'élever des végétaux, arbres ou plantes ; bientôt de les perfectionner. Il se fixe alors, et devient cultiva- teur. Or, dans la nouvelle tâche qu'il s'impose, il lui faut tout d'abord et tour à tour lutter avec, la nature, ou l'appeler à son aide. Pour faire place au Riz, au Dlé, au Maïs ou à la Pomme (1) .le n"ai pas à iii"occiipcr ici du rûlo de l'air. On bail que sans son iu- tervenlion, aucun être organisé ne peut vivre. 1,1V SOCIÉTI'; IMl'KllLVLK ZOdl.dCHM K d'aCCLIMATAïK l.\. (le lei'i'c (I), il (Irli'uil, les V('i;('l;iii\ sans valeur; jimir accroître sa rf'cullc ri raviver ses ([laiiiits (''|iiiis(''S, il a re(;oiirs aux cniii'ais. l/aL^riciilliire est née; elle assure le pain ([uutidien aux |)o|tulatioiis de [tins en plus n(unl)reuses. — Vienne main- lenanl l'expérience des siècles, el riionime civilise vivra Jargenieiil, pai' millions, sur un es})ace où périraient de t'aiin quelques milliers de pasteurs, quelques centaines de chasseurs. Ce qu'ont été les progrès accomplis dans cette voie, vous le savez tous, messieurs; mais ce (pii échappe à trop de hons esprils, c'est (jue l'industiie humaine ne s'est encore adressée (ju'au sol et a ouldié l'eau. En l'ait de culture, le chasseur s'est Iranslbrmé, le pêcheur est resté sauvage. A cet égard, les plus fières populations européennes en sont, à hien peu d'exceptions près, exactement au même point que les trihus de l'Orénoque ou de l'Australie, et le hlanc n'est en rien au-dessus du nègre. Comme ses h-ères de couleur il a pèch(' parloul et toujours, sans souci ni prévoyance; plus nomhreux et mieux armé, il a ])êclié davantage. 11 a fini par dépeupler, en loul ou en partie, les ruissc'aux, les rivières, les lleuves et jusqu'à l'Océan. Mais le Itien nait souveni de l'excès du mal, el rarement la néces- site a aiguillonné vainement l'intelligence humaine. La dimi- nution du gihicr conduisit sans doute à la domesticalion des espèces animales; la culture naquit peut-être au milieu des an- goisses d'une lamine (;2). L'épuisement du poisson a fait songer à la pisciculture ; et maintenant la notion de YaquicuUwre (o), c'est-à-dire de la culture des eaux en général, se fait jour au milieu de nos préoccupations si grandes et si multiples. Les faits fondamentaux que nous venons de rappeler, l'expé- rience déjà acijuise, permettent de définir en peu de mots la (1) r,os quatre pliiiilcs alimoiitaiifs par oxfollcncc se parlagciil en (puMqiK' sorte le uioiidc (■ivilis(''. ('i) lies choses paraisseiii du moins s'être passives ainsi dans r/Xniériquc eenirale (lli.^lo/ii' des luilioiis ririli.sccs du Mc.ri(iuc, j)ar M. Tabljé Jiras- seiH' de l'.oMrl)oinij;j. (.')) Ce mol doit évidemmeiil elre enq)lo>(' (lai' opposiliou au mol (lyn- ctilhirr, (\\\\ rend rid(''e générale de la ( idliiie du sol. Il a éh- pioposé,' croyonsHions, |miim la première lois, p jardhis de toute sorte, où des soins spéciaux multiplient sur un étroit espace, améliorent et modifient divers produits. L'eau doit avoir, elle a déjà les siens. — Lcà seulement des aménagements parfois minutieux et l'équivalent des engrais deviendront souvent né- cessaires. Il y a bien peu de temps, messieurs, nous n'aurions jni ni préciser, ni circonscrire ainsi les problèmes généraux de l'aqui- culture. Ils n'étaient pas même posés. Nous savions bien, il est vrai, quelque chose de ce qu'avaient fait dans cette direction les Chinois et les Romains ; mais ces échos lointains d'un autre monde et d'un autre âge n'éveillaient en rien l'allention. On avait oul)lié les résultats obtenus par Jacobi et ses rares imi- tateurs, grâce à l'emploi des fécondations artificielles (1). Le travail de M. le baron de Rivière sur les petites Anguilles de montée, et sur les facilités qu'elles [)résentent pour nudtiplier ce poisson, dormait ignoré dans les Mémoires de la Société (1) Les expériences de .Jacobi ont été i.ubliik's, pour la première fois, en 17(io. En 177o, Duiianiel les repiodiiisilen les auribiiant au comle de Gold- stein. .le les ai rappelées dans nia première note snr la pisciculture ; M. Coste a l'ail de même dans ses Instrwiiutis pratiques sur la pisciculture. LVI SdC.IKTl'; IMPÉRIALK Z001,()(ilULK I) ACCLIMATATION. d'agriculture (1). Eniiii, on ne comprcnail pas même les ensci- gneinenls ressortant d'industries en pleine prospérité, et qui demeuraient continées dans les localités qu'elles enrichissent depuis des siècles ('2). • . Mais en 18/iS ]ui naturaliste français chercha à rappeler l'attention sur ces faits isolés. Conduit aux applications par des études de science pure, il ne craignit pas d'aflîrmer qu'on peut semer du poisson comme on sème du grain; il proposa d'ensemencer la mer, el aussi d'en retirer des engrais pour la culture des champs; il indi(jua des procédés (S). La même année, un ingénieur civil de Hammersmith, M. Boccius, pu- blia en Angleterre un livre reposant en entier sur h^s mêmes idées, promettant les mêmes résultais (4). (Jonnne pour justi- fier ce (pie ces données théoriques pouvaient paraître avoir de hasardé, on sut bientôt que deux simples pécheurs des Vosges avaient réalisé d'avance toutes ces promesses et rempoissonné, (1) TomeXLVHi, IS'iO. (2) Spallanzani avait déciil dans son Vmjiujc dans 1rs Druj-Si'iles Vin- dustric de Coiiiaccliio, si bien ('liidiée })lus rcccmmenl par AI. Coste {Voyage d'c.vplorafion sur le littoral de la France et de l'Italie). M. d'Orbi^ny pèro avait publié sur l'élevage des Moules, à lisnaiides, un travail dont nous reparlerons plus loin, el qui était passé inapenui. (3) Des fécondations artificielles appWiuées a l'élère du Poisson, par A. de Quatrefages {Comptes vendus de l'Académie des sciences, 18'i8). Dès cette première note j'indiquais les moyens de régulariser le produit des étangs, d'utiliser pour la multiplication du Poisson les (cufs des individus li\rés à la consonnnalion. .tiusislais aussi sur les facilités que ces pratiques présenleronl pour racciiiiialalion et l;i disséminalion des espèces. — Ani- maux utiles , le Uarenij, piu' le même {Bevae des deux mondes, 18û9). — Deux notes sur la propagation et la multiplication, des Huitres, par le même {Comptes rendus, l8/t9J. — .S»?' la fabrication de l'huile de Ilareny, et sur l'emploi du trangrutn ou résidu de cette fabrication comme engrais, par le mC-me {Co)nptes rendus, 18/|8). — Recherches sur la vitalité des spermatozoïdes des poissons d'eau douce, par le nièm(> {Concjjtes rendus et Annales des sciences naturelles, 185o). Etc. (^j) Treatise of Ihe Management of Fish in l'irers and streams. Cet ouvrage n'a été connu en Kr.nicc (|ue par le be.ui rapporl de M. Kdwartis {Annales des sciences natuictles, 3*" série, I. .\l\}. i\l. jjoccius assura au savant rapporteur qu'il avait opéré dès IS'il sur un(; tri's large éi belle. Tou- tefois so:! livre p irait être plulùt Ficumc d'un lliéoricien que celle d'un FKHTJLITK ET CII/HIIK DK 1,'EAL'. LVII à l'aide dos IVM.'oiidalions arliliciolles di'couvcilos par l'un d'eux, une rivière depuis longtemps dépeuj)lée(l). Cet accord de la pratique et de la science devait impressionner sérieuse- ment les esprits. Les journaux s'emparèrent de la question; la caricature s'en mêla. Dès lors le succès de la pisciculture était assuré; et de cette époque, en effet, date un ensemble de recherches et d'elTorts qui, s'élendantà mesure qu'il grandis- sait, a donné naissance à X aquiculture. J'aimeniis, messieurs, à vous exposer avec quelque détail le développement de ces idées, qui, filles de la science pure, se sont traduites si promptement en brillantes, en utiles appli- cations ; j'aimerais à citer ici tous les ouvriers de la première heure (2), à nonuTier ceux ([ui, venus plus tard, ont le plus avancé dans cette voie nouvelle. A mon grand regret, le liommc qui aurait pratiqué. Pour tout ce qui concerne les premiers temps (le la pisciculture, on lira avec autant (rint('rèt que de fruit le remarquable travail publié en 1854 par un naturaliste d'un grand mérite, enlevé tout jeune à la science, M. Jules IJaime {La Pisciculture, Hkvue des deux MONDES, 185/i, t. 11). (1) On comprend qu'il s'agit de C.éhin et de Uemy, dont on associait alors les deux noms, et qui, dès ISiù, avaient été couronnés par la Société d'ému- lation des ^ osges pour avoir fécondé des Truites artificiellement. On a su depuis que ce dernier était le véritable inventeur qui, à force de sagacité et (1(^ patience, était arrivé à la même découverte que Jacobi el Spallanzani. Les résultats obtenus par les pccbeurs de la Bresse, dans la .Moselote, furent annoncés à l'Académie par une lettre de M. le docteur Haxo, ([ui se lit T.ir- dent soutien de ses conq)atriotes. Au reste, les savants de Paris leur rendi- rent aussi hautement justice, dès qu'ils connurent les faits {Bapport sur In pisciculture, adressé à S. Exe. le Alinistre de l'agriculture et du commerce, par M. Milne Edwards, cité plus liant ;— Rapport sur les frurau.r de pisci- culture de MM. Geliiii et liernij, fait à la Société pliilomalliique, par M. de Ouatrefages, Journal d'agriculture pratique, 1852). ('.>) .l'emprunte à l'article de M. llaime,cité plus haut, la liste des personnes qui antérieurement au mois de juin 185Ù, s'étaient le plus signalées dans l'élevage artificiel du Poisson. MM. le baron de l'ontalba, baron de Tocqueville, Davillier, Hartmann, Garon, Cagniart, Lefebvre, Mctor Marchand, Greenbill, vicomte de Curzay, princesse Bacciocchi, baronne de Mouzin, Pauly, comte de dalbert, Adolphe Périer, Barachin, marquis de Vibr.iye, Levai, Boissière, Douillard, Feslu- gière, Javal. Dans son travail, M. llainie fait d'ailleurs avec toute justice une place à part à MM. Costc et Millet, dont il examine les travaux avec détail. LVIU SOCIÉTÉ IMPÉKIÂLE Z(i(Jl.(IGIQliE 1) ACCLIMATATION. Iciii[ts cl l'espace manquent également. Pour esquisser seule- ment l'histoire de l'aquiculture, il faudrait aujourd'hui un vo- lume. Sans même sortir de notre pays, faire une part rigou- reusement éciuitahle aux Ik mimes ([ui ont rendu les plus signalés services, serait très difficile. Ceux-là ne sont peut-être pas les plus connus qui ont les premiers et le mieux fait. Mais entre tous, nous n'hésitons pas à le dire, M. Coste a droit au premier rang. Les études embryogéniques dont ce savant s'occupe de])uis tant d'années avec un talent que vous connaissez tous, lui inspirèrent tout d'abord dans l'avenir de l'aquiculture une confiance éclairée et sans bornes. Un des premiers à l'œuvre commune, il a lait et surtout fait faire beaucoup. Fort de la haute autorité que lui fissurait son rang dans la science, fort aussi de l'appui administratif et du tout- puissant patronage qu'il a su se concilier, M. Coste a mis une ardeur sans égale à propager l'industrie naissante, à la défendre contre d'injustes méfiances, à provoquer de nouvelles appli- cations, à proclamer les résultats accjuis, à en prévoir de nou- veaux et de plus giands (1). Si l'aquiculture française a rapi- dement progressé dans des directions très diverses, une très grande part d'éloges en revient à l'inteUigente, à l'intrépide insistance de M. Coste. C'est à lui seul, entre autres, qu'on doit d'avoir vu trois ministères entrer avec une largeur jusqu'ici sans précédents dans la voie de l'expérimentation pratique des sciences naturelles, sciences qui seront un jour, pour la culture des êtres vivants, ce que la physique et la chimie sont pour l'industrie, qui s'adresse aux matières mortes. Grâce àM. Coste, le cofiége de France possède des viviers Parmi les écrivains qui, à la même époque, avaient publié des travaux rola- lii's à la pisciculture, M. Ilaime signale, indépendaninicnl des naturalisles de Paris, MM, le marquis de CaumonI, Sivard, de iîeauiieii, comte de l'onlgi- Ijaiid, Bergasse, Bignon, Géliin, liicliard, de lîéhague, Nobict el Cjuénard. (1) En 18/i9, M. Coste commeiiçail au collège de France les expériences qu'il a toujoiu's poursuivies depuis el étendues à tant d'autres espèces. Dès 1850, il avait obtenu les résultats les plus encourageants. Kn outre, on lui doit le premier traité spécial siu' l'élevage artiliciel du Poisson {Instructions pratiques sur lu pisciculture, 1 853). Le Guide du liiscicultcu r. par M. I laxo est de 185Zi (J. Ilaime, article cité plus baut). FlvIITlLlTK ET CULTI'ltE DI-: LKAU. LlX OÙ se conliiniL' et l'c'UssiL ù iiiorvcille rélevage en chamhre, la sifihidation restreinte des Poissons d'eau douce ; les bassins triluningue, fondés en 185*2 par MM. Delzeni et Berthot, ingé- nieurs des ponts et chaussées, sont devenus un entrepôt général d'œuis, qui, après avoir été fécondés, s'expédient pour tous pays; nos cotes de l'Océan et de la Méditerranée ont reçu par milliers des Huîtres transportées par les liàtiments de FKtat, et destinées à repeupler les bancs épuisés, à en créer de nouveaux; enlin le petit port de Concarneau va posséder un vivi(M' laboratoire de 1500 mètres de superficie, où les essais d'élevage et d'acclimatation de toutes les espèces marines utiles, Poissons, Mollusques et Crustacés, se feront sur la plus grande échelle. Le Ministère de la marine, plus encore (jue les autres, a généreusement contribué à la réalisation des vues de M. Coste. De 1859 à 1861, l'aquiculture marine a reçu /lOOOOO francs de subventions. Son budget pour 1802 est de 150 000 h'ancs, non compris 100 000 francs qui seront distribués en primes aux pêcheurs les plus méritants (1). Qu'on ne regarde pas ces avances comme exagérées; elles sont déjà plus que couvertes, et l'on doit des remercîments sincères au savant qui a su provoquer de pareilles largesses, à l'Administration (jui a su en comprendre l'utilité. Dans une sphère plus modeste et avec des moyens d'action beaucoup moins i)uissants, un de nos confrères a contribué pour une bonne part aussi aux progrès de l'aquiculture. Encore sous-inspecteur des eaux et forêts, et chargé en cette qualité du service ordinaire, M. Millet comprit dès le premier jour l'importance de la culture des eaux ; il s'y montra bientôt praticien habile, apôtre zélé. Non content d'expérimenter par lui-même, il sut trouver le temps de provoquer, de diriger chez les autres de nond)reux essais. Personne n'a contribué plus (pic lui à populariser les i)rocédés (''prouvés (jiù sont entrés aujouid'liui dans la |»raiique journalière. Enlin, il a su faire pailager ses convidions aux deux chefs éminenis <]ui se sont succédé dans la direction des eaux et forêts, el qui tous deux sont nos confrères. Grâce à MM. de Forcade la Roquette et (1) Renseignements communiqués pur le Ministère de la marine. LX SOCIKTK IMl'ÉllIALK /(K )l.( iC.hjr K d'acCLI.MATATIU.N. Vicaire, la question au repeiipleiiienl di' nos cours (IVau a été reprise avec une activité prudente; un plan général, reposant en entier sur les idées de M. Millet, a ét('' adopté, et son exé- cution facile, peu coûteuse, aura certainement rendu en quelques années à nos fleuves, à nos rivières, leur IV'condité })rimitive. Déjà dans ?>o di'partements, 7(i bassins d'éclosion et (l'alevinasse sont en pleine activité; ils n'ont coûté à l'État (pie 19 3Ô5 francs, et les primes accordées aux agents (pii les dirigent ne s'élèvent qu'à 'l'I'lb francs (1). A cjûé de ces (jeuvres de deux Administrations qui dis[)Osent d'un budget considérable et de nombreux agents, celles des particuliers livrés à leurs seules forces peuvent d'abord paraître bien faibles. Mais ces eflbrts individuels, de plus en plus mul- tipliés, représententaujourd'bui une somme d'action au moins égale à celle de l'Etat. C'est là un fait que je constate avec joie ; car il atteste la popularisation croissante d'une industrie qui, pour porter tous ses fruits, a besoin de devenir vulgaire. C'est ici surtoiû que j'ainuM'ais à citer tous les noms; mais à peine aurai-je le temps d'eflleurer quelques-unes des brancbes de l'aqui» nlt.ure et d'indiquer quelques résultats. De ces brandies d(ïjà nond)reuses, celle qui tout d'abord attira l'attention, et qui a pour objet lesPoissons d'eau douce, est à la fois la plus répandue et la plus avancée. Ici les tâton- nements, inévitables au début, commencent à laire place à des règles sûres, et Ton sait à quoi s'en tenir sur la pkqiarl des questions secondaires qui soulevaient naguère de vives polé- miques. Par exemple, on ne discute j)lus sur la supériorité relative des fécondations artificielles et des frayères dispo- sées de main d'iiomnie pour l'cnsemenceraent des eaux. L'expérience a fait la par! (h' clia((ne procéib'. Le premier con- serve tous ses avantages ([uand il s'agit d'envoyer au loin la semence, et d'utiliser à deux lins le poisson livré à la consom- mation ; le second, (|ui laisse le Poisson dans ses conditions naturelles, est préférable toules les b»is (pi'on i)eut agir sur place. Tous deux sont anjonrd'lnii appli(pi('s en grand. (I) Iveiiscigiiemciilb cummiiniqués par i'.Hlminislialiun tl<'s eaux cl [uvèls. fkkuliii': kt ciLTuni-; i»e i;kac. lxi l/rlahlis^^i'incnl (rHiiiiiniiiK' ciiiiiloic la promlèrc iik'IIkhIc, et iT'iid (riiic(iiiltslal)les services, qui sci'aieiil plus liraiids en- rôle si son habile organisateur ponvait veiller de plus près au délail des opérations. Au 31 octobre 1861, Huningue était déjà tm mesure de fournir près de 6 millions d'œul's de Truite Saumon ou Ombre-chevalier, et le double environ d'œul's de Fera. Déjà aussi la plus grande partie de cet approvisionne- ment était promise à 288 demandeurs, simples particuliers fonctioimaires ou établissements i)ublics réjtandus dans toute la France, dans l'Europe entière, et jus(iu'à Mexico (1). L'Administration des i'orèts, ayant un tout autre but à rem- plir, a justement pri-leré l'emploi des frayères. Celles-ci sont établies dans d('> bassins spéciaux creusés à côté du cours d'eau (|u'ils doivent ensemencer, et communiquant avec lui en amont et eu aval pai- des éclusettes mobiles. Ouverts à l'époque du Irai, termes pendant que les œufs se développent et tant (jue dure le |iremier âge, ce sont autant de pépinières d'où s'élancent par myriades les jeunes Poissons désormais capables de vivre en pleine eau. En 1861, les fravéres de l'Administration des forets ont lâché i)lus de 6 millions d'indi- vidus en état de se suOiic à eux-mêmes. Ses agents ont en outre disséminé environ o millions d'Anguilles de montée (2). Mais tous ces œufs, tous ces alevins ai'rivcront-ilsà bien, et la moisson succédera-t-elle aux semailles? 11 faut ici se dé- fendre également des méfiances et des espoirs exagérés. Sans' doute il y aura du déchet, et l'on ne péchera pas pièce pour pièce. Franchement ce serait trop beau. Les 3 millions et plus de petites Anguilles portées jusfpi'à la source de nos (1) Rapport officiel de M. Coumes, iiii-viiieiir eu clicl', cliarj^é de hi direc- Unii de rétablissement. Ce qui prouve l'utilité de ees einots, c'est que le unnibre des demandes, loin de diminuer, va en croissant toiq'oms, suHont relies qui viennent, soit des établissemeiils publics, soit des lionimes qui s'occupent sériensenient de la nudtiplication des Poissons. D.uis la campa<^ae de 185/4-1855, le cliillre des drmantles avait été seulement de 62; il s'éleva successivement à 103, TSS), 259 {Rapport s>rr la cainpajpnp de 1857-1858, par VI. Grumes, dans le ^'oijaip' d'c.rploration, par Al. Coste), (2) ['.enseignements communiqués par l'Administration des eau\ et jorèts. s I.XIV SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOnLOGIQUE D ACCLIMATATION. associé choisirent l'étang de Ujchrl-Ouach, vaste bassin creusé par les Romains pour a|)provisionner d'eau Constanline. •27 Carpillons et 12 Cyprins y fiirenl làcliés et disparurent aussitôt au milieu des plantes aquatiques. Ils auraient dû s'y croire en sùrelé ; mais des zouaves travaillaient près de là, et (jui ne connaît les instincts de ce corps où l'industrie égale le courage? On reconnut bientôt qu'ils avaient essayé et réussi sans doute à ajouter quelque poisson à l'ordinaire réglemen- taire. Le succès de l'expérience était sérieusement compromis; mais, grâce au général Desvaux, une sentinelle vint écarter ces pécheurs trop pressés, et empêcher Carpes et Cyprins de s'en aller en triture. . , Les bons efïets de cette surveillance furent bientôt visibles. Dès le mois de janvier 1859, M. Bandel, conducteur des ponts et chaussées, qui surveillait le bassin avec une intelligente curiosité, compta une vingtaine de Carpes de 25 à 30 centi- mètres de long, une centaine d'individus de même espèce et de toute taille, 7 à 8 gros Cyprins et une trentaine de petits. Il y avait donc eu accroissement rapide des poissons importés et reproduction al)ondante au delà de toute espérance. Le problème posé par la Société était doublement résolu. M. de Lannoy, ingénieur en chef des ponts et ciiaussées à Constantine, ini'ormé de ce premier succès, en comprit si bien la portée, qu'il voulut s'associei" à l'entreprise. Vn mois après l'observation de lAl. Bandel, 7 Tanches que M. de Lannoy avait fail venir de Marseille ('taieni lâchées à leur four dans l'étang de Djebel-Ouach. Au mois d'uclobre 18(50, des travaux d'agrandissement amenèrent une pèche à fond de l'étang, et voici ce qu'on y trouva : 307 Carpes de JO à /i3 cen- timètres ; h Tanches de 3^ centimètres el un grand nombre de petites; 8/i grands Cyprins; plus environ 8000 Carpes et 0000 Tanches d'alevinage qui furent portées au Paunmel, où on les pêche aujourd'hui (1). A'oilà ce (ju'en moins de trois ans ont obtenu MM. Cosson, (I) Celle pèclic esl évideiuinent prématurée, el l'on devniit au moins éta- l)lii- des réserves sévèrement liardées, sinon le r.nmniel sera lii<'nlùl anssi désert que par le passé. FKI'.TII.ITK 1:T CCI/irilK ])!•: L EAr. l.XV Krnlik ol de I.aniioy, s(_hoi)(I('s par .M. lîaiidcl. Grâce à eux, la France algérienne s'esl, cnrirliic de irois espèces ichthyokt- liiijurs, Idiih's li'(MS (le patries liicn (iilVi'rcnlcs cl venues d'é- tape en ('tape à ce rendez-vdus conimnn, l'nnc d'Hurope, l'autre de Perse, la Iroisiènie de la Cdiine. Bientôt sans doute nos Truites, nos Saumons, les suivront en Afrique, et iront disputer au maaoat'Kjnia les ruisseaux de l'Atlas et de la Kal)yli('. Pour({uoi aussi ne multiplierait-on pas le Gli/pliiso- don Zilii, ce sint;ulieret excellent poisson ipii peuple les eaux souterraines du Sahara? M. Cosson l'a retrouvé vivant au grand jour dans les gonlVes laissi'S béants |>ar des puits etïou- drés(l). Notre savant confrère pensi^ (jue moyennant (juel- ques dispositions faciles, celle espèce viendrait très bien dans les canaux d'irrigation. Le résultat à atteindre iiK'ritci'ait au moins (juelques tentatives si'rieuses ; car il y aurait là un moyen de plus d'ullli.^er les eaux (pie nos ingénieurs arrachent chaque jour aux entrailles du sol pour raviver les oasis et refoul(n* le désert. Avant de quitter les eaux douces, j'aurais encore bien à dire. J'aurais voulu appeler ratteulion sui" le rapport à luain- teiiir entre les esjièces carnassières et l(;s es[)èces herbivores, pour obéir aux lois des bariuduies naturelles, (ju'on ne viole jamais impunément ("2); j'aurais aimé à traiter avec quelque détail la grande question des Poissons migrateurs, qui rap- portent dans nos fleuves sous la forme d'aliments saviuireux et sains tout ce qu'ils ont mangé, eu mer, (raiiimaux inutiles; j'aurais pu vous montrer alors l'importance des aménagements qui facilitent la remonte de certaines espèces, et vmis montrer par l'exemjile des Anglais comment une petite rivière, jusque-là improductive, peut donner eu (pieiijues années '2Ô 000 francs de revenu net. A})rès vous avoir entretenus de ces industries (pii intéressent surtout l'honmie en santé, j'aurais (b'siré es- qnisser au moins l'histoire de l'élevage des Sangsnes, et dans (1) T(Jiik'rois il j Ohl loujours raiv, (fiipiôs cy. (\\w ni"ii dit M. Cosson, ot ou le coin|jrcnd, puisqu'il a à cOlc de lui les ivtrailcs obscures pour les- quelles il seuible a\oir élé l'ail. ('2) Lue foule de pisi-jciilleiii-s ne s'atl.irli uil ((d'aux nicilleorcs espèces T. IX, iSlCi. - SriiiK'r |inlilii|lli'. e LXVl SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. celle branche tic raqiiicullure, loiilo française par son origine et son développemenl, j'aurais eu de grands succès k constater, de nouveaux efforts h provotiuer, des erreurs et des préjugés à combattre. Mais la mer nous appelle, et.il faut se hâter. On ignore généralement que la France est un des pays où l'aquiculture marine a été le plus anciennement et le plus fructueusement pratiquée (1). En 1053, une barque irlandaise se brisait à deux lieues au nord de la llochelle, et le patron seul, nonnaé Wallon, échappait au naufrage, grâce à l'inter- vention des habitants d'Esnandes. Ce bienfaitne fut pas perdu. Wallon améliora leurs hèles à laine par le croisement, et créa une race nouvelle, encore estimée de nos jours sous le nom de race du nuirais. Il eut l'idée d'arrêter les vols des oiseaux de passage ([ui rasent la mer au crépuscule, et inventa les blets d'ailoîirct; pour visiter ses pièges et atteindre le bas de l'eau, il conslruisit le i)remier acon, singuber instrument moitié palin, moitié bateau, qui seul pouvait permettre à rhonnne de parcourir les boues de la Ijaie d'Aiguillon. Bientôt, ouidé par quelques observations faites sur ses piquets de chasse, il inventa \oùoi(c/iot, t:iv/m de pêche et parc à Moules à la b»is, qui dcpuishuitsiècles enrichitles sauveurs deWalton(2). sènical (.'M-liisivciuenl de la TiuiU' et du SauiiKin..., c'esl-à-dire des espèces carnassières et très voraces, ([iii, une fois làcln^cs dans un coins d'eau, ne Irouvent pas à s'y nounir; ces espèces en sont n'duiles à s'entre-dévorer et disparaissent. Il Tant, dans les inênies eaux, nudlipiier les espèces lieibi- voies, sinon il sera impossible de les peupler. (I) Cette ignorance s'explique, quand on songe que rindustrie dont il s'agit ici est restée absolument concentrée dans le voisinage du lianieau où elle a pris naissance. En 18/t7, M. d'Orbigny père publia sur ce sujel une bro- chure intitulée Histoire des parcs oa boucliuts a Moules de l'arroinlissi'- ■iitent de la Rurhelle, mais ce travail, publié en province, n'eut aucun reten- tissemenl. .l'ai essayé de lui rendre justiie en le iaisani connaître, après avoir pu juger par moi-même de son exactitude [Revue des deux înondes, lS5o, et Souvenirs d'au naturaliste, ISo/i). M. Costc l'a aussi reproduit en partie dans soncbapilresur Mndastrie de l'anse de l'Aijiuilton {Voilage d'exido- ration sur le tiltnral de la France et de l'IttUie, 18()1). i'I) \\ allon était crtainement un liomme de g»'iiic à tpii il n'a manqué (pi'im plus gr.uid théâtre pour avoir i)eut-etre sa statue. .Sa iainille existe encore à Ksnau'les, 1 1 j"ai «ni b- jdaisir de causer avec un de sesdescendants. FRUTILITÉ ET Cri-TTîRE DE 1. EÂU. LXVîI Un lioucJiot t'sl i'oriiK'' pai' deux hniyiios raiiç;('es do pieux, dessinaiil un Iriangle doid, la l)asc est tournée vers le rivage et le sommet vers la haute nier. A cetle poinlc nu laisse un étroit j)assage : c'est là (jue le liouclioleur attend le poisson entraîné par le rellux (1). Les pieux eux-mêmes sont réunis par un clayonnage grossier. Là est le cliamp où l'on shne, où l'on éclairclt, où Ton repique, où Ton plante, où l'on récolte les Moules. En m'exprimanl ainsi, je ne fais qu'employer le langage local: Walton avait parl'aitement compris que, pour s'adresser à la mer et à un animal, son industrie n'en élait pas moins une véritable culture. Les .Moules cultivées d'Esnandes, bien supérieures aux Moules sauvages que l'on mange à Paris, sont l'objet d'iui commerce local très considérable. Des recherches laites i)ai' M. d'Orbigny, il résulte que, antérieurement à 183Zi, 3ZiO bou- chots, ayant coûté 700 000 l'rancs en nombre rond, exigeaient annuellement près de ZiOOOOO francs de frais d'entretien, y compris l'intérêt du capital engagé, donnaient l!^/i 000 francs de revenu net, c'est-à-dire l/i à \h pour 100 d'intérêt, et entraînaientun mouvement de charrettes, chevaux ou barques j'eprésentant un solde annuel de plus de 500 OUO francs. Mais tout grandit vite de nos jours, et lorsqu'en 1852 nous visitâmes, avec M. Valenciennes, la patrie adoptive de Walton, ces chiiïres devaient au moins être triplés (2). (!) On pùclie à cette issue une quantité de Chevrettes parfois surprenante. J"ai (lunné quelques détails à ce sujet dans mes Souvenirs d'un JKitaraiifite. (2) A Pépcxpic (ui \1. (l'Orbigny habitait Esnandes, les Ijoucliots étaient rantonni's dans le voisinage inuiiédiat des trois villages d'Esnandes, Marsiliy el Charon ; en outre ils étaient disposés sur quatre rangs au plus. Lors de mou séjour à l.i r«uchelle on comptait sept rangs de houciiols : quelqu*'s-uns avaient jusqu'à un kilomètre de la base au sommet; au lieu desimpies pieux, on i'mi)lo^ait des poutres énormes, el l'ensemble formait une imuieuse esla- cade continue de U kilomètres de large sur 10 kilomètres de long. Chose singulière, cette propriété même a failli amener la ruine de l'industrie. E'estacade formée par les bouchots était devenue un danger réel i)our les navires (pii voulaient aborder par un gros temps; on en avait demande la destruction totale. Mais l'Administration, mieux inspirée, prit un terme moyen et se borna à faire ouvrir un iheiml sullisant au milieu de cette (.'nceinle. LXVIIl SOClKTl'; IMPHRIAI-K ZOOLor.IQl'l': l)'ACr.I,lMATAT10N. Si j'insislr sur l'(''lpva^v i\o< ^loules Irl (in'il se ])r;ili(|uc à Ksiiandos, cVsl que celle industrie séculaire esl pleine d'en- seignenienls. Nul cxeuipli^ ne peul d('' ilrer mieux la possi- bilité de ra(iuieulture apjiliipiée à la mer, el rim[)ortance des résultais (pTon doit eu attendre. La l»aie d'Aiguillon n'est à basse mer ipTun iumieiise lac de b(Mie à demi li- f|ui(b^. A ])art quelques ^Vunélides et (pi(d(pies (liustacés, rien ne peuple cette côte et ne semble pouvoir y vivre. C'est là pourtant que AYalton a li-ouvc le moyen de multiplier, d'engraisser, de cultiver les Moules. Si cette industrie n'exislail pas depuis liuit siècles, celui qui proposerait de la Ibnder serait traiti' de fou. Si elle a réussi , e'esl tjue le boucbot de AVallou est lui appareil C(.mplel. Il place la Moule déjà l'oruK'e dans les meilleures coMilitions d'i'devage possibles; sui'lout il appelle, il recueille la semence, et c'est là le jtoint capital, i^n etbM, cliez la plu- part desMollusques, cbez tous les Mollusques marins j)eut-ètre, le jeune, au sortir de l'o-uf, dillere ]ires(jue en tout de ses pa- rents. Il (loi! subir des m(''lamoi'pboses, mais des m<'lamor- plioses inverses, pour ainsi dire, de celles des insectes, (liiez ces derniers, la chenille (jiii ninipc se change en \)\\\)\\\i)\\ qm vole; on [leut dire que chez les Mo!his({ues marins, il sort de l'o'ur ini papillon destiné à devenir chenille (I). Dans leur premier âge, ces animaux, alors microscopiipies, nageni en ]>leine eau avec une rapidil('' uu'rveilleuse. lîieulc^t ils se lixenl, se transforment et grandissent. Il l'aul doiu' aiaélei- au vol ces essaims que le Ilot enlève à chaque marée. Le clayonnage des bouchots tamisant l'eau à travers ses mailles ath'iut par- faitemeni ce but, et voilà comment uiic l'ois en place, le cbanq» de Wallon s'ensemence tout seul cD. I^es liomains aussi avaient r('^.olu ce jir(d)léme; mais ce (1) 1,0 ciiaiiKCiiu'iil esl e]ie(trc plus coiisidi'r.iblc ciii.'/. Ions les Molliistnies fixés, riu'z riliiilic j);ir cxcniple, piiis(nrils pcnlcnl ciiliricniciil ic pouvoir df cliaii^cr (le pliice, r.iciillt' (|iic |iossrdi'iil loiilcs les clieiiillos. ('J) l)ei)iiis (pic los (l('l)oii(li<''ssoiil (Icvi'ims ])liis ii I)i-cii\ cl la \ciilc plus fucilc, l\'iisoiiienc('ni('iit iialiirci n'a plus sudi. \iiioiir(rimi. les Ijoiicliolciirs (l'Esiiaiidis \oiil an loin, cl jii'^prà Ç.lialclailloii, '■IktiIkt de Irr . peliles l KUriLlTÉ ET CLLTLilK lH: l'KaU. lAlX n'csl [las de la Moule (jue s'(iccu|iùreiil les iiiaiires du inonde, c'est de riluilre. Ce bivalve lut aussi cher aux citoyens de Home (ju'il peut l'être à nos plus fins goui-mels, et c'est pour salislaire ces palais délicats que Sergius Orata couvrit li; lac Liicrin de ses huîlriéres arlilicielles. Les procédés de cet illustre aquiculteur ne s'étaient pas perdus; mais on n'y son- geait guère, et M. Coste, en les publiant, les a réellement révélés à la phqiarl de ses lecteurs. Grâce à lui, tout le monde sait maintenant (|ue le tenible Acbéron (1) des poètes est aujourd'hui une grande huilrière où l'homme aide la nature p(uu' en nudtiplicr les produits. J'aimerais à suivre mon savant confrère dans la description qu'il a donnée et des lieux el de l'iuilustrie ; mais je dois me borner à rappeler à vos mémoires un travail (pic vous connaissez tous ç2). M. Coste a trouvé, dans son ('tuile du lac Fusaro, le point de départ de tout un eiisemlde d'idées et de travaux. Ses écrits ont éveillé l'attention publique, entraîné les adminis- trateurs, convaincu le chef de l'Etat. Sur toutes nos C(')tes, des particuliers se sont mis à l'iruvre ; la marine a fourni ses navires et ses matelots; des huîtriéres artificielles ont surgi sur plusieurs points ; des millions d'Huîtres ont été semées dans la baie de Saint-Brieuc ; d'autres ont été jjortées de rOc(''an dans la Médilerrani'c Dans le bassin d'Arcachon se sont élevés, à c(5lé des concessions particulières, deux parcs impériaux oii des a])pareils collecteurs de dillV'i'eule nature (^i) ;\luiil(^s (jifits flc'posonî sur los boiiclioîs, où elles se n'pandent et se fixent coiiiiuc si elles y éiaient nées. J'ai vu lransi)orler ainsi des eliarrelées de ;\Ioules de loute grandeur deslimies à aller se perfectionner à Esnandes. (1) Aujourd'hui le lac, l''usaro. (2) Industrie du lac Fusaro ; lianes arliftciels d'Huifrcs, dans le Vuijafio d'exploration. Ce mi'inoire cst,coinnie les aulres, a(Tompaf;n(5 deplaiielies. On y voit, de la manière la plus nette, la dis|)usiuou des pairs, les fascines desliiK'es à rceueillii" le frai..., elc. Le texte renferme tous les dt^tails n(5ces- saires pour installer une industrie semblable. {3) IjCs fascines employ(ies au lac t'usaro pour recueillir et lixer les larves (riluilres ont ()clunni sur plusieurs poinîs de nos c(Jles, tanl('it par suite de rinvasion des 'j'arets, lant(")l par d"autres raisons. Dans les conditions favo- rables, elles réussissent d'ailleurs très bien, comme j'ai pu m'en assurer, en LXX SOCIÉTÉ IMI'ÉIIIAL!'; Zi M>l,i)(il(jL !•; 1> ACCMMAlATlUiN. rcnicillriil les larves cri'anles el les lîxeiil, jnsiiiTaii inonieiif (tîi, Iranstormées et t^Tandies, elles iront enrieliir des fonds appauvris. Ici, le progrès est déjà des plus remai'quables. Reoardé jadis comme une mine d'Huîtres absolument iné- puisable, Arcacboii vil ses plus rielies gisements anéantis par le terrible liiver de 1829-1830. Le maraudage, surexcité par cela même, compléta bientôt sa ruine. Vers 18_^iO, la vente au- nuelle des Iluilres n'atteignait guère (pi'un millier de Irancs. Or en 1861, c'est-à-dire bien peu de temps a|)rèsles premiers essais d'ostréiculture, la [)êcbe libre, laite en dcliors des parcs réservés, a valu aux marins '280 000 fr;mcs. Le nombre des concessionnaires qui cultivent rJhiitre est de cent douze, et leurs buîtrières artificielles, occupant /lOO hectares, ont livré au connnerce 8 millions d'Huîtres, payées 190 000 francs (1). Peut-être les incrédules, — car il eu est encore beaucoup eu France quand il s'agit d'aquiculture, — voudront-ils no voir dans les faits précédents que le résultat de l'action admi- nistrative, toujours si puissante chez nous; })eut-être se de- mandera-t-on encore si les Huîtres pochées dans le bassin d'Arcachon représentent un intérêt raisonnable du capital engagé (2). A ces doutes, on pourrait répondre qu'après épreuve faite, ou se dispute les concessions dont la marine dispose autour de cette petite mer intérieure; mais voici qui est plus probant. 11 s'agit cette l'ois d'immenses établissements \isitniit les iipp;ircils de M. Gosto, au collège de t'ranco. Quoi qu'il en soit, ou a essayé de leur .«ubslituer divers appareils, tels que les plauclies gou- (Irouuées et parsemées de coquillages (I)' Lalauue), des tuiles de diverses l'onues et disposées de diverses l'a(;ous (\!. r.cui'' C.aillaud, H' fve!umèrer),etc. Des expériences me seiublent encore nécessaires pour décider de la valeur de ces engins, dont les avantages rcspeclils doivent varier avec les localités. (1) .Pai eujpranlé les chilTres de la production à la brochun> de AI. X. VIouls, curé d'Arcachon, sur Ict^ îlnUrcs. IjCs cliillres relatifs au nombre et à retendue des concessioiis sont extraits de l'ouvrage de M. Cosîe. (12) M j\I. C'ostc, ni '\V. le curé d'Arcachon, ne nous fournissent, pour l'é- l)ondre à celle dernière (jueslion, des données suilisannuenl précises. Mais eu voyant la vente de celle; localité égaler presque, en une seule année, l'ensemble des dé'penses fiiiles juseprici pai- la marine, on ne peut douter ((ue l'argent ne soit placé à d'exce!lent<'s conditions dans ces entreprises. FEI'tTlIJTK CT CUr;i'UUE DE i/eAU. LXXI l'oiulés en pleine, côte J3;ir de simples particuliers agissant en deliDrs de toute initiative gouvernementale. En . 185-2, j'ai visité au sud de la Rochelle la plage basse qui a remplacé les falaises où s'éleva Chalelaillon (1). (Vêtait alors un immense plateau calcaire. presque partout envahi par les détritus de la cote. Mais, i)lacé sous le vent du banc des Forges, ce plateau reçoit [lar myriades des larves d'Huîtres ([ui se fixent sur tous les points épargnés par la vase et s'y développent l'oi't hiiMi {i). Ce fait avait été remarqué, et l'on avait songé à en tirer parti. Dés 1853, vingt-cin([ concessions Ibrt modestes d'a!)ord avaient été accordées (3) ; mais ces petites propriétés, mal protégées par des murs imparfaits, étaient d'un mince jtroduit (i). Vers cette épo(pi(', M. Jîené Caillaud demanda et obtint une concession de 20 ares, qu'il entoura d'une enceinte capable de résister auK coups de mer. L'installation totale coûta 800 francs. Or, dans lu campagne de 1859-1860, notre confrère a récolté de 1/|0 à 150 000 lluitres, qui ont (>l('' vendues 1250 francs. Est-ce à tort ([ne nous appelons la nier un champ fertile? Au reste, bien avant ce succès décisif, M. René Caillaud avait eu des imitateurs, et les chiffres précédents doivent faire (1) Souvenirs d'un naturaliste. Los falaisos de toute rené cèle, compo- sées d'une roche trop tendre, sont l'aciieiucnt entouri'es et renversées par la mer. Airssi renvaliissenient est-il ici très rapide. Au moyen à^e, on allait à pied de la cote à File d'Ai\, et deux grandes villes, Montmeillant et Chale- laillon occupaient les terres qui ont disparu depuis cette époque. Nous ne savons presque rien de Monlmeillant, mais Chatelaillon fut une seigneurie considérahle, qui conqila parmi ses possesseurs les fsemberf, alliés à des maisons souveraines, et Dnnois, Tillustrc rejeton illégitime de la maison d'Orléans. Chatelaillon, en disparaissant, a laissé son nom à cette partie des côtes. (2) Ce fait d'Huîtres cpii se montrent en d(^hors des bancs et parfois à une assez grande distance, a fait croire aux pêcheurs qu'elles poussent sur place, connue les champignons. J'ai appris avec étonnement que des personnes, même des classes réputées instruites, partageaient les mêmes croyances. (3) r.enseignements conmiuniqiiés par M. le docteur Sauvé, secrétaire général de la Société d'histoire natnrelle de la l'.ochelle. (/l) Elles ne rapportaient guère (pie 50 IVancs par an (renseignement dû à M. Hené Caillaud). LXXII SOCIÉTÉ I.VirÉHIAI.K ZOOLOi.iQl K d'aCCLIMATATIuN. comprendre avec (|ucil(' r.'ipidih' le iioiiihrc s'en est accru. Ce mou veinent, second(' par M. Beleiiraiit, commissaire de marine à la Kochelle et membre de lu Société d'histoire natu- relle de celte ville, a eu les résultats suivants. Dès 1S58, on comptait 3U() roncessiunnaires , et le })rodnit de la vente en gros s'élevait à SOOOO Irancs(l). En 186J ,1a roche tout entière était occupée par 377 intéressés (2). Aujourd'hui on attacjue la vase ; un chemin de 1er a été construit, des uagi>ons à hascule installés; d'i'normes pierres arrivent de la côte jusqu'au plus ])as de l'eau (3), et le plateau va s'agrandir aux d(''p('ns des hancs de ixiue (jue j'ai vus. (( A Cliatelaillon, ni'('crit ^1. le docteur Saiiv(', Ions les parcs sont aLii^lomérés; c'est une ville sous-marine, construite sur un })lan des mieux entendus, ayant ses alignements ohligés, ses rues et ses cairefours. On dirait ([ue la vieille cité des Jsemheri et des Dunois est restée ensevehe sous ces eaux (pi'elle dominait jadis, et que les murs de ses maisons percent le sol à la hauteur d'un mètre. » Toute œuvre vraie qui coimnence porte on elle une vertu qui engendi'c les dévouements. Les travailleurs se changent en apôtres, et c'est ainsi ([ui; le succès grandit et s'étend. Parmi les premiers organisateurs des huîtrières de (lliate- laillon, M. ]!orie, syndic des gens de nier, s'était déjà dis- tingué ])ar un zèle intelligent. Appelé dans File de Hé, il voulut y propager la nouvelle industrie. Comme toujours, il eut d'ahord à lultei' contre l'inertie; mais, enfin, le sieur Beurty-Bœur(de Rivedoux) se laissa convaincre, et, en 1858, ohtint une première concession (/i). P.ientôt les demandes se multiplièrent; des hommes d'intelligence et de cœur, (1) IjCS propriétaires (riuiîtriôros arh'ficicllos M'iideiit aux parqiiours, qni 110 font (iirappioprior fUiiîtro à mosiire qn'elte i^iaiidit. On coniproiid qu'à l'(''poqii(' iiuliqiK'r, Ions los lois concâlcs ifotaicnt ])as prodiiclifs. Snr nos colcs di' rOcôan, il l'aiil cmiioii trois ans ])oiir ([iif riliiiln' di'viomio Dinr- cluindr. Sur ()U('l(jiii's poiiils do File de \\v et dans la Aléililcrranro, deux aniM'cs snfli^cnl (docteur l\eiiniirrer el M. Cosle). i'I) l,etlie de AI. San\é. (il) lienseignomenls coinninni(iiiés par M. l'iené Cailland. (i) Drs ruches tnilrcs cl île la rulturc (les Huilres, par le i^ Kenirnrrcr. lEiniLiTÉ ET i:ii/iru£ ]JE i>'e.\u. LWIII M. Ta veau, coimuissairc de niaiiiio, M. le docteur Kemnièrer, nienibre de la Société d'hisloire naturelle de la Uoclielle, se mirent à la tète du mouvement et l'organisèrent. M. Goste vint aviver ce zèle par sa parole et Téclairer }»ar ses ensei- gnements; il nous en a lait connaître les résultats (1). Dés l'année dernière, 1500 luiîtrières, occupanl une étendue de 130000 mètres carrés, étaieni en pleine activité ; '2000 éta- blissements nouveaux étaient en voie de création, et, par suite des sages mesures prises par M. ïayeau, les bienfaits de l'association se révélaient à une population entière, toute surprise d'avoir des intérêts considérables sur ces plages absolument improductives il y a quatre ans (2). L'industrie buîtrière est sans contredit aujourd'liui la pbis avancée des ])ranclies de rrufuiculture marine; elle est, elle (1) Voijiuie d'explonitian. (2) Le nioiiveinonl dont je viens d'indiquer les résultats actiuis est bien loin de se ralentir. M. iîent' Caillaud poursuit maintenant en V'endéc son (Euvre de propagande, il a oljtenu une picniière concession à la Tranche, sur un massif où le naissin (petites lluîlres) est 1res abondant, mais où les jeunes liuîlres sont Iiabituellcnicnt déu-uites par la \ase et le sable. Par la disposilion qu'il a donnée aux murs d'enceinte, notre eonfi'èro espère avoir écarté ce danger. En ce moment, d'après imc lettre qui m'a été communiquée, le sol de cctic nouvelle buîlrière est litléralemcnt pavé do jeunes Iluilrcs, si bien qu'on en compte jusqu'à 7t)U sur un mètre carré. La spéculation en grand commence d'ailleurs à se diriger du côté de l'os- Iréicidlure. Des concessions U'ès considérables ont été accordées sur divers points de la côle de ISrelagne. Elles varient, m'a-l-on assun'', de 200 à 500 licclares. L'une d'elles a été mise en actions, au capital d'un million. La princesse Bacciocclii est un de ces grands concessioimaires. Son agent a visité récemment l'île de Hé , poiu' étudier la manière dont on pro- cède dans cette île. Ce qu'il a vu a dû l'encourager, si j'en juge par une lelUe que AL René C-aillaud a bien voulu me conur.uniipier et dont j'extrais le passage suivanl : — "Il est impossible de rien \oir de plus beau, do plus riclie qu'un grand nondire de nosprcheries {liuitrières), dans lesquelles il serait impossible de placer sa main sans l'appuyer sur dos bouquets d'IIui- tres; et p;iur vous domier une idée du riche avenir promis à cette île, je pourrais vous signaler bon nombre de parcs dans lesquels chaque mètre carré de surface est <:ouvert do 1/(0 à 200 Huîtres, bien au-dessus de la dimension n'glemi'iilaire, pouvant dès aujourd'hui être livrées au commerce à des prix variant de "2 Irancs à 2 h: ôU le cent. A la vérité, les parcs que je vous signale sont des parcs exceptionnels » LXXIV SOCIETE IM1»EH1ALK ZOOLOGIOLJE U ACCLIMATATION. devient chaque jour plus populaire. Espérons que bientôt d'autres rivaliseront avec elle. Déjà, aut(jur du bassin d'Ar- cachon, l'élevage en bassins de l'Anguille et du Muge donne des résultats remarquables. Convenablement aménagés et exploités, ces bassins produisent au debà de 300 kilogrammes de poisson par hectare et i»ar an ; ils donnent environ 300 ['r. de revenu net (1). (}ue leur emploi se propage, que nos marais et nos étangs salés s'utilisent, que les riverains y retiennent et y élèvent le fretin apporté par les flots, et bientôt la France aura, elle aussi, ses lagunes de Venise et de Comacchio (2), champs toujours en état de production constante, et (pie la mer elle-même se chargera d'ensemencer. Bientôt aussi, nous ne craignons pas de le prédire, on voudra faire plus. A peine aura-t-on entrevu les moyens sûrs de multiplier les espèces indigènes, qu'on voudra voir à côté d'elles les Poissons, les Mollusfjues, les Crustacés exolitpies. Déjà M. Coste a proposé de leur consacrer une part du magni- fique vivier (pie la Marine lui construit à Concarneau. En agissant ainsi, M. Coste est dans le vrai; il ri-pond à ce besoin (1) On li'ouvera d'cxcolleiUs dôlails sur la pisciciiluuo marine du bassin d'Arcaclion dans le mémoire par M. Millet, intitulé : Considérations géné- rales et pratiques sur la pisciculture marine, 'I85fi. L'auteur décrit spécialement les établissements de \1M. .lavai, Noël, Bois- sièrc, Douillard, Lescalopier et Festu^ière. Les bassins de i\i. Boissière com- prennent 100 hectares, donnant par an 30 000 kilogr. de poisson, et n'exi- geant qu'un personnel de quatre pèclieurs. Les bassins d'Arcaclion suffisent à la consommation de Bordeaux, quand le mauvais l('iii|)s rend la j)èclie en mer impossible ou insuflisante. Enfin, voici des chiffres comparatifs qui don- nent une idée de l'impovlance de celte industrie. Le rendement net de riiectare aux environs (rArraclion est : Pour les terres en cullure 100 francs. Pour les prairies non arrosées 120 Pour les marais salants 150 Pour les prairies arrosées '2Ô0 Ij'avantage reste donc toujours aux bassins d'élevage. (2) On trouve dans l'ouvrage de M. Coste les détails les plus circonstanciés sur l'industrie des lagunes de Comacchio et sur le conunerce d'Anguilles qui on résulte. On m'a assuré récemment que les lagunes de Venise étaient l'xploiléesde la même manière et sur une échelle encore jjIus considérable. l'EUTlLITI-; KT Cdl/iriiK l»E l'EAU. LXW élrang(> (jui semble caractériser riioinme el que nous av(Mis coiislat/' ici môme; il nous parle de superflu quand nous manquons encore du nécessaire. Du reste, dans celte voie, mais à un autre jioint de vue, M. Coste a été prévenu. Non contente de fournir à l'homme matériel des mets de plus en plus abondants et délicats, l'afiuiculture a voulu satisfaire à nos meilleurs instincts; elle s'est adressée à l'ardeur de connaîlrc, au goût pour le beau. Des moyens bien simples ont atteint ce doul)lc but. Vous avez compris que je veux parler des aquariums, réalisation per- manente et agrandie des appareils temporaires depuis long- tenq)S employés par les naturalistes. Je ne saurais vous dire, messieurs, avec quel plaisir je les ai vus s'installer dans nos cités, dans nos jardins publics. Leur vue me rappelle de bien doux souvenirs, el dès l'aliord j'ai été certain que savants et bonniies du monde gagneraient également à cette invention. Ces prévisions ont été vite réalisées. Les premiers ont re- cueilli dans ces bassins de verre des observations importantes sur le genre de vie, sur le mode de reproduction de certains animaux; les seconds ont enlin pu se faire une idée de ces merveilles qu'on m'accusait parfois d'avoir exagérées (1), et ([ue décrit aujourd'hui avec un enthousiasme égal un écrivain brillant, mais étranger à cet ordre d'études {2). Les aqua- riums, j'aime à le croire, auront de plus sérieux résultats. Peut-être la contemplation de ces fleurs animées, de ces êtres faits de cristal et d'émail vivants, éveillera-t-elle quelque génie (pii s'ignore lui-même, et peut-être un nouveau Peysonnel (3), (1) Dans mes Snavonirs d'un naturalistp, j'ai clieixlié à faire connaître la créalion marine, snrlout celle des animaux inférienrs. Bien souvent on m'a plaisanlé sur ce qu'un appelait mon descriptions idtra poétiques. Plus les a([uariums marins se muiiiplieronl et se compléteront, plus on reconnaîtra que je n'ai été que ri:40urcusenient exact, si même j'ai pu approcher de la vérité. (2) M. Théophile Oautliiei- a publié dans le Moniteur du 9 décembre un article où il a rendu avec son talent ordinaire l'admiralion (pie provoquera (liez tout homme inlellinentnn simple coup d'œil jeté sur le monde des ani- maux inférieurs marins. (o) Peysonnel, nn'decin el naturaliste lran(:ais, a, le premier, reconnu la nature animale du Corail el des /-oopiiyles voisins. LXXVl .SOCIÉTÉ JMl'ÉlilALK ZU(JI.0(J1(JL K U ACCLIMATATION, un Savigny (1), un Saars (2) sorlira-t-il de la l'oulc venue là liour salisfairc seulement nne intelligenle curiosité. Vous le voyez, messieurs, l'aquiculture s'adresse à tout l'homme et aux hommes de toutes les classes. Elle se préoc- cupe des hesoins du pauvre, des goùls sensuels du riche, de son luxe, de ses plaisirs; elle s'apprête à rendre à la science les services cpi'elle en a reçus. Servant ainsi des intérêts très divers, il est tout simple qu'elle ait grandi vite et ({u'elie réclame sa jdace à côti' des autres industries. t)r, un ordre nouveau de choses et de laits ne saurait éclore sans causer un certain émoi dans noti'e monde social, si complexe, si réglementé. Précisément parce qu'elle se présente avec une autorité incontestahle, raijuicullure a soulevé hien des tjues- lions ({ui ne sont pas toutes de notre ressort. Je me horne à indiquer les principales. L'administration de nos cours d'eau est passahlement com- pli(iuée. Organisi'e à la fois dans l'intérêt des riverains et dans celui de la circulati(jn, elle relève de deux ministères ditlérents. La direction des eaux et l'orèts, celle des ponts et chaussées se partagent les divers services et jusqu'à celui de la police des pêches. Ce n'est ni sans peine, ni sans contlit, (jue leurs altrihutions ont é'té réglées. L'aquiculture vient comj)liquer la situation. Pour concilier les hesoins des indus- tries mécaniques et chimiques avec ceux (|u'entraînent la nndtiplication et l'élevage du Poisson, il faut imaginer des aménagements nouveaux, écarter les résidus de l'ahrique, disposer des irayères, ménager des réserves, décomposer les chutes ou neutraliser les harrages à l'aide de ces échelles li(juides qui l'ont gagner des millions aux a({uiculteui"s an- glais. Il faut i(''pai'lir res Lidies iKuivelles entre deux Admi- (l) Kii pjirl.ml (les Iravaiix de co iiaUir.ilisle, Cuvicr a dit : « Savii;iij lu^ diicoinre pas, il rcvrlc «, taiil ôlall à ta fois iiiaUuiuiii cl clairriiiciil dé- moiUic, ce que l'aisail coiiiiailre celui qu'une cruelle inliruiilé devail arrèler au milieu de sa carrière. .S,ivi;;iiy, iVappé d'une allectioi) étrange de la rétine, a vécu, à \eisailles, peiidaiil \iiif;l-se[)l ans, d.iiis une chambre noire. ('2) Snar.-i, pasteur à 13_'rj'.iem, a pajjiié sur la l'aune m irine de Li _\orvé;;;e dos écri's du plus liaul intérêt. FEUTlLlTl': ET ClI.Tl r.K DE l'eAU. l.XXVIl iiislralioiis, ri inoililiiM^ sur plusieurs poinis, peut-être, la léaislation générale qui les vê'/d toutes deux. Voilcà quelques-uns des problèmes aduiinislratifs que sou- lève raquiciilture fluviale. Dans l'aquiculture marine, ils sont plus nombreux et plus graves. Ici nous rencontrons l'œuvre de Colbert et l'inscription maritime, institution admirable qui, seule, a permis à la France de disputer la luer aux Anglais. Par elle, l'État demande en réalité à Tliabitant des côtes le sa- crifice de sa vie entière. En revanclie, il lui assure une retraite pdur SCS vieux jours et le monopole de la pèclie côtière. C'est à celte dernière école que se forment les deux tiers de nos marins (1) ; c'est sur les barques de }têcbeurs, qu'en cas de be- soin la marine militaire trouve les liommes épronvi'S, rompus aux manuHivres, familiers avec la mer, dont elle se recrute. La grandeur de la France, la sûreté de notre territoire se rat- tachent donc à l'existence de celte classe nombreuse de marins inscrits qu'a su rréer le gi-nie de Colbert. C'est bien le moins (pi'on respecte en elle ce (jui repn'sente le prix de la lilierlé, la récompense (bi di'vouement. Or il est évident que si la culture artificielle des fruils de la mer suffisait à la consom- mation, la péclie côlière disp.irailrail, et avec elle l'industrie qui nourrit el forme noire armer navale sans (pi'il en coule rien à l'État, c'est-à-dire au pays. D'autre pai1, interdire connue on le laisait naguère tout engin de pècbe ou d'élevage sur la plus grande partie de la côle; défendre comme on le fait l'ucore, au moins dans l'ar- rondissement de la Rocbelle, un simple dépôt d'IIuitres ou de Moul(>s dans les cbenaux des marais salants, n'est-ce pas priver nos populations côlières et nos marins eux-mêmes de movens simples et faciles d'ann'liorer leur soi1 {'1)1 Né vaut-il pas mieux agir commi' on l'a fait à Cbatelailloii, à l'île de Dé, (1) l'içiiscigiiciiiciils r()immiiii(|iu's par \r \Jiiiislri'c de la iiiariiie. (2) M. Saiivi', à qui je dois ces roiisci^iieuieiils, a préseiilé à la Soriélé (riiislnire naUiri'lir ilc la r.ochclk' une note qui nie paiail eoncluante contre le (léri-el du /i juillet 1855. il estime à 150 francs de revenu net par nienay;e (11- saunier la perle (jiii ri'sulle d'une défense (ju'il nu jaiiît diflicile d'expliquer. lAXVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.IQl'E DACCLIMÂTATION. à Arcaclion, cl inlérosser le iii;iiin à l'îuniiculUire? N'est-il |);is temps de chercher à coiiciHer des intérêts cg.'Uement puissants et respectaliles, cehn de notre force maritime, cehii de la vie à hon marché? La réponse n'est pas douteuse; mais cette conciliation désirable, et (pii s'accomplira, ne peut être l'œuvre d'un jour. Quand il s'agit d'un grand peuj)lc cl d'in- stitutions qui onl l'ait leurs [ireuves, on ne saurait être tro[t prudent. Le temps est un des (^l'iuents nécessaires à la solution des problèmes sociaux cjuc pose l'ac^iiculture marine. Le temps n'est pas moins nécessaire à cette industrie récente, pour se perfectionner et s'affermir. Si je vous en ai ftiit l'éloge avec toute la force de convictions bien arrêtées, ce n'est pas que j'ignore les tâtonnements qu'elle snbil, les insuccès qui ont suivi certaines tentatives. A mesure (pic s'('- largit le champ (hi travail et (pie les ai»plications se multi- plient, des difïicultés inattendues se révèlent et entraînent des mécomptes (1). Il n'y a rien là qui puisse surprendre, rien (1) .le crois imitili' d'onU-er iei (hins le délail de Ions ces insiicc«'s. Il en est qu'on a fait sonner bien liant, oubliant que pas une de nos industries cliimiiiues, pbysiques ou nnîcaniques, ne s'est élabliesans avoir présenté des l'ails semblables. .le nie bornerai à parler de la dillirullé (jue paraît présenter la iiuiltipiication arliliciellc des Huîtres dans nos étants et lacs salés des côtes méditerranéennes. D'après les documents olîiciels qu'a bien voulu me com- muniquer l'Aduiinislialion de la marine, ce qu'on a dil à ce sujet est exact; l(^s points (expérimentés jusqu'ici semblent se prèler uniquement à l'élevage des Huîtres qu'on y dépose déjà Ibrmées. Celles-ci réussissent tirs itien. — (jiianl aux diflicullés qu'éprouvenl les larves à se développer, elles peuvent tenir à ce que l'eau de ces étangs renferme en trop grande quantité les prin- cipes salins de Peau de mer dans les points expérimentés jusqu'ici. On de- vrait faire d(^s essais dans le voisinage des allluentsou des inlillralions d'eau douce. Les côtes de la lîoclielle présentent partout des inlillralions de cette nature, ce qui explique en partie la pauvreté lelativc de ces côtes en animaux inférieurs marins (So»w/îm d'un naturaliste). Mais les expériences directes (pie j'ai faites à diverses reprises, soit sur des animaux adultes, soit sur les larves d'Aiinélides et de INlollusques, m'ont démontré que la plus petite uuymenialion de salure est pour ces êtres divers une iironiple cause de mort, tandis qu'une certaine dimimtlioii de salure est pour les jeunes larves, pour la fécondation même, une condition très fa\orable. Voilà, sans doute, pourquoi une foule d'animaux s'approclieni des côtes, de celles de la lîoclielli' en i)arlicu- licr, seulement à rt''po(|ue desj)ontes, et se retirent ensuite vers la liante nier. FERTILITÉ ET CULTURE DE L EAU. LXXIX qui n'ait ontravoles débuts des industries aujourd'hui les plus tlorissantes. Dune, ces difficultés il faut les tourner ou les vaincre ; ces mécomptes il l'aut les accepter d'avance, et ne pas se découratier. Ne l'oublions pas, l'aijuiculture date chez nous de dix à douze ans à peine. Longtemps elle est restée entre les mains d'un petit nombre d'adeptes, apôtres fervents, mais peu (''coû- tés. A eux seuls ils n'ont pu tout faire. Et pourtant l'aquicul- ture a déjà ses méthodes éprouvées, ses résultats clairs, précis, se traduisant en cliilfres et en argent sonnant. Les espérances qu'elle autorise sont immenses. Mais, pour les réaliser, il faut joindre à la plus généreuse ardeur une ferme persévérance. Pour la troisième fois, messieurs, j'ai l'insigne honneur d'avoir été choisi par mes collègues du Conseil pour prendre devant vous la parole dans une réunion solennelle ; pour la troisième fois, après avoir constaté des succès, inespérés à cer- tains égards (1), je suis amené par la force des choses à vous parler de persévérance. Je le fais sans hésitation, car vous n'êtes pas de ces impatients f{ui voudraient être arrivés avant d'être partis. Vous savez que le temps est la condition la plus nécessaire à l'accomplissement de toute o'uvre sérieuse, et ne voyez dans les résultats acquis qu'un encouragement à faire plus, à faire mieux. Vous avez soutenu l'aquiculture à ses dé- buts, vous l'encouragez chaque année par l'éclat de vos récom- penses; mais vous savez qu'elle est loin d'avoir accompli sa tâche réelle, et c'est en votre nom que je lui demande de la rem])lir. Par la culture des eaux, il faut que les Sangsues redevien- nent un moyen de guérison accessible au plus pauvre prolé- taire; il faut que le Poisson d'eau douce et le Pqisson de mer (1) La pi-f'inirre l'ois (1857), j'avais pu annoncer à raudiloire que i'acrli- matation dos Yalis était un l'ail accompli; la seconde (1859), (prindépen- pauuuent de l'introduction assurée de plusieurs espèces d'oiseaux d utilité et d'oriicineiit, la Société avait oblenu la reproduction des Autruches on caj)- tivilé, jus(pie-là regardée coiiinie impossible; et certes les résultats actuels de rostr(''iculUire auraient éli' Irailés de cbimrrcs, il y a bien peu de temps encore. i.wx suciÉTH iMPHKiAi.i': zooijM.inrK d'acclimatation. baissent sur lous los iiiarclH's; il laiit que le Iloinaril, la Lan- |:(ouste, les Clievrelles, i-rservés jusqu'ici aux heureux du siècle, soient mis à la portée des iielites bourses; il faut que, comme sur les bords du goHe de Tarenle, une abondante Iri- lure d'Huîtres ne soit pas un plat de luxe(l). — La première gloire de l'aquiculture a été de montrer qu'elle peut atteindre à ces résultats; la seconde et la plus vraie sera de les réaliser. Mais, pour en arriver là, il faut persévérer, persévérer sans cesse et longtemps. (1) M. Dcihès ;i coiislalé p.ir Itii-nièiuc ce fuit si propre à oncournsor tes nslréieiilleiirs {Mnnoire tnèdil). An reste, le liant prix des lliiilres dans rinlérieiir de la iMance lient à bien des canses. En premier lieu, pcnt-ètre, à la nianiilMe dont le commerce est organisé. Les lUiîIrcs, une lois recueillies sur les bancs ou produites dans les buîlrières, ont besoin d'être (ijiprupriées pour devenir réelleiuenl mar- chandes. Cetle approiiriation se fait dans les parcs. Or, les plus i;ros béné- lices ne revienneiU ludlrnient an producteur ou au péchnur, c'est le par- (liicur qui en a la meilleure pari. On m'assure que les imluslrieis, fort peu nombreux, qui lii'unenl entre leurs mains loul le conunerce des Huîtres de Normandie el de r.relai^ne, qui seules se uiant;ent à Paris, ont fait leur appro- visionnement pour la dcinière campagne aux prix de 10 à IS iVancs le mille. Ajjrès quatre mois au plus de parcage, ces mêmes lluîlres se sont vendues, à Taris et à Télranjier, de l'.G à 'lO tV.mcs le mille. Or. j'ai assez vu les parcs à lluilres pour être certain que les soins (pi'on leur donne sont loin d'éciiu- valoir à une pareille augmentalion de prix. La concurrence pouriait seule amener une baisse réelle, et elle naiira sans doute de la cnllure (pii se préjKuc. .Mais il faudrait a\anl tout (pie le mode de vente fût modilié. Aux halles de Paris, loiile la iiiaiée, les Crustacés, Kscargols, etc., se vendent à la criée. l,i's lluilres seules l'ont exceplion. Or, des faits qui m'ont été aliirmés, il résnile qu'il ne pourra y avoir de concnr- cnce sérieuse que lorsqu'on aura placé ce jirodnit dans les mêmes conditions de veille que tmis les autres. Je joins ici, sons forme de lableau, quelques cliiiïres qui intéresseront peul-êireles lecteurs, conuue lepréseiilanl la consommalion de Paris. Aiiiit'os. Iliiliros veiulnes. Prix lolal. l'iix iiinviii. 1HÔ8. 57,6'2'2,850 '->,(!5o,07J fr. 70 c. o i'r. ôS le cent. 1859. 51,500,000 L>, 187, 870 95 Zi L>.) t8(i0. /i8,5iû,(i90 V,'2'J3,oZiO 5'i /j 58 18(31. 55,i;!l,l(i0 '2,'-M/i,3/i/i 15 /| 02 . SUI! LKS NOlVr:AlIX PRIX KXTRÂ()lU)INAini:S PIIOI'OSKS PAP. L.V SOCIÉTÉ ou PHOVENANT DR I-ONDATIONS PAHTir.ULIKRES, Par M. A. PASSY. Vico-1'rosidonl. Messieurs , En renouvelaiil Fannonce des prix proposés, et qui n'ont pas encore été remportés, la Société d'acclimatation en inscrit de nouveaux dans son programme (1). Ses collaborateurs ne lui manquent pas, quand elle déclare ce qu'elle veut, pour répondre au but de son institution. Vous en aurez la preuve tout à l'heure, dans le rapport de iM. le secrétaire général. Les récompenses qui sont acipiises ne sembleraient pas par elles-mêmes une excitation sulïisante au zèle des concurrents, si elles n'étaient agrandies par la présence de cette assemblée devant laquelle nous venons proclamer que le but marqué a été atteint et nos espérances parfois dépassées par le succès. Nous n'ignorons pas ce qu'il tant de soins, d'études, de peines, de périls même, pour satisfaire à nos exigences. Aussi ceux ({ui rcnlreprennent sont-ils conduits, soit par un noble désintéressement, soit ])ar un vrai courage, à exé- cuter ce que nous proposons. Ils n'obéissent pas uniquement au sentiment qui porte les hommes à rechercher des distinc- tions honorifiques, mais à ce sentiment plus élevé, celui de la conscience qu'ils servent vraiment la pensée dont nous nous sommes laits les représentants volontaires, dans un but dont on ne saurait désormais contester l'utilité. En proposant de nouveaux sujets d'expériences, nous sui- vons la voie que nous nous sommes tracée dés l'origine. Guidés naguère encore par un homme voué aux études zoologiques dans leur plus liaute expression, mais préoccupé (I) roiir le programme ilc ces prix, voyz plus liniit, p.ige ir, T. 1\, lSli2. — S(''niirc pnbli(iiie. f LXXXII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. sans cesse de leur application an bien-être des hommes, nous nous sommes trouvés tout à coup arrêtés par la douleur de la perte immense que nous faisait subir un violent caprice de la mort. Les paroles animées et douloureuses que vous venez d'entendre, ont traduit nos sentiments et les vôtres. L'orateur les a rencontrées dans son amitié, dans son culte pour la science, dans le deuil public qui a éclaté sur la tombe d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Celui qui les a prononcées a répondu, en se plaçant à notre tète, au conliant appel que nous lui avons adressé dans notre surprise et notre émotion. M. Drouyn de Lliuys avait déjà donné à l'administration de la Société son temps, son éloquence, ses relations aussi éle- vées qu'étendues, son lial)ileté acquise au sommet des affaires de notre pays; il continuei'a l'œuvre de son prédécesseur, dont il partageait les vues et les travaux. La reconnaissance de la Société tout entière lui était déjà acquise, et nous avons promis à notre président la coopération active et complète qu'appelait son propre dévouement. En reprenant, au milieu du deuil de nos cœurs, nos travaux habituels, nous faisons aujourd'hui un public appel à de nou- veaux efforts, pour étendre notre action et propager l'œuvre d'Isidore Geoffroy. Vous avez entendu l'exposé de ce que nous avons fait, les résultats obtenus. Voici maintenant ce que nous demandons de nouveau au zèle de tous : La propagation de l'Hémione ou de ses congénères occupe toujours notre pensée. Des expériences favoraltles nous encou- ragent à poursuivre sa domestication. Sans doute, il faudra quelques gi'uérations pour que cette espèce chevaline s'ha- hitue complètement au travail ; mais ces métis que vous voyez attelés à l'une des voitures du jardin zoologique prouvent que ces élégants mulets peuvent être immédiatement utilisés. Deux médailles de 1 ()()(> francs ont ('té [)roi)osées à ce sujet. La domestication de lAutruche lait des progrès rapides. Le prix fondé parla généreuse initiative de notre dévoué con- frère, M. Ghngot aîné, a été remporté et va être proclamé SUR Li:S NOrVEAUX l'RIX EXTRAORDINAIRES. LXXXIII dans un instant. Nous voulons assurer cette con(iuéte, et nous proposons deux nouveaux prix, l'un pour l'Europe, l'autre pour l'Afrique, assurés que nous sommes qu'ils seront obte- ' nus. Ce n'est pas un intérêt de curiosité qui nous conduil, ce sont des vues économiques dont il est facile d'apprécier la portée industrielle. Ces deux prix consistent en une médaille de 1500 francs pour chacun d'eux. Une médaille de 1000 francs a été proposée pour l'intro- duction en France, et la reproduction en captivité, du Dindon oc(dlé [Meleagris ocellata). Une médaille de 800 francs est destinée à récompenser la reproduction en France du grand Tétras (ïetrao cupido). Nous espérons que ces beaux oiseaux, si rares encore, enrichiront bientôt nos basses-cours et nos volières. Le Lophophore que l'on admire au Jardin du bois de Bou- logne s'acclimatera et se propagera. Nous en avons eu une première espérance. La Société a cru devoir faire du succès de sa reproduction en captivité, en France, l'objet d'une mé- daille de 500 francs. La reproduction du Goura {Columha coronata)^ en France, a été également jugée digne d'une médaille de 500 francs. Nous indiquons ces oiseaux au zèle des amateurs, et nous ne doutons pas du succès des tentatives que nous recomman- dons à leur attention toute spéciale. Le Colin de Californie se reproduit aisément dans nos vo- lières; il s'agit de les laisser se multiplier en lilierté, afin de doter nos parcs et nos forêts d'un gibier aussi élégant que délicieux. Sa fécondité naturelle est un premier élément de succès que nous devons chercher. La Société a donc accueilli avec autant d'empressement que de reconnaissance la géné- reuse proposition qui lui a été faite par notre zélé confrère M. Theillier-Desjardins, de fonder, pour la reproduction du Colin de Californie en liberté, une médaille de 500 francs. Nous étendons à nos colonies ce que nous avons réussi à faire en Algérie en jetant dans ses eaux des Poissons qui y étaient inconnus. Nous continuons cette marche, mais nous demandons spécialement l'introduction du Gourami , (\w\ LXXXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. l't'iissit îi l'île de la lléuiiiun, ci roii nous annonce Tarrivéc prochaine, en France, de plusieurs individus; nous avons reçu des nouvelles de leur passage à Alexandrie. Les plus grandes difficultés du transport pourront être vaincues; il nous reste celles de son acclimatation. La Société en a fait l'objet d'une médaille de 500 francs, en spéciliant cjua ce prix sera doublé, si le poisson introduit et acclimaté est le Gourami. Des succès incontestables ont couronné les efforts des hommes qui se sont occupés de l'introduction et de l'élevage de nouvelles espèces de Vers à soie. Il ne s'agit plus d'essais, il s'agit de rendre à l'industrie de la soie de nouveaux services, en prouvant que les cocons peuvent se dévider et être em- ployés utilement. C'est vei-s une pratique positive que le zèle et rintelligence des concurrents doivent se diriger désormais. L'introduction d'une nouvelle espèce produisant de la soie bonne à dévider et à employer industriellement sera encore récompensée par une médaille de 1000 francs. La sœur (hi célèbre voyageurDelalande, madame Guérineau, a rendu un premier hommage à la mémoire de son frère. Le concours reste ouvert jusqu'au l" décembre de cette année, et la première médaille Delalande sera décernée en 1863. Aujourd'hui elle étend à l'Océanie et à l'Asie les conditions d'un autre prix. Sa générosité pieuse et éclairée élève au-dessus de la tombe de ce naturaliste, qui a doté son pays de tant de précieuses découvertes, un nouveau monument de son all'ection et de ses regrets. Elle a voulu qu'une médaille Delalande, à l'elTigie d'îsidore Geotïroy-Saint-Ililaire , fût décernée dans notre séance publique de ISO/i. Tels sont nos vœux. Telles sont nos espérances. Nous serons heureux d'apporter devant vous la preuve f(ue nous avons acquis des richesses pour notre pays, et intro- duit sur d'autres territoires des éléments d'industries nou- velles et fécondes. C'est par des tentatives répétées, dans lesquelles les erreurs elles-mêmes deviennent un moyen dt^ succès, parce qu'elles sur. LES NOUVEAUX l'UlX KXTllAOHUJ.NAinES. lAWV appellent des ellorls mieux combinés et plus soutenus, qu'on peut arriver aux résultats certains sur lesquels nous comptons. Souvent on nous dit : « (Ju'avez-vous acclimnté? )> Nous avons déjà, devant vous, répondu à cette question. Nous n'acclimatons pas nous-mêmes; nous proposons l'ac- climatation à tous; nous donnons l'exemple, nous en lacili- tons les moyens. Nous prouvons ({u'on peut iaire des conquêtes utiles sur l'inconnu, ou bien (''tendre ou jterfectionner ce que l'on pos- sède déjà. Nous ne cherchons pas à introduire seulement en France de nouvelles espèces d'animaux et de [tlantes, nous cherchons à procurer aux hommes, partout, dans les divers climats, des moyens inattendus d'obtenir des aides pour le labourage, des moyens de se mieux vêtir, de se mieux nourrir, d'accroître leur aisance. Nous olirons même aux riches et aux oisils de nouveaux plaisirs en amenant sous leurs yeux ces quadrupèdes élégants, ces oiseaux au vit' plumage, au chant harmonieux, qui peu- pleront leurs parcs, animeront leurs volières, ou bien varieront et augmenteront le gibier de nos plaines et de nos forêts. C'est le programme tout entier de notre association. Vous êtes témoins qu'une partie de ce programme est accomplie cha({ue année. Tout ce que la nature nous présente ou nous révèle, nous cherchons à ra[)proprier aux Ijesoins de l'agriculture et de l'industrie. Ce sentiment, nous voulons le faire partager à tous les cœurs, en animer toutes les intelligences, rendre utiles tous les voyages, et faire converger vers un seul but les directions les [)lus écartées. C'est de notre sein que part l'ini- tiative; c'est à nous (jue reviennent, pour être appréciées et encouragées, les découvertes qui se font au loin. Ainsi donc, courage, hommes actifs et intelligents ! venez- nous en aide, inspirez-vous de nos intentions, suivez la voie qui vous est indi(|uée ; nous vous attendons pour vous décerner des récompenses ({n'ennoblissent les applaudissements de tous ceux qui s'intéressent au bien-être de l'humanité. UAPPOUT ■_■■,■■: AU NOM DE LA COXiMISSlON DES liÉCOMPENSESd), Par M. le comte «lÉPRÈMESI^IL , Secrétaire £;ém.'r;il ilo la Sociélé. MoNSEIGNELTx, MESSIEURS , Lorsqu'il y a huit ans, nuus jetions les bases de cette asso- ciation l)ien modeste alors, mais dont les vues embrassaient déjcà le monde entier, si grande que fût notre confiance à tous, nous nous im[)Osions d'avance la loi d'être patients et d'at- tendre du lenqis ce que le temps seul paraissait devoir nous donner; nous avions compté sans celte merveilleuse sym- pathie ([ui, dès le berceau, a soutenu notre (inivre partout où elle s'est montrée, et qui nous a t'ait marcher à grands pas vers ce but trop vaste pour que nous puissions l'atteindre, mais dont nous aurons largement aplani l'accès. N'aurons-nous [)as, en efl'et, le droit d'être fiers en enten- dant cette liste cosmopolite de lauréats où n'ont pas dédaigné de s'inscrire les sommités de la puissance et de l'intelligence humaine. Hélas! messieurs, pourquoi taut-il que cette année féconde soit une année de deuil pour la vSociété? Pour({uoi ne recueille-t-il pas avec nous cette glorieuse moisson celui qui avait si bien su en assurer la Ijeauté? Pour(iuoi des larmes au milieu de notre joie? C'est (pie pour nous tous, qui avons connu GeollVoy Sainl-IIilaire, les regrets n'auront pas de terme ; j'en appelle à ce successeur non moins illustre, non moins dévoué, consacré hier par un vote imposant, et qui nous (1) La Commission des récompenses était ainsi composée : Membres de droit. — Le l 'résident (M. Dronyu de liliuys), et le Secrétaire gi'-nér.il (^i. leronile d'Kprémesnii). .Membres élus par le Conseil. — AIM. A. Passy, l'onmie, le comtedeSinety et Sonlîeiran. Membres élu-. |),u' les ciu(] Sections. — MM 13iij;ot, IJupuis, Jacquemart, Millet et Pigeaux. KAri'OUT l)K L\ COMMISSinN DES RÉCOMPENSES. LXXXVII ferait oubliei-, si les liens de la reconnaissance ne nous impo- saient le devoir facile, de n'ouMier jamais. Je vous le disais, nous comptons encore cette année, parmi les bienfaiteurs de racclimatation , les noms les plus hauts placés sur l'échelle sociale. S, M. LE UOI DE WuRTEMBEIiG , s. A. LE VicE-Roi d'Egypte, S. A. I. LE Grand-Duc Nicolas, ont donné à racclimatation des gages de [)rotection dévouée qui méritent d'être déve- loppés devant vous. Que vous dirons-nous, messieurs, pour louer dignement les hauts faits pacifiques de S. M. le roi de Wurtemberg, de ce roi plus jaloux du bonheur de son peuple que de sa gloire personnelle? Avons-nous besoin d'énumérer ces nombreuses et utiles institutions agricoles dont il a doté son royaume, ces établissements économiques destinés à servir de parfaits modèles aux agriculteurs du monde entier, ces travaux plus spéciaux en acclimatation dont nous aurons l'occasion de vous parler plus loin? Non, il nous sullîra de nous unir à ses su- jets qui le bénissent et le révèrent, et de le saluer, avec eux, du surnom glorieux cpi'il a si bien mérité de 7'oi cultivateur. S. A. le vice-roi d'Egypte, secondé parle zèle digne d'éloges de S. Exe. Kœnig-hey, et S. A. I. le grand-duc Nicolas de Russie, n'ont pas dédaigné d'attacher leur nom à des institu- tions semblables à la nôtre, el de les entourer de leur haute protection. C'est pour nous une marque trop frappante d'un intérêt précieux pour que nous ne témoignions pas pul)lique- ment à ces augustes personnes toute notre reconnaissance. Enfin, vous le savez, il est une classe de lauréats dont un sentiment de déférence ne nous permet pas d'honorer notre liste : ce sont MM. les membres de l'Institut et les membres honoraires de la Société. Au moins, devons-nous désigner à votre gratitude les noms de MM. Becquerel, Cloquet, Coste, membres de l'Institut, et de MM. Mueller, Benjamin Poucel et \Yilson, membres honoraires de la Société. LXXXVIII SOC.IÉTl': IMPÉRIALE ZOOLOi.igLE I) ACCLIMATATION. PRIX SPECIAUX FONDES PAR LA SOCIÉTÉ ET PRIMES PROVENANT DE FONDATIONS PARTICULIÈRES. Messieurs, lorsqu'il y a quatre ans, secondés par de géné- reuses initiatives, nous fondions un certain nombre de prix destinés à faire naître des eflbrts spéciaux, nous voulions, et j'enqtrunle ici les paroles de notre éminent collègue iM. PassY, provoquer de nouvelles et énergiques tentatives, obtenir des résultats plus certains, plus positifs et i»lus fruc- tueux, ce qui est la pensée même de notre institution. Uéjouis- sons-nous d'avoir ouvert cette vaste carrière, car des succès inespérés sont venus nous donner raison, et le programme de quatre de nos prix s|)éciaux a été largement accompli. Outre ces quatre prix, nous allons décerner (lualre récom- penses hors classe, dont un titre de mendjre honoraire et trois grandes médailles d'or; trente et une médailles ou rap- pels de médailles de première classe, treize médailles de seconde classe, six mentions lionoral)les et cinij récompenses pécuniaires. L'une des trois grandes médailles d'or nous a été, cette an- née encore, acicordée par S. Exe. M. le Ministre de l'agricul- ture, et nous sommes heureux de lui exprimer ici la profonde reconnaissance de la Société pour ce nouveau témoignage du haut intérêt dont il veut hien honorer notre œuvre. Prix spécian*. Médaille de 2000 francs fondée par M. Cliagot aîné pour la domestication de l'Autruche {Slnithio camelus), décernée à M. Hardy, directeur du jardin d'acclimatation d'Alger. De tout temps, la reproduction de l'Aulruche à l'état do- mestique avait été considérée comme un problème insoluble. M. C.eotTroy Saint-llilaire fut l'un des premiers à signaler les avantages (jue présenterait la domestication de cet oiseau gigantesque, qu'il nommait un oiseau de boucherie. M. Gosse énumérait ensuite, dans un savant travail, toutes les res- sources alimentaires et industrielles qu'il devait nous donner. HAPPdIiT DE J>.V t;(»MMISS]O.N liK.s liÉcoMI'E.N^KS. L.WXIX Cos (Iriiionstralions n'oiisseiit pas suffi sans doute pour liàlrr la solution du problème, sans la généix'use initiative de notre dévoué confrère M. Cliagot aîné, qui a eu tout à la fois le mérite d'être le jiremier fondateur de primes spéciales, et la satisfaction inespérée de voir, le premier aussi, son pro- gi-amme accompli même avant rexj)iration des délais accor- dés pour le concours. Sa pensée était à peine exprimée, qu'il se trouvait aussitôt un expérimentateur aussi éclairé que per- sévérant, et dont le succès avait déjà couronné' tant d'expé- riences utiles : M. Hardy, directeur du jardin d'acclimatation d'Alger, se mit à l'onivre avec une véritable ardeur, et dès la première année il ol)tint des résultats encourageants. Nous publiions en eflel, en 1858, un rapport par le(iuel M. Hardy nous exposait les moyens ingénieux autant que simples qui lui avaient procuré le succès. Insiruilspar son ex- périence et par ses leçons, d'autres expérimentateurs ont suivi son exemple : à San Donato près Florence, chez le prince A. de DemidolT, à Madrid , au jardin zoologique de Marseille. « On devra avoir obtenu, disait le programme, de deux ou plusieurs Autruches privées, deux générations au moins ; justifier de la possession de six individus produits à l'état domestique, et faire connaître les77ioyens employés pour faire reproduire ces oiseaux comme ceux de nos basses-cours. » Toutes ces conditions ont été non-seulement remplies am- plement, mais encore dépassées par M. Hardy. Il possède en ce moment 13 Autruches nées de parents qui descendaiput eux-mêmes d'Autruches vivant depuis longtemps, à l'état privé, dans un des parcs du jardin d'essai d'Alger ; et le noml»re qu'il a pu en obtenir d'incubation d'œufs pondus en domesticité n'est pas moindre de 38, depuis ses premiers essais en 1858. (juant aux moyens employés pour les faire reproduire comme les oiseaux de nos basses-cours , et dont le programme exi- geait sagement la publication , les résultats constatés en Italie, en Espagne, à Marseille, en suivant la voie qu'il avait tracée, justiiient sufïisaunncnt la valeur réelle des procédés indiqués par M. Hardy dans son rapport déjà cité de 1858, et dans ceux de 1860 et de 1801. Lxxxviii sociPVri'; iMi'ÉniALE zuuluî.hjle iVacclimatation. PRIX SPECIAUX FONDES PAR LA SOCIÉTÉ ET PRIMES PROVENANT DE FONDATIONS PARTICULIÈRES. Messieurs, lorsqu'il y a quatre ans, secondés par de géné- reuses initiatives, nous fondions un certain nombre de prix destinés à liiirc naître des eflbrts spéciaux, nous voulions, et j'emprunte ici les paroles de notre éminent collègue M. Passy, provoijuer de nouvelles et énergiques tentatives, obtenir des résultats plus certains, plus positifs et i»lus fruc- tueux, ce qui est la pensée même de notre institution. Réjouis- sons-nous d'avoir ouvert cette vaste carrière, car des succès inespérés sont venus nous donner raison, et le programme de quatre de nos prix spéciaux a été largement accomidi. Outre ces quatre prix, nous allons décerner ([uatre récom- penses hors classe, dont un titre de mendire honoraire et trois grandes médailles d'or; trente et une médailles ou rap- pels de médailles de première classe, treize médailles de seconde classe, six mentions honorables et cin(j récompenses pécuniaires. L'une des trois grandes médailles d'or nous a été, cette an- née encore, accordée par S. Fac. M. le Ministre de l'agricul- ture, et nous sommes heureux de hii exprimer ici la iu-oh)nde reconnaissance de la Société pour ce nouveau témoignage du haut intérêt dont il veut bien honorer notre œuvre. Prix sitéoîaiix. Médaille de 2000 francs fondée par M. Cliagot aîné pour la domestication de l'Autruche {Slruthio camelas), décernée à M. Hardy, directeur du jardin d'acclimatation d'Alger. De tout temps, la reproduction de l'Autruche à l'état do- mestique avait été considi'rée comme un proltlème insoluble. M. Geoffroy Saint-llilaire hit l'un des premiers à signaler les avantages que présenterait la domestication de cet oiseau gigantesque, qu'il nommait un oiseau de bouelierie. M. Gosse énumérait ensuiti', dans un savant travail, toutes les res- sources alimentaires et industrielles qu'il devait nous donner. HAl'PdltT DE LA ClOiMMlSslON \)\-]s IlÉCdMI'E.NïiKS. L.\X\I\ Ces (Irinonslralions n'eussent pas siiflî sans donte pour liàler la solution du proMôme, sans la généreuse initiative de notre dévoué confrère M. Chagot aîné, qui a eu tout à la ibis le mérite d'élre le jiremier Ibndafeui' de primes spéciales, et la satislacfion inespérée de voir, le premier aussi, son pro- gramme accompli même avant l'expiration des délais accor- dés pour le concours. Sa pensée était à peine exprimée, qu'il se trouvait aussitôt un expérimentateur aussi éclairé (jne per- sévérant, el dont le succès avait déjà couronné tant d'expé- riences utiles : M. Hardy, directeur du jardin d'acclimatation d'Alger, se mit à l'œuvre avec une véritable ardeur, et dès la première anni'c il obtint des résultats encourageants. Nous publiions en eiïet, en 1858, un rapport par letpiel M. Hardy nous exposait les moyens ingénieux autant que simples qui lui avaient procuré le succès. Insiruilspar son ex- périence et par ses leçons, d'autres expérimentateurs ont suivi son exemple : à San Donalo près Florence, chez le prince A. de Demidolï, à Madrid , au jardin zoologique de Marseille. « On devra avoir obtenu, disait le programme, de deux (m. plusieurs Autruches privées, deux générations au moins ; justifier de la possession de six individus produits à l'état domestique, et faire connaître les moyens employés pjour faire reproduire ces oiseanx comme ceux de nos basses-cours. » Toutes ces conditions ont été non-seulement remplies am- plement, mais encore dépassées par M. Hardy. Il possède en ce moment 13 Autruches nées de parents qui descendaient eux-mêmes d'Autruches vivant depuis longtemps, à l'état privé, dans un des parcs du jardin d'essai d'Alger ; et le nombre qu'il a pu en obtenir d'incubation d'œufs pondus en domesticité n'est |)as moindre de 38, depuis ses premiers essais en 1858. (juant aux moyens employés pour les l'aire reproduire comme les oiseaux de nos l)asses-cours , et dont le programme exi- geait sagement la publication , les résultats constatés en Italie, en Espagne, à Marseille, en suivant la voie qu'il avait tracée, justifient suffîsanuuent la valeur réelle des procédés indiqués par M. Hardy dans son ra}>port déjà cité de 1858, et dans ceux de 1860 et de 18(51. \G SOCIÉTÉ IMPÉKIALE ZOOLOt.KJUE d'ai;(JL1MÂTÂT10JN. Honneur donc, messieurs, au généreux l'ondateur de la première prime pour la domestication de l'Autruche, dont la Société a voulu continuer l'œuvre utile en proposant elle- même, cette année, deux primes nouvelles! Honneur aussi à l'expérimentateur habile et résolu qui, grâce aux soins les mieux dirigés et à sa louable persévérance, a trouvé si promptement la solution tant désirée ! Médaille de 1000 francs proposée par la Société pour la domestication de la grande Outarde {Otis tarda). Programme : « Oïî devra justifier de la possession d'au inoins six individus adultes nés en domesticité. » M. Louis Althammer, oruilhologiste à Arco (Tyrol). Il ne nous paraît pas nécessaire d'exposer ici les avantages si connus que nous avons à espérer de la multiplication de la grande Outarde à l'état domestique ; nous n'insisterons pas non plus sur les difficultés que présentent son élevage et surtout sa reproduction en captivité. Le programme proposé par la Société dès 1857 indique assez qu'elle avait apprécié les uns et les autres. Nous aurions, sans doute, vu avec satisfaction que les conditions de ce programme eussent trouvé leur réa- lisation sur le sol môme de la France; nous n'en sommes pas moins heureux, toutefois, de pouvoir constater qu'elles ont été complètement remplies dans le Tyrol, à Arco, par un de nos plus dévoués collaborateurs, M. Louis Althammer. La i-e- production de la grande Outarde n'est pas son premier suc- cès; elle n'en justifie donc que mieux la récompense décernée par notre Société. Médaille de 500 francs proposée par la Société pour l'in- troduction d'un Poisson alimentaire dans les eaux douces ou sanmàtres de l'Algérie. M. Rrâlik, àParis. Dans sa constante préoccupation des intérêts algériens et dans son vif désir de contribuer directement aux progrès de notre belle colonie, votre Société, en instituant ses pre- mières primes, en 1857, rechercha tout d'abord quel produit ahmcntaire elle pourrait lui offrir utilement, et eUe décida llAl'Poni DK [,.\ CUMiMlSSiON J)KS HKGOAll'KiNSES. XCl ({irrHo jtropuserail au zèle des amis de l'immanité rinlro- duc(i(3n d'un nouveau poisson en Algérie. \'ous m'avez tous devancé en attribuant à M. Millet l'initiative de celte pro- position. Mais là ne s'est pas bornée son intervention toute dévouée; s'empressant de nous faire protiter du généreux concours de notre savant collègue M. E. Cosson, qui retournait en Afrique pour continuer ses explorations botaniques, M. Millet prépara l'envoi d'un certain nombre de Carpes, de Cyprins dorés et d'œufs de Saumon. Là naissait la difficulté, car personne de vous n'ignore combien le transport de pois- sons vivants à de telles distances présente de chances d'in- succès. Confié à M. Kralik, l'aide et le collecteur habile de M. Cosson, ce {)récioux dépôt, malgré toutes les conditions défavorables exposées dans le rapport de notre collègue, parvint assez heureusement à Constantine, [)our devenir, grâce à la fécon- dité pres(j[ue intinie des Poissons, la souche d'une famille dont les représentants se comptent aujourd'hui par milUers. Ces résultats ne huent toutefois acquis qu'après plusieurs expé- riences infructueuses qui furent réparées par une étude exacte de la nature des eaux dont on jiouvait disposer. La Société unit donc dans sa gratitude les noms de MM. Cos- son et Millet qui se rattachent à cette précieuse introduction, hdbrmée par un rapport dont l'auteur, M. Cosson, dissimule avec une modestie si désintéressée ses propres services, du zèle remarquable dont son collaborateur a fait preuve, la Société se IViicite d'avoir à couronner un pareil succès en décernant sa prime de 500 francs à M. Kralik, qui trouvera plus tard dans la reconnaissance delà colonie une récompense digne du service qu'il lui a rendu. Médaille de 1000 franco proposée par la Société ;joiLO(iIQl'E d'accEIMATATION. lui une seconde provision d'œul's d'Yama-maï, qui échappera, nous n'en doutons pas, aux malheurs du premier envoi. Nous vous l'avons dit, messieurs, M. Duchesne de Bellecourt a noblement gagné le titre de membre liunoraire que la Société est heureuse de lui conférer. Grande iiiédaille d'or. Décernée à M. le conseiller Dutrùne. Nous regrettons sincèrement que les limites trop restreintes de ce rapport ne nous permettent pas de taire passer sous vos veux rhislorique de la création de la race bovine sans cornes, Sarlabot, due à. la généreuse et énergique volonté de M. le conseiller DuïRÔNE, et surtout la succession intéressante des tentatives d'acclimatation que notre honorable collègue a poursuivies avec un zèle au-dessus de tout éloge. Non content d'avoir doté son pays d'une race nouvelle pro- duite par des croisements bien compris et dont une longue expérience a démontré la hxité, M. Dulrône ;i, voulu la répan- dre partout. Pour atteindre ce but, non-seulement il a offert gratuitement des types reproducteurs, mais encore il a con- sacré les primes méritées par ses produits dans les concours, en Angleterre et en Belgique, à la fondation de primes nou- velles destinées à encourager le zèle de ses imitateurs. Grâce à ce désintéressement si noblement prodigue, sa race sans cornes a des représentants sortis de ses étables, dans notre Jardin d'acclimatation où vous avez pu les admirer, en Bavière, en Grèce, en Prusse, à Alger, à la Martinique, à Siam même, c'est-à-dire sur plusieurs points de l'Europe, en Asie, en Afrique et jusqu'en Amérique. Les travaux très connus de M. Dutrône nous le montrent lour à tour, créateur intelligent, façonnant sa race selon les conditions ou les besoins du climat pour lequel il la destine, et propagateur dévoué, donnant libéralement les premiers animaux qui doivent être la souche de ftimilles nombreuses. C'est donc au point de vue de la création, de l'acclimatation et de la propagation des races sans cornes ^s'ovinimâe-Sarlahot RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. \CV et Snriabol-Brcton, sans oublier ses croisements arabes, qui tous ont exigé de M. Diilrùne tant de persévérants efforts et de sacrifices, que notre Société lui a décerné une grande médaille d'or. (lirande médaille d'or. Décernée ex œquot A M'"" la comtesse Clémence de Vernh;de de Gorneillan. Et à M, le docteur Hector Forgemol, médecin à Tournan (Seine-et-Marne). Nous vous entretenions il n'y a qu'un instant de l'impor- tance que présente l'introduction en France et en Europe de nouvelles espèces de Vers à soie, et nous faisions allusion à une douljle découverte qui range désormais les soies des cocons ouverts parmi les soies bonnes à lîler et à. dévider. Jusqu'à ces derniers mois, l'industrie ne pouvait espérer de ces cocons qu'une matière de second ordre. Le cocon du Cynlliia ne donnait que de la bourre de soie, il n'était propre qu'au cardage, il ne pouvait se dévider. Des observateurs con- sciencieux, mais trompés par les apparences, allaient jusqu'à soutenir que l'insecte, mal inspiré, coiqiait son lîl pour ména- ger à son papillon les moyens de (piitter sa [trison. Heureusement toute vérité s'enchaîne, tout progrés attire un autre progrès. Le Ver de l'Allante a pris à peine le temps de s'assurer modestement le droit de cité parmi nous, que déjà nous sommes largement récompensés de notre confiance et de nos peines. Il laisse dévider sa soie aussi facilement (|ue son glorieux rival du Mûrier, et nous invite parla même à nous montrer généreux envers ses congénères, et à leur donner également leur part de nos soins et de notre attention. C'est à M'"' la comtesse de Gorneillan et à M. le docteur Forgemol que nous devons cett^ précieuse découverte. Sans se connaître, et par conséquent sans avoir pu se concerter, ces deux inventeurs privilégiés ont imaginé etapjiliqué les mêmes procédés pour le dévidage de.<< coc(tns del'Ailanle. 15ien n'est XCVI SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZÛOLOGIQUI': d'acCLIMATATION. plus sim])lc, et cela devait être, que celte invention dont les conséquences sont encore incalculables. Nous ne j)Ouvons, en eiïel, assigner de limites à celte production pleine d'avenir pour l'industrie et pour le bien-être des masses. Ajoutons que M. le docteur Forgernol ne s'est pas contenté d'appliquer son procédé au cocon du Ver Cyntliia, mais qu'il l'a employé avec le plus grand succès pour le dévidage de tous les cocons ouverts qui ont été mis à sa disposition. En présence de cesmagnilniues espérances vous applaudirez avec nous à cette haute distinction dont la Société a voulu ho- norer M"" la comtesse de Corneillan et M. le docteur Forgemol. iné«lailles de première et de seconde einsse. iHentioii»i liono- rahles, et Réeoinpeiises péeuniaires. Première Section. — Mammifères. Mid^iilks Ji- 1" classe. Miilalllr Ji- 2' classe. Mciilinn limioiable {•2' lUippclde incdiiiUc.j M. Kempe (Itussie). M. Seguin. 51. V. Bataille (r.au'nm). '^ {Nfliivelles médailles.) iMM. le baron de Hugel. le chevalier Scliurdl (WiirtcnilKTg). W l'.aniel. Deuxième rappel de médaille de V classe : M. Victor Bataille (de Cayenne). — Le nom de notre zélé cont'rère inaugure encore cette année la liste de nos récompenses de première classe; ses nombreux envois d'animaux les plus intéressants méritent touli' notre gratitude, et le Conseil de la Société vient de prendre des mesures sérieuses pour obte- nir que désormais ces beaux présents nous parviennent dans des conditions plus propres à en assurer le succès. Première et deuxième médailles de V' classe : MM. le baron de IlihiEL et le chevalier Sciijiidt. — C'est ici que nous vou- drions énumércr avec détail les magnifiques travaux de S. M. le roi de ^Vurtemberg en agriculture proprement dite et en acclimatation; ces détails vous diraient d'eux-mêmes tout le mérite d(} MM. le bni'on d(^ lliigel cl le clicvalier Scbmidi, RArCOlIT DK LA CUMMISSlOiN b\S lilîCO.MJ'ENSES. XCVIl colhihoralciirs df'voïK's (ruiic œuvre éniint'niiiirnl IxiniK;. Nous ne pouvons ccpendanl. [lassersous silence ces lieuieuses expériences d'acclinialation sur les Yaks, les races étrangères bovines, ovines el porcines, les Axis, les Hoccos, et bien d'aulrcs qui oui dû leur réussite aux soins éclairés des lauréats dont nons venons de proclamer les noms. Médaille de 1" classe : M. IIamel. — Notre confrère M. Ra- mel est un ami enthousiaste de l'acclimatation et de notre Société. A-t-il vu dans ses lointaines pérégrinations une plante^ magnitnpie, un animal utile, Y Eucalyptus (jlubulus ou le l'hascolome, il veut en enrichir son })avs. Rien n'est ou- blié pour assurer à ses conquêtes les meilleurs soins à leur arrivéi^ (larmi nous, précaution salutaire dont nous ne sau- rions trop recommander l'emploi, et pour la(}uelle nous de- vons à M. Raniel des remercîments tout })arliculiers. Médailles de 5" classe : M. Ke.mpe (Russie). — Pour l'in- troduction en Russie des grandes races anglaises de Lapins. Mention larnuiidde : M. l*aul SEduiN. — Cour un beau métis d'Yak obtenu à Paris })ar le taureau Yak Pluton. D E u x 1 È Al E S E ( ; T I o .\ . — Oiseaux. Iiili'ocliiclioii et Acitliiiialalioii. fik'ihiillc^ .le 1" classe. M' ilaillc lie 2o classe. l'icconiiieiise |icciiniaiie. MM. Noël Suquet. M. le iloctcur Turrol. M. F. nicard . . 100 !r. V . Avala (llspagiie). C.liwatoff (Kiissir). Servant. Rnflîer. Première médaille de 1" classe : M. Noël SuQUET. — ■ Nous devons à M. Noël Suquet de nombreuses acclimatations au j'ardin de Marseille. Mais c'est surtout la reproduction de l'Autruche en P'rance, l'ait très intéressant, obtenu grâce à des soins ingénieux el constants dans le [)arc de M. Pastré, que nous avons voulu récompenser ici par notre première médaille de première classe. T. 1\, 18(i2. — Sùaiice publique. g XCVIll SOCIÉTÉ IMPÉRIALK ZOOLOÛTQUE d'ACCLIMATATION. Deuxlhnc, médaille de 1"' clm&c : M. Froïlan Avala (Es- })atine). — M. Ayala a obtenu dans les parcs royaux d'Espagne (l(^, nombreuses repi'oductions, entre autres, du Dromée, de l'Autrucbo, desKangurous, etc. Nous ne saurions trop encou- rai^er cet ordre d'essais lails dans les meilleures conditions, et |)onr lesquels l;i rtuissitc est relativement ])lus probaltle. Troisième médaille de 1" classe : M. ( jiwatoff (lUissiiO- — Notre d(Mégu(> à Moscou , secrétaire général du Comité d'acclimatation de cette ville, nous a fait connaître les titres de M. Cliwatolf à notre reconnaissance : c'est à lui (ju'estdû le lait important par lui-même, et si lécond en promesses [lour l'avenir, de la domestication des Tetrao letrix et uroijallus. Espérons (pic de semblables con([uétcs nous donneront bien- tôt en France ces magniliques gibiers et leurs congénères. Quatrième médaille de 1" classe : M. Servant. — Notre confrère M. Servant nous a fait un magnifique envoi de Té- tras huppecols {Tetrao cupido). Plac('s après quelques liésita- tions dans de bonnes conditions, ces Oiseaux intéressants se sont reproduits ; malheureusement là s'est borné le succès, et les petits, jiour des causes restées inconnues, sont nmrts dans le premier âge. Cette année, sans doute, nous serons plus heureux, et cette l)elle acclimatation uous sera acquise. Cimpdème médaille de 1" classe : M. Iàuff ier. — 11 y a longtemps que notre aimé confrère a consacré les belles eaux de son parc à la reproduction des palmi[)édes nouveaux. Les Cygnes noirs, plusieurs espèces de Canards et les Ber- naches ont réussi chez lui, et doivent l'c.'ncourager à entre- prendre d<' nouvelles expériences. Médaille de 2^ classe : M. Turrel. — Pour la reproduction de la nouvelle espèce de Canards dits Canards Lahrador. Récompense pécaniairc de 100 f'ra/irs : i\l. François Ri- card. — Pour les soins intelligents donnés par lui à la repro- duction de TAut ruche chez MM. Pastré, à Marseille. IIAI'I'ORT m<: LA COMMISSION DES RECOMPENSES. XCfX Troisième Section. — Poissons, Crustf/cés, Annélides. V Pisc.icHltin'e fliiviatilc. .Mi-iUiilli's M-. MiMilioiis lioiioralili'S. MM. Cail.v de Swazzema. MM. Rouvard. MiM. Theuiier. W. W'rusky (lîussic). Mouchel. Kleinert (AlIcDiagne). l'abbé Luca. Raiidel (Algérie). de Farcy. de Laiiiioy (Algérie). Rezier. /MM. Raumaiin 50 ir. . . Chiris 50 ^ Faivre 50 lliMlX'S. f Martin 50 2° Pi)^cicul(ure marine et fluviaiile (-2° Rappel (le uiédaille.) MÉDAILLE DE V CLASSR. MM. Ren.' Caillaud. de Maiule. 3° IliniiliciilUire. M. Lalcsque aîné. M. Morin. Première inédaiiie de 1'" classe. — M. Carly de Swazzema s'étant rendu coiicessioimairft de la pêche dans la Vire et la Loule, département de la Manche, entreprit, sous la direction de notre confrère, M. Millet, chargé d'une mission spéciale sur le littoral de TOcéan, de repeupler ces deux rivières, où les belles espèces de Truites et de Saumon s'étaient perdues sous l'intluence des causes dévastatrices ordinaires; employant les meilleures méthodes d'aquiculture naturelle et artiiicielle, il a ()htenu des résultats très remarquahles, surtout pour les Saumons, les Truites, les Anguilles et les Écrevisses. Deuxième médaille de ]'" classe. — M. Wladimir-W'rasky s'est consacré à riiitioductioii en Russie de la science pisci- cole; il a fondi- un élahlisscment où la théorie et la pratique sont dignement représentées. A cette création importante il a ajouté l'introduction de loules les belles espèces dont l'aqui- culture pouvait enrichir les cours d'eau favorables. Troisième nukhùlh' de 1"' classe. — M. l'abbé Luca, curé de la Chartre, entraîné par son désir de fîiire le bien, a créé un véritable étabhssemeut de pisciculture; il fonctionnait déjà d'une manière très satisfaisante, lorsqu'il fut transformé en élablissement départemental, sous la haute direction des in- génieurs des ponts et chaussées du département. L'impulsion vigoureuse (lonn(''c par ce iKmvel élal de choses fut lelle que. C SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. depuis (juelques années, plusieurs millions des espèces de Poissons les meilleures ont élé mis en libellé dans les eaux (In Loir. Espérons (pie l'exemple donné' par M. l'aldu'' Luea sera suivi par beaucoup de ses respectables conCrères. Médaille de 1"' classe :}\. i»E Lan.noy (Algérie). — M. de Lannov, iuii(''nieur des ponts et cliaussées, suivant Texemple donné par .MM. Millet et Cosson, a lail vi'uir de France un certain munbre de Tanches pour peu[)lcr les eaux douces de la province de Constantine. Sa tentative a jiarfailemenl réussi, car, en 1861, plus de (3000 petites Tanches ont ('b' obtenues et ont servi à remplir le but (pi'il s'estait [ir(tpos('. Premièî^e aiédaille de '1' classe : M. Boiivaru, inspecteur de eaux et l'oréts à Cosne (Nièvre). — Pour son active coopé- ration au repeuplement des rivières ci cours d'eaux llottables du (b'partement de la A'ièvre. Deuxième médaille de "1" classe : M. MouciiEL, à Laigle (Orne). — Pour les beaux résultats «pTil a obtenus dans son établissement de pisciculture, consacré plus spé'cialemeni à l'élève des Truites. Troisiè)ne médaille de '2'classe : M. Bandel, conducteur des ponts et chaussées à (lonstantine. — Poiu' les soins donnés par lui à l'acclimatation des Carpes et des Tanches en Algérie. Mentions honorcddes : M. TnEruiKU, garde général des eaux et forêts à Donzy (Nièvre); Le docteur Kleinei'.t, directeur de ri''lablissement hydro- thérapique d'Ilerrenalb (Wurteudierg) ; M. Béziep,, garde-péche à Cosne (Nièvre); M. DE Faucv, garde génèi'al des i'orèls à Crasse (Alpes- Maritimes); Pitur le zèle qu'ils oui déployé dans l'application des meil- leni'es mé'thodes de jtiscicnUure. Récompenses péeuniaires de ^^() francs, à trois brigadiers des eaux et lorèts : M. Iîauman, à Colmai"; M. Cuiiiis, à Escragnolles (Alpes-Maritimes); M. Martin, à la Bajeasse (llaule-Loire); RArroRT DK LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. C! .M. i\\iviîii, !j;;ii'(lc (les eaux cl lurèls à Beaiilicii (Isère); Puni' raclivilr inlC'Uigpnte doiil ils ont lail jurMiYe dans les livci'scs o|)(''i'ali()ns piscicoles ijui l"ur (Hit ('Ir cunliées. PISCICULTURE MARINE ET ELUVIATILE. • Deuxième rappel de médaille de 1"' clasi^c : MM. IIené Caillaud el DE Maude, — Élèves tons denx cl collalioralcnrs [\o M. Millet, nos zélés confrères ont nicrib' le second rai)|icl di^ médaille de première classe ipie nous leur décernon> : le premier en continuant avec ]»ersévérance ses succès en pis- ciculture fïuviatile et marine; le second, en soumettant aux investigations de notre Société un sujet )) aussi inq^ortant et aussi digne d'entrer dans le vaste pro- » gramme de ses travaux (1). » (1) l'.apporl de M. iluinon de la Sagra, Bulletin de la Société d'acclima- tation, mais 185/(, page 23 et suiv. SI r, LES ANIMAUX DÉl'USÉS A LA l'Ll'.ML DE SUULLUiD. ^ Ces conclusions furent adoptées par la Sociélr, qui s'occupa iiiuiiédiatement des moyens de se procurer des Chèvres d'An- gora. Un an après, en 1855, la Société devait à la générosité de M. le Maréchal Vaillant, Ministre de la guerre, un troupeau de 15 têtes, qui lui avait été donné par l'émir Abd-el-Kader, résidant à Brousse; la Société en fit venir à ses Trais un trou- peau de liO individus, en même temps ({u'un autre troupeau de 37 sujets était acheté par plusieurs de nos confrères . Dès 1855, la France posséda donc un Iroupeau de 92 Chè- vres d'Angora. Ce troupeau lui subdivisé et placé dans diverses contrées de la France. Les Vosges, l'Alsace, la Lorraine, le Jura, le Doubs, l'Isère, l'Auvergne, le Rouergue, l'Algérie, reçurent des Chè- vres d'Angora, mais leur réussit{^ lut loin de répondre partout au but que se proposait la Société. Une partie de ces animaux moururent ; ceux qui survécurent en France donnèrent des toisons dans un état tel que la Société ne [)ut en tirer un parti convenable. Trois ans après, en 1858, la Société voulut étu- dier les causes de ces insuccès. Un examen attenlil", fait dans l'Isère, le Doubs et le Jura, ne tarda pas à mettre sur la voie qu'il y avait à suivre pour obtenir de meilleurs résultats. Il fallait nécessairemeni étudier le tempérament des Chèvres d'Angora, les soins hygicniiiues qu'elles exigent, le climat et la nourriture (jui leur conviennent, tout ce qui peut enlin favoriser leur acclimatation en France ou en AIg(;rie. Le Conseil de la Société prit en sérieuse considération les (q>inions de notre savant confrère M, Pierre de Tchihatchef. Dans son remaniuable travail sur la Chèvre d'Angora, publié dans notre Bulletin^ Hvraisons de juillet et d'août 1855, il avait indi(|ué les montagnes de l'Auvergne comme le point le plus convenable à l'acclimatation de cet animal. M. de Tchihat- chef avait étudii' les montagnes de l'Asie Mineure, et la Chèvre blanche à poil soyeux qui y est élevée. La constitution géolo- gique, l'altitude, les cours d'eau, le climal de ce pays, lui I)araissaient avoir leurs analogues dans les montagnes de l'Auvergne, et il en concluait (jue c'était dans ces montagnes (|ue les expériences d'acclimatation de la Chèvre inqjortéc de- Il SOCIÉTÉ IMI'ÉIUALL; ZUULUGIOLE d'aCCI.IMA I ATlUiX. vaiful (ire l'ailes. Après avoii' développé avec (h'tail son (»pinioii à ce sujet, M. de Tchiliatcliel' ajoutait : >- Bien des eunsidéra- » tions semblent appuyer noire hypothèse en laveur de l'Au- » vergne, «pii serait destinée peut-être à créer un join- ('ii » France une redoutable rivale aux célèbres races d'Angora e( » du Thibet, et même à substituer dans l'industrie européenne » la première à la seconde. » D'a})rès l'opinion de M. P. de Tchiliatcliel', le Conseil d'ad- ministration de notre Société, bien que deux essais eussent déjà été inlVuctueux antérieurement en Auvergne, connue ailleurs, décida (|ue des animaux provenant des troupeaux déposés dans le ])oul)S, le Jura, l'Isère et l'Aveyron, seraient réunis à la l'erme de Souliard , ferme (lue j'avais indiquée comme présentant les conditions de réussite désirées. La So- ciété ne lut pas tromi)ée dans son attente. Les Chèvres irAii- gora, ai'rivi'cs à Souliard en mai 1858, se rétablirent pronq>- lemenl de la maladie ijui avait nécessité le séjour d'une jiartie de ces animaux à l'Ecole vétérinaire de Lyon, où il^ lurent traités avec les i)lus grands soins, sous la direction de notre savant conlrère M. Leco(i, directeur de cet établisse- ment. Le troupeau prospéra à Souliard; les toisons qu'il a l'ournies, et qui ont été envoyées à la Société, en sont la preuve. Notre dévoué conlrère M. Davin a fait l'aliriquer avec ces toisons des velours dont vous ave/, pu admirer l'éclat et la beauté. Le tempérament des Chèvres d'Angoi'a est essentiellement lymphatique et délicat. Elles sont loin d'avoir la rusticité dont (pielques persoimes ont ])arlé. Elles sont surtout sujettes à la cachexie aqueuse. Ce fait a éti' observé [lar madame la prin- cesse Belgiojoso, dans sa |)ro])riété située aux environs d'An- gora même ; elle a signalé celte maladie dans la lettre (lu'elle écrivit sui' la Chèvre d'Angora à notre savant confrèi'e M. de Quatrefages, lettre (pii lut inq)riméc dans notre Ihdlcli/n. INos confrères MM. Sace, de Tehibatehef el l'.ourlier en ont parlé dans les notes (lu'ils y ont également publiées, et j'ai eu sous les yeux la })reuvede ce ({u'ils ont avanei- sur la jire- disposition desChèvres d'Angoraà contrarier la pouiriture. SI'R LES ANIMAUX DÉPOSÉS A LA FERME DE SorLIARD, f) (ïes animaux soni aussi prédisposrs au piélin; mais colle niïoclion, qui paraît grave dans TAsie Mineure, a été sans résultat fâcheux à Souliard, et elle y a été facilement guérie pai' un traitement rationnel. Les Chèvres d'Angora, remises en honne sanl(' à Souliard, s'y multiplièrent sans éprouver de maladie. Toul à coup arrive l'hiver exceptionnellement rigoureux de 18ô9 à 1860; puis l'été pluvieux et humide^de cette dernière année. Les neiges abondantes de l'hiver, d'une part, empêchèrent les Chèvres de sortir de leur étahle ; la stabulation favorisa en elles la prédo- minance du système lymphatique. D'autre part, les brouil- lards, les pluies incessantes du printemps, se continuèrent pendant tout l'été. Les Chèvres, toujours dans une atmosphère humide, mangeant l'herbe mouilh'e, contractèrent, comme les Iroupeaux de moutons, la cachexie aqueuse : un tiers des animaux succomba .à cette maladie. Si des moyens éner- giques n'avaient été employés dès les premiers symptômes de l'invasion de l'atlection (fui les décimait, il est très probable que peu de sujets auraient survécu au lléau. (Jn a vu, cette même année, des propriétaires perdre leurs Iroupeaux entiers de moutons atteints de la pourriture. La maladie lui arrêtée par une médication toniipie, forti- fiante, et par une hygiène rigoureusement suivie. Le troujjcau, composé de 70 sujets, est aujourd'hui en bonne santé, et se multipliera rapidement, je l'espère. Toutefois je dois faire observer que les accidents que je viens de signaler arrivent fréquemment en Asie Mineure. On y fait des pertes considérables de Chèvres d'Angora, notam- ment à la suite des liivers rigoureux. MM. Tcbihatchef et Rourher signalent ce tait; mais, d'après ce qui a été rapporli' par ces deux naturalistes voyageurs, on répare les pertes par des croisements de reproducteurs angoras avec des Chèvres communes. (Juelques faits ont prouvé, à Souliard, que le même résultat peut être obtenu en France. Des croisements opérés avec des Chèvres des cultivateurs de l'Auvergne ont donné des produits (pii, à la deuxième génération, se rapprocheni be;nicou[t des 6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZnnLOf.IQI'E d'ACCLIMATATION. individus pur sang, ot si la Société conlinuo ses expériences à ce snjel, je crois qu'elle obtiendra d'heureux résultats. Toutefois, et pour fixer son opinion sur ce point, il sérail utile qu'elle lit étudier cette (luestion pratique partout où elle a déposé des Chèvres angoras, en Auveigne comme ailleurs, notamment au Jardin d'acclimatation (hi hois de Boulogne cl en AlVique. Si les Chèvres d'Angora sont d'une naLure lymphaliquc et délicate, il n'en est pas de même des Yaks, que nous devons au patriotique dévouement de notre zélé confrère M. de Mon- tigny. Suivant ce que j'ai pu observer sur les sujets déposés à Souiiard, je ne connais pas, dans nos animaux domestiques, de type plus rustique, plus sobre, plus ènrM'gique que l'Yak. Son tempérament nervoso-sanguin semble résister à toute cause de maladie pour d'autres animaux, notamment pour la Chèvre d'Angora. La rigueur des hivers, les brouillards des automnes ou des printemps, la pluie, n'ont eu aucune action sur lui. En Auvergne, il peut brouter, vivre partout, gravir les pentes escarpées et les descendre avec la même facihté. Sa constitution robuste, sa conformation et sa structure méca- nique, le rendent apte à porter comme à traîner. Nul animal ne peut mieux rpie lui servir sur des montagnes abru])tes et pri- vées de roules. C'est là ([u'il peut être ulilisé avec avantage comme bête de somme et comme animal do boucherie. « Dans » ces régions glac('es, a dit notre savant el regretté confrère » M. Duvernoy, où le Cheval et le Mulet ne peuvent plus se » nourrir, l'Yak, avec la Glièvre et le Mouton, parvient à B s'alimenter de l'herlie couili^ (pii y végète (1)... » Suivant le récit des voyageurs, et notamment de Victor ,lac- quemont, dont les Iravaux ont été signalés par notre cher el regretté président, M. Isid. Ceoffroy Saint-Ililairc, les babi- tanls des pays où l'Yak rsl domestique le rroisenl avec le Zébu. Ils obtiennent de ce croisement un ni/lis appelé Dzo. Plus fort que l'Yak ri le Zébu, cet animal, riiiployi" counnc (1) l'.appoil (le AI. Dinornoy siirrYak. llullrlin u|ile mourut ÉDUCATION DES AUTRUCHES A ALHEH. 0 au mois iraoïil, (ruii calcul occasionné par un clou de cliar- l'clle qu'elle avait avalé. Le 20 janvier suivant, elle est. rem- placée près du mâle par la jeune Autruche née dans l'établis- sement le 2 septembre 1857. En 1860, le couple n" 1 pond cl couve au printemps comme d'habitude ; au milieu de l'incubation, le nid est mouillé par une inondation subite. Les œufs étant examinés plus tard, on reconnaît que onze petits sont morts dans la coijuille, alors (pi'ils avaient acquis plus de la moitié de leur dévcloppemenl. Vers la mi-juillet, cette même femelle du couple n" 1 re- commence une deuxième ponte. Le 26 août, le couple recom- juence à couver. Il y a seize œufs dans le nid. Le 5 octobre, il n'y a pas encore d'éclosion, les oiseaux sont très fotigués ; le nid exhale une odeur infecte : les ceufs son! examinés et son! trouvés tous clairs. Le couple n" 2, dont la femelle, morte au mois d'août pré- cédent, a été remplacée le 20 janvier par la jeune Autruche femelle née dans l'étabhssement le 2 septembre 1857, comme il a été dit ci-dessus, commence à couver le 8 avril. Il y a ({uinze œufs dans le nid , mais bientôt trois œufs sont élimi- nés. Ces œufs sont énormes. Le 21 mai, on voit sept petits ipii viennent d'éclore. Bientôt on découvre, à moitié enterrés dans le sable du nid, deux autres petits fort languissants. L'un d'eux est ranimé et mis avec la jeune troupe; l'autre meurt et est mis dans l'alcool. Cette éclosion a amené neuf petits, qui constituent, du côti' ^le la mère, une deuxième génération née en domesticité. Bientôt on remarque deux petits qui restent languissants et ne tardent pas à périr. Un troisième a eu la [»atte cassée d'un coup de pierre, ([ui a été lancée dans le parc, proba- blement par une personne malintentionnée, et cette jeune bète ne tarde pas à mourir; enhn, le 18 septembre, deux de ces jeunes Autruches sont sacrifiées pour hgurer au repas offert par la ville d'Alger à LL. MM. l'Empereur et l'Impératrice. De deux des petits nés du couple n" 2, en 1858, on formi^ le couple n" 3, (pii est mis dans un troisième parc. Mais ces oiseaux, qui imt à peine deux ans, ne paraissent pas encore 10 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLnniQnE D ACCLIMATATION. arrivés ù Total de puberté. On n'a pas remarqué que l'aceou- plemenl se soit accompli, et la femelle n'a pas pontlu. Tous les petits nés en 1858 furent réunis en un seul trou- peau; il y eut (juclfiues rapprochements entre les sexes, mais seulement du fait d'un seul mâle. Une femelle j)ondit trois œufs, dispersés dans le parc, mais aucune tentative d'incuba- tion n'eut lieu. Le l/i septembre, sept Autruches furent empruntées à r(Hablissemenf pour figurer dans une jurande fantasia arabe qui devait être exécutée devant LL. MM., et dans laquelle on devait simuler une chasse à rAutruche dans le désert. On ramena trois de ces animaux seulement ; les quatre autres furent tuées dans rentrainement de la chasse. Voici oii en ('".talent les choses à la (in de l'année J8(i0. Année 1861. Avec ce qui restait des jeunes Autruches nées dans l'éta- blissement en 1858 , parmi lesquelles se trouvaient deux maies, on a pu f(H^mer deux nouveaux couples, mis dans deux parcs séparés, et ils ont formé les couples n" h et n" 5. La campagne de 1861 s'est ouverte avec cinq couples en étal de produire et disposés dans cinq parcs séparés. 1° Le couple n" 1 , composé des deux anciennes Autruches venues du désert, et (pii forment la princi])ale souche des diverses générations qui existent dans l'établissement. 2" Le cou|tle n" 2, composé d'un ancien mâle venu du dé- sert, et de la femelle née dans l'établissement le 2 sep- tembre 1857, et remplaçant l'Autruche femelle ancienne, venue du désert et morte en août 1859. 3" Le couple n" 3, le mâle et la femelle nés du vieux couple n" 2, en 1858, établi dans le compartiment de l'établissement désigné sous le n îl. h" Le couple n" /i, né du vieux couple n" 1 en 1858, et établi dans le compartiment de l'établissement désigné sous len^S^. 5" Le couple n" 5, né du vieux couple n° 1, en 1858, et établi dans le compartiment du jardin, sous le n° hh. Nous allons maintenant rendre compte de ce qui est advenu ÉDUCATTO^ DES AUTRUCnES A ALHER. il pour rhaqiio cnuplo on paiiinilior pendani rollo derniùre rampagnp. Couple 71" i. -— ï^a ponte a commencé le 0 décembre 1800, et s'est continuée tous les deux jours, jusqu'au 12 janvier, jour où il y avait dix-sept œufs; il y eut interruptiou jus- ([u\au 15. Le 15 il vient un œuf, le 17 un autre; la poule s'arrête là. Il va dix-neuf œufs dans le nid. Ce n'est que le 15 février suivant que l'on remarque que le maie et la femelle couvent assidûment; mais précédemment ils se sont mis sur les ceufs la nuit. Le 3 avril, il nait deux petits, et c'est tout ce qui vicnl de cette eoLivi'-e. Il y a eu une perturbation dans la ponte, qui s'est effectuée beaucoup plus lût que d'iiabitude ; des œufs pondus en décembre n'étaient peut-être plus bons au 15 février, époque où la couvaison régulière a commencé, et ne seraient-ce pas les œufs pondus les 15 et 17 janvier qui ont donné les deux petits? Ces œufs de la première ponte avaient bien été numé- rotés au crayon ; mais ces marques se sont effacées par le frol- tement considérable que ces oiseaux opèrent sur leurs œufs. Ces deux petits se sont élevés parfaitement. Couple n° 2. — La ponte commence le 5 janvier; elle se continue régulièrement tous les deux jours, jusqu'au (> fé- vrier, époque où il y a seize œufs dans le nid. Le 18 de ce mois, les Autrucbes couvent leurs auifs, quoique la ponte re- commence ce même jour et se continue les "20, 22, 2/|, 2(5 et 28 février, et les ù, 6, 8 et 10 mars, et la couvaison se con- tinue toujours en même tem})s. Il y a vingt-sept œufs dans le nid; mais bientôt neuf de ces œufs sont jetés de coté, et on les enlève le 26 mars ; il restait conséquemmentdix-builœufs dans le nid. Le 15 avril, on remarque vingt n^ufs dans le nid, au lieu de dix-buit qui y avaient été laissés; le 21 avril, un Oiuf est encore pondu, ce qui fait en tout trente œufs pro- duits par intermittences et pendant l'incubation; ce qui con- stitue un désordre, une perturbation qui ne fait rien augurer de bon pour le succès de l'éclosion. Le 30 avril, le père et la mère aliandonnent le nid; ou voit deux petits nés, un mort et 12 SnCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOr.IQUE n'ACCLlMATATÎON. l'nuU'o vivant. On fait tout co (ju'il ost possible pour que ros oi- seaux se remettent sur leur nid ; ils s'y remettent, en eOet, pen- dant une demi-journée, puis ils Tabandonnent détinitivemenl. Le lendemain, le petit (pii avait survécu disparaît. On croit reconnaître à travers le treillai^c le passage d'une bête fauve, (pii l'aura sans doute enlevé. Ces couples n"" 1 et 2 ont eu des pontes beaucoup trop pré- coces, ce qui a évidemment nui au succès de l'incubation. Couple n" 3. — A la mi-février, la femelle n'avait pas encore pondu, et Ton n'avait remarqué aucun accouplement. A cette époque, ces oiseaux étaient dans une agitation extrême, ils élaient eflVavés ; la femelle surtout était comme affolée, elle allait, venait et se lançait avec violence contre la clôture du parc, en essayant de la francliir. Elle y parvint une fois. On la ramena ayant le tborax ensanglanté et les cbairs de cette par- tie meurtries et en lambeaux. Déjà, l'année précédente, peu de jours après avoir été mise dans un parc, elle avait fait le même manège, puis elle s'était calmée, après qu'on eut recou- vert le treillage de paillassons jusqu'à 2 mètres de hauteur. Ces oiseaux ont-ils élé ell'rayés par quelque bête fauve qui serait venue rôder la nuit autour de leur parc? C'est plus que probable, car on a cru remarquer sur le sol humide des em- preintes semblables à celles que laisse l'hyène, et ces ani- maux carnassiers peuvent très bien franchir les haies de clô- ture de l'étabUssement, qui sont composées de roseaux. Le 16 février, on ajoute à ce couple une A.utruche femelle, qui est précisément de la même couvée. Le calme se rétablit insensiblement depuis son arrivée. Le 23 mars, cette dernière venue commence à pondre et dépose, de prime abord, ses œufs dans le nid de sable t|ui a (•lé préparé. Bientôt la première femelle suit son exemple, et leurs œufs sont déposés dans le même nid ; à elles deux elles pondent dix-huit œufs; la deuxième femelle les couve pendant (lucbiues jours, puis elle les abandonne. On n'a pas vu de rap- ports entre ces deux femelles et le mâle. Celte famille restera composée des deux femelles et du màle,atin de vérifier si ce fail rapporté est exact, que plusieurs ÉDUCATION DES AlTIiLCllESA A ALliEIi. 13 Icmi'llcs |»()iitli,'nl cl coiivenl en coniimiii, ol savoir (juello est l'atlilude du iiiàlc dans cette cii constance 11 est à présumer (juc les accidenis qui se sont produits celle année ne se renou- velleront i>as l'année prochaine. Couple )i" h. — La ponte a eu deux phases : (hi l/i au 28 lévrier, il y a eu huit œul's [tondus et déposés réi^ulièie- inent tous les deux jours dans le nid de sahle qui avait été pré- paré. La renielle et le niàle ont commencé à couver le 2 mars; du 2 mars au 19, la ponte s'est continuée en même tenqis que la couvaison, et neuC nouveaux œul's ont été produits de celle l'acon : en tout, dix-sepl œul's. Deux ajul's ont é|('' mis hors du nid par les Autruches. Ce conunencemeni de l'inculialion avant la lin de la ponte devait nécessairement amener de rii'réi^ularité dans Léclosioii, et c'est ce (jui est ari'ivé. Le 21 avril, il csl iiô 5 pclils vivaiils. Le T2 — 1 Le 23 — 1 Le 2Zi — i 'l'olal. . . 8 pelils. SiH' ce nomlue, un des derniers nés est mort; il Taisait d'ail- leurs un tem[)s all'reux à celte épo({ue, il pleuvait tous les Jours. Les œul's restants lurent ahandonnés par les parents dès l'éclosion du septième petit ; on les plaça dans une serre, [»rès du l'ourneau, où la leuqjérature était élevée; mais ce l'ut en vain, aucune nouvelle éclosion n'eut lieu. Couple n" 5. — La ponte a commencé le 25 lévrier, et s'est continuée sans interruption tous les deux jouis, jusqu'au 31 mars ; il y a eu dix-neuf œul's, dont six ont été, sur la lin, éliminés du nid par les Autruches. Cependant le père l't la mèi'i.' eonmiencèrenl à couver le 23 mars, avant (|ue la ponte l'ùl achevée. Le 9 mai, il esl nv 1 pelil. Le 10 — o — Le 11 — 1 — J'olal. . . 5 })elits (|ai se sont pailaileineiu élcvé>i. l/l SOCIÉTÉ IMTÉKIALE ZUULUGJQUE u'aCGLIMÂTATION. Ces doux dcrniei's couples, n"' h cl 5, sont nés dans l'élaldis- scnicnl, ainsi (ju'il a été dit ci-dessus, du 11 au 13 mai 1858 ; ils ont donné naissance, celle année, à douze petits qui sont bien authcntiqucmcnt une seconde i^énération obtenue de pères et mères nés en domesticité dans l'élaljlissement. Voici le lableau résumé des résultats obtenus en 18fil : Nos. Mort^. Vivants. CoLi'LK \" i. Venu du dehors 2 o 2 , i Le inàle Aeiui du dehors. . . , i Couple k" 2. , , „ . , ,,-,,,• ^ 2 0 ( La leuielle iiee dans 1 clabliss. * ( Mâle et Icnieiles nés dans l'éla-") ,> „ „ Com.LK r' 3. 1 ^^^^^^^^^^ j 0 0 0 COLl'LK A" /|. Id. 7 10 COLl'LE i\" 5. Id. _L ^ ^ Total 10 o lo En résume, si nousrécapilulons les naissances obtenues en captivité dans rétablissement depuis le connnencement des essais de domestication de l'Aulruclie, nous trouvifus que : En 1857, il est né 1 Autruche. ^ 1858, — 12 — 1859, — 0 — 1800, _ 9 — 1801, — 10 — Total.. 38 Autruches nées en cajjtivilé en cinq année.s. Il convient d'ajouler que l'année 1861 a été cxccplionnelle- nicnl délavorable à la procréation de l'Aulruclie ; rexlréme douceur de la lin de l'aulomne 1860 et du commencement de l'hiver qui l'a suivi a contribué à avancer considérablemcnl la poule, circonslance défavorable, en ce ([u'elle oblige les oiseaux, ou à abandonner leurs œufs, ou à couver à une époque prémalurée, alors ([ue les jours sont courls, les nuits Iroides, les i)luies Iréquentes, violentes et glacées. Mais, telle est la force de résistance de l'Aulruclie, que nonobstant les accidents climatéri(iues dont il a été parlé, la mulliplicationde ces oiseaux a donné en 1861 des résultats qui peuvent être considérés comme 1res satisfaisants. SUR L'ACCLIMATATION DE LA CAUPE ET DE \A TANCHE DANS LES EAUX DOUCES DE L'ALGÉRIE, Par M. E. COSSOI^J. (Séance du G décembre 1861.) En 1858, étant sur le point d'entreprendre un voyage d'ex- ploration dans l'extrême sud des provinces de Constantine et d'Alger, voyage qui devait s'exécuter sous le haut patronage de LL. EE. M. le Maréchal Vaillant, Ministre de la guerre, et de M, le Maréchal Randon, Gouverneur-général d'Algérie, et dans lequel je devais être secondé pard'hahileset dévoués col- laborateurs, MM. L. Kralik,H. delaPerraudière, A. Letourneux et P. Mares, je me mis à la disposition de la Société pour les graines que je pourrais rapporter et pour les introductions ([ui pourraient être utilement tentées en Algérie. Notre zélé con- Irèrc M. Millet, si compétent en lait de pisciculture, ajjpela mon attention sur riiiq)ortance c^u'il y aurait à inlrodiiiredans les eaux douces de l'Algi'rie nos poissons alimentaires d'Eu- rope. En effet, la plupart des eaux douces ou saumàtres de l'Algérie ne nourrissent, comme on le sait, qu'un(3 variété de Barbeau de qualité intérieure, et qui n'est prescpie utilisée, comme au lac Fezzara, que pour la fabrication d'huile de [Kiis- son et d'ichthyocolle ; l'Anguille n'existe guère que dans (piel- ques eaux saumàtres du littoral, comme au lac Fezzara, et l'espèce nouvelle de Truite récemment décrite par notre savant confrère M. A. Duméril, sous le nom de Salar macrostigma, n'a encore été observée que dans un seul cours d'eau de la Kabylie orientale, dans l'oued Ahbaïch et ses affluents (1). (1) L'existence de celle 'l'ruite vienl d'èlre égtilcinenl coiislalée dans des cours d'eau des nionlagnes du cercle (te 13ougie, par i\l. le capitaine Adeler, chef du l)uieau aralie de ce cercle. Dans la rai)ide éiuunératiou que nous venons de taire des poissons 1() SOCIÉTÉ IMl-ÉKIAI-E ZUULULilQUE iKVCCLI.MATATlUN. M. Millel lïiL cliarL;ô par la Sociélé de iiiedre à ma flisjiu^i- lioii un pécheur qui devait, sous ma direction, s'occuper do la dissémination de poissons vivants et d'essais de piscicul- ture. Par suite de circonstances fortuites, le pécheur que je devais emmener, ne put partir avec nous ; mais par les soins de M. Millet et le concours de la vSociété, il me lut remis un petit baril rentcrmant li"2 Carpes, en moyenne de 8 centimètres de longueur, et une trentaine de Cyprins dorés (1), avec les instru- ments nécessaires à l'aération de l'eau du baril, ainsi (|ue plusieurs centaines d'œufs de Truite fécondés, renfermés, les uns dans des tubes de verre, les autres placés dans des linues et de la mousse humides et contenus dans une boîte de zinc. Dés notre départ de Paris, le 10 mars, î\l. L, Kralik, con- servateur de mes collections botaniques, fut plus spécialenn^nt chargé des soins que réclamait le transport des})oissonsetdes œufs, et ne négligea aucune des précautions nécessaires pour en assurer la conservation. Embanjués le 12 à Marseille, nous arrivions, après une traversée assez rude, le l/j à Philippevillc, et ce n'est que le 17 que nous pûmes atteindre Constantine, à cause de l'état des routes détrempées et effondrées à la suite de pluies abondantes et continues. Grâce aux soins qui avaient été pris, les Carpes et les Cyprins avaient très bien supporté les vicissitudes de ce long et pénible trajet. Nous n'avions perdu en route (pie trois ou (juatre individus de chaque espèce. Les œufs de Truite, nialgn'' toutes les j)récautions prises , étaient arrivés ])our la plupart à éclosion pen- existanl dans les oaux douces ou sauniâties de l'Algérie, nous omet- tons avec intention de mentionner les espèces qui, comme le Ghjphisodon /illii [Perça Guyonii), sont propres aux eaux artésiennes du Sahara (voy. liulL, t. VI, p. LV). et ne paraissent ])as, en raison des conditions toutes spéciales où elles se reneontrent, èlre susceptibles de se développer dans les cours d'eau du littoral, des liauls plateaux et de la région montagneuse. (1) Les Cyprins dorés, cpii, comme on le sait, sont les poissons qui sup- portent mieux le iransjiort à de grandes distances, étaient destinés, dans le cas où les Carpes ne résisteraient pas au vo\age, à renseigner sur les chances de nouveaux essais. — Le Cyprin doré existait déjà à Constantine comme poisson d'ornement. A(Jt;LlMATATl()N LIE LA (Alil'E ET DE LA JANCliE. 17 (laiil le trajel, vl beaucuup d'entre cuv élaienl yàtés (i). Dès notre arrivée à(;onstantine, ons'einpressa d'organiser un appareil à éclosion avec des assiettes creuses disposées en étages et dont l'eau pouvait se renouveler constamment au moyen de lanières de laine l'ormant siphon. L'appareil fut rempli avec de l'eau du Ilummel ; mais cette eau, trop chargée de carbonate (Je chaux, déterminait pres(juc instantanément la mort des Truites au soilir de l'œu!', par suite de l'incrustalion de la vésicule omldlicale. Averti jiar cri insuccès, M. L. Kralik cul riieureusepensée de ne pas conlierau Runnnel, comme c'élait notre première intention, les Carpes et les Cyprins, et il Irans- porla son appareil d'éclosion à l'hôpital de Constantine. Là M. Chouletle, pharmacien en chef, voulut bien lui prêter son concours pour la continuation de l'expérience. L'appareil liU rempli avec l'eau de l'étang du djebel Ouacli, beaucoup [dus pure que celle du lîummel.Les quelques œul's de Truite pro- pres encore à l'éclosion donnèrent naissance à des sujets vi- goureux. On se décida donc à faire transporter une jtai'lic d(\-> Car])es et des Cyprins dans l'étang du djebel Ouacli, à 12 kilo- mètres au N.-E. de Constantine, Cet étang, ancien bassin ro- main, pres(|ue circulaire et d'un diamètre de prés de 200 mètres, occupe une dépression circonscrite par trois mamelons 011 la roche principale est le grès, et dont le plus élevé, le djebel Ouach s'élève à une altitude de 1220 mètres. Les eaux de cet étang, li'gèrement ferrugineuses, résultent des inliltra- tions des mamelons qui le circonscrivent. Sur les bords de, l'étang, en pente d'un côté et assez élevés de l'autre, croissent des plantes aquatiques ou de marais, telles ipiedes CJiara, des Ti//)ha, le Sclrpns lacustris, des Jwiciis, etc. Le maximum de profondeur des eaux est d'environ 3 mètres. Le 20 mars, vingt-sept Carpillons et douze Cyprins furent lâchés dans l'étang, et aucun de ces poissons ne revint à la surface de l'eau. On n'en vit aucun pendant l'été; mais le 25 août suivant, (1) tl n'est pus duulouN. copeiulaiil qu'à une saison moins avancée et dans (1rs coiidilious de voyage moins déi'a\oral)les, il ne soil facile de lrans])urter jusiinà GuiistinUine, el même au delà, des (eulsde Truite lécondés. et i)i'o- pies à ttes cssiiis de piscicuttme. T. IX. — Jaiiviei cl l'cvrici ISti"-', '2 d8 SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. M. A. Bandel, conduclcur des p(jnts cl chaiissces à ConsUui- linc, en faisant le tour de l'étang', trouva morte sur la berge une petite Carpe mesurant 22 centimètres de longueur sur 8 de largeur. Celte carpe était morte d'une blessure laite par un liameçon : des zouaves travaillant aux plantations voisines s'étaient livrés à la pêcbe malgré la dél'ense qui en avait été laite. Dès ce moment, par ordre de M. le général Desvaux, une senlincllc l'ut placée au l)ord de l'étang- pendant toute la durée des travaux, et l'avenir de notre tentative d'acclimatation ne fut plus compromis par cette pêcbe par trop prématurée. M. Bandel continua à surveiller avec soin le dévelo})i)ementdes poissons, et put constater que leur accroissement en longueur était d'environ 1 centimètre par mois. Pendant l'hiver de 1858 à 1859, les poissons se montraient souvent au soleil dans lestoulles de CJiara au nord de l'étang, et le 11 janvier, M. Bandel put compter une vingtaine de Carpes de 25 à 30 centimètres de longueur, soixante-dix à quatre- vingts de 10 à 12 centimètres, et une trentaine ne paraissant pas dépasser 6 centimètres ; il vit également sept ou huit gros Cyprins de 30 centimètres et une trentaine de plus petits. M. l'ingénieur en chef de Lannoy, instruit du succès de notre tentative, fit venir de Marseille, dans les premiers jours de février 1859, dix Tanches de 25 centimètres de longueur; mais trois moururent pendant la traversée et sept seulement purent être lâchées dans l'étang du djeliel Ouach, où les Car- pes paraissaient avoir déjà si bien réussi. Les eaux de l'étang du djebel Ouach devant alimenter la ville de Constantine, l'administration dut, à la suite de la sécheresse excessive de 1860, faire agrandir l'étang et augmenter le volume de ses eaux par une dérivation de l'oued Bil-Bragtz. Pour l'exécu- tion de ce travail, l'étang a été mis à sec vers la lin d'octobre, et tous les poissons se réunirent dans un bassin de 150 mètres cubes ménagé en 1856 dans la partie la plus profonde de l'étang. Le 7 novembre, ce bassin fut vidé, cl M. Bandel put recueilHr 307 Carpes variant de longueur entre 16 et iO cen- timètres (un sujet mâle en mesurait même Zi3), une très grande quantité de Carpillons, h Tanches de 8/i centimètres, ACCLIMATATION DE LA CAlil'L ET DE LA TAACllE. l'J une iiHiltitude de petites, cl environ 8/1 Cyprins destinés à être réinl('grés plus tiird dans rélang. Les plus gros de ces poissons, 307 Carpes, 25 Cyprins et h Tanches, lurent mis en réserve dans le bassin du grand marabout du djebel Uuach, contigu h l'étang, d'une contenance de 12 mètres cubes, et recouvert d'une voûte. La nuit même de celle pre- mière pèche, on chargea sur deux tombereaux tout l'alevin du bas-lbnd de l'élang entièrement mis à sec ; cet alevin l'utren- l'ermé dans ipiatorze bidons et deux grands baquets, et deux heures après il était lâché dans les eaux duHummel, en amont de Constantine, à son confluent avec le Bou-Merzoug, dans le bief du moulin Ducoiip. M. Bandel ne put évaluer (ju'a])proxi- mativement le nombre de poissons; mais en }>renanl une mesure qu'il r(3mplissait de Carpillons et déjeunes Tanches à peu près d'égale taille, et en com})tant le nombre d'individus qu'elle renfermait, il ne croit pas être au-dessous de la vérité en disant que l'empoissonnement de celte partie du Rumniel a commencé i)ar 8000 Carpes et 6000 Tanches. Jusqu'au 12 avrill86l, les poissons mis en réserve dans le l)assin du grand marabout furent nourris chaque jour avec im kilogramme de pain, et il ne mourut qu'une seule Carpe. A cette date, les poissons furent réintégrés dans l'étang agrandi et alimenté par les eaux de l'oued Bil-LUagtz. La contenance actuelle de l'étang est d'environ 50 000 mètres cubes, sa profondeur de il"', 50, et ses berges sont réglées en pente douce. M. Bandel a depuis cette époque constaté la multiplication des jtoissons dans l'étang, et il a vu de l'alevin de près de 7 centimètres de longueur. Depuis l'empoissonnement du Uummel par la ijuantité considérable d'alevin «{ui avait été conlié à ses eaux, les Car- pes et les Tanches y .sont journellement poursuivies par la ])èche à la ligne et au filet. 11 serait de la plus grande impor- tance que les mesures réclamées par M. l'ingénieur en chef de Lannoy (1) fussent prises pour empêcher cette pêche pré- (1) Al. l'ingéniour on chef de Lannoy demande l'iiilordiciion de la pèche cnU'c le ravin tM la borni" n" 'J de la roule de .Sélil' .sur le lUnnmel, cl entrcle coalluenl du i3ou-Mci"zoug et du lUuuniel et le moulin Lucet. 20 SUCIÉTÉ IMI'ÉUIALE ZOULOGluL'E d'acCLIMATATIUN. niatiii'éc (lui iioiirrail coiiiproiiieltn' les résiillals (|iie luut donne lien d'espérer. Pour compléter riiistoriqne des lentatives d'aeelimalalion de Poissons dans les eaux du djebel Ouacli, nous devons ajouter ({ue, le 29 janvier 186'J , onze Truites de l'espèce propre à l'Algérie {Salar macroslifjtna), de 5 à 10 centi- mètres de longueur, prises dans l'oued Ahbaïch, lurent en- voyées à Conslanline }»ar les sains de M. le capitaine Cousin, commandant supérieur du cercle de Collo. Ces Truites lurent placées dans le réservoir du grand marabout et lurent enlèr- mées dans une caisse de fil de laiton d'un demi-mètre cube, placée sous le jet d'un tuyau ; elles lurent nourries avec de la viande crue hacbée. Mais la caisse s'étant disjointe, les petites Truites s'écliappèrent dans le réseivoir où elles lurent soumi- ses à des conditions aussi peu favorables (|ue les autres poissons accumulés dans cet étroit (^space. Aussi le 12 avril, lorsque le réservoir fut mis à sec pour réintégrer les poissons dans l'élang-, on n'en trouva que h vivantes. Cet essai, malgré son Insuccès partiel, dû évidemment aux circonstances défavora- bles dans lesquelles il s'est produit, n'en est pas moins d'un bon augure ])Ourdes lentatives ultérieures; il y a tout lieu de ci'oire que le Salar macrustignia, et peut-être notre Truite de France, pourront prospérer dans la pbqiarl des cours d'eau de la r('gion montagneuse (i). 11 me paraît résulter de la manière la plus évidente, des faits que je viens d'avoir l'bonneur d'exposer à la Société, que l'acclimatation de la Carpe et de la Tancbe est dès mainte- nant réalisée en Algi''i'ie, et (jue ces deux espèces de poissons l)Ourront être répandues et facilement multipliées dans les eaux algériennes, moins toutefois celles qui tiennent en disso- lution une trop grande (juantilé de sel marin ou de sels cal- caires. (l) JiC s jiiillel 18G1, nous avons vu h Collo, cliez Al, le coniniandaiil Cousin, quelques jeunes triiiles algériennes (jui, depuis plusieurs mois, vivaient et se conservaient dans de bonnes conditions de vitalité, dans ui» ba(piet rcnq)li d'eaux pluviales. RÉSUMÉ SOMMAIRE DES TRAVAUX DE SËRICTCULTURE EFFECTUÉS EN 1S61, SOUS l'inspiration de la société IMPt'RlAI.E /OOLOf.lQIE d'acclimatation. Par M. F.-E. CiL'ÉR11%-inÉ\EVILLE. (Séance du 3 jnnvier 1862.) Il résulte dos documents les plus aullientiques et des termes d'un discours prononcé parS. Exe le Minisire de l'apri- culture, à l'ouverture de la session du Conseil général deTat^ri- culture, du commerce et des manufactures {Moniteur du 8 avril 1850), (pie notre sol ne produit pas toute la matière soveuse qui nous est nécessaire, puistpie nous importons pour 50 à 60 millions en soie orépe et iiioulinée. Les Vers à soie ordinaires créent, en France, pour plus de 150 millions de soie grége, valeur égale à celle de la production du sucre ou du fer. Cette soie, après avoir été soumise au travail des manufactures de Lyon, Nîmes, Saint-Étiennc, etc., acquiert une valeur de plus de 310 millions (1). Cette grande importance d'un petit animal, (jue des esprits vulgaires regarderaient avec mépris, a toujours été com|)rise parla Société d'acclimatation, et elle l'a montré constamment parla sollicitude avec laquelle elle encourage et récompense ceux qui cherchent à augmenter notre production en soie. S'il convient de placer en première ligne l'amélioration du Ver à soie ordinaire , si nous devons continuer de chercher à introduire des variétés exemptes de la terrihle épidémie (pii (1) Dans un article extrait dos lueilleurs auteurs sur ce sujet, le rédacteur de la Pairie (n" du 11 avril 1853) disait : « La création de la matière brulc a rapporté cliez nous, en 18/|0, 130 millions ; en 18/i7, 150 millions, presque aulantqiie laproducliondusucreoudu fer. Samanufarturalion rapporte, année jiioy<'nne, 160 millions : en toiil 3 310 millions, le quart de notre hudRei. » 22 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCOLIMATATION, ravage nos races nationales (le])uis liienlùl dix ans, nous ne devons pas néolifier rintrodnctioii des espèces rlrangères qni ponrraient venir en aide à noire production, (l'est dans cebnt que notre l)elle et i;rande association aide, par tous les moyens en son pouvoir, les hommes zélés, membres de la Socii'lé' ou non,(pii s'efibrcent de rem|)lir ses vues t-énércusesetvérila- blement d'utilité publique et universelle. Vers à soie ordinaires du Marier. Cetle année encore, la Société a pu distribuer gratuite- ment des oeufs de Vers à soie ordinaires provenant de sources diverses et présumées exemples de l'épidémie régnante ; et pour essayer de se rendi'e compte de la valeur de ces graines, elle a réservé des échantillons de chaque variété et en a l'ail faire l'éducation dans la magnanerie du Jardin du bois de Boulogne. Parmi les personnes qui ont participé à cette dis- tribution, très peu ont adressé, jusqu'à présent du moins, des comptes rendus de leurs essais, conformément à la de- mande qui leur en a été faite dans la circulaire accompa- gnant l'envoi des graines. Voici l'énuméralion abrégée des documents qui sont parvenus à la Société jus(iu'à présent. M'"" la comtesse de LAitÉDOYÈr.E a adressi' à la Société, comme les années précédentes, un excellent compte rendu, formant le journal de ses éducations, d'où il résulte que sa récolte a été assez abondante. Cependant ses Vers ont ('prouvé des pertes sérieuses causées par les maladies confondues sous le nom général de gattine, et pai- la muscardine, qui com- mence à reparaître depuis deux on trois ans. Ce ivlour de la muscardine est un des symplômes de railaiblissemenl de l'épidémie de la galline, ainsi que je l'ai di'jà signalé depuis plusieurs années (1). Les Vers à soie pi'ovcnanl de graines d'AriiK'nic on! l'h'" les moins atteints jusqu'à la lin de IV'ducation. lieux (pii prove- (1) (In sait (jue, pondanl los firandes ôpidi'iiiics (|iii di'solenl rosjH'cc lui- niaiiic, lollcs i\(\v le cliolrra, par (.'xciiiple, i)r('.s«((ie louies les aiilrcs maladies disparaissciil. Il m a (•h' de int'iiie dos Vers à soie depuis hicDlùl dix ans. TRAVAUX DR SÉRICICULTURE. 23 naient do l'o.nvoi do la Sociôtô ont commonci' à promcllro de bons résultats ; mais dans les deux derniers âges, la mortalité s'est développée chez eux d'une manière plus intense. En définitive, ce sont les Vers provenant de la graine d'Arménie qui ont donné le plus de cocons; mais comme ces cocons sont de qualités très inférieures, leur prix n'a pu atteindre (jue le tiers du prix ordinaire. Ce qui s'est passé chez M'"' la comtesse do Lahédoyère est malheureusement l'expression de ce qui a eu lieu générale- ment cette année. Partout certaines graines d'Orient ont donné des récoltes passables comme quantité, mais très mau- vaises comme qualité, et par suito comme produit pour l'édu- cateur. M. d'Arbalestier, l'un des plus célèbres sériciculteurs de la Drôme, a reçu des graines provenant du Japon et envoyées par lAI. Duchesne de Bellecourt. Dans une lettre, en date du 26 avril 18(51, il m'annonçait que l'éclosion de ces œuls, comme l'examen qu'il en avait fait préalablement, indiquait que ces graines avaient souflért du voyage, et il avait constaté une mortalité assez notable dés la naissance. M. Heyraud (de Yilleneuve-de-Berg), l'un des sériciculteurs les plus distingués de l'Ardôche, avait aussi entrepris l'éduca- tion des Vers du Japon. La maladie qui l'a si cruollemont enlevé, plus tard, à sa famille, à l'agriculture et à notre Société, l'a obligé de confier le soin de cette expérience à sa lille, M'" Eudoxie Heyraud, qui a suppléé son père de la manière la plus remarquable. 11 résulte du journal de cette éducation, tenu par M"'" Eu- doxie Heyraud, (pie les Vers n'ont montré aucune maladie, accomplissant l)ravement toutes leurs mues , consommant moins de feuilles que les Vers communs, et (ju'ils ont donné encore, quoique beaucoup d'œufs n'aient pas éclos, 23 kilogr. de bons cocons pour environ 26 grammes d'onifs. M. le marquis de la Tourrktte, membre du conseil géné- ral de l'Ardèche, avait reçu sept variétés de graines. Il a tenu un journal de l'éducation des Vers qui en sont provenus, et il est arrivé au résultat suivant : 2/l SOr.lKTK IMPÉRTALF ZOOLnCTOUE D Af.rLlMATATION. I" If) iiiMinmos (Illinois (''Icvrs en Italie i)ai' le. coniU.' (ias- Icliani. Insuccès complot. -1" 5 grammes d'iino j'acc de Lelkii'. Résultai nul. 3" l'ctit Turin de Touraine. Mal réussi. h" iSulgarie jaune, lionne réussite. (> grammes de graine ont donné 9'^'', 6 de cocons. . , 5° Rouniélie. Insuccès com})let. 6" Milanais l)lanes de Touraine. Bonne réussite. 7" Milanais jaimes de Touraine. Ilésultat assez satisfaisant. 10 grammes ont donm'' l()i-ii,5 de cocons. « Nous avons eu plus d'une occasion de vous confirmer par les faits, dit M. de la Tourrelte en terminant, une observa- tion (pii ne manque pas d'importance: c'est que de la graine de bonne j)rovenance transportée dans un j^ays infecté par la maladie, y subit la funeste iniluence de ré[)idémie, tandis que la même graine donne de bons n'sultats dans son pays d'origine. » Cette observation es! encon^ une contlrmalion de ce que j'ai avanc/' dei)uis longtemps, el le in'ender, en (''lablissant que la maladie végétale est ('videmment la principale cause de ré|)id(''mie des Wi's à soie. Aujourd'lini, Ions les (tbservateurs (pii apprécient la situation avec calme et conscience sont de cet avis, et quebjues-uns croient (Ukouvrir cette influence de la maladie végi'tale sur la san1<'' des Vers à soie. Madame veuve Boucarut, propriétaire à Uzès (Gard), et M. A. Boucarut, son fils, lieutenant de vaisseau, ont reçu environ 15 grammes des graines envoyées du Japon par M.' Ducbesne de Bellecourt. L'éducation des Vers provenant de ces graines a marclié très bien jusqu'à sa terminaison, et le résultat a été magniliqne, juiisqu'on a obtenu 28 kilogr. de très bons cocons, ou 50 kilogrammes à l'once, comme aux plus beaux jours de la sériciculture. Le rapport adressé à la Société, et rédig(' par M. BoucarnI, est un modèle en son genre, et il serait fort à désirer que Ton put le publier, car il renferme des observations du ]»lns grand intérêt. Un tiers de ces cocons a ('■t('' dévidf'' par les soins deM. Bon- TRAVAUX DE sÉnimcur.Trni:. 25 dot, rundos promiors lilatoiirs du fiaril, (jui n'a jamais vu, dans sa longue rarrière, de corons supérieurs, soit comme finesse de l)rin, soit comme rendement, et un bel échantillon do cette soie a été envoyé à la Sociétc\ Tu liers des cocons a été réparti entre })lusienrs éducateurs qui en ont l'ait eux-mêmes de la graine pour rann('e prochaine. Le dernier tiers a été converti en graine par M"" Boucarut, qui a constaté que les papillons étaient d'une vigueur remar- quable, et que les femelles ont donné beaucoup plus d'œul's que celles de nos races. La moitié de cette graine sera envoyée à la Société pour être distribuée en !l8(V2; l'autre moitié sera distribuée par M'"^' Boucarut. M. Boucarut n'ose espérer que cette belle sant(' des Vers du Japon se maintiendra longtemps, et il ajoute, pour justi- fier ses craintes : <( Si, comme une foule de faits et d'observa- tions nous portent à le supposer, malgré de respectables opi- nions contraires ; si, comme le croient un grand nombre d'('du- cateurs attentifs et éclairés, la maladie de la leuille elle-même est une des jirincipales causes, peut-être la cause originelle, de l'infection des Vers à soie, n'est-il pas à craindre (jue le mal ne gagne la race du Japon elle-même après un petit nombre de générations? » Il est évident pour moi que M. Boucarut est dans le vrai, car son appréciation, apjiuyée sur celle de beaucoup d'obser- vateurs praticiens, s'accorde en tous points avec ce que mes observations scientifiques etpratifpies m'ont fait reconnaître dès le début de la terrible épidémie qui ruine nos régions séricicoles, quand j'établissais, il y a déjà sept à huit ans, à la suite d'études positives laites à Sainte-Tulle et dans beau- coup d'autres localités de France, d'Italie et d'Espagne, que l'épidémie des Vers coïncidait fatalement avec la maladie des feuilles des Mûriers. M"'' Santy, propriétaire à Brignac, près Clermont (Hé- rault), dit de son é-ducation des Vers à soie du Japon : « Ces Vers ont été sains et robustes ; aucun signe de ma- kidie ne s'est rnanilesté pendant toute l'éducation; seulement 26 SOCIÉTÉ JMPÉRIALE ZOnLOGIQUE d'ACCLIMATATION. ils élaionl liMils à se mntire on appétit à la sortio des mues, mais beaux par leur couleur Ijleuàlre et leur égalité. Je voyais qu'ils n'étaient pas malades, car la muscardine, qui sévit plus ou moins dans tout notre pays, a ('"pargné les Japo- nais, Aussi ai-je essayé de faire grainer 200 grammes de ces cocons. Les papillons ont été beaux et les pontes abondantes. Si l'expérience ne m'avait prouvé que la graine faite dans le pays prend la maladie, je serais fâchée de n'avoir i)as fait grainer tous les 10 kilogrammes; mais l'an passé, j'avais un échantillon de graine de Chine, dontles Vers furent à souhaits ; j'en lis de la graine : les V(ms ont eu la gattine dès leur nais- sance, ils n'ont rien produit. » Voilà encore une observation prati(jue confirmant Ce qiie j'ai éta})li dej)uis longtemps, et prouvant que tout le mal se trouve dans l'alimentation que l'on donne aux Vers. M'"*" Bernard, née Denservon, à Pamiers (Ariége), a reçu de la graine du comice d'Alais et de celle du Japon. La pre- mière a donné des Vers qui semblaient promettre d'abord ; mais il y a eu désastre complet à l'approche de la montée. Quant aux vers du Japon, ils ont très bien réussi, pas un seul n'a été atteint de maladie. Des Vers de différentes prove- nances, (''levés avec les mêmes soins et dans la même pièce, ont tous été atteints de la gattine, et de 10 onces de ces di- verses graines M"" Bernard n'a pas eu un kilo de cocons. Ce fait jirouve une autre chose que je soutiens encore depuis l'origine de la maladie, c'est (|u'ellc n'est pas conta- gieuse. M'"' Bernard, comme tous les praticiens observateurs, a remarqué aussi que les races saines prennent la maladie. Je crois, dit-elle, qu'il est parlailement reconnu que les graines, môme étrangères, contractent la maladie a|)rès une ou deux années d'éducation dans notre ])ays. M. Millet aîné, d('put('' de Vaucluse, à Orange, a reçu de cette graine du Japon, et il en a obtenu aussi des résultats satisfaisants, ainsi qu'il nous l'apprend dans une petite note datée du 10 juin 1861. M. Nourricat, de Luncl (Hérault), a annoncé que sur les TRAVAUX DE SÉP.ICIClILTUnE. 27 Ircnle-rinq racos do Vers à soir» qu'il a oxpérimenléos cette année, une seule a résisté à la funeste influenee épizootique, et (jue cette race exceptionnelle est celle du Japon, dont la graine lui a été envoyée par la Société. Il a obtenu plus de 50 kilogrammes de cocons pijur 25 grammes d'œuf's. M. CENTLiVRES,à Passalng, a élevé des Vers provenant des graines du Japon. Les débuts ne lui ont pas d'abord inspiré beaucoup do confiance. Cependant, dit-il, toutes les phases de leur existence s'accomplirent heureusement, presque tous arrivèrent à bien et firent leurs cocons. Ils se sont montrés robustes, n'uni en aucune maladie, et ont modifié complète- ment ma première impression (|ui leur était tout à fait défa- vorable. M. Taverna (de Milan), dans une lettre très intéressante, du 17 décembre '1S61, nous fait connaître l'insuccès complet qu'ont éprouvé les Vers provennni des deux échantillons de graines d'Oldeiuich et lîeinder, provenant du comice d'Alais. (Juan! anx graines du Jajjon, pouvant former environ 20 grammes, elles ont donné des Vers doités (Vnne f/randc force vitale ; mais jtlus des trois quarts des œufs avaient péri pendant le voyage. Les Vers éclos ont été ('levés à fenêtres ouvertes, et M. Taverna a remarqué que la mortalité avait été presque nulle. L'(''ducation a marché parfaitement, elle besoin de filer se manifesta d'une manière si subite, dit-il, que c'est à peine si l'on eut le tenqis de leur fournir les moyens de se placer convenablement. M. Taverna a récolté 2^'', 891 de jolis petits cocons verdà- tres à grain fin, formant un total de 2565, ce qui l'ail à peu près le treizième de la quantité d'o'ufsque le carton por- tait. Je pense, dit-il, en terminant, que les principaux avan- tages que pré'senleni les Vers du Japon sont : 1" Oue leur (''ducation est de peu de durée (vingt-huit jours seulement) ; 2" (Ju'il faut une moindre ([uautilé de feuilles (|ue pour les autres variétés ; o" (Jue, mangeant très peu dans leui's premiers âges, on 28 sncîKTÉ IMPÉRIALE zooLoniorE b'acclîmatatîon. pouf, so liasardor à on cnltivoi- iiii pou pins lût quo los antres, et éviter ainsi les grandes chaleurs de la lin de juin ; /i" Que le rendement en soie n'est pas inférieur à celui des autres Vers, puiscju'en ayant lait dévider 2"', 108, j'ai eu 189 grammes de suie qui a ét(' jugée très belle. L'éclosion des papillons a été très satisfaisante, et l'accou- plement des papillons a moniré qu'ils étaient sains et vigou- reux et qu'ils n'oflVaient aucune trace do la maladie domi- nante. M. Taverna a adressé quelques échantillons de ces cocons et de leur soie. M. le comte Roberti (de Turin) a adressé, par l'inlormé- diaire du savant M. Barufïi, un excellent rapi»ort, d'où il résulte que les Vers nés des graines du Japon ont parfaite- ment réussi chez lui. Cependant il a observé quelques sym- ptômes de gattino qu'il a vaincus on saupoudrant ses Vers avec de la chaux mêlée de charbon. 11 a obtenu •2'^",50 {]o cocons qu'il a laissés éclore, et qui lui ont donné environ 200 orammes do graine. « Les papillons, ajoute M. Pioborli, avaient en général assez bonne mine ; mais un petit nombre avaient quehiues taches noires sur les ailes, ce qui prouvait que les Vers avaient con- tracté la maladie dominante, et que c'est la fouille du Mûrier qui la leur aurait donnée. » M. l'abbé Gualdi (de Turin) est arrivé aussi à un très bon résultat, et il a adressé à la Société des échantillons de très belle soie produite par les cocons qu'il a obtenus. Nous no terminerons pas ce compte rendu relatif aux Vers à soie du Mûrier sans demander à la Société de voter des remercîments h notre honorable collègue M. Duchesne de Bollecourt, à cpii nous devons la possession de cotte race du Japon, dont nous avons pu constater les heureux résultats. Vers à soie autres que ceux du Mûrier. Onoique les espèces étrangères dont nous cherchons à ef- fectuer l'acclimatation produisent dos soies moins belles que TKAVALX 1)K ^KlilCICULTLHt:. 29 celles du Ver à soie du Mûrier, tous les bons esprits sont d'accord pour regarder leur introduction dans les pays où elles n'existent pas encore comme une chose très utile. Par- tageant cette opinion, «jui est aussi celle de la Société, j'es- père entrer dans ses vues en consacrant ma vieille expérience et mon temps à ces travaux d'un si grand avenir pour l'agri- culture et l'industrie, et je crois être arrivé à acclimater une espèce qui entre aujourd'hui dans la grande culture. Après avoir commencé par oll'rir le Ver à soie de l'Ailanle à à S. M. l'Empereur et à notre Société, je l'ai donné ensuite à toutes les personnes (jui m'ont témoigné le désir d'en essayer l'élevage, soit en France, soit à l'étranger. J'ai été heureuse- ment secondé dans cette i)roi)agandc par la Société elle- même, qui a également fait faire des distributions de graines à ceux de ses membres (jui en ont demandé. Pour ne pas sortir des limites de ce résumé sommaire, je me bornerai à dire que, depuis la publication de mon liapport à S. M. l'Empereur (1), et de mon petit traité pratique (2), le nombre des |)ropriélaires qui se livrent à des essais })lus ou moins en grand ap[)roclie de 2000. Beaucoup ont fait con- naître les résultats de leurs essais dans divers journaux agri- coles et dans des publications isolées, dont les principales sont analysées dans un rapport détaillé que j'ai eu l'honneur d'adresser à Son Exe. le Ministre de l'agriculture, et (pie je me propose d'oiVrir à la Société, dès qu'il sera publié. Il résulte de tous ces documents que le nombre des réussites, promettant des succès agricoles pour l'avenir, est infiniment plus grand (pie celui des échecs, ce qui a déterminé beaucoup de propriétaires à faire de sérieuses plantations d'Allantes. J'ai a[)i)ris de la direction de VAilantme, association de i)ro- (1) luipporl il S. M. l'Empereur sur les iravaux eiurepris par ses ordres pour iiUroduire le Ver à soie de l'Ailantc eu France et en Algérie, grand in-8, inipr, impériale, 1861. l'rix, o Ir. 50. Paris, \. Miucliand, rue des Pcliles-Écuries, 50. ('2) Éducation des Versàsuieik' l'AHaïUccida Ricin, et caltarc des rénc- laux qui les nourrissent, iii-i2, 1801. Prix, 1 IV. 50. Paris, A. Marduuul, rue des Peliles-Écuries, 50. 30 SOCIÉTÉ IMl'Ér.lALE ZUOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. priclaires, rondéc [rdv nuire conlrère M. A. Marchand, })(iurlc dov(3loi)i)emenl. de celle nouvelle induslrie agricole, (jue le nombre déjeunes Ailanles vendus celle année s'élevait déjà à plus de 180 000 sujels, sur une demande iiui va aujourd'hui à 300 000, sans compler un nond)re peut-èlrc double que l'on s'est procuré chez les péi)iniéristes (l). Ouanl au chilïre de la graine d'Ailanle, vendue pour Taire des semis, il s'élève, pour la Société l'Ailanline seulement, à plus de 150 kilogrammes, et certainement à un chilTre considérablement plus élevé pour les marchands de graines de Paris et des départements, puis- (ju'on m'a assuré qu'un des i»remicrs en avait écoulé juscju'à 1200 kilogrannnes (2). Les recherches que j'ai dû l'aire sur l'Ailante, en vue de l'élève de son Ver à soie, ont appelé l'attenlion sur cette es- sence, demeurée jusqu'alors un sinq»le arbre d'ornement. J'ai montré les avantages ([ue l'on peut en retirer pour boiser rapidement les clairières des forêts, les landes de la Gascogne elde la Bretagne, les dunes de nos côtes, les maigres terrains improductifs de la Champagne pouilleuse et de la Sologne, et surtout les pentes incultes de nos montagnes, berceaux des inondations désastreuses, dont le gouvernement cherclie à ta- rir la source par un prompt reboisement. Aujom-d'hui, l'im- j)ulsion est donnée par le Ver à soie de l'Ailante, et il est cer- t;iin que cet arbre va rendre des services réels, même dans les localités o(i des obstacles, imprévus jusqu'à présent, enqic- cheraient l'élevage de son Ver à soie de donner des résuhats avantageux. 11 serait trop long de présenter ici la liste des nombreux agriculteurs (|ui s'uccupentj avec plus ou moins de succès, de cette nouvelle branche de l'agriculture. Je vais seulement signaler brièvement (|uelques-uns de C(!ux ({ui ont obtenu les résultats les plus concluants. (i) A 5000 piods par liectaïc, SOO 000 sujets doivent occuper une surface de IGO licdaifs. (2) Ou sait (pi'il y a 55 000 i^rainesau kilogr.. et l'on arrive, par un calcul très facile à voir, (pic 1200 kilogr. de i;raincs peuvent doiuier G(i millions de sujels susceptible;, de planter 132 000 liccl., si toutes les graines réussissaient. TRAVAUX DE SÉRICICULTURE. 31 M. le coiiiLe de Lamote-Baracé conliniKî d'occuper digne- ment la lôLe de celte liste. Il a fait encore celte année une très lielle récolte dans sa plantation d'Ailanles du Coudray- Montpensier, visitée par beaucoup de personnes, et notam- ment par le docteur Bleeker, savant hollandais, qui en avait reçu spécialement la mission de son gouvernement. Plus de 150000 cocons ont encore été obtenus par noire savant et zélé confrère. M. Leclerc (de Trye -Château) et M. Vagnon (de Saint- Marcellin) ont continué d'obtenir d'excellents résultats comme l'année dernière. M""' la comtesse de Barratan, née de Navailles, au chàleau de Maslacq, près d'Orthez (Basses-Pyrénées), a parfaitement réussi une éducation en plein air. M'"" la baronne de Castillon est arrivée au même résultai au château de laBarben, prés Pélissane (Bouches-du-Bhône), ainsi que le constate un rapport de notre savant confrère M. le comte de Villeneuve-Flayosc, ingénieur et jtrofesseur à l'Ecole iini)ériale des mines, dans lequel on lit la conclusion suivante : « Grâce aux soins de M'"' la baronne de Castillon, grâce à son empressement à accueillir cl à favoriser tous les progrès, il est donc démontré (jue l'éducation de votre Bombijx CijntJiia peut se faire dans la i)artie moyenne de la Provence avec un plein succès. » M. Léon Maurice, délégué de la Société inqiériale d'accli- matation, à Douai, dans une éducation expérimentale suivie attentivement, a reconnu que rotte espèce se nourrit égale- ment bien des feuilles de Sumac {RJnis glabra et elegcuis). Le même fait a été observé cl mentionné dans un rap|)oit spécial à la Société d'acclimatation et d'agi-icullm-e de Sicile, par M. le baron Anca, notre honorable collègue, président de cette Société. M. L. de MiLLY, au château de Canenx, par Roquefort (Landes), a exposé le Ver à soie de l' Allante, élevé en plein air, au concours agricole de Dax, et il a obtenu une médaille d'argent comme encouragement pour cette utile tentative. M. Jean Roy, officier d'administration en retraite, à Chà- ■i>: ?}'l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULUdIQUE d'aCCLIMATATIUN. lons-snr-Mariic, a ohlenii un succès scmbkil)le pdiir (^ riiili'd- » (luctioM en Champagne de la culture du Bombi/x Cipitlùa. )) Ell'oi'ls et dévouement de l'exposant })our dotci' le pays » d'une nouvelle branche de production. » M. de Baillet, maire de Saint-Germain et Mons (I)ordogne); xM. F. Blain, membre de la Société Linnéenne de Maine-et- Loire ; M. llip. MouELEET, propriélaii'c à Bourg (Ain); M. G.-O. de Laeeu, propriétaire à Nantes; M. le comte de Bondy, ancien préfet et ancien [Kiii' de France, j)ropriétaire dans le Berry ; M. le docteur Teillelx, directeur médecin de l'asile des aliénés d'Auch (Gers); M. Personnat, secrétaire de la Société des sciences natu- relles de l'Ardèchi' ; M. Maumenet, propriétaire à Nîmes, et plusieurs autres non moins dévoués aux progrès de cette nouvelle industrie agri- cole, ont fait des expériences concluantes, et ont piddié sur ce sujet des notices dont je dépose des exem})laires sur le 1)U- reau de la Société. Ces documents, et beaucoup d'autres pièces (pi'il serait trop long de mentionner ici avec le nom de leurs auteurs, seront, j'espère, renvoyés à la Gi>mmission spéciale avec le présent rapport. A l'étranger, des travaux analogues ont été elfectués. Je dois signaler un grand mémoire de M. Adolf Ott, de Zurich, dont l'auteur a adressé plusieurs exemplaires à la Société; des rapports et lettres de M. Gross, de Grunninguen ; de M. Barbosa du Bocage, directeur du Musée d'histoire natu- relle de Lisbonne ; de M. E. Cornalia, professeur de zoologie à Milan ; de M. Beymondi, à Monza ; de M. Jacques Baumgart- NER, de Lœrrach, grand-duché de Bade; de M. Van West- MAAS, de Yelp ; de M. N.-II. de Graaf, de Leyde; de lady D.-V. Nevill, de Dagstein-Petersheld, en Angiehnre, etc., etc. Mais ce qui couronne l'ieuvre de la manière la j)lus heu- reuse, en promettant de donner une plus grande valeur aux cocons de l'Ailante et des autres espèces à cocons naturelle- ment ouverts; ce (jui va ellacei' la dilléri.'nce (p.ii avait existé TRAVAUX DE SÉRICICULTURE. 33 jusqu'à présent entre eux et ceux du Gliène, c'est la décou- verte qui vient d'être faite presque simultanément par deux personnes, à Paris et en province, d'un moyen de dévidage de ces cocons ouverts. Depuis quelques semaines déjà, M""' la comtesse de Ver- néde de Corneillan m'avait annoncé qu'elle était parvenue à dévider les cocons de l'Ailante par un procédé applicable dans la jiratique industrielle, mais elle ne m'avait pas montré d'échantillons de ces soies grèges qui avaient été soumises [lar elle à M. le professeur Alcan. Plus tard, et toutrécemment, un autre chercheur, M. le doc- teur ForgeTnol, de Tournan (Seine-et-Marne), venait me montrer des flottes de soie grége ou continue de la plus grande beauté, et il mêles confiait pour les présenter à la Société et aux autres Compagnies savantes de Paris , après les avoir soumises aussi, conformément à mon désir, à l'examen de M. le professeur Alcan. Tous nos confrères ont pu admirer les grèges obtenues par M. Forgemol avec les cocons de l'Allante, et avec ceux de di- verses autres espèces, telles que les Bombyx Arrimlia ou du Ricin, les Bombyx Aurota, spéculum, Cecropia., Prometlœns Sclene et Hcspenis, (ino j'ai pu lui fournir pour ces intéres- sants essais ; et ces mêmes flottes ont été mises sous les yeux des membres de l'Académie des sciences, dans sa séance du 30 décembre 1861. Je crois que cette belle découverte, dont la propriété est garantie aujourd'hui aux inventeurs par des Ijrevets, mérite toute l'attention de notre Société, et qu'efle accueillera favo- rablement la proposition que j'ai l'honneur de lui faire de ren- voyer son examen plus approfondi à sa Commission spéciale. Depuis longteiiqis quelques fdeurs de soie ordinaire s'oc- cupaient de chercher les moyens de dévider les cocons ouverts, mais comme ils désiraient garder encore le silence sur ces tentatives, je n'en avais rien dit jusqu'à présent. Aujourd'hui même (3 janvier 1861), je reçois une lettre de l'un d'eux, M. Gauthier, de Chabeuil (Dronie), (jui me témoigne toute la satisfaction qu'il a éprouvée en aiqjrenaiit que ce problème T. IX. — Janvier et Février 18G2. 3 3/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. clait résolu, et qui ajoute ceci : « Il ne nous reste plus, dites- vous, que d'assembler les brins de grége par une torsion pour en former un fil solide; à cet égard, je puis compléter vos espérances, puisque j'ai le moyen de tordre ensemble à la bas- sine autant de brins de cocons que l'on voudra en dévider, et cela dans la même opération, en les filant. » Cette année encore, des éducations de métis des Vers à soie de l'Allante et du Ricin ont été continuées par la Société et par beaucoup de ses membres dans divers pays, et elles ont donné des résultats très curieux. C'est grâce à l'extrême obligeance de notre bonorable con- frère M. le comte de Vega-Grande, propriétaire aux Canaries, (jue nous avons retrouvé le Ver à soie du Uicin de race pure. Il a bien voulu nous faire successivement deux envois de cocons vivants de cette espèce. Il les avait fait end)aller avec un soin et une intelligence que je ne saurais trop louer, en sorte que les papillons, tous éclos pendant le voyage, ont pu se féconder et pondre dans ces caisses, et que les œufs y ont même éclos. L'une d'elles est arrivée à Paris avant que toutes ces chenilles fussent mortes, et j'ai pu, quoique à grand'peine, sauver assez déjeunes Vers pour nous faire rentrer en possession de cette intéressante espèce. Quoique l'élevage de ce Ver à soie du Ricin soit peut-être impossible en grande culture en France, il réussit parfaite- ment dans les pays plus chauds, dans ceux où le Ricin ne gèle pas l'hiver, comme l'a si heureusement démontré M. de Vega- Grande. Il a récolté ainsi un grand nombre de ces cocons qu'il a envoyés en France pour les faire convertir en étoffes, et il est probable que son exemple sera suivi avec non moins de succès en Egypte, en Algérie, en Corse et dans quelques ré- gions nu'ridionales de l'Italie. Je crois donc qu'il convient de signaler aussi les travaux de M. le comte de Vega-Grande à votre Commission. Si la découverte d'un procédé de dévidage en soie grége des cocons naturellement ouverts fait disparaître l'inégalité qui existait entre leur valeur et celle des cocons fermés des trois espèces de Vers à soie du Chêne ^ nous ne devons pas moins TRAVAUX DE SÉniClCULTUKE. 35 cliercliur à introduire et à acclimater ces espèces, dont l'éle- vage en j)lein air donne, dit-on, des résultats très avantageux dans l'Inde, dans le nord de la Chine et au Japon. Cette année, nous avons reçu de M.Duchesne de Bellecourt, consul de France au Japon, des œufs d'un Ver à soie de ce j)ays, appelé Yama-mài. Par suite de circonstances indépen- dantes de ma volonté et qu'il est inutile de rappeler ici, l'édu- cation des Vers provenant de ces œufs a été complètement manquée. Cependant un seul individu, placé dans d'autres conditions, a donné un cocon et un papillon, ce qui m'a per- mis de reconnaître là une magnifique espèce nouvelle. J'ai fait connaître l'histoire naturelle de ce nouveau Ver à soie du Chêne, que j'ai appelé Bombyx yaina-maï (1). J'ai pu joindre trois helles planches coloriées à ce travail, car des figures sont indispensahles, quelque coûteuses qu'elles soient, quand il s'agit de fixer les caractères d'animaux inférieurs d'une si grande importance. Il résulte de ce travail que le Ver à soie sauvage du Japon peut très bien vivre sur les Chênes de nos forêts, et qu'il donne une soie beaucoup plus belle que celle des deux au très espèces. Ilaété écrit à M. Duchesne de Bellecourt, et à diversEuropéens résidant au Japon, pour leur demander de nouveaux œufs de cette belle espèce, et il faut espérer que nous obtiendrons bientôt ce Ver à soie qui sendde devoir s'acclimater facilement chez nous. Je dois rappeler à la Société, avant de terminer ce résumé, les travaux remanjuables de M. Michély, de Cayenne, qui ne cesse de se dévouer à l'introduction de l'industrie de la soie dans cette colonie. Il nous a envoyé à plusieurs reprises des cocons vivants du Bombyx Ilesperus, mais leur éclosion a eu lieu en France, jusqu'à présent, à des époques où toute végé- tation est arrêtée. Notre savant et si dévoué confrère M. le doc- teur Sacg, de Wesserling, nous a récemment annoncé un fait des plus curieux relativement à cette espèce. lAl. Michélv a reconnu que sa chenille se nourrit parfaitement des feuilles de FAilante, et qu'elle se développe mieux sur cet arbre que sur (i) Revue et Magasin de zoologie, 1861, p. /(02 cl hoô. pi. 11, 12, 13, 36 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQUE d'AGCLIMATATION. Ja plante (le Cale diable) dont elle se nourrit à l'état sauv.age. Cette découverte a un grand intérêt au point de vue de la zoologie et de l'acclimatation (voyez au Bulletin^ t. VIII, no- vembre 1861, p. 563, le passage de la lettre de M.Micbély. La Société n'oubliera pas non plus tout ce qu'elle doit au zèle et au dévouement de M. Perrottet, membre honoraire à Pondicbéry, qui n'a cessé, jusqu'cà présent, de nous envoyer des cocons vivants des Bombijx Mijlitta et Selene. Si nos ten- tatives d'acclimatation de ces espèces sont demeurées encore inlructueuscs , nous ne devons pas moins rendre grâces à M. Perrottet des efforts et des dépenses qu'il a faits et des peines qu'il s'est données pour nous procurer à plusieurs reprises des sujets vivants de ces deux espèces. Dans ce résumé, déjà trop étendu et cependant bien incom- l)lel, j'ai été obligé, pour ai)réger, d'omettre la citation du nom de beaucoup de personnes qui ont rendu de véritables services à l'acclimatation des Vers à soie. J'espère qu'elles me pardon- neront, en reconnaissant que c'est le défaut d'espace qui est la seule cause de ces omissions, car tout le monde sait (jue nous sommes heureux etliersdes travaux et des succès de nos con- frères, puis(jueces succès font la véritable gloire de la Société impériale zoologique d'acclimatation. SUR LE CLIMAT DES COTES DE BRETAGNE SUR LES AVANTAGES QUE PEUVENT PRÉSENTER CES CONTREES POUR DES ESSAIS D'ACCLIMATATION. LETTRE ADRESSÉE A M. PROUÏN DE MIUYS, Vice-Président de la Société d'acclimatation, Par M. H. BAL DE. (Séance du Conseil du 26 septembre 18G1.) A bord du Chamois, rade des Basqm^», le 20 juillet 1S6I . Mon très honoré confrère, Noire navigation autour de la Brelagnca été beaucoup plus rapide que je ne comptais ; je n'ai pu qu'entrevoir quelques- unes des questions que je me proposais d'étudier, et je ne rapporte guère que le prograiiune de mes travaux ultérieurs. J'ai recueilli peu d'observations qui puissent intéresser la Société d'acclimatation : je vous les soumets, toutes superfi- cielles qu'elles sont , et vous en ferez , s'il y a lieu , usage dans l'occasion. Nous ne sommes point allés à File d'Ouessant; mais j'ai eu l'occasion de m'assurer que la race de Moutons de cette île, dont je vous ai parlé, est la même qui se trouve sur les par- ties correspondantes de la terre ferme, et notamment à la presqu'île de Camaret. Elle se dislingue par la grossièreté de sa laine et la délicatesse de sa chair, et doit ces deux carac- tères aux vents violents par lesquels elle est continuellement battue sur une terre absolument dépourvue d'arbres, et aux plantes salines dont elle fait sa nourriture. Transplantée au bois deBoulogne, elle y serait au moins aussi dépaysée que les ceps de la Bourgogne dans les jardins de Louis XIV ; en chan- geant de conditions d'existence, elle changerait de nature, et la Société perdrait son temps à vouloir faire sous les murs de Paris des Moutons de pré-salé. Elle a des oltjets plus impor- tants à considérer sur la côte de Bretagne. 38 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. La Bretagne est profondément soumise à l'infïiience de la mer (jui la baigne, et cette influence est nafiirellcment beau- coup plus manjuée sur le rivage ({ue sur la région montueuse de rint(''rieur. Le Gulfstvcam., qui, traversant en cliemin la zone torride, rapporte du golfe du Mexique en Europe liuità neuf degrés de cbaleur de plus que les eaux de rAtlanti({ue qu'il traverse, embrasse la presqu'île de Bretagne et lui verse à profusion les vapeurs tièdes que les vents d'ouest enlèvent sans cesse à sa surface. De là vient l'élévation de température comparative des hivers de cette province, et de là viennent aussi les brumes ordinaires qui, l'été, s'interposent entre le sol el les rayons du soleil. Il résulte de là (ju'en présentant une température moyenne qui ressemble fort à celle des provinces situées sous le même parallèle, elle en diffère beaucoup dans ses extrêmes: les hivers sont ici tempérés plutôt que froids, etles étés tièdes plutôtque chauds. Ces circonstances affectent fortement la marche de la végétation : aussi voit-on en pleine terre, sur la côte, les végétaux du Midi qui redoutent le froid, es mûriers, les myrtes, les figuiers, les orangers; seulement, ils n'y trouvent pas ce coup de soleil qui est nécessaire à la maturité de leurs fruits ; le bois, les branches, les feuilles poussent vigoureusement, mais là s'arrête la fécondité; on n'obtient que peu de fruits effort peu de graines. Au printemps, le développement des légumes est très précoce ; il se ressent de l'avance prise en hiver, et c'est ainsi que le voisinage de Brest donne tant de primeurs : l'été, au contraire, toutes les productions sont arriérées, et quand vient l'arriôre-saison, le temps et la chaleur manquent pour la fructification. Je m'abuse beaucoup ou ces circonstances climatériques ouvrent un vaste champ aux entreprises d'acclimatation, et je n'hésite pas à vous proposer d'engager le bureau de la Société à entrer à ce sujet en relation avec les personnes et les éta- blissements voués aux progrès de la culture en Bretagne. Sur la partie scientifique de la question, je me saurais mauvais gré de ne pas vous signaler le jardin botani(]ue annexé à l'hôjiilal de la marine de Brest, el M. Bougam, jardinier en clud', dont le zèle el le savoir sont faits pour donner aux agriculteurs 0 - CLIMAT DES CÔTES DE BRETAGNE. 39 pratiques les lumières les plus précieuses. Le jardin, quoique exposé à l'ouest et élevé de plus de 80 mètres au-dessus du niveau de la mer, donne une mesure de ce qu'il est permis d'attendre du climat de la Bretagne : on y voit en pleine terre, entre beaucoup de végétaux dont l'énumération serait significative, un olivier semé à Brest et âgé d'une vingtaine d'années au moins, des bambous, le palmier nain qui est le fl(?au des défricheurs algériens, et de jeunes Wellington/a f/iganteade la Galirornie,cet arbre colossal dont la tête s'élève à plus de 100 mètres et dont le tronc atteint souvent une cir- conférence de 25 mètres. Les espérances à fonder sur le cli- mat de la Bretagne pour l'acquisition de végétaux, et particu- lièrement de bois utiles à notre pays, sont d'autant plus étendues, que Brest n'est pas le lieu le mieux choisi pour les réaliser. La seule inspection de la carte du pays suffit pour le faire concevoir ; la presqu'île a deux revers, l'un septentrio- nal, l'autre méridional, et la diflcrence des expositions ne peut manquer de produire des elTets très considérables : on les ressent d'une manière très marquée au passage du Baz de Sein : on croirait, à la température, en franchissant cinq ou six milles, avoir traversé plusieurs degrés de longitude. La plus chère ambition de la Société d'acclimatation, vous l'avez vous-même proclamé, est de mettre à la portée de tous les choses bonnes qui ne sont encore que le partage de quel- ques-uns. A se placer à ce point de vue, l'île de Jersey oflre un tableau très encourageant des résultats qu'il est possible d'attrindre en Bretagne. Une étroite analogie règne entre la nature des terrains et le climat de ces deux contrées, et fout ce qui est praticable dans l'une l'est également dans l'autre. L'île normande, dont les habitants suivaient, il y a finit cents ans, leur duc à la conquête de l'zVngleterre, nourrit 56 000 âmes sur une étendue de 12 600 hectares, et la pro- priét(3 y est par conséquent fort divisée : il a lallu demander à la perfection de la culture ce que refusait rexiguïté du ter- ritoire, et une population éminemment intelligente s'est par- ticulièrement appliquf-e aux soins des jardins et des vergers. Il faut avoir séjourné à Jersey pour se faire une idée de ce liO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.îQrE d'aCCLIMATATION. qu'on est parvenu à y produire, en l'ait de qualité et de quan- tité, en fruits qui semblent laits pour d'autres latitudes, tels qu'abricots, pèclies, raisins. Je ne parle pas des pommes et des poires qui sont très sujjérieures à celles de la côte voisine de Normandie; ce sont des fruits indigènes et l'on n'a eu besoin que de les perfectionner sur place. Pour les autres il a fallu une véritable acclimatation, et l'on est arrivé, par une longue série d'observations et de pratiques judicieuses, à pétrir, à créer des espèces appropriées à une température pour laquelle elles n'étaient point nées. Nous avons deux moyens d'en faire autant en Bretagne : l'un est de créer nous-mêmes des espèces; l'autre est d'en emprunter de toutes faites à nos an- ciens compatrioles. Le premier serait plus glorieux, le second plus sur et plus rapide, et le plus raisonnable serait de les employer tous simultanément. Je me bornerai cette fois à vous soumettre ces oljservations superficielles. Dans la course dont je vais toucher le terme, je n'ai guère pu faire que la récapilulation des choses que j'ai besoin d'étudier en Bretagne, et quand j'explorerai par terre les rivages que je viens de côtoyer par mer, j'exécuterai peut-- être un peu moins mal vos instructions. Veuillez agréer, etc. II. Baude. STR LE SCHINUS MOLLE, POIVRIER D'AM1^:RIQUE, Par Ifl. n. PHILIPPE, JarJinier en clief du janliii botanique de la marine de Paiiit-Mundrior. (Séance du Conseil du 8 novembre 18GI.) Je deniandp à l.i Société la permission de l'entretenir d'un arbre du Pérou qui présente un véritable intérêt, et que j'ai répandu en assez grand nombre dans notre établissement de botanique : yz'es.i le Schinus ?)ioi/e, Lin. (Schinus mou, Poivrier d'Améri(|ue ou faux Poivrier), appartenant à la fa- mille des Térébintbacées. Avant la transplantation, en 1850, de l'ancien jardin de botanique à Saint-Mandrier, on ne voyait dans cet établisse- ment, comme dans le rayon de Toulon, que quelques rares spécimens de cet arbre élégant, lesquels, à cause de leurs ra- meaux tïexibles et pendants, étaient tous placés contre des murs, palissades, etc. Ne voyant pas là une raison majeure pour continuer à élever notre arbre dans une pareille situa- tion, et désirant, d'ailleurs, créer un ombrage salutaire à la plupart de nos plantes intertropicales, trop exposées pendant les mois de juillet et août à l'action de notre soleil presque torride, je plantai, il y a sept ans, à distance convenable, en pleine terre, dans le carré réservé pour celles-ci, en été, une trentaine de jeunes Schinus, qui, après un an de semis, avaient alors, en moyenne, 1 mètre de hauteur. A dater du moment où ils ont quitté leurs pots pour la pleine terre, ceux- ci ayant végété vigoureusement, j'ai, au fur et cà mesure que leurs branches et leurs rameaux latéraux s'allongeaient, prati- qué lepinceraent des extrémités de ces rameaux, dans le but de donner la forme pyramidale à nos jeunes sujets, qui, dans peu de temps, s'étaient admirablement prêtés à cette forme; mais, après] leur quatrième année de pleine (erre, leur végétation /|2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLIMATATION. était devenue tellement forte, que les branches de la base de leurs troncs ayant trop envahi l'espace réservé à nos susdites plantes intertropicales, je fus oi)hgé de les supprimer du col- let de la racine à 5 mètres de hauteur à peu près, et, par con- séquent, de détruire en partie leur forme pyramidale. Quoi qu'il en soit, leur force végétative n'ayant fait qu'augmenter depuis ce moment, ils sont arrivés aujourd'hui k la hauteur moyenne tle G'", (50, et la moyenne de la circonférence de leurs troncs, à 1 mèlre de la base, est de 55 centimètres. Leur forme actuelle ((pii est d'ailleurs leur forme naturelle) est celle d'un élégant saule pleureur. De sorte que ces jeunes Poi- vriers, qui, comme je l'ai dit, avaient 1 mètre de hauteur lorsque je les ai placés dans la condition sus-indiquée, ont acquis, après sept ans de pleine terre, les dimensions que je viens de donner, et sont, ainsi que quelques autres, qu'en même temps j'ai répandus dans l'établissement, les plus beaux spécimens qui existent à l'air libre dans le dé])artemenl du Var. Grcàce à leur force végétative et h leur port élégant et gracieux, ceux-ci concourent puissamment à l'ornement de notre jardin. Mais là n'est pas leur seul mérite; il consiste aussi dans la propriété des fruits, drupes, que produisent les sujets femelles de cet arbre dioïque. En effet, après en avoir moi-même fait l'expérience, j'ai acquis la conviction que ces drupes ou grains pourraient être avantageusement utilisés comme condiment et comme succédané de ceux du Poivrier de l'Inde (Pipci' nigrum, L., Pipei' aromaticum, Lamk.). On peut, d'ailleurs, se faire une idée du produit de cet arbre, d'après la simple donnée ci-après : Sur les trente jeunes Schimis qui, en JS5/i, ont été placés en pleine terre dans le carré de réserve de nos plantes inter- tropicales, il s'y est trouvé quatorze sujets femelles qui, ayant commencé à fructifier trois à quatre ans après, ont, cette année, produit de 12 à 13 kilogrammes de grains (1). D'où il résulte que chaque sujet femelle, placé en pleine terre, après (1) Coiix-ri ont -I peu près la forme et le volume de ceux du l'oivrier indien, mais ils sont plus légers. SUR LE POIVRIER d'aMÉRIQUE. /i3 un an do semis, peut, au bout de huit à neuf ans, produire sous notre ciel à peu près 1 kilogramme de grains. Pour obte- nir une abondante récolte de ce condiment, il suffirait donc de multiplier notre arbre sur les points abrités de nos dépar- lements les plus méridionaux, tels que ceux du Var et des Alpes-Maritimes. Aussi est-ce dans ce but que, depuis quelques années, je répands le plus de graines possible. En résumé, notre arlire, comme je l'ai dit, réunit la pro- priété économique à sa qualité essentiellement ornementale. En outre, si, comme chez les Pistachiers de la même famille, la sécrétion résinoïde blanche qui se concrète sur toutes les plaies que l'on fait à l'arbre était susceptilUe d'être utilisée, on comprend qu'elle augmenterait d'autant sa propriété éco- nomi(pie. • Enfin, ])ien que la particularité (peu importante d'ailleurs) propre aux feuilles de notre Schhms soit déjà plus ou moins connue, je crois cependant devoir la mentionner ici. Lors- qu'on rompt en deux ou en un plus grand nombre de fragments les folioles de l'arljre, quand il est en pleine sève surtout, et qu'on les place à la surface d'une eau claire, elles effectuent immi'diatcment de prompts mouvements de recul demi-cir- culaire, de zigzag, etc., occasionnés, sans doute, par l'huile essentielle qu'elles comportent, et qui s'en échappe dés qu'elles sont en contact avec ce liquide. J'ajoute que cette huile essentielle, en se répandant sur l'eau, colore momenta- nément la surface de celle-ci en bleu, violet, etc. J'ai pensé que ces renseignements pourraient avoir quelque intérêt pour notre Société, et je serais heureux (juc hnir pu- blication eû( pour résultat d'attirer l'attention sur le mérite d'un arbre dont je ne saurais trop recommander la pr(q)a- uation. Cl LTURE DE LA CHVFA {Cyppriis pscnlentus). Par !tl. José MARIA DE mURGA. (Séance du 20 décembre 1861.) La Clîufa vient sponlanément dans les terrains humides et légers des provinces méridionales de l'Espagne, où elle se multiplie avec une extrême rapidité. On la cultive dans divers cantons de Valence et de Murcie, qui, on peut le dire, appro- visionnent presqueexclusivement toute l'Espagne de ces tuber- cules, dont il se lait une grande consommation pendant l'été. On la sème à la lin de juin ou au commencement de juillet dans les terrains qui ont déjà donné une récolte, en choisis- sant toujours de préférence ceux qui sont légers et sablon- neux, (juoique les terres plus compactes puissent aussi en produire, mais moins abondamment. On la sème, comme les pommes de terre, dans des trous à distance d'un pied les uns des autres, en les couvrant d'une couche épaisse de deux ou trois doigts. Au bout de cinq ou six jours, les premiers germes commencent à se montrer, et alors, si cela est possible, on les arrose largement pour qu'ils se développent avec plus de rapidité. En septembre, on commence avoir les petits épis des fleurs, qu'il est bon de couper avant que les graines soient formées ; opération qui augmente les dimensions des tubercules, dont on peut faire la récolte vers le milieu d'octobre. Cette récolte est très facile. On emploie des enfants pour l'opération la plus embarrassante, qui est la réunion en gerbes des plantes pro- venant de chaque trou. Cela fait, on dégage avec la pioche les tiges de la terre qui les entoure, et en tirant les gerbes avec la main, on enlève les tubercules lixés à la racine ; on les secoue, et l'on achève de les nettoyer en les passant au crible ; puis on les lave et on les sèche, ce qui leur fait perdre un tiers de leur poids. Lorsqu'on veut se servir des Chutas, soit comme aliment, soit pour en faire de l'orgeat, il faut auparavant les laisser dans de l'eau pure pendant douze heures. COMPTE IlENDU DE LA. SITUATION DU JARDIN D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE au 1" décembre 1861. Par M. le D' RLFZ DE LATISOIV, directeur. (Séance du 6 décembre 1S61, Messieurs, Au moment où vous reprenez vos travaux, j'ai pensé qu'il vous serait agréable d'avoir rpielqucs renseignements sur la situation et le mouvement du Jardin zoologique, dont le plus beau titre sera toujours d'être l'école de l'enseignement et des expériences de la Société impériale d'acclimatation. Le Jardin, depuis le jour de son ouverture, 9 octobre 1860, jusqu'au 1" décembre 1861, a reçu ;^06 077 visiteurs. Le Jardin aaclieté (y compris son fonds primitit d'installa- tion) pour 9'2 932fr. d'animaux divers. Il en a vendu i)Our 3(5 ?>'2'2 t'r. Parmi les produits, les œuls ont donné 99/i(3 fr. Les plumes d'Autruche et autres, 325 IV. Les plantes et graines, 5Zi9.1r. Dans ce dernier article ne sont point comprises les ventes des belles plantes exotiques de M. Linden, l'ermier des grandes serres, ipii doivent faire du Jardin /,oologi(iu<' le premier marché d'horticulture de l'Europe. Tels ont été les résultats des ([uatorze mois d'exploitation depuis l'ouverture du Jardin. Vous pouvez, d'après ce tableau, vous faire une idée de la manière dont le Jardin zoologiqne, durant celte ])remière année, s'est applique à remplir sa principale condition d'exis- tence, qui est de n'-pandre dans le public, avec le concours et sous la direction de la Société d'acclimatation, toutes les espèces animales ou végétales qui sont ou qui seraient nou- Ii6 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION, vcUcinont introduites en France et paraîtraient dignes d'in- térêt, par leur utilité et par leur agrément (art. 2 des statuts établis par vous), D'ajirès le chiffre vraiment considérable des ventes, qui n'est pas encore celui des demandes, car nous n'avons pu satisfaire à toutes ces dernières, il est facile de juger, dés cette première année, comljien un pareil établissement répon- dait à un besoin public. L'affluence des visiteurs qui sont venus voir dans les jiarcs et dans les volières le nombre et la variété des espèces dont l'acclimatation peut s'enrichir, nous fait espérer que le goût des essais pareils se propagera de plus en plus ; et que les années suivantes, alors qu'il nous aura été possible de nous assurer des relations avec tous les points du globe, l'impor- tance de nos achats et de nos ventes ira en augmentant. 11 nous a été fait aussi des dons très nombreux, qui sont à la fois un encouragement et une preuve de plus que l'institution du Jardin zoologique a été généralement bien comprise. Dans chacun des bulletins mensuels que publie le Bulletin de la Société, nous avons pris soin de vous faire connaître le nom de nos généreux donateurs. Dans ce môme bulletin, il est aussi donné connaissance des naissances qui ont eu lieu. Vous avez vu que presque toutes les espèces, mammifères ou oiseaux, nous ont fourni de leurs produits. Nous vous rappellerons, entre autres, les Yaks, les Lamas, le Guanaco, la Biche d'Aristote, les Biches Axis et Cochons, etc. Les Lophophores, les Cygnes noirs, les Faisans mélanotes, les Paons, etc., et les autres espèces qui méritent moins d'être mentionnées. Il est donc prouvé que toutes les espèces qui sont au Jardin peuvent, se propager facilement. Nous ne vous avons point caché le chiffre de la mortalité, parce que nous pensons que, dans toute (mtreprise d'acclima- tation, ce chiffre est capital à connaître, afin de savoir ce que coûtent les résuUats obtenus. Tout le monde sait, par l'expé- rience du passé, que, qui dit acclimatation, doit entendre efforts, sacrifice, persévérance. L'acclimatation est comme SITUATION DU JARDIN d'ACCLIMATATION. l\7 tous les conquérants , elle ne réussit qu'au détriment de la vie de beaucoup d'autres. Vous savez par de trop nombreux exemples ce que coûte toute acclimatation d'hommes. Eh bien ! si l'on pouvait, dans une semblable question, se prononcer d'après la courte expérience d'une seule année, après ce qui vient de se passer au Jardin zooIogi(|ue, dans la campagne de 1860 à 1861, je dirais, en établissant la couqia- raison, sous le rapport du nombre seulement, que Facclima- tation des animaux est infiniment moins coiàleuse que celle des hommes. 11 est peu de pays où un nombre d'hommes nouvellement introduits, égal à celui des animaux étrangers reçus dans le Jardin, n'aurait coùt('' plus d'hommes qu'il a coûté d'animaux au Jardin. Cette vérité trouve sa confirmation dans h'S r('sultals géné- raux de l'histoire. En comparant les hommes ou les animaux exotiques acclimatés dans n'importe (|uel pays, quel est celui où, pour atteindre ce résultat, la i)ropurtion des hommes qui ont dû payer le tribut n'ait jias toujours dépassé annuelle- ment celui des animaux. Indépendamment des causes de mortalité qui sont particu- lières à l'honmie, il n'est pas douteux que tous les animaux supportent mieux que lui le changement de climat et les in- tempéries des saisons. Durant le rigoureux hiver que nous avons eu h traverser, alors que la terre était couverte déneige, et le thermomètre à —8 ou —10 degrés, j'ai été étonné de voir combien les animaux venant des climats chauds, IIoccos, Marails, Colombi-gallines, etc., avaient supporté cette froide température. Seulement, aux jours de soleil, on les voyait en rechercher les rayons et s'y é^taler avec volupté. Mais il est certain que ni pendant l'hiver, ni pendant l'été, nous n'avons eu d'épizooties, ni aucune de ces maladies qui, par leur répétition, auraient pu être considérées comme tenant à telle ou telle saison. Il me semble (jue la mortalité du Jardin a été en raison de sa population. J'avoue cependant (ju'il serait difiîcile de dire Û8 SOCIÉTÉ I.MFÉUIALE ZOOLUl.KjLE d'ACGLIMATATIUN. si ollu a clé au delà ou en deçà de ce qu'elle aurait dû (îlre normalement; car, pour établir une pareille comparaison, les éléments manquent. Personne ne saurait dire, à l'heure qu'il est, quelle est la mortalité normale des mammifères et des oiseaux en France. Si l'on pouvait défalquer le problème de l'acclimatation des animaux des inconvénients et des ennuis de la captivité où l'on est oltligé de les tenir, je crois (jue les ri'sultats seraient encore bien [tins avantageux. Or, cet avantage peut être mé- nagé par les acclimatateiirs (jui possèdent des enclos jjIus vastes (jue ceux dont nous pouvons disposer, et qui ne se livrent qu'à une seule sorte d'acclimatation. En somme, les limites de la possibilité des acclimatations se sont, pour moi, durant cette première année, prodigieusement étendues, et j'en suis présentement à cette pensée, que tous les animaux, comme l'homme, sont acclimatables sous tous les climats. Outre les mammifères et les oiseaux, nous avons eu aussi en exercice une magnanerie, un rucher, un aquarium et un jardin d'essai. Je dois donc vous dire quelques mots de ces diverses exploitations, vous renvoyant aux bulletins mensuels jiour de itlus amples détails sur chacune d'elles. Il a été fait plusieurs éducations des ditïérentes espèces de Vers (anciens et nouveaux) dont la soie peut être recueillie et appliquée aux usages de l'homme. Vers à soie du Mûrier, graines provenant de divers pays. Je vais faire passer sous vos yeux les soies obtenues. Re- marquez surtout les belles et fortes soies provenant des graines envoyées du Jajion par M. Duchesne de Bellecourl. Vers à soie du Ricin, de l'yVilante, du métis de rx\ilante et du Ricin, et du Cecropia. La graine de ces différents Vers a été recueillie et conservée avec soin. Déjà nous avons pu en donner à plusieurs des membres de la Société (|ui nous en ont fait la demande. Une éducation du Ver du Ricin sera continuée au Jardin, avec le concours de la Sociéti' im})ériale, pendant l'hiver de cette année, et nous espérons (pie cette belh; race ne se per- dra plus, cdumieil est arrivé précédemment. SITIAÏKIN Itl .lAlllilN It'ACGLI.MATATIU-N. /|0 (Jiiiiiil à l'A(niariiiiii et au lluclicr, vous ave/, pu les \oir. Le Rucher est. olTert à ses lecteurs par M. llaiiiei, professeur d'apicullure, dans le dernier traite qu'il vient de publier sur les Abeilles, coniine un des inudèles du genre. L'A(|uariuni, par la nouveaub'' et le pittoresque de sa dispo- sition, reroit raj)[)r(»hali(in de Ions ceux qui le visitent. S'il ne parait pas iiiwni d'autant d'animaux qu'on pourrait le désirer, c'est (ju'il iaiil l'aide du temps pour Taire des collec- tions curieuses, et que les A(piariums, par rapport au nombre età la dimension des poissons qui peuvent y vivi'e, exigent des conditions (ju'il faut observer si l'on ne veut pas en l'aire de vaines et éphémères exhibitions, ne parlant qu'aux veux et sans utilité pour l'observation scientifique. Vous savez (juc notre jardin d'essai, recevant do graines en toute saison, ne peut pas toujours les planter au moment convenable, ce qui n'a pas})ermis à quebjues-unesdes plantes auxquelles ces graines ont donné naissance de suivre leur développement régulier et de lormer des hiiits à maturité. Cependant nous avons j)u recueillir assez de semences pour en l'aire des distributions à un grand nombre d'entre vous, et j'ai ({uelques réserves dont je pourrai lii('iU('il disposer et aiqtorter à l'une de vos prochaines séances. Avant de terminer cet aperçu des travaux du Jardin d'ac- climatation, il me reste, au nom de l'Administration, à offrir des remerciments à ceux d'entre vous qui ont bien voulu apporter à l'œuvre que nous poursuivons leur savant et précieux con- cours, en faisant au Jardin des conférences pendant la saison d'été. Ils ont pu voir, par l'empressement du public à suivre ces conférences, eomlden ils peuvent contribuer à propager les bonnes doctrines de l'acclimatation en placard leurs pré- ceptes à côté de nos exemples. T. IX. — Jainiof el revoer IS(i3. II. TRAVAUX ADRESSES ET COxMMUA'lCATlO.N.S FAITES A LA SOCIÉ lÉ. SUR UN MODE PAKTICULIEU ET NOUVEAU DE DÉVIDAGE EN SOIE GllÉGi: DES COCONS OUVEIITS DU BOMBYX CYXTIIIA V.ï ALTRKS, Par M. le ilofïeair B''«ISJ»B:.'?I0Ï;, Mûdcfiii à Toiiiiiaii (Soiac-ul-MariieK . (Séance du 3 janvier hSfiL'.) Messieurs, Dans une Société si jeune et déjà si illustre, je crois inutile deiairc Tliistorique de raccliniatation en Erance du Ver à soie de l'Ailante ; il uiesutHra de constater l'état de la ([uestion et de dire (jue ciilc a<-cliuialatiun, uialij;ré les résullals déjà ol)- tenus au point de vue industriel, se trouvait connue élouffée parla nécessité où l'on était de se contenter de la soie cardée, retirée jusqu'à présent des cocons ouverts du liomhijx Cijii- thia. Jusqu'à présent, en ellet, on u'avail pas pu dévider en soie ^/re»/^', c'est-à-dire à lil conlinr., ces cocons dont 1(^ f^/r- daçene procurait, outre un déchetconsidérable, «jue des soies très inférieures. Aujourd'hui, messieurs, t;ràce au procédé cpie j'enii^loie, je croisque raccliniatation du %/?////>/ et la ciilluie de l'Ailante peuvent prendre une extension incalculable, puisque l'indus- trie pourra désormais utiliser en grand la soie grége dont j'ai l'honneur de metli'e sous les yeux de la Société (pielques exenqjlaires. Le procédé que j'emploie pour les olilenir est des plus simples. Il sulfit : i" de décrcuser eonvenablement les cocons ; 2" de \(is dévider ensuite prestjucsecs dans des vases sans eau, en l'orme de coui)e et peu (irol'onds. iii';\ii»A(.i': \)\:> Cdco.Ns nr no.MiriX i;v.Niiii.\. ol i" l'diir (/rcrei/s/'r les ciicons, r'f'sl-à-dirc pour leur iiilcvi'i' la ijowuk; qui unit si i'ortement ontro elles les diflërcnlcs couches (le soie,je fais passeï- les coconsdanstjualre eaux bouil- lantes savoiiHi'uses successives, en les laissant trois ([uarls (l'heure dans chacune, cl dans une eau de potasse où je les l'ail liouilhr iuic heure. !2' Pour les (Jcrider oisiiife/y leur eidève ce (pTijn appelle en ternie seienti(i(pie leur première veste. Je les plac;' dans CCS coupes pi'U jirol'ondes cl sans eau dont je viens de pai'ler. Je cherche le lil vfi'rilahle cl je les d(''vi(lc : les cocons, /)oj/r un décl(lalenu i\('> ('chanlillons, (]ue la SociiHé peut voir, du Boittijijx Arrindia, du spéculum, de YAurutu, du Cccropia, cl du Bombyx ïlesperus. Si les soies gr(''i;cs (|ue j'ai l'honneur de metire sous vos veux obtiennent v(»lre approbation, permettez-moi, je \(uis prie, messieurs, de solliciter de votre bienveillance une place pour elles dans vos collections, parmi les ])roduils (]ue vous ;ivez Pinlention d'exposer à Londres en 18G2, Cette faveur serait j)our moi tout à la l'ois une rf'compense dont je sens d'avance tout le prix e| un encourageuciit à de nouveaux et sérieux lra\aux. m. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉ.NÉUALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCr. 1)1 ;; .lANVIKIÎ 1862. Présidence de M. l»um vx m; I.udys. Lo procès-vtM'bal do la (Icniiùrc séance csl lu ci adopl/'. M. le Président proclame les noms des mendues nou- vellement admis : MM. Arhicny (Joseph d'), propriétaire, au château d'Kurosay, près Langres (Haute-Marne). AuBERJONois (Gustave), propriélaiiv à Lausanne (Suisse). AzAMBUGAile docleur), chargé parle gouverncmenl bré- silien de missions scienliliipies et agricoles en Europe, à Paris. Chappellier (P.), à Paris. Harasoue, conseiller à la Cour impériale de Tile Pour- bon, à Paris. Le GmLL'ou, chirurgien-major de la marine im[)ériale, à Ghamperet, près Paris. LiGiER (Paul), capitaine d'élat-major d'inranl(M'ic de ma- rine, cher du bureau du mah'rie! à la direction des pénitenciers, créateur de r('lablissement foreslier et auricole de Saint-Paul, à Paris. Mignon (Edouard), propriétair(\ nu château de S(tucy par Bruyéres-le-Chàtel (Seine-et-Oise), et à l*aris. Riant (Théodore), propriétaire, à Paris. ]\I. le Président donne ensuite connaissance du résultat des élections faites le 2 janvier, par les cinq Sections, pour le renouvellement annuel de leurs Bureaux, et la nomination de leurs délégués dans la Gommission des récompenses pour l'année 18G2. 1" Section. — Mammifeiu'S. MM. Richard (iln Gaulai). lu-é^idiMil. Davin, vice-président . MM, A. Geoi-1 uov S'-IIiLAiiu:, secrétaire. E.BosQCii.LON deJenlis, vice-spcrcl. M. A. FeciLi.uN, iléléL;ué dans la Coniniission des récoiiiiieiises. procès-veroaix. 53 2' Section. — Oiseaux. MM. I MM. nRiuuKiv Fontaine, iirt'siilt^nt. I HleîERT-Brieriu:, secn'-taire. A. (.1.(11 Ei!()V S'-Uii..MiîK, vire-prûsid. | E. lîoCER, vice-secrétaire. M. le iF Pic.EAUN, dt'Iégué dans la Coiiiiiiissioii des récompenses. y Section. — Poissons, Annélides, Mollusques, Zoopuytes. MM. A. f'ASSV, lU'ésident. MlM.ET, vice-président. .M. Millet, déiéLi;ué dans la (lonmiission des récompenses. W Section. — Insectes. .MM. l'.li. Wallut, secrétaire. ('.II. I.oBLiGEois, vice-secrélaire. MM. dlElilN-MENEVlLLE, plésideilt. IjICOT, vice-président. MM. A. Periiot, secrétaire. L. SouBEiRAN, vice-secrétaire. M. ilii.irr, déléi^iié dans la C.oniuiission des récompenses. 5'' Section. — Vécétaux. MM. I MM. MoREAC, président. ] Dupris, secrétaire. CiiATiN, vice-président. j I'iuli.ieux, vice-secrélaire. .M. r)iT'ri>, délégué dans la Coiniuission des récompenses. De ces ('lerlioiis cl de celles du Conseil Oiites dans sa scancc (In "27 di'cenihre 1861, il ri'sulte que la Commission des i\H'ompens('s iioiii' ranni'c ISiiiî est ainsi composée : MM. lluuc^Nr>l•: I.iirvs, pré-idenl délégué, et le G" u'ÉPRÉiMESNlL, secré- taire général: .\. l'\,T, MiLLET, CuÉRIN-MÉNEVILLE, et DUPUIS dans l'ordre de leur élection par les c'mhi Sections. • — M. 1(3 Pii'sideiil annonce à l'assemlili'e la peule très l'e- prcllaMc (pic la Socii'di'' vicni di I'mi'c de ruii de ses membres, 5/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.lQUE d'acCLIMATATION. M. «le Monllicnit, iiiinislrc de Finance [irès la cour de îîadc, nioft récemnicnl à Cailsnilie. X l'occasidji (lo la iKniiiiialiini de la Coiniiiission d(?s rreoni- l)eiises, M. le Président l'ail r.'iiianjncr à la Sociclé que très probablement il y anra lien, à la pi'ocliaine assemblée {^('m''- v:\\o , de décerner plusieurs des [trix inslilu(''S jiar elle ou par quel(|U('s-uns de ses uu'udii'cs les plus d(''vi)n(''s. M. le Président annonce la proeliaiiic orLianisalion des conlérences, pour le mois de IV'vrin' ; il invile ceux des membres de la Sociét(!' ([ui voudi'ont bien l'aire (picbpies le- çons, à Faire connaître leiu' iulenlion dans un avenir j)ro- cbain, et exprime Tespoir (jue ces conlérences ne seront pas suivies avec moins (Tintérèt que celles d(^ Tan dernier. M. le Président ajoute (|u'à })ar(ir de Tannée 180 1 , le Bulletin sera complété par des tables 1res étendues, qui permettront de trouver très lacilemenl buis les documents qui y ont (''lé' insérés, et ([ue, désormais, il contiendra une clironi([ue où seront annoncés Ions les faits publiés dans divers recueils, et dont la connaissance pouna intéresser les lecteurs. A celle occasion, M. le Pré'sideiil eiuiage tons les membres de la Société' à voubdr bien l'aeiliter la ri'daction de cette cbroniijue, en adressant à M. TAL^enl liiMM'ial toutes les notes qui leur sembleraient de nature à y ligurer. — M. Déplace ofl're ses remercinu'uls pour sa r('cenle admission. — M. le cbargé d'alTaires de Prusse adresse la notification du décès de Son Exe. le comte (b^ I^)urtalés, minisire \)\r- nipotentiaire et envoyé extraordinaire de S. M. le roi de Prusse. — M. Tiaillard de Feri'V, aident du udiiislére des affaires étrangères à Maiseille, en assui'ant la Socif'li' di' son bien- veillant conciun's, l'engage à eboisir iui consignaiaire dans cette ville, afin (béviter des relards dans rexpi'dition des ob- jets (pii lui sont adressés des divers points de l'Orient et i)ar la voie d'Egypte. — M. le directeur des consulats et des affaires commerciales au miuisièn* des affain's étrangères transmet un patpiet de \ - PROCÈS-VERBAUX. ' 55 Sraiiies adressé par M. le docteur F. Mueller avec le bicnveil- lanl iiiterniédiaire de M. Truy, vice-consul de France à Mel- lionriie. — Hemerclments. ■ — AI. le Ministre de la marine et des colonies, dans une lettre adress('e à M. !i' Directeur du Jardin (raecliniatation, aunoucc (juc des instructions ont été données à M. le C(nnniandant en chct' en Cocliincliine, et <à MM. les comman- dants en chef des divisions navales do l'océan Pacifique et de la côte orientale de rAlriciue, pour l'envoi de diverses espèces d'animaux dont racclimalalion pourrait élrc tent/'C avec quel- ([ues cliiinces tle succès. — M. le docteur TiutcI oll'rc ses remercîments pour sa r('- cenle nomination au titre do délégué de la Société à Toulon, et renouvelle l'assurance de son concours le plus actif et le plus dévoué. — M. Sacc, déléiiui' de la Société, fait observer fjue les Chèvres d'Antiora, craignant surtout rimmidité, il y aurait grand intérêt à en établir un troupeau aux environs de Tou- lon et de Marsi'illc. Il signale en même temps la découverte ■ qui aurait été faite par M. (lérard, directeur du jardin de la Tète-d'(3r,à Lyon, d'un uniyen d'augmenter chez ces animaux la production du lait, ce (|ui ferait disparaître une des causes les plus graves d'o|tposition à la i>ropagation des Chèvres d'Angora. — M. le docteur Cornay fait hommage d'un Traité sur le cheval primitif et la restauration des races, chevalines régio- nales, et en met un certain nombre d'exemplaires à la dispo- sition de la Société, jsour ceux de nos confrères français qui s'occupent de la race chevaline. — M . Hardy annonce le départ d'Alger, dans le meilleur étal , de deux Autruches, mâle et femelle, destinées au jardin zoolo- gique d'acclimatation de Melbourne, où elles arriveront par le moyen des transports de l'État, grâce à l'obligeant concours de M. le Ministre de la marine et des colonies. — M. i\. Gazel, ca[)itaine du génie à Saint-Louis (Sénégal), adresse dans une lettre à M. le Directeur du Jardin du bois de Tîoulogne, rofVre d'une eolleciion très riche d'animaux 50 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. vivants, ('t propose de (^onlinner nltérieuremenl encore ses envois. — M. P. Granié ù\o Toulouse) fail eonnaître avec détail les règles que l'on doit observer pour (iblenir de bons résul- tats de l'élève des Oies domestiques de la variété dite de Tou- louse. — Uenvdiàla deuxième Section. — M. le comte d'EpréiiK^snil transmet, pour être renvoyée à la Commission spéciale, une lettre de M. l'abbé Luca (de la Cbartre-sur-Loir), et des documents relatifs à ses travaux de pisciculture. — M. Chavannes, délégué de la Société, en adressant une Noie jiubliée dans le Journal de Lausanne sur VempoissotDie- jnent du lac Léman, fait connaitre que, jusqu'à présent, ses expériences pour arriver à la multi[)licalion des Poissons dans les environs de Lausanne marcbent 1res bien, et laissent es- pérer un résultat très avantageux. , — M. Wuisen, professeur au lycée impérial de Versailles, envoie la traduction qu'il a faite d'un ti'avail de )1. ^V. Alford Lloyd, sur V Aquarium du bois {\v Boulogne. — Remerciments. — M. le préfet de l'Ariége envoie', an nom de la Société d'agriculture du (bqiarlemeul, une n'-pouse an Questionnaire sur la Vi])ère. — M. le coude ,los(q»li Tavenia ailresse un l{ap[»ort sur ses éducations do Vers à soie du .Mûrier du Japon provenant de l'envoi de M. Ducliesne de Ijellecourt. — lîemercîments. — M. le clunalier di- Pai'avay communi(pi(^ à la Société le ri'sullal de (pielques-unes de ses reclierclies dans les livres cbinois, sur le Vers à soie, sur le Zèbre du (ilioa, et res|>ècc d'Oi'ang d'Abyssinie, cili'-s el ligures dans des livres élliio- piens qui ont été introduits en Cliine lors de la ruine de l'Égvpte par Gamljyse. — Remerciments. — M. Hayes (de Cliandernagor) fait parvenir des graines à'Illoupé {Bassia longifoUa) dont le fruit pi'oduit une très belle buile, et les fleurs distillées donnent de l'alcool. —Des remerciments seront adressés à noire zéli' confrère, et con- formément à son désir, une grande partie de ce- graines ont été envovées en Algt'rie. '. PROCÈS-VKRBAUX, 57 - — i\l. Ramcl nnnoncf l'envoi, par )f. Miiolli^r,(l(^ "rainos di^ Palmiers qui paraissent devoir réussir dans les endroits abrités des côtes delaMi'dilerranée. Il l'ait connaître, en même temps, que M. Mueller, (h'sireux d'accroîtr(^ les richesses des collec- tions delà Société, pense pouvoii', dans un avenir prochain, lui fair(! parvenir des spécimens vivants de VOlsemi-li/re, car il a pu conserver pendant six mois une lemelli', ipii a é[(' pri- vée, tout en conservant une lionne santé. — M. Brierre (de liiez), en adressant deux nouveaux des- sins à riiuile représentant deux Cucurhitacées exotiques , fait connaître les principaux résultats de ses cultures de celle année. — Piemerciments. — M. Ballet, horticulteur à Troyes, fait parvenir un Rapport sur les principaux laits observés par lui dans ses cultures de plantes provenant de la SociiH/'. — M. de la Boquetle adresse quelques extraits de l'ouvrage de M. l'abbé Brasseui' de Bourbourg", dont il a donné lecture à la dernière séance, et qui soni relatifs à l'intérêt que pour- rait présenter la cullure de X I.ctli, plante indigène de l'Amé- rique centrale. — M. Oppcrinann. directeur des Xoiœelles AiniaJpîi d'm/ri- nillure, demande l'i^change de ce journal avec le Hullctln de la Société, et propose d'insérer (pielques documents, notes ou 'lessins, sur les constructions du Jardin d'acclimatation, qui semhleraienl de uatni'e à intéresser ceux (pii s'occupent des progrès agricoles. — lîemcrcîments; renvoi au Caniseil. — M. Passard, (''diteui-, adresse luie livraison d(; l'ouvrage de feu Boilard, Eludes autédilaviennes : Paris avant les homnu's, etc., et signale des renseignements (pii sont donnés sur la cullure de la perle à lùlimbourg. La MulHte niarga- ritifère formerait les perles à la suite de blessure; (|ui lui seraient faites par un animalcule aquatique. — M. Prudhounne dépose, au nom de M. de Lesseps, des échantillons secs de plantes médicinales du Pérou, qui pour- raient être employées avantageusement dans la thérapeutique française. — Renvoi à la Gonmiission médicale. . — .M. Pii'nard oHVe à la Socii'h' des graines d'un léa'ume 58 SOCIKTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE I)'Ar,CLnixVTATION. (les îles Maurice et de la Ilriiiiion, le Popaw/aye ou Plpen- gaye, (|iii lui iiarail devoir réussir très bien en Aiii(''rie. — Uemercinieiits. , — M. le docteur Forticniol, médecin à Tournan (Seine- et-Marne), donne lecture d'un Mémoire sur ses procédés de (lévidaKe des Cocons ouveris de Vers à soie, et lait lionmiage à la Sociéh'' (récliantillous de soie dévidée de Bombyx Cyullil/i, Aii'iiidla. spcciiluin, Cecropui, elc. , qu'il a déjà soumis à ses procédi-s (voy. ]>. 50). — UcMuercIments. — M. Lamiral lait don à la Société d'une Éponge tirée de la cote de Syrie, dite Éponge chimoiise, dont il désire tenter racclimatalion sur les coles de l'Algérie, (jui ne Iburnissent que des Éponges grossières. Il donne aussi lecture d'un Mémoire sur les perles et la nacre (voy. au /y^^//^^^///). — M. le docteur Pigeaux, au nom de la Commission char- gée d'exandner si le Pic verl est ou n'est pas un animal nui- silile aux arbres, annonce dernière, le déveloj)[)einent de cette plante a été remar([ua!)le : buil cannes, d<' l"',/iO à i'",50, sont sorties do terre, et bien (pi'elles soient encore loin de la maturité, elles renferment déjà une (juantité très notable de sucre. M. .1. Cloquet annonce également à la Sociéié que les dix louflés de racines de Bambous qu'il a reçues de noire obli- geant collègue, M. Hardy, directeur de la Pépinière centrale d'Alger, Bandjous rapportés de la Chine par M. de Montigny, ont parfaitement ri'ussi, sont en pleine végétation, quelques- unes de leurs tiges ayant déjà acquis plus de ?> mètres de hauteur. Ces Bambous pourront prospérer au Jardin d'accli- matation du l)ois de P.oulogne, auijuel M. Cloquet se propose d'en envoyer l'an prochain. Ce Bambou {Bamhusa), qui croît dans les parties les plus froides de la Chine, jioui'ra ]iros|M'rei' également en France, (U) SOCIÉTF': niPÉRIALE ZOOLOGIQUE irACC.i.lMATATIOX. ol V sorvii' à i\i'i^ usaiios aussi nombreux que dans son pavs d'origine; son élasticité, en outre, le rend très propre à faire des lignes; ses jeunes pousses sont comeslii)les. — M. le comte de Sinety t'ait observer que, dans sa pro- priété, aux environs de Paris, les Band)ous de la Ciliiiie rap- portés par M. de Montigny ont pris un bel accroissement, et qu'avec la précaution d'empailler le pied, ils ont i»u, jusqu'à ce jour, résister au tVoid de (^et hiver. — M. Ae Puibustpie annonce qu'il vient d'ollVir à la Société des plants d'Krable à sucre {Acer saccharinum), dont plu- sieurs échantillons ont ét(' plantés dans le Jardin du bois de Boulogne, et dont le reste devra être distribué à ceux de MM. Jesinembres qui en ont l'ait la demande. — Kemercîments. — M. le ['résident donne connaissance de l'extrait d'une lettre qui lui a été adressée par M. Poujade, consul général de France en Toscane, et dans kupielle ce dévoué confrère lui annonce que, sur ses recommandations ])r('ssanles, M. le marquis Ridolli, l'un des principaux fondateurs de la Société de Florence, est décidé à se mettre en relations suivies avec notre Société. — Kemercîments. — M. Guérin-Méneville fait connaître le résumé des prin- cipales expériences de sériciculture faites cette année, et exprime le regret ([uc le nomlire des i"ap|iorts adressés à la Société soit aussi restreint (voy. \). '2'2). — A l'occasion du ra])port de M. (lu('riii-.M(''neville , M. le Président rap|)elle (}ue toutes les personnes (pii reçoivent des graines ou des produits de la Société doivent, aux termes mêmes du règlement, adresser, cliatiue année, le résumé de leurs observations. Dorénavant la Société se verra dans la nécessité de ne })lus faire participer aux distributions toute personne (pii négligera de se conformer à l'oljligation d'adres- ser un rapjiorl sur ses expériences. — M. Guériu-Méneville dépose sur le bureau les mémoires suivants : 1" M. Ci.-O. de Laleu , Expériences sur inie éducation du Ver à soie de IWilante au jardin de l' E rposition de Nantes. liappûrt,']^iU. riiucÈs-vKi;i;.vrx. 61 5' M. II. de Baillel , Quelques oùssrvafiu/is sur le Ver à suie {Bombyx Cijnllna) de l'Ailantc. Bergerac, :18()1. 3" M. Roy (Jean), Notes sur le Bombyx Cyntliia et sur l in- troduction en Champayne de la culture de /'.4//''/y//t'.Chàloiis- sur-Marne, 18(51. h" M. le comte de I]ondy, Notice sur !e Ver à soie de l' Al- lante. Paris, ^8(il. 5" M. F. lîlain, J)e l acclimatation en France du Bcjmhyx CijntJiia, et de son éducation en Anjou. Angers, 1801. — Remercîmenis. — :M. Ilébei't donne lecture d'une lettre de notre cont'rère M. Lalïilev, secrétaire du comice agricole de Melun et de Fon- tainebleau, au sujet des Pomme? de terre de Sainte-Marthe el de diverses expériences laites sur des graines exotiques (vo\. au Bulletin). M. Hébert ajoute, à Toccasion de cette lettre, que les suc- cès qu'il a obtenus cette ann(''(' en cultivant les Pommes de terre de Saintc-Martbe, dans des terres l'ortes et fraîches, ont été plus concluants encore t\uc les années précédentes, et ont complètement confirmé les observations qu'il avait consignées dans ses rapport? annuels sur les progrés de l'acclimatation de cette variéti''. 11 n'a pas vu la maladie l'attaquer, tandis qu'au contraire toutes les varii'tés françaises (Haient malades dans sa localité. — M. Guérin-Méneville, ijui a planté au bois de Vincennes des Pommes de terre dites (Y Australie , provenant des dis- tributions de notre confrère M. David, les a vues prospérer celte année, bien que plantées dans un terrain sec et pauvre. — M. le professeur Cloquet dit avoir observé également chez madame la comtesse Lepic, que la Pomme de terre dite d'J^<.<î/rrt/^e pousse très bien, el résiste mieux à la maladie, — M. Hébert l'ait remarquer (jui' les [)remiers plants de Pommes de terre envoyées de Sainte-Marthe, ou de celles re- cueillies sur dilTi'renls points des cordillères des Andes, el expédiées par M. F. Ivoehn, donnaient des tubercules très petits et beaucoup de chevelu; maiscju'à mesure que la culture en a été continuée, les tubercules sont deveims beaucoup plus Cri SOCIÉTÉ iMi'Éin.M.b; zooluciuul: d'acclimatation. volumineux. Parmi les huit ou dix espèces dues à M. liuolm e[ rullivécs au Jardin d'acclimatalioii, ainsi que chez M. Hé- jjei't, plusieurs ont donné, celle année, des produits (jui ('ont espérer que, dès l'an prochain, la récolte en sera très satis- Jaisanle, et que nous aurons à constaler l'aequisilion ecrlaine de plusieurs vai'iélés nouvelles et d'cxceilenlc (piahlé'. SKANCi' nr 17 ,iA.Nvi!:r> 18G2. Prôsidcnce de M. Drol'yn he Lhuys. M Le })rocès-Yerl)a] de la séance précédente est lu cl adopté. — M. le Président })roc]ame les noms des niendjres nouvel- lement admis : . • M.M. AciiEi; DE MoNTCAscoN (le baron Jusiiu d'), à l'aris. Adam (Alexandre), président de la Chambre de connnerce de Boulogne, membre du Conseil général du Pas-de- Calais, à P)Oulogne-sur-Mer. AriENTiÈRE (d ), propriétaire à Paris. Gros Hartmann (Edouard), à Wcsscrliui; (Ïlaul-Pdiin). Le Marié Deslandelles (Emile), proprii'iairc, au château de la Chesnaye, ])rés Préhal (.Manche). RiciiELOT, ancien avocat, juge de paix à Luzarches (Seine-et-Oise). Roque (P.), chargé d'affaires de Grèce, à Turin (Italie). Surville (Léopold), notaire à Napolé'on-Veîuléc. Valpergâ (le comte de), à Pesson, prés Compiégnc (Oise). Yilleneuye-Flâyosc (Alexis de), agronome, au château de Roquefort, [»rés Aubagne (lioiiches-du-Rliôiie). YrsiLANTi (le prince), à Paris. — M. le Président informe l'assemblée do^ pertes regret- tal)les que la Société vient de f.u're, par suite du décès de MM. Moreau, professeur à la faculté de médecine de Paris ; Ponti (de Milan), de Saint-Amour (de Saint-OuH'r), ancien député, dont le zèle s'était particulièrement signalé au sujet de lu souscription pour la statue de Daubenton. — M. Turrel, récemment nomuK' d(''l('gué de la Société, à i'KncÈS-VEUlfAUX. Oo Toulon, accuse réception de la mcclailio qui lui a été envoyée, el adresse de nouvelles assurances de son dévouement à notre œuvre. — M. le ministre du Pérou offre ses remercîments pour sa récente admission, ainsi (jue pour celle de S. Exe. M. le Président du Pérou. — M. Gourdin, délégué de la Société à Napoléon-Vendée, transmet une liste de souscriptions recueillies dans son dépar- tement pour l'ércclion d'une statue à Daubenton. — M. Focilion, (jue la 1'' Section avait élu pour le repré- senter dans la Commission des récompenses, écrit [lour s'ex- cuser de ne p-ouvoir prendre part aux travaux de la Commis- sion, en raison même du temps considérable ijue réclament de lui d'autres occupations. — M. CliaL;ol transmet quelques ol)serva!ions relatives au prix (ju'il a fondé pour favoriser la domestication des Autru- ches. — Sa lettre est renvoyée au Conseil. — La Société d'acclimalalion de Victoria, à Mclliouriuj (Australie), adresse une brochure reid'ermaui ses slatuts el la liste de ses mend)res. — 31. \'i('nnot transmet ([uebjues détails pour signaler, d'après le London illustrated Aeirs du 11 janvier J802, l'in- térêt ({uc présent!^ l'élude des Porcs du Japon. — Renvoi à la P'' Section. — M. HuOier dépose son Rap[iorl sur les résullals d'acclima- îaliou (pi'il a obtenus dans sa propriété de Pi/iceloup [Sc'inc- ct-Uisc). oii il élève des Cygnes noirs, des grandes Bernaches, des Oies armées, des Canards sififeurs et des Faisans dorés. — M. Granié (de Toulouse), dont la Société a reçu derniè- rement un Iravail sur r(''(lucation des Oies, fait ])arvenir une Notice sur les Pou/es de in race gasconne (voy. au Uni tel in). — La Société reçoil un arliclo exirait du iiabr'u/ Express du "21 décembre 18(il, inliluli' : Arli/leinl propagation of Salmon on Long Mask. •— CiCtte notice est renvoyée à la 3'' Section. — M. Thomas (de Nantes) adresse de nouveaux documents en répons(; au Questionnaire snr la Vipère. 6h SOCIKTI-; IMl'KIll.VM-; /.(lOl.Oi.lnLK l)'.\(.(;i,i.MATATIUN. — Madamo la comtess(? de Corneillan annonce, dans nue leltrc à M. le PrésidenI, ({iTelle e?l parveniK^ à d('videi' les co- cons ouveris du Bomiji/x CynthUi, et réclame la priorité à l'oc- casion d'une récente communication de M. Forgemol. — Cette lettre est renvijyée à la Commission spéciale. — M. Duméril dépose un état résumant les éducations de Vers à soie laites en 18(51 par M. Vallée, i^ardien de la ména- gerie des Reptiles au Muséum. — M. Duméiil est prié de rece- voir les remercimenis c propose de faire au Brésil, et de- mande des iiisU'uclions. — Le Conseil a aecepti' le (dneours de M. de \ illeneuve, el en lui confiant la mission dont notre honorable eonlière veut bien se charger, il lui aadressé ses remercîmenfs.. — M. Gauldri'e-Boilleau, consul de France au Canada, adresse de Oiiébec une note des plaïUes qu'il a eNjx'diées à la Société avecquehiues indications jiropres à nous guider dans leui- culture. — Des reniercîmeuts sei'onl transmis à M. (îaul- dré'e-fidilleau. T. I\. - .laïui.'c o[ F/'Yiipi- iSi.2. t ()(3 SOCIÉTÉ liVirÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCIJMATATION. — M. Cliagot aîné adressfi une collcdidn de graines do plantes, alinienlaii-es médicinales et industrielles, du Sénégal. — Des reniercîments ont été oll'erts à imiro généreux confrère. — M. Sacc, délégu(' de la Société à VVesserling, annonce qu'il va (juitter ce pays pdur l'aire sa résidence à Barcelone, et donne l'assurance qu'il non conlinuera pas avec moins de zèle ù prêter le concours le plus aclij'à la Sociét('. — M. David, en déposant sur le buieau, [lour être distri- bués, de très beaux spécimens de Pommes de terre dites d'Aus- tralie, fait remarquer ([uo, cliaque année, dans sa culture, elles sont devenues plus belles et plus vigoureuses. Elles ont résisté, mieux que toutes les autres, à la maladie. Il est essen- liel de les récolter dans la |»remière quinzaine de septembre, pour ne pas les laisser altérer par un séjour plus {)rolongé dans la terre, et quand on avance la r(''coltc, elles sont moins larineuses et vertes. Une précaution nécessaire à prendre est de ne pas trop fumer la terre pour cette culture, car elles don- nent beaucoup de rameaux aériens aux dépens des tubercules. M. de Gbévigné fait observer que la Pomme de lerrc dite d'Australie est beaucoup moins bonne (|uc celles de nos pays, et même que celle de Sibérie. M. David persiste dans son opinion, il ne pri'iciid ])as faire de une comparaison au point de vue alimentaire, il s'est borné à constater le résultat de ses cultures. — M. de la Roquette fait bommage, au nom de M. l'abbé Brasseur de IJourbourg, d'un ouvrage intitulé : Voi/'i^/c s?fr VisUiJne de Telniuntcpcc, dans l'Etat de Chlopas et hi répii- Itlique de Guatemala^ pendant les anm'es J859 et 1800. Un vol. in-8, 1802. — M. le Président annonce que, dans sa dernière séance, le Conseil a nommé délégués de la Société, à Alger, M. le com- mandant Locbe, directeur du musée d'liisl(»ire naturelle, et à Tile de la Réunion, i\b le docteur Berg. — M. Millet met sous les yeux de la Société des anifs em- bryonés , provenant de Saumons élevés dans des lacs d'eau douce, et d'autres de Saumons ayant émigré en mer. — M. Bourgeois présente :1 unrameau de Vigne de treille PROCES- VERBAtiX. 67 cliasselas, poilanl deux grappes pesant enseniMe 050 gram- mes, el ayani ('h' Sdiimis en juillet dernier à rineisi(»n annulaire ; 2" un rameau de la même treille, non soumis à l'opération, et dont la grappe, bien moindre, n'a pas mûri entièrement. M. Bourgeois l'ait remar(iuer (pie le résultat général des expériences (pi'il poursuit depuis cinq ans, est que toujours l'incision anmdaire a avancé la maturation, et déterminé un grossissement 1res notable des grains de raisin. M. Bourgeois fait hommage de ces grappes à S, Exe. M. le Maréchal duc de Malakoil, qui a bien voulu honorer cettr assemblée de sa présence. — M. E. Cosson conimuni(pii' une lettre de M. Bandel, pour compléter les renseignements (pi'il avait di'jà donnés à la So- ciété sur l'acclimatalion de la Carpe et de la Tanche en Algé- rie (cette lettre est renvoyée à la Commission spéciale). B l'ait remarcjuer, à la suite de quehiues observations de M. Millet, fju'il a trouvé le Salar macroslig7na^ Durnéril, dans des eaux de 10", 12° et même 20", ce (jui semble indiquer (jue cette Truite [lourra facilement être i)ropagée dans les divers cours d'eau de l'Algérie. — M. Bichard(duCanlal) lit un Rapport sur les Animaux delà Société impériale d'acclimatation, déposés à la ferme de Souliard (Cantal). (Voy. au Bulletin, page 1.) — M . Bufz de Lavison donne des détails qui lui ont été trans- mis par M. Paul Séguin sur la naissance, à Paris même, d'un métis d'Yak et de Vache bretonne, et annonce qu'il est né, au Jardin du bois de Boulogne, deux Antilopes nilgaut, un Chevreau d'Egypte, une Génisse de Zébu du Sénégal, et un Agneau de l'Yémen. — M. Hébert donne lecture d'un Bap}jort de M. Hardy sur l'éducation des Autruches en 4 801. (Voy. au Uulleùn, page 8, renvoi à la Commission spéciale.) — M. Jacquemart communique une Note intitulée : Tenta- tive d'éducation du Ver sauvage du Chêne de la Chine {Bont- byx Periiyi), en 1855. (Voy. au Bulletin.) ].(' Secrétaire des séances, L. S0UBE1R.\N. IV. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES ET LECTURES. Sur la Pisricnltiirf (siiilf)- p.ti' M- Mh.i.kt (1). Il f;uit,ji' ne (lois pas vous W dissitimler, une voloiin- bien ferme, nue con- viction hien profonde pour Inllerfonlre le préjugé, la routine, l'indilTérence et régoïsme. 11 faut même s'armer de courage et de résignal ion contre cet esprit railleur qui, dans noire hi'lle France, lue parle ridicule. Tuis surviennent les exigeants, les imi)atienls, qui s'étonnent de ne pas voir encore le poisson opérer une révolution alimentaire, et ])araîlre en abon- dance et à has priv sur nos marchés. Ces exigences, ces inqialiences, sont en quelque sorte excusables dans un siècle conune le nôtre, qui esl un siècle de prodiges ! Mais si Ton esl exigeant, on est en même lemps injusle, car on voudrait obtenir de la pisciculture des résultats qu'aucune auire industrie, aucune autre culture n'ont jamais donnés dans les coiulitions où elle est ])lacée. La pisciculture ne peut i)as en quelques amu'cs réparer les abus, les dés- ordres, les dévastations de plus d'un denii-siède, lorsque tout concourt à rendre la tâche plusdifllcilc qu'elle ne l'a jamais (Hé : en ell'el, les besoins de la consommation se sont accrus dans une proportion très considérable; l'in- dustrie privée el les grands travaux d'inl(''rèl i)MbIic onl amené des nmdili- cations inq)orlaiiles dans le régime et la nalurc (1rs cours d'eau ; le lil des rivières est rétréci, les abris et les h'ayères sont supprimés; les eaux sont dénaturées par d<^s substances nuisibles, les barrages s'élèveiil parloiil pour arrêter le poisson, elc, etc. ('.(■lie silualion peut donner la mivMiie des dillicidlés que les pisiiculleurs renconlrenl pour opi'rer rapidcmeni le rei),'uplenienl des cours d'eau. Vous II' savez comme nous, il est jiliis facile de délinire (|ue de cri'er, de démolir (|ue de réédilier ! l,a piscicidiure ne date en France (jue de (piekpies années, et c'est de cet entant encore enveloppé de si s langes que l'on exige la force d'an homme adnlle ! (lue l(\s incrédules et les inqwlieiits regardent lui inslaiil autoiu' d'eux : est-ce (pie l'industrie et l'agiicullure n'oiil pas mis de 1res longues années à parcourir leur marche ascendanh.' pour arriver à produire ce (iiTelles don- nent aiij(Mud"lmi? Et pourtant, que de progri's, de perfeclionnemenls,d'amé- liorations n'onl-elles pas à acconqilir, à réaliser? Vov.v. notamment l'agriculture; en\isagez-la dans son ensemble ou dans ses détails. Est-ce (|ue ses productions ne son! pas tiop souvent, et à celte heure même, au-dessous des besoins de la consommation ? Est-ce que les luoissons, la vendange, la ii'colle des betteraves et des poiumesde terre, ne sont pas encore soumises aux intenqiéries, aux perturbations de l'atmos- phère, aux inconstances des saisons ? (I) Voyez les nuniéie? de novemlire et (lérpiti)ire I8'.l, pnp;e< "109 et 62i. C(LNFÉUK.N(:ii.S ET l.liC I l'IlE^. ''9 Vous |)Hrlei;ii-j(' di' l.i v.ijieiir, dv r^'lccliicilé, de loiilcs ces iiR'r\oillcs (W IKtlIC (■■p(K|uc ? l.a vapeiii- constitiic aiijourd'lnii niio lorrc motrice h la lois pnissaule et écon(>nii([iie ; elle di'ciiple la Aie, siippiime les dislaiiees ei devient le plus l)uissaiil des eivilisateiirs, elle coinmaiide railiniialion de ton! le monde, el poiirtaiil ses premieis |)as ii'oiil reiHdnlii' pour ainsi dire (lu'iiicrédidili's et déiii;j;roments ! Kt le ti''léi;rap!ieélivlri(pie (|ui Iraiismet voire volonté e; votre pensée a\er la rapidité de l'éclair, que irincnHlulités e; de sarcasmes n\i-l-ii p;is provoqués ? Vous dirai-je les misères de reuf.mce de la pomme de terre, Tune des plus saines, des j)lus al)iin;Ianles, (les])lus utiles protluclions du règne vé|:;étal, ad- mirable conquête qui diminue nos cliances de disette, varie nos élémenlsde uoiirrilure, cl répandses bienfailsjusque sur les animaux acclimatés ou élevés autour de nous. Eli bien! savez-\ous l"o|)pusition qu'on lui a faite, quelle lut la répulsion à peu près génér.de qui accueillit la prolép-e de l'armentier ? Les uns lui reprochaient de ne pas nourrir, de fatiguer l'estomac, de contenir un princi|(e vén(''neux, \oire même de propager la lèpre ! D'autres la cro\ aient bomie tout au plus pour nourrir des animaux de basse-cour! \oltaire, le trop spirituel \ollaire, la regardait comme un colilicliet de la nature! Cepen- dant le précieux tubercide, repoussé, conspué, s'est ré|)andu d.uis toutes les contrées, a pénétré sur toutes les tables, et sa production en France repré- sente aujourd'hui une valeur de plus de 200 millions de francs. La pisciculture, j'en ai la ferme conviction, se ccinjera connue la ])ommc de icrre. Kl le sucre de betterave? (Hie ii'a-t-on j)as dit ou écrit conlie son utiliU-, contre la jxissibililé de r(»l)leiiir? En 1700, on ne consonnnait j)as en France plus d'un million de kilogiaimnes de sucre ; cette consommation dépasse au- jourd'hui 120 millionsde kilograumies; et notez bien ceci, le sucre de l)ettc- rave ne larder.iil |)as à am'anlir complél(Mucnt l'induslrie saccharifère des colonies, si l'État ne grcvail d'impôts énormes notre industrie nationale. Ses progrès sont tels, que si le sucre fl(^ betterave était affranchi des droils excessifs qu'il supporte, il pourrai! être livré à la consommation, avec bénélice pour le fabricant, à kO centimes le kilogr. , c'est-à-dire au quart de son prix actuel. Vous le voyez, si les honuues de progrès ou dévoués au bien pidjlic, si les l)ons et \rais i)hilanllir(ipes av.uent reculé devant les sarcasmes, les incrédu- lités, les op|)ositions de leur ('poque, nous n'aurions aujourd'hui ni les che- mins de fer, ni le télégraphe électrique , ni le sucre de betterave , ni la ponune de terre !!! Et il faut bien le dire ici, c'est surtout dans les services publics que l'on rencontre un certain nombre d'hommes ennejiiis de toute nouveauté, el encore plus de loul mé'rile. Ces hommes ne sou/lrenl pas que Ton vienne lroui)ler lein- (|ui('lu'le roulinièrv', ou que d'autres fassent ce (pi'ils ne veulent ou ne pi'u\ent pas faire. Heureux parasites du budget, ils ont le iujwrllii, et ne s'inquiètent pas si d'autres ont le nécessaire ! V. FAITS DIVERS ET EXTRAITS D8 GORRESPONOANCE. Sousrri[i(ioi9 iioitr la $«li((iK> de llitisbeiitoii. Nous croyons diMoir rappi'Icrà iio< lioiiurabli'scoiirn'n's ol iiiix Ircicurs du Bnllcliii la souscription oiiv(m1c an sein do iioirc Sociclô pour iN-rcctiou d'une slaliic à Daubeiiloii. Ainsi inic nous l'avions annonci'' prrci'tlcininciil, nous puJjiions aujourd'hui la j)r('niicre lisîc des sonscrij)i('iU!;. S. ^1. l'Empeuel'u. S. A. ]. le prince \apolkon. . •> La Société impériale d'accliinalatiitn. La Société du Jardin d'ace! imatalion. L'Inslitul égyplion, à Alexandrie. La Société' protectrice des aniniauN. lia Société acadén)i(pie de l'Aube. ' ' ' La Société d'IiorlicnUure de l'Aube. La Société des sciences, agriculture et ari^ du i; is- l'.iiiii. La Société d'agriculture du Calvados. La Société d'agriculture de Douai. La Société impériale d'agriciillure, sciences et arts de U.)uai. La Société d'agriculture de Louhans. " La Socié'té d'agriculture, sciences et arts de Meaux. I^a Société d'agricullure de Alelun. La Société d'agriculture de Saint-l*ol (l\is-de-G i!ais\ La Société des sciences naturelles de Semur. La Sociét(" d'agriculture de ^'erdun. La Société centrale de l'Yonne, à Auxerre. ^ ■ ' Le Comice agricole d'Aubngne (Var). Le Comice agricole central de Lille. Le Comice agricole de Melini et Foi!lain('!)leau. Le Comice agricole de Pierrefort (Cantal). Lo Conucc agricole de Toulon. Le Comice agricole de Villeneuve-sur-L'jl (Lolel-Caroune)! Membres (lu Bureau et du Conseil de la Soi-iélé impériale d'accliiiudaUon, du Jardin d'arcl imatalion du bois de Boulogne, et de la Commission de souscription. MM. Geoffroy Sainl-Hilaire([s.), président. Drouyn de Lhuys, vice-président, l'assy (A.), vice-président. Éprémesnil (le comte, d'), secrétaire général. Dupin (L.), secrétaire. (luérinMéneville, secrétaire. Sinéty (le oonitede), sccrctuirc. MAL Soubeiran (L.), secrétaire. Blacqiie (i\), trésorier. Cosson (L.), archiviste. André (Erne:-t). Belleymc (Ch. de). ClcK|uet (le docteur). Davin (F.). Dcbains. Diliiiéiil, Eli»' (II' lirauiiionl. CiColTroy Saiiit-Hilaiiv (Alberl). Jacqiiemarl {[•'.). MoiUigiiy (de). Mofjiiiii-'J'antloii. IMiitcaii, premier pn'sitleiil, à Dijon. .Meiiwcrkerkc (lo cunilc dej. FAITS DIVEHS. I OUI me. 71 ( Miatrefages (de). l'iiillier. i'itifz de La vison. Séguier (le maïquis). Ségider (le baron). Seguin (l'aul). Selve (le marquis dej. Agron de -Mermigiij (.Saône-et-Loirc), Andccy (d'), à Paris. Arrliamhanlt (le docleiir), à Paris. Auzonx (le docieur], à l'aris. Banel (.Iules), à l'aris. Uarbaroux, à Cliaiuiy (Aisne). Barhet, à Paris. r.azin (Ictlocl. ), délégué à iiordeaux. Uelseur ;E.), à l'aris. ljei'gcrou,;LMam-e(Oui-|(Seine-el-Oise) Berrier-Foniaine (le docteur), à Paris. Uélliisy (le marquis de), à l'aris. liinet (l'aul), à Paris. Blalin (le docl ur), à Paris. Boissy dWnglas (le comte), à l'aris. lîoucliel, à Paris. Boullay, èi Paris. Bourgeois, au Perray (Seine-el-Oise). Boulin (1<' docteur Léon), à l'aris. Bretagne, à J'aris. Caillaud (llcné), à Paris. Campana (le docteur), à l'aris. Cap (P. -A.), à l'aris. Gavé, à Paris. Cliagol aîné, à Paris, Clialin ile docteur), èi l'aris. Cliaudordy (de), à Paris. Chevet aîné, à Paiis. Coiu'ajod, à l'aris. Courcel (de), à Paris. Conrnol, recteur de PAcadémie de Dijon. Court (le docteur Jules), à Paris. Memures de in Soriétir à Onroux Cussy (le vicomte de), à Paris. Delafontaine, à Paris. Devalois, à Paris. Devalois {¥..), à Paris. Ducliesne, à Paris, Diiirùne, à l'aris. ÉliedeJ5eaumont(\P'"), à Paris, l'"aclie ((;.), à Boulogne (Seine. J'iury-llérard, banquier, à l'aris. l'ondrclon, à Saint-.Mandé. l'ournier (J.-B.), à Paris. (ialignani (J.-A.), à Paris. (lalignani (W.), à Paris. '!arnol,à Genonilly (Seine-et-Marne). (ieollroy (Auguste), à Lagny. CeollVoy (Charles), à Verdun. rieoUroy Saint-Ililaire (\1"'^), à Paris. (iiot, à Ghcvry-Cossigny (Seinc-el- Marue). (iirod, de PAin (le général baron). (jodde, à Paris. GraiidcHe (le comte de), à P.iris Grandellé (le vicomte de), à Paris. (iranié' (A.), à 'J'oulouse. Granié (P.-G.), à Toulouse, Grellou illenri),à Paris. aforbi('n' (le ddclciii). à la riozcllc (Loir-t'I-C-lid). Lagiicau (le docloiir), èi l'aiis. La l'anoiiso (le conile (k'), à Taris. LajK'ilier, à l'aris. La Iloquelle (de), à l'aris. Larrey (le l) 20 ih'cc'iiliiv^ 1 si i 1 . Monsieur le Président, .l'ai l'honneur de vous transmettre, sous ce pli, une noie qui contient l'ensem- ble des informations que j'ai pu me procurer sur les plants et les semences d'ai- bres destinés à la Société impériale d'acclimatation, ainsi que mu- la nature des terrains qui leur sont le mieux appropriés. I.a plujiart des plants pourraient, je crois, être uns en terre, à leur arrivée en France, si toutefois l'hiver était doux. <^>uant aux semences, il serait bon d'eu essayer quelques-unes dan.> une serre Ih SUCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCLILIMATATION. avant de les risquer en plein air, et il ne faudrait, en tout cas, les déposer en terre qu'au printemps. .le crains, monsicni', 'jue vous ne trouviez ces infoiniations très insnllisantes, mais il n"y a guère moyen d'en avoir davantage. Les arlu-es dont il s'agit sont tous cireclivcmcnt des arbres de. fnrèts, dont la culture est peu connue, nicnic au Canada, où ils poussent s]iontanéinent. ,1e vous écris en toute liàte cl à ladernière minute. Veuillez in'excuscr, je vous prie, et recevez, etc. Signé Cauldrée-Boii.leai . lAslc de plants ci de graines d'arhres forestiers du Canada envojics à la Société impériale d'arrlimatatioii jiar M. (iALU.nRKE-nuiLi.E.M', Consul général de Fiance an Canada. NOMSVULGAII'.l-S NOMS SCIENT. riiiur,?. LOC.SLITés ET SOL. l'iiuils d'nrbrcs furcstkrs. Sol rirbe des forêts. WhitcOak. liock Elm. (nipr'cim -nlh/'i Soi l'iche des forets. l Inuis americana Vallées d'alluvion. Tamarac . . Larix americana Marécage^. Ash Fraxinus americana. . . . Sol riche et humide des forêts. VVliite Tnie Pimis stiobus Forêts. Cedar. ■ . . Thuia occidenlalis Marécages. Hendoik . . Abics canadensis Montagnes ou bois a sol rocailleux. Spruce. . . . Pinus ou Abies nigi a . . . Marécagesou bois des monlagnes froides. RedPine. , Piinis rnltra ou resinosa . Cfaiiirs d'arhres forcsiicrs. Sol sableux. Spruce . . . Pinus ou Allies nigra. . . Marécages ou montagnes froides boisées. Tamarac . . I.arix americana Marécages. White Cedar Cupressus Ibuioides. . . . Sol rocailleux, marécages. Wliite Ash . Fraxinus americana. . . . Rois. Rock Elm. Ulmus americana Vallées d'alluvion. AVhiteOak. Soft Map le. Ouercus allia Sol riche des forêts. Marécages ou bois humides. Acer rubrum White l'inc. Hickory. . Red Oak. . Pinus slrobus Forêts. Sol ric!ic et liumidc des bois. Carva alba Qucrcns rulira Rois à sol rocaillrux. VI. CHRONIQUE. Ouvrages oîFerts à la Soeîélé. . Sur l'oiivniso de M. le 0'' Cornav, intiliilé : De la recomirucdoii du Cheval sauvage })iiinitif. efr.. p.ir ;\î. riiciiARD (du CantJil). !\1. !<■ (lorlciii' Cciiiiiiy oHi'e à lii Sociélé une hi'orluin! sur nos races elio- valiiies, allérées, suivant sou opinion, par la si'leciiou et les crois(Miients mal comlnnés. C'est par la science pratique {!e l'anatoniie, de la physiolot^ie el «le riiyi,'iène, que nouspourrons parvenir à régénérer nos races suivant cliacjue région qui les produit. « Les mo) eus de translornialion du cli(!val, dit Fauteur, reposent surTédu- » cation, riiygièiie et raccouplenient ; le climat, les plateaux élevés, les lieux » secs, les plaines et les vallées humides, l'exercice et le travail bien coni- I) pris, bien dirigés, la nalure des logiMiienls des animaux, sont autant » d'agents qui ont une influence marquée sur ramélioralion ou la détério- » ration des races sui\aut leurs bonnes ou mauvaises conditions. Or, ce ne » sera que par les sciences indiquées par tous les auteurs sérieux que l'on » pourra bien en juger. » Suivant M. le docteur Corn;iy, dont nous ne faisons que reproduire les opi- nions, ramélioralion des races par ellrs-ménies, par un bon choix de re])ro- ducteiu's, et iiu moven de soins liygiéniques bien dirigés, sérail le procédé le plus convenable pour arrivera un bon résultat. « Ouest dans une fausse » route, dit-il, dans une impasse, en encourageant le sang anglais, {ju'il soit » pur ou demi-pur. Il détruit les sous-races du iuiys, il les dérange el les » transforme » M. Gornay n'approuve pas les mélanges. Il leur attribue la destruction des races locales qu'il nonune races régionales, l'our les lecousliluer, il \eut qu'il soit formé un tyi)e propre à chaque localité, et que l'on perfectionne cet\pe ])iu- une bonne hygiène, et l'exclusion des croisements. l'our parvenir au but indiqué par AI. Cornay, il faudrait choisit, [)our for- merdes raCcs régionales, desanimaux quiauraienl des caractères dont il donne la descrl[)tion, et qui, suivant lui, sou! ceux qui se rapprochent le plus des caractères propres du cheval primitif, ou type sauvage. Ainsi donc, suivant M. Gornay, un reproducteur qui, par sa conformation et sa forme, se rapprocherait le plus duclie\al primitif, du type sauvage, serait celui qui conviendrait le mieux pour former les races. Mais il repousse avec énergii' les importations de races étrangères. Or, voici comment il s'exprime à ce sujet : « Lorsque, pour la j)remière fois, nous avons dit qu'il fallait améliorer les » races par elks-mcmes, nous avons entendu jeter un cri de désespoir par » les inq)ortaleurs de races étrangères, et surtout par les importateurs d ' » races anglaises. )> Ils ne voulaient pas être troublés dans la démolition de nos races régio- » nales, par l'intromission du sang pur, du demi-sang, du qu-irl de sang, et « souvent du rien du sang étranger. 76 suciKTi': i.MrKiiiAi.K zu()i,u(jini ]■: d acci.i.majatio.n. » L'cng;ou('itit'iil l'Iail tel, (iin' l'on nv parlail (juc dos imccs aiiiilaisos : ou » allait jusqu'à dire qu'il fallait di\ niillc (Maloiis anglais pour amélioror uus M races régionales. Ces dernières étaient inri>iisées, néglif^ées, conlbiulucs. » Elles devaient subir, comme les plus \ ils individus, le croisement des races )) anglaises aristoeraliques, si allieuses dans lenis dispi-oportions, et qui ne » peuvent servir à un peuple de chasseurs, d"(''cu\ ers. de guerriers. » C'était l'intronisation de ces races anglaises à la i)lace des nôtres. C'était » réquitalion, l'arl transformé en luttes d'acrobates. Celaient les réactions » généreuses changées en cadences ridicules » Sans admettre toutes les idées soutenues dans la brochure de M. le docteur Cornay sur l'amélioration de nos chevaux et les moyens de la provoipier, nous y avons trouvé des aperçus justes i)asés siu' la science, siu' la prali([ue et sur l'obscrvalion des faits; lu:itel'ois nous partageons sans réserve aucune cette opinion, que la science seule éclairera bien la France sur le perfection- nement de ses races : sans celte science, h but proposé e: proclami' depuis des siècles ne sera jamais atteini, ((uoi qu'on fasse. Documeuls relalifs à la pèche el a riclithijoluijie an moyen riyc, par M. DE i,A Fo^s, baron de Mélicoco. l'armi les ([neslions dont s'occupe la Société, celle de l"(''ducalion des l'ois- sons peut être certainement mise au premier rang, et tous les faits nouveaux que la pisciculture peut fournir doivent figurer a\ec iionneur dans noire Bulletin. !\lais nous croyons que l'élude des anciens documents enfouis dans les archives de nos bibliolhèques peut fournir des notions intéressantes, et quelquefois même très uliies aux savants. Nous avons donc pensé que la Société recevrait favorablemeni ([uelques pièces trouvées dans les archives des bibliothèques de IJlle el de A'alenciennes, et relatives, l'une à une ordon- nance de pèche publiée en 1^95, les autres faisant connaître les noms des poissons vendus sur les marchés du Nord, du xiv'au xvi' siècle. 1395. Ordonnance pour i>a i'kciie. Colar-, Uaignes, recheveres de Ilaynau, faict savoir à tous que telle/, sont les loisel amendes queJehans Mignos, peskieres demoraïUà Condeit, siergans constituez et estaublez en ce, })U('I ei doit prendre el lever as mesfaisans sur les eusvcs de le contel de l]a\nau. C'est assavoir que on ne puet pesluer de mil harnas en ledille couleil de Ilaynau, se ce n'est de le Maille leC(»iile, sur le ban de sysaule sois et le hariiaspierduU item, on ne jxiel prendre niilx poissons en rievière courant, se ce n'est de le Maille le Conte. Hem, nuls bicckeliauls ([lelilsbrochels) de ranée,seyl n'a \ii polz, ou [iliis, sur l'amende de syssante sols de blans, et se pierderoit lez poissons et le harnas. Item, qui ne soit nuls (jui preiige ruches qui n'ait (juatre polz et demy ; vcndoizes (1), cbiiincq polz; brasmiaiil, \ii pois; anlcniair (2), viii ptils ; (1) Pflil pois>oii appcic iKiril. i I'ni(]iiili'rl, Gluss., mi|ii'1.,|i. l'.lî'.) (-2) Ils ligiircMl piesque .^oiu le imOiiic iium tUiiib iJtii.x Jtlc- ;lc IGJl, 171 J. (^tiuMiuiiî (Je Coiii|iii';;^iii', .1/t/i. U'niln'i>-Mclicuci|. r.iinoMOUE. /"^ banliaiis. dys polz, et tfiiriaiis, <1<' I dt'iiier. VA qwc no soi! nuls qui pronge loios (1(111 iiii-.iMil jiisqiies ;m mi-mai. il('m,([iieno soii nuis (|ui prein^ von(li»iz(\s don nii Irs lier jusques an nii- marcli. ilcni, (pii no siiil luils (pii ton2;i' Ixvicliicllrs acipiics de viers, sur io l)an (lin dil ost, ol qu'il no soit nuls qni lon^^o (piolconquc sacq (luirillprrch (à an!;iiillos),snr syssaniosols blaaczet le sacq piordtir,.f^' // ne tiriit plus de une tousse de 1 siiine, et tein/e en sas de son eompuliiiuni une plaine rocLe d'euvve de sijs vins diestres de long, off plus, et se pins priés estoit Irnu- vos, cluiils darains aroil tondut soroit à syssaate sols blz pardeviers nions, le prince, ou le signeur de sour cuy y le fonrforoit. Ilom, qu'il no soil nuls qui tenge es os rivières as vontailoz, no as rahas, liarnasd'osiores, tani (pie blancquc -e/);fc(l)duro,snrlebande syssanle sols. ilom, ([ui ne soil nuls (|ui longe barnas nul en avalées de prarics, ne do niarcz, sur le bancq que dil est. Iiem, (pii no soit nuls qui liovece aulrny barnas quelconque. Item, qui ne soil nuls qui r/r/rr (dague V) on riviôro soursont (sic), sur le bain do syssanto sols, le barnas pierdut. lleni,qii"ilno soil nuls quipeskcco au banijinde vive (nnorsse,ne qui faee acquenient. Ilom, qni ne soil nuls (pii pesipielc de risjie, ne de eavene (clianvro), sur !o ban (juo dit est. Ilom, qni no soit mils (pii giollo eiisôs rivières ol Ibions lorros, necaioigne, 110 lamonuros, sur le ban ^W v s. [)Our jour, et de X s. par unit. Ilom, qui no soit nuls (pii moce lin on roe (mettre rouir) on es riviores, no en courant (pii joitiogno, don jour de le Madelaino jusqz au jour Nostro-Dame my aou.sl, sur Io ban do \\ s., et le lin acquis à nions, lo prince. Si ai pour les niosl'ais Jconimo sorganl)saisir, aricstor el détenir, lontosfois ol quantos lois que loca; oskoroit, ledit .loban Mignot donnct et donne plain jioir et commandomoni ospôciaul ol géiioralomont, de faire, excersor et exploilier tout ce qu'à olislo de sorganl piiot ol doit appartenir. Si requières et ],rio à tous et à toutes, à ceux li dis sergans se adrccera que, en faisant son dit olisco. !i soient aidant, obéissant et confortant ; car tout ce qui par luy en sera fait, exerset et esploitiet, je l'ai ol arai pour lormooi agréable, comme recbivieres. si que dil est : parniy le boin compte et loyaux rapports que li dit sergans on doit faire [lar deviors my, par le tesmoing de ces lotlros scellées demen scel,durans jnsquez àmonrapiel, doneoz raiimil iiic; wiiii ol quinse, le vint dousisme jour do niay ('2). Sums ouhjaiies lancqnes niolues. inollues douces. l/l63. Alozes, condanniées à enfouir. — 1527-56. Alozes de batistes, de thonnean ; rondelles d'alozes; alozes sallées. 1Z|93. Waicq. On fait enfouir ungtonnelde waicq. 1^36. Selerins. — Lue (luevalée de selerins. — 1532. Sccelins, selerins, solerins. 1/i69. Cn fait enfouir une tnnnelée d'oestres. — l/i93. Id. trois tonneaulx d'onsles. — 1523. Onslr(>s. — 15/49. Uistres. 1/465. Une broutée de belbncq. — I/166. Elebucq enfoui. — 1/|90. vi ca- billanx et x testes de elebucq. — 1523. On fait enfouir uneesclan- née de liellebncqz. — 1552. Ung tlionneaii de lestes de elebucq saliez. — 1559. Ung fort grant ellebuc([. 1/i6c-1523. Leutequins, benikiiis. — 1/160. On fait enfouir aux dianips deux sonnnes de senlles et bontequins. — 1527. Denx sonnnes de beuteqnins. 152/1. l;refiiiis. 1527. On fait eiilbnir denx Konunes d'anguillesde mer. Id. un peneul de dorez de mer. Bretons. On fait enfouir une carie de bretons et de cabilleaulx. — 1559, Du breton. r.iir.ONiQUE. 70 15fi/l. Esclcfins. — NomI)ic de ])(>issniis, iioiiinit's oscledlns, osrlopliins. — 1552. Esclopliiiis saliez. — 1559. Liiio baiisle de C(tppiiie el es::iepin. 15G/1. Crevicesde mer. 1552. Uiigpoicq de mer. — 15G!i. Trippes de porch de mer, 1552. Cioidlequiiis. Mideiz. Poisson de Oaiicsiiier (Noyer). 155G. liCs testes et liippes d'un rliieii de mer. Deux eresmiies. Des lounmdes. 1571. 'l'iippes de li veine (1). Extrait d'un ouvrage de J\J. l'aljbé V,ru\sfiEi:n DEV,oijr,r.ovr,c., cninmuniqué par M. DE La r.o<)CETTE. Pase 51. — « Sous le triple rapport de la ferlilité, du climat et de la si- » lualion géot;rapln(jue, la vallée du (inazacoalco doit être considérée conmie » un des pays les plus nuigiiiliques du |j,lobe. La terre rend au centuple ce » ([ne la main de riiomme lui conlie, et, pour la même somme de travail, >> prodiut au moins six fois autant qu'aux États-Unis le sol le plus favorisé. )) 11 serait dillicile, dans une revue si rapide, de se faire une idée exacte de » la variété el de la ricli(>sse des produits de Tistlunc de Tehuantepec, et » surtout de la vallée du C.iiazacoalco. C'est la patrie des bois précieux de » loiue esjirce, du caoulcliouc et de la connue élastique, de la vanille, de » la salsepareille, de l'indigo, du sang-dragon, du cacao, du café, du » sucre, du tabac, du colon, du maïs, du miel, de la pita,clc., et ces pro- » duils ne demandent qu'an travail insigniliant pour enrichir un peuple » aciif et iiidiislrieux ** Pages;!. — « Entre les productions spontanées de ces contrées, une des » plus curieuses et des moins connues en Europe est Ylxtli de l'isllune, sorti; » d'agave, maisdinéreule à certains égards de V Agave amer icana, du Mugueg )) ou l'uUiae du !\Iexi(pu^ et de VAgave sisuhma de (.ami)écli(\ Il y a des » variétés inlinies de cette plante féconde, qui toutes produisent de la pita 1) ou fil de diverses classes, depuis le clianvre le plus comnum jusqu'au plus » fin lin. Tous les terrains lui sont bons; il est inditléreul au climat et à la » saison, et la simplicité de sa culture, aussi bien que l'art d'<'\traire et de » préparer ses produits, est telle, qu'il est d'un usage général. On en fabrique » à la fois du fil, des cordes, des nattes, des sacs, des habits ; le? Indiens en » font les hamacs où bien souvent ils ouvrent les yeux à l.i lumière, oîi ils se » balancent et se reposent durant la vie, enfin où ils meurent. Ses filaments » servaient anx anciens à faire du i)apier, et Toi, en a fabriqué de nos jours » d'une beauté et d'une durabilité extrême. Le suc qu'on exprime de la plante » sert de caustique pour les i)laies ; de la rosée que l'on recueille le malin (1) Avch. lie riiiil'-l lie vilU' lie l.i'h', loi;-. ;w\ ('(niiiiles. SO sociÉTh: i.Mi'KfUÂi.E zoni.rMiioi'E d'acclimatation. )i dans ]c rrou\ do ses larRos Iciiillcs les liuliPiinos sf lavoiil pour so giu'-rir » ou so présorver des nialiidics do la poaii, pour conservor la Iraicliour do » lour teint, on la piôsorvanl do ridos prôniaturées, et do sos opines olles se » l'ont dos aiguilles on des épingles, .rajontcrai qnc do sos racines on extrait « nno oan-dc-vio délirionso, dont une xariôté se connail à flnatoinala sous » lo nom de coiiiileco. La culluro de Vl.iili est exlrènionient otenduo sur » Tisllime de Tohnantepoc, i)rineipalonionl autour des bourgades indiennes » do Chinialapa ol do San-Juan duicliicovi. » Le Sccri'talrc du Conseil , r.LÉril.\-MÉN£VILLi;. si'-.ANCi'. mi '20 DKr.iv^nni: 1861. RiiUetiii lie la Sociùlc centrale d'agriculture et d'acclimat:ition dos Basses-Alpes, 2'' série, n^s ;-, ot G. DuUeliu do la SuciiHé ceiilrale d'agrirultuio, d'horticulture et d'accliuialalion do Nice et du départouienl des Alpes-Maritimes, ortoltro ISfil. Mémoires de la Société d'ajvriculture, commerco, sciences cl aris du département de la Marne, année 18GI. Bulletin de la Société d'agricidturc de Brest, année IS(JO. Bulletin de la SociélJ d'agriculture et d'horticulture do rarroudissoment de Clerniont ((^ise), n" IO,oclobre IH()1. Bulletin de l'Institut égyptien, années ISiJO et 18(Jl. Histoire rialnrellc des légnes organiques, de M. Is. GfOFKiuiY Saint- Hu.AiRE , traduction russe pir M. B. Buijianofk, 2 fascicules grainl in-8. Moscou, 1800. Unité ilo l'espèce humaine, par M. de (Jiatiîkkacks. I vol. grand in- 18. Paris, 18()1 . Offerl par l'anlenr. lîlude sur l'hisloiro naturelle, par M. ('.. Dclvailm:. Nouvelle édition. I vid. grand in-i8, 1802. Oll'crt par l'auleur. Dic'tiomoiiie généalogiipie (!c la race pure pour remonter à l'iuigine des chevaux et juments de pur sang anglais qui (uil été iniroduils en France, et des individua- lités célèhres restées en Angleterie, qui ont formé, illustré et conservé celte race, parM. CiiAUi-ts nu Havs. 1 vol. iu-l8. Paris, 1801. OITert par l'auteur. 1)0 la reconslrucliou du Cheval sauvage jiriniilit, et de la restauration parl'omai- ino"aniie de nos races chevalines régionales altérées |iar la séleeliou et par le croisement, par M. .I.-K. Coruay. I vol. in-18. Paris, 1801. Ollert par l'auteur. Kludios i^rogressivos sohre \arias maleiias cientilicas agricnlas e industi iales, par M. l). Ai-VAKo Beynoso. ■fume p-,! vol. grami in-8. La lla\ane, ISii I . Ollert par l'auteur. Agricidture élémentaire théori'jue et pratique. Livre de leclme à l'nrci«ii c'est pres(pie une mode. Je vois élever de la volaille dans les villes, » dans les jardins (le leurs faubourgs, dans les parcs, dans les chandjres, » et même sur les fenêtres, au beau milieu de Paris. )> Mais si ce goût s'est développé avec la fougue de la mode, générale- ment on se plaint qu'il s'exerce avec inipéritie et confusion, sans tenir compte desai)titudesdcs di\ erses variélés, du choix des rei)roducteurs, et de la purelé de leurs races. Delà un grand nond)re de déccplions qui finiraient par engendrer le découragement et l'abandon. Les Expositions remédient à ce mal en plaçant sous les yeuv des amateurs les meilleures espèces cl leurs plus beaux types. Elles font l'éducation du public. 'j'elles sont les considérations qui ont déterminé le Conseil de la Société d'accUmatalion et celui du Jardin du bois de Boulogne à ouvrir dans ce jardin, sous les auspices des deux Sociétés, une Exposition ornitho- logi<[ue. L'emplaceiuent ne saurait élre n)ieux choisi. On sait de quelle laveur ce bel établissement jouit auprès du public parisien ; il a le même attrait poiu' les étrangi>rs, et il n'en est pas un qui vienne à Paris sans le \isiter. En avril dernier, il a reçu 50 000 visiteurs. Nul doute qu'une Exposition [)ul)Iique n'augmente encore ce nombre. Les exposants trouveront ainsi la publicité la |)Ius grande c! la plus compétente (pi'ils ])uissent désirei-, . (jCtle Expcisition, à laquelle ne seront poini admis les animaux du Jardhi zoologique, ayant lieu à l'entrée du printemps, au moment où l'on va partir pour la cauii)agiîe, i)rovoquera les demandes par la vue des sujets, facilitera et nudtipliera U's acquisitions. On comprendra qu'au lieu de ces \olailles chétives, voraces, turbulentes^ salis aucune qualité, qui coiuposeni la plupart des basses-cours, et qui sont si dispendieuses à élever, on pourra, pour la même somme de nourriture, ot par le choix seideinentdequekjues bons re|)roducteurs, doubler ses produits, sous le iap|K)rt de la pont<', du ])oids et de la succuleiu-e d(> la chair. il a paru que la grande Exposition universelle de Londres, qui doit avoir lieu vers la mêm(> épo(pie, loin d'être une concurrence qui dut tuiire à celle du Jardin d'acclimatation de Paris, serait au contraire une circonstance heureuse; qu'on pouvait espérer, d'après ce qui a eu EXPOSITION DF. vo[,.vTiL?:s AU .(AiiDiN h'accumatation. H?> lieu |)ivc(''(l(MiiiiH"iil, que le rclliix de la !j;ran(U! J'A|)()silion de Londres se ferait sur Paris; que, soit en allanl, suit en revenant, on voudrait |)assei' |)ar l'aris, et qu'exposants et visiteurs y trouveraient leur compte, on prolilant des deux. Expositions par \m seul déplacement. Les exposants n'auront pas à supporter d'autres dépenses que celles du transport et de la nourriture des animaux ; il leurseia fomni, dans le Jardin zoologique, des aménagements parfaitement appro|)riés pour les recevoir, (jeux des exposants qui ne pourraient se cliai-ger du soin et de la nourriture de leurs animaux pourront s'entendre, à cet égard, avec la Direction, qui tiendra à leur disposition des grains et tous les aliments demandés, au prix coûtant. Il ne sera perçu aucun droit sur les aidmaux exposés, ni sur les ventes qui se feront A la lin de l'Exposition, il sera distrilnié des médailles d'or, d'argent et de bronze, au nom des deux Sociétés. La durée de iJ'Aposilion sera de huit jours, du dimanche "20 avril au dimanche 27 du même mois inclusivement. l'endanl toute la durée de cette Exposition, les membres de la Société d'acclimatation auront extraordinairenicul la libre entrée du Jardin, sur la sim[)le [)réseulaliou de leur carte. REGLEMENT. Art. 1"'. —L'Exposition sei-a ouverte ati public du dimaiiclic 20 avril 186j!, noul' heittcs du matin, au diiiiaiiche suivani, '27 avril, six heures du soir. Elle comprendra tous h^s volatiles cVciite présentes par des l'rancais ou })ar des étrangers. Les oiseaux de proie sont seuls exceptés. Art. 2. — Les volatiles devront être rendus, francs de port, au Jardin zoologique du bois de Boulogne, au plus lard le 16 avril, à six lieui^'s du soir. Les exposants sont invités à faire précéder leurs envois par une note détaillée, adressée au Directeur du Jardin, et (jui devra arriver avant le 12 avril. Les volatiles cnvrtyés ne seront admis ([ue sur la décision d'une Commission nonimée par le Conseil d'adminislration des deux Sociétés. S/l SUCiÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Us 110 puun'uiit, Sciullu cas de nuiladii', èlrc rulircs avant la chjlurc de l'cxpositiuii ; mais ils dcvroiil tous être retires dans les (luarante-liiiit heures de cette clôture. Art. 3. — Des cai;es disposées sous de vastes hangars seront mises gratuitement à la disposition des exposants, (jui n'auront à supporter (juc les frais de soin et de nourriture de leurs animaux. Pour ceux (pii en l'i-raicMit la demande, la Direction du Jardin se chargera de ces Irais, au prix coûtant; mais elle ne r/'pondra d'aucune mort ou perte, (juelle qu'en soit la cause. Le service des animaux devra èlre l'ail, tnus les jours, avant neuf heures du malin. \i.'i._ /i. _ Chaque cag(:' portera un écriteau indiijuant le nom des oiseaux qu'elle contiendra. Lesex})Osaiils pouridiit) joindre leur nom, leur adresse et le urix des sujets exposés. Us pourront même distrihuer au puhlic des prospectus; mais il leur est interdit de provoquer l'atten- lioii des visileiirs i)ar (h>s sollicitations im|)or(nnes. ^\f,rp_ r^ __ [^ne carie (renlrée graluile, exclusivemenl per- sonnelle, sera remise à chatpie exposani, ou à son rcprésen- lani agréé par la Direction du .îardin. lui cas d'ahus, celle carie pourra èlre retirée. _,\j.T. G. Des médailles «l'or, d'argent et de hronze seront décernées le diniaiiche '20 avril, sur le rapport d'un jury nommé par le Conseil (radniimslralion des deux Sociétés. l'dles sei-ont délivrées le mardi '2-2 avril, à trois heures. Ces animaux appartenant an .Iardin zoologique (racdima- lalion ne prendront point part à ce concours. ,^j.-i._ 7_ _ C'organisation et la surveillance d<î l'Exposition sont placées sous l'autorité du Directeur du Jardin zoologique iracclimatation. TRAVAUX D'ACCLIMATATION FAITS PAR ORDRE DE S. M. LE ROI DE ^V^RTEM^ERG, Par M. fr'.i-clérif DEBAIi\>i. (Séance du 22 lévrier 1862.) A côté des intéressantes études et des heureuses tentatives qu'a faites le roi de Wurtemberg, tant pour améliorer la race chevaline du pays au moyen du croisement avec des étalons arabes, que pour perfectionner les races bovine, ovine et porcine, il est juste de signaler les essais qui ont été tentés par ordre de Sa Majesté au parc de la Favorite, dans le l)ut d'acclimater quelques animaux étrangers, et plus spécialement les espèces dont la toison peut être utilisée pour le tissage. Sa Majesté a aussi pensé que des études comparatives sur les mœurs, le caractère et l'alimentation des espèces étran- gères à nos climats, pourraient fournir des données utiles aux grands éleveurs du pays. L'histoire de ces divers essais doit intéresser tous ceux qui s'occupent d'acclimatation ; aussi avons-nous cru devoir mettre sous vos yeux quelques extraits d'un magniliipie ou- vrage récemment publié à Stullgard, sous le titre : Les haras, et fermes, modèles du roi de Wurtemberg. A l'extrémité des jardins du château royal de Ludwigsburg, au nord de Stuttgard, et dans une position un pou élevée, s'étend un parc entouré de palissades, d'une contenance d'en- viron 23/i arpents. C'est le parc de la Favorite, avec d'im- menses gazons dont Tuniformité est coupée cà et là par (juel([ues bouquets de chênes clair-semés. C'est là qu'ont eu lieu des essais comparés })Our l'introduction en AVurtemberg d'une nouvelle race de bétail. 11 y a environ trente ans, le roi y ayant fait réunir différenles races étrangères d'animaux utiles, épars jus(jue-là dans ses divers domaines, il s'y forma comme un petit jardin zoologique d'acclimatation. 8() SOCTÉTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Animaux renfermes dam le parc rh la Favorite. Les animaux qui sont arrivés les prcmiors dans If parc do la Favorile sont les Cerfs du Bengale [Cervus axis), imporlés en Wurlemberg dès ISi-l et parfaitement habitués aujour- d'hui au climat de ce pays. Les Biches mettent bas en toute saison. Souvent les petits naissent en hiver, et alors on ne parvient pas à les élever. La chair de ces animaux est agréable, et ils peuvent donner de 80 à 90 livres de viande. Ils sont dans le parc de la Favorite au nombre de quarante à cinquante. On les al)andonne à eux-mêmes pendant la belle saison, et c'est seulement quand le sol est couvert Ai' neige tpi'on leur fait remettre, sous un hangar, du foin et des châtaignes sauvages. On a essayé de croiser le Cerf du liengale avec le Daim et le Cerf ordinaire, mais jusqu'ici ces tentatives sont demeurées sans succès. Chèvres à toison soi)euse. — 11 y a deux espèces de Chèvres dont la toison peut être utilisée pour le tissage : les Chèvres de Cachemire et les Chèvres d'Angora ; toutes deux provien- nent d'Asie. Il y a une diflérence considérable entre les loi- sons de ces deux espèces, mais les formes sont sensiblement les mêmes. Elles ont toutes deux les cornes renversées en arrière et les oreilles pendantes. Les B(Uics sont de la taille des Boucs ordinaires ; les Chèvres sont un \)pai plus petites que nos Chèvres domestiques. Ces animaux s'élèvent très facile- ment dans nos climats. Comme les Moutons, on les laisse paître pendant l'éti' ; rhivor, on les rentre dans la bergerie et on les y nourrit de foin. Leur toison reste ce qu'elle est dans leurs pays d'origine. Les Chèvres de Cachemire ont ('ti'; importées en "\Yurtem- bergenl823 etlS26. Par-dessus leur toison, qui est longue, épaisse et serrée, ces animaux ont pendant l'hiver des ixiils soyeux et souples qu'ils perdent au printemps, et qu'on détache aisément alors au moyen d'un peigne. Ces poils sont d'une extrême fmesse, et l'on ne peut leur comparer que la laine la plus fine des TRAVAUX d'aCCMMATATJON EN WURTEMP-Elifi. 87 Mérinos. Le poi^naii'c annuel ilc lenr toison n'a jirodnit jus(|n'à présent, j)onrdonze Chèvres, qne 2 livres de tissn do Caelieniire par année moyenne. Les progrès considérables que l'on a réalisés depuis quel- ques années dans l'art de filer et de tisser les étoffes, permet- tent d'obtenir avec la laine des Mérinos des tissus aussi soyeux ([ue ceux que l'on obtenait au siècle passé avec la toison des Chèvres de Cachemire. Cela a diminué de beaucoup l'intérêt qu'on avait attaché, dans le principe, à la multiplication de ces animaux. Les premières Chèvres d'Angora sont venues de France en 1826. En J857, de nouveaux individus sont arrivés, provenant du troupeau delà Société impériale d'acclimatation. La toison de ces animaux consiste en une série de poils longs et lustrés. Elle n'est pas aussi fine que celle des Chèvres de Cachemire, et ne peut donner, par conséquent, des tissus aussi soyeux. En revanche, elle est très brillante et d'une solidité à toute épreuve. D'après les calculs du docteur Sacc, on en importe annuellement en Angleterre 20 000 quintaux, qui donnent 10 000 quintaux d'étoffes. La moitié de ces toisons sert à faire les étoffes pour meubles connues sous le nom de velours d'Utrecht, l'autre moitié sert à confectionner du camelot et d'autres étoffes. Les poils de ces animaux tombent naturelle- ment. Ici on les tond au printemps. Onze individus Doues et Chèvres ont donné , en 1860, 22 livres 1/2 de toison, et 23 livres en 1861 ; onze autres individus achetés à Marseille, dans l'automne de 1860, ont donné, en 1861, 19 hvres de toison. Les Boucs donnent de 2 livres 1/Zi à 5 livres, et les Chèvres d'une livrel//ià 3 livres. Jusqu'ici la petite quantité des produits obtenus n'a pas permis de faire à lion compte un envoi en Angleterre. On a vendu les toisons à des f^ibricants de perruques, moyennant 2 florins {k fr. 30 c. la livre). La chair des Chèvres d'Angora est bonne, et elle donne une graisse abondante. Leur lait suffit simplement h nourrir leurs agneaux. Les résultats satisfaisants qu'ont donnés les Chèvres d'An- gora ot l'utilité de leurs produits ont suggén!' l'idée de tenter S8 SOCrÉTÉ IMPÉRIALE ZOnLOGIOUE d'ACCLIMÂTATION. lin croisoment oiilrc los lloucs d'A.ngora, d'une pari, el les Chèvres ordinaires elde Cachemire, irautn^ part. Le premier croisement a déjà produit tleux générations. Dès la première i>énération, les métis avaient hérité de la longue toison des Boucs, mais cette toison n'était ni aussi line, ni aussi égale, ni aussi hi'iUante. Le croisement de Boucs d'xVngora et de Chèvres de Cache- mire a été ol)tenu, pour la première lois, par Polonceau, en 1826. La toison des individus de la première génération est plus iine rpie celle des métis d'Angora et de Chèvres vulgaires. L'heureux résultat de ces tentatives de croisement a décidé le roi à laisser dans les domaines de Weil et d'Achalm des Boucs d'Angora, qui sont à la disposition des éleveurs des environs pendant tout le temps de la lutte. Mouton () (/rostse queue de PYé?neu. — Un individu de celte espèce a été ac^iuis, en 1S()0, du jardin zoologique de Mar- seille. Le Mouton de l'Yémen est nn peu plus petit que le Mouton onhnaire, sans cornes, à oreilles pendantes, hlanc, avec la tète et le cou noirs. Ce qui le caractihàse, c'esl l'ahon- dance de sa graisse et la grosseur de sa queue, qui atteint chez les individus des deux sexes un poids de 8 à 10 livres. Dans l'Yémen, hi graisse de ces animaux est em|)loyée pour les mêmes usages que la graisse de porc. Leur toison consiste en poils courts et Irisés, dans l'intervalle desquels un fin duvet pousse pendant l'hiver. Comme la laine des Moutons mérinos, le ])oil de ces animaux est entouré d'un suint gras. On a introduit les Brehis de l'Yémen principalement, afin d'observer si les dépots graisseux, et en particulier la grosse queue, qui constitue le trait distinctif de cette espèce, conti- nueraient à se Former dans nos climats et avec des conditions d'alimentation sensiblemenl différentes. On les nourrit de foin, et jusqu'ici on n'a remarqué aucun changement. 11 semble même que la (jucue grossit chaipie jour. Ces animaux ne sont néanmoins pas acclimatés; deux fois les petits sont morts. Mouhui à laine soyeuse de Mauchamp. — Un petit trou- peau de cette nouvelle espèce, créée par M. Oraux dans son TI'.AVArX d'a'JCLIMATATION en Wrr.TEMDERi;. 89 (Jomnino do Maiicliamp (Aisne), a ('!('■ arlioli', on 1858, à la 1)ergorio francaiso de Govrolles. Ce qui distingue celle nou- velle espèce, et ce qui a décide à en l'aire l'acquisition, c'est une linesse et une souplesse de laine tout à lait remar- ([uaiilos. Les toisons de ces moutons pèsent un peu moins que celles du troupeau de la terme de Seegul. A titre d'essai, on croise chaque année un petit nombre de Brebis de Seegul avec d(\s Béliers de Mauchamp. )V//,. — L'Yak {Bos grunniens) est une espèce de Bœuf originaire dos hautes montagnes du Tibet. Ces animaux, un pou plus petits que les Bœufs ordinaires, sont employés dans leur pays à porter des fardeaux. Bs ont la queue et la crinière des Chevaux. Leur corps est couvert de poils que l'on peut tisser. W y a doux espèces d'Yaks, l'Yak sauvage sans cornes, et l'Yak domestique, à pelage blanc, avec des cornes de grandeur moyenne. Deux veaux, âgés de six mois, provenant d'un troupeau acheté dans le Tibet par M. de Montigny, ont été donnés par la Société d'acclimatation de Paris à Sa Majesté le roi de \\m- temberg. Le mfde, ayant péri, a été remplacé par un autre. Les crins de ce Yak sont moins abondants, et il n'a pas encore de crinière. On ne possède de la race noire sans cornes que deux individus : une vache assez âgée, et un veau provenant d'elle, très vraisemldablement d'origine croisée. Los soins à donner aux Yaks sont absolument les mêmes (pie ceux que l'on doit donner au bétail ordinaire. On les nourrit de foin et de paille d'avoine ; en outre, l'été on les laisse brouter dans les prés. Peu de temps après avoir mis bas, la vache s'est laissé traire. Le lait est très gras, mais pou abondant. Lue partie des poils qui couvrent l'Yak est roido et ne tombe jamais; l'autre partie est plus fine. Ce sont des poils d'hiver que l'on enlève au printemps. Les deux Yaks nés en septembre 1857 ont donné, au printemps de 1859, 3 livres de poils fins et soyeux. Au printemps de 18G1, la vache âgée de trois ans et demi, et son veau âgé de six mois, ont donné 90 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ensemble 3 livres de poils. Ceux de la vache de trois ans étaient beaucoup plus roides que ceux du veau : les premiers se rapprochaient de la laine grossière d'une Brebis de nos contrées; les derniers avaient la souplesse et la finesse de la plus belle laine de Moutons mérinos. Les poils qu'on a recueillis en Wurtemberg ont été immé- diatement lilés, et ont servi à faire des tapis. Noie sur les diverses espèces de Poides élevées dans la ferme de Rosenstein, appartenant et S. M. le roi de Wurtemberg. Les espèces que l'on élève à Rosenstein sont les Poules de Cochinchine, deBrabmapootra, du Gange, les Poules à huppe de Hollande, et les Poules Bantam. A deux ans, les Coqs de Cocliinchine pèsent. . 71iv. 1/2 de Brahmapootra 7 1/2 — du r.anse 7 i/h — de IJollande h » — de Ijantani . 1 3//i A deux ans, les Ponles de Cocliinchine pèsent. . 5 1/2 — de l'rahmapootra 7 » — du dange 5 » — de Hollande 3 i/h ~ de Bantam 1 1/2 Les Poules de Cochinchine sont excellentes couveuses, celles de Bantam sont bonnes aussi. Les Poules de Hollande cou- vent peu, et celles de Brahmapootra et du Gange ne couvent presque pas. Toutes ces espèces donnent des œufs en abon- dance. On remarque cependant que les Poules de Cochinchine en donnent plus en hiver et moins pendant l'été. Le poids des œufs de ces différentes espèces est très variable : . Poule de Corhincliine, 10 œufs pèsent. . . 513 grammes. — de Brahmapootra, — 5/i0 — — du Gange, — 553 — — de Hollande, — /il8 — — de lîantam, — -ilO — Les Poules couvent elles-mêmes leurs œufs. Ou nourril les poussins avec du fromage et des œufs hachés. sua UNE ^:dugatîon de diiom3<:es {Ciisnars do la Nouvellc-Uollandé) EN ESPAGNE. LETTUE Anr.ESSKÉ A M. M: IT.ÉSIDEINT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION Par M. CII4ELLS. (Séance du G décembip ISfil.) Monsieur le Pivsident, L'annre dernière, j'ai eu Tlionneur de vous informer que les Aulruclies du parc de Sa Majeslé, au Buen-Reiiro, se sont reproduites, et, si en 186 i, je n'ai pu vous en diro aulanl, c'est que l'inculpation a été empêchée par des causes élran- geres a ces animaux. Les pluies abondantes qui sont tombées pendant le dernier tiers de l'incubation des Autruches inondèrent le nid et noyèrent sans doute lès petits, car on retira la couvi'e entière (le la boue, quand les oiseaux, au bout de quatre-viniils jours d'incubation, abandonnaient leurs œufs. Nous examinâmes ceux-ci et trouvâmes au dedans les jaunes très bien développes. .l'ai un véritable i)laisir à vous annoncer que nous avons obtenu un nouveau triomphe d'acclimatation. Les Dromées de la Nouvelle-Hollande se sont reproduits dans le parc royal duRetiro, et les petits, aujourd'hui presque aussi grands que leurs parents, se sont élevés très facilement. En 1827, le l'oi Ferdinand Ail lit venir le premier Dromée à la ménagerie du Relire, et ce fut une femelle, car elle pon- dait tous les ans, aux mois de février et mars. Cette observation me lit croire que ces oiseaux se repro- duiraient facilement en Espagne, si l'on pouvait obtenir les deux sexes. En septembre 1853, le père Sierra, évèque espagnol à Puerto-Victoria, fit cadeau à S. M. la reine d'une paire de jeunes Dromées, que j'ai vu débarquer à Barcelone, et qui, «transportés à Madrid, périrent immédiatement par suite des 92 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOl.nniQrK n'ACCLIMATATinN. l'ractures aux jainltes qu'ils sp lir(?nl en courant et so frap- pant partout dans l'endroit où le roi les lit placer. Ces oiseaux, encore très jeunes, et probablement capturés peu avant leur embarqueiiient, étaient très larouclies et très sauvages; on eût bien l'ait de les laisser (pielques mois enfer- més dans leur cage, au lieu de leur donner une liberté dont ils tirent un funeste usage, en retardant les résultats de leur domestication. Je conserve dans le galerie ornitbologique de notre Musée des sciences naturelles ces deux oiseaux, et par des comparaisons établies aujourd'bui avec nos jeunes Dro- mées, j'ai déduit qu'ils n'étaient pas encore âgés d'un an. Leur perte me l'ut bien sensible ; mais, i)eu de temps après, une seconde paire fut envoyée à S. M. la reine, et ils entrèrent au Retire le 31 août 185/i. Cette fois on a eu plus de précau- tion ; les Dromées nouvellement arrivés, aussi jeunes que les autres, furent enfermés dans un petit appartement, dont on couvrit le sol de paille i)Our éviter toute cause d'accident. Ces Dromées ne tardèrent pas à se domestiquer, et je con- seillai alors de les laisser sortir, se promener au grand parc, mais Sa Majesté craignit un accident sendjlable à celui survenu à la première paire, et l'on suspendit leur liberté jusqu'à l'an- née suivante. Cependant, sur ma demande, il leur fut accordé une promenade quotidienne (jui leur lit beaucoup de bien. Pendant sa réclusion, la femelle pondit, dès le mois de février de la seconde année, des œufs qu'elle laissa tomber partout sans faire de nid, et qu'on ramassa en attendant qu'elle don- nât signe d'incubation pour les placer dans l'endroit où elle se couchait ; ce qui n'arriva que lorsque ces Animaux purent vivre avec une certaine liberté', et que le mâle put à son aise se rapprocher de la femelle. Le h janvier de cette année (1861), le gardien François Brea, attaché au service du grand parc, et auquel j'avais donné les instructions pour favoriser la propagation des diflérents animaux conliés à ses soins, avertit que la ponte de la Dromée avait commencé. On recommanda à ce gardien de laisser les œuls dans l'endroit où la femelle les avait disposés, et d'empê- cher (jue personne ne s'approchât de ces oiseaux, pour qu'ils ÉDUCATION DE DliUMÉES EN E.Sl'ACNE. i)o pussent, >;ms contrariélé aueiine, se livrer à la pi'cijiai^ation. A j)ai1ir de la date signalée, la Dromée a fait un œuf tous les (]ualre ou cinq jours, et la ponte a dû avoir lieu la nuit ou de lion malin, rar on ne l'a jamais vue sur les œufs jus- qu'au 10 lévrier, qu'elle resta au nid de paille (ju'on avait pré- paré au fond de son grand logement. L'incultation dura soixante jours, et, pendant ce tenqis, la femelle seule couva, ne (juittanl le nid (|u'une demi-heure chaque jour, pour aller nuuigcr. Elle refusa les approches du mâle, et quelquefois même se leva pour le chasser à coup de bec. Dans celte querelle elle cassa un œuf, le 8, et un autre le i'2 mars; de sorte (pi'il n'en resta que cinq sur les sept qu'elle avait pondus. Lc'l 0 avril, natpiit le premier petit Dromée, et le 11 le second. Ils (piittèrent aussitôt le nid avee la mère, (pii abandonna les trois autres œ'ufs ; après examen, ils furent trouvés clairs. La Dromée défendait ses petits avec un grand courage, et l'on futoldigé de retirer le mâle de sa compagnie pour éviter qu'il ne nuisît à ses petits en cherchant à les couvrir aussi. Je les lis photographier tout de suite, pour conserver un dessin exact de ce [U'emier âge du Drom(''e, et avec cette lettre je vous envoie , monsieur le Président, une copie faite au pinceau de la photographie ([ui est coloriée d'après nature. Vous remarquerez ipie la coloration des barres est noire, et non rouge vif, comme le dit LcssonÇf ir/déd'o?'/iit/io/ofjie, p. 9). Les petits Dromées n'ont mangé que le second jour de leur naissance, et on leur donna de la mie de jiain mêlée à du jaune d'o'uf Iritun''. Peu de jours après, on y joignit de la salade liicn hachée et du blé cuit, ({u'ils mangèrent très bien. Ces oiseaux se dé- veloppèrent rapidement; aujourd'hui, (pi'ils , ))his frisée^, plu> roides O/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. cl moins duvetées à leur base. Elles ont aussi une ('(tluialion un peu diOercnle, puisque les barbes sont barrées de brun et de noir d'une manière tranchée , caraclève (|ui ne se trouve pas dans les plumes des Dromées adultes. Ceux du lletiro sont aujourd'hui âgés de huit ans, et, comme je le dis plus haut, dès la seconde année, la lemelle commença à ])ondre, de manière qu'on peut dire qu'ils sont adultes dès cet âge. Ces oiseaux ont perdu leur naturel timide et larouche, et se sont ])eaucoui) familiarisés et vien- nent prendre le pain à la main. Us mangent toutes sortes de grains, blé, orge, avoine, maïs, de même que tous les fruits et les salades ({u'oii leur donne. Ils se plaisent à parcourir le parc en becquetant le sable, et, quand on les approche, ils l'ont entendre un bruit prolVind, comme s'il sortait des en- trailles. Ces Dromées vivent avec les Autruches en bonne har- monie, et de même avec les autres animaux de basse-cour, tels que les Poulets, Dindons, Canards, Paons, etc., dans la catégorie desquels, dorénavant, on pourra les classer. La viande de ces oiseaux est rouge comme celle du Bœul', ta la- quelle Lesson la com])are. Le naturaliste préparateur de notre iAlusée la cvoh meilleure, puisqu'il l'a goûtée quand les deux premiers individus moururent d'accident en 1853. Vu les résultats que nous avons obtenus au parc du Retiro, et tous les avantages qu'on peut attendre de la multiplication de ce grand oiseau, j'espère que la Société impériale fera tous les efforts possibles pour en faire venir un bon nombre de l'Australie, et les distribuer, conune l'a fait A. .Jacks, parmi les propriétaires qui voudront s'occuper de la multiplication d'un animal dont les produits sont la chair, les œufs et les plumes, qu'on pourra utiliser sans doute aussi. Je finis cette lettre, monsieur le Président, en recomman- dant à la considération de la Société M. l'administrateur du Pictiro, don Froilan Ayala, qui favorise mes eflbrts, et aussi le bon François Brea, qui soigne les animaux avec un zèle tout particulier. Veuillez agréer, etc. M. P. Graells, TENTATIVES D'ÉDI'GATION DU VER SAUVAGE DU CHÊNE DE LA CHINE [Uombijx Pc-rnyi). \H\v M. FrétîérJe JACQUEMARI. (Séance du 17 janvier 1862.) Messieurs, La note que nous vous demandons la permission de vous lire aujourd'hui a été rédigée il y a plusieurs années; si nous ne vous l'avons pas conimunitiuée })lus tôt, c'est i)arce que les résultats (]ue nous allons vous soumettre n'étaient pas assez significatifs, et que nous espérions pouvoir répéter nos ex- périences; mais, mallieureusemenl, depuis six ans l'occasion désirée ne s'est pas présentée. Cependant il nous paraît opportun, alors que vous avez ré- cemment entendu le compte rendu de l'éducation d'un Ver sauvage du Chêne du Japon {Bombyx i/ama-mai), de vous faire connaître une tentative d'éducation du Ver sauvage du Chêne de la Chine (Bombyx Pernyi). D'ailleurs quelques-uns de nos confrères ont exprimé le désir de connaître les faits observés pendant cette expérience. Malheureusement nous n'avons pas tait de l'étude du Ver à soie notre spécialité, nous vous prions donc, messieurs, de nous pardonner toutes les imperfections de cette note. En 1855, la Société d'acchjuatation reçut plusieurs cen- taines de cocons de Vers du Chêne de la Chine, expédiés en France, sur la demande qu'en lit M. de Montigny en lS5/i, lorsque la Société demandait elle-même aux missionnaires , en leur envoyant son questionnaire, de lui expédier des cocons de celte même espèce. L'envoi de M. de Montigny parvint en France dans un (rès fâcheux état, parce qu'on n'avait pris aucune des précautions indiquées par la Société pour la, conservation des cocons 06 SOCIÉTÉ I.MI'ÉUIALE ZOOLOGIQL'I-: d'aCCLIMÂTATION. pendant 1(3 voyage. Néanmoins, avec l'aide de noire habile confrère M. Gnérin-Mcneville, on clioisil ceux qui paraissaient les moins mauvais; on en lit trois lots, ipii lurent confiés, l'un à M. Dlanchard, au Jardin des plantes, l'autre à M. Delon, et le troisième, le plus considérable, à M. duérin-Méneville. Disons toutde suite, pour donner une idée de l'état maladil" de ces cocons, (pi'il n'y eut qu'un très petit nombre d'éclosions, et (jue dans le lot de M. Guérin-Méneville, qui fut sous ce l'apport favorisé, il n'y eut (fuc 12 éclosions sur 270 eocons. Cependant chacun des expérimentateurs s'acquitta de la mis- sion qui lui fut conliée avec la plus intelliiJiente persévérance. Un second envoi parvint en France en 1856, dans un état encore plus fâcheux que le premier; toutes les chrysalides étaient mortes. M. Guérin-Méneville commença ses observations le '2 avril 1855, et malgré ses soins, les deux premières éclosions n'eu- rent lieu que le 10 juin. Dans la nuit du 12 au lo, ou obtint deux nouveaux papillons, qui donnèrent un mâle et une femelle qui s'accouplèrent. — Mais le moment approchait où M. (hiérin-Méneville devait quitter Paris pour aller à Sainte- Tulle; le désir d'activer les éclosions avant son départ nous lit mettre, le 1/i juin, la moitié des cocons sous un châssis à melons, où ils furent étendus sur un paillasson arrosé chaque jour, de manière à les entourer d'une atmosphère émollienle et chaude (de 22 à 3/i degrés centigrades). Notre but était d'attendrir l'enveloppe du cocon et de stimuler l'insecte qui devait la percer. Du Vi au 22 juin, nous eûmes sept éclosions sous châssis, dont (jualre i)apillons mâles et femelles. Pendant ce temps, l(>s (;ocons restés à l'air libre, sous un abri, ne donnèrent aucun pai»illon ; et après le 22 juin, nous n'obtîimies plus ([u'une seule éclosion, ce fut à l'air libre, le 29, Le 21 juin, il y eut un accouplement sous les châssis, entre une f(>mellenée le 20 et un mâle né le 21. 11 dura vingt-{piatre heures. M. Guérin-Méneville voulut bien, au moment de son dépail, nous ronljci' les œufs qui avai(Mit été j)ondus. Ces ceufs, d'une couleur luune et d(i l.i gro>^èiir d'un i;rain de É1)LCAT1U^ DU VEll SALVAl.E DU CllÈNE DE LA ClILNE, 07 millet, ruienl (lé[)usés à cùté des cocons, sous Tabri, à l'air libre. Le 7 jiiillel au mal in, nous trouvâmes éclos six jietits \ ers, (le couleur noire, hérissés de poils blanc ; la tète était de nuance marron jaune; leur longueur, de 7 à 8 millimètres, leur grosseur de i millimètre environ, La personne cbargée de surveiller leur naissance leur donna immédiatement, comme il avait été convenu, quelques i'euillcs de Cliène, mais des feuilles telles (ju'elles sont au 7 juillet, c'esl-à-dire dures. Le lendemain, quatre des chenilles étaient mortes; les deux survivantes paraissaient vigoureuses. On renouvela les léuilles, et il lut facile de voir que les chenilles les attaquaient avec peine, en raison de la résistance qu'elles rencontraient. Nous allâmes aussitôt à Vincennes chercher dans le bois (pieltpies jeunes pousses attardées, chargées de feuilles dont la couleur variait du rose au vert tendre; — mais à notre re- tour, nous trouvâmes l'une de nos chenilles tuée par une petite araignée (jui s'était cîichée entre deux petites branches. Faut- il attribuer à une cause semblable, ou à la dureté des feuilles, ou à la débilité de leurs auteurs, la mort des quatre premières chenilles? Nous ne pouvons rien préciser sur ce point. La dernière chenille devint l'objet des soins les plus minu- tieux ; chaque jour on lui donna une branche de Chêne nou- velle, dont la tige ])longeait dans l'eau. Pour faire passer le Ver d'une branche sur une autre, on posait sur cette dernière la feuille sur laquelle il était porté. Le Ver grossissait sensiblement: le cinquième jour, il avait 10 millimèti-es de longueur et 2 de grosseur; le dixième jour (le 1(5), il changea de peau (de quatre heures et demie à sept heures du matin), et devint d'une couleur vert clair, légère- ment jaunâtre, avec des anneaux jaunes ornés de poils noirs; la tète noire et les pattes blanchâtres et transparentes; nous n'avons reniar((ué aucune ligne colorée longitudinale. Avant le changement de peau, le Ver, comme d'usage, pa- raissait triste, engourdi; après, il redevint très vif; il avait notablement grossi pendant les cinq derniers jours. Le onzième jour, le temps changea brusquement, et un T. IX. — .laiivier et Février 1862. 7 98 SUCIÉTÉ IMl'ÉlllALb; ZUULUGIQUK d'AGCLIMATATION. orage accdiiipayjié de grand veiil abaissa cnnsidrrahlemunl la tiMiiiiéiaturc ; la journée suivanle l'nl Ire? pluvieuse et froide ; le Ver parut morne; il (juitta la icuille vers le soir pour se mettre sur le ibnd de la boîte, et le lendemain il mourut, après avoir v(ku treize jours. Si vous vous rappelez, messieurs, (piau Szii-lcbouen, à la même épo(|ue de l'année, en oj^érant connue nous avons oi)éré, en nourrissant les chenilles comme nous avons nourri la nôtre, avec des branches de Chêne chargées de leurs i'euilles, mais détachées de l'arbre et plongeant dans de l'eau par leur extrémité, l'abbé Bertrand n'a ]»u sauver (|ue "2 chenilles snr 100, tandis que sur les arbres elles réussissent parl'ailc- ment, vous penserez sans doute connue nous, qu'on ne doit }»as tirer, des faits que mms vous avons rapportés, des consé- (luences trop défavorables, et qu'il est permis d'en déduire au moins les conclusions suivantes : ;l" Des cocons sains du Ver du Chêne de Chine peuvent en Trance donner leurs pa|iillons. 2" Ces papillons pondent des œufs iV-conds. 3" Il y a de grandes probabilités [tour (jneles \ers qui eu lésultcnl, puissent se nourrir heureusement sur nos Chênes d'Eurojie. Nous pensons toujours (piil y aiiiait nu très gi'and intérêt jiour la Société zoologique d'acclimatation à se procurer des cocons sains du Ver du Chêne. Nous l'aisuus les vo'iix les })lus sincères pour (|ue ses elTorls persévérants soient, avec le concours des missionnaires, cou- ronnés de succès. DES AVANTAGES QUE l'KÉSENTE L'EMPLOI 1)L SlHOP DE SORGHO l'OUR LA l'AliUICATlON DES VINS EiN SICILE. NOTE ADRESSÉE Par m. le liai'on AM'A . l'iéikleiil lIu la Sociélé traccliniatalion cl cragriculUire cii Sicile. (Séance du Conseil du 8 novembre 18G1.) l'om- ronnaitre l'importance de la l'ahrication des vins en Sicile, il siillirail de jêlor un regard sur les docunients des impôts fonciers et sur ceux de la douane, pour se convaincre de la place (pi'occupe la culture des vins dans la grande industrie agricole, et des abondantes ressources qu'elle Iburnit au com- merce, ressources (pii augmenteraient si les connaissances u'nologiipics devenaieiU |)lus comnumes, de nianière (jut; la t'ahricalion des vins, en se perl'eclionnaiil, put salisl'aireles goûts divers des consommateurs. La l'abrication des vins suit près de nous une i)ratique aveugle qui consiste à |iresser les laisins, et à mettre le moût dans les fûts jjour en obtenir le meilleur vin. Ce procédé unique de fabrication pour toute la Sicile constitue une méthode défectueuse, puisque la qualité des raisins dépend de la variét('! des ceps, des vignes, de la composition des terrains, de leur exposition, de leur éléva- tion, de la température du climat, et, dans des circonstances égaleS) des années plus ou moins chaudes. De là il résulte (jne les éléments dont se compose le moût, et en particulier la matière sucrée, agent principal de la fer- meulal ion des vins, seront plus ou moins abondants, suivant les conditions des terrains où se trouvent les vignes. Les cunmiissions déléguées poui' examiner cette question 100 SOCIÉTÉ I.MI'ÉKIALR ZooI.iM.IOLE ll'.VCCLlMATATlOX. oui reconnu, \)i\v coiiiparaisuii, dans un vin produit de la nièine année et de la même propriété, la diirérence existant entre le vin préparé avec du sirop) de Sorgho et le vin naturel. Le premier est devenu limpide et dépuré, présentant une couleur groseille, agréable au palais et suffisamment alcoo- lique; le second, pâle, trouble, nullement agréable au goût et impro[)re au commerce. Les [tremiers essais lurent pratiipiés sur une grande échelle par le chevalier Alanasio, et répétés par d'autres pro- priétaires, et sur divers poinis de Tilcqui tous, à l'unanimité, cnnhrmèrent l'utilité de substiluer le sirop de Sorgho à celui du moùi cuit. La quantité et le mode d'emploi du nouveau produit sont les mêmes (|ue jiour le mont cuil. In cinquième pour 100 au i)lus de sirop de Sorgho suffira pour donner au nouveau moût la sul)slance sucrée nécessaire à la lermenlation des vins. Cette proportion pourra être modiliée par les viticulteurs, suivant la nature des raisins. Ouant aux moyens de s'en servir, le siroj» sera mis sur le moût dans la lulaille ; «m agitera alors suriisanunent pour en opérer le mélange, que l'on abandonnera ensuite à la lermen- lation naturelle. Ce serait un mauvais système d'empliiyer le siroji de Sorgho au premier transvasement, de i)eur de nuire à la bonb' du vin en pr(tvo([uant une nouvelle lermenlation. La Société d'acclimatalion et d'agriculture, à cause des avantages en résultant pour les jn-opriélaires et l'économie générale du pays, croit utile, à l'approche de la vendange, d'inviter les agriculteurs viticoles à tenter des essais qui, ré- pétés cette année, serviraient à apprécier la valeur du nouveau produit. Si, jtar suite de répo({ue avancée de l'année, les ju'oitrié- laires ne pouvaient produire eux-mêmes le sirop de Sorgho, la Société (raccliniatalion et d'agriculture s'ollre volontiers à ait U'-ilbr toute demande régulière, et à procurer la iiuantilé de sirop demandée. DU SIROP DE SORGHO POUR LA FARRTCATIOX DES VINS. 101 Cntto ninliôro snrriV, indispon^abloà l;i fermentai ion, pro- voque une combustion lente qui doit produire la déeomposi- lion de Ions les éléments dont se compose le moût; d'où il ri'sulte ({ue la bonne qualité des vins est en raison directe de In matière sucrée tpie contient le raisin au moment de la vendanîi'e. Les viticulteurs, quoique dépourvus des connaissances cliimiques et pratiques qui les intéresseraient le plus, instruits ("gaiement par Texpérience à corriger l'àpreté des moûts ex- traits d'un raisin non mûri et de mauvais plants, comme ('gaiement à suppléer au manque de ce principe rendu moin- dre dans les années pluvieuses, ont Tliabitude de concentrer une (piantité de moût en le réduisant au tiers ou au quart, pour ri'unir en un moindre volume une plus grande quantité de substance sucrée, connue sous le nom de vino cotto, vin cuil, qui, mêlé au uioût nouveau, supplée au manque naturel. La nécessité de fournir la substance sucrée dont manquent quelques raisins étant reconnue, il semble qu'on doive regar- der comme de grande utilité la substitution au vin cuit d'un autre produit pour le remplacer, provenant d'une autre plante que la vigne. Alors la production du vin viendrait à s'augmenter annuel- lement, pour toute la Sicile, de la quantité qui s'évapore en confectionnant le moût cuit, et de l'autre qui aurait été em- ployée en remplacement. Ce nouveau produit à sul)stituer serait le sirop de Sorgiio. Il est notoire pour tout le monde qu'en 1856, la plante du Sorglio a été introduite en Sicile dans l'espoir d'en obtenir le sucre cristallisable. Les tentatives ayant écboué, on parvint à obtenir un sirop que l'on crut pouvoir être utilisé et employé pour la confection des vins. Des expériences furent commencées en 1859, et se sont continuées jusqu'à ce jour avec un succès favorable. L'Institut d'encouragement de Palerme et la connnission d'agriculture el de pàtin\ige en Sicile se sont assurés; de ce fait. .102 SOCIÉTÉ IMPÉr.IALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. — Nous croyons dovoir annexer à celte Notice la lettre suivante, adressée à M. le chevalier J. Atanasio, qui confirme les avantages que présente l'emploi du sirop de Sorgho. ■ « Païenne, \r. 13 scplcmlire 4^01, » Monsieur le chevalier, » xV la veille des vendanges, je m'adresse à vous pour vous prier de vouloir hien me Iburnii' la même quantité de sirop de Sorgho qu'en seplemhre dernier, en outre des douze harils deinandi's à rhonorai)le Ijaron Pastore, |)Our en (aire l'expé- rience sur les inoùtsdc sa fabrique à Villalieo. » Ma demande prouve les avantages de l'emploi du sirop de Sorgho si habilement fabriqué par vous. Je l'ai employé dans les proportions de 3 à A pour 100 pour les moùls de ]5a1es- Irale, très riches en alcool el en substances saccharines. )i La romjjaraison enire un vin pri'pan' au sirop de Sorgho et un autre sans ce mélange ne prouve l'ien, puisque l'on sait que sans préparation les vins soid gém-ralement pâles et sans goût, surtout aujoui'd'hui que les viliculteurs s'ingénieni à retirer des plants un surcroît de produit qui ordinairement est nuisil)Ie à la ({uahli'. La comparaison doit s'établir entre iles vins préparés avec le sirop de Sorgho et ceux oii entre le iiioùl. cuit ou le miel de figues, employé sur une large échelle dans les contn'es de IJaleslrato. rt Eh bien! i»ar une telle comparaison, j'ai trouvé préféra- ble le sirop de Sorgho, qui dépure le moût phis vile ([ue le cuit, lui donne une eonleur agréable, le rend ])lus mûr sans laisser aucune saveur, tandis (|ue celle du cuit est toujours sensible au palais pour les vins qui ne sont pas très vieux. )) Reste le prix de revient? Un baril de bon cuit, dans nos pavs, ne pi'ul s'obtenir aujourd'hui à moins de 9 ducals {'M l'r. ôOc.), alors (pie la même (juaiiiil('' de sii'op de Sorgho revient à 0 ducats i'2ô francs). » Je n'approuve pas la méthode (pii consiste à verser au f(uul du tonneau le sirop en question. Il est si pesant, et je dii'ai si adhérent, que, jel('an fond du tomieau, il ne semé- DU SIROP DE >;or.rjio pour r,\ F\RRTr.\Tiox des vins, 103 lango jamais onlirroniciil au moûl, inalçiiV' la formontalion ot les soins apportés jioiir on assurer le mélange. » Voici la méthode que rexpérienco nous a porté à préférer. Dans un demi-lonneau ouvert, nous versons, par exemple, 30 litres de siro}» pour 100 litres de moût, et avec les mains et une cuiller nous le décomposons et l'agitons jusqu'à per- fection. Alors on le verse dans un tonneau à moitié plein, en ayant soin de le remplir sans perdre de temps. .) Avant de terminer, je veux ajouter que j'ai trouvé très lieau l'esprit que vous avez obtenu du sirop de Sorgho. » Le calahro ou v'uw mvto préparé avec ledit esprit (Zj/ô*^* de mon! pour l/ô*" d'esprit) a donné des résultats magnifiques. » Je suis jusqu'à présent sans données pour conclure que cet esprit soit préférable à celui du vin: une conséquence contraire devrait à priori en être tirée. » Je me propose, du reste, d'établir.une comparaison cette année. ^ Croyez-moi, etc. » Le Recteur, » Sigm' Filippo Evoi,A. >^ II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIOAS FAITIIS A ].\ SOCIÉTÉ. SUR CERTAINS ANIMAUX DE SUÈDE ET DE NORVÈGE. rVOTK ADRESSÉE A M, D R 0 U Y N DE I,1IUYS Par m. DE CIIAUDOKDT, Se«i'élaire de la Lég.ilion itc Fiance à Copenhague. (Séance du M janvier 1862.) Il serait impossible de parier du Renne sans parler du Lapon, tellement l'existenee de l'un est liée ù celle de l'autre. La Laponie dépend de la Russie et de la Norvège. La popu- lation s'élève à 10 000 familles, représentant environ 50 000 in- dividus. La partie la plus peuplée est le Finmark, situé en Norvège, qui s'étend sur un espace de 1197 milles carrés de 15 au dep\', et où l'on trouve 32 habitants par mille carré, tandis que dans la Laponie russe ce n'est [)lus que h ou 5. Le chiffre total des Rennes doit être d'environ 100 000, dont 60 000 pour le Finmark. La propri(''té de 300 Rennes constitue l'aisance dans une fiimille, 500 la richesse. Certaines en pos- sèdent jusqu'à 1000. Dans la langue danoise ou norvégienne, les Lapons sont désignés sous le nom de Lapp ou de Finne. Ce dernier nom a pu faire croire qu'ils étaient d'origine finnoise, mais il est facile de se convaincre que ce sont deux races distinctes, par la différence même de leurs langues, de leurs mœurs et de leurs caractères physiques. Quebiues-uns pensent que les Lapons sont aborigènes de Finlande, repousses par les Finnois; d'autres les considèrent connue étant de race samoyède. Leur nombre va plutôt en diminuant, soit par l'abus de l'eau-de- vie, soit par l'obligation à la vie sédentaire qui les soumet plus directement à l'intluence des races supérieures. Cette nécessité de la vie sédentaire a augmenté beaucoup ces dernières an- nées, par suite des diflîcultés apportées par la Russie à la mi- gration, durant certaines épotpies, des troupeaux de Rennes et de leurs propriétaires passant du Finmark sur le territoire russe, où se trouvent des pâturages plus étendus et mieux con- servés. — Les Lapons sédentaires sont ceux qui se fixent sur les bords de la mor el deviennent pécheurs. Us ont très peu de ^ ANIM.M'X DE Sl'ÈDE ET DE NORVÉllE. 105 tiennes. Lo voisinngo do la nier n'est, pas hnn pour les pàlu- raiies, d'abord parce (pi'il n'y a pas de forêts, et que la tem- pérature étant plus douce et plus varialile, la mousse v est peu épaisse et facilement arrachée. Ensuite, les alternatives de gelée et de dégel y sont plus fréquentes, et la croûte de glace qui se forme ne permet pas au Renne de fouiller la neige. — Pour qu'en hiver les conditions soient favorables, il faut une neige abondante et un temps sec. Alors la neige étant friable et facile à gratter, le Renne peut facilement y trouver sa nour- riture. C'est ce qui existe dans les grandes plaines de l'inté- rieur, où les Rennes et les Lapons nomades passent l'hiver. Au printemps, les mousti(jues chassent ces animaux vers les hautes montagnes, où ils retrouvent la neige. — On a été obligé en Norvège de limiter les pâturages pour laisser à la mousse le temps de repousser, car une fois détruite, il faut attendre vingt ans avant qu'elle se renouvelle suffisamment. Mais aussi on a dû diminuer beaucoup le nombre des Rennes. Dans certains districts, ces animaux sont gardés à vue. Dans d'autres ils paissent librement; alors ils sont plus beaux et leur chair est meilleure. En hiver, on les surveille davantage, et en outre ils portent une marque. A trois ans, on les dresse aux transports. Les accouplements ont généralement lieu en octobre, et e'està la même époque qu'on en abat chaque année le cinquième ou le sixième. Un beau Renne donne 00 kilo- grammes de viande et 20 de suif. Cette viande est souvent échangée par les Lapons pour de la farine. La peau sei't poul- ies vêtements et pour les tentes. On la vend également pour faire des gants. Celle dont on fait ceux qui sont appelés vrais gants de Suède, provient de jeunes animaux dont la mère meurt avant leur naissance : aussi est-elle très rare. Chaque peau coûte en Suède Zi à 5 francs. 11 faut trois peaux pour faire deux paires de gants. Les Lapons se servent aussi d'une partie des entrailles de l'animal pour confectionner un fil qu'il est très difficile de rompre, et que l'on recherche même en Angle- terre. Le lait des Rennes constitue la nourriture des Lapons nomades pendant la plus grande partie de l'année. Il est très difficile d'acclimater le Renne dans les contrées méridionales, Qnelques essais infructueux avaient été faits, 100 SOniÉTl': IMPÉRTALE 7.ÙO].Or.]QVE d'aCCLIMATATION. pour 1.3 jardin d'Anvers, par le consul belge à Christiania, qui est un des riches négociants du pays. On a vu quelques Rennes vivre à Copenhague à l'aide des plus grands soins : ils avaient été donnés au roi de Danemark par le roi de Suède. Il existe néanmoins des Hennés au jardin /oologique d'Ams- terdam. Im|)ortés de])uis ([uatorze ans, ils s'y sont multipliés. Elans. — Les Elans, qui existaient autrefois en grand nom- bre dans toute l'Europe, et qui, au temps de César, parcouraient les forets des Gaules et de la Germanie, se sont réfugiés dans l'extrême nord, repoussés par la civilisation. Ils ont été égale- ment presque entièrement détruits en Suède et en Norvège par suite de la difficulté qu'ils ont, avec leur haute taille, d'échaji- per à la poursuite, lorsqu'il y a beaucoup de neige dans les forêts. Cependant, depuis quelques années, on s'est occupé de les protéger. La chasse en est à peu près interdite. — Ils aiment généralement les bois humides. Le peu d'étendue de nos forêts et la grande culture des terres ne comportent plus en France la conservation utile de cet animal. Cygnes. — Les Cygnes existent à l'f'tat sauvage en Dane- mark et en Suéde. La chasse en a été interdite dans les der- nières années. Auparavant, tous les ans, une grande chasse avait lieu près de Malmo, ville de Suède presque en face de Co- penhague. Les Cygnes affectionnaient beaucoup un petit golfe voisin isolé, et, à l'aide de barques, on les poussait à la côte où les chasseurs, il est trist(^ de le dire, les tuaient par centaines. Gelinottes, Coqs de bnu/ère, Coqs des bois. — La Gelinotte et le Coq de bruyère sont très nombreux dans les forêts de la Suèd<' et de La Norvège ; on y rencontre aussi fréquemment le grand Coq des bois, et, depuis quelques années, la chasse étant plus surveillée, leur nombre ne fait que croître. Ces oiseaux, qui se trouvent dans d'autres parties de l'Europe elles deux premiers même, je crois, en France, seraient très utile- ment propagés dans nos forêts et dans nos montagnes. Il se- rait facile de s'en procurer en Suède. M. le ministre de France à Stockholm et M. le consul de France à Elseneur sont tout disposés à prêter leur concours. L'époque la plus favorable serait le printemps. NOTE , # SUR L'AQUARILM DU JARDIN D'ACCLIMATATION Par M. Alford LLO'&D (1). (Séance du 3 janvier 1862.) Lo 3 nrloliro, a eu lion dans lo boaii jardin do la Sociélé d'acrliinalalion, an l)ois do lioulot^no, l'onvorlnro d'nn aqna- rinin consislanl dans uno rrnnion d'animanx aqnaliqnes vivant dans l'oan do nior el dans l'oan donce. Ces animanx y soni, placés dans dos condilions qni lonr pormettcnl d'y vivre dans nn niilion salnbro, et do montrer au spectateur leurs Ibrmes, leurs couleurs et leurs lial)i1udes. Entrepreneur et constructeur de cet aquarium, je serais heureux d'on donner au public une idée exacte dans un compte rendu plus iidéle qne ceux qui ont «'té laits jusqu'à ce monicnl dans les jour- naux de Paris ou d'autres localités. Ces dernières descriptions ont été' malheureusement, à la fois insufïisantes et exagérées, et londaieni, on pn'sontant un faux idéal, à (b'sillusionner le spectateur placé en pri'sence de l'appareil. L'aquarium du bois de Boulogne est le plus grand, le pins beau et le ])his complot de tous ceux qui jusqu'à présent ont été consiruits en aucun endroit, et un examen attentif do ses habitants fournira en un joui- une plus grande somme de con- naissances en histoire naturcll'' (c'osl-à-dire de celles de ses branches qu'on peul étudier dans un aquarium) que l'on n'en pourrait acquérir dans le même laps de temps par au- cune antre étude. Le bâtiment (pii renferme cette collection est solidomonl conslrniton bi'iipios; il a /|0 mètres do long environ, sur 10 de large. On v a jilaof'' une rangée de (pialorzo r('servoirs ou (1) Colle Nolico a l'h' tra(1\iil(Ml(^ ranslais par VI. Minsson, professpiir nu lyc<''e iiii|)r'rial di- Vorsaillos. lOS SOCIKTI'; IMPÉniAl-E ZOOI.Or.IQUE n'ACCLlMATATION. ciivos (l'ardoiso, nver dovanls do forlo ^laro qui pnrmcllont d'cNainincr l'iiiléripiir ; clianin de cpsrrscrvoir? poiil rnnipnir à peu près 000 lilres d'oau. Ils occupent le côté nord du bâti- ment: celte exposition a été clioisie parce qu'elle admet une limiière abondante, en même temps que les rayons directs e1 cbauds du soleil sont exclus, par la raison qu'ils élèveraient d'une manière nuisible la température de l'eau, qu'ils com- promettraient la santé des animaux et(iu'ils produiraient une croissance excessivement rapide de la végétation. 11 n'y a pas de fenêtres aux deux extrémités du bâtiment, ni du coté du sud; par cet arrangement, par l'établissement d'un espace aéré au-dessus du plafond plat, cl parla disposition d'écrans placés au-dessus de ebaipie réservoir, on a obtenu la fraî- cbeur désirable pour les animaux et une certaine ombre dans le ton général de Vintérieur, nécessaire pour voir dis- tinctement, en môme temps qu'on a empêcbi' que le umr op- posé ne jetât une lumière fausse et nuisible sur la glace. Cbaque réservoir est garni de rocliers construits d'une ma- nière pittoresque; le fond en est couvert de sable et de petits oalels, de manière à donner aux animaux des retraites suffi- santés, et à imiter, aussi lidèlement que possible, le fond de la mer. Dix de ces réservoirs sont consacrés aux animaux marins et quatre aux animaux vivant dans l'eau douce. On a accordé un plus grand nondire de réservoirs aux premiers, parce que les animaux inférieurs se développent d'une manière plus singu- li^ère et sur une échelle plus large dans l'Océan que dans les rivières et dans les étangs. La quantité d'eau de mer employée est d'à peu près 22 700 litres. Cette eau de mer n'est jamais chamjée, on la fait simplement circuler dans les réservoirs d'une manière in- cessante et continue, et pendant un nombre illimité d'années. (]etle circulation de l'eau est produite de la manière sui- vante. On eiujjloie un courant d'eau amené par le grand tuyau de la concession d'eau qui alimente le l)ois de Boulogne; cette eau y est introduite par une forte pressicm, et l'on s'en sert pour comprimer une certaine masse d'air en un volume AOUAIULM Dl .lAUDI.N d'acCLIMATATIUA. 101> iiluiluire : ceL air comprimé, dès qu'on lui pcniicl d'exercer une pression sur une partie de l'eau de mer contenue dans un cylindre iermé (jui se trouve au-dessous du niveau de l'aqua- rium, la fait monter et entrer avec une grande force dans chacun des réservoirs, où elle s'introduit par un petit jet. l'ar la pression à laquelle on soumet l'eau de mer, celle-ci absorbe beaucoup d'air qu'elle entraîne avec elle dans les réservoirs, où les animaux en protitent. Ensuite l'eau de mer déborde par un trop-plein, tuyau placé dans un des coins de clia(|uc réservoir; ce tuyau la conduit dans un Jillre d'où elle j)asso dans un autre grand réservoir souterrain, pour revenir au cylindre fermé, y subir de nouveau la pression de l'air, et r('- nionter encore, de la manière indiipiée plus liant, dans l'aqua- rium. Comme les cylindres fermés sont enfouis sous terre, on y maintient facilement une température égale de 1(5 degiv'^s centigrades environ, ce qui est à peu près la lempé'rature nni- forme de l'eau dans l'Océan. Pendant l'hiver, le local est chauffé artificiellement. Outre ce moyen indiqué pour servir à aérer l'eau, on a re- cours à un autre mode de fournir de l'oxygène, élément très important, el l'on |»eut dire indispensable: c'est la production de la végétation dans les aquariums. Tout le monde sait que les plantes vivantes ont la propriété de décomposer l'acide carbonique, gaz délétère conqjosé de carbone et d'oxygène, produit de la respiration animale ; les plantes s'assimilent el s'approjirient le carbone, et rendent libre l'oxygène restant, dont les animaux, à leur tour, se servent pour purilier leur sang : c'est donc ce [trincipe que l'on a mis à profit ici. On a, en outre, introduit dans les appareils une autre dis- position (jui permet d'abaisser l'eau dans les a(juariums jus- qu'au point que l'on veut. Ainsi on peut y imiter le 11 ux et le reflux de la marée, et exposer périodi([uement certains animaux à l'air atmosphérique, ce qui permet en même temps de faire enlever' par l'eau lieaucoup d'impuretés. On le \oil, dans ces iiquaiiums, on a imil(i hdéb.uuent la na- ture en produisant l'oxygèm', ULO<:iQUE u'acCLIMATATIuN. sibles sont neutralisés aussitôt qu'ils se pruduisent. Dans ces cii'conslaïK'es Tcau reste toujours i»urc et n'a [tas besoin d'être clianL>ée. 11 est vrai que l'évaporation agit constauinient sur l'eau; mais comme les parties salines de l'eau de mer ne peu- vent i)as être entraînées par l'évaporation, (jui n'enlève que l'eau pure, on peut lacilement conqienser cette perte par l'ad- dition d'eau pure à l'eau de mer. On a donc disposé un appa- reil qui permet de faire entrer de temps en temps dans les réservoirs l'eau de pluie, presque chimiquement pure, qui })rovient du toit de l'établissement; un liydromètre indique le moment où cette addition d'eau douce devient nécessaire. 11 est bon de faire remarquer ici que, contrairement aux habi- tudes qui ont prévalu jusqu'à ce jour, la végétation n'est pas plantée comme on plante des arbustes ou des fleurs ; mais on la produit d'une manière plus conforme à la nature, par des semences ou spores invisibles qui sont contenues dans l'eau, et qui sedéveloi)pent insensiblement par l'action du temps et de la lumière. Dans les aiiuariunis à eau iloucc, l'eau, après avoir passé par un tiltn; solide au charbon de bois, entre de la même ma- nière dans les viviers el en sort par des trop-pleins; mais conune sa valeur n'est (ju'insignihaulr, com})arée au prix de l'eau de mer, et ([ue les dépenses pour l'établissement d'un appareil poiu' comprimer l'air et pour faire circuler l'eau se- raient trop considérables, on laisse l'eau s'échapper après (jucUe a servi. Cependant les principes chimiques que nous avons mentionnés dans la description des appareils à eau de mer sont les mêmes dans les aquariums à eau douce. Les espèces animales qui sont placées en ce moment dans les réservoirs, ou (|ui doivent y être placées, sont de nom- breuses espèces de Zoophytes marins, parmi lesquelles les Anémones de mer ou les Actinies seront probablement toujours ce ([u'il y aura de plus remar(iuable: il y en a ici de beaux é'chantillons. On y voit, en outre des Astéries, des Hérissons de mer, des Concombres de mer, dilférentes espèces de Vers, dont beaucoup présentent les couleurs les plus brillantes; on y trouve des CrabeSj des Homards, des Crevettes, des Cardons, AQUARllM IJI .fAi;L)lN d'acCLIMATATION. IJl (les Éci'ovisses, des Mollusques univalves el bivalves de dill'é- rentes espèces, cl liabitanl soil l'eau douce, soit l'eau de mer; eL eulin diverses espèces de Poissons de nier, d'élang' el de rivière. Le plus grand nombre de ces animaux n'ont jamais été vus par le public en France , et beaucoup d'enlrc eux n'ont pas même été vus par des naturalistes de profession. Jamais cependant on n'a encore eu une aussi bonne occasion }iour les voii' avec tant d'avantage qu'ici; on peut examiner ces ani- îiiaux à loisir, à travers de grandes glaces plates qui, à cause de leur surl'ace unie, ne faussent pas la vue et n'admellent ])as une trop forte lumière, qui altérerait l'aspect caractéris- tique de chaque animal. Même les animaux aquatiques les plus ordinaires, tels que le Goujon el l'Anguille, montrent de nou- veaux traits caractéristiques pour les couleurs et pour les formes, quand on les voit latéralement, ce qui esl impossible dans la nature, où bien des choses, par conséquent, écliaji- peut au spectateur. Je ne saurais donner ici une description détaillée de ces animaux, et je me suis contenté de citer rapi- dement leurs noms: qu'il suffise de dire que chaque l'éservoir esl un objet d'étude })Our des journées entières el pour des semaines, si l'on veut l'observer el l'examiner altenlivemeni : car à chaque coni[)artiment l'aspecl change, et chaque chan- gement porte son enseignement avec lui. La classification âc^ animaux dans les différents réservoirs est faite avec autant de précision que l'espace le permettait ; mais quehjuefois leur division est arbitraire, dépendant peut-être de l'humeur que- relleuse ou d'autres particularités des différentes espèces, plutôt que de leur association strictement scientifique. On a donc, de celle manière, offert aux habilanis de celte ville, située au miheu des terres, les moyens d'observer à loisir et dans une salle confortable, comme dans un muséum vivant^ ces êtres curieux (jui, par suite de leur vie habituelle au fond des eaux, sont {)resque tous, et dans les circonstances ordi- naires, cachés à la vue. Je demande, en linissanl, la permission de signaler quel- (pies erreurs qui peuvent être el (jiii ont été commises par le [)ublic non familiarisé avec cette entreprise: le public de l'An- 112 SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOULUGlUl H DACCLlMATATloN. ylelerre possèfl(3 déjà m\n assez coiiiplèlc série do livres élé- mentaires sur les aquariums, livres (jui mamiuenl entièrement en France. 11 faut donc bien établir en premier lieu que, bien qu'il suit à désirer que dans un aquarium il y ait des animaux rares, et l)ien que de temps en temps un en introduise nécessairement dans une grande exposition connue celle du bois de Boulogne, il va de soi que des échantillons rares ne sauraient y être nombreux. Le but que l'on a eu en vue n'est donc pas tant de l'aire une collection d'espèces animales rares, que de montrer comment on peut maintenir dans de bonnes conditions d'exis- tence une série passaldement complète de presque toutes les espèces, c'est-à-dire de ces espèces que l'un sait pouvoir vivre à l'état de captivité. Secondement, on pourrait s'imaginer que ces réservoirs, étant de grande dimension, devraient être plus peuplés qu'ils ne le sont ou qu'ils ne le seront jamais; ce serait une illusion. Sans doute, ces réservoirs auront toujours un beaucoup plus urand nombre d'babitanis que le même volume d'eau n'en a dans la nature, et l'on doit se rappeler qu'il faut donner de l'es- pace pour la croissance des animaux, et laisser de la marge dans tous les appareils dans lesquels on veut enfermer des animaux dans un espar» limité, où restent aussi tous leurs jiroduits susceptibles d'être décomposés ; il faut encore se sou- venir que le but que l'on se propose d'atteindre n'est pas d'es- sayer de constater jusqu'à quel point l'eau peut être peuplée d'animaux vivants, mais de constater, au contraire, combien d'animaux et quelles variétés peuvent y vivre ensend)le dans de bonnes conditions de salubrité, et satisfaire les regards du spectateur. Un aquarium peut rester |iendant (piebiue lemiis surchargé d'animaux ; mais si l'un puusse les chuses à l'ex- Irême, l'eau ne sera jamais limpide, et l'un peut s'attendre à tout moment à la perte soudaine de toute une collection. Les mêmes remarques s'apitli■;! m;.,! ■'•--■,■ PRÉSIÎMÉ A LA SOCIKÏÉ IMPKRIALK D'aCCLIMATATION il m; . Par M. GUl&iiii'%. :, . I (Séance du 6 dùeembre ISGl.j Deux provinces siii' \c versanl asiatique du Caucase produi- sent des cocons en (pianlité suffisante pour mériter l'attenlion : c'est, le long- de la mer Noire, la Mingrélie, et du côté de la niei'(;aspienne,le Gliirvan. Entre les deux, la Géorgie, pays de vin et de blé, ne donne en cocons (pi^inc récolte tout à l'ait insigiiiliante. En Mingrélie, la gattine exerce depuis ipielque temps ses ravages , et cette année encore elle a à peu prés ' entièrement anéanti la récolte. Mais dans le Chirvan, dont je veux seulement m'occuper, elle n'a j)as pénétré encore, et tout lait espérer que ce })ays sera , pour quelques années du moins, à l'abri de ses atteintes. De là son importance toujours criMSsante comme production de graine de Vers à soie ; de là l'accueil si favorable que ces graines reçoivent aujourd'hui en France. C'est sur cette importance, je crois, considérable, que je m'appuie pour oser présenter à la Société ces rensei- gnements, tout imparfaits et mal coordonnés ([u'ils sont, espérant que leiu- nature même fera oublier ce qu'il y a de défectueux de ma part. Le centre du commerce de soies et cocons dans la province dont j'ai parlé est la petite ville de Noukha, située au pied même, de la chaîne du (laucase. La (juantiu'' de cocons qid s'y vend chaque aunéiî doit dépasser 500 000 kilograiumes, dont JOOOOO kilogrammes environ vendus aux Français, soit pour graine, soit pour cocons secs à imiiortcr eu ri'auce. Des AOOOOO aulî'cs kiloi>i'amnif'S, uuf partir c,>| (ili'c s(n' les lieux, J'16 SOCIÉTÉ IMl'ÉUJAI.Ii ZOUl.UGlOL'E b'acCLIMATA llUN. l'aulre est oxpédiôc par caravanes, soit pour l'Arménie, soit pour la Perse , soit même pour Moscou. Les procédés de fila- ture employés dans le pays sont à peu près les mêmes que nos anciens procédés : bassine chaufl'ée par un foyer en des- sous, tour mis en mouvement par un entant. Ces soies ne seraient pas mal filées , seulement les deux fils n'étant pas sutfisannnent tordus à la croisure, il reste toujours beaucoup de bouchons. Du reste, il y a aujourd'hui deux filatures euro- péennes : l'une appartient aune compagnie russe; l'autre, de 200 bassines, a été construite et est dii'igée encore par un Ita- lien pour la puissante maison AlexielT de Moscou. Grcàce à la position de Noukha, le moment de la récolte est très varié. Ainsi, dans les jdaines qui s'étendent le long de la Koura , ou a des cocons dès le 20 juin, tandis (jue les villages des montagnes derrière Noukha en envoient encore de frais à la fin de juillet. C'est là un avantage inappréciable pour les graineurs, qui, obligés de faire toute leur graine eux-mêmes, ainsi que je le dirai plus bas, et dans des locaux en général fort petits , peuvent ainsi renouveler leurs provi- sions. Du reste, la durée de l'éducation est la même qu'en ' France. Le moment de l'éclosion venu, la graine est sus- pendue au plafond de la chambre conmiune, dans un(3 étotl'e ordinairement de laine. Lorsque l'éclosion a commencé, on jtlace cette étoffe dans un crible, et l'on étend par-dessus des rameaux de mûrier. Puis, comme en France, lorsque les ra- meaux sont suffisamment charg('s de Vers, on les enlève et on les transporte ailleurs. L'('levage se fait oi'dinairement dans le grenier, qui communif[ue par une large ouverture avec l'étage inférieur. Là on étend les branches par terre, plus rarement sur une table l)asse. S'il fait froid, on fait du feu dans l'étage au-dessous, et l'air chaud monte avec la fumée par l'ouverlure dont j'ai parlé : ainsi les Vers se trouvent au milieu de la fu- mée, mais jamais, dans aucun cas, on ne fait de feu dans la pièce oîi ils sont. Le feu est ordinairement un feu fie bois. — J'ai dit qu'on donnait aux Vers, non pas les feuilles seulement des nuu'iers, mais les rameaux entiers; ceci est conforme à l'usage de tout l'Orient. Les uu'uiers sont tous gi'elfés ; je n'ai ^ÉUlC.lCrLTLTiE AI' C.UT.ASi:. ' 117 pas vu (le sauvageons. Ils s<»ii! I»as, à l(Mo l)pauc(>u]» |ilus grosse que le Irniic F^our les l'epas, dU disjtoso les branches par rangs rapprochés et parallèles ; au repas suivant, on l'ait de même, seulement les rangs son! placés dans une direction perpendiculaire à celle des rangs de dessous, de manière à donner un treillis dans lequel l'air circule constamment. On donne ainsi deux repas par jour, soir et matin, jus(]u'à la troisième mue. Ce peu d'ahondance dans la nourriture m'a vivement surpris, mais partout j'ai rencontré le même usage. Après la troisième unie, on ajoute un repas à midi, et dans certains endroits un autre encore pendant la nuit; après la quatrième on y change de branches à peu près constanuncnl. Puis le moment de la montée venu, on plante dans les treillis des bruyères ou une plante rameuse très conunune dans le pays ; seulement entre les pieds de ces tiges on réserve des espaces libres où l'on nourrit les Vers qui ne sont pas prêts à monter encore. Pendant l'éducation, ce que les habitants redoutent le plus, ce sont les orages, qui, disent-ils, rendent les Vers malades. Je crois que la même observation a été laite en France. Ils ne permettent pas non jdus à une personne portant des bijoux nu de la monnaie, surtout de l'or, d'entrer dans la pièce où se lait r('levage. C'est là une superstition très répandue, que l'or porte un mauvais sort pour le Ver. Dans beaucoup d'endroits on retire les cocons de la bruyère avant rpie le Ver se soit ti'ansforni('' en chrysalide, sous pré- texte qu'alors il est plus lourd. Ceux qui ne doivent pas ser- vir pour la graine sont ensuite éloulTés au soleil. Pour cela, on les étend simplement sur le toit des maisons; je dis toit, faute d'un autre mot, car la plupart des maisons sont souterraines, et recouverlesseulementd'une buttede terre. La nuitvenue, on retire ces cocons dans des sacs ; puis on étend de nouveau et ainsi pendant quatre ou cin(| jours. Ce procédé est très défec- tueux : soit que le soleil exerce une action particulière sur le til de soie, soit que les alternatives d'humidité et de chaleur le désagrègent, soit encoiT- par suite d'échautTement dans les sacs, toujours csl-il \\\yA ht lil;iiurr li- (Ii'm'Im'I est considérable. 118 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIOl'E d'aCCMMATATIOX. Ainsi ces cocons donnent 7 on 8 pour 300 do frisons, au lieu do h ou 5 qin;; donnent ceux iHouirés par les procédés enropéens. Quant à la graine , voici comment l'obtiennent les ïartares du pays. On étend simplement l(^s cocons sur le plancher, dans une chambre ; on rainasse les papilbms et on les pose sur un treillis de jonc. Là ils s'accouplent et se désacconpbmt d'enx-mémes ; on n'a (\nî\ ramasser la graine, qui, à travers le treillis, tondjo sur une loile ])lacée au-dessous. Le join' même ou le lendemain, on met cette graine dans de la farine, et on l'y laisse huit ou dix jours, pendant lesquels les riches changent plusieurs fois cette farine. C'est une opération à laquelle les habitants attachent une grande importance ; c'est pour faire unnàr la graine, disent-ils, et ils ne comprennent pas comment nous. Français, qui faisons tant de choses, nous négligeons celle-là. Cet usage est tellement général, que je ne puis m'empêcher de croire (pi'i! a ([uel({ue raison d'être ; cependant des graines de fabri({ue française, laissées l'année dernière à un Tartare, ont donné cette année des résultats aussi beaux que n'im|)orte quelle antre chambrée. La graine séparée de la farine par le tamis, on la lave ^ns attendre l'éclosion, et on l'étend, mais pas seulement dans le but de la faire sécher. Voici en eflét ce ([ue racontent les indigènes. La graine étant mûre quelque tenqjs après qu'on l'a retirée de la farine, une nuit tous les Vers sortent de leur œuf, et ils doi- vent y rentrer le lendemain chacun dans le sien. iJ'après cela, les Vers qu'ils trouvent éclos sont ceux qui, étant sortis, n'ont pas encore retrouvé leur coque. Laissons ces fables, et disons que l'on conserve la graine comme en France. Seulement, l'hiver venu, dans certains pays froids, on trempe dans l'eau le sachet qui contient la graine, et on le suspend au plafond. L'eau devient glace, puis fond au [uintenqjs et s'écoule en laissant la graine parfaitement conservée. ,-;;>• Tels sont les procédés indigènes, .le ne dfîcrirai pas main- tenant ceux bien connus emiduyés par les Français poui' faire leur graine. Ce soni les mêmes qu'à Sniyrne, à An- driiKqile, ''I piirlout, dinV'raiit pluhM sebiu les pei'sonnes sÉiui'.icui/rnîi': Ai' caugase. 119 que selon les lieux. Celle aiiiiée, les élahlisseuienls élaien! nombreux et plusieurs bien ;irrangés. Mais entre tous le plus considérable sans contredit, et de beaucou[i, e! le mieux monté, est celui de M. Henri Tcissonnière (de Florac). C'est M. Teissonnière qui, le premier, est venu, presque seul, el en dépit des ol)Slacles de tout genre (pi'il a dû surmonter à force d'énergie et de patience, chercher à Nouklia de nou- velles graines que la gatline ait respectées. Aujourd'hui il a un immense bâtiment construit tout exprès par lui, et où phis de quatre cents femmes ont travaillé cet été pendant deux mois sans relâche. Grâce à des etlorts constants, presque toutes les femmes de Noukha connaissent assez bien ce travail aujourd'hui; mais on ne saurait croire quelle peine il a fallu |)Our les former il y a trois ans. Aujourd'hui, la grande dilTicuUé n'est pas dans le grainage lui-même, elle est dans le choix des cocons. Il y a en effet dans le pays trois races bien distinctes : les cocons indigènes ou tartares, les guguras ou métis, el les italiens. Les cocons lar- tares sont très gros, à formes irrégulières, à brin grossier, et de plus présentent presque toujours b' vice connu dc^ lileurs sous le nom de sathié. Dans le pays, cette race est encore recherchée, car elle est robuste cl agreste, le fil est fort du moins, s'il est grossier, et siu'tout une même chrysalide étant dans un plus gros cocon, le même poids donne plus de soie. Mais en France, où l'on en a importé quelques-uns , au lieu de s'améli(trer, ils dégénèrent encore ; tous leurs vices paraissent plus saillants. Ainsi le cocon devient énorme et prend les Ibrmes les plus bizarres, le fil est d'une grossièret('; qui le rend impropre à tous les usages, et le satiné s'étend à tous les cocons, La seconde race est celle des métis ou guguras. La forme est celle des cocons ilaliens, plus étranglée au milieu, mais le cocon est plus gros ; le fd est assez thi , mais nous retrouvons beaucoup de satinés. Le Ver est robuste, il ne redoute ni le froid, ni les climats peu sains; mais outre le défaut des satinés, il ari'ive quelquefois (jue le cocon étant trop étranglé, le lil casse en cet endroit à l'iulérieur. 1*20 socn':Ti': impériale zooLOdiuUK iVac.climatâtiox. l'jiiiii l;i raci^ italiciiiic est la seule reelierclu'e et employée |)ai' les tiraiiKMirs. iresl la l'ace coiimie en Krance sons le iioiii (le race de Noiikha, el, (jiii y réussit très bien deimis ([uelques années. Les cocons son! petits, mais durs, et serrés au milieu; bien qu'ils ne soient pas de première qualité pour la linesse du î^rain, ils racbètent cette infériorih' par la constitution robuste du Ver. En elTèl, c(^tle race, bien qu'ajuste litre nom- mée race italienne, n'est cependant pas tout à fait pure de croisement. Ainsi , tandis (pie la graine italienne ti(Mit collante sur toile, celle de Novders(''véranc(^ (\ue dans les autres races de l'Orient. Aussitôt désaccouplée, la femelli^ lance une liqueur brune, puis ordi- nairement elle l'ait ses œufs sur-l(>-cbanif». Il y a toujours de la gr;(ine sui" les cartons où s'est fait raecdUjdage ; nos ou- vriers pn''leiidaienl ipie les femelles pondaient t'c^ teufs sans SI-'HICICILTIUE AU CAUCASE. 1 '2 l se désaccou|)ler. A la rigueur, ce ne sorail pas impossilde, puisqu'on sait ((uc la lifpicur iVrondante du mâle n'est pas lancée directement dans le canal qui renlerme les œufs, mais n'y pénètre que par altsorption ; cependant je ne le crois pas. Ils disaient aussi que la graine collante était la première pondue, mais ([uelques observations me t'ont croire plutôt que cette graine provient des femelles italiennes pures, comme je l'ai dit plus haut. Les femelles de papillons de Noukha font (Ml général de /lôO à /i()0 o'^ufs ; cinq expériences ont varii- entre ces deux cliill'res. C'est moins qu'à Salonique et à Andrinoj)le, par exemple, où elles dépassent quelquefois 500. Il faut de 1500 à ItiOO de ces œufs pour faire un gramme, soit A500 à 5000 pour l'once ; et comme il y a en moyenne AOO cocons au kilogramme, une once devrait donner 120 ki- logrammes de cocons. C'est là évidemment un cliilTre que l'on n'atteint jamais. Cependant, à Cliabeuil près de Valence, je connais une dame qui, cette année, avec les graines de Nouklia de M. Teissonnière, a obtenu 80 kilogrammes pour l'once. Ainsi (bmc les cocons de Noukha donnent en général moins de graine que ceux de Roumélie, par exemple ; cependant les graineurs calculaient leur rendement sur la l)ase de 1 kilo- grauuue de graine |)onr un pond (poids russe de I(î'',illan, dans une lettre adressée à M. le Président, annonce qu'elle se propose d'envoyer prochainement à la Société des échantillons de soie de l'Ailante dévidée par Je procédé qu'elle a découvert. Madame Corneillan fait parvenir aussi des échantillons do, coton- soie provenant des déchets de ciicous de Iiond)//x Cgnthia. Ce résultat a (''té obtenu par rapplicalion de procédés inventés par le chevalier Phihppe de Cirard poui' le lin, mais non encore 128 SitGlÉTÉ IMI'ÉUIALH ZUOI.OC.IOLII'; d'aCCIJMATATIUN. appliqués à la soie, dont il penuel d'utiliser les déchets. — Cette lettre est renvoyée à la Conuiiission spéciale. — M. Sncc, dans une lettre adressée à 31. A. Geofl'roy Saint- Hilaire, annonce que sur la demande de S. M. le roi de Wur- temberg, S. M. le roi de Hollande vient d'ordonner à sa légation au Japon de lui envoyer des œufs de Vers à soie ijama-maï. — M. Leclerc adresse un Rapport sur ses éducations de Vers à soie métis d'Allante et du Ricin. . - vv»-. ~ M. Rrierre (de Riez) adresse, en même temps qu'un nouveau Rapport sur ses cultures, deux dessins à l'huile (fui viennent augmenter la nombreuse collection que la Société doit au zèle incessant de ce dévoué confrère. . . ■ ■■■ ■ — M. le docteur E. Sieuzac, de Rordeaux, demande (|ue la Société veuille bien lui faire remettre une petite quantité de feuilles de Coca, pour poursuivre des expérimentations théra- peutiques. — M. de la Roquette transmet une Note contenant le ré- sultat de quelques observations de M. l'abbé Rrasseur de Rourbourg, en réponse à une demande de renseignement que lui avait adressée notre honorable confrère relativement à la culture et à l'emploi de l'Ixtli. — M. le docteur Rordier (de Melle) écrit i»our signaler l'intérêt que présenterait l'introduction des Cinchonos dans nos colonies, et propose ses bons offices pour diriger une ten- tative sérieuse d'acclimatation de ce précieux végétal.. . — M. Défisse (de Rordeaux) complète les renseignements contenus dans sa dernière lettre sur la culture de VEiicalyjt- tus glohu/i(s, dont il se propose d'envoyer prochainement un certain nombre de plants à la Société. — Des demandes de plantes et de graines sont adressées j)ar MM. Saint-Marc Girardin, Radiguet, Défisse, Genesley, et parla Société d'agriculture du ducJié de Nassau. — M. Poujade, consul général de France à Florence, trans- met à M. le [^résident, dans une lettre du 10 janvier, le pro- grannne d'une exposition d'horticulture (lui aura lieu dans cette ville, au printemps [uochain. l'HUCÈS-VEKlUUX. 129 — La Société reçoit : 1" VIftdex semmiim horti rcyii bota- nici Pnnormitani, 1861 ; 2" Do M. Bartliélemy-Laponimemye, le Château Borelij iMustré, 1860; 3" De M. G. Lagneau, Instnictions sur l'anthropulogie de la France, 1861 ; If De M. Domenicû Sabatini, Grand canal maritime à tra- vers le duché de Slesvig^ unissant la mer du Nord et la mer Baltique, 1859; 5" De la wSociété impériale d'émulation du d()partemenl de la Sonmie, Met noir es pour 1857 à 1860. — M. le Président donne lecture d'une lettre de Son Exe. M. le Ministre d'État, qui annonce qu'il vient de demander à Son Exe. le Ministre de la marine un passage gratuit à l)ord du bâtiment de l'État lÈcjérie, pour M. Alexis de Villeneuve Flayosc, auquel la Société a confié une exploration scientili([uc dans le Brésil. — Des remercîmenls ont été adressés, au nom de la Société, à M. le Ministre. — M. Mauboussin, consul de France à Liverj)Ool, annonce, pal' une lettre adressée à M. Drouyn de Lbnys, (|iie les graines et plantes expédiées du Canada par M. Gauldrée-Boilleau ont été, par ses soins, transportées à ])ord du vapeur en partance pour le Havre. Il signale la générosité des armateurs, MM. Ran- kin Gilmour et de la compagnie Ciinard, qui n'ont voulu ac- cepter aucun fret pour le transport de ces plantes du Canada à Liverpool, et de Liverpool au Havre. — Remercîments. — M. le Président donne lecture de quelques extraits de l'éloge de M. le duc Decazes, prononcé à la Société centrale d'agriculture par M. de Lavergne, et dans lesquels un juste hommage est rendu aux travaux agricoles et manul'acturiers de notre illustre et regretté collègue. — M. Pouchet, délégué de la Société à Rouen, annonce le prochain envoi des sommes qu'il a recueillies pour la sous- cri[ition à la statue de Daubeiiton, et notre savant collègue ajoute qu'il espère pouvoir venir faire, au siège de la Société, une contèrence dans le cours du mois de mars ou d'avril. — M. Jacques Ralinowsky, délégué de la Société à Moscou, T. IX. — Janvier et Fcvricr 1862. 9 130 SOCIÉTÉ IMPÉI'.IALE ZOOLOniQUE d'acCLIMATATION. el secrétairo général du comité d'.-tcclimalalion (\o cfllc ville, répondant au désii' qui lui en avait (Hé exprimé pariM. le Pré- sident, transmet, au nom du comiti'' et au sien, la liste des personnes ([ui ont reiulu des servie s à racclimalalion en Hnssie dejjuis 185S, et (|ui lui paraissent dignes des récom- penses de la Soeiéti''. — licnvoi à la Commission spéciale. M. Marc do tiaut oHiv à la Sue.iété divers échantillons de graines de Haricot )ir0 et 18(31. Ce Haricot, (pii ne rame pas, d(uni(' aujourd'hui mu*. abondante récolte, et est entré dans la cons(»mmation courante d<' sa maison, ou Ton s'accorde à le trouver supérieur aux autres pour les puri'cs. — llemercîments. M. r>a\, notre conl'rère, otlVc à la Société des échantil- lons de plumes de Dromée pour les collections, et exprime le désir ([ue ces itlumes soient conservées avec tous les soins nécessaires, pour bien d(''monlrer (pie les mites ne les attaquent pas. — Uemercîmeuts. — M. le professeur Jules Cloquet met sous les yeux de la Société divers échantillons de Pommes de terre d'Australie et de Sibérie, [)roveuant des cultures de madame la comtesse Lepic, et l'ait remarquer la beauté de ces tubercules. — M. le Président lait connaître à la Société que le Conseil, voulant donner à la mémoire de notre illustre et regretté pré- sident un nouveau témoignage de sa reconnaissance et con- server son iu)m vénéré sur la liste de ses membres, a décidé, dans sa dernière séance, que, par une mesure tout excep- tionnelle, M. Albert CeotTroy Sainl-llilaire serait invité à lui prêter son concours, avec le litre di; membre honoraire du Conseil. Il donne ensuitt' lecture d'une lettre de M. Albert GeotlVoy Saint-Hilaire, (pii témoigne de toute sa gratitude pour cette décision du Conseil. M. le Président communique une lettre de .M. Sacc, annonçant un douzième envoi de notre inratigable conlrère M. Bataille (de Ca\enne),(iui a pu se luocurer pour la Société des Agamis, des Hoccos, des Pénélopes, des Vacous et des Marails, et une paire de Caurales, ou petits Paons des roses. — Remerciments. •■ • PliOCKS-VEliliAUX. 131 — M. le PrésideiiL aniKuicc ([iic lo Conseil vient de iioni- iner délégué à Barcelone M. Saee, qui va ([iiiller Wesser- ling pour ectlc nouvelle résidence, et qu'il a (h'signé pour renqilacer M. Sacc, cijmmc délégué à Wesserling, M. Gros- Hartmann. Après avoir ivippelé los ('uiinents services rendus à la Société, depuis son origine, par M. le docteur Sacc, M. le Président exprime sa eonliam-e que notre dévoué collègue continuera d'apporter à notre œuvre son précieux concours. — Il est domié lecture d'un travail de M. Philippe, jardi- nier en chef du jardin de Saint-Mandrier, sur le Schinus molle, ou faux Poivrier d'Amérique (voyez au Bulletin p. /4l). — M. Emile Jav oiïre (piatre j)aquets de graines et un fruit d'un arlire désigné' sous ie nom de Cotonnier- a rbve de la L'oc/niiehine (Asclepiofi), (jui ont (''té rapportés par M. Fugier, (diiiuigien-major attaclu' à l'expédition. — Renier- cîments. — M. Millet présente des o^uls embryonés de Samnons élevés en eau douce, et l'ait connaître les résultats obtenus dans ces tentatives, notamment dans le lac de (lenéve. — M. Hébert lit un mémoire de M. Cliwatolï, intitulé : Des expériences de dix-hwl ans sur la domesticntiu)i des Tétras (Jetrao tetrix) (voy. au lîalletiit). — M. le Président donne lecture d'une lettre de M. Puev, qui rend compte d'un repas l'ail à .Marseille de la chair d'une jeune Autruche, qui a été ti'ouvée excellente (vov. au Bulletin, j). Jô;i). A cette occasion, une discussion s'engage entre quebpies membres pour savoir à (pnd nomlire d'œufs de Poule équi- vaut un o'ul" d'Autruche, nombre (pie les uiis portent à oS, les autres à "l'I seul(;menl. — Il est donné lecture d'une Notice de M. le docteur S«icc sur leBuIlle. . . n 132 SOCIÉTÉ IMPÉlilALE ZUOl.UCilOLJi d'acCLIM ATATION. SÉAKCi: F)l 1/1 Fl.VI'.ll.l*. 18GL>. Présidence de M. Dkouyn de Lhuvs. Le pi'()cès-V('ii)al de la (Ici'iiière séance est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis : MM. Alcaix (Michel), ingénieur, i)rofesseur au Conservatoire im])érial des aris et métieis, mcndjre du Conseil de la Société d'encouragement pour l'induslric nationale, à Paris. BuLoz, directeur de la Revue des deux mondes , à Paris. Chasseloip-Laui'.at (Son Exe. le comte de), Minisire de la marine et dés colonies. Dklpech (le docteur), professeur agr('gé à la Faculté de médecine, à Paris. DuFOUR (Léopold), président de la cliambr(3 consultative d'agriculture, et vice-président de la Société d'agricul- ture de l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer, à Hes- din-Labbé, près de P^oulogne (Pas-dc-Calais). P'oRGEMOL (le docteur Hector), à Tournan (Seine-et- Marne). GuiDOU, avoué, à Paris. Hen'DKcoujit (Louis d'), capitaine d'élat-major, à Paris. Lagougine, lieutenant de vaisseau, cliel' d'état-major au- près du gouverneur général de la Nouvelle-Calf'donie. Lemercieiî, ingénieur civil, à Laval (Mayenne). Mallet (Arthur), à .louy en .Tosas (Seinc-et-Oise), et à Paris. Meyeh, vice-président de la Société' zoob^gique à Ham- bourg (Allemagne). RouGEM0^'T (Alfred de), à Paris. — M. le Président annonce à la Société la perte regrettable qu'elle vient de faire par le décès de M. le baron Baude, an- cien conseiller d'Etat, qui nous avait donné des preuves du plus bienveillant concours. — M. le Président rappelle en ces termes le.- services ren- PROCÈS-VKRBÂUX. 133 dus à la Soci('l('' par .M. Diicliesnc de licdlccourt, consul géné- ral el chargé d'affaires de France à Yedo (Japon) : « Membre tilulaire de la Société depuis 1859, il a donné à notre tiMivre les témoignages du plus grand intérêt. A peine arrivé au Japon, il s'est occupé de recueillir une nombreuse collection d'animaux vivants, de graines de Vers à soie et de végétaux, dont la plus grande partie a malbeureusemenl péri pendant le voyage ou été d('tournée de sa destination par d(*s circonstances tout à fait indépendantes de la volonté de notre dévoué collègue. Excité plntùt que découragé par cet insuccès, M. Ducbesne de Jîellecdurl a envoyé depuis nue nouvelle col- lection de plantes vivantes di»nt un certain nombre a pu être conservé au Jardin d'acclimatation, et une autre collection de graines du Japon ; mais l'envoi le plus intéressant (jue nous devions au zèle si généreux de notre collègue, c'est celui des graines de cette lielle espèce de Ver à soie du Mûrier du Japon, qui a donné dans la dernière campagne séricicole les magni- fiques résultats signalés de tous cotés par les éducateurs aux- quels nous en avions envové. » Nous lui devons aussi les graines de cette espèce nouvelle de Ver à soie sauvage du Chêne que notre collègue M. Gué- rin-Méneville nous a si bien décrite sous le nom d'Yama- maï, et qui nous promet une des plus précieuses conquêtes que puisse réalis(n' la Société. » M. Ducliesne de Bcllecourt doit nous l'envoyer de nou- veau cette année, ainsi qu'une variété de Riz sec des montagnes du Japon qu'il a récemment découverte. » Tous ces services ont semblé justifier aux yeux de la Com- mission spéciale des récompenses le litre de membre hono- raire qu'elle nous a proposi' de décerner à M. Duchesne de Bellecourt ; le Conseil a été unanime dans l'approbation qu'il a donnée à cette proposition, que j'ai l'honneur de soumettre à la ratification de l'assemblée générale, conformément au règlement. » , La proposition de décerner à M. Ducbesne de Bellecourt le titre de membre honoraire est accueillie par un vote ilnanime de la Société. s 13/i sociKTr': impéimale zooloiiique i)'.\(;r.LniATATioN. — M. le Président annonce ([ne niadaiiir (lui'rinean, née Delalande, (iiii a l'nndé déjà nii piix l'année dernière, dans le bnt. d'honorer la mémoire de Filluslrc voyageur son frère, otfre à la Société de fonder nii nouveau prix poia- le voya- geur qui aura rendu le plus de services à l'acclimatation en Océanie ou en Asie. Madame (luérineau di'sire que ce prix, fondé au nom de Pierre-Antoine Delalande, consiste en une médaille d'or à r(^fïigie d'Isidore Geotl'roy Sainl-ililaire, vou- lantrappel(^r ainsi la communauté d'études de ces deux grands naturalistes. M. le Pr(''sident fait connaître à la Société que l'olfre généreuse de madame (luérineau a été accueillie avec empressement, et l'assemblée joint ses remercîments à ceux du Conseil. — M. le ]M"('sident donne ensuite connaissance à l'assem- blée des prix nouveaux proposés par la Société, et (jui seront annoncés dans la prochaine séance [lublique. — MM. le docteur Delpecli, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, et d'Hendecourt, capitaine d'état- major, adressent leurs remercîments jiour leur ri'cenle ad- mission. — M. le commandant Loche, directeur du Musée d'histoire naturelle d'Alger, adresse ses remercîments pour sa nomi- nation au titre de délégué de la Société dans cette ville, et envoie l'assurance du concours le plus dévoué. — M. Radiguet, membre de la Société, se met à sa dispo- sition pour faire parvenir au baron (lonry du Itoslan, ministre (le Krance à la Nouvelle-Grenade, avec leipicl il est (^ii rela- tions suivies, toutes ses demandes ib^, renseignements sur la Coca, ainsi (pie tonte espèce d'instructions relatives à cette contrée. — Pemereîments. — M.'Albei't (jeolTroy Sainl-Ililaire fait connaître que M, le contre-amiral Bosse a fait don au Jardin du bois de Boulogne de divers animaus du Sénégal : qu.dre Moutons, deux ()ies et un Dindon. — La Société zoologiquc d'acclimatation pour la région des Alpes adresse ses reuKM'cîments |)our le don (|ui lui a élé fait d'une pairi^ de Z(''biis du Sou(!;iii. PFinCÈS-VERBAUX. ,' J 35 ',, — M. .1. (lo Liroii d'Airoles (lé|)use, an iiuiii di^ la pre- mière Scdiûii (Mauiniirères), les iiislructions (jui doivenl être remises à M. de Villeneuve Flayosc, eliargé d'nnc inissioii an Brésil (voy. au Bulletin). — .M. le conseiller Dulrùne conimumcjne à la Sociélé di- verses pièces renlernianl rensemble des documenis publiés et. recueillis sur la créalion el la propagation de sa race liovine sans (bornes Saflahot. — La Société rccdit de noire C(inliri'c .M. Jules (l("iard le projet de fondation (Tune Soci.élr m de la Société Nafurn artis magistra, des graines de Ver à soie du Hicin. MM. Léon Maurice et Maumenet adressent des demandes de graines de divers Bombyx. — Madame la comtesse Clémence de Corneilian fait don à la Société d'un écbantillon de soie de Boudn/x Cgntlàu , dévidée par son procédé. — Hemercîments. — M.M. Cuniinge, Micbély et Delisse annoncent l'envoi de plusieurs plantes qu'ils offrent à la Société. — Hemercîments. — Des demandes de graines et de plantes sont adressées par MM. Kreuler, Maumenel et Léon Maurice. V?,6 SOCIKTÉ IMPÉRIALE ZOOt^OdlOrE d'aCCLIMâTATION. M. Brierre (de Rio/.) (Mivoio un nouveau dessin à l'huile et un Rapporl sur les piaules (ju'il cultive. — Al. Ferdinand Denis transmet, au nom de son IVère, M. Denis ((rUvères), une figure pliotographi(jne de VAralia papi/rifcra, cultivé dans son jardin, et aiintmce l'envoi d'une note sur celte plante. — M. Mosselmann adresse un échantillon d'un engrais qu'il fahrique, la chaux aninialiséc, et offre de montrer son exploi- tation aux membres de la Société ipii le désireraient. Il fait don, en même temps, d'un exemplaire de V Almanach du cliaulagc. — liemercîments. — M. Armand Lechevalier fait honmiage à la Société d'un exemplaire de son grand Alhts phijùfpio^ Imtoriquc et poli- tique de géographie, cl d'un exemplaire mural de la Carte de France en 89 départements. — Des rcmercniients ont été transmis à notre gén('reux confrère pour ce magnifique ouvrage. — La Société reçoit: 1" De la part de M. .1. de Liron d' Ai rôles : Les Poiriers les plus précieux parmi ceux qui peuvent être cultivés à haute tige, etc. In-S% 1861 . •2» De la jiart de M. le docteur Pigeaux : Examen de la question des hybrides végétaux au point de vue des espèces fruitières. In-8% 1861. ;i° De la jiart de M. !.. Figuier : Année scientifique et indus- trielku 0' année, 18(î"2. /r De la paît de M. ïrouillcl : llégénération de la Vigne par vue nouvelle plantation, ln-8% 1858. — Culture de la Vigne en plein champ sans échalas ni attaches. ^1-8", 1860. 5" De M. Gosse : Monograplrie de la Coca. In-8", 1862. La Socif'li'' adresse ses remercîmcnls à ces généreux con- frères. — l\. le docteur Forgemol otfre à la Société un échantil- lon de soie du liombyx /1î«'o^^/, tordue à trois Ois ; le cocon de vi- Bombyx, ipii n'avait ])u encore être dévidé par personne, a été traité par le procédé de noire confrère. — PiemerfM'ments. — M. le Président dé|)ose sur le hureau, pour être lue à une prochaine séance, nue Notice de M. Fr(''d<'ri( Dehains rndcÈs-VEunAUX. . . : 137 sur 1ns travaux frarrlimatalion laits par l'onlrf rie S. M. le roi (le Wurtemberg (voy. au Hulletin, p. 85). M. le Présideut donne lecture d'une lettre qui lui a été adressée par S. A. i{. le prince Adalhert de Bavière, relative aux avantages que |)résente la race Sarlabol créée par M. Du- trône. Cette lettre annonce l'envoi fait à M. Drouyn de Lliuys d'une médaille à relïigie de ce prince éclairé qui n'a pas dédaigné de prendre sous ses auspices la propagation de cette race nouvelle. M. le Président lit ensuite une lettre de Son Exe. M. le ^linislre des aflaires étrangères, (jui informe la Société que VIndia Office pourrait fouiiiir actuellement des plants de Cmchona. — liemerciments et renvoi au Conseil. — Son Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies témoigne de ses bienveillantes intentions [)Our la Société, et annonce qu'il va donnei' des ordres pour que les officiers du service de santé de la marine soient autorisés à nous prêter le concours le plus actif (voy. au Bn/fct/n, p. lAb). — Remer- cîments. — M. le Président communique une lettre qu'il a reçue de M. Pliocion lîoque, chargé d'affaires du roi d'Italie, qui an- nonce que S. M. la ivine de Grèce a fait remettie pour la Société un paipiet de graines iVAdies rcfjinœ Amaiiœ{\o). au Bnllctln, p. \h~). — liemerciments. — M. Uamel annonce la iirodiaine arrivée de quatre Laughing Jacasses et de quatorze liockJiampton Fhiches, envoyés par M. Mueller au nom de la Société d'acclimatation de Melbourne (voy. au Bulletin, ji. 1/|9). — Notre confrère M. de Sautuola, écrit de Santander (Espagne) pour annoncer le succès de ses |tlanlations d'Ai- lantes, et l'envoi de graines d'un Ver à soie du Mûrier élevé dans son domaine, et dont la race a été jusqu'à ce jour exemple de la maladie. — Remercîments. — M. le Président donne lecture d'une lettre de notre confrère M. Main sur le Pic vert, qui est renvoy('e à la Com- mission spéciale. 11 est comMumiqui' aussi une lettre de M. Thomas, adressée ioS SOCIÉTÉ IMPÉrslALE ZOOLOCIQUI' d'aCCLIMATATION. à M. Diiiiiéril, d dans laqui'lln iiolie ('ûnlVèrc cnumére les arbres sains (pic le Pie vcri alla((ii('. — lîonvoi à la Commis- sion. — M. Simon, eliaryV'. (l'une mission agricole en Cliinc, Iranstnel la copie d'un Rapport à Son Exe. le Minisire de l'agri- culture et du commerce sur l'f'tat de la s()riciculture en Chine (voy. au Bulletin). — ^11 est donné leclurc d'une Notice de M. Kuhne sur le lliz sauvage du nord de l'AuK'riiiue (voy. an llallclin, p. 123). ■ — M. Piclion, ministre phhiipotentiairc, l'ait lionnnagc à la Soci(H('i de graines de Melons de Perse, Taléhi, Guennek. — Remercîments. — 11 est donn(j lecture d'rme Notice sur l'Agami par M. lia- laille, de Cayenne (voy. au UnUclin). M. Descliamps l'ait remarcpier (pi'il serait très imporlant (^pie les animaux provenant des pays transatlanli(iues pussent prendre quelques jours de repos dans les ports de d(!'barque- inent, car c'est au d(!'i'aut de cette prc'caution que l'on ihut attribuer la mort d'un certain n(tnd)re d'entre les animaux reçus par la Sociéti'', et notanunent d'un Agami. — Il est donn(_'' lecture d'une Note de M. Cliap[)ellier, mem- bre de la Société, sur le Sal'ran et sur les moyens à employer pour le régénérer en culture. — M. .1. Clo(]uet od're, au nom de M. le doeleur iJevilliers, un herbier de plantes marines récoltées par Palisot de Bean- vois sur les côtes occidentales de l'Afrique intertropicale, et. que le donateur tenait du capitaine Landolphe, (pu avait transporté en Arri(pie Palisot deBeauvois. — Remercîments. — M. Jacquemart fait connaître le résultat du dépouille- ment du scrutin qui avait ('lé ouvert au connnencement de la séance, pour le renouvellement annuel du Bureau et d'un tiers du Conseil. Le nombre des votants était de /i57. (Outre les billets de vote déposés dans l'urne par les membres présents, beaucoup de bulletins avaient été envoyés sous pli cacheté et contre- signé, ou dans des lettres adressées, soit à M. le Président, soit à M. le Secrétaire général.) rnocÈs-YERiiAux. l;'ii> Los votrs, (loiiLir (l('|)oiiill(Mrinil avait élr confié à une Com- mission composée de MM. David, Pigeaux, le marquis de Selve, le comte de Sinely et Vavasseur, sous la présidence de M. Jacquemart, on! été répartis de la manière suivante : Pour la présidence, M. Duouyn oe Liiuys, 452 voix. Pmii' les i|uatre vice-présidents, MM. Antoine Passy, 454. I,c prince Marc r)EBEAUVAU,452. — llir.iiARD (du Cantal), 450. — Moquin-Ta>;don, 447. Pour les fondions de secret, gén., M. le comte d'Er-RÉMESNiL, 45^. Pour les fonctions de secrétaire, MM. E. Dcpin, 454. — Comte de SiNETV, 452. — SoenEiUAN, 4o'2. GUÉUIN-MÉNEVILLE, 451. Pour celles de mendj. du Conseil, MM. .1. Cloquet, 452. — Baron Ségi'IEIî, 452. — De Quatuefages, 448. . '• ■ " _ RUFEIER, 4'l-7. liUFZ DE EaVISON, 44G. En oulre, d'autres membres ont obtiMin des voi\ pour diverses fonctions. En conséquence, sont élus pour l'année 186*2 : PrésidenI, M. Diouyn de Lliuys. Yice-présidenls : MM. le prince Marc de Beauvau, — Mo({uin-Tandou, — Antoine Passv, — Richard (du Cantal). Secrétaire général, M. le coiute d'Eprémesnil. Secrétaire i)our l'intérieur, M. Eugène Dupin. Secrétaire du Conseil, M. Cuérin-Méneville. Secrétaire pour l'étranger, M. le comte de Sinely. Secrétaire des séances, M. Léon Soubeiran. Membres du Conseil : MM. Jules Cloque!. — De Quatrefages, — _ Ruftier, — Rufz de Lavison, ' — ' ' Le bar(in Séouier. IZiO sociKTi': niPKiïi.vi.K zooLor.rnrn: d'acclimatation. sÈAX.K mi 28 FKvmiiR 1862. . Présidenco de M. I)R(ii yn hk Liiiys. Le prûcès-vcrl)al de la séance précédente esl lu et adoplé, — M. le Président proclame les noms des membres non- vellement admis : MM. Aude (André), propriétaire, maire de Cliaumes (Seine- et-Marne), à Paris. Castillon (le baron de), |)r(»|iriélaire an cbàtean de Val- monsse, })ar Lambese (Ijoncbes-du-IUiùne). ( j^ÉRiN, ancien avoné, à Meanx (Seine-el- Marne). fiUERREHO (Ferdinand), intendant lionoraire de S. M. Calbolique, à Paris. Hébert (L.-S.), agent générai de la Société impériale d'acclimatation, à Paris. Jacottet (Louis), notaire, à Nenlcliàtel (Suisse). MoiNTRicHARD (Cbarles-Joscpli-Gabriel), à Villers-Farlay, par Moucliard (Jura). PiCHON, ministre plénipotentiaire, à Paris. M. le Président l'ail connaître la perle regrettable (|Lie la Société vient de faire de quatre de ses membres, MM. l'amiral CasY, Bellet, Bertrand et Monv. — M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le géné- ral Rolin, relative au don (jue S. M. l'Empereur a bien voulu faire au Jardin d'acclimatation d'un Bélier d'Astrakban, piro- venant de Grimée, et d'une Agnelle métis de ce Bélier el d'une Brebis mérinos champenoise (voy. p. 1/46). — Des remer- cîments ont été adressés à Sa Majesté. — Son Exe. M. le Ministre des aff;iires étrangères annonce que M.Gauldrée-Boilleau, consul de France au Ganada, donne tous ses soins à réunir une collection des divers liomhi/x de l'Amérique du Nord qui peuvent fournir de la soie, et a l'in- tention d'adresser cette collection à la Société, avec des notes qui ])uissenl servir de guide pour les éducations. — Bemer- cîments. l'IiOCÉS-VElUi.VLX. ; , 1Z|L — Son Exc. iM. loMinistre de l'ai^riculluic cldu commerce, par une lettre du 1 7 février, annonce (ju'il niel à la disposition de la Société une médaille d'or, yrand module, pour la pro- chaine distribution des récompenses. — Des remercîments ont été adressés à Son Excellence pour ce nouveau témoi- gnage du haut intérêt que M. le Ministre veut bien prendre aux travaux de la Société. — Des lettres de remercîments pour l'invitation qui leur a été adressée à l'occasion de la séance publique annuelle sont envoyées par S. A. I. la princesse Mathilde, Leurs Exc. les Ministres de l'agriculture et du commerce, des atlaires étran- gères; MM. Billaud ; Doittelle, préfet de police; Gustave Rou- land; Mouriez, vice-recteur de l'Académie de Paris; Nigra et ilerbet; et par mesdames la comtesse Waleska, Tliouvenel et Boittelle. — M. Hardy et M. Althammer font parvenir l'expression de leur reconnaissance pour les ]»rix spéciaux qui leur ont ét('' décernés en récompense de leurs succès dans Facclimatation des Autruches et des Outardes. — Madame la comtesse Clémence de Corni'illaii adresse ses remercîments pour la médaille d'or (jue lui a méritée sa découverte d'un procédé de dévidage des cocons ouverts. — M. le baron de Hiigel et M. Uamel, lauréats pour les Mam- mifères; Eroilan Avala, Noël Suquet, lauréats pour les Oiseaux; de Mande, Carly de Swazzema, Lalesque, le docteur Kleinert, Chiris, Martin, Bouvard, ïheurier et Bézier, lauréats pour la Pisciculture; mesdames la comtesse de Labédoyère, veuve Boucanil, Kudoxie Heyraud, et .MM. Nourrigat et Léon Mau- rice, lauréats pour la Séricicultuie; M.M. IJrierre (de Riez), Pelisse, Auzende, Philippe et Baltet, lauréats pour les Végé- taux, adressent leurs remercîments pour les récompenses qui leur ont été décernées dans ces cin([ diflerentes Sections. — MM. Lagougine, chef d'état-major du gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, Lemercier et C.hibiet, adressent leurs remercîments pour leur récente admission, et témoignent de leur désir de concourii' utilement au but que la Société s'est proposé. 1/|2 SOCIÉTÉ IMI'ÉiSIALE ZOOI.OGIOUE d'aCGLIMÂTATION. — La Société zoologiqno traccliniatation pour la région des Alpes informe qu'elle n'a pu conserver, à cause de leur carac- tère l'arouche, les Zébus du Soudan qu'elle avait reçus récem- ment de la Société, et que ces animaux ont été déposés au parc de la Téte-d'Or, k Lyon. — M. le docteur Turrel, dél(''gué de la Société, à Toulon, annonce l'arrivée d'un Agouti vivant, adressé par notre hono- rable conlVère M. le colonel F'rébault, gouverneur de la Gua- deloupe, (pii avait expédié en même temps trois autres indi- vidus de cette espèce, mais ces derniers ont pi-ri pendant la traversée. Le survivant est parvenu dnns de très bonnes con- ditions au Jarasses-Alpes, et sur l'intéi-él (|u'ils })résentenl. — iMM. Thomas (de Nantes), Snint-Cerand (d'Autun), Roussel (d'Autun), et M. le comte d'Esterno, font [)arvenir de nouveaux renseignements sur le Pic vert. — Picnvoi à la Conunission. — M. Liénard informe la Société de la mori d'un certain nond^re de Gouramis que M. Laplace avait pu amener vivants de l'île Maurice jusqu'à Alexandrie. Ce fâcheux résultat ne décourage pas le zèle de nos dévoués confrères, (jui se pro- posent de renouvider leur tentative à la première occasion favorable. - — M. le docteur Sicard (de Marseille) annonce qu'il vient de réussir dans une éducation de SOOO Saumons au moyen de l'appareil Carbonnier. — M. Thomas (de Nantes) communique un cas intéressant de morsure de l'homme par une Vi[)ère. — P»envoi à la Com- mission. — La Société i\c^ sciences, agricullure et arts du Bas-Phin adresse une demande d'o^d's de Bombi/x Cyntliia. ;. • . l'IîOCÈS-VElîr.ÂUX. :-• ' l/jS — î\l. S;iiiv (de .Marseille) l'ait parvenir, de la part de y\. Porlalis (de ISeyrouth), des graines de Vers à soie prove- nant d'uue race qui jusqu'à présent n'a pas (Hé attaquée de la maladie. — Remerciments. , .,.; . :, , — M. llayes (de Cliandernagor), continnant les nombreuses preuves d'intérêt ({u'il a d('jà données à la Sociétf', lait remettre par M. P)oudonnot, capitaine au 3' d'infanterie de marine, à Rochelbrt, des graines d'un végétal des Indes, sur lequel il a adressé des renseignements qui ne sont pas encore parvenus. — Remerciments. — MM. di' Kairvan, garde général des forêts à Évreux, Reau et Revon, instituteurs, adressent des demandes de graines et de plantes. ' . — M. Glayton fait savoir qu'il a donné tous ses soins pour la bonne et promjite expédition à Melbourne des caisses ren~ fermant la collection de graines et autres objets olïerts jiar notre Société à la Sociéti- d'acclimatation de Victoria (Aus- tralie). — Remerciments. — M. Frédéric Debains remet une Note sur une publication périodique qui paraît à Francfort, sous le titre de Ber zoulo- (jisclic iidrtoi {le Jardin zoulotjlque). (voy. p. 152). — M. Decaisne transmet un travail très intéressant de M. Elias Durand (de Pbiladelpbie) sur les vins américains (voy. au Bulletin). — M. Ramel annonce (ju'uii comité spécial s'occupe acti- vement de l'introduction à Melbourne, en Australie, d'une espèce très intéressante de Moutons cliinois, désignée sous le nom de (Jng-ti, et fait remar(|uer l'intérêt que la Société aurait à se procurer cette espèci^ (voy. au /^^//e///?). — Remerciments. — M. le Président annonce que les Rapports des commis- sions précédemment nommées pour r(''lude de diverses ques- tions spéciales devront être présentés à la Société dans un avenir procbain. R fait connaître également que désormais, d'après la déci- sion du Conseil, chacun des membres assistant aux séances générales de la Société recevra, connue jeton de pi'ésence, une carie d'entrée pour le Jardin d'acclimatation. IM SUCIÉTÉ IMPÉniALK ZOOL(MJ1(,)UE u'acCLIMATA'I l().\. A|»i'cs avoir signalé raliondancc dos matières qui doivent entrer dans le Bulletin, et annoncf'' ([iie la publication du coiTi})te rendu de la séance pulili(|ue annuelle n'enipêchera pas celle du numéro de lévrier, et sera considérée comme un sup- plément, M. le Président ajoute que la nouvelle série des con- férences pour 1862 sera inaugurée le 11 mars prochain, et qu'elles auront lieu désormais le mardi, à quatre heures. Les conlV'rences du mois de mars ont été ainsi r('glées : le mardi 11, M. Soubeiran traitera de la Cochenille et de son acclimatation; le mardi 18, M. Millet fera une conférence sur la pisciculture, et le mardi 25, M. A. Dupuis traitera des arbres résineux et de leur culture. — Il est donné lecture d'une leltre de M. Jules Gérard, rela- tive à l'organisation de la nouvelle Société africaine, dont les statuts ont été communiqués dans la dernière séance. M. le Président ajoute que sur la demande de M. Gérard, le Conseil a autorisé la réception au siège de la Société des souscriptions à cette nouvelle association (voy. au Bulletin, \). 151). — M. de Villeneuve Flayosc adresse un Rapport sur les recherches qui doivent être laites au Brésil par M. Alexis de Villeneuve Flayosc (voy. au Ballefia). — M. Dutrône offre ses remercîments pour la grande mé- daille d'or que lui a décernée la Société, et demande (jue la valeur de cette médaille, qu'il a versée k la caisse de la Société, soit destinée à fonder des primes pour les métis qui naîtraient dans le département de la Seine du Taureau sarlabot, du Jardin d'acclimalation (voy. p. 15(V). — Cette proposition a été accueillie avec reconnaissance par le Conseil. • — M. Rufz de Lavison, après avoir rajipelé le don fait par S. M. l'Enqiereur d'un B('lier d'Astrakhan, race pure, et d'une Agnelle métis (voy. p. '1^6), annonce (|ue le Jardina reçu de M. Marc Lejeune une collection de Faisans; de M. le colonel Lherminier, quatre Goélands ; de M. Frébaull, gouverneur de la Guadeloupe, un Agouti, et de M. le conti'e-amiral Bosse, deux Oies de Gambie, et (luatre Moutons séni-galiens de race inconnue. — M. Ciuérin-Méneville, tenant à ce (jue la Société soit la l'KUCÈS-VKlil'.AlX. Ihb première iiirornii'c de iiouvollcs iiiléressanles [)i'ovenanl di' rAiii(''ri(|uc du Sud, el relatives à la sériciculture, lait à ce sujet une couiuiunicatioH résuuiée dans une note qui sera insérée au Bulletin (voy. au Bulletin). — M, le Président donne lectun' d'une lettre de M. Éniilc de Tarade, renfermant nn l'ail très curieux sur les mœurs de TAgami (voy. au Bulletin). — M. Hébert présente, au nom de M. Frédéric Debains, un Rajtport sur les travaux cracclimatatioii de vS. M. le roi de Wurtemberg (voy. au Bulletin, p. 85). — M. Uamel annonce la procliaine arrivée de Law/hin'j Jacasses (Daselo f/if/aiitea), d'oiseaux chanteurs, et iVÉ/neu./ d'Australie, offerts parla Société d'acclimatation de Melbourne, et envoyés par M. le docteur Mueller, qui cherche en ce mo- ment à se procurer pour la Société une espèce nouvelle de Phascolomes (voy. p. '\h9). — Kemercîments, — 11 est donné lecture d'un Rapport de M. Simon sur une espèce de Vers à soie de Chine, appelés /ils du ciel, et sur le Chameau de Tartarie (voy. au Bulletin). — M. le comte Taverna adresse une .\ote sur l'intérél (jn'd y aurait à iT-unir les documents des divers sylviculteurs puni' arriver à ('lablir un catalogue raisonné des nombreuses espèces d'arbres résineux, el ^\v<^ indications précises sur les conditions climatéri(pies el aulres nécessaires |Hiur le succès de leur culture. — L'(Hude de cette question est renvoyée à la 5'' Section. Le Secrétaire des séances, L. SOUBEIRAN. T. IX. — Janvier el Février I8(i2. 10 IV. lAlTS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Lt'ltrc (/(//'('.Sire du. iiam du Coiiu'U- d'(i(< liiiinltilidn tic Mimcou, par M. ,).KALii\owskY,*t'c;v'/(///r (jtnn'al du Coin il c, a M, AIIj«mi (lEori'iiov ,SA1AT-II1I-A11!E. Mwcou, 20/8 janvier I80i'. ' Monsieur, L;i Irisle nouvelle que vous ;ive/, (laiyiié nous annoncer a pioiUiit une sensation prolunile sur les nienilnes du Couiilé craccliniatatiun de Moscou. I.a perle dou- loureuse que la l'rovidence vous a l'ail supporter est un niallieur i|ui [lésera tou- jours sur la famille de feu M. Isidore t'ieolfroy Sainl-llilaire, mais aussi sur les eœuis et les esprits de tous ceux (jui savaient apprécier les grands mérites du défunt; et [larmi ces gens-là, les membres du Comité d'acciunatalion de Moscou ne sont certainement pas les derniers. Le Comité de Moscou, ayant appris celte triste nouvelle, a résolu (dans sa séance du 10 décembre 1861), de commander le portrait de M. Isidore Ceodroy Saint- llilane et de le placer iiarmi ceux des )iersonnes qui sont ou qui ont été liées intimement avec le Comité d'aniimatalion de Moscou, et ilniit la iirécieuse mémoire ne saura jamais être cHacée de son souvenii'. Ce portiait lui rappellera toujours la i;randp perle qu'il vient de subir, et la vie glorieuse de celui qu'il ne cesseia jamais de regarder comme mi des bonnnes les plus éminents ilc notre tenqis. J'ai l'Iionneur de vous prier, monsieur, de vouloir bien l'aire part de celle lettre à la Société impéiiale zoologique d'acclimatation, et de lui léuioigner les vifs regrets que nous a causés la mort du Président de la Société mère. Veuillez agréer, etc. Signe .laciiues Kai.inuwsky, Suciél:>iru' général du Coniilc d'acclimalalion de iMu^ciui et dclcgiié de la Socù'lé iniporiale d'acclimalaliuii dr l';irls auprès du Couiilé de Miiscon. Iliiil flv >l4»u(<»iiH «i .%s(i-iaUlian |>»r *i. il. rE:iu|ii« KKf^l.VI': .%>IAI,li: |iar «li. itl. la Reine (le tivùvv. Extrait d'une lettre écrite a M. DnouYN de Lhuys par M. Puociox lîOQUE, chargé d'affaires du Jioi dltalie, le G février 18G2. M. de Wcndlanil, secrétaire de S. M. Hellénique, vient de m'annoncer (lue, sur le désir que je lui ai exprimé en votre nom, la lîeine a fait remettre à la légation de France à Athènes un gros paquet de graines de VAbies refjmai Amaliœ, à votre adresse (1). Quant aux plants que j'ai également demandés, M. de Wendland me dit qu'on n'en a pas pour le moment à Athènes Vous seriez bien aimable de faire savoir à notre excellent collègue M. Dutrône que son bétail sans cornes se jiorte à merveille. Fa Génisse avait mis bas Fan dernier ; le jeune veau a eu un cotqi de sang ; la Vache est de nouveau pleine, ou compte sur un succès cette fois. JMlre adressée a M. le Président par la Société d'accHrnatation de la Nouvelle- Galles du Sud {Australie). Sjdney, novembre 18G1. Monsieur le Président, .t'ai été chargé par le Conseil de la Société d'acclimatation de la Nouvelle- dalles du Sud de vous faire connaître l'heureux résultat des travaux du Comité provincial tenu le lit août 18(51, dans le but d'organiser la Société. •l'ai reçu particulièrement mission de transmettre à la Société impériale d'ac- chmatation l'assurance du plus jirofond désir de notre association de coopérer avec (I ) Ces i;raiiies snni par\ei]iics dans d'excellentes condilidiis a l.i Soeiéle, et l;i disli iliulioii eu a ele iiii en sera faile à ceux de MM. les nieiidire? qui en nnl ailressé la demande. l'iS siM;ii':ii': i.mi'kiualk zoolockk k it'Ai.cLi.M.vïArio.N. (■Ile a servir, |i;ii' Iniis les inoyeiis possibles, la cause i|uc les deux Soeiélés oui (•Il vue. La .Soci(Jlù cracclimatatioii de la ISouvelle-dallts du Sud se propose de l'aiie lous SCS efforts pour vous procurer, dans les circonstances les |)lus t'avoraliles, toutes les esp(''ccs de vt^'yétaux et d'auiuiaux de ce pays que votre Soci(!^lé pourra ilijsirer possé'der ]iour elle-ui("'nie ou distribuer, et elle sollicite les bons ofilees de la viJtre pour atteindre, par des moyens semblables et uu échange rijciproiiuc, le but qu'elles se sont proposé. La Société de Sydney ])rie d'abord votre association de vouloir bien lui faire jiar- veuir, de temps en temps, la série de ses pulilications, s'en|;ageant de son C(jté à vous envoyer tous les documents relatifs à racciiuiatation qui pourront être ]ui- Itliés dans notre colonie. Le Conseil de la Société d'accliinatatiou de la Nouvelle-Galles du Sud se faii uu devoir de signaler le zèle éclairé et la bonté particulière avec laquelle M. le ciuisul de France à Sydney a bien voulu lui olînr de se charger de transmellre aux deux associations toutes les communications et tous les objets qu'elles auiunt à échanger entre elles. Veuillei; agréer, etc. Signe Stephen. ■''oiiilaUnii kS'iiis) iioii^ciiii priv SloBsilaiido. Lrllie lie W""-' C,vÉ]U^E^v, ?iw Dei^alande, a M. le Président de la Sudrlr impériale d'arrliiDatatioii. Paiis 10 lovrier IS02. Monsieur le Président, Désirant donner luie lueuvc de mon attaehcmcntà léuM. Is. Geoffroy Saint- Hilairc et à son hou(U'able tamillc, je viens prier le Comité des récouqienses de la Société d'acclimatation de vouloir Jjien me permettre de fonder, au nom de rierre-Antoine Delalande et à l'efligie d'Isidore GeollVoy Saint-Hilaiie, mie médaille d'or sur le modèle de celle que je jiossède en bronze, pour être décernée en 1864 mi I8()"> .111 voyageur qui aura rendu le plus de services à la Société d'acclimatation fondée par l'homme immortel que nous venons de perdre, homme aussi exceptionnel par ses vertus privées que par son savoir. Il s'occupait paiticulièrenicnl du régne animal, je désire donc qu'en ménioir(; de lui et de mon frère, la médaille (pii sera frappée ra|ipclle cette comnmnaulé d'études. Cependant je laisse au Conseil de la Société (racclimatation la liberté de changer à cette décision ce qu'il jugeia convenable, et m'en raiiporte à ses lumières (I ). Veuillez agréer, etc. Signé F''"^ Gi'iiRiNEAU. I''uai«lsili4»n «le |ii-iiii4's iioiii' In |ii'0|>si;£. Leilre adressée j)ar M. DuTiiùM;, (■(Diseiller Imnoraire a la Cuur impériale irAiaiens, a M. le Président de lu Soeiélé impériale d'aeelimatation. Piii'is, 21 iésrxcv 1802. Monsieur le PrésidenI, Si à la séance solennelle d'hier, l'heure n'avait été d('jà trop avancée lors(jue la grande médaille d'or que la Société m'a lait rhonneur de me décerner m'a été remise, je l'aurais immédiatement déposée entre vos mains, en ex)uimant le désir que s? valeur monétaire fût employée à encourager la propagation des races bovines san''. cornes. [ 1 ) Voyez, pinir l'c coiiililitms ut le iirograiiimc de ce prix, page vu. FAITS DIVERS. 1/li) Mais j'oiirais eu même temps sollicité une épreuve en bronze île la médaille de 1,1 Soeiété; ear je ne voudrais pour rieu au moude que les archives de mes 5(0- lahols fussent privées d'un tel monument ronsaerant la liaule, rimpnsante et li'- eoiide approbation par laquelle mes honorables collègues assurent et hâtent la suppression d'une armure aussi redoutable qu'inutile. Je viens mettre fin à ce relard involontaire en vous priant, monsieur le Prési- dent, de faire agréer par le Conseil que les quatre cents francs, valeur intrinsr- que de notre grande médaille, soient employés en prix à décerner entre les éleveurs des \eaux sans cornes qui naîtront à Paris et dans la banlieue, de notre Sarhibol du bois de Boulogne. Jusqu'à présent j'ai conservé chez mui ce Taureau, parce que j'ai pensé qu'il s'y développerait mieux qu'autre part, et parce que l'heure de l'uliliser n'était pas venue. Mais elle a sonné, à l'instant où l'approbation donnée par la Société à la réforme des cornes a été promulguée par la proclamation de la médaille dont je suis honoré. Le Taureau va donc sans retard arriver à son poste. Les concours pourraient avoir lieu deux fois par au, au bois de Boidogne. lorsque les jeunes animaux auraient atteint l'âge de quatre mois au moins. Si ces concours réussissent, les quatre cents francs de la médaille une fois épuisés, je saurai y suppléer (1). Veuillez agréer, etc. Signe Di trône, Conseiller honoraire, Euvui tl'OiseaHN vivante «IMusd-alie. Letlre adressée par M. V. I'. \mel a M. le Président de la Suciété Impériale d'arcliniafalioii. t'aris, 3 février ISG-2. Monsieur le Président, J'ai l'honneur et le plaisir de vous annoncer, d'après l'avis que m'en donne une lettre de M. Ferdin. Mueller(26 novembre), que quatre Lauglung Jacasses e[ quatorze Rockhamplon Finches (charmants petits oiseaux qui réussiront 1res bien en Algérie, me dit-il) ont été confiés à un passager à bord du Monarch, parti de Melbourne le 20 novembre dernier, pour Londres. Ces oiseaux seront remis à l'ambassade française à Londres. Ils vous sont olTerts par la Société d'acclimatation de Melbourne. Très anxieux de savoir si le bel envoi de Palmiers {G. Corypha auslralis et Seafnrtia) vous est arrive (2), mon ami m'annonce qu'il se dispose à profiler de cliaque malle pour envoyer ipielque chose. Je regrette de ne pouvoir vous donner (juclques détails sur les mœurs et carac- tères de ces oiseaux très vantés, mais non encore classés ou décrits par messieurs les savants, autant que j'ai su l'interpréter d'un article de journal de Melbourne, rpiand ils y parurent il y a environ six mois. Un les comparait à des Serins à cause de leur chant, et l'on pensait qu'ils pour- raient remplacer ce classique chanteur domestique. Leur plumage est de couleur très vive. Je les crois originaires de la province de Moreton-liay, aujourd'hui yucen's-Land (3). Veuillez agréer, etc. Ramel. (1) I, 'offre généreuse do .M. Uiilrùn.? a élé aeceplée avec reconnaissiince par le Conseil. Les .'oiidiilons du concours pour les mélis de la race Saiiabot seront réglées el piildiées iillériein-enient. (2) l.n Société a reçu ces graines, et elles ont élé distribuées. (:i) Les qualio LaitfiJiiiiij Jacasses et dix RncbluiiuptOH Finches sont arrivés au Jardiu d'ac- rlnnalalion, le 14 mars, en parfait état, grâce aux bons soins de M. Nod à .]ui M. le docteur Mneller les avait confiés an déjiarl de Melbourne. Voyez, au sujet des Laii'jhing Jacasses, une note intéressante inséri'e au Bulletin. 150 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.IQUE 1) A(;CLI.\[ATATIOX. fUnv iiiio ciii'ioiiJ«e iiieiilintitkn «r.tgiti'iiolio» o( Mir un noiivol envoi «lo (•oiii'iiiiiï!^ «i\nnJatte, membre de la Société de statistique de Marseille, témoin oculaire, ne permet pas de douter de la vérité. D'ailleurs il se rattache à un fait à peu près semblable avancé par Claude .lennc- ((um, consip;né à la paj^e ?,1 de l'excellent opuscide de M. (iosse. publié en IS.'i", sous le titre île : Avantages qae présente en Alfirrtcla domestication de l' Autruche d'Afrique. Une lettre que je reçois de Maurice, écrite par M. Liéuard, m'anniuice l'arrivée pnichaine d'un certain nombre deGouramis, dont une partie resterait à ^larseille, et l'autre serait destinée pour Paris. I.e moment ne me paraît pas très favorable pour cette réception, et si l'envoi m'arrive sans avoir subi trop de pertes, je mettrai à [irofit les instructions qui me sont données pour sauvegarder ce précieux contingent. Selon les probabilités, l'arrivage aura lieu par le bateau des messageries impé- liales du 14 courant. Il n'y aurait donc pas un seul moment à perdre (1). Incessamment je ferai parvenir à la Société une notice sur un cas très remar- quable de croisement entre une Cazelle dorcas mâle et une femelle d'Antilope des Indes. Veuillez agréer, etc. Signé Barthélemy-Laposimeraye, (1) Une lelUe postérioiire de M. Lidiianl a informé la Roriélé ilo la perte rei^rellable tic rcs |ir(''i-ipiix poissons, qui ont tons péri pou do leinps après lonr arrivée en É^jypte. Ce llouv(îlinsll(■f^■■^;, loin ili' décourager nos ilcvoncs collègues MM. Liénard frères, ne peut qu'exciter davantage leur 7èle, ol déjà ils se sont orcupès de pré|iaror unr aulii' teidative en l'entourant île toutes les pre- eautions possibles. V. CHRONIQUE. / eltri' adrosfiéc par M. J. r.icRAKD à M. le Président de In Société impériale d'acclimatation. Paris, le 21 février 18(32. Monsieur le Président, J'ai riinnnour de porter à votre connaissance que la Cdiiiniission centrale île la Sociétr de géographie vient de prendre nne décision d'après laquelle les statuts de la Société africaine seront publiés dans le prochain Bulletin, et une liste ouverte au secrétariat recevra les adliésious des membres de cette Société à la Société africaine. Les travaux de celte dernière étant de nature à faciliter également ceux que se propose la Société d'acclimatation, je viens vous demander, monsieur le Pré- sident, de vouloir bien présenter à son Conseil la requête que j'ai l'honneur de vous adresser, afin d'obtenir la même faveur que la Commission centrale de la Société de géographie a bien voulu m'accorder. Je crois devoir joindre à cette demande les noms de quelques-uns des membres qui ont adiiéré à la fondation de la Société africaine. Ces membres sont : S. A le prince Jletternicli, ambassadeur d'Autriche ; le général Daumas, sénateur ; le général marquis de Luzy de Pélissac ; le général d'Autemare ; le général du Bos ; le général Paie; MM. le comte de Sanlcy (de l'Institut), sénateur; de Longperrier (de l'Institut) ; Jomard (de l'Institut et de la Société de géographie) ; vicomte de Valmer, président de la Société ]irolectrice et "membre de la Société d'acchma- lation ; comte d'Kscayrac de Lautme (de la Société de géographie et de la Société d'acclimatation) ; comte d'Houdetot, comte Braniski ; comte d'Aure, inspecteur général des haras; Ernest Kaufmann (de la Société d'acclimatation): James AVittering (de la Société d'acclimatation) ; Bretagne (de la Société d'acclimata- tion) ; Achille Vaillant; des Mazis, inspecteur général des haras; etc., etc. Veuillez agréer, etc. Signé Jules Gérard. Société africaine internationale, p.rploratrice, cynégéticiue, zoolofiiqup, approuvée par l'Institut de France {Académie des heaux-arts). La Société a pour but : 1" De rendre faciles et attrayantes les excursions dans TAfrique du Nord et le Soudan, soit pour la chasse, soit pour les voyages ou le séjour dans la colonie pendant la saison d'iiiver. 2" De protéger les intérêts coloniaux en détruisant les animaux nnisiljlos, -3» De mener de front la destruction par la chasse, au moyen d'une troupe (rindigènes choisis à cet effet parmi les tnrcos et spahis congédiés, et la cap- ture des animaux vivants adultes, à l'aide d'engins spéciaux, pour être impor- tés dans les jardins zoologiquesde l'Europe, afin d'offrir aii\ naturalistes des sujets d'étude mieux organisés, et aux peinlrcs, sculpteurs, architectes et gra- veurs, de beaux modèles des grands félins. h" De faciliter en Afrique les travaux des Sociétés d'acclimatation, en iutro- (luisaiil et surveillant la propagation des espèces de gibier qui manquenl dans les colonies; et en Europe, en important les plantes el les animaux utiles susceptibles d'être acclimatés. 5" D'unir ses eilorts à ceux des .Sociétés de géographie, de botanique, de 162 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. zoulogie, d'ingénieurs et aulres..., ayant inl(''rt'l aux découvertes, pour les explorations collectives ou isolées, au iiioy<'n d'iui recinlemenl judicieux des houinies devant composer la troupe de cliassc ; ces lioinnies i)ouvanl servir de guides-interprMes aux sociétaires visitant l'Algérie, et d'escorte aux mis- sions scieutifiques dirigées vers l'intérieur du conlinent africain. Le budget utile étant de 50 (tOO francs, sera souscrit, savoir : le budget d'organisation, par les sociélés intéressi'cs agissant coUectivcmcnl, et par les membres fondateurs au moyen d une cotisation fixe de 50 francs. Pour faire face aux frais annuels, les membres fondateurs elles sociétaires auront à payer une cotisation annuelle Aq cinquante francs.... 'J'oule persoime désirant faire partie de la Société devra en adresser la demande, suit à l'un di's membres fondateurs, soit aux secrétariats de la Société de géograpliie, rue Christine, 3, des Sociélés d'acclimatation et pro- tectrice, 19, rue de Lille, soit à la dire<'tion du Joarnal des duisseurs, '2(), rue de la Cliaussée-d'Antin, ou à celle de la Vie à la campagne, Zi5, rue Saint-André-des-Arls, ou au Journal des haras et à la France hippi(iue, 50, rue de lii Cliaussée-d'Antin, ou au journal le Sport.... Le nrunbre des membre sfondateius, comme celui des sociétaires, est illimité. Le journal le Jardin zoolnfiiqiie paraît à Francfort tous les mois. Il a été fondé au mois de janvier 18(30 j)ar les adniinistratinus du jardin zoologique et placé sous la direction du docteur Weinland, professeur de zoologie à l'ranclort, homme Ibrl estimé en Allemagne ))our des travaux scientifiques remarquables. Le journal est destiné, ainsi que l'indique son titre, à enregistrer les (tb- servations des savants sur la vie, les nueurs et la domestication des animaux. Jusqu'à ce jour il n'a pas cessé d'être envoyé à Paris à la Société d'accli- matation. En janvier 1862, étant entré avec d'autres savants dans la rédac- ticm de cel intéressant recueil, M. le docteur Sacc a pensé qu'il était possible d'élargir beaucoup le cercle de ses a!)onnés, et c'est dans ce but qu'il a n'-digé une circulaire jointe au numéro de janvier 1862. Comme il était juste del'attendre, ce journal s'est plusieurs fois occupé des travaux de la Société d'acclimatation de Paris, et il a extrait du bulletin men- suel qui lui est envoyé régulièrement un assez grand nombre d'articles. En elfet, rien n'intéresse à un aussi haut degré les lecteurs allemands que les études sur les mœurs et l'éducation des animaux. Le numéro du 1" jimvier contient : 1° Le commencement d'une conférence sur l'origine et l'importance des jardins zoologiques modernes. Kn Alleina2,ue, Dresde, Cologne, Krancforl, Hambourg ont déjà des jardins de ce genre; lîrènie, Leipsick,K(enigsberg el Hanovre eu auront bientôt. C(!qui fait le succès de ces entreprises, remarque- t-on, c'est le dé.sir qu'a le public des grandes villes dejjouvoir observer à sa ])orie, et pour ainsi dire sans se di'ranger, les |)li('iiomèui's les plus inléres- ciinoiviQn:. lo:; sanisdc la viorlirz los \niman\ oi rlioz IcsOisoaiix. On. iail rpniai(|iiir aussi li's hiciilails (le ces j,irL,60; poids total de l'oiseau, 3Cl>il-,40. Soit: Plumes ll>i'-,60 Abatis intérieur S 80 Oiseau plumé et nettoyé. . . . 2G 00 Poids égal. . . . 36kiL,40 La nourriture dndit, jusqu'au jour de l'abalage : Premier âge : salade hachée, œufs durs, mie de pain. Après trois semaines : salade, herbe de prairie, choux grossièrement haciiés. Après deux mois : Son, criblures de blé et orge. Dans les derniers mois : son et maïs. L'opération du dépeçage fut faite dans les règles de l'art, mais grande fut la surprise de mon maître queux, lorsqu'au lieu et place de cette partie blanche et savoureuse que dans un poulet nous appelons les ailes et l'estomac, il ne rencontra qu'un coil're osseux, sans apparence de chair et semblable aux cùles d'un mouton maigre! Parcontre, sous ces mèmescôtes,setrouvaientlogéesdeuxmassesdc graisse blanche ne pesant pas moins de G kilos. Ce qui surprit plus encore le prosecleur intelligent, ce fut l'absence de bréchet, qu'il cherchait selon sa coutume. Nous disons' brecliet, le» mots d'appareil xiplioïde et de sternum, prononcés dans la cuisine, eussent fait frémir les cassendes. Donc, le bréchet fait absolument défaut; en quoi nous nous sommes souvenus de ce que vous avez dit, que le bréchet est le point d'attache pour les muscles des ailes, qu'il se trouve d'autant plus volu- mineux et solide que l'oiseau est plus grand voilier, comme pour l'Hirondelle et surtout la Frégate. Or, l'Autruche n'utilisant ses rudiments d'ailes (pie comme des sortes de pagaies, pour nager sous l'air au profit de sa course sans pareille, n'a- vait nul besoin de bréchet, et le Créateur a bien fait, comme toujours, en le lui refusant. Par contre, les cuisses présentent un développement énorme, et peuvent se comparer, pour chaque cuissot détaché du tarse à l'articulation, à un volumi- neux gigot de mouton de dunes. Le poids n'était pas moindre, pour chacun, de Tt kilogrammes et demi. L'autopsie terminée, chaque morceau reçut sa destination la plus convenable, et l'homme de l'art se chargea du reste. Il se trouvait naturelleinent que certaines portions de l'oiseau ne pouvaient attendre le jour de la solennité, et il fut donc dit que les abatis seraient immédiatement consacrés à la confection d'un con- sommé, et que le foie (du poids de 1 kilo) serait sauté à la poêle, comme celui d'un chevreuil. Le jour même, ma table dégustait un bouillon parfait, quoique dépourvu de ces yeux d'or et de l'osmazôme que chantait M. de Marchangy. L';ippréciation des abnlis, les ailerons, le cnu, arrachaient à un professeur de CHRONIQUE. 155 pliilosoiiliic 1p cri : « C'est remarquablement bon ! » Enfin le foie rappelait, à s"v méprendre, celui tle la venaison, dont il avait le goût cumme aussi la fermeté, sans dureté. Cette première épreuve était d'un bon augure pour la suite. Hier, mon cher l'résidenl, c'était le grand jour. A l'heure militaire, chacun fut à son poste et dans des dispositions satisfaisantes, car le doute ne manquait pas s certains des juges. Le premier magistrat du déiiartemeut n'avait jjas dédaigné de nous appor- ter le tribut de ses lumières, et il en possède beaucoup, de toutes sortes. ,Ie vous fais grâce du menu ; bien entendu, il n'avait pour principe que la comparaisnu, l't je me renferme dans mon sujet. La chose avait été traitée de trois fii^ons : Tendons, façon filet de lionif à la financière; Cuissol en daube ; Pâté en timbale. 1" I'"iNAN(',ii;iiK. Si le secret eût été gaidé, pas un seul des convives ne se fût douté que ce n'était point du vrai bœuf qui lui était servi : élasticité de la chair, succulence, saveur, tout y était, et à l'unanimité le mets fut déclaré du premier mérite. 2" La. DALiitE. Celle-ci vint à son tour. Ici, mon cher Président, je serai obligé de prodiguer le vocabulaire de la louange pour être vrai. D'un côté à l'au- tre delà table on se renvoyait les : Parfait! Excellent ! Moelleux! Exquis! avec un entrain qui faisait plaisir à voir. ÎNolrc premier magistrat déclara que cela rappelait sans dé'savantage la langue de bœuf à l'écarlale. On y revint ! Enfin, la timbale fut éveiitrée, et son succès ne fut pas moindre: un pâté de Charties ou de Pittiiviers n'eût pas été plus satisfait des compliments à son adresse. Le pré- sident ayant provoqué un vole par article, il fut proclamé qu'encore bien que le tout méritât une entière approbation, la prime était acquise de droit à la daube. que le second prix appartenait aux tendons à la financière, et que la limbale venait bonne troisième. Mais je vous proteste qu'il n'y avait |>as entre les concur- rents ladifiërence d'une tète (style de tmf). En résumé, l'Autruche (jeune) est un excellent comestible, di.gne de prendre sa place dans l'alimenlalion il'un jieuple éclairé, lorsque la ]iersévérance de nos essais aura démontré que l'éducation en est abordable, peu dispendieuse, el surtout lorsciu'elle sera confiée à des mains connue i-elles de maîlre Pdancliard, qui avait fait merveille. On n'oubliera pas, comme l'a dit M. Suquet dans son excellente notice, qu'une Autruche a pondu 82 œufs, que cha((uc œuf équivaut à 32 œufs de Poule, soit 2624 œufs pour une saison ; qu'un œuf d'Autruche frais et brouillé aux truffes a j)u être servi jiar nos soins à d'anyustcs personnages et a mérité leur sutfiagc ; qu'au point de vue industriel, le produit en albumine, si recherché aujourd'hui par l'industrie, est considérable ; que la récolte en plumes offrira une riche moisson lorsqu'on prendra les précautions \oulues poui' sauvegarder ces plumes des coups de bec et frottements : et alors l'élève en grand des Autruches est assurée. Nous ne saurions donc que nous féliciter du succès obtenu par M. Noël Suquet, et nous ne doutons pas qu'il n'ait résolu pour beaucoup le problème il'acclimata- tion posé par la généreuse et [lalriotique initiative de notre collègue .M. (^hagot. l'ardon de la longueiu', mon cher Président, mais le sujet m'a entraîna'. Veuillez agréer, etc. Signe Ad. LucY, t'résidenl du la Sociotc zuolugiqiie d'aci:liiiKil;Uiiin de Marseille. OIVR.ICIE^ OFFERTS \ I,A SOCIKTi;. SÈANCl^ DU ol JAWIF.n 18G2. '. HiiUeliii meiisuekles séances de la Société cenirale d'aiïi-iciiUuro du département delà Savoie. N'^ l, décembre 1801. Bulletin de la Société d'agriculture et d'horlicullure île Chalon-sur-Saône. N" S, décembre 18G1, Rapport sur les travaux de la Société impériale d'agi iculture de Moscou, pour l'année 1800. Société d'anthropologie de Paris. — Instruclimi sur l'antiiropologie de la France, rapport de M. le I)'' G. Lagnkal'. OITert i^ar l'auteur. Agriculture élémentaire théorique et pratique, par Al. A. Lagkuk. 1 vol. in-12. Paris, 1801. Offert par l'auteur. De la reconstruction du Cheval sauvage primitif, et de la restauration, parl'omai- mogamie, de nos races chevalines régionales altérées par la sélection et le ciohement, parM. J.-E. Cornay. Paris, 1801. Offert par l'auteur. Rapport de M. le D' P>erchon sur le livre de M. le D' .l.-E. Counay, intitulé Principes d'adénisation. Paris, 1801. De l'acclimatation du Giroflier à l'ilc de la Réunion, son histoire, ses succès, sa déchéance, sa culture favorable à la petite propriété, par le D' A. Yinsun. Saint-Denis de la Réunion, 1801. Offert par l'auteur. Régénération de la Vigne par une nouvelle plantation la plus conforme aux lois connues delà végétation, par M. E. Trouillet, 1858. Culture de la Vigne en plein champ sanséchalas ni attaches, par le môme, 1800. Notions préliminaires d'arboriculture à la portée de tout le monde, conseils pra- tiques, par le môme. Épinal, 1859. Ces trois brochures ont été offertes par l'auteur. Index seminum horti regii botanici Panormitani, anu. 1801, qua' pro mutua conimutatione offeruntur. nie Fagara-Seidenraupe (Rombyx Cynthia) ans china, par M, Adolf. Ott. Zurich. 1801. Offert par l'auteur. Voyage sur l'islhme de Tehuantepec, dans l'État de Chiapa et la répiiblique de Gu'atemala, exécuté dans les années 1859 et 18G0 par M. l'abbé Brassei'R deBourbourg. 1 vol. in-8. Paris, 1862. Offert par Pauleur. Le Château Boreiy illustré, par M. Barthélémy- Lapomheraye. Marseille, 1800. Offert par l'auteur. Grand canal maritime à travers le duché de Slesvig, unissant la mer du Nord à la mer Raltique, (lar le M. D. Sabatini. Naples, 1802. Offert par l'auteur. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences, aris et belles-lettres, dn déparlement de l'Aube. Tome \1I, 2'-' série, nos ^9 et 0». 2^' semestre, 1801 . Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, IK*^^ et \^' volume. Angers, ISOO et 1801. Mémoires de la Société impériale d'émulation d'Abbeville, années IS.'iTà 1800. P.nlletin de la Société d'horticnltnrc des ar;ondis--enienls de Melun et Fontaine- bleau. 1 !•■ bulletin, 1801. IILLLETI.N BlliLlOl.llAl'llKjLK. J 57 Soeii'li' v,fiii'Voise d'ulililé publiiiuc. lUiUeliii, u" 17, 111'^ vuliiiiic, ô' aimée, !'■' liiiiM'slrc. Disiiibiiliou des récoinppnses accordées aux Socictcs savantes, le 'iô iiuvunduc 18(jl. Comple rendu publié et offert par le niinistùie de liiistruction publii|iic et des cultes. 3kiitre Jac(iues, journal populaire d'agriculture, publié par la .Société ceulrale (l'agriculture des Deux-Sèvres. Janvier 1862. Enseignement agricole par M. L. Gossix. Paris, 1S61. Offert par l'auteur. Société d'agriculture de l'arrondissement de Compicgne (Oise). — Enseigiieuieiil agricole. Compicgne, 18GI. Kecherclies sur les causes des maladies actuelles du Ver à soie, par M. L. Debolttkvili.e. '2'' édition. Grenoble, lS(i9. Offert par l'éditeur. Etude sur la caravane delà Mecque et le commerce intérieur de r.4rriiiue, par .M. le baron H. .4ug.\pitaine (extrait des publications de r.\cadémie nationale). Offert par l'auteur. L'Année scientifique et industrielle, par M. L. Figuiek, 0' année, 18tj2. 1 vol. in-12. Offert par l'auteur. Annuaire du Cosmos, V année, 1862. Offert por l'auteur, r.evue sur le système d'inoculations curai ives du D' Téeéphe Desmartis, par .M. .1.-1$. CoRiiiOT. Hordeaux, 18(52. Assemblée générale de l'Institut de charité pour les orphelins protestants, loudé à Saverdun (Ariége), 27 octobre 1861. Offert par M. L. D'OrNOUS. OMISSIONS ET eui;ata. rSous avons rcru de .M. l'Hiuteillc, secrétaire général de la Société zooiogiipic d'acclimatation pour la région des Alpes, une letlrc juir laquelle :1 nous signale une omission que nous nous empi-essons de réparer. Sur la liste des Académies et Sociétés aux(iuelles appartenait M. Is. (.eoHroy Saiut-Hilaire (lUilletin, 6^' séance publique du 20 février 1862, page xx), parmi les Sociétés des départeiuenls, il faut ajouter : Prcsident hnno-airc de la Snciclc zoiilogique d'acclimatation des Alpes. Dans le procès-verbal de la séance publique du 20 février 18()2 (inéme iiuinéro du bulletin, page i),les noms de madame A. Passa et de M. le maréchal Santa- Cru:, ont été omis parmi ceux des personnes qui assistaient à la séance. Même Dulletin,mèmc page, au lieu de .1/. le baron d'André, miniûrede France, à la Haye, lisez M. le baron d'André, ancien ministre de France à la Haye; et plus loin, à la suite du nom de M. le comte de MoNTESsrv, lise/, ancien minisire de France à Bruielles, au lieu de « la Haye. Même Bulletin, page li, note (1), au lieu de l'étude des animaux supérieurs, lisez l'élude des animaux inférieurs. Page i.v, note (1), au lieu de je les ai rappelées, lisez Je les ai rappelées en me laissant guider par Duhamel. PageExvii, note (2), an lieu de ce/(c' propriété même, lisez celte prospérité même. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. I. — On i)tnil (lire (\y[v iW tl('Ccinl)rc à mars le .hirciiii zoologiqiic usl lmiUi: ditiissoii (jiiiirUor dliivcr. Los aiiitniiiix, coinin;' los v('i;('laii\, se soûl honiôs à vivre, ils n'ont donné signe d'aclivilc que dans Texercieedes l'oncUous né- cessaires à Tentrclion de la vie. Lliiver n'est pourtant pas une saison de niori, c'est un sonnneii pendant lequel la nature r('pare ses forces pour les retrouxer plus vives et plus fécondes au réveil du priulenips. Dès le milieu tle j.uivier les signes du renouveau sont .sensibles; beaucoup d'arbres ont des , bourgeons gonflés <'l près de s'é[)anouir, leur écorce est plus luisante. La crête pâle des Coqs et des Faisans, leur œil terne, s'aiiiment. Tous les ani- maux sont plus allègres et p'us gais ; quelques-uns déjà se reoberchcnl, se poursuivent et oi'.t l'amuir liàlil. Celle repnsede la vie, qui semble concorder avec le retour du sol, 'il, paraît indépendante des degrés du calorique et de la lumière, car ses manifestations n'ont pasdiscontimu' et ont suivi leur cours, jnalgré les jours froklsou sombres cpri oui eu lieu en février. If. Mammifères. — En janvier, il est ni- nn faon de Cerf cochon ; deux jeunes Antilopes nilgauts (deuxième portée) de la paire que nous avons au Jardin. Ce sont deux femelles, (pii jouissent de la plus belle santé : la portée de l'an dernier a été vendue au roi d'Italie et au Jardin zoologique de Cologne. Une Brebis de Caranianie, deux Chevrettes du .Sénégal. Hn février, nn Agneau màlede\az, trois Romains, un Mauchamp, un Che- vreau (.lu Sénégal. On a remarqué cjue, pendant les grands froids, la diarrhée avait été assez fréquente parmi les .Mannnifères. >Jos (!azelles, surtout, ont mal supporté l'hiver, nous en avons perdu deux. L'an dernier, à cause de la rigueur de la saison, on s'était mieux trouvé de tenir ces animaux enfermés et dans l'ob-S- curité. Cette ann(''e, on a voulu leur laisser une demi-liberté qui leur a été funeste : car, en cherchant à sortii', elles se heurtaient contre les clôtures, ce (pii a déterminé à leurs museaux la formation d'abcès qui, par l'inliltra- liondans les tissus de la voûte palatine, ont produit de grands désordres. iNous n'avons eu à regretter qu'un l'iM-ari niorî phthisique, un Paca, un Bouc d'Kgypt(\ un Agouti, deux fJèvres, douze Lapins ou Lapereaux. tll. Poulerii'. — La ponte a été pres((ue nulle en décenilHC. Vers la mi- janvier, deux Poules cochinchinoises fauves ont manifesté le désir de couver et ont gardé le nid pendant huit jours. La production des œufs a toujours été en augmentant. Ce sont les races asiatiques, de la l'.éunion, de Hambourg, de Breda et de la Campine qui olil donné le plus. Les indigènes et les Padoues sont plus en retard, et ne donnent des a-uts que par exception. On a remarqué que les Coqs cochaient plus le matin en sortant et le scrir en rentrant que dans le reste de la journée. En général, la poulerie est plus bru\.inte, plus Imbulente et plus vorace. On stinude la ponle par une nourriture plus écliaullante. l'endant l'hiver, BULLETIN MENSUEL DU JAP.Dl.N D'ACCLBlÀTiTIO-X. 1 o9 ou (loiuiail aux xolaillcs moitié orge cl moitié sanasiii. Ilçjxiis lt> coiiimru- ccmciil (le janvier, l 'orge n'entre plus que pour un tiers dans la nourriture, el Ton ajoute un tiers axoinc et un tiers sarrasin. IV. Volière. — En janvier, une Colombe lopliole a donné un o-ui, a \oulu le couver et l'a mené à bien. Les Autruches, les Casoars se poursuivent. Lue Autruclie adonné deux œufs. Les Faisans, à la fin defévHer, sont en plein amour. On a panpié les Oiseaux d'eau en janvier. Leur ponte est abondante en lévrier, à commencer par les Oies d'Egypte. .\ous confirmons au Jardin zoologique la remarque déjà faite que, en général, les animr.ux provenant de rhémispliére austral, pendant les premiers li'Uips de leur transport dans Ui boréal, conservent les babitudcs de leur lieu d'origine et font leur ponte aux mois qui corrcs])ondent au printemps de leur climat, qui est l'hiver du nôtre. Les Flammants ont fait leur luue en janvier, ainsi que le jeune Cygne noir né au Jardin en novembre. La mortalité des Oiseaux a élé un i)eu plus considérable en hiver que durant les autres saisons, sans qu'il \ ail eu aucune adértion particulière. Elle s'est élevée à 200 pièces sur une population de près de oOOO Oiseaux. Nous avons élé frappés do. la résistance que les Oiseaux envoyés des régions intertro- picales opposent au froid. Les (iolombi-gallines de la Jamaïque et de la Gua- deloupe ont très bien supporté leur deuxième hiver. Un Coij de la (iuado- loupe, dit Caraïbe, espèce commune, a été laissé à dessein exposé à toutes les intempéries, couchant sur les arbres en plein air, par des nuits de 10 à V2 degrés. Il est présentement plus beau que jamais. V. Dons. — Lu Bélier aslrakhanel une Brebis mérinos croisée d'Astrakhan pars. M. TEmpereur; une Gazelle par M. A. Marot; une collection de Faisans par Marc Lejeune ,• quatre Goélands par M. li- commandant Lherminier. Deux Oies de Gandjie, quatre iMoutons du Sénég^ à laine courte par Al. le conlre-amiral Bosse. La toison de ces animaux consiste eu un poil droit, court et dur; ce n'est pas une véritable laine. On sait que les Cloutons d'Europe transportés dans les Antilles, dès la deuxième ou troisième chute de leur toison, présentent une modilicalion send^labie, leur laine se change en un véritable poil: il sera curieux de constater si le fait inverse a lieu, c'est-à- dire si les Moutons du Sénégal Iransportésdans les climats froids auront leur poil remplacé par une véritable laine. \ I. Jardin. — Les hoids de décembre et de janvier n'ont porté aucun prc'-ju- dice à nos végétaux ; la températuri' très adoucie de quelques jours en février a provoqué un mouvement de la sève qui ne se produit ordinairement qu'en mars. Aussi les Lilas, Glièvrefeuilles, Seringats, Sureaux, quelques Spirées, Cratiegus, Groseilliers, Hosiers du Bengale, ont de gros boulons et même de pe- lites feuilles. Le Jasmin uudillore est en fleur depuis la mi-janvier, el à la lin de sa floraison H va être remplacé par les Malionias, Forsythia, Poiriers du Japon ou Pruniers de la Chine, auxquels il sufhra, pour épanouir leurs fleurs, de quekpies rayons du soleil. La Molette a aussi donné signe de vie, mais les derniers jours de février ont un peu ralenti ce printemps anticipé. J(in sociÉii': iMi-KniALi. zodijfCK.M i-; d'Acclimatatkhs-. I,c .l.irdiii d'hiver, j)avoisé de Caiiiellias en lleiir, esl sj)|eiididc h voir, (.'.elle iloraison n'est point sinuillanéc, celle année, comme les années précé- dentes, et paraît se faire successivenieni el vonloir se proloiiffer : tontes les l)elles plantes inleriropicitles de M. Linden ont Irrs l)icn supporlé l'hiver. L'appareil de chanfl'age a été disposé de manière à ponvoir donner nne lem- p('ralnre de S dei;rés par les jonrs les pins froids. \oiii la liste des plantes envoyées an Jardin : draine de Cocozzelli, par M. Drouyn de IJinys; Érables à sucre, par Ai. de Pinhnsfpie, Une collection de graines et arbres forestiers du Ciinada, envoyée à M. Drouyn deLhnyspar M. Gaiddrée-Jjoillean, consul de France au Canada ; Jeunes plants d'Kncalyptns, par AI. Delisse, de Bordeaux. Le Jardin, pendant ces trois mois d'hiver, malgré les man\ais jours, a reçu /jO 000 visiteurs. Il continue d'être une des promenades favorites de la population parisienne. VII. U Aquarium n'a cessé d'exciter la curiosité du public, qui chaque jour s'y présente avec plus d'empressement. On ne se lasse pas de voir ces étranges |)opulations de la mer, si inconnues jusque-là. Leur peu de mortalité est vraiment surprenaiu : à peinedepuiscinq mois a-l-on perdu (pielques-unsdes poissons et des êtres marins ou d'eau douce qui ont élé placés dans les bassins. Ils sont nourris, deux fois par semaine, en présence des visilenrs, avec des débris de poissons, d'huîtres, de foie de IxruL de \ers ou de vermicelle. Dans le vestibule de l'Aquarium ont été installés di^ ers modèles d'appareils à éclo- sioii. Une très belle collection d'o'ul's end)ryonés de Truite, Saumon, 'l'rulie saumonée ordinaire ou des lacs, de Fera, Lavarel, Ombre chevalier, nous a été fournie par !\I. Coumes, directeur de l'établissi-menl de pisciculture d'Iluninguc, par notre collègue M. le professeur Chavainies (de Tiansaune), par M. Millet et AI. le comte de Jjrigode. Plus de 100 000 éclosions se soiU faites régnlièremenl. Le ind)iic a pu en suivre les diverses phases, soit dans les rigoles arliticielles, soil dans des tubes ingénieusiineni disposés par Al. Alillet, toujours si zélé pour tout ce qui peut contriinier aux progrès de la pisciculture. De très belles Truites oiU élé envoyées par M. Charles Wallut, et placées dans le bassin n" 1. Des Écrevisses rouges, par AI. Passy : cette espèce est très singulière, car vivantes, elles sont à peine distinctes, par leur coloration ronge, des Écrevisses passées au feu (bassin n" 2). Ue petites Lamproies de rivière, par MAI. Millet et de Brigode (n" 1). Un arbre à Moules et un bloc calcaire de IMiolades, ces mollusques térébrants qui creusent leur lanière dans les pierres les plus dures, par M. l'.ené Caillaud (bassin n" l'ij. G 11. du matin. Midi. TcM]]i. inoveiinc. Tcmp. moy. + « + « + 6 f>écend}re. - 1,5 Janvier. . . — 0 Février . . • + '-' Minimuin. Maximum. — 10 + 1^1 — D2 + l/l — 8 + 17 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ DE LA SOCIÉTÉ IMI'ÉI'.IALE />OOLOr,I()UE D'ACCL1MATATI0^. Composée de MM. Passy, Dlfin, et n. Frédéric JAC'QUEitlART. rapporteur. (.Séance du 2.S mars 18G2.) ' • Messieui'ti, Si votre Commission des liuaiiccs vient plus tardivement que les autres années vous rendre compte des recettes et des dépenses de la Société pendant Tannée 1861, et vous présenter la situation linanciére au 31 dé- cembre dernier, c'est qne, dès les premiers jours de janvier, M. le tré- sorier, appelé en Suisse par des affaires importantes, n'en est revenu qu'à la lin de février. L'n examen attentif de toutes les pièces nous a démontré la parfaite réoniarité des écritures. Nous venons en conséquence, messieurs, vous proposer de voter des remercîments à M. le trésorier, dont la tâche de- vient cha([ue année jdus lom'de, en raison du développement continuel de notre Société. IleœUcs en 1861. Au 31 décenilu'c 1 8(j0, il y avait en caisse 7,784 fr. 69 Pendant l'année 1861, les receltes se sont élevées, conformément au tableau n" 1 ci-annexé, à 67,097 » D'où le total des sommes dont la Société a pu disposer en 1861 est de 74,881 fr. 69 Dépenses en 1 861 . Les dépenses pendant cette même année se sont éle- vées, conformément au tableau n" 2, à 49,194 fr. 05 . Mais, à ces dépenses, il convient .... d'ajouter ce qui reste du : A reporter. . . . 49,194 fr. 05 74,881 fr. 69 T. IX. — Mars I8H2. 11 J62 S(m;IÉTI' IMI'EIIIALK ZUOLUGlOUt; D ACCLIMATATION. Report 1" A réditeur : Pour solde des frais relalils au Dui- letiu de '1861 . . . . Pour Tachai de Uid- letins iintérieurs. . . . Pour divers atfraii- chissenienls 2" A l'imprimeur . 3" A Souliard, pour les trais du troupeau, pendant le dernier tri- mestre 186'1 4" Le solde de la nourritui'e des Lamas et Alpacas, au 31 dé- cembre l-SG-l . . . . 49,194 fr. 05 74,881 fi . 69 3,385 fr. )> 200 •> 48 10 275 » 5,817 \>f) 1,480 m iO «0 Ce ipii porte la dépense totale pour ISfil ;, 55,011 fr. 95 L'excédant des recettes sur les dépenses est donr, de 19,869 En outre, il est dû à la Société : , Par l'Empereur, pour Alpacas 7,500 Par la Société des Alpes. Par la Société du Jardin zoologique, son compte cou rant vSur les cotisations arriérées, savoir : 55,011 fr 100 •231 9^ "74 » Pour 1856. 1857. 1858. 1859. 18 GO. 35 fr. \ 220 i 19,104 fr. ,;ioo 320 1,735 ..... 3,643 \ — 1861 13,151 J INous ne saurions évaluer les sommes qu'on peut espé- rer recouvrer sur (;et arriéré à plus de 7,500 iV Depuis le 4" janvier, plus de 7000 fr. sont déjà rentrés. Enfin, il reste à encaisser la sonune de ■ que M. le Ministre du commei'ce a bien voulu mettre à notre disposition, en 1861, ct)mnie les années précé- dentes, à litre d'encouragemenl. Ce qui porterait le disponible, à Mais nous devons ce qui a été reçu pour : La famille Remy ^oSfr. 10 Le prix Chagot 2,000 Le prix de M. Sacc Le prix Tlicllier. , La médaille Cnérineau A reparle^'. 36,700 fr. 74 100 500 330 3,028 fr. 10 36,700 fr. 74 RAPPORT DE LA COMMISSION DK COMPTABILITÉ. 16" Report. . . 3,208 fr.in 36.700 (r. 74 La fondation de M. A. G 332 40 La souscription à la statue de Dauben- ton -2,478 I T. Total dû à divers 6,0 18 fr. 65 6,018 6o (le tolal, déduit du précédeiit, donne une différence de. 30,682 fr. 09 représentant la somme dont la Société peut disposer au l'"" janvier 1862, toutes les dépenses étant payées. Au 1''^ janvier 1861, toutes les circonstances étant à peu près les mêmes, le disponible s'élevait à 19,ol8 6i Votre réserve pendant l'année écoulée (1861) scsl donc augmentée de 1l,163fr.4ri L'accroissement de cette réserve avait été ; En 1857, de 11,073 fr. » 1838, de 12,323 04 1859, de 15,014 70 Vous vous lappelez, messieurs, que par suite de raccpiisition du trou- peau d'Alpacas, noire réserve avait diminué en 1860 (U' 9,186 fr. 01, au lieu d'être augmentée. En résumé, la Société j)ossède aujourd'hui, non compris les animauA : Valeurs disponibles 30,682 fr. 09 100 actions du Jardin zoolog'i([ue 23,000 » 20 obligations des Ardennes (fondation de M. A. G.), dont le produit doit être distribué en récompenses an- nuelles 6,131 « 6 1,81 6 fr. 09 En vertu de l'autorisation (pie vous avez doiuiée, on a déjà rayé de la liste de la Société les noms de 193 pcisonnes qui n'avaient pas payé les cotisations antérieiu'es à l'année 1860. Nous demandons aujourd'hui le pouvoir d'étendre cette mesure à tous ceux qui n'ont pas payé les cotisations antéiieures à 1 861 . Le plus grand nombre des membres retardataires habitent des pays éloignés, où la per- ception annuelle de sommes aussi minimes présente souvent beaucoup de difficultés. Pour remédier à cet état de choses, votre Conseil est d'avis que les membres de la Société qui liù présenteront des candidats étrangers, les invitent à se libérer par une cotisation définitive, toutes les fois que cette proposition pourra sans inconvénient être faite aux candidats. Le uoudiie des souscriptions définitives est aujourd'hui de 119. Ci' nombre pourrait augmenter considérablement sans ap[»orler aucuile en- trave à nos o[)érations, car aux termes de l'article 1 8 des statuts, les sous- cripteurs définitifs ne sauraient jamais réclamer autre chose de la Société que l'envoi du Bulletin et la joiùssance des droits attribués à chaque sociétaire. En cas de liquidation, ils n'ont droit, comme tous les autres membreS; qu'à leur quote-part dans les biens de la Société. Vous trouverez sans doute prudent., messieurs, en attendant que vou^ puissiez faire mieux, de placer, pour ne plus y toucher, la moitié environ du montant des cotisations définitives, de manière à vous assurer un re- 315 fr. » 296 » 300 » 292 20 164 SOCIÉTÉ JMPÉKIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. venu supérieur aux déjienses annuelles occasionnées par les souscripteurs flélinilit's, et telles que l'envoi du tiuUetin et une partie de nos frais géné- raux. Dans les conditions actuelles, une réserve de 16,000 l'r. serait sut- lisante ; elle va être formée. ' ' Recelles de 1861 . Vous avez vu, messieurs, que les recettes pour iSBI s'élevaient H 67,097 fr. » Elles se composent de : Dons faits à la Société. Versements pour une médaille donnée à M. Roelm, à l'occasion de l'arrivée en France du troupeau d'Alpacas. Don A. G. en 1860, ])0ur ordre. Intérêts de la fondation de M. A. G..., pour être dis- tribués en récompenses aux surveillants des animaux du Jardin d'acclinjatation et des succursales de la Société impériale d'acclimatation. Cotisations perçues, dont 3504 fi'. pour cotisations arriérées. 1 3 cotisations définitives ; ce qui porte leur nombre à 119. Vente des Bulletins des années précédentes. Vente de six médailles d'aluminium. Vente d'une gravure d'Yak. Produits vendus du troupeau de Souliard ; savoir : 2o() fr. » 1 liouc et 1 Chèvre d'Angora. 585 » Toisons. 69 » Tissus d'Angora. 11 50 Vente d'une peau. 9,377 70 A valoir sur les ventes d'Alpacas et de Lamas, en 1860-1861. Vente d'œnfs de Perdrix Cambra venus d'Afrique. Vente de tissus du Ver du Chêne. Venlede Pommes de terre (250 fr.) de Sainte-Marthe, livrées en 1858 à la Société d'agriculture de Melun, et graines diverses (5 fr.). Loyer de la Société protectrice pour les années 1860 et 1861. Versement de W. A. G..., pour une médaille d'or frappée en l'honneur de M. de Montigny, et produit de la vente de 10 de ces médailles (30). Est-il nécessaire de vous rappeler, messieurs, que sur la proposition de ce géi\éreux anonyme, vous avez décidé, à l'unanimité, que pour reconnaître les services éminents rendus à l'acclimatation par M. de Montigny, une médaille serait frappée à son cftigie, et que les fonds en ont été faits jmi- M. A. G... 44,914 •) 3,345 » o22 » 90 1) 10 )) 915 50 110 » 60 » 255 1) 1,400 )) 1,095 » 63,297 fr. 40 A reporter RAPPORT DK LA COMMISSION DK r.OMPTARir.lTÉ. 105 03,^297 fr. 40 Report. 3,200 .) Versement pour In slaliie à ériger en l'honnenr de Daubenton. Les sommes souscrites s'élèveiil aujourd'hui j 10,382 fr. L'Empereur a bien voulu s'inscrire {)our 3000 fr., et M. le Ministre de ragricultin-e et dn commerce poin- lOOOfr. M. le Ministre d'Etat vient, sur la demande de M. Dronyn de Lhnys, de nous donner le marbre né- cessaire. Après un concours ouvert entre cinq scidp- teurs distingués, le modèle présenté par M. (iodin a été adopté par votre Commission, et depuis plusieurs mois l'artiste est à l'œuvre. Il est donc nécessaire que Messieurs les souscripteur.s effectuent leurs versements, et qu'un derniei- appel soit adressé à toutes les personnes qui désirent se joindre à notre Société pour rendre bommage à l'illustre natu- raliste. Son plus beau litre à la reconnaissance publique sera d'avoir introduit en France, acclimaté et amélioré le Mouton mérinos. Ce précieux animal, qui a grande- ment contribué au développement et à la richesse de l'agriculture h^ançaise, se répand dans le monde entier. Les magnifiques et nombreux troupeaux de l'Australie et de rAméri(pie du Sud, qui envoient cha(|ue année, en Europe, des millions de kilogrammes de laines très esti- mées, sont composés de mérinos français. Les proprié- taires de ces troupeaux, jaloux de les perfectionner sans cesse, ne reculent devant aucun sacrifice pour se pro- curer les plus beaux Béliers de France. I Cette statue, vous l'avez décidé, messieurs, sera r placée dans le Jardin zoologique d'acclimatation. I 300 y> Versement de M. Theillier Desjardins (de Saint- { Quentin), prix pour la reproduction du Colin de (]ali- I fornie en liberté. 99 60 Intérêts touchés par la famille Remy. 67,097 fr. T Dépenses de 1 861 . iNous allons passer maintenant à l'examen des di- vers chapitres des dépenses dont l'ensemble s'élève à ;J5,0M fr. 95 Savoir : 3,81 1 fr. 50 Solde du Bulletin de 1 860. Il, 935 » Bulletin de 1861. 2432 exempl. (dont 152 gratis), ont été fournis au prix moyen de 4 fr. 86 par exemplaire rendu à doirjicile. Si ce prix est plus élevé de 29 c. que de droit, cela 15,746 fr. 50 y\ reporter. 166 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE Z0O[,nGI()nE d'aCCLIMÂTATION. 15.7iG fr, 50 Ikport. lient à ce que le volume du bulletin contient 50 feuilles d'impression au lieu de 42, nombre convenu. En 1859 et IbGO, les prix du volume étaient de 5 fr. 01 el 4 IV. 90. D'ailleurs, en raison même du traité passé avec M. Masson, et qui aura cours encore en 1862, le prix moyen doit nécessairement diminuer avec le nombre des volumes, toutes circonstances étant égales. En effet, le prix du volume de 42 feuilles est payé h raison de 5 fr. pour les 1300 premiers exemplaires, et de 3 francs pour ci ux excédant ce nombre. A ces prix ou ajoute un franc par exemplaire distribué hors de Paris. ■ g4p 1, .■\chat à M. Masson des Bulletins des années précé- dentes, pour livrer à de nouveaux membres. 2,162 30 Solde de l'entretien du troupeau de Souliard , en 1860. 6,375 75 Troupeau de Souliard. Frais de nourriture, de berger, d'employés et d'en- tretien pour le troupeau en 1861 el transports d'Yaks (186 fr. 35). Au 31 décembre 1 861 , le troupeau se composait : 1" De 8 Yaks, savoir : 3 mâles, dont un adulte, un de dix-huit mois et un de sept mois ; de 5 femelles, dont 4 de plus de deux ans et un de sept mois. Vaches du Cantal el de Salers. Veau métis de Vache et d'Yak, âgé de deux mois. Boucs et Chèvres d'Angora de pur sang; dont 13 Boucs, 24 Clièvres de plus de dix-huit mois, 4 Chèvres de huit ipois. 5" De 28 Boucs et Chèvres métis, dont 3 Boucs castrés de dix-huit et huit mois, 1 3 Chè- vres de dix-huit mois, 4 2 Chèvres de luiit mois. 84 têtes. La uourritiu-e des Yaks et des Vaches est payée à raison de 1 2 fr. 50 par mois et par tête ; celle des Chè- vres et Chevreaux, à raison de 3 fr. 60. Le Bœuf qui s'attelait avec le Taureau Plutoa eu 1 860 a été vendu. Le nombre des Yaks s'est augmenté, dans l'année écoulée, de trois individus, dont 2 sont nés à Souliard; le 3"= est venu des Alpes, où nous en avions 3 en pension. 24,929 fr. 55 A reporter. 2" De 3" De 6 1 4" De 41 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ. 11)7 24.9 29 fr. od Report. A la fin lie 1861, la Société possédait I 4 Yaks, dont S à Souliard, ^ à Paris, et 3 dans les Alpes. .. ; Des expériences très intéressantes sur les métis d'Yak et de Vaches sont heureusement commencées. Les 6 Vaches ont été saillies par un Taureau Yak : l'une a donné un métis ; 3 autres hont sur le point de jnettre lias, et l'on croit ([ue les deux dernières son! pleines. . * Le nombre des bêtes d'Angora, cpu était de 62 à la (in de 4 860, n'est plus, à la fin de 1861, que de il ; Jiilëreiice en moins lil . Cette diminution, malgré 4 nais- sances, a eu pour causes : La vente de 2 hèles (Bouc et Chèvre), l'envoi à Paris de 5 bêtes (3 Boucs et 2 Chè- vres), et la mort de 1 8 individus, soit une mortalité de '• : 27 pour 100. La mortalité sur ces Chèvres métisses a été de S, soit 30 pour 100, c'est-à-dire un peu plus forte. Nous vous avons déjà dit, il y a un an, que la cachexie aqueuse, à la suite de pluies, de neiges et d'humidité infiniment prolongées en 1860-61, avait envahi notre troupeau, comme beaucu.jp d'autres, et causé toutes , ces pertes. Le mal aujourd'hui a tout à fait disparu ; les bêtes sont vigoureuses : 30 Chèvres viennent de mettre bas et plusieurs autres sont pleines. Ces naissances combleront bientôt les vides. En outre des 41 Boucs et Chèvres d'Angora de Sou- liard, vous en avez encore o à Paris, dont 3 Boucs et 2 Chèvres, total 46 Angoras, et 28 Boucs et Chèvres métis. Votre Conseil est d'avis de continuer les ventes d'An- gora, afin de ne pas augmenter le troupeau de Souliard ; il ne doit être qu'un dépôt suffisant d'Asigora de pur sauc . Peut-être dans l'avenir sera-t-il possible d'entretenir cette race au moyen de Chèvres mélisses suffisamment améhorées. 307 05 Yaks du Tibet ; soit : 225 fr. » à la Société des Alpes, pour nourriture de deux Yaks (2'' semestre de 1 860^. 282 05 Transports de 2 Yaks. 33 70 Chèvres d'Angora, frais de transport. 0,127 7fi Pour Alpacas et Lamas. Nourriture, médicaments, soijis et gardiens (d'oc- tobre 4 860 au 3! décembre 186 1). Vous vous rappelez , messieurs , que vers la fin de 1860 une terrible maladie envahit notre troupeau d'Alpacas et de Lamas. Il ne restait plus que sept ani- maux, tous gravement malades, lorsque votre Conseil 30,598 fr. 05 A reporWr. J6S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE n ACCLIMATATION. 30,598 fr. 05 Heporl. pensa qu'on devait les soustraire à l'influence perni- cieuse d'étables empestées. Il les confia à l'un de vos confrères (à Paris), chez lequel ils furent installés le 9 novembre 1860, en les laissant sous la surveillance du Jardin, sous la direction médicale de M. Leblanc, el sous la garde du berger Christian Kuofl'. Ainsi que vous l'apprendrez par un rapport qui va vous être lu dans la séance de ce jour, ces sept ani- maux vous ont été conservés ils sont aujourd'hui dans d'excellentes conditions de santé. Tous les soins donnés, non-seulement à ces ani- maux, mais au troupeau entier, ont coûté jusqu'au 15 mai 1861, 3605 fr. 75. Sans doute, il est triste d'avoir à faire de telles dé- penses, disons cependant qu'elles sont de beaucoup inférieures à la valeur des 7 animaux conservés, esti- més de 8 à 10,000 fr., et que l'expérience que vous avez acquise ne sera pas perdue.. Trois de ces bètes ont été vendues à la Société des Alpes et au Jardin d'accli- matation. Il vous reste 3 Lamas femelles et un Alpa- Lamamâle. Ces femelles sont pleines et ne tarderont pas à mettre bas; le croît payera plus (jue vos frais de nourriture el de berger depuis le 15 mai dernier, soit 1532 fr. Aussitôt après la mise bas , ces animaux seront installés au Jardin d'acclimatation, où leur entretien sera moins coûteux. La Société possède aujourd'hui au total 5 Lamas, dont '2 mâles et 3 femelles, un Alpaca mâle et un Guanaco femelle. Ces animaux sont à Paris. Vers du Chêne du Japon, pour soin, nourriture et im- pression. Frais d'achat, de transport et de distribution de graines diverses. Séance annuelle des récompenses ; Soit : 4,783 fr. 05 Récompenses, 1 55 » Séance publique, 441 » Imprimés. 7,843 35 Traitement des employés; savoir : 933 fr. 15 Solde de 1860, 6,910 » Payés en 1861, pour : L'agent général. Les employés auxiliaires. Le comptable. Le gar(,'on de bureau. Votre Conseil a trouvé nécessaire, en raison de l'ac- croissement constant du travail, d'augmenter pour 1861 283 15 490 45 2,379 05 41,594 fr. 05 A reporter. HÂPPORT Ï)K LA flOMMlSSldN DK COMPTABILITK. î (H» 4 l,".9i fr. ()■; Repnrl. los émolumenls des divers employas, et de prendre un eomniis pour aider votre aident «général. Malgré son zèle et sa capacité, auxquels le Conseil est iieureux de rendre justice, il ne ponvait sufdre à la làdie. 9,8 27 tîfl Frais généraux, savoir : » Loyer. , :5,f.89 fr. 80 } "'" ^^ Impôts. 43 Assurance. 30 Chauffage. 30 Ports divers, alfran- chissement. h Imprimeur, lithograplie, o,937 SO •( relieur. 80 Frais divers. 1 0 Fournitiu'es de bureau . 60 Distributions diverses. 200 souscriptions pour la statue de Parmentier. 580 50 Dépenses pour le mobilier, achat d"uu lampadaire, de quatre fauteuils avec tabourets, et travaux pour \c bureau. Frais de recouvrements en province. A M. Cliagol : Intérêts de 2000 francs déposés par lui , et destinés à un prix poiu' la domestication de l'Autruche. Dépenses pour la médaille Montigny : sur cette somme vous avez reçu les deux tiers, 1 ,095 fr.; la dépense sup- portée par vous est donc de 646 fr. 40. Dépenses poui- la souscription de la statue de Dau- benton. Emploi du dnn A. (i... de 1 860 pour ordre. Nous croyons devoir vous rappeler, en terminant ce chapitre, que la situation de la Société au 31 décembre 1861 se résume par un actif net de 61,266 fr. 09. En outre, la Société possède de nombreux animaux, dont le détail est consigné au tableau n" 3. Nous allons vous présenter, messieurs, un aperçu des recettes et des dé- penses probables pour 1 862. Recettes pour 1862. Les valeurs en caisse ou à recouvrer, au r*" janvier 1862, s'élèvent à 30,132 fr. 09; mais nous avons dit qu'il était prudent de prélever 1 6,000 fr. sur cette somme, et de les placer de manière à avoir un revenu supérieur aux dépenses annuelles occasionnées par le service des 1 1 9 sous- . 136 45 60 )) 1,743 iO 769 95 300 )) 55,011 fr, , 95 170 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. cripleiirs définitifs. 11 resterait donc au l*"' janvier, en valeur disponible, seulement ,• • ; • ''•'''' 32 tV. 09 2044 souscriptions renouvelées sur 2353, déduction l'aile de 353, représentées par 119 souscriptions défini- tives, 38 membres honoraires, 47 Sociétés affiliées et 105 souscriptions à annuler, ou (jui ne seront pas payées [lar les souscripteurs, soit 51,100 fr. 200 soîiscriptions nouvelles à 3'j fr. . . . (i.OOfl En 1 8G! , il y en a eu 252. 20 souscriptions définitives à 260 fr. . . . 5,200 Allocations du Ministre et dons 1,600 Revenu des capitaux 1,000 Revenu de la donation de M. A. G. . . . 300 « Loyer de la Société protectrice 700 Total des recettes 65,900 fr. 65,900 >^ Ces recettes, jointes à la réserve, forment un total de. S0,032 fr. 09 représentant l'importance des valeurs dont la Société peut disposer en 1 862, en dehors de ses réserves. Dépenses pour 1862. Loyer, impôts, assurance, chauffage 3,800 fr. » Bulletin, 2500 exemplaires à 4 fr. 86 (prix moven de 1861) '. . 12,200 . Frais généraux (1 0 pour I 00 de plus qu'en 1861). . . 6,500 » Recouvrements en province 250 Traitement des employés et gratifications 9,000 » Séance annuelle, récompenses, prix (2000 fr.), impri- més, frais 4,500 j» Troupeau de Souliard 8,000 » Troupeau d'Alpacas et de Lamas 2,000 Nourriture des Yaks des Alpes 300 » 46,550 fr. » Si des recettes probables pour 1862 65,900 fr. » nous retranchons les dépensesprobables de la même année 46,550 » on trouve un excédant de recettes de 19,450 fr. » Cet excédant, joint à l'encaisse du 1 "janvier 1 862, qui, après le prélèvement d'une réserve de 16,000 fr., se ré- duit à 14,132 09 donne pour l'année 1862, un total disponible de 33,582 fr. 09 C'est-à-dire, messieurs, qu'après avoir payé toutes les dépenses de votre budget ordinaire, vous pourriez, sans toucher à votre réserve, dis- poser en 1862 d'une somme de 33,582 fr. 09, si vous ne trouviez plus sage d'en consacrer une partie à Taugmentalion de votre réserve même. Disons, en terminant, messieurs, que la situation de la Société peut se résumer de la manière suivante. » » RAPPORT DE LA GÛMMISSIOlX DE COMPTAHILITÉ. 17'1 Elle se compose au 31 décembre 1861 : r De '2202 membres (fléduclion faile de 105 membres douteux), doiU il 39 membres titulaires, et 38 membres honoraires. 2" De 46 sociétés agrégées, dont 31 françaises et \'6 étrangères, ré- parties comme suit : en Allemagne, 1 ; en Autriche, 2; en Espagne, 2 ; en Italie, 1 ; en Pologne, 1 ; en Suisse, 3 ; en Wurtemberg, '2 ; à l'île Maurice, ^ . 3' De 17 sociétés afliliées, dont 8 en France, 4 dans les colonies fran- çaises, 2 en Kiissie, 1 en Prusse, 1 en Sicile, 1 en Egypte. En oulre, 44 délégués sont répartis dans le monde entier, savoir : En France, 17; dans les colonies françaises, 2; en Europe, 13; en Asie (Chine et Japon), 4; en Afrique (Egypte), \ ; en Amérique du Nord, 3; en Amérique du Sud, 2 ; en Océanie (Batavia et Sydney), 2. Telle est, messieurs, votre organisation. Vous connaissez les noms des souverains, des personnages illustres à des litres divers, des homme» éclairés et dévoués, qui, par leur action commune et leur égale souscrip- tion, vous donnent tout à la fois la puissance et la richesse, sans lesquelles on ne peut rien créer. Vos ressources annuelles se sont progressivement élevées jusqu'à 65,000 francs; administrées avec une économie prudente, mais IIL, rapporteur. fSéance du 28 mars 1862.') Messieurs, Nous venons vous deiiiander d'cijoutei' au iirogianuiio de nos récompenses annuelles une nouvelle catégorie de prix destinés spécialenienl aux études théoriques sur les sujets qui nous intéressent. Déjà, il y a six ans, la nécessité d'encourager ce genre de travaux s'était révélée aux auteurs du règlenicnl des récompenses, il avait été (juestion, dans le sein de la commission, d'établir la distinction que nous vous proposons de consacrer aujourd'hui. A cette époque, un sontimeni, en (luelque sorte de modestie, avait lait ajourner cette résolution ; on craignait de paraître troj) ambitieux en annonçant avec une certaine solennité des récompenses pour des ouvrages scientifiques spéciaux, alors qu'on ne connaissait pas le sort réservé à nos appels aux conquêtes de la pratique; depuis, cependant, et en lait, à la séance annuelle de 1856 , nous avons décerné notre plus haute distinction, le titre de membre honoraire à M. le commandant Maury, dont les travaux rela- tifs à l'acclimatation étaient surtout du domaine de la théorie. Maintenant, après une expérience décisive de six années pen- dant lesquelles nous avons décerné 15 titres de membres honoraires, 375 médailles ou mentions honorables et des primes d'une valeur de 5500 IVancs, celte réserve serait hors 17/j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE o'ACCLIMATATION. de saison, el nous pouvons demander dcsorniais à la Ihéorit un concours qui ne nous fera pas défaut. Plusieurs opinions se sont produites parmi les membres de votre commission sur l'organisation de la nouvelle catégorie de récompenses: on a eu la pensée démettre au concours l'élude de questions spéciales, d'attribuer à l'auteur ou aux auteurs des meilleurs mémoires une série de prix classés d'avance ; on a parlé aussi d'instituer un certain nombre de prix correspon- dant à chacune de nos sections : c'est un même ordre déraisons qui a lait renoncer à ces deux propositions. Plusieurs de nos collègues appartenant à un corps savant, illustre, nousont dit tous les inconvénients attachés à ces indications impératives qui n'ont pour résultat que de créer des difficultés et des entraves, sans donner toujours l'impulsion désirée, les travaux tendant à se porter naturellement là où leur besoin se fait sentir. Aussi, sans que la Société renonce pour cela à la faculté de désigner officieusement les genres de travaux qui lui paraîtraient d'une utilité présente, votre commission vous propose d'adopter la rédaction suivante, conçue dans le sens le plus large. Alix. 1^'. — A pailir de 1863, les travaux (liéoriques sur des questions relatives à racelimatalioii pourront èlre récompensés, chaque année, par des )nédaillcs spéciales de 500 francs au moins. AiiX. 2. — Les ouvrages devront être imprimés el remis à la Société avant le l"' juillet de chaque année. Vous sanctionnerez, messieurs, nous n'en doutons pas, cette proposition ; vous sentirez avec nous tout le bien qui doit résulter pour notre oeuvre, si franchement engagée dans la voie du progrès, de ce témoignage significatif de sa force et de cette alliance féconde, célébrée tant de fois et ajuste titre, de la théorie et de la pratique (1). (1) Les conclusions de ce Rapport ont été adoptées à l'unanimité par rassemblée» . î INSTRUCTIONS ' RELATIVES A UNE MISSION POUIl LE BKÉSÎE DONNÉE PAR LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE d'aCCLIMATATION A M. ALEXIS DE VILLENEUVE, Par m. le comte de ¥ÏLL,E:\EnE-FI.A¥0!^< et n. J. (le S.IRO^ »'AlROI.E!<^. (Séance du 28 février 18fi2.) Le. Brésil, situé entre û" 17' de latitude nord et î?3" de latitude sud, arrosé sous cette fécondante température par le plus grand Oeuve du monde, ne présentant que des alti- tudes peu élevées, composé presque exclusivement de roches friables facilement désagrégées et produisant ainsi d'épaisses lerres végétales, se trouve sous les plus belles conditions de puissance végétative ; au poini de vue de la végétation, l'accli- matation peut y espérer de brillantes conquêtes. Conmie dans les étables à surabondante nourriture s'est formé le Durham, le type du bœuf charnu; sur les terres fé- condes du Brésil doivent se trouver les espèces ou les variétés végétales les plus développées. Il est même probable que des végétaux importés d'Europe au Brésil ont subi des transfor- mations qui peuvent être utilement reportées vers la patrie primitive. Le but de la Société d'acclimatation n'est nulleuient de chercher les raretés inutiles, ou les espèces scientifiquement remarquables, mais de répandre dans tout l'empire français, métropole et colonies, les espèces, les variétés les plus utiles à l'ahmentalion et à l'industrie humaine. Le programme à tracer en ce sens se subdivise naturelle- ment en végétaux et animaux. Les végétaux de grande culture, les végétaux maraîchers, les végétaux forestiers, et enfin les plantes d'ornement, forment les diverses catégories sur lesquelles l'attention doit se porter successivement. 175 suciÉTÉ iMi'ÉiiiALE zooijK.ioui-: d'acclimatation. Lorscjue des végétaux doivoiil être portés hors de leur patrie jirimitive, il l'aut se rendre compte des éléments et des condi- tions essentielles à leur développement. En i)remière ligne est la température, c'est-à-dire la chaleur moyenne sous laquelle ils vivent ; il faut lâcher de connaître ensuite la température la plus hasse à laquelle ils puissent résister, et (.'nlin la température la plus élevée nécessaire à la formation de la suhstance utile, graine, fruit ou matière colorante, et compacité du ligneux. Pour avoir l'expression de nécessité de la plante en calorique, il faut noter le nomhre de jours total (jui constitue sa vie ordinaire. On appliquera ainsi aux lieux d'acclimatation la grande règle de Boussingault, d'après la- quelle le nomhre de jours multiplié par la tenq^érature moyenne doit être un produit constant. On pourra, sous cepointde vue, prendre des données préci- ses et recueillies avec intelligence par un savant distingué dans hi météorologie, par M. Liais, que la France a prêté au Brésil. La question de rhumidit('' nécessaiie à la [tlanle viendra compléter l'étude des conditions météorologiques où doit se liouver la })lant(; à acclimater. Vient ensuite la grande question du sol, où le végétal se développe naturellement. La plante est-elle d'une végétation l'apide, vi par son inci- nération laisse-t-elle heaucoup de cendres, 8, 10, 15 pour 100 de son poids sec' elle doit être rangée parmi les plantes épui- santes exigeant une terre féconde. (juelle est la nature du sol natal, est-ce une terre de pla- teau, est-ce une terre de vallée? Si c'est une terre de plateau, quelle est la idche mère? Si c'est une terre de vallée, quelles sont les roches qui ont pu fournir le sol d'alluvion? Voilà ce qu'il faut savoir pour reproduire la plante avec succès et sur une grande échelle. Quelle est l'i-paisscur du sol végétal? quelle est sa compa- cité ou sa perméahilité? Celui (\yù j)lanterait la vigne sur un sol inqjerméahle verrait tousses soins frappés d'impuissance, eùt-il choisi même le climat du midi delà P'rance, si hien ap- proprié aux vignohles. MISSION rOUU LE lîUÉSlL. 177 Il serait utile de rappoiior à la Société d'acclimatation un échantillon de la terre végétale qui nourrit la plante que l'on veut expatrier. Un litre ou même un demi-litre de terre suf- firait pour remplir ce but. Il faudrait choisir cette terre : 1" à la superficie ; 2'^' au fond du sol végétal; 3" y joindre un échan- tillon de la roche qui constitue le sous-sol. L'acclimatateur, guidé par toutes les notes dont nous venons de faire le tableau, marchera d'im pas sûr vers le but à atteindre. Les plantes ne doivent pas être prises seulement en graines. Lorsqu'on jieul les emporter dans leur premier âge de déve- loppement, on peut arriver mieux et plus vite à reproduire le végétal, dans les conditions primitives et caractéristi(jiies de son développement. Parmi les végétaux récemment conquis par le Brésil, l'arbre à thé paraît avoir droit à une mention spéciale. Le thé lirési- lien a été déjà rol)jet d'un rapport à la Société. Les oignons du Brésil sont signalés aussi pour leurs qua- lités exceptionnelles. Certaines variétés d'orangers paraissent avoir pris au Brésil des qualités remarquables. Bapporter des plants de ces types méritants et avec l'échantillon de la terre qui assure le mieux leur propriété ; amener ces plantes en France en usant de tous les soins détaillés dans les instruc- tions générales. Parmi les plantes forestières, les bois de couleur méritent une attention spéciale. En enrichir l'Algérie, le Sénégal ou les Antilles, serait une précieuse conf|uête. M. Baril, c(»mte de la llurc, cite une racine brésilienne fournie par une Anonacéc {Einpire du Brésil, p. 5()5;, cpii, plus légère que le liège, le remplace dans les lilets et les bouées. Le liège, absorbé par des usages toujours croissants, ne peut plus sufïire à la consommation; il serait très impor- tant d'acclimater un végétal qui fournirait, au moins à certains }toints de vue, son équivalent. Les blés ont été frappés dans la province de Sainte-Cathe- rine par la maladie de la rouille, il serait bon de faire appré- cier les causes spéciales qui ont rendu cette maladie si funeste au'v froments do celte })rovince. T. IX.— Mars 18(i2. 12 178 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGlQL'E D ACCLIMATATIUN. Les plantes médicinales, les rél)riruges, les conlre-poisons, les antisypliililiques, les baumes, et autres produits végétaux du Brésil utilisés par la médecine, oflrent des sujets intéres- sants aux tentatives d'acclimatalion. Ne pourrait-on pas importer le Palmier dont la fibre prise dans les feuilles permet de tisser directement les filets, et avec ce Palmier la plante térébintliacée dont l'écorce sert à enduire d'une teinture conservatrice les filets de Palmier? Enfin les Orchidées du Brésil sont des plantes d'Ornement que Ton peut importer avec succès, et pour cet objet nous renvoyons à la précieuse note rédigée par M. le comte de Quélen. Pour arriver à former une Ijelle collection d'Orchidées, il serait extrêmement utile de se mettre en rapport avec iAl. Pinel, à Rio-Janeiro, et M. Porte, à Bahia, très connaisseurs et très amis de la science. Ils pourraient indiquer les localités où se trouvent les belles plantes, et la manière de les faire parvenir en Europe sans accidents. Les frais d'envoi étant assez considérables, il serait avanta- geux de n'envoyer que des plantes du premier ordre, et sur- tout de très fortes toufï'es, ce qui en constitue la valeur. (Suit une liste des plantes les plus méritantes, tant du Brésil même que du Mexique, de la Colombie, Venezuela, Nouvelle-Grenade, qu'il est peut-être facile de se procurer à bon compte chez des amateurs.) Cette nomenclature comprenant toutes les plus belles Or- chidées connues, on peut être assuré que le choix que l'on pourra en faire sera judicieux et donnera de belles plantes. Les caisses dites à la Ward ne sont pas nécessaires pour l'envoi des Orchidées; elles })cuvent s'expédier dans des caisses pleines, les ibrtes touffes au fond, bien arrimées avec des barres de bois et surtout très pleines : la mousse, quelquefois dilficile à se procurer, doit être employée très sèche ; on la remplace avec avantage par de petits copeaux très fins et de la sciure de bois. La caisse doit être très bien fcrméo et les coutures gou- dronnées, [)our ne pas laisser entrer de l'air ou de l'eau de ' ' MISSION POUR LE BRÉSIL. 170 mer. Il est important (jue les plantes ne soient emballées et portées sur le navire que très peu de temps avant son départ : les caisses doivent être placées à bord dans Ventre-pont, près des panneaux, de telle sorte quelles puissent être 7nises à terre le jour même de l'mrivée du navire. La douane permet le débarquement anticipé, vu l'urgence et le contenu des caisses: pour assurer ce dernier point, on doit en faire une condition expresse portée sur le connaissement. Du reste, il doit y avoir dans le pays nombre d'borticulteurs très habitués à de pa- reilles expéditions et auxquels tous ces détails sont familiers. il serait vraisemblablement très facile de se procurer dans le pays des graines de divers Palmiers et autres })lantes ornementales, ainsi que des bulbes deGesneria, des rhizomes de Caladium et de Nymph^eacées à l'état de repos. Ces diverses graines, étiquetées connue les Orcliidées et eml)allécs dans de la sciure fine, puis renfermées dans un boîte de l'er-l»lanc soudée, à l'abri de toute humidité, parviendraient sans acci- dent en France et lèveraient très bien en serre chaude. Si l'on pouvait trouver quelques jeunes pieds, voire même des graines de Strelitzia aurjusta , ainsi que de Strelitzia regina., on pourrait les adjoindre ; oignons d'Amaryllis, de Crinum nou- veau, etc., toujours bien emballés. Un très bon procédé pour faire parvenir à lion port les Or- chidées, est de conserver l'écorce sur laquelle elles se trou- vent, et de les emballer ainsi sans les détacher. Le Copini gordura est une plante fourragère de la famille des Graminées, douée d'une telle vigueur de végétation, qu'elle envahit immédiatement les champs incultes considérés comme épuisés : le fourrage abondant fourni par cette plante offre des propriétés laxativcs qui exigeraient le mélange de cette ahmentation avec une matière astringente et nutritive. Les essais de culture du Copini auraient peut-être de l'intérêt pour l'Algérie et la France méridionale. Dans le règne animal, le Brésil offre à l'acclimatai ion plu- sieurs espèces de cocons percés qui, grâce aux procédés de filature maintenant applicables aux cocons analogues, pren- nent une grande importance. 180 SUCIÉTÉ IMI'ÉUIALE ZUOLOGlOUE d'aCCLIMATATIUIN. Aux environs tlr3 Ualiia se trouve le Bombijx Auruta, dont il faut étutlier l'alimentation, les phases et les conditions de développement. S'il est jjossible d'obtenir une masse de ces cocons, on peut en faire l'envoi à la Société. Dans tous les cas, il faudrait chercher à obtenir de ces co- cons avant la sortie du papillon ; et si les papillons sortaient pendant le trajet, il faudrait accoupler les individus de sexe dillérent; et conserver la graine o])lenue dans une boîte percée de trous. De l'air est indispensable à la graine des insectes ; sans air, l'embryon est h'appé de mort. A défaut de passager voulant bien se charger de surveiller les éclosions pendant la traver- sée, il serait important que les cocons fussent fixés par un peu de gomme ou de colle quelcon(}ue sur la }»aroi inférieure d'une boîte de hO à 50 centimètres de long sur '.^0 à /lO de large et 15 à 20 de haut, percée de trous, afin que les papil- lons, s'ils venaient à éclore, y trouvassent assez d'espace pour pouvoir s'y accoupler et produire des œufs fécondés, qui seraient recueillis à l'arrivée. Parmi les coquillages et les poissons d'eau douce et d'eau de mer, quelles sont les conquêtes à faire? Parmi les animaux domestiques, le Brésil n'oflre que les Chevaux et les Bœufs importés d'Europe dans les vastes pâtu- rages de cette contrée ; mais les races sont dégénérées. Cepen- dant les Mulets brésiliens ont, dit-on, des ([ualités supérieures à celles des Mulets français. Il y aurait donc quelque intérêt à indiquer les circonstances dans lesquelles s'opère la production des Mulets du Brésil. En traitant la question des Mulets brésiliens, on ne doit pas ouljlier que la Société d'acclimatation a fait un envoi au Brésil de Chameaux choisis avec soin en Algéi'ie. Ouel est le résultat de cette acclimatation tentée par le gouvernement brésilien? Le Tapir, nommé Anta [)ar les Brésiliens, est un animal commun dans les forêts de cette contrée. Sa chair, mangeable, olfre une masse conqiarable à celle d'une grosse vache. On pourraitchercher à l'acclimater, d'autant mieux (pi'il est doux et timide. :\iissiON pour, le rrésil. " ISl Parmi les gibiers, ]eh Pécaris, les diverses espèees de Cer(s, peuvent èlre proposés à l'acclimatation. Le Tatoii verdadeiro, couvert dV'cailles comme celles qui forment le loit d(^ la tortue, promettrait une chair utile. Les Coatis et les Pacas forment des bandes nombreuses d'un gibier excellent que l'on devrait répandre en France. Parmi les oiseaux, })ourquoi ne tenterait-on pas sur le Nandou ou Emea , analogue américain de l'Autruche, la domestication qui est en voie de succès pour celle-ci? Le S eriema,\[\ uni en troupes nombreuses dans les plaines sablonneuses du Serlao, pourrait offrir une conquête pareille à celle du Dindon. Parmi les oiseaux au plumage éclatant et précieux, on cite le Cotinga bleu, la Poule d'eau bleue, l'^rwY/ resplendissant de rouge, et plusieurs Perroquets. En terminant cette instruction succincte, nous insistons pour observer (pic les sols calcaires, si développés dans le midi de la France et de l'Algérie, ne se trouvent dans le Brésil que sur certaines parties de la province de Rio-Janeiro et de Alagoas. C'est sur ces plateaux qu'il faut surtout étudier les êtres or- ganisés dont les conditions d'existence se rapprochant le plus de celles offertes par la France méridionale, permeltaieni de les y acclimater avec plus de succès. Instructions au nom de la V" Section, pour }\. de Villeneuve, cJiargé de mission au Hrcsil, par M. J. m: Liron d'Airoles. Pour satisfaire au vœu qui m'a été exprimé par mes con- frères de la 1" Section de la Société zoologique d'acclimata- tion, je me suis empressé de rédiger une sorte d'instruction à remettre à M. de Villeneuve jjartant pour le Brésil. Il eût fallu un certain temps pour étudier, pour préparer ces notes et leur donner un véritable caractère d'instructions ; j'es- père, avec nos confrères, que l'intelligence du voyageur saura suppléera ce qui manquera dans celte rédaction si précipitée. D'ailleurs les communications avec le Brésil sont si faciles, que la Société pourra, profilant du'zèlede son nouveau cor- 482 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGTQUE d'aCCLIMATÂTION. respondanf, lui faire parvenir des instructions plus complètes et plus précises. Les recherches et ohservations que l'on peut faire dans des contrées lointaines, dans l'intérètde la Socii'lé impériale d'ac- climatation, sont de deux sortes : Premièrement, li serait très utile et intéressant de former une liste aussi complète que possible des animaux et oiseaux domestiques et des végétaux cultivés qui ont été importés des diverses parties de l'Europe dans la contrée où se trouvera le correspondant. Pour chaque espèce, il faudrait établir autant qu'on le pourrait : 1" L'époque de l'importation. 2° Les conditions dans lesquelles se trouve l'espèce ; l'état d'amélioration, de dépérissement ou de souffrance, et les obstacles et difficultés qu'il a fallu surmonter dans les tentatives d'acclimatation; si ces tentatives ont dû être renouvelées ou si elles ont été tout de suite satisfaisantes. 3" S'il a été possible de faire des croisements des espèces introduites avec celles indigènes ou très anciennement établies dans le pays. li° Constater la valeur relative de chaque sorte, l'importance de l'importation dans l'intérêt de l'agriculture. 5° Indiquer avec soin et exactitude le genre de nourriture qu'il a fallu substituera celui de l'Europe, s'il a été favorable ou contraire. Pour les animaux, les observations devront porter d'abord sur les espèces du Cheval, de l'Ane, du Chien, du Chat (pour ces deux premiers genres, on devra indiquer si le croisement est })ratiqué pour produire le Mulet, si ce croisement donne de bons résultats), du Bœuf, du Mouton, de la Chèvre, du Porc, du Lapin, etc. ; Pour les oiseaux, sur les espèces du Dindon , de l'Oie, du Canard, des Poules, des Pigeons, etc. ; Pour les insectes utiles, sur les Abeilles, les papillons ou Bombyx fdeurs ; MISSION POUR LE BRÉSIL. 183 Pour les végétaux, sur les arbres fruilicrs : Abricotiers, Fi- guiers, Pêcbors, Pruniers, Poiriers, Pommiers, Groseilliers, Framboisiers, etc. ; Sur les arbres forestiers et arbrisseaux d'ornement; Les plantes potagères et usuelles en général, y compris celles portant fruits mangeables , composant la pomologie herbacée ; les plantes textiles et oléagineuses; les céréales et les plantes fourragères. Cette série d'observations entraînera une étude très impor- tante qui demandera beaucoup de temps et de zèle; mais on arrivera encore assez facilement à un résultat satisfaisant et avec beaucoup moins de peine, en ouvrant d'abord un article à •chaque sorte d'animal, d'oiseau ou de végétal, où l'on prendra le soin de consigner au furet à mesure les observations laites au jour le jour, qui serviront ensuite à rédiger un travail général dont la partie historique devra être aussi complète que possible. Deuxièmement, Établir une liste des animaux et oiseaux indigènes élevés à l'état complet de domesticité pour le service et la nourriture de l'homme. De ceux qui, pris à l'état sauvage, pourront s'ap- privoiser et s'élever sous la main de l'homme, sans toutefois se reproduire en domesticité, et qu'avec persévérance on y pourrait contraindre dans l'intérêt de l'alimentation ou de l'industrie. Ainsi pour les insectes, ainsi pour les végétaux. Prenant le climat de la France comme centre, entre les tem- pératures les plus élevées et les plus basses, on ne doit judi- cieusement espérer pouvoir y introduire avec quelque chance de succès, et les y conserver, que des animaux, des oiseaux, des insectes déjà façonnés à la main de rhomme. Ainsi, des végétaux, ceux qui auront déjà passé par un commencement de culture sous le ciel qui les a vus naître, seront plus faciles à soumettre à une expatriation. Ce sont là des règles dont on ne devrait presque jamais se départir, et qu'il faut généralement observer. 18/j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE zooLor.ioun: d'acclimatation. Nous espérons, par ce court el rapide exposé, avoir satisfait à la confiance qu'ont l)ien voulu nous accorder nos honora- bles collègues. Le Tapir. — Note particidirro pour M. de Villeneuve. Il serait peut-être d'un grand intérêt pour nos colonies d'étudier avec le plus grand soin, pendant un séjour prolongé au Brésil, les haliitudes du Tapir réduit à l'esclavage, la pos- sibilité de l'élever en domesticité et d'en faire une conquête utile à l'honime. On pourrait s'enquérir auprès des personnes qui ont été à même d'observer cet animal, de celles qui ont élevé des sujets pris jeunes à l'état sauvage, s'il y a des cas où il a produit en domesticité, s'il a produit des génération? successives ; de leurs mœurs, de leurs instincts. Enfin, comparer les avantages que jiunrrait procurer l'éle- vage du Tapir sur celui des Porcs domestiques, sous le rap- port : r de la reproduction, 2" de la croissance et du prompt développement, 3" de la valeur ou du })rolit de la chair, eu égard à la quantité, à la qualité des nourritures consommées ; établissant la comparaison raisonnée avec ce (|ue coûte et ce que produit l'élevage du Porc dans de Itonnes conditions. Cela établi, l'envoi en France, ou dans nos colonies des Antilles, déjeunes Tapirs des deux sexes, nés ou élevés en- semble en domesticité, sans cependant provenir d'une même souche, n'étant pas en un mot frères el sœurs, serait peut- être une bonne chose. Nul doute que la Société d'acclimatation et son correspon- dant ne trouvent auprès de M. le ministre de France au Brésil toutes les flicilités pour l'expédition de? animaux. LES ÉTABLISSEMENTS HIPPIQUES ET AGRICOLES DE S. M. LE ROI DE WURTEMBERG, Par m. VRIGTVALXT, Aliaclii' au ministère des aiVaires étrangères. (Séance du 14 nnrs 18G2.) Dés le tlélmt de son régne, c'est-à-dire dès l'année 18J7, S. M, le roi de Wurtemberg a inauguré les réformes agrono- miques, et jeté les premières bases des établissements ruraux qui ont si fortement contribué au développement de la pros- périté publique dans ses Étals. Il nous a paru intéressant d'étu- dier les progrès de celte utile organisation, due entièrement à l'initiative et à la sagesse d'une tète couronnée : un souve- rain qui se fait le premier fermier de son royaume, n'est pas un spectacle si ordinaire qu'il ne mérite de fixer l'attention de l'observateur. Déjà, comme prince héréditaire, le roi Guillaume avait ma- nifesté un goût très vif pour les nobles labeurs de l'agricul- ture : il prenait alors une part active aux guerres de l'empire, et, dans les courts intervalles des campagnes, il s'occupait spécialement d'un petit liaras qu'il avait fondé en 1810, sur sa terre de Scliarnliausen. Un des jjremiers actes de son gou- vernement fut l'acquisition des domaines de AYeil et de Klein- hobenbeim, et l'agrandissement de Scbarnbausen : ces trois propriétés furent dès lors affectées à l'élève des chevaux de race, et sont encore aujourd hui les principaux haras du Wur- temberg. Mais les regards du roi ne se portèrent pas exclusi- vement sur l'amélioration de l'espèce chevaline, et, bien qu'il ait toujours gardé une préférence pour le cheval, son fidèle compagnon dans le métier des armes, il voulut aussi donner se^ soins à toutes les branches de l'économie rurale. D'autres acquisitions faites successivement permirent la IVmdation de 186 SOCTÊTÉ IMPÉRIALE ZOOLOrjOUE d'ACCLIMATATÎON. différents établissements, tels que la bergerie d'Achalm, la mé- tairie de Seegut, etc., etc. Nous allons voir comment le royal propriétaire fit servir celte extension du domaine de la couronne, non pas seule- ment à la satisfaction de ses goûts personnels, mais encore et surtout à la réalisation du plan de réforme agronomique qu'il avait conçu. Guillaume, en montant sur le trône, était appelé à régner sur une population en grande partie vouée aux travaux des champs, maislatiguée, épuisée par de longues guerres, encore imbue des anciens préjugés et peu soucieuse de perfectionne- ments. Les grands propriétaires terriens eux-mêmes restaient étrangers à la science rurale; ils ignoraient son utilité aussi bien que ses charmes, La misère, d'ailleurs, était grande ; une disette cruelle ajoutait ses l'igueurs à la ruine causée par le passage des armées. Les circonstances n'étaient donc pas propices aux entreprises royales, (luillaume choisit tout d'abord le meilleur moyen de réveiller chez ses sujets un amour dont lui-même était plein : il prêcha d'exemple, et introduisit sur ses propriétés les améliorations dont il voulait doter ses Etats. Les terres royales devinrent peu à peu des éta- blissements modèles, capables d'exciter l'émulation des parti- culiers, et de répandre dans les masses l'instruction agricole qui leur manquait. Le pays, au reste, se prêtait singulièrement à cette réforme. Le Wurtemberg, par sa situation topographique et par ses conditions géologiques, offrait des ressources considérables à une intelligence désireuse de progrès. La vigne décore une partie de ses coteaux ; des vins ex(pus se récoltent dans le Murthal, dans le Neckerthal, à Marl)acli, à Stetten. Plus au nord, dans les vallées d'Urach, de Mezingen, de Lenningen, s'étend la zone des arbres fruitiers et des pâturages, entre- coupée de belles forêts. Telles étaient, dès l'année 1817, les richesses du Wurtemberg ; tels étaient les éléments qu'il s'agissait d'utiliser, car le sol le plus fertile demande à être vivifié par l'activité humaine. Le roi Guillaume a poursuivi ce but ; il a tenu à honneur de donner au pays que Dieu lui avait ÉTABLISSEMENTS HIPPIQUES DU ROI DE WURTEMBERG. 187 confié une place honorable dans l'Europe agronomique : les faits prouvent qu'il a réussi. Le peuple wurtembergeois, qui a toujours été renommé jiour son attachement ta ses souve- rains, est entré facilement et de bon cœur dans la voie qui lui était ouverte. Les résultats importants que nous aurons l'occasion d'exa- miner ne pouvaient être obtenus que par une persévérance constante et une sollicitude infatigable. Leur grandeur étonne d'abord, mais la surprise se change en admii'ation lorsque l'on considère que l'auguste promoteur de la réforme agro- nomique du Wurtemberg, n'a pas cessé un seul instant de tenir la main à l'accomplissement de son œuvre salutaire, et qu'aujourd'hui encore, à l'âge de quatre-vingts ans, il en sur- veille lui-même le développement. Un ouvrage très pratique, publié récemment à Stuttgard, par MM. le baron von Hùgel et G. F. Schmidt, sous ce titre: « f.es liarm et les métairies de S. M. le roi de Wurtembert/ », nous a fourni des renseignements précieux sur la question que nous nous sommes proposé d'étudier. Le travail que nous présentons h. la Société n'est pour ainsi dire que le résumé de cet ouvrage, dû à l'expérience des deux hommes éminents aux- quels le roi Guillaume a fait l'honneur de les associer à ses nobles entreprises. Avant de nous livrer à l'examen des différents établisse- ments ruraux fondés par ce souverain, nous croyons devoir emprunter au livre de MM. von Hiigel et Schmidt quchpies cliilïVes et quelques appréciations qui mettent en lumière les progrès accomplis par le Wurtemberg, au point de vue agro- nomique, depuis 1817 jusqu'à nos jours : « L'élève des bestiaux, disent les savants auteurs, n'était guère florissante au moment où le roi monta sur le trône ; on peut s'en convaincre en comparant les statistiques. Ainsi, au lieu de 8/i2 000 bêtes à cornes existant dans le Wurtem- berg au 1" janvier 1859, il n'y en avait, au commencement de 1816, que 585 000. Le nomltre des animaux de l'espèce ovine était à peu près le même alors qu'aujourd'hui..., mais leurs qualités étaient de beaucoup inférieures à celles qui dis- s 188 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLTMATATION. tingiient les sujets aclucls. Sur 609000 moulons, au I" jan- vier 1859, on n'en coniplait plus que 13 pour 100 à laine non perfectionnée, tandis que la j)roportion, à nombre éyal, était en 181(5 (le 05 pour 100. » L'espèce chevaline présente aujourd'hui un total de 81 000 sujets de deux ans et au-dessus; elle se trouve dans une situation si prospère, qu'après avoir satisfait aux besoins de la remonte et du luxe, on peut encore disposer, pour la vente à l'extérieur, de 000 animaux sinon de race, au moins très améliorés. En 1816, au contraire, le nombre des chevaux ne s'élevait qu'à 73 000, et répondait à peine aux exigences de l'agriculture et des transports : la cavalerie wurtember- g(^oise était entre les mains des marchands étrangers. D L'agriculture soulTrait d'une jjénurie semldable... Les engrais nécessaires lui faisaient défaut...; les terres n'étaient pas amendées d'une manière convenable... » Voici maintenant un aperçu sommaire des développements qui ont amené peu à peu la situation actuelle; nous extrayons également cet aperçu de l'ouvrage précité. 1810. l-'ondation iruii liaïas sur une porlion du parc de Scliainliausen, qui servait alors de résidence d'été au prince royal. 1817. Acquisition des domaines de Weil et de Kleinhohenheini ; agrandis- sement de la terre de Scharnhausen ; extension donnée au service des haras ; fondation des métairies. 1819 à 1830. Essais relatifs à ramélioration des races bovine, ovine et porcine. 1820. Annexion du parc de Seegut poui- Télève des bêtes à cornes et pour Tenlretien des poulains. 1821. Adjonction du parc de la Favorite, près de Ludvvigsburg, pour l'élève des jeunes taureaux. 1821 à 182(i. Achat de poulains élevés dans le pays et affectation de ces animaux au service des écuries royales. 1822. Acquisilion du domaine d'Achalu), et fondation d'une bergerie sur cette propriété. 1822 à 1828. Cession gratuite faite à des éleveurs du pays de jeunes tau- reaux de dilïérentes races provenant des étables royales. 1829. Adjonction de la métairie de Seegut, autrefois alïermée sous la dé- nomination de Monrepos. l'ondation d'une nouvelle bergerie, etc. 1832 à 185G. Transformai ion des bois de Seegut en pâturages. ÉTABLISSEMENTS HIPPIQUES DU UOI DE WURTEMHERG. 189 11 nous reste à dire quelques mots sur rorganisation géné- rale du service administratif dans les différents établissements modèles créés par le roi de Wurtemberg. Ce souverain , comme on l'a vu, s'est réservé la haute direction; rien ne se lait sans son autorisation spéciale. Un conseil d'administra- tion fonctionne à Stuttgard sous sa surveillance. Ce conseil élabore les questions qui exigent un examen préalable, et ré- sume ses délibérations dans des rapports clairs et succincts (jui sont soumis à l'approbation royale : l'exécution des me- sures adoptées ne soutire aucun retard. L'administration financière a été placée entre les mains de la chambre des domaines de la couronne. Deux fonctionnaires résidant à Stuttgard ont été chargés, l'un des haras, l'autre de la partie agricole et économicjue. Un troisième fonctionnaire dirige la caisse. Un intendant et un vétérinaire sont attachés au service de cha({ue établissement. Mais c'est surtout dans les conditions faites aux employés subalternes que se manifeste la sollicitude du roi Guillaume. Il y a d'abord les gens de service à demeure : ils sont payés trimestriellement, et reçoivent, outre leurs gages en arglns abondante et au choix des ani- maux reproducteurs. Maintenant, si l'on compare les services que les Bédouins exigent de leurs coursiers avec ceux que rendent les chevaux arabes en Allemagne, il est évident que l'avautage sera pour l'animal né en Orient. Habitué dès sa i»lus tendre jeunesse à des l'atigues excessives et à des privations continuelles, vivant de peu, manquant souvent d'eau, poussé cependant par son implacable cavalier, qui le traite durement et le fait coucher en plein air, le cheval du désert acquiert une force et une énergie (juc les habitudes européennes ne sauraient déve- lopper; mais, tels ([u'ils sont, les chevaux arabes du Wurteni- beig répondent parfaitement à ce ijue l'on est en droit d'at- ÉTAliLISSEMENTS JUmulKS DU Uul DE WUUTEMIJERG. 1D3 fendre d'eux au point de vue de la solidité, du tempérament, de la constance et de la vitesse. Race de clievaux de demi-sang. — La race de chevaux de demi-sang destinée au trait se divise, comme nous l'avons dit, en deux sous-races, l'une Manche, et l'autre noire. Dans la couleur hlanche on a obtenu de très bons résultats dès l'année J828, par le croisement de vigoureuses juments anglaises et de quelques juments irlandaises avec un étalon arabe (sultan Mahmoud). Cet étalon peut être considéré comme le fondateur de la race des demi-sang de couleur blanche. Dans la couleur noire nous trouvons encore un étalon (|ui a fait souche : c'est Mamelouck, acheté en 1822 au baron Fichtig, et que l'on a croisé avec des juments hanovriennes. Il avait pourtant quelques défauts, mais il ne les a }»as tous transmis à ses rejetons. La sous-race noire des chevaux de demi-sang du Wiulem- berg s'est d'ailleurs singulièrementaméliorée par des emprunts faits, en 1835, aux haras prussiens de Trakehncn. La situation des haras est bonne, la fécondité satisfaisante : sur 100 juments on obtient de 00 à 70 poulains. Voici quel est le nombre des animaux dans les trois haras : A Weil, 123, savoir : 69 jnmeiils poulinières, \'6 — (le quatre ans. 'il poulains non sevrés, 'JO pouliches non sevrées. Les 82 juments se répartissent dans les proportions sui- vantes : 31 juments de race arabe pur sang, à savoir : 17 blan- ches, 10 brunes, 2 noires et 2 alezanes; 51 juments de race croisée, dont 26 blanches, 22 noires et 3 brunes. A Scharnhausen, 11 /i animaux, savoir : 20 juments poulinières, 21 poulains de trois ans, 28 — de deux ans, 32 — d'un an, 13 — non sevrés. Sur ces poulains il y en a 51 de race arabe pure et /i3 de demi-sang. T. IX. - Mars 18(i2. 13 liMl SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE D ACCLIMATATION. A*Kloinholicnheim, 93 sujets, savoir : 1 1 poulains de quatre ans < 31 — de trois ans , 28 — de deux ans , 23 — d'un an. Sur ces poulains on en compte 37 de pur sang et 56 de dcnii- sang. Les étalons actuellement employés sont au nombre de 9, savoir : ■ G de race arabe pur siuig, 3 de race croisée. Il faut y ajouter 3 étalons pour les juments étrangères. L'ouvrage de MM. von Hûgel et Schmidt contient une no- menclature exacte de tous ces étalons avec leur description, mais les limites de notre travail ne comportent point de pareils détails. Toutefois, avant de clore le chapitre consacré aux haras, il nous a paru nécessaire de dire quoltiues mots du système de nourriture et d'hygiène à l'usage des juments pouhnières et des poulains. Juments. — Le principe fondamental cpii a été adopté pour le traitement des juments consiste à leur procurer autant d'air et de mouvement que })Ossible. Ces conditions ne sont pas aussi faciles à remplir qu'on le pourrait croire dans un climat variable comme l'est celui du Wurtemberg. Dès que la saison le permet, on conduit les juments au pâ- turage, d'abord jiour quelques heures, puis pour un plus long temps, à mesure que la température s'échauffe, enfin pour toute la journée (sauf l'heure de midi) en plein été. L'époque où les juments sont menées au pâturage com- mence généralement à la mi-mai et se prolonge jusqu'à la mi-octobre. , Autrefois on recherchait pour les juments poulinières des prairies mamelonnées et même légèrement escarpées, afin de leur donner plus d'exercice, mais l'expérience a démontré (jue des chutes, des accidents, des positions forcées en résul- taient, ce qui ]iouvait occasionner des inconvénients graves, notannnent pour les juments près de mettre ba&. On a re- noncé à ce svstème. ÉTABLISSEMENTS lIIPriQUES DU RUl DE WURTEMBERG. 105 Une jument arabe reçoit quotidiennement, jjcndant les sept mois d'hiver : 2 livres d'orgé, 7 livres d'avoine, 5 livres de foin, 2 livres de paille pour le fourrage et 13 livres de paille à litière. Pendant les cinq mois d'été : 2 livres d'orge, 8 livres ]/2 d'avoine, 5 de foin, 2 de paille à fourrage et 15 de paille à litière. Une jument de demi-sang reçoit pendant les sept mois d'hiver : 8 livres 1/2 d'avoine, 8 livres de foin, 2 de paille à fourrage et 18 de paille à litière. Pendant les cinq mois d'été : 1 i livres d'avoine, 8 de loin, 2 de paille à fourrage et 18 de paille de litière. Pendant la belle saison on donne aux juments du fourrage vert, qui consiste en un mélange d'avoine et de vesce. On dé- livre en outre, aux bêtes de race croisée, des rations de trèlle et de luzerne. Poulains. — A l'époque où les haras royaux furent orga- nisés, on crut devoir soumettre les poulains à une éducation très rigoureuse. On les nourrissait avec parcimonie en été comme en hiver, et on les laissait en'plein air jour et nuit. On prétendait, par ce moyen, les endurcir, les fortifier, mais on s'aperçut bientôt que cette hygiène, sansproduire cependant une plus grande mortalité, retardait, empêchait même la croissance des jeunes sujets, et portait atteinte à la beauté et à l'achèvement de leurs formes. Aujourd'hui les poulains sont tenus en jilein air aussi longtemps que possible, mais pendant le jour seulement et en évitant de les exposer aux ardeurs du soleil de midi. Le 1" septemi)re, c'est-à-dire à l'âge d'environ vingt se- maines, les jeunes chevaux sont sevrés^, et dirigés, les mâles sur Kleinhohenheim, les femelles sur Scharnhausen. Les poulains de demi-sang sont châtrés à deux ou trois ans. A trois ans et demi, les étalons et les chevaux hongres sont mont(''s et affectés au service des écuries. Les pouliches sont conduites à l'étalon à quatre ans, et avant cette époque on les monte rarement. Les poulains tjui tettent encore leur mère reçoivent de 196 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQL'E d'AGCLIMATATION. l'avoine concassée dès qu'ils lémoignenl du goût pour celte nourriture. Pendant la première année, la (juantité de giains (jui est délivrée aux jeunes chevaux s'élève progressivement jusqu'à 5 livres 1/2. On y mélange des carottes coupées et des débris d'orge. Ils ont, en outre, 5 livres de vieux foin, 2 livres de paille à fourrage et 10 livres de paille à litière. Jusqu'à l'âge de quatre ans, la ration de grains reste la même, à l'exception de l'orge, (|ui est retirée, à partir de la deuxième année aux pinilains destinés au trait, e( à partir de la troisième année aux poulains destinés à servir de che- vaux de selle. Pendant le temps du pacage, la ration de foin, pour les pre- miers, est réduite de moitié, et, lorsqu'on leur donne du four- rage vert (trèfle, luzerne, etc.), elle est toutà fait supprimée. La première année, les poulains boivent à l'écurie; plus âgés, ils sont conduits trois fois par jour à l'abreuvoir. Nous ne pousserons pas plus loin l'étude des haras fondés par le roi Guillaume. Disons encore, en terminant, que l'in- tluence exercée dans le pays par ces établissements a été con- sidérable. Non-seulement, grâce à l'exemple donné i)ar le souverain, le goût du cheval s'est développé chez les ^Vurtem- bergeois, mais, ce qui vaut mieux, ce goût ne s'est point borné à une admiration stérile. Des essais ont été faits par des par- ticuliers pour l'amélioration de l'espèce chevaline; le roi les a favorisés en donnant l'ordre de recevoir dans les haras les juments étrangères pour les faire saillir jiar ses étalons. On ne refuse même pas pour cet usage les plus beaux étalons arabes. Ajoutons entin ([ue, deux fois par an, il y a vente de che- vaux dans les écuries royales : en avril, à l'époque de la foire aux chevaux de Stuttgard, et le 30 septembre, à Weil. NOTICE SUR LES POULES DE LA RACE GASCONNE ET SUR LES OIES DE TOULOUSE. LETTRE ADRESSÉE A M. LE DIRECTEUR hV JARDIN' D'aCCLIMATATIOX, Par M. F. GRA^VIK. (Séance du 17 janvier 1862. I. — En faisant hoinniagc au Jardin zoologique d'un Coq et de quelques Poules de race gasconne, j'ai eu pour l»ut prin- cipal de faire coiuiaître les qualités remarquables qui les dis- tinguent et qui les font si justement apprécier dans nos fermes méridionales. Permettez- moi donc de vous communiquer quelques renseignements au sujet de cette race si précieuse, dont les départements du nord de la France ignorent à peu près l'existence. Il est vrai cpje, dans ces mêmes départements, les Gallinacés nous fournissent les plus beaux types au point de vue du volume comme à celui de l'excellence de la cliair. Les admirables races de Crèvecceur, de la Flèche et de Ilou- dan, justifient complètement cette opinion généralement ad- mise aujourd'hui. Mais si la poularde du Maine, de Crèvecœur et de Houdan, si le coq vierge, gras, de la Flèche, occupent le premier rang sur les tables riches et bourgeoises de Paris et du nord de la France, les chapons de Gascogne^ ont long- temps fait et font encore les délices de nos gourmets méri- dionaux. J'avoue toutefois que nos chapons n'atteignent pas le volume des produits de la Normandie et du Maine; mais leur chair est bien équivalente comme finesse et comme goût. Je crois pouvoir aiTirmer que si l'éducation des Gallinacés dans le Midi, au lieu d'être livrée pour ainsi dire à elle-même, recevait les soins intelligents prodigués avec raison aux races dont je viens de parler, la race gasconne pourrait, sans aucun doute, acquérir les qualités caractéristiques des plus belles races de France. L'étude qui suit justifiera, je l'espère, celte 198 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOIOUE d'aCCLïMATÂTION. assertion, et. engagera nos propriétaires à relever, ou, pour mieux (lire, à ramener cette race à son type primitif. La race gasconne est très répandue dans les départements du sud-ouest de la France. Les plus beaux types se trouvent dans les départements du Gers , de la Haute-Garonne et de Tarn-et-Garonne. Les villes d'Auch , l'Isle-en-Jourdain, Lombez , Mirande, Gimont, Lectoure , Condom , dans le Gers ; les arrondissements de Toulouse, Villefranche, Murât et Saint-Gaudens, dans la Haute-Garonne; Montauban et Beaumont-de-Lomagne dans le Tarn-et-Garonne , produisent d'innond»ral)les quantités de volailles (|ui , avant l'intro- duction des races étrangères ,' appartenaient à peu près sans exception à la race gasconne. Hélas 1 qu'est devenue ou plutôt qu'a-t-on fait de cette race si éveillée, si bavarde et par-dessus tout si excellente, de ce coq si hardi et si beau dans ses formes, qu'il rappelle le plus beau type du Coq gaulois? Il faut chercher longtemps dans les nombreuses fermes du sud-ouest pour renconlrei- ([uelques très rares sujets dans lesquels on puisse retrouver les qualités qui distinguaient jadis cette race. La consanguinité a été la première cause de l'altération des formes, du plumage et de la chair de nos volailles de basse- cour : il est évident, en effet, pour toutes les personnes qui ont pu, il y a seulement une quarantaine d'années, manger les savoureux chapons gras qui faisaient l'honneur de nos tables; il est évident, dis-je, que nos chapons , provenant au- jourd'hui du petit nombre de basses-cours restées pures de sang étranger sont plus petits et moins délicats. Le plumage lui-môme a subi les tristes effets de la consanguinité, et Xal- binisme en a été le résultat. Il y a, en effet, de très grandes quantités de poules blanches , et cependant elles sont d'une pureté parfaite, quoique le type et la généralité de nos volailles soient noirs. Il est de toute nécessité que nos éleveurs revien- nent sur leurs pas, s'ils veulent non-seulement faire gagner à la race gasconne ce qu'elle a perdu par la consanguinité d'abord, et depuis peu de temps par les croisonents, mais développer encore ses qualités snus tous les rapports. POULES DE LA RACE GASCONNE. i 99 La décadence de la race gasconne avait bien frappé nos propriétaires et nos métayers ; mais connne ils n'en appré- ciaient pas exactement la cause principale, la consanguinité, ils ont cherché à obtenir le volume par les croisements et quels croisements ! Séduits par les formes colossales des races cochinchinoise et brahmapootra, nos propriétaires méridio- naux, sans essai préalable sur une petite échelle, ont livré les Poules de la race gasconne (race de moyenne grosseur) à la brutalité de ces géants, et ont par là empoisonné leurs basses- cours d'un sang qui a bien produit le volume, mais au prix de l'augmentation du poids des os, et, ce qui est pire encore, au prix de l'altération de la chair. N'était-il pas de la prudence la plus élémentaire de connaître préalablement les qualités positives des races nouvellement introduites? Ne fallait-il pas tout au moins s'assurer de leur pureté? La plupart des types cochinchinois et brahmapootra étaient loin d'avoir ce cai'ac- tère essentiel; aussi l'introduction de ces races dans le Midi, pour croisement avec la race gasconne, a été une véritable calamité. Le volume est très certainement une précieuse qualité, lors- qu'il s'agit de produits destinés à l'alimentation de l'homme ; maisilnefaut le chercher que tout autant qu'il est sans préjudice pour l'ensemble des qualités constituant un produit parlait. Pro- fitons de tous les avantages des races cochinchinoise et brahma- pootra au point de vue de la ponte, de l'incubation et de la quantité de chair qu'elles produisent; mais gardons-nous de les choisir pour croisement, lorsque, pour obtenir le volume, nous devons perdre la hnesse de la chair. N'avons-nous pas dans le Maine et en Normandie des races au moyen desquelles nous pourrions faire gagner à la race gasconne le volume (jui lui manque, si par la sélection des sujets et des soins apportés à l'élevage, nous n'y parvenons pas sans croisement? J'ai la . confiance que les expériences comparatives auxquelles je me livre aboutiront à un r('sultat satisfaisant, et qu'avant deux ans j'obtiendrai de beaux tyjies qui serviront de base à la régéné- ration de la race gasconne. J'indi(iuerai plus bas le programme que je me suis tracé pour atteindre ce but. ♦- 200 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'aCCLIMATATION. Il esl justo (le dire iiiu' la |)lii|iart des propriétaires, dans le Midi, se sont aperçus qu'ils ont plus perdu que gagné à l'in- troduction des races cochincliinoise et brahmapootra, en tant qu'ils les ont employées au croisement avec la race gasconne. La lumière se fait chaque jour, et s'il est difficile de déraciner immédiatement l'habitude prise de produire des volailles plus volumineuses, mais moins exquises, il n'y a pas de doute que les entêtés reviendront à la race primitive, lorsque, par des soins spéciaux et une nourriture convenaltlement distribuée, les grands propriétaires auront obtenu, par et avec la race gasconne pure, toutes les qualités susceptibles de faire res- sortir leur mérite. II. — L'origine du Coq et delaPoule de la race gasconne m'est tout à feit inconnue, et les renseignements que j'ai pu recueil- lir sont tellement confus (pie je regrette de ne pouvoir les indiquer. Après tout, qu'impdrie l'origine, puisque je ne sais pas l'histoire de ces Gallinacés? J'aime mieux, comme les historiens embarrassés, vous dire qu'elle se perd dans la nuit des temps. J'avoue que d'abord j'ai regardé cette race comme issue de la race andalouse ; mais depuis (jue j'ai pu les comparer avec des sujets bien choisis et d'une pureté irréprocliable, lesdilfé- rences au point de vue de la forme, comme à celui des habi- tudes, sont tellement tranchées, que je ne trouve aucune analogie entre elles. Je reviens donc sur les idées que j'ai eu l'honneur de vous communiquer verbalement, au mois d'oc- tobre, dans notre ju^omenade au Jardin zoologique. Les détails descriptifs qui suivent, et la comparaison des caractères géné- raux et particuliers des deux races, justifieront, je l'espère, mon opinion. Le Coq gascon a la tête fine, surmontée d'une crête simple, droite, ayant, dans les beaux sujets, 0,4 5 centimètres de lon- gueur sur 0,08 de hauteur, dentelée, épaisse à la base et cou- vrant le bec sur presque toute sa longueur; le bec court et légèrement recourbé ; les joues rouges autour de l'u'il ; les oreillons blancs, assez développés, les barbillons longs, flot- tants, d'un brun rouge vif comme la crête; l'œil vif, inlelli- POULES DE L.V RACE GASCONNE. 201 geni et hardi. Il n'a ni linj)[ie ni barbe. Le corps, l)ien dessiné, aux formes solides et arrondies, est couvert de plumes lisses, d'un beau noir vert au cou et d'un noir h reflets verts sur le dos, aux ailes et aux faucilles. Le canon de la patte, court, fin et nerveux, est généralement noir chez les jeunes sujets, et passe au noir vert à l'âge adulte. L'os de la jambe, ou tiliia, est presque paraiièie au ventre, de sorte (pie le corps paraît reposer uniquement sur le canon de la patte. Dans l'attitude fière , la (aille du Coq gascon est de 55 à 60 centimètres. Il est ardent en amour, chanteur infatigable, attentif pour ses poules, toujours prêt au combat. La Poule a la tète moins fine, la crête très développée et retombant crânement sur le côté de la tête; les oreillons d'un blanc pur, la joue autour de l'œil moins rouge que chez le Coq, les barbillons grands et d'un beau rouge vif, comme la crête. Elle n'a ni huppe ni l)arbe. Le plumage du corps est d'un lu'un noir avec quelques reflets verdâtres, l'artichaut touffu. Son corps, ramassé, repose sur des pattes fines à canon court et délié ; noir dans le premier âge, et noir gris à l'âge adulte. L'os de la jambe, noyé dans les plumes du ventre, est, comme chez le Coq, presque horizontal. La chair est courte, blanche, délicate, d'un goût exquis, et très susceptible de prendre la graisse ; les os sont légers. Les poulets et les poulardes peuvent être mangés à l'âge de quatre à cinq mois. Si les poussins recevaient plus de soins, ils acquer- raient, à coup sûr, le volume qui généralement leur manque. La ponte est très précoce, abondante et prolongée : il y a des Poules qui pondent tous les jours jusqu'au moment où elles deviennent couveuses. Je n'hésite pas à aftirmer que, sous ce rapport, nos Poules gasconnes n'ont rien à envier aux races de Gochinchine et de Brahrnapootra. Les œufs sont d'un fort vcdume par ra|)j)ort à celui du corps; l'incubation est parfaite. La Poule, excellente mère, prodigue aux poussins des soins incessants, et la légèreté de son corps, jointe à la ténuité de ses pattes, n'expose pas les poussins à l'écrasement si fréquent dans l'éducation confiée aux grandes races aux pattes lourdes et emplumées. 202 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOf.IQUE d'ACCLIMATATION. Aux traits physiques que j'ai esquissés plus haut, où trou- verons-nous quelques points d'analogie avec la race anda- louse? Le Coq de celle-ci est plus haut sur jamhes; le canon de la patte est plus long ; le tibia est détaché du ventre comme chez le Coq de la Flèche ; les joues sont entièrement blanches et sans solution de continuité avec les oreillons. Le corps est plus svelte et plus horizontal ; le plumage seul est semblable à celui du Coq gascon. La Poule andalouse est plus élancée que la gasconne, et les joues qui encadrent l'œil présentent une surlace d'un ton rosé farineux, analogue aux joues blanc nacré du Coq. Le til)ia est également détaché du ventre. J'ai vu quelques beaux Coqs de la race andalouse, mais je n'ai jamais rencontré chez eux cet œil brûlant, cet air provoca- teur du Coq gascon. Est-ce un cfï'et de patriotisme ? Je ne puis être juge et partie. Je reviens à mon sujet. La race gasconne est si peu soignée dans toute la région du sud-ouest de la France, qu'elle est livrée à la garde de Dieu dans les champs, et qu'elle est, à très peu d'exceptions près, obligée de vivre de ce qu'elle trouve ; aussi se plaint-on de sa voracité et la traite-t-on de ravageuse. Elle le serait à moins, lorsqu'on ne lui offre le plus souvent que ce qu'elle peul voler. Quelques ménagères avisées distribuent chatiue soir, en hiver surtout, de iailjles rations de maïs, et elles retrou- vent bien, parla ponte et la conservation de leurs volailles, ces légers sacrifices. De tout ce qui précède, il n'est pas difficile de conclure que la rusticité est un des caractères essentiels de cette race. Ainsi que je l'ai dit plus haut, les poulets et les poulettes sont en l)onne chair à l'àge de quatre à cinq mois; mais pour apprécier à sa juste valeur la race gasconne, il faut manger les chapons gras vers la fête de Noël et jusqu'en mars. Dans ces conditions la chair est fine, savoureuse, et lutterait, je le crois, avec les coqs vierges et les poulardes du Maine, an vo- lume et à la graisse près. Il est bon de dire que si nos cha- pons sont moins gras, cela tient au mode d'engraissement qui, dans nos contrées, est livré à l'appétit et à la bonne vo- lonté du chapon en volière. Si l'on suivait la méthode adoptée POULES DE LA RACE GASCONNE. - ; 203 à la Flèche , nous obtiendrions ici d'aussi bons résultats. Quelques propriétaires peuvent s(;uls faire donner des soins aux chapons destinés à leur consommation personnelle; car pour la vente, ils ne trouveraient pas, à coup sûr, les sommes déboursées pour un engraissement "perfectionné. m, -- Si les propriétaires du sud-ouest de la France appré- cient tous les avantages qui peuvent et doivent résulter de Tamélioralion de nos Gallinacés, qu'ils se hâtent donc d'en prendre les moyens ! Ils doivent bien s'apercevoir que, depuis l'ouverture des chemins de fer, le commerce de volailles a pris une immense extension. O^ie sera-ce lorsque nos che- mins de fer du Midi seront en communication avec l'Espagne, l'un des principaux débouchés de cette denrée? La rapidité des transports n'est-elle pas pour les volailles une des con- ditions essentielles d'économie, à cause des soins obligatoires à donner à ces pauvres oiseaux expédiés par le roulage ? Les chances de mortalité sur des charrettes sans abri ne doivent- elles pas diminuer en raison de la rapidité du trajet? Mais si la facilité des transports tourne à la prospérité de nos pro- duits, il n'y a pas à douter que cette facihté deviendra un jour un élément de concurrence. Si nos éleveurs n'y prennent garde, ils verront plus tard l'Espagne préférer pour sa con- sommation les grandes races du Maine et de la Normandie. Oue faut-il donc faire, je ne dirai pas pour éviter cette con- currence, mais pour lutter avec elle? A mon avis, le voici : 1" Améhorer la race gasconne, et la ramener, autant que faire se pourra, à son type primitif, et perfectionner les qua- lités qu'elle possède par la sélection des sujets, par des soins intelligents et en évitant surtout la consanguinité. 2" Chercher à donner aux produits destinés à la consom- mation le volume qui leur manque, sans altérer leurs qualit(''s essentieUes. Tel est le programme que je me suis imposé. J'ai la con- viction profonde que les producteurs qui voudront concourir à le réaliser, contribueront à conserver et même à augmenter cette source importante de revenus agricoles. Voici les moyens que, dès cette année, je mets en pratique pour atteindre ce Wll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. (loulilo liiit. Je serai heureux des conseils qui pourront d'ailleurs m'êlre donnés |)0ur en hâter et assurer la réalisa- tion. J'ai cherché deux Coqs hien choisis, etj'ai sacrifié le volume à la })ureté des formes et de la race : j'ai donné à chaque Coq quatre Poules également hien faites et dans les meilleures conditions que j'ai pu renconirer. Ces Coqs et ces Poules })roviennent de hasses-cours diflerentes, pour éviter la consan- guinltt'. J'ai formé deux lots désignés sous les n"' 1 et 2, Les œufs provenant du lot n" 1 seront séparés, et les pous- sins élevés à part des œufs et des poussins du lot n" 2. Dés qu'il sera possihle de distinguer les mâles des femelles, je les parfjuerai en deux lots, les mâles d'un côté, les femelles de l'autre, en ayant soin de marquer parmi les mâles et les fe- melles ceux du lot n" J et ceux du lot n" 2. La race gasconne étant d'une incomparahle })récocité, il me sera facile, dès l'âge de trois mois, de choisir les sujets mâles et femelles destinés à la reproduction pour l'année suivante. J'ohtiendrai par ce moyen une pépinière de reproducteurs de sang diiférent, et il est facile de comprendre qu'après trois ans de mélange du sang de la même race et d'une sélection consciencieuse, je pourrai, au moyen d'échanges ou de ventes, répandre dans le Midi des sujets irn'prochables. Je ne sais si je m'abuse, mais le bon sens m'indique que je dois concourir par là à la réhabilitation de la race gasconne et à en faire rechercher les produits. Dans le cas où, après avoir ramené la race à son type pri- mitif, les produits destinés à l'alimentation n'atteindraient pas un volume convenable, il s'agit de rechercher s'il est pos- sible d'y parvenir par des croisements bien entendus. La première ditlliculté qui se présente, c'est le choix du reproducteur; la seconde et la plus importante, c'est la con- servation et l'acclimatation du reproducteur choisi. Dans sa justice distributive, le Créateur a doté chaque zone et chaque climat de produits animaux qui leur sont propres. La consti- tution de ces produits, les lois qui régissent leur existence et les conditions de leur perpétuité sont nécessairement en rap- rOULES DE r.V RACE GASCONNE. 505 l)url liaiiiioiiieiix avec l's autres produits de ce climat et de cette zone. Par suite de cette idée, ce n'est qu'avec des soins incessants (ju'il est possible de conserver et d'élevei- certaines races de riallinacés dans le Midi : les brusques variations rlo iciiMié- ralure, si fréquentes cbms le sud-ouest de la France, le mode de nourriture, la i)rivation, jxîndaiit Télé, d'herbes i'raîclies sont aidant de causes de. mortalité chez les (iallinacés impor- tés du Nord. Certes, nous avons eu en 18(U un été rigou- reux et sec par des clialcurs troidcales el, [irulongées : ce}»en- danl j'ai vu beaucoup de poussins de Crévecœui' afTectés de rliumalisme goutteux aux pattes. Pour ma part, je les ai tous perdus par cette maladie dans le Inil de I^Hé. J'ai remarqué que la race de la Flèche est moins sujette à cette maladie ; mais les nombreuses poules el coqs que j'ai rapportés de la Flèche subissent l'inlluence du climat, et celle iidliiencc se manifeste par des nmcosités épaisses (pii s'écliapj)ent du bec et du ne/. Je guéris assez facilement cette maladie pai' nu lavage dans l'intérieui- du bec, avec un linge rude imbibé d'eau acidulée de quehjues gouttes de vinaigre. Le choix des reproducteurs pour croisement avec la race gasconne, dans le but d'obtenir le volinne l'echerché pour en tirer un meilleur résultat à la venir pour la consoimuation, doit se porter sur les races souvent renouveh'e. Ouelques éleveurs les gorgentmatin et soir; d'autres, chaque vingt-ijuatre heures. Je préfère le premier moyen, d'après les explications -qui m'ont ét('' données. Je crois avoir dit tout ce qu'il vous imj)ortaitde connaître, si déjà vous n'avez pas eu d'explications plus claires et plus pratiques. Quant à moi, j'ai recueilli celles (pic je vous donne auprès de vieilles femmes de mon (juartier .pii élèvent des Oies depuis leur enfance : voilà les sources où je suis allé j)uiser. Je crois avoir omis de vous indiquer i\\\e chaque Oie pro- duit de janvier à lin mai une centaine d'onifs. Il va sans dire que les œufs ne se mangent pas. Ils coulent \ fr. 50 c., si l'on en désire. Les Oisons de huit à (piinze jours se vendent de 3 à Zi IVancs la paire. Agréez, je vous jirie, monsieur le directeur, etc. Si(j)ic (lliANIÉ. T. IX. — Mars I8G2. 1/î OKSEUVATIONS SIR LAGAMl, ?iUTE TliANSMISii I>AK M. LK DOCTiaK SACC. (Séance du 31 janvier 1862.) Cet oiseau niche dans le tronc creux des vieux arbres, où il entre par le soniniel, et dépose quinze à dix-huit OMii's sur un lit do feuilles. Les Indiens les prennent au soi'tir du nid, et les laissent enc(>r(^ en jtlein(! liberté autour de leurs huttes, en ne leur donnant qu'un peu de manioc humecté avec de l'eau ; ils passent la nuit perchés sur les arbres du voisinage. Ici je les nourris avec du pain trenqié, du vin bouilli, et des ba- nanes qu'ils aiment beaucoup ; je leur donne en outre du poisson, de la viande coupée en petits morceaux, et généra- lement tous les resbîs de jna table. La (diair en est blanche et de l)on goût, aussi délicate (jue celle du llocco, mais remj)lie de tendons dans certaines par- ties, ce qui donne la clef de laforce vraiment extraordinaire de ce bel oiseau. L'attachement de l'Agami pour l'homme est quelque chose de tout à fait remart[uable, il semble lui avoir voué une sorte de protection : aussi paraît-il avoir pris à tâche d'éloigner de lui tous les êtres ({ui ])ourraienl lui nuire, ou même sim- plement l'incommoder. Il aime beaucoup à suivre les conver- sations, qu'il écoute gravement et avec toutes les apparences d'une profonde réflexion. Rien n'est plus noble que. sa dé- marche ; rien n'est plus beau que son plumage azuré dans un jardin, où cet oiseau est de la plus grande utihté, parce qu'il ])asse tout son temps à débarrasser les plantes des insectes dont il fait sa nourriture essentielle. Là ne se bornent pas les services ({u'il rend à l'homme : l'Agami est })ai' instinct ennemi des serpents , et il déploie OBSERVATIOAS SUR l'aGAMI. 211 pour les attaquer toutes les Ibrces de ses muscles, toute la puissance de son intelligence si remarquable. Quand le ser- pent est petit, il en vient à bout seul ; mais si le reptile est plus fort que lui, vile il appelle les siens à l'aide de son étrange roucoulement intérieur, et le reptile succombe sous leurs efforts réunis. Chose étrange, bien que naturellement vorace, l'Agami laisse toujours intacte cette proie. Il est donc certain que l'on pourrait débarrasser la Martinique de ses terribles Vipères fer-de-lance, si l'on y importait des Agamis. Je me mets pour cela tout à la disposition de la Société impériale d'acclimatation, qui n'aura (ju'à me désigner la personne de cette île à laquelle je devrai envoyer (juelques paires de ces précieux animaux (1). Quoique excessivement doux et privé, l'Agami est si bien armé, qu'il n'est jamais prudent de le saisir sans précautions; car son bec d'acier et ses griffes acérées comme des canifs font de terribles blessures. (1) l'^u Amérique, l'A^,ami joue le même rôle (jue l'Jbis sacré en KsH't*^'^ et certes il méritera bien le culte de la reconnaissance, s'il nous permet, comme je n'en doute pas, de débarrasser nos belles colonies des Antilles du terrible serpent qui en est le fléau. MKMOHU-] SUil L'ACnLlMATATKiX, LA PI^CMl-: I<:t \M CôMMKRCF. DES COQLILLKS A NACUE, A PERLES, A lîYSSUS, (Séance du 3 janvier 18()2.j « UtUitali. Il (CiEorraoY Saint-Hilau'.!'..) li'arclimalalion, la |>ro|)au,alioii, la ciilliirc des idées uliles, sont fin ressort de la SociiHt' im[)ériale d'acclimatation. L'aquiculture, idée utile que l'emploi des instruments hydrauliques nommés bateaux plonL;eurs et scaphandres peut mettre dès à présent en pratique, et (pie l(i concours de la science des hommes de notre époque devra bientôt trans- former en art, comprend diverses ('tudes spéciales : la jjisci- culture, suit la propagation des Poissons par la fécondation artificielle, l'acclimatation des meilleures espèces de Poissons, Crustacés, Mollusques, etc. ; l'aménagement des bassins d'alevinage , des réserves, des fonds, etc. ; la récolle des Asté- ries, des Actinies, des Alcyons, polypes charnus dont plusieurs espèces sont comestibles, et qui en masse peuvent former, avec la chaux grasse des débris de cotpiilles, des engrais riches en phosphate et en azotate, principes puissants de régénération de la terre; la natui'alisation et la culture des Huîtres et coijuillages comestibles exotiques et indigènes, des Moules, des Coquilles à nacre, à perles, à byssus textile, etc., etc. C'est afin de signaler à la Société ces sujels d'étude que je présente un mémoire sur les Coquilles à nacre, à perles, à byssus textile, pour faire suite aux mémoires sur les Eponges, sur le Corail. Dans la classe des Mollusques qui peuplent les mei's et les eaux douces, ceux (pii sont à eo([uille sécrètent une uiatièrc coriiT-c et calcaire, c'est-à-dii'e animale et mnK'rale, ([u'ils COQUILLES A NACr.K, A PERLES, A BVSSl'S. '213 appli(iiient aux parois iiiti'rionros du coquillage prntlanl les péricides do sa croissance ; ils forment, ainsi celle admirable substance connue sous le nom de nacre. La surabondance de cette même substance se produit sou- vent en gouttelettes, boules ou tubérosités adhérant à l'inté- rieur des valves, ou logées dans la partie charnue du mollus- que ; dans ce cas elles sont d'une forme plus spbéri(jue, et en s'augmentant chaque année d'une couche de matière nacrée, elles restent brillantes, translucides et dures : ce sont le^pcries foies. De la nacre. — Les écailles de nacre «pie l'industrie trans- forme en objets si variés, sont extraites, en général, des grosses Huîtres des mers des Indes, de l'espèce dite Pinladine mère perle {Ostrea meleagrina margariiifera.) La surface externe de ces coquilles est rugueuse ; mais dès qu'elle est enlevée, on obtient des plaques de nacre i)lus ou moins épaisses suivant i'àge des Huîtres : les plus Ijelles ont de huit à dix ans, et les plaques peuvent mesurer de 8 à 10 cen- timètres de diamètre, l'épaisseur va jusqu'à 2 centimètres. La nacre franche argentée q\\ plaques se vend dans le com- merce par caisses de 1*25 à \ /|0 kilogranmies. On l'importe des Lules anglaises et hollandaises de la Chine, duPérou, etc. Les navires hollandais, anglais, américains, français, qui trafiquent dans ces mers, apportent dans nos ports d'Europe des coquilles en vrac, c'est-à-dire que les coquilles à surfaces rugueuses sont mises à fond de cale pour servir de lest. La nacre bâtarde blanche est livrée en calas de 125 kilos ou par tonneaux. Elle est d'un blanc jaune et quelquefois ver- dàtre, irisée par des reflets rougeàlres et verts. La nacre bâtarde noire est une variété blanc bleuâtre tirant sur le noir, avec des reflets rouges, bleus, verts. La composition concrète de la nacre, bien qu'elle soit superposée par couches annuelles, esttellemeni dure, qu'elle nécessite des instruments parfaits pour être bien travaillée ; on se sert d'acides pour suppléer à l'action de la meule, de la lime, puis de sulfate de fer calciné' pour donner le jioli aux objets. Les Japonais, dont nous avons vu les produits à l'Exposi- 21/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQIJP: u'acCLIMATATION. lion liiiiverselle de 1855, dans les iiioiilres liollaiulaises, ont sans doute des procédés qui nous sont inconnus pour le travail de la nacre, car ils ont un iini d'exécution et d'incrus- tation que nos habiles ouvriers artistes admiraient à l'envi. L'analyse chimique de la coquille à nacre donne les résultats suivants : carbonate de chaux, 89,2 ; phosphate de chaux, 5,0; phosphate de magnésie, 0,7; malières gélatineuses et sou- fre, 5,1, sur 100 parties. Depuis dix ans, la moyenne annuelle de l'importation des nacres en France a été de 500 000 kilos, en nombre rond. Le prix de vente est Irop variable pour en donner une moyenne. Des perles fines. — Les perles fines, qui i)3.rtagent avec les diamants le privilège d'orner les diadèmes des monarques, ainsi que les parures des riches patriciennes et plébéiennes, ont été constamment considérées par les anciens peuples comme ayant le premier rang parmi les précieuses valeurs. Les Romains, à l'époque de leur plus grande splendeur, por- taient des vêtements brodés de perles; les dames romaines s'en couvraient les bras et les épaules, et les faisaient ruisseler dans les tresses de leurs cheveux. Ces bijoux avaient quelquefois un prix immense. Jules César présenta à la mère de Brutus une perle estimée plus de i 100 000 francs de notre monnaie. Cléopàtre, dans une iete donnée par Antoine, buvant à son vainqueur, jeta une perle dans une coupe de vin, et avala, dit-on, une valeur de 1 500 000 i'rancs. Sénèque reprochait à un de ses concitoyens que sa femme portât à ses oreilles toute la fortune de sa maison. 11 y a deux siècles, une perle fut achetée à Catifa par le voyageur Tavernier, et vendue au shah de Perse pour 2 700 000 francs. ' Un prince de Mascate a possédé la plus belle perle qui soit au monde, non à cause de sa grosseur, car elle ne pèse que 12 carats et 1/16', mais parce qu'elle est si claire et si trans- parente, qu'on voit le jour au travers. Liu-s(pron lui en offrit 2000 tomans, environ 100 000 h'ancs, il refusa de la céder. COQUILLES A iNACIit, A PEIlLES, A lîYSSUS. 215 Le shah (h; Perso acliiel possède un long cliapelet dont chaque perle est à peu près de Ja grosseur d'une noisette ; ce joyau est inappréciable. Toutes les cours de l'Europe, les souverains et les riches femilles pourraient, connue les Orientaux, montrer des perles précieuses, mais nos sévères costumes n'en facilitent pas l'exhibition. Sous les règnes des Médi(Ms, des Henri, les modes étaient plus favorables au déploiement de ce luxe; cependant à l'Ex- position universelle de '18.)5, à Paris, la reine d'Angleterre nous a fait voir de magniliques trésors de |)erles tines, et l'Em- pereur des Français, une collection de Zi08 i)erles,' chacune pesant IGgrammes, d'une forme parfaite et d'une belle eau • elles valent ensemble plus de 500000 francs. 11 y avait aussi une perle grosse comme un œuf de perdrix et d'un superbe orient; elle est évaluée un grand prix par les connaisseurs, et SI l'on pouvait lui trouver son pendant, elles deviendraient toutes deux ensemble d'une valeur qu'on ne saurait iixer. Les Orientaux ont une passion prononcée pour « ces goultes de rosée solidifiée », ainsi qu'ils nomment ces belles perles. Ils attachent une idée de grandeur et de puissance à la possession i\r ces gemmes, et leurs beaux costumes permettent d'étaler la pompe et la magniticence de ces trésors. La nature de la formation des perles fait penser qu'on ])eut trouver ces précieuses concrétions dans tous les coquilla-es à parois nacrées des espèces nommées Huîtres, Patehes, Moules' Haholides ; et en effel, notr(' Huître commune {(Js/.,-r^] edidis) notre iMoule commune {Mytthis ednlls), (.ortent cpielquefois des perles; les Moules à Cygnes {Anodonta n/cncm), qui sont dans les marais d'eau douce, les Muletles (6W. 81). — M. Ramel annonce l'arrivée à Londres de quatre Laucjh- ing Jacasses i Base lu girjantea) et de plusieurs Rock/iamptoii F biches, petits oiseaux chanteurs envoyés par la Société d'ac- chmalation de Melbourne et par M. Mueller. Ces oiseaux, très intéressants, sont arrivés en excellent état au Jardin d'accli- matation, grâce aux bons soins de M. Noël, à qui M. Mueller les avait contiés et qui a voulu les accompagner jusqu'à Paris. — M. le Président annonce que les conférences, dont la première a été faite le mardi 11 par M. Soubeiran, continue- ront tous les mardis, à quatre heures, et (jue les prochaines seront laites par MM. Millet et Dupuis. — Il est donné lecture d'un Mémoire sur les établissements hippiques et agricoles de S. M. le roi de Wurtemberg (pre- mière partie), par M. Yrignault, attaché au ministère des affaires étrangères (voy. au Bulletin, p. 185). — M. Radiguet offre à la Société un jeune e\emj)lairc de oH8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'accLIMATATION. Smet (Echeneis rémora) conservé dans l'alcool, et à ce sujet M. Moquin-Tandon rappelle quelques-unes des idées émises par les anciens sur la propriété qu'ils attribuaient à ce poisson d'arrêter les navires, malgré vents et marées. — M. le marquis de Fournès transmet des renseignements, avec échantillons à l'appui, sur ses essais de culture du Coton dans le midi de la France, essais qui ont été couronnés d'un très brillant succès (voy. au Bulletin). '■ ■' — M. Rufz de Lavison donne lecture de la jtn'niière partie d'un Mémoire sur les œufs elles incubations(voy. au Bulletin). — M. de Millylit un Rapport sur une éducation de Vers à soie de l'Allante faite par lui dans le département des Landes. — M. Guérin-Méneville offre, au nom de madame veuve Boucarut, des graines de Ver à soie du Mûrier provenant de la race du Japon envoyée par M. Ducliesne de Bellecourt; il indique ensuite ([u'i! a pu conserver, pendanttout l'hiver, sans éclosion, des cocons vivants du Bombyx Arrindia, et fait hom- mage de son Guide pratique des cultivateurs de l'Ailante et des éleveurs du Bombyx Cynthia. — Ilemercîments. — Notre collègue fait ensuite la communication suivante : M. J. Wullschlegel, d'Ofteringen , près Aarburg (Suisse), écrit, le h février 186^2 : « J'ai réussi parfaitement à hiverner les chrysalides du Bombyx du Ricin ; il est complètement acclimaté, mange une quantité de succédanées, et j'ai conservé les chrysalides pen- dant sept mois. » En mai 18(51, j'olttenais de bons papillons de chrysalides de septembre 1860. Ces pajtillons se sont accouplés tout de suite, et les chenilles sortaient des œufs le 16 et 17 mai. Jus- qu'en octobre, j'en ai obtenu trois générations. » Le croisement de ces deux races a donné également d'ex- cellents résultats et des cocons très soyeux. Les chenilles res- semblaient davantage à celles du Bombyx de l'Ailante. » Ces faits viennent conhrmer, dit M. Guérin-Méneville, l'exactitude de ceux que j'ai annoncés, à diverses époques, depuis quatre ou cinq ans. Aujourd'hui encore je lais passer sous les yeux des membres de la Société des cocons du Ricin s .-. -. .... , , l'fJOCÈS-VEKUAUX. ; - JT - ■ ^39 provenaiil des reprodiicleiirs (jui nous ont été envoyés par ,\I. de Vet^a-Grande. Ces cocons, obtenus à ^'incennes, pro- viennent d'œufs pondus du 25 au 28 août 1861 , dont les che- nilles ont commencé à éclore le 8 septembre , et qui ont elles-mêmes commencé à faire leurs cocons à partir du 15 oc- tobre jusqu'au 25. Depuis ce moment, ces cocons ont été conservés enveloppés de Hanelle, dans une chambre sans feu, avec la précaution d'humecter un peu la llanelle de quinze en quinze jours pour éviter une trop grande dessiccation. Actuellement je tiens le paquet de flanelle contenant ces cocons dans une. cage sus- pendue à l'entrée de l'escaHer de la cave, et j'espère bien n'avoir ainsi les papillons (ju'au milieu de mai. Ouant à la plus grande ressemblance des métis avec l'une des espèces, avec celle de l'Ailanle, c'est un fait que j'avais annoncé dès 1858, etdont j'apprends la confirmation avec une grande satisfaction. Des expériences, recommencées cette année à Vincenncs, m'ont conduit encore au même résultai, et il est plus positif que jamais, aujourd'hui, que ces faits ne s'accordent pas avec la loi établie par notre si illustre et si regretté président Isid. (leofTi'oy Saint-Hilaire, à savoir, que les hybrides sont toujours mixtes (1). SÉAMCK un ^S iMAUS 18G2. Présidence de M. Drouyn de Lhuys. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : S. A. M^"" le prince Mukat, à Paris. M. Banneville (le marquis de), ministre plénipotentiaire, directeur des affaires politiques au ministère des affaires étrangères. (I) Histoire naturelle fiénérale den reines or rjaniqucs, principalement étudiée chez l'homme et les animaux, par M. fs. r,ooirroy Saint-Hilaire, t. III 18(30, p. 207). ... ': 2/iO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGJQUE d'acCLIMATATIUN. MM. Baux (Alph(3nse), à Marseille. ,. ■;, BÉRENfiER (le vicomte Marie-Camille-Frédéric-Olivier de), à Cherbourg'. , • : Bonnet (Jules), propriétaire, à Aubagnc (Bouches-du- Rhône). Cap (Gabriel), à Paris. • . '. ' ', .;;■!: Colmet (Alfred), propriétaire, à Paris. EspiAU DE Lamaestre (le docteur Louis), à Paris. FouRNÈs (le marquis de), au château de Vaussieux, par Saint-Léger (Calvados). Frucuier (Charles), propriétaire, à Mezel (Basses-Alpes). r Huet (Charles), avocat, à Elampes (Seine-et-Oise). Kralik (Louis), à I^aris. \; Leboucher (J.), négociant, à Paris. Lefour, inspecteur général de l'agriculture, à Paris. Lesparda (Paul de), à Paris. ■: Maurice (Charles-Auguste), propriétaire, à Paris. MoLLER (Ernest), propriétaire, à Chassenon, par Fonle- nay (Vendée). Moreau (le docteur Emile), à Paris. • Muntadas (Joseph) , commandeur de l'ordre de Charles 111, fondateur et directeur de Y Espagne industrielle^ à Barcelone (Espagne). Nicolle (Pierre-Victor), propriétaire, à Paris. Louvel, chef d'institution, à Rémalard (Orne). RouLLEAUX-DuGACE, député de l'Hérault, à Paris. Salignac-Fénelon (le comte de), envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de France prés la Confé- dération germanique, à Francforl-sur-Mein. Sers (le vicomte de), propriétaire, à Paris. Vauchelet (Emile), à la Basse-Terre (Guadeloupe). Waddington (Frédéric), propriétaire, à Saint-Remy (Eure-et-Loir) et à Paris. — M. le Piésident informe la Société de la perte qu'elle vient de faire jiar le décès de S. Exe. M. le comte de Nessel- rode, et de M. Ualévy, mendjrc de l'Institut, secrétaire perpé- PHOCÈs-vEr.r.Aix. ' :lhi lucl (le rAcadéniio (leshcaux-arls, prolessoui' au Cunseivaloirc impérial de iiiiisique. — M. le clicvalier Scliiiiidt adresse à la Société ses reiner- ciinculs [)(>nr la iiiéilaillc de [ireiiiièi'i,' classe ipii lui a élé d(''C('i'uée. — .)].M. rai)l)é Voisin, Ki'alik, Lebrun, .lac([U(unin cl le duc de Cajanello adressent leurs remerciments iiour leur récenle admission. — S. Exe. M. le Ministre de l'apriculture et des travaux publics inrorme la Société qu'il vient de lui accordi'r une subvention de 1500 francs à titre (rencouragemcnl. — Des l'emercimenls seront adressés à Son Excellence pour ce nou- veau témoignage de bienveillance. — iM. Félix Piéal, président de la Société zoologicjue d'ac- clirnatation pour la région des Alpes, dans une lettre (ju'il adresse de Grenoble à M. le Président, sous la date du 2'i de ce mois, rappelant les liens qui l'unissaient à M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, exprime, au nom de celle Société, les profonds regrets que lui a inspirés la mort de cet illustre savant, et demande qu'aux titres de M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, énumérés dans le compte rendu de la séance annuelle du !^0 février dernier, soit ajouté celui de président honoraire de la Société régionale des Alpes, qui a élé invo- lontairement omis. Cette omission sera réparée. — M. Flury Ilérard fait hommage à la Société d'un tableau peint à l'huile à la Havane, et représentant des fruits de ce pays. — Remerciments. — M. Sacc, délégué à Barcelone, témoigne de son zélé jjour la Sociélé, et annonce qu'il espère voir établir prochainement un jardin et une ménagerie d'animaux utiles à Barcelone. — M. A. de Villeneuve annonce son prochain départ pour le Brésil, el accuse réception des instructions qui lui ont été transmises. — M. Noël Su(juet adresse quekiues renseignements sur l'état actuel du Jardin zoologitiue de .Marseille, et annonce la naissance de jeunes Aih/aiits, Bubales eiAanf/îiroosIiennett. — M. le secrétaire de la Sociélé zoologique pour la région T. IX. - Mdi? 1862. 16 9Ji'2 SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOULOdIQUE d'aCCLIMATATION. (les Alpes annonce le bon état des deux taureaux et. de la vache Yak, probablement pleine, i{ue la Société lui a confiés. — M. le docteur Turrel, délégué à Toulon, l'ait parvenir deux numéros du Toiilonnais^ contenant des articles sur la protection due aux Oiseaux insectivores. — M. Viennot adresse un extrait du Rapport présenté au Ministre de la marine par la (-ommission de surveillance de l'exposition permanente des colonies, dans leciuel sont signalés les travaux de M. Deplanche, chirurgien auxiliaire de la marine, qui a acclimaté dans la Nouvelle-Calédonie le UJti/nocetus, joignant à une chair savoureuse les instincts de l'Agami pour la ])olice des basses-cours. — M. Tîigot transmet une lettre de i\l. F. Chabrillac sur l'utilité du Cariaina du Rré'sil, pour détruire les serpents. — Henvoi à la Commission de la Vipère. — M. Lamiral prie la Société de donner son appui à la })étition qu'il a adressée à S. Exe. M. le Ministre de la marine pour faire une première tentative d'acclimatation des Eponges. — M. E. de Carné (de Guingamp) rend compte de ses essais de [usciculture, et particulièrement de multi})lication du Saumon. — M.Passard a}»pelle l'attention delà Société sur les Moules à perles de la Mongolie, qui pourraient être acclimatées en Europe. — M. Carpon adresse un mémoire intitulé : Ilirudicultiire de IJijfHville. — Ce travail est renvoyé à la :i" Section. — M. de Collard des Hommes appelle l'attention sur les etrets du rouissage, dont l'influence est si fâcheuse pour les progrès de l'aquiculture. ■ — M. Ghavannes, délégué à Lausanne, fait hommage d'un mémoire couronné par l'Institut royal lombard des sciences et des arts : Les principales maladies des Vers à soie et leur guérison, avec, l'exposé praticiue des rtunjens de faire dispa- raître ces maladies et de régénérer sûrement les races, 1862. — M. Poujade annonce qu'il a donné tous ses soins pour faire recueillir de la graine de Vers à soie de Buharesl, de la première qualité, qu'il destine à la Société, et (pi'il cherchera PROCÈS-VERIJAUX. 2^1 3 cette année à se procurer de nouveau des œufs de grande et de petite Outarde. Notre zélé confrère ajoute que la Société des géorgopliiles de Florence, avec laquelle nous avons déjà établi des relations, désire donner h ces^relalions une plus grande extension. — La Société reçoit le n" 7 du Progrès séricicole, journal destiné aux études tlié(M;iori'; daccij.matation. -• ■ i\i""' la CDinlessi/ de (iMiiK.'iilan liaiisiiici, lUi nom do M"'''Leqiii (de i\lorta!j;ne), dos échanlillons d'une planle employée à Apî. (Vnnchisc) pour faire des cIiapeauK de paille. — lU. E. Caillas adresse des (''chanîillcr.s ue cocons de Vers à soie d'Andrinople et de Tuiquie, provenant de ses doubles ducations faites à Passy-Paris en 18(50 et 18'51 , — M. le Président donne lecture d'une lettre de S. Exe. le comte de Kisseleff, and^assadeur de Russie, «{ui transmet la réi)onsc du lirand-duc Nicolas à l'adresse que Son Altesse impé- riale a reçue de la Société (voy. au Bulletin). — S. Exe. le Ministre des affaires étrangères annonce que des ordres ont été donnés par le secrétaire d'Etat pour l'Inde à M. \V. llooker, de faire parvenir à la Société quelques pieds de (JincJiona. — S. Exe. le Ministre de la marine et des colonies donne communication d'une lettre de M. le gouverneur de la Marti- nique, qui demande des animaux et des plantes pour sa colo- nie, et annonce le prochain envoi de divers animaux destinés à la Société. — M. Ilamel annonce l'arrivée à Londres de cinq Emcux (Dromées), et le départ de ^Melbourne d'une paire de Cygnes noirs et d'une paire de Céréopses, oflerts à notre Sociét(!' par celle de Melbourne et par M. Mucller. M. Ilamel fait connaître que M. AVilson s'est rendu en Tasmanic pour y fonder une nouvelle Société d'acclimatation. — M. le Président dépose sur le bureau divers journaux de Paris, des déparlements et des pays étrangers, contenant des articles sur les travaux de la Société. Ces journaux sont : le Sport, Y i'nfou,\e Join-nal /les e/iasseurs, le Jounuil de l'Aisne, le Journal de Vienne, Y Aini de l'ordre de Digne, les Corres- jwndances parisiennes, le Times, et le Morning Post. — M. Fréd. Jacquemart donne lecture d'un Piapport au nom de la commission chargée de vérifier les comptes linan- ciers de l'année 18(51. Ce rap})orl est adopté à l'unanimité, et ;FÉUENCES. '2/l" cageiises. La Iciic de l)riiyèn' coiivionl à toiilcs les <'sp(''cos, dans leur jeune âge, et à quelques- unes |)eiidanl loiil<' la durée de leur existence. On multiplie les ("onilV'res par senn's, bouturage, marcottage ou grelVe. Le semis se t'ait eu pots, en pépinière ou en place, selon le îempéramer.t des espèces et la (piauliié de graine dont on |)eul disposer. En général et autant que possible, on doit employer les graines les plus récentes Les sujets venus en pois ou en i)épini.' le doivent être repiqués plusieurs fois avant leur plantation définitive. Le bouturage s'enii)loie pour certaines essences dont la graine est rare et d'un prix élevé. Celles des Araucaria et de quelques autres genres exigent des soins parlicnliers. On propage aussi le Gingko par boutures de racines. Le marcottage est rarement jjratiqué, et senlemcn! pour quelques espèces qui reprennent mal de boutures {Duminara, Podocarpus, etc.). La greffe a été quelquefois appliquée en grand, par exemple pour la pro- pagation du Lin laricio dans la forêt de Fontainebleau. On remploie plus souvent en borticultin-e pour les variétés ornementales h feuilles panacbées. On s'en est servi aussi pour transformer artificiellement en arbre nionoùpie le (linyko, qui est dionpie. Il se propage par la grclîe sur racines. La plantation à demeure se fait, en général, avec des sujets âgés de quatre à cinq ans. Elle a lieu au printemps ou à la fin de l'été. Une très bonne mé- tliode consiste à déplanler à l'automne, à conserver en jauge durant l'iiivi'r et à mettre en place au printemps. On ne saurait trop recommander la [)lautation en i)anicrs, pour les essences exotiques et délicates qu'on veut transporter èi une certaine distance, et dans les terrains exposés à l'action érosive des coin's d'eau. Les Conifères se plantent en massifs sur les bauteurs, isolées ou en petits bouquets dans les parcs ; mais elles conviennent peu pour les avenues. Ces arbres craignent généralement l'élagage. Il arrive pourtant quelque- fois qu'ils se trouvent étèlés par accident ou autrement ; on peut alors, dans beaucouj) de cas, former une nouvelle tète à l'aide d'une pousse latérale. Toute lois les espèces destinées à former des palissades, des brise- vents ou des baies \ives, supporient parfaitement la taille et la tonte périodiques. Nous avons dit que la famille des t>onifères doit fournir ample matière aux naturalisations. Elle renferme, en effet, près de cinq cenis espèces. Quel- ques-unes, telles que les Aruucuria, dont les semences i)er(lenl proniplemeiU leur faculté germinative, doivent être envoyées en jeunes plants; mais, pour la plupart, il suffit d'expédier des graines, ou mieux des cônes, avec les soins ordinaires. Ici se place l'examen de diverses questions relatives aux introductions de Conifères : conservation des graines, durée de leur faculté germinative; moyens de raviver les vieilles semences et de hâter leur germination ; strati- fication des graines dures, etc. La conférence se termi le par quelques considérations générales sur Tuti- lité et l'importance des Conifères, ind.igènes ou exotiques, pour le reboise- ment des montagnes et des sols arides. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Lelhe de Son Excellence le MinisI re des ajj'iiires éinnuieres a M. le (umte d'I^prk.mksml, secrétaire ijénènil de la Société. \':Hh, 24 février 1862. Monsieur, SuivMiit le désir expriiiiù dans la IcUio que vous m'avez fait riidimeur de m'édiie le ^8 oclobre dernier, j'ai informé le consul de Trance à (Juéliec, que la Société impériale iracdimatatiiui :icce|ilail avec emiucssemeut son od're d'expé- dier en France des spécimens de la matière produite par les Chenilles du Canada, ainsi (jue des cocons vivants assez nombreux pour en assurer la repioduction. M. ('.auldrcc-Coilleau vient de mi- répondie qu'il s'est occupé de recueillir ces cclianlillons, mais qu'il n'a pas jusqu'à ce jour réussi dans les démarches qu'il a lentées à Québec el à Montréal. Notre consul fait toutefois observer que les espèces mentionnées dans sa correspiuidance doivent se trouver particulièrement dans le haut Canada ; c'est donc à Toronto qu'il aura sans doute à s'adresser, mais il ne pourra le faire qu'à la fin de cet lii\cr. S'il réussit, M. Cauldrée-noilleau aura soin, comme je ]r lui ai recommandé, de joindre à son envoi une imte tlétaillée sur les conditions dans les(|uelles ces Chenilles se trouvent naturellement sur les xégélaux dont elles se nourrissent, etc. Recevez, etc. Pour le Jlinistre, Le conseiller d'Étal, directeur des con^ulals el a[]'iilres cniunerciales. Signé HEiii;F.T. ~ Lettre de Sa Majesté le Pan de ]\'arleinljrr.i a M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Slullij.ir.l, ce '2 niii's I8C-2. Monsieur le Président, .l'ai reçu avec plaisir la lettre que le Conseil d(; la Société impériale zoologique d'acclimatalio.i m'a adressée, à la suite d'un vote unanime de celte Société. Très sensible à celte attention et aux sentiments que le Conseil rient de me témoi- ijner, je vnus [uie, monsieur le l'rèsideut, de vous faire l'organe de ma vive leconnaissaiice auprès de la Société. Le> elTm-ts que j'ai faits jus(iu'ici dans mon pays, sous le rapport de l'aiclimatation, ne sauraient être mieux appréciés que par le téinoii^uaiie d'une Société «[ni, jiar le noble but qu'elle s'e^t proposé, a déjà rendu de i;rands services à la pros|>érilé publi(iue. Je vous ]u-ie en même temps, monsieur le Président, de recevoir, à cette occasion, l'assurance des sen- timents d'eslime et de l)ienveillance que je vous porle. Sur ce, je [uie Dieu qu'il vous ait, monsieur le Président Drouyu de Lliuys, en sa sainte garde. Sirjnii Wii.iiEM. Lettre de Son Excellence le Ministre d'Etat a ?d. le Président de la Société iiiii.ér aie d'acclin-.atalion. Paris, lo 8 mais 1R0-2. Monsieur, En m'annoncant par la lettre que vous m'avez fait riiomieur de m'écrire, qu'une souscription a été ouverte sous les auspices de la Société impériale zoolo- gique d'acdimatatioii piuu- élever dans le bois de lînulogne une statue au grand îiaturaliste Daubenton, vous m'exprimez le dé>ir d'obtenir pour cette œuvre un des blocs de marbre dont di--pose mon ndniinistialioii. * • : FAITS DIVKRS. 2/l9 .Te m'empresse de vous informer que j'ai donné imniédiatemenl les ordres nécessaires pour qu'il soit satisfait à cette demande, ,1e suis charmé d'avoir pu ainsi, en m'associant à la réalisation d'un projet digne d'intérêt, vous donner personnellement un nouveau témoignage du prix que j'attache à votre recom- mandation. Veuillez agréer, etc., - Le Ministre d'Etat, Comte Wale\v.ski. Mur le .\;(iri!oo il'Aiisd-alic. Lettre adresser par M. \\ I'.amki, à M. le Président de la Société impériale d'accliinatation. . ■ Paris, Ip U mnrs 1802. Monsieur le Président, r.'est à la délicate attention de M. Ed. Wilson que je dois les deux graines de la nouveauté végétale que j'ai l'honneur de vous oiTrir. Elles me sont arrivées par la dernière malle, avec le récit du drame lamentable qui a terminé la glo- lieuse expédition au travers de l'Australie. L'intérêt qui peut s'allaciier à celle substance nutritive vient moins île son mérite propre que des circonstances dans lesriuelles elle a été découvei te, et de l'usage qui en a été fait. « Le Nardoo », c'est le nom de ces graines, est la iiouriiturc îles tribus sau- vages du nord de l'Australie (28" lat. S.). On le fait bouillir et on l'écrase entre de ix pierres pour le réduite en pâle qu'on met en boules ou en galeltes. La plante qui produit relie substance n'a pas été aulrement décrite ou signalée que par une ressemblance avec le trélle. C'est plutôt un fruU qu'une semerice. L'enveloppe est une espèce de gaîne mucilagineuse qui ren'erme une quantité (le pelitcs graines. C'est imibablement King, le sur\ivant, qui aura rapporté quelques graines au journal l'Argus, et M. Ed. Wihuu m'en a envoyé deux comme une relique. Recevez, etc. Signe Kami;l. Lettre adressée par M. dk i.a Iîooukttf. à M. le Président de la Société impériale d'avelimutation. P.iri.s le 20 janvier \W,i. Monsieur le Président, Je vous ai rappelé dans mn lettre du 23 décembre dernier la communication verbale que j'avais eu l'honneur de faire ciuelques jours auparavant, à la Société d'acclimatation, d'un extrait du voyage de M. l'abbé lirasseur (de Itourbourg) sur l'isthme de Telmaulepec, relatif à la plante Virlli qu'on trouve dans l'Amérique centrale, et qu'il me paraissait utile d'acclimater en France. Ce voyageur, auquel j'avais demandé quelques explications et soumis plusieurs questions, vient de me répondre qu'il aurait peu à ajouter aux renseignements contenus dans so i ouvrage, dont il me prie d'oll'rir un exemplaire à la Société, et que vous trouvi'rez ci-joint. Il m'annonce néanmoins qu'il vient de traduire litté- ralement d'une note eu espagnol, insérée dans son journal, les lignes suivantes que je m'empresse de transcrire ici : " Le point qu'on choisit d'ordinaire pour la culture de Vl.rUi est un bois dont )i on vient de brûler les troncs et les herbes On place ensuite les racines des » vieilles plantes à cinq ou six pieds l'une de l'autre, et au bout d'un an on les » coupe et on les prépare. Quand la pila est tendre, les filaments sont fins et 250 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » blancs ; mais ils croissent, à mesure du temps, en longueur et en épaisseur, et » ainsi il est fecile de choisir la qualiU' de fdanienls dont on a besoin. Dans son )) état sauvage, elle a beaucoup d'épines qui diminuent de grosseur et d'étendue » en la cultivant, et souvent elles disparaissent entièrement. Le terme moyen du » travail journalier d'un homme produit de 4 à 5 livres de libres, malgré l'im- » perfection des instiumeiils dont on se sert pour nettoyer les feuilles. La culture » de Hxtli est très étendue aux environs de San Miguel Cliimalapa et de San » Juiss Guichicovi. » J'ajouterai que ces deux locahtés sont situées à la hauteur des terres dites lierra fria au Mexique, dont la température peut se comparer à celle des enviions d'Avignon. » J'ai découvert, ajoute M. Brasseur (de Bourhourg), dans un recued publié à Mexico en 1843, une notice assez intéressante sur le même sujet; la voici, tra- duite par moi : « Nous tirons d'un journal littéraire de la Havane (e/ l'ianlel) les détails sui- » vants sur cette pitci, à laquelle on donne improprement le nom de soie : « L'Ana- » vas {Pina) [c'est une sorte d'Ananas], qui a été considéré jusqu'à présent )' conmie un fruit délicieux et de luxe, présente aujourd'hui un nouvel inlérèt, » d'après la découverte qu'on a faite ijue les fibres que coiitieiuient les feuilles de » cette plante sont de telle qualité, qu'elles laissent loin derrière elles, [lour leur » délicatesse et leur douceur, toutes les autres matières premières qui servent île " base à nos fabriques de tissus. » Les fibres de la feuille d'Ananas sont disposées en petits faisceaux, connue » celles du lin, chaque fibre apparente étant une réunion de beaucoup d'autres » unies entre elles, et d'une finesse tellement supérieure, qu'elle n'a que l/SOOO'^ » à 1/7000"' partie d'un pouce de diamètre. w Vues au microscope, elles présentent souvent une grande ressemblance avec » la soie, tant pour la blancheur que pour la douceur du tissu : on n'y distingue » ni jointure, ni aucune a\dre irrégularité ; elles sont transparrîntes à l'extrême, « si on les regarde à la lumière; très élastiques, d'une force extraordinaire, rece- » vaut avec la plus granile facilité les teintes les pins délicates, ce qui surprend » d'autant plus, quand on considère le travail qu'exige le lin, qui ott're tant de » résistance à la teinture. . . » Bien n'est plus simple que la [iréparation des filaments de la pila. Si l'on en » examine une feuille, on voit que chaque feuille se compose de la réunion de » diverses fibres qui se lèvent parallèlement d'une extrémité de la feuille à )> l'autre, enveloppées d'une pul|H' douce : tout l'ouvrage consiste donc à la placer » sous la machine (((7/ hminiier), dont l'action rapide la broie complètement, eu » quelques secondes, sans nuire aucunement aux libres, qui restent rédiiiles à un » large écheveau. On la lave à l'eau douce pour la nettoyer de ses résidus, et on » la met sécher à l'ombre. Cette manière de la pré])arer est si simple et si rapide, « qu'un quart d'heure après avoir coupé la feuille, on peut en livrer les filaments » au fabricant, connue une iibre blanche et luisante, avec toute sa force, sans que » l'opération lui en ait rien ùlé, ainsi qu'il arri\e au lin » » Voil-à les renseignements, dit encore M. Brasseur (de Bourhourg), ce que .je dis ailleurs. Ouoique cette plante soit celle de l'Ananas du pays, qu'on ne peut cul- tiver qu'en terre chaude, j'ai cru comprendre, d'après tout ce qui m'en a été rapporté, que du moment qu'il ne s'agit que de la plante et non du finit, toutes les températures mexicaines lui sont bonnes ; de sorte qu'aux environs d'Avi- gnon probablement, mais bien certainement en Algérie, on pourrait parfaitement racclimater comme culture de lin. 1) En vous transmettant ces renseignements, monsieur, je vous prie de consi- dérer que je ne suis qu'un simple observateur et non un naturaliste, heureux de pouNoir vous être agréable. » Veuillez agréer, etc. Signé un i.A Roquette. V. CHRONIQUE. Le London illustrated Neivs du 11 janvier 1862 offre la gravure de quelques curieux spécimens de Porcs du Japon , qui appartiennent à ^\. Cliiirks Jamracli, de liatcliffe Ilighway, à Londres, connu i)our ses iin- porlations d'animaux sauvages et rares. On assure que ces Porcs ont des qualités qui rendraient précieux leur croisement avec des races indigènes de l'Europe. La Société d'acclimatation de Vienne s'est déjà procuré quelques individus de cette espèce, de sorte qu'on peut espérer la voir se répandre ailleurs. Steinmitz, dans un ouvrage accrédité sur le Japon, constate que ce pays possède peu de quadrupèdes. Il est trop ])euplé et trop cultivé pour offrir un abri aux races sauvages; les races domestiques ne servent qu'à l'agri- culture et aux transports. La religion nationale (le boiuklhisme) interdit l'usage des viandes, et il y a d'ailleurs trop peu de pâturages pour élever beaucoup de Moutons et de gros bé-tail. « Les Japonais ont, ajoute le même auteur, quelques l'ons (pii viennent de la Chine, et que les habitants du lit- toral élèvent, non pour les manger eux-mêmes, mais pour les vendre aux jonques chinoises qui ont l'autorisation de trafiquer dans leurs parages; les marins chinois ayant beaucoup de goût pour la chair du l'orc. » Quoi qu'il en soit, il paraît que les Japonais apportent un certain soin à nourrir ces animaux, car, d'après un autre passage de Steinmitz, lorsque sir Edward Belclier visita l'Archipel, ou lui iburnit quelques Porcs tellement gras, qu'ils avaient peine à marcher, et qu'ils pesaient environ 150 livres (poids anglais). Nous extrayons du Guide pratique des rulticateurs de l'Ailante ou faux Vernis du Japon, et des éleveurs du nouveau Ver à soie {Bombyx Cijnihïa) qui vit e)i plein air sur cet arbre, rédigé par M. Cau-riii-Méueville et publié par la Société industrielle de licims, la mention suivante : « Dans sa séance du 1" octobre 1861, le Conseil d'administration de la Société industrielle delxeims a volé, à l'unanimité, les résolutions suivantes : « Une prime de cent francs sera accordée par la Société industrielle de » Reims aux dix cultivateurs qui, d'ici au oL décembre 186Zi, auront planté » les premiers un hectare d'Allantes, et justilieront avoir vendu au commerce » cent kilogranunes de cocons videsdu /it/»i6(/j: Cijntliia. » En outre, une médaille d'or sera décernée à celui des dix cultivateurs qui » aura le mieux réussi sa plantation et l'élève du Ver. » Xoms de certains l'oissons au xvi" siècle. En la mer d'Espagne ne se i)rennent nuls Cabillaux, Pleys, Rougets, Rognes, Beute((uins, Esclellins, ne tels poissons que par deçà ; mais sont '25'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULOCHjL'ii d'aCCLIMATATION, d'aulres sortes, ja soit qu'ils y en as des bons : aussi i-s douces eaues d'Iis- pagnc ne s'y Irouvent nuls l'irochets, Carpes, i'ioches, Anguilles, l'erques, Brasmcs, ne tels que par dedia ; mais ont des Biubeaux, Truites, Lam- pioyes et autres, dont j'ay oublié les noms. {Voyage de Laurent Vital en dicerses parties de l'Europe, manuscr. n" Û50, bibliothèque de Valen- ciennes, loi. 57, r".) Rapport fait a la b'' Section, sur un livre de M. .1. de Lirun d'Airules, intitulé : MOTICK pomologiql'K, par A. Dupuis. iNos arbres fruitiers, soumis depuis des siècles à une culture raisonnée, souvent propagés par le semis, ont donné des variétés innombrables. C'est par centaines que l'on compte aujourd'hui les poires, les pommes, les raisins, etc. De nouveaux gains viennent tous les ans enrichir cette liste ; mais il arrive souvent que tel fruit, présenté comme nouveau, reproduit les caractères de variétés déjà connues; d'autres fois un même fruit est désigné, dans diverses localités, par des noms dillérents. Si Ton veut aussi tenir compte de la diUicuité, souvent même de rinq)ossil)ililé absolue de remonter à l'origine de telle ou telle variété, on se ligure aisément la confusion qui doit en résulter. Plusieurs pomologislos distingués ont cherché à faire cesser un tel état de choses. M, A. duDreuil, dans son Cours d'arboriculture, a commencé à débrouiller le chaos de la svnonymie des poires, pommes et autres fruits. In savant professeur de culture, bien connu i)ar ses travaux, .M. J. Decaisne, a entrepris la publication d'un magnifique ouvrage, le Jardin fruitier du Muséum, véritable monument élevé à la pomologie, et qui sera souvent consulté par tous ceux qui s'occuperont de ce sujet. L'd'uvre que i)oiirsuit activement notre honorable collègue M. J. de Liron d'AiroIes, sous le titre de Notice pumuloijiquc, nous paraît appelée aussi à exercer une grande influence sur les progrès de celte branche importante de la culture. Ce titre, trop modeste peut-être, indique assez que l'auteur n'a pas regardé son travail coimne définitif. Dans des lecherches de ce genre, il f.ml d'abord réunir le plus grand nombre possible de faits. Dans ce but, notie laborieux collègue a fondé, dans son domaine de la Civelière, près de Nantes, une école pratique de pomologie et d'arboricul- ture. Ne reculant devant aucun sacrifice, il a réuni dans cette école toutes les variétés qu'il a pu se procurer ; mais là ne s'est pas bornée sa tâche. Un fruit ne se reproduit pas toujours identique : le climat, le sol, le mode de culture, modifient ses qualités; il arrive souvent (ju'une variété, transportée dans im nouveau lieu, s'y améliore ou dégénère. H fallait tenir compte de ces infiuences locales, et c'est ce que M. de Liron d'Airoles a fait, par les essais de culture opérés dans les conditions les plus diverses par ses nom- breux correspondants, par des distributions abondantes et désintéressées de semences et de gredei-. CIHîO.MQl'E. '2Ô3 'io;;ti'fois ce irétaiciU l.'i que les préliniiiiaiivr, dn p;i-,i:i(l lra\;ii| onlropris par M. d'Airolcs. Il eût pu s'ariéler là, s'il avail voulu garder pour lui seul !o résultat di' ses éludes. Tel u'étail pas sou but. "Mais la publicaliou d"uu ouvrage couiplr-t sur la poir.olugie, e\i-eaut uu Irnail rousidérahie, aurait pli se faire attcudre longteuips. Notre savaut collègue u"a donc pas hésité à ouvrir largement aux horticulteurs et aux amateurs le riche dépôt de ses observations. Se bornant pour le moment aux. poires, il a décrit avec soin toutes les variétés qu'il possédait, et ses descriptions, faites sur la nature même, présentent toutes les garanties désirables d'exactitude. Elles sont ciccompagnées de simples silhouettes du fruit dessinées au trait. On trouvera peut-être qu'elles présentent un peu de confusion ; mais il faut se rappeler que "\1. d'Airoles a cherché tous les moyens de l'aire un ouvrage à bon marché, ce dont on lui saura gré. Quelques pomologistes ont pensé que, pour faciliter l'étiule des nombreuses variétés de fruits, il sérail bon d'en former un certain nombre de groupes ayant des caractères distincts, comme font les naturalistes pour les espèces animales ou végétales, M. d'Airoles regarde ce groupement comme entouré de difficultés iustn-monlables. Sans pré:endre nous prononcer à cet égard d'une manière absolue, nous regrettons de ne pouvoir nous rendre à l'opinion de notre savant collègue, lîien des pomologistes peisisteront à croire, jus- qu'à preuve évidente du contraire, que l'on peut adopter ici, du moins jusqu'à un certain point, la méthode des sciences naturelles, et que de nom- breuses variétés présentent uu ensemble de caractères, une analogie suffi- sante pour permettre d'établir quelques groupes bien définis. Il arriverait sans doute ce qui est arrivé plus d'une fois en botanique ou en zoologie : des erreurs de classement seraient connnises ; les variétés ne seraient pas tou- jours rapportées de prime abord à leurs grou,,cs respectifs. Mais une telle classification, si désirable, si conforme à ce qui a déjà été fait pour les variétés de certaines espèces des deux règnes, ne saurait être l'œuvre d'un seul jour. En attendant que la pomologle trouve son Jussieu ou son Linné, on ne peut qu'approuver les efforts qui seront tentés dans cet ordre d'idées, dussent-ils seulement préj)arer les iuatériaux du grand édilice qu'une main habile s uira sans doute élever plus tard. A ce titre, et attendu que nos réserves ne portent pas sur l'objet principal, le travail de 1\I. d'Airoles ne mérite que des éloges. ]\otre honorable collègue a déjà obtemi de la .Société une médaille pour ses introductions de fruits. La 5'= .Section, appelée à juger son livre, ne peut que lui accorder son appro- bation, lui adresser de vives et sincères félicitations, et l'engager à continuer ses intéressantes recherches. Telles sont les conclusions que nous avons l'honneur de vous proposer. OUVRAGE!)» OFFEltT.S A LA. $iO€lÉ'ffÉ. SÉANCES DU là ET UU 28 MARS 1862. Bulletin de la Société centrale d'agriculture, d'hoiticulluie et d'acclimatation de Nice et du département des Alpes-Maritimes. Octobre 1861. Annuaire de l'Institut des provinces, des Sociétés et des Congrès scientifiques, année 1862. Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg-, t. VIII, 1861. Annales de la Société d'atjriculture, sciences, arts et commerce du Puy, 1859. Bulletin du Comice agricole de l'arrondissement de Saint- Quentin, 1861. Bulletin de la fédération des Sociétés d'horticulture de Belgique, 1861. Annales delà Société d'émulation du déparlement des Vosges, 1860. Société vétérinaire des départements du Nord et du Pas-de-Calais. Octobre, 1861. Traité pratique du naturaliste préparateur, par M. El(»ffk. Offert par l'auteur. Les principales maladies des Vers à soie et leur guérison, par M. le D' Chavannes. Genève, 1862. Offert par l'auteur. Guide pratique des cultivateurs de l'Ailante cl des éleveurs du Bombyx Cynlhki, par M. Gi'KKLN-MÉNEViiXE, publié par la Société industrielle de Beims. M. Lesage, ou Entretiens d'un instituteur avec ses élèves, parM. L. A. BouK- Gi'iN. Offert par l'aulcur. Le chasseur d'insectes, par M. A. M. Pehrot, 2'= édition. Offert par l'auteur. Monographie de VErylluoxylon coca, par M. le D' L. A. Gosse (de Genève) Offert par l'auteur. Les Poiriers les plus précieux parmi ceux qui peuvent être cultivés en haute tige, aux vergers et aux champs, par M, J. ue Liron d'Ahîoei.ks. OfTerl par l'auteur. L'Œillet, son histoire et sa culture, par M. A. DiMis. Oflert par l'auteur. Examen do la (piestion des hybrides végétaux, au point de vue des espèces frui- tières, par M, le I)'' Pigeaux. Offert par l'auteur. Le Jardin d'acclimatation, vers composés pour le banquet de la Saint-Ciiarlemagne, par MM. M. Desm.\kest et A. S.vriiinolx. Offert par les auteurs. Éloge historique de M. le duc Decazes. par M. de L.weiu.ne. Offert par l'auteur. Hygiène de l'Algérie, par M. le D' .1. .1. M.\ret. 1 vol. iii-S, 1862. Offert par l'auteur. L'avance sur gage et la vente publique aux enchères, par M. Maurice David. Offert par l'auteur. Nomenclator de los pueblos de Espafia, formado por la Comision de estadistica gênerai del reino. 1 vol. in-fol. Madrid, 1858. Ceno de la poblacion des Espana segun el recuento verificado en 2^i de mayo de 1857 por la Comision de estadistica gênerai del reino. 1 vol. in-fol. Madrid, 1858. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Mars est cette année un iiiois de printemps. La nature est dans son splen- dide el joyeux travail de renfantenient vôi^^'ial et animal. f. — La ponte des oiseaux, ([ui en février n'avait produit que o80 œufs, en adonné en mars 18i3. On y pousse par une nourriture plus abondante et plus stimulante olO volailles, enfermées et ne pouvant picorer, consomment o51itres de graines par jour (orge, sarrasin, avoine), avec de la verdure (laitue, cliicoréc el choux). Les Poules asiatiques sont toujours les plus précoces; puis viennent les Breda, Hambourg et Campine. Les Padouc et les indigènes fléclioises Uoudan et Crèvecœur n'ont commencé à poudre régulièrement qu'en mars. Les Dindes le font aussi. Les Faisans argentés, niélanotes, ci deCuvier, ont été les premiers à don- ner leurs œufs. Les oiseaux d'eau sont aussi en pleine ponte. Beaucoup cherchent déjà à couver. L'ne Oie d'Egypte mène déjà huit pi'lits. On s'étonne que les Casoars et les Demoiselles de Numidie, qu'on avait \ us se rechercher en décembre, n'aient encore rien produit. II. — Parmi les mammifères, il est né trois Chèvres d'Angora, un Alouflon à manchettes, un Axis mâle, une Génisse sans cornes de la race Sarlabol, un AgiK'au du Sé'négal Une Chienne des Pyrénées a mis bas treize petits. Depuis ({uinze jours, une femelle Kiuigonroo de Bennett laisse voir son petit, dont le nuiseau et les pattes de devant sortent de sa poche abdominale. On avait constaté qu'elle avait pris le mâle en novembre. Ainsi, le petit serait resté dans la poche quatre mois sans se montrer. D'après ce qui a été observé l'an dernier, il y restent encore deux mois avant que d'en sortir tout à fait. La portée entière serait donc de six mois. IlL Mortalité. — Celle des oiseaux a été plus forte que pendant les mois d'hiver : oO poules, 55 oiseaux d'eau, 18 de volières et parcs, dont un Mara- bout. La maladie pseudo-membraneuse, qui avait p;u'u cesser, a recomnn'ncé de sévir, et, comme précédemment, ce sont les Poules de Crèvecanir et hol- landaises noires et bleues qui en sont le plus souvent et le plus gravement atteintes. Parmi les oiseaux d'eau de passage (Canards morillons, millouins, sillleurs, etc.) , dont nous faisons provision à cette époque de l'annéi', la perte est considérable, et s'élève à plus de 33 pour 100 sur les achats. Dans les mammifères, nous n'avons eu à regretter qu'une femelle Kan- guroo de Derby, c'est-à-dire de la plus petite espèce, qui a été trouvée morte avec un petit dans sa poche. En lait de lésions pathologiques, nous avons trouvé sur une Poule Padoue citrine un gonflement et un ramollissement du tissu des glandes cervicales, (jui formaient chapelet, comprimaient la trachée-artère, et répondaient assez aux écroueiles chez l'honmie. IV. Dons. — Le Jardin a reçu cinq Perdrix rouges de M. Puel (de Kigeac); un Coq et une Poule andalous niandés exprès de Cadix par .\L d'Ayervé ; cinq 2."n snciKTi': imi-krialk zoulcx.kjik 1)'aci;li.m.\t.\t1().n. Oios d'F.gypte, un i'clican el une Pintade ù jouos IjIpucs ci à [)liiniap;(; gris marron, variôlo inconnue jusqu'à ce jour dans la collcriioii du ;\I iséum, p:ir M. de Laportc, consul de Kraacc au Caire. V. — VAfjiiariinn jonil toujours d"une grande \ogue de curiosité. Oui'lques- uns des poissons qui y sont contenus ont pris un accroisseiucnl no!aI)le, par- ticulièrenicnl les Labres ou Vieilles de mer, et les Truites. La reproduction des Actinies est sensible; l:i niorlalité toujours peu considérable. Plus de 'JOOO Truites ou Saumons, éclos dans les appareil-, ont été placés dans un des bacs après la chute de leur vésicale ondMIicale; on y pourra suivre leur développement. i;A(|uarium a reçu de M. A. Giilet de Crandmonl lils une variété de Carpe des lacs delà Suisse, pècliée dans unélangdn d('"partement de l'Aisne, appelée Carouge par les gens du pays, et dont la chair est très estimée. Vf. Jardin. — Température moyenne, 5 degrés centigrades au-dessus de zéro; à six heures du matin : minimum, — /j degrés; maximum, 4" --• La précocité du printemps, sensible dès le mois dernier, a continué pen- dant celui-ci. Le Jardin a pris un aspect de végétation qui n'a lieu ordinai- rement qu'à la fin d'avril. Presque tous les arbustes et quelques arbres sont en feuilles, et un grand nombre sont en pleine lloraison. Beaucouj) de graines étrangères envoyées précédemment au Jardin sont déjà levées. f.e Jardin a reçu de S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies des graines de Teck et de Sandal, bonnes essences pour les constructions maritimes, et qu'on désire acclimater en Algérie et dans le midi de la f''rance; de ^L Delisse, de Bordeaux, plusieurs ])lants iVEucalijpsus ylubulus et un magnifique Lo-za {[iliainnus utills); en outre, des graines du Sénégal et deux fruits du Sechiuiit edule. M. de Frcsne a envoyé diverses graines de Chine ; — le maréchal de Santa- Cruz, le Sapallo el le (Juinoa du Pérou; — M. Piclion, (piatre variétés de graines de Chine et de Cochincliine ; — M. liayes, graines de Corchorus cap- sularis de ITnde ; — M. Petermann, Tab;ic de Ciiiraz; — M. T'oucaud de Bermandries , une espèce de Coton de Lagliouat ; Aladunie la comtesse Le- jeune , une collection de graines de divers pays. VI IL — La grande serre jardin d'hiver) est toujours magnifique à voir avec ses Camellias, dont la lloraison est un peu en décroissance; ils sont remplacés par les Azalées de l'Inde, espèce non moins riche que les Camellias, par les lUiododendrum du iSépaul et les .Mimosa de lAustralie. Le Illwdudendrum Falconeri, de l'flimalaya, donnera cette année deux lleuis qui s'épanoui- lonl prochainement. •,•-.,,• Le Jardin a reçu pendant le mois de mars 25 000 visiteurs. ^ , , . ^ : Le Dhee.lcur du Jardin (Vacclimalation, ^ iîlI'Z DK LAVISOK. n I. — TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. ÉLOGE IIISTORIOUE DE W. ISIDORE GEOFFROY SAINT-HILAIRE, Par M. DE ^L.ITREFAGES. (Séance du 25 avril 18G2.) Isidore Geoffroy Sainl-IIilairc est né le 16 décembre 1805 ; il a succombé le 10 novembre iSOJ, après une maladie dont la marcbe insidieuse a déjoué tous les efforts de la science et du dévouement. Il n'avait, par conséquent, pas entièrement accompli sa cinquante-sixième année. Des voix que la douleur et l'amitié rendaient plus éloquentes encore que d'ordinaire ont déjà raconté, d'une manière générale, ce qu'avait été cette trop courte vie. J'ai dit moi-même quelques mots. Dès à pré- sent on connaît l'homme ; mais le savant demandait, pour être apprécié, un peu plus de développement. Voilà pourquoi je reviens sur ce sujet, .le voudrais esquisser au moins les lignes principales de cette existence scientifique tranchée au moment même où elle allait donner ses plus beaux fruits. Enfant du Muséum, Isidore Geoffroy fit, pour ainsi dire, ses premiers pas dans cette Ménagerie qu'avait fondée son illustre père, dans ces galeries qui grandissaient comme par magie, grâce aux efforts réunis des Brongniart, des Guvier, des Geoffroy, des Jussieu, desLamarck. Dans un esprit ordinaire ce spectacle journalier aurait déposé des germes féconds ; que l'on juge de ce que fut son action sur une intelligence de bonne heure ouverte et sérieuse. A ces élémenls d'avenir qu'on joigne les traditions de famille (i), l'exemple et les inspirations d'un père comme Etienne Geoffroy, les leçons (1) Une des branches delà famille ("leoiïroy a donné n-oisniembresà TAca- déniie des sciences dans le wiii' siècle. T. I\. - Avril I8(,'2. 17 258 SOCIÉTÉ IMrÉrjALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. d'une mère chez qui les plus poignantes épreuves n'ont pu entamer ni le cœur si aimant et si ferme à la fois, ni la raison si élevée que lui ont toujours reconnus quelques-uns des plus grands esprits de notre époque (1), et l'on comprendra que peu d'hommes ont abordé la vie intellectuelle sous de plus favorables auspices. Isidore Geoffroy sut mettre à profit ces dons du ciel. Il n'avait pas dix-neuf ans quand, en 182^, il débuta en zoologie par la publication d'un mémoire destiné à faire connaître une espèce nouvelle de Chauve -Souris américaine {Nyctmumus braslliensis).i\ diverses reprises, il est revenu plus tard sur ce groupe qu'Etienne Geoffroy avait le premier débrouillé, et (jui, [)uur cela même, appelait son attention d'une manière toute spéciale ;.mais en 1826, à l'âge de vingt et un ans, par conséquent, il laissait momentanément de côté ces travaux descriptifs pour aborder un sujet bien moins restreint, et qui dévoilait d'un seul coup le secret d'études déjà nombreuses et approfondies. 11 publiait dans le Dictionnaire classique iVhistoirenaturelle.^i un peu plus tard sous forme de volume, des Considérations générales sur la classe des Mammifères. Arrêtons-nous un moment sur cette œuvre de jeunesse, la première dans laquelle Isidore Geoffroy ait embrassé un grand ensemble de faits et d'idées. Nous y constaterons à la fois presque toutes les tendances qui devaient atteindre plus tard un si riche développement. Dans la descriplion des espèces, notre jeune naturaliste avait mont! é qu'il savait discerner et reproduire avec exacti- tude et clarté les traits caractéristirpics les plus minutieux. Ces qualités nécessaires au zoologiste se retrouvent dans le (l) Madame G eofiroy Saiul-Hilaire (l'aulinc-Anaïs) appartient à une famille de magistrats qui conliiiiio anjourdliui encore ses anciennes traditions. Son père, AI. Brièrc de :Uondélour, fut successivement receveur général des éco- nomats sous Louis XV i, maire du "1" arrondissement de l'aris et député au Corps législatif sous Tempire. Dans toutes ces positions, il sut mériter l'estime des souverains et la considération publique. !\Iademoiselle Brière de Mondé- tour ('pousa en 180/i Etienne Oolfroy, déjà célèi)re. Elle a survécu à son mari, aux deux filles jumelles ci au iils qui furent le fruil de celte union. ÉLOGE HISTORIQUE d'jsIDORE GEOFFROY SAINT-HILAIRE. 250 travail dont nous parlons. Déjà aussi il avait laissé voir une sorte de besoin inné de remonter des détails à l'ensemble, et de rattacher les faits isolés à quelque chose de plus général. Cette tendance se prononce ici davantage. Par exemple, en parlant de la queue des Mammifères, l'auteur ne se contente pas de noter les variations si considérables que présente dans cet appendice le nombre des vertèbres composantes ; il veut s'en rendre compte, et remonte pour cela aux phénomènes de première formation. Il rappelle que chez l'embryon humain, le coccyx jusqu'à la fin du deuxième mois est tout aussi long que la queue du chien d'âge correspondant. Il cherche avec M. Serres dans le retrait, vers le haut de la moelle épinièrc, la cause de l'arrêt de développement qui vient frapper chez nous l'appendice si développé chez le chien ; il rapproche ces faits de ceux que présentent les têtards delà Orenouille et du Crapaud, et conclut en disant: « Ainsi le Mammifère se méta- morphose connue le Batracien, et tous ces changements qui nous surprennent chez le dernier, ne sont ])as même des anomahes ; ils ont également lieu chez les Mammifères et chez l'homme lui-même, et sont des phénomènes généraux d'embryogénie. » Toute la partie anatomique et descriptive du travail est rédigée dans le même esprit. Le pelage des Mammifères, les variations de couleur qu'on distingue d'une race à l'autre, l'influence de la domestication sur ces caractères extérieurs, les résultats du croisement entre espèces et entre races, conduisent de même Is. Geoflroy à des considérations générales dont la plupart avaient échappé à ses prédécesseurs. Déjà, dans plusieurs passages de cette époque on voit poindre, plus ou moins arrêtées, un giand nombre d'idées qui, mûries par la réflexion et l'étude journa- lière, ont servi de base au grand ouvrage dont nous parlerons plus tard. ■ ! Un ordre de considérations, qui prend une place importante dans ce travail et que nous ne pouvons passer sous silence, est celui qui embrasse la géographie zoologique. Au point de vue philosophique oii se plaçait à vingt et un ans le fils d'Etienne Geotïroy, la grandeur et la justesse des vues de 560 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE D'ACCLIMATATION. Duffon sur ce sujet ne pouvaient lui écliapper. On voit qu'il en a été vivement frappé, que déjà il a cherché de longue main à les contrôler par les faits, et que s'il jirend la défense de son illustre devancier, c'est en pleine connaissance de cause. Cette conviction éclairée qu'Isidore Geofl'roy parta- geait avec son père, se retrouve dans une foule d'autres écrits. Si les préjugés injustes, inspirés par les doctrines linnéennes mal comprises, se sont en partie dissipés, si de nos jours les vrais naturalistes reconnaissent enBulïon un savant supérieur encore à l'écrivain, c'est bien certainement en grande partie aux efforts réunis de ces deux esprits, si bien faits pour com- prendre, développer et faire apprécier ce qui, dans le génie de Buffon, avait été trop longtemps méconnu. La liste complète des publications d'Isidore Geoffroy, déjà ])ubliée dans ce Bulletin, nous dispense d'énumérer ici plu- sieurs travaux de diverse nature qui se succédèrent rapidement jusqu'en 1832. Bornons-nous à signaler chez leur auteur la tendance, de plus en plus marquée, à subordonner toujours les faits de détail aux vues d'ensemble, et à se rattacher à la zoologie générale et philosophique, telle que l'avaient com- prise, tout en l'envisageant à des points de vue parfois divers, Bulfon, Lamarck et Etienne Geoffroy. Ces préoccupations dominantes se manifestèrent ofliciellement, pour ainsi dire, dans un cours fait à l'Athénée en iS30, et qui porta tout entier sur les rapports fondamentaux des espèces animales entre elles et avec le monde extérieur. Par cet ensemble de leçons qui n'avaient dans l'enseignement public aucun pré- cédent, Isidore Geoffroy commença à marquer sa place spéciale dans la phalange d'élite qui suivait la même bannière que lui. 11 ne tarda pas à se placer au premier rang. Deux ans après le cours que nous venons de rappeler, parut le premier volume de VIllsKnre rié)iérale et particulière des anomalies de l'orga- nisation {V^VÏ) . Cette fois, il ne s'agissait plus ni d'un simple mémoire, ni d'un résumé éclairé par des idées nouvelles, mais bien d'un ouvrage assez neuf parle fond et par la forme pour fonder d'un seul coup toute une bi-anchc des sciences natu- relles. ÉLOCE HISTORIQUE d'ISIDOUE GEOFFROY SAIM-IIILAIRE. 2G1 On sait combien les anomalies fie l'organisaiion désignées par les noms do monstruosités ont, de tout temps, frappé l'imagination du vulgaire et surexcité la curiosité des savants. Longtemps regardées comme des prodiges (1), elles devinrent plus tard desye/^r ou des erreurs de la nature. On crut y voir la preuve que les régies dominant la formation des êtres vivants pouvaient souffrir des exceptions, des infractions. Plus tard, on comprit que la physiologie était au contraire forte- ment intéressée à l'étude sérieuse de ces êtres prétendus anor- maux. Mais il avait fallu les grands progrés accomplis pendant les i)remiéres années de ce siècle, en anatomie, en embryo- génie, pour apprécier toute l'étendue des services que la con- naissance des jnonstrcs est appelée à rendre. Etienne Geoffroy avait bien des fois insisté sur ce sujet. S'appuyant en partie sur les doctrines de ses prédécesseurs, mais fort surtout des siennes propres, il avait, le premier, sérieusement rendu compte des causes toutes naturelles qui produisent ces pré- tendues aberrations. Isidore GeolTroy suivit son père dans cette voie. Comme il le dit lui-même, il se proposa de faire mieux connaître les anomalies, leurs caractères, leur mode de production , leurs rapports , leur inlîuence , et d'ame- ner ainsi à la connaissance plus i)arfaite de l'ordre nor- mal (2). Lin seul fait suffit pour montrer combien a été atteint com- plètement le but multiple que se proposait l'auteur. Ces êtres si divers, si complexes, qu'on avait crus produits par autant d'infractions spéciales aux régies générales, se sont plies à toutes les exigences de la classification inventée pour les êtres (1) Les lois grecques et romaines condamnaient à mort tout enfant aUccté de certaines déviations organiques. Au moyen, âge il en était à peu près de même, et encore pendant le xvii' siècle, l'.iolan crut être et fut en réalité trèsliardi en soutenant qu'on peut se dispenser de faire périr certains mons- tres viables, et qu'il suflii de les enfermer. ('i) Notice analytique sur les travaux zoologiqiies, analomiques et phy~ siologiques de M. Isidore Geoffroy SaiiU-Hilaire, 18l).i. Celle notice a été rédigée pour obéir à Tusage qui veut que tout candidat à l'Académie des sciences remette à ses juges le résumé sonnnaire des titres invoqués par lui à Tappui de sa candidature. 262 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLÏMATATION. noi'oiaux. Isidore Geoffroy a partagé les déformations les plus légères, comme les monstruosités les plus graves, celles «jui caractérisent l'excès de complication comme celles qui résul- tent de la réduction des parties, en classes, en ordres^ en familles, en genres, comme on Ta fait pour les Vertébrés, les Mammifères ou les Oiseaux. Et cette classilication est restée telle qu'elle avait été établie tout d'abord. On a ajouté quel- ques genres, décrit quebjues espèces nouvelles ; mais toutes sont venues se placer naturellement dans le cadre si savam- ment tracé par Fauteur entre sa vingt-sixième et sa tren- tième année (1). L'importance de l'ouvrage dont Isidore Geoffroy commen- çait les publications en 1832 fut immédiatement comprise. Le premier volume ofiVait une sûre garantie pour ceux qui devaient le suivre. Ces considérations décidèrent l'Académie, et le 15 avril 1833, Isidore Geoffroy, âgé seulement de vingt- sept ans, s'asseyait à côté de son père dans la section de zoologie (2). ' ' ■ : ■ , , . i: V Histoire des anomalies s'acheva ; d'autres travaux, d'autres publications lui succédèrent. Nos lecteurs en con- naissent la liste complète, nous n'avons donc qu'à revenir sur ^quelques-uns. ;.• Nous devons d'abord signaler les vues qu'à diverses reprises Isidore Geoffroy émit relativement aux classifications. On sait (juellc a été , depuis Linné , la juste importance attachée à ces cadres destinés à recevoir et à coordonner dans un ordre convenu d'avance les êtres si nombreux rlont s'oc^ cupent les naturalistes ; on sait aussi que d'aliord, purement (l) Le troisième volume de VHtstoin- dex anomalies a paru n\ 183G, ('2) On (ioil à M. Dclauiiay d'avoir conservé le souvenir d'un incident qui sis;na!a celte élection. iXotre confrère a rappelé en termes très heureux conv ment (lay-Lussac, pr('sident en exercice, après avoir compît' les bulletins de vole, C('da le fauteuil à Èlienne Geoffroy, alors vicc-présidcnl, pour lui laisser le i)onlieur de (Constater lui-mènic le triomphe de son lils (H de proclamer son éleclion. M. Delaunay a su faire comprendre rémotioa de FAcadémie assistant au dépouillement de ce scrutiu. {Funérailles de M. Isidore Gcojfroij : Dis- cours de M. Dilaunay au nom de la Facullé des sciences.) . „ ,i; ; (;;!,'ï ÉLOGE IIISTUKIQUE d'ISIDORE GEOFFROY SAJNT-HILAIRE. 263 systématiques, ces cadres sont devenus méthodiques enlrc les mains de Jussieu pour les végétaux, do Cuvier pour les animaux. Mais ce dernier avait bien senti tout ce qu'ont d'incomplet nos classifications quand nous voulons représenter les rappoMts multipliés (lui unissent les êtres vivants (1). Isidore Geolfroy aussi l'avait compris, et il essaya de diminuer au moins ces imperfections. Les classi/ications linéaires, quelles qu'elles soient ne placent jamais un être qu'entre deux autres, celui qui précède et celui qui suit. Elles ne représentent ainsi (\\\e \e% a fflnités directes ; elles sont impuissantes à représenter même impar- faitement les (tfjinités collatérales ou analogies zoolo(/lnues. Or celles-ci ont, au point de vue des idées générales, une importance qui devait naturellement appeler sur elles, d'une manière toute particulière, l'attention d'Isidore Geuffroy. Il ne larda pas à reconnaître, avec quelques-uns de ses devanciers, (jue les grands groupes zoologi(|ues peuvent se partager en groupes secondaires composés d'espèces qui se correspon- dent , pour ainsi dire , de manière à former des séries comparables terme à terme. Il pensa, avec raison, (jue ces séries devaient être représentées, et fut ainsi conduit à sa classification parallélicjue dont il a fait l'application surtout aux Mammifères. Au reste, pas plus que Cuvier, Isidore Geof- froy ne regarda sa classification comme reproduisant tous les rapports des êtres entre eux. Il n'y voyait qu'une représen- tation moins imparfaite de ce qui est. A diverses reprises, il s'est très nettement expliqué sur ce point avec moi-même, et a regretté de voir ses idées présentées d'une manière trop absolue par quelques élèves qui ne les avaient comprises qu'à demi. Ici, comme toujours, 1(3 maître a été plus sage que les disciples. Indiquons seulement le volume intitulé Essais de zoolo- gie générale (18Zi5). C'est moins un livi'e qu'un recueil de (1) On a irop souvciil oublié les dcclaraliuiis si formelles qui' Cuvier a insérées dans un de ses derniers ouvrasses sur la disiinclion esseulielle à éta- blir cnlva les classifications cila iiK'lhdile (Histoire Çjc aéra le des Poissons par \IM. Cuvier et Valenciennes, Introdurtion par C:ivier). 26/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMâTATION. mémoires portant sur des sujets parlaiteinenl distincts, et que relie l'un à l'autre seulement une pensée commune indi- quée par le titre même. Nous reviendrons plus loin sur quel- ques-uns d'entre eux. Ecrire une Zoolot/ie génnale fut, en effet, la pensée inces- sante d'Isidore OeolTroy. Elle se trahissait partout, et souvent son enseignement servit à la manifester. Au Muséum, et à plus forte raison à la Sorbonne, plusieurs de ses cours spéciaux furent en partie consacrés à l'exposé de ces idées, qui ne le quittèrent jamais, alors même qu'il semblait s'en éloigner. Mais <à mesure qu'elles se mûrissaient par une étude inces- sante, ces idées s'agrandissaient de plus en plus. Isidore Geoffroy reconnaissait (pie dans les questions générales, les êtres organisés et vivants ne sauraient être isolés. « Aux limites même du régne animal, l'application de la méthode reste incomplète, les démonstrations pour la plupart inache- vées, la synthèse seulement partielle (1). » Aussi fut-il con- duit insensiblement et presque à son cœur défendant, à publier non plus ime /jiohx/ie tjénérale, mais une Histoire naturelle (jénérale des Hègnes orf/miKiues. Le premier volume de ce livre qui devait résumer une vie entière, parut en lS5Zi; le second en 1859. La première moitié du troisième volume fut publiée en 1860. Là s'arrête ce qu'Isidore Geoffroy a i>u donner lui-môme au ])ublic !... Ce que des mains pieuses ont pu recueillir complétera peut-être ce volume et la seconde partie de l'ouvrage, mais le reste est à jamais perdu (2)... Voilà, par-dessus tout, pourquoi la mort prématurée d'Isi- (1) Histoire nalurcUe ijénérale des Bè(ines ornaniqiios, prc'fiice. ('2) CcUe premià-o parlie s'élciul du chapitre VIII au chapitre XI cxciii- sivcment. EiiouUe, la famille a Iconvé quatre feuilles entièrement corrigées et portanl le Ijou à tirer; deux feuilles a\aiilsuhi les premières corrections; trois feuilles en placards ; un manuscrit allant jusqu'à la fin du chapitre XIX. On peut donc supposer que le troisième volume sera complété, et qu'il ne maïKpiera peut-être que les conclusions d(Minitives qu'un auteur ne formule parfois qu'au dernier moment, après avoir revu et remédité son œuvre. — Mais pour les dernières parties, les plus originales de ce grand travail, on n"a pu découvrir ni notes, ni fragments. Tout était dans la tête de l'auteur. ÉLOGE HISTOniQUE d'iSIDOUE GEOFFROY SA!.\T-HILAIRE. 2()5 dore Geoffroy est pour la science un véritable malheur. Pen- dant vingt-six ans cet homme, d'un esprit éminent, avait rap- porté le résultat de tous ses travaux de détail, de toutes ses lectures de tout genre, à un ordre d'idées spécial et troji né- gligé. Nou-6 l'avons dit déjà, nous le répéterons ici, qui recom- mencera cette œuvre?... Et alors même qu'il se présenterait un remplaçant, comment espérer qu'il aborde cet immense problème avec les éléments qu'Isidore Geoffroy avait eus sous la main, l'éducation intellectuelle première, le Muséum, la iMénagerie ! Comme pour accroître et justifier nos regrets, Isidore Geof- froy a placé en tête du premier volume un programme analy- tique de ce que devait être son livre. Il le partageait en six j)arties, et nous avons vu que la seconde partie tout au plus aura vu le jour. Les deux tiers de l'ouvrage ne nous seront jamais connus que par ces indications sommaires, dont l'en- semble, représentant au moins cinq ou six volumes, occupe à peine trois pages!... Tout inachevée, ou pour mieux dire à peine commencée qu'elle est, V Histoire générale des Règnes organiques aura rendu des services réels. Isidore Geoffroy a eu le temps de se prononcer sur ([uelques-unes des questions qui touchent aux notions les plus élevées, aux fondements mêmes des sciences biologiques, et son jugement sur la plupart d'entre elles importait beaucoup à connaître. Héritier des Buffon, des La- marck, des Etienne Geoffroy, ayant constamment tenu haut la bannière de l'école philosophique, nul moins que lui ne peut être suspecté d'avoir sacrifié à des considérations prises en dehors de la science. Or ses opinions sont la condamnation la plus formelle de quelques doctrines fort anciennes, qu'on semble vouloir laire revivre aujourd'hui au nom du progrés et de la philosophie. Telle est, par exemple, celle qui met en doute la réalité de l'espèce, on admettant que les animaux et les plantes peuvent indéfiniment varier et enfanter des séries d'individus assez séparés pour ne plus se confondre. Isidore Geoffroy se pro- nonce on ne peut plus nettement contre elle. Il fait plus; il •^()6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. montre qu'en dépit des idées théoriques, tous les naturalistes sérieux en arrivent au même point sur cette question, dès qu'ils abandonnent le terrain toujours vague des hypothèses pour se placer sur celui des faits ; il a dit, et il a pu dire avec raison, que Lamarck et Cuvier, malgré la profonde différence des doctrines générales, se donnaient la main sur cette question fondamen- tale. Tous deux, en agissant ainsi, étaient en contradiction avec quelques-uns de leurs principes abstraits ; chacun d'eux avait eu à faire en sens inverse quelques pas vers la vérité ; ils avaient eu à abandonner la théorie, l'un de la variabilité indéfinie^ l'autre de la fixité absolue; tous deux s'étaient ainsi rencontrés dans la croyance qui fut celle des dernières années de Bulfon, celle d'Isidore Geoffroy, la croyance à la variabilité limitée des espèces, d'où il résulte que les formes et certaines fonctions peuvent parfois se modifier dans des limites fort étendues, sans que l'essence de l'être soit en rien altérée. , ■ = Pas plus chez Buffon que chez Geoffroy cette croyance n'é- tait le résultat de simples vues de l'esprit. Pour tous deux elle résultait de l'étude approfondie des faits. Le premier, avant d'en arriver là, était passé par les deux doctrines extrêmes indiquées plus haut; le second, éclairé par cet exemple, et enseigné par ce qu'il avait sous les yeux dans la ménagerie du Muséum , vit dès l'aljord la vérité et l'appuya de preuves nouvelles. Or, nous le demandons à tout esprit de bonne foi, est-ce Buffon, est-ce Isidore (ieolïroy qui peuvent être taxés d'hommes à préjugés et à croyances rétrogrades? "■'; L'Homme ne pouvait échapper aux études du savant qui embrassait l'ensemble de la création vivante. Il fut de bonne heure l'objet des recherches et des méditations d'Isidore Geof- froy. Dès 18/i2, dans un trop court article du Dictionnaire universel des sciences naturelles^ l'auteur pepoussait la ma- nière de voir généralement adoptée d'après l'autorité de Blu- menbach et de Cuvier, relativement aux rapports existant entre l'Homme et les animaux. Il demandait qu'on rayât V ordre des Bimanes comme nous éloignant trop des singes, si l'on ne veut voir dans l'Homme que l'être matériel, comme nous en ÉLOGE HISTORIQUE d'iSIDORE GEOFFROY SÂINT-IIILAIRE. 267 rapprochant beaucoup trop, si l'on envisage la nature humaine dans son ensemble. Plus tard, dans ses cours (1) et dans son Histoire générale, \\ reproduisit les mêmes critiques,, et se prononça nettement pour l'admission du Règne Jnnnain, pro- posé d'abord par un Français, le marquis de Barbançois (2), et adopté depuis en Allemagne et en France par un grand nombre d'hommes éminents qui avaient eu à divers titres à se prononcer sur cette question. Ce règne est-il comme les autres partagé en groupes dis- tincts et indépendants jusqu'à un certain point les uns des autres? Renferme-t-il un grand nombre d'espèces comparables aux espèces animales et végétales? ou bien ne compte-t-il qu'une seule espèce, Y Homme? On sait que cette question s'agite encore, et même avec un redoublement d'ardeur. La réponse d'Isidore GeotFroy est celle de BufTon, de Cuvier, d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire (3), de MiUIer, de Humboldt.... Avec tous les naturalistes, physiologistes ou voyageurs qui, en dehors des idées préconçues et des préjugés, ont sérieusement étudié les faits, il se prononce en laveur de l'unité de l'espèce humaine {k). V Histoire générale des Règnes organiques s'arrête aux notions biologiques fondamentales. L'auteur se proposait d'é- tudier, dans la troisième partie, les faits généraux relatifs aux êtres organisés considérés en eux-mêmes ou dans leurs organes; la quatrième devait être consacrée aux faits géné- (1) Leçons sur l'anthrojiologie faites à la Faculté des sciences, et résumées par M. Delvaillc, 1856. (2) Juimvil de physique, 1816. VI. de Barbançois Tavait appelé Règne moral {Histoire (jénérale des Règnes organiques). (o) On a attribué parfois à Etienne Geolïï'oy Saint-Hilaire des croyances polygénistes. Dans l'ouvrage qu'il a consacré à la niémoire de son père, Isidore Geoffroy a protesté avec vivacité contre cette assertion {Vie, travaux et doctrine scientifique d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, 18Zi7). {Il) D'après les leçons recueillies par M. Delvaillc, Isidore Geoffroy ne présentait celte doctrine, en 1856, que comme ayant pour elle la plus grande somme de probabilités. Si j'en juge par les causi^ries que j'ai eues avec lui moins d'un an avant sa mort, ses convictions sur ce point étaient devenues i)icn plus arrêtées. ^Malheureusement il n'a pu arriver jusqu'à cette partie de 268 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMÂTATION. vaux relatifs aux instincts^ avx mœurs, et plus généralement aux manifestations vitales extérieures des êtres organisés; la cinquième, mw faits généraux relatifs à la distribution successive et actuelle des êtres organisés à la surface du globe terrestre; la sixième enfin devait comprendre l'expose de ce qu'Isidore Geoftroy appelle la philosophie naturelle. Là il devait faire comprendre la convergence de la science tout entière vers l'iinité philosophique ; exposer ses vues d'en- semble sur la nature organique ; montrer la mobilité perpé- tuelle des détails , et la permanence générale d'où résulte V imité par la variété; la succession harmonique des phéno- mènes individuels et généraux qui produisent Yharmonie progressive. Enfin il aurait fait voir dans V imité par la va- riété, dans \ harmonie progressive, autant de lois générales de la nature et de témoignages éclatants de la sagesse su- prême (1). Certes on ne saurait parcourir ce magnifique pi^o- gramme sans se sentir saisi de regrets amers. \J Histoire des règnes organiques restera comme un de ces édifices inache- vés dont les fausses ruines attristent la pensée en laissant deviner seules ce qu'eût été le monument, en révélant la grandeur de ses plans et le génie de l'artiste qui l'avait conçu. Telle qu'elle est pourtant, elle prouve que son auteur était en zoologie le véritable chef de l'école philosophique; que tout en marchant dans la voie ouverte par le génie de Bufion, il avait su mettre h profit les progrès immenses accomplis en tous sens, s'ouvrir des sentiers nouveaux, et atteindre à une place spéciale non loin de son illustre père. Danc ce fait même il y a une preuve de plus de la valeur intellectuelle d'Isidore GeoflVoy. Profondément dévoué par sentiment et par conviction aux doctrines d'Etienne Geoffroy, il avait à se défendre contre un entraînement bien naturel à trop marcher sur les traces de ce guide vénéré. Il n'en a pas été ainsi. Le fils a su garder sa religion filiale, en laisser des mo- numents (2), reporter à son père cela même qui lui apparte- (1) ExU'ait du Programme analytique placé en tète du premier volume. (*2) Ou sait que le lils de IjuHou avait placé au pied de la tour de Mont- ÉLOGE HISTORIQUE d'iSIDORE GEOFFROY SAINT-HILAIRE. 269 liait en propre (i), et pourtant nul ne s'y méprendra. Isidore Geoffroy a agi comme ces artistes d'élite qui, après avoir été les élèves dociles d'un grand maître, après avoir copié sa manière, ont su s'en faire une à leur tour, concevoir et exécu- ter des œuvres empreintes de leur propre génie, et prendre ainsi leur rang à côté de ceux qui les enseignèrent. Nous venons d'indiquer ce que fut Isidore Geoffroy comme homme de science pure, il nous reste à le montrer sous d'au- tres rapports ; mais ici nous pouvons être plus brefs. Ses tra- vaux de science appliquée sont plus généralement connus, et ce qu'il importe surtout de signaler, c'est la filiation trop souvent inaperçue qui les relie aux précédents. Les animaux domestiques ont, pour quiconque se préoccupe des questions générales en zoologie, une importance de pre- mier ordre. Les modifications si considérables, si nombreuses, que présente chacune de leurs espèces, soulèvent et résolvent à la fois une foule de problèmes qui louchent aux questions les plus délicates de la physiologie, à l'histoire de l'homme lui- même. Aussi appelèrent-ils de très bonne heure l'attention (flsidore Geoffroy. Nous en trouvons la preuve dans cet article Mammifères du Dictionnaire classi//ue, dont nous avons parlé plus haut, et mieux encore dans les Essais de zoologie géné- rale. Là, entre autres, nous voyons reproduit un mémoire déjà ancien, relatif à la possibilité d'éclairer l'histoire naturelle de V homme par l'étude des animaux domestiques (2). L'auteur y examine d'abord les rapports d'analogie qui existent entre bard où son père travaillait une colonne qui portait pour inscription : E.rrclsa iarris, humUis cotiimna. Parenli siio filins Duffon (1780). Isidore (Joofl'roy, mieux inspiré, a élevé à son père un monument plus durable, en publiant son ouvrage intitulé : Vie, travaux et doctrine scienti- fique d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire. (1) \: Histoire fiénérale des Règnes organiques porte pour dédicace ce vers de Dupoly : Même étant f.iit pnr moi, cet ouvrai,'e est le tien. (2) Ce travail, communiqué en extrait à la Société des sciences naturelles en 18o5, avait été lu à l'Académie dos sciences en IS39. Il ligure au\ Cnmjitps ri'j}iliis. 270 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. les variations des races animales domestiques et celles des races humaines, et signale les rapports étroits que présentent ces deux ordres de faits. Puis il montre comment la détermi- nation de la patrie originaire d'une espèce domestique peut éclairer l'histoire des migrations des peuples. Ces idées de- vaient s'étendre et se compléter plus tard (1). Dans ce même volume nous trouvons un grand travail sur la domestication des animaux {"2) ; c'était le premier pas fait dans une voie qu'Isidore Geolïroy devait parcourir avec un véritable éclat. On sait que ce simple mémoire a fourni les bases de travaux de plus en plus multipliés et importants, et qu'il s'est transformé en un volume in-8" de plus de 500 pages, intitulé : Domestication et acclimatation des animaux utiles. On sait aussi que les vues de l'esprit émises par l'auteur de ce livre ont pris un corps, et se sont traduites dans la pratique par la fondation de la Société d'acclimatation, par la création an Jardin d'acclimatation. Ces deux établissements sonllùen autant d'œuvres d'Isidore GeoflVoy, et ne doivent pas compter parmi les moins belles. Si leurs débuts soulevèrent (paelques méfiances et qucbjues railleries, les premières s'effaçaient chaque jour sous la direction conciliatrice et prudente du fondateur, les secondes tombaient devant les faits acquis. Aussi les progrès furent-ils rapides, l'avenir bientôt assuré. Avant de mourir, Isidore Geoffroy a pu se dire qu'il laissait à côté de ses livides deux institutions non moins durables, et si son absence avait pu faire naître des inquiétudes dans l'esprit de ceux qui s'étaient associés à sa pensée, le choix du succes- seur qui lui a été donné les a promptemcnt dissipées (3). Le résultat des publications d'Isidore GeoiTroy sur la zoo- logie apphquée, la fondation des deux corps que je viens de nommer, doivent être signalés moins encore pour leurs effets immédiats et visibles que pour l'iniluence qu'ils ont déjà exercée et qui se prononcera certainement de plus en plus. (i) Histoire générale des Begnes orijaniqurs. (2) Ge travail avait paru, mais moins complet, dans ï Encijdopédic tynivclle. ■' . ■, <: (3) (^n sait que ro siiccossonc est i\l. lU'onyn (lcLiin>s. ÉLOGE HISTORIQUE d'JSIDORE GEOFFROY SAINT-HILÂIRE. 271 Jusqu'à ce jour les sciences naturelles, la zoologie surtout, ont été quelque peu dédaignées par les hommes qui s'attribuent à titre d'éloge la qualité à' espi^its positifs. On ne voyait en elles qu'un ensemble de connaissances fort propres à orner l'esprit, mais sans utilité dans la pratique. A ce titre on les repoussait, comme les métallurgistes et les mineurs du dernier siècle re- poussaient la chimie et la géologie. Grâce à Isidore Geoffroy et au mouvement qu'il a imprimé, ces préjugés commencent à se dissiper; ils disparaîtront lentement peut-être, mais à coup sûr, on finira par comprendre que la zoologie a aussi ses appHcations ; qu'elle doit être à l'élevage des animaux, à la production de tout ce qu'on en tire, ce que les sciences phy- sico-chimiques sont aux industries qui s'occupent des corps bruts. Certes, Buffon et Daubenton surtout avaient parlé et agi dans ce sens ; mais moins heureux que leur successeur et venus peut-être avant l'heure, ils n'avaient pas laissé de traces réelles dans l'esprit des populations. Il n'en sera pas de même de l'œuvre d'Isidore Geofiroy, et c'est encore Là un des traits spé- ciaux de cette vie si bien remplie. Mais qu'on ne l'oublie pas, c'est pour avoir eu sans cesse devant les yeux les grandes idées de la zoolo(/ie scientifique^ c'est pour en avoir étudié les lois abstraites, que l'auteur des Animaux utiles a rencontré sur sa route les applications seules propres à frapper la foule. Ici, comme partout, \dL science pmre aiiparaît comme la w^^^re ère, a conservé depuis sa nais- sance une respiration 1res gênée qui cependant paraît compa- tible avec une bonne santé. Tels sonl, monsieur, les (pielques renseignements que je l)uis vous donner sur ce sujet. Veuillez agréer, etc. Buuley. SUR L'ACxAMI. lettue adressée a m. le président de la société impériale d'acclimatation, Par M. E. de TARADE. «' (Séance du 18 janvier 1862. Monsieur le Président, J'ai toujours été surpris que l'on ne se soit pas occupé plus activement et depuis plus longtemps de naturaliser en France VAf/r/)n/\ qu'on pourrait y employer si utilement. C'est pour- quoi, sachant que la Société d'acclimatation s'est procuré des individus de cette espèce si intéressante, j'ai l'honneur, monsieur le Président, d'appeler sur ce point votre bienveil- lante attention. L'Agami recherche en quelque sorte lui- même la société de l'homme, et cette disi)osition naturelle lui est funeste et devient pour ce pauvre animal une cause de destruction. Il est sobre et susceptible d'une véritable édu- cation, comme vous allez le voir, si vous voulez l)ien me permettre d'entrer dans quelques détails. Il y a environ vingt-cinq ans que je me trouvais à Angers, chez un médecin de la ville. Nous nous |)romenions dans sa cour, lorsque j'entendis frapper quelques petits coups secs à une porte qui donnait sur la campagne. Comme mon bote paraissait n'y pas prendre garde, je lui dis; « On frappe à cette porte. — Ah ! dit-il, c'est Robin qui ramène le troupeau. » Ce disant, il va ouvrir la porte, et je vois défiler une vingtaine d'oies, suivies d'un oiseau noir, gros comme une poule russe. Mon bote referme la porte. « Eli l)ien ! lui dis-je, et le berger? m'attendant à voir paraître ({uelque enfant. — Le berger, réplique-t-il, le voilà, c'est Robin.... Robin!;) cria-t-il. Et le pauvre oiseau d'accourir, de becquetei- ses jiieds, d'agiter ses ailes; en un mot, de lui témoigner sa joie, en môme temps (]ue moi je lui témoignais le plaisir que me faisait ce charmant oiseau. •29/| SOCTÉTR IMPÉRIALE ZOOmCIQUE d'ACCUMATATION. A ilînor, la porlo de la sallo à manger étant restée onlr'ou- verte, Rol)in reparaît sur l'horizon. «Ah! dit mon hùte, tu viens chercher une petite douceur?... Va demander à mon- sieur. » EtTaimahle oiseau de venir me hecqueter les pieds et secouer ses ailes devant moi. Je vous laisse à penser si ce fut en vain. Entin, au hout de quelques instants, son maître lui dit : c Allons, c'est assez, va-t'en ! » Et le pauvre oiseau s'en va : il s'arrête à la porte, se retourne, reste là quelques instants, et voyant qu'on ne le rappelle pas, il disparaît. Je dois ajouter (juo le maître de cet oiseau charmant m'a assuré que le berger le plus intelligent ne soignerait pas mieux son troupeau, et qu'il n'avait jamais perdu aucune de ses oies. Tels sont, monsieur le Président, les faits sur lesquels je me proposais d'avoir l'honneur d'appeler votre attention et celle (1(3 l'excellente et utile institution que vous présidez. Je serais véritablement heureux que ma lettre piit trouver près de vous un accueil favoralde : c'est un devoir, ce semble, pour chacun, d'apporter son grain de sable pour la construction d'un édifice qui doit concourir si éminemment à l'utilité publique ; et pour mon couqite, c'est un devoir que j'ai cherché, en cette circon- stance, et que je chercherai toujours à remplir. Il y a bien encore l'Autruche, qui, ce semble, pourrait très facilement être acclimatée chez nous, comme l'ont été les Cygnes; mais je sais que la Société y a également songé. Veuillez agréer, etc. Emile de Tarade. SUR LE DACELO GIGANTEA (^> ou LaïKjliiiijj Jacass, — Kiirg's fislier, — SellliTsclock,— fioijera on (îoijolicra. NOTE COMMUNIQUÉE PAR m. p. RAMEL. Un des oiseaux les plus utiles et les plus intéressants par la facilité avec laquelle il se prête à la domestication, et que l'on appelle en Australie Kim/s fisher, LaugJùng Jacass et encore Settlers dock , avait été voué à la destruction parce qu'on ignorait ses habitudes. Un fermier, l'ayant vu prendre un poulet dans ses griffes et le dévorer, en avait conclu qu'il était le destructeur du poulailler, tandis que sa nourriture ordi- naire se compose de serpents , de rats et autres animaux nuisibles. Mais pendant qu'on le faisait disparaître , les serpents et les insectes de toutes sortes se multipliaient sur la ferme. Le propriétaire réfléchit sérieusement sur ce changement, et grâce à son expérience et aux avis d'un naturaliste, Yulilité de cet oiseau dans l'économie de la nature fut mieux comprise, et l'on cessa de le persécuter. Ainsi une très estimable et utile espèce fut conservée, et l'on peut en voir souvent les sujets vivre autour des fermes, et même domestiqués, tout à fait Hbres dans les jardins, d'où ils cherchent rarement à s'envoler. Ce n'est point par son plumage que cet oiseau attire l'at- tention, mais par les 7iotes extraordinaires de son chant. Les naturalistes l'ont appelé le Martin-Chasseur brun; et les aborigènes de l'Australie « Gagera » ou « Gogobera », sans doute à cause de la similitude de son cri avec la prononciation gutturale de ce mot. (1) Extrait du Bonnet t's Gatherinu.^ of a naturah'sl in Aiistralia. Londres, 1860. 296 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Pour le biishman, l'hommo qui fréquente les forêts, c'est un vieil ami et un compagnon, parce qu'il égayé les solitudes avec sa curieuse musique. Le matin il est le premier à se faire entendre, et le soir il ferme le concert des oiseaux. Cela ne l'empêche pas de se faire remarquer de temps en temps dans la journée. Dans l'estomac de ceux que j'ai disséqués, j'ai trouvé des restes de lézards, de serpents, de petits mammifères, en même temps que des chenilles , et d'autres coléoptères qui constituent sa nourriture accoutumée. Contrairement au Martin-Pêcheur, je ne l'ai jamais vu se nourrir de choses ou d'individus retirés de l'eau. Il a plutôt les hahitudes d'un oiseau de proie, et lorsque, tout petit, on l'élève avec soin dans la maison ou dans le jardin, il y fait les fonctions d'un chat. 11 n'est pas rare de voir dix à douze de ces oiseaux perchés sur une branche d'un gros Eucalypte. Si un passant les excite en cherchant à les imiter, ils ne s'enfuient point; mais l'un d'eux commence immédiatement son rire guttural, un deuxième l'accompagne par un cri strident et aigu , un troi- sième reprend en aboyant comme un chien, et ainsi de suite, jusqu'à ce que tous ensemble forment un carillon composé des sons les plus extraordinaires qui puissent sortir du gosier de la gent emplumée. Pendant ma visite à Penrith, en été, f entendis souvent les Jacasses, maisy'e 7ie vis point un seul Serpent dans toutes mes courses à travers les bois qui bordent Nepean river. J'en eusse rencontré des quantités dans le voisinage de Sydney. J'espère que nos Faucons destructeurs de serpents et nos « Laughing Jacasses » ne seront plus maltraités à l'avenir, afin que les alentours de Sydney soient purgés des dangereux « Dead Adders )) , et autres reptiles que l'on y voit si fréquem- ment, même en hiver. Car ces oiseaux ont la vue si perçante, qu'ils peuvent découvrir les reptiles jusque dans les fentes des rochers, et dans les lieux où, sans eux, on ne pourrait les détruire. SUR LE DAJELO GICANTEA. 297 Cri Jacasse semble reposer sur une branche, indolent, insou- ciant; tout à coup il fond sur le sol et remonte à sa place, em- portant dans son bec un serpent ou quelque autre reptile qu'il a déjà commencé à avaler. Si la proie est trop forte ou dangereuse, ils se mettent à deux, et tandis que l'un tient le serpent par le cou, un deuxième Jacasse, sur une branche inférieure, se charge de maîtriser la queue. Les terrains nouvellement labourés sont un attrait pour lui, car, pour varier sa nourriture, il y trouve les vers et les insectes que la charrue a mis à découvert. Il pond en septembre. Comme le Perroquet, il choisit un trou dans un arbre, où il dépose deux œufs. Il ne fait pas de nid. Il n'y a point de diflérence dans le plumage des sexes. Lo Jardin iracclimatalion possc'de depuis quoique temps deux jeunes couples de cette intéressanle espèce qu'il doit à la générosité de M. le docteur Muelier, directeur du Jardin botanique et zoologique de Melbourne. MÉMOIRE SUR L'ACCLIMATATION, LA PIOCHE ET LE COMMERCE DES COQUILLES A NACRE, A PERLES, A BYSSUS, Par M. LA9I1RJLL. SriTE ET FIN (1). (Séance du 3 janvier 1862.) « Utilitati. » (Geoffroy Saint-Hilaiue.) Pêc/ierics de perles et de Nacres à Ceylan et dans les mers des Indes. Avant 1795, les pêcheries des quatorze bancs à Huîtres per- lières qui sont situés dans le golfe du Bengale, baie de Kon- datchy , détroit de Manar, à vingt milles marins de l'ile de Ceylan, appartenaient aux Hollandais; mais les Anglais s'en sont emparés pendant cette époque de guerre dans les Indes, et la possession de Ceylan leur fut cédée par le traité de la paix d'Amiens. En 1797, le produit de la pèche des perles à Ceylan, devenue anglaise, fut de l/i/i 000 livres sterling (3 600 000 francs); en 1798, il lut de j 92 000 livres sterling {h 800 000 francs). Depuis 1802, le gouvernement britannique affermait la pèche des perles à Ceylan pour la somme de 3 000 000 de francs, mais depuis ({uinze ans les l)ancs d'Huîtres sont moins pro- ductifs; en conséquence, avant l'ouverture de la pèche, les bancs sont explorés, et un rapport sur l'état des Huîtres fait décider quelles seront les parties de bancs qui devront rester en réserve, afin de laisser aux îliiîlres le temps de s'y repro- duire et d'y croître. La pêche des perles à Ceylan dure six semaines ou deux (1) Voyez, pour la proinièio parlio de ce iVlémoire, nunirro tle mars, page 212. COQUILLES A NACFIE, A PERLES, A BYSSUS. 299 mois au plus ; elle comnieiire en février pour se clore dans les premiers jours d'avril, et pendant ce tem.ps le nombre des jours de fête est tel, que celui des jours de travail n'excède pas une trentaine pendant la saison. Lorsque la pêche doit avoir lieu, les bateaux partent le soir à dix heures, au signal d'un coup de canon tiré par le navire de l'État en station à Arippo; la brise de nuit, qui régulière- ment porte vers la mer, fait arriver la flottille sur les bancs avant l'aurore, et au jour les plongeurs se mettent à l'œuvre. La pêche se continue jusqu'au milieu du jour, moment auquel la brise, quia molli dès le lever du soleil, change et souffle vers la terre. On appareille alors pour le retour à Ceylan à force de voiles et de rames. Dés que les barques sont en vue, le stationnaire d'Arippo hisse le pavillon au grand mât et l'assure par un coup de canon qui avertit les intéressés dans la pêche, les propriétaires des bateaux, les femmes, les enfants des plongeurs, des marins, etc., etc., ((ue la flottille approche. A l'arrivée au port, les cargaisons d'IIuitres sont mises à terre sans perdre de temps, ahn que les embarcations soient complètement déchargées avant la nuit, pour repartir à dix heures, si le lendemain n'est pas fête. (Juand les barques arment en pèche, chacune est montée par vingt et un hommes, le lindal ou patron-pilote, dix ra- meurs, dix plongeurs. Sur les Heux de pêche, les plongeurs se partagent en deux bandes de cin(| hommes qui alhîrnativement plongent ou se reposent. Habitués dès l'enfance à ce rude travail, ces hommes des côtes du Malabar, de Golang, del'fle de Manar, elc, etc., descendent jusqu'à des profondeurs de 12 mètres, en se ser- vant, pour accélérer leur immersion, d'une grosse pierre de forme pyramidale et percée au bout le plus petit d'un trou dans lequel est passée une corde dont l'autre extrémité est amarrée au bateau. Au moment de plonger, chaque homme, pourvu d'un sac ou fdet pour y mettre les Huîtres, prend entre les doigts du pied la corde à laquelle la pierre est attachée, puis saisissant la corde d'appel de la main droite et se bouchant les narines 300 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQLlE d'aCCUJIATATIO.N. do la main gaucho, il plonge droit ou accroupi sur ses talons. Arrivé au fond de l'eau, il s'empresse de mettre dans son filet les Huîtres qui sont à sa portée, et à l'aide de la corde d'appel qu'il n'a pas (juittée et qu'il roidit, il avertit les camarades du bord, qui l'aident à remonter rapidement avec sa cargaison. Ce travail est si pénible, qu'une fois remonté dans la barque, les plongeurs rendent par la bouche, par le nez, par les oreilles, de l'eau souvent teintée de sang. Néanmoins , lorsque le temps les favorise, ils répètent jusqu'à quinze et vingt fois chacun les descentes sur les bancs ; mais si le tenq3s est mau- vais, ils ne plongent guère que deux ou trois fois, A la profondeur la plus grande où s'exerce ce travail, c'est- à-dire à 12 mètres sous l'eau, le temps qu'un habile plongeur peut y demeurer excède rarement trente secondes. On peut regarder comme douteux le dire de quelques voya- geurs qui affirment qu'on travaille sans respirer, à la pression de deux atmosphères, sous l'eau, pendant une minule, et l'on doit considérer comme plus que douteux qu'un plongeur reste immergé, en vie, pendant deux, cinq et même six mi- nutes, ainsi que l'ont fait imprimer plusieurs personnes qui certes n'avaient pas leur montre à la main lorsqu'elles ont vu plonger, et auxquelles l'anxiété a fait probablement trouver le temps bien long. Les plongeurs indiens, arabes ou africains ne deviennent pas vieux; leur corps se couvre de plaies, par l'effet de la rupture interne de vaisseaux sanguins; leur vue s'affaiblit, et souvent au sortir de l'eau ils sont frappés d'apoplexie. Mais ce que ces pauvres gens redoutent le plus, c'est le danger d'une rencontre avec un requin , vorace ennemi qui rode dans ces parages et qui est l'elfroi perpétuel des pécheurs de perles. La présence signalée d'un seul de ces monstres dont la na- geoire dorsale vient à poindre au-dessus de l'eau, cause à tous ces hommes une panique semblable à celle (jue produit sur une compagnie de perdrix la vue d'un oiseau de proie! Com- bien de fois est-il arrivé qu'un plongeur, se heurtant contre une pointe de rocher, s'efiraye au point de voir dans son ima- COOUILLES A NACRE, A PERLES, A RYS^US. oOl ginatioii riionible mâchoire du Requin, et remonte alors tout l)antelant donner l'alarme à ses camarades. La flottille revient, ce jour-là, au port sans que la cause de l'alerte soit vérifiée. Un plongeur intrépide , afîrontant un requin sans autre arme qu'un bâton ferré et aiguisé aux deux bouts, qu'il plante résolument et surtout perpendiculairement dans la mâchoire ouverte du monstre, au moment où celui-ci se tourne pour le dévorer ce traita été raconté, il a pu être projeté, mais il n'a jamais été accompli. Lorsque les embarcations ont déchargé leurs Huîtres et (jue chaque propriétaire a emporté son lot chez lui, il l'étalé sur une natte de sparterie, dans un espace creusé dans son enclos, et laisse la température agir sur les mollusques, qui entrent bientôt en putréfaction rapide. On cherche alors dans les coquilles grandes ouvertes les perles qu'elles peuvent con- tenir; on lait ensuite bouiUir cette matière putrélice, afin de retrouver en la tamisant les semences nacrées qui pourraient être cachées dans le corps du mollus([uc. Les perles extraites des coquilles, et parftiitement lavées et nettoyées, sont encore travaillées avec de la poudre de nacre rendue presque impalpable, pour polir et arrondir celles qui peuvent gagner quelque apparence par cette main- d'œuvre. On les trie ensuite par classes, suivant leurs grosseurs, en les faisant passer au travers d'une série de cribles de cuivre de plusieurs dimensions. Ces cribles, au nombre de onze, sont faits de manière à pou- voir s'enchâsser les uns dans les autres, et chacun est percé d'un nombre de trous qui doit distinguer la grosseur des perles et leur donner leur numéro commercial. Ainsi, le crible n° 20 est percé de vingt trous, et les cribles n°* 30, liO, 50, 80, 100, 200, ZiOO, 600, 800, 1000, sont percés d'un nombre de trous égal à ces chiffres. Les perles qui restent au fond des cribles n"' 20 à 80, sont comprises sous la dénomination de classe Mell, ou perles de premier ordre. ."f 302 SOCIÉTÉ IMPÉRIALFi: ZOOLOGIQUE d'agCLIMATÂTION. Celles (lui traversent les crii)les des n"' 100 à 800, sont de la classe vadivoo, on perles de second ordre. Enfin celles qui passent au travers du crible n" 1000 appar- tiennent cà la classe nommée tool, ou semences de perles, qui sont les perles de troisième ordre. Les ordres sont ensuite divisés en catégories numérotées. Ainsi, la grosseur, la rondeur, le brillant, le cbaloiement, la teinte, sont les qualités qui servent de base pour les prix ; il faut y joindre la rareté ou la demande dans le commerce des })erles fines. L'opération qui vient après le classement, c'est le forage pour la mise en cbapclets. Les outils à forer sont des poinçons de diverses grosseurs, suivant les numéros des perles ; ils sont fixés dans des manches de bois arrondis, mis en mouvement par un archet à main. Les indigènes et les Chinois excellent dans ce travail, et peuvent dans la journée percer trois cents petites perles ou six cents grosses perles. Le forage [lasse pour une opération dilTicile, parce qu'il exige de l'intelligence et une bonne appréciation du plus beau coté de la perle pour la mettre en vue, lorsqu'elle est enfilée en chapelets. Nous avons décrit l'établissement régulier de la pèche et du commerce des perles, privilégié par le gouvernement anglais, à Ceylan ; mais on peut s'imaginer que les indigènes des côtes du golfe du Bengale, des mers de Chine et du Japon, de l'ar- chipel Indien, en y comprenant les colonies hollandaises et espagnoles, etc., font pécher dans tous les endroits où ils comptent trouver des coquilles perlières ; ils amassent les pro- duits de leurs pêches, perles, coquilles à nacre, pour les en- voyer à leurs correspondants dans les principaux ports, ou pour les vendre aux capitaines uu subrécargues des navires qui fréquentent leurs parages. Cette branche du commerce des perles fines et de la nacre^ qu'on peut évaluer dans ces pays à plus d'une vingtaine de minions de francs, est attirée dans le grand mouvement com- mercial que les Anglais font dejjuis longtemps aux Indes. COQUILLES A NACRE, A PERLES, A MSSUS. 303 Pêcheries de perles et de Nacre dans le golfe Pcrsiqiie. Sur les côtes de la Perse, à Karak, à Bucliaab, à Kcnn, à Palincira, à Neichme, à Ormus, on pêclic des Huîtres per- lières; c'est un droit qui est le privilège exclusif du clieick de Bender-Bouchèhr, et qui constitue un revenu important. Sur les côtes opposées à la Perse, sur celles de TArabie, à Ouarden, à Bahrcïn, à Gildwin, à Catila, jusqu'à Mascate et la mer Rouge, la pêche et le commerce des perles et de la Nacre se t'ont activement. La pêche des perles sur les bancs de l'île de Bahreïn produit seule 6 millions de francs, et si l'on y ajoute les approvision- nements fournis par les autres pêcheries sur ces côtes arabes, on peut évaluer le chiffre à S) millions de francs. Tel est le rapport du major Wilson, qui avait par sa jtosition toutes les facilités pour obtenir des données exactes. Les armateurs au cabotage anglais viennent sur ces côtes avec des cargaisons de marchandises fabriquées qu'ils y ven- dent, puis ils font pêcher pour leur compte, et trafiquent des perles avec les Persans, les Turcs, etc. Les marchés pour les perles et les coquilles du golfe Per- sique se tiennent principalement à Bassorah et à Bagdad, d'oij ces produits passent par Constantinople pour nos contrées. Les perles de cette mer ne sont pas aussi blanches que celles qui sont pêchées dans le golfe du Bengale, leur teinte est jaunâtre ; mais elles sont estimées parce qu'elles conservent cette eau dorée avec tout son éclat, tandis qu'avec le temps, les perles blanches, plus délicates, perdent, disent les mar- chands du pays, leur orient et leur fraîcheur. Pêcheries des perles et des nacres dans les mers de t Amérique du Sud. La pompe et l'ostentation des Asiatiques, ainsi que le luxe qui existe chez les Européens, ont de tout temps donné une haute valeur aux perles fines, et nos peuples de l'ancien monde oOll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOG]QUE d'aCCLIMATATJON. les onl toujours recherchées; mais il semble assez curieux que l)ien avant la découverte du nouveau monde, les peuplades demi-sauvages de l'Amérique se paraient de colliers et de bra- celets de perles fines. Lors de la conquête du Mexique par Fernando Corlez, de celle du Pérou et du Chih par Vasco Nunez de Balboa et par Francisco Pizarro, parmi les présents et les tributs qui furent offerts à ces célèbres aventuriers par les infortunés caciques, il y avait quantité de perles. Les anciennes pêcheries des caciques étaient situées entre Acapulco et le golfe de Tehuantcpec, mais les Espagnols en établirent d'autres auprès de Gubagua, de Margarila , de Coche, de Darien, de Panama, etc., et les succès de ces entre- prises furent si avantageux, que des villes riches et populeuses s'élevèrent rapidement dans ces lieux. Pendant le temps do la splendeur espagnole sous les monar- chies de Ferdinand, de Charles-Quint, de Philippe, on recevait en Espagne des perles venant de l'Amérique pour une valeur annuelle de plusieurs millions de i)iastres fortes; les parages qui fournissent à présent des perles et des coquilles de nacre au commerce, sont les golfes de Panama et de Californie, mais les Indiens et les nègres plongeurs sont devenus rares, et les troubles qui ont agité et qui agitent encore ces contrées em- pêchent les établissements réguliers des pêcheries. Le gouvernement anglais, qui ne néglige jamais les intérêts industriels ou commerciaux, envoya, il y a quelques années, un lieutenant de la marine rovale avec mission d'étudier l'état des pêcheries de perles sud-américaines ; mais le rapport de cet officier ne fut pas encourageant : il signalait que les plongeurs étaient difficiles à trouver, car ils abandonnaient le métier par la peur qu'ils ont des Marrayos et des Tentereros, (espèces de requins), et des Mantas, poissons plats de la largeur de douze à quinze pieds, de respèco des Raies, qui infestent ces mers. Lorsque les entrepreneurs l'e pêche font travailler leurs plongeurs, ceux-ci se lancent nus dans l'eau, et cherchen!, pendant les vingt-cinq à trente secondes de séjour (pi'ils jicu- COQl'ILLES A NACRE, A PKRl.ES, A HYSSllS. 305 veiily l'airo, àan.'ulicr iiii(',(ltMi\ (ni Inûs lluilrcs ; ils répèlenl cet exercice douze à ([uiiize fois ; mais souvent ils plongent sans réussite, et comme les Huîtres ne contiennent pas tou- jours des perles, le travail n'est pas lucratif pour l'entrepre- neur qui fournit les bateaux et ses rameurs, et n'est pas très désirable pour le plongeur, qui craint le danger d'une ren- contre avec un requin. Aussi, avant que de frapper le sol du pied afin d'accélérer son ascension du fond de l'eau, le plon- geur regarde au-dessus de" sa tèle si l'ombre du vorace pois- son ne se dessine pas entre lui et la surface de la mer ; et le cas écli(''ant, si cette noire jjerspective ne le paralyse pas de terreur. If seul pai'ti (ju'il ait à prendre, c'est de rennier le sable, s'il y en a, pour se dérober à l'd'il vilreux du monstre, et en s'élançant avec viL;ueur, il devra rugir, la boucbe néces- sairement fermée, avec le i)lus de retentissement possible. La surprise et le bruit eflVayenI ce féroce mais làcbe ennemi, Néanmoins, si l'aninial est de grande taille et afl"amé,il revient à la cliarge sur le plongeur au bout de ses forces, et si le mallieureux ne perd pas la vie, il reste mutilé par la terrible mâchoire du squale. Les pêcheurs de perles ouvrent les Huîtres une à une avec leurs couteaux, et cherchent les perles en ('crasant la chair entre leurs doigts. Ce travail est plus lent ([ue la mise en Itouillie et le lavage du détritus, comme on le pratique dans les Indes orientales ; mais les Américains disent que par cette manière les })erles conservent toute leur fraîcheur et la pureté de leur eau. Les perles de l'Amérique du Sud sont très blanches ou elles ont des teintes plombées, suivant le sol où la nacre s'est colorée. C'est principalement en Espagne que passe le, produit des pêcheries de perles de l'Amérique du Sud. Pêcheries de perle fi en Europe. En Ecosse, on trouve des Moules perlières dans les cours d'eau, le Perth, le Tay, le Don, le Dee; dans le (anuberland, T. 1\. — Avril 1S(;2. '20 'M)6 SOCIÉTÉ IMFÉI!I.\I,E ZOOLOCIOCK DACCIIMATATION. Ja rivière d'Irt, et dans le pays de Galles, la rivière leComvay, Iburnissenl également des Moules à perles (Alasmodonta margaritiferas , ihiio, etc.). Ces pêcheries sont des revenus tiscaux du gouvernement anglais, qui loue à certains prix les privilèges de pêche des perles. . • ■ En Irlande, les rivières des comtés de Tyrone, deDonegal et autres, produisent des Moules à perles ; aussi, pendant les assises d'été, les gens de ces pays viennent offrir aux gentle- men d'assez belles perles qu'on achète à des prix qui dépas- sent quelquefois 20 livres sterling. Généralement ces perles manquent d'éclat et d'orient. Dans plusieurs cours d'eau du continent, dans l'Elstcr en Saxe, dans la rivière de Watawa en Bohême, et dans celle du Moldau, les propriétaires riverains ramassent des Moules perlières. On peut récolter des perles dans nos rivières de France, et plusieurs joailliers s'en procurent assez souvent (jui sont en- suite vendues comme perles étrangères ; mais toutes ces perles d'Europe sont ternes, d'un blanc rosé sans orient: ce qui semblerait prouver (ju'une grande dose de chaleur est nécessaire à la perfection de la perle. Aussi celles qui se forment et qui croissent à la chaleur du globe, et au rayon- nement du brillant soleil de l'Asie et de l'Amérique méridio- nale, sont-elles toujours les plus belles, les plus vives en éclat et en transparence. Bateau soiis-?nari?i appliqué à la pêche des coquilles à perles, à nacre, à b//ssas textile. Depuis deux mille ans le mode de pêcher les perles n'a pas varié, et celte industrie resterait condamnée aux moyens pri- mitifs et barbares dont elle dispose, si nos bateaux sous-ma- rins ne venaient offrir dès à présent la faculté de pouvoir descendre sur les fonds à Huîtres perlières, et de se mettre en contact avec ces richesses à des profondeurs jusqu'ici inexplo- rées par les plongeurs. (.o()iii.i.i:s \ NAci'.i;, A l'Kni.Ls, A lîvssrs. .•(>/ Le |tiivilégR »le lairo Iravttiller sur une i^randc siulacu du sol, et d'acclimater dans un milieu d'aii [ilus ou moins comprimé, mais pur, au fond de Teau, un certain noiuhrc d'hommes i)ouvant se concerter et s'entr'aider pendant un long- espace de temps ; la préservation contre toute attaque des monstres mai'ins, la sécurité pour la vie des pécheurs, sont des avantages qui devront faire adopter l'enqjloi de nos instruments hydraulifiues pour la pêche des perles. L'esprit d'entreprise les utilieera donc un jour pour aidei" à former des hancs artificiels d'Huitres perliéres qu'on exploi- tera avec méthode. Nos côtes d»' l'Algérie, de la Réunion, des Marquises, de la Nouvelle-Calédonie, etc., no pourraient-elles pas être enrichies de Ifîiucs artiticiels de Pintadines margari- liféres? Les perles sont des nmnnaies de luxe, dont les valeurs variahles servent d'échange pour toutes sortes de marclian- dises, thés, gommes, épiées, etc. Former des parcs productiis de nacre, de perles, de hyssus, c'est hattre monnaie ! Avec les hateaux sous-marins, la culture e( la ïécollr de tant d'autres fruits précieux de la mer devront pro( nnr des bénéfices considi'rahles, et faciliter le hien-èlie des ])o])ula- lions côtiéres. QIIRLOIJES FAITS HFLATIFS A L'INTRODUCTION DU VER A SOIE DE L'AILANTE A L'ÉTRANCiER ET AUX ÉDUCATIONS DU VER A SOIE DU 11ICIX, Far m. F. E. GLIÉRIN- IY1](^:!\'E VILLE. (Si'-niK^e du 2 lY-vrier 1S62.) llnke à nos êllorls communs el à cpnx ih; la Sociélr l'Ai- LANTINE, roiulée à rcxcmjjlé do la Soriôlr du Jardin du bois de Boulogne, pour d(''velopper el, vulgariser les résultats des travaux séricicoles delaSociélé impériale d'acclimalation, de nombreux envois de reproducteurs du Ver à soie de TAilante ont été faits dans tous les pays. Aujourd'hui, je vais commu- niquer brièvement quelques-unes des nouvelles que j'ai reçues de ces tentatives d'iniroduction du nouveau Ver à soie. Dans la conl'édéralion Argentine, cette acclimatation a été entreprise })ar M. A. Meyer, propriétaire à Montevideo, et elle a parfaitement réussi. Voici ce ipi'il uf(''crivai! à ce sujet, le 16 novembi'e iS61 : « J'ai reçu un pelil envoi d'œul's par le packet anglais, arrivé ici le i'd novembre dernier : les Vers étaient tous éclos et la plus grande partie morle. A l'ouverture de la boîte, je recueillis avec soin tous ceux qui donnaient encore signe de vie, et j'arrivai à en sauver environ soixante, dont les priMiu'ers ont filé le vingt-neuvième jour après leur arrivée. » Ces Vers, appartenant à la race des métis de l'Ailante el du Ricin, ont été nourris par M. Meyer avec les feuilles de deux espèces de Ricins (la blanche et Ja rouge), très abondantes dans le pays. Us lui ont donné des cocons beaucoup plus beaux que ceux cpii lui Jivaient éh'' envoyés de Paris, et il ajoute à leur sujet : « L'éclat, le brillant et la finesse sont admirables.» Dans une dernière lettre, datée du 1 7 janvier 1862, M. Meyer annonce qu'il possède 6000 à 7000 omOs près (r('elore; en vKii A soji.; j,|.: i/ailami;. :]U\) suilM 4110 l'un peut dire que l'introduction de celte espèce est assurée dans cette partie de l'Amérique. M. Anlony Gelot, propriétaire à Assonqjtion (Paraguay), me fait connaître son projet d'introduire dans ce beau pays l'industrie de la soie, en y acclimatant les Vers à soie du -Mûrier, du Ricin et autres, s'il y a lieu. « II est peu de climats plus sains, dit-il, que celui du Paraguay. A l'i^xeeption des mois de décembre, janvier, février et" mars, saison des grandes chaleurs, la température est cà peu près constamment ce qu'elle est en France dans les mois de mai et juin. Le Ricin, nounné ici Tartru/o, se rencontre et croit en (juantité et avec une rapidité prodigieuse. Au bout de six à neuf mois, il a acquis une hauteur de 3 à h mètres, et donne des fruits. Ces arbres ne se dépouillent à peu près jamais de leurs feuilles, en sorte que j'estime possibles deux récoltes Y'Av an. Quelques essais de plantation de Mûriers à fruits rouges et à larges feuilles, faits par des personnes de ma con- naissance, ont parfaitement réussi. A trois ans, l'arbre avait atteint h à 5 mètres de hauteur, et le tronc peut avoir de (5 à 8 pouces de diamètre. On trouve également abondant ici le Mûrier sauvage, sous le nom de Tota-iha. » Pour abréger, je me bornerai cà dire que M. (jelot demande à acclimater au Paraguay les Vers à soie du Mûrier et ceux du Ricin, et qu'il entre complètement dans la mission de notre Société de lui en donner les moyens. Cependant, conmie l'envoi au Paraguay du Ver à soie du Ricin est une chose presfjue impossible, surtout à cause du long trajet qu'il y a à faire du port de débarquement jusqu'au cœur du Paraguay, j'ai dû lui envoyer des cocons vivants de la race des métis des Vers de l'Ailante et du Ricin, provenant de mes éducations de la ferme impériale de Vincennes, et que j'offre à notre Société avec le plus grand plaisir. J'ai tout heu d'espérer que ces cocons, qui peuvent demeurer deux ou trois mois sans éclore, quand ceux du Ricin pur éclosent un mois après leur formation, ariiveiont au Paraguay à l'état vivant. .l'ai joint à cl r à soie du Mnii-T ;ip- ;'.10 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULUGIQLE h'aCCLLMATATIUA. partenaiU à diverses races; et comme ils ne peuvent manquer (Tarriver avanl I'imioiiuc de Icni' ('clûsiôu , ils contribueronl aussi à faire connaître la Sociclô inip(''riale d'acclimataliou au Parai^'uay par un doulile bienfait. Quand j'ai eu l'idiM', des le début de l'acclimatation du Ver à soie de l'Ailanle, d'essayer son croisement avec celui du lîicin, j'entrevoyais les avantages (jue pourrait offrir une race qui tiendrait de ces deux espèces, dont les chenilles pourraient être indifféremment nourries avec l'Ailanteou avec le Ricin, et dont les cocons donneraient leurs papillons à des intervalles moins rapprochés que ceux du llicin. Aujourd'hui, ces idées théoriques portent leurs fruits, en permettant d'in- Iroduire ces rusli(pies métis dans des pays éloignés où croît spontanément le Ilicin, et oîi il serait très difficile et peut-être même impossible de faire parvenir le Vei- du liicin de race pure. Avant de cpiilter l'Amérique, j'ajouterai (juc les cocons vivants du Ver du Iticiii pur, envoyés à Port()-Fiico l'année dernière, y sont arrivés en bon état, gi'àce aux soins de )f. Lorenzo Carbo. ]*ai- deux lettres datées du 11 novenibre ef, (hi '27 décembre 1 8(V| , il m'iidVu-me des heureux résultats qu'il a olitenus, et il m'envoie un cocon provenant de ses premières l'f'coltes. Je dois ajouter que j'ai continu(3 cet hiver mes expériences tendantes à faire passer l'hiver aux cocons vivants du Ver du Ilicin, et qu'elles ont encore réussi. J'ai actuellement de ces cocons, récoltés à Vincennes à la lin d'octobre, et j'espère bien les amener à ne donner leurs papillons qu'en mai au plus tôt. (Jes cocons proviennent des éducations faites avec les reproducteurs que nous a envoyés notre honorable con- frère M. le comte de Vega Grande. Aujourd'liui, la direction du Jardin du bois de Boulogne conserve cette espèce au moyen d'éducations hiverijales habilement conduites. (juant au Ver à soie de l'Ailanle de race pure, son élevage commence à être fait sérieusement partout et même en grande cidture. Je ne saurais trop le répéter, c'est â notre honorable c(iidièi-e M. le foiiile de Laniole-Ptaracé que ce gi'aud ré-sultal VKlî A S(»li: JJi; L'AlLAiNTE. ."U 1 est dû. Sans lui, sans les sacrilices sérieux (ju'il a laits, nous en serions encore aux petites expériences sur (juelques cen- taines de sujets, souvent décimés par les oiseaux, à cause même de l'exiguïté de ces essais. Sans déprécier en aucune façon les travaux des nondjreux expérimentateurs qui ont donne un si rapide essor à Xailanticullure (expression si juste due à M. Roy, deCliàlons), je dois à la justice de proclamer ici que les travaux de M. de Lamote-Baracé sur la partie réellement agricole de cette question sont infiniment supérieurs et hors ligne. C'est à son dévouement et aux sacrifices qu'il a géné- reusement faits depuis trois ans, que l'acclimatation du Ver à soie de l'Allante doit le caractère réellement agricole que je ne cesse de développer, depuis deux ans surtout, grâce à la mission qui m'en a été donnée, conformément au désir de Sa Majesté l'Empereur, par Son Exe. le Ministre de l'agriculture. C'est aussi M. le comte de Lamote-Baracé qui a pu démon- trer le premier par des faits, qu'élevé sur une grande échelle, le Ver à soie de l'Allante ne subit qu'un déchet insignifiant par les attaques des oiseaux. Ses observations à ce sujet sont confirmées par celles d'un éducateur autrichien, M. de Ritter, à Gorice (Illyrie), qui m'écrivait, le 18 février 1862 : « Suivant, depuis environ une année, avec beaucoup d'in- térêt, ce que les journaux de France rapportaient sur l'accli- matation du Bombyx CyntJùa, je pus, par l'entremise d'un correspondant de Lyon, faire venir 15 grammes de graine en trois envois, que je reçus dans le courant de juin 1861. » L'Allante se trouvant en abondance dans mon jardin, il me fut facile d'élever ces chenilles, tant en plein air que dans des chambres. Quoique mes Allantes se fussent mêlés à d'autres arbres, et tjue, plantés depuis douze ans, leurs bran- ches se fussent croisées avec celles de leurs voisins, la culture des chenilles réussit parfaitement. » Sur celles élevées en liberté, je n'en perdis qu'environ 20 pour 100 ; mais, sur un arbre isolé, cette perte se réduisit à 2 pour 100, malgré la masse d'oiseaux qui s'y tenaient, et malgré un ouragan accompagné de grêle, et les pluies froides des mois de juillet, suivies d'une chaleur tropicale. 31'2 SdClKTÉ IMl'lillIALi: ZOOl.uMuri, li'ACCl.l.MAiATKt.N. » Les chenilles ('levées en cluunhi'e nie donnèn-iil un résultat moins favorable. Sans compter l'immense fatigue (jue leur éducation procure, les chenilles, restèrent plus faibles et j'en perdis près de '^0 pour 100 qui ne voulurent pas se mettre en cocons (J). En outre, les cocons étaient plus petits que ceux des chenilles élevées en plein air, plus foncés en couleur et possédaient moins de brillant. » Je dois m'arréler ici, quoique je possède encore beaucoup d'autres documents non moins intéressants ; mais je ne puis terminer cette note sans faire agréor mes remercîments à la Société et à MM. les membres de la Commission des récom- penses, qui ont jugé que j'avais mérité le prix fondé i»oiir Y acclimatation d' i( ne nouvelle espèce de ] er à soie donnanj, de la soie bonne à filer. La somme consacrée à ce ])ri\ protitera encore à la sérici- culture en m'aidant à développer mes expériences agricoles de la ferme impériale de Vincennes, où chacun pourra se convaincre ({ue le Ver à soie de F Allante peut viv?'e dans les jiotivelles localités oif il est introduit, comme da/}s so/i pays d'origine ; (|ue ses prodaits // so/it utiles, et ([ue l'ayricul- ture peut trouver de raraiilaijc à l'élever en t/raml, carac- tères (|ue j'ai assignés le piciiiicr à ce ipie Ton doit consi- dérer comme une véritable cl (h'iinilive acclimatation. Tous les amis du progrès remercieront aussi laSocif'ié de la solli- citude avec Laquelle elle protège, encourage et récompense ceux (}ui contribuent à prouver qu'elle remj)lit avec dévoue- ment et justice sa grande et noble mission d'utilité publique. (1) On suit que, dans les lomps ordinaires, le décliet ('prouve par les éducations de Ver à soie du Mi'trier va à plus de 50 pour 100. Aujourd'liui Pépidémie de la (jattiiie fait que l'on ne peut plus apprécier le chiffre de ce d(''(li(n, car, le plus souvent, toute l'éducation est détruite i)ar l'épidémie. SUR ; LES VIGNES ET LES VL\S DES ÉTATS -UMS, « Par M. Elias l»l'B\ » (leaux ordinaires, les surpassant hcaucuuii en couleur, et » sans que le principe acre contenu dans la peau nuisît en 3» rien à la qualité du vin. » Sans doute ce principe acre, dont nous avons parlé dans notre monographie, se trouve décom- posé dans le travail delà fermentation. M. N. C. Williams, qui fut commissionné en 1857 par le Palent-Olïice, pour étudier les vignes de l'Arkansas et du Texas, s'exprime ainsi dans son rapport au sujet de cette vigne : « Le mustang croît en si » grande abondance dans certains districts, (pie j'oserai dire » que, si tous ces raisins étaient transformés en vins, à raison » d'une piasire par gallon, leur valeur excéderait de l)eanrou|i >> la valeur de la récolte du coton. » La vigne connue au Texas sous le nom de Post-oak-grape^ et dans la Louisiane occidentale sous celui de Pine-iouod-ç/rapp {\'itis Lùicecumii), promet également beaucoup par la qua- lité de son fruit, fort supérieur à celui du mustang par le goût, et n'ayant point l'inconvénient du principe acre con- tenu dans la peau de ce dernier. Cette vigne, qui doit être celle que M. Williams appelle Mountain -r/rcfpe, a les sar- ments courts , généralement étalés en buisson et rarement grimpants aux arbres; les nœuds sont très rapprochés dans les branches fertiles, et portent alternativement une feuille opposée à une grappe, puis une grappe sans feuille. Nous avons compté jusqu'à cinq grapi)es sur une tige de 8 pouces de long, dont toutes les feuilles étaient profondément bilobées. La vigne monticoie de M. Buckley est également une vigne en buisson, d'une très grande fertilité, et produisant un rai- sin exquis, le meilleur de tous les raisins américains. La petite vigne rupesiris, quoique produisant un raisin fort doux et bien parfumé, n'offre pas les avantages des trois autres, son fruit étant très petit. M. Williams parle, dans son rapport, d'excellents fruits qu'il a cueillis tantôt sur \e La hritsca et iRnloi snr Vœstivalis j mais ses indications, quant aux espèces botaniques, sont confuses et hasardées. C'est donc vers la région sud-ouest transmississipienne que les viticulteurs de l'Europe méridionale, et de l'Algérie sur- tout, doivi'nt jeter les yeux, pour y chercher de nouvelles r.lS SOCIÉTÉ IMPÉrilALK /()OL(i(;[nii: h'ACCI.lMATATIoN. espèces, s'ils le jugent eoiivenahle. Avee une ex|iéri('iice supé- rieure à celle des Nord-Américains, il leur sera facile d'amé- liorer ces espèces de manière à eh obtenir des vins nouveaux et d'une qualité toute particulière. Le Texas se trouve exactement sous les mêmes latitudes que l'Algérie, et quoique sous des latitudes plus méridionales que le Languedoc et la Provence, le climat n'en est pas plus chaud ; car rarement le thermomètre y monte à plus de 35 degrés dans les plus grandes chaleurs de l'été, et l'hiver y est quelquefois assez froid pour couvrir les rivières de glace. h° Région californienne. — La vigne californienne n'est guère connue que par la courte description que M. Benlham en a donnée, et par les quelques mois qu'en dit M. W. P. Blake dans son rapi)ort géologiijue imprimé dans le cinquième volume des Explorations and survei/s for a rail-road route hetween the Mississipi and tlic Pacific océan (Washington, 'JS56). (( Les hords de la rivière Jejon étaient couverts, en cer- » tains endroits, de massifs de vigno chargés de longues » gra])pesd'uu raisin qui pourra devenii'un jour d'une grande •it valeur pour la production du vin. Son grain est rond et » petit, et ressemble beaucoup au Fox-grapedela Nouvelle-An- » gleterre; mais il est plus juteux, plus gros, d'un bouquet » plus agréable et plus riche en couleur. » Nul doute que M. Blake ne fasse ici allusion au fruit du cordifolia , tous les raisins sauvages étant indifféremment ap})elés Fo.r.-r/rapc. Sur li's sous-rariétés de vignes indigènes cultivées. Tandis que, dans la vue d'éviter la confusion dans la no- menclature, par une trop grande multiplicité (1(> noms, le bo- taniste s'eflorco de concentrer aulom- d'un type les variations accidentelles (pii ont pu éloigner une plante de sa forme nor- male, par des causes dépendanles du climat, du sol, du plus ou moins de lumière et d'humidit(\, riiorticulteui', au eon- Iraire, emploie tous les moyens artificiels possibles ponr niul- liplier ses variétés. Variété, jiourlui, a un sens tout dilTéreut de celui que le botaniste attache à ce mot ; ce ((ui n'est (pi'une anomalie insignifiante pour ce dernier, esl, ])our Vir.NES F.T VINS DES KTATS-INIS. .')l!t J'IiorticLilleur, une consitléralion plus sérieuse. Ce suul ces variétés anormales, quelquefois spontanément produites dans le sein des forêts, quelquefois par la main Iiabile de l'hortirul- teur, dont nous allons nous occuper ici. Les Américains, depuis quelques années surtout, sont pleins d'émulation pour la culture et l'amélioration des vignes indi- gènes; n'ayant pu réussir à acclimater les vignes d'Europe, ils ont voulu tirer parti de celles que la nature leur avait données, et ont réussi à prodnire des fruits agréables, propres à l'usage de la table et à la confection de vins qui pourront peut-être un jour rivaliser avec ceux qu'ils reçoivent de l'étranger. En voulant se libérer du tribut qu'ils payent aux nations viticoles de l'Europe, ils espèrent en même temps babituer peu à peu le peuple à une boisson plus saine et moins perfide (|ue celle des liqueurs alcooliques dont on a fait jusqu'ici un usage immodéré. De toutes parts se sont formées des Sociétés d'borticulture et de viticulture, dont les membres se communiquent le lé- snltat de leurs expériences et viennent soumettre à leurs col- lègues les produits qu'ils ont obtenus. Les plus considérables de ces Sociétés sont V American Pomological Society et la Grape-growers Society, (jui ont leurs ramifications dans tous les Etats de l'Union, et qui se réunissent tous les ans en con- grès, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre. De son côté, le gouvernement n'a pas failli à sa mission. Par l'influence du bureau d'agriculture attaché au Patent- Office, il encourage de tout son pouvoir celte louable tendance des citoyens vers les idées viticoles, en leur fournissant les moyens d'arriver à de bons résultats. Il commissionne des hommes capaldes, pour exi)lorer les régions encore peu connues, y chercher et en rapportei- les variétés de vignes sauvages qui leur semblent mériter raltention des viticul- teurs, auxquels elles sont distribuées gratuitement. Il accueille avec faveur, (\^n^\Q]owv\-\di\ Paient-Office Reports, pubhé à Washington, les communications d'hommes pratiques, tendant à répandre une plus grande lumière sur tout ce qui a rapport à la culture de la vigne et à la production du vin. Les Sociétés 3*20 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ci-(lossus désignées, ainsi qne les Sociétés (l'horticulture cl d'agriculture, ont également leurs journaux dans lesquels les vignes et leurs produits occupent toujours une large place. De ce concours de travaux, mis au grand jour de la publi- cité, est résulté un progrès immense dans la viticulture, et chaque année l'évèle la production de nouvelles variétés, dont les fruits, plus beaux, plus sucrés, plus précoces, jettent dans Tomltre les anciens raisins, naguère estimés le iiec ■plus ultra de la perlection des raisins indigènes. Le Gardeners Monthli/ de novembre dernier, publié à Philadelphie, raj)- porte qu'au congrès des (/rape-groujcrs (vitirulleurs), tenu à Laiicaster (Pcnsylvanie), en septembre dernier, il avait été présenté, j»ar trente-huit membres, cent variétés de raisins indigènes et treize de raisins étrangers, quoique la réunion, cette fois, lut peu nombreuse, en raison des troubles politi- ques qui agitent le pays et de l'absence totale des membres des Etats séparatistes. Chaque région de ce vaste pays a dû nécessairement cher- cher les variétés qui convenaient le mieux à son climat : ainsi, dans la Nouvelle-Angleterre, on cultive de préférence les Clinton, Concord, Hartford proli/ir, Plymoutli, Bartlett et Sage, qui sont des vignes précoces mûrissant leurs fruits avant les premières gelées. En Pensylvanie, dans la dernière réunion des Grape-growers, les prix ont été décernés dans l'ordre suivant : Concord, Belaware, Isabelle, Diana, Re- becca, Muscatawneij, comme raisins de table ; — Clinton, Catawba, Delaware, comme raisins à vin. Dans le congrès des viticulteurs, tenu l'an passé à Aiken, (Caroline du Sud), les prix furent donnés comme suit : Warren, Pauline, Catawba, Lenoir, Clinton, Seuppernony, comme raisins à vin ; Pauline, Catawba, Diana, Palnietto, Warren, Rebecca^ Scuppernong, comme raisins de table. Comme précocité, le //«r//on/ p'o////c a partout la supériorité. Le plus grand nombre de ces raisins sont de couleur tirant sur lenoir. Les principaux blancs ou ambrés sont les Rebecca, Muscatawneij, Plgmoutli, Arrott, Sugar-grape; les rouges sont les Catawba^ Delaioare, Fairfax, /iarflef f , Sage .Les ml- VIGNES ET VINS DES ÉTATS-UNIS. 321 sins noirs dérivés du Labriisca ont un parfum plus musqué que les blancs ouïes rouges, dont quelques-uns ontà peine un léger goût de cassis, auquel d'ailleurs on s'habitue promptement, au point de le trouver agréable. Quant à nous, après nous être amplement régalé de chasselas en France, dans l'été de 1860, nous sommes revenu avec plaisir au Catawba de notre jardin, qui était mùr à point à notre retour à Philadelphie. Vitjnes européennes en culture aux Etats-Unis. Dans les Étals atlantiques de l'Union, la culture en plein vent des vignes exotiques a complètement échoué; mais, élevées en serre, elles produisent des fruits aussi bons qu'on puisse le désirer. Plusieurs viticulteurs européens ont fait des essais infructueux pour y naturaliser les variétés de la vigne d'Europe : MM. Lakanal, ancien membre du congrès d'Herbermonl, Loubat et autres, ont employé, sous des lati- tudes dilTérentcs, tous les moyens que l'art viticole pouvait suggérer. Cl\oix de terrain et d'exposition, cépages, engrais, mode de taille, etc. , tout fut inutile ! Après quelques années de vaines espérances, après avoir produit des vins inférieurs, il fallut tout abandonner. Nous avons connu nous-mème, per- sonnellement, un excellent vigneron des environs de Fontaine- bleau, qui arriva aux Etats-Unis en J 821, avec toute sa famille, pourvu de plusieurs milliers de plants de chasselas et de moyens pécuniaires ; il parcourut le pays pour y chercher un terrain favorable, et finit par acheter une propriété, à quelques milles de Baltimore. Là il établit ses pénales et planta ses vignes. Il parut satisfait les premières années ; ses vignes semblaient prosi)érer ; ses premiers raisins étaient délicieux et se ven- daient bien. Dans l'année 182/i, époque de la visite du général LafayelLe aux États-Unis, la vente de son chasselas lui raj)- porta une somme de 12 à 1500 piastres : ce fut là l'apogée de sa prospérité et de son contentement. Les années suivantes, la nostalgie s'empara de lui à la vue de ses vignes qui dépé- rissaient sensiblement, et qu'il se vit bientôt obligé d'arracher tout à fait pour se livrer à une autre culture, ou retourner danssonpays. M. LongAvorth (de TUliio), aujourd'hui le vigne- T. IX. — Avril 1S62. 'il 322 SdClKTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. run le plus célèbre des Etats-Unis, avait iui-mèuie liiil de vains etl'orts pour acclimater les vignes de P>anec et de Madère, lorsque, de guerre lasse, il substitua à ces vignes rebelles le Catawba et le Herbermont, qui ont parfaitement réussi, et dont il retire chaque année, en abondance , des vins et des eaux-de-vie de passable qualité. Les régions de l'Amérique septentrionale (jù les vignes d'Europe se sont vraiment acclimatées sont les vallées du rio Grande, dans les anciennes missions d'El Pano, Bernalilla et Albuquerque, en Californie, dans les vallées du Gila, du Del Norte et autres. Là ditlérentes variétés du Vitis viniferu^ apportées par les missionnaires espagnols et cultivées avec intelligence, ont trouvé un climat et un sol qui leur convien- nent parfaitement. Selon les rapports du major Emory, de >Villiams, et autres voyageurs, dans aucun autre pays du monde la vigne ne réussit mieux que dans ces contrées : le sol , conqjosé des désagrégations des vieux rochers et de cendres volcaniques mêlées aux débris végétaux, est léger, poreux et d'une grande fertilité. En hiver, le froid y est assez vif pour détruire les insectes, sans nuire à la plante ;les pluies y sont rares pendant la lloraisoii, ou lorsque le fruit, arrivé à maturité, serait exposé à pourrir par l'humidité. Gonséquem- ment la vendange se fait presque toujours dans les meilleures conditions. Ln habitant de la Californie, cultivateur de vignes, nous a assuré que sa récolte de raisin n'a pas manqué une seule fois pendant les dix années qui viennent de s'écouler. Les Hispano-mexicains y faisaient du vin depuis plus d'un siècle, lorsque ces pays passèrent aux mains des Américains. D'abord la production du vin diminua sensiblement, par suite de l'émigration mexicaine et de la préférence que les Yankees ont pour les liqueurs spiritueuses ; mais peu à peu, surtout en Californie, les Français, les Allemands, les Espagnols et (juelqwes industriels américains, voulant profiter des avan- tages ({u'offraient le sol et le climat, et trouvant partout la plante en abondance, se livrèrent avec ardeur et émulation à la culture de la vigne et à la production du vin. [La swlo au \iruchaiii numéro.) GHAINKS DEb PlîliNGlFALES PLANTES ALIMEMAIRES DE LA PHOVLNCK DE QWANCi-TONG (1), OffcrteJSi par 9I»>' GLILLEMIK. 1. Ka'u-llaiiy .... Sorgho à siicic. 2. Pé-ko Amandes veiinifiiges du Gingko biloba, 3. She-li ...... CliàlaigiR- de pierre. !^. Mou-pi-lx.c. . . . Cuciirbilacée sau\ âge, grosse espèce, médicinale, cl peul-êUe tinctoriale ; plante persistante, ligneuse, dont la graine est entourée d'un périsperme onc- tueux et d'un rouge écarlate. 5. Tchu-ma Chanvre chinois, première variété. Les Cliinois possèdent encore deux autres variétés de plantes textiles, le Ko-pou, fourni par la plante alimen- taire Ko, sans doute une variété de lin. Les soldats tar- tares en font surtout nn grand usage pour leurs vête- ments d'été. La troisième variété du Po-lo-ma-pou, espèce de Chanvre rustique, supposé être le Chamœrops excelsa ou 'Hemps-aloes. Cette étoffe est très peu estimée et se vend à très bas prix. 6. H'eï Iche-nia. . . Sésame blanc et noir (plantes oléifères}. 7. l'e-trhc-ma. . . . (Supposé textile). 8. Sze-kiva {Trichosantlips.) Cucnrbilac(''e alin)enlalre. 9. Pou-bu-kira. . . {Cucurhita.) Courge sauvage. 10. Tch'ou-teou. . . . Pois de Bambou (alimentaires). 41, 'Honij-teou .... Pois rouges (alimentaires). 12. H'eï-teou Pois noirs (alimentaires). l'a. Hoang-teou, . . . Pois jaunes, dont les Chinois l'onl le fromage appel»'- teoH-fou. C'est le pois oléagineux par excellence. itl. L'ou-teuu Pois verts, dont les Chinois font un vermicelle fin, ou lou-teoii-szc ; et un vin très estimé, lou-tron- tsiéou. 15. Hong-teou-ko. . . Dolichos rouges, ou Pois longs, se mangent verls. 16. Pienn-teou. . . . Pois plats (alimentaires). 17. Our-mi-teuu. . . . Pois à so;/;/, ser\ant à la confection des pâtes, vermi- celles, connus sous le nom de ])e-teûU'SZc. 18. 'Hiànii-nu-koa, . Hiz odoriférant, : les eaux de plusieurs rivières roulent des sables aurifères; les lianes des montagnes du Kouang-tong et du Kouang-si cachent des |»épites de toute grosseur, que les habi- tants appellent Jiommg-i/a ou dents jaunes pétrifiées du ser- pent. En Corée, me disait dernièrement, à Ilong-kong, un mis- sionnaire de ce pays, l'or est si commun, que le souverain de ce royaume, ennemi de tout commerce extérieur, a défendu, sous les peines les plus sévères, d'en introduire de nouveau dans la circulation, de peur de troubler la valeur des monnaies. La Chine possède également une quantité considérable d'ar- gent, de fer, d'étain, de plomb, de cuivre, de mercure et de pierres précieuses de toutes sortes. J'ai pu visiter deux grandes houillères, celle deTai-chan près Taingan-fou, dans le Chan- tong, et celle de Ta-chingouan, dans le Tchili, et ma con- viction est que, par une exploitation habile, on pourrait, à 320 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE zooLonrouE d'acclimatation. 1res peu de frais, en extraire tout ce qui serait nécessaire pour suffire aux l)esoins du commerce européen dans l'extrême Orient, et pour alimenter en même temps l'industrie dans les provinces du nord de l'empire. Les arbres les plus variés et les plus utiles croissent dans ces immenses contrées ; nulle part la botanique, l'agriculture et l'borticulture ne peuvent compter autant de genres et d'espèces. Les côtes de la mer, depuis le golfe du Leao-tong jusiju'à l'extrémité de la province du Kouang-tong, les lacs, les étangs, les rivières, donnent continuellement les meilleurs poissons. Dans les eaux des Chouzan plus de cent mille pêcheurs viennent chaque année jeter leurs fdets, et vivent ou scnrichissent du produit de leur travail. Un seul règne, le règne animal, a été moins favorisé. Aussi, pour sui)pléer à cette source si productive de l'alimen- tation, les habitants, poussés par la nécessité mère de l'in- dustrie, ont clierch(' à tirer parti de tous les légumes, her- bages, plantes et racines qui poussent spontanément dans les campagnes, et sont parvenus à en approprier la plupart à leur nourriture. Ce besoin de vivre, cette crainte constante de la disette et de la famine, augmentant avec l'accroissement de la population, ont fait que l'agriculture a toujours été tenue en très grand honneur en Chine, où elle est regardée, dit le C/tou-hmg, comme la source des richesses de l'Etat, Les Chinois sont parvenus à faire rendre à la terre tout ce qu'elle peut produire. Améliorations, renouvellements et refontes de terrain (suivant l'expression chinoise) qui en changent la nature, et lui donnent une fertilité factice et artificielle, grande et petite culture, tout a été étudié avec soin par ce peuple observateur. Les flancs mêmes des montagnes, comme je l'ai remarqué aux Chouzan et dans le Chantong, sont défrichés et livrés àla production. On voit des plaines entourées de collines qui, depuis le pied jusqu'au sommet, sont coupées de terrasses s' élevant quelquefois en grand nombre, et toutes couvertes de céréales ou de rizières. On se demande alors comment ils ont pu faire parvenir f eau à de pareilles hauteurs. Mais on dirait qu'ils se font un jeu des difficultés, et que, maîtres de la nature, ils en disposent à leur volonté. Pour alimenter leurs Pf,ÂNTES POTAr.KRES DE CHINE. 327 mafinifiques irrigntions, ils forent des puits à de? profondeurs extraordinaires et vont chercher l'eau dans les entrailles de la terre. Aussi on ne trouve nulle part des jardins potagers aussi bien disposés, cultivés avec autant d'art et de méthode, et, malgré l'épuisement du sol , produisant un revenu aussi abondant. Cette attention extrême à tirer parti de tout les a conduits à examiner une à une chaque parcelle de trésor que la Provi- dence a mise à leur disposition. Ils ont pris les métaux, en ont analysé les éléments et les propriétés (il y a plus do deux mille ans qu'ils font usage de mi-to-seng et de l'arsenic pour guérir les fièvres intermittentes rebelles); ensuite ils ont allié les métaux entre eux (le Pentsao-kangmou prétend qu'autrefois on connaissait ^00 espèces d'alliages de cuivre) ; puis ils les ont travaillés, et de leurs mains sont sorties ces merveilles de l'art, dont malheureusement le temps a déjà détruit les plus belles, malgré le soin tout particulier que ce peuple emploie à transmettre ses découvertes et ses connaissances aux géné- rations futures. Quant aux plantes et aux végétaux, il n'est pas une seule espèce dont il n'ait étudié les vertus et les dan- gers, pas une seule dont il n'ait reconnu et enseigné le meil- leur usage , et la préparation de la fleur, de la feuille, du suc végétal ou de la racine. La Chine est donc la mine la plus riche qui puisse nous être ouverte. Les missionnaires , ces courageux champions de la foi, qui, dans les contrées lointaines, n'oublient jamais leur patrie, quelques fonctionnaires dévoués à leur pavs, quelques voyageurs, intrépides soldats de la science, nous ont déjà révélé une partie des richesses de cette mine inépuisable. Mais n'y a-t-il plus rien k faire, et doit-on attendre, pour com- mencer des recherches sérieuses, que cet empire disparaisse au milieu des horreurs de la guerre civile ? Les maux qui l'ont frappé depuis vingt ans sont si effrayants, la perturbation dans les esprits est si grande, que les Chinois les plus intelhgenls et les plus perspicaces doutent maintenant de l'avenir et crai- gnent que les orages qui s'amoncellent chaque jour à riiorizon ne finissent par engloutir dans un nnufi'age général le vaisseau :^28 SOCIÉTK IMPERIALE ZOOLOGÎQUE D ACCLIMÂTATIOX. lie l'État avec tout ce qu'il porte, souverain, peuple et pro» (luils de la civilisation. Un gouvernement sans unité, sans moyens d'action, sans finances, sans armée ; humilié à l'extérieur, abaissé à l'intérieur et dégradé aux yeux de ses peuples ; servi par des agents infidèles, corrompus, ignorants et méchants ; trop faible pour se sauver lui-même, trop orgueilleux pour demander secours ou conseil aux autres ; trop peu intelligent pour comprendre que les populations souffrent et que le temps des réformes est arrivé ; trop peu énergique pour reconstituer sur de nouvelles bases son administration, impuissant à arrêter les progrès du mal et incapable de faire le bien : voilà le pouvoir actuel en Chine. Des masses sans croyance religieuse , dépourvues de ces nobles sentiments qui engendrent les grandes nationalités ; empoisonnées physiquement par l'opium et moralement par certaines idées que l'on a fait germer à dessein parmi elles ; se riant de la piété filiale, cette vertu qui jadis avait perpétué de oénération en génération toutes les vertus sociales et patrio- tiques des Chinois; sans respect pour la loi, que personne ne connaît plus ; exécrant tout ce qui touche au gouvernement ; poussées par les plus mauvaises passions, exaltées par la haine, entraînées par la soif du pillage, rendues féroces par la vue du sang; tuant, brûlant et saccageant sans but; égor- geant femmes, enfants et vieillards; forçant les jeunes gens à s'enrôler sous leur bannière, ne laissant sur leur passage que des ruines; honteuses de l'avenir et du jugement de la posté- rité ; détruisant les ateliers, les moules, les creusets, livrant aux flammes bibliothèques et imprimeries : voilà les fameuses bandes de la Chine. Quant aux populations, abruties par le despotisme et la peur, toujours prêtes à fuir sans savoir où trouver un asile ; incapables par conséquent de se livrer à l'an-riculture, au commerce ou à l'industrie ; souvent forcées d'errer à l'aventure, de mendier dans les villes ou sur les routes, et quelquefois de mourir de froid ou de faim sur la voie publique, après avoir passé par tous les degrés de la misère et de la dégradation: tel est le peuple aujourd'hui dans le Céleste Empire. PLANTES POTAGERES DE CIIINR. 320 Le mal est bien grand et ses racines bien profondes. La révolution n'est plus l'œuvre d'un parti ou de plusieurs partis, elle est dans les idées oi^i elle a jeté une perturbation com- plète. La Chine ressemble à un immense éditîce dont les fon- dations sont usées, et qui finira par crouler s'il n'est pas étayé solidement en attendant qu'on en rebâtisse un autre. Quelles pertes alors pour l'Occident ! que de richesses sans nombre enfouies sous ces ruines et dont la Société d'acclima- tation aurait pu doter la France! L'incendie desmanuf;ictures, des bibliothèques et des imprimeries de Ilang-tcheou-fou, Sou- tcheou-fou, Nankin, etc.; les abominables atrocités commises dernièrement à Xlngpo (cette patrie de l'ébénisterir) et dans tant d'autres villes du Tchekiang, duChantong, dullonan, etc.; la menace desïaipings de détruire Changhai et les concessions européennes : tout cela n'est-il pas de nature à inspirer des regrets et des craintes pour l'avenir du commerce, à l'industrie et aux sociétés savantes qui se sont donné la noble mission de rechercher dans le monde entier les meilleurs produits de l'art et de la nature, afin de les approprier à leur pavs? Pardonnez-moi, monsieur, cette longue digression ; mais j'ai pensé que vous, l'adepte si fervent de la vérité et du progrès, vous ne m'en voudriez pas de vous avoir commu- niqué les impressions que je rapporte de ces pays lointains, ei de vous avoir fait part des appréhensions que j'éprouve en songeant que mon pays est peut-être à la veille de perdre à tout jamais des richesses et des ressources qui ne se trouvent nulle part ailleurs. Si j'ai eu tort, veuillez en tout cas excuser le fait en faveur de l'intention. J'ai l'honneur de vous informer que je tiens à votre dispo- sition les 53 espèces de graines potagères dont j'ai parlé au commencement de cette longue lettre. J'aurais désiré pouvoir vous remettre en même temps les échantillons de minéraux et les spécimens de plantes médicinales; mais j'aurai besoin encore de quelques jours pour terminer un ouvrage sur la médecine chinoise, que j'ai fait sur les lieux, avec le concours des plus habiles médecins et lettrés du pays, et qui me per- mettra de donner sur ces minéraux et sur ces plantes tous S.'^O ;;OCIKTK IMPKRTAI.E ZOOI.Or.lOTIF, d'ACCLIMATATION. les reiiPPignemonls qui mo soront domanclrs. ,[p joins à cotlc lettre une notice sur le nom, la nature, les propriétés de chacune des 5o plantes alimentaires, ainsi qu'un tableau des moyennes des observations méléoroloiii(|ucs faites à Tien-tsin par M. Larivière, médecin-major de première classe. Veuillez agréer, elc, . P. Daiiry. LISTE DES PLANTES POTAGÈBES. Kieou-lsai (Allium au^Tilosuin). Pe-tsai (Sinapis pekinensis)-, 3 espèces. Po-lsai ou Pû-ling, ou Po-sae-isai, ou Tche-keii-laao (Spiiiacia uleracea). A'te-^sec(Solanummelongeiia) ",2 espèces: Ke-kie-lsee, Pe-kie-tsee. f,o-pe (Raphanus salivus) ; 2 espèces : Kou'lo-pe, Kan-lo-pe. Kong-lû-pe (Beta). Pe-Io-]ie (Raphanus chinensis). Tnng-hao (ApiumV Kin-tsai (A])ium sativum) , espèce par- ticulière. Ta-me (Triticum). Siao-my (Pauicum niiliaceum). Taonçj (Cepa chinensis). Kiai-lsee (Sinapis chinensis). Yucn-souy (Coriandrum sativum). 7'.s'/;(-/('oî( (Pliaseolus radiatus) ; 2 espèces Siao-teou (Phaseolus mungo); 3 espèces : Siao-lenu, Kiang-teou, Tche-siao- leou. Ngan-lan-lsan (Phaseolns luiialus). Pe-he-leou ( Doliclios caliang) ; 2 es- pèces: Pe-he-teou , Siao-hong-teou. Hùunng-leoft (Dolichos soja) ; 2 espèces : llduaug-teou, He-leou. Teou-kk) (Dolichos chinensis). Tsan-teou (Faba). Nan-koua (Cucurbita melopepo). Sy-koua (Cucurbila citruUus); 2 espèces : Sy-koua, Ouo-koua. Ilon-koua (Cucurbita lagenaria) ; 2 es- pèces : Hou-koua, Hon-loii-koua. Toiig-koua (Cucurbita pepo). Kou-koua (Moinordica charanlia) ; 2 es- pèces : Kou-koua, Sji-kou-koua. S!ou-koua (Momordica luffa). IJoiiang-koua (Cucumis sativus) : 2 es- pèces : Honang-koua, Lao-ly-houang- koua. Sse-koua (Momordica cylindrica). //(aJî^-feoua (Cucumis melo); tO espèces : Tie-pa-koua, Fong-koua, Tchouarig- koua, Hiaiig-ya pe-koua, Ouo-jang. koua, K omit - py eut. - koua , Txce- mnly - koua , Tsy - lao - hng-houa , Pa-leou-lsiun-koua, Tsin-py-hiang- koua. //(ju-»na(Sesr(mum orientale); 2 espèces : Hou-rna, Ile-tsee-nia . K\en-kan-lsai. Pie-lan. Leang-choui-Kiai . su; (,A POMME DE TERRE DE SAINTE-MARTHE. P«r M. LAFFILET. (Séance du 14 mars 1862.) J'ai l'honneur df vous adresser quelques détails sur les produits de la Pomme de terre de Sainte-Martlie. Vous vous rappelez notre déception en 1858, dans la cul- ture de cette Pomme de terre; mais M. Chertemps et moi nous étions décidés à poursuivre nos expériences. Bien nous en a pris, car le succès me parait aujourd'hui assuré. Nous avons ohtenu successivement des récoltes de plus en plus réguhères et abondantes; les tubercules sont généralemenl de grosseur égale, et les liges prennent de moins en moins de développement. J'ai obtenu cette année un rendement de viîigt \nmv un ; c'est là un résultat auquel nous ne sommes plus accoutumés avec toutes nos vari(''tés liàtives. Vous vous étonnerez peut-être que nous ayons renoncé aux espèces tardives, si prolifiques; la raison en est que la mala- die jusqu'alors paraît s'être fixée plus particulièrement sur les variétés tardives, la diardon exceptée. Pour ne pas tout perdre, on a abandonné ces espèces, mais les hâtives sont loin de donner des récoltes aussi abondantes. Si la Sainte- Marthe continue à être exempte de la maladie, et qu'elle nous produise de 300 à 350 hectolitres à l'hectare, comme je l'ai récoltée cette année, elle nous rendra de i)ien grands services. M. Chertemps et moi nous distribuerons à nos collègues de la Société d'agriculture de Melun une assez grande quantité de tubercules ; nous n'en continuerons pas moins nos expériences, et j'aurai l'honneur de vous l'aire connaître les résultats. Jusqu'à ce jour, je n'ai pas eu de tubercules malades. M. Chertemps en a eu quelques-uns en 1860; mais il avait planté dans un pré défriclié, et cette circonstance pourrait expli- quer le développement de la maladie. La Sainte-Marthe est bien faite; ehe se prête très bien aux usages domestiques; son goût est parfait. Il serait bon que l'analyse en fût faite pour connaître sa riches>e en lécule et en matières sèches. DE LÀ CULTURE DES COCOZZELLl, Par M. !«' professeur CASPARIIVO (de \aples). (Séance du 28 mars 1862.) Los Cocozzelli de Naples sont les iriiit? (runc courgo nommée en botanique Cuciirbita pepo. La eulture en est très facile. Il faut que le terrain soil ameubli, bêché et engraissé avec du fumier bien fermenté. On peut cultiver la plante isolément ou l'associer au maïs ef à d'autres plantes potagères. On la sème au mois de mars ou au commencement d'avril, en plaçant la graine dans de petits trous à la distance d'un mètre environ l'un de l'autre, que l'on recouvre avec de la terre humide. Il faut que cette hu- midité soit entretenue, surtout dans le temps de la pousse. On laisse pousser librement les petites plantes, ayant bien soin de les arroser. Elles étendent à peu de distance leurs branches, qui d'hal)itude ne sont pas rampantes. Elles com- mencent à fleurir un peu plus tôt ou un peu plus tard, selon l'époque à laquelle elles ont été semées. Si cela a lieu à la fin de mars, on obtient généralement les fruits deux mois a|)rès. Quelques jardiniers sèment cette courge en temps d'hiver, dans des pots garantis des froids, pour la transplanter ensuite au mois de mars, et en obtenir plus vite les fruits, que l'on inange avant qu'ils viennent à maturité. On peut manger également les bouts des branches, (jiiand ils commencent à porter les boutons des Heurs. II. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉI'iALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 11 AVRIL 1862. Présidence de M. Drouyn de Lhuys. Le procès-verbal est lu et adopté. M. le Président lait connaître les noms des membres nou- vellement admis : MM. Ballereau (Julien), architecte, à Napoléon- Vendée. Baux (Alphonse), négociant, à Marseille. Blanchard (le général), à Paris. Dabry, capitaine, à Paris. Didier, éditeur, à Paris. Falguera y CiUDAD(.Jose), général de brigade de l'armée espagnole, ta Madrid (Espagne). Gaillard de Ferry (Amédée), consul général de France, à Paris. Halwin de Piennes (le marquis), à Perriers (Manche). Houdetot (France d'), propriétaire, au Havre. Lazareff (le général comte de), à Saint-Pétersbourg, et à Paris. Leblanc, notaire, à Braine (Aisne). Leroy (Louis-Emile), pharmacien, à Paris. Mac-Mahon, duc de Magenta (le Maréchal de), à Lille (Nord). Pillet, rédacteur en chef du Journal des villei: et des rtimpagnes, h. Paris. pRioi'x, négociant, à Paris. Vauvert de Méan (A.), vice-consul de France, à Blyth- Xorthumberland (Angleterre) . Wassenaer de Catwyck (le baron de), chandDellaii, maître des cérémonies de S. M. le roi des Pays-Bas, à la cour de S. M. la reine mère, à la Haye. ."^3/1 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE D'ACCLIMATÂTION. — 11 est donné lecture d'une lettre de M. Carlos Calvo, mi- nistre du Paraguay, à Paris, (jui exprime à la Société les remer- cîments, pour leur récente admission, de Son Exe. dim Carlos Antonio Lopez, président de la réi)iiblique du l'araguay, et de Son Exe. le général don Francisco Solano Lopez, — MM. de Salm-Hefterslieini , Herbet, Lebrun, Mercier, le docteur Espiau de Lamaestre et le général Blanchard, adres- sent leurs remerciments pour leur récente admission. — M. Ballet exprime sa reconnaissance pour la récompense (pie kii a décernée la Société, dans sa séance publique annuelle. Son Exe. le Ministre de l'inlérieur annonce sa souscri})- lion poui' réreclion d'une statue à Daubenton. M. Pouebet, délégué à Rouen, fait parvenir le montant de celles qu'il a recueillies et qui représentent une somme importante. — S. Exe. le Ministre de l'agriculture et du commerce transmet une demande de graines et d'animaux laite par la Société d'acclimatation des Côles-du-Nord. — M. Gustave Vincbon, qui va établir sa résidence à Rio de Janeiro, lait ses olYres de services à la Société. — Remer- ciments. M. H. Roux annonce l'arrivée, à Londres, de trois Èineux (Dromées) envoyés, au nom de la SociiUé d'acclimatation de Victoria (Australie), par notre honorable confrère M. le doc- leur Mueller, de Melbourne. — M. Richard (du Cantal) l'ait connaître les bonnes condi- tions dans lesquelles se trouvent les Yaks et les Chèvres d'Angora du dépôt de Souliard. — M. Ramel signale une erreur qui s'est ghssée au Bul- letin (p. l/i3) : c'est à Sydney que les Moutons 0)ii/-ti doiveni être introduits. M. Barthélemy-Lapommeraye annonce l'envoi, pour le .lardin d'acclimatation, de deux Cochons des Canaries, olïerts par M. Sabin Berthelot, membre honoraire. — M. Noël Suquet, directeur du Jaidin zoulogifpic dcAhir- seille, annonce qu'il a })réparé tout pour obtenir cette année une nouvelle génération d'Autruches sur le sul franrais. PROCÈS-VERltAUX. :^3o — M. Busnuillon de Jenlis et M. le directeur de V institut normal ai/ricole de Beauvais adressent de nouveaux docu- ments sur ]e Pic vert, et émettent l'avis que cet animal rend des services ([ui doivent lui faire pardonner les inconvénients (ju'il peut offrir. — M. Beaussier, auquel la Société est redevable de nom- breux envois d'œufs de Perdrix Gambra , annonce (ju'il ne pourra, cette année en fournir à la Société, par suite des me- sures prises par Son Exe. M. le Maréclial gouverneur général de l'Algérie, pour sauvegarder le gibier, — M. le directeur général des forêts adressi,' à M. le Prési- dent des observations à l'occasion du discours prononcé à la séance annuelle de la Société du 'iO lévrier dernier, sui' la fertilité et la culture de l'eau. Il résulte de ces observations, que l'administration des forêts contirme la parfaite exactitude desrenseignementsslatistiques consignés dans ce discours et fournis par elle, relativement au besoin d'éclosion et d'alevinage ; mais qu'elle est complè- tement étrangère à la partie spécialement consacrée à l'apjjré- dation des travaux de M. Millet. Ce n'est pas, suivant elle, à une initiative individuelle, c'est à l'impulsion donnée par les supérieurs hiérarcbiques, et à l'active et intelligente coopé- ration des agents que revient le mérite des résultats importants qui ont été obtenus par l'administration forestière. — M. Bretagne annonce le prochain envoi de plusieurs spécimens de Prere, mollusque alimentaire sur lequel il a attiré déjà l'attention de la Société. — M. Jules Rengade adresse une léponse sur le Question- naire relatif à la Vipère. — MM. A. Jonde et Ed. Mérilan, de Cavaillon (Vaucluse), font parvenir le prospectus d'une Société pour la réhabilitation du commerce de la graine, ou association mutuelle des grai- neurs et des propriétaires éducateurs, ainsi que des échantil- lons de cocons obtenus dans leurs magnaneries expérimen- tales. — M. Flury-Hérard lransm<;l des graines de Ver yu/ikij,,^ première (jualitè, envoyées de Bucharest par M. Horry, chan= 336 SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. celier du consulat, à la demande de notre zélé conlVére M. Poujade. — M. l'abbé Voisin fait connaître quelques-uns des moyens usités par les Chinois pour conserver la graine de Ver à soie dans les meilleures conditions. (Voy. au Bulletin.) ; . — M. Rémi Schrnidt adresse ce qui lui reste d'une collec- tion de graines de Ver à soie et de diverses plantes du Japon qu'il avait fait recueillir, et qui a malheureusement été pres- que complètement gâtée pendant la traversée; des Faisans dorés du Japon, ({u'il destinait à la Société, ont péri égale- ment. — Des demandes de graine de Ver à soie sont adressées par madame Bernard (de Pamiers) et M. le chevaher Spinelli (de Naples) . — M. Radiguet fait connaître les bons résultats obtenus par plusieurs personnes de la culture de la Pomme de terre de Sainte-Marthe. — M. Brierre (de Riez) adresse deux nouveaux dessins de plantes dont il vient d'obtenir la germination. — M. Ballet annonce l'envoi de Pommes de lerre lilmi- cliard, et ajoute qu'un bon procédé pour empêcher la maladie de ces plantes consiste à laisser verdir à l'air les tubercules avant de les planter. — Le Muséum d'histoire naturelle transmet trois paquets de graines d'Egypte envoyées par S. Exe. Kœnig-bey, et pro- venant sans doute des récoltes de feu le docteur Peney. — Les Sociétés d'horticulture nantaise et d'horticulture de Meaux, MM. de Kirwaii, Léon Maurice, d'Avène, Radiguet, Félix Passy, Lavœstine, P. Séguin, Pin, Belhomme, llullard, Schneegans et Lachadenède, adressent leurs remercîment^ pour les graines qu'ils viennent de recevoir. — M. P. Sagot fait hommage de ses Etudes sur lu vêyétu- llon des plantes potagères d'Europe à lu Gui/uue fra)u^aise. — Remercîments. — M. Chazaud ollre uu exemplaire de ses b'rut/ments du cartulaire de la chapelle Aude, in-8, J86(). —Remercîments. — M. le Président annonce (pie le Conseil a admis au nom- PHOCÈS-VERBAUX. 337 bre des Sociétés agrégées ]a Société d'agriculture de l'arron- dissement de Saint-Omer, qui lui en a adressé la demande. La Société ratifie cette décision par un vote unanime. — Son Exe. le Ministre delà marine et des colonies annonce qu'il confie à la Société des graines de Tek (Tectona) et de Santal de f Inde {SantaUim album), qui ont été destinées aux trois pépinières du gouvernement en Algérie, et aux Sociétés et membres qui habitent le Midi. — Remercîments. — M. Althaminer, d'Arco (Tyrol), informe M. le Président, qu'il met à la disposition de la Société la somme de 1000 fr., valeur de la médaille qui lui a élé décernée, en février dernier, exprimant le désir que cette somme soit employée à la fon- dation d'un prix spécial. — Des reinercîments ont été transmis, au nom de la Société, à M. Althammer, pour cette olï're géné- reuse. — M. de Micheaux informe M. le Président de la perte com- plète de graines de Vers à soie du Japon, que M. Ducliesne de Bellecourt avait envoyées par son entremise à la Société. — M. Berthelot adresse un Rapport sur la réorganisation du Jardin de f Orotava, aux Canaries. (Voy. au liulletin.) — M. Haussmann, consul de France au cap de Bonne-Espé- rance, fait don au Jardin d'acclimatation de deux petites Oies de montagne de ce pays. Ces animaux, qui sont arrivés en bon état à Paris, sont des Oies d'Etji/pte; et il semble résulter de ce fait intéressant pour f histoire naturelle, que cette espèce se trouve répandue dans toute FAfrique. — Bemercîments. — M. Cézard, armateur de Nantes, vient d'enrichir le Jardin d'un des plus beaux oiseaux que l'on connaisse. C'est le Gourn ou Pifjeon cmironné, qui n'a été apporté en Europe que de loin en loin, et qui pourtant est très commun dans la Nouvelle- Guinée et dans les îles de f archipel des Moluques. « Je me souviens, dit Buffon, d'avoir lu dans quelques voyages qu'aux grandes Indes on élève et nourrit ces oiseaux dans des basses- cours, à peu près comme les Poules. Quoique le Goura soit gros comme un dindon, tous les naturalistes s'accordent à le placer dans le genre Pigeon, parce qu'il en a la forme du corps, les jambes, les pieds, les ongles, la voix, le roucoule- T. I\.— Avril 1Sr.2. 22 338 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'ACCI-IMATATION. menl elles mœurs. Rien de plus lendrc et de plus agréable à l'œil que son plumage. C'est un beau bleu cendré, rembruni sur les pennes des ailes et de la queue. Les couvertures des ailes sont d'un marron pourpre ; une auréole noire fait res- sortir les yeux, et la tète est couronnée d'un diadème de pe- tites plumes frisées, disposées en huppe et très mobiles. » Il n'est pas étonnant que ce bel oiseau soit un de ceux dont Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a recommandé l'acclimatation; il l'avait vu déjà reproduire au Muséum d'histoire naturelle en 18/i5. En 1857, la Société impériale d'acclimatation décerna une médaille à M. Thompson, sous-directeur du Jardin zoolo- gique de Londres, à l'occasion de la reproduction du Goura, qu'il annonçait comme devant être presque aussi facile que celle de nos Pigeons conununs. — M. le baron de Waechter offre à la Société l'ouvrage de MM. le baron de Hûgel et Schmidt sur les domaines et les fermes de S. M. le roi de Wurtemberg : Die GeUiite und Meiereien selner Majestat des Konigs IVilhem von Wurtem- berg. — RemercuTients. — M. le Président dépose sur le Inireau des exemplaires de plusieurs journaux qui renferment des articles relatifs à la Société d'acclimatation, et à la prochaine exposition de Vola- tiles au Jardin d'acclimatation ; ce sont : le Courrier de la Vienne, le Journal des villes et des campagnes ,\t Messager de Bayonne, le Toulonnais, Y Eclairenr de Coulommiers, le Jour- nal de Provins, le Journal des chasseurs, le Journal des Dé- bats, Diario de Barcelona, le Carlsruher Zeitung , le Zoolo- gische Garten in Frank furt, laFeiiille officielle suisse, V Esta- fette de Vauclnse, \e Courrier de la Vien?ie et des Deux-Sèvres, VAmi de l'ordre des Basses-Alpes. M. le Président annonce en outre que des publications analogues ont été faites dans les journaux hollandais, suisses, de Darmsiadt, etc., parles soins empressés de plusieurs de nos confrères. — M. le Président fait connaître la décision par laquelle le Conseil a chargé M. Lamiral d'une mission spéciale ayant pour objet de recueillir, sur les côtes de Syrie, des Éponges mères destinées à des essais d'acclimatation sur les côtes de pnor.Ès-VF.nriArx. o30 France et d'Algérie, et, à ce sujel, M. le Présidenl duiiiic lec- ture de lettres adressées par M. le Ministre de ragriculture et du commerce, et par M. Goste. — iM. le capitaine Dabry donne lecture d'un travail sur la médecine et la matière médicale chinoise (voy. au BuUetia), qui est renvoyé à une Commission composée de MM. Moquin- Tandon, Chatin, le marquis d'IIervey, Dabry et L. Souheiran. — L'ordre du jour appelle la discussion du Rapport relatii' au Pic verl. M. le comte d'Esterno pense que cet oiseau, dans beaucoup de circonstances, produit un dommage considéra- ble sur les arbres sains, et exprime le regret que la Commis- sion n'ait pas jugé à propos d'instituer une série d'expériences propres à éclairer la question. M. Berrier-Fontaine, président de la Commission, pense, au contraire, (pi'il y a lieu de protéger le Pic vert, comme émi- nemment utile. M. Florent-Prévost déclare que le Pic vert est exclusivement insectivore, et ({ue les quelques débris de végétaux qu'on a pu trouver dans son estomac ont été absorbés accidentellement. M. Millet dil que le Pic vert est 1res utile, (jue les arbres qu'il attaque sont toujours alleints par les insectes, même lorsqu'ils paraissent sains à un examen superficiel, et (|ue pour lui, les services rendus par cet oiseau compensent et au delà ses inconvénients. M. Debains ajoute que, dans son opinion, le Pic vort com- met, dans certains cas, des dommages réels. Après une discussion assez vive, l'élude de la question est renvoyée à la prochaine séance. SÉANCE DU 25 AVr.IL 1862. Présidence de M. T)R()i;yn he Lhi'YS. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. ■ MM. Ghavannes, délégué à Lausanne; Lecoq, à Clermont- Ferrand , et Gauvain, secrétaire de la Société régionale do Nancy, affiliée, assistent à la séance. 340 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. M. le Préf^ident proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM, Berryer (Pierre-Antoine), avocat, à Paris. Branicki (le comte Constantin), à Paris. FouQUiER d'Hérouel , pi'opriétairo , maire de Forest (Aisne). Gaillard (Henri), rédacteur du hjurnal des duisseurs^ à Paris. Gauville (le vicomie de), à Evreux (Eure). Geindre (Aristide), à Ciiampigiiy (Seine). Lambert (J.), à Tananarive (Madagascar). Louvencourt (le comte de), à Paris. Markowski (Ladislas), à Paris. Moisez, intendant militaire de la garde impériale, à Paris. Ottojano Medici (le prince), à Naples. — MM. le capitaine Dabry, Racotta, Gaillard de Ferry et Vauvert de Méan adressent leurs remercîments pour leur récente admission, — La Société d'acclimatation de Melbourne exprime par une lettre, en date du 18 février 18()"2, les profonds regrets qu'a inspirés à tous ses membres la nouvelle de la mort de M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire. (Yoy. au liulletin.) Elle annonce par une seconde lettre, en date du 22 février, la création d'une Société d'acclimatation pour la Tasmanie, à Hobart-town, et d'une autre Société semblable à Auckland pour la Nouvelle-Zélande. Elle envoie en outre plusieurs exemplaires d'une lettre sur l'acclimatation, faite à Sydney, par M. le docteur George Bennett, sous les auspices de la Société de la Nouvelle- Galles du Sud. — M. le Président, à la suite de cette communication, signale tout particulièrement cet beureux développement de notre œuvre dans ces colonies lointaines où l'acclimatation peut lorit à la fois intn.dnire tant de produits utiles et faire les PKOCÈS-VKliliAUX. ;j/j I plus riches conquêtes. Nous nous félicitons d'au(an( pins vi- vement de la création de ces quatre Sociétés d'acclimatation, qu'elles nous assurent toutes spontanément leur concours le plus bienveillant et le plus actif. — M. Tabouelle, d'Elbeuf, écrit pour assurer de nouveau de sa sympathie pour la Société et des efforts qu'il ne cesse de faire pour favoriser la souscription de Daubenton. — M. Anatole Bogdanoff (de Moscou) annonce l'envoi prochain de renseignements sur la race des Moutons Roma- nowski, étudiée par M. Gavrilow, et témoigne de son désir de pouvoir être utile à la Société. — Remerciments. — M. le comte de Damrémont , ministre de France à Stuttgardt et membre de la Société, annonce, par une lettre adressée h M. le Président, sous la date du 27 de ce mois, que la plus grande publicité a été donnée par les journaux wur- tembergeois au projet d'exposition de volatiles dans le Jardin du bois de Boulogne. A cette lettre est jointe une note sur les moyens de faire couver en domesticité les Cigognes et les Hérons, et que nous reproduisons textuellement : « Il faut élever au milieu de l'enclos oi^i sont les Cio-oo-nes une petite tour de 1"',50 de hauteur, dont le sommet soit de 1 mètre de largeur; sur ce sommet, étendre de la mousse et de menues branches, et en laisser quelque peu aussi parterre, à la disposition des oiseaux. Cette tour, faite' en rocher, doit être faiblement inclinée pour que les Cigognes ayant les ailes coupées, puissent se servir de l'inclinaison et des aspérités des pierres pour monter sur leur nid. » Pour les Hérons, on se sert d'une très grosse branche suffisamment inclinée pour que les oiseaux puissent monter le long de cette branche, à l'extrémité de laquelle on fait un amas de menu bois. » — M. le docteur Turrel, délégué de la Société à Toulon, transmet à M. le Président l'extrait suivant du procès-verbal de la séance du comité d'acclimatation de. cette ville du U avril 1862 : « M. le délégué appelle l'attention du comité sur l'inipor- 'Mi'l SOCIÉTÉ IMI'ÉUIALE ZOÛLUGIQUK d'âGCLIMATATION. » tance de l'Hémione et sur ropporlunité de l'introduire dans )) notre économie rurale. » M. le comte de Beauregard dit qu'en supposant qu'il ne » fût pas possible, vu la cherté des sujets, de se procurer un ■t> couple d'IIémiones, il serait du plus haut intérêt d'avoir un )) étalon qui servirait à régénérer la race asine, si avilie par » la négligence apportée au choix des reproducteurs. )> Cette lettre de M. Turrel est renvoyée au Conseil. La Société a témoigné, parla fondation d'un prix, l'intérêt qu'elle prend au succès des métissages que recommande le comité de Toulon. — M. Giot offre à la Société deux Renards de Montevideo qui lui ont été envoyés par son fils. — Remercîments. — M. Vauvert de Méan adresse à la Société une Note sur le Capercaillie. (Voy. au IhiUetin.) M. Sacc, délégué de la Société à Barcelone, appelle de nouveau l'attention de la Société sur les travaux ornithologi- ques de M. Boppe-Hermite, de Nancy. Il fait connaître en même temps qu'il existe en ce moment, au parc de la Tête- d'Or, à Lyon, une paire de yrands Tétras en voie de se re- produire; il propose enfin de faire prendre vivantes, dans les environs de Barcelone , des Perdrix bartavelles, qui y sont très communes. — Remercîments. — M. le seerétaire communique une Note sur les PJiolades ou Dali, que l'on voit dans l'aquarium du Jardin d'acclima- tati(jn. — M. le docteur Pailloux, de Saint-Ambreuil, membre de la Société, adresse une réponse au Questionnaire sur la Vipère. — MM. le marquis de .luigné et Séguin adressent leurs remercîments pour les graines qu'ils ont reçues. — M. Bouré, ministre plénipotentiaire de France en Grèce, membre de la Société, adresse à M. le Brésident un paquet de graines de YAbies reyinœ Arnaliœ décrit au Bulletin.. — M. llayes envoie, de Chandernagor, des graines de Cœsalpi.niabonduclla, et donne d'iiiléressanls renseignements sur les propriétés fébrifuges de cette plante. (Voy. au Bul- letin.) l'JlUCÈS-VEUliAUX. 3Z|3 — M. Belliuinnie, directeur du Jardin botanique de Metz, à qui la Société doit déjà plusieurs envois de végétaux utiles, fait encore don d'une petite collection de graines d'Orobi/s flaccklus et roseus, et de PiUosporum undulatum d'Austra- lie, récolté à Metz. — Notre honorable confrère M. Kreuter adresse, de Vienne, un jietit sachet de graines de Melons d'Esclavonie. — M. le secrétaire des séances annonce que M. Dabry lui a confié une collection de graines médicinales de la Chine, qui seront cultivées avec le plus grand soin. — Des reniercîraents pour les envois de graines qui leur ont été faits, sont adressés par la Société d'agriculture de Louhans, par MM. Decaisne, au nom de l'administration du Muséum d'histoire naturelle, le maréchal Randon, Lecuin, Rufz de Lavison, Reinhard, Brierre, Genesley, de Glatigny, Boisnard-Grandmaison , Lucy, Bezier, Baruffi , Phihppe, Leclerc, MaumenetetVinchon. — M. Laisné, membre du conseil général de l'Aisne, mem- bre de la Société, demande des graines de Zizania aquntica. — M. le chevalier de Paravey fait parvenir une lettre sur les moyens d'améliorer la race des Anes, en faisant venir des types reproducteurs de l'Orient, et celle des Abeilles, en intro- duisant une espèce de Saint-Domingue qui produit beaucoup plus de miel. — M. le docteur Godron adresse deux mémoires : 1" Sur les feuilles liiéquilatères; 2" Sur les bourgeons et les feuilles de Liriodendrou. tuliplfera. — Remercîments. — M. le Président donne lecture d'une lettre de M. l'abbé Albrand, supérieur du séminaire des Missions étrangères, qui témoigne de l'intérêt avec lequel ses élèves ont visité le Jaidin d'acclimatation. — La Société centrale d'horticulture du Calvados adresse sa souscription pour la statue Daubenton. — M. Gauldrée-Boilleau fait parvenir trois brochures : 1° Rapport sur le commerce du bois, par M. W. Quinn ; 2" Some Remarks on Canada timber ; 3" Collection des pro- duits des eaux et furets du. bas Canada. Il indique en mèîue 3/l/| SOCIÉTÉ UirÉlilALE ZdUlAMilQL'E d'aCCLIMATATION. temps qu'il y aurait des expériences iuléressanles à faire sur les Vignes et les Pommes du Canada, cl envoie une Noie sur l'Erable à sucre. (Voy. au ^? novembre derniers, je vous ai fait connaître que des instructions étaient données à MM. les gouverneurs des colonies et à MM. les commandants en chef de la Cochinchine et des divisions navales de l'océan Pacifique et de la côte orientale d'Afrique, afin que des animaux vivants d'espèces originaires de ces possessions fussent recueillis et envoyés en France [lour être l'objet d'essais d'acclimatation. J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint copie de la communication (pii m'a été faite par M. le gouverneur de la Martinique, en réponse à la recommandation qui lui avait été adressée à cet égard, le 28 septembre dernier. Recevez, monsieur, etc. Le Ministre de la marine et des colonies. Signé Comte de Chasseloup-Laluîat. u Porl-(le-France, le 10 février 1862. » Monsieur le Ministre , » M. le directeur du jardin des plantes a été saisi, dès sa réception, de la dé- pêche de Votre Excellence, en date du 28 septembre dernier, appelant l'attention de l'administration sur une demande fuite par la Société d'acclimatation de Paris, à l'effet de recevoir des animaux vivants originaires de la Martinique, notamment des Manicous et des variétés de Colombes. » M. Bélanger fit alors judicieusement observer que la saison, déjà fort avancée, ne permettait pas de faire l'envoi en Europe de ces animaux qui, infailliblement, mourraient dans la traversée. » Aujourd'hui, monsieur le ministre, j'ai l'honneur d'informer Votre Excellence qu'on s'occupe de réunir les espèces demandées par la Société d'acclimatation, et de les élever en captivité, afin qu'elles soient en état de supporter avec succès le voyage à partir du mois de mai prochain. Béjà on a pu s'assurer d'un certain nombre de Colombes, mais il ne faut pas se dissimuler que plusieurs espèces, et notamment les Ramiers, seront fort difficiles à apprivoiser. J'ai d'ailleurs prescrit que la dépense qui pourrait résulter de la réunion de ces animaux et des soins à leur dormer pendant la traversée fussent supportés par la colonie. « J'ai l'hoimeur de faire connaître à Votre Excellence , en répondant à la demande de la Société d'acclimatation, que M. Bélanger serait heureux de lui procurer, dans la limite du possible, tous les végétaux de notre colonie qu'elle pourrait désirer. Ce serait un moyen d'ouvrir entre notre jardin des plantes et le Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne des relations d'échange qui seraient, je n'en doute pas, profitables à tous les deux. Comme il est préférable d'expé- dier en Europe des végétaux vivants pendant les mois d'avril et mai, il serait utile que Votre Excellence vouliit bien, en faisant à la Société d'acclimatalion l'ofi're de notre concours, l'inviter à adresser, par le paquebot du mois de mars, la liste des plantes qu'elle désirerait recevoir. 1) Je suisj etc. Le contre-amiral, gouverneur de la Martinique, » Signe de Manssion de Conué. » FAITS DIVERS. 3/19 Lettre de Soji Excellence le Ministre des affaires étrangère.^ à M. le comte d'Éprkmksn'il, secrétaire général de la Société d'acclimatation. P.-iris, le 27 mars 18G2. Monsieur le comte. Conformément à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, le 28 du mois dernier, je m'étais empressé de faire savoir à l'ambassadeur de Sa Majesté Britannique à Paris, que la Société impériale d'acclimatation recevrait avec reconnaissance une demi-douzaine de pieds de Cinchona. Le comte Cowley vient de m'informer que le secrétaire d'Ktat pour l'Inde a transmis à M. Hooiier, directeur des jardins royaux de Kew, l'ordre de saisir la première occasion favorable pour satisfaire au désir exprimé par la Société impé- riale d'acclimatation. Recevez, monsieur le comte, etc. Le conseiller d'Klat, directeur des consulats et affaires commerciales, Hkubet. C.liandernagor, ce 19 janvier 1862. Monsieur le Président, M. Boudonnet, lieutenant d'infanterie de marine, qui rentre en France et passe à Paris, a eu l'obligeance de se charger pour vous d'un paquet de i,'raines fraîches de Jute [Corchurus capsularis, Linn.) dont la fdasse sert à faire les sacs de gony ou d'emballage. La demande considérable qui en est faite aujourd'hui dans l'Inde par notre commeice me fait penser que l'acclimatation de celte [daiite en Algérie et dans le midi de la France serait importante. Dans l'excellent ouvrage de Dr. Royle sur les plantes fibreuses de l'Inde, il est dit que les graines de cette plante sont semées en avril ou mai, époques auxquelles il y a apparence de pluies modérées; que les fleurs se sont faites en juillet ou août et ont passé, et qu'alors la plante mûre, qui a de 3 à 12 pieds de haut, est coupée pour être rouie, opération qui demande beaucoup de soins. Recevez, monsieur le Président. J. Hayes. Lettre adressée par M. P. Ramel à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Paris, 17 février 18G2. Monsieur le Président, De la dernière lettre que j'ai reçue de M. Ferdinand Mueller, en date de Mel- bourne le 25 décembre, j'extrais quelques passages qui me semblent de nature à intéresser la Société d'acclimalation. Permettez-moi de vous faire remarquer que cette lettre a été écrite après l'envoi de quatre Dacelo ou Laughing Jacasses, qui doivent vous parvenir très prochainement, prévenant ainsi votre demande officielle. «Je peux, m'écrit M. Mueller, envoyer d'autres Dacelo pour les Antilles, » puisqu'on pense qu'ils y seraient utiles pour la destruction des serpents. a J'espérais avoir été le premier à envoyer en Europe le nouveau Wombat du B Sud {Souih Auslraiian). Je vois que c'est probablement le Phascolomys lali- » frtns d'Owen, décrit d'après un squelette, et seulement en 1845. Je souhaite :\hO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ^OOLOniOUE d'aCCMMATATION. » qu'un nouvelaiiinial remarquable nie pennelte de lui donner le nom de CeolTroy » Saint-Hiliure que j'avais attaclié à celte espèce, la croyant nouvelle. » Jusqu'à présent je n'ai pu parvenir à me procurer un spécimen du Phaseu- » lomys lalifrons, soit vivant, soit mort; mais un de mes amis est allé dans les » localités que cet animal fréquente, pour tâcher d'en prendre quelques-uns à » l'inleniion de votre Société. » J'ai adressé à M. C.eofi'roy Saint-Hilaire des semences d' EucalyplUs globUhis » et d'Eucalyptus obliqua (Shiny Bark). » Depuis ma dernière lettre, j'ai confié à M. P.. D. Perry, esq., à bord du •n navire Soulhaviplon : » Trois Émeux (Casoars) pour le jardin d'acclimatation d'Alger ; je suppose » que ces oiseaux gigantesques pourront un jour fournir à l'Algérie un nouveau » gibier. La chair en est e.xcellente, surtout quand ils sont jeunes. » J'avais en outre embarqué deux autres Émeux à bord de ce magnifique, « mais infortuné navire V Imprrairice de la mer {Empress of Ike sea), qui mit à » la voile ces jours derniers, mais qui se brûla sur la côte. Par miracle, les deux » Émeux (Casoars) et une jarre de poissons conservés dans l'alcool, à l'adresse » de M. le professeur Duméril, ont pu être sauvés. C'est à peu près, avec l'or, u tout ce qu'on a retiré du navire. Je les remettrai an premier clipper qui par- » tira. Ces deux Casoars sont destinés à la Société impériale d'acclimatation. » Ainsi que les iiieniiers, ils lui sont olTerts par notre Société de Victoria, sur ma )> proposition. ). M. Perry doit reineltre les trois Emeux à l'ambassade française à Londres. » J'ai encore pour la Société impériale d'acclimatation une paire de Porc-épics n australiens entièrement privés. Comme ils vivent d'œufs et de lait, je dois » attendre, pour les expédier, un navire qui ait une vache à bord. » Ce Porc-èpic n'a d'autre rapport avec celui de l'Inde que par ses piquants. M Ce dernier est une peste {pes() pour les jardins, et sa viande n'est pas bonne; >• tandis que celui d'Australie est un destructeur d'anifs de fourmis et de toute » termine qui iiilècte le sol. C'est de plus un délicieux manger, bien supérieur » au Lièvre. Je l'ai trouvé sur les sommets les plus élevés de nos al|)es. en été, » à 7000 pieds de hauteur, près de la neige. Il vivra donc en Franco et pourra » s'y reproduire facilement. » Veuillez agréer, etc. n Signé P.amei.. » •7 IV. CHRONiaUE. M. Bouigniii, niL'mbre de la Société d'acclimatation, secrétaire général de la Société protectrice des animaux , vient de publier un excellent ouvrage, sous le litre de ; Monsieur Lesage, ou Entretiens il'un instituteur acec des élèves sur les animaux utiles. Ce petit livre se recommande par un tour à la fois ingénieux et naïf, par une saine morale, et p;ir des notions zoolo- giques mises, sous une l'orme attrayante, à la portée des jeunes intelligences. Nous extrayons du Moniteur belge du 3 mai 1862, le passage suivant relatif à la race bovine sans cornes, Surlahot, de Al. Dutrône : « Eli ce moment ou fait à la Vacherie royale de Laekcn, si justement renom- mée, des expériences comparatives sur les Vaches à cornes et sur la race sans cornes Sarlaiîot, quant à la production du lait. Ces études ont lieu sous la direc- tion du savant ]irolesseur a l'École de médecine vétérinaire de l'État, M. Husson. Klles offrent d'autant plus d'intérêt, que l'attention générale se porte, depuis quel- que temps, sur la transformation des races à cornes en races drsarmccs : ce qui constitue un juogrès aussi humanitaire qu'agricole: progrés que nous avons été des premiers à signaler et à encourager. » ■ — Nous devons à M. Passard, éditeur, les communications suivantes : J'ai découvert, pages 142 et 143 de l'ouvrage intitulé : Trjis ans de pro~ meyiades en Europe et en Asie, ^ar Stanislas Bellanger (Paris, A. Bertrand, 1842), le passage que voici : «La Salzbach proiluil des Moules que la conchyliologie dé- signe sous le nom scientitique de Mulelle niaryarilifère ; en voit;i la raison. La Moule, petite bête fort intelligente, a pour ennemi mortel un Ver aquatique qui la poursuit sans cesse, cherchant à trouer la coquille dans laquelle elle se ren- ferme. Fatiguée de ses poursuites, la Moule s'arrête, laisser percer son enveloppe, |uiis elle se liàte de sécréter une matière calcaire qui remplit la brèche pratiquée par le Ver. Cette sécrétion forme uu tubercule d'un si bel oiient, que les lapi- daires le recherchent avec soin. L'ilz et plusieurs autres petits fleuves partagent avec la Salzbach le privilège de posséder ce précieux mollusque. Linné rapporte qu'il produit beaucoup plus de perles que la fameuse Avicule perlière de l'océan Indien; mais il ajo\ite que cela tient à ce que les courants de l'Inde couticimeut moins de Vers que ceux de l'Allemagne. » Je viens également de lire, page 450, de l'ouvrage intitulé: Traité cicmen- faire et complet de géograpliie astronomique, pliysiqnc, politique el stalislique, etc., par Mac-Cartliy (1 vol. in-8, Paris, Sylvestre, 1833), la mention suivante : » On'lrouve du natron en grande quantité dans toute la Mongolie, et l'on pèche des perles dans quelques-unes des rivières de la partie orientale. » Extrait du journcd »er Kooiogisehe (;ni-(en, rédigé etpiddié à Francfort, par le docteur Wf.lnlainl». « Un des oiseaux qui ont le plus frappé AI. Ed. de Mariens, attaclié à la légation de Prusse en Chine et au Japon, c'est une certaine Colombe qu'il a observée à Java {(Iracula aoanica ou religiosa),cn javanais Beo. Cet oiseau donne dessous de tlùle aiguë, il apprend 1res facilenieni à parler el à imiter 352 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tout ce qu'il entciul. On le trouve souvent en captivité. » (N" de janvier 1862.) « En Hollande, M.Westermann, directeur du jardin zoologiqued'Anisterdam, a obtenu une couvée de Cygnes {Cycnus olor) ayant une huppe sur le som- met de la tête. Par malheur, cette particularité ne s'est pas reproduite chez les individus de la seconde génération. » (Février, page Z|3.) » M. E. de Marlens dit avoir rencontré à Java sur la tabledes gens riches un poisson excellent élevé en captivité, et qui exige peu de soins : c'est le fameux Gouranii (Osphromcnusolfax). Il vante les qualités de sa chair.» (Mars, p. 6/i.) Dans le même numéro de mars, se trouve un article étendu sur le Jardin d'acclimatation de Paris. — On lit dans le Moniteur de l'Algérie du 23 mars : « Un navire vient de débarquer à Ténès un chargement de ceps de \igne provenant de Cotte et destinés au bureau arabe. Ces ceps doivent être mis à la disposition des culti- vateurs indigènes, ciiez lesquels la viticultiu-c semble prendre- un dévelop- pement extraordinaire. — « La canne à sucre, dit le Courrier du Havre, va être cultivée sur une large échelle en Algérie : ^00 acres de la plaine de Pielizanneontété préparées dans ce but. » — On lit dans le même journal : « La basse Cochinchine a produit un mil- lion de kilogrammes de coton l'année dernière, l'armi les envois de la Cochin- chine faits sous le nom du vice-amiral Charner, figurent : >. 1" Dans le groupe de l'alimentation, des Moules et des Chevrettes sèches, du iripmir/, poisson fumé; des nids d'hirondelles (Salangane); des haricots de Cambodge ; les carapaces de Tortues molles, gélatineux très délicat ; le Poisson salé ; le poivre, le cardamome, le sucre, etc., etc. » T Pour l'industrie oléagineuse, des Arachides, des graines de Palmier sau- vage, des sésames, des amandes sauvages, des graines de Basilic et de lloucou. » o" Pour l'industrie de la parfumerie, YAlijxia aromaiicu, délicieuse odeur; le cachou, le bois de Santal et le bois d'Aloès. » U" Pour diverses industries, des gommes laques pour vernis, des gommes- gultes pour teinture, de la cire d'Abeilles, du Chanvre de Siam, de l'écorce de Palétuvier pour le taimage des peaux ; enfin, des échantillons de Tabac, qui ont été déclarés de très bonne qualité par la manufacture inq)ériale. » Les dernières nouvelles venues de Cochinchine et plusieurs envois nou- veaux du contre-amiral Bonard font également concevoir de grandes espé- rances sur l'avenir de ce pays. » ..è -- 1 — TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. RAPPORT AII NOM DE LA COMMISSION DE PLBLICITF:, COMPnSKR DE : MM. le D' Clocjlet, Au'p'. DuMÉnii., Moqun-Tandon, le bâton Séguier, et le C'^' d'ÉPRÉnESML, rappoiteiir. (Séance du !l mai 1802. Messieurs, r/csl un devoir pourtour ((mix ([ui s'iuiposenl la iiolile làclic d'nj(Hiler de nouveaux noms à la lislo des acquisitions humaines, de l'aire eonnaiire le plus possible, et les heureux résultats, l'ruitde leurs efToits, et les moyens employés pour les (dttenir. Pénétré de cette pensée, voire Conseil d'administra- liou ajuyé que le moment ('-lait venu de salisl'aire à ce devoir, en demandant à init' j)ublicil('' plus étendue de jiorter à la connaissance de tous ce (juc nous voulons l'aire, ce que nous avons l'ait déjà. Vax entrant dans cette voie plus largement et d'une manière permanente, votre Conseil a espéré aussi que ces nouveaux l'apports avec le public ami du |)rogrès seraient accueillis favorablement, et (pi(> noire cause y gagnerait de nombreux adhérents ; en consé(iuence, une Commission de publicité a éb'' créée, et c'est en son nom que nous venons vous exposer ses premiers li'avauxet les résolutions qu'elle a adoptées. Ayant à choisir parmi les nondireux modes de publicilfi (jiii se présentaient à elle, tels que : articles puljliés périodique- ment ou à intci'valles inégaux dans les journaux et les revues, distribution par dilVérenles voies de travaux variés sur l'accli- T. IX. — Mai I8t;'2. '16 ;)5/| SOCJÉTÉ IMPÉHIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMAïATION. niatalion, et sans loutet'ois renoncer pour l'avenir à mettre ces moyens en œuvre, votre Conunission a pensé qu'avant de donner aux (juestions de détail une puldicité ])lus large, il convenait d'abord de taire connailrc l'ensemble des faits intéressant le passé et l'avenir de la Société. La publication annuelle d'un petit volume à bon inarcbé, présentant ces laits d'une manière succincte, lui a paru le moyen le meilleur et If plus économique de répandre les idées dont nous poursuivons la réalisation; elle a cru aussi, animée d'une juste confiance, que notre Société, déjcà si nom- breuse, n'avait besoin, pour prendre encore de plus notables accroissements, que d'être plus connue. Le petit volume au([uel nous confions une tâche si importante s'appellera \' Auminirede la Société impériale cV accHniatation ; il paraîtra tous les ans au mois d'octobre; son format, son caractère, seront ceux de V Amiuaire (bi Cosmos. 11 est impos- sible de vous dire, dés à présent, ce qu'il coûtera, mais le prix devra en être aussi jjeu élevé ([ue possible. Voici les diffé- rents sujets qui y seront traités tous les ans , et en même temps la liste de ceux de nos dévoués confrères (lui ont bien voulu, pour cette année, se charger de leur rédaction : l'^ Introduction, par M. Dp.ol'yn dk Lhuys, président de la Société. 2" Almanacli calendrier zoologi(|ue et botanique. \ 3" Historique et organisation de la Société, extraits de ses statuts. 4" Bureaux et Conseils des deux Sociétés, impériale et du bois de fJoulogne. 5" Liste des protecteurs de la Société ( rois et f l^*"' '"• Hébert, princes). > agent général H" Liste des dames patronnesses du Jardin d'accli- [ '''-' '•* Société. niatation. 7" Liste des délégués de la Société en province et à l'étranger. .S" Liste des Sociétés aftiliées et agrégées, des Comités | d'acclimalalion et des Commissions permanentes. / ■ 9" Prix et primes obtenus et à obtenir, liste des lauréats de la Société, par M le comte d't^lPRÉMESNiL, secrétaire général. RAPPORT DE LA COMMISSION DE PUIiLICITÉ. 355 10" Notice sur le Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, par M. le docteur RuFZ de Lavison, directeur du Jardin. 1 1" Article sur un Mammifère nouveau , par M. Albert Geoffroy Saint- HlLAlKE. I^" Article sur un ou des Oiseaux nouveaux, par M. de (Juatrefages. 1 3" — sur des Poissons, Ciustacés, Mollusques, par M. A. Duméril. 14" — sur uu Insecte utile, par M. Guérin-Meneville. 150 _ sur lui des Végétaux nouveaux, par M. Moquin-Tandon. 16" Instructions pour les voyageurs, par M. Florent-Prévost. 17" Faits divers, desiderdUi, par M. A. Passy. Vous le voyez, messieurs, noti'e petit volume, si modeste que soit sa forme, se présentera dans le monde sous les plus heureux auspices. Il fera son chemin, nous n'en douions pas : la mission que nous lui donnons et qu'il remplira, c'est de faire que l'acclimatation soit accueillie aux plus humhles foyers, qu'elle devienne de plus en plus une science popu- laire ; c'est de laiie que ses bienfaits passés soient connus et dignement appréciés, que tous s'associent aux espérances qu'elle donne , de faire entin que, travaillant pour tous, elle obtienne de tous un concours actif cl mérité. riAFI-niiT AU NOA! I)i;S 2" I;T J*' SKCTIONS IUIIMES KN CUMMISSIO.N , SUH Ll^ PIC VEHT, Par n. A. IIIIBERT-BKIFRRE. (Séance du !) mai 1862. Accuse pour les trous qu'il l'ail aux arbres, détendu rommc insectivore, le Pic vert a été l'objet d'une enquête ouverte au sein de la Société. C'est le résultat de cette en([uète que j'ai été cliargé de présenter, ainsi (jue les conclusions des 2'' et 5' Sections réunies }»our juger la question. M. le comte d'p]sterno a produit, à l'appui de l'accusation, un rapport émanant d'emi)loyés des forêts à Autun, rapport lait sur la demande de la Société, conformément au désir exprimé par M. d'Esterno, pour constater les dégâts commis par le Pic vert dans sa propriété de la Selle, jirès d'Autun (Saé)ne-et-Loirc). li'énumération des déîj;radati(tns commises est accompagnée de la déclaration, que ces oiseaux avaient attaqué des arbres fort sains, à des places où il n'txislait [las trace d'insectes. M. d'Est(M'no a développé son opinion au sein de la réunion, déclaré que le Pic vert ne respectait pas les espèces les plus dures, et cherché à établir que cet animal fait aux arbres un tort des plus considérables, et que les quelques services (ju'il peut rendre, comme destructeur d'insectes, sont hors de proportion avec les dégâts causés par lui. En consé- quence, M. d'Estei'no a demandé que le Pic vert, reconnu coupable de l'attaque d'aibres foit sains, lut considéré comme animal nuisible, et conune tel privé de la protection de la loi. Le point capital de rargumenlalion de M. d'Esterno est le rapjiort de M. le garde général d'Autun ; il a été l'objet d'une discussion très sérieuse. Le fait matériel d'attacjue contre un arbre sain ressortirait sur. LK PIC VEUT. 357 (lu débat : il est, admis pai" les déleiiseurs du Pic verl ; mais cp lail n'entraîne pas par lui-même la condamnation de l'oiseau, car ce n'est pas par plaisir de destruction que le Pic vert a percé cet arbre, c'est au contraire pour le débarrasser des insectes (pi'il sent ou entend dans le corps de l'arbre, que cet oiseau se livre à ce travail. Toujours en quête pour se procurer les aliments nécessaires à sa subsistance, aliments composés d'insectes nuisibles aux bois, le Pic vert cbassc con- tinuellement. Vous le voyez, voltigeant d'arbre en arbre, s'arrêlant à l'un, grimpant le long du tronc, frappant avec son bec, écoutant, puis tournant brns(|uemcnt de l'antre côté pour voir et saisir les insectes que le bruit produit par ses coups aura mis en mouvement. Quand le résultat de son ausculta- tion lui a lait i-econnaître la présence d'un insecte dans le corps de l'arbre, il attaque directement à l'endroit où l'insecte est caclié, creuse et fouille jusqu'à ce qu'il soit arrivé jusqu'à lui ; il en fait alors sa proie. Telle est la vie du Pic vert, qui dévore ainsi dans sa journée une quantité très considérable de ces insectes. Des expériences curieuses, faites par M. Fbuenl-Prévost et ])ai- ■\l. Millet, et citées par ces messieurs, iront laissé aucun doute sur cette question, et sont venues corroborer les idées émises par plusieursmembres, et entre autres parîM.M. Pigeaux, de Liron d'Airoles et Lobligeois. Les expériences de M. Flo- rent-Prévost ont établi delà manière la plus positive le genre de nourriture de l'animal. Notre savant confrère a fait une collection des estomacs d'oiseaux tués à diverses saisons de l'année et à diverses beurcs du jour. L'inspection de l'inté- rieur de ces estomacs montre de la manière la plus positive le genre de vi(,' de l'oiseau ; il nous a été facile, par l'examen de ees tableaux, de nous convainciv^ (|ue le Pic vei l était essen- tiellement insectivore. Toujours en cliasse, le Pic vert a besoin d'avoir, dans les divers cantons oii il trouve sa nourriture, des asiles pour nieller, passer la nuit, ou s'abriter de la pluie, qu'il craint beaucoup. 11 lui tant donc appropiier à son usage des demeures dans ces différents endroits; !e< Irons (pTil lionve Idiit faits 358 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE Z(^ni,()r,lQrH D'ACCLlMATÂ'^'IOiN. ne peuvent Ini servir, car ils sont pour la plupart exposés aux intempéries. Je me sers du mot demeure, et non du mot nid, c'est avec intention. \]n nid d'oiseau est fait d'après des don- nées certaines ; le nid d'une espèce est tellement pareil à un autre de la même espèce, qu'ils ont Fair d'avoir été faits sur le même modèle. Or, le Pic veri agit différemment : l'entrée seule présente des caractères semblables, le corps du trou n'oftre plus les mêmes dimensions. Si le Pic vert se creusait un nid dans du bois sain où il trouverait partout une égale résis- tance, les proportions en bauteur, largeur et profondeur seraient toujours identiques : c'est ce que M. Florent-Prévost nous a fait remarquer avec beaucoup de raison. Pour s'en rendre compte, il a fait scier un assez grand nombre de trous de Pic vert, et il n'a jamais trouvé les mêmes dimensions : la forme variait avec l'état de décomposition de l'arbre, l'arran- gement en était seulement opéré par le Pic vert pour sa com- modité. Ce n'est donc, d'après M. Florent-Prévost, que lorsque le Pic vert aura ausculté son arbre que, sûr de rencontrer h l'intérieur du bois déjà attaqué, lui oifrant des conditions favorables pour l'établissement de sa demeure, il travaillera et creusera son trou. Ce domicile devra lui olfrir encore d'autres conditions: c'est d'avoir dans les alentours des arbres attaqués par les insectes, où il trouvera de quoi se nourrir. C'est la loi de la nature, qui veut que tout animal ne vivant que de sa chasse ne reste qu'à proximité des endroits où il peut trouver de quoi vivre. Peut-on croire maintenant que le Pic vert ne creuse le bois que pour le plaisir de détruire ? Ce serait, de l'avis des deux sections, une opinion erronée. Pour s'en rendre compte, M. Florent-Prévost a bouché des trous de Pic vert avec des plaques de zinc, de chêne, de sapin et de bois blanc. Celles de bois blanc provenant de boîtes à bonljons, furent seules atta- quées par l'oiseau, qui se sera rendu compte de sa faible épais- seur; les autres ne furent pas touchées. D'autre part, M. Millet avait fait percer avec une tarière un trou dans un arbre sain, il y avait introduit des larves d'insectes, puis bouché hermé- tiquement avec une cheville bien graissée et serrée avec force. Sl'H LE PIC VERT. .-^ôp Uuelqiies jours après les larves avaient été enlevées par le Pic vert, qui avait fait de l'autre côté de l'arbre un trou par lequel il était arrivé jusqu'à elles. Doué par son instinct des facultés qui lui sont nécessaires j)our reconnaître la présence de l'in- secte, le Pic vert va droit au but; et si vous croyez souvent qu'il attaque un arbre sain, c'est que vous ne voyez pas, qu'entrée dans l'arbre à un autre endroil, la larve destructrice s'est creusée une galerie à l'intérieur de l'arbre, et est arrivée au point .ù le Pie vert qui la découvre vieni laKaquer et la détruire. ^ 11 ne faut pas oublier non plus que le bec du Pic vert est l'instrument dont il a besoin pour atteindre sa proie ; il devra donc être exercé pour être toujours prêt. A l'ctat domestique', sj vous donnez à un Pic vert un morceau de ])ois, il le détruira promptemenl ; si vous l'en privez complètement, son bec se déformera : cette expérience, faite par M. Millet, fut suivie au bout de quelque temps de la mort de l'oiseau. En liberté, le Pic vert aura continuellement cà fouiller les écorces des arbres qui servent de refuge aux insectes ; le creusement de ses trous et leur arrangement maintiendront son bec en état. Les dégâts causés par les trous du Pic vert ne sont pas aussi considérables qu'on voudrait le faire croire. Dans les vastes forêts de l'ancienne liste civile, où le Pic vert esltrés abondant, la question avait élé mise à l'étude. Eb bien ! dans des exploi' talions comprenant plusieurs milliers d'bectares et plusieurs centaines de milliers d'arbres, on n'a jamais eu à déplorer les dégâts ou les accidents provenant du fait des Pics verts ; on n'a eu ni rebuts, ni déchets à reprocher à cet oiseau, et le Pic vert n'a jamais été classé parmi les animaux nuisibles dont la des- truction était obligatoiie pour les gardes. Une faudrait pas croire que le trou abandonné du Pic ver! deviendra inutile; il devient au contraire un objet de convoi- tise pour une foule d'autres oiseaux également insectivores comme lui, et qui, couvant dans des creux, ne sont pas armés par la nature d'un bec assez robuste pour se creuser eux- mêmes leurs nids. Parmi ces espèces on peut indiquer, entre autres, la Sittelle ou Torchepot, pf cinq espèces de Mésanges 3()0 SOCIÉTÉ JMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATAT[ON. dont rulililé est si grande pitur la conservation de nos liois, ot qui consomment des quanlités immenses d'insectes sous toutes leurs formes. Le Pic vert joue donc un rôle providen- tiel pour ces petits oiseaux si utiles; les nids qu'ils construisent dans les trous du Pic vert sont à Tahri des atteintes de leurs ennemis, qui ne peuvent y pénétrer. Si l'on (juille momentanément le Pic vert pour se rendre compte des insectes qu'il poursuit soit par lui-même, soit par ses locataires futurs, les ])elits insectivores, la trop fâcheuse fécondité de ces insectes va nous montrer comliieii est inqior- tant le rôle donné à ces oiseaux par la Providenc(\ Ainsi, en Alleinai:ne, la Nonne {Pliahcna rnoiiaca) [\ l'ail |jérir des forêts entières (Lalreille, Hisloire des insectes). En 1810, les Bostriclies avaient tellement envahi la forêt de Tan- nehuch, située dans le département de la Jlorr, qu'im décret dut ordonnei' d'ahattre la forêt, et de lu'ùlcr sur place les hranches, racines et hruyères (Baudrillart, Dictioinitiire des forêts, v" Insectes). Dans la Prusse orientale il a fallu ahallre, il y a trois ans, dans les forêts de l'Etal, plus de 2/1 millions de mètres cuhes de sa|)ins,contraireiiieiil à tous les règlements forestiers, uniquement parce (pic. les arhres périssaient sous les atta(piesdes insectes. La fécondité de ces insectes xylophagcs est en effet prodigieuse : ainsi, pour la Nonne, on a essayé en Prnsse d'en recueillir les œufs, et en Silésie on a ohtenu dans plusieurs verderies, en un seul joui-, (juatre hoisseaux d'œufs, ce ipii correspond au cliillVe de 180 millions. En haute Silésie, on a reçu 117 kilogr. en neuf semaines dans une seule verderie, ce (\w\ corres])ond à plus de 210 millions d'œufs (docteur Gloger, de Berlin). A cette prodigieuse fécondité vient encoi'e s'ajouter le genre d'exis- tence de ces insectes, dont quel(|ues-uns, tels (pie les Bostri- ches et les Scolytes, vivent sous l'écorce, à l'ahri de l'œil de l'homme, creusant de petites galeries où ils déposent leurs œufs, et ne révi'lanl leui- jjrésence que par les dégâts (ju'ils ont causés. La main de l'homme est donc insullisante |)(uu' lutter contre de pareils ennemis, doués d'une si fatale fécon- ditr' ; les oiseaux seuls peuvent renqilir ee Imt : le besoin de Sril LE IMC VERT. 3(Vl soulenir leur cxisleucc, celui de pourvoira ht nourriture de leurjeuiie couvée, en font les plus utilesauxiliaires de l'homme. Ne nous rendons pas coupables d'ingratitude envers eux, et ' n'oublions pas le précepte du bon la Fontaine : « On a souvent besoin d'un plus pelil que soi. » Ainsi, en résumé, le Pic vert n'attaque les arbres (pie : 1" Pour en extirper les insectes dont il se nourrit; 2" Pour y creuser sa demeure, couver et élever ses petits; 3" Pour s'y créer un abri à pioxinn'té des endroits où il chasse, soit |)our y passer la nuit, soit i)Our s'v garanlii' des intempéries ; /i" Dans certaines conditions liyi4i('ni(|ues, pendant la saison (\rs amours, ou bien, l'iiivei', jiour tiomper sa laim, lester son estomac et remédier à rinsuiïisance de sa chasse, et pour exercer son bec. Dans la première séance de la Commission l'ormée des 2' et 5" Sections réunies, il avait ét('' déclaré; juir huii voix contre cinq ({ue le Pic vert ne devait jias être rangé dajis la classe des animaux nuisibles. Dans la deuxième séance, après de nouvelles c(»mmunica- tions, M. Millet a lormulé la projiosition suivante ; « Le Pic vert est un insectivore éminemmeiil utile, et les trous ({u'il prali(iue dans certains arbres deviennent A^î^ refuges essentiels pour la multiplicalion et la conservation des petits oiseaux insectivores. » Celte jiroposition a été adoptée par 15 voi\ contre h. Séance fj/'uéra/c d/i 9 mai 1862. L'assemblée, après avoir entendu ce rapport et les discus- sions auxquelles il a donné heu, est d'avis que le Pic vert est un insectivore utile, ex[)rime le voi-u (pie des recommandations soientadressées par l'autorité aux administrations locales pour empêcher la destruction des oiseaux insectivores, de leurs uuifs et de leurs nids, et pour inlerdire le colportage et la vente de ces (culs el de ces oiseaux. SUR LE CHAMEAU DU DÉSERT DE COBI, Par M. ti. Elis. SIMOI\. (Séance ilii 28 janvier 1862.) 11 n'est sans doute personne qui n'ait eu l'occasion rie jeter les yeux sur des peintures ou des potiches chinoises, et personne qui n'ait mis en doute, en souriant, l'exactitude des peintures d'animaux qui les décoraient. Les petits chiens à gros yeux, à nez aplati, dont la queue ressernhle à un long panache ; les poissons hlancs, noirs ou rouges, à la queue quadruple, et dont les yeux sont si saillants, qu'ils ressemblent à de grosses topazes posées sur le museau ; les chais à oreilles pendantes, ont bien plutôt l'air de créali(Uis fantasiicpies telles qu'il ne semble pouvoir en exister nulle part. Poui' moi, l'ani- mal qui m'avait toujours le jjIus surpris est un Chameau que l'on voit, par exemple, au bas de la carte de la Tartarie dans l'atlas de Banville ; et malgré l'autorité de ce nom et de ceux des anciens missionnaires qui ont préparé les éléments de cet atlas, j'avoue que la tête de ce Chameau coiffé d'une sorte de gros bonnet fourré, les deux montagnes et les gros ballots de laine qui remplacent ses bosses et ses cuisses me parais- saient devoir être mis sur le compte de l'imagination un peu facétieuse du dessinateur. Tout est cependant de la plus stricte réalité. Le chien de Pékin a lait aujourd'hui son apparition en Europe, et pourtant il ne donne qu'une faible idée du chien de manche, si petit, que les dames et les eunuques du palais le portent dans les manches de leurs robes; le poisson rouge à quatre queues a été introduit depuis quelques années en Suisse, d'où il a pu pénétrer en France. Quant au Chameau, il ne s'agit plus ici d'un simple intérêt de curiosité, mais d'un animal dont on a tenté d'introduire la race en France, en Espagne et ailleurs, sans y réussir, et qui peut résoudre cette question nvec le plus grand succès. Le Chameau est l'animal des plaines el des déserts, et celui- ci confirme l'observation générale, puisqu'il naît au milieu SUF. LE CHAMEAU Dr DÉSERT DE C0i5l. ?)6^ (les sables rlu Gobi ou Cbamu. Mais c'est aussi un animal de montagnes: les longues pérégrinations qu'on lui t'ait l'aire de Syrie en Perse à travers les liants plateaux de l'Asie Mineure ; de Tartarie àHan-kéou à travers les cbaînes des Célestes et des Pé-ling, prouvent, en effet, qu'il peut parfaitement vivre et se reproduire à toutes les altitudes. Je dirai même que, d'après les remarques que j'ai pu faire, soit au Sénégal, soit en Asie Mineure, le Chameau vient beaucoup mieux dans les pavs montagneux que dans les lieux lias et d'un climat humide. Ainsi, j'ai toujours vu mourir en très peu de jours ceux que l'on essayait de retenir sur les bords du Sénégal et de ses ma- rigots, tandis que j'ai toujours vu, au contraire, les Chameaux en excellente santé au milieu des montagnes de l'Arménie. Le Chameau n'est pas seulement un animal de faix, mais encore un animal de laine ; il est enfin producteur de lait. Aussi, pour toutes ces raisons, malgré les chemins de fer qui rendent en France et dans la plupart des pays de l'Europe les animaux de bat inutiles, et impossibles et malgré l'humi- dité desjdaines de la France, l'acclimatation du Chameau me paraît-elle une question vraiment importante. D'ailleurs, n'eussions-nous rien à en attendre pour nous-mêmes, il nous resterait toujours la satisfaction d'avoir contribué à sa solu- tion pour d'autres pays, moins heureusement dotés que le nôtre. Mais nous avons les Alpes, les montagnes delà Savoie, les Pyrénées, où le Chameau pourrait être introduit avec suc- cès, et où, sans nuire en rien aux bœufs et aux moutons, sans empiéter sur leurs pâturages, grâce à sa sobriété et à la gros- sièrelV' de son alimentation, il pourrait du moins fournir deux produits et devenir la source de grands avantages. Je parle surtout maintenant du Chameau de Tartarie. Le père Hue, et longtemps avant lui, le père du Halde, en ont dit quekjues mots, qui ne suffisent pas à faire comprendre l'in- térêt qu'il me paraît mériter. 11 est, dit-on, originaire des pays qui, sous le nom de pays des Eleuths ou des Orfons. bornent la Chine au nord-est, entre le ;<ô' et le /i5" riegré de latitude. Bien que ces limites correspondent à celles dans lesquelles la France, par exemple, se Irouve comprise, on sait que ces S6/i SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. rc'oions sont beaucoup plus froides; riiiver v est précoce, le |)rinlemps tardil', et la température y varie pendant, tout ce temps de 10 à 30 et 35 degrés centigrades. Aussi, tous les animaux qui les habitent sont-ils revêtus d'une fourrure (jui, si luxurieuse qu'elle paraisse, n'est cependant qu'une précaution indispensable dont la Providence les a pourvus, (^est de là ou des localités voisines, connue le Tibet, la ^lon- golie, (|ue viennent les plus belles toisons; et quand l'on con- sidère que c'est là que se rencontrent les plus grands et les plus beaux animaux et la variété la plus grande d'espèces, on est tout près d'admettre que c'est de là que le Chameau, ainsi que la plupart des autres animaux, est parti pour peupler le reste du monde. Ils ont abandonné, selon l'exigence ou la pau- vreté des pays (pi'ils traversaient, l'un sa fourrure, l'autre sa taille, et n'olTrent plus, m délinitive, j)artoutoii on les observe aujourd'hui, que des individus quiseniblentdégénérés, et que, même pour les espèces privilégiées qui ont été assez heureuses pour obtenir les soins de l'homme, on ]ieut à peiniMMunpai'cr à ceux des pays dont je parle (1). Le Chameau de Tartarie est })rincipalement employé au transport des marchandises; cependant , en chargeant la femelle un peu moins (jue le mâle, on en obtient deux services de plus, la laine et le lait. Comme animal de bat, le service du mâle commence à trois ans ou trois et demi, celui de la femelle à (pialre ou cinq ans; jusque-là on les laisse }»aître en liberté ou suivre les cara- vanes. Comme animal de laine, on estime qu'à (jualre ans un Chameau est en plein rappoit. Il peut fournir alors jusqu'à 150 kilogrammes de laine. La laine du cou a 0"',35de lon- gueur, celle des jambes 0"', '25, celle des bosses 0"', 20, et celle des flancs 0'",0/i à 0'",05. Le Chameau mue naturellement une fois par an, et comme la toison tombe en entier et tout d'un coup, (ui n'a d'autres soins à prendre (jue de ramasser sa déjiouille. (1) J'iii i;i;i m. cm;!. oOô I/a((-()ii[)l('!ii('!il peulscfain' àràgc (le ciiKi ans piuiilc iiiàlr et (le (jLialrc ans pour la femelle. Onze mois a[)rés, le servire (!(' celte deniiéM-e comme laitière commence; la production de lait d'une Chamelle peut aller, suivant l'âge, de /|0 à 60 litres par jour. Le lait de Chamelle jouit en Tartarie d'une grande répu- tation. C'est une nourriture excellente et très substantielle, recommandée par les médecins chinois aux vieillards et aux personnes débilitées par les excès. Tant que le Chameau reste en Tartarie, il jouit pendant l'été de pâturages très a])ondants ; mais l'hiver venu, ou s'il remonte dans le nord, il est obligé de se contenter de toute espèce de nourriture, et il s'en contente parfaitement. 11 est d'autant plus robuste et d'autant moins difficile pendant l'hi- ver, (jue [)endant l'été il a [mi emmagasiner dans les replis de la peau (jui recouvre les bosses, et qui tonne connue une sorte de sac, une provision de graisse suffisante. Il engraisse d'ailleurs avec beaucoup de facilité, quelle que soit la nature de l'aliment qu'on lui donne. Le piix d'un Chameau à Kou-kou-Hote, en Tartarie, où il s'en fait le plus grand commerce, varie entre 1200 et 2500 fr., suivant l'âge o\ la foi'ce de l'animal. On dit que l'on trouve aussi à Kou-kou-llote des Chameaux blancs, (jui paraissent appartenii' à une variété blanche par- faitement lixée. Si l'on jugeait à propos de renouveler en France, au moyen de qu(d(pies individus de cette variété, les tentatives de naturalisation (pii ont (dé faites sur la race cha- nielière, c'esl là (jifil faudrait les acheter. On pourrait de là les expédier, sous la conduite d'un ou de deuxTartares chinois, par la voie de terre (Russie), qui me semblerait préférable à la voie de mer, eu égard à la santé des animaux et aux fiais énormes que coulerait le transport par navire. Je pense qu'une somme de Wi à 15 000 francs sufth'ait grandement pour cou- vrir les dépenses d'achat et de conduite pour six animaux. RÉPONSES A UN QUESTIONNAIRE SUR LA FÉCONDATION DES OEUFS DES GALLINACÉS SIGNES AUXQUELS ON PEUT UECONNAÎTKE. AVANT h'iNCdBATION . SI UN (EUE EST FÉCONDÉ OU CUAIK, CAUSES QUI PEUVENT INFLUER SUR LA FÉCONDATION, ADRESSÉ A DIVERS MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION Par M. le D" RUFZ DE LAVISOI^ , Direcleui' du J^iriliii (l'accliniatalion du Bois de Bmiloijiic. (Séance du 28 mars 1862.) L Les œufs sont le moyeu de propagation des Oiseaux. La vente par individus, outre qu'elle suppose toujours la produc- tion préalable des œufs, est généralement restreinte et devait l'être, surtout dans un établissement à sa première anné(.' d'exploitation. Le .laidin d'acclimatation, pour répondre à sa destination de propager les espèces utiles et d'agrément, devait se livrer à la vente des œufs : c'est ce qu'il a fait dès sa première année d'existence. Dans la camjiagne de 1861, sans pouvoir satisfaire à toutes les demandes (jui lui étaioni adressées, l'administration de cet établissement a pu livrer au public, du L' mars au 1" septembre, pour 99Z|6 francs d'œufs des dilférentes espèces d'Oiseaux contenues dans les parcs et dans les volières du Jardin. Mais on ne tarda pas à reconnaître que cette vente d'œufs donnait lieu à de nombreuses réclamations; beaucoup d'acbe- teurs se plaignirent du nombre des œufs clairs (jui se trou- vaient dans les ventes faites par le Jardin. L'administration s'empressa d'en faire l'aveu dans les Bulletins de mai, juillel et août, pour en prévenir le public. Mais en même tenqjs elle acquérait la conviction que c'était un inconvénient inbérenl à ce genre de commerce ; qu'il fallail s'exposer à encourir des re})rocbes et des réclamations , ou ne pas vendre les œufs, c'est-à-dire renoncer au moyen lr plus usuel, le plus FÉCONDATION DES ŒUFS ])ES GALLINACÉS. 367 possible, le pins actil', (]•' leinplir Fœuvre de propagation qu'on se proposait. En ne vendant pas d'œul's, on se serait aussi exposé à mécontenter, peut-être d'une autre façon, le public, (jui ne se serait pas rendu bien compte des raisons qui nous auraient empêchés de nous livrer à cette vente. Dans celle situalioii, l'administration prit le parti de remplacer les (cul's inféconds, chaque fois (jne des personnes dii^nes de croyance les lui dénonçaient, mais sans répondre davantage d'une meilleure réussite poiu- ceux par qui elle les remplaçait. Ceci fut dés lors pour nous une véritable préoccupation ; et [lour nous mettre autant que possible à l'abri, dorénavant, de |)areils reproches, nous nous sommes appliqués à rechercher: 1" quels suntles signes qui peuvent faire reconnaître les œufs inféconds, afin de ne pas les mettre en circulation ; 2" quelles sont les causes qui peuvent influer sur la fécondation, afin de les observer et de les avoir de notre cê»té dans le commerce approximatif et chanceux auquel nous nous livrons. Pour nous éclairer sur ce sujet, nous avons consulté d'abord les auteurs (pii ont écrit sur la basse-cour et sur l'élève des l'oules et autres Oiseaux. Pour suppléer à leur silence ou à leur défaut de précision sur certains points, nous avons rédigé un questionnaire spécial, et nous l'avons soumis aux j)ersonnes que nos relations nous permettaient de reconnaître comme le plus en état de nous fournir les meilleurs l'enseignements. Nous citerons particulièrement : M. Jacque et M. Florent Pré- vost, dont les noms n'ont pas besoin de commentaires; M. Si- mier, grand éleveur à la Suse, dans la Sarthe; 31. Delouche idu Mans), qui a obtenu des prix dans plusieurs expositions; M. le D' Sacc, M. (Jranié (de Toulouse), M. Fiolet (d'Arras), tous trois amateurs des jdus distingués; M. Carbonnier, au- teur de la couveuse artificielle qui porte son nom, et mesdames de Frileuse et A. Passy. Toutes ces personnes ont bien voulu réj)ondre avec une grande complaisance aux diverses questions qui leur ont été posées. Sur un premier point : s'il est possible, l'œuf étant intact et recouvert de sa coque, de distinguer s'il est fécondé ou non, les réponses sont unanimes. Excepté loi-sque l'œufoffre quelque 'dS s(,(_;ii':Ti': i.Mi'KiiiAi.i. Zdoi.iKiKjii; i)\\(;(;Li.\rATAïiux. aiKuiialic, ajipr/'cialile, par cxi-niplo, iju'il csl liai'di'', c'csl-à- tlire sans coque calcaire (disons, en passant, que deux ou trois œufs seulement de celle sorte ont été i)roduits au Jardin, ce qu'il laut attribuer à la bonne nourriture des animaux); ou bien lorsque l'œuf est double, aplati, déformé: tous ceux que nous avons consultés ont répondu qu'il n'était |)as possible de reconnaître à priori, avant l'épreuve de l'incubation, si un œuf est fécondé ou clair ; car c'est par ce dernier mot iju'on désigne les œufs non fécondés. « Je ne crois pas, m'écrit M. Jacque, ({ue vous arriviez sur ce point à un résultat. » Y a-t-il unmoyen, se demande M. Prangé, auteur des Poules bonnes pondeuses (p. 177), de reconnaître que les œufs sont fécondés? Et il répond tout court : Non. A mesure, il est vrai, (pi'un œuf vieillit, il se fait à son gros l)Gut un vide appelé cavité ;'; air; ce vide a lieu par i'évaporation, à travers les ])ores de la co(jue, des éléments aijueux de l'o'îuf : il est souvent très sensible dans un œuf pondu depuis trois ou quatre jours seulement. Les dimen- sions de ce vide, qui vont toujours en augiuentant, four- nissent aux personnes qui en ont l'babitude un moyen de juger avec assez de certitude de la fraîcliiMu- ou de l'an- cienneté de l'œuf. Par suite de la formation de ce vide, les auli-es parties de l'œuf cliangent aussi de rap[)ort : le jaune se rapprocbe de la coque et ([uelquelbis y adliére ; les cba- lazes se tordent et se rompent, cl la vésicule germinative s'épaissit et devient i)lus appréciable. Il doit donc arriver un moment où l'étendue iV' la cavité à air est contraire au déve- loppement même d'un germe primitivement fécondé, et c'est ainsi que les œufs vieillis sont impropres à l'incubation. Cette appréciation s'appuie tnul aussi bien sur la connaissance de l'âge de l'œuf, c'est-à-dire sur la date iV sa ponte, que sur l'inspection du degré de viduité i\i' la cbambre à air et des cbangemenis survenus dans l'oMif. Mais combien de tem[)S après la ponte un OHif conservc-l-il la faculté de déve- lopper 1(^, germe ([u'il contient? Généralement on dit (pie les œufs après trente jours cessent de conserver la jtro- priélé de germer: c'est l'opinion vulgaire. Il n'a pas été fait FÉCO.NUATIO.N DES (KIFS DES i;.VM>lN\CÉS. 369 sur ce puiiit (rcxpr'rionccs |)récisps et sci(?ntiri((ucs, ni assez variées, suivant les circonstances de saison, de localités ou autres appréciables, pour que l'on puisse lixer un terme aussi absolu. Pendant la campagne de 1861, au Jardin d'acclima- tation, de mars à juillet, la date de la ponte de chaque œuf étant inscrite, le jour même, sur une étiquette et placée sur l'œuf, je suis certain d'avoir constaté que quelques œufs étaient éclos après trente-quatre et trente-cinq jours de leur ponte ; mais ces œufs étaient conservés dans du son, à l'abri de la lumière, et relevés de dessous les poules peu de temps après la ponte. Suivant M. Carbonnier, d'après les nombreuses expériences qu'il a laites, soit avec sa couveuse, soit avec des poules, quand les œufs ont vingt jours de date, on ne doit pas s'attendre à plus de moitié des éclosions, lorsqu'ils sont mis à couver. Cependant à l'état de nature, beaucoup d'oiseaux, les Perdrix, entre autres, mettent de vingt-cinq à trente joui's d'intervalle entre la ponte de leur premier œuf et celle du dernier. Ces œufs sont exposés ta toutes les intem- péries, inondés par des pluies froides, ou échauffés par un soleil ardent : lous ou [iresque tous cependant viennent à bien. Serait-ce dans ces cas un effet de la force vitale com- muni(piée de la mère aux u'ufs, qui leur donne la puissance de résister à toutes les causes de mort? Car il est certain que des œufs vieux recueillis par nous, dans les mêmes condi- tions, mis dans du coton, ou sous des poules, avec tous les soins imaginables, ne réussiraient pas avec le même succès. Il résulte de ces faits qu'un œuf étant intact, ce n'est qu'ex- ceptionnellement, par induction, plutôt que par des signes sensibles, qu'on peut dire tju'il est fécondé ou clair. Je dis plus : lors môme que l'œuf est cassé et versé sur une assiette, et qu'on se livre à* l'examen de ses parties, il n'est pas encore possible de distinguer un œuf fécondé d'avec un œuf infécond. On a beaucoup parlé de la vésicule germinative ou cicatricule, ce petit point blanc arrondi à zones concentriipies qui se trouve incrusté sur l'une des faces du jaune ou vitellus, et qui serait un signe caractéristique de l'œuf fécondé. Je puis alïirmer qu'ayant ouvert et examiné attentivement un T. IX. —Mal ISG'J. -'-i 70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. grand nombre d'œul's, généralement j'ai trouvé cette vésicule dans tous, même dans ceux dont l'infécondation m'avait été démontrée par quelque temi)s d'une incubation inutile. L'incu- bation, voilà le seul critérium de la fiîcondation. Dans un œuf cassé et lecondé, le mouvement organique de développement du germe, lorsqu'il a lieu, est appréciable après quelques heures; mais ce n'est qu'après cinq ou six jours d'incuba- tion, qu'on peut reconnaître à travers la co({ue qu'un œuf est l'écondé, et que le germe qu'il contient, est en voie de se développer. Voici sur ce point l'opinion des deux derniers auteurs qui ont étudié avec le plus de soin la composition des œufs, MM. Baudrimont et Martin Saint-Ange: « On ne saurait établir quelles sont les conditions anatomiques indis- pensables à l'œu!' pour qu'il soit lecondé ; à quels signes on peut reconnaître l'œuf (|ui est fécondable, la science ne pos- sède pas à cet égard de données positives sulîisantes ; de nou- velles recherches sont donc nécessaires dans le but d'élabhr anatomiquement, si cela est possible, le degré de maturité de l'œuf qui le rend fécondable. » La petite vésicule lenticulaire, suivant M. Alliberl, cité et approuvé par M. Jacque, appelée germe ou cicatriculc, se trouve dans l'œuf non fécondé, aussi bien que dans celui qui l'est; la présence de ce germe ne peut donc, dans aucun cas, être un signe de fécondation, comme on le croit vulgairement [le Poulailler, p. 20/0. La même assertion se retrouve dans l'ouvrage de M.Mariot-Didieux {Éducation des poules,^. Ihl). Je n'ai trouvé qu'un seul auteur, M. Audouin {Dictionnaire classique des sciences naturelles de Bory Saint-Vincent , p. 105), qui prétend pouvoir distinguer en quoi une vésicule germinative fécondée diffère de celle qui est stérile. Mais dans la comparaison à laquelle se livre M. Audouin à ce sujet, on reconnaît bien vite que les signes auxquels il s'attache pour établir cette distinction, sont si subtils, si difficiles à saisir à l'œil nu et sans l'aide de la loupe, ([ue son procédé de dis- tinction est très hasardeux, et surtout ne peut être d'aucune utilité marchande pour l'achat et la vente des œufs. Il résulte seulement, derexamenderopinionde M. Audouin, que les œufs [•'ÉCONDATION DES ŒUFS DES GALLINACÉS. 371 stériles, comme les œufs fécondables, ont une cicatricule iden- tique pour des yeux qui ne savent pas se servir du microscope et de la loupe. Suivant l'un des membres de la Société, M. Car- bonnier, la vésicule germinalive s'élargit, s'épaissit et paraît plus opaque, à mesure que les œufs vieillissent. M. Carbon- nier croit aussi que les inégalités d'épaisseur, si communes dans certains œufs, sont un obstacle au développement régu- lier du germe, et il appuie cette opinion sur les expériences d'Etienne Geoffroy Saint-llilaire, et de notre confrère M. Da- reste,qui, en obturant certaines parties delà coque, sont par- venus à déterminer des monstruosités qui ne vivent jamais au delà de liuit à dix jours. Enfin un auteur anglais a prétendu tout récemment avoir découvert un moyen infaillible de re- connaître les œufs fécondés : il prétend qu'en [dayant un o'^uf sur les parties sensibles de ses paupières, en y ap|)uvant d'abord le gros bout, si celui-ci est plus cbaud ou moins froid que le petit bout, c'est un signe de fécondation; il y aurait, suivant lui, une différence de chaleur en face de la cicatricule fécondée ; l'œuf qui ne serait pas fécondé, serait également froid. Je laisse à juger quelle confiance mérite une pareille finesse de tact. Voici enfin sur cette question l'opinion de notre confrère M. Dareste, qui pour ses expériences s'est livré à l'examen d'une si grande quantité d'œufs : « Jusqu'à présent je ne con- nais aucun moyen de distinguer un œuf clair d'un œuf fé- cond ; quant à distinguer la cicatricule de l'un et de l'autre, c'est un problème que je n'ai pas encore pu résoudre, quoi- que je ne prétende pas qu'il soit insoluble. MM. Prévost et Dumas ont dans le temps indiqué ({uelques caractères dis- tinrtifs des uns et des autres, mais ces caractères sont au plus appréciables à la loupe ou au microscope. J'ai lieu de douter de cette observation qui est déjà assez ancienne. En résumé, si même par l'examen anatomique très attentif il n'est pas possible de reconnaître si un œuf est fécondé ou clair, que sera-ce lorsque l'œuf est intact, et revêtu de sa coque épaisse, tel qu'il est lorsqu'on le livre à la vente. Les signes sensibles manquant pour obtenir la distinction 372 SOCIÉÏK IMPÉKIAM!: ZOOLOlilOUK d'accLIMATATION. quo nous cherchions, nous avons dû nous tourner vers les signes rationnels, c'est-à-dire approximatifs, et demander à l'induction une lumière que l'ohservation directe ne pouvait nous fournir. C'est ici qu'a commencé l'enquête annoncée au commencement de ce travail. Nous ne croyon pas pouvoir mieux faire, jtour exposer les réponses qui nous sont parve- nues, que de mettre respectueusement sous vos yeux, tel qu'il nous a été remis, l'excellent et consciencieux mémoire ({uc madame Passy a bien voulu nous envoyer; nous y joindrons comme commentaires les opinions des autres personnes dont j'ai fait plus haut connaître les noms. II. 1° A quel âge les Poules couimencent-elles à pondre chez vous ? T Cet âge est-il le même pour toutes les espèces observées par vous ? Je n'ai nulle raison de croire que les Poules doivent pondre chez moi ni plus lût ni plus tard qu'ailleurs, et comme les deux questions ci-conire s'enchaînent, et sont moins simples en réalité (ju'ellcs ne le semblent en apparence, je serai forcée d'étendre ma réponse en posant d'abord en principe, qu'il ne peut être question (jue de sujets obtenus de couvées printa- nières, parce ([ue ceux-là seuls, croissant sous la bienfaisante influence de la belle saison, acquièrent par cela même le dé- veloppement complet de toutes leurs facultés physiques; et ceci posé, il faut encore classer et distinguer les sujets par espèces, puisque la généralité ne tendrait qu'à nous tenir sans cesse à côté du vrai. Pour être comprise, il me faut donc citer des exemples, ce que je vais faire en réclamant toute indul- gence pour les longueurs que je ne [lourrai pas éviter. Or, commençons tout d'abord par examiner nos belles Poules normandes de Crèvecœur et de Hoiidan si justement a[tpré- ciées par madame Cora Millet-Robinet, dont les œuvres aussi FECONDATION DES ŒUFS DES GALLINACÉS. 373 précieuses qu'utiles sonl si généralement reelierchées... C'est vers leur cinquième mois que la crête des jeunes Coqs de ces belles indigènes se développe et s'injecte sensiblement; leur voix aigre, jiresque toujours fausse, devient accentuée et grave; l'instinct belliqueux et celui de l'amour naissent et se développent avec rapidité; veilJant assidûment à la garde des femelles, se privant pour elles du meilleur de leur nourriture, ils vont et viennent fièrement, les entourant, battant des ailes, s'agitant avec importance, pourcliassant tout ce qui en ap- proclic, et cbanlant à plein gosier. 1! est sensible qu'ils ne font pas encore l'amour, mais qu'ils le sentent, et l'expriment par nu'lle gracieuses agaceries, prélude assuré de ce qu'ils veulent faire partager à leurs compagnes, indiflerenles jusque-là, puisqu'cn réalité elles les fuient alors plus qu'elles ne les recherchent. M. Lallement et le savant M. Cosie ailinnenl qu'un bon Coq peut l'éconder en une seule fois une douzaine d'ovules; re- cherchant toujours ce dont je ne suis pas assurée, et croyant avoir remarqué que l'acte de la reproduction se manifeslail dans les espèces les plus précoces vers les deux tiers de leur ])remière année, j'ouvris soigneusement une belle poulette de Crévecœur de presque huit mois, et voici le résultat exact de mon examen scrupuleux : je reconnus (|ue l'ovaire, quoiipie dép considérablement gontlé par une grande alUuence de sang, permellail toutefois de distinguer le commencement de la grappe des ovules, ce qui me porta naturellement à penser que cet organe, sollicité par ce surcroît de vie et les excitations répétées du mâle, était comme entraîné au commencement de l'œuvre, et en réalité entrait en fonction. A quelques jours de là, procédant de la même façon sur une autre poulette de la même couvée, je vis clairement que celte différence de quelques jours avait sulîi pour influxionner encore bien davantage les organes générateurs: l'ovule, extrêmement grossi et alors dé- tach('' de la grappe, était descendu directement dans l'oviducle, où je suppose qu'il doit s'y charger j)endant son séjour de toute sa partie glaireuse. Puis enfin chez une troisième pou- lette, également sœur de celle-ci, mais examinée [dus tard 37/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. encore, et ayant subi plus longtemps l'active influence de l'excitation causée par l'ardeur du mâle, je trouvai l'œuf par- faitement constitué, ayant atteint toute sa grosseur, étant arrivé dans le cloaque, et s'y terminant avant son expulsion, par l'incrustation du carbonate calcaire qui forme sa coquille. Or donc, de la réunion de tous ces faits certains^ j'arrive à cette conclusion: que les sujets de ces espèces indigènes yiés an printemps, et bien soignés, peuvent être aptes à la repro- duction bien avant la fin de leur première année, et je puis placer dans la même acception les magnifi(jues Dorkings qui me viennent de chez lord Derby ; les Andalouses, dont le pre- mier type me fut donné par M. Dray, après leur brillante ap- parition au concours universel de Paris; les Coucous d'An- vers et les Hollandaises que j'ai obtenues d'échanges faits avec M. Weckmans, directeur du Jardin zoologique d'Anvers; et les bonnes Coucous de France que je tiens de M. Paul Lelrône, dont la belle monographie des Gallinacés et les études sur la basse-cour demeureront la source des plus instructives leçons. J'ajouterai à cette liste déjcà longue les Poules de Pavilly, de Houdan, et au besoin môme celles appelées si improprement de Padoue, quoique leur origine ne soit pas italienne, puisque ce fut de Pologne que le roi Stanislas les apporta en Lorraine, à l'intention de sa fille, la reine Marie Lcckzinska ; mais avant de parvenir à celle-ci, elles plurent à la favorite, madame de Pompadour, et c'est du caprice de la maîtresse de Louis XV qu'on les nomma d'abord Padourps, et ensuite par altération elles prirent et conservèrent le nom de Padoue, ([u'elles por- tent encore aujourd'hui... Il y a certainement encore bien d'autres espèces que l'on pourrait classer dans la même accep- tion, mais ne les possédant pas et ne les ayant pas étudiées, je ne pourrais porter sur elles qu'un jugement incertain... Quant aux espèces exotiques, dont nos basses-cours se sont ornées depuis quelque temps, telles que la Brahmapootra, la Cochinchinoise, à laquelle on aura tant de peine maintenant à faire reconquérir son véritable nom de Poule de Nankin, et la Poule de combat de l'ile de la Réunion, je les signale assu- rément comme les plus retardataires de toutes. Est-il fondé FÉCONDATION DES ŒUFS DES GALLINACÉS. 375 d'en attribuer ia cause aux ditrérences de latitude qui exis- tent entre leur pays natal et le nôtre, c'est ce que je soumets à plus savant que moi, car à côté de cela plusieurs petites es- pèces qui appartiennent également à des climats bien plus chauds que le nôtre, telles que les Poules négresses, celles de Java, du Bengale, de Bantam, etc., olVrent à cet égard des variations si grandes, que je suis tentée de les attribuer seu- lement aux incessantes gâteries que s'attirent par leur ama- bilité la plupart de ces charmantes petites espèces si familières, qu'elles viennent prendre jusque dans la main la nourriture choisie et presque toujours plus excitante que celle donnée pour l'ordinaire au troupeau général; je crois ceci d'autant plus juste, (pie j'ai souvent remarqué que lorsqu'il se trouvait dans leurs congénères quelques-unes d'entre elles d'un na- turel sauvage ou querelleur (jui s'attiraient moins de svmpa- thie, et par cela même moins de bonne sustentation, celles-là demeuraient tout aussi retardataires que le sont les trois grandes espèces exotiques dont je viens de parler auparavant. 1^*^ et 2^ Question. — Suivant M"« de Frileuse, les Poules pondent généralement de six à huit mois; cet âge varie cepen- dant suivant les espèces : les Poules négresses, les Hambourg, les Anglaises, les Crèvecœur, pondent plus tôt que les grandes races exotiques; les poulettes d'automne plus tôt que celles du prinlemps. — SuivantM. Fiolet,les Poules doFlandre pon- dent à dix mois, et sont plus tardives que celles d'Artois, qui commencent k septinois.— Pour M. Sacc,râge de la ponte est le même pour toutes les Poules qu'il a observées : à six mois environ, vers la Noël, l'éclosion ayanteu lieu en mai ou juin. — MM. Simier et Delouche, (pii n'ont observé que les Poules dites du Mans el de la Flèche, disent que c'est à sept mois environ. — Suivant M. Delouche, la captivité permanente peut reculer cette époque de la ponte à huit ou dix mois. On voit que sur cette première question, les réponses con- cordent assez : les Poules en général pondent dès la première année de leur naissance. ~ M. Florent Prévost est le seul qui recule jusqu'à un an l'âge de la ponte, et même à dix-huit mois ou deux ans pour les rares du Nord. Les Poules, sui- 376 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. vaut cet excell(3nt observateur, ne tlonnent ({iie 15 à "25 œuts la première année; il Tant croire qu'il en a été ainsi au Jardin des plantes de Paris. Ce n'est pas seulement l'âge de la Poule, c'est aussi celui du Coq qu'il est important de connaître. Généralement c'est de quatre à si\ mois que les jeunes cocliets commencent à Taire la roue autour des Poules ; c'est aussi cette époque que l'on choisit pour on l'aire des chapons. Ce n'est qu'à un an, même à quinze mois, qu'on peut C(jnsid(''rer un Coij dans toute la puissance de la fécondation. Un bon Coq ne dure qu'un an ou deux au plus. ïessier voulait qu'on les changeât, tous les deux ou trois ans, et qu'on réformât aussi à trois ans les Poules pondeuses. Un Coq fort et vigoureux peut suffire à 12 ou 1.5 Poules; par- mentier dit 15 à 20. 11 est mieux (comme nous le faisons au Jardin), de ne lui en donner que cinq, et de ne le laisser en exercice que pendant une semaine, puis de lui donner ([uel- ques jours de repos et de le remplacer \n\v un autre. Cette séquestration le rend plus ardent. Le Coq est essentiellement polygame, il aime le changement. Dans un parquet composé des j)lus belles Poules, introduisez une nouvelle, taiil laide, vieille et malade qu'elle soil, c'est à elle que vous verrez courir le Co({. Il faut donc se conformer aux indications de sa nalun% changer de lemjisen tem])S les Poules. On croitgéné- ralement qu'un seul accouplement suflif pour féconder à la foison grand nombre d'u'ufs, sans pourtant (pie les premiers pondus exigent moins de temps que lesderniers dans la durée de l'incubation. Ilarvey étendait à six mois l'eflet d'un seul accouplement, d'autres le restreignent à un mois; P)uf(on disait vingt jours seulement. Il est certain ([ue les Poules peuvent })ondre un certain nombre d'œufs sans le contact du Coq ; la jjlupart de ces œufs ne sont pas fécondés, et l'on dit qu'ils se conservent mieux. La présence du germe vivant dis- pose plus })ar sa mort à la décomposition des éléments de l'œuf : c'est ce que l'on sait très bien à la campagne. On a soin de l'etirer les Coqs d'avec les Poules dont les (jnd's doivent être conservés pour l'hiver. Les œufs produits entre les deux No(re-Dani(^ d'août et di' seplcinbi'c icn stn' cent Poules avez-vous de couveusesl M'"' A. Passy. — 11 est impossible de répondre à ceci d'une manière absolue puisque cola varie selon les espèces. S'il est question des Poules Brahmapootra, de Nankin ou de File de la Réunion, je dirai que sur cent Poules, il y en aura plus de quatre-vingts qui couveront, tandis que s'il est question de nos indigènes, on n'en trouvera guère qu'une dizaine par cent... Quant aux Andalouses, Padoue, Dorkings, l'instinct maternel est encore bienuK^ins développé chez elles, et je me figure, à tort ou à raison, avoir trouvé la cause du peu de besoin FÉCO.NDATIUiN DES (KllS DES G.M.Ll.N Ac:ÉS. 385 (|u'elles (''prouvent, de couver : c'est (jue les parties pectorales sont chez elles inlînimenl moins chaudes qu'elles ne le sont chez les sujets des autres espèces, qui sont continuelleuKMit en nécessité de se frotter et de se rafraîchir sur les œufs qui leur sont confiés. 12" Question. — lléaumur, poussé par le désir de répandre l'usage des couvoirs artiliciels, a écrit ces lignes : « ï;int qu'on » se reposera sur les Poules, il ne faut pas espérer que la » multiplication de leur espèce soit portée aussi loin qu'on » pourrait le désirer ; toutes celles d'une hasse-cour, à heau- » coup près, n'ont pas chaque année la volonté de couver. J'ai )) vu avec regret, dans certaines années où des expériences que » je désirais faire demandaient que j'eusse des couveuses, que » cinquante à soixante Poules ne m'en avaient fourni ([uc » quatre. Les plaintes faites contre les Poules qui ne veulent )) pas couver sont ordinaires à la campagne ; je crois (pi'en ); général il est rare qu'il y en ait le quart ou le tiers qui en » aient envie. » ' L'aptitude àcouver, suivantM"' de F..., dépend des espèces : les Crèvecœur, les la Flèche, les Iloudan et les Handjourg ne couvent ]ires(iue pas. C'est le contraire des iîrahma, des Coch inchinoises et des négresses : elles couvent beaucoup. — M. Fiolet : Le désir ou le besoin de couver varie suivant l'âge de la couveuse. Chez les Poules d'un an. les couveuses peuvent être évaluées à 10 sur 100 ; à deux ans, 20 pour 100 ; à trois ans, 50 pour 100. Après quatre ans, toutes les Poules demandent à couver lorsqu'elles sont dans de bonnes condi- tions. — M.Delouche : Je n'ai pas une couveuse sur 100 parmi les Poules nourries chez moi. Il uie faut prendre les couveuses parmi les Poules en liberté. — M. Simier : Les Poules de la Flèche sont élevées pour l'engraissement, et non pas pour couver ou pour donner des nnifs. Sous ce rapport, ce sont les Poules du Mans à courtes pattes qui leur sont préférables.— M. Florent Prévost : L(i besoin de couver dépend des races. Je ne me suis jamais livré à aucune a})préciation sur ce point. — M. Sacc : 100 Cocbinchinoises me donnent 100 cou- veuses. ■ T. IX. — Miii ISG2. 25 386 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQLIE d'ACCLIMATATION. 13" Qî'.e/s sont les résultats de vos incubations : 1" à l'éclo- sion; 2" trois mois après ; B"" ati bout (Viin an ? M'" A. Passy. — Si ce sont des œufs de Poules libres, Je j»uis compter sur plus des cpuitre cinquièmes de réussite ; si ce sont des œufs de Poules parquées qui ne soient pas sorties de chez moi, je ne compte (jnère que sur les trois cinquièmes. Trois mois après, j'ai tous mes poussins cxoti(iues. Mais si les Crèvecœur sont tenus dans les basses-cours sans verdure, il (41 })érira la moitié ; i! leur faut des prairies, des vermis- seaux, des végétaux, et à lous de petites pierres calcaires qui aident à la digestion. Si ce sont des Dorkings, ([ui prennent si facilement du catarrhe et des scrofules, j'en perdrai plus de moitié par l'elfet de ces terribles maladies. Quant aux autres espèces, je n'en perds guère que par accident : le passage des chiens, les renards, les voitures qui écrasent, etc. C'est vers la demi-année que les Poules exotiques subissent à leur tour les maladies auxquelles elles sont sujettes :1e bou- chatje, dont on les sauve facilement par une précaution qui se devine ; puis les rhumatismes et la goutte, qui déforment leurs pattes, elc. Au reste, à quelque âge que ce soit, et quelle que soit la maladie qui atteigne les Gallinacés, surtout celle de la tète et des yeux, qui est infectante, je conseillerai toujours de les sacrifier sans hésiter, parce qu'autrement on y perd un temps infini, pour n'arriver qu'à un mauvais résultat. En somme donc, je crois qu'il est consciencieux do dire qu'au bout de l'année, on perd d'un quart à un tiers de réclusion première. . ■< J 3" Question. — M"' de Frileuse : Suivant le temps et suivant les soins, à l'éclosion j'obtiens en poulets le tiers des œufs que j'ai mis à couver. En somme, je suis satisfaite lorsque j'obtiens 10 pour 100 de mes couvées. — M. Fiolet: Les couvées bien soignées donnent à l'éclosion 80 pour 100. La réussite dépend beaucoup de l'époque de l'année. Les couvées du printemps sont les ])lus heureuses; celles de juillet et d'août donnent une perte de moitié. Après le quatrième mois je regarde mes élèves comme sauvés. — M. Delouche : Les cinq sixièmes FÉGOMDATJUN DES ŒUFS DES GALLINACÉS. 387 do meséclosions vienncnl à bien; trois mois après un tiers a péri. Au bout d'un au il me reste la moitié. — M. Simier : Nos couvées ne sont jamais nombreuses. Outre les œuls clairs dans la proportion d'un quart ou d'un cinquième, il y a aussi les morts dans la coquille. Certaines années sont plus favo- rables que d'autres aux couvées. L'an dernier, j'ai perdu les trois quarts de nies poulets sans savoir à quoi attribuer cette mortalité. Cette année, je n'en ai presipie pas i)erdu. En général, sur 15 œufs, lorsqu'on obtient 7 à 8 poulets cài-és de trois mois, on doit s'estimer content. — M. Victor Chatel a constaté, dans une communication faite au Comice agricole du Calvados, combien ranné(3 1801 avait été favorable à la multiplication d'un grand noml)re d'espèces animales. — M. Florent Prévost obtient deux tiers à l'éclosion ; trois mois après, moitié ; au bout d'un an, il reste un cinquième. M. Sacc : 100 œufs de Poules mis à couver donnent à l'éclo- sion 75 poulets, desquels on n'élève guère plus qu'une soixantaine. ili" Avez-vous fait usaniniunic|uéi>*> par 91. KAIVIEL. (Séance du 28 mars 1S62.) L'Émeii, comme le Kanguroii, le Dingo, le Canard noir et quelques autres espèces, se trouve sur tout le continent australien. Partout oii il y a de l'herbe et de Teau, on entend, au lever et au coucher du soleil, son cri guttural qui rappelle le hruit du tambour. Dans les parties vierges du continent, il aime à paître sur les vastes plaines ou sur les collines basaltiques ; mais dans les lieux Iréquentés par les troupeaux de bœufs ou de mou- tons, les individus en petit nondire qui ont survécu à cette aurore de la civilisation, cherchent les abris des taillis ou des Ibrêls, prennent leur nourriture dans les ravins et les vallées étroites, donnant toujours la préférence à la V(''gétation luxu- riante des terrains où ont campé les moutons. Comme le Chameau, l'Émeu peut avaler une grande quan- tité de liquide, et, par une température moyenne, vivre plu- sieurs jours sans renouveler sa provision. Mémo par les fortes chaleurs de l'été, j'en ai rencontré dans les lieux éloignés de l'eau à des distances de 15 et 20 milles. Quand il veut boire, il s'arrête sur la rive pendant ({uelque temps, et regarde avec le plus grand soin s'il n'y a pas d'ennemis; tout à coup il se précipite vers l'eau, en prend une bonne provision, remonte avec promptitude, et, s'il ne voit aucun danger, il se retire tranquillement. C'est au moment où l'Emeu vient boire, qu'il est assailh par le nègre, son plus grand ennemi. L'attaque varie suivant les différents cantons de l'Australie. Dans Victoiia, les noirs se placent en embuscade, au coucher du soleil, au moment où tous les oiseaux australiens vont se désaltérer; tpiand ils 398 SOCIÉTÉ IMPÉUIALI'; ZOULOGIQUE 1) ACCLIMATATION. ont VU un Émeu courir à l'eau, ils s'élancent de leurs cachettes, font un cercle, et bientôt l'Émeu tombe sous leurs flèches. A Queeusland, ils ont une autre tactique : ils montent sur un arbre qui domine le lieu où l'oiseau vient boire, et quand il lait sa provision d'eau, ils laissent lomber sur lui une flèche très lourde. Je vais signaler quel([ues laits caractéristi([ues des mœurs de cet oiseau. En 18/i5, j'eus un merveilleux exemple de son courage maternel. Dans les plaines du bas Galburn, j'aperçus un vieil oiseau enlouré d'une demi-douzaine de ]>etiLS qui avaient à peine alteini hi rnoiti('' de. leur croissance ; j'eus le désir de m'emparer de l'un d'eux. Je les avais approchés à peine d'un mille sans qu'ils m'eussent aperçu, mais dès qu'ils me virent, ils prirent la l'uite en très bon ordre, le vieux lor- mant l'arrière-garde. J'avais avec moi un grand lévrier pour la chasse au Kangu- rou; il devança un peu mon cheval pour s'élancer sur un des jeunes. A ce moment, la mère se retourne vers le chien comme il saisissait un petit et lui fait lâcher prise. Le chien revient à la charge et s'empare encore du petit; le vieil Emeu saute sur son dos, le jette à terre et le frappe de ses pattes. Sur ces entrefaites j'arrive, et je mets en fuite les Émeux. ()uand une troisième fois le chien eut pris un des ]»etits, le vieil Émeu se ruait de nouveau vers lui ; ma présence l'arrêta. Bel et puissant animal, reconnu comme un rude jouteur, mon lévrier avait été complètement battu par le vieil Émeu. Voici un exemple du singulier eliét produit sur l'Émeu par une subite alarme. En 'J8/i7,je parcourais à cheval les jdaines de Moilun dans le Wimmera, accompagné de trois jeunes chiens kangurous, (jui m'avaient déjà fait tuer beaucoup de Dingos, mais qui n'avaient jamais chassé l'Emeu. Tout à couf) ils me ipdttent, s'élancenl dans un i)elit fourré d'acacias, et commencent à al)oyer, signe certain (fu'ils avaient devant eux un ennemi qu'ils n'osaient pas attaquer. Je pique mon cheval et me trouve en présence d'un gros Émeu, évidemment très efl"rayé. Son corps et son long cou formaient une ligufi presque verticale, et ses plumes étaient hérissées à angle m suit l'émeu. 399 (linii. A cet aspect si uxlraordiiiaire, imui clieval, effrayé, reeiila. L'Euieu s'enfuit dans la plaine, mais tellement déso'- rienlé jiar Tahoiement de^ chiens, qu'il ne [)ut trouver sa route. Pendant un temps considérable il tourna en rond au milieu de la meute, aussi épouvantée que lui, sans qu'il me l'ut possible de faire avancer mon jeune cheval à une distance moindre de 50 yards. A la lin, un de mes chiens sauta au cou de l'Énieu et le terrassa. Une autre fois, je traversais les mêmes plaines avec un nègre (pii devait me montrer le lac Marlbei ; j'avais déjà eu l'occasion de me convaincre que l'Émeu, comme le Lièvre voit très imparfaitement les objets qu'il a devant lui, et (pie souvent il prend un cavalier monté pour un autre Émeu. Comme nous avancions doucement, nous en aperçûmes trois à une si grande distance, que c'est à peine si nous pou - yions les distinguer. Tout à coup l'un d'eux se dirige vers nous à toute vitesse. Je m'imagine tout de suite qu'il s'est trompé, et nous prend pour d'autres Émeus. Pour ne pas le désabuser,' nous tournons nos chevaux la tète en avant et demeurons immobiles ; dès que sa marche rapide l'a assez rapproché de nous, le nègre me dit : « C'est une vieille femelle. » Quand elle fut à quinze pas de nous, elle s'arrêta court, tourna sa tête de cùlè, vit son erreur, et s'enfuit, poursuivie par les chiens. Pendant le premier mille elle sembla les gagner de vitesse, mais avant le deuxième les chiens s'en étaient rendus maîtres. Ouand j'arrivai, je trouvai celui de mes chiens (pii était le plus rapide, blessé à la tête et par tout le corps, et laissant voir à nu sa trachée-artère. 11 avait dû recevoir cette blessure au moment oii il avait saule au cou de l'Émeu pour l'abattre. Le nègre, nous ayant rejoints, fut dans le ravissement de la perspective du riche festin qu'il avait devant lui. Il dépeça les deux cuisses de l'oiseau, ainsi (jue l'estomac, qui renfermait de l'oseille et deux morceaux de minerais de fer de la gros- seur et de la forme des œufs de poule. La dernière feuille de V Illustrated Australum Mallàa Mel- bourne rapporte : /|()() SOGIÉTI'; IMiMillIAI.K /(K.HJX.IQl' K d'aCCLIM.VTAïIU.N. « Ou on voit depuis (juelque temps un Enicu privô, ;"i l'al- » lui'c (iiyno et distinguée, Ihire sa }tromen{ide ordinaire au » marché de l'Est {Eastem market). 11 scndjle ne pas se sou- » cier d'explorer les rues voisines, et son [irincipal amuse- » ment est de mettre sa tête sous une fontaine pour y prendre » un bain de pluie. » — Nous croyons devoir citer encore un l'ait intéressant qui peut donner une idée des instincts extrêmement l'amiliers de cet oiseau : (( A la station de M. EUis, snr l'Avoca river, on avait jiris et apprivoisé un jeune Emeu. Quand il lut devenu adulte, il disparut pendant quelques semaines. Dans la saison des jtluies, un jour que la rivière était grosse, on vit reparaître l'oiseau favori sur la rive opposée ; mais il n'était ])as seul, douze petits composant sa famille l'accompagnaient. Tous les liabitanls, heureux de son retour, se hâtèrent de venir le voir. Pendant qu'ils se demandaient comment les petits et la mère pourraient traverser le toi'rent inq)étueu\, celle-ci prend son parti et se prépare à étudier la difficulté. Elle plonge dans l'eau, nage jusipi'à la rive opposée, et sûre qu'il n'y a point de danger, elle revient vers ses petits ; elle en prend un sur son dos, le porte sur la rive où est l'habitation, revient cher- cher les autres jusqu'au dernier, et met ainsi en sûreté toute la famille. L'attachement (pi'on avait pourl'Emeu grandit par ce trait de courageux instinct. Les petits hu'ent élevés avec soin, et M. Ellis ne s'en séparait ipi'en faveur de ses meilleurs amis.» DK LA DOMESTICATION DU TÉTHAS {Tetrao tetrix). Far M. A. CHWATOFF. (Séance du 31 janvier 18G2.) Voici en quoi consislent les expériences que j'ai faites sur l'apprivoisement des Tétras depuis dix-neuf ans. Toutes les fois que je pouvais prendre de jeunes Tétras, je les élevais dans une chauilire; bien qu'ils semblassent en- tièrement apprivoisés, à peine se sentaient-ils libres, cpi'ils s'envolaient dans le bois. Il arrivait parfois qu'ayant vécu deux ans avec les poules domestiques, ils s'envolaient de même pour toujours. Quand je retirais les œufs des nids des Tétras, je les met- tais sous des poules russes qui couvent ordinairement dans des logis babités. Les éclosions me donnaient toujours plu- sieurs petits, mais je ne pouvais les élever, car ils périssaient tous aussitôt que les coqs commençaient à se revêtir de leurs plumes noires et les femelles de leurs plumes bigarrées. Cette mortalité vient de ce que la })0usse des plumes se fait ditïi- cilement. Quand je remarquais un nid de Tétras, je laissais la femelle couver pendant une ou deux semaines; ensuite je retirais les œufs, et je les mettais sous une poule (|ue j'avais préparée pendant ce temps. La poule soignait les petits Tétras comme ses propres poussins; mais vers l'automne, il n'en restait qu'un très petit nombre. J'essayai de placer les œufs de Tétras sons une poule d'Inde, qui les couva j)endant vingl- Imit jours ; mais l'i'levage des petits se fit de même avec peu de succès : 1" parce que la poule d'Inde étouffa ou estropia par le poids de sou corps itiusieurs de ees petits; T parce qu'elle n'aimail pas à les réebaulff'i'. Si je réussissais parfois à garder T. 1\. — Mai I8(il'. 26 /|()2 SOCIÉTÉ IMPÉIUAI.E ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIUN. les petits Tétras jusqu'en automne, ils se couvraient sulH- sannnent de plumes et passaient l'hiver ; mais pendant deux ou trois ans qu'ils restaient chez moi, ils ne coquelaient ni ne pondaient. Il est à remarquer que les petits Tétras couvés par la poule d'Inde s'appropriaient aussi les mouvements de celle-ci, et non ceux qui sont propres à leur espèce. Voici les moyens qui m'ont donné les plus heureux résul- tats, et auxquels je dois une couvée de Tétras parfaitement a|»|)rivois(''S. En remar(|uant dans le hois le nid d'une femelle, >urlou[ d'une vieille femelle, dans lequel il se trouvait au moins dix (imUs, je la laissais couver pendant trois semaines. Pendant ce tem[ts, je choisissais parmi mes poules une cou- veuse qui tint le nid depuis deux semaines; alors je retirais les (puis du nid de Tétras et les posais dans un panier garni de plumes ou d'étotfe, et après avoii- couvert le tout avec (pi(dque cliiise de chaud, je les transportais avec la plus grande précaution sous la couveuse , en retirant jiréalahlement ses pro{)res u'ufs, que je mettais sous une autre poule. Elle faisait éclore les petits Tétras, et elle les considérait comme ses propres poussins. Dès que les Télras sont éclos, il faut immédiatement mettre dans la volière de l'eau dans deux ou trois vases i)lats peu profonds ; le premier jour, les Tétras se passent de nourri- ture, tandis que l'eau leur est indispensaide. Le second jour ou bien le soir du premier, on jette dans la volière de petits cakerlals (l) et des fourmis {'2), (ju'on échaude avec de l'eau bouillante; on peut leur donner aussi des vers, des œufs de fourmis, ainsi que d'autres insectes; et l'on continue à les nourrir ainsi un temps plus ou moins long, selon le besoin. (1) Ou aUriipe les cakcrlals avec une cu\eUe de ciiivie, demi ou enduit les bords intérieurs d'huile, ou bien on les balaye du mur; ensuite on verse de Teau bouillanle dans la cuveUe, puis on retire les insectes et on les dis- perse sur luie planche, ahn que les Télras pin'ssenl les niaiii;('r. (2) On prend les fournils de la manière suivante. Il faut d'abord coller de la toile à l'intérieur d'un pot, en enduire les bords avec de l'huile et enfouir le pot dans une fourmilière, de manière qu'on ne voie que son col. Ouel- ques heures après, le pot se trouve rempli d'une quiuililé de fourmis, qu'où échaude avec de l'eau bouillante avant ùl! les donner au\ Tétras. DOMESTICATION DU TÉTIJAS. hiVA (.kiaiil à la couveuse, elle doit ("tic nourrie d'avoine, de pain cuit et de lait caillé. A l'aiipi-oclic de la nuil, il tant l'aire ren- trer les Tétras dans leur nid, ce qui est d'une grande impor- tance pour le succès de la domestication. Après une semaine et demie ou deux, on peut laisser la poul(î se promener avec ses petits en plein air, ce qui se fait pourtant peu à peu et avec précaution, afin qu'ils ne soient pas attaqués par les chiens ou les chats. Si un Tétras devient morne, hérissé, s'il a l'air paresseux, cela prouve qu'il a froid et ({ii'il n'a pu se déharrasser de sa liente résineuse. Dans ce cas, on verse dans une soucoupe de l'eau-de-vie ou une dissolution de sel ammoniac avec l'alcool, on y plonge les pattes du Tétras pendant deux minutes, et en- suite un le frotle avec le même mélange sous les ailes et le croupion. Si l'on découvre pourtant des vers blancs dans la (iente des Tétras, il faudra alors saupoudrer de sucre pulvé- risé leur nourriture (les cakerlats elles fourmis). On prend pour cela une cuiller à Ihé de sucre pour une bonne poignée de nourriture. Un mois après, si les Tétras sont bien portants, s'ils ont l'air gai, on peut ajouter à leur aliment ordinaire de la mie de pain de farin(^ de deuxième (jualilé; mais il faut les accou- tumer à celte nouvelle nourriture petit à petit et sans con- trainte. Du temps (le la maturité des fruits, on peut donner aux Tétras leurs l)aies favorites, telles que myrtilles, fraises airelles rouges (ces dernières doivent être trempées dans de l'eau pour l'hiver). Huant aux autres fruits, les Tétras ne les mangent pas volontiers. Au bout de deux mois, la poule abandonne les Tétras et retourne vers ses conqjagnes: c'est ce que font ordinairement les poules russes avec leurs poulets, et elles recommencent ensuite à pondre. Les Tétras, au contraire, restent avec leurs petits toute l'année, s'ils n'en sont séparés par une occasion (juelconque. Celle circonstance hors de nature exei'ce une grande inihience sur les Tétras : une fois que la poule les a abandonnés, ils deviennent craintifs, ne bougent plus, piaulent et mangent peu. 11 est indispensable que la peisonne qui les liO'i sociKïK niPiir.iALi: /ooLor.ioi h: D\v(;ci.!M\rATioN. nourrit soit contimiellonient avec eux pendant tout ce temps, cl qu'elle leur donne leur nourriture favorite en raccompa- gnant d'un mot d'appel aufiuel il Tant les halntuer dès le premier jour de leur naissance. I.a nuit, on mène les Tétras dans l'endroit où ils ont passé la nuit précédente avec leur mère adoptive. En deux on trois jours ils s'habitueront et for- meront déjà une compagnie à eux; mais il est indispensable, nous le répétons, que la personne qui les nourrit vienne les voir le plus souvent possible. Le blé commençant à mûrir dans les champs, on coupe de l'avoine, du froment et du sarrasin, tout verts qu'ils sont, [)0ur en faire de [tetites gerbes, qu'on met dans la volière ou qu'on y attache, pour (pio les Télras s'habituent })etit à petit à ce blé, dont ils devront se nourrir en hiver. Mais comme la nourriture ainsi conq)osée n'est pas suHisante |)0ur leur con- server la vie pendant l'hiver, il est nécessaire da leur donner une ou deux fois i)ar semaine du pain coupé en morceaux gros connue un pois; il faut, en outre, attacher à la volière des tètes de choux frais, des balais de bouleau, et leur donner des airelles rouges trempées dans de l'eau. Pour l'hiver, il conviendrait surtout de i»lacer les Tétras ))rès de la volière où ils ont été couvés et (''levés, et où ils pourraient facilemeni, à toute heure, se réfugier jjcndant le mauvais temps. En hiver, on pourrait les tenir à la tempéra- ture à huiuelle l'eau ne se congèle pas; faute d'endroit propre à les mettre à l'abri, ils peuvent rester au froid, s'il n'est pas au- dessous de — 10 degrés Réaumur; autrement, on les expose- rait à se geler les membres, parce qu'à l'état sauvage ils s'en- fouissent profondément, pendant les grands froids, dans la neige. Au lieu d'eau, on peut leur donner de la neige, il est urgent, en hiver, de les laisser entrer tous les jours, ou au moins tous les deux jours, pour une heure ou deux, dans la volière, qu'on recouvrira alors de branchages destinés à rem- placer, en cette saison, le réseau de lil dont on se servira de nouveau en avril. Au reste, il ne serait pas mal de laisser, même en été, une (juatrième partie de la volière sous ce toit de branchages, les Tétras, pendant les chaleurs, se trouvant DOMESTICATION DU TÉTRAS. /i05 bien à l'ombre ; c'esl pourquoi il conviendrait même déplanter dans la volière quelques buissons touffus. Les Tétras que la poule domestique a élevés coquetleront à leur premier printemps plus tard que ceux des bois, mais qu'on ne s'en inquiète pas; dans tous les cas, ils produiront des poussins qui seront de beaucoup plus faciles à élever que ceux que la poule aura couvés. La Poule des bois écrase la nourriture avant de la présenter, à l'aide de son bec, à ses petits, qu'elle appelle par un cri tout parliculier. Accourus lestement à ce cri, les poussins lui arracbent du bec la nour- riture, sans se la disputer et sans allendre leur tour; tandis que, la nourriture ilans son bec, la poule domestique appelle ses petits, et, en la leur montrant, la jette par terre avec un cri particulier réitéré. Les poules domestiques connaissent bien cet appel; mais les Tétras, après élre accourus, regardent tout droit le bec de la poule, et, n'y ^oyant rien, s'en vont. C'est ce qui fait qu'à peine parvient-on à conserver ((uatre ou cinq Tétras sur douze élevés par la poule domesliqiu^ tandis que ce n'est point le cas avec la Poule des bois, qui perd rarement ses petits, et jamais pour cause de froid ou manque de nourri- ture, mais par accident. Si c'est la poule domestique qui a couvé les Tétras, on peut s'en aj)proclier sans danger; mais si c'est celle des bois, il faut prendre des précaulions pour mettre de la nour- riture ou de l'eau ilans sa volière; parct; (pi'en général les oiseaux sauvages d-'iendeut de leur mieux leurs petits. En voyant s'approcber un bomme ou un aniuial, laPouIe des bois fait semblant de ne pouvoir ni s'envoler, ni s'en aller; clouée à sa place, elle bat des ailes, mais à peine s'approcbe-l-on pour l'attraper, qu'elle se lance deliors et court tout le temps qu'oji la poursuit, en tàcbant toujours d'éloigner le curieux de l'endroit oii sont cacbés ses petits; le danger une fois passé, elle regagne sa place et appelle ses petits. La Poule des bois garde cet instinct naturel, même dans sa volière, les pre- miers jours (jue ses poussins sont sortis de la coque, mais en- suite elle le perd. . Vers l'automne, il faut couper aux jeunes Tétras, à l'aide /|06 SOCIÉTÉ JMPÉlilALK Z()(iI,()(;iQl]K d'aCCLIMATATION. (If ciseaux, le bouts des plumes, en S(^ gardant l»ien de couper les plumes elles-mêmes : c'est pour empêcher les Tétras de s'envoler, et on leur fera cette opération même jus- qu'à la troisième génération, dans le cas où il serait néces- saire de les changer de place. On accouplera, à mi-mars, le jeune coq avec deux ou trois poules, et le vieux (qui aura deux ou trois ans) avec cinq ou six poules. On ne peut pas accoupler deux vieux coqs dans un même endroit, parce qu'ils iîniraient par se luer ou s'estropier l'un l'autre sans résultats. On mettra les coqs que l'on ne veut pas accoupler à pari, dans un endroit fermé, afin de les empêcher de s'envoler dans les bois pour y satisfaire leurs désirs; mais à mi -mois, épo(|ue où ils commencent, à perdre leurs plumes, ils n'y pensent plus. Les pois sont un poison mortel pour les Tétras, surtout les pois verts, qu'ils avalent par gousses entières, et qui sont cause que, (juelques heures après, ils meurent dans les convulsions. Quant aux Coqs de bruyère, h A'oment et les orties leur sont nuisibles, ce que j'ai conslalé plusieurs fois. En élevant les jeunes Coqs de bruyère, je les ai nourris comme les Tétras, entre autres de pain blanc émielté (ju'ils aiment beaucoup, mais qui les fait engraisser tellement, que les os de leurs pieds et leurs ailes se ramollissent et deviennent comme des carti- lages; alors ils ne peuvent ni marcher ni voler, et miurent. Il y a sur les orties de petites larves vertes (|ue les Coqs de bruyère aiment beaucoup, mais vingl-quatre heures après les avoir mangées, ils en meurent comme empoisonnés. Les per- drix qui blanchissent en hiver mangent des pois, du froment et des larves d'orties sans aucun préjudice pour leur santi'. Quant à l'entretien des Tétras âgés, je ferai observer ce qui suit. Les enclos où on les place doivent être garnis de gazon, parce qu'il leur faut de l'herbe au printemps, et non pas du sable. On couvrira cet enclos par dessus d'un filet pour les protéger contre les oiseaux de proie et les }»etits carnassiers. D'un côté de l'enclos, on mettra cinq brancards environ de terre potagère, où, jeunes ou adultes, les Tétras se plaisent à voltiger. On tiendra en hiver les Tétras à la température à DOMESTICATION DU TÉTIiAS. /i07 laquelle l'eau ne se congèle pas; on veillera à ce que la nour- lilure ne leur manque point. Elle doit être composée de trois parties de froment sur une partie d'avoine; en outre, il est indispensable de leur donner une ou deux fois par semaine des choux ordinaires par tètes entières, après les avoir dé- pouillés de leurs feuilles de dessus, et tous les jours deux poi- gnées d'airelles rouges et du pain blanc émietté menu. On changera leur eau deux fois toutes les vingt-quatre heures. En mars, parle temps chaud, on nettoiera la neige dans l'enclos et l'on y mettra, à une hauteur différente, pour leur faire un juchoir, quelques petites perches comme celles qui sont dans la volière. Après avoir convertie dessus de l'endos d'un lilet, on leur fera prendre lair chaque jour; à celle occasion, on tâchera de remarquer lequel des deux coqs se montre le plus ardent, afin de le laisser avec les poules et de. retirer l'autre dans un endroit séparé. En avril, on ouvrira dans la volière la fenêtre pour loul Tf-lé, afin rjue les Tétras passent dans l'enclos. A la fin d'avril ou au commencement de mai, on mettra dans les coins de l'enclos deux caisses défoncées ayant environ 70 centimètres de longueur et de largeur sur 50 de hauteur, où l'on pratiquera, pour l'entrée et la sortie, deux ouvertures, l'une au levant et l'autre au midi ; on jon- chera la terre autour des caisses de mousses et de brins d'herbes tendres, qui serviront aux Poules des bois à préparer elles-mêmes leurs nids dans les caisses. Dans le cas où l'une d'elles voudrait faire son nid liors de la caisse, on la laissera y pondre, en mettant ensuite sur le nid la caisse défoncée, où elle continuera sa besogne. Les Poules des bois s'étant mises sur leurs nids, on en séparera les coqs et on les tiendra dans l'enclos garni de gazon ; il y faudra mettre aussi de la terre végétale. On traitera les jeunes Tétras comme il est dit plus haut. NOTE SUR LES MALADIES DES VERS A SOIE F/r I.EIJIÎ (il filîlSON, Par M. I«" l»'CHAVA!\ll\K*». PioftSstHir (II' '/ooldCfic^ ti l'AtMiliMnii' di' l.aii^nimp (Siii-isc). (Si'ance du 25 nvril i8fi2.) Cliaciui connail riiiiporlanco de la queslion qui préornipo anjounriiui à un si haut degré lous les ï^éricieullours. 11 s'aiiit en eiïot d'enviion /|0() millions perdus cliaipic année en Europe, par suile de réial maladif dans lequel se trouvent les Vers à soie. Faire connaître le principe de ces maladies, et le moyen de les l'aire disparaître, ou en d'autres termes, de régénérer les races, tel est le liut du Mémoire sur les priiicipalos maladies des Vers à soie, et leur yuérison (in-S", 1 10 pages, Piiris, 18(>i>, chez Cherhuliez, rue de la Monnaie, n" 10). Je résimie ici quel- ques-uns des |)oints principaux de ce travail. L'état maladif a pour cause l'accumulation dans le sang de ces insectes de deux acides dont on trouve les cristallisations dans chaque gouttelette du sang desséché des ])apillons. H suffit de faire avec une lancette une piqùrr 1res légère dans l'intervalle de deux anneaux de l'abdomen ; on plact^ la très petite goulle ilc sang obtenue sur un verre où elle doit se dessécher pendant vingl-(|ualre à trente-six heures. En l'obser- vant alors sous un grossissement de 250 diamètres, on constate dans le sang des papillons malades à un moindre degré l'acide urique cristallisé sous la forme qui lui est propre, ressemblant à des gerbes de blé |dus ou moins resserri-es dans le luilieu ; dans celui des papillons })lus malades, c'est de l'acide hippurique (\m se présente ordinairement sous forme de petits bâtonnets entrecroisés (voy. la planche du mémoire). Le sang des paj)illons vraiment sains ne présente aucune cristallisation. On n'v aperçoit (pic des restes de globules MALADIES DES VKrtS A SOIE. ^i09 (l(^ss('chés. \);\n^ prfsqno tous nos papillons âe Vers à soie '/('/jNtt's s/a'//s, on constate plus ou moins d'aride uriqu*}; ce n'est qu'après avoir été régénérés pendant trois ou (|uati'e ans que leur sang revient à son état de pureté primitif, c'est- à-dire semblalde à celui des papillons sauvages, qui ne pré- sente jamais ces cristallisations, signes et causes de la maladie. Quant au moyen régénérateur, il consiste à c/erer les \'ers reproducteurs sur l'arbre même, dans des conditions qui assurent la réussite de cet élevage, mais qu'il ser.iit trop long de reproduire ici. Il suflira aux éleveurs de se conformer exactement aux indications contenues dans le mémoire. Sous l'iniluence de ce mode d'élevage continué pendant deux ou ti'ois générations, on voit disparaître les cristallisations d'acides; alors, ou déjà lorsqu'il n'en existe presque plus, les Vers sont régénérés, el la graine qu'ils fournissent, élevée en magnanerie, donne d'excellents résultats. Tout éleveur agira donc prudemment en ri'servant une petite quantité de graine dont il élèvera les Vers en plein soleil sur l'arbre même ; ces Vers lui fourniront la graine dont il a besoin pour son édu- cation industrielle. Enfin, on peut connaître à l'avance l'état plus ou moins parfait des œufs, en faisant effectuer les pontes séparées et en examinant le sangducouple/jui les a produite Si le sang des parents est pur de toute cristallisation, les onif; sont parfaits et donneront des résultats superbes. S'il ne con- tient que quelques gerbes d'acide nrique, les ceufs seront encore bons, sans être parfaits. S'il y a beaucoup d'acide urique, ou que ce soit de l'acide hippurique, les œufs seront tout à fait mauvais. Il m'a paru que la qualité du sang mater- nel influe plus sur l'ceuf que celle du sang du m.àle. Ainsi, que les sériciculteurs ne se découragent plus, qu'ils n'arrachent pas leurs mûriers; ils ont le moyen d'obtenir de nouveau de bonnes et sûres récolles, Tl y a six ans ([ue je pratique cette méthode, et s'ils veulent ]»ien l'essayer, je ne crains nullement d'afliniifr (|u'elle réussira aussi bien entre leurs mains ([ue dans les miennes. s. s SUR LES VIGNES ET LES VINS DES ÉTATS-IISIS, Par M. Elias DLRAIMD. SUITE (1). (Séance du 28 février 18r>2.) Des vins faits aux Etats-Unis avec le raisin indigène {partie orientale). Le jus du raisin est. composé de beaucoup d'eau, de matière saccharine en ])lus ou moins grande quantité, d(^ mucilage, de Idtartrate de potasse, de tartrate de chaux, d'un peu d'acide malique, d'acide tannique fourni, vraisemblahlemenl, par les pellicules et pédoncules du fruit, el d'huiles essen- tielles particulières donnant lieu à ce (pi'on appelle \&bouquet . La présence de l'acide tartrique caractérise le suc du raisin, il ne se trouve dans aucun autre fruit doiU le suc est suscep- tible de passer à la fermentation vineuse. Dans ce travail de la fermenlation la matière saccharine fournit l'alcool nécessaire à la conservation du vin, tandis que l'acide tartrique contenu dans le suc s'unit à la potasse pour former un bitartrate de potasse qui devient insoluble dans le suc fermenté et se préci- pite sous la forme de ce qu'on appelle communément tartre brut. Le professeur Jackson (de Boston) a eu l'heureuse idée d'instituer une série d'analyses chimiques, dans le but de déterminer la quantité de matière sucrée que pouvait contenir le suc des principaux raisins américains, cultivés ou sau- vages ; il voulait en même temps s'assurer d'un fait qui avait été nié, à savoir, que les raisins indigènes contenaient de l'acide tartricjue, aussi bien que ceux d'Europe. Ses intéres- santes expériences sont consignées dai]s les Rapports du Patent -Office pour 1859, et sont accompagnées de deux tableaux, l'un indiquant la quantité de matière saccharine, et l'autre celle de l'acide tartrique. (1) Voyez le Tniméro précédenl, pafieotX lO-CT-M^Tt^- >:rTaC>rt-CT lO àO lO 'O ce O c:? O O ^ •O iooi^ooo ce cr- o ic t^ 00 X '^ X OC' — I -o o C-1 — -M -=J CO C-l CO t^ Cî o or>oo^c!Oooo c^ ocs;~5ocet^cci--. •w lO <- X 1': — o -er ic~ oo" I ~^ 1^ Lft "M r »- 1-1 C^I ;^ --s -r* t- ^ iOcc=;ooc:o ^1 o -'^ o o ■ G c 3 2 hi . S î) >-3 'Xi C3 q3 cS 'y; Q 3 m a; r/3 CK) CO - C- m Vf r/) 'fi 3 O O ^^ O a p — f^ f , U ^ r/i ^ o Ô O r ■■ trvO r- rn ■^^ ■ 'i cS « ï -3 ^ oT .2 2 ^ = ^ -^ Ô — ' =— cr o o = IM Cr — o X t^ o o' — ' (U .i; 5j aj ^ . -^ en Cï V5 ■/: — .-, '^ .2 — .^ i -; — "a^ w J— c/2 tn •a — -:; -a h ■=>}-. h _ =^ — ~ o -; 3 O i>j ^ , o ÈP a> CD "" OJ ra a. •^ 3 '— 1 'J, o tu su — oj =: c: — i: ce :c z >^, =: » 3 o o o Oj aj 2 ôfj bfj b/S Cft r; b: « ra .-T -S tfi 3 -- - ' ^ • - S ? I o -^ "5 5 ■i •- O) n n u 3 x -:i ta 5 ^ -5 J= ^ -^ î^» ?o SI 5; y. — — c-i co uges, et les Catmi-hn, lîartictt et Dclaiiuiro pour VK.MiS KT M.NS ItKS KlATS-lMS. !l\o les vins Idancs. Dans les Étals du Sud, les (larolincs, la Gécir- î^ie, l'Alabama, le Tennessee, les mêmes variétés que l'on cultive au Nord réussissent admirablement bien, et donnent des fruits de meilleure qualité et en plus grande quantité. Ils possèdent, en outre, \(t Scuppernong, qui, même à Tétat sau- vage, produit un raisin doux et bien parfumé, dont le suc, cependant, n'est point assez ricbe en matière sucrée pour donner un vin qui puisse se conserver. Depuis plusieurs années il y a eu, parmi les planteurs du Sud, beaucoup d'émulation dans la culture de la vigne, sur- tout lorsqu'ils se sont assurés que, dans les terres les plus pauvres, dans les cbamps épuisés par des cultures antérieures, la vigne réussissait jusqu'à donner, par jdanls de deux ans et demi, une moyenne de trente à quarante grappes d'une demi-livre cliacune, devant fournir à l'acre de 800 à 1000 gallons de vin. De temps immémorial on a l'ail, dans les campagnes des vieux États, des vins plus ou moins bons: chaque famille mani- [)ulait à sa guise sa petite [)rovision, en ajoutant au suc des raisins sauvages une certaine quantité de sucre et d'alcool. Ces vins domestiques n'étaient autres que des liqueurs spiri- tucuscs très douces et agréables au goût, mais aussi très capiteuses. Le palais des gens d'alors était trop émoussé par l'usage du rhum et du whisky pour être satisfaits d'un vin natui'cl, bjrs même qu'ils auraient pu produire des bordeaux ou des bourgognes. Cette n^nomanie domeslicpie a suivi les Américains dans leurs émigrations vers les régions de l'Ouest, et partout oi^i la vigne s'est présentée, on a fait de pareilles vendanges; mais aujourd'hui on veut plus (|ue ces faux vins: on veut devenir pays vignoble, rivaliser avec l'Europe même, et surtout attaquer par le vin le lléau de rintemi)érance qui fait encore tant de mal au pays. Les vignobles les plus considérables des États-Unis sont ceux de l'Ohio, du Missouri et de Tlndiana ; la Virginie occi dentale, les Étals de New-York, dePensylvanie, Maryland, etc. commencent aussi à en avoir de productifs. C'est surtout dans les environs de Cincinnati, sous la direction de M.^I. Long- '|l/| SOCIÉTÉ IMPÉUIALK ZUOLUGJOUE d'âCCLIMATATION. worllï el Zimiacniiatm, (juc ^(nil les pins cMjnsidérahles vignobles, ceux dont les vins ont acqnis nne certaine réputa- lion et sont répandns sur les dilï'érents marchés du pays. D'après le recensement de 1850, la production du vin aux Ktals-Unis, y compris la Californie, était de '2'2i 000 gallons ; en 1857, elle avait atteint le cliilïre de 3 millions, et depuis lors l'augmentation a été prodigieuse. Les ])rincipaux vins des États du Nord et du Nord-Ouest sont de quatre espèces : le Catawba sparklhig ivinc (vin mous- seux); le Cataivha still icine (vin non mousseux); le C'iaret, imitation de bordeaux et de vins blancs qui simulent les vins du Rhin. Tous ces vins ont plus ou moins le Ixniquet particu- lier aux raisins d'Amérique. Mais les compositions vineuses le plus en usage dans le pays sont ce (ju'on appelle Isabella et (Jdtaii'ltd Street /ri/ics, mélanges de chacun de ces vins avec du sucre et de l'alcool, ([u'on verse sur de la glace pilée et qu'on sert dans les fmrs, ou comptoirs des hôtels et des tavernes, sous les noms à'fsaôcf /a ou de Catawba coblers. Ce sont des breuvages insidieux et traîtres, (jue l'on aspire avec délices, au moyen d'un tube de verre ou d'une paille, sous les noms euphoniques de smash, !/ror/g, cocktail , julep et coblei\ etc. ici, en général, au goût des Américains, les vins les plus estimés d'Europe ne sont que des boissons acides et désagréa- bles. A ce sujet, nous nous permettrons de raconter une anecdote que nous tenons d'une personne digne de foi. Un Allemand, domiciliéàCincinnatidepuisnombre d'années, ayant eu l'occasion de faire un voyage en Europe, en rapporta des vins du Rhin de première qualité, avec lesquels il se proposait de célébrer son retour, en régalant ses amis en grand sei- gneur. Il jouissait à l'avance de leur surprise et des compli- ments qu'il recevrait ; mais quel ne fut pas son étonnement, lorsqu'à la première rasade, le premier de ses convives qui porta le verre k ses lèvres le posa incontinent sur la table, sans faire aucune remarcpic, tandis qu'un autre, [)lus hardi, lui dit en faisant la grimace : <( Snyder, je suis fâché de vous dire que votre cidre est sur ! » Nos vins français, à l'exception du VKjriNES Kï VINS DES ETATS-LiMS. /|15 chauipagiie, qu'ils atl'ecfioiinent heaiicoup, produi^eiille mémo fiffct sur la masse des Américains. Ils les trouvent sui's ! Il n'v a guère (|U(' ceux i|ui ont voyagé et séjourne quelque temps en Europe qui sachent les apprécier. Le vin scuppernong, fabriqué principalement dans les Garo- lines, est un vin blanc léger, ressemblant au vin du Rhin , mais possédant un parfum particulier que l'on compare à celui des meilleurs vins de Tokay. En raison de sa faiblesse, et aussi de sa rareté, on ne le rencontre guère hors des districts où il est fait, à moins qu'on n'y ait ajouté de l'alcool. Un Français, bon juge en fait de vins et qui a résidé longtemps k Gharleston, m'assure avoir goûté des imitations de Champagne scupper- nong qui ne laissaient rien à désirer, et dont le bouquet était supérieur à tout ce (ju'il avait goûté en fait de vin. Les princi[)aux vins de la Californie, tous faits avec les raisins d'origine européenne, sont le Porto, VA////e/iro, r.l//sY;, le Champagne, des vins rouges imitant le bourgogne cl le bordeaux. La seule maison Sausevin frères et C''^ (1) pro- duisit, en 1858, 9/i 000 gallons de vin blanc (Aliso), /iOOO gal- lons de vin rouge; 9000 gallons d'Angclico et 8000 gallons d'eau-de-vie ; en tout 115 000 gallons (ou environ /lôO 000 li- tres). La môme année, le seul district de los Angelos lit une vendange évaluée à ôOO 000 gallons de vins divers, plus 10 000 caisses de raisins secs de 50 hectolitres chacune. Une riche compagnie allemande établissait alors, à 25 milles de los Angelos, un grand vignoble dans leipiel on avait déjà j)lai)té, dans une seule année, un demi-million de vignes. L'imi)ulsion viticole est montée à un tel point aujourd'hui, (pie le pays se couvre partout de vignobles. Il n'en est pas de même dans les vallées du rio Grande et autres, où les populations sont presque entièrement d'origine anglo-saxonne et où le goût du vin n'est pas encore développé. On y fait bien encore sa petite provision de famille, parce que la vigne est partout abondante, mais ces régions sont trop éloignées (() I^e diol'de la maison .S.uiseviii est un Français qui tipousa la lillc d'un Espagnol, un des plus grands propriéUiircs ruraux de la Californie, à Pcpoque de Paclial de cet eldorado |)ar les Nord-Américains. !\\iS ïiOClKTK IMPÉKIALK ZOUJ.iK.IUl K DAGCLI.M ATATK i.\. des graiitls centres, et trop dépourvues de voies de IransporL pour l'aire du vin un objet de commerce. Les vins de Californie sont encore les seuls qui puissent entrer en concurrence avec les vins d'Europe ; quelques-uns d'entre eux ont déjà été expédiés à Brème et à Hambourg. Le vin Aliso est un vin blanc capiteux, assez semblable aux vins de Barsac avec le bouquet du xérès. Il se vend ici chez l'agent d'une des principales maisons de San-Francisco, à raison de 30 francs la caisse et de 8 francs par gallon, en barrique. C'est un vin de trois à quatre ans. Nous avons goûté un vin rouge vieux dont nous n'avons pas appris le nom, ressemblant à un mélange de porto et de bourgogne. Un autre vin, jeune encore, pourrait se comparer aux gros vins rouges du Bliùnc. De la vieille eau-de-vie, à 2 piastres trois quarts le gallon, nous a paru fort bonne et d'un goût très agréable. Enfin, })our dire ce que nous savons des produits vineux et alc()oliques de la (Californie, nous ajouterons qu'à une grande réunion à laquelle nous assistions l'hiver dernier, on annonça une caisse de chanqiagne californien, reçue le jour même. Au dessert, les domestiques ouvrent plusieurs bouteilles et remplissent les verres... Mais, ô désappointement général! le vin était gâté et ne put se boire. L'art de la viticulture aux Elats-Unis est encore dans l'en- fance, mais il se perfectionnera, si l'on y uk^I de la persé- vérance; et si le succès peut être un mal pour les contrées viticoles de l'Europe, ce sera pour l'Amérique un événement bien désirable, car l'usage du vin est seul capable de mettre un frein au vice de l'intempérance. Comljien d'années lui i'audra- t-il pour arriver à faire une concurrence sérieuse aux pro- duits européens, Dieu seul le sait.' Dans mon humble opinion, la génération actuelle ne verra pas ce résultat; il y a trop à faire. Il faut d'al)ord former le goût des masses à l'usage du vin, pour arriver à une consommation, dans le pays même, qui soit encourageante pour les producteurs. D'un autre coté, à moins d'une supériorilé maïquée, la main-d'œuvre aux Etats- Lnis est trop élevée pour leur permettre de verser leurs vins avantageusement sur les marchés d'Euio|H', ni même sur les VIGNES ET VINS DES ÉTATS-UNIS. M 7 leurs. En dernier lieu, les vins fabriqués jusqu'ici dans les États atlantiques, et même cà Cincinnati, ont tous plus ou moins le goût de cassis, particulier au raisin d'Amérique, et dans leur état naturel ils sont trop lliibles en alcool pour subir, sans se yàter, les inconvénients d'un long voyage. Il n'y a donc que les vins de Californie qui puissent, dans un avenir encore éloigné, concourir avec ceux d'Europe ; mais l'éloignement et la même cause de main-d'œuvre trop élevée seront des obstacles diflîciles à surmonter. L'objet de ce mémoire a été, d'un côté, de tranquilliser les esprits des viticulteurs français; de l'autre, de leur faire con- naître de nouveaux cépages dont avec leur art consommé ils pourront sans doute tirer Ijon parti ; mais notre but principal a été d'indiquer aux planteurs de l'Algérie et des départe- ments méridionaux de la France les excellentes espèces du Texas, dont le climat est à peu près le même que le leur, et où nous avons la persuasion que ces cépages réussiront par- faitement. Nous avons appris déjà d'un de nos correspondants de la Gironde que l'espèce américaine Isabella est cultivée avec succès en Italie, et que lui-même a obtenu de cette même vigne, qui est très productive, un vin rouge de bonne qualité qui n'avait conservé aucun goût de cassis, particulier surtout à cette variété de raisin américain. T. IX - Mai 18r,2. 27 NOTE SUR LE SAFRAN Pnr Itl. P. CHAPPELLIER. (Séance du 31 janvier 18fi2.) Messieurs, Je vous demande la permission d'appeler votre attention sur un sujet que je crois digne de ligurer parmi les desiderata de notre Société. Le Safran {Crocus sativiis) est une fort jolie plante bul- beuse, de la famille des Iridées ; mais son principal mérite consiste dans son pistil, qui en fait à la fois une plante comes- tible, industrielle et médicinale. Il est en usage dans la phar- macie et la teinture, mais c'est comme condiment qu'il est principalement employé. Quelijues expériences récentes faites à la Clinique de Vienne (Autricbe) font présager, dans un avenir prochain, un emploi beaucoup plus considérable en médecine. Cette plante est cultivée dans beaucoup de contrées : en Angleterre, en Autriche, en Hongrie, en Russie, en Grèce, en Sicile, en Italie, à Avignon. Mais il existe deux centres prin- cipaux : en France, l'ancienne province du Gàtinais, aujour- d'hui arrondissement de Pithiviers (Loiret), et en Espagne la province d'Aragon. La production annuelle de la France est estimée à 15 000 kilogrammes, dont la majeure partie se consomme à l'étranger, principalement en Allemagne. De sorte qu'au prix moyen de 75 francs le kilogramme, c'est une somme d'environ 1 million que l'étranger nous envoie tous les ans en échange d'une partie de notre j'écoltc. La production de l'Espagne est double de la nôtre ; en ajoutant à ces deux chiffres la récolte des autres pays, on arrive à une somme totale approximative de 5 à 6 millions. Eh bien ! la France, qui ne figure dans ce total que pour un cinquième environ, devrait fournir la presque totalité. Son safran est d'une qualité bien supérieure à celui de l'Espagne et de la itln|!art des autres pays, ce qui SUR LE SAFRAN. /119 lient sans doute à la nature de son sol, à son climat tempéré et à l'intelligence de ses cultivateurs. L'extrême division du sol, qui caractérise le Gâtinais, est aussi une excellente condi- tion de réussite : la femme et les enfants du petit cultivateur peuvent s'y employer utilement et prodiguer à cette plante les soins minutieux qui lui sont indispensables ; la main-d'œuvre considérable qu'elle exige, est prélevée en grande partie sur les moments perdus du safranier et de sa famille. Et cependant ! loin d'être florissante, cette culture si pro- fitable à tous égards, est depuis assez longtemps dans un état précaire, et nos safraniers subissent, depuis quelques années surtout, une rude concurrence de la part des Espagnols. Ces derniers produisent cependant une qualité inférieure, mais ils sont favorisés par leurs hivers moins rigoureux et par le bon marché de la main-d'œuvre et de la rente du sol. Voici maintenant les causes probables de ce malaise. Il y a des siècles que nos oignons n'ont pas été renouvelés. Notre plante, reproduite exclusivement par ses caïeux depuis un temps immémorial, ne produit plus de graines. Depuis quinze ans, j'ai fait tousles efforts imaginables pour en obtenir. Je n'en ai jamais vu plus d'une cinquantaine, que j'ai pavées au poids de l'or. De là sans doute est résultée une sorte de' dégénérescence de notre plante, et par suite une maladie incu- rable qui détruit tous les ans une partie des oignons en terre, et dont les germes sont si vivaces, (ju'on est forcé de laisser un intervalle de dix-huit à vingt ans entre deux plantations successives dans un même champ. Je viens d'indiquer très sommairement la nature du mal, voici le remède que je propose. Les oignons cultivés en Espagne, en Hongrie, etc., sonl-ils tous exactement de la même espèce que les nôtres? Ce n'est pas probable. Et quand cela serait, un long habitat sous des climats différents a dû modifier profondément leur essence. On connaît du reste un grand nombre de Crocus autom- naux à pistil odorant et coloré, et non cultivés, et j'en possède quelques-uns dans ma collection. La plupart croissent spon- tanément en Italie, en Grèce, au Caucase, en Crimée. Tl en fi*20 SOCIÉTÉ IMI'ÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIiMATATION. existe sans doulc bien d'aulres, encore inconnus, soit dans ]'ancien, soit dans le nouveau monde. Voici donc, à mon avis, quelle serait la marche à suivre : 1" Importer en France un échantillon des espèces cultivées dans les autres pays ; les expérimenter, choisir la meilleure, la signaler aux cultivateurs, et les mettre à même de remplacer leur plante par une meilleure variété, ou môme par une variété d'égale valeur, mais plus neuve et fraîchement miportée. 2° Introduire et acclimater les espèces connues non culti- vées, et en chercher de nouvelles. Quelques-unes seraient sans doute plus robustes, })lus productives que celles que nous possédons ; leur pistil pourrait être plus coloré, plus odorant, plus volumineux ; ou bien encore présenterait une autre nuance, ou un arôme dilïerent. Je vous ai dit que notre plante épuisée ne donnait plus de graines : le pollen d'une nouvelle esjiéce lui restituerait sans doute sa faculté fécondante. Ceci, je le sais, s'éloigne du but de notre Société ; mais pour pratiquer l'hybridation, il faut une nouvelle espèce ou variété, et nous rentrons dès lors sur notre terrain, l'introduction et l'acclimatation. . . Je mentionnerai encore, mais seulement au second plan, la probabilité de l'adjonction de plusieurs espèces méritantes à cette charmante famille des Crocus qui déjà orne si bien nos parterres. En résumé : La culture du Safran est précieuse à plus d'un titre , et n'est pas indigne de l'attention de notre Société. Elle est sus- ceptible de recevoir en France une plus grande extension. La dégénérescence de notre plante, une maladie terrible et la con- currence espagnole compromettent gravement cette culture. N'est-il pas dès lors très désirable que notre Société s'oc- cupe de l'importation des espèces cultivées déjà sous d'autres climats, et de la recherche et de l'introduction d'espèces ou variétés nouvelles plus méritantes, qui permettent de renou- veler nos plants afiaiidis, de les remplacer avantageusement, ou tout au moins de les régénérer par l'hybridation. SUR LE SAI r.AN. ^2| Depuis quinze ans, je vous j'ai dit, je poursuis ce but ; mais que puis-je, moi, simple particulier isolé ! Notre Société'seule peut embrasser ce sujet. Ses immenses relations, dont le réseau comprend l'univers entier, ses nombreux agents, car chacun de ses membres est pour elle un agent, le crédit dont.elle jouit dans tous les pays étrangers, leprestioe attaché cà sa haute et noble mission, lui permettent à elle, et à elle seule, d'entreprendre avec toute chance de succès cette tâche éminemment utile. Je joins à cette note la liste des difîérentes espèces de Crocus connues, et l'indication des lieux où elles ont été signalées. 1" Espèces fleurissant en automne. Crocus salivus ciûiivii. Angleterre, Aii- triclie, Italie, Sicile, Grèce, Hongrie, Crimée, Caucoise, Bakou, Perse. — salivus spontané. Grèce, Caucase, Perse, Kurdistan. — Tlwmasii. Galabre, Serra di Bruno, mont Stella, Naples. — Cartwriglitianus. Gantlie, Tenos, Sainte-Maure. — Pallasianus. Grèce, Crimée. — Hadrmlicus. Sainte-Maure, Gorfou, Janina. — médius. Ligurie, Varèse. — visianicus. Dalmatie. — asluncus. Santamler, Gijon. — Clusianus. Cintra, près Lisbonne. — Cambessedeanus. Majorque. — serotinus. Cadix, Sierra Nevada. — Salzmannianus. Tanger, Tunis, mont Atlas. Crocus pyrœneus, Pyrénées, Côveimes. — loiigi[Iorus. Palerme, Malte. — Tourne forlia nus. Milo, Thermia. — by:antinus. Valacliie , Krajowa , Hongrie, Banal. — rpeciosus. Hongrie. — pulchellus. Forêt de Belgrade, mont Athos. — valUcola. Trébizonde, Stauros. — campestris. Turquie, montBhodope, Carlown. — Huryaiius ioniens. Grèce, Asie Mineure. — Orsinii. Abruzzes, Ronio. — Spruneri. Grèce. — Maralhonisixs. Grèce. — intromissus. Damas. — canceUalus. Nauplie, Sainte-Maure, Delphes, monts Taurus, Hymettc, Istrie, Kurdistan. 2" C/toix (le quelques espèces fleurissant au printemps. Crocus imperaU. Italie. — insularis (syn. Coisicus minimus). Corse, Sardaigne, Capraria. — pusillus, et variétés. Naples, Pise, Lacques, Parme. — suavoolens. Naples, Fundi, Borne, val d'Enfer. — versicolor. Nice. Crocus chrysanthus. Nauplie, Carlowa. — gargaricus. Gargarus, Troade. — reticulaius et variétés. Crimée, Angora, Bucliarest. — avnulatus, et variétés. Caucase , Dalmatie, Grèce, Italie. — lijfienœllorus et variétés. Archipel, Boumélie, Troade. II. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 9 MAI 1802. Présidence de M. Drouïn de Lhuys. Le procès-verbal est lu et adopté. — M. Élie de Beaumont, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, assiste à la séance et prend place au bureau. — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis : MM, Alvaro Ruiz (de), secrétaire de l'ambassade d'Espagne, à Paris. Artaud-Haussmann, à Paris. Audiffret-Pasquier (le marquis d'), membre du Conseil général du département de l'Orne , au château de Sassy, par Morlrée (Orne), et à Paris. Bergounioux (Edouard), à Paris. Bezanson (Paul), à Breuches , près Luxeuil (Haute- Saône). Branicki (le comte Xavier), à Paris. Bussière, inspecteur de6 contributions directes, à Lille, (Nord). Cardona y Orfila (l'abbé François), à Mabon de Minorca. Chaix d'Est-Ange, conseiller d'Etat, procureur général à la Cour impériale de Paris, vice-président du Conseil municipal, à Paris. Chardon, négociant, à Paris. CoLLARD (Alfred Josepb), lieutenant-colonel d'artillerie en retraite, à Yvry-sur- Seine. David-Porto , directeur de la Compagnie des eaux , à Paris. Delaville le Roulx, à Paris. PROCÈS-VEUDAUX. Zl23 MM.Devès, propriétaire, àNeuilly-sur-Seine. Dughesne-Thoureau, à Chatillon-sur-Seine (Côte-d'Or). Garnier (Charles), propriétaire, au château d'Orainville, par Athis-Mons (Seine-et-Oise). Lacerda (Antonio de), à Baiiia (Brésil). Lapostolet (Philippe), négociant, à Paris. Lesseps (le comte de), sénateur, à Paris. Margarot-Pauc, banquier, à Nîmes, MoNTBLANC (le comte Charles de), propriétaire, à Paris. Morin, propriétaire, à Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados). Ostrogradsky, propriétaire, h Krementchoug (gouver- nement de Pultava), et à Paris. Revel du Perron (le comte Armand de), sous-préfet, à Dieppe (Seine-Inférieure). Tanneguy-Dugiiatel (le comte), ancien Ministre, membre de l'Institut, à Paris. ToRREs Caicedo (J. m.), chargé d'affaires du Venezuela, à Paris. Trottabas (Auguste), officier de marine, attaché au port de Toulon, à la Seyne (Var). — MM. Ballereau et Muntadas adressent leurs remercîments pour leur récente admission. — M. Berg adresse ses remercîments pour sa nomina- tion au titre de délégué de la Société h l'île de la Réunion, et informe qu'il est dans l'intention d'établir dans une de ses propriétés une pépinière qui lui permettra de répandre dans toute notre colonie des espèces précieuses. — M. l'abbé Voisin, directeur des Missions étrangères, en transmettant «luelques renseignements sur l'Ortie blanche et quelques autres plantes chinoises, donne à la Société de nou- velles assurances du zèle dont il est animé. — M. le baron Forth-Rouen, ministre de France à Dresde, annonce que le Journal officiel a pubhé l'annonce de l'expo- sition de Volatiles au bois de Boulogne. — M. le capitaine Dabry signale une erreur du dernier numéro du Bulletin (p. 23-2). La note sur le Petsaï a été Z|24 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. communiquée par lui, mais elle a été rédigée par le R. P. Cibol. — M. Dulrônc adresse un extrait du Moniteur officiel belge qui a publié divers articles sur les progrès accomplis, en Bel- gique, dans ces dernières années, pour la propagation des races bovines sans cornes, et sur les expériences compara- tives suivies en ce moment à la vacherie rovale de Laeken, quant à la production du lait. — M. le comte de Saint-Aignan, dans une lettre qui renferme d'intéressants détails, et M. Paul Coussin, adressent de nou- velles communications sur le Pic vert, dont ils signalent la disposition à la destruction des arbres, même les plus sains. — M. le secrétaire général de la préfecture de la Loire- Inférieure transmet quelques renseignements sur les travaux de M. Gaillaud, qui a l'ait une étude spéciale des moHirs curieuses des Pholades, dont les visiteurs du Jardin d'acclima- tation peuvent admirer un spécimen dans l'aquarium. — MM. de Bérenger, I>aumgartner et Léon Maurice adres- sent des demandes de graines de Ver à soie de l'Allante. — M. le comte Sieyès, en demandant des nouvelles graines de cette récente espèce de Vers à soie, rend compte d'un pre- mier essai d'éducation qui , pour diverses causes, n'a pas donné de bons résultats. — La Société centrale d'agriculture et d'acclimatation de Nice, en remerciant de la collection de graines qui lui a été adressée, annonce l'envoi de graines de deux variétés de Cotonniers, îlortibaccia turchina (nankin), Bombaccia r/am- bese (blanc), cultivées avec grand soin sur les bords de l'A- driati(|ue, depuis Borletta jusqu'à ïarente, cl fait parvenir les instructions suivantes sur leur culture : « On lave fortement les graines dans de l'eau, puis on les sème i)ar pincées de huit à dix graines à la distance de 25 à 30 centimètres, en hgnes espacées de 50 à 60 centimètres. Les graines étant levées, on ne laisse à cha(iue touffe que les deux plus heaux plants et l'on arrache les autres; quand ils ont produit huit à dix boules, il fiiut les pincer. » Ces cotons se sèment du 15 avril à la fin de mai ; on les arrose, s'il y a possibilité, lorsqu'ils ont cinq ou six branches. » l'UOCÈS-VEUBAUX. Zj2Ô Graux et Vcrlet adressent leurs remerdmenls pour les graines qu'ils ont reçues. — M. Brierre (de Riez) envoie trois nouveaux dessins repré- sentant des plantes chinoises provenant de la collection de M. Dabry. — M. Kuhne exprime ses regrets de ne pouvoir fournir à la Société la graine de Zizonia aquatica qu'elle désire, et fait observer que peut-être on pourra en obtenir de sa maison de commerce de Dresde, à laquelle il a fait un envoi consi- dérable. — M. le Président dépose une brochure qui lui a été adressée, et qui renferme un Rapport de M. Blanche à la Société d'agriculture et d'horticulture de Chalon-sur-Saône, et un Rapport de M. C. Malanfant à la Société académique de Chàlons-sur-Marne, sur les Recherches pomologiques de M. de Liron d'Airoles. — M. Dupuis fait hommage d'une brochure sur les Migra- lions des végétaux, sujet qu'il a traité dans une des confé- rences de la Société. (Remercîments.) — Il dépose en même temps, sur le bureau, une Note sur l'acclimatation du Manioc en Italie. — M. Aube fait observer que la Carpe mise dans l'aqua- rium du bois de Boulogne sous le nom de Carpe carouge, n'est pas un type du Cyprin charassin, mais simplement une dégénérescence consanguine de l'espèce ordinaire ; il dit également que l'on doit rapporter à une semblable cause la production des miroirs chez quelques Carpes. A ce sujet, M. Millet dit qu'il pense aussi que la Carpe à miroir est une simple variété. Il rappelle que les Carpes peu- vent être facilement transportées dans des blocs de glace, et promet de mettre sous les yeux de la Société, l'an prochain, des spécimens de ces poissons ainsi conservés. — M. Viennot transmet une traduction de la lecture fiiile par M. le docteur Dennett sur V acclhnaialion en Australie. — MM. Hayes, de Castelnau et Escherniau font hommage à la Société de graines et plants de divers végétaux des Indes, de Siam, et des steppes de la Russie méridionale. /i26 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMAïATION. — M. Lemerle, ancien élève de l'Ecole des chartes, annonce son prochain départ pour la Cochinchine, et demande des instructions qui lui permettent de coopérer activement au but que se propose la Société. (Remercîments.) — MM. Dabry et Soubeiran sont chargés de rédiger ces instructions. — M. Ramel adresse la Note suivante, relative à une espèce très curieuse de Moutons de Chine, et extraite de la lecture faite par M. le docteur Bennett, à Sydney, sur l'acchmatation : « Les Moutons de Chang-haï, récemment introduits par M. Moore, et désignés sous le nom de Ong-tl, ont la laine parfaitement blanche. » Leur puissance de reproduction est incroyable. Les brebis portent deux fois l'an, et produisent quatre et cinq agneaux chaque fois. » Les trois Brebis du Jardin zoologique de Londres ont produit au printemps treize agneaux. )> Des renseignements seront pris sur ce fait intéressant. — M. le Président dépose sur le bureau plusieurs journaux où sont publiés des articles sur la Société impériale d'accli- matation. Ce sont : le Siècle, la Gazette de France, le Jour- nal de l'Aisne , \e Journal de Seine-et-Marne^ le Sport, et la Haute-Auvergne (article de M. Richard , du Cantal, sur l'acclimatation). M. le Président dépose également : 1° Entretien sur ren- seignement agricole , par M. Carpentier ; 2" Palais des plantes, par M. Milleret, ancien député. — Remercîments. — L'ordre du jour appelle la suite delà discussion relative au Pic vert. M. Berrier-Fontaine prend la parole pour défendre le tra- vail de la Commission , et pense que ses conclusions doivent être adoptées par la Société. M. Lecreux dit qu'il a vu des Pics verts attaquer des sapins ; mais en raison des difïicultés qu'il y aurait à veiller à la pro- tection de cet oiseau, comme le demande la Commission, il pense qu'il vaudrait mieux rester dans le statu quo, et laisser les propriétaires libres de conserver ou de faire détruire le Pic vert. PROCÈS-VERBAUX. ^27 Après quelques observations de M. Lécrivain, la Société pront)nce la clôture de la discussion, et adopte les conclusions suivantes : i" Elle est d'avis que le Pic vert est un insectivore utile. 2" Elle exprime le vœu que des recommandations soient adressées par l'autorité aux administrations locales, pour empêcher la destruction des oiseaux insectivores, de leurs œufs et de leurs nids, et pour interdire le colportage et la vente de ces œufs et de ces oiseaux. — M. le Président annonce l'envoi de graines d'Aôïes reginœ Amaliœ, adressées k la Société par M. Bouré, au nom de Sa Majesté la reine de Grèce; de Melons d'Esclavonie et de Maïs de Cuzco, par M. Gombaux. Il offre à la Société un petit paquet de graines de Haricots japonais, donné par les am- bassadeurs du Japon à S. Exe. le Ministre des affaires étran- gères. — M. Dabry donne lecture d'un Mémoire sur les matières colorantes de la Chine. (Voy. au Bulletin.) — M. le comte d'Éprémesnil, au nom d'une Commission spéciale, fait connaître à la Société le projet de pubhcation d'un Annuoire, et indique quels sont les auteurs des articles qui figureront dans le premier volume qui paraîtra dans le cours du mois d'octobre prochain. — M. le Président donne lecture d'une Note de M. Piamel sur le Dacelo gigantea. (Voy. au Bulletin.) — M. le Président annonce que déjà plusieurs proprié- taires ont manifesté le désir de recevoir à cheptel des ani- maux de la Société. Il engage ceux des membres qui seraient dans l'intention de demander de ces animaux, h. vouloir bien adresser leur proposition au Conseil. — M. le Président donne lecture d'un Mémoire de M. le marquis de Fournès sur ses cultures de Coton dans le dépar- tement du Gard. i28 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. SÉANCE DU 23 MAI 1862. Présidence de M. Drouyn de Lhuys. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — M. Rochussen, ancien gouverneur des Indes néerlandai- ses, et ancien président du Conseil de S. M. le roi des Pays- Bas, et M. Brot, délégué de la Société à Milan, assistent à la séance, et prennent place au bureau. — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis : MM. Andlau (le comte Gaston d') , chef d'escadron d'élat- major, attaché militaire, à Vienne (Autriche). AssEGOND (Casimir), propriétaire, à Melleville-Goupillières (Eure) . Bailey-Dutilleux, manufacturier, à Douai (Nord). BiGNAMi (E.), à Bologne (ItaHe). Blanghet père, à Paris. . Blanghet (Gabriel), à Paris. Buxareu (Juan), manufacturier, à Barcelone (Espagne). Chalambel (Jules-Antoine), propriétaire, à Jouy-l'Abbaye, près Ghenoise , arrondissement de Provins (Seine-et- Marne). Cheruier (de), inspecteur des forets, chef du service fo- restier de la province d'Oran, vice-président du Comice agricole, à Oran (Algérie). CouDRAY, notaire, à Chelles (Seine-et-Marne). Fery ZicHY (le comte), à Vienne (Autriche). Galliera (le duc de), <à Paris. Girard-Desprairies, propriétaire, à la Coquerie, près Longueville, par Granville (Manche). Grandsire (Jules), propriétaire, à Boulogne-sur-Mer. Juncadella, manufacturier, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, etc., etc., à Barcelone (Espagne). Marmier (Alfred), avocat à la Cour de cassation, à Paris. MoRPURGO (le chevalier Elio do), à Trieste (Autriche). PROCÈS-VERHÀUX. /|20 M. Pins (dci, au château d'Alzau, par Alzonnc (Aude), et à Paris. PuiG (Fernando), manufacturier, à Barcelone (Espagne). Safonï (Jaime), propriétaire, à Barcelone (Esi»agne). Talabot (Paulin), k Paris. Vandeul (Eugène-Ahel-François de), ancien député de la Haute-Marne, à Paris. — MM. Bandel et le comte de Vega-Grande adressent leurs remerciments pour les récompenses qui leur ont été décernées dans la séance annuelle du 20 février dernier. — MM. Bussière, Torres Caicedo, A. de Revel, Margarof, le prince de Ottojano et Girard-Desprairies adressent leurs remerciments pour leur récente admission. — M.Ferd. Mueller adresse l'expression de sa gratitude pour la Société et Son Exe. le Ministre de la marine, à l'occnsion de l'envoi qui lui a été fait par M. Hardy d'un couple d'Autruches d'Afrique; il annonce que malheureusement ces animaux ont péri pendant la traversée. A la lettre de M. Mueller étaient jointes des graines de Santahim acuminatuni, qui lui paraît devoir réussir en Algérie. — M. Auhry-Lecomte exprime le regret que des occupa- tions importantes ne lui permettent pas de répondre en ce moment au désir que lui a exprimé M. le Président, d'avoir des renseignements sur les acclimatations récemment accom- plies dans nos colonies; mais notre honorable confrère espère pouvoir remettre plus tard un mémoire sur ce sujet. — La Société d'agriculture de Seine-et-Marne adresse le pro- gramme des prix qu'elle vient de proposer et qui s'appliquent à diverses questions spécialement agricoles. — Le Congrès scientilîque de France annonce qu'une ses- sion aura lieu le 8 septembre prochain à Saint-Etienne, et prie ceux de MM. les membres qui seraient dans l'intention d'y assister de vouloir bien le faire connaître à l'avance. — M. Fréd. Debains iils envoie la suite de son analyse des travaux agricoles exécutés par ordre de S. M. le roi de Wur- temberg. {\o\. au Bulletin.) : /i30 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. — M. Dulrônc IransmeL une notice rendant compte de son dernier voyage en Belgique, et relative aux progrès de la propagation de la race hov'mo sans cor?)es.{\oy. au Bulletiit.) — M. Bartliélemy-Lapommeraye lait parvenir, sous la date du 10 mai, un travail relatif à trois produits métis obtenus au Jardin zoologique de Marseille, d'une Antilope dorcas (Gazelle) et d'une Antilope des Indes {Antilope cervicapra). (Voy. au Bulletin.) — M. Turrel, délégué à Toulon, fait connaître que le Comité d'acclimalalion de cette ville vient d'adresser une requête à M. le Préfet, pour obtenir que des mesures soient prises atîn d'assurer la protection aux ])etits oiseaux, pro- tection qui est d'autant plus nécessaire que, cette année, les insectes pullulent dans toute la Provence. — M. Simon annonce qu'il vient d'obtenir, à Paris, des éclosions très heureuses du Colin d' Adanson. — M. Boisnard-Grandmaison ofire, au nom de M. Girard- Desprairies, quelques jeunes Oies à tête noire et à collier, provenant de Terre-Neuve. — Remercîments. — M. Olivier, en écrivant de Mostaganem (Algérie) à M. le directeur du Jardin d'acclimatation, pour lui demander des œufs de Poule de Nankin dont il veut propager l'espèce dans les Alpes-Maritimes, fait remarquer que les Poules de races européennes importées en Algérie y sont partout sujettes à de fréquentes épidémies, tandis que les Poules de Nankin et les bédouines, les Oies et les Canards résistent parfaitement au cli- mat. Il signale la rusticité remarquable de la Poule bédouine, dont il olïre des spécimens pour le Jardin d'acclimatation. — M. A. Duméril transmet des extraits d'une lettre qu'il a reçue de M. Thomas, relatifs aux dommages que le Pic vert cause aux arbres sains, et à quelques observations laites sur les Vipères. — M. Lccoq, délégué à Clermont, transmet une réponse au Questionnaire sur la Vipère, faite par M. Ducros (de Saint- Germain). — MM. Baltet, Decaisne et Gouffier adressent leurs remer- cîmenls [)uur la collection de grain(^s qu'ils ont reçue. PROCÈS-VERBAUX. ZlSl — MM. lîuflier, Mouchez, commandant le d'Entrecusteaux, et Estienne, font hommage à la Société de plantes et de graines provenant du Brésil et de la Chine. — M. Sacc, dans une lettre adressée à M. le Président, fait remarquer que le faux Poivrier {Schinus molle) croît abon- damment aux environs de Barcelone, où il s'est naturalisé, et il en ofire des graines. — M. Hardy, directeur du jardin d'acclimatation d'Alger, fait parvenir à la Société un Mémoire sur la Canne à sucre et sur sa cidlure en Algérie. (Voy. au Bulletin.) — M. Brierre (de Riez) adresse de nouveaux rapports, accom- pagnés de dessins, sur ses cultures de plantes exotiques. ~ MM. Albessard et Bérard, libraires-éditeurs, font hom- mage à la Société d'un Planisphère zoologique, indiquant la distribution des animaux sur la surface de la terre. — M. Vicnnot, rédacteur au ministère des affaires étran- gères, envoie l'analyse d'une lecture faite à la Société d'accli- matation de Victoria, à Melbourne, par le docteur George Bennetl, sur les essais d'acclimatation tentés en Australie. — M. Joseph Michon adresse le manuscrit d'une conférence sur les Céréales qu'il a faite récemment. (Voy. au Bulletin.) — M. J. Léon Soubeiran fait hommage à la Société de deux brochures : 1" Sur les plantes à sucre ; T Études sur r incu- bation artificielle, qui reproduisent deux conférences faites dans le courant de l'année dernière. — S. Exe. le Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, exprime le regret de ne pouvoir accorder à la Société une partie des graines de Vers à soie adressées de Chine par M. Simon; mais l'époque tardive de l'arrivée de ces graines a obligé de les transmettre immédiatement à la Com- mission des soies. — M. Delaporte , consul général de France à Bagdad , annonce l'envoi d'un jeune Onagre du Kurdistan, dont il fait don à la Société. — Remercîments. — M. le Président donne lecture d'une lettre qui lui a été adressée de Londres par M. Hébert, agent général de la Société, |)nur lui aiiiioiicer l'envoi de quarante-huit pieds de ZlB2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGlQUË d'aCCLIMATATION. Cinchoiia provenant du jardin royal de Kew. Ces plantes ont été distribuées aux jardins d'Alger, de la Guadeloupe et du bois de Boulogne. M. de Rochussen, à celte occasion, rappelle que le gouver- nement bo.llandais a entrepris la culture de ces arbres pré- cieux à Java ; que ces expériences ont été confiées aux soins de botanistes et de chimistes distingués, et qu'elles donnent déjà des résultats satisfaisants, puisqu'il existe aujourd'hui trois mille pieds de Cinc/io/iaî\ii\vA. Du reste, des expériences analogues, faites sur des individus provenant de Java, se pour- suivent en ce moment dans les montagnes des Nilgherries (district de Madras), par les soins du gouvernement anglais. — M. le Président annonce que les graines de Cotonnier envoyées par la Société d'agriculture et d'acclimatation de Nice ont été distribuées aux personnes qui sendjlaient dans les conditions les plus favorables pour les expérimenter. A ce sujet, M. le Président fait remarquer l'importance qu'il y a à propager cette culture, et rappelle les divers travaux Xaits de- puis quelque temps pour augmenter la {)roductiun du coton. M. de Salverte fait observer qu'il serait intéressant de re- cueillir des documents sur le coton d'Egypte, qui est très beau, — M. le docteur Karl Martin, au moment de partir pour un voyage au Brésil, fait ses offres de service à la Société et demande des instructions. — Remercîments. — M. le Président dépose sur le bureau plusieurs journaux qui contiennent des articles sur la Société et le Jardin d'accli- matation. Ce sont : le Constitutionnel, le Sport, Frankfurter Journal et la Gazette universelle de la Prusse. — M. le Président annonce que la série des conférences faites à la Société se terminera par celles de MM. Gris etRufz de Lavison. H fait connaître qu'à partir du 28 mai, indépen- damment d'une conférence sur divers sujets d'acclimatation (le jeudi), il sera fait au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne une série de conférences de botanique appliquée à l'usage des gens du monde, les mercredi et samedi de chaque semaine, à trois heures. MM. le docteur Léon Soubeiran, pro- fesseur agrégé à l'École de pharmacie, et le docteur E. Four- PROCÈS-VERBAUX. h'à'd nier, licencié es sciences , sont chargés de ces conférences. — M. le Président met sous les yeuxde la Société une parnre de plumes imitant le marabout, et faite avec des plumes d'un Din- don blanc de Champagne provenant du Jardin d'acclimatation, M. Ray dit que cette fabrication, qui occupe un certain nombre de personnes à Villiers-le-Bel depuis soixante ans, a une importance notable aujourd'hui. Il annonce avoir pu faire, pour l'exposition de Londres, un manchon et un boa avec des plumes de la Gigogne à sac du Sénégal. — M. le Président oflVe à la Société plusieurs jeunes pieds (VArf/Hcaria unb) uatii^ qu'il a reçus de M. de Rosales. — M. A. Dupuis fait hommage à la Société d'un volume intitulé : Causeries d'un naturaliste, ouvrage dans lequel il a traité plusieurs questions ayant rapport à l'acclimalation. — Uemercîmenis. — M. Guérin-Méneville, de retour d'un voyage qu'il a fait à Londres pour organiser l'exposition de l'Ailantine, donne quelques détails sur la portion séricicole de l'Exposition universehe. Il présente ensuite son Pu\])port à S. Exe. le Ministre de l'agriculture, dont il fait hommage à la Société. Enlin il donne de bonnes nouvelles des éducations du Ver à soie ordinaire, et surtout de la race Japonaise, envoyée en 1800 par M. Duchesne de Bellecouri. Il lit un passage d'une lettre de M"" veuve Boucarut (d'Uzès), qui annonce la complète réussite de l'éducation qu'elle vient de faire de cette race. — M.Mahias annonce qu'un Congrès international de bien- faisance doit se réunir prochainement à Londres, et que parmi les questions qui doivent y être traitées, plusieurs seront relatives aux animaux utiles. Il pense qu'il y aurait avantage à ce que la Société se fit représenter à ce congrès. — Renvoi au Conseil. — M. le Président lit un mémoire sur V Aurochs ou Bison d' Europe, Y>SLr M. Yiennot, rédacteur au ministère des affaires étrangères. (Voy. au Bulletin.) Le Secrétaire des séa?ices, L. SOUBEIRAN. T. IX. — Mni 18G2. 28 III. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES ET LECTURES. Conférence du G mai 1862. De la géographie hotaniqiie au point de vue de l'acciiinatalion, par M. A. Dupuis. La Jï^'-ngraphie hotaniqn(% au point de vue spécial où nous nous plaçons, doit étudier les causes qui président à la distribution des végétaux sur le glube, les lois qui la rétrisseni, et les ap})liciitions (jui s'ensuivent pour les introductions et les naturalisations. Elle doil s'occuper aussi des plantes cultivi'es, des conditions de climat et di' sol qid règlent leur ditlusion, et des données d'après lesquelles on peut étendre leurs limites. La disirihulion géographique des plantes est élroitemcnt liée au climat. Elle est soumise à quatre causes principales : la chaleur, la lumière, l'hu- midilé, la nature du sol. La chaleur décroit en allant de l'équateur vers les pôles, mais non d'une manière uniloi-nie sur les divers méridiens. Gela lient à des causes locales : exposition, voisinage de la mer et forme des côtes, forèls, montagnes, ma- rais, vents dominants, étal du ciel, grandes étendues de terres polaires ou tropicales. On sait (ju'à lalilude égale, riiémisplière nord est plus chaud que Tlié- misphère sud, l'ancien continent plus que le nouveau, les côtes occidentales plus que les côtes orientales. Les parallèles ne peuvent donc servir à fixer les climats physiques, comme ils fixent les climats astronomiques. Il faut recourir aux lignes iso- Ikeiines, qu'on obtient en joignant tous les points qui possèdent la même tenq)éral ure moyenne. On ne retrouve pas toujours sur ces lignes les mêmes formes végétales. C'est qu'il faut tenir compte, non-seulement de la lenq)érature moyenne de l'imnée, mais aussi de celle des saisons extrêmes. De là les lignes iso- thères (d'égale tcnq)érature moyenne d'été), et isocliiinenes (d'égale tem- pérature moyenne d'hiver). Ces lignes, les isothères surtout, influent plus que les isothermes; elles présenteni généralen'.ent beaucoup d'analogie dans les formes végétales, et indiqueni celles que l'on peut esjjérer pouvoir naturaliser. Les lignes isothères détermiuenî les limites de cultui"e de l'oranger, de l'olivier, du maïs, de la vigne ; les isochimènes, celles du myrte, du figuier, du grenadier (Aug. de Saint-liilaire). il faut aussi tenir compte de la différence entre les tenq)ératures moyennes de l'été et de l'hiver dans un même lieu. Celle dilléreace devieut de plus en plus forte, à mesure que rt»n avance vers l'intérieiu- des continents. De là les climats maritimes, modérés ou uniformes, et les climats continentaux, excessifs ou n aria!)les. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉnENCES, Z|35 En s't'Ievanl sur les inoulasut^s, on oIwcmvc, en général, la même diminu- tion de lenipéralure, el les niènies zones végétales (ju'eii allant de Féquateur aux pôles. La lumière, Thumidité, la nature du sol, intluent moins que la chaleur sur la distribution des végétaux. On ne doit pourtant pas négliger ces causes, la dernière surtout, lorsqu'il s'agit de plantes cultivées. Ciiaque espèce végétale a sa station, son habitation, son aire. Selon l'étendue qu'elles occupent et le nombre des individus, les plantes sont dites sporadiques ou endémiques, isolées ou sociales. L'homme augmente arti- ficiellemenl par la culture le nombre de ces dernières. Quelquefois des espèces, des genres ou des familles analogues se retrouvent sur des points dillerenls, ce qui constitue les équivalents ou substitutions. A climat égal, on observe une assez grande analogie dans la végétation des parties septentrionales de l'ancien et du nouveau continent L'analogie est moindre entre les parties méridionales, el moindre encoi'e entre les zones tempérées boréale et australe. Les analogies d(> climat el de végétation doivent servir de guide dans les essais d'introduction des végétaux. Nous avons vu, dans une précédente conférence, comment les migrations peuvent étendre l'aire des plantes, fj'honnne peut agir aussi, parliculièrenniK sur les végétaux cultivés; mais lorsqu'il déjjasse les limites fixées par la nature, il est forcé d'employer des moyens artificiels, 'l'anlùi il cherche à obtenir des variétés plus hâtives ou plus rustiques ; tantôt ce sont des plantes vivaces que Ton cultive comme annuelles, ou bien qu'on abrite en hiver par inie rouche de feuilles, à moins que la neige ne remplisse la même condition. D'autres fois on sème sur couches de 1res bonne heure, poui- avancer la végélalion des [)lantes, que l'on replantera plus tard à demeure. Les végétaux ligneux, particulièrement les arbres fruitiers, sont placés à une exposition chaude et protégée contre les vents froids par des abris naturels ou artificiels. On ne saurait trop étudier les exigences des plantes sous le ra])port du climat, el surtout les températures extrêmes qu'elles peuvent supporter. Si les plantes annuelles s'accommodent mieux que les autres des climats variables, les végétaux vivaces, surtout les espèces à feuilles persistantes, préfèrent les climats uniformes. Il y a intérêt à constater particuUèremem l'eflét des hivers exceptionnels sur les végétaux exotiques. Au double poliude vue de l;i géographie botanique et des naturalisations, on peut diviser la surface du globe en un certain nomi)re de grandes régions, caraclérisées par une végélalion el des conditions climatiques spéciales, et don! l'exjiosition sonnuaire termine cette conférence. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Allocation accordée par S. Exe. M. le Ministre de la marine et des Colonies pour la tentative d'importation des Eponges sîir le littoral de la France, entreprise par la Société. Paris, le 9 avril 1802. ■' ' Monsieur le Prcsideiilet cher ancien collègue. Je m'empresse de vous informer que, pour donner satisfaction au désir que vous m'avez exprimé, j'ai décidé qu'une somme de mille francs serait prélevée sur le fonds d'encouragement de la pèche côtière, en vue de seconder l'opération que va entre|irendre M. Laniiral ]>our l'importation des f^ponges sur le littoral de la France. Cette somme sera ordonnancée au nom de la Société impériale zoologique d'acclimatation. J'écris, d'ailleurs, à M. le commandantde la division navale des côtes de Syrie pour l'inviter à faciliter, autant qu'il dépendra de lui, l'accomplissement de la mis- sion confiée à M. Lamiral. Agréez, etc. Le iMinistre seci claire d'iilat de la marine et des colonies, S«â'»U! Comte iiK CuAssKUiUP-LAiiitAT. Lettre adressée à la Société impériale d'acclimatation par la Société d'ac- climatation de Victoria (Australie), an sujet de la mort de M. Isidore Geoffroii Saint-llilaive. Melbourne, le 18 février 1862. Nous avons reçu, par la dernière malle, la triste nouvelle de la mort prématu- rée de votre chef et président, M. Is. Ceoffroy Saint-Hilaire. Dévoués à la cause avec laquelle il s'est pendant si longtemps identifié, nous avons éprouvé, en apprenant la jierte de ce grand homme de bien, mi regret d'au- tant plus jirofond, que sa carrière a été brisée au moment où elle atteignait son plus haut degré d'utilité philanthropique et progressive. Vous comprendrez, nous n'en doutons pas, combien nous partageons sincère- ment votre douleur, au sujet de cet événement fatal qui nous frappe tons dans cet illustre collègue dont la vie entière a été consacrée au service de l'humanité. Nous espérons aussi que nous entrons dans votre pensée, en disant que nous ne saurions mieux exprimer nos regrets, au sujet de la perte de notre illustre ami, qu'en redoublant d'ardeur, de zèle et de dévouement dans la poursuite du but qui fut l'objet de ses plus chères affections. Nous pouvons aisément comprendre que l'une des dernières pensées de cette haute intelligence fut l'espérance que la cause de l'acclimatation ne serait pas compromise par sa mort. Faisons donc tout ce que nous pourrons pour justifier cette espérance, et con- tinuons à travailler à notre œuvre commune, comme si cet esprit élevé et bien- faisant planait encore au-dessus de nos conseils, partageant nos inquiétudes et se glorifiant de nos triomphes. Veuillez agréer, etc. Signé W. A. A Secrétaire lioiioraire. FAITS DIYEl'.S. Zi37 — l'ar la iihmiic malle nous avons rcrn la Icllrc snivanlc qui nous annonco la création récenic de doux nouvelles Sociétés d'acclimatation, en 'l'asmanie et dans la IVouvelle-Zélandc. " Monsieur, J'ai l'honiienr de vous adresser, au nom du Conseil de la Soeirtc d'acclimala- tioiide Victoria, vingt exemplaires d'tme lecture sur l'acclimatation, faite à Sydney par M. le docteur George Bennett, sous les auspices de la Société d'acclimatation de la Nouvelle-Galles du Sud. Depuis la dernière correspondance que j'ai eul'lioii- neur de vous faire parvenir, deux nouvelles Sociétés d'acclimatation se sont organisées, l'une jiour la Tasmanie, à Hobart-town, l'autre fiour la Nouvelle- Zélande, à Auckland. Pourquoi faut-il que ce remarquable mouvement de l'accli- matation aitété péniblement troublé par la mort de M. Is, Geofl'roy Saint-Hilaire, que nous ressentons ici connue une perte tout à fait irréparable. Veuillez agréer, etc. Signé Si-rigc. , Secrétaire. Fondation d'une Société d'acclimatation jjour la Tatmanie, a Hobart-town. Nolo coniniiiniiiiiée pnr M. PiAMEL. Un journal d'Australie annonce qu'une Société d'acclimatation a été fon- dée à Hobart-town (Tasmanie), sous les auspices les plus favorables. Son Exe. le gou\erneur, colonel (iore lUowuo, présidait le meeting, qui réunissait toutes les notabilités de la colonie. I\U Ed. Wilson (de Melbourne) avait été prié de donner les explications que son expérience et son dévouement bien connus pouvaient fournir. On admirait dans un vase placé sur une table de jeunes Tanches récem- ment importées et dans un parfait état de santé. iM. Ed. Wilson rappelle la faveur avec laquelle l'idée de l'acclimatation a été accueillie dans tous les pays qu'il a parcourus; et il cite le mol de 1\1. Geoffroy Saint-IJilaire : « Sur les llxO 000 espèces d'animaux que Dieu a créées, nous en utilisons à peine k'ô- » M. Wilson dit que la l'rovidence a laissé à l'homme le soin de choisir la place que doivent occuper les différentes espèces d'animaux. Depuis le Lapin jusqu'à l'Alpaca ou le Chameau, depuis l'Alouette jus- qu'aux oiseaux les plus précieux, tout animal utile est du domaine de l'accli- matation. Quant aux Poissons, il n'a pas besoin d'insister sur leur importance, dans une colonie où le gouvernement a voté 75 000 francs pour l'introduction du Saumon, qui bientôt sera un fait accompli. Par cette subvention si libérale, le gouvernement dt> la Tasmanie a rendu un grand service. 11 a excité le zèle des autres colonies australiennes, en rapptîlant leurs liens de parenté. Ainsi Victoria a voté 12 500 francs aussi pour l'introduction du Saumon. Et New-South-Waies a accordé c)75 000 francs pour l'achat du troupeau d'Alpacas de M. Ledger. A cette occasion, M. Wilson annonce un fait important: c'est la possibilité, /l38 SOCIÉTÉ IMPÉHIALE ZOOIAMilQUE Ij'aCCLIMATÂTION. (rapiès M. Led54er,de la lopioduclion des individus provenant du croisenienl du Lama et de i'Alpaca. Jusqu'alors ou les avail regardés comme stériles. Il explique ensuite Tavanlat^e de l'unilurmilé des statuts pour les Sociétés d'acelimalalion , et dépose sur le IjurtNui du président les statuts des Sociétés de Melbourne et de Sydney, qui sont calqués sur ceux de la Société impériale de Paris. M. Wilson termine en proposant l'adoplion d'un chiffre de souscription modique, coudilion du succès en de telles enireprises. La Société est constituée. Envoi de graines de 'L\ik^ik aquatica offertes parla Société d'acdinia- tation de Prusse. licilin, le il avril 1862. Monsieur le Prcsidont, Le Conseil de la Société d'acclimatation de l'russe, ayant appris par le bulletin du mois de lévrier que la Société impériale zoologique d'acclimatation avait fixé sonalleution sur le Riz sauvage du nord de rAmérique 'JAzaniaaqualica), a l'iion- iieur de vous l'aire part qu'il a réussi à se procurer une certaine quantité de ce Riz enlton étal, ayant conservé sa faculté germinatrice. Jusqu'à présent tous les efforts pour acclimater cette plante si intéressante en Europe ont échoué, parce que les semences reçues de l'Amérique étaient sans valeur, à cause de riiabiludc des indigènes de ce pays de les sécher au feu. ' Mais des expériences nombreuses faites avec ce Riz nouvellement reçu ont prouvé qu'il est parfaitement bon : répandu dans de l'eau, il germe au boni de quinze à vingt jours. Nous possédons déjà une grande quantité de petits plants, ce qui nous donne quelque espoir que l'acclimatation de ce Riz sauvage en Alle- magne sera possible. Il n'v a aucun doute que cette plante luiisse devenir d'une grande unpoitance dans nos pays, car des terrains marécageux et inondés pourront être utilisés en les destinant à la culture de ce Riz. En France les endroits favorables à des essais d'acclimatation de la Zizanie ne manqueront pas non plus. Notre Conseil, supposant que la Société impériale n'est pas encore en possession d'une bonne semence, a décidé, dans sa séance du 8 de ce mois, de vous en faire présent de quelques livres. Nous avons l'honneur, Monsieur le Président, de vous avertir que nous avons expédié par la poste un paquet contenant de la Zizanie aquatique, destiné à la Société impériale. Agréez, etc. iu nom du Conseil de la Société d'accUmntaiion poiir le royaume de Prusse, Si;inc H. POSELCER. ; , : ■ Lettre adressée à M. le Président -par M. l'abbé Albrand, supérieur du séminaire des missions étramjères, membre honoraire de la Société. Paris, le 24 asril d862. Monsieur et très honoré confrère. Hier, notre communauté d'aspirants à la carrière apostolique a visité le Jardin d'acclimatation avec une satisfaction bien grande. C'est grâce à l'intervention de la lettre dont vous avez bien voulu m'honorer que nous avons eu le plaisir de leur montrer, par l'exemple, comment on concourt efficacement au bien matériel el à la gloii e .le !a mère patrie. J'espère que la le<:on ne sera pas perdue pour eux. Veuillez agréer, ArciUNii, sui.éncur. FAITS DIVERS. ^;^9 Nouveaux renseignements sur In Cora. — M. le clocleur Gosse a adressé à M. le Présidenl la noie suivante, qui complète celles qu'il a déjà doniK'^es sur la Coca. « l'aiis, le dO foviior 1802. » Monsieur le Président, )' Diins une précédente communication, j'ai eu l'iionneur de signalerles moyens qui me semblaient les plus favorables pour obtenir du Pérou et de la Bolivie les graines et les plants de la Coca, dans l'intérêt de l'acclimatation de cette plante en debors des Andes, et le Conseil s'est empressé de coopérer à la réussite de l'essai proposé. » Denouvelles informations que j'aiobtenuesde M. Triana,bolaiiistedeBoo-ota venu en France pour publier la Flore de la Nouvelle-Grenade, me paraissent fournir une solution plus facile, plus sûre et plus économique. » L'Enjthroxyloncoca cultivé se rencontre également dans une partie du cours de la Magdalena, rivière qui se jette dans la mer des Caraïbes, et qui est parcou- rue par des bateaux à vapeur jusqu'à Honda. M. Triana en a recueilli des échan- tillons dans les vallées qui descendent du versant oriental de la Sierra-Nevada de Sainte-Mailbe, bien au-dessous de Honda. » Par le moyen de nos correspondants dans ce pays, il serait donc facile de nous en procurer des graines et des plants, sans avoir à traverser les Andes évitant ain;i les causes principales de retards, de frais et d'insuccès. » Je me permets. Monsieur le Président, de vous soumettre cesréllexions, dans l'espérance qu'elles pourront peut-être contribuer à atteindre plus promptement et plus efficacement le but que nous avons en vue, si décidément V Erijlhroxylon coca de la Nouvelle-Grenade est le même que celui de la Bolivie et du Pérou. » P. S. Les tribus indiennes voisines de la Magdalena donnent le nom de Hayo à la Coca cultivée. » Envoi de plants de I'huer AIattaï, de Siam, par M. de Caslelnau, consul de France à Bankok. — Lettre adressée à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Bankok, le 27 févrior dS62. Monsieur le Président, .l'ai l'honneur d'adresser à la Société un végétal dont l'acclimatalion pourra je l'espère, offrir d'importants résultats. Le l'Iiueli mallai, dont je vous adresse cinq pieds, est, si je ne me tromiie pas une Liliacée. Il forme une partie importante de la nourriture des habitants du Laos. Il croît dans les lieux sablonneux et surtout dans les montagnes, et donne dit-on, ([uatre récoltes par an. Ses tiges, étant hors de terre, ne présenteront pas les difficultés qu'offre l'ex- traction de l'Igname. Je les adresse à M. le consul de France à Singapore, pour qu'il les fasse passer à la Société. Veuillez recevoir, etc. Signe F. de Castelnau, consul de France. — Nous extrayons d'une lettre de :\l. IIép.itte, cliaucelier de l'ambassade de France, à Berne, le passage suivant, relatif à un arbre de rAmérique méridionale, sur lequel il appelle l'attention de la Société. « ^^^ ])rofilcrai de l'occasion de celte lettre. Monsieur le Présidenl, pour com- muniquer à la Société impériale d'acclimatalion une information qui pouir.i élre d'un intérêt précieux et fructueux pour elle. Z|/lO SOCIÉTÉ lMPÉr5IALK ZOOLOiiinljl': Ji ACCLIMATATJON. » J';it su deniièrenient par une personne sérieuse, consciencieuse el très auto- risée, qu'il existe sur le territoire de l'Amérique méridionale compris entre IcC.liili et la Patagonic, une espèce spéciale de /'(/( donnant des pommes de pin d'une grosseur considérable, et qui renferment cjitre les mimbreux feuillets qui les com- posent, au lieu de la semence insignifiante que nous connaissons, des graines d'environ le volume d'une châtaigne et constituant un aliment excellent. « On m'assurait que l'acclimatation de cet arbre dans nos pays et sa substi- tution graduelle à nos Pins ordinaires, qui sont généralement d'un rendement tout à l'ail nul, même comme bois, à cause des dillicultès et souvent des impos- sibilités de transport, seraient très faciles cl une véritable conquête, d'ailleurs, accomplie en faveur de l'alimenlation publique. )> Je me borne, Monsieur le Président, à livrer cette première indication à la haute compétence el à l'appréciation éclairée de l'administration de la Société impériale d'acclimatation. 11 lui sera facile, sans aucun doute, de se procurer par les agents consulaires ou maritimes du gouvernement des spécimens de l'arbre dont il s'agit el de ses produits. En tout cas, je répète que mon information est hors de conteste el sérieuse. » Les Chameaux en Californie. Note eomnuiiiiiiiice par M.I^iAMEL. Dix Chameaux, de Fcspèce dite Bactrianc, sont tout réccinmcnt arrivés à San-Francisco, où ils ont i^xcité un très grand intérêt. Ils viennent des conliées voisines du fleuve Amour. Difl'érenls île ceux d'Arahie ou du nord de TAfriqne, ils sont capahles de supporter les vari;Uions d'un climat plus rigoureux. Ils peuvent voyager dans les montagnes, car leur i)ied csl sur eoninie celui d'une Chèvre ; ils sont de plus très actifs. On les regarde connue une très heureuse acquisition pour la Californie. Le Lapin chinchilla en Tasnianie. Noie comuniniqnée pur M. Rajikl. 11 y a déjà longtemps (jue M. E. Wilson pensait à iniroduire en Australie cette espèce de Lapin, lorsqu'on lui apprit que déjà lady Trowcklyn en avait doté la Tasnianie. .. En efl'et, à son dernier voyage, M. E. Wilson s'assura qu'ils ahondaienl dans une île près d'Ilohart-lown. Il ne négligea rien pour en faire prendre quelques-uns, et il les rapporta à Mell)ourne. On sait que ce Lapin est aussi lion que tout autre, el se prête aussi bien à faire des garennes; et que sa peau, d'un beau gris, est très recherchée et se vend 1 fr. 8(1 c. en Angleterre. V. CHRONIQUE. Nous empruntons à un petit livre fort intéressant que vient de publier M. Dupuis, sous le litre : « VOEillel, sou histoire et sa culture. » quelques renseignements sur l'origine et racclimalalion de cette Heur. L'OEillet des fleuristes est connu et cultivé en Europe depuis bien des siècles ; mais c'est à tort qu'on a voulu faire remonter son bistoire jusqu'à l'antiquité... Joinville est le premier qui en ait parlé d'une manière positive. D'après cet auteur, saint Louis découvrit aux environs de Tunis une plante dont la fleur exhalait une odeur agréable, analogue à celle des clous de girofle... A leur retour en France, les croisés rapportèrent la fleur de saint Louis, qu'ils appelèrent Tunica, en souvenir de son origine. Le nom de Ocellus barbaricus, sous lequel nous le voyons mentionné plus tard, vient encore confirmer l'origine africaine de l'OEillet. Introduite dans le midi de la France, cette plante s'y répandit rapide- ment. Au xiV siècle, Froissart mit en vers le plaidoyer de la Violette et de l'OEillet. Le bon roi René, mort en I/18O, se livra avec ardeur à sa cultm-e. Vers la fia du xvi'' siècle, l'OEillet était cultivé avec succès en Italie et dans les Etats voisins. L'Écluse vit pour la première fois à Vienne (1572-1586) des œillets remontants qui venaient de la Silésie... En 1597, Gérard intro- duisit en Angleterre des OEillets qu'il fit venir de Pologne. C'est aussi vers la même époque que les Espagnols les portèrent en Amérique.... Aucommence- ment du xvii' siècle, la cidturc de rOEillet s'étendit en Hollande ; vers 1660, elle passa en Belgique, où elle acquit un si liant degré de perfection. En 1702, Uéa énumérait 360 variétés. En 1713, parut pour la première fois en France, le charmant OEillet de Chine, connu pendant longtemps sous le nom iVOEillet de la régence. Son introduction fut suivie de celle de plusieurs autres espèces. Quelques années après, Linné donnait à ce genre le nom scientifique de Dianthus (fleur de Jupiter), qu'il a conservé jus(|u'à nos jours. Projet d'importatiun en Australie de la race de Moutons Ong-ti, de Chine. Noio coiiiinuiiifuu'L' par M. r!.\«EL. La réunion qui a eu lieu dernièrement à la chambre de commerce a pour but d'inq)orter dans la colonie un troupeau de Brebis de Chine, de l'espèce appelée Omj-ti. C'est elle qui est regardée comme la plus intéressante pour le volume et la laine. On peut se les procurer en quantité dans le Pei-ho. Originaires des monts In-chin, dans les provinces de la Tartarie chinoise, ces Brebis devront d'abord être placées dans un lieu froid, comme Monero, ou les parties les plus élevées delà Nouvelle-Angleterre. Cette variété a sur toutes les autres l'avantage de mettre bas (d'agnelcr) 3/|2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. doux l'ois l'an, de trois à cinq agncanx el ijuelquefois pltts [al a liltrr) a chaque portée; mais jamais moins de trois! Le produit en laine lavée (clean icaslwd irooh est de 5 à 7 livres, et dans les bonnes ronlr('es de 8 à 12. La viand»> est estimée valoir celle des Leiccsler, avec espoir d'amélioration à cause des pâturages plus favorables qu'elles trouveront dans les lieux où l'on entend les placer d'abord. Le navire qui doit aller les chercher partira (de Sydney) en mars. Un calcul approximatil sur raccroissement présumé d'un troupeau de 1200 Brebis donne, après trois ans, 36 715 sujets, en faisant la part de toutes les éventualités. On compte que la première année, le produit de 6500 Brebis, portant chacune 5 livres de laine de la valeur de 1 fr. 55 c. , s'élèvera à 50 775 francs; (}ue la deuxième année, Î3 000 individus soumis à la tonte produiront une valeur de 17() 000 francs ; Et que la iroisièmc année, les toisons de 20 80i Brebis, pesant 8 livres de laine estimée 1 fr. 85 c, donneront un produit de 31'2'25 francs. Les frais d'achat et d'introduction d'un troupeau de i'iOO Brebis, y com- pris rac(|uisilion de la station pour les loger, sont évalués à un peu moins de 325 000 lianes. Les Chameaux en Australie. Noie coiiimiiniqiipc par M. Ramel. Le colonel llungenford écrit du district de kulgoa, en Australie ; « Un matin, vers les neuf heures, une foule de noirs de la tribu voisine arrivent tout effrayés à mon habilation : « Le diable ! le diable! » s'écrient- ils. Ils ont leurs armes et insistent pour que je les accompagne. » Sur leur indication, je suis des traces, toutes nouvelles pour moi, et j'ari ive bientôl à la cause de leur frayeur. » C'était un Chameau ! sans doute de ceux de l'expi'dition de Burke. » M. \\ ilson dit en eiiei, dans le discours qu'il a prononcé dernièrement à Ilobart-town, (pie les Chameaux revenus de cette malheureuse exj)édilion, se sont reproduits. Sur les Oiseaux de paradis et les Pies de la Chine, au Jardin zoulogiquc de L<))idres. On lit dans Illustrated London Neu:s, du 5 avril 186-, p. 353 : « Les Oiseaux de paradis, dont nous annoncions qu'on attendait l'arrivée, dans notre dernier numéro, sont jjarvenus à leur deslination, au .lardin de la Société znologique, mardi dernier, en parfaite santé. Ce sont deux jeunes mâles dont le plumage achève de se développer. Les touffes de plumes lat(> rales, qui rendent ces animaux si remarquables, el cpii fournissent l'orne- nient connu sous le nom (VOiseau de paradis, n'ont pus atteint toute leur croissance, mais si les oiseaux se maintiennent en vie, comme loul le fait CHRONIQUE. /i/l3 espérer, ils iiniveronl probablement bienlôt à leurs dimensions normales. « Le même journal donne (p. oo9) une figure des Pies de ta Chine, récem- nienl arrivées dans rétablissement déjà mentionné. Cet oiseau {Urocissa sinensis) est décrit dans les Notes sur V ornithologie chinoise, de M. \\. Swinboe, insérées daus le journal l'Ibis, du docteur Sclaler. 11 est assez commun dans le voisinage de llong-kong et des aulres ports de mer de l'empire les plus fréquentés parles Cbinois. On le voit fré(piemment repré- senté avec son bec et ses pattes rouges et son brillant plumage, dans les peintures cbinoises, mais on n'en possédait pas encore de spécimen vivant en Europe, bien qu'il y ait dans diverses collections des individus empaillés de cette belle espèce, non moins bruyante et familière que ses congénères d'Europe. Nouvelles des Alpacas introduits en Australie par M. Ledqer. Comiiiuniqiiccs par M. Ramei,. En réponse à une demande qui lui est faite sur les berbes fourragères du Pérou {Yeoman, n" 15), M. ficdger dit qu'il a rapporté du Pérou VEllala, ou la Ijuzerne américaine, qu'on peut se procurer à Sydney, en caisses de L'5 kilos, à raison de 2 francs le 1/2 kilo. Elle secullive connue la Luzerne d'Eiuopect convient aux mêmes usages. Quant à VIcJni, on le trouve dans la colonie, surtout dans les parties déclives des montagnes neigeuses. ( Veoinan, n" 20). Les berbages naturels des colonies australiennes conviennent mieux que les ])rairies artificielles aux Lamas et Alpacas. « Un troupeau d'Alpaeas élevé dans lui paddock (clianip clôturé) de trètle fui conduit daus uu pâturage libre, il s'améliora sensibleuicnl, » Cet animal souffre s'il est enfermé ; il a besoin d'errer au loin ; ce qui ne l'empêclie pas de rentrer exactement tous les jours au coucher du soleil. » A c(Mé d'un troupeau d'Alp-icas, dit-il, j'avais un autre troupeau de Moutons, près de l'babitation. à cause de la tonte. Les Dingos tuèrent deux brebis, l'endaulsix mois les Alpacas ont parqué sur le inème emplacement, libres, non gardés !a nuit : pas un n'a été maltraité. » Le Lama et l'.VIpaca seraient une très bonne acquisition dans une station de Alouions. Cinq ou six mâles joints à un troupeau le matin les protégeraient pendant le jour, eî écarteraient les Dingos si on les laissait dehors la nuit. » licite à l'appui ce qui est arrivé à un chien nouveau que les Alpacas ne connaissaient pas. L'aversion pour les Dingos, ou chiens sauvages, s'explique suffisamment par ce fait. (Yeoman. n" 20.) Acclimaiatiun du Manioc eu Italie, par M. A. Dupliis, Originaire de l'Amérique du Ndr»!, <■! parliculièreuieui du !\lexique et de la Caroline, le Manioc a été introduit daus les régions chaudes de rancien lllifi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. coiUinent, où il joue un rôle consi(léral)le dans l'alimentation; on peut dire qu'il remplace le blé pour les peuples de la zone tropicale. Sa racine, ou plus exactement, son rhizome, renferme une quantité considc-rable de fécule mélangée d'un suc acre et caustique dont on la débarrasse parla pression ou par la torréfaction. Ce dernier procédt- donne le tapioca. Le premier fournit une matière amylacée dont on fait une pâte très blanche et fort nutritive, appelée pain de cassa ve. En Europe, le Manioc n'est guère coniui que dans les jardins botaniques. 11 paraît cependant susceptible d'être cultivé en pleine terre, du moins dans les contrées méridionales. :\1M. l'arlatore et Bertoloni l'ont introduit avec succès dans les jardins de Florence et de Bologne. A Gènes, le Alanioc atteint la hauteur d'environ 2 mètres ; laissé à l'air libre, il a parfaitement supporté les derniers hivers; il produit de nombreux drageons, et ses graines arrivent à maturité. La reproduction de cette plante est donc assurée. M. G. Bertoloni, qui a publié dans rincoraguiainpnfo un article fort inté- ressant sur ce sujet, ne met pas en doute la possibilité d'introduire en Italie la culture du Alanioc. Toutefois les pieds venus de graines ne reproduisent guère le type sauvage, à racine peu développée. M. Fornasini pense qu'on pourrait obtenir par la culture des variétés à racine volumineuse et chariuic. Mais, fait justement observer Al. Bertoloni, il est bien préférable de faire venir directement d'Amérique les variétés à grosses racines qu'on y cultive généralement, et qui se multiplient avec la plus grande facilité par bourgeons ou par tronçons de racines. Il faut, ajoute-t-il, d'autant moins désespérer du succès de cette iniroduction, qu'il s'agit ici d'iui produil souterrain, moins exposé par conséquent aux intempéries atmosphériques. D'après Dutour, le Manioc donne aux Antilles des récoltes plus considé- rables et moins éventuelles que celles du blé ou du riz. De plus, comme les racines mûrissent à diverses époques de l'année et peuvent se conserver longtemps en terre, le cultivateur peut les récoller successivement et selon les besoins du moment. On a vu de ces racines, dans lui sol de bonne qua- lité, atteindre la longueur de 0"',50 à 0">,65 sur 0'",15 de diamètre. Les résultats obtenus à Gènes, dans la culture du Manioc, permettent d'espérer qu'on pourrait avantageusement essayer cette culture à Mce, à Ilyères, à Perpignan el sur quelques autres points de la région de l'Olivier. L'Algérie offrirait sans doute encore des conditions meilleures et des chances plus considérables de succès. A. D. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. SÉANCES DES 11 ET 25 AVRIL 1862. Société philomathique de Paris, année 1861. Mémoires de l'Académie impériale de Metz, XLIF année, 1860-1861. Quatrième Bulletin annuel de la Société centrale d'agriculture du département de la Savoie. Chambéry, 1862. Bulletin de la Société d'émulation du département de l'Allier, tome VII, Zeitschrilt liir Acclimalisatioii. Organ des Acclimatisations-Vereins fiir die koni- gliclipreussischen Slaaien. Juli-December, 1861. Acclimatisation : ils eminent adaptation !o Australia. A lecture dclivered in Syd- ney by D^ George Bennett, F. R. S., etc., etc. Melbourne, 1862. Die GestiUe und Meiereien Seiner Majestat des Konigs AVilbelm von Wiirtemberi'. Stuttgart, 1861. ° Études sur la végétation des plantes potagères d'Europe à la Guyane franraise, par M. P. Saoot. Offert par l'auteur. Petit Manuel du planteur de coton, indiquant les améliorations introduites depuis un an, et celles a introduire encore dans cette culture, par M. J. Vallier. Fragments du cartulaire de la Cbapelle-Audes, recueillis et publiés par M, Cha- ZAtJD, arclliviste du département de l'Allier. Clironique orientale et américaine, avril, 1862. Bulletin de la Société centrale de l'Yonne pour l'encouragement de raoricullure. Cinquième année, 1861. Séances du Comice agricole de l'arrondissement de Douai, février, 1862. Rapporto délia Commissione d'agricoltura délia Società d'incora-giamento «^ulla campagna bacologica del 1861. Offert par M. le professeur Corna'lia, rapporteur. Schriften der koniglichen-physikalischo-konomischen r.esellschaft zu Koniffsber- 1861 et 1862. " °' Erratum. — Omissions. Page 2GS, n'>4, avril 1862, note, au lieu d'Ëxcelsa turris, lisez Excelsœ lurri. Page 290, même numéro. Liste des récompenses décernées, à la suite du nom de M. de Maupas, lisez ; M. Paignon, mention honorable. Poules de Crèvecœur noires. M. Paillakd, deux médailles d'argent. Poules Campine argentées, Dindons noirs. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION. Avril (floréal) est le vrai mois du priiUeiups, le mois des œiils (;t des fleurs ! La nature fait son exposition ! I. Ponte. — La ponte est à son maximum , 2()6/i œufs di\ ers, dont: Lopliophores, 6 ; Paon du Japon, G ; Ilocco alector, 2 ; Canard de la Caro- line, 8; Tétras Inippecol, 3; Dindes, 59, etc., etc. lia ponte des Faisans de diverses espèces se fait régulièrement tous les deux jours ; celle des Colins et des Paons est irrégulière. Les Colombes lopliotes et les Faisans niélanotes ont despelils éclos. Chez les Oiseaux d'eau la ponte conunence à se ralentir. Quelques-uns : Oies du Danube, Oies de Toulouse, Canards de Uoncn et Canards mignojis, mènent leurs couvées. Les Cygnes blancs, une Oie de Magellan et une du Sandwich sont encore occupés à Fincubation. Parmi les Alammifères, les Brebis et les Chèvres ont tlonné plusieurs Agneaux et Agnelles. Une Chevrette du Sénégal a mis bas, étant à peine âgée de dix mois. II. Murtalili\ — Un Mouflon de Corse, diarrhée chronique ; 3 Lapins, 26 Coqs et Poules ; 28 Oiseaux d'eau, surtout parmi les Palmipèdes sauvages nouvellement arrivés. La grande population du Jardin d'acclimatation doit toujours èlrc mise en regard de cette morlaliti-, dont le chilln' considérable nous préoccupe beaucoup. Mais c'est à l'hygiène, plus encore qu'à la théra- peutique, (pi'il faut demander les moyens de soigner les Oiseaux. A voir le peu de guérison que l'on obtient à traiter les maladies des Poules, il con- viendrait certainement mieux, comme mesure économique, de les sacrifier aussitôt qu'elles \iennent à être malades : c'est l'avis de beaucoup d'éle- veurs. Si l'analomie pathologique était privée par celle mesure de curieuses révélations, ce serait aussi, en revanche, certainement, moins de temps, de peine et de nourriture perdus. III. Dons. — Une paire de Gouras ou Pigeons couronnés, par M. Cézard, armateur de Nantes, magniliques oiseaux dont l'acclimatation est déjà bien avancée en Angleterre. Il est diQicile de distinguer le mâle d'avec la Ifinellc. Une paire d'Autruches nées à Marseille en captivité, par M. Aoël Siiquet. Deux Oies dites de montagne, envoyées par M. ilaussntanii, consul général de France au cap de Donne-Fspérance , et qui se trouvent èlre exactement semblables aux Oies dites d'Égyple, ce (pii démontrerait que cette espèce se trouve sur tout le continent africain. Un Bouc et une Chèvi'e du Sénégal, par M. Loste, de Bordeaux. Un Coq et deux Poules de Caussade, par le Comice de Caussade (Gironde). IV. Aquarinin. — S'est enrichi d'une pierre à Pliolades, envoyée par M. i'vcné Caillaud; d'Kcrevisses rouges et bleues, par I\i"" Passy cl M. (îillel BULLETIN MENSUEL DU JARDIN d'aCCLIMÂTATION. /l/i? (loOriindHiom, On :^ observé qiio les Acliiiits placées isolémeiil dans une rci- taine quantilé d'ean poiivaieiil vivre longtemps sans addilion de iiourriliire, mais il n\m est phis ainsi lorsqu'elles sont eu graud nombre. Si on ne leur donne pas une nourriture supplémentaire, autre que les animalcules qu'elles peuvent irouver dans l'i^au, elles maigrissent à vue d'œil. Le mode de rcpro- diielion de ces zoopliytes est en général i)eu connu. On a observé que la Sagartia hellis rendait 'par la bouche des petits êtres qui leur sont sem- blables el qui se développent ensuite très bien. On en a compté autour d'elle jusqu'à 35. VAdiniloba dianflius détache de sa base des sortes de bourgeons qui se dé\ eloi)pent à côté d'elle. Ce seraient donc deux modes de reproduction particulière aux Actinies. Il n'est pas rare de voir les Crus- tacés essaimer sons les yeux des visiteurs. Dans le bac n" /|, on reconnaît déposé sur la glace du frai de Poisson. Dans le bac n" 1, on peut suivre le développement de l'alevin des Truites et des Saumons, doiit les éclosions ont été obtenues au Jardin dans les appareils de pisciculture. V. Jardin. — Température moyenne : -f- G" à six heures du matin ; -f- 18" à trois heiwes après midi. — Alininumi, — '2" ; Maximum, + 28", La précocité du j)rintemps et la doucem- exccpliunnolledes derniers jours de mars et des premiers jours d'avril ont justifié les appréhensions qu'elles avaient fait naître. Les gelées nocturnes et la neige qui sont survenues du 1.') au 1G (Hit fait beaucoup de mal. Un grand nombre d'arbres, d'arluistes et de tleursonl soullert, jusqu'aux Chênes du bois qui ont eu beaucoup de pousses gelées. Les Mûriers, qui commençaient à avoir de petites feuilles, pour nos Vers à soie, les ont complètement perdues. l'Iusieurs corbeilles de fleurs oui dû être remplacées. Le Jardin d'expériences est plein. Il ne contient pas moins de 150 à 200 espèces, tant de légumes étrangers que de j)lanles industrielles et d'orne- ment. La gelée leur a fait aussi un peu de mal. Lu outre de ces végétaux plantés ou semés en pleine terre, il y a au moins AOO espèces de gi'aines envoyées de tous les points du globe, qui ont été semées sur couches en mars et avril. f)e ce nomijre, plus de 2U0 espèces sont déjà levées, et font espé- rer des choses bonnes, utiles ou agréables. La floraison du Jarchn, pendant ce mois, se compose, pour les arbres : des Merisiers à grapj)cs, arbres de Judée el faux Ébéniers ; pour les arbustes : les Tamaris de la Tauride, les Ctrchorus du Japon, Chaina'cprasus variés, Spirées, Lilas, Genêt blanc (dont un pied surtout est admirable, devant les grandes Écuries), Rhododendrons, l'runiersde laCliine, et les IVeùjdia dont une partie a souilert de la gelée, Pour les fleurs: les Pensées. Myosotis et Silènes. Dans le Jardin d'hiver, quelques Camellias conservent encore leurs fleurs et semblent s'en dépouiller à regreL L'Arum d'Ethiopie à spailies blanches commence à se faire remarquer ; mais ce soiU surtout les Azalées aux cou- lenrs vivi-s cl varié -s qui soiii la vrair d ■coralioii du moment. Les amateurs llkS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION, du beau cl du rare sont venus admirer le Rhododendrum Fakoneri, qui fleurissait pour la troisiom;:; fois depuis qu'il a été apporté de l'Himalaya, et dont les fleurs, campanulées, blanches et argentées, répandent une odeur très douce et agréable. Son feuillage, qui a oO centimètres de long sur 15 de largç, ne ressemble en rien à celui des Fdiododendrons ordinaires. Le Jardin a recul de M. Mueller cinquante espèces de graines d'Australie ; delà Société impériale d'acclimatation ime grande' quantité de graines de tous les pays; d;' M***, la Zizanie aquatiqued'Amérique ou Avoine d'eau; de M. Belhonnne, deux Orobus produisant du fourrage, et le Pittosporum undulatum ; de J\I. Turrel , deux jeunes pieds de Câprier sans épines {Capparisinermis); de M. E. Mouclicz, ofiicier de la marine impériale, dix plantes, dont un fruit du Cocotier {Cocos nucifera), qui a connnencé à germer dans la cale du navire. Il y a eu au Jardin, du 20 au 27 avril, une F,xposition inlcrnalionale de V'olatiles, dont il a été r.'udu déjà un compte particulier (voy. le IJallctin d'avril). Le nombre des \isiteurs du mois a été de 51 128. f.c Direiteur du Jardin d'acclimalalion, lUl'Z DE Lavisox. I — TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. RAPPORT SUR LES TROri>i:\UX D'YAKS ET DE CHÈVRES D'ANGORA RÉUMS A SOULIARD, Par une Commission (•.oinpost'C dv. MAF. ie C'^crÉPRÉMESNiL, pr(:sideiit, F. JACQUE:\rAi;T, Davix, C"^(le Sinéty, et Wi;iîAÎ\S, raitpoitetir (1). (Scai:ce du 25 avril 1862.) Messieurs, Vous avez uoniuic une Commission cliari^ée d'examiner la situation de vos dépôts d'animaux en voie d'acclimatation à la ferme de Souliard (Cantal), et de rechercher les mesures à prendre, soit pour augmenter, soit pour restreindre cetétahlis- sement, soit pour le transformer en le complétant par l'acces- sion d'autres espèces à acclimater, soit enfin })Our le supprimer tout à fait en plaçant d'une manière plus économique et [dus avantageuse les animaux d'élite (jui y sont réunis. Cette Commission a eu de nomhi'euses séances pendant votre session de 18(31 ; elle a compulsé et examiné avec soin la cor- respondance, les rapports auxquels ont donné lieu les anciens dépôts etrétahlisscment central créé à Souliard à la fin de 1858, ainsi (}ue les dépenses (ju'ils ont occasionnées, les résultats qu'ils ont produits en ce (jui touche les revenus, la santé et la mulliphcation des animaux. Elle s'est mise en rapport avec ceux des memhres de la Société (jui s'occupent avec le plus de zèle de l'acclimatation. Enlin, elle a reçu de notre honorable (l) Los nv oliitioiis oxposées dans ce Rapport ont été adoptées dans les séances des 25 et 28 mars dernier, en présence et avec le concours de M. Dronyn de Ijhnys, président de la Société. T. IX. — Juin 18G2. 29 450 SOCIÉTÉ IMPÉRIAL!: ZUOLUGlQUE d'acGLIMATATION. et savant confrère M. Richard (du Cantal) les renseignements les pins complets sur l'état des animaux conliés à ses soins et à son dévouement. Vous vous rappelez tous, messieurs, les circonstances qui ont déterminé le Conseil d'administration de la Société à réunir sur un même point et à remeltre à notre zélé vice- président, pour les faire soigner à la ferme de Souliard, les Vaks et les Chèvres d'Angora qui étaient alors disséminés et qui dépérissaient entre les mains de ceux (|ui en avaient accepté le dépôt avec un zèle auquel nous rendons honmiagc, malgré les résultats fâcheux qu'une inexpérience alors générale expli- que sulïîsaniment. Vous n'avez oublié ni les conclusions des rapports (jui vous furent faits en mai et octobre 1858 par MM. llichard (du Can- tal) et A. Geoffroy Saiut-IIilaire, ni le cri d'alarme jeté par nos honorables confrères après avoir constaté l'état de ces animaux. Il était temps, nous disait-on alors, d'arracher nos Yaks et nos Chèvres d'Angora à l'inlïuence d'un régime qui ne convenait pas à leur tempérament et qui avait amené le dépérissement des sujets et la détérioration de leurs toisons. On voulait, par la concentration des deux troupeaux dans une coiitr(;e salubrc et qui paraissait appropriée à leur constitution, faire une expérience concluante, en les arrachant à la diver- sité des soins hygiéniques autant (ju'à celle des climats. Une amélioration rapide, constatée par les états fournis en 1859, avait suivi l'arrivée à Souliard de nos Yaks et de nos Chèvres. Cependant les études étaient loin d'être complètes, et l'expérience n'avait pas encore sulïisauunent éclairé nos agents sur les exigences toutes spéciales des Chèvres, lors- que le déplorable hiver de 1859-1860, et l'été plus désastreux encore de 1800, vinrent décimer vos troupeaux envahis par la cachexie acjueuse (pourriture du mouton), qui a fait tant de ravages sur tous les points de la France et déterminé une mortalité générale sans exemple depuis plus de trente ans. Cette funeste intluence vous lit perdre plus de quarante sujets. (Rapport de M. Richard, du W août 1861.) Grâce à une étude faite par noire honorable vice-président. TROUPEAUX d'yaks ET DE CHÈVRES d'aNGUHA. Z|51 cL aux ï^uiiis (jifil prodigua à nos Chèvres, de concert avec M. Urousse, vélériuaire du pays, les progrés foudroyants de la contagion furent arrêtés, vos Chèvres se rétabhrent lente- ment, mais comjilétement, et une connaissance plus intime de leur tempérament a permis non-seulement de combattre le mal, mais encore d'en prévenir le retour par un bon régime hygiénique. On peut donc dire que, sous ce rap}»ort, l'expé- rience est complète, et que l'excès du mal a eu ce résultat utile de vous faire bien connaître le régime et les soins que demandent les sujets que vous avez à Souliard et dont voici l'état : Troupeau d'Yaks. 3 Yaks niàlcs, doiil 2 adultes el un de huit mois. 5 Yall «u> Viiflics ilcHtiiK-es an mvUttHasi' i" clii'ijlel. 1 Yak iiiàle. 3 Yaks Icmcllos. k k sujiMs en loin. i Yak niiîle. 2 Yaks femelles. 0 o sujets eu tout. o'' clieplet. 1 Yak niàle (le plus jeuue). 6 Vaches de Salcrs et du Gaulai, 7 7 sujets eu tout. U" Au Jardin d'accliinaUitiuii du hois de Boulogne. 1 1 Veau métis. 15 15 Total : quinze sujets. § II. — Cii«'vro.s (l'.%iiK(>ra. Nota. — \a- Iroupeau de Clu'vres d'Augoiii est composé île (>9 sujets tloiil : •l.S Boucs lie pur saiiij. 24 Cht-vrcsiil. Je (tiK-liiiit iimis cl plus. 4 — iil. lie liiiit moi-i. 41 ilo pur siiny. 13 Clièvres inélis de dix-liuil mois. 12 — ■ — (le huit moi's. 3 Boucs cisii'és. 28 uii-lis. 1"' cheptel. k lioucs de pur sang de |)liis de di\-liuil mois. V2 Clièvres — 1 Clièvre — 17 17 en tr)ul. de liiiit mois. 2'' cheplel. !l Boucs de pur sang. 12 Chèvres de plus de dix-huit mois, depursan;?. I Chèvre de huit mois, de pin- sang. 17 17 sujets en tout. 3' cheplel. II Boucs de pur sang. 12 Chèvres métis de dix-luiit mois. 10 — — de huit mois. 26 2G sujets en tout. UO A reporter. TROUPEAUX d'yaks RT DE CHÈVRES DANOORA. /i55 Jtirdiit iri. — Primes de JOTA. Les prix ne seront ilcrcrnés fni'autonl qi'e les toisons seront jnsj-écs nssez liellcs pour être employées dans l'inJnstrie. Votre Commission a pensé i\ue ces conditions étaient assez avantageuses pour tenter les membres de la Société ou les cultivateurs qui n'en l'ont pas partie, mais ([ui se trouvent dans des conditions iavorai)les pour Taire des essais d'acclima- TROUPEAUX d'yaks ET DE CHÈVRES d'aNGORA. h^o7 talion, soit d'Yaks, soit de Chèvres d'Angora. Elle espère surtout que les primes de dressage pour les Yaks de trait ou de jjàt seront facilement gagnées ])ar ceux de vos fermiers à cheptel qui voudront s'occuper de la domestication de ces animaux si rohusles, si vifs et si sohres, et qu'alors seulement seront évidents pour tout le monde tous les avantages qu'a eus en vue M. de ^lontigny en important en Europe ces utiles ruminants dont les Chinois tirent un si grand parti. Nous croyons aussi qu'on peut ohtenir de leur lait d'impor- tants hénélices. O^ielques-uns d'entre nous ont goûté de ce lait l'année dernière au Jardin d'acclimatation : il est excel- lent; tout porte à croire qu'il est riche en principes nutritifs et qu'il contient heaucoup de beurre. Il est vrai que jusqu'ici les femelles d'Yak ont produit assez peu de lait. Mais on sait par les relations du P. Hue et par les récits de M. de JMontigny, qu'en Chine, au contraire, elles sont bonnes laitières, et il est probable qu'elles le deviendront en France, si l'on prend l'ha- bitude de les traire souvent, et si on leur donne une nourri- ture qui développe chez elles la production du lait. Ce sera un jour heureux pour la Société que celui où l'on verra aux portes de la ca|iitale, dans un champ d'expériences agricoles, des attelages d'Yaks labourer en concurrence avec les bœufs français et même avec les chevaux, et employer ainsi d'une manière utile la force musculaire dont ils sont doués. Nous ne nous r('jouirons pas moins de voir nos Yaks ou les métis franchir des pentes abruptes, chargés de lourds far- deaux et avec des vitesses qui doivent se rapprocher de celle du cheval au pas, à en juger par la conformation de ces animaux et à en croire les récits des voyageurs. Quant aux Chèvres d'Angora, nous ne doutons pas que, rendues maintenant à la santé par un bon régime hygiénique, elles ne soient, pour les éleveurs qui les prendront à cheptel, la source de bénétîces sérieux, surtout au moyen du métis- sage. Nous pensons que les soins à leur donner sont sufïîsam- ment connus, grâce aux observations faites sur leur tempéra- ment et sur le régime qui leur convient par notre zélé collègue M. Piichard (du Cantal). /|58 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.lQUE d'aCCMMATATION. lipoqiic de l appUcatlon du nouveau sijstème; durée défi huux. Six mois après que votre déterminalion aura été notiliée à M. Ricliard, vous jiourrez disposer des animaux qui sont, à Souliard. Ce serait donc vers les mois de novembre ou décem- bre de cette année que les baux à cliejttel pourraient com- mencer à courir. D'ici là vous recevriez les demandes et vous seriez en état de faire un choix. Vos baux à chej)tel vous assui'ant la moitié du croît, vous [lourrez, au bout de quelques années, reformer de nouveaux troupeaux, soit pour remplacer ceux du Jardin d'acclimata- tion, soit jjour créer d'autres cheptels, soit entin pour faire des éciianges ou des cadeaux à l'étranger. Les baux pourraient être laits de six ou neuf ans pour les Yaks, et de quatre ou six ans seulement pour les Chèvres. 11 serait stipulé (pie la Société aurait un droit de surveil- lance, et qu'en cas d'incurie dûment constatée, le bail à chep- tel pourrait être résilié en tout ou en partie. Enfin, le Conseil d'administration aurait à jtrendre toutes les précautions nécessaires pour sauvegarder les droits de la Société et assurer la conservation et la pureté des races. Pour atteindre ce but, il y aurait lieu, conformément à ce qui se fait dans les concours régionaux, de déclarer que les animaux reproducteurs primés ne pourraient pas être abattus ou livrés à la boucherie avant un délai de deux ans, à moins de nécessité absolue, ces animaux devant être conservés pour en multiplier l'espèce en Europe. En terminant, votre Commission croit devoir vous proposer devoteràM. Richard (duGantal) desremcrcîmentspourlessoins éclairés qu'il a prodigués à vos Yaks et à vos Chèvres d'Angora, pour la salutaire impulsion qu'il a ainsi donnéeà l'acclimatation de ces deux intéressantes espèces. C'est grâce à ses instructions, à ses conseils et à son dévouement que vos troupeaux vous ont été conservés, que des expériences utiles ont été faites siu' le tempérament et les mœurs de vos élèves, notamment des Chèvres d'Angora, et qu'un régime hygiénicpie approprié à TROUPEAUX d'yaks ET DE CHÈVRES d'aNCORA. /|59 leur nature a [lU être adopté et suivi. Sans doute, les progrès n'ont i)as été rapides, puisqu'on octobre 1858, le troupeau se composait de quarante-neul'sujets et qu'il n'est aujourd'hui quede soixante-neuf. Ce résultai dnil être attiàbué uniquement a la funeste influence de l'hiver rigoureux de 1 859-1 S(iO, suivi d.es pluies continuelles et de la saison froide du i»rintemi)S, de l'été et de l'automne de 18(i{). En effet, en 1860, nous avions (juaire-vingl-quatorze animaux de pur sang et quatorze métis, en tout cent huit sujets, et ce noiidire était réduit à soixante- huit au commencement de 1861, ce qui, en tenant compte des naissances, suppose une perte de près de cinquante animaux morts de la cachexie. Kii admettant une année aussi exceptionnellement di'sas- treuse que l'année 1860, les mêmes accidents ne seraient pas à craindre, gr.àce aux observations faites et à rcvpéiiciicc acquise, grâce à la connaissanci^ qiu; nous avons du tempéra- ment de nos Chèvres et du régime auquel il ciuivient de les soumettre. Des instructions détaillées et complètes sur ee régime devraient être données à nos fermiers, et une Commis- sion serait chargée d'en surveiller re\écution dans une visite faite tous les ans aux lieux d'élevage. En résumé, la Commission vous j)rop(tse : 1" La création de trois dépôts d'Yaks cl d'autant de dépots de Chèvres d'Angora remis à litre de che|)lel aux cultivateurs (jui les demanderont. 2" L'aflectalion d'une somme de qu'une nulle [roues {\ des primes d'acclimatation et de dressage, et la division de celte somme en quinze prix, dont huit d'acclimatation et de métis- sage (quatre pour les Yaks et pour les Chèvres d'Angora), et sept do dressage })Our les Yaks et leurs métis. r/' La rédaction d'instructions détailh'es sur le régime hygié- nique auquel les Yaks et les Chèvres d'Angora doivent être soumis. fx" La nomination d'une Commission de surveillance char- gée de visiter, au moins une fois par an, vos dépôts d'animaux en voie d'acclimatation. r.ESUME DES TRAVAUX DE R. M. LE ]{ 0 T DE WUUTEMP. E Rf, , POIT. L'AMÉLIORATION DES RACES D'ANIMAUX AGRICOLES DANS SON UOVALi.Mi:, Par îl. Fré«8érâ(p 1>K«AI\S. AltaiiiL il kl Li''^al;nn lii' l'ranco ;i Imtiih fdi l->in -Mi/in. (Séance du 23 mai 1S62.) (( Vous avez produit quelque chose, el , si peu que ce soit, )) vous devez en être content «, disait le roi de Wurtemberg à un diplomate qui lui présentait des IVuits de son jardin. Quels éloges ne devrons-nous pas décerner à cet excellent prince, dont la généreuse initiative et le concours éclairé ont si puis- samment contrihué au jterrectionnement des diverses races d'animaux agricoles dans son royaume. C'est l'historique de ces heureuses tentatives d'anK'liora- tion que nous allons chercher à retracer brièvement, d'après l'intéressant ouvrage de M. le baron de Ilugel et de M. Schmidl. Espèce bovine. Dans les métairies du roi de Wurtemberg on a deux espèces de gros bétail : 1° Les Vaches et Taureaux hollandais à courtes cornes; ils sont généralement d'un pelage blanc et noir. 2" Les Vaches et Taureaux à collier du canton d'A|ipenzell; cornes courtes, pelage noir avec collier blanc. L'introduction définitive de ces deux races dans les métai- ries royales a été précédée d'études comparatives sur les qualités des diverses races de bétail d'Europe, (''Indes qui ont r.ACES DA.MMAUX Al.llUlULES KL' \VUUTE.Mi;Ei;(i . /l(U coinnicncé eu 1825 cl ont (''(('■ terminées en 1829. Inutile d'ajouter (ju'clles (inl été laites avec toute rexactitudc et tout le soin possibles. En se décidant pour les grosses espèces de bétail, on a eu trois mol ils principaux. 1" Le gros bétail a plus de valeur comme viande de bou- cherie. 2° Les veaux de grandes races se développent plus vite. 3" Eu égard aux (juantilés de l'oiurage consommées, les grandes races donnent un produit beaucoup plus considérable que les petites. On a remarqué depuis 1821 jus(prà nos jours, (ju'il s'est produit une modification lente et successive dans les carac- tères distinctifs des deux espèces introduites. Les sujets de race hollandaise (ju'on observe aujourd'hui tiennent la tèle plus droite qu'en 1821 ; leur taille est mieux proportionnée (ju'elle ne l'é-tail aloi's, leurs cornes moins recourbées. Los Vaches sont plus grasses ([uand elles commencent à donner du lah, et cependant le lait est moins abondant qu'autrelois, La quantité moyenne annuelle a été successivement en décroissant depuis la première génération d'individus impoi'tés de lîall jus({u'à la troisième. Depuis cette époque, la marche décroissante a subi un temps d'arrêt, et l'on a vu même le })lus souvent les individus des cinquième, sixième et septième générations donner une quantité de lait de plus en plus con- sidérable. Cet inconvénient a d'ailleurs été compensé [)ar une meilleure qualité de la viande et par un développement plus rajiide chez les jeunes sujets, à mesure qu'on s'est éloigné davantage du type primilifimporlé de Hollande. Toutes ces moditications ont éti' lentes. Elles ont eu l'vi- demment j)Our cause la dilTérence i]*'^ conditions climati- (jues et alimentaires dans les(]uel]es le bé'tail a été placé en Hollande et en ^Vurtemberg ; je crois (ju'elles proviennent surtout de ce (jue l'on u garde le bétail à l'étable au lieu de l'envoyer aux cliauq)s conune en Hollande. En moyenne, le poids d'une Vache hollandaise à l'âge de six ans est de 1100 livres; celui d'une Vache d'Appenzell, de 1150. Dans le Wurtemberg, le poids des individus de race hô'l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. liollaiulaise n'a pas cessé de décroître depuis le jour où ils ont été introduits, tandis que celui des Vaches d'Appenzell a augmente El) 1860, sur trente-quatre Vaches, vingt-sept ont mis has, et vingt-cinq ont donné des veaux très propres à être élevés. Grâce à des ohservations miiuitieusement enregistrées, on a pu se faire une idée exacte des (qualités des deux races. Le tableau suivant donnera uik^. idée de ces qualités : ANNEES. Race à collier d'Appenzell. 1858 (année très sèclie). 1859 1800 (année pluvieuse). fioce IwUandaise. 1808 1859 1800 NOMRItE QUANTITÉ nilANTITÉ des minimum mnximnm flo de Vaches. lait donné. lait donné. IMisuns. Mp.SUTFS. 7 889 1530 8 895 1/tGO 9 771 1 292 25 714 1710 ■l(i 4G5 1 0 1 (i 29 (i8'i 1430 QUANTITE moyenne du hiildijiiné par cliaqnc Vaclie. 1093 1033 93/1 ! I 2 A 1099 10/4 3 NOMBRE des Vaches ayant donné plus de 1200 mesures de lait. En général on \t'\u\, dans le pays, les Taureaux de race hollandaise pour être croisés avec des Vaches suisses. Le croisement donne un hétaiUrune ({ualité excellente. Depuis 1858 on s'est applitjué à régénérer ces deux races au moyen de croisements avec larace dite de Rosenstein. C'est de ce nouveau type de la race bovine créé par les soins du roi de Wurtemberg, dans sa ferme de Rosenstein, qu'il nous reste encore à parler. Un Taureau hollandais, 4///y/, el cintj Vaches hollandaises, toutes excellentes laitières, sont la souche première de cette nouvelle race. Les preiiii(U's croisements ont commencé en 183*2. Ils ont ('l(' opérés entre la race hollandaise, la race du pays dite de Limbourg, la race d'Apiienzell et celle de Schwytz, la race d'Alderney et celle des Zébus. Dans ces croisements, on a maintenu la race hollandaise comme type prédominani : RAGES DANJMAL'X A(.l!lC(>IJ:s DU \VLRTi;MBEIt(.. Z|(i3 le sang- (les autres races a élé employé dans des proporliuiis très diflcrentes. La race de Durhaiii, qui a élé conservée pure, a aussi servi quelquefois aux croisements. On avait également àdilTérentes reprises fait venir à Rosenstein des Vaches et des Taureaux des races de Devon, du Yorkshire, de Shorlhorn, de Jersey, de la valiée de la lAIurz en Styrie, de Bretagne et du Charolais; mais le sang de ces races, dont l'acclimatation n'avait qu'imparfaitement réussi en Wurtemberg, n'a pas été employé pour créer le type actuel de la race de Rosenstein. Les essais ont commencé en 183/i. En J838 et 1839, sur vingt-cinq Vaches nées, huit seulement furent jugées aptes à être conservées pour la reproduction ; mais déjà à la quatrième et à la cinquième génération, en 1851 , on obtenait vingt-cinq belles Vaches, dont treize pouvaient être très utilement employées pour les nouveaux croisements. Depuis peu d'an- nées seulement, environ vingt-cinq ans après le commence- ment des épreuves, on a pu remarquer chez tous les veaux issus des croisements opérés à Rosenstein certaines qualités identiques vraiment caractéristiques de la race nouvelle. Ainsi, il demeure établi (ju'il faut parcourir l'espace de six à sept générations, soit environ vingt-cinq ans, pour former une race nouvelle : puisque toutes les qualités des races qui ont sei-vi au croisement se retrouvent d'une façon permanente et à un degré égal chez les individus de la race de Rosenstein. Le lait est de très bonne qualité et abondant. En ]8(3(), les Vaches de la race blanche ont donné en moyenne J (595 mesures de lait. A leur naissance, les veaux pèsent 105 livres; à trois semaines, 131 livres. A se[)t ans, une Vache pèse 1/iOO livres; un Bœuf, 1550 livres. Le roi de Wurtemberg a bien voulu permetti'c ijuc quelques Taureaux de la nouvelle race fussent mis à la disposition des éleveurs du pays. 7v ^pece ovine. La laine constituait déjà en 1818 une des grandes richesses du ^Vurtemberg, lorsque le roi rréa la bergerie modèle /|(5/l SUCIÉTÉ IMPÉiîlALE ZUULUGIQUE d'aCCLIMATATIuN. (l'Aclialni. A cette époque, tandis (juc les Moutons ordinaires étaient presque les seuls connus en Allemagne, la laine des Mérinos était fort recherchée. Elle atteignait le ])rix de 750 trancs les iOO livres, tandis que la laine ordinaire ne valait guère au delà de 150 francs. Obtenir une laine d'une finesse excessive en amenant dans le pays des Béliers et Brebis méri- nos, fut le l)ut([ue se proposa le roi de Wurtemberg, quand il créa la bergerie modèle d'Achalm. Déjà, depuis 1786, il existait en Wurtemberg un troupeau royal de Mérinos, conqjosé primitivement de soixante-dix-neuf Béliers et de trente et une Brebis achetés en Espagne et en Roussillon. Ce (roupeau avait rendu sans doute de grands services, mais le sang n'y ayant pas été conservé pur, il ne put être d'aucune utilité dans les tentatives que l'on entreprit à Achalm. 12 Béliers et 100 Brebis mérinos espagnols furent ache- tés à Naz, département de l'Ain. En 1822, on lit venir de Saxe 8 Béliers et 50 Brei)is de race mérinos, et plus tard successi- vemonl, en 1825, 1820 et 1829, 50 autres Brebis et 12 Béliers. A Achalm, on a conservé jusqu'ici, dans toute sa pureté, la race mérinos de Saxe, celle de Naz a été renvoyée à Seegut. A un an et demi on commence à essayer les Béliers à la lutte ; à parlir de deux ans et demi et quelquefois jusqu'à sept ans, ils font un service actif, dix brebis par semaine environ. On cherche autant que possible à ce que les agneaux naissent en janvier et en février. Sur cent brebis envoyées à la lutte, il naîl en moyenne quatre-vingt-six agneaux. Malgré tout le soin que Ton met à mentionner exactement au slud-book les qualités des diverses générations d'individus, on n'a |)U arriver encore à obtenir à Achalm, jtour la race ovine, comme à Bosenstein pour la race Itovine, cet ensend)le de (jualités idcnti(|ues se transmettant régulièrement de géné- ration en génération, qui constitue, à proprement parler, une nouvelle race. Tandis qu'à Achalm on cherchait à obtenir une laine courte et souple, dcslint-eau tissage des draps les plus fins, dans le domaine de Seegut, le roi de Wurtemberg avait voulu, dans J;ACES d'animaux AGRJGULES du WURTEMBEUtj. 'itiS le principe, ubtenir un troupeau (.ranimaux de l)oucherie plus rustiques, ayant une toison moins fine, mais abondante cepen- dant, et surtout proj>ie à l'aire du til d'eslaim pour la l'abrica- lion des draps de ([ualité moyenne. Dans ce but, on se livra, de 1830 à 1S/|(), à des études com- paratives sur les diverses races de Moutons. A la suite de ces essais, un adopta le Mouton provenant du croisement de Brebis mérinos avec des Béliers de New-Leicester. L'excellente i|ualit('' de la viande de ces animaux et leur rusticité les avaient l'ait adopter d'abord, quoique le poids de leur toison ne dépassât guère '2 livres et un quart, et que leur laine fût de (jualité inférieure. Mais depuis une quinzaine d'années, les fabriques de lainages recherchant et payant fort cher un lil d'estaim plus souple (|ue celui qu'on obtient avec la toison de ces Mérinos-Leicester, on a lait venir, en I8/18, àSeeguI, (luelqucs individus mérinos de grande taille, de la bergeri<; d'Achalm, dont on a opéré le croisement avec des Mérin s du li'oupeau célèbre du comte Scliwerin ^Volfssllagen. Plus tard on n'a plus conservé à Seegut les individus de la race Mérinos- Leicester, dont la laine paraissait trop grossière, et l'on y a constitué un troupeau qui fournit d'excellente laine mérinos de seconde qualité. Il est à remarquer qu'on a jierdu pour la (jualité de la viande tout ce qu'on a gagné pour la qualité de la toistm. A Seegut comme à Achalm, (jn s'est efl'orcé d'obtenii' ties reproducteui's de choix, destinés à régénérer la race du pays. Les Béliers sont mis à la disposition des éleveurs, dès qu'il- ont suiïi à la lutte dans les bergeries royales. Espèce porcine. D'après un recensement fait le i" janvier 1 859, on comptait en ^Vurt(MHberg -i^lOGO Porcs. 11 n'y en avait que 12-2 000 en 1822. On peut juger par ces simples chifl'res combien s'est . développée, pendant ces trente-sept années, cette branche si lucrative de la pi'oduction agricole. Avant 1822, les seules races de Porcs connues en Wurtem- berg étaient celles dites de Hall et de Bavière, cette dernière T. IX. — Juin 18(i:i, oU ion SOCIÉTÉ IMPÉniAl.E ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. renoiiimée pour sa rerlllitr, in;iis dont les individus, hauts sur pattes et étroits de corps, ne se développaient qu'avec une extrême lenteur. Aussi, dès le principe, s'occupa-t-on d'intro- duirt', dans les métairies du roi de Wurtemberg des races moins lentes à élever et à engraisser. On fit venir à la ferme de Wcil des Cochons chinois et croisés anglais et chinois. La viande des Cochons chinois, tout imprégnée dégraisse, déplaisafl gé-néralemenl; aussi, malgré' les précieuses qualités de cett(i rac(3, on renonça à la répandre en Wurtemberg, et l'on y importa ])lus lard une race infiniment plus pi'écieuse, celle dite de Dusselthal, issue d'un croisement de Cochons napolitains et de Cochons chinois. La viande des individusde cette race est excellente. A un an, leur poids est de obi) livres. Les Truies un peu âgées atteignent Iréquemment 600 livres. Depuis 18ô/i, on élève aussi à Weil des Cochons de Windsor et du Yorkshire. Ces derniers, moins gros que les Porcs de Dussellhal, sont rcmanpiables par leur fertilité. On obtient, en général, deux portées [tar an ; les Truies sont aptes à la reproduction à l'âge de huit mois. On prend de gi'ands soins pour éviter ([u'elles n'engraissent à l'époque où elles sont pleines. Les Verrats des métairies royales sont mis à la disposition des l'ieveurs toutes les fois ijue les besoins du service intérieur ne les réclament pas. * SLR UN HYBRini: T)E LA TRIBU DES ANTILOPINS DU SOUS-GENRE GAZELLE, Par M. B.tKTïBÉLEWÏ I-\POM?IERAlE. (Séance ilii 23 mai IS(j2.) .Ius(jii'à ces loin[)s derniers, une certaine confusion a régne dansladélerniinalion de (|uelques espèces de Ruminants de la Iriliu des Aniilopins, ])riscs parmi celles qui devaient, nous êlre mieux connues, tant elles apparaissent Iréquemmenl à nos yeux, soit dans les parcs d'agrément, soit dans les ménageries ambulantes, et })lus particulièrement dans les jardins d'accli- matation. Je veux pai'ler des espèces dites Corinne, Dorcas (la Gazelle delUifTon), Kavella de Pallas et arabica de Elirne. Ce sont celles (jue Lessmi a décrites sommairemeni, mais d'une manière distincte', dans son Manuel de niammalofjic, vade-mecum obligé du zoologiste, et ([uc M. Gervais réduit à une seule et uni-jue espèce dans son ouvrage éminemment insti'uctil', intitulé : Les tro/s rèijnes de lanalure. — Histoire naturelle des nunnmifères (Paris, 1855), Il aura fallu à eo savant de longues séries d'observations |iour aniver à ce résultat, car une foule de caractères dis- tincts, pris tout à la fois daiis la taille et le pelage, dans l'im- plantation, la direction et Xaiinélation des cornes et d'autres caractères secondaires, semblent militer en faveur de ces espèces et du maintien des appellations sous lesquelles elles nous sont anciennement connues. Cette dernière opinion est soutenue par un assez grand nombre de nos olïîciers des bureaux arabes, en Algérie, lesquels, [tendant un séjour plu> ou nittins long sur la terre africaine du nord, ont observ('' beaucoup de (Gazelles et constaté les dilïérences qui existent entre elles. A<) olïlcicis lies bureaux arabes, n'eussent entièrement raison; mais poiH' cela il laudrait atbnetlre : !" (ju'il cxisle un type du i^eni'c eldes races dérivant de ce lype, modibées par l'babilal ; '1' des croisements de ces races entre elles dans leur existence nomade, et la production de mélis doid les caraclères dilTi'- renliels sont assez saillanis pour attirer noii'e altenlion et nous porter à les distinguer par des noms arliilraires dans la noinenclature. Algérie, Araliie, Egypb^, Atrique occidentale, orientale et intérieure, ont des points de contact et des centres ide rf'union pour certains aiiimaux fjui voyagent d'une o;isis à l'autre, au moyen de courses fabuleuses. Telles sont les Gazelles; telles sont aussi les Aiilrucbes, type iiniijue dont nous constatons des races diverses quand elles proviennent de la Tunisie, de l'Algérie ou du Maroc, de l'Égyple intérieure, de la côte orientale d'Afrique, du cap de Bonne-Espéranc(î ou de la côte occidentale. Les dilférences se |)roduisent par la modification de la taille, par le plus ou moins de développe- ment et de linesse des pbunes, surtout par l'ampleur et la forme mèm(i des œufs. J'admets volontiers la promiscuité des diverses races de Gazelles entre elles, et les croisements (pii |)euvent en résul- ter, tout en maintenant les caractères typiques de ces mômes races, et je me ci'ois autorisé à m'appuyer, pour cette démonstration, sur les faits consécutifs qui se sont passés sous mes yeux au jardin zoologique de Marseille. Les sujets sur lesquels Jiies investigations se sont ],)ortéeb sont encore pleins de vie, par consétjuent il est })ermis à clia- cun de les contrôler. 11 serait diilicile au mammalogiste le plus babilc, je dirai même au nn;)nogra])be le plus expert de la tribu des Antilo- pins, di; déterminer, de visif, les vai'iélésque j'ai à (b'crii'c, (-t je suis certain que plus d'un d'entre eux serait tenté de ci-écr deux espèces nouvelles aflublées des noms les jilus brillants. La classification des Antilopins par M. Lesson débute par le sous-genre Antilo{ie, ayant pour type' l'Anlilope des Indes {AiUUopc ccrvicaprii., l'allas). • ' liYnniDF, !)[■] LA TRlIir DES ANTILOPINS. /jHO 11 est dit, dans la diai^nosc, que le iii;ile seul porte des cornes; que les deux sexes nian(jneii[ de inulle et de larmiers ; qu'on y rencontre souvent des brosses et des pores inguinaux. J'accepte l'ensenLMc de ces caractères, à l'exception de l'ar- ticle larmiers. Non-seulement ces larmiers existent dans les deux sexes, mais, chez le mâle, ils onl un développement exc(q)lionnel, une laculli'' de renversement et d'<''panonisse- ment de dedans en deliois, ijui les lait apparaître couvcris de jietils uiauielons serrés et groupés, papiliilbrmes, si bien (|u'avaiit d'avoir examini'- la partie obtuse de la région inler- nasale et ocnlaire à latjuelle ils se rapporlent, j'avais ]iu ciMire (|u'il y existait quelque lame transparente à Iraveis le lissu lâche de laquelle les émanations extérieures auraieni pu arriver jus(ju'au cerveau ; ce ([ui aurait constitué pour ce r.uminant un supplément spécial de l'organe olfactit. L'ossi- fication ne présente, par le l'ait, qu'une dépression très discrèlemcnt profonde sur une surface unie et parfaitement solide, sans la moindre trace de la plus petite perforation. J'ai fait la même remarque sur le Cert'hippélaphe, chez lequ(d les larmiers, singulièreineul grands, se développaient au dehors, jus(iu"à laisser apei'cevdir la teinte li'gèrement bariolée de leur intérieur, (|uaii(l il s'appi'ocliaii à pas comptés pour venir me reconnaît! e aussitôt après l'appel que je lui avais adressé, luette f irmalilé, à laquelle je reconnais un caractère de pré- caution, étant aecomidie, les échauboulures des larmiers se repliaient les unes sur les autres, et tout rentrait bientôt dans l'i-lat normal. Entie tous les Cerfs et Antilopins que j'ai pu observer, l'Antilope cervichèvre mâle et le Cerf hippélaphe sont les seuls Ruminants doués de la propriété que je viens de signaler, et dont je n'ai pas trouvé d'indication dans les divers ouvrages de mammalogie. Ils appartiennent l'un et l'autre aux Indes orientales. Nous avons eu, au jardin de Aiarseille, plusieurs exem- plaires mâles et femelles de l'Antilope cervichèvre, et j'ai constaté que le mâle n'atteint que vers sa cinquième année le pelage jtarlait de l'état adulte. Les années qui précèdent voient l'animal rembruiur de plus en plus sa livrée, dont le /|70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOniOrE d'aCCMMATATION. Icrmc est inarquô par l'iiivasmii do la Icinle noire, intense et veloutée, sur les régions supérieures latérale etdorsale, tandis (jue les parties inférieures latérale et abdominale passent à l'état blanc. Ces Antilopins uiàles se simt toujours UKjiilri'S sous un aspect inquiet et larouclie, surlout à l'époque du rui, et Icui' désir de la b'inelle se manifestait par de tarauds coups de corncsqui mettaient la vie deleur compagne en p('ri!. Ni boides de bois, ni paquets arrundisdc Liutla-pcrcba, n'auraiciil souf- frait à la mort les pauvres femidles do plus en plus olfarou- cbées ; si bien que nous avons dû renoncer à l'union légitime et recourir à rintervenlion d'iui inàle d'espèce difloreiito. In mâle de Gazelle dorcas [noso vi(jro maculato) a élé introduil dans le parc. Après l'espace de temps voulu pour la gestation, nous avons recueilli un Jouno sujet mâle, ([ui n'élait, à l'aspecl, ni Gervicbèvre, ni Dorcas. Son pelage élait d'un roux blond ; la lig-ne latérale médiane était blancbo; le nez était maculé de noir, il avait de forts larmiers; mais ses cornes n'étaient pas assez prononcées pour fournir un appoint à l'observation, lorsque le jeune animal, par inattention sans doule, fui des- tiné à la veido. C'est un amateur parisien, doni j'ai su le nom, qui l'a obtenu sous le nom de Corinne ou Dorcas. Un second accouplement nous a valu une fomello jadis jolio, aujourd'hui dégradée par suite de ses violences, ayant cornes et larmiers, mais cornes grèlos, arrondies, peu hautes, dont les anneaux sont à peine marqués. Enfin, une troisième gestation nous a mis en possession d'un inûle âgé aujourd'hui de trois ans, (]ui me permel de fournir des indications exactes sur ses formes générales, sur son pelage, sur divers caraclères puisés dans la disposition, la longuour et l'annélation de ses cornes, l'existence des brosses et des larmiers. Toutefois, doux années devront s'écouler encore pour .assister à cette transformation remarquable, d'après laquelle toule la partie supérieure du corps devient noire, pendant que la portion inférieure blanchit de plus en plus. La tendance à ce résultat n'o>tpas douteuse, si j'en juge parles changements notables qui se soni opérés jusqu'ici. HYBRIDE nE LA TRIRU DES AMILODINS. /|7! Promior âge : l*elago roussàtro, ligne médinne longiludi- naie d'un blanc sale; larmiers; cornes de moyenne lonmieur, moins rapprochées entre elles que chez la Corinne et le Dorcas, plus divergentes à la moitié de leur hauteur; bourre- lets épais, distanls ; queue d'un brun foncé, tache nasale assez apparente ; brosses noirâtres. Deuxième âge: Toutes les nuances du pelage se sont rem- brunies. Les cornes ont grandi et dépassent de beaucoup la longueur de celles de la Corinne e! du Dorcas; la divergence est plus sensible, les anneaux sont bien })lus nombreux. Troisième âge (actualité) : Beaucoup plus d'intensité dans les nuances du pelage, surtout à la partie supérieure, au-des- sus de la ligne médiane longitudinale; la lâche nasale est très prononcée. Les poils qui entourent la base des cornes sont noirs. Celles-ci ont pris un développement remarquable, leurs anneaux sont aussi bien plus nombreux et se prononcent presquejiis(|u'à l'extrémité; elles oll'rent aussi plusieurs cour- bures non lyriformes, comme chez l'xVntilope cervichèvre. La partie comprise entre la nuque et les épaules est d'un l'auve brun ; les joues sont fauves ; toute la partie inférieure du cou jusqu'à la poitrine est de couleur brune, le devant des jambes tournant au noir; parties internes blanches; brosses de jioils surles poignets, fournies etd'un noir intense ; abdomen blanc ; fesses blanches, bordées de brun noirâtre ; queue desc(»ndant à peu près à la moitié des fesses, d'un noir profond et lustré. Le port de cet Antilopin est noble et fier ; son regard est assuré. 11 llaire le visiteur à grands renforts de mouvements de ses narines épanouies ; et à chaque mouvement de com- pression et de dilatation de ces ouvertures olfactives, les lar- miers obéissent à ces mêmes contractions et dilatations, mais celane va pas jusqu'au renversement de ces mêmes larmiers, tel que je l'ai signalé pour l'Antilope cervichèvre. En résumé, l'Antilope que je viens de décrire, issue d'un mâle Dorcas et d'une femelle Cervichèvre, se rapproche de celle-ci par l'existence des larmiers bien i)rononcés, par les nuances du pelage, par l'existence de la bande médiane lon- gitudinale blanchâtre, par sa taille et son porl,méme quel- /l72 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATAÏION. (luo peu par son caraclèri^ rartniclic d liatailh^ur. Ello so rallarlio ;i l'espèce Dorcas, soit à son père, par (incl([iies carac- tères moins nombreux, cl dont la laclie nasale noire esl le plus saillant, caries cornes ont une leiidance à èlre celles un Dorcas; et cependant elles inclinent aussi, par leur divergence et leurs courbures, à se rapprocher des cornes lyrilbrmes de l'Anlilopc cervichèvre, bien qu'en réalité ces armes offen- sives et défensives restent à l'état mixte, el ne soient ni les unes ni les autres. En ce qui concerne ci^ mâle de ti'ois ans, c'est le sexe femelle, c'est la mère (lui a donné la plus L;ram!t' somme de rapprochement avec l'espèce Cervichèvre. En ce qui concerne la fcnielh' dont j'ai parlé, ce serait encore la nièr(^ (jui aurait Inurni les mêmes rapprocheuirnls ; car on se souviendra que si elle porte des cornes quand les femelles Cervichèvres n'en ont pas, ces cornes sont si courtes, si menues, si exiguës, ({u'elles ne représentent en aucune manière les cornes du Dorcas, qui a [lourtant jom'' un assez grand rùle dans celte triple affaire de reproduction. Ces faits consécutifs, qui malheureusement me paraissent ne pouvoir se reproduire de longtemps, m'ont paru assez intéressants jjour èlre consignés par écrit et soumis aux études des naturalistes distingués qui abondent au sein de la Société im[H''riale zoologicpie d'acclimatation. SUR LES OISEAI X DESTRl (nEl RS DE SERPENTS AU p.Ri'Srr., Par W. CIIABRIÏ-L^C- (D. (Si'nnro du 2S mnrs isn2.) En pairoiirnnl quolqucs caliir'r>; dos Rullolins do In SoiMt^r impérialo zoologiquo d'acclimalalioii, j'ai lu avoc inli'-rri mip nolo de M. .1. (lloquol avec co tilro : Moyens de (Irinùrc A^\ sierpe)its .Vt-AW?^ relie notojo savant proresseiii' pro[)oso Finlm- duclion dans les Antilles de la Cigogne, ennemi-nt'' A('9 roplilos do loute espèce. Durant vingl années de séjour dans 1(^ lirésil, j'ai été à même de voir bien des choses et do taire do nom- breuses observations, passionné que j'élais pour lout ce tpii a rapport aux sciences naturelles. Si les sori)enls ne se sont pas rendus aussi redoutables dans ce pays, ils n'y sont pns moins abondants, et parmi eux se comptent quelques espèces bien dangereuses. Les accidents pourtant sont assez rares : à quoi l'attribuer ? C'est ce que je ne puis dire. Ce que je puis alltlr- mer, c'est que les serpents ont ici des ennemis redoulables; j'en citerai deux seulement, parce que j'ai été témoin moi- même de la guerre qu'ils font à ces reptiles. Le premier est un Vautour de petite taille, très abondant partout, et qui détruit un grand nombre de serpents : aussi dans certaines localités il est défendu de le tuer. Je ne sais si cet oiseau serait facile à introduire dans les Antilles, et je ne m'étendrai pas davantage à son sujet. Le second est un oiseau qui porte au Brésil le nom de Ciriemma, Cariama des naturalistes. Assez abondant dans les provinces de l'intérieur, il marche par troupes de dix, quinze et vingt individus, à la recherche des reptiles. Lorsqu'ils ren- (l) Cette Noiire a élé foinmiinifUK'-e à la Sorif'té impériale (rarcliniaUition par M. Bigot. li~li SOCIÉTÉ nipÉni.vLE zooLor.iorE d'acclimâtatiox. contrent un serpent de pctile laillc, le i)renii('i' qui l'aperçoit se précipite sur lui, et dans un instant il l'a tué et dévoré. Si le serpent est d'une taille respectable, toute la troupe se prépare à l'attaquer: pour cela elle furnie un cercle, et alternativement chaque individu se précipite, donne un coup de bec à l'en- nemi conunun et se retire : il leur faut très peu de temps i)our venir à bout d'un serpent de 2 mètres de lonyiieur ; (pichiui^- Ibis après trois ou (juatre coups de bec, rennemi est mort. J'ai possédé deux de ces oiseaux ([ui s'accoutuiiimi irès bieu à la vie domestique; ils deviennent très doux, obéissent à la voix de riionnne, et ne clierclicnt jamais à recouvrer leur liberté. Plusieurs luis Je leur ai présenté des serpents, et lou- jdurs ils les ont tués et dévorés, car ils en sont très friands. Je crois qu'il n'y a pas d'oiseau plus capable de remplir le but que la Société d'acclimatalion se propose; car, sotis le rapport du climat, il n'aurait rien à souffrir, et puis étant facile à élever, je pense qu'il se niulliplierait bientôt de manière à être assez nombreux pour rendre le service important que l'on attend do son introduction dans ces colonies. 11 suit l'homme comme un chien et aime sa compagnie; on pourrait donc, sous la garde d'un enfant, en envoyer un troupeau dans les localités plus particulièrement fréquentées par les vipères, et en très peu de temps je suis certain que l'on ressentirait l'heureux effet de leur présence. Voilà ce que j'avais à dire au sujet de cet oiseau. Si le hasard m'en faisait rencontrer (juebiu'un, je m'enqjresserais d'en faire l'acquisition pourl'ollrir à la Société, (|ui poursuit avec autant de zèle que de j)ersévérance le noble but qu'elle s'est proposé. Si mes faibles moyens me permettent de lui prouver combien je désire m'associera ses travaux, je ne laisserai i)asser aucune occasion de le faire, et je me mets entièrement, dès à présent, à sa disposition. NOTE SUR UNE NOUVELLE RACE DE VERS A SOIE NOMMÉS TIEN -TSE OU Fn.S DU CIEL, Par M. G. Etig. SlifiOW (Séance du 28 février 1862. Il existe dans les districts séricicoles de la proviiiee du Tclié- kiaiiii', et nolamniciil aux environs de la ville de llang-tcliéon, une race pai'licuiière de Bombi/x, dont je crois que l'on n'a |ias encore pari'.', (jue peu d'Européens connaissent ici, et (jui peut cependant ollrii' à plusieurs égards un vérilaMe intérêt. La chenille ne diffère en rien, si ce n'est par la taille, qui In»]) pclile, des chenilles du Uondiyx ordinaire; (dlc a le niènic nondjre de [lattes, les mêmes taches cl la nicine cou- leur générale blanchâtre. Mais le papillon est heaucoiq) plus légei' ; il est fugilif, et dépose ses o.'ufs n'importe oii, le jdus souvent, toutefois, sur les branches et dans les crevasses des Mûriers, dont il se nourrit aussi. Les habitants ne les recueil- lent jias. Aux premiers jours du mois d'août, plus de deux mois après que l'éducation des Vers à soie ordinaire esl l('rminé(\ on voit tout d'un coup ap|)araître sur récorc(! des arbres des myriades de petils Vers (jui se dirigent avec la plus grande agilité vers les nouvelb's pousses (jui ont pu se reformer, et grossissent de jour en jour, sans ([uc b's jardiniers s'en oc- cupent autrement que [»oui' (doiguer d'eux les oiseaux qui leur font la guerre. Comme les Mûriers soid tenus très courts, les uns couvrent leurs plantations de filets, les autres dis- posent de distance eu distance des mannequins de paille, et l(jus réussissent à conserver sur leurs arbres une quantité suffisante de Vers. Soit à cause de l'indépendance (jui caractérise ces Vers à soie, et qui les fait apparaître sans ([u'on ait, pour îiinsi dire, prévu leur naissance^ soit à cause des avantages dont ils sont la source pour les cultivateurs, en leur procurant sans travail, et comme par surcroît, un regain perdu sans eux, on les appelle dans le pays, Tien-tse, qui veut dire littéralement, /^/v du ciel. Il est inutile de dire que l'abondance de ces Vers à soie Z(76 SOCIÉTÉ I>frÉRTAT.E ZOOr.OriIOrE n'Ar.rjJMATATION. pst. d'aiilanl plus grande que l'hiver a été plus doux. On n'a pa? remarqué qu'elle fùl sensil)lenienl diminuée, tant que la lem- pérature de l'hiver n'a jias descendu à /i degrés centigrades. Leur vie à l'état de chenilles ne dure jias plus de trois semaines; on les vdit alors se loger sous les feuilles, qu'ils recroquevillent j»our y confectionner leurs cocons, qui sont, dit-on, terminés en moins de trois jours : huit autres jours après, la métamorphose est accomplie, le cocon est percé, et le papillon développe ses ailes. Je n'ai pu savoir exactement combien de temps il prolongeait ainsi individuellement son existence aérienne, mais ou dit que des premiers aux der- niers papillons observés, il n'y a pas plus de quinze jours. Les cocons de ce Bombyx sont, ainsi ([u'on peut le voir par 'les échantillons annexés à ceiti; notice, extrêmement petits. Opendanl il n'en faut que 3 ou /i kilogrammes de jdus que les aulres })oui' produire la même (juanlité de soie, soit 15 ou 18 kilogrammes de cocons frais pour un kilo- gramme de soie. Il se dévide, comme les autres, dans l'eau chaude. Le pécul de cocons se vend ici de 1> à 10 000 sa- pèques, c'est-à-dire o6 à /lO francs les 60'^'',/i50 grammes. Les Chinois n'emploient i»as celte soie seule, ils la mélangent en difierentes proportions avec les soies ordinaires. Je n'ai pas encore pu me procurer de graines de cette race de Vers à soie, et je ne sais pas si, malgré mes efforts, je pour- rai en obtenir j)Our les envoyer au printemps en France ; mais cela sera, je pense, facile à l'automne procbain, en pic- nant quelques précautions contre ses habitudes errantes. \\w attendant, je n'ai pas cru devoir tarder à la faire connaîlre. Le peu de soins qu'elle exige et l'époque tardive à laquelle elle se montre en rendraient, selon moi, l'introduction avan- tageuse, et elle pourrait être aussi profitable en France qu'elle l'est en Chine. De plus, pourvu (pi'on retienne captifs un certain nombre de papillons, abn de se ménager, à l'abri d'un trop grand froid, la quantité de graines nécessaires, il n'est presque pas de lieux qui ne leur soient accessibles, car il n'est presque pas de lieux où la chaleur ne soit assez grande au mois d'août pour permeltre leur entier développement. NOTK Sl'U vm i:i)UCAiio.\ i)i: vi:ks a soif: de lailâme FAITE DANS I.E Illil'AllTEMliNT DES LANDES, B»ar M. «le MILLY. (Séance du 14 mars 18(i2.) Au iiHiis (le juin Ic accidents (pii r(;siillenl (lesniani|ui- lations ([u'on lui fait sulnr dans les éducalions en chambre. Ayant semé dans une caisse (jnehiues graines d'AilauIe, et ce jeune siMiiis ayant pris un accroissement assez considérable, j'y déposai 30 chenilles âgées de rjuatre jours. Ouaranle-huil heures après, il n'y en avait plus une seule; les fourmis, et surtout les guêpes, les avaient toutes dévorées. Je renouvelai re\|)érience ; mais j'attendis, ccUti fois, que les chenilles eussent douze jours. Pm tuic 6culc ne périt. /l7S SOCIÉTÉ IMPÉPxIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMÂTATION. J'avais déposé sur le semis 30 vers, je récoltai 30 cocons. Alin de mettre cette caiss<' dans les plus mauvaises condi- tions, je l'avais l'ait déposer contre une charmille pleine d'oi- seaux et près d'un essaim de mouches à miel ; le temps se maintenant au beau lixe, je ils verser sur le semis plusieurs arrosoirs d'eau. Les chenilles ne parurent pas s'en apercevoir, et celles qui avaient commencé leur cocon ne discontinuè- rent pas leur travail. J'ai planté cette année deux hectares en Allantes. J'ai choisi le i»lus mauvais lerrain de, ma propriété (silice pure); afin de former plus vite les haies, je n'ai espacé cha(|ue pied que de O^-jôO, soit 10 000 pieds par hectare. Plus tard, lorsque les pieds recepés formeront une haie touffue et sans solution de continuité, j'éclaircirai les planta- tions en distançant chaque pied de 1 mètre, et je me servirai du surplus pour planter un nouvel hectare. J'ai fait cette plantation de la manière la plus prompte et la moins coûteuse, puisque trois jours, trois hommes el imc charrno, ont suffi pour accomplir ce travail. J'ai opéré comme on fait en Normandie, principalement ponr replanter le colza ; c'est-à-dire ([u'après avoir fait un sillon avec la charrue, j'ai fait déposer les Ailantes dans ci; sillon et à 0'",50 les uns des autres; puis la charrue, en reve- nant faire son second tour, a recouvert de terre les jeunes phints ainsi déposés. (Je dis jeunes plants, parce que les jeunes drageons sont d'une reprise plus facile que les vieilles pousses, et par conséquent bien préférables à celles-ci.) Deux hommes suivaient la charrue et redressaient les Ailan- tes qui auraient pu être couch(''s par les pieds des animaux. Dans une plantation ainsi l'aile, les Ailantes ne sont pas plantés droits, puisc^u'ils soid, incbnés sur l'ados du sUlon ; mais comme il faut les recéper au mois de mai, cette opéra- lion les redresse, car la jeune pousse qui en résulte s'élance en un jet droit et vigoureux. SUR LES VIGNI-:S ET LES VINS DES ÉTATS-UNIS, Par M. Elias »LRA!\D. SUITE ET FIN (1). (Séance du 28 février 1862. Mo)i()ijrai)lne des Vu/ncs spontanées de l' Anicrljiur septentrionale. 'C Il existe encore une grande confusion dans la nomenclatui des Vignes américaines : leur feuillage est si variable et par- fois il s'éloigne tellement de leur type respectif, que le bota- niste le plus expert est sujet à les confondre, ou à s'arrêter sur une forme insolite, s'imaginant y rencontrer une nouvelle espèce. S'il en est ainsi de l'iiomme spécial, que ne doit-on pas attendre de ceux qui s'occiqjent de l'étude des Vignes sans posséder rexpéi-ience botanique nécessaire, sans lenii- compte des variations (jui ])euvent résulter, soit de l'hybridilé à la- quelle ces végétaux, dioïqui's ou jiolygames, sont sujets, soil de l'âge de la plante, ou de causes locales, telles ([ue la nature (lu sol. l'exposition solaire, le jdus ou moins d'humidité, elc.".' Dans l'élude que nous avons laite, nous avons })ris soin de consid(''rer les dilTérentes espèces de Vignes dans toutes leurs phases; de les comparer entre elles; de chercher le caractère distinctif et immuable de leurs ditïérents types, et d'éliminer du rang des espèces celle? qui n'ont ét(' retrouvées par per- sonne, et que certains auteurs ont di'i établir sur de simples modifications dans la condition et la forme des feuilles, dans la couleur du fruit, dans les bractées plus ou moins persistan- tes, etc. D'après nos propres observations, le caractère le plus tranché et le plus C(jnstant dans les trois espèces des États du Centre et du Nord, espèces d'où dérivent presque toutes les (1) Voyez pages 313 et ZilO. /|S() SOCIÉTÉ IMI'ÉKIALE ZOOLOGKjUE D'Ac;CL1M\TAT10.\. vignes ciillivi'es on Amérique, c'est la grappe ou racènie. Dans le Labruscd, la grappe cstcourle, presque simple, et géné- ralement, avec un grappillon'à sa base; le grain est gros et Ibrtement parlumé. Dans Va-st/ralis, la grappe est longue, composée; le grain, de moyenne grosseur et serré-. Dans le I ays, nous avons, d'un autre coté, augmenté de trois nouvelles espèces le nombre de celles (jui semblent apjiartenir exclusivement aux régions austro-occidentales. CiCs trois nouvelles espèces ont (Mé a|)portées, cet automne même, par le professeur Buckley, autpiel nous devons des renseigne- ments précieux sur les Vignes et les vins du Texas, pays qu'il a exploré en entier comme botaniste attaché à la Commission géologique de cet Etat. SKCTIO 1. — Vrrrs nur.e {poh/Qwiuv ouf cUoicv',. * TiA.Ml l'U.EIJINC.l ET .'iCANUENTEb. § l''oUv.. {Muscadine, Bullace, /iuUe(-(/rflpe,Scu;)pe>"/iOM.(y);foliisiuiivis,rciiilorrni-i:or(lal,is,utrinqueluci(lis; racemis parvis, fructu ma2;iio piiipurco, noiiiuinquani albo, pelle iliira tecto, custu suavi. Forma minor liuclu acerbu iii terris areuosis iuvenitur. Sa tige, LiTÔlc et recouverte d'une écorce lisse et blanchâtre, grimpe au sommet des grands arbres. Ses feuilles sont rénilbr- mes-cordées, fortement dentées, glabres sur les deux faces et plus luisantes en dessous qu'en dessus. Les racémes sont petits et formés d'ombellules arrondies en tète. Le fruit est gros, de couleur purpurine ou ambrée, d'un goût et d'un parfum très agréables. La peau en est épaisse et coriace. Sous le nom de Scuppernony , cette vigne est cultivée depuis longtemps dans les États du Sud, tant à cause de la bonne ([ualité de son raisin (jue jtour les vins qu'en en retire et ([ui ont acijuis une certaine réputation. Une forme diminutive et ranqjante se rencontre dans les terres ingrates, et ne donne (|u'un raisin plus ou moins acei'be. La limite géographique de cette vigne est lePotomac; plus au nord elle parait devenir stérile, lors même ([u'elle résiste aux. hivers. ** CAL'LES lOKECTI SEl. OECU.MlSEKTEh. 8, — V. Ri:i'ESTRis , Scheele ; caule stricto, la'vigato, 3-i-pedali; raiiiis brevi- bus ; foliis parvis, subcordato-reniformibus, grosse dentatis, noniuiiKiuaui trilobatis ; racemis compositis, erectis ; baccis parvis, atro-purpureis. Tige droite, de 3 à h pieds de haut, à rameaux, courts et glabres. Feuilles rénil'ormes-cordées, à dents inégales et quel- quefois à trois lobes assez prononcés; glabres des deux côtés, excepté sur les nervures des plus jeunes. La grappe est com- posée, le grain petit et noir et d'un goût très savoureux. Cette vi<'ne croît dans les terrains calcaires, sur le bord des ruis- seaux, dans le Texas et l'Arkansas. ij. — v. MONTicoLA, Buckley (spcc. nova iiied.) ; ramis deciiiiibeiitibus, 3-5-pe- dalibus; ibliis cordalis, sirui proi\iudo et anguslo, late deiiliculatis glabrius- cidisque ; ramis, pctiolis nervisque folioruin lloccoso-lomeiitosis ; racemis compositis, folia icquantibiis ; baccis coiilertis, maguis, albis aiubrcisve et gustu suavibus. — Hab. Texas et Arkansas. On rencontre cette vigne dans la partie septentrionale du VIGNES ET VINS DES ÉTATS-UNIS. 485 Texas et plus au nord. Elle est étalée sur la terre et sur les buissons. Ses sarments ont rarement plus de cinq pieds de long. Ses feuilles sont presqiie glabres, cordiformes avec une échancrure profonde et étroite ; elles sont dentéi^s sur les bords et quebiuelbis à trois lobes peu saillants. Les rameaux, les pétioles et les nervures des feuilles sont recouverts d'un duvet arachnoïde; les grappes sont fortes, composées-, le grain de moyenne grosseur, blanc ou amljré, est le plus agréable de lous les raisins américains. 10. — V. LiNCECi'Mii, Cuckley (spec. nova ined.) [Post-oak-grape , Pine-icood- grape); ramis decuiiibentibus , raro scaiidentibus , 4-M-pedalibus; fbliis maximis, lato-cordatis, grosse dentalis seu 5-Iûbatis, lobis obtusis, profiinde sinviatis, supra araneoso - pubesceiitibus ; iiifra arachnoideo-tomentosis ; racemis composilis ; baccis magnis, atro-purpureis, iionnunquani ambreis. — Hab. Texas, etc. Cette vigne, très commune au Texas, dans la Louisiane occidentale et dans l'Arkansas, forme d'épais buissons, et ses sarments s'élèvent rarement à plus de 5 ou 6 pieds de haut. Elle ressemble par son feuillage à certaines formes du Labrusca, avec lequel on l'a confondue jusrpi'àce jour. Ses feuilles sont cordées, très grandes, plus larges que longues et de deux formes différentes: les unes entières et dentées, les autres, principalement sur les branches fertiles, à cinq lobes profonds et arrondis à leur extrémité; la face supérieure est parsemée de touffes de poils arachnoïdes de couleur fauve, et l'inférieure est couverte d'un épais tomentum de même couleur ; les rameaux, les pétioles et les nervures sont également couverts d'un épais duvet de couleur rougeàtre. La grappe est ample, plus courte que les feuilles ; le raisin gros, pourpre foncé et d'un goût agréable. On rencontre cette vigne dans toute espèce de terrains, dans le sol d'alluvion, comme sur les hauteurs sablonneuses où croissent le Pin et le Chêne appelé Post-Oali {Qtwrcus obtiisiloba). Elle a été dédiée au docteur Lincecum, du Texas, par le j)rofesseur Buckley, en souvenir de l'assistance qu'il en a reçue dans ses explorations bota- niques. /l80 SOCIÉTÉ IMPÉr.IALE ZOOr.OGIQUE D'aCCLIMATATION. SKGTIO II. — rsHUoo-ViTKS. * Caules scandentes. 11. — V. iMiiviSA, Wilkl., Ampélopsis co)-drita,^]ic\\. , Cis^iix ampélopsis. Vers.; i'oliis conlntis, actilis, deiitaLis, siibtrilobis ; nervis snbliis villosis ; raceniis (luiilicato-biliilis. — llali. in rci^ioiii^ moridiunali. 12. — V. INCISA, >.iitt. ; lamis (i-12-|ic-ilalil.iiis ; I'oliis Irifolialis, foliolis rrassis, lateralilnis bilobatis, cnntrali vei'O trilolialo ; |»aiii(;nlis cynioH's, liaecis |Mn- piireis. — llab. in Horiila, Toxas, etc. 13. — V. ACIDA, Linn.; raniis geiiiculalis ; folii.ç 3-folialis, crassis ; foiiilis ovalo-ciinealis, ajiice dentalis, basi iiitegeriin.is. — Hab. Key-West. 14. — V. ini'iNNATA, Ton-,, et Gr., F. arbinoa, Wiid.. Ampehyj)sis hipinnnla. Micli., f'i.s.sits j7o'/(.s, Pers. ; raniis scandenlibus ; fuliis lupinnalis. i(-labris; foliolis ineiso-dentatis ; raceniis pedunculatis, subdnplicato-hifidis ; baccis g'iobosis, ocliroleucis. — llab. in regiunibns australibus et auslro-occidcn- talibus. ir.. — Y. iiF.i)EitA(;EA,\\"illd. Ampelojisis liederarea, IMieii., r. quiuquefolia. I.ain., Cissus hc'ileracea, l'nrsh.; toHis S-ri-Ibliolatis, ulrinqnc i;labiis ; foliolis pclio- latis, obovatis, acunnnalis, niucronato-dentatis ; pauiculis dicliotonio-coijni- bosis ; baccis paivulis, nigris. — Hab. l'cr talain regioncni atlanlicani. Var. Texana, iUicklej' (var. nova ined.) ; foliis omnibus 7- foliolatis ; foliolis sub- sessilibiis, angiislis, hicidis, a]iice pauci-dentatis ; paniculis niinoribns. — Hab. inTexana regione. ESSAIS ' ■;.-..•'.- DE CULTURE DU COTON EN FRANCE NOTE LUE al; CONGRÈS DES DÉI,ÉGUi::S DES SOCIÉTÉS SAVANTES, LE 2 i AVRIL 18G2, ET COMMUNIQUÉE A L\ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION, (Séance du 9 m;ii 1SG2.) A la demande de notre cher directeur, M. de Caiiriioiil, je viens coniirnmiijner an congrès quelques renseignenienls sur les essais de culture de Coton (|ue j'ai faits sur les linids du Gardon et en quelque sorte au pied d'un uionuincîil c('!èlire qne vous connaissez Ions, le pont du (lard. L'année dernière, l'agriculteur liahile à (pii j'ai confié l'ex- ploilation de lues pi'opriétés daus le Midi, ayant été apjielé en Algérie par des allnires agricoles et conunerciales, eut l'idée d'en rapporter (juelqui^s notions sur la culture dn Culnn et en même temps environ 1 kilogramme de graines de celle pré- cieuse plante, dont l'acclimalation a lait depuis quelque temps de si remarqualdes jtrogrès dans notre belle colonie. La personne dont je parli;, M. Théophile Arnaud, |(ensait que les conditions de climat et de sol de l'Algérie et d'une partie du Languedoc et de la Provence ayant de grands rap- ports, il n(> serait peut-être pas impossible d'introduire avec succès dans une de ces contrées une culture dont la réussite est si complètement assurée dans l'autre. M, Arnaud se décida donc à tenter immédiatement l'aventure. Néanmoins il l'ut convenu entre nous que ce premier essai se ferait à petit bruit et sur ime échelle très restreinte. Trois ares seulement de nos meilleurs terrains d'alluvion des bords du Gardon, dans le voisinage du pont du Gard, furent préparés, assez imparfai- tement, par suite de l'avancement de la saison, à recevoir la graine de Cotonnier. Les trois labours et hersages strictement obligatoires ayant été donnés à la hâte, la graine fut mjse en /iS8 SOCIÉT!': IMPÉUIALE ZOOLOGTQUE d'aC.CLIMATATION. lorre vers le 1") mai, c'esl-à-dire trois semaines ou vin mois trop tard puur iiiie, dans notre climat de Provence, la maturité du fruit put être garantie. Cependant, grâce à des binages répétés et à des irrigations données en temps utile, la végéta- tion de nos Cotonniers se trouva notablement accélérée; les premières capsules s'ouvrirent vers le milieu d'octobre, et la cueillette, quoirpie faite avec une bésitation et un manque d'habitude que vous comprendrez aisément, a produit des résultats tout à fait inespérés. Les trois ares de terrain cultivés dans ces conditions en quebjue sorte primitives, ont rendu 120 kilogrammes de Coton brnl, c'est-à-dire mêlé à sa graine. Par un égrenage opéré à la main, nous avons tiré de cette réc(dte lu'ute environ '25 kilogrammes de Coton marchand, ce qui est du reste la proportion ordinaire, le Coton égrené présentant, en moyenne, 20 pour 100 du poids du Coton brut. Or, 25 kilogrammes pour trois ares donnent 800 kilo- grammes par hectare. C'est le chilTre des plus beaux rende- ments d'Algérie. Le Coton que nous avons récolti' est de la variété diieGéorgie longue soie, ainsi nommée à cause de la longueur, de la finesse et de l'élasticité de ses filaments (jui la rendent propre aux usages les plus délicats et les plus précieux, à la confec- tion des plus beaux tulles el des plus iines mousselines. Na- turellement désireux de savoir quelle valeur pourrait être attribuée à notre nouveau produit, j'en ai envoyé un spécimen à l'un des hommes dont le nom fait le plus autorité en pareille matière, à M. Nicolas Schlurnberger, lilateur à Guebwiller et à Muhiouse. M. Schlumberger, avec une bienveillance dont j'ai été vivement touché, s'est empressé de me faire part du résul- tat de son examen. Notre Coton longue soie est classé par lui parmi les plus fins. « Il estsuifisamment long, ajoute M. Schlum- » berger; mais, comme le Coton d'Algérie, il perd un peu de )) sa valeur, parce que le brin n'est pas de force égale, et qu'il )) est quelquefois faible : c'est du reste un défaut qui doit être » commun à toutes les nouvelles cultures, et qui doit se perdre » par un bon choix de graines, une bonne culture, une bonne » cueillette et un bon égrenage. » (Juant à la valeur pécuniaire CULTURE DU COTON EN FRANCE. 489 de noire Coton français, M. Schluniberger, après avoir déclaré que, dans la période de crise cotonniére que nous traversons et ijui menace de se prolonger beaucoup, les meilleurs Cotons de Géorgie longue soie peuvent atteindre le prix de 9 francs le kilogramme, donne à entendre que les échanlillons ({ue je lui ai adressés atteindraient facilement le prix de 5 à 0 francs. J'ajouterai que le Comité des arts et manufactures consulté sur le mérite de notre Colon français par S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture et du commerce, (jui a bien voulu nous pro- mettre d'encourager nos essais, a émis le même nvis que M. Nicolas Schlumberger. Ainsi donc, nous n'avons pas obtenu la perfection du premier coup, ce qui ne surprendra personne; mais peut-être avons-nous conquis le droit d'espérer (ju'un succès plus complet et véritablement digne de l'attention des agriculteurs et des industriels couronnera nos efforts futurs. Nous nous attendons à rencontrer beaucoup d'incrédules. Vous avez réussi parbasard, par l)onbeur,nousdira-t-on ; vous avez eu les bénéfices d'une année exceptionnellement cbaude. Mais ce serait folie de prétendre acclimater sous le ciel et dans le sol de vos terrains d'alluvion de Provence une plante tropicale dont la culture demande des précautions inusitées dans les contrées de l'Europe. Vous avez d'ailleurs contre vous des expériences faites en 1807 et 1808 dans le département du Var, aux environs d'Anlibes et de Toulon, que le gouverne- ment de Napoléon I" avait vivement encouragées et auxquelles, après un succès éphémère, il a fallu renoncer. Ces objections sont graves, la dernière surtout. Il est certain que des essais de culture de Coton ont été faits sous le premier empire dans la partie méridionale du département du Var. Les détails de cette expérience sont consignés dans une curieuse et assez rare brochure publiée à Toulon en 1808 par M. François Martin, botaniste de la marine. Mais (juand on vient à cber- cher les motifs qui ont fiut renoncer les horticulteurs ( car il s'agit ici de cultures de jardin) des environs de Toulon à des essais dont M. Martin constate le prodigieux succès, on ne les trouve nulle part. En revanche il est peut-être pos- sible de les deviner. Il suffît de se rappeler qu'en 1808 la /ifiO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIOrK D'AfirLIMATATION. nilturo fin Cdlnn fMail oncoro ma! ronnuc ol pou rôpaiidiio nirme dans l'Amériqne, qni on élail onooi'o sur ce point à rontance de l'art. On était à cotto éporpio dans une ignorance ])resque absolue des conditions de végétation et dos méthodes ])récises de culture du cotonnier. De plus, la question du Co- lon n'était pas comme aujourd'hui une question do vie ou do, mort pour le monde industriel. En un mot, il y a cinquante ans on cherchait à acclimater du Coton par curiosité ; de nos jours on le tente par nécessité, on s'aidant dos innomhrahlos décou- vertes faites depuis un demi-siécle dans le domaine de la bo- tanique, de la météorologie ot do ragriculture. Rien ne prouve diuic qu'il laille inqiutor au climat ou au sol de la Provonce l'abandon b'mporairo Ao la culture du Coton. Et puis, ce qui doit nous préserver du découragcmeni, c'est le spectacle des divergences qui existent encore à l'heure qu'il est parmi les cultivateurs dos diverses régions du globo sur les conditions de culture qui conviennent au Cotonnier. C'est une (juestion de terrain, vous dira l'Américain (pielquo peu fier de l'épaisseur de couche végétale que Dieu a déparlie à son pays; c'est une question de soleil, répondra l'Egyptien ou l'Indien, qui prennent en pitié le pâle soleil de nos zones tempérées; c'est une question d'eau, prétendra l'Italien des lagunes. Et quand on arrive aux procédés de culture, quel désaccord ne rencontre+on pas parmi les producteurs des diverses ré- gions? Les uns enseignent l'ensemencement sur billons, les autres sur Ibnd plat; les uns veulent semer de bonne heure, les autres tard ; l'irrigation a ses partisans et ses détracteurs. Il eii est de même des binages, des écimages et des diverses méthodes de cueillette. Eh ! le croirait-on? les botanistes ne s'entendent pas beaucoup mieux que les agriculteurs sur le compte des Cotonniers. Le Cotonnier est -il un arbuste, un arbrisseau ou un arbre ? Y a - 1 - il un Cotonnier herbacé et un Cotonnier ligneux, un Cotonnier annuel et un Cotonnier vivace? — Eau t- il compter plusieurs espèceti ou seulement plusieurs vuriétés {\v Cotonniers? 11 est probable ({u'il n'existe dans la CULTURE DU COTON R.\ FRANCE. /^S^ nature, en ihit de Cotonnier, qu'un seul et même arbuste ligneux qu'on peut cultiver annuellement ou conserver iilu- sieurs années, suivant les climats. Il est probable aussi que la distinction deVespèce ei delà, varie fr^ si nettement cl si iiuli- cieusement e:tablie par M. de Ouatrefages dans son beau livre sMir V Unité de l'espère humaine, est facilement applieable au Cotonnier, surtout lorsqu'on a remarqué que les variétés déjà l'ort nnnd)reuses de ce vénétal reviennent toutes, quand elles sont livrées à elles-mêmes, au type primitif. Mais enfin ces divers points ne sont pas fixés : adhac suh judice lis est. Et comme l'avoue le meilleur guide que l'on puisse suivre pour la cullun; du Colonen Algérie et dans le midi de la France, 31. Hardy, du'ecteur de la j)épinière d'Alger, une Ijonne monograpbie du Colonnier reste encore à faire et, sei'aitde la plus grande utilité. Ce que l'on sait, v\ là-, bossus tout le monde est d'ac- eord, c'est que le Cotonnier s'appelle en latin Gossj/piuui her- haceum, de la famille des Malvacées ; que ses racines sont pivotantes, sa tige pyramidale, « ses feuilles assez semblables à la feuille de vigne vierge », ses fleurs variant comme couleur du jaune p;Ue au blanc sale ; que son fruit est une capsule ovoïde à 3 ou 5 loges contenant de 7 à il graines généralement noires, tantôt lisses, tantôt fentrées, contenant de l'buile et toujours mêlées dans la capsule à des fdaments cotonneux plus ou moins longs et plus ou moins fins. Ce que l'on sait, et ceci est infini- ment plus important dans la pratique, c'est que le Cotonnier cultivé comme plante annuelle veut être semé dans un sol frais, suffisamment profond, ne retenant point l'bumidité; c'est que Jes régions montagneuses sont absolument contraires à la plupart de ses variétés ; c'est que la plante peut lever sous une température assez basse dans une terre minutieusement ameublie ; c'est que cette plante, demandant beaucoup de nourriture au sol, a très promptement besoin d'être éclaircie et débarrassée des mauvaises herbes qui l'entourent; c'est que les branches latérales de l'arbuste ayant de la tendance à se développer au d.'driment de la tige principale, il convient de les soumettre à une taille progressive et raisonnée ; c'est que les irrigations peuvent être d'une grande utilité, particulière- /|0'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.IQUE d'aCCLIMATATION. nient avant l'apparition des premières fleurs; c'est enlin (jue la cueillette, non pas de la capsule elle-même, mais bien du contenu de cette capsule, doit être faite lentement, délicate- ment, jour par jour, à mesure que ces capsules s'entr'ouvrent, et en ayant grand soin de séparer les diverses qualités du Coton. Voilà ce que nous a appris avant tout l'expérience des autres et aussi un peu notre propre expérience, que j'ose à peine citer tant elle, a été jusqu'ici restreinte. Les conditions de bonne réussite de la culture du Coton que je viens d'énumérer et, que notre l)elle colonie algérienne commence à remplir si complètement, peuvent-elles être applicables dans la partie du territoire français où nous venons de faire nos premiers essais? .le paraîtrai peut-être présomptueux, mais je n'bé- site pas à répondre que je h', crois, que je le crois très fermement. Je le crois, parce que nous pouvons faire pour le Coton ce que l'on fait en Algérie, et même au delà, en ce sens que notre main-d'œuvre est moins cbère ; parce que nous avons des portions de terrain (|ui, comme fertilité, comme profondeur, comme perméabilité, conviennent admirable- ment au Cotonnier; parce que les AôOO degrés de cbaleur totale que le ciel d'Alger donne au Cotonnier en six mois, nous pouvons les lui donner en sept à buit mois, sans avoir à craindre les vents du désert, les pluies de sauterelles et les intempéries subites ipii compromettent malbeureusement trop souvent les récoltes algériennes. Et d'ailleurs , dans cette grave question, comment avec la foi n'aurions-nous pas aussi respérance? On nous dit que le Coton devient de jour en jour plus précieux et plus rare ; on nous dit que la contrée qui sur 5 millions de balles de Coton produites annuellement dans tout l'univers, en fournissait 3 millions 500 000, est en train de changer pour longtemps peut-être les l)alles de Co- ton en balles de fusil; on nous dit que les Cotons les plus com- muns se vendent actuellement 2 et 3 francs le kilogramme ; que le Coton de Géorgie longue soie, le seul que nous ayons essayé d'acclimater dans le Gard et qui paraît convenir par- faitement à notre sol, peut valoir de 6 à 9 francs. Nous savons, nous, qu'avec des frais de culture qui ne dépasseront pas 7nillp CLLTUIiE DU COTON EN FRANCE. /li)3 IVancs, surloiiL lorscjuc nous aurons pu ein})luyL'r connue en- grais le lourleau do graine de Colonnier, nous obtiendrons facilement des rendements de 7 à 800 kilogrammes })ar hectare. Nous savons déjà que, dans les trois hectares d'essai pré- parés par nous celte année, les semis faits au commencement d'avril ont parfaitement levé , en dépit des quelques jour- nées de froid dont on avait pu craindre l'effet. Comment dès lors n'aurions-nous pas la ferme conviction de réussir, la ferme volonté de continuer? Dans ce cas, d'ailleurs, la per- sévérance est pour nous un devoir. De puiss-.mts patronages ont encouragé nos essais. Le gouvernement, dans la per- sonne de S. Exe. M. le Ministre de l'agricalture et du com- merce, suit avec un grand intérêt et une grande bienveillance nos expériences de celte année. iS'os premiers échantillons de Coton français ont ('té admis avec empressement à l'Expo- sition de Londres. Mais il est une approbation, une protection dont je ne suis pas moins lier et à laquelle je tiens particuliè- rement c'i faire honneur, c'est celle de M. Drouyn de Lhuys, (jui de toutes les hautes fonctions publiques qu'il a remplies au grand profit du pays, n'a voulu conserver qu'une des plus délicates et une des plus modestement utiles, la mission de rechercher et de mettre en valeur tout ce qui peut accroître la richesse territoriale de la Erance. M. Drouyn de Lhuys a bien voulu prendre chaleureusement sous ses auspices nos essais d'introduction de la culture du Coton dans le départe- ment du Gard ; en échange des échantillons que je lui avais présentés, il m'a oll^rt le titre bien précieux de membre de cette Société d'acclimatation qui prend chaque jour des déve- loppements si brillants. Ou'il me permette de le remercier vivement ici tant en. mon nom (ju'au nom de ceux (pii, je l'espère bien, me suivront dans la carrière de cultivateur de Coton français. SI II ll:s PLANTES iM!:DIClNALL:S DE LA CIJLNE, Par Sî. B*. S>ABR1. (Séance du 11 avril 1862.) En offrant ii la Société d'acclimalation les minéranx et les plantes médicinales que j'ai rapportés de Chine, et qui sont employés dans ce jjays comme agents de gnérison, mon but n'a pas été seulement de chercher à introduire en France de nouveaux moyens thérapeutiques, mais surtout d'appeler l'attention des savants et des hommes dévoués qui composent cette Société, sur l'iilililé qu'il y aurait à sauver du naul'rage les débris de Tantique civilisation chinoise, et à étudier les richesses et les ressources du nouveau territoire que la France vient de conquérir dans cette partie du globe. Lorsque Bonaparte dut l'aire sa mémorable canqjagne d'Egypte, ce guerrier civilisateur comprit (pie sur la vieille terre des Pharaons, dans la patrie des Ptolémées, il y avait autre chose que des Turcs cl desmamelucks à combattre et à vaincre, et il emmena avec lui cette immortelle commission scientilique dont les travaux devaient faire connaître une contrée dont le nom n'est jamais prononcé sans réveiller de grands souvenirs. Tout ce qui dans l'ordre d'utilité pratique ou d'activité intellectuelle put être exploré avec avantage, l'ut l'objet de ses recherches et de ses méditations : la science moderne put lutter ainsi de gloire avec l'héroïsme. Or, si ces illustres chercheurs ont pu l'aire tant de découvertes dans un pays conquis tant de fois et ))ar tant d'épées, dans un pays qu'aucune barrière n'isolait du reste du monde, ipie ne trou- verait-on pas dans cet extrême Orient si riche et si peu connu ? J'ai vu la Cochinchine, j'ai chassé dans les grands bois du ca[) Saint-Jacques, j'ai remonté le magnifuiuc lleuve (jui arrose ces terres si fertiles, j'ai visité les environs de Saigon, PLANTES .MI>DlClx\ALliS DE I.A CHINE. /jOÔ Ji; 1110 suis longU(3meiit eiUrelL'iiti avec luonsoignenr Gaiilliier cL [)liisicui's missionnaires et officiers qui ont pénétré dans l'inléiieur; eh bien! je suis heureux de pouvoir dire (ju'il sera difficile de trouver une autre colonie où les trésors soient aussi abondants et qui oflre plus d'avenir ])our sa métropole. Admiraldcment situé entre la Cliine, Flnde et Siam ; riche d'un sol presque encore vierge et facile à travailler; pourvu de prcjductions de toutes sortes déjà exploitées par le com- merce indo-chinois et dont plusieurs seront fort bien accueil- lies sur nos marchés ; habité par une population très douce, très maniable et par-dessus tout agricole ; voisin de certaines provinces de la Chine qui fournissent les meilleurs émigrants laboureurs; coupé par de nombreux cours d'eau qui servent d'excellentes voies de communication; très bonne slalion pour notre marine qui y trouvera en tout temps des approvision- nements et des abris sûrs ; entouré de frontières à peu près inaccessibles, le royaume d'Annam, devenu terre IVançaise, estappelé, sous uneadministration habile, qui saura tirerparti de l'élément indigène en h; inénageanl, et avec le concours nécessaire de capitalistes formés en association, à devenir, pour notre commerce et notre iiiduslrie, une source de richesses. Les arts et l'industrie annamites sont peu avancés. Enfants perdus des (Chinois, gâtés ])ar les libéralités île la nature, ils connaissent la |)lupart des inventions qui leur ont été Irans- mises par les caractères de la langue chinoise que leurs sciences et leurs lettres ont adoptés, mais ils ne cherchent l)as à en profiter. Nous aurons peu à leur demander sous ce rapport ; mais, d'un auti'e côté, que de choses utiles à emprun- ter à leur histoire naturelle! Sans compter leurs bois de Tek, de Sca-son , et tant d'autres bois de construction, si remarquables par leur grain et leur dureté, et si recherchés par les Chinois ; sans })arler de leurs milliers d'espèces végétales si précieuses pour nos manufactures et notre alinienlation, nous y trouverons la i)lupart des plantes médicinales usitées en Chine, (ît qui constituent une des branches importantes du coinmerci! indigène. Or, qui sait si (|uel({ues-unsdeces agents de guèrison ne seront pas appelés /liKi SOCiÉTli; IMl'ÉUJALE ZOULOGlQUE d'agCLIMATATION. iiii jour à [)rrn(lre place dans notre pharmacie, el destinés à snccéder à (juclques-uns de nos moyens thérapeutiques? 11 n'y a pas très longtemps que nous avons emprunté le quin- (juina à l'Amérique, le cousso à l'AI'rique, la rhubarhc à l'Asie, etc. Maintenant que nous possédons un territoire d'où nous ])Ourrons tirer la plupart de ces plantes médicinales ; mainte- nant que,' grâce à la Société d'acclimatalion, nous pourrons introduire dans nos provinces les espèces (pii redoutent un soleil trop Itrùlant, n'est-il pas opportun, en attendant que des recherches si'rieuses soient laites sur les lieux mêmes, de commencer à consulter les ouvrages chinois qui décrivent les propriétés et les vertus de ces plantes, et qui expliquent leur usage en médecine ? Moins avancés que nous en anatomie, en pathologie et en physiologie, les Chinois ont suppléé à ces sciences par leur esprit d'ohservation, leur expérience et leur connaissance des matières premières. Tout ce qui vole dans l'ail', tout ce qui nage dans l'eau, tout ce qui est sur la terre ou dans son sein, a été étudié avec soin par eux. Depuis un temps inunémorial, ils Ibnt entrer dans leurs remèdes le carbonate de soude, le sulfate de soude, le sullate de fer, le minium, l'acétate de cuivre, le carbonate de chaux, le sulfure de cuivre, le cinabre, le chromate de plomb, le borax, l'alun, le mica; le soufre, avec lequel ils guérissent la gale, connue depuis plus de quatre mille ans sous le nom de Tchong-kiai (mots qui û%mï\ç,n\. pustules formées par toi ver) ; l'arsenic, pour combattre les lièvres intermittentes rebelles ; le mercure, pour expulser du sang le virus syphilitique et dont ils se ser- vaient bien des siècles avant la découverte de l'Amérique; enlin tant d'autres substances minérales ou végétales dont un grand nombre nous est encore inconnu. Suivant leur tradition, l'étude de la materla medlca remonte à la plus haute antiquité. L'empereur Chin-nong (esprit laboureur), ÎV2J6 avant ,1. C, fut le [iremier qui fil connaître à ses sujets les cinq sortes de graines les plus propres à la nourriture de l'homme, et qui eur apprit à distinguer les cent sortes de plantes utiles. Il inventa tous les instruments qui peuvent faciliter la culture du f? PLANTES MÉDICINALES DE LA CHINE. 'lO/ sol, et en enseigna Tiisage. [1 goûta lui-niènie les diflérenles productions de la terre, et il connut ainsi les plantes véné- neuses el toules celles dont les qualités ou les vertus peuvent conlribnei' à la santé on guérir les maladies. Frappé de leui-s extrêmes différences, il fit snr ce sujet de profondes réflexions et inventa la médecine ; puis, dans la crainte ([ne la tradition orale ne put suffire pour conserver le sonvenirde ses travaux, il enl- reconrs, en l'absence des caractères de l'écrilnre qui n'étaient pas encore inventés, à des signes conventionnels forinés par la combinaison d'un certain nomlne de lignes droites ou brisées. Honang-ty ('2637 avant .]. C.) lit recueillir religieusement toutes les découvertes antérieures, et fit de la médecine un véritable corps de science, dont les éléments furent consignés dans un livre ipu est venu jusqu'à nous. — Cet ouvrage [Nnci-Jàny] est certainement, au point de vue bis- torique de la médecine, le plus curieux qui existe. Les plus babiles critiques cbinois disent que le texte original ne subsiste plus tel qu'il est sorti des mains de l'auteur; mais ils croient sur de bonnes preuves qu'on n'a fait qu'en sinq)lifier le style [)our le mettre à la portée de tous les nnxiecins. (.Uielques-uns soupçonnent ({u'on a fondu, dans cette es})ècc ib; traduction, des principes et des observations qui ai)par- tiennent à la dynastie des Tcheou {i2'22 avant .1. C), et même à celle des Han (•200 avant ,1. C). Quoi qu'il en soit, comme les livres de médecine furent exceptés ôv IN'dit de proscription de Tsin-che-Iiouang, le brûleur délivres, on ne peut douter (jue la Cbine ne possède les plus beaux secrets (\i' l'antiquité. Quels enseignements ne peut-on pas en espérer, surtout quand on songe que quarante siècles d'expériences et d'observations ont grossi ce trésor d'une infinité de décon- vert(\s transmises religieusement d'âge en âge. La théorie médicale des Cliinois, reposant sur des bases moins certaines que la nôtre, a quelque chose de plus vague el de plus mystique. « La médecine, disent-ils, ne peut rien ({ue » selon les vues et les desseins impénétrables du tien (ciel). » Outre qu'elle est piesque toujours dans les nuages du doute, » de l'incertitude et de la conjecture, combien de maladies T. IX, — Juin 1862. 32 V* /l'.»S >-()(:iKTÉ IMPÉHIALK /OOI.lXiluL'E J)"A(;(:IJ.MATATI()iN. M nouvelles, coiiibu'ii de liohrcs é])idéiiii(|ues ol de pcsU;.--, » cumltieii de crises générales el de syniptùmes dévelo|(pés )> loiil à cuujt qui écliappent à sa péuétratiou et rendent inu- » lilcs tous ses efforts [IS'i/ei-/>ni coninieul il iiail, et iynore rouinienl il incuil ; tout est » invsièrc pour lui. 11 voit liieu Tinstrunient, cherche à en " expliquer les ressorts, donne des noms aux cordes les plus » cachées, mais les vibrations et les notes qui forment l'iiar- » monie sont au-d(,'ssus de sa [tortéc. Les jours de rhonimc » soid conqités, la loniiueur de sa course mesurée, et la borne t) de sa carrière fixe et immohile, sans aucun esiioir (jue la V médecine i)uisse y rien changer, ])arce que toute vie est un » anneau dans la grande chaîne des destinées du monde, )> dont toutes les proportions sont déterminées el inmiuables. » La médecine ne peut donc sauver de la mort, mais son rôle » reste encore admiralde ; elle sert à prolonger l'existence, à » guérir d'une foule de maux (jui assiègent notre pauvre » humanité, à fortitier la morale en prêchant la vertu et en )) proscrivaid le vice, cet eniiemi mortel de la santé, el enfin » à consolider les Élats et les peujdes par des c(j)iseils et des D recommandations hygiéniques {lÀen-tche). '» La vie, disent-ils encore, n;nlérme deux principes essen- » liels, la chaleur vitale (//-'///y), et l'humide' radical {/jn), doni » les esprits, l'air el le sang sont les véhicules. De l'altération, j> de la division de ces deux principes, naissent les troubles y> de notre organisation et les ali'ections morlndes. La santé » dépend donc de leur accord parlait et de leur équilibre » constant. y> Ces deux principes essentiels passent dans les autres parties )» du corps, [lar le moyen des esprits vilaux (air) et du sang, » dont la circulation est réglée (l'on-pieri). Le corps humain » avec ses nerfs, ses muscles, ses artères etsesveines, ressemble » à uiu:'. espèce de luth ou (rinstrumeul harmonique dont les ') [»arties, j'eudaut divers sons, ont par leur structure, leur ;) forme et leui' usage, umj sorle de tempérament (jui leur est )) propre; et c'est par le moyen desy>o///x différents produits j) par le tlux et le reflux conlinuel du sang et des esj)rils l'LAMES MKDIGIiNALES \)K L\ CHINK. !l\)9 » vitaux, fi ({ui sont comme les louches el les sons divers de » cet instriiuieiil, (|iron peut juger des dispositions du corps ■<) {Nuei-kirig). » Ils admettent, en outre, que le mécanisme du corps )) humain est tout hydraulique, et que la santé ne suhsiste » que par la libre circulation des humeurs et des esprits » vitaux. Deux grands obstacles, la pesanteur et le frottement, » combinés avec les causes extérieures, gênent continuellc- B ment cette circulation. Delà ils ont admis l'importance de » facupuncture, (jui, au moyen de la pénétration des aiguilles, T> aiignicnle l'activité et le ressort de l'air nécessaire à la llui- » dite des liquides, et aide les humeurs et le sang à vaincre » les engorgements qui gênent leur circulation et produisent )) la douleur. » Ils ne se sont pas contentés des indices du pouls, qu'ils » regardent comme certains pour connaître les dispositions du » corps ; ils ont cherché des signes extérieurs, et ont cru les )) avoir trouvés dans la tête, qui est le siège de tous les sens )) (jui l'ont les opérations animales. La nature, suivant eux, a )) placé aussi chez la femme et chez l'enfant des marques )> apparentes faciles à distinguer, et qui })ermettent, à leur )) inspection, de reconnaître le genre et la gravilé de l'aflection. )) Ainsi, tout enfiuU dont les organes accusent un désordre » plus ou moins grand, porte à la main, au-dessous d'un » doigt, des marques très visibles, et dont la couleur, la forme >i et la position indiquent les lésions opérées par les désor- » dres morbides. » Telles sont, en résumé, les bases du système médical, qui n'a jamais varié en Chine depuis cinq mille ans. Cependant quelques critiques chinois pensent que ces principes ne sont que les parties iniïniment petites d'un lout que le torrent des siècles n'a })as épargné ; ils prétendent que dans les premiers âges, le Iraitiîment des maladies était éclain' par une connais- sance approfondi!' du mécanisme du corps humain, etipi'alors les médecins possédaient le secret, par la l'énovation de l'air [irimordial el par la transfusion du sang, d'augmenter les 500 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. forces et de prolonger rexistence. On trouve etlectivenient dans le Tdieoit-ly des détails extrêmement curieux qui sem- blent prouver que la pure tradition de la théorie médicale n'est parvenue jusqu'à nous que brisée par le temps, et rem- plie de lacunes très regrettables. Aujourd'hui la science du bon médecin consiste à savoir làter le pouls, examiner, écou- ter et interroger. Seulement, ces bons médecins commencent à être rares, et comme l'art de guérir est jiarlaitement libre, et que la loi qui protégeait autrefois la santé publique en punissant le médecin ignorant (Code pénal, Ta-Umn-liu-bj) est tombée en désuétude, il est assez difficile de trouver actuellement chez le médecin chinois autre chose que de la cupidité et du charlatanisme. 11 existe bien encore à Pékin un collège de médecine {Taij-y-yueii), dont les membres sont toujours honorés par le gouvernement de privilèges et de marques de distinction ; malheureusement ces places, qui autrefois étaient données au concours, sont maintenant ven- dues au plus oiïranl. Il reste les ouvrages de médecine, dans lesquels on trouve leur manière de traiter les différentes mala- dies, et qui expliquent assez clairement les symptômes de chaque aifection, pour qu'on ne puisse pas se tromper sur l'emploi et l'usage de leurs moyens thérapeutiques. En lisant ces ouvrages dont je me propose de donner bientôt une tra- duction, et en les comparant avec ceux de nos meilleurs auteurs, on y trouve moins de clarté, moins de lucidité, moins de méthode; cependant des médecins européens auxquels j'ai communiqué quelques extraits, ont bien voulu me dire que l'esprit d'observation et d'analyse des Chinois qui ont écrit sur cette matière leur faisait le plus grand honneur. Ils décrivent en effet les moindres prodromes et les plus petits symptômes qui se rapportent à l'invasion du mal, au fort de la crise et à la dernière période. Dans chaque maladie, l'attention du médecin est appelée sur un symptôme caractéristique. Ainsi, pour n'en citer qu'un exemple, dans la fièvre typhoïde, qu'ils nomment Ouen-tchin-Uee (peste à petits boutons et c'i taches), l'apparition de petites taches sur le corps, dès que les yeux deviennent rouges et larmoyants, et dès que la toux est PLAA'TES MÉDICINALES DE LA CHINE. 501 d(Vlarée, la forme et la durée de ces taches leur servent à éta- blii' leur diagnostic et à asseoir leur pronostic. Je n'entrerai pas dans de plus longs détails sur ce sujet si fécond ; mais avant de terminer, qu'il me soit permis de dire que, n'étant pas médecin, je ne me permets pas de juger la théorie médicale des Chinois et leur manière plus ou moins rationnelle de guérir ; seulement je puis affirmer que j'ai vu, de mes propres yeux vu, des cures faites par eux etqui m'ont paru miraculeuses. Aussi, en présence des nombreux cas de guérison que j'ai pu constater, j'ai acquis la conviction pro- fonde que, sous ce rapport, la science moderne aurait quelque chose à emprunter à l'antique civilisation chinoise. Il existe une source précieuse d'où peuvent sortir des d('couvertes utiles à notre humanité. Pourquoi attendi-c (pi'elje (lisi)araisse avant d'y avoir puisé ? Le voyageur qui marclie la nuil , éclairé par la lueur des astres, proiitc de ce guirle lumineux sans se préoccuper s'il vient de l'Orient ou de l'Occident. La science n'est-elle pas comme ce voyageur : toujours enveloppée de ténèbrps, peut-elle avancer dans la recherche de la vérité sans recojinaître l(^s ])hares qu'elle rencontre sur sa route? s(i; Lv RUSTiciTi: !)i:s AnnRKs vfjîts. Par M. le comte T.iVBiiiWt. (Scancc du 28 tV-vrier 18(12.) Tontes les personnes qui se sonl occupées do la culture des arbres d'ornement ont reconnu comme moi, par exj)érience, la nécessité de posséder un catalogui' exact des arbres (pii peuvent être considérés comme rustiques sous nos latitudes. Je me suis spécialement attacbé aux Conil'éres,ct j'en possède une collection assez remarquable, doiil la rusticité sous le ciel lombard est parfaitement constatée Il est toujours assez dil'lîcilo de déterminer le (le,m('- de résistance de ces plantes contre les rigueurs de l'biver; mais en multipliant beaucoup les informations à cet égard, on doit arriver à une connaissance i)arfiiite de celte force de r(''sis- tance. Je crois donc qu'il serait utile (pie la Sociéti' voulût bien prendre, auprès des nombreux amateurs qu'elle compte parmi ses membres, des renseignements précis : 1" sur le nombre des Conifères qu'ils cultivent depuis au moins cinq ans; "2" sur le minimum de la température dans cet espace de teui[)s ; •";" sur les conditions de sol et d'exposition dans les([uelles leurs arbres sont placés. Ainsi, dans un temps relativement très court, nous j)Osséderions une quantité sullisante de docmuents sur lesquels la Section spéciale pourrait procéder à la rédaction du catalogue que réclament les amateurs prudents. Les arbres verts dont je donne la liste sont cultivés par mui à Bulciago (Lombardie). La temj)ératurc moyenne de nos liivers est de h à 0 degr(''sRéaumur au-dessous de zéro. Pen- dant les six dernières années, iimis avons eu des froids de —10, — l'2, et ou ISôô jusqu'à — 15 degrés Réaumur. Le sol est léger et sec, quoique assez profond, et l'exposi- tion du jardin est celle du nord-ouest. Àbies ainnbilis. Amériijue Imr'iiile. — })ec!iiiata. Europe sopU'ntrionale. — Pindroiv. lUmnlnva, à 3UiO mèlro^ iTrlHYritiou. Abiri pimiipj. Espagne cl Maroc. — sibirica. Sibérie et Altaï. Araucaria itiibncala. Chili. Ilidin orifiilali^. Ciiinc. Japon p( Asie. r.USTir.ITK DKS ARRRES VERTS. 5o;\ l'Aota ainea. C-hine, Jaiiuii cl Asie cen- trale. Callitris quadrivalvi^. Barbarie et Afri- que septentrionale. Ccdrus deodara. Tibet et Himalaya. — Libani. Syrie et Asie Mineure, Li- ban et Taurus. Cejjlialolasus Foriunei çf p. Chine, prov. de Yang'-sou. — pcdunculala. .lapon. — tinibraculifcra. .lapon. Ciyplomeriajapornca. Chine et Tsclui- =an. — japoiiica, var. Lohheana, Ru Japon. Cupreftsuit Corneyana. — /'w;/e?.r(.'>. Chine, prov. de Che-kiang-. -— Goi'eninna. Californie. — Insilanica. Portugal, Indes. — toruioia. Routan et Népaul. — ])iira))iidaUs. Crète, Asie Mineure. aiyptor^trobus iwndtilw^. Chine. — heteropltyllus. .lapon. .luniperusoblonçja p^'iidiiln. Chersonese et Tauride. — conimmiis. Asie et Europe. — jcelidissima. .Arménie et Céorgie, entre Érivan et Tillis. — excehn. Himalaya, Gossamlhan et Kéniaou. — mejicana. Plaines du ]\rexique , llanos de Perote , Mineial del monte. — pluruicea. Région médilciranéeime. — sabhia. Tyrol, Carniole et Valais. — rirginiona. Virginie et Amérique, bouches du Mexique . au tUV de- gré lai. nord. Libocedrus chilciisis. Valdivia ol Chili austial. Picea, var. atlenuutii. Europe orien- tale. — vai'. excelsa pyrantidala. Al|)<'s. -— Kulroiv. Himalaya occidental. — Menziesii. N.-O. Amérique et nonl de la Californie. — o/(e»/a/(S.Tréliizonde,]méritic, Min- grélie. — nigra. Améiique boréale. — Wiihmaniana. Caucase. l'inux ausirinra. Carintiiie et Styrie , Autriche, Moravie et Gallicie. — Bcardsleyi. N.-O. de rAmérique. — fienllinminna. Santa -Cru/. — californien. Monterey. Pimtf; cbnbvo. Eurupe et Asie, depuis les Alpes Rhétiennes jusqu'au Kamtciialka. — cembra nana. Id. — p.rrelsa. Rinr.ilaya et Tibet. — Je/freyana. N.-O. Amérique. — laricio. Calabre. — laricio Caramanica. Tauride oerid. — Leinoniana. S. de l'Europe, Esfra- madurc. — .][()iilc:-uina. Orizaba. — pentica. Perse australe. — pinaf:ter. Europe méridionale. — pinea. Italie, Archipel et Grèce. — pumilio. Europe centrale, Suisse el C.arpathes. — j ir/ida. Amérique boréale, Peii>yl- vanie, Maryland et \irginie. — sabininna. I.a ÎS'oiivelle-Albion pai- iO* degré lat. bor., jusqu'aux neiges perpétuelles. — strobus. Elats-l'iiis.Mississipi et lae Saint-.Iean, 48" à 48'^50' lat. bor., monts Alleghanys. — tcnuifolia. Amérique cenlrale et Guatemala. — sylveslrix. Toute l'Euiope jusqu'au "0 ' degré lai. nord. Podocarpus Koraioiui. Corée, Japon. Salisburia, adinnlifoUa. Chine et Japon. S<'(j>i(>ia. seinpcrvircns. >.-(). Amérique et Californie. — yicfantea. Californie, S;in - Antonic Sierra- Nevada ; maintenant de plus de ri mètres. Ta.rodhim distichum. Mexique, Teiui.in- tepec et plaines de Chapoltepee. Taxns baccala. Ancien continent. — Dowa^tonii. M. — crecla. Id. — aiirco-picla. Chine. — adpiessa. Japon. Thuia gigantca. Californie. — icci icnlalis. États-Unis de l'Amé- rique, Virginie et Caroline. — var. (isplemfotia. Id. — plicala. Amérique boré.ale, N -o, — aui c'i,-picl SOrJKTK nirERIALK ZOOLOfllOUE D Ar.CMMATATFON. )ninistre pléiiipoleiitiaire de FrniK^o en Perse, ayant pour lilrc : Sotes sur quelques races de Chevaux orientaux, souvenirs lie Perse. (Voy. au Bulletin.) — M. Richard (du Gantai) écrit de Souliard, le 29 mai, pour faire connaître la naissance d'un jeune Yak mâle, ce qui porle à dix. le noml)re des animaux de cette espèce existant actuel- lement en Auvergne. Notre lionorable vice-président ajoute ([ue le troupeau tout entier de Souliard est dans d'excellentes conditions de santé. — M. Simon, qui iidioduisit en I8(i0 1p Gtdin d'Adanson l'ii France, et qui avait déjà annoncé, dans la séance précé- dente, l'éclosion de jeunes de cette nouvelle espèce, écrit (ju'il en possède aujourd'hui ueul' provenant d'une couvée de JO (puis et Agés d'envirnu lui mois. Notre confrère invite la Société à faire constater (•clic T-dncatiou cl le Ikiii ('lat aciucl des jeunes. — M. Piamel offre à la Société des graines de Mi/all {Acacia Ju)malopln/lla) (ju'il a reçues de M. le docteur Mueller (de Mclhourne). Cet arbre, élégant de foi'nie, donne un excellent hnis d'i'bénisterie qui a la propriété j»arliculière de conserver toujours une odeur de violette. C'est généralement avec sa l'a ci ne f[ue les indigènes australiens font leur arme de pré- dilection, le boomerang , sorte de croissant qu'ils lancent avec une merveilleuse adresse. Conformément au désir de M. Piamel, ces graines ont ('té réparties entre les .Jardins d'acclimatation du hois de lîloulogiie et, d'Alger, et MM. IJonnel, ingénieur de la ville de Lyon, (>ropriélaire à Hyères, et Lejourdan, directeur du jardin bo- tanique de Marseille. — M. Dupuis présente une circulaire publiée par M. M. II. Gauthier, sur un nouveau mode de culture et de conservation des Pommes de terre, qui a pour résultat d'éviter la maladie, et dépose une note qu'il a rédigée ])our résumer le |)rocédé de M. Gauthier. (Yoy. au Bulletin.) — M. Rufz de Lavison donne lecture, |)ar extraits, d'un mémoire adressé par M. Hayes (de Chandernagor), sur les animaux destructeurs des serpents dans l'Inde, et sur les rRocÈs-YERrîxrx. 507 reiiiédt's (jui soiil op|)ôS(''s A Iciii's moisiiros. ( Vovo/ ;]ii Uni Ici in.) — M. Gai'l. Capdevillo, par une Icltro datée dcFernainbour, ]f! 2/i avril, offre à la Société ses services pour des rechcrclies et des études à faire au Brésil, principalement au point de vue des plantes médicinales. — Des remercîments seront adressés à M. Capdeville, doni les propositions sont accueillies avec reconnaissance. — Des offres de services pour la Havane sont é,f;alt'iiieiit adressées par l'un de nus nouveaux confrères, M. Manuel Pizarro, qui demande que des iuslruclions lui soient remises avec les desiderata de la Sociélt''. — Des propositions relatives à un lotd'VaUs el de Chèvres d'Angora demandi'' à litre de cheptel sont adressi-es par notre confrère M. le vicomte de iMorleuil (de la llaule-Loirc), et renvoyées à la commission spéciale chargi'e de recueillir e| d'examiner les demandes de cette nature. — M. le docteur Sacc, par une lettre datée de Barcelone, le 25 mai, adresse diverses communications, et entre aulres ime longue liste des animaux élevés par M. Aquarone (de Tou- lon), dans son oisellerie déjà signalée plusieurs fois comme présentant d'excellentes conditions de succès. M. le délégué donne de nouveaux renseignements sur la Bartavelle, qui se trouve aliondamment en Catalogne, à l'état presque d'oiseau de basse-cour plutôt que de chasse; on lui a assur('' qu'une femelle de cette espèce a, l'an dernier, pondu 102 œufs. Sa lettre renferme, en outre, un échantillon défilasse (pi'oii retire en très grande quantité, dans la province de Tarragone, des branches du Genêt d'Espagne. Cet échantillon est offert à la Société par M. Sala, professeur de physique à l'École indus- trielle de Barcelone. Cette lîlasse est utilisée par les habitants de la province où elle est recueillie, aux mêmes usages que celle du Chanvre. M. Sacc pense, avec raison, qu'il en ponrrait être aisément de même dans les coUines arides et dénudées de la France, où le Genêt croîtrait facilement et presqne sans aucun frais de culture. — Dans une correspondance postérieure, datée du 1" juin. 50S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. M. Sacc annonce qu'il possède en ce niomenl liiiil pieds d'Ar- racacha en pleine végétation, et que c'est à M. Linden qu'il doit cette précieuse plante à tubercule alimentaire. Il ajoute que l'observation ipril a pu faire par lui-même, depuis quelque temps, des mœurs du Psittocus exim/'us dont il s'est procuréun exemplaire apprivoisé, lui permet de rectifier ce qu'il a dit précédemment du caractère de ce cliaruiant oiseau, qu'il croyait farouclie, cl qui se montre au contraire très doux et sociable, facde à nourrir et à élever, et aussi gra- cieux par son cbant et la facilité avec laquelle il imite celui des autres oiseaux que par l'éclat de son plumage. Aussi croit- il devoir le recommander à l'attention des éleveurs. — M. le Président annonce qne des graines de Cœmlpmia hondiaeUa {Kiithn /iar/ngade& indigènes), envoyées de Glian- dernagor par M. liayes, ont été rapportées et remises à l.i Société par M. le major Sililey de l'armée anglaise. Ces graines ont été immédiatement réparties entre le Jardin d'acclimata- lion du bois de Boulogne, celui d'Alger et les pépinières du gouvernement en Algérie ; il en a été également envoyé ;i nos confrères de iMarseille et de Toulon. — M. Rongieras adresse, de Plaisance prèsPérigueux, deux échantillons des produits soyeux d'une plante qu'il a cultivée, pour les soumettre à la Société. M. le secrétaire fait observer (|ue cette plante est une variété d'Asclepias bien connue, et que ce duvet n'a pu, jusqu'à présent, être utilisé dans l'industrie, parce qu'il n'offre pas assez de résistance. — De nouvelles Notices accompagnées de dessins d'après nature sont envoyées par M. Brierre (de Riez), sur ses cul- tures de végétaux exotiques. — M. le bibliothécaire de l'observatoire de Wasinhgtou accuse réception des numéros du Bidetin de la Société qui lui sont parvenus. — M. le Président dépose deux exemplaires d'un prospectus relatif à la traduction en français de Y Histoire des animaux d'Aristote, faite par M. le docteur N. Piccolos. Ce prospectus et la note qui l'accompagne ont été remis à M. le Président pendant son séjour à Stuttgard, et l'auteur de cette traduc- PROCÈS-VERBATIX. 50P tiuii, M. Pircolos, exprime le désir que la Sociélé veuille bien on (>ncourager la publication. Ceux de MM. les iniMnbres (\m voudraient souscrire à cet ouvrage pourront prendre connais- sance du prospectus dans les bureaux de la Société. — M. Bounin, vice-président de la Sociélé centrale d'agri- culture, d'borticulture et d'acclimatation de Nice, adresse une nouvelle provision de graines de Colon blanc et nankin de la province de Bari. — M. le Président dépose sur le bureau une série (b; documents imprimés relatifs à l'Institut agricole fondé |iar S. M. le roi de Wurtemberg à Hobenbeim. — M. Savy, libraire-éditeur, offre à la Société un exem- plaire d'un ouvrage de M. Pb. Passot, qu'il a publié sous ce titre : lierons d'un instituteur^ pour disposer h>s enfants aux bons traitements envers les animaux. ~ La Sociélé d'émulation de la Vendée annonce l'envoi du dernier volume de ses mémoires publiés sous le litre (VA/i- nuaire départeinental. — L'Académie royale d(!s sciences de Madrid adresse les tomes III à V de ses Mémoires, le résumé de ses actes de J 853 à 1856 et de 1857 à 1859, et le programme des prix pro- posés par elle de 1860 à 18(32. SKA>ci: i)i; '20 Jii> l.s(i2. l'rcsideiice de M. Druuvn ue Lhuvs. Le [)rocés-V('i bal de la dernière séance est bi d adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis : MM. Cailloué (Charles), propriétaire, à Paris. DuFAURE, ancien ministre de l'inlérieur, à Paris. DuFAURE (Gabriel), étudiant, à Paris. FiÉRON(le général), ancien gouverneur delà Guadeloupe, au château de Saint-Jean dcMonlpouillant, par Meilhan (Lot-et-Garonne). olO SdCllViK I.Ml'Éi;l\LE ZOOLOClQliE Jt'ACCLlMATATlOiN. M^l. KiuAiXDA (li^nace),ineiiilji-e du Conseil de l'empire d'Au- li-iche, à Vienne (Aulriche). La (liiiAUDAis (Charles), avocat, à Nantes (Loire-lnCé- rieure). Manès, négociant, à Saint-Denis (Ile delà Réunion). IMermé (le docteur César-Alexandre), à bruyères, par l.aon (Aisne). l'izAnuo (Manuel), à la Havane. SrnviLLF, (Félix-Marie-Altred), an rliàtean de Lacoste près Nimes (Gard). M. le Président, après avoir transmis les regrets exprimés ))arM. Soubeiran, secrétaire des séances, de ce qu'une indis- position l'empêche d'assister à celle-ci, donne la parole à M. Hébert, agent général de la Société, pour le dépouille- ment de kl correspondance. Des remcrcîments poui' leur récente admission sont adressés par MM. Assegond, de Cherrier, Lapostolet et Que- vn'iix. — M. de Cherrier exprime le désir de recevoir les graines d'arbres forestiers dont la Société pourra disposer, ses fonc- tions d'inspecteur conservateur des forêts de la province d'Oran lui permettant de suivre allentivement les expériences de cul- ture de ces arbres qui lui seraient contiées. — M. Lapostolet rend compte du résultat d'un essai de drcorticagc d'un échantillon de Riz du Japon qui lui avait été remis à la Société. Il a trouvé ce Riz trèo dur, de bonne qua- lité et cuisant très bien, mais d'une nuance noire, ne blan- chissant pas au décorticage, comme toutes les sortes de l'Inde. Notre nouveau confrère se met à la disposition de la Société pour des essais de ce genre. — M. le docteur de la Corbière, notre confrère, adresse à M. le Président une allocution qu'il a prononcée devant un Comice agricole du département de Loir-et-Cher, et dans la- (jurlle il rend hommage à la mémoire de M. Ceofl'roy Saint- Hilaire et aux utiles travaux de la Société d'acclimatation. — \a\ Société d'acclimatation récemment fondée à Hobarl- 1'i;ol;ès-v1';i;i;aux. ol 1 (owiii'ii Ta^lllilllio l'ail parvenir iiu ('\ciii[»Iaii'c de ses slaluts, i'\ nl1i-e SDii bieiiveillaiil concoiii's [loiir les prugi'ès de l'œuvre irulililé pul)li(|ue qu'elle a voulu en(re|trenc!re, à l'exemple de la Soci(''té impériale d'acelimalaliuu. — M. Hiehard (du Cantal) écrit de Souliard, le () juin, pciur annoneer que la Société d'agriculture du Cantal a voti' la somme de 50 francs pour la souscription à la statue de Dau- l)enton, et que [>areille sonune sera destinée, par la mémo Société, au monument de Parmenlier. Notre honorable vice- président ajoute que les Yaks et les Chèvres d'Angora purs on iiiétis du troupeau de Souliard sont dans d'excellentes coiuli- lions de santé. — Une demande d'échange de publication:, adressée parla Société d'horticulture de Fonlenay-le-Comte (Vendée), est l'en- voyée à l'examen du Conseil. • - S. Exe. M. le Ministre d'Étal, par une lettre du 12 juin, fait connaîtreà M. le Président (|ue M. le Ministre de la marine lui annonce (juc lAI. de Villeneuve, pour ([ui un jiassage sur les navires de l'Étal a été demandé pour i:e rendre au Brésil, en mission spéciale de la Société, pourrait s'embarquer sur la iï'égale /a Pai/asdevml partir pi'ocbainement de Lorient poiii- l'océan Pacili([ue, en louchant à llio de Janeiro. M. le Prési- dent rappelle à ce sujet que M. de Villeneuve est actuellement au Brésil, et ajoute (|ue les reniercimentsde la Société ont été transmis à M. le Ministre. — M. Thomas Embling, par uiuî leltie datée de Melbourne, le 22 aviil 18(52, après avoir rappelé le don fait à notre Société par miss Endiling de l'un des Nc/ficc Compcmioiis (Grues d'Australie), que le Jardin d'acclimatation a reçues récemment, transmet le désir de la Société d'acclimatation de Melbourne de posséder une paire d'Yaks du Tiiibel. Notre honorable correspondant lait ensuite remaripier que les plumes du des- sous de la (jueiie ties Emeux sont plus belles que celles du Mai-about, et |)euveiiî parfaitement être employées [lonr l'or- neinent des coillures de dames. — M. l'agent général donne communiciition d'um- lettre ([u'il a reçue de M. le doeteur Mueller, de Melbourne, en date 512 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. dii2/i avril, qui annonce l'envoi de diverses espèces de graines, cl adresse de nouveau ses rernercîments pour les collections de Vignes et d'autres végétaux que notre Société lui a fait par- venir. Deux collections de graines adressées par M. Mueller nous sont déjà parvenues, et connue elles ne renferment pas les espèces désignées dans sa lettre, telles que Ficus macru- pliyUa., Zmnia, Araucaria CunningJiami , Araucaria Btd- uhIIH, nous avons lieu d'espérer que nous en recevrons pro- chainement une Iroisiènie. — M. Ramel, dans une noie ([ui résume les travaux d'accli- matation accomplis en Australie sous l'impulsion donnée par M. Wilson, annonce que cet infatigable acclimatateur, avant de (juitter tout récemment l'Australie pour revenir en Europe, s'est occupé de la création d'une quatrième Société d'accli- matation dans ces contrées, à Adélaïde, capitale de la colonie du sud de l'Australie. (Voy. au Dulleli/t.) — M. le docteur Oaguillon, niemlire de la Société, adresse à M. le Président, sous la date de Marseille, 10 juin, une lettre dans la((uelle il eonslate le progrès que font dans les départe- ments les idées d'acclimatation, et rend compte d'une visite aux jardins de Nantes, Lyon et Marseille — Notre honorable et zélé délégué à Napoléon-Vendée, M. Gourdin, dans une lettre par laquelle il oHre ses remerci- raents pour des graines qui lui ont été envoyées par la Société, signale les mêmes résultats dans les départements de son res- sort, niait parvenir le numéro du 10 juin du jounial de la Vendée, le Publicaieur, qui contient un article intéressant de notre confrère M. le D' Merland contre le Pic vert. M. Merland cite des faits assez nombreux à l'apiiui de son opinion. — M. le Président dépose un certain nombre de lettres ren- fermant des demandes relatives aux cheptels d'Vaks et de Chèvi'es d'Angora que la SocifHé se [tropose d'instituer dan.s h;s localités qui présenteront les meilleures conditions pour la propagation de ces deux espèces. Ces demandes sont ren- voyées à l'examen de la Conunission spéciale sur le rapport de huiuelle la décision relative à ces cheptels a été prise [)ar la Société. l'KOCÈS-VERr.AUX. 513 — M. F(Mix Vogeli, vétérinaire militaire IVaiirais, attache an service du Brésil, qui avait été chargé des soins à donner |)en(huil là traversée aux Chameaux transportés en 1860 (fAlger au Brésil, adresse de Bio de .Janeiro, en date du 25 mai, une note sur cette tentative d'acclimatation faite par ordre du gouvernement brésilien. 11 résulte de celte note rédigée sur la demande de M. de Villeneuve, conformément an désir qui avait été exprimé à notre honorable confrère, dans les instructions qu'il a reçues de la Société, (|ue l'entreprise n'a pas eu tout le succès ([ue l'on en pouvait espérer. La lettre de M. Vogeli est accompagnée de deux exemplaires du journal le Diarlo do Bio de hiivlro, du 18 et du 19 mars 1862, qui contiennent une relation étendue de cette tentative d'acclimalation des Chameaux au Brésil. — Il est donné lecture d'une lettre datée de Clasgow, le 1*'- juin, par laquelle M. E. Bouillat, consul de France en celte ville, annonce l'envoi d'une couvée d'o'ufsde lilurk gaine, V_.^.n\ des bois d'Ecosse, qu'il a bien voulu ofl'rlr à la Société (voyez au Bulletin). Ces œufs, arrivés dans d'excellentes conditions, grâce aux précautions minutieuses prises pour leur end)al- lage, ont été immédiatement mis en incubation au Jardin d'acclimatation. — M. Barthélemy-Lapommeraye lait })arveinr un mémoire intitulé : Nollee zoologique sur l'éducation du Hocco de la (iuyane {Crax globicera). (Voyez au Bulletin.) — M. Jarry deMansy, professeur à l'École des beaux-arts de Paris, écrit pour demanderdes renseignements sur les moyens de se procurer et de propager dans nos campagnes l'Agami, (pii lui sendjle mériter toute l'attention dont il est en ce moment l'objet. — M. (les ISouhes de la Cacaudière érril, à la date du 1() juin, pour exprimer son désir de recevoir des œuts d'A([uadelle, alin de i)roi»agcr ce poissoii dans les eaux douces. .\otre confrère fait remarquer que le succès des expériences faites en Vendée par M. Bené Caillaud, qui a peuplé le Lay de Truites, par MM. du Fougeroux et Chevallereau, (jui en possèdent de très belles dans des bassins clos, elles siennes T. IX.— Juin 1862. Oo Ô!/| S(iGli:TK iMPKillAM-; /(lOl.oi.inn-; I» ACCLlMATATlOrs. Iiiopn.'s, oui (n'uionlrc ia l'acilili' de prupat^alion de cellp espèce (pie l'on pèciic aujourdliui dans Ions les cours d'ean de son déparlement. — ■ M. le secrétaire dépose nno eirculaire de M. Lecerf, relati v<'. à riMnpoissonnemeni des ran\ douces par l'Anguille. M. Le- ceri' se charge d'en fournir des jeunes aux personnes cpii en désireraient. — M. E. Lan)ir;d, j)ar une lellredalée de Tripoli (de Syrie), le 25 (uai, amujnce son départ de celle\ille poiu'les premiers jours de juin, avec une provision d'K[)onges prèles à essaimer. Les expériences ([u'il a l'ail l'aire par les plongeui's syriens oui donné des résultats un peu dillérrnlsde ceux qu'il avait con- signés dans un des mémoires publiés précédemment par lui. La rectiiication en sera mentionnée dans le rajiport qu'il se propose de l'aire sru' sa mission. — M. le docleur Sicard (de Marseille), dans une lettre du U) juin, rend co!nj)!i' des cx[)(M'ien('es auNipielles il se livre en ce rnonnyiil })oiu' l'i'diK alion du Ver d(! l'Ailanle, et des lieu- reuN résullals qu'il a o!)(enus, celte anni'c, dans ses essais de piscicuUui'e lliîvialile. :!()00 o iiTs de Saumon et 2000 de Truite (ju'il a reçus d'iluningue lui ont, pi'oduil 711 jeunes Saumoneaux et 'S'H) Tiuiîes qu'il a lâchés dans riluveaune. M. Sicard" termiiie en appelant ratlenlion de la Société sur les avantages tproirrirait rinslallaliou dans le voisinage de Mai'- seille dchassiiis d'alevinage pour la pi'Opagalion des poissons de mer. — M. Ih'ciagne dépose des échantillons du Mollusque ali- mentaire (h)nt il a déjà entretenu la Société sous le nom de Pi-ère. M. le secrétaire rappelle que, dans une précédente communication de noire confrère sur ce sujet, il annonçait que le prince de Monaco a récemment accordé une conces- sion sur un point de la cote de ses Etals j)Our des essais d'éle- vagi' de la Pièrej concurremment avec la culture des Huîtres. — M. Hoger-lJesgcnels ériiî, à la dale du 15 juin, qu'il vient d.'ètre j>èclié dans la Marne \nie Truite de seize mois, avant '.>ti ceiitimètrcs de longueur, \'l de largeur, et ])esant 1 kil. (^^)'^^ grammes, et qu<' celle Truite provient des œul'sfé- * pnor.ÈS-VERMArx. - .Mo confiés qui lui nu! (''icndresséspar INHahlissenirut d'Huningue. Nous nous plaisiuis à cnrcgistrei' ce lliit intéressant pour la pisciculture. M. Moger-Desgenets invite les personnes qiu désireraientvoir les Truites de son aquarium à venir les visi- ter àSaint-Maur, près Paris, où elles sont facileiuent visihlec Ions les jours, une heure avant le concher du soleil. — M. Duuiéril transmet des ]iotes qu'il a reçues de M. Thn- nias (de Nantes), sur le caractère ditTcrentiel des sexes chez ia Vipère et sur rahondance de ces reptiles dans certaines loca- lités de la Loire-Inférieure. — M. Maunienet (de Nîmes), en adressant une demande de graines de Bombijx Cynth'ia, rend compte de l'état actuel d'une éducation qu'il a entreprise de métis de cette espèce fit du Bombyx Arrindia. — M. Gh. I5altet (de Troyes) et M. Guilhermin (de Chaio- béry) ofTrent leurs remercîmenls pour les graines de Ver de l'Ailante qu'ils ont reçues de la Société. — M. le Président met sous les yeux de rassemblée de très remarquables échantillons de soies teintes envoyés à la So- ciéti' par }\. Guilhen (de Nîmes), (jui les a travaillées par un procédé pi'.rticulicr, et est parvenu, non-seulement à les ame- ner à des nuances délicates, mais sintout à leur donner le brillant <{ui leur manque natureilenienl. L'auteur de ces inté- ressantes expériences pense que ces soies, qui n'ont pas été produites en France, mais achetées dans le commerce, et qui viennent de la Gliine ou du .lapon, appartiennent à l'espèce t\u\ev de VXlhnle (Bu//tbi/x ('ynthla). M. Guérin-Méneville sans affirmer que M. Guilhen se trompe, exprime des doutes à ce sujet, attendu qu'il a Irouvé. dans le commerce des soies des provenances indiquées plus haut, dont l'origine n'est pas bien déterminée^ et qui sont produites par des cocons Termes ou ouverts de diverses espèces de Vers â soie sauvages de ces f.ontrées. Il pense toulelois que ces expériences méritent toute l'attention de la Société, et M. le Président ajoute que déjà le Gonseil a pris des mesures pour (\\\e. la Société soit ft-nue )iartaitement au courant de ce qui pourra être tenté pour l'utilisation industrielle de l'Ailante et des Vers à soie M6 SOCIÉTÉ JMPÉHIALE ZOOLOGIQUE D'ACGLIMATATIUN. sauvages, et qu'il a chargé de ce soin une commission spé- ciale composée de MM. Davin, Guérin-Méneville et Héberl. — M.Hayes (de Chandernagor), en annonçant l'envoi d'une Note qui nous est parvenue récenmient sur le Corchorus rap- S2ilaris dont il a adressé des graines à la Société, renouvelle l'assurance de son dévouement à notre œuvre, à laquelle il n'a cessé de prêter le plus bienveillant concours. — M. Famin, chargé de l'agence du ministère des affaire^ étrangères à Marseille, écrit, le 16 juin, pour informer la So- ciété de l'arrivf'c d'un paquet de graines d'Australie, offertes par M. Mueller et expédiées par l'obligeante entremise de M. Truy, vice-consul de France à Melbourne. — M, le Président dépose une série de notes extraites de diverses publications australiennes par M. A. Ramel, et rela- tives à différentes tentatives d'acclimatation enOcéanie. (Voyez au Bulletin.) — M. Brierre (de liiez), dont nous avons cà enregistrer à chaque séance quelque nouvelle communication, adresse un Rapport accompagné de trois ieuilles de dessins sur l'état ac- tuel de ses cultures de plantes, comprenant : 36 espèces ou variétés de la collection envoyée du Owang-tong par Mgr Gail- lemin ; 71 espèces de graines du nord do la Chine données par M. Dabry ; 12 originaires du Sénégal et offertes par M. Cliagot aîné; /i8 de diverses provenances, et 10 de celles du Japon envoyées par M. Rémi de Montigny. Tous ces végétaux sont cultivés et étudiés avec le plus grand soin par notre dévoué confrère. — M. le Président donne lecture de diverses correspon- dances qui lui ont été adressées. — M. L. de (ieofroy, actuellement secrétaire de la légation de France à Athènes, auparavant à Bogota, transmet une lettre qui lui a été écrite de ÎNew-Vork par M. Carpenter , relativement aux avantages que présenterait l'introduction en France du Locvst tree, sorte de Caroubier dont le bois est très estimé. M. Carpenter propose de se charger des envois de plantes ou de graines de cet arbre. (Voyez au Bulletin.) M. de Geofroy fait parvenir e)i même temps des graines PROCÈS-VERRAUX. 517 de trois plantes des Cordillères des iVndes, produisant d'ex- eellenls fruits, et ofïre son bienveillant concours pour pro- (.'urer à la Société les végétaux de l'AuKh'ique du Sud qu'elle pourrait désirer (voy. au Bulletin). — Des remereîmcnis seront transmis à M. de Geofroy. — M. Agop, premier conseiller de Tamliassadc ottomane, membre de la Société, ayant remis en communication à M. le Président trois ouvrages sur la culture du Coton, ces ouvrages ont été renvoyés à l'examen de M. Soubeiran, (jui pi'épare un travail sur ce sujet. — M. Dupuis dépose, pour être jointe aux pièces de la correspondance, une lettre qu'il a reçue de notre confrère M. Davelouis, et qui est relative à la culture de la Zizanie aqua- tique des Etats-Unis, |)ropagée en Europe par M. Kubiic. (Voyez au Bulletin.) Le même membre remet en outre une Note qu'il a rédigée sur une nouvelle métbode de culture de l'Asperge de Hollande, par M. H. 11. Caulbier, dont il avait déjà présenté à la séance précédente une circulaire sur la culture delà Pomme de terre. (Voy. au Bidloti)!.) — M. C. Duméril(de Saint-Omer) ofïVe ses remerciments pour les graines qui lui ont été remises par la Société. — M. le docteur L. Daguillon (de Marseille), qui s'occupe en ce momen! d'un travail sur la météorologie et l'importance qu'elle présente pour les études d'acclimatation, demande les instructions météorologiques et celles destinées aux voyageurs que la Société a publiées dans ses Bulletins. — Mi\I. Duméril,Ai"thur Gris et llufz de Lavison foni par- venir des extraits des conférences qu'ils ont faites, l'un sur la 'jéographie zoologique^ l'autre sur Xapplteation des sels de [er à la végétation, et le troisième sur \ acclimatation en (fénérnl. (Voyez au Bulletin). — M. Vrignault adresse un compte rendu, sousforme d'ex- traits, du dernier numéro (février 186!>) du Bulletin de la Société d'accUïnatationde Prusse. (Voyez au Bulletin.) — M. L. Boucbard-Huzard olïre à la Société, au nom de M. Huzard, cinquante exemplaires d'une brocbure qu'il vient 51 s SOCIÉTK IMPKrilALE ZOOLOr.lQUR irAnCLlMATATIOX. de publiei' sur les ventouses (htvraùon dans les bergeries, vacheries el, écuries, e( sur les avantages qui résulfenl de leur «Hai)lisscmenl [lour la santé de nos animaux domestiques. — M. Dupuis présente le résumé d'un travail qu'il a rédigé au nom el eonmic rap])orleur de la Commission spéciale , tjui a été approuvé par le (Conseil , et qui a pour titre : Jnstructions générales pour les rof/Uf/eurs et les corre.yjon- danls de lu. Société impériale d'acclimatation (voyez au Bulletin). M. le Président annonce que, conlormérnent à lu décision du Conseil, ces instructions seiont réjiandues abon- damment partout où la Société a déjà ou jteut se créer des correspondants. — M. Dabrv donne lecture d'un Méiuoiri; sur les sujets suivants : La vie éi (xai rnarrhé en Clnne; — Traeaux d\ic- elimatution dans ce pai/s ; — Commission d^ (nzelimata lion fondée par P empereur ttrm(j-hi ; — (.iladires. (Voy. Bulletin.) M, le secrétaire présente les publications suivantes adressées par des Sociétés étrangères depuis la dernière séance : V Bulletin de l'institut cent rcd pour hiccli matât ion en Allenmçpu.', fondé à iJcrliu par M. le doeleui- L. Ruvry (1862, n'" h à 0). M. le Président prie notre confrère M. Cap, de vouloir bien rendre conqite des matières contenues dans ce lluUetin. 2" Une collection de huiletins de la Société mexicaine de géographie et de statisti([ue {Sociedad mexi- canu de (jeotp^afm, y estadistica), depuis 1859, — M. le Président exprime le regret, ]tartagé par rass<'iij- blée, que l'heure avancée ne permette pas de donner lecture des mémoires inscrits à l'ordre du jour, d'après lequel il espérait donnei- la parole à M. Duchesne-Thoureau pour une communication sur les j-eboisernents et les plantations d'arbres verts. :M. le Président dépose donc les mémoires suivaids, qui seront pnbliés dans le Bulletin : 1" Une Note de M. Viennot, rédacteur au ministère des alTaires éh'angères, mvV acclimatation en Avstralie; T Une lettre de M. Dabry sur le />rom/<''e?w/>/ovr' t-n (Jlnne pour convertir le lUnnboa en pâte à papu'r ; PROCKS-YEnnAux. 519 ;V' l'no lellro fl un Mrmoirn do M. Sriliin Borthelol, cmm\\ (lo Franco ;iiix Canarios, membre liunorairo do la Société, sur la réoryaiiiaot/on du. jardin d'acdimataùon de l'Orotova ; h" V\\ travail de M. Hayes (do Chandornagor) sur VlUlpt' {liassia longifolla) . M. le Président dé[)Ose en outre un certain nondjre de numéros de plusieurs journaux français et étrangers qui prê- tent à notre œuvre le l)ienveillant concours de la publicité dont ils disposent, en insérant des articles sur les ditrérents sujets dont s'occupe la Société. Ces journaux son! : 1' Le Mo- iiiteui' du ronrmcrcc du 29 avril, renfermani uiio notice très étendue do l\. A. Dnpuis sur r.M(uanum. M. le président rappelle les nombreux articles publiés depuis longtemps par nuire zélé confrère en faveur de notre (ouvre, â" Le numéro du lOjuin dn Toulonnais, dans lequelse ti'ouveuncnote surlos cbeptels de la Société d'acclimatation, par M. Turnd, et lo Courrier du Canada, (hi L'I mai, reproduisant un ai ticle du Journal dos vulcs cf. des camparjues sur le Jar(iiii d'arclima- tation. i\ous devons y joindre une collocliun du l'ollei, cpii enlro- tient ses lecteurs de faits relatifs au Jardin d'acclimatation, et un numéro de r.1/;e,'7A-' impériale, renfermant un long article sur le mémo sujet. Ces deux dernières publications ont été transmises par M. Cliagotaîné. — M. le Président rappelle ensuite ([ue celle séance, ainsi qui' l'annonçait lalettr(; de convoealion, sei'a la dorniéro do la session de I8(rl-Î8(32. 11 lait remar(iuer ivants dont la nature soit assez forte, assez étendue, assez flexible pour pouvoir subsister, se multiplier partout et se prêter aux iniluences de tous les climats de la terre. » Beaucoup d'espèces animales, en ellet, ont pu el pourront être transport(''es d'un pays dans un autre. .Nos animaux domesti- ques nous fourni.ssent un exemple bien remarquajde de la possibilité de celle translation. L'Orient et particulièrement l'Asie, comme l'a très nettement dé- montré feu noli'e savant et si regretl('' président Is. Ceolfroy Saint-llil.iii'e, sont (t) La coiiféroiice (iiinl dii ilniiiir iri un ri'^iiiin'- csl iiii|inini''c iliiis li- juiiiii.il l' Aiiu ilt'S Si ii'iicfs, BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 521 la patrie première de la plupart des aiiimaii\ soumis à la domesticatiou, el sans exception de tous ceux dont celte domestication est la plus ancienne. C'est de cet antique herceau de notre race (jn'on trouve les espèces ([ui nous ont donné le Bœuf, la Chèvre, le Mouton. Le Cochon n'a pas pour souche notre Sanglier, ni le Chat des maisons notre Chat sauvage. C'est de l'Orieiu aussi que nous sont venus le Cheval et l'Auc lîulTon, au reste, se coiilre.lisaut en quelque sorte lui-même, est revenu à plusieurs reprises, sur la possibilité de l'introduction d'animaux d'une contrée dans une autre, et il a rappelé le succès renuu'quahle (pi'a ohieuii le transport dans le nouveau monde, du Cheval, de l'Ane, du Bœuf, de la Brebis, de la Chèvre, du Cochon, du Chien et du Chat. De ces faits cependant on ne doit i):is conclure à la possibilili' de toutes les introductions. Il faut une étude .itleiiii\e et raisonnée des lieux habité-. i)ar les espèces qu'on veut déplacer. Les conditions dont il im])orle de tenir compte dans les tentatives d'accli- matation sont lelalives: I" au climat, c'est-à-dire à la (empéi'atnre, h l AIAI 1862. Sur les Ci'ri'cdex, par M, Joseph i\ilc■.IlO^. .Mossienrs, L'Iiisloire des céri'ales se ralUiciic tliri'Lieiiioii! à raccliiuatalion. Les modifications ol siirloiil rexicnsion qu'a priso la (Milliiic de cette prtrieuse lamille de plantes, conipap;ne inséparable do riioninie dans ses mit^ialions ei SCS élal)lissenienls depuis les premiers âges jiis(nrà iioUe époque, peuvent être le sujet d'une histoire qui est la nôtre ; nous y pouvons retrouver pour ainsi (lire nos premières lettres do noblesse. Le délVi iiement d'une lerro inculte, l'amélioralion d'un sol pauvre, la colonisation d'un pa\'s désert, soiit pour les céréales une véritable acclimatation, en ce sens que par la main de l'honime, ces terres qui ne les avaient jamais rerues deviennent capables de les porter; les bonnes pratiques aij^ricoh's substituent une variété plus riche .1 la variété pauvre qui seule, jusque-là, y avait vécu; enfin, les soins intel- ligents di's agriculteurs el des savants i)euveiit, je ne dis jïas changer la nature, mais du moins augmenter par la sélection telles ou telles qualités d'ime espèce. C'est là le côté praiique do notre étude ; c'est dans ce sens que. malgré tout ce qu'ont fait nos pères, nous avons encore à faire beau- coup, et plus sages qu'Alexandre, qui reprorhait à son père Philippe de ne lui avoir rien laissé à conquérir, nous devons comprendre combien est vaste le champ qui nous est ouvert, el nous devons y marcher hardiment, nous et nos successeiu's, sans craindre ou espérer jamais d'en atteindre le ternie. Mais d'abord, quelles sont les plantes que nous appelons céréales ? KsI-ce une famille botanique distincte des autres par des caractères scientifiques lires de la végétation? ou bien est-ce un groupe de jjlantes appartenant à différents types et réunies sons une dénomination cojimiune à cause de l'analogie de leurs usages? Est-ce la science, ou avant la science, l'humanité (|ui a confondu dans un uième nom dos espèces dilTéroiiles dont elle tirait les mènuN services? Ici, et par exception, l'étymologio du moi chéalps n'esl (Uuileuse pour personne, et l'on peut, sans changer trop de li'llres, remonter facilement jusqu'à Gérés. Les céréales sont donc les p.lanlos agricoles propre- ment dites ; en retranchant les espèces cultivées pour l'industrie et en se repor- lanl au premier bat do l'agriculime, qui était de produire la nourriture do riiomme, on arii\e à une idée générale de ce groupe dont il est dilîicilo ûi' bien m;u'quer les limites. La pomme de terre, en quiltaiU son état sauvage pour prendre une si grande place dai:s notre agricnllure, a presque le droit d"y être admise, et si (Jérès l'eût connue, elle ne lui eùl certes pas rehisé son patronage. CopendanI, pour plus de rigueur, \>\r a ioiijoiiis én' le! (jii'ij esl,el, parii d'un 52/| SOniÉTK IMPÉni\LE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. point (lu glol)e, il s'est répandu succossiv ciiienl partout où on le mun e aujour- triiui ; ou bien lo blé es! une lierbe sauxage perler linnnt'e i)ar riioninie, o( tellement éloignée du type priniilil", quf l'on ne peut savoir exactement quelle plante a été le point de départ. On voit que dans Fune et Fautie hypothèse, le blé que nous récoltons aujourd'hui en France est le résultat d'une accli- matation ou d'une domestication; étudier celle question, c'est donc étudier l'histoire de nos devanciers dans le même ordre d'idées, el faire voir que notre œuvre n'est que la coiiliiiualion de l'ieuvre de nos pères depuis les lemps les plus reculés. Buffon est un de ceu\ (jui uni pensé que le hh' était une plante sauvage transformée. « Le blé (1), dil-il, est une plante que l'homme a changée au point qu'elle n'existe nulle part dans l'état de nature. » K! celte belle créaiion lui dicte une ])age admirable sur les j)rogrès de l'humanité. Celte oi>inioii avait déjà été émise par les auteurs anciens, 'i'iié.iphrasle avait cru reconnaître dans Fégilops le froment primitif, et l'iine l'avait fait naître de l'ivraie. De nos jours, Mirabel, lialapie, ISory Sainl-\ inceni, sont revenus à l'idée de 'l'In-ophraste ; mais des expériences iailes avec soin el longlenq)^ poursuivies n'ont jamais j)u |)ro(luire ([iFune planle hybride, toujours shMJIe. V.¥.gilops irifico'nli's. lîeste donc comme plus probable l'opinion de c<'ux (pii croieul ijue le blé a toujours été ce qu'il est, el (pie la puissance qui a, dans la création, mis un être intelligent au milieu d'élres bruts, a aussi plac(' ûi':^ piaules pour ainsi dire civilisées au milieu de la nature sauvage. Les blés trouvés dans les plus anciens tombeaux d'ÉgypIe soni en loui semblables à ceux que nous lécoltons aujourd'hui ; el le célèbre botaniste Kunlli a d('terminé à quelle variété appartenaient les grains de la fameuse collection Passalacqua. Depuis, on a trouvé dans les tombeaux égyptiens une grande quantité de grains de froment; mais l'intérêt attaché en Europe par !<■ monde savant à celle premièie (li'couverle a iinilé les Égyptiens d'aujour- d'hui à honorer un peu lardivement les moniies de leurs ancêtres de la com- l)agnie de ce grain sacré, el les archéologues ont pu (pielquefois acheter bien clier des antiquités faites ])0ur eux: c'esl à celle supercherie que l'on doil attribuer la fécondilé de certains grains trouvés dans certaines nécropoles; car il esl démontré que si celle céréale ne perd pas sa facull('' germinati\e d'mu^ année à l'aiitn', elle ne la c(mserve certainement pas au delà d'un siècle, et ])robabiemeiit beaucoup moins longtemps. Mais les échantillons aulhenliques conservés par les mêmes proci'dés el recouverts des mêmes enduits que les corps qu'ils accoiupagnaienl, atteslent d'ime façon évidente que le blé cultivé en Egypte au tem[)s des premières dynasties était exacte- ment le même que le nôtre. Ainsi, au moins depuis (piaire mille ans, êtres (juaranle siècles sont sans contredit l'é[)oque où Fhunianih' a eu le jjIus il'influ(;nce sur la natinc, ce blé- n'a |)as en- modilit'. C'est une bien grande l\) lîiiflaii, llist. nat. Jii CMien. RLLl.ETLN .MK.XSUEi, llES COM'KRENCES. 5r>ô pmbabiliu; (juc les Iraiislormatioiis auxquelles (miI cru cerlaiiis ouleurs ne sont pas l'œuvre de riioinine. L'homme a doue trouvé le blé sur l;i lenc. Doil-oii ciuire qu'il y «■tail jîénéralemenl répaudu, et pour ainsi dire que la uioissou était piète ])arloui avaul le moissoiuieur ? ou bien doit-on penser (|ue le blé, originaire des mêmes contrées que riiomnie, a été emporté par lui comme la plus précieuse des richesses, que dans chaque pays les premiers colons ont eu à pré))arei , à la sueur de leur Iront, un chaïup pour leur hlé comme un abii ])our leur lète? Ici, nu'ssieurs, je ne comprends pas le doute; j'ai eu le hoidieur d'en- temlre, pour moi le plus vénéré des maîtres, pour vous et pour moi le plus aimable et le plus regretté des savants, is. (leoflroy Saiul-Ililaire, dévelop[)er toutes les raisons puissantes qui établissent runili- de l'espèce humaine, régalilé de toutes les races sorties d'une même souche, issues d'un même père. Kh bien! si l'hoiume est parti d'un point de l'Orient, i)our i)eupler le globe, le blé a en son origine dans les mêmes contrées que l'humanité, La Providence avait |)lacé la nomrice auprès du berceau ! C'est en ellel en Orient que les sav.inis et les voyageurs ont recherché le blé sauvage. Olivier dit l'avoir trouvé dans la Mésopotamie, près d" Anah sur l'Euphrale, et Michaux dans la contrée voisine d'Amadam ; llunlzelmanu lui donne pour patrie le pajs des Uaschirs. Bailly et Linné le croyaient origi- naire de Sibérie. Le blé était cultivé en Asie du tciups de Zoroasire (1; : le /end Avesln en fait loi. Dnreau de la ILille en retrouve aussi la preuve dans l'examen des zodiaques des peiq)les orientaux. D'après les plus anciens monuments de l'histoire égyptienne, c'est j)rès de _\ysa, dans la vallée du Jourdain, qu'Jsis et Osiris trouvèrent le blé à l'ét.ii sauvage. L"Kcriiure sainte nous montre aussi le blé i)rimitir dans ces mêmes contrées, et lorsque Moïse reconduit les Hébreux dans celte terre pinmise qui les rapprochait du berceau de rhumanilé : «Dieu, dit-il, l'introduira dans une bonne ierre pleine de ruisseaux et de fontaines, la terre du blé, de Forge et de la vigne. » Diodore de Sicile, par un excusable patriotisme, a \oulu l'aire de la Sicile le pays des céréales; on sait qu'elle leur convient si bien, que les l'iomains l'appelaieiu leur grenier à blé. Loiseleur-Ueslongchanq)s (2) pn-lend avoir trouvé du blé mûr dans mi verger non cultivé depuis huit à iicul ans : cela prouve sansdoule que peu de terres sont aussi la\ ombles à la ciilluredu ble, mais ne tranche en rien la question d'origine. La science, connue la Iradilion, s'accorde donc ixmu plarer l'origine du blé dans les régions fertiles de l'Asie. De là il s'est répandu, el il a été acclimalé dans des pavs qui jusque-là ne le connaissaient p.is. Lliistoire mythologique nous a conservé le souvenir de celle introduction, et par consi'quent du chan- gement complet qu'elle a amené dans la manière de vi\ re des pi'uples. L"in- [)) Voyez Diireau de la Mallf, Écûiwmtc jwlUuiue des lluiiiahi.s, 1. II, liv. m, diap. 10. 1-2) Loisclc'ur-DcslniijjcliaMi|is, Considcvalions sur les ccrcaku. l'aris, iS4"J, iii-y. Ô5(i SOCIÉTÉ IMFÉUIALE '/J)OLOr,]()VV. ]) ACCLIMATATION. troductioii du l)l<' a été h' commonci Diciil de toute civilisation: c'est l'agri- ciilliifê ([uia réuni les l'a m il les et l'orme les sociétés; avant elle, les liommes vivaient épais et nomades, mendiant de la nature une vie qu'ils ne savaient pas gagner sur elle par le travail. C'est ce que nous montrent les traditions des Égyptiens et des Grecs et les livres des Chinois. Ce fut, ai-je dit, Osiris et Iris qui introduisirent le blé en Étuypie ; des fèii's où l'on portait des gerbes de blé servirent à conserver le souvenir de ce bienfait, et il y eut lons^iemps à \ysa un<; colonne avec une inscription en caractères sacrés dont Diodore doniif le sens : « Je suis la reine de toute cette contrée, je suis la lenniie et la sceur d'Osiris; je suis celle qui a fait la première connaître le grain aux mortels, ,1e suis celle qui se lève dans la constellation du Chien. P.éjouis-toi, Egypte, ma nourrice! « En Crèce, disent les poêles, les hommes vivaient de glands ; Cérès ensei- gna la culture du blé à Triptolème : selon la ticlion d'Hésiode, Cérès prit naissance dans im sillon trois l'ois rciounK'' par la charrue. D'après une autre \ersion, Tagriculture fut ùnportée d'Égyi)te. et c'est à Cécrops qu'on en ra])p()rte l'honneur. « Immenses bienfaits, et tels, au jugement des anciens, qu'ils ne pou\ aient venir que de mains divines. Cérès, Triptolème, Bacchus, avaient leurs places dans rohmpe : dieux, dr la paix à côté des dieux de la guerre, et les plus cliers, sinon les plus craints. l'ieux enthousiasme, dit Isidore Geoffroy Sainl- liilaire (I.), auquel j'emprunte ces paroles; ardente reconnaissance de la jeune humanité, avec les(iue!s contraste tristement la froide et oublieuse indillérence des générations iiiodernes. » Les Chinois ont aussi conservé le sou\('nir de l'introduction du blé chez eux; mais celte nation, plus [msilive que la (Irèce, n'a pas placé dans les régions élhérées le bienfaiteur qui lui a a.pporti' le blé. Il est vrai (pie, pour un Chinois, un empereur est plus qu'un Dieu. On Ht dans b- Vai-hi (2) : « Dans l'antiquilé, le peu[)le mangeait crus l''s fruits des plantes et des arbres; il se nourrissait de la chair des animaux, il ne savait ni labourer im semer. Chin-nong (c'est un nom impérial) ('-tudia les saisons du ciel; il observa les propriétés des terrains; il tailla le bois et fit une lierse, il le courlia et fil une charrue; il eommciK'n à enseigner au peuiile la manière de cultiver les grains, et l'agriculture devint florissante.» Ce prince, qui, sans aucun doute, se serait fait inscrire parmi les prolecleurs de notre Société, si elle eût existé alors, vivait iihis de trois mille ans avant Jésus-Chrisl. Le blé prit jilace, dep;iis ce temps, dans les fêles de l'agriculture, à côté dii riz, des fèves et des deux esjièces de millets. Si nous revenons à l'Kurope, nous voyons que l'Ilalie, (|ui cultivait depuis longtemps l'épeautre, ne recul qu'assez tard la cultine du blé [iropremenl dit, ou fromeni. Le /'rtcdes Latins, appelé AVissiddorewii, parce qu"il s<'rvail (11 Is.Gcallï-iiy Saiiil-llilniix', Uisrom? d'oiivciliiiL' [Ltiilktiii de la Sock'lr d'atcUinaliithii; , •muée 1857). (i) Loiseleiu'-t»e>longcliaiii|)s, op. vil., p. 5''2, 11! LLETIN MKNSUKl- DliS CO.NKÉHhJ.NCES. 527 il adorer les dieux, lui la seule iioui'iilui'o des preiuiers î'iuuiaiiis. Le froment, ([u'ils .i|)peli!ienl trltiriim, ne pril ré^ulièremeat possession de leurs eliiunps (pu^ lois(jue 1.1 'glande (h'èco, ou niènic la .Sicile, devenue alliée ou concpdse, eut offert à leur apnétii, jusqu'alors peu déiical, luuti's ees variiHés (|ue décrit Colunielle cl que ne connaissait, guère Catoii. .\otre i''rance, alor.s qu'elle était Gaule, était en partie cotivcrîe de lorèts, la plui)art sacn-es, qui servaient de demeures et de temples aux druides. Cependant elle connaissait déjà rap,riru!liH-e, et Ton y récoltait du !;raiu eu même lemp.s que du '^\û. Le pays des Éduens, au lemjjs de César, élail loi i bien cullivi', très prohalileiiient mieux qu'aujourd'hui, et si nous en crovon. le téuioignaiîe de Pliue, on y voyait des liiaciii.! 's à nioissoimt r, des sortes de chariots avec des taux (pii coupaient l'épi cl le rejetaient dans ime cor- heiile placée derrière. .Je ne sais si ces niacliines l'onctiomiaieul hien, mai-, je puis alïivmer avec connaissance de cause qu'auctin cultivateur des envi- rons d'Autun ne veuf entendre parler des machines de ce genre (pie l'on ■\oil en France dans les expositions, et en Angleterre dans les clianij)s. Le grain que récoltaient ainsi les Éduens n'était prohahlemeul jias du ll'oiiicnl, mais de l'épeautre ; notre elimat, à cause des grandes lorèts, ('taii Iro]) humide el trop l'roid j)aur être favorable au froment, et je ])euse qu'a rexcepiion de quelques plaines du Midi, où les l'hocéens, fondateurs de Mars('ille, l'avaient peut-être essayée, ce ne fut ({ue longtemps après la con- quête de César que cette ci'réale se substitua à réj)eaulre. Presque tous les peiq)!es, pour préparer la terre à recevoir la semence du blé, se servent de la charrue, qui est considérée connue le symbole de Tagri- culture. 1,'iuvention de cet instrument remonte à une hante aniiquilé, puisf|ue nous avons vu l'empen^ur, (l'li"ureuse mémoire, Chin-noiig, en fain- une pour ses sujets. Les ba.s-reliefs étrusques représentent airssi (pielquefois wnr charrue, et dans l'un d'eux, reproduit en tête des ouvrages de Dickson sur l'agricullure des anciens, on voit un laboureur qui conduit une cliarrue attelée de deux b(eurs, le joug sur le cou, et non sur la tète, usage qui s'est depuis lors loujiuirs conservé en Italie. Hérodote rapporte (et. quoi qu'on en dise, c'est \\\\ auteur digne de foi) qu'il fut \\\\ lv'!!ii>s où, avant de semer le grain, on faisait labourer le champ par des porcs, et après l'avoir semé, on y conduisait des breufs, parce que ces animaux enfoncent le gi'.ùn en le foulant aux pieds. Ces procédés de culture peuveni jwraître bien imparfaits; cependant, lorsqu'on examine un champ oii a passé un troupeau de porcs, ou surfont de leurs frères sau- vages les sangliers, ou est obligé de convenir qu'ils ont parfaitemenl relouiiK- la terre ; el si l'on pense que, dans l'agriculture la plus perfec- tionnée, la première règle est de ne perdre auctm engrais, on ne [)eut s'em- pêcher d'avouer que ce mode y satisfaisait mieux que tout autre, .le voyai'^i, l'aimée dernièr(>, en Vngleierre, une des fernu's les mieux conduites où Ton charge les animaux de la récolte d'un champ de raves ou de fèves, alin (|ue, deriU'urant toujours sur le cliamj) tant qu'ils \ trouvent à mangei-, ils ne dérobent au sol rien de ce qu'ils lui ont pris. 52(S SOCIKTK IMPÉllIAI-H Z(IUl>(ltjl(.IUE d'aCCLI.MA lAïlOA. Plus liiid , l'hoiiinic iiilcrxiiil un peu pins. •■( l'on voil, dans l'ouM'aj;»' (lu 'locli'iir ilip|)olyt(i noscllini (i), uni' planclic qui rcpr'jscnle deux lioinnics a\ir une liouf. et denièro enx doux aulros (jui conduiscnl avec un rond dos moulions cliaigrs d'cntoncr le i^rain avec leurs |)ieds. Celle façon de l'aire passer les insirunients et les honuues avant les animaux ne devait pas donner de bons résultais, et e'esl sans doule de là qu'esl venu le proverbe ■' mettre la charrue avant les breuls ». Sous les C.arlbai;inois et les lîomains, les procédés de culture atleignirenl iipc grande perfection, ^lagon et Galon sont restés célèbres. Une des causes de la prospérité de l'agricullurc romaine fut le peu d'élendue du champ cultivé par chacun ; chaque terre était presque un jardin; la bêche rem- plaçait souvent la charrue, et alors cba(pie grain de blé reproduisait au cen- tuple la semence. Lorsque les propriétés s'étendirent, les bras pour cultiver diminuèrent; les pâturages se substituèrent aux cultures de céréales, el j)ienlùt ritalie dut demander au dehors le blé nécessaire à ses habitants. Chez les peuples modernes, la charrue est partout le ])récurseur de la semence; les agriculteurs ne sont pas assez nombreux jxtur qu'on puisse donner au blé tous les soins que lui donnaient certains peuples de Tanti- (|uité. Le sarclage à la main, pratiqué autrefois en ttalie et en (irèce, serait ime opération ruineuse chez nous. iNos efforts doivent tendre, au contraire, à subsliluer le plus possible, à la simple force de riionune, les nuichines (pu la nudiiplient; c'est dans cette voie que les progrès les plus grands ont été accomplis dans notre siècle. C'est là, je crois, l'avenir de l'agriculture. ^os céréales occupent la plus grande partie des terres arables, cl pour nous faire une idée de l'inqwrtance de cette culture, jetons un coup d'tril sur la statistique agricole de la Krance. La l'rauce comprenait environ 50 mil- lions d'hectares avant r.uuiexion de la Savoie; ne tenons pas compte pour le moment de cet agrandissement de territoire. Lu 1833, d'après les renseignc- nunils doiuiés à la chambre par M. de lîambuteau ('2), plus de '2'6 millions d'hectares étaient consacrés à la culture des céréales; iU millions étaient ensemencés chaque anni'e. Le fromenl occupait ù lui seul plus de 5 millions d'hectares , le seigle près de o millions. Le blé rend, en moyenne, 11 hectolitres à l'hectare, ou à peu près cinq ou six au grain, c'est-à-dire qu'on récolle cinq ou six grains pour un grain semé. Parmi les nombreuses \ariétésque je n'ai pas voulu vous énumérer, il y en a qui sont plus productixes les unes ([ue les autres. Nos cll'orts, et ce serait une belle, acclimatation, doivent tendre à introduire dans chaciuc pays la variét»' qui donne le plus. Je sais bien ([ne la même ne réussira pas partout : l'une s'ac- conunode mieux des terres fortes, l'aulre des terres légères; Lune est pr('- cocc, l'autre est tardive. Certain(,'s variétés, et des meilleures, craignent la gelée el ne réussissent pas dans les icries humides qui n'ont pas été drainées. Le blé bleu, l'un des plus productifs, est dans ce cas ; le drainage lui ouvre II) Jlviuiinenli (lcll'K(jitto c dclln yiibiu, illii^tnUi dal dollorc li'iiulitu lioncUini. l'isii, ityà-2. {•i) (jadlliier, ik'rès franraise. liLLLEiliN MEiNSUEL DES C.ONI-ÉJIE.NCES. 559 des roiilic'cs que rimniidilé lui fermait. Certes il est bien diflicile de trouver la vaiiélé qui réussirait le mieux daus rliaque eiidroil ; mais personne ne niera que Ton a fait bien peu de tentatives dans ce f^enre, et que c'est surtout le hasard et la routine qui font le clioi\ des semences. En donnant à chaque champ la semence qui lui convient, on auu;menterait certainement le ren- dement, et si ce rendement était au[i;menté d'un forain par grain semé, la récolte en serait considérablement accrue. La quantité de froment récoltée est d'environ /|7 millions d'hectolitres. Celte simple augmentation d'un grain donnerait le chillVe fabuleux de 6 millions d'hectolitres, c'est-à-dire de quoi nourrir plus de quinze cent mille habitants. Si vous admettez a\ec moi, niessii'urs, qu"il y a bien des conlrt-es qui ne sèment pas la variété la plus productive, vous voyez quels services nous pouvons rendre à notre pays en acclimatant dans ces contrées la variété qui leur convient le mieux. Non-seulement, messieurs, il y a des régions qui ne cultivent pas le meilleur froment, mais encore il y en a qui ne le cultivent pas du tout, ei (pii, par d'intelligentes améliorations, deviendraient capables de le produire, .le citerai l'exemple de l'Angleterre où, en 1760 (il, le pain d'orge, d'avoine el de seigle était la nourriture universelle du peuple. En 176/i. la (|uanlilé d'orge était égale à celle du froment; en 18'J5, elle n'était i)liis (pie du tiers. z\ujourd"liui, i)resqu(^ |)arloul. la culture du Iromenl s'est substitui'e à celle du seigle. De semblables progrès ))euvent se faire (^n Fiance : j)ar le chaulage, le marnage, des labours plus j)rofonds, des assainissements, un meilleur aménagemeni des engrais, un grand noiubre d'hectares peut être livré à la culture du froment. Le célèbre agronome anglais Arthur Young, après avoir parcouru la France, disait (pie loules les terres de ce rovaume étaient propres au froment ('J), et il indiquail, chose singulière, pour les premiei-s essais à faire, les terres pauvres du J'ourbonnais, du Nivernais el de la Sologne. i,e conseil d^ioung a été jusqu'à ])résenl bien incomplé'iement suivi, et je connais bien di's chanqjs où rinlrodnction du froment sera nm- véritable acclimatation. Voung avait Irouvi- noire sol meilleur que le sol anglais : c'est la remar([ne que font tous les Fran(;ais qui visitent l'Angleterre ; mais le caradère des deux peuples se peint dans leur agriculture. Là, les plus mauvaises terres sont les mieux cultivées ; chez nous, il n'\ a que les bonnes qui sont mises en culture. Notre uation esl habituée en tout au triomphe, el la faciliii- du succès ne kous a i)as enseigné la persi'-vérance, La substiiulion de la culture du Iroment à celle du seigle est une opé- ration éniinenuuent utile, moins dans l'intérêt imm('(hat du proi)ri<'lairc «pi'en Mie (raugmenter le bien-être des culli\.iteurs. (.>ue d'hommes en Irance inaugeni un pain noir, compacte, d'une digestion diflicile, et consi- dèrent celui que nous mangeons eomuie un régal ptjur ks jours de fête ou cc^nune une friandise réservée aux malades. Dans les pays où la culture du (I) Jost'i'li Lowc, Tlic pvescnl slatc of Eiujland m r.'ijiinl lo A'jririiUure, Tnuk mul l'iiiance, 1 8-i."i. (•2,1 Voijaijes en l-'i-niice lendanl les années 1 7.S7-l"',tS, i. H. i. 1\. — Juin I8(J2. • o/l .")30 SOCIÉTÉ IMPÉlilALE ZOOLUGlQUE i/acCLIMATATIUiN. IVoiiieut s'introduit, le paysan iiiélango quelque peu de ce graiu (piMl récolte avej le seigle (pie mangeaient ses pères; le pain devient meilleur, Plionnue plus lort, et cette force cpiMl acquiert est noblement dépensée au\ travaux agricoles. J'ai vu, je ne sais où, une carte de France où les départements étaient lavés d'une teinte plus ou moins foncée, selon leur état moral. Les plus clairs étaient les plus instruits, les plus foncés les j)his ignorants. Je crois qu'on pourrait faire une carte semblable avec des éclianlillons de pain, et mesurer exactement l'état lieureux ou malheureux des populations sur la couleur plus ou moins blanche ou noire de leur pain. Ainsi, en ne prenant que les grandes divisions d'États ou de provinces, nous pouv(»ns dire (pi'iln'y a pas de i)ays d'Asie et d'Europe où le froment ne soit cultivé, ot même depuis longtemps: mais si nous entrons dans le détail, nous voyons qu'il n'\ a pas un État, pas une province qui ne renferme des contrées où le froment n'est pas cultivé, et où il pourrait l'être. L'intro- duire dans ces contrées, y cultiver les terres de manière (pi'il réussisse, voilà quelle doit être notre œuvre ; nous devons l'enlreprendre avec d'autan! plus de courage, que de nombreux exemples nous assurent le succès. Si l'Europe et l'Asie ont le froment depuis un temps inmiémorial, le nouveau monde le doit à une récente importation. MumbokU a fait celle remarque, (jn'il y a un des côtés d«^ noire j)laiièfe où la farine des gra- minées à épis étroits éiait incomun.'. liuniboldt (1) n'avait p''ut-êlrc pas l'ail cette remarque le i)remier, car Diodore de Sicile, en parlant des Atlantes, sur lesquels il accumule tant de i.ibles, dit que ces peuples n'ont pas connu les h'uits de C'.érès parce qu'ils se sont séparés des autres honnues av.uil que ces fruits aient été montrés aux mortels. Est-ce une raison suflisanle pour croire que les anciens ont connu l'Amérique? Ilumboldt donne la date })ri'cise de Fintroduction du froment dans la jNouvclle-Espagne ('2). « Un esclave nègre de Fernand Cortez fui le premier qui cultiva le froment; il en trouva trois grains parmi du riz qu'on avait apporté d'Espagne pour rapprovisiomiemenl de l'armée. » Le nom de l'homme qui dévasta ce pays est resté populaire ; le nom de l'esclave qui réi)ara autant que possible, par un bienfait, les calamités ducs à son maître, n'a pas été conservé, et c'est déjà beaucoup ([u'unc aciion si utile à l'hu- manité n'ait |ias été complètement oui)liée. A (juilo, grâce aux moines, le nom de l'introducteur du froment n'a pas péri. « Dans le couvent des Franciscains, dit encore llumboldl, on conserve précieusement connue une relique le vase de terre qui renfermait le i)re- mier froment dont Fray Jodoco Piixi de C.ante, moine franciscain, natif de ('.and, lit des semis dans la ville. On le cultiva d'abord devant le couvi'iit, sur la place appelée Plazuella de San-Francisco^ après qu'on eut abattu la forêt qui s'étendait de là jusqu'au pied du volcan de Pichincha. Les moines, que je visitais souvent durant mon si'jour à (jiiilo, me prièrent de leur (1) lluiiilniliU, Tableaux ik la iialurc. ( avait un rapport caché a\ec le tVoinenl ; mais je n'y trouvai que cette sen- tence édile eu vieiLx dialecte allemand : « Que celui qui me vide en buvant n'oublie i)as le Seitjueur. » Eiiliu, dans le siècle dernier et au conmiencemeni du noire, le blé, a\ec presque loules nos plantes cultivées, presque tous nos animaux domestiques, a été importé sur le continent australien, que j'appellerais volontiers la terre promise de l'acclimatalion. En clîet, tout v croît et s'j développe avec nue vigueur de jeunesse que n'a plus r.ujcieu conlineiil. Il \ a à peine cin- quante ans les moutons mininos \ l'urenl introduits. Vujourd'liui les laines d'Australie alimentent tous les principaux marchés d'Europe. Le blé lui-même s'y est pour ainsi dire fortifié et y a pris une fécondité inconnue, si bien qu'un agriculteur français ayant semé, dans les environs de Dunkerque, du grain australien, a obtenu le rendement prodigieux de 6(j hectolitres à l'hectare (1). Ees terres étaient bonnes, bien cultivées et bien hnnées sans doute ; mais quelle autre variété eût donné dans ces mêmes terres une aussi merveilleuse récolte ? .remprunte à un remarquable traxail de mon savant collègue et ami M. Daresle, sur lagricullure australienne, des renseignements recueillis, .'i l'Exposition de 1855, de la bouche d'un des agronomes les plus éminenisde l'Australie. Je vous demande la permission de lire le passage : « Le blé et le maïs doimenl des produits considérables. Ainsi, le rende- ment moven du blé est de 2S bushelspar acre, ce qui fait 25 li«îclolilres p.u hectare ; chillre consitlérabli', dit M. Dareste, si Ion songe (ju'en l-iance le rendement moyen du blé, d'après la statistique oflicielle, n'est (|ue de 11 hec- tolitres, et qu'il atteint seulement 19 à 120 hectolitres dans les terres bien cultivées du nord de la France, Le poids moven du bit' ausiralien est de au livres par bushel ou 79 kilogrammes ))ar hectolitre, v.i il atteint jus((u'à bo kilogrannnes par hectolitre. En France, d'après les chillres donnés par -M. Boussingault dans son Traité d'économie rurale, le poids de l'iiectolitie est de 77 kilogrammes en moyenne, et ses variations ne s'étendent qu'entre 70 et 80 kilogrannnes. Ces chiflres sont d'autant plus remarquables que les colons d'Austrahe ne mettent en usage aucune des ])ratiques d'une agricul- ture savante, ni les engrais, ni les assolements, ni même les jachères ; qu'ils se contentent de labourer, de semer et de récolter. » Je ternùnerai là, messieurs, l'hisloricpie de racclimatation du froment, je pense (pie l'exemple de l'Australie convaincra ceux qui n'attachent pas grande foi aux lictions de ranliquitc' : et s'ils ne croient pas à Cérès, ils ne peuvent disconvenir qu'il y avait encore, au wm*^^ siècle, un pays fertile aussi grand que l'Europe, qui attendait son Triptolème, Le froment est donc le grain par excellence des peuples de rEuroj)e et de (t) Daresle, liapporl sur les olijels donnes à la Société par AIM. Mac Arthur et BonsfieUI, commissaires de l'Auatralio à l'Exposition universelle (Bulletin de la Société d'acclimatation, année 1856, p. 57). 532 SOCIÉTÉ I.MI'ÉRIALE ZOULUGIQUE d' ACCLIMATATION. l'Asie occkk'iilalc, roiiinic l'atlribul (!<• I; CONFÉRENCES. 53.> Le (It'sir de roniédior à rollo insnlubiilii ;( lait lairc do noiiibroux essaie pour introduire rlicz nous la variétô appelle riz soc, et la Société d'acclimata- tion, qui n'a considér(' que lo côté éniineninient moral, qui ne s'est pic<»c- cupée qu(^ de la question d'hygiène, a donné elle-même une impulsion à ces tentatives. Ces tentatives ont été infructueuses. D'abord on s'est mépris sur la siij;ni(ication de l'épithètc sec appliquée au riz: ce n'est qu'imc afTairo <|c comparaison: tandis que les autres variétés ont besoin d'être plongées sous l'eau, celle-là n'a besoin que d'être arrosée. Sa sobriété n'est donc que rela- li\e, et si on la rapproche de nos autres céréales, on voit qu'elle aime encore beaucoiq) trop à boire. Mais cette complication, que l'on n'avait pas prévue, n'eni-elle pas existé, nous n'aurions pas davantai^e réussi, à cause des ques- tions économiques que je développais tout à l'heure. L'acclimatation doii être assez lière d'avoir fécondé par l'importation de ce précieux !>'-ain les marais de l'Amérique sans ajouter rien à l'insalubrité de ces contrées; en ce (pii concerne ri'Juope. notre Société, dont le bul élevé au-dessus de ions les détails est le bien public, devra se féliciter de voir disparaître u)i jour celte culture des plaines assainies de l'Italie septentrionale. ije maïs est la nourriture principale des populations américaines, et ton! porte à penser (pi'il est originaire d' \m(''ri(pie. La culliue du maïs était extrêmemeiu ancienne en Amérique lorsque les Espagnols y débarquèrent. Le père Martyr, Ercilla, .Fean de Léry et d'autres, nous racontent que les premiers Européens qui mirent le \mû dans le nou- \eau monde y virent, enti-e autres merveilles, un blé gigantesque aux feuilles longues et lisses, à la tige élégante et au grain doré. « Plusieurs peuples, dit Bonafous (1), cél(''braient sa récolte par des fêtes religieuses. A Cuzco, la \ille sainte, où résidaient les Incas, les \ierges du soleil préparaient avec le fniil d(> celte plante le pain des sacrifices qu'elles teignaient du sang des victimes. Au Mexifiue, on en formait des idoles (|ue les prêtres brisaient el (listribuaieiu en parcelles à la multitude. Lue Cérès vénérée sous le nom de ('inteutl, dérivé de celui de Ceutli, qui était le nom du maïs en langue mexicaine, rivevait en offrande les prémices de la moisson. Tous les peuples, au Mexique, au l'érou, au Brésil, à l'Orénoque, dans les Antilles, se nour- I issaient de cette graminée. » La loi mexicaine punissait de mort quiconque (li'-idbait sept épis de maïs; ce grain, dans ce pays, servait de monnaie. Torquemada ('2) rapporte que, sous le règne de ;\Iontezuma, les inondations causèrent ime si grande disette, ([ue les Mexicains se vendaient comme esclavi's jionr avoir des aliments, les hommes pour cinq cents épis de maïs, el les femmes pour quatre cents. Nous ne dcîvons pas, cependant, passer sous silence les faits qni ont éveillé des donies sur l'origine américaine de cette plante. D'abord on a cru recon- naître le maïs dans ce millet dont parle Pline, impcu'té de l'Inde de son temps ; je crois avoir démontré ailleurs (jue ce millel l'iail le sorgho. Onelqnes tra- (1) Uisloirc luilnrelle, mjricole el économique du itiais. I^;iri<, \H^Ci, iii-|,i|. (2) Toniiictnada, liella monnrchla iiuliatui. Madriit, 172.">. h'Ml SOCIÉTÉ IMPÉRTALE ZOOLOf.JOUE d'aCCLIMATATION. (lucteurs de 1"h('îopliraslo, l rompes sans douie par le nom scienlifiquo du nmsiZea maya), on criil le reconnaîl re dans le 'Cêià dn botaniste grer ; je crois qu'il n'est douteux pour personne anjourd'lini que le ^sià ne fût IVpeautre. Le nom vulgairement donni- au maïs, l)lé de Tiu'quie, suppose une origine (U'ientale ; mais à Tc'poque où il lui importé. Mahomet et Sélim élaient plus connus que Christophe Colomb. Les Turcs préoccupaient rallenlion univer- selle, et tout ce qui était étranger était Turc. Une objection plus sérieuse est l'assertion de .toini Crawlurd, qui affirme (pie le maïs était cultivé de toute antiquité dans rarchipel Indien. De phis, cette plante se trouve figurt';e dans le li\re cliinois sur Tagriculluie de Li- chi-tchin, ouvrage conunencé en 1552, et terminé en 1578, c'est-à-dire un demi-siècle après la découverte de rAmérique (1). Enfui, je crois qu'il ne faut allacher aucune importance à la découverte, l'aile par Uifaut (2), d'un grain de maïs dans une momie égypiienne, à cause de la difficulté d'établir que a: grain n'y avait pas été glissé à dessein pour mettre à défaut l'archéologue. D'ailleurs, rien ne prouve que le maïs originaire d'Amérique ne se soit propagé jusqu'en Chine à tra\(Ms l'archipel Indien, à une époque bien anté- rieure à la découverte de l' Ann'riqne ; mais r(''tonnemenl des premiers Kuro- péens qui visitèrent le nouveau monde, à la vue de cette plante, prouve bien qu'elle n'avait pas encore été introduite, et surtout cultivée en Europe jusque-là. Des voyageurs en avaient peut-être apporté à des époques anté- rieures quelques grains comme curiosité, et si l'on croit à l'aulhenlicité de la momie dont parle Uil'aut, on peut conjecturer que le mort illustre qu'on avait enseveli avec cette graine était un voyageur qui avait rapporté cette plantcinconnue, et qui en avait peut-être même lente en Egypte l'acclimata- tion ; ce qui est certain, c'est que le maïs n'est entré dans notre agriculture (pie depuis la découverte du nouveau monde, et à l'exemple des Américains. Tout en demandant un climal moins chaud que le riz, le maïs ne mûrit guère que dans le midi de la l'rance; dans les pays plus mé-ridionaux, il se rapproche davantage de celle merveilleuse fécondité (pii, dans les plaines du l'(.'rou, lui permet de donner deux ou trois ri'coltcs par an. D'un usage moins général que le riz, il ireiilre anjourd'lini (jne par excep- tion dans notre alimcnlation, et n'est pas, comme le riz, l'objet d'une impor- lalion considérable. JiCs habilanls du nord de l'Italie, ceux du midi de la France, les habitants de la Bresse, en font cependant usage. Ce grain, altéré, donne, dit-on, naissance à une des maladies les plus alîreus(^s qui aifligent les paysans pauvres du Midi, la pellagre. En somme, partout où le blé se peut substituer au maïs pour la nourriture de l'honnuc, c'est un véritable progrès. Chez les honunes de la campagne qui usent peu de nourriture ani- male, c'est le pain, et, quoi qu'on en ait dit, le blé seul fait du véritable pain , c'est le pain le meilleur qui donne le plus de force et de santé. (1) Plien tsan kaiuj mou, par Liclii-lchin. (2) RifMiil, Ynijauf en Kgiw'^^ i^i' \iihie et Hcii.r rhroiivnis'nix. nfLLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 535 Pour les animaux, au coiitiairo, lo grain de maïs csi préférablo à tous les autres. U n'y a pas de grain, dit Parn.enlicr, le père de la ponnne de terre que les anmiaux de toute espèce aiment autant, et qni leur profile davanta-e' Pour l'engraissement des volailles, les poulardes de Bresse proclament^sâ sup,'.riont(-'. Dans les pays chauds, on en donne aux chevaux en nlace d avonie, Enhn, lorsqu'on ne veut pas laisser mûrir cette plante, on la coupe en vert, et en la donne comn.e fourrage aux bestiaux, qui en sont très Iriands Kilo augmente, dit-on, la quantité et la qualité du lai! ; aucune prairie arli- (icielle ne donne une plus abondante récolte. Nous devons donc encourager t uis les essais d'acclimatation qui portent sur les différentes variétés de maïs, parce que l'introduction de cette grami- nee dans nos assolements ne p.ut avoir qu'un ellet favorable sur toute notre agricnlfin-e. •le ums ai parlé des in.is céréales qui, dans le monde entier, depuis l'équa- leur jusqu à 7 ou S degrés du cercle polaire, sont le principal aliment de I honme. J'ai laissé de côté un grand nombre d'autres plantes du même groupe pour iesquellesj-aurais eu à vous développer à peu près la même histoire vous les n.onlranl naissant connue le blé, dans une contrée fertile du monde 01 se répandant chez les dill^^renls peuples, tantôt jetées par hasard, tantô; .•Hpporlees par la main bienfaisanle d'un voyageur, laniOt introduites au n.ili.'u des désastres d'une invasion par des barbares conquérants Pour le blé seul, j'ai pu vous montrer des contrées où il est cullivé depuis tin temps nnmémorial, bien qu'il n'en soit pas originaire, comme l'f .^ypte • i Fendant tout le temps de sa maladie, c'est-à-dire pendani deux mois, » cette nourrice n'a pas bu une goutt(> d'eau. » .le signale ce fait uniquement pour appeler l'attenlion sur la remanpiable u )V(,s//c//^'de cet animal. Il était malade pendant la saison la plus cbaude, » il nourrissait, el sa maladie lui dounail ime lièvre ardenle intlanmialoire. » (Uie faul-il de plus pour l'indiquer connue j)arfailemeiU adapté par la » nature pour eire le pionnier du déserl australien V » 5:^8 soGiÉT?: imppjriale zonLor-ioiiE n'ACCLiMATATir»-. fy-rerisse auslralirinif âo (irande ilimenaion {Crcuj/isli, Luhsier). « On nous a monlrL' liin pour l'ac- rlimatalion. (\\ù veuille interdire son réservoir à tout visitem-, au moins tout le temps nécessaire au développement de cet intéressant Crustacé? » Sur 'im Millet d'eau douce en l'usmanie (fresJi water MuJlet). Ce j)()iss(»n si lin et si délicat de la Tasmanie, est signalé aux amateurs de pèche conune un excellent « sport «, parce (|u"il \ieni à {"appât avec |.i même tiicilit('' (jiic le l'ont les Truites en Angleterre. F.diiration de Versa soie en Ausiralie. « Quatre bouteilles renfermant de la soie brnteoiit été" déposées dans nos bureaux, dit le rédacteur du journal VVeoinan. » Deux bouteilles renfermaient des cocons ; « Deux bouteilles de la soie lilée. 1. Il y avait deux teintes : l'une d'un beau jaune doré, l"autre bianHie inclinant sur le vert. » \ons ne connaissons ui la qualité des 7)0?»/n/ic (juilesont proiluilcs, ni ). la nourriture (jui a é-ti' donnée aux insectes. )> Jile du. lapon, rouge sans hurhe, et précoce. On cultive àlîallimore (États-Unis), avec succès, un blé rouge sans barlx^ (|ui a é'Ié imporii' du .lapon. Sa précoce maturité est remarqu.ible. Pour ce motif et à cause des vents chauds qui quelquefois délruisenl les espèces ordinaires, on désire que ce blé soit introduit en Australie (Victoria). 1/Algérie et même les départements méditerranéens doivent avoir aussi grand intérêt à l'essayer. (1) l'uiliUcf, laviMir il'or an inovon de l'oau (\nf lui fournil lo tlam on iKirrnîo, cl iri.n nirili'nr I n'inliiiri'. V. CHRONIQUE. Extraits du Bulletin dp hi Société d'acclimatation de Prusse (février i862), pm* M. Wrignaii-t. LeJhdletin de la Société d'acclimatation du roijaume de Prusse contienl dans son iiuniéro de lévrier 1862 (pour le T semestre 1861), plusieurs ma- lii'res intéressantes donl quelqnes-unes ont été emprunléesà notre Ihdletin, uotannncnl le rappori relutif an l'iud'Arcadie {Ahies regiiiœ Amaliœ), par M. Tli. \. tleldreicli, el le travail de .M. Jules Delon sur le Melopsittacus u.7idulatus. Il renferme, en outre, une \oliceJjiographiqnesur Isidore (ieofTrov Saim- llilaire, el une description de notre Jardin d'acclimatation. Parmi les articles inédits publiés dans le même numéro, nous avons re- inaniiu- : 1" Ln rapport sur les essais de culture relatifs aux graines qui oui l'ié distribuées au priulemjjs de l'année 1861; 'i" Une notice sur l.i culture de la Vigne en Crimée, p r Fr. jNeidisk ; o" Un rappori sur le Hiz sauvage de 1" Amérique du Nord, par M. Frédéric Mibue, qui a élé inséré au Jiulletin (voy. numéro de février 1862, p. 122). Le rappori publit- à Berlin sur les essais de culture relatifs au\ graines qui <»nt élé distribuées au printemps de Tannée 1861 renferme des rensei- gnements sur diverses variétés de végétaux, parmi lesquelles nous cilerous le Alaïs jaune de Carintliie, le Mais de Terzano, le précoce d'Auxonne, le forty doys (ou de quarante jours), ei quelques belles espèces de Maïs d'Es- pagne; rOrge riz de Christiania , l'Avoine du Kamtchatka, les Millets rouge el brun de Christiania. Parmi les Pois, l'espèce que l'on appelle Pois d'aijondance {Krbse des I eberflusses) a généralement fait honneur à son nom : c'est un Pois des champs à petites graines, d'un très riche produit. Le Pois vert d'Angleterre Pois des champs) est aussi fort estimé. — Au nombre de Pois de jardin, le Pois (le Chine et le Pois Mamnnith sont désignés par plusieurs correspon- dants comme particulièrement recommandables Les nombreuses espèces de Haricots prospèrent généralement. Cependant les plus remarquables sont, sans contredit, le Haricot nain de l'Osl-Frise, le l^haseolus obliinfjus vinosus, l'Early yelloïc six treek, le Pluiseoliis olilnn- (jus turcictis, et le Phaseolus sphœricus pumilus. Le Haricot grimpant d'Algérie est également très estimable Tout un assortiment de Haricots grimpants qui a été envoyé de Paris. \A\iilantus ijlandulosa est presque partout bien venu. Ce bel arbre a prs élev('es soûl |)res(jne enlièrenienl couvei'les de Pins lauriques: la neige y séjourne assez longlemi)s. tandis que dans les vallé'cs, la Huse .v^/(( - per jlorens est, à A'oël, en |)leiue lloraison, La culture de la Mgue en (aimée est possible jusqu'à une banlenr de 1200(1 pieds; mais, dans celte r(''gion, se rencontrent des couclies de galets et de gravier rouge où la Vigne ue vient pas. Elle prospère surtout dans les conciles de scliistes. G( s derniers terrains doivent être d'abord remiK's avec un fort boyau; a])rès avoir été exposés de dix à vingt ans à l'air bninide di> riiiver, ils se laissent enfin maniera la bèclie. — A Mkit(% se trouve peut- être lu plus belle collection de raisins qui soii au monde; en deliors des espèces européennes, on \ admire des raisins provenant des contrées asia- tiques avoisinantes, et ([ui se distinguent surloni p.n- le \obmie des grappes et des grains. Eu '] 8^G,[la récolte du \ in en Grimée s'est élevée, d'après la (Icnelle rnsfir d'économie rurale, à (lo/i 000 wedros (1 wedro r= i'2 quarts). Le \iu d'un an oïdinaire se \en(l de ."iO à V!") kopecks le wedro : de meilleiu'c (pialiti', il CHRONIQUE. oAl aUciiil le prix (le 80 kopecks et inèiiic (riiii ronhle el (piiiil. Le vin do i)lii- sieiirs Hiiiiées vaiil de o à i n»iii)l('s le \\edro. — On peut adiiiellie (pie l.i \ilieiiiliire i)roi;resse cliaqiie année de 5 i)onr J 00 ; en sorte , en Crimée, l million de wedros sont mis au jjii'ssoir. Les lielies i)ropriétairesqui occupent la côte sud ont importé les nieilleiiics espèces de raisins de France, d\/\llem.i^ne,d'Kspai^nr ci d" Italie, dans Pespoir (robtenir des \ins pareils à ceux de ces di\eise> contrées: mai^ le sol argi- leux et la situation des montagnes vinil'ères en Crimée, dont les pentes sonl exjjosées an nn'di, ont modifié les (pialités du raisin en peu de Imips ci d'une manière notable. Dans les environs d"Odessa. on cultive aussi b('au- coup de vignes, mais la position et le climat n'y sont pas, à beaucoup près, aussi lavorablcs (jue sur la cote luéridionale ; plus de i)récaulions y sonl né- cessaires. .S/fc iiii iiuiireau iiiudrile iulinre el de cimscrcalion des l'atuities de tPirr, eiiijildyé imi- M. /»'. /{. Gauthier, par M. A. Dui-urs. Aussitôt après la récolte des luberiiiles. on choisit les plus gros ei les moyens, que Ton réserve pour la plantation. Les gros sonl cou|)r's, ,sui\,ini leur volume, en deux ou ])lusieurs morceaux, dont chacun doit être muni de (piel(jues yeux. Les viteloltes sont coupées longiludiiialement et non en travers. Celte division doit se l'aire im mois environ après Tarracliage ; la section a ainsi le temps de se cicatriser avant la plantation. Les tubeicules réservés sont mis d.nis des boites à claire-voie )> /n pro- fondes et d'une dimension qui les rende laciles à transp(uter ; on les laisse ainsi exposées, pendant un mois au moins, à toutes les variations atmosphé- riques. Si l'on a à craindr.' de lortes gelées, on les met dans un endroil abrité', mais at-ri' : il l'ant l'viter surtout de les renfermer dans la cave. On aura soin, dans le transport, de ne pas casser lesgerme.s. Vers la mi-avril, on plante, à la dislance de C'-'^O à 0"',JOe| ,i la j)ro- londeur de 0"',1G: on répand sur les tubercules un peu de tumier. (Uiand les liges sonl sorties de terre, on leur donne un binage, par un temps sec. Vu mois environ après la plantation, ces tiges ont atteint uni' lianienr de 0"',25. Dès qu'elles sonl assez lortes, et que les tubercules commeiiceni à se former, il fani bulter les liges à une hauteur et une largeur (pu dépendenl de leur force, s'abstenir d"arroser . ei suspendre le biillage .s'il venait à pleuvoir. Lorsque les fanes jaunissent, c'est signe que |e> l'(>nuMe^ de lerre sont iiniies-, il laul se hâter de les arracher. Ce niode de culliui' constitue un procédé- indirect, mais réel, de préseï - v.ition, puisqu'il permel de révolter îles tubercules bien nu'u's avant l'époque à laipiellc a lieu ordinairement l'invasion de la nudadie. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION. I. _ .l/rt/csllc mois dos éclosioiis. CVsHiii chainiani lablonii que celui des Faisans, Toinleielles, Poules, Dindes et Canards menant leurs couvées dans les parcs d sur la rivière ; jusqu'à présent on peut estimer que la réussite des œufs mis en incubation est de moitié. La ponte des Poules n'est pas ralentie, nous avons eu. dans le mois, 'i017 œufs des diverses espèces de volatiles ; celle des Oiseaux d'eau est terminée. On a remarqué ([ue les Faisans lâchés dans les parcs avaient moins pondu (juc ceux tenus en volière. Au contraire, les Colins laissés plus libres dans la grande volière ont plus pondu que ceux mis en cage, ce qui est contraire à des laits cités par d'autres observateurs. Les Paons du Japon, le Lopliopliore et le Tétras ont continué de pondre ; leurs œufs sont au lur et à mesure mis en incubation. Les Brahmas, les Cochincliinois, et après, les Bredas et les Campines, sont, parnu' les Poules, celles qui fournissent le plus de bonnes pondeuses. Les Brahmas, les Cochinchinoises et les poules négresses sont les seules (|ui aient témoigné le besoin de couver. II. Mitmmifèrcs. — Nous avons eu en naissances : Une Biche-cochon, un Che\reau de Mascate, un Agneau de Caramanie croisé de Alérhios, un Veau croisé Zébu et de vache Sarlabol, dix-sept Lapins cl un croi^t• de demi- \ak ( I de Zébu. Ce dernier |)roduit oll're trois sangs : il est moitié Zébu, un (juart Yak el un quart Vache ordinaire (la mère est d'un mâle d'Yak et de Vache), Il paraît tenir plus de l'Vak que des deux autres espèces qui ont pris part à sa production ; il a la tète, le garrot el la queue de l'Yak ; son i)oil n'est pas frisé, et il ne présente aucun rudiment de bosse connue le Zébu ; il est aussi plus élevé sur ses jand)es que l'Vak. Ces croisements n'ont pas éi»' faits à dessein, ils sont le ré-sullat de ces rencontres involontaires si diUiciles à éviter dans vuie grande réunion d'animaux ; mais ils doi\enl être notés, et l'observation en profitera. <^)uelques saillies d'Anesses par niémione et de Génisses par les taureaux Yak ont eu lieu sur les animaux présentés par des particuliers: malheureu- sement ces sortes de croisements ne sont pas a.sscz recherchés par le j)ublic, et la propagation des espèces acclinialées reste toujours plus diflicile que l'acclimatation elle-même. On a lemanpié, le 28 mai, que la Phascolome femelle avait été couverl"' par le mâle. L'accouplement de ces Marsupiaux est singulier : c'est le mâle qui se couche sur le dos en travers, et c'est la femelle qui se place sur lui : ils restent assez longtemps dans cette position. «Quelques animaux vivent en troupeaux plus facilement que d'autres. Ainsi, les Axis s'empêchent de manger, le plus fort chasse les autres. H en est de même des Biches de France; les Lamas se contrarient aussi, pareillement les DLLLETLN MENSUEL DU JAUDIN DACCLIMAi ATIU.N. Ô/|o C.hovros. Ali coiilraiie, le Cerf-cochon, le Cei 1' rnsi et les Antilopes nil}j;anls t'ont l)on nién;it|,('. ['ainii les Oise.ui\, la (iiue d'Australie, après avoir vécu en boinie iiilelli- gence avec sa lemellc, Ta frappée un beau jour, au point (Venlever la peau (le la tète, el après guérison, lorsqu'on a essayé de la lui rendre, elle l'a tuée pendant la nuit. Nous avons une Faisane de AVallich qui a déjà tué deux Coqs, et il n'est pas rare de voir de mauvais ménages, même entre les Poules et les Coqs ordinaires. llf. MorlaliU'. — Un Chien de luonlague, un Bélier à grosse (pieiie, sept Lapins, quatorze l'ouïes, douze Coqs divers, nue Grue d" Vustralie, une Caille d'Australie, ceiU ([uatre-\ ingl-un Oiseaux d'eau de provenance sauvagi' et récente (près des deux tiers des envois qui nous sont faits nieureni dans les premiers jours de l'arrivée), trois Faisans, un Colin de Californie. La maladie pseudo-membraneuse des Poules, a presque entièrement cessé. De IroisCochinchinoises mortes subitement et en pleine santé, l'une ayant été ouverte, ji; lui ai trouvé les oreillettes et les gi'os vaisseaux du Cd'tu' distendus ]iar des caillots d'un sang noir solidifié ; ce sont de véritables embolies pareilles à celles qui dans ces derniers temps ont été observées chez l'iionuiie. I^es poumons n'étaient plus rosés et aérés, mais noirs, comme après l'asphyxie. 1\ . Dons. — La Société a reçu en don : 1" du jardin zoologique de Mar- seille, les deux xVutruches nées en l'ro\ence el qui ont obteim la médailli' d'or à l'exposition des volatiles du mois dernier : ces jeunes Autruches, à peine âgées (rini an, sont aussi vives et aussi robustes que celles venues d"Alri- quc, à côté desquelles elles sont placées et dont on ne les distingue p;is lors- (pi'on ignore leur provenance ; 12" une Chèvre du Tibet de M. ijourdin ; o" deux Chiens griObns d'une très jolie race que possède madame la ])rincesse de Craon ; A" et plusieurs lots de volailles laissés par divers exposants. V. Aquarium. — Continue à intéresser vivement la curiosité du public. On avait reçu, au conunencement du mois, de M. Coumes, ingénieur en chef et directeur de rétablissement de piscicullure d'IIuningue, une belle colleclioii de Truites des lacs de la Suisse, d'Ombres-chevaliers, de Saumons du lihin, de Carpes miroirs et d'Écrevisses bleues de Aiunich. Les Saumons et la Truite n'ont pu \ i\ re dans les bacs que quelques jours ; probablement le robinet d'eau qui alimente ces bacs ne forme pas un courant assez fort, et leau dans cettf saison est à une temi)érature trop élevée pour ces espèces. \ I. MaijUKiierie. — A été ou\erte en avril. Les graines de Vers à soie du Mûrier obtenues des éducations faites l'an dernier au Jardin et envoyées par diverses personnes ont été mises à l'incubation du 10 au 12 avril. Les graines de races fnmçaises ont été données par M. Llrich Schnell (de Bourg-Argental), et par AI. Aug. Dorel (de l'Isère). Des graines de race japonaise proviennent d'écUications françaises par madame veuve Boiicarut; '^hh SOCIKTI': IMI'ÉKIALE ZOULOGKjUE d'acCLIMATAI iON. \oii.s avons reçu de M. le baron do Pourtalès des graines de races élian- Sères, de Nouka (Caucase), d'AsIi (Piémont), et de S\iie. Les unes ei l(>s autres ont accompli leur première mue du 2 au 5 mai, la deuxième du 8 au 18, la troisième du l'i an '2/|, et presque tontes avaient accompli la (juatrième mue à la tin de mai. Les éducations ont été en géné-- ral régulières. Les races françaises surtout se sont très bien «(importées ; il n'\ a en (|uel(|nes ntorlalilés que dans la race piémontaise, de la troisième à la ((uatrième nuie. Les Vers de Syrie onl seuls présenté les taches noires qui constituent la maladie appelée la pébrine ou gattine. M. Jules Pinçon, ancien magnanier, aujourd'hui caissier an .lardin, qui a •'lé- chargé de dirigei- les éducations de nos A ers, a tenti-, celle amiée, un ess;ii d"unc éducation connnencée et suivie sans l'eu. Alalgn'' quchpies jours d'orage et de pluie, cet essai paraît devoir donner des résultats satisfaisants. \ la fin de mai, les ACrs de 1' Vilante et ceux du IWcin connnençaient à donner des éclosions. VIL Jardin. — La température a l'-té en moyenne de 1 2" au-dessus de /.éro à six heures du malin, de + 25" à trois heures de l'après-midi. Minimum, + 8" ; maxiimnu, + '-'^"• Le temps a été très fa\orable à la végéialion. Ja's principales Heurs du Jardin sont les liliododendrons, Dalura, Acacia rose, Uelphiniumel Digitales. [.!• Jardin d'expériences continue à se garnir. On y remarfpu! ('.es Cannes à sucre ; plus de trente espèces de ('aicurbilacé('s comestibles ou ornemenlales ; (Tautrcs plantes de rAustrali(\ du Sénégal et de la Chine; Larbre qui doinie la gonmie arabi(pie ; l'Acajou et le Sandal, Dans la grande serre, une magnifique iNlauve doiniée par M. Daudiu attire les regards. Les Azalées laissent tomber leurs dernières ileiiis. .Nous avons re(;u de la Société im])ériale : deux vari('tés de (juinquiiias, diverses graines de la Chine, le Sou-tsin ou.\<''flier jaune, et trois troncs d'Aroidées qui paraissent être des Caladimn; — d(.' M. L. IVclierniaw, douze espèces de graines fourragères des steppes de liussic nn-ridiunale : — de VL V. .Jacquemart, plusieurs pieds d(' l'Ortie blanche; — de .\L ilayes (deChandcr- nagor), des graines dr Tek, Sandal, l-'hnnbojant, et autres arbustes à fleurs; — de M. Drouyn de Lhuys, plusieurs jeunes Araucaria imbricuta; — il(t n)ad.une Marques Lisboa, dame patronnesse du Jardin, une collection d'Or- chidées du r.ri'sil : — de M. \. Salesse, des graines de Trichnsantlirs aiujairni, Cucurbilacée de Tile Maurice; — de Al. Haynaud, dix huit variétésde graines (le la Chine et d»; la Cochinchinc Le J.irdin a é|(' \isii(- en mai par oôOOO personnes. Le Ihivlciw (In Jardin d'u<\iiiitalaliun, lÎLl'Z DK Lamson. SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGiaUE D ACCLIMATATION. OUGAiMSATlON RILU VhMm \Ui. LISTE DES SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES ET DES COMITÉS KÉGIO-\AUX, . . ET SEKriÈMI': LISTE SUPPLÉMEM'Air.E DES MEMmiES. S. »I. L'EMPERFAiR, protecteur. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION. ;/tr-/i/T?((/(n!.s. MM. DUOUY.N DE LHUYS, pirsidciU. El' prince Marc de I5EAUVAU , '■ MOOLIN -TANDON, f Aiiloinc PASSY, i RICHARD (du Cantal), ' Le comte d'ÉPUEMESiML, fun-claire gcitfnil. E. DUPIN , sccrétivire pour l'inléricnr. GEÉHIiN-MÉNEVIELE , secrélaire du Conseil. Le comte de SllSETY , secréUtirc pour Vi'lnmjci L. SOUBEIRAN, secrétaire des séances. Paul BLACQUE, trésorier. COSSON, archiviste. UU. Dk BELLliVMK. Fréd..jACQUEMAlVi Rliz de Lavison. Le M's de Selye. M^l..!. CuinUET. De Quatrefacks. RUEKIEH. Le baron Séguier MM.Fréd. Davi.\. Debains. A. Dlmeril. I'omme. Conseiller honoraire : M. Albert GEOFFROY SAINT-lill.AIKE. DÉLÉGUÉS DU CONSEIL EN FRANCE ET DANS LES CCLONIES. Alijer, MM. iiOCUE. Bordeaux, Bazin. Ciien, LePresthK. fV/-«ay(llaut-Bhhi), A. Zlu\cheb. Clcr mont- Fer rand^ H. Lecoq. Douai, ■ ■ L. Mauf'.ice. Maure, H. Delaroche. Djon, F. Lecoù. Marseille, Ant. Hesse. Mulhouse, Fr. Zuber. Nancji, MM.MoNNiEii. Xapoléon-Vendée, H. GoURDlN. Poitiers, La, Réwiion. Rouen, Saint-Queutiit. Toulo)), Toulouse, ]]'esserlin(j. linLLARD. A. Berg. POUCHET. Tfieilmer-Des- .(ARDINS. llRREL. .lOLY. (jROS-HARTMANN. vilj SOCIÉTÉ IMTEIilALE ZOOLOCini E I) ACCLIMÂTATIdiS . J.a Société cl'ugi'iciillnre, arts t't cuiniiierce de lu Cliareiite, à Ani;oiilciiic. La Société d'aifricullurc d'Abc/. La Société d'agriculture et de statistifiue do Hoaiiiie. La Société d'agriculturo, sciences, arts et belles-lettres de i'JMire, à Kvreu\. La Société d'agriculture du Puy-de-Dôme, à Clrrniont-Feri'aud. La Société des sciences naturelles et archéologiques de laCreusc, à Guéret. La Société d'iiorticultuie de la Gironde, à l'ordenux. La Société d'agriculture, sciences, aits et coniiiierce de la Haute-Loire, au Puy. La Société d'agriculture de l'arrondissement de D()le. La Société d'agriculture de la ilaute-Garoiine, à Toulouse. Le Comice agricole de l'arrondissement d'Alais. La Société des sciences, agriculture et arts du i!as-Uliin, à Strasbourg. La Société centrale de l'Yonne pom* l'encouragement de l'agriculture, à Auxerre. La Société d'agriculture de Seine-et-Marne, à Mehui. La Société d'agricidture de Provins. La Société d'agriculture et de l'industrie de Toiuierre. La Société d'horticulture de l'Aube, à Troyes. La Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de la Lozèie, à Mi'ude Le Comice agricole de Melun et de Fontainebleau, à Meliui. La Société d'horticulture de Nantes. La Société d'agriculture de Loulians. La Société d'horticulture de Bergerac. La Société d agriciillure de l'Ai'dèche, à Privas. La Société d'horticulture et d'arboriculture de la Côte-d'(h', à Dijon. La Société d'agriculture et d'horticulture de Cliâlou-sur-Saône. La Section d'acclimatalion de la Société d'émulation des Côtes- du-.\ord, à Sainl-Drieuc. La Société d'agriculture de l'arrondissement de Saint-Omer. La Société d'agriculture de la province île Savoie i»ropre, à Cluunbéry. Soeâéaés agrégées éJi'îisigèfcs. La Société d'utilité publique de Lausanne. La Société d'économie rurale de la Côte (canton de Vaud). L'Académie royale d'agriculture de T\.mn{Reiile Acc(iil.il\njric. ili Tonno). La Société du Cercle littéraire do Lausanne. La Classe d'agriculture de la Société des arts de Genève. La Section d'industrie et d'agriculture de l'Institut genevois. La Société impériale et royale d'agriculture de Vienne {Die koiscrlicli- ko7vgliclw Landswirthschafls-Gcficllschulï in Wien). La Société séricicole de Pologne [Spolka jedirabnicza polska), à Varsovie. La Société agronomique du Frioul {Associnzioue mjraria Friiihmn), à Udiue . La Chambre d'agi'icultiu'e de Port-f>ouis. La Société d'ogricullure du duché de Nassau, à Wiesbaden. L'Institut agricole catalan de San-lsidro (Insvilulo mp-icola catalan de San- /s/(/ro), à Barcelone. La Société d'agriculture de Valence. La Direction centrale d'agriculture de Stullgard. L'Académie agrononiiipie de Hohenheim. SEFÏiÔÎE LISTE SITItÔinTAlHE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ niPÉHlALE ZUOLOGKJIIK llVCCLIMATATIOîV. Membres admis tlii 27 avril 1861 au k; mai J8(i2 (1). S. A. S. le PRINCE DE MONACO, nie St-Doniinique-St-Germain, i?;. S Exe. DON LOPEZ, pn-siilenf de la réimhliqiie du l'aragiiay. S. Exe. le gvnéral DON i'.AMON CASTli.LA, pn-sident de la iv|.Mhli.|iip du Pérou. MM. AriiP.R DE MoNTr.ASCON (le baron Justin d'), quai Voltaire, 17. Adam (Alexaiulre), membre du Conseil général du Pas-de-Calais, |irésidenl de la Chambre de commerce de Bonlogne (Pas-de-Calais). Alcan (Michel), professeur au Conservatoire impérial des arts el métiers, membre du Conseil de la Société d'encouragement pour Tindu^lrie nationale, rue Eaffitte, 45. Almazan (le duc d'), rue d'Astorg-, 27. .\lvaro (Ruizdc), secrétaire de l'aïubassade d'Espagne, rueTronchel, 33. An'DLAU (le comte Gaston d'), chef d'escadro!) d'état-major, attaché mili- taire à Vienne, et rue Roquépine, o. AiuucN'Y (.Joseph d'), an château d'Enrozay, près Langros illaule-Mariie). Arrxtiére (d'), propriétaire, rue Joubert, ?8. Artaud-Haussmann. rue de Tournon, 15. Assegûnd (Casimir), propriétaire, à Melville-Coupillières (Eure). Arp,ER.iONOis (Gustave), propriétaire, à Lausanne (Suisse). Ai;de (A.), maire de Chaumes (Seine-et-Marne), me Duphot, 15. Ai'DIFFRET-Pasquier (le marquis d'), membre du Conseil général du dé- partement de l'Orne, au château de Sassy, par Morti'ée (Orne), el rue du Château-des-Fieurs, 1 . AzAMBUGA (le docteur A. de), chargé parle Brésil de missions scientiliqiu;s et agricoles, rue du Chemin de Versailles, 39. Raillet (Henri de), propriétaire, à Siregeolle, prés Jîergerac (Doidogne). Railey-Dutiixieiin, manufacliH'ier, à Douai (Nord). Rali.ereau (Julien), architecte, à Napoléon-Vendée (\'endée). Ranneville (le marquis de), ministre plénipotentiaire, dii'ecteur des alTaires poliliipies, au ministère des affaires étrangères. Rarbet, chef d'institution, rue des Eeuillantines, 9. Rai'X (Alphonse), rue Sylvabelle, 87, à Marseille (nonches-du-Rhùnel. (I) Pour 1rs iiiuiiibres .•iiilcrii'urciiicnl iidiiiis, voyez la !Asl.' ijni,'i-dlt> des mirmhrcs, t. H, p. x\ii '.< xi.va ; 1.1 l'reininr. liste supplcmeiilaire, 1. Ilî. |i. xii .'i xfSC; l;i Devxlèmc, i. IV. ]. IX à XX ; la Trinsihn,', t. V, p. XI .-i xxiv ; In Qurilrirm,'. I VI, \i. \|l ù vv; ; \i CJiirlvih.nC- I \ 11, p. Mil ;i \vi, ri 1.1 Si.rîime. t. VIII. y. vu l'i \\i. X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE n ACCLIMATATION. Reaulieu (A.), (lo la maison N. Sclilumberorer e\ C% à Ouelnviller (Hanl- Rhin). lîEC (Léon lie), au château de la Monlanronne, par Saint-Cannal (Uoiiclies- ilu-Rliûne). RÉREWER iM. C. F. <>., vicomte dei, ;i rjierhnnrg (Mandie). Rerg (le docteur A.), dckùjai'. île la Sociét'\ à Saint-llenis (la llémiioii). l)ERr.oiNiorx (Edouard), rue de Tounion, 9. Rernoville, menibri' du (lonseil "énéral de l'Aisiit', à S;iinl-(.>uenliii. Rerrïer (Pierre-Antoine), avocat, rue Neuve-des-l'elils-CliMiniK, liV. liEHTOCHE (11. V. l'iuondel di- la), rue du Uac, 4i». Rerzanson (Paul), à iireuclies, près LuNcuil dlanle Saùnn. Rezançon (Charles), à Savigny (Hanle-)lrii'nc). Rir.NAMi (E.), à Rologne (Italie) Rlanchard (le général), à TÉcole niilit;ui-i'. RLANCHETdlabriel), ruedeSeim-, I0. lil.AN'r.lim' père, l'ue de Seine, 10. liLlXEN-FlNC.KE (le baron), ancien minislre des ;ill;iii'e> èlningères di' DanemarU, à Copenhague (Danemark). Rlonui.n (Gabriel), à Maisons-Laffitte (Seine-et-t)ise). \UfCK (II.), enirepreneui' de travaux indilics, rue de i'i'ovence, t',Ç). Ror.OiET, sous-intendant militaire, aux Invalides. iidltlMS (le docteur), direcleui- ^\u Jardin zoologirpu', .'i Culogne (Prus«e). l!nN.M-:T (Jules), propriétaire, à Anbagne (Rouclies-du-Rliùnci. RoLiRRiT (0.), ancien pasteur, à Vandœuvres, canton de Ciuiève (.Puisse). lioi'YER (F. M.), lieutenant de vaisseau, commamlant lavisu ;"i vapeur rAlecloii, à Toulon (Var). P.liAMK (Jules), dépulé au Coips législatif, rue Troiudiel, J"). lîi'.AMCKV (le comte Constantin), rue du Cirque, IS. . , lÎRANlCKY (le coniic Xaviei'i, lue de Rerry, 20. ilri.OZ, dii-ecteiH' de la llcciie (/es (Icti.r inoiulcs, rue .'^ainl-lieimil, 2o. liiJSSlEHE, inspecteur des contributions directes, à Lille (Nord). lii'XAREi; (J. ), uKundactinâer, 6 i-, calledel Carmen, à Rarcelone ( Rspagm-). Ca.iaxellO (1(! duc de), à Xaples, et rue des Cliamps-Klysées, I '^. Cai.viere (le marquis de), rne Casimir-Périer, 1:5. CanI))-; (le baron Cbivis de), au château de (iué. à Luiir. près Camli' (Maine-el-Loire). C\r ((Jabriel), rue d'Aumale, 'J. Cmuiiina y Ùiuii.A I l'abbé François), à Mahou de .Minorca (Fspagm'i. iIaioiiI'; (Louis), pi'opriétaire, à Roidogne-sur-!\ler (Pas-de-Calais). (lARiiN (Henri), membre de la Société butanique de France, propriétairi\ à liidies, près (^lermunl ((^ise). C\STli,i,ON (le barmi de), au château de Valmouse, par Landjèse (liuiiclu's- du-Rhcnie). Cacstier (Georges), maire de Clion (Indre). (iHAix d'Est-Ange, conseiller d'F^tat, procureur général à la Coui' inq)é- riale de Paris, vice-président du Conseil municipal, rue Saint-Georges, I ■>. CiiAi.AMREi. (J. A.), à Jouy-FAbbaye, près Clieimise (Seine-et-Maine). CiiAMi'EALx, rue des liantes-Treilles, 10, à Puiiicrs (Vienne). CiiAepEEMER (P.), rue Tiphaine, 17. «iHARhO.x, négociant, rue du Fauboin'g-Sainl-Ilmmré, f). >4 SEPTIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. xj Charnay (Désiré), nuleiir dos pliotosîraphips mniinmpnlalos du Yncatan. de (iiiateaiala et d'Oaxaco. . CHASSELOur-LAlBAT (S. E\r. .M. Il' comte dei, ministre de la marine et des colonies. (^IIATELKT (le baron du), mendjre du Conseil général de l'Aisne, à Hiiia- court, jtrès Vondeiiil (Aisne i. CHAUVEi.OT (François-Xavier), |)ro(esseur d'ai'horicidture des dépai'tenienis du Douhs, de la Hante-Marne, elc, à Hesançon (Doubsi. llHKKr.iKU (de), inspecteur des forêts, chef du service forestier de la pro- vince dOran, vice-président du Comice agricole, à Oran (Algérie). Chevenon de Rigny (le marquis ,lean-Baptiste-Aimé-Analole de), au ehàleau d'Anray-le-Vieil, par .Sainl-Amand (Cher). IIiiiBHET, trésorier de la Société d'agricidtiu'e du Cantal, à Aurillar ((luntal). COLLARI) (Alfred-Joseph), lieutenant-colonel d'artillerie en relrailc, rue de Se-ine, 4, à Ivry (Seine). (JOLMET (Alfred), propiiétaire, nu> .\euve-des-Capnciiu'«. 11. CouDRAY, notaire, à Chelles (Seine-et-Marne). (loi'RTE (le comte de), l'ue de TOraloire-du-Pioule, .S I . CouRTiN, maire de Joinville-le-Pont (Seine). CowLEV (S. Kxc. le comte), and^assadeur de S. M. Britannique, à l'aiis. Ci'HisoL (C), vice-consul di' France, à la Soulelte, près Tunis ( MViipie) Dabry (le capitaine), (piai Saint-Michel, 17. DAdUlt.EON (le docleiu- i.éoni, à i'unlivy (Morbihan). UanrÉmont (le comte Denys de), cliarg.' d'afl'jires, ;'i Stutigard (W'iuiini- berg), et rue Sainl-l)omini(pie, Mil. Dayin (Éric), rue Albouy, 1.'!. itVYiN (Félix), me Albouy. I^!. Dfi.aiiaye (Auguste), counuissuire-prisenr, place iîiiieidieii. !. i)KLAViLi.i<:-i,E-H()(Jl.\ (Alh vnt- dr la Brèche-au.x-JjOups. DuciiESNE-TnocREAr, propriétaire, à Chàtill(ui-siu--Seine (CùU'-irOi) DucoM (1..), pharmacien en chef à l'hôpital Larihoissière. Dl'Four (Léopold), président de la (Chambre consultative d'agriculture, elc , à Hesdin-Labbé, près Boulogne-siu'-Mer (Pas-de-Calais). DlT.iEn (Ililaire), rue Pioyale-Sainl-Honoré, 14. Esi'iAi; DE Lamaestkk (le docteur L. A ), rue de liivoli, 47. EsuiiHuE (Paul), rue Cassette, 35. Etienne (l'abbé), supériein- des Lazaristes, rue de Sèvres, 93. Faciie ((iabriel), avocat, ))ropriétairp, (piai de P.crcy, ï7 . \ij SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOf.IQUK d'aCCLIMATATIOX. Fal(îuera y CiUDAD (.loso), géiirral de Itrigado de rarniée espagnole, ;'i Madrid (Espagne). I-'alret (le docteur Jean-Pierre), nienilire de l'Acadr-niie impériale de. médecine, à Vanves (Seine). Fellmann (Jules), chef de bureau au ministère de la guerre, rue (lodol- de-Mauroy, 37. Fei;v ZlcilY (le conile), à Vienne (Autriche). FioLET (Louis), propriétaire, à Saint-Oiner (Pas-de-Ciaiais). Florès (don Antonio), ministre de Flùpiateur, rue lîoyale, 13. Foar.EMOL (le docteur Hector), à Tournan (Seine-et-Marne). Fop.TH-RouEN (le baron), ministre plénipotentiaire de France à Dresde. FnuGEROUX (du), ancien représentant, au rhàleau de Fougei-oux, pivs Sainte-Hermine (Vendée). FouQUiEU d'Héuoueixe, propriétaire, maire de Foreste (Aisne). Fruciiier (Charles), prûi)riétaire, à Mezel (Basses-Alpes). (Iaillard de Ferry (Amédée), coiisid de France, rue d'Amsterdam, 25. ('■AiLLARD (Henry), rédacteur du Junnuil des chasseurs, rue iJcmours, 2S, aux Ternes (Seine). (lALLiERA (le duc de), rue de Varennes, 53. Gaeves (Pedro), ministre du Pérou, avenue Montaigne, 73. Cakmek (Charles), au château d'Orainville, par Athis-Mons (Seine-el-Oise). (iALiLDRÉE-BoiLLEAU, consul de France ù Portland (Canada). (iAiiViLi.E (le vicomte de), hôtel de la Prélecture, à Évreux (Eure). (lÉiiOME, peintre d'histoire et de genre, rue N.-l).-des-Champs, 70 hls. (ilBiAT, membre du Conseil général d«^ la Dordogne, rue Louis-le- (jrand, 37. Oindre (Aristide), à Champigny (Seine). (iiRARD Desprairies, à la coqueric de Longueville, près Granville (Manche). (iODEAUX (Frnest), élève consul au consulat général de Londres. GouîtRAUD (Ch.), juge de paix, à Saint-Fulgent, aux Brouzils (Vendée). GouRRAUD (C), m')taire honoraire, à Chavagnes en Paillers (Vendée). Grandsire (Jules), propriétaire, à lioulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Gros-Hartmann (Edouard), délé(]iié de la Socirir impériali- d'accliiiwnnian, à Wcsserling (Haut-Rhin). Gi'ÉRiN, ancien avoué, à Meaux (Seine-et-Marne). GiJÉROULT (J. L.), sous-directeur au ministère des alfaires étrangères (ilERRERO (Ferdinand), intendant honoraire de S. M. Calholitpie, Blanche, 44. Guidou, avoué, rue Neuve-des-Petits-Champs, 6(]. IlAi!AS(>UE,,iuge imiiérial au Tribunal de première instance de Cayenne. IIAIAVIN DE PiENNES (le marquis d'), à Perriers (Manche). HÉiîERT (L. S.), agent général de la Société impériale d'acclimatation, aux Bordes-d'Islè-A\miont (Aube), et rue de Verneuil, 2'i.^ Hendecolrt (Louis d'), capitaine d'ètat-major, rue de Bellechasse, 32. IIerbet, ministre plénipotentiaire, conseiller d'État, directeur des con- sulats et des affaires commerciales au ministère des affaires étrangères. llF.RTFORD (Sa Grâce M. le marquis de), pair d'Angleterre, rue I aflilte, 2. IloUDETOTt France d'), propriétaire, au Havre (Seine-lidérieui','). liiEï (Charles), avocat, à Élamjies (Seine-el-Oise). s. rue SEt'TlÈ.ME IJSTfc: SUPPLEMENTAIKE DES M EMIUiES. MIJ IIuicai'K (André ri'), main; de Survilliers (Seine-et-Oiso). J.vcoTTKT ([.ouis), notaire, à Neuchàtel (Suisse). .l.vcQb'EMKT-lioNNEi'OM» (M.), pépiniériste, à Annouay (Aniéelie). Jacqlemin (lùig.), professeur de chimie à l'Ecole de [iliarmacie, à Stias- bonrg ([{as-Pdiin). JiilGNE (le marquis de), rue de (ireuelle-Saint-dermaiu, 8:î. JUXCADELLA, nianiifaclurier, calle de Fernando, à Barcelone (Espagne). Kahr (Alphonse), honnne de lettres, horticulteur, à Nice (Alpes- .Mariliuies). KOSKL'LL (le comte), premier secrétaire de la f.égatioii impériale de Russie, à ('opeuhague ( Danemark). Kralik (Louis), rue du Ciraud-ilhanticr, 12. La BROS?E-Kr-AVi(',NV ((]liarles de), à la Wm'iéie, près Angrie, par (Jandé (iMainc-et-Loire). I>ACERDA (Antonio de), à Bahia (Brésil). La Ferté (le baron Henri de), faubourg .Montmartre, îj\ his. La F(3UCHARD1EiîE (Veneau de), membre du Conseil général (rindic-ef- Loire, an château de Bepenelicrs, par Cremillé-sur-Indrois (Indro ol-Loire). Lacougine, lieutenant de vaisseau, chef d'état-major au|u'és de M. le commandant (niilain, gouverneur g-Miéral de la Nouvellc-llalédonie. Lamarciie (Alfred), industriel, à Liège (Belgique). Lambert (J.), à Tananarive (.Madagascar). Lamberterie (de), avocat à la (Jour impériah; de l'ari>, rue Saml- Honoré, 4 2 '2. Laplace (le vicomte de), à Bedouatrc, par Boulogne-sur-Mer. L.\POSTOLET (Philippe), négociant, rue de Viarmes, 20. Lazarefe (le général comte de), à St-l'étersbourg, et rue Lord-l'ivroii, 1 7. Le B.A.TTEUX (François), rue du Tessé, au .Mans (Sarthe). Leblanc, notaire, à Braisne (Aisne). Leiiol'cher (J), négociant, rue du Pclit-l'arreau, 27. Lerbun (le général), chef d'état-major de la garde iuq)éi'iaie, à rÉcole militaire. LeI'ol'r, inspecteur gémirai de l'agriculture, rue .Neuvc-des-Cai)uciiies, I i. LeGRAND (le comte il.), commandant au 7'' lanciers, au château de Fumc- chon, par Saint-Jusl en Chaussée (Oise). Le (jUiLLOU, chirurgien-major de la marine impériale, rue Mogador, (J, à Ghamperct (Seine). Lemaire (G. V.), interprète pour la langue chinoise au consulat général de France, à Chang-hai (Chine). Le Maru-: Beslandelles (Emile), pro})riélaire, au château de la Chesnaye, près Bréal (Manche). Le.mercier, ingénieur civil, à Laval (Mayenne), rue Joinviile, '24. Lemesle, au château de Toury, par Ferrières-Gâlinais (Loiret). Le Faute, conservateur du bois de Vincennes, à Sainl-.Mandé (Seine |. Leroy (Louis-Emile), pharmacien, rue d'Antin, 13. Lesparda (Paul de), rue des Lions-Saint-Paul, 7. LESSEPsde comte de), sénateur, rue de la Ferme-des-Mathurins, 13. Lewis (Henry), ancien secrétaire colonial, à lîencoolen (Bides anglaises), et rue Neuve-Saint-Augustin, o8. Xiv SoClKiK IMl'KllIALE /,U()I.(H,I0L1I> i/acCLIM ATATION - LlMKi; (r,nil),«-a|ul:iiii(Mr(HMl-iii;ij(ir iriiiInnliTic di- ni;u'iiii', clici du hnioau (lu luati ricl à la dii'ectiou des |itMnteiicier.s l'nc Hicliclicii, i'.) . Lui'i:/. (le i^éni'i'ai), au Paraguay ^f l.orVEL, niailre de iiensinii, à liéiiialard (Oiiic). lAiL'VENCOUr.T (le coiiile de), rue d'Aujdu-Saiut-iinnorr, IS. Ijtticii^U (le Ijarnu de), secrétaire de la Irgalion de Sa\r, rue de Coui- cciles, 2y. MaoMaiion, duc de Magk.nta (le uiai'éclial de), à Lille (Nord). Malfilatue, cliimisle-agviculleur, rue de C.renelle-Saiul-Gei luaiu, Ki, el prnpriélaire, à C.onlonces, cauton de Truu (Orne). Mallac, rue de i'Universilé, 82. Maixet (Arlhur), à .louy en Josas (Seine-el-Uise), et rue Neuve-des-.Matliu- rins, 100. .Mansaut (.].), à Sedan (.\rdeuues), el rue Jacolj, 17. .^URC.AROT-PAUr., propriétaire, Ijanijuier, à Nîmes (Gard). Maukowski (Ladislas), rue de l'entliièvre, Î'Z. Mah.mieu (Alfred), avocat à la Cour de cassation, rue de Tournon, 21 . .Maroiiset (Gaston), à Fontaine-iez-Lu\euil (llaule-Saôni^). Martin, membre du Gonseil général de l'Aisne, à liosoy-sur-Sei're (Aisne). M.\s (D Sinibaido de), ministre plénipolenliairc de S. M. la reine d'Es- pagne, à Madrid. Massaiit, entrepreneur de peinture, rue du Verl-l>ois, 91). MAiRif.i-. (Charles-Auguste), propriétaire, faubourg Saint-Anloinr, 7-2. .Merciei; (Emile), négociant el pi'upriéla.ire, à Mines (Gard). Mkver, vice-président de la Société zoologicpie, à llamboui'g ( AllemagiuM. Mir.NON (Éduuai'd), propriétaire, au château de Souc\, par i:nivéics-lc- Cliàlel (Seine-el-Oise), el rue de Vienne, 17. MllIA (Léon de), au château de Canen.v. par Roijuefoit ( Landes i. MdisE/,, intendant militsire de la garde ini[.ériale, à LLcole uulitairr. .Moi.i.KU (Ernest), propriétaire, à Chassenon, par Fontenay (\ endér). MoNiiUANC, (le comte Charles de), rue de Tivoli, 8. MoMKssnx (le comte Raoul de), au Mans (Sarihe). Momuiciiaiui (C. .1. C,. de), à Villers-Farlay, par Mouchard (.hua). MoiUvU: (le docteur Emile), ruf de la Sourdière, '29. MoiUN, ])ropriélaire, à Saint-Auhin-sur-Mer (t'.alvados). MoRruliGO (le chevalier Lliu dei, à Tiiestc (lllyrie). MnUTEClL (le vicomte Palamède de), membre de plusieurs Sociétés savanlo, au château de Laborytc, par Paulhaguet (Haute-Loire). MiJNTADAS (Joseph), connnandeur de l'ordre de Charles 111, londaleur directeur de VEspaiine industrielle, à Barcelone (Espagne). McRAT (S. A. Mgr. le prince), avenue Montaigne, 2. y.\n\K\ (le baron), conseiller de préfecture du déparl. 'aient de l'Argue, au château de Mailly, par Chavignou (Aisne). Na(;ei.maekeks de nnouKiinE (.Iules), banipuer, à Liège ( l!clgu|ue). ?Jlc,OL.\s, banquier, à Saint-Élienne (.Loire), propriétaire H memhie du Conseil général de la province de Constantinc. NlCoiXE (PÏerre-Victor), propriétaire, rue Uaidrlémlle. ^28. Opi'ENHEI.m (Ed.), membre du Conseil d'adunnistratiim du .lardm zoolo- giipie, à Cologne (Prusse). ♦, '^i;piip:mi; i.isik si I'I'i,i:.mkm.\ii;k iji;s .memiuîks. \v 0>iH(i(,iiAiiSK\ (le major A.), j)i'0}iriélaii'e dans la liussic nieiKlioiiak', à Krenientclioug, gouvernement de Poltava, et i-ue d'isly, 9. Ottajano Medici (le prince d'), Strada di ("liiaia, à Naples. Paganica (le duc de), place de la Madeleine, .'53. Païva (le baron de Castello de), à Lisbonne. Pelteheau (Henry), négociant, boulevard de Strasboiu'g, 10. Pesc.he (le duc délie), vico Storto Purgalorio, '.), à Naples. Petit (Octave), propriétaire, rue de l'Arsenal, 7, à Arras (I'as-de-( Valais). l'iCHON (le baron), ministre plénipotentiaire, rue Jacob, 48. PiLLET, rédacteiu' en cliei' du Join-iml des villes cl canipitijin's, nie des Graiuls-.'Vuguslins, 5. Pins (le vicomte de), au château d'Âlzau, par AIzonne (Aiidei. Peœit. (le marquis de), inspecteur général îles linances, à Ouiiuper. PoiviEAU (David), directeur de la Compagnie des eaux, rue de la (Jliaiissée- d'Anlin, 60. Pradoi'E (Milon de), propriétaire, rue Saint-Denis, 374. Prioux, négociant, quai des Augustins, 47. Puir, (F.), manulacturier, rambia de Estudios, à Barcelone (Es])agn(M. OliEVREUX (A. E.), licencié en droit, propriétaire, à Ney (15. -Pyrénées). (JllHOf, jardinier en clief du .Jardin d'acclimatation du bois de lioidognc Pi.VOOTTA ((Constantin), direcleur de TEcob' nationale d'agriculture de Saint-Panteleimon. prés liucharest (Valacliie). Haimbacet (A.), pépiniériste, à Montreuil (Seinei, rue de Paris, 28-?. |{eneL'1\e, sous-préfet à l'viom (Puy-de-Dôme). Revee di PkuuonM le comte Armand de), sous-prélcl à llie|i|ie (Seiiir-lni. i. Hiant (Paul), rue de Vienne, 2. Miant père, ancien memlire du conseil général de la Seine, au clKilP.ui de Sillery, par Savigny (Seine-et-Oise), et rue du lîoclier, 30. KlAVT (Théodore), propriétaire, rue de Vienne, 2. lilCHARli itE Gerno.n (.1. .1.), négociant, à Piordeaiix ((iicoinh' i. RiCMEi.iiT, juge de paix, à Luzarclies (Seine-et-Oisri. Ro(;tUE (Phocion), chargé d'affaires de Grèce à Turin (Italie). RoL'GEMd.VT (Alfred de), rue Lavoisier, 8. Roueeeaux-Dlgace, député de l'Mérault, rue du .\lai'clié-d'AgiM'sseaii, 18 RofSSEÂU DR Labhosse, au château de Varennes, commune de Saven- nières, par Sainl-Georges-snr-Loire (Maine-et-]>oire) Rorx, administrateur du chemin de fer de l'Est, l'iie Caumarlin, 9. Hur.EELES (le vicomte de), au château de Gourpilliéres, par DiMuiudiil-lr- Roger ( Eure). SvEONT (Jaime), jiroiirictaire, plaza de Palacio, à lîarcelone (Espagne). SAlNT-Ai.niN-LAiiAYERE (de), gérant-propriétaire du journal /<• N/io//, rue Neuve-Saint-Augustin, 4'2. SaiignaoFexelon (le comte de), envoyé extraordinaire et ministre pléni- potentiaire de France près la Confédération germanique, à Fraiicforl. Salm JîEiEiERSCiiEiD (le comle de), membre de la Chambre haute d'Au- triclie et de la diète de Rohème, à Prague. ScHAEZEER (Paul Dontoux de), pro[n'iétaire, rue Rougemont, 8. SciiixiMiiEEGEri (Adolphe), manufacturiei', à Guebwiller (Ilaiit-liliiii). ScuNEinEi'i, vice-président du Corps législatif, rue lidiulieau, I. XVJ SOCIKTE IMI'ElîlALK ZooI.OCIQUK D ACCLIMATATION. Ski'uS (le. vicomte do), pi'opriôtaii'C, boulovai'd tics Cuimciiics, oo. SpiNELi.i (François), des Princes de Scalea, à Naples. SruviLLr. ([>('opold), notaire à Napoléon-Vendée (Vendée). % Tai.auot (Paulin), i-iie de Rivoli, 210. T.ANiNEGUY-DuciiATEL (leconile), ancien ministre, mcndire de rini-IHnl, rue de Varennes, 09. TuuKKS Gaicedu (J. M.), cliargé d'allaircs du Venezuela, nie Ilianclic, ti5 . TliOTABAS (Auguste), otiicier de marine, atlaclié au port de Toulon, à la Seyne (Var). Vallée, directeur de la lianque de France, à Tours (Indre-et-l.oirei. Valperga (le comte de), à P»esson, près (Jonipiègne (Oise). Vandeul (E. a. F. de), ancien député de la Haute-Marne, avenue des Champs-Elysées, 11(3. Vaucheleï (Emile), à la direction de Fintciieur, Hasse-Terre(Guadeloupe). Vauveut dk MéAN (A.), vice-consul de France, tiBlyth. (Résidence pour la correspondance.) Tynemoutli, NortlRuaherland (Angleleire). Vega-Guande (le comte de), à la (îrande-Canai'ie (iles Canaries). Vely-Pacha (S. Exe), ambassadeur de la Sublime-Porte à Paris, rue de Gi'enelle-Saint-Germain, 1 \ (i. Verc(IÈi\e de riEHYE,au château du l'assage, près YveslCbarenle-Inlér. ). Villeneuve (le mari[ius de), maire du 7" arrondissenieni, rue de Lille, 6^5. Villeneuve-Flayosc (Alexis de), agronome au château de l'.o(|nt'rort, par Aubagne (l!ouches-du-Rhàne). NOisiN (le docteur Félix), à Vanves (Seine). VoLSiN (l'abbé), directeur du séminaire des Missions rtrangères, iiic (lu Rac, 128. VVaddlngton (F.), propriétaire à Sl-Ueniy (Eure-et-i.uin, et luc Uupliot, 1 i . \Vassexakf< J)E Catwygk (le baron de), chandidlan maître des cérémonies de S. M. le roi des Pays-Ras à la cour de S. M. la reine mère, à la Haye (Hollande). XlFUH (don José), propriétaire, di puté aux Cortès irEs[iagne, à liarcelone. Ypsilanti (le prince), faubourg Saiut-Honoié, (iS. Ziegleu (.lean-Jac(jues), ingénie. ur, architecte à (juebwillrr (llaul-Rhin). BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOIIE DAGCLIMATATION f'.iiis — Iiiii'ruiii'ne . MAiniNKT, ri\c MI'-rncM, BULLETIN / / DE !.A SOCIETE IMPEIUALE ZnOLOllIQUK D ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 18r>/i. T0,^!1] NEUVIEME. 1"^ «>»EITIE»iTUE DE I .*jllX,ÎU:FZ DE LaVISOX, MoQUIK-TaNDON, L. SoUBEIRAn! A. Geoffroy S'-IIilaire, Florest-Prévost, Mili.et. GtÉRiN-MÉNEViLLE et A. Dl'PLIS, secrétaire 'rapporteur. (Séance du 11 avril 1862.) Le voyageur qui parcourt les pays étrangers pour en re- cueillir les produclions naturelles, peut rendre ses recherches plus fructueuses s'il sait d'avance sur quels sujets il doit di- riger ses investigations, et s'il connaît les moyens de recueillir, de conserver et d'expédier ou de transporter ces conquêtes scientiliques. Aussi a-t-on senti depuis longtemps la haute utilité d'un programme qui, tout en laissant au voyageur une certaine latitude, puisse le guider dans ses recherches et lui indiquer le moyen d'en obtenir de bons résultats. L'Académie des sciences et le Muséum d'histoire naturelle ont donné des instructions spéciales pour toutes les grandes expéditions qui ont si puissamment contribué à élargir le domaine de nos connaissances. La Société impériale d'accli- matation a souvent aussi donné des indications aux voyageurs qui lui ollraient leur concours. Toutefois, indépendamment des données spéciales propres aux diverses régions du globe, il est des règles générales qu'on ne saurait répéter chaque fois, mais que le voyageur doit connaître. C'est dans ce but que le Muséum d'histoh-e natu- relle a publié des Instructions générales pour les voyageurs T. I\. —Juillet 1862, 5/l6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et les employés clans les colo'nies, sur la manière de recueillir, de conserver el d'envoyer les objets d'histoire naturelle. Ce travail, rédigé par les maîtres de la science, est un guide pré- cieux pour les naturalistes collecteurs, et nous aurons plus d'une fois l'occasion de le citer. Les instructions publiées par la Société impériale d'accli- matation doivent présenter un autre caractère et ré[)ondre à un but plus spécial. Les études d'histoire naturelle, comme l'a si bien démontré Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, forment la base indispensable de tous les essais sérieux d'acclimatation. Le voyageur ne devra rien négliger pour contribuer à leur accroissement. Mais, en travaillant pour la science, il devra s'attacher surtout à l'objet essentiel de sa mission. La Société d'acclimatation se propose, avant tout, l'intro- duction des espèces ou races, animales et végétales, utiles ou d'agrément. Cette considération, en restreignant de beaucoup le nombre des êtres sur lesquels doivent être dirigées les re- cherches du voyageur, rend par cela même ces recherches plus faciles. Mais, d'un autre côté, il ne s'agit pas seulement de re- cueillir des objets destinés àl'élude des sciences naturelles. Le voyageur devra surtout envoyer des animaux et des végétaux vivants, ou du moins des œufs et des graines, (lel envoi, fait avec tous les soins qui doivent assurer la conservation des espèces que l'on veut introduire, sera accompagné de rensei- gnements détaillés pris sur les lieux et destinés à faciliter les essais d'acclimatation. Les envois de dépouilles d'animaux, de plantes sèches ou de produits divers ne doivent pourtant pas être négligés; ils serviront à accroître les collections du musée d'histoire natu- relle ap|)liquée, créé par la Société. 11 imiiorte donc d'avoir des instructions générales dont le cadre soit vaste et ne néglige aucun des détails qui intéres- sent racclimatation. Le voyageur ne saurait être tenu de reuqilir ce cadre en entier. Il feia ce es. Le voyageur devra jirendre une connaissance aussi exacte que possible du pays (ju'il va visiter, il consultera les ouvra- ges généraux et spéciaux, les faunes et les flores, les cartes géographiques, géologiques et autres; il bâchera de les com- pléter et de les rectifier, au liesoiî], par ses observations. Il ('tudiera la topographie du pays, le climat, le sol, les conditions économi(jues, etc., ({ui doivent servir de base ei de point de départ pour les essais d'acclimatation. Il notera la configuration générale de la région, le relief du sol, la hauteur et la direction des montagnes, les cours d'eau, etc. Il fera des observations météorologiques. Elles porteront principalement sur la température de l'air, des eaux et du sol; sur la tenqîéralure moyenne de l'année, de l'été et de l'hiver. Il n'est pas de voyageur (jui ne puisse facilement emporter un thermomètre. Il y ajoutera, s'il le peut, les observations baro- métriques et liygTométri({ues. Il constatera la (juantité de bllS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. pluie qui tombe annuellemenl. sa réj3arlition dans les diverses saisons de l'année, les vents dominants et leur degré de force, l'état (lu ciel, etc. Si des observations ont déjà été faites dans ce pays, il devra les recueillir, les comparer, les vérifier et les discuter, s'il y a lieu. A défaut d'instruments et d'appareils, en un mot, de moyens d'observation, il se procurera du moins quelques données sur le climat, en observant les époques moyennes du réveil et des diverses pbases de la végétation, du passage des oiseaux, de l'apparition des insectes, des travaux agricoles, des gelées tardives, etc. Les végétaux de France ou d'Europe qui pour- raient se trouver dans le pays lui fourniraient de bons termes de comparaison. Il ne négligera pas l'étude des circonstances économiques et commerciales, main-d'œuvre, déboucliés, etc., au point de vue si)écial de l'acclimatation. Il rédigera sur ces divers objets des notes détaillées, et aura toujours jtrésenle à la mémoire la devise de Linné : iSulla die s sine linea. W. — Rerisciijnriivnits. Les insiruciions remises au voyageur inditpient les dcside- ralu de Tbisloire naturelle appliquée, dans l'état actuel de nos connaissances. Elles seront pour lui, non pas un pro- gramme inflexible dont il ne puisse s'écarter, mais un cadre qu'il est a[)pelé à compléter. Il devra donc dresser une liste des animaux et des végétaux utiles du pays qu'il parcourt, et portera particulièrement son attention sur les espèces qui lui paraîtraient susceptibles d'être acclimatées en France ou dans nos colonies. Il ne négligera pas pour cela les espèces de pur agrément, oiseaux de volière, animaux d'aquarium, plantes de serre, etc. Il s'occupera aussi, mais seulement comme accessoire, de celles qui ne lui sembleraient pas pouvoir être élevées en plein air sous notre climat (1). Nous possédons des moyens (I) La Socit-lé, qui fait apprl au l)ipnvcilla!il concours do tous, adresse également ces leconimandations aux résidents français à l'étranger; cari s INSTRUCTIONS SUR LES ENVOIS d'ANIMAUX ET DE VÉGÉTAUX. 5/19 d'étendre artificiellement l'aire des êtres animés, et, sans nous faire à cet égard des illusions qui pourraient amener de graves mécomptes , nous pouvons néanmoins tenter prudemment quelques essais. Il sera bon que le voyageur fasse un dessin de l'animal ou de la plante, ou tout au moins un croquis, quelque grossier qu'il soit. Il le complétera par une description exacte et dé- taillée, dans laquelle il tiendra compte des variations produites par la culture, l'éducation, ou par d'autres circonstances. Suivant l'étendue de ses connaissances en histoire naturelle, il déterminera l'espèce, le genre ou la famille, et fera con- naître ses affinités avec les êtres les plus voisins et les mieux connus. Il n'oubliera pas de donner ses noms vulgaires. Il notera avec soin les circonstances dans lesquelles vit chaque animal; la station et l'habitation, l'altitude, le sol et l'exposition propres à chaque plante; les accidents auxquels ils sont sujets; les animaux ou les végétaux nuisibles, et les moyens de les détruire. S'il s'agit d'espèces domestiques ou cultivées, il fera connaître les soins et les procédés de culture ou d'éducation mis en usaqe. Il se procurera aussi, pour chacune des espèces, tous les renseignements possibles sur les avantages qu'on peut en espérer, les frais et les produits, le prix de revient, etc. Il reconnaîtra, pour les animaux domestiques, quelles sont les races les plus robustes, les plus rustiques, les plus productives, les plus a|)tes à l'engraissement; en un mot, les plus avantageuses. Il cherchera aussi à savoir quelle est l'ori- gine de ces races; si elles ont ét('' créées dans le pays, ou importées d'ailleurs, et, dans ce dernier cas, les modifications qu'elles peuvent avoir subies. Pour les espèces sauvages, il est bon de connaître leurs habitudes, la facilité plus ou moins grande d'apprivoisement, de domestication, de reproducli(Ui en captiviti', de croisement avec d'autres espèces. sont le plus souvent, mieux que le voyageur, en mesure de recueillir des renseignements cerl.iins sur les produits naturels du pays qu'ils lKii)itent, et peuvent ainsi compléter très utilement ces instructions. 550 SOCIÉTÉ IMrÉRÎÂLE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. S'il s'agit de végétaux ciiUivôs, il recherchera aussi à quel degré les variétés sont rustiques, liàlives ou tardives, Icrliles et donnant des produits de bonne qualité. Pour les végétaux sauvages, il tâchera de savoir jusqu'à quel point ils se prêteraient à la culture et seraient suscepti- bles d'être perfectionnés. Enfin, il notera les produits divers, animaux ou végétaux, que l'on pourrait envoyer en France, ne lùt-ce que comme objets d'étude ou de collection. 151. _- Hé col te (les objets. Le voyageur, ayant ainsi dressé l'inventaire des animaux, des plantes ou dos produits qu'il doit recueillir, et étant bien iki" sur son choix, se meltra en mesure de réunir les objets désirés. Les animaux domestiques ne jirésenteront sons ce rapport aucune difficulté, (juant aux animaux sauvages, luammiiéres ou oiseaux, voici ce que prescrivent les Instructions du Muséum. « On se procurera facilement des animaux en s'adressant aux naturels du pays, qui savent où ils se trouvent, et qui, dans leurs courses, ont occasion d'en renconlrer. Ils pourront les prendre au piège et les amener vivants. Il ne leur sera pas difficile non plus de prendre, dans leur première jeunesse, quelques-uns des quadrupèdes dont ils connaissent la retraite, et des oiseaux dont ils ont vu les nids. » Plus les animaux seront jeunes, plus il sera facile de les accoutumer h vivre renfermés dans des cages. Ils exigeront d'abord des soins particuliers ; il faudra toujours les nourrir quelques semaines à terre avant de les embarquer, et l'on ne saurait se donner trop de peine poiu- les apprivoiser. Un ani- mal (jui n'est point effrayé à la vue de ceux (jui le soignent, se porte toujours beaucoup mieux, et résiste plus facilement aux fatigues d'un voyage en mer, que celui qui est resté sau- vage, et il n'est presque aucun animal qu'on ne parvienne à adoucir par de bons traitements. INSTHUCTIONS SUR LES ENVOIS d'aINIMAUX ET DE VÉGÉTAUX. 551 )•> Un excès de iioumUire, lorsqu'ils sonlren fermés et hors d'état de l'aire de l'exercice, leur serait 1res nuisiiile. Le plus sur moyen de les conserver, est de ne leur donner que stric- tement ce qu'il leur faut. » Après une nourriture convenable, ce qui leur est le plus nécessaire, c'est la propreté. » On aura soin de se procurer, autant que possible, plusieurs couples, et, pour les animaux polygames, plus de femelles que de mâles. Si les animaux sont encombrants et de forte taille, on pren- dra la précaution d'embarquer, outre le mâle, des femelles pleines. On recueillera des échantillons et des graines des végétaux dont ils se nourrissent. Le moyen de vérifier la nourriture des animaux sauvages qu'il y aurait à rapporter vivants, c'est d'examiner l'estomac de ceux que l'on vend morts sur les marchés. Un se procurera de la même manière des œufs d'oiseaux. Les reptiles à introduire se réduisent à queltjues espèces de Chéloniens. Les Tortues terrestres, fluviatiles ou marines, seront aisément trouvées par les naturels. Il ne sera pas non plus difficile de se procurer, par le moyen des pêcheurs, des poissons vivants. On les déposera dans des vases ou des tonneaux de médiocre capacité, dont l'eau sera souvent renouvelée. Souvent il sera utile de se procurer des œufs, soit par la fécondation artiiicielle, soit par d'autres moyens, suivant les espèces. Les procédés de conservation et de transport varient, dit M. Coste, selon la distance à parcourir, et selon le degré de résistance de la membrane enveloppante ; ils varient éga- lement si les œufs sont libres, agglutinés entre eux, ou lixés à des corps étrangers. Les œufs libres à envelojipe résistante seront renfermés dans des boîtes ou de petits paniers, par couches alternatives, avec du sable ou de la mousse humide. Si la boite est maintenue à une température un peu basse, on peut conserver ainsi pendant plus d'un mois les œufs delà 552 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. plu|)art. des espèces de salmonidés, chez lesquelles l'incuba- tion est de longue durée. Mais, ce moyen ne saurait être apidiijué avec le même succès aux poissons dont l'incubation est très courte, par exemple do huit à dix jours. Il est clair que, dans ce cas, on ne pourrait taire venir les œufs d'aussi loin. « Lorsque la température est trop basse, ajoute M. Goste, et que l'on redoute la gelée, il faut avoir le soin d'enfermer la boîte qui contient les œul's dans une seconde boite plus spa- cieuse ou dans une caisse, et de combler les vides que ces deux boîtes ou ces deux caisses laissent entre elles avec de la mousse bien sèche, avec du son, de la sciure de bois, du foin, de la paille, ou avec d'autres matières qui s'opposent à l'action trop directe du froid. C'est là une pratique à laquelle il est essentiel d'avoir recours en ce qui concerne les poissons d'hiver. » Les œufs agglutinés, tels que ceux de la Perche, ne peu- vent se transporter ainsi, et doivent être mis, avec quelques végétaux aquatiques, dans un grand bocal aux trois quarts plein d'eau. Quant aux œufs qui adhèrent h des corps étran- gers, M. Goste recommande de renfermer ces corps dans une boîte, ou mieux dans une bourriche, en ayant soin de les distribuer par petits tas, entourés d'un linge mouillé, sur une couche de végétaux humides, dont on les enveloppe sans les comprimer. On se procure les Crustacés à l'aide de la drague ou de filets traînants; mais un procédé plus fructueux, indiqué par les Instructions du Muséum, consiste à descendre au fond de l'eau un casie7\ sorte de panier dont l'orifice est en forme de cône renversé; quelques charognes placées dans l'intérieur de ce piège y attirent les Crustacés, et ceux-ci, lorsqu'ils y ont pénétré, ne peuvent plus en sortir. Les petites espèces se trouvent abondamment dans les fucus. Il sera facile aussi de pêcher les Annélides, Mollusques et Zoophytes. Quelques espèces de Mollusques terrestres seraient bonnes à introduire dans nos climats; leur récolte ne présen- tera aucune difficulté. INSTRUCTIONS SUR LES ENVOIS d'ANIMAUX ET DE VÉGÉTAUX. 553 Il en sera de même pour les Insectes qu'il serait utile d'ac- climater, ceux-ci étant généralement élevés en domesticité. Mais ]iour les Insectes séricigénes, dont l'existence à l'état par- fait est si courte, l'introduction se fait le [iliis souvent par l'envoi d'œufs ou de graine. Comme ces œufs pourraient éclore pendant la traversée, il faut avoir le soin de faire une ample provision de feuilles des végétaux dont ils se nourris- sent, et que l'on conservera aussi longtemps que possible en les tenant dans un endroit frais et les humectant légèrement de temps en temps. Peut-être i)Ourrait-on essayer des procédés de conservation par la dessiccation de ces feuilles. On peut aussi envoyer des cocons, que l'on devra recueillir dans les meilleures conditions. Il faudra cueillir de jeunes plants des espèces végétales dont les graines, perdant promptement leur faculté germina- live, ne pourraient être expédiées avec avantage. Il faut, autant que possible, les cultiver en pots quelque temps avant de les envoyer, afin qu'ils soient bien enracinés. Si le trajet ne doit pas durer plus de quinze à vingt jours, on j)eut se contenter de mettre ces jeunes plants en bottes, comme font les pépiniéristes, de les entourer de paille, et de les enfermer dans une bourriche, après avoir eu la précaution d'envelopper leurs racines de mousse humide. Pour des trajets plus longs, on emploiera les caisses Ward, qui permettent de conserver les plantes pendant idusieurs mois. Nous reproduirons ici quelques passages des Instruc- tions du Muséum : « Pour placer les plantes dans ces caisses, on met d'abord au fond de celles-ci une couche de /j à 5 centimètres de terre forte et argileuse, assez humectée pour (ju'elle s'applique bien sur le bois; puis on étend au-dessus une couche de bonne terre, ni trop forte ni trop légère, mêlée, s'il est possible, de terreau végétal, et ayant de 15 à 20 centimètres d'ép;iisseur : c'est dans cette terre qu'on |)lante avec soin les végétaux à transporter, soit directement, soit dans des pots, soit mieux encore dans des paniers de jonc ou d'osier, qui les isolent sans être exposés à se briser. 55/! SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » Pour éviter que les piaules iio soient dérangées par les secousses ini'vitables dans un long voyage, soit par mer, soit surtout par lerre, depuis le port jusqu'à Paris, on recouvre la terre d'une couche de padle ou de jonc, qu'on assujetlil au moyen de traverses de bois clouées aux parois de la caisse. » On peut semer entre ces plantes des graines de beaucoup de végétaux, et surtout celles (pii conservent dilTicilemenl leurs facultés germinal ives. » (( Le transport des oignons, bulbes et tubercules souter- rains, tels que ceux des Liliacées, des Iridées, des Dioscorea, des Oi'cliidées terrestres, des Aroïdées, des(jesiii'ria,L\e beau- coup d^Oxa/is, de Tropœolum, etc., s'opère très bien en embal- lant ces parties avec soin dans de la mousse sèche, ou mieux encore daiis de la terre ou du sable très sec, qui remplisse parlaitement la caisse où elles sont contenues. Les Orciiidées dites parasites ou épiphytes, à bulbes extérieurs verts, peu- vent voyagei' dans des caisses de bois percées de petits trous, maintenues bien sèches; il faut supprimer toutes les vieilles feuilles, qui, en se décomposant, donneraient de l'humidité, et entourer les racines avec de la mousse sèche ou de vieux morceaux de toile. Pour les plantes grasses, telles que les Cdcli/s, les mêmes moyens conviennent ; on y emploie aussi du crin ou de la laine, ou tout autre corps flexible, sec, et peu susceptible de s'altérer par l'humidité. Enfin, il faut, si ces plantes grasses sont volumineuses, les isoler des autres végé- taux, afin que, si elles viennent à périr, l'humidité résultant de leur décomposition ne puisse pas atteindre les autres objets qu'on aurait enfermés dans les mêmes caisses. 11 faut aussi qu'elles soient enveloppées et emballées avec assez de soin pour que leur tissu, nujins solide et plus aqueux que celui des tubercules et des oignons, ne soit pas blessé ou écrasé par leur [iropre poids, souvent fort considérable. » Les graines doivent être récoltées parfaitement mûres, ce qu'on reconnaît à leur chute spontanée ou à la déhiscence (ouverture naturelle des fruits). Unies exposera pendant quel- ques jours dans un lieu sec et bien aéré; puis on les renfer- mera dans des sacs de papier épais non collé, contenus eux- INSTRUCTIONS SUR LES ENVOIS d'ANIMAUX ET DE VÉGÉTAUX. 555 mêmes clans des sacs de toile ou dans des boîles. On écrasera les fruits pulpeux, et on les fera sécher au soleil avant de les renfermer. Ouant aux graines qui perdent promptemenl leur faculté gei'minalive, on emploiera le moyen suivant, recom- mandé par les Instructions du Muséum. « Le meilleur moyen de faire voyager ces graines consiste à les semer dans les caisses vitrées ou serres de voyage décri- tes {)lus haut, soit entre les autres plantes, soit seules dans des caisses spéciales qui pourraient être moins élevées; mais si l'un n'a pas de ces caisses vitrées à sa disposition, on ])eut aussi en remplir des caisses ordinaires ou des tonneaux, en les stratifiant, c'est-à-dire en les disposant par lits alternants avec des couches de terre. Celte terre doit être l(''gère, un peu humide; on peut la remplacer par de la poussière de hois pourri. On met pour cela 5 à () centimètres de terre au fond d'une boîte, et l'on arrange sur celte terre les graines à une distance qui doit être à peu près égale à leur diamètre. On les recouvre d'une couche de terre de 3 centimètres, sur laquelle on met une nouvelle rangée de graines, et ainsi de suite jusqu'cà 3 ou li décimètres de hauleur. On a soin que la caisse (ou le tonneau) soit exactement pleine, atin que les graines ne puissent pas se déranger. » Nous n'avons pas besoin de nous étendre sur la récolte des produits qui peuvent intéresser l'acclimalation. En attendant le moment de l'envoi, le voyageur rédigera ses notes et ses instructions, afin qu'elles puissent partir et arriver en temps utile. IV. — Expédition. Il arrivera rarement que le voyageur rapporte lui-même en France les objets qu'il aura recueillis. Le plus souvent il devra les confier à des mains étrangères. C'est un motif de plus pour (juc leur expédition soit faite avec tous les soins convenables ; que les animaux, les plantes et les produits soient disposés et aménagés à bord des navires ou dans les voitures (suivant le mode de transport), de manière à assurer leur parfaite conservation. 55(i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. On choisira, autant que possible, pour les envois, une épo- que telle qu'ils arrivent en France du commencement d'avril à la fin de septembre, et de préférence en mai ou en juin. Le voyageur aura soin de calculer la durée probable du voyage, et de clioisir la voie en même temps la jilus courte et la plus sûre, en évitant les voies trop lentes ou trop détournées. Dans la grande majorité des cas, le transport se fera jjar les navires du commerce. Cependant la Société a été assez beu- reuse pour recevoir, à plusieurs reprises, des envois d'animaux ou de végétaux embarqués sur des navires de l'État, et S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies a bien voulu, au mois de février dernier, adresser à tous les membres du corps médical de la marine des recommandations spéciales pour les soins à donner aux produits naturels expédiés à la Société ou par elle. Les animaux ont dû être renfermés dans des cages, comme nous l'avons dit plus haut, quelque temps avant leur embar- quement. Ces cages seront soigneusement embarquées et déposées sur le ])ont, de manière à pouvoir être abritées ])ar les mau- vais tenq)s, ou même mises à couvert, si leur dimension le permet, il sera bon, dans ce cas, que les cages soient suspen- dues, afin que les animaux n'aient [)as à souffrir des mouve- ments du navire. Les œufs d'oiseaux seront emballés dans des boîtes avec du son, des rognures de papier, ou d'autres matières analogues propres à empêcher les chocs. Un moyen bien simple et très efficace consiste à envelopper chaque uuif séparément dans une feuille de gros paj)ier. I.cs boîtes doivent être conservées dans uii endroit frais. Le transport des Tortues terrestres ne présente aucune difficulté. Ouant aux espèces aquatiques, on les met dans des tonneaux placés debout, la bonde ouverte, et remplis d'eau douce ou d'eau de mer. Les vases ou les tonneaux qui renferment les poissons seront suspendus, el leur intérieur revêtu de parois de toile inclinées pour amortir les chocs. Les œufs de poisson ayant INSTnuCTIONS SUR LES F^NVOIS D'ANIMAUX ET DE VÉGÉTAUX, libl élé bien aniénaiiés dans les boîles, il n'y a plus qu'à les meltre dans un endroit frais. On prendra la même précaution pour les œufs d'insectes ou les cocons, que l'on aura eu soin de renfermer dans des boîtes à claire-voie. Pour empêcher les œufs d'éclore pendant la tra- versée, M. Armange recommande de les renfermer dans des flacons bien bouchés et recouverts d'une couche de salpêtre. Pour les longs voyages, on se trouvera bien d'employer l'ap- pareil de MM. .Jacquemart et Réveil, dont voici la description. « Nous avons pensé que l'éclosion des cocons et la perte des papillons devaient être attribuées autant à l'air conliné dans le({uel ils étaient placés qu'à la température élevée à laquelle ils étaient soumis; le problème à résoudre consistait conséquemment à trouver un moyen peu dispendieux et d'une exécution facile pour maintenir autour des cocons un courant d'air froid, ou du moins un renouvellement fréquent de cet air. >-> On pouvait arriver au but (jue nous nous proposions, en mettant à prolît l'abaissement de température déterminé par l'évaporation de l'eau dans un courant d'air : pour cela nous avons conseillé de laire construire une caisse de bois blanc percée de trous d'environ un demi-centimètre de diamètre sur ses parties latérales, portant à l'intérieur des toiles métal- liques ou des canevas superposés, sur Ics((uels seront placés les uns à côté des autres, les cocons, que l'on pourra main- teni]' sur les toiles en les y cousant au moyen d'un (il très tin. Après avoir introduit les cocons dans la caisse; et, celle-ci étant fermée, on l'enveloppera d'une grosse toile d'emballage. Le tout, ainsi disposé, sera placé à l'ombre dans un lieu aéré, soit par exemple sous une tente sur le pont. » Les Crustacés, Annélides, Mollusques et Zoopbytes seront expédiés comme les Poissons. Les Sangsues peuvent être mises, quand le trajet n'est pas trop long, dans des sacs de toile, (pic l'on trempera dans l'eau de temps en temps; ou bien encore dans des boites fermées, où l'on a mis préalablement un peu de terre ou de mousse humides. On emploie enfin avec avan- tage l'appareil de M. Vayson. 558 SOCIÉTÉ impérialf: zoologique d'acclimatation. Les Mollusques terrestres seront expédies dans des sacs de toile ou dans des boites, cohhiic les Sangsues. Les plantes vivantes ont élé placées dans des caisses ^Vard. Au moment du départ, on donno un bon arrosement, mais sans humidité surabondante; [mis on ferme la caisse, en remettant le panneau mobile, et Ton masli(}ue bien tous les joints. On place les caisses sur le pont, où elles doivent géné- ralement rester durant tout le voyage. Les bourriches, destinées aux courts trajets, ont dû être garnies de mousse, couvertes de paille et emliallées si le froid est à craindre. On eml)arquera avec les mômes soins les caisses ou sacs renfermant les tubercules, bulbes, graines, etc. Nous rappel- lerons que ces dernières doivent être parfaitement sèches avant d'être emballées. Nous citerons encore ici les Instruc- tions du Muséum. (( Suivant M. Falconer, le meilleur procédé pour conserver les graines, pendant une longue traversée, consiste, après les avoir fait sécher aussi complètement que possible, à les enve- lopper dans un papier é'pais non collé, et à renfermer le tout dans des sacs de grosse toile qu'on suspend dans un endroit sec et aéré tel (|ue les cabines des officiers. Lorsqu'on peut remplir cette condition, ce procédé, bien simple, parait le meilleur pour {|ue les graines arrivent en bon état. » Quant aux produits divers, desséchés ou conservés dans l'alcool, le vinaigre ou l'eau sali'C ; aux di'pouill(>s d'animaux; aux plantes sèches, gommes, résines, matières médicales ou commerciales; aux échantillons de sols, etc., voici les règles à suivre. « Aussitôt ([uc les objets auront été placés dans les caisses, il faudra fermer ces caisses le mieux qu'il sera possible, et les goudronner sur toute la surface, de manière que ni l'air ni l'humidité ne puissent y pénétrer. On les enveloppera ensuite d'une toile huilée, et on les placera d;ms le vaisseau, là où l'on croit qu'elles peuvent rester jus([u'à i*'nr arrivée, et, aulant (pie possi!)le, à l'abri de l'excessive chnleur et hors de l'atteinte des animaux rongeurs. INSTRUCTIONS SUR LES ENVOIS d'ANIMAUX ET DE VÉGÉTAUX. 559 » Les bocaux et flacons do verre doivent être mis dans des caisses bien garnies de fdasse ou d'algue, et rangés de manière à ne courir aucun risque de se casser; on doit en outre éviter de renfermer dans ces caisses des olyets qui seraient de nature à être altérés par le liquide des vaisseaux de verre, si ceux-ci venaient à être brisés. » Chaque objet devra être muni d'une étiquette fixe et point sujette à se déranger, ou d'un numéro correspondant au registre détaillé qui accompagnera l'envoi. Lorsqu'une expédition sera faite , il sera essentiel d'en donner avis directement, et le plus tôt possible, à la Société impériale d'acclimatation et au délégué de la vSociété dans le port où le navire doit arriver, ou, à défaut, 'nljlo, Aliyssinie, etc.). Manunifères. — Chèvre deNubie (races ordinaire et naine), Chèvre des Canaries. — Bouquetin walie , d'Abyssinie. — INSTRUCTIONS SUR LES ENVOIS d'aNLMAUX ET DE VÉGÉT4UX 565 Antilopes et Gazelles du Sénégal, Antilope onctueuse d'4bvs- s.n.e. - Moutons du Congo, Moutons noirs de Nubie - caniTesT '''''''''''■ -^^^''^'^l^'^- -Chœropotame. -Races Oiseau:^. -Autruche. -Grues couronnée et de Numidie sTrd '"^'n 7Tf • -^'""'"'f'' ^'^^'^^»^°"- - Colombe rousi said - Outarde huppée. -Oie à double éperon. - Sarcelle de Madagascar. — Musophage géant. BeptUes. -- Tortues terrestres et fluviatiles, et notamment Tnonya: ou Tortues molles. - Tortue d'Aubry ^Gabon) _ Lameleons. • ^ / Insectes. - Ver à soie du Sénégal {Bomb,,:, Bauhmiœ) \manx. - Riz. - Arbousier. - Indigotiers. - Houx des Canaries. - Lauriers - Pittospores. -M^irica fana. - Ortie rouge. - nkamnus glandulosus. - Olea excelsa. •5- — Afrique australe (Cap, .\]o2ambii|iie, Madag-ascar, etc.) .1/«»«»/A.<.. - Zèbre. - D.-,„w. - PI,acocl,ére. -Daman. -t.aiigher de Madagascar. - Aniilopes caama, içnou pvnr gue, à bandes, deCafrerie, elc. - Hélamvs du Cap -Orvr le™,,e. - Ii,,m,:. du Cap. - Couagga. - Cbien V grandes" o.edies. - Rawaupe. _ Aye-aye. - Zébu. - Érieules. - lanrecs. Oiseaux. - Gangas unibande et vélocifère. - Francolins du Cap, a gorge nue. - Colombe rameron. -Outardes kori cafre, cendrée, oiroïde, deCafrerie, de Vigors.- Serpentaire' - Grue couronnée. - Poules de la Réunion. - (îrue caronculée. 7?^y,///^,. _ Tortues en général, et notamment Chersite rayonnee, grosse Tortue noire, des Comores, etc. Poissons. - Les e.^pèces utiles en général, notamment le Gourami. — Poissons du Cap et de l'île Maurice. Insectes. — liombi/x panda et Mimosœ, de Port-Natal — nica. Oiseaux. - Attagis de Gay. - Nandou. - Toucan. — Endromye. — Cygne à cou noir. — Oies antarctique et magellani(|ue. — Bernaclie des Sandwich. Végétaux. — Passitîores — Poivriers (Pépéromies). — Calcéolaires. — llèlre antarctique. — Fitz-Rova. - Saxe- Gothea. — Saules. — Drimys de Winter. — Escallonia. — Fuchsia. —Araucaria. -Cestrum Parqui. —Haricot beurre du Chih. jSOrVEAlX RENSEIGNEMENTS SUR LES MOUTONS DE LA RACE CIILNOISE NOMMÉE ONG-jr. (Séance du 18 juillet 1862. ) Informée de l'exislence d'une race de Moutons de Chine recommandable par sa fécondité, la Société impériale d'accli- matation s'est fait un devoir de rechercher et de recueillir tous les renseignements (ju'elle pourrait se procurer à ce sujet. M. le docteur .lules Cloquet, invité à profiler de son séjour à Londres pour s'assurer de Texactitudc des faits publiés sur cette question, s'en occupa activement, et, d'une lettre qu'il adressait le '25 juin dernier à M. le Président, il résulte que cette race a été réellement importée en Angleterre. Les pre- miers individus furent j)Iacés au Jardin zoologique, où ils n'ont séjourné que peu de temps. Toutefois trois Brebis y donnèrent naissance à douze Agneaux dans la même année. La Société d'acclimatation de Londres, à qui cette race avait été signalée, avait volé 150 livres pour s'en procurer, et elle en avait reçu deux lots au commencement de cette année. M. le docteur Cloquet a pu en \o\y hCIapJimn rplrent, chez M. Bush, trésorier de la Société d'acclimatation, un troupeau composé de '2'1 tètes, dont .18 Brebis et Agneaux, et h Béliers. Ces Moutons sont de taille moyenne, assez hauts sur jambes, et n'ont pas d'oreilles, ou seulement des rudiments de la conque, ce qui leur donne une singulière physionomie. Des h Béliers, un seul porte deux petites cornes, l'une recourbée en bas et l'autre imparfaitement développée et comme atro- phiée. Ils ont le nez fortement busiiué ; la queue est fort erosse, courte, aplatie à sa base et assez effilée à son extrémité. D'A Les qualités de la laine varient aussi suivant les individus. Ils sont très doux et faciles à conduire; ils peuvent prospé- rer dans des terrains secs et pauvres en herbe. Ils mangent bien, mais sans avoir rapi)élit désordonné qu'on leur a prêté. Les Brebis sont bonnes laitières. M. Bartlett, du Jardin zoolo- MOUTONS DE RACE CHINOISE. 571 gique de Londres, assure qu'elles ont deux portées par an, et que plusieurs donnent naissance à quatre et même cinq Agneaux. Dans ce cas, les femelles ne pouvant nourrir que deux ou trois Agneaux, on a recours, pour les autres, à un allaitement artificiel. Chez M. Bush, la moyenne des portées était de deux à trois Agneaux. Depuis ces communications dues à M. le docteur Cloquet,la Société a reçu de M. Lagabbe, président du tribunal civil de Neufchàteau (Vosges), de nouveaux renseignements qui com- plètent et confirment les précédents. «J'ai, dit M. Lagabbe, depuis plusieurs années, uti troupeau de cette race; le nombre en est actuellement de près de 300. » Rien n'est plus vrai que sa fécondité : les mères portent régulièrement deux fois par an, et donnent de deux à trois Agneaux et rnéme jusqu'à cinq par portée; c'est une vraie fabrique de viande, qui est de très bonne qualité, facile à en- graisser. C'est cà la ferme-école du département des Vosges que je me suis procuré les premières mères. Il y avait à cette époque, dans cette ferme, d'après ce que m'a assuré le direc- teur, une Brebis qui, dans l'année, avait lait dix Agneaux : cinq à son arrivée ; deux, cinq ou six mois après, et trois également dans les six mois suivants. La laine est au moins aussi belle que celle des autres Moutons, mais les mères étant toujours pleines et nourrices dans le même moment, elle est généra- lement moins abondante. Comme c'est épuiser les mères que de leur laisser nourrir plus de deux Agneaux à la fois, j'ai vingt Chèvres qui remplissent constamment les fonctions de nourrices afin de soulager les mères, (|ui cependant ne paraissent pas fatiguées de nourrir tout leur produit. Si quelques personnes en désiraient, je pourrais leur en vendre. » Nous sommes heureux d'ajouter à ces renseignements que M. Bush a offert à madame Cloquet, pour le Jardin d'accli- matation dont elle est dame patronnesse, une paire de ces animaux , et que notre collègue iM. Dutrône, se trouvant à Londres, a bien voulu se charger de les ramener lui-même à Paris. NOTE SUR LE CAPERCAILLIE (Tetrao urogallus), Par M. VAIVERT DE nÊ\K Con?iil (Je tnuicc à lîlylli (Ecosse). (Séance du 6 juin IS62.) Cet oiseau, qui appartient à la famille des Tétras, est connu aussi sous le nom de Coq des bois, Coq de montagne, Aue?-- halin et Copercaillie. Dans le Bulletin du mois de février, page lOZi, je vois que M. de Chaudordy, secrétaire de la légation de France à Copenhague, a déjeà appelé sur cette espèce l'attention de la Société. Parlant des furets de la Suède et de la Norvège, il dit : « On y rencontre aussi fréquemment le grand Coq des » bois, et depuis quelques années la chasse en étant plus sur- » veillée, leur nombre ne fait que croître ; ces oiseaux seraient » faciles à se procurer en Suède. M. le ministre de France à » Stockholm, et M. le consul de France à Elseneur, sont dis- » posés à prêter leur concours. » On assure que le Capercaillie, ou grand Coc] des bois, était indigène dans la Grande-Bretagne, où il se trouvait autrefois très communément. Peu <à peu la destruction des forêts, les défrichements et surtout le braconnage , Unirent par faire disparaître cet oiseau de l'Angleterre. Dans ces derniers temps on ne le rencontrait que dans les montagnes et les forêts d'Ecosse, son dernier refuge. Il y a plusieurs années, quelques grands propriétaires écossais, entre autres le marquis de Breadalbane et le duc d'Hamilton, formèrent le projet de repeupler leurs forêts de ce magnifique gibier. A cet effet, ils firent venir de Suède et de Norvège plusieurs centaines de Capercaillies : le succès a couronné cette entreprise, car aujourd'hui ils sont assez SUR LE CAPERCAILLIE. 573 communs en Ecosse; toulelbis, afin d'en bien assurer la repro- duction, on s'absh'ent encore de les tirer. La chair en est excellente ; à Londres elle est tellement appréciée, que les marchands de gibier en importent tous les ans un grand nombre. Si de l'acclimatation on pouvait arrivera la domestication, l'acquisition du Capercaillle, comme oiseau de basse-coiu', deviendrait d'une bien plus grande importance. Ce qui me fait penser que ce résultat ne serait pas impossible à obtenir, c'est que je sais que M. le duc d'Mamilton possède, depuis quelques années, à son château de Brodick, ile d'Aran(Ecosse), un certain nombre de ces oiseaux qui, à ce que l'on m'assure, se sont parfaitement reproduits en captivité. La taille du Capercaillie est à peu près celle du Dindon. Sa couleur est marron brun, avec des lignes noires mar- quées irrégulièrement; poitrine noire avec retlets verts. La femelle a des lignes rouges et noires sur la tête et le cou. Sa nourriture consiste, (juand il est jeune, en insectes, fourmis, et principalement en œufs de fourmis. Pour les adultes : substances végétales telles que baies de genièvre et autres, mûres de ronces, boutons et feuilles de divers arbres. Le Capercaillie fait son nid à terre et pond de huit à dix œufs. NOTES SUU UNE NOUVELLE RACE DE VER A SOIE dite Ya-ma-maï (littéralement VEFt DES MONTAGNES), OU VEll A SOIE DL CHÊNE DLi JAPOIS , Par M. U. Eus. SmO^. (Séance du 18 juillet 1862.) 1° Extrait dhoïc lettre en date du 28 février 1862, à S. Exe. M. le Ministre de l agriculture. Cette rare de Ver à soie sauvage du Japon se nourrit sur le Chêne, ainsi qu'une autre race dont il a déjà été question en France et qui se trouve dans certaines provinces de la Chine, et entre autres , à ma connaissance, dans celle du Koeï- schoeï, voisine du Sse-schuen et dans colle du llo-nan, mais elle en diffère sous deux rai)porls essentiels. Le premier, c'est que la soie du Ver du Chêne du Japon, loin d'avoir une valeur moindre que celle du Ver du Mûrier, jouit ici d'une plus-value constante de 20 pour iOO. Elle est em- ployée à la fahricalion des plus heaux crêpes du Japon. Le second, c'est que le cocon, au lieu d'être naturellement ouvert à l'un de ses houts, comme le cocon du Ver de l'Allante et du Chêne de Chine, est fermé, et qu'on peut le dévider très facilement. Enfin, il i)rend la teinture, quoique moins hien, il est vrai, que la soie du Ver du Mûrier. On appelle ici ce Ver à soie sauvage Ya-ma-mai^ ce qui veut dire littéralement « Ver de montagne k II est originaire de la principauté d'Etizen, à quelques lieues de Yédo, où la variété de Chêne la plus commune est celle dont quelques feuilles sont restées attachées à l'un des cocons, et dont un rameau desséché se trouve inclus; mais il se nourrit de la feuille de toutes les variétés de Chêne indistinctement. Ou assure que les Japonais l'ont propagé jusqu'à une latitude beaucoup plus VER A SOIE DU CHÊNE DU JAPON. 575 septentrionale que celle de Yéclo,et (juant au sud, celte année même, le prince deHigo vient de l'imporler àWigo. Le papillon du Ya-rna-maï a les ailes grandes et fortes, et va déposer ses œufs si haut, que la récolte en serait fort difficile ; mais les Japonais font éclore les papillons dans une chambre fermée par des filets, et les y retiennent captifs jusqu'après la ponte. Alors ils transportent les œufs sur de petits Chênes élevés en buisson, où les Chenilles se développent vivement et confectionnent leurs cocons. Tels sont. Monsieur le Ministre, les premiers renseigne- ments que j'ai recueillis sur ce Ver h soie, et que je cherche à compléter le plus qu'il me sera possible. La vérité et la reconnaissance m'obligent à dire que c'est à M. le docteur Pompe van Meer de Woort, directeur de l'hos- pice japonais h Décima (Nagasaki) que je les dois. Grâce à lui, j'ai pu faire partir aujourd'hui un commissionnaire chargé de me rapporter de Wigo, dans le plus bref délai possible, un nombre quelconque de cocons de cette année, renfermant en- core leurs chrysalides vivantes, et je m'empresserai de les envoyer à Votre Excellence dans l'espoir qu'ils arriveront en France, sinon avant l'éclosion des papillons, du moins avant celle des Vers. En outre, M. le docteur Pom|)e a écrit sur ma demande à l'un de ses nombreux amis, et nous espérons rece- voir bientôt de lui un traité sur l'éducation du Ya-ma-maï. Enfin, M. le docteur Pompe a bien voulu me promettre de me rem- placer pendant mon absence au .lapon, et grâce aux soins que je suis certain (pi'il prendra, je pourrai, l'année prochaine, expédier en France des Vers et des papillons conservés pour l'étude du Y'a-ma-maï, des échantillons de soie grége, teinte et écrue, et une bonne quantité d'œufs pour la propagation de celte nouvelle et précieuse espèce. Si grand que soit l'intérêt que m'ait paru mériter le Ya-ma- maï, je n'ai point cependant oublié le Ver à soie ordinaire. Votre Excellence sait qu'en effet, la soie du Japon est supé- rieure à la soie de Chine, qu'elle a un brillant qui la fait plus rechercher et mieux payer sur les marchés d'Europe. Naga- saki est trop éloigné des centres de production pour que j'aie 576 SOCIÉTÉ: IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. pu obtenir sur les causes de celle supériorité des renseigne- ments satisfaisants; mais j'ai pu me jjrocurer un Irailé japo- nais sur réducalion des Vers à soie, où l'on trouverait peut- être ces causes. Je l'adresse ci-joint à Votre Excellence, qui pourra, si elle le juge à propos, en ordonner la traluclion. 2° Extrait df tme lettre en date du 20 mars 1862, à Son Exe. M. le Ministre de l'agriculture. Dans ma lettre en date du 28 février, j'ai eu l'honneur d'informer Votre Kxcellence que M. le docteur Pompe et moi avions envoyé un commissionnaire à Wigo, chargé de nous apporter un certain nombre de cocons du Ver à soie du Chêne du Japon. J'ai aujourd'hui la satisfaction de lui apprendre que le prince de Higo vient de nous ré[)ondre lui-même en nous envoyant sept cocons, dont cinq proviennent de l'éducation à la chambre, et deux de l'éducation en liberté, toutes deux adoptées par les sériciculteurs, ainsi que Votre Excellence pourra le voir par la lecture de la note ci-jointe. — Le prince de lligo nous envoie en outre quatre-vingt dix œufs de Ver à soie. Enfin, il a poussé la gracieuseté jusqu'à nous envoyer l'un de ses chefs sériciculteurs, qui nous a remis la note dont j'ai l'honneur déparier à Voire Excellence, laquelle a été tra- duite par les soins de M. le docteur Pompe. Quant aux cocons et aux œufs, je les adresse à mes corres- pondants de Shang-haï, MM. Vaucher frères, en leur recom- mandant de faire en sorte que la boîte qui les contient soit placée dans les glacières det, navires de la Compagnie pénin- sulaire, qui les transporte jusqu'à Marseille. Je dois dire à Voire Excellence que sur les quatre-vingt-dix œufs de Ya-ma-maï envoyés par le prince de lligo, le docteur Pompe en a retenu dix ou douze, afin de les faire développer sous ses yeux et d'en faire l'élude complète. Si ceux qui parlent en ce moment n'arrivent pas en France en bon état de conservation, ce que l'époque avancée de la saison peut faire craindre, nous avons du prince de Higo VER A SOIE DU CIIÈNE DU JAPON. 577 rassuranco (ju'à rautomne prochain, nous pouri-ons en en- voyer une plus grande quanlilé. 3" Education du \ 'er à suie du Chrne, telle quelle est pratiquée datis laprovi?ice de Hi(jo (Ile de Kiu-sûo, Japon), L'éclosion des œufs de Ya-ma-maï correspond à la reprise delà végétalion du Chêne, qui est l'essence d'arhre sur laquelle il se nourrit. Ainsi elle a lieu, suivant les climats, du 15 au 25 mai, mais on peut la retarder d'une lacon nolahle, en soustrayant aussi complètement que possihle les œufs à la chaleur et au mouvement et en ne leur laissant (jue la quantité d'air strictement indispensable. Voici comment on les conserve, notamment à l'île de Kiu- sûo, oîi ils sont aussi acclimatés depuis un an, d'après les pratiques suivies dans la principauté d'Etisen, d'où ils sont originaires. Le papillon du Vii-ma-maï est très grand et a les ailes très fortes; en outre, il ne lixc pas ses œufs comme le [tapillon du Ver àsoie du Mûrier, il les pond même en volant ; aussi, pour empèchei' sa fuite et pour éviter toute perte d'u^mfs, on étend sur le plancher d'une chamhre très propre et très claire une natte très fine ou une toile (on dispose dans cette chamhre quelques vases de sucre ou de miel); on en ferme les ouver- tures avec des filets, après y avoir [)lacé la quantité de cocons que l'on juge à propos. C'est ici le lieu de dire que l'on reconnaît facilement les mâles des femelles d'aprèsleur dimen- sion, qui est la plus grande. Tant que dure la vie du papillon, on ne doit pas entrer dans la chamhre; dès qu'elle est terminée, on enlève les filets avec précaution, de peur qu'il ne se trouve quehpies œufs dépo- sés dans leurs mailk'S, et l'on recueille ceux qui s tus mêlés à beaucoup de sable ; mais les terres se trouvent » si bien améliorées par ces dépôts, que les propriétaires se » consolent de quelques désastres par la perspective d'une » suite de bonnes récoltes. » La Canne est cultivée à la charrue ou à la pioche ; elle est » plantée en rangs, à 6 ou 8 pieds (2'%30 à 2'", (50) en Sous sens. » Elle atteint une hauteur de 10 à 11 pieds (3"', 30 à 3'", (50). » La densité du jus qu'elle contient est de 7, 8, 8 1/2 et même » 9 à 9 1/2 degrés de Baume. Ce dernier chiffre est excep- » tionnel et considéré comme très favoral)le. La récolle se » fait chaque année en octobre et novembre. La Canne n'a » qu'une maturité fort relative, mais on ne peut différer » davantage, parce qu'elle pourrait être détruite jiar la gelée. T> Le rendement est en moyenne d'environ un boucault de )) sucre de 1000 kilogrammes par arpent de terre. » Le climat de l'Algérie, au moins sur le litioral, n'a pas des abaissements de température aussi considérables que celui de la Louisiane : la Canne n'est pas exposée à y geler comme dans ce dernier pays; si les tiges y sont un peu moins développées, elles sont en compensation plus riches en sucre, ainsi qu'on le verra plus bas. On est amené à induire, de ces divers rapprochements, que la culture de la Canne à sucre est possible en Algérie, et ces inductions se trouvent conlîrniées par l'expérience directe, ainsi que je vais le démontrer. Expériences directes et concluantes en Algérie. Les essais de culture suivis avec soin depuis vingt ans au jardin d'acchmalation d'Alger tendent à prouver que CULTURE DE LA CANNE A SUCRE EN ALGÉRIE. 583 l'cxploitalion de la Canne à sucre peut, dans certaines me- sures, prendre place dans Fagriculture algérienne , nolam- rnent dans les plaines qui avoisinent lo littoral, peu élevées au-dessus du niveau de la mer, et où se trouvent réunis des moyens d'irrigation. Je ne veux pas dire que le sucre fabriqué en Algérie pour- rait alimenter une très importante exportation, et soutenir une large concurrence sur les marchés extérieurs avec le sucre de betterave et le sucre colonial. C'est peut-être plus modestement qu'il convient d'envisager cette question, et quand la production du sucre en Algérie ne ferait qu'alimenter, même en partie, la consommation locale, ce résultat ne serait pas à dédaigner. En 1856, d'après le dernier tableau de la situation des éta- blissements français dans l'Algérie, publié par l'administra- tion, il a été importé en Algérie : Sucre brut et lerré. 7^9 576 kilogr, pour /i'jO G'i6 fr. Sucroraflinr-. ... 8 168 105 5 1(18 105 Totaux 8 917 681 Idlogr. pour 5 617 731 fr. Ainsi, en 1850, l'Algérie achetait 8 917(381 kilogr. de sucre pour une somme de 5 617 731 fr., valeur à l'introduction. Ce qui met le prix du kilogr. à Ofr. 65 c, ou 65 tVancs le quintal métrique. A la même époque, la mercuriale d'Alger portait le prix des sucres, en moyenne, à l!6 francs les 100 kilogr., diflérence en plus du prix d'importation 51 francs par quintal, plus de 50 centimes par kilogramme. Le chifire de l'importation des sucres en Algérie est donc de 5 millions 600 000 francs en chiffres ronds. Il est vivement à désirei' qu'une partie de ces millions reste dans le pays, et que l'agriculture et l'industrie locale s'en enrichissent, car nous tirons beaucoup du dehors pour notre consommation et nous avons peu de chose relativement à exporter en com- pensation. En 1856, les importations de toute nature se sont élevées à 110 millions et les exportations à 'i9 millions, c'est- à-dire que nous n'avons de matière à échanger que pour beaucoup moins de la moitié de ce que nous recevons, et 5S/j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. qu'il nous faut soldiT ia dillérence en espèces, soit environ 71 iiiilli(jns |i;ir an, pendant les ilerniéres années. Ce défaut d'équilihre dans les échanges est une cause puissante d'ap- pauvrissement pour 1(; pays, et il sera dans un état de gêne tant qne cette cause persistera. Le moyen d'y porter remède n'est pas seulement de viser à augmenlei' les exportations, mais aussi de rentrer dans les conditions les plus élémentaires d'économie, en évitant d'im- porter ce que le sol peut produire à un prix ([ui ne dépasse pas celui de l'importation. La culture de la Canne à sucre en Algérie, en amenant cette amélioration i)our sa part, ne bornerait cependant pas là ses avantages. Elle introduirait forcément l'industrie dans l'agriculture, et serait comme l'inauguration de ce résultat si désirable d'uniformiser le travail pendant toutes les saisons, en permettant d'employer loujours le même nombre de bras sans aucun chômage, circonstance de ia plus liante impor- tance, qui doit amener une énorme améhoration dans le prix et dans la qualité de la main-d'œuvre. La Canne à sucre, par ses effeuillaisons, contribuera à l'entretien du bétail et à la production des engrais. Dans les assolements, elle aura sa place à côté des prairies et des plantes sarclées. Enfin, cette plante peut être utile ici, quel que soit le côté économique sous lequel on l'envisage : appel des capitaux sur le sol ; emploi de bras plus nombreux en agriculture et d'une manière permanente ; entretien du bétail, et conséquemment conservation de la fertilité du sol; production d'une riche matière de consommation immédiate et locale, dont le capital correspondant restera acquis à la colonie. A ce dernier égard, il s'agit de démontrer que le sucre produit en Algérie ne coûtera pas plus cher en consomma- tion que celui d'importation étrangère. Manière d'être de la Canne à sacre en Algérie. Comment se comporte la Canne à sucre en Alg(''rie? La Canne à sucre a ici, dans le courant d'une année, une CULTURE DE LA CANNE A SUCRE EN ALGÉRIE. 585 période de végétation très active et une période oi^i elle reste pour ainsi dire à l'état de repos. Elle entre en pleine végéta- lion à la tin d'avril ou au commencement de mai, et cette végétation se ralentit vers la fin de novembre, si toutefois elle ne cesse pas tout à fait, ou à peu près, vers cette époque. Pendant celte période de la saison chaude, elle reçoit environ Zi650 degrés de chaleur. Pendant les mois de décembre, janvier, février, mars et quelquefois avril, sa végétation est latente. Au moment où ce repos de la sève se produit, la saccharification s'opère. Cet <'[at correspond à ce qui se passe loi's de la fléchaison de la Canne dans le voisinage de l'équateur. C'est là un fait important, digne de la plus grande attention. Le maximum de saccharification a lieu iln décembre et pendant janvier et février. Avant et après, lorsque la végétation a un peu plus d'activité, la proportion du sucre que contient la Canne est moindre. C'est donc en décembre, janvier et février qu'il famh'ait traiter la Canne en Algérie pour en extraire le sucre. 11 y a encore ce fait important à constater, c'est qu'ici la Canne doit être exploitée chaque année à la fin de l'automne, et qu'elle donne par consé(juent une coupe tous les douze mois. Une plantation peut durer quatre et cinq ans, et don- ner par conséquent quatre et cinq coupes. Mes observations ont porté sur quatre variétés de Cannes : la verte de l'Inde, la rubanée de Batavia, la violette de Saint- Domingue, et la grosse blonde d'Olaïli. 11 n'est pas nécessaire d'entrer ici dans tous les détails de ces investigations. Je dirai seulement que la préférence doit être acquise à la grosse blonde d'Otaïli , qui a constamment donné les meil- leurs résultats sous tous les rapports. Celle variété donne en moyenne, par an et par hectare, 50 000 kilogrammes de liges efléuillées, écimées et prèles à être mises au moulin. Elle peut donner un peu plus ou un peu moins, selon l'état de la culture. La longueur des tiges coupées et contenant la partie saccharifère, est de 1™,20 à 1"',50, quelquefois plus. Ces tiges, déchirées à la râpe, et la pulpe, soumise à une pression énergique, donnent 7(5 pour 100 586 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. de jus. Mais ce procédé, peu expéditif, ne peiilêlre employé en grand ; il n'est bon que pour arriver à constater la quantité absolue de jus que l'on peut extraire mécaniquement de la Canne. Le laminage par les cylindres est le seul procédé expéditif et vraiment raanutacturier à employer pour livrer promptenient des quantités de jus dans des pnqDortions con- venables, afin de permettre de le traiter à mesure qu'il est extrait et avant qu'il commence à s'allérer. Par ce moyen, on obtient aux colonies 05 pour JOO, et c'est à ce cbilTre qu'il convient de s'arrêter (juant à présent. Ce jus, exprimé dans la saison indiquée ci-dessus, mar- quait 10 degrés ta l'aréomètre de Baume; observé par le procédé de la saccbarimétrie optique, il a indi({ué une richesse moyenne de lo,08 pour 100 de sucre crUtallisnblc. Faisant ici encore la part au procédé théorique, nous réduirons le rendement pratique à 10 pour 100, et nous obtiendrons : 50 000 X (15 10 ^ = 32 500 X = 3 250 100 100 soit un rendement de 3*250 kilogrammes de sucre par hectare et par an. Comparaison des résultais giion peut obtenir en Algérie avec ceux que l'on obtient dans les colonies. Je prendrai mes exemples à l'île de la Réunion, parce que c'est celle de nos colonies où l'industrie sucrière semble avoir le plus prospéré dans ces derniers temps. En 18/i9, celte île exportait 19 560 583 kilogr. de sucre; en 1856, elle en expor- tait 65 "203 J 11 kilogi'. : augmentation dans l'espace de liuit années, h^ 6/[2 52s kilogrammes. En 1855, 55 000 lieclares étaient cultivés en Cannes à sucre, occupant 25 000 travailleurs. La Canne se coupe généralement, à l'île de la Réunion, de vingt-deux à vingt-huit mois de pousse. On retire de cette Canne 65 pour 100 de jus, marquant 0 1/3 à 10' de l'aréo- mètre de Baume. La même plante ne donne que deux coupes, CULTURE DE LA CANNE A SUCRE EN ALGÉRIE. 587 et les plantations sont ordinairement renouvelées au bout de quatre ans. Le plus ordinairement on tirait d'un hectare à 200 kilogr. de sucre pour la première coupe, et 2100 pour la seconde. Mais des perfectionnements ont été introduits pendant ces dernières années dans la culture, et M. Imhaus alfirme que le produit a augmenté du double, et que l'on récolte actuellement 8 /lOO kilogr. de sucre par hectare pour la première coupe, et environ h 200 pour la seconde, ce qui lait, pour les quatre années et la durée de la plantation, 12 600 kilogr. de sucre (1). Nous avons vu plus haut qu'en Algérie, l'hectare pouvait donner par année 3250 kilogrammes de sucre, soit pour quatre ans que peut durer une plantation, au minimum, 13 000 kilogrammes de sucre. La Canne à sucre, par une culture intelligente, pourrait donc produire autant en Algérie qu'à l'île de la Réunion. Ce fait pourrait paraître extraordinaire aux personnes qui n'envisagent que la position géographique des deux pays, et qui n'auraient pas égard aux modilications que la Canne subit dans son organisme, selon le climat où elle peut croître. Dans les pays tropicaux, où il n'y a aucun hivernage qui vienne interrompre le développement de la Canne, le maxi- mum de la saccharification des tiges se produit aux approches de la terminaison, c'est-à-dire au moment où l'activité de la croissance se ralentit, où les i)rganes de la fructification apparaissent, ce que l'on nomme la fléchaison, et cet état se produit, selon les climats, au bout de dix-liuit, vingt-deux, vingt-quatre et vingt-huit mois. Il n'est pas indifférent de la récoher avant qu'elle ait acquis cet état, car lorsqu'elle est encore herbacée, en pleine croissance, elle contient plus de moitié moins de sucre, et pendant l'extraction il s'y mêle trois fois plus de substances organiques qui s'opposent à la cristal- lisation du sucre. En Algérie, rabaissement de la température ralentit l'évo- lution de la sève, et l'intïuence de l'hivernage produit l'effet (1) Revue coloniale, 1858. 588 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'ACCLIMATATION. âe la lïéchaison pour la saccharification. Au bout de sept luois de pousse, les liges sont aussi propres à la labricalion ([u'à dix-huit, vingt- deux, vingt-(|uatre et vingt-huit mois sous les tropiques. La dillercnee (jui existe, est qu'elles sont moins longues; mais on peut faire ici deux récoltes dans le même laps de temps que pour en l'aire une dans ces contrées. C'est également ce qui se passe à la Louisiane, mais dans des conditions infiniment inférieures à celles qui se rencon- trent en Algérie. La coupe des tiges s'y fait chaque année avant l'hiver, et pour préserver les souches de la gelée, on est obligé de les couvrir, comme on le fait jiour les artichauts dans la partie moyenne de l'Kurope. Nonobstant ces conditions de climat qui ne peuvent être considérées comme des jiius favurables , la production du sucre delà Louisiane va toujours en augmentant; elle peut être évaluée en ce moment à 100 millions de kilogr. par an. Le prix moyen de revient du sucie dans l'ensemble des colonies sucriéres françaises, anglaises et hollandaises, est d'environ 35 francs les 100 kilogrammes; le prix de vente sur place parle producteur, au commerce, est de 50 francs les 100 kilogrammes. La dilïérence qui existe entre ce prix et celui auijuel il est livré aux consommateurs est absorbée par les transports, déchets, tares, esconqile. couunission, droits du fisc et bénétices des détaillants ; nous voyons que, tandis que le producteur prélève un bénéfice de 15 francs par 100 kilogrammes, le commerçant algérien et ses intermédiaires s'attribuent 51 francs par ([uintal. Cette situation mérite qu'on y porte attention. Prix auquel pourrait revenir le sucre produit en Alyérie. Les frais de culture annuelle d'un hectare de Cannes h sucre, en Algérie, peuvent êtic estimés approximativement à /lOO fr. Quant aux frais de fabrication, ils ne peuvent être plus élevés que ceux du sucre de betterave en France; on peut même dire qu'il y a beaucoup de raisons [)Our (pi'ils soient infé- rieurs; mais en [irenanl piovisoirement ce chifl're, qui est CULTURE DE LA CANNE A SUCRE EN ALCÉRfE. 589 de 1^3 francs le quintal, non compris la valeur de la belle- rave, on reste dans les probabilités. On a vu plus baul que l'hectare de Cannes pouvait produire ici annuellement 32 quintaux 1/2 de sucre, ce qui donne le chiffre de 12 francs par quintal pour frais de culture, et 23 francs pour frais de fal)rication ; total, 35 francs le quintal. Le sucre de Cannes algériennes reviendrait donc, selon toute probabihté, à 35 francs le quintal métrique. Localités de r Algérie oii la ealtare de la Canne à sucre pourrait se faire avec succès. Les terrains peu élevés au-dessus du niveau de la mer, formés par des alluvions de bonne (jualilc, et qui peuvent être irrigués, pouriont seuls convenir à la culture de la Canne à sucre. Ces conditions se rencontrent dans certaines parties de la Mitidjali, dans la plaine des Isscrs, dans la vallée du Sebaou, dans le bas Clielif, lorsque le Chelif sera endigué ; dans les plaines de la Mina, de l'Ilabra, du Siy, et dans beaucoup d'au- tres localités moins étendues, mais réunissant des conditions analogues à celles de ces contrées. n' Plantation et entretien. Une terre pluliM consistante que légère convient à la Canne à sucre. 11 ne faut pas cependant que celte terre soit trop compacte, les argiles tenaces ne conviendraient pas. 11 faut aussi que le terrain soit disposé pour l'irrigation. On doit tenir compte surtout de cette circonstance, que la Canne à sucre, ayant besoin d'une certaine humidité pendant la saison des chaleurs, ne doit pas cependant trouver un terrain sub- mergé pendant l'hiver. 11 faut au contraire que pendant la saison froide ce terrain soit égonlté autant que possible. Des labours profonds sont indispensaljles, et il faudra de très forts attelages pour les donner à ZiO et 45 centimètres de profundeui'; on se servira, dans ce cas, avec avantage, des instruments approfondisscurs, tels que défunceur, charrue 590 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMATATION. fouilleuse, charrue Bonnet, s'il est utile de ramènera la sur- face une partie du sous-sol. Les labours qui doivent être éche- lonnés depuis les premières pluies d'automne jusqu'à la fin de mars, doivent être exécutés en temps fovorahle, c'est-à-dire lorsqu'il ne pleut pas, et que la terre ne renferme pas de l'hu- midité en excès. Il faut à la Canne à sucre beaucoup de fumier; il faut lui donner les plus hautes doses de fumure, si Ton veut en obtenir de belles récoltes. La saison favorable pour planter la Canne à sucre est le cou- rant du mois d'avril. La plantation se fait en ligne. Les lignes sont espacées de 2 mètres, et l'on plante à 1 mètre de distance sur la ligne. Il entre 5000 plants ou pieds, ou touffes de Canne à sucre par hectare. Une plantation de Cannes à sucre peut durer quatre ou cinq ans en Algérie. Les jets nouveaux se suj)erposent aux anciens, de sorte que la touflc tend sans cesse à s'élever. Sur un terrain plat, elle ne tarde pas à se déchausser, et elle perd alors sa vigueur. J'ai trouvé avantage à donner à la plantation la disposition que voici : On ondule le terrain par de légers ados, disposés dans le sens le plus favorable à l'irrigation. Il en résulte, par consé- quent, des rigoles peu profondes dont les parois ont une très légère inclinaison, et qui doivent être distancées les unes des autres de "2 mètres d'axe en axe. C'est au fond de ces rigoles qu'on plante les Cannes, et à chaque façon, à chaque binage, on peut les rehausser insensiblement et selon le besoin. Ces rigoles établies en permanence servent aussi pour répartir l'eau d'irrigation. Le plant consiste en tiges de Cannes coupées par tronçons. Chaque tronçon doit se conijioser de trois ou ({uatre yeux (on appelle cela des boutures). Pour les planter, on creuse avec une pioche une petite fosse au fond de la rigole, dans laquelle on couche deux tronçons ou boutures côte à côte, en ayant soin de croiser la direction des yeux. On comble la petite fosse, et l'opération doit être faite de façun que 1*2 centimètres de terre recouvrent les boutures. Dès que la plantation est achevée, on donne une abondante CULTURE DE LA CANNE A SUCRE EN ALGÉRIE. 591 irrigation. Los irrigations sont ensuite continuées, selon le besoin, jusqu'aux premières pluies. On ne doit conserver que cinq ou six bourgeons à chaque touOe ; on choisit les plus beaux et les plus vigoureux, on supprime les autres. On donne des binages lorsque la surface du sol devient trop dure ou lors({ue les herbes se montrent. Lorsque les tiges des Cannes sont for- mées sur une hauteur de AO à 50 centimètres, on peut com- mencer k les effeuiller cà la base, mais en faisant attention de n'enlever que les feuilles qui cèdent sans beaucoup d'elïorts. Cette suppression facilite l'insolation du, sol, tend à écarter les insectes nuisibles, et elle fournit de la nourriture et de la litière pour le bétail. Dans le mois de déceml)re, on peut commencer la récolte des Cannes, et quelquefois on le peut plus tôt, si l'on y est déterminé par des circonstances particulières ; mais en se hâtant trop, ou courrait le risque de prendre les Cannes avant leur maximum de saccharification, ce qui constituerait une perte. Pendant l'hiver, il n'y a autre chose à faire que d'empêcher les plantations d'être envahies par les mauvaises herbes et les eaux d'y séjourner. La récolte doit être terminée à la fm de février. Vers la fm de mars, on donne un labour ou un piochage aux plantations adultes, qui se conduisent ensuite comme il vient d'être dit pour les plantations nouvelles. On ne laisse (jue cinq ou six bourgeons à chaque touiï'e, et toujours les plus vigoureux. On irrigue dès que la sécheresse commence, pour continuer jusqu'aux pluies d'automne; on effeuille dès (|uc la base des tiges est formée; enfin on bine et l'on désherbe à propos. Maladies et ennemis de la Canne à sucre. La Canne n'a été frappée ici d'aucune maladie qui lui soit propre, mais elle a pour ennemi la larve d'une espèce d'in- secte qui perfore ses tiges et en altère plus ou moins la qua- lité. Ces insectes sont plus ou moins nombreux, selon que les années sont plus ou moins favorables à leur multiplication. 592 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Esl-ce le Horer qui cause de si grands dommages aux Cannes à l'île de France et à l'île Bourbon?. le n'ai trouvé nulle part, la description du Borer, ni de ses mœurs et de ses habitudes. L'insecte que j'ai observé ici est le Leucania punctosa, genre voisin des Cossus, et dont le papillon est nocturne. La larve qui gâte les Cannes a o centimètres de longueur dans son })lus grand développement; elle est presque cylindrique et de couleur blanc jaunâtre. Sa tète est armée de très fortes man- dibules, assez solides pour attaquer le bois dur. Le papillon est petit et de couleur sombre. La femelle pond ses œufs vers le mois de juillet, à faisselle des feuilles et à la partie tendre des tiges. La larve qui naît de ces œufs pénètre dans l'intérieur de la tige, s'y nourrit, s'y développe, et creuse sa galerie en se dirigeant vers le sol. En décembre et janvier, la larve quitte la tige pour s'enterrer dans le sol et s'y métamorphoser en papil- lon. Les papillons sortent de leur coque en mai, puis quelque temps après ils jjondent sur les tiges ; de nouvelles larves éclosenl, r\ c'est ainsi que cette espèce se perpétue. . tlelte espèce incommode et fâcheuse ne se nourrit pas seu- lement dans les tiges de la Canne, mais aussi dans celles des Sorgho et des Maïs. Le moyen, non pas de détruire complètement celte espèce, mais d'en diminuer le nond»re et d'en atténuer les ravages, serait de brûler toutes les tiges de Maïs aussitôt la récolte des épis ; de brûler également les tiges des espèces du Sorgho qui ne sont cultivées que pour leurs graines, et d'employer les tiges de Sorgho sucré et de Canne à sucre avant (jue la larve les ait quittées })Our se réfugier dans la terre. Résumé. - ■ ' Je crois avoir démontré la possibilité d'exploiter la Canne à sucre en Algérie avec succès et dans des conditions écono- mi(iues qui ne présentent pas de grandes dissemblances avec celles des pays sucriers. La Canne à sucre modifie sa manière d'être : sous le climat algérien elle y est rendue plus précoce à exploiter, et linale- CULTrr.E DE LA CAN.\E A SUCRE EN ALCÉRIE. 593 ment elle peut y clonner la nièinc somme de produit, dans le même laps de temps rpie dans la plupart des colonies. Les i)rix de revient ne dilïerent pas sensiblement de ceux des pays producteurs de sucre, surtout dans les régions tro- picales. La production sucriére par la liellerave, en France, donne certains avantages aux cultivateurs et aux industriels. On y récolte 35 à lia 000 kilogrammes de racines par hectare, en moyenne ZiO 000 kilogrammes, qui donnent de 1500 à S'jOO kilogrammes de sucre, en moyenne 1950 kilogrammes, soit /i,87 pour 100 du poids des racines. A fortiori, la Canne à sucre produisant 50 000 kilogrammes de tiges et ;V250 kilo- grammes de sucre à Tliectare, et une richesse saccharine de (5,50 pour 100 du poids des liges, doit donner des résultats fructueux. La main-d'œuvre en Algérie n'est pas plus chère qu'en France. Ce qui fait qu'ici elle est rare, c'est qu'en réalité on n'a pas d'occupation continue à lui donner. A l'Ile de la iléunion, les engagés indiens coulent de 900 ù 1000 francs pour cinq ans, la nourriture, le logement, etc. Or, la main-d'œuv^'o européenne en Algérie n'est pas sensi- blement plus élevée, on y a tant que l'on veut des garçons de ferme et des ouvriers agricoles à raison de '2b à 30 francs par mois, et nourris. Que les capitaux viennent, que de nombreuses exploita- tions se fondent et s'organisent normalement et de façon à assurer du travail en tout temps, sans qu'il se produise de chômage, et l'on aura une nombreuse émigration de bras européens à des conditions de plus en plus avantageuses pour tout le monde. T. I\. - Juillet I8r,2. 38 SUll UN ENVOI D'ANIMAUX I^T DE VÉGÉTAUX DU JAPON. . LETTUK ADRESSÉE A M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DK LA SÛCIKTIl LMPÉRIALE d'ACCLIMATATION, Par M. Esast-iiie ^iSSOX. (Séance du 18 juillet 18(J2.) Nagasaki, le 25 mars 18G'2. « C'est effectivement au Japon, Monsieur le secrétaire général, que votre lettre est venue me trouver, m'apporlant si loin de la patrie des preuves de souvenir et des encourage- ments qu'il m'est désormais impossible d'ouMier, Elle m'a surpris au moment où je mettais la dernière main à l'embal- lage delà collection que j'ai faite ici et où je pensais à la satis- faction que j'espère que vous éprouverez à la déballer. 7) J'ai à peu jtrès cent espèces de plantes ou d'arbres dont beaucoup sont très rares ou nouvelles et d'une très haute ulilité, comme des arbres à cire, à laque, à vernis, des variétés de Broussannelia spéciales î\ la tabrication du papier, etc., des arbres forestiers tels que le P/)ms Koraïensis, décrit depuis longtemps, mais non encore introduit, et aussi des arbustes d'ornement qui sont d'une utilité beaucoup moins grande, mais devant lesquels je n'ai pas eu le courage de passer sans les recueillir. )) J'ai aussi quarante à cinquante sortes de graines de lé- gumes et autres; j'ai quarante cages de Poules et Coqs, Pigeons, Faisans vert et cuivré, trois baquets de Salamandres et trois baquets de Poissons de luxe de quatre espèces qui feront aussi leur première apparition en Europe. Je ne puis aujourd'hui vous fournir des notes détaillées sur chacun de ces objets, mais je ne manquerai pas de vous adresser un mémoire com- plet. Seulement tout cela arrivera-t-il en bon état à Shang-haï, et une fois à Shang-haï, trouverai-je un IjiHiment de guerre en partance pour Suez, voilà ce qui m'inquiète, car si j'étais obligé de les envoyer par le Cap, autant vaudrait, je crois, les avoir laissés ici : ce serait désespérant. ENVOI d'animaux ET DE VÉGÉTAUX DU JAPON. 595 » J'aurais Mon voulu aussi envoyer en France quelques-uns des excellents Poissons de mer des côtes du Japon, et j'ai lait tout ce que j'ai pu pour y arriver : j'ai accompagné moi-même à trois reprises dillércnles les pêcheurs que j'avais loués, j'ai veillé au transport de ces poissons; mais, malgré toutes mes précautions, au bout de vingt-quatre heures à peine, j'avais toujours le regret de les voir périr. J'ai pensé que ces essais devaient être renouvelés sur du jeune fretin, et j'ai prié un de mes amis , qui m'a toujours assisté, de vouloir bien s'en charger, car je me dispose à rentrer en Chine. » Je ne puis vous dire le dévouement et le concours que j'ai rencontrés ici chez plusieurs personnes, dont j'aurai sou- vent à répéter les noms dans mon mémoire que je vous demanderai la permission de terminer. » Mais, Monsieur, j'aurai encore autre chose à demander à la Société et à S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture. Les Japo- nais s'occupent beaucoup, et depuis longtemps, de la naturali- sation dans leur pays des plantes et des animaux utiles; il y en a beaucoup ici dont la présence est due à l'initiative et aux efforts du gouvernement et des princes : j'ai vu, [lar exemple, dans le jardin du gouverneur de Nagasaki, des essais très prospères d'acclimatation de plusieurs arbres médicinaux. Il y a deux ans, le prince de Sattena essaya l'introduction de Moutons de Chine, ([ui ne réussit pas, car la race ovine venue de Chine avait été prise dans les gras pâturages du Nord et ne pouvait guère se contenter de l'herbe du Japon. » Un autre prince vient de faire venir de Tartarie le crrand Chameau qui a été, il y a quelques mois, l'objet d'une note que j'ai adressée à la Société. Enhn, les princes qui sont en relation avec les Européens, les ont déjà priés de leur faire venir les plantes utiles à l'Europe, et le gouvernement vient, il y a peu de jours, de renouveler d'une facoii ofiîcielle, aux ministres étrangers, tout ou partie de ces demandes. » J'aurai donc l'honneur de vous proposer sous peu, ainsi qu'à S. Exe. M. le. Ministre, dans un travail spécial, de contri- buer à une collection destinée au Japon. » Je ne puis, Monsieur le secrétaire, terminer ma lettre 506 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATATION. snns vous cxpi'iinri' les pioroiids ?enlimenls de regret et de douleur que j'ai éprouvés en apprenant la perte que la Société a faite il y a quelques mois par la mort de son président et l'ondateur. » Sur r arbre à cire du Japon (Rliussucccdanca), et sur l'extrac- tion de la cire. La cire végétale du Japon est un des principaux articles de commerce de ce pays. Bien qu'elle ne soit connue que depuis peu de temps en Europe, l'exportation qu'(in en lait pour l'Angleterre s'élevait déjà en 18(il à une valeur de plus de 100 000 francs. Cette somme sera de beaucoup dépassée cette année ; tout donne lieu de penser qu'elle augmentera encore longtemps. Elle n'a pas la (lualitéde la cire ordinaire, ni même du suif, car on assure qu'elle fond à la température ambiante pendant l'été, .liaison obvie, en Chine et au Japon, à cet inconvénient, en entourant les chandelles qu'on en l'ait d'une légère couche de cire d'abeilles ou de stéarine, (jui, étant moins fusible qu'elle, la retient et l'empêche de couler. En Angleterre, il parait ([u'on a trouvé un procédé pour la durcir, car les demandes augmentent tous les jours et les prix s'en sont élevés dans une proportion considérable. C'est un produit que l'on pourrait facilement obtenir en France, car l'arbre qui le fournit pourrait être acclimaté dans tous les départements qui forment au moins les deux cinquièmes méridionaux de la Eraiice. Comme par surcroît il se conteme des terrains les plus mauvais, les plus pierreux, et (jue l'habitat qui semble lui plaire le plus est celui des montagnes, j'ai pensé que ce serait un véritable service à rendre que d'en doter nos arides montagnes du Midi. La caisse n" 9 de mon deuxième envoi contient 15 à 20 ki- logrammes de graines sous le n° 33. C'est, je viens de le dire, dans les plus mauvais terrains, sur le bord des routes, partout enlin où ne peut venir aucune autre récolte, qu'on plante les jeunes arbres. On les sème en pépinière, et à l.i deuxième année on les met en place à la distance d'un mètre, quand on les met en ligne ou en bordure, ENVOI d'animaux ET DE VÉGÉTAUX DU JAPON. 5^!? à '-2 mèlres, quand on fait de i-randes plantations en carré. On ne donne à ces plantations pas d'autres soins que ceux que l'on donne à toute autre plantation ; on les taille en pyra- mide ou à basse tige, qui est la forme qu'ils prennent natu- rellement, et en même temps celle qui se prête le mieux à l'exploitation. Ils ne dépassentjamais 5 à 6 mètres de hauteur. A la cinquième année de plantation, lOnOO pieds d'arbres produisent '10 000 kilogrammes de graines ; à la huitième année, 30 000; à la dixième année, 90 000; à la douzième année, 200 000; à la(juinzième année, 300 000; à la dix-hui- tième année, l'arbre décline. /|00 kilogrammes de graines produisent 100 kilugrammes de cire. 100 kilogrannnes de cire valent à Londres, ai ce moment, 125 à 130 francs, soit, pour une plantation de dix mille pieds d'arbres à cire en plein rapport et occupant 2 hectares de superficie, un produit brut de 75 000 kilogranmies de cire valant 100 000 francs. Quelque extraordinaires que soient ces résultats, ils sont encore de beaucoup au-dessous des chiffres réels que je ne donne pas, de peur qu'on les trouve exagérés. Voici comment se lait l'extraction de la cire. La graine se récolte vers la tin de l'automne. On la bat au fléau pour la séparer du pédoncule qui la supporte, et, après l'avoir laissée sécher pendant une (juinzaine de jours, on la soumet à une légère torréfaction à l'air libre. Ensuite on l'écrase grossièrement sous une meule. On la prend alors et on la met dans des sortes de grands récipients de toile, larges et peu profonds, (juc l'on soumet pendant une demi-heure ou tiois (piarls d'heure à l'action de la vapeur d'eau bouillante en vase clos. On retire les sacs et l'on en vide le contenu sous une presse que l'on fait agir immédiatement. On recueille les gouttelettes à mesure qu'elles se forment, de peur qu'en se refroidissant elles, n'empêchent les autres de se produire et on les fait fondre. A cette phase de la iabric;ition, on a une cire de troisième qualité dont un échantillon se trouve compris sous le n° 7, dans la caisse n" 10 et qui vaut 58 à (50 francs les 60"^'', 450 au Japon. 598 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'ACCLIMATATION. Pour la blanchir, on râpe le pain ainsi formé ; on lave les ràpures à l'eau froide, et on les expose au soleil et à la rosée pendant trois jours. On obtient alors la deuxième qualité, du prix de (52 à 66 francs les 60'''',/i50. On arrive à une première qualité, n" 5 de la caisse n" 9, en recommençant le ràpage et en exposant de nouveau au soleil et à la rosée. Cette dernière vaut au Japon de 66 à 7'2 francs Ies60''",/i50. Sur le véritable papier du Japon (Broussonnetia kami-noki), et sur la fabrication du papier. Quand on songe aux besoins incessants et progressifs d'une nation civilisée comme la nation française, on ne peut s'em- pêcher de s'étonner de l'insouciance avec laquelle on néglige certains jtroduits, dont l'emploi est chez d'autres peuples la source de richesses considérables. On sait depuis longtemps, par exemple, que l'écorce du Mûrier à papier est exploitée par les Chinois pour la fabrication do leurs plus beaux papiers. Quant à l'arbre lui-même, il n'est aucun jardin botanique et presque aucun parc où il ne se rencontre, et cependant il n'est encore venu à la pensée de personne d'en faire quelques plan- tations seulement à titre d'essai, et de voir enfin si les avantages qu'on lui reconnaît en Chine ne pourraient pas être obtenus chez nous. Cette négligence, ou plut(5t cet oubli est d'autant plus surprenant, que le iMùrier à papier est peut-être le seul qui ail échappé aux tâtonnements des innovateurs, stimulés par le prix inquiétant qu'atteint aujourd'hui la matière pre- mière, le chill'on. Ils ont essayé d'en faire avec du son, do la sciure de bois, de la paille, des asperges, des roseaux, etc., etc., avec tout enfin, excepté avec la matière (jui, chez les Chinois, les inventeurs du papier, sert à fabriquer le leur. Ces réflexions me sont suggérées par le compte que j'ai pu me rendre des produits considérables que procure la fabrication du papier au moyen de l'écorce du Mûrier {Broussonnetia), et que je m'empresse de faire connaître dans l'espoir qu'il fera enfin cesser 1 inditlérence dont cet arbre a été jus(iu"à présent l'objet. ENVOI d'animaux ET DE VÉGÉTAUX DU JAPON. 599 C'est au Japon que j'ai pu le mieux étudier celte fal)rica- lion, dont les procédés sont du reste très simples, et à peu prés les mêmes qu'en Chine. Cependant il y a une grande diflérence dans l'arbre qui Iburnit la matière première en Ciiinc et au Japon. En Chine, c'est bien le B. papyrifcra; au Japon, où il existe aussi, il est délaissé pour une variété qui n'a pas encore été introduite en Europe, et à laquelle M. le docteur Yan Siebold a donné le nom spi'ciijque de B. Kami- noM. Au point de vue de la botanique, cette variété n'offre avec la première que celte seule différence, que les feuilles et les jeunes rameaux sont parlaitement glabres au lieu d'être cotonneux ; mais au point de vue de l'industrie il y en a encore une beaucoup plus grande. D'après les Japonais, IcBAmni- noki rend au moins 10 pour 100 de plus que le B.papijnfera, qu'ils emploient aussi à défaut du premier. Dans les serres qui font partie du second envoi qui va partir pour la France se trouvent, sous les n"' 37 et 38, quelques sujets de B. kaml-nohï^ celui à écorce noire, qui sert à fabri( juer les plus tines qualités de papiers, et un autre à écorce rouge. J'envoie également, dans la caisse n" 10 qui fait partie du même envoi, un échantillon d'écorce du /y. kami-noki à écorce noire, n" 25, un autre échantillon d'écorce du i/. AV/w^z-woA/ à écorce rouge, n" 2/i (1), et enfin, sous le n" 2(), un ou deux rameaux d'un arbre qui entre accessoirement dans la fabrica- tion et dont il sera question tout à l'heure. J'envoie enfin quarante-neuf qualités de papiers japonais dont la plus grande partie est faite avec ces écorces. Une petite caisse que j'expédie aujourd'hui même par la malle contient un échantillon n" 50 de papier fait sous mes yeux à la fabrique japonaise, et quelques autres faits en Chine avec l'écorce du B. papyrifera. D'après mes notes, je trcjuve que 100 kilogr. d'écorce du B. kami-nold rendent 55 kilogr. de papier pareil à l'échan- tillon n" 50. J'ajouterai, pour les fabricants qui voudraient (1) JI scrc'iit facile d'oi) faire venir plusieurs milliers du Japon, je crois que l'on pourrait se les procurer à 200 francs le mille chez les jardiniers. La multiplication par boutures et par drageons en est du reste très facile. 600 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. imrnécliatement essayer celle matière, que les 100 kilogr. d'écorce ne coulent pas au Japon, (juand on rachète aux producteurs, plus de 30 francs. Ainsi la matière nécessaire à la fabrication de 100 kilogr. de papier ne reviendrait pas à plus de 5(5 à 57 francs. On sait que la même quantité de chiffon de fil coûte aujourd'hui en France au moins 100 francs, et, à mon avis, le papier de /)'. kanù-noki est aussi fort, aussi sonore, aussi fin que le papier pur fil. Ayant communiqué ces chiffres à quelques négociants de Nagasaki, leur attention s'est éveillée, et deux d'entre eux ont dû faire en France un envoi, suffîsanl pour un premier essai, de matière première : l'un est le représentant de la maison Renard, de Paris, l'autre est M. Knieffer, de Hambourg. Voici maintenant cpielques notes sur la culture du B. kanii- noki et les détails nécessaires sur la fabrication. Le B.kami-noki, comme le li.papyrifera, aime les terrains pierreux. Ceux où il vient le mieux sont les calcaires, les plus mauvais dans cette catégorie lui sont bons; la meilleure dis- position à donner à une plantation, est celle en carré et en lignes espacées en tout sens d'un mètre au plus. Si on les mettait en ligne ou si on les espaçait davantage, l'arbuste se ramifierait trop, et il en résulterait des nœuds dans l'écorce, qui seraient cause d'un déchet plus ou moins grand dans la fabrication. On doit (hjnc se proposer d'obtenir de belles branches aussi élancées que possible et sans nœuds ; ce sont aussi les plus faciles à décortiquer. Pour atteindre ce but, quebpies cultivateurs plantent leurs arbustes même à deux pieds : mais on remarque (|u'à cette faible distance les bran- ches se louchent par trop ; les fibres de la plante, soustraites presque complètement à l'action de l'air et du soleil, ne sont pas aussi résistantes. On traite la plantation du B. hami-noki à peu près comme celle du Mûrier ordinaire taillé en buisson. On ne fume pas le terrain la première année, et Ton se contente de l'entretenir dans un état convenable de propreté et d'ameublissemcnt. La deuxième année, à rautomne, on taille l'arbre près de terre et l'on fume légèrement; la taille et la fiunure se renouvellent ENVOI d'animaux ET DE VÉGÉTAUX DU JAPON. 601 ensuite tous les deux ans. Je n'ai pu apprendre combien la première de ces opérations fournissait de branches pour une surface donnée de terrain; mais je sais que 100 idlogr. de bois rendent 10 kiiogr. d'écorce. Les 100 kilogr. de bois se vendent 1 fr. hO c. C'est à cet état qu'on le porte h la fabrique. L'échantillon n° 50 est une qualité inférieure. Je n'en ai pas vu faire d'autres à la fabrique que j'ai visitée, et qui est située dans la prison de Nagasaki, où l'on emploie les prison- niers à divers métiers ; les belles (jualitcs se font dans l'inté- rieur du pays, cependant on m'a assuré qu'il n'y avait pas de différence essentielle dans les procédés de labrication. Du reste cette question est peu importante pour nos industriels français, qui, je n'en doute pas, sauront trouver les moyens peut-èlre plus parfaits ou plus économiques que ceux que l'on emploie au Japon. Pour décorti({uer la branche du Mûrier à papier, on la jette l)endant une demi-heure dans l'eau bouillante, après quoi on enlève facilement l'écorce avec les mains, puis on la fait sécher au soleil. On la fait ensuite tremper pendant trois autres jours dans de l'eau de rivière, et on l'étend pendant deux ou trois jours au soleil et à la rosée. Cette opération, qui peut se renouveler deux (»u trois fois, a pour elTet de blanchir l'écorce; il y a cependant lieu de penser que l'on ne se borne pas à ce moyen quand on veut obtenir de belles qualités. Enfin, quand on juge l'écorce parvenue à un degré de blan- chiment suffîsant, on la fait bouillir dans une lessive de cendre pendant trois heures environ, alors on la malaxeavecles mains, afin de laisser lomberl'épiderme qui pourrait y être resté, et on la fait sécher. On fait ensuite passer l'écorce dans un pilon, et quand on la juge parvenue cà un degré de finesse suffisant, on la retire, et l'on fait une |jàtée épaisse d'abord, que l'on délaye successivement dans l'eau de façon à n'avoir plus qu'un liquide pâteux; on verse dans ce liquide une liqueur provenant de la macération à froid de l'aubier d'un arbuste qu'on nomme dans le pays Neboiiriko, et que je crois être V Acacia jieuiu: on met environ un litre de cette liqueur pour cent vingt livres 002 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. (le pâle. Je crois qu'on poiuTail remplacer ce mucilage collant par de la gomme arabique. Les Japonais le remplacent très souvent par un autre mucilage obtenu avec les brancbes de rOrem {Coptis ancmonœfoUà). . La cuve dans laquelle se trouve^ la pâte a environ 90 centi- mètres de longueur sur 50 de largeur ; elle contient environ 120 litres. Lorsqu'on y mélange le li([uide, il faut avoir soin de le répandre également sur toute la surlace; pour cela, on le verse dans un sac que l'on presse avec la main, en le pro- menant sur toute la surfece de la cuve ; on agite enfin le tout. Puis a lieu la dernière opération, qui consiste dans l'immersion dans la cuve d'une petite natte soutenue par un cadre de bois. Elle doit être immergée carrément et rapidement. L'ouvrier qui est chargé de cette opération lui donne, une fois qu'elle est dans la cuve, un mouvement de droite à gauche qu'il répèle deux ou trois fois, puis il la relire en la tenant horizontale - ment, et il la passe à un autre qui, en la retournant, détache la légère couche do pâte restée à la surface, et qui est la feuille de papier; un autre ouvrier, placi'à la gauche de l'immergeur, lui passe un nouveau cadre, el ainsi de suite. Chaijue nouvelle immersion doit être précédée de quelques coups de spatule dans la cuv(\ afin d'avoir la pâte toujours aussi épaisse. Le papier ainsi formé est mis en paquets de trois cents feuilles, et livré au commerce. Les quarante paquets se vendent 2/i francs. La fabrication du papier en Chine ne diffère de celle (jue je viens de décrire qu'en ce qu'on ajoute de la chaux et du savon à l'eau de rivière dans laquelle on fait trem- per l'écorce du Mûrier h. papier. On se sert, en outre pour extraire la pâte de la cuve sous forme de feuille de papier, de deux cylindres dont les périmètres sont de nattes : l'un est plongé à moitié dans la cuve ; l'autre est en dehors, et attire la feuille au fur et à mesure que le premier l'amène. Pour certaines qualités inférieures, on mélange avec l'écorce du Mûrier de la poussière de pailh^ dans la proportion d(3 un de la première matière pour huit ou dix de la seconde. {La suite au prochain numéro.) II. EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉAXCES GÉ.NÉHALES DU CONSEIL. SKANCK DU CONSEir, nv 18 JlIN 18G2. Présidence de M. Disolïyn de Liuys. Le procès-verbal de la dernière séance esl lu et adopté. — Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : WM. Bai(;nières, administrateur des chemins de fer d.> l'Es! à Paris. ^' ' Beaudouin, directeur de la Société commerciale néerlan- daise, à Nagasaki (Japon). C0RVIS..RT (le docteur Lucien), médecin ordinaire de I Empereur, à Paris. Delisse, quai des Cliartrons, 7, à Bordeaux. FoucuEu (A. J. L.), officier principal de l'administration de la guerre, dn^ecteur du service des fourrages, à Paris : La LEnniÈRE (le vicomte de), cliambellan de l'Empereur a Paris. ' Latour-Maurourg (le marquis de), à Paris. Ledentu, commissaire général de la marine, à Cberbouro- . Metman, vice-consul des Pays-Bas, à Nagasaki (Japon) T MoTOFSKi, à Nagasaki (Japon). Pompe van Meer de Voort (le docteur), àNagasaki (Japon) Bemisa (le marquis de), à Madrid (Espagne). Boger-Desgenetïes, chef du 50' bataillon de la garde nationale de la Seine, propriétaire à Saint-Maur (Seine) BoMANA (S. Exe. M. le marquis de la), grand d'Espagne," ^ a Palma, île Majorque (Baléares). Sierurg, ex-officier de la marine néerlandaise, h Naoa- saki (Japon). ^ _ — Des lettres de remercimenfs, pour leur récent.^ admis- sion, sont adressées par MM. Vaucliclet, de la Basse-Terre (Gua- deloupe); A. de Lacerda, de Babia (Brésil); Buxerès, de Bar- celone ; Manuel Pizarro, de la Havane, et Gh. de Reinacli, de otuttgard. ' 60^ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. de Lacerda annonce (|iril atlrcssera prochainement un premier envoi à la Société, à laquelle il offre son concours le plus dévoué. — M. Bréon Guér.ird (de Montbard) fait parvenir le mon- tant de la souscription ouverte, sur son initiative, à la mairie de celle ville, pour la statue de Daubcnton. — M. de Gréaux écrit de Nice pour l'aire connaître qu'il a fondé un jardin zoologique dans cette ville, et offre ses services pour l'éducation des animaux des contrées exotiques dont le séjour sous le climat du Midi pourrait préparer l'acclimatation dans les autres parties de la France. — M. A. de Villeneuve, à qui la Société avait confié une mission d'études au Brésil, écrit pour annoncer qu'il fait parvenii' des tiges bien vivantes d'une plante fourragère d'une puissance de végétation très remarquable. Cette plante a été déposée au Jardin d'acclimatation. (Voy. im Bulletin.) — M. Molinien, capitaine d'artillerie en reti-aite, à Angers, écrit [lour transmettre les bienveillantes offres de service de M. Pavoisne de Launay, professeur de langue française au gymnase impérial de Barnaoul , gouvernement de Tomsk (Sibérie). M. Pavoisne de Laiinay, qui doit revenir en France^ propose à la Société de lui |)rocurer et de ramener lui-même des Argalis, nommés dans le pays Montons sauvages, que les Kalmouks parviennent à prendre vivants, malgré la vigueur et la force de cet animal, et qu'ils élèvent parfois en domesticité. La lettre de M. Molinien confirme la triste nouvelle de la mort de notre jeune et regretté confrère M. le docteur Meynier, qui était parti en ISGOavecM. d'Eiclithal pour une exploration scientifique des rives de l'Amour, et tpii a succombé à Barnaoul. — M. le docteur Daguillon, (jui avait offert ses services pour rindo-Cliine, annonce qu'il a changé de destination, et qu'il va suivre, à titre de médecin sanitaire, la navigation du Danube. Notre zélé confrère se met de nouveau à la disposi- tion de la Société pour tout ce qu'elle pourrait désirer rece- voir des contrées traversées par ce ffeuve. — M. Pizarro, sur le point de retourner à Cuba, se propose de faire de la culture du Tabac une élude spéciale, et d'insti- PROCÈS-VERBAUX. 605 luer une prime pour le cultivateur havanais qui présentera les meilleurs résultats de culture de cette plante et de i)répara- tion de sa l'euille. — M. Élie Margollé (de Toulon) adresse, en date du 30 juin, de nouvelles communications relativement à la publication projetée d'un Annuaire de la Société. Dès 1859, notre con- frère avait émis à ce sujet diverses vues approuvées par la pre- mière Commission dont il faisait partie. Son éloignement de Paris l'a seul empêché de prendre part aux travaux de la seconde Commission, (|ui a pu, du moins, mettre à profit les utiles observations contenues dans sa correspondance de 1859. M. Ehe Margollé olfre en même temps à la Société un exem- plaire de son intéressant ouvrage, intitulé : Les phénomènes de la mrr. — M. le Président entretient le Conseil des premières dé- marches faites en vue d'établir entre la Société et le jardin d'acclimatation d'Alger des relations d'échanges qui ne pour- raient manquer d'être utiles également à ces deux établisse- ments et à l'acclimatation en général. Une étude plus appro- fondie de cette question sera faite et présentée au Conseil, — M. le docteur Clotjuet, de retour de Londres, rend compte du résultat de l'examen des jurys, au sujet de l'exposition de la Société dont les travaux ont été hautement appréciés et jugés dignes de trois médailles, l'une dans la :V classe (substances alimentaires, la seconde dans la li' classe (autres substances alimentaires usitées dans les manufactures), et la troisième dans la 29' classe (articles d'enseignement). M. Cloquet fait remar(]uer que les produits exposés ont très vivement attiré l'attention des visiteurs ; que le but et l'idée de notre instilution ont été bien compris, et que la Société, en dehors des témoi- gnages de satisfaction qu'elle a reçus, peut encore se féliciter de voir les travaux de plusieurs de ceux de ses memljres qui ont contribué à ses succès également récompensés par le jury de l'Exposition universelle. C'est ainsi que des médailles ont été décernées à M. Davin pour ses filés et tissus des matières textiles obtenues par la Société, à M. Guérin-Méneville pour ses travaux de sériciculture, à M. Noël Suquet pour la domesti- 006 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. cation de l'Autruche en France, et des mentions honorables à M"" la comtesse de Corneillan et à M. le docteur Forc:emol pour leur procédé de dévidage des cocons ouverts du Ver à soie de l'Ailante, du Ricin, et autres espèces analogues. — Après avoir rappelé les démarches qu'il a laites au sujet des Moutons Ong-ti de Chang-haï, et dont il est rendu compte au Bulletin (p. 570), M. Gloquet ajoute que la Société d'accli- matation de Londres, ayant réuni ses membres en un banquet annuel, une invitation lui a été adressée comme représentant la Société iuq)ériale française. (Voy. aux Faits divers, p. 62/i). A la suite de ces cumnuuiicalions, M. le secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Lagahbe, président du tribunal civU de Neatchâleau (Vosges), relative au troupeau (pi'il possède de cette race si prolilique de Moutons. (Voy. au Bulletin, p. 570). — M. Richard (du Cantal) écrit, à la date du 5 juillet, pour annoncer la naissance, au dépôt de Souliard, d'un métis mâle d'Yak et de Vache d'Aubrac, très beau, l)ien conformé et très vigoureux. Son pelage est noir, au lieu d'être blanc comme chez tous les autres Yaks et leurs métis. — Un certain nombre de demandes relatives aux cheptels d'Yaks et de Chèvres d'Angora proposés par la Société, parve- nues depuis la dernière séance, sont, comme les précédentes, renvoyées à l'examen de la Commission spéciale. — M. L. Althammer écrit d'Arco pour offrir à la Société des animaux et en demander d'autres en échange. Ses propositions sont renvoyées à l'examen de M. le directeur du Jardin d'ac- climatation. — Notre nouveau confrère M. Vaucheleî, dans une lettre adressée à M. Rufz de Lavison, en date de la Basse-Terre, le 23 juin, annonce l'envoi fait à la Société, par l'administration de la Guadeloupe et par lui, d'un Pécari offert par M. Caillot, grefiier en chef de la Cour impériale, et d'une collection d'Oi- seaux. — Des lettres de M. Bataille, datées de Cayenne, le 1" juin, annoncent un treizième envoi composé de onze cages conte- nant ensemble trente-deux animaux de la Guyane et du Brésil. (Voy. au Bulletin, p. 62-2.) riîOCÈS-VEUBAUX. 607 La correspondance de M. Bataille renferme en ontre un mémoire manuscrit sur la Iransportation. — M. le Président donne lecture d'une lettre de M. Poujade, consul général de France h Florence, qui fait connaître son intention de tacher de faire envoyer cà la Société de jeunes Outardes de Valachie, dans l'espoir que ce moyen d'introduction aura plus de succès que ses envois d'œufs de l'année dernière. ~ M. du Martroy, membre de la Société, croit devoir faire connaître ce fait curieux, qu'une Perruche ondulée, s'étant échappée de sa cage au moment de son arrivée chez lui, à A^ersailles, est revenue, aj)rès soixante-quinze jours d'absence et de liberté, retrouver sa comi)agne, auprès de laquelle elle a pu être réintégrée. Notre confrère a l'intention, au printemps prochain, de lâcher quelques couples de celte espèce pour s'as- surer si ces charmants oiseaux pourraient vivre et se repro- duire en liberté. — M. Victor Cbatel fait parvenir sous forme de circulaire des Notices im!)rimées sur les mesures prises par l'administra- tion forestière de Montmédy pour arrêter la destruction des Oiseaux ; sur les moyens de préserver les semis de Colza, de Chanvre, de Navets, des attaques des Altises ou Puces de terre, et sur l'amélioration de la culture du Colza et du Blé par le choix des semences. - • • — M. le docteur Merland, de Napoléon-Vendée, adresse le numéro du 2 juillet du Publicateur de la Vendée, qui renferme un article faisant suite au premier qu'il a publié dans ce même journal, et que nous avons signalé, sur les dommages causés par le Pic vert. , — Des lettres de M. Lamiral, du 19 juin au /(juillet, ren- dent compte des dernières opérations auxquelles il s'est livré à la Seyne et aux environs, sur les côtes du Var, pour l'accom- plissement de sa mission relative à une première tentative d'acclimatation des Éponges. Notre confrère remettra prochai- nement un Bapport complet et détaillé sur cette mission et sur les résultats qu'il a obtenus. Il fait parvenir en même temps un Mémoire sur la piscicul- ture en général . ■ . ... 608 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. — M. le Présid(3nl de la Société académique de l'Aube adresse un Rapport en réponse au Questionnaire sur la Vi- père , rapport rédigé par M. Ray, au nom de la section des sciences de cette Société. Ce document sera réuni aux précé- dents pour être soumis à l'examen de la Commission spéciale. — M. Guilhen, deNimes, à qui nous devons les expériences de teinture des soies sauvages des Indes, dont il a été question dans les dernières séances, fait parvenir de nouveaux éclian- lillons de soie de l'Ailante produite en France, et qui paraît devoir se prêter également bien aux diverses nuances aux- quelleselle a été soumise. M. Guilben continue ses expériences, et il y a lieu d'espérer qu'il obtiendra les résultats les plus concluants. — M. le Président dépose un extrait du résumé des travaux de la Société d'agriculture de Meaux présenté par M. Carro, et relatif à des applications industrielles de la soie de l'Ailante tentées par M. Victor iModeste. Des renseignements plus précis sur ce sujet intéressant ont été demandés à M. Carro. — M. Jean Gross, notre confrère, écrit de Gruningen, can- ton de Zurich (Suisse), qu'une Société séricicole vient d'être fondée dans cette ville pour la production et la vente des graines de Vers à soie garanties exemptes de toute atteinte de maladie, et que celte association offre ses bons offices à la Société impériale d'acclimatation. — M. Max Picliaud, de Marseille, transmet le numéro du 2Zijuin du journal le Sémaphore, renfermant une Note sur un procédé enqjloyé par M. Riboulet, propriétaire du Mas de Peine en Crau, pour le traitement de la feuille de Mûrier des- tinée aux éducations de Vers à soie. Ce procédé consiste à faire sous la feuille du Mûrier des fumigations de soufre. Les Vers nourris avec ces feuilles ainsi soufrées ont donné à M. Riboulet les résultats les plus satisfaisants. — M. le Président dépose la traduction d'un Mémoire jniblié à Milan elune brochure de M. C. Riquetti, éditée dans la même ville, ainsi que le numéro de juin 186'i de la revue 11 politec- nico Répertoria mensile di siudi applicali alla prosperita c coltura sociale {n" 72, Milan, 18(52), contenant une Note sur PROCÈS-VERBAUX. 609 un sujet que nous n'indiquons ici que sous toutes réserves. Ces publications sont relatives à des expériences par lesquelles elles assurent que M. l'abbé Fernando Giani, de Saint-Sébas- tien, prés Tortone, depuis longtemps préoccupé des moyens de remédier à la maladie des Vers à soie, est parvenu à faire produire artificiellement des Vers vivant de la feuille du Mûrier et produisant un cocon soyeux analogue h celui du Ver à soie ordinaire. ■ ~ M'"^ Santy, à qui la Société devait d'excellents renseigne- ments sur une très heureuse éducation faite par elle en 1861 des Vers à soie du Mûrier du Japon, écrit à la date du 7 de ce mois, qu'elle a eu le regret de voir cette race atteinte celte année de gattine et de muscardine, et que les 2 kilogrammes de cocons qu'elle avait conservés pour graine ne lui ont produit que (luatre papillons femelles, tous les autres ayant été muscar- dinés à l'état de chrysalides. — M. Maurice AUard transmet les renseignements qui lui ont été promis par M. Aubenne, des Vaus (Ardèclie), sur la récolte des cocons obtenue cette année dans ce département. Ces renseignements constatent les faits suivants : Les graines de Nouka (Géorgie) et de Bucharest , races fines, ont donné de bons résultats, (juoiqu'on ait dû constater une certaine variation dans les produits. Le mont Taurus a généralement réussi etdonné 15à;U) kilogrammespar once. Les monts Balkan ont donné des résultats médiocres; il en est de même de la graine de Tours. La graine de Toscane race fine a dû être abandonnée. Les races d'Andrinople, Smyrne, Chine, Lil)an, Espagne, Kahissar, Kasaba, l'ont été également. Celle de Portugal a eu un peu plus de succès. — Des rcmercîments pour les graines de Ver de l'Allante distribuées par la Société, sontadressés parla Société des scien- ces, agriculture et arts du Bas-Rhin, par M. L. Maurice, délé- gué à Douai, par M'"^' NicoUe, de Liancourt. — Des demandes parvenues depuis la dernière séance seront inscrites. — M. le Président dépose une volumineuse correspondance de notre dévoué confrère M. Simon , chargé par l'Empereur T. IX. — Juillet 1862. .39 610 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. d'une mission agricole en Chine etaii Japon. M. Simon annonce qu'il vient d'envoyer h M. le Ministre de l'agriculture de nom- breuses et importantes collections de végétaux à l'état de plants vivants et de graines ; et il fait la proposition d'instituer admi- nistrativement avec le gouvernement japonais un système d'échange de produits naturels utiles, assurant que ce gouver- nement est très disposé à entrer dans celte voie également avantageuse à chacun des deux pays. Parmi les documents adressés à la Société, M. le Président signale des mémoires manuscrits portant les titres suivants : Notice sur l'éducation du Ver à soie du Chêne, ou Ya-ma- maï, littéralement Ver des montagnes, telle qu'elle est prati- quée dans la province de Higo, île de Kiu-siio (Japon), Note sur une nouvelle race de Vers à soie dite Ya-ma-maï, ou Ver à soie du Chêne du Japon. Notice sur le Palmier à chanvre {Chamœrops excelsa), ou Palmier géothermique. Notice sur le véritable ariire à papier du Japon {Brousson- netia knmi-iioki), et sur la fabrication du papier. Notice sur l'arbre à cire du Japon {Rhus succedanea), et sur l'extraction de la cire. Notice sur la fabrication du Soïa. (Voy. au Bulletin.) — ' Par une lettre adressée à M. Rufz de Lavison et datée de la Basse-Terre, le 13 mai, M.Vauchelet annonce l'envoi d'une caisse de plants de l'arbre à pain {Artocarpus incisa). — M. le Président, après avoir rappelé le résumé qu'il a présenté à la dernière séance générale de la situation actuelle des tentatives faites en France et dans nos colonies pour la culture du Coton, transmet de nouvelles communications sur ce sujet, extraites de diverses publications : le Moniteur nm- verset, le Moniteur industriel., le Journal des villes et des campagnes. (Voy. au Bulletin.) — M. Edmond de Lesseps, consul général, chargé d'affaires de France au Pérou, fait parvenir un mémoire de M. le doc- teur Reymondi, relatif à la Coca. M. le Président rappelle à cette occasion les communications de M. Gosse, de M, Duclos, de M. Weddell sur ce sujet, et les démarches fautes par la PROCÈS-VERBAUX. ' 611 Sociélé dans le but d'oblenir des planls et des graines de Coca. (Voy. au Bulletin celle lettre et la note de M. lleymondi.) — M. le Président annonce qu'il a remis au Jardin d'accli- matation du bois de Boulogne, au nom de M. Lebatteux, membre de notre Société, horticulteur au Mans, trois pieds d'une plante non encore décrite, portant le nom {['Arum vlvipariim. Cette plante possède un magnifique feuillage. Ses feuilles peuvent atteindre les proportions de l'%50 de long, sur 1 mètre de large. . .-, Elle doit être placée dans un grand pot, en terre de bruyère mélangée d'un cinquième de terreau et d'un vingtième de sable de grès. Il faut l'arroser très fréquemment. On ne sait pas encore si elle supportera nos hivers. • — M. Bara([uin écrit de Hio-Janeiro, le 8 juin, qu'il a laissé à Sainte-Marie de Belem, pour être expédiés en France, deux Tataitfis, mâle et femelle, qui lui ont été remis parle comman- dant des Incas du haut Amazone, M. Nunès Alvez Peireira de Mello Cardoso, et qui sont destinés au Jardin du bois de Bou- logne , ainsi qu'un Sanglier sauvage d'une très rare espèce., offert par lui. Il vient en outre d'adresser à la Société des tubercules et des graines de plantes alimentaires, médicinales et textiles. Cet envoi est parvenu ces jours derniers. — De nouveaux Rapports, accompagnés de dessins, sont adressés par M. Brierre, sur ses cultures de végétaux exotiques qu'il a transportés de Riez à Sainl-Hilaire (Vendée). — M. Barthélemy-Lapommeraye appelle l'altenlion de la Société sur les avantages que pourraient offrir, d'après les expé- riences faites par lui et par M. Poucel, les branches et les feuilles du C/ienopodiwn quinoa pour l'alimenialion des Alpacas, Lamas et Vigognes. — M. Emile Thomas, résidant actuellement à Nice, oîi il a l'intention de créer un établissement horticole, fait à la Société des offres de bienveillant concours pour les essais d'acclima- tation qu'elle voudrait confier à ses soins éclairés. — MM. les Directeurs du Muséum d'histoire naturelle, du Jardin d'acclimatation , de la Pépinière du gouvernement de 612 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE b'aCCLIMATÂTION. Bône, M. Lucy (de Marseille), M. Laperlier et M, Bonnet, ingé- nieur en chef de la ville de Lyon, accusent réception des graines qu'ils ont reçues de la Société, et pour lesquelles ils oiïrent leurs remercîments. — Notre confrère M. Bourgeois fait parvenir un exenqDlaire de ?>di MétJiode pour l'incision annulaire de la Virjne, mise en pratique pendant cinq antu'es. — M. Calemard de Lafayetle, président de la Société d'agri- culture du Puy, en déposant la souscription de cette Société pour les statues de Daubenton et de Parmentier, fait également hommage de l'ouvrage qui lui a mérité un des prix Montyon de l'Académie française, et qui a pour titre : Le poème des champs. — M. Magnan, cajiitaine au long cours, adresse des docu- ments relatifs à un projet d'exploration du Niger, qu'il se pro- pose d'entreprendre prochainement, etoll're, à cette occasion, ses bons offices à la Société. — M. le Président dépose une seconde note de M. Viennot, rédacteur au minisléi-e des affaires étrangères, intitulée : De l'acclimatatio7i en Australie. ' Le Secrétaire du Conseil Guérin-Méneville. m. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES ET LECTURES. CONFÉRENCE DU 27 MAI 1862. Sur l'application des sels de fer à la végétation, par M. Arthur Gris. Tous les êtres vivants respirent : les plantes respirent aussi bien que nous. La respiration consiste essentiellement dans un pluînoinène crajjsorption et croxlialation de gaz qui se fait entre l'être vivant et l'atmosphère. Lorsque nous respirons, nous absorbons de l'oxygène et nous exhalons de l'acide carbonique. Cet échange entre ralmosphère et nous se fait par l'intermédiaire du sang. Lorsque la plante respire, elle exhale aussi de l'acide carbonique, surtout la nuit ; mais sous l'inlluence d'une vive lumière, elle décompose l'acide carbonique de l'air qui l'environne, garde le carbone et exhale de l'oxygène. Celte fixation de carbone est indispensable au développement parfait de ses organes, à la vie et à la consolidation de ses tissus. Or, c'est par l'in- termédiaire de leurs parties vertes que les plantes sont soumises à ce mode de respiration réductrice. L'existence de cette matière verte leur est donc essentielle, nécessaire. Il y a des plantes qui, placées dans les conditions ordinaires de la vie végétale, exposées dans une bonne terre à l'air libre et à l'inlluence de la lumière, se font remarquer par une pâleur plus ou moins prononcée et par un défaut de développement des feuilles ; par la manière dont celles-ci se contournent, jaunissent, brunissent; tombent, par un état général de lan- gueur et de faiblesse. On dit de ces plantes qu'elles sont chlorosées. Il ne faut pas confondre cette modilication de tissu qui se montre sur une plante bien portante pendant les années précédentes, avec les modifications de coloration permanentes, qui produisent les panachures ou jaspures. Ces panachures constituent une sorte de maladie organique propre ù l'indi- vidu, se mullipliant connue lui, par la greffe ou les boutures, et paraissant en général inhérentes à sa structure individuelle. La plante est panachée parce qu'elle le doit être : elle n'est pas atteinte d'une altération tempo- raire, accidentelle ; elle n'est pas, en un mot, chlorusée. 11 ne faut pas non plus confondre la chlorose avec Vétiolenient, état pro- duit dans une piaule normale qu'on soumel pendant un temps plus ou moins long à une respiration nocturne constante. On sait qu'un végétal privé de l'intluence de la lumière prend une coloration plus ou moins pâle et un rapide accroissement ; que la plante, tout en se développant en volume, perd en poids une grande quantité de ses éléments essentiels; qu'enfin, les horticulteurs savent tirer un excellent parti de Vétiolemmt, qui est devenu une pratique de jardinage. 6l/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Il ne sera donc question ici ni de panachure ni CCétioUment, mais de la chlorose végétale, telle que nous la définissions il n'y a qu'un instant. . Comment conil)attre la clilorosc qui se caractérise par un état d'atonie générale de la piaule? Comment rendre à ses feuilles décolorées celle matière verte ([ui leur manque, qui a disparu ou ne s'est pas développée sous l'influence de mille perturbations inconnues, qui est un caractère de la santé et de la vistueur du végétal tout entier? - Ce problème a été résolu, et avant de vous dire comment et par qui il a été résolu, permettez-moi d'entrer dans (laehiues considérations prélimi- naires indispensables. Elles vous expliqueront l'origine et la philosophie des résulta is que je vais avoir l'honneur d'exposer devant vous. Une feuille se compose d'un réseau de nervures formé de fibres et de vaisseaux, et d'un ensemble de petits sacs clos, formés d'une membrane ordinairement mince et transparente, connus sous le nom de cellules, et dont l'ensemble constitue le parenchyme de cette feuille. Ce parenchyme est protégé sur ses deux faces i)ar l'épiderme, sorte de peau incolore et trans- parente, formée de cillules généralement déprimées et disposées sur un seul rang ; celte membrane offre, de distance en distance, des solutions de conlinuité, de petites ouvertures que les botanistes nomment slomafes. En général, chez les feuilles minces et aplaties, on peut distinguer deux régions dans le parenchyme, l'une supérieure, l'autre inférieure. Dans la région supérieure, on trouve un, deux ou trois rangs de cellules oblongues, diri'-^ées perpendiculairement à la surlace de la leuille, pressées les unes contre les autres, s'écartant cependant quelquefois de manière à laisser entre plusieurs d'entre elles une lacune qui, ordinairement, correspond à un stomate, La couche inférieure est composée de cellules irrégulières, souvent rameuses, se touchant seulement par le bout de leurs branches et laissant entre elles de nombreuses lacunes qui counnuniquenl les unes avec les autres, et forment une sorte de tissu spongieux. Parmi ces lacunes, beau- coup sont situées immédiatement sur l'épiderme inférieur, qui est criblé d'un plus grand nombre de stomates que l'épiderme supérieur, et c'est pré- cisément à ces stomates que con-espondent les lacunes. On voit que la feuille es! admirablement organisée pour favoriser les phénomènes d'exhalation et d'absorption, dont elle est le siège. Mais jetons un coup d'œil dans l'intérieur des cellules du parenchyme. C'est à la face interne de leur paroi qu'est appliquée la matière verte ou chlorophylle. Celle-ci se présente, en général, à l'état adulte sous la forme de globules arrondis très petits, qu'on ne peut voir qu'à l'aide d'an fort grossissement. L'ensemble des cellules ainsi colorées par l'ensemble des globules donne à la feuille la teinte verte uniforme que toul le monde connaît. Ces globules sont solides, formés de matière albumiuoïde et de graisse, renferment souvent dans leur intérieur de petits noyaux d'amidon, et sont recouverts ou pénétrés de la matière colorante, qui est azotée et contient ^ # BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 615 une notable proportion de fer (1). Permettez-moi d'appeler spécialement voire attention sur ce fait : la présence du fer dans la chlorophylle. Mais comment se développe la chlorophylle dans les jeunes cellules ? Le plus souvent, on y voit appiu-aitre une sorte de gelée verte autour ou à la sm-face d'un petit organe arrondi et granuleux qu'on nomme nudéus. Ce nucléus, qu'on rencontre dans toutes les cellules douées d'une certaine activité vitale, paraît être le foyer, le centre de production des matières élaborées dans ce prodigieux laboratoire de chimie qu'on appelle cellule végétale. Longtemps cette gelée verte, dont je viens de parler, a été prise pour une forme spéciale de la chlorophylle, mais une étude plus attentive m'a fait voir qu'elle n'était que l'état jeune et transitoire de cette substance, dont l'état parfait est l'état globulaire (2). Passons maintenant de la plante à Thomme. Nous avons dit, en commen- çant, que noire respiration, cet échange entre l'atmosphère et nous, se faisait par l'intermédiaire du sang. Qu'est-ce que le sang? C'est un liquide incolore ou faiblement coloré, dans lequel nagent des corpuscules solides, réguliers, rougeàtres, circulaires et aplatis, et qu'on ne peut voir que sous un fort grossissement. Ces petits corpuscules sont les globules du sang. Ils sont composés de deux matières azotées, la globuline et Vhématosine. De ces deux matières, la première est incolore, et la seconde, colorée en rouge intense, renferme une proportion assez considérable de fer (3). Dans l'état de langueur vitale que vous connaissez tous et que les paiholo- gistes désignent chez nous sous le nom de chlorose, on remarque des modifications considérables dans la constitution du sang. Entre autres modilications, on a constaté que la quantité relative des globules s'abaisse considérablement (/i). Permettez-moi de m'arrèter un instant ici et de vous faire remarquer les singulières analogies que nous sommes en mesure d'établir entre les deux règnes. 11 ne faut point pousser trop loin ces analogies, il ne faut point non plus se les dissimuler. Comparons le contenu des vaisseaux sanguins chez l'hounne et le contenu des cellules vertes chez la plante. De part et d'autre, un liquide essentielle- ment protéique, dans lequel sont plongés des corpuscules rouges (globules du sang) ou verts (grains de chlorophylle). Ces corpuscules dans l'un et l'autre règne, formés principalement de matières proléiques; ceux-ci ren- fermant une matière colorante verte, azotée, dans laquelle on a reconnu la (1) Verdeil, Recherches sur la maticre colorante verte des plantes et sur la matière ronge du sang. (2) A. Gris, Recherches microscopiques sur la chlorophylle, 1857 {Annales des sciences naturelles). (3) H. Milne Edwards, Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée de l'homme et des animaux. (i) Milne Edwards, loc. cit. 616 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. présence du fer; ceux-là renferinaiU une malière colorante rouge, azotée, dans la([uelle on a reconnu la présence du ter. Chez Thonime, comme chez la plante, l'état chlorolique se manifestant par la diminution du nombre des globules sanguins chez l'un et l'absence des globules chlorophyllins chez l'autre. C'est pour avoir compris et pesé tous ces rapports, que mon père (1) eut l'idée neuve, heureuse et féconde, d'appliquer à la chlorose végétale le trai- tement par lequel on combat la chlorose hunuiinc. On connaît, dtpuis longtemps, le bon ellet des préparations ferrugineuses contre ces affections anémiques où le sang est pauvre en globules. On emploie le fer, ce tonique reconstituani, à l'étal de fer métallique, de carbonate, citrate, sulfate, et sous la forme de pilules, de potions, de bains. Grâce à ce traitement, le nombre des globules augmente dans le sang, en même temps que les couleurs reviennent sur les joues pâles du malade et que ses forces renaissent. C'est sur les racines des plantes chlorosées que mon père appliqua d'abord les sels de fer solui)les. 11 fut bien flatté de les voir, sous l'influence de cette absorption radiculaire, se ranimer peu à peu, verdir, émettre de jeunes pousses, donner des fleurs plus belles, plus colorées, présenter, en un mot, une végétation vigoureuse (2). ■ : Mais le sulfate de fer opère-t-il ici directement comme sel de fer, ou bien, réagissant sur les substances qui composent le soi, agirait-il en pro- duisant du sulfate de chaux, du plâtre, dont les cflets sur la végétation sont connus depuis longtemps? lia été facile de répondre à cette question. Ainsi, on obtient les mêmes résultats avec des solutions de chlorure et d'azotate de fer ; ainsi, on obtient les mêmes résultats en opérant sur des sols pure- ment siliceux, ou ne contenant que des traces inappréciables de carbonate de chaux. D'ailleurs, et il inq)orle de le remarquer, le sulfate de chaux n'a jamais produit de changement dans la coloration des plantes chlorosées. Bientôt, au reste, un autre mode d'expérimentation, portant le fer direc- tement et sans l'intermédiaire du sol, au C(Eur même de la plante, vint démontrer, de la façon la plus éclatante, l'action spéciale, directe, des sels de fer sur l'économie \égétale (3). Par la suite de ses expériences, en effet, mon père fut bientôt amené à appliquer la dissolution sur le limbe même des feuilles chlorosées. L'action fut locale ; le point seul du limbe en contact avec la dissolution reverdit avec intensité. Ainsi, il put à volonté faire reverdir une ou plusieurs, ou toutes les feuilles chlorosées d'un végétal ou même la moitié, le tiers d'une feuille. Avec un pinceau imbibé d'une dissolution de sulfate ou de chlorure de fer, il fut amené pas à pas à tracer sur des feuilles chlorosées des signes, (1) Eiisibe Gris, professeur (le cliiinic àClifilillon-siir-Seine (Côte ti'Or), mort ,-i Pari'^, en 1849. (î) 1(1., De l'action des comimsés ferrugineux solubli^s sur la véycUillun, l»-43. (3) Id., Souvelks cxpérienees sur l'emploi des ferrugineux sulubles aiipUquès à lu vigétanon, 1S44. ' • BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 617 dos dessins, des lettres et des mots. Ces caractères ne formaient, an moment de l'expérience, qirune trace humide et incolore à la surface de la feuille, et tout disparaissait bientôt : mais peu à peu les signes, les lettres et les mots s'imprimaient d'eux-mêmes en une sorte d'encre verte vivante sur le fond jaunâtre de la feuille. C'est ainsi qu'il (îcrivit Fer sur une feuille pille comme autrefois Franklin écrivit sur une prairie Cela a été plâtré. Ainsi, les résultats avaient donné raison à l'induction. La similitude d'action du fer dans le règne animal et dans le règne végétal, d'abord devinée, était démontrée par expérience. Un anneau de plus était ajouté à la chaîne qui unit tous les êtres vivants, liésultat aussi remarquable au point de vue physiologique qu'au point de vue pratique. Arrivons maintenant à la partie purement expérimentale de l'exposé rapide que j'ai à faire devant vous. Mais avant d'entrer en matière, je dois vous dire d'avance qu'un grand nombre d'expériences, répétées au Jardin des plantes par MAL Brongniart, Decaisne, Payen, Neumann, l'epin, etc., ont donné tous les remarquables résultats annoncés par mon père, et que ces résultats ont été mentionnés dans des rapports spéciaux et circonstanciés. Sur les plantes du jardin d'agrément, les essais ont compris des espèces appartenant aux familles les plus diverses, comme les Hortensias, les Calcéo- laires, les Pelargonium, les Cinéraires, les Pensées, les Spirées, les Bruyères, les OEnolhères, etc., etc. Voici le récit d'une expérience faite sur des Azalées, ces admirables plantes si recherchées, si répandues aujourd'hui. Sept ou huit pieds, en dépit des soins reconnnandés de tout temps par les praticiens, rempotement, séquestration à l'ombre et sous châssis, étaient depuis deux ou trois mois dans un état prononcé de chlorose et de souiïrance. Au mois de septembre, par une température de 20 à 25 degrés, les plantes en question furent immergées, feuilles et rameaux, dans une dissolution de sulfate do for (1 gramme par litre) et retirées parfaitement et uniformément mouillées. Huit jours après, on remarquait déjà une amélioration sensible. On répète la même opération en répandant, en outre, sur la terre des pots, un peu d'eau ferrée, mais plus forte (8 grammes par litre). Sous l'influence de cette double absori)tion radiculaire et épidermique, les Azalées ne tar- dèrent pas non-seulement à reverdir, mais à présenter à l'extrémité des rameaux une évolution de jeunes feuilles bien vertes et présentant les caractères d'une végétation vigoureuse. Aucune autre méthode ne saurait donner d(?s résultats aussi rapides, aussi sensibles, obtenus à si peu de frais et avec si peu de peine. Du jardin d'agrément l'expérience s'étendit au verger, sur des Mûriers, des Poiriers, des Pêchers, des Vignes. Dans la Cùte-d'Or, sur six Poiriers, il y en a un au moins languissant et chlorose. H paraîtrait que dans les terres peu profondes et chaudes tles envi- rons de Paris cette maladie atteint une proportion beaucoup plus grande. Ces arbres se sont rétablis, dans l'expérience dont je vais parler, plus prompte- 618 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTÂTION. ment par aspersion directe sur leurs feuilles que par l'absorption radiculaire. Quelques jours après rimmersion, ils olîraient l'aspccl le plus singulier. Plu- sieurs feuilles avaient complètement reverdi ; d'autres (étaient recouvertes de moucUetures d'un vert foncé, qui ressorlaient sur le fond encore chlorose du limbe. Ces mouchetures s'étaient produites sur les parties de ce limbe qui avaient été en contact plus immédiat avec la dissolution saline. Ces résultats étaient d'autant plus manifestes que, dans le même Jardin, un grand nombre de Poiriers chloroses non traités étaient dans le même état de langueur qu'auparavant. De jeunes Pêchers languissants présentaient des rameaux minces et ché- tifs el des feuilles jaunies. Ces branches furent plongées dans une dissolution de sel de fer, et au bout do huit à dix jours les feuilles et les rameaux étaient dans leur état normal et poussaient avec vigueur. Des élongations du bour- geon terminal, auparavant stalionnaire, atteignaient 25 cenlimèlres quatorze jours après le traitement. . Sur trois Mûriers malades, deux sont traités par les racines. Ils rever- dissent au bout de quelques jours, el leurs dernières pousses sont aussi riches que celles des arbres (|ui n'avaient pas souflerl. Le Mûrier qui n'avait pas été soumis au traitement mourut. Je crois devoir vous citer particulièrement ici une expérience entre autres, sur l'application des sels de fer en arboriculture. Des Chênes de l'Amérique du Nord, plantés à l'école de botanique du Muséum, présentaient la totalité de leurs rameaux dans un état de chlorose plus ou moins avancé. Quelques-uns de ces rameaux ont été immergés un instant dans une dissolulion de sulfate de fer. Au bout de quelques jours, les feuilles de ces rameaux reverdissent sur la totalité de leur limbe, ou plus souvent la revivification de la chlorophylle s'annonce par des taches vertes plus ou moins larges, que de nouvelles immersions finissent par rendre confluenles. Le rameau mis en expérience contraste, d'une manière frap- pante, avec les rameaux voisins par son aspect vigoureux. Du jardin et du verger l'application des sels de fer à la végétation passe dans la grande culture. Je citerai, à cet égard, l'expérience suivante. Le 15oc- lobre, on ensemença en Blé un champ de Trèfle, de la contenance d'un demi- hectare ; terre compacte, composée d'argile et de calcaire ; terrain peu fécond et dont on ne peut obtenir de récoltes passables qu'à l'aide d'excellentes funnnes. La levée du Blé a été fort belle ; mais au moment de pousser les secondes feuilles, la végétation, d'un beau vert qu'elle était, a insensiblement pris une teinte jaune , qui est devenue ensuite très prononcée. Quelques feuilles commençaient à se dessécher, et l'on trouvait déjà du plant mortçà et là. Alors on répandit du sulfate de fer, à la dose de 8 kilogrannnes à l'hectare. La terre était très mouillée, et la pluie dura encore sept ou huit jours après. Au bout d'une semaine, le Blé a p;u-u reverdir et s'est bonifié insensil)le- ment, au point qu'au bout de six semaines, la végétation était aussi belle que dans les champs voisins, dont la santé n'avait point été altérée. Au BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 619 printemps suivant, rien ne s'est dénicnti. La progression a toujours aug- menté, de sorte qu'à 500 mètres de dislance, on reconnaissait parfaitement la petite place où l'on n'avait pas mis de sulfate de fer. Jusqu'ici nous avons seulement parlé de l'application des sels de fer aux plantes cliloroliques. Cependant leur heureuse influence sur la végétation des plantes saines ne paraît pas douteuse, ainsi que l'ont démontré des expé- riences faites sur des plantes appartenant aux familles des IJtjuminvuses, des Crucifères, des Oinbellifèr es, ÛGsComposées, etc. J'en citerai deux exemples : il a été constaté, à l'aide de pesées très rigoureuses, un excédant de 60 pour 100 en faveur de haricots soumis au régime ferrugineux, sur ceux qui n'avaient point reçu de stimulant. On peut conclure, de cette expérience et de plu- sieurs autres, également heureuses, tout l'avantage que la culture maraî- chère peut retirer de l'application si simple et si peu dispendieuse des sels de fer. Dans la grande culture, l'effet des sels ferrugineux sur des Trèfles sains a été aussi remarquable que celui du plâtre ; mais le sulfate de fer a présenté, sur ce dernier, le doui)le avantage d'une grande économie de frais et d'une plus grande précocité de produits. En résumé, les remarquables effets des composés ferrugineux appliqués aux plantes du jardin d'agrément et du jardin potagei-, aux arbres fruitiers, aux arbres forestiers, ont été constatés et multipliés à satiété. Leur applica- tion à la grande culture paraît avoir été jusqu'ici l'objet d'un nombre plus restreint d'expériences. Plusieurs ont donné de bons résultats, comme on devait s'y attendre. Si quelques-unes ont présenté des résultats contradic- toires, cela tient prinrip^leiuent à de mauvaises conditions de doses, de tem- pérature ; à la facile décomposition du sulfate do fer, lorsqu'on le fette sur le sol en nature et qu'il n'est pas innnédialement dissous par l'eau du ciel. Dans ce cas, il n'est pas absorbé par la plante. Il est hors de doute qu'en appliquant ce sel par voie de très légères dissolutions sur les feuilles, ses avantages doivent avoir une grande importance en agriculture. C'est ici le cas de rappeler le bas prix du sulfate de fer : le connnerce de Reims le livre à 7 francs les 100 kilogrammes. On peut donc, avec environ 5 centimes, préparer 500 litres de dissolution pour aspersion sur les feuilles ; et avec hO centimes, 500 litres de dissolution propre aux arrosements sur les racines. Mais j'ai hâte de répondre à une question que vous vous êtes sans doute déjà posée, et dont j'ai demandé la solution au microscope (1). Que se passe-t-il dans cette partie mouillée du limbe, qui reverdit seule au contact d'mie dissolution ferrugineuse ? Que se passe-t-il dans les cent cellules, dans la cellule unique soumise à cette influence revivifiante ? Étudions ces curieuses transformations dans la Digitale, par exemple. Les cellules du tissu chlorose contiennent, pour la plupart, une sorte de gelée jaunâtre, étendue sur leur paroi interne, et quelques-unes d'entre (1) A, Gris, Recherches microscopiques sur la chlorophylle, (loc, cil.). • ' ■ ' 620 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. elles offrent çà et là quelques grains pâles à peine ébauchés. Nous avons ici sous les yeux, non pas des cellules clans lesquelles la chlorophylle, primitive- ment bien développée, aurait été peu à peu détruite, mais des cellules qui, dès le premier âge, ont été frappées de stérilité. C'est là le caractère de la chlorose. Je mouille une seule fois avec une dissolution de sulfate de fer la moitié de cette feuille, par exemple. Au bout de trois jours, la partie mouillée a déjà sensiblement reverdi, l'autre moitié est demeurée jaune. J'examine, sous le microscope les cellules du tissu reverdi, et j'y constate tous les résultats d'une prodigieuse activité vitale. La production de la matière verte commence, dans certaines cellules, par le reverdissement de la gelée jaune, qui tapissait tout à l'heure les cellules avant l'application du fer ; elle se continue dans d'autres cellules par une abondante sécrélion de la gelée verte, laquelle, dans d'autres cellules enfin, s'est déjà transformée en grains de chlorophylle arrondis. Ainsi, dans les cellules du tissu chlorose, suspension de la vie, arrêt de développement des matières constituantes de l'organisme végétal et en par- ticulier de la chlorophylle. — Sous l'intluence du fer, une secousse est inipi imée à cet organisme, frappé d'atonie et d'immobilité ; les fonctions vitales s'y rétablissent, la matière verte y apparaît avec la vie. Chose singulière , et qui démontre bien l'individualité de la cellule et son indépendance! SI l'on pouvait mouiller avec la dissolution ferrée une seule cellule, appartenant au tissu général d'une plante chlorosée, cette cellule unique vivrait seule au milieu de ce nombre inunense de cellules presque mortes, et accomplirait seule les fonctions physiologiciues qui révèlent et déterminent la vie dans la plante. il me reste à vous indiquer, messieurs, de quelle manière il importe d'opérer pour arriver au but qu'on se propose dans la thérapeutique végé- tale, il n'y a que les expériences bien faites qui donnent des résultats satis- faisants. Si la plante chlorosée est en pot, ou si son volume le permet, il faut l'immerger, tiges et feuilles, dans une dissolution ferrée à la dose de 1 gramme de sel de fer par litre d'eau. Cette dissolution doit être employée limpide, c'est-à-dire immédiatement après la fusion du sel. — Cinq minutes après au plus, la rouille, qui se forme au contact de l'air et se dépose sur les feuilles, entraverait, on le conçoit, les fonctions d'absorption et d'exhalation. On doit répéter cette opération deux ou trois fois, à cinq ou six jours d'in- tervalle, par une température de 15 à 120 degrés. Pour rendre les bons effets du traitement plus certains, plus durables, il faut donner concurremment à la racine quekfues arrosements ferrés, à la dose de 8 grannnes de sel par litre d'eau. Si la plante est glauque, c'est-à-dire, si ses feuilles ne se laissent pas mouiller, on conçoit qu'on ne peut avoir recours qu'à ce dernier procédé, dont les effets sont moins prompts. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 621 En général aussi les végétaux à tissu compacte, serré, à feuilles coriaces, luisantes, comme les Orangers, les Camcllia, demandent un traitement plus long que ceux dans lesquels le système cellulaire domine, et qui présentent des feuilles herbacées, molles, plus ou moins cotonneuses. Pour les gros végétaux en caisse et ceux de pleine terre dont la flexibilité serait nulle, il faut nécessairement remplacer les immersions par des asper- sions sur les feuilles, de manière qu'elles soient aussi parfaitement mouillées que faire se peut. De ce point d(ipcnd le succès de l'opération. Il est bien entendu que les végétaux eu pleine terre reçoivent, comme ceux cultivés en pot, quelques arrosenients ferrés sur leurs racines. C'est en suivant rigoureusement cette méthode si simple, si peu dispen- dieuse, dont les résultats rapides et certains reposent sur une longue expé- rience, qu'on aura le plus de chances de voir prospérer et se multiplier parmi nous des espèces étrangères agréables ou utiles. Palmiers, arbres fruitiers et forestiers, Céréales, Cucurbitacées, Légumineuses, etc. Les sels de fer donneront du ton, de la vigueur aux plantes saines, nou- vellement acclimatées ; ils ranimeront la végétation languissante de celles que diverses causes morbides auraient pu frapper de chlorose. Il appartient à la Société d'acclimatation de ne négliger aucun des moyens propres à favoriser l'introduction des espèces végétales utiles, et de s'appuyer pour cela sur un mode de traitement dont une expérimentalioa longue et vraiment scientifique a constaté toute l'miportance. . : ., IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Lettre adressée par M. Damas-IIinard à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. :■!•'•.■ • • Hôtel des Pyramides, le 18 juillet 1862. Monsieur, L'Impératrice a reçu la lettre par laquelle vous riiiformez que M. Bataille, de Cayenne, a envoyé au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, pour être pré- sentés à Sa Majesté, trois oiseaux : un Kamichi et deux Caurales phalénoïdes (de la famille des Gralles). En me donnant l'ordre. Monsieur, de vous exprimer tous ses remercîments, l'Impératrice m'a chargé de vous dire qu'Elle désire que ces oiseaux soient con- servés au Jardin d'acclimatation. Là ils seront mieux soignés, et Sa Majesté se propose de leur faire quelques visites, en même temps que le public pourra les voir plus librement. Veuillez agréer, etc. Le secrétaire des commandements, Signé Damas-Hinard. Lettre de M. le maréchal Gouverneur général de l'Algérie à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Alger, le 20 mai 18G2. Monsieur le Président et cher collègue, En présence des instances contenues dans votre lettre du 13 mai courant, j'ai prescrit d'examiner si les ressources du budget de l'Algérie ne permettaient pas de f;nrc droit à la demande que vous m'avez adressée, d'une subvention égale à celle accordée par le département de la Marine, pour tenter l'acclimatation des Éponges dans les eaux de la France et de l'Algérie. J'ai la satisfaction de vous annoncer que, par suite de cet examen, l'allocation de 1000 francs demandée peut être accordée. Des dispositions vont être prises en conséquence pour l'or- donnancement immédiat de celle somme, au nom de 31. Hébert, agent général de la Société d'acclimatation. Dans mon désir de coopérer à une œuvre qui peut devenir profitable pour l'Algérie, je me félicite. Monsieur le Président et cher collègue, que la situation de mes ressources budgétaires me permette d'accéder à votre demande. Je vous remercie des envois que vous me promettez pour notre jardin d'accli- matation, qui a besoin <|ue vous le dotiez du superilu de vos richesses. Veuillez agréer, etc. Le Gouverneur général. Signé Mal Pélissier, duc de Malakof F. Lettre adressée par M. V, Bataille a M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Cayenne, le 1" juin 1862. Monsieur et très honoré Président, j'ai l'honneur de vous informer que j'ai fait embarquer siu' la gabarre la Cérès, faisant route pour Tijulon, trente-deux Animaux et Oiseaux entièrement privés, renfermés dans des cages, que je vous prie de vouloir bien offrir en mon nom à notre illustre Société. Savoir : Cage n" 1. — 1 A.'aHuc/i«, nommé au Brésil ^iicome. — Il" 2. — 2 Caurales phaleHuidus, petits Paons des roses, oiseaux du soleil, nommés au Brésil Petits Pavons. Je vous prierai de vouloir bien offrir en mon nom ces trois Oiseaux à S. M, l'Impératrice. — n° 3. — 3 Pacas, 2 lémelles et! mâle, et 3 Agoutis, 2 femelles et i mâle j destinés à M. Sacc. Cage n» U. " — ' 1 n" 5. 7 — n" 6. — 1 — n" 7. — 4 — n" 8. — ?> — n'^ 9. — 1 — n° 10. — 1 n'^ 11. — 1 FAITS DIVERS. G23 1 Pécari femelle, grande espèceà mâchoire blanche, aUeignant le poids de 100 livres, el nommé à Cayenne Cochon mar- ron on sauvage, destiné aussi à M. Sacc. Agoutis et 1 Akouchi. Kinkajou, nommé à Cayenne, Singe de nuit. Agamis, dont 2 destinés à M. Sacc. Hoccos, 2 Pénélopes marails et 1 Yacou. 1 Toucan, dit gros bec, jeune. 1 Grand-gosier, nommé parBuffon Soco, au Brésil Magonarie. Sajou. Total : 32 Animaux et Oiseaux (1). Je m'occupe en ce moment de me procurer des Agamis privés et d'autres sau- vages pour les faire parvenir à la Martinique, pour être en liberté appliqués à la destruction du serpent, parce que je sais combien ces oiseaux sont terribles, féroces môme, en état de liberté ou en état sauvage. Je crois devoir aussi signaler à la Société l'introduction en doineslicilé à la Martinique, de l'espèce de Pécari que je vous envoie, parce que dans les lieux qu'il fréquente, il fait une grande destruction de reptiles qu'il dévore, et dont les piqûres ou morsures sont impuissantes contre lui. Une fois apprivoisés, les Pécaris suivraient l'homme ù la chasse, ainsi que cela se pratique chez l'Indien ; et l'on s'en servirait comme d'un excellent destructeur du Trigonocéphale ou Fer-de-lance. Je vous entretiendrai une autre fois d'un oiseau de proie de la grosseur d'une poule, lequel se nourrit principalement de serpents; il se nomme Acaouanc en brésilien. Dans le territoire contesté, tout proche de nous, le serpent fuit à son chant seul. Avec ces trois destructeurs du serpent, ne pourrait-on pas venir un jour en aide à notre belle colonie de la Martinique? Signé V. Bataille. Extrait d'une lettre adressée par M. A. de Villeneuve à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Monsieur le Président , J'ai l'honneur de vous adresser une plante fourragère que je crois précieuse pour nos agriculteurs; elle se nomme en brésilien, Capim, et est, je pense, le seul fourrage dont on se serve à Rio-Janeiro et ses environs. Cette plante, à racines traçantes comme notre chiendent, rustique comme lui et poussasil des jets d'une hauteur de 1 mètre à l'",40, est fort goûtée de tous les animaux herbivores; j'ajoute qu'elle est facile à planter, j'en ai eu la preuve à bord du navire la Ma- ttiilde : des tiges de Capim tirées des bottes de ce fourrage qu'on avait embarquées pour la nourriture des animaux du bord, ont pris racine le vingtième, le trentième et même le quaranlièm.e jour après leur embarquement. La propriété de ces tiges de conserver leur vitalité pendant un aussi long temps n'est pas, je crois, un de leurs moindres avantages, car les animaux préfèrent ordinairement les fourrages qui conservent encore leur eau de végétation, et pour ainsi dire leur vie. Les graines d'un arbre produisant une espèce de soie dont on fait des coussins excellents, inattaiiuables parles insectes, m'ont paru aussi une boime chose. Ces coussins n'ont pas besoin d'être cardés de temps en temps, il suflit, pour leur faire reprendre leur volume primitif, de les battre avec une verge et de les exposer à un bon soleil. Un arbre que j'aurais désiré acclimater, et dont j'ai cherché à avoir des échan- tillons, est le Curtis, liège dont on se sert dans l'intérieur du Brésil; j'ai appris que les racines de cet arbre servent tout entières aux mêmes emplois que notre liège. Peut-être ce végétal serait-il précieux à importer en France. Signé A. de Villeneuve. (1) Ce Iroisiùme envoi de M. Balaille est arrivé à Toulon il y a quelques jours, et a été reçu par M. le ciocteur Turrel, tléléçcué d6 la Société. Mallicureusement nous avons encore eu à constater cette fois des pertes nombreuses et très regrettables, entre autres celle des quatre Agamis. 62/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. Lettre adressée par M. de Lesseps à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Lima, le 28 mai 1802. Monsieur le Président, J'ai reçu la lettre que vous me faisiez l'honneur de m'écrire le 17 décembre dernier : j'espérais, en y répondant, pouvoir vous annoncer que l'envoi de plants et de grraines de Coca était en roule pour la France. M. Colpaert m'écrivait, le 20 janvier dernier, qu'après avoir désespéré du succès de ses efforts pour se les procurer, il était enfin en possession, à Cuzco, des fruits et plants de ce végétal. Il n'attendait qu'une occasion favorable pour m'expédier le tout emballé dans les conditions prescrites par les honorables docteurs Weddell et Gosse. Depuis lors je n'ai reçu de nouvelles ni de M. Colpaert, ni de son envoi. Les paroles flatteuses dont vous vous servez, Monsieur le Président, ainsi que la respectable Société impériale d'acclimatation, dépassent de beaucoup nos efforts, surtout les miens. Pour répoudre avec autant d'autorité que possible aux questions ou prescriptions de MM. Gosse et Weddell, j'ai fait appel au savant le plus estimé que nous ayons dans l'Amérique du Sud. 11 a bien voulu me répondre par une lettre en espagnol que j'ai l'honneur de vous transmettre, accompagnée d'une traduction. Je connais peu de personnes jouissant du rare privilège du savant docteur Reymondi, au mérite duquel on rend ici un unanime liommnge. Un de mes anciens amis et cama- rades de collège, M. A. Sarrazin de Monlfenier, que j'ai retrouvé à Lima, ingé- nieur au service de la République péruvienne, s'est chargé de la traduction de la lettre'de M. Reymondi : en me la faisant parvenir, il m'adresse quelques lignes que je joins à cet envoi. Elles sont des plus favorables au savant dont j'ai invoqué les lumières et la profonde expérience de nos parages (1). Il m'est pénible. Monsieur le Président, do ne pas pouvoir reconnaître vos bontés pour moi en offrant à la Société autre chose que des lettres ou des plantes. Veuillez me croire, quand j'ai l'honneur de vous assurer que n'importe où m'appel- lera le service du gouvernement, je serai iieureux d'apporter ma pierre et de travailler dans la mesure de mes faibles forces à ce grand édifice qui vous devra sa gloire et sa prospérité. Veuillez agréer, etc. De Lesseps. Premier diner annuel de la Sociclë d'accliniafation de Londres. En rendaiU compte au Conseil de la Société impériale d'acclimatation, dans sa séance du 18 juillet dernier, de la mission qui lui avait été confiée en An- gleterre au sujet des Moutons ong-li récemment arrivés au bois de Boulogne, M. le docteur Jules Cloquet a annoncé qu'il avait eu l'honneur d'être invité, comme représentant de notre Société impériale, à assister au premier ban- quet annuel olTert parla Société d'acclimatation de Londres. Nous regrettons que le défaut d'espace ne nous permette pas de reproduire ici le récit intéressant que nous trouvons dans les publications anglaises sur cette fête d'un caractère tout particulier et qui intéresse assez notre œuvre pour mériter une mention spéciale. Ce fut le samedi 12 juillet qu'eut lieu ce ijanquct, sous la présidence de ]ord Stanley. A côté des membres les plus éminenis de la Société anglaise d'acclimatalion de Londres se trouvaient les acclimatateurs les plus distingués (i) La Notice de M. le docteur Reymondi sera piil.liée dans l'un des plus procliaiiis numéros lin Lutlctin. FAITS DIVERS. 625 (le rAngleterre ou de ses colonies et des divers p;iys étrangers que TExposi- tion universelle avait réunis à Londres, et parmi eux un certain nonii3re de membres de notre Société impériale, leducd'Hamilton, MM. E. Wilson, de Melbourne, etc. A la suite du nom de M. le docteur Cioqnet nous remarquons celui de notre confrère M. Aul^ry Lecomte, directeur de TExposilion perma- nente des colonies, et de j\I. Pierre Pichot. La décoration elle-même de la salle avait été mise en rapport avec l'objet principal du banquet, et racclimatation y était représentée par divers produits naturels disposés avec le meilleur goùl : une paire de cornes gigantesques d'ilu Cerf allemand, tètes de Bison, de Sanglier, d'Élan, Oiseaux dMntroducliou nouvelle. Poissons conservés, et, parmi eux, le Lucioperca ; enfin, jusqu'à ces charmantes petites Hirondelles qui construisent les nids comestibles si appré- ciés des gourmands chinois, avec leurs nids tout garnis de leurs œufs. A'ous avons sous les yeux la carte de ce banquet fameux ; on n'y compte pas moins de dix potages variés dont quatre préparés avec des produits de l'Algérie, de la Chine, de la Cochinchine et du Japon, parmi lesquels figure en première ligne la soupe aux nids d'Oiseaux et cinquante-deux plats diffé- rents, sans compter les hors d'œuvre, les relevés de rôts, les glaces, le dessert. De tous ces plais, vingt huit étaient dus à l'acclimatalion, animaux, légu- mes ou fruits. Chacun de ces mets nouveaux fut l'objet d'une dégustation sérieuse et d'un jugement parliculier prononcé à la majorité des sulfrages. Parmi les verdicts rendus, on peut citer les suivants : La soupe aux nids d'Oiseaux excellente à l'unanimité ; celle au Tripanz, ou Biche de mer du Japon, laissa les opinionsparlagées, les uns la truuvantpeu agréable, les autres délicieuse. La soupe aux nerfs de Daim, d'un fumet relevé et gélatineuse, a trouvé la même appréciation que la précédente. La semoule d'Algérie a emporté tous les sull'rages. Les mels préférés ont été le Kanguroo, la Poidelle en karic à la siamoise, le lîiz de veau à l'oseille de Dominique, l'Agneau de Chine SL'r\ i tout entier, le jambon de Kanguroo; le Porc frais de Sj rie servi tout entier et si apprécié, qu'il fut mangé jusqu'au dernier morceau : l'Oie du Canada, la Pénélope yuan {Pénélope cristata), le Curassow {Crax globosa), les Pintail-ducks, oblenus par le croisemenl du Canard domestique commun et du Pintail sauvage ; les Dindons de Honduras ; les Léporines, considérés comme des croisements de Lièvre et de Lapin: les Ignames de Chine des cultures de M. Carré, de Guer- nesey; les l'atates douces, la gelée d'Algues marines d'Ausiralic, etc. Le des- sert élait en rapport avec toutes ces merveilleuses nouveautés. Le thé et le café provenaient de l'ile de la P«éunion. La plupart de ces produits avaient élé fournis par la Société d'acclimala- Jion de Londres, piu- divers membres présents, el par AIM. Aubry-Lecomte el Teston, directeurs de nos exposilionspernianenlcs de l'Algérie et des colonies. A côté des vins les plus renommés d'Europe furent servis onze espèces de vins d'Australie estimés des meilleurs, principalement ceux désignés sous les noms de vins de Camden, d'Irrawang et de Kaludali, ceux de la iNouvellc- Gallesdu Sud et quinze liqueurs diliérenles d'Algérie, de la Guadeloupe, de T. IX. —Juillet 1802. /jU 626 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'acCLIMATATION. la Alrirtinique, d-os îles loiiieniies ot dfi Oiieenslan;!. Lrs lii[iioiirs rccomiuos sn|)('riciiros finviit l'oiicd-allnh ol ic nectar de Garibaldi, d'Alg«5rie; le rluiiii de la Marliiiique fut (^galiMiieiil très apprécié. De iionibi-L'iix toasls furent portés |)ar ^!. le président à la reine, au prince de Galles el à la famil'e royale, à Parmée, à la marine, aux volontaires ; lord Stanley, à propos d'un toast à la prospérité de la Société d'acclimalation, ren- dit ensuite conipie de sa situai ion artue'le. Fon;lée depuis dix-huit mois à peine, elle compte déjà 157 membres el possède un revenu de 500 livres { I '2 50 i fr.) ; ce chidre ne donne pas une juste idée de ses ressources et de ses moyens d'action, parce qu'à côté des expériences entreprises pnr elle-même, il faut tenir compte des nombreuses tenîatives industrielles qu'elle a provoquées. Parmi les personuesqni rendent le plus deservices à l'œuvre d'utilité j^éuérale qu'elle a entreprise. M. le président cite les noms de AIM. Graniley Berke- ley, Wilson, Mackinnon, Buckland, le marquis de Breadalbane, lord lowers- court, sir A^ombwell et miss Burd it Coulis. La Société de Londres a déjà introduit en Anglelerre la Poule des prairies des États-Unis, ime nouvelle variété de Dindon de Honduras, la Pénélope et le Ilocco de l'Amérique centrale, el elle s'occupe de l'inlroduclion de lafJéli- notlede \or\vay. Parmi les Poissons, des tentatives ont été faites pour l'intro- duction de la Morue du Murray d'Australie et d'un excellent poisson d'Alle- magne. Dans la classe des Mammifères, la .Société a acquis le Mouton de Chine qui lait deux portées par an, el dont la viande a été trouvée excellente à ce banquet ; le Bison et l'Élan ont clé introduits par M. le marquis de Breadal- bane et lord Ilili. L'Igname de Chine est aciuellement cultivée. Grâce aux soins de lady Dorolliy \evill, l'éducation du Ver à soie de l' Allante (B. Cijnthia) réussit parfaitement. L'honorable \1. Graniley Berkeley, prenant la parole après ^.\. le président, a porté un toast à la Société qui, dans un pays voisin, a donné à l'Angleterre l'exemple qu'elle s'est empressée de suivre, à la .Société iinpériale d'acclima- tation, en y associant le nom de AL Jules Cloquel. rémiueni membre de son Conseil qui la repré.sentait dans cette réunion. En terminant, M. Jîerkeley a exprimé l'espoir qu'à l'avenir, dans tous leurs rapports, soit d'allaires sérieu- ses, soit de récréation, la Prance et l'Angleterre seraient aussi fortement unies sur tout autre sujet que sur celui de l'acclimatation. -M. le docteur Cloquel adresse alors ses félicilations à la Société anglaise sur les succès si remarquables qu'elle a déjà obtenus, en lui transmettant les remercîments de la Société impériale pour les deux Moutons de Cliine qui lui ont élé si gracieusement ofTtrls. Plusieurs discours furent ensuite prononcés par M. le capitaine Da\^son Daiuer, qui proposa un toast à la Société d'acclima- tation de Melbourne el auquel répondit M. E. Wilson ; par M. E. W. Cox, le vicomte Power.scourl, M. Graniley Berkeley, lord Stanley, AL F. T. Buckland, et M. James Lowes. Enfin, un dernier toast proposé par M. Pierre Pichot, à la mémoire de M. Isidore Geoffroy Sainl-Hilaire, fut écouté au milieu d'un reli- gieux silence et termina cette fêle si brillante et si animée de l'acclimatation. V. CHROKiaUE. -' . ' l'iiltui'c et production du Coton. Extrait du Momteur universel du IS juin iii62. On écrivait d' Alexandrie le iO niai 18(J2 : « La production du coton Juniel en Kg} pte donnait, vers Tautomnc 18G1, de belles espérances : un plus grand nombre de terres avaient et'' ensemen- cées, et plusieurs nouvelles usines à égren^ r étaient prêtes ù fonctionner dans divers centres de cidlure. Pendant un moment, on put craindre tou- tefois que, par suite des inondations du Mi, la récolte de ce produit ne se trouvât sensiblemenl nkUiile ; ces apprélien>ions ne se sont pas réalisées, et bien que, dans certaines régions, quelques plantations aient été ou détruites ou endommagées, ces pertes, relativement insignifiantes, ont ('lé largement compensées par l'extension de la culture, et la récolle de 1861 n'est en au- cune façon restée inférieure à celles des années précédentes. On calcule qu'elle a du atteindre 600 000 quintaux au moins, soit environ 25 millions de kilogrammes, dont 20 millions seront expédiés à l'Angleterre et 5 mil- lions sur le continent européen. Les premiers arrivages de cette récolte ont eu lieu à Alexandrie vers le commencement d'octobre, et les prix ont varié alors de /iiO à /lûO piastres au tarif (la valeur de cette piastre est de 2û cen- times environ) par quintal de Zi'j kilogranmies nets. » Depuis cette époque, plus de 550 000 quintaux se sont vendus de 360 à 380 piastres, tarif environ, contre une moyenne de prix de 'J^o à 2'jO pias- tres, tarif pendant les années préc('denles. » Un renchérissement aussi notable a eu pour résultat de faire donner un développement considérable à l'ensemencement des cotons, et, suivant toute apparence, la récolte de 186 ' dépassera le chilTre de 700 000 quintaux, soit à peu près 30 millions de kilogrammes. » {Atuiales du couimcrce extérieur.) Extrait duMomTEVP, industriel (10 juillet 1862). Dans toute l'Afrique, le Cotonnier est indigène, ainsi qu'en Kgyi)lc ; des essais ont prouvé que sa culture réussit aussi fort bien en i'alestinc et en Syrie, et qu'en prenant la semence américaine, on obtient une aussi bonne qualité qu'en Louisiane. Les contrées méiidionalesde l'Espagne, de Naples, de Sicile et de Malle, sont aussi fort propres à la culture du Coton. On a également porté son attention sur l'Australie, où se trouve une vaste contrée propre à cette culture. ■-. . ■ Ailisi, les terres et les climats propres à la production du coton ne man- quent pas, il s'agit seulement de mettre la main à l'œuvre pour pouvoir uti- liser le plus tôt possible ces ressources. 628 SOCIPÎTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. Dans certaines localités alg(''riennes, les Cotonniers prennent des dévelop- pements remarquables qui font toujours l'admiration des personnes novices dans celle culture. Dans les localités propres au Cotonnier, et elles sont nombreuses en Algé- rie, ce n'est donc pas la vigueur qui manque à cette plante ; ce sont les plan- teurs qui ignorent encore l'art de faire tourner au profit de la fructification celte exubérance de végétation qui ne donne que dos fleurs et du bois. Ainsi, jusqu'à présent, la culture du Coton a été mal comprise, et c'est au défaut d'expérience des planteurs qu'il faut attribuer les insuccès. Là où l'on récolte aujourd'hui 1000 kilogrammes de Coton aux États-Unis, la même étendue de terre ne donnait, dans le principe de cette culture, que 150 à 200 kilogrammes. Que \vs planteurs, instruits par l'expérience, sachent garantir leurs semis de l'humidité surabondante qui trop souvent les pourrit, qu'ils espacent plus convenablement leurs plantations, que l'écimage se pratique en juin au lieu de l'ôtre en août et septembre, les récoltes en seront plus hâtives, mieux mû- ries, bien plus abondantes : et ces rendements qui aujourd'hui semblent extraordinaires et tout à fait exceptionnels, deviendront un produit normal. Alors le planteur produisant, sur une même superlicie, des quantités plus considérables, pourra livrer son Coton à un prix moins élevé, et quand vien- dra l'époque (i\ée pour la suppression totale des primes, le prix du com- merce sera encore réuiunérateur, ce qui est le point capital de la question coloanièrc en Algérie, L'Inde produit aussi beaucoup de coton, et sa eu Une et son emploi ont fait de grands progrès dans ces derniers temps. Sur 3 millions 35 728 balles qu'a importées le commerce anglais en 1861 (la balle est en moyenne de 180 kilo- grammes), le contingent de l'Inde s'est monté à 986 '^90 balles. Voici donc le coton indien arrivé à former à peu près le tiers de l'arrivage total dans les ports britanniques. Or, il y a sept ou huit ans, l'Angleterre n'importait guère plus de 300 000 balles. L'apport a plus que triplé depuis. Et ce qui prouve que l'emploi du colon indien, jusque-là assez dédaigné, ne s'accroit pas seu- lement en Angleterre, c'est que ce pays, sur ce chilïre de 926 290 balles, en a réexporté au continent /i09 000. Extrait du Jourisal des villes et des campagnes, rfw 10 jui7/e< 18ô2. Vlndustriel alsacien annonce que ;M. Imberl-Kœchiin vient d'être avisé par l'honorable M. Pouycr-Quertier iils, député de l\ouen, de la création d'une Compagnie française qui se constitue, sous sa présidence, au capital de 25 millions, et se dispose à entreprendre la culture du Coton en Algérie. Nous sommes heureux, ajoute ce journal, de porter cette bonne nouvelle à la connaissance de nos lecteurs, et nous formons les vœux les plus sincères pour la réussite de ce beau projet. CHRONIQUE. . . 629 Faits d'^icelimnta(ion à rélra»»g«r. La Société doit à l'obligeance de M. 1». Ilarael les commmiicntions sui- vantes, extraites de publications australiennes à Toccasion de la fondation de la Société d'acclimatation deTasmanie, à llobart-town. Le journal the Yooman donne la liste suivante des animaux acquis ou envoyés par l'Australie : Au Jardin botanique: 18 Canaris, 18 Merles, 24 Grives, 2 Colins, 8 Starlin^s 6 Alouettes, 2 Perdreaux. ' ® ' A f'hUipn island : 5 F.iisans, G Alouettes, i Grives, 4 Merles. Sandatone et Churchill islands : à Faisans, à Alouettes, à Grives, A Yarra lion I (hôpit.il des fous) : 4 Alouettes, 6 Grives'. Enviyons de Sydnexj : 9 Grives, 4 Alouettes, 10 Merles. Chez M. Coppin : 1 paire de Cygne*; blancs. B-BSle «lc!4 Oisonii\ et .tniiiinu\ envoyés au dehors. Londres : 4 Cygnes noirs, 10 Cailles d'Australie, 10 Aigles, 6 Magpies (Pies) 4 Perroquets Rosella, 1 Dingo, 2 Echidnés, 22 Laugliing Jacasses, 40 Sheî Perroquets et quelques Poissons du Y;irra. Paris : S Énieux 4 Cygnes noirs, 3 Cereopsis, 2 Wombats, 5 Cailles d'Australie 4 Laughing Jacasses, 2 Bronze Pigeons, 4 Goat-suckers, 2 iNative Companions.' 14 Rockiiainpton Finclies. Sainl-Pi'ler^bourg : 2 Kaiiguroos, 8 Cygnes noirs, 2 Laughing Jacasses, 2 Wal- laby, 3 Émeux. Et à Maurice, Java, Ceylan, Amsterdam, Copenhague, Sydney, Adélaïde, Hobart- lown, et à une quantité de particuliers. Propagation de la race ovine en Australie. — Il a été acheté (ont récem- ment 80 ou ',)0 000 Moutons dans les différentes stations de Nevv-South-Wales pour être enuiienés dans les districts éloignés du Darling ou Murembidgee.' Ces contrées étaient généralement destinées à l'élève du gros bétail, il paraît qu'il y a tendance opposée. On y remplace Bœufs et Chevaux par les Aloutons. — Dans la séance de la Société d'acclimatation de Melbourne du 2f) avril 1862, il a été donné lecture d'une lettre de M, JMackinnon qui annonce qu'il a pu mettre à bord du Lincolnshire o6 Homards et 10 Crabes, rrécédemment il avait emoyé des Mulets. Une lettre de :\I. Lloyd à M. Archer le prévient qu'il enverra encore des Homards {Lobsters) parle Kent. — Les Abeilles d'Europe sont tellement acclimatées à New-South-AVales, soit dans les jardins, soit par essaims libres, que dans l'espace de deux jours un amateur en a trouvé trois essaims dans la foret. A ce compte, le pays regor- gera bientôt de miel. Tentative d'accliiudtalion de Mérinos aux îles SwHf/^i^/c/). — L'empereur Napoléon a fait cadeau de /i Béliers de choix (race de Uanibouillet) au roi des îles Savidwich. Ce beau présent a une grande importance, à cause de l'extension que prend dans ces îles l'élevage du Mouton. 630 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTÂTION. — Dans une réunion des principaux négociants et propriétaires de Sydney, il s'est formé une Société pour la culture du Coton. Le gouvernement doit accorder 5000 acres (2000 hectares) de terres propres à cette culture, et de plus une subvention pécuniaire égale à la somme sous- crite par les particuliers jusqu'à concurrence de 125 000 francs. Un avis inséré dans les journaux du Canada prévient les nègres qui voudraient se rendre à New-Soulli-Wales, ou Queensland, que cette Compagnie australienne pour la culture du Coton leur offre le passage gratuit et 525 francs de gages par an avec la nourriture et le logensent. Tentative d'acclimatation du Quinquina à Ceylan. — Des Cinchona ont été expédiés de Kew à Ceylan pour y être acclimatés. On s'y occupe égaleiuent, et dans le même but, du Coton, de la Vanille et du Chanvre de Manille (soie vcgêtale, ou plutôt libre d'un Bananier). Portulaca. — A l'exposition d'horticulture de Melbourne, le docteur ^lueller présentait le Portulaca. C'est, après le Nardoo, l'élément d'existence quia joué le plus grand rôle dans le drame de l'exploration australienne sous la direction du trop ardent et infortuné Burke. Mûrier. — Il y a eu à llobarl-town (Tasmanie) une lecture très étendue sur l'importance de 1' culture du Aliirier pour la production delà soie. Jidlata. — Le Balata a été mentionn»; co'Dmc produisant une gomme pré- férable dans bien des cas, suivant M. Serres, à la gutta-perciia. Fabrication du sucre d'Erable au Canada. , . . A la lin de mars commence la fabrication de sucre d'Érable, dont l'im- portance gran.iil tous les jours avec l'augmentation de no;re population et la destruction de nos forets. Le produit s'élève annuellement à 7u 000 000 de livres, et nul doute que cette quantité ne pût être facilement doublée avec un meilleur système de fabrication et une exploitation plus étendue, ^ous de>. ons dire tout de suite que dans quelques comtés le succès obtenu laisse bien peu à désirer, L'oulillagc a été considérai)lemeiit perfectionné, ainsi que le procédé de fabrication. Mais cette amélioration si louable ne s'est pio- duite que dans un petit nond)re de comiés, et pour celte raison nous croyons devoir donner ici les méthodes les plus recommandables, quelque temps avant le commencement de la fabrication. Je manière à permettre à tous nos agriculteurs tie se pour\oir d'avanc ■ de fout l'oulillage indispensable à une bonn.' fabrication. L'érabliere. — Avant tout il faut apporter le plus grand soin à l'entre- tien des iaables, en enlevant ceux qui seraient attaqués de chancres, mal conformés, ou trop près les uns des autres et se nuiraient mutuellement, tout en rendant la circulation diflicile. Toutes les jeunes pousses superflues doivent être rigoureusement coupées ou arrachées, ainsi que les arbres d'es- sences dilléreules. Cet entretien de l'érai)lière est de rigueur pour tous les CHRONIQUE. 631 cultivateurs qui obtiennent les beaux résultats. Nous avons en occasion de visiter celle de M. Ililaire Girard, de Varennes, et les dispositions intelligentes adoptées pour sa sucrerie nous ont frappé par leur originalité et leur à pro- pos. Chaque Érable se trouve à peu près à distance égale et est complètement élagué jusqu'à la hauteur de 8 pieds, où commencent les premières branches, en sorte qu'il est l'acile de se rendre dans toutes les directions pour la collec- tion de la sève. Au milieu de la sucrerie et sur toute sa largeur se trouve un plateau élevé de 20 pieds à peu près, dont la montée abrupte et la descente causaient mille accidents, se terminant toujours par la chute du porteur d'eau d'Érable et par des pertes de sève considérables. M. Girard a parfuilenient obvié à celte difficulté en plaçant un tonneau au haut de la côte et un autre au bas mis en communiciiiion avec le premier par un petit tuyau de piomi) d'un demi-pouce de diamètre, qui se ciiarge de descendre toute la sève, recueiUie sur le plateau avec beaucoup moins de travail et de temps. Nous croyons que cette disposition pourrait être adoptéi; également pour mettre en communication les dilférentes parties d'une sucrerie avec la calwne on s'opère la fabrication. Même sur un terrain plan, en élevant de deux pieds les tonneaux les plus éloignés, on obtiendi'ait un transport facile à plusieurs arpenis. El si l'on se rappelle que le transport de la sève est presque tout le travail de la fabrication du sucre d'Érable, on comprendra l'importance de cette disposition. Chaudières. — Les auges de bois ont plusieurs inconvénients qui les ont fait abandonner pour les ch.iudières. Les auges donnent un mauvais goût à l'eau d'Érabie, facilitent son évaporalion pu- le moindre vent, et reçoivent toutes les feuilles qui tombent de l'arbre. Ces auges sont de plus en plus mauvaises à mesure qu'elles vicilhsseni, lorsqu'elles ne sont pas écartées. La fabrication des chaudières de fer-blanc est très facile et peut se faire par les cultivateurs eux-mêmes pendant le mois qui commence. C'est ainsi que M. Girard s'est pourvu de rjOO chaudières pour sa sucrerie. Klles sont de diiférenles grandeurs, selon la grosseur de l'érable, en sorte qu'il est facile de les empaqueter les unes dans les autres. Ces chaudières lui reviennent en moyenne à ,i cents, tout compris. Elles sont longues et étroites, pour éviter les défauts que nous axons signalés pour les auges, et sont fixées à l'arbre par un clou. Goxdlièrps. — Elles se font généralement de bois, mais nous recommande- rons de les faire de fer-blanc. On peut employer à cela les retailles des chaudières, coupées 6 ou Zj pouces de long et un pouce et demi de largeur à un bout et un pouce à l'autre. Le bout le plus large est afiilé sur la meule, puis façonné en forme de gouge au moyen d'un maillet et de di'ux bois durs dont l'un est creusé en goultièie et l'autre arrondi, de manière à s'ajuster. Ces gouttières sont enibncées au marteau dans l'écorce. Charroi de l'eau d' Erable. — Il se fait avec une voiture et un tonneau traînés à bras ou par un cheval. Le charroi e'i bras est trop fatigant et trop long, et si la sucrerie est bien entretenue et nette de toutes broussailles, un 63-2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. traîneau élroit pourra facilement circuler dans toutes les directions. Près de la cabane à sucre est un immense tonneau servant de réservoir et muni d'un robinet garni d'un petit tuyau déboucliantdans les cbaudrons à (-vaporer, de manière à les entretenir continuellement pirun petit courant de sève. Appareils à écaporation. - Généralement on emploie des chaudrons soit de fonte, soit de cuivre. Le fer noircit le sucre et doit être faïence pour don- ner un bon résultat; les chaudières de cuivre doivent également êlre éta- mées. Les chaudrons sont placés au milieu delà cabane, et dans ces circon- stances il faut beaucoup de bois pour obtenir FébuUilion. 11 serait plus économicpie d'employer quelques briques, même à sec, à construire une espèce de canal recouvert par trois chaudrons. Le premier recevrait le plus gros feu et le reste de la chaleur serait utilisé au prolit des deux autres avant d'arriver à la cheminée ou au tuyau destiné ù doiuiei' un passage à la fumée. La conduite de ces trois chaudrons demande une attention toute par- ticulière. L'eau d'Érable est d'abord versée du réservoir dans le premier chaudron placé près de la cheminée et le plus éloigné du foyer. C" chaudron est le plus grand et doit être continuellement rempli. 11 reçoit un peu de chaux, puis on enlève les écumes à mesure qu'elles se présentent à la sur- face. Après que la sève a été quelque peu concentrée, elle est versée dans le second chaudron dont les écumes sont jetées dans le premier. Arrivée à une consistance sirupeuse, l'eau d'Érable est enfui transvasée dans le dernier chaudron après avoir passé à travers des sacs de llanclle |)lacés au-dessus. Les tissus de laine, s'ils sont neufs, devront être ébouillantés à plusieurs reprises, lavés et séchés à l'air libre, autrement ils comnuiniqueront au sucre une saveur très désa;;réable. Là le sirop est amené à une concentra- tion convenable pour la cristallisation. Aux Èlats-Unis, on emploie avec succès, pour évaporer l'eau d'Érable, de grands bacs, faits avec une feuille de tôle de huit pieds sur quatre, clouée sur deux montants, formant côtés, en madriers de huit pieds de longueur sur six pouces de hauteur et arrondis à leurs extrémités. Ce bac forme le dessus d'un fourneau bâti de mortier, et de trois pieds de largeur seule- ment, de manière à laisser six pouces de chaque côté pour appuyer le bac. A un bout du fourneau est un tuyau servant de cheminée, donnant un tirage suflisant; à l'autre boni est le foyer. A un coin du bac se trouve un robinet pour laisser couler le sirop dans le cliaudron où se lait le sucre. Avec cet arrangement, i'évaporalion marche avec une vitesse étonnante et avec une grande économie de condjustible ; nous le recommandons tout par- ticulièrement à nos cultivateurs, vu qu'il donne de magnifiques résultats chez nos voisins. Fin de la campagne. — Laver avec soin tout loutillage et le mettre en sûreté ; mettre les gouttières et les clous de côté , non-seulement alin qu'ils servent, l'année suivante mais encore pour que l'arbre après l'abalage n'ébrèche pas les haches ou les scies. CHRONIQUE. 633 Nouvelle méthode de culture de l'Asperge de Hollande, par M. W. n. Gauthier. On sait qirilest très difficile défaire une bonne plantation d'asperges dans certains terrains, notamment dans les solsari^'ilmix et hnmidi's, où les plinits sont exposés à pourrir qnand le printemps est pluvieux. M. (iauiiùrr a trouvé le moyen suivant de faire celle plantation avec succi;s dans tous les terrains et à toutes les époques de Tannée. Semis. — On doit avoir des 5,'raines de choix, ou les prendre surlestoufTes d'Asperges qui ont toujours donné de l)e,uix produits. Le semis se fait en rayons, aussitôt ai)r('s la maliu-ité ou en mars, et l'on recouvre les graines d'une légère couche de terreau. Dès que les tiges ont atteint la hautenrde li à 5 centimètres, on les repique au plantoir dans une bonne terre bien préparée, à la distance de 16 centi- mètres pour l'Asperge verte sous châssis, de 3o centimètres pour l'Asperge blanche sous chiVssis, et d'un mètre pour l'Asperge blanche de pleine terre. Il faut, en même temps, repiquer dans des pots remplis de terre forte des plants du même semis, alinde pouvoir remplacer les toufles qui manqueraient cl la reprise ou qui resteraient trop faibles. On doit planter à la surface du sol. four avoir les Asperges blanches, oiï butte la terre autour de chaque toulTe, en forme de taupinière. Ce travail doit se faire en mars, par un temps sec. La hauteur de la butte dépend de l'âge des touffes. A trois ans, si les Asperges sont assez fortes, cette hauteur doit être de 25 à 30 centimètres, et on fait la récolte pendant quinze jours. A cinq ans, les buttes ont 50 centimètres de hauteur sur une larajeur égale. Récolte. — On peut récolter les Asperges, sous le climat de Paris, jusqu'au 15 juin ; si l'on dépasse ce terme, c'est au détriment de la récolte suivante. Il ne faut pas couper les Asperges avec un couteau, il vaut mieux les écla- ter; ce qui est facile, en dégageant la terre. Cela se fait aussitôt que l'Asperge dépasse la bulte de quelques centimètres. Lorsque les pieds sont montés à graine, pour éviterqu'ils ne soient rompus parles vents, on leur donne des tuteurs. Au mois de novembre, toutes les tiges mures doivent être rabattues à 33 centimèlros; ensuite on retire la terre, de manière à n'en presque pas lais- ser sur la bulte. Au printemps, on remet la terre et l'on reforme les buttes. Tous les deu:; ans, on donne une bonne fumure avec du fumier bien con- sommé. Dans les terrains forts, on peut aussi, tous les deux ou trois ans, dé- foncer les intervalles, en ayant soin de ne pas s'approcher des touffes de manière à couper les racines. On leur donne ainsi une terre neuve. OLVRACiE» OI A LA !<^OClETU. SÉANCES DES 9 ET Mémoires de l'Acadéiiiie royale des sciences de Madiid. Années 1589 à 1801, tomes m à V. rlésnmé des actes de l'Académie royale des sciences de îMadrid, par son secrétaire perpétnel ledoctenrD. Mariano Lorente. De 1857 à 1862, 7 livraisons. Mémoires de la Société impériale économique de Saint-Pétersbourg. Années 18G0, 18G] , 8 livraisons. Ctiuseries d'nn naturaliste, par M. A. Dl'PUIS. 1 vol. in-18. — OfVeit parl'auteur. ï/tiides sur l'incubation artilicielle, par M. le docteur L. SouBEiRAN. Des Plantes à sucre, par le même. — Oflerls par l'auteur. Éducation des Vers à soie de l'Adante et du liicni, et culture des végétaux qui les nourrissent, par M. Guérin-Méneville; traduit en italien par la Société agraire de Gorizt, 18(J2. ~ Offert par M. Gucrin-Méneville. Rapport à S. Exe. le Minisire de l'agriculture sur les progrès de la culture de l'Ailante et de l'éducation du Ver à soie [bombyx Cyntlua) que l'on élève en plein air sur ce végétal, par M. ¥. E. Guékin-Mé.nevili.e. Paris, l8t)2. — Offert par l'auleur. Conservation des grains par l'ensilage, par M. L. Doyére. 1 vol. gr. in-S. Paris, 1862. — Off'ert p.ir l'auleur. Parmenlier elle professeur Renou, par M. Oh. Mkniéke. Notice sur la vie et les travaux de M. le docteur VerroUot, par M. A. Viouesnel. Les Édrntés fossiles {CUipludon cl Schisloiik-uruni), p:ir M. Arthur Im.offe. Paris, 1862. — Offert par l'auteur. Le pays des sept rivières et l;i contrée transilieiine, par M. C. de Sarir. Paris, 1862. — Offeri jmr l'auteur. Proji't de création d'un p^dais des plantes et d'un jardin d'hiver à Paris, par M. J. Mii-LKRET, ancien député. Orléans, 185;5. Entretien sur l'enseignement agricole, par M. C\ri>entier. Roulogne-sur-Mer , aviil 1862. Revue agricole, industrielle et littéraire. Valenciennes, mars 1862. Sh'iANCES DES 6 ET '20 JIHN lbfi'2. statuts et règlements de la Société lasmanienne d'acclimatation d'Hobart-town. Bulletin de la Société d'acclimatation pour les Etats royaux de Prusse, publié par M. E. Kadfmann. De juillet à décembre 1861. Bulletin de rinslilut égyi;tien, 1861, n" 6. Bulletin de la Société mdustriflle d'Angers, 1861. Aivnuaire de la Société d'émulation de la Vend.-e, 7« année, 1860. Bulletin de la Société d'émulation du dé|iartemenl de l'Allier, t. Vlll, V et 2'' livraisons. 1861. Compte rendu de la situation et des travaux de la Société d'émulation de Montbé- liard, de mai 1860 à nidi 1861 Bulletin de la Société mexicaine de géographie et de statistique, la collection do mars 18:59 à 1861. Des corpuscules vibrants, de la maladie du Ver à soie, et des moyens de la pré- venir, par M. E. de Plasgniol. Privas, 1862. Discours prononcé par M. L. Couprie, président de la Société nantaise d'horti- culture, dans sa séance solennelle du 8 juin 1862. Rapport sur la mulliphcalion en grand du Séquoia gujanlea, par M. Pépin. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 635 r.npports sur les exposilions a-ricole, horticole et iiuluslrielle de Nantes et des Andeiys, par le même. — Otl'erts par l'auteur. L|émigration des végétaux, conlerence du !) uiars 18 L'expédition de la frégate la Aomra, pendant les années 1857, 1858 et 185'7 publié en anglais. " ' Catalogues spéciaux des produits de l'Algérie et de ceux des colonies françaises a l'exposition universelle de 18f)2. Catalogue des produits de l'empire d'Autriche à l'exposition universelle de 186'> (Ces quatre derniers documents ont été offerts par M. le docteur .1 Cloqu.'t )' La ver.ta sulla scoperta Giani délia cosi délia generazi .ne sponianea d--; bacoda seta e sui mezzi di trarne il migliore prolitlo, par M. C Righetti Milan 1SG'> Il pohtecnico Reperlo.io mensile di studi applicati allaprospenta e collura sociale! n" 72, renfeimant une note sur le même sujet. Les Phénomènes de la mer, par M. Ébe Maugollé. —Offert par l'auteur Le Poëme des champs, par M. Ch. Cai.emaku Dt Lafavktte, 1 vol in-S Paris 18()1. — Offert par l'auieur. ^- laus. Notice sur les travaux scientiliques de M. ,Im,v. Toulouse, 1862. _ Offert par l'auteur. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLîMATATiaN. Juin esl la rcaliî^atiou du printemps. Los fleurs se font fruits et les œufs donnent des poussins. Nos érlosions sont toujours la moitié des incubations. La ponte n'a pas discontinué et a donné encore ce mois-ci 1199 œufs, dont : Colins de Californie, 7/'; Faisans de Llnde. 38; Pintades, 11; Autruclie, o; Canards mandarins 9 ; Lahatriensis 17 ; etc., etc. f. l'uulerie. — On a remarqué que toutes les Poules cochincliinoiscs avaient témoigné le désir de couver. Celles de Brahmapootra un peu moins, 1 sur 2; o sur 10 pour les Dori {'\-rvus Arisloielis), jeune mâle né ;\u Jardin. t'es-rs el Kiplie<« cocBiobi!^ {Cervus ■'Orciiiu-~), ws uu Jardin. t'erf asis {Ce>vus cix:s), jrune mà!e né au Jardin. Vak hiane {Bds granniens), mâle et femelle, nés en France. Yak noir 3/4 de sim^, jeun.' mâle né au J.irdm, issu it'ua taureau Yak et d'une Vactie née d'un liun-an Yak et d'une Vache ordiriiiire. Boucsi ei Clièvres «rso^ypte (''a/im fP^/f/p/faco). nés au Jardin. Bouc!$ et Cliévi-e!« ni ulus). Giiosscs vAKiETÉs : lîilier blanc, Anj^ora blanc, Angora chinois, An"-lais noi fcl blanc. Anglais j:iune et Idam;. Petites variétés : Anglais bleus. Russes ou de Sibérie, Gris argenté. ■"eiTuelieN oiiUulée»ii. Perroqisei** el Cacaioës de diverses espèces. J'igeoiiM ■•otiiai)3»i iCuluiuLd hispunica), variétés diverses. I>igeon«i de volière, variétés diverses. t'olombc iHiiiaelielle (Calninba chalmpteru), mâle. — loiiKiip ( otuinb'i lojihiites), mâles et IVnielles, nés au Jardin. «'oloiulies loiirleleHeM {Coluiiiba capensis), mâles et femelles. — iiiaillées [i.'uiuinba Lanibiiyunsis). ^- y.éiirécs {Columba^ zebrina), — Iles M»\wiuvs {i'()lu)nhu malaccensh). ii (logitile QfiHivv { nhimbabitorquala). l'Ioin») lioiii») [Orliix virginiana), mâles. — «le l'alifornic [Orhj.r catifornira), mâles et femelles. Faisant ordinaires (l'husiiinus colchicus), mâles et femelles. — à eollier [nasianus lorqualus), mâies et femelles. — dorés de la Cliine [Phasianus pictus), mâles et femelles. — argentés (P/ioxiuwMS nychtiiemems), mâles et femelles. — de Wallicli (Phasianus iVallichii), lemelle. — de C'Hvier [Eupluconius Cuvieii), mâles et femelles, nés au Jardin. — niélanotc {Euplocomus melanolus), mâles et femelles, nés au Jardin. C'o«|s et l>oi)les de races diverses. Moceos (Cra.r), diverses espèces. . ' Paons ordinaires {Pavo crislaltis domesticus), mâles et femelles. — Ulanes {Pavo cnstalus domesllcus albus), mâles et femelles. — dits du Japon (Pavo nigripennis), mâles et femelles, adultes et jeunes, nés au Jardin. Uîndons donies(ic|iies (Meleagris gallo-pavo), mâles et femelles , variétés blanche, bleue, rouge et jaspée. 6ZiO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Pintade» {Numida meleagris), mâles et femelles, variélcs grise, lilas, blanche. Hérons roinniiins {Ardea major). f'igogncM binnches {Ctconia albu). $ii|ia(iilo»i blanches {Plalalea leucorodia), adultes. Itnrges rousse» {Limosa rufa). Combattants {Tringa pugnax). Flainniants {Pliœnicoptents ruber). Cygnes blancs domestiques {Cycnus olor), adultes et jeunes. — noii-s {(\jcnus atratus),a(i\i\les et jeunes. Oies rieuses (Anaer ulbifrons). — premières {Anseï- férus). — des moissons (Anaer segetum). — domestiques de Toulouse {Anser domesticus). — — du Danube, à plumes frisées. — de Guinée {Anser cycrwides). — du Canada {Anser canadensis]. — à double éperon, de Zambie {Anser gambensis). — armées (/l»ise>"œ(;i//i'îa(;?/s), adultes et jeunes. Ilernaches ordinaires {Bernicla leucopiis). Cravants {Anser beiniclo). Ucrnacbes du Magellan {Bernicla magellanica ou Chloephaga poUocephala), adultes et jeunes. Canards siineurs (.4jias Pénélope). — morillons (/l . fuligula). ■ — millouins (.^. /eriMo). ' — millouinans {A. marila). — pilets {A. acula). — tadornes {A. ladorna). — casarka (A.rulda). Sarcelles d'hiver {A. crecca). — d'été (.-1. querquedula). Canard de la Caroline {A. sponsa). — mandarin (i4. (/afeîicu/a/o). — Plombières, de la Chine. — de Kahama {Anas bahamensis). Canards domestiques de races diverses. Le Directeur du Jardin d'acclimalation, IWtZ DE LAVISON. ERRATA. Bulletin n" 5, mai 1802. — Page àUli, ligne 18, a^t lieu de Toutefois les pieds venus de graines ne produisent guère le type sauvage, Hse2 ne reproduisent guère que le type sauvage. Bulletin n" 6, juin 18()2. — Page ix, en tète de la liste, au lieu de S. Exe. Don Lopez, lises : S. Exe. Don Carlos Antonio Lopez. I. ÎRAVÂUX DES FrîEMBRES DE LA SOCIETE. RAPPORT SUR UN ESSAÏ D'ACCUMATAÏÏON DES ÉPO.\GES DE SYRIE DAN» LES EAUX FHAÎS'ÇAISES DE l\ MÉDITERRANÉE. lettke adhessee a m. le président de la société impépjale d'accllmatatiox, (Scauce du 18 juillet 1!SG2.) Lo Conseil d'adininislraliuu de la Sociélé impériale d'accli- matalioa ayaiil décidé, dans sa séance du h avril 1862, qu'une expérience sérail l'aile aux Irais de la Société pour s'assurer des nioijcus cl de la posinbUitc d'ubtcnir ht rejjruductlo)i et la cidture des Eponf/es du Levant su/- les eûtes méditerranéeuues de la Fra)u:e, le Secrétaire i;énéral de la Société, M. le comie d'Éprémesnil, m'écrivit (pie j'avais l'honneur d'être désigne pour enli'eprendre cet essai. Le 17 avril, la veille de mon départ de France, Je reçus à Marseille ces lignes que M. Drouyn de Lliuys, président de notre Société, avait eu la hunté de m'adresser : « Monsieur et dn'i- (:(i!i('i;uc, « A uns i!'ou\n-cz dans le ilapporl fdil à la .Suciéii' |)a!' \î. Si)îii)i'iiaîi, au liom d"uiie Commission spéciale, en septembre 1861, dans les enlrelieus (pie NOUS avez eus avec iM. Coste et dans volrc propre expérience, les règles qui devront vous diriger dans l'accomplissement de la mission (jui vous est conliée. » Recevez, Monsieur et clier confrère, a\ec nies \riu\paur voli'e heureux voyage, Tassuranco de nia considéralion distinguée, etc. » Aujourd'hui, 15 juillel, de retour à Paris, j'ai riiunneur, monsieur le Président, de vous présenter ce Rapport (jui sera le résumé d'un journal tenu ({uuîidiennenient 'pendant ce voyage, durant le'ijuel je n'ai eu (pi'nn l>ul, celui de recueillir !'. 1\. - Auiil IS .i. Zil 6/l2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'ACCLIMATÂTION. sur les c(Mes de la Syrie les trois espèces d'Eponi^es usuelles dont, on fait commerce avec ce pays, el de transporter des types vivants et sains de ces Zoophytes dans nos eaux de la France méridionale. Ces trois espèces d'Épongés {Eponge fine-douce^ Éponge fine-dure^ Épinige blonde^ dite }'^; — t'liennom.;Mrroie. 27" j/') Température del'oau, couclic supérieure .......' ô',o — loiid de rociie, par 18 mètres . . 19> Salure de Teau du fond, aréoiiièlre Uauiiié (ju Une prime de cent piastres promise au meilleur plon-eur (3'|() SMCIKTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQU!': d'aCCLIMATATION. réussil à faire jouter ces hommes, auxquels je payai en outre le prix (le eliaque Éponge qu'ils m'apportaient. Mon but l'ut atteint, ils me présentèrent des Eponges sans hase qui me servirent à reconnaître ]'('tat sanitaire de ces êtres. Ayant purgé à fond de leur chair plusieurs Eponges ahicmd, ncliDtar, cnhm\\^. remarquai qu'une liqueur blanche, qui sans doute forme la substance des larves, se prononçait faiblement. Il fallait se hâter jiour pouvoir les amener en France avant l'essaimage. Le résultat de la joute me surprit relativement au temps que ces plongeurs restèrent dans la mer par une profondeur de 18 mètres, prés de deux atmosphères au-d<.'ssous du niveau de l'eau. Le plonptciir. . . . n" 1, n" 2, u" o, ii" A, n" 5, ii" G, est rOSt»' sons l'can : omimilcs. 2iii.30?. Im.SOs. in.. 15s. 1 iiiinulc. -i5s. Ces expériences furent vérifiées avec ma montre à secondes indépendantes. Si je n'avais pas moi-même suivi ces pénibles travaux, j'au- rais mis en doute la puissance des poumons des trois premiers plongeurs ; et cependant le vainquem- me disait cpie dans deux mois, l'eau étant plus chaude et l'habitude venant progressi- vemeni en aide, lui et son frère (absent) iraient jusqu'à quatre minutes sous l'eau à 150 pieds métriques de profondeur. Voici la manière dont ces hommes procèdent en pêche. Eue bar(pie à voiles et à rames est montée par quatre pêcheurs et un veilleur. Le plongeur, ou maronite, ou grec, ou musulman, après avoir fait ses dévotions suivant sa religion, se place sur l'avant ponté de la barque, qui est amarr('e par une ancre mouillée au loin. Nu, un filet ou poche suspendue au cou, le plongeur s'ac- croupit sur ses talons et tient entre ses mains une pierre plate, blanche, généralement de marbre, arrondie du haut Q, atta- chée par un cordeau solide dont l'autre bout reste tixé au bateau. ACCLIMATATION DES ÉPONGES DE SYRIE. 6/i7 Après avoir respiré longuement et fortement, de manière à gonfler ses poumons jusqu'à l'aire bomber le thorax, il s'élance en piquant une tète, les bras tendus, tenant en avant le marbre qui l'enlraine ets'aidant de ses pieds pour aller plus vite; parvenu sur le fond, il cherche sa proie. Le veilleur, qui tient à bras tendu le cordeau auquel est amarrée la pierre blanche et que tient aussi le plongeur, suit tous les mouve- ments de l'homme, et quand celui-ci, fatigué, Faverlit par une secoussequ'il veut remonter, deux camarades baient sur le cor- deau avec tani de rapidité, que le plongeur, en arrivant à la surface, sort plus de la moitié|du corps liors de la mer ; au bout de ses forces, il s'accroche au bord du bateau, un cama- rade lui saisit le poignet pour le soutenir pendant qu'il rend par la bouche, par le nez, par les oreilles, de l'eau souvent teintée de sang. Il est quelques moments à se remettre, et comme les quatre pêcheurs qui doivent \)\(mger chacun à son tour, emploient un certain temps à se préparer, c'est d'une à deux fois par heure que le même plongeur peut s'exercer. Ces hommes partent à jeun au lever du soleil, et n'arrivent guère qu'une heure ou deux après leur départ sur le lieu de j)êche; ils s'arrangent toujours pour retourner entre deux et trois heures de l'après-midi au port choisi sur la côte. Dans un beau temps, par une profondeur moyenne, et dans une bonne localité, les plongeurs peuvent, chacun, rapporter (Je cinq à huit Eponges. Associés tous les quatre ensemble, ils s'accordent dans le par- tage suivant convention faite à l'avance entre eux; le veilleur est payé à la journée, mais la barque a le cinquième de la pêche. Arrivés à terre, ils forment au bord du rivage des enceintes de galets où ils piétinent sur les Éponges pour en faire sortir la matière animale ; on les lave à plusieurs eaux, on les bat à la main, etc., jusqu'à ce que la charpente seule montre son tissu Les pécheurs trient les fines-douces, les fines-dures, les Venise; on fait des catégories de qualités et de grosseurs qui déterminent, suivant l'abondance sur le marché, les prix des ventes faites aux spéculateurs qui amassent cette marchandise pour le commerce d'exportation o/(8 socîi'rrÉ impériale zoologique d'acclimatation. Du 'l'I nu '25 mai, le vont sud trop fort empêcha la sorlie pour aller plongei- aux Eponi^es, mais le luudi t'ii mai, à qualre heures AM, je pus m'emharquer sur ma felouque, avec l'inter- prèle et quatre hommes, pour faire commencer la pèche, et jus(ju'au mardi ;\juin je suivis lesopéralions, (jui eurent pour résultat, mais non sans difficultés, d'embarquer à bord du C/j'hu/s, paquebot des ÎMessagei'ies impériales, six caisses rontenaut cent cinquante Eponges sur leurs bases. Le vapeur parlant de Tripoli le ?■> juin à midi, nous arri- vâmes le même jour à Beyrouth, pour en reparlir le 5 juin, à une heure el demie après minuit. Après avoir rmuiillé l'ancre dans le port d'Alexandrie, le soir du samedi 7 juin, ce ne fut que le iO, à dix heures fin soir, que le vapeur mit le cap eu route sur Malte. Je dois mentionner ici comme souvenirs, les diflicultés, les obstacles, les chagrinants ennuis éprouvi^s à bord pendant cette travers('('. Plus de deu\ c^nls passagers vivani sur le pont, se rafraî- rhissan! les mains et le visage en prenant l'eau dans mes caisses supérieures, car j'y mettais, à chaque relevée de quart, de la glace, qu'on me d(''robait souvent, ce qui néces- sitait uno surveillance de tous les instants; les matelots insou- ciants, négligeant les ordres donnés par les sous- officiers ; (h^s mousres malicieux à leur manière; des chevaux dans des stalles voisines des bacs, secouant au venl de la paille hachée, du sou, (j'ii salissaient l'eau des n'servoirs et Ixuichaient les trous déversoirs ; souvent, la mer agitée secouant les caisses et dérangeant l'économie de l'inslallation, etc., etc. Au déj)avt de Tripoli, j'avais fait donner l'ordre par le commandant d'élre appelé aux quatre et aux //?/// coups piqués, la nuit comme le jour ; j'ai donc pu surveiller le remplissage des ré-servoirs, faire écouler l'eau vicii-e des bacs, et y main- tenir la température constamment entre 21 et 23 degrés, celle de Tair variant, le jour, de 2S à 32 degrés. Sur mon journal, j'ai constaté à cette date du iOjuin l'ob- servation suivante : <( L'eau (h'^ bacs s'écoule en laissantsur le pont un." matière ACCLIMATATION DES ÉPONGES DE SYRIE. 6W » grasse et blanche qui cloil èlrc la substance des larves. Un » parenchyme blanchâtre tapisse les parois. La différence do » la température (de JS à '23 degrés) de l'eau des bacs a fait )) avancer le terme de l'essaimage des Éponges. » Arrivé le l/i juin à Malle, où je renouvelai ma provision dn glace, j'eus soin de faire télégrapliier à M. le préfet maritime de Toulon l'arrivée à Marseille de ces caisses d'Éoonges vi- vantes, le priant de m'autoriser à me servir du garde-pèche qui est presque toujours dans ce port, pour retourner à Toulon. Le même jour, à quaire heures PM. nous quittions Malte, et le 17 juin, à une heure PM, après de rudes épreuves de roulis et de tangage , nous entrions à Marseille par une violente rafale de mistral. Sans perdre de temps, je me rendis chez M. le commissaire de la marine, qui me lit connaître, à ma grande satisfaction, que le préfet maritime avait donni) l'ordre à Xltile (remor- queur de 160 chevaux) de prendre mes caisses pour les trans- porter à Toulon, si le temps le permettait. Le matin du 18 juin, je lis transborder les caisses à Éponges et les réservoirs sur Y Utile, qui devait prendre la mer malgré le gros temps. Lorsque je déplaçai les réservoirs et visitai les bacs, je reconnus que pendant la traversée, ce parenchvme épais, qui s'était d'abord attaché aux parois, en avait élé dé- taché par le roulis, el llotlail, déchiré en filaments, dans l'eau des bacs. Les Éponges, dans cette traversée de Marseille à Toulon, furent encore rudement secouées, et lorsque, arrivé à Toulon, je fis les démarches pour avoir l'autorisation de transborder mes caisses de YI'ïUp sur le bateau à vapeur /e Favori, que M. Coste, inspecteur général des pêches, avait eu la bonté de mettre à ma disposition, ce ne fut que le lendemain, à onze heures trois quarts AM, que je pus prendre un soin direct de mes élèves en les plaçant à bord du petit navire le Favori. Le nord-ouest conlinuait avec violence, et les rafales con- traignirent le bâtiment, d'un trop faible échantillon (15 che- vaux de force), à prendre refuge dans le port de la Sevue. Enfin, le 21 juin, à deux heures PM, profitant d'une accalmie. 650 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. le commandanl du. Favori, M. Trotabas, se mit en roule pour aller mouiller une des auges de pierre que j'avais fait creuser, et qui, garnie de quatre Éponges sur leur base, repose avec vingt-lrois blocs spongiieres placés aux alentours dans la baie du Lazarelb, grande rade de Toulon, par 5'", 50, sur un fond de gravier. La température de l'eau était de 18 degrés. Revenus à sept heures PM, nous avions cherché notre abri dans le port de la Seyne contre ce terrible vent mistral, nord- ouest, mesurant par rafales, à ranémomètre, la vitesse de l'ouragan! 11 durait depuis onze jours; mais s'étant un peu calmé mardi 2/i juin, je voulus profiter d'une embellie et sortir de la rade. Le commandant m'annonça de sérieuses difïîcultés au dehors des passes ; mais comprenant les motifs de mon impatience, il consentit à l'essai de notre départ pour aller reconnaître sur la côte ouest de Toulon les fonds où je pourrais jilacer deux autres auges de pierre. Je ne décrirai pas dans ce rap|)ort les difTicultés, les dangers, les accidenis (notés dans mon journal) éprouvés avant de pla- cer sur un point choisi prés de Bandol, à la profondeur de 10 mètres, sur un fond de roches et gravier, une auge garnie de cinq Éponges types. Je coulai dix-huit blocs spongiieres aux alentours, ainsi que des cailloux qui garnissaient le fond des bacs, en prévision d'un essaimage y adhérent. La tempé- rature de l'eau du fond était à 17 degrés. Le lendemain 25 juin, à trois encàl)lures de l'ile de Pomè- gue, on exécuta la manœuvre pour mouiller une auge con- tenant cinq Éponges types par une profondeur de 25 mètres, fond de gravier et de cailloux, température de l'eau, 16 de- grés; j'ai déposé aux alentours vingt-sept blocs spongiféres et des galets qui les accompagnaient. Les 26, 27, 28 juin furent employés à des reconnaissances de fonds en remontant les côtes jusqu'au golfe de Foz, les étangs de Caronte, de Berre, etc. Mon journal parle de travaux d'ensemencements d'IIuitres, de clayonnages d'huîlrières, de sondages, de draguages de naissain, d'observations de pisciculture dans l'étang de Berre, ACCLIMATATION DES ÉPONGES DE SYRIE. 05J de pêche de Corail faite sur la côte française par des scapliaa- dreurs; mais ces foits élanl étrangers à ma mission, je les signale commepouvant nousintéresser dansun autre moment. Nous avons eu le soin, lors de nos travaux à Pomègue, à Bandol, à la Seyne,de faire visite aux commissairesde marine de ces localités, et de prendre à bord le pilote et le garde- pèche pour que les dépôts fussent protégés officiellement. De retour à Toulon, le 29 juin, afin d'y faire du cliarhon et des vivres, la formalité administrative que doit remplir tout navire qui s'approvisionne ne nous permit d'appareiller que le 2 juillet. Nous finies route dans l'est pour les îles d'Hyères, ayant repris à bord la dernière auge et les deux derniers bacs (l'Éponges (]ui, depuis le 21 juin, attendaient leur tour, pla- cés par II mètres d'eau dans le parc aux huîtres de la Seyne. Nos sondages autour de l'île de Porquerolles ne nous don- nèrent que des fonds peu convenables, et c'est près de l'île de Port-Cros, dans un excellent endroit abrité de tous les vents, sur un fond de gravier et de roches, par une profondeur de 22 mètres, que nous descendîmes notre dernière auge conte- nant cinq Éponges types, el aux alentours trente-six blocs spongiféres avec les galets qui garnissaient le fond des caisses. Le tbcrmomèlrc indiquait au fond une température de 18 de- grés, et la salure de l'eau, à l'aréomètre P)aumé, à degrés 1/2. Ma mission était remplie ! Mes syriennes reposent dans leur nouvelle patrie, fatiguées du voyage, malades de leur parturition excitée avant terme, mais elles me donnent l'espoir que quelques-unes en retard pourront produire des germes qui, en se développant sur l'auge de pierre, témoigneront vers la fin d'août ou de sep- lembre en faveur de leur naturalisation en France. Avant de quitter Toulon, j'ai écrit à M. le préfet maritime la lettre suivante : « Monsieur le Préfet maritime, » J'ai l'honneur de vous offrir mes remercîments, ainsi qu'à » messieurs les officiers, autorités maritimes du portde Toulon, 052 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE D'ACCLIMATATION. » pour la prolcclioii accordée à mes travaux do natiiralisalion » des Éponges sur les côles de la Mtklilerranée parcourues » avec le vapeur le Favori, commandant Ti'otabas, dont le 9 zèle et les connaissances topographiques m'ont été très » utiles. )) Afm de mettre sous la sauvegarde de votre juridiction les » essais d'acclimatation de ces Zoophytes, je crois devoir vous ;) indiquer les Ibnds où sont placées les auges de pierre dans » lesquelles et aux alentours desquelles sont déposées les )) masses spongiaires adhérant à une base de roche. » Amers pour le relèvement de l'auge à Eponges près du fort » de rAiguillette, par une profondeur de 5'", 50: » J" Angle E. du fort l'Aiguillette couvrant un peu les pignons » 0. de la première maison E. de la poudrière Milhau; » 2" Le sémaphore Sicié paraissant sur la cheminée de la :5 campagne Lacroix ; » o" L'angle 0. du fort lialaguier par la campagne Peytral. » Amers pour le relèvement de l'auge à Eponges mouillée » dans les environs de Bandol ; jjrofondeur, 10 mètres : )) 1" Extrémité S. deTilc de Bandol vue par l'anciennevigic i> d(! la pointe de la Cride ; » 2" Extrémité N. 0. di' la même ile vue par la redoute aii- î> dessus du fort Rouge; » ,'V' La pointe S. de l'Ile Rousse vue parle |)remier promon- » toire au N. du Bec-de-l'Aigle et directement au-dessus de la » Ciotat. « Amers pour le relèvement de l'auge à Eponges mouillée » dans les environs de Pomègue; profondeui", 20 mètres : » 1° Le clocher de Saint-Laurent paraissant entre l'angle 0. » du château d'If et le Canoulder; )) T Le clocher de la chapelle de Pomègue p;u^ l'angle « S. E. du fort ; » T L'angle S. de la batterie de Pomègue [lar la pointe de » la ligne de roches qui forme le côté S. du port de Pomègue. )> Aniers jjour le relèvement de l'auge à Éponges mouillée » près de Port-Cros; profondeur, 22 mètres : » 1" Le village de Levandou par l'extrémité E. du cap Bénat ; ACCLIMATATiO.X DES ÉPONGES DE SYRIE. (i53 » 2» La pointe du cap x\. de File Dayau exacleimMiL !)ar la » pointe de Brégançonnet; » 3» Le moulin mine à l'entrée de Port-Cros cachant la » deuxième maison dans l'O. du village'. » La Société imj)ériale (racclimatation, S. Exe. le Ministre » de !a marine, S. Exe. le (louvernciir de FAlgérie, ont conlri- » bué à taire les avances d'argent que nécessitent ces essais de » naturalisation d'Epongés usuelles provenant de la Syrie. )^ Je sais avec respect, .^lonsieni- le Prélet maritime voire » dévoué et obéissant serviteur. » LaMIRAL. )) ^ Ces lignes indiquent les titres de notre Société impériale d'acclimatation à la propriété de cent vingt-trois Éponges de Syrie, qui, placées chacune sur sa j»ase naturelle de roche, végètent au ion d de ces eaux. Calculant les dépenses laites dans ce voyage, chaque Éponge revient sur sa base à hO Ir. (30 cent. 123 Éponges x hi) fr. 00 c. = /|Ç)93 Ir. '20 c. .le suis donc resté au-dessous des limites du crédit de 5000 tV. qui m'avait été ouvert. En résumé : Il est à désirer (jiie, poiu'suivant cette utile cunijuéte par un essai plus important en Algérie, le gouvernement consente à démontrer (fue les eaux du littoral africain seront probable- ment favorables à la uaturalisation des Éponges de Syrie, " enq)loyant alors : 1" Les bateaux sous-marins, pourplonaer ; •2" Les nouveaux moyens pour parcourir le fond de la mer, j)our pêcher ; 3" Les bateaux-viviers, pour transporter directement ces Zoophyles vivants de Syrie en Algérie. M. l'inspecteur général des pèches, qui a déjà facilité la mission ([m vient de s'accomplir, donnera l'essor à cette lu-anche de culture sous-marine, et préparera les éléments d'une nouvelle science par une pratique ({ui sera protégée par le gouvernement de S. M. l'Empereur des Français. NOTES Sm QIELUIES RACES DE CHEYAIX ORlEiNTAUX Par M. PICIIOIV, Ancien ministre iilOnipulcnliaire de France en Perse. (Séance du 6 juin 1S62.) Le Clieval lurconian, au milieu des pâturages abondants et des plaines ({ue borne la nier Caspienne à l'ouest, sous un climat moins brûlant et plus humide que le sol de l'Arabie, acquiert une taille que les autres Chevaux orientaux ne pos- sèdent pas. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner si celte race a précédé celle de l'Arabie; si elle est aborigène de la contrée qu'elle occupe aujourd'hui, ou si elle y a été introduite. Ce qu'il y a de certain, c'est (jue, teUe qu'elle existe à présent, elle a avec les Chevaux arabes une étroite parenté, et il est même pro- bable pour moi, que, par la succession des générations, ils'est l'ormé là une sous-race arabe, puisque celle des Chevaux tui- comans que nous connaissons a été depuis l'islamisme, et est encore tous les jours entretenue par le sang arabe. En clTet, les TuVcomans, ainsi supporter les marches forcées les plus longues. Les Turco- !■> mans donnent le vert au printemps el mettent leurs chevaux » au régime sec, depuis le mois d'août jusiju'à la (in de l'hiver. » ils les nourriss(nit avec de la jiaille hachée mêlée avec de ); la luzerne, du lièlle ou du sainfoin secs, et 3 kilogrammes » et demi d'orge environ. )) Non-seulement les chevaux, mais encore les poulains, sont, chez les Turcomans, soumis à un entrainement. Dès l'âge de dix-huit mois, on les fait monter par de jeunes garçons qui leur font faire de longues courses, tous les jours, pendant un mois, en même temps qu'on les nouriit au sec. Après ces épreuves les animaux sont réduits à la plus grande maigreur ; ensuite on les laisse reposer et on leur fournit le vert en abondance. Les seuls renseignements (jui m'aient été donnés à ce sujet me font suppose)-, du reste, que cet entraînement des poulains est plutôt un préliminaire d'éducation ([\imui pi'éparalion à un exercice donné. Au demcurani, dans les idées des Persans, le Cheval turco- man esl plutôt destiné auxvoyages et aux expéditions de longue haleine (jui doivent être faites avec célérité, qu'à des courses ou des luttes de vitesse. Ainsi, dans les courses ipii ont lieu en présence du schah, deux fois par an, dans l'hippodrome de Téhéran, on ne voit guère ligurer que des Chevaux de race arabe, soit venant directement des environs de JJagdad, soit ai)parlenant à la race arabe qui s'est établie depuis plusieurs siècles déjà à Chiraz et dans les alentours de cette ville. Les Persans, à ce sujet, comparent les Chevaux turcomans aux lévriers kurdes, qui ont plus de fond et moins de vitesse, SUR QUELQUES UACES DE CHEVAUX ORIENTAUX. 057 et les Chevaux arabes aux lévriers de Bagdad, qui sont plus vites, mais moins résistants que les autres. 11 est encore reçu en Perse que les Chevaux turcomans,plus longs de corps, plus hauts sur jambes et à pieds moins durs que les Chevaux arabes, perdent ])eaucoup de leurs avantages dans les chemins escarpés et pierreux. Il leur faut la plaine l)our développer toutes leurs qualités. Ces animaux sont en général de grande taille. Ils atteignent jusqu'à 1"',00 et pkis de garrot. Il y en a de tous les poils : cependant le gris truite, si commun dans la race arabe, est si rare chez eux, que je ne me rappelle pas en avoir vu un seul. C'est l'alezan, le l)ai avec ses différentes nuances, le noir et Tisabelle à crins noirs, qui se rencontrent ordinairement. Il y en a aussi tirant sur le gris de fer, mais en moindre nombre. AChiraz et dans les environs, on trouve une race de chevaux (jui présente tous les caractères de l'arabe et (|ui en porte le nom. Les beaux individus de cette espèce sont quelquefois plus étoffés, plus grands que les animaux de la race pure du Nedjd, et ils pourraient servir à des croisements avec quelques races de nos contrées. Les croupes sont larges, les poitrails bien ouverts, la taille est élevée ; mais la tète et les membres n'ont plus autant de distinction que chez les vrais arabes. Le schah et quelques princes de sa famille possèdent quel- ques-uns de ces animaux qui égalent j)resque en grandeur et en corpulence certains demi-sang anglo-normands. Leur poil est généralement gris truite de diverses nuances. On amène également deChiraz des chevaux sendtlables à de petits poneys, et qui ont un andilc très rapide. Ils sont très fortement constitués dans leur taille réduite, mais ils ne ser- vent de monture qu'à des gens d'un rang' inférieur. Les Chevaux arabes ou d'origine arabe (|ue j'ai vus en Perse n'ont certainement pas la vitesse de ceux qui courent sur les hippodromes deFrance et d'Angleterre ; mais ils exigent moins de soins, peu de nourriture, et présentent un grand fond. Je doute ([ue,mo?itcs, la plupart des chevaux de France puissent supporter les courses que fournissent ceux des courriers sur la route de Perse en Turquie Huant aux luttes de vitesse, j'ai •|. I\. - Aoùl 18(.'.'. al; (358 SOCIHTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLLMATATION. constaté iiioi-iriL'iUL', pendant les trois années de mon séjour en Perse, les résultats des courses qui ont lieu deux ibis par an à riiippodrome de Téhéran. Mesuré par les membres de la mission militaire française, sur la crête du mur intérieur qui lient lieu de corde, cet hip- podrome a 2930 mètres de tour, et selon les données recueil- lies par la légation d'Angleterre, il n'aurait (|ue i mille trois quarts, et trente-cinq yards, ce qui donnerait, pour l'évalua- tion des Anglais, 81 mètres 27 centimètres en moins. Cependant j'ai lieu de croire que la mesure IVançaisc est plus exacte que l'autre, parce qu'elle a été prise au cordeau, tandis que, selon toute apparence, les Anglais ont pris la leur avec un pédomètre dont on peut soupçonner la jicrlèction. Voici les résultats de ces épreuves pour les chevaux arrivés premiers : 1858. — • Courses du pruitemps. i" épreuve, h tours (11720 mètres); cheval gagnant, 16 minutes. — 2" épreuve, 3 toui's (8790 mètres); cheval gagnant, 12 m. 12 s. 1858. — Courses d'aufuinne. V épreuve, h tours ; cheval gagnant, 1 7 m. 38 s.-- 2'' ('preuve, 3 tours; cheval gagnant, 13 m. 8 s. 1859. — Courses du priiitoiips. 1" é])reuve, h tours; cheval gagnant, 17 m. 38 s. — 2' épreuve, 3 tours ; cheval gagnant, 1 3 m. 8 s. — 3' éjireuve, 2 tours (5860 mètres); cheval gagnant, S m. 58 s. 1859. — Courses d'uufonuie. i" épreuve, à tours — 2' épreuve, 3 tours; cheval gagnant, 13 m. — 3' épreuve, 2 tours ; cheval gagnant, 8 m. 13 s. 1860. — Courses du prutlemps. 1"' épreuve, 6 tours(l7 580 mètres) ; cheval gagnant, 26m. 37 s. — 2'' é|)reuve, 5 tours (1/i 650 mètres) ; cheval gagnant, 20m. 56 s. - 3' épreuve, h tours; cheval gagnant, 17m. '[5s. SUU QUEL(JUES KACES DE CIIKVAUK (iRl EMAUX. t)59 — 'h'' qireuvc, 3 tours; cheval gagnaiil, 13 m. 1 s. — 5" épreuve, '1 tours; cheval gagnaut, 8 m. '2(5 s. Les chevaux qui Iburnissent ces épreuves appartiennent au roi et à diiïérenls personnages. Le reste de l'année, ils font le service ordinaire de leurs maîtres. Ils subissent un entraînement (}ui dure près de trois mois. Pendant ce temps-là on les couvre beaucoup à l'écurie et on les promène chaque jour au j)as en augmentant l'exercice gra- duellement, de sorte qu'on ne leur laisse plus qu'à [)eine le temps de prendre leur nourriture. On les exerce également au galop, soit sur le champ de course même, soit dans la cam{)agne. x\u moment de la course, on les découvre, on leur jette do l'eau sur les reins, sur les parties, dans les naseaux, et on leur l'ait faire quelques pas sur le sol pierreux de l'intérieur du champ de course. Les concurrents sont nombreux, mais il y a très peu de Che- vaux turcomans parmi eux, et je ne me rappelle pas qu'un seul animal de cette race l'ait emporté sur tous les autres et soit arrivé le premier. Il est encore à remarquer (jue tous les chevaux engagés sont des étalons, et le préjugé général des Persans paraît exclure les juments. Ils prétendent que les chevaux refusent de dépasser leurs femelles, et l'on ne verrait pas de chances égales dans une course engagée entre deux animaux de sexe dillercnt. L'opinion accréditée est aussi que les alezans sont plus sujets à s'écorcher sous les harnais que les bais et les gris. Les Persans tiennent leurs chevaux très couverts à l'écurie, mais en même ti'mjis ils comprennent très bien de (piellc im- portance il est pour ces animaux de respirer de l'air pur. En général, leurs écuries, spacieuses, élevées, etvoùtées, sont suf- lisamment aérées. Les palefreniers v font leur demeure, ils v 1 II ni mangent, v reçoivent leurs visites, et entin ils v couchent sur une espèce d'estrade construite exprés. Il résulte de cette ha- bitude que les chevaux, vivant toujours avec leshommes, sont, si je puis m'exprimer ainsi, beaucoup plus appi'ivoisés, et 660 POCiÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. par conséquent plus doux, et peul-clro plus inloUigenls. Dans la mangeoire de chaque cheval un laisse constamment un gros morceau de sel gemme, afin que l'animai puisse le lé- cher, s'il veut, et qu'il sale en quelque sorte lui-même sa ration. Excepté dans les grands froids de l'hiver, l'air circule librement dans les écuries par des portes et par des ouvertures pratiquées dans les murailles et à la voùic Dès (pie le prin- temps arrive, les chevaux sont attachés dans de grandes cours pendant touh3 la journée. 11 y a des mangeoires pratiquées dans le mur comme des espèces de niches, et lorsque les nuits ne sont pas trop froides, les animaux les passent également dehors. Enfin, de[)uis la fin de mai jusqu'au nfilieu d'octobre, les Persans font enliér.^menl bivouaquer leurs chevaux; aussi en voit-on très peu afl'ectés de la pousse, et les rhumes qui surviennent assez fré({uemmcnt sont bientôt guéris. '" (Juant aux Chevaux turcomans, chez le roi lui-même, ils pas- sent toute l'année en ])lein air; on les couvre beaucoup, et on les attache par un pied dans une cour, à un piquet autour dui[uel ils peuvent se donner quehpies mouvements. Leurs couvertures soni si lourdes, (pi'elles finissent par ron- ger le poil sur les os des hanclies, et faire des ccorchures à cet endroit et sur le haut de la croupe, quand l'animal devient maigre. Les plaies forment des cicatrices où le poil repousse bien rarement. Les Turcomans rasent la crinière des jtoulains dans le jeune âge et passent un fer rouge sur la racine. J'ai lieu de croire que cette coutume vient chez eux de la nécessité d'entretenir plus facilement la propreté de l'animal, et peut-être de la crainte que les ennemis ou les voleurs ne ju'ofitent de la cri- nière pour saisir le cheval. Les Arabes couvrent leurs chevaux moins que les Persans et les laissent également en plein air. Mais leur climat est beaucoup plus doux; en sorte ipi'ime simple couverture sufiil là où chez les Persans il y a d'abord une sorte de tapis de laine doublé de feutre, que l'on n'ôte jamais au cheval, et auquel on ajoute, dès que le temps se refroidit, un feutre très épais, queh{uefois plié en double, et qui revêt le cheval depuis les SUR QUELQUES RACES DE CHEVAUX ORIENTAUX. 661 oreilles jusqu'aux jarrets, en recouvrant la croupe et la queue. Les chevaux sont même couverts quand ils sortent en hiver, montés par leurs maîtres. On leur met alors, par-dessus une première couverture, un tapis aux brillantes couleurs qui vient se croiser sur le poitrail et couvre une jurande partie de la croupe. Les Chevaux turcomans !:>ardent souvent un grand feutre blanc, aussi ample que celui qu'ils portent à l'intérieur de la maison. Les Persans ne connaissent pas l'usage de la paille pour la litière. Ils font sécher la fiente des chevaux en l'exposant au soleil, et cette poudre, qui ne conserve point d'odeur, sert de litière aux animaux. Dès le point du jour, et avant le pansage, elle est relevée en tas à côté do chaque cheval, et toujours entretenue très sèche, parce qu'on a le soin d'en faire sécher les parties humides chaque matin. Dans les grands froids de l'hiver seulement on la laisse quelquefois sous les animaux, mais on enlève immédiatement les portions mouillées par l'urine et les excréments à mesure qu'ils se produisent. La selle persane ne ressemble pas à la selle turque. Elle est beaucoup plus légère, et se compose d'un bâti de bois relié par des courroies à des coussins qui s'enlèvent facilement. Elle a un siège couvert de maroquin, un poitrail et une croupière. Elle est creuse au milieu, présentant presque la forme d'un V. Le pommeau est fort élevé par devant, mais le troussequin de derrière est arrondi. Les étriers ne sont pas larges comme ceux des Turcs ou des Arabes, et rappellent pour la forme ceux que l'on appelle chez nous étriers à lahussarde. Derrière la selle se trouve un morceau d'étoffe épaisse, garnie de franges, qui couvre les reins et une partie de la croupe. Les mors, que l'on ne démonte jamais de la bride pour les nettoyer, sont à la genette, mais très légers, et sujets, par le peu d'épaisseur du canon et de la sous-barbe, à blesser les animaux. Le pommeau delà selle, par son élévation, oblige les Per- sans à tenir la main très haute, et le cheval, la tète au vent et le cou renversé en arrière, menace sans cesse la poitrine du cavalier, qui ne paraît cependant pas s'en inquiéter, parce qu'il monte presque debout. Cette position, le peu de longueur des 662 soniÉTK IMPÉRIALE zooLoniQUE d'acclimatation. élrivières, permettent aux Persans de se retourner presijue entièrement, et de tirer en arrière dans l'axe même du cheval, comme les Partlies, leurs prédécesseurs. Ils mettent le l'usil en joue tantôt à droite, tantôt à gauche, et il y en a de très ha- hilcs à cet exercice. Ils ont tous en général la main de la bride très dure et mal réglée. Ils ont d'ailleurs grand soin de laver les jambes de leurs chevaux chaque lois qu'ils rentrent à l'écurie, etmème lorsqu'on visite à la campagne, ils doivent s'arrêter quel({ue temps. A l'écurie, les chevaux sont toujours attachés par la tête et par un pied de derrière au moins. On leur met aussi des en- traves aux pieds de devant pour les empêcher de se battre. Il n'v a guère de chevaux hongres que ceux destinés au service de la voiture et de l'artillerie. C'est donc le très petit nombre, et il est très rare ({ue l'on monte des juments. Les voitures sont en général conduites à laDaumont, avec un postillon sur chaque paire de chevaux. Après une promenade ou une course, les chevaux sont promenés en main dans la cour ou dans la rue, jusqu'à ce qu'ils soient séchés, et l'on attend ordinairement qu'ils aient uriné. A ces précautions les Turcs sont encore plus attentifs que les Persans. 11 y a même sur les grandes routes en Turquie des endroits où les clievaux sont habitués à s'arrêter pour satis- faire à ce besoin. Là il y a un hangar avec de la paille ou de l'herbe disposée exprès. Quand il n'y a pas d'endroit disposé à cet usage, le cavalier quitte le chemin poudreux, et mène son cheval sur (piel({ue bande de gazon ou sur des touffes de jonc. Les Orientaux tiennent ])lus à l'origine de leurs clievaux qu'à leurs formes particulières. C'est là sans doute un grand argument en faveur du principe qui recommande l'ancienneté de la race dans les reproducteurs, afin d'éviter le danger d'un atavisme remontant à un ancêtre de mauvaise origine. Un Cheval arabe a donc toujours l'estime des gens du pays, et il leur importe peu cju'il ait quelque déHiut de taille ou du con- formation. Le Nedjd est considéré comme la véritable patrie du Cheval SUR QUELQUES RACES DE CHEVAÎX ORIENTAUX. 603 arabe; mais les diflérentes Irihiis de celle nation élèvent, les mêmes races que ce district. Ainsi transplantées, ces races ont éprouvé quelques modifications, mais, en £;énéral, conservé leurs qualités. Il y a cependant des connaisseurs qui assurent que les ciie- vaux des meilleures races nés et élevés sur les bords du bas Euplirate perdent rapidement quelques-uns des traits de dis- tinction qui caractérisaient leurs aïeux. Les chairs se bour- soullent, les articulations se gonllent et s'humectent, pour ainsi dire. Le sabot s'élarij;it et s'aplatit, La taille tend peut- être à s'élever, mais c'est aux dépens des formes. Hors du Nedjd proprement dit, c'est sans doute chez les Anizeh que l'on trouve les plus beaux et les meilleurs chevaux. Leurs têtes sont en général trop grandes et lourdes , leurs lèvres inférieures disgracieuses , mais leurs raerabi-es sont admirables, et ils ont plus de taille que lesNedjdi. Voici quelques noms des principales races arabes, désignées par le féminin, selon l'usage arabe, qui fait que la femelle donne le nom de famille. Les races sont ainsi classées, quoique l'on fasse peu de différence entre elles : Saklaoui,Koheilehet Adjord, Maneyuieh Olroudj,01)eveh; Ebdeli, Hamdanieli, Ouetneh, Djill'eh, Djudnieh, Robdeh. .l'ai été ('-tonné de no pas voir lîgurer dans cette liste les Abou-Arkoub, (jui ont cependant une grande célébrité, et dont j'ai vu de très beaux individus qui portaient réunis les noms d'Abou-Arkoub et de Salklaoui. 11 faut aussi observer ([ue sur les dix races ({ue je viens d'énumérer, quelques-unes sont des branches des autres races. Ainsi, on m'a dit_ que lesObeyeh sont parents des Koheileh, et il y a encore des alliances de ces races avec d'autres sous- races, comme les Tliarrad, les Abreh, etc. Dans tout l'Orient, le Cheval arabe passe pour le plus vile, le plus fidèle et le plus intelligent. Il est, je l'ai déjà dit, le plus estimé comme reproducteur. Le turcoman ijaraît avoir moins d'intelligence. 11 a certaine- ment moins de souplesse, j)lusde caprices et moins de douceur pour l'homme qui le soigne. Il se rassemble peu et marche en 66/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. général le cou tendu en avant, et presque horizontal. Ses al- lures, plus allongées que celles de l'arabe, sont moins vives, mais il les soutient longtemps. Cependant on ne pense pas qu'il puisse, pour une course de vitesse de peu d'éten- due, être comparé à l'arabe. Tous deux sont sobres et s'en- tretiennent à peu de frais : six livres d'orge et douze livres de paille suffisent à un Cheval arabe ; un Cheval turcoman de bonne taille se maintient avec trois livres d'orge, et cinq ou six livres de paille de plus. Il faut pourtant dire que c'est là le minimum de laration, et qu'elle doit être augmentée en cas de travail violent. Une autre race très belle, précieuse par ses grandes quali- tés, et qui me |)arait entièrement arabe, c'est la race Kara- bagh, dont la patrie appartient aujourd'hui aux Russes. Ce sont des chevaux admirables pour la montagne et les mauvais cliemins, très durs à la fatigue et aux intempéries. Ils res- semblent beaucoup aux arabes, dont le sang s'est mêlé et se mêle encore au leur. Ils sont cependant plus chargés d'enco- lure, et quelquefois vicieux et colères. Ils n'ont pas de taille, tout au plus celle des arabes. Le [»oil des plus beaux individus de cette race est d'un bai très clair tirant sur l'isabelle, avec les crins noirs et quelquefois la raie de mulet. On |)eut com- parer cette nuance à celle du bronze florentin. Snr la frontière russe, on peut, dit-on, avoir un beau Karabagh pour 800 à 1000 francs. Si leur taille ne soulevait pas d'objection, ils s'allieraient très bien avec nos races de l'Ouest. Enhn, il y a en Perse la race confuse des chevaux de service qui sont de tous les poils, de toutes les tailles, excepté de la très grande, mais qui ont tous plus ou moins de sang arabe et rendent d'excellents services. On les appelle du nom mé- prisant de Tabou, ce qui n'empêche pas (|ue bien des Yabous ne soient préférables dans le service ordinaire aux chevaux des races distinguées. Ce sont eux surtout que les chasseurs conduisent sur les pentes escarpées et bridantes, au bord des précipices et dans des chemins à peine indiqués sur le tïanc des montagnes, pour y suivre, au milieu des rochers, le vol de leurs oiseaux dressés à chasser les perdrix. SUR QUELQUES RACES DE CHEVAUX ORIENTAUX. 665 Il faut, d'ailleurs, dans tout l'Orient, se défier d'une chose c'est que le peuple, et surtout les propriétaires et les vendeurs de chevaux appellent aralies tous ceux dont le père est de cette race. Les Kurdes, les Turcs, les Persans, ne manquent jamais à cela, et l'on pourrait presque dire qu'ils en ont le droit, parce que c'est toujours par le sang arabe qu'ils renouvellent, chaque fois qu'ils en ont l'occasion, le sang du pays. Les Persans ne manquent pas de donner le vert à leurs che- vaux aux environs du mois d'avril, et le continuent jusqu'à la fin de juin. Il est vraisemblable que les Chevaux lurcomans sont plus tôt formés que les arabes, et il est à regretter que ceux-ci soient livrés trop jeunes à la saillie. Il est difficile, pour ne pas dire impossible, d'acheter un cheval de trois ans et au- dessus qui n'ait pas déjà sailli. L'Asie etfEurope orientale possèdent encored'autres races de chevaux qu'il serait intéressantd'étudier. Ainsi, les Chevaux kurdes méritent une certaine attention, et dans les provinces de la Turquie d'Europe, dans les plaines d'Angora, dans les montagnes d'Arménie, il y a des chevaux remarquables par leurs formes, leur souplesse, et leur résistance à la fatigue. Toutes ces races ont incontestablement beaucoup de sang arabe. l'yrïDR SUR LE RIFFI.E, Par »l. Iv n^ S.%€C-. (Séance du 31 janvier 1862.) Il a été si sonvont question du r.iifïlo an sein de la Société d'acclimatation, on a si souvent proposé d'en importer un troupeau en France, que nous avons pensé bien faire en réu- nissant quelques faits y;o.s77//x sur lesquels on pût s'appuyer poiu" apprendre à connaître sa valeur. Dans cette recherche, on est frappé d'emldée par le peu de diffusion de cet animal, qui, importé en Europe dans le courant du \f siècle, est resté lîxé dans les marais du sud de la Russie, de la Turquie, de la Hongrie et de l'Italie ; on l'a cependant importé en France, en Allemagne et en Autriche, mais il en a disparu : pourquoi? C'est ce ((ue nous allons essayer de découvrir en tirant parti des renseignements que nous ont fournis M. Tlerault sur les Bullles de Hongrie, et M. le docteur Moreau sur ceux de la Caramanie et de l'Egypte. Les ouvrages d'agriculture et d'his- toire naturelle sont tellement remplis de contradictions et d'erreurs pour tout ce qui touche à l'histoire du Buffle, qu'il est absolument impossible d'en tirer aucun secours. LeBufile est originaire des bords des grands lacs d'Afrique, oîi le capitaine Denham l'a rencontré en troupeaux innomlua- bles; il est probable que de là, suivant le Nil, puis les bords de la mer, il est arrivé aux sources de l'Euphrate, d'où il s'est répandu dans la Perse, les Indes, la Birmanie et la Chine. Dans les îles de la Sonde, au Japon et à Java, le Buffle est arrivé du continent indien, en même temps que le Riz, à la cullure duquel ses forces et son fumier sont indispensables. Kssentiellement aquatique, le BulTle se tient dans les marais des pays chauds dont il aime les herbages grossiers, elles eaux tièdes où il se plonge tout le corps, en n'élevant au-dessus ([lie sou nuifle. Ses allures sont lourdes et lentes; sa voix est un beuglement lormidablc ; son caractère est farouche, mais nunpasstupide, comme on l'a répété partout. Pour son gardien ÉTUDE SUR LE BUFFLE. 667 lo Buffle esl aussi docile qu'attaché ; il ressemble en cela à tous les animaux timides, en sorte qu'il ne faut pas s'étonner s'il attaque souvent avec fureur tout ce qui l'effraye. La force des Buffles est prodigieuse : elle égale celle de deux Bœufs, et est augmentée encore par l'intelligence avec laquelle ils l'appliquent ; car, lorsqu'ils sentent leurs forces insuffisantes pour mouvoir le fardeau auquel ils sont attelés, ils se jettent à genoux, sur les jambes de devant, en sorte que pesant de toutes leurs forces et de tout le poids de leur corps sur le collier, il est rare qu'ils ne surmontent pas l'obstacle qui les arrêtait. Un beau et fort Buffle a l"\b d'élévation au garrot et 3'", 33 de long ; il pèse de 250 à 300 kilogrammes, et se paye en Hon- grie 200 fr.; une Bufflesse laitière vaut de 200 à 250 fi-., et le veau d'un an, de 2/i à 30 fr. La durée de la vie ne dépasse guère vingt: ans, et il est rare (pi'on le laisse arriver jusque-là, soit parce qu'on l'abat, soit parce ([u'il meurt d'accidents, suite de la cécité qui l'atteint presque toujours quand il devient vieux. Il est adulte à quatre ans; la Bufflesse porte onze mois et se repose un an, en sorte qu'elle ne met bas <[ue deux fois en trois ans. Le petit naît assez faible et très sensible au froid, C()ntre lequel il faut le garantir ; on le sèvre à trois mois. Le lait, deux fois plus riche en beurre et en fromage (fue celui de Vache, a un léger goût musqué qui ne plaît pas d'abord, mais auquel on s'habitue; il est abondant, carcha({uebéte en donne pendant neuf à dix mois, en moyenne, de 5 à 6 litres, et jusqu'à 15 hli'cs, lorsqu'elles sont bien nourries (1). En Caramanie, où Tonne tue les Buffles que lorsqu'ils sont trop vieux pour travailler, leur chair estdure,de mauvais goût et réellement immangeable ; tandis qu'en Hongrie elle consti- tue une bonne viande de seconde qualité, cl qu'on y préfère la chair du Buflletin à celle du veau. . La peau, épaisse et dure, se vend en général /jO francs, et sert à fabri((uer les semelles des fortes chaussures (2). (1) Quoique la routeur des Buffles soit génér.ijement noire, on eu (loiivc souvent des gris, des pies, el quelquclois aussi de cor.iplétenient IMancs. ('2) Les mamelles sont s('ml)l,ii)]i's à celles de ta Vache, tandis que tes 668 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. La nourriture se compose des herbes les plus grossières des marais, auxquelles on substitue en hiver de la paille et du foin de mauvaise qualité, dont il consomme un quart de plus que le Bœuf; il mange le sel sans le rechercher, fait unique dans l'histoire des ruminants, qui tous en sont très avides. Quoique énormément robuste, puisque la seule maladie dont il soit parfois atteint est le sang de rate, le Biiflle craint beaucoup le froid vif, la piqûre des mouches et les coups de soleil ; de là vient que dans les pays chauds, on ne le fait tra- vailler que le matin et le soir, après l'avoir, enduit d'une couche de bouc ricjuide qui le garantit contre les insectes. 11 supporte bien la stabulation permanente, pourvu qu'on ait soin de le laver souvent en été ; sous l'inlluence d'une bonne nourriture, il s'engraisse vite, et le lait de la femelle augmente si rapidement, qu'il n'y a pas de doute qu'avec des soins bien entendus , on hniiait par en faire une des meilleures laitières (1). Le rut se manifeste au printemps, époque à laquelle a lieu aussi la naissance des jeunes. Dans le Kurdistan, lorsqu'on soumet le Buffle au travail, on ajoute à sa ration ordinaire un kilogramme de graines de Cotonnier qu'il aime beaucoup, et qu'on lui retire dès qu'on le rend à la liberté. De ces faits il résulte : 1" Que partout où la Vache peut exister, elle doit déplacer le Buffle, parce qu'adulte à un an, elle met bas toutes les an- nées, et qu'elle est plus facile à conduire. 2" Que le Buffle est destiné par la sage Providence à la cul- ture et à la fertilisation des pays chauds et humides, dont seul entre tous nos animaux domestiques il sui)porte aisément le malsain climat. 3" Qu'en conséquence, son importation en France serait pour notre Société une dépense aussi considérable qu'inutile. ouvrages d'iiistoire naîiirello ont propagô la curieuse erreur que les trayons Konl placés sur une nièiue ligne lougiludinale. (1) Le Buffle produil eu abondance un iiunier d'aussi bonne qualité que celui de Bœuf. SLl'i LES UESULTATS DE LINCLIBATION DES AUTÎUCIJES ET DES DIUJMÉES EN 1862, AU l'AUC lîOYAL DU BUEX RETIW, IMIES DE MADRID. UETTliE ADRESSÉE A M. l.E CdMlT. li'ÉPRÉMESML, SECKÉÏAIUE CÉNÉRAl. DE LA SOCIÉTÉ 1M1'É1!1.\.LE h'aCCLIMATAïION , a»ar don FSÎWÏLAM BSE A1.M,.Ï. (Séance du 20 juin 1802. Munsieur, J'ai riioiineur de vous rendre compte des ubservalions que lions avons laites cette année pendant les incubations des Autruches et des Dromées. AuinicJws. — Le 3 avril, la femelle commença à pondre et continua sans interruption, en observant toujours des inter- valles qui variaient de six à neuf jours, jusqu'au "l'I mai, jour où elle cessa définitivement. On a remarqué que, ces dernières années, la femelle a fait deux couvées, la première au commencement du printenqjs, kuiuelle a toujours été abandonnée, et la seconde au mois de juin; il n en a pas été de même cette année, car aussitôt après sa première ponte, la femelle a commencé Tincubation : c'est pourquoi la naissance des petits a eu lieu plus tôt qu'à l'ordi- naire. Les observations faites pendant les quarante-quatre joui's (lue le mâle et la femelle ont été sur les œufs différent peu de celles des années précédentes. Le mâle a été constamment couché sur les œufs, en se levant seulement une heure tous les jours (de midi aune heure), pour prendre de la nourriture, et alors il était immédiatement rem- placé par la femelle, qui se trouvait toujours près du nid à l'heure indiquée; néanmoins celle-ci céJait aussi à son tour IIEPRODL'CTION DES AUTRUCHES ET DES DROMÉES. (i7J la place au luàle, aussilùt (ju'll s'approcliait. Le '2b juin, il éclata sur Madrid un violent orage, suivi d'une pluie aflVeuse qui inonda pres(jne le parc où les Autruches étaient placées, à tel point qu'il fallut épuiser l'eau qui'étaitentrée dans le nid et qui couvrait tout à fait les œufs; ce jour-là le mâle ne l'abandonna pas un seul instant. Le lendemain, on Irouva deux œufs cassés ijuc les Autruches avaient mangés, et il restait seulement quelques débris des coijuillesdont elles avaient aussi avalé la plus grande partie. Le 30, elles poussèrent hors du nid deux autres uMifs, (jue l'on remit sous elles plusieurs fois, mais qui furent tou- jours rejetés. Voulant rechercher la cause de celte sorte d'aversion que ces animaux témoignaient, en ne voulant pas recevoir les œufs qu'ils avaient ainsi séparés, on les fit briser, et l'on put s'assurer qu'ils n'étaient pas fécondés ; et comme on avait répété l'épreuve à plusieurs reprises, en obtenant toujours le même résultat, on peut bien afiirmer que celle séparation, qu'on croyait jusqu'ici due au hasard, est loul à fait volontaire et instinctive. Le mâle, fjui a des instincts farouches, et qui non-seulement poursuivait sans l'elàche (juiconciue pénétrait dans son \rdYc, mais encore quiméconnaissait souvent son gardien, jus(}u'au poinl de lui avoir fall des contusions pendant l'incubation, et encore quelque lenq)S après, devint ensuite si paisible, (jue tout le monde put s'en approcher et même prendre les petits sans courir aucun ris(|ue. Des sept œufs qui restaient, trois sont éclos, et les petits se conservent en parfait état; les quatre autres petits étaient morts dans les œufs. Comme nourriture, ils préfèrent la mie de pain mêlée avec des œufs durs et de la chicorée hachée. Dromres. — Je ne crois pas devoir passer sous silence les résultats obtenus, cette année, de l'incubation des Dromées, car je sais trop combien tous ces faits intéressent votre Société, quoi([ue les renseignements dont nous pouvons vous laire ])arl soient les mêmes que ceux que nous avons obtenus G72 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. l'année dernière. La lemellc a pondu sept œufs, en commen- çant le 7 janvier et finissant le 13 lévrier ; le jour suivant, elle se coucha sur les œufs. Elle pondit ensuite deux autres œuls, sans qu'on puisse fixer le jour de la ponte. L'incubation a duré soixante jours, au bout desquels quatre petits sont éclos; l'un d'eux mourut le troisième jour, sans qu'on ait pu savoir la cause de sa mort. Aussilôtque l'incubation eut commencé, il fallut séparer le mâle, qui ne voulait jamais laisser en repos sa femelle. La nourriture qui leur plait davantage est celle que l'on donne aux Autruches, ils mangent aussi du blé. Ce sont, Monsieur, tous les renseignements dont nous jiou- vons vous faire part aujourd'hui ; l'année prochaine nous pourrons peut-être vous en communitjuer d'autres plus inté- ressants : nous prendrons tous les soins nécessaires pour obtenir encore de meilleurs résultats. Je suis heureux de penser que les efl'orts que nous avons laits pour l'acclimata- tion et la domestication de l'Autruche et du Dromée ont été couronnés d'un succès bien propre à nous encourager dans nos expéiiences, et je ne doute point (jue cette question ne soit aujourd'hui tout à fait résolue, tlu moins dans notre pays. Veuillez agréer, etc. Fr.oYLAN i)E Avala. LA VIE A BON MAilCHÉ EN CHINE. TRAVAUX d'acclimatation DANS CE PAYS. COMMISSION d'acclimatation FONDÉE PAR l'eMPEREUR KANG-III, GLACIÈRES. LIÎTTUE ADUESSÉL A M. LE PnÉSIDKNT DE L\ SOCIÉTÉ IMl'ÉniALK D'ACCLIMATATION Par M.^le capitniiic DABISl. (Séance du 23 mai 1862. Monsieur le Président , La nation où gouvernants et peuple ont fait le plus d'ef- forts pour résoudre le fameux problème de la vie à bon mar- ché, est certainement la nation chinoise. Le's dépenses pour la nourriture d'une personne dans les villes ne dépassent pas en général 15 à 20 francs par mois, et dans les campagnes 8 à 10 francs. Gomment le sol épuisé par trente-cinq siècles de culture peut-il faire vivre près de ^00 millions d'habi- tants, et commentloutes ces productions alimentaires peuvent- elles être distribuées à des prix aussi modérés? Voilà en quoi surtout cette contrée est digne de fixer l'attention des écono- mistes occidentaux; voilà pour eux une véritable source d'en- seignements utiles et profonds. Dans le Céleste Empire les utopies, les rêves creux ont fait place au positivisme, au réahsme. Tout individu exposant un système qui pourrait bouleverser la société sous prétexte de la régénérer, serait poursuivi comme un {)erturbateur ou traité comme un fou. Qu'on ne croie pas cependant que cet esprit national si antipathique aux idées générales qui cherchent à s'intro- duire dans les masses, de quelque point qu'elles viennent, repousse les véritables objets d'utilité pratique. Ouand on ouvre l'histoire, on voit au contraire que sous toutes les dynasties, phisieurs empereurs ont cherché à naturaliser les choses utiles qu'ils ont pu trouver dans les pays voisins, tout en s'occupant des transplantations d'une itrovincc dans une T. IX.— Août I8(J2. '''■'> ()7/| SOClÉTii IMTÉRIALK ZOOLOGIOLT'^ d'aCCLIMATATION. autre. Ces lraiisi)lantalio!is, ce soin d'améliorer les grains, les iruils et les animaux de cliaquc province l'iuic par l'aulre, onl contribué puissanuiieul à développer l'abondance et la fertilité en Gliine. vSous l'empereur Kang-lii, nne Commission composée des liommes les plus éminents de l'empire fut chargée de prendre tous les renseignements possibles sur les animaux, et les végétaux étrangers susceptibles d'être accli- matés dans les diverses provinces de la Chine, et sur les améliorations des races et des espèces existantes. On trouve dans les écrils de cet empereur une fuule de détails très curieux qui prouvent combien ces questions d'économie étaient regardées comme esscnliellement utiles. Dans SCS liistnictions familières cf. sublimes (1), ouvrage très intéressant traduit eu italien jtar le révérend père Poirot, on trouve les passages suivants : « Comme je me suis occupé (c'est r(Mnpcrcur (pii parle), dès ma jeunesse, de la cam- pagne et des grains, dès que je i)uis avoir quelques graines de légumes et de plantes, de quelque endroit que ce soit, je les fais semer, j'en recueille le fruit et j'en introduis l'usage parmi le peuple. Les graines des fleurs des royaumes par delà les mers germent toutes et produisent de belles fleurs. On voit par là que les fleurs, comme les plantes, suivent leur propre nature. Comme les cocons de soie des pays desMon- goux sont semblables à ceux de la province de Chantong, j'en ai tiré la soie et m'en suis fait faire des vêtements dont je me sers. Tout cela me fait grand plaisir, non-seulement parce que les terres et les mûriers Itlancs sont une chose importante, mais parce (jue les [liantes et les fleurs sont les unes et les (1) Ce sont les insti'uciioas de rempercnr Kang-tii aux princes ses fils. Cet empereur, Fun des i)lus céR'i)ies qui aient t^ouverné la Giiine, mourut en 17'2'2, après un W's^ne de soixante ans. 11 se plaisait à instruire ses enfants en conversant avec eux. Après sa niort, ïongtcliin, son fils et sou successeur, mil par ('cril (nul ce cpi'il avait retenu de ses iusirucîions, et intitula ce recueil Iiislru! lions familières cl siibliiiu'S : fann'iières par leuf lorme ; sublimes par la sagesse et Timportance des préceptes qu'elles renfermaient. Cet O'jvrage , écrit en langue tarlare, a été traduit en italien par SI. t'oirot, missionnaire à Péking. CeUc îraductioii se trouve dans les mémoires concer- nant les Cliinois, tome !.\. I.A VIE X LON MARCHÉ EN CHINE. 075 autres des produclions de la terre. » Le passage suivant est encore plus remarquable au point de vue de la question d'ac- climatation : « A j)rcsent qu'il nous arrive toute espèce de choses des royaumes par delà les mers , nous avons de très beaux oiseaux et des bêtes fauves que nous n'avions jamais entendu nommer ; nous avons vu de nos yeux tous les ani- maux que nous ne connaissions que par les livres. Plusieurs d'entre eux, venus des pays étrangers, élevés ici avec soin, ont engendré ; d'où l'on peut conclure que toute espèce d'ani- mal, nourrie et soignée suivant sa nature, peut produire ici ses semblables comme dans son pays natal. Vous autres, (pii êtes jeunes, vous jouirez du plaisir de voir se multiplier ces espèces de volatiles et de quadrupèdes, et vous ne devez pas compter pour peu de chose cette bonne fortune {dovcte voi ciù contare pcr piccola voslra ventura , e per cosa facile ad accadere). .l'aime mieux procurer une nouvelle espèce d'animal, de IVuit ou de grain à mes sujets que de bâtir cent tours de porcelaine. » Dans la quatrième partie des ouvrages de ce même empe- reur, dont la collection comprend plus de cent volumes, on lit ce qui suit : « 11 vaut mieux entrer dans la voie qu'indique la nature que de la mettre à je ne sais (|uel régime, pour en obtenir ce qu'elle ne veut pas accorder. Plusieurs arbres étrangers ont réussi dans mes jardins, mais plusieurs autres n'ont pu se faire au climat du Tddhj. lléussit-on à force de soins et de dépenses à leur faire produire leurs fleurs et leurs fruits, dès que le climat ne leur est pas favorable, on n'a tpi'un vain plaisir sans utilité. Ces fruits dégénèrent et perdent leur mérite particulier. 11 vaut mieux s'attacher à perfectionner les espèces qui réussissent. Le plus vaste empire ne i)eut devenir l'univers. Celui qui a distribué ses dons ne les lais- sera jamais venir tous dans un seul royaume , il ne faut que faire attention au but qu'il s'est proposé en les distribuant diversement. » A l'appui de ces citations, je puis donner les noms do plusieurs espèces de provenance étrangère, dans le règne végétal et dans le règne aiiinnd, qui ont été introduites en 676 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Chine, à difl'crentes époques. La Perse, deux fois visitée par les Mongols, l'Inde, le Japon, le Tibet, les îles de la Sonde, le royaume d'Annam, etc., etc., ont tour à tour fourni leur tribut. Je me propose d'indiquer l'origine de chacune de ces espèces dans le travail que je publierai bientôt sur l'histoire naturelle de la Chine. Toutes les fois que des animaux, des grains, des herbages, des légumes nouveaux, ou des fleurs, ont pu être acclimatés en Chine, ces acquisitions, si précieuses pour les masses, sont entrées dans les annales comme de grands événements. Les annales rendent compte des différentes phases par lesquelles ont passé les espèces exotiques, les succès qu'elles ont eus et les services qu'elles ont rendus. Le Kou-kin-ton-chin (grande botanique), livre CXXXIIL', raconte à quelle époque la Vigne fut introduite en Chine, les révolutions qu'elle a éprouvées; combien de ibis ordre fut donné d'en extirper tous les plants, et combien également de ])lants furent apportés, sous plusieurs règnes, de la Perse, du Tibet, de Cahlgar, de Tourfou, de Ilami, et des autres pays avec lesquels la Chine avait des relations. Bien des siècles avant l'ère chrétienne, les Vignes furent plantées en Chine, en assez grand nombre, pour donner du vin qui avait la propriété, dit l'histoire, de se conserver plusieurs années dans des urnes qu'on enterrait, et qui sou- vent était cause de grands désordres. Les chansons qui res- tent de toutes les dynasties, depuis les Yiieit jusqu'aux Han, font foi que le vin de raisin était dans l'antiquité fort goûté des Chinois. Aujourd'hui les Vignes sont rares, et le raisin ne se sert plus que sur les tables ou bien chez les pharmaciens. Ceux que j'ai mangés à Tien-tsin et à Pékin étaient excel- lents et de différentes espèces. Je suis convaincu que cer- tains terroirs que j'ai remarqués dans le nord-est du Chan- tong donneraient d'excellent vin. Aux environs de Pékin, il faut enterrer les Vignesl'h iver pour les sauver du froid, et les faire monter en treille pour que le raisin puisse mûrir. Les Chinois ne sont pas parvenus seulement à se nourrir bien et à peu de frais, ils sont arrivés également à se vêtir LA VIE A BON MARCHÉ EN CHINE. 677 et à se loger comme nulle part ailleurs. Ils ont négligé, il est vrai, de pousser aussi loin que nous la manière d'employer les laines; mais, outre qu'ils en font peu, ils suppléent aux draps par les pelleteries et par les étoffes qu'ils font avec les cotons, les chanvres, les lins et les différentes racines que produit le sol. Ils ont une quantité prodigieuse de soieries, dont ils ont varié les espèces selon les saisons, et qu'ils ont eu la sagesse de mettre au niveau de tous les états. Il y a plus de 1600 ans qu'un empereur défendit aux marchands de porter des étoffes brochées d'or. Dans le nord de la Chine, riches ou pauvres, tous ont leurs fourrures, et toutes ces peaux de Zibeline, de Renard, de Mouton, de Loutre, etc., sont vendues dans le commerce à des prix qui paraissent extraordinaires aux Européens. Mais ce système économique a été appliqué de la même manière à leur logement. Pierres, briques, bois, bambou, pisé, tout est employé, suivant les provinces, à la construction des habitations. Ces construc- tions diffèrent, il est vrai, des nôtres ; sont-elles pour cela moins saines et moins commodes? EUes n'ont pas de leou ou étage ; mais, à part une foule de considérations tenant à la nature du climat, un rez-de-chaussée, quand il est bâti sur une plate-forme élevée et qu'il a, comme dans toutes les grandes maisons, une cour au midi destinée aux femmes, et un jardin au nord, n'est-il pas aussi commode qu'un bâtiment à six ou à sept étages? Au point de vue hygiénique, une viUe toute en rez-de-chaussée, dont les rues sont larges et les maisons dégagées par des cours , n'est-ellc pas ainsi , en raison de la libre circulation de l'air, moins exposée aux épidémies que nos villes de l'Occident, où l'on mesure à cha- cun la quantité d'air nécessaire pour vivre ? En Chine, chaque chose a sa raison d'être. Ainsi, pourquoi ont-ils des toits si différents des nôtres? Parce que les vents du nord et les pluies de l'été les y ont conduits naturellement. Les loge- ments en Chine sont sains, appropriés aux mœurs orientales, construits à peu de frais et loués à très bas prix. Les baux §ont de dilférentes espèces. Une location qui m'a beaucoup frappé consiste à donner au propriétaire, en prenant posses- 078 SOCIÉTÉ BIPÉr.lALE ZOOLOniQUE d'aCCLIMÂTATIOX. sinn <1a la maison, une. soinmo assez forte pour que rinli'rèl à i"! pour '100 indemnise le propriétaire pendant trois ans. Après ce laps de temps, cette somme est rendue intégrale- ment au locataire. Je me souviens que mon lettré loue à Ticn-tsin une maison composée de si\ pièces et une cour, moyennant 500 francs qu'il a donnés ;iu propriétaire et qui lui seront rendus dans trois années. Les Chinois sont donc ])arvenus à approcher le plus près possihie de la solution du problème de la vie à hon marche. Que d'études et d'expériences il leur a fallu pour atteindre ce but ! Mais aussi combien ces recherches, et par suite les découvertes, sont devenues profitables à toutes les classes de la population, riches ou pauvres. Je voudrais pouvoir dire tout ce qu'ils ont fait pour améliorer leurs espèces, augmenter le produit et la quantité des choses nécessaires, en perfec- tionner la qualité, en multiplier, en généraliser, en simpli- fier l'usage. Un des faits qui nous ont le plus surpris dans le nord, c'est de pouvoir manger en toute saison des raisins, des poires, des pommes et un grand nombre de fruits déli- cieux que l'on peut avoir sur sa table moyennant quelques sapèques. Tous ces fruits sont conservés dans des glacières construites très ingénieusement. La glace, en Chine, joue un rôle très important dans l'éco- nomie domestique. Elle sert pendant l'été à rafraîchir les boissons, à conserver les viandes, les poissons, les légumes et les fruits, et enfin à exercer, dans certains cas, une action thérapeutique très utile. La consommation qui s'en fait est très grande et à la portée de toutes les bourses. Pour cinq ou six centimes on peut avoir au détail "2 kilogr. à 2 kilogr. 1/2 de glace, quelquefois môme 8. Les glacières chinoises ne sont pas faites comme les nôtres. En Europe, les glacières sont des espèces de citernes creusées dans le sol à une pro- fondeur de 7 à 8 mètres, ayant en général la forme d'un tronc de cône renversé, dont les parois sont composées d'une maçonnerie épaisse recouverte d'une couche de ciment. En Chine, les glacières sont établies dans des bâtiments de madriers, entourés d'un mur de pisé que l'on protège inté- LA. VIE A BON MARTHE EN CHINE. ()70 rieuremont et extérieurement par plusieurs couclics de Itani- bous et de cluiunie, et dans la partie supérieure par un toit de chaume en forme conique. Le bàliment en c,'énéral a de 10 à J"2 mètres de diamètre sur 9 à 10 mètres de hauteur. On le construit dans un lieu un peu élevé, aén', sec, sur le pen- chant d'une colline ou sur un remblai susceptible d absorber l'eau provenant de la fusion des glaces. On le choisit le plus près possible de la rivière d'où l'on extrait la glace. Les parois du mur de pisé sont tapissées partout d'une couche de paille longue ou de bambous de 0"',20 à 0"'/25 d'épaisseur. La charpente est des plus simples. La glace repose sur une couche de cendre et de paille placée dans une excavation creusée à 1 mètre, 1"',20 au-dessous du niveau du sol. Dans le sud, la paille sur laquelle repose la glace est mise sur une grille couvrant un petit puisard où se réunissent les eaux de fusion et d'où elles s'écoulent à travers les terres. La glace est toujours prise dans la rivière par une température au- dessous de zéro et lorsque l'on suppose qu'elle a atteint la plus grande épaisseur. On enlève d'immenses blocs que l'on rend rectangulaires et autant que possible égaux, de hO à 50 centimètres cubes. Lorsque la glacière n'est pas éloignée de la rivière, on creuse une rigole que l'on remplit d'eau et sur laquelle on fait glisser la glace au moyen de crochets de fer attachés à une corde tirée par un homme. On évite ainsi les frais de transport. Une fois dans le bâtiment, les blocs de glace sont disposés sur la paille en échiquier et superposés de manière à former des puits qui s'élèvent jusqu'au-dessous du toit. Quelquefois ces puits se touchent tous entre eux ; dans ce cas un couloir circulaire à leur base permet de visiter le fond de la glacière, et de voir la quantité d'eau fondue par la transmission de la chaleur à travers le sol ou par l'introduction de l'air extérieur. Lcsparois extérieures des puits sont tapissées de paille. J'ai en- tendu dire que dans quelques localités chaque bloc est séparé de son voisin par une couche de bambou ou de paille. De même dans quelques provinces les puits sont séparés les uns des autres par un intervalle assez large pour permettre la circulation. (580 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. L'entrée de la glacière est placée au nord. La porte est de bois recouvert de paille. Au-dessus d'elle se trouve un tablier mobile de bambou que l'on baisse lorsqu'on ouvre la porte. On a également soin d'entourer l'entrée d'arbres ou d'une plantation de bambous qui empècbent les rayons solaires d'y arriver. On ne pénètre dans la glacière qu'une seule fois par jour avant le lever du soleil ; cependant, si les besoins l'exi- gent, on y entre le soir, après le coucber du soleil. Pour con- server les fruits ou les légumes, on les renferme dans des paniers à claire-voie garnis de paille. Les fruits sont disposés par couches horizontales séparées par de la paille. Les paniers sont superposés et séparés par une couche de paille. Une corde formant anse, et attachée aux deux côtés du panier, en facilite l'extraction au moyen d'un crochet lié à une autre corde que l'on fait descendre par l'orifice du puits lorsqu'on veut en extraire quelques fruits. Des gradins de glace cou- verts de paille permettent de monter jusqu'à cet orihce. Quand on désire avoir de la glace, on enlève les blocs en commençant par ceux qui sont à la partie supérieure des puits et en continuant ainsi jusqu'tà la base. La quantité de glace fondue journellement est très faible, comme j'ai pu m'en assurer moi-même. A quoi doit-on attri- buer cela? Esl-ce à la disposition des puits, à l'élévation do la glacière au-dessus du sol, à tous ces corps mauvais con- ducteurs de la chaleur qui tapissent les murs de la glacière et qui couvrent tous les objets qui y sont renfermés; ou bien encore, comme quelques missionnaires l'ont prétendu, auxpar- licules nitreuses dont la glace serait chargée, et qui auraient pour effet de la conserver plus longtemps? L'eau,'il est vrai, dans le nord de la Chine, gèle facilement, et fond difficilement lorsqu'elle est gelée. Des expériences répétées ont prouvé qu'un baquet plein d'eau placé h côté du thermomètre était déjà gelé sur toute sa surface, que le thermomètre ne mar- quait qu'un degré au-dessus de zéro. A 3 degrés au-dessous de zéro, l'eau se trouve prise jusqu'au fond, si la profondeur n'est que de 10 à 12 centimètres, avec une surface dont le diamètre est à peu près de /i5 centimètres. Cette eau ainsi LA VIE A BON MARCHÉ EN CHINE. 681 congelée se soutient par un temps serein dans le même étal, tant que le thermomètre ne dépasse pas 3 degrés. J'ai remar- qué également que dans les plus fortes chaleurs de l'été, on transportait la glace sur des brouettes ouvertes, avec aussi peu de précautions que si l'on transportait desimpies briques ou des cailloux. Elle ne laisse après elle le long du chemin que quelques gouttes d'eau qu'elle laisse tomber par inter- valles. Dans un voyage que j'ai fait à Pékin, où j'avais été envoyé pour surveiller la translation des cendres du malheu- reux général Collineau, j'ai pu conserver de Tien-tsin à Tang- tcheou, sur un bateau du pays, pendant cinq jours et par une chaleur de 37, 38 et hO degrés, un bloc de glace d'une vingtaine de kilogrammes, dont j'ai pu donner une partie aux matelots chinois avant de débarquer. Frappé de ce phénomène physique, à mon retour à Tien- tsin, j'ai mis dans un réseau de fortes ficelles un bloc de glace irrégulier, et je l'ai suspendu à une balance en plein air et exposée au vent et à tous les rayons du soleil. La fusion ne s'est opérée complètement qu'après dix ou douze heures, Il est donc possible que l'abondance de nitre qui remplit la terre et l'eau dans le nord de la Chine ait une certaine influence sur la consistance et la durée de la congélation. Cependant, aux Chousan, où l'air est beaucoup plus humide, où chaque vallée est couverte de rizières, la déperdition de la glace dans les glacières n'est pas plus considérable. Ce phénomène dépend, à mon avis, beaucoup plus de la construction de la glacière. Du reste, ce genre de construc- tion n'appartient pas seulement à la Chine. J'ai vu aux États- Unis des glacières élevées au-dessus du sol et qui étaient éta- blies dans des bâtiments de madriers à claire-voie et tapissés de paille à l'intérieur et à l'extérieur. Seulement les précau- tions prises pour isoler la glace et sa réunion en un seul bloc m'ont paru moins bien comprises qu'en Chine. En Crimée, dans les environs de Kertch, j'ai visité également une glacière élevée au-dessus du sol et à laquelle on avait donné la forme d'une immense grotte. Cette disposition devait être très bonne, car lorsque le bâtiment qui protégeait la grotte eut 68-2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. clé détruit par les Turcs, la glace résista très longtemps aux ardeurs du soleil et de l'air extérieur. Les Chinois, comme je l'ai déjà dit plus haut, font un grand usage de glace. Pendant dix mois de l'année, ils prennent par raison de santé toutes leurs hoissons chaudes ou tièdes ; mais lorsque les fortes chaleurs commencent, ils hoivent alors froid, et font, si l'on peut s'exprimer ainsi, abus déglace. Les médecins prétendent que dans ce moment la glace exerce une action utile sur l'économie animale. On voit quelquefois les femmes du peuple, les enfants et souvent même les adultes, sucer des morceaux de glace, comme si la glace ne pouvait nuire à leurs dents ou à leurs intestins. La glace ne sert pas seulement à rafraîchir les boissons, elle est d'un précieux auxiliaire pour l'alimentation, en permettant de conserver des fruits, des poissons que l'on peut transporter aux points les plus éloignés des pêcheries, et qui deviennent ainsi une branche de commerce très grande, en même temps qu'un ali- ment très utile à certaines populations. Je ne parlerai pas de l'emploi que les médecins chinois font de la glace comme agent thérapeutique, il faudrait entrer dans des détails qui ne peuvent trouver place ici. Je dirai, en résumé, qu'en Chine comme en Europe, on a compris tous les avantages de la glace ; seulement les habitants du Céleste Empire sont parvenus à atteindre un but que nous poursuivons encore. Que de primes d'encouragement n'ont pas été promises, en France, à l'invention de la meilleure glacière économique ! Dans ce moment même, le palais de l'Exposition de Londres renferme une quantité considérable de machines destinées à fabriquer de la glace au moyen de mélanges réfrigérants. Toutes ces machines très ingénieuses pourront rendre cer- tainement d'immenses services dans les pays où la nature a horreur du froid. Mais donneront-elles, toutes perfectionnées qu'elles sont, la glace au prix où elle est vendue en Chine, grâce aux glacières que j'ai décrites? Espérons-le. Le vrai progrès est cehii qui invente , perfectionne et améliore le bien-être des masses. Honneur donc à l'apôtre de ce vrai progrès travaillant à la solution du lameux problème de la LA VIE A nON MARCHÉ EN CHINE. 6S3 vie à ]ion marché, celle l)ase de l'économie sociale dont la recherche a déjà enfanté desinohlcs, de si généreuses idées, et qui a conduit notre très regretté Is. Geoffroy Saint-IIilairc à créer notre Société d'acclimatation. C'est guidé par la mémoire de cet illustre savant, de ce penseur philanthrope, que je vous adresse ces lignes, à vous, monsieur le Président, qui avez bien voulu accepter la direc- tion de cette grande œuvre humanitaire. J'aurai l'honneur, si vous voulez bien me le permettre, de vous faire parvenir plus tard d'autres renseignemenis sur des questions d'éco- nomie domestique plus intéressantes peut être que celle que j'ai traitée aujourd'hui, et qui auront pour but do montrer comment les Chinois, par l'expérience, sont parvenus à avoir à des prix extrêmement modérés d'excellentes volailles, de délicieux poissons, et du tabac dont l'usage est devenu plus populaire que partout ailleurs. Veuillez agréer, etc. Dadry. SUR LES ESSENCES FORESTIÈRES DES CANARIES ET LA r.ÉORGAKISATION DU JARDIN D'ACCLIMATATION D'OROTAVA Par n. ^.%BI\ BERTIIELOT, Coiisiil (ic Krance, Membre honoraire de la Sociélé impériale tracclimalation. (Séance du 20 juin 1862.) Monsieur 1(3 Président, En adressant à la Société impériale mon mémoire sur l'ac- climatalion en Algérie des essences forestières de ces îles, j'avais compté sur son concours pour réaliser ce projet. Mon attente n'a pas été trompée, et votre lettre en est la preuve. Il ne s'agit plus que de combiner ensemble les moyens de réus- site, et c'est dans ce but que je vais exposer ici quelques con- sidérations sur les difficultés que je puis rencontrer dans cette entreprise et sur les mesures à prendre pour les surmonter. La transplantation des jeunes arbres exige des soins qu'on ne saurait, sans s'exposer à tout perdre, confier à ceux qui n'ont pas la pratique de ces sortes d'opérations. Le transport des jeunes plants demande aussi beaucoup de précautions pour qu'ils arrivent en bon état. Quant à l'envoi des semences, je ferai observer que la plupart des espèces forestières des Canaries portent des baies oléagineuses qui entrent prompte- ment en fermentation et finissent par pourrir ou se dessécber. Il conviendrait donc de les expédier dans une couche de ter- reau, afin qu'elles fussent toutes germées... La recolle des semences des espèces forestières n'est pas chose facile : elle exige des recherches et du temps ; les arbres des forêts ne fleurissent pas tous à la même époque et la plupart sont de mauvais porte-graine. L'agglomération de tant de grands végétaux dans ces régions ombreuses où le soleil ne pénètre pas assez, rend la majeure partie des espèces, sinon stériles, du moins peu propres à la floraison et à la ma- ESSENCES FORESTIÈRES DES CANARIES. 685 turité des fruits. Ce n'est guère que sur la lisière des bois et dans les espaces où les arbres peuvent jouir de l'air libre et de la clialeur qu'on les rencontre en pleine IVuctilication. Dix-sept différentes espèces d'arbres croissent dans la xone forestière, mais elles ne se rencontrent pas toutes réunies dans une même localité, et il faut aller les chercher dans des sites très éloignés de cette résidence. Les bois les plus rapprochés de Sainte-Croix sont ceux de Las Mercedes, d'Aguirre et de Taganana. La forêt de Las Mercedes n'est peuplée, en ^-^rande partie, que de Laurinées {Lauruscaiiariensis, Persea indica, Oreodaphne fœtem) ; le P/tœbe Barbusana même n'y est pas commun. 11 faut pénétrer très loin, dans les gornes de Taganana, surles versants les plus escarpés des montagnes du nord-est de l'île, pour trouver deiPieiomeris, des Faya et des Notolœa; le Plttosporum coriaceum est une des espèces les plus rares qu'on ne rencontre plus que dans la forêt de Los Silos, vers la partie occidentale de Ténériffe, à plus de 60 kilo- mètres de Sainte-Croix. Ce n'est que dans les grands ravins de la vallée de Guimar que l'on retrouve le bel Arbousier des Canaries, et leCatha casshioides, si estimé pour la dureté de son bois. Les Pins des Canaries, qui forment une zone fores- tière tout h fait distincte, ne croissent plus que vers la haute région de l'île, et ce n'est guère quesur les plateaux culminants que se montrent encore de loin en loin les vieux Cèdres {Jwùperus cedrus) qui ont été épargnés. Ces exemples suffisent pour vous faire entrevoir les diffi- cultés et les lenteurs que doivent entraîner des remises consi- dérables de semences et de jeunes plants, car l'entreprise d'acclimatation qu'on se propose, demande à être organisée sur une grande échelle, si l'on veut obtenir des résultats satis- faisants. ^ Bien avant la création de la Société impériale d'acclimata- tion de Paris, quand je conçus la première idée du {)rojet que je soumis plus tard cà son examen, j'avais cherché des movens de réussite en employant les seules ressources du pavs. L'entreprise que j'avais alors en vue pourrait se concilier avec le concours que m'offre aujourd'hui une association puis- 086 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. santc par ses moyens d'action, comme par son autorité. Je vais m'cxpliquer. Préoccupé, depuis plus de trente ans, de l'idée de sauver ce qui reste des précieuses essences forestières dont je n'ai cessé de recommander la conservation dès mon premier sé- jour aux Canaries, j'entrepris en JS26, sous les auspices du marquis de Villanovadel Prado, quelques améliorations dans le jardin botanique d'Orotava, dont il était le fondateur. La col- lection de cet établissement s'enrichit alors, par mes soins, de l'élite de la flore canarienne, et principalement des arbres des forêts. Cette jeune plantation, qui commençait à prospé- rer en 1830, lorsque je revins en Europe, a été abandonnée et n'existe plus aujourd'hui. C'était là pourtant, sous l'in- fluence d'une douce température, dans un site qui réunit toutes les conditions les plus favorables au rapide développe- ment de la végétation ; c'était là, dis-je, qu'on aurait pu se procurer de grandes ressources pour la propagation des essences forestières, afin de faciliter leur transmigration et leur acclimatation dans d'autres contrées, au moyen de la pépinière centrale que je voulais fonder. Telles sont les idées que je viens d'émettre dans un mé- moire adressé à la première autorité civile de ces îles, qui a daigné me consulter sur la nouvelle organisation à donner au jardin d'Orotava. Les considérations dans lesquelles je suis entré pouvant intéresser la Société impériale d'acclimatation, j'ai pensé devoir vous envoyer pour notre Bulletin une copie de ce mémoire. Mais quels que soient les résultats des réformes qu'on veut introduire dans le jardin d'Orotava, quelles que soient les ressources qu'on pourra retirer plus tard de cet établissement, je ne suis pas moins disposé à me prévaloir de celles que je puis me procurer tout de suite, puisque vous venez àmon aide en m'off'ranl le concours de la Société. En admettant que je puisse mettre cette année à profit pour recueillir des semences, je ne pense pas ([u'il me soit possible de faire un envoi de quelque importance avant la lin de l'automne. (Juant aux jeunes plants que je pourrais me ESSENCES FORESTJÈRES DES CANARIES. (587 procurer, il conviendrait d'attendre aussi jusqu'à la même époque, et, dans ce cas, je demanderais un congé pour les accompagner moi-même. Ce voyage me permettrait de choisir dans l'Algérie l'emplacement qui me semblerait le plus con- venable. J'ai parcouru l'année passée quelques points de la province de Constantine, et je crois que cette province réunit, dans le groupe de montagnes des environs de Philippeville et de Stora, les meilleures conditions pour l'acclimatation des essences forestières des Canaries. La constitution géologique du sol y est des plus convenables cà la végétation arborescente ; la roche, par sa nature schisteuse, s'y montre partout en décomposi- tion, et favorise puissamment l'inliltration des eaux pluviales. Une végétation vigoureuse et rapide couvre toutes les monta- gnes côliéreset s'étend jusque sur le littoral. Cette végétation indigène ne se compose, il est vrai, que de Chônes-liége, mais les arbres exotiques qu'on a introduits depuis quelques an- nées dans les parties cultivées, prospèrent à ravir. La pro- vince de Constantine, en gi-néral, m'a semblé préférable à celles d'Alger et d'Oran. Ceci, du reste, n'est qu'une simple indication. Votre réponse me dira si je dois me mettre à l'œuvre : vous me trouverez toujours prêt. Veuillez, etc. Signé S. Bertiielot. — Le Conseil a soumis à l'examen de MM. Moquin-Tandon et Cosson les questions diverses (jue soulève la lettre de M. Bcrthelot. Voici la conclusion présentée par nos deux savants confrères, et à laquelle le Conseil a donné son assen- timent : 11 est probable que plusieurs des beaux arbres des îles Canaries, menacés de destruction dans leur patrie natale, pour- raient être cultivés avec succès dans quchiues-unes des loca- lités les plus ûivorisées du littoral algérien. Déjà le Pinm canarlensis^ espèce forestière de première valeur, croît sans soins sur les coteaux qui dominent le Jardin d'essai d'Alger; mais cette espèce est plus rustique que la [)lupart des autres 688 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. arbres propres aux Canaries, qui, comme le Laurm canarien- sis, le Persca indica, XOreodapJme fœtens, etc., exigent des conditions d'humidité dans l'atmosphère et dans le sol ((u'ils ne sauraient trouver, à moins de soins tout à fait horticoles, sous le climat algérien, caractérisé surtout par la sécheresse atmosphérique et de grandes variations de température. En un mot, les Canaries ne paraissent devoir fournir à l'Algérie qu'un petit nombre de végétaux pouvant utilement être accli- matés, et seulement dans des localités exceptionnelles. En conséquence, le Conseil remercie M. Berthelot de son offre de bienveillant concours, décide que sa lettre et son in- téressant mémoire seront publiés dans le Bullctinde la Société : mais il se borne, pour le moment, à lui demander : 1" d'en- voyer à la Société, avec ses observations, les catalogues des graines ou des sujets qui seront introduits successivement dans le jardin d'Orotava ; 2." de vouloir bien lui faire parve- nir (les graines du Juniperus cedrus, et d'autres espèces qu'il pourrait se procurer facilement, et qui, de mêmcquele Pinus canariensis, paraîtraient jouir d'une assez grande rusticité pour pouvoir être introduites non-seulement sur le littoral, mais encore dans la région montagneuse. {La suilc au prochain numéro.) .sur, UN . . ENVOI D'ANIMAUX ET DE V1^:GÉTA11X DU JAl>C)N. LKTTUK ADUKSSÉE A M. LE SECUÉTAIHK GKNÉUAL DE LA SOCIÉTÉ IMl'ÉULVLE Ii'aCOLLMATATION, Far M. Eugène SB.'?aOIV. SUITE ET FIN (1). Sur le Palnncr à dtanvfc (Cliainicrops excella), un Palmier (jéotherjiiique. Le Palmier à clianvre, originaire de la Chine et tin Japon, fut importé pour la première fois en Europe, il y a vingt-cinq ou trente ans, par M. le docteur von Siebold ; mais distribué à un très petit nombre d'exemplaires, il ne sortit guère du domaine des cultures des jardins botaniques. Ceux de Leyde, d'Anvers et de Londres, entre autres, en possèdent de très beaux qui ont aujourd'hui depuis /(jusqu'à 0 mètres de hau- teur. C'est à M. de Montigny, à l'esprit d'observation et d'ap- plication de (jui on doit tant de découvertes, qu'il était réservé de rappeler sur cet arbre toute l'altenlion qu'il mérite. Grâce à ses notes et à ses envois, le Palmier à chanvre cessa, il y a quelque huit ou dix aris, de n'être qu'une plante bota- nique, et fut appelé à prendre son rang dans le domaine de la grande culture ; et s'il ne se propagea pas avec la rapidité (juc faisait désirer ce que l'on en avait a[)piis, cela tient unique- ment à l'impossibilité de le multiplier autrement que par graines et à la difficulté d'en recueillir un grand nombre dans les conditions de maturité et de dessiccation nécessaires. Un séjour que je viens de fîiire au Japon m'a permis de salislaire à ces conditions, et j'en ai expédié récemment en France environ JOO kilogrannnes récoltés par moi-même dans la saison la plus favorable. J'ai recueilli en outre sur cet arbre les observations sui- vantes : (1) Voyez, pour lu prt'iiiioi-c p.irlie, imimiru do juiilol 18G2, p;igi^ 59-!i. T. IX. — Aûùl 18G2. hU 690 SOCH':iÊ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Le Palmier à chanvre atteint, jusqu'à 8 mètres de hauteur. Son port est élégant, gracieux, comme tous ceux de la famille, et j'ajouterai original par rapport aux autres végétaux qui l'entourent, puisque c'est la seule espèce qui se rencontre sous des latitudes aussi élevées : il ne craint pas, en elTet, le der- nier hiver vient de le prouver, un froid de — J "2 degrés. A celle température, les feuilles seules noircissent, mais le Ironc ne souffre pas. D'après cela, il n'est aucun parc et aucun jardin (pii ne doive désormais tenir à honneur d'avoir quelques Palmiers. Au Japon, il n'y a pas de petit cultivateur qui n'en possède au moins six sur le hord de son champ, qui, chaque année, viennent, sans rien demander en échange, fournir leur quote- part à la masse des produits. Le Palmier h chanvre ne donne pas un grand ombrage et n'étend pas ses racines au delà d'un rayon de (30 à 70 centi- mclres; aussi ne nuit-il en aucune façon aux récoltes qui sont à ses pietls. On le iilante ou plutôt on le sème, car il n'aime pas à être déplanté, au bord des champs ; de sorte que, comme ces champs sont en grande partie disposés en terrasses sur les collines, tout un cùté de ses racines est exposé au grand soleil. Il vient également bien dans les vallées. Lesgrainesdoivent être semées à l'automne, à 2 pouces de profondeur, dans des trous espacés de un mètre à un mètre et demi. Elles germent, au Japon, au mois de mai ou juin suivant. Comme le sol des champs est toujours extrêmement propre et qu'on lui donne des sarclages ou binages fréquents, on n'a aucuns soins particuliers à donner aux jeunes plants. En Euro})e, ils se borneraient à en enlever les mauvaises herbes qui pourraient gêner la croissance. A cinq ans, le Palmier peut avoir un mèlre de hauteur, et l'on commence à l'exploiter. Pour cela on pratique au bas du ])éliole des feuilles, en commençant par les plus inférieures, une incision assez profonde pour (juc la feuille puisse s'enlever sans déchirement, mais sans attaquer la tige de l'arbre. On les enlève ainsi successivement toutes, moins les trois ou quatre feuilles centrales qu'on laisse à l'arbre. Cette opéra- EiWoi d'animaux et de végétaux du JAPOX. TiOl lion (luit se taire chaque deux ans, aussilùl que les iodées sont passées. La feuilte ne s'emploie pas tout entière, mais seulement la lilasse brune qui en entoure le pétiole; on la sépare, on la met en hottes de '25 kilogrammes, on la porte au marché. Les 100 kilogrammes tle celte matière valent au Japon 50 à 60 fr.; à Chang-hai, de 70 à 72 fr. Un Palmier peut en fournir li à 5 kilog!'., qui, soit à raison de 05 fr. les 100 kilogr., repré- sentent un produit de '2 fr. 60 à 3 fr. "25. C'est, comm<3 on le voit, un des arbres qui demandent le moins de frais et rap- portent le plus. On emploie les qualités inférieures de ce.chanvrf.' à la fabii- cation des cordages, des balais, mais on fait avec les bonnes qualités d'excellents tilets de pêche très résistants, que l'eau ne corrompt jias facilement. Le Palmier à chanvre pourrait être planté par toute la France ; il réussirait très bien aussi sur nos côtes maritimes, où l'on pourrait en faire de grandes plantations, pourvu cepen- dant qu'elles ne fussent pas exjjosées aux Iroj» grands vents de mer. Sa/' (a fnbi'uyitioii dti soja. Le soja est un condiment dont on l'ail au Japon une consom- mation considérable et qui, il y a quelques années, eut en Amérique, en Angleterre et en Hollande, comme aux Indes où il avait d'abord été introduit, un succès marqué. Aujourd'hui la vogue ne lui est plus guère restée qu'en Amérique; l'expor- tation en est faible pour les Indes, où on le remplace par un autre produit, et à peu près nulle pour l'Europe, qui y a renoncé à causcdeladiflîculté de lui faire franchir, sans qu'il se corrompe, les chaudes latitudes du tropique. Ce n'en est pas moins un produit excellent, et qui oifrirait à l'art culinaire des ressources de plus d'un genre, si l'on pou- vait l'obtenir aussi bon qu'il l'est dans le pays d'où il vient. Or rien n'est plus facile ; il n'y a pour cela (ju'à le fabrifjuer sur place. C'est au Japon une industrie très inqjoilante ; on en conjpte 692 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM.VTATION. plus de dix usines dans la ville deNagasaki, (jui occupent cha- cune, en moyenne, une superficie de 700 à SOO mètres carrés, et qui en livrent chaque année, à la consommation, plus de 1 200 000 kilogrammes. • Deux sortes de grains sont nécessaires à la fahricalion du soja : l'un est un haricot spécial qui a reçu le nom de Haricot soja, et dont une quinzaine de kilogrammes se trouvent com- pris sous le iv 5, dans l'envoi que je viens de faire en France; l'autre est l'orge ordinaire. On fait deux parts égales de haricots et d'orge : on fait cuire les premiers dans un môme volume d'eau, et l'on fait griller l'autre; puis on les réunit dans de grands baquets dans les- quels on les verse peu à }>eu en les mélangeant le plus possible à l'aide d'une grande spatule de bois. Lorsque le tout présente la consistance d'une pâte assez épaisse, on la place dans des moules de bois d'un pouce et demi de hauteur, 18 pouces de longueur et de 8 pouces de largeur en œuvre. En arrangeant ce pain ou celte brique dans le moule, on doit faire on sorte (jue la face supérieure soit légèTbment concave. On transporte ensuite ces pains dans des chambres herméti- quement closes, où ils doivent fermenter sur des étagères disposées autour et au centre de la chambre. Tous les murs et les ouvertures, à l'exception de deux vitres placées à hauteur d'homme pour que de l'extérieur on puisse surveiller la fer- mentation, doivent être soigneusement matelassés de paille fixée au moyen de lattes de bambou ou d'autre bois. La fermentation se produit au bout de très peu d'heures ; mais si la température de la chambre était trop faible pour la décider, on pourrliiilift pi'ovo(juer en y plaçant un petit brasier. Cependant on ne doit qu'à la dernière extrémité recourir à ce moyen, dont l'cllet ordinaire est de faire brunir les pains^ La fermentation dure environseptjours, pendant lesquels on a pu entrer une ou deux fois dans la chambre afin de s'assurer qu'elle se faisait dans de bonnes conditions. Lorsqu'elle a été bien faite, les pains doivent avoir une teinte jaun^ dorée uniforme. ENVOI i/aNIMAUX ET DE VÉGÉTAUX DU JAl'UN. 093 On les retire alors et on les jette clans de grandes cuves de C pieds de hauteur et de h pieds et demi de largeur. (3n v ajoute de l'eau saturée de sel à chaux dans la proportion de 2 kilogrammes pour 1 kilogramme de pains. On agite et l'on mélange au fur et à mesure que les cuves se remplissent. On doit alors laisser les cuves en repos pendant un an au moins; mais lorsqu'on veut avoir des qualités de soja extra- fines, ce repos se prolonge pendant trois ans. Quelle que soit la durée, on relire enfin la pâte des cuves, on la met dans des sacs faits de chanvre ou mieux de filasse de palmier, et on la porte sous la presse. Le soja qui s'écoule pendant les premiers tours de la presse est de première qualité ; mais à cause du prix qu'il faudrait en demander, on n'en trouveraitpas le débit assuré : on renonce à cette qualité, excepté dans les fabriques des deux capitales de Yeddo et Miaco, où habitent un grand nombre de princes et de personnages riches qui peuvent la rémunérer convenablement. Le plus généralement on ne fait que deux qualités: la pre- mière provenant de tout le jus qu'on a pu extraire par la presse, et qui est alors une bonne qualité moyenne, et la seconde qu'on obtient en faisant un second mélange de résidu de presse avec de l'eau salée qu'on laisse reposer pendant six mois; celle-ci ne se vend qu'aux pauvres. La jarre de soja pesant 2'J/ii'ii,500 se vend au Japon lô à 17 francs. Le soja ordinaire de] première qualité est une liqueur de consistance sirupeuse et de couleur brun foncé. C'est presque l'unique sauce de tous les mets des Japonais, riches ou pau- vres. Elle accompagne parfaitement surtout le poisson. Les Européens de Chine et du Japon, qui en font plus ou moins usage, l'ajoutent au l)œuf et au bouillon de bœuf, auquel elle communiqife une couleur et une saveur des plus agréables. La caisse n" JO de produits divers qui fera partie de mon envoi en contient trois qualités sous les n"» 18, 'J9 et 20. Le n" 18 vient de J\Jiaco, mais il est possible que le vovage l'altère un peu. NOTi: SUR LILLOLIPÊ {Basfia longifo/id oi li. latlfolki), Pas- M. BSA"ïa':S. (Séance thi 20 juin 186 2.) Monsieur le Président, Il y a deux espèces d'illoupés, celui qui se trouve dans les présidences de Madras et de Bombay, et celui (ju'on voit dans les hauts plateaux du Bengale. L'Illoupé du Coromandel, en tamouli llUnqxK en liindoustani Uohi, en botanique Bassia lon(jifolia,i\ la graine longue. Celui du Bengale a la graine plus arrondie ; son nom l)engali est Mahwah ou Mahoua, en bindousiaiii Moula, en tamouli Caat-illoupé, en botanique Bassia laîifolia. Ils donnent l'un et l'autre des tleurs produisant par la fer- mentation un alcool aromatique dans d'assez Ibrtes propor- tions. La Heur sèche se conserve comme des raisins secs et y ressemble par le goût. ■ ■" Les grains des deux espèces donnent de 28 à 30 pour 100 d'huile se rapprochant de la nature de l'huile de palme et pouvant la remplacer. Cette huile contiendrait environ hO pour 100 de stéarine; elle est presque toujours congelée, même dans l'Inde, excepté dans les grandes chaleurs. En Europi' elle serait à l'état de suif. Elle est très propre à faire des chandelles et des bougies sléariques, et ferait d'ex- cellent savon égal à celui de riiuile d'olive. Ces arbres poussent à l'état sauvage dans presque toute l'Inde. On m'a dit qu'en tirant une ligne à l'ouest depuis Calcutta jusqu'à lîomltay, le sixième des arbres composant les forêts est de celte espèce. Ils sont sans culture comme sans pro- priétaires. On ramasse seulement les (leurs à proximité des villes ou vilhiges, où l'on s'en sert pour faire une espèce d'à- SUR l'illoupé. - (595 rack. C'est énoncer une vérité que de dire que la quan- tité d'alcool et d'huile qu'on pourrait extraire de ces fleurs et de ces graines serait immense. Seulement les populations peuvent être rares dans ces solitudes où régnent les fièvres et qu'habitent les animaux sauvages et féroces. On fait sécher les fleurs; on les met en masse dans des sacs, où elles forment des gâteaux qui se conservent plusieurs années, et ,qui sont lourds comme des grains de raisins sans grappes, qu'on aurait pressés. Pour en retirer l'esprit, il suflit de les étendre d'eau et de les mettre en fermentation. On m'a assuré qu'au Bengale on en obtenait trois quarts de velte d'alcool absolu par 80 livres anglaises de fleurs ; mais il faut observer que la fermentation au Uengale no produit (|ue la moitié des résultats européens. La culture (c'est-à-dire le sarclage et les engrais) augmen- terait beaucoup la production. Pour considérer cet arbre sous le point de vue commercial, il faudrait expédier en Eu- rope les fleurs et les graines. On croit que les fleurs se con- serveraient assez bien et arriveraient en bon état; mais peu de temps après leur récolte, des insectes particuliers, produits par la graine même, attaquent cette dernière, diminuent sensi- blement les proportions d'huile qui s'y trouvent, et la détrui- sent entièrement au bout de quatre à cinq mois. Il faudrait donc trouver un moyen de la mettre à l'abri de leurs rava^^es, et l'on pourrait dans ce but recourir à l'acide sulfureux, ou mieux ta la fleur de soufre. Floraison en mars, avril (Roxb. FI. ImL, II, 526). Si l'on représente par 2 la valeur de la mélasse pour pro- duire de l'alcool, on peut, dit-on, représenter celle de ces graines par 3. C'est à Hazareebaugh, par le travers de Mon- ghyr, non loin d'une mine de charbon de terre et du passage du chemin de fer, que ces arbres se trouveraient en jdus grande quantité. Ils croissent sur les montagnes et y supportent un froid vif en hiver. Il y en a aussi dans le pays des San thaïs. Voici ce qu'a recueilli à ce sujet le major Ileber Drurv : 696 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE n'ACCLIMATATION. Bâssia latifolia, Roxb. — Usages. — Le Imms de cet arbre est dur et fort, et est en demande pour la construction des voitures, des moyeux de roues, etc. Les tribus des montagnes, là où ces arbres abondent, fabri- quent de l'alcool par la distillation de leurs fleurs, et obtien- nent ainsi une liqueur forte et enivrante. Les fleurs sont douces au goût et sont mangées crues; les cbacals en sont extrême- ment friands. Les graines donnent par expression .une quan- tité d'huile concrète que l'on brûle dans les lampes, dont on se sert pour ûilsifler le beurre fondu, pour faire cuire les gâteaux, etc., etc. Les amandes sont facilement extraites de leurs péricarpes unis et de couleur marron. On les écrase, on les frotte, et on les soumet à une pression modérée. L'huile se concrète aussitôt après sa sortie de l'amande, et conserve sa consistance h une température de 95 degrés Fahr. Cette huile, épaisse et grossière, est en usage seulement parmi les classes inférieures. Voici ce que le docteur Gibson rapporte de cette plante dans le Guzerate et le Rad jgoutana : « Cette fleur est ra- massée dans les forêts, dans la saison chaude, par les Bheels et autres, qui la cueillent, ainsi que sur les arbres qui ont été plantés et qui sont des plus al)ondants dans les parties les plus ouvertes du Guzerate et du Rajwarra. La fleur mûre a un goût d'une douceur fade qui ressemble à celui de la manne. Comme elle est très passagère, pendant la saison elle est trou- vée et ramassée chaque matin en grande quantité sous les arbres. Un seul arbre donne de 200 à ÛOO livres anglaises de fleurs. Les graines fournissent une quantité considérable d'huile concrète qu'on emploie à faire le savon. » L'habitant des forêts ou la population Bhlée conserve aussi de grandes quantités de ce produit comme article prin- cipal de consommation alimentaire, et c'est pourquoi, dans les expéditions qui sont faites pour punir ou soumettre ces tribus lorsqu'elles s'agitent, les troupes anglaises menacent de dé- truire leurs arbres d'Illoupé {Bassin) , et cette menace suffit en général pour les ramener à l'obéissance. » Dans le Guzerate et le Radjgoulana, chaque village a sa can- tine pour la vente de la liqueur produite par la distillation des SUR l'illoupé. 697. fleurs (le cet arbre. Dans l'île deCaranja, vis-à-vis de Bombay, les droits payés au gouvernement principalement pour la dis- tillation dont il s'agit s'élèvent à (30000 livres sterling par an, et je crois que la somme ainsi payée est même généralement plutôt de 80 0Q0 livres sterling. Ce sont les Parsis qui en dis- tillent et en vendent le plus dans tout le pays entre Surate et Bombay; ils vont jusqu'à placer leurs appareils distillatoires et leurs débits dans le cœur des forêts qui bordent la frontière est et les montagnes de ces contrées. » La liqueur produite parla distillation des fleurs du Bassia ressemble, quand l'opération a été conduite avec soin, au bon whisky d'Irlande. Elle a une odeur forte et un peu fétide de fumée, qui cependant disparaît avec le temps. » Par suite de la quantité d'huile aromatique ou empyreu- matique qu'elle contient, la li({ueur récente est très nuisible ; et pour les troupes européennes stationnées dans le Guzerate, il y a une trentaine d'années, elle était regardée comme étant aussi fâcheuse que l'avait été pour eux en général le rhum nouveau, le plus mauvais des Indes occidentales. Elle produisit immédiatement l'irritation des voies gastriques, qui fut suivie de la fièvre paludéenne, si commune dans ces pays. » Bassia longifolia, Linn. (Hook. Journ. of Bot., p. 30, Roxb., etc.). — Usages. — Comme la plupart des Sapotées, cet arbre abonde en un suc gommeux qui sort de l'écorce. D'après Ainslie, les Vytias s'en servent contre les douleurs rhumatismales. On emploie même la décoction de l'écorce comme astringent, émolliont, et aussi comme remède pour la gale. On fait rôtir les fleurs et on les mange. On les convertit aussi, en les faisant bouillir, en une gelée et en boules que les natifs échangent contre du poisson et du ri/. Les feuilles sont bouillies et employées en médecine, ainsi (]ue le suc laiteux des fruits verts. On extrait des fruits mûrs une huile que les classes inférieures emploient pour brûler dans leurs lampes, et qui sert principalement dans le pays à la confection du savon. Le bas peuple s'en sert aussi à la [)lace de beurre fondu et d'huile de coco pour mettre dans ses gâteaux et 698 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. ses carys. Les résidus laissés après l'expression de l'huile sont formées en galettes qui sont employées par les natifs à se laver la tète, et transportées pour être vendues dans les pays (|ui ne produisent point d'arbres de l'espèce en question. L'huile se solidifie à une température modérée, mais ne se conserve pas longtemps, et pas au delà de quinze jours à trois semaines dans la saison des chaleurs. Elle se rancit alors et a une odeur désagréable ; néanmoins si cette huile est dans un vase bien bouché et à l'abri du contact de l'air, elle peut se conserver quelques mois dans la saison froide. En Angleterre, on s'en sert pour la fabrication des chan- delles. Le prix de cette huile est d'environ ?> roupies et demie le mand. Le bois de cet arbre est dur elpresque aussi durable que le Tek, mais plus difficile à travailler, et il est moins fa- cile d'en trouver d'aussi longs morceaux pour faire des poutres et des planches. Cet arbre croît le mieux dans des terres lé- gères et profondes. (Roxb., Hunier, Sur les huiles végétales de l'Inde.) Je regarde comme d'une grande importance l'acclimatation de cet arbre en Algérie, et je la crois même possible dans les parties les plus favorisées du midi de la France. Je ne laisse- rai passer aucune occasion de vous adresser des graines dans ce but. Veuillez agréer, etc. , . ^ Joseph Hayes. • . SUR l..\ COC.\ '. . ~ (Enjthroxy Ion coca), LETTRE ADRESSÉE A M. DE LESSEPS, CHARGÉ DAFFAIRES DE FRANCE AU PÉROU, Par M. A. RAYnOXni. ' ' • ■. "tradiiilc (le l'espa|fnol par M. A. Siirraziii (le Monlfciïicr. '. '; (Séance du 18 juillet 1862. ) ' ) ■ ..' Lima, mai 1802. ; : Monsieur, La lettre de la Société impériale d'acclimatation que vous avez bien voulu me communiijuer, m'apprend que la Société désire des graines de Coca, et indique, à cet effet, les différents modes de transport qu'elle croit les plus propres pour sa con- servation. , : - • •; D'après mes observations, dans mes nombreux voyages à travers les vallées cbaudes du Pérou, j'ai pu me convaincre que les semences de la Coca ne conservent pas longtemps leur faculté de germination, qu'on ne peut les garder quelques mois; qu'au contraire, il faut les semer le plus promptement possible quand on veut obtenir de bons résul- tats. Ainsi, je crois que la méthode proposée par le docteur Weddell, de les semer tout de suite après la récolte et de les transporter dans cet état, est la plus sure, parce qu'alors les semences peuvent se développer sans que soit altérée leur faculté de germination qu'elles auraient perdue en les laissant sécher. Le seul inconvénient que présente ce moyen, c'est l'augmentation de volume et de poids, mais je n'y vois pas un grand obstacle. On pourrait préparer ainsi la semence dans de petites caisses facilement transporfables à la main, ou bien dans des caissesplus grandes et peu profondes, bonnes à char- ger sur une mule, là où le permet la route. Resterait à com- battre le froid, lors du passage de la Cordillère et sur les pla- teaux élevés, qu'au Pérou on nomme piinas;. Il suffirait pour cela d'envelopper les caisses, [x'iidant (|u'on traverse les ré- 700 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. gions froides, avec quelque nialière réfractaire au calorique. Par exemple, on emploierait des caisses doubles dont on rem- plirait les intervalles avec de la laine ou de la sciure de bois, et pendant la nuit on aurait soin de les placer à l'abri et prés du feu. Tous ces soins sont indispensables, si l'on veut obtenir la Coca des Yungas, en Bolivie, ou celle des vallées du Pérou, à l'est de la Cordillère. Mais si l'on ne tient pas à obtenir celle qui se cultive dans ces régions, on peut se procurer des semences, beaucoup plus facilement, en les tirant de certains lieux situés h l'ouest des Andes : par exemple, de Cbuqui- songo, propriété de MM. Orbegoso, située à vingt lieues de la mer, dans la province de Iluamacbuco, département de la Liberté. On cultive aussi la Coca à Yiscas, dans la vallée de Mala, au sud de Lima. Au Pérou, la manière de semer la Coca varie suivant les localités. Ainsi, dans la vallée de Cbincbao, au nord-est de Huanuco, quand on ne peut semer les graines aussitôt après leur récolte, on les étend à l'ombre pour sécber le péricarpe cbarnu, et on les sème quelques jours après. Dans la vallée de S. Ana, au nord de Cuzco, on a coutume de laver les graines pour leur enlever le péricarpe avant de les semer. Au Cara- baya, à l'est de Cuzco, on réunit en petits tas sur le sol les semences qu'on vient de récolter, on les recouvre avec des feuilles et des branches pour les faire fermenter et pourrir le péricarpe ; après les avoir laissées deux jours seulement dans cet état, on les relire, on les frotte, on les lave, puis on les fait sécber pour les semer. Enfin, toutes ces manipulations, qui ne doivent pas durer plus de six ou huitjours, étant terminées, on sème les graines en pépinière, et de là on met en place les petites plantes. De toutes les manières de semer, cette der- nière parait la meilleure; elle facilite la germination par les conditions favorables qu'elle développe dans la graine pen- dant la fermentation du péricarpe. Quel que soit le système qu'on suive, on ne garde jamais la graine ; au contraire, on la sème le plus tôt possible. Il paraît cependant que les graines peuvent conserver leur faculté de germination pendant plus de quinze jours. On les transporte (luelquefois à des distances SUR LA COCA. 701 assez éloignées. Ainsi, leslial)itanlsdeSandia,(lansla province de Garabaya, tirent des seinencesd'Apolobanilta et deCoroïco, sans qu'elles perdent de leurs qualités, bien qu'on ait à leur faire i'rancbir, dans la route, des cbaînes de montagnes assez élevées. La Société impériale d'acclimatation demande ensuite de vérifier s'il est exact qu'en certaines contrées on mêle à la Coca la feuille d'un autre végétal nommé Justa. Bien que j'aie visité presque toutes les parties du Pérou où l'on cultive la Coca, je n'ai jamais vu qu'on mélàt d'autres feuilles à la Coca, qu'il est si facile de distinguer, à la simple vue, de tous les autres végétaux. Je n'ai jamais entendu non plus prononcer ce nom de Justa dont parle, dans sa lettre, la Société impériale d'acclimatation ( l). Je dirai cependant qu'il existe au Pérou d'autres espèces du genre ErythroxyUm; j'en ai découvert une par liasard, dans mon dernier voyage à la rivière Huallaga. Je revenais de l'Huallaga pour aller à Pataz par une route très diflicile, tracée par les Indiens dans la vallée de la rivière Mixiollo, quand mes Indiens chargeurs, qui marchaient d'assez mauvaise grâce parce que leur indispensable Coca était épuisée, décou- vrirent, non loin de l'Huallaga, presque sur la rive même du Mixiollo et au milieu des bois, une plantation du précieux vé- gétal qui leur faisait tant défaut. Tous aussitôt s'arrêtèrent pour faire leur provision et remplir le sac (juc tout Indien charge cà cet effet. Pendant que nous nous reposions, les plus pressés faisaient sécher quelques feuilles au soleil, alln de savourer plus promplement leur chère Coca. Mais quel ne fut pas leur étonnement, en reconnaissant qu'elle ne produisait pas en eux cette excitation, résultat de la véritable Coca ; ils se manifestaient leur désappointement les uns aux autres par ces paroles : « Esta Coca no me armm^ , c'est-à-dire elle ne produit pas d'effet, elle ne donne pas de forces. Je recueillis alors quel- (1) Il se pourr.iit ijieu qu'on ail confondu le mot imla avec le mol L/«/)ia ou Llucla, nom d'une plante de la Cordillère que les Indiens brûlent, réduisent en cendre cl mcdent à la Coca dn;is leur bouclie. C':lte plaite prod.iiL de la soude, qui tient lieu, aux Indiens du sud, de la chaux qu.' les Iiidioni du nord mêlent à la Coca l'u remployant. [.'Soie du tradmlear.) 702 SOCIÉTÉ IMI'ÉKIALE ZOULUGKjLE DAGCLIMATATION. (|ues l)ranclies de celte Coca, et j'observai que sa feuille n'était pas celle de la véiilable Coca, mais bien d'une autre espèce du genre ErijtJiroxylon. Dans la véritable Coca, les nervures de la feuille affectent une disposition particulière (jui donne origine à une ligne arquée de chaque côté de la nervure du milieu. On reconnaît facilement celte ligne carac- téristique de la feuille de Coca, quand on la regarde par sa face inférieure ou à la lumière. L'espèce que j'ai trouvée ])rès de l'IIuallaga ne présente pas cette singulière disposi- tion, cependant on remarque dans certaines de ses feuilles une tendance à la prendre. Les Indiens qui m'accompa- gnaient me dirent que cette Coca avait perdu ses qualités, j>arce qu'elle avait été abandonnée au milieu des bois et était retournée à l'étal sauvage. Quant à moi, bien que les arbustes de celte espèce d'Erythroxylon fussent disposés dans la forêt d'une manière qui autorisait à croire qu'ils avaient été culti- vés à une autre époque, je n'en crois pas moins que la diffé- rence que nous avons observée n'est pas duc au défautde cul- ture, mais bien à la dilférence d'espèce ; car j'ai reconnu plus lard des arbustes de Coca, abandonnés, sans culture depuis longtemps, et qui conservaient dans leurs feuilles les lignes arquées caractéristiques de la Coca que consomment les Indiens. Enlin, la Société impériale d'acclimatation désire obtenir quelques renseignements sur le principe actif de la Coca, ou cocaïne, (ju'on dit avoir été extrait par un pharmacien de la Paz, en Bolivie. Je dirai, à propos de la cocaïne, qu'au commencement de l'année 1859, le naturaliste docteur Tschudi, auteur de la Faune pénivirnnc, de retour de Bolivie et de passage tiLima, me dit qu'il enqiortait en Europe un échantillon de cocaïne extraite par le pharmacien Pizzi, à la Paz. Plus tard, en 1860, je reçus une lettre du docteur Tschudi avec une petite bro- chure en allemand. 11 me disait que la prétendue cocaïne s'était trouvée n'être autre chose que du sulfate de chaux mêlé à un peu de matière organique. A première vue, ce fait paraît étrange, mais je m'explique sans peine ce singulier SUR LA COCA. 703 résultat. J'ai observé déjà à Lima des cas semblables cbez certains pharmaciens, qui, en voulant faire des essais de quin- quina (C<>«c/^o?if/), ont obtenu, au lieu de quinine, du sulfate ou du phosphate de chaux. Ceci provient de ce que souvent, pour décolorer l'alcaloïde, ils le dissolvent dans un excès d'acide sulfurique ou d'un autre acide, et le font ensuite bouillir sur du charbon, tel qu'on le rencontre dans le commerce. Alors l'excès d'acide dissout une partie de la chaux ou du phosphate de chaux du charbon animal, et quand ils veulent isoler la quinine, ils obtiennent un sel calcaire, au lieu du principe organique qu'ils cherchent. Je ne sais pas quelle est la mé- thode qu'aadoptéoM. Pizzi pour extraire sa prétendue cocaïne, mais la nature du résultat qu'il a obtenu me fait croire qu'il est tombé dans une erreur semblable à celle que je viens d'indiquer. Je termine ces renseignements succincts en vous annonçant, monsieur le chargé d'affaires, que je suis à la veille d'entre- prendre un long voyage dans le sud du Pérou, voyage qui durera près de deux ans. Comme je visiterai les vallées du Carabaya, voisines de la Bolivie, et quelques-unes peut-être de la même Bolivie, il me sera facile de recueillir des renseigne- ments plus complets sur la Coca, et vous pouvez faire savoir à la Société impériale d'acclimatation que si elle croit trouver quelque utilité dans mes faibles efforts, elle peut m'adresser ses ordres dans les villes suivantes que je traverserai tour à tour dans le cours de mon long voyage : Arequipa, Moquegua, Tacna, la Paz (Bolivie), Puno, Cuzco, Ayacucho et Lima. Veuillez agréer, etc. A. Baymondi. 11. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX I I S SÉAACKS DU CONSEIL. SKANCK DU CONSEIL hV 8 AOUT 1862. ' ' Prcsidence de M. DrotVN DU Lhuys. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : MM. Bacquias (le docteur Eugène), ancien interne des bùpi- taux de Paris, à Troyes. Fattet (Georges), rue Saint-Honoré, 555. GiREAUD, secrétaire général de la Compagnie des chemins de fer de l'Est. Eagros de Langeron, sous-préfet de Nogenl-sur-Seine. NoRBERT-EsTiBAL, place de la Bourse, 12. • Plangy (le baron de), député de l'Aube, à Plancy-sur- AuIjc, et à Paris. PuYTESSON (Adolphe de), propriétaire, à Napoléon- Vendée. Bamboergt (le vicomte de), député de l'Aube, à Troyes, et à Paris. Roger, propriétaire, au château d'Anfernel, près Vire (Calvados), et à Paris. TnouREAU, ])ropriétaire, au château de Pohsy (Aube). Winckler (Edouard), percepteur, à Is-sur-Tille. - La Société d'agriculture de Corle (Corse) et le Comice agricole deBrioudesont admis, sur leur demande, au nombre des Sociétés agrégées. — Des lettres de remercîmenls, pour leur récente admis- sion, ont été adressées par MM. A. de la Buharay, Ch. La Giraudais, Roger Desgenettes et le marquis de la Romana. ~ M. le Président donne lecture d'une lettre qui lui a été adressée, en date du J 8 juillet, par M. Damas Hinard, secré- taire des commandements de S. M. l'Impéralrice, pour lui rROCÈS-VERBAUX. 70.") annoncer ([uc Sa I\l;ij(?st('' a daigné conlior au Jardin d'accli- malation les Caurales plialénoïdcs (Paons des roses), dont M. Balaille de Caycnne lui a fait hommage. M. le Président, communique ensuite une lettre du oi juillet, par laquelle S. Exe. ^\. le Ministre de la marine et des colonies lui annonce qu'il a bien voulu décider que les Irais occa- sionnés par le dépôt, dans le voisinage de la Seyne, près de Toulon, des cent vingt-trois Eponges vivantes rap[)ortées de Tripoli (de Syrie) par M. Lamiral, resteront à la charge du département de la marine. — M. le Président donne lecture d'une lettre de M. Lagabltc, de Neulchateau (Vosges), qui oflre généreusement à la Société des individus de la race si prolifique de Moutons sur laquelle il a ûryd tait parvenir de curieux renseignements puliliés au procès-verbal de la séance précédente. — Des remercîmenis seront transmis à M. Lagabbe i)Ource don, accepté avec autant d'empressement que de reconnaissance. — M. Eugène Chabrier, d'Ambert (Puy-de-Dôme), adresse de nouveaux renseignements à l'appui de sa demande d'un des lots d'Yaks disponililes à titre de cheptel. — M. Lecoq, délégué à Lyon, par une lettre du 7 aoùl, recommande la proposition de M. Donnet, ingénieur en chef de cette ville, sur le même sujet. — M. le secrétaire communique une lettre de M. le docteur Turrel, qui annonce, à la date du "21 juillet, l'arrivée à Toulon d'un convoi d'animaux de la Guyane oli'erts à la Société par notre dévoué confrère M. Victor Bataille. Cetle collection, qui ne comprenait pas moins de trente-deux animaux, est la trei- zième que la Société doit à l'inépuisable générosité de M. Ba- laille. Malheureusement un certain nombre de ces animaux ont encore, comme dans les expéditions [irécédenles, péri pendant la traversée. — M. le Président présente un Rapport lédigé par M. Pierre Piebot, sur l'exposition de Chiens qui vient d'avoir heu à. Londres. (Voy. au Bulletin.) — M. le Président dépose une note, extraite par M. Eiédéric Debains du journal le Jardin zuologiquc de Frtutcfori, sur T. IX. — Août 1862. ^5 70l) i^UClÉTÉ IMPÉr.îALE ZUULUGIQUE D ACCLIMATATION. la (lurco de la portée chez les diftereiiles espèces de Brebis. (Voy. au Bulk'tÀn.) — Don Froylan de Avala, direcleurdeîa ménagerie duBuen- Betiro, près de Madrid, adresse un compte rendu des observa- lions faites celle année sur les incubalions d'Autruches et de Dromées dans cet établissement. (Voy. au Bidhtui.) — l\. le Directeur du Jardin d'acclimatation transmet : l" Une lettre de M. Deloiiche, secrétaire de la nuiirie de la Flèche, qui lui donne d'intéressants renseignements sur des laits d'albinisme observés par lui chez les Poules de la race indigène à cette localité. :2' Un travail de M. Lerebours en réponse au Qiicslloniuiire ^ur les Galli/io'ces, qui a déjà été l'objet d'un rapport spécial de M. Bul'z de Lavison, publié au Bulletin (p. ;'6G). — M. le diicteur Saec, dans une lettre adressée à M. le Pi'é- sident, en date de Barcelone, le 25 juillet, lait remarquer le ddubleinléréi qiu' Thounne peut trouver à protéger le Moineau, le seul insectivore (jui semble tenir à lui et qui le suit presque sous son toit, ^otre savant collègue et délégué fait remarquer que non-seulenienl le Moineau nous est utile eonmic insecti- vore, mais qu'il est facile, en en dirigeant la reproduction, (\\n\ fairi; un aliment dont on tire un grand parti en Espagne, et [lartieulièrementà Barcelone, en lui procurant, sur les ter- rasses des maisons, le moyen de nicher dans des vases de terre d'où l'on enlève les petits, quand ils sont assez forts. M.Sacc assure que les Moineaux sont un des gibiers régulièrement apportés au marché de Barcelone, où l'on voit toujours de grandes cages avec deux cents à six cents individus vivants. — M. de Beauvoys, qui s'occupe avec tant de succès d'api- culture, envoie, de Seiches (Maine-et-Loire), deux Notes ren- fermant des renseignements, l'une sur le Pic vert, (jue notre confrère regarde comme un animal nuisible et un redoutable adversaire des Abeilles, dont il perfore les ruches; l'autre, sur des movens de destruction des serpents venimeux, — M. le Président donne communication d'un llapport qui lui a été présenté par M. Eugène Lamiral, sur la mission qu'il vient de remplir, dans le but de tenlei' un })remier essai d'ac- rnocÈs-VEUBAUX. 707 cliraaîalion des Eponges de Syrie sur les eùîes de la Méditer- ranée. L'accomplisscmenl de celte mission préseritaif des difïi- cullés noml)reiisesqiicM. Lamiralest parvenuà surmonter, el, grâce à ses persévérants efl'orls, la Société îpossèdc en ce mo- ment cent vingt-trois Eponges vivantes des diverses espèces de Syrie, placées dans les meilleures conditions possibles, sur plusier»rs points bien choisis du littoral méditerranéen, dans le voisinage de la Seyne, près de Toulon. Le Conseil vote des remercîments à M. Lamiral pour le zèle éclairé et le dévoue- ment avec lesquels il s'est acquitté de la mission qui lui avait été confiée, el à notre confrère M. Trotabas, oflicier de marine, attaclié au port de Toulon, qui a ju'èté à M. Lamiral le con- cours le plus empressé et le plus désintéressé, pour la partie de l'expérience exécutée sur nos c(jtes. Si ces Éponges ont été recueillies un peu tard peut-être, si les résultats ne sont pas garantis pour cette année, comme le l'ait remarquer M. Lamiral dans son Rapport (voy. au Bulle- tin)^ parce que les Eponges ont essaimé, en grande partie, pendant la travcrsé'e et qu'une très imjjortante proportion du naissain a pu ainsi èti'e conqiromise par cet essaimage pré- maturé, il y a lieu, du moins, tic compter sur un bon succès jtour la saison prochaine, et la Société jjeut espérer qu'elle sera dans un an en mesure de tentei", avec les reproductiices (ju'elle possède , une seconde expérience sur les côtes de l'Algérie. — M. René Caillaud t'ait parvenir une Note siu' la Pholade (Ascidia), au sujet du curieux spécimeri de rocher perl'or(3 par ce co(|uiliage alimentaire, dont il a lait hommage au Jardin d'acclimatation, et qui attire si vivement l'attention des visiteurs de l'Aquarium. (Vos. au liulletin.) — M. Vallée, gardien de la ménagerie des Reptiles au Mu- séum d'histoire naturelle, écrit, en date du 8 août, pour donner la liste des distributions qu'il a faites de Vers à soie de FAi- lante et du Ricin, ou des graines de ces deux espèces, depuis le mois de mai dernier, tant au Jardin d'acclimatation (pi'à u;i certain nond)rc depersonn.es en Franco el à l'étranger. -- M. Pierre Pichol, dont nous avons déjà comniuniqué 70S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLÎMATAïION. plus haut uu Mémoire iiiléressant, a remis en même temps à M. le Président une Notice sur l'introtluction du Ho/j/hi/x Cijnthia el la propagation de l'Ailante en Paissie (voy. au Bul- letin)^ et sur la création d'('lablissements spéciaux dans le Caucase pour le dévidage à la façon européenne des cocons du Ver à soie du Mûrier. — M. le docteur Berg, notre délégué à Saint-Denis de la Piéunion, adresse de cette colonie, à la date du 9 juillet, la première partie d'un travail intitulé : « Des insectes herbivores de l'île (Je la Bn/nion, et particidièrement de ceux qui enva- l/issent la Canne à siurc. » Notre zélé collègue s'occupe de l'inslilulion d'un Comité d'acclimatation dans notre colonie, et il espère que nos rela- tions, devenues plus faciles avec l'île de Madagascar, nous feront participer procliaincment aux immenses richesses natu- relles que renferme celle île. — Des remercîments pour les graines de Vers ta soie du Ricin et de l'Ailante (jui leur oui élé envoyées par la Société, sont adressés par diverses personnes. — M. Ueidon envoie de Mages (Gard) un écheveau de soie lilée et un échantillon du cocon qui produit cette soie, que le commerce reçoit de l'Inde, et il appelle l'attention de la Société sur cette espèce, produisant, dit-il, aux Indes, une matière très abondante, car elle est vendue à un prix relativement peu élevé. M. Pieidon ajoute ({u'il est parvenu, par un procédé qui lui est particulier, à dévider ces cocons, malgré les dilïi- cultés que celte opéi'ation, (|ui s'exécute facilement au Japon, avait présentées chez nos iileurs. Celte soie et ces cocons parais- sent identi(pies avec les produits du Ver sauvage du Chêne du Japon, de l'Ya-ma-maï, dunt la Société espère introduire prochainement en France l'espèce si précieuse, grâce aux soins de nos déîvoués confrères M. Duchesne de Bellecourt et M. Eugène Simon, ipii dé'_ià en ont envoyé l'un et l'autre des u3ufs. — Des demandes de graines de Vers à soie du Pucin et de l'Ailante sont adressées par M. Siherlh, de Strasbourg, qui veut i)Oursuivre ses expériences d'éducation avec des feuilles rP.OCÈS-YERBAUX. 709 de diverses espèces de végétaux, et spécialement de la Scorso- nère, et par M. Lecointe, d'Aigurande (Indre). — M. le Président dépose une l)rochure intitulée : « / Fe- nonioti délia generazione spontanea », extrait du journal cl Politccuico de Milan, par M. Ezio Castoldi, renfermant de nouveaux renseignements sur une découverte annoncée par M. l'abbé Giani, relative à la production artificielle des Vers à soie du Mûrier et mentionnée dans le procès-verbal de la séance précédente. (Voy. au Bidlelin.) — M. P. Ramel écrit à M. le Président, en date du 18 juil- let, pour rinfoisiier que M. le docteur Mueller, par une lettre du "Ih mai, lui annonce que la grande collection des Vignes du Luxembourg adressée par noire Société à la Société d'accli- matation de Melbourne par le TJncoInshlre, est arrivée dans d'assez bonnes conditions pour que la plus grande partie ait déjà repris. Cette lettre renferme une liste imprimée de la collection considé-rable des animaux réunis actuellement au Jardin botanique et zoologique de Melbourne. — M. Antonio de Lacerda, par une lettre datée de Bahia (Brésil), le 'iO juin, annonce qu'il a confié aux soins de M. S. Loubière une barrique conlenant des Ignames et du Riz du pays destinés à notre Société. Notre honorable confrère donne des renseignements précis sur la culture de ces deux végétaux, et fait connaître ses généreuses intentions d'envoyer successivement à la Sociét»' un grand nombre d'autres pro- duits naturels de ces contrées. (Voy. au Bulletin.) — M. le Président dépose la collection complète du journal publié par la Société anglaise Cotton supph/ Association, et divers autres documents sur la cullure et la production du Coton qui lui ont été adressés par M. Sutlon, secrétaire de cette association, sur la demande qu'il en avait faite à M. Bazley, membre du jury international à Manchester. M. le Président rappelle, à celte occasion, les démarches actives faites par la Société, pour être tenue au courant de tout ce qui se rattache à cette importante question, sur laquelle elle recueille chaque jour quelques nouveaux documents, ainsi (jue le prouvent cet envoi et la suite de la correspon- 71.0 SOCIÉTÉ IMPÉrJALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMATATION. dance, qui renferiniî on cQoL les commi]nic;Uions suivanlcs : l" Un (3xir;ul ilu journa! auslralicn Ycoman and Austra- lian Acdimatisor, par M, P. Uamrl, sur une espèce de Coton- nier duPéroU; qui donneun produit extrêmement remarquable (Voy. au Bulletin.) T Une Note rédigée par M. A. Dupuis, sur les maladies du Cotonnier et les insectes qui nuisent à cet arbre. (Voy. au Bu lie lin). ?>° Un extrait du Moniteur uniccrsel du 31 juillet, sur la culture du Colon à l'île de Cuba. /i" Une lettre de M. le docteur Venancio Soler, de Manresa, près de Barcelone, indiquant les publications espagnoles faites sur celle question. 5" Les numéros du -2h el du 57 juillet dernier du Moniteur i/n/ustrief, renlerniantde très intéressants articles surle mémo sujet. " ■ ' — M. Emile Colpaer!, qui a bien voulu déjà remettre à M. E. de Lesseps, ministre de France à Lima, divers docu- ments sur la Coca du Pérou, dont nous avons r(uidu compte, adresse à M. !e Président, en date de Cuzco, le 9 jnin iS6:>, une lettre par la(|uelle il lui annonce (jue, se conCormant aux instructions si précises de M. le docteur Gosse, publiées dans nos Dullelins, il expédie à Lima deux petites caisses renfer- mant, l'une des graines très fraîcbes, et l'autre déjeunes plants de Coca emballés avec le plus grand soin, malgré la presque certitude qu'il a que ces plants n'arriveront pas à bon port, mais afin de donner du moins une idée de ce végétal à l'âge de six ou sept mois. (Voy. au Bulletin.) A la lettre de M. Colpaert est joint un Mémuire sur le mode de culture de cette plante au Pérou. (Voy. au liullctin.) M. Dupuis fait parvenir en même temps que la Note précédemment mentionnée sur les maladies du Cotonnier, un travail intitulé : L'Ailunte (ilan-luleu.r, notice sur sa eullnre. (Voy. au Bulletin.) —■ Des Rapports accompagnés de dessins, faisant suite à ses nombreuses communications périodiipies du même genre, sont adressés p.ar M. Lhàerre, de Snint-llilaire (Vendée), sur rnocÈs-YErirîAux. 7 1 1 l'élat do si's ciillures de végélaux oxoliiiuos provenniil de la Société, aux dates des 19, 2/1 juillet, et 1 '' août. — M. l'abbé Noury, curé de Candé-sur-Loire, rend couiple des lieiircux résultats qu'il a obtenus dans la cultui'e du Pêcher de Tullins, par les noyaux (ju'il avait reçus de M. le Président. — M. le directeur de la pépinière du gouvernement à Constanline oITre ses remerciments pour la CDllecti(Ui de graines qui lui a été envoyée parla Société. — M. Frédéric Deliains l'ail parvenir une analyse des numé- ros d'avril el de mai du journal le Jardin zoologique i, qui n été pour ainsi dire son testament scicntilique, le code des instructions qu'il nous a laissées, M. Geoll'roy a fait revivre ces ciiations de Bulloo, de Dauhenton, de Lacé- pède, de Bernardin de Saint- l'ierre, Krançois de Aeulchàteau et d'un grand nombre d'autres auteurs qui, sans lui, seraient enfouies dans les ouvrages où elles ne sont que des lueurs perdues de la raison. C'est pourquoi ces citations, toutes remarquables qu'elles tout, ne laissent pas moins tout l'honneur de racconq">iissement de celte très grande cliose, qui s'appelle la Société d'accli- niatalion, à M. Geoli'roy Saint-iiilaire, et en outre elles ajoutent à l'auréole de sa n-.émoireun rayon de désintéressement scientifique, une manifestation de tendresse pour sa chère Société, à qui il a sacrilié ainsi toute considéra- lion d'inlérêt el de vanilé scienlitiqne, en lui assurant une approbation uni- verselle et impérissable! Faut-il maintenant vous rappeler quelle précision, quel soin M. Geoffroy mettait à déOnir le mot arcliinalatiuii, alin de lixer et d'assurer sa place dans le langage humain et d'en tracer la sphère; comment il la dislingue de la nalnralisationc\ ûe la domesticatiun, qui en sont comme deux chapitres ou deux, embrancliemenls secondaires? Après avoir rappelé et (léveloj)pé les délinilions de ces trois mots données par M. Geodi-oy Saint-llilaire, au chapitre 11 de son livre sur la Domestica- tion et l'acclimatation des animaux, Ai. lUifz continue ainsi : Ayant élabli, et pour me ser\ir d'un mot aujourd'hui à la mode, ayant aflirmé ainsi la classilication de l'acclimatation et le langage de son école, M. Geollroy entrait dans la sphère des applications. C'est ici que de\ raient trouver place les belles notices sur l'Yak, sur l'ilé- inione, sur les Lamas et les Alpacas, sur les Antilopes, l'Oie d'Egypte, i'Au- Iruche, le Dromée, sur le grand nombre enhn d'animaux qu'il est possible de domestiquer, d'acclimater et de naturaliser en l-'rance. Ces notices sont tracées avec toutes les couleurs du pinceau de Bulibn, et souvent avec une vérité et une sévérité qui n'étaient pas du temps de cet illustre naturaliste. Tuis, pour compléter son a?uvre et ne lui laisser rien d'inachevé, M. Geol- lroy passait aux objections qui étaient faites à l'acclimatation ; car, il faut le dire, l'acclimatation, dont il semble qu'il suffise d'annoncer le but et les pré- tentions! l'acclimatation, qui ne vise qu'à procurer à chacun de nouvelles jouissances, plus de ressoiu'ces aux classes pauvres, plus de plaisirs aux riches, plus de richesses à la patrie commune ! l'acclimalalion, dès la nais- BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 715 sniicv' (le la .Sociélc', qui ou fui ia première c: hrillanlc exprossion 1 raccli- maîalion rcarnntra dos objections et nièaiî dos détracteurs, prôciséincnt ù cause do li favour ^ônéralo qui l'avait accuoiilio. Je ne veux pas affaiblir la parole du maître on rabrégeant! Je veux vous lire dans Touviagc même de M. Geoffroy Saint-llilaire les réponses qu'il a i^aites aux incroyables objections que l'on adressait et qui sont aujouririiui encore adressées à l'acclimatalion. C'est ainsi que, môme après sa mort, il continuera do défendre lui-même son (euvre. et qui pourrait le faire mieux que lui ! Après avoir lu quelques paragraphes des pages 2G8 et 270, :\f. \\»h reprend. Telles sont quclques-nnes des idées de M. Geoffroy sur raccliniatalion, loi est renseignement consigné dans ce livre que tous ceux qui s'inté-ressent à raccliniataîion ne sauraient jamais trop lire et relire. C'est ainsi que M. (Geof- froy a fait de l'acclimatalion une science, qu'il a créé une ('cole d'acclima- tation. Onei charme, quelle puissance no donnait-il pas à col enseignement, lorsqu'au lieu de cette froide lecture, vous pouviez entontlre la parole même du maitre, cette parole magistrale, placide, claire, sùro d'olîe-mêino, s'ocon- laiil, pormeltoz-nioi celle comparaison, l'antiquilé n'en a pas trouvé de plus belle ni do plus juste pour représenier la parole humaine dans toute sa puissance, s'écoulanî avec la plénitude et la majesté d'un fleuve de savoir grossi par une longue vie de méditation! M'est-il pas téméraire à moi d'é- voquer un pareil souvenir, et do m'exposor au roprorhe secret que peut- être chacun de mes auditeurs mt; fait en ce momenl d'oser parler à la place . d'un pareil homme? Ne voyez, niossieurs, dans colle audace qu'un témoi- gnage de mon pieux respect envers noire maître commun. Le lieu où nous sommes, ce beau jardin, œuvre aussi de M. Geoifroy Saint-llilaire, réalisa- tion et couronnement de ses doctrines, raconte et racontera mieux que toutes les paroles, le mériie cl le bienfait de ce grand liomm.'de bien et de sa\oir. Je n'ai prétendu, en vous entretenant aujourd'hui, à d'autre mérite qu'à celui d'un acleur chargé de la récitation de l'œuvre d'un grand écrivain ; heureux si j'ai bien récit(' quelques pages 0.s de Phuek mnttai. Lettre aJusstf jar M. de Castelnau, à M. le Président de la Société ■impériale d'accliriiatation. Bangkok, 27 féviier iSQ'î. Monsieur le Président , J'ai l'honneur d'adresser à la Société un végétal dont l'acclimatation pourra, je l'espère, oITrir d'imporlants résultats. Le Ptmetimaliai, dont je vous adresse cinq pieds, est, si je ne me trompe, une liliacée; il forme une partie importante de la nourriture des habitants du Laos. 11 croît dans les lieux sablonneux et surtout dans les montagnes, et donne, dit-on, quatre récolles par an. Ces tiges, étant hors de terre, ne présenteront pas les difficultés qu'ulTre l'extrac- tion de l'Igname. Je les adresse à M. le consul de France, à Singapore, pour qu'il les fasse passer à la Société. Veuillez agréer, etc. F. de Castelnau, Consul de France. Envois d'nuinmux vivants des j^ntilles. Extraits de lettres de M. Vauchi:i,et adressées a M. le Directeur du Jardin d'acclimatation. l'.asse-Tcn-c, le 23 mai t8G2. Monsieur, J'ai confié à M. le commandant du transport de l'État le Fhiislère, qui a bien voulu s'en charger jusqu'à Toulon seulement, son port de deslinalion, une caisse à votre adresse et contenant des plants d'Arbre à pain {Arlucurims incisa), famille des urllcées. —Ce bâtiment est parti de la lîasse-Tcrre le 16 de ce mois. Vous aurez à faire réclamer cette caisse à Toulon. Je crois que l'intioduction en France de cet arbre, dont le fruit peut remplacer le pain, serait d'une grande utilité pour les pays surtout où le sol est humid;', même marécageux, et peu propre à la culture des céréales ou de la vigne. L'Arbre à pain cioil partout dans nos climats; il piélère cependant les endroits frais, humides, abrités du vent. Son fruil n'ayant pas de graines, il se reproduit par drageons, l'our en obtenir, il sullit de mettre à découvert quelques-unes de ses racines. Bassc-Tcrrc, le 23 juin 1S02. Monsieur, L'administration de la colonie a adressé à la Société d'acclimatation, par le transport de l'Élal la Ctrès, qui a quitté la rade de la Basse-Terre le 19 de ce mois, savoir : 1'' Une cage renfermant un l'écari que j'ai demandé à un de mes amis, M. Caillet, greffier en chef de la Cour impéiiale de cette ville, et qui s'est lait un jilaisir de l'ofl'rir ; 2" Une cage conleiianl des oiseaux. J'y ai joint pour la Société : deux paires d'Ortolans, une paire de Tourterelles du iiays (ce sont les rousses), et une paire de l'erdrix. La ctiasse étant interdite depuis idusieurs mois, et ne devant s'uuviir que le lo juillet, il ne m'a ])as élé possible de m'en iirocurer davantage. J'espère un peu plus tard vous faire un envoi plus im|iortant. '?>" lue petite boîte de fer-blanc que j'adresse au Jardin d'acclimatalioii, elqui contient des graines de : 1" Gombaut musqué {Abehnosetius liibiscus). Inilépeiidamment du par- FAITS DIVERS. 717 iirn de la gi-iuiif, on puni tirer parti de i'écorce pour la liliturc. 2' llerljcs puantes (de la famille des léafiimineuscs). La c;i-aine, torréfiée, moulue et prise en infusion, a du rapport avec le café. On lui attribue des vertus contre l'asthme. ;>' riamboyaiit {l'ohicidiui renia) : cet arbre a été importé de Bourbon, i" Tabac de la Havane : ces t;""aiiies ont été rapporlécs de Cuba par un de mes coliép;ues. 5" Acajou de Saint-Domingue {Swictenia maharjoni) . G' IJois noir (famille des Acacia) ; on l'emploie ici pour le charronnage. Enfin quelques Pois de Sainte - Catherine : ces haricots sont excellents et rapportent considérablement. J'ai joint à cet envoi un peu de terre que j'ai ramassée dans les hauteurs de Malouba. Je vous serai obligé de la faire analyser, et de me dire si l'on pourrait en tirer parti. Vous connaissez les Antilles, et pouvez par conséquent m'indiquer ceiiui pour- rait être utilement envoyé au Jardin d'acclimatation. Je me ferai un plaisir de satisfaire vos désirs, par l'entremise de l'adminislration. Je vous prie de me faire savoir si vous avez reçu la caisse de plants d'Arbre à pain {Artocnrpus incisa), que je vous ai adressée par le vapeur de l'État le finistève, et de me dire en même temps dans quel étal sont arrivés les oiseaux. Signé Vauchelet. Gnvoi!^ tic li^rainci^ Lcllrc adressée par M. A. de LACEiiDA a M. le comte de .Sisktï, secréldirc de la Société impériale d'acclimatation. Balua, le i'jjuillel ISîli. Monsieur et cher collègue, j'ai l'honneur de vous annoncer que j'envoie à notre Société, aux soins de son délégué à Rordeaux, M, Razin, des graines du Cotomiier arbre et un échantdlon du produit de ce Colonnier. Ce Cotonnier demande peu de soins, et exige, pour j)rodnire beaucoup, un ter- rain sec et un clmiat où les pluies ne soient pas trop fortes ni trop abondantes. /£0 .'.CtlLTÉ IMPÉRJALE ZOOLOGIQIE D'ACCLIMATATIUN. les |;lril(iiif ] irknk'iil que In i^raiiio qui a ôlé rouvcrle et eiiduilc de liiniicr avant d'èlie ini^o rn Icrie. ddiiiif un iModuit plus beau et plus abondant. Du lesle, le teiroiM i!oit èlie follement cngraisM''. Ce Cotonnier donne toute l'année et pioduil pendant dix à douze ans. L'inlroduction de cet arbre sera d'une grande utilité j'our l'Algérie. Parmi les graines envoyées, ligurcntdes graines du l'enodo, loealilé très lélebie pour la beauté de son colon. Si la Société le désire, je puis lui fo\irnir une 1res grande quantité de graines; j'attends des graines du Cotonnier gris, espèce indigène très jolie. Agréez, etc. Sig né A. iiE Lacf.rda. Sur «lîvrvs vc-gôlaiix «le l'Ainécique. Letirc de M. he Geofroy, sccrètairr de la léija'Jon de France à Allthicfi (aiiparavaiil à Puyota), a M. le Président de la Suviété impériale d'accli- matation. Paris, le 18 juin 18Gi. Monsieur le Président, M. Carpentier, de fievv-York, a proposé deriiierenienl à la légation de l'Empereur aux États-Unis, d'acclimater en France leLocust-trce, sorte de Caroubier dont le bois, en:plojé dans la construction des navires, est l'objet d'une exportation consi- dérable des Eluts-lnis en Europe. M. Carpentier assure que notre pays possède dans plusieurs de ses parties les conditions de sol et de température nécessaires à la production du Locust-lrce, et il est persuadé qu'un essai de iransplantation de cet arbre auiait de bonnes chances de réussite . J'ai l'honneur de vous adresser la lettre de M. Car|)cnlier, et je nie chargerai volontiers de lui transmettre la réponse que la Société jugera convenalde d'y l'aire. J'ai aussi l'honneur de vous envoyer des graines de trois plantes dont le fruit est bien connu de tous ceux oui ont habité la cordillère de l'Amérique du Sud, et où on les nomme vulgairement Grauaditla, i'urula et Ucluiva. Les deux pieniièrcs appariiemient à la famille des Passioriariœ. La Grana- dilla {llaravvja des brésiliens) veut une température de 10 à 20 degrés centi- grades. La Curuba vit sur le plateau de Logota, où la température constante est de 13 à 1.") degrés centigrades. L'i'cliuva est, je pense, unesolanée, croitdans les mêmes conditions que la Curuba, et i)roduil des baies semblables à une petite tomate, dont on lait à Bogota d'excellentes contitures. La Granudilla et la Curuba donnent lui fruit délicieux qui se mange frais. L'acclimatation de celle-ci pouirait être lenlée dans le nord et les parties Iraiches et humides de la Erance; la Gra- nadi'da réussirait mieux dans le midi et en Afrique. Veuillez agréer, etc. Signé L. de Geofroy. V. CHROKÎÛUE. Extrait du Yeoman a^d AUSTRALIAN ACCLI.MAtiser (Melbourne, 24 mai 1862). Le Coionjiicr du Pérou (Poniiinn Colion-lrce). Par M. P. r.AMEL. Un nouveau végétal qui donne du coton, a tout ri'ccnnncnt alliré l'anon- lion de la plupart des États-Unis d" Ann^ique, où la variété connnune du Cotonnier herbacé ne peut pas èlre cultivée. Ce nouveau végétal est le Gossijpium arboreum de Linné. !i croit spontanément au lérou, en Bolivie, au Cliili, et on le trouve à des altitudes qui prouvent suflisammenl qu'il n'exige pas la température chaude, indispensable à la végétation du Colon ordinaire herbacé. INous pensons que c'est justement l'espèce de Colomn'er qui convient à notre colonie de Victoria, et nous espérons que M. Dullield, (jue Ton attend en octobre prochain ;necun troupeau d'Alpacas. nous rapportera des graines de ce végétal. U serait peut-être ijon que la Société d'acclimatation l'en priât. Nous avions déjà appelé l'attention publique, il y a quelques mois, sur cette variété de Cotonnier; mais nous avions besoin d'une cooiirmation des faits avancés qui nous semblaient exagérés. Le Californian Former du 17 janvier 1861 s'est chargé de le l'aire, et nous ne trouvons rien de mieux que de mettre sous les yeux de nos lecteurs la longue notice de M. Kendall, qui a introduit avec le plus grand succès dans le ^laryland le Gossypium arboreum. Voici les comptes de M. Kendall : « En admettant pour le Cotonnier du Pérou la même so-iime annuelle de Irais, tant pour la culture que pour les soins exigés par le Coton herbacé (ce qui est exagéré), un bon agriculleiu', un bon fermier (a good farni handj, pourrait cultiver une plantation de six acres qui lui prendront seulement six mois de l'année en préparations du sol, plantage, culture et récolte. » Ce qui représente, à raison de 12 dollars par mois. . 72 doll. » Logement, nourriture, à raison de 10 doll. par mois. . 60 132' doll. '■' Le minimum du rendement d'une acre de ce Coton, quel que soit le sol, serait en moyenne de 1000 livres (/i50 kilogr.) par acre; soit 6000 livres (2700 kilogr.) pour les six acres (2 hectares /lO) : Ce qui donne, à 10 cent, par livre 600 doll. A déduire pour nourriture, logement, etc 132 lîeste comme produit net Z|68 doll. ou 78 dollars par acre (en nombre rond 1000 francs à l'hectare). » iJans cette appréciation des dépenses on a compris tous les frais, tant ceux de rente pour la terre que ceux d'engrais, labours, charrois, usure d'outils, etc., d'après les bases admises généralement dans le Sud pour la culture du Coton herbacé. T. IX. — Août 18(J2. /l6 722 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOCIQUE D ACCLIMATATION. » ^Uiis comme, (raprt's ce qtio je sais, le Colonnier arbre est capable do. rendre -OdO livres de colon par acre, et cps'il peut croître, planté le loni:îdes cliemins et dans tons les coins négligés, ce n'est pas trop hasarder que de dire qu'on pourra compter sur une récolle augmentée de 50 pour 100, et cela sans diminuer sensiblement l'ensemble des produits du sol exploité. M Le Sud se plaint toujours de manquer de bras. Les États libres ont constamiï'ent abondance de travailleurs, et par suite, du travail à des prix modérés. De plus, mes oi)servalions m'ont assuré, et d'autre l'ont confirmé, que le Cotonnier arbre est peu sujet à soiilirir des variations dans la tempé- rature, et qu'il est à l'abri des attaques d'une multitude d'insectes qui dévo- rent le Cotonnier herbacé. » Après avoir jeté un coup d'œil anticipé sur l'avenir, cl prédit que bientôt les rudes sommets de l'Hudson, les plaines de Jersey, les riches vallées de Keysloune-slale, comuie la prairie ondulée du Far- West, étaleront un jour au soleil les généreuses gousses du Coton, produit du travail lii)re, M. Kendall poursuit ainsi : « Ayant l'ait connaître le résultat d'une année d'éludé constante et assidue sur la culture, les qualités, le rendement et tout ce qui se rapporte au trai- tement du Cotonnier arbre, et après avoir Vimv. les détails de mes patientes observations sous un climat aussi rigoureux (pie celui de Aew-York, vous me permettrez d'allirmer la possibilitc- de la culture du Cotonnier dans les trois quarts des États lii)res, » Voici, sur mon protégé, l'opinion d'un ancien planteur de Colon du Mississippi : » Gracieux dans son pori, estimé pour son ond)re, le vrai Gossiipinm arboreuin de Linné est inappréciable pour ses riches et abondanles récol- tes. Et l'on s'étonne que l'esprit utilitaire et pratique de noire époque, si prompt à mettre à profit les recherches et les découvertes utiles des savants, ail négligé un arbre à coton qui donne d'abondantes et annuelles récoltes pendant une longue série d'années; donnant des produits dès la troisième, en plein rapport à la sixième et seplième; qui existe à 2000 milles seulement de dislance des États-Unis, qui prospère sur un sol et sous un climat en tout point semblables à ceux de la majeure partie de l'Union! M Les sauvages seuls admirent ses fleurs, utilisent ses produits, et cela de temps immémorial, c'est-à-dire bien avant que la (irèce ou Rome devînt tributaire des métiers de l'Inde, » Nous ne parlons pas del'aibreà coton de Boinéo, dont la culture sérail impraticable dans les hautes latitudes, non plus que du petit arbuste rabougri de ia vallée de Sbiraz; mais le végétal qui nous occupe, voilà le véritable arbre à colon, ruslicjue, annuel dans son produit, remarquaijlc par la lon- gueur et la beauté de la soie comme par son abondance, il fleurit en ce moment dans les déserts du Pérou, du ChiU et de la Bolivie. » Depuis longtemps 1\I. Kendall, qiu avait été appelé par sa prol'ession dans ces cun(rées. avait reiiiarqué le Goasypiicn arburcuin, et l'avail étudié; CHRONIQUE. 7'2:\ quand il eut connu sa culUiio et sa parfaite appropriation à noire soi, il rap- porta des éclianlilions du colon et des graines pour le reproduire. La soie lui trouvée égale, sinon supérieure à la majeure partie des colons des Étals- L'nis. ?da]gré ces précédents, les graines qu'il distriijua lurent négligées. « Seul, M. keiulall réussit à les taire lever, et il a i)rouvé par son succès que le Cotonnier arbre du Pérou peut être proritai)lenicnl cultivé, au moins jusqu'au /lO*^ parallèle nord. » Pour conclure, je ferai remarquer qu'il est très aisé à nos capitalistes et à nos fermiers de se renseigner sur le mérite de la plante; et s'ils donnent à son introduction la luoilié de l'énergie et des soins dont sont capables les horticulteurs du Nord, bienlùt nous produirons dans les États libres une immense quantité d'excellent coton. M Si cependant personne ne cherchait à propager celle cullin-e, j'aflirme que pour ma part je mettrai toute l'énergie et les moyens honnêtes dont je puis disposer à en poursuivre l'essai et l'étude pratique, jusqu'à ce que j'aie prouvé que la culture profitable du Colon sur un sol libre et par un lra\ail libre est tout à fait inconteslabic (1). » î^o(e S8«i* Sa «îiavét^ elo îa portée ehe:* ics eliflcE'euiC!» fspèce.'^ Par M. Hki'.ma.nn Natiieisrîs, tlu Hundislnii'ii- (Saxe). Extraite du journal le Jardin zooloQique de Francfort par M. Préd. Debaiss. Les observations faites jusqu'à ce jour (mU établi que la durée de la portée chez les animaux dcnnesliques varie suivant le régime alimentaire auquel ils sonl soumis. Je crois avoir constaté pour la première fois qu'entre indi- vidus (Piuic même espèce, celle durée varie selon la diiférence des races, quand même lescondilions du régime alimentaire demeurent absolument identiques. Ainsi, mon troupeau de Brebis mérinos est acclimaté depuis vingt-deux ans, mon troupeau de Southdowns l'est depuis douze ans. Les deux troupeaux vivent dans les mêmes écuries en hiver, paissent les mêmes herbagi's en élé, mêlés souvent l'un à l'autre. Dans les deux troupeaux, les femelles mettent bas du mois de janvier au mois de mars, et cependant la portée chez les Mérinos dure toujours en moyenne six jours de plus que chez les Southdowns. Celle différence existe aussi bien chez les Brebis southdowns récemment venues d'Angleterre que chez celles qui sont nées sur ma terre. J'ai toujours remarqué que le mâle était porté plus longtemps (jue la femelle. L'époque de la naissance esl toujours un peu avancée pour les jumeaux. J'ai croisé des Béliers mérinos avec des Brebis souihdow ns, et récipro([uo- nienl, et j'ai trou\éque les Brebis de demi-sang portaieiU en moyenne deux (1) Un s:iil la ililTércuco ilo lem|iiJi'aUire ilc nnlri,' i(';^iiiii u.L'iliU'rTni;r'i.'i;m; avec ceilo ilf.-; l';i,il>-- L'nis (l'AiiiiMiqnc. I.a loi des zones dojl Otic iiiodilkc en mùic f.i\tiir. Ihmc, d'uiiiès lu dire di; '\1. Ivendall. on |iciit sn] ]10^C1■ qun l'aiiiru à colon tnpj e.!lerail a uxim die leh i Ji;neni.< de l'hl'er p-irloni uti cruis>cnUilircnienl rOli\icr cl le l^'/ijUier. \^Sulc du IradmUtir., J'ill SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. jours (le plus que les Soiithdowiis et quatre jours de moins que les Mérinos. Brebis mérinos 150 jours 3 dixièmes. — soutlidown l/i'i — 'J — — de demi-sang I/16 — 3 — — 3/i de sang sonllidown. Uo — 5 — — 7/8 de sang soutlidown. l/i'a — 2 — Aussitôt après leur naissance, les Soutli lowns se déve'oppsnt avec une extrême rapidité. Il n'est pas étonnant, après cela, que déjà le fœtus se déve- loppe très vile dans le ventre de la mère. Dans l'intérêt de la science, je désirerais qu'il i'il ùit dans Icijirdins zoologiques des ol)servations dans le genre de celles-ci. liiti'odaietSoBi «lu ISo3iiE>;» .1 de IMiiante en iSu$>sie. Exilait de la Gazelle de Moscou par M. P. Piciiot. La Gazette de Moscou, rend comiite d'une séance tenue le 18 mai dernier parleComité si'ricicole de la Société d'agriculture de Moscou, pour faire con- naître les nombreux elîorts du comilé rn vued'inlroiluire en lîussie h; Ver à soiede l'Ailanle ou Frêne du .lapon. Le directeur du comité, AI. VlaslolT, a annoncé que les mend)res absents dans les déparlemenls méridionaux, inaiii- l'estent une sympathie parliculière pour l'acclimatation de l'Ailanle et pour l'élève du Ihymhtjx Cijnthia. Le général Bruno, demeurant près d'Odessa, a déjà ol)leiiu Tannée passée des cocons de Cyntliia dont il oITre des graines aux propriéiaires du midi de la lUissie an prix d"un rouble le zolotnik. La Société d'économie rurale d'Odessa a inséré dans ses Mémoires une Notice sur l'Ailante et le Cyulbia, écrite par un de ses membres, le conile D. Oslen- Sackcn ; et M. l'alimpseslolF, rédacleur de ces niémoires, a ajouté à cet article des observations sur rulilil(' delà cullure de l'Ailanle dans le Midi, non-seulement pour la nourriture des Vers à soie, mais aussi sons le rapport économique. L'inspi'ction supérieure de l'écononiie rurale dans le midi de la l'iussie a envoyé des planis d' Aiantc pris dans les pépinières d'Odessa et de la Bessa- rabie, dans les gouvernemenis de i'ollava, Tcbernigoll', kliarkoff, Voronese, Orcl et Mobilell. Deux cenis planis ont éié reçus à l'école séricicole de Moscou, de sorte qu'on pourra, descelle année, l'aire des observations sm- le succès de l'acclimitaliiin de l'Ailanle par la IrausplanliUion. Le dire leur ayant ap|)elé l'allcnlion du comité sur la nécessité d'écarter les difficultés que les propriéiaires peuvent rencontrer pour le débit des co ons de Cynihia, on a résolu de pn'venir Irs [)ropriélaires du Midi (ju'ils p;)uvaienl envoyer les cocons en cumnn'ssion aucomilé de Moscou et de prier la Société d'économie rmale d'Odessa de trouver un commissionnaire pour faire la venic des cocons à l'étranger, en allendant «pi'on apprenne à les dévider en iUissie. l'armi les cn\ois d'Aiianle, on remarque entre autres celui de deux cents plants pour Karlovka. propriété de S. A. '. M-'Ma grande-ducliesse Hélène, CHRONIQUE. 725 dans le gouvcrneiiiem de Poltava. i\l. Caralclikofî écrit que dès la fnndaIio;i du Comité d'acelimalalion à ttrcl, il s'est occupé de PAilaiite, don! il y a h Orel pii's de cinq cents buissons ; il ne périt pas en hiver, et l'on pourrait faire des essais avec le Cynthia, si l'on avait de la graine. M. Bogdanolla dit que, conformément au d(''sir du comité, il s'est adressé aux acclimatateurs de France, en les priant d'envoyer à Moscou des œut's de cette espèce, et qu'il a déjà re(;u douze cocons de ce Ver, de î\l. Pierre l'idiot, rédacteur de la /Jeywi" hritanvique, qui est membre du Comité d'acclimatation de Moscou, et qui a, depuis, envoyé encore de nouvelles graines. AI. le lieutenant-colonel Colson, attaché militaire à l'ambassade de l''rance à Saint-I'élershourg, a porté lui- même ces cocons à Aloscou, et leur a donné tous les soins possibles. Le comité, en témoignage de sa reconnaissance, a nommé M. i'ichot son chargé de pouvoirs à l'aris et a décerné au colonel Colson le tilre de membre efleclif. Pholadi-s OH Daîls. Par M. r.ené Caillaud. Dans le bassin n" 12 de l'Aquarium du Jardin d'acclimatation, on remar- que parliculièremenl une pierre à l'holades, envoyée par M. René Caillaud, qui s'occupe avec un très grand succès de travaux pratiques de pisciculture marine et thiviatile. Au premier coup d'œil, celte pierre ne paraît qu'une simple pétrification ; mais si on l'examine plus attentivement, on aperçoit un trou fort petit : c'est par là que le coquillage s'est introduit, il ne faudrait pas, néanmoins, juger de la petitesse de l'animal par celle de l'ouverture • chaque individu acquiert une longueur de 10 à l'J centimètres. Voici la description que M. René C lillaud en a domiée. « La l'holade {Àscidia), vulgairement appelée i)a?7, est une coquille bivalve, oblongue, de couleur blanchàire, dont la forme rappelle celle de la Moule. » Elle perce le bois, l'argile et la pierre pour scloger, se mettre à l'abri de ses ennemis, ou se défendre contre la fureur des flots. » Cette l'.iculté de pénétrer dans les corps les plus durs, unie à une appa- rence de stupidité, a été de tout temps lui sujet d'étonnement pour les phi- losophes et les naturalistes, » C'est dans leur très jeune âge que les Pholades commencent à attaquer le corps qu'elles ont choisi pour se creuser une demeure. » Dès qu'elles ont pu en entamer la surface, elles parviennent bientôt à s'établir connnodément à l'intérieur. A mesure qu'elles grandissent, elles fouillent plus profondément et rendent plus spacieuse l'éternelle retraite qui deviendra leur tombe, comme elle a été leur berceau » La l'holade n'a cependant, pour accomplir ce travail d'art, de patience et de persévérance, (pi'une sorte de langue charnue, large, molle, quoi- qu'un peu rugueuse eu dessus. C'est là, joint au mouvement de son test, l'uni- que instrument de taraudage que les observations aient permis jus([u'à nos jours de lui donner. 720 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfrlQUE d'aCCLUIA TATION. » Mais Tapplicalioa récenle des aquariums h la ddcouve rte des sccrels df la nature conduira procbaiacuient la science à des délinitions plus sûres, et notamment à savoir la vérité complète sur la Pholade, comme sur les autres perforants dont les talents merveilleux, inspirent tant d'intérêt. » Lue l'ois terminée, la cellule mystérieuse ressemble assez à une pipe à i'umer, dont le tuyau représente le canal par lequel l'hahitant est entré. » Les Plioiades sont pourvues de deux ouvertures qu'elles peuvent allon- ger ou raccourcir à volonté, en forme de trompe, et d'où elles font jaillir l'eau, a l'appruclie des visiteurs importuns ou dangereux. Elles sécrètent en outre une liqueur phosphorescente qui répand une lueur vive dans l'obscu- rité, et communique la même propiiété à tout ce qu'elle atteint. Miroir trompeur, piéqe séduisant, cette lumière attire l'abondance chez le soli- taire, aux dépens de la curiosité ou de la coquetterie qui, le croirait-on, pénètrent même an sein des mers. » On trouve parfois des rochers entiers perforés par ces animaux en tous sens et d'où ire en outre. » C'est près d'Aucune, en Italie, et surtout en France, sur les côtes du h" arrondissenîcnt miu-itime, entre i'iocbefort et les Sahles-d'Olonne, que Ton voit le i)lus de Plioiades, et aussi les plus i)elles et les meilleures espèces : entre aulres, la Pholade dactyle. » La pierre à base d'argile est préférée par la Dactyle, dont la taille maxi- mum, sous notre climat, varie entre 15 et 18 cenlimèires de longueur, sur 5 et 7 ccnlimètrcs de diamètre. » La Pholade est un comestible très délicat et fort recherché, principale- ment celle qui vient dans la glaise. Mais on comprend que la récolte de ce coquillage soit difilcile, puisqu'il faut briser sa caverne habituelle de roc, de granit, i)Our l'en extraire. Connue il ne se rencontre, en général, que sur les fonds que la mer laisse rarement à découvert, on doit déployer une activité et une force considérables pour en recueillir une cerlaine quantité. » Le pêcheur se sert de pics de fer, avec lesquels il frappe à coups redou- blés. Ouelle que soit sa gourmandise ou son ardeur, il es! promptemcut fatigué et mis à bout. » Le banc rocheux sous-marin d'où le bloc du Jardin d'acclimatation a été retiré repose près de la lîochelle. Ilolfre le spectacle intéressant d'une per- foration coulinue, à un mètre de profondeur, sur une étendue de près de 10 hcclares. Au momeni des syzygies é([uinoxiales (jui, chaque année, met- tent ce plateau à sec pendant une ou deux heures, on voit souvent trois à quatre cents travailleurs rangés en ligne serrée, et piochant à l'envi pour arracher le précieux mollusque. » l/accliniatation vn Ikastralic. Par M. ViE\\OT, Rôdacloiir au ministère Je» affaires étrangères. Depuis que la i>ers(h'érance de M. Edouard Wilson a inauguré les procé- dés de l'acclimatation à Melbourne, son exemple a Irouvé de nombreux imita- CHRONIQUE. 727 [eiirs. Lu propiii'laire de Aevvtown, !\!. Ilolt, a mis h la disposition de ia Société d'acclinialaiion de Victoria un parc de 1 20 acres, clos de murs et ollVant l'ensemble d'eaux, de pâturages, de plantations et de bâtiments requis pour que les essais y aient lieu dans les conditions les plus favorables. Le docteur George Bennett, membre de la Société royale des arts de Londres, dans un discours prononcé à Sydney, a fait ressortir le grand inté-i-êt qu'auraient ses concitoyens de l'Australie à s'approprier les tentatives d'accli- matement d'espèces nouvelles qui se poursuivent en Europe, et qu'ils pour- raient imiter avec d'aulant plus de cliances de succès que les conditions de climat sont très analogues et qu'ils profiteraient de l'expérience déjà acquise par leurs devanciers. Nous croyons devoir extraire de ce travail quelques détails intéressants sur les emprunts réciproques qu'auraient à se faire les deux hémisplières opposés. Comme le fait remarquer tout d'abord M. Bennett, nulle région, plus que l'Australie, n'est redevable à l'acclimatation de ses principales ressources alimentaires et de ses articles d'exportation les plus importants. Sans l'accli- matalion, au lieu de former une population ricbe, réunie par milliers dans de florissantes cités, les babitantsde ceconlinent vivraient comme les anciens aborigènes, à l'état de misérables nomades, se nourrissant de racines on des produits de la cbasse et de la pècbe, vêtus de peaux d'Opossum et de Kan- gurou. Il a fallu que les premières générations de colons fissent venir de leur pays natal le gros bétail, les Moutons, les Chèvres, les Porcs, les Chevaux et les Anes, et jusqu'aux volailles de leurs basses-cours; le Froment, l'Orge et les autres céréales de leurs champs; les Glioux , les Navets, les Carottes et légumes divers de leurs potagers , de même que les arbres fruitiers de leurs jarcUns, tels que Pommiers, Poiriers, Pêchers, Orangers, etc., et !a Vigne, qui produit une récolte de vin aboiidante. Déjà les jardins botaniques ont servi à propager une foule d'espèces végétales d'ulililé ou d'ornement qui manquaient à l'Australie. 11 s'agit de suivre l'impulsion donnée récemment par la zoologie appliquée, pour faire de nouvelles conquêtes sur le règne animal. A cet égard, M. Bennett, qui a étudié soigneusement les établissements modèles de Paris et de Londres, fait une énuméralion circonstanciée que nous allons abréger. Parmi les races bovines, il propose d'introduire les Bœnfs domestiques de Bali et de Lombok, bœufs de grande taille, à peau fine et à formes gra- cieuses, rappelant celles de l'Antilope. i;inde et l'archipel de la Sonde four- niraient d'autres variélés à l'état sauvage, entre autres le Sapi de ^ialacca, dont la chair serait, d'après les voyageurs, d'un goût exquis. L'orateur n'a pas manqué de recommander la naturalisation de l'Vak en s'autorisant des heureux essais faits en France. On sait que les laines de l'Australie, d'un prix de revient moindre que celui des laines d'Europe, leur sont inférieures en qualité. Atinde les amé- liorer, M. Bennett croit qu'il y am-ail lieu de tenter des croisements avec les espèces ovines sauvages de l'Inde, dont le Jardin zoologiqne de Londres 7'28 SOCIIÏTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. possède une paire provennnt du Pendjab {Ovis cijcloccros). qui s'est très bien iniilliplirM:" en captivité. Ces Montons sauvages difTèrent de leurs congénères domestiques en ce qu'ils olFrent une laine ])eaucoup plus frisée. Le profes- seur Owcn remarque que lesScytliesde la liante Asie et les patriarches des plaines de la Mésopotamie, premiers peuples pasteurs dont Tliistoire sacrée et profane fasse mention, habitaient précisément les régions où se trouve encore en p'us grand nombre l'Argali {Ovis ammun), qui semble avoir été la souche primitive de nos races européennes. L'Australie doit à M. ITenry Moore fimporlalion de plusieurs spécimens du Mouton de Shang-haï. La toison decetic espèce chinoise a l'avantage d'être d'une blancheur parfaite, et la femelle met bas deux fois par an, donnant à chaque portée quatre ou cini( petits. Trois Brebis ont produit à Londres, dans l'espace d'un seul printemps, treize agneaux. M. Benneit signale encore à l'attention de ses compatriotes la précieuse race de Mérinos Mauchamp, créée par M. Graux. (îràce aux elforls soutenus de M. Ledger, qui y a consacré vingt-quatre années de sa vie, l'acclimatation de l'Alpaca et de la Vigogne dans la colonie est désormais un fait accompli. Ces animaux, si appréciables sous le double rapport de ltl ra])pelle, d'après M. Ledger, que des Alpacas sont restés pendant vingt-deux jours sans boire, dans le désert d'Atacania, sur le littoral de l'Amérique du Sud, qu'ils eurent à franchir en descendant des Cordil- lières. Au nombre des liuminants susceptibles de fournir des animaux de bou- cherie, l'auteur cite encore les Antilopes et les Cerfs. Parmi les premières, dont on connaît plus de quatre-vingts espèces, tandis qu'il n'y aurait qu'une douzaine d'espèces bovines sauvages, et une vingtaine de Moutons et de Chèvres non encore domestiqués, l'yVntilope canna { Boselaphus ureas) de la Cafrerie serait également recommandable par son caractère doux et facile à apprivoiser, et par sa chair inliniment supérieure aux autres gibiers Cette espèce se multiplie très bien en Angleterre, malgré le climat froid de ce pays, (i sur di\-s('pl jeunes animaux nés au .lardin zoologique de Londres, seize ont atteint l'âge adulte. Ce bel aninial réussirait encore mieux dans l'Austra- lie, de mênu' que les autres Antilopes, telles que le Sprinijliuk, le Gnou, le Strcpsiceros et le Leucovjix, d'origine également africaine, et qui s'élèvent fort bien en Europe. Quant aux Ceifs, les colons possèdent, depuis cpulques années, le Daim rouge, (prilsonl laissé errer en liberté. Al. Bcnnett regarde comme étant d'introduction non moins facile le niagnifjquc Cerf wapiti {Ccrras canadensis), (|ui surpasse tous ses congénères par sa taille et parla dimension de ses bois, luqjpelons ici qu'à la dilférence de l'Antilope, le Cerf perd cet appendice tous les ans: ^\. Callin assure avoir trouvé au pied des montagnes Bochenses une rainure de ]]'apiti tellement grande, qu'étant dressée sur ses pointes, un homme pouvait passer dessous sans se baisser. CHRONIQUE. 729 Le Ccrims canadensis, qui se reproduit tous les ans à Loiuircs, s'est dépouillé de cornes pesant jusqu'à l(i kilogrammes. M, Bennett indique, en dernier lieu, parmi les mammifères susceptibles de s'acclinîaier avec avantage, le Sanglier d'Europe, le i^orc des rivières de l'Afrique du Sud, le Lapin de i'ologne et d'autres varii'tés de Lapins et de Lièvres, ainsi que le Castor, le Cliinchilla, et les meilleures espèces à four- rure. Dans la classe des Oiseaux, l' Australie n'a encore importé que la l'oule, la Pintade, le Paon, le Dindon, l'Oie et le Canard, avec le Kaisan commun, le Faisan doré et argenté et le Faisan ù collier. La lisledc Callinacés pui)liée par le prince de Canino comprend 3^0 espèces, dont on peut admettre que la moitié appartiennent aux régions tempérées, et seraient par conséquent de nature à être propagées dans la colonie. M. Hennett recommande |)lus particulièrement l'Autruche de l'Afrique méridional.', le Ilocco(C/r/jr c«r«?i- eulata), de l'Amérique du Sud, les Faisans de l'Himalaya (1) {Lophopho- rus, Catreus, Gallophasis), les Perdrix, Cailles et Ortolans d'Europe et d'Asie, le Canard mandarin, et le beau Canard carolin {Suminer Duck) de l'Amérique septentrionale, les Coqs de bruyère de Vluih',k Tetntogall us ou Perdrix de neige, etc. , etc. Après cette éniunération , vient celle des poissons, des insectes et des plantes récemment introduits en Europe, et que les habitants de la Nou- velle-Hollande auraient également intérêt à propager. Nous ne suivrons pas l'auteur sur ce terrain, faute d'espace, ei nous Unirons par la description de certaines espèces propres à l'Australie que le Jardin zoologique de Paris pourrait se procurer par l'intermédiaire de celui de Londres, qui en possède seul en Europe des individus vivants. Tout en faisant ressortir l'imporlanco des animaux exotiques, M. Bennett conseille avec raison d'utiliser les espèces indigènes, dont plusieurs sont menacées de disparaître par suite d'une destruction imprévoyante. Le pro- fesseur Owen, comparant les mammifères de l'Australie à ceux des autres parties du monde, assimile les h'angunms à nos Cerfs, les Phalangrrs à nos Écureuils, les Koalas, ou Paresseux, à nosSinges, les Opossums et Dasyuros ou Chats sauvages, à nos Renards et à nos Martres, les l'éramHes à nos Héris- sons, les Wouibats à nos Castors, l'.ien ne vaut la soupe faite avec la queue du kangurou. Le koala, l'Opossum, le Péramèle et le Wombat sont excel- lents à manger, ilusicurs de ces espèces od'rent aussi de belles fourrures. l'armi les oiseaux, nos grands Callinacés sont représentés parle Talegalle (Taler/alla Lathami), par le Mégapode {Meijapodius lumulus), par le Leipoa ,Leipoa ocellatu) et par une espèce de grande Outarde. Une foule de Canards, de Courlis, de Sarcelles, de Pigeons jouent le rôle de leurs analogues (1) M. Beiinoll nous apprend que le croisement ilii l'aisaji d'Enrope avec le Faisan f\n Japon, on avec le I'\ii>an de Chine a collier, opéré en Anglclerre, a donné naissance à nn liybriJe supérieur en poids el en volnnie aux denx oiseaux primilifs, et offrant nu pinmago maLfniliqiie. Des individus de cetic calégurie excitèrent au plus haut point l'inlei'èt de feu le prince Albert. 730 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. d'Europe, Tous sont d'une ressource précieuse pour la table, et l'on vante particulièrement la saveur des cuisses du Talegaile, ainsi que de ses œufs. Cette espèce s'est déjà reproduite dans le Jardin zoologiquc de Londres, où l'on a pu observer ses singulières liabiludes. Cet oiseau fait partie d'une famille répandue dans les Philippines, l'ile des Célèbes, la ISouvelle-Guinée et l'Australie, etdilTère de tous les autres groupes de sa classe. Par son allure et son vol il se rapproche du Râle, par sa siructin-e il tient des Gallinacés; mais au lieu de couver, il se contente de déposer ses œufs, au nombre d'une vingtaine, le petit bout tourné en dessous, dans un tas de feuilles sèches, d'herbes, de terre et d'autres matériaux, dont la fermentation dégage une chaleur destinée à tenir lieu de celle de l'incubation. Les œufs paraissent être pondus et éclore un à un, ci quelques jours d'intervalle. Le 'i6 août '18G0, on vit à Londres un jeune Talegaile sortir de son tas, et courir aussitôt à la recherche des insectes et des vers, qu'il saisissait avec autant d'adresse qu'un l'ouiel âgé d'un mois. Le soir venu, il s'envola et choisit pour perchoir une i)ranclie d'arbre à six pieds de terre, sans que la mère parut faire la moindre attention à sa progéniture. Deux jours après, le gar- dien vit s'agiter dans son trou un second petit, qui passa les vingt-quatre premières heures à dégager ses plumes de la membrane qui les enveloppait, et prit aussitôt après son vol. Les jeunes oiseaux grandirent si rapidement, qu'au bout de trois mois on pouvait à peine les distinguer de leurs parents. Cette perfection de déveioi)pement au sortir de l'œuf est encore un point de res- semblance avec les reptiles, M. Bennett remarque que le Talegaile avait été assimilé par erreur au Vautour, en raison de sa tète nue et garnie de poils, et de ses grands pieds munis de fortes grilles droites. Ces griffes lui servent à ramasser la terre de son nid, et sa tète dépouillée de plumes n'en est que plus apte à fouiller dans les amas de feuilles où il pond ses œufs. Un autre oiseau que sa forme avait longtemps fait classer parmi les Galli- nacés, mais qui appartient aux Percheurs {Insessores) est la Lyre (Meniira siipcrhd), ainsi nommée à cause de l'aspect extraordinaire de sa queue. Bien différent du Talegaile, il fait uu nid fermé connue celui du Uoitelet; mais en revanche ses petits naissent aveugles et hors d'état de se sustenter eux- mêmes. On n'en a pas moins réussi à faire éclore des onifs transportés à Londres, et mis sous une poule ordinaire : cette espèce, comme la précé- dente, devient rare, el M, Bennett craint qu'elle ne soit bientôt éteinte, comme le sont le l'erroquet de l'île l'hilipp, le lîàle géant {Notornis Man- ii'lli) de la Nouvelle-Zélande, et tant d'autres exterminées par d'impitoyables chasseurs, Déjàl'Émeu n'existe plus en Tasmaniequ'à l'état de domesticité. A cette occasion, l'auteur préconise l'emploi des poules pour faire éclore les œufs des grandes espèces qui n'ont pu encore s'élever en captivité. :\]. Petherick a réussi ainsi à enrichir It.' Jardin de Londres du Balœniceps rex du ]\il Blanc. Cet oiseau, voisin de la tribu des Hérons, qui pond en juillet et août, à l'époque des grandes pluies, ne fait pas de nid; il creuse simplement, au milieu des roseaux, sur les bords du lleuve ou sur un point CHRONIQUE. 731 élevé et sec, mais eiiloiin' croan, un trou dans la terre, qu'il ne prend pas la peine de garnir d'herbes ou de plumes et où il dépose une douzaine d'œul's. Après avoir vainement tenté, pendant deux années, de conserver des petits pris dès lem- naissance, M. Peiherick eut l'idée de faire cou\er des poules, et de substituer à la plupart de leurs œufs moitié de ce nombre d'œufs provenant récemment du trou du Bala>niceps. FMusieurs jeunes oiseaux ne tardèrent pas à percer leur coquille; ils coururent à travers le camp, et, à la grande détresse de la Poule, allèrent se livrer à leurs ébaîs dans une petite mare artilicielle, que l'on eut soin d'alimenter d'eau et de poissons vivants, dont ils se nourrirent, ainsi que d'entrailles d'animaux hachées en petits morceaux, qu'on y jetait de temps en temps. Quant aux œufs qu'il s'agit de transporter à de grandes distances sans faire périr le germe, M. Barllett, surveillant du Jardin zoologique de Londres, recommande de les enfermer, aussitôt que possible, après avoir été pondus, dans un intestin soigneusement nettoyé et dégraissé et séché à l'aide d'un peu de craie en poudre. On attache cette enveloppe autour de l'œuf par les deux bouts, on la suspend dans un endroit frais et sec, et quand le tout paraît des- séché, on le serre dans une !)oîle avec du froment, de l'avoine ou tout autre grain bien sec. On garnit la boite d'œufs et de grains jusqu'à ce qu'elle soit pleine, et on la garde dans un lieu alnllé de la chaleur et de l'humidité, en ayant la précaution de la retourner alternativement sens dessus-dessous. Lorsque la pouie est prête à couver, on met sous elle les œufs, après les avoir préalaiilement dégagés de leur enveloppe, qu'on détache facilement en la fendant à l'aide d'un couteau. M. Bartlett a pu obtenir l'éclosion d'œufs conservés de la sorte pendant trois mois, et croit qu'au besoin, et dans des conditions favoiables, on pourrait même outre-passer ce terme. lîevenons à la faune oriiitlioiogif[ue de l'Australie, riche en sujets propres à s'acclimater en Europe. \1. Bennett rappelle le Cygne noir, si bien natu- ralisé aujourd'hui en Angleterre, qu'il y fait quatre pontes par an, et qu'on y en a vu un individu entouré de ses petits couchés au milieu de la neige, dont la blanchem- taisait contraste avec leur sombre plumage. On élève aussi dans les volières de Londres l'Oiseau moqueur {lioirer bird), dont une espèce particulière (le Ptilonorhynchus Smithn) de couleur verte, tacheté de blanc, imite le miaulement du chat, d'où le nom d'Oiseau-chat qu'il porte dans la colonie. Deux autres espèces, le Ptilonorhynchus holosericeus, d'un noir bleuâtre soyeux, et b ChUimydpramaculata, tacheté, à cou rose, sont remarquables moins par la facilité avec laquelle ils reproduisent le chant des autres oiseaux que par les berceaux qu'ils construisent, non pour y loger leurs œufs (on n'a pu encore les faire pondre en captivité), mais pour se divertir avec leurs femelles. Lorsqu'on met à la disposition du mâle des brins do bois ou d'un vieux balai, on le voit les planter en deux rangées parallèles, légèrement recourbées l'une vers l'autre dans le haut; il décore ensuite ce berceau avec des plumes, des chilTons de couleur, des coquilles et tous les objets brillants qu'on lui fournit, en variant presque chaque jour la 732 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. distribution de ces accessoires. II appelle ensuite sa femelle pour visiter ensemble son ouvrage, et rien de plus amusant que de les voir s'y faire des mines grolesques, se rengoigeant et se dandinant, comme s'ils exécutaient une polka dans leur retraite, d"où ils sortent et où ils rentrent alternative- ment. L'absence en Australie d'arbres à écorce épaisse et rugueuse semble expli- quer pourquoi ce contineni, ainsi que toute la Polynésie, n'offre aucune espèce du genre l'ivert. l'armi les autres grimpeurs, les Riflehinh, et les oiseaux dits Begent birds, seraient d'élégants oiseaux d'ornement. On peut en dire autant des Perroquets de cette région, assez nombreux pour être répartis en qualre grands groupes, dont les espèces les plus intéressantes sont le grand Kakatoès noir, les Kakaloës à huppe rose on cramoisie ; les Trichoglosses bleus, ou Perroquets de montagne, qui n'ont pas de gésier et qui se servent de leur langue plumeuse pour pomper le miel des fleurs des Eucahjptus ; enfin les Perroquets dits de terre, qui vivent des semences des graminées des plaines. Tous ces beaux psittacésfigurenidans le splendide Allas ornilliologique de fiould, avec les l'igeons arlequins et autres Colombes indigènes, aussi remarquables par leurs vives nuances que par leur chair blanche et savoureuse. L'Australie possède en poissons la Sole et le ]\lulet, mais elle a plutôt besoin d'emprnnter à d'antres pays un supplément de richesses ichlliyolo- gi(iucs qu'elle ne serait en état de leur en fournir. On ne peut guère citer comme exception que le Glijphisodon Inocellatiis de Ciivier, digne d'être admis dans les Aquariums, tant pour la petitesse de sa taille (variable de 1 à à pouces) que pour l'éclat de l'or et de l'azur qui brillent sur ses flancs sous un rayon de soleil. Ce véritable poisson-joyau {gom'fisJi), ainsi que l'ap- pellent les colons, se rencontre, aux basses marées du printemps, dans les creux des récifs de Port-Jackson ; hors la belle saison, qui dure, connue on sait, de novembre en mai, il cesse de se montrer. 11 a été pris par M. Angas, qui en a élevé plusieurs individus, en les noiurissanl de miettes de pain et de vermisseaux, et qui en a fait un dessin gravé dans les Comptes rendus de la Société zoologique de Londres. Parmi les productions végétales de ce même continent, qui nous a donné V Eucahjptus, le Banksia et le Casuarina, nous citerons, pour terminer, l'Ortie géante des di?tricts d'illavvarra et de la rivière Clarence. Cet arbre, qui atteint une hauteur de 50 à 1 20 pieds, se pare de grappes ayant environ un pied de dimension, formées d'une multitude de fruits roses analogues à ceux de notre Mûrier. Ce gigantesque spécimen de l'ordre des Lrticées, serait une acquisition des plus désirables pour nous, à cause de la masse im'pui- sable de libres textiles qu'il oifre, et de la facilité avec laquelle il repousse en nombreux rejetons, lorsqu'on abat l'arbre pour l'utiliser. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION. Juillet. I. — L'année zoologiqiie n'est point parallèle dans sa marche à l'année végétale. Les phénomènes de développement qui caractérisent le printemps sont phis précoces chez les animaux. Dès la mi-janvier certains entrent en amour. L i ponte est en pleine activité de fin mars au commen- cement de mai. Déjà en juin elle se ralentit, alors que les fruits paraissent à peine ; et, dès juillet, on peut considérer l'année zoologique comme terminée; les phénomènes de décroissance et de dépouillement propres à raulomne commencent. Il n'y a point pour les animaux une saison intermédiaire com- parahle à l'été des végétaux. Il semhle que dans leur organisation, le mou- vement vital est plus accéléré. Dès juillet les oiseaux sont en pleine mue. Les parcs et les cours d'eau du jardin sont jonchés déplumes, phénomène com- parahle à la chute des feuilles de novembre. .\ous avons encore obtenu en juillet 923 œufs. Il a été constate que ces œufs provenaient des poules qui muaient; leur ponte est seulement pins irrégulière et se fait à intervalles de trois ou quatre jours. Il est aussi remar- quable que pendant ce mois de la mue, la mortalité des oiseaux n'a pas été plus considérable que durant la précédente, fait déjà signalé l'an dernier, et qui nous porte à penser que la mue n'a pas la fâcheuse influence qu'on lui attribue généralcmcni. II. Mortalité. — IZi Poules diverses, dont i Fléchoises, h Gampincs. Il est à noter qu'à certains moments, la mortalité porte sur telle race plutôt que sur telle autre. 1 '2 oiseaux de volière, dont 5 Perruches ondulées, l Touraco, 1 Pigeon carpophage (Java , jolis oiseaux à dos vert et au cou gris. Sur la rivière: 2j oiseaux d'eaii, dont 10 Cygnes, 3 jeunes Oies de Magellan (nou- vellement entrées), 3 Barges rouges, 3 Canards millouins. Il se contirme tous les jours que le tribut à payer au déplacement et à l'acclimatation locale est toujours le plus considérable; une fois faits à leur résidence nouvelle, les oi- seaux résistent davantage. tu. — La ponte est finie pour les Poules indigènes. Les races asiatiques continuent seules à donner des œufs et à témoigner le désir de couver. A cette époque de l'année, nous pouvons arrêter quels sont les oiseaux qui n'ont poini produit d'œufs. Ce sont les Demoiselles de Numidie, les Flam- mants, les Gru^'s, les Outardes et les Casoars. Ces derniers, l'an passé, avaient donné une panle de 3 œufs. Leur infécondité, cette année, ne s'explique par aucune circonstance nouvelle introduite dans leur genre de vie. Dans la nondjreuse récolte d'œufs qui a eu Ucu, et dont il a été vendu pour I 1 I.SO francs, il n'y a eu que 3 œiih liardê.<, l œuf double, l à double coque et très peu aplati ou ollraat quelque dilformité. Quant à h. fécondité des 7o/| SUCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. œufs, cFaprès Tcxpéricnce des couvées faites au jaidii), et d'après les reiisei- p;nemcnts qui nous sont parvenus des œufs vendus, on peut l'cslinier à moitié, c'est-à-dire que sur 100 œufs il y en a en moyenne 50 de clairs. Dans la volière ce sont les Colombes lophotes qui ont été les plus proli- fiques; mais elles cassent facilement leurs crufs, ce qui est attribué au\ in- sectes qui les couvrent et qui les excitent à se grallcr. Les autres Colombes et Colombi-gallines exotiques n'ont pas i)ondu; elles sont cependant en assez ^rand nombre. Sans doute la promiscuité dans laquelle nous sommes obligés de les laisser dans la volière pour les exigences de Texliibition, gênent leurs amours. Car il faut prendre en considération que le Jardin est autant au moins jardin d'exhibilion que jardin de production, et que les animaux n'ont pas le repos et le mystère que réclame la saison îles amours. Pendant ce mois de juillet, les oiseaux des pays chauds se sont fait remarquer par leur gaieté et la vivacité de leurs couleurs. lY. Mammifères. — Nous avons perdu un Chevrolain de Java. Il est né une Biche d'Aristote. «Quelques Anesses ont été présentées aux saillies de. rilémione; les JNilgauts et les Axis ont pris le mâle. Le troupeau de Lamas ctd'Alpacas, éloigné du jardin à cause de l'épizooliequi l'avait décimé, et qui avait été coniié aux soins de .M. j'rédéric Jacquemart, nous est revenu dans un excellent état de santé et presque doublé par les reproductions qui ont eu lieu. V. Dom. — 3 jeunes Oies de Magellan, données par Al. Pomme: 1 Dinde blanche, par AI. Delpech ; h Francolins du Cap, par M. llaussmann , consul de l'rance au cap de Bonne-Espérance ; !i Pics Epeiches , par 1\I. Gillet de Gr.nidmont; 2 Canards uidumnalis et 2 lloccos, par M. le comte deLemon, consul de France au Brésil ; 1 Paca, par M. le docteur i'edro-Jobin ; 1 Ara tricolore, par M. de Zeltner, consul de l''rance au l\iniguay ; 1 Ga/elle dorcas, par madame la supérieure du couvent de l'Assomption d'Auleuil. VI. Aquarium. — La saison chaude est moins favorable que la fi'oide à la conservation des poissons. INous avons eu une mortalité plus considérable que les mois précédents, niais pas autant qu'on aurait pu le craindre. L'épreuve est faite, et l'on peut dire que les aquariums ne sont pas d'un entretien aussi dillirile qu'on le croyait. Une grappe d'œufs de Sèche, très semblable à une grappe de raisins, mise dans l'eau des bacs, a donné des éclosions fort cu- rieuses. On a pu voir les jeunes Sèches nager en traînant leur vésicule ombi- licale; elles laissaient voir à la loupe l'os caractéristique de l'espèce. Vil. Magnanerie. — Les cocons de Vers à soie du Mûrier récoltés dans la Magnanerie ont été scrupuleusement choisis pour la reproduction. Un grand soin a été apporté dans les accouplements, alin de n'a\oir que des œufs provenant de papillons sains et vigoureux. Les œufs, pondus sur de petits carions minces, selon la coutume chin()ise, ont été recueillis en aussi grande quantité que le permeliaient les éducations. Les cocons qui n'ont pu être réservés pour graine ont été (ilés sous les yeux • BULLETIN MENSUEL DU JARDIN d'ACCLIMATATION. 735 (lu public tous les diuianchcs. Les soies grèges qui en proviennent sont d'une très belle qualité, notamment celle des cocons de Bourg-Argental, qui est d'une finesse et d'une i)lanclieur vraiment remarquables. Un nombre considôrabie de visiteurs ont suivi l'opération de la (ilalure. Le système des claies coconnières Dasril a été exclusivement emplové pour la montée des Vers. Une de ces claies, garnie de tous les cocons, reste expo- sée dans la magnanerie, afin que le public puisse juger de l'excellence de ce système. L'éducation des Vers à soie du Ilicin et de l'Allante se poursuit a\ ec succès. VIIL Jardin. — La température a été en moyenne de l/i degrés au-des- sus de zéro à 6 heures du matin , et de 2Zi degrés au-dessus de zéro après midi. Les extrêmes ont été de 9 degrés au-dessus de zéro au minimum, et de oO degrés au-dessus de zéro au maximum. La grande chaleur et l'absence de pluie ont fait souflrir le jardin, et parti- culièrement les gazons. Aussi les pluies survenues dans ces derniers jours ont-elles produit un excellent ell'et. JNous signalerons un fait qui prouve une fois de plus que les arbres résineux supportent bien mieux la déplaulation pendant la végétation qu'à l'état de repos. Ainsi, pendant cette chaleur de juillet, nous avons du, pour des rai- sons particulières, déplanter des Abies, Séquoia, Cupressus et Thuia, qui avaient de grandes pousses encore herbacées, et qui ont repris admirablement sans autres soins que quelques bassinagessur les liges dans la soirée, pendant huit jours. Ces arbres ont de 1 à 2 mètres de hauteur et ne se ressentent plus aujourd'hui de leur di'plantation. Cependant celte opération doit se faire en avril et mai plutôt qu'eu juillet, jamais pendant rhi\er. Les fleurs de la saison sont, pour les massifs : Magnolias à grandes fleurs, Céanothe, Angélique épineuse, Daturas, Pavia à épi, Hortensias, Framboisier du Canada, Genêt d'Lsj)agne, Buplèvre, Troène luisant et Indigotier. Tour les corbeilles : Dahlias, llosiers, Ageratum, Calcéolaires ligneuses, OEillets d'Inde, Anthémis, Penstemon, Sauge, Jasmin, Phlox acuminés et de Drummond, Géraniums, Erythrines, Glaïeuls, Salpiglossis, Abutilon, Uoscs trémières. Pétunias, Lantana, Canna, Delphinium et Réséda. Dans le jardin d'expériences, plusieurs iégumes sont déjà récoltés. Huit espèces de Cucurbitacées sont en fruit. La collection de l'onunes de terre va très bien, plusieurs espèces promcttenl d'abondants produits. La Tétragone donne des pousses d'autant plus abondantes qu'il fait plus sec et plus chaud : c'est une qualité qui fera admettre ce précieux légume vert dans tous les jar- dins potagers. On remarque pour leur vigueurunc nouvelie espèce améliorée de Chenopodium, bien supérieure à celle de l'année dernière, le Rhus verni- ciferu et le Solanuin laciniatum. Sous les châssis, les graines continucnl à lever, et viennent augmenter la liste des plantes doni le jardin pourra disposer à l'automne. Le Jardin a reçu : De M. Lebatteux, horticulteur et dessinateur de jardins au Mans, par Teil' 736 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Iremise de ^I. ï>roiiyii de Llui\s, une collettion d'OEillels en boutures, une Capucine à lloraison liiveiiuile, a un Lycliuis ù lleur^blancllcs doubles. De M. MucUer, de Melbourne, par l'enliemise de la Société impériale, (Jeux cent cinquante espèces de graines d'Australie. De M. de Villeneuve, quatre plantes de Sipo uwbe, plante fourragère et textile du Brésil, et des graines de l'Arbre à soie du Brésil, nommé Paineira. De M. Baraquin, deux Dioscorées, quatre Bromelia, trois espèces de graines et deu\ fiuitsde Cucurbitacées ; le tout sans aucune indication. De M. de Geolroy, des graines de Tacsoniaspeciosa, une petite Tomate, cl \c Muriici.tza occllufd. IX. Conférences. — Deux conférences sur la sériciculture ont été faites par Al. Mauiicc (iirard, professeur de sciences pbysiques et naturelles au collège Bollin, membre de la hociélé d'acclimatation, et deux sur l'ovologie et l'oologie des Oiseaux, par le directeur du Jardin. Al. le docteur llulz de Lavison. Le Jaidin a reçu en juillei 26 528 visiteurs. Le Directeur du .Jardin d'acclimalalion, r.Li'z DE Lavisojn. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. INFLUENCE DES SCIENCES NATUHELLES SU II LA PRODUGTIUN DU SUL. LETTRE ADRESSÉE A M. DROUYN DE LIIUYS, MciuLic de rinslitut , rrcskleiit tic la Suciété imi'criaie d'aiLliiiialaliuii , Pur n. ESI C H ARE» (duCaïKal). (Séance du 12 septembre 18G2. Monsieur le Présidenl, L'imporlaiice du Ijul (]uc se propose d'alleindre noire Société ne m'a pas toujours paru bien comprise j)ar lous nos agriculteurs. Voulez-vous me permellre de vous dire quelques mots à ce sujet, en remontant à notre point de départ et en indiquant des laits qui ont caractérisé nos débuts? Votre illustre et regretté j)rédécesseur, dont vous avez si bien retracé la vie, nous disait, le 20 janvier JSô/i, à (|uel la scienee ilhistrée par les Linné, les Bif/fon, les Pal las, les )) Cuvier? Il faut l'avouer, une bien faible pai'l. » Is. Geoffroy Saint-Hilaireafaitiei allusion b. l'amclioralion de nos espèces animales et à leur multiplication ; et puis le savant et dévoué professeur du Muséum d'histoire naturelle ajoutait : « Tandis » qu'on a tiré du règne végétal tant de richesses nouvelles, » ({u'a-t-on obtenu du règne animal ? Presque rien ! » En parlant ainsi, Isidore Geoffroy Saint-Ililaire voulait atti- rer spécialement l'attention de notre Société sur l'infériorilé relative de la production animale de la France, comparée à sa production végétale. Nul mieux que lui ne pouvait aborder cette importante question, nul ne pouvait la traiter avec plus de talent et d'autorité, et les ouvrages qu'il a légués à son pays et à la science des animaux le prouvent. Son but était arrêté : il voulait faire rendre parla zoologie, à l'agriculture, les services que lui a rendus la science des végétaux; noble lâche qu'il aurait remplie avec autant de savoir que de patrio- tisme et de dévouement, si une mort prématurée n'était venue l'enlever au pays et à l'admiration de tous ceux (|ui ont su apprécier la noblesse de son caractère. Lorsqu'on remonte à la cause qui a produit la dilTc- rence signalée par Is. Geoffroy Saint-Hilaire sur les progrès de notre production végétale comparés à ceux de notre pro- duction animale, on n'est pas surpris de ce résultat : tout progrès est toujours la conséquence du principe scientifique qui en est l'origine, et la rapidité de sa marche, comme son étendue, est en raison de la part que ce principe a prise à les provoquer. C'est là une règle générale observée dans le monde moral comme dans le monde physique ; et l'histoire de l'un et de l'autre ne nous signale pas d'infraction à cette loi de l'humanité. Partout où il y a absence de progrès, il y a absence de la lumière qui lui est indispensable, et partout où cette lumière existe, il y a progrès. Eh bien ! monsieur le Président, l'histoire des sciences nous démontre toute la vérité de l'opinion avancée par votre prédécesseur, jiar l'il- lustre fondateur de notre Société, (jui, sous votre présidence INFLUENCE DES SCIENCES SUR LA PUODUCTION DU SOL. 730 comme avant, lait tous ses cfforls pour remplir dignement la philanthropique mission qu'elle s'est imposée. Celui qui veut étudier la question de la science de la nature appli(|uée aux progrès de la production générale du sol, et au hien-èlre })hysi(iue de l'homme, ne saurait mieux faire que de consulter l'histoire du Muséum d'histoire naturelle de Paris (1). Cette histoire, généralement trop ignorée, prouverait à tous ceux qui la méditeraient, comhien sont peu fondées les opinions légèrement émises sur cet étahlissement, foyer de tant de lumière et de tant de gloire, et leur donnerait une juste idée « de ce quela nature peut^ et de ce que l'homme peut sur » elle », suivant l'expression textuelle de Bulfon. La plupart de ceux qui vont admirer les curiosités et les riches collections du Jardin des plantes de Paris, ne se doutent guère de la part que cet établissement a prise et qu'il prend tous les jours, non-seulement aux progrès de l'agriculture, mais à ceux des arts, de l'industrie et du commerce. Toutefois je dois dire, monsieur le Président, que la science du règne végétal, plus longtemps et plus spécialement étudiée au point de vue de ses applications à l'agriculture, que celle du règne animal, a rendu de plus importants services en faisant augmenter dans de grandes proportions la quantité comme les qualités des produits alimentaires ou industriels. Permettez-moi d'en- trer dans de courts détails pour prouver ce que j'avance. Le Muséum d'histoire naturelle de Paris ne fut d'abord, à sa formation sous Louis XIII (vers 1635), qu'un simple jardin de botanique médicale analogue à celui qui avait été fondé depuis quelques années à la faculté de médecine de Montpel- lier sous Henri IV. Il était appelé alors Jardin royal des herbes médicinales (2). Les applications de la science des végé- (1) Un savant laborieux et dévoué, M. l^. A. Cap^ a publié en 1854 un historique du plus haut intérêt sur le Jardin des i)lantes de Paris. M. L. Cur- mer a édile cette I)elle édition illustrée de portraits de l'élite des naturalistes français et de gravures sur des sujets divers d'histoire naturelle ; c'est à ce remarquable travail que j'ai emprunté la plupart des renseignements qui m'ont servi à faire cette note. (2) L'ouverture solennelle du Jardin des plantes et de ses cours fut faite par (juy de la Brosse, en 16Z|0. 7/|0 SOCIÉTÉ JMrÉlIlALE ZOOLUGIOUE d'aGGLIMATATION. taux étaient bornées alors, comme elles le furent, bien lont;- temps après, à l'art de traiter les maladies de l'homme. Un cours de chimie appliquée à la pharmacie était vm complé- ment nécessaire du cours de botani(pie lait pour les médecins. Ce cours de chimie exigeait naturellement l'étude de quelques minéraux utilisés comme médicaments; enfin, plus tard, un cours d'anatomie compléta l'enseignement du Jardin royal des herbes médicinales ; et dès cette époque l'étude des trois règnes de la nature appliquée à la prol'ession du médecin fut faite dans cet établissement. Les succès provoqués en médecine par l'enseignement du Jardin des plantes étaient incontestables ; ils auraient pu faire prévoir ce qu'on devait espérer, plus tard, du concours prêté par les sciences naturelles à l'art d'exploiter et d'améliorer toutes les productions de la création que l'homme utilise ; mais le temps de bien comprendre cette importante question n'était pas venu. Cependant le naturaliste Belon avait cherché à attirer l'attention sur ce point, un siècle auparavant, dans l'ouvrage qu'il publia sous le Litre de : Remontrances sur le défaut de labour et culture des plantes, en disant, dans ce livre, que faulte de savoir, la culture était reprochable.VA^n- culture ne devait que bien plus tard [irofiter des lumières des sciences naturelles ; elle devait perdre, comme l'a dit Is. Geolfroy Saint-Hilaire, « sou droit crahiesse, et les autres » arts devaient prendre tour à tour les devants sur elle ». Nous verrons, monsieur le Président, comment ce fait est rigoureusement exact et |)ourquoi il s'est produit. Pendant un siècle entier, depuis le connnencement de sa fondation qui eut lieu vers 1635, jusqu'à 1739, l'enseignement du Jardin des plantes fut borné aux démonstrations relatives à la botanique, à la chimie pharmaceutique, et à l'anatomie, au point de vue médical; mais un génie puissant, iUiU'on, nonnné intendant de cet établissement en 1739, comprit bientôt que l'étude de la science de la création ne pouvait être ainsi limitée. Sans négliger sa marche antérieure, il vou- lut étendre cette étude dans des proportions inconnues jus- (ju'à lui, cl l'appliquer au bien-être général de riiumanilé INFLUENCE DES SCIENCES SUR LA PRODUCTION DU SOL. 7M tout entière. On a dit de lui : Naturam omploctitur omnom. Il voulut prouver que c'était vrai ; d'accord, sur ce point, avec le grand naturaliste Linné, son contemporain, rfui 'avait avancé que la science des trois rèc/nes de la nature doit être employée à rendre la vie de riiomn/e plus heureuse et plus douce à passer ici-bas. Mais, pour parvenir à son but, pour laire du Jardin des plantes l'établissement dont il avait conçu le plan, Buffon com- prit l'insuftisance d'un seul bomme, quelle (|ue puisse être d'ailleurs l'étendue de ses capacités et de son dévouement. Il voulut être secondé par des intelligences capables de bien comprendre ses idées et de les mettre à exécution. Il appela près de lui Daubenlon, son compatriote et ami d'enfance. Tous deux étaient de Monttiard, et il n'y avait entre eux qu'une léoère différence d'âge. Dulïon naquit en 1707; son ami, plus jeune que lui, en 1716. La ville de Montbard peut s'enorgueil- lir, entre toutes les villes, d'avoir été la patrie de deux pareils bommes. Daubenton élait d('jà docteur en médecine, lorsque Buffon l'associa à sa vaste entreprise pbiiantbropique. Il s'était donc occupé de sciences naturelles, notamment d'anatomie et de physiologie, et ses études spéciales le rendaient particulière- ment apte à seconder l'intendant du Jardin des plantes pour traiter les questions relatives au régne animal. lAlais il lui manquait un aide pour faire l'étude du règne végétal dans ses rapports avec l'agriculture et l'économie domestique. Toute- Ibis cette étude était iacilitée, à cette époque, par les travaux des Belon, des Césalpin, des Robin, des TourneforI, des Jussieu (Antoine et Laurent), et enlin par ceux de Linné, qui pouvait être considéré cà juste titre comme le Buffon du nord de l'Europe. Bulfon, bien convaincu qu'il ne pouvait atteindre son but qu'en faisant bien comprendre à ses collaljorateurs les im- menses ressources que le Créateur a mises à la disposition de l'homme, voulut former lui-même lo bolanisle qu'il désirait ; et pour n'avoir pas à lutter contre la routine d'un jardinier adulle ou âgé, il clioisil un enfant de dix-sept ans. 7/j2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.IQUE D'ACCLIMATÂTTON. Cel entant, fut Andrô Tliouin, fils aîné de Jean-André Tliouin, jardinier en chef du Jardin des plantes. A la mort de ee der- nier, Buffon confia les cultures de l'établissement à son élève. Sons la direction du grand naturaliste, le jeune André rem- plaça son père avec succès, et il devint un des botanistes agronomes les plus éclairés de l'Europe. Ses élèves furent reclierchés, non-seulement en France, mais dans tout le globe, et ils faisaient rayonner partout la lumière qui les avait éclairés au Jardin des plantes. « Cayenne », a dit Cuvier en parlant d'André Tliouin, a le Sénégal, Pondichéry, la » Corse, etc., ne recevaient des jardiniers que de sa main. Son » nom retentissait partout où existait une culture nouvelle.» André Thouin envoyait annuellement en France, dans nos colonies, dans tout le globe, des graines ou de jeunes sujets de végétaux alimentaires ou industriels et d'ornement, par milliers, et il répandait ainsi les richesses qu'il obtenait lui- môme par ses cultures. Le baron Sylvestre, membre de l'In- stitut et de la Société centrale d'agriculture de France, en rendant compte des travaux de cette dernière, disait en 1810 : » M. André Tliouin contribue puissamment à accroître le » domaine de l'agriculture en répandant chaque année, au » nom du Muséum d'histoire naturelle, des graines nom- » breuses de toutes les espèces de plantes utiles cultivées dans » ce bel étabhssement. Il a été distribué par ses soins, cette » année, douze à treize mille arbres, plantes vivaces ou )) boutures, et plus de cinquante mille variétés de graines de )) plantes peu communes, pour les pépinières des départe- » inents, les jardins de botanique français et étrangers, et » pour la propagation des végétaux exotiques qu'il est utile )) d'acclimater sur notre sol. Chaque année, une fourniture à peu près semblable, préparée par MM, André et Jean Thouin, » va porter gratuitement des germes nombreux des meilleures » espèces de végétaux économiques sur tous les points de » l'empire français ; et cette mesure libérale n'est pas l'un des » moindres services que le Muséum d'histoire naturelle rend » aux sciences, elle est aussi un des moyens |Hiissants de ■0 l'amélioration agricolo » ) INFLUENCE DES SCIENCES SUR LA PRODUCTION DU SOL. 7^3 Le fait signalé par le baron Sylvestre n'a jamais cessé de se produire annuellement, depuis André Thouin, jusqu'à M. le professeur Decaisne, le digne successeur actuel des Jussieu, des Thouin, des Desfonlaines,des de Lamarck, desBrongniart, des Mirbel, etc. Peut-on s'étonner si, d'après les travaux de ces savants ou de leurs élèves, nous remarquons tant de pro- grès ol)tenusdansla grande culture de nos céréales en général, de nos plantes alimentaires ou industrielles de tout ordre, de nos vignes, et surtout dans les professions spéciales du maraî- cher, du pépiniériste, du forestier, duileurisle; et ce n'est pas seulement la production végétale qui s'est perfectionnée parla science de la nature enseignée au Jardin des plantes de Paris, les arts mécaniques et l'industrie lui doivent aussi leur part des progrès rapides qu'ils ont faits depuis la révolution fran- çaise : les cours de géologie et de minéralogie de Daubenton, de Haiiy, de Dolomieu, de Brongniart, de Cordier, de Dufré- noy ; ceux de chimie faits par Fourcroy,Vauquelin, Gay-Lussac, Chevreul, P'remy, ont contribué aux progrés des arts indus- triels de toute nature. Dans les laboratoires, dans les manu- factures de tout genre, dans les ateliers, les perfectionnements apportés aux procédés de fabrication qui, abrégeant, d'une part, le temps de la main-d'œuvre, ont fait obtenir, de l'autre, des produits mieux conditionnés, et ont permis d'en réduire les prix dans des proportions telles, que ceux qui en ('taieni privés d'abord pour cause de cherté, ont pu se les procurer, et se soustraire ainsi à bien des privations contraires à leur bien-être. On peut donc dire qu'au point de vue de la production végétale et à celui des arts industriels, le Muséum d'histoire naturelle de Paris a répondu au but proposé dans le décret du 10 juin J793. On lit, en effet, dans ce décret de réorganisa- lion, le passage suivant : « Art. 2. Le but principal de cet » étabhssement sera l'enseignement pubbc de l'histoire natu- » relie, prise dans son étendue, et appliquée particulièrement » à l'avance?Jie?it de rar/riculture et des arts. » L'enseignement du Muséum d'histoire naturelle a donc produit les plus heureux résultats en répandant la lumière sur Ihh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLÏMÂTATION. la prodiiclion végétale ol dans los arts induslriols. La science pratique des végétaux, associée à la théorie qui fait connaître leur organisation et tous les phénomènes de leur vie, a contri- bué à augmenter les ressources de nos subsistances et les richesses de notre agricullure dans des proportions consi- dérables ; mais il n'en est pas de même, tant s'en faut, à l'égard de la production animale. Cependant la science des animaux n'a pas fait défaut en France, mais elle n'a point été appliquée au perfectionnement de nos espèces animales, comme la science des végétaux l'a été à celui des espèces végétales. Depuis la lin du siècle dernier, les travaux et les découvertes de nos zoologistes ont été prodigieux. A ceux de Buffon et de Daubenton ont succédé^ de la manière la plus brillante les travaux des naturalistes Etienne Geoffroy Saint- llilaire, Cuvier, Lacépède, Duméril, Lamarck, de Dlainville, Latreille, Serres, Flourens, Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Audouin, Milne Edwards, Duvernoy, Bibron, Valenciennes, deQuatre- fa^es Blanchoard, Pucheran, Gratiolet, etc. Les progrès de la zoologie ont été aussi étendus (jue ceux de la botanique au point de vue spéculatif; ce n'est qu'à celui de ses applications à l'agri- culture que ladilTérence est tranchée : cela tient bien plus, du reste, à des impossibilités matérielles qu'à d'autres causes. Le Muséum d'histoire naturelle, en effet, n'a pu se livrer, jusqu'à ce jour, à un élevage suffisant d'animaux domestiques. Sa position, ses ressources, pas plus que l'étendue de son ter- rain, ne le permettaient; et cependant, s'il lui avait été pos- sible de faire autrement, s'il avait pu s'occuper de l'améliora- tion et de la multiplication do nos espèces animales, comme il s'est occupé de la inalliplication et du perfectionnement de nos espèces végétales, quels résultats n';iunons-nous pas obtenus pour le bien-être de nos populations, pour la richesse et la force de la France ! Toutefois, monsieur le Président, on pourrait m'objecter peut-être que, malgré les obstacles matériels que je signale, c'est au Muséum d'histoire naturelle de Paris que l'agricuhur!^ et l'industrie françaises doivent le Mérinos. Des études hireiit failcs, il est vrai, sur l'acclimatation et le perfectionnement de INFLUENCE DES SCIENCES SUR LA TRODUCTION DU SOL. 7/|5 ce type, au Jardin des plantes, ])ar le j)rofesseur Daubenlon, fit c'est bien lui qui en dota la France ; mais pense-t-on que si l'intendant ïrudaine n'avait pas facilité à l'illustre émule de Bufl'on les moyens de fonder la bergerie deMontbar, le même résultat aurait été obtenu? Cela pourrait être au moins dou- teux. La science seule, quel que soit son dévouement, ne sau- rait suffire; il lui faut les ressources matérielles indispensables à son application. Sans ces ressources, elle reste circonscrite dans les théories ; elle ne peut entrer dans le domaine des fiiils pratiques. Or, ce n'est que sur ce terrain qu'elle rencon- trera l'agriculture, et qu'elle pourra lui rendre, pour la pro- duction animale, les services qu'elle attend toujours de son concours éclairé. Ainsi donc, monsieur le Président, les progrès delà pro- duction végétale ont été activés par le concours de la science pratique des végétaux, enseignée d'abord au Muséum d'his- toire naturelle, et répandue ensuite par tous ceux qui l'ont appliquée à l'exploitation du sol. C'est là une vérité démon- trée par les faits observés non-seulement en France, mais partout où cette science a prêté son concours ; je ne dois pas négliger de dire, du reste, que les études expérimentales sont infiniment plus faciles à faire sur les végétaux que sur les animaux, surtout sur nos grands Mammifères domestiques. Celte cause a nécessairement contribué aux difficultés que les savants ont trouvées pour imiter Daubenton. Isidore Ceoflroy Saint-Hilaire, voulant suivre l'exemple de cet illustre naturaliste, et convaincu qu'il pourrait faire pour l'amélioration et la multiplication de nos animaux domesti- ques, en général, ce que les botanistes ont fait pour nos pro- duits végétaux, se mil à l'œuvre avec dévouement. 11 avait étudié et jugé le passé; il avait compris toute l'étendue des dilficultés qui s'étaient opposées aux progrès qu'il désirait, et il voulait les faire surmonter par un moyen puissant à ses yeux, par la fondai ion de notre Société. Après avoir rapi- dement esquissé l'histoire de ce qui avait été fait avant lui, ei rappelé les efforts des naturalistes qui avaient cherché à résoudre la question qu'il traitait, il nous disait encore le 7A0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATÂTION. 20 janvier iSbh : a Nous serons plus heureux, car, par » noire inslitulion même, nous aurons ce qui a manqué jus- » qu'à ce jour, l'esprit d'initiative uni à l'espritde suite ; l'eflort » individuel, l'action passagère de chacun, unie à l'action » collective et durable de tous. Hommes d'éludés, de profes- » sions, de situations, de devoirs divers, nous nous complé- » tons par cette diversité même, si bien qu'où l'on ne verrait » peut-être que l'association de quehjues amis du bien public, » il faut voir aussi celle des j'essowxes scientifiques, pra- » tiques, matérielles, que nulle part encore on n'avait songé » à réaliser. » Voilà, messieurs, où est notre force. Que peut chacun de » nous? Presque rien. Tous ensemble nous pouvons et nous » ferons. » Telle était, monsieur le Président, la conviction dTsidore Geoffroy Saint-IIilaire, telle était sa foi dans l'application de la science pratique des animaux, science dont notre Société cherche tous les jours à répandre les bienfaits. Pour bien réussir, elle a fondé un jardin d'acchmatation sur le terrain que la ville de Paris lui a si généreusement concédé au bois de Boulogne. Là les résultats de ses études expérimentales sur l'acclimatation et l'amélioration des espèces diverses des règnes végétal et animal pourront être appréciés par les éleveurs, et les bons exemples qu'ils auront sous les yeux leur seront profitables. D(^à des essais d'acclimatation de végétaux divers et de sujets des deux premières classes du i^ègne animal ont été faits; parmi ces derniers nous voyons des mammifères qui, à l'état domestique, dans leur patrie originaire, y rendent des services comme bêtes de somme d'une part, ou comme animaux industriels et alimentaires de l'autre. Tels sont l'Yak, importé de Chine par M. de Montigny, le Lama et l'Alpaca des Cordillères, la Chèvre d'Angora de l'Asie Mineure, et diverses variétés de Moutons dont les apti- tudes sont étudiées avec soin, j'en suis persuadé, pour con- naître les avantages que leur élevage peut ofTrir à notre agriculture. A rnlé de ces questions pratiquement étudiées au point de INFLUENCE DES SCIENCES SUR LA PRODUCTION DU SOL. 7/i7 vue de racclimatalion de sujets qui peuvent être utilisés avec avantage par notre agriculture et notre industrie, se trouve la question, non moins importante à mes yeux, de l'amélioration et de la multiplication des animaux domestiques que nous possédons dt'jà. Vous avez si bien compris la gravité de l'in- térôt qui s'y rattache, monsieur le Président, que vous avez soumis, il y a quelque temps déjà, à la bienveillante approba- tion de l'Empereur, le projet de création d'un établissement destiné à V amélioration des races d'animaux agricoles, éta- blissement que la Compagnie du Jardin du bois de Boulogne va fonder. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire avait signalé ce côté capital de la question dans son remarquable livre sur l'accli- matation et la domestication des animaux utiles : « Dans les » termes où la question est posée, a-t-il dit, il s'agit donc, » sans s'attacher davantage à la démonstration théorique, de » FAIRE MARCHER DE FRONT, AVEC LE PERFECTIONNEMENT DES )) RACES QUE NOUS POSSÉDONS DÉJÀ, l'acclimatation ct la domes- » tication d'autres animaux qui peuvent devenir, comme ceux- » ci, éminemment utiles. » Les agriculteurs liront de plus, avec une grande satisfaction, le passage suivant publié par M. le directeur du Jardin zoolo- gique d'acclimatation dans la brochure qui sert de guide aux visiteurs de ce bel établissement « Tel est présentement, » dit M. Rufz de Lavison, le Jardin zoologique du bois de » Boulogne. Mais pour compléter la pensée de ses fondateurs » et répondre à la bienveillance dont il a été constamment » honoré par l'Empereur, le Jardin zoologique d'acclimatation, T> sans s'écarter du but spécial qu'il se propose, veut prendre » une part immédiate dans les grands services que le règne » de Napoléon III rend chaque jour à l'agriculture française. » C'est dans ce but que l'administration du Jardin a tenté » d'obtenir, en addition à ces statuts, le droit de répandre, par » des expositions et des ventes, les animaux et les végétaux » de choix d'origine française et étrangère ; car le perfection- )•> nement des espèces déjà acquises lui a toujours paru aussi » important que l' acclimatation des espèces nouvelles; et elle » estime que transporter dans les provinces du Midi et de » l'Est de belles races bovines, ovines et chevalines qui fnnl 7^8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. » la richesse de celles du Nord ou de l'Ouest, c'est encore » acclimater. Pour atteindre ce but, les projets d'une grande » vacherie, d'une bergerie et d'une porcherie et même d'un » chenil (on se plaint généralement que les bonnes races de » chiens disparaissent) sont à l'étude. » Tel sera le complément du Jardin zoologique du bois de » Boulogne, créé, comme l'a si bien dit M. Is. Geoffroy Saint- » Hilaire, avec le concours de tous, dans l'intérêt de tous, et, )^ j'ajouterai, placé à la garde de tous. )> Si la Compagnie du Jardin d'acclimatation du bois de Bou- logne suit, comme elle veut le faire (et nous ne saurions en douter), l'exemple de Daubenton et les préceptes d'Is. Geof- i'roy Sainl-Hilaire; si, d'accord avec notre Société, elle enseigne, par une pratique raisonnée, l'art encore si ignoré en France de perfectionner les races, quels services ne rendra-t-elle pas à notre pays? Voyez, monsieur le Président, ce qui se passe; suivez les discussions contradictoires qui ont lieu chaque jour dans les journaux périodiques (dans ceux d'agriculture sur- tout), dans les réunions agricoles sur le perfectionnement des animaux domestiques , et vous verrez quelle anar- chie règne encore sur les idées relatives à ce point capital de notre industrie agricole et de notre force nationale. Les uns indiquent tel moyen rigoureusement repoussé par d'au- tres ; chacun allègue des raisons qu'il croit bonnes ; et pour mettre tout le monde d'accord, il ne faut que la science spéciale et pratique qui résoudra toutes les questions d'économie agri- cole, comme elle a résolu les questions qui se rattachent aux arts industriels. Elle seule mettra fin à ces discussions inutiles. Permettez-moi, monsieur le Président, de vous citer un exemple qui a frappé tout le monde depuis bien longtemps déjà. Voyez où en est la production de nos chevaux de guerre. On discute vainement depuis Colberl, pour arriver à un but qu'on n'atteint jamais. Le grand ministre fonda une adminis- tration spécialement chargée de veillera l'amélioration comme à la nudtiplication des races chevalines propres à nos remontes. Sauf une interruption (\m eut lieu de 1790 à 18()(j, celte administration a fait tout son possible, pendant deux siècles, pour répondre au désir des divers gouvernements qui se sont LM-LUENCK DES SCIENCES SLll LA l'UULlL'CTlON DU SUL. 7Z|i» succédé en France depuis deux cents ans, et vous allez juger des résultats acquis. En 1858, lorsque l'Empereur voulut remonter rarniée (|ui fit la brillante campagne d'Italie, l'administration des re- montes ne put trouver en France que douze mille chevaux d'escadron. Les puissances étrangères avaient interdit chez elles la vente des chevaux d'armes, et nous étions réduits à nos propres ressources. L'Empereur, frappé de ce résultat inattendu, forma une commission composée de hauts digni- taires de l'État, et il la présida lui-même aux Tuileries le 17 février 1859, tant Sa Majesté attache d'importance à l'amé- lioration de nos races de chevaux de guerre. Dans le rapport de celte commission adressé à l'Empereur par M. le chef de division des haras, le 2/1 du même mois, je lis le passage sui- vant :«.... Les ressources réalisables dans les circonscriptions y> de remonte militaire, ne s'élevantpas, au dire des agents du » ministère de la guerre, à plus de douze ou treize mille che- )) vaux de toute arme, pendant (pi il en faut ein(pu:uite-six » mille pour passer du pied de paix au pied de guerre » Ainsi donc, la France, l'un des pays qui réunissent les meil- leures conditions possibles de sol et de chmat pour la produc- tion du cheval de guerre, et qui l'a prouvé dans des tcnqis déjà bien éloignés de nous, n'a pu trouver pour l'armée, en 1858, (]ue douze à treize mille chevaux, sur trois millions de têtes que nous possédons, suivant les statisti({ues officielles. Quelle lacune pour notre force nationale! quelle calamité pour le pays ! Dans un moment où il lui fallait cinquante-six mille chevaux, il ne trouve même pas le (juart de cette (juan- tité nécessaire à sa puissance. L'Empereur, voulant remédier à un pareil état de choses , nonnna une grande et haute commission hippiijue, et il lui donna, pour président, le prince Napoléon. Dans le sein de cette réunion d'hommes les plus considérables de l'empire, la question fut traitée avec autant de zèle (jue de talent au point de vue administratif, et ceux qui ont lu les rapports publiés à ce sujet peuvent en juger. Du ministère de l'agriculture, l'administration des haras passa sous la dépendance du ministère d'État. Un directeur général fut nommé [)Our en régler la marche et eu 750 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. diriger les travaux ; de nouvelles mesures administratives bien raisonnées ont été adoptées et fonctionnent avec régularité, et certes ce n'est ni le dévouement ni le zèle de l'administration et de leur chef qui font défaut. Mais si la science de la nature appliquée au perfectionnement du cheval de guerre n'inter- vient pas, tous les changements, tous les efforts administratifs, tout louables qu'ils sont, seront inutiles dans leurs eficts ; le passé l'a prouvé depuis Colbert, l'avenir le prouvera de même. Je vous l'affirme, avec la conviction absolue que m'ont donnée trente ans d'étude théorique et pratique de la question. C'est triste à dire, monsieur le Président, mais c'est vrai, et l'on doit toujours dire la vérité à son pays, heureux quand elle peut être écoutée, et parvenir à l'autorité, qui peut la faire triompher pour le bien de tous. Vous savez, monsieur le Président, que Colbert voulut faire pour le Mérinos comme pour le Cheval d'armes; mais il ne réussit pas plus pour l'un que pour l'autre. Un siècle entier fut dépensé en vains efforts. Trudaine chargea, en 1766, le natu- raliste Daubenton d'étudier la question du Mouton et de la résoudre, et dans l'espace de dix ans, la France posséda le précieux type à laine fine. Cependant, après cent ans d'essais infructueux, on avait conclu que cet animal ne pourrait pas être élevé sous notre climat et sur notre sol. Aujourd'hui, nul pays du monde n'est h comparer au nôtre pour la beauté du Mérinos, pour son développement et pour sa multiplication. Il en serait de même du Cheval de guerre, si Trudaine avait chargi' Daubenton de l'étudiei-, de publier ses travaux et de les vulgariser chez nos éleveurs ; il no le fit pas, ce fut un mal- heur dont la France a subi les tristes conséquences jusqu'à ce jour. Et si l'Empereur n'y met ordre eil adoptant le procédé de Trudaine, nous les subirons toujours; les mêmes causes produiront les mêmes effets, nous y serons condamnés par l'inexorable logique des faits. Sans la science pas de progrés, comme sans lumière pas de clarté. Veuillez agréer, etc. 1»icil\.iu) (du Cantal), Cultivateur, à la fcnuc de Souliard (Cantal). DE L'ACCLIMATATION DANS LE NORD DE LA FRANCE Par M. Léon MAURICE, Délégué de la Société à Douai. (Séance du 12 septembre 18G2.) L'histoire naliirclh}, après avoir longtemps borné ses con- quêtes dans le champ de la théorie, s'est transformée à son tour. Elle a voulu, dans la pratique, apporter sa pierre à l'édifice splendide de civilisation que les sciences élèvent au XIX' siècle. A la voix de ces hommes dont les noms reste- ront chers à l'humanité, des Daubenton, des Geoffroy Saint- Hilaire, elle est descendue des hauteurs spéculatives où elle avait vécu jusque-là, elle s'est introduite dans nos campagnes, elle en a étudié les besoins et les ressources, et s'est efforcée, par la vulgarisation des découvertes, par l'adoption de mé- thodes meilleures, par le redressement des erreurs, d'accroî- tre le bien-être des classes agricoles. Mais parmi les diverses applications de l'histoire naturelle, l'acclimatation est sans contredit celle qui peut répandre le plus de richesses ; aussi est-ce de celle-là que nous avons l'intention de nous occuper spécialement, au point de vue du climat et du sol du nord de la France. La Société impériale d'acclimatation est trop peu connue encore dans nos contrées. Elle ne compte qu'un nombre de membres relativement bien restreint, dans les deux dépar- tements du Nord et du Pas-de-Calais, pourtant si avancés en agriculture, en industrie , et où se pressent plus de deux millions d'habitants. On n'y sait pas assez aVec quel zèle, quel dévouement, quels sacrifices de temps et souvent d'argent, ses fondateurs, les membres de son conseil et certains socié- taires, poursuivent l'anivre immense qu'ils ont entreprise. Ce n'est pas ici le lieu d'énumérer tous ces actes de générosité. 752 SOCIÉTÉ IMI'ÉKIALE ZOULUlilQLt: D'ACCLIMATATION. (}iiui (pi'il CM soit, on [)cul èlrc sur (|uc l'œuvre qui suscite de tels actes, qui se lail servir avec un zèle si puissant, ne saurait être une œuvre vaine et sans avenir. Un jour viendra, et il ne saurait tarder, où les noms des fondateurs de la So- ciété seront inscrits jiarnii les plus grands de notre temps. Pounjuoi donc, comme nous le disions en commençant, pourquoi la Société n'a-t-elle pas rencontré plus d'adhérents dans nos riches déparlements? Pourquoi a-t-il paru nécessaire à l'auteur de ce petit travail d'ajtpcler l'attention, de solliciter en (piehjue sorte le public en faveur d'une uHivrc qui ne de- vrait avoir besoin de qui que ce soit pour se réjiandrc large- mentetpartout? Deux causes surtout nous ontparu les raisons dominantes de celte sorte de froideur, l'impatience et le découragement; nous avons voulu les étudier et les combattre. Des esprits [)révenus , ou ne calculant pas sulïisamment les conditions dans lesquelles se trouve placé quiconque en- treprend une acclimatation, sont découragés ou rebutés par la lenteur des résultais. Tenant peu ou point conqde de ce ([ui a été obtenu, ils ne sont pas éloignés de regarder le but de l'ambition de la Société comme une aspiration de l'èveurs, destinée à amener tout au plus un résultat analogue à celui (ju'obtiennenl les horticulteurs en élevant à grands frais et en serre des fleurs exotiques. 11 faut du temps sans aucun doute, du temps et beaucou[i de constance pour arriver ta une acclimatation complète. Il y a tout d'abord à traverser une période de tentatives, dans les- quelles tous ne sont pas également heureux, également prompts. Après ces tâtonnements, ({ue d'obstacles à surmonter pour arriver à la vulgarisation de l'espèce introduite ! Des préju- gés à vaincre chez la plupart de ceux (jui assistent à l'expé- rience, la conviction à faire entrer dans l'esprit public, enlin, et souvent, la lenteur même de la reproduction, la nature ne se jirètanl i)as toujours à l'impatience de l'homme. Y a-t-il là de (luoi décourager, même le plus timoré ? xMais ({ue l'on réllé- chissc à l'inouïe i)auvrelé dans kuiuelle nous végéterions, si l'acclimataliou n'avait pas, dès les siècles les plus reculés, agrandi le domaine de l'homme ! Se ligure-l-on ce ({ue serait iHù l'accllmatation dans U-: miul) ])e i.a 1 iiAAci- . 7:10 la France réduite à ses seules ricliessi's ahurigèues (.'ii lail ri'aniuiaux (loiiiesliquos? Sur (juaraule - liuil espèces (lue l'Iinninie a douiesliquécs parmi les cenlaines de mille ([uilia- bilenl la surlace du globe, sept seulciuenl sont iudigùuesdans notre pays, à savoir: le Cygne, l'Oie, le Canard, lePigeoii, la Car|)e (peut-être), la Saiigsue et l'Abeille ordinaire. Nous vivrions sans le Clicval, le Bœuf, l'Ane, le Porc, la Clièvj-e, le Mouton, le Lapin, le Chien, le Cbal, la Poule, le Dindon et le Ver à soie (J)! Evidemment, dans ces conditions, l'iiomme végéterait dans l'état sauvage le plus déplorable. Et ((u'ou n<- nous taxe pas d'exagération, la science a aujourd'bui établi d'une façon aussi positive que possible tous les faits ijucnous racontons ; une fois pour toutes, nous renvoyons, pourlaplus grande partie de nos assertions, le lecteur incrédule, soit aux publications de la Société d'acclimalation, soit au remar- quable ouvrage d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Acc/imnla- lioii et doniesticatioii des aiiintmi./: utiles. Il y verra la pi'cuve de tout ce que nous avançons. Hue si nos ancêtres ont lail des conquêtes si utiles et bi jncomplètes pourtant, pounpioi nous aiTéterions-iious? Ee l'ègne animal n'oll're-t-il pas encore une assez vaste arène à notre activité? le règne végétal n'a-t-il pas encore un nombre infini de secrets utiles à nous apprendre? Pense-l-on (jue c'est en (pielques mois ou en quelques années que l'iionnue peut s'approprier une espèce? Le Canna, par exemple, sur lequel nous reviendrons plus tard, ne néccssitera-t-il pas un (euq.s prolongé pour devenir le meilleur de nos animaux de bon- cberie; sa longue gestation (neuf moisj, ses portées si jieu nombreuses (presque toujours un seul petit), rendront sa vul- garisation assez lente. (1) Los aiilros ;inimiui\ îloiiicsliqiK'.s, ei Pou xciTii combion la lislo eiiot Jargcsoiil, pour arriver au cliilln: de '18 : le l-'i.ret,lc Cobaïe (Coclioii (t'hide), io Clianieau, le Dromadaire, le I-aiiia, i'Atpaca, le l'.euiie, le Zébu, le (iayal' l'iak, l'Ami, le Biillle, le Serin, la Tourlorelle à collier, le Faisan comniuiù le Faisan à collier, le Faisan argenté, le Isiisan doré, le Paon, la Piaîade,' l'Oie do Guinée, l'Oie du t'.anada, le Canard de l'.arbarie, le Caprin doré (Poisson rouge), l'Abeille ligurienne, l'Abeille à bandes, la Cochenille du iXopal, le \vv à soie du lUVin el celui de l'Ailanle. — Tolal: /i». T. W. — Sciilciiil)rc I8(i2. /,y 75/l SOCIÉTÉ IMPÉRLVLE ZOOLOGIQUE d'acCLBLVTATION. 11 iaul donc ne pas se laisser décourager par Tinévilahlc lenteur des essais ; il Tant vouloir, et puis il laut bien diriger ses expériences, et les approprier au pays que l'on habite. C'est sur ce second point surtout qu'il nous a paru utile d'appeler l'attention. Dans chaque pays, bien plus, dans chaque province, un membre de la Société devrait se dévouer pour entreprendre le travail que j'ébauche aujourd'hui pour le nord de la France. Ce serait facihter les essais, les diriger dans la voie la meilleure, empêcher le gaspillage de la bonne volonté et de la générosité, et doubler surtout les chances de réussite. Tout le monde sait quelle influence a sur les plantes et sur les animaux le milieu dans lequel ils sont appelés à vivre. Lorsqu'on veut tenter une acclimatation, bien des choses sont à considérer. L'habitat primitif de l'espèce et la nouvelle pa- trie qu'on lui destine, doivent être étudiés parallèlement sous une Ibule de points de vue. La latitude, l'élévation au-dessus du niveau de la mer, la conliguration et la nature du sol, la sécheresse ou l'humidité de l'air, les températures moyennes et extrêmes, la prédominance de certains vents, la répartition des pluies, le voisinage ou l'éloignoment de la mer, forment autant d'éléments qu'il est absolument indispensable de con- naître, parce que tous influent d'une manière plus ou moins considérable sur le résultat à obtenir. La latitude seule est un élément bien insuffisant. Nous sommes, en effet, dans le département du Nord, entre le 50'" et le 51' degré de latitude nord. C'est la même latitude que Irkoutsk et Kiakhta en Siltérie, le lac Winipeg et la baie de Saint-James de la mer d'Hudson, en Amérique. Evidemment notre climat vaut infiniment mieux, et nous pouvons essayer bien plus que les habitants de ces contrées. Le même paral- lèle, dans rhémisphère austral, passe vers le détroit de Ma- gellan, en Amérique, et ne rencontre ailleurs aucune terre, car il passe bien plus près du pôle que la pointe de l'Afrique, située vers le 35' degré, et la pointe de l'Australie, qui se trouve sous le 39' degré environ. Nous sommes donc placés dans une situation exceptionnellement favorable. Nous liK I.'ACCI.iMATATION DANS LK ^U^ll DE LA FliAXlK. 7iiÔ pouvons porter nos investigations jusque sur des points liien plus rapprochés que, nous de l'énjuateur, sans quoi il n'y aurait rien à faire, les contrées situées plus au nord n'ayant guère à nous oITrirque le Renne, qui ne peut vivre en France, laute d'une nourriture et d'un climat appropriés à sa nature. L'altitude du sol au-dessus de la mer n'est pas moins im- portante. On sait, en eftet, avec quelle rapidité s'abaisse la température à mesure que l'on s'élève ; c'est au point que, même sous ré(iuateur, on retrouve successivement tous les climats du globe jusqu'aux glaces éternelles, en s'élevant sur le flanc des montagnes. Mais cette différence de température n'est pas seule à exercer son influence. Des animaux vivant sur les montagnes des régions tropicales, et n'y ayant pas un climat plus doux que le nôtre, comme le Lama et l'Alpara, auraient probablement de la peine à vivre dans nos plaines ; sur les montagnes, en effet, l'air est moins dense et plus sec, le sol différent nourrit une végétation particulière, et le sys- tème des pluies est tout autre. Ainsi, au premier aspect, on voit combien cette question est plus importante que celle de la latitude, et combien elle se lie étroitement à d'autres ditfi- cultés dont la solution doit être recherchée. La configuration et la nature du sol réclament encore un examen attentif, qu'il s'agisse de plantes ou d'animaux. Pour les plantes, on le comprend au simple énoncé de la question; pour les Animaux, les uns sont herbivores et ne vivent que d'un seul végétal : le Renne, d'un lichen ; les différents Vers pro- ducteurs de soie, de quelques plantes qu'il faut pouvoir cul- tiver ; les autres sont construits de telle sorte (|u'ils ne peuvent développer leurs moyens que dans des conditions déterminées: ici la montagne, là la plaine, ici le sable d'un désert aride, là le terrain gras et mouvant des marais. Lasécheresse ou l'humidité de l'air, la répartition des i)luies sont encore à considérer grandement ; l'humidité de nos contrées a souvent été une cause d'insuccès dans une foule d'expériences, Des maladies particuHères ont attaqué les animaux : le Lama, l'Alpaca, la Chèvre d'Angora ont été, à diverses reprises, victimes de l'humidité trop grande. Il faut 7Ô(i SUCIÉTK JMl'ÉRIALK ZOULU(ïlnUE 1) ACCLIMATATION. donc s'assurer, quaiul on veut acclimater un animal, (juc les (•(tnditions essentielles de l'état hygrométrique de sa patrie ne . dillercnt pas sensiblement de celles du pays où l'on veut l'im- porter. Pour les plantes, cet examen n'est pas moins néces- saire. Beaucoup sont habituées, dans les tropiques, à une saison de pluies d'une abondance extrême, et à une saison sèche où le soleil ne se voile jamais. Le passage à des con- ditions atmosphériques différentes ne se fait pas sans un certain effort et sans quelques souifrances , que des soins intelligents et assidus pourront seuls diminuer. Le voisinage de la mer est encore un fait d'une grande im- portance. On a \m se convaincre, en eflet, en étudiant les tableaux météorologiques que publient maintenant les jour- naux, que les points en contact avec l'Océan présentent des variations de température plus modérées ; moins froids l'hiver, moins chauds l'été, ils subissent une sorte d'influence modé- ratrice ;ORD DR LA IRANCE. 757 actuellement domestiques : le Lapin et le Cobaie ou Coclutn (Tlnde ; mais quatre rongeurs sauvages au moins, parmi ces animaux dont la chair est presque toujours excellente, sollici- tent notre attention : c'est V Agouti, le Cabiai, le Pûca et le Mara, venant tous quatre de l'Amérique méridionale. L'Agouti et le Paca sont des espèces de la même famille (jue le Cochon d'Inde, dont la chair est bien préférable à celle de ce dernier; comme gibier ou comme animaux de basse-cour, ils se placeraient à coté du Lapin. Le Cahiai capybara est un ca- vidé d'une taille relativement très considérable. Il a h pieds de longueur au moins ; nageur comme le Castor, il vit d'herbes et de plantes aquatiques dédaignées partout; sa chair excel- lente est produite avec une remarquable rapidité, car il est extrêmement précoce et fécond comme tous les rongeurs. Cet animal, vivant presque toujours dans l'eau, est moins engagé que d'autres dans la question climatologique ; on pourrait peut-être, bien qu'il soit originaire des parties chaudes de l'Amérique du Sud, l'élever sur le bord de nos nombreux marais où, pendant les trois ([uarts de l'année au moins, il trouverait sa nourriture. Le Cabiai est malheureusement encore fort rare en Europe, mais, à ce qu'il semble, peu d'ani- maux pourraient produire à aussi bon marché une chair aussi abondante et aussi bonne. Le Mara habite plus au sud, vers la Patagonie et les Étals de la Plata,il v est très abondant. Il a quelque analogie avec nos Lièvres d'Europe, mais il est plus grand, plus haut monté, et habite des terriers peu pro- fonds ; il préfère les terrains secs et sablonneux; sa chair est blanche et excellente; il est doux, s'apprivoise avec une grande facilité, et comme hôte de nos basses-cours et de nos bois, il serait bien supérieur au Lapin, plus petit que lui, et dont la chair et la fourrure sont inférieures. Son acclimatation et sa domestication nous paraîtraient avoir toutes chances de réus- site, même sous notre ciel. Dans l'ordre des Pachydermes, nous possédons trois ani- maux, le CocJion, le t'heral et VAne. Aucun autre représen- tant de cet ordre n'est domeslicpié dans les autres parties du globe, mais plusieurs espèces sauvages iinM'ilcnl dr l'être. Le 758 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATÂTION. 'l'apir (l'abord, comme animal alimonlairc. On connaît au moins deux espèces de Tapirs. L'une, liabitanlles contrées les plus chaudes et les terres basses de l'Amérique méridionale, semble, malgré ses qualités et ses dimensions considéra- bles, promettre peu de succès aux expérimentateurs du nord de la France. On n'a pas encore pu obtenir sa reproduction en Europe, où d'ailleurs les deux sexes ont été rarement réu- nis. L'autre espèce, \(ilLQi])i\: pincJiaque, se plierait au con- ti'aire à notre climat ; il habite les Cordillères, et monte fré- quemment jusqu'à la limite des neiges perpétuelles; plus petit que son congénère, il donnerait néanmoins encore une chair abondante et saine; son cuir est d'une qualité supérieure. Au dire de tous ceux qui l'ont étudié dans son pays natal, c'est un animal exlrémementdoux, facile à apprivoiser, s'attachani à son maître, et acceptant comme le Cochon toute sorte d'aliments. Malheureusement celte espèce, qui n'est pourtani pas rare dans sa patrie, n'a pas encore été vue vivante en Europe. Tout est donc à faire quant à lui ; mais si les diffi- cultés sont un peu plus grandes pour celui qui voudrait en doter son pays, la satisfaction et la gloire du. succès en seraient nécessairement doublées. A côté du Clieval et de l'Ane, la nature a placé quelques autres pachydermes solipèdes: le Zèbre, le Couagga, le Dautc et \ Hémione. Les deux premiers de ces animaux, encore assez peu connus quant à leurs mœurs, sont d'ailleurs très rares. Il n'en est pas de même du Damv et de VHémiono. Le pre- mier, originaire du Cap, où il a été parfois domestiqué, joint à la grande beauté de ses formes et de sa robe les qualités les plus précieuses comme animal auxiliaire ; il est docile, se prête au dressage ; sa rapidité est extrême, sa sobriété est grande, il supporte parfaitement la fatigue, et nos hivers les plus rudes n'altèrent point sa santé. Non-seulement il s'est reproduit en Europe, mais on peut même obtenir de son croi- sement avec l'Ane ou le Cheval de superbes mulets. La ques- tion est encore })lus avancée relativement kV Hémione. Ce bel animal est tout à fait acclimaté en Europe : une race française née nu Muséum e?! même plus forlo et plus vigoureuse que DE L ACCLIMATATION DANS LE NORD DE LA FRANCE. 750 les individus venant de l'Inde qui en sonl la souche. Les Hé- miones se sonl laissé dompter, dresser, atteler, malgré les }tré- jugés qui les avaient représentés comme indomptables. Leur allure est des plus rapides, peu de chevaux pourraient, sous ce rapport, lutter avec eux. On obtient de fort beaux mulets du croisement de cette espèce avec l'Ane, et, chose remarquable, ces métis ne sont pas inféconds. On produit par ce mélange un animal plus rapide que l'Ane, aussi rustique pour le moins et pouvant rendre des services plus variés. L'introduction de cette charmante espèce dans nos contrées nous paraît tout à fait désirable. Seulement, avant que cet animal devienne commun, il faudra encore un temps assez long, si de nouvelles importations de l'Inde ne viennent augmenter le nombre des individus que nous possédons en France. La reproduction de l'Hémione, en effet, n'est pas plus rapide que celle du Cheval, et le prix en sera nécessairement élevé pour quelque tenqis encore. Dans l'ordre des Ruminants, l'homme possède un assez grand nombre d'espèces, mais combien est vaste encore le champ que nous ouvre la féconde nature ! Nous ne conseille- rons, quant à présent, de tentatives d'acclimatation ni sur le Chameau, ni sur le Dromadaire, animaux ct)nstruits pour un milieu différent du nôtre; ni sur Y Yak, (jui, malgré son intérêt, doit céder, selon nous, le pas à nos belles races bo- vines, et qui a sa place marquée dans les pays montagneux et pauvres; ni sur le Gayal et Y Ami, encore si peu connus; sur le Zélm et le Buffle ; sur le Renne, né pour les pays septen- trionaux; sur le Lama &\^\\v YAlpaca, dont la conquête sera si précieuse pour la France, mais qui ont besoin d'un climaî sec et d'un sol montagneux pour se développer et vivre. Tous ces animaux, soit par la difficulté que leur oppose notre cli- mat, soit par la qualité de leurs congénères que nous possé- dons, ne nous rendraient peut-être pas des services en rapport avec les sacrifices qu'entraînerait leur introduction. La Chèvre d'Angora même semble, d'après les tentatives faites jusqu'à présent, ne devoir donner de bons résultats que dans nos montagnes du Midi, ou au plus du Centre. TOO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLnCIOUE d'aHCLTMATATION. Mais si fosnoiTil)nuix animaux no nous paraissonl. pas sus- fppliltles de devenir vérilabloment utiles dans le nord de la France , il en est d'autres sur l'acclimatation desquels nous ne saurionstrop insister: ce sont les grandes Antilopes, le Bubah\ le Xilr/mit, et surtout le Camia. Le BuImiIp s'est reproduit en captivité à Paris, à Gand, à Marseille, en Italie. C'est un ani- mal doux et craintif comme pres(pie toutes les Antilopes ; sa chair est bonne et abondante. Le iV//r/<'/?/;f est appelé à rendre des services signalés, soit comme gibier, soit surtout conmie bête fine de boucherie. Cette charmante Antilope, originaire de l'Inde, a partout multiplié en Europe : d'une taille supé- rieure à celle duCert, d'un pelage distingué, sa chair est d'une (pialité exceptionnelle; animal facile à nourrir, facile à con- duire, se reproduisant plus rapidement que ses congénères par des gestations presque toujours doubles, ne redoutaiil pas la rigueur de nos hivers, il n'a (pi' un défaut, dont le tenq^s cl la patience triompheront certainement, sa trop grande ti- midité. Il s'effraye vile et outre mesure, à la vue d'animaux inconnus ; les aboiements des chiens, les bruits insolites le l'ont IVtir avec une telle rapidité, que souvent il s'est tué contre les clôtures des parcs où il é'iail renfermé. Ce défaut est, comme nous le disions, loin d'être insurmontable. Ceux qui vivent au Jardin d'acclimatation du bois de Houlogne nous ont paru |iarfaitement faits au bruit et à la b)u.le. Cet inconvénient, on n'a pas à le reprochiM^ au Canna {Ho!andre peu à peu dans toute l'économie agricole. Parmi les Mffrsifpioifx, des conquêtes sont également à faire. La France paye chaque année un tril)ut considérable à l'étranger pour achat de fourrures; aucun animal dont la dépouille ait une valeur importante n'habite notre sol: les Phalaugers, surtout le vulpina et le fuligiiiosa, combleraient facilement cette lacune ; originaires de l'Australie, ils s'habi- tueraient probal)lementà notre climat avecune grande facilité. Leurs compatriotes les Kanguroiis et le Phascolonie pourraient aussi fournir leur utile contingent. Tous nous donneraient une rhair délicate et une dépouille estimée. Plusieurs espèces se sont abondamment multipliées déjà en Europe, et soit dans 7()2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. nos bapses-cours, soit dans nos bois comme gibier, elles cnri- cbironl leurs iniroducleurs. La d('pcnse pour ces espèces ne serait pas bien considérable, la réussite est certaine, et le plaisir d'une œuvre utile assuré à celui qui voudra l'entre- |)rendre. Oiseaux. — 11 y a également beaucoup à faire dans la classe des Oiseaux. L'intérêt qui s'allacbe à l'acclimatation de quel- ques oiseaux étrangers est multiple. Les uns pourraient nous aider dans la destruction des insectes et des espèces nuisibles, les autres nous fourniraient de nouveaux et magnifiques gi- biers, d'autres nous donneraient une nourriture saine et abondante. Avant d'introduire dans nos contrées de nouveaux oiseaux insectivores, nous devons tout d'abord penser à ména- ger ceux que nous possédons. Mais rien ne nous empêcbe de songer à peupler nos bois et nos plaines des cbarmants Colins de Californie et de Virginie. Cette acclimatation a réussi à merveille, là où elle a été sérieusement tentée; la Perdrix Gamhra est devenue commune dans les forets et les cbasses i mpériales de Rambouillet, de Saint-Germain ; peut-être pourra- t-elle francbir la limite septentrionale que n'a pu dépasser notre Perdrix rouge. Le genre des Faisans nous promet aussi de magnifiques plaisirs, avec les Euplocomes, les Lophophores et quelques Faisans de rinde. Ces splcndides Oiseaux se re- produisent sous notre ciel, quelques-uns atteignent une taille et un poids considérables, etils sont presque tous revêtus d'un ricbe plumage. Nommons à cùlé d'eux les Bernadies d'Ègijfjie et des Sandv'ich, les Cygnes noirs eià collier, \es Canards de Chine et de la Caroline, le Céréopse, et d'autres encore qui sont appelés à venir embellir nos basses-cours et varier les volailles qui figurent sur nos tables. Les oiseaux semblent se prêter mieux que les mammifères aux exigences de nouveaux climats, leur nature se plie à des transformations plus nombreuses. L'Oie d'Egypte, qui, dans son pays natal, pond en décembre, a peu à peu reculé de quatre mois l'époque de sa ponte sous le climat de Paris. Les Poules de Cuba, dont les petits sont nus au .'jorlir de l'œuf, se sont modifiées en Europe, et au bout de DE l'acclimatation DANS LE NORD DE LA FRANGE. 70:^ I ruisoiiqiialre générations, leurs poussins naissent einplumés; la récipro(iiie a lieu pour les Poules exportées de France vers ces chaudes contrées. Mais s'il y a, comme on le voit, beaucoup à faire du côté des Gallinacés , et beaucoup de prolit à re- cueillir, combien plus grands ne sont pas les résultats qu'on doit attendre de l'introduction des grandes espèces inailées? ïj'Autnœ/ie, le Dromée, le Casoarà casque et le Nandou re- présentent cette famille; ils commencent à devenir rares dans leurs patries respectives. Le Dromée, ou Casoar de la Nou- vci/c-Boiiande, a déjà disparu de quelques îles qui avoisinent le continent ;iustralien ; une variété plus petite de cet animal a été détruite, et n'est plus représentée que par quelques in- dividus empaillés dans les musées de l'Europe : tous ces oiseaux sont destinés à avoir le sort de VEpt/or/iis et du Dronte, si l'homme, qui les détruit dans leur patrie, ne prend pas soin d'assurer ailleurs leur conservation. Ce n'est pas un intérêt de curiosité qui doitguider ici l'expérimentateur. Ces intéressants oiseaux, inlia])iles à voler, n'ayant aucune arme sérieuse, incapables d'échapper à leurs ennemis autrement que par la rapidité de leur course, nous fourniront des plumes que le commerce paye d'un prix élevé, des œufs excellents et énor- mes, une chair ou plut-H une viande de boucherie abondante et aussi bonne que celle du bœuf (une cuisse de Dromée pèse souvent plus de 20 livres ; l'Autruche est d'une dimension plus forte encore). On a obtenu la reproduction de l'Autruche en captivité en Algérie, en Itahe, en Espagne, en Provence. C'est là un fait consid('rat)le, et qui finira probablement par nous donner la possibilité d'introduire l'Autruche jusque dans le nord de la France. Mais pour cela, il nous faut attendre qu'une race moins sensible aux intempéries se soit formée plus près de nous : à Paris, par exemple. Occupons-nous, quant à présent, du Dromée ou Casoar de la TSouvelle-Bolhmde, sur lequel nous voulons plus particulièrement insister. La température de nos hivers ne sera certes pas un obstacle : les Droinées ne ren- trent jamais, ils couchent sur la neige et la glace, et leur santé ne s'altère pas. A I^iim's, au Muséum, on leur a même retiré 76h snniKTÉ impériale zoolooique d'acclimatation. leur abri, {loni, ils ne se servaient pas. Ils pondent facilemenl et abondamment, moins qne l'Anlrucbe pourtant, dont une a donné jusqu'à soixante-douze œufs en un an. Les œul's du Dromée sont exquis, leur capacité égale celle de douze ou quinze œufs de poule, et, particularité singulière, le mâle seul couve et élève les poussins qui, au sortir de l'œuf, sont déjà tout emplumés et très vifs. Sa peau, couverte d'un très épais duvet, fait de charmants tapis; ses plumes servent pour la pa- rure ; sa chair, d'un grain serré comme celle du porc, est tou- jours bonne: elle est, chez les jeunes individus, blanche et d'un excellent goût; elle se rapproche un peu chez les adultes de celle du bœuf. Le Dromée est omnivore, il accepte tout pour sa nourriture ; l'herbe et les grosses graines sont les aliments qui lui con- viennent le mieux. Sans aller jusqu'à la fantaisie et sans cher- cher dans ces grands oiseaux des bètes de somme ou de trait, nous pouvons dire que cette introduction serait un immense service. Nous pensons, en eftet, que chez aucun animal, on ne pourrait produire la viande à aussi bon marché que chez le Dromée, et la cherté de la viande est, selon nous, ime des questions dont devraient se préoccuper le plus les écono- mistes. Avant de quitter la classe intéressante des Oiseaux, nous demandons la permission d'insister encore sur deux oiseaux: le Go/a-r/ couronné et V Agami. Le Goura est un Pigeon d'une admirable couleur bleu cendré, orné d'une hui)pe dans la forme de celle de la \\y\\)\}Q{Hupupa vulgaris). Mais ce Pigeon n'est pas seulement exceptionnellement beau, sa chair est bonne, il peut se reproduire en captivité, cti)our dernier mé- rite, il est aussi gros qu'une poule. h'Agamixi'A d'analogue dans aucune de nos espèces domes- tiques. C'est un oiseau noir de la grosseur d'une poule, haut monté sur ses pattes, armé d'un bec pointu et marchant plus (pi'il ne vole. Nous n'avons à louer ni sa chair dont les mérites nous sont inconnus, ni son plumage sévère et iiuuile à l'ui- ; ses qualités sont «l'un autre ordre : \\ r>[ ])!•; L A(,(,L1.\IATATI()N 1»A.\S LE AOKD DK LA IHANCr:. 705 lianiii les oiseaux ce queslle chien de beri^er chez les niniii- iiiil'ères, et mieux encore ; extrêmement sociable, recherchant riionnne, il se met volontairement à son service avec le ])lus entier dévouement. Un Agami dans une basse-cour maintient l'ordre le plus parlait, veille à ce que les jeunes poussins pren- nent avant les plus forts leur nourriture, à laquelle lui-même ne touche pas; il conduit seul au pâturage les Oies et les Din- dons, et n'en égare jamais ; très courageux, il lutte victorieuse- ment contre tous nos oiseaux domestiques, mais ce courage est toujours voué à la défense des bonnes causes. Dans nos colonies des Antilles et de la Guyane, cet oiseau est bien connu ; il a malheureusement toujours été très rare en Europe, et ne s'y est pas encore reproduit. Le Nord l'acclimatera peut-être diflicilement, avant (|uc des stations habilement ménagées l'aient progressivement habitué à notre climat. J'entends plus d'un lecteur incréduh^ rire de ce portrait qu'on traitera |ieut- ctre d'imaginaire, bien que tous ces faits aient été maintes fois observés à Paris, au Muséum et au Jardin d'acclimatation. Qu'on essaye, et l'on en aura bientôt constaté l'exacte ressem- blance. Nous nepouvions mieux terminer la classe desOiseaux que par cette honnête ligure de l'Agami. Poissons.— Nous avons peu de chose à dire de cette classe. D'une part, les eaux du Nord, trop souvent corrompues par les résidus des usines, ou troublées par une navigation tiop ac- tive, sont peu propres à des essais; d'autre part, les Poissons dont racclimatation parait la i)lus désirable, comme le (iou- rami, ne pourraient s'habituer à notre climat. Il y a beaucoup à faire dans la classe des Poissons, mais c'est moins à l'accli- matation qu'à la pisciculture (ju'il faut s'adresser, et cette dernière science fait chaque jour de nouveaux progrès. Les huîtrières et les frayères artificielles de lAI. Cosle donneront liientot des résultats capables de convaincre les esprits les plus rebelles. Insectes. —11 nous reste à parcourir la classe des Insectes, et à étudier une acclimatation qui peut avoir d'immenses ré- sultats d'ici à fort peu d'années. Il n'y a dans la classe des In- sectes qu'un seul animal, panni ceux qu'on a expérimentés 7()t) SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGlOUE d'ACCLIMATATIOX. jiis(ju';i ce jour, qui nous }i;u'aisse appelé à rendn' de vrais services au nord de la France, c'est le \'er à soir fin Vernis ou Ailanto, (/landuleux [Bombyx Cynthia). Les insectes ne sont pas, comme les animaux supérieurs, lents à se reproduire ou à se déveloj)per; rpielques semaines séparent à peine leur naissance de leur dernière transformation, et l'abondance de leurs œufs assure la rapide propagation de l'espèce. Si, au moment où notre industrie cotonnière se voit mena- cée, on venait nous ofirir une matière première plus solide que le coton, formant un tissu plus beau, et qui, sans avoir l'éclat et le brillant de la soie, est cependant fort remarquable et d'une très grande solidité ; si ce tissu ne coûtait pas plus cberque le coton, et si, produit h l'intérieur, il réservait à notre agricul- ture les millions que l'on paye chaque année aux planteurs des Etats-Unis, qui hésiterait devant quelques sacrifices, alors qu'il s'agirait d'assurer une telle richesse à son pays ? cpii ne l'accueillerait comme un bienfait du ciel? Eh bien, tous ces avantages , le Bombyx Cynthia nous les apporte. Ici plus d'incertitude, plus d'essais à faire, tout a été expérimenté; nous pouvons affirmer. Le Ver de l'Ailantc peut s'élever sous notre ciel en plein air, sans autre soin que celui de mettre les œufs ou les jeunes chenilles sur un Vernis du Japon, ou sur un Sumac à Heurs rouges qu'on rencontre dans tous nos jardins, et d'aller re- cueillir les cocons (p.iandiis se serontformés; pas de frais, pas de temps de perdu ; rien que le terrain consacré h. la culture de deux végétaux d'une rusticité à toute épreuve, et qui, par une chance nouvelle, repoussant du pied, peuvent êtrecullivés en bas taillis, alln de faciliter la récolte des cocons. 11 faut faire deux éducations par an, ou une seule très tardive, car les œufs éclosent toujours une ou deux semaines après la ponte, et c'est en chrysahdeque l'insecte passe l'hiver. 11 faudra donc, aus- sitôt les cocons formés à, l'automne, les enfermer dans un lieu sec, où ils soient à l'abri de la chaleur qui développerait le pai)illon. Au reste, il n'y a même pas besoin de se donner celle peine pour faire de la graine. Une Société, l'Ailantine, s'est formée, nE l'acclimatation dans le nouo de la FUANCE. 7()7 qui vend la graine, se charge de la vente des cocons, et donne même, dans ce dernier cas, les œufs qui doivent servir à l'éducation (1). Le Ver de l'Ailantc est d'une grande vigueur: dans les con- sidérables éducations faites par M. le comte de Lamote-Baracé, ou par M. Guérin-Méneville, à qui la France doit ce précieux insecte, il n'a souffert d'aucune des maladies qui ravagent les magnaneries du Midi et détruisent le Bombyx du Mûrier, Il n'y a pas une objection k faire ni contre son utilité, ni contre l'économie et la facilité de son éducation. Oue rien n'arrête donc ceux qui sont h même de rendre à leur pays un si grand service. Qu'on se mette à l'œuvre résolument, que les déj'ar- tements du Nord, si avancésen agriculture et en industrie, ne se laissent pas distancer: qu'on le croie bien, l'acclimatation sera un des grands faits de notre temps. Toutes les sciences sont venues apporter leur tribut à l'industrie et aux arts ; c'est le tour de l'histoire naturelle. Les autres sciences tra- vaillent sur la matière inanimée et inerte, elle travaille sur la vie ! Croit-on qu'elle n'ait pas devant elle un champ assez vaste et une assez riche moisson ? Nous avons termine notre rapide revue du régne animal. On sent bien que l'énumération à laquelle nous nous sommes livré n'a rien de limitatif. Chaque jour de nouvelles décou- vertes, des observations mieux faites, des expériences mieux conduites, viendront compléter la liste desanimaux surlesquels doit se porter, dès à présent, le zèle des acclimatateurs. Cette liste, pour nous résumer, et d'après notre faible expérience de ces choses, la voici dégagée de commentaires. Cabiai capybara. iMara. Tapir pincliaquc, Hémione. Daim. Bubale. Nilgaut, Canna. Plialangers {vulpiiut, falùjinosa) Pliascolonic wuinbat. Kangurous. Goura couronne. Divers Faisans, Lopiiopliores, Eii- plocome.s, elc. Diverses espèces d'Oies et de Cygnes. Drom(^c, ou Casoar do la \ouvelle- Iloljande. Agami. Bombyx Cy tu II ta. (1) Le siège de cotte Société est rue des Petites-Écuries, ôO. 76S SOCIÉTÉ IMTÉHIALE ZUUl.Util'jUE l/ACCLlMATATlOiN'. Bornés aux animaux que nous venons de iiounuer, les e^s.iis (ju'oj] tenterait n'auraient presque rien à craindre. Auruu in- succès conq)lel n'est à redouter. Dans le légnc végétal, la liste que nous pourrions donner serait encore beaueou[) })lus longue, mais ce n'est pas un vo- lume que nous voulons l'aire. Si nous insislijiis moins sur les v('gétaux, ce n'est pas que nous regardions la question connue secondaire, mais heureusement le côté prati(jue est ici moins négligé. Les essais sont à la portée de plus de monde. LaFrance et la Belgique l'enferment un grand nombre de savants ])épi- niéristes et horticulteurs qui ne reculent devant aucun sacri- fice pour introduire dansnos contrées des arbres et des plantes dont on peul espérer retirer une valeur industrielle ou ali- mentaire. Nous devons surtout appeler l'attention sur les envois (lu .hipon, du nord de la Chine et de la Calilornic. Les peu}tles de rextrème Orient sont Icllement pressés sur leur territoire, ils ont tant de bouches à nourrir, (pi'ils ont souvent Ibrcé en quelque sorte la main à la nature. Nous avons bien des secrets à leur demander, n'en déplaise à notre orgueil ; la grande fjuantité de végétaux d'ornement que nous avons tirés de ces contrées, et qui ont admirablement réussi dans notre climat, prouve quels succès on peut se promettre. Nous avons remar- qué maintes fois la facilité avec hujuelle viennent les plantes de ces pays. Nous avons vu, dans rarrondissement de Lille, des Lo-zo ou yrr/)j'ii/is (le C/uj/c, matière première du vert de Chine, si cher jusqu'à [)résenl, supporter parfaitement, sans abri, les froids de l'hiver dernier. La Californie nous offre d'admirables essences forestières, presque toujours d'une rusticité à toute épreuve et d'une rapidité de croissance sans égale, comme leScquoia fjif/antea. Les Cordillères ont encore à nous envoyer d'autres ri- chesses, comme, par exemple, les Pommes déterre de Sainte- Marthe, (pii ont donné de si bons résultats à ceux ([ui ont eu la persévérance de les soigner plusieurs années ; elles sont moins sujettes à la maladie (jue les espèces que nous cultivons, DE I.'aCCUMATATIO.N JtA.N.S Lt NuUl) DE ),A 1 1;A.\CE. 769 et améliorées par ({iiclqucs années de soin>, elles neic cèdent à aucune en (jualité. Les Ignames et les Patates méritent aussi d'attirer l'atten- tion de riiorticulteur. Nous avons i)u récemment constater l'excellente qualité d'un légume péruvien, le Quinoa^ qui nous donne des ieuilles et des graines également utiles. Nous pourrions étendre celte. énumération, mais ce serait plus fatigant qu'utile pour le lecteur, qui sait d'ailleurs où trouver des renseignements. Oiiant aux végétaux dont s'est occupée la Société d'acclimatation, ceux (jui désireraient sui- vre les exjjériences, connaître les essais, apprécier les résul- tats déjà obtenus, n'auront ({u'à consulter l'intéressant /y^///''- tiii (jue la Société envoie gratuitement à tous ses membres, et auquel on peut d'ailleurs s'abonner pour une somme raodiciue. Tenus par lui au courant de tout ce (jui se dit ou se l'ail sur la matière, ils auront moins de chances d'erreurs ou d'insuc- cès, et, nous ne craignons pas de le dire, ils y trouveront un attrait tel qui; leurs sympathies et leur concours seront très certainement acquis à l'œuvre que pDursuit la Société d'ac- climatation. Qui; nos comices agricoles, partisans si éclairés du progrès, se mettent à la tète de cette salutaire proi)agande, et le succès en est assuré ! T. IX. — bepleinbrc 186-J. :|9 MÉMOIRE' SUR LES . ■■-■'.'. ANIMAUX DESTllUriTEllRS DES SERPENTS DANS L'INDE ET LES REMÈDES QUI SONT OPPOSÉS A LEURS MORSURES, •-*' • Par x^I. lIAYIilS. i Extraits lus a la Société inipéiialo d'acclimatation par M. Itiii'z de Lavisnii. (Séance du 6 juin 1862.) M. Hayes, coiiiniissaire de la marine, cliel' de service à Cliandernagor, a envoyé à la Société un travail considérable sur les animaux réputés, dans Tlnde, destructeurs des ser- pents, et sur quelques remèdes qui y sont employés contre la morsure de ces reptiles. L'intérêt, dit- il, que la Société impériale zoologique d'ac- climatation prend aux moyens propres à diminuer les morta- lités occasionnées dans nos colonies de l'ouest par les morsures des Serpents, me porte à vous adresser, pour lui être soumis, ce que j'ai pu apprendre à ce sujet pendant un séjour de plus de trente années aux colonies. C'est surtout dans l'Inde que je me suis occupé des Ser- pents et des Couleuvres. J'en ai conservé un nombre consi- dérable dans l'esprit-de-vin, et j'en ai même gardé longtemps de vivants pour les étudier sous des clocbes de verre. Il y a déjà bien des années j'ai itérativement fait combattre des Cou- leuvres capelles {Coluher naja) et des Mangoustes {Viverra ichneumon, Lin.). Étant à Karikal, sur la côte de Coromandel, j'avais une Mangouste fort apprivoisée. J'occupais alors une maison qui n'avait pas de jardin et dans la cour de laquelle se trouvait seulement une petite plate-bande d'berbe de cbiendent. Un jour, on vint me dire qu'une Couleuvre capelle se trou- vait cacbée dans le petit canal servant à l'écoulement des eaux à l'extérieur de ma demeure. Je fis immédiatement appeler tous mes domestiques, et après avoir fait disposer un ANIMAUX DESTRUCTEURS DES SERPEiNTS DAi>iS l'inDE. 771 sac de gonis vide, (jui avait coiilenii du riz, à l'ouverture ex- térieure du canal, en y attachant une corde disposée en nœud roulant, je fis introduire de longs morceaux de bambou ])ar l'ouverture intérieure. La Couleuvre, ainsi traquée, ne larda pas à se précipiter dans le sac, sur lecpiel on fit aussitôt peser l'extrémité d'un bambou, et tirant la corde, le nœud coulant se resserra et en ferma complètement l'ouverture : Taisant alors tourner la corde autour de l'extrémité du bambou, on souleva le sac qui se trouva ainsi suspendu, laissant voir l'agi- tation de la Capelle qui y était enfermée. La maison que j'habitais avait une petite chambre dont la fenêtre était à hauteur d'appui. J'y fis descendre la Capelle par cette ouverture, après avoir bien fermé la porte. J'y intro- duisis au même instant ma Mangouste. On eut quelque peine à desserrer le nœud coulant qui tenait le sac fermé, parce qu'il fallait opérer par prudence avec des morceaux de bam- bou. Enfin, on put, avec deux d'entre eux, saisir le fond du sac et jeter la Capelle au milieu de la petite chambre. La fe- nêtre fut aussitôt fermée, et il fallut regarder à travers le rotinage qui la garnissait, les vitres n'étant pas alors employées dans cette locahté. Dès que la Mangouste aperçut la Capelle, elle se précipita sur elle et la saisit à la tête, la secouant en même temps de toutes ses forces et la jetant au loin. De son côté, la Capelle se redressa innnédiatement pour le combat, et développa la peau de sa tête marquée en forme de lunettes. La lutte continua longtenijts, et, vers la fin, nous fûmes obligé de pousser la Capelle vers la Mangouste, à l'aide d'un bâton, alin de la faire contimier, chaque partie étant fatiguée et se tenant au repos. La Couleuvre était abîmée et ne pou- vait plus se redresser, ni se traîner ; sa tête était toute dé- chirée, et évidemment elle ne devait pas vivre. Quant à la Mangouste, elle avait l'air agité et son poil était encore hérissé. Elle portait aussi son nez vers quelques parties de son corps (jiii avaient sans doute été atteintes par la Capelle. J'avais bien remarqué alors et j'ai souvent remarqué de- puis, que tout en attaquant sans hésiter la Capelle, la Man- 772 SOCIÉTÉ IMPÉUIÂLE ZOOLUdinUE D ACCILIMATATION. ^ouste cherche à éviter son aUeiiite. En ce moment, ilsenil>lr que tout le sang do ce joli petit animal se porte vers son nez, cette partie devenant rouge de colère. A peine avais-je ouvert la porte, que la Mangouste se pré- cipita dehors et alla se rouler dans les toulTes de chiendent qui constituaient la seule verdure qui ornât ma cour. J'or- donnai de tuer la Capelle à coups de hàlon, et je suivis de près ma Mangouste. Elle me reconnut et je pus la caresser. J'examinîd soigneusement l'herbe où elle s'était roulée, et relis plusieurs fois cet examen le même jour, sans trouver un seul brin coupé ni ixnivoir y découvrir autre chose que du chiendent. L'Ichneumon dormit assez longtemps après cette rencontre, mais ne parut pas avoir souflert d'autre chose que de la fatigue. Depuis, j'ai fait mordre par des Capelles deux chiens que hi police devait abattre, et je les ai toujours vus mourir peu de temi)s après. Comment la Mangouste échappait-elle à l'eiTet de ce mortel poison qui faisait mourir tant d'autres animaux et l'homme lui-même? — La croyance populaire dans l'Inde dit que la Mangouste mange inmiédialement après le combat certaines feuilles qui neutralisent l'effet du poisoji. Celle croyance vient de ce qu'en effet la Mangouste, après avoir lutté contre son adversaire, va se rouler dans l'herbe; mais j'ai plus d'une fois visité celte herbe sans pouvoir y rien dé- couvrir qui justiliàl l'opinion reçue. Pour moi, outre hi faible garantie (jue donne la fourrure épaisse de la Mangouste, sa peau doit contenir une huile, ou recouvrir une graisse qui empêche le poison de produire son eflel. Il est notoire, en Amérique, (jue le Cochon privé ahisi que le Pécari sont au nombre des ennemis les plus acharnés des Serpents à sonnettes; qu'ils se précipitent sur eux dès qu'ils les voient el (juils les mettent en pièces, .le n'ai jamais lu qu'ils aient été victimes de .>a morsure, cependant si redou- table en général. Il paraît même, d'après les meilleurs observateurs, que le Serpenta sonnettes, loin d'inspirer de la crainte au Cochon ANIMAUX DESTP.rCTEURS DES ^;EP.PE^'TS DANS l'INDE. 77)^ privé ou an Pécari , est saisi lui-inéme de Irayeur, lorsqu'il les découvre et cherche partout \u\ Heu de refuge contre leur attaque certaine. Le Paon et la Pintade sont également de redoutahles enneuiis des Serpents. Aussitôt que les Paons les aperçoivent, ils s'empressent à leur poursuite et les tuent généralement, ainsi que j'en ai vu quelques exemples dans l'Inde. Quant aux Pintades, elles n'opèrent isolément que pour de petits Ser- pents, mais si le reptile est assez fort, elles s'appellent et se réunissent. Alors elles forment un cercle autour du Serpent, ayant toutes l'œil fixé sur lui et lui présentant W hec, et il échappe rarement à ce cercle fatal. En conséquence de ces faits, M. Hayes propose l'inlroduc- iion à la Martiniriue de la Mangouste, qui pourrait être en- voyée de l'Inde. Quant aux Pécaris, on pourrait les tirer plus facilement de la Guyane, ([ui n'est distante de la Martinique que par une traversée de deux ou trois jours. Les Pintades et les Paons existent déjcà dans notre colonie des Antilles, et ne paraissent pas être animés contre le Serpent d'un antagonisme autre que celui que ressentent en gém'ral contre ces alfreux reptiles tous les animaux delà terre. Sans doute, dit M. Hayes, la Mangouste a l'inconvénient de détruire les volailles et de sucer les œufs. Le Cochon lihre et le Pécari peuvent commettre hien des dégâts; mais la des- truction des reptiles qui mettent en danger la vie des hommes lui paraît devoir l'emporter sur ces considérations. J'ajou- terai qu'au Jardin d'acclimatation, oii nous avons des Pécaris en observation, ils oifrent cet avantage sur le Cnchon et le Sanglier, de ne point creuser la terre, (.'t de ne point se livrer aux dégâts qu'on reproche à leurs congénères. En outre, la Canne à sucre étant cultivée dans la Guyane, il serait facile de s'assurer si le Pécari lui est hostile, et si, comme tel, il doit être exclu du concours du prix proposé [)ai' vous pour la destruction des Serpents, comme animal nuisible aux ré- coltes. Dans rinde comme dans tous h^s pays où existent (h.s Ser- pents, l'homme ne peut se résigner à admettre cpie liieii ;tit 77/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMATATION. pu lui susciter un ennemi plus redoutable, sans avoir, suivant son procédé universel et si conforme à l'idée que nous avons de sa bonté infinie, placé le bien à côté du mal, c'est-à-dire sans avoir créé à côté du Serpent des remèdes contre sa mor- sure. De là, partout où existent des Serpents, rme incessante et infatigable recbercbe des remèdes préservatifs et curalifs contre la morsure de ces reptiles. La difficulté de cette recherche se prouve par la nuiltiplicité même des remèdes. Parmi ceux cités par M. Hayes, comme étant employés dans l'Inde, se trouvent l'ammoniaque, la pierre noire, dit pierre à serpents, la racine de cotonnier, le jus de citron, les alcooliques portés jusqu'à l'ivresse, entre autres le vin de coco (alcool de U' à 19"). La plupart de ces moyens sont très connus, et la science possède sur leurs effets de nombreux documents. Voici l'observation particulière au vin de coco, qui est en usage à Manille : M. de la Gironnière a écrit àM. Jules Cloqiiet(ditî\L Hayes), qu'an milieu des forêts vierges du Cabagang, aux îles Philip- pines, un de ses travailleurs fut mordu au doigt par un Serpent appartenant à l'espèce considérée par les Indiens comme la plus dangereuse. C'était un petit Serpent long de 15 à :^0 centimètres, d'une couleur jaune, ayant une tête plate et triangulaire, et dont les crochets ont jusqu'à un centi> mètre et demi de longueur. On amena le malade à M. de la Gironnière quehpies minulet^ après l'accident ; comme il n'avait pas d'alcali volatil, il cau- térisa la blessure avec des charbons ardents, mais cela n'arrêta pas les symptômes alarmants qui se déclarèrent avec une ra- pidité effrayante. La tuméfaction de la main s'étendait jus- qu'au-dessus du coude. Les douleurs qu'il ressentait sous les muscles pectoraux arrachaient des cris au blessé. L'idée vint à M. de la Gironnière de lui faire avaler une bouteille de vin de coco, l'ivresse fut instantanée; le malade commença à déraisonner sans paraître ressentir aucune douleur, et la tuméfaction du lu'as s'arrêta. Une demi-heure après avoir recouvré la raison, les douleurs de poitrine recommencèrent ; on lui lit prendre une autre liouteille du même vin ; enfin ANIMAUX DESTRUCTEURS DES SERPENTS DANS L'iNDK, 775 une troisiènif, qui amena une guérison complète. Le bras désenfla, et à la main il ne resta d'autre trace du mal que les résultats de la cautérisation. « J'avais entendu dire, dit M. de la Gironnière, que l'alcool pris jusqu'à une ivresse profonde était un spécifique contre la morsure des Serpents; maintenant j'en ai une preuve con- vaincante. » Mais les remèdes propres à Flnde sont : XAristolochia in- dica ( Ihurrnoule des Indiens ) , le Cissampelos convnlvu- Iacea,\(' Coccidus acuminalus^V Asclepias vuhiJAlis ou Coton de haies, V Amlrographis pamcidata. Aux faits soumis pai- M. Lowther à la Société d'agriculture de Bombay, et pu- bliés dans le Bombay Telegraph du 24 décembre 1856, M. Hayes en ajoute d'autres sur l'efficacité de VAristoioc/na indica, dont on emploie les feuilles fraîches et la racine. La dose ordinaire est un morceau de la racine de trois quarts de pouce, préalablement réduit en poudre avec huit ou dix grains de poivre et un peu d'eau. C'est surtout contre la morsure du Serpent capelle {Cohd)er iioja) que ÏAr/'stoio- chia indica est préconisé. Cette plante est d'une amertume extrême, et passe aussi pour un excellent fébrifuge contre la fièvre des jungles. XJAsdepias volubilis ou. echiiiata{ Velypurthy ou Houtauiani des Indiens, Coton de haies) fournit, par l'expression de ses feuilles et de ses racines, un jus laiteux, amer et drastique ; il ne doit pas être confondu avec une autre plante de cette espèce, qui est un légume comestible. C'est le révérend M. Hickley, ministre de l'Église d'Angleterre, qui a fait connaître ses bons effets contre la morsure des Serpents. A propos du suc laiteux de VAsclepias volubilis, M. Hayes fait observer que dans l'Inde, les sucs laiteux de tous les ^.s- (depias, et celui AnJatropjha curcas (Euphorbiacées), ont les propriétés les plus étonnantes pour calciner l'argent, ce qu'il attribue à la présence d'un acide ou d'un composé dont l'azote serait la base ; ce qui expliquerait, dit-il, l'efficacité du remède contre la morsure des Serpents, à cause de l'ammoniaque (ju'ij contiendrait. -' 776 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMATÂTIOX. Tne IroisièniP [)lanle, f-nvoyée par M. Hayes, est If Mai- tynia viscom, plante, dit-il, i'ort remarquable, (jni donne une jolie neiir et surtout une graine des ])lus curieuses, et qui lui a été signalée à Mahé comme un antidote à la morsure des Serpents par un médecin indien. Le quatrième est le fruit du Baël {-Kfjle marmelos), dont la racine éloigne les Serpents. Un officier anglais a publié dans les journaux de l'Inde qu'en plaçant des morceaux de cette racine dans une cliambre de bains fréquenti-e par des Serpents, il les vit aussitôt s'éloigner promptement et com- plètement. Le fruit du Ibël est aussi employé contre la dysenterie. La morsure du Serpent dans l'Imle parait être un accident assez fréquent. l\. Hayes rapporte, sur l'autorité du docteur Turner, cbirurgien civil assistant à Midnapore, que, dans ce district, il n'y a pas eu moins de /i02cas de morsures par des Serpents venimeux depuis le mois de janvier 18/|5 au mois d'octolire I8/16! 11 paraît que dans l'Inde, comme partout où il se produit, la gravité de cet accident est d'une difficile appréciation, ainsi qu'on peut le conjecturer pai' ce passage du mémoire de lAl. Hayes : . * « Très peu de personnes sont capables de distinguer un Serpent venimeux de celui qui ne l'est pas, et je sais que le nombre des espèces de Serpents dont la morsure est mortelle est très restreint et n'excède guère ((ue trois ou quatre, parmi celles que l'on rencontre communément, .le n'ai jamais vil un natif, excepté ceux qui, parmi eux, font profession d'attraper des Serpents, qui pût avoir une opinion correcte à ce sujet, et même ceux qui prennent les Serpents ne doivent pas toujours inspirer la conliance sur ce point, car, lorsqu'ils savent le contraire, ils affirmeront souvent qu'un Serpent est venimeux, rien que pour faire valoir l'adresse et le courage dont ils ont fait preuve pour l'attraper. Toutes les autres classes de natifs sont à cet égard d'une ignorance profonde, et attribuent continmdlement les effets les plus dangereux à la morsure des Serpents ((ui sont le moins à craiiulrc. » - , Dire donc (prune personne iiiordiié par un Serpenl a (''lé' ANIMAUX DESTP.rCTErRS DES SERPENTS DANS l'iNDE. 777 o'uérie par un remède ne prouve rien, ;'i moins (|ue le Serpent Jni-mème n'ait élr reeonnn par une personne eoinpélenle comme appartenant à une des espèces dont la morsure soil réellement compromettante pour la vie. Enfin, il paraît encore que dans l'Inde aussi, comme par- tout, les remèdes locaux ne sont pas iniaillibles; c'est ce que l'onpeutconjecturerpar la recommandation de l'ammoniaque, adressée par M. G. W. C.ampbell, surintendant de police à liutnaolienv. Cette lettre réclame l'envoi d'ammoniaque liquide comme un des meilleurs moyens de guérir la morsure des Serpents, et entre autres de celle du Serpent dénommé Foitrsa, ({ui, dans son zillalj, occasionne annuellemeni la mort de trente personnes. A ce sujet, il rapporte que dans tous les cas de morsure par ce Serpent redoutable, le membre atteint s'enfle, devient douloureux, et donne naissance à une sorte de bubon dans le bras ou la jambe attaquée, symptôme que la morsure des autres Serpents ne produit jamais. La métbode suivie est de scarifier profondément la plaie et de la laver à l'ammoniaque ; on donne en même temps jusqu'à 35 gouttes d'ammonia(]ne liquide, administration que l'on répète encore plusieurs l'ois en diminuant la dose de quelques gouttes, et enfin en l'éloi- gnant d'une demi-journée, ou plus ou moins, suivant l'étal du malade'. M. Campbell relate plusieurs cas de morsure : l'un par un Serpent Foursa, qui rendit l'iiomme atteint fou jusqu'à sa guérison; l'autre par un Ghonus, autre Serpent dont la mor- sure est considérée comme mortelle, et celui d'une femme, dans le Malwan, qui était près de rendre le dernier soupii>, quand l'ammoniaque lui fut donnée et qui fut guérie. Tels sont les jjrincipaux j)oints du mémoire envoyé par M. Hayes à la Société ; l'auteur l'a accouqiagué d'un dessiu des plantes dont il y est question, et il annonce qu'il doit le l'aire suivre de l'envoi des plantes, avec les graines, feuilles et racines dont il a parlé; il prie qu'une |)artie de ces plantes sitit eiivovée en Algérie. Sun LES ESSENCES FORESTIÈRES DES CANARli:S ET [.A FiÉORGANISATION DU JARDIN D'ACCLIMATATION D'OROTAVA Par M. SABl\ BERTeELOT, Consul (il! Franco, Membre honoraire de la Sociélé impériale iracclimalation. , . •• < SUITE ET FIN (1), Mémoire adressé au gouverneur civil des îles Canaries sur la réorganisation du Jardin d" acclimatation d'Orotava. Les réformes qu'on se propose d'introduire dans l'organi- sation du jardin d'acclimatation d'Orotava intéressent tous les hommes éclairés que guident des pensées généreuses en fa- veur du pays ; mais la restauration de cet utile établissement doit amener une transformation complète, si l'on veut obtenir de cette réforme les résultats (|u'on est en droit d'attendre. Puisse sous les auspices du nouveau gouverneur des îles Cana- ries et grâce à son influence, grâce surtout aux désirs qui le portent vers les utiles améliorations, puisse, dis-je, ce beau jardin réaliser les espérances qu'on s'était promises à l'épo- que de sa fondation, aujourd'hui (jue les plus heureuses applications de la science ont tant contribué aux progrès de l'In^rticulturedans les établissements analogues! Avant d'indiijuer les mesures qu'il y aurait à prendre pour sauver le jardin bolani(iue d'Orotava d'une ruine totale, avani de parler des réformes dont il serait susceptible, je donnerai un léger aperçu de son histoire passée et de sa destination présente, afin qu'on puisse juger, par ce qu'il fut, de l'étal d'abandon dans lequel il est tembé, par suite d'une mauvaise direction. La création dun jardin do naturalisation aux iles Canaries, entreprise dès l'année 1788, pour servir d'échelle d'acclima- tation aux végétaux des zones intertropicales et fticiliter leui- transmigration dans les climats tempérés, fixa l'attention des (1) ^ovez, pour la première partie, numéro d'aoùl 1 862, page 68Z|. ■ - ESSENCES FORESTIÈRES DES CANARIES. 779 savants de l'Eurnpo qui applaudiront tous à celte pensée. Les Canaries offraient, en eflet, par leur situation géographique, par la douceur de leur climat et la nature fécondante de leur sol, les plus heureuses comhinaisons. Malheureusement, le jardin qu'on fonda dans la vallée d'Orotava ne fut jamais dirigé dans ce but. Tout se borna, dès le principe, à la plan- tation d'une magnifique collection d'arbres et de plantes exo- tiques, alors que l'Espagne, encore maîtresse absolue des plus riches colonies d'Amérique et des mers de l'Indo-Chine, pou- vait mieux qu'aucune autre nation rassembler dans ce site privilégié les végétaux les plus précieux des deux hémisphères. Aujourd'hui, après plus d'un demi-siècle d'une fausse direc- tion et d'une fticbeuse négligence, la majeure partie de la plan- tation a disparu; et si l'on en voit encore de faibles restes, si quelques arbres délaissés ont acquis, sans soins et sans cul- ture, un accroissement qui étonne ; si, bravant leur mauvais destin, ils se montrent sur cette terre étrangère avec tous les caractères de vitalité du pays natal, ce n'est qu'à la bonté du climat de ces iles qu'on doit attribuer leur merveilleuse con- servation. Ce qui a manqué jusqu'ici au jardin d'acclimatation d'Oro- tava poiu' être dirigé dans la bonne voie, c'est un homme d'expérience pratique, dont le savoir soit à la hauteur des progrès de la science, etun jardinier pépiniériste assez habile pour utiliser l'établissement en propageant et en multipliant les plantations ; car c'est de l'expansion des produits du jardin hors do son enceinte que doit ressortir son utilité. iVinsi, posons lùon la question. Ce n'est pas d'un jardin botanique qu'il s'agit ici, car ces sortes d'établissements ne sont profitables qu'à l'étude de la science et ne la facilitent qu'autant qu'ils sont situés dans les grands centres d'ensei- gnement. Partout ailleurs, le public se demande ce qu'on peut retirer de ce dispendieux étalage de plantes méthodiquement classées et étiquetées. "Au lieu de se borner à une sorte d'ex- hibition de produits exotiques, n'est-il pas plus avantageux de rechercher, parmi les végétaux d'origine étrangère, ceuxqu'on peut acclimater pour les utiliser et les répandre au dehors? Ce 780 SOCTÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE n'ACCLIMATATION, qui convient aujourd'hui, avant tout, cVst la création de jar- dins d'acclimatation à la fois zoolo^iques et botaniques, mais destinés uniquement à rélève et à la culture des animaux et des végétaux dont on peut tirer profit, soit pour augmenter nos ressources alimentaires, soit pour seconder nos travaux agricoles, embellir nos villes et noscanqiagnes, afin de répan- dre par tout le globe les richesses naturelles des différentes régions. Ces précieuses acquisitions, conquêtes des pays loin- tains, ne doivent plus rester séquestrées dans une enceinte de quelques arpents, sans qu'il en sorte une racine fructueuse pour nos cultures, un arbre nouveau pour nos vergers, un animal utile pour nos fermes ou nos basses- cours. L'esprit du siècle est éminemment positif et la science a cessé d'être pure- ment spéculative; abandonnant les hautes régions où elle s'était tenue trop longtemps retranchée, elle est descendue à la pratique, et les résultats de l'application ont témoigné de ses bienfaits. Ainsi, le jardin d'Orotava, dirigé dans ces vues et transformé en jardin d'acclimatation, est appelé à devenir la pépinièrede la végétation tropicale. La belle vallée dans laquelle il est situé, est comme une serre chaude où les j)lantes de la flore de deux mondes rencontrent toutes les conditions d'existence nécessaires à leur développement. Placées dans ce centre d'action, elles parcourent sans eflbrts toutes les phases de la vie végétale; car, grâce à l'attraction puissante des montagnes environnantes sur les vapeurs de l'atmosphère, à l'avantage de l'exposition, à la fécondité d'une terre volcanique et à la bonté du climat, la nature peut l'eju'oduire dans cette enceinte toute la force vitale qu'elle tléploie dans les régions chaudes du globe, tout ce qu'elle possède d'énergie, tout ce qu'elle pro- digue de sève, et cette végétation variée de forme et d'aspect s'étale là en plein soleil, à l'air libre, sous la bénigne influence d'un air tiède et d'un beau ciel. Mais pour mettre à profit tous ces avantages, il faut donner au jardin d'acclimatation une direction et une organisation analogues à celles des établissements qui ont élé créés en Lurojte dans ces dernières années, cl dont les résultais IV'Conds ESSE.NCKS FUUESTJÈUES DES CA.NAHIES. 781 jic laisseiil plus aucun doule sur leur uUlilé. Alors le jardiu d'Orutava sera réellement la pépinière des végétaux qu'on y aura introduits et facilitera leur propagation dans les climats moins favorisés ; et comme les plantes des zones intertropi- cales, qui ne fruclitient que bien rarement en Europe, ne peu- vent être nudli[)liées en serre qu'avec beaucoup de difficultés, on pourra se procurer ces espèces exotiques au jardin d'accli- matation, où elles se reproduiront comme sur le sol natal. 11 est, je sais, quelques végétaux des tropiques qui résistent aux hivers du midi de l'Espagne, mais pour ceux-là encore le jardin d'(3rotava sera d'une grande ressource. En second lieu, l'état précaire de l'horticulture en général aux îles Canaries, l'ignorance presque complète des vrais principes de la greffe et de la taille, en ce qui concerne les arbres fruitiers et ceuxd'ornenient,le manque total de bonnes variétés et d'un grand nondjre d'excellentes espèces qui n'ont jamaisétéintroduitesdansle pa\ s, fauted'une pépinière centrale ta Ténériffe, sont autant de causes qui ont privé jusqu'ici les propriétaires ruraux et les amateurs de jardins des ressources nécessaires à la plantation des vergers et à l'embellissement des campagnes. Ces circonstances forcées ont obligé les plus désireux d'ac([uérir de jeunes plants, de s'adresser à des jar- diniers pépiniéristes de France et d'Angleterre ; mais les arbres ou les arbustes, achetés à grands frais à l'étranger, n'arrivent la plupart du temps, ni dans les conditions voulues, ni dans la saison opportune. C'est donc pour remédier à ces inconvé- nients et en vue des progrès de l'arboriculture dans ces lies, (juil serait urgent de créer au jardin d'acclimatation des pépinières d'arbres truitiers et d'ornement des meilleures espèces. Il est en outre une troisième considération ({ue je iic sauiais omettre en adressant ces observations à la jiremière autorité civile de la province. Les îles Canaries, comme j'ai eu l'occasion de le dire, }»os- sèdent encore, dans ce qui leur reste de leurs anciennes forets, des arbres d'essences précieuses qu'il serait utile de propagci-. l)e})uis bien des années je ne cesse de recommander la con- 782 SOCIÉTÉ IMPÉItlALE ZOOLOGIQUE d'acGLIMATATION. servationet le repeuplement de ces bois que les incendies, les dévastations et des dél'richements regrettables, suivis d'usur- pation, ont presque anéantis. En 182(5, lorsque j'iiabitais la vallée d'Orotava, j'entrepris, sous les auspices de M. le marquis de Yillanueva del Prado, quelques améliorations dans ce jardin botanique dont il fut le fondateur. La collection du jardin s'augmenta alors, par mes soins, des plus belles plantes de la flore canarienne et des principales essences de ces vertes forêts que j'eus le bonheur de parcourir et de décrire quand elles conservaient encore toute leur beauté vierge. Que reste-t-il aujourd'hui de cette jeune plantation qui commençait à prospérer lorsque je quittai ces iles en 18;')0?... Rien ou presque rien, et le peu qui subsiste encore éprouvera le même sort, si l'on ne s'empresse de le renouveler avant ([ue la végétation forestière disparaisse entièrement du sol. C'est au jardin d'acclimatation d'IJrotava qu'on peut espérer de la conserver et de la reproduire dans les parties monta- gneuses des îles d'où elle a disparu, et dans les climats de l'Europe méridionale où elle pourrait prospérer. Ses diffé- rentes espèces d'arbres forestiers, originaires des Canaries, se font remarquer ]iar la beauté et l'excellente qualité de leur bois : le menuisier et l'ébéniste peuvent en utiliser plusieurs pour la confection des meubles de luxe; il en est d'autres que les charpentiers emploieraient avantageusement aussi bien que les charrons; (juelques-uns même pourraient servira la construction navale. Mais leur acclimatation et leur propagation dans les pays où l'on voudrait les introduire est toujours diffi- cile, si l'on ne facilite cette reproduction par l'établissement d'une pépinière centrale dans la contrée originaire, atin d'avoir sous la main les ressources nécessaires pour un repeu- plement sur une grande échelle, soit par la voie des semis et des transplantations, soit pour opérer des remises de graines et déjeunes arbres dans les régions convenables à l'acclima- tation des espèces forestières. J'essayerai d'en exphquer les motifs. Les forêts canariennes sont souvent voilées par une bruine ESSENCES FORESTIÈRES DES CANARIES. 788 fine qui pénètre les plantes comme une rosée, elles maintient dans une atmosphère humide tout imprégnée des émanations végétales. Il est difficile de reproduire artificiellement cet étal de température dans lequel les plantes pompent la vie, en rendant par leurs feuilles l'exubérance de leur sève. Dans les forêts, la terre chargée d'humus par la décomposition des substances végétales et des principes fécondants qu'elle con- tient, se trouve là dans les meilleures conditions pour déve- lopper les germes des semences qu'elle reçoit dans son sein. Ce terreau nourricier, qui favorise au plus haut degré le rapide développement de la végétation, est l'engrais le plus précieux qu'on puisse se procurer pour préparer le sol d'une pépinière. D'autre part, les arbres des forêts sont le plus souvent de mauvais porte-graines. L'agglomération de tant de grands végétaux dans ces régions ombreuses où le soleil ne pénètre pas assez, rend la plupart des espèces sinon stériles, du moins peu propres à la floraison et à la parfaite maturité des fruits. Ce n'est guère que sur la lisière des bois et dans les espaces où les arbres peuvent jouir de l'air libre et de la chaleur, qu'on les rencontre en pleine fructification. Il serait donc opportun, pour favoriser la reproduction de ces précieuses essences, de les cultiver d'abord dans la vallée d'Orotava, sous l'influence d'une température analogue à celle de la ré- gion forestière, et le jardin d'acclimatation remplirait admi- rablement toutes ces conditions. Et maintenant que je viens de démontrer les avantages qu'on peut retirer de cet établissement pour l'acclimatation et la propagation des végétaux utiles, envisageons-le aussi sous un point de vue non moins important, car il s'agit d'une ques- tion économique qui préoccupe aujourd'hui tous les amis du progrès. Quelques explications préalables sont indispensables. En élevant autour de lui les animaux et les plantes qu'il pouvait utifiser, en propageant leur race, l'homme a multi- plié ses ressources, et, sous ce rapport, les animaux domes- tiques, aussi bien que certaines plantes cultivées, comme on 78/4 SUGIÉTÉ IMPÉIUALE ZUOLUIJlnUE D ACCLIMATATION. l'a rléjà parraileineiil fait observer, sont ses propres ouvrages, car c'est lui qui les a soustraits à la nature sauvage, et s'en est assuré la conipiète en les appropriant à ses besoins. Eh bien! nous reprenons aujourd'hui l'œuvre des premiers temps, et dans ce monde, (pii s'est agrandi poumons par les nouvelles découvertes des explorateurs, nous essayons d'antres con- quêtes sur des espèces auparavant inconnues. Déjri, parmi les oiseaux, plusieurs nouvelles races de Gallinacés et de i'almi- pédes nous sont acquises, et parmi les manmiiléres, les Kangurous, les Chèvres d'Angora, les Alpacas, l'Yak et l'Hé- mione, commencent à se propager dans les jardins zoologi- (|ues d'f]urope, sous les auspices des Sociétés d'acclimatation. Mais lorsqu'il s'agit d'animaux utiles, auxiliaires ou alimen- taires, ou bien encore de ceux qui peuvent fournir des ma- tières premières à l'industrie, ce n'est pas assez de posséder linéiques individus enlevés à la vie sauvage ; c'est une suite d'individus issus les uns des autres qu'il faut avoir, c'est (iiic race qu'il faut obtenir, car elle seule conqilète l'œuvre de l'acclimatation. Ces vérités sont devenues des axiomes depuis que l'illustre Isidore CeotVroy Saint-Hilaireles proclama le pre- mier, et cpi'il en enseigna les principes dans ses savantes h'cons. Elles resteront comme des aphorismes de la science. En hasardant ces réilexions, on voit tout de suite ce que je désire. Je voudrais (jue le jardin d'Orotava lut converti en jardin d'accHmatation à la fois zoologique et botanique, que l'espace trop réduit dans lequel il a été renfermé s'augmentât par des annexes. Une maison rustique, une sorte de ferme modèle dans les dépendances de l'établissement, serait desti- née à l'élève des animaux les plus indispensables à l'économie domestique et au service de la ferme. Les espèces ou les variétés récemment introduites en Europe, et les plus iïiciles à propager dans le pays, devraient être préférées, alin d'ob- tenir des races perfectionnées par des croisements avec les espèces conununes. Les produits (jue l'on obtiendrait seraient vendus pour améliorer les races abâtardies. La vente de ces produits, comme de ceux de la i)épinière, déchargerail l'éla- blissenient d'une partie de ses frais. ESSENCES FOUESTIÈKES DES GAiNAKlES. 7So Les considérations que je viens d'exposer ne doivenL laisser aucun doule sur les avantages qui résulteront de la transfor- mation complète du jardin d'Orotava, dont je vais résumer ici la nouvelle organisation, d'après les réformes que je pro- pose : 1" Placer à la tète de l'établissement un directeur capal)le de donner aux travaux de culture et à l'élève des animaux de la ferme d'acclimatation toute l'impulsion désirable. 2" Rémunérer suffisamment le jardinier en clief, et lui ac- corder 10 pour 100 de bénéfice sur la vente des produils du jardin et de la pépinière. Faire les mêmes avantages au ma- jordome de la ferme, cbargé du soin de la ménagerie domes- tique. 'à" Fixer un budget pour les trois premières années, aiïecté aux travaux d'agrandissement et d'installation et aux dépenses en acliats de plantes, semences, animaux et ustensiles. à" Déterminer la part du budget réservée au payement, jiar annuités, des terrains acquis et annexés au jardin. Une entreprise de cette nature ne saurait rester plus long- temps en projet. Les améliorations et les réformes dont le jardin d'Orotava est susceptible, ont déjà tixé l'attention et appelé la sollicitude du gouvernement suprême sous le minis- tère de M. le marquis de Corvera. Plusieurs causes ont motivé cette heureuse initiative : M. de Corvera est memlire de la Société impériale d'acclimatation de Paris, et M. le président du conseil, lui-même, appartient à cette grande association qui compte parmi ses adhérents les hommes les plus éminenls d'Espagne. Une émulation patriotique a disposé les esprits vers les entreprises d'utilité générale en rapport avec les progrès du siècle, et certes, à cet égard, tout le monde a pu se convaincre depuis quelques années que l'Espagne n'est pas restée en arrière des autres nations. Son gouvernement a compris tous les avantages qu'on pouvait retirer d'un jardin d'acclimatation situé sous le beau ciel des Canaries. Aussi la Société impériale de Paris applaudit-elle, il y a un an, à la première annonce qui lui fut faite des mesures adoptées par le marquis de Corvera, lorsqu'elle apprit qu'une somme, bien T. IX. — Sciitciubrc 1862. 50 78(3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQUE d'acCLIMATATION. (|Lic minime, figurait au budget du ministère de Fomeiilu pour la réorganisation du jardin d'acelimatation d'Orolava. On connaissait en France les ressources que pouvait offrir ce bel étaldissement dirigé dans un double but d'utilité, comme pépinière cosmopolite pour l'acclimatation des plantes éco- nomiques, et comme jardin zoologique pour la propagation des meilleures races d'animaux domestiques. Une fois le jardin d'Orotava mis en relation avec celui du bois de Boulo- gne, on espérait pouvoir établir un système libéral d'éclianges qui promettait les plus lieureux résultats ; car on comptait avec raison sur les avantages du climat privilégié des îles Fortunées, pour réaliser l'acclimatation des animaux et des plantes dont les hivers de l'Europe avaient retardé la réussite. La Société impériale d'acclimatation de Paris saluera donc avec joie la renaissance d'un établissement digne de la nation éclairée qui la première en conçut la création, car le conseil qui dirige cette association « ne se renferme pas dans les sen- timents étroits de nationalité » ; il veut, comme l'a dit son regrettable président, «le progrès toujours et partout; sa sol- licitude s'étend sur tout le globe ; aucun ciel, aucun sol ne lui est étranger », grâce au concours des hommes d'élite dont il se compose et à l'appui que lui prêtent tous les membres associés. Que ne doit-on pas espérer du jardin d'acclimatation d'Orotava, quand l'auguste Reine, qui compte dans ses do- maines ce bel établissement, encourage Jes efforts de la Société d'acclimatation que l'empereur des Français a prise sous son patronage, et quand les gouverneurs de Cuba et des îles Phi- lippines, s'unissant aux sympathies de leur souveraine, vien- nent offrir leurs services à cette Société impériale pour seconder ses entreprises et ses travaux? Ces manifestations qui se pro- duisent d'une manière si spontanée, si généreuse et si una- nime de la part des souverains, ces sympathies qui réunissent dans un but commun toutes les nations, sont les garanties de l'avenir. LKUCALYPTLJS GLOIULUS {Tumianian bluc Gum-trcc), (iOMMlER lîLKLI DE LA TASMANIK. Par M. P. KAMEL. (Séance du 12 septembre 18()2.) Vers l'époque (185/i ) oii l'infatigable botaniste des anti- podes, M. le docteur Mueller, (fuittait son ermitage du jardin de Melbourne pour se joindre à l'expédition de Gregory, expé- dition qui avait pour luit l'exploration scientifique du nord de l'Australie, et aussi sans doute la recherche des traces du regrettable Leicbart , M. Dalichy, directeur des travaux du jardin botanique, appelait mon attention sur un jeune arbre qui grandissait à vue d'œil dans une allée écartée. C'était un Gommier bleu ( blue Guin ), nom vulgaire de ï Eucalyptus glolmlus. Je ne connaissais alors ni le nom ni le végétal. Je fus si frappé de l'élégance particulière de ce nouvel arbre, qu'il devint pour moi un objet d'admiration et d'étude. Au retour de son voyage scientiiique, M. Ferd. Mueller me fit présent de semences des plantes d'espèces nouvelles qu'il avait recueiUies, pour être adressées à mes amis d'Europe. Il joignit à cette collection des graines de Y Eucalyptus g lobulus. Elles arrivèrent à Paris en 1856. En 1857, à mon retour en France, j'en apportai moi-même et j'en offris au Muséum. Dans un nouveau voyage, je continuai mon importation de graines iX Eucalyptus globulus; jusque-là je n'avais pas entendu dire que cette remarquable espèce eût été cultivée en France ni même en Europe. J'eus l'honneur d'en [>résenter des graines à la Société impériale d'acclimatation, en appelant son attention sur la culture de ce précieux végétal. En 1800, après avoir connu les magnifiques résultats obtenus à la colonie du cap de lîonne-Esi)érance, l'espèce de métamorphose qu'a subie le terrain sur lequel on avait semé i\es Eucalyptus globulus, M. Ferd. Mueller, désireux de doter 788 SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOdLUGIQUE D ACCLIMATATION. notre belle colonie de l'Algérie du même bienfait , nie demanda à (jucl ministère il devait adresser des semences (VEuca/ypti/s f/lobiilus, et, sans attendre ma réponse, m'en- voya une notable quantité de ces graines en vue de cette des- tination (l'Algérie). Je me hâtai de traduire les notes accompagnant l'envoi de M. Mueller, et je les remis avec les semences au ministère de la marine, qui avait alors notre colonie africaine sous sa direc- tion. Je dois dire qu'elles furent envoyées le jour nicnie à M. Hardy, directeur de la pépinière d'Alger. Un hasajxl me donna l'occasion de parler du mérite du bois {ï Eucalyptus globulus à M. le sénateur préfet de la Seine. Je lui vantai ce végétal, qui, jeune, se présente comme une jolie plante d'ornement, pour ensuite donner son abri et son ombrage bien plus tôt que nos arbres de la plus prompte croissance. Ce magistrat éclairé voulut bien en accepter des graines. Le Muséum remit à la Ville un jeune sujet pour hâter l'épreuve. C'est celui qui , grâce aux soins de M. Barillet- Deschamps, a fait l'admiration de tous ceux qui l'ont vu. Mis en pleine terre à l'établissement dit le Fleuriste de la ville de Paris, près de la Muette, au mois de mai dernier, cet arbus- cule avait grandi d'un mètre par mois, de juin à octobre. On a pu dire avec raison que c'était un des plus beaux végétaux iqu'il y eût à Paris. Cette belle apparence a sa valeur; mais le mérite principal (jui distingue cet arbre, c'est son utilité multiple. Si la rapidité de sa croissance vraiment prodigieuse le rend précieux pour les contrées qui manquent de bois, et par con- sé(juent d'abri, elle ne rempcclie }ias, chose anormale! d'être un des bois les plus durs, les plus lourds et les jdus résistants à l'eau, à l'air et aux insectes. Entin, à tous ces avantages il faut ajouter les émanations [)ari'umées de ses feuilles, très favorables à la santé, et qui se recommandent pour leur utilité aux localités où les influences paludéennes ont besoin d'être combattues. Ceux de mes lecteurs qui voudront approfondir cette ques- tion et suivre les inductions d'un voyageur en Australie, non EUCALYPTUS HLOBULUS. 789 niédeciii, sunt priés de consulter pour plus ami)le iuroriuc le numéro de décembre de la Revue maritime et coloniale. A ce recueil j'emprunte encore les faits suivants que je crois devoir reproduire : « On sait la solidité des baleiniers construits à Iloliarl- lown ; ils la doivent à l'excellence des bois de la Tasmanie, et particulièrement à \' Eucalyptus (jlobulm. » Les travaux maritimes, digues, jetées, (juais, etc., qui ont été exécutés dans le Yarra-Yarra et dans Hobson's-bay, le port maritime de Melbourne, sont faits avec les l)ois d'Eucalyptes de la Tasmanie et du promontoire AYilson. » Tout récemment, dans l'Inde elle-même, cette patrie du Tek, on a tiré de la Tasmanie d'immenses quantités îVEuca- ii/ptus gloljulm, tant pour la construction des navires (lue pour les ouvrages divers de chemins de fer. » Dirai-je encore que S. Exe. le gouverneur de la colonie du Cap, sir George Grey, qui avait une parfaite connaissance du mérite de ces arbres, fit semer des graines à' Eucalyptus glohulus dans des terrains entièrement dénudés jusque-là, et qu'en peu de temps on y vit de beaux taillis, et, grâce à leur ombre protectrice, l'herbe poussa, et les moutons purent y trouver de bons pacages. C'est à M. Ed\v. \Yilson que je dois ce renseignement précieux, que je puis citer comme un fait remarquable d'acclimatation. Il le tenait lui-même de Sa Seigneurie le duc de New-Castle, ministre des colonies. » Pour compléter ce que j'ai pu recueillir sur l'arbre inté- ressant qui fait l'objet de cette notice, et atin de rectifier les appellations et descriptions erronées qu'on lui a appliquées, je crois devoir terminer par la description qu'en donne notre grand naturaliste de Lal)illardiére, et eniin par celle plus complète du savant docteur Mueller, à qui l'on doit la photo- graphie des différentes espèces de la grande famille des Euca- lyples. « Félicitez-vous, m'écrivait-il dernièrement, que vos nalu- ;) ralistes aient décrit la majeure partie de nos plus beaux » végétaux australiens. » Faut -il que j'ajoule (pi'il avait vax^ow , cnr V Eucalyptus 790 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE D'ACCLIMATATION. f/loljulus est un des plus beaux végétaux, je uo dis |)as de la Nouvelle-Hollande, niais même de la création (1). Gracieux quand il est jeune, élégant quand il est adulte, il peut arriver en quatre-vingts ans à la sublime majesté que donnent 100 mètres, se dressant sur une base de 28 mètres de circonférence. L'agencement de ses branches est des plus artistiques. Les feuilles sont d'une couleur bleu vert, vert de iner, bleu Suède; elles jouent au vent avec des effets de nuances qui rappellent ceux du feuillage du Tremble. Elles sont persistantes comme chez tous les sujets de la f;imille des Myrtes, et offrent cette curieuse particularité, qu'après un certain temps (trois ou quatre ans environ), elles changent de forme, prennent des pétioles, et alors affectent les formes des feuilles de nos Saules d'Europe. La semaine dernière, on a vu pour la première fois au Muséum, dans la partie du jardin appelée école, un Evcalyptiis ylobvlus produisant ce phénomène. Les dernières pousses sont pét'iolées. Gel arbre est aussi un des plus bleus des Eucalyptes nés à Paris. Découverte et description de /'Eucalyptus globulus, par Labillardièré. () mai 1792. Cel arbre, un dos plus élevés dans la nature, puisqu'il a un deuji-heclo- nu'lro, ne porte ses tleurs qu'à la sonnnité. Sa tige ressemble pailaitcnienl à ^£'^tca/y2J^ws rMm//(??'a dépouillé de son écorce fongueuse; et d'ailleurs ces deux arbres ont à peu près les mêmes dimensions. Le U'onc, très bien filé au moins dans la moitié de sa longueur, est propre aux constructions navales et pourrait servir à la mâture, quoiqu'il ne soit pas aussi léger ni aussi élastique que le Pin. (1 ) Voici les dimensions d'un vieil Euculyplns globulus coupé dans la Tasmanie : Circonférence à la base 90 pieds anglais. — à 5 pieds au-dessus du sol UT) — — à 7 — 60 — — ;V2I — 25 — Sa liauteur était de 300 pieds environ, et l'on estimait que son tronc présen- tait 800 aimeaux concentriques. (/Je.wi/rce.s of Victoria, p. 22.) EUCALYPTUS GLOBULUS. 791 Jl nous l'aliuL abattre un de ces arbres poiu' eu avoir les Heurs. Le soleil était très brillant, la sève monlait avec abondance, et au mo- ment de la chute de l'arbre, elle sortit en grande quantité du milieu de la partie inférieure du tronc. Ce bel arbre, de la famille desAIyrtes, est couvert d'une écorce assez lisse. Les branches se contournent un peu en s'élevant. Elles sont garnies à leurs extrémités de feuilles alternes largement arquées, longues d'environ 0'",2 sur 0"',11 1/2 de large. Les fleurs sont solitaires et partent de l'aisselle des feuilles. Le calice, en forme d'urne renversée, est d'une seule pièce, ainsi que dans les autres espèces du même genre, et il tombe de même lorsque les élamines se développent. fl est, comme tout le fruit, un peu tuberculeux. 11 n'a point de corolle. Les étamines nombreuses sont attachées sur les bords du réceptacle. Le style est simple. Il n'y a qu'un stigmate. La capsule, ;i sa partie supérieure, est ordinairement à quatre loges qui contiennent plusieurs semences anguleuses. Elle a en dessous quatre angles dont deux sont sail- lants plus que les autres. Sa forme de bouton d'habit m'a engagé à l'appeler Eucalyptus globiilus. (Extrait du Voyage de la Recherche.) Description de /'Eucalyptus globulus, parM. Ferd. Muellor. Traduction de M. Newmann. Arbre très élevé, à ramules tétragones au sommet. Feuilles des plus jeunes pousses opposées, presque en cœur ; les autres alternes, longuement ou brièvement pétiolées, coriaces, concolores, presque Jtrillantes, un peu oblongues à la base et devenant peu à peu, vers le somiuet, subfalciformes et aiguës, ou étroitement lancéolées, allongées par une saillie, munies de nervures pennées très apparentes ; celles de la circonférence distantes du bord. Fleurs axiilaires, une à trois, sessiles ou portées sur un })édoncule com- mmi court et large ; pas de pédicellcs. Boutons (alabastres) pruineux et verruqueux, ridés ou presque lisses ; opercule double, l'opercule externe plus mince ; le tube du calice presque hémisphérique ou subpyramidal, en toupie, anguleux ou muni de côtes rares égalant la longueur de l'opercule interne; c(!Uii-ci hémisjjhérique déprimé, ou bien très déprimé, et alors présentant une saillie brusque au centre. Étamines à lilaments allongés, à anthères subovoïdes. Fruits assez grands, presque bémisphériques ou turbines, déprimés, à quatre, six et rarement trois loges; un petit sillon très étroit sépare du tube du ( alicc le bord de la partie supérieure, bord large et déprimé ou légère- 702 socii':tk impériale zoolocique d'acclimatation. nienl convexe ; parlie supérieure un peu convexe, valves deltoïdes. Semences non ailées. Habitai. — Dans les vailécs et les pentes humides des n]ontap;nes boisées, depuis Apoilo-bay jusqu'au delà du capAYilson. Delà il s'étend de nouveau, en formant çà et là des massifs jusqu'aux Buff'alo lianges, en s'élevant dans des régions plus froides. Dans la parlie australe de Van-Diemen's Land (Labill.), dans l'île de Flindcrs-(lun. Cet arbre, d'un accroissement remarquablement rapide, et qui est mainte- nant connu dans le monde entier sous le nom de Tasmauian hlue Gum, doit être compté parmi ks pins grands colosses du règne végétal, il atteint, rarement à la vérité, 100 mètres, mais s'enorgueillit assez fréquemment d'une hauteur de fi5 mètres. Cependant sur les collines rocheuses du littoral pres- que conslannnent exposées au souffle de la tempête, il ne forme que des arbrisseaux loulfus qui lleurissent et frnclifient abondamment. Le tronc, perdant toujours promptement les lames extérieures de son écorce, est glabre, cendr('', parfois entouré à la base d'un pou de vieille écorce fibreuse. Bois dur, lourd et d'une grande utilité, l'iameaux assez forts, ceux des plus jeunes pousses singulièrement tétragones et blanchâtres. Feuilles plus ou moins déroulées, atteignant habituellement 0"',15, çà el là plus courles, plus rarement dépassant 0"',o3, obliques à la base, légère- ment aiguës ou presque obtuses au sommet, larges à la base de 0"',03 à 0"',on, dépourvues le plus souvent de points pelbicides, et terminées par un acumcn grêle qui, dans la plupart des cas, se détruit rapidement. Feuilles des plus jeunes pousses embrassantes à la base, à sommet apiculé, ou brièvement acuminées, couvertes d'une elllorescence blanchâtre sur les deux laides, le jjhis souvent à cause tle leur slruclure i)lus lâche, marquées de points pelbicides, longms de 0"'.08 à (i"',lZi, larges de 0"',0i à 0"',08. Hractées très caduques, coriaces, formées par la réiuiion de deux parties ovales acuminées, demi-connées, embrassant le bouton, un peu fauves, glabres, longues de O"",!! à 0"',16. Tube du calice long de 0'",01 à 0"',02. Opercule externe caduc, fragile, mince, couvert de glandes immergées munies de quelques veines en réseau égalant l'opercule interne. Celui-ci coriace, épais de 0"',005 à U"',015, large de 0"',015 à 0"',0l\ ou plus rare- ment de 0"',0i7. fitamines : filaments d'un jaune pâle, filiformes, capillaires, les plus longs ayant de 0"',011 à 0"',018, et rarement moins; anthères longues d'environ 0"',00l, versatiles, munies d'une glande assez forte. Style filiforme, peu épais, long de 0'",00l environ; stigmate convexe, à peine plus épais que le style. Fruits souvent larges de près de 0"',025, parfois aussi réduits à une lar- geur de moitié, plus ou moins anguleux par leurs cotés. Bord presque dressé d'abord, puis s'étalant par l'accroissement de la capsule. Semences s|('Tiles brunes, les unes filiformes, en massue, et huigues d'en- EUCALYPTUS GLOBULUS. 793 viroii 0"',002; les autres les pins courtes, rhomboïdes ou trapézoïdes. Semences fertiles o\ales-obliqnes ou arrondies, noires, ternes, lon[,'U('s de 0"',()02 à 0"',003, couvertes de petites rugosités à peine visibles. Nous avons dans notre herbier des exemplaires d'un Eucalypte cultivé près de Sydney, et qu'on api>elle aussi blue Gum-tree. 11 est très voisin du précé- dent, dont il dill'ère surtout par les feuilles plus minces et plus petites, à veines plus lines, celles de la périphérie presque toujours un peu écartées du bord ; les pédoncules sont un peu allongés, les boutons lisses, sans côtes ; l'opercule hémisphérique peu à peu cuspidé par une pointe légèrement aiguë; le bord de la partie supérieure est plus convexe, elle n'est séparée du tube par aucun petit canal^ visible, les valves sont plus longues; enlin les semences sont luisantes et anguleuses. Est-ce une espèce distincte ou seule- ment une variété? C'est ce que démontreront les observations ultérieures. Cette plante, autant qu'on ose se prononcer sur des spécimens fructifères seulement, présente tout à fait les mêmes caractères qu'un Eucalypte qui croît au golfe ^Vilson, la partie la plus austro-occidentale de la Nouvelle-Hollande, et peut être un bhie Gum-tree qu'on rencontre sur les bords de Franklin river et Deej) river, .l'attribuerais volontiers ù cette espèce le nom dC Euca- lyptus megacarpa. .Je ramène aussi près de VEiualyptus filohulus une autre espèce austro-occidentale. Elle se reconnaît aux caractères suivants : les fruits dépassent souvent 0"',0'J7, et sont sans cjMes et subturbinés, en- foncés en dessus très mollement ou d'une manière à peine visible, canali- culés autour et en dehors du bord, enflés sur les valves, et souvent portés par deux ou trois sur un pédoncule assez long, arrondi ou à peine comprimé; il n'y a pas de semences fines et en massue, mais la plupart sont compri- mées et presque semi-orbiculaires, les fertiles et les stériles à peu près de même forme. A cette dernière espèce, qui se rapproche un peu de VKuca- lyptits prei.ssiana, conviendrait bien le nom cVEucalijptus plurilocutaris. (Traduit des Fragmenla Phijt. Austral, de Mueller, .Wir, p. 68 et suiv.) II. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL. SÉANCE DO CONSEIL DU 12 SEPTEMBRE 1862. Présidence de M. Droi;\n de Lhuys. Le procès-verbal de la séance précédente est lu el adopté. Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : AuBERT (Charles), propriétaire, à Saint-Martin-de-Màcon, par Thouars (Deux-Sèvres). Babled, membre du conseil général de l'Aisne, à Craone (Aisne). Deciiarme (Théodore), ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Paris. Degreaux, proprii'taire, fondateur du jardin zoologique de Nice, à Nice. Forbin-Janson (le marquis de), consul général, chargé d'aftaires de France à Haïti, à Paris. Caitte-Laricaudie, notaire au Martres -de-Veyre, par Veyre (Puy-de-Dôme). Lenthéric (Charles), ingénieur des ponts et chaussées. à Paris. Petin, membre du conseil général de la Loire, maire de Rive-de-Gier (Loire). Renauld (Edmond), propriétaire, à Troyes. RouHER (S. Exe. M.), Ministre de l'agriculture, du com- merce et des travaux pu])lics, à. Paris. Thomas (Emile), ingénieur, à Nice. TouRNiOL, receveur municipal à Milianah (Algérie). — M. le Président annonce au Conseil la perte regrettable que la Société vient de faire en la personne de M. le duc de Montmorency. — Des remercîments, pour leur récente admission, sont adressés par MM. Dehsse fils, de Bordeaux; Le Dentu, de Cherbourg, et Edouard Winckler, d'Is-sur-Tille. — M. hi Président donne lecture de la lettre qui lui a été n dressée par S. E\c. le Ministre de ragricnltiu'e, du rnnmierce PROCÈS-VERBAUX. 795 tU (les travaux piil)lics, on date du 22 août, pour lui annoncer que, par décret du 16 août, l'Empereur a nommé chevalier de la Légion d'honneur M. Pomme, administrateur de la Société impériale zoologique d'acclimatation. M. le Président ajoute que cette haute distinctionn'cst pas la seule que la Société puisse se féliciter d'avoir reçue, depuis la dernière r('union du Conseil ; il a eu, en elTIet, la satisfaction de transmettre à six de nos confrères diverses décorations de rordr(î impérial de la Piose que S. M. l'Empereur du Brésil a hien voulu lui adresser, savoir : à M. le général Daumas e( à lAI. Piichard (du Cantal), notre vice-président, la croix d'of- licier et celle de chevalier à nos collègues MM. Dareste, Davin, Albert Geoffroy Saint-Hilaire et A. Hesse, de Marseille, qui faisaient partie de la commission spéciale chargée d'or- ganiser l'expédition des Chameaux au Brésil. — M. le Président donne lecture d'une lettre adressée à M. le directeur du Jardin d'acclimatation par M. le général Piolin, adjudant général du palais, pour lui annoncer le don fait par l'Empereur, sur la demande de M. Drouyn de Lhu;ys, d'un couple de perdrix de Chine. (Voy. au Bulletin.) — S. Exe. le Ministre de l'agriculture, par une lettre du 2 septembre, ofïre à la Société une collection de graines du Japon, provenant des envois de M. E. Simon. (Voy. au Bul- letin.) A la dépêche de M. le Ministre est jointe une lettre de M. E. Simon, datée de Chang-hai, le 1" juin 1862, relative au convoi de graines, de plants de végétaux et d'animaux vivants du Japoji, qu'il vient d'expédier, et contenant le cata- logue de ces précieux objets. Ce catalogue ne présente pas moins de hQ espèces de graines, 12(5 espèces de plants vivants; hh cages ou caisses renfermant des Faisans, des Poules, des Pigeons des plus belles espèces du Japon, des Salaman- dres, des Tortues comestibles, des Poissons rouges du même pays et un Cerf du Chantoung; 23 échantillons de produits na- turels ou industriels du Japon, /j9 espèces diiférentes de pa- piers, et enfin deux bocaux de fruits des arbres fruitiers et de quelcpies espèces de poissons de luxe de ce pays. 706 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. le Président donne lecture d'une lettre par laquelle M. le directeur de la Compagnie générale transatlantique assure à M. le directeur du Jardin d'acclimatation, qui lui en avait fait la demande transmise par M. Pereire, son bienveil- lant concours pour le transport des animaux que la Société voudraitfaire venir du versant oriental de l'Amérique. (Voy. au BiiUetin.) — La Société zoologique d'acclimatation pour la région des Alpes fait parvenir le compte rendu de l'assemblée générale qu'elle a tenue à Grenoble, le 12 mai 18()"2. (Voy. au Bulletin, Faits divers.) — M. le directeur du Jardin d'acclimatation donne commu- nication de deux lettres qu'il a reçues de S. Exe. le Ministre de la marine et des colonies qui l'informe de l'envoi d'ani- maux et de graines otVerts au Jardin par les administrations de la Guadeloupe et de la Martinique, et d'une lettre de notre dévoué confrère M. Bataille, au sujet de la remarquable col- lection d'animaux qu'il a récemment envoyée. (Voy. au Bul- letin.) — M. le Président annonce queM. deLagabbe, président du tribunal de Neufcliàteau (Vosges), a bien voulu offrir à la Société un Bélier et deux Brebis de la race particulière dont il possède un troupeau, et que ces trois animaux, complète- ment différents, quant aux formes extérieures, des Moutons Ong-ti, d'origine cbinoise, sont depuis quelques jours au Jardin, où les deux races peuvent ainsi être facilement com- parées et étudiées. — Les animaux offerts par M. de Lagabbe sont d'origine suisse. Introduits à la ferme-école des Vosges par son directeur M. Lequin, cette race est aujourd'bui assez répandue dans ce département. Les qualités exceptionnelles (jui lui ont été attribuées au point de vue de la fécondité ne paraissent pas complètement justifiées. Un Bapport de M. Le- quin sur cette race sera prochainement adressé à la Société. — M. le général Jusuf écrit d'Alger, le 29 août, pour de- mander des renseignements sur cette race chinoise qu'il dési- rerait introduire dans la bergerie modèle de Ben-Cliikao. Une demande semblable ost adressée dans la même inten- lilUCÈS-VERliAUX. 707 tion piir M. .). Giiimard, propriétaire en Tuui'aiiic, et M. G. Huot, agriculteur à Troycs. — M. le Président donne communication : 1" D'un Mémoire rédigé par M. Richard (du Cantal) sous ce titre : Iiifhwnce des scieiices naturelles appliquées sur la production (lu sul . (Voy. 'aw. Bulletin.) 2" D'un Rapport présenté par M. Pierre Pichot à la com- mission chargée de l'organisation de l'exposition de Chiens projeté-e pour le printemps prochain. Dans ce rapport, M. Pichot passe en revue les expositions analogues qui ont eu lieu en Angleterre, et entre dans des détails très complets et très intéressants sur l'installation de ces curieuses exhibitions et sur les résultats qu'elles ont pro- duits. (Voy. au Bulletin.) A la suite de cette communication, M. le directeur du Jardin d'acclimatation dépose une liste des diflérentes espèces de Chiens qui lui a été remise par M. le baron le Couteulx, membre de la commission spéciale. — M. le conseiller Dntrone fait parvenir, de Bruxelles, à la date du 20 août, un extrait du Moniteur belge, (|ui signale les progrès que lait chaque jour la propagation des races bovines désarmées, progrès constatés par la presse de Paris, de Londres, d'Ecosse, d'Allemagne, etc. — Plusieurs lettres relatives à des demandes de dépôts à titre de cheptel, des Yaks et des Chèvres d'Angora de la Société, sont renvoyées à la Commission spéciale. — M. le préfet des Basses-Alpes transmet trois délibérations de la Société d'agriculture et d'acclimatation de ce dépar- tement, en date du l/i juin dernier, renfermant des demandes adressées à laSociété impériale d'acclimatation, et relatives, les deux premières à des plants d Érable h sucre du Canada et à une race choisie de Poules dont la Société de Digne désirerait introduire la culture ou l'élevage dans les localités de son res- sort. La troisième a rapport aux primes proposées par la Société impériale pour des concours de dressage d'Yaks. — M. le directeur du Jardin donne lecture d'une lettre par kuiuelle M. Bavier (de Bordeaux) lui annonce, à la date du 798 SOCIÉTÉ IMPÉIUÂLE ZUOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. 2 août, (|u'iine femelle de Goura vient de pondre successive- ment, chez lui, trois œufs, dont le premier s'est trouvé clair ; le second a été cassé par Fun de ces oiseaux, et le troisième est en incubation sous la femelle. — Notre zélé confrère, M. L. Althammer, d'Arco (Tyrol), après avoir offert à la Société, pour ses collections, un mâle monté d'Auerhahn, lui signale les travaux de M. Tranquillo Toaldi, juge de paix à Dolo (Vénétie), qui s'occupe avec un grand succès d'acclimatation et d'élevage de diverses espèces d'animaux. Agoutis, Lapins, Faisans, Colins, Pigeons de toutes sortes, Abeilles, el ceux de M. Provest, de Padoue, qui s'est livré à l'éducation du Ver à soie de l'Allante, et qui y a assez bien réussi pour pouvoir fournir dès maintenant des cocons de cette espèce à 3 francs 50 c. le cent. — M. Alfred Manès, négociant, k Saint-Denis de la Réu- nion, en adressant des remercîments pour sa récente admis- sion, offre à la Société son bienveillant concours, principale- ment pour l'introduction du Gourami en France et en Algérie, et il appelle l'attention du Conseil sur l'intérêt que présen- teraient des expériences pratiques ayant pour objet la culture des Huîtres sur les côtes de la Réunion, où elles l'ont défaut et sont extrêmement désirées. — M. Guilhen (de Nîmes) dont nous avons déjà fait con- naître les intéressants travaux sur l'application industrielle des soies sauvages de l'Inde apportées par le commerce, en- voie de nouveaux échantillons de teinture et de tissus qui té- moignent des progrès qu'il a déjà accomplis dans ses expé- riences. Ces échantillons , dont l'un est une coupe entière d'étoffe brochée, sont mis sous les yeux du Conseil. — Notre confrère M. Daguillon, médecin sanitaire à bord du Périclès, sur le Danube, lait parvenir des graines de Ver à soie de Saloni(iue, qu'il offre à la Société. — M. le Président communique l'extrait d'une lettre de M. Gauldrée-Boilleau, qui lui annonce qu'il n'a pas perdu de vue la question des Vers à soie sauvages de l'Amérique du Nord, et qu'il s'occupe également de recueillir des semences de plantes médicinales. (Voy. au RuUetiii.) ['UUCÈS-VERliAUX . 7l>U — Des IcUros sont adressées i)ar divers coi'i'espundantS(|iii rendent coniple des résultats de leurs éducations de Vers à soie de l'Ailanle. M. Jacques Baumgartner , de Loeracli (grand-duché de Bade), signale ce fait, que, sur ZiOOO Vers environ qu'il avait placés en plein air sur des Ailantes cou- verts de filets, il ne lui en est pas resté un seul après la deuxième mue, tandis que sur tib Chenilles placées sur les Ailantes en plein air, après la troisième mue, il a récolté 32 cocons. M. Maumenet, à Nîmes, a constaté également la disparition des Chenilles mises en plein air sur les Ailantes, sans protection; mais ceux qu'il a déposés sur des touli'es couvertes d'une fine gaze ont parfaitement réussi. La lettre de M. Maumenet renferme d'intéressantes observations sur l'opinion qu'il émet, que l'Ailantc n'est pas la nourriture na- turelle du Bominjx Cynthia. (Voy. au Bulletin.) — M. le directeur du Jardin communique une lettre de S. Exe. le Ministre de la marine et des colonies, qui accepte, pour notre colonie de la Martinique, des pieds de Quinipiina et des cocons de Vers à soie du Ricin, offerts par l'adminis- tration du Jardin. — M. Eugène Simon fait parvenir de Chang-hai une lettre (ju'il a adressée à S. Exe. le Ministre de l'agriculture pour lui proposer d'établir, avec le gouvernement japonais, un échange réciproque de produits naturels utiles, végétaux et animaux (voy. au Bulletm). — La Société ne peut qu'applaudir à cette proposition de notre confrère. — M. Gauldrée-Boilleau, consul de France à Québec, en accusant réception de la lettre qui lui a été écrite au nom de la Société, pour lui demander des graines des principales essences forestières du Canada, signale les diificultés que présente la récolte de certaines de ces graines, et assure qu'il fera tout ce qui dépendra de lui pour satisfaire au désir de la Société. — Deux lettres de M. Hayes, en date de Chandernagor, le 7 et le 15 juillet, annoncent l'envoi fait par notre dévoué con- frère de graines de Bassia latifoli.a et de Cœsalpinia sappan, qui sont parvenues dans d'excellentes conditions. (Voy. la note de M. Hayes sur ces végétaux, Bulletin, p. 69/i.) 800 bUClÉTÉ IMl'ÉniALE ZUOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. — M. de Lacercla, dont nous avons déjà annonce un oiiviii d'Ignames et de Riz du Brésil {Bulletin, p. 709) , adresse de Baliia des graines et un échantillon du produit d'un Cotonnier arbre. — M. de Frcsnes olTre à la Société une petite collection de cinq espèces de graines de fleurs de Chine, que vient de lui envoyer M-" Cuillemin, évoque de Canton, qui les a cueillies dans la dernière quinzaine d'avril. — M. Perry, qui a ramené d'Australie, pour la Société, des Emeux, il y a quelque temps, annonce, par une lettre datée de Londres, le 6 septembre, qu'il a reçu de M. le docteur Mueller, de Melbourne, une collection de graines dont il veut bien mettre une partie à la disposition de la Société. — M. VVilson, à qui M. le Président avait demandé des renseignements sur la culture et la production de la Vigne en Australie, écrit de Londres qu'il s'occupe de recueillir des documents sur cette question pour les faire parvenir à la Société. — M. le Président dépose ensuite : 1" Une note sur d'anciens essais de culture du Coton en Provence (voy. au Bulletin) ; T Un exemplaire d'un mémoire imprimé, intitulé : De la production du Coton en Algérie, par M. L. S. Leclerc. — M. le docteur Sacc, dans une lettre adressée à M. le Président, annonce l'envoi d'épis de difl'érenlcs espèces de Riz cultivés en Andalousie, d'épis de Blé cultivé à Majorque, de l;i part de M. Buxarès, et que notre délégué croit être le Taganrok à barbes noires de M. Vilmorin; de graines de Choux à plumes, de la part de M. Muntadas. Ces Choux sont ainsi appelés à cause de la ressemblance de leurs feuilles extrêmement laciniées avec des plumes d'Autruche. M. Sacc écrit qu'un employé de Y Espagne ijulustriellc ayant semé des graines trouvées dans des balles de coton achetées par cet établissement, les plants qu'elles ont produits ont bien fleuri et noué leurs graines; il ajoute que le Coton était lurt cidtivé, il y a quelques années, à Motrill, en Andalousie. — La Société a reçu de M. lirierrc deux nouveaux Rap- ports, accompagnés de dessins, sur les cultures auxquelles se PROCÈS-VEIIBAUX. 801 ]ivrc nolnj liabilc cl zélé confrère à Saint-IIilairc (Vendée), où il a transporté à grands frais celles dont il s'occupait avec tant de soin dans son ancienne résidence de Riez. — M. Denis (d'IIycres) dont nous avons eu déjà occasion de signaler souvent les remarquables succès dans l'acclinia- tation d'un nombre considérable de végétaux exotiques, écrit, à la date du 15 août, que, sur un groupe de (piatre ou cinq Ba- naniers qu'il possède dans son jardin, il a assisté à la floraison et à la fructification de l'un de ces arbres planté en 1860, et que VAra/ia papyrifera a également fleuri assez tôt, celte année, pour lui donner l'espoir d'en obtenir des graines mûres qu'il se fera un plaisir de mettre à la disposition de la Société. — Notre confrèi-e M. Dbuicque l^iit connaître les bons résultats que lui a donnés la culture des Cocozzelli qui ont parfaitement prospéré à Survilliers. — M. le directeur du Jardin transmet des graines de la Guadeloupe qui lui avaient été envoyées par M. Vaucbelet. — M. le professeur Decaisnc offre ses remercîments, au nom de l'administration du iMuséum, [lour les graines qui lui ont été adressées par la Société. — Des lettres de remercîments, pour le même objet, sont également adressées par M. le directeur de la pépinière du gouvernement à Conslanline, par M. Lucy, de Marseille. — MM. Maurice Girard, Ducliesne ïhoureau, Hamel, Pigeaux et Rufz de Lavison, ont adressé des extraits de leurs confé- rences faites au Jardin d'acclimatation. (Voy. au Bulletin.) — M. le Président dépose : 1" Le numéro du 10 juillet de la Reforma pacifica, publiée à Montevideo, qui renferme un compte rendu de la dernière séance publique annuelle de la Société, et qui a été envoyé par notre confrère M. Carlos Calvo, cbargé d'affaires de la république du Paraguay; 2" Le numéro du 21 août du Journal des travaux publics, renfermant une note sur le plant de Cotonnier déposé au Jardin d'acclimatation par M. Fournès, et provenant de ses cultures dans le département du Gard, Le Secrétaire du Conseil , Guérin-Méneville. T. IX. — Seplembre 18(32. 51 m. BULLETII^ MENSUEL DES CORFÉREKCES ET LEGTUBES. PREMIÈRE CONFÉRENCE DU 24 AOUT 1862. • — S»r rOoio(j(/e, par M. RiiFZ DE Lavison. Quelques personnes, témoins des démonstraiions oologiques faites ici Tan dernier, ont désiré les revoir cette année. Je conçois que la ibrniatiou du Poulet dans l'œuf, si loin de leurs préoc- cupations habituelles, soit cependant une de ces choses qu'on désire revoir lorsqu'on Ta vue une première fois. Je conçois la curiosité qu'excite ce phé- nomène. Assister à la construction d'un être vivant, suivre pour ainsi dire son développement pièce à pièce; voir la vie poindre, s'étendre, circuler de proche en proche et se matérialiser dans l'organisme animal; partir de ce petit point à peine perceptijjle, appelé le point germinatif pour arriver par gradations, et de métamorphose eu métamorphose, à l'animal complet, c'est là un spectacle qui parle à l'imagination et qui doit donner à réfléchir. Telle est la matière de l'oologie. L'oologie est le développement du germe dans l'ceuf. Ce sont les changements que cet œuf éprouve dans sa composition jusqu'à Péclosion, ce sont les phases apercevables entre ces deux limites, dans la forme, le volume et la composition du petit être organisé que l'œuf est des- tiné à contenir. 11 y a dans J. J. Rousseau une admirable descriptioii du lever du soleil reproduite dans tous les recueils de beaux morceaux littéraires : « Un point brillant -part comme un éclair et remplit aussitôt tout V espace, le voile des ténèbres s'efface et tombe, etc., etc. » Eh bien! je ne crains point do trop dire en disant que le spectacle de l'éclosion de la vie produirait en vous quelque chose de semblable, si la chose vous était représentée par l'.ousseau, et exci- terait une admiration aussi grande pour l'auteur de l'o'uf que pour celui du soleil. Je vais vous exposer les démonstrations sur l'o'uf de la Poule, parce que les œufs de la Poule sont les plus faciles à se procurer ; m;iis sachez, pour le repos de votre esprit, que les expériences ont été répétées sur les œufs de toutes les espèces animales de la classe des Oiseaux, et que le phé- nomène est identique chez toutes. Je ne pourrai que vous indiquer sommai- rement les choses ; mais sachez que toutes ces choses ont été étudiées, véri- fiées dans le silence et le loisir du cabinet par des honnnes qui se complai- sent dans cette sorte de recherches, et que tout ce que je vais vous dire et vous montrer est aussi connu, aussi positif que le mécanisme de la machine la plus usuelle et la plus vulgaire. Après avoir exposé la composition noi'male de l'œuf et en avoir fait con- naître les principaux éléments, le vilclhis, l'albumen et le germe, M. lUilz a fait passer sous les yeux de l'auditoire toutes les phases de l'évolution du Poulet, soit en cassant des œufs aux diverses périodes de l'incubation, soit au moyen de préparations faites à l'avance et de planches photograpbiques représentant le phénomène. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 803 On a pu suivre le développement des organes, depuis les premiers traiis de leur apparition : le sillon dorsal ou moelle épinière, les noyaux des ver- tèbres se groupant autour ; les premiers globules de sang se frayant un ré- seau vasculaire à travers les tissus, jusqu'à la formation complète du Poulet, et la manière dont il rompt sa coque et s'y prend pour sortir de Tœuf. On a vu comment toutes les transformations s'opéraient au moyen d'un échafaudage composé de membranes provisoires appelées membrane pr(jli- gère oablastodcrmique,amnios et allantouic. On a compris comment, oblige de passer par trois circulations, l'animal se trouvait successivement poisson, reptile ou amphibie et oiseau : poissoi! pendant les deux premiers jours, lors(iue son hématose se fait par un réseau vasculaire qui est tout à la fois organe de respiration et de nutrition ; reptile, lorsque le cœur pulmonaire et aorlique à la fois fournit un sang mélangé qui se vivifie au moyen de l'allan- toïde; et oiseau, lorsque arrivé à la lumière, l'animal respire directement par ses poumons l'air respiratoire. M. Uufz a clos ainsi la conférence : « Vous le voyez, tout s'explique, tout est clair dans cette édification du Poulet. » Tout, excepté ce seul petit point germinatif que je vous ai fait voir. Nouis pouvons nous rendre coiuptc des diflicultés accessoires, de ces métamorphoses diverses, singulières, par lesquelles passe l'animal avant d'arriver à son achèvement conqilel: des divers moyens dont se sert la nature pour arriver à ses fins. Tout est su, tout! excepté ce petit point où gît la vie, qui est le point de départ de toute cette merveilleuse évolution, et qui s'appelle le gcnne. C'est là que se heurte et se brise notre science; c'est là qu'il nous est dit aussi distinctement qu'à la mer sur ses rivages: Tu n'iras pas plus loin. Mais en partant du germe formé, vous voyez qu'il y a encore dans la génération du l'oulet bien des choses intéressantes à connaître. » bEUXliiME CONFÉRENCE DU 31 AOUT 1862. Sur l'Oolocjie, par M. Rufz de Lavison. Jc vous ai entretenus, dans la dernière conférence, de l'œuf, en tant qu'il contient l'être vivant qui doit en sortir. Je vous ai montré le grand, le mer- veilleux phénomène qui s'accomplit sous son enveloppe. Aujourd'hui l'objet de la conférence est plus restreint; je crois même qu'au simple énoncé, il vous paraîtra très restreint : car nous allons nous occuper d'une stnde des parties de i'œul, de la moins curieuse en apparence, de sa coqUe. Il semble donc que ma lâche sera bientôt remplie et que nous en avons tout au plus pour quelques minutes. Que peut-on dire de la coque de l'œuf! Vous allez voir que l'œuf ainsi réduit a donné lieu à bien des considérations et môme à des considérations que vous trouverez, je l'espère, très intéressantes. Vous allez voir conmienl la nature a imprimé à celte coquille le cachet de toutes SCS œuvres : l'unité dans la variété, variété dont vous pouvez vous faire une idée en jetant les yeux stu- la colleclion d'œufs exposés sur cette table, cl (jui 80/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE I» ACCLIMATATION. n'csUiiriMi faible spécimen de la grande collection qui se trouve au iMiiséiun. Vous pouvez voir l'œuf aussi varié eu nombre, en poids, en forme et eu colora- tion que les plus jolies choses qui aient été colligées. Si bien qu'en présence descollections de coquilles d'œufs, leurs collectionneurs, des savants, de vrais savants, se sont extasiés autant que vous pourriez le faire en présence des collections de Heurs, de papillons ou des riches coquillages de la mer : « Variété de couleur, variété de forme et de figure, s'écrie Klein, tout en eux réjouit l'u'il et l'esprit, etc., etc. » Vous verrez ensuite le parti que la science a tiré des coquilles de l'œuf. Conunent elle a pu y trouver matière à de gros et bons volumes (ici M. lUilz montre le dernier ouvrage de M. 0. des Murs), et créer une branche d'études particulières sous le titre d'oulogie. ' L'oologie est l'étude de la configuration de l'ieuf connue corps pliysique, connue contenant des divers liquides et membranes auxquels l'd'uf sert d'en- \ eloppc calcaire. M. Uufz, après avoir rappelé les nombreuses et intéressantes considérations auxquelles se sont livrés plusieurs auteurs, particulièrement M. Moquin- Tandon et 0. des Alurs, sur le uoiubre, le volume, la forme et la coloration des coquilles d'onifs, montre combien les caractères oologiques peuvent servir il la classification méthodique des oiseaux ; quel rapport existe entre la forme de l'œuf et la conformation organique de l'oiseau, et quelles particularités de nueurs des oiseaux peuvent se rattacher à l'étude de leurs œufs et de leuis nids, par exemple. Ouand on détruit la couvée d'un oiseau, dit-il, la femelle en fait ordinai- rement une seconde ; et si l'on supprime celle-ci, il n'est pas rare qu'elle en organise une troisième. Bulïon a fait très justement remarquer que cette seconde et cette troisième portée dépendent en quchjuc sorte de la volonté de l'oiseau. Il paraît certain que le Coucou peut à son gré approi)rier la forme, le volume et la couleur de ses anifs, suivant l'espèce d'oiseaux dans le nid des- quels il veut les déposer, cl ce serait à cette similitude que serait due la faci- lité avec laquelle les petites espèces d'oiseaux se laisseraient aller à couver les œufs du Coucou connue les leurs. Ainsi, les (l'ufs du Coucou seraient ou cendrés, ou brunâtres, ou bleuâtres, suivant qu'ils seraient introduits dans les nids de la femelle de la Bergeronnette ou du Merle. Voilà, certes, des actes qui dérogent à toutes les idées que l'on se fait de la volonté animale. Cette extension est bien singulière. Car, jusqu'à ])réscnt, les fondions de la vie organique chez les animaux semblaient tout à fait en dehors de l'influence de la volonté. Le Coucou, ajoute 1\L lUifz, est bien le plus curieux et le plus embarras- sant des oiseaux, il est fait pour dérouter toutes nos idées. Lorsque la femelle Coucou a reconnu le nid dans lequel elle veut déposer son («uf, elle constate le nombre d'œufs qu'il contient, pond le sien par terre, puis s'élance dans le nid qu'elle a choisi pour l'y déposer, en dérobe un de ce même nid, qu'elle broie ou qu'elle mange, puis vient chercher le sien qu'elle BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 805 y sui)slitiic on le portant dans son bec, ot en fait autant pour les trois n'ul's qu'elle pond généralement à deux jours d'intervalle! Quel affreux brigandage! Et cela est toléré, prescrit par la nature! Combien cela concorde peu avec les idées que nous nous taisons de la justice et de la bonté divine ! ^ous voudrions voir la loi morale qui nous régit universelle et applicable à toute la nature. Je l'avoue, j'aime les considérations tirées des causes linales. C'est une tliéolo^ie naturelle, qui élève, agrandit la science et lui donne une auréoli- céleste; mais que de faits semblables à ceux du Coucou, qui doivent nous rendre bien circonspects dans l'évocation des causes finales et dans femploi de témoignages analogues, etc., etc. La conférence s'est terminée par quelques applications des caractères oolo- logiques au classement de quelques espèces ornitbologiques. rONFÉnENCE DU 1^1 AOUT 1S62. Sur l'Apiculture, ieat,ne pouvant plus transformer le leur. Dans la première quin- BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 807 zninc d'avril, les mi-rcs unissent et se font fécoiidcf par les faux Bourdons italiens, les seuls ik'S à cette époque (leur apparition précède do douze à quinze jours celle des faux Bourdons indigènes). Une bonne colonie italienne peut suffire pour transformer trente ou quarante radiées d'Abeilles d'une autre espèce. CONFÉRENCE DU 7 AOUT 1862. Utilité des Animaux dits nuisibles, par 51. le docteur Pigeaux. L'utilité des animaux ne doit pas, à mon avis, être exclusivement consi- dérée au point de vue des services qu'ils rendent à l'iiomme, mais bien dans ses rapports avec l'ensemble de la création. C'est ainsi que les parasites peu- vent troubler la jom'ssancc de l'homme, nuire à ses travaux, sans cesser d'être utiles et éminemment nécessaires dans l'ordre de la nature. Il ne fau- drait cependant pas en inférer que semblables aux bralmiines, nous ne devons jamais les détruire ou nous préserver de leurs atteintes quand ils nous suivent et se développent dans nos demeures pour vivre à nos dépens ; mais en dehors des limites d'une légitime défense, nous ne devons pas nous acharner à leur destruction, car ils sont appelés à nous rendre les services les plus émincnts. C'est de ce point de vue que je me propose do vous exposer l'utilité des animaux dits nuisibles. Je n'insisterai point ici sur l'utilité et les services que nous rendent les oiseaux insecto- granivores si calomniés par les natura- listes, si détestés par les cultivateurs : la famille des Pics n'a plus besoin aujourd'hui d'être défendue contre les préjugés vulgaires qui raccusaienl. Nous nous permettrons seulement de faire observer que l'homme ne doit pas permettre l'excessive mulliplication de cette espèce, mais qu'aussi on doit protection à leurs couvées. S'il faut les respecter quand ils détruisent certains insectes contre lesquels les becs-fins sont inaptes à nous protéger, on ne doit pas moins les chasser, les détruire, en partie du moins, et atté- nuer leur extrême fécondité, quand ils n'ont plus à l'automne d'autres res- sources que les récoltes accumulées dans nos greniers. Les insectes (si l'on en excepte quelques-uns, tels que les Cantharides, les Mouches à miel, les Coche- nilles, utilisés par l'homme) n'ont point encore, à notre avis, été considérés au point de vue de leur utilité. Ces merveilleux travailleurs, dont la mission providentielle est de prévenir la dégénérescence des êtres, en s'attaquant spécialement à ceux qui sont malades ou affaiblis par une cause quelconque, pour faire rentrer leurs élt''iuents constitutifs au foyer central où vienn<'nl se nourrir les végétaux et les animaux, on n'a pas assez reconnu et proclamé leur intervention comme prodiicteurs de fumiers ou de matières assimilables; de ce côté, leur intervention est d'une utilité si grande, que si elle cessait de s'exercer, on verrait surgir la plus affreuse disette dont on aurait jamais ouï parler. L'excès de leur développement, leur multiplication excessive dans certains 808 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCJQUE d'ACCLIMATATION. cas, peuvent seuls conseiller de reslreindre leur activité dévorante, ce que le Créateur a prévu par rintervention des Oiseaux, dont la fécondité est toujours l'antidote relatif. Peut-être nie demandera- t-on quelle est l'utilité de parasites qui, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de riiouimc et des animaux, les incommodent et peuvent même entraîner leur mort, ou du moins de graves maladies? Nous ne craignons pas d'affirmer que loin d'clre la cause, ils ne sont que la consé- quence de l'incurie ou dos afleclious morhides qu'on leur impute, et que le remède à y apporter n'est que d'améliorer les conditions hygiéniques ou sani- taires. Leur apparition est un utile avertissement dont les animaux livrés i leur instinct comprennent bien la voix, quand un voit les Cerfs, les Biches, les Daims atteints d'affections vermineuscs ou pédiculaires, traverser des fleuves, franchir des centaines de kilomètres pour aller boire à des sources salées, ou lécher des blocs de sel gennne dont leur instinct leur a révélé l'existence et l'utile intervention. Nous ne voudrions pas terminer ces considérations infiniment trop restreintes sur l'utilité des animaux dits nuisibles, sans parler de certains Ophidiens dont la morsure peut entraîner la mort, et dont la prodigieuse fécondité semble être une menace incessante contre notre sécurité. D'abord je ferai remarquer que ces animaux ont leurs antagonistes naturels dont nous les avonsdébarrasséspar noire imprévoyance, qu'ensuil(> ils viven! habitiu'llement aussi éloignés qu'ils le peuvent deriionmie, qu'ils fuient sa présence, et qu'ils ne r.illaquent qu'en cas de légitime défense ; que le meilleur moyen de s'en préserver ou d'en atténuer l'action nuisible consiste à fertiliser, à assainir les lieux où ils se réfugient pour \ ivre d'insectes ou de petits mammifères qui nous seront pent-èlre plus nuisibles, sinon plus dangereux qu'eux. La Société d'acclimatalion pourra peut-être un jour se gloiilier d'avoir introduit certains Oiseaux qui s'opposent à leur excessive multiplication et craignent peu leur morsure ; ce sera un service rendu ù l'humanité par l'être qui peut être dit nuisible par excellence, quand il est abandonné à son ignorance naturelle, à son instinct dévastateur, quand la raison n('cessite son inlervenlion dans l'ordre admirable de la nature. Proclamons donc ici, en finissant, l'utilité de tous les êtres au point de vue de la création, alors même qu'ils peuvent être nuisibles à riiomme dans une certaine mesure. Ne nous attachons qu'à réprimer leur excessive multi- plication, en respectant l'antagonisme des espèces et en améliorant les races, qui seront toujours d'autant moins en proie aux parasites ({u'elles seront plus saines et plus vigoureuses. CONFÉRRNf.E DU 1" AOUT 1862. De l'ami'lioration des forêts, par M. J. DucHESNE-TiiorREAU. Les grands travaux exécutés depuis quelques années, l'établissement des chemins de fer et la création d'industries nouvelles ont nécessité une dépense extraordinaire de futaies. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 809 Ces besoins ont p;i être roini)lis par les noinl)ieuses réserves ducs à la prévoyance de nos pères, par des exploitations anticipées, des déirichenienls considérables ; et enfin l'injection des bois blancs et résineux a permis de combler une lonle de lacunes, sans recourir aux marchés étrangers si ce n'est en ce qui touche nos constructions navales. En un mot, nous avons paré aux besoins les plus urfi;ents. Mais il est difficile de ne pas jeter un regard en avant, el de ne pas se demander ce qui adviendrait, si des nt-cessités nouvelles et imprévues venaient réclamer une quantité de matières ligneuses égale à celle dépensée depuis vingt ans, et enfin quelles ressources promettent nos foièts, nota])lement réduites par les délricliemenls, appauvries par un dépérissement incontestable, et surtout par la disparition des bois durs, qui se produit de la façon la plus compromet- tante, sans que l'on ait pu jusqu'à ce jour y porter remède. Cet état de choses motive les appréhensions les plus sérieuses, en présence des besoins nouveaux qui se produisent incessamment, et l'exportation des bois, pratiquée en franchise, venant d('pouiller notre littoral, occasionne une telle disette de bois de Chêne, que l'administration de la marine, chargée de surveiller les constructions maritimes, est obligée de se départir de ses rigueurs, et autorise le doul)lage des navires avec le bois de l'indu Nord au lieu du bois de Chêne, exclusivement employé jusqu'à ce jour. Enfin, chacun sait que nos exploitations actuelles correspondent à une époque où, fatiguée de réserver des futaies en quantité dépassant les besoins, conduisant à l'avilissement des prix, compromettant même l'avenir des forêts par un couvert trop compacte, l'administration crut pouvoir faire des réserves moins importantes. Heureusement, et pour venir en aide à l'insuflisancc des produits ligneux, nous voyons dans une foule d'applications le métal substitué au bois, la durée des essences tendres augmentée par l'injection, les voies 'de transport améliorées facilitant l'accès de nos marchés aux produits des contrées les plus éloignées, et enfin nous sommes témoins de l'ardeur avec laquelle on procède au reboisement. Cet empressement est de trop bon augure pour que nous cessions d'avoir confiance ; mais cependant on ne saurait improviser des futaies, qui sont le lent ouvrage des siècles, et bon nombre d'années s'écouleront avant que nos semis et plantations, généralement appliqués aux terrains les plus arides, produisent des bois de charpente et puissent seulement combler les vides laissés par les défrichements. 'J'outefois, au lieu de nous consumer en stériles regrets, il est plus sage d'accepter les faits accomplis, de mettre dans la ba- lance les ressources dont nous disposons, et d'aviser, s'il est possible, aux moyens de les augmenter. Il nous reste de nombreuses forêts, dont plusieurs dans d'excellentes con- ditions, administrées avec une entente parfaite, olfrant do grandes ressources et ne comportant que des améliorations de détail ; mais je \eux appeler votre attention sur nos forêts de qualité inférieure, et c'est le plus grand nombre, 810 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. qui, moins heureusement situées, assises en général sur des versants rapides, ou sur un sol pauvre, fatigués par le soleil, no produisent que des taillis épars et une faible quantité de futaies de qualité très inférieure. Pendant longtemps les maigres produits que ces forêts donnent spon- tanément ayant sulli aux besoins, dépassé même toutes les exigences, rien ne paraissait motiver la moindre amélioration ; mais aujourd'luii, la con- sonnnation s'étant élevée au delà de toutes les prévisions, nous avons la certitude que les consonmiateurs ne feront pas défaut, et, d'ailleurs, le désir bien légitime d'améliorer, l'esprit de prévoyance qui conduit à créer pour nous et nosdescendauis, nous imposent Tobligalion d'agir dans les limites de nos ressources. ' Au premier aspect, la tâche semble aride, impossible même ; mais ce motif n'a pas été suffisant pour entraver mes recherches, dirig«'es tout entières vers un seul objet : savoir s'il était rationnel que la propriété forestière, en France, restât pbis longtemps en dehors du mouvement, comme si elle était condamnée à ne participer en rien au profires, tandis que sous nos yeux, l'agriculture, ne tenant aucun conque de son labeur, nous donne d'utiles enseignements et nous démontre à quoi on arrive avec une ferme volonté. Nous l'avons vue entrant dans une voie féconde et s'élevant à la hauteur des besoins, non pas seulement par la culture du sol le plus fertile, mais .surlout en faisant jaillir de terrains réputés ingrats les éléments d'une richesse inépuisable, cl ne craignant pas d'acheter ses conquêtes au prix de sueurs, de tentatives et de dépenses sans fin. Comme beaucoup de personnes, j'avais été frappé du dépérissement dont nos forêts sont ad'eclées, et les merveilleux résultats obtenus en agriculture devinrent à mes yeux un stinuilant, une indication de ce qui pouvait être réalisé sur notre sol forestier. En ellet, de longues el sérieuses recherches me conduisirent au rapprochement suivant : tant que le laboureur se con- tenta de tracer péniblement son sillon et de confier ses graines à un sol déjà épuisé par ses devanciers, sans lui rapporter aucun des principes enlevés par les produits, il ne recueillit que misère et déceptions. Mais à partir du jour où, se dégageant de préjugés enracinés, il osa entrer dans la voie des cultures améliorantes et variées, lorsqu'il comprit que l'on ne pouvait incessamment fatiguer le sol qu'à la condition de lui restituer des éléments réparateurs, il avait rencontré une mine inexplorée, une source de richesses inépuisables. Mais, dira-l-on, les terrains boisés ne sont point dans le mêmecas : l'agri- culture épuise rapidement le sol, elle lui enlève annuellement, cl en tolalilé, des récolles nécessitant des efforts qui ne peuvent être fréqueimnent iéi)étés sans un slimulanl ; tandis que les récolles ligneuses sont le produit d'un tra- vail peu rapide, par suile moins énervant, et d'ailleurs les taillis et futaies se dépouillant tous les ans de détritus copieux el d'un feuillage abondant, vien- nent former un riclic engrais qui, par sa décomposition el celle des herbages BTILLETFN MENSUEL DES CONFÉRENCES, 811 qui s'accuiniiloiu à la siirfaco de la terre, permet aii\ essences forestières de se siicc(''(lcr indélininient, de s'aiiiéliorer d'cUes-niènies, sans que la main do l'homme leur vienne en aide. .. Ce fait, qui peut être vrai dans certains cas, pour un sol riche et profond, est faux en général ; je dirai même plus, c'est à ce préjugé fâcheux que nous devons attrii)uer l'appauvrissement de nos forêts, car, dans l'expectative d'améliorations qui ne se produisent pas, nous assistons, impassibles, à la dégradation de nos richesses forestières, et sans tenter le moindre effort en leur faveur. En effet, ce que l'on entend par bonne adminislralion consiste ù regarnir les vides, exploiter proprement et en temps utile, réserver les futaies conve- nables, nettoyer soigneusement les lignes de division, préserver les forêts de toute fréquentation compromettante, et, après chaque révolution de vingt ou vingt-cinq années, se représenter, la hache à la main, afin d'exploiter la superficie. Pour ce qui est d'engraisser le sol, améliorer la nature des futaies, activer leur croissance et celle des taillis, cette question n'a jamais été mise en avant jusqu'à ce jour, et nous sommes encore, pour notre production ligneuse, au point où se trouvait le laboureur il y a cinquante ans. Cet oubli est d'autant plus regrettable que notre lichesse forestière est frappée de dépérissement, sous trois formes bien distinctes : 1" Disparition des bois durs ; 2" Appauvrissement des forêts assises sur des versants; 3" Dégâts occasionnés par la gelée dans les vallons. 1" La dispaiitif»n des bois durs peut être attribuée à ce fait, que les futaies de Chênes ont été réservées en divers lieux, dans des proportions exagérées : il en est résulté que les futaies, pourvoyant exclusivement à leur consolida- tion et à leur subsistance, ont développé dans le sol de puissantes racines qui, se ramifiant à l'inlini, ont si complètement absorbé les éléments iudis])eusab]es à leur e>Listence, que le terrain épuisé se refuse à les alimenter aujourd'hui; alors, subissant une loi inexorable, ces futaies disparaissent, laissant le ter- rain libre pour d'autres essences plus tendres et d'un produit moins utile. 2" L'appauvrissement des forêts en montagne est causé par des circon- stances diverses. D'abord le sol accidenté', étant le plus souvent poreux, léger ou de profondeur insuffisante, se trouve chaque jour exposé à une dégradation plus complète, par l'écoulement des eaux qui descendent des .sommets, entraînant avec elles un humus déjà insuffisant. D'autre part, le sol, à peine couvert de taillis épars, reste livré sans abri à l'action des vents et du soleil, qui viennent librement le dépouiller de toute humidité et fatiguer les rameaux à l'époque de leur croissance. Il arrive également que les feuillages très peu abondants, qui se détachent de ces taillis clair-semés, au lieu de faire retour ati sol qui les a produits, de s'y fixer, de l'enrichir par une décomposition lente, subissent l'influence de la chaleur, se replient eu forme de cornet, et alors, au moindre souffle de l'air, l'inclinaison du sol aidant, ils sont bientôt entraînés au fond des vallons. 812 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Ce fait se renouvelant indélininient, les coteaux se dépouillent tous les ans au profit de la vallée, qui elle-même n'est pas toujours enrichie par cet apport, car les pluies torrentielles, balayant tout sur leur passage, viennent trop souvent dégrader le sol et entraîner au loin les précieux éléments de sa reconstitution. 3° Les eiïets de la gelée, qui frappent les vallons ouverts du nord au sud, sont encore plus désastreux. Ces elfets, qui se produisent d'une façon incessante, et qui viennent même, en été, anéantir et paralyser tous les efforts de la végétation, exercent prin- cipalement leurs ravages sur les vallées au terrain fertile, ou sur les sols poreux et profonds, d'où le calorique rayonnant se dégage en grande abon- dance : c'est ainsi que les meilleurs terrains de certaines forêts restent souvent improductifs. Toutes ces causes réunies, cette dégradation permanente qui s'accomplit sans obstacles, et depuis des siècles, sur la plus grande partie de notre sol boisé, sont plus que suflisantei pour compromettre nos ricbesses forestières, et par une pente insensible les conduisent à une décadence inévitable, si l'on ne se hâte d'y apporter remède. Un tel état de choses est le sujet d'inquiétudes d'autant plus vives que nous assistons ù des dépenses extraordinaires de futaies, dont le prix toujours croissant indique la rareté, et qu'enlin, sous l'empire de ce préjugé fâcheux, que les forets s'améliorent d'elles-mêmes, aucune mesure préservatrice ne vient olfrir des garanties de sécurité pour l'avenir. Pour trouver remède à ces divers maux, je n'ai pas borné mes recher- ches à mes terrains ni au pays que j'habite, quoique l'un des plus boisés de ["rance; j'ai visité toutes nos forêts, et même celles de nos possessions d'Afrique. 1" l^*e toutes mes expériences et observations réunies et comparées, il est résulté, pour moi, la conviction que le seul remède efficace et certain est la plantation de diverses variétés d'arbres résineux appropriés aux divers climats et conditions du sol. Ainsi, dans les terrains d'où les bois durs tendent à disparaître, la seule présence des Pins, les puissants engrais dont ils couvrent le sol et l'abri qu'ils prêtent aux arbres avoisinants, suffisent pour arrêter cette disparition. Diverses forêts m'en ont ollert des exemples frappants, et principalement les forêts des ^ osges : c'est là qu'à cùté de terrains jadis couverts de bois de Chênes et envahis aujourd'hui i)ar le Hêtre, j'ai vu des terrains tout sem- blables, où, depuis des siècles, les Pins, les Chênes et les Hêtres se marient, se confondent et semblent lutter de vigueur. Et loin qu'aucune de ces espèces déjiérisse, on voit, sous le couvert des futaies, se développer de nombreux semis de Chênes et autres essences, prêts à s'élancer d'un sol qui suffit à la lois à la conservation et à la reproduction. 'l" Ces mêmes arbres résineux, plantés dans les forêts assises sur des ver- sants et qui d(''périssent par suite de l'appauvrissement du sol, viennent nULLETliN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 813 déposer à 1.1 superficie des aiguilles nombreuses qui s'engagent au milieu des herbages, y fixent des engrais abondants, tandis que leurs rameaux com- pactes, neutralisant Taclion des vents et du soleil, entretiennent le sol dans un dtat constant d'iimniditt' et de porosité, indispensable à une végétation active. Les Pins eux-mêmes, profitant, pour leur compte, de la richesse qu'ils répandent à profusion, développent rapidement leurs branchages, encadrent latéralement tous les végétaux avoisinants, les contraignent à s'élever en ligne verticale et les entraînent dans leur mouvement ascensionnel. Ainsi sont transformés eu futaies d'avenir des brins qui, sans la présence des Pins, seraient restés chétifs et rabougris. Ainsi, l'introduction raisonncc des arbres résineux au milieu des taillis ferait bientôt surgir, même du ter- rain le plus ingrat, une quantité de futaies qui satisferaient à tous les besoins. 3" llestent les terrains exposés aux effets de la gelée. Là encore, grâce à l'inlervention des arbres résineux, des eiïets inespérés sont obtenus. Dans les vallées glaciales, où les essences à feuilles caduques, le Ghène, le Hêtre, etc., rasées périodiquement par le froid, étalaient autre- fois leurs rameaux paralysés et rampant sur le sol, les arbres de toute sorte s'élancent aujourd'hui avec une vigueur inconnue. J'ai vu plus d'une fois, séparées par un fossé qui leur sert de limite bien distincte, d'un C(Mé des parties améliorées par la plantation des résineux, offrant une végétation luxuriante, des liges nombreuses à l'écorce lisse et jaspée, de l'autre, et comme contraste saisissant, des parties de bois privées de ce secours, où la gelée, continuant ses ravages, n'avait laissé que des souches languissantes. • ; ' Telles sont les trois sortes d'améliorations par lesquelles on pourvoit sûre- ment, efTicacement, aux trois sortes de maux qui affectent nos forets. De nombreuses expériences sur mes terrains, des observations faites en tous lieux, même là où le hasard avait présidé aux rapprochements que je signale, m'ont toujours confirmé l'utilité de cette introduction. Je dois même dire que j'ai cru devoir soumettre mon opinion à l'appré- ciation de nos forestiers les plus expérimentés, qui m'ont donné approbation complète et entière; ils m'ont cité même de nombreux exemples pris dans les forêts qu'ils parcourent fréquemment et qu'ils avaient plusieurs fois remar- qués. Cette opinion faisant autorité en pareille matière, et l'assurance positive m'ayant été donnée que jamais r/«/rû(//(c?/o;( systématique des Pins n'avait été conseillée pour l'amélioration des taillis et futaies, mais seulement comme boisement, j'ai cru devoir prendre cette initiative, et signaler aux hommes spéciiux des résultats qui ne peuvent manquer d'exercer une intluence utile sur notre production forestière, et contribuer à augmenter la richesse publique et privée. iV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPÛHDANCE. La Société zoologique cracclimalatioa pour la région des Alpes a tenu son assemblée générale annuelle à Grenoble, le 12 mai dernier, sous la prési- dence de M. Félix Uéal. La situation très prospère de la Société a été exposée dans un rapport remarquable présenté parM, Miclial-Ladiclièro, vice- président, quia annoncé la prochaine translation de la collection déjà importante de ses animaux, du local étroit où elle avait prospéré d(\jà, dans un établissement plus vaste an- nexé au jardin des plantes et concédé par la ville. Cette modification avan- tageuse est un heureux présage de Textension que ne peuvent manquer de prendre les travaux pratiques et couronnés de succès sérieux de cette associa- tion, la première qui se soit organisée à l'exemple de notre Société impériale et qui lui ail été aftiliée. M. Bouteille, secrétaire général, a lu ensuite une notice sur les animaux en expérimentation que possède cette Société, et parmi lesquels figurent des Lamas qui se sont reproduits et conservés en excellent état, un Alpaca mâle qui n'est pas dans d'aussi bonnes conditions, des Yaks de Chine, un lroiq)eau de trente Chèvres d'Angora, des Chèvres d'Egypte, des Axis, des Lajjins et une collection variée d'Oiseaux. Au sujet des Chèvres d'Angora, M. Bouteille, s'appuyant sur les observa- tions qu'il a pu faire, assure que loin d'être délicate, celte espèce est la plus facile à élever, et que les nouveau-nés, qui demandent tant de soins pour les autres races, viennent d'eux-mêmes pour celle-ci, et peuvent se sullire dès leur naissance. La Société des Alpes trouve aisément le placement des toisons de ses Chèvres d'Angora au i)rix de G francs le kilogrannne. La deiiiière tonte a été expédiée à MM. John I''orsler et fils, de Bradlord (Angleterre), qui écrivent que cette matière lVan(;aise n'est pas inférieure à celle qu'ils reçoivent de l'Asie Mineure. L'exposé de la situation financière de la Société par M. le trésorier termine la séance. Letire adressée par M. le (lénéral Bolik à M. le Directeur du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne. l\ilais lie Saint-Cloud, le 1" seplcmln-e 1802. Monsieur le Directeur , l'ai' ordre de l'Empereur, j'ai l'honneur de vous envoyer deux Perdrix (mâle et temelle) dont il fait don à la Société d'acclimatation. Ces Perdrix ont été envoyées de Chine, il y a quelques années, et placées à la Faisanderie du parc de Saint-Cloud; elles s'y sont déjà reproduites de manière à laisser espérer leur entière acclimatation. Je |irohte, avec empressement, monsieur le Directeur, de celle occasion pour vous olïrir l'assurance de ma considération la plus distinguée. L'adjudant général du palais, Signé Général I\oLiN. FAITS DIVERS. 815 Lettre de S. Exe. M. le Ministre de l'aifriculture , du commerce et des travaux publics , à M. le Président de la Sociélê impériale d'accli- matation. Paris, le 2 scpicmbre 1802. Monsieur le Président , J'ai riionneur tle vous annoncer que je \iens de recevoir un nouvel envoi de graines expédiées à mon ministère par M. Simon, chargé d'une mission agricole en Chine. J'ai disposé en faveur de la Société impériale zoologique d'acclimatation d'une certaine quantité de ces graines, que je vous adresse en même temps que la pré- sente lettre. Ces graines sont les suivantes : Riz rouge sec, Riz rouge humide, Riz blanc sec, Riz blanc humide. Pois à soja, Navet long hors de terre, Camellia. Je vous serai obligé de m'accuser réception de cet envoi. Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considération très distinguée. Le Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, •'R-' ROUHER. Lettres de S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies à M. le Directeur du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne. ,'i Paris, le 29 juillet 18G2. Monsieur le Directeur, J'ai l'honneur de vous informer que M. le gouverneur de la Guadeloupe a f;ùt embarquer sur la Ccrès, le 20 juin dernier, à destination de Toulon, les graines et animaux vivants ci-aprés désignés, et qui sont adressés au Jardin zoologiquc d'acclimatation, savoir : 1" Une grande cage contenant un Pécari, miginaire de la Guyane française, et offert par M. Caillet, greffier en chef de la Cour impériale. 2" Une cage contenant : une Perdrix, douze Tourterelles et treize Ortolans. Parmi ces oiseaux, deux paires d'Ortolans, une paire de Tourterelles du pays et la Perdrix ont été offertes par M. Vauchelet, sous-chef de bureau à la direction de l'intérieur et membre lilulairc de la Société d'acclimalation de Paris. 3° Une boîte renfermant des graines de diverses plantes de la colonie, que le même fonctionnaire envoie également ùla Société. 11 fera suivre ce dernier envoi d'une notice qui vous sera adressée ultérieurement. Recevez, monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération distinguée. Le Minisire de la marine et des colonios. Pour le Ministre et par son ordre : Le Directeur des colonies, ..... ZœPFFEL, '-r, -..i, ■ . Paris, 21 août I8G2. Monsieur le Directeur, Par une lettre du 28 juillet dernier, M. le gouverneur de la Martinique me fait connaître que l'administration locale a fait embarquer , le même, jour, sur le paquebot de la Compagnie transatlantique la Floride, à destination de Saint- NaÉaire, et à votre adresse, quatre cages marquées S. A., n"' 1 à U, renfermant 816 SOGlÉTl'; IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. (les animaux vivants. M. Maussion de Candé ajoute qu'il a été donné avit de cet envoi à M. le cliel'de service de la marine à Nantes. r.ecevez, monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération distiiitjuéc. ( ;,. V . • Le Minisire de la marine cl des colonies. Pour le Ministre et par son ordre : / Le Dirccleur des colonies, Signé Zœi'FFEi,. \: ■ ■ vlU; V- Paris, le 7 août 180'2. Monsieur le Directeur, Vous avez bien voulu ni'offrir, par lettre du 27 juillet dernier, de mettre à la disposition de mon dépaitemont, pour notre colonie de la Martinique, quelques pieds de Quinquina et des cocons de Ver à soie du llicin. Je vous remercie de cette offre que j'accepte avec empressement. Je vous serai, en conséquence, obligé de faire remettre ces objets au magasin des appro- visionnements du ministère assez à temps pour qu'ils puissent être dirigés sur Saint-Nazaire et embarqués sur le bateau de la Compagnie transatlantique en partance le l(i de ce mois pour la Maitinique. M. Chevance, aide-commissaire de la marine, qui retourne dans la colonie par le même navire, veut bien se charger de donner à ces objets, pendant la traversée, tous les soins nécessaires pour assurer leur conservation. — Je vous serai fort obligé de joindre à ces divers objets \me note destiiui'O à servir d'instruction sur les précautions à prendre à l'effet de faire arriver ces plantes et cocons sains et saufs à leur destination. Recevez, monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération distinguée. Le !\Iinistre de la marine el des colonies. Pour le Ministre et par son ordre : . . Le Directeur des colonies. Signé ZoEPFFKL. ■ ' ' Lctirc de M. le contre-amiral de la llONCiÈiiK-LE-.NounY, clicf d'élal- major du Minisire de la marine, à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Paris, le 31 jiiillcH862. . ' Monsieur le Président, J'ai reçu la lettre que vous avez bien voulu m'écrire au sujet des dépenses occasionnées à M. Troltabas par le séjour de M. Lamiral à bord du Favori. J'ai l'iionneur de vous informer que par dépcclie d'hier adressée à M. le Préfet maritime à Toulon, le Ministre a décide que les frais résultant de la présence de M. Lamiral à bord du bâtiment dont il s'agit, resteront à la charge du dépar- tement de la marine, et seront en conséquence, comme vous en avez expiimé le désir, remboursés à M. Trottabas. Veuillez recevoir, Monsieur, l'assurance des sentiments respectueux el empressés de votre très dévoue serviteur. Le contre- amiral, chef d'ctal-major du Minilre, Signé De la Roncière-le-INoury. FAITS DIVEKS. 817 LcUrc (Jr ^l A]o\v.iiMv., (lirectear de la Compaçinie (j('M^ à M. le Directeur du Jardin d'acclimatation. Taris, If 18 a( ni 1S02. Monsieur le Directeur, M. Pereire m'a communiqué la lettre que vous avez bien voulu lui écrire le 1 1 courant, en lui remettant la liste des différents animaux qu'il serait possible de tirer de Buenos-Ayres, des Antilles, de la Cuyane et du Mexique, pour le Jardin zonlog;ique d'acclimatation. Je fais adresser les listes relatives à la faune du Mexique et des Antilles à nos agents dans ces pays. Grâce à notre service de bateaux à vapeur, j'espère que les animaux que vous désignez pourront être amenés en France dans de bonnes conditions. Les relations de la Compagnie avec l'État de Buenos-Ayres et la Guyane sont moins fréquentes, et ce n'est que par nos navires à voiles que nous pourrions vous amener les sujets provenant de ces contrées. Les chances d'heureuse introduction sont sensiblement moindres. Je ferai cependant tout ce qui dépendra de moi pour remplir vos désirs, suivant la recommandation de M. Pereire. Agréez, Monsieur, l'assurance de mes sentimenls de parfaite considération. Le Direcleur de la Compagnie rjénèrale transatlantique, Geoyetche. Lettre adressée par M. K. Lamiual a M. le Président de la Société impériale d'acclimatalion, an sujet des Èpoufies dans la Méditerranée. , . Paris, le 15 sopicnibre 1862. Monsieur le Président, J'ai reçu de M. le comte d'I-.prémesnil, secrétaire général de la Société impé- riale d'acchmatation, l'information que le Conseil d'administration a décidé que j irais examiner, sur les points signalés dans mon Rapport, les résultats de l'im- mersion des Eponges vivantes que j'y ai déposées en juin dernier. Je crois devoir vous donner sur ce sujet l'extrait de la lettre que je vous ai communiquée et qui ma ete envoyée par M. Trottabas, commandant le Favori, steamer-vivier de l'inspection générale des pêcheries. « J'ai été hier (2(i août), par un calme plat, visiter en canot l'emplacement où » nous avons déposé votre première auge à Éponges dans la rade de Toulon. » Grâce h la transparence de l'eau , j'ai (ui voir au fond absolument comme si » 1 auge avait ete dans le canot. Tout est iiarfaitement intact, autant celles que » vous avez jetées au dehors que celles qui sont dans la pierre. Je n'ai rien » remarqué sur les parois de eelle-ii, mais voici ce que j'ai constate • l'auge est » comme vous le savez de 150 à 200 mètres du fort l'Aiguillette , dont la base » est défendue par une ceinture de blocs de roches. A 1 , 2, 3 et 4 mètres de » profondeur un trouve allacliées à ces roches de petites Éponges; j'en ai vu au » mmns vmgt J'en ai pris une qui se faisait remarquer par une odeur très )) prononcée. Les sujets sont de la grosseur d'un u'uf. « Ce résultat est-il déjà du à la présence de vos Éponges mères? « Dans tous les cas, j'ai cru devoir vous en rendre compte pour que vous avisiez » et surtout (jne vous vous décidiez à venir au plus tôt vous mettre avec moi à la « recherche des résultats obtenus. » M. Coste,à qui j'ai fait connaître cette décision d'une nouvelle tournée sur les côtes de la Méditerranée, a eu la bonté de m'engager à attendre le prochain retour oe Corse du commandant du Favori, auquel il donnera les instructions pour m aider dans ce travail. Je suis avec respect, etc. K. Lamiual, T. IX. — 5e|ttenibrc \iH,2. r,o 818 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTÂTION. Extrait d'une lettre de M. GAULDUÉE-BoiLLEAU.fOM.sy/ de France a Québec, adressée à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Québec, le H juillet 18G2. Monsieur le rrésideiit, Je prolUc d'une occasion pour envoyer;! la Société d'acclimatation une brochure fort intéressante sur les gîtes minéraux de Norvège et du Canada, qui otTrent entre eux des analogies remarquables. Je suis du reste tout à la disposition de la Société. Je mettiai tous mes soins au nouvel envoi de planis et de semences qui m'est demandé. , •,,.., r,r Je ne perds pas de vue la question des Vers a soie, mais elle présente des ditli- cultés dont j'aurai l'homieur, en temps et lieu, de vous rendre compte : j'espère toutefois en venir à bout. Je m'occupe aussi à recueillir des plants et des semences qui passent au Canada pour avoir de rares vertus médicinales : Veuillez agréer, etc. Signé Gauldrék- Boii.leau. ProposHîoM dVéoliaugc de végétaux c4 cFanîmaux. Extrait d'une letlre adressée a Son Exe. le Ministre de l'ayriculture, du commerce et des travaux publics, par M. Eugène Smo^. t, Sliaug-hai, juin 1862, Monsieur le Ministre, . , . J'ai déjà eu l'honneur de parler à Votre Excellence de la demande qui a eto laite, m'a-t-on assuré, parle gouvernement japonais aux ministres étrangers, a l'effet d'obtenir d'eux quelques espèces de végétaux qu'il désire naturaliser, et notamment le Chène-liége et l'Olivier. . ,• , , Pendant mon séjour au Japon il m'a été exprimé directement on indirectemenl par quelques fonctionnaires indigènes des vœux analogues. Quelques-uns ont joint à leurs desiderata quelques plantes médicinales et quelques fruitiers. Enlin, de mon côté, j'ai songé à d'autres objets dont l'acclimatation réussirait parfaitement au Japon, et qui rendraient de véritables services à ce pays. Je crois bien faire de soumettre à Votre Excellence une liste de ces objets que les pépinières impériales et le Jardin des plantes pourraient fournir, avec la quan- tité qui lui paraîtrait utile d'envoyer, dans le cas où elle approuverait la demande que je comptais lui faire à ce sujet, lors même qu'elle n'aurait pas été devancée par celle que le gouvernement japonais a faite à nos ministres. J'appellerai son attention sur la Betterave à sucre. Le Japon ne produit que peu de sucre, et il est oblige d'en demander un sup- plément à la Chine. Les importations de sucre faites par le seul port de Nagasaki se sont élevées l'année dernière à 25 000 fr. environ. Ce chiffre n'accuse pas, il est vrai, un besoin bien grand; mais c'est que, à cause du prix élevé auquel il revient, la consommation en est réduite aux classes les plus élevées. Si donc on donnait au Japon une plante saccharilère propre à son climat, non- seulement on suppri- merait pour lui un tribut dont la Chine seule est à même de profiter, mais ou rendrait la consommation du sucre possible pour un plus grand nombre d'habi- tants. D'après le relevé des importations faites par le port de Nagasaki, on voit que le Gambier y entre pour une valeur de 20 000 francs. Je crois qu'il pourrait croître et être exploité dans le sud de l'empire. Le Semen-conlra pourrait être essayé dans les mêmes localités, son importation monte à une valeur de 15 000 francs. FAITS DIVERS. 819 Lu Houblon m'a été spécialement demandé par un ronctiomiaiic pour la labri- cation de la bière que les Japonais amient beaucoup et à laquelle ils sont obli-és de renoncer, a cause du prix excessif qu'elle coûte. ° Le Ouinquina est pour le Japon mie acclimatation douteuse, cependant les Japonais en ont réalise d'autres qui peuvent engager à leur confier l'essai de celle-là. A ces végétaux, dont la liste générale est ci-jointe, je prierai \otre Excellence de vouloir bien ajouter un petit troupeau de Moutons de race mérinos. La nature du pays, qui est très montagneux, et celle des [làturagè^ (lui sont composés d'berbes fines et succulentes, donnent tout lieu de croire qu'une tenta- tive laite sur cette race réussirait beaucoup mieux que celle qui a été essayéeH y a peu d'années sur les fortes races du nord de la Chine par le îfouverneur de Nagasaki. Si l'expédition des arbres se faisait en novembre, par exemple, il sulfirait au lieu de les mettre dans des serres qui coûtent assez cher, de les placer da'ns'des barriques bien lutées avec de la mousse humide. Tout l'envoi arriverait ici par lavoiedeSuez, au mois de janvier ou février, c'est-à-dire précisément avant 1 époque de la première végétation. Je demanderais à Voire Excellence d'accompagner cet envoi de Shan"--hai à Nagasalii, et de le remettre à M. le iMinistie plénipotentiaire de France nui serait iirobablement chargé de le présenter officiellement au gouvernement japo- nais, à qui j'offrirais alors, si Votre Excellence le trouve bon, de distribuer les végétaux selon leurs exigences dans diverses localités du Japon; et non-seule' ment le succès de leur naturalisation serait aussi plus assuré, mais je trouverais la un moyen précieux de faciliter les recherches que je dois faire i)our mon pavs' Je suis avec le plus profond respect, monsieur le Ministre, de Votre Excellence' le très humble serviteur. ç, £^^^„. i^,^,Qpj Liste des Planicy, Crahips et Animaux demandés à S, Exe. M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics pour le Gouver- nnnent japonais. ôOO Oliviers choisis parmi les six meilleures variétés. 500 Cliènes-liége. 10 000 Sarments de Vignes à \in. 500 Vignes raisin de table. 200 Poiriers grelfés sur Cognas- sier, choisis parmi les vingt meilleures espèces fondantes. 200 Pommiers grelfés sur Paradis. 100 Cerisiers greffes Lucie. sur Saiiite- I0(t Abricotiers greffes sur dier. Aman- 100 Pêchers greffés sur Amandier. 100 Pruniers reine-Claude et mira- belle. 200 Groseilliers. 200 Framboisiers de la grosse csitece 1000 Fraisiers. 500 Rosiers remontants. 10 Cinclïona officinalis (Quinquina gris), Aloés socotrin. iivainos. Quelques centaines de kilogrammes d'Olives. Id. de Chône-liége. Dix kilogrammes de Betteraves à sucre. Dix kilogrammes de Houblon. Digitale. Gentiane. (11 y eu a une espèce au Japon, mais ce n'est pas l'officmalis.) Safran. Belladone. Asa fœtida. Lin. Camomille. %llil)BSHI\. l w petit troupeau de Béliers cl IJrcbis de race mérinoï. S'iO SOCIÉTÉ IMFÉUIALE ZUULOGIQUL; it ACCLIMATATION. I<;nvoî de j;i-»incs et «le i»lan(s de C'oca. Lrtirc cuiresscc a M. le Président de la Société impériale d'accliinalalion, par M. Éinilc Coli>aert. Cuzco, le 'J juin ISliîi. Monsieur le l'résiileut, A 111011 relmir de Cuzco de la vallée de S;\iila-Aiiiui, je trouve au bureau de la po.-le une letlie de M. le Consul général de France à Lima, renrerinaiil une copie (Je la lettre que vous lui avez adressée, monsieur le Président, en date du 17 dé- cembre de l'année dernière, en réponse aux observations que je m'étais permises sur la ditficuUé de taire ellectucr sans avaries le passage des Andes aux jeunes plants de Coca, ainsi qu'aux Moclios ou pulpes contenant la graine. M. le docteur Gosse a réfuté avec beaucoup de justesse ces observations que m'avait uniquement suggérées la note de M. le Consul général, dans laquelle il était dit : « bien entendu que c'est de la graine fraîche quU faut.» — M. le docteur Cosse, en plaçant la question sur son véritable terrain , a fait disparaître toutes les difficultés que je prévoyais à la bonne arrivée en Europe de la semence de cet intéressant végétal ; et je me fais un devoir d'expédier aujourd'bui même à Lima deux petites caisses : l'une renferme delà graine; et dans l'autre, à tout liasard, je me suis aventuié d'y joindre quelques jeunes plants âgés de sept mois environ, et couverts de leur première pousse. Ceux-ci ont été emballés avec tous les soins imaginables, et malgré cela j'ai la conviction qu'ils ne peuvent arriver à bon port. Monbut, en persistant à vous faire cet envoi, est uniquement pour vous donner une idée du jeune plant à son état de Irausplantalion. Quant à la graine, j'ai suivi, monsieur le Président, les instructions que vous avez bien voulu transmettre, à savoir : If Cne partie de la graine mise dans un flacon respectif a été mélangée avec du cliarbon concassé. 2" Dans un autre tlacon, une certaine quanlilé a élé stratifiée dans de la terre humide provenant de la pépinière même du Cocal ; sur la couche supérieure, afin de conserver la fraîcheur au terrain , j'ai posé quelques tranches de Pomme de terre, et ai fermé l'orifice du llacon avec le même tubercule. (Cette graine, lors de son introduction, était dans un commencement de germination.) o» J'ai mélangé de In graine bien sèche avec du sable; mais afin de multiplier les chances de réussite, j'ai en outre suivi un système dont j'ai toujours eu lieu de m'applaudir. Dans une Pomme de terre coupée par le milieu, j'ai pratiqué dans chaque moitié une concavité interne, dans laquelle j'ai placé des graines fraîches mé- langées à de la terre végétale ; les deux morceaux ont été réunis, attachés avec du fil et placés dans la terre même qui couvre les jeunes plants (caisse n" 1) ; en dernier lieu, j'ai mis une portion de la graine dans un flacon rempli de miel. Cn botaniste espagnol, résidant au Cuzco, m'a assuré que c'était un bon moyen de conservation; je n'assure point le fait, l'avenir l'apprendra. Pour ce qui a rapport aux deux questions accessoires recommandées à l'examen de M. le Consul général, à savoir, s'il est vrai que dans la Coca du commerce on fait un mélange de deux espèces de la plante ? 11 existe dans la vallée de Santa-Anna un arbre qui atteint parfois les dimensions d'un gros Chêne, et que l'on appelle dans le pays Coca monte, et (jui n'est rien autre chose que la Coca silvestre. La feuille, d'un goût très amer, est plus grande que celle de la Coca cultivée ; quelquefois on la mélange avec l'autre, mais l'In- dien s'aperçoit sur-le-champ de la fraude. Quant à l'arbrisseau uommè Justa , j'orsonne dans la vallée, ni ici, ne connaît aucune plante sous cette dénomination. La seconde question, à savoir, si un pharmacien de la Paz aurait obtenu du FUTS DIVERS. 821 siilfale (le ("orn, loqiicl aurait élu employé avec sucrés de la même manière que le sulfate de quinine. Dans quelques mois seulemenl, monsieur le Président, je serai à même de vous donner tous les renseig'nements à cet égard, uum intenlion étant d'aller en Bolivie dans le courant d'octobre prochain. Quelques mots en réponse aux demandes de la note. La graine de Coca, lorsqu'elle est placée à l'abri des iniluences atmosphériques, peut se conserver un temps indéfini, sans perdre ses facultés de germination. Un cultivateur de mes amis a gardé pendant six ans dans un flacon bien bouclié de la graine de Coca, et (telle-ci a produit des plants tout aussi beaux que ceux provenant de la graine de la saison. On n'est pas obligé, comme parait le croire M. le docteur Cosse, de coiiservei' trois ou quatre mois la graine de Coca avant l'ensemencement. Dans la vallée de Santa-Anna, aussi bien que dans celles de Carabaya , les cultivateurs prennent indistinctement celle du jour ou de l'année; mais une condition requise au succès, est qu'elle soit bien sèche, et non fraîche, ainsi qu'il est nienlioimé, par erreur sans doute, dans la note. Un séjour prolongé dans la montagne ni'ayant mis à même de faire des études sur les choses intéressantes qu'elle renferme , et comme celle de la Coca n'est point la moindre, je prends la liberté, monsieur le Président, de vous adresser ci-joint un court Mémoire sur la manière de cultiver ce végétal et d'en faire usage au Pérou. Si je puis à l'avenir être de quelque niilité, soit pour envoi de plantes exotiques, soit pour renseignements sur les objets de l'intéressant pays que j'habite, veuillez me faire l'honneur, je vous prie, monsieur le Président, de disposer enlièrement de ma personne : je serais heureux de pouvoir mettre mes faibles services à vos ordres, ainsi qu'à ceux de la Société. Veuillez agréer, etc. Signé Emile Coi.paert. V. CHRONiaUE. C'nltiirt! «lu C'<»toii à l'île de Cuba. Extrait du Moniteik univkrskl du ?d juillet 18C)2, On éciil (le Sanliago de Cuba (mai 1862) : a Des essais de plantations do Cotonniers dans le qnartier du Canlo don- nent les plus belles espérances. A Sainie-Callierine, plusiours raballcrias (12 arpents environ) de bois ont été abaltns pour semer le (loton. Col exemple a été suivi par plusieurs propriétaires créoles (pii, ospère-t-on, auront bon nombre d'imitateurs. Lue maison de cette ville a récolté. Tau dernier, dans un petit espace, d'un Cotonnier nain, soixante-dix balles du poids de 125 kiloiiraunnes chacune ; cette soie est très fine, mais courte ; cette espèce produit aijoudamment. Les soixante-dix balles ont été vendues pour l'Espagne au prix de 85 centimes la livre. Ce coton comparé à celui qu'apporta à Santiago, le 28 mars dernier, une goélette confédérée venant de Galveston, chargée de quatre cents balles de coton de Texas, et qui fut vendu pour Barcelone à raison de 1 fr. 50 la livre, lui est sujjérieur. » Le gouvernement espagnol a aussi engagé les planteurs à reprendre celle cultme, et pour les stimuler, il a permis do donner dix emancipados, sans nulle rétribution, seulement la nourriture et le vêtement, à tout cultivateur qui justifierait de la plantation d'une cal)a]leria. Ces emancipados sont des nègres pris à quelques débarquements qui n'eurent pas 1(> temps de les soustraire aux recherches des agents du gouvernement. On estime à environ six cents le nombre qui se trouve à la Havane. Sur le vu et l'attestation, soit d'un ingénieur envoyé ad hoc, soit du capitaine du quartier, le cultivateur doit être autorisé à aller à la Havane chercher ces Iravailleurs ou à prendre [es moyens de se les faire expédier sur sa propriélé. Cette concession a lieu à la condition expresse que ces emancipados travailleront au colon et non à autre chose. « On paraît convaincu, à Santiago, que la culture du Colon est prc'férable à toute autre, attendu qu'elle est infiniment moins dispendieuse, qu'elle néces- site moins de bras et (pi'olle rond dès la première année ; tandis que pour le café, il faut quatre ans d'attente, et pour le cacao beaucoup plus encore. La chenille seule peut devenir un obstacle, et cela, non les premières années, mais par la suite. Toutefois les i)remières récoltes auront indemnisé large- ment ceux qui s'y livreront, et s'ils sèment en mèmi' temps le cacao, ce der- irier leur restera. Ces nouveaux essais ne présentent donc aucun risque et ne peuvent au contraire qu'être favorables. » {Annales du commerce extérieur.) — Dans un opuscule intitulé: La l'rooence et Cotbert,'S\. Pierre Clément, membre de l'Institut, rappelle cpie l'illustre minishv de Louis \IV avait adopté avec empressement l'idé*^ d'acclimater lo Colon on Provence. Voici ce .... CHRONIQUE. . r ' 853 qu'il écrivait à cet égard à M. d'Oppèdo, premier président du parlement do Provence (1) : 13 mars 1671. — « J'ay reçu la lettre que vous avez pris la peine de ni'écrire le 28 du mois passé. La proposition qui vous a esté faite par un par- ticulier de semer et de l'aire venir du coton en Provence, en luy accordant un privilège i)our vingt ans, est fort bonne, mais il est nécessaire auparavant que vous preniez la peine d'examiner s'il n'y en croist point, et que ce particulier s'oblige d'en semer une quantité assez considérable pour en four- nir le royaume, parce qu'il se pourroit faire que ce privilège seroit nuisible à la province, s'il en semoit peu. C'est sur qnoy j'attcndray vostre avis. » '2Zi avril 1671. — « J'attendrayla proposition on forme qne vous me pro- mettez de celuy qui demande un privilège pour taire venir du coton en Provence, et puisqu'il ne demande point d'exclusion et que d'ailleurs il ne croist point de cette marchandise en Provence, je ne vois point qu'il y ayl aucun inconvénient à lui accorder ce privilège, » Sur 1rs iMitladies du Cotonnier et les insectes qui nuisent à eet arîiuste, par M. A. DUPUIS. M. le comte François Alarini a publié dans la Bevista agronomica de \aples une notice très détaillée sur la culture du Cotonnier. Nous eu tradui- sons les passages suivants, qui pourront offrir quelque inlérèt au moment où l'on essaye cette culture dans le midi de la France : « Les maladies qui ont affligé les plantations de Cotonniers Géorgie et Louisiane, (jue nous avons parliculièrement surveillées, ont été peu nom- breuses, et d'ordinaire nous ne leur avons reconnu d'autre cause que les variations atmosphériques, \ous ne pouvons considérer comme une maladie l'état de langueur, car il est la conséquence même de la culture dans un sol lunnide et froid, ou bien l'effet de la sécheresse. Dans ces deux cas, les Cotonniers, ne se trouvant pas dans des conditions appropriées à leur nature, doivent s'affaiblir cl dépérir. » Les jeunes plants, alors qu'ils n'oiU que trois ou quatre feuilles, sont sujets à une maladie de ces mêmes feuilles, produite par les brusques varia- lions de température, ou par l'action subite des courants d'air humide et froid. Alors la végétation s'arrête; les feuilles se recroquevillent et se gonflent; une teinte pfde envahit la plante, et la chlorose se déclare. Cet état de lan- gueur attire les insectes parasites, qui augmentent le mal. Des myriades de pucerons envahissent la face inféiicure des feuilles, et par leurs innombrables piqûres causent l'extravasation des sucs dont ils se nourrissent. Les fourmis ne lardent pas à accourir à leur tour pour sucer les pucerons, qui distillent une matière sucrée dont elles sont très friandes. (1) Le présiileiit d'Oppède a joué iiii granit rôle en Provence, pendant les ministères de Mazarin et de C.olbcrt , dont il a été l'aident très actif et très iiitellij;enl. 11 était tout à la fois premier prési.lciit du païUnienl, inleiiilant de police et des finances, et intendant de marine. De «ombreuses lettres émanées de Ini on à son adresse se tronvent dans les dépôts lilléraires de Pans, et enilirassent tontes les parlies de l'adniinislration en Provence pendant plus d'un ipiarl de .siècle. [NoledeM. Clément.) 82/| ^or.TÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr-IQUE D'ACCLIMATATinX. » Un soniis prémaluré ppiil prodiiiro les mêmes effets. QiipIIp que soit (raillours la cniiso du mal, les Cotonniers no so rétablissent ijiie lorsque la tempC'ratui'o reprend son équilibre. Des sarclages soignés et répétés accélè- rent la guérison, et diminuent les funestes effets de la maladie. M La chute des l'euilles, des fleurs et des capsules est également occasionnée par les courants d'air froid et par l'action des brouillards épais. Les accidents qui l'accompagnent sont semblables à ceux que nous avons indiqués ci-des- sus ; il en est de même de leurs conséquences, et partant, des remèdes à employer pour rendre à la plante sa première vigueur. Insectes nuisibles aux Cotonniers. » Les Cotonniers, comme le plus grand nombre des végétaux, sont atta- qués par des insectes qui s'en nourrissent, dans le but d'assurer la conserva- tion de leur progéniture. La main de riiomnie est presque toujours impuis- sante ù réprimer les dégâts qu'ils pro;luisent, et qui souvent compromettent la récolte entière. Ilàtons-nous pourtant de dire que les Cotons Géorgie et Louisiane ne sont attaqués que partiellement; le produit n'en est jamais diminué d'une manière notable. » La Taupe-Grillon est souvent abondante dans les endroits irrigués. Elle coupe les racines des jeunes plants, soulève ceux-ci et les expose au contact de l'air, par les nombreuses galeries (ju'elle creuse. Il est difficile de la dé- truire ; on n'a pas d'autre moyen ([ue de suivre les traces de la terre soulevée par ces galei'ies, et d'inonder les trous, à leur extrémité, a\ecde l'eau bouil- lante ou de l'eau fraîche, à laquelle on ajoute un peu d'huile. » Les larves du Hanneton foulon rongent aussi les racines des Cotonniers et causent leur perte. Là où elles sont nombreuses, il n'est pas difficile do les recueillir et de les détruire, au moment des labours, qui les mettent à découvert. » Dans les terres légères et sablonneuses, un coléopièrc noir, oblong, l'Erodie bossu {Erodium gibbosum) coupe les jeunes plants à fleur de terre, lors de l'apparition des cotylédons ou des feuilles primordiales. Cet insecte n'opère ses ravages que le matin. On le recherche et on le détruit facilement. » Les Grillons {Locnsta) mangent en partie les feuilles du Cotonnier; mais ils ne sont réellement pernicieux que lorsque leur nombre devient trop consi- dérable. » Le Criquet {Acridium inigratorlnm) est un terrible fléau pour les cul- tures de Coton. Les invasions de cet orlhoplère portent d'ailleurs partout la dévastation. Heureusement ces invasions sont rares. Le seul moyen d'atténuer les dégâts, est de battre les plantations, et d'en chasser les insectes, de ma- nière qu'ils ne puissent y passer la nuit; car c'est seulement au lever du soleil qu'ils mangent avec une incroyable voracité, et alors, en peu d'instants, feuilles, fleurs, jeunes rameaux, tout disparaît sous leurs redoutables man- dibules. » Les Pucerons (/l/j/i/s), qui surent la s.-v(> des Cotonniers, sont la consé- quence de maladies asthéniques. cïTRONiorE. 825 » L'Eiimnlpo sur le Bombyx Ya-ma-maï du Chêne du Japon suit le travail de M. Charles W ach. M. Bauer, chimiste de Berlin , membre du conseil de l'Institut central d'acclimatation , donne un compte rendu des expériences qu'il a faites sur le Chanvre grimpant de Piémont {Cannabis satira var. fiificmtea) et le Chanvre d'Asie. Kn examinant son écorce, il a cherché- à comparer les pro- 82G SOCIÉTÉ IMPÉRIALE. ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. pritHés (lu Cannabis sativa var. (jiyanlea cl du Sida tiUœfolia Fisclici, originaiiodo f*ersc, avec celles de nos Chanvres et de nos Lins. ' . Il a oblenule même résnllat avec les doux plantes. Ilcliercba ensuite à cotnparer entre ou.v le Chanvre grimpant de PiL-monl et le Chanvre de Russie. Les propriétés de ces chanvres ne peuvent faire con^ currence à celles de nos Chanvres cl de nos Lins. - VI. le professeur Mnller (de Stockholm) a présenîé un rapport de ^I. le piofesspur Wahlherg, relalif aux travaux de culliu-e qui ont eu lieu sur le champ d'expériences de l'Académie royale d'agricidlure de Slockholm pen- dant ranné(! 1860. La culture des Pois réussit admirablemeni en Suède. Parmi les plus belles espèces, on cite le Manimulh, les soixante espèces du boulanger Grani (de Copenhague), surnommées en Allemagne /Vn'.*f coureurs, à cause de leur préco- cité, elle Champion d'yXnglelerre. On est arrivé (îu Suède à a\oir dts Pois de toutes les qualités et de toutes les couleurs. M. Rciblen(dc Stullgard), fabricant en celte ville, a présenté un mémoire sur la culluri' de la Patate. Eniin, le travail de î\l. le docteur L. Ruvry esl terminé par un coup dVi'il rapide sm- l'état actuel du champ d'expériences de rinstitut central d'accli- malation. On y remarque le Lupin, rivsparcelte, le Alaïs, les Pois, trois beaux Pommiers de Suède, l'^l //«/(/ »s (jhindulosn, l'Arrow-root, les Dioscorées d' \lger, etc. , Le joiirejal le Jardin yoologîqiie «le Franefort. (Aiiuljse des numéros (i'ii\rii et Je m;ii.) ' , ,'. T;e numéro d'avril contient, entre autres rapports ou mémoires : 1" L'analyse d'un livre intitulé ; Remarques patholojjiques faites lors de l'aiitiipsie des a nin) aux morts au jardin zooloijique de Hotterdam, analyse dont la continuation se trouve dans le numéro de mai. Sur 21 autopsies d'animaux des pays exotiques morts au jardin, 6 n'ont donné aucun résul- tat; on a procédé notamment à l'autopsiedcG Orangs-Oulangs sans parvenir à (h'couvrir la cause de leur morl. Les carnivores ont toujours succombé à l'une des trois maladies suivantes : aiïeclions tuberculeuses du poumon, scrofules, gastro-entérite. En 1S59 et en 1861, le jardin a perdu, à la suite de la poule, deux Casoars femelles. Leurs os étaient devenus très cassants. Tous deux ayant fait des chutes, il s'était formé dans les parties malades des dépôts considérables de sang extravasé. L'auteur conclut delà à la nécessité de renouveler Pair de ces oiseaux pendant l'hiver et à l'importance qu'il y a à leur faire prendre constamment de l'exercice. 2» In rapport de M. Alumm sur l'aquarium du Jardin zoologi((ue du bois de Boulogne. ;]" [ ne lettre de Peslb annonçant la prochaine création d'un jardin zoolo- gique dans cette capilale de la Hongrie. /i" Un compte rendu des essais de M. Cuérin-Méncville pour l'arclimala- lion du Bombvx Ya-ma-maï. . . . CHRONIQUE. 827 5° Le récit de la prise tl'iiii Castor dans h^s oaii\ de l'EUto, près de Wittenberg, cl une notice sur ces animaux.. G" L'annonce de Texposilion de volatiles au Jardin d'accliinatalion de l'aris. 7» Une note avec figure explicative au sujel de la naissance de deux Chèvres d'Egypte jumelles, mort-nées, et présenlanl celte singularilé de con- lorniation que les deux tètes sont toutes dilïérentes cliez le niàle el chez la femelle. 8° Un bulletin du jardin zoologique de Francfort. On lait lemai'quer que l'Anlilope leiicoryx a porté son petit LV(3 jours; ia biche du Cerf cochon une fois 221 et l'autre fois 229 jours. 9" Des mélanges, entre aulres des renseignements sur rétablissemenl (1(> pisciculture de Saint-Louis (France), et une proposilion d'acclimater le rieime comme gibier sur les hautes montagnes d'Allemagne. l/ac*ciimatn«ioii «-ii Australie (2'' ARTICI.E), Par M. ViEx^NOT, Rédacleiir au ministère des affaires étraiii^cres. Dans une lettre adress('e au Times, M. Edward Wilson, l'infaligablo pro- pagateur de l'acclimatation dans les colonies britanniques de l'Australie, signale l'ardenrde ses compatriotes à seconder des etforls destinés à accroître. dans des limites incalculables, la prospérité de ces Etals naissants. Déjà des Sociétés se sont organisées par ses conseils : à Melbourne, dans la colonie de Victoria; à Sydney, dans celle delà Nouvelle-Galles du Sud; à Uobart-town, dans celle de Van-Diemen. L'Australie méridionale doit suivre le même exemple, et la Nouvelle-Zélande s'est associée spontanément au mouvement de ses voisins, \on-seulement on annonce la formation d'une Société d'ac- climatation à Auckland, mais les coions les plus récemment établis, ceux ûo la partie sud d'Olago, viennent de contrii)uer, pour une somme de 200 livi'es sterling (5000 fr.), aux frais d'introduction du Saumon en Australie. A Melbourne, la Société fondée par M. AMIson a obtenu la jouissance d'un beau parc près de la ville, d'une étendue de 700 acres. Le gouvernement a fait don à perpétuité de 50 acres situées au milieu de cet emplacement, et spécialement aiTectées aux constructions, jardins et réservoirs; il a accordé à la Société, en 18^1, loOO livres sterling pour couvrir mie partie des sommes dépensées en bàtiineius el en clôtures; 2000 liv. slerl. pour stimuler l'intro- duclionde TAlpaca ; 500 liv. sterl. pour celle du Saumon, et 500 liv. sterl. pour celle d'auties animaux. Cette année, il a fait figurer dans le budget colo- nial une subvention de oOOO liv. sterl. (75 000 fr.) à titre d'encouragement pour la Société. Aussi ne sera-t-on pas étonné d'apprendre que le jardin botanique et zoologique de Melbourne soit devenu un centre d'acclimatation et d'échange dont les richesses augmentent de jour en jour. Tandis qu'il envoie à Londres, à i'aris, à Saint-Pétersbourg, à Cologne, à Copenhague, à Calcutta, à l'île Maurice, à Ceyian, à .lava et ailliMus, des spiicimens de la faune de l'Australie, tels que le Cygne noir, l'Emeu, le Kangurou, le Woni- s 828 sociétl: impéuiale zooLor.iorE d'acclimatation. bal, l'Fxliidni', li' IViroqiiel, lo l'ir el les dhers l'igeons et Coloinl)i-gallinos do ce conliiient, il roroil dos pays ôtranKers des animaux qu'il distribue aux: oolous (1), ou qu'il Tiiet directouionl ou liberlt! pour peupler les bords dos neuves et les iles delà côto. l'aruii les oiseaux qui oui été làobésdans ce but M. Wiison éuumère le Serin, le Merle, la Gri\e, rAlouelte, rEtourneau, le Colin de Calil'ornie, la Perdrix et le Faisan comniun, dont la niultiplicalion procurera à ceux qui entendront leurs clianls, ou qui se livreront à leurcbasso, rillusion de se croire encore en luirope. Le transport des poissons mêmes s'efl'oclue, grâce à remploi d'aquariums placés à bord des navires, dans des conditions si propices, que des Mulets gris ont été débarqués vivants à Mel- bourne, venant d'Angleterre, et que ce dernier pays a reçu par la même voie des espèces rares provenant dos eaux de l'Australie. Une seconde lettre de \l. AVilson fait connaître plus particulioroment le succès des essais d'acclimatation tentés à l'égard de 1' Vipaca et du Cliainoau. Il a])pollo l'altonlion du monde commercial sur un groupe d'animaux em- paillés, placés parmi les produits de 1' \ustralie dans le palais de l'Exposition inlornatioiiale de Londres. Ce groupe comprend dos Alpacas et dos Lamas do race pure, nés dans la colonie, ainsi que cinq bybrides distincts, issus du croisement dos doux espèces. Ce n'est pas sans une vive émotion que M. Ledger a consenti à sacrifier ces individus, choisis dans le troupeau qu'il a introduit en 1859 dans la Aouvello-Galles du Sud, au prix de peines inouïes, dont il a été du moins dédommagé par une brillante réussite. Les Alpacas de M. Ledger se sont rapidomont uudtipliés ; ils sont exempts de toute maladie, et paraissent s'accommoder mieux des plantes indigènes que du trène,de la luzerne etautres fourrages cultivés qu'on leur donnait d'abord. D'après les calculs, les seuls descendants des animaux qui lui appartiennent aujourd'hui seraient assez nombreux pour alimenter, avant cinquante ans, une exportation de laine de près de 9 millions de livres sterling (125 millions de fr.). Tour accélérer ce résultat, M.Dulliold, négociant du Pérou, vient, d'accord avec le gouvernement, la Société d'acclimalalion do Melbourne et les principaux capitalistes et propriétaires, de nolisor un navire pour Lima, et doit ramener en octobre prochain un premier convoi de 500 Alpacas, faisant partie d'un troupeau de 1500 tôles, dont les gouvernements du Pérou et de la Bolivie ont autorisé l'exportation, et qui doit être transporté on totalité dans l'Aus- îralie. Cet abandon du monopolo que les deux gouvornomonis avaient jus- (pi'alors chorcbé à réserver à leur pays, s'explicpie, aux yeux des colons, par rimpossibilité évidente d'y i)crsister en présence des heureuses tentatives qui ne faisaient désormais de la propagation de l'Alpaca en Australie qu'untî question de temps, et ils se llattoul do pouvoir à l'avenir tirer cet animal de l'Amérique du Sud aussi aisément qu'ils font venir d'Angleterre des repro- ducteurs dos plus belles races bovine et ovine. Ces facilités inattendues que l'on a ainsi rencontrées pour se procurer ce (1) M. Wilson ronslate la farililf' reniarquablo qim l'on a ciio à acdimaler en Aiislralie iliverij mammifères, U'is que l'Alpaca, le Chameau, la Chèvre d'An!,'ora, et plusieurs oiseaux, tels que le Hucco, le Colin de Californie el les principales espèces de chaiil de l'Ani^leterre. CHUOWJQL'E. S-J») précieux lUiiminitéro deviennent craulanl plus appréciables, selon M. Wilson que les récenles explorations poussées dans rinléricur du conlinenl austra- lien ont révélé l'existence d'immenses territoires en majeure partie impro- j)res au pâturage du gros et du pelit bétail d'origine européenne, mais où l'Alpaca, moins exigeant pour l'herbe et pour l'eau, trouvera à se sustenter. Cet anijual ne nuira donc point à l'élève des Mérinos, ainsi que l'avaient craint les producteurs de laine de Mouton ; il ne prend que la place laissée vacante par les aulres. Aussi les colons, fidèles à l'esprit d'entreprise anglo-saxon songent-ils à améliorer le type de l' Alpaca, tel que l'ont conservé les Indiens. Ils regardent la fécondité des hybrides d'Alpaca et de Lama connue un fait acquis, et ils pensent, avec M. Ledger, que ce croisemeni pourra donner lieu à la création d'une race ini\te plus forte de taille et de tempérament, e| fournissant une toison plus lourde. Ment ensuite, par rang d'imporiance, la conquête également réalisée du Chameau. I»ans les territoires nouveaux dont nous venons do parler, où le sol est aride et où l'eau manque tout à fait, du moins pendant une ])artie de Tannée, l'emploi de cet animal sera seul possiljle d'ici à un siècle. Il semble fait exprès pour traverser ces solitudes, où il a déjà rendu aux premiers voyageurs de si grands services, et il est appelé à y remplir connue bêle de transport le rôle qu'y jouera l'Alpaca comme bête à laine. L'Australie pos- sède de magnifiques Chameaux, choisis dans les districts de l'Inde les plus réputés pour leurs élèves. Ils \ prospèrent si bien, que, d'après des rensei- gnements donnés à M. AVilson, il existerait, dans le voisinage de 'i'wofold- bay, des individus de cette espèce échappés d'un troupeau jadis entretenu parle docteur Inilay, et qui seraient retournés à l'état de liberté depuis quel- ques années. Ouanl à l'objertiou soulevée par certains savants, sur ce que le pied du Chameau serait conformé pour fouler le sable, et non pour courir dans les pierres qui parsèment le sol d(; l'Australie, l'auteur des lettres que nous analysons, et qui a parcouru le trajet de Suez à Alexandrie, fait obser- ver que les pierres n'abondent pas moins que le sable dans les déserts d'Afrique el d'Asie, et que le second est sans cesse balayé parle vent en mon- ticules, tandis que le poids des premières les retient en place sur la route des caravanes (1), (I) Deux fautes d'iiiipressioii .ve suiil glissées d.nis le procc.lenl aiMicic (.liMii.; par ,M. Vieniiol sur racdimiitation en Auslialic {Bulletin, numéro d'auiU tSGiî) ; t'ag-e 7'27, i" Il Mie au lieu de Victoria, tinu Sydney. l'ago 731, ligne 32, au lieu de (Bower bvd), Usez (Lauqhinn Jacass). VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION. I. — Août, presque tout entier froid et luuuido cette année, a été un mois d'automne plutôt que d'iHé. Cette saison, favorable à l'entretien de la floraison des parterres et delà verdure des gazons, n'a pas été nuisible à la santé des animaux, (jui auraient peut-cire pins soullerl des grandes chaleurs. La basse- cour et la volière sont en pleine mue. La ponte est terminée, sauf pour les races asiatiques. Les Bréda, Campine, Hambourg, Barbezieux, Gasconnes et Padoue donnent encore quelques œufs, mais irrégulièrement. La récolte du mois n'a été que de Zi9Zi œufs. La vente des œufs pendant toute la campagne de 1862 a été de 11 029 ; elle n'était l'an dernier que de 9992. IL Naissances. — i Guanaco, i Biche rusa, 2 iNilgauts. JNous rappelons que cette portée des INilgauts est la troisième depuis l'établissement du Jar- din. Les deux premières ont été vendues à Sa Majesté le roi d'Italie, aux jardins d'acclimatation de Cologne et de Vienne, l^'acclimatation de ce bel animal paraît donc assiu'ée et sa propagation facile, car il se reproduit de même dans tous les jardins zoologiques de l'Europe. ITI. Mortalité. — Nulle parmi les mammifères. 9 feules et Coqs, 20 Poulets d'une couvée de lloudans venue delà Normandie, et qui, à l'âge de trois et (jualre mois, a succombé à une affection catarrhale. Aucun autre signe d'épizoo- tie, bien qu'on nous annonce qu'à Alfort et dans d'autres localités des environs de Paris, il lègue l'espèce d'adection désignée sous le nom de choléra des Poules, et qui a détruit phisiein-s basses-cours. Nous avons perdu par des causes diverses plusieurs oiseaux précieux. L'un des deux Caurales phalénoïdes envoyés par i\L Bataille à l'Impératrice et confiés par Sa Majesté au Jardin. Cet oiseau est mort, le lendemain de son arrivée, desfaligues de la route. Lu Toucan, chez lequel j'ai constaté une invagination de Tinteslin grêle, qui, engagé dans le gros intestin, sous forme d"un cordon rouge et villeus, venait pendre hors de Taïuis à la longueur d'un décimètre. Celte lésion, comme bien d'autres, prouve que les oiseaux sont sujets à toutes les causes de mort qui meltenl fin à la vie humaine. 1 Paon du Japon, 1 IIocco alector, 2 Pénél(jpes, l Tétras, 1 Pigeon carpophage, une Colombe voyageuse, Colin de Californie. Pendant la ponte, plusieurs Poules ont succombé à de véritables dystocies, soil ))ar chule des ovules directement de l'ovaire dans le péritoine, soit par rupture de Toviducle. Cliose remarquable, les ovules tombés dans la cavité péritonéale prennent un certain développement sans occasionner de périto- nite : ce phénomène est tout à fait comparable à la grossesse extra- utérine des mammifères. A l'exemple des Jardins zoologiques de Londres et d'Anvers, le jardin de Paris a voulu, pour récréer ses visiteurs, s'enrichir d'une collection de Per- ro([uels, disposés le long de la grande allée de l'entrée, et qui, parleur bril- lant plumage, forment à travers les arbres comme une ornementation de (leurs animées. BULLETIN MENSUEL DU JAliDliN d'AGGLIWATATION. 831 IV. D(i)is. — Le Jardin a reçu de ^]. le général Frebault, prouverneiir de la Guadeloupe, des Tourlerelles dites du ^lexique et 'l'ourtcrclles perdrix ; de !\I. Emile Vauchelet, habitant de la Guadeloupe, un Pécari à lèvres blanches, des Tourterelles et Ortolans; de ALGenu, de Nantes, un Lapin argenté; de S. M. rinipératrice, '2 Cauralesphalénoïdes (envoi de M. Bataille à Sa Alajesté); de M. Fontaine, deux Boucs du ^épaulet uneGlièvre;deM'"^EliedeBeaun]onl, un Bouc d'Afrique et une Chèvre ; de ^\. Lagabbe, président du tribunal de première instance à Neufchâteau (Vosges), deux Brebis et un Bélier multi- pares; de M. Couturier, directeur de Tintérieur de la Martinique, vingt-quatre ColondM-gallines roux violet, et Tourterelles dites du Alexique, et deux Manicous. V. — L'Aquarium a perdu, pendant cette saison chaude, un plus grand nombre de ses hôtes que pendant les saisons précédentes, mais il en a reçu d'autres, parmi lesquels on remarque de nouvelles Actinies recueillies à Dieppe [crassicornis et mesembrianthema) , et trois espèces de Chevrettes (Palémon). \jn Congre et un Cotte dit Crapaud de mer, envoyés par M. Ledentu, connnissaire général delà marine à Cherbourg. Un blocd'Ana- tifes envoyé par M. X..., capitaine au long cours du Havre, n'a vécu que trois jours, el a troublé beaucoup par ses détritus l'eau du bac dans lequel il avait été placé. \ I. McKjnanerie. — La filature des cocons provenant des éducations du printemps, commencée en juillet, s'est terminée à la (indu mois d'août. Un nombreux public assistait tous les dimanches à l'opération du dévidage. La deuxième éducation des Vers à soie du r«icin et de l'Allante est en pleine activité. f-'éducation en plein air des Vers à soie de l' Allante, annoncée dans le bulletin de juillet, attire l'attention des nombreux visiteurs du Jardin. La petite plantation d'Allantes a été couverte d'un fdet afm d'en éloigner les oiseaux, qui ne peuvent ainsi faire aucun mal aux insectes ; il n'en est mal- heureusement pas de même des guêpes, qui leur fout une guerre acharnée et en détruisent une assez grande quantité. Une éducation d'autonnie des \ ers à soie du Mûrier est en ce moment expérimentée sur la race à cocons jaunes du Portugal : les Vers, éclos du 22 au 25 août, ont fait leur première mue du 31 août au 3 septembre. Cette première période de leur existence s'est accomplie avec une parfaite, régularité. Une plantation de Mûriers sauvageons, dont la feuille est choisie avec soin, permettra de leur donner, à chaque âge, des feuilles tendres, condition inchs- pensable à la réussite des éducations automnales. VIL Jardin. — La température a été en moyenne de 12 degrés au-dessus de zéro à six heures du matin, et de 22 degrés au-dessus de zéro après midi. Les extrêmes ont été de 9 degrés au-dessus de zéro au minimum et de 28 degrés au-dessus de zéro au maximum. 832 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLULilQUE d'ACCLIMATATJuK. Celt(! ictnpératurc peu ék\6c. pour le mois d'août, qui doit être le plus chaud de raunéc, joiulc à la pluie presrpie jourualièrc, a retard la évéïi^'taliou, et nous a fait perdre ravance que le printemps nous avait donnée. Cet état do, clioses, qui est en général plus mauvais que bon, a été favorable au Jardin, dont les arbustes et surtout les gazons ont im aspect printanier. Les fleurs de la saison sont, pour les corbeilles : Plilox variés, Salvia Hor- minum, Antlicniis, Géraniums variés, Érytiirines, Héliotrope, Dahlias, Sola- num variés, IMalricaire, Fuchsia, Hosiers, Ageratum, OEillets d'Inde, Roses irémières. Hortensias, Gynerium, Pavia, Nénufar blanc, Lantana, Salpiglos- sis, Delplhnium, Canna, Véronique, Tageles, Késéda, Galcéolaires, Casse, Aster. Pour les massifs : Angéliciue épineuse, Céanolhe, Dalura, liobinier, Magnolia, Hibiscus, Genêt d'Espagne, Indigotier, Baguenaudier, Gorèle du Japon, et Laurier-tin. Dans le jardin d'expérience, on remarque parmi les plantes utiles : les Cocozzelli de Naples,Zapallo, Concombre d'Angleterre, Polirons blanc, jaune et vert. Gourdes de diverses formes, Télragone, Maïs d'Amérique, Cotonnier, Haricot et Pommes de terre ausiraliennes. Parmi ces dernières, dont plusieurs variétés sont récoltées, il \ a plusieurs tubercules pesant plus d'une livre. Parmi les plantes ornementales, les Solanum laciniatum, d'une végétation luxuriante, Coreopsis pourpre. Basilic, i>ro^vallia, Barkhausia, Obcliscaria, Gaura. Le Jardin a reçu : 1" De iM. Vauchelet, de la Guadeloupe, des graines de Gombo musqué, Herbe parasite, Flamboyant, 'J'abac de la Havane, Acajou de Saint-Domi- nique, Bois noir et Pois de .Sainle-Catherine. 2" De M. le marquis de l'ournès : le Cotonnier Géorgi ■ longue soie, arra- ché sur sa propriété dans un semis fait au commencement de mai. H a des fleurs et des fruits. 3" De la Société impériale , venant de M. Haycs, de Chandernagor, des graines de Iktssia latifolia et Civsalpinia sappan. ' h" De iM. Barbary, un jeune Saule pleureur venant par bouture du Saule de l'île Sainte-Hélène planté sur le tombeau de l'empereur Napoléon l". Viir. Les conférences ont été faites pendant le mois par Al. le docteur V\<^Cim\,surl'ulilitédes animaux dits nllisibles;[yl\v^\.])^K\^cm^:■Thom'ila\l, sur l'exploitation des terrains vafjues ; par IM. Albert Geoflroy Saintlliiairc, sur l'usage et VulilUé des plumes d'oiseaux. Le Jardin a reçu en août 35 OlZi visiteurs, parmi lesquels se sont trouvés les directeurs des principaux jardins de rEurope. Le Directeur du Jardin d'acclimalatior}, r.l'FZ DE LAVISOA. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. RAPPORT s ni Li:s EXPOSniONS DE CHIENS EN ÂNGLETEHHE, PAR n. II. PIERKE PICIIOT. Séance de la Commission spéciale du 28 juillet 18(i'2, Présidence de M. de Quatrefages. Messieurs, Je suis appelé à vous lire aujourd'hui un mémoire qui est le fruit de nombreuses recherches entreprises surtout pendant le dernier voyage que je viens de faire à Londres dans le but d'étudier sur quel système et d'après quels principes se font en Angleterre les expositions de Chiens, et de rechercher jus- qu'à quel point ce système serait applicable chez nous à la réalisation du but que nous nous sommes proposé. Il ne faut pas nous dissimuler, messieurs, que nous avons de grandes difficultés à vaincre ; on semble prendre plaisir à dénigrer toute institution naissante, et, loin d'encourager les pas des novateurs, on s'ingénie à leur susciter des entraves. Je dois dire cependant que les personnes contraires à notre projet n'ont encore soulevé aucune objection valable; grâce à la persévérance et au zèle dont nous sommes tous également animés, j'augure bien des efforts de notre Commission. Les grandes expositions de Chiens ayant plusieurs jours de durée, telles qu'il y en a aujourd'hui en Angleterre, sont une institution plus récente qu'on ne le croirait, dans ce pays oîile goût du sport et des exhibitions semble faire partie inté- grante du caractère national. Depuis longtemps déjà, il est vrai, on connaissait les expositions de Chiens, mais c'étaient des expositions partielles, presque toujours de chiens de luxe, comme King- Charles et Richons divers, ou de chiens de petit sport, comme Terriers et RuU-dogs. Ces expositions, qui T. IX. — Octobre 1862. 63 83/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. ne duraient qu'une seule journée ou même une seule soirée, car elles se faisaient parfois le soir, se (enaient dans des caba- rets ou dans les salles de ceilaines tavernes de Londres, le plus souvent dans des quartiers assez mal famés. La société n'y était pas des plus recherchées, les exposants eux-mêmes n'étant guère que des grooms, des artisans ou des membres de celte curieuse classe de sportsmen dont Londres a la spé- cialité. Mais leurs bêtes étaient parfois très remarquables et dignes d'attention. Ces expositions n'étaient souvent, pour la personne chez laquelle elles se tenaient^ qu'un moyen d'atti- rer du monde et des consommateurs dans son établissement; les exposants, répondant aux avertissements du Field, du Belles llfe, et plus particulièrement de ces annonces volantes que l'on distribue si libéralement dans les rues de Londres, arrivaient leur chien sous le bras, et, gravement assis autour d'une lampe fumeuse, un verre de porter à la main, on voyait tous ces (unateurs gravement discuter les qualités respectives de leurs bêtes. Que de scènes dignes du pinceau de Rem- brandt ou de Callot! Les paris s'engageaient et parfois les dis- putes, car cela est inséparable du sport anglais, pour lequel le peuple paye volontiers de sa bourse et de sa personne. Ce fut en 18G0 qu'eut lieu, à Birmingham, la première ex- position de Chiens sérieuse. Elle fut organisée i)ar les soins de deux amateurs, MM. Riley et Cartswrighl;elle dura cinq ou six jours, et les deux cent quarante animaux qui y furent exposés tirent une grande sensation dans le public. Mais cette exposi- tion, au dire de tous les amateurs, fut surpassée par celle qui eut lieu l'année suivante à Leeds,et qui fut même, dit-on, plus belle que celle que nous venons de voir à Islington. Leeds inaugurait une série d'expositions qui devaient prendre le nom [^ Expositions de Chiens du nord de l'Angleterre. Ce fut une entreprise privée, mais patronnée par les plus grands noms du pays, le comte de Derby, le comte Grosvenor, le comte de Grey et Ripon, lord Paget, lord Nevil, etc. Ce fut encore, autant (juc j'ai pu m'en assurer, M.Cartswright, de Birmingham, qui la dirigea; quant à son organisation, comme elle a clé absolument semblable à celle de l'exposition qui EXPOSITIONS DE CHIENS EN ANGLETERRE. 835 vient d'avoir lieu à Londres et qui est la seconde de la série, il est inutile que je vous en parle. A la même époque, M. Bar- rett, le propriétaire et directeur du IJolborn Hurse Repository de Londres, organisait dans son établissement une autre ex- position de Chiens qui eut un grand succès. Aussi cette année, au moment où j'arrivais à Londres, vers la fin du mois de mai, M. Barrett ouvrait une seconde exposition dans le même local que la précédente, et dont je vais vous entretenir d'abord ; puis nous nous occuperons plus en détail de la seconde expo- sition de Chiens du nord de l'Angleterre, qu'un commerçant de Leeds, succédant à M. Cartswright dans l'exécution de son idée, venait exploiter à Londres. Le rapporteur donne ensuite la description du local et des installations de cette exposition. L'établissement de M. Barrett était trop petit pour contenir une exposition générale de toutes les races canines, et voulant cependant leur ouvrir à toutes un concours, il avait songé à répartir les difierentes classes entre deux expositions qui se feraient à deux mois d'intervalle : la première comprendrait les Chiens de luxe, les Dogues, etc.; la seconde, les Chiens de chasse proprement dits de toutes les espèces. La première de ces expositions a eu lieu du 26 au 31 mai dernier. Elle n'a été qu'une exposition de Chiens de luxe, de Chiens de garde et de petit sport, quoique les Bloodhounds et les fameux Épagneuls d'eau anglais , connus sous le nom de Betrievers^ y aient été représentés. Ces diverses races ont été réparties pour le concours en trente-cinq classes. Une somme de 6575 francs a été répartie en 64 prix de valeurs diverses, et })our lesquels 1^43 animaux avaient con- couru. Je n'ai pas besoin de vous dire, messieurs, combien était curieux l'aspect varié de cette réunion canine, et combien était intéressant de voir groupés un aussi grand nombre d'individus de races souvent fort rares et à coup sur fort ori- ginales. Presque tous les animaux étaient des sujets de choix, car, à cause de la petitesse du local, on avait dû éliminer 836 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOÛLUGIQUE D ACCLIMATATION. tous les Chiens qui présentaient de trop grandes imperfec- tions. J'aurais de la peine à vous dire laquelle de ces trente- quatre classes a le plus captivé mon attention. 11 y avait là ces Terriers noir et feu, aux formes élégantes, qui sont si rares en France et si estimés même dans leur pays natal; les Dandy Dynmonts, espèce de Terriers presque perdue et ayant toujours été fort rare ; les Carlins, dont nous n'avons plus qu'un vague souvenir, et qui tous étaient superbes à voir dans leurs bourrelets de graisse, si tant est qu'il y ait quelque terme d'admiration applicable à d'aussi vilaines bêtes. Puis, pé*fmi les chiens étrangers, quelques-uns auraient vivement in- téressé nos savants et nos amateurs : par exemple, une dizaine d'Épagneuls chinois, tous de race fort pure et dont quelques- uns avaient été pris dans le palais d'été de Pékin ; le Ccmis cdihilis de la Chine; plusieurs Chiens tarlares, dont un, d'un pelage rouge-brique et de formes toutes nouvelles, venait des rives de l'Amour. Parmi les Esquimaux, il ne faut pas oublier Etah, le seul survivant des cliiens rapportés par le docteur Kane, explorateur américain, de l'expédition qu'il fit dans les mers arctiques, à la recherche de sir John Franklin, et qui appartenait à un lieutenant de la marine royale. Je citerai enfin un de ces grands Lévriers danois dont la race existe encore en Russie, et dont on retrouve la trace dans le Lévrier irlandais, ce chien vigoureux et rapide qui, amené dans l'île du 1em|i^. du roi Alfred, servit à exterminer les loups et les sangliers qui l'infestaient. On remarquait les magnifiques Chiens de Terre-Neuve noirs, qui sont presque la seule variété répandue en Angleterre, où elle est considérée à juste titre comme la race primitive. J'ai maintenant à vous entretenir de la seconde grande exposition de Chiens du nord de l'Angleterre. Cette exposition, organisée exactement sur le même plan que celle de Leeds de 18(51, a eu lieu du 2h au 28 juin dernier, dans une grande salle d'exposition que la Société d'agricul- ture venait de faire construire et qu'elle avait louée pour la circonstance. Le directeur de cette exposition était un com- merçant de Leeds, M. T. Dawkins Appleby, qui faisait l'entre- EXPOSITIONS DE CHIENS EN ANGLETERRE. 837 prise ;i ses propres frais, quoique les principaux exposants se fussent organisés en une sorte de comité de direction pour mieux lancer raO'aire. En tête de ce comité, nous trouvons Sa Grâce le duc de Beaufort, puis les mêmes noms à peu près que l'année précédente à Leeds. La salle d'agriculture est située à 3 milles du centre de Londres, dans le faubourg d'Islington,et ce n'est point facile d'y arriver. C'est un grand bâtiment, moitié de briques, moitié de fer, cjui est à peine acbevé, car la toiture, destinée à être vitrée, était encore encombrée d'écbafaudages, et il n'y avait d'autres portes et fenêtres que celles posées pour la circonstance. C'était donc dans les bas côtés seuls et dans une grande salle attenante que l'on avait pu ranger les cliiens envoyés au concours de toutes les parties de l'Angleterre. Il en était venu plus de 800, et MM. les directeurs du jardin, avec qui j'ai eu l'bonneur de parcourir les constructions d'Islington-Hall, pourront vous dire qu'une meute de 800 cbiens est déjà une fameuse meute! 22 500 francs de prix devaient être distribués aux concurrents; c'est vous dire en quelques cbilTres, messieurs, l'importance de ce concours sur lequel l'attention des amateurs avait été depuis longtemps dirigée par tous les moyens dont dispose la réclame anglaise, et notamment j)ar de grandes afïîches rouges et blancbes placardées dans toutes les gares de chemins de fer du royaume uni. Toutes les espèces de cbiens étaient représentées à ce con- cours, par conséquent il y avait dés l'abord deux grandes catégories à établir : celle des Chiens employés à la chasse, et celle des Chiens qui ne sont pas employés à la chasse. La première catégorie comprenait 30 classes d'animaux; la seconde 23 : en tout, 52. Dans les 30 premières classes, celles des Chiens de chasse, venaient se ranger 17 espèces ou races bien définies; les 22 classes suivantes embrassaient 19 races de Chiens de garde, de sport ou de luxe; enfin la dernière classe, la 52% était réservée aux Chiens étrangers non classés et auxquels on donnerait des prix selon leurs mérites. Je n'entreprendrai pas de vous dépeindre l'enthousiasme de la foule quand arrivèrent, le soir, les quarante Foxhounds du 838 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. chenil de Badminton, appartenant an duc de Beanforl! Ils étaient dans une de ces écuries roulantes qui servent à trans- porter les chevaux de course , et qui était traînée par quatre chevaux montés à la Daumont, les postillons portant la livrée du duc. On avait préparé pour ces quarante Foxhounds deux grands chenils de 16 mètres carrés environ pour séparer les chiens et les chiennes. Ces chenils étaient de petites cours entourées de palissades de hois très hautes et beaucoup trop serrées pour la commodité du public; sur toute la longueur d'un des côtés de ces chenils, on avait établi, à environ 30 centimètres du sol, une table de bois inclinée sur laquelle les chiens pouvaient aller s'étendre à l'abri de rimmiditô et sur une litière propre. La meute du duc de Beaufort a été la seule exposée ; elle est si célèbre, que l'on prétend que personne n'a osé venir lutter contre elle. Pour les chiens de luxe et pour les petites espèces, le système était le même que chez M. Barrett, dans le Holborn Horse Repository; mais pour les espèces moyennes et les races de chasse le système était tout différent. Nous avons dit que le milieu de la salle d'agriculture était encore encombré d'échafaudages; on n'avait donc pu in- staller les chiens que dans les bas côtés de l'établissement. D'un bout à l'autre de ces bas côtés on avait construit, comme dans le chenil de Foxhounds, un plancher élevé de 30 centimètres environ au-dessus du sol, ayant 2 mètres de largeur et assez fortement incliné en avant. Pas la moindre séparation entre les animaux, ils étaient enchaînés tout sim- plement l'un à côté de l'autre, mais assez loin pour qu'il leur fût impossible de se mordre; et si ce système avait le désavan- tage de provoquer quelquefois des disputes lorsque deux bêtes hargneuses se trouvaient l'une à côté de l'autre, d'une autre part les chiens ne s'ennuyaient pas comme dans des cages ou des boxes fermées, et ils aboyaient beaucoup moins. Quelque grand que fût l'espace ainsi disposé, il n'était pas en- core suffisant pour contenir tous les chiens, et l'on avait disposé de même une galerie au premier étage qui fait tout le tour de la salle au-dessus des bas côtés. On pouvait donc voir dans Islington-IIall le plus curieux EXPOSITIONS DE CHIENS EN ANGLETERRE. 839 et le plus complet assemblage de chiens qu'il y ait jamais encore eu au monde. Non, le patriarche Noé lui-même n'a rien vu de semblable dans son arche, car il est probable que le plus grand nombre de ces races canines n'existaient pas encore là l'époque du déluge. Nous nous souviendrons toujours avec plaisir du magnifique coup d'œil que présentaient ces longues files de Terre-Neuve noirs, de Bloodhounds, d'Epagneuls d'eau, d'Épagneuls noir et feu, de toutes ces races si belles et si pures dont nous voyons seulement de loin en loin un individu, même en Angleterre. Je citerai particulièrement, parmi les chiens qui nous ont le plus frappés, un de ces énormes Dogues blancs et noirs pour la chasse de l'ours et du sanglier, que Snyders, Rul)ens, Murillo, ont immortalisés dans leurs toiles, et qui sont devenus si rares aujourd'hui; puis des Epagneuls chinois à nez camard, à langue pendante, arrivant directe- ment du palais d'été de Pékin; un Canis cdibilis; un Chien turc à poil problématique et qui grelottait dans la cage de verre où il était exposé; un Chien tartare tout noir, jusques et V compris sa langue et sa muqueuse buccale; des Chiens es- quimaux de plusieurs types difCérents; deux Griffons autri- chiens d'une race remarquable; enfin les Lévriers d'Ecosse à poil rude, les magnifiques Lévriers de course anglais, les Molosses sanguinaires de l'île de Cuba; les Epagneuls bassets que nous ne possédons pas en France, où lisseraient excellents dans les taillis à faisans et à bécasses, autant que dans un étang pourrait nous servir la précieuse race d'Epagneuls d'eau anglais. Mais je ne puis abandonner ce sujet sans dire avec quel plaisir, quelle émotion de sportsman, j'ai contemplé les Bloodhounds, qui ne sont autres que l'antique Talbot, le vieux chien français, ancêtre probable de tous nos chiens courants, et de ces Foxhounds si bien représentés par la meute du duc de Beaufort. Cette meute justement célèbre a captivé l'atten- tion de la foule pendant quarante-huit heures qu'elle est restée à Londres, car elle a regagné Badminton avant la fermeture de l'exposilion , le piqucur Clark prétendant que les aboie- ments continuels surexcitaient ses chiens d'une façon dange- reuse. Mais il v avait surtout dans l'Agricultural Hall des cou- 8ii0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. rants d'air très pernicieux, grâce à l'absence totale de portes et fenêtres, et c'est là ce qui a dû faire éprouver le plus de craintes aux amateurs. La coupe deGOguinées avait été unani- mement décernée auducde Beauforl, mais il l'a refusée, ayant été le seul concurrent dans cette classe, et les juges ont alors offert une coupe d'argent de 10 guinées (265 fr.) au piqueur Clark, en témoignage de satisfaction pour le bon état de sa meute. Mais que de chiens je n'ai pas encore nommés! Les chiens jadis employés à chasser la loutre, griffons par leurs formes, mais poissons par leurs mœurs, car ils ont les pattes entièrement palmées, et dont quelques propriétaires seulement possèdent maintenant la race pure ; ces petits Beagles telle- ment à la mode sous le règne d'Elisabeth, et qui formeraient aujourd'hui encore Ja plus ravissante meule que l'on puisse voir! etc., etc. L'exposition s'est terminée par une vente aux enchères des chiens qui n'avaient pas été vendus à l'amiable pendant le cours de l'exposition et dont les propriétaires voulaient se défaire ; en tout il en a été vendu pour une somme de 50 000 francs, sur laquelle l'administration aprélevé un droit delOpourlOO, soit 5000 francs, et je crois que ce chilTre est aussi assez exact, quoique assurément louslesChiens qui ont passé sous le mar- teau du commissaire n'aient pas été réellement vendus, faute de surenchère ou pour toute autre cause. J'accepte cependant le chiffre de 5000 francs. Beaucoup de ces chiens ont été achetés par la noblesse anglaise et par les étrangers : j'en connais qui sont aujourd'hui dans les rues de Paris; entre autres, on m'a cité un envoyé du roi Victor-Emmanuel, qui en a acheté un très grand nombre. Le fait est que parmi les exposés il y avait assez de Brutus, de Césars et de Garibaldis, pour peupler plusieurs péninsules. Enfin, quatre chiens su- perbes ont été achetés par le duc de Saint-Albans, amateur bien connu. Les prix ont varié de 50 francs à 2000 francs ; l'animal qui a atteint ce maximum était un superbe ]>raque noir et feu de grande taille. EXPOSITIONS DE CHIENS EN ANGLETERRE. Shl Diverses espèces de Chiens e^sposécs dans le Molhorn IIoi se Repository de M. Barietl. du 20 au 31 mai 1)^«2. Bloodhounds. Épagiieuls d'eau. Mâtins anglais. Wàlins de Cuba. Chiens de Terre-Neuve. Chiens du mont Saint-Bernard. Chiens du Labrador. BuU-dogs. Bull-terriers. Teniers noir et feu. — anglais blancs. — d'Ecosse. — de l'île de Skye. Terriers Dandy Dynmonts. Chiens carlins. Levrettes. Épngneuls Blenheini. Kpagneuls King-Charles. Chiens maltais. Caniches français. Caniches de la Havane. Chiens esquimaux. — de Poniéranie. — étrangers. — danois. — de berger. SECOXOE EXPOSITION DE CHIENS. Cliiens du no»'d de l'Angleterre. Du 2!i au 28 juin 1862. 1'" Division. — Chiens de chasse. Meute de Foxhounds. Terriers à renard. Bloodhounds. Chiens à loutre. Deerhounds. Harriers. — Briquets anglais. Bea"les. Lévriers. Braques pointers, ï^pagneuls setters anglais. — setters irlandais. — d'eau, retrievers. — bassets. — divers pour la chasse. 2' Division. — Chiens qui ne sont pas employés à la chasse. Mâtins divers. Chiens de Terre-Neuve. Chiens danois. BuU-dogs. Bull-terriers. Terriers noir et feu. — anglais blancs. — anglais divers. ■ — d'Lcosse, — de l'ile de Skye. Terriers Dandy Dynmonts. Chiens carlins. Levrettes. Épagneuls Blenheim. Épagneuls King-Charles. Chiens maltais. Kpagneul chinois. Chien d'Islande. Caniche du Pérou. NOTE SIR L'AUROCHS OU RISON D'EUROPE (1), Par B. T. VIE!%;XOT, Piédacleur au Ministère des Affaires élrangères. (Séance du 28 février 1862.) Le voyageur qui sort de Varsovie pour se diriger vers l'an- cienne frontière de la Litliuanie, après avoir franchi les hau- teurs qui dominent la petite ville d'Orla, aperçoit au fond de l'horizon une longue ligne noire. C'est la forêt primitive de Bialowiez (prononcez Bialovièje), ancienne dépendance de la couronne polonaise, dans laquelle les rois venaient chasser. On raconte que Casimir IV, troisième souverain de la dynastie des Jagellons, y passa sept années consécutives (de 1/|85 à 1Z|92), entièrement adonné à ce plaisir, et que, pour ne pas y renoncer, il traitait dans la maison d'un garde forestier les afl'aires de l'État et prenait les décisions les plus importantes. Le château aux tours hlanches qui aurait, dit-on, transmis la dénomination à la forêt (Z'/e/o, dans les langues slaves, veut dire blanc), n'existe plus depuis longtemps ; mais on voit encore sur une colline prés du village de Bialowiez, situé aux bords de la Narewka, les restes d'un pavillon bâti par l'avant-dernier (1) L'auteur de ce travail a fait usage des détails donnés sur l'Y\urochs par Cuviordans son admirable ouvrage sur les 0.«;seHîe/ifs fossiles (édit. de4S2;j, t. IV, in-Zi, p. IdSàlGô, avec o planches), en y joignant quelques publica- tions plus modernes, telles qu'une Note lue par M. Baer à rAcadéniie impériale des sciences de Saint-t^étersbourg, le 'i mai 1838, inqiriniée (en allemand) dans le Bullelin scieniifique Je l'Académie (t. IV, in-/i, colonnes 113 à 128) ; un article sur la forêt de Bialowiez dans la Poloyne historique, littéraire, v}onu)))ent(ile et pittoresque, de ;\1. Cliodzko (t. I", gr. in-8, p. 5'2 à 5G), et le chapitre consacré à l'Aurochs dans la monographie du genre Bœuf par M. Varey {The Natural Hiitorij of Bulls, lii sons and Buffaloes, Londres, 1857, in-8, p. ZiO à Uh). La dillérence des sources consultées lui a permis d'ajouter de nouveaux renseignements à ceux que \\. le baron de .\oirmont avait déjà réunis dans son intéressante Notice sur quelques Mammifères qui ont existé en France et qui ont disparu ou sont devenus très rares ivoy. le Bulletin de la Société, septembre 18G1). suvR l'aurochs ou bison d'europe. 8/l3 roi de Pologne, Auguste III de Saxe (173lî-l76Zi), qui, de même que son prédécesseur, Auguste II (1 697-1 70/i), prati- quait la chasse avec tant de passion, que le nom d'Augustowka est resté au rendez-vous qu'il affectionnait. Le souvenir d'un autre prince électif, Etienne Batory (1575-1587), s'est égale- ment perpétué dans le mot de Batorogowa (mont de Batory), qui désigne une troisième localité. Les empereurs de Russie se sont réservé le domaine de la vieille forêt litliuanienne, qui fait aujourd'hui partie du gou- vernement de Grodno, et couvre encore une superficie de 30 milles carrés polonais (52heues et demie carrées deFrance). Leur protection éclairée y ménage un dernier asile aux rares représentants de l'espèce sauvage qui fait le sujet de cet article, et qui a disparu du reste de l'Europe. Dans ces vastes solitudes, au-dessus desquelles l'aigle aime à planer, où le castor bâtit sa cabane auprès des ruisseaux, tandis que le loup , le lynx et l'ours se cachent à l'abri des longues racines des arbres tombés de vieillesse, les Aurochs errent sous les hautes futaies, sans se douter de la surveil- lance dont ils sont l'objet. Ils sont confiés à la garde de douze bergers, placés chacun à la tète d'un troupeau séparé, can- tonné dans le voisinage de quelque cours d'eau. Tous les ans, on procède à leur dénombrement d'une façon bien simple. Par une matinée d'automne, à l'époque où les nouvelles neiges ne forment qu'une couche assez mince, des hommes apostés sur divers points de la forêt, guettent le moment où les Aurochs quittent le gîte qu'ils ont choisi pour la nuit et vont chercher leur premier repas : il suffit alors de compter les traces laissées pour avoir le chiffre du troupeau. En 1822, selon M. Chodzko, le nombre total de tètes était de 732, dont 381 nitàles, 258 femelles et 93 petits. M. Varey les évalue en 1857 à 800 (1). Il est interdit, sous les peines les plus sévères, de tuer ou de capturer un de ces animaux. C'est par faveur signalée qu'en 18il5 l'empereur Nicolas fit don au Muséum (1) Ce nomI)re diffère sciisii)lenicnt de celui qu'indique pour 1855 M. de Noiimont, d'après une note de M. le général Cliazal (une quarantaine seu- lement). Shll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Crifaniiiqiie d'un très beau spécimen d'Aurochs empaillé , d'après lequel l'auteur anglais a dessiné la figure qui accom- pagne son ouvrage. Il a fallu aussi un ordre spécial du suc- cesseur de ce monarque pour mettre le Jardin zoologique de Londres en possession des deux individus vivants que l'on y admire depuis quelques années (l). Les différences spécifiques établies par Cuvier entre les diverses variétés du Bœuf commun cl l'Aurochs sont les sui- vantes. Le crâne du premier offre un front plat et même un peu concave ; celui du second est bombé, quoique un peu moins que dans le Buffle. Cette même partie est carrée chez le Bœuf, sa largeur entre les orbites étant presque égale à sa hauteur; tandis que chez l'Aurochs elle est plus large que haute, dans la proportion de 3 à "2. Les cornes sont implantées, sur la tète du Bœuf, aux extrémités de la ligne saillante la plus élevée du crâne (celle qui sépare le front de l'occiput) ; dans l'Aurochs, cette ligne est de deux pouces plus en arrière que la racine des cornes. Le plan de l'occiput, qui fait avec le front un angle aigu, et dont la figure est quadrangulaire chez le Bœuf, fait avec le front un angle obtus chez l'Aurochs et représente un demi-cercle (2). D'autre part, Daubenton avait déjà constaté que le Bœuf n'a que treize paires de côtes, tandis que l'Aurochs en a quatorze; et réciproquement, celui-ci compte cinq vertèbres lombaires, lorsque le Ijœufen a six (3). Les jambes de TAurochs sont plus minces et plus longues. Enlui, sa langue, d'après Gilil)ert(/i), est d'une couleur bleuâtre, et l'épaisseur de son cuir est double de celle du cuir du Bœuf. A ces caractères fondamentaux, qui tiennent à la structure intérieure, se joignent ceux qui dérivent du pelage. Chez le (1) yo]Cz]e Moniteur du 5 février 1860. (2) Voyez la planclie IXdu tome IV des Ossements fossiles, qui présente en regard les crânes des trois espèces du Bœuf, de l'Auroclis et du Buffle, d'après la même éclielle. (3) Le Bison d'Amérique possède quinze paires de côtes et quatre verlè- bres lombaires seulement. D'après iVl. de Filippi (cité par M. de Qtiatrefages, Unité (le l'espèce humaine, p. 128), il existerait dans le duché de Plaisance une race de Bœufs à quatorze paires de côtes. (ù) De Bove uro, seu liisone tithuanico, dans ses Opuscuhi, p. 70. SUR l'aurochs ou bison d'europe. 8i5 Bœuf, les poils sont roides, couchés sur le corps, et d'une longueur unil'orme ; chez l'Aurochs, ils sont mous, se redres- sent à angle obtus avec la peau, et, sur les parties antérieures, ils sont de deux sortes, comme dans le castor. Les uns sont fins et courts, comme un duvet, et d'une couleur fauve ; les autres, d'un châtain noirâtre, sont plus longs, à texture laineuse, et forment une crinière cà mèches onduleuscs, commençant à l'extrémité du garrot, dont elle augmente la forte saillie, ombrageant le front où elle répand une odeur musquée assez forte, se prolongeant avec l'apparence d'une barbe sous la mâchoire inférieure et le cou, et descendant sur le poitrail, les épaules et les cuisses de devant jusqu'à mi-jambes et quel- quefois sur les pieds. Cette toison épaisse, qui lait paraître plus mince en proportion que chez le Bœuf le train de der- rière de l'Aurochs, revêtu d'un poil court, d'un brun foncé, tombe graduellement pendant l'été, pour reparaître en hiver, ce qui donne à l'animal un aspect tout différent aux deux sai- sons. La queue ne dépasse pas le jarret, et se termine par un bouquet de crins. Les cornes, de longueur médiocre, quoique plus développées, plus auquées et plus effilées vers la pointe que chez le Bison d'Amérique, sont noires, et ne repoussent plus lorsqu'un accident les a brisées. Les yeux sont grands, noirs et perçants. L'Aurochs a un cri particulier, plus ana- logue au grognement du porc qu'au mugissement du bœuf domestique ; sa voix est trop iaible pour être entendue au delà d'une soixantaine de pas. Les animaux de celte espèceîî'associent généralement en trou- peaux d'une quarantaine d'individus; les vieux marchent sépa- rément par groupes de trois ou quatre, mais sans s'écarter beau- coup des autres. Lorsque deux bandes se rencontrent, la plus faible en nombre cède le pas. En hiver et au printemps, ils recherchent les lieux secs et découverts; en été, ils préfèrent les endroits où ils trouvent de l'eau et de l'ombrage, afin de se garantir de la morsure des insectes dans les grandes cha- leurs. Pour mieux s'en préserver, ils se frottent contre les arbres et aiment à s'enduire de la résine qui découle du bois. Ils se nourrissent d'herbes et de broussailles, ainsi que du 8/16 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. feuillage et de l'ccorce des taillis, particulièremeiU du saule, du peuplier, du frêne et du bouleau; ils ne touchent pas au pin, au genièvre, ni aux arbustes é{)ineu\. En automne, ils se contentent de la bruyère et du lichen qui envahit les troncs; l'hiver, lorsque la neige couvre le sol, leurs gardiens ont soin de ne pas les laisser manquer de fourrage. On a remarqué qu'un veau élevé en captivité choisissait dans le foin les plan- tes ombcllifères et celles qui croissent dans les terrains humi- des. Ils mangent ainsi de l'avoine, mais il n'y a pas d'exemple que des Aurochs en liberté aient dévasté des champs cultivés. Pour donner une idée de la taille que peut atteindre ce majestueux animal, nous rappellerons (ju'un taureau envoyé vivant par le roi de Prusse Frédéric Guillaume \" à l'impéra- trice Anne de Russie, et mort en 1739, mesurait, d'après Pallas (1), plus de 3 mètres depuis le museau jusqu'à la naissance de la queue, laquelle, avec son bouquet de crins, avait un mètre de longueur, et que la hauteur au garrot était de 1"',83. On comprend que l'Aurochs adulte ne craigne ni les ours, ni les lynx, ni les loups, et qu'il puisse tenir tête à plusieurs de ces derniers en les écartant à l'aide de ses cornes et de ses sal)Ots; il ne succombe que si une meute en- tière se met à sa poursuite. Quand un troupeau se voit assailli, il se forme en carré, les plus jeunes au centre, et se défend victorieusement. En vieillissant, le Bison, privé du service de ses dents, usées jusqu'aux mâchoires, ne peut plus se procu- rer sa nourriture ; il [lerd ses forces, maigrit, et ne tarde pas à mourir ou à devenir la facile proie de ses ennemis. La vie de l'Aurochs varie entre quarante et cinquante ans pour les mâles, et trente à quarante-cinq ans pour les femelles. Celles-ci sont de dimensions plus petites, et offrent une cri- nière et une barbe beaucoup moins fournies. L'époque du (1) Acta Petropolitana, 1111 , '2'^' partie, p. 2 J7 (apud CiiVier). Le g(Jo- gl'aplie André Cellarius, cité par Dubois (p. 21Zi : voy* plus loiii)^ assure^ dans sa Description de la l'ohgne (1660^ en liollanJais), que le margrave Jean Sigismond tua, le '28 lévrier 1595, dans les l'orèts de la Pfussc, de quatre coups d'arquebuse, un lîison qui avait 5 aunes et un quart (10 pieds cl demi) de long et u aunes et demie (7 pieds) de haut. 11 pesait 20 quintaux et 5 livres (2005 livres) de Nuremberg. SUR l'aurochs ou bison d'europe. 8^7 rut commence en août, et dure une quinzaine ou trois semai- nes, jusqu'en septembre ; les mâles ne cessent alors de se livrer des combats acbarnés. Après l'accouplement, ils ne recherchent plus les femelles et ne montrent aucun attache- ment pour leurs petits. La période de gestation est de neuf à dix mois. Les mères mettent ordinairement bas en mai ; elles n'ont qu'un veau à chaque portée , qui se renouvelle rare- ment avant trois ans. Le Bison nouveau-né reste, dit-on, privé de mouvement pendant les deux ou trois premiers jours, et kl femelle se montre tellement farouche qu'aucune, bête féroce n'oserait l'attaquer pendant cet intervalle, au bout duquel le veau commence à teter. Il continue à le faire pen- dant un an ; ce n'est guère qu'après la sixième année qu'il a toute sa croissance. Malgré son poids, l'Aurochs court avec une grande rapi- dité ; il galope la tête entre les jambes, mais il a peu de fond et ne peut fournir au delà d'un ou deux milles anglais. Il aime beaucoup à se baigner et nage bien. Sa force est telle, que des arbres de cinq à six pouces de diamètre ne résistent pas aux coups de tête d'un vieux taureau. Le roi Alexandre I" Jagellon (1501-1 50(3), voulant procurer à sa femme le spectacle d'une chasse au Bison, avait fait construire pour elle, dans une clairière de la forêt, une longue galerie, (ju'un de ces animaux renversa d'un seul choc. M. Ghodzko, auquel nous empruntons cette anecdote, ajoute qu'un Bison élevé dans une étable avait été garrotté pour être emmené ailleurs ; il lui suffît d'un mouvement pour rompre les cordes et jeter à terre les vingt hommes qui les tenaient. Le Bison n'en est pas moins un animal très timide, et qui évite l'homme; son odorat subtil lui en révèle la présence à plus de cent pas, et pour l'approcher il faut avoir la précaution de se tenir sous le vent. Lorsqu'il n'a pas eu le temps de fuir et qu'il se trouve pris ta l'improviste, il fond avec fureur sur son adversaire; ses yeux injectés de sang roulent dans leurs orbites d'une manière etfrayante, il se bat les flancs de sa qtieue j et fait sortir sa langue de sa gueule à plusieurs reprises» Cet orofane lui-même deviendrait en ce cas une arme redou- ShS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. table, s'il faut en croire rambassadeur aiUrichien Sigisniund de llerbersleiii, qui visita la Pologne et la Russie en 1517 et en 1526, et qui a laissé sur ces pays une relation très estimée. Yoici comment le baron décrit le Bison et les diverses ma- nières de le chasser dont il fut témoin dans ses voyages : « Le Bison, dit-il, a une crinière et des poils fort longs au cou et aux épaules ; une espèce de barbe pend à son menton ; ses poils ont l'odeur du musc ; sa lôte est petite, son front large, ses yeux grands, fiers et ardents; ses cornes sont très éloignées l'une de l'autre. Le dos du Bison est remarquable par une espèce de bosse plus relevée que la partie antérieure et postérieure de son corps (1). Ceux qui veulent chasser cet animal sauvage ont besoin de beaucoup de force, d'agilité et d'adresse. On choisit à cet effet un lieu planté d'arbres suffi- samment éloignés, dont les troncs ne soient ni assez gros pour qu'on ne puisse les embrasser, ni assez petits pour ne pouvoir cacher un homme. Un chasseur se place derrière chaque arbre, et dès que le Bison, poursuivi par les chiens, se pré- sente dans cet espace, celui qui se trouve le plus près de lui le frappe d'un pieu, et multiplie ses coups en s'abritant de l'arbre qui lui sert de bouclier, et contre lequel le Bison s'a- charne à coups de cornes, comme s'il voulait l'arracher. Il devient plus furieux à mesure qu'on le frappe, et, dans la chaleur du combat, sa langue même lui devient utile: elle est si âpre et si rude, que si elle parvient seulement à toucher l'habit du chasseur, elle l'entraîne avec facilité, et alors c'est fait de l'homme s'il n'est très promptement secouru (2). Si le chasseur ne se sent pas en état de continuer seul un combat aussi fatigant, il jette à terre le bonnet rouge qu'il porte sur la tète et dont la couleur est antipathique au Bison. L'animal se précipite sur cet objet avec impétuosité. Un autre chasseur (1) L'auteur désigne ciTonément sous ce noiu la saillie prononcée du garrot de l'Auroclis. ('2) Mous avons combiné le récit plus étendu que M. Chodzko a évidem- ment tiré d'IIerJjersteiu avec le résumé donné d'après le texte lalin par l'auteur anonyme (;\1. Dubois) d'un Essai sur l'histoire littérairp de Pologne (Berlin, 1788, in-r2, p. 129-lo0), qui contient de curieux extraits concernant les productions nalureiles de ce pays. SUR l'aurochs uu bison d'europe. 8/i9 vient alors l'assaillir, et se réfugie dcrrièi'e son rempart, dès qu'il fait volte-face. On le fait courir ainsi d'arbre en arbre, jusqu'à ce qu'il tombe de lassitude ou blessé mortellement. Ou bien encore, les chasseurs, montés à cheval, entourent le Bison fuyant devant les chiens. Le premier vers lequel il se dirige, lui porte un coup de pique et s'échappe au galop ; pen- dant que l'animal le poursuit, un autre l'attaque de son côté. Le Bison, abandonnant son premier adversaire, court après le second, lors([u'un troisième le harcèle à son tour, et ainsi de suite, juscju'à ce que, pressé de toutes parts, l'Aurochs suc- combe à l'épuisement de ses forces et à la perte de son sang. Les rois de Pologne avaient coutume d'envoyer en cadeau aux autres souverains de l'Europe de la viande fumée de Bison, comme un mets rare et fort apprécié des connaisseurs. D'après ceux qui en ont mangé à l'état frais, cette viande est bonne et nourrissante; elle rappelle à la lois la chair du Bœuf et celle du gibier; le bouillon qu'elle fournit sent le musc, odeur (jui se fait particulièrement remarquer dans la tète et la cervelle. Bien que n'ayant jamais été soumis à la domestication pro- prement dite, des Aurochs pris jeunes ont souvent été élevés par l'homme, et s'habituent à la présence du gardien qui leur apporte leur nourriture ; ils reconnaissent sa voix et lui lèchent la main ; mais on prétend qu'il doit éviter de changer de costume, et que la vue d'un étranger les met en fureur. Gilibert, qui a longtemps habité la Pologne, dit avoir eu l'uc- casion d'étudier de près quatre de ces animaux qui avaient ainsi grandi dans la captivité. Bs avaient dû être allaités par une chèvre, par suite de leur refus obstiné de teter une vache à laquelle on les avait d'abord amenés. Celte antipathie pour le bétail ordinaire s'était toujours maintenue; dès qu'on voulait faire entrer un bœuf dans le même enclos, ils le chassaient vigoureusement. Malgré les assurances analogues de la plu- part des auteurs, M. Dimitri de Dolmatoff, administrateur des forêts du gouvernement de Grodno, constate, dans une note sur l'Aurochs écrite en 18/i7, que les faits dont il a plusieurs fois été témoin iraient à rencontre de cette opiniun, et que des jeunes Bisons ont [larfaitement été nourris sous ses yeux par T. IX. - Oc.ubrc 1S()2. . ôli 850 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. des vaches domestiques. Peul-èlrc pourrait-on concilier ces assertions contraires, en supposant une certaine dégénération dans l'Aurochs moderne comparé à ses formidahles ancêtres. Tel est l'état actuel de cette helle espèce, (jui, hors du domaine impérial de Bialowiez, subsisterait encore au pied du Caucase (1), mais qui ne semble i)as s'être propagée dans les vastes forêts de la Russie et de l'Asie septentrionale, où rien n'aurait pu la détruire, si elle y avait pénétré (2). Au xvi" siècle, elle peuplait les environs de Varsovie, de Sochaczow, d'Os- trolenka, etc.; les parcs des rois et même ceux des simples particuliers en possédaient un grand nombre, et le palatin Ostrorog, écrivain du même siècle, a laissé un ouvrage plein de recherches curieuses sur la manière de lui donner la chasse. Les guerres continuelles dont la Pologne fut le théâtre au XVIII' siècle paraissent avoir contribué à sa rapide disparition, que plus tard on chercha vainement à empêcher. A l'époque où la forêt de Bialowiez appartenait à la Prusse (1795-1807), les forestiers allemands voulurent multiplier l'Aurochs dans les forêts qui bordent la Narew, mais sans plus de succès que les deux Auguste de Saxe, déjà cités plus haut, qui avaient fait transporter quelques couples de ces animaux dans un parc spécialement destiné à ces expériences, près de Dresde, et dans la forêt de Grehden. Avant de quitter l'histoire de l'Aurochs, il ne sera pas sans intérêt d'aborder un point qui soulève encore une vive con- troverse, celle de savoir si, comme le pensent Cuvier et plu- sieurs naturalistes de nos jours, il aurait existé en Europe une seconde espèce sauvage, aujourd'hui entièrement éteinte sur notre continent , dont il serait question dans les auteurs anciens et du moyen âge, sous les noms û'Uriis et de Dubalus, et qu'il ne faudrait pas confondre avec le Bison de ces mêmes auteurs (le Bos i(?-us des modernes, qui adoptent la distinction précitée, et qui donnent à l'espèce anéantie le nom de Bos primige^iiiis) (3). (1) Voyez la doscripiion donnée par iM. Nordmanli dans le Bulletin scien- tifique de rAccnlcin il' (Je Saint-Pétersbourg, t. Ilf, col. o05. {'1) Pollas, Avia Vetropolitana, 1777, 2' pari., p. 233. (3) On sait qirouiic le Bos urus et le Bos primigenius, les paléonlolo- SUR l'aurochs ou bison d'euroi'e. 851 Celte queslioii a été surtout agitée enlie les savants du nuid de l'Europe, parmi lesquels MM. de Brinken (]), Eichwald et Ijuer (2), soutiennent la dualité des espèces, tandis que MM. Jarocki (3) et Pusch (/j) se prononcent pour la négative, déjà adoptée par Bojanus (5). Les arguments exposés des deux côtés sont résumés avec beaucoup de soin parM. l]aer,qui pro- duit en même temps, à l'appui de la doctrine de Cuvier, d'im- portants témoignages historiques inconnus à ce dernier. Nous ne craindrons donc pas de nous en tenir, avec un juge aussi compétent, aux conclusions de notre grand naturaliste (6), Les partisans de l'opinion contraire font valoir qu'Hérodote, Aristote, Pausauias, Oppien et César, qui seuls, parmi les an- ciens, auraient parlé en connaissance de cause des animaux des pays qu'ils avaient personnellement visités , paraissent n'avoir eu sous les yeux qu'une espèce unique de Bœuf sau- vage, et qu'à ce titre leur témoignage a plus de poids (|uc celui de Sénèque et de Pline et de leurs copistes du moyen gisics admeltent une troisième cspèco. connue seulement par les ossements trouvés dans les lacs do la Suisse et les marais de la France. C'est le Bœuf des tourbières, que Cuvier avait cru être la souche du Bœuf domestique : ce rapprocliement a été abandonné depuis, même par Laurillard, sou disciple dévoué, et l'origine de notre bétail demeure encore un problème. (De Qualrc- fages, Unité de l'espèce humaine, p. 99, note.) (1) Mémoire descriptif de la forêt de Bialoiviez en Lithuanie. Varsovie, 1828 (en français). (2) La note de M. Baer que nous analysons porte ce titre : Nouvelles recherches sur la question de savoir s'il a existé en Europe, dans les temps hisloriques, deux espèces de Boufs sauvages (eu allemand). {'6) Le Zubr, ou Aurochs de Lithuanie, extrait d'un incmoire plus déve- loppé écrit en polonais. IIambouro% 18S0, in-S (en allemand). ik) Paléontoloijie de la Poloijne, suivie d'un Essai pour servir à com- pléter l'histoire de l'Aurochs d'Europe. Stnttgard, 1837, m-U (en allemand). (5) Nova Acta Acad. Leopold. Carol. nuturœ curiosorum, t. XIII, 2'' part. (G) D'après une troisième suggestion, due à Pallas, le Thur dont parle Hcrberstein, ne serait autre chose que le Buffle, qui aurait été introduit en Pologne pondant le moyeu âge. Cuvier combat cette hypothèse, en faisant re- marquer que la ligure doiinée par l'ambassadeur h;c rapproche beaucoup plus, parles cornes et le umseau, du Bœuf que du Buffle, et que la disposition des cornes indiquée parBonarus, dans Gcsner (édition de 1606, p. l/|2),ne per- met pas non plus ili; croire qu'il s'agisse de ce dernier. 85'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. âge, qu'on oppose aux premiers pour arguer en faveur de la seconde espèce dont l'existence est mise en doute. Voyons jus- qu'à quel point l'examen des textes confirme cette objection. Le Taureau sauvage de la Péonie (la Bulgarie moderne), nommé en passant par Hérodote, est décrit par Aristote dans des termes qui conviennent évidemment à l'Aurochs. Cet ani- mal, qu'il appelle tantôt Bnnasm et Bulint/ms, tantôt Mone- pus et Monajms, était, selon lui, plus grand et plus fort que le Bœuf commun; une crinière lui garnissait la nuque jusqu'aux épaules et lui pendait devant les yeux; le poil en était plus uoux et plus mêlé que les crins du cheval, et ressemblait, dans les parties basses, à la laine; sa couleur était entre le gris et le roux; les cornes étaient noires et lisses, grandes d'une palme; la queue élait petite relativement à la taille (1). Pausanias dit expressément que le Taureau de Péonie s'appe- lait Bison (2), et njouLe ailleurs qu'il était velu par tdut le corps, et principalement autour de la poitrine et du men- ton (3). Oppien décrit le Bison de Thrace presque dans les mômes termes qu' Aristote (/i). D'autre part, voici le portrait que trace César du Bœuf sauvage delà forêt Hercynienne, auquel il donne son nom germanique A' Unis (5) : « Il n'est pas beaucoup moindre qu'un éléphant; son apparence, sa couleur et sa forme sont (1) Nous suivons la liaduclioiulc *Ca\\\^'v (Ossements fossiles, 1. IV', p. 111- 112). Aristote parait avoir connu aussi le Buffle de l'Inde, qu'il d«.'crll sous le nom de Bœuf de l'Aracliosie [ibid.). (2) Plwcica, c. 13. (3) Bœotica, c. 21. ('4) Cijneyet, lib. II, v. IGO et suiv. (5) « Url sunt niagiiitudine paulô infra elepliantos, specie et colore el figura tauri. Alagua vis est eoruin et magna velocitas, ncquc homini ncque ferœ quam conspexerint parcunt. llos studiose foveis captos inierliciunt. Hoc se labore durant homines adolescentes, atque hoc génère venationis exercent; et qui plurimos ex liis intcrfecerunt, relalis in pulilicum curnibus qUcT sint tcstimonio, magnam fcrnnt laudem. Sed assuescre ad homines et mansue- lieri, nepiu-vuli quidem exctpii possunt. Ampliludo cornnum el figura et spcies multum a nostrorum boum cornibus dillcrt. Ilivc studiose conquisita ab labris argento circumcluilunt, alquc in amplissimis epulis pro poculis ulunlur. » {De bellu giilUco, lib. VI, c. 2S.) SUR l'aurochs ou rison d'europe. 853 celles da Taureau. Sa Ibrce et sa vitesse sont très grandes; il n'épargne ni l'homme ni les animaux quand il les aperçoit. On ne peut l'apprivoiser, même quand on le prend en bas âge. Les hal)ilants du pays le font tondter dans des fossés creusés à cette intention, et s'empressent de le tuer. Les jeunes gens s'exercent à cette chasse, et ceux qui en ont abattu plusieurs et qui en donnent la preuve par les cornes qu'ils exposent publiquement, sont particulièrement en honneur. Ces cornes diffèrent par la grandeur, j,a forme et l'apjiarence, de celles de nos Bœufs. Elles sont très recherchées; on en garnit les bords d'argent, et l'on s'en sert comme de vases à boire dans les festins. » Comme le fait observer Cuvier, il résulte de ces textes que le Bison était caractérisé par sa crinière laineuse, et rUrus par la grandeur de ses cornes. César n'aurait connu que ce dernier. Nous arrivons ainsi ù Sénè([ue et à Pline. Le premier fait mention, dans le même passage, du Bison à dos velu et de rUrus à grandes cornes (1). Le second, parlant de la Germanie, déjà mieux connue de son temps, dit que cette contrée pos- sède à la fois les deux espèces de Bœufs sauvages, les Bisons à crinière et les Urus, remarquables par leur forme et leur vélo- cité ("2). Plus loin, il parle des cornes de PUrus, dont une paire pouvait contenir une urne de liquide (3). Martial fait également mention des deux animaux qu'il avait vus figurer dans les jeux de Panqjhithéàtre (à). En rapprocliant ces di- (1) Tibi (dant) villosi torga bisonics, Latisquc feri cornibus uri. {Hippolijt., act. I, v. Qh.) (2) « Insignia boum feroriiin gonora (Gcrmania gigiiil), jiibatos blsoiites, cxcellt inique vi et velocitatc uros, quibus inipcrilum vulgu.s bubaloruin nomeu iniponit. » {Hist. natiiralis, lib. MU, c. ib.) l^linc fait alhision à rcnrur populaire qui transportait à TUrus le unui d'un animal d'Afrique {V Antilope bubalùdcfi modernes). M. Baer pense que cette confusion dérive plus vraisemblaijlemenl de la ressemblance de taille et de couleur entre rUrus et le Bullle de l'Inde, qui s'appelait aussi liulialus cIk^z les Tiomains. (o) « Urorum cornibus barbari septentrionales potant, urnisque bina capitis uuius coriiua Iniplent. » {Ibid, lib. XI, c. /|5.) (ù) « llli cessil airox bubalus aKpie bison. » {De spedaculis, épigr. 23.) Nous venons de voir dans l'iinc que les Romains donnaient à l'Urus le nom de Bubalus. 85A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. verses indications nous devons admettre, avec M. Baer, qu'elles suffiraient pour infirmer l'argument purement négatif puisé dans le silence des auteurs grecs précités, dont les notions ne s'étendaient pas au delà de la Péonie, ou de César, qui n'avait fait la guerre que sur le Rhin. A plus forte raison, ne saurait- on opposer cet argument aux textes que nous allons emprun- ter aux annalistes des premiers siècles du moyen âge, concer- nant la Gaule et l'Allemagne chrétiennes, et encore moins aux récits que nous fournissent les-historiens ot les voyageurs de la Renaissance, au sujet des régions jusqu'alors à peine explorées de l'Europe centrale, telles que la Bohême, la Prusse et la Pologne. Il serait superflu de reproduire ici les passages de Strabon, de Servius (1), de Macrobe (2), ainsi que ceux des chroni- queurs et hagiographes déjà relevés par M. de Noirmont. Nous rappellerons seulement, avec Guvier, que le sens du mot Bubnlus, dans Fortunat(3) et dans Grégoire de Tours (ii), n'est pas douteux, l'auteur de la Vie de sainte Geneviève disant expressément que cet animal est le même que les Germains nomment Unis. Selon M. Goldfuss, le mot Ur, appliqué au Taureau ordinaire, est encore usité dans plusieurs lieux de la Suisse (5). Le canton d'Uri semble avoir emprunté aux mêmes traditions son nom et ses armes parlantes (une tête de tau- reau). M. Baer pense égalemenl que le Bubalus mentionné à propos de l'anecdote du roi Gontran était un Unis, et il croit reconnaître encore ce dernier dans le Taureau sauvage qui blessa Gharlemagne à la chasse donnée en l'iionneur des ambassadeurs arabes, et dont les cornes prodigieuses {imma- nissùna cornua) furent exposées après qu'il eut été abattu (Ci). La distinction entre l'Urus (sous le nom de Bubalus) et le Bison se maintient non-seulement dans la loi salique, citée par (1) Ad. Géorgie, lib. II, v. 37A. (2) Saturnalia, lib, VI, c. /j. {'à) « Seu validi bubali feritiiiler cornua campuni. » (Lib. Y\, poema h.) {!i) Voyez IMiisloire de Gontraa dans le livre X, c. 10 (apud Bouquet, Historiens des Gaules, t. II, p. 590). (5) Nova Acta Acad. L. C. nat. rur., t. X, p. i7, note. (G) De gestis Caroli Magni libri II (apud Bouquet, t. V, p. 125). SUR l'aurochs ou bison d'europe. 855 M. de Noirmonl, mais dans d'autres textes législatifs de la même époque. Ainsi, selon M. Baer, la loi des Allemands frappe aussi d'une amende de douze sous d'or le vol ou le meurtre d'un Bison, d'un Bubalus ou d'un Cerf (1), passage qu'une version postérieure rend ainsi : « Si quelqu'un dérobe un Bison, ou un Buffle ou un Cerf (2). » D'autre part, la loi des Bavarois énu- mèrcle Bubalus parmi les animaux sauvages à robe noire (3), couleur que nous verrons avoir été celle de l'Lîrus, tandis que le Bison est d'une teinte moins foncée. ■ Le nom de l'Urus reparaît au xiif siècle dans le poôme des Nlebelungen, qui fait périr sous les coups du héros Siegfried « un Bison et quatre puissants Urus ?> {h). Un ouvrage inédit de Cantapritanus, auteur du même temps, porte qu'on trou- vait en Bohême des Zubrones, animaux d'une grande taille et très rapides à la course, et une seconde espèce, que les Polo- nais appelaient Thurones, plus petite que la précédente, mais supérieure à elle par la vélocité (5). Jean de Marignola, cha- pelain de l'empereur Charles IV, dont la chronique se termine en 1355, cite les Bubali et les Bisontes du même pays (6). Lucas David, dans sa Chronique prussienne y raconte que le duc Othon de Brunswick, qui était venu chasser en Prusse, ayant quitté ce pays en J 2/i0, fit don aux chevaliers de l'ordre Teutonique, de ses chiens, des faucons et des fdels qu'il avait apportés avec lui, et de quantité d'animaux sauvages qu'il avait pris, tels que des Urochs, des Bisons, des Chevaux sau- (1) « Si qiiis bisonloni, bubaliim vel ccrviiin, fiiravciil aiU occklorit, duo- deciiii solidos coniponal. » {Leyes AUninnuiorum, tit. 99, §7, apud Ueiucc- cium, Corpus juris germanici antiqid, p. 238.) • (2) Cette version est citée dans Barth, Histoire priinilive d'Allemagne (en allemand), t. II, p. 71. (3) « Schwarzwild. » {Lex Baitoariorum, tit. 19, §7, apud Ileineccium, p. 3'21.) (û) « Einen Wisent und starkcr Uore viere. » (5) « In Boheniia repi riuntur Zubrones, animalia maxima, summae velo- citalis, et aliud genus qnod Polones Thiironcs vocant, forma minore, veloci- talc priestanliores. » Ce passage de l'ouvrage De natara renuii a été imprime dans les Mémoires (en allemand) de la Société du Musée n'itiomd de Bohême, T partie, p. 58. (6) Mémoires de la Société nationale de Bohême, i''" partie, p. 6^. 856 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilOUE d'aCCLIMATATION. vages, des Elans, de grands et petits Ours, etc. (1). M. Baer, qui rapporte ce passage, remarque que bien qu'il n'ait rédigé son travail qu'au x\f siècle, Lucas est le plus détaillé et le plus digne de foi des anciens historiens de la Prusse, et qu'il en a pris les matériaux dans les archives locales et dans de nombreux documents que lui procura la munificence du mar- grave Albert. On sait aussi que, pour le récit des événements duxiif siècle, il s'est servi delà chronique laissée par Chris- tian, premier évêque de Prusse, qui pénétra dans celte région avant la conquête de l'ordre Teutonique, et mourut proba- blement vers 12A3, c'est-à-dire trois ans après le départ d'Olbon (2). Nous avons cité plus haut le témoignage oculaire de Iler- berstein, sur lequel Cuvicr s'est surtout appuyé, et qui distin- gue nettement les deux espèces : « Le Bison, dit-il, que les Lithuaniens .-q^pellent Snber (lisez Ziiùr), est appelé fort im- proprement Urochs par les Allemands. Ce nom convient à rUrus, qui a entièrement la forme d'un bœuf, mais nullement au Bison, qui en difTère beaucoup. Le Bœuf sauvage connu en latin sous le nom A'Unis, en allemand Uroc//s, et dans le pays T/hi)', ne se trouve (|u'en Mazovie, contrée limitrophe de la Lithuanie. C'est un véritable Bœuf, qui ne diftére des nôtres que parce qu'il est constamment noir, et porte sur le dos une raie mélangée de noir et de blanc. Ces animaux sont en petit nombre : il y a même des villages préposés pour les garder dans des espèces de parcs. On peut les accoupler avec les Vaches domestiques, mais les veaux qui en proviennent ne vivent point. Le roi Sigismond Auguste me fit présent d'un de ces Urus empaillé, que des chasseurs avaient achevé, l'ayant trouvé à demi mort, rejeté du troupeau (3). » (1) Cliron. Pruss., i. II, p. 121 (apud Baer). (2) Voyez Vllisloirc dp Prussr de Yoigt, t. I, p. 616-631. (3) \oiis empruntons colle riialinn h Diil)nis (p. TiS à 131). Cuvier n'en prodnil quota parlie .sni^anto, d'après le texte lalia : « Uros soia Alazovia, Lilluiania contennina lial)ei; qiios ibi patrio noinine thur voeant. Non est magna liornni copia ; smitqno certi pagi quil)ns cura et custodia eornin in- ciimljit ; ncc fere alilerrpiain in vivariis qnil)nsdain servantur. » {De robns SUR l'aurochs ou bison d'europe. 857 Conrad Gesner (1) reproduit deux notices qu'il tenait de personnages contemporains du même voyageur, et qui avaient également habité la Pologne. Celle d'Antoine de Sclmeeberg, plus brève en ce qui touche le Bison, est beaucoup plus pro- lixe sur le chapitre du Thiir, tout en s'accordant avec lui pour les points essentiels, sauf la forme des cornes, dont la direc- tion est figurée autrement par Herberstein. Selon lui, les mâles (mais non les femelles) étaient noirs, avec une raie grise sur le dos. Bonarus distingue pareillement le Bison, qu'il dit exister aussi en Mazovie, àwThur qu'il suppose être le produit du croisement du premier avec la Vache commune, ce qui prouverait encore que cet animal était plus semblable à notre Bœuf que l'Aurochs. Le palalin Ostrorog, dont nous avons déjà mentionné l'ouvrage, dit que les propriétaires des parcs doivent se garder de mettre ensemble des Bisons et des Urus, attendu qu'ils se détestent et se livrent des combats à mort. (3n voit par ces auteurs que l'Urus ne se retrouvait plus, au xvr siècle, que dans une seule province polonaise, et dans des conditions artificielles analogues à celles de la conservation actuelle de l'Aurochs. Schneeberger ajoute môme en propres Moscovitis comment., p. 81.) norl)crslcin donne (p. 8'2) une figure de cet animal, qui ressemble à un Bœuf ordinaire, et qui a été copiée dans Gesner, édit. de 1603, p. l/i5, au mot Up.us. Un compilateur français. Biaise de Vigenère, dans sa Description de la Pologne, publiée en 1573 et dédiée à Henri Ilf, entre, à propos de TUrus, dans des détails, qui semblent empruntés à la fois à César et à Herberstein : « L'Urus, dit-il, n'est proprement autre qu'un vrai Taureau sauvage, hormis qu'il est plus grand sans comparaison voire que nul autre animal, l'éléphant excepté tant seulement, et sont tout noirs, hormis une raie mêlée de blanc qui leur va le long de l'eschine. Toutefois il ne s'en trouve guère qu'en Mazovie, prochaine de la Lithuanie, et encore en certains villages qui ont charge de les garder en grands pourpris et clôtures de bois ù guise de parcs, car ils ne \ont pas errants de çà, de là par les profondes forets comme les autres bestes sauvages ; et là ils se mettent si l'on veut, avec les Vaches pri- vées, aussi bien qu'avec celles de leur espèce. » Plus loiu, il reproche à Gesner d'avoir confondu les caractères de l'Urus avec ceux du Bison, « les prenant en beaucoup de particularités l'un pour l'autre ». (1) Ilist. animalium. Ce vaste ouvrage, en /i volumes in-folio, parut pour la première fois à Zurich en 1551-1589. Cuvier cite l'édition de IGOG , et IM. Baer celle de 1G20. 858 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. termes, que depuis quelques aimées, une forte mortalité avait notablement réduit le nombre des Tkur que l'on gardait encore en Mazovie. A partir de cette époque, il n'est plus fait mention de ces animaux, tandis que le Bison, déjà désigné par les Allemands sous le nom d'Aurochs {Auer-ochs, bœuf des prés), paraît avoir été encore assez commun. Lucas David, dans une autre partie de sa Chronique, nous apprend que les chevaliers teu- toniques avaient converti en désert les districts de la Prusse limitrophes de la Lithuanie, afin de mieux se défendre des excursions des indigènes de ce dernier pays. « Ces lieux, dit- il, sont devenus le séjour des animaux sauvages, tels que le grand Bœuf sauvage ou Aurochs, etc.(l) ». Ce passage, où l'au- teur parle au présent, montre que de son temps les forêts de la Prusse orientale ne renfermaient plus qu'une espèce de Bœufs sauvages, tandis que dans le texte précédenunent cité du même écrivain, il y signale l'existence simultanée de l'Urochs et du Bison au xiif siècle. M. Baer remarque que cette conclu- sion s'accorde avec des règlements de chasse du xiv"' siècle, conservés dans les archives secrètes de Kœnigsberg, et qui ne font mention que de l'x\urochs, lequel figure également seul dans l'explication, publiée vers la fin du même siècle, par Henneberger, de sa grande carte topographique de la Prusse (2). Depuis ce moment, les naturahstes prussiens et polonais ne connaissent pas d'autre animal. Ce que le jésuite Baczinsky compile sous le mot TJnir ne se rapporte évidemment qu'à l'Aurochs (3), et Gilibert et Bock {h) sont formels sur cette unité de l'espèce vivante. Dans la controverse élevée au sujet de l'existence distincte de rUrus, on a eu recours à un second raisonnement non (1) Chron. Pruss., t. I,p. 66 (apud Baer). (2) La carte osl de 1575. L'explicalion fut iinpriniée à Kœnigsberg, en 169[j (en allemand). (3) Hist. naturalis curiosa regni Poloniœ et magni ducatus Lithuaniœ. Sandonùr, 1721, tract. VIII, p. 228. (/i) Hist. naturelle de Prusse (en allemand), t. IV, p. 198. . , SUR l'aurochs ou bison d'europe. 859 moins contestable que le précédent. On a supposé, en se fon- dant sur une idée d'abord émise par Scaliger (i) et répétée parJonston avec son peu d'esprit critique ordinaire (2), que le même animal aurait porté des noms divers dans des contrées différentes, et que, par exemple, le mol Zubr (prononcez Joubrc) serait simplement la dénomination lithuanienne cor- respondante au Thur des Polonais et à V Aurochs des Alle- mands. Mais Cuvier n'a pas manqué de faire remarquer que les dictionnaires polonais expliquent les vaoisZubr QlThw comme Herberstein (3). De son côté, M. Baer constate que le nom de Ziibr est si peu exclusivement lithuanien, que les Russes, qui n'auraient certes pas emprunté ce mot à un dialecte différent, le donnent encore non-seulement au Bison d'Europe depuis Grodno jusqu'au Caucase, mais encore au Bison d'Amérique, qui est d'espèce tout autre. Un chroniqueur byzantin, Nicétas, emploie le terme de Zumbrus (h); en Moldavie, selon Gantemir, on appelle le Bison Zimbro, et Cantapritanus nomme, en même temps que le Thuro, le Zubro de Bohême, ce qui indiquerait une racine appartenant en commun à toutes les langues slaves, tandis que la forme t/ui?' et thuro dériverait d'un second radical analogue au xc^v^o; cUcan^us des Grecs et des Romains. De leur coté, les Allemands ont les expressions parallèles de Wijsen (Bison) et d'6'r ou Urochs (qu'il ne faut pas confondre avec Aurochs), rendues en latin par Urus et Bison, et des peuples chasseurs devaient bien se rendre compte de la diffé- rence entre des animaux sauvages aussi importants. L'objection tombe d'ailleurs devant les nombreux témoignages oculaires que nous venons de citer en faveur de l'ancienne dualité de l'es- pèce, dans les temps historiques assez rapprochés des nôtres. (1) De subite, exercit., 206, n° 3. (2) De quadrupedibits, p. 36. (3) Ganapius, Thésaurus polono-latino-grœcus (v'^ Thdr et Zubr). A cet exemple, cité par Guvier, nous ajouterons Tobservalion de M. Baer, que, selon Favorinus, lexicographe italien du xvr' siècle, le mot Taûso;, dans son acception spéciale, signifiait Bos silvestris,cxpvcssion qui convient très bien au Thur ovi Bos primûjenius. ■' ' ' {h) « Est zumbrus (Çouarpo;) fera quœ apud Tauroscythas potissimum nascitur. » (P. Ù33 de l'édition de Bonn.) 860 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Pour en finir avec l'Urus, nous dirons que Cuvier etM. Baer ne seraient pas éloignés de le regarder comme étant la souche du Bœuf des parcs d'Ecosse, dont le Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne offre aujourd'hui un spécimen. Avec sa sagacité ordinaire, Cuvier avait constaté, d'après une figure qu'il en possédait, que ce Bœuf ressemblait en tout au bétail ordinaire (l). Il cite Pennant, qui, au siècle dernier, avait vu une centaine d'individus de cette espèce, vivant à l'étal demi- sauvage dans les parcs du duc de Queensbury, à Drumlanrig, et du comte de Tancarville, à Chilhngham (2), et qui avait été frappé de cette ressemblance, et de l'absence de la crinière que Boethius attribuait à ces animaux (3), trompé sans doute par le nom de Bison qu'on leur donnait, et par les auteurs qu'il compilait, sans avoir jugé des choses par ses propres yeux. Dt\jà Sibbald avait rectifié l'assertion de son devancier, et assurait que ces Bœufs erraient encore en liberté sur cer- taines montagnes d'Ecosse au xvii'^ siècle {h), où ils étaient assez nombreux pour qu'en l/i()6 on en tuât six à l'occasion d'une fête (5). Ainsi ({ue le dit M. Baer, le Bœuf d'Ecosse se rapproche du Bas primigenius par la forme de ses cornes. 11 est vrai qu'il est plus ou moins blanc, au lieu d'être noir comme le lliur décrit par Ilerbcrslein ; mais nous avons vu que Schneeberger assigne celte dernière teinte aux mâles seule- ment, et d'ailleurs la couleur peut d'autant moins constituer une différence dans le cas qui nous occupe , que l'animal paraît avoir aussi dégénéré sous le rapport de la taille (6). (1) Voyez la figure qu'en donne Bewick, Hisl. of quadrupeds, p. 38, et Griflilh. Animal Kingdom, t. IV, p. il8. (•J) Tour in Scotland, t. II, p. l'i'2, et t. III, p. 287. (3) Descripl. regni Scotiœ (npud Gesncr, édit. de 1003, p. loi). iU) Scotia iUustrata. Ilist. animal., p. 7. (5) l'ennant, Arrlic Zoology, t. I, p. 6. (G) Voyez sur le Bœuf d'Ecosse, le Bulletin de la Société, mars 1861. A celte occasion, nous ferons remarquer que le nom de Boethius est souvent écrit Boèce, et que les vers de Walter Scott, cités in fine paraissent ésidennnenl inspirés par cet liislorien écossais du xv!-^ siècle (mort en 1550), dont il suivit Terreur relative à la crinière du Bœuf qu'il décrit. NOTICE SUR L'ÉDUCATION DU HOCCO DL LA GUYAiNE {Crax globiccru), Par M. BARTIIÉLEUT-LVPO.>]»ERAVE, Dircctcui-, pour la partie scicnlifiqiie, du J.irdin zoologii|uc d'acclimalalion do Marseille. (Séance du 20 juin IS()2.) M. Hardy, notre savant el infatigable conficrc d'Algérie, a eu, dans ces temps derniers, le mérite incontestable d'ouvrir à la reproduction b. l'étal domestique, de l'Autruche d'Afrique, la seule voie propre à fournir un résultat heureux. Il avait reconnu que le parcours des Autruches pondeuses et de leurs rnàles, dans des parcs exposés aux regards indis- crets, soumis aux inconvénients des bruits de toute sorte, détournait ces oiseaux, amis de la solitude et du silence, de leur besoin naturel de donner la vie au germe fécond par eux déposé dans l'œuf. Ce fut donc lorsqu'il eut pourvu à ces exigences indispen- sables, qu'il vit, avec une satisfaction facile à comprendre, se manifester les premiers actes de cette incubation naturelle destinée à fixer invariablement l'opinion des naturalistes, jus- qu'alors dissidents, sur le phénomène dont l'immensité du désert africain est le témoin discret, et qui donne périodique- ment, naissance chaque année, à des milliers de jeunes Autruches. C'est d'après les errements de M. Hardy, couronnés de succès, que, dans les parcs grandioses de S. A. le prince Démidoff, à San Donato, les premières éclosions d'Autruches par l'incubation naturelle eurent lieu sous un climat euro- péen, grâce à la cession faite à cet établissement hors ligne de l'une des meilleures pondeuses possédées depuis longtemps par le jardin zoologique de Marseille. L'écho de ce triomphe éclatant vint, à son tour, retentir dans notre établissement méridional sur le sol français. Nous 862 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTÂTION. avions eu beaucoup d'Autruches mâles et femelles; la cueil- lette des œufs était, chaque année, abondante. Malheureuse- ment ces oiseaux, vivant en polygamie, n'avaient pas montré des aptitudes bien développées, et d'ailleurs les parcs étaient dans les conditions les moins favorables. Enlin, nous eûmes la chance heureuse d'un mâle de trois à quatre ans, le plus vigoureux, lu plus ardent étalon qu'il soit donné de rencontrer. Sous son excitation presque incroyable, la femelle unique qui lui fut laissée pondit un nombre d'œufs fabuleux. Je puis dire hardiment qu'elle nous livra jusqu'au dernier de sa grappe féconde, car je dénichai dans le parc une multitude de corpuscules calcaires dont le plus fort était de la taille d'une petite olive, d'un blanc mat; il était couvert de petits trous enfoncés à la manière des dés à coudre {puncturalus). L'élément essentiel étant trouvé, il fallait se préoccuper du choix d'un emplacement favorable. Or, à Marseille, le désert et sa solitude, avec le silence et la chaleur saharienne, ne sont pas difficiles à rencontrer. 11 suffît de jeter un simple coup d'œil sur l'ensemble de notre territoire, pour être assuré que, dans la direction du sud, presque sur les rives de la mer, entre la végétation échauflcc des pins et les montagnes dénu- dées qui répercutent la chaleur solaire, là où se trouvent des sables profonds, séculairement transportés et déposés par l'impétuosité des vents du nord-ouest, pour être certain, dis-je, qu'on se trouve en pleine Afrique, à (juclques jias d'agréables oasis. Ce fut sur un de ces points soustraits aux regards indiscrets, chez MM. Pastré frères, avec la siiuple précaution d'une enceinte protectrice , que fut placée la paire d'Autruches exceptionnelle. C'est là que, toutes les phases qui président à la reproduction des êtres se sont accomplies. Enfants du désert, oiseaux précoces par excellence, car ils ne réclament rien des soins de l'homme, et pourraient, à la rigueur, se passer de leurs auteurs pour satisfaire aux besoins de leur vie matérielle individuelle, les Autruchons se sont développés aussi facilement que croît l'herbe rustique des champs. ÉDUCATION DU HOCCO DE LA GUYANE. 863 J'ai" avancé ce fait, et je m'engage à le réaliser, qu'étant fournies les conditions d'hygiène, d'isolement, de liberté discrètement surveillée et d'habitation convenable, à l'époque des amours, aux diverses catégories d'oiseaux qu'on peut avoir en vue pour les faire se reproduire, un résultat favorable doit être obtenu. J'ai dit aussi, en faisant allusion aux jeunes Autruches nées à Marseille, que les sujets provenant de parents pourvus de qualités développées au plus haut degré devaient hériter de ces mêmes qualités. C'est ce qui, pour certaines races d'animaux, établit la généalogie. La question des Autruches n'étant ici qu'un sujet de transi- tion pour arriver aux Hoccos, c'est à ces intéressants oiseaux de basse-cour, dont l'acclimatation demande bien des soins assurément, et dont la reproduction ne me paraît pas chose impossible dans l'intérieur de la France, que je viens con- sacrer une notice. Je les ai vus, ces oiseaux, se reproduire; j'ai assisté à leur développement par les soins (fui appartiennent à cette race d'éleveurs (aitrices). Je sais la sapidité de leur chair ; mais je sais aussi comment ces oiseaux doivent être conduits, partout où l'on en possédera, pour obtenir des résultats identiques avec ceux qu'il m'a été donné de constater. Je voudrais que les riches propriétaires qui ont tout à leur disposition, parcs ombreux, aménagements faciles et commodes, gens de service intelligents, provendes diverses, en abondance, voulussent, aux doux moments de la villégiature, se faire éleveurs de Hoccos, et autres Gallinacés d'une valeur égale ou presque égale. Mais la question de température, me dira-t-on dans une pre- mière objection? J'y répondrai tout de suite et sans ambages. Partout en Europe, ou je me trompe fort, on peut disposer de quatre mois, si ce n'est plus, de température estivale ; et s'il faut en croire les indications fournies par certains journaux spéciaux sur le chaud et sur le froid, l'intensité de la chaleur est plus développée à l'intérieur de la France et autre part qu'elle ne l'est dans les contrées méridionales voisines de la mer, où la brise ratraichissante se manifeste chaque jour, à des heures réglées, pour ainsi dire. 864 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Donc, de mai à septembre inclusivement, la température est toujours assez élevée pour (jue les oiseaux propres aux pays intertropicaux puissent s'en accommoder. D'ailleurs, en se repliant au besoin sur les quatre premiers mois, en faut-il davantage pour embrasser la période de temps qui préside à la ponte, à l'incubation, ainsi qu'à la conduite des petits? N'est-ce pas dans le cercle de ces quatre à cinq mois, que nous obtenons partout nos meilleurs produits en Poules, Pintades, Paons et Dindons? En dehors de cette durée de temps, soit avant, soit après, les chances de réussite sont bien moins assu- rées, en même temps que les produits sont moins robustes et moins aptes à se développer. * . ■ Ce n'est pas la durée de temps favorable qui fait défaut à l'éleveur. Pour les lloccos, ce senties Hoccos eux-mêmes. A cette objection bien plus spécieuse sans doute, la réponse est autrement difficile. .. Cependant, dirai-je, nous avons en France bien des ports de mer qui entretiennent un commerce actif avec l'Amérique du Sud, patrie originelle des diverses espèces de lloccos, dont on trouve une nomenclature fort étendue dans un nouveau et très intéressant opuscule de M. le professeur Pieichenbach (de Dresde). Dans ces ports de mer se rencontrent des arma- teurs riches, doués d'intelligence et presque toujours bien- veillants, des capitaines instruits et d'une complaisance par faite. C'est à ces portes qu'il faut frapper, ce sont ces puissants auxiliaires qu'il faut rechercher et capter; à moins qu'on ne compte quelques amis dévoués au Mexique, à la Nouvelle-Gre- nade, à la Venezuela, dans la Dolivic, au Chili et au Pérou, sur tout le continent et dans la plupart des îles des deux côtés de rAllanticpie, où les Hoccos existent et sont connus sous des noms différents. . • •• . ; A mon avis, il est possible de se procurer en tout temps quelques Hoccos, et, s'il m'était permis de préciser à un ami désireux de m'obliger une époque [)his ou moins favorable pour l'expédition de son envoi, je la fixerais de préférence aux époques de mars ou d'avril. J'aurais la presque certitude ÉDLCATlO.N DU llOtiCU DK LA GUVAiXE. 865 (Je rcslauier, pendant la belle saison, mes Hoccos nouvelle- ment arrivés, si la traversée avait été tourmentée etlatiqante. J'ai dit que les Hoccos comptaient assez d'espèces pour con- stituer une famille nombreuse, à laquelle on a donné le nom de Cracinés. ■ • ,. . Je ne voudrais pas poser les mêmes principes d'éducation pour les diverses espèces connues, ce serait s'exposer à faire peut-être fausse roule. 11 est prudent, ce me semble, de pro- céder du connu à l'inconnu, et comme c'est l'espèce de Hocco désignée sous le nom de Crax glahiccra (|ui a fourni matière à mes observations d'aulrefois, consignées dans divers traités et consacrées par feu M. Geolfroy Saint-Hilaire, de manière à m'en assurer la priorité, ce gallinacé doit, de toute nécessité, devenir mon point de mire. C'est d'ailleurs l'espèce la plus répandue et la mieux connue, jusqu'à un certain degré. Le jardin zoologique de Marseille a possédé simultané- ment, à diverses éi)oques , plusieurs espèces de Hoccos, notamment Crax (jloulcera, carunciilata, rubra , Alherti , brasiliemis. ^ Le Hocco de la Guyane {Crax (jlobicera), connu sous le nom de Paoui en Colombie, également abondant au Para, est un beau gallinacé, liant de taille, assez corpulent, vif et actif, sociable, à i)lumage d'un noir profond et lustré en des- sus, tête et cou com[»ris; d'un blanc pur en dessous, dans toute la partie abdominale ; tète garnie, de l'occiput au front, d'une liuppe assez saillante, composée de plumes plaies sem- blables à de la corne noire, très brillantes, recoquillées d'arrière en avant et pouvant se redresser ou s'abattre, à la volonté de l'animal. L'œil est d'un brun marron, les tarses sont fortement scutellés; leur couleur est noirâtre. La queue est terminée par une zone d'un blanc pur. Cette livrée est celle du mâle passant à l'état adulte. Dans cet état, la base de son bec est empalée en dessus et en dessous, y compris les narines, d'une cire d'un jaune-citron, qui se manifeste supé- rieurement en un globule de la grosseur d'une noix moyenne, si le sujet est entièrement adulte et si on le rencontre au paroxysme de la saison des amours. ■ T. IX. — Octobre lS(i2. 55 866 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. La femelle 1res adulte présente aussi, à la base de ses deux mandiliules, cet empâtement, cette cire jaune-citron dont il vient d'être parlé, moins le globule; l'œil est aussi marron brun. L'ensemble de la livrée est d'un noir lustré comme chez le mâle, avec l'abdomen blanc. La hupi)e est d'un noir profond unicolore. Avant l'état adulte, et selon le nombre d'années, depuis un an jusqu'à trois environ, la livrée noire est traversée, au dos, sur la poitrine et sur les jambes, de vermiculations blan- ches, ondulées, d'autant plus nombreuses et plus intenses, que le sujet est plus jeune. Le bec et l'œil sont entièrement noirs. Cette bigarrure de noir et de blanc, dont la huppe n'est point exempte, va diminuant, à chaque mue successive, jusqu'aux approches de l'état adulte, qui ne se manifeste guère avant la quatrième année. Le mâle est toujours plus fort que la femelle, pour laquelle il témoigne les attentions le? plus délicates, présentant et laissant pendre à son bec les friandises dont il fait volontiers l'abandon. L'émission delà voix est de plusieurs sortes chez les oiseaux des deux sexes. C'est d'abord un siffle- ment aigu en gamme chromatique descendante, poussé dans les circonstances propres à éveiller l'attention du sujet. Il le fait entendre souvent avec lenteur; il l'accentue d'une manière plus ou moins forte, selon qu'il y a lieu. Si la peur le saisit, si quelque chose l'effraye, si quelque danger le menace, ce cri est celui de la terreur, cri guttural et très sonore que l'oiseau répète peu, car il rabaisse immédiatement son corps sur ses jambes, s'élance à la course et cherche à se dérober sous le moindre abri qui se présente sous ses pas. Le cri de rappel est un piaulement accentué, reproduit à intervalles rapprochés. La femelle est d'une ravissante coquetterie, dont elle fait preuve en s'ébourilTant devant le spectateur qui l'appelle et qui lui parle, en repassant une à une, à travers son bec, les plumes allongées de sa queue, en imprimant à son cou certain trémoussement qui manifeste un sentiment déplaisir et d'in- time confiance. Souvent aussi elle fait entendre comme un cri prolongé d'exclamation oA/ après leijuel elle minaude de plus belle. . - ■ - ÉDUCATION DU HOCCO DE LA (JUYANE. 8(37 Cu qu'on connaît le moins du Hocco de la Guyane, c'est le tout jeune âge. J'ai conservé dans notre collection, depuis plus de trente ans, un sujet d'un mois et demi à deux mois au plus, mort à la campagne, et provenant d'une couvée apparue vers le commencement d'août. M. Reichenbach, m'ayantfait l'honneur de me consulter sur cette phase du jeune âge chez le Hocco de la Guyane, en prendra connaissance dans les travaux de notre Société, indé- pendamment de celui dont je m'occupe pour tâcher d'élucider quelques points assez confus, pour ce qui est des livrées variables des Hoccos appartenant à diverses espèces décrites et représentées dans le travail du savant professeur alle- mand. Les jeunes Hoccos, dès qu'ils apparaissent, accompagnant leur mère qui a pondu et couvé ses œufs, le plus mystérieuse- ment possible, à terre, dans quelque recoin, dans\m fourré au voisinage de la ferme, sont couverts d'un duvet noir serré, sur toutes les parties supérieures du corps. Le ventre seul est blanc. A mesure qu'ils grandissent et que les plumes s'éta- lent, les tendances aux vermiculations blanches se manifestent aux divers points indiqués précédemment, et d'âge en àoe, de mue en mue, ces caractères se manifestent d'autant plus,' pour persister jusqu'au moment où le changement de livrée sera devenu radical. v-v Les Hoccos n'attendent pas rigoureusement l'état complète- ment adulte pour convoler aux noces et assurer la reproduc- tion de l'espèce. Coq semi-adulte et femelle de moyen âge sont dans de bonnes condilioiis pour se rechercher. Ce qui est à craindre, c'est que la fécondation des œufs soit moins assurée que quand il s'agit de couples mieux assortis pour l'âge. C'est dans la première de ces conditions que se trou- vaient les Hoccos de la Guyane de M. le marquis de Mont- grand. Le mâle portait sa caroncule arrondie, luisante et bour- .souflée. La femelle n'avait encore que son bec noir, sa huppe était blanche et noire, sa robe était vermiculée en partie. Les premiers œufs, trouvés dans un buisson, avaient été inféconds. L'année d'après, les petits, au nombre de six, vinrent au jour 8(38 feuciÉTÉ nii'ÉuiALE zo(}\An;iQ\]ii d'acclimatation. cl arrivèrent, moins un, jusqu'au point d'être livrés successi- vement «?< co?//6Y//^ ■ ' • •• ■ '^'" ■• ■ '■' Au moment des amours, les Hoccos, mâle et femelle, s'agi- tent singulièrement. Tout d'abord, la iemelle se refuse aux désirs du mâle; elle l'excite pourtant par sa coquetterie où elle excelle, et le pauvre amoureux n'en devient que plus entreprenant. On le voit alors, la tète dans les épaules, se livrer aux courses les pins cchevo.lécs possible, toujours sur les mômes traces et dans le même parcours, alors même que la Iemelle ne se met point de la partie. C'est à peine s'il s'arrête un instant pour reprendre haleine et se reposer. Ce manège préparatoire a lieu pendant plusieurs jours consécutifs, après lesquels la femelle, excitée sans doute, et désireuse elle-même, entre en lice, se fait poursuivre, se laisse atteindre plusieurs fois dans la même journée, quelquefois pendant plusieurs jours, pour passer de l'état d'amante à celui de mère, aussitôt que conmience pour elle le sentiment de la maternité, par la fécondation de son fruit. ■ ■- ■' ' Après ces courts moments d'existence passionnée, les feux s'éteignent gradiielleiiient, la livrée se fane, les caroncules se llélrissent; bientôt se manifeste, pour la saison prochaine, une mue partielle qui devra pourvoir l'oiseau de plumes dont la caducité ne commence (ju'aux approches d'un nouveau prinlem})s. L'hygiène des Hoccos est la même ({ue celle de la généralité de nos gallinacés de basse-cour. Ils sont frileux, donc il importe de les garantir contre l'action du froid. Si on les néglige, sous ce rapport, on doit s'attendre à ce que les arti- culations des doigts soient gelées, ce qui dégrade singulière- ment le sujet, l'empêche de perchera son aise, de gratter la terre, de remplir, en un mot, ses fonctions habituelles. Si l'action du froid a élé tro}) forte, le Hocco languit (juelque temps et ne tarde pas h mourir. C'est ce qui arriva à tous nos Hoccos acclimatés, à la campagne, dans l'hiver de ^ 819 à 1820, les paysans ayant négligé de les faire rentrer pour le coucher. Toute nourriture leur est bonne, mais le maïs doit en être la base principale. Ils ne dédaignent pas la chair crue ou ÉDUCATION Dr UOCf.O DE LA GUYANE. S(i9 cuite, le pain trempé dans l'eau, les pommes de terre écra- sées et mêlées au son, au blé, à l'orge comme aux autres menus grains. Aux approches de la ponte, il convient de leur donner, chaque jour, quelques poignées de millet dont ils se montrent friands et ne laissent pas perdre la moindre par- celle. Ils doivent avoir toujours, à leur disposition, de l'eau propre et abondante. Enfin, ce qui contribue surtout et avant tout à leur bonne santé et les prédispose à la reproduction, c'est le parcours des champs et la nourriture rustique, mais substantielle, qu'ils y rencontrent. Les Hoccos sont bien moins gaspilleurs et maraudeurs que les Paons, les Pintades et les Dindons ; ils ne sont pas aussi gratteurs que les Poules. Ils n'ont rien d'assourdissant dans la voix. Ils s'éloignent peu du bercail et y reviennent avec facilité, quand on les appelle. Ainsi je conseille aux éleveurs de cette belle espèce de galli- nacés exotiques, de disposer leur poulailler sur un point abrité, à proximité de la ferme, à l'exposition du midi plein, et, s'il se peut, là où se trouvent de grands arbres. Pendant les heures les plus chaudes du jour, les lloccos aiment à faire la sieste sous la feuillée ; mais pour qu'ils puissent s'élancer de terre jus(iu'à l'enfourchure des branches mères, et de là vers les plus hautes ramifications, il importe que ces oiseaux ne soient pas éjointés: la perte de la main à laquelle sont atta- chées les grandes rémiges, en rompant l'éijuilibre du vol, ne leur permet pas d'atteindre un point donné au delà de cer- taine hauteur; l'oiseau s'élance, manque le but, tombe avec violence, et s'il ne se blesse pas dans sa chute, il reste tou- jours penaud et découragé. Je considère l'éjointement comme étant un obstacle à l'ac- tion de couver, chez les femelles des gallinacés soumises à celle mutilation dégradante. En bien les examinant, on semble s'apercevoir qu'elles portent avec anxiété leurs regards vers l'aile privée de son appendice et impuissante à fonctionner normalement. Les oiseaux éjointés sont bons, tout au plus, comme sujets de parade, à la condition qu'on détournera les yeux de leur infirmité occasionnée par la main de l'homme. Les oiseaux reproducteurs, soit libres, soit parqués et 870 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. •j-rillagés, doivent jouir de la pL'nitiide de leurs facultés. A partir des premiers beaux jours du printemps, quand les retours offensifs des frimas ne sont plus k craindre , les Hoccos peuvent être livrés à la liberté du parcours. Mais il convient qu'à diverses heures du jour, on les fasse appeler pour leur donner la pâture. Ils seront ainsi habitués gra- duellement à connaître les moments de la distribution et à se trouver assidûment au rendez-vous. De même, quand ils seront émancipés, on aura soin de reconnaître leur gîte de la nuit. Ils y reviendront avec ponctualité, à la chute du jour, à moins qu'ils n'en soient détournés par quelque cause excep- tionnelle. Si après avoir été témoin plusieurs fois des poursuites du mâle à l'égard de la femelle, on perd de vue celle-ci pendant quelques jours, il s'agit d'épier ses traces, de découvrir sa retraite, et, si on la rencontre, d'agir avec beaucoup de cir- conspection. La femelle Hoccote ne se sera pas trop éloignée de la ferme, pour peu que, dans un certain périmètre, elle ait pris connaissance de quelques fagots amoncelés, d'un bûcher disposé sous un appentis, de dép(Ms de fourrages arrangés en meules, où elle se ménagera une entrée et une sortie faciles, pour être en communication avec son nid. Il sera prudent de déposer, tout auprès, une certaine quantité de nourriture avec de l'eau limpide, car la Hoccote couveuse sera sourde à l'ap- pel journalier, et ne quittera pas ses œufs, qui ont besoin, à certaines phases de l'incubation, d'une chaleur plus intense et plus soutenue. Je souhaite aux éleveurs qui voudront suivre mes indica- tions basées sur l'expérience, de jouir de la satisfaction qui m'a été donnée de voir, après un laps de temps qui ne dépasse pas le temps fixé pour l'incubation des œufs de Paon et de Dinde, la mère Hoccote toute fraîche, toute sémillante, se pré- senter avec une escorte gracieuse d'une demi-douzaine de poussins alertes et grands amateurs de mouches. La Poule saura bien d'ailleurs les conduire vers la pâtée, à laquelle on adjoindra quelque peu de salade hachée menu, et les défendre contre toute attaque des habitants de la basse-cour. A peine ÉDUCATION DU HOCCO DE LA GUYANE. 871 âgés de quelques semaines, les petits Hoccos, invités par leur mère, s'exerceront à la suivre sur les branches basses, en s'aidant de leurs ongles et de leurs becs, et à se jucher, serrés contre elle, pour participer à sa chaleur naturelle pendant les heures fraîches de la nuit. C'est sans contredit l'instinct de conservation qui conseille à ces gallinacés de s'établir le plus haut possible au milieu de la ramée, qui leur offre asile contre les entreprises de leurs ennemis naturels, si nombreux et si actifs, sous le ciel incandescent de l'Amérique du Sud. En Europe, les renards seuls peuvent inspirer quelque crainte pour la sécurité des Hoccos jouissant de la liberté. Ce serait chose exceptionnelle que devoir ces madrés rôdeurs venir les pourchasser en plein soleil, dans le voisinage de la ferme. Grâce aux précautions prises pour la nuit, maître renard, inhabile à grimper, pourra bien éventer le gibier sur sa branche la plus élevée, mais il le trouvera toujours trop peu engraissé pour être servi à son appétit. Les chiens de garde n'étant pas hostiles aux oiseaux de basse-cour, et les chiens de chasse, s'il y en a, étant retenus au chenil, tout ira le mieux du monde pour la meilleure con- servation des Hoccos, car ni martres, ni fouines, ni belettes souples et audacieuses, ne seraient de taille pour l'attaque d'un gallinacé aussi robuste que le Hocco. : En résumé, garantir par tous les moyens possibles ces oiseaux, précieux auxiliaires des volatiles de basse-cour, contre le froid et la trop grande humidité, pendant toute la durée de temps où l'homme, essentiellement agreste et le plus acclimatable de tous les êtres organisés, s'entoure d'une douce chaleur et dorlote sa plantureuse existence, c'est la première et la plus importante des règles à suivre. En second lieu, ouvrir aux Hoccos la vie champêtre, la vie naturelle, en sur- veihant, connue il a été dit, les habitudes des nouveaux affran- chis, c'est user du meilleur des moyens, c'est se rapprocher autant que possible de la nature ; c'est donner à la maxime éternelle du sage : Natura artis magifitra, une nouvelle et très éclatante consécration. ; ;. PRODUCTIONS VKGfiTALI^S DE LA CHINR. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRL\LE D'ACCLLMATATIOX, i,. ■> Par M^v CitJILLEMIiV, Evrqiie iiii<>!oniiaii'o du Qiiing-loiiy i/l Qiiang-si. • '■'■' ' ■') (Séance M. Ernest Rousseau a fait cultiver à la pioche, dans une terre en friche, des bandes larges de 0"',S0, piochées à 0'",45 de profondeur. La mise en place du plant s'est faite au moyen d'une bêche que l'on enfonçait dans ce terrain meuble, en glissant le plant dans le trou et le fixant avec le pied. Un ouvrier en plantait 900 par jour. Voici le prix de revient de la plantation pour un hectare : Pn'paration du sol 1*25fr. 5000 arbres à 15 francs le mille ... 7b Plantation, six journées à 3 francs. . 18 . - ■ Total 218 1V. '■ ! Voici, du reste, un fait qui démontre combien est facile la reprise de l'Allante. M. Jean Roy, de Cliâlons-sur-Marne, avait fait venir déjeunes sujets, d'un an de semis, qui furent, par erreur, expédiés à Chalon-sur-Saône, où ils restèrent deux mois en gare. M. Roy les reçut pres([ue entièrement dessé- chés, et d<'jà il les regardait comme complètement perdus. CULTl'r.E DE l'aILANTE GLANDULEUX. SS5 Mais, lorsqu'on les eut lait Ircmper quelque temps dans l'eau, ils reprirent très bien; les tiges principales qui périrent furent remplacées par de nouveaux pieds partant du collet. Occupons -nous maintenant de la culture de l'Ailante comme arbre forestier ou d'ornement. Est-il besoin de dire que l'on devra ici, comme pour toute autre essence, choisir de beaux et bons sujets, et opérer avec tous les soins con- venables? ■ M. Du Breuil recommande de choisir des plants ayant une hauteur moyenne de h mètres, pour les bordures ou avenues plantées à plat ; de 3 mètres pour les bordures ou avenues plantées sur levées de fossé ou pour les massifs de futaies. On espace les plants depuis 7 jusqu'à l'i mètres, selon c^u'on plante sur une ou plusieurs lignes. Al)andonné à lui-même, l'Allante s'étend en branches irré- gulièrement disposées, et il prend à peu près la forme du Noyer. Son organisation le rend sensible à l'action de la serpe, dont sa forme, naturellement arrondie, le dispense jusqu'à un certain point. Si l'on a soin de couper tous les ans ses branches latérales jusqu'à une certaine hauteur, il monte droit et' forme un parasol d'un aspect agréable, au bout d'un tronc fort long et élégant, couvert d'une écorce toujours lisse. L'Ailante, élagué de cette manière, offre sou- vent une tige droite, nue, déplus de 13 mètres de hauteur. ', VI II. — Exploitation. 1" On n'a pas jusqu'à présent exploité l'Allante en têtards; nul doute que ce mode d'exploitation ne lui convînt parfaite- ment, aussi bien du moins qu'à nos essences indigènes trai- tées de cette manière. S'il leur est inféiieur en ce que ses feuilles ne peuvent servir à la nourriture des bestiaux et ne doivent être employées que comme engrais ou pour litière, il les surpasserait par la production plus considérable du bois. Ce serait, d'ailleurs, à cause de ses racines, une des essences les plus propres à retenir les terres dans les pentes rapides. 2" On exploite fréquemment l'Ailante en taillis, et c'est 886 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. l'essence dont la révolution peut être la plus courte. Il n'est pas rare de voir des massifs de cinq ou six ans présenter le même volume et fournir autant de bois de chauffage qu'un taillis de Chênes de même étendue, Agé de dix-huit à vingt ans. En admettant même que ce chiffre exceptionnel ne s'ap- plique qu'à des circonstances très favorables, on ne saurait nier qu'une révolution de dix ans est suffisante et très conve- naldo dans la plupart des cas. Un taillis d'Allantes n'exigerait d'ailleurs aucun soin de repeuplement artificiel, puisque les souches trop vieilles pour donner des rejets seraient remplacées par les jeunes brins ou les drageons; un semblable taillis se perpétuerait donc indé- finiment. Dans un sol de quahté moyenne ou supérieure, il y aurait intérêt à laisser de nombreux baliveaux, pour obtenir du bois de service et avoir au moins en partie les avantages de la futaie. Toutefois, dans les localités exposées aux vents violents, il ne faudrait pas laisser trop vieilHr ces baliveaux. H" L'Ailante est encore trop peu cultivé en forêts pour qu'on puisse poser les règles précises de son exploitation en futaie. L'examen des couches des nombreux sujets que nous avons eu occasion de voir nous permet d'évaluer sa crois- sance moyenne annuelle à plus de 0'",OZi en circonférence. C'est vers fàge de cinquante à soixante ans qu'il faudrait l'exploiter, en lui appliquant, jusqu'à ce qu'il soit mieux connu, le même mode de traitement qu'au Robinier, et lais- sant les réserves assez espacées dans les coupes. Dans le Midi, où il arrive plutôt à la période du plus grand accrois- sement moyen, on l'exploite à trente ans. W. — Utilité et usages. Grâce à ses qualités réelles et malgré ses défauts, l'Ailanle glanduleux mérite d'être recommandé à l'attention des plan- teurs. Il peut rendre des services dans les parcs où Ton veut avoir, dans le moindre temps possible, des avenues et des massifs d'arbres assez grands. Il intéresse surtout la propriété forestière, parla facilité qu'il oflVe de créer à peu de frais des CULTURE DE l'AILANTE GLANDULEUX. 887 taillis très productifs, exigeant peu de soins d'entretien et susceptibles d'être exploités à de courtes révolutions. Nous ne saurions trop recommander son introduction dans les massifs de bouleaux, dont le couvert léger facilite le gazonnement et le dépeuplement progressif des coupes; l'Allante, par son couvert épais, remédiera à cet inconvénient, et, par le détri- tus abondant de ses feuilles, il concourra puissamment à l'amélioration du sol, but que le forestier ne doit jamais perdre de vue. Le bois, l'écorce et les feuilles possèdent des proj)riétés spéciales, et présentent des usages divers, que nous allons passer en revue. ' X. — Bois. Le bois de l'xMlantc est d'un blanc jaunâtre, quelquefois veiné de vert, satiné, égalant en beauté l'érable, d'un tissu serré, fm, élastique, assez dur pour prendre un beau poli. Sa pesanteur spécifique égale presque celle du Cbône. La qualité est encore meilleure quand il a végété dans des sols un peu secs et graveleux. 11 est susceptible de recevoir toutes sortes de couleurs et n'est jamais attaqué par les insectes. Il est seulement un peu cassant; mais, à la longue, il acquiert presque autant de dureté et de solidité que le Noyer. Il a encore un autre défaut : lorsqu'on l'emploie avant qu'il soit parfaitement sec, il se tourmente, se contourne, se voile. Il faut donc, aussitôt après son desciage et avant de le faire sécber, avoir soin de le traiter comme le Noyer, en le tenant plongé dans l'eau pendant plusieurs mois. Quand il est bien sec, il n'est plus hygrométrique, et peut être employé, sans le moindre inconvénient, aux travaux d'ébénisterie les plus délicats. On l'emploie avec le même avantage, non-seulement à la menuiserie et au tour, mais encore à la charpente légère. Dans le midi de la France, il est estimé pour le charronnage à l'égal de l'Orme et du Frêne; il est cependant un peu plus mou et moins bon que ce dernier, mais la didérencc n'est pas très grande. Il s(;it pour les bras de charrettes ( t les timons de voitures. S'il ('lait 888 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. plus répandu, il pourrait fournir des brancards de cabriolets, des bâtons, des perches et des rames aussi souples que solides. Enfin, il se fend très facilement, et l'on a pu en faire des cercles de cuve de plus de 7 mètres de longueur. Toute- fois il faudra encore du temps et des essais ultérieurs pour savoir si l'on peut remployer à tous les usages du Frêne. Ce bois brûle facilement, même sans être très sec, et four- nit un fort bon chauffage. Ses fagots vaudraient au moins ceux du Chêne, pour l'usage des fours. Son charbon est excellent et comparable à ceux de l'Orme et du Mûrier. XI. — Ecorcc. L'écorce de l'Ailanle renferme, d'après l'analyse qu'en a faite M. Payen : du ligneux, une sorte de chlorophylle, un principe colorant jaune, une gelée végétale, une substance amère, une résine aromatique, des traces d'huile essentielle à odeur forte et vireuse, une matière grasse azotée et quel- ques sels. • w , , , La proportion du principe mucilagineux est tellement abondante, que la décoction de cette écorceest filante comme celle de la graine de lin ; celte propriété, qui mérite d'être étudiée, donnera peut-être lieu à des applications impor- tantes. La matière colorante jaune a pu être fixée sur des étoffes de laine; mais elle n'est ni belle ni très fixe. M. ïlétet, professeur à l'Ecole de médecine navale de Toulon, a étudié l'action physiologique et les propriétés médicales de l'écorce d'Allante. « Si l'on mâche, dit-il, un fragment de cette écorce, on y constate une saveur amère prononcée, et peu après on éprouve un malaise général, un sentiment de faiblesse croissante, des éblouissements, une sueur froide et des nausées ; en un mot, les effets d'un hyposthénisant puis- sant, comparables à ceux du tabac chez les fumeurs novices, ou de la jusquiame! » Quelques essais ayant révélé l'action éméto-calhartique et vermifuge de l'écorce d'Ailanle, M. Ilétet en a fait faire diverses préparations : poudre, extraits aqueux et alcoolique, CULTURE DR l'aILANTE GLANDULEUX. 889 ûléorésine, liuilo essentielle et résine. Ces préparations, qui ont la propriété d'expulser fortement le ténia, n'exercent aucune influence fôelieuse sur la santé, et ne fatiguent pas les malades, comme font le Kousso et la racine de Grenadier. Les expériences tentées par les chirurgiens de la marine, à bord des vaisseaux de l'État, et les bons résultats qu'elles ont donnés, permettent d'espérer que l'Ailanlc fournira un nou- veau ténifuge d'un prix peu élevé et d'un emploi facile et sans danger XII. — Feuilles. Les feuilles participent aux propriétés vermifuges de l'écorce; mais on ne peut guère les employer que sèches et pulvérisées. Or, cette poudre a le désavantage de perdre de ses propriétés en vieillissant. Ces feuilles ont trouvé, d'ailleurs, un emploi bien plus avantageux, depuis que M. Guérin-Méneville a introduit en France le Ver à soie qui s'en nourrit. Nous avions fait con- naître à la Société d'acclimatation, dans sa séance du 29 mai 1857, les résultats obtenus à Turin, par M. Griseri, dans l'éducation, faite avec des feuilles d'Ailante, du Bombyx Cyn- thia, que l'on regardait alors comme étant le Ver à soie du Ricin. M. Guérin-Méneville a reconnu que c'était une espèce bien distincte, qui se reproduit normalement deux fois dans l'année et passe l'hiver dans l'inaction. Ce Ver, très rustique, s'élève en plein air sur les rameaux de l'Ailantc, et ses cocons, que l'on a trouvé le moyen de dévider, donnent une soie moins brillante, mais plus forte et plus durable que celle du Bombyx du Mûrier. :.■ ...! SUR LE . ^ ., C/ESALPIMA BONDUCELLA. ' * LETTr.E ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLUIATATION. ... - . - . ^.J Par M. HAIES. (Séance du 25 avril 1862.) Monsieur le Président, J'ai prié un officier supérieur anglais d'avoir la bonté de vous faire parvenir une petite boîte contenant des graines fraîcbes de Cœsalpinio honducella. Veuillez, je vous prie, en envoyer une partie au jardin d'acclimatation d'Alger, et faire tout ce qui sera possible pour acclimater cette plante qui me paraît pouvoir être d'une grande importance sous divers rapports, et surtout comme fébrifuge. J'ai eu beaucoup de peine à me la procurer, non pas qu'elle soit rare, mais parce que le nom du pays que je trou- vais indiqué n'était pas reconnu par les natifs que j'ai pu consulter, et que mon attention y a été attirée par la lecture del'ouvrage du docteur-médecin Jobnson, lequel est intitulé: Essai sur V'mfLuence des climats tropicaux, k" édition, 1827. En parlant du traitement des fièvres par les indigènes du Bengale, il signale qu'après l'emploi de purgations au moyen d'un sel noir du pays , ils se servent, pour couper la fièvre, d'une graine produite par une petite plante grimpante appelée Kaut-kullagce ou Catcaranja (1). L'amande de cette graine, ajoute-t-il (i)age 63), est extrêmement amère, et possède à un baut degré les propriétés toniques ou fébrifuges du quin- quina. Mais elle a un avantage évident sur ce dernier, car au lieu de produire la moindre constipation, elle est au con- traire modérément laxative. On peut aisément comprendre que, dans un pays tropical (1) Nathd osl le nom ordhiiiiro bengali, de là lii diniciilté que j'ai cno à me faire comprendre quand j'ai demandé cette giaine. C.ESILPINIA BONDUCELLA. . 891 OÙ le système biliaire est si communément altéré, une telle propriété est d'une utilité incalculable. Une des graines réduite en pâte avec trois ou quatre graines de poivre et prise trois, quatre et cinq fois par jour avec l'auxiliaire de la dé- coction de Cbercttah {Gentiana clierayita), est une médica- tion qui réussit si bien en général pour guérir les fièvres intermittentes, qu'elle est déjà adoptée par beaucoup de médecins européens , et que probablement, à une époque peu éloignée, elle remplacera entièrement l'usage du quin- quina, auquel elle semble infiniment supérieure dans un pays cbaud, à cause de la qualité apéritive dont il vient d'être parlé. La Cherettah est une espèce de Gentiane indigène dans les montagnes au nord du Gange, et se trouve dans tous les bazars du Bengale. Elle possède toutes les propriétés attri- buées au Gentiana lutea, et à un degré plus grand que dans lès racines de cette dernière qui vous parviennent. La décoction de cette plante est un puissant auxiliaire à la noix caranja, et leur conjointe efficacité à guérir les fièvres intermittentes n'est pas disputée. Je me suis reporté ensuite à l'ouvrage du major Steber Drury, publié en 1858, et j'y ai trouvé ce qui suit à l'article Cœsalpinia honducella ou Gidlandina bonduc, Linn. : « La graine de cette plante est très amère et regardée par les médecins indigènes comme un tonique puissant. On les donne en poudre dans les fièvres intermittentes, mêlées avec des épices pilées et mêlées avec de l'buile de ricin ; on les emploie à l'extérieur pour le traitement de l'hydrocèle. A Amboine, les graines sont regardées comme antbelminthiques, et les racines comme loni({ues dans la dyspepsie. Les graines servent à faire des colliers et des billes. » En Cochinchine, les feuilles sont considérées comme étant désobstruantes et emménagogues. Les racines passent pour être astringentes, et l'buile extraite des feuilles est jugée d'un emploi utile dans les convulsions, la paralysie, etc. » En Egypte, les femmes s'en servent pour faire des colliers et des amulettes contre les sorts. 802 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. » En Ecosse, où la mer les apporte et les jelte souvent sur la plage, on les connaît sous le nom de Molucca beans. La racine et la graine de celte plante sont données en infusion dans les fièvres intermittentes. Piddinglon a trouvé dans cette graine de l'huile, de l'amidon et de la résine. » Comment se fait-il qu'une plante qui, au dire d'hommes pratiques, consciencieux et éclairés, offre autant d'avantages, ait été négligée? C'est ce que je ne puis comprendre, hien qu'elle ne soit pas la seule dans ce cas. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas trop tard pour s'en occuper, et la Société d'accli- matation, qui compte tant d'hommes éminents dans son sein, rendra peut-être là un nouveau et signalé service. En eflet, tandis que la quinine est très chère, cette graine et laChereltah peuvent s'ohtenir à vil prix, et rien n'empêche un de nos chimistes d'en extraire les principes, comme cela a été fait pour le quinquina. "■ ■ Quand on réfléchit au très grand nomhrc de localités où régnent les fièvres paludéennes, soit en Europe, soit dans les colonies, et aux nomhreuses personnes qui en sont victimes, l'iiumanité est intéressée à ce que toute plante qui paraît ofl'rir de réels avantages sur le sulfate de quinine ne reste pas sans un sérieux examen en Europe. Enlin, si cette plante croît en Egypte, comme on le dit, elle ne peut manquer de réussir à Alger et peut-être aussi dans le midi de la France. Veuillez agréer, etc. J. Hayes. II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX .■■ ; ; DES SÉANCES DU COASEIL. SÉANCE DU CONSEIL DU 17 OCTOBnE 18G2. J Présidence de M. Moquix-Tanuon, vice-président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — En ouvrant la séance, M. Moquin-Tandon, interprétant la pensée de tous les membres présents, exprime ses regrets, qui seront partagés par la Société tout entière, que les hautes fonctions auxquelles M. Drouyn de Lhuys vient d'être appelé privent le Conseil de sa présence. 11 se félicite du moins d'avoir reçu de notre éminent et dévoué Président l'assurance qu'il voudra bien conserver à notre œuvre son précieux con- cours, en restant à la tète de la Société et en s'occupant de son progrés avec la môme bienveillance et la môme solli- citude. — M. le directeur du Jardin d'acclimatation transmet également une lettre qui lui a été adressée par M, le Président, au sujet d'une démarche que le Comité de direction s'était proposé de faire, et par laquelle M. Drouyn de Lhuys lui renouvelle la même assurance pour ce qui concerne le Jardin d'acclimatation. Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : MM. Auzoux (le docteur Hector), à Paris. Bessé (Charles-Martin de), contrôleur des contributions directes, à Melle-sur-Béronne (Deux-Sèvres). Cardoso (Nuno Alves Pereira de Mello), capitaine de la marine brésilienne, commandant du navire à vapeur rifica, à Manaos (province des Amazones, Brésil). Chevigné (le comte de), au château de Boursaut (Marne). FoRGEMOL, chef d'escadron d'état -major, commandant supérieur du cercle de Biskra (Algérie, division de Constantine). IIuoT (Gustave), agriculteur, à Troyes. Lagrange (Tony), à la Pré- Verte, près de Pontchàtcau (Loire-Inférieure). 89/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. MM. Le IIuedé, avocat, maire de Corsopt, à Nantes. SiLVA Castro (le docteur Francisco da), membre de l'Académie impériale de médecine de Rio-Janeiro, etc., à Kio-Janeiro (Brésil). — La Société royale zoologiqiie et botanique d'acclimata- tion de la Haye est admise, sur sa demande, au nombre de? sociétés agrégées. — M. le Président annonce au Conseil la perte très regret- table que la Société vient de faire de deux de ses membres les plus zélés : M. Jomard. membre de l'Institut, et M. le doc- teur Ernest Godard. . • . M. le Président rappelle la [lart active que n'a cessé de prendre aux travaux de la Société notre vénérable collègue M. Jomard, les services qu'il a rendus à l'acclimatation, cl qui lui ont mérité, dès l'origine de la Société, le titre de membre honoraire. Animé d'un zèle (jui ne s'était jamais ralenti, M. Jomard, la veille môme de sa mort, venait nous ollVir pour le Jardin d'acclimatation un jeune plant de Grenadier venu en pleine terre dans sa propriété de l'Ozère, et un échantillon monstrueux de Pomme de terre provenant de ses cultures. M. le secrétaire donne lecture de la lettre relative à cet envoi. M. le docteur Godard, mort en Orient, s'occupait avec zèle de recherches propres à intéresser la Société, à laquelle il avait ofïert spontanément son concours pendant l'exploration scienlitujue qu'il avait entreprise. — M. Duchesne de Bellecourt, ministre et consul général de France au Japon, par une lettre datée d'Védo le (3 juill(;t, adresse à la Société ses remercîments pour le litre de membre honoraire qui lui a été otïert dans la séance publique du 20 février dernier, et il donne de nouveau l'assurance de son dévouement à noire œuvre. — M. Bourret fait également parvenir de Kanagawa (Japon) ses remercîments jiour la médaille de 1'' classe qui lui a été décernée dans la même séance. — Des lettres de remercîments, pour leur récente admis- PROCÈS-VERBAUX. 895 sion, sont adressées par S. Exe. M. Roulier, ministre de l'agri- cultiire, du commerce et des travaux pul)lics ; par M. le mar- quis de Remisa, de Madrid ; par M. Tourniol, de Milianali, et par M. Degreaux, de Nice. — M. Dutrône, par une lettre datée de Bruxelles le 12 sep- tembre, transmet Finvitation faite à la Société par l'Associa- tion internationale pour le progrès des sciences sociales, sié- geant à Bruxelles, de se faire représenter par des délégués au prochain congrès de cette Association. Le Conseil, espérant que notre honorable collègue voudrait bien se charger de représenter la Société, lui avait confié cette mission, et une lettre postérieure de M. Dutrône fait con- naître la communication qu'il a bien voulu adresser au con- grès au nom de notre Société. M. le Président dépose un extrait du Moniteur belge , du 3 octobre 1802, rendant compte des séances du congrès, et fait remarquer (jue cette jiublication renferme la mention de l'offre de trois médailles d'or faite par M. Dutrône à l'Associa- tion internationale, qui devront être décernées à la session de 1863. Ces médailles ont pour objet d'encourager : la pre- mière, l'organisation de sociétés de sobriété ; la seconde, la création de sociétés et de jardins d'acclimatation ; la troi- sième, la fondation de sociétés protectrices des animaux. a De pareils actes de générosité et de dévouement aux pro- grès de l'humanité, dit M. le Président, n'ont pas besoin de commentaires, il suffit de les signaler. » — M. le docteur Chapuis, président du Comité d'acchmata- tion de la Guyane, écrit de Cayenne qu'il quitte cette colonie pour aller prendre la direction du service de santé de la 3Iar- tinique, et exprime son désir de continuer, dans sa nouvelle résidence, ses bienveillantes relations avec la Société, qui a reçu déjà de nombreux témoignages de son zèle. — M. le docteur Berg, notre délégué à la Héunion, annonce, par une lettre du 10 septembre , l'organisation d'un comité colonial d'acclimatalion dans celte île, et assure que ce co- mité, dont le dévouement est acquis à l'œuvre commune, est disposé à lui prêter sa coopération la plus active. La lettre de 896 SOCIÉTÉ IMrÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. M. Bcrg renlerme, outre la suite d'un mémoire dont il nous a l'ait parvenir la première partie sur les insectes herbivores de la Réunion , une liste des oiseaux et des poissons dont le nouveau comilé voudrait tenicr l'introduction dans la colo- nie. Le (Conseil, approuvant le but de l'institution de ce comité et se lelicitant de pouvoir compter sur son utile con- cours, décide que la Société prendra les mesures nécessaires pour satisfaire au désir transmis par notre honorable délégué. — M. le docteur David Walker, chargé d'une mission scien- tifique pour la colonie anglaise de Vancouver et de la Colom- bie {Britisli Colinnbia), adresse à la Société ses olîres de ser- vices, qui sont acceptées avec reconnaissance. — Les propositions les plus bienveillantes sont également adressées dans le même sens par M. A. de Roosmalen, en son nom personnel , pendant un nouveau voyage (ju'il va entre- prendre en Egypte, et, au nom de M. Éphrcme de Roosma- len, qui réside à Rio-Janeiro, pour le Brésil. ■ • — M. le directeur du Jardin annonce que M. Richaud, chef du service de santé à Saigon (Gochinchine), lui a aussi fait transmettre ses offres de bienveillant concours par M. Gerbe. M. le directeur donne ensuite communication : 1" D'une lettre par laquelle M. le docteur Mueller, de Mel- bourne, lui annonce l'envoi d'une paire de Wombats de l'Aus- tralie méridionale et de graines d'arbres précieux de la Nou- velle-Zélande. Cet envoi est également annoncé par une lettre de M. le secrétaire de la Société d'acclimatation de Melbourne, en date du 25 août 1862. (Voyez ci-après, Faits divers.) £" D'une lettre de M. Caillaud , directeur du musée h Nantes, qui accompagnait l'envoi de divers animaux marins pour l'Aquarium , et entre autres un échantillon de roche contenant une dizaine de Pbolades {Pholas daclylus). ' : 3" Une lettre de M, George Legrand, élève du collège Roi- lin, accompagnant l'Hippocampe vivant qu'il envoie du Tré- port, et qui attire vivement la curiosité des visiteurs au Jardin d'acclimatation. — M. Albert Geoffroy Saint-IIilaire transmet une lettre par laquelle notre honorable délégué à Madrid, M. Graells, annonce [•nocÈs-VERUAux. 897 que s. M. le. roi d'Espagne lui a l'ait l'honneur de le cliarner de l'organisalion d'un grand pai'c d'acclimalalion à la Casa de Cainpo. (Voyez ci-après, Vahs divers.) — M. Hébert rend complc de la mission dont il avait été chargé par le Conseil, relativement à la race de Moutons dont M. de Lagabbe a bien voulu offrir des spécimens à la Société. M. l'Agent général s'est rendu à la ferme-école du départe- ment des Vosges, où celte race, originaire de Suisse, a été introduite en 1SZ|9, par son directeur, M. Lequin, et d'où M. de Lagabbe avait tiré les premiers sujets qui ont été la souche de son trou[)eau. Les renseignements recueillis sur place ne sont pas com- plètement d'accord avec ceux de M. de Lagabbe; il en résulte toutefois que cette race mérite d'être étudiée avec soin. Cette visite a permis de constater que la ferme-école de Laliaye- vaux, parfaitement dirigée par M. Lequin, qui s'y livre à la culture, sur une très grande échelle, de la iîelterave et du Topi- nambour, et qui est parvenu à produire avec le jus sucré des racines de ces deux végétaux un vinaigre très sain et très estimé, réunit par sa position, son étendue, la nature de son sol et par ses productions spéciales , les conditions les plus avantageuses pour l'élevage du Mouton. Ces circonstances lavorables expliquent la supériorité très marquée du trou- peau suisse de M. Le(iuin sur celui de M. de Lagabbe. Nous espérons publier prochainement le rapport déjà annoncé que M, le directeur de la ferme-école des Vosges nous a promis sur cette race intéressante. — Notre confrère M. Victor Chàtel, dans une lettre adressée à M. le secrétaire, annonce qu'il vient de recevoir de madame la marquise de Briges un couple de Moulons du Tibet, d'une fécondité que notre honorable confrère assure être extraordi- naire. — M. Baraquin, membre de la Société, par une lettre datée de Belern (Para), le 17 août J8(32, informe M. le Président de l'envoi qu'il vient de faire d'un couple de Tataitus, Sangliers sauvages du Pérou, d'une espèce rare, qu'il destine au Jardin d'acclimatation. , , . .. T. 1\. — Oclolire I8fi2. 57 898 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. — M. le directeur du Jardin donne lecture d'une lettre de S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies, qui, répon- dant à sa demande, lui annonce qu'il a donné des ordres pour faire venir, avant l'ouverture de l'exposition universelle de la race canine projetée pour le printemps procliain, des spéci- mens de petits Chiens sauvages de l'Etat de Chiliua-liua, au Mexique. 11 communique ensuite une lettre de M. le directeur de la Compagnie générale transatlantique qui assure de ses bonnes dispositions pour atteindro le même but. — M. le Président dépose : 1" Un mémoire qui lui a été adressé par M. l'abbé Tihay, curé doyen de Condé en Barrois, qui a pour titre : Etude sur l'utilité de certains oiseaux, et sur la question soulevée par le rapport de M. le sénateur Bonjean. "2" Un travail de M. C. Dareste, sur la fécondation des onifs des Gallinacés, et sur les moifens de la constater. Ces mémoires sont renvoyés à l'examen de la Commission de publication. — Notre confrère M. Manés, négociant à la Réunion, en offrant son concours le plus empressé à la Société, fait part de son intention d'employer tous les moyens à sa disposition pour introduire en France le Gourami, cette précieuse espèce de poisson sur laquelle la Société a déjà appelé l'attention de tous ses correspondants dans les régions où elle se trouve. — M. le Ministre de la marine et des colonies, par une lettre du 11 octobre, annonce à M. le Président qu'il autorise l'embarquement sur l'aviso à vapeur le Favori, commandant Trotlabas, de M. Lamiral , qui se rend à Toulon sur l'invita- tion du Conseil pour examiner les conditions dans lesquelles se trouvent actuellement les Eponges de Syrie déposées par lui sur divers points des côtes voisines de la Seyne. — Par une lettre écrite de Milan, en date du 15 septembre, M. le marquis de Visconti annonce à M. le Président que la graine du Ver à soie de l'Allante qu'il a reçue de la Société a parfaitement réussi. Le même succès a été obtenu pour les graines de celte espèce envoyées â M. Althammer d'Arco, qui a trouvé, dans M. l'ajjbé J. Bedrarowits, curé de l'hôpital mililaire du Saint-Esprit, à Vérone, le plus bienveillant con- PROCÈS-VERBAUX. 899 cours. iM. Altljammer ajoute que M. Pravert, horticulLeur à Padoue , a également bien réussi dans ses éducations du Bombyx Cijnthia, au point qu'il a pu mettre en vente des œuls et des cocons pour la deuxième éducation de cette année. Notre zélé confrère envoie de plus deux éclianlillons de coton représentant un essai de teinture fait par lui et j)ar M. F. Dominez, directeur des écoles techniques de Roveredo, habile chimiste, avec la matière colorante extraite des feuilles de Loza de Chine provenant des graines qu'il avait reçues de la Société. Il se propose de tenir la Société au courant de la suite de ses expériences. — M. Gauldrée-Boilleau, consul général de France au Canada, rend compte des premières démarches qu'il a faites pour se procurer les provisions de graines des meilleures espèces d'arbres forestiers de ce pays, qui lui ont été deman- dées par la Société. — M. Duchesne de Bellecourt, dans une lettre adressée à M. le Secrétaire général, en date d'Yédo le 20 mars 18(32, et apportée par M. l'abbé Girard, supérieur de la mission fran- çaise au Japon, annonce l'envoi d'une caisse de Riz sec pro- venant d'un champ situé sur la montagne , dans les environs d'Yédo, et dont il a eu la généreuse pensée d'acheter la récolte tout exjirès. Notre honorable et dévoué collègue ajoute qu'il espère pouvoir continuer ses précieux envois, malgré les grandes difficultés qu'il rencontre pour se procurer ces produits japonais. — M. Ilayes, de Chandernagor, dont nous avons enregistré les nombreux envois de graines, écrit, en date du 7 août, pour signaler l'importance (|ue présenterait l'introduction dans les colonies des Indes du Casaia arcuata ou Cass/'a occi- dentalis des Antilles, pour le traitement des maladies des indigènes, et particuhèrement des fièvres paludéennes. M. le Président annonce que des mesures ont été prises immédia- tement, avec le concours de M. Rufz de Lavison, pour satis- laire au désir exprimé par M. Ilayes. — M. l'abbé Voisin, procureur des Missions étrangères à 900 SOCIÉTÉ iMi-ÉniAU': zooLor.iQUE d'acclimatation. Paris, odrc à la Société des graines de Sorgho sucré recollées par lui à Paris et à Meiidon. — Des comptes rendus sur les résultais de divers essais de cultures de plantes exotiques sont adressés : de Marseille, par M. Benjamin Pouccl, membre honoraire de la Société {Che- nopod'nim rjuhwa, Tacé et Coto)i de Cataniarca) ; de Saint- Ililaire (Vendée), par M. Brierre, qui envoie en même temps plusieurs dessins coloriés; d'Alliches (Nord), par M. Léon Maurice, notre délégué à Douai ; de Toulon , par notre délé- gué M. Turrcl; de Corheil, par M. AudilTred ; de Metz, par M. Belhomme ; de Survilliers (Seine-et-Oise), par M. dlluic- que; et de Castres, par M. Cumenge, (jui signale à l'attention de la Société les ravages causés sur les végétaux par une espèce d'Oïdium sur lequel il appelle l'attention delà Société, en demandant les moyensvle conjurer ce iléau. M. le secrétaire lait remarquer que, parmi les plantes mentionnées dans les rapports cités plus haut, les Cocozzelli sont iudi(inés comme ayant donné partout d'excellents résultats. — M. le Président dépose un grand nombre de communi- cations qui lui ont été adressées par M. P. luamel, dont le zélé pour le progrés de notre œuvre a pu déjà être si souvent apprécié. Au nombre de ces communications se trouvent un mémoire intitulé : In Vigne en Australie, et une note sur le Cotonnier arbre {Periwian Cutton-lree). (Voyez au Bulletin.) M. Ramel signale en outre une variété de Blé précoce cultivé à Baltimore (États-Unis), sous le nom de Blé du Japon, qui serait digne de l'attention et des expériences de la Société. ■ . . , . ...... 1 — Des demandes de graines sont adressées par un certain nombre de membres de la Société. — MM. A.Dupuis, Duchesne-Thoureau et le docteur Pigeaux font parvenir des extraits de?, conférences qu'ils ont faites au Jardin d'acclimatation. — Notre confrère M. Elie Margollé, de Toulon, adresse un nouveau volume de la Bibliothèque utile, les Phénomènes de l'atnwsp/tcrc, dont l'auteur, M. Zurcher, fait hommage à la rnOCÈS-YERBAUX. 901 Société et auquel il joint un compte rendu de la Société, des sciences du Var. — M. le Président dépose en outre sur le bureau : 1" Une brochure publiée par M. le baron Henri Aucapitaine, et ayant pour titre : Mollnsqups terrestres et (ï eau douce conservés dans la haute Kahylie. Ce mémoire est extrait de \d.l{emic et Magasin de zoologie. — 2" Divers ouvrages envoyés par l'Institu- tion Smithsonienne de Washington. — 3" Un rapport de M. le préfet des Basses-Alpes au conseil général de ce département, dont nous extrayons le passage suivant, relatif à la Société centrale d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes qui est en très bonne voie de prospérité : « Ses relations avec les » principales associations agricoles en France, et particuliére- » ment avec la Société impériale d'acclimatation, lui permet- » tront d'introduire dans les Basses -Alpes les meilleurs )) instruments et les espèces les plus appréciées... Elle ne » perd pas de vue la pisciculture. De nouveaux essais ont été » tentés cette année pour propager certaine»^ espèces de pois- » sons. î)30 000 03ufs de l'espèce dite Fera ont été mis dans » les principaux cours d'eau du département. Si, comme il » faut l'espérer, ces essais réussissent, rempoissonnement » de nos rivières deviendra facile, et nous aurons ainsi créé i> une précieuse ressource pour l'alimentation publique. » — h" Le Bulletin du troisième trimestre 1862 de la Société régio- nale d'acclimatation pour la zone nord-est, à Nancy. — 5" Une circulaire de M. Victor Chatel, ayant pour titre : Nouveau rôle des Sociétés savantes de province. — i5° Un certain nombre de numéros de divers journaux , parmi lesquels il signale ÏEcho d'Hyéres, renfermant une note sur la fruclilicalion d'un Bananier chez notre habile confrère M. Denis, qui nous a déjà entretenu de ce fait remar({uable ; le Siècle du "22 sep- tembre, contenant une note sur la tentative d'acclimatation des Éponges sur les côtes de la Méditerranée f.iile par la Société, avec le concours de M. Lamiral; le Moniteur du Calvados, reproduisant une notice de M. le professeur Baruffi, noire délégué à Turin, sur l'utilité des Oiseaux ; le Moniteur iiulustricl du 28 août, des 21, 25 et 28 septembre et du 2 uc- 902 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. tobre. annonçant la formation d'une compagnie française pour la culture du Coton en Algérie, et donnant un extrait d'un travail de M. Barrai sur le coton, et un article de M. Chau- vet sur la laine végétale obtenue avec les aiguilles du Pin silvestre, et connue en Allemagne sous le nom de WakhvoU (laine des forêts) ; une notice de M. Darnis sur la culture du Coton dans l'Inde, et un extrait du Moniteur universel sur les succédanés du coton ; la France du 2/i septembre, contenant un article sur l'Aquarium du Jardin d'acclimatation ; le Journal de Seine-et-Marne du 27 septembre, entretenant ses lecteurs du même sujet; la Perseveranza de Milan, du 3 et du 10 septembre, où se trouve une longue discussion au sujet de la découverte que M. l'abbé Gianni prétend avoir faite, relativement à la génération spontanée des Vers à soie ; le Moniteur du Cantal du 17 septembre, renfermant une lettre de notre savant vice-président, M. Ricbard, sur la race bovine de Salers, adressée à M. le Président de la Société d'agriculture du Cantal, à propos du concours agricole de Mauriac. Le Secrétaire du Conseil , Guérin-Méneyille. m. BULLETIN MENSUEL DES CONFERENCES ET LECTURES. CONFERENCE DU 3 JUILLET 1862. Sur le Sei'ie.ti-ia SBori (Or à soie), ses maladies, et sur les espèces succédanées. Par M. Maurice Girard, Piol'essiur lie sciences pliysiques ut Liatur. Iles au eoUi-so [Idllin, .Ak'iriliie tic la Snriété eiitonnilopiijue tie Franci-, Parmi les cent cinquauti' mille espèces d'insectes environ répandues sur le globe, untrèspeiit nomi)re offrent dermilitd pour l'homme. Les uns ne sont que d'un emploi 1res accessoire : ainsi ces Élatérides piiosphorescents qui servent à l'Indien à éclairer ses courses nocturnes, et à parer sa cheve- lure de feux plus éblouissants que les diamants, ces Chrysomélines du Brésil dont les brillants élytres, réduits en petits fragments, sont employés à parsemer de gouttelettes étincelantes nos fleurs artilicielles. D'autres ren- dent des services accessoires: ainsi les Cantharides et lesMylabres vésicants, les Cochenilles, surtout celle du Psopal, qui fournissent des teintures rouges, d'autres Hémiptères phytophages {[ui sécrètent la gomme laque ou des cires particulières. Dans d'intéressantes conférences, .M. Ilamet, M. Léon Soubeiran, ont entretenu leurs auditems des Abeilles et de leurs produits; mais, depuis l'usage du sucre, presque inconnu des anciens, et la découverte de l'acide stéarique, le miel et la cire ne présentent plus pour l'industrie qu'une importance secondaire. Il n'en est pas de même du Sericaria Mûri, ou ^ er à soie. lîien ne rem- place la soie pour la beauté et la finesse du tissu, ni même, dans les produits analogues, pour la ténacité du fil. Les deux espèces succédanées dont l'accli- matation est certaine, les liombijx (Atlacus) Cynthia vera et Arrindia, donnent des cocons plus petits, non industriellement dévidables, et, quant aux autres espèces, les essais d'acclimatation en Europe sont encore en rudi- ment. Au reste, presque toutes ces autres espèces donnent des soies plus grossières, dont il importe toutefois d'essayer la production, parce qu'elles auront des usages spéciaux; mais avant tout nous devons améliorer les races du N. mori et les régénérer par des soins intelligents, en présence de l'épi- démie qui nous désole. Il s'agit, pour ce chétif insecte, d'une utilili; de pre- mier ordre. La i)ro(luction delà soie représente une valeur aimuelle de plus d'un milliard de Irancs pour les dillérentes coiitrées de la terre où eile est en vigueur, et sur ce nombre l'Euntpe ligure environ pour un tiers, et la France pour quinze centièmes. Eu 1853, la production française s'est élevée à 26 OOU 000 (le kiiograumies de cocons, valant, au prix moyen de 5 francs le kilogrannîie, lot) millions de francs. La dépense de graines (œufs), depuis la terrible épidémie qui nous oblige à nous approvisionner à tout prix, et où nous pouvons, est de i;(i à 'J8 millions. Si nous remarquons que (•■es! là 1res 90!l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sensiblement le bénéfice net des producteurs, il en ressort la nécessité absolue que cliacun doit chercher à graincr chez lui et à obtenir de bonne graine, caria déloyauté du commerce des graines a déjà conté an piys, dep'iisdix. ans, plusieurs centaines de millions. Le cliilïre de 130 millions était égale- ment celui de la production delà soie française en ISZiO, et 150 millions en 18/i7, presque autant que le sucre ou le fer, avant le développement en grand de Tépidémie. En outre, la m raufacturation produit, année moyenne, IGO millions; en tout, 310 millions. En 1839, Ia'ou seul a importé pour 92 millions de francs de cocons ou de soie de Chine. Nous sommes donc, comme je le disais, en présence d'une industrie fondamentale. Le Ver à soie est un insecte Lépidoptère, du sous-ordre des Chalinoptères de AI. Blanchard, de l'ancien sous-ordre des Nocturnes de Latreille. Il ap- partient à la famille des Bombycides, caractérisée par des chenilles à seize pattes, une atrophie presque complète de-; pièces buccales et de l'appareil digestif antérieur chez l'adulte, qui ne prend pas d'aliments. Tontes les che- nilles de ce groupe s'enveloppent d'un cocon soyeux, pour passer à l'état de chrysalide; tantôt ce cocon est dévidablo et formé d'un (11 continu, tantôt il n'est pas dévidahle ou l'est très difileilement, en forme de nasse, et enduit d'une glu épaisse. Le Ver à soie, ou Sericaria Mari, est une des deux espèces qui composent le premier genre de la tribu des Endromites de M. Blanchard. Il est à re- marquer que les deux espèces qui représentent on Europe les deux genres suivants sont douées d'un vol r,q)ide, du iuoins chez les mâles, tandis que le papillon du Ver à soie ne vole ])'us. Le mâle tourne autour de la femelle en agitant vivement les ailes, mais sans quitter le plan de position ; la femelle ne fiit p'us que quelques battements d'ailes intermittents. 11 est probable qu'à l'état sauvage le mâle, comme nos Bombycides sylvestres, présente un vol énergique. Déj'-, à la troisième génération de Vers élevés en plein air sur les Alùriers, à Montpellier, AI. Martins a vu les mâles recouvrer le vol. Il me paraît très probable que la domestication du S,er!caria Mori a com- mencé en plein air, et que ce n'est qu'après une longue série de giNiérations qu'on a pu l'élever à l'intérieur des appartements, et d'une manière bien plus commode. Cette domestication remonte à la plus haute antiquité, et l'on n'a pas encore retrouvé le type sauvage; comme l'a dit si heureusement Al. Guérin-AIéne ville, le Ver à soie est le chien des insectes. Il vient de l'extrême Orient, comme tous les animaux très anciennement doiiiestiqués. Tour lui, comme pour les antres animaux domestiques, on peut dire que, depuis longtemps, l'homme a l'ait le meilleur choix; mais nous devons nous rappeler que la Société d'acclimatation a non moins pour but d'introduire de nouveaux types utile i à l'homme que d'améliorer et d'étendre les anciens. Le Ver à soie a été en quelque sorte créé pour le Alùrier, et réciproque- ment; aussi l'histoire de l'un et de l'autre est corrélative. On a proposé divers succédanés du Alùrier, mais on n'a pas tardé à les reconnaître impossibles. C'est à p?i'i2 si, no.irrie ave:: des feuilles de Scorsonère, une première BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 005 généralioii do Vers par\ ioiit à lilf^r (le (I('lc.stn])lcs cocons ; avec rOrtifi, In Laituo, la lîoiice et quelques autres plantes, ils cessent de niangoi- au bout de peu de jours. En eflet, en naissant, le jeune Ver mange à peu près tout, ainsi des feuilles tendres de Laitue; niais on ne prolongerait pas longtemps impuné- ment une pareille nourriture. Le Mûrier des Osages (Maclnra aurantiaca, de FAmérique boréale) a un peu mieux réussi. Le Mûrier à papier (Broun- sonnetia papiirifeni),Vtn\\)\(i deTartaric, sont aussi mangés quatre ou cin i jours, puis rejetés. Les auteurs chinois prétendent qu'à d(''faut de l'euille de Mûrier fraîche, on peut nourrir les Vers à soie avec de la feuille sèche piiée, ou de la feuille saupoudrée de farine de riz; jamais de pareils essais n'ont réussi on France. Loiseleur-neslongcliamps s'en csl beaucoup occupé, et a vu que les Vers bien portants et voraces mangent ces substances avec les feuilles comme beaucoup de matières inertes non nutritives dont on peut les saupoudrer : ainsi la craie, la poussière des chemins, le charbon pilé, la poudre même de leurs excréments d(isséchés. M. Cirard fait ensuite l'historique de l'introduction et de la propagation du Ver à soie du Mûrier (1). Comme la première condition de l'élevage des Vers à soie est le Mûrier, nous devons donner de brèves indications sur cet arbre. Il appartient à la monœcie létrandrie de Linné et aux Urticées de Jussieu. Ce sont spéciale- ment trois espèces du genre Monts qui sont cultivées en Europe pour la nourriture des Versa soie: la principale est le Mûrier blanc [Munis a!ba), offrant de nombreuses variétés. Le .Mûrier noir {Monis nitjru), plus haut que le précédent, est beaucoup moins avantageux pour la nourriture des Vers à soie. C'est le premier introduit en Europe ; sa reproduction est moins ra- pide que celle des autres espèces. Enfin le Mûrier niulticaule (Morus multl- caulis) ofl're l'a.antage d'une facile reproduction, et c'est lui qiii se prèle le mieux aux éducations annuelles multiples. On fait les semis de ;\lûrier à la lin de lévrier, en mars, en avril, selon qu'on remonte du sud au nord de la l-'rance, et qu'où craint plus ou moins les gelées. Les semis donnent des sauvageons de Mûrier blanc qui sont trans- plantés à demeure ou en pépinière, quand les grands froi ;s sont passés, et sur ces sauvageons on grelfe en écussoa une foule de variétés, reco'anues d'une localité à l'autre les plus favorables ù l'éducation des Vers. Les bou- tures et marcottes ne valent iien, ne donnant que des arjjres dégénérés. La taille des Alûriers, qui se fait depuis la cîiule des feuilles jusqu'en hiver, doit tendre à rapprocher ces arbres le p.lus possible de l'élat naturel, celui où les blanches font avec la tige un angle de ZjO à ko degrés, ce qui est la meilleure position pour que le soleil fasse développer le plus de feuilles pos- sible. Les habitants de la province de drenade ne taillcul jamais leurs !\ki- riers, et leur soie est la i)lus fine de toute l'Espagne ; ce (jui i)rouve qu'il faiu, autant qu'on peut, se rapprocher de la nature. Les .Mûriers aiment les en- (1) Nous rogi'cUons que !c ilùfaul d'o^pacc r.e noii< pcriiicUc pas Je reproduire in extenso ce liijiorique iiilôrc«s;ult. 906 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. droils élevés et bien abrités, au midi ou au levant. Les sols crayeux et argi- leux qui retiennent l'eau, et surtout les sols marécageux, leur conviennent peu, car ils donnent alors de larges feuilles, mais pauvres en sucs et nour- rissant mal les Vers à soie. Il faut un terrain léger, graveleux, sablonneux, où les racines peuvent se fasciculer et s'étendre au loin ; alors les feuilles sont tendres et nourrissantes pour les Vers. (3n remplace parfois les Mûriers à haute tige par des Mûriers nains, plus précoces en feuilles et plus commodes pour la récolte; le nombre final de feuilles est moindre pour la même étendue de terrain, ce qui compense les avantages. On l'ait aussi des haies de Mûriers en forçant les branches latérales à s'incliner. Enfin on cultive encore les Mûriers en taillis. En Errance, la nourriture à la feuille est presque seule usitée. On fait ordi- nairement la première cueillelle, suivant la force du sujel, de la troisième à la quatrième année de la transplantation. Oi'J'ndles arbres sont trop jeunes, la feuille, aqueuse et nourrissante, ressemble à celle des Mûriers plantés dans des fonds bas et humides. Pour enlever la feuille, on prend la branche d'une main et l'on glisse l'autre de bas en haut, et non à l'inverse, car on ferait sauter les bourgeons et Ton déterminerait des plaies à l'écorce. Il faut cueillir feuille à feuille, en respectant les bourgeons, et laisser les deux feuilles les plus élevées du bouquet alin qu'elles facilitent le prolongement du bour- geon terminal. A mesure qu'on elfeuille un arbre, on doit séparer les mûres et ne pas les mêler avec les feuilles dans les sacs, de peur d'altérer celles-ci. Aussitôt les charges de feuilles rendues à la magnanerie, il faut ôterles feuilles des sacs, les étendre dans un lieu aéré et ne pas les laisser amoncelées, car elles s'échaulleraient, fermenteraient et donneraient des maladies ans. Vers. Une fois qu'on a conmiencé à cueillir les feuilles, il faut en dépouiller l'arbre en entier; si l'on en laissait sur certains rameaux, toute la sève s'y porterait au détriment du reste du végétal. Si la feuille est roulée et languissante, on la laisse et l'on répare l'arbre par des engrais ou des labours. La cueillette achevée, on émonde l'arbre pour le débarrasser des chicots et des brandies rompues, opi-ralion dillérente de la taille, pour laquelh; on attend la cluile naturelle des feuilles. L'exploitation des Mûriers est toute différente en Orient, où l'on nourrit les Vers sur des rameaux garnis de leurs feuilles. Cet élevage, ^\\ à la turque, est préconisé aujourd'hui, ainsi que nous le dirons, comme un des moyens pré- ventifs de l'épidémie. Les locaux où l'on élève les Vers à soie s'appellent magnaneries, du nom de magnan ou de magnas qu'on donne à ces insectes dans le midi de la France. Elles ont reeu des perreclionnemcnts successifs et sont devenues des édifices considérables, où la science moderne a appliqué ses procédés les plus parfaits de ventilation par les tarares et les cheminées d'appel. C'est surtout Dandolo qui a oj)éré en Italie ces perfectionnements, qui ont été ensuite importés en France. Ici il faut remarquer que l'épidémie terrible qu'où tra- \erse doit faire profondément réfléchir: n'a-t-on pas eu tort d'entreprendre BULLETIN MENSUEL DES CONFERENCES. 907 ces éducations f degrés pour Téclosion de la graine (au lien de 18 de- grés que l'on indique liabituellenuMil) 12 à li degrés au premier et au deuxième âge (Dandolo conseillait 22 degrés) ; llx à Ki degrés au troisième, 16 à 18 degrés an quatrième, de 18 à 22 de;;rés au ciu'piième. Les éducations de la magnanerie du Jardin d'acclimatalion on! éîél'ailes sans feu, sauf par- fois une légère chaleur de chauU'erelte au cliarhon de Paris pour les jours de grande pluie, chaulfagc sans inconvénient ici, \u Tamplenr de la salle. !\I. de Onatrefagcs recommande une augmentation de chaleur aux nuies, et je dois dire que je suis heureux de pouvoir apporter à l'opinion de cet énii- nciit naturaliste une coniirmalion expérimentale: dans des expériences dont je m'o cnpe sur la chaleur propre des animaux articulés, j'ai constaté un notable refroidissement delà surface du corps, au moyen d'appareils Ihermo- électriqucs, chez les Vers à ;oie. engourdis et sans nourriture, à l'éporjuc des unies. C'est précisément le moment que certains magnaniers choisissent pour éteindre les feux! L'auteur parle ensuite des divers modes de récolte, de conservation et de préparation desd'ufs. Les éclosions se font à toutes les heures, mais principalement, et dans une proportion considérable, de cinq heures à dix heures du malin, et la plus forte partie de cinr] heures à sept heures, circonstance fort commode pour lepremier travail de la magnanerie. On donne le nom d'âges du Ver h soie aux périodes de son existence sépa- rées par des mues ou changements de peau. Le premier âge (dans une édu- cation de 32 jours à 19 degrés) comprend 5 jours, le deuxième U, le troi- sième 6, le quatrième 7, et le cinquième 10. Dans une éducation de 26 jours, le premier âge est de ti jours, le deuxième o, le troisième 6, le quatrième ;>, et le cinquième 8. Ces âges sont séparés par les mues, pendant lesquelles l'animal reste immobile et ne mange pas, de sorte qu'on ne donne pas de feuilles dans chaque jour de passage d'im âge à l'autre ; c'est ce qui expllipie la haute importance de l'égalité dans l'éducation des Vers, obtenue par «ne éclosion aussi simultanée que possible, suivie de ridcnlilé des conditions ali- mentaires et thermiques. Après la première mue, il faut alors, selon lîona- fous, o kilogrammes et demi de feuilles par once de graine (30 grammes). Lors du deuxième âge, il consomme plus de 10 kilogrammes de feuilles par once de graine. Le Ver, dans le troisième âge, demande 33 kilogrammes de feuilles. Au quatrième âge, il est nécessaire d'opérer le dédoublement pour donner aux Vers une plus grande surface. La nourriture exige 100 ki- logranunes de feuilles; en tout jusqu'ici, lôO kilogranmies environ. L-, cin- quième âge est celui des maladies graves et subites; les Vers ont alors une très grande voracité et consomment plus de 6Ô0 kilogrammes de feuille>. Au septième jour de cet âge, leur faim est insatiable: c'est la ijrandc frèz-j 910 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. ou briffe, la furia des Italiens. En ce jour les Vers issus de 30 grammes de graines consomment en poids autant que quatre chevaux, et le bruit de leurs mâchoires ressemble à celui d'une forte a\erse. A la (in de cet âge. le Ver près de filer, va récompenser le travail e< la dépense du magnanier : c'est le moment de la montée. .1 Le poids des Vers varie notablement selon les races; j'ai trouvé près de 15 grammes pour poids de quatre Vers de la magnanerie du Jardin d'accli- matation, pris au moment de la montée. Si nous examinons l'anatomic inté- rieure du Ver (1), nous trouvons deux glandes séricigènes allongées, occupant de chaque côté toute la longueur du corps ; elles existent dès Téclosion du Ver, car il émet de la soie à toutes ses mues. Les conduits excréteurs de ces deux glandes se réunissent un peu avant la lilière, qui sort de la bouche. Le fil est formé de deux fils tordus ensemble par Taiiimal avant de sortir, au moyen de cinq paires de petits muscles. On peut en ellèt parfois, au moyen d'eau de savon, dédoubler le fil en deux fils presque invisibles, sans aucune force de torsion appréciable, connue Ta reconnu Coulomb. Le professeur ter- mine sa conférence par la description des organes à l'aide desquels le Ver produit la soie. {La suite prochainement.) CONFÉRENCE DU 18 SEPTEMBRE 18(52. Sur l'introduction et la culture des arbres résineux, par A. Dipuis. Tour compléter ce qui a été dit relativement aux arbres résineux et à leur naturalisation, dans les deux conférences qui ont déjà été consacrées à ce sujet, nous avons maintenant à suivre et à observer la végétation des espèces exotiques introduites dans nos climats, à voir les soins de culture qu'elles réclament, les accidents auxquels elles sont sujettes, les animaux qui leur nuisent, enfin les remèdes qu'on peut apporter au mal. Quelque soin que l'on prenne de mettre les essences exotiques dans des conditions climatologiques analogues à celles de leur pays natal, les essais d'introduction aboutissent assez souvent à des insuccès. Cela tient, entre autres causes, à une circonstance dont on n'a pas assez tenu compte. Ces arbres, dans leur station naturelle, forment ordinairement des massifs fo- restiers ; dans nos cultures, ils se trouvent d'abord, vu la rareté et le piix élevé des sujets, à l'état isolé. Or on sait combien C( tte circonstance inilue sur la végétation même des essences indigènes qui peuplent nos forêts, ce qui oblige à exploiter celles-ci d'après certaines règles établies par un longue expérience ; ces lègles, qui sont du domaine plus spécial de la syl- viculture, ne peuvent être indiquées ici que d'une manière sommaire. Les Conifères, surtout les jeunes sujets et les espèces d'introduction ré- (1 ) Les (iùmonslriitions lilaient fiiilcs au Jai-ilin il'accliiiiatation au tiic^vcii de l'exccllcnle l'ié ()ar;ilion très arui>lilieu de M. le docteur Aiizuux. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 911 ceiite, ont à redouter Texcès du froid, quelquefois aussi de la chaleur, les brusques variations atmosphériques, l'action des vents, etc. Les plaies faites à leur écorce leur nuisent souvent en causant une extravasalion de résine, qu'elles proviennent d'un accident, qu'elles soient dues à la malveillance, ou bien enfin qu'elles résultent d'un élagago vicieux, comme nous l'avons dit précédemment. Les arbres résineux comptent, dans le règne animal, de nombreux enne- mis. L'Ecureuil, le Chamois, et, j)armi les oiseaux, le Pinson, le Bec croisé, le Casse-noix, mais surtout les (lallinacés (Tétras, Coq de bruvère, Geli- notte, Lagopède), rongent les jeunes pousses de ces arbres, détruisent les graines et ravagent les semis. Mais c'est dans la classe des Insectes que se trouvent les êtres les plus redoula!)k's par leurs dégâts. Un nombre con-i- dérable d'espèces, appartenant aux genres Charançon, Bostriche, Scolyte, Capricorne, Tenthrède, Punaise, Puceron, Kermès, Sphinx, Bombyx, Noc- tuelle, Pyrale, Teigne, etc., vivent aux dépens de ces arbres, et ne sont que trop connues par les ravages incalculables qu'elles causent dans les massifs forestiers, souvent ruinés comph'tement par ces petits animaux. Ouels moyens opposer à ce mal? Ils sont de deux sortes: les uns ont pour but de préserver les forêts de l'attaque des insectes, les autres de détruire ces mêmes insectes. Les moyens préservatifs méritent la préférence, car il vaut mieux en gé- néral prévenir le mal que le guérir. On peut dom: recommander ici une culture soignée et intelligente ; des éclaircies faites en temps opportun ; la prompte vidange des bois exploités ; l'extraction des souches, des bois morts ou dépérissants; l'écurcement total des arbres, immédiatement après leur exploitation; le mélange des arbres feuillus aux essences résineuses; enfin, la conservation des animaux insectivores utiles, et particulièrement de la plupart des oiseaux. Quant aux moyens généraux de destruction, ceux dont les forestiers ont reconnu l'efficacité sont : la chasse, la recherche des insectes sous leurs divers états, l'échenillage ; l'emploi de fossés d'isolement ou de destruction ; l'écobuage et l'essartage, soit à feu couvert, soit à feu courant ; enfin, les feux fixes, pour les Lépidoptères nocturnes. La conférence s'est terminée par une excursion dans le jardin; les nom- breuses essences, indigènes ou exotiques, qu'il renfeimc, ont été l'objet d'explications spéciales et détaillées. Cette visile a permis de constater l'état de la végétation des diverses espèces, et de reconnaître l'influence, favorable ou nuisible, qu'exercent sur elles les conditions variables de climat, de sol et d'exposition. CONFÉRENCE DU 12 AOUT 1862. De l'amélioration des forêts, par M. Duchesne-Thoureau. (Suite.) Dans ma précédente conférence, j'ai dit qu'il était facile d'apporter uH 912 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION, rcir.alc au dOpéi i.s^cnicnt de nos foicls, aiiiôliorcr le -I,,\uiiAT. Extrait d'une lettre adressée par M. Graells, directeur du musée d'his- toire naturelle de Madrid, délégué de la Société impériale d'acclima- tation, à M. Albert Guon^ROV Saixt-IIilaire , directeur adjoint du Jardin d'acclimatation du bois de Boulugne. . . Esouri>(l, le 18 ioiitemljie 1802. Maintenant je vous prie d'annoncer à notre Société que cette année les Autruches et Dromées du Buen-Reliro se sont reproduits de nouveau et que Sa Mîijesté le roi m'accorde l'iionneur de me charger de l'organisation et de la direc- tion d'un grand parc d'acclimatation à la Casa deCampo, magnifique possession de la couronne, près de Jludrid, et qui a trois lieues d'enceinte, avec des lacs, des collines, des bois de pins, de chênes verts et d'aulres arbres et arbustes, etc. C'est ce domaine que Charles 111 et Charles IV peuplèrent de gibier de toute es- pèce, et c'est là également qu'ils mirent les premières Vigognes qu'on fît venir à Madrid. Les travaux sont commencés depuis le mois de mai dernier et se continuent avec activité. Sa Majesté le roi les visite presiiue tous les jours, et il y met un très- grand intérêt. Il m'a exprimé le désir de faire des expériences sur nne grande échelle tant à la Casa de Campo qu'à Aranjuez, à l'Kscuiial et la Cranja, lien destiné à la création d'un établissement complet de pisciculture. Vous voyez doue que nos souverains sont toujours à la tète de notre pliilanlhi'o- piquc institution, en coiitirinant l'ouvrage de leurs aïeux. Au Retiro restera seulement la ménagerie, et tous les animaux d'applicalidu seront transfioi tés au [larc zoologique de la Casa de Campo, au fur et à mesure que les parquets et cabanes seront prêts à les recevoir \ euillez agréer, etc. ' Signé M. 1*. CiiAEI.ls. . ■■ - . V. CHRONiaUE. ■4 Dou\it'iiio Rapport annuel de la Société d'acclimatation de liOndres. Le Yeoman and Australian AccUmatiser du 3 juin donne l'extrait du compte rendu de la Socitîté d'accliniatation de Londres. On y lit ce remarquable passage : « En première ligne des résultats obtenus, nous plaçons l'introduction de la Brebis de Chine, réalisée pour la première fois dans un l)ut de reproduc- tion. Cette espèce avait bien existé au Jardin zoologique, mais imiquement comme objet de curiosité. Plusieurs excellentes qualités la recommandent, une nutrition aisée, une croissance rapide et une grande aptitude de multi- plication. On sait qu'elle fait deux portées par an et jusqu'à quatre et cinq petits chaque fois. » Le prix d'un tel animal comme Mouton du petit propriétaire ne sau- rait être apprécié à sa juste valeur. » Et quand même son introduction serait le seul acte de la Société durant l'année qui vient de s'écouler, le conseil se trouverait amplement satisfait du résultat de ses travaux. » Mais il peut encore ajouter une autre acquisition importante aux succès de l'acclimatation. ■ » L'igname de Cliine (Dioscorea batatas), dont un envoi a été fait parla Société impériale d'acclimatation , est soigneusement cultivée par de nom- breux membres de la Société". >) Après avoir passé en revue ce que la Société tente et espère dans les oiseaux-gibier, le rapport signale comme la circonstance la plus heureuse pour la Société le puissant et inappréciable appui qu'elle a reçu du ministre des colonies. Saf.ràce le duc de Newcastle. Par sa recommandation, le con- cours de la plupart des gouverneurs des colonies lui a été acquis, et déjà sir George Bowen, le gouverneur de Queen's land, offre d'envoyer des Wongo- wongo, des Talegalla, et tout ce que l'on peut trouver dans cette riche colonie. » Dans le sud de l'Afrique, des correspondants oftrent des Élans à un prix très modique, en sorte que la Société peut espérer de voir l'an prochain un troupeau de ces utiles animaux s'ajouter à celui des Brebis de Chine. » Nous (levons à M. Ramel les six communications suivantes sur des faits intéi^essants d'acclimatation. I^'.%eclianatation en Australie. "Société d'acdimalalion de Sydney. Le secrétaire de la Société adresse au journal the Empire la lettre sui- vante, avec prière de l'insérer dans son prochain numéro : CHRONIQUE. 921 a Consulat britannique, Shany-liaï, le 5 mars 1862. » Je rc'ponds ù vos demaiules sur la prétenduo fécondité des Brebis de Chine, sur leur prix et la possibilité de s'en procurer. » Je n'ai pas étudie les luœurs des Brebis du nord de la Chine, mais je me suis aperçu que les quelques-unes que j'ai eues étaient trf-s proliliques, don- nant à de courts intervalles deux ou trois agneaux ; et j'ai appris, depuis mes récentes enquêtes, que des portées de quatre et cinq ne sont pas rares. » En temps ordinaire, on peut obtenir telle quantité que l'on désire de ces animaux ; mais maintenant, en raison du blocus par les rebelles, ils sont rares et très chers. » Ainsi on demande 35 à 65 francs pour des Brebis qui pèseraient Zi5 kilos. Les Béliers seraient un peu plus chers. » Un pourvoyenr m'a offert de me fournir, dans deux mois, trente jeunes Brebis de choix et dix Béliers aux prix indiqués, si les cours des provisions n'augmentent pas. » Signé S. Cott. Smedhurst, consul. » Formation de la Société d'acclimatation de South-Australia. Le journal Adélaïde Observer annonce qu'une Société d'acclimatation vient d'être formée à Adélaïde. C'est dans la quatre-vingt-treizième séance mensuelle de la Société philosophique que cette inauguration a eu lieu (13 mai 1862). S. Exe. le gouverneur de la colonie, sir Dominic Daly, occupait le fauteuil de la présidence. Dans une notice pleine d'intérêt, M. Francis fit l'historique de l'acclima- tation ou de l'introduction des animaux , et raconta les heureux résultats obtenus par les Sociétés mères de Paris, de Londres, et par celle de Victoria, la première fondée en Australie. Après un juste hommage rendu aux efforts de AI. Ed. Wilson, tant à Londres qu'aux antipodes, M. Francis passe en revue les avantages que le pays peut espérer d'une telle société. 11 insiste sur l'importance des intro- ductions végétales. M. Wright, après avoir proposé la formation d'un comité provisoire pour recueillir les souscriptions, fait allusion à des essais sans résultat d'une intro- duction d'Aipacas par MAI. Moorhouse et Haigh. Il paraît que, ces animaux avaient été placés dans une localité peu favorable ; il en indique de meil- leures. AI. Francis assure que des Lamas introduits par M. Lévi et placés dans sa propriété, sur les bords du Torrens, avaient parfaitement réussi. M. Francis, nommé secrétaire provisoire, rappelle l'introduction de Brebis de Chine par AI. Thomas Graves, qui a obtenu le plus heureux résultat. Le frère de AI. Graves est chargé de rapporter de Chine les Vers à soie du Hicin. 922 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. ricin d'espoir pour le succès qu'on peut obtenir dans riniportation des animaux, il regrette que la colonie de Victoria n'ait pas fait assez attention au règne végétal, et il promet à l'assemblée de donner tous ses soins à cet important objet. Kn répondant aux remerciments qui lui sont adressés, S. Exe. le gouver- neur président donne l'assurance qu'il s'intéresse tout particulièrement au but de la Société, et qu'il l'aidera de tout son pouvoir. , , .. Animaux lUiles. « Mclboiii'iit;, 7 juin 1862. » Un second Baudet a ét(' récenunent importé de Catalogne par M. Ed. Wilson. » Comme le précédent, cet animal est parfaitement cbarpenté et de belle taille. 11 comptera parmi nos animaux les plus estimés pour ruliliîé. » Nous espérons qu'à la procbaine exhibition d'agriculture, les quatre magnIJiques Baudets qui servent la monte à Arimdel, ferme expérimentale appartenant à M. Ed. Wilson, seront présentés au concours. » . ,', ' \ Acclimatation. -, Dans la séance du 31 mai, le conseil de la Société d'acclimatation de Mel- bourne accepte l'ollre faite par M. Keith de Sandurtli,qui s'engage à livrer à Melbourne cinquante Chèvres de Cachemire de pure race pour le prix de 1 2 500 francs. « M. Puily, le ministre de l'agriculture de Victoria (Australie), a donné l'assurance au parlement que M. le docteur Mueller avait au jardin botanique une telle quantité de semis d'arbres de toute espèce, qu'ils pourraient suflire à tous les besoins de la colonie. >> (Extrait du Ycoinaii.) lignes «l<» r.tiiKM'iinie ilu i%or«l envoyées en Europe. « De très grandes quantités île plants de nos vignes américaines ont été envoyées à Madère et au l'ortugal. Los variétés expédiées sont le Calawba et i'isabella ; elles sont destimies à remplacer dans les districts du Douro les cépages que l'oïdium a détruits. Le nombre de vignes envoyées dépasse déjà quarante mille. » (Extrait du Caiifornian Farmer.) Pois «le la Jninaï«iue {DoUchos unyuiculatus). La coumiunication suivante, adressée par M. llill à S. Exe. le gouverneur de la Jamaïque, a été lue à la séance d'avril de la Société d'acclimatation de Londres : « Spomsti-town , le 8 mars 1862. ■ » Excellence, » L'objet de nia lettre, pour ce qui regarde la Société d'acclimatation, • ' • CHRONIQUE. ■ ■ Ç)23 était de m'assiirer, par rcxpéricnce do quelque ami qui aurait cultivô le Dolichos iingniculatus [the hook podded Dolichos, Macfadyen's Flora of Jamaica, Leguminosse , sec. XXV, p. '287), de ni'assurer si les quelques semaines d'ét(? du climat anglais permettraient de cultiver cette légnmineuse de façon à pouvoir en présenter le fruit à l'état sec sur le marché. » Je trouve que six semaines suffisent. Comme ce Pois est très proiilique 01 tr^s nutritif, et qu'il ne pousse pas une abondance de feuillage avant de porter ses fruits, comme le fait le l'ois de jardin [Pisum sativum), il serait une précieuse acquisition pour le potager du cottage. Il est peu sujet à man- (|uer, vient de juin à août, grâce aux orages d'été ou seulement à la fraîcheur de la rosée. En six semaines à partir de la mise en terre, les gousses étaient mrtres et parfaitement sèches. w La matière nutritive que renferment les Pois est double de celle du P)lé et trois fois celle des Pommes de terre. Les nombres relatifs pour les solides de chaque article sont, 8/i pour les Pommes de terre, 120 pour le Blé, et 2/i0 pour les Pois. Les Haricots (Beans) arrivent à 320. J'estime que le Dulichos unguiculatus doit être classé à 280, parce qu'il se rapproche plus du Pha- seolus {Kidney-bean) que du Pisiim, le Pois d'été d'Angleterre. Il est très différent du Cajamis, notre Pois à pigeon, en ce qu'il est annuel, tandis que le Cajanus est perennial et dure cinq et six ans. Il est par conséquent inca- pable d'être acclimaté en Europe. • » Ce Pois se mange sec et frais. ' • » Le conseil décide qu'on plantera pour la Société une partie des graines envoyées, et qu'on en adressera les autres à fiuernesey et en Ecosse. « Reproduction de I» Ciiillo d .^iim'm-Uiiio. Dans le journal //ie F/e/(/, AI. Grantley F. Berkeley annonce qu'il a obtenu deux jeunes Cailles d'Amérique {Prairie grouse) d'une incubation faite par une Grouse de Pespèce ordinaire d'Angleterre; ces oiseaux, ainsi que ceux obtenus par M. Savage à Ilornby-Casile et âgés d'environ trois semaines, sont en parfait état de santé. Al. Berkeley, trouvant dans ces deux faits la preuve de la grande docilité de cette belle et utile espèce pour la domestication, insiste pour que des essais d'introduction soient fréquemment renouvelés par ses amis. Le même journal entretient ses lecteurs de l'arrivée à Londres de deux œufs d'Autruche d'Afrique pondus au Jardin d'acdimatation de Paris, et qui ont été offerts par cet établissement pour le banquet qui fut organisé par la Société de Londres, le 12 juillet dernier. Ces œufs, parvenus trop tard i)Our iigurer à ce Ijancjuet, ont été remis au Jardin zoologique de Londres, où ils doivent être placés sous un Eiueu qui couve en ce moment ses propres (j^ufs. 92/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE 0 ACCLIMATATION. Le Ver à soie de l'Allante aans les l.nnfleg. L'accllrnatalion du Ver à soie de l'Ailante fait tous les jours des progrès, et il y a lieu d'espérer qu'il deviendra définitivement une acquisition pré- cieuse pour noire agriculture. Voici un lait intéressant qui vient de se pro- duire dans les localités déshéritées des Landes et dont nous trouvons le récit dans une lettre de ]\1. de Milly, propriétaire au château de Canneux, près de Mont-de-!\Iarsan, en date du 11 septembre : « Afin de répandre le plus possible cette nouvelle industrie (de l'Ailante) dans mon département, j'avais déposé sur une haie de Vernis du Japon, épaisse de 3 mètres et longue de 500 mètres sans solution de continuité, une assez grande quantité de Vers, au moins 50000. » Cette haie borde une grande route très fréquentée, à 1 kilomètre de Mont-de-Marsan ; aussi est-on venu en masse voir ces nouveaux Vers à soie. » J'étais d'autant plus fier de cette idée, que l'éducation a marché parfai- tement et que je ne me suis pas aperçu d'une diminution notable des Vers. » Aujourd'hui la haie, dépouillée de ses feuilles, est couverte de cocons. » Celte éducation en plein air a donné lieu à un fait extrêmement curieux et intéressant, qui ajoute un mérite de plus aux grandes qualités du Bombyx Cij)ithia. Au milieu de cette haie pousse un pied de jeune Châtaignier; lors- que les chenilles sont arrivées à cet arbuste, au lieu de passer outre et de grimper sur les Allantes leur faisant suite, elles se sont fixées sur ce Châ- taignier, et ont mangé depuis la première jusqu'à la dernière feuille, à l'exception, loutefois, de celles dans lesquelles elles ont fait leurs cocons. » {Moniteur.) VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION. I. — Septembre est réputé, sous le climat de F'aris, le plus beau mois de l'année. Il a été, cette année, digne de sa réputation. Le ciel, pondant la plupart des jours, a été d'une grande pur(?lé ; l'air, frais le matin, s'échauf- fait pendant la journée, et, malgré ces variations, la température était des plus agréables et des plus salubres. Il semble que le soleil, en s'éioignant, veuille laisser à l'organisation animale ses plus doux souvenirs. II. — La mue est achevée chez tous les oiseaux. C'est chez les Pigeons et les Tourterelles qu'elle est le plus tardive, et chez les oiseaux des pays chauds qu'elle est le moins marquée. La mue aurait -elle lieu dans ces climats comme la chute des feuilles, insensiblement? La ponte ne se continue, et irrégulièrement , que chez les races asiatiques et un peu chez les petites races naines de la Chine et de l'Inde, cl chez la Poule négresse, dite du Japon. ?]|le n'adonné que 365 (l'ufs. 11 serait curieux de constater si les espèces ani- males, même dans leurs reproductions, conservent les habitudes de leur patrie primitive. Ainsi, les Cygnes noirs commencent à faire leurs nids. Les Oies d'Egypte ont été les dernières à mener leurs couvées ; Tune d'elles vient de donner six petits. Nous n'avons pas d'ailleurs observé, cette année, cette reprise de repro- duction qu'on dit avoir lieu quelquefois en septembre chez un grand nombre d'oiseaux. Une Brebis envoyée pleine par i\l. Lagabbe, président du tribunal de Neulchàteau (A'osges), comme spécimen d'une fécondité comparable à celle du Mouton chinois, n'a mis bas qu'une agnelle noire. III. Mortalité. — Nous avons perdu 32 volailles, dont '22 jeunes Poulets houdans. Ces jeunes Poulets ont continué de succomber à ralTeclion catar- rhalc qui, le mois précédent, avait commencé à les faire périr. Celte affec- tion se complique, chez un grand nombre, de fausses membranes à l'entrée des fosses nasales, qu'elles ferment comme des bouchons, autour des yeux, dont elles enlraînenl la perle, dans le larynx, la trachée et souvent dans les réservoirs aériens. Examinées au microscope, ces fausses membranes ont été trouvées composées d'une matière amorphe et d'épithélium. 23 oiseaux do volière. Parmi ceux-ci, la mort est souvent la suite d'acci- dent. On leur trouve des contusions et même des fractures du crâne occa- sionnées par le choc de ces oiseaux contre les barreaux de leur cage ou par les coups de bec qu'ils se donnent entre eux. 39 oiseaux d'eau, le plus grand nombre toujours provenant de récents arrivages. Des recherches faites sur la cause de ces morts fréquentes nous ont appris que, en outre de l'inanition à laquelle les oiseaux se laissent suc- comber, on leur trouve aussi des contusions pnlmonaires du côté de l'aile qu'on est obligé d'éjointer pour les empêcher de s'envoler. On sait que la 1">26 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. lictilc opi-rntion appelée éjointage consiste à relrancher les extrémités osseuses (bout des plialaiic;es) de l'une des ailes. 11 en résulte une sorte de perte d'équilibre dans le vol qui, dans les eiïorls que fout les oiseaux pour *'y livrer, les lait tomber toujours du cùlé de Tailc éjointée. Or, c'est préci- sément de ce côté que l'on trouve des épancbements de sang ou des collec- tions de pus, suivant que la contusion est plus ou moins récente, entre les muscles i)ectoraux, sous le sternum el même dans le poumon. Ce résultai, relevé par l'examen analomique, nous paraît des plus importants. Comme réjointage est nécessaire pour pouvoir laisser les oiseaux en liberté, a(iu de combattre le défaut d'équilibre qu'il entraîne dans le \ol el qui parait avoir des suites si funestes, nous essayerons désormais d'éjointer les deux ailes à la fois, afin qu'elles puissent se faire contre-poids. lia été trouvé dans le foie d'une Poule cocbinchinoise cinq ou six tumeurs, grosses comme de moyennes noisettes, d'aspect libreux, creuses à leur exté- rieur et contenant une inalière ainorj)he colorée i)ar de la bile. Une de ces tumeurs avait produit la rupture du foie, et, par suite, des hémorrbagies dans le i)ériloine, le réservoir aérien abdominal gauche et le poumon correspon- dant. . . . Telles sont quelques-unes des nombreuses altérations pathologiques trou- vées dans nos microscopies, que nous ne donnons ici que comme spécimens, et qui montrent que la pathologie des oiseaux est aussi variée que celle de l'homme. Les pertes, parmi les niannnifères, n'ont été que d'une Brebis romaine, U Lapins et une Gazelle dorcas, morte du lournis, hydatides dans le cerveau et dans le mésentère. IV. Magnanerie. —L'éducation d'aulonme des Vers à soie du Mûrier, commencée à la lin du mois d'août, a marché pendant tout le mois de sep- tembre très régulièrement. Cependant les Vers d'aulonme sont généralement plus petits et moins vigoureux que ceux du printemps, et mettent i)lus de temps à parcourir les ditîérentes phases de leur existence. Jusqu'à leur qua- trième âge, ils ont présenté les symptômes de la santé la plus parlaile. Aucim indice de péhrine n'a été remarqué ; mais, après le réveil de la quatrième inue, une assez grande quantité de Vers petits et lachitiques s'est montrée sur les claies. ... . -- . • ... . . La feuille, malgré son état de dureté, est mangée avec avidité. L'éducation en plein air du l'ombyx Cyntliia vera (Ver à soie de l'Ailante) attire toujours les visiteurs. De petites bouteilles remplies d'eau sucrée et d'eau miellée ont été placées aux environs de la plantation d' Allantes, el, par ce moyen, l'éducation a été en partie préservée des attaques mortelles des Guêpes. Le public peut voir en ce moment des cocons appendus aux branches des Allantes, ainsi que des A ers de tous les âges. Les liuinbyx ArrimUa (Vers à soie du lUcinj sont à leur troisième édu- cation. • BULLETIN MENSUEL UU JAHDIN Ij'ACCLIMATATION, 927 - V. Aquarium. — Il s'est onriclii (rmie pierre à Pholades cl de j)ierres à Oursins perloraïUs, envoyées par M. Frédéric Caillaud, directeur du musée de Nantes, pour dénionlrer la vérité de ses ojwervalions louchant la perfora- lion des roches les plus dures, granits cl schistes quarlzeux, par les Oursins et les r'holades. Ces perforations avaient été niées par quekpies conchyliolo- gistes anglais et hollandais. M. F. Caillaud a pensé que l'Aquarium était le meilleur théâtre pour décider ce débat. En cllet, on a pu voir pendant quel- ques jours les Pholades et les Ouisius se livrer à leur travail de mineurs sous- marins. Malheureusement ces animaux, les Pholades surtout, ne vivent pas longtemps dans celte sorte de captivité où l'on peut dire qu'ils sont dans les bacs : elles ont vécu seize jours au jardin, et vingt -quatre à Nantes, chez M. Caillaud. Une particularité assez curieuso a été observée sur les Oursins : il y en avait déjà quelques-uns d'anciens dans les bacs, depuis sept à huit mois; aussitôt l'arrivée des nouveaux, les anciens se sont empressés de les chasser du irou qu'ils occupaient dans les roches où on nous les avait envoyés, et ont pris leur place. Les Oursins déj)lacés ont tous succombé. C'est ainsi que se retrouve chez les poissons el les êtres marins, conuiie chez tous les autres animaux, celte loi de l'acclimatation, qui lait que les chances de vie au°- mentent pour les animaux en raison de la prolongation du séjour dans les lieux habités , et que la niortalité est toujours en raison des nouveaux venus. L'Aquarium a reçu encore une collection de petites Chevrettes, un Congre el un Crapaud de mer de M. Ledentu , commissaire général de la marine à Cherbourg. - ■ - Et un Ilippocam])e, ou Cheval marin, de M. Georges Legrand, éli^ve de troisième au collège IloUin, section des sciences. Ce jeune honuue, pendant ses vacances au Tréport, ayant trouvé ce joli petit animal sur la plage, l'a jugé digne de l'Aquarium. 11 y vil très bien, et excite, par la singularité de ses formes, la curiosité des visilenrs. Il a la tète, le cou, la crinière du che- \al, et finit en queue de lézard ; ses nageoires semblent des oreilles. Sa lon- gueur est de !i à 5 centimètres, et sa grosseur celle d'un gros ver Lombric. A le voir flotter mollement dans l'eau et passer d'une roche à l'autre, l'ima- gination le grossit facilemenl et en peut faire un animal fantastique. VL Dona. — Le Jardin a reçu de S. M. l'Emperenr deux Perdrix tic Chine, jolis oiseaux qui ont la taille, la forme el les allures de la Perdrix grise, mais dont le plumage fislplusTiche el.oirre.iuitour du cou des reflets jaune doré. Ces animaux sont des reproductions obtenues à la faisanderie de Sainl-Cloud. Un Chien chinois, de M. Kramer, officier de la dernière expédition, long de Ziô à 50 centimètres, haut de 20 centimètres environ, par conséquent très bas sur jambes et remarquable par sa longueur, à tète de Carlin cl à poils frisés de l'Epagneul, couleur café au lait clair. Son aspect est très singulier et difl"érent de celui de la plupart des Chiens comnums. Il n'aboie presque 928 SOClÉTli IMTÉHIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION, pas et paraît tiisle. C'est, on chine, un Chien de luxe dont la valeur s'élève quelquefois à 500 ou 600 francs. La femelle, qui avait été aussi apportée par M. Kranier, a été écrasée par une voiture. VII. Jardin. — Le température a été eii moyenne de 11 degrés au-dessus de zéro à six heures du matin, et 20 degrés au-dessus de zéro après midi. Les extrêmes ont été de 6 degrés au-dessus de zéro au minimum, et de 23 de- grés au-dessus de zéro au niaxinumi. Les fleurs de la saison sont les mêmes (jue le mois précédent. Dans le jardin d'expériences, les récoltes continuent. Celle des l'ommcs de terre est achevée : parmi les variétés, plusieurs ont donné de mauvais produits : elles ont été réformées sur-le-champ. Nous en avons huit variétés recommandables qui seront cédées aux demandeurs avec les autres produits dont la liste paraîtra hn octobre. Le Jardin a reçu : 1° De la Société impériale, des graines diverses de Chine el du Sénégal ; des Ignames des colonies et du Brésil, et quatre variétés de Iliz. 2" De 'SI. Galilzin, des graines de Pin du Caucase et de Tarbre de Paradis. o" De madame Anatole Leclerc, un Mimosa luphantha. Zi" De jM. Jomard, un Grenadier à fruits. Y HT. _ Les conférences qui ont eu lieu au Jardin pendant ce mois ont été fuites par M Anatole Gillet de Grandmonl, sur la pisciculture ; par M. Quihou, jardinier en chef, sur les cultures expérimentées au jardin d'essai pendant la saison de 1802 ; par iM. A. Dnpuis, sur les arbres rési- neux, et par M. le directeur lUifz de Lavison, sur les croisements. Le Jardin a été visité par 37 622 visiteurs. Le Directeur du Jardin d'acclimalalion, PiUFz DE Lavison. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. DESCniPTION DES MOUTONS DE CHINE ENVOYÉS A SON ALTESSE ROYALE LE PRINCE ALBERT Par M. RLTUEKFORn-ALCOCK , Esq. M. itl., . ■ Vicc-conjul à Ch:iiii;-liaï, l'IitSLMLS l'Ali M. ll.K.ll. A LA SOCIÉTÉ ZOOLOClyOE LN AMllL 1855, Par Si. A. n. B4K'ILETT. Esq. (Séance du 'il nuveiiibre 1S()2.) Ces Moulons diftéreiit de tous ceux que j'ai vus en ce qu'ils n'ont pas d'oreilles extérieures. Ils sont égaux pour la taille aux Moutons ordinaires; leur laine est parlaitement blanche, grossière et mélangée de longs poils. La tète et la l'ace sont lisses et couvertes de longs poils; ils n'ont pas de cornes. La queue est courte, large, contournée. vers l'extréniité. Le profil de la face est très convexe. La grande reproduction de ces Moutons a attiré mon atten- tion ; ils se reproduisent deux fois dans l'année, et ont quatre, quelquefois cinq petits d'une portée. Les Brebis (jui sont dans le jardin de la Société ont produit ce printemps quinze agneaux très facilement élevés à la main, (jui sont très n^- iiustes. 11 paraît, par ÏHislolrr de C7^/>^e publiée en l'6h~ par miss Baner, (}ue depuis l'introduction du Colon en Chine, (iiii eut lieu sous la dynastie des Ming, il y a environ cinq cents ans, l'élève du Mouton a été néghgée, comme l'extrait suivant le j)rouve : (( La culture du Coton, très étendue, fut une des causes qui conduisirent à la presque disparition du Mouton dans les provinces du sud. On trouva qu'il faudrait plus de terrain pour fournir un certain nombre crindividus de Mouton? et [troduirc une cmlaine ([uanlilé de laine, (lu'il n'en faut pour les entretenir de riz et de cutoii. Le; (tàlurages furent gra- r. IX. _ ISovuiiiIhc IS(j2. 5î) 9'M) SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUtilQL'E d'acCLIMATATIUN. duellemenL chiingés en rizières cl en plantations de Cutun; les Moutons, relégués dans les montagnes, devinrent moins féconds, étant exilés dans les parties du pays les moins fer- tiles. Pour la même raison, le bétail, les chevaux et animaux domestiques sont clair-seniés; le petit nombre, gardé pour la culture, est cbétif, mal nourri, car il n'y a pas de couj- munal où il puisse pâturer, de sorte qu'on l'attache à l'étable, lorsqu'on ne s'en sert pas pour le labour. Les laiteries sont inconnues en Chine ; on n'y fait usage ni de lait, ni de beurre, ni de fromage. )) Dans une lettre récente de la Chine, il est fait mention d'un dîner offert à des amis haut placés : une des délicatesses de ce repas était un gigot de Mouton, dont le prix s'élevait à 30 shillings. J'ai soumis un échantillon de la laine de ces Moutons à mon ami le docteur Price, qui l'a oliligeamment envoyé à M. Darlington, secrétaire de la chambre du commerce à Bradford, afin de le faire examiner par des juges compétents. Voici le résuhat de leur opinion : « L'échantillon de la laine du Mouton de Chine, retiré de la lettre du docteur Price, est une espèce de laine qui sera fort recherchée par les fabri- cants du district pour des tissus de deuxième qualité, vu qu'elle paraît être susceptible de s'appliquer à différents usages, et vaudrait environ un shilling la livre. » D'après ce prononcé, l'introduction de cette laine n'offrirait pas de grands profits; mais il me semble très probable que l'élève étant judicieusement soigné et croisé, on peut en attendre un grand perfectionnement; toutefois il est de la plus haute importance pour nous de posséder des animaux dont la puis- sance de reproduction est si grande, afin de fournir à la de- mande de viande. L'origine de nos animaux domestiques a été le sujet de longues discussions. La période de leur domesticité est enve- loppée de doute; ce mystère et cette obscurité ne seront vrai- semblablement jamais éclairés d'une manière satisfaisante; néanmoins il est intéressant de trouver, dans une contrée d'une date aussi ancienne que la Chine, les animaux dômes- MOUTUNS DE GIIINE. 931 tiques les plus parfaits, je veux dire les aiiiiiiaux «jui sont le plus éloignés de leur conditiou naturelle. Cunnaissanl. les changements miraculeux qu'on peut obtenir dans le régne végétal par l'habile méthode de la propagation, delà culture, et l'éducation artificielle des plantes, changeant coinplétenient leur nature, produisant toute espèce de variétés, de croissance monstrueuse; des fleurs doubles, des fruits et des semences en énorme abondance^ tout cela par l'action de riiomme; ne peut-on présumer qu'il est plus que probable qu'un peuple tel que les Chinois, que nous savons avoir prati(|ué cet art durant des siècles, a, par des moyens artificiels, produit cette puissance chez ses animaux domestiques? Nous savons que les Porcs, la volaille, les Oies et les Mou- lons de Chine sont plus prolifiques que ces mêmes animaux dans d'autres parties du monde. On a des exemples de Truies chinoises produisant vingt-deux petits d'une portée; je l'ai constaté moi-môme. Leurs volailles n'ont pas de rivales poui' le nombre de leurs œufs, et leurs Oies, comme reproducteurs, sont sans égales. Il est presque inutile de dire (jue le résul- tat de la culture, qu'il soit appliqué aux plantes ou aux animaux, a produit des conditions surnaturelles et anor- males; les exemples en sont trop nombreux pour être cités, il suflira de Uicnlionner les Pigeons et les Canards. Les pre- miers, à l'état sauvage, ne donnent que deux couvées dans une saison; en domesticité, ils couvent toute l'année. Les Canes domestiques ne produisent pas seulement un plus grand nombre d'œufs, mais un inale suffit à plusieurs Cannes, cinq ou six, tandis qu'à l'état de nature, on les trouve géné- ralement par paires. L'expérience a prouvé que. par un mé- lange intelligent ou un croisement chez les Porcs de la Chine, les Oies et les volailles, les races mêlées sont plus parfaites en (|ualilé et en grosseur, conservent la même puissance de re- production et sont plus vigoureuses. Ouant à la volaille, je ne puis admirer la rélèhre espèce de Cochinchine dans sa pureté, mais j'ai d'abondantes preuves de sa grande valeur comme pondeuse et pour les croisements ; la moindre trace de la race originelle suftil pour conununiipK.'r tout ce qui est dési- <);Vi SOCIÉTÉ I.Mi'Er.lALE ZUOLOdKjLt; D ACCLIMATATION. rahic el ptir la succession, les perteclioniiemenls (jii'on oli- liciil sont aussi étonnants qu'incontestables. Puisque le croi- sement des races des animaux cités ci-dessus a été suivi de tant de succès, il n'y a pas de raison de douter que le croise- ment des Moutons ne produise des résnllals aussi favorables. On ne doit pas conclure de ce que les Chinois ont banni leurs Moutons (trouvant le Coton et le Riz plus convenables à leur climat et mieux adaptés à leurs besoins), qu'ils soient indignes de notre attention, si surtout nous prenons en con- sidération (juc dans nos contrées nous ne })OUvons cultiver le Coton et le Uiz. Ayant élé témoin des essais nniltipliés qui ont été laits pour réduire plusieurs des animaux sauvages encore existants à l'état de domesticité, en même temps que de leur insuccès (en produisant ce qu'on peut appeler une variété domestique d'espèce véritable), j'incline à croire qu'il est nécessaire, pour réduire les animaux sauvages à une condition domestique, de les croiser avec des espèces qui s'en rapprochent ; par ce moyen, on obtient des animaux ayant perdu leur nature pri- mitive, et conséquemment dépendants de l'honmie. Des va- riétés dilïèrentes se reproduiraient sans tioute selon la ma- nière de les croiser, et seraient permanentes. Srn LES MOYENS DE S'ASSIT.ER LA FÉCONDATION DES OEUFS DE (.AÏJJNACÉS Par 11. Camille DARESTF. (Séance du S amil 18fi2. Mes travaux scientifiques sur la productidii arlilicielle des monstruosités, ])ien que je les aie entrepris à un point tle vue })urement théorique, m'ont contraint d'éludier expéri- mentalement un certain nombre de questions f(ui pourront, j'en suis convaincu, jeter quelque lumière sur l'histoire pra- tique des œufs et de l'incuhation, et p*eut-ètre devenir le j)oint de départ d'applications utiles. Comme ces expériences sont fort longues ; comme, d'autre part, elles présentent, sinlout pour moi, qui ne puis avoir à Lille une basse-cour à ma disposition, d'assez grandes dilTicultés d'exécution, je ne suis pas encore en mesure de faire connaître à la Société tous les résultats que j'ai obtenus, ni surtout ceux, en plus grand nombre, que je puis espérer dès à présent. Mais en attendant qu'il me soit possible de faire cette publication, j'ai pensé que je pouvais actuellement présenter à la Société l'indication de quelques faits curieux qui se rattachent à une question dont la Société s'est occupée tout récemment, et qui a donné lieu au travail intéressant de M. Paifz, notre collègue, sur la [('condation des œufs des Gallinacés, travail publié dans nos 15ulletins (mai :18t)2, t. IX, p. 3(iG). Je m'empresse de dire (jue je n'ai pas résolu la question de savoir diagnostiqner avant l'incubation un œuf fécondé ou un œuf clair, mais j'ai recueilli quelques faits qui peuvent compléter, à plusieurs égards, ceux que notre collègue a réunis, soit par lui-même, soit dans les réponses qui ont été adressées à son question- naire par plusieurs membres de la Société. Peut-on reconnaître, lorque la coquille n'a point été brisée, si l'œuf est fécondé ou s'il est clair? Je ne le crois pas. Mais cette question a été résolue en sens inverse par beaucoup de 93/| snCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. personnes qui croient qu'il est possible de faire le plus ordi- nairement cette distinction. J'ai donc dû, depuis longtemps, examiner cette question avec soin, el me livrer, dans ce but, à quelques expériences assez curieuses (jue je vous demande Ja permission de vous faire connaître. Je lis dans le travail de M. Rufz la plirase suivante : « Un auteur anglais a préfendu tout récemment avoir découvert un moyen infaillible de reconnaître les omfs fécondés : il prétend qu'en plaçant un o}uf sur les parties sensibles de ses paupières, en y appuyant d'abord le gros bout, si ce-lui-ci est plus cbaud ou moins froid que le petit bout, c'est un signe de fécondation ; il y aurait, .suivant lui, une différence de chaleur en face de la cicatricule fécondée ; l'œuf qui ne serait pas fécondé , serait également froid. Je laisse à juger quelle confiance mérite une pareille finesse de tact. » (Page 371.) Ce procédé n'est point nouveau. Déjà, en 1857, notre con- frère M. Chevet me l'avait indiqué comme l'ayant souvent employé, avec cette différence toutefois, qu'au lieu de placer l'œuf sur les paupières, comme le fait l'auteur anglais don! parle M. Rufz, il appbquait successivement les deux extré- mités de l'œuf contre la pointe de la langue ou contre les lèvres. J'ai appris d'ailleurs de différents côtés que ce pro- cédé était fréquemment employé ; et j'ai lieu de croire qu'il est fort ancien, quoique jusqu'à présent je n'aie pu ren- contrer aucune indication à son sujet dans tous les livres d'économie rurale, anciens et modernes, que j'ai pu con- sulter. Quoi qu'il en soit, je me suis assuré par moi-même, et aussi par le témoignage de plusieurs personnes qui ont bien voulu répéter avec moi cette petite expérience, que si l'on approche successivement le gros bout et le petit bout de l'œuf de la pointe de la langue , on éprouve dans le premier cas une sensation de chaleur plus considérable que dans le second. J'ai constaté bien souvent cette différence de sensa- tion, mais cependant elle n'est pas toujours appréciable. Maintenant quelle est la signification de ce phénomène? Existe-t-il réellement une différence de temp(''rature entre le gros bout ot le petit bout de ro''uf? FÉCONDATION DES ŒlJFs DR (iÂIJJNACÉS. 935 Un auteur anglais, nonDiK- Murray, qui a publié, en 'J826, dans VEdinhurf/h philosopJncal Jounial {\. XIV, p. 01), un travail sous ce titre : On the teniperalure of the Egg of tho Hen, in relation to ils Phijsiologij , prétend effectivement avoir constaté, par des procédés Ihermoniétriques, une diffé- rence de température, d'abord entre l'intérieur de l'œuf et l'air extérieur, puis, dans l'œuf lui-môme, entre le gros boul et le petit bout. Cette différence de température entre les deux extrémités d'un même œuf aurait varié dans ses expé- riences d'un demi-degré Fahrenlieit ; ce qui, dans notre échelle centigrade, donne à peu près J/3 ou 1/2 de degré. Mais ces expériences ne m'inspirent aucune confiance. En effet, le procédé même dont s'est servi l'auteur est absolu- ment inadmissible comme procédé scientifique. L'auteur per- çait la coquille de l'œuf pour introduire successivement dans la partie correspondante au gros bout, et dans la partie cor- respondante au petit bout, la boule d'un thermomètre. N'v avait-il pas, dans ce seul fait, une cause d'erreur bien suffi- sante pour qu'un physicien ne veuille pas se fier à l'exactitude de semblables expériences? Je ne pouvais donc croire à leur réalité, et j'ai voulu recommencer moi-même cette expérience en me plaçant dans des conditions tout à fait acceptables. Je me suis adressé, dans ce but, à un physicien très habile, mon ami M. d'Almeida, (jui est actuellement professeur de physique au lycée Napoléon. Nous avons pensé que les ther- momètres ordinaires ne pourraient donner que des indica- tions absolument insuffisantes, et que nous ne pourrions arriver à des résultats vraiment scientifiques qu'à la condi- tion d'employer une méthode beaucoup plus précise, celle qui utilise pour la mesure des températures les courants thermo-électriques. M. d'Almeida a donc construit lui-môme une pince thermo-électrique très sensible, tellement sensible, qu'elle pouvait indiquer des centièmes de degré thermomé- trique. Nous avons appliqué la soudure de cette pince succes- sivement au gros bout et au petit bout de l'œuf, et en agissant ainsi, nous avons constaté, dp la manière lapins nette, qu'// *)3(3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOl.OfilQUE d'ACCMMATATION. ny (t pa^ de dïjfércnco de to,,ijn'raiitro cidre les deux extrê^ mités d'un même œuf. Comment donc expliquer le [ait ?i curieux de la différence des sensations de chaleur produites par le gros bout et par le petit bout d'un même œuf? Je crois qu'elle tient uniquement à la différence de conductibilité pour la chaleur que présen- teraient les deux extrémités de l'œuf, et qui s'explique parfai- tement d'ailleurs par ce fait que le petit bout de l'œuf est toujours en contact avec une substance demi-liquide, l'albu- mine, tandis que le gros bout est en contact avec les gaz qui remplissent la chambre à air. Or tous les physiciens s'ac- cordent à considérer les gaz comme étant très mauvais con- ducteurs de la chaleur. Cette différence entre les substances qui occupent le gros bout et celles qui occupent le petit bout me paraît donc expliquer, de la manière la plus nette, la difl'é- rcnce si curieuse des sensations que l'on éprouve en appliquant successivement la langue contre l'une ou l'autre extrémité de l'œuf, bien ([u'il n'y ait Là aucune diflérencc de température. Mais si cette explication est vraie, et je ne puis guère en douter, elle détruit complètement toutes les applications (pie l'on voudrait en faire au diagnostic des œufs fécondés. En eftet, que faut-il dans cette explication pour que cette différence de sensation de chaleur devienne manifeste? Une seule condition, c'est que la chambre à air se soit formée. Or, la chaml)re à air se produit aussi bien dans les œufs clairs que dans les œufs fécondés, puisqu'elle résulte uniquement de l'évaporation des liquides contenus dans l'intérieur de l'œuf. D'autre part, elle n'existe ])oint au moment même de la ponte, et ne se produit que peu à peu, mais en augmentant toujours de volume, depuis le moment où l'œuf est en contact avec l'air. Si donc mon explication est vraie, la ditYérence de sensation de chaleur que l'on éprouve en touchant successi- vement avec la langue les deux extrémités de l'œuf indique- rait seulement la présence de la chambre à air, ou en d'autres termes, elle signifierait seulement que l'œuf est déjà pondu depuis quelques jours, et n'aurait aucune espèce de rapport avec l'état de fécondation de l'œuf. FÉCONDATION DES ŒUFS DE f.ALLlNAr.ÉS. 1)37 Je n'ai, d'antro part, ((iio des ronclusions poalemenl néga- tives à présenter au sujet de l'autre question traitée dans le travail de M. Rufz , celle de savoir si la cicatricule fécondée ditfère par son aspect de la cicatricule non lecondée. Mais je crois qu'il est toujours aussi utile, en tliéorie connne en |)ra- tique, de détruire les idées fausses que de faire connaître de nouvelles vérités. Dans un travail publié il y a environ quarante ans, travail qui, d'ailleurs, fait époque dans la science, ÏMM. Prévost el Dumas, en décrivant avec beaucoup de soin les ciiangements que la cicatricule éprouve pendant les premiers temps de l'incubation , ont cru pouvoir reconnaître des différences constantes entre la cicatricule fécondée et celle qui ne l'es! point. Ce sont ces diflerences qui sont signalées dans le Dir- tionnaire classique (V histoire tiatnrelle de Bory de Saint-Vin- cent, et dont M. Rufz, dans son travail, a attribué l'indicalion à Audouin ; mais le passage auquel il fait allusion a été rédigé par M. Dumas et est seulement intercalé dans l'article Œuf qu'Audouin a signé. Or(|uelle est la signilication de ces caractères distinctifs de la cicatricule stérile ou de la cicatri- cule fécondée, tels que les indiquent MM. Prévost et Dumas? Je ne puis ici invoquer mes observations personnelles. J'ai bien souvent, il est vrai, observé des cicatricules , mais je ne les ai pas étudiées au microscope ; je ne puis pas, par consé- quent, affirmer d'une manière absolue que les observations de MM. Prévost et Dumas sont erronées. Mais je dois faire remarquer cependant que si l'on examine avec soin le travail de ces deux illustres savants, on est conduit à supposer qu'il y a eu très probablement <|iielque erreur dans leurs observa- tions. En effet, ils ont cru que le spermatozoïde est l'origine de la moelle épinière du poulet. Or, pour que le spermato- zoïde pût former la moelle épinière, il fallait nécessairement admettre que le spermatozoïde existe, parfaitement reconnais- sable, dans la cicatricule fécondée, pendant tout le temps qui sépare la ponte du commencement de l'incubation. La pré- sence ou l'absence du spermatozoïde dans la cicalricule forme- rait donc, au dire de ces deux savants, un caractère tout à 938 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOniOUF, d'aCCLIMATATION, liiil décisif pour distinguer la ciralrinde fécondée de la cica- Iricide qui ne l'est point. Or je ferai remarquer que bien que les physiologistes nous aient montré tout récemment que le spermatozoïde pénètre réellement dans l'ovyle (observation qui, il est vrai, n'a pas encore été faite chez les oiseaux ; mais que l'on y fera très certainement, car il n'est pas probable que les oiseaux fassent exception en ce point à la règle générale), le spermatozoïde disparaît très rapidement et sans laisser aucun signe visible de son existence. Nous pouvons donc considérer toute distinc- tion entre les cicatriculcs (jui serait fondée sur la présence ou l'absence de ce spermatozoïde comme entièrement dénuée de fondement. Je ferai remarquer d'ailleurs que, dans toutes les observa- tions de MM. Prévost et Dumas, il n'y a aucune certitude re- lativement à la fécondation des œufs. Ils considèrent comme œufs clairs ceux qui ne se sont point développés pendant l'inculiation. Mais un o?uf fécondé ne peut-il perdre, par di- verses causes, sa faculté germinative ? Nous savons en effet, et M. Rufz l'a signalé dans son travail, que les œufs conservés depuis un certain temps perdent leur faculté germinative avec une rapidité plus ou moins grande. 11 y a là, comme on le voit, une cause d'erreur l)ien évidente , puis(jue nous ne pouvons pas décider, quand des œufs en incubation ne se dé- veloppent point, si ces œufs n'étaient point fécondés, ou si, ayant été fécondés, ils avaient perdu leur faculté germinative. La question du diagnostic des œufs fécondés est donc, au- jourd'hui encore, sans solution. Je ne puis pas cependant affirmer qu'elle soit absolument insolulile. Comme je dois encore pendant quelques années m'occuper de questions relatives à la physiologie de l'œuf, je chercherai par tous les moyens possibles des signes certains pour la fécondation des œufs, et je m'empresserai, si j'en rencontre, de les faire con- naître à la Société. DF.S INSECTES HERBIVOUES DE L'ILE DE LA lîElNION, ET l'AUTICUMÙREMENT 1)K CEUX QUI ENVAHISSENT LA CANNE A SUCRE, Par M. le doflcnr BEK4.i. pélégiié de la Sociiité li l'île de la riéiiiiicin. ,' (Sr-ance du 8 août 1862.) Parmi les insectes qui attaquent Ja Canne à sucre en par- liculier, le Borfr ou Procréai; sac.chariphaçjm, et le l\m à poche blnnche, ne sont pas les seuls coupables. On peut en signaler un grand nomlire d'aulres : chenilles de Lépido- ptères, ver« de Coléoptères, Pucerons, divers Coccus, qui, sous le verre grossissant d'une forte loupe ou sur l'objectil' du microscope, sont venus nous prouver que la plupart de nos végétaux, notre Canne à sucre en particulier, servent de pâture à je ne sais combien de peuplades microscopiques, qui paissent tranquillement sur les feuilles et dans les tiges, au grand préjudice de notre agriculture. Ces parasites se sont jetés sur nos Cannes frappées de maladie. Ici, comme partout où on les rencontre, leur présence coïncide avec une altération profonde des tissus, un trouble dans les fonctions physiologiques. Ils complètent la désorganisation du végétal en le blessant et l'épuisant. La Canne à sucre est atteinte d'une maladie épiphytique. (Juelle en est la cause ? Un parasite végétal, un cryptogame acrogène. En observant attentivement au microscope, el même à l'œil nu, les feuilles des jeunes plants, ainsi que les tiges, on découvre, surtout à la face interne de la gaine des feuilles, comme une toile d'araignée, une espèce de mousse blanche, au-dessous et dans les environs de laquelle lepi- derme présente de petites taches d'abord jaunâtres , puis lirunes, enfin d'un rouge vif, signe certain d'une altéiali^)ri 9/jO SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'aCCLIMATATION. Je l'épiderinfi. Cette toile rraraignée, c'est le cryptogame. A mesure que ses filaments se développent, les taches rouges deviennent })lus prononcées et s'étendent en bandes : la ma- ladie a l'ait des progrès. Pour employci' unr' expression de de CandoUe à propos de Y Acacia verok : « Les sucs nourri- » ciers s'écoulent de la plante comme le sang d'un vaisseau » blessé. » Le champignon microscopique qui s'est fixé sur la Canne à sucre y puise les sucs nécessaires à sa nutrition. La plante encore jeune ne peut résister à l'action de ses suçoirs, elle est désorganisée, altérée, frappée à mort. Avant-coureurs de son agonie, les insectes l'envahissent. La Canne Ibrte, bien consti- tuée, la Canne neuvCy celle qui pousse vite, peut braver la maladie (Canne pinangue). D'où vient ce parasite végétal vivant aux (b'-pens de la Canne à sucre? Comment s'est-il formé ? Ici nous hasarderons une opinion : Le guano développe incontestablement une véritable plé- thore. Cette turgescence végétative frappe peut-être à son foyer la vitalité delà Canne. Les sucs de la plante, si surtout on abuse de l'engrais péruvien (ce qui n'arrive malheureuse- ment que trop souvent), éprouvent une altération qui est le point de départ, la source de l'invasion cryptogamique. Dans une Etude sur le muguet, nous avons déjà émis cette opinion qu'une végétation parasite peut se développer sous l'iniluence du dépérissement comme sous celle d'une nourriture trop sub- stantielle. En revenant donc, à propos de la maladie de la Canne, sur un sujet qui nous est quelque peu familier, nous dirons que, dans notre opinion, le guano, déterminant un surcroît d'activité dans les diverses fonctions du végétal, peut provo- (juer l'apparition de ces champignons microscoj)iques qui, à leur tour, en se développant sur l'épiderme des feuilles et en répandant leurs émanations dans les canaux séveux des tiges, l'ont dépérir la Canne à sucre. Ce n'est pas tout. A cette cause morbide, si elle est exacte, vient s'adjoindre une autre cause aussi puissante, sur laquelle notre confrère le docteur Jacob de Cordemois, a appelé notre attention, cause qui se rattache ].\SEGTES llElililVUHlvS DE LA IIÉUINIUN. il/l i au mode vicieux de culture, qui cuiisisle à reproduire toujours la même et qui suffirait du reste à elle seule pour provoquer la dégénérescence (l'es plants. Ce mal trouverait son remède dans la pratique des assolements, seul moyen curatif qu'aient prescrit dans leurs instructions, et les savants qui s'en sont occupés, et les sociétés d'agriculture, entre autres la Société centrale de France, aux époques où le Butrytis nifestans envahissait la Pomme de terre, les Patates, les Tomates ; où la Vigne était frappée par l'oïdium ; où les Blés et les Bette- raves subissaient de leur côté une invasion cryptoganiique. a La variété dans les cultures est partout une prati(jue )) utile : en augmentant et assurant les récoltes , elle permet » les lions assolements, qui élèvent la puissance du sol. » (^Payen.) Aussi bien, ce serait sortir de notre sujet et pénétrer sur un terrain généralement étranger au naturaliste que d'insister sur une question d'agronomie. Ce que nous tenons à établir, c'est que \q Baver, le Pou à pocJie blanche et autres insectes, ne sont pas les causes du dépérissement des Cannes, c'est que leur présence au contraire en est une conséquence presque inévi- table. Le docteur de Gordemois a fait ressortir cette vérité dans le travail qu'il a publié dans le Moniteur de la Béunion, où il compare le parasitisme du végétal et celui de l'animal. 11 a aussi indiqué comme causes du dépérissement de notre pré- cieux roseau, et le défaut d'assolements, et la plantation per- manente, continue, des mêmes souches de Cannes. Nous ajou- tons : l'abus du guano. Et c'est à cette triple origine que nous attribuons la maladie cryptoganiique. Quant aux remèdes, écoutons la voix des hommes pratiques qui nous disent de ne pas épuiser nos champs, d'alterner nos cultures ; ajoutons foi à tant de lion sens et de logique. Cette maladie des Cannes à sucre de la colonie est analogue à celles (pii ont envahi, à des époques différentes, les végétaux d'autres contrées, non- seulement en Europe, mais en Amérique, dans les îles de farchipel des Antilles, où le Maïs, par exemple, a été frappé par un champignon du genre Sclerotiuni. Cette maladie dis- [»araîtra le jour où nous placerons nos végétaux dans des cou- 942 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE D ACCLIMATATION. ditioiis iionnales : quand on paralyse l'action de la nature, il faut bien tâcher d'y suppléer. Et maintenant que nous avons dit ce que nous pensons de la maladie de la Canne, et que nous avons relevé les insectes de cette injuste accusation d'en être les provocateurs, lors- (ju'ils n'en sont qu'une conséquence fatale, nous allons entrer en matière par la description du Pou n poche blanche , le plus redoutable de nos parasites. Pou à poche blanche (nom vulgaire du pays'i. — C'est un insecte de l'ordre des Hémiptères, de la tribu des Homo- ptères. Le maie et la femelle diffèrent, le premier seul a des ailes. La femelle a le corps aplati en dessous, globuleux en dessus ; peau très mince, à réticulation interstitielle chez l'insecte parfait, avec des mailles transversales et des cellules en creux. Antennes très petites, non redressées : à la base des antennes et en dehors, les yeux ronds et apparaissant au mi- croscope comme des points noirs. Le corps est couvert d'une poussière blanchâtre et entouré de poils ou filaments légers qui, à mesure (|ue l'insecte vieillit, durcissent pour lui fournir une co(iue. Les anneaux du corps sont tomenteux, couverts d'une poussière blanche. Chaque anneau est bordé d'une rangée de filaments, espèce de duvet. Trois paires de pattes très petites, à trois articulations. Les œufs sont ronds, très adhérents, jaunâtres, et en grand nombre, au moins de /iOO à 500. Leur éclosion est rapide, après une longue gestation. A mesure que les œufs sortent, ils se fixent sous le ventre de la femelle, serrés en chapelet et entourés d'une poche qui n'est autre chose que l'abdomen de la femelle qui s'est entlé progressivement. Les larves sortent de cette coque par une ouverture postérieure. Elles sont molles, aplaties, très minces, d'abord pâles, puis rougCcàtres. Les femelles s'eni- |)ressent de chercher une place sur les feuilles ou les tiges et s'y fixent. Elles doivent mourir là où elles se sont arrêtées. Le mâle est beaucoup plus petit (jue la femelle; il a l'aspect d'un pou (juand il est tout jeune, mais il est allongé plus tard. Ses ailes tachetées de noir et de blanc se croisent en dessus. Ses antennes sont filiformes ; son bec est caché sous le thorax • INSECTES HEHBIVUHES DE LA RÉUNION. ^.)!\'^ ses anneaux de l'abdomen sont assez bien marqués. C'est un insecte très vil", il est difficile de s'en emparer. Il voltii^e au- tour des femelles. On l'appelle dans îe pays, le papillon du Pou. Les mâles, à leur éelosion, sont agglomérés en grand nombre. Ils paraissent d'abord connue des points gris, puis, en se développant, comme des points blancs et noirs, la couleur noire au centre. Au bout de (|uelques jours, ils commencent à se mouvoir. Ces mouvements sont d'abord imperceptibles : vingt-*fuatre lieures après, ils peuvent s'envoler. Ils vivent moins longtemps que les lemelles, remplissent leur mandat et meurent. Revenons à la lemcile. Attachée à l'épiderme des l'euilles , la (rompe implantée dans le parenchyme, elle élève ses petits par une gestation prolongée. Son abdomen vulumineux n'est que renvelo{)pe protectrice d'une progéniture qui lui dévore les flancs. Elle s'épuise et se dessèche, et quand la ponte a eu lieu, à mesure que le ventre se vide, elle se courbe sur elle-même, son extré- mité postérieure s'avançant vers l'antérieure. Mais, tandis que le mâle inoiïensif n'a pu probablement que sucer le nectar des fleurs, la femelle, en mourant, a laissé les traces funestes de son passage. Efle a produit des taches, le marasme et l'épui- sement. Attaquée par ces parasites affamés dont la multiplica- tion est immense, la jeune Canne, déjà atteinte par l'invasion eryptogamique, meurt asphyxiée, c'est-à-dire privée des pro- duits de la respiration foliacée. Le Boiser. — Le Borer est une larve de forme cylindrique et allongée, de dimensions variables avec l'âge. A son plus grand développement, il a l'air d'un ver de grand Coléoptère. Sa couleur pâle et blanche ternit plus tard. Cette larve a treize anneaux ou segments. Les trois premiers sont armés de pattes écailleuses, le quatrième et le cinquième en sont dépourvus; aux sixième, septième, huitième et neuvième anneau sont des pattes mamelonnées. Les anneaux posté- rieurs n'ont point de pattes, sauf le dernier, où sont deux pattes membraneuses. Chacun des segments présente à la partie supérieure deux taches noires symétriques et à égale i)/i/i SOCIÉTÉ IMl'Él'.lALE ZOOLUtil^UE d'aCCLIMATATIUN. distance. Sur les parties latérales sont deux autres points noirs, l'un au-dessus de l'antre, de plus petite dimension que ceux du dos. Le dessin et la coloration de la larve éprouvent quelques moditicalions avec l'âge. Les taches noires sont plus prononcées à une certaine époque ; celles du dos présentent alors la disposition suivante : les [)0stérienres ressemblent à deux lignes transversales, deux petits traits; les antérieures sont rondes. Trois raies longitudinales et parallèles, de couleur rose pâle, se dessinent sur le vaisseau dorsal et de chaque côté. La tète est noire : elle est Ibrinée de deux calottes ècailleuses. La bouche se compose de deux fortes mandibules cornées et tranchantes ; deux mâchoires latérales, une lèvre inlérieui'o mince et tranchante. Ces dispositions font du Burcr un véri- table bi'uijeur. Aussi est-il un instrument redoutable de destruction, l'ennemi immédiat de la Canne à sucre dans les Iles de France et de Bourbon. Cetle larve est pubescente à ses extrémités. En outre, de chacun des points noirs (|ue nous avons signalés, sort un poil droit, roide et court. La valve terminale est de forme triangulaire cl de structure écailleuse. A la base des pattes sont les organes res[)iratoires représentés par des stigmates noirâtres. Pâle comme toutes les chenilles qui vivent dans l'intérieur des tiges, vivant de matières succulentes, le Borer se développe rapidement. La larve subit des mues avant de se transformer en chrysalide ; nous avons compté deux changements de peau. Elle ne change définitivement que deux ou trois semaines après la conlectioii de sa coque. Elle est d'une voracité inouïe à l'époque où elle est de taille moyenne et lorsque les bandes longitudinales, régulièrement formées parles pointsnoirs, sont très prononcées. A ce moment, le moindre attouchement de la part de l'observateur la fait sortir de sa loge, où elle ne larde pas à rentrer pour continuer son œuvre de destruction, A peine sortie de l'œuf, la jeune chenille se met à ronger la tige. Des taches, des eschares, des échancrures du tissu végél;il nhèlenl sa présence. Le mouvement de la tète, qui pivote sur les premiers anneaux, fait (|ue l'échancrure est toujours taillée sur le même i)alron INSECTES HEiiRIVORES DE LA RÉUNION. Q!\b dans ses (liv(3rses cuurhui'cs. Le, Borer ne vit pas en société : chaque chenille a son terrier, lequel ne s'étend pas au delà de trois mérithalles, quatre au plus. Ce terrier communi- quera plus tard avec un aulre oh le Boi'er se transformera en chrysalide. Partout où existent des détritus du tissu végétal, dont les débris obstruent un des orifices de la galerie, le Borer est dans la période de voracité. Partout où le tissu est comme ossifié, d'apparence charbonneuse, ayant perdu sa consistance et sa saveur, le Borer est dans la période de trans- formation. La galerie en vermiculation que s'est creusée la larve, est tantôt dans l'axe de la tige, tantôt, au contraire, perpendiculaire à cet axe, en formant des contours dcmi- sphériques. La chenille épuise toutes les cellules saccha- riféres jusqu'au moment où, avertie par un instinct admirable (jue la mue ap[)roche, elle se mettra à la diète pour se pré- parer à cette crise. Alors elle quitte hi galerie qu'elle occu- j)ait et que l'on reconnaissait au trou protégé par les débris du lissu végétal, trou qu'elle se ménageait pour ne pas se priver de l'air extérieur. Elle se dépouille de sa peau pour passer à l'état de nymphe. Dans cet état intermédiaire, où nous la suivons actuelle- ment, elle est de l'orme cylindro-coniquc et de couleur cuivrée. Ce n'est pas dans le sillon (|u'clle a haliilé que la larve fde la coque qui doit l'envelopper, c'est dans une autre galerie. Entre les deux existe un canal de communication. Nous avons commencé par l'étude de la chenille, la des- cription du Lépidoptère viendra ensuite. Les mélamorphoses sont à l'étude, et c'est une étude qui demande du temps, car il faut suivre l'insecte depuis l'œuf jusqu'au papillon, et, par un examen attentif et de chaciue jour, arriver à connaître ses dilfércntes transformations : sa naissance, son existence de larve avec ses changements de forme, sa résurrection. Aussi Lien l'étude de la chenille doit ofirir plus d'un intérêt. Le papillon, en effet, n'a vécu que pour pondre et mourir, tandis (pie la chenille, ({ue nous nommons le Borer, est un agent de destruction d'autant plus terrible qu'elle habite l'intérieur du roseau et pénètre jus(iu'aucœur, après avoir miné l'écorce. T. IX. — Movcmbre 18G2. 60 9/1(5 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'AGCLIMATATION, Elle ronge, délruit et décompose les tissus. Les Sauterelles de la Libye ne doivent pas faucher les herbes plus pronip- tement que les Borers détruisent et épuisent une Canne à sucre. Le Borer se rencontre généralement dans les Cannes à sucre qui ont souffert, dont le développement rachitique est manifeste, dont les nœuds sont fort pou écartés. On n'en trouve pas dans les Cannes qui ont les nœuds distants de 10 à 12 centimètres. Le Lépidoptère femelle choisit la partie inférieure des jeunes plants, enveloppée par les feuilles engainantes, pour déposer ses œufs, précaution fotale à l'agriculture, car c'est à la partie inférieure de la tige que la sécrétion sucrée se trouve plus abondante. Il pond habituellement dans les régions basses de l'île et dans les endroits secs, où la pluie ne peut détruire ses œufs, qui ne sont presque pas agglutinés. La femelle se perce un trou de forme exactement arrondie. La perte de substance qu'elle entraîne n'atteint que la cuticule, l'épiderme et les premières rangées de faisceaux ligneux. La larve qui éclôt se creuse d'abord une cellule dans le plan horizontal de la tige ; plus tard, elle se fera un terrier du canal médullaire en s'avançant de bas en haut. C'est le carac- tère du Borer des environs de Saint-Denis. Dans d'autres localités, relativement pluvieuses, à Sainte- Suzanne, par exemple, on a trouvé des Borers dans les parties souterraines de la tige : dans ce cas, la larve mine de haut en bas. La chute des feuilles flétries, la décoloration rapide de l'écorce, sont en raison du nombre de larves nées sur le même plant. Quoi qu'il en soit, il faut que la Canne à sucre soit mortifiée pour que ses tissus conviennent à la nourriture de celte larve, il faut qu'il y ait dans le sujet une prédisposition qui appelle et attire le parasite. C'est ce qui arrive pour la Canne à sucre, vouée par les artifices de la culture à une superfétation ma- ladive, et qui a dégénéré sur un sol épuisé. Le Po<( à poche blanche ce redoutable parasite que nous avons décrit précédemment, ne paraît que sous l'inlluence de INSECTES llEltUlVOKES DE LA RÉUNION. 9A7 certaines conditions déterniinces. Vous le rencontrez ici, parce que le sol est épuisé et (|ue la plante jouit d'une exis- tence imparfaite. Engraissez ce sol, il disjjaraitra. Là, au contraire, oii le sol est riche, mettez du guano, la Canne, atteinte de pléthore, sera malade; le champignon s'y im})lan- tera, le parasitisme végétal appellera le parasitisme animal. Nous pourrions multiplier les citations à l'appui de notre manière de voir : (( L'abondance des récoltes que l'ont naître les engrais » azotés épuise le sol. » (Eue de Beaumont.) « Il arrive souvent (ju'une matière très azotée tue la récolte » ou la contrarie : c'est que cette matière se décompose troj) » brusquement, et donnant à la plante un ejxès de uourri- )WMre, en compromet ainsi la santé ' )) Il en résulte qu'il faut parer •dVépuisemetU des terres par » une succession de cultures convenablement choisies, ou, en » d'autres termes, par des rotations ou des assolements » rationnels. » (Malagutti.) LA VIGNE EN ALISTKALIE Par M. R.IMEL. ( Séance du Conseil du 17 octobre 1862. Placée on écharpe entre le ]\lurray et l'océan Pacitique , sous les 3/r et 38^ parallèles et les lAI^ et 150'" degrés de longitude, c'est-à-dire sous la même latitude que l'Algérie, la colonie de Victoria, primitivement appelée Anstralia felix, doit à sa situation topograpbique de présenter à l'observa- teur une des contrées où les productions des deux rives de la Méditerranée offrent le plus de chance àracclimatalion. Elle est abritée contre les vents du pôle austral par l'île de Van-Diemen ou Tasmanie, et comme elle est bordée par l'Océan sur une très grande étendue de côtes, elle jouit à un haut degré de l'action bienfaisante des émanations maritimes, si favorables à la végétation des plantes et k la santé de l'homme. Un système de montagnes, dont une partie est très élevée , donne naissance à divers cours d'eau, dont le plus important est le Murray. Les saisons s'y succèdent avec les nuances doucement gra- duées qu'on remarqua dans les parties chaudes des climats tempérés, où la neige brille cependant sur les montagnes une partie de l'année. Si à ces conditions climatériques nous ajoutons que la ma- jeure partie des terrains cultivables est formée des détritus des roches qu'on regarde comme les plus favorables à la vé- gétation, on conclura tout naturellement qu'avec ces divers éléments de succès, sol et climat, la culture de la Vigne doit prospérer. C'est, en effet, ce (\y\\ a lieu. La Vigne réussit mer- veilleusement à Victoria. Avant la découverte de l'or (1851), quclipies rares portions de terrains étaient complantées en Vigne ; on la cultivait en vue des fruits, la fabrication du vin était l'exception. Ouel- ques Suisses et Allemands se livraient à cette culture : les premiers, dans le voisinage de Melbourne ; les seconds, à l'op- posé de la colonie, sur les bords du Murray. LA VIGNE EN AUSTRALIE. 9/10 Mali^ré l'alTluence des immigrants, trup préoccupés de la recherche de l'or et n'ayant pour but que la conquête du pré- cieux métal, la vraie richesse du pays, ses facultés produc- tives, que le soleil pouvait développer dans de si larges pro- portions, furent complètement dédaignées. 11 n'y eut que les colons qui avaient des Vignes déjà plantées qui en profitèrent, en vendant aux mineurs leurs fruits à des prix réellement fa- buleux. Nous pourrions citer des exemples extraordinaires en ce genre. Ainsi, il a été assuré qu'une Vigne ayant seu- lement quatre ou cinq ans et de la contenance d'une acre (0 h. /lO), avait donné à ses deux propriétaires plus de '2000 livres sterling, quelque chose comme 60 000 francs |)our le produit de la récolte d'un an ! La rareté des fruits, le haut prix qu'ils obtenaient sur les mines, ouvrirent les yeux de quelques colons qui se livraient au jardinage pour alimenter les nombreux travailleurs arrivés de toutes parts; et aux premières ventes de terres qui eurent lieu dans le voisinage des exploitations aurifères, la culture de la Vigne se développa dans de faibles proportions. On avait pressenti les avantages que présentait un produit de verger abondant, obtenu dans un temps assez court, compa- rativement aux autres fruits. Les choses en étaient Là, lorsque en mars 1856, une cir- constance fortuite contribua à appeler, sur la culture de la Vigne, l'attention d'un des hommes les plus faits pour l'ap- précier et reconnaître d'un coup d'œil toute son importance. Pubhciste distingué, ayant traité les grandes ({uestions qui touchent au bien-être de sa patrie d'adoption, propriétaire d'un desmeineursjournaux de l'hémisphère sud, M. Ed.AVilson avait un moment quitté ses occupations pour explorer les mines, voir de ses yeux la source des masses d'or qu'il enre- gistrait tous les jours dans VArgus. Il était aux mines de Bendigo, aujourd'hui Sandburst, à l'époque de transition oi^i le chercheur d'or abandonnait le sable des rivières et attaquait franchement la roche aurifère. Les simples appareils de lavage commençaient à céder la place aux machines à vapeur qui écrasent le quartz. On allai! M, 950 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. pulvériser les montagnes ! L'imagination la plus froide s'en- flammait devant ces nouvelles perspectives d'incommensura- bles richesses. C'est sous ces impressions que se trouvait l'éminent touriste, lorsque, par hasard, il s'assit à table d'hôte à côté d'un élran- f-er avec lequel il avait, la veille, échangé quelques mots à la suite d'un accident. ; . « Comment trouvez -vous la colonie? demanda- 1- il à l'étranger. ' * ,. . ; , ^ . •> — Elle est bien riche! lui fut-il répondu. .:.->; N'est-ce pas que nos mines sont bien riches! ; ,[ ;i) — Ce n'est pas de vos mines que je parle, quoique je recon- naisse qu'on n'en verra jamais la fm : ma pensée est ailleurs. Les richesses que j'ai en vue ne sont pas le produit du travail souterrain des mines , elles sont à la surface. C'est le sol et le soleil qui les offrent en abondance à un travail plus naturel. — Ah! vous faites allusion à la richesse agricole? — Sans doute ! mais principalement à une culture dont les produits donnent le plus de satisfaction aux besoins de l'homme : le boire, le manger, et qui réjouissent le cœur en soutenant le corps. C'est, suivant moi, à ce produit du sol qu'est réservée l'ex- tinction de la lèpre sociale contre laquelle vous protestez tous les jours et que vous attaquez sans relâche : Faims des liqueurs fortes, l'ivrognerie. La Vigne, ses excellents fruits, son vin salutaire substitué aux liqueurs distillées, voilà le re- mède à tant de misères présentes et à venir qu'amène l'usage des boissons alcooliques. -. ;;;:..;- ;-- -■ j' Vos compatriotes, esclaves de leurs habitudes, vivent ici, malgré la différence de climat, comme s'ils étaient en Ecosse ou en Angleterre. De bons esprits croient devoir attribuer à un régime alimentaire trop substantiel l'effrayante mortalité qui pèse sur les jeunes enfants. Eh bien! le raisin, ce fruit délicieux et salutaire entre tous, qui a encore le mérite de durer et de se conserver si long- temps, doit, quand il entrera plus abondamment dans l'ali- LA Vir.NE EN AUSTRALIE. 051 menlation , arrêter la perte do votre jeune génération, si précieuse à une riche colonie qui manque de ])ras. Ce n'est donc pas sans raison que je dis : la culture de la Vigne donnera à Victoria, non pas la représentation de la richesse, mais la richesse elle-même. —Vous croyez donc, fut-il répliqué, que la Vigne viendrait bien dans la colonie ? — Merveilleusement ! — Et dans quels lieux? — Partout! Il n'y a pas un pouce de terre où la Vigne ne réussira pas; cependant tels et tels lieux sont particulière- ment aptes à donner de magnifiques produits. » Esprit éminemment pratique, M. Ed. Wilson comprit aisé- ment l'importance de ces assertions; il les médita, et sa con- viction faite, il reproduisit à Melbourne, dans son journal VAr//us, la conversation de Castlemaine. A quelque temps de là parvint en Australie le rapport de l'Exposition universelle de Paris. Des propriétaires de vigno- bles à Nevv-South-Wales (Sydney) avaient présenté à celle expo- sition des échantillons de leurs vins. Jusqu'alors on ne s'était pas occupé à Victoria des vins coloniaux. L'opinion du jury de Paris amena une révolution dans les esprits. M. Ed. Wilson fit un voyage en Europe. Il visita la France, l'Italie, rAllemagnc, les bords du Pihin et du Danube, tous pays vinicoles; il étudia la question de la culture de la Vigne. Il n'était pas encore revenu dans la colonie, quand le Mel- bourne Argus appliquait à la culture de la Vigne la prime qu'un généreux colon a mise à sa disposition pendant cinq ans comme encouragement cà Fagricullure. Cette prime était une coupe d'or de 100 livres sterling (•2500 francs) pour celui qui aurait planté le plus de Vigne dans l'année suivante. Dès ce moment l'impulsion était donnée. Il faut dire, en passant, que le traité de commerce anglo- français venait d'être conclu, et ce traité apparaissait comme l'émancipation des pays producteurs de vin. Les Australiens comptaient en profiter. • 952 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOP.IQUE d'aCCLIMATATION. M. Ed. Wilson, peu après son reloiir d'Europe, fonda un journal spécialement consacré à Facclimatalion, le Yeoman and Aitstralian Acclimatiser. Cette leuille, libéralement ou- verte à toutes les idées utiles, devait nécessairement être un puissant auxiliaire pour le mouvement viticole. Aussi voyons- nous que la Vigne a occupé bon nombre de ses colonnes. Tous les systèmes de culture y ont été débattus ; qualité de plants ou cépages, genre de plantation, de traitement, de labour; labour à la main, labour à la charrue traînée par des bœufs, par des chevaux, par des mules, par des ânes, et enfin la- bour à la vapeur. La polémique fut ardente, parce que les procédés étaient divers, comme les nationalités des vignerons. Un Allemand, un Suisse, un Hongrois, ne pouvaient pas être d'accord avec des Espagnols, des Portugais, des Français du Centre ou des Français du Midi ; mais les conséquences de ces débats furent importantes. De riches et intelligents propriétaires se sont mis à planter la Vigne, de plus modestes les ont imités, et plusieurs puis- santes compagnies se sont formées qui ont planté jusqu'à 200 et même 250 acres chacune par saison, soit 80 à 100 hec- tares. « Il paraît que ces grandes exploitations vont adopter la cul- ture économique de nos départements méridionaux maritimes, le Gard, l'Hérault, l'Aude, les Pyrénées-Orientales. La Vigne vient très bien à Victoria ; dès la troisième année elle est déjà en assez bon rapport. Il y a des espaces immenses de terres très favorables à cette culture ; on doit donc s'at- tendre à ce que bientôt, sous l'immense impulsion qui lui a été imprimée, la production australienne prendra de consi- dérables proportions. Sans doute les colons n'ont pas encore la parfaite intelli- gence des procédés de taille, de culture et de fabrication du vin ; mais le gouvernement vient au secours des particuliers : il demande aux contrées vinicoles d'Europe des émigrants actifs, compétents, et la lacune restée ouverte sera bien vite comblée. LA Vir.NE EN AUSTP.ALfE. 953 Si en quelques années on a pu l'aire clans cette voie de grands progrès, comme c'est le propre des sociétés nouvelles, que ne doit-on pas attendre d'une population qui, libre dans ses actes, a de plus l'habitude de compter sur elle-même ? Déjà les négociants de Melliourne voient le jour où ils adresseront, en Europe, dans l'Inde et en Chine, de riches cargaisons de vins coloniaux de qualités les plus variées. Cette prétention est loin d'être chimérique. Afin de donner un aperçu du rendement de la Vigne en Aus- tralie, nous empruntons à la Tribuuo des (Jwens un compte rendu de la dernière récolte (1862) à Albury-Murray. Noms des propriétaires. Nombre d'acres. Nondire de gallons. J. Spiiijach 5 1/2 2500 J. Fi-auenleidei- 11/2 900 E. Crisp. 11/2 780 M. Braiinwig 11/2 772 F. Fraiienfeider 11/2 63/i n. Rau 1 3//1 825 J. Dick 1 3//1 600 J. Rail 1 420 S. Zeller' 'à/à Zi9/i ' Eishenaiiei- 3//i 950 Dollingcr 1/2 330 17 » acres 92(i5 gallo»^- Soit, en moyenne, 545 gallons à l'acre, ou 61 liectolitres à riiectare. L'an dernier (récolte de 1861), le rendement fut de 630 oallons ou de 7"i hectolitres à l'hectare. Voici la force des moùls en moyenne. Le classement est l'ait d'après l'ordre de maturité. L'eau étant à 100, chaque degré en sus indique la densité de la matière saccharine. Muscat bain HO degrés. Aucarot 112 — Verdoillio 115 — Reisling 111 — Ermitage shirali .... 113 — Tokay 112 — Malljec 112 — INIiiscat d'Ali'xandrie. . . 112 — Suret water 110 — On sait que le moût est le jus du raisin avant la fermentation. 954 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLÏMATATION. L'étendue des plantations citées est bien faible, mais les plus importantes ne sont pas encore en rapport ; cependant il y a un enseignement à tirer de ce document, soit quant à la quantité obtenue, soit pour la qualité des moûts. La récolte a lieu, dans ce district du Murray, en avril, et la Vigne commence à pousser en septembre et octobre. Sur les lieux (c'est un pays oi^i il y a beaucoup de mineurs), on vend le vin de l'année 20 et 25 sbillings le gallon (25 et r>2 francs les !\ litres et demi) ! Dans les liôtels de ce pays on paye la bouteille ordinaire () et 7 sbillings (7 fr. 25 et 8 fr. 50). ■'■■■■' L'État ne perçoit pas de droit sur les vins de la colonie. Les débitants de liqueurs fermentées, bière, vin, eau-de-vie, payent des patentes assez considérables pour leurs licences. Quant au vin étranger, il laut dire que s'il payait avant 1853 seulement un sbilling le gallon, il fut porté, cette année-là, à 2 sbillings, et que l'an dernier il a été élevé jusqu'à 3 sbillings (3 fr. 75 c.) pour h litres et demi, soit 83 centimes par litre. Peut-on, quand on se vante d'appartenir à un peuple libre écbangiste, élever aussi baut les droits sur les vins d'Europe? 11 y a là matière à considération. Les actes sont en désaccord avec les principes proclamés. Pour compléter ce qui a été dit sur la culture de la Vigne en Australie, après avoir parlé de Victoria, jetons un coup d'œil sur les autres colonies ou États qui s'en occupent. Si nous prenons l'ensemble des trois colonies viticoles : Soutb-x\ustralia (capitale Adélaïde), Victoria ( capitale Mel- bourne), New-Soutb-Wales (capitale Sydney), nous trouvons que la totalité du terrain planté en Vignes est en ce moment de 10000 acres environ, soit /lOOO bectares, ainsi divisées: /lO p. 100 pour Soutb-Australia, 33 p. 100 Victoria, et 27 p. 100 New-Soutb-Wales. Ces chiffres comprennent les jeunes Vignes qui ne sont pas encore en rapport. Les rendements varient d'une façon sensible. Dans le Ilun- ter-River (N.-S.-W.), la moyenne est de 300 gallons à l'acre LA VIGNE EN AUSTRALIE. 955 (38 hectolitres à l'iiectare), tandis qu'Alhiiry (Yictorin) ol)- ticnl le double (1). La maturité suit aussi des lois difTcrentes. Dans les deux localités, le commencement de la pousse de la Vigne a lieu vers les premiers jours d'ocloltre. En 4862, la vendange s'est terminée, dans le Hunter-River, le 12 mars, et seulement le 30 avril à Albury, avec une avance sur l'année précédente de sept semaines environ dans ces deux localités. Albury est sous le 37'' degré et près de hautes montagnes; le Hunter est plus au nord, sous le 32- degré, presque à l'ex- trême limite assignée à la culture de la Vigne en Australie. C'est au 29'' degré qu'elle s'arrête. La colonie de South-Australia, qui a été la première à s'oc- cuper de la Vigne, mais qui l'avait en quelque façon aban- donnée, vient de la reprendre avec vigueur. Depuis 1856, son progrès dans la plantation a quintuplé. Au mois de mars 1862, il y avait 3918 acres avec 2 631 75/i plants en rapport, et2 3861/il de jeunes plants. ,: - . En 1861, la colonie possédait seulement 3180 acres. ' C'est la petite et la moyenne culture qui prédominent dans cette contrée. " . . ; On y comptait, en 1860, 61 pressoirs, et 120 en 1861. 37 licences pour la distillation du vin avaient été accordées dans cette année. Ces documents suffu^onl pour démontrer l'importance qu'a prise la culture de la Vigne dans les colonies anglaises de l'Australie. 11 n'est pas sans intérêt pour l'Europe d'étudier les progrès de tout genre qui se développent aux antipodes. (1) Un rapport tout rincent des commissaires anglais cliargés d'éliulier le rendement et les qualités de vins donne, à Vhectare, (i hectolitres et demi au Jura, 10 hectolitres à la Charente, et 60 hectolitres à des localités du \Udi. Le rendement moyen, en France, de la récolte de 1 858, fut de 25 hecto- litres à riiectare. DE LA COCA. SON MODE DE CULTURE AU PÉROU. Par M. E. COLPAERT. (Séance du 1'2 septembre 1862.) Il existe au sud du Pérou deux grandes contrées où l'on se livre sur une vaste échelle ù la culture de la Coca. L'une, située au nord-ouest du Cuzco, s'appelle la vallée de Santa-Ana, et l'autre, à l'est, constitue plusieurs vallées de la province de Carabaya. La Coca de cette dernière prime sur toutes celles que Ton rencontre dans le Pérou, quoique cepen- dant, dans la même contrée, il y en ait de qualités différentes. Ainsi la Coca des vallées de Cohasa, Phara et Patambuco, soit en raison de la situation du terrain ou de la manière de le travailler, soit à cause de la température, est bien supérieure et moins sujette aux maladies qui attaquent fréquemment celle des autres vallées, et desquelles nous parlerons plus loin. La Coca de Saint-Gavan (Carabaya) et de toutes les vallées qui jouissent du même degré de clialeur que celle-ci, a l'avantage de se reproduire chaque trois mois, c'est-à-dire que l'on fait quatre récoltes de Coca par an, tandis que les autres en produisent â peine trois : telles sont les Cocas qui se culti- vent dans les grandes vallées de Sandia et de (Juiaca, lesquelles, en outre, sont souvent attaquées de la maladie appelée mima; aussi les récoltes sont en général d'un produit médiocre pour les cultivateurs, cependant la culture de ce végétal ne consti- tue pas moins la branche commerciale la plus importante de ce peuple. Dans la même province, en face d'une rivière nommée Ynambarly et seulement du côté opposé de celle-ci, existe une espèce de Coca complètement différente des autres. L'ar- buste croît jusqu'à devenir arbre, et la feuille qu'il produit esl DE LA COCA. 957 si grande, qu'elle atteint communément de 10 à 12 centimètres de longueur sur 7 de largeur, cl sans que pour cela sa saveur dégénère en rien. Lorsque cette feuille est sèche, elle conserve sa couleur primitive (verte) ; mais il faut avoir soin de la faire sécher immédiatement après la cueillette, sans quoi elle pren- drait une autre teinte. En général, toute Coca de la province de Carabaya doit sortir de la vallée peu de temps après avoir été ramassée, car la grande et perpétuelle humidité qui y règne la réduirait promplement en pourriture. L'arbuste de Coca, dans les vallées de Phara, Patamhuco et autres, ne dépasse pas en moyenne la hauteur d'un mètre ; mais la feuille est très goûtée par les indigènes du Collado, Indiens de la province d'Asangaro, qui en font une très grande consommation. La Coca de Saint-Cavan et d'Esquilaya, dans le district d'Ayapata, en un mot toute celle qui est cultivée sur cette ligne, est de très bonne qualité, et les Indiens la préfèrent à celle de toute autre contrée, voire même à la Coca des vallées des Yungas (P)Olivie), qui a pourtant une si grande réputa- tion; et la preuve, c'est que bon nombre de négociants vont la chercher jusqu'à Ayapata, tandis que les autres spéculateurs emportent eux-mêmes la Coca de leur produit, pour l'étaler sur les marchés du Collado, sans jamais pouvoir atteindre dans la vente le prix de celle des provinces de Carabaya, dont je viens déparier. De la culture. La Coca se sème en almaclgos (en pépinières). On j)répare d'abord le terrain, c'est-à-dire que la terre est remuée à un demi-pied environ de profondeur, puis ou forme des carrés de Zi à 5 mètres, sur lesquels on ('parpille la semence; en- suite, avec un balai, on racle la superficie jus({u'à ce que la semence soit bien mélangée avec la terre. Il faut avoir soin, après cette première opération, de couvrir le matin ces carrés avec des toiles a(in que les oiseaux ne viennent pas manger la graine, et les ôter dés (|uc le soleil prend un peu de force, ayant soin toujours de placer quehfu'uti (jui a pour uni({ue 958 SOCIÉTÉ IMl'ÉUIALE ZOULUGIQUE D ACCLIMATATION. iiiissiou d'épouvanler la gentc ailée. Une aulrc précaution à prendre, est d'arroser souvent le terrain ; la Coca, pour pros- pérer, ayant besoin de beaucoup d'bumidité. Lorsque les plants ont poussé dos cuartas (30 à 35 centi- mètres environ), ce qui a lieu au bout de six à sept mois, sui- vant les soins qu'on en prend, et la température plus ou moins chaude du lieu, « les plants à cet état se vendent aux culliva- » teurs qui ne veulent pas se donner la peine de l'aire produire )) la semence, sous la dénomination de cahcza, ou tête : on a » ainsi nommé cette vente, parce que c'est toujours par blocs y> de mille plants qu'on les livre au commerce, et que l'on a » constaté que le volume de ces mille plants occupait à peu » près une circonférence de volume égale à celle que l'on » pourrait former du contour de la têle ordinaire d'un homme. » Lorsque les jeunes plants sont arrivés à cet état, on les sort de Xalmacirjo^ et on les place deux à deux ou trois par trois, de manière que les racines soient contiguës et que les extrémités supérieures se divergent, parce que, il en meurt souvent un, quoique néanmoins ce ne soit [tas une règle générale ; puis on colloque chaque amas dans des trous préalablement disposés dans un terrain neuf (qui se nomme alors le cocal), et qui sont creusés d'une profondeur k peu près égale à la hauteur du plant, et tout alentour de la racine on entasse à 10 centimètres d'élévation de la terre nettoyée, c'est-à-dire contenant le moins de pierres possible. Plusieurs motifs expliquent ce système de culture. D'abord, comme le terrain est excessivement fertile, ily pousse promp- tementde mauvaises herbes, et ces plantes parasites, attaquant les jeunes arbrisseaux jusqu'à leurs racines, ne tarderaient pas à les envahir et les tuer sans retour ; aussi est-il nécessaire de leur donner la façon au moins tous les deux ou trois mois au plus tard. Ensuite, comme il règne à certaines épo(]ues de Tannée, dans ces vallées, des vents très violents {horrascas) , il serait à craindre, et l'expérience l'a du reste démontré, si ces jeunes plants se trouvaient â terre nue, que les racines, qui ne sont pas encore sohdement implantées, ne cédassent à la force de l'élément, et que celui-ci n'occasionnât des dégâts DE LA r.oCÂ. 959 sans nombre. En troisième lieu, oa a aduplé ce mode de cul- ture, afin de donner à la plante beaucoup d'humidité en même temps (ju'une continuité de chaleur, sans quoi elle ne pourrait acquérir de la force : en ell'et, soit qu'elle prolite de la con- densation des vapeurs, soit qu'à certaines époques les pluies du ciel viennent la tremper, soit enfin qu'elle soit arrosée par la main des hommes, toujours est-il que l'eau séjourne davan- tage à la base de cet orifice où les rayons du soleil ne pénè- trent (|Lie rarement; par conséquent il règne une humidité plus constante à la racine de la plante , et il est de notoriété que l'humidité est l'élément constitutif du progrès et de la bonne venue de tout cocal. D'un autre côté, l'air qui environne la plante, chaulfé par l'atmosphère extérieure, concentre un degré de chaleur très convenable à la pousse de l'arbuste : celui-ci, à la lin de l'année, a acquis toute sa force; on fait alors la première cueillette de Coca, qui s'appelle inc/w, la- quelle généralement estdepeu d'importance; mais on a toujours soin, loi'squ'on récolte la feuille, de laisser la guia ou pousse, à huinelle on ne touche jamais. Après la récolte, on coupe les mauvaises herbes qui environnent les plantes, on les foule et on les entasse dans le trou, tout autour de l'arbuste, alin de lui servir de hiiano. C'est ce que l'on appelle dans le pays, ahono^ ou bém^fice d'engrais. Après la première cueillette, la plante suit sa progression naturelle, augmenlant en force, en hauteur, et produisant une plus grande (juantité de feuilles, de manière que si la première récolte a donné une livre de Coca sur une cabcza, ou tète ; la seconde en donnera le double, et à la fin de cette période, c'est-cà-dire au bout de deux ans, l'arbuste sera dans toute sa force^ et donnera tout ce qu'il peut [jroduire . Dans la vallée de Santa-Ana, un bon cocal, dans un terrain I)ropice, dure de sept à dix ans, tandis que dans les vallées de l'hara et Patambuco, il en existe desquels on a perdu le sou- venir de l'époque de leur plantation. Peut-être que dans cette contrée le terrain convient mieux à la culture de ce végétal, c'est-à-dire qu'au lieu de se trouver sur des hauteurs, les plantations se font dans des plaines naturellement arrosées 060 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. par des courants d'eau, ou peut-être aussi le cultive-t-on avec plus de soin, c'est-à-dire qu'on délivre plus souvent l'arbuste des mauvaises herbes susceptibles de l'envahir; car, sans cette condition requise, la plante se débilite et meurt; et si cette opération n'est pas faite en temps voulu, la négligence de la façon engendre des maladies le plus souvent incurables. « La » maladie la plus commune est une espèce de mousse gluante, » sorte de plante parasite qui s'attache à l'arbre et le couvre » en entier; le seul remède connu jusqu'à ce jour à cette ma- » ladie consiste à couper l'arbuste à un pied de terre (I). » Dans la vallée de Santa-Ana, on cultive la Coca d'une autre manière. On sème la graine en laianbal, qui est exactement la même chose qu'en almacigos, ou pépinières; seulement le terrain n'est point divisé par carrés comme dans les provinces de Carabaya. C'est un morceau de terre, sous forme de carré lon'i, de 30, /lO ou 50 mètres de longueur, suivant les besoins de la plantation; aux côtés latéraux et au milieu sont plantés des pieux (jui soutiennent la charpente d'un toit construit de carlsos (fort l'oseau ; ghueid, sorte de cannerelle) , lequel est totalement couvert de feuilles sèches, de manière que les rayons du soleil n'y peuvent pénétrer. Tant que la graine est en germination, on arrose le terrain au moins une fois le jour ; des jeunes gens du la propriété restent auprès des pépinières, etsont unifiuement occupés à chasser les oiseaux, très friands de la graine, et qui s'abattent par nuées sur les almaclgos. La pulpe, qui ressemble à une petite cerise rouge, et qui contient la graine, s'appehe mocUo. Dans les vahées de Cara- baya, aussi bien que dans celle de vSanta-Ana, les cultivateurs ont l'habitude de semer indistinctement la graine du jour ou de la saison antérieure. Comme la végétation est constante, il n'y a point d'époques fixes pour les semailles, ou plutôt on sème en toutes saisons. Dès que le moclio est mûr, on le (1) Généralenioul, l«'s agriculteurs oxperls dans la cuUurcile la Coca chor- ciu'iit (le préréiTiicc dos lorrains argileux d'une couleur rouge ou d.' plomb, cl Pexpi^rience a prouvé que leur choix étail bon, car toujours ils ont ob- irnn nn nieillenr rcsullat que les autres, qui, iravaillaul de la même manière, avaicnl fait leurs plantalions dans un terrain d'une composition dillérente. i>H LA i;()t;.\. . «JOl cueille, el i'dni?!! sori ];i i^rjiiiie que Ton peiiL laisser iialiiicljc- iiieiil se sécher, ou la laire sceller au soleil : dans les deux cas, elle est inimédiatcuicnl bonne à seuujr. Au bout de six à sept mois, le plant est en état d'ètri; trans- plante. « A Santa-Ana, connue àCarabaya, on le vcndalorssous la dénomination de rubeza. » Alors, dans un terrain butté par lieux rangs au milieu des([uels se creuse naturellement une l'ii^ole, on plante dans celle-ci, à deux pieds de distance envi- ron l'un de l'autre, les jeunes arbrisseaux, et de chaque col<'', sui'Ies Inities, on sème des yuccas, a tubercule assez analogue • » à une espèce de Ponune de terre également originaire du » Pérou, el (pii a nom arracac/ia.)) Comme cette plante liliacée ei'oil à une grande hauteur, les feuilles donnent de l'ombrage à la jeune plante et la garantissent de la Irop Ibrh.' clialeui'. On l'ait la première récolte, ([ui S(; nomme palla, au bout de six mois de la transplantation, et les personnes chargées de la cueillette s'appellent ;M//(;/.7oyy/.v. Dans la vallée de Santa-Ana connni,' dans celles des provinces de (iarabaya, les récoltes de Coca sont plus ou moins abon- dantes, suivant la position i\n terrain et le ilegré de la temj)é- rature du lieu ; cependant, suivant les remarques ({ue j'ai pu élablir des dillcrents cocals que j'ai visités, je suis demeuré, convaincu (jue la position du terrain a plus d'intluence sur la bonne venue de la plantation que 1q degré (h; chaleur ({u'elle est susceptible de recevoir. Ainsi, la Coca de temporal, c'est- à-dire celle qui est située sur les hauteurs, et ipii n'est ariosée ijue par les eaux pluviales, ne donne que trois cosechns ou récoltes p;ir an, tandis que celle située en plaine, et suscep- Idjle d'être arrosée parla main des hommes, en donne quatre, .l'ai pu voir en outre, dans le cocal du Potrero (Sanla-Ana), une plantation située dans un bas-fond recevant à peine quel- (|ues rayons de soleil, mais dans un terrain excessivement humide, prdduire la réc(dle la plus a.bondaiUe, la feuille la |ilus grandi et d'une sa\eur plus agréable (pie celle, de tons les cocais (b' Yh'«u'iidn (propriété) , el j'ai ennclu de là (|u'ini excès d'humidité (pourvu loulefois (pie la racine ne Miil pas constamment noyée) ne }ieul in rien être nnisihie à la planl(^, 1. 1\. — XoNciiibic ISiil'. 01 962 .SOCIÉTÉ IMPÉKIALt; ZUULUGIUUE D AllCLlMATATIoN. ail cuiitraii'e; tandis qu'un excès tic chaleur lui serait, à iiioii avis, très préjudiciable. Lorsque la feuille de Coca est mûre, elle tombe d'elle-même : c'est ce qu'il faut éviter, parce que si , en tombant, elle se tache, elle n'est plus bonne à rien ; il faut la cueillir à maturité et la faire sécher à un degré convenable, parce qu'une trop forte chaleur la réduirait en poudre : donc, dès qu'un cocal est mùr, on eu fait la cueillette. Ce sont généralement, en raison du peu de prix du salaire de la journée, des femmes et des enfants qui sont occupés à ce travail, sous la conduitr d'un })iandon , homme préposé pour surveiller le mode dont s'effectue la récolle, afin que les palladoras ne secouent pas trop l'arbuste en faisant la cueillette, ce qui lui serait très nuisible, car cette plante est d'une grande délicatesse, et demande à être traitée avec douceur. La Coca se cueille feuille par feuille. On ne touche jamais à la (juia ; \es palladoras ont devant elles un tal)lier, et, lors- qu'il est plein, elles vont le vider dans un des sacs qui se trouvent en regard de chacune des rigoles du champ. Lorsque ce sac est plein, le mandon le fait porter et vider dans le inatu-pampa, cour carrelée où l'on pose la feuille de Coca pour la faire sécher naturellement à l'ardeur du soleil. On livre à la consommation du public deux espèces de Cocas, qui proviennent toujours de la même plante, et ne doivent la ditférence de leur nom (pi'à la manière dont elles sont bénéhciées : l'une s'appelle cacha, et XdiWivQ pisada. La première est celle qui, cueillie et mise à sécher dans le matu-panrpa, est ensuite déposée dans le matu-huasi (maga- sin (1), sans avoir éprouvé le moindre accident atmosphé- rique ; là elle est posée par arrobes (poids de 25 livres), mise dans des sacs de toile commune, et livrée au commerce. L'autre, qui se nomme Coca pisada, est celle qui, dans le metu-pampa, est surprise, avant qu'on ait pu la serrer, par une averse inattendue, qui la mouille et la tache ; alors on la fait fouler aux pieds par une certaine quantité d'Indiens. Les (l) Matu-ijuu.si vciil (liro on langue quicluia : tnaison de lu Cuva, : DE LA COCA. ■ • i [)(i:\ kulWc^ peitleuL alors celte belle leiiilr scilf uiiiroiiiK; des premières, d prennent des couleurs variées, parmi lesquelles dominent les sépias les jaunes et vert sale. (Juand le loulage est terminé, on laisse sécher les feuilles dans le même lieu; puis, après, on les transporte dans le matu-huasi, où elles subissent les mêmes préparations que les précédentes. La première Coca se vend toujours à un prix plus élevé, mais il y a des localités où l'on prélère la seconde. La feuille fraîche de Coca approche beaucoup de celle de Poirier, avec cette différence qu'elle est moins brillante; sa couleur est d'un vert mat obscur. Quant à la feuille sèche, je doute fort, même toutes les pré- cautions désirables étant prises, qu'elle puisse arriver en bon état en Europe ; les émanations de la mer e!, celles des navires altéreront, je le crains, ses qualités. Dans le pays même, la Coca du commerce, si elle n'est point placée dans des endroits bien secs, perd au bout de quel(|ue temps toute sa saveur; elle devient insipide. Un Indien consomme en moyenne quatre onces de Coca par jour, ce qui fait environ un quintal par an. La culture de la Coca a be.'iucoup diminué dans le sud du Pérou, depuis l'épotiue de la peste de 1855, qui a décimé un grand nombre d'Indiens, 'et surtout depuis (|ue les hacicndado^ ont substitué en partie à cette culture celle de la plantation de la Canne à sucre; cependani, rien que dans le départemenl du (^u/xo, la consommation annuelle ne s'élève pas moins (ju'à 55 COU arrobes, au prix de 8 piastres en moyenne, soit ^i/iOOOO piastres, ou 2 -iuO 000 francs. ' , Tableau du itriju il a la ('ûca dc/joÀis 185,"). ))e 18ÔÔ à IIS57, l'arrobu [niislies .'),4à(J,^, soit IV. 27, .ji) a oO,dO l857àJ8r)f), — 7,iày — .37,50 àb 1860, jusqu'en iiiui, — 9,4 — i7,5() I8t)0, iiov. (il tause delà malailie du végétal) 12, 'i — ' ()2,50 18()1, ~ 10 — , .)0 1802, i-iix actuel !t,0 — ;, i8,25 iH)h suciÉn': i.Mi'iiniALh zuulo(.1(jlii; u'ai;uli.\jatatiun. Vrrsions historiques de la Voeu. — Usages el propriétés (le la [caille. Tous les liulioiis, indislinctemenl, so servent de la reuillc de Coca, comme les marins du tabac, c'est-à-dire ({u'ils la iiiàclient, et lorsqu'elle est légèrement imprégnée de salive, ils y ajoutent, suivant les localités, de la llipta. « La llipla est » un gâteau durci, composé de chaux et de cendre calcinée )) (jui provient, soit de l'écorcc d'un petit arbre appelé Quinoa, » ou de celle d"un arbusie de la montagne, nommé Plancha. » Dans d'autres localités, connue au Cerro de Pasco par exem- ple, la llipta est tout simplement de la cliaux vive. Chaque Indien porte suspendu à sa ceinture une petite calebasse ren- fermant cet ingrédient, et il en sort avec un petit bâton creusé à l'extrémité, ou avec une cuillei', au fur <'t à mesure de ses besoins. Il paraît iiue cette feuille a la propriété de pouvoir suppléer au défaut d'aliments, cl (|u"une jtersonne (jui en fait usage peut subsister plusieurs jours sans manger ni se sentir affaiblie; aussi raconte-t-on à ce sujet d'incroya- bles versions. Ainsi, Irl Indien aurait entrepris un voyage de 200 à 300 lieues, exécnl.uit par jour luie étape de 60 milles, se lujurrissant uniquement de feuilles de Coca, et sans ijuc sa santé ait en rien soulVert. Si, comme je le crois el l'ad- mets, la feuille de Cnci est une substance fortiiiante, ma conviction est aussi que s(»u abu.^ a pour résultat fâcheux d'attaquer les facultés intellectuelles de l'honnne. Ouiconque a visité un canton minéral de ce pays a pu faire cette re- marque, que les Indiens mineurs, qui sont ceux qui préci- sément font un abus de cette feuille, <( car non c(mlenls de la » mâcher depuis le moment où ils sont éveillés ju^iiu'à celui )) où ils se couchent, ils en font encore usage la nuit », sont réduits à un état d'idiotisme complet: la Cnea produit sur eux j'elVet ([ue produit l'opium sur les Chinois, elle les abrutit. Il m'est arrivé i)lusieurs fois, eu passant la grande chaîne des Andes, de mâcher de la Coca pour combattre le froid, et je m'en suis toujours bien trouvé. La feuille a un goût acre, "mais elle n'écorchc [loint du tout la langue, connue on a voulu DE i,\ r.or.A. iXiÔ le l'aire croire ; à ceux ijui en l'oiiL im iisaj^e eujiliiiuel, cl (jiii se servent de la Uipla . elle donne nne odeur insupportable, La première Ibis (lue j'ai niàché de la Coca, j'ai senti au bout de quelques minutes de petits IVissons di' lièvre; le sang se portail vers la tète et me battait les tempes avec force. J'éprou- vai ce malaise dix minutes environ, après (pmi une réaction complète eut lieu, et je sentis des pieds à la tète une cbaleur douce et agréable. Arrivé le soir à la posada (auberge) , j'en pris en infusion, en guise de thé, avant de me coucher; seule- ment, j'eus soin de jeter la première eau et de ne boire que de la seconde; et, malgré la neige et l'intensité du froid, j'ai éprouvé une telle chaleur, (pie j'ai Iransiuré à percer mon matelas. L'Indien attribue à la Coca plusieurs propriétés, et l'emploie ù différents usages. D'abord c'est ])0ur lui un aliment favori et indispensable; caria privation de toute autre substance lui est infiniment moins sensible que celle de la Coca : aussi l'ecommanderai-je toujours à tout voyagem' susceptible de paicoiirir l'intérieur de ces pays, de se munir au départ d'une bonne provision de Coca; c'est la meilleure monnaie et celle qui a le plus de vogue dans toute l'Indiana. Et il m'est arrivé souvent, dans la montagne, de ne pouvoir me procurer la moindre des choses avec de beaux et bons écus, tandis qu'une poignée de feuilles de Coca produisait sur l'hidien refiél d'un talisman, et celui-ci mettait uïmiédiaLement son ranclio (ca- bane) et tout ce qu'il contenait à ma disposition. Les Indiens se servent de la Coca pour toute espèce de maladies externes, soit qu'ils se coupent la main, [lour arrêter l'hémorrhagie, soit à la guérison d'ulcères ou de quelques plaies que ce soit, de même que pour les névralgies et les maux de tète; dans ce dernier cas, ils appliquent de chaque côté, sur les tempes, une feuille de Coca mouillée, et, soit superstition, soit réalité, ils parais- sent ne plus soulVrir dès que la feuille est posée. A propos de la vertu attribuée par les Indiens à la Coca, voici une histoire qui me fut contée par les témoins oculaires du fait. L'année dernière, lors de mon expédition à Vilcabamba, jadi< un des cantons minéraux le plus riche du Lé'rou, j'ar- ■ 9()C) SOCIÉTl'; IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. riv.'iis en cette ville au moment où Ion conduisait à sa dernière demeure le dernier mineur. Celui-ci, depuis plusieurs années, ('•tail atteint d'une maladie devant laquelle les secours de l'arl étaient restés impuissants; son corps était couvert d'ulcères externes, et le malheureux, dans son martyre, al)andonné des médecins, demandait la mort. Un vieil Indien, qui avait an- ciennement travaillé sous ses ordres, lui proposa d'entre- prendre sa guérison; il accepta. Il étendit mon patient toiil nu au milieu de la chambre, et là une demi-douzaine d'Indiens mâchèrent de la Coca avec raccompagnement indispensable de la llipta, et se mirent autour du corps à chanter et dan- ser avec force gestes cabalistiques. Au bout d'un quart d'heure environ, alors que les léuilles étaient sufTisammenl impré- gnées de salive, et que celle-ci se manifestait par une écume abondante, ils se mirent, tout en continuant à danser, à cra- cher sur le corps du souffrant; cet acte dura environ une demi-heure, après lequel chaque Indien alla appliquer sa bouillie de Coca sur les ulcères du malade; celui-ci fut alors enveloppé de linges et rais sur un lit de repos. La même scène fut recommencée deux jours de suite, et, au bout du mois, le malade, qui s'appelle Gonzalès, lut radicalement guéri. Depuis lors il vécut encore onze ans, car cette opération médicale eut lieu en 1^50. - II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DD COiNSEiL. ■ SÉANCE DC CONSEIL DU '21 NOVEIMBRE 1862. Présidence de M. le comte d'ÉPKÉMESNH., vice-président. ». Le procès-verbal de la séance précédente e&t lu et adopté. Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : MM. BuRE.\u (Eugène), propriétaire à Cliaix (Vendée). Costa (le professeur Achille) , directeur du musée de zoologie de l'université, à Naples. Frossard (le général de division), aide de camp de l'Em- pereur, à Paris. Gasnier (H.), propriétaire à la Bruyère , près de Baugé (Maine-et-Loire). HoRÈs (M"' AL), évêque missionnaire de la Sénégambie, à Dakar, près de Corée. Larré (Philippe), négociant à Luçon (Vendée). Mars (Henry) , ancien négociant, à Paris. Mathârel (de), préfet de l'Orne, à Alençon. MocQUAY (Henri), négociant à Luçon (Vendée). OuLSEN (Ch. -Théodore-Alexandre), agriculteur à Naples, Pons y Soler (,).), propriétaire à Mahon (Espagne). IiiYiÈRE (Jules), architecte, à Paris. Salazar y Mazarredo (Eusebio de), à Madrid. Savardan (le doctem'), à la Chapelle-Gaugain, par Bessé (Sarthe). « Tacliarue (Esiode), propriétaire à Milan (Lombardie). — Des remercîments' pour leur récente admission sont adressés par MM. le docteur H. Auzoux, le comte de Ghevigné, Lenthéric et Martin de Bessé. — S. Exe. M. ie Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux pubhcs, par une lettre du H novembre, trans- met à la Société une collection de graiues de Chine recueil- lies et envoyées par M. E. Simon. 90S POr.lKTK IMPÉRIALE ZOni.nr.lOrE D\\r.r.LIMAT\TlON. — i\I. le Dircclcur du .lanlin (racclimalatioii donne com- munication d'une lettre adressée par le même Ministre à M. le Président, en date du 28 octobre, pour lui annoncer qu'il met à la disposition du Jardin une partie de ceux des animaux éi^alement envoyés de Ghinr" par M. Simon, rpii ont survécu aux fatigues de la traversée. — iM. le Président donne lecture d'une lettre qu'il a reçue de notre délégué à la Réunion , M. le docteur Berg , qui lui annonce, à la date du 7 octobre, l'organisation délinitive d'un Comiti' colonial d'acclimatation à Saint-Denis. M. Berg, secré- taire général du nouveau Comité, transmet, au nom de son Conseil, dont il fait connaître la composition (voyez au Ihdle- fi/i, Faits (/ivers), le désir que le Comité soit admis au nombre (les Sociétés affiliées. Cette demande est favorablement ac- cueillie par un vote unanime du Conseil, qui décide, en outre, que les mesures nécessaires seront prises pour qu'il soit donné satisfaction aux demandes d'œufs de poissons et d'oiseaux insectivores adressées, au nom de la colonie et du Comité, par nos zélés confrères M. Berg et M. Manés. — M. le secrétaire donne ensuite lecture d'une lettre de M. Manés, en date du h octobre, qui fait connaître son inten- tion d'essayer la culture des Vers à soie de l'Ailante et du Ricin à la Réunion, et de renouveler aussi souvent (pi'il sera nécessaire, et sous toutes les formes possibles, ses tentatives d'introduction du (iourami en France ou en Algérie. Notre confrère rappelle les observations ipril a d/'jà faites sur les avantages que présenterait l'organisation d'iiuîtrières arlifi- cielles et d'élablissemenls de pisciculture sur les points les plus favorables des côtes de la Réunion. — M. le docteur Sacc, en présentant la candidature (b* M. Pbilipjte Jœger, transmet les bienveillantes offres de service de notre nouveau confrère ([ui va accompagner la mission suisse au Japon. Parmi les objets que la Société pourrait re- commander à l'attenlion spéciale de M. Jœger, M. le délégué à Barcelone signale le Ver à soie Ya-ma-maï, les Mainates de Java, et les Oiseaux de paradis, qu'on i-encontre fréipicmment à Singapore. rROCÈS-VERDAUX. 900 — M. le Direcloiir des services marilinies des Messageries impériales, par une réponse adressée à M. le Secrétaire géné- ral, renouvelle l'assurance des disposilions bienveillantes de cette adrninistralion envers notre Société, pour ce qui est relatif aux transports des objets dont elle pourra être chargée. ~ M. le Président communique une lettre par laquelle M. Richard (du Cantal) lui rappelle les observations qu'il a soumises au Conseil sur l'utilité de l'aiiplication des sciences naturelles à l'agriculture et d'études ])ratiques faites en vue de l'amélioration île nos races indigènes. Les considérations exposées par noire honorable vice-président sont approuvées par le Conseil. — M. le Président dépose une Notice sur les Moutons de Chine, rédigée par M. A. D. Bartlett. (Vovez au />V///^///^ }). 929.) — M. le Président annonce (uisuite que les animaux offerts à l'Empereur par les rois de Siam viennent de débarquer à Toulon, et que Sa Majesté en ayant laissé la libre disposition à M. Drouyn de Lhuys, il sera prélevé sur cette collection les espèces utiles qu'il conviendrait de placer au Jardin d'accli- matation. — M. Pierre Pichot, par une lettre adressée à M. le Prési- dent, en date du 18 novembre, annonce l'arrivée à Paris des Moutons Romanofl" olferfs à la Socii-té par M. Casrileff, et d'Oi- seaux de Russie envoyés de Saint-Pétersbourg- par M. le comte Gustave de Montebello pour le Jardin d'acclimatation (voyez au Bulletin). M. Pichot ajoute ({u'il remettra prochainement un rapport sur les Moutons Romanoff, — M. le secrétaire communique diverses correspondances relatives à l'arrivée à Londres, et ensuite au Jardin d'accli- matation, de l'un des deux Phascoloini/s latifrons offerts à notre Société par la Société d'acclimatation de Victoria (Aus- tralie), et expédié par les bons soins de M. le docteur F. Mueller, de Melbourne. Cet individu appartient à une espèce tellement rare et précieuse, môme dans son pays d'origine, que notre dévoué collègue , pour ne pas compromettre le succès de leur arrivée (mi France, a cru utile de les expédier l'un 070 SOCIÉTl': IMPKUIÂLE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. après l'autre. Le premier nous est parvenu clans d'excellentes conditions, el a été immédiatement déposé au Jardin d'accli- matation par iM. Ramel, qui, se trouvant à Londres, a bien voulu se charger de le ramener à Paris. — M. Faivre, brigadier de pèche, à Beauheu (Corrèze), dans une lettre du 18 octobre, entretient la Société des efforts (|u'il ne cesse de faire pour la propagation des pratiques de pisciculture dans hi localité qu'il habite. — En envoyant une demande d'œufs fécondés de diverses espèces de Poissons, notre confrère M. E. des Nouhes de la (lacaudière, dont les travaux ont été souvent mentionnés dans nos Bulletins, fait connaître ses projets d'empoissonnement de la Sèvre, où il se propose de jeter (juelques milliers de Saumons et de Truites. — M. G. Ermens, agent chargé des plantations du gouver- nement à Saint-Louis du Sénégal, par une lettre du 27 sep- tembre, annonce qu'il a déjà obtenu deux éducations de Vers à soie du Ricin provenant de graines qui lui avaient été don- nées à son passage à Alger, au mois de juin dernier, et dont il espère introduire facilement la culture dans notre colonie (kl Sénégal. — M. G. Rcnoux, du Val, près de Brignoles (Var), rend compte d'une éducation de Vers du Ricin ([ui lui a donné d'excellents résultats. — M, le Président communique une lettre qu'il a reçue de Palerme, en date du 8 octobre, et par laquelle M. le baron Anca, président de la Société d'acclimatation et d'agriculture de Sicile, lui fait part des succès remarquables obtenus par lui dans un premier essai d'introduction de la culture de la Gochenille en Sicile. Ces succès encouragent notre hono- rable collègue à étendre cette culture. (Voyez au Bulletin.) — M. le docteur L. Soubeiran remet un travail qu'il vient de terminer sur la culture du Gotonnier. (Voyez au Bulletin.) — M. le Président dépose deux échantillons de Cotons Géorgie longue soie (;t Louisiane, récoltés dans le Gard par M. Arnaud (ils, de Remoulins, et qui lui ont été adressés par cet agriculteur. - — M. lo socrôtairp doniip leclure dt^ deux Jellres adresstM^s de Bahia (Brésil), les lo et '28 oelobre, à M. le Présidenl, par M, A. de Lacerda, qui fait parvenir à la Société un échanlillon d'une espèce de Coton jaune du lîrésil 1res estimé. Notre dévoué confrère, craignant que les graines (ju'il possédait de ce Coton ne fusseid déjà très avancées, a eu. la précaution de les semer lui-même pour envoyer ensuite les graines fraîches qu'il en récoltera. Il parle dans sa première lettre d'un Coton Ideu qu'on dit exister au Brésil, et de Pacas qu'il possède et qu'il veut envoyer à la Société dès que la saison le permettra. 11 fait enfin connaître un projet de voyage dans les régions centrales de la province de Bahia, pour se mettre à la recherche des produits naturels de ces contrées qui pourraient inléresser la Société. Par sa seconde lettre, \î. de Lacerda annonce l'envoi des tiges de deux végétaux alimentaires, \e Mand ioca et le Aipim, appelées dans le pays Manaiba (voyez au Bulletin). Ces liges sont parvenues dans un état de conservation parfaite, et ont été immédiatement distribuées entre les pépinières du gou- vernement en Algérie et ceux de nos confrères (\n midi de la France qui sont dans les conditions les plus propices pour leur culture. — M. E. de Lesseps, consul général chargé d'affaires de France au Pérou, écrit de Lima, le 13 octobre, pour exprimer à M. le Président son regret (jue les conditions dans lesquelles il a reçu les graines de Coca qui lui ont été envoyées par M. Colpaert, ne lui aient pas permis de les réexpédier à la Société. Il a eu soin de faire semer ces graines, et il espère })Ouvoir en envoyer des plants dans quelques mois. Il annonce cependant l'envoi de graines de cette plante et d'échantillons de lliptn. La lettre de notre honorable correspondant ren- ferme un Bapport de M. Colpaert sur le mode de culture de la Coca au Pérou, et une Note de MM. Borsani et Eve sur les plants et les graines de M. Colpaert. (Voyez au Bulletin.) — M. Drouyn de Lhuys offre à la Société trois échantillons de Haricots polonais que le prince Czartoryski a bien voulu lui remettre. Le n" 1, appelé' en polonais Vazohi orzelhn}r{i 072 SOr.lKTK IMPKRIAl;E ZOOLlKilOrR d'aCCLIMATATION, piesza (Haricot à l'aigle), n'a pas besoin d'èlre ramé. Le n° 2, appelé Fazola perloiiro (Haricot perlé), doit l'être, et il en est de même du n" 3, a})pelé Uazola szparagon'd (Haricot asperge). Cette dernière variété est fort bonne à manger comme baricot vert ; les gousses sont longues et grosses. — Une lettre de M. Hayes, datée de Cbandernagor, le 20 septembre, annonce l'envoi de graines fraîcbes de Santa- Iwn albinn, Linn., du Mysore, c'est-à-dire de la meilleure espèce, qui sont arrivées récemment. — M. le secrétaire connnunique une lettre transmise par M. le Président, qui l'avait reçue de M. .1. X. Rosalès. Cette lettre annonce l'envoi fait par notre bonorable confrère d'une collection de graines d'arbres et de végétaux divers du Cliili, et d'une importante provision de pignons ô\Araucaria imbricata. (Voyez au Bull clin.) — M. Ducbesne de Bellecourt, dont les importants envois ont déjà été signalés à la Société , adresse deux épis de Riz sec des montagnes et de Riz des marais des environs d'Yedo. — M. Ramel oll're à la Société un sacbi't de graines d'/iw- calyptus globuliis d'Australie. — M. A. Lejourdan, directeur du jardin des plantes de Marseille, transmet une collection de graines d'Australie envoyées de Melbourne par M. le docteur Mueller. — M. Gouly de Cbaville, à la suite d'une lecture faite ]»ar lui en Angleterre, sur la culture et le commerce (hi Coton, adresse un écliantillon de fibres extraites des feuilles du Raifort par une dame anglaise qui les croit propres à être utilisées comme matière textile. — Des comptes rendus plus ou moins détaillés sur les ré- sultats obtenus dans la culture des végétaux exotiques dont les graines ont été distribuées, sont adressés par M. Rrierre, de Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée); le docteur Leclerc, de Rouillac (Charente) ; Kirwan, garde général des forêts de l'État, àEvreux; Quevreux, à Nay (Basses-Pyrénées). Ces rapports, ainsi que ceux qui sont parvenus antérieurement, seront l'objet d'un compte r(MKlu général. Pl'.OCES-VEHnAUX. t)7o — ]'lusieiirs diMiiandes de graines ont été éi-aleinenl adres- sées et enregistrées. — \jn cerlain nombre de membres accusent réception de celles qui leur ont été récemment envoyées sur leur demande, et offrent leurs reniercîments. — M. le Président dépose plusieurs journaux qu'il a reçus depuis la dernière séance, savoir : Le Luçonnais du 25 octobre, contenant un compte rendu du concours agricole ouvert le 'J5 du même mois à Napoléon- Vendée, et dans lequel sont mentionnées une médaille de bronze accordée à un jardinier de Luçon pour sa culture de Cocozzelli , et une médaille d'argent pour premier prix d'os- tréiculture, décernée à noire confrère M. RenéCaillaud, dont les travaux ont été signalés tout spécialement. (Voyez au IJu/- letiii.) Le Moniteur (la Calvados du 15 et du 18 octobre, qui ren- ferme de longs articles sur le comice agricole et borticole d'Aunay-sur-Odon, et entre autres d'intéressants Rapports de notre conlVèi'C M. Victor Cliatel. Le Muiùtciir belije du '27 octobre, présentant de nouveaux documents sur les j)rogrès de la propagation en Uelgi([ue des races bovines sans cornes créées par M. Dutrùne. Le Secrétaire du Conseil , GuÉIil.N-MÉNEVILLE. III. BULLETIN MENSUEL DES CONFERENCES ET LECTURES, . ,i » j LeSorgho à balais est très cultivé dans le midi de la France pour les balais ; BULLETIN MENSUEL UES COlNFÉREiNCES. . 1)7Ô celui à épi ('Si plus liàlif, et a p;ir conséqucnl i)lus do chance (1(! mûrir ses graines sous notre climat. Cette considération nous eugaf^e à en recomman- der particulièrement la culture. Baselle ou Épiuard du Malabar (Ikisella inter média), Cliine. — Excellent Épinard très recounnandable. Il y a deux variétés : la blanche et la rouge. i^ois oléagineux (.Soja hispida], Chine. — Fruit oléagineux très productif en Chine, mais presque nul ici. Les pays plus méridionaux pourront en tirer un bon produit. Pyrèthre du Chicane {Pyrethruiii riyidum), Composées.— Plante vivacc dont les Heurs produisent la meilleure poudre insecticide. Cerleuinjulbeux {ChœropJujUaiu bulbosuin), Ombellilères. Allemagne. Ce Cerfeuil, amélioré par la culture, produit une racine assez grosse qui se mange comme les Pommes de terre. C'est incontestablement le mets le plus sa\oureux de tous nos légiujies, et nous ne saurions trop en recommander la cidture dans tous les potagers. I^a variété dite l'rescotti (de Sibérie) esl nouvelle, et demande à être améliorée par la culture avant d'être recom- mandée. Eucahjpim variés, Aîyrtacées. Australie. - Arbres d'une végétation rapide, d'un bel eifet, et produisant un bois très estimé pour la construction et Tindustiie. Les variétés les plus précieuses jusqu'à présent sont le tjh,- bulu.s et le robusia. Notre colonie africaine possède déjà, ainsi que le midi de la France, ce précieux végétal, qui y promet un bon produit. Sous le climat de Paris, il ne pourra rendre d'autre service que d'orner nos jardins pendant l'éié, mais on doit le rentrer en orangerie j)endant l'Iiiver. On peut aussi le cultiver comme plante annuelle en le renouvelant clhupie année par le semis. Le développement est si rapide, (|u'nn senns d'un an ou de deux ans fait déjà un bel ellei. Chêne à feuilles de Châtaignier {QuercHi< casUmeifulia], Asie. — Espèce précieuse pour la nourriture du ^ er à soie Boiitbijx i'ernyi; il réussit sous le climat de Paris, où il est encore très rare. liOza {Rhumnus tinctorius), Chine. — Arbuste très rustique ici, duquel on lire le vert de Chine. Céanolhe d'Afrique [Ceanodtus africanus), lihanmées. — Arbre d'ome- ment, qu'il faudra probablement tenir en serre l'hiver, sous le climat de Paris. Vernis du Japon {lihus vernicifera), Anacardiacées. — Arbuste qui pro- duit le vernis au Japon ; il est encore très rare en France, où il n'a pas encore passé l'hiver à l'air libre. Ce n'est que l'année prochaine que nous serons fixés sur sa rusticité. Il ne faut pas confondre le Vernis du Japon avec le soi-disant \ eniis du Japon anciennement connu, et qui est l'Ailantc {Ailunfus (jlaiidulosa). Fabriria leriijata, Myriacées. Australie. — Arbuste qui rend de grands services en Australie pour retenir les terres des dunes. Il est très ancienne- ment connu ici connue arbuste d'ornemenl de serre tempérée. Ce n'est que 97() SOCIKTE l.MI'El'.lAI.K ZUUL»(n(c((.s carola ru>ca), Ombellii'ères. — AouveKc Carotte intéressante par sa couleur rose. Ignaïue de Chine {Dioscuicd bufidiis), Dioscorées. — Ivxcellenl légunu' à cultiver dans les potagers. La longueur de son rbizomi' W rend diflicile .1 nULLETI.N MlvNSLlEL DES CONFÉUEACES. 977 cxîiaiir : c\>l ce qui u empêche de Je livrer ù lu grande ciilliiio. où il serait d'un produit avantageux. Les amateurs de mets savoureux continueront ù le cultiver pour ralterner avec nos Ponmies de lerre. Pommes de terre (Sulanuin tubcrosam), Solanées. — l'arnii les variétés que le Jardin a reçues de l'Australie, de la Bolivie, de rAm('ri(|ue, des Cor- dillères et du Pérou, il y en a quelques-unes dont le produit a toujours été en diminuant ; de sorle qu'à la seconde année il n'y a\ail plus du tout de tuber- cules; les autres, au contraire, ont augmenlé le nombre et le volume de leur produit. Nous avons aujourd'hui huit vari(''tés e\i-ellentes, de forme et de couleur variées, dont plusieurs nous ont donné des tubercules pesant plus d'une livre. Jiidépendamment de la qualité et du bon rendement (o kilos à la toulTc pour la plupart), nous avons eu la satislaction de ne voir aucune trace de maladie, ce qui n'est j)as la moindre qualité. Pois {l'ixuDi sativuin), Jjégumineuses. Ausiralie. — Bonne variété naine, 1res productive à l'aire en primeiu'. Dolics variés (iJulichua/), Légumineuses. — .Nous avons rec'u luie très grande variété de ce légume, qui est productif dans les pajs chauds comme nourriture, mais qui, faute de chaleur, n'arrive pas à maturité sous le cli- mat de Paris. Cependant nous en citerons deux dont on i)eut espérer tirer parti : celui de Montevideo à fleurs blanches, fruit blanc et plat ; et celui d'Egypte à fleurs rouges, fruit noir, bleuâtre et rond. Ces deux espèces se couvrent de fruits disposés en grappi's (\\\i ne sont jjas encore à maturité complète, mais qui y arriveront probablement. La plante, qui e^^t grimpante, est ornementale par ses fleurs et ses fruits. Haricot arbre {DuUchos li(jnosus), Chine. — Plante grimpante qui exige la serre et dont nous n'avons pas encore vu le produit. Haricot rouge (Phadeoius), Chine. — Variété très fertile, mùrissaiil bien ; il ressemble beaucoup à notre Haricot rouge d'Orléans. Tétragone étalée (Tetrayonia expansa), Mésenibrianthémées. Nouvelle- Zélande. — Plante annuelle dont les feuilles se mangent comme les Épinards, auxquels elles ne le cèdent en rien pour le goût. On Ta dite antiscorbutique. Sa principale qualité est de produire beaucoup, et d'autant plus, qu'il fait plus chaud, circonstance précieuse pour la saison d'été, pendant laquelle nos Épi- nards sont moins abondants et moins bons. .Sa croissance est telle qu'il suflit d'un pied par mètre carré pour que le sol soit con)plétement couvert. 11 faut semer en avril en pot sous châssis, et livrera la pleine terre en mai, en ne laissant qu'un pied par pot. Cocozzelli ou Courge d'Italie [Cururbila pepu), Cucurbitacées, — Espèce de Courge non traçante, dont les fruits se mangent aussitôt après la floraison. Mets délicat. C'est une bonne introduction pour nos potagers. Zupallo {Cuvurbita melopepu). Cucurbitacées. Pérou.— Plante très vigou- reuse donnant des fruits ('normes, ayant la forme intermédiaire entre le .Melon et le Potiron, mais grosse comme ce dernier. Elle n'a pas encore été dégustée. r. 1\. — ^o^elllb^e I8t)2. 62 978 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Cyclanthera pedata, Cuciirbilacôes. Texas. — Planlc grimpante 1res vigoureuse, pouvant garnir un grand espace dans Tannée. Fruit curieux, non alimentaire. Giraumont vert [Cucurbita melopepo), Cucurbitacées, Chine. — Espèce alimentaire, non encore dégustée. Gourdes {Cucurbita leucanlhu), Cucurbitacées. Chine, — Plusieurs varié- tés donnent des Gourdes de di\ erses formes, telles que : Alassue, Bouteille, Gourde de pèlerin, etc. Potiron vert (Cucurbita pepo viridis), Cucurbitacées. Chine. — Nouveau Potiron non dégusté. Potiron blanc {Cucurbita pepo fructu albu), Cucurbitacées. Chine. — Nouveau Potiron non dégusté. Potiron doré {Cucurbita pepo aurea), Cucurbitacées. Chine. — Nouveau Potiron à h-uits petits, mais nombreux ; nun dégusté. Concombre d'Angleterre {Cucumis sativus var.), Cucurbitacées. Chine. — Se mange conniTC nos Concombres, auxquels il est supérieur. Cornichon anguleux {Luffa ançiulata), Cucurbitacées. — Provenance ignorée. Fruit très remarquable à étudier. Concombre à écorce résistante {Bcnimasa cerifera), Cucurbitacées. Chine. — .Non encore dégusté. Aous ne parlons pas ici d'une grande quantité de plantes alimentaires, industrielles ou ornementales, venues de divers pays, et particulièrement de la Chine, et qui sont cultivées ici depuis longtemps déjà ; un grand nombre même sont originaires d'Europe et y reviennent conune des nouveautés. Ce sont de vrais retours de rinde. C'est là un des inconvénients de notre posi- tion. Nous recevons de la bonne volonté de chacun tout ce qui nous est apporté et nous accueillons tout avec cmpressemeni, souvent sous la forme de graines dont il n'est possible de juger qu'après la germination. Nous ne nous plaindrons pas des déceptions que nous éprouvons, lorsque, après avoir attendu une plante nouvelle, nous voyons pousser quelque chose de très connu : nous connaissons trop bien les procédés de la nature : il faut semer beaucoup pour récolter un peu, et ne jamais se décourager. COXFKRENCE DL 11 SEPTEMBRE 1862. Sur rhistoire de la pisciculture, par M. Anatole Gu-let de Grandmont, Le poisson, connne tous les êtres de la création, naît d'un œuf. Cet œuf, chez le plus grand nombre des espèces, éclôt en dehors du sein de la mère ; presque toujours alors le jeune poisson porte une vésicule ombilicale, der- nier débris du vitellus ou jaune de l'œuf, qui renferme pour quelque temps les éléments de sa nutrition. Chez quelques espèces cependant, comme les Squales, les l\aies, les Blennies, Pœuf éclôt dans le sein de la mère, et le poisson est dit alors ovovi\ipare. Il est donc nécessaire, pour étudier les BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 979 poissons, de les considt'rer soiis leurs deux formes, c'csl-à-dire à l'étal (reni- bryon et à l'état de poisson. Cette distinction me servira de division pour exposer avec plus de facilité l'histoire de l'élevage de l'œuf et de l'embryon (pisciculture embryonnaire), et celle de la culture du poisson adulte ^pisciculture proprement dite). A oyons d"abord à quelle époque remonte la pisciculture embryonnaire. En 1758, Jacobi, lieutenant de milice d'un petit comité de Westphalie, homme d'un esprit observateur, grand ami des études physiologiques, occu- pait ses loisirs à étudier les manirs des poissons, et il transmettait à Bufl'on le résultat de ses recherches. 11 remarqua que la Truite, à l'époque de la ponte, devenait large, lourde, pesante, et plus facile à observer. C'est en mettant cette circonstance à profit qu'il parvint à surprendre les mystères delà fécondation. La Truite femelle écartait à l'aide de sa queue les petites pierres garnis- sant le fond de la rivière, et se frottait contre elles pour faciliter la sortie de ses œufs ; puis lorsque le mâle, guidé par son instinct, était accouru répandre sur eux sa laitance, elle revenait, et se servant encore de sa queue el de ses nageoires, elle recouvrait de cailloux les œufs qu'elle voulait ainsi mettre à l'abri de leurs nombreux ennemis. Ce fut un trait de lumière pour Jacobi. Il n'av.iit plus qu'à imiter la nature ! Tel est le i)oint de départ de la fécondation artificielle, et voici comment Jacobi opéra. Tenant par les ouïes une Truite femelle disposée à pondre, il lui comprima légèrement les entre et reçut dans un vase rempli d'eau les œufs qui s'en échappaient; il prit ensuite le mâle, el lui fit .subir la même opération pour féconder les œufs par 1 i laitance qu'il laissait écouler. Ceux-ci, lavés à grande eau, furent déposés dans une boite à éclosion au milieu d'un ruisseau rapide. Ouarante jours après environ, de jeunes Truites, aussi vigou- reuses que si elles fussent nées en liberté, s'élançaient dans les eaux, après a\oir déchiré les cellules qui les retenaient captives. Jacobi ne s'en tint pas à celte seule expérience. Il appliqua son procédé sur une plus vaste échelle, el il obtint des résultats si brillants, qu'on put faire le conmierce des poissons qui lui devaient la vie. L'Angleterre, qui connut ces résultats (1), lui adressa une récom|)ensc nationale ; et quand les Saunions devinrent plus rares sur les marchés an- glais, MM. Schaw (2), en 1837, et Buccins (3), en 18Zil, tentèrent d'utiliser la fécondation artificielle pour repeupler leurs cours d'eau, naguère si pois- sonneux, que les ouvriers ne se louaient qu'à la condition de ne pas manger de Saumon plus de trois fois par seniaine. Voilà où en était la pisciculture chez nos voisins. La France n'avait encore rien l'ail, et cependant c'est à elle que revient l'honneur d'avoir vulgarisé (!) Soirées lielvétiennes. Amsicriiaiii, 1771. (2) Experiin. observ. ou Vie develop. and urowtk of Saimon fry. Eiliiil)urgli, 1840. '3) Boccius, Fish in rivevs and streams. Loiidoii, 1848. 980 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. dans le monde enlier, un art qui nV'tait i)as coiiuu, ou qui n\-lait exercé que par des expérimentateurs timides, - ' En ISZiS, M. de Quatrcl'ages, dans un brillant rapport à T Académie des sciences (1\ rappelait aux agriculteurs que la science mettait à leur disposi- tion les moyens de régulariser les produits îles étangs, et d'utiliser pour la mulliplicalion du poisson les œufs des sujets ii\rés à la consommation.il allait même jusqu'à parler d'ensemencer les eaux connue on le fait d'un champ préparé à l'avance. On ne croyait guère à la réalisation de telles promesses, quand le docteur Ilaxo, en revendiquant pour deux de ses com- patriotes, r.enn et Céliin, la découverte de la fécondation arlilicielle, vint apprendre que, dans les Vosges, déjà depuis plusieurs années, le procédé dont parlai! M. de Ouairefagcs était mis en pratique. Laissez-moi vous dire comment l'.emy, sinqile pêcheur, ignorant des grandes questrons scientitiques, arriva à féconder et à faire éclore les œufs des poissons. La Bresse, qui n'était alors qu'un petit village ignoré des nu)nlagiies des Vosges, est entourée de ruisseaux rapides dont le fond pierreux et les eaux limpides sont fréquentés par les Truites, l'.euu vivait là du produit de ses filets; mais l'abondance du poisson diniinuail de jour en jour, et, partant, diminuait aussi l'aisance de la maison. Le besoin, qui rend industrieux, suggéra à notre pêcheur l'idée de remédier à ce dépeuplement. Depuis longtemps il savait que vers la mi-novembre la Truite remonte les cours d'eau pour frayer près de la source. Il attendit donc cetle époque pour faire ses observations. Couché le long de la rive, même par les froids les plus rigoureux, jour et nuit, il épiait dans rinuuobilité la plus complète les mouvements de la Truite. C'est ainsi qu'il la surprit choisissant un endroit à l'abri descoin-ants trop rapides, pour y déposer parmi les cailloux les anifs dont elle était chargée. Portant alors toute son attention sur ce précieux dépôt, lîemy voulut savoir ce qu'il deviendrait. Alais il fut bientôt convaincu que ces œufs ainsi confiés à la nature étaient entourés de bien des ennemis et de beaucoup de causes de destruction. C'étaient les oiseaux du rivage qui venaient s'en re- paître; c'étaient les autres poissons elles Truites elles-mêmes qui les dévo- raient ; c'était le courant trop rapide qui les emportait avant la fécondation ; c'était enfin l'eau qui se relirait et les laissait à sec. 11 crut avoir vaincu ces diCTicultés le jour où il songea à recueillir ces œufs pour les faire éclore en lieu sûr; mais quelle ne fut pas sa déception quand il n'en vit réussir qu'un petit nombre. U répétait l'expérience, et il obtenait les mêmes résultais : les œufs en elïet n'étaient pas fécondés ! - Le pauvre pêcheur vo\ ait peu à peu ses espérances s'évanouir ; il avait rêvé le repeuplement des eaux des Vosges, et chacune de ses ti'utatives semblait lui en démontrer rinqwssibililé. Las de tant d'insuccès, après tant de labeurs, il perdait courage,, quand tout à coup il lui vint l'idée de reiii- (i) Des fccondalioiis artifœieUes appliquées à l'élève du poisson, iSiS BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 981 placer la naliire en faisant par hii-mênie ce qu'elle confiait au hasard ; en un mot, de féconder arliriciellenient les œufs. Le grand problème était désormais résolu; et cela à force de patience, d'intelligence et d'observation! Le nom de (iéliin, que l'on trouve toujours uni à celui de Uemy, nous fait C(mnaîtrc un de ses amis qu'il s'était adjoint dans ses expériences et dans ses observations. Les journaux s'emparèrent bientôt de la question, ei l'on suivait avecle pins vif intérêt les expériences du pèclieur des Vosges. .M. Coste vit tout d'abord l'inli'rèt de cette découverte, il comprit ce que l'on en pourrait attendre, et, se mettant à l'œuvre, il sut par d'habiles mé- moires inspirer la persuasion aux esprits les plus rétifs. C'est alors que dans son laboratoire, dans de petits bassins alimentés par les eaux de la ville, il faisait (-clore avec l'aide de .\L Gerbe, savant naturaliste, sous les yeux des visiteurs, les d-uls qu'il avait fécondés en public quelques semaines aupa- ravant. MM. lîcrtliol et Oclzem, ingénieurs du canal du liliùne au llhin, avaient mis à profil, pour l'éclosion et l'élevage du poisson, les eaux dont ils pouvaient disposer. En 18;i2, AL Goste, instruit de leurs travaux, court à lluningue, lieu de résidence des deux ingénieurs, s'entretient avec eux, revient à Paris, et obtient du ministre de l'intérieur la création d'une école de pisciculture. Grâce à la généreuse intervention du gouvernement, qui n'a pas reculé devant une dépense de plus de .'SOO UOO francs, cette école d'Ilmiingiie, aujour- d'hui connue du nioiide entier, jouil d'eaux de sources très abondantes, (les belles eaux du lUiin, de celles d'un ruisseau, l'Augraben, et enfin de marais qui ne sont pas sans utilité, puisqu'ils nourrissent des grenouilles des- tinées à ralimenlation des poissons, lluningue est un vasle appareil d'éclosion d'où l'on flirige vers nos fleuves, vers nos rivières, vers nos étangs, des œufs de poisson fécondés et même de jeunes poissons à l'état d'alevin. Voilà, quoique d'une manière très imparfaite, l'historique de la pisciculture embryonnaire dans ces derniers temps. J'ai dû beaucoup l'abréger pour ne pas abuser de votre bien\eillante attention. Si l'on interioge les anciens sur celle partie de notre sujet, on les Irouve tous muets à cet endroit. Cependant les voyageurs qui ont écrit sur la Chine sont unanimes à dire que depuis loiiT;lemps les Chinois exploitent le frai du poisson. Lu mi>siounaire qui nous a laissé, au conuueucement du siècle dernier, un magnifique ouvrage sur la Chine, le père du llahle, s'explique très clairement sur ce sujet (Ij. Les lacs, les étangs, et même les ruisseaux dont la Chine est arrosée, sont remplis d'iuie variété infinie de poissons. On en rencontre un grand nombre même dans les fossés que les Chinois ont soin de pratiquer à travers la campagne pour y conserver l'eau si nécessaire à la culture du riz. ^ ers le mois de mai, les habitants de ce pays biurenl les il) Desrriplion île i'nni.irc île la Chine et ilc In Tartarie chinoise, \'ur .1. tt. ilu lI;ilJe. la Havp, ITiiC, .. ... 982 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. cours d'eau en diffth-enls endroits avec des claies et des nattes, sur un par- cours de plusieurs lieues, en laissant tout juste assez d'espace pnnr permettre aux barques de passer. La semence s'arrête à ces claies; on la récolte, et on la livre à des marchands qui la transportent à des dislances consid('ral)les. Elle se vend |)Our rempoissonnement à tous ceux qui ont des rivières et des étangs (1). Nous verrons tout à l'iieure que, pour repeupler nos eaux, nous avons en tout point imité le pnx édi' chinois. Occupons-nous maintenant de la seconde partie de notre sujet, Thisloire de la pisciculture vraie, ou de TcMevage des poissons, et consultons d'ahord les documents anciens. Aussi loin que nous puissions remonter, les auteurs parlent de poissons ot de peuples qui s'en nourrissiiienl presque exclusivement, (hie cela ne vous paraisse jmint exagéré. Il existe encore de notre temps, sans parler des Esquimaux et des habitants du Kamtchatka, qui, privés de gibiers et d'ani- maux domestiques, vivent péuiblenu^it du produit de leur adresse à la pèche; il existe, dis-je, des populations entières qui ne vivent que de pois- son. En Norvège, par exemple, la monnaie courante est du poisson siili; ou fumé. Le Saumon vaut de 10 à 15 centimes le kilogramme, on le mange en guise de pain. M. deMaude (2), qui a dernièrement visité ce pays, racontait, dans un rapport plein d'intérêt, lu à la Société d'acclimatation, le menu d'un des repas les plus confortables qu'il ait lait pendant son voyage, el qu'il devait à l'bospitalilé d'un pasteur très fier de le traHer.Le dîner, élégammonl servi du reste, consistait en Saumon cuit à l'eau, présenté sur un plateau de bois et servi avec une truelle d'argent. La sauce était du b.eurre fondu. En guise de pain on avait des Ponnnes de terre cuites à l'eau, et pour boisson de l'eini bien claire d du whisky. Certes, avec raison, un disciple de Brillai- Savarin ne se fût pas contenté d'un pareil festin ; mais les Norvégiens ne sont cependant pas trop à plaindre: malgré leur vie frugale, ils sont brillants de santé, et leurs familles sont 1res nombreuses; au resic, les économistes ont observé depuis longtemps que les peuples qui font du poisson leur nourri- ture la plus ordinaire s'accroissent trèspromptement (3). Mais je suis loin de mou sujet, j'y reviens. Aussi haut, disais-je, que nous puissions remonter dans l'histoire des peuples, nous trouvons des traces de l'intérêt que les honunes ont porté à la pêche et aux poissons. En eiïet, près de cinq siècles avant l'ère cluéliennc, Hérodote, dans un ouvrage qui lui valut une récompense nationale aux jeux Olympiques, parle de peuples ichthyo- phpges établis sur la mer Rouge. Néarque, amiral d'Alexandre le Grand, qui fit un voyage d'exploration dans l'océan Indien, cile aussi des populations qui ne vivaient que de poisson, el qui habitaient entre l'Inde et la Perse, (1) Une partie est aussi employée à ralimenlalion des Chinois, qni, dit-on, sont très friands des œufs des poissons, et les préparent avec non moins d'iinbilclé ipie les Russes le font pour le Caviar. (2) Notice sur les pêcheries des Harengs, de la Morne et du Saumon en Norvéï^e (Bulletin de la SncUli' (Varcliniatatinn, t. VI). (3) Ksiivil des lois. P.ULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 983 Les Égyptiens embaumaient des Cyprins et lenr consacraient des autels. Leurs monuments sont couverts désignes hiéroglypliiques représentant des poissons de différentes formes. Les Grecs nous olïrent encore plus d'observations intéressantes sur les poissons. Homère parle de la pêclie à l'iiameçon ; il compare les préleiulanls à la main de Pénélope qu'Llysse vient de percer de ses llèclies à des poissons expirants sur le sable (1). Plus on avance dans l'histoire, plus on trouve des détails qui nous prou- vent combien, cliaquejoiu", augmentait chez les anciens lu quantité d'alimenls tirés des eaux douces et des eaux salées. Les lieux de péclie devenaient des villes ('J). Les poètes chantaient la pèche et les pêcheurs ; les comiques tour- naient en ridicule les trop grands amateurs de poissous. Un certain C.alli- medon était surnonuné par eux la Liuigouste ; ils racontaient que Philoxène de Cythére, condamné par son médecin à la suite d'une indigestion de poisson, demandait, avant de mourir, à manger ce qui lui en restait. Aristote, quia rassemblé tous les faits coniuis à son époque, nous a laissé sur la structure, la classilication et les mo-urs des poissons, des détails saisis- sants d'exactitude et de vérité. Il avait du reste reçu de son élève Alexandre le Grand une sonnne de 900 talents (environ o millions de francs) et plu- sieurs milliers d'honnnes pour l'aider dans ses recherches. Mais c'est aux llomains, plus amis du luxe que des sciences, que nous devons les premiers essais de la culture du poisson. Cent ans avant J. C.,un certain Licinius i\luréna, lieutenant de Sylla, fit creuser pour toute espèce de poissons, des viviers (jui subsistaient encore du temps de l'Iine (3). Il trouva bientôt des imitateurs. Uortensius, habile orateur, épicurien raffiné, ami du luxe et du repos, fit faire de véritables travaux d'art j)our conserver ses poissons, et entre autres des Alurènes (A), (pi'il affectionnait si parliculière- menl, qu"il ne put retenir ses larmes en apprenant la mort de run(; d'elles. Ce goût était dégénéré en passion : non-seulement on élevait, mais on instruisait encore les poissons, on allait jusqu'à les parer d'anneaux d'or (5). Chacun d'eux avait son nom ei le connaissait. La Murène, le Mulet, le lîar- beau, répondaient à la voix du nomenclaleur, esclave chargé de leur entretien et de leur nourriture ((3). Lucullus, poussant le luxe plus loin encore, faisait i)ercer des montagnes pour amener l'eau qui devait remplir ses \iviers. On aimait tellement ses poissons, qu'on en prêtait (7) (iOUO pour fournir au festin triomphal de César le dictateur; maison ne voulait ni les vendre, ni les donner. (1) Odussi'c, cliant NXIV. (-2) lîvzance, i?ino|ic. t/ahoiidance de? [lois.-onî valiil à Ryzanro le surnom de Cônic dorée (3i Pline, Hist. vnl. : Des vivier?. (4) f'iine, o;). cit. (5) Aiiloiiia, l'eniiue de Driisiis, (jui liéiila de? viviers d'IiorleMsin?, |iiai"ail des liuncles d'or anx ouïes de sa Murène favorilc. On venail, dil l'Hue, île Irè? luin (loin- la i iiriii«ili' du l'ait. (Ci) iSlarlial, livre .X, épigr. xx.\. (7) Gains Hyrins (Pline, (rp. cit.). 98/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Le Mulet, qui chez nous porte le nom de petit Rouget, (-tait très estimé des anciens : on allait jusqu'à le payer 8000 sesterces, environ 16 000 francs. C'est à cetle occasion que l'iinedit : « Aujourd'luii un cuisinier coûte autant qu'un triomphe, un poisson autant qu'uu cuisinier, et aucun mortel ne parait d'un plus haut prix que l'esclave qui sait le mieux ruiner son maître. » Aplcins, qui vivait sous Tibère, était une des plus vaillantes fourchettes de l'époque {nepotiim omnium altissimus [jurijes), selon l'expression de Pline. Il s'empoisonna, après avoir niante 20 millions, dans la crainte de mourir de faim avec 1900 000 livres qui lui restaient. Il s'était acquis une grande réputation pour sa manière de préparer le Mulet, qui, disait-il, n'est jamais aussi bon que lorsqu'on le fait mourir dans la saumure (l). D'autres citoyens romains ont laissé dans l'histoire de plus tristes souvenirs. Le chevalier Vedius Pollion. favori d'Auguste, poussait la barbarie jusqu'à faire jeter ses esclaves dans ses viviers à Murènes, pour 'se donner le spec- tacle de les voir déchirer plusieurs points du corps à la fois. Un jour que ce Vedins traitait l'empereur Auguste, un de ses esclaves vient à briser un vase; il est aussitôt pris pour être conduit au vivier, quand, par bonheur il s'échappe des mains de ses bourreaux et se précipite aux pieds d'Auguste en demandant un autre genre de mort. Celui-ci, révolté d'une si étrange bar- barie, donne la liberté à l'esclave, fait briser sous ses yeux toute la vaisselle et combler les viviers (2). C"(''tait à la fois punir ot pardonner en empereur ! Non contents des poissons du littoral, les Romains en allaient chercher jusque dans la Méditerranée, pour les répandre le long des côtes de l'Italie, et pendant cinq ans on eut la constance de rejeter à la mer tous ceux que l'on prenait. Leluxc alla beaucoup plus loin encore, et il est positif ([ue dans chaque salle à manger il existait un bassin à poissons; et, de leur lit de table, les convives choisissaient celui qu'il leur plaisait de manger. « In eubili nalanl pisces, et snh ipsa monsa rapitur » , nousdit Sénèque(3) . Les poissons nagent dans nos salles, ou les prend sous la table elle-même, pour les f.iire paraître dessus un instant après. Vn Mulet n'était pas frais, s'il ne mourait sous les yeux des convives. On l'exposait dans un vase de verre, et l'on observait avec intérêt les nuances variées par lesquelles une agonie lente et douloureuse le faisait successivement passer. .le n'en Unirais pas, si je voulais raconter tout ce qu'on lit à lîome de dépenses et de travaux pour conserver des poissons magnifiques qui tLit- taient le luxe et l'orgueil des grands. Toutefois je ne veux pas omettre de vous signaler les parcs à Huîtres établis dans le lac Lucrin par Sergius Orata, dont l'amour du gain sut mettre à profit la prodigalité de ses concitoyens ('i). (1) l^ii ccrkiiii Aiiiciiis nous .1 IjL-si', suns le litre i\c : Ile vi' cuUnaria, un recueil île for- iMiilcs qui esl eiicoi'o cliaque joui- consuilé par les plus liabiles ^jaslrououn's. Gel ouvra je nu ]iarail point devoir èlre alli ilmé au ritoyen romain qui nous occupe. (-2) Seiu'-qKc. De ira, hb. III. , , (3) Qucsliiins nnlun'lk's,]i\. Ul, ih. wiil. (i) I. Ovlre.iriuui e>l o^lre:uuiu viv.iiiuui. T.ml.i anli'iii illnniin cura eral npu 1 veleres, ut BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 985 Orata parvint à donner la vogue à ses Huîtres, et personne pour rien au monde n'en aurait voulu manger d'autres. Oa allait en chercher jusqu'à Brindes pour les déposer dans le lac d'Orata. De temps immémorial les Chinois aussi ont leurs viviers. C'est de Chine que nous vient la coutume d'élever des poissons rouges dans les bassins de nos jardins, ou dans des vases de cristal. J'apprenais, il y a quelques jours, de l'illustre voyageur Al. de Castelnau, qu'il n'est plus de mode dans le céleste empire de garder un Cyprin doré, s'il n'a quelques dilïormités :1a plus en vogue est la multiplicité des queues. Les Chinois en seraient arrivés à faire reproduire ces monstres avec leursdiirormités (1). a Pékin, on élève de petits poissons pour le combat, ce sont proljablemenldcs sortes d'Épinoches. Cette espèce, en effet, semble créée pour la lutte: elle porte sur le dos et les flancs des aiguillons acérés qu'elle sait manier avec agilité, suivant les em- portements de son caractère querelleur et mécbant. Ce spectacle, dit-on , offre un intérêt qui n'est pas moins vif que celui que nos voisins d'oui re- Manclie trouvent à suivre les combats de Coqs. Vous n'en serez pas surpris si vous savez que les émotions de ces poissons se traduisent à chaque instant par des changements de coloration. C'est encore là une des raisons qui me font penser que ce sont des Épinoches; car, chez elles, les sentiments les plus tendres et les passions les plus violentes leur font tout à coup changer de parure. 11 ne me reste plusqu'à parler des progrès de la pisciculture à notre époque. Pour traiter celle question tout au long, ce ne serait pas trop d'un,-> confé- rence, aussi ne ferai-je que l'ébaucher, dans la crainte de lasser votre patience. Les moyens employés aujourd'hui pour le repeuplement des eaux sont lesfrayères et la fécondation artificielle. Le premier mode est celui que nous avons vu en usage chez les Chinois : il consiste à arrêter à l'aide de claies le frai du poisson pour le faire éclore en lieu sur. Il a rendu et rend encore chaque jour des services signalés. La fc'condation ariificielle se pratique comme nous l'avons vu faire à Jacobi et à lîemy. notre pécheur vosgicn ; je ne m'étendrai pas sin- les manipulations, qui ne rentrent pas, du reste, dans mon sujet, et j'espère que vous assistcn.'z cet hiver à des fécondations arti- ficielles qui vous montreront combien le procédé est simple et praticable. liimingue, dont je vous ai dc'-jà dit quelques luots, est devenu, grâce aux efforts constants de M. Coste, grâce à l'habile direction de M. Coumes, ingé- nieur en chef, l'établissement le plus riche de l'Europe et celui qui sert de modèle au monde entier. Oui, iluningue n'est pas une des moindres gloires de notre pays. La question de la pisciculture conduit à la solution d'un grand problème d'économie publique, la vie à meilleur marché! a>iiiiitic. — Arbuste d'une vingtaine de pieds de haut. Larges feuilles; la fleur, en forme de boule, est d'un pouce environ de diamètre. Il n'est point désagréable pour jardins, mais il perd ses feuilles. .Yias à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Lima, le 13 oclolirc 1802. Monsieur le Président , Depuis longtemps je désirais faire parvenir à la Société impériale d'acclimata- tion les plants et graines de Coca envoyés par M. Colpaert. Malheureusement l'étal dans lequel ils sont arrivés m'en a empêché. J'ai l'honneur de vous expé- dier par le courrier de ce jour, et confiée aux soins de M. de Pcrdussin, une petite boîte contenant des feuilles et des crames d' Erythroxylon , ^\cc àe\n Uipta, et de vous remettre ci-joint un rapport indiquant la manière d'employer cette plante , et une notice sur le mode de culture qui lui convient. Dans deux mois j'espère pouvoir vous envoyer des plants de cet arbrisseau. Les graines de M. Col- paert, que j'ai fait mettre en terre à leur arrivée à Lima, sont sorties, mais les pousses en sont encore trop faibles pour être exposées au voyage. Veuillez agréer, etc. E. DE LeSSEI'S. Lettre adressée par M. P. Pichot à M, le Président de la Société impériale d'acclimatation. Paris, le 18 novembre J802. Monsieur le Président, J'ai l'honneur de vous annoncer que je me suis rendu ce malin à la gare du Nord, pour recevoir le Bélier et la Brebis Bomanofïdont M. Gasrilcfl' a bien voulu, .«;ur ma demande, faire hommage à la Société, cl qui viennent de m'ètre transmis ])ar les soins de M. Gustiivc de Monlebello, attaché à l'ambassade de France. Ils ne paraissent pas trop fatigués du voyage, et la Brebis ne sera pas longtemps sans mettre bas. Je compte, monsieur le Président, vous remettre dans quelques jours un mémoire sur cette précieuse race de PiomanotT, qui complétera cet envoi. M. Gustave de Monlebello avait joint à ces Moulons une trentaine d'oiseaux du pays, mais j'ai le regret de vous annoncer que quatre d'entre eux seulement sont arrives vivants, lisent clé immédiatement transportés au Jardin avec les Moutons Romanofl'. Veuillez agréer, etc. 11. PitRRE Pichot, T. 1\. — Novembre 1862. 03 99/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Société régionale cracelîaîa(aarmi les Manmiifères, nous n'avons perdu qu'une Chèvre d'Angora, dont les ganglions mésenlériques étaient tuberculeux ; un Pécari à lèvres blanches, qui paraissait très vieux ; un Agouti, huit Lupins et un Lièvre. ^^ Bom. — Un Coq du Japon, par madame de Choiseul, marquise de Sesmaisons ; un Gnou mâle, par îM.Chabaud, vice-consul de France à l'orl- Klisabelh ; deux Cailles de Pondichéry, par M. Fonrnier, à l\Iontmartre ; deux Lièvres , par Î\I. de Yillcrs ; un Coq nain ja])onais, une Poule japonaise; un Coq blanc japonais, une Poule noire japonaise, un CoqCochincliine fauve, deux Poidcs Cocliinchine fauve, un Coq de soie du Japon, une femelle de Faisan argenté, doux Faisans de Sremmering mâles, un Faisan de Stemmering femelle, un Faisan versicolore du Japon, mâle, un Cerf du Japon, par Son Excellence M. le Ministre de l'agricullure et du commerce. Parmi ces dons, nous ferons remarquer l'Antilopr gnou {Catoblepas giiu), qui n'a pas été vue vivante à Paris depuis plus de cinquante ans, et dont le corps élancé, la crinière et les jambes fines rappellent le Cheval, tandisque sa large tête, son mufle et sa face velue se rapportent au Bœuf: ce qui, au premier abord , lui df»nne la physionomie de l'un de ces animaux chiméritpies appelés jumarts, qui étaient considérés autrefois comme les produits d'un des solipèdes , Ane ou Cheval , avec la Vache. Mais le Gnou est bien une espèce particulière très connue, dont il existe de grands troupeaux dans les déserts de l'Afrique nn'ridionale. Le Cerf du Japon ressendjle beaucoup au iiùtre, mais il a la tête plus fine, et le bois beaucoup moins développé. Les Faisans deSœmmering et le versicolore, à cause l — juniperinum. ' • - — lanigerum. - • — myrsinoides. ■' ■'' — scoparium. ': Leucx'iia glauca. ■''' Lyciuni afrum. ' - r;-. Malva sp. Mandevillea grandidora . Murucuia ocellata. Mclaleuca armillaris. — curvifolia. — decussata. \ ' . ■'■^ — cric;r'folia. — formosa. — hypericifolia. — squarrosa. — uiicinata. — Wilsonii. Metrosideros quadrifidus ^limosa cinnabarina. Murraya sinica. Myoporum insulare. Aiitidesma. Osteospennum monilife- rum. Ozothamnus diffusus. Parkinsonia aculeata. Pavia glabra. Phaseolus vulgaris. Phyllanthus calycinus. Pimclea drupacea. Pisum sativum. Pittosporum uudulatum. Podalyria sericea. Poinciana regia, Polycalymnia Stuarti. Polygala myrtifolia. Polypodiuni australe. Pomaderris apetala. — elliptica. — parvillora. — pliillyretefolia. — sp. Prostanthera nivea. 1008 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Psoralea australasica. — glandulosa. — macroslachya. Pulfenea daphnoides. — pimelioides. — sp. Ravenala madagasca- riensis. Rhamnus utilis. Rhus vernicifera. Ricinns comniunis. Salisburia adiantifolia. Santalum album. Sapindus saponaria. Tephrosia capensis. Schinus lerebinlhifera. Scholia latifolia. Sida diplolheca. — nemalopoda. — Leschenaultiana. — pulchella. — sp. Sileroleena paradoxa. Solanuni chenopodioides — giganteuni. — laciniatum. — sinulc. Solanuni luberosum (8 variétés). Stalice bellidifolia. Slenochilus sp. Sulherlandia frulescens. Swainsonia alba. — Greyana. ' • — Osbornii. . ■ • Syocciora bauhinia. Teniplelonia retusa. Tephrosia candida. ■ ' Tetragonia expansa. Teucrium corymbosum. Urena muUiloba. — rosea. Ulmus americana. — Urlica nivea Viniinaria denudala Zea maïs. ' ' - ■ Le Directeur du Jardin d'acclimatation, RUFZ DE LAVISON. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. RAPPORT SUR UN PROJCT D'EXPOSITION lUNlVERSELLE DE L'ESPÈCE CAM^E AU JARDIN D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE Par M. RI ry. RE B.tVîSOV, Di:'ri-lciii-. (Séance ilu '21 novonibre 18ri2.) L'accueil lavonihle fait par le puLlic à l'exposition dos Volatiles qui a eu lieu au Jardin iVaccliinalalion a fait naître plusieurs propositions d'une exposition semblable pour l'espèce canine. Plus d'un projet a été présenté sur ce sujet. Tous accusent et déplorent l'abâtardissement de pres- que toutes les races canines, et même la disparition complète de quel(|ues-unes. Ainsi le beau Lévrier de Saintonge, si célèbre autrefois, qu'on Técliangeait contre un cheval de bataille, ce bel animal n'existe plus! On ne voit plus les Carlins si cbers aux douairières nos grand'mères ! Et le Chien de berger de vraie race devient de jtlus en plus rare. 11 a donc paru à beaucoup d'amateurs qu'une Exposition de l'espèce canine , tant des Chiens utiles que des Chiens agréables, serait un service à rendre à tous ceux (et ils sont encore très nombreux) que l'impôt n'a point fait renoncer à la possession de ce précieux animal; que ce serait en (juehjue sorte une réparation à faire à ce iidéle compagnon do l'homme, ({ui pourtant n'a pas encore obtenu en France, pour le maintien et le perfectionnement de son espèce, Tlion- neur et l'avantage des expositions accordées jusqu'ici à presque toutes les autres espèces domestiques. La Commission nommée pour examiner les divers projets qui ont été envoyés, et à laquelle ont bien voulu s'adjoindre T. I\. — Décembre 1862. (3'4 1010 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. plusieurs autres inenibrcs de la Société, a recueilli une foule de d(!'tails intéressants sur le commerce c(>nsidérable auquel les Chiens donnent lieu; sur l'attachement que presque toutes les ramilles humaines (1), riches ou pauvres, conservent à cet animal menacé de dégénérescence dans toutes ses races, par suite des déplorables croisements qui actuellement enta- chent sa reproduction. C'est pourquoi la Commission a admis, en principe, l'op- portunité d'une Exposition universelle de l'espèce canine tout entière. Il n'y a point d'espèce carnassière plus répandue que le Chien sur la surface de la terre. Il n'en est pas qui ait subi, par l'inllucnce du climat, de la nourriture et de la domestication, des altérations organiques plus profondes et plus variées. Il serait donc à désirer que l'on pût réunir des Chiens de toutes les parlies de la terre, ceux de la Chine aussi bien que les célèbres Chiens voyageurs des Esquimaux , celui de Sibérie , le Chien des pampas de l'Amérique, et le Dingo ou Chien sauvage de la Nouvelle- Hollande. Une pareille exhibition comparative pourrait seule donner une idée générale de l'espèce entière. Ce serait une bonne fortune pour les naturalistes aussi bien que pour les amateurs. Pour atteindre ce but et permettre à cette belle collection de se former, il a paru convenable de renvoyer l'ouverture de cette Exposition aux premiers jours de mai prochain 1863, afin d'user de tous les moyens de publicité possibles, pour faire parvenir la connaissance de cette Exposition dans les con- trées où se trouvent des Chiens qui pourraient y figurer. Cette époque de l'année a paru aussi la plus favorable à une exposition de ce genre, parce que ce n'est plus l'époque des grands froids, où les voyages peuvent être pénibles à quelques-uns des sujets qui seraient envoyés, et ce n'est pas encore celle de la chaleur, qui leur serait non moins nuisible. En outre, en mai, les grandes chasses à courre sont termi- (1) Il n'y a pas de peuple sauvage^ dit Darwin, qui n'ait son chien. EXPOSITION UiNIVERSELLE DE L'eSPÈCE CANINE. 1011 nées depuis la mi-avril; les propriétaires de meutes pourront se passer de ceux de leurs Chiens qu'ils voudraient présen- ter cà l'Exposition. Enfin, à cette époque, les départs pour la campagne ne sont point commencés, et tous les grands ama- teurs de chasse sont à Paris. - Comme la plupart des races de Chiens exotiques sont incon- nues, il a été décidé que les Chiens venant des pays très éloignés seraient tous admis cà l'Exposition, sans exclusion préalable. Une circulaire sera adressée à MM. les Consuls de France à l'étranger, à MM. les délégués de la Société, et en général à tous les naturalistes et amateurs connus de la race canine, pour les prier de vouloir bien prêter leur concours au succès de cette Exposition. Mais pour les Chiens français, et même de quelques pays de l'Europe, atîn d'éviter l'envoi de métis sans choix et sans mérite, qui occasionnerait des frais inutiles et peut-être des déconvenues désagréables aux expéditeurs, un a pensé qu'il serait à désirer qu'un certain nombre de Commissions pré- paratoires pussent être formées en diflerenls points et com- posées d'amateurs bénévoles, parmi lesquels se trouveraient naturellement les chasseurs distingués et MM. les officiers de louveterie. Ces Commissions procéderaient dans chaque département à une sélection locale des animaux à envoyer, avant que l'expédition en fût faite au Jardin d'acclimatation. Une circulaire leur serait également adressée pour cette Exposition comme pour celle des Volatiles. La Société impé- riale d'acclimatation prêterait son concours à celle du Jardin. Aucune rétribution ne serait exigée des exposants. Les frais de transport et de nourriture resteraient à leur charge. Pour ceux qui ne voudraient point prendre ce soin, l'ad- ministration du Jardin s'en chargerait au prix coûtant. iJes démarches seraient faites auprès des administrations des chemins de fer pour obtenir des réductions dans les prix de transport (1). (1) Il a été accordé une léduclion de moitié sur le prix de transport pour les chiens places dans un panier ou dans une caisse* 1012 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'aCCLIMATATION. Des médailles d'oi', d'argent et de lironze seraieni distri- buées aux animaux primés, ])ar un jury choisi parmi le? membres delà Société. > ; Telles ont été les principales dispositions qui ont pam nécessaires à la Commission nommée pour examiner le projet d'une Exposition de l'espèce canine. La Commission est d'avis que, pour atteindre cette fin, il n'y a pas de temps à i)erdre, et que toutes les démarches (pii seront jugées utiles doivent commencer immédiatement. Article 1"'. — L'Exposition sera ouverte au public, du dimanche 5 mai ISCi)^, à 9 heures du malin, au dimanche suivant, i'I mai, à (i heures du soir. Elle conqii'endra les Chiens présentés de toutes les par- ties du monde, qui auront ('té admis par une Commission nommée, à cet ell'et , par les Conseils d'administration des deux Sociétés. ApxT. 2, — Les exposants devront faire savoir au directeur du Jardin d'acclimatation, av;mt le 1" avril lS(i3, le nombre, le sexe, la race et l'âge des animaux iprils se pro})oseront d'envoyer. Toute demande faite après cette époque ne sera [)as admise (1). Les Chiens devront être rendus fnnus de port au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, au plus tard le 2 mai, à 3 heures du soir, munis d'un collier et d'une chaîne de 1"',(>0 au moins, en bon état, sous peine de ne point être admis. Les Chiens devront être adressés, par grande vitesse, à 31. le directeur du Jardin d'acclimatation du bois de Boulofjnr , à Paris. Ceux qui ne seront pas accompagnés devront être l»lacés dans des caisses ou dans des paniers, de façon que leur (1) L'adiniiiislnilion du Jardin oiiverra ullérieurcmeiil des feuilles d'in- scription sur lesquelles l'exposant devr>i remplir <:e qui aura été laissé en blanc. On ne devra porter qu'un seul animal sur clinqua l'euille, à moins qu'il ne s'agisse d'un lot de Chiens de meute. EXPOSITION UNIVERSELLE DE l'eSPÈCE CANINE. 1013 voyage d'aller el de retour puisse se Taire sans aucun riscjue de perte, ni d'accident. Les Chiens d'appartement, par une exception toute spéciale, pourront être cnvoyiîs jusqu'au 3 mai, à 3 heures du soir. Passé le 3 mai, 3 heures du soir, aucun Chien ne sera plus reçu. . . ^;'':^, ;. , : ' , ...:•■ ;• : \ Tout Chien que la Commission d'admission refuserait de laisser figurer à l'Exposition sera immédiatement renvoyé au propriétaire et à ses frais. .■: .• Les animaux admis ne pourront, sauf le cas de maladie, être retirés avant la clôture de l'Exposition. : , Après la clôture, il est accordé, pour les retirer, un délai de cinq jours. Ce délai expiré, les Chiens qui n'auraient pas été retirés seront vendus, aux enchères publiques, par le ministère d'un commissaire-priseur, et le prix de vente sera tenu à la disposition des propriétaires, défalcation faite des frais occasionnés par les animaux pendant leur séjour au Jardin d'acclimatation. Par exception , les Chiens d'appartement pourront être retirés, chaque soir, par leurs propriétaires, à la condition de les ramener, chaque jour, avant 10 heures du matin. Art. 3. — Les soins et la nourriture des animaux, pendant toute la durée de leur séjour au Jardin d'acclimatation, seront à la charge des exposants. Pour ceux des exposants qui en feraient la demande, la direction se chargera de ces frais, au prix de 50 centimes par jour, pour chaque chien ; mais elle ne répondra d'aucune mort ou perte, ni d'aucun accident, quelle qu'en soit la cause. Le service des animaux devra être terminé, tous les jours, avant 9 heures du matin. Art. h. — Les animaux seront exposés dans des locaux établis des trois manières suivantes : 1" Les Chiens de luxe et d'appartement (petites Levrettes, Carlins, King-Charles, Bichons, etc.) seront isolément, dans des compartiments d'un mètre en tous sens, couverts par une lente, el clos par des planches, excepté sur le devant, qui sera grillagé. lOlll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE b'aCCLIMATATION. 2" Les meutes et parties de meules de Chiens courants seront sous des tentes, dans des enclos de 32 mètres superficiels, où se trouveront des bancs de chenil élevés au-dessus du sol. 3" Les autres Chiens seront sur des estrades de bois, et attachés selon la méthode anglaise, de deux en deux mètres, de façon qu'ils ne puissent jamais s'atteindre, tout en jouis- sant d'une liberté relative. Ces estrades seront couvertes de tentes auxquelles pourront être adaptés des rideaux. Art. 5. — Pour faciliter aux exposants la vente des ani- maux exposés, la direction, sur la demande qui lui en sera adressée, fera insérer dans le catalogue de l'Exposition le prix demandé par le vendeur. Les exposants pourront en outre s'entendre avec la direction pour la vente et la livraison des animaux exposés, ainsi que pour le recouvrement du prix de vente. . • . Après la clôture de l'Exposition, et sur la demande exprimée avant cette clôture par les exposants, il sera fait, par le mi- nistère d'un commissaire-priseur, une vente aux enchères des animaux qu'ils désireraient vendre. Art. 6. — Une carte d'entrée gratuite, exclusivement per- sonnelle, sera remise à chaque exposant ou à son représen- tant, par la direction du Jardin. En cas d'abus, cette carte pourra être retirée. Art. 7. — Des primes en argent, des médailles d'or, d'ar- gent et de bronze, et des objets d'art, seront décernés comme récompenses, le 8 mai, sur le rapport d'un jury nommé par les Conseils d'administration des deux Sociétés (1). Les animaux appartenant au Jardin d'acclimatation ne pren- dront point part au concours. ' ' Art. 8. — L'organisation et la surveillance de l'Exposition sont placées sous l'autorité du directeur du Jardin d'acclima- tation. ■ ■ (1) L'admiiiisU'ation enverra iiltérieurenicnl la liste des primes et des récompenses qui seront olïerles aux exposants. RAPPORT SUR LE JARDIN ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION PRÉSENT?, A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION DANS SA SÉANCE DE RENTRÉE DU 12 DÉCEMRRE 1862, Par M. E. RLFZ DE LAYISOIV, Directeur du Jardin. Cette année, comme l'an dernier, j'ai pensé que dans cette séance de rentrée delà Société impériale, une des lectures qui pouvaient obtenir de vous un tour de faveur pouvait être celle du compte rendu de ce qui s'est passé à votre Jardin depuis notre dernière séparation. Je dis votre Jardin, et je ne crois pas que vous désavouiez ce titre do propriétaire, non-seule- ment parce que la Société est le plus gros actionnaire du Jar- din d'acclimatation, mais parce que c'est au Jardin que vos idées prennent un corps, qu'elles deviennent des réalités: So- cletas hortus facUi est. C'est au Jardin que s'est confié le plus, grand nombre des aniiuaux et des plantes que vous recevez; c'est là que les projets, les mémoires qui vous sont lus ici, trouvent leurs vérifications pratiques. Vous voyez que voilà bien des titres pour nous autoriser à espérer que le Jardin du bois de Boulogne est un des plus chers intérêts de la Société impériale d'acclimatation. Le Jardin a reçu, depuislel" janvier de cette année jusqu'à ce jour, 285 651 visiteurs. C'est 65 938 de plus que l'an der- nier, à pareille époque. Parmi ces visiteurs se sont trouvés un grand nombre de membres de la Société d'acclimatation et la plupart des grands naturalistes de l'Europe. Ce n'est pas à moi de rappeler les lé- moignages de satisfaction qu'ils ont donnés à cet établissement, je dois croire que dans leur expression il entrait beaucoup ilc politesse. JOIO SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'ACCLIMATATION. Voici maintenanl le résultai des ventes. Car ce n'est pas seu- lement par le nombre des visiteurs, mais bien aussi par celui des acheteurs que le Jardin accomplit sa destination de ré- pandre le goût et de faciliter les essais d'acclimatation. Les ventes d'animaux se sont élevées à (38 /|98 fr. 85 c, dont 6222 francs animaux de fonds. C'est presque le double de celles de Tan dernier, qui ne s'élevaient qu'à 36 322 francs. Les achats que nous avons faits ont été de 60 331 francs. Ils compensent et au delà les vides faits par les ventes. La population du Jardin s'en est accrue, et malgré la grande mor- talité, inévitable dans un si grand rassemblement d'animaux exotiques, nous pouvons vous dire que le bénéfice de la vente est évaluée environ à 16 pour 100 sur nos animaux de com- merce. Car certains animaux seuls sont vendus; les autres, par leur rareté et la ditTiculté de les remplacer, sont toujours conservés pour satisfaire la curiosité du public, et sont réputés animaux de fonds. Les dons n'ont pas été moins nombreux que les années pré- cédentes ; nous nous sommes toujours fait un devoir, dans les bulletins mensuels, de vous faire connaître les noms de nos généreux donateurs. Parmi ces dons, nous vous rappellerons ceux plusieurs fois répétés que nous ont faits LL. MM. l'Em- pereur et l'Impératrice: Béliers et Brebis d'Astrakhan, Perdrix de Chine, Caurales phalénoïdes, Faisans divers, et surtout le dernier et le plus magnifujuc de tous, qui consiste dans une partie des animaux envoyés à l'Empereur parles rois de Siam. Sa Majesté, en partageant les animaux qui composaient cet envoi entre le Muséum et le Jardin d'acclimatation, et en attribuant au Jardin tous ceux qui peuvent être de quelque utilité prati(iue ou de quelque agrément, et qui ne sont pas d'un intérêt purement zoologique, a donné à cet établissement une consécration nou- velle et sanctionné la pensée et l'œuvre de notre illustre fon- dateur Isidore Geofi'roy Saint-Hilaire,le fils d'Etienne Geoffroy, le créateur de la ménagerie zoologique du Muséum, qui, après avoir dirigé lui-même pendant de longues années cette grande métropole de l'hisldire naturelle, avait reconnu la nécessité RAPPORT SUR LE JARDIN D'ACCLIMATATION. 4017 d'en détacher une colonie et de former le Jardin zoologique d'acclimatation. « Au Muséum, disait-il, la science est prise dans son ensemble; au Jardin zoologique, elle est spécialisée dans ses applications. Où faire ces essais et comment, si un établissement spécial ne leur est affecté, et si, fondé en vue d'un but nouveau, il ne l'est sur des bases nouvelles aussi. » {Acclimatation et domestication dea cmimaux utiles, p. 503.) Tel avait été le résultat de sa longue expérience et de son in- comparable science! Je croirais commettre une ingratitude si je ne trouvais Ici quelques paroles de remercîment pour le collègue éminent qui a bien voulu rester fidèle à la présidence de la Société, malgré tant d'autres graves intérêts qui se disputent aujour- d'hui son attention; dont je suis chaque jour à même de voir le dévouement pour tout ce qui peut laire prospérer votre œuvre, et que la bonne fortune de la Société lui a donné au- jourd'hui pour la représenter et la protéger dans les grands conseils de l'Etat. Je suis donc bien sur, messieurs, d'entendre votre voix se joindre à la mienne en otïrant à M. Drouyn de Lhuys l'expression de notre profonde reconnaissance. Les naissances, sans être aussi nombreuses que nous espé- rons qu'elles le seront un jour, n'ont pas été sans importance. Les Antilopes nilgauts ont donné deux portées. Les Axis et plusieurs races de Cerfs se sont aussi reproduits; les Lamas également, ainsi que les Guanacos, les Yaks et les Chèvres d'Angora. Je ne parle pas de divers Moutons dont le Jardin possède une collection très variée. Parmi les Oiseaux, nous mentionnerons les Faisans mélanoles, dont nous avons pu vendre dix-huit petits. Les Lophophores, sur liuitœufs, avaient mené à bien deux éclosions ; mais ces deux petits n'ont pas vécu au delà de trente-cinq jours: c'est dix jours de plus que l'an dernier. Mais nous avons des Cygnes noirs, des Oies d'Rlgyple, des Paons, des Colins, et plusieurs variétés d'Oies et de Canards nés chez nous. Le résultat général est toujours que parmi les animaux sou- mis à l'acclimatation, c'est la très petite minorité qui ne se reproduit pas. 1018 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOf.IQUE d'ACCLÏMATATION. Les œufs sont bien aussi des reproductions: leur vente s'est élevée à 11036 IV. 55 centimes; quoique leur prix ait été baissé cette année, afin d'en faciliter la propagation, c'est en- core 1090 fr. 05 cent, de plus que l'an dernier. On a constaté que le nombre des acheteurs d'œufs avait été d'un tiers plus nombreux pour la même quantité que l'an dernier; et à sup- poser que les éclosions obtenues n'aient été partout que de la moitié, comme au Jardin, vous voyez que c'est encore un assez bel ensemencement de bonnes espèces. Si la conservation de la pureté des races est notre premier soin, quelques mélis obtenus par hasard, ou même involon- tairement, n'ont pas été perdus pour l'observation, et serviront plus tard à diriger les essais de croisement que nous nous pro- posons de tenter, car des croisements judicieux, pouvant servir à l'amélioration et au perfectionnement des races, font aussi partie des études de l'acclimatation. . . .: Je vais maintenant vous faire connaître la mortalité, parce que cette mortalité est un chapitre important dans le budget de l'acclimatation, tant sous le rapport économique que sous celui de la science. Il ftiut savoir ce que coûte chaque essai, afin de bien renseigner ceux qui voudront les entreprendre, pouvoir un jour fîiire des choix, et ne point s'exposer à de con- tinuelles déceptions qui finiraient par décourager; il faut con- naître les causes de mort, afin de les combattre. Nous espérons que les détails de ce genre consignés avec vérité et sans res- triction dans nos bulletins mensuels, ne sont point sans prix pour ceux qui veulent juger nos efforts et suivre l'histoire de cette grande et généreuse expérience qui s'appelle présente- ment le Jardin d'acclimatation. . ■ i. D'octobre 1859 à oclohrc 18G2 : Sur l\lli Alainniifères reçus, nous en avons perdu 50 (un luiititnie). Sur '2oo9 Oiseaux de volière, id. 5G/i (un cinquième). Sur 2/485 l^alniipèdes, id. U^à (id.) Sur 1789 l'oules, id. 376 (un quart). Je ne puis donner ici que les chiffres de ces grandes divi- sions. Mais nos livres sont tenus de telle sorte, que lorsqu'on RAPPORT SUR LE JARDIN d'ACCLIMATATION. 1019 voudra connaître la mortalité proportionnelle de chaqueespèce d'animal, on pourra le savoir immédiatement à livres ouverts. L'examen anatomique d'un grand nombre des morts a pu être faite, et nous a fourni d'utiles instructions sur les mala- dies endémiques particulières à la localité du Jardin, sur les maladies contagieuses qui sont apportées du dehors, et sur la cause de certains accidents que nous nous appliquons à éviter. Cette partie pathologique de l'histoire du Jardin d'acclima- tation sera un jour l'objet d'un rapport particulier. • L'Aquarium a continué d'exciter la plus vive curiosité du public. Ce serait là sa justification, si ce charmant et intéres- sant spectacle en avait besoin; mais l'Aquarium ne parle pas seulement à une curiosité passagère, c'est là son moindre mérite. L'Aquarium est un vaste champ d'études neuves et infinies ouvert aux observateurs. On y peut dfîjà constater la force do vitalité de certains êtres marins ou fluviatiles en cap- tivité, la marche de leur développement, leur mode de géné- ration. N'est-ce pas aussi un résultat bien singulier que celui de cette eau de mer qui, depuis seize mois, sans avoir eu be- soin d'être renouvelée, fait vivre et promet de faire vivre bien longtemps encore une foule d'animaux plus curieux les uns que les autres. C'est au moyen de cet ingénieux appareil qu'on a pu prendre une idée des Actinies, des Holothuries; des Astéries, ces singuliers animaux dont la connaissance n'avait été jusqu'à présent réservée qu'à un petit nombre de savants, et qui a été pour beaucoup comme la révélation d'un monde inconnu. Ainsi nos paisibles visiteurs peuvent contempler en ce moment sans danger, dans les bacs de l'Aquarium, ces Squales, Chiens de mer ou Requins, dont on dit de si terribles choses. Le transport de ces animaux vivants de la mer à Paris donne lieu à des es- sais, à des études qui pourront bien n'être pas sans utilité pour le commerce de la poissonnerie. Ce ne serait pas la pre- mière fois que d'un point scion tifi(|ue serait sorti un monde industriel (1). La magnanerie a été ouverte de mai à fin d'octobre. (1) Je mets sous vos yeux un œuf de Squale pondu dans l'Aquarkun. J020 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACnLIMATATION. Outre les Vers à soie du Mûrier {Bombyx Mari) de diverses provenances, dont les soies ont été dévidées, recueillies, et sont soumises à votre appréciation, une partie de leur graine sera remise à la Société, qui en fera la distribution. Les Vers du Ricin, de l'Ailante, et les métis de l'Ailante et du Ricin ont donné lieu à plusieurs éducations. Une partie des cocons obtenus a été conservée pour la campagne prochaine, l'autre a été distribuée à M. le gouverneur de nos colonies de la Réunijon, Martinique et Guadeloupe, sur la demande de S. Exe. le Ministre de la marine; à Mgr l'évêque du Sénégal, à M. Fox Voung, gouverneur de la Tasmanie, et à plusieurs membres de la Société qui sont en position de développer la culture de ces précieux insectes, dont la conquête, qui ne de- mande plus qu'un peu de persévérance, sera une des plus belles de la Société. Une éducation d'automne des Vers du Mûrier, faite sans feu, suivant la méthode chinoise, a parfaitement réussi, ainsi qu'un nouveau système de distribution des feuilles de Mûrier, qui permet de faire une grande économie de la nour- riture. Tous les travaux de la magnanerie ont été conduits avec beaucoup de zèle et d'intelligence par M. Jules Pinçon, ancien magnanier de ïarn-et-Garonne, qu'une heureuse rencontre a donné i)Our caissier au Jardin d'acclimatation. Il a été observé à peine quelques traces de la maladie si funeste à l'industrie séricicolc dans les départements dont elle faisait autrefois la richesse. Pendant la saison d'hiver, tout en continuant quelques édu- cations des Vers du Ricin, dont les éclosions ne sont pas séparées les unes des autres par plus de deux mois, la magna- nerie a été convertie en une oisellerie. Vous pouvez voir présentement une charmante collection de Perroquets et de Passereaux exotiques, les plus rares et les plus curieux. Le rucher, sous la conduite de M. Hamet, a servi à d'inté- ressantes démonstrations qui, dans la saison, ont été suivies par un public nombreux. Le Jardin d'essai a mis en culture les graines, tuber- RAPPORT SUR LE JARDIN d'aCCLIMATATION. 1021 cules eL plantes diverses qui nous ont été envoyés de tontes les parties de la terre. Vous verrez, d'après le catalogue cpii en a été dressé, et que nous vous soumettons, combien le nombre en est considérable, puisqu'il contient plus de trois cents noms de plantes alimentaires, industrielles et ornementales. Ce cata- logue a été rédigé par le jardinier en chel', M. Quiliou. 11 ne vous a pas dit tout le soin qu'il apporte à ces cultures, et avec quelle sagacité il est obligé de multiplier les essais, en pleine terre, en serres, en pots, sous les châssis, afin de pouvoir reconnaître la culture la plus convenable à des graines (jui lui sont souvent livrées comme des énigmes horticoles, sans noms et sans indications. Je saisis cette occasion pour signaler . M. Ouiliou à la bienveillance de la Société. Il serait bien long de vous rappeler les noms de tous ccnx qui nous ont donné des plantes; ils ont été aussi inscrits au fur et à mesure dans nos bulletins. Car bien qu'il existe d'au- tres grandes sociétés plus spécialement adonnées que nous à la culture des plantes, la Société a pensé qu'en pareille ma- tière il ne saurait jamais y avoir trop de bonnes volontés, et le soin des plantes nouvelles est entré dans votre programme à l'égal de celui des animaux. Comme la Société adroit à la moitié de toutes nos récolles, je dépose quelques-unes de celles qui ont ])u déjà être faites ; le reste vous sera remis ultérieurement. Mais déjà nous avons pu faire ([uelques libéralités à MM. les gouverneurs de nos colonies, à M. Margat (de Montevideo), à Mgr l'évéque du Sénégal, à plusieurs de MM. les instituteurs primaires, et à ({uelques membres de la Société. L'ensemble du Jardin a beaucoup gagné cette année, comme vous avez ])u vous en assurer ; la température de la lin de l'été, qui n'était pas très élevée, jointe à quelques pluies, a été très favorable à la végétation. La jilupart des arbres et arbustes (ju'il nous avait fallu planter sont maintenant bien attachés au sol. Les gazons, si l)auvres l'été dernier dans ce terrain sablonneux qu'il avait fallu refaire, se sont améliorés, et promettent bientôt de riva- liser avec les plus beaux ray-grass de nos parcs publics. Des 1022 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. sentiers fuyants sous bois ont fourni un onil)ragc qui, dans les premiers temps, laissait à regretter. Au moment où la végétation extérieure se fanait et tombait sous la première gelée, le Jardin d'hiver a vu commencer la floraison de sa magnilîque collection de Camellias et de Rhododendrons, et l'art, rivalisant avec la nature, continue le printemps au Jardin d'acclimatation, en dépit du soleil. Je ne vous parlerai pas de toutes les augmentations et amé- liorations qui ont été faites dans la disposition des animaux et la formation d'enceintes nouvelles. C'est la loi d'existence du Jardin d'accHmatation de ne rester jamais stationiiaire, de ne point s'arrêter, môme dans le succès, et de travailler à offrir sans cesse des objets nouveaux à la curiosité aussi bien qu'à l'observation. La faveur qui a accueilli l'exposition des Volatiles, dont il vous a été déjà rendu compte, a encouragé la Société à renou- veler pour l'année prochaine la même exposition, et à y en ajouter une autie de l'espèce canine, réclamée par tous les ama- teurs de cet intéressant animal. Toutes les mesures sont prises pour donner à ces expositions un caractère d'universalité que la Société espère pouvoir étendre un jour aux expositions de toutes nos grandes espèces agricoles. Enfin, messieurs, au nom du Conseil d'administration, j'offre nos félicitations et nos remerciments à ceux d'entre vous qui, par les conférences qu'ils ont bien voulu faire au Jardin, ont ajouté à nos richesses naturelles les trésors de leur instruction, et donné une chaire et une école à l'acclimatation. Telle a été la seconde année d'exercice du Jardin zoologi(iue d'acclimatation, qui est loin encore de répondre à tout ce que vous êtes en droit d'attendre de la pensée féconde dont il est la représentation. Plus d'un projet d'agrandissement et d'améliorations complémentaires est à l'étude. Nous serons patients, parce que nous sommes convaincus, et nous n'oublie* rons pas qu'on peut dire aussi justement de l'acclimatation que d'une autre science : No?i solùm ingemihumcmi^ sed temjwris quoque ftlia est. - ' " NOTE SUR LES LÂPLNS-LIÈVRES Par M. Jean RETKAUD. (Séance du 12 décembre 1862.) Le Jardin du bois de Boulogne vient de s'enrichir d'animaux curieux et jusqu'à présent assez rares. Ce sont des Lapins- lièvres, produits par le croisement des Lièvres et des Lapins. Ces métis, par exception à la règle qui fait que les mulets ne se reproduisent point, sont d'une très grande fécondité: une portée habituelle est de douze petits. Leur pelage est composé de deux sortes de poils qui tranchent parfaitement, le poil bleuâtre et soyeux du Lapin angora et le poil roux du Lièvre. Il est remarquable que de génération en génération le poil du Lièvre tend à diminuer tellement, qu'après un certain temps, les produits ne se distingueraient peut-être plus du Lapin. Heureusement il y a un remède facile à cette dégénérescence, car le Lapin-lièvre se croise sans difficulté, soit avec le Lièvre, soit avec le Lapin, et l'on peut ainsi y faire prédominer à volonté le sang que l'on veut. Les deux paires d'animaux du Jardin d'acclimatation proviennent du Jardin zoologique de Grenoble, qui lui-même, il y a deux ans, avait réussi à se procurer une paire de ces précieux métis obtenus pour la pre- mière fois, comme le savent tous les naturalistes, par M. Roux (d'Angoulême). Il est à souhaiter qu'au Jardin d'acclimatation celte race précieuse soit soumise à tous les genres d'expéri- mentation auxquels elle parait si excellemment disposée. La domestication du Lièvre a été si souvent tentée et tou- jours avec insuccès, qu'on a fini par y renoncer. On ne sau- rait trop le regretter, car cette espèce est doublement précieuse par les qualités de sa chair et par celles de son pelage, et tout le monde sait avec quelle rapidité elle tend à disparaître de- '102Zl SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'aCCLIMATATION. vant la chasse à outrance dont elle est l'objet. Un s'est heu- reusement avisé de tourner les difficultés de la domestication directe en ayant recours au croisement avec le Lapin. Autant le Lièvre résiste à la vie de clapier, autant le Lapin y est au contraire disposé; si donc on réussissait à usiter les deux espèces, on aurait un métis dans lequel on pourrait espérer de rencontrer avec les qualités du Lièvre la docilité et peut- être môme la fécondité du Lapin. Le problème, malgré ses a|»parences modestes, est donc un des plus intéressants que la zootechnie puisse se proposer. Mais il oiïre de son côté les plus grandes difficultés, i'ius les deux espèces sont voisines, plus la nature a mis entre elles d'antipathie, sans doute pour les em- pêcher de disparaître en se confondant l'une dans l'autre par les croisements. Les animaux enfermés ensemble se battent à mort, et presque toujours le Lièvre succombe. Bufïon, qui avait été tenté par l'importance industrielle et même scientifique de la question, s'est vainement efforcé de la résoudre, et dire qu'il s'y est lassé, c'est assez dire combien elle est épineuse. KUe a cependant fini par être résolue, mais dans ces dernières années seulement: l'honneur en est dû à M. Roux, président de la Société d'agriculture de la Charente. H a réussi, à force d'essais et de j)récautions minutieuses, à déterminer le croise- ment du Lièvre et de la Lapine, et ses produits ont réalisé tout ee (jne la science avait permis de pressentir. lis sont très rustiques, vivent en domesticité aussi bien (pie les Lapins, jouissent de la même fécondité, et possèdent en même temps des qualités qui les rap|)rochent des Lièvres. Ils sont tellement recherchés des consommateurs, que leur prix sur le marché d'Angoulême s'élève au-dessus de celui des Lapins, et que le propriétaire en écoule plus d'un millier tous les ans. C'est là le côté économique de la question, mais le côté scientifique a bien i»lus d'importance; car ces métis olïrent un des types les plus favorables pour l'étude du problème des croisements que la physiologie met actuellement à l'ordre du jour. Aussi M. Broca, professeur agrégé à la Faculté de méde- cine, si connu par ses beaux travaux sur cette matière, n'a-t-il pas reculé devant plusieurs voyages à Angoulême pour y oh- SUR LES LAPINS- LIÈVRES. 1055 server sur place ces animaux, et le mémoire à ce sujet inséré dans le Journal de pinjsiologie a déjà éveillé à plusieurs re- prises l'attention du monde savant. 11 faut dire, en effet, que jusqu'à présent il n'avait été possible de suivre des expériences sur celte race nouvelle, qu'il est bien permis de nommer une conquête de la France, que dans les clapiers de M. Roux, qui s'en réservait exclusivement le monopole. C'était grand dom- mage à la fois pour les savants et pour le ])ublic. 11 faut donc se réjouir de voir ce dommage arrivé désormais à son terme. Le Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne vient de se procurer deux paires des animaux dont il s'agit, et en même temps que l'on y suivra toutes les expériences que rinlérêt de la science commande, on pourra avant peu en mettre à bas prix à la disposition des amateurs. Il est permis de croire que le nom de L«/_>w/f/ei, proposé par M. Broca pour celte race curieuse, ne tardera pas à prendre jour dans la lan- gue populaire. V. W. — Docciubic 18G2. ALBINISME OBSERVÉ SUR QUELQUES POULES DE LA FLÈCHE. Lettre de JTI. DELOiCHE, TRANSMISE PAU iM. RUFZ DE LAVISON, Directeur du Jardin d'acclimatation. (Séance du 17 octobre 1862.) La lettre suivante qui nous a été adressée par un praticien des plus distingués, M. Delouche, secrétaire de la mairie de la Flèche, médaille d'or à la dernière exposition de Volatiles du Jardin, nous paraît contenir des faits très intéressants, surtout en ce moment où la question de l'inlluence de la consanguinité est à Tordre du jour de la science. Ces faits peuvent être rapprochés de ceux cités par M. le docteur Aube, tome II du Bulletin. Monsieur le Directeur, Selon le désir exprimé dans votre lettre du 2 courant, je vais essayer de vous retracer, autant que mes moyens me le permettront, les remarques que j'ai faites sur les volailles de la Flèche, et surtout sur l'alTaiblissement et l'abâtardisse- ment de cette race dans quelques endroits, ainsi que sur ses variétés de plumage. Lorsque j'arrivai dans le pays, il y a sept ans, je remarquai, chez le plus grand nombre des éleveurs , que les volailles vivaient et se multii)liaient à la grâce de Dieu. Abandonnée ainsi à elle-même, cette race se croisait avec une quantité d'autres espèces abàtardies,et donnait des produits plus ou moins purs qu'on livrait au marché, où les plus beaux étaient achetés pour être engraissés. ALBINISME OBSERVÉ SUR DES POULES DE LA FLÈCHE. 10'27 Dans ce pêle-mêle, cependant, il existait des fermiers, ou mieux des fermières curieuses de conserver les plus beaux sujets et tières d'être citées parmi les bonnes éleveuses. C'est là que je me procurai mes premiers étalons, et que je fis mes premières études en gallinoculture ; mais il me fallut payer chèrement mon apprentissage , toutes ces bonnes fer- mières s'en rapportant à dame nature pour l'incubation et l'élevage. Ce n'est qu'après bien des hésitations que je suis arrivé à quelques résultats ; il m'a fallu largement payer de mon temps et de ma bourse. Si quelques éleveurs consentent à accueillir les petits renseignements que je leur donne , le plus grand nombre continue de conserver chaque année les élèves que leur donnent ceux de l'année précédente , et ne veulent pas admettre l'influence de la consanguinité. Ce fut chez ces endurcis que je remarquai principalement le plus grand nombre de plumes blanches sur les Poules. Une autre observation que je fis l'an dernier acheva de me fixer sur ce point. Avant l'hiver je voulus acheter d'un amateur une belle cor- nette noire qu'il garda pour la reproduction. Ayant eu occa- sion de passer chez lui après la mue des volailles, je lui demandai pourquoi il souffrait dans sa basse-cour une Poule argentée. « Ceci vous surprend, me dit-il. Eh bien ! c'est là votre belle Poule que vous désiriez m'acheter. Voyez donc ce que c'est que la nature ! Noire pendant un an, argentée la seconde année. » Il m'avoua ensuite que sa famille n'avait pas été renouvelée depuis cinq à six ans. Frappé de cette bizarrerie, je fis des recherches chez tous ceux qui persistaient le plus à ne pas changer leurs Poules ni leurs Coqs , et c'est l'un de ceux-là qui me vendit mon Coq blanc l'année dernière, sur le marché. La Poule me fut pro- curée dans les mômes conditions par un autre éleveur qui ne put me dire à quoi cela pouvait tenir, puisqu'il n'avait jamais eu que des Poules noires. L'un et fautrc m'assurèrent que depuis plus de dix ans. 1028 SOCIÉTÉ IMPÉHIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ils n'avaient pas changé leurs Poules, el que toutes étaient bien noires. Chez d'autres, je trouvai des cornettes tout argentées; les noires pures formaient l'exception. Là aussi, pourtant, les ancêtres avaient été bien purs ; mais la race n'avait jamais été ni renouvelée ni croisée depuis plus de trente ans. Ces faits me convainquirent que les croisements consan- guins produisaient l'albinisme après plusieurs générations, mais je n'ai pu encore déterminer le nombre d'années qu'il fallait pour obtenir l'albinisme parfait. J'ai, en ce moment, une couvée de petits poulets issus, à la troisième génération, du lot primé en 1860. Sur dix, neuf sont très noirs, et le dixième est taché de trois bandes blanches parallèles et transversales sur les deux ailes : on ilirait trois bandes peintes tout exprès. L'an dernier, une fermière acheta chez sa voisine une couvée d'œufs, et obtint une Poule pure blanche que je viens d'acheter ; celte même fermière m'en a indiqué une autre qui eut le même sort. Je vais m'assurer de ce résultat, et tâcher encore d'acquérir cette autre rareté. Celle qui vendait les œufs n'a jamais renouvelé sa basse-cour depuis six à sept ans. Ces faits sont-ils concluants ? Je le crois. Hier une autre rareté m'est tombée sous la main. C'est une Poule couleur cendre, dite gris bleu. Cette variété est extrê- mement rare. Il y a deux ou trois ans j'en donnai une semblable à M. le baron de Rothschild. Je ne sais si elle vit encore. Celle que je possède est la seconde que je vois de celte cou- leur. D'où provient-elle? Je l'ignore. J'ai bien vu quelques Poules à crête simple ou doul)le de cette couleur ; mais elles sont excessivement rares, et je n'ai pu encore rencon- trer un seul Coq. Je me rappelle encore un autre fait non moins curieux, sur la bizarrerie des variétés obtenues par les croisements. Ceci se passait en 1859. Je possédais un Coq et quatre Poules bien purs que j'avais à part pour la reproduction. Un jour de marché, j'achetai une vieille Poule cornette ALBINISME OBSERVÉ SUR DES POULES DE LA FLÈCHE. 1029 argentée que je posai, pour deux jours seulement, dans le parquet de réserve. Pendant le temps que cette Poule passa dans la basse-cour, le Coq la cocha comme les autres, cependant elle ne pondit pas un œuf. Quinze jours après la mort de cette Poule argentée, je mis couver des œufs de mes Poules noires, et je n'obtins pas un seul poulet noir, tous étaient tachés de blanc, et l'un des Coqs, élevé par un voisin, ressemblait à un Faisan argenté. Un mois après je remis d'autres œufs des mêmes Poules, tous me donnèrent de très beaux Poulets noirs. Une autre expérience faite sur une Poule à huppe me donna les mêmes résultats. D'où je conclus que, pour conserver une race pure, il faut éviter le croisement du Coq reproducteur avec d'autres Poules de races étrangères (1). (1) Voilà des faits bien extraordinaires. Jusqu'ici on avait noté comme très singulière l'impression que les imprégnations antérieures paraissent laisser sur les femelles. Ou avait remarqué avec t^^on/if-rtie»; que les Anesses couvertes par un Zèbre continuassent à donner, dans les parturitions subsé- quentes avec des Anes, des produits qui présentaient quelques zébrures. Mais des mâles ! Un Coq qui continue à se ressentir pendant plusieurs géné- rations successives d'un accouplement antécédent. Je ne crois pas qu'un pareil fait ait été encore observé. LES PARCS DE CRUSTACÉS EN ANGLETERRE Par T. C. VIEXIN'OT, i Rédacteur au Ministère des affaires élranjrres, : i *i, .1 . ■■ fîT' (Séance du 12 décembre 1862.) '' :'A ' La question des développements que peut comporter la pisciculture maritime intéresse non-seulement les populations côtières, dont elle doit améliorer si nota])lementla position en assimilant, en quelque sorte, leurs récoltes à celles de l'agri- culture terrestre, mais encore les consommateurs de toutes les parties du pays où le réseau des chemins de fer laissera arriver désormais un supplément de ressources précieux pour varier ralimcntation des masses (1). Les indications de la science n'ont pas tardé à passer dans la pratique, et une nouvelle industrie a surgi pour tirer parti de richesses trop négligées jusqu'à présent. Déjà le nombre des demandes en concession de portions du littoral et de prises d'eau de mer destinées à créer des parcs à Huîtres et autres dépôts de coquillages est assez considérable en France, pour que, dans un rapport qu'il vient d'adresser à l'Empereur, M. le Ministre de la marine ait cru devoir signaler la néces- sité de certaines mesures de précaution, propres à concilier les intérêts généraux avec les exigences des concession- naires (2). Il existe une autre catégorie d'animaux marins dont l'ex- ploitation en grand serait tout aussi profitable, et à l'égard de laquelle nos voisins d'outrc-Manchc, qui s'enquiérent avec attention de nos progrès en ostréiculture, pourraient à leur tour nous donner d'utiles exemples. Nous voulons parler des Crustacés, qui, hormis à Paris et dans quelques grandes villes (1) Voyez le discours de M. de Qiuitrefages sur la Culture de l'eau, à la séance publique de la Société d'acclimatation en 1862. (2) Le décret rendu sur la proposition de M. le comte de Cliasseloup- Laubat a paru dans le Moniteur du 9 décembre 18G2. PARCS DE CRUSTACÉS EN ANGLETERRE. 1031 de province, ne figurent sur nos marchés qu'en quantités insignifiantes, ou même sont tout à lait inconnus à la géné- ralité des habitants. Les curieuses statistiques reproduites dans certains journaux, à l'occasion du bulTet de FExposition universelle de Londres en 1862, ne donnent qu'une faible idée du rôle que jouent les Crustacés dans la consommation anglaise. Un article récemment publié dans Vllktstrated London News (1) contient, à cet égard, des détails qui prou- vent combien il nous reste à faire pour obtenir les mêmes résultats. D'après les informations recueillies par l'auteur de cet ar- ticle, le nombre de Homards {Astacus marinus) et de Crabes {Cancer paguriis) absorbés annuellement par la capitale de la Grande-Bretagne serait évalué à deux miUions et demi. En supposant que les populeuses cités de Liverpool, Manchester, Edimbourg, Glascow et Dul)lin, consomment ensemble autant que la seule ville de Londres, on arrive au total imposant de cinq millions de ces grands Crustacés, sans compter les my- riades incalculables de grosses et de petites Crevettes (/'«/œwzo?* serratus et Crangon viilgaris) qui complètent ce contingent. Pour satisfaire à une demande aussi formidable, on met en coupe réglée tous les parages du royaume uni, et même ceux de la côte opposée de la mer du Nord. Les Homards de la Nor- vège sont très estimés en Angleterre, et y forment un article d'importation représentant une valeur annuelle de 20000 li- vres sterling (500 000 fr.). On a vu arriver des, fi or d s de ce pays jusqu'à 30000 de ces Crustacés par jour. Les rivages du nord-ouest et de l'ouest de l'Irlande abondent aussi en Ho- mards, et pourraient en fournir 10000 par semaine; mais ils sont loin d'égaler, sous ce rapport, la côte occidentale d'Ecosse, d'où un l)ateau à vapeur rapporte parfois 30 000 Homards en un seul chargement. La facilité avec la- quelle on peut garder les Crustacés dans des parcs permet au commerce de s'approvisionner à l'avance, de manière à suf- fire à toutes réquisitions, sans s'exposer à un encombrement (1) Voyez le. numéro du G décembre 1802. • • 1032 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. du marché qui diminuerait ses bénéfices par l'avilissement des prix. Des bateaux à vapeur, dont la cale est divisée en compartiments creux mis en communication avec la mer, servent à transporter ces animaux des lieux de pêche jus- qu'aux dépôts, où on les emmagasine, pour les en retirer selon les besoins des acheteurs. Ces dépôts consistaient jadis en de grandes caisses de bois trouées, telles qu'on en voit encore d'immergées à Hole-IIaven, sur la rive septentrionale de l'embouchure de la Tamise. On raconte qu'il y a une quaran- taine d'années, une frégate russe enfonça une de ces caisses, et mit ainsi en liberté une vingtaine de milliers de Homards qui se dispersèrent dans les eaux boueuses du fleuve. Depuis quelque temps on a perfectionné cette idée, en construisant sur une grande échehe de véritables bassins. Un M. Richard Scovell possède à Hamble, près de Southampton, un réser- voir à fond de ciment et à parois de briques, dont l'eau se renouvelle au moyen d'écluses et de conduites, et dans lequel 50 000 Homards peuvent tenir à l'aise, et y vivre pendant six semaines sans dépérir. Les animaux qui peuplent ce dépôt sont achetés en Irlande et en France, et, pour main- tenir ses approvisionnements, M. Scovell entretient deux ou trois grands navires qui visitent les pêcheries, et ramènent leur cargaison dans les compartiments de la cale, dont chacun est assez spacieux pour renfermer de 5000 à 10000 Homards. Ces mêmes bâtiments servent à les transporter à Londres ou à Liverpool. Nous regrettons d'avoir à ajouter que, pour empêcher les animaux ainsi rassemblés des'entre-détruire, on est obligé de paralyser les mouvements de leurs pinces anté- rieures, au moyen d'une cheville de bois enfoncée dans l'une des articulations des pattes. Il va sans dire que, dans cet état de captivité, on n'a jamais vu les Homards se reproduire ni changer de carapace , bien que dans des circonstances plus favorables on ait pu étudier ces deux grandes phases de leur existence. Les Crustacés par- tagent avec les Poissons et les Insectes le privilège d'une fécondité merveilleuse. La femelle du Homard pond de 12 000 à 20 000 œufs par saison. Elle les porte sous sa queue pen- • PARCS DE CRUSTACÉS EN ANGLETERRE. 1033 dant longlemps, et ne les dépose dans Feau ou sur le sable que lorsqu'ils sont sur le point de venirà maturité. Les œufs, très petits au sortir de l'ovaire, ont alors atteint la dimension du gros plomb de chasse. La période d'éclosion est très courte, ne dépassant pas, dit-on, quarante-huit heures. La croissance du jeune animal est rapide, bien qu'il ait à tra- verser plusieurs mues avant d'être digne de figurer sur la table. M. Jonathan Couch, qui a minutieusement observé ces phénomènes, a constaté que, dans le premier âge, le Homard se dépouille de son test au moins dix fois dans le courant d'une année. A chaque mue, le Crustacé est visiblement plus gros que l'enveloppe dont il s'est débarrassé, et au sortir de laquelle il se cache dans quelque trou, en attendant que son corps nu et mou se recouvre d'une nouvelle cuirasse. On a vu un Crabe se dépouiller de sa carapace dans le vase de cristal où on le gardait. On ignore encore à quelle époque de sa vie l'animal cesse de s'accroître; mais l'auteur de l'article que nous résumons assure avoir vu des Crustacés retirés d'une ile du golfe du Forth , qui étaient couverts de parasites évi- demment âgés de deux ou trois ans. Les métamorphoses que subissent les Crustacés sont si extraordinaires, que les natu- ralistes ont longtemps pris pour des espèces différentes les jeunes Crabes décrits à différentes époques de leur dévelop- pement. Ils ont également différé d'avis sur les modes d'ac- croissement des divers membres, et sur la question de savoir si ces animaux pouvaient en réparer la perte en cas d'ac- cident. Il y a peu de temps, on doutait encore (|ue les Crabes ermites {Anomoures) éprouvassent les mêmes modihcations que leurs congénères, et l'on se demandait si ce dépouillement s'étendait à la peau de la queue. La controverse ne se termina que lorsque M. Harper eut la chance de surprendre un Crabe ermite en train de se dégager de sa cara})ace, et put s'em- parer de l'appendice caudal que l'animal venait de quitter. On a remarqué qu'au moment où la femelle se retire })0ur subir sa transformation, elle est surveillée par les mâles, et que si l'on enlève un de ces gardiens, un autre prend promplement sa place. La chair des Crustacés européens est 1035 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOniQUE D'ACCLIMÂTATION. mauvaise pendant la mue, de même que vers l'époque de réclusion des œufs. Par un singulier contraste, le Crabe des Antilles, dit Tourlourou^ n'est jamais plus recherché par les gourmets que lorsque l'animal est à l'état mou qui précède la formation du test. On sait que les Tourlourous vivent dans l'intérieur des terres, et qu'ils habitent tantôt le creux des arbres, tantôt les trous qu'ils creusent dans le sol. Chaque année , au temps de la ponte , on les voit émigrer de leurs retraites par milliers, se dirigeant en troupes serrées vers la mer, dévorant toute la végétation sur leur passage, et voya- geant de préférence la nuit. Arrivés au bord de l'Océan, ils entrent dans l'eau et pondent leurs œufs, que les flots em- portent; ils changent en même temps de carapace, et périssent en grand nombre, les uns des suites de cette opération, les autres parce qu'ils deviennent la proie de leurs ennemis. Les jeunes Crabes nés pendant le séjour de leurs aînés sur le ri- vage viennent combler les vides laissés dans les rangs de ces derniers, et tous regagnent ensemble les montagnes, pour en descendre à la saison suivante de la même manière. Le vaste ordre des Crustacés ne fournit à l'homme que quelques espèces mangeables. Sous ce rapport, l'introduction des races étrangères offrirait des avantages qui ont lixé l'at- tention des savants. Si la différence des climats ne permet guère de compter sur l'acclimatation future du savoureux Tourlourou des Antilles, on peut espérer plus de succès des tentatives que fait actuellement M. Cosle pour enrichir nos eaux des gigantesques Crabes et Homards de l'Amérique du Nord. INTRODUCTION DE LA COCHENILLE EN SICILE. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE d'aCCLIMATATION Par ra« le baron A\C.4, Préikloiil Je la Société d'acclimatation ot d'agriculture de Sicile. (Séance du 21 novembre 1862.) Monsieur, Depuis longtemps je me proposais de faire un essai d'accli- matation en Sicile de la Cochenille, cet insecte si utile dans l'art de la teinture. Dès l'origine de notre Société, qui suivit de près les nouvelles conditions politiques de la Sicile, ma première idée fut de m'adresser à M. Hardy, directeur du Jardin botanique d'Alger, en le priant de me faire parvenir des germes de cet insecte. J'adressai la même prière au gouvernement, par l'intermédiaire du ministère de l'agriculture, de l'industrie et du commerce. A la date du 12 juillet dernier, je reçus de la part de M. Hardy, par les soins du consul italien à Alger, les pre- mières semences de Cochenille ; la plupart étaient en très mauvais état, vu qu'elles étaient déjà développées, à cause du long retard qu'elles avaient subi en voyage. M. Hardy re- commandait de ne pas les tenir en route plus de dix à douze jours. Or, expédiées d'Alger le 10 mai, elles ne me parvinrent que le 12 juillet. Dés leur arrivée, celles qui restaient furent placées par moi sur un pied de Nopal {Opuntia coccmellifera), où elles s'éta- blirent, et donnèrent leurs premiers produits, en continuant à grossir. J'espère obtenir une seconde reproduction, en sorte que l'acclimatation de cet insecte peut être regardée comme accomplie. Pour renouveler les expériences sur une plus large échelle, à la prochaine saison, j'ai commandé l'acquisition en Algérie, par l'intermédiaire de M. Hardy, d'une certaine quantité de semences et de plants à deux feuilles, de VOpimtia coccinelli- fera, que je me propose de mettre dans le jardin d'acclima- tation de Gamastra. Veuillez agréer, etc. Kr- Anca. SUR LE COTON CÏILTIVÉ EN FRANGE. i.ettrf. adressée a m. le président de la société impériale d'acclimatation, Par m. le marquis de FOUBIVÈS. (Séance du 12 décembre 1802.) Vaussieux, le 26 novembre 1862. Monsieur le Président, J'avais eu l'honneur de vous faire pressentir, dans une pré- cédente lettre, qu'il me serait possible, avant la fin de celte année, d'adresser à la Société impériale d'acclimatation des échantillons de notre récolte de Coton commencée depuis le mois dernier. Ayant été un peu retardé par les pluies et les inondations exceptionnelles qui ont désolé récemment nos contrées du midi de la France, c'est seulement aujourd'hui que nous sommes en mesure, M. Arnaud et moi, de vous pré- senter un premier spécimen de nos nouveaux essais. Les trois échantillons contenus dans la boîte que je fais partir en même temps que cette lettre proviennent de graines que vous avez bien voulu me faire envoyer au nom de notre Société. Il y a d'abord le Coton courte soie, dit Louisiane, qui se distingue par l'aspect luxuriant de ses capsules, par l'abondance et par la blancheur de ses filaments. Vous remarquerez ensuite le longue soie (Sea-Is/rmd), moins blanc, moins épais d'appa- rence, mais infiniment plus précieux par sa longueur, sa finesse et sa consistance. Quant au courte soie {Kian-7iam), dont la graine nous est également venue de la Société d'acclimatation, il a été semé beaucoup plus tard ; nous commençons à peine à le récolter, aussi ne puis-je dés à présent vous en envoyer qu'une seule capsule. CULTURE DU COTON DANS LE MIDI DE LA FRANCE. 1037 A en juyer moi-même par ces divers échantillons, je ne crois pas que nos résultats de cette année démentent les succès que nous avons obtenus à l'Exposition de Londres, où nos Cotons de l'année dernière ont conquis le troisième rang parmi tous ceux que le monde entier avait envoyés. Depuis le mois d'avril, époque de nos semis, nous avons eu à subir des intempéries de toute sorte ; pendant tout l'été, des vents froids et desséchants ; dés le commencement de septembre, des pluies torrentielles qui ont compromis beaucoup de cul • turcs. Et cependant notre récolte de Coton n'a pas sensi- blement soulTert ; nos capsules se sont ouvertes sans trop de retard, et aussi complètement qu'il est possible de l'espérer ailleurs que sous les tropiques. Nous ne pouvons, dès au- jourd'hui, vous rendre compte de notre rendement; nous pouvons dire toutefois qu'il paraît au moins égal à celui de l'année dernière. En résumé, notre conviction, à M. Arnaud, qui cultive, et à moi qui observe et étudie cette importante question, est que la culture des plus précieuses variétés du Cotonnier peut être entreprise avec succès et protit dans le midi de la France. Si les engrais et les graines ne nous man- quent pas, nous conq)tons bien que la campagne prochaine fournira une démonstration encore plus éclatante de l'opinion que nous soutenons. Agréez, etc. Marquis de Eournès. IL EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX i. DES SÉANCES GÉNÉUALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862. , Présidence de M. Drouyn de Luuvs, président. ; , j ■ ii Le procès-verbal de la dernière assemblée de la session précédente ayant été approuvé par le Conseil, conlormcment au règlement, et ensuite publié au Bulletin, il n'y a pas lieu d'en donner lecture. — M. le Président présente à l'assemblée le résumé des faits accomplis depuis la clôture de la session précédente, et dont l'indication a été donnée successivement par les procès- verbaux du Conseil. Il insiste sur l'accroissement que pren- nent les études d'acclimatation dans les diverses parties du monde, signale les nombreux dons reçus, soit en plantes, soit en animaux, parla Société, et termine son allocution par un appel chaleureux au zèle de tous les membres, qui doivent puiser dans les succès déjà obtenus une nouvelle énergie pour en obtenir de plus satisfaisants encore. — M. le Président proclame la liste des membres nouvelle- ment admis : MM. Arâujo (Auguste Gomez d'), propriétaire, à Lisbonne. Bâriîé (Benjamin), propriétaire à Cap-Vcrn (Hautes- Pyrénées). Bâudin (Charles), ministre de France, à la Haye. Bouché (Joseph), propriétaire à Bois-de-Cené, par Chal- lans (Vendée). Brosser (Victor), propriétaire, à Paris. Cherutti (J. B.), consul de S. M. le roi d'Italie, à Bahia (Brésil). CoTTLE, au Canada. Desharats , président de la Société d'horticulture de Montréal (Canada). DuTERTRE (Florent), directeur de la bergerie impériale du Haut-Tingry, par Samer (Pas-de-Calais). PROCÈS-VERBAUX. 1039 MM. Fontaine (Jules-Denis), marchand grainier, horticulteur, à Paris. GiLLET DE Grandmont (AnatoIc), à Paris. Jœger (Philippe), négociant, à la Chaux-de-Fonds, près de Neufchàtel (Suisse). Launay (le comte Maurice de), au château de Courcelles, près de Glérey (Aube). Nevill, à Londres. NociiE, notaire, à Troyes. RociiETTE (Ernest de la), ancien représentant, au chà- ^ leau du Ouenet, par Herbignac (Loire-Inférieure). Sala (Adolphe), à Alexandrie (Egypte) et à Paris. TiiiY (Paul-Antoine), attaché au département des affaires étrangères, à Paris. Treilhard (le comte), directeur de la presse au Ministère de Tinlérieur, à Paris, Wattebled, agriculteur, à Maisons-Alfort (Seine). — M. le Président annonce à la Société qu'elle vient de perdre un de ses membres, M. Dhuicque. — MM. Frossard, vicomte de Matharel, Ohlsen et Ponsysoler adressent leurs reraercîments pour leur récente admission ^ -Le président delà Société coloniale d'acclimatation qui s est formée récemment à l'île de la Réunion, et qui compte déjà un grand nombre d'adhérents, écrit pour demander le titre de Société affdiée. M. Manès demande que des envois de graines et d'ani- maux lui soient laits pour le jardin que va créer cette nou- velle Société. — S. Exe. le Ministre des affaires étrangères transmet une proposition de la ville d'Ajaccio, de céder à la Société deux terrains propres à établir une succursale du Jardin d'accli- matation du bois de Boulogne, et pouvant servir à créer une étape d acclimatation. L'examen de cette proposition a été renvoyé par le Conseil à une commission composée de MM. Gloquet, Debains et de Quatrefages. — M. Guériii, au moment de partir pour la Chine, fait ses lOliO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. offres de service. — Remercîmenls et envoi d'inslruclions. — S. Exe. le Ministre des affaires étrangères fait connaître qu'il est tout disposé à faciliter à la Société l'acquisition et le transport de Moutons Ong-ti de Chine, race si remarquable par sa prolilicité. Le Conseil s'est déjcà occupé de cette impor- tante question, et une commission, composée de MM. Davin, Jac([uemart et Rufz de Lavison, a élé chargée d'étudier les moyens de réaliser cet utile projet. — M. Richard (du Cantal) transmet une liste détaillée de tous les animaux, Yaks et Chèvres d'Angora, de race pure et métis, formant le troupeau réuni à Souliard, et qui doivent êlre prochainement répartis entre divers propriétaires, à titre de cheptels, conformément à la décision prise par le Conseil, sur le rapport présenté par une commission spéciale, dans la séance du 25 avril dernier. — M. Jean Reynaud adresse un Mémoire sur les Léporides ou métis de Lièvres et de Lapins. (Voy. au Bulletin.) — 11 est déposé sur le bureau un numéro du journal le Siècle, contenant un article sur la prochaine exposition de Chiens au Jardin du bois de Boulogne. — M. Granié (de Toulouse) fait connaître plusieurs résul- tais de ses tentatives de croisement de Poules gasconnes et de Poules de la Flèche, ainsi que quelques nouveaux renseigne- ments sur les Oies de Toulouse. — M. Giot, cultivateur, à Chcvry (Seine-et-Marne), donne d'intéressants détails sur les avantages qu'il obtient de son poulailler roulant. (Voy. au Bulletin.) — M. Lamiral transmet de nouveaux renseignements sur sa mission, et annonce un prochain rapport sur sa tentative d'in- troduction des Éponges dans les eaux françaises de la Méditer- ranée. — 11 est déposé sur le bureau des certificats constatant les résultats des travaux de pisciculture de M. Vançon. — M. René Caillaud signale les travaux de pisciculture de M. Chevallereau. — M. Abadie fait connaître ses expériences d'ostréiculture dans la Vendée. rnocÈs-VEr.BAUx. 10/|1 — M. Fruchici' adresse plusieurs pièces sur les lenlalives (ju'il a faites pour introduire riiirudinicullurc dans les Basses-Alpes. Toutes ces communications sont réservées pour la future Commission des récompenses. — Des olïres du [plus bienveillant concours pour contri- buer à enricbir les bassins de l'Aquarium du bois de Bou- logne sont faites par M. Margollé et par le directeur du jardin zoologique de Hombourg. — Remercîments. — M. Manès (de la Béunion) demande des instructions pour rétablissement de parcs à Huîtres, et renouvelle l'assurance qu'il fera tous ses efforts pour arrivera introduire le Gourami en France. . — j\l. René Caillaud communique plusieurs Notes relatives aux précautions nécessaires à prendre pour transporter divers Poissons demandés par la Société coloniale de la Réunion. — Madame la comtesse de Corneillan fait connaître son intention de déposer dans les collections de la Société une série de spécimens de soies dévidées par son procédé. — Remercîments. — S. Exe. le Ministre des affaires étrangères annonce l'envoi procliain de plusieurs espèces de Vers à soie du Canada par notre zélé confrère M. Gauldrée-Boilleau. — M. le baron Anca transmet le résumé d'expériences sur racclimalation de la Cocbenille en Sicile. (Voy. au Ihdlelin.) — M. Berg, délégué à la Réunion, adresse la suite de son Mémoire sur les Insectes berbivores de la Réunion et les maladies de la Canne à sucre. (Voy. au Ihdlelin.) — M. Vallée transmet la liste des graines de Vers à soie distribuées par lui {)endant l'année 'J802. — S. Exe. le Ministre des aflaires étrangères annonce la procbaine arrivée de plantes du Canada envoyées par notre confrère M. Gauldrée-Boilleau. — Des Rapports sur les cultures faites au moyen des graines qu'ils ont reçues de la Société sont remis par MM.Abadie,Brierre,Hocedé du Tramblay, Lasnet, Maumenet et Pbilippe. — M. Drouyn de Lbuys fait don à la Société d'une coUec- T. IX. - Dùccaibre 1802. GG 10/i2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. lion fie plusieurs produits du Sénégal qu'il a reçue de notre dévoué confrère M. Chagot aîné. — Kemerciments. ;.;: — Madame Delisse et M. Guérin annoncent l'envoi de plu- sieurs graines dont ils l'ont hommage à Ja Société. — Remercîments. — Des remercîments pour les graines qu'ils ont reçues de la Société sont adressés par MM. de Vernejoul, Gourdin, Lucy, le Gomice d'Alais, la Société d'horticulture et d'acclimatation de Tarn-el-Garonne, le préfet de Conslantine et madame Delisse. — MM. David et Boisiiard-Grandmaison demandent à être compris dans la prochaine distribution de graines. — Il est déposé sur le bureau deux articles du journal la Presse sur la cultui'e de l'Olivier et celle du Coton en P'rance. — M. le professeur Clotjuet fait hommage à la Société d'une très intéressante série de documents relatifs à l'Exposition de l'industrie à Londres, et donne lecture du Rapport qu'il a fait à la commission du jury sur la Société d'acclimalalion. (Voy. au Bulletin.) — M. Rufz de Lavison fait connaître, comme il l'avait déjà fait l'année précédente, l'état dans lequel se trouve le Jardin du bois de Boulogne, et quels sont les principaux faits qui y ont été observés durant le cours de celle année. (Voy. au Bulletin.) — M. le professeur Moquin-ïandon remplace M. le Prési- dent au fauteuil. — M. le docteur Poyet donne connaissance à la Société des nombreux objets qu'il rapporte d'un voyage f{u'il vient de faire au Mexique. — M. Dupuis, en déposant sur le bureau des spécimens d'Ignames présentés par MM. Fontaine, donne quelques détails sur la culture et la valeur de celle plante. — M. Pinçon , ancien magnanier et caissier du Jardin du bois de Boulogne, fait un Rapport sur la campagne séricicole dernière du Jardin, et présente des cocons et des soies dévi- dées provenant de ses éducations. (Voy. au Bulletin, 1863.) — 11 est donné lecture d'une lettre de M. le marquis de Fournès acconq^agnant lenvoi d'échantillons de Cotons culti- vés en France. (Voy. au Ihilletin, p. 103(3.) PROCÈS-VERBAUX. 10/13 — M. Quihou, jardinier en chef au Jardin d'acclimalation, fait connaître les principaux résultats de ses cultures durant l'année 1862. — M. le secrétaire dépose sur le bureau divers mémoires : 1" M. Roger-Desgenettes , De la possibilité d'acclimater dans les eaux de la Marne les Salmono'ides, et particulicre- ntent les Tndtes ; 2" M. Viennot, sar les parcs de Crustacés en Angleterre (voy. au Bulletin, p. 1030) ; 3» M. Gollle, sur les espèces de Vers à suie de IWinérique du Nord (transmis par M. Gauldréc-Boilleau) ; à° M. Rocliussen, sur la culture du Quinquina à Java; 5" M. Gauldrée-Boilleau,.ç//r /<^.s' végétaux utiles du Canada; 6" M. Gobineau, sur des graines de Perse ; 7" M. Simon, sur le Pin Peigo song, de Chine. Ces divers documents seront successivement publiés au Bulletin. — M. Guérin-Méneville fait connaître à la Société les princi- paux résultats obtenus à Montevideo, par M. Gelot, dans la culture des Vers à soie de l'Allante, et dépose un Mémoire de M. Parodi sur VAlgarobilla , espèce d'Acacia du Paraguay. — M. le directeur du Jardin d'acclimatation rappelle (jue des primes ont été fondées par notre dévoué confrère M. Dutrônc pour la propagation des métis Sarlabot-breton à Paris et dans le département de la Seine. Il ajoute que le Taureau donné par M. Dutrône à la Société est mis à la disposition des éleveurs oupropriétaires possédant des Vaches bretonnes, qu'ils peuvent amener au Jardin d'acclimalation pour la saillie. On trouvera^ à la suite du Bulletin mensuel du Jardin d'ac- climatation (page 1071) les conditions proposées à ce sujet. SKANCK DU 12G DÉCEMBRE 1862. Présidence de M. Moquin-ïandon, vice-président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — M. le Président fait connaître les noms des membres nouvellement admis : 10Z|4 SOCIÉTi^ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aoCLLMaTATION. MM. liEinioiNi) (f abbé Antoine), à iXice (Alpcs-Mariîinics). " BiLLiNi; (Frédéric de), direclcurdes l'onds ei de la cunip- tabililé au Ministère des adaires étrangères, à Paris. DoNNEDiEU DE Saint-André, propriétaire à Nîmes (Gard). DuCHENNE (de Boulogne) (lùiiile), à l*aris. " ,. Gelot (Anluny), négocianl et agent connnercinl du gou- vernement du Paraguay, à AssomjUion et à Paris. JuANico, président de la Gour de cassation, à Montevideo. Panneau (Eugène de), proprii'laii'c à iîar, pai' Ppoisse (Côle-d'Or), et à Paris. Lecreux (AU'red), à Paris. Lix (Garlns), rédacteur (hi journal A/ Lilicrlc, à Gor- rientes (conrédération Argentine). Mesgnil D'AiîENTiùRE (Charles du), à Paris. Meyeh, propriétaire et négocianl à Montevideo (^répu- blique Argentine). Pallu. [)roj)riétaire et directeur de la Gompagnie du Vésinet, à Paris. Parodi (Domingo) , pliaruiacien-cliiiuiste et botaniste à Assomi)tion (Paraguay). SiMONi (le docteur), propriélaii'c à l'île doGuba, à Paris. — M. le Président annonce à la Société la perte (lu'elle vient de l'aire d'un de ses membres, iM. de lîoisbéberl. — Des remercîmonls jtour leur récente admission sont adressés par MM. Bureau, PliilipiiC Labbé, Henry Mocquay, Forgemol et le marquis de Porbin-Janson. — S. Exe. M. le Ministre des alTaires (-trangères annonce qu'il a obtenu de S. Exe. le Ministre de la marine l'autorisa- tion de faire transporter, par liàlimentsde l'Étal, une centaine de Moulons Ong-li. — Remercîments. (Voy. au fiiillcthi, Faits divers.) — M. le consul des Etals-Unis transmet ihc ilepart of tlœ Commissioners of patents for tlic tjt'iir 1801-18(52. • — Remercîments. — M. Richard (du Gantai) annonce le prochain envoi du troupeau de Chèvres d'Angora (pi'il élevait à Souiliard, cl prtocÈs-VERBArx. ioiib fait connaître que les autres animaux arriveront successive- ment, à Paris. — MM. Delallante, Euriat Perrin, Loquin et le vicomte de Morteuil font connaître qu'ils acceptent les conditions des baux à cheptel qui leur ont été soumis. —Renvoi au Conseil. — M. Noël Suquet fait parvenir le résumé de ses expé- riences d'acclimatation pendant l'année 1862, et exprime le d('sir de reprendre ses études sur les Autruches, que des circonstances fâcheuses l'ont forcé d'interrompre cette année. (Voy. au Bulletin.) ~ M. Hoger-Desgenettes fait connaître le résultat de la dégustation comparative de deux Truites, l'une péchée dans la Marne au barrage de Joinville-le-Pont, Paulrc prise dans l'Aquarium de M. Roger-Desgenettes. Cette dernière a été tronvée meilleure. — M. Lamiral écrit de Toulon qu'il a dû ajourner la pêche des Coraux qu'il destine pour la Société, en raison du mau- vais temps qui règne sur la Méditerranée, et qui ne permet pas de laisseï- descendre les scaphandres. — MM. Turrel et Lamiral soumettent à la Société nn Mémoire pour servir à la demande d'autorisation : i" d'éta- blissements de pêcheries à filets fixes sur les côtes des dépar- tements du Vur et des Alpes-Maritimes; 2" d'établissements de réservoirs à paissons vivants; 'i" d'établissements de bas- sins d'alevinage pour pratifjuer la pisciculture maritime. — P»envoyé au Conseil. — M. Drouyn de Lhuys fait don d'un paquet de graines à' Allies rerjinai Amaliœ, dont il doit l'envoi à l'obligeance de M. deBersolle, secrétaire de la légation de France à Athènes. — M. Drouyn de Lhuys fait don à la Société des échantillons des Céréales de la colonie de Victoria (Australie) qu'il doit à l'obligeance de M. Edward Wilson, par l'intermédiaire de M. Raniel. Les spécimens qui ont figuré à l'Exposition uni- verselle de la présente année sont : 1° Blé qui a obtenu le premier ])rix, et pesant 85'^'', 50 l'hectolitre; 2" Avoine qui a également obtenu le premier prix, et pesant 59^^'', 50 riiecto- lilre; 3° Orge pesant 72"^", /|5 l'hectolitre; h" Blé qui a obtenu 10/i6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTÂTION. le second prix an concours agricole de Melbourne, et qui pèse 83''", 15 l'hectolitre. M. Raniel a joint aux échantillons présentés un paquet de graines de Blé, iVûpedigri ou généa- logique, qui mérite surtout de fixer l'attention en raison de la question théorique à laquelle fait allusion son nom (voy. au Bulle t m). — Remercîments. — M. de Lesseps adresse, par l'entremise de M. Auguste de Perdussin, des échantillons de Coca {Enjlhroxijlon coca) en graines et en feuilles, et de llipta. — Remercîments. — M. Le Long fait don d'une collection de graines prove- nant du Rio de la Plala. — Remercîments. — M. Frederick Kiihne , consul de Hesse à New-York, adresse une nouvelle quantité de Riz sauvage {Zizania aqua- tica). Nous extrayons de la lettre d'envoi de M. Kidme le pas- sage suivant : « Il résulte des observations que j'avais faites » moi-même, et qui ont été répétées sur mes indications par la » Société d'acchmatation de Berlin, à laquelle j'avais envoyé, » l'année passée, de la semence, cpie cette graine doit être )) infusée dans l'eau trois semaines ou un mois avant d'être » semée. Si le germe se développe plus tôt, il ne faut pas tarder » à déposer la semence dans les terrains submergés où elle » doit croître; mais ce terrain aura dû être, au préalable, con- » venablement labouré. Celte opération n'est toutefois néces- » saire que pour la première semaille. » On doit semer en octobre, sinon en mars. » — • M. le docteur Sicard, de Marseille, fait don à la Société de graines de Cath-s.é de Monligny {S Inapis chi?iensis) , d'échantillons des divers produits fournis par cette plante, et d'une capsule de Coton nankin récolté à Léon-Saint-André. — Remercîments. — MM. Guérin, Lemercier, (iellineau, Mignot et Brierre adressent des Rapports sur les cultures qu'ils ont faites avec des graines reçues de la Société. — Des remercîments pour les graines et plantes qu'ils ont reçues sont adressés par MM. le président de la Société d'acclimatation de Nice, l'abbé de Foresta, Rougemont, de Bec, et Maumenet. PROCÈS-VERBAUX. 10/|7 — S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet une lettre de M. Sauvât, vice-consul de France à Baltimore en réponse à une demande de renseignements sur la décou- verte d'un sieur Kendall, qui annonçait avoir réussi à culti- ver dans le Maryland un Cotonnier arbre susceptible de résister aux plus grands froids. Il résulte des recbercbes de M. Sauvât que les assertions du -sieur Kendall étaient sans fondement. (Voy. au Bulletin. ) — Il est déposé sur le bureau deux bulbes de Liliacées du cap de Bonne-Espérance, adressés de Londres à la Société par M. Gbislin, dont l'un est indiqué comme pouvant fournir une espèce de coton, et l'autre une soie. Un memlire fait observer que ces fibres, qui proviennent de plantes qui ne pourraient être cultivées qu'en serre cbaude dans notre climat, ont l'inconvénient de n'offrir aucune résistance à la traction , et sont par conséquent im- propres à l'usage auquel on les destine. — M. Guérin-Méneville dépose, au nom de M. Aubenas, un écbeveau de soie grége obtenue par une seule opération , de cocons doubles, au moyen d'une macbine inventée par M.Aubenas: on pourrait donc utiliser, pour obtenir une trame convenable, ce procédé qui promet de tirer profit des cocons doubles considérés jusqu'à ce jour comme décliets, en raison des produits défectueux (ju'ils fournissent. — Remercîrnents. — M. Pépin fait bommage à la Société d'une brochure ayant pour titre : Observations faites à Jlarcowt en \^m et ï^iSlsur les arbres qui ont souffert, et sur ceux qui ont résisté pendant l'/iicer \^'dÇ>m à ane température de 18 éi W degrés centigrades au-dessous de zéro. — Remercîrnents. — L'échange du Bulletin avec le Giornale délie arti e délia industria di Torino est accordé. — M. le Président rappelle aux membres présents que, pour oljvier aux inconvénients qui résultaient du mauvais service de convocations pour les séances, ces convocations seront faites dorénavant par la i)ostc et adressées au com- mencement de chaque mois, pour faire connaître les séances qui doiveni avoii-lien dans le courant de ce mois. lOhS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMATATION. — M. le Président annonce que M. Godin vient de terminer le modèle définitiF de sa statue de Daubenlon, et invite les membres qui le désireraient à aller le voir; il rappelle en môme temps que le montant de la souscription ne présente pas encore la somme nécessaire pour couvrir les frais de ce monument, et que, par conséquent, elle reste toujours ouverte. — M. Millet présente au nom de M. Tandon, membre de la Société, uneTruite pêcbée, au mois d'octobre dernier, dans une pièce d'eau de sa propriété à Corbeil. Cette Truite, prove- nant de fécondation artificielle , a été mise avec un i^rand nombre d'autres, un mois après leur éclosion, en avril 1858, dans un bassin de l\0 mètres sur 12 mètres, alimenté par les ïnfdtralions du sol et par des eaux de sources provenant d'une colline voisine; elle n'a eu d'autre nourriture, jusqu'en 1860, que celle fournie naturellement par les Grenouilles, les Épi- noches, et par les petits animaux vivant dans la vase et sur les plantes aquatiques. En mai 18(30, elle fut déposée avec plusieurs autres dans une pièce d'eau bétonnée d'une superficie de 35 ares, qui est alimentée par des sources provenant de la colline , et qui contenait des Goujons, ainsi que des Carpes et des Pcrclies dont elle a i)U dévorer le fretin. En octobre 1862, ce poisson, (jui était alors âgé de quatre ans et demi, a présenté : longueur, 0"',65; largeur, 0"',15; poids, 3 kilos 750 grammes. — M. Anatole Gillet de Grandmont donne lecture d'une Note sur les Fera (voy. au Bidicim). M. Millet, (lui ne partage pas toutes les opinions de M. de Grandmont, fait observer d'une des faces du tasseau corresponde au vide formé par deux tringles de l'autre face, l'oiu- arriver à ces claies horizontales, les Vers montent par des échelles, qui ne sont autres que des claies coconnières à tringles verticales. Ces échelles descendent dans la litière d'une part et de l'autre atteignent les claies coconnières horizontales. Les Vers montent très vite entre les tringles rapprochées des échelles, et se fixent pour filer plus facilement et plus |)romptement que diuis les bruyères; l'intervalle des trin- gles est tel, qu'il est presque impossible (pi'il se fasse des cocons doubles; entin le décoconnage est bien plus rapide, et surtout on voit innnédiatement 'bulletin mensuel des conférences. 1053 lesVn-sMioilsol U'^s chiques oyi cocons inaciicvrs et iiiiparJails, landis (iifils sont soinciit masciiiés par (rautroscOL-ons dniis les cncabana-os; on iKHit alors les retirer pour qu'ils ne salissenr pas la soie. Le Ver à soie commeire parj.ierdcs fils ramcux rà et là pour arcrocher le cocon, c'est la bcwc. Le cocon est tonné d'un fil continii, mais non homo- gène; les premières couches sont lloconneusos, s'enlèvent facilement, d for- ment la bourre qui, cardée avec les déchets du filage, donnera la /llusdle; puis vient la soie proprement dite, qui doit èlre dés idée sur le tour ; et enfin' le lissu interne du cocon e^t si serré, qu'il devient une pellicule linissanl par n'èlre plus dévidable, d'autant plus tôt que l'on vrière est moins adroite. Le fil du cocon est maintenu accolé' dans lor.s ses replis par un<' sorte de glu nalurelle, bien moins tenace et moins épaisse cependant que celle qu'on lrou\edansIa plupart des cocons du genre. 1 //«r«5 ; c'est l'eau chaude ou même bouillanle qiu tloitla dissoudre en partie et perinetlro le dévidage. La longueur du fil du cocon du Ver à soie a été autrefois évaluée i)ar Lyonnet et Alalpi^hi à environ 300 mètres; mais les i-eclienlies de Loiseleur-i);'s!(,i!i;cliamps,"iou'- teibis après un dévidage plus ])i!r!dil (jue celui qu'on pi'ut faire dans la' iir.i- tiqm; indusirielle, ont donné des nombres bien plus considérables. Il a ti-ouvé- comme longueur moyenne du lil dévidable, S26'",2. En augiueniant cette longueur du .quart pour tenir C(.inple de la partie non dévilable, la longueur moyenne totale filée par le \er est de 1032'", 7, ou, en nombre rond, j'kilo- mèlre, de sorte que/j:) OUO fils de cocons font la longueur du méridi^Mi. La lon- geur moyenne d'un lil jjCinnt i gramme est de /iKifj mètres, avec une diiré- ■ rence de 1805 mètres eiilre h^s fils les i)lus gros et les plus lins, selon les races diverses. Il est importani pour l'iiiduslrie de choisir les races qui donnent, à poids égal, les fils les plus loiigs et les plus fins, pour avoir moins de irais et de déchets. AL Persoz a reconnu, au scriciinetrc de Froment, que la soie ^îu ver de lAilante n'est pas plus tenace que celle ûnScricaria .]Jnri, sm-- tout pour certaines races. Ainsi il a trouvé les I.Miacilés eNi)rimees par les nombies suivaiits : Ver de l'Ailaiite 3 3_ \'''îi^ 5,8. »?-/Vrtr/a Moii (race André-Jean) 12,0, A\igno;i. /(/., même race 8^0, Neu'illy. Los cocons mâles fournissent imo soie plus fine et plus tenace que les cocons lemelies. En effet, à égale loiigucui-, le poids des cocons mâles est représenté par 1128, et celui des cocons femelles par 1159. La ténacité a été pour les cocons mâles 10,(33, et pom-les cocons feinelf's 9,80 (moyenne de 200 cocons). Une même race, élevée dans des climats et terroirs dillereiils, peut domier des cocons de ténacité très inégale. On est parvenu à utiliser certains Vers à soie, dits Vers courts, qui, par suite de maladie, ne filent pas de cocons. On les fait macé-rer deux jours dans le vinaigre, [)uis on leur tire de la bouche les glandes à soie qu'on crève de m niièrc à uiiir iuiinr-diatemenl les deux filets 105/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. vistfueux qui en sorlent en un seul fil, qu'on élire autant qu'on peut en le maintenant à l'air pour (lu'il se solidifie. On oljticni ainsi des fils ti'"'S résistants, servant à attacher Tlianieçon à la lit^ne, et connus sous le nom de fils de soie, /ils Je Florence. Le Ver à soie met trois ou quatre jours à filer son cocon sans nuier, seu- lement ses anneaux se resserrent et il se raccourcit beaucoup, outre la perte de poids qu'il subit en vidant ses glandes sérici^èncs. 11 emploie encore deux ou trois jours pour la Iranslormation en chrysalide (cinquième mue), ou le passage au sixième âge. Ce lenq)s écoulé, il faut ])rocéder au déraniane ou décoconnage, c'est-à-dire retirer les cocons dos encabanages ou des claies coconnières. Il faut avoir grand soin de séparer les Vers morts et putréfiés, qui tacheraient la soie des cocons. On procède ensuite au triage des cocons. Il est en ell'et des cocons très défectueux qui ne peu\ eut être filés, et qui doivent, réunis aux bourres et aux frisons, faire de la (iloselle après cardage ; d'autres qui sont remplis de \'ers muscardinés ou de dragées, cl qui, trop légers, remonteraient jusqu'aux filières et feraient casser le fil. Il faut séparer les cocons percés ou oilrcs, c'esl-à-dire des cocons pointus, ouverts ou du moins très faibles à l'un des bouts: ]c^ chiques, qui ne sont formées que d'une mince couclic de soie ; les doubles ou douppions, filés par deux Vers à la fois (de sexe dillérent, selon M. Lucas); Iq$ satinés, dont la surface, d'un grain lâche et inégal, paraît boursouflée. Si tous ces cocons de rebut étaient filés avec les bons, il arriverait conslanuncnl qu'un des brins du fil nuihipie (lu'nn \cul obtenir casserait, d'où des bouchons, des mariages, tons accidents qui font perdre beaucoup à la qua- lité de la soie. Après le décoconnage, on procède au déhourrage,o\\ sépara- tion de la bourre d'a\ec la soie du cocon, ou partie propre à être filée : cette opération se fait toujours mieux à la main qu'avec les machines. Selon Dandolo, sur 1000 de corons vivants en poids, il y a 8/i2 de chrysa- lides vivantes, Z|,5 de dépouilles de Vers, et 153,5 de cocons rurs. Les cocons perdent de leur poids, même avant l'éloulfage. Silon l)a;;dolo, des cocons qui, le jour du iléramage, pèsent 1000, ne pèsent plus, le quatrième jour, que 970, le septième jour, 953, et le dixième jour, 925. Cela est du à la perte île poids par évaporation cutanée que subissent sans cesse les chrysalides et que le cocon n'empêche pas conq)létement. Il est destiné par la nature à s'oppo- ser au refroidissement superficiel, (jui est la conséquence de ci lie transpira- tion insensible. J'ai constaté en effet, au moyen des appareils ihcrnio-électri- qucs les plus délicats, que les chrysalides retirées du cocon sont toujours notablement plus chaudes que l'air ambiant, mais que, laissées à l'air libre, leur surface s'abaisse j)romptemeiit jusqu'à l'équilibre de température et même au dessous, en même temps que l'évaporalion superficielle amène des pertes de poids croissantes, mesurables à la balance de précision. Les Chinois enq)loient divers moyens pour rétouH'age des chrysalides, le soleil, l'eau salée, l>i vapeur d'eau bouillante. Le soleil altère la soie; la vapeur d'eau, usitée aussi dans le midi de la France, détrempe la soie et fait IJULLETIN MENSUEL DES CONFÉPxENCES. 1055 coiilcr les Vers IoikUis; il faut au moins forcer la vapeur èi passer eu rapide courant. On se sert plus souvent du four à pain, quand il n'est plus assez chaud pour roussir ou crisper la soie. On ne doit pas donner i)lus de 15 centimètres de liaïUeur à la couche de cocons. Ou a aussi essayé divers gaz délétères, notanmient les acides sulfureux et sulfhydrique ; rell'et de ces gaz est fort irrégulicr, carc^st un fait général chez les Insocles, que la faculté de pouvoir fermer leurs stigmates les soustrait souvent à raction des milieux gazeux amhiants. Le mieux paraît être un courant d'air chaud alimenté au moyen d'un poêle ou du calorifère de la magnanerie (procéch- Camille 15eau- vais). Avant de cesser l'action de l'air chaud, on essaye sur des chrysalides refroidies si la mort a eu lieu ; les chrysalides chaudes, toujours immobiles, même quand elles vivent encore, pourraient induire en erreur. hedévidage des cocons exige l'eau chaude pour ramollir la matière gom- meuse qui colle le (il. Chaque (ilcuse avait jadis devant elle une bassine de cuivre, large et peu profonde, établie sur un fourneau. En 1805, on substitua à ce système l'appareil Gensoul, qui amène dans les bassines, à volonté, au moyen de robinets, de la vapeur à haute pression. Pour chercher les bouts des cocons, les Chinois agitent dans l'eau chaude de petits bâtons de bambou. En Europe, on se sert de petits balais de bruyère avec lesquels on bat les cocons jusqu'à ce que les brins de fds s'y acciochent. Ce battage est une opération très délicate et qui exige une grande habileté pour accrocher tous les cocons sans les percer. Il serait très diflicile. presque impossible, de filer en grand un seul cocon, et d'ailleurs la soie serait liop fine. Il faut réiuiir les fils de plusieurs cocons pour en fornif r un brin unique. Ils (loi\ eut d'abord être amenés à converger vers un orifice unique de réunion, dit ^7?ere. En Chine on se sert d'une pièce de monnaie percée d'un trou; en P'rance, on a des filières de verre, d'agate et sm-tout de fer, en forme d'une spatule percée de trous à sa partie large et fixée par l'autre bout au-dessus de la bassine. I^e nombre des fils de cocons qu'on réunit varie ordinaiiemenl de trois à dix, et même au delà. Ils se collent ensemble dans la filière, car l'eau chaude n'a fait que ramollir leur matière glulineuse; mais ce rapprochement serait insuOisant pour donner un fil unique, homogène, arrondi également pariout. On a alors imaginé de filer deux fils à la fois, chaque bassine portant deux filières ; puis de les tordre ou croiser ensemble un certain nombre de fois, ce qu'on nomme faire une croisade ou encroisure. Les deux fils écartés au départ, puis croisés, puis écartés de nouveau pour se rendre au dévidoir où ils forme- ront deux écheveaux séparés, ont, par suite de cette opération, la forme d*un X. On a des croiseurs qui opèrent une torsion commune, régulière et déterminée. Les deux fils, après croisade, produisent les flottes de soie grége. Lq degré de finesse de la soie constitue son titre. Pour l'obtenir, on pèse au trébucliet un petit écheveau de 500 mètres, façonné sur un dévidoir spécial, et, selon le poids, on aura de la soie au titre dc 580, 7o0, 85(3, etc., milligrammes. Comme la soie est très hygrométrique et que son potds peut varier jusqu'à J056 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. ]'2 pour 100 par celte addilioii crcau, il oii rcsaltcrait la facilité de IVaiidos contimielles. On nommQ cundidonncmcnt des soies ropéralion qui les ramène toutes nniforniénicnt à la même dessiccation. A Lyon, à Saint-Étienne, àSaint- Cliamond, des établisseinenls spt-cianx autorisés sounn ttenl toutes les soies à celle opération, en prélevant une la\e. Elles ne sont achetées qu'à cette condition. La soie grégedes lloties est soumise rai nwnlinagp ou à Vouvraison, qui la convertit en soie ouvrée. Alors on lait le til dit onjansin, à deux brins tordus en sens inveisc, servant à couslituer la cliaîne des tissus de soie, et le (il dit trame doulile, à deux brins tordus de même sens, servant à faire leur trame. Le décreusaejo, vient ensuite enlever la matière ^lulineuse des fils au moyen de bains d'eau de savon à 80 degrés. Puis on opère la cuile., qui consiste à plonger les écbeveaux décreusés dans des sachets de toile main- tenus d.ms i'eau de savon bouillante. La soie est enfin complètement blanchie dans le soufroir au moyen de l'acide sulfureux. La bourre, les frisons, tombés au fond des bassines, servent, après cardage, à faire la filosclle. Cependant, afin d'assurer la récolte prochaine, le magnanicr a choisi cer- luins cocons pris parmi les plus gros et les plus réguliers, et les a réservés j)our la ponte. Les chrysalides éclosent au bout de quinze à vingt jours après la confection du cocon. Le papillon perce le cocon ramolli par une sécrétion particulière. En général, les cocons mfdes sont de moyenne grosseur et étran- gh's au milieu ; les cocons femelles sont plus gros, plus renflés, plus arron- dis aux extrémités. On dépose li^s cocons dans une chambre, entretenue à une température de 21 à 2i degrés, en ayant soin de les fixer, pour que les i)apillons ne puissent les entraîner. C'est le matin, de cinq heures à huit heures, qu'éclosenl les papillons (connue les œufs). On a soin d'établir Tobscurilé autour d'eux ; car ces papillons sont nocturnes, et la lumière les blesse, les fait s'agiler et se fatiguer; on empêche les accouplements préma- turés, alinque les papillons aient le temps de rejeter, sous forme d'un liquide couleur nankin, les matières accumulées dans leur cœcum, et qui sont les excré- ments de la cluNsaiide, pi'ivée d'orifice anal. On met les mâles à part dans une boite. On lait ensuite opérer les accouplements en mettant les sujets en lieu obscur, et rejetant tous ceux qui sont faibles où à ailes avortées. Ces ac- couplements à l'obscurité ont lieu aussi bien le jour que la nuit; c'est de même (jue le mâle ùcVAylia tau recherche -ardemment sa femelle pendant le jour, tandis que les Dombycides du genre Attacus ne s'accouplent en général que la nuil, même en lieu obscur. La majorité des éducateurs ne laisse l'accou- plement durer que six heures, et les Chinois bien moins, à ce qu'il parait. M. de Ouatrelages recommande, au contraire, pour obtenir dans les condi- lions les plus naturelles la graine destinée à donner des races capables de résister à l'épidémie actuelle, de laisser les accouplements se terminer d'eux- mêmes. La chrysalide présentait les organes futurs de l'adulte enveloppés d'une peau brune, coriace, sans ouverture du tube digestif. On dislingue sous BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES. 1057 celle peau la lètc, les yeux, les pâlies, les aiilenues, les ailes comme lecoii- verles irécailles, et les anneaux de Tabdomen très mobiles. Chez le papillon iiiàlc ou femelle, qui ne doit prendre aucune nourriture, le tube digestif est airophié, surlout dans la région œsophagienne en rapport avec nnc bouche rudimcntaire, à peine perforée ; seule, rexirémité terminale développée offre nn large eaecnm ou reclum rempli des derniers excréments de la larve que la chrysalide n'a pu expulser; delà ce méconiunï du papillon pris bien à tort comnn; ini adjuvant génilal. Le mâle présente autour du pénis deux crochets préhenseurs cl un crampon mé-dian qu'il accroche à une écaille ({u'ollre le pourtour de la vulve de la iemelle. 11 tire alors à lui celle vulve et introduit son pénis dans la fente. Les spermatozoïdes que contiennent les nombreux chapelets flexueux des testicules, sont versés dans l'ovaire de la femelle et introduits en réserve dans la poche copulatrice reconnue par Malpighi, Audouin, etc., et y restent pour féconder les crufs à mesure que ceux-ci expulsés un à un d»s tubes ovariques, où ils sinudentdes grains de chapelet, passent devant celle poche. Mais l'œuf fécondé perdrait ses spermatozoïdes par le frottement contre les parois vaginales lors de la ponte ; aussi une glande verse aussitôt autour de chaque (ruf un liquide visqueux et coagulablc qui lui constitue une coque. L'œuf pondu serait entraîné par le vent; une seconde glande annexe répand sur la coque un liquide collant qui lui forme un enduit faisant adhérer Tœuf au point où il tombe (1). Les papillons mâles tournent autour des femelles en agitant très rapidement les ailes jusqu'à ce que l'accouplement soit conuuencé ; les femelles ne font que quelques battements d'ailes. On fait pondre les femelles fécondées sur des toiles, des étoffes de laine, des cartons (ce dernier moyen est, comme nous savons, le procédé chinois, suivi à la magnanerie du bois de 13oulognc). Les œufs, d'abord d'un jaune tendre, passent en huit à dix jours au jonquille, puis au gris roussàlre, et enhn au gris d'ardoise, avec une légère dépression au centre. On conserve les toiles ou les cartons à œufs dans des lilels suspen- dus dans un lieu à iU ou 16 degrés au plus. Ils peuvent supporter sans périr jusqu'à -j- 55 degrés (.M. Jtobinel) et le froid de nos liivers (Loiseleur-Deslongchanqis). Au printemps, quand la température commence à s'élever, on porte la graine à la ca\e ou à la glacière, de peur d'éclosions prématurées. (1) Ces ilcrniùres iléinoiislralions iinaloniiiiiics , ([iii s'iipiilKiiiciil ;i la gOnéialilii des Lcpi- iloptèrcs, ont ijto l'iiiles an Jardin d'accliniatalion au iiiojt'ii des excellents niudclcs du Sericana Mon, inàlc et femelle, de M. le doctenr Auzuux. T. IX. — Docciiibrc Î8ti2. C7 iV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORKESPONDAKCE. Sur les Vers à soie <îc rAtwi'î'îque tîu Xoi'd. Lettre adressée par S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères a M. le comte f/'ÉrRi'niESML, secrétaire général de la Société. l'aris, le 4 décembre d802. ' , - " Monsieur le comte, Mon prcdécesscui- vous a fait savoir, cà la date du 26 février dernier, que le consul général de France à Québec s'occupait de recueillir des renseignements et des écliantillons destinés à mettre la Société impériale d'acclimatation en mesure d'apprécier les avantages que pourrait offrir Tinlroduction en France des Vers à soie du Canada. M. r.auldrée-Boillciu a profité d'une excursion qu'il a faite récemment dans le haut Canada, ovi se trouvent plus paiiiculièrcment ces insectes, pour se melire eu rapport avec deux des personnes qui, en très petit nombre, s'occupent dans cette possession britannique de la question des Vers à soie. L'une habite Doodstock ; c'est un Anglais, du nom de Coltle, qui a réuni, dans la lettre dont j'ai l'honneur, monsieur le comte, de vous adresser ci-joint la traduction, des informations assez détaillées sur les diverses espèces de Clienilles qu'il élève. L'autre est M. le doc- teur Lawson, de Kingston, qui doit également fournir à M. Cauldrée-Boilleau des renseignements se rattachant au même sujet et dont il m'annonce l'envoi pro- chain. Notre consul général espère, en outre, recevoir bientôt de ces messieurs des graines et des cocons qu'il se propose de transmettre directement à la Société impériale d'acclimatation, en y joignant des semences de plusieurs plantes textiles que l'industrie trouverait peut-être moyen d'utiliser pour suppléer a\i déficit du coton. En remerciant M. Gauldrée-Boilleau de ses premières démarches, je lui ai, du reste, fait savoir que je prendrais connaissance avec une attention particulière des conununications analogues qu'il serait à môme de me faire parvenir sur ces questions dignes d'intérêt. Recevez, monsieur le comte, l'assurance de ma considération la plus distinguée. Drouvn de Liiuys. Sur les Bïoïitoiis Wng-tî «le Chine. Lettre de M. le Président de la Société impériale d'acclimatalion « MM. les Membres du Conseil. Tnris, le 22 décembre 18G2. Messieurs et cbers collègues, M. le Ministre delà marine et des colonies, auquel j'avais demandé de voulou- bien autoriser le transport gratuit, par bâtiments de l'État, d'une ceutame de Moutons chinois, dits Ong-li , ([ue la Société d'acclimatation aurait l'uitentiou de faire venir de Chine en France, m'écrit qu'il vient, par le courrier du 19, d'inviter M. le contre-amiral couimandant en clief la division navale des mers de Chine, à faire embarquer les animaux dont il s'agit, soit sur le premier bâtiment qui rentrerait directement eu France, soit sur un de ceux de sa division qu'il aurait à diriger sur Saigoun, d'où ils seraient ensuite amenés à Suez par l'un des transports de la marine' impériale affectés au service de la correspondance entre ces deux points. . . Je suis heureux de pouvoir vous annoncer ce résultat, et je saisis cette occa- sion j.our vous renouveler, messieurs et chers collègues, l'assurance de mes sentiments très distingués. :iigm Drouvn DE Liluvs, FAITS DIVERS. ,. 1059 l^tir le poulailler rogaliiiii. Lelire adressée pur M. V. Ciot à M. le Secrélaire général Je la Sociélé iinpcrialc d'accihuatafion. Clicvry, le l'-''' décciiilji-e 18G2. : Monsieur le Secrétaire, Le liulleliii mensuel de notre Société abonde en nouveautés universelles, pourquoi n'y donnerait-on pas place aux détails (jui concernent le poulailler rou- lant de mon invention. Trois années d'expériences fructueuses l'ont définitivement implanté dans le domaine cnltural, qui n'a pas, pour sa prospérité, de )ilus puissant auxiliaire. Depuis le 2o février dernier, mon véhicule à volatiles circule à travers champs, sans autre nourriture que le produit de sa chasse incessante aux insectes. Aujour- d'hui encore, 400 Poules de toutes races se délectent à purger mes jeunes blés des Loches innombrables (jui les dévorent, et cela sans dépense aucune. Au con- traire, la ponte en plaine a été double, cette année, de celle de la ferme, elles (cufs champêtres supérieurs à ceux de la basse-cour ; à telle enseigne qu'un jaune d'œuf du poulailler roulant en vaut trois d'intérieur pour teindre certaines sauces et dorer diverses pâtisseries. Si vous pensez donc, monsieur le Secrétaire, que ces renseignenicnts puissent offrir quelque intérêt à ceux de nos collègues qui s'occupent de l'éducation des Gallmaeés, je viens vous prier de les porter à leur connaissance par la voie de notre IJulletin, vous remerciant par avance de cette marque de considération pour les faibles essais de votre respectueux serviteur et dévoué collègue. P. GlOT. PIscieulliive et WsSréicultJsre en ^'endée. Lettre adressée par M. I'. Abadie à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Lui;oi], le -7 novonilirc 180-. Monsieur le Président, J'ai hâte de vous faire part de mes observations relativement aux travaux sur les Poissons et sur les Huîtres, dans lesquels les départements de la Vendée et de la Charente-Inférieure se distinguent chaque jour de plus en plus. D'abord il me semble désormais incontestable que l'acclimatation des Truites, genre de poisson qui n'y avait jamais paru, est assurée chez une dizaine de pro- priétaires et dans quatre ou cinq rivières de la Vendée. C'est principalement aux Huîtres que l'on s'attache ici. Dans l'année qui vient de s'écouler, cent douze petits viviers ont été creusés dans le port des Sables, et près de quatre-vingts parcs à frai, en construction ou en exploitation, pro- mettent le long de nos côtes une grande fertilité, si l'on en juge par un parc d'essai de 30 mètres de contour à peine, où je viens de voir pocher plus de ÛO milliers d'Huîtres de >t à 7 centimètres de diamètre ; elles étaient âgées de dix-huit mois. Plaise à Dieu que les autres établissements fructifient de la sorte. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'huitriére des Derges a été l'objet de la surprise et de l'admi- ration de toutes les personnes qui ont été à même de la visiter. Je suis d'autant plus aise de faire connaître à la Société le résultat d'un ensei- gnement tout nouveau dans cette région de l'Océan, que c'est un de ses membres, M. r.ené Caillaud, qui en est la cause première. .le crois également vous être agréable, monsieur le Président, et entrer dans les vues généreuses d'une Société (jui , jusqu'à ce jour, a témoigné par de si nombreux encouragements un intérêt particulier aux travaux dont il s'agit, en lui 10(50 SOCIKTÉ I.MI'ÉIUALE ZUOlJMjlOUK d'ACCLIMATATIUN. désignant coniino dignes de sa bienveillance MM. Morin, piopriétaiie é'.eveur cl inarcliand d'Hnîtros à Laiizièrc?, près de Nieul (Charentc-lnrérieiire), et Eugène Leprelle, cnUivateiir et garde particulier des parcs à Huîtres de la Tranche, domicilié à la Gryère, par Angles (Vendée). Le prcmiur est un concessionnaire de plusieurs parcs-viviers dans lesquels il se livre à un mode de culture mixte qui consiste à produire et à élever simullancment sur la même place. Le fond de ces bassins est formé d'une espèce de macadam en petites pierres cassées, ilans lequel sont plantées à distance d'un pi(>d environ de grosses pierres de bout ou sur champ. Le nuicadani constiluc dés lors un lit ferme pour les Huîtres qui' y sont déposées. Les grosses pierres servent à la fois à rece- voir l'essaimage et à défendre les parents contre la lame, qu'elles coupent , cl aussi contre la Terre, poisson très nuisible sur ces parages. Cette niélhoile, dont M. Morin vient de fournir un parait exemple dan> un dnr- nier parc construit cette saison, convient beaucoup aux fonds tranquilles de Lau- zières, ISieul et Marsilly, localités où s'exerce une industrie coquillière très con- sidérable. M. Morin a fait aussi de grands sacritices pour développer cette industrie en lui créant des débouclu's. Quant à M. Leprelle, c'est aux soins et à la peine qu'il n'a cessé d'apporter k la recherche et au choix d'euijdacements tavorables sur les fonds sous-marins qui lui étaient indiqués, c'est à son actif concours dans la construction, le pavage et le peuplement des parcs, c'est eutin à la \igdance et au dévouemi'nt sans bornes qu'il a montrés en toute occasion, (pfest dû en partie le développement que [ireu- nentdans ce moment les établissements du littoral vendéen. .J'ai riionneur d'être, etc. 1'. .AtiALilt. Bluti tic Yc;j;éuiiiinants originaires des Cordillères des Andes : Lamas, Alpacas, (iuanavns et Vifiofjiies. 2" Dans la classe des Oiseaux dont s'occupe la Sociélé, il faut placer en première ligne V Autruche d' Afrique {Slruthio camelus), dont la donicstica- tiou el la reproduction en captivité, regardées de tout temps comme impos- sibles, sont aujourd'hui un tait accompli, ainsi que le témoignent les résultais oljtenus à Alger par}.!. Hardy, à I\larseille par AI. Suquet, et les expériences entreprises à Florence par le prince A. Démidoll, et à Madrid dans les jardins de la reine d'Espagne. La Société a égalemeni acclimaté deux oiseaux de chasse, le Colin de la Californie, dont la reproduction en captivité s'est cU'ectuée avec une 1res grande facililé, et la l'erdr i.v llambra (VMriqno, qui s'est abondamment propagée en liberté dans plusieurs forêts de l'Ktal. o" Poissons ; pisciculture. — La Société s'occupe activement de la propa- gation des Toissons, des Crustacés, des Mollusques et nième des Éponges ; pour l'acclimalalion de ces dernières, elle vient de faire tout rccemmenl, sur le liiloral de la Méditerranée, de dispendieuses mais inléressantcs tentatives. La nouvelle industrie, nommée pisciculture, ou mieux aquiculture, et qui consiste à acclimaler el à propager les animaux utiles qui habitent les eaux douces ou celles de la mer, a déjà donné de beaux résultats. 11 suilit de citer ceux obtenus relalivemenl à la propagation des Huîtres, el à l'établissement de bancs d'Huilrcs arlificiels, sous iadireclion du professeur Coste, membre de rinstitui, et inspecteur général des pêches fluviales el côtières. La province de Conslantine (Algérie) s'est enrichie récemment de deux espèces de poissons d'eau douce, la Cari)e et la Tanche, qui, importées par AL Kralik. sous la direction de AL le docteur Cosson, et, à son exemple, par AL de Lannoy, se sont acclimatées presque sans diflicullé. A" Les Insectes utiles, les seuls dont l'acclimalalion soit intéressante, sont les Abeilles, la Cochenille, el surtout les A'ers à soie. La Société s'est occupée activement de rintroduction de nouvelles espèces de A'ers à soie du Mûrier et d'autres vivant sur divers végétaux, l'iusieurs de ces tentatives ont été couronnées d'un plein succès. Outre un Ver ;\ soie du Mûrier, originaire du Japon, et dû à AI. Duchesnc de Bellecourt, consul de France à Jeddo, la Société a introduit deux espèces de Bombyx séricigènes, vivant à l'état sauvage, l'un dans l'Inde (/>. Arrindia), ou A'er à soie du l\icin, et l'autre en Chine {B. Cmthia), ou Ver de rAilantc (Vernis du Japon). Les fils ou tissus de soie du Bombyx Arrindia , qui ligurenl dans l'une des v ilrines de la Société d'accli- malalion, ont élé fabriqués par Al. Schlumberger, de Guebvville.- (llaut-lUiin). M. le docteur Cuérin-AIéneville s'est spécialemenl occupé de i'éducalion el de la propagation du Ver à soie de FAilanlc (1). AL le docleur Forgeniol, (t) M. Guci'in-iMc'ncvillo , qui s'occiipo aclivcmenl île SL'riciciilUii'e , sous le patronage de la Sociélé irnciliiiKilalion et la liaule i)rûlcclioii Je l'Emiiereiir, a expose des soies grèges, des 106/j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE n'ACCLIMAïÂTION. de 'l'ounian (Seinc-et-Mnrnc), cl M""' la comtesse de Corneillan, ont trouvé, chacun de leur côté, le moyen de dévider les cocons percés du Ver de l'Allante et de plusieurs antres espèces de Bomhjx, dévidage qui avait été regardé jusqu'à présent comme impossible. La Société a exposé onze espèces de Vers à soie. 5« Végétaux. — Un grand nombre de végétaux ont été l'objet de ten- tatives d'acclimatation, dont plusieurs ont eu d'heureux résultats. Ainsi, on peut citer parmi les principaux végétaux alimentaires ou industriels accli- matés : 1" l'Igname de Chine {Dioscorea batatas), excellent tubercule ali- mentaire introduit par M. de Montigny; 2° le Cerfeuil bull)eux {CJuprophyllum bulbosum), et le Cerfeuil bulbeux de Sibérie {C. Prescottii), excellents légumes; o" le Pois oléagineux de la Chine et du Japon (S'oja hispida); U" le Sorgho sucré de la Chine, dont les usages sont très variés; 5" le Lo-za de la Chine, signalé par :\I, Rondot, arbuste complètement acclimaté en France, et dont les feuilles fournissent la belle teinture connue sous le nom de vert de Chine; 6'' les Bambous de la Chine {Bamhusa ninra et Bombusa witis ou comestible). Ces deux espèces ont été acclimatées au jardin d'Alger par M. Hardy, et introduites dans plusieurs départements de la France méri- dionale et centrale. A celte trop courle énumération nous aurions pu ajouter un grand nom- bre de végétaux de la Chine et du Japon, ou d'autres contrées, acclimatés ou en voie d'acclimatation. Société «faoolimalaUoii i!'.4iigl<'<«'rro. Le meeting trimestriel de celte société a été tenu dernièrement à Lon- dres sous la présidence de M. L, Mackiniion. Après avoir payé im doulou- reux tribut à la mémoire du marquis deBreadalbane, son dernier présideni, l'assemblée a désigné le jour où il serait procédé à Téleclion d'un nouveau président. Puis il a été volé une sonnne de 150 livres (3750 francs) pour les fiais d'acclimatation en Angleterre du Pigeon d'Australie. Une communica- tion ayant été reçue de M. E. \Viikinson, qui oll're, de la part de la Société d'acclimatation de Melbourne, de iransmettre à la Société anglaise des spé- cimens de ces oiseaux, il a été décidé que les sommes volées seraient mises à la disposilion de .M. Wilkinson pour la Société de Melbourne, la Société anglaise ayant pleine confiance dans le !)on emploi de cet argent. On a décidé, en outre, que des mesures seraient prises afin d'obtenir de Berlin un lot convenable du Lucioperca, poisson qu'on veut propager en cocons cl tics papillons du Ver ù soie Je rAil.inlc. Les cocons proviennent de grandes éjn- r.ilions faites en plein air et en liberlé, parlai d'une part, et par M. le comte Lamoto-B:irafé de l'aidre. MT Gnérin a propagé celle espèce de Ver à soie, qui est très rustique, et peut cire élevée sans paraître redouter 'les intempéries almospliériques. Le Ver de l'Ailante fournit une soie particulière, que M. Gucrin nomme ailantine, qui est d'une solidilé remarqiialdo, e( ilonl le l'i-ix sera de l)eaucou|i inférieur à celui île la soie fournie par le llnniby.f du Mûrier. Le Ver dont il est question connueuce à [aospércr dans toutes les reliions de l'Europe, eu Afrique, en Auii'^ritpie et eu Ausiralio. CHRONIQUE. 1065 Gramle-Bretagae. Un commissaire a uié délégiK' po.ir s'occiiiv^r ,lo cetlo acclimatation. La Société a reçu une grande variété de végétaux et do graines d'Algé- rie, qui lui ont été envoyés par le commissaire de Texpositioii Cranco- algériennoà Kcnsington palace. Les graines seront distribuées aux membres en temps convenable. Depuis le dernier meeting, la Société a lait des progrès considérables. Quarante-deux nouveaux membres ont été admis. Les Montons cbinois que possède la Société sont dans des conditions excel- lentes : ceux qui ont été mis en vente seront achetés h de hauts prix, et les demandes nouvelles sont nombreuses. Lord l'owerscourt, un des acheteurs instruit l'assemblée do la naissance de quatre Agneaux. Dans le troupeau entretenu par la Socié!('-, il est né cinq Agneaux depuis le mois de septembre. Les Dindes arrivées de Honduras en septembre ont pondu vingt œul's, qui ont produit neuf Dindonneaux dont sept grossissent à merveille. La Société attend un présent que lui destine sir G. Bowen, gouverneur de Queenstown : c'est une paire de Dindons australiens extrêmement remar- quables. {Field.) Nouveau succédané du Coton. (Extrait du Times du 27 novembre 18G2.) Sous ce titre, nous trouvons dans le Times une note que nous croyons devoir leproduire ici : « A la réunion ordinaire des membres de la Société des arts de Londres du 26 novembre, le secrétaire, M. Foster, annonça qu'il avait ro(;u de M. \V. T. Keates, chimiste, une communication concernant un nouveau sub- stitut du Coton. Il paraît qu'au mois de septembre dernier AL Ghislin, de la colonie du Cap, présenta à !\l. Keates dos spécimens d'Oignons de l'Afrique méridionale, qui, à l'examen, se montrèrent pleins de fibres propres à être employées comme matière textile ou pour la fabrication du papier. Plus récemment, M. Keates reçut de Al. Ghislin d'autres plants de la même famille, qui présentaient une fibre très supérieure, semblable à une belle et fine soie élastique; son correspondant l'iiiformail que ces végétaux étaient iudigènos dans les désorts de l'Afrique du Sud, et qu'il était si facile do les cultiver, qu'on pouvait en produire n'importe quelle quantité. Ln certain nombre d'échantillons préparés pour le papier ou pour divers autres usages étaient placés sous les yeux de l'assemblée. Ces spécimens, examinés parles membres présents, excitèrent un grand intérêt. L'introducteur de ces Oignons a reçu une médaille à l'exposition internationale pour ses produits manu- facturés d'Algues de l'Afrique méridionale. » A'ous extrayons du numéro de no\ombre 1862, du Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, les passages suivants d'une lettre adressée à VL le 1066 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION.' président de cette SociéU; par M. P.. VVilz, sur la cullare du Coton dans la république Argentine. L'auteur, qui habile et a exploré le territoire argcnlin depuis cinq ans, après avoir énuniéré les avaiUages que présenterait la culture du Colon dans ces contrées, s'exprime ainsi : - ■ ■■ ''H.-. « Depuis trois ou quatre ans, je connais un plant de Cotonnier existant sur la berge du rio, dont je fis la rencontre un jour comme par hasard. » Dans le voisinage demeure un viril Alsacien, de Ban, le sieur Diehl, en Amérique depuis 1820, qui me dit que ce pied existait déjà quand il bâtit sa maison, il y a <à peu près vingt ans. A 50 mètres de la Plala, il a été déjà fouetté parles plus tories lempèles du rio, de celles qui jettent jusqu'à des vingt et trente navires à la côte ; et il existe toujours, sans taille ni cul- ture, donnant lous les ans sa récolte, quoique brisé et tronqué. Le vieux Diehl lui enlève chaque année tout le colon nécessaire à son usage parlicu- lier, et le reste se perd. M'étant amusé à en décosser souvent avec lui, il me prit l'intention d'en semer quelques graines le long de la même berge, et aujourd'hui il en pousse trente à quarante magnifiques pieds, malgré les marées qui les inondent au moins lous les mois. Sous ce pli, je vous en envoie un échantillon que j'ai décossé moi-même cet aulonnio. J'en ai des livres à votre disposition; mais l'échantillon vous sullira comme renseigne- ment (1). » L'a])parilion de ce pied de Coton dans les plus mauvaises conditions où une plante puisse se trouver m'élonna, et je me demandai si la province de Bnenos-Ayres, rEnlre-llios et la province de Santa-l-'é nepourraieni pas se prêter à celle culture, j'exposai mes doutes à un Nord- Américain de mes comiaissances, qui avait habité longtemps la partie méridionale des V.lats- L'nis. 11 me répondit qu'à son point de vue et comme connaisseur, il esti- mait que le littoral de la pro\ince de Buenos-Ayres, les îles formées par les grands lleiives et l'Entre-llios pourraient être très aptes à la culture du Colon, aussi bien que les districts cotonniers les plus favorisés des Élals-Lnis. 11 ajouta de plus, (jue la variété qui lui paraîtraii la plus convenable serait le Go^sypiwii lierbaccuin. A celte espèce a|)parlie!it la qualité excellente qui se produit dans les îles maritimes (Sea-Island). (juoiquc cette plante soit plus dispendieuse que les autres en fait de cuitiue, le résultat qu'on en obtien- drait, grâce au eiimat bénin de ces parages, compenserait amplement les sacrifices que l'on ferait. Cette" plante pourrait peut-être dégénérer à la longue, mais elle n'arri\erait jamais à devenir inférieure pour le produit au Colon Céorgie. Ce que je regrelle, c'est de ne pas avoir en ce moment de Colon de Catamarca sous la main pour vous l'envoyer; il est vraiment d'une qualité supérieure , et pourrail convenir admirablement pour la culture dans celle })rovinceci. « Le Coton pouvant être cultivé dans le bas des fleuves, c'est-à-dire dans (t) Ce coton a été rcconiiii ;) Miilliousp valoii' les niuiliciirs Louisiane. CHRONIQUE. 1067 es provinces avoisinaiu le rio de la l'iala, mon atlenlion s'est fix.'-e spéciale- ment sur les lieav où il pounait Fèlre avec le plus do succès. Mes idées se sont fixées siu- les îles. » Le climat de ros îles, d'après Tassiinincc formelle de phisiem-s \ord- Américains auxquels je me suis adressé, est le même que celui du Mississipi de l'Aïkansas et de la Géorgie. ' » L'année passée, à rarriérc-saison, je m'y rendis pour y semer quelques Srains de Coton. Les pieds sont superbes aujourd'hui et promettent pour le printemps. « Après avoir ainsi parlé de la culture du Colon, M. E. \\iiz ajoute : « Les règnes végétal et animal sont très intéressants dans ces îles. 4u nombre des arbres on trouve le Ceibo (Bombyx ceiba), arl)re à soie dont je vous envei-rai un échantillon ; le Virioiva, genre de Passifhra fllamentosa, dont les fdM-es servent aux naturels pour faire des cordes, et dont le fi-uif, très abondant, de couleur jaune, renferme des grains sucrés rouges comme des groseilles. L'Oranger et le Pécher y sont ti'ès abondants. Il se i)erd chaque année, dans les îles, peul-ètre la valeur de plus de cent mille quintaux do pèches de plusieurs qualités, grosses et très délicates. Parmi les animaux, je citerai leCabiai,que les indigènes appellent Carpincho, espèce de Cochon de mer dont la chair fournit un excellent manger; la Loutro; l'Apari, espèce de porc de Guinée; des Daims, des Cerfs, des Tortues de plusieurs esjjèces; des oiseaux aquatiques, Grues, Fliuiimants, Oies, Canards sauvages, Bécassines, l'Iuviers dorés en abondance, ainsi qu'une innombrable quantité de Perru- ches dont le caquetage est parfois assez désagréable. » Dans les petits canaux qui coujjent les îles, on trouve plus de trente espèces de poissons, et parmi elles plusieurs qui sont délicieuses. Une fabrique de colle de i^isson y ferait foitune en peu de temps. On y rencontre une espèce d'Abeille {Melipona) qui ne produit pas de cire, mais qui distille un miel très doux dans une coque faite d'une sorte de carton, qu'elle fixe aux arbres, e; dont le volumiî'peut contein'r souvent 20 à 30 livres de iiiiel. Je vous citerai nueux : la lloraisou des Pêchers, Orangers et autres fleurs est si favorable, qu'une seule ruche d'Abeilles domestiques peut donner, dans les ii'^s, jusqu'à qiùijze et vingt essaims. Je connais un propriélaircqui a com- mencé avec une bonne ruche il y a trois ans ; aujourd'hui il en a soivanle des plus riches, ayant récollé la première année 1000 livres de miel, la seconde 3200 livres, et cette année ZiOOO livres, sans autres frais que ceux de faire des ruches (des caisses de bois ou des tonneaux cloués les uns sur les autres), et de tueries Abeilles pour soutirer le miel, ne conservant que les bons essaims. Le miel est si abondant depuis que tout le monde s'est mis au\ Abeilles (quatre ans), qu'il n'a i)lus de valeur, et que les propriétaires en fout d'ex- cellent hydromel qui va-at cent fois mieux que les mauvais vins ([ui nous viennent d'Europe. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN D'ACCLIMATATION. I. Novemlyre.— Bark and dismal November : sombra et trislc novembre, dit un poeto anj;lais ; bruniaiie, rappollent les Français. Jamais il n\i élé plus cligne de ce nom, excepté quelques jours, du 5 au 11, où il a fait im Iroid assez prononcé et durant lesquels le soleil s'est montré, connne pour juslilier Télé de la Saint-Alartin; tous les autres jours ont élé chargés de brouillards. La plupart des animaux sont enfermés, et ne sont laissés en plein air que quelques heures. Ils se détendent du froid par rimmobilité plutôt que par le mouvement. Les gros Mannnifères, Bunifs, Cerfs, Antilopes, se tiennent couchés sur le sol. Les Oiseaux .sont ramassés sur eux-mêmes et sans vivacité, surtout pendant les jours humides. Toutes les précautions sont prises contre l'hiver. Les animaux sont rentrés avant le coucher du soleil. La cabane des Autruches a seule élé chaullee jus- qu'à présent pendant les nuits, de 10 à 20 degrés centigrades. II. La ponte est nulle. La mue est terminée. Une double nuie a été ob- servée au commencement du mois sur une Poule crève-cœur. On a cru remar- quer queles Poules étaient plus avides et qu'elles consonnnaient plus de grains, peut-être parce qu'elles manquent du vert, ou qu'elles se réparent de leur moindre appétit pendant la mue et s'approvisioiment de forces déjà pour la ponte. Les crêtes et les barbillons sont plus animés que les mois précédents. III, Deux couvées tardives, dont une de Faisans mélanotcs, ont donné des éclosions qui vont bien. Les Cygnes noirs mènent deux petits sur cinq anjfs donnés et couvés par eux. Nous avons eu, parmi les Alannnifèrcs, une jeune biche Axis née très faible, et un Talon encoubert. Ce jeune animal est né sans écailles, peau lisse, rosée, et au bout de six semaines ses yeux sont encore fermés. La mère l'a bien soigné et allaité, excepté pcnd.uit une nuit, qu'elle a paru vouloir l'abandonner, mais depuis elle lui a rendu son alfectioa maternelle, IV. Dons. — Par S. M. l'Empereur, deux Chevaux siamois, deux Axis, une Biche cochon, quatre Poules, deux Pigeons, deux Francolins tachetés, un Ibis el une Crue Aniigone. Par S. Exe. le Ministre de ragricullure et du commerce, deux Pigeons paons blancs, un Faisan argenté; par M. Mnizech, deux Hérons gris; par M. Muellcr, de Melbourne, un Phascolome latifrons. Le Phii.scolome lutlfrons a élé envoyé par M, Mueller pour redresser l'er- reur du Guide du Jardin qui avait porté .sous ce titre les Pha.scolomes ivom- Inits envoyés précédemment par i\L Mueller. Le latifrons est plus gros, plus long et plus bas sur pâlies que le \\'ombat ; il a la lêle et le nm.seau plus larges et plus carrés, l'enire-deux des yeux plus distant, et le poil plus soyeux el plus n'cherché. Il se nourrit de foin. Sa chair est alimentaire en Ausiralie. Les Phascolomes sont des animaux fouisseurs et semi-nocl urnes. r.ULLp:TIiN MKNSUKL DU J.VlîJtIN DAGCLIMATATION. lOtiO La Gnic Anli}j;oi)o est seniblabli^ à i,! Grue (rAiisIralie par son plumage gris et sa calotte rose ; elle est plus haute, a les formes |)lnsefll!écs. In moitié (lu cou blanchâtre, les tarses rouges. Ce bel oiseau est originaire de l'Inde. Le Francolin perlé est de la grosseur d'une Perdrix grise ordinaire. Son plumage est bran roussàtre, marqué de lâches blanches (juc l'on a comparées à des perles. Ce joli animal n'était pas encore arrivé \ivant en Europe; comme tous les Francolins, il porte de longs éperons. Ce serait un excellent gibier si l'on parvenait à l'acclimater en Europe. ~ V. Morlalitr. — C'est toujours le chapitre dominant de cette saison, ^'ous avons perdu 7 Lapins, 2 Lièvn.'s, '2 Chiens, 2 Agoutis qui déjà avaieni passé deux hivers en liberté dans leiu- parc; un Kangurou Derby, qm' s'est coupé prolbndément la cuisse en la passant sans doute entre le grillage de son en- ceinte; une brebis r>omanow, qui s'est noyée dans la rivière du Jardin, la nuit qui a suivi le jour de son arrivée; un Pécari à lèvres blanches, chez lequel on n'a constaté aucune cause de mort; et une Chèvre angora alteiiiledu tournis, qui avait des hydalides dans le cerveau et dans le foie. Parmi les Oiseaux : 20 Poules ou Coqs divers, 12 Faisans, 51 Oiseaux divers, dont ol Passereaux 12 Tourielettes ou Colombi- gallincs, ul Oiseaux d'eau ou (le rivière, un Kakatoès, une Perruche ondulée. Parmi les Oiseaux, on doit remarquer que la plupart sont des oiseaux de climats chauds, à qui les premiers froids ont dû être funestes. Les accidents sont toujours assez fréquents, chose diflidie à éviter dans les grands rassemblements d'animaux. Un grand nombre d'animaux morts ont été e\aminés. Le peu d'altérations pathologiques qui ont été irouvées fait penser que le froid est pour beaucoup dans la grande mortalité de ce mois. Nous avons encore ti'ouvé plusieui's fois de la matière tuberculeuse, une entre autres dans les deux cavités auri- culaires du C(eur; deux autres fois, des tumeurs ipii ont semblé de nature cancéreuse, une dans le mésentère d'un Dindon roiig(>, une dans le foie d'un Faisan à collier, et chez plusieurs Oiseaux et Pou!(>s des hémorrhagies in- testinales. M. Aqitariiin). —Celle saison, si défavorable pour les autres animaux, a été propice à l'Aquarium, à qui elle a permis de recevoir plusieurs espèces de Poissons et d'animaux marins qui n'y avaient pas encore été reçus. C'est l'époque en effet où il est le plus facile de faire voyager ces animaux, sans craindre le trop chaud ni le trop froid. Celte question du transport des Pois- sons vivants nous préoccupe beaucoup. Plusieurs mendjres de la Société des plus distingués veulent bien nous aider de leurs lumières et de leur bonne volonté. Nous citerons, entre autres, M. le docteur Turrel (de Toulon) et iL Margollé, l'auteur du savant et charmant livre la .]fi'r. Deux envois faits de la Méditerranée, dans des vases construits exprès et contenant de l'eau de mer, n'ont pas réussi ; de magnifiques Oursins et des Syngnathes qu'ils con- tenaient sont arrivés morts. Nous n'avons eu de vivantes que les Holothuries, ]070 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. appelées Concombres de mer. M. Doumct fils, de Celle, a été plus heureux : il a pu nous faire parvenir dans un pelil liaril ordinaire, conlenanl un lit de zoslèrcs, des llolotlunies appelées Souris de mer, plusieurs exemplaires de Conclnfères et des Siponclesquc les dernières tempêtes lui ont permis de re- cueillir sur le rivage de la Méditerranée. Nous avons reçu de M. Ledentu, commissaire de marine à Cherbourg, des Coquilles de Saint-Jac([ues {Peden jacobœus) ; deux Vieilles de mer {Labnis macnlatus) Tune tigrée, l'autre rubanée, à écailles métalliques; des Chevrelles, des Astéries et deux variétés de Squales, la l'.oussette et le Chien de mer, si redoutés des baigneurs sur les côtes de l'Océan, et des pêcheurs, dont ils rompent les lilels. Ces animaux, soumis à la curiosilé du puldic et à Tétude des observateurs, n'ont encore fourni de résultat que sous le rapport de leur durée ou aptitude à vivre dans l'Aquarium. Les Vieilles de mer s'y maintiennent très bien depuis deux mois. Les opérations de pisciculture onl pu commencer à la fin de no\ einbre. L'établissement d'IIuninguc nous a envoyé déjà plus de VI 000 œufs de Truite saumonée. Ai. Millet, dans ses conférences du "21 et du 28, a pu faire sous les yeux de son auditoire des fécondations artificielles avec des Truites appor- tées des ^■osgespar M. Vancou, i)ècheur très habile dans les pratiques de la pisciculture, qui se livre en grand à l'élève et au commerce des Truites et au- tres poissons, et qui les fournit à domicile vivants et en aussi grande quantité que l'on peut désirer. Sous la direction de notre collègue M. Anatole Gillet de Grandmont, il vient d'en ouvrir un vaste dépôt dans des réservoirs au parc du Vésinet. s;; n '.':'' VII. Magnanerie. — On y continue quelques éducations de Vers du lUcin, alin d'eu conserver la graine, niais qui sont très restreintes à cause du peu de feuilles dont nous disposons (I). Pour utiliser le reste du bâtiment, il y a été établi pour l'hiver une Oisellerie où se voient les Perroquets, les Per- ruchcsqu'ou tenait en |>lein airpendaiU l'été, lesiJrtce/oouiMartins-cbasseurs, et une colleclion de Tisserins, Diamants, Astéridies et autres Passereaux exo- tiques. Jusqu'à présent ces oiseaux fe sont très bien trouvés de cette tem- pérature de Vers à soie. C'est une question de savoir quel est le degré de chaleur qui doit être donné en hiver aux oiseaux venant des pays écpiato- riaux. Je liens de M. Vekemans qu'au jardin d'Anvers on les chauffe très peu. La mortalité de nos Colombi-gallines des Antilles, qui ont toutes suc- combé dans la grande volière dès la survenance des premiers froids de cette année, ne nous a pas encouragés à agir ainsi. ., ;., VIIF. Jardin. - La température a été en moyenne de -}- 3", à six heures (1 ) Par lin sysièmc nouveau île Jislribuliou, M. Pinron est arrivé à faire absorber par les Vers la iiresqno totalité do la feuille, et il obliont ainsi, coniparalivenienl à l'aiitieiine riiétliOLlc, une très grande économie de nourriture. Si', connue il l'espère, ce moyen, qu'il n'aura essajé qu'à la lin de l'éducation procbaine, réussit, ce sera un scrvii:e innucnse rendu à l'mdustric séricicole, si cruellement éprouvée depuis tant d'anni'cs. . , BULLETIN MENSUEL DU JARDIN d'aCCLIMATATION. 1071 du iiiiilin, cl (le + H" à trois heures de l'après-midi. Les extrènics ont élé + 15o au maximum et — 7 ' au minimum. Les nombreux Arbres verts du Jardin relèvent un peu l'aspect désolé du paysage de la saison: comme il y a aussi beaucoup de Cliènes, —on sait que cet arbre est le dernier à perdre son i'euillase, — les allées, largement ou- vertes, ne laissent perdre aucun des rayons du soleil. La grande seri'e d'hiver est toujours maiiuenuc à une température de 15 degrés. Tout est disposé pour rendre la i)romenadc aussi agréable que possible dans cette saison. Le Jardin a reçu de M. Mueller(de Melbourne), par l'enlremisc de la So- ciété d'accliniatalion, cent es|)ères de graines d'Australie ; De M. florin, un hectolitre de Ponunes de terre de Sainte- \larllie, proven;uit d'un tubercule qu'il avait reçu de la Société; de M. Vivel, des giaines de l'haceiia coHyfs/o, piaule annut'llc de la famille des Hydrophvllées, très re- cherchée des Abeilles. IX. — Les conférences pendant ce mois ont été laites par .M. Millet .sur la piscicuUure ; par M. Léon Soubeiran, sur les plantes qui fournissent les principaux aliments féculents ; par M. le directeur Rufz de Lavison, sur les métis obtenus au Jardin d'accliniatation. Le nondjre des visiteurs a été de 15 27'J. Le Directeur du Jardin d'acclimalaiion, r.urz DE Lavisoa. Nous croyons devoir rappeler à nos lecteurs que des primes oui été fondées par M. Duîrône pour la propagation à Taris ou dans les environs, des métis de sa race sans cornes Sarlahot, dont 1(> Jardin d'acclimaialion possède un très beau taureau breton (1). Ce taureau, donné par M. Dutrône, et provenant du croisement de la race normande désarmée SaI■!al^«>t avec la race ])relonne ordinaire, vient de commencer à faire la saillie. On a lieu de penser que nos vaches ^sts-Etinoi- itroioik et ai'Mi»»', toutes les deux sans cornes, sont fécondées. (1) C'est en pnrlanl de ce. reprodiiclcnr que M. le mnrqiiis do Wonlcaliii, d.iiis son rn|ipnrl ,-i \,i Sûcii'lc pvolcclilcc, Il dit: « Ce pelil t;uirc!ui, provenant des croisemeiils Saiilaiiot-hhetOiN I) dont nous parlimis à l'instant, prouve ipie M. Dnirôno, en étendant sa scdlicilnde sm' l'Asie, )) l'Afrlipio et l'Améririne, tn'i nous venons de le snivre, n'a cependant onblié ni ses voisins de j) province, ni ses voisins de Paris. En effet, depuis quelques années, les \'aclies bretonnes ont » pris possession des parcs et des résidences d'été dans noire banlieue. » En s'occupant de cette excellente et cliarmantc petite race, notre collèijne a-t-il fiùl acte » de courtoisie à l'adresse des dames parisiennes qui ne dédaig'nent pas ta vaelieric? » Ainsi, mesdames (t nicssienrs, si vous possédez dans les environs quelques-unes de ces » pclilcs Vaclies bretonnes, ornement de vos pelouses, richesse de vo- laiteries, vous trouverez » à notre Jardin du bois Boulogne, un reproducteur sans cornes, vous mettant à mêlno d'élever, » pour la sécurité de vos enfants, de vos visiteurs et de vos domestiques, des g-éiiisses désarmées, » civilisées, qui remplaceront leurs nit'rcs à l'armure barbare. i> {liuUclin de la Sociclé protec - trice, numéro do février 18G-2.) 1072 SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Les nourri sseiirs cl les éleveurs pourront faire saillir leurs vaches par le taureau («ini-iabot-i»r«'(on, aux coudilious suivantes : 1" Ils feront connaiire leur nom, leur demeure et l'habitat de la vache; 2" Ils s'engageront à ne pas mettre le veau en vente avant Tàge d'un mois accompli, et sans en avoir prévenu, par lettre à la poste, l'adininistrationdu Jardin quinze jours d'avance, aliu que l'on puisse constater si le jeune animal sera exempt de cornes, et que la Sociél('' puisse entrer en concurrence avec le public pour l'acheter. li" Ils devront domier semblable avertissement, s'ils veulent vendre la vache avant sou vêlage. h" Dans le cas de vente de la vache, ils devront faire accepter par l'ac- quéreur l'obligaiion résultant de Tariicle 2 ci-dessus, pour la vente du veau. 5" Le prix de ia saillie est de 5 francs. 6" Les veaux à naître du taureau w«rinho<~br«-»on seront seuls admis à concourir pour les primes résultant de ls roçji'ia' Anutlnr; HENVOI au BULLETIN. (31 143 336 795, 915 716 137 427 967 424, 509 438 213, 3i3 342, 1045 i 1070 ,socii':të imi'ékiale zoolocioue d'acclimatation. NOMS DES DONATEUR? M"" la princesse de Castelcicala, à Naples. M. de Castklnali, con- sul de France, membre honoraire de la Sociélé. M.CiiAGOT, membre de la Sociélé, à Paris. M. le docleur Cloquet (de rinslilul), membre du Conseil de la Société, M. E. CoLPAERT, à Liina (Pérou). M.leprinceCzARTORYSKi, memb. de la Soc. , à Paris. M. CuMENGE, membre de la Société, à Paris. M. Dabiiv , consul de France en Chine, membre de la Société. M. David, membre de la Sociélé, à Paris. M. Delisse, membre de la Sociélé, à Bordeaux. S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, ministre des af- faires étrangères, prési- dent de la Société. M. DUCHESNE DE BeLLE- couRT, consul général de France au Japon, membre honoraire de la Sociélé. M. EscHKRNiAu, à Paris. M. FocGAUD DE Ber- MANDUIES. OK,IETS DONNES. Graines de Cocozzelli . Graines de végétaux de Siam. Plantes de Phuek-matlaï. Collection de végétaux du Sé- négal. (Collection de graines de légumes cultivés eu An;j;lelerro. Pk'nles et iiraiiics de Coca. 'l'rois espèces de Haricots [loio- nais. Graines de diverses espèces. Collection de graine.^ médiriuides de Chine. Pommes de terre d'Auslra'ie. Une collection de plants (ï I^nca- lijlitiiS (jlohuliis. Un plant de Loza(/J/i'/);(;n(.s ulilis). Graines diverses du Sénégal. Graines de Cocozzelli. Plants d' Araucaria imbricula. Graines de Riz sec et de Uiz humide du Japon. Graines de végétaux des steppes de la Russie méridionale. Graines de Coton de Laghouat. lîENVOi au liLH.I.ETlN. 243 425 439, 716 GG, 1042 1049 710 071 13.5 3i3 GG 160 236 2.56 IGO 433 890, 972 2j6 r i DONS FAITS A LA SOCIETE. 1077 RENVOI NOMS DES DONATEURS. OBJETS DONNÉS. au lil'LLETlN. M . I9 marquis de Foun- Plant vivant de Cotonnier, 717 NÈs, membre de la So- ciété, à Vaussieux ((iard). M. de Fresne, membre Graines diverses de Chine. 256, 800 (le la Société, à Paris. M. GAULOnKE-Boil-LEAU, Arbres forestiers du Canada. 160 consul général de France, Arbres fruitiers du Canada. 10 41,1060 au Canada. iM. deGEOFRov, à Paris. Arbres fruitiers des Cordillères. 516 Mgr GuiLLEMiN, mis- Collection de graines des princi- sionnaire apostolique, en pales plantes alimentaires de la pro- Cliine, memb.delaSociété vince de Qwang-long. 323 M. Hayes, membre de la Graines d'Illoupé [Bafssia longi- Société, à Cliandernagor. folia), de Corchoriis copsularis. 56, 143 Graines de Cd'salpiina bonihicella . 342 Graines de végétaux divers de l'Hindoustan. 425 Graines ûeCœsalpinia sappan. 717 Graines de SanUdum album. 972 M. W. HooKER, direc- Quarante jeunes plants de Quin- teur des Jardins royaux quina. 432 de Kew (Angleterre). M. \l. .Iay, membre de Graines de Cotonnier, arbre de la Société, à Paris. Cochinchine. 131 S. Exe. Koenig-Bey, Collection de graines d'ÉgvjUe. 33 secret, des command'* de S. A. le vice-roi d'Egypte. M. Kreuter, membre de Graines de Melons d'Esclavonie. 343 la Soc. , àViennr (Autriche) M. F. KuHNE, consul de Graines de Zizanie aquatique. 10 46 Hesse, à New-York. M. de Laceuda, membre Riz, Ignames et Colon arbre du 709, 718, de la Société, à Bahia. Brésil. 719 Tiges de Mandioca et de Aipim. 971, 992 M. J. Le Long, membre Collection de graines de la Plata. 1046 de la Société, à Paris. M. de Lesseps, consul Plantes médicinales du Pérou. 57 de France, à Lima. Graines de Coca. 1046 107 8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMÂTATION. M. LiÉNARD, membre de la Société, à la Réunion. M. Marc DE Haut, mem- bre de la Société, à Paris. M. Mouchez, membre de la Société, à Paris. M. le docteur MuELLER, membre honoraire de !a Société, à Melbourne. OBJETS DONNES. RENVOI au RUI.LETIN. M.Petermann, à Paris. M. le B""PiciioN, ministre plénipotentiaire , membre de la Société, à Paris. M. dePuiBcsQUE, mem- bre de la Société, il Paris. M. P. Ramel, à Paris. M. RosALÈs, membre de la Société, à Paris. M. RuFFiER, menibrcdu Cons.delaSociélé,àParis. M. Sacc, délégué delà Société, à Barcelone (Es- pagne). M. le D"" SicAun, mem- bre de la Société, à Mar- seille. M. le M»i S.^nta-Cruz , membre de la Société, à Versailles. M. E. Simon, membre de Graines de Papangaye. Haricots nègres. Graines du Brésil. Une collection de Graines d'i\us- tralie. Graines de Sunlolum acumi- natum. Collection de graines d'Australie. Collection de graines de la Nou- velle-Zélande. Graines de Tabac de Chiraz. Graines de Melons de Perse. Plants d'Érable à Sucre. Graines d'.Acicài homaloiiInjUa, d'Australie. Graines (i'Eticulijpluf; globulus. Une caisse de graines d'ylrfiHrac»/ imbricala et autres végétaux du Chili , Graines de Chine. Graines de Poivrier d'Amérique, 130 431 oîi 429 .012 896 25G 138 GO, ]{]() 300 972 97 2, 990 Graines de Cath-sé de Chine, et produits divers obtenus de cette grauie. Graines de Quinoa et de Sapallo, Collection nombreuse do végé- t31 431 lnSoc.,:>Chang-ha"i(Chine) taux de Cliino et du Japon. 10 40 236 795 DOiNS FAITS A LA SOCIÉTÉ. 1070 NOMS DES DONATEURS. M. deViLLENEuvE, mem- bre de la Société, à Paris. M. WiLsoN, membre Iio- noraire de la Société. S. Exe. le Ministre d'État. M. Caillas, à Paris. M""' la comtesse de CoRNEiLLAN, à Paris. M. le D' Devilliers, membre de la Société, à Paris. M. FLURY-HÉRAnn, mem- bre de la Société, à Paris. M. le D'' FORGEMOL , membre de la Société, à Tournan (Seine-et-Marne) M. GOULY DE CuaVILLE, à Londres. M. Radiguet, membre de la Société, à Paris. M. Rev, membre de la Société impériale, à Paris. Sala , professeur de physique à l'école indus- trielle de Barcelone (Es- pagne). OBJETS DONNÉS. Tiges de Capim, du Brésil. Diverses Céréales d'Australie. 3" OBJETS DIVERS PRODUITS INDUSTRIELS ET OBJETS d'arT. Un bloc de marbre pour l'exécu- tion de la statue de Daubenton. Cocons de Vers à soie d'Andri- nople et de Turquie. Soies dévidées de Dombiix Cijn- thut. Herbier de plantes marines des côtes de l'Afrique intertropicale. Tableau do fruits de la Havane. Soie dévidée do diverses espèces a cocons percés. Échantillon de produit de feuilles de Raifort, proposé comme succé- dané du coton. Un Sucet conservé. Plumes de Dromée. RENVOI au BULLETIN. 604 234 244 133 138 241 Echantillon de filasse do Genêt d'Espagne. no, 136 972 237 130 507 INDEX ALPH\B1is r.i: YOLUMIÎ. : Abeille, m, 343, G29, 70G, 805, 1063, 10G7. Acouchi, 6'23. Actinies, 447, 1019. Agami, 130, 438, 210-211, 293, 513, 623, 764. Agouti. 142. 622, 623. ... Aguadelle, 513. Aipaca, XXVII, xxviii, civ, 443, 536, 611,728, 75-1, 759, 814. 828, 1063. Ane, 343, 922. Anguille, 15, 51 4. Antilope, 467-472, 728. _ bubale, 241, 760. — canna, 760. gnou t1. 760, 1017. 1003. — nilgaul, 67, Apari, 1067. Argali, 604. Astéries, 1019. Aurochs, 842-860. Autruche d'Afrique, iv, vi, xxix, I.XXX1I, LXXXVIll.XCVlI, xcvui, 8-1 4, 55,135,150,153-155,'334,4 29, 670-672,706, 763, 919, 1063. Autruche d'Amérique, ii. Axis, 1017, 1068. liaUeniceps rex, 730. Bartavelle, 507. Bernache, xcvm. Bison, 842-860. Bœuf, 460-463. — sans cornes Sarlabot, vi, xxvi, xciv, 147,148,351,895,1043, 1071-1072. — d'Aubrac, 464, 606. — Salers, 46 4. Borer, 939-947. Bothrops lancéolé. Voy. Vipère fcr- de-lance. Bubale. Voy. Antilope bubale. Bu file, 666-668. Bombyx Arrindia. Voy. Verdu Ricin — Aurola, 180. — Cynihiti. Voy. Veis de l'Ai lanle. Chèvre d'Angora. 449-459. 507, 511, 512, Cabiai, 757, 1067. Caille d'Amérique, 922. ,; Canard, xcvm, 288, 430, 1017. -( Capercaillie, 572-573. Cariama, 242, 473-474. Carpe, 15-20, 67, 425, 1063. Casoar de la Nouvelle- Hollande. Voy. Dromée. Caurales, 130, 622. Céréopses, 24 4. . i Cerfs, 1017, 1067. ' .;;; • — du Bengale, 86. — du Chantoung, 795. Chameau, 440, 442, 513, 595, 829. — du désert de Cobi, 36 2-36 5. Cheval, 75, 191-196, 654-665. V. 1-7, S5, 86, , 606. 753, 797, 814, 1017, 1049, 1063. — de Cachemire, 86, 922. — d'Egypte, 67, 1063. , » Chien, 833-841, 1009-1014. — de Pékin, 362. — de mer, 1019. . < Cldainyclera maoilalii, 1^\ . ... . Cigogne. 341, 433. Cochenille, 246, 970, 1031. 1063. Cochon, 251, 334. 165-466,772- 773. Colin de Californie, V, Lxxxm, 762, 1017, 1063. — d'Adanson, 430, 506. Colombe, 348, 351,734. Columha coronala. Voy. Goura. Coq de bruyère, 106, 513, 536. Coquilles industrielles, 212-220, 298-307. . ■ ' Corail, 127. Couagga, ni. Crabes, 1127-1029. Crayfish d'Australie, 538. Crevette, 1027. Crustacé alimentaire, iv, 1026- 1030. ,rvgne. 106, 352. INDEX ALPIIARETIQUR DES ANIMAUX. 1081 Cygne XCVIli 24 4 731 noir 1017, 1068. Cyprin doré, xxxiii, 15-20, i2o. Dacelo giganlea. Voy. Laughing Ja- cass. Dauw, II, III, 758. Dindons, xxiv, 134, 433. — australien, 1063, — de Honduras, 1065. . — ocellé, IV. Dronnée, ii, 91-94, 130, 6GG-G72, 706, 763, 828, 919. Écrevisses rouges, 160. Élan, 10(i. limeu, 145, 244, 334, 350, 397- 400, 511. Éponges, 127, 235, 338, 436, 505. 51i, 607, 622, 641-653, 705, 707,' 817, 898. Equus liurchellii, ii. — heinionm, ii. Faisan, 289, 594, 795. — doré, XXIX, 336. — mélanole, 1017, 1068. Fera, 1048. Francolin perlé, 1 069. Gazelle, 158, 467-472. GelinoUe, 106. Glijpliisodon biûcellalus, 732. Gnou. Voy. Antilope gnou. Goura, iv, 337. Gourami, iv, ixxxiv, 1 .iS, 1 42, l 'lO, 352, 765, 798, 898, 917. Grand-gosier, 6 23. Grue Anligone, 1069. — d'Australie, 51 1 , Guanaco, 1017, 1063. Hémione, ii, m, lxxxii 1062. Héron, 341. Hocco, 130, 623, 861-871. Holothuries, 1019. Homard, 1027-1029. Huîlres, ci, 1041, 1059, 1063. Insectes, 361, 553, 561-569, 939- 947, 1041. Insectes à cire, m. Kamichi, 622. KanguroUjii, xcviii, 241 — de très petite taille 341, 758, 255,761. 998-999. Kinkajou, 623. Lama, 755,759, 994-995. 1017, 1063. Lapin, 1023-1025. — cliinchilla de Tasmanie, 440. — -lièvre. V. Léporides. Laughing Jacasses, 137. 149, 237, 349. Léporides, 1023-1025, 1040. Lièvre, 1023-1025. Lophophore, iv, 1017. Lucioperca, 1 065. Macropus fuliginosus. V. Kangurou. — (licjanteus. V. Kangurou. Mammifères, 561-569. Mangouste, 770-777. Manicou, 348, 100 2. Marail, 130. McIfiKjris ocellatn. V. Dindon ocellé, Mésanges, 359. .Moineau, 706. Moutlon, 994, 995. Moulons, 37,134,463-465, 629, 705, 723, 72S. 1017. — d'Astrakhan, 144, 146, 235 — de Caramanie, 88. — mérinos, 629, 819. — mérinos Graux de Mauchamp, m, IV, xxvii, 88, 1062, 1065. — Ong-li, 144, 426. 441, 570- 571, 595, 606, 920-921, 9 29 932, 1040. 1046, 1058. — RomanolT, 3 41, 917, 993. ■ — du Sénégal, 1 59. — suis.ses, 796, 897. — de l'Yémen, 67. .Mulet d eau douce, 538. Muletio margarilifère, 351. Nandou. Voy. Autruche d'Amérique. Native Companion. Voy. Grued'Aus- tralie. Nilgaut. Voy. Antilope nilgaut. Oie, 134, 430, 1017. — d'ÉgypIe, 337, 762, 1017. — de Touiou.'e, 197-209, 1040. — à tête noire et à collier, 430. Oiseaux, 81-83,561-569, 993. Oiseau de paradis, 442. Onagre. 431, 505, 536. Opossum des .\ntilles. Voy. Manicou. 1082 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE Orlolan, 71 G, 815. Outarde, vi, xxix, xc, 243, G07. Paca. G'22, 971. Palmipèdes, 288. Paon, 773, 1017. Pécari, 606. 623,71 6,772-773, Pénélope, -1 30. — niarail, 623. Perdrix, 716, 814, 815. — de Chine, 795. — Gambra,xxx, 335, 762, 1 Perroquets, 1 020. Perruche ondulée, 607. Pbalangcrs, 761 . Phascolome, xcvii, 349, 542, 918, 969. Pholades, 160, 707,72o-72G, Pic-vert, 58, 137, 339, 356- 424, 426, 706. Pic de Chine, 442. Pifïcon, 288, 795. Pintade, 288-289, 773. — à joues bleues, 256. Poissons, IV, VI, li-lxxx, lxxxiv xcix-ci, 68-69, 77, 107- 251,551-552, 557, 561- 594, 795, 978-988, 1 1063, 1070. Poules, 90, 197-209, 284- 366-396, 430.59/j, 706, 933-938, 1040, 1058. — caraïbes, 1 59. — de Cuba, 762. Praire, 51 4. Psitlaciis cximius, 508. Renard, 3 42. Renne, 104-105, 755. Requins, 1019. Rliynocétos, 242. Rockhampton-Finches , 137, 237. Sajou, 623. Salamandre du .lapon, 5!ti, 79-: Sanglier du Rrésil, 611. Sangsues, 1 04 1 . Saumons, 66, 142, 514. Sèche, 734. Serpent, 770. Sittelle, 359. 063 761. 896. 362, ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Soco. Voy. Grand-gosier. Squale, 1019. Sucet, 238. Talégalle, 730. Tanche, c, 15-20, 67, 10C3. 815. Tapir, 758. Tataitus du Brésil, 611, 897. Tatou, 1068. Tétras, iv, xxx,xcviii, 401-407. Tortue, 795. Tourterelle, 716, 815. Trichoglosse, 732. Truite, 20, 67. 345, 513, 514, 1045,1048. Urus. 853-860. Vers à soie, iv . vi , xxsiv-xxxv, LXXXIV, xcii, en, cm, 21-36, 50-51,61,115-122,133,135, 137, 140, 143,221-225, 242, 244, 248, 335, 336. 408J 409, 431,538,543, 608, 609, 610, 637, 708, 903-910, lOOZi, 1020.1041,1042,1050-1057, 1059', 1070. — de l'Ailante, vi, xcii, xcv, en, cm, 29-36, 50-51,60-61,128, 238, 308-312, 477-478, 514, 515,707,723,766, 798,799, 898, 924, 994, 1005, 1020, 1043, 1063. — Hesperus, 35-36. — du Chêne, xciii, 95-98. _ du Ricin, 34-30, 12 8, 238, 308-312, 515,' 707, 816, 1005, 1020, 1063. — Tsien-tse, 475-476. — Ya-ma-maï. 35-36,128, 574, 579. Vigogne, 1063. 1 49, Vipère fer-de-lance, m, 1 42. Yacou, 13 0, 623. Yaks du Tibet, xxv, xxvi, xcvn, 1 -7, 89, 449-459, 506, 507, 511,' , xc, 114, 5G9, 059, 288, 795, 512, 606,705, 759, 1062. — métis, 67, 291. Zèbre, m. Zébu du Sénégal, 67. — du Soudan, 1 42. f97, 814, INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MEINTrONNÉS DANS CF VOLUME. Abies canadensis, 74. — nigra, 74. — reguw' Amaliœ , 140, 342, 427. Acacia homolophylla, .'JOG. — nemu, 601 . Acer saccharinum, 74. — riibrum^ 74. Ailanle. 251, 877-889, 994, 1049 Aipim, 971,. 992-993. Apertilla, 992. Aralia papyrifeni, ISfi, 801. Araucaria imbricata , 433, 972. 990. Arbousier, 085. Arbre à cire do Japon, 596-597. — à pain, 716. Arracacha, 508. Arrayan, 992. Arum viviparum, 61 1 . Asclepias, 131 , 508. Asperges de Hollande, 517, 633. AreUanu gucrina, 991 . Balata, 630. Bambou, 59, 60. Banksia, 732. Dassia longifolia, 697-698. — laiifoiia, 717. Bellùto, 991. Betterave, 818, 8 97. Blé, 800. — du Japon, 538. ■ — pédigri ou généalogique, 1046. Bois à savon, 243. Brousftonnelia hunt!-nnl;i^ 598-602. Cœsalpinia honducella , 342, 508, 890-893. — sappan, 717. Canne à sucre, 580-593, 1 0 i 1 . Capim, 004, 623. Câprier sans épincr., xliv. Culen, 991, Caria alba, 74. Carotte rose de Chine, 976, Cassia occidentaux, 899. Casuarina, 732. Cath-sédeMontigny, 1040. Céanothe d'Amérique, 975. Ceibo, 1067. Céréales, 522-535. Cerfeuil bulbeux, 975, 1063 — de Sibérie. 1063. Chêne d'Amérique, 916. — à feuilles de Châtaignier, 973, — blanc, 74. liège, 818. Chou à pl^mies, 800. Chufa, 44. 976. ■ ' Chupon, 992. Cinchonas. Yoy. Quinquina. Coca, 64, 128, 227, 439. 610, 624, 699-703, 710, 820-821, 95G-966, 971, 993, 1040 Cocozzelli, 100, 243, 332 , 801, 973^ 977, 996. Concombres de Chine, 978. Conifères, 240-2 47, 502-503, 910 911. Copini gordura du Brésil, 179. Coptis aitemonœfolia, 602. Corcliorus capsularis, 244, 349. Coreopsis alropnrpurea, 976. Cornichon anguleux, 978. Cotonnier, 256, 424, 432^ 487-493. 509, 627-628, 717, 719^ 720-723. 822-824,972,1032- 1033, 1042, 1065-1067. — jaune, 971, 1046. — bleu, 971. — arbre de Cochinchine, 131. — arbre du Pérou, 9 96- 99 S.lOi 7. do Géorgie, '/ 4. 108/1 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOI Cuprcssus thuioides , 74. Cijclanthera pédala, 978. Cijperuses(iulL'nius. Voy. Chufa. Dallier, 58. Dioscorea bataias. Voy. Igname. Épinard de Malabar, 97o. Érable à sucre, 60, 73, 74, ICO, C30-632, 797, 976. Eucalyplux, 975. — cjlobulus, xcvii, civ, 64, 128, 160,228-231, 256,350, 505, 732,787-793,972. Fabricialevicjata, 975. Fraxiiius americaiia, 74, 976. Giroflier, 64. Giraumont vert, 978. Gômbaut, 716. Gossypium nrboreum, Voy, Coton- nier arbre du Pérou. Gourde, 978. GranadiUa ciiruba, 720. — uchuva, 720. Grenadier, 916. Haricots, 977. — arbre, 977. — nègres, 130. — du Japon, 427. — soja, 691-693, 81 j. — de la Jamaïque, 922. — polonais, 971. Houblon, 819. Huebil, 992. Igname de Chine, lu, 920, 976. — du Brésil, 709, 718, 1042, 1063. Illoupé, 694-697. Ixlli, 79, 128, 249-250. Jusla, 701. Ltrdizaliula preliosa. Voy. Voquii ou Coguil. Larix amerkaim ,74. Laurel, 991. Laurelia aromatica, 991. Lingue, 991 . Liiiitm si'kiginoides. Voy, Retamilla. Locust-lree, 516, 720, Lo-za , XLii, CIV, 236, 505, 768 899, 975. Lyciel dWfriqne, 976, OOIQUE D ACCLIMATATION. Madrono, 990. Maïs, civ. — géant, 243. Mandioca, 971, 992, 993, Manioc, 443. Maqui, 991, Marronnier glabre, 243, 976. ' ' Mayo, 99!. Melons d'Esclavonie, 343. Michai, 990. Millet de Chine, civ, 505. Monlama ulula, 976. Morelle gigantesque, 976. — laciniée, 976. Nardoo d'Australie, 235-249, 630. Œillet, 441. Olivier, 818. Opuntia coccinellifera, 1035. Orme d'Amérique, 74, 976. Orobus (laccidus et roscus, 343, 976, Ortie blanche, 423, 976, — géante, 732. Palmier à chanvre, 689-691 . Palonegro, 991 . Panilhue, 990. Papangaye, 58. Pêcher de Tullins, 7M. Rirsi-a. Voy. Lingue. Peruvian Colton iree.Voy. Cotonnier arbre du Pérou. Pet-saï, 232, 423. Peumu, 990. Phu'be barbusana, 685. Phuek-mattaï, 439-716. Pilo-pilo, 991. Pin des Canaries, 685, 687. — de Patagonie, 4 40. Piniis ritbra, 74. — sirobm, 74. Piltosporum coriaceum, 685, — iindulalum, 3 43. Plantes potagères de Chine, 323- 324, 325-330, 872-876. — médicinalesdeChine, 343,493- 501, 872-876. Pois d'Australie, 977. — oléagineux, 975. Poivrier d'Amérique, 41-13, 131, 431. INDEX ALniADETIQUE DE^^ VEGETAUX. 1085 Pomme do lorrc , xli , 5il, 'J I (J , 977. — d'Australie, 61, 66. — de Sainle-Marlhe , 61 , 331 , 336, 768, 1071. Portniaca, 630. Potiron blanc de Chine, 978. — doré de Chine, 978. — vert de Chine, 978. Psoralea. Voy. Culen. Pyrèthre du Caucase, 975. Qiicrcus alba, 74. — rubro, 74. Quillitiia saponaria. V. Bois à savon. (Jiiinoa, 226, 611, 769. 97 i. Quinquina, m, 128,349,432. 630, 799, 816, SI 9. Raifort, 972. Relamilla, 990. Rluts ele(ja))s, cm — fllabra, cm. Uiz, 800. 81.5. — aquatique Voy. Zizanie aqua- tique. — soc, 65, 133, 899. — du Japon, 51 0, 972. Ki/. du Brésil, 709, 718. Safran. 418-421. Santal,' 236, 337, 429. Santnlum album, 972. Sapallo, 227. Sehiinis molle. Voy. Poivrier d' rique. Si'chium ednte, 256. Semen-contra, 818. Sorgho sucré , xli , 59 , 99- 900, 97i. Tabac de Chiraz, 256. Teck, 256, 337. Télragone, 977. Tliiiia occidenidtis, 7i. Topinambour, 897. rtmiis americniia , 7i. Végétaux, 553,558, 561-569. Vernis du .lapon (vrai), 975. Vigne, 67, 313-322, 352, 417, 479-486, 540,676, 922, 948-955. Viricuva, 1067. Zapallo, 977. Zizanie aquatique, 1 23-1 2 4 38, 517, 10 '.6. .Amé- 03 410- 825, 3 i l , ■*• TABJ.i: ALl'llABÉTiOllE DES ALITEUHS MIÎINTIONNES DANS CE VOLUME. S. M. l'Empereur. Don de Perdrix de Chine, 815. S. M. l'Impératrice. Don d'Oiseaux de la Guyane, 622. S. Exe. M. LE Ministre dk l'.^cricul- TURE. Envoi de graines de Chine, par M. E. Simon. 81 5. — Don d'animaux de Chine envoyés par M. Simon, 915. S. Exe. M. LE Ministre u'Et.^t. Don d'un bloc de marbre pour la sla- lue de Daubenlon, 248. S. Exe. M. le Mir. — Sur les maladies des Vers à soie et leur guérison, 408. CinvATOFF. De la domestication du Tétras, 400. CiiiOT. Sur le Petsaï, 23 2. Cloquet, Sur divers essais d'accli- matation, 58-o9. — Nouveaux renseignements sur les Moutons de race cliinoise Ong-ti, 570. — Exposition de la Société à Lon- dres, 605, 1061. CoLPAERT. Envoi de graines et de plantes de Coca, 820. — De la Coca et de son mode de culture au Pérou, 956. CoRNEiLLAN (comtesse de). Dévidage des cocons ouverts, 64. CossoN. Sur racclimatation de la Carpe et de la Tanche dans le^ eaux douces de l'Algérie, 15, b7. Dabry. Sur le Petsaï, "232. — Sur diverses plantes potagères de Chine, 325. — Plantes médicinales de Chine, 494. — La vie à bon marché en Chine, 673. Damrémont (comte de). Moyens de faire reproduire les Cigognes et les Hérons, 3i I . Dareste, Sur les moyens de s'assu- rer de la fécondation des œufs de Gallinacés, 933. David. Pommes de terre d'Australie, 66. Dédains. Rapport sur les troupeaux d'Yaks et de Chèvres d'An^zora réunis à So;ili,iid, 449. 1087 Debains (F.). Travaux d'acclimata- tion laits par ordre de S. M. le roi de VVurtemberg, 85. — Résumé des travaux de S. M. le roi de Wurtemberg pour l'amé- lioration des races d'animaux agricoles dans son royaume, 460. Deceauvois. Le Pic vert ennemi dos Abeilles, 706. Dei-ouciie. Albinisme chez les Poules 706. Denis. Floraison de ÏAralia pnpii- rifera, SO'I. Des NouiiEs de la Cacaudière. Pisci- culture en Vendée, 513. Dominés. Application industrielle du Lo-za, 899. Drouyn de Lhuvs. Discours d'ou- verture de la séance publique du 20 février 186 2, i. — Exposition (le Volatiles au Jardin d acclimatation, 81 . — Plumes de Dindon blanc, 433. — Sur les Moutons Ong-ti de Chine, 1058. Duchesne de Bellecourt. Hiz du .lapon, 972. Duchesne-Thoureau. De l'améliora- tion des forêts, 808, 911. DuMÉRiL. Zoologiegéographiquedans ses rapports avec l'acclimatation, 520. Dupuis. Arbres résineux, 246. — Sur la notice pomologi(|ue de M. de Liron d'Airolles, 252. — De la géographie botanique au pointdevuederacclimatation,434. — Acclimatation du Manioc en Ita- lie, 443. — Sur un nouveau mode de culture et conservation des Pommes de terre, 54 I. — Instructions générales, 545. — Sur les maladies du Cotonnier et les insectes qui nuisent à cet ar- bre, 8 2;j. — Culture de l'Ailante glanduleux, 876, 1049. — Introduction et culture des ar- bres résineux, 910. .f ' . SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. J088 Durand (Elias). Sur les Vignes et les vins des EUils-Unis, 313, iiO, 477. DuTRÙNE. Fondation de primes pour la propagation de la race bovine Sarlabol, 1i8,89o, 1043, 1071. Éprémesml (d'). Rapport au nom de la Commission des récompenses, LXXVI. — Rapport sur la fondaiion de prix spéciaux [)Our les travaux théori- ques relatifs i\ l'acclimatalion, 173. — Rapport au nom de la Commission de publicité, 353. Ermens. Éducations du Bomb\ixAr- rindia au Sénégal, 970. Esterno (comte d'). Sur le Pic vert, 339. Forgemol (le docteur). Sur un modo particulier et nouveau de dévi- da'^e en soiegiége des cocons ou- verts et du liombijx Cijnlhiii autres, oO. FouRNÈs (le marquis de). Essais de culture de Coton en France, 487, 1032. Envoi d'un plan vivant de Cotonnier cultivé en France, 71 7. Frl'chier. llirudinicullure dans les Basses-Alpes, 1041. Gaspariko. De la culture des Cocoz- zelli, 332. Gauldrèe-Doili.eau. Essences fores- tières du Canada, 73. Vers il soie du Canada, 81 8. — Don de végétaux du Canada, 1060. Gauthier. Nouvelle culture d'Aîper- ges, 627. Gelot. Ver ii soie de F Allante à Montevideo, 1043. Geofroy (de). Sur divers végétaux d'Amérique, 720. Gérard (Jules). Fondation de la So- ciété africaine internationale, 151. Ghislin. Oignons du Cap, 1047. GiLLET DE Grandmont (A.). Histolro delà pisciculture, 978. GioT. Le poulailler roulant, 1059. Girard (Maurice). Sur le Smcan'a _, Mori, Ver à soie du Mûrier, 962, 1050. GiRoDON. Rapport sur la sériciculture dans les provinces russes cauca- siennes. 1 1 5. Gusse (D'). Sur la Coca, 439. Gouly de CiiAviLLE. Sur les feuilles de Raifort emi)loyées comme suc- cédanées du colon, 97 2. GoissiN (Paul) Pic vert, 424. GovETCHE. Offre de bon concoiir.-, 817. Graells. Sur une éducation de Dro- mées en Espagne, 91 . — Acclimatation en Espagne, 619. Granié. Poules gasconnes. Oies de Toulouse, 197. Gri.5 (A.). Application des sels de fer il la végétation, 613. Guérin-Méneville. Résumé som- maire des travaux de séricicul- ture exécutés en 1861 . sous l'inspiration de la Société impé- riale d'acclimatation, 21 . — Éducation du Ver à soie du Fuciii cn'Suisse, 238. — Quelques faits relatifs ii l'inlro- ducliondu Ver à soie de lAilanle à l'étranger et aux éducations du Ver à soie du Ricin, 308. — Ver il soie de l'Ailante, 433. — Procès-verbaux du Conseil, 603, 704, 794, 892, 967. GcÉRiN'EAinée I)elalande(M^). Fon- dation d'une seconde médailled'or, 148. GuiLiiEN. Soies de Fliide, 515,608, 798. GciLLEMiN (Mgr). Sur les graines des principales plantes alimcnlaircs delaprovincedeQwang-long,323. — Productions végétales de Chine, 872. Hamet. Sur Fagricullure, 805. Hardy. Rapport sur l'acclimatation des Autruches au jardin du gou- vernement il Alger, 8, 55. — Culture de la Canne à sucre en Algérie, 580. TABLE ALPHABÉTIQUE DES ACTEUKS. 1080 HÂyes. Sur \6 Corchonis Citpsiihiris^ 243, 3 49. — Bassin /oJf/(/b//fl,IIIoiipé,694,7l 7. — Animaux destructeurs des ser- pents dans l'Inde, 770. — Cœsnipinia bonducella, 890. — Cassiaoccidentalis, 899. — Sanlaluin album. 972. HÉBiinT. Pommes de terre de Sainte- Marthe, fil . — Dincr d'acclimatation à Londres. 624. — Moulons de race suisse el culture de M. Lequin, 897. Héritte. Sur un Pin de Palagonic, 439. Hubert-Briehiie. Ra[)port sur le Pic vert, 356. Jacquemart. Tentatives d'éducation du Ver à soie sauvage du Chêne, 9o. JoMARD. Culture du Grenadier et de la Pomme de terre, 916. Kalinowsky. Sur la mort de M. Geof- froy Sainl-Hilaire, 146. KissELEFF (S. Esc. le comte de). Transmet les ren)ercîments de S. A. le grand-duc Nicolas, 347. KuHNE.Note sur la Zizanie aquatique ou Riz sauvage de l'Amérique du Nord, 123, 1046. Lacerda (de). Envoi d'Ignames, de Riz et deColonnierduBrésil, 718. — Coton jaune el Coton bleu du Brésil, 971. — Envoi de Mandioca et de Aipim, 992. Lai'filey. Pommes de lerre de Sainte- Marthe, 61, 330. La Fons, baron de Mélicocq (de). Poissons au xvi'" siècle. 251 . LAGABBE(de). Brebis de race suisse, 796. Lamiral. Eponges et Corail, 127. — Acclimatation, pêche et commerce des Coquilles à nacre, à perles el à byssus, 212, 298. — Éponges, 514, 607, 641. 653, 817, 706. r. IX. — Décembre 18(i2. Lai'ostolet. Uiz du Ja|»iiii, 510. La Hoquette (de). Sur l'Ixlli de l'Amérique centrale, 249. Lebatteux. Arum viviparum, 611. Lecoq. Pisciculture, 345. Lessei's (de). Sur la Coca du Pérou, 610, 624, 971, 993. Lir.oN d'AiiîOLES (de). luslruclions [)Our le Brésil, 175. Lloyd. Notes sur l'Acjuarium du Jar- din d'acclimatation, 1 07. Lucy. Dîner d'Autruche, 153. Main. Sur le Pic vert, 137. Makès. Sur le Gourami, 898,917. Maréchal DUC de Malakoff. Alloca- tion pourlacclimalalion dc^Épon- "•es 6 22 Mahtiioy (du). Perruche ondulée, 607. Maurice (Léon). De l'acclimatation dans le nord de la France, 751. Mever. Ver à soie de lAiiante a Montevideo, 1043. MicHON (J.). Sur les Céréales, 522. Millet. Conférence sur la piscicul- ture, 68. — Importance des études thermo- métriques sur les eaux, 1049. ' MiLLv (de). Vers à soie de l'Ailante, 238, 477. Ministre de la marine. Circulaire aux chirurgiens el pharmaciens de la marine, 1 47. — Collection d'animaux de la Mar- tinique, 348. — Allocation pour l'acclimatation lies Éponges, 436. Ministre des affaires étrangères. Envoi d'un Onagre par M. de Laporte, 536. — Vers à soie de l'Amérique du Nord, 1058. — Sur des plants de Quinquina qui lui sonl offerts, 349. Ministre de l'agriculture. Souscrip- tion Daubenton, 347. Mueller (docteur F.). Don de Phas- colo m y s lai ifrons ,918. MuRGA (de). Cullure de la (]hufa Cijpcrus csculcnlus), 44. 69 1090 SOCIÉTÉ LMFEIUALE ZOOLOiJIQUE b ACCLIMATATION. Natiieishis (Hermaiin). Durée de la portée chez les différentes espèces de Brebis, 723. Neidigk. Culture delà Vigne en Cri- mée, 340. Nicolas (S. A. le grand-duc). Offre ses reinercîments, 3 47. Noiir;Y (Tabbé). Sur le Pêcher de Tullins, 71 1. Olivier. Poules en Algérie, 430. Paravey (le chevalier de). Sur les moyens d'améliorer la race dos Anes et celle des Abeilles, 343. Passy (A.). Sur les nouveaux prix extraordinaires proposés par la Société, Lxxxi. Pavoisne de Launay. Argali de Si- bérie, 604. Philippe. Sur le Schinus molle, ou Poivrier d'Amérique, 41. — Eucalyptus globulus, 228. Phocion-Roques. Don de graines à'Abies reginœ Amaliœ par S. M. la reine de Grèce, 147. PiciioN. Sur quelques races de Che- vaux orientaux, 654. PiCHOT. Inlroduclion du Ver à soie de l'Ailanle en Russie, 724. — Sur les expositions de Chiens en Angleterre, 833. — Don de Mollusques fluviatiles et d'Oiseaux chanteurs de Russie par M. le comte Gustave de Mon tebello, 993. — Don de Moutons Romanofl', par M, Gavrilefl", 993. PiGEAux (le D'). Utilité des animaux nuisibles, 807. Pinçon. Sériciculture au Jardin d'ac- climatation, 1042. Pi;iBusQUE (de). Érable à sucre du Canada, 73. Quatrefages (de). Fertilité et culture de l'eau, xlix. — Éloge historique de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, 257. QoiHou. Sur les végétaux cultivés au Jardin d'acclimatation, 974. Ramli.. Oiseaux d'Australie, 137, 149, 237. Ramel. Moutons chinois en Austra- lie, 143. — Emeux d'Australie, 145. — Graines de Xardoo. 235, — Bois de Panama {QuilUnja sapo- naria). — Emeux, Cygnes noirs, Céréopses d'Australie, 244. — Sur le Nardoo d'Australie, 249. — Sur le Daceto giganlea [Laughing Jacass), 295, 349. — Wombats, Emeux, Eucalyptes, 349. — Notes sur l'Emeu, 397. — Fondation d'une Société d'accli- matation pour la Tasmanieà Ho- bart-town, 437. — Les Chameaux en Californie, 440. — Projet d'importation en Austra- lie de la race de Moulons Ong-ti de Chine, 426, 441. — Le Lapin chinchilla en Tasma- nie, 440. — Les Chameaux en Australie. 442. — Les Alpacas en Australie, 443. — Alpacas, Crayfish, Mulet d'eau douce, Vers à soie et Blé du Ja- pon en Australie, 536. — Faits d'acclimatation à l'étran- ger, 629. — Sur le Cotonnier arbre du Pé- rou, 721. — L' Eucalyptus globulus,! 86. — - Moutons Ong-li, 921. — Société d'acclimatation de South- Auslralia, 921. — Anes en Australie, Vignes, Ha- ricots de la Jamaïque, 922. — La Vigne en Australie, 948-955. — Sur le Cotonnier arbre [Peru- vian Collon-lree]^ 996. — Sur une nouvelle espèce de Kan- gurou d'Australie, 998. RAY.PlumesdeCigogne blanche, 433. Raymondi. Sur la Coca, 699. Reynaud (Jean). Note sur les La- pins-lièvres, 1023. RicHAut) (du Cantal). Iniluence des sciences naturelles sur la produc- tion du sel, 737, 969. TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS. 1091 RocHussEN. Quinquina, 43 2. Roger- Desgenettes. Pisciculture , ol4, 10 45, 104'J. RoLLiN (le général). Don d'un Bélier d'Astrakhan par S. M. l'Empereur. RosALÈs. Araitcaria imbricala el autres graines du Chili, 972, 991 . RuFFiER. Palmipèdes divers, 63. RuFz DE Lavisox. ComplG rondu de la situation du Jardin d'acclima- talion, 45. — Bulletins mensuels du Jardin, 158, 255, 446, 542, 636, 733, 830, 925, 1002, 1068. — Rapport sur l'exposition de Vola- tiles, 279. — Réponses à un questionnaire sur la fécondation des œufs des Gal- linacés, 366. — Sur lacclimatation en général et comme école de M . Geoffroy Saint- Hilaire, 713. — Sur l'oologie, 802. — Versa soie du Mûrier, 1004. — Rapport sur un projet d'exposi- tion universelle de la race canine, 1009. — Rapport sur le Jardin d'acclima- tation, iOio. S.\cc. Chèvres d'yVngora, 55. — Faux Poivrier, 431 . — Education d'oiseaux parM.Âcpia- rone, 507. — ' Genêt d'Espagne, 507. — Arracacha, 507. — Psiliacus eximiux, 508. — Etude sur le Buflle, 666. — Sur les moineaux, 706. Saint -AiGXAx (comte de). Sur le Pic vert, 424. Santa- Cbuz (le maréchal). Sur le Quinoa, la Coca et leSapallo, 226. SicAnu (D'i. Vers à soie de l'Ailante, pisciculture, 51 4. — Sur le Cath-sé, 1046. Sniox. Incn'uation de Colins d'Adan- son, 430, 506. Simon (E.). Sur la sériciculture en Chine, 221. Simon (E.I. Sur le Chameau du désert deCobi, 36 2. — Ver à soie Tien-Tse ou Fils du ciel, 475. — Sur une nouvelle race de Vers à soie Ya-ma-maï, 57 4 . — Sur un envoi de végétaux et d'animaux du Japon, 594, 6i0, 688. — Proposition d'échange avec le Japon, 818. Société d'acclimatation de Londres. Moutons Ong - ti , Ignames de Chine, 920. Société d'acclimatation de Prusse. Envoi de graines de Zizanie aqua- tique. 438. Société de la Nodvelle-Galles du Sud. Offre de concours, 147. Société de Victoria (Australie). Sur la mort de M. Geoffroy Saint-Hi- laire, 436. Société d'acclimatation de Nice. Cul- ture du Cotonnier, 424. Soubeiran. Rapport sur les travaux de la Société impériale d'acclima- tation, en I 86 I , xxii. — Procès-verbaux des séances gé- nérales de la Société, 50, 63, 126, 132, 233, 239, 333, 422, 428, 504, 509, 603, 1034, 104 0. — Sur la (Jochenille, 246. Tandou. Truites, 1048. Tarade E. de). Sur l'Agami, 293. TAVEHNAicomtc). Rusticité des arbres verts, 502. Thomas. Pic vert, 173. — Vipère, 142. TuRREL. Sur l'Hémione, 341. Vaucqelet. Don d'animaux de la Guadeloupe par M. Caillot, 606, 717. Vaovert de Méan. Sur le Capercail- lie, 572. ViENNOT. Animaux acclimatés en Ca- lédonie, 242. — L'acclimatation en Australie, 720, 827. J002 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZÛOLOGIQUE U ACCLIJIATATION. ViENNOT. Sur l'Aurochs ou Bison d'Europe, 8i3. — Les parcs de Cruslacés en An- gleterre, 1 0 2G. Yilleneuve-Flayosc (de). Instruction pour le Brésil, 175. — Sur sa mission au Brésil, 623. ViscoNTi (le marquis de). Ver a soie del'Ailanle, 898. VoGELi. Sur les Chameaux introduits au Brésil, 513. Voisin. Ortie blanche, 123. Vrignault. Sur les établissements hippiques et agricoles de S. M. le roi de Wurtemberg, 18-5. — Bulletin de la Société d'acclima- tation de Prusse, 539. I '■..- TABLE DES MATIERES. SIXJKME SÉANTE PUBLIQUE ANNUELLE DE LA SOCIÉTC': IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Procès-verbal de la sixième séance publique annuelle , tenue le 20 février 1862, à l'hôtel de ville i Prix extraordinaires proposés par la Société ii Prix fondé par M. Davin iv Prix fondé par M. le docteur Sacc v Prix fondés par madame Gdérineau, née Delalandk v Primes fondées par un membre anonyme de la Société v Prix fondé par M. Theillier-Dksjardins v MM. Drolyn de Lhuvs. — Discours d'ouverture vu L. SouBEiRAN. — Rapport sur les travaux de la Société impé- riale zoologique d'acclimatation xxii De QuATREFAGEs. — Fertilité et culturo do l 'cau xlix A. Passy. — Sur les nouveaux prix extraordinaires fondés par la Société ou provenant de fondations particulières i-xxxi Le comte d'KpRÉMESNii.. — Rapport au nom de la Commission des récompenses lxxxvi DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIÉTÉ. Organisation pour l'année 1862. .' v Liste des Sociétés affdiées et agrégées à la Société impériale d'accli- matation vij Septième liste supplémentaire des membres de la Société ix GÉNÉRALITÉS. Le baron Baude. — Sur le climat des côtes de Bretagne et sur les avantages que peuvent présenter ces contrées pour des essais d'acclimatation 37 RuFz de Lavisos. — Compte rendu de la situation du Jardin d'accli- matation 4-) Le même. — Rapport sur l'exposition de Volatiles 279 Le même. — Rapport sur un projet d'exposition universelle de la race canine 1009 Le même. — Rapport sur le Jardin zoologique d'acclimatation. . \0\f> Drouvn de Lhuys. — Sur un projet d'exposition de Volatiles au Jar- din d'acclimalalion du bois de Boulogne 81 F. Dkbains — Travaux d'acclimatation faits par ordre de S. M. le roi lie Wurtemberg 84 109/1 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'ACCLIMÂTÂTION. De Chaudordy. — Sur certains animaux de Suède ol de Norvège. 104 Fréd. Jacquemart. — Rapport au nom delà Commission de compta- bilité de la Société 'Cl Comte d'ÉpRÉMESNiL. — Rapport sur la fondation de prix spéciaux pour les travaux relatifs à l'acclimatalion 'l'/S Le même. — Rapport au nom de la Commission de publicité. . . So^ Comte de Vili.eneuve-Flayosc et .1. de Liron d'Airoles. — Instruc- tions relatives à une mission pour le Brésil 175 Vrignadlt. — Sur les établissements hippiques et agricoles de S. M. le roi de Wurtemberg • • ^^^ De Quatrefages. — Éloge historique de M. Isidore Geoffroy Saint- Hilaire • • '^^^ A. Dupuis. — Instructions générales pour les voyageurs et les correspondants de la Société impériale d'acclimatation sur les envois d'animaux et de végétaux 545 Dabrv. — La vie à bon marché en Chine, fi7:i Richard (du Cantal). — Influence des sciences naturelles sur la production du sol ^^'^■ Léon Maurice. — Do l'acclimatation dans le nord de la France. . 7:j1 Pierre Pichot. — Rapport sur les expositions de Chiens en Angle- terre • • •,,• • • . • • • «■'•j . ■■■ MAM.MIFKRES. ' ' '' Richard (du Cantal). — Note sur les animaux de la Société impé- riale d'acclimatation déposés à la ferme de Souliard (Cantal). 1 BouLEY. — Sur un croisement d'Yak ot de Vache bretonne, obtenu à Paris par M. P. Séguin -^90 E. Simon. — Sur le Chameau du désert de Cobi ^ô'i Debains. — Rapport sur les troupeaux d'Yaks et de Chèvres d'An- gora réunis à Souliard. . . .- ^^g Fréd. Debains. — Résumé des travaux de S. M. le roi de Wur- : i temberg pour l'amélioration des races d'animaux agricoles dans son royaume • • ^60 Barthélemy-LApnMMERAYE. — Sur un hybride de la tribu des Antilo- pins, du sous-genre Gazelle • • ''*6~ CiiABRiAc. — Sur les Oiseaux destructeurs de serpents au Brésil. . 473 Ci.OQUET. — Nouveaux renseignements sur les Moutons chinois Ong-ti •j'^/' PicHON. — Sur quelques races de Chevaux orientaux 054 D"- Sacc. — Étude sur le Buffle f'^>^' Hayes. — Sur les animaux destructeurs de serpents dans l'Inde. . 770 ViENNOT. — Sur l'Aurochs ou Bison d'Europe 843 A. D. Bartlett. — Description des Moutons Ong-ti do Chine. . . 029 Jean Revnaud. — Note sur les Lapins-lièvres 1023 OISEAUX. ■ '' '"' ■ ; ■"' Hardy. — Rapport sur l'éducation des Autruches au Jardin d'accli- matation du gouvernement d'Alger î^ p,Ri^,,;iJ,s. — Sur une éducation de Dromées en Espagne (M TATÎLE DES MATIÈRES. ' 1095 F. Granié. — Notice sur les Poules de la race gascoinie et sur les Oies de Toulouse 197 V. Bataille. — Observations sur l'Agami 210 E. DE Taradk. — Sur l'Agami 293 Ramel. — Sur le Dacrlo [giçiantea Laugliing Joca.ç.s) 295 Le même. — Note sur l'Émeu , . , . . :{97 Hltiîert-Brierre. — Rapport sur le Pic vert ,3ri6 RcFz DE Lavison. — Réponsos ii un questionnaire sur la fécondation des œufs de Gallinacés 3GG A. Ciiwatoff. — De la domestication du Tétras 400 Vauvert DE Méan. — Sur le Capercaillie .'572 Don Froylan de Ayala. — Sur les résultats de l'incubation des Au- truches et des Dromées en 1 862, au parc royal du Buen Retiro, près de Madrid 071 Barthélemy-LAPOMMERAYE. — Éducation du Hocco de la Guyane. . 861 C. Dareste. — Sur les moyens de s'assurer de la fécondation des œufs de Gallinacés 933 POISSONS, CRUSTACÉS, ANNÉLIDES ET ZOOPHVTES. CossoN. • — Sur l'acclimatation de la Carpe et de la Tanclie dans les eaux douces de l'Algérie 1.^ Alford Lloyd. — Note sur l'Aquarium du Jardin d'acclimatation. . 1 07 Lamiral. — Mémoire sur l'acclimatation, la pêche et le commerce des Coquilles à nacre, à perles et à byssus 212,298 Le même. — Rapport sur nn essai d'acclimatation des Éponges de Syrie dans les eaux françaises de la Méditerranée 041 ViENNOT. ■ — Les parcs de Crustacés en Angleterre 1 020 INSECTES, Gijérin-Mkneville. — Résumé sommaire des travaux de séricicul- ture exécutés en 18G1, sous l'inspiration de la Société impé- riale d'acclimatation 21 Le même. — Quelques faits relatifs à l'introduction de l'Ailante à l'étranger et aux éducations du Ver ii Soie du Ricin 308 I)'' FoRGEMOL. — Sur un mode particulier et nouveau de dévidage en soie grége des cocons ouverts du Bombijx Cynthin et autres. •'jO Fréd. .Iacquemart. — Tentatives d'éducation du Ver sauvage du Chêne de la Chine 95 GiRODoN. — Rapport sur la sériciculture dans les provinces russes du Caucase 115 E. Simon. — Sur la sériciculture en Chine 220 Le même. — Sur une nouvelle race de Vers à soie nommée l'im- i.se ou filf< du ciel il'.'} Le même. — Sur une nouvelle race de Vers îi soie nommée Ya-ma- mai 574 D"" Chavannes. — Sur les maladies des Vers à soie et leur guérison. 408 De Milly. — Note sur une éducation de Vers à soie de l'Allante faite dans le département des Landes 477 1096 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. pr ppf,g Des Insecles herbivores de l'île de la Réunion, et par- ticulièrement de ceux qui envahissent la Canne à sucre, . . . 038 Baron Anca.— Acclimatation delà Cochenille en Sicile 1031 VÉGÉTAUX. Philippe. — Sur le Schinus molle, ou Poivrier d'Amérique. . . . 41 Dr MuRGA. — Culture de la Chufa (Cypen/s fsc!//m/u.s) 44 Baron Anca. — Des avantages que présente l'emploi du sirop de Sorgho pour la fabrication des vins en Sicile 99 Fréd. KuuNE. — Notice sur le Riz sauvage (Zizanie aquatique) du nord de l'Amérique '2^ S. Exe. le maréchal Santa-Cruz. — Sur le Quinoa, la Coca et le Sapallo de l'Amérique du Sud 226 Philippe. — Sur VËucabjptas globnlus 228 Dabry. — Sur le Petsai 232 Le même. — Sur diverses plantes potagères de Chine 325 Le même. — Sur les plantes médicinales de Chine 494 Elias Durand. — Sur les Vignes et les vins des États-Unis. 313,410, 479 M^r GciLLEMiN. — Graines des principales plantes alimentaires de la province de Qwang-tong 323 Laffiley. —Sur la Pomme de terre de Sainte-Marthe 331 Gasparino. — De la culture des Cocozzelli 332 Chappellier. — Note sur le Safran 418 Marquis de Fournks. — Essais de culture de Coton en France. 487, 1 032 Comte Taverna. — Rusticité des arbres verts 502 Hardy. — Culture de la Canne à sucre en Algérie -iSO Simon. — Sur un envoi de végétaux et d'animaux du Japon. . 594, 688 Sabin Bertuelot. — Sur les essences forestières des Canaries et la réorganisation du Jardin d'acclimatation d'Orolava. . . 684, 770 Hayes. — Sur rilloupé [Bassia longifolia) 694 Le même. — Sur \e Cwscilpinia bomlucella '^90 A. Raymondi. — Sur laCoca ^^^ Ramel. — VEucalypius globulus "^^"^ Le même. — La Vigne en Australie 948 Mgr Guii.LEMiN. — Productions végétales de la Chine 873 Dupuis. _ Culture de l'Allante glanduleux 87'7 CoLPAERT. — De la Coca et de sa culture au Pérou. . , 956 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX. Procès -verbaux des séances générales de la Société. Séance du 3 janvier, p. 52. - Séance du 17 janvier, p. 63. — Séance du 31 janvier, p. 126. — Séance du 1 4 lévrier, p. 132. — Séance du 28 février, p. 1 40. — Séance du 1 4 mars, p. 233. — Séance du 28 mars, p. 239. — Séance du 11 avril, p. 333. — Séance du 2;j avril, p. 339. — Séance du 9 mai, p. 422. — Séance du 23 mai, p. 428. — Séance du 6 juin, p. 504. —Séance du 20 juin, p. 509. — Séance du 12 décembre, p. I03S, — Séance du 20 décembre, p. 10/i3. f TAULE DES MATIERES. 1097 Procès- verbaux dts séances du Cvnscil. . Séance du 18 juillet, p. 603. — ■ Séance du S août, p. 704. — Séance du 1'2 septembre, p. 794. — Séance du 17 octobre, p. 893. — Séance du 21 novembre, p. 967. CONFÉRENCES ET LECTURES. Millet. — Sur la pisciculture (j9 SoL'iti'iRAN. — De la Cochenille et de son acclimatation 246 A. Dlpdis. — Sur la culture et la naturalisation des arbres rési- neux 246 Le même. — De la géographie botanique au |)oint de vue de l'ac- climalalion 4:j4 Le même. — Sur l'introduction et la culture des arbres résineux. . 91 0 DuMÉRiL. — De l}i zoologie géographique dans ses rapports avec racclimatalion .520 MicHON. — Sur les Céréales 522 .\. Gris. — Sur l'application des sels tie fer à la végétation. ... 613 RuFz DE LAvrsoN. — Sur racclimatalion en général et comme école de .M. Geoffroy Saint-Hilaire 713 Le même. — Sur l'oologie 802 HA:Mt:T. • — Sur l'ai^iculture 80o D' PiGEAUx. — Utilité des animaux nuisibles S07 Ducut:sNE-THOURt:Au. — De l'amélioration des forêts 808,911 Maurice Girard. — Sur le Sericaria Mori,Yev à soie du Mûrier. 96 2, 1 050 (Juaiou. — Sur les végétaux cultivés au Jardin d'acclimaiation. . !)7i A. GiLLET DE Grandmont. — Sur l'histoire de la pisciculture. . . 978 FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Première liste des souscripteurs pour la statue de Daubenlon. . . 71 Circulaire de M. le Ministre de la marine pour les animaux de la «lochinchine. — Don d'Érables à sucre par M. de Puibusque. — Don de graines du Canada par M. Gauldrée-Boilleau. . . 73 Lettre du Comité d'acclimatation de Moscou, au sujet de la mort de M. Geoffroy Saint-Hilaire. — Don de Moutons d'Astrakhan par S. M. l'Empereur. — Circulaire de S. Exe. le Ministre de la marine aux chirurgiens et pharmaciens de la marine. — Don de graines û'Abies rcçjina' Aiualiœ par la reine de Grèce. — Société d'acclimatation de la Nouvelle-Galles du Sud. — Fondation d'un nouveau prix Delalande. — Fondation de pri- mes pour la propagation de la race bovine Sarlabot aux envi- rons de Paris. — Envoi d'oiseaux d'Australie. — Incubation d'Autruche et arrivée de Gouramis à Marseille 146 S. Exe. le Ministre des affaires étrangères, Vers à soie du Canada. — S. Exe. le Ministre d'État, souscrifition pour la statue de Daubenlon. — Ramel, sur le Nardoo d'Australie. — De la Ro- (juelte, sur l'Ixtli do l'Auiériiiue centrale 249 'J098 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. •1- S. Exe. le conte de Kisseleff, remercîments de S. A. le grand- ;, . duc Nicolas. — S. A. le grand-duc Nicolas offre ses remercî- menls. — S. Esc. le Ministre de l'agriculture, souscription pour la statue de Daubenlon. — S. Exe. le Minisire de la marine et des colonies, lettre de M. Mansion de Candé, sur les animaux de la Martinique. Remercîments pour les Quin- quinas qui lui ont été offerts. — Hayes, sur le Corcliorus capsularis. ■ — Ramel, sur le Laugbing Jacass, le Casoar, les Womhats et l'Eucalyptus 347 S. Exe. le Ministre de la marine, subvention pour la tentative d'acclimatation des Éponges. — Société d'acclimatation de 'Victoria (Australie), au sujet de la mort de M. Geoffroy Saint- Hilaire.' — Ramel, fondation d'uneSociété d'acclimatation pour la Tasmanie, à Hobart- to^vn. — Société d'acclimatation de Prusse, envoi degrainesdeZizanieaqualique. — M. Gosse, nou- veaux renseignements sur la Coca. — M. de Casteinau, envoi de plants de Phuek matlaï. — M. Héritte, Pin de' Patagonie. — Ramel, les Chameaux en Californie, le Lapin chinchilla en Australie .^ . 436 S. Exe. le Ministre des affaires étrangères, don d'un Onagre par M. de Laporle. — Rouillât, envoi d'œul's de Coq de bruyère. — ^ ?•; -, Ramel, extrait de publications australiennes sur Alpacas, • .r* Lobster, .Mulet d'eau douce, Vers à soie, Blé du Japon . . . 536 ■ ^ S, M. l'Impératrice, don d'Oiseaux de la Guyane. — Gouverneur ^i '<[ * général de l'Algérie, allocation pour l'acclimatation des Epon- ges.— Bataille, envoi d'animaux. — De Villeneuve, envoi de graines du Brésil. — De Lesseps, Coca du Pérou. — Dîner d'acclimatation à Londres 6'2'2 De Casteinau, envoi degraincs de Phuek-mallaï.' — Vauclielet, en- voi d'animaux des Antilles. — Hayes, envoi degraines d'Illoupé. — Marquis de Fournès, envoi d'un plant de Cotonnier cultivé en France. — De Lacerda, envoi de Riz, d'ignames et de i Cotonnier arbre du Brésil.— De Geofroy, sur divers végé- taux d'Amérique 715 Société régionale d'acclimatation des Alpes. — S. .M. l'Empereur, don de Perdrix de Chine. — S. Exe. le Ministre de l'agricul- ture, envoi de graines recueillies en Chine |)ar M. Simon. — S. Exe. le Ministre de la marine, don d'animaux par MM. les gouverneurs de la Guadeloupe et do la Martinique, accepta- tion de plants de Quinquina ; concours pour raeclimataliondes Eponges. — M. Goyetche, directeur de la Compagnie géné- rale transatlantique, olire de bon concours. — Lamiral, accii- •;, matation des Éponges. — Gauldrée-Boilleau offre ses services. * — E. Simon, proposition d'échanges de végétaux et d'animaux avec le Japon. — Emile Colpaert, envoi de graines et de plants « de Coca ^M S. Exe. le Ministre de l'agriculture, don d'animaux envoyés de l'.hine par M. Simon. — Jomard, culture du Grenadier, Pomme de terre, — Pierre Pichot, Mollusques Uuviatiles, TABLE DES MATIÈRES. 1009 Oiseaux chanteurs envoyés de Saint-Pétersbourg par M. le comte Gustave de Montebello. — Manès, acclimatation du Gourami. — Mueller, don de Phascolomes. — S. Exe. le Mi- nistre de la marine, exposition de Chiens. — Graells, accli- matation en Espagne 'Jl'3 Berg, fondation d'un Comité colonial d'acclimatation à la Uéunion. Rosalès,sur graines du Chili. — DeLacerda, envoideMandioca et de Aipim. — De Lesseps, Coca du Pérou. — Pichol, don de Moutons RoinanolT et d'Oiseaux de Russie donnés par MM. GavrilefF et le comte de Montebello. — Bulletin de la Société régionale de Nancy 98'J Drouyn de Lhuys, Vers à soie de l'Amérique du Nord et Moutons Ongti de Chine. — Giot , sur le poulailler roulant. — Abadie, pisciculture et ostréiculture en Vendée. — (îauldrée- Boilleau, don de végétaux du Canada 1058 CHRONIQUE. Richard (du Cantal), sur l'ouvrage du docteur Cornay, intitulé ■ De lu reconstruction du Cheval sauvage primitif. — De la Fons, baron de Mélicocq, documents relatifs à la pêche et à riclithyologie au moyen âge. — De la Roquette, extrait d'un ouvragede M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, sur V Ixtli . 7G Gérard, Sociélé africaine internationale. — Jardin zoologique de Francfort. — Lucy, viande d'Autruche 151 Porcs (du Japon), —'culture de l'Ailante; — noms do certains poissons au xvi^ siècle. — A. Dupuis, sur la Notice pomo- logique de M. de Liron d'Airoles .• • • • -'^' M. Bourguin, son ouvrage intitulé Af. le Sage. — Monilenr belge, race Sarlabot. — Passard, sur la Mulette margaritifèrc. — Jardin zoologique de Francfort, compte rendu. — Monilenr de l'Algérie, introduction de nègres en Algérie. — Courrier du Havre, culture de la Canne à sucre en Algérie, et produits divers de Cochinchine ... '3-^I Sur l'ouvrage de M. Dupuis, intitulé l'OEillet, son histoire et sa culture. — Ramel, projet d'importation en Australie de la race de Moutons Ong-ti de Chine ; les Chameaux en Aus - Iralie, les Oiseaux de paradis, les Pies de Chine à Lon- dres, les Alpacas en Australie. — Dupuis, acclimatation du Manioc en Italie ^^^^^ Vrignault, extrait du Bulletin de la Société d'acclimatation de Prusse.— F. Neidigk, culture de la Vigne en t>imée. — Dupuis, nouveau mode de culture et de conservation des Pommes déterre. . . . , ^^^ Production du coton. — Compagnies pour la culture du Colon ^en Algérie. — Ramel, faits d'acclimatation à l'étranger. — Fa- brication du Sucre d'érable au Canada. —Gauthier, nouvelle culture d'Asperges °-' Ramel, le Cotonnier du Pérou. —■ Nathoisius, durée de la portée • 1100 SOUIÉTÉ IMPÉIUALE ZUULUGKJUE D AiJLlLIMATATlUN. ^ chez les differenleâ espèces de Brebis. — Pichol, inlroduclion du Bombyx de l'Ailanleen Russie. — Ucné Cailiaud, Pholades ou Dails. — Viennol, l'acclinuttalion en Australie. , . . . . 721 Culture duColon à l'île de Cuba, Coton en Provence sous Louis XIV. .^ — Dupuis, sur les maladies du Cotonnier et les insectes qui nuisent à cet arbre. — Cap, Bulletin de l'Institut central d'ac- climatation de l'Allemagne, — Lej'ournal \q Jardin zoologique de Franc [on. — Viennol, l'acclimatation en Australie. . . . 822 Société d'acclimatation do Londres, Moutons Onf^-liet lynamesde Chine.— Hamel, communication sur les moulons Ong-ti; for- mation de la Sociétéd'acclimalation de South- Australia; sur les Baudels en Australie; acclimalalion de Chèvres de Cachemire; Vignes en Australie; Haricots de la Jama'ique.— Reproduction de Cailles d'Amérique. — 'Le Ver à soie de l'Allante dans les Landes ; '.\. ,. • 'J20 Journal le Luronnuis ; Concours agricole de Napoléon-Vendée. -*-. Ramel, le Cotonnier arbre ; noie sur une nouvelle espèpe de ■»'" Kangurou d'Australie ■^^. 1)96., J. Cloquet, rapport au jury international sur les travaux de la So- ' '*„ ■ -: ..^ ciélé impériale d'acclimatation. — Société d'acclimalalion de ' v^'"' '^''5 Londres. — Compte rendu de sa séance irimeslrielle. — Nouveau succédané du Colon 1061 ' Bulletins bibliographiques 80, io6, 445, 634, 1000 Bulletins mensuels du Jardin d'acclimatation, 158, 234, 355, 446, W" 543, 636, 733, 830, 925, 1002, 1069 ' Omissions et errata 157, 445, 1001 -s « -** * •• m .>=■ /jS # ♦ ^'''■■■•M York Botanical GoicJun Lib 3 5185 00259 9304 F^AX^