'^^ "^'.^''' ^-•*^^ ï^ I V^ ^^■2 F^T; mm ■'■■î9'H^'v#*^; !•:#€# .#"' Y A um<^ BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Paris. — InipriiTierie de E. Martinet, rue Mignon. 2. BULLETIN / r DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOni.OCllQUF, D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER -1 834. ♦ , 2* SÉRIE. — TOMK III. ANivÉE isee. V'ti^r At^" MOT A NIC AI. PARIS VICTOR MASSON ET FILS, PLAGE DE l'kCOLE-DE-MÉDKCINE, ET AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ, HÔTEL LAURAGUAI3, KUE DE I.II.LE, 19. 1866 ^-«^ i2a SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE D'ACCLIMATATION. Uy$l«Aft^ NE\''' VMeg ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1866. '*" "' LISTE DES SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES ET DES COMITÉS RÉGIONAUX, ET ONZIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. S. M. L'EMPEREUR, piotectenr. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION. MM. DROUYN DE LHUYS, président. ■ A. DUMÉRIL, 1 Antoine PASSY, ( . , ., , ; vice-nresidenlx. De QUATREFAGES, ( RICHARD (du Cantal), ' \ Le comte d'ÊPRÉMESNIL, secrétaire général. E. DUPIN , secrétaire pour l'intérieur. Cil. WALLUT, secrétaire du Conseil. Le comte de SINÉTY , secrétaire pour l'étranger L. SOUBEIRAN, secrétaire des séances. Paul BLACQUE, trésorier. COSSON, archiviste. MM.Chatin. MM.J. Cloquet. MM. DeBellevme, COSTE. Le baron Laruet. Fréd. Jacquemart Fréd. Davin. RUFFIER. RUFZ DE LaVISON. Pomme. Le baron Séguieu. Le M's de Selve. Vice-président honoraire : M. le prince Marc DE Beal'VAU. Secrétaire honoraire du Conseil ; M. A. Geoffroy Saint-Hilaire. ^ Secrétaire adjoint des séances ; M. A . Gillet DE Grandmont. "^ Secrétaire délégué : M. J. L. SoUBElRAN. - '^ ^ge/tt; M. Eug. GrISARD. ^y^2' SÉRIE, T. 111. — Séance publique annuelle. DÉLÉGUÉS DU CONSEIL EN FRANCE ET DANS LES COLONIES Bordeaux, MM. DurieudeMai SONNEUVE. Boulogne-sur-mer, Al. Adam. Caen, LePrestbe. Cernai/ (Haut-Rhin), A. Zurcher. Clermont-Fcrrand, H. Lecoq. Douai, Havre, Lyon, Marseille, L. Maurice. H.Delaroche. G. Bouchard, Ant. Hesse. Mulhouse, MM. Fr. Zuber. Napoléon-Vendée, D. Gourdin. Poitiers , La Réunion, Saint-Quentin, Toulon, Toulouse, Wesserling, Malapert. A. Berg. Theillier-Des- JARDINS. TURREL. JOLY. ^ Gros-Hartmann. DÉLÉGUÉS DU CONSEIL A L'ÉTRANGER Barcelone, MM. Pascuâl y Inglada Batavia, Wassing. Constantinople , DuFOUR. Florence, Prince A. de Démidoff. Lausanne, Madrid, Milan^ Moscou, Philadelphie, Ghavannes. Graells. Cil. Brot. Kalinowski. Th. WiLSON. Québec, MM. Joly de Lotbinière Rio-de-Janeiro, De Gapanema. St.-Pétersbounj, Brandt. Sydney (Australie) , Mac Arthur. Tiflis, Piaget. Turin, Chevalier Baruffi. Washington, T. Glemson. Yedo (Japon), RUTHERFORD - Alcock. BUREAUX DES SECTIONS ET DES COIVIMISSIONS PERMANENTES. 1'* SECTION'. — Mainiuifèrcx. Davin, délégué du Conseil. Potel-Legouteux , président. PiGEAUX, vice^président. Roger-DesgenetteSj secrétaire. Calais, vice-secrétaire ^ «'^SECTIOU. — Oiseaux (Aviculture). C^d'ÉPRÉMESNlL^ délégué du Conseil. Berrier-Fontaine, président. ROGER-UESGENETTESi vice-président. PlGEAUX, secrétaire. Calais, vice-secrétaire. 3" SECTIOW. — l'oissons, t'rus- tacés, AnnélitlcM, Mollusques (Pisciculture et Hirudiniculture). I'assy, délégué du Conseil et président. Millet, vice-président. Ch. Wallut, secrétaire. A.Gillet de Grandmont, vice-secr. 4' ^ECTIO.H. — Insectes (Séricicul- ture et Apiculture). J. L. SoUBElRAN,de7f''(/. du Conseil, GuÉRiN-MÉNEViLLEj président. AUBÉ, vice-président. Luge, secrétaire. L. SOUBEIRAN, vice-secrétaire. 5*= ISECTION. — Wégàtauxi E. GossoN, délégué du Conseil. Ferd. Moreau, président. Baron d'Avène, vice-président Vavin, secrétaire. Mongruel, vice-secrétaire. COMWISSION PERMANENTE DE L'ALGERIE. MM. Richard (du Cantal), président; le général Daumas , prcsident honoraire; le prince Marc de Beauvau, Bigot, Chatin, Cosson, Dareste, Davin, du Pré de Saint-Maur, le vicomte Garbe, Guérin-Méne- viLLE,' Laperlier, J. Michon, Millet, et A. Geoffroy Saint-HilairF-, secrétaire. COMIVIISSION PERMANENTE DES COLONIES. MM. A. Passy, président; Aubry-Lecomte, David, Dutrône, MEN^ET- Possoz, Ramon de la Sagra, et Rufz de Lavison, secrétaire. COMMISSION PERMANENTE DE L'ÉTRANGER (!)• MM. DrOUYN deLhlys, président; de Quatrefages, vice-prcsident; J. Cloquet, David, Debrauz, Faugere, Poey, Ramon de la Sagra, Rosalès, Tastet, Taunay, Pierre de Tchihatchef, de Verneuil et Weddell. Commission climatologique . — MM. BECQUEREL, président; CliATlN, J. du Pré de Saint-Maur, le comte d'EscAYRAC de Lauture, Poey, marquis de Vibraye, Weddell, et E. Becquerel, secrétaire. Commission industrielle (pour l'examen des produits désignés comme propres à être introduits dans l'industrie). — MM. le baron SÉguier, président; Davin, Fremy, Heuzey -Deneirouse, Frédéric Jacquemart, Le Play, Mennet - Possoz, Pelouze, Florent Prévost, et Natalis Rondot, secretan'é?. ..- < .-. Commission médicale (pour l'examen des produits désignés comme jouissant de propriétés médicinales). — MM. .1. Cloquet, président; Bouchardat, Boullay, E. Caventou, Chatin, .1. Guérix, N. Guillot, le baron Larrey, Leblanc, Mialhe, Michon père, Rufz de Lavison, et L. SoUBElRAN, secrétaire. (1) Les ambassadeurs, ministres, ciiargés rl'affaires et consuls élraiigers, qui lésidenl à i^iu-i.'!, L'I qui sont membres de la Société, font de droit partie de la Commission de l'Etranger. LISTE DES SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION ET DE SES COMITÉS RÉGIONAUX. Sociétés ainiîéefs et Comités régionaux français. Le Comité régional de la Société impériale d'acclimatation, à Alger. La Société centrale d'agriculture, d'horticulture et d'acclimatation de Nice. La Société centrale d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes, à Digne. , La Société du Jardin zoologique de Marseille. Le Comité d'aquiculture pratique de Marseille. Le Comité régional de la Société impériale d'acclimatation, à Bordeaux. Le Comité colonial d'acclimatation, à la Guadeloupe. Le Comité colonial d'acclimatation de la Guyane française. La Société zoologique d'acclimatation pour la région des Alpes (Société zoologique des Alpes), à Grenoble. . ■ Le Comité colonial d'acclimatation, à la Martinique, La Société régionale d'acclimatation pour la zone du nord-est, à Nancy. Le Comité colonial d'acclimatation de l'île de la Réunion. La Société d'horticulture et d'acclimatation de Tarn-et-Garonne, à Mon- tauban. Le Comité régional de la Société impériale d'acclimatation, à Poitiers. Sociétés affiliées et Comités régionaux étrangers. La Société d'acclimatation et d'agriculture de Sicile {Socielàdi acclhnazione e di agricoltura in Sicilia), a Valerme. .. La Société d'acclimatation de l'île Maurice. ■' i La Société impériale d'acchmatation de Moscou. '- Le Comité d'acclimatation des végétaux de Moscou. . ' ... i; m Sociétés agrégées françaises. La Société d'agriculture de l'Ardèche, à Privas. La Société des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin, à Strasbourg. La Société d'agricultiu-e des Bouches-du-Rhône, à Marseille. La Société d'agriculture, arts et commerce de la Charente, à Angoulôme. La Société d'agriculture de Corte (Corse), SOCIÉTÉS AGREGEES. IX La Société (rhorticulture et (rarboriculture de la CAte-d'Oi-, à Dijon. La Société des sciences naturelles et archéoUgiques de la Creuse, à Guéret. La Société d'horticulture de Bergerac. La Société d'agriculture, sciences, arts et belles -lettres de l'Eure, à Évreux. Le Comice agricole de l'arrondissement d'Alais. La Société d'horticulture de la Gironde, à Bordeaux. ., . La Société d'agriculture de la Haute-Garonne, à Tovdouse. La Société d'agriculture, sciences, arts et commerce de la Haute-Loire, au Puy. L'Académie de Frotey-lez-Vesoul (Haute-Saône). La Société d'agriculture de l'arrondissement de Dôle. La Société d'agriculture et de statistique de Roanne. La Société d'horticulture de Nantes. La Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de la Lozère, à Mende. La Société d'agriculture de Verdun. La Société centrale d'agriculture du département du Pas-de-Calais. La Société d'agriculture de l'arrondissement de Saint- Orner. La Société d'agriculture du Puy-de-Dôme, à Glermont-Ferrand. F.a Société d'agriculture et d'horticulture de Chalon-sur-Saône. La Société d'agriculture de la province de Savoie propre, à Chamhéry. La Société d'agriculture de Provins. La Société d'agriculture de Seine-et-Marne, à Melun. La Société d'agriculture, sciences et arts, et Comice de l'arrondissement deMeaux. Le Comice agricole de Melun et de Fontainebleau, à Melun. Le Comice agricole de Toulon. La Société d'agriculture et de l'industrie de Tonnerre. "s' • Sociétés agrégées étrangères. La Société agronomique du Frioul (Associazione agraria Frhilana), à Udine. L'Institut agricole catalan de San-Isidro (/»s(î"a , .; Desmeurks (Joseph), directeur du jardin zoologique, à Florence. "^'/"'' ONZIÈME LISTE SUri'LEMENTAIUE DES MEMBRES. Xlll Uesor (le docteur E.), membre du grand Conseil, à Neuchâlel (Suisse). DlBOS (Edouard), négociant, rue Richer, 24. DoiiRÉ (Charles), ancien capitaine de frégate, conseiller référendaire à la Cour des comptes, rue Neuve-des-Capucines, 6. DuPLESSis (Joseph), répétiteur de génie rural à l'École impériale d'agri- culture de Grignon, Durand, vétérinaire de l'armée, directeur du troupeau et des bergeries du gouvernement, à Ben-Chekao (Algérie). Elliot (D. Ci.), à New-York (États-Unis). ■.;'... Erlanger (d'), banquier, rue Taitboul, 20. . , Farina (Paul), sénateur du royaume d'Italie, villa Ponteravone (province d'Alexandrie) (Italie). , Fischer (Alfred), propriétaire-colon, à Médéali (Algérie). Fleury (Victor), manufacturier, à Gravelle Saint-Maurice (Seine). Fraîche, correcteur à l'imprimerie impériale, rue Saint-Paul, 9, à Paris. Franco (le baron Emmanuel de), commanderie de Ramersdorf, prés de Bonn (Prusse rhénane). Garnier (Benoît), premier drogman du consulat général de France à Alexandrie, à Paris. Gay-Lussac (Henry-René-Joseph), aspirant de marine de 1"^'' classe à bord du Magenta, en rade à Cherbourg. Geoffroy (Jules), rue Rambuteau, 72. Gervais (Paul), professeur à la Faculté des sciences, rue Neuve-Saint- Étienne-du-Mont, 31, à Paris. GiBERT, propriétaire agriculteur, à la ferme delaChassagne, près de Pierre- fort (Cantal). GiNESTOL'S (le marquis de), membre du conseil général du Gard, président du coniice agricole du Vigan, rue de Madame, 42. GiOT (Parfait), propriétaire d'un établissement spécial d'acclimatation^ à Montevideo (Uruguay). GlQUEL, directeur des douanes maritimes, à Han-keou (Chine). GoRDES (Henri), négociant à Nangasaki (Japon). Goux (A.), vétérinaire principal de la garde impériale, membre de jà Commission d'hygiène hippique et de la Société impériale et centrale de médecine vétérinaire, rue Saint-Dominique, 219. Grehan (Amédée de), consul général de S. M. le roi de Siam, rue d'Ams- ' lerdam, 18.' Grouvelle (Ernest), propriétaire, faubourg St-Denis, 84, passage du Désir. GuÉRiN neveu (S^'.), manufacturier à Nîmes. Heeren (J. h,), ministre des Villes libres, rue d'Aguesseaii, 13. XIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLIMATATION. llERi'.AN (J. V.), ministre plénipoleiUiaire de la réimblique de Honduras, rue de la Pelouse, 2. HOGG (Thomas-Paul), cliimiste et pharmacien, rue Castiglioue, 2. Labeunie (Albert), à Lubersac (Corrèze). Labuhthe (Félicien), chef du secrétariat au Crédit mobilier, place Ven- dôme, 3. Lafargue, négociant français, à Berber (Soudan). Laporte (Edmond), négociant à Grand-Couronne (Seine-Inférieure). Le Biguais (Hervé-Auguste), receveur des douanes, au Fenouiller, par Saint-Gdles (Vendée). Lefebvre-Norville (Edouard-Auguste), architecte, boulevard Ma- genta, 1 3S. ■ Lehman (Alfred), négociant, rue Raze, U, à Bordeaux. ; : Leprat, pharmacien, rue Montholon, 28. Lesseps (Edmond de), chargé d'affaires et consul général de France à Lima, rue Montaigne, 2G. LUNEL (Hippolyte), à Villeneuve-lez-Avignon (Gard). Madriz (Francisco de), propriétah-e au Venezuela, et à Paris, rue du Cirque, 4. Malingre (Louis-Stanislas), ingénieur civil, à Madrid (Espagne). Margadel (Louis de), propriétaire, à la Pasqueraie, par I-elion d'Angers (Maine-et-Loire). Marion (Edouard), château de Faverges, par la Tour-du-Pin (Isère). Menonville (Guillaume-Thierry de), inspecteur (en voyage) pour l'intro- duction de la sériciculture en Transylvanie, à Kronstadt (Autriche). MoNCY (Félix de), propriétaire, rue du faubourg Saint-Honoré, 54. Montbel (le comte Ph. de), au château d'Argent (Cher). Morange (comte de), à Paris. . -. Morpurgo (Charles-Marc), boulevard Malesherbes, 26. MuRO, premier secrétaire de l'audjassade d'Espagne en Fiance, qudi d'Orsay, 25. Narbonne-Lara (le marquis de), propriétaire, rue de l'Arcade, 22. NoiNViLLE (le comte Paul de), à Saint-Martin-des-Bienfaits (Calvados), et à Paris, rue Godot de Mauroy, 9. . • , , . PiCHON (Alphonse), attaché à l'ambassade de France en Chine, à Pékin. Pierre, président du tribunal supérieur, à Saigon (Cochinchine). PoNTÉcouLANT (le comte Roger de), attaché au département des Affaires étrangères, rue Basse-du-Rempart, 48 bis. Raveret-Wattel, attaché au cabinet du Ministre de la guerre, rue d'Ar- maillé, 10. . , ~ '• ONZIEME LISTE SUPPLEMEiNTAlRE DES MEMBRES. XV Rivet (Gustave), négociant à Marseille. Rouget (Alphonse), rue Laffitte, 13. Rouillé- Courbe, président de la section d'agriculture de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de Tours. Rousseau (Emile), rue des Écoles, 66. RoussET (de la Marne) (le docteur), boulevard des Capucines, i ! .'' RozE (le contre-amiral), gouverneur par intérim de ia Cochincliine fran- çaise, et commandant la division navale des mers de Chine, à Saigon (Gochinchine), Sageret, rue de la Chaussée-d'Antin, 21. Selys Longchamps (le baron de), sénateur, membre de l'Académie royale des sciences de Belgique, à Liège. Senez (Émilien), lieutenant de vaisseau de la marine impériale, à Toulon. Stahmann (Gustave), rue Galilée, 43. Stahmann (Wilhem), rue Galilée, 43. Stampa de Soncino (le marquis Max. de), propriétaire à Milan (Italie). SuAN de la Croix (Enguerrand du), à Paris. Thier (Léon de), rédacteur du journal la Meuse, à Liège (Belgique). Thierry Wil, directeur de la sériciculture, à Kronstadt, en Transylvanie (Autriche). Valdor (le vicomte de), à Paris. Vekemans (Jacques), directeur du Jardin zoologique à Anvers (Belgique). ViGONi (Jules), capitaine d'artillerie dans l'armée italienne, à Milan. Vuelkel (Paul), rue de l'Université, 34. Vouga-Amiet (Henry), à Yverdon (canton de Vaud) (Suisse). Vouga-Pradez (E.), à Genève (Suisse). ZoLLA (L. Emile), courtier d'assurances maritimes, rue BergèrC; 28 .* •• # DIXIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. PROCÈS-VERBAL. Celte séance a eu lieu à l'Hôtel de ville, salle Saint-Jean, le vendredi 23 mars 5866. Au bureau siégeaient avec S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, sénateur, Ministre des affaires étrangères, président de la Société, S. Exe. Safvet-pacba, ambassadeur de Turquie, et MM. Antoine Passy et de Quatrefages, membres de l'Institut, vice-présidents de la Société; le comte d'Éprémcsnil, secré- taire général; Ch. Wallut et le docteur Soubeiran, secré- taires; Stanislas Jidien, de l'Institut, et B. Crarnier, premier drogman du consulat général de France à Alexandrie. L'estrade était occupée par MM. les membres du Bureau et du Conseil, les présidents, vice-présidents et secrétaires des cinq Sections et de la Commission des récompenses, avec un grand nombre de notabilités et de membres de la Société français et étrangers. L'organisation de la séance avait été confiée, comme les années précédentes, aux soins d'une commission composée de MM. E. Dupin, Fréd. Jacquemart et le comte de Sinéty. M. le marquis de Selve avait bien voulu. encore se cbarger d'en fairs les bonneurs avec plusieurs commissaires désignés parmi les membres de la Société. — A Fouverture de la séance, S. Exe. M. Drouyn de Lhuys a donné communication d'une lettre ainsi conçue de S. A. F le prince Napoléon : 2^^ SÉIUE, T. UI. — Scuiite publiiiUL; annuelle. à XVlll SUGIÉTE IMl'EKIALE ZUULUblgUE D AGCLIMATATION. « Palais-lloyal, 22 mars 1866. » Monsieur le Président, » J'étais en voyage quand votre lettre du 13 de ce mois » est arrivée au Palais-Royal, et je n'ai pu y répondre de > suite. )) Je suis avec une sérieuse attention les travaux de la » Société d'acclimatation, et j'aurais été heureux de pouvoir 1» témoigner de l'intérêt que j'y prends en assistant vemlredi )) prochain à sa séance puhlique annuelle ; mais je repars de » suite de Paris, et je me trouve dans l'impossibilité de me » rendre à votre aimable invitation. Je vous prie de recevoir » l'expression de mes regrets et de vouloir bien les trans- » mettre à la Société, B Recevez, Monsieur le Président, l'assurance de ma con- » sidération la plus distinguée. » » Napoléon (Jérôme). » Et de lettres de S. A. I. la princesse Mathilde; S. Exe. M. Réhic, Ministre de l'agriculture, du commerce et des tra- vaux publics; S. Exe. M. le marquis de Lema, duc de Ripalda, ambassadeur d'Espagne-, S. Exe. M. le Ministre présidant le Conseil d'État, et M. Thouvenel, grand réiérendaire du Sénat, transmettant leurs regrets de ne pouvoir assister à cette séance. — La séance a été ouverte par un discours de S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, président. — M . le docteur L. Soubeiran, secrétaire des séances, a ensuite rendu compte des travaux de la Société en iSôb. — A la suite de ce rapport, M. Renoit Garnier a commu- niqué à l'assemblée ses impressions de voyage dans le Soudan, — Le rapport sur les récompenses a ensuite été présenté par M. Ch. Wallut, secrétaire du Conseil. M. le secrétaire fait remarquer que les prix spéciaux pro- posés par la Société ou provenant de fondations particulières sont actuellement au nombre de 51, dont /i(3 des années pré- cédentes, qui sont encore à décerner, et 5 institués cette année. PHOCÉS-VRRRAr ]>E LA SÉANCE PUBIJQUK ANNUELLE. X!X PRIX EXTRAOliDIMIRES PROPOSÉS PAR LA SOCIÉTÉ ET ENCORE A DÉCERNER. Séance publique annuelle du 10 février ■li-)57. f. Doiiieslicatiua complète, application à l'agriciiUiu-e ou emploi dans les villes de l'ïlémione (Equus hemionus) ou du Daiiw {E. Bm-rhelHi). L;.,l,.i,ieslioaliori suppose nccessairement la reproilutlion u,i c.mlivilû (-.oiicom-s prorog-û jiisi(u'a,i {'■■■ décembre 1867. PRIX: Une mélaille de 1000 francs. II. Iniroductiou et donieslication du Dromée (Casoar delà Nouvelle-ilol- lande, Dromaius Novœ Hollandiœ) ou du Nandou ( Autraclie d'Amérique, Rhea amerirana). On devra posséder six irdividus aii rnoi;is, et avoir olilcini deux fféudrulions en capiivilé Concours prorosre juM|u'au 1" décembre 1870. ' Pmx: Une médaille de 1500 francs. ill. Acclimatation en Europe ou en Algérie d'un insecte producteur de cire aulre que l'Abeille. Concours prorog-éjusiju'au i "décembre 1866. Prix : Une médaille de 1000 francs. Séance publique annuelle du 17 fécrier 1859. Introduction et acclimatation à la Martinique d'un animal destructeur du Bolhrops iaiicéolé (vulgairement appelé \ipère ter-de -lance), à l'état de liberté. On devra avoir obtenu trois g'énérations. Sont exceptées les espèces qui pourraient r.ivager les cultures. Concours ouvert jusiprau 1-' décembre 1869. Prix : Une medadle de 1000 francs. ■ • Séance publique annuelle du IZi février 1 861. Introduction, culture et acclimatation du Quinquina dans le midi de l'iuirope ou dans une des colonies françaises. Concours proro-é jus(pi'au 1" décembre 1870. Prix : Une médaille de 1 500 francs. • Séance publique annuelle du 20 février 1H62. î. -Métissage derilémione ou de ses congénères (Dauw, Zèbre, Gouagga;, avec la jument. On devra avoir obteim un ou plusieurs métis âgés au moins d'un an. i^oncours ouvert jusqu'au 1" décemlire 1866 Prix: Une médaille de 1000 franc-. NX S(»G1L'.TÉ IMl-EIWALli ZUULUGIOUE L) ACCLIMATATION. li. Propagiilioli des mélis de rHémione et de ses congénères avec l'Anesse. Ce prix fcia déceniij îi l'éleveur qui aura produit le plus de mélis. (Il devra en présenter six individus au moins.) ' Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 18CG. l^UIX : Une médaille de 1000 francs. 111. Domestication de rAutruche d'Afrique {Struthio camelus) en Europe. On devra justifier de la possession d'au nioius douze Aulruclics nées chez le pro|iriélaire et âgées d'un an au moins. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1860. Prix : Une médaille de 1500 francs. lA^ Domestication de Y Antruchc {Sir ulhio camelus) en Afrique. On devra justifier de la possession d'au moins Ircnte-six Autruches nées chez le pro- priétaire et âgées d'un an au moins. Coiicours ouvert jusqu'au 1" décembre 18G(î. l'iux : Une médaille de 1500 francs. V. Introduction eu France et reproduction en captivité du Dindon ocellé {Melcagris ocellata). Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 18G7. l'nix : Une médaille de 1000 francs. VI. lleproduclion en France du Tetrao ciipidu. Ou devra présenter au moins dix sujets vivants de seconde génération pioduite en captivité. Concours prorogé jusqu'au i" décembre 18G8. l'r.ix : Une médaille de 1000 francs. Vir. lleproduclion en captivité du Lopliopiiore {bipltuphorufs refnUjens) en France. On devra présenter au moins six sujets vivants de seconde généralion produite en captivité. Concours ouvert jusqu'au 1" décendire 1867. Prix : Une médaille de 500 francs. VllI. Reproduction du Cioura {Columba coronata) en France. On devra présenter au moins six sujets vivants de seconde généralion produite en captivité. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1867. I^RIX : Une médaille de 500 francs. IX. Introduction et acclimatation d'un nouveau Poisson alimentaire dans les eaux douces de la France, de TAIt^érie, de la Martinique ou de la Ciuadeloupe, ou d'un Crustacé alimentaire dans les eaux douces de l'Algérie. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 18GG. Prix : Une médaille de 500 francs. Le prix sera double, si le poisson introduit et arclini.ité est le Gourami. X. Acclimatation accomplie, en France ou en Algérie, d'une nouvelle espèce de Ver à soie produisant de la .soie bonne à dévider et à employer industriellement. Concours ouveit jusqu'au 1" décembie 18GG. Prix : Une médaille de 1000 francs. PROCKS-VRRP.AL DE LA SEANCE PUBLIQUE ANNUEIJ.E. XXi Sénnce publique annuelle du 10 février 1863. Application indiistriolle do la soie des Bombyx Cynthia et Arrindia, Vers à soie de l'Ailante et du P.icin. On devra firésenter plusieurs coupes d'éloffes formant enseiiible au moins 100 mètres, et faliriquées avec la soie dévidée en fds continus du Bombyx Cynthia, ou du fl. Ai'rindia, ou de métis de ces deux espèces, et sans aucun mélange d'autres matières. Les tissus en bourre de soie sont hors de concours. Concours prorogé jusqu'au l" décendire 1807. PtUX ; Une médaille de 1000 francs. B'fiiiio.s i>»iir la i>i'0|>a$;tttion «lo»* Vak$>. 1" Animaux de pur sang. Pour tout éleveur qui présentera avant le 1^'' décenibr*' 1868 quatre Yaks de pur sang, d'un an au moins, nés chez lui, conformes aux types conservés par la Société et reconnus de bonne conformation. 1"PRIX : Une jjrime de 2500 francs. 2' Prix : Une prime de 2000 francs. 2" Métis d'Yaks et de Vaches de travail. Pour tout éleveur qui présentera, avant le 1" décembre 1868, huit sujets d'un an au moins, nés chez lui et provenant de rroisements d'une Vache de travail (race de montagne) et d'un Yak de pur sang. 1" Pnix : Une prime de 1800 francs. 2* Ptiix : Une prime de 1200 francs. PrIuioH poiii" le dressn«e tl'Vak». Bêtes de somme ou de bût. Pour tout éleveur ou cultivateur qui présentera au concours, avant le !<■' décembre 1866, un ou plusieurs Yaks ou métis d'Yaks et de Vaches de montagne, employés ordinairement comme bêtes de somme ou de bât, et pouvant porter des fardeaux en gravissant de fortes pentes : 1" Prix : Une prime de 500 francs. 2' Prix : Une prime de 300 francs. 3* Prix : Une prime de 209 francs. Priiiic»^ lioiir le» Chèvres d'ilngorn. 1" Animaux de pur sang. Pour tout éleveur qui présentera au concours, avant le l''"' décembre 1867, douze sujets de pur sang âgés d'un an an moins et de trois ans au plus, nés chez lui, et dont les toisons seront reconnues d'une qualité égale à celles des types conservés an siège de la Société : 1" Prix : Une prime de 1 500 IVancs. 2" l'uix : Une iirime de lOno francs. XXII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. 2° Animaux mctis. Pour loiil ('leveur qui présentera au concours, avant le l*^"" déceuibro 1867, douze snjels niélis o/U de sang, nés ei élevés chez lui, dont les toisons se rapproclievont le plus des types conservés : 1" PuiX : Une primo do l-2l>0 fr.incs. 2* Paix: Une piiiiie (le 800 francs. Les prix in; seroiil décornés qu'aulLinl que les loisoiis seront jugées assez belles pour être em- ployées dans l'induslrin, . B*i'i«uos l»«)«r les iravaux Uiéoi-Unies j-elHtif» à l'acoHuintntian. A partir de 1863, les travaux théoriques sur des questions relatives à l'ac- rliniatation pourront être récompensés, chaque année, par des mé- dailles spéciales de 500 francs au moins, hes ouvrages devront être imprimés et remis à la Société avant le 1" juillet de chaque année. Séance publique annuelle du 12 février 186Z|, I. Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, diins chaqu'' seciion, des primes d'une vnleur de 200 à 500 francs, à toute porsDUue ny.ml introduit qiiolipio espèce nouvelle. Les animaux introduits de- vront être adidlos et [lar paiie.s. II. Introduction et acclimatation d'un nouveau gibier pris dans l;i classe des Oiseaux. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravaa;or les cultures. On devra présenter plusieurs siij;;is vivants de troisième génération. Concours ouvert ju-qu'au 1" dei emhro t813. Piiix : Une médaille de 500 à 1000 francs. lii. Introduction et! î-'rance du Talégalle de Laiham. : On di'vra lU'és.'uler plusieurs sujets vivants de la troisième générati(Ui, m?s en Kranre, Concours ouvert jusqu'au \" déc lubre -1873. Prix : Une médaille de 500 francs. Séance publique annuelle du 20 février 1865. I. Propagation de !a race ovine Graux de Mauchanips en dehors de la localité oîi elle a pris son origine (en France ou à l'étranger). On devra justifier de la possession d'au ninins 100 bêles nées chez le propriétaire et pré- sent^inl le type de la race de Mauclnunp^ pour la laine et une bonne conformation, Concours ouvert jusqu'au 1" décembre ISliS. Prix: Une médaille de 1500 francs. II, Domestication eu France du Castor, soit de Canada, soit des bords du Mhone. Ou devra présenter au moins quatre individus mâles et femelles, nés chez le propriétaire et âgés d'un au au moins. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1809. Pnix : Une médaille de 500 francs, — Le prix sera doublé si l'on présente des individu.» de seconde génération. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. XXIII IIL Reproduction en captivité clii Tragopan {Ceriornis mtijra) en France. On devra présenter au moins six sujets vivants de seconde gcnératioi produite en cap- tivité. Concours ouvert jusqu'au \" décembre 18G9. Prix : Une médaille de 500 francs. IV. Vers à soie du "Mîirier. — Études théoriques et pratiques sur les di- verses maladies qui les atteignent. Les autciu-s devront, aulanl que possible, étudier nionograpliiqueinent une on plusieurs des maladies ' qui atteignent les Vers à sole, en préciser les symptômes, faire con- naître les altérations organiques qu'elles entraînent ; étudier expéri- mentalement les causes qui leur donnent naissance, et les meilleurs moyens à employer pour les combattre. Concours ouvert jusqu'au \" juillet 1868. Prix. Deux prix : l'un de 2000 francs, l'autre de 1000 francs. V. Vers .'i soie du Mûrier. — Production de la graine indigène. On devra avoir obtenu pendant quatre années couséculives do la graine faino, capable d'être utilisée dans les éducations iriduslrielles d'au moins 1 0 onces. La graine elle- même pourra et devra presque avoir été obtenue par l'élevage Sjpécial de petites cliani- brées. Les concurrents devront fournir la constatation légale des faits qu'ils ont obtenus. Concours ouvert jusqu'au 1" juillet 1870. Prix : Une médaille de 5000 francs. VI. Vers à soie du Mûrier du Japon. Les mémoires devront indiquer : !• Les résultats des éducations successives faites pendant les aimées 1865, ISPiO et18fi7, avec les graines de Vers à soie du Mûrier du Japon introduites en 1865 par la Société d'acclimatation. 2° Le meilleur emploi de cette sraine pour l'amélioration de la situation séricicole. 3° Les avantages et les inconvénients de cette graine, la qualité et la quantité de la soie produite. (Les auteurs devront exposer leurs observations et les mélbodes suivies, de telle sorte que leur méuioire puisse servir de giiide aux éducateurs.) Concours ouvert jusqu'au 1" août 1867. • . Prix : Une médaille do 600 francs et une médaille de 400 francs. Séance publique annuelle du 23 mars 1866. I. Introduction et multiplication de diverses espèces d'Agamis. On devra présenter au moins quatre sujets de deuxième génération. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1869. Prix : Une médaille de 500 francs. ' II. Iniroduclion ouoblentionpendant deux années successives d'une variété d'Igname de la Chine {Dioscorea batatas), joignant à sa qualité supé- rieure un arrachage beaucoup plus facile. Contours ouvert jusqu'au 1" décembre 1869. ^•' Prix : Une médaille de 600 francs. 2* Prix : Une médaille de 400 francs. m. Introduction en France, sur le pied de grande culture , d'une plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture des bestiaux. Concours ouvert jusqu'au l'^"' décembre 1808* 1" Prix: Une prime de 500 francs, ■se Prix : Une prime de 300 francs. XXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. PRIX PROVENANT DE FONDATIONS PAP.TIGULIÈRES. Séance publique annuelle du 17 février 1859. Wvix fondi' par M. !e «loeiiMir §inec, iiicaultre «le 1» Société. Amélioration de la Gliè\ii' d'Aiif^or.!. Concours prorogée jusqu'au i" décembre 18G6. Pr.lX : Deux iiriuics de cluicuiiclOO IVaucs iioiir les deux loisrfiisles plus louides de Clièvre d'Angora. Séance publique annuelle du 1/| février 1861. Prix f»«nl«'« jiiiB' un ïiiensSji-e «lo Ss» ?*ooi«''U'" <]uS a vdiilii Kai'il^'i' l'aiiouyiito. Deux primes, rune de '200 francs, Tautre de 100 francs, seront décernées, chaque année, pour les bons soins donnés au\ animaux ou aux vésélaux, s&it au Jardiu d'acclimalalion (prime de 200 fr.), soit diuis les établisse- ments d'acclimataliou se rattachant à la Société (prime de 100 fr,). Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Pociélé avant le i" ilàeDibre de chaque anui'e. Séance publique annuelle du 10 février 1863. ï»fix fueiiii' lias" M. H.. .lUhainiiier, «l'Arco ('S'ji-oï). Domestication d'un nouveau Palmipède utile. On devra prési.Miter au moins dix sujels vivanis di' secdude généralion ]n'odinle en rapli" ilé. Concours ouvert jusqu'au 1" décendire 1866. Prix: Une médaille de 1000 francs, '\ Séance publique annuelle du 12 février 186Z|. Prix f«n«lc î»ar S, lOsc. It. Bïrouyn do l/lujy«, sénateur, Mieilstro »U>s alfairo^i «'■JraBiKt'rt's, urésûloiit île la Société. Vers Cl soie Yama-mai. — Une médaille de 1000 francs sera décernée eu 1868 pour la meilleure éducation en grand du Ver à soie Yama-maï. On devra : 1" yVvoir obtenu dans une seule saison une récolte assez con- sidérable pour pouvoir livrer à la filature, et transformer eu soie gré^e de belle qualité, au moins 100 kilogrammes de cocons pleins, ou 10 kilogrammes de cocons vides, 2" Avoir publié ou adressé à la Société un rapport circonstancié, pouvant servir de guide aux autres éducateurs, et indiquant le système suivi et Jes résultats obleuiis au point de vue de la qualité, de la quantité el des bé- nélices réalisés. Les com:nrrents devront faire parvenir les pièces à l'appui de leur candidalure a\ant le 1*^' novembre 1867. Nota. — Les travaux acconqdis, les oliservations ou les découvertes failes siu- l'Yama-niai cl sur Son acclimiitaliun et sa propaf;alion d'ici au l''' ilfcendire 11S67, (lourront prerulrc pai I aiix récoin|ien!es ordinaires et annuelles de la Sociélé, les droits des concurrents au prix spécial l'Ianl ri'-;i'i vés. • .. , , . :..-.. PROCES-VERBAL DE LA SEANCE PURLIQUE ANNUELLE. XXV Séance publique cmniiclle du 20 février 1865. Pi'iv fouilé pAi* M'"" îîiif'rini-'iiiM, n<^e Uelalatiilt). Une grande niédaillo d'or sera décerni^e, le 10 février 1867, au voyageur qui, en Atricfue ou en Amérique, aura rendu depuis huit années le plus de services dans l'ordre des travaux de la Société, principalement au - point de vue de ralimenlalion de l'homme. Les pièces relative* à eu concours devront parvenir îi la Société avant 1» 1" (léceinljrc 1860. — La séance s'est terminée par la dislribulion des récoin- penses. Il a élé décerné cette année : Premièrcnient. — Six grands prix spéciaux , savoir : 1" Une prime de 800 francs à M. Frédéric Jacquemart, mem- bre du Conseil de la Société, pour dressage à Quessy, près de la Fére (Aisne), de métis d'Yaks au labour. Lors de la pi^oclamation de cette récompense, M. le Prési- dent a donné à l'assemblée lecture d'une lettre de M. Jacque- mart (jui, empêché d'assister à la séance, veut bien meltrc à la disposition de la Société une somme de 500 i'rancs destinée à l'onder un prix dont il soumettra le sujet au Conseil. Cette offre généreuse a été accueillie par les vives acclamations de toute l'assemblée. 2** Une prime de 1500 fi^ancs pour élevage de Chèvres d'Angora pur sang, à M. Euriat-Perrin, deRoville (Meurthe), dont le nom a provoqué également les applaudissemenls répétés des auditeurs. 3° Une prime de J'iOO francs à M. Frédéric Lequin, à la ferme -école de Lahayevaux (Vosges), pour élevage de Chèvres d'Angora métisses trois (luarls de sang. h" Une prime de 800 francs à M. Fabre, directeur de la ferme-école de Vaucluse, à Saint-Privat, pour même cause. 5° Une médaille de 300 fi\ancs à M. Buisson, à la Ti^onche, près de Grenoble, pour son Mémoire traitant de l'éduralion (les Vers à soie du Mûrier du Japon pour la récolle de 1S65. 6" Une médaille de 200 francs à M. A. de Malzac de Sen(;la, à Sauve (Card), pour même cause. XXVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Deuxièmement. — Deux médailles d'or ont été décernées. L'une, celle que S. Exe. M. le Ministre de l'Agriculture veut bien mellre chaque année à la disposition de la Société, à M.P.-B. BERLANDiER,deBaii)ent,ane (Bouches-du-Rliône), qui le premier, à travers les plus grands périls, a introduit en Europe de nouvelles graines saines de Vers à soie du Mûrier du Japon. Il a accompagné en janvier 1865 les graines expé- diées par M. Léon Roches, consul de France au .lapon, membre honoraire de la Société. Ces graines, propagées par la Société, ont partout en Europe donné des vers exempts do maladie. L'autre à M. B. Garnier, qui a lait à la Société l'en- voi d'une magnifique collection d'animaux du Soudan. Troisièmement. -- Deux rappels de médailles ont été offerts à MM. le comte de Galbert, pour ses travaux de pisciculture, et C. Personnat, pour son rapport sur ses éducations de Bombyx ijama-maï. 11 a été décerné en outre : '.:■:. 1° Vingt-sept médailles de première classe; 2" Quinze médailles de seconde classe. 3° Trois mentions honorables. h° Cinq récompenses pécuniaires. 5^' Les deux primes annuelles de 200 et de 100 francs. Le Conseil, par décision prise le 6 avril, a arrêté que les discours et les rapports prononcés dans cette séance seraient insérés in extenso dans le Bulletin mensuel de la Société et placé? en tête du volume en cours d'exécution. Le secrétaire des séances, ■ • J. L. SOUBEIRAN. , mSCOLlRS J)OlYEUTL:aE - ^ Par Son Exoclieiiee M. DROHi:^' ME ÏJiSIlS, Sénaleur, Minislre des affaires étrangères, Président de l;i Société. Mesdames, Messieurs, ' "• Ceux d'entre vous qui assistaient, il y a trois ans, à noire séance d'ouverture, ont écouté avec indulgence quelques détads rapides sur l'histoire des tentatives qui^^nt propagé de pays en pays les précieuses espèces animales ou vége^lales auxquelles nous devons la laine, le coton et la soie. Je vous demande la permission de vous signaler aujourd'liui les heu- reux résultats d'essais d'un autre genre, destinés à multiplier dans diverses contrées une plante qui, au point de vue agricole et surtout en France, occupe le premier rang ap"iès les céréales : je veux parler de la Vigne. La culture de cet arbuste et l'usage de son jus fermenté remontent aux premiers souvenirs historiques. Les peinture^; des hypogées égyptiens nous ofïrent des iardins avec de vastes tonnelles de Vignes dont les fruits étaient réservés pour la table; ailleurs, on voit des ouvriers foulant aux pieds le produit des vendanges; plus loin, le vin, renfermé dans des amphores de terre cuite, est soigneusement rangé dans les celliers. Du temps de Pline, les vins de Sébennyte, district du Delta, avaient encore du prix pour les gourmets de Rome. La Dible nous montre Noé plantant la\igne et faisant du vm au sortir de l'arche, et les prophètes juifs s'élèvent sou- vent contre l'intempérance de leurs coreligionnaires. Les crus les plus ex(juis étaient ceux des montagnes d'Israël, du Car- mel, de l'Hermon et du Liban, ainsi que ceux des vallées de Saron, de Sorek, au nord de Jérusalem, et d'Eschcol, aux envi- rons de l'Hébron. Le vin blanc de Sorek est toujours estimé et les vignobles d'Eschcol donnent encore des fruits qui rap- pellent les merveilleux raisins de la terre promise que les XXVIU SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. messagers de Josué portaient si péniblement. Un pied de Vjone de Svrie, cultivé dans les serres du château deAVelbeck, en Angleterre, fournit une grappe pesant dix-neuf livres et mesurant deux pieds de long sur quatre pieds et demi de cir- conférence. Le duc de Portland envoya ce phénomène végétal au marquis de Rockingham, premier ministre de George III. Homère fait mention, dans l'Odyssée, du vin de Maronée sur la côte de Tlirace, en ajoutant qu'il était si fort, qu'on devaitle mêler àvingt foissonvolume d'eau. Pline nousapprend que ce cru était toujours aussi généreux; encore aujourd'hui, les voyageurs parlent de l'excellence du raisin de ïhrace. On croit que la variété à laquelle le naturaliste romain donne le nom iV uva grrpada est le raisin de Corinthe, si remarquable encore de nos jours par sa petitesse. Les vignobles les plus renommés étaient ceux de Sicyone, d'Ambracie, de Leucade, et surtout ceux des îles de Thasos, de l'Eubée, de Lesbos, de Chios et de Chypre. On sait de quelle faveur ces derniers crus jouissaient au moyen âge. Les croisés transportèrent des cépages de l'Orient en France et en Allemagne; le nom de Malvoisie donné aux vins de Madère et de Ténériffe atteste l'origine grecque des plants qui les produisent. Les Romains n'apprirent que tard à perfectionner la culture delà Vigne, bien qu'il en soit question dans les prescriptions sacerdotales de Numa et dans la loi des Douze Tables. Pline nous a conservé le mot de Ginéas, l'ambassadeur de Pyrrhus, qui, trouvant très-acide le vin qu'on lui offrait à Rome, et faisant allusion à l'usage latin de faire monter les pampres au sommet des arbres, dit que « c'était justice d'avoir pendu la mère d'un tel vin à une croix si élevée ». Le même historien assure que les vins de la Péninsule ne commencèrent à avoir de la réputation qu'au vf siècle après la fondation de Rome. Les vins de Grèce étaient si rares dans l'enfance de Lucullus, qu'on se contentait d'en faire servir une seule fois, à la lin des meilleurs repas. A son retour d'Asie, le célèbre proconsul voulut initier tous ses concitoyens à cette jouis- sance, en distribuant au peuple cent mille mesures de sa boisson favorite. La conquête de la Grèce permit d'enrichir DISCOURS D OUVEltTL'llE. XXIX les vignobles de l'Italie de plants tirés de Cliios et de Tliasus. A l'époque de Pline, ces variétés acclimatées donnaient des vins qui venaient immédiatement après les crus de premier choix fournis par les variétés indigènes dites Aminéenne, Nomen- tane et Apiane ou Muscat, souches probables des vignobles les plus vantés de l'Italie moderne. Parmi les autres variétés empruntées au dehors, la Vigne de Sicile ne réussissait que sur les coteaux d'Albe-, et les cépages de la Rhétie et de l'Allo- brogie, fameux dans leur pays natal, étaient devenus mécon- naissables. Sur quatre-vingts espèces de vins renommés que produi- sait alors le monde connu, l'Italie donnait, selon Pline, les deux tiers. Il ne nomme qu'en passant les vins d'Espagne, et paraît tenir en médiocre estime ceux de la Gaule, où pourtant la Vigne avait été introduite de longue date par les Phocéens. Strabon nous informe, du reste, que celte culture était très- productive et peu étendue. La destruction des grandes Ibrèls et la disparition des marais favorisèrent la propagation de la Vigne, qui, au temps de l'invasion de César, n'avait pas (h'passé les Cévennes. Lorsqu'au iv^ siècle, Julien lïxu son séjour à Paris, les vignobles des environs donnaient de bons vins; mîiis on était obligé de couvrir les ceps pour les pré- server des froids de l'hiver. Sous Childebert, la Vigne était arrivée aux bords de la Loire. Gharlemagne la fit répandre sur les collines du pays de Vaud. Depuis des siècles, la variété bourguignonne s'est fort bien accommodée de sa transplan- tation sur les coteaux du Rhin. La France a glorieusement pris la première place parmi les pays vinicoles ; elle n'en cherche pas moins à s'approprier par de persévérants efforts de bonnes espèces étrangères. On sait avec quel succès un de nos compatriotes a acclimaté près de Montpellier le raisin de Tokay, et des essais analogues se poursuivent depuis 18l)2 sur des ceps portugais aux environs de Reims. La Hongrie, qui, pour l'abondance de sa récolte, n'est infé- rieure qu'à la France et à l'Italie, doit aux Romains ses pre- miers vignobles. Les légions de Probus plantèrent en Syrmie, XXX SUGIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLIMATATION. sur les rives du Danube inférieur, Vuva Carthagena, dont la langue hongroise aurait, dit-on, transformé le nom enKadurka. Quant à la variété dite Furmint, qui donne les vins blancs de Tokay, elle aurait été transportée de l'Italie par les soins de Louis d'Anjou, au xiv" siècle. C'est donc une dynastie fran- çaise qui aurait le mérite de cette initiative. C'est aussi à des Français que la Russie doit le peu de vignes qu'elle cultive dans la partie méridionale de ses immenses États. La Crimée a pu produire ainsi les crus de Soudak et de Koz, tandis que les Cosaques du bord du Don et de l'Axaï se sont adonnés avec ardeur, sous l'impulsion de nos compatriotes, à la fabrication de vins blancs, dont la majeure partie se transforme en vins mousseux très-recher- chés par ceux qui ne peuvent se permettre le luxe de notre Champagne. Ce n'est pas sans des soins extraordinaires que l'on a pu faire revivre cette culture dans des régions où la température moyenne de l'hiver s'abaisse à 3 degrés au- dessous de zéro; il a fallu recourir au procédé que Strabon indiquait jadis comme étant pratiqué aux abords du Palus- Méotidc. Dés la fin de septembre on enterre les ceps cà environ un mètre et demi de profondeur; ils passent ainsi toute la saison rigoureuse jusqu'au commencement d'avril, moment auquel on peut les découvrir sans danger. De la Russie au Céleste-Empire il n'y a qu'un pas. La Chine abondait autrefois en crus excellents; mais, pour arrêter les progrès de l'ivrognerie, le gouvernement prit le parti défaire arracher les Vignes et de défendre l'usage du vin. Ce pays ne possède plus que des raisins de table. On connaît une variété des environs de Tien-tsin, dont les grains ovales ont jusqu'à 6 centimètres de longueur. Les empereurs eux-mêmes n'ont pas dédaigné de consacrer leurs soins àracclimataîion de plu- sieurs raisins de treille. Parmi eux, on cite les trois premiers souverains delà dynastie mantchoue, Kang-hi, Young-tching et Kien-long. Si nous considérons les autres parties du monde, nous ren- controns, en Afrique, le cap de Bonne-Espérance, où la Vigne est d'importation hollandaise, et a formé le type distinct DISCOURS D OUVERTURE. XXXI «i célèbre sous le nom de Gonslaiice. Eu Australie, l'inlro- duclion (les cépages français et espagnols ne date que d'hier, et déjà les progrès de cette industrie lui ont valu treize médailles à la dernière exposition internationale de Londres. C'est encore un Français qui dirige sur les bords d'un allluent du Murray des vignobles qui promettent, dit-on, d'égaler un jour ceux de la mère patrie, et c'est notre Société qui a doté celle de Melbourne d'une riche collection de ceps que M. le grand référendaire du Sénat avait bien voulu, à cet ellet, mettre à notre disposition. La Vigne se trouve à l'état sauvage dans les forêts de l'Amé- rique du Nord, depuis les bords du Mississippi jusqu'aux rives du lac Erié, et c'est même pour cette raison que les Scandi- naves qui abordèrent à la côte du Massachusetts, au commen- cement du xi'= siècle, lui donnèrent le nom de Vinland. Il y a une trentaine d'années, des plants du Médoc furent accli- matés avec succès à Philadelphie. La Californie elle-même se livre â cette culture depuis J85/i. Quant au Mexique, où la conquête espagnole avait porté la Vigne, mais en la limitant aux jardins, le gouvernement impérial vient d'en propager la production sur une grande échelle à Tlascala. Je dois arrêter ici cet exposé déjà trop long. Permettez-moi seulement d'en tirer deux conséquences : c'est que, depuis des siècles, le monde fait de l'acclimalalion sans le savoir, et que la France, guidée par les seuls instincts de son génie civili- sateur, est entrée dans celte voie avant que la science en eût posé les jalons et déterminé les étapes. Éclairée, grâce à vous, par un itinéraire méthodique, sa marche sera désormais plus sûre et plus rapide. .^ , ;, liAPI'OUT ANNUEL .„ ,„,::: SUU LES TRAVAUX dp: la socictë d acclimatation EN 1865, ; , ■ ; > 1 '. Par ÎH. J. L,. SOUBEIRAÎV, ■• Secrclaire des séances. .. •'.:.:■: '.'îi Mesdames, Messieurs, Les travaux de noire Société pendant l'année qui vient de s'écouler ne le cèdent en rien à ceux des années précédentes quant à leur nombre et à leur importance. Suivant l'usage, nous allons avoir l'honneur de vous les rappeler, nous bornant toutefois à jeter un coup d'œil d'ensemble, qui nous per- mette de vous faire apprécier l'œuvre de nos confrères, et de sisnalcr à votre bienveillante attention les efforts de notre Société à remuer, proposer et récompenser, dans leur solu- tion, les questions les plus remplies d'intérêt et d'actualité. Puissions-nous, dans cette revue, écha^iper au danger révélé par l'humoristique docteur Swift, qui reprochait aux savants et littérateurs de son époque leurs éloges et discours acadé- miques plus ou moins confits dans du jus de pavot ! Vous avez rendu, il y a deux ans, un éclatant hommage à Daubenlon (1), en lui élevant une statue au milieu de votre Jardin du bois de Boulogne, pour reconnaître les services que lui doivent l'agriculture et l'acclinuitalion. Cette année, vous avez été conviés à rendre un témoignage semblable au grand naturaliste Buffon, dont il partagea longtemps les travaux, et qui, lui aussi, eut toujours en vue le développement du bien- être liénéral, comme l'a démontré notre confrère M. Duméril, (1) Ihdletin, 2'' série, l. I, p. 6/io. — IVidiard (du Canlal), Acchmafaticn du Mérinos en Framc {ibicL, 2" série, 1865, I. Il, p. 275). — P. C;iu- niont-Bréon, Daub-ntun à Mordbard {ibUL, p. 370; Journal Je la Ferme, 1865, I. 1, p. 317). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. XXXIII qui a établi les rapports entre les travaux de notre Société et ceux de l'illustre naturaliste, lors de l'inauguration de sa statue à Montbard (1). Par vos soins, les conférences instituées déjà depuis plu- sieurs années au Jardin d'acclimatation se sont continuées avec un égal succès, et ont contribué à populariser l'œuvre à laquelle vous vous êtes dévoués. Une nouvelle exposition des races canines (2) a eu lieu au printemps dernier, et ne l'a cédé en rien à la précédente. Elle a permis de constater de nouveau la puissance de l'homme sur la nature animale, puisqu'elle lui fait subir de telles méta- morphoses, qu'elle forme des races entièrement différentes les unes des autres. • Les communications importantes de MM. Sacc (5), Graells (^4), Viennot (5), et d'autres dévoués confrères, vous ont fait connaître les progrès de l'acclimatation en Espagne, en Allemagne, en Russie (6) et en Angleterre. Comme toujours , notre zélé confrère M. Ramel a eu à cœur de vous tenir au courant de tous les travaux accomplis en Australie, sous l'impulsion de MM. Wilson (7) et Mueller, nos membres honoraires, dans le but d'y introduire les plus précieuses espèces animales et végétales. Vos chepteliers (8) ont continué à vous faire connaître les pro- (1) HuUeiiii, 2^ série, t. If, p. ô61. (2) De Quatrefages, Discours prunonce au sujet de l'exposition des races canines de 1865 {Bulletin, 2" série, t. II, p. o30). (3) Sacc, Revue des animaux utiles existant dans les jardins zoologiques d'Anvers, Cologne, Francfort, Hambourg et Paris {Bulletin, 2^ série, t. II, p. 566). (/i) Graells, Sur les travaux d'acclimatation en Espagne en 186/i {Bul- letin, 2'' série, t. II, p. 15). (5) Viennot, L'agriculture et l'acclimatation aux Indes néerlandaises {liulletin, 2*^ série, t. II, p. 20^). — V acclimatation en Angleterre en 1864 {ihid., p. /|91). (6) Un jardin zoologique a été créé récemment à Tiflis, par M. Sitorski. {') Bulletin, 1" série, t. Il, p. 59. (8) Bulletin, 2" série, t. Il, p. li'o, 117, 121, 129, 356, /il8, t. lit, p. 106, 113. 2*^ SÉRIE, T. 111. — Scaiice imbliiiue annuelle, c XXXiV SOCIETE IMPEIUALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. grès de l'éducation des Alpacas (I), des Yaks (2) et des Chèvres d'Angora (3), elles nouvelles naissances qui ajoutent, chaque année, à l'importance de vos troupeaux (h). Vous avez trouvé, dans le remarquable rapport de M. Fr. Davin (5), la preuve des bons soins que reçoivent partout vos animaux, et vous avez pu décerner, cette année, quelques-unes des récom- penses que vous aviez instituées dans ce but. Nous devons, dès maintenant, vous faire une mention spéciale du résultat remarqua])le auquel est parvenu M. Fr. Jacquemart (6), qui a pu plier aux travaux de l'agriculture les métis d'Yak que vous lui aviez confiés. Vos Lamas et Alpacas continuent à prospérer au Jardin du bois de Boulogne et chez M. Pinondel de la Berloche (7), et vous avez appris avec salistaction (juc les jeunes nés cette année olïraient encore une supériorité marquée, au point de vue de leur toison, sur leurs parents, directement importés d'Amérique. Non-seulement ces espèces étrangères ont été l'objet tle nos travaux, mais vous avez continué à suivre avec intérêt la pro- pagation des races désarmées, à laquelle notre zélé confrère M. Dutrône s'est dévoué avec tant de sollicitude (8). Les races ovines ont été, comme par le passé, l'objet de vos étude? les plus sérieuses, et vous avez remarqué les communi- cations de MM. Davin (9), Fréd. Jacquemart, Ramel (10), Tevssier des Farges (il) el Garnot (de Genouilly), sur la faliri- (I) IkilU'tin, 2' série, t. H, /|18, G75. ^2) Bulletin, 2« série, t. Il, p. hh, 117, 121, 356, ilS, 66Z|, 7/i0. (3) Bulletin, 2*^ série, t. Il, p. 121, 67/i; t. III, p. 113. {'S) Bulletin, 2^ série, t. Il, p. 356, /|18, 7/jO. (5) Fréd. D;ivin, Rapport sur les animaux confiés par la Société à titre de cheptel {Bulletin, 2" série, t. II, p. 673). (6) Bulletin, 2'= série, l. II, p. 68/i. (7) Bulletin, 2" série, p. 675. (8) Bulletin, 2'' série, t. II, p. 60, 136. (9) Bulletin, 2« série, t. II, p. 221, 682. (10) Bulletin, 2»^ série, t. III, p. ZiS, Ul\. (II) Teyssier des Farges, Croisement d'une race de Moiiton.t chinois avec des Brebis mérinos {Bulletin, t. Il, p. 19; — ibid., p, 221; ihid., l. III, p. 113,. KAPPOHT SUIi LES TJIAVAIX 1)F. I.A SOCIETE. ^X^^V cation du nouvelles races mélisses qui pourront parlici[>er des beautés de la laine de nos Mérinos et des vertus prolifiques de leurs parents chinois. Les renseignements que vous a transmis M. Hérilte sur les Zèbres ont conlirmé vos projets d'introduction de ces beaux animaux (1), dans le but de faire des essais d'éducation el de croisement. Vous avez reçu avec reconnaissance de inagniliques Onagres (2) du Soudan, qui sont aujourd'iiui un des joyaux de votre collection, et que M. B. Garnier (3) vous a rapportés du désert, au prix de peines infinies. La question chevaline, qui est étudiée par tous nos agriculteurs avec l'intérêt qu'elle mérite, a trouvé devant vous un défenseur ardent et convaincu, quand M. Richard (du Cantal) vous a fait connaître l'ouvrage remarquable de M. le général Daumas(/i). En même temps de nouvelles communications vous étaient laites sur l'usage alimentaire de la viande de cheval (ô), el vous avez constaté les progrés que fait cette question qui avait fixé l'attention de notre regretté président Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (6). Le temps est venu, nous en avons l'assurance, où la salubrité de cette viande, démontrée par nombre d'expériences, en permettra la diffusion, malgré les ob-stacles qu'y ont apportés jusqu'ici des considérations com- (1) HériUe, Sur les Zèbres de la culonie du aq) de Bonm- Espérance (tfttWe/m, S*" série, t. I[, p. 338). (2) Bulletin, 2^' série, t. Il, p. 388, 708. (3) B. Ganiier, Sur les animaux donicsliiiues r( iauciiyes et swr les oiseaux du Soudan {Uulletin, T série, t. II, p. 385). — B. Garnier, Sur les animaux du Soudan adressés par lui a la Société impériale d'acclimata- tion {ibid., p. 705). (li) Ricliard (du Gantai), liapporl sur l'oucrage du général Daumas, intitulé : Les Chevaux du Sahara et les mœurs du désert {Bulletin, 2" série, l. Il, p. 609). (5) E. Dccroix, Note sur les progrés de l'hippophagie en France {Bulletin, 2^ série, t. II, p. 555). — Ibid., p. 220, Blalin, E. Decroix et Boiuguin, i'suge alimentaire de la viande de Cheval, 1865. (6) Isid. Geoffroy Saint-IIilaire, Lettres sur les substances alimentaires, et particulièrement sur la viande de Chccal. XXXVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULOGIQUE D ACCLIMATATION. merciales, s'ajoutant au préjugé et à la répugnance, qui ne raisonnent pas. N'est-il pas douloureux de voir perdre ainsi journellement des quantités considérables de matière alimentaire, alors sur- tout que nous sommes sous le coup d'épidémies qui déciment les troupeaux. Vous le savez, notre Jardin a été cruellement éprouvé par le typhus contagieux (1) : si la science pure a pu y puiser des enseignements nouveaux dont elle se félicite ; si nous devons nous estimer heureux que le fléau ait été cir- conscrit chez nous, grâce aux mesures énergiques qui ont été prises, nous n'en avons pas moins été frappés. De longtemps nous ne pourrons vous présenter la collection unique des métis d'Yak avec nos races bovines. Espérons, au moins, que, dans un avenir prochain, nos confrères de la Russie, qui nous ont fait déjà, à plusieurs reprises, de précieux envois, nous permettront de remplacer celui des deux Aurochs (2) (jue nous devions à leur libéralité et qui a succombé. Rappelons encore d'intéressantes communications qui nous ont été laites sur le Tapir (3), le Guépard (li), le Castor (5), et sur les naissances obtenues au Jardin d'acclimatation (6) et chez S. M. le roi d'Italie (7). A plusieurs reprises, vous avez exprimé le désir d'être mis au courant des moyens employés par les éducateurs pour (i) A. GeolFroy Sainl-Hilaire, Note sur le typhus contagieux au Jardin d'acclimatation {BaUetin, 2"= série, t. II, p. 685), — Leblanc, Le typhus contagieux au Jardin d'acclimatation {ibid., p. 695). CJ) Bulletin, 2<= série, t. II, p. 5/i8. (3) F. Chabrillac, Sur le Tapir {RuUelin, '2^ série, l, II, p. 25). (/i) Bulletin, 2« série, t. III, p. 106. (5) Docteur Fiizinger, Observations sur les mœurs du Castor d'Europe {HuUetin, 2'= série, t. III, p. 19). ~ Docteur Sacc, Utilisation des marais par l'importation du Castor et de la Zizanie aquatique {ibid., p. 22). (6) Comme les années précédentes, il y a eu au Jardin du bois de Boulogne de nouvelles naissances de Yaks, Lamas, Kangurous, Cerfs, llémiones, Hennés, Dromadaires, Chèvres, etc.; nous devons indiquer particulièrement la naissance d'un jeune Pécari qui a malheureusement succombé au typhus. (7) M. Benvenuto Comba a obtenu à la Mandria, près de Turin, des reproductions de Bouquetin, Antilope nilgaut, etc. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXVII l'élevage des animaux, et en particulier des oiseaux qu'ils possèdent. Vous enregistrez de grand cœur les succès qui vous sont annoncés, et vos récompenses sont acquises à toute reproduction nouvelle d'espèces intéressantes : mais vous voulez plus, vous tenez à apprendre, pour en porter la con- naissance à tous les éducateurs, les procédés employés, les moyens, quelquefois si délicats, auxquels il a fallu avoir recours. Aussi avez-vous accueilli avec faveur l'intéressante communication de M. Corneli (1), et plus tard celles de MM. Touchard (2), Chiapella (3), Fiolet (k), Aquarone (ô) et Billot (0), comte d'Éprémesnil (7), Rufiîer (8), etc. Ces docu- ments, émanés de la pratique, figurent avec honneur dans vos Bulletins; ils rendent l'acclimatation plus accessible à tous, et l'ont de vos publications le guide obligé de quiconque veut tenter d'élever de nouvelles espèces. Vous devez à M. Rufz de Lavison (9) un intéressant mémoire sur les diverses espèces de Faisans à acquérir, ou qui ont déjà été introduits en Europe, et plusieurs de vos confrères vous ont donné de nouveaux détails sur l'éducation des (1) J. Corneli, Sur quelques animaux de parcs et de volières {Bulletin, 2' série, t. II, p. 81). {•2) A. Toucliard, Du Faisan de l'Inde (Bulletin, 2' série, t. II, p. 173), — Le même, Des llouppifères et de leur croisement (ibid., p. 307,'. (3) Cliiapella, Le Merle moqueur; éducations faites a bordeaux [Bul- letin, 2* série, t. il, p. 466). (Zl) Bulletin, 2'' série, t. II, p. 117. (5) P. Aquarone, Note sur ^éducation des Hoccos {Bulletin, 2'' série, t. U, p. Zi/i9}. — Le même, Notice complémentaire sur l'éducation des Hoccos {ibid., t. III, p. 25). (6) Billot, Éducation des Cardinaux firis a tète rouge {Bulletin, 2* série, t. Il, p. /i63). — Le même, Des œufs de Fourmis et de leur emploi dans les faisanderies {ibid., 1. III, p. 72). (7) Comie d'Éprémosnil, Essais d'acclimatation pratique en Xonnandie {Bidletin, 2' série, t. III, p. 61). (8) Ruffier, Sur une volière établie à Pinceloup {Bulletin, 2^ série, t. III, p. 29). (9) Rufz de Lavison, Note sur les Faisans acquis et à accjicérir {Bulletin, 2'' série, t. H, p. 280). — Le même, Sur l'oulogie {ibid,, p. liU). XXXYIir SOCIETE IMPERIALE ZOOLOOIQUE D ACCLIMATATION. « Dromées (1), des Autruches (2), des Colins (3), et sur l'éle- vage des oiseaux de basse-cour (/i) et sur l'incubation arlifi- cielle (5). A plusieurs reprises, MM. Turrel (6), Sacc et Zurcher(7) ont rappelé votre attention sur les petits oiseaux destructeurs d'insectes, et demandé que vous obteniez aux in- sectivores la protection à laquelle ils ont droit à tant de titres. Des naissances de Céréopses (8), de Faisans de Wallicli au Jardin du bois de Boulogne, et de nombreuses autres espèces (9), vous ont prouvé que ces précieux animaux retrouvent sous nos climats les conditions favorables k leur développement, et ont augmenté vos collections déjà si importantes, tandis que de généreux donateurs y ajou- taient de nouvelles espèces. C'est ainsi que vous avez dû les Ronlouh à M. Vandal (10), les Pigeons funingues et d'autres précieux animaux à M. Imhans (11), et des Colombes (1) Bulletin, 2' série, l. Il, p. 16. (2) Bulletin, l' série, t. II, p. Hi, 31'2, ;î18, /il8, /|93, 5Z|8, 665. (3) Bussl«"e de INercy, Noie sur le Colin de Californie et son acclimu' tation en France {Bulletin, 1^ série, l. II, p. 637). (Il) t'onime, Sur les races gallines {Bulletin, 2" série, l. Il, p. 91). — De rélevage des volailles {ibid., t. 01, p. 58 ; — Soc. d'agric. de la Charente, 1855). — Lobligeois, ibid., t. III, p. 39. (5) P. Dabry, Sur Vincubation artificielle en Chine {Bulletin, 2*^ série, t. II, p. 39A). — J. Wilsoii, Incubation artificielle des Canards en Chine {ibid., p. 138). (6) L. Turrel, Des moijen>> les plus efficaces pour prévenir la destruction des oiseaux de passage {Bulletin, 2<" série, t. II, p. ^97). — Le même, Protection des oiseaux insectivores {ibid., p. 139). (7) Bulletin, 2^ série, t. ïlf, p. ll/j. (8) Bulletin, 2° série, t. H, p. 133. Des naissances de Céréopses ont été aussi oI)tenues par MM. Pomme et Lepresire. Ce dernier a eu plusieurs pontes de Dromées, de Bernaclies des Sandwich, et a obtenu de nouvelles naissances deKanguroos de Bennett {ibid., p. 122). (9) Li' Jardin a obtenu un grand nombre de reproductions intéressantes d'animaux, parmi lesquelles nous citerons les Colombes luraachelles, les ib'miones, les Rennes, les Cerfs wapiti, les Dromadaires, etc. (10) BM//fiim, 2'- série, t. îl, p. 13L^ 25'i. (11) Bulletin, 2*= série, t. II, p. 357. M. Imliaus a rapporté au Jardin du bois de Boulogne quatre Pigeons funingues, un Maki, un Antilope heisa. un petit rongi'ur iniionn-.-'é d'Adon. ei des 'l'orines de Madagascar. RAPPORT SUR F,F,S TRAVAI'X DE \.\ SOCIETE. XXXIX Paneï laaah, l^aneï rhnhow, etc., ù M. de Pina (1), etc. Par l'initiative de M. le comte de Saint-Aignan (2), vous avez étudié les questions si graves de la chasse et de la pèche, et les rapports substantiels de MM. le comte d'Esterno (3) et Millet (à), dont vous avez accueiUi favorablement les conclu- sions, ont témoigné hautement que tout ce qui touche, de près ou de loin, l'agriculture, a pour vous le plus vif intérêt. La pisciculture continue à être l'objet de vos plus sérieuses études, et vous avez encore, celte année, constaté que, sur tous les points de la France, de nombreux travailleurs, sous l'impulsion de votre coopération directe et puissante, ont persévéré dans leurs efforts pour rendre à nos eaux leur fer- tilité perdue. Vous avez suivi avec une sérieuse attention l'aquiculture en France, et, en outre, vous avez voulu vous assurer par vous-mêmes des progrés que fait à l'étranger le repeuplement des eaux. A cet effet, vous avez délégué un de vos secrétaires à Bergen (Norvège), pour recueillir tous les documents que devait présenter l'exposition internationale de pêche qui y était ouverte (5), la réunion de tous les instru- ments destinés à élever et à capturer le poisson ne pouvant manquer d'être instructive chez un peuple qui, depuis un temps immémorial, est signalé parmi les pêcheurs les plus habiles. En effet, il résulte de cette enquête que la piscicul- ture, qui a reçu dans ces dernières années une si vive impulsion de notre illustre confrère M. Coste, a pris dans ces contrées toute l'importance qu'elle doit avoir, et que, grâce (1) Bulletin, 2*^ série, l. 11, p. 57, 7/i8. Ln Société a reçu de M. de Pina quatre Coqs et l'oules domestiques de Sumatra, quatre Turverts Paneï taïuth, une Colomlie à large queue, un Ghevrotain kantjiel, cinq Cliats à queue cassée de Sumatra, et deux Maimous. {'2) Comte de Saint-Aignan, Mémoire sur la pèche et la chasse {Bulletin, 2" série, t. JI, p. i')87). (3) Comte d'Esterno, Rapport sur les mesures relatives à la répression du braconnage {Bulletin, 2^ série, t. JI, p. 257). (li) Millet, Rapport sur les mesures relatives à la conservation et a la police (le la pêche {Bulletin, 2"^ série, t. II, p. 263). (5) liullelin, V série, t. II, p. !iS9. XL SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. à elle, les rivières autrefois dépeuplées ont aujourd'hui recou- vré leur ancienne fertilité. Nous avons donc été distancés dans l'application de cette science, que les étrangers eux- mêmes reconnaissent devoir à la France, et pourtant les mo- dèles ne manquent pas pour tous ceux qui voudront s'occuper de ces importantes questions, car il suffit de citer Huningue, Concarneau et les parcs impériaux d'Arcachon pour le prou- ver : mais nous n'avons pas encore su, comme les étrangers, appliquer fructueusement les leçons qui sont données chez nous ; nous restons en arrière, après avoir ouvert la marche. En effet, nous voyons la Scandinavie repeupler ses rivières de Saumons et les multiplier dans les lacs d'eau douce (1), tandis qu'à nos antipodes, grâce à la persévérante énergie de MM. Wilson et Youl (2), le Saumon est arrivé et vit dans les eaux de l'Australie. De ce que nous venons d'énoncer, il ne faut pas cependant conclure que nous ayons déserté la cause de l'aquiculture ! Les faits nous donneraient aussitôt un écla- tant démenti, et vous nous rappelleriez les tentatives, si sou- vent réitérées, d'introduction du Gourami dans nos eaux (3). MM. Liénard frères (i), Auhin, Manès (5) et Yinson ont (i) Moniteur universel du 22 novembre 18(55, (2) Bulletin, 2^ série, t. II, p. 59, Ihk; The Australasian, 186/i et 1865. M. Youl est arrivé à importer les œufs de Salmonidés en Australie, en les conservant dans de la glace, qui retarde les phénomènes d'évolution embryonnaire ; de telle sorte que des œufs soumis à la température de zéro peuvent rester cent et quelques jours sans que Téclosion s'opère et sans que l'embryon soit tué. (3) Cosle, Instruction pour le transport des Gouraniis {Bulletin, 2' série, t. 11, p. 76). — Barthélomy-Lapommeraye, Sur l'introduction du Gourami en France {ibid., p. 159). _ • . ■ {k) MM. Liénard, dont le zèle est bien connu de la Société, ont continué à prêter leur concours le plus actif à toutes les tentatives d'introduction du r.ourami. Nous avons à regretter la mort de M. E. Liénard, toujours si dévoué à l'acclimatation et à ses progrès. (5) M. Manès, qui a déjà, à plusieurs reprises, fait des envois de Gouramis à la Société, a continué ses essais cette année, et de plus a fait parvenir des spécimens très-intéressants des nids que fait ce poisson. M. Manès a eu en plusieurs occasions M. Yinson comme collaborateur dévoué. {Bulletin, 2-^ série, t. il, p. .'i57.) , RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. XLI continué leurs généreux essais ; leur exemple a été suivi par MM. Aulard de Bragard (1), Charles Bonieux et Imhaus (2), et si le succès complet n'a pas encore couronné de si louables efforts, nous posséderons au premier jour le précieux Gou- rami ! Nous n'en voulons d'autre preuve que la persévérance inliUigable de nos dévoués confrères de Maurice et de la Réunion. La pisciculture en eau douce continue à se propager, et les nombreuses communications de MM. Millet (3), ^Yallon (li), comte de Galbert (5), Malard, du Fougeroux, René Caillaud, (1) M. Aulard (le Bragard, ex-prôsideiil de la Société d'acclimalatioii de Maurice, qui avait envoyé déjà, par ^]. Aubin, des Gouraniis qui sont par- venus vivants en Alg;érie, où iis sont morts au bout de cinq mois, en a rapporté lui-même, cette année, plusieurs; cinq ont été débarqués vivants à Marseille, mais ont niallieoreusement péri au bout de quelques jours, sans doute par suite de l'abaissement de la température. Une nouvelle expé- dition, faite depuis par M. Ilarel, a donné les mêmes résultats. Mais il n'en reste pas moins constant que le Gourami a été et peut être amené en France, et dès aujourd'luii des mesures sont prises pour assurer un local convenable aux poissons que M. Autard de Bragard se propose de rapporter lors de son retour de l'île Maurice. C'est M. Cli. Bonieux qui avait préparé cet envoi et celui de M. Aubin.{IhiUeti7i, 2^ série, t. Il, p. 313, 3r)7, /i57. — Rapport annuel aur les travaux de la Société d'acclimatation Mauricienne, 18GG, p. 8.) (2) M. Imliaus, en même temps qu'il rapportait de précieux animaux à la Société, s'était chargé d'un grand nombre de Gouramis, qui ont succombé malheureusement pendant leur séjour à Suez. [Bulletin, 2'' série, t. II, p. Zi26, 5/1!».) (3) Millet, Rapport sur les mesures relatives à la conservation et à la police de la pèche {Bulletin, 2'' série, t. II, p. 263). — Le même, ibid., p. Z»8, 228; ibid., p. 55. (li) M. Wallon continue avec succès et grand dévouement ses beaux tra- vaux, qui lui ont valu, l'an dernier, une médaille de 1"^^ classe. /lOOOO œufs de Fera et 25500 Truites et Saumons (sur 28 500) ont été jetés dans la Garonne, le 'larn, l'Aveyron, etc. Dans un seul cantonnement, 2Zi Salmo- nidés de 2 à /i kilogrammes ont été péchés en trois mois, près de Castel- Sarrazin, ce qui témoigne du succès et de l'avenir des opérations. (5) Notre confrère M. le comte de Galbert a continué ses expériences inté- ressantes de pisciculture dans l'établissement important qu'il a fondé à la Buisse, près de Voiron (Isère), et nous a fait connaître également les efforts, malheureusement infructueux jusqu'à ce jour, qu'il a faits pour obtenir le repeuplement des eaux de certains lacs de la Savoie et du Piémont. XI.II SOCIÉTÉ IMPEP.IÂLE ZOOLOGIQUE U ACCLIMATATION. Gillot de Grandmont (1), Cliavannes (2), Fauslin Gonneau, Sicard (3), Paul Gervais (h), etc., affirment les elïorts sérieux faits pour obtenir en France le repeuplement des eaux. Nous devons aussi vous rappeler les travaux de MM. le professeur Rascli (5) et lletling (6), qui ont donné tous leurs soins à vulgariser en Norvège les pratiques de la pisciculture, et qui sont parvenus à faire vivre et prospérer le Saumon dans des lacs, qu'il ne peut quitter pour gagner la mer (7). Rappelons (1) llulletin, '2" série, I. II, p. 12,"). (2) M. Cliavannes a pensé à inlroduire dans le lac Léman des alevins de Muge, el nii rapport de M. Millet a approuvé ce projet, auquel exécution n*a pas encore été donnée. (Riillefin, 2'' série, I. II, p. 129.) (ri) Notre zélé confrère j\I. le docteur Sicard a continué à nous tenir au courant de ses études de pisciculture, et nous a transmis en particulier des tableaux intéressants sur la température et le degré de salure des eaux du canal de la Molle du .'50 octobre au 31 décembre 1865, et une observation très-curieuse sur l'influence de la température sur des poissons enfermés dans un aquarium: des Muges noirs et des Merlans, qui paraissaient morts par une température de — 2°, 10 avec une coucbe de 0'",01 de glace au-dessus, sont revenus à la vie, grâce à l'élévation de la température à + 5 degrés. (Zl) M. Paul Gervais a continué ses travaux de pisciculture commencés les années précédentes; il a versé dans Tllérault, le Vidourle, TOrlj, la Têt, plusieurs milliers de Saumons, 'l'ruiles, Ombres et Feras provenant d'œufs reçus d'Huningue, el qu'il avait fait éclore dans son laboratoire de la Faculté des sciences de Montpellier. M. Paul Servais a en oulre fait diverses expé- riences de pisciculture marine avec le concours de M. 'i'rotabas, commandant le Favori, sur les Praires et la variété d'Huîtres qu'on recueille à loulon. Un rapport du préfet de l'Hérault confirme les résultats annoncés par M. Paul Gervais, et ajoute qu'aujourd'bui on rencontre sur les marcbés des Saumons de 3 livres et plus, provenant évidemment des essais de natura- lisation de notre confrère. (5) M. le professeur Rascb, qui, un des premiers, a préconisé la pisci- culture en Norvège, a publié un mémoire important sons le titre de Om mid- lerne fit al forbeite Norijes Laxe-og ferfl^vanbspskeriet, in -8, 1857. (6) M. lletting, superintendant des pèclies en Norvège, s'occupe active- ment de propager les meilleures pratiques de la pisciculture dans les diverses provinces, et a publié, pour servir de guide, le l\orl,fattet. Bdledning fnr-dem, der ville indrette Udklœkmngsanglœy for die de vinterlegende fers Kvandsfiske,m-9, 1863. — Vpiledimige ot bijgge Laxotrapper, in-8, 186(3. (7) Voyez Rapport sur l'exposition internationale des pêches a Bergen {Bulletin, t. III, et Moniteur universeUh\ 22 novembre 1805). P.ArPORT SUR LES TRAVAUX DE LA S0C1E:TE. XLIII aussi les expériences de M. Hansou sur la formation de métis duSalmo trutta et ùu Sahiio alpinus. Nous ne devons pas oublier non plus les observations de M. Sauvadon (1) sur la culture des Écrevisses, ces Crustacés pour lesquels M. le marquis de Selve (2) a organisé un immense établissement d'exploitation industrielle, dont vous avez été beureux de constater l'excellente appropriation. Sur nos côtes, les études se continuent pour obvier à la disparition des poissons et des mollusques : vous avez entendu les mémoires qui vous ont fait connaître les progrès de Gon- carneau (3), l'organisation, si merveilleusement fructueuse, des huîtrières impériales d'Arcacbon (Zt), et l'introduction sur une grande échelle de la mvliliculturc sur les côtes de la Méditerranée, à Port-de-Bouc (5), Les travaux deJMM. Chaumel(6), Chevrier(7), Léon Vidal (8), (1) Sauvadon et J. L. Soubeirap, Des Ecrevisses et de leur culture {fiul- Iftin, 2" série. I. il, p. AOl). ' • (2) JL le marquis de Selve a établi à Villiors, près de la Ferté- Mais (Seine- ct-Oise), uu vaste établissement de pisciculture iiKlastiielie, dans lequel il s'occupe plus parîioulièremenl de réducation des Écrevisses, et dont Tamê- nagement a été ort;anisé de la façon la plus heureuse. (3) 0. Moquin-Tandon et J. L. Soubeiran, Elahlissements de 'pisciculture de Conrarneau et de Port-de-Bouc {Bulletin, T série, t. If, p. 533). (/i) J. L. Soubeiraiî, Rapport sur l'ostréirulixtre à Arcachov {Bulletin, 2« série, t. I!I, p. 1). (5) Bulletin, 1' série, t. II, p. Zi20, 5Zi2. (6) Les travaux de M. Chaumel pour l'organisation des huîtrières impé- riales d'Arcacbon ont été résumés dans le rapport de M. Soubeiran (Bulletin, l" série, !. 111, p. 1), qui a pu constater l'houreux aménagement des parcs et la grande quantité de aal-^sains qui se sont développés dans les parcs dirigés par M, Chaumel. (7) M. Chevrier, de Saint-Gilles (Vendée), a obienu des naissains d'HuîIres en eaux salées etsaumàtres, et a pu y obtenir le verdissement des Huitres. Ses essais de reproduction artificielle du Ww^e, du Bar, etc., n'ont donné encore que des résultats incomplets. M. Chevrier a introduit en Vendée la pèche de la Crevette au large, en bateau. (8) M. Léon Vidal, qui continue avec grande ardeur ses travaux de pisci- rultnre marine, a créé dans le canal de la Molle, à Port-de-Bouc, /lOO h f)M) bouchots mobiles pour Moules, un vivier pour 58 000 Anguilles, et des XUV SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. André (1) et Gillet (2), vous ont témoigné des soins pris sur toutes nos côtes pour assurer le développement des Huîtres et des mollusques alimentaires. Des notices intéressantes vous ont été adressées par MM. le marquis de Selve (3) et Faustin Gonneau [h) sur le dévelop- pement des Feras; par MM. Millet, Duméril, Sacc et Ramel, sur le Silwits glnnis, dont les Anglais tentent, à tort peut-être, l'introduction dans leurs eaux (5) ; par MM. Du- méril et Champion (6), sur des poissons à ichthyocolle de la Chine, et par M. Sabin Berthelot (7), sur les bateaux- réservoirs et les viviers à poisson. En entendant les pages que notre confrère a bien voulu détacher pour nous de son grand ouvrage sur les pèches maritimes, vous avez été frap- pés comme lui de l'importance qu'il y aurait à emprunter viviers à Crabes, Loups, Crevettes : tous ses essais, ainsi que ses parcs à Praires et à Clovisses, ont parfaitement réussi. Ses tentatives de culture des Huîtres en bouchots et sur fonds naturels n'ont encore donné que des résultats incertains. {Bulletin, 2^ série, t. H, p. /|17.) (1) M. André, de Grandcamp (Calvados), a créé un bassin pour l'éduca- tion et la reproduction des Huîtres, et aussi pour conserver le poisson de mer. L'eau de la haute mer pénètre par un canal de charpente dans un bassin circulaire, d'où elle est distribuée au moyen de vannes à d'autres réservoirs. Le naissain, recueilli au moyen do plaques suspendues au-dessus des Huîtres mères, est ensuite réparti dans divers bassins pour s'y développer. (2) M. Gillet s'occupe activement de pisciculture, et a déversé dans la Sèvre et ses affluents le produit de ses éducations et une partie de celles de M. des Nouhes de la Cacaudière. Les plus forts poissons conservés dans ses bassins, alimentés par des sources, sont nés en 18(i0, et mesurent 52 à 56 centimètres. (Bulletin, 2^ série, t. II, p. 66, hbl.) (3) Bulletin, S'' série, t. II, p. 73i. (Zi) Bulletin, 2' série, t. II, p. 735. (5) Bulletin, 2'' série, t. II, p. Zi8-51. (6) A. Duméril et Champion, Note sur trois espèces de poissons chinois, et sur leur emploi dans l'industrie et l'alimentation [Bulletin, 2'" série, t. II, p. /i7/i). (7) Sabin Berthelot, Nouveau si/slème de pêche; réservoirs de dépôt, hateaux-viiiers et conservation du poisson (Bulletin, 2'' série, t. il, p. 176). — Le même, Des moijens d'encouragement pour le progrés de la pèche cûtiéie [ibid., p. 709). RAPPORT SLR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. XLV aux étrangers leurs pratiques, qui leur permettent de trans- porter au loin le poisson vivant, et de fournir ainsi de nou- velles sources à l'alimentation. Il y a quelques années, nous vous annoncions que des animaux très-curieux et nouveaux nous avaient été adressés du Mexique : les Axolotls, qui semblaient ne devoir nous oiïrir que l'intérêt qui s'attache aux raretés venues de loin fcar leur qualité de Batraciens rendra difficile leur acclima- tation sur nos tables), ont pondu, et se sont développés dans les bassins du Muséum d'histoire naturelle et dans ceux du Jardin d'acclimatation; en outre, ils ont présenté des phéno- mènes inattendus de métamorphose. Ces transformations, si curieuses, fixent aujourd'hui l'attention du monde savant, et vous ont été exposées par notre vice-président M. Duméril (1). Vous avez été heureux de reconnaître de nouveau, à cette occasion, les bons soins que M. Vallée ne cesse de donner aux animaux qui lui sont confiés. Notre Société a pu, l'an dernier, grâce à la généreuse intervention de M. Léon Roches, mettre à la disposition des éleveurs une notable quantité de graines de Ver à soie du Mûrier, qui avaient été convoyées en France par M. Berlan- dier. Vous espériez les meilleurs résultats de leur éduca- tion. En effet, plus tard, vous avez reçu les renseignements Jes plus satisfiiisants sur le développement de ces graines, alors que, comme toujours, les graines indigènes et celles des provenances exploitées depuis plusieurs années déjà ne donnaient que des produits insignifiants. Seule la graine japonaise a pu être menée k bonne fin, seule elle a fourni de (1) Bulletin, 2" série, l. II, p. 358; ibicL, p. 738. —A. Duméril, lîepro- fhiction dans la ménagerie des Heptilcs au Muséum d'histoire naturelle, des Axolotls de Mexico, qui n'avaient jamais été eus virants en Europe, in-Zi, 1865. — Le même, Nouvelles observations sur les Axolotls nés dans la ménagerie des Reptiles au Muséum d'histoire naufrelle, et qui y subis- sent des métamorphoses, in-Zi, 1865. — Le même, Observations faites à la ménagerie des Reptiles du Muséum d'histoire naturelle sur la reproduction des Axolotls, batraciens urodéles à branchies extérieures, et sur les méta- morphoses qu'ils y ont subies {Bulletin, 2^ série, t. III, p. 79). XLVI SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOULUGIQUE F) ACCLIMATATION. bons résultats à nos sériciculteurs, depuis si longtemps éprouvés par la maladie. Malheureusement un petit nombre de personnes ont répondu à votre appel, et vous ont adressé les rapports de leurs éducations, négligeant ainsi de vous donner les moyens de généraliser les bonnes pratiques et de récompenser les travaux les plus utiles. Vous avez cependant remarqué, parmi les comptes rendus que vous avez reçus, ceux de MM. Chavannes (1), Vern (2), Eynard, Maume- net (3), Duseigneur (li), Ligounlie, Sermant, Nourrigat, LerebouUet et M"" de Pages (née de Gorneillan) (5), etc., et vous avez été heureux de trouver dans les mémoires de MM. Buisson et Malzac de Sengla des renseignements inté- ressants, qui semblent présager le meilleur avenir aux races d'origine japonaise. Nous n'insisterons pas sur le détail de l'introduction des graines de Ver à soie du Mûrier du Japon, car vous avez tous présents encore à la mémoire le rapport par lequel M. Jacquemart vous a l'ait connaître toutes les phases de cette importante opération ((i), et, comme nous, vous vous félicitez d'avoir été misa même de rendre de signalés services aux sériciculteurs. Ce n'est pas seulement en France que la graine du Japon a donné des résultats satisfaisants, mais aussi en Italie (7), en Iloumanie (8) : comme en témoignent les rapports que vous avez reçus, les éducateurs se félicitent de (1) Docteur Chavannes, Rapport sur dioersos àlucaHons de Vers a soie failes à Lausanne en 1865 {Bulletin, '2" série, t. Kl, p. 33). (2) Vern, Sériciculture [Bullrtin, '_><^ série, t. il! ; Monih'urdu Calvados du 1^' septembre 1865). (3) liulletiii, S^ série, t. JII, p. ZiO. (/i) Duseigneur, La maladie des Vers à suie [Socièlé impériale d'agri- culture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon, 18G6). — Le même, Bulletin, 2^' série^ t. Il, p. 130, 222. (5) Bulletin, -2' série, I. Il, p. /i8'i. (()) b'réd. Jacquemart, Sur la graine de Ver a soie du Mûrier du Japon expédiée par }L L. Roches (Bulletin, 2' série, l. II, p. 65). (7) L. l'illet, Sur la sériciculture Halicinic {Bulletin, 2Vsérie, I. II, p. 605). (8) Bulletin, 2^ série, l. Il, p. 583. HÂPPORT SUR LKS THAV\Li\ I)H LA SOCIÉTÉ. \L\H leurs recolles. Tout récemment des détails circonstanciés sur la manière dont les Japonais traitent les Vers du Mûrier vous ont été donnés par M. Mourier (1), et pourront certainement fournir d'utiles indications à nos sériciculteurs pour leurs éducations de cette année. Vous avez reçu plusieurs communications importantes sur la maladie des Vers à soie, et vous avez regretté de ne pouvoir, dès cette année, encourager par quelques-unes de vos récom- penses les relations si instructives de MM. Brouzet ('2), Duseigneur (3), de Plagniol (i), Sermant (5) etHutton(O). Sans que nous puissions nous en expliquer la cause, les succès obtenus, les années précédentes, par nos correspon- dants, dans l'éducation du Bombyx yama-nw i , ne se sont pas conlirmés cette année. Presque partout une mortalité consi- dérable a sévi sur ces insectes, et réduit au néant les espé- rances qu'on avait conçues. Les soins avaient été continués avec autant de zèle, et les noms seuls de nos dévoués col- laborateurs MM. de Saulcy (7), Sacc (8), Fr. Jacquemart, Auzende, Clarou, Baumgaîrtner, etc., en sont les sûrs garants. Quelques-uns de nos confrères (9) ont été plus heureux, et ont pu mener à bien leurs éducations : parmi eux, nous devons une mention spéciale à M. Camille Personnat (10), (1) Mourier, De la sériciculture au Japon (HiUletin, iJ<^ série, î. Itl, p. 90), (2) Docteur Brouzet, Des maladies des Vers à soie, in-8, 186/|. — Le. même, De l'influence de la température sur les \'ers a soie. (3) Duseigneui-, La maladie des Vers à soie et le Japon, 1868. (Zi) De Plagniol, Observations mirroscopiques des ]'ers a ■^oie pour la récolte de 1860. (5) Sermant, Études sur les maladies des Vers à soie. (6) Capitaine Hutton, Guérison et amélioration du Ver à soie {Ihillutin, 2' série, t. IF, p. .'J-'iO). (7) Hulletin, T série, t. l\, p. 31/i.— De Saulcy, Note sur quelques edu^ cations de Vers producteurs de la soie, in-8, 1866. (8) Bulletiti, 2<= série, t. IF, p. 36Z|. (9) M. Rouillé-Courbe, qui a aussi été éprouvé par la maladie, a cependanl pu envoyer des cocons obtenus par lui dans les environs de l'ours. (10) M. Camille Personnat, qui avait déjà oblenu des succi;-» remar- XLVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. qui a continué, avec le même succès qu'en 186/j, ses éduca- tions, et qui a pu mettre sous les yeux du public, cette année, à Alençon et à l'exposition des insectes, des produits qui démontrent que l'introduction du Jiomhyx yama-maï est certainement la plus belle conquête agricole et industrielle de notre époque. ■ :, • . • . Le Boinhyx Pcrinji, dont malbeureusemcnt l'importation jus(ju'ici n'a j)as été aussi heureuse que nous le désirions, va èlre l'objet d'une nouvelle tentative, grâce à un envoi considérable qui vient de vous être fait par votre membre honoraire, Mgr Perny (1), qui a pris à tache de mener à bien l'importation de cette belle espèce de Ver à soie du Chêne. De nouveaux renseignements sur les progrés de la séricicul- ture à Montevideo vous ont été donnés par M. Gelot (2), qui vous a fait connaître les succès de MM. Carlos Lix et Fau- vety dans l'éducation du Bombijx Cynthia. Parmi les donateurs qui vous ont procuré des spécimens des diverses races de Bombyx, nous devons citer M. le capi- taine Beavan (3), auquel vous devez plusieurs envois de cocons du Bombyx Paphia, qui fournil aux hides, en grande quantité, une soie forte, le tmmli, sur laquelle M. Piamel (4) quables dans TWiicalion du Bombyx yama-tnaï, a continué celle année à élever un grand nombre de ces animaux, et a résumé ses observations dans un volume très-intéressant qu'il a publié sous le titre de : Le Ver à soie du Chêne {Bombyx yama-mat), 3 866. (1) Malbeureusemcnt, les cocons envoyés par M?' Perny,, de même qu'un envoi fait postérieurement par iMS"" Faurie, nous sont arrivés dans un état irès-fàcheux de conservation, et il est fort à craindre que l'introduc- lion définilive du magnifique Bombyx Pernyi soii encore reculée à une des années suivantes, {'}) Uiilletin, 2'- série, t. Ilf, p. hli- ('ô) Bulletin, 2'' série, i. Il, p. l.'JO, 216. — Capitaine Beavan, Coroons oftlie Tusseh silku'orm moth-furm Indic (Field). (k) liullctin, 2*^ série, t. JII, p. /l'i. Tliomas Aiiquetil, Notice sur ht soie du Tussor et du Mou-gha, suivie d'une nouvelle méthode de tirage appli- cable aux corons doubles du Bombyx Mori de nos contrées {Revue du monde colonial, 1865, t. XVI, p. 227). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XLIX a rappelé récominent voire allenlion. M. le général Fai- dlicrbe (1) vous a envoyé du Sénégal une nouvelle espèce de Ver à soie (pii vit sur le Bauhhiia; M. Dabry, de la Chine, plusieurs cocons de Bombyx vivant sur le Camphrier et l'Arbre à suil'; et tout dernièrement 31. Vandal (2) vous a fait connaître un des insectes les plus curieux des Tropiques, Y Insecte feuille {Psyllinm siccifolia). ■ , Vous avez entendu des mémoires sur l'état de la séri- ciculture en Turquie (5), en Ilalie {h) et à Belgrade; sur la culture de la Cochenille par Î\1M. de Vega-Grande (5), Anca (H) et Budding (7), et sur le choix des espèces de Chênes destinés à la nourriture des Bombyx yama-maï par iM. Belhomme (8). Une importante discussion s'est élevée devant vous sur les inconvénients que présente- la trop grande multiplication des chenilles (i)i, et vous avez exprimé le désir que la loi fût dorénavant appliquée de telle sorte que les accidents résultant de cet état de choses fussent empêchés. Vous avez souvent témoigné le désir de voir les instituteurs, si bien placés pour vulgariser dans nos campagnes les con- naissances utiles à l'agriculture, prendre une part active à vos travaux, et nous sommes heureux aujourd'hui de signaler (1) Bulletin, T sùric, l. Il, p. 315. — Feuille officielle chi Sénégal, 10 janvier, lU et 28 juin, ^ oclobro 186/t, et 7 mars 18G5. (2) BuUelin, 2'= série, t. III, p. l'23. (3) Uufoiir, Notes sur la récolte séricicole de la Turquie en 1865 {Bul- letin, 2'' série, I. II, p. 7'2'2). — Le même, Sur l'essai d'acclimatation du Yama-maï en Turquie {ihid., p. 7'27). (ti) Léo» Pillel, Sur la sériciculture italienne [Bulletin, 2"= série, l. II, p. GO 5), (.=)) Comte de Vega-Graudc, Culture de la Cochenille aux Canaries {Bulletin, '■2" série, t. 11, p. ^15). (6) Bulletin, 2"= série, t. II, p. 216, ù3o. (7) ««//('///!, 2-^ série, t. n. p. 208. (8) BcUiomme, .Sur le choix des Chênes destinés à la nourriture du Bombijx yama-maï {Bulletin, 2' série, t. H, p. o/i). {\}) Bulletin, 'l'^ ^éCm, l. il, \). odi, ll'll. 2*^ sÉRit;, T. m. — Séance [lublitiuc annuelle. d L ■ SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQL'E d'aCCLIM.VTATIOiN. à votre aUentionM. Cbalot (î), instituteur à Ormoiche (Haule- Saône) qui, depuis huit ans, s'applique à propager et à déve- lopper chez les curants confiés à ses soins le goût des travaux des champs. Persuadé qu'en resîant attachés au sol sur lequel ils sont nés, ces jeunes gens peuvent y trouver le i)ien-être, l'aisance et même la fortune, M. Ghalot pense, avec raison, leni- faire atteindre ce but au moyen de la science agricole id en profitant des découvertes des' savants. Il expérimente sous leurs yeux les divers modes de culture, leur en démontre ainsi les avantages et les inconvénients, et cherche à jjropager autour de lui ceux qui lui ont donné les meilleurs résultats. A cet enseignement pratique il a joint la publication d'ar- ticles sur les animaux utiles el domesti(]ues, et sur l'art agri- cole, articles dont nous désirons vivement la propagation dans nos campagnes. Comme nous, vous souhaitez certaine- ment que M. CAvAol trouve bientôt de nombreux imitateurs, qui, à son exemple, vous apportent le concours le plus efiicacc. . Lorsque nous avons appris, il y a quelques années, la fon- dation d'un jardin d'acclimatation au Caire, nous avons été assurés dès lors des précieux enseignements qu'il devait nous fournir, et le remarquaJjle rapport de M. Gastinel a confirmé nos prévisions en nous exprimant les causes de valeurs diiïe- rentes des céréales égyptiennes et étrangères, et nous indi- quant comment l'opiutn d'Egypte, qui jouissait autrefois d'une grande célébrité sous le nom 'Xophtm thébdicpie, est devenu aujourd'hui un des plus pauvres en principes actifs (2). La fondation d'un jardin à l'européenne à Tunis par les soins de Son Exe. M. le général KhéréJine, dont le concours le plus généreux est acquis à notre œuvre, nous donne l'espoir (1) M. Clialot a publié (iniis les VcUUs Affiches de Lure (Ilaule-Saôao), une série d'arlicles intéressauls sur la loi Gramtnont, l'utililé desaniinau>: dv^mesliqucs el des animaux uliics autres que les animaux domesliques, sur l'art agricole, et sur le lîiome de Schrader, (2) Bulletin, '2* sciie, i. Il, p. 3 61. UAPrOIiT SUR LES TP.AVAUX i)K LA SOCIETE. L! que l'ulilité des travaux laits en vue du .uicn de nos se:ii- lilables sera comprise des Arabes et leur donnera l'amour du progrès (1). Vous avez appris aussi avec salisfaciion que la municipalité de Toulon avait fait quelques tentatives d'acclimatation de plantes exotiques dans le jardin de la ville, et que de belles espèces de Conifères et un groupe remarquable de Palmiers, réunis par notre confrère M. Auzende, se développaient par- faitement sur le sol de notre belle Provence. Vous avez tenu particulièrement à voir mentionner ici les efforts de M. Aude- mar, maire de Toulon, à développer la plantation de ces belles espèces, efforts qui vous ont été signalés par votre dévoué délégué M. le docteur Turrel (2). ' L'agriculteur cherche incessamment à ajouter de nouvelles espèces fourragères à celles qu'il possède déjà et qui ne lui rendent pas tout ce qu'il désire pour la nourriture de ses bestiaux. Souvent, trop souvent on lui présente de nouveaux végétaux qui doivent détrôner tout fourrage, et quand il les expérimente, une déception nouvelle vient s'ajouter à toutes celles qu'il a déjà éprouvées. Heureusement, il n'en est pas toujours ainsi, et les divers rapports qui vous ont été faits sur le Brome de Schrader par MM. Ghatin, Quihou, comte de Fontenay (3), Yavin, de Milly, Lecreux, etc., permettent de penser qu'il sera, dans de nombreuses circonstances, un pré- cieux adjuvant à la culture fourragère {h), et qu'il devra entrer dans nos cultures au même titre que les Maïs, sur lesquels MM. Allibert, de Milly, Gloquet et Renard (5) vous ont fait d'intéressantes communications. .; Vous avez reçu aussi de nouveaux renseignements sur la (l) Bulletin, 2" série, t. lit, p. 51. (•2) Moniteur universel, 28 mars loGG. — Le Toulonnais, 5 avril 186(3. . (3) Coiiile de Fontenay, Les lAizernes, Trèfles et Sainfoins placés sur le cadre de réserve par l'introduction en France du Brunie de Schrader, 1805. — Le même, Bulletin^ '!'■' série^ t. Il, p. 7Zi5. (i) Bulletin, 2" série, t. lit, p. 11! ; ibicL, t. III, p. 53. (5) Bulletin, 2° série, t. li, p. Gâ7, 7o8, 7ZiI, 7a'2, 7ZiG; ibid., t. VA, p. k'o. LU SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGloUE d'ACCLIMATATION. culture (.les Pommes de terre (1), et nous devons vous ra]»- peler tout particulièrement une nouvelle variété, dite de troh moh (2), qui paraît devoir occuper un rang remar- quable parmi celles que nous possédons déjà. Sous vos auspices, une notable quantité de graines de Pin Riga a été distribuée, et les rapports que vous avez déjà reçus de MM. Chatin, Séguier et Ducbesne-Thoureau (3), montrent l'intérêt qu'il y avait à répandre cette espèce pour reboiser nos montagnes. Vous devez aussi aux soins obli- geants de M. Héritte nne nouvelle Conifère, provenant du cap de Bonne-Espérance, où elle est connue sous le nom de Pin de CaUfornie (/i), et qui trouvera sans doute un climat convenable dans nos départements méridionaux. Le succès de l'acclimatation des Cinchona aux Indes anglaises (5) et néerlandaises (6) vous a lait désirer de voir (1) Graux, Cullare de la Pomme de terre dite d'Australie {Bulktin, 'J'^ série, t. H, p. 7/i9). (2) Bulletin, 2*= série, t. H, p. loO, 6(58. — Bossin, Ctdture et valeur de la l'omme de terre de trois mois {ibid,, t. III, p. 9 S). (3) Bulletin, 2'' série, t. Il, p. 96, 1^5, 650. — Cliatin, Le Vin de Riga {ibid., p. 96). (/i) HériUc, Lettre sur le Pin de Californie {Bulletin, 2* série, t. Il, p. 375). • , (5) M. Decaisnc a si^nialé récemment à T Académie des sciences les succès de I\l. Tlnvaites, diiccteur du jardin bolnnique do l'éradenia (Ceyian), dans la cullare des Cinchona. Déjà le Cinchona o//icinalis a donné des graines, et tout fait espérer que quand les autres espèces soumises à ces tentatives, Cinchona succirubra, calisaya, micrantha et Pahudiana auront acquis un d('velnpppment suffisant, elles fruclilieront ék-aloment. Les alcaloïdes qui ren- dent lestjuinquiuas si précieux persistent dans ces plantes. On a observé que certaines espèces réussissent mieux dans le nord de l'Inde que dans le sud, d'autres au contraire préfèrent les légions du sud. L'altitude, qui, dans une même localité, à Darjeeling dans i'ilinialaya, sous le 27*^^ degré, a varié de 600, 850, 1200, IZiOO et 1800 mètres, n'es! pas indiiïérentc pour chaque espèce. Comme preuve de Timporlance de ces cuiUires, nous rappellerons qu'à la (in de 1865 il y avait à Darjeeling 37o82 pieds de Cinchona en cul- ture. (Decaisne, Introduction et culture des arbres à Quinquina à Java et dans r//i(7e, dans Comptes rendus, 1866, p. 722.) (6) Bulletin, 2"^ série, t. Il, p. 210. Dans les Indes néerlandaises, quelques Quinquinas calisayas onl fruclilié, mais ils ont fourni peu do graines et sont RAPPORT SUR LES TRAYAIX DE LA SOCIETE. I,1I[ introduire ces précieux végétaux dans nos colonies, et d'as- surer ainsi la conservation de plantes menacées dans leur existence par des récoltes inconsidérées. Vous avez appris que des essais, malheureusement encore très-restreints, ont été institués à la Martinique par M. le docteur Saint-Pair (1), et permettent, dans l'avenir, de voir réaliser l'acclimatation du Quinquina dans celte colonie. L'introduction laite, sous vos auspices, par le gouverne- ment du Brésil, des meilleures variétés d'Oliviers et de Glià- taigniers, a donné déjà des résultats satisfaisants, et, dans le but de continuer leur propagation sur une plus large échelle, le gouvernement brésilien a eu recours encore cette année à votre intervention pour introduire de nouveaux plants de ces utiles végétaux. Parmi ceux de nos confrères qui nous ont envoyé des rapports circonstanciés sur leurs cultures, vous avez dislin- morts depuis : le plus grand nombre est resté stérile jusqu'à ce jour. On a pu cependant obtenir de ces graines environ 5000 plants, dont les premiers, transplantés dans les derniers mois de 1859, sont aujourd'liui les seuls en J)on état, et quelques-uns ont commencé à porter fleur. Somme toute, le Cin- rhona calisaya croît parfaitement à Java, et y donne un bel arbre dont le tronc et Técorce fournissent une écorce irréprocliable. Les Cinchona lanci- folia et succirubra sont de bonnes espèces déjà possédées, et qui ne parais- sent pas inférieures au C. calisaya. Le C. micrantha, riche en cinchonine mais pauvre en quinine, n"a pas encore été suflisamment expérimenté. Il semble résulter des faits, que le développement des arbres paraît dépendre plutôt de la nature locale du terrain et des fonds que de la dilférence de hau- teur, et que la limite de la zone du (}uinquina ne semble, ù Java, ni aussi resserrée, ni aussi nettement tracée qu'on le pense {jénéraloment. L;i hauteur au-dessus du niveau de la mer ne parait pas non plus avoir d'influence sur la valeur en alcalo'îde.s. Une température uniforme est une condition plus certaine, et la culture, à cet égard, doit cire dirigée pour le (Juinquina d'après les mêmes principes que pour le Cafier. Il faut protéger les pépinières conire les grands vents, qui sont Irès-préjudiciables. L'exposition au plein soleil paraît préférable, quoique cependant il vaille mieux une position modérée. D'après le conseil de M. de Vrij, quelques arbres ont eu leur tronc entouré de mousse, et l'on y a trouvé une plus grande richesse en alcaloïdes. (Van Gorkom, Culture du Quinquina à Java^ûam Reçue coloniale, 186G, p. 799;. [i) Bulletin, 2'- série, t. Il, p. 132. MV SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. gué tout parliculièremenl ceux de MM. Quiliou (1), Lccreux, Brierre, Lesèble et M'"*" veuve Deîissc. Des mémoires sur les diverses parties de la botanique appliquée vous ont été adressés par MM. Pigeaux (2), Cram- pon (3), Garnier (/i), Gauldrée-Boilleau (5), Tiran (6), Bou- lard (7), Joseph Lafosse (8), Hanson (9), etc., et vous devez à l'obligeance de M. Yiennot un résumé intéressant des importantes observations de M, Buddingh sur l'agriculture et l'acclimatation aux Indes néerlandaises. .i De nombreux envois de plantes et de graines vous ont encore été faits cette année, et vous ont permis de distribuer à vos collaborateurs un certain nombre d'espèces intéres- santes; vous avez distingué, comme toujours, parmi vos plus généreux correspondants, M. Mueller, qui ne cesse do vous faire participer à ses riches envois de végétaux. Gomme vous le voyez, messieurs, nous avons contracté do nouvelles dettes de reconnaissance envers beaucoup de nos confrères, qui nous ont continué leurs libéralités, et nous avons aussi reçu des marques de la sympathie la plus grande de nouveaux collaborateurs, qui semblent avoir voulu, par leur zèle le plus dévoué, nous faire une large réparation en nous consacrant les précieux moments dont nous avait (1) Quiliou, Happort sur les cullares faites on ÎS65 au Jardin zooloqique (l'acclimatation dubois de Boulogne {Bulletin, 2'' série, t. Il, p. 639). (2) Docteur Pigeaux, Usage de la Coca en Europe {Bulletin, T série, t. 11, p. 112). (3) Craiiipoii, Sur la culture du Piatacia lentiscus {Bulletin, 2'" séi'ie, 1. 11, p. /i89). (/i) Bulletin, 2^' série, t. Il, p. Zil9. (5) Gauldrée-Boilleau, Utilisation industrielle des AscUpiadées {Bulletin, 'i' série, t. il, p./i^iS). (fi) 'l'iran, Midadie des Orangers dans le ruijaume de Idlence {Espagne) {Bulletin, 2" série, l. Il, p. ol9). . > . (7) Boulon!, Lettre sur la maladie des Citronniers {Bulletin, 2'' série, 1. li, p. o7u. (8) Josepii Lai'osse, IS'ote sur le Bandxnt Munlignij et sur le prétendu Bambou sacre de la Chine {Bulletin, 2" série, L 111, p. 3(i). (9) Bulletin, 2*- série, t. !I, p. 729. .. ; RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOniF/FE. LV privés jusqu'alors leur entrée plus tardive dans notre Société. LL. MM. l'Empereur et l'Impératrice nous ont continué leur bienveillante protection, et nous ont donné, comme toujours, la preuve de l'intérêt qu'elles portent à notre œuvre. Nous devons également témoigner de notre reconnaissance à S. A. le vice-roi d'Egypte et au prince Couza, pour l'appui qu'ils nous ont prêté. De riches envois vous ont été faits de toutes les parties du monde : de l'Europe, par MM. le prince Stirbey (1), Auré- liano (2), Bossin (3), Guilliem (à), de Milly (ô), Auzendc (0), Meynard (7), David^(8), îïuber (9), comte de Causans (iO), d,- Montval (11), Rouillé-Courbe (i-i). Fontaine et Dunot(lS), Chartron (J/i), Fulscli (15), Lavallée (10), de Gérando (i7), Djémil-pacha (18), GtM""'Deiisse ( ii)) ; — de l'Asie, par MM. Iiii- liaus (:>0), l'amiral Roze {'li), l'amiral delà Grandière rl'l), Dabry (23), Mourier (2/»), Champion (25), Godcaux(26), cap. l]eavan(27), E. Simon f28), Lépinc (29), Brenier de Moiitmo- rand (;'0), de Pina (3 1 ) et Berlandier (32) ; — de l'Afrique, par MM. Imhaus (33;, S. Exe. le maréclial Mac Ma'.ion (3i), Fai- dherbe (35), d Estienne (36), Berlhelot (37), Garnier (38), Munzinger (39), E. de Graudmont ^/jO), iléritte (/|1), Mor- purgo(/i2), cl M"'' Tynne (à 3) ; — d'Amérique par MM. ïexcirc- Lcite (/i/i), Baraqiiin [ho), Dibos (/iO), Vion (/|7), vicomte de (1) BiilMïn, 2' série, t. Il, p 7;>i. • ('J) Indlelin, '2" série, L II, p. 550. — (3) Ibid., p. 1150, 7/i'2. — iJX) IbùL, p. 52. — (5) Ibid., p. 7/i7. — (6) Ibid., p. ZiSG. — (7) Ibid., p. llti. — (8) Ibid., p. 12/|, 365. — (9) Ibid., p. 672, 737. — (10) Ibid., p. /iG. — (11) Ibid., \). J30. —(12) Ibid., p. Zi2o, Zi80. — (13) Ibid., p. 53, 131. — {ili) Ibid., p. 1!23. — (15) Ibid., p. 737. —(16) Ibid., p. 53. — (17) Ibid., p. 2'28. — (18) Ibid., p. 365. — (19) Ibid., p. 53, 131. — (•20) Ibid., p. Zil7. - (21) Ibid., p. 118. — (22) 7^/f/., p. hb, 129, 31G. — (23) Ibid., p. /i7/i, 550. — (2/|) Ibid., p. 22/|. —(25) Ibid., p. 130, 216. — (26) Ibid., p. /|18. — (27) Ibid., p. 365. — (28) Ibid., p. /428. -- (29) Ibid., p. 57, 7/i8. —(30) Ibid., p. 125. — (31) Ibid., p. 7Zj8. — (32) Ibid., p. 125. —(3:.) Ibid., p. 5.'i!). — (3/i) Ibid., p. 5Zi8. — (35) Ibid., p. 315. — (36) Ibid. p. /|S3. — (37) Ibid., p. 667. — (38) Ibid., p. 316, 708, 733. — (39) Ibid., p. 737. — CiO) Ibid., p. 66;^. — (M) Ibid., p. 365. — (/j2) Ibid., p. /i2/i. — (/i3) Ibid., p. 217. — (/i/i) Ibid., p. 7/i3. — (Ù5) Ibid., p. /i88. — (/i6) Ibid.,]}. 7"9. — (kl) Ibid., -p. 553. LVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOTQUE d'aCCIJMATATION. Beaumont (1), marquis de Camliefort ('2), Levraut) (3), de Vernouillet (i) et Roehn (5); — d'Australie, par MM. Wil- son (6), Mueller (7) et Ramel (8). Dans cette longue liste do donateurs, nous devons vous '^ionaler, à côté de MM. Wilson et Mueller, toujours si dévoués à la grande cause de l'acclimatation, ceux de MM. Yandal, qui vous a procuré à plusieurs reprises des espèces très- curieuses, et B. damier, qui a surmonté les dilTicultés d'un long et périlleux voyage dans les déserts du Soudan, pour vous rapporter des animaux qui n'avaient jamais encore paru vivants en Europe. Nos usages, mais plus encore nos sentiments d'estime et de confraternité qui nous unissent les uns aux autres, nous imposent l'obligation de terminer par de tristes paroles ce résumé analytique que, malgré sa longueur, nous regardons encore comme bien insuIKisant pour donner de vos travaux l'équitable idée qu'ils méritent. Chaque année, en même temps que nous souhaitons la bienvenue à nos nouveaux confrères, et donnons nos récompenses à tous ceux qui, de près ou de loin, ont coopéré activement à notre œuvre, nous avons la douleur de constater que plusieurs des hommes que nous étions heureux de rencontrer, ont disparu de nos rangs. Nous avons à regretter la mort de deux des souverains protecteurs de notre œuvre, LL. MM. le roi des Belges et le second roi de Siam. Nous avons perdu aussi un de nos délégués, M. le docteur Bazin, qui représentait à Bordeaux notre Société, et M. Hébert, notre ancien agent général, qui depuis longtemps déjà nous rendait des services dont nous garderons le souvenir; MM. l'abbé Bertrand, le comte de Beaumont, Beaurin, prince de Castelcicala, Cocteau, Chapard, docteur Civiale, marquis de Caulaincourt, comte de Ghasleignier, A. Gau, Geoffroy de (1) Bulletin, 2' série, t. II, p. /i88. — ('2) Ihkl, p. Zi83. — (3) Ihid., p. 552. - (7i) Ihid.. p. (i03. — (ô) lhi,l, j). GG'i. — (H) Und., p. 551, mi. - (7) //>/ie. M. Ferd. Exinger aîné, éducation de Castors en demi- domesticité, à Modlin (Autriche). M. Gimenez de la Espada, pour avoir rapporté de ses voyages dans l'Amérique méridionale de nombreuses espèces d'animaux. M. Glietz (Bussie), acclimatation d'Antilopes .saïga en Bussie. M""' Pem.\rtin (Espagne), création à Jerez (Espagne) d'un jardin d'acclimatation. I.XXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.lQUR D ACCLIMATATION. M. PiNONDEL DE LA Bertoche, au Clialfit d'Arguel, près de Besançon, bons soins donnés aux Lamas de la Société, M. SiTORSKv, fondation d'un jardin zoologique à Titlis (Caucase). MM. Garnot et Teyssier des Farces, création en France d'une race prolifique de Moutons par le croisement de Béliers chinois avec des Brebis mérinos. Hôdaille «le 9" classe. M. Benvenuto Gomba, à la Mandria, près de Turin ; nais- sance de Bouquetins, Antilopes nilgauts et autres anim.aux. iflonlioii honorable. M. Garbajal y Pizarro, à Gaceres (Espagne), introduction en Espagne d'animaux et de végétaux utiles. néeoiii|>eiiseN péeiinlairea. M. Moutotte, 1200 francs, bons soins donnés aux Lamas chez M. Pinondel de la Bertoche. M. Pinilla, gardien au jardin d'acclimatation de Madrid, 100 francs, naissances obtenues et bons soins donnés aux animaux, , -, p M. Amédée Vasseur, 100 francs, dressage de métis d'Yak, chez M. Fr. Jacquemart, à Quessy (Aisne). Deuxième section, — Oiseaux. Mrilailles (le 4" i-lasse. MM. P. Aquarone. D' Berg (la Réuaion). .1. Conioli (Puys-Bas). De Pina (Sumatra), hoiiani. -\l(''dailles do 2' classe. MM. Riissièro de Nercy. Karaziiie (Russie, Caucase). Plet. RAPPORT DR f.A COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXT M. Aquarone, à Toulon, éducation de Hoccos. M. le docteur Berg, à la Réunion, envoi d'oiseaux de Madagascar. M. J. CoRNELi, à Hontheini (Pays-Bas), établissement en Hollande de volières importantes el nombreuses reproduc- tions. M. DE PiNA, à Padang, envoi d'une ricbe collection d'oiseaux de Sumatra. M. RouARD, au Jardin d'acclimalation , reproduction de Faisans de Wallicii. MéUaeillo.s «le t^' clause- M. RussiÈRE DE Nercv, à Chantelle-le-Chàtean (Allier), éducation de Colins de Californie en liberté. Karazine, à Moscou, introduction à Moscou du Faisan du Caucase comme gibier. M. Plet, au Jardin d'acclimatation, reproduction de Céréopses. Troisième section. ~ Poissojts, Crustacés, Anmlules. INTRODUCTION ET ACCLIMATATION. M.-.lnlIlos ,1c 1" classe. McdaiUcs ,1c 2' classe. Rappel de médaille. M. le comte de Calbert. Nouvelles médailles. MM. P. Gervais. Hetting (Norvège). Professeur Rasch (Norvège). Sauvadon. Vallée. YunI (Australie). MM. André. Autard de Bragard (île Maurice). C. Bonieux (île Maurice). Ch. Chevrier. liansou (Norvège). (j. Imhaus. Vinson ( la P.éii- niKii). Mentions honai'iil.lcs, MM. Ghaumel. F. Gonneaii. I.XXVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. APPLICATION INDUSTRIELLE. ftDL le marquis de Selve. L. Vidal. M. Vandecastelle. I MM. Penissoii 100 fr. ' ' j J. Verneau. . . 100 .Mi'iliiilleM «le I'''' elaNSO. linppel (If iiu-dailli'. M. le comte de Galbert, à la Puisse, près de Voiron (Isère), travaux de pisciculture dans l'Isère. Nouvelles tnédaillfis. M. Paul fiERVAis, à Paris, introduction du Saumon dans l'Hérault. M. Hetting, à Christiania (Norvège), développement du Saumon en eau douce dans les lacs de la Norvège. M. le professeur Rasch, à Christiania, travaux de piscicul- ture en Norvège. M. Sauvadon, à Clairefontaine, multiplication d'Écrevisses à pattes rouges. M. Vallée, au Muséum, reproduction d'Axolotls. M. YouL (Austrahe), introduction du Saumon en Australie. MvcIailleN de 2^ elaNt«p. M. André, armateur à Grandcamp iCalvados), travaux d'ostréiculture. MM. AuTARD DE Bragard, Cil. BoNiEUX, à l'île Maurice, G. Imhaus, receveur général à Foix (Ariége), et Vinson, à la Réunion, introduction en France du Gourami. M. Chevrier, à Saint-GiMes (Vendée), travaux d'ostréicul- ture. RAPPORT DE I,A COMMIS ION DES RECOMPENSES. LXXVJ! M. HansoiN, à Slavangcr (Norvège), production de métis du Salmo trutta et du Salmo alpitms. . . .tBention«« honorables. .... M. CiiAUMEL, commandant du Leyer, à Arcachon (Gironde), zèle |)0ur l'organisation des parcs impériaux d'Arcachon et pour les progrès de l'ostréiculture. iM. Faustin Gonîseau, à Limoges, organisation d'un bel établissement de pisciculture. Récompense pécnnlairc. M. Pénisson, 100 francs, travaux d'ostréiculture. APPLICATION INDUSTRIELLE. Médaillej^ de i'''^ cIn«4Me. M. le marquis de Selve, à la Ferté-Alais (Seine-et-Oise), établissement très-considérable pour la culture des Écrevisses. M. Léon Vidal, à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rliône), établissement, dans le canal de la Molle, de bouchots à Moules, etc. Médaille de 2'' claen.>>e. M.Chalot, instituteur public à la Proiselière (Haute-Saône), culture et distribution de végétaux, et publications diverses sur l'agriculture. M. Gastinel, au Caire, observations sur la culture des céréales en Egypte el sur la fabrication de l'opium. M. GUELL, à Moscou, arrangement de la partie botanique du Jardin d'acclimatation de ^loscou et acclimatation de végétaux. RAPPORT DE LA COMMISSION DES Rl-COMPENSES. LXXIX M. le général Khérédine, à Tunis, organisation à Tunis d'un jardin à l'européenne. lUéflnillo «le 2*^ eIa<4Me. M. L. Maurice, délégué de la Société à Douai, culture du Lo-za. Prix cxtraoï'ilinnircs. Indépendamment des récompenses précédentes, la Société impériale d'acclimatation a eu l'occasion de décerner quel- ques-uns des prix qu'elle met chaque année au concours. Ur, comme chacun de ces prix représente une nouvelle conquête, un nouveau progrès dans l'acclimafation, nous n'avons pas besoin d'en faire ressortir l'importance. M. F. Jacquemart, à Quessy, prés de la Fère (Aisne), a rem- porté la prime de 800 francs proposée pour le dressage de métis d'Yak au labour. M. Euriat-Perrin, à Roville (Meurthe) , la prime de 1500 (v. pour élevage de Chèvres d'Angora de pur sang. M. Fr. LEQUiN,à la ferme-école de Lahaycvaux (Vosges), la première prime de 1200 francs, et M. Fabre, directeur de la ferme-école de Vaucluse, à Saint-Privat, la deuxième prime de 800 francs pour élevage de Chèvres d'Angora métisses, trois quarts de sang. La Société d'acclimatation avait aussi ofYcrt deux médailles pour les meilleurs mémoires traitant de l'éducation des Vers à soie du Mûrier du Japon, pour la récolte de 1865. Le con- cours a été fort remarquable, sinon par le nombre des concur- rents, du moins parla valeur des travaux envoyés. M. Buisson, à la Tronche, près de Grenoble, a obtenu la première médaille, d'une valeur de 300 francs. LXXX .SUCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. El M. A. (le Malzac de Sengla, à Sauve (Gard), la seconde médaille, d'une valeur de '200 francs. Enfin, les deux primrs annuelles, fondées par un généreux anonvme, membre de la Société, ont été décernées : Celle de 200 francs à M. Blondel, employé au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne. ■ Celle de 100 francs à M. Moron, gardien au jardin zoolo- gique de Madrid. ■#■■ • BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIETE IMPÉRIALE zoo LOGIQUE D'ACCLIBiATATION FONDÉE LE 10 [•ÉVRIER 185Z|. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). KAPJ'OIIT Slil L'OSTRÉICULTURE A AUCACIION, Par M. le doeleigr J. L. S©ÏJEIEISS.li\'. (Séance Ju 29 décembre 18G5.) Le bassin d'Arcaclion, qui a produit de tout lenips des quantités considérables d'iluîtrcs justement estimées, « ullie, )) au moment de la [dcine mer, l'aspect d'une petite mer » intérieure d'environ 100 kilomètres de circonférence et » 1500 kilomètres carrés de surface, participant au llux et » au reflux de l'Océan. Sur la moitié de cette vaste baie, du Fir.. 1. f £;\RO'JfC PrIOT » côté du levant, dans la partie comprise entre Arcachon, » l'île aux Oiseaux, Piquey, Audenge, Gujan et la Teste, on » remarque une centaine d'habitations flottantes, au-dessus (1) La Sociôtc iic pieiKl sous sa rcsponsabililé aucune des opinions tjmises par les auteurs des ailicles insérés dans son Bulletin. 2'' SÉRIE, T. ni. ~ Janvier 186(3, 1 2 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. » (lesquelles s'élève une colonne de fumée semblable à celle 5) de la cheminée d'un pelil bateau à vapeur. Ce sont des » pontons servant de logement aux gardiens des dépôts » d'Huîtres. Ordinairement ils se trouvent placés vers le » centre de ces étroits mais riches domaines, composés d'en- » viron li hectares. Une balise surmontée d'un grand numéro ' » d'ordre peint en blanc sur un fond noir est placée à l'une » des extrémités de chaque propriété, cl reste ap[)arcnte » même aux plus hautes marées. Des jalons de branches de » pin, distribués de dislance en distance et décrivant tantôt » des cercles, tantôt des trapèzes variés, fixent les limites de » chaque parc (1) » A marée basse, la baie change d'aspect, les eaux ont » repris leur route vers l'Océan. Les crassals (bancs de sable » émergents) sont à nu et les pontons à sec. De tous côtés, T> sur les parcs, on voit les marins, leurs femmes et leurs » enfants, occupés dans ces domaines : ils ressemblent à des 1) groupes de glaneurs dans un champ... En effet, la culture » des Huîtres a la plus grande analogie avec celle des terres. » La connaissance du terrain, sa préparation, les semailles » des Huîtres mères, la récolte du naissain, sa distribution » sur d'autres fonds, la destruction des ennemis qui pour- » raient leur nuire, établissent une ressemblance frappante » entre l'agriculture sous-marine et l'agriculture proprement » dite. On cultive une Huître comme un grain de blé (2). » Le bassin d'Arcachon offre deux sortes de fonds huîtriers, les crassats, ou terrains émergents, et les chenals, qui ne découvrent jamais. Pendant de longues années, grâce aux circonstances nombreuses qui font du bassin d'Arcaclîon l'Eldorado des Huîtres, les pêcheurs récoltèrent d'imnicnscs quantités de ces mollusques, justement appréciés en raison du sol sur lequel ils s'étaient développés. Le bassin four- nissait amplement aux besoins du pays et des contrées envi- ronnantes, et môme ses produits étaient transportés au loin (1) X. Mouls, IcsIIuitrcs, i8GL\ p. o. ('2) Mouls, loc. cit., p. o2. L OSTREICULTURE A ARCACIIÛN. 3 par de nombreux navires ; puis, un beau jour, on vit tout décroître et la récolte devenir insignifiante. A force de pécher, pendant le temps permis comme hors des moments fixés [)ar les règiemenls, à l'époque du frai môme ; à force de four- nir des lluilres à toute la France, à l'Angleterre, à la Hol- lande, etc., on avait tari la mine qu'on pensait inépuisable, on avait tué la poule aux œufs d'or! Mais voyons quel est l'état actuel du bassin d'Arcacbon, et quels moyens peuvent être utilement employés pour lui rendre au moins sa fertilité ancienne. Les crassats forment trente bancs qui sont, en général, dans un état peu satisfaisant, en raison des herbiers et des flaques bourbeuses qui en sont la conséquence ; car ceux-ci font disparaître presque partout le sol coquillicr sous une couche de détritus et de bourbe vaseuse de 0"',10 à 0'",20, qui stérilise le sol et frappe de mort les Huîtres qu'on y dépose. En effet, M. Chaumel, commandant du brick le Lcycr, a constaté à plusieurs reprises que des Huîtres mises dans cette vase ne tardaient pas à y noircir et périssaient en quelques jours. Une autre preuve que cette saleté des fonds est préju- diciable à la production des Huîtres, c'est que ceux des bancs qui ne sont pas complètement obstrués donnent encore quel- ques produits, et en fournissent d'autant plus, que leur surface est plus propre (i). Il est une autre cause d'appauvrissement que nous devons signaler immédiatement : c'est la destruction des Huîtres par les Bigorneaux perceurs {Nassa reticulata), qui sont si nombreux, que dans une seule marée de deux heures, douze marins du Lcyer ont recueilli, en mars, époque, il est vrai, la plus favorable, sur un espace de /|0 hectares (Lahillon de l'île), i/i 000 de ces animaux (2). (1) Les fail3 observés sur les parcs imjx'riaux de Grand-Cès, Crasiorbe et Laliillon, cl (jue nous rapporlorons avec détail plus loin, démontreul d'une manière péremptoire que le dévasemcnt des bancs est le remède souverain pour rendre au banc leur iertililé première. ['!) Les plus petits liigorneaux, ceux qui atlei-nent à peine le volume d'un grain de blé ù celui d'un pois, jjlacés sur des coquilles garnies de quinze à vingt naissains, les percent l'un après l'auUe, et ne quittent la coquille a SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Si les crassals soiil dans un état déplorable , les che- nah (1) ne valent guère mieux, étant infestés aussi par le dépôt d'herbiers, la vase amoncelée par les gros temps (2), et une myriade de Bigorneaux perceurs qui attaquent sans trêve ni merci le peu de mollusques qui ont pu se développer dans des conditions aussi fâcheuses. Pour exprimer en un mot ce qui existe aujourd'hui, il nous suffit de rapporter ici ce que nous avons vu par nous-même le 1" décembre dernier. Quatre-vingts embarcations qui ont dragué dans les chenals de Lanton, de Certes et de Germanan, ont eu une moyenne de six paniers par bateau (à 120 Huîtres par panier, cela donne 28 800 Huîtres). Le chenal de Lanton a donné une récolte insigniliante, trois ou quatre paniers seulement, celui de Certes une cinquantaine; le reste provenait de Ger- manan, où la pêche a été assez bonne; mais il faut observer que, dans ces dernières années, une notable quantité d'IIuîtrcs y a été déposée par le Légei\ et par conséquent il y a eu à Germanan une pèche anormale (o). Daus le but de rendre à la baie d'Arcachon une nouvelle qu'après avoir achevé Icdeniio!'. lis pci'coiit ca une demi-heui'e une lîuîlre d'un mois; ils sont plus redoutables encore que les Bij^orncaux adulles, (jui passcul huit lieurcs avant d'avoir pu perforer la coquille d'une Huîlre de trois ans, et qui ne s'attaquent guère aux Huîtres d'un plus gros volume. (1) Cette année, le chenal d'Eyrac, qui a été dragué par cinq embarcations diuis loulc son étendue, n'a donné que douze Huîtres grosses, vieilles et très-sales. Dans le chenal de Tcychaii, elles n'ont pris que c/nry Huîtres. (2) Quelques personnes pensent que le vent du nord peut détruire ce (pi'a lait le vent du sud, et ([uc la vase apportée par l'un est emportée par l'autre. Ceci est vs ai pour le i)k!s gros du dépôt ; mais il reste des parties très-ténues de vase qui se sont infiltrées dans les moindres interstices, et ce sont juste- ment ces parties qui sont les plus meurtrières pour l'IItâtre, qu'elles étoudent. (3) Les clienals ont été dragués les jours suivants, et ont donné des résultats plus satisfaisants, les premiers draguages ayant débarrassé les Huîtres de la couche de vase qui les couvrait. Ce fait est du reste assez ordinaire, et souvent on voit les pécheurs qui viennent en troisième ou qua- trième rang faire une meilleure récolle que ceux qui les précédaient, (juoi qu'il en soit, il n'en est pas moins constant que les quantités récoltées aujourd'hui par les pécheurs d'Arcachon sont bien inférieures à celles qu'ils recueillaient autrefois. L'OSTRÉICULTUr.E A ARCACIION. 5 fertilité, le convernement, sur l'initiative de notre confrère M. Coste, a décidé l'établissement de parcs d'études sur trois points du bassin, à Grand-Cès, Crastorbe et Labillon, et ces fermes-modèles ont donné des résultats tels, qu'aujourd'hui elles fournissent plus d'IIultres que le bassin tout entier, et qu'on a l'assurance de pouvoir fertiliser facilement toute la baie. Les faits dont nous allons vous entretenir, et que nous avons pu vérifier pendant notre visite, sont constatés dans un rapport officiel qui nous servira de guide, et qui .est dû à M. Chaumel, commandant le L<'(jer. FiG. 2. '/>^lë^^ '^•^..■«y» Parcs impériaux de Grand-Cès et de Crastorbe. — Ces deux parcs (1), d'une contenance totale de 25 hectares, furent établis au commencement de 1860, sur des crassats (!) Crastorbe, qui a 12 hectares de superficie, est établi sur les crassats nord-est de l'île aux Oiseaux. Nous y avons vu des classes d'Amérique qui y vivaient dans le sable, mais sans qu'on ait pu vérifier de reproduction. Grand-Cc's, situé en lace de Crastorbe, a 10 hectares, entre Gernianan et la Gravière, 6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOIJE d'aCCLIMATATION. OÙ exislaient déjà des Iluîlres ; car on a trouve à Craslorbo ZiOO 000 Iluîlres, dont 50 000 à peine de volume, marchand, et 600 000 petites Huîtres sur le Orand-Ci-s, qui avait été péché en 1S59. A l'est dcCrastorbe, on ne trouve pas d'IIuîlres,non plus qu'à l'ouest de Ces. On a jeté un million d'IIuîlres sur les parcs, mis 100 mètres cubes de coquilles de Sourdon [Car- dium edulc), et réparti 197 collecteurs sur toute la zone des basses marées. Ces collecteurs étaient formés de huit plan- ches longues de 2 mètres, larges de 25 centimètres, et sou- tenues à 25 centimètres au-dessus du sol par des montants et des traverses. Ces planches étaient garnies à leur surface inférieure de fascines destinées à jouer le rôle de collecteurs du naissain, ou de coquilles fixées par du brai chaud et se solidifiant par le refroidissement. On établit également des collecteurs au moyen de tuiles (10 000) maintenues au-dessus du sol par des traverses de bois. Tous ces appareils, de mémo que les coquilles de Sourdon, éparses à la surface des parcs, furent couverts de naissain, et bien que de 1862 à 18(35, on ait retiré 8 millions d'Huîtres pour ensemencer diverses loca- lités voisines ou éloignées, il reste aujourd'hui sur les parcs, en grosses et petites Huîtres, environ 16 millions d'Huîtres (1). (1) On a enlevé sur le parc de Crastorbc, d'avril Î8G2 à mars 18G5 /l /in/i 890 Huîtres. Td. sur celai de r,rand-Cès ■ 3 180 '212 Total 7 651 1012 Huîlres. Pari-' lie d'iind-Crs. Pnro do fh'nstnrbo. Huîtres mères existantes 3788000 1792000 . , . .„ i' Sur le sol Il^i2000 ;^.3G000 Au-ucssousdelataillei .,, , , , < Atlacnccs aux co- \ quilles /o3 720 oialoU Naissain 5 892 730 1 834 500 Total ... 1 1 57(i iôO Total . . /l 480 720 On a jctr , Huîtres mères r)00 000 r)00 000 Il V avait 01)0 000 /lOOOOO Total. .. 1 100 000 Total. . . !)00 000 Non eompris les Huîtres enlevées du parc, on a ilono produelion de... . 10 47Gû/iO Huîtres. 3 58G720II. En résumé, les deux parcs offrent. . . . 14 003100 On a enlevé 7 001 102 Total . . . 2171/1262 LOSTREICULTURE A ARCACIION. 7 Parc impérial de Lahillon. — Ce parc, établi sur la partie d'un crassat d'environ 3 kilomètres de long sur liiO mètres de largeur moyenne, et qui a par conséquent une superticie d'environ /lO hectares, est le troisième parc impérial établi par l'équipage du Léger, sous l'inspiration de notre confrère M. Coste; il occupe environ /i hectares de superficie. Lors- qu'on a commencé les travaux, on n'a pas trouvé une seule Huître dans la partie sud-est de Lahillon, bien que cependant une prime eût été promise aux hommes [lour chaque Huître qu'ils trouveraient. Dans l'extrémité sud-ouest, on a trouvé quelques Huîtres noires, sales, de grande dimension {Pieds- de-chevnl), sans naissain. On avait donc affaire ici à une huî- trièrc éteinte, et qu'il fallait régénérer. On a commencé par mettre à nu l'ancien terrain coquillier, en faisant enlever une couche de vase qui le couvrait et avait environ 10 centimètres d'épaisseur. Ce travail, exécuté par des marins du Léger, a commencé en juin 1863, pour ne se terminer qu'en janvier 1865. Cependant des juin ISOZi on y a semé 178 000 Huîtres mères, en même temps qu'on plaça 250 tuiles et une certaine quantité de coquilles d'Huître et de Sourdon destinées à servir de collecteurs. Dès la première année, les résultats furent assez beaux, car on compte jusqu'à dix naissains par coquille, et cent, en moyenne, par tuile. En février 1865, on a complété le nombre de 500 000 Huîtres, en semant 322000 Huîtres mères, et l'on a remplacé celles qui avaient été ven- dues au profit de Notre-Dame d'Arcachon, par un môme nombre d'Huîlres moins grosses provenant du parc impérial de Grand-Cès. Dans les premiers jours de juin 18(i5, on a formé 270 ruches collectrices au moyen de 5736 tuiles, en môme temps qu'on répandait sur le parc une grande quantité de coquilles d'Huître et de Sourdon, et de débris de tuiles destinés à servir également de collecteurs pour le naissain. Le résultat de celte année est très-remarquable, car on .t compté en septembre dernier : Jounes Huîtres sur les tuiles 1 259 2iS — sur les Huîtres mères 2GS0 000 — sur fies coquilles et des piquets ... 1 2'i6 000 Total .... rvîsr)2/iS 8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Or, à ce chiffre il faut ajouter les 500 000 Huîtres mères qui ont été semées sur le parc, et les petites Huîtres de l'an dernier, qui dépassaient 1000 000, ce qui donne G685 2'j8 Huîtres, en chiffre rond, 6 000 000 d'Huîtres. Or, ce travail a exigé 1866 marées de deux heures chacune (à 1 fr. 50 cent, par homme), ce qui donne une dépense de 2799 francs : mettons, avec le prix des outils, 2800 à 3000 francs, ce qui équivaut à 750 francs l'hectare. Il faut en outre, au propriétaire du parc, quatre hommes à l'année qui surveillent et travaillent aux grandes marées, et dont le salaire monte à 2600 francs (1). L'achat d'une tillote (hateau-ponton servant de maison de garde) monte de 800 à 1000 francs. Pour le détroquage des Huîtres et la chasse aux Bigorneaux perceurs, en prenant pour chiffre 1000 marées (à 1 fr. 50 c. par homme, 1 fr. 25 c. si l'on emploie des femmes, qui peuvent très-bien faire ce travail), il y aura une dépense de 1500 francs (2). D'autre part, on n'a employé que 7500 tuiles (à 55 francs le mille rendu sur place), n'en ayant pas davantage, ce qui fait une somme de AOO francs (3). Ajoutons à cela l'achat des 500 000 Huîtres mères, qui se monte à environ 20 000 francs aujourd'hui, et nous trouverons une dépense de 28 500 francs pour la mise en exploitation d'un parc. Mais comme le nombre des tuiles était insuffisant, supposons qu'on en ait placé 20000, ce qui n'a rien d'exagéré et aurait dû être fait, et nous arriverons à un chiffre rond do 30 000 francs pour les dépenses. Notons alors que la récolle sera singulièrement (1) On (loil avoir trois gardiens à GOO IVancs, et un s^ardien cliei'à 800 fr. = 2600 francs. Mais comme ces hommes n'auront qu'une nuit de garde sur quatre, et pourront se livrer à la pèclie pendant les petites marées, où le travail n'es! pas possible sur les parcs, il seia facile de diminuer cette dé- pense, qui est fixée sur le salaiic donné à un seul marin, exclusivement chargé de soigner le parc. (2) A Lahillon, on n'a eu que 990 marées ou corvées, représentant l/i85 francs. (3) Vingt mille tuiles, qui auraient pu être placées sur le parc de Lahillon, auraient occasionné une dépense de 1100 francs. l'ostréiculture a arcâchon. 9 augmentée, puisqu'on aura employé 20 000 collecteurs tuiles au'lieu de 7500(1)! On a observé que, dans les ruches collectrices, les tuiles supérieures (2) qui forment le toit ne donnent pas de résul- tats sérieux, et que la base est plus chargée que la toiture, quoique sa population soit moindre que celle du centre de l'appareil : aussi est-on obligé d'abaisser la moyenne de 300 à 223, pour avoir un chiffre qui se rapproche de l'expression de la vérité. Or, sur 7536 tuiles, il faut en compter 21(30 qui, formant la toiture et demeurant exposées au soleil pendant deux à trois heures, offrent une moyenne de 28 Huîtres. Soit GO ^80 Huîtres. 5376 tuiles multipliées par la moyenne 22'3 donnent lin,S8i8 Total 125'J328 Huîtres. Les Huîtres qui ont l'té tenues propres ont donné 2 680 000 (536 pour 100). Les piquets indicateurs des che- mins et les coquilles (Huître et Sourdon) ont donné, naissain compté, 12/i6 01/i Huîtres. 11 faut noter en outre qu'une grande quantité do naissain fixé à des points imperceptibles n'a pu être comptée (3). Enfin, 105 fascines ont fourni en (1) Si nous résumoas tous ces cliillres en un tableau, nous aurons : •18GG marées, à 1 fr. 50 2799 fr. Mettons 3000 fr. Frais de gardiennage 2600 2600 Achat de tillole 800 à 1000 1000 Corvées de Rigorneaux 1^85 1500 20 000 tuiles 4 100 1100 500 000 Huîtres mères semées. 20000 20000 2898i fr. 29200 fr. (2) Les tuiles routes donnent une moins grande quantité d'Iluîires qui s'y attaclient, et l'on ne peut expliquer ce phénomène que par la dilî'érence d'irradiation lumineuse, et non à la composition chimique, car ces tuiles ne présentent ce phénomène que sur leur face extérieure exposée à la lumière, et sont aussi chargées que les autres à leur face inférieure qui regarde le sol. (3) Dans le nettoyage et la mise en ordre du parc, et dans le grattage des allées d'exploitation, on a trouvé sur le sol beaucoup de jeunes Huîlres de l'année (jusqu'à 300 dans une seule allée). Toutes les jeunes Iluîires ne figurent pas dans les comptes indiqués ci-dessus, et formeront un appareil considérable qui contrebalancera tous les déchets qu'on pourra supposer. 10 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. moyenne 80 Huîtres chacun, ce qui fait S/iOO Huîtres; mais ces collecteurs, qu'on peut employer avec avantage clans les terrains non érnergenls, ne sont pas aussi bons pour les cras- sals, car ils restent quekjue temps exposés h l'air, et cette alternative d'émersion et d'immersion dctcrmine rapidement leur destruction (1). Somme toute, on a compté : Jeunes Huîtres sur les tuiles 1 259 2'iS Huîtres. Huîtres mères 2 080 000 Cofjuillcs, piquets, etc. . . . , 1 2AG014 Tdtal T) 185 202 Huîtres. Or, la valeur de 5 000 000 d'IIuîlres est de 20 0000 francs; si nous en défalquons ."'OOGO francs pour les dépenses d'in- stallation, nous arriverons à 170 000 francs. Si nous suppo- sons pour imiirévu, froid (-2), négligence, etc., une perte d'un quart, qui serait 50 000 francs, nous aurons encore un total de 1*20 000 francs. Comme la vente ne devra se faire que la troisième année après la première ponte, il y aura une perte d'intérêt, mais nous pouvons en faire abstraction en présence du magnifique résultat obtenu. Admettons cependant encore (1) M. Cliaumel a observé qu'il était nécessaire de laisser quoique temps les tuiles exposées à Tair avant de les remettre en place, et qu'il fallait or- ganiser les ruches seulement au moment où les Huîtres lâchent leur frai en quantité, ce (pii est facile à vérifier par la coloration de l'animal. Sans celte précaution, des matières ténues et visqueuses viennent se déposer sur les tuiles et leur retirent leur qualité de bons collecteurs, et d'autre part une foule de zoophytcs et autres animaux marins s'y fixent et occupent toute la surface que le naissain aurait couverte. Le meilleur serait d'avoir un double jeu de tuiles poui' en avoir toujours un à l'air, et détruire ainsi toulc la matière animale qui pourrait l'enduire. 11 faut aussi avoir grand soin de ne placer les tuiles recouvertes du ciment qui doit faciliter plus lard le détro- quage que lorsque le ciment est bien sec et bien pris : faute d'avoir eu cette préciuition, les tuiles de Al. de 'l'hury, qui avaient été déposées sur le parc (le Laliillon cette année, n'ont reçu qu'une quantité relativement mi- nime de naissain. (2) L'a!)aisscment de la température détermine une niorlalilé très -grande chez les jeunes Iluîlres; aussi, à l'époque des grands froids, a-t-on la précau- tion de placer les tuiles dans des rigoles telles que l'eau ne les quitte jamais, et forme ainsi une protection eflicace au naissain. L OSTREICULTURE A ARCACIION. 11 que cette année soit exceptionnelle, et comptons sur un quart (le la récolte actuelle (dont on a déjà prévu la perte d'un quart sur la totalité actuelle), ce qui donne 30 000 francs, et comptons /i500 francs représentant les frais de garde et les corvées, ])lus 500 francs pour les faux frais (réparation de tillote-ponton), le résultat sera encore de 25 000 francs en trois ans, c'est-à-dire un produit de /iOOO francs environ par hectare pour 750 francs de dépense, qui devra, à partir de cette époque, se renouveler chaque année, et de plus on pourra vendre les ôOO 000 Huîtres mères, qui seront deve- nues inutiles à la reproduction du parc. Tous ces résultats, quelque surprenants qu'ils paraissent, ne sont cependant encore rien en comparaison de ce qui aura lieu quand toute la haie sera concédée, car alors la perte sur la récolte tombera de ijlx à J/.IO' : ce qui est facile à comprendre, puisque chaque concessionnaire détruira les Bigorneaux perceurs qu'il trouvera, et faisant ainsi Véchenil- hige de son parc, diminuera les causes d'appauvrissement de sa récolte. Cela est démontré, dés aujourd'hui, par l'ohser- vation. En effet, malgré l'immense étendue de terrains vagues où les Bigorneaux pullulent à loisir, les chasses faites par les marins du Légei- ont amené une diminution sensible de ces parasites dans les parcs voisins de Lahillon , comme en témoignent les propriétaires. Lorsque nous avons, le 1^' décemlire dernier, visité les parcs impériaux d'Arcachon, nous avons pu vérifier la splen- deur de la récolle qui s'y prépare, et nous avons admiré leur aménagement, qui nous a rappelé celui des jardins maraî- chers des environs de Paris, si hien organisés pour donner la plus grande quantité de produits possible. Nous étions, en effet, au milieu d'un jardin avec ses allées et ses sentiers dis- posés de la façon la plus heureuse pour faciliter le travail et la surveillance, et nous pouvions nous promener au milieu de plantes-bandes d'une horticulture nouvelle, produisant des Huîtres au lieu de plantes, et encore l'illusion eùi-elle été possible, puisque çà et là des Anémones de mer aux teintes variées s'épanouissaient à la lumière, et semlilaient former 12 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOniQUE D ACCLIMATATION. des fleurs qui se détachaient par leurs éclatantes couleurs sur le vert foncé des herbiers et des algues. Nous avons recueiUi plusieurs échantillons que nous mettons sous vos yeux, et qui vous donneront la preuve de la fécondité du parc de Lahillon, car ces spécimens ont été, pour ainsi dire, pris au hasard : un piquet (fig. 1) servant à indi- quer les limites des allées d'exploitation porte 15 jeunes Huîtres qm se sont fixées au point de niveau des herbiers, c'esl-à-dire là où une humidité constante leur a oiïert les conditions les meilleures ; une Huître mère chargée de /(o jeunes coquilles provenant du naissain de l'année ; une autre Huître chargée également de naissain (fig. 2), mais déjcà un peu plus développée en raison de son âge plus avancé, nous présente 2! jeunes Huîtres. Enfin, une tuile est couverte d'une quantité énorme de jeunes Huîtres de l'année (fig. 3), qui ne s'élèvent pas à moins de 300 à 350. Vous pourrez observer sur une autre tuile {i]'j;. h), qui pré- sente des Huîtres de la ponte de J86/i (un an), avec quelle facilité elles se délroquent, c'est-à-dire se séparent du corps collecteur. Dans le cas même où la main de l'homme n'aurait pas fait ce travail, il se serait fait do lui-même, quoique moins régulièrement, et l'on sait quelle est l'importance du détro- quage des Huîtres pour avoir des animaux à coquille bien conformée. Tous ces résultats que nous avons observés exigent des travaux assidus, et pour ainsi dire continuels : aussi est-il essentiel d'avoir des gardiens sûrs et dévoués à leur œuvre, et c'est une condition essentielle de réussite ; et nous croyons que des services de ce genre doivent être largement rému- nérés, ce qui, du reste, est toujours le meilleur moyen de pouvoir exiger un travail bien fait. « Un bon cultivateur trouve loujonrs manière à s'occuper 5) dans son domaine sous-marin, et la diversité des saisons fait » seulement varier la nature de ses travaux. Ces travaux n'ont » pas, toute l'année, le même degré d'importance et de » nécessité. Multipliés à l'époque des semailles (avril et mai), » et surtout à celle de la récolte (de septembre à février), ils L'OSTnÉIGULTUr.E A ARCACIION. 13 y> accordent un peu de repos dans la saison du frai (de juin » en septembre). Toutefois, même alors, l'emploi du temps )) est facile à trouver. Tout en s'abstenant, autant que pos- » siblc, de parcourir le dépôt, même avec des patins, afin » de ne pas troubler la ponte des Huîtres, néanmoins il faut FiG. // Mj'iiiiijffii>ip i.iiiii II » veiller toujours à ce que la vase, les sables, les herbes, les » poissons ennemis, et surtout les Moules, ne l'envahissent » pas. Mais les grands travaux commencent en septembre et se )) prolongent jusqu'au mois de mai. Une inspection générale » de toute la propriété doit en signaler l'ouverture. Le sol est » aussitôt purgé des matières inutiles ou nuisibles. D'un côté, » on enlève le trop-plein de vase pour le transporter sur un » fond purement sablonneux; de l'aulrc, on élague les mau- » vaises plantes, on arrête ou détourne des courants, on )i ménage sur certains points des filets d'eau pour alimenter » le parc aux heures de basses mers. Après ce travail prépa- » ratoire, les Huîtres mères, devenues maigres, sont mises » comme au pacage pour être engraissées. On change souvent » de place tous ces mollusques, pour les polir, les faire croître Ih SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'AGCLIMATATION. » et les rendre meilleurs. Chaque âge a son compartiment. » Environ dix mois après la ponte, il faut extraire le nais- » sain des collecteurs, et le semer dans ses carreaux. Après » une dizaine de mois de séjour sur les collecteurs, les valves » ont assez de consistance pour qu'on puisse les détacher » sans compromettre la vie du mollusque. Mais, à cette » époque, il faut le détacher, sous peine de lui laisser prendre )) sur l'appareil une forme désagréable et funeste. » Des occupations de cette nature exigent plusieurs )i ouvriers. Le gardien les surveille, les dirige, distribue à » chacun son rôle. Les uns nettoient les appareils, les autres » détroquent les Huîtres; ceux-ci les sèment; ceux-là font le 5) triage, choisissent les Huîtres marchandes, les disposent » dans des paniers ; d'autres les livrent h la consommation. » Tous font la guerre aux ennemis des Huîtres (les Canards, » les Poissons), et surtout au Crabe {Ctuœer mœiias) et au )) Nassa reticulaia, vulgairement appelé Courmailkau, deux )) ennemis terribles par l'union de leurs attaques {\). » Le procédé de mise en culture des crassats qui émergent ne peut pas être mis en pratique dans les terrains non émer- gents, dans les chenals, par exemple, mais on peut et doit y suppléer par le draguage, qui nettoie les fonds et donne de nouveaux points d'attache aux naissains. Cette opinion, que quelques personnes contestent encore, mais à tort, trouve sa sanction dans divers faits dont nous ne citerons que deux. Lors de la construction du pont de Lorient, qui devait être établi sur l'emplacement d'une Imitriére assez prospère, l'administration de la marine, pensant qu'elle serait détruite, permit qu'elle fût draguée à fond : malgré cela, et malgré le lroui)le que l'établissement des piles dut apporter dans cette localité, les Huîtres, trouvant une masse nouvelle de points d'attache, y fourmillèrent bientôt, et le banc fut en peu de tcnqis plus riche qu'il n'avait jamais été. Il y a quelques années, on permit aussi le draguage à fond d'une huitrière de Penerf (Morbihan), qui paraissait sur le point de s'éteindre : sous l'iniluence de ce travail, qui remua toute la vase amon- (1) X. Mouls, lue. cil., p. (32. l'ostréiculture a ARCACIION. 15 celée sur le banc, celui-ci redevint bicnlot aussi prospère que par le passé. Sans doute il y a une mesure à garder dans l'application du draguage : il ne faut pas arguer de l'avantage de son emploi dans les mers intérieures, pour l'appliquer sans res- triction auK bancs situés au large; mais il est sans contredit bien préférable à la pêche cà la main, car il y a bien moins Fiu. à. de naissain sur les Huîtres mères que sur le sol, et les jeunes Huîtres échappent, à raison de leur petitesse, presque toutes à l'action de la drague, alors qu'elles sont écrasées par milliers sous les pas des pêcheurs qui parcourent les bancs décou- verts (1). (1) Le naissain atlaclié aux grosses IJiiîtres ne cotisliliic jamais la richesse (rnn ijanc, sans ([uoi on ne pourrait jamais drainer. La véritable produc- tion est sur le sol, sur les graviers, sur les débris de coquilles, etc., au\- c[uels s'attachent les [luîtres naissantes, et que la drague expose à rattache du naissain. Des moyennes nombreuses prises par .M. Chaumel, èi Arcaclion et sur un grand nombre d'autres points du littoral, lui ont démontré que la destruction opérée sur le naissain p,u- la drague n'atteint pas tout à lait 1 pour 100. Pour les embarcations, où les personnes qui les montent mar- 16 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION- Les faits que nous venons de rapporter nous autorisent à penser que le bassin d'Arcachon pourra retrouver sa fertilité passée, et le meilleur moyen serait, de l'avis de toutes les personnes qui ont étudié les huîtrières, de faire des con- cessions sur les 200 hectares qui peuvent encore y être utilement affectés à la culture des Huîtres; et, en agissant ainsi, on donnerait une grande valeur à un immense espace qui n'en a presque aucune aujourd'hui, car les herbiers l'envahissent, ainsi qu'une quantité d'animaux inutiles pour l'alimentation ou nuisibles pour les établissements déjcà existants. Les quarante-quatre concessions, en supposant que chacune eût h hectares de superficie, et il semble que ce soit la dimension la plus convenable, pourraient être livrées à l'industrie sans aucun inconvénient pour la classe si intéres- sante des marins, et sans diminuer les chances déjà si pré- caires de gain que leur donne aujourd'hui la pêche du bassin. Tout au contraire, si l'administration de la marine voulait entrer dans cette voie nouvelle, chaque année une somme considérable d'argent passerait dans les mains des marins appelés nécessairement à faire la majeure partie, si ce n'est la totalité des travaux de défrichement, de gardiennage et de culture de ces nouveaux domaines (1). En augmentant le nombre des huîtrières cultivées, on détruirait, comme nous l'avons déjà dit, une proportion plus considérable des client sur les Huîtres sans soin du naissain, la proportion atteint près do k pour 100, et après le comptage et la livraison elle dépasse 5 pour 100. Le naissaiu pondu en juillet est plus détruit que celui pondu eu août et septeuibre, car il esl plus exposé à des frolleuients cl à des chocs que la fai- blesse de récaille ne peut supporter. (Cliaumcl.) (1) En prenant ])our base les renseignements contenus dans le rapport dont nous avons déjà parlé et qui nous a été si précieux, on trouve que pour 200 hectares qui seraient livrés à Tindustrie, à raison de Ix hectares par concession : Le défrichement, à 750 fr. l'hectare, donnerait. . . 150 000 fr. Les frais de gardiennage et le travail de Zi hommes. 1^0 000 Les corvées, à 1500 francs par concession 76 000 355 000 Ir. l'ostréiculture a arcachon. 17 ennemis du précieux mollusque (1), et l'on attcnuerail au moins, si l'on ne parvenait à les annihiler, les dégâts incom- mensurables qu'ils font aujourd'hui. D'autre part, une dif- fusion plus grande de naissain se ferait chaque année, qui se répandrait dans toute la haie, la vivifierait certainement, et pourrait peut-être rappeler la vie dans certaines parties soumises à la partie commune, et qui tendent à s'éteindre (2). Plus lard on pourrait acquérir de nouveaux terrains, main- tenant improductifs, en modifiant leur nature, c'est-à-dire en créant, par le dépôt du trop-plein de vase et d'herbes sur des terrains sablonneux, comme ceux qui existent entre Ares et le cap Ferret, de nouveaux sols propices, et qui seraient appelés à leur tour à fournir leur contingent à l'alimentation. Le dépôt des détritus marins sur les prés salés qui abondent autour du bassin d'Arcachon permettrait de leur donner une plus grande valeur agricole, et par des travaux successifs on assainirait des régions trop souvent malsaines. L'hygiène de ce pays serait transformée, et ce ne serait pas un des moindres bienfaits de l'adoption du projet dont nous vous entretenons. Si nous désirons vivement que le cercle dans lequel est enfermée la liberté d'action des marins soit élargi, nous faisons des vœux aussi sincères pour que l'administration de la marine, dont la sollicitude pour la classe si intéres- sante des marins est justement appréciée de nous tous, mette les concessionnaires dans les conditions du droit commun, nouvelles conditions indispensables, selon nous, à la prospé- rité de l'industrie côlière. Elles consisteraient à leur con- céder des espaces plus ou moins restreints pour un temps déterminé ou à toujours; les particuliers alors pourraient (n'étant plus sous le coup d'un retrait imminent de conces- (1) Oaire tes Bigorneaux perceurs, on peut citer certains Poissons, les Moules, les Crabes, les Oursins, les Étoiles de mer. (2) D'après ce qui se passe dans les réservoirs à poisson de M. Boissière, où les branches de tamarix immergées se sont couvertes de naissain, on peut admettre facilement que la diffusion potirra se faire dans toutes les par- tics de la baie. (Coslc, Comptes rendu}:, 18612, t. LV, p. G83.) 2« SÉRIE, T. m. — Janvier 18GG. 2 18 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMâTATION. sien) se livrer sans crainte à loutes les améliorations et à tous les travaux qui devraient profiter à la fois à l'industrie publique et privée. L'État pourrait ainsi percevoir un certain impôt sur les terrains concédés, et l'administration pourrait, de son côté, se réserver, moyennant indemnité, le droit d'expropriation avant l'expiration du terme de la concession. Tout ce qui précède nous permet donc de répéter ce que vous disait, il y a déjà quelques années (1), notre confrère M. J. Cloquet : « Le bassin d'Arcacbon n'est pas seulement un » centre de production où l'Huître se multiplie avec pro- » fusion, il est en même temps un lieu de perfectionnement 3) où le coquillage acquiert des qualités de forme et de goût » qui permettent de le porter sur le marché sans autres pré- » paralions. Toutes les manipulations qu'on est obligé de lui » faire subir partout ailleurs, pour lui donner ces qualités, se j> trouvent donc ici supprimées. » Nous trouvons encore, dans les faits que nous venons de vous exposer, la confirmation de ce que notre confrère M. le docteur A. Gillet de Grandmont (2) avait déjà fait con- naître à la Société sur l'ostréiculture de l'île de Ré, et ils nous semblent devoir engager notre Société, fidèle toujours à la devise UtiiUati, que lui a léguée son regretté fondateur, à continuer et à augmenter ses encouragements aux personnes qui se livrent à ces travaux. Nous espérons qu'avec nous, elle émettra le vœu que tous les terrains émergents seront concédés sans distinction de titre ni de qualité, car on ouvrira ainsi à nos populations maritimes, sans léser aucun de leurs intérêts, de nouveaux débouchés ; on assurera l'hygiène des côtes, en môme temps qu'on augmentera les sources de l'alimentation publique. * (1) J. Cloquet, Du repeuplement des Huîtres sur le littoral de l'Océan et de la Méditerranée par la création dliuUriéres artificielles^ par M. Coste {Bulletin delà Société d'acclimatation, 1801, l. VllI, p. 75). (2) A. Gillet de Grandmont, Ostréiculture a l'île de Ré {Bulletin de la Société d'acclimatation, 2^ série, t. 1, p. 180). OBSERVATIONS SlIK LKS MOEURS DU CASTOR J)'i:ilU)IM% (Extrait du Zuologischen Garten's, et traduit par M. le docteur SAGC.) Ces observations ont été laites pendant six années con- sécutives par M. Fertl. Exinger, de Vienne, à (jui l'on doit une foule de travaux intéressants sur la plupart de nos ani- maux de chasse. Elles sont relatives au Castor d'Europe enlermé dans un vaste étang des environs de Modlin. Bien que les Castors vivent en petites troupes, ils ne tolèrent dans leur terrier que les individus de leur propre famille. Le rut commence vers la fin de février, et dure de six à dix jours; pendant qu'il dure, les Castors poussent sou- . vent des cris ou petits grognements dont le son ressemble aux syllabes (/on/i, gon, or?n, am, au, oren, non et f/((o?i, entrecoupées quelquefois d'un léger éternument. L'accouplement est des plus étranges. Le mâle poursuit rapidement sa femelle à la surface et au-dessous de la sur- face de l'eau; puis, tous les deux, se tenant embrassés par les jambes de devant, élèvent la moitié supérieure du corps verticalement au-dessus de l'eau, dans laquelle ils se tiennent en équilibre à l'aide de leurs pattes de derrière et de leur large queue écailleuse, qui reste horizontale, bien que frap- pant sans cesse l'eau de droite à gauche. Tous les deux s'embrassent en poussant de petits grogne- ments. Bientôt ils plongent ensemble, et gagnent rapide- ment le rivage, où ils s'accouplent. Pour cela, la femelle se renverse sur le dos et reçoit le mâle ventre à ventre ; tous les deux, se tenant embrassés avec les pattes de devant, se font les caresses les plus tendres. Quand l'accouplement, qui dure de douze à dix-huit secondes, est terminé, les deux ani- maux se jettent à l'eau, plongent, et gagnent la rive opposée •20 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. OÙ ils se secouent et nettoient avec le plus grand soin leur belle pelisse. Six semaines plus tard, la femelle met bas, dans son terrier bien sec, deux ou trois petits aveuirles. Quand leurs yeux s'ouvrent, ce qui arrive le huitième jour, la mère les conduit aussitôt, et quelquefois seulement aussi au dixième jour, à l'eau, à la tombée de la nuit. Les jeunes Castors nagent et plongent aussitôt; ils ne sont adultes qu'à trois ans, et quit- tent alors leurs parenls pour se creuser leurs propres ter- riers. Comme M. Exinger ne tenait ses Castors qu'en demi-domes- ticité, il leur a vu creuser leurs terriers dans la berge de l'étang. L'ouverture en est toujours placée à 30 ou Z|5 centi- mètres au-dessous de la surface de l'eau, d'où elle monte obliquement en un canal long de 2 à /i et même 6 mètres, qui aboutit à une large caverne divisée en plusieurs chambres. Jamais on n'a vu un terrier communiquant directement avec l'atmosphère ; leur unique ouverture était toujours au-dessous de la surface de l'eau. Le fond des chambres est couvert d'une couche épaisse d'éclats de bois et d'aubier; les Castors y passent en général toute la journée sans en sortir. Comme ces animaux sont excessivement timides et prudents, ils ne quittent guère leurs habitations que le soir, quand il fait nuit, et encore ne le font-ils pas lorsque le vent soufïle avec violence. Il est probable que c'est pour parer à toutes les éventualités de cette nature, que les Castors ont toujours dans leurs terriers une provision de branches de Saule, Peu- plier, Aulne et Frêne suffisante pour plusieurs jours, et dont i'écorce constitue presque exclusivement leur nourriture. Les terriers sont très-propres; on n'y voit jamais de déjections, que les Castors ne déposent jamais que dans l'eau. Comme les Castors ont besoin de terriers très-secs, ils en creusent de nouveaux au-dessus des anciens, aussitôt que l'eau monte, tandis que si elle descend, ils se bornent à creuser une nouvelle ouverture toujours placée à 30 ou hb centimètres au-dessous de la surface de l'eau, afin qu'on ne les voie pas entrer dans les terriers. SUR LES MŒURS DU CASTOR d'EUROPE. 21 Comme les terriers s'élevaient assez haut dans les berges de l'étang, il arrivait souvent qu'il n'y avait plus au-dessus d'eux qu'une épaisseur de Zi5 centimètres de terre, en sorte qu'ils s'enfonçaient quand la pluie durait longtemps. Lors- qu'un semblable malheur arrivait, tous les Castors se réunis- saient et bouchaient en une nuit l'ouverture avec des éclats de bois mastiqués avec de la boue d'étang, et entrelacés de roseaux et de racines d'herbes avec un tel art, que cette couverture artificielle les mettait complètement à l'abri de l'eau, de l'air extérieur et des attaques de leurs ennemis. Tout le travail se fait avec la bouche, la poitrine et les pieds de devant. Pour nourrir ses Castors pendant l'hiver, M. Exinger fai- sait abattre au commencement de cette saison des Saules et des Peupliers, qu'on déposait sur la berge de l'étang, le tronc dans l'eau. A l'approche des froids, les Castors entraînaient pendant la nuit les arbres dans la partie la plus profonde de l'étang, où ils les rangeaient les uns à côté des autres, le gros bout en bas et la tête en haut, dont ils entrelaçaient les bran- ches les unes aux autres, de manière à former du tout une espèce de radeau capable de résister aux plus violentes tem- pêtes, sans se briser. Quand l'hiver se prolonge, il est bon de casser la glace et de glisser dans l'eau quelques troncs frais, afin que les Cas- tors ne meurent pas de faim. Il est bien malheureux que celle éducation de Castors ait été interrompue en ^857, par la vente de l'étang où se trou- vaient ces intéressants animaux; mais nous espérons qu'elle sera bientôt reprise au Jardin zoologique de Breslau, qui est le plus favorisé pour cela, puisqu'il est le plus rapproché de la Pologne et de la Gallicie, où ces animaux se rencontrent encore assez fréquemment. UTILISATION DES MARAIS PAR L'IMPORTATION DU CASTOR ET DE LA ZIZANIE AQUATIQUE , Par M. le docteur S.IC'C Dans un moment comme celui-ci, où la population trop dense ne trouve plus à se nourrir sur le sol de la vieille Europe, on me pardonnera de rappeler qu'on pourrait tirei d'abondantes ressources alimentaires de ces marais immenses qui couvrent une si grande partie de l'Europe moyenne et septentrionale, et qui ne prod'uisent que des joncs et quel- quefois aussi de la tourbe. Il faudrait pour cela semer toutes les terres constamment submergées avec le Riz d'eau des États-Unis, appelé par les botanistes Zizanie aquatique, et y importer le Castor du même pays. La Zizanie aquatique, sur laquelle nous avons appelé, il y a quelques années déjà, l'attention de la Société d'acclima- tation, a le port et les qualités du Seigle, dont elle ne diffère que parce qu'elle ne prospère que dans les marais. En vert, elle est très-rechercbée par le bétail, et lorsqu'elle a mûri ses graines, elle fournit en abondance une excellente paille. Quant à la graine, qui sert de base à l'alimentation biber- nale des indigènes, on la mange en potages, comme le riz, ou sous forme de pain, après l'avoir réduite en farine. Comme c'est au mois d'octobre qu'on récolte cette pré- cieuse graminée, ce serait le moment d'en demander des graines k M. Gauldrée-Boilleau, et de les semer immédiate- ment après leur arrivée,' parce qu'elles ne conservent pas longtemps leur faculté germinative. Quant au Castor, il ferait produire de la viande et d'ad- mirables fourrures à ces mêmes marais, desquels nous tirerions par la Zizanie aquatique du fourrage et du pain. Cet animal, qui ne se nourrit que d'berbes et d'écorces d'arbres, se trouvait jadis sur tous les cours d'eau de l'Europe, UTILISATION DES MARAIS. 23 OÙ on ne le voit, plus guère que le long des bords du Rhône et de la Yistule ; partout ailleurs il a été complètement détruit. La conséquence de cette guerre d'extermination est qu'obligés d'aller chercher en Amérique les fourrures dont ils ont besoin, les pelletiers payent chaque année des sommes énormes à ce pays, pour en tirer des peaux de Castor que nous pourrions fort bien produire presque sans frais chez nous, en tenant des Castors à l'état de demi-domesticité dans tous les marais, en en garnissant les bords de Saules, Aunes, Bouleaux, Peupliers et autres arbres, dont les Castors aiment l'écorce. Comme cet animal est très-doux et s'apprivoise aisément, on a lieu d'être surpris que personne n'ait encore songé à le domestiquer, et plus encore, qu'il ne se trouve dausaucim de nos jardins zoologiques. Il y a quelques années que j'en ai vu plusieurs dans un étang du parc de Schœnbrunn, près de Vienne; mais ils en ont disparu. Comme c'est en hiver qu'on chasse le Castor aux États-Unis et au Canada, le moment serait opportun pour chercher à en obtenir quelques couples qu'on placerait provisoirement dans une mare du bois de Boulogne, d'où l'on pourrait en disséminer plus tard les descendants sur toute la surface de l'Europe. Comme la Zizanie aquatique et le Castor ne craignent pas les climats les plus rigoureux, c'est pour les marais du nord de l'Europe que leur importation aurait le plus d'importance ; aussi devons-nous espérer que les Sociétés d'acclimatation de Berlin et de Moscou nous seconderont dans cette tentative, qui, si elle réussit, donnera une valeur considérable à des étendues gigantesques de terrains restés jusqu'ici presque sans utilité quelconque. Il y a quelques années que la Société royale d'agriculture de Suède, désirant mieux utiliser que par le passé les immenses marais qui couvrent la plus grande partie de sa surlbce, avait mis au concours la grave question de leur utilisation. La réponse unanime fut (ju'on ne pouvait en tirer parti qu'en y élevant des Oies. Eh bien! si l'on y importait la 'là SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Zizanie, il est certain qu'on pourrait lui faire produire dix ou douze fois autant de ces précieux volatiles, et que si l'on y importait le Castor, ce robuste mammifère s'y multiplierait si bien, qu'en peu d'années déjà il pourrait faire concur- rence aux importations du Canada, et fournir à l'Europe une partie des précieuses pelleteries que les Américains lui vendent si cher. Comme l'entreprise est facile, que la réussite n'est pas douteuse, que ses conséquences peuvent être immenses pour la richesse agricole de l'Europe, j'ose espérer que la Société d'acclimatation voudra bien recevoir avec bienveillance ma proposition, et lui donner suite. NOTICE COMPLEMENTAIRE SUR L'KDUCATION DES HOCCOS. LETTRE ADRESSÉE A M. LE DinECTElR DU JARDIN d'aCCLIMATATION dl: bois de uullogne, Par n. Paul AijUAROIWE. . .' Toulon, le 15 janvier 18CC. Monsieur, J'ai l'honneur de vous adresser la notice complémentaire que vous m'avez demandée sur l'éducation de mes Hoccos; je m'en rapporte pour le surplus au bulletin du mois d'août dernier (voy. Bullethi, T série, t. 11, p. hh'd). Depuis 1862, je m'occupe sérieusement de l'élevage des IIoccos. J'ai eu la première année un seul petit qui m'a très- bien réussi, bien qu'il soit venu dans une mauvaise saison (le 16 octobre 186-2). Le 28 janvier 186/i, j'ai été forcé de le faire tuer, la neiye tombée à cette époque-là lui avait gelé les pattes. En 1863, un changement de résidence m'a empêché de m'occupcr de ces animaux, et tous les œufs pondus ont été clairs. J'ai reconnu, à celte occasion, qu'il fallait aux Hoccos une nourriture variée et échauffante à l'époque de la ponte, ce que je n'avais pu faire à celte époque ; aussi, au printemps 186/j, je les mis chaque jour à l'usage d'une nourriture diffé- rente et excitante, telle que graine de chanvre, avoine, alpiste, et toute espèce de baies que l'on trouve dans celte saison. J'ai eu alors huit œufs fécondés, et huit petits sur quinze œufs que m'ont pondus trois femelles : dans ces quinze œufs, j'en ai eu deux de cassés, parce que ces animaux ont parfois l'habitude de pondre étant sur le juchoir. Sur les huit petits, deux sont morts au bout de quinze jours, et les six autres sont parfaitement bien venus: je les ai encore aujourd'hui dans mes volières. Ces animaux sont très-rustiques, ils s'élèvent très-bien: je 26 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. puis affirmer qu'ils réussissent mieux que n'importe quelle espèce de Poulets. On peut très-bien se dispenser de leur donner des œufs de fourmis et même de la pâtée que l'on donne habituellement aux Faisandeaux ; il s'agit, pour réussir dans l'élevage, de leur donner souvent dans la journée, et autant que possible varier leur nourriture pour les engager à manger : du pain trempé dans du lait ou de l'eau, du petit son pétri, des débris de biscuit, un œuf dur émietté, des insectes, etc.; tout leur est bon. J'en ai élevé deux qui n'ont jamais eu de pâtée, pourtant il coïivient de leur en donner pendant une (juinzaine de jours. On doit avoir le soin de tenir dans la volière un mélange de graines de chanvre, du riz, du petit blé et de l'alpiste, graines qu'ils mangent au bout de trois à quatre jours; deux mois après, ces animaux peuvent être traités comme les adultes, ils se contentent de son pétri et de maïs. Les Hoccos ne se développent presque pas dans le premier mois; c'est après cette époque qu'on les voit grossir et devenir alertes, quoiqu'ils mangent très-peu, mais souvent ; dans leur jeune âge : on serait tenté de ne pas leur donner de friandises, tant ils font peu de cas de la nourriture. Ces animaux ne craignent pas le froid de nos climats ; ceux qui me viennent des colonies s'abritent un peu lors des gros vents, d'autres passent la nuit sur les arbres; mais ceux qui sont nés chez moi couchent en plein air, par n'importe quel temps, même les jours de neige, ne pressentant pas le mal que cela peut leur faire. C'est la seule chose qui leur soit nuisible, car s'ils restent seulement une journéccà se pro- mener sur la neige, on leur voit, au bout de quelques jours, les doigts gelés, et peu à peu leurs phalanges tombent. Le Hocco i)eut facilem.ent se propager, même dans le nord de la France ; si Ton n'a pas réussi jusqu'à ce jour, c'est que le mâle est mou de son naturel, et, si on ne l'excite pas à l'époque de la ponte, on ne parviendra jamais à obtenir des œufs fécondés. Pour cela, il faut avoir le soin de le séparer de ses femelles seulement par un grillage, et de lui donner une nourriture un [)eu échaulïante, et sitôt qu'on le lâchera dans ÉDUCATION DES HOCCOS. 27 le parc des femelles, on le verra cocher aussi facilement qu'un bon Coq. Des six Hoccos que j'ai obtenus en 186A, j'ai eu quatre mâles et deux femelles qui vivent toujours avec la Poule Nankin qui les a élevés. Les mâles sont en rut depuis environ six mois, et j'ai été obligé d'en enlever trois, sans quoi ils abîmaient les femelles pour vouloir les cocher; celles-ci faisaient toujours de la résistance. Le mâle qui vit avec les deux femelles et la Poule Nankin côche très-souvent la mère adoptive, ne pouvant pas réussir au- près de ses femelles, qui ne sont pas en rut : il n'attend paspour cela le printemps. Malgré la température un peu basse, mon Hocco a côché tout le mois de décembre et encore ce mois-ci. J'ai toujours le soin de mettre en incubation les œufs que me pond cette Poule, quoique je reconnaisse au bec de mon mâle qu'il n'a pas atteint l'âge de puberté; mais je compte au prin- temps obtenir des hybrides. Quant aux trois Hoccos mâles qui sont séparés, je m'amuse parfois à les lâcher dans le parc des Poules Nankin, et ces jours-ci encore je les ai vus cocher quelques Poules, mais de préférence celles qui ont habité quelque temps avec eux ; tandis que le vieux Hocco qui m'a donné les produits n'est plus en rut depuis le mois d'octobre. Mes femehes nées en iSôli n'ont pas pondu en 1865, ces animaux ne seront pas adultes avant deux ans. Si les mâles sont en rut au bout d'un an, ils ne peuvent pas donner des produits, parce qu'ils ne sont pas encore adultes; leur bec n'a pas pris sa couleur naturelle, et ils ne peuvent pas l'avoir avant deux ans. • * Le plumage de ces animaux ne varie presque pas ; ils naissent avec un duvet bariolé noir et marron. Chez les mâles, les premières plumes poussent d'un noir mat, et après la mue elles deviennent d'un beau noir, pour ne plus changer. Quant aux femelles, les plumes poussent noires avec un bariolage plus ou moins large de blanc ou de marron ; la première mue leur donne un plus beau noir, mais le bariolage existe tou- jours. Ce n'est qu'après plusieurs années qu'elles perdent un 28 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE n'ACCLIMATATION. peu de leur bariolage, mais jamais en entier ; celles-oi ont le bec à l'état naturel au bout de deux ou trois mois, tandis qu'il faut deux ans chez le mâle. En 1865, j'ai obtenu douze œufs : quatre ont été clairs, trois cassés (ils ont été pondus du juchoir); cinq seulement ont été fécondés ; deux petits sont morts dans l'œuf. J'attribue la cause à des journées très -orageuses qui ont eu lieu pendant l'incubation. Quant aux trois autres petits, ils sont en parfait état de santé et presque aussi gros que les adultes ; ils ne m'ont donné aucune peine pour leur éducation. Sur les treize Hoccos que j'ai aujourd'hui dans mes volières, neuf sont nés chez moi, et ils sont plus beaux que les adultes. J'attribue le peu d'œufs que j'ai eus à la vieillesse de mes trois femelles. J'élève ces animaux comme les Poulets, c'est-à-dire qu'ils courent les champs avec leur mère tout l'été et tout l'hiver ; mais quand vient le printemps, je suis obligé de les tenir enfermés, sans quoi ils m'enlèveraient dans très-peu de temps toutes les jeunes pousses des arbres. Ce sont des animaux qui ne pourront jamais vivre à l'état de liberté sans occa- sionner de grands dommages aux arbres : ils négligent le sol; on les voit sans cesse perchés et s'amusant avec leur bec à casser les brindilles des arbres, et pour peu qu'un arbre soit fragile, on voit bientôt la terre jonchée d'une grande quantité de petites branches de l'épaisseur de 2 centimètres. Sans cet inconvénient, on pourrait très-bien les laisser libres, car ils ne s'écartent jamais de leur habitation; ils viennent quand on les appelle, et le soir ils se perchent sur les arbres les plus élevés. Veuillez agréer, etc. Paul Aquarone. n SUR UNE VOiJÈKE ÉTABLIE A PINCELOUP, Par M. RL'FFIER, Membre du Conseil. (Séance du 26 janvier 1866. Depuis longtemps déjà je pensais à établir dans nui pro- priété de Pinceloup, prèsdeSaint-Arnoult(Seine-et-Oise), une volière de grande dimension pour continuer mes expériences sur l'éducation des Oiseaux, mais je n'ai pu mettre ce projet à exécution que cette année (1865). J'ai fait choix d'un empla- cement convenable qui est garanti par une vieille futaie qui le protège contre les vents du nord, et qui regarde le levant. Ma volière, de forme ronde, a une hauteur d'environ 8 mètres sur un diamètre de '22 mètres ; le centre est sablé, et le pourtour gazonné. De grands arbres et de nombreuses touffes servent d'abri aux animaux. Il faut peu compter sur les arbres à tronc élancé comme abri, car les Oiseaux, et surtout les Per- ruches, en dévorent les feuilles, mais ils sont utiles comme perchoirs. Les touffes, qui résistent beaucoup mieux, sont faites avec des arbres résineux, tels que l'If et surtout le Genévrier, les Houx et les Mahonia. J'ai établi dans ma volière, sans qu'il y ait confusion, une douzaine de ces abris ayant un mètre à un mètre et demi de haut, sur un mètre de large. Au centre existe un bassin d'eau vive. •' Ma volière, terminée à la fin d'avril, a été peuplée dans sa partie basse de Canards mandarins, de Canards de la Caroline, de Faisans de toute espèce, de Perdrix et de Colins de la Californie. La partie supérieure est occupée par des Per- ruches (petites espèces), des Cardinaux rouges et gris, des Tangaras, des Cap-More, des Tourterelles (de toute espèce), des Boutons-d'or, des Diamants, des Papes, des Evêques, des Ministres, des Travailleurs, des Bouvreuils, des Rouges- Gorges, des Merles, etc. En faisant cette création, je n'avais pas seulement en vue l'agrément, mais je comptais aussi l'utihser pour la produc- 4 •50 SUCIÉTÉ IMPÉKIALE ZOOLOGlnUK d'ACCLIMATATIUN. tion, supposant que eus Oiseaux étant mis, pour ainsi dire, clans l'état de nature, se trouveraient dans des conditions favorables : en effet, bien qu'ils aient été dérangés fréquem- ment par les ouvriers, j'ai pu obtenir deux couvées de Cardi- naux, une couvée de Boutons-d'or, deux couvées de Tourte- relles du Sénégal,'cinq ou six couvées do Tourterelles blanches, et deux couvées de Bouvreuils. J'ai donné comme nourriture du millet, du chènevis, de la mie de pain, de la pàlée d'œufs de fourmis et de choux hachés, de la salade, du mouron et du raisin. Craignant que mes Oiseaux ne pussent supporter l'abaisse- ment de la température, j'ai couvert d'un vitrage toutes les faces d'un parquet à Faisans, en laissant un guichet de com- munication entre ce parquet et la volière. Deux Moutons, séparés par un grillage, furent mis dans le parquet, qu'ils servent aussi à chauffer. Les Oiseaux peuvent y pénétrer à volonté et y passer la nuit; mais, jusqu'à présent, ils ont pré- féré la volière, se retirant dans les buissons qui sont recou- verts d'un paillasson qui chevauche sur une légère charpente de treillage, et forme toit, en laissant les côtés entièrement libres. INFLUENCE DE L'ACCLIMATATION SI R LA FIÈVRE PALUDÉENNE DEIE FIÈVRE JAUNE {pomito nefjj'o), HH Par M. le docteur PICiE.tL'X. Le but principal des sociétés d'acclimatation doit être de rétablir l'équilibre rompu par l'inexpérience de l'homme entre les deux grandes classes animées de la nature, les végé- taux et les animaux. Partout où l'harmonie et la solidarité établie entre eux ont cessé d'exister, de grandes calamités surgissent, et c'est presque toujours l'homme qui paye les tristes résultats de son imprévoyance. C'est ainsi que diverses contrées, et notamment l'Arabie Heureuse et le midi de l'Espagne, ont été presque stérilisées par la haine instinctive du musulman pour le Moineau. Partout où sa tête a été mise à prix, on a vu peu à peu la fécondité du sol disparaître. Une calamité du même genre est née de la chasse à outrance de la Tortue à l'embouchure des grands fleuves intertropicaux : le goût immodéré de la soupe à la Tortue n'a pas permis à cette race féconde de consommer les détritus végétaux innom- brables qu'ils charrient incessamment, et qui forment de véri- tables marais pestilentiels quand les eaux viennent à baisser. Telle est Forigine delà fièvre Jaune dans le golfe du Mexique, où les eaux du Mississippi se jettent en si grande abondance. Pour remédier à cet état de choses, si funeste à toutes les rives de ce golfe immense, les Tortues avaient été créées pour consommer tous ces détritus et épurer ces eaux; et comme leur fécondité avait toujours été proportionnée à l'abondance de la nourriture, il y avait, avant l'arrivée des Européens, une incessante dépuration, et par suite pas de fièvres pesti- lentielles, auxquelles les nouveaux débarqués payent un si large tribut. Le goût de la race anglo-saxonne pour la soupe à la Tortue a depuis longtemps rompu l'équilibre nécessaire 3'2 SOCIÉTÉ IMl'ÉlilALL ZUULUGKjUK d'acCLIMATATIUN. entre les dépuraleurs ella matière infeclieuse; et sansTinler- venlion des sociétés d'acclimatation , aidées par les voies diplomatiques, rien ne fait présumer que pour rendre au golfe du Mexique sa salubrité primitive, on puisse procéder avec succès au repeuplement de ses eaux par les immense? Chélonées dont l'intervention était si utile, et qu'une chasse incessante a lini par éloigner de ces parages. Ce serait certes une œuvre méritoire si l'on parvenait à convaincre les riverains des vices d'une pratique si funeste à leur pays, et si l'on pouvait, sur de grandes proportions, entreprendre de repeupler de Tortues tous les grands affluents non-seulement du Mississippi et du rio del Nortc, mais encore de rOrénoque et des Amazones, qui rendent toutes les Guyanes presque inhabitables. Nous ne croyons guère à la réussite d'une telle entreprise, qui demanderait plus de sagesse et de persévérance que n'en montre habituellement l'espèce humaine aux prises avec sa sensualité ; mais il m'a paru bon de la signaler à l'attention de notre Société, qui a déjà tenté de si grandes choses, bien persuadé que partie de son sein, une réclamation aussi fondée pourrait éveiller l'attention des gouvernements et des sociétés d'acclimatation qui se formeront un jour sur les continents américains, et prospéreront, comme celles d'Australie, avec notre concours, qui n'a jamais manqué à une utile entre- prise. :'# RAPPORT SUR DIVERSES ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE ,■ ' FAITES A LAUSANNE EN 4 865, Par M. le docteur CH4¥AK1VES. Bombyx Mori. — Les œufs de cette espèce qui m'avaient été envoyés par la Société sous le nom de Corée et Chien-si, ont été répartis entre cinq éleveurs. Ils ont réussi chez quatre et manqué chez le cinquième. Les cocons, appointis à une extrémité, n'ont pas été jugés très-profitables. Cependant deux éleveurs en ont fait de la graine et continueront à les élever cette année. • . : Saturnia Roylii. — J'avais neuf cocons de cette espèce. Dans le mois de mai j'ai obtenu six papillons, deux femelles et quatre mâles ; quoique placés par couples dans des sacs de gaze, ils ne se sont point accouplés : les œufs pondus n'étaient pas fécondés. Saturnia Pernyi. — Comme je l'ai rapporté dans un précé- dent Mémoire, j'avais obtenu treize cocons de Sat. Pernyi. Placés en automne en lieux frais, il en est néanmoins sorti trois papillons, deux mâles et une femelle, dont je n'ai point pu obtenir l'accouplement. Les deux cocons restant ont été placés pendant l'hiver dans un petit caveau; malheureuse- ment un bris considérable de bouteilles de Porto, dont on ne s'est pas aperçu d'abord, a asphyxié par les vapeurs alcoo- liques mes dix chrysalides. Saturnia yama-mai. — Après avoir remis des œufs de cette espèce à dix-huit personnes, en Suisse, ainsi qu'à plu- sieurs autres à l'étranger, il m'est resté environ 2/iOO œufs fécondés. Ces œufs ont été tenus pendant tout l'hiver à une température de +3 à -f-/i degrés. Au commencement d'avril, la température extérieure s'élevant au minimum de +8 à + 9 degrés, ils ont été transportés dans une cave sèche ayant 2= SÉRIK, T. III. — Janvier 18b(). 3 3/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. une température presque constante de +7 degrés, où ils sont demeurés jusqu'au 2/i avril : les Chênes avaient alors de petites feuilles; ce jour- là ils ont été placés dans une chambre à -f-J 5 degrés. Le 25, je les ai lavés dans de l'eau à la tempéra- ture de la chambre. Ils ont commencé à éclore le 28 avril par -rl7 degrés. Le 29, toute la masse éclosait. Le 1" mai, l'éclo- sion était achevée. Il est resté h pour 100 d'œufs non éclos : 2 pour 100 contenaient de petites chenilles trop laibles pour sortir; 2 pour 100, malgré l'apparence, n'étaient réellement pas fécondés. Quelques œufs avaient été placés en plein bois dès le mois de novembre : ils étaient dans un nouet de gaze cloué au tronc d'un Chêne du côté nord; ils ont supporté toutes les rigueurs de l'hiver et un froid maximum de 15 de- grés. Ces œufs sont éclos aussi bien que les autres. Il résulte de cette expérience que le ïama-maï peut supporter nos hivers les plus rigoureux, et que rien ne parait s'opposer à sa natu- ralisation dans nos bois. La suite de mon éducation n'a point répondu à cet heureux début. Je n'ai perdu dans les premiers jours que cent vingt petites chenilles faibles. Au second âge, les vers ont été placés sur les arbres, dans des manchons qui en renfermaient chacun environ deux cents, au lieu de vingt à trente, comme l'année précédente. Le résultat de cet entassement, bien que les vers eussent été élargis, s'est montré dans le troisième et le qua- trième âge : tout a péri^ sauf trois vers qui, dès le second âge, étaient restés seuls dans un manchon. Ceux-ci ont bien marché du commencement à la fin. La réussite de ces trois vers m'a prouvé que c'est bien l'encombrement et le manque d'air qui ont amené un échec aussi complet. Ce qui le prouve encore mieux, c'est que toutes les personnes qui ont eu de ces mêmes œufs, cent à deux cents chacune, ou ont réussi complètement, ayant eu autant de cocons que de vers, ou, par suite de divers accidents, n'ont eu qu'une demi-récolte, mais sans maladies. Les unes ont élevé les vers sur les arbres, d'autres sur des rameaux trempants. L'accouplement des papillons a été pour tous les éleveurs le point déhcat : la plupart n'ont obtenu que quelques milliers d'œufs; un seul, .A SUR DIVERSES ÉDUCATIONS DE VERS A SOIE. 35 M. Wulschegel, à Lcuzbourg (Argovie), en a obtenu plus de vingt mille. Ces succès sur divers points de la Suisse y assurent complètement le développement futur du Yama-maï. Ce qui le rend encore plus certain, c'est que par l'entremise du consul suisse au Japon, le département fédéral du commerce a reçu, fin décembre, neuf livres d'œufs de Yama-maï, qui vont être distribués par petites quantités dans toute la Suisse. Comme jusqu'ici la plupart des envois de graine de Yama-maï sont arrivés ou éclos, ou ayant péri en route, je vais rapporter dans quelles conditions s'est fait cet énorme envoi arrivé en parfait état, car tous les œufs fécondés renferment une petite chenille bien vivante. ■• • ■ - '" Deux cadres de bois longs de 36 centimètres, larges de 30 centimètres et hauts de 5 centimètres, renfermaient chacun h livres 1/2 d'œufs. Sur leurs deux faces on avait cloué une toile très-claire ; les œufs se trouvaient ainsi renfermés entre ces deux toiles. Les cadres étaient placés dans une caisse de bois, sur des ghssoirs, comme les tiroirs d'une commode, et de façon qu'il y avait entre eux et entre le fond et le couvert de la caisse des espaces vides, celle-ci ayant 2/i centi- mètres de hauteur. La caisse n'était pas clouée, mais fermée sur un des côtés par un glissoir qui permettait d'inspecter les cadres et de leur donner de l'air. La caisse n'a point été pla- cée à fond de cale, mais dans la cabine d'un passager qui en a pris soin. Partis du Japon le 15 octobre, par la voie de Suez, ces œufs sont arrivés le 16 décembre à Marseille, par conséquent longtemps avant le moment où les petites che- nilles sont disposées à éclore, ce qui est très-important. L'en- semble de l'envoi, rendu en Suisse, a coûté 1000 francs. C'est dans l'espoir de voir la Société d'acclimatation suivre cet exemple que j'en ai rapporté les détails. Notre Société dispose de si puissants moyens, que du jour où elle le voudra sérieu- sement, la France verra ligurer sur ses marchés la soie du Yama-maï produite en France. : : . 1 : NOTE . \ , SUR LE BAMBOU MONTIGNY [Bambusa mitis), ET SUR LE PRÉTENDU BAMBOU SACRÉ DE UA CHINE, Par M. P. .I0SEPU-L.%F0.9SE. # » Je crois qu'il serait superflu de revenir sur l'ulilitc et l'im- portance que présente, pour notre contrée, l'introduction d'une grande espèce de Bambou du nord de la Chine, que l'on est convenu d'appeler d'un nom bien insignifiant, Bam- busa 7nitis. — Mitis veut dire doux. Serait-il ainsi nommé parce que l'on mange ses jeunes pousses? Les jeunes pousses d'autres espèces se mangent également. Serait-ce parce qu'il est dépourvu d'épines? La très-grande majorité des Bambous en sont aussi dépourvus. Il aurait dû et devrait s'appeler Bambou Montigny, en l'honneur de celui qui nous l'a apporté. Deux autres noms se rattachent encore d'une façon toute spéciale à ce Bambou, un nom célèbre connu de tous ceux qui s'occupent d'acclimatation, celui de M. Hardy, qui le cultiva d'abord en Afrique dans le jardin du Hamma, et celui de M. Lucy, receveur général à Marseille, à qui il fut donné de le planter pour la première fois dans un sol français. M. Jules Cloquet en reçut des pieds peu de temps après, et les cultiva dans sa propriété aux environs de Toulon. M. le comte de Sinéty ne tarda pas non plus à l'essayer près de Paris. Marseille, Toulon, Paris, voilà trois stations diflerentes, auxquelles plus récemment sont venus s'ajouter d'autres essais de culture. Je citerai : M. Delisse, à Bordeaux ; M. Lausanne, en Bretagne ; M. Leroy, à Angers; MM. Levieux et de Ternisien, à Cher- bourg. sur. LE BAMBOU ilONTIGNY. 37 Enfin, je le ciJJUve moi-même à Saint-Cùme-Dumont, près de Carentan. Le Bambusa mitis est donc à présent réparti sur im assez grand nombre de points en France, pour que l'on puisse savoir, dans quelques années, si nous pouvons compter sur lui. Ce sont les pieds le plus anciennement plantés qui doivent à cet égard nous servir d'enseignement ; et des résultats obtenus sur ces premiers exemplaires, nous pourrons dés à présent déduire au moins des probabilités pour l'avenir de cette espèce et pour sa culture sur des points intermédiaires à ceux où l'on a expérimenté. Il importe donc beaucoup de constater les résultats obtenus jusqu'à ce jour par MM. Lucy, Cloquet et de Sinéty. H serait intéressant que ces messieurs voulussent bien publier dans votre Bulletin le dernier résultat de leurs cultures, et surtout indiquer la hauteur des plus hautes tiges obtenues, ainsi que leur diamètre à la base. Je fais ici appel à l'obli- geance de MM. Lucy, Cloquet et de Sinéty, bien persuadé que cet appel sera entendu. Puisque j'en suis sur le cbapilrc des Bambous, j'ai pensé qu'il serait bon de rectifier une erreur qui s'est glissée dans un article publié dans le Bulletin, année 1857, page 205. Cet article a rapport à l'introduction de quelques végétaux chinois. On y indique comme présentant un grand intérêt : 1° Un Bambou du nord de la Chine, Irès-élevé, et qui doit résister parfaitement aux hivers de Paris. 2" Le Bambou sacré (Tien-choh), espèce également très- précieuse. Dans ce dernier paragraphe, il y a évidemment une mé- prise. Le Bambou sacré des Chinois n'est pas le moins du monde un Bambou, mais bien un arbuste de la famille des Berbéridées, voisin de nos Épines-vineltes, introduit vers JSOi, et cultivé assez fréquemment dans les orangeries des <^nvirons de Paris. Le passage suivant que je traduis de l'ouvrage de Fortune, 4 38 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLÏMÂTATION. Two visits to the Tea roimtrief^ of China, etc. (1), le prouvera suffisamment, sans qu'il soit besoin d'autres commentaires : « On trouve aussi (à Shanghaï) une plante qui porte des baies rouges, et qui remplace notre Houx d'Angleterre : c'est le Nandi7ia domestica, qui est appelé par les Chinois Tien- chok, ou Bambon sacré. Dans cette saison, on apporte de la campagne de grandes quantités de ses branches que l'on crie par les rues. B Chacune de ces branches est couronnée par une forte grappe de baies rouges, qui diffèrent peu de celles du Houx commun, et qui, à cause du contraste qu'elles forment avec les feuilles d'un vert sombre et brillant, sont singulièrement ornementales. » On s'en sert principalement pour décorer les autels, non- seulement dans les temples, mais aussi dans les maisons privées, ainsi qu'à bord des bateaux, — car ici chaque maison, chaque bateau a son autel : — de là vient le nom de Batnbou 5fi!cre que porte cette plante. » (l) London, 1853, vol. II, p. 97. . . . j . 4 iu'l>(,.l' II. EXTRAITS DES PROCES- VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ, " SÉANCE DU 12 JANVIER 1866, ' " . Présidence de M. i>E Quatrefages, vice-président. ' . Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président informe la Société que le Conseil, dans sa séance du 5 janvier 1866, a reconnu comme Société agrégée la Société des sciences naturelles de NeufcluUel (Suisse). M. le Président proclame les noms des membres récemment admis par le Conseil : MM. Galdéron (Tliomas), négociant, à Paris. - ■• CouRciER (Cbarles), à Paris. CouRTET DE l'Isle (Victor), directeur du canal des Alpines, à Paris. De LiSLE, à Montréal (Canada). —, — M. Durieu de Maisonneuve adresse ses remercîments pour sa récente nomination comme délégué de la Société, et réitère l'assurance de son plus dévoué concours à nos travaux. ' , , > — Des remercîments pour leur récente admission sont adressés par MM. Laporte et Bussière de Nercy. — La Société d'acclimatation mauricienne transmet ses remercîments pour le titre de Société affiliée qui lui a été décerné, sur la demande de M. Autard de Bragard, son ancien président. — Son Exe. M. le Ministre des aflaires étrangères informe la Société que M. le gouverneur de la Cocbinchine envoie deux Cerfs et deux Biches à Son Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies, qui veut bien les donner à notre Société. — Remercîments. . . ; — M. Davelouis signale un passage du rapport deM.Cortam- bert sur l'ouvrage de M. Lucien de Grammont, qui lui paraît de nature à intéresser la Société : « Les Poules se voient éga- AO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. » lement partout en Cochinchine, mais on remarque avec » étonnement que la grosse variété dite Gocliinchinoise est s assez rare. » Cette observation viendrait à l'appui de l'idée, déjà émise dans le Bulletin, que cette race de Poule mériterait le nom de Poule de Nankin plutôt que celui de Poule cochin- chinoise. — M. Debbeld, membre de la Société, fait don d'un carton de graines de Vers à soie de race blanche et annuelle, venant de la province de Koshiu (Japon). — Remercîments. — M. Chartron (de Saint-Vallier) offre à la Société une cer- taine quantité de graines de Bombyx yama-mal, pour ses distributions aux membres delà Société. — M. Carlos Lix adresse une lettre sur ses travaux de sériciculture. —Renvoi à la Commission des récompenses. — M. de Saulcy adresse une boîte de graines de Vers à soie du Miirier provenant de ses éducations. — Remercîments. — M. Maumenet, en envoyant un cocon de Bombyx Faidherbiœ, qui vit au Sénégal, donne, dans une lettre datée du 10 janvier, sur le Bauhi?iia, les renseignements suivants : « Un éducateur avait élevé au printemps dernier des vers » provenant des cartons de la Société, qui lui avaient donné » une bonne récolte de cocons blancs. Je fis un choix dans » ceux-ci pour faire grainer; mais n'ayant pris que les plus » gros et les plus lourds, les papillons qui en sortirent furent » presque tous des femelles. Un voisin qui faisait en même » temps de la graine avec une ancienne race à beaux cocons » jaunes, malade comme toutes celles du pays, lui réserva, » au lieu de les jeter, les mâles ayant satisfait à un premier » accouplement chez lui, et peut-être un certain nombre qui » lui étaient inutiles. Une certaine quantité des œufs provenant » de ce croisement fortuit (peut-être tous, je ne suis pas fixé) j> étant venus à éclore spontanément, donnèrent lieu à une » seconde éducation qui réussit fort bien , et produisit des cocons » jaunes identiques avec ceux de la race qui avait fourni les » mâles. Il résulte de celte observation que dans le croise- ï ment, la femelle paraît avoir transmis aux descendants sa > constitution physiologique et sa robusticité, tandis que le PROCÈS-VEr.BAUX. ' • ' /^f » mâle leur a imprimé son type. Le même procédé donnerait » aussi, sans doute, des générations robustes, en même temps » que perfectionnées, en croisant des femelles rapprochées de » la nature primitive et sauvage du Ver à soie, par le procédé » du capitaine Ilutton, vérifié parnotre collègue M. Belhomme, » avec des mâles de beaux types de cocons. Il sera intéressant » d'observer la reproduction de ces espèces de métis; mais » ne s'assurât-on que le moyen de se procurer pour une » récolte de bonne graine produisant de beaux cocons, en » accouplant des femelles de race annuelle robuste avec des » mâles de variétés précieuses, mais plus délicates, qu'on i rendrait un immense service à la sériciculture. » — Des demandes de graines et diverses plantes sont ftiitcs par MM. Martin de Bessé, Brierre (de Riez), Daguillon, Lucien Tisserand, H. Michel, Maumenct, et la Société d'horticulture et d'acclimatation de Tarn-et-Garonne. — M. Ferd. Mueller, en faisant parvenir des graines de Coryplia amtralk , Seaforthia elegans , et Chenopodium auriconnun, qui peut être employé comme Épinard, donne quelques détails sur la culture des Cinchona aux Indes. — M. J. L. Soubeiran fait observer que M. Mueller est ici en opposition avec tous les naturalistes européens, qui ne croient pas que l'acclimatation des Cinchona soit possible dans l'Europe méridionale, ni même en Algérie. — M. le Président informe la Société que dans leur séance du 30 décembre 18(35, les cinq sections de la Société ont procédé à l'élection de leurs bureaux, qui se trouvent ainsi composés : <" Section. — Président .... M. Potel-Lecouteux. Vice-président. . M. Pigeaux. Secrétaire. ... M. Roger- Desgenettes. ■ .. Vice-secrétaire. . M. Calais. 1" Section. — Président M. Berrier-Fontaine. ' ■ } ■ Vice-président. . M. Roger-Desgenettes. ^ '■: ,.,,. Secrétaire. . . . M. Pigeaux. . - , Vice-secrétaire. . M. Calais. 42 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOinUE D'ACCUMâTATION. 3" Section, — Président . . . Vice-pvésident . Secrétaire. . . Vice-secrétaire. . i*" Section. — Président. . . . Vice-président. Secrétaire. . . Vice -secrétaire 5" Section, — Président. . . . Vice-président. Secrétaire. . . Vice-secrétaire. M. A. Passy. '• ■ M. Millet. . • ■: . M. Wallut. ,! M. A. Gillet de Grandmont. M. Guérin-Méneville. M. AuBÉ. M. LucE. M. J. L. SOUBEIRAN. M. MOREAU. M. le baron d'AvÈNE. M. Vavin, M. Mongruel. " Elles ont également nommé leurs délégués dans la Com- mission des récompenses, qui se trouve définitivement com- posée comme il suit : Président : M. A, Passy, vice-président, délégué par le Conseil. Membres élus par le Conseil : MM. J. L. Soubeiran, en remplacement de M. le comte d'EPRÉ- MESNIL, empêché, qui fait de droit partie de la Commission. Davin. DUPIN. RUFFIER. Comte de Sinkty. • Membres élus par les Sections : !" Section. - - M. René DE Sem\llé. !)e M. Rocer-Descenettes 3^ — M. Wallut, 4^ — M. Allibert. 5'^ — M. Vavin. La Commission, dans sa première séance, a décidé qu'elle inviterait M, A. Geoffroy Saint-Ililaire, directeur du Jardin d'acclimatation, à s'associer à ses travaux en qualité de membre adjoint. — M, Ramel signale deux lettres de M. A. Geoffroy Saint- Hilaire, directeur du Jardin du bois de Boulogne, au secrétaire de la Société d'acclimatation de Sydney, qui sont repro- duites dans V Amtralasimi (collection de la malle arrivée en décembre). PROCÈS-VERBAUX. AS — M. Geoffroy Saint-Hilaire rappelle à la Société que plu- sieurs équipages de fauconnerie s'organisent en France, et que, sur le désir manifesté par S. M. l'Empereur de voir tenter la chasse du Chevreuil avec des Oiseaux, il a cherché à se procurer des Faucons de grande taille. Aucune espèce n'était mieux indiquée que le Faucon sacre, qui est employé en Egypte à la chasse de la Gazelle. M. Geoffroy, ayant écrit à S. A. le prince Halim, pour lui demander des Faucons, donne lecture d'une lettre qu'il en a reçue, et qui témoigne de la bienveillance avec laquelle Son Altesse a daigné accueillir sa demande. (Voy. a.u Bulleti?i, p. 50.) — M. Ramel présente des échantillons de laine peignée et du filé d'une toison d'agneau provenant d'un croisement du Bélier chinois (de Son Exe. M. Rouher) avec un Bélier mérinos. Cet agneau et plusieurs autres de même race furent exhibés à Poissy, où l'on a constaté qu'ils pesaient jusqu'à 50 kilogra7mnes sur pied à F âge de six rnois. Ils avaient été élevés par M. Garnot de Genouilly. La toison avait été remise à M. Ramel par M. Feymes-Desforges. Une partie du fdé a servi à teindre une bande de tissu écru dit popei^ine de laine. Cette bande divisée a été teinte et apprêtée. Le reste du filé a été teint en plusieurs couleurs, et se fait remarquer par une vivacité de nuance et un brillant inusités. Il est d'une douceur au toucher très-remarquable, et très-homogène de teinte, malgré les jarres, qui elles-mêmes ont très-bien pris la cou- leur, au grand étonnement des connaisseurs. Divers tissus légers ont été faits avec un mélange de soie. Tous ces petits essais, difficiles à obtenir par cela même qu'ils ont été faits sur une petite échelle, ont été hautement appréciés pour la matière. Les premiers fabricants de Roubaix sont unanimes pour regarder cette laine comme parfaitement adaptée à leur fabrication variée, et demandent qu'on la leur livre par quantités. En annonçant (jne la Société d'acclimatation de Victoria s'occupe de faire venir une cargaison de Moutons prolifiques de Chine, M. Ramel explique comment, en raison des pertes incalculables de bétail en tout genre, causées par la sèche- àk SOCIÉTÉ nirÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLTMATATION. resse extraordinaire qui désole le continent australien, ces Brebis prolifiques viennent tout d'un coup d'acquérir un inté- rêt particulier. A ce propos, et tout en reconnaissant qu'il va sortir du cercle des travaux de la Société, M. Ramel expose qu'ayant demandé si MM. les savants qui s'occupent de météo- rologie avaient déjà étudié les rapports des faits météorolo- giques qui se passent aux antipodes avec ceux de notre hémi- .sphère ; sur la réponse négative, il a exprimé le haut intérêt qu'une telle étude pourrait présenter, car, en raison de l'intervalle des saisons, il peut en ressortir un avertissement pour l'un des deux hémisphères. Trois ou six mois d'avance on saurait à peu prés ce qui arriverait. Ce serait l'élargisse- ment du compas de l'amiral Fitz-Roy. M. Ramel prie MM. les membres qui appartiennent à l'Académie de vouloir bien apprécier cette proposition ; et il ajoute que l'arrivée pro- chaine des publications de la Jiojjal Society de Victoria permettrait une vérification rétrospective. Cette collection vient à la Société de géographie par les soins de M. Ferd. Mueller. — Diverses observations sur ce sujet sont faites par MM. Jacquemart, Davin, Geoffroy Saint-Hilaire et Cloquet. — Enfin, M. Ramel communique une lettre de M. Thomas Armstrong (de Melbourne), sur les Brebis chinoises : « J'ai » une Brebis demi-sang croisée avec un Bélier Colswold, qui » a fait six agneaux à une seule portée (quatre femelles et )) deux mâles). La même Brebis a eu deux agneaux en mars .) dernier : ce qui lait huit agneaux en sept mois. Sa sœur a >) eu trois agneaux à une seule portée le même mois et du » même Bélier. » {Austmlasian.) — M. Gelot donne lecture d'un Mémoire sur les éducations de Bombyx à Buenos-Ayres. — M. Forgemol dit que le défaut de son procédé de dévi- dage consistait surtout en ce que le décreusage se fait trop fortement, et que par suite le fil cassait trop souvent; il est parvenu aujourd'hui à obvier à cet inconvénient. — A la suite des explications sur les Vers à soie du Ricin, M. Ramel dit que se trouvant dans un appartement renfer- mant tous les échantillons de soie de Chine et de l'Inde, il a PROCÈS-VERBAUX. . 45 été frappé par un écliantillon de soie très-commune, et que sa supposition a été réalisée. La soie dite tussor, qui sert à faire les tissus de ce nom, est une soie de Vers du Ricin, ou Castor-o il plant. — Notre confrère, M. Ed. Renard, ancien délégué de l'in- dustrie parisienne en Chine, offre à la Société quatre pieds de Maïs géant, de l'espèce dite Guzco, d'une dimension colos- sale, et donne sur sa culture les renseignements suivants : € Deux des tiges desséchées proviennent de la récolle de 3) 186/i ; les deux autres, encore vertes, proviennent de celle » de 1865. Depuis plusieurs années je cultive cette belle » plante à ma campagne à Sainl-Maur, mais jusqu'alors elle )> n'était pas arrivée à maturité. Grâce à la chaleur prolongée » de l'année dernière, j'ai eu la satisfaction, cette fois, d'avoir 5 des épis parfaitement mûrs, comme il sera facile de le con- T> stater par l'épi attaché à l'une des plantes que j'envoie. » C'est là, monsieur le Président, un fait nouveau non-seule- » ment sous le climat de Paris, mais peut-être en Europe, et » c'est sans doute un grand pas de fait vers l'acclimatation. » Je dois dire tout de suite que c'est cà l'obligeance du docteur ï V. Baud, qui, depuis plusieurs années, s'occupe avec succès » de trouver un principe nutritif dans les nombreuses espèces » de Maïs, que je dois les graines du magnifique Maïs dont il » est question. Il a fait venir la graine à grands frais de Cuzco » même, et l'a distribuée à beaucoup de personnes avec une » grande libéralité. Gomme plante d'ornement dans nos )) jardins, dans nos parcs, le Maïs Guzco est appelé à jouer un ft rôle splendide, car ses tiges fortes et robustes s'élèvent de » 4 à 5 mètres de hauteur; elles offrent de loin un massif » de verdure tel qu'on se croirait en face d'une plantation de » jeunes Palmiers : c'est là du moins l'effet produit sur toutes » les personnes qui sont venues les visiter. Gomme plante » d'ornement, le Maïs Guzco a donc un grand mérite; aussi il » n'est pas douteux qu'avant un petit nombre d'années, il ne » soit recherché des amateurs et des jardiniers. Mais, dans la D grande culture, il a un rôle bien plus important à remplir, » car là il duil rendre d'importants services, puisqu'il fournira .u A6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » des masses énormes de fourrage, fourrage aussi succulent que le Sorgho et la Canne à sucre, et d'autant plus pré- cieux, qu'il arrivera dans ua moment de l'année (en août et septembre) où nos prairies artificielles sont le plus souvent desséchées. On peut dire qu'en moyenne, chaque tige de Maïs Cuzco pèse 5 kilogrammes. Or, si l'on espace les plants à 50 centimètres l'un de l'autre, on aurait une récolte de 100 000 kilogrammes à l'hectare. Jusqu'alors les quelques personnes qui se sont occupées de l'acclimata- tion du Maïs Cuzco l'avaient cultivé à la manière et selon la méthode de toutes les espèces de Maïs, c'est-à-dire en buttant les pieds ; de là l'insuccès, car le Cuzco demande une culture tout à fait différente. En effet, si l'on jette un coup d'œil sur une tige de Maïs Cuzco, on sera surpris de voir que des racines pendantes sortent des premiers nœuds du bas de la plante, et souvent jusqu'à un mètre de hauteur ; » c'est assurément là le signe d'une plante robuste gourmande, » et qui cherche à soUdifîer sa tige en prenant des appuis D dans le sol et même dans l'air : c'est ce qui m'a fait penser à » profiter de ces dispositions et à placer la plante à une cer- » taine profondeur en terre. Au reste, voilà la manière de la » cultiver qui, après bien des essais infructueux, m'a le mieux » réussi. — Culture du Maïs Cuzco dans les jardins. Pour 9 cultiver le Maïs Cuzco en massif dans nos jardins, et pour » obtenir de grands et vigoureux pieds, on procédera de la » manière suivante : On enlèvera du milieu d'une pelouse, par » exemple, disons environ un demi-mètre de terre végétale ; » on apportera dans le fond du fumier consumé ou tout autre ï engrais riche, qu'on recouvrira d'environ 10 centimètres de » bonne terre végétale. On plantera les grains de Maïs ou l'on » repiquera des plants forcés sous couche; mais en général il » vaudra mieux planter les grains, et réserver les plants forcés » sous couche pour remplacer les tiges qui, par quelque acci- » dent, auraient pu manquer. On arrosera ensuite suivant j les besoins, mais on n'épargnera pas l'eau, car cette plante » aime beaucoup l'humidité. Au bout d'un mois, les Maïs » seront déjà grands, et couvriront la terre de leur beau PROCÈS-VERBAUX. /|7 » leuillage ; on j)ouiTa alors biner, et l'on ajoutera une nouvelle » couche de terre végétale. On placera ensuite à chaque tige » des tuteurs hauts et solides, en se rappelant la taille que » devront atteindre les Maïs, car, sans cette précaution, ils » risqueraient d'être brisés ou renversés par des orao-es : ce » qui causerait des disparates désagréables dans les massifs, B car un tel accident retar de par trop la plante, qui, du reste' » ne fait plus guère que végéter. On rapportera ensuite suc^ » cessivement la terre et jusqu'à ce que le sol soit de niveau, » et cela au fur et à mesure que la plante prend de la force. On 5 n'aura plus qu'à arroser, et, quand on voudra le faire moins » souvent, on mettra un bon paillis de fumier pour entre- » tenir la fraîcheur. On pourra aussi planter une rangée de » Cannas autour de la corbeille, qui, par leurs larges feuihes, » garniront les pieds des Maïs qui se dénudent en grandissant ' ^ on peut même planter, pour couvrir le sol, quelques graines » de Gucurbitacées, Coloquinte, etc., qui s'attacheront aux » tiges des Maïs et les garniront à l'automne de fruits jaunes » semblables aux oranges. - Grande cultwe du Maïs » Cuzco. Pour la grande culture, on défoncera le sol à la plus * grande profondeur possible, soit à la pioche, soit à la » charrue; on formera ensuite de larges sillons espacés d'en- » viron 50 à 75 centimètres l'un de l'autre ; on relèvera la » terre en talus, comme nos maraîchers le font dans les envi^ » rons de Paris pour la culture de l'Asperge, et après avoir ^) cultive le fond des fossés, on placera, espacées à /jO ou 50 » centimètres l'une de l'autre, les graines de Maïs dans le fond s> des sillons. Sous notre climat, c'est vers le 15 avril qu'on ^) sème le Maïs ; dans le midi de la France, on peut sans doute » semer un mois plus tôt, et en Algérie encore un mois plu^ » tôt : alors on peut être certain d'avoir tous les ans des quan- « tités de graines mûres qui, comme pour nos céréales » serviront pour l'ensemencement des récoltes annuelles' » Les soins à donner ensuite consisteront à supprimer le^ » mauvaises herbes qui pourraient pousser dans la culture^ » et à rehausser successivement les plants de maïs, selon qu'ils i) s élèveront, avec la terre des talus, et jusqu'à ce que le sol liS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. » soit entièrement à plat; après quoi il n'y aura plus qu'à » attendre la fauchaison, qui se fera au fur et à mesure du 1) nombre de bestiaux qu'on aura à entretenir. A la fin d'oc- » tobre, la partie du terrain qu'on aura réservée, soit pour » avoir de la graine et être mangée en cannes, soit pour être » conservée tout l'hiver, devra être coupée et mieux arrachée; T> car les cannes, mises debout à l'abri des fortes gelées, se )) conserveront tout aussi longtemps que nos carottes et » betteraves, et seront d'un grand secours pendant la mau- )) vaise saison où les animaux ne peuvent sortir. Bien entendu, » pour ne pas ftitiguer la bouche des animaux, on se servira » du hachoir, et tous les animaux auxquels on les distribuera, » chevaux, bœufs, moutons et même les lapins, les mange- » ront avec avidité et de préférence à tous fourrages ; seule- )) ment il sera bon de leur en donner peu en commençant, » car cette plante est assez rafraîchissante. Dans les quelques » lignes ci-dessus, j'ai dit un mot du Sorgho, dont la grande » culture me paraît abandonnée ; cependant des essais avaient » assez bien réussi à la ferme impériale de Yincennes. Néan- » moins on s'y était mal pris, car j'ai continué à cultiver cette » belle plante si robuste, et qui demande si peu de frais de » culture, et chaque année j'ai eu une belle végétation et des » graines mûres. Il est vrai qu'au lieu de semer, je fais forcer » des plants sous châssis, puis je repique à la manière de nos » Colzas : voilà tout le secret. Et maintenant que cette plante » est acclimatée, il serait fâcheux de la voir entièrement aban- » donnée, aussi je m'empresserai de remettre de mes graines » aux personnes qui voudraient en faire une étude sérieuse. » Nota. — Dans la dernière séance du Conseil d'administra- tion (16 février), M. Aug. Duméril a communiqué le résultat des observations qu'il poursuit, à la ménagerie des Reptiles du Muséum d'histoire naturelle, sur les Batraciens urodèles à branchies extérieures, ûïls Axolotls, et donnés par le Jardin zoologiquc d'acclimatation. .. . . - Leur reproduction a eu lieu déjà trois fois, et neuf des animaux nés dans l'aquarium ont, au bout de huit mois, PROCÈS-VEUlJAU.N. iO donné le spcdaclc, jusqu'alors inconnu, d'jnc translbrmalion en Balracicns urodèlcs sans branchies externes. La dispo- sition des dcnls supportées par les pièces osseuses du palais est aujourd'hui tellement semblable à celle qu'on trouve chez les espèces qui forment le genre Ainhystome, propre à l'Amé- rique du Nord, dont le caractère essentiel consiste dans l'arrangement de ces dents en bande transversale, qu'il semble bien difficile de ne pas rapporter au même groupe générique les individus métamorphosés à la ménagerie. On se trouverait donc ainsi amené à faire disparaître des cadres zoologiques le genre Siredon ou Axolotl, puisque les animaux désignés par celte dernière dénomination ne seraient que des larves du genre Ambystome, représentant seulement une forme transitoire. Le bulletin de février contiendra une note détaillée sur ce sujet, accompagnée de ligures. Le secrélaire des sémices, J. L. SOUBEIRAN. *-.. 2' btuiE, 1. 111. — Janvier 180G. III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Lettre adressée par Jes aiiil>a!*sadeurs du !»(ultau du Maroc A SON EXC. M. DROUYN DE LlirVS, l'RKSTDElNÏ DE LA SOCIÉTÉ. (Tiaduit de l'arabe.) Monsieur le Ministre, Nous prions Voire Excellence de vouloir bien agréer nos compliments les plus respectueux, ei nous avons Tlionneur de lai faire savoir que vendredi dernier nous nous sommes rendus au Jardin d'acclimatation. Nous y avons vu les animaux les plus merveilleux et les plantes les plus rares. Ce spec- tacle nous a remplis d'admiration. Nous prions Dieu de vous conserver sous sa protection. A notre retour, quand nous serons admis auprès du Sultan, nous lui rendrons un compte détaillé de ce qui a frappé nos yeux dans ce jardin. Nous croyons qu'il joindra son nom à celui des autres souverains, cl qu'il contribuera à la prospérité de l'établissement par des envois d'animaux. INous avons l'iionneur d'adresser à Votre Excellence le montant de notre colisalion définitive, et nous vous prions, monsieur le Ministre, si nous avons besoin de plantes rares, de nous laisser prendre la liberté d'écrire à ce sujet à Voire Excellence. .Sahit et amitiés. :.. • . 3 i-umaduii 1282 (21 janvier 18G(3). Signé : Les ambassadeurs du Sultan du Maroc, Caïd Mohammed Echergui, CaïdHaij Mohammed ben Saïd de Salé. •' Lettre adressée par S. fk' le prînee lialiisa A M. LE DUiECTEUR DU JARDIN D'ACCMMATATION. Palais de Choubrali, le 17 décembre 1SG5. Monsieur le Directeur, J'ai reçu votre lettre du '27 novembre dernier, par laquelle vous me demandez de vous envoyer des Faucons sacres, et je m'empresse de vous annoncer que la saison est déjà trop avancée pour que je puisse satisfaire votre désir. Pour nos cliasses, nous prenons les Sacres en octobre et en novendire ; au mois de décembre, le passage diminuant, il est Irès-diflicile de s'en procurer. L'éducation des Sacres, qui dure quatre mois, doit commencer en novembre, afin de les avoir complètement dressés pour le mois d'avril. Si le moment de la prise des l-'aucons en octobre et noveiubre correspond à l'époque de vos chasses, c'est-à-dire de manière à vous laisser le temps voulu pour les dresser, je me ferai un plaisir de vous en envoyer l'année prochaine. Je vous ferai remarquer que vous aurez de grandes difficultés à surmonter, si vous désirez chasser le Chevreuil à l'aide des Faucons : en Egypte, quoique nous prenions bien le soin de choisir les Sacres les plus forts, il nous arrive souvent de les trouver un peu faibles, lorsqu'ils s'attaquent à une Cazelle mâle. Je serais très-heureux, monsieur le Directeur, si je pouvais vous aider dans votre dé.sir de rétablir la fauconnerie en France ; je me mets donc dès aujourd'hui entièrement à votre disposition. Agréez, elc. Signé : Halim. IV. CHRONIQUE Un Jas-dSn à Tunis , l'ai- M. Ernest G. de Giundmont. Tout Européen qui, pour la preinièrL' fois, débarque en Tunisie ressent une douloureuse impression à la vue de l'aridité du sol qui l'entoure. Pen- dant les IG kilomètres qu'il parcourt pour se rendre du port la Goulette à la ville, Tunis, il n'aperçoit qu'une interminable plaine de cliamps incultes. C'est en vain qu'il clierche un ombrage pour le protéger contre los rayons d'un soleil brûlant. Presque de tous côtés, lui sable lin et mouvant que retiennent à grand'peine les Ficoides maritimes, grêle végétation que les bestiaux refusent de paître, que le Chameau lui-même n'accepte guère qu'après une longue privation d'aliments. .l'ai parcouru cette plaine, j'ai ressenti la douloureuse impression qu'elle cause, et, songeant à nos bois, à nos prairies, à nos champs, à nos cultures si variées, à tout ce qui fait le charme enfin de notre belle France, j'ai cru cette terre, autrefois le grenier de la Home antique, désormais vouée à la stérilité. Cependant un magnihque jardin de récente création, situé à quelques pas de la mer, donne un éclatant témoignage de la fécomUlé du sol, que l'apathie des populations lai.sse absolument improductif. Ce jardin est celui de Son Exe. le général Khérédine, l'un des membres les plus généreux elles plus zélés de notre Société, le premier de la Tunisie qui ait tenté de faire comprendre tout ce que renferme de dévouement à ses semblables le rôle de celui qui se consacre à l'œuvre de l'acclimatation. Au Cram (l'iguier), non loin de la Goulette, sur cette langue de terre aride projetée entre la mer et le lac, 2 hectares environ de ce terrain brûlé et sablonneux ont été plantés des essences les plus diverses pour former le parc attenant au palais carré du général. Comme la seule condition qu'exige le sol de la Régence, pour reprendre son ancienne fertilité, est d'être arrosé, on a fait une prise d'eau à l'ancien aqueduc de Cartilage, restauré, non d'après les plans grandioses des lîomains, mais, le plus souvent, à l'aide de siphons métalliques, qui amènent les sources du Zaoughan et du Djougar, jusqu'à la Goulette, en passant par Tunis. Aucun ordre méthodique ne préside à la disposition du jardin, planté laiitùt à la française, tantôt à l'anglaise, mais toujours de façon à mieux faire ressortir la forme des végétaux, leur variélé et les teintes si diverses de leur feuillage. Tant de soins sont mis à l'entretien de ce parc, qu'en y pénétrant on se croirait tout à coup transporté dans l'un de nos plus splendides squares parisiens. A côté des arbres de nos forêts, l'Aune, l'Éi'able, le Frêne, le Peuplier, l'Acacia, la Platane plantés à Tàge de six à huit ans, végètent le Mûrier de la CliinC; le JNéflier du Japon, le Noyer d'Amérique, l'Oranger, le Citron- 52 i,u(;ii':i K imi'kki v!,!-: zouLuiiinut; d'acclim.vtatiok. nier, !.• \:a;;ii(ili,i liMiispIdiilcs iiièmc ù Tàgc clo \iiiL;t-cin(i à lien le .iiis. A l<'iir |)it'(I, sn (h'VLlnppciit les .irbuslcs los plus divers, s'oijinioiii-seiil les fleurs les plus belles et les plus riires. Là le Chèviefeiiille uni à l.i Ciiuipa- iiule f;rarieiisc s'élance craibi'e en arbre ou longs festons parfumés; ici le Jasmin double, par son odeur suave et pénétrante, attire le promeneur arabe (i). Plus loin, les Cassia aux Heurs d'or, les Cannas aux liges droites et articulées, les Verveines reclicrcliées des llomains et des (iaulois pour les cérémonies religieuses, forment des buissons ou corbeilles variées. Parmi les arbres les plus précieux, on peut citer : le Cirier de la Loui- siane, l'Arbre à suif, l'Eupatorium tinclorium, le Frêne à manne, le Sumac dos corroyeuis, le Ficus elaslica (2). Les Bananiers, desquels Bernardin de Saint-Pierre a [)!i dire (Hi'iis donnent à riionimc de quoi le tiourrir, le loger, le meubler, Fliabiller et l'ensevelir, s'y trouvent également représentés par les espèces les plus estimées. Dans ce jardin, le seul de la Tunisie où la science de l'iiorticulture soit .ippliquée avec autant d'ar!, la végétation est vraiment luxuriante, et l'on ne pourrait croire tout d'abord que les plantations qu'il renferme n'ont pas plus de quelques mois d'existence (3). Dans notre belle Provence, quatre années de culture ne donneraient pas de tels résultais. Si Ton pi-nèlre dans les vastes salles du palais du Cram, i'reil, ébloui |)fu' l'éclat des murs blancbis à la cliaux, suivant la coulume iiuisulmane, se repose avec un indicible plaisir sur des massifs d'arbusies cnlouranl des aquariums marins, où s'ébattent au milieu de rochers disposés avec goût et recouverts de gracieuses Ac(''tabulcs, de Céraniies aux brancliages élégants, d'Agares aux languettes onduleuses, de jeunes Poussons d'espèces et, de mœurs variées. Pour compléter ses moyens de culture, le génér;;] vient de faire construire par AI. Ilerbeaumont deux serres confiées aux soins infatigables de AI. VVeber, son li:ibile jardinier français. La première, dite Hollandaise, est destinée à conserver les piaules les plus précieuses ; la seconde est réservée à la multiplication. Le général veut ainsi, non-seulement entretenir sa ricbi; colleclion, mais l'augmenter, afin de pouvoir offrir, et, par là, faire naître chez les riches musulmans le goût de rhorlicullurc, et peut-être celui de l'agriculture. Pour terminer le récit des travaux d'acclimatation auxquels se livre le général Khérédine, je citerai un important semis de Coton qui doit être fait, l'été prochain, sur un terrain sablonneux où déjà des essais sur ime très- pelile échelle, et dans des conditions relativement très-mauvaises, ont donné d'excellenis résultais. Tous ces travaux, le but vers lequel ils tendent, ne prouvent-ils pas qu'eu dehors du pouvoir, il est un moyen accessible à tous de rendre service (1) l.c JaMiiin d'AKiliir {l'eu}) ust la llciir la \'\m csliiiiéu des Arajjcs. (2) Voyez ci-aincs le ciil,ilut;ue des ]ilaiilci- eullivées au Cram. (i) Le jaidin a clé plaiilc au moi» d'aviil 1805. Cfir.ONIOUE. 5 il à son pays, do iravaillor pour W bii'ii do ses soml)|;il)Ios? C'esl rc que le p,t5n(5ral Kliôrodine ossayo do driiioniror à sos ronciloyons. Tant d'oiTorls porsovéranls parviondi'ont-ils à faiio pormor clioz los Arahos los idôos m'-m'- ronsps, à leur donnor l'aiiioiir dn progrès? On pont en donler, on songoaiit rpie la tradition ot l'iisago sont ii'i los seuls maîtro.^, qno rotio lorre ost vraimont la terre de rinimobililô. — M. ?]rnest G. de Grandmont a joint à cotte note : 1" l'état do la noni- hronso colloction de végétaux (plantes, flfnrs et arlires) semée an mois d'avril 1865 chnz Son Exe. ^\. lo général Khérédine; 1° l'éial, ci-aprôs reproduit, dos végétaux de divers âges (pii ont parf.iilor.iont réussi jnsipi'alois l'I qui conservent leurs tleurs pendant Tiiivor. 0 v;uiijl.és N;ircissus. 12 i;'.. Pciveiiclie de Mailnga^rar. » » ici. major. (i il!. Veibcnn. () iti. (llirysynliieinMin. 10 iii. l'L'largoniuiii. S iJ. Pétunia, 'j iil, S;ilvia. 10 iil. Diaiitlnis. 2 id. I ubéreuse. 2 il. Asclépias. 'i id. Abiililon. 'i id. I^issifldra. 2 il. Romarin blanc et bleu. 2 id. Loniceia scmpervirens. ') » id. llexuosa. )) )) Cliloiia Ternalea. 2 id. Pliiridiap,!). 2.') id. (ianiia. ■' iil Sol.iiium. llidiolroiip. (.oliU'assia. (Itirdiea. 10 variétés Acacia. à id. Duranta. () id. Lantana. )) » Poincelia. » « lîuddlfia. M )) Sida. «) id. Hibiscus. » » Camellia. 'l id. Jiisticia. » )) lîii^nonia stans. » )) l'.ivinia humilia. (i id. ('assia. » » Nicotiana j^lauca. 2i) id. Rosiers. jj » (",alicar[ia. 2 id. Datura. » )} E: ytlirina. » )) Lauriei-rosc. » )) .Symphoricarpos. » ») I.eonotis Iconurn- i> » Néfliers du J.'ijjimi 2 i>l. Ce^tinn). 2 i.i. l'unica iiaiia, 2 iil. Celastrus. )> » Yidipoma. )) )) t'civonia. 1) )» (lultoria. » » Riisselia. (i i.i. 1 iiclisia. à id. Ciiniini. id. id. id. id. Veronica specios.i. 2 iil Jasmin. » » Delairia odorala. l'ne belle et grande collection «le .lacinllies, Renoncules, Anémones, l\id. rdaïeuls. Iris. lîîijsîioï'i sur !<• Brome de ScIîradcB'. Peu de découvertes en agriculture ont été accueillies avec autant de faveur que l'apparition du Brome de Schrader. De tous côtés, on a voulu essayer la plante nouvelle, et l'industrie, mettant à profit celte vogue suhilr, s'est hâtée de produire une quantité considérable de semence qu'elle a pu écouler à un prix élevé. On la vendait encore, l'an dernier, sur lo pi-'d de 2.Ô fr. le kilogrannne; el bioulieiiroux élail raclielem-, si, pour ce prix e\''es- b!i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sif, il n'avait point nçii qiif iquo yrainc sans valeur d'un Brome des bois, Aujoiird'luii que le premier moment d'engouement semble passé, voyons ce que promettait et ce (|u'a donré le Brome de Scbrader. Nous l'avons vu ap- paraître avec tout un cortège de précieux avantages : végétation d'une vigueur exceptionnelle ; rusticité ; rendement bois ligne en fourrage comme en paille, comme en grains; qualités nutritives incomparables: il avait tout réuni. — Secs ou liumides, calcaires, argileux ou siliceux, ricbes ou pauvres, tous les sols devaient le produire, sinon également, du moins toujours avec béné- fice. C'était beaucoup; mais ce qui est nouveau traverse ainsi une première période toute de faveur. — Étudié avec plus de calme, le Brome nous appa- raîtra moins doué sans doute, mais, nous l'espérons, très-utile encore. Sim- plifions toutes ces promesses, et réduisons-les aux conditions suivantes : Le Brome est-il appelé à donner mieux que nos plantes de pioduction analogue, et devons-nous le préférer à la Luzerne, par exemple? Peut-il croître dans les terrains qui ne produisent point la prairie arlificielle, et doit-il y devenir une ricliesse nouvelle ? Enlin, dans les terres qui sont abondamment pour- vues de fourrages, constituera -l-il une ressource nouvelle d'un rendement relatif suffisant? Dans ce dernier cas, assurément, le résultat obtenu serait fort utile encore, puisqu'il permettrait de varier davantage la nourriture du bétail. Dès l'apparition du Brome de Scbrader, la Société d'acclimatation s'est efforcée de recueillir et de répandre tous les renseignements qui sem- blaient être de nature à éclairer sur l'essai qu'on voulait tenter. Les résul- tats partiels que l'on avait obtenus, elle les a publiés aussitôt qu'ils sont arrivés à sa connaissance. Il y en a eu, sans aucun doute, de très-satisfai- sants ; mais, dans quelles conditions avaient-ils été tentés? Il est certain que peu de plantes se montreront rebelles à de grands soins et à une terre d'une quafité très-supérieure. Mais la grande culture ne peut tirer aucun parti avantageux de ce qui réclame une situation trop exceptionnelle. — Pour être admise, il faut donc qu'une plante nouvelle constate son utilité au mi- lieu des conditions ordinaires où elle est appelée à prendre place. Désireuse de formuler enfin une opinion aussi positive que possible sur l'utilité du Brome de Scbrader, la Société d'acclimatation a commencé, cette année, dans des sols de différentes natures, éloignés les uns des autres et diver- sement préparés, des essais qu'elle se propose de suivre avec soin. Voici quels ont été jusqu'à présent les résultats de ces expériences : M. Micbelet, à Manoncourt, a semé, le 8 avril, en lignes distantes de 0™,-25 dans une terre calcaire bien fumée et préparée par deux cul- tures. La plante a levé neuf jours après la semaille ; elle a reçu deux binages. Les trocbées n'ont pas atteint plus de 8 à 10 centimètres de diamètre. — Elles ont porté de quinze à vingt tiges d'une hauteur moyenne de 50 à (iO centi- mètres. La maturité a commencé vers le milieu de juillet, et le rendement a été, par are, d'environ '25 kilogrammes de fourrage en vert, 6 kilogrammes de paille et 20 litres de grain. A Remenauville, dans une ferre calcaire aussi et à sous-sol perméable. >■ ■ CHRONIQUE. 55 M. Giiicliard a l'ait deux essais. Dans un terrain très-riche, il a semé en li£;nes avec distances de 0"i,20 dans la ligne etde 0"',30 entre les lign'es. Dans une autre partie de qualité moijenne, il a semé à la volée. Le semis en lignes a levé au bout de vingt jours, et a été bêché deux fois. Les trochées n'ont pas atteint plus de 0'»,08 en largeur et 0'",50 en hauteur. — Elles n'ont porté qu'une moyenne de 10 à 12 tiges. Quoique la semaille eût été faite dès les premiers jours d'avril, la maturité n'a commencé qu'en août. Le rende- ment en grain n'a été que de 10 litres par are. Le second essai n'a rien pro- duit. — La plante n'a levé que trois mois après la semaille, et elle n'a pas atteint plus de 20 à 25 centimètres de hauteur. A Villers-lez-Nancy,dans des terrains calcaires à soii.s-sol très-perinéahle, la plante a été deux mois à lever. — Les trochées sont restées grêles. — La hauteur des tiges n'a pas passé .50 centimètres dans les parties les mieux réussies. — Le grain a été beau, mais très-peu abondant. A Longeville-lez-Cheminot, !\1. Caye a semé en lignes dès le 26 mars, dans une terre siliceuse à sous-sol perméable, bie7i fumée et bien préparée. La plante a levé quinze jours après la^ semaille. Elle a été bêchée et arrosée i la main. Le diamètre des trochées n'a été que de 8 à 10 centimètres, leur hauteur de ZiO. l'allés ont porté une moyenne de quinze à vingt tiges. La première récolte a été faite du 25 au 30 juin. La plante s'était de nouveau bien préparée, mais la grêle est venue détruire en août l'espoir d'une se- conde moisson. Le rendement en grain n'a point passé 10 litres par are. M. Marin, agriculteur à Insviiler, a fait deux essais consciencieux dans une terre siliceuse à sous-sol tout à fait imperméable. Il a opéré à la fois sur un terrain très-riche en fumure et sur une terre placée dans les condi- tions les plus ordinaires de sa culture. Dans l'un et l'autre essai, il a semé, à la fin d'avril, en lignes distantes de oO centimètres. Dans le terrain très- riche en fumure et très-modifié par un marnage abondant, la plante a rais deux mois à lever entièrement. Les trochées ont atteint 15 à 20 centimètres de diamètre. Elles ont porté une moyenne de vingt tiges de 80 centimètres à i mètre de hauteur. La maturité a commencé en août. Elle s'est produite irrégulièrement, et la récolte du grain s'est prolongée jusqu'à la fia d'oc- tobre. Le rendement a été dans la proportion de 10 hectolitres à l'hectare. Mais si le Brome a si vigoureusement végété dans la terre richement prépa- rée, il n'en a plus été ainsi quand il s'est trouvé placé dans des conditions ordinaires. Et le second essai n'a donné que de bien minces résultats. Les trochées ont été grêles, les tiges peu nombreuses, et le grain rare et très- petit. A Vilcey-sur-Fraye, M. Collet a semé aussi dans un terrain siliceux, humide, mais à sous-sol perméable. La terre était grasse et avait reçu deu.\ cultures. La semaille a été faite au conmiencement d'avril et en lignes espa- cées de 30 centimètres. La plante a levé vingt jours après. Fin de mai, après un binage, elle a été irriguée. Un cinquième environ de la semence a man- qué, le reste a poussé vigoureusement. Les trochées ont atteint 20 à 25cen- 50 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOTOUE d'aCCLIM.VTATION. limèlrcs de largeur et de 90renlimc>tres à 1 mène de lianleur. Il y a en une movenne de vingt à trente tiges et un rendement en grain de plus de 50 litres par are. Dans ces conditions, le Brome peut fournir jusqu'à (pialre coupes, d'un poids de 20 kilogrammes cliacune et par are. On a gém'-ralemcnt re- connu que le bétail mange bien le Brome coup('' eu verl ou en sec, mais sans préférence pourtant sur une autre sorte de fourrage. Il est constaté aussi que le semis en lignes a mieux réussi que reuscniencemcnt à la volée (1) ; nulle part la maturité du grain ne s'est produite de façon à le récolter en une seule fois. On a dû couper successivement les épis mûrs, et l'on a perdu ainsi une assez forte quantité de semence qui est lomhée d'elle-même sur le sol. La volaille est très-friaiulc de ce grain de Brume, ainsi (pie de la plante elle- même, lorsqu'elle conmience à sortir de terre. Enfin, partout la plante a poussé à raiitomne avec une nouvelle vigueur. Elle s'est fortifiée cl elle a luaintciiaiit un irès-bcl aspect. Le grain qui est tombé sur le sol pendant l'opération de la récolte a bien levé après un léger binage. Les nouvelles pousses ont garni les manques et complété les tro- cbées. L'année était évidemment peu favora!)!e, puisqu'elle a été d'une sécberesse exceptionnelle. De ces quelques essais, trop peu nombreux encore, si l'on veut, mais faits avec soin, on peut cependant tirer déjà des conclu- sions suffisantes pour qu'il soit permis de répondre, du moins en gros, au>; questions que nous avons posées dès le début de ce rapport. Ainsi, il paraît assez bien constaté que le Brome est inférieur, en qualilé comme en rende- ment, aux principales piailles de nos prairies artificielles, ['arloul où croîtra bien la Luzerne, par exemi>le, elle devra toujours lui être préférée, \lais il est malbeureusemenl beaucoup de icrrrs où la Luzerne, pas plus quele Sain- foin et même le Trèlle, ou ne végètent pas du tout, ou donnent un résultat tellement médiocre, que la culture u'en peut être suivie. — Telles sont sur- tout les terres silirriises: à sohs-soI aniilcitx /Diporinêable. Là le Brome peut être appelé à jouer un rôle utile, et les essais doivent y être poursuivis avec persévérance. Enfin, là même où croissent abondamment les plantesde prairies artificielles, ce Brome peut être utilisé encore, en devenant une va- riété de plus dans l'alimentation du bétail. Mais, ce qui nous frappe surtout et qui ressort clairement des essais qui viennent d'être tentés, c'est qu'il faut à ce Brome des conditions de fumure supi'rieures à celles dont se contentent nos plantes de production analogue. — Assurément, c'est là un obstacle sé- rieux. Une seconde condition esseiilielle de bonne réussite, c'est une bumi- dité suflisante. — Nous avons vu (juc le Brome s'est très-bien trouvé d'une irrigation largement faite. Celte condiiion d'bumidité peut être un avantage plutôt qu'un obstacle. — Sans dont? il en résulte que les terres de côte ne devront point continuer la culture du Brome; uiais dans les lieux bas, l'irri- gation abondante suppléera, ju>qu'à un certain point, à la n(M-essilé d'un Irès-riclie état d'engi aissement. (I) On roiii|i(i' onvirim !0 liln-* iln ^piiioiicp |i:ii' lipii;ire. 4^ ^ (;iii;u:MnuE. • 57 Voil.î, (|iiiiiil à prt'se;)!, co ([ii-; hi Socii'k; d'accliiiiiitalioii peiil coii^laUM-, apirs !(!.s essais do ccito aniUM'. (".rs essais seront rontiiiiiés, et Tau procliaiu nous lournira piobajjiciiieiil de nijiivelles observations à l'aire coniiailrc. PlERSON DR Br.ABOIS. (t'.r//'(/ti (/i( liiitklin de la Socictc vâjionalc d'acclimatation pour la zone du mrd-csl.) Pèclier d'ÉgypIc cultivé ù Tullins (Isère). Cet arbre fruitier, dont notre /yit//er«/i s'est occupé déjà plusieurs lois, no- tamment dans le numéro du second trimestre de 1857 (p, 73-75), fut importé de Syrie en France par le commandant Barrai. C'est au Dauphiné que revient ensuite Flionneur de l'avoir propagé dans notre pays. De cette province, grâce à la Société d'acclimatation de Paris, il ne tarda pas à se répandre, et voilà cinq ans passés que plusieurs noyaux en ont été donnés au jaidin des plantes de Nancy. Le seul pied que l'établissement botanique de cette ville ait conservé dans son enceinte a pris un développement rapide et prospère : il mesure aujourd'hui '2"', GO de liauteur, quoique des accidents en aient dé- couromié la lige principale. Elevé, comme il doit l'être, en plein vent, Il a porté des fruits pour la première fois en 1865 : on en a recueilli pour le moins une vingtaine, que l'on a reconnus savoureux et comparables à cette bonne pèclie, a celle de l'espèce vraie, que Ton cultive de temps immémo- rial dans les \ ignobles de la Lorraine. Tel est le jugement prononcé par M. le docteur Godron sur l'arbuste égyp- tien, qui s'appellera chez nous le Pécher de Tallins. One le savnnt doyen de la faculté des sciences nous permette d'ajouter à son rapport les observa- lions de deux d;* ses émules en acc!ini;itation. Voici d'abord une lettre qui nous est adressée par un de ses confrères, par !\l. le docteur V. Boppe (de Nancy), lequel avait reçu de nous, en 1857, deux no}auxdu Pêcher d'I'lgypte. IMalgré la difficile épreuve de la transplantation eu 185;>, et une neige écrasante en 18G1, il reste aujourd'hui sur pied, à l'aide des soins de M. le conseiller Bossu, la plus belle tige possible, de Il mètres de liant et de 25 centimètres de circonférence à la base ; un arbre qui donnait dès 186u, en dépit des difficultés de toute sorte, une huitaine de pêches; environ quinze en iSd'i, à la suite d'une floraison magnifique (trop luxuriante même), et plus de deaj: ceuls en 1865. * De l'avis du docteur Bt)ppe, qui possède maintenant trois de ces Pêchers, dont un lui vient du regrettable M. Monnier, naguère président de la Société d'agriculture, \c.ii fruits de Ifti^î/is sont plus gros, plus savoureux, meilleurs (pic la pèclie de vigne, de laquelle, au reste, on confond assez communé- ment les variétés bâtardes avec l'espèce franche, qui n'est certes pas m;iu- vaiso. Le Pêcher d'Egypte mérite donc bien qu'on le cultive, et que la Société d'acclimatation le recommande. 58 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. C'est une éducation qui nécessite, d'ailleurs, certaines mesures attentives et prévoyantes. Nous allons écouter sur ce point l'expérience du second de nos honorables correspondants, de M. G. Delaunay: — « J'avais planté trois noyaux de pèclie, suivant les indications fournies par M. Jules Bertrand, de Tullins. 11 en est résulté deux arbres, dont l'un, mis en plein vent, a 2 mètres de haut sur !\0 centimètres de diamètre, avec une belle tète bien garnie de branches. » En 1862, j'obtins déjà quelques fruits; en 1863, les fleurs ont été mal- heureusement détruites par les yelécs tardives ; en i86Zi, ma récolte fut assez belle; en 1805, chaque arbre m'a donné de cinquante à soixante pèches de grosseur moyenne, parfumées, succulentes, mûres dans la première quin- zaine de septembre. » Tour entretenir ces arbres en bon état, je me contente d'en retrancher les branches mortes et celles qui font confusion avec d'autres. )) Ainsi que les essences ordinaires, les T'èchers de Tullins sont sujets à deux maladies, la cloque et la (juurme. Je réussis à pallier un peu ces incon- vénients en arrosant mes arbres, au printemps, avec de l'eau chargée de sulfate de fer. » En résumé, le Pécher de TiilUn.s est d'une acclimatation facile et dési- rable ; ce serait une acquisition excellente pour les jardins où, faute de murs, on ne peut pas établir d'espaliers. » A ces détails M. Delaunay joint des renseignements précis sur la manière dont il fait ses semis dans une terre assez forte et quelque peu froide : K Je plante mes noyaux en octobre, dit il, dans des trous assez grands, que je prépare comme si je devais y mettre des l'oiriers ou des Pommiers, et dont je garnis le fond des détritus du jardin ainsi que dune couche de fu- mier consommé qu'on mêle aux terres de la fouille. Sur ce premier lit j'étends 15 à 20 centimètres d'un bon terreau, dans lequel je dépose les noyaux, à 10 cenlimèlres de profondeur. Je recouvre le tout de feuilles sèches. Au retour du printemps, je laisse la plus belle tige en place, et je transplante les autres. » L. Leupol. (Extrait du Uullclm de la Société régionale d'acclimatation pour la ione du nord-est.) ' Be l'élevage des volailles». Dans une brochure publiée récemment à Berlin, nous trouvons des dé- tails bien curieux sur l'élevage des volailles. L'auteur de cette brochure, M. Walther, chef d'exploilalion rurale et directeur des fabriques du prince de Thurn el Taxis, est parvenu à augmenter de 11/i 000 frams les revenus de plusieurs domaines conliés à ses soins, par la fondation d'un élalilisse- ment d'élevage et d'engraissement de volailles, établissement que nous croyons être le premier el le plus important de son espèce, ainsi que l'affirme lui-même le prince de Thurn el Tilxis. Partant de celle idée que l'élevage de Poules exclusivenienl nourries de CHRONIQUE. • b\) grains ne peut pas èlre irès-avantageiix, M. Walilior a imaginé de ne faire entrer le grain dans la nourriture de ces volailles que pour une part très- minime, et de faire consister le surplus, pciulant l'été, principalement en vers, et en hiver en viande d'animaux morts ou abattus. Cette idée est juste: la Poule est plus Carnivore que granivore; l'habitude qu'elle a de gratter la terre atteste sa préférence instinctive pour les vers et leurs larves sur le grain. Elle peut se nourrir au moins aussi bien de viande que de grains, et elle diffère des oiseaux uniquement granivores par la con- formation de son bec, de ses ongles et de sa membrane stomacale. La Poule se nourrit, à la vérité, de graines ; mais si on lui jette de l'orge et en même temps de la viande ou des insectes, elle se précipitera avide- ment sur la viande et les insectes d'abord, et ne mangera le grain que si elle a encore faim. Celte observation est de la plus grande exactitude. Bien que l'auteur soit d'avis qu'avec l'alimentation ordinaire en grains on puisse encore retirer un profit assez élevé de l'élevage des Poules, il ne s'ar- rête pas à ce mode d'entretien, parce qu'il ne le trouve pas assez lucratif, et il établit des verminières eu plus ou moins grand nombre, selon l'exten- sion donnée à son industrie, l'our cela, on creuse des fosses d'un mètre de profondeur, dont le fond est pavé. Les murs latéraux doivent être aussi uni que possible, pour que les larves ne puissent pas s'échapper ; ils doivent en outre s'élever un peu au-dessus du sol. Il faut couvrir les verminières d'un toit, parce que la pluie et la gelée nuisent au développement complet des larves. Une hauteur de 1">,50 jusqu'à la toiture suffit pour les murs laté- raux, et l'on peut réunir plusieurs verminières sous un même toit. Dans la longueur des murs latéraux, chaque verminière a sa porte située vers le sud ou l'ouest. ^ La fosse faite, on y met: -■ 1° Une couche de 16 à 18 centimètres de seigle haché ; 2" Une de crottin pur de cheval de 3 à à centimètres d'épaisseur ; 3" Une couche do 2 ou 3 centimètres de bonne et fine terre tamisée ; à" Une couche de 2 ou 3 centimètres du résidu de brasserie (drèche). Sur ces matières on jette 2 kilogrammes de sang d'abattoir corrompu, ou mieux encore des intestins d'animaux morts, ou d'autres déchets de viande sans utilité. On forme ensuite plusieurs couches en suivant le même procédé. Ces verminières réclament des soins d'entretien. Les matières ne doivent pas y être tassées, l'air doit pouvoir y circuler ; si l'on y met trop de sang, la masse devient humide à l'excès et les larves y meurent av.uit de se dévelop- per. La pluie produit le même effet. Il faut, en hiver, garantir les fosses de la gelée en les recou\ raiu de nattes de paille, et de cette manière on obtient des larves même dans cette saison. Ce mode d'ahmentation est extrêmement économique; drux repas jom- naiiers avec des larves bien développées suûisent plcinomeiii. Pour cela, on prend avec des pellos de bois, dans la verminière, à peu près le doid)le de (iU SUCIÉTÉ I.MIÉIIIAI.L; ZUOLUCIUJUE u'aCCI.IMATATIUN. (m; que l'on doniicrail en grains, car les larves sont mêlées avec les nialé- riaux fini ont servi à Icnr l'oimalion. GO ^ranimes de larves suffisent par jour à une pondeuse, tandis que les l'oulels à l'engiais reçoivent en petites portions, souvent renouvelées, le double en larves, viande et grains; si l'on en donne trop à la pondense, elle de\ient crasse et pond moins. D'autre pari. M""' Millet-r.obinel recommande, dans le .loiiriKil (Tagrirul- tiirc pratique, comme étant celle de tontes les nourritures qui lui a le mieux réussi ponr l'enq)àtemenl des volailles, la farine de sarrasin ou blé noir par- faiiement blutée. On pélrit celle farine avec une quantité suffisante de lait doux pour en faire une pîitc plus compacte que celle du pain. Après un bon pétrissage, on la coupe par portions grosses environ comme deux œufs ; on la roule avec la main sur une table pour en former des rouleaux gros comme le doigt pour des bêtes de moyenne force, un peu plus on un peu moins gros pour les bêles plus ou moins fortes. On divise ces rouleaux en pàtons en les coupant en biais avec un couteau, à la longueur de 6 à 7 centimètres. On procède ainsi pour toute la pâtée qu'on a préparée, et qui doit être pro- portionnée au nombre et au degré d'engraissement des volailles. Pour délayer facilement et proprement la farine avec le lait, on la met en tas sur une planche à pâtisserie ou sur une table ; on fait un trou au milieu ; on y verse le lait, qui doit cire plus que tiède en hiver, et avec une cuiller de bois on incorpore peu à peu la farine. Lorsque la pâle devient assez épaisse pour qu'il ne soit plus possible d'y incorporer la farine avec la cuiller, on achève le pétrissage avec les mains ; elle n'y adiiè: e plus. I\l"'>= Millel-r.obinet ne partage pas l'opinion des personnes qui prétendent que la farine d'orge et même celle d'avoine peuvent remplacer avantageuse- ment celle de sarrasin. I.a farine de maïs, du maïs blanc surtout, peut con- venir ; mais, outre qu'» lie esl d'im prix asse^ élevé, elle ne fait qu'une pâte courte qu'il est très-difficile de rouler pour en faire des pâions. M""^ Millet regarde cependant comme très-bon le mélange de cette farine avec celle de sarrasin, qui fait une pâle longue et liée. Mais presque partout la farine de maïs est d'un prix plus élevé que celle de sarrasin, attendu que le maïs demande des terres d'élite pour donner de bons produits, et de plus un climat assez chaud pour mùrii-. Le sarrasin esj, au contraire, une i)lanle rustique, qui réussit à peu près dans toutes les terres et à peu de frais de culture. Les pàtons faits, on les place sur un plat ou une planche légère; on se mu- nit d'un pelil vase contenant de l'eau claire, et l'on empale la volaille. Les bêles ainsi engraissées ont la graisse d'un blanc mat et la chair comiue transparente sous une peau d'une finesse extrême. Il faut environ la farine d'un décalitre de sarrasin pour engraisser une hèle de moyenne force. {Exl'-ail des Aniialca de la Sociélc d'a(jricnllure de la Cliarente.) ** * I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). ESSAIS D ACCLIMATATION PRATIQUE EN NORMANDIE, Par n. le comte d'ÉPRÉTTIESIVIL. y (Séance du 23 février 1866.) Messieurs, plusieurs de nos collègues ont fait d'intéressantes communications sur leurs expériences d'acclimatation pra- tique; ils nous ont dit, peut-être un peu trop succinctement, les résultats qu'ils ont obtenus. Pour moi , je regarde ce genre de communications comme si favorable aux progrès de nos études, que je n'hésite pas à prendre la parole avant d'avoir obtenu des succès bien sérieux. C'est donc une espèce d'inventaire, un programme d'expériences que je viens mettre sous vos yeux, plutôt qu'un récit de tentatives menées à bien. L'acclimatation, à mon sens, ne fera de véritables progrés que grâce aux efforts des particuliers; les jardins d'acclima- tation ont un rôle spécial, tracé k l'avance, rôle d'une grande importance, mais qui demeurera relativement stérile, si le public ne lui donne pas sa sanction et son appui. Le goût des fleurs, des arbres rares, de l'arrangement des jardins, a fait depuis dix ans surtout des progrès remarquables. Nous devons espérer que nos travaux rencontreront la même faveur, et que nos parcs, nos faisanderies, nos volières, nos aquariums, prendront bientôt, dans la décoration des grands parcs et des modestes jardins, leur place ta côté des serres, des orangeries, des massifs et des corbeilles de fleurs auxquels la passion du public a donné droit de cité. Voyons maintenant en quelques mots quelles sortes de faci- lités, d'encouragements, il appartient aux Sociétés d'acclimata- tion de donner dans la direction du but qu'elles poursuivent. (1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin, 2*^ siiKiE, T. III. — Février 1866. 5 6'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Supposez qu'une personne étrangère aux matières qui font l'objet de nos études veuille s'adonner à cette branche nou- velle de l'agriculture (\u\ s'appelle V Acclimatation^ elle se trouvera, dès le début, en face de trois désirs : Elle voudra être renseignée théoriquement sur les sujets les plus dignes, à un ou à plusieurs points de vue, d'attirer ses efforts, et sur la meilleure manière de conduire son œuvre à bien. Ceci est spécialement, à mon avis, l'affaire du Bulletin de notre Société. Je voudrais, et je n'entrerai pas ici dans les détails que comporte la matière, que chacun de nos bulletins, obéissant à un ordre fixé d'avance, contînt quelques pages consacrées à la pratique de l'accHmatation, de manière qu'au bout d'un certain temps, la réunion de ces pages in extenso ou par extraits format un véritable manuel d'acclimatation, comprenant toutes les matières qui nous intéressent. Un tel ouvrage manque absolument, et serait également utile pour encourager les nouvelles tentatives, et pour corriger ce (ju'il y a de défectueux dans les anciens errements. Je suppose maintenant le choix de notre an'.ateur novice fixé ; il s'agira pour lui d'acquérir au meilleur prix, aux meil- leures conditions possibles, les animaux qui auront attiré son attention, et il désirera non moins vivement trouver un marché commode pour écouler ses produits. Pour satisfaire à ces deux derniers besoins, les deux socié- tés, la Société impériale et la compagnie du Jardin, doivent se réunir. J'ai toujours été frappé, depuis que je m'occupe d'ac- climatation, de la disproportion qui existe entre la demande et l'offre. Les acheteurs ne manquent jamais, dès qu'un animal rare parait sur le marché : il est vendu à des prix souvent trop élevés; et j'ai vu tout dernièrement une très-riche collec- tion d'oiseaux exotiques ne faire pour ainsi dire que paraître à Paris chez un de nos marchands d'oiseaux, qui ne craint pas d'acheter cher les raretés, et passer dans les mains de nombreux amateurs à des prix dont je n'avais pas l'idée. Je dois dire aussi, du reste, que je ne soupçonnais pas que de si beaux oiseaux pussent vivre et se reproduire en France. Ce qu'il y a de certain, c'est que les amateurs les mieux intentionnés ESSAIS D ACCLIMATATION PRATIQUE EN NORMANDIE. 63 trouvent très-difficilement à se procurer les espèces d'élite dont il serait désirable de leur voir entreprendre l'acclimata- tion. Cela tient à ce que l'acquisition de ces espèces, dans les régions où elles habitent naturellement, est mal organisée, qu'elles sont expédiées dans de mauvaises conditions, et (juc la plupart meurent avant d'arriver en France; ce dont il est facile de se convaincre en lisant la liste des dons qui nous sont très-souvent envoyés, et qui subissent des diminutions beaucoup trop notables pendant le transport. Je ne vois qu'un remède à ce fâcheux état de choses : c'est l'établisse- ment, sous la direction et aux frais de notre Société, de plu- sieurs stations dans lesquelles les animaux seraient réunis, accoutumés à la captivité et à leur nourriture nouvelle, et où ils pourraient attendre une occasion favorable pour leur expé- dition en France. Ne vous effrayez pas, messieurs, de ce pro- jet. Il n'est, oi^oyez-moi, ni compliqué ni coûteux, dans une ville comme la Nouvelle-Orléans, par exemple, qui serait un des premiers points, si ce n'est le premier, à choisir, d'établir quelques cases de volière ou de faisanderie; et il ne serait pas difficile de trouver, soit par les soins de notre délégué, soit peut-être même par ceux du consul de France,* un homme ayant les connaissances et les aptitudes suffisantes pour acheter les animaux et les soigner jusqu'au raoïnent de leur envoi. Voici maintenant notre amateur nmni de bons conseils et pourvu des sujets nécessaires à sa petite exploitation; il faut qu'il puisse vendre convenablement ses produits. Or, en l'état de choses actuel, ce n'est pas besogne aisée. Les mar- chands ne font pas d'offres suffisantes, c'est à peine s'ils con- sentent à payer au producteur la moitié du prix de vente : ce n'est pas assez ; et les rapports directs entre les producteurs n'existent pas ou ^ont trop mal organisés pour amener de bons résultats. Je voudrais rencontrer encore pour cette dernière partie de la question le concours des deux sociétés. A la Société mère appartiendrait le soin d'organjsor et i^e faire tenir régu- lièrement dans la salle de lecture des tableaux contenant rénumération des animaux disponibles dans les stations de la 04 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLUGIQUE d'aCCLIMATATIUN. Société, chez les marchands étrangers, dans les établissements zoologiques et chez les particuliers, ainsi que la liste des (desiderata produite par les amateurs. — A la compagnie du Jardin reviendrait le devoir de faire, à plusieurs moments de l'année, des ventes publiques aux enchères, et de recevoir dans des proportions convenables les animaux qui lui seraient envoyés par les particuliers pour être vendus à l'amiable; ces animaux payeraient une pension quotidienne, et le Jardin toucherait sur le prix de vente une certaine commission. En résumé, messieurs, les trois points que je soumets à votre examen dans ce trop long préambule, et qui me paraissent de nature à faire faire à l'acclimatation de notables [»rogrès, sont ceux-ci : 1" Instruction du public par notre Bulletin, amélioré dans ce but. 2" Acquisition des animaux rendue facile par l'établisse- ment de plusieurs stations à l'étranger. o" Vente des produits des exploitations favorisée par des ventes aux enchères et à l'amiable au Jardin d'acclimatation. J'aurai l'honneur de soumettre au conseil l'examen de ces trois points et des moyens destinés à assurer les bons résultats tjui doivent découler de leur adoption. J'arrive maintenant à la description et à l'inventaire aussi sommaire que possible de mon modeste faire-valoir. Uabitution. — La question d'habitation pour les animaux n'est pas très-compliquée. L'orientation et l'abri du vent sont choses simples; l'abri contre le froid demande jdus de soins. Mais, soit qu'on emploie la chaleur des calorifères ou des |)oêles, soit qu'on emploie la chaleur naturelle produite par de gros animaux, tels que les Moutons ou les Vaches, le pro- blème n'est pas bien ardu; il faut loutefoi« avoir l'attention de donner de l'air pendant la journée, toutes les fois que le froid n'atteint pas de grandes proportions, plus de — 3 ou de — h degrés, par exemple. Je dispose de vingt-trois cases de faisanderie ou volière d'une superficie moyenne de 8 mètres carrés, sans compter ESSAIS d'aCCLTMATATION PRATIOIE EN NORMANDIE. 05 les abri? intérieurs, et d'une hauteur moyenne de '2'", 50. A ces cases extérieures font suite des retraites abritées, der- rière lesquelles sont disposés des couloirs et une chambre commune à chaque agglomération de cases, chambre dans la- quelle on réunit les nourritures diverses, les ustensiles néces- saires pour les préparer et pour les soins de propreté. L'orientation est pour les unes le midi, pour les autres le levant; une des volières est préservée sur ses côtés des vents d'ouest et d'est, par des châssis vitrés. Je dispose, en outre, de sept parcs pour les petits palmi- pèdes, et d'une pièce d'eau de 2 hectares environ pour les grandes espèces. Pendant l'hiver, les oiseaux qui craignent le froid sont réunis dans de grandes cages; ces cages sont pla- cées dans une chambre au midi, traversée par le tuyau d'un poêle qui chauffe seulement pendant la nuit, et, je vous le répète, je veille à ce que les fenêtres soient ouvertes pendant la journée, lorsque le froid n'est pas trop vif. Cette pratique m'a été enseignée au Jardin zoologique de Londres, où j'ai vu. Tannée dernière, les oiseaux délicats exposés pendant la jour- née à un froid de — 3 degrés centigrades, et j'ai lieu de croire par mon expérience personnelle qu'elle est excellente. Nourritirre. — J'appelle, messieurs, toute votre attention sur ce point. Le choix de la nourriture est certainement la chose la plus importante à considérer en matière d'acclimata- tion, et c'est sans aucun doute celle qui est le plus négligée. Il ne s'agit pas, en effet, seulement de conserver la vie aux ani- maux; il ne suffît pas qu'ils vivent ou plutôt qu'ils ne meurent pas; il faut que nous les entretenions dans un état de santé suffisant pour lutter contre le changement de climat et obtenir la reproduction en domesticité. Or, en général, lorsqu'on a trouvé une espèce de nourriture permettant à un animal de vivre, on s'y tient. Mais de la variété de la nourriture selon les saisons, de celte variété si nécessaire à l'appétit, il n'en est pas question. Il est une règle générale aux prescriptions de laquelle toute personne doit se résigner, avant de s'occuper d'acclimatation (56 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. d'oiseaux : c'est qu'il est impossible d'obtenir des résultats in- téressants, sans accepter la nécessité de faire confectionner, pour les adultes comme pour les jeunes, des nourritures hacbées plus ou moins variées, et de distribuer pendant toute l'armée, mais surtout pendant la saison de la reproduction, des insectes atix hôtes de la faisanderie et de la volière. Je ne connais que les palmipèdes, dont le pâturage est la principale nourriture, tels que les Oies, les Bernaclies, elles oiseaux qui élaborent eux-mêmes la pâtée nécessaire à leurs petits, tels que les Perroquets et les Pigeons, qui fassent exception à celte règle. Au reste, une fois cette nécessité admise, il n'est pas bien difficile d'obéir à ses lois. Les pâtées les plus compliquées sont très-faciles à faire, et l'on peut avoir toute l'année des msecles propres à sa disposition. J'indique plus bas la com- position des nourritures hachées dont l'expérience m'a appris l'utilité. Lorsque les nourritures hachées doivent être faites en petite quantité, l'emploi d'nn fort couteau suffît largement c'i leur confection ; pour mon compte, ayant à distribuer d'assez grandes quantités de celte sorte de nourriture, je me sers d'un petit hachoir mécanique qui rend la besogne aussi aisée que possible. 11 faut approvisionner aussi de temps en temps les volières de verdure. Le moyen qui m'a paru le plus simple est de faire semer en blé et avoine, et par séries suc- cessives de huit jours en huit jours, des terrines plates que je fais mettre une fois par semaine dans les diiïérentes cases, lorsque les tiges ont atteint une hauteur, qui varie selon les espèces à qui l'herbe est destinée, de 5 à 10 centimètres. Voici quelques formules de nourritui'es hachées ou pâtées, que je tiens des meilleures sources ou que j'ai expérimentées moi-même. Au Jardin zoologique de Londres, on emploie pour tous les oiseaux, becs-fins et granivores (par adjonction pour ces derniers), la nourriture suivante, qui est hachée plus ou moins menu, selon la grosseur des oiseaux auxquels elle est destinée. Les matières sont énumérécs dans l'ordre de la quantité employée : ESSAIS d'acclimatation PRATIQUE EN NORMANDIE. 67 Riz bouilli, pommes de terre bouillies, viande maigre de mouton, œuts durs (blanc et jaune), carottes bouillies; fruits divers, selon la saison ; graines de pavot, chènevis écrasé, pain émietté, laitues, choux ou chicorée sauvage. Pour certaines espèces très-petites, telles que les Souï- mangas, les Sucriers, les Mésanges moustache, on ajoute â part une pâtée composée de pommes de terre bouillies, écra- sées et mélangées avec du jaune d'œuf dur et un peu de biscuit sucré détrempé dans du lait. Je puis assurer de visu que, grâce à ce régime, ces oiseaux, aussi beaux que délicats, vivent de longues années en conservant tout l'éclat de leur plu- mage. .l'ai employé moi-même, avec grand succès, une pâtée sèche ainsi composée et ainsi faite : un litre de cœur de bœuf des- séché au four et réduit en poudre au moulin ; un litre de pain également desséché et réduit en poudre ; un quart de litre de chènevis passé au moulin; un demi-litre de millet; un quart de litre de carottes crues hachées très-menu ; un quart de litre de feuilles de choux hachées. Lorsque le mélange de ces matières est bien fait, il faut mettre dans une poêle, sur un feu vif, environ un demi-kilogramme de miel; lorsqu'il est fondu^ verser le mélange, et, en ayant soin de bien remuer, le maintenir sur le feu jusqu'à ce que le miel soit incorporé. Cette pâtée a l'avantage de se conserver très-longtemps, lors- qu'elle est mise dans des bocaux de verre fermés et tenus au sec, et elle est très-appréciée par tous les oiseaux à bec fin. Quant aux insectes, le problème n'est pas encore résolu, que je sache ; mais j'espère que d'ici au printemps nous serons en mesure d'indiquer les moyens d'avoir à disposition, en toute saison, des vers de farine, dont on ne saurait trop recom- mander l'emploi, et pendant la saison de reproduction, une espèce de chenille facile à nourrir. Il serait à désirer que ceux de nos confrères qui se sont occupés d'entomologie vou- lussent bien prêter à la Société, dans ce but, le concours de leurs himières. La question est certainement des plus impor- tantes. Sans insectes, en efl'et, pas de résultats possibles pour la plupart des oiseaux. 08 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'aCCLIMATATION. Nidification et couvaison. — Les formes des nids à em- ployer sont nombreuses et variées. Des nids d'osier, plats ou profonds, selon les espèces, toujours surmontés d'un petit toil pour protéger contre le soleil et la pluie ; des bûches creu- sées, des pots de terre cuite percés d'un trou de grandeur ap- propriée, desboîles de bois de différentes formes, sont distri- bués, à la fin de l'hiver, dans les volières, et retirés à la fin de l'automne. Des brindilles de bois, de bruyère, de ge- nêt, les plumes, la mousse, les racines de bruyère, le varec, le crin, sont les matériaux le plus souvent employés par les oiseaux pour la construction de leurs nids. Quant à la couvai- son et à réducalion des jeunes pendant les premiers temps, un excellent artifice à employer, est de faire couver les œufs des oiseaux rares par des oiseaux déjà familiarisés avec la domesticité, ou même qui nichent dans nos jardins à l'état sauvage. C'est ainsi que les Colombes et les Pigeons rares, tels que les Lumachelles, les ïurverls, les Colombi-gallines, les Pigeons Nicobar, peut-être même les Gouras, verraient leurs œufs cou- vés et leurs petits parfaitement élevés par la Tourterelle com- mune à collier, la Tourterelle à nuque perlée et les grosses espèces de Pigeons ordinaires, hôtes de nos basses-coufs. Les œufs de Canards mandarins et carolins sont confiés avec grand avantage à des femelles de Canards sauvages domesti- quées et de Canards mignons ; les œufs de toutes les espèces (le Bernaches et des Céréopses, et probablement même des Cygnes, aux Oies communes. Je liens d'un de nos confrères les plus expérimentés en acclimatation, M. Chiapella, que ce procédé réussit admira- blement aux becs-fins les plus délicats et aux petits granivores que nous envoient le Brésil et le Sénégal. Les œufs de Moqueurs et ceux de leurs congénères réussis- sent parfaitement dans les nids de Rossignols, de Fauvettes, de Grives, de Merles, de Traqucts, de Rouges-gorges, etc. On enlève les petits aussitôt qu'ils commencent à être garnis de plumes, et l'éducation dite à la brochette se fait ensuite lacilement. Enfin, les nids de Pies, de Geais, de Sansonnets, de ESSAIS n ACCLIMATATION PRATIQUE EN NORMANDIE. 60 Pinson5,deVerdiers,de Chardonnerets, peuvent être Utilisés au profit des belles espèces du Brésil, semblables, sauf la richesse du plumage, h nos Pies, à nos Geais, à nos Sansonnets, etc. Cette méthode, qui ne demande que de la surveillance pour réussir, présente de grands avantages. Il arrive bien souvent que les oiseaux récemment acquis à la captivité accomplissent leur ponte et ne couvent pas, ou n'élèvent pas leurs petits; et de toutes manières les pontes deviennent ainsi plus fréquentes, et oflrent par conséquent plus de chances de succès. Je la recommande avec instance à l'attention de nos confrères (pii s'occupent de l'acclimatation des oiseaux. Soins journaliers. — Distribution de la nourriture. — Comptes. — Il me reste encore à vous parler de quelques détails qui ne manquent pas d'importance, relatifs à la distri- bution de la nourriture, à l'établissement des comptes de la petite exploitation, etc. Chez moi, la personne chargée des faisanderies et volières distribue la nourriture tous les matins. Celte pratique est des plus utiles; car, si pour gagner du temps on donne de la nourriture pour plusieurs jours à l'avance, il y a gros à parier que le jour viendra où un funeste oubli réduira à néant toutes les espérances, en jonchant de cadavres le sol de la volière : horrible spectacle, je vous assure, et qui m'a guéri à jamais des simplifications de service dangereuses. Il n'est pas moins nécessaire de nettoyer tous les jours : la besogne est de cette manière très-simple, et elle ne l est plus, si l'on doit combattre de longues accumulations, aussi désa- gréables aux yeux que malsaines pour les animaux. 11 est encore un soin qu'il ne faut pas négliger de prendre et qui touche à l'économie de notre affaire : il faut faire en sorte de donner le moins possible aux souris, et de détruire sans relâche celles qui vivent de ce qui tombe des mangeoires; il faut pour cela leur en interdire absolument l'accès, sans quoi la nourriture de ces hôtes illégitimes coûterait positivement plus cher que celle des oiseaux. J'ai fait construire différents modèles de garnitures de zinc qui atteignent le but proposé, et que je mettrai au besoin sous vos yeux. 70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLTMATATION. Oiiant à la destruction des parasites qui vivent des miettes tombées de la table de nos hôtes légitimes, on peut en avoir raison laeilement au moyen de certains pièges appropriés. On vend à Paris des ratières et des souricières dites perpé- tuelles, qui ont l'avantage de ne pas donner d'accès suffisant aux oiseaux et de se retendre d'elles-mêmes. Enfin, messieurs, il me faut appeler votre attention sur les comptes qu'on doit tenir, afin de savoir si, comme on le dit, les expériences d'acclimatation, même lorsqu'elles sont bien conduites, sont toujours improductives, ou si, comme je le crois, elles peuvent être rémunératrices. Ces comptes sont aussi simples que possible. Après un inventaire exact du ma- tériel et des animaux, l'inscription régulière des entrées et des sorties par acquisition ou naissances, et par destruction, décès ou ventes, sera chose facile ; et le relevé de ces inscrip- tions au bout de l'année donnera de féconds et utiles ensei- gnements, dont il serait peu raisonnable de se priver pour éviter un travail vraiment insignifiant. Vous le voyez, messieurs, je n'ai pas craint les détails, et, dût votre patience en murmurer, je n'hésite pas à demander à nos confrères de suivre mon exemple: c'est précisément par la connaissance et la comparaison des détails puisés de bonnes sources, qu'on arrive à établir les règles générales sur les- quelles on peut s'appuyer en présence d'expériences nouvelles. Or, à mon avis, nous ne connaissons pas assez les détails en acclimatation; nous apprenons souvent de beaux résultats, nous savons très-rarement comment ils ont été obtenus, ou les communications faites grosso modo ne peuvent servir d'enseignement. Je me rappelle, il y a de ça déjà longtemps, avoir eu une volière consacrée aux petits oiseaux exotiques, et parmi ces oiseaux une paire de ceux qu'on nomme Cordons bleus. Je leur avais fourni en abondance, pour faire leurs nids, de la mousse, du coton, des brins de laine, et je ne sais quelles autres matières, et je voyais ces oiseaux s'exténuer à construire dans un arbre un nid qu'ils ne pouvaient parvenir à terminer. L'idée me vint que les matériaux d(mt ils disposaient ne con- venaient pas à leur construction, et je leur fis donner des ESSAIS d'acclimatation PRATIQUE EN NORMANDIE. 71 racines de bruyère; au bout de quatre jours ils avaienl édifié un nid des plus curieux, une grosse boule munie d'une entrée artistement ménagée. C'était au mois de mai : ils donnèrent dans ce même nid trois couvées, et, chose curieuse, les petits nés en mai firent une couvée de cinq petits en septembre. L'adjonc- tion delà racine de bruyère était bien un détail, et vous con- viendrez que, dans le cas dont il s'agit, il eut son importance. Je ne saurais donc mieux finir qu'en engageant tous ceux qui s'oc- cupent d'acclimatation à nous transmettre minutieusement ce (jue leur propre expérience ou c^lle des autres a pu leur appren- dre. Ce sera ensuite le devoir de la Société, devoir auquel elle ne manquera pas, de coordonner ces communications, et d'en ' faire la Lise solide de ses expériences pratiques et des études théoriques qu'il lui appartient de répandre et de vulgariser. Énwuêration des espèces expérimentées en 1866. Faisans. Coloinbos, Passereaux, Becs- lins. Faisans dorés 1 2 Faisans argentés 3 Faisans communs 7 — leucomelas 3 Métis Houppifères et Fai- sans argentés 3 Faisans blancs 3 Perdrix grises 2 — rouges 2 Colins de Californie.. . . C Perruches melanurus. . . 2 — calopsittes 6 — Edwards . 3 — ondulées Colombes lophotes . . . — à nuque perlée. — à oreillons Pigeons russes rouges . — — noirs .... Mal, 'S. 3 1 i 1 8 4 2 2 2 i 1 1 1 3 1 3 2 2 1 1 1 1 Feiii . 9 2 G 2 2 2 1 1 3 1 3 1 II 2 1 1 1 1 Màli's. Fem. Pigeons hirondelles de Saxe hermines. . 2 — capucins blancs . . 2 — cravate chamois . 2 Moqueurs d'Amérique. . 2 Troupiales 3 Merles bronzés 2 — — bleus .... 2 — olives du Mexique. 2 — bronzés à longue queue 2 Pies genh 2 Tangaras évéques 2 Boutons-d'or 2 Cardinaux rouges 2 Bruants commandeurs . 2 Paroares 0 Tangaras écarlates. ... 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 3 l i 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 3 1 Cygnes noirs 2 Palnilpètles. MAlcs. Ftui Céréopses 2 Bernacla poliocephala . . 2 Canards carolins 18 — mandarins 8 — de Bahania. ... 2 1 1 1 9 II I 1 1 1 9 II 1 MaIps. Feiii. Canards nyrocas 2 — judelles G — labradors Il — tadorne l — casarka 1 1 3 3 » Dirrérentes e»i»èoes pour cou»cr G Dindes blanches. 30 Poules naines blanches. 8 Femelles Canards mignons blancs. 3 Paires d'Oies communes. 3 Paires de Tourterelles communes. 3 Paires de Serins verts. Di:S OEUFS DE FOURMIS ET 1)K LVA'iW KiVfPLOI DANS LES FAISANDERIES, Par M. BILI.OT. 'Séance du 26 janvier 1866.) Une des conditions de succès dans l'élevage des Faisans et des oiseaux exotiques, c'est la faculté de pouvoir leur donner des œufs de Fourmis. Cet avantage est immense, car avec cette nourriture le succès est pour ainsi dire assuré. Bien des amateurs ne peuvent, il est vrai, se procurer des œufs de Fourmis, soit par la crainte qu'ils ont de cet insecte, soit parce qu'ils ne savent se les procurer en grande quantité, sans emporter la fourmilière tout entière, ce qui, je l'avoue, n'est pas le plus amusant. Je vais essayer de faire connaître deux procédés que j'em- ploie pour obtenir, en deux ou trois heures, environ d2 à 45 litres d'œufs aussi propres que du riz. Quand, par une belle journée de mars, on dirige ses pas vers une forêt, au milieu d'une coupe, par exemple, on est tout à coup frappé par la vue d'une verdure qui s'étale comme une oasis au milieu d'un terrain encore dénudé. S'approche- t-on, on voit que cette végétation prématurée entoure, comme une ceinture, une fourmilière dont les habitants, encore un peu engourdis, se réchaufl'ent aux rayons du soleil. L'expli- cation de ce fait est bien simple : les Fourmis, comme les Abeilles, développent une forte chaleur qui agit sur les plantes environnantes, et faisant pour elles l'office d'une couche chaude, les force à entrer en végétation longtemps avant le réveil de la nature. Revenez un mois plus tard, quand la na- ture est réveillée, quand le printemps a mis tout en mouve- ment, observez le terrain : vous verrez tout à coup une Fourmi, puis deux, puis enfin une masse compacte de Fourmis marchant comme des escadrons serrés, les unes dans un sens, les autres dans l'autre, sans pour ainsi dire jamais s'entre- mêler. Observez ces Fourmis : vous en verrez bientôt l'une DES ŒUFS DE FOURMIS. 73 traînant une bûchette, l'autre un vermisseau ; et si vuus vouiez voir Quelles vont, ne bougez pas, car la Fourmi est rusée: en voyant un ennemi qui semble la guetter, elle change aussitôt de direction comme pour le dérouter. Quelques mi- nutes de tranquilhté feront reprendre à notre travailleuse la direction de son habitation. Suivez celte direction, et de Fourmi en Fourmi vous arriverez à la l'ourmihére, qui est quelquetois éloignée de 500 mètres de l'endroit ou l'on a rencontré la première Fourmi. Pour attaquer cette habita- tion si bien défendue par des milliers de soldats qui ne sont pas à dédaigner, mettez de gros gants d'ordonnance, liez le bas de vos pantalons, et ouvrez avec précaution la fourmilière. Vous verrez alors un grand nombre de cocons d'un blanc jau- nâtre, plus gros que des grains de blé, mais ayant leur forme. Si vous n'avez pas un besoin urgent d'œufs, gardez-vous bien de les emporter : ce serait anéantir une bonne partie de voire récolte, car ces cocons doivent donner naissance à des mâles •et à des femelles qui seront une source inépuisable d'œufs. Vingt jours après l'éclosion et la fécondation, votre récolte pourra commencer; car les mères nouvelles ne pondent, l'année de leur éclosion, que des œufs de neutres qui sont chargés de tous les soins qu'exige l'habitation. Je crois utile de placer ici quelques observations qui ne concordent pas avec celles de quelques naturalistes, qui prétendent que les ouvrières se chargent d'ouvrir les cocons près d'éclore. Voici le résultat de douze années d'observations. Une grande partie des ouvrières ne font que nourrir les larves et trans- porter incessamment d'une place à une autre les œufs pondus, ainsi que les larves transformées en cocons, pour leur pro- curer le degré d'humidité et de chaleur nécessaires à leur transformation. La larve, une fois parvenue à l'état d'insecte parfait, perce facilement son enveloppe soyeuse. La preuve de ce fait, la voici : c'est que si l'on place à l'ombre une cer- taine quantité d'œufs privés de Fourmis, ilséclôront presque tous pendant trois à cinq jours, et cela sans le secours d'au- cune ouvrière. C'est une observation que l'on fait souvent l'été malgré soi, car dans cette saison on perd un grand IIX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. nombre d'œufs par leur transformation d'un jour à l'autre en Fourmis. L'insecte, une Ibis hors de sa coque, est au courant de la vie, car au bout d'une heure, sans leçon, il se met à charrier des œufs pour les mettre en sûreté. M. Michelet; dans son livre si poétique de V'insecte, parle des esclaves que font les Fourmis... Ces prétendues invasions, ces prétendues razzias, ne sont, à mon avis, que des émigrations de Fourmis qui quittent une fourmilière trop vieille pour se réunir à une autre, ou bien des fourmilières dont les habitants ont perdu leur mère, et qui alors sont prises par d'autres du même genre, non pour en faire des esclaves, mais pour augmenter leur population. Les Fourmis, comme les Abeilles, ont dans chaque fourmilière une odeur sin generis que nous ne pou- vons apprécier, et qu'elles perdent dès qu'elles habitent ail- leurs; ce qui fait que des individus séparés pendant quelque temps de ceux avec lesquels ils habitaient, ne les recon- naissent plus. Par la même raison, des Fourmis réunies dans une nouvelle demeure à des Fourmis ({ui leur étaient étran-. gères, après y avoir séjourné pendant quelques minutes, ne sont plus reconnues par celles auxquelles elles ont été réunies. J'ai opéré forcément la réunion de plusieurs fourmilières, et je n'ai jamais vu de mortalité ni de guerre, à moins que l'on n'ait réuni des Fourmis d'une espèce différente : dans ce der- nier cas ,il y avait un massacre général des nouvelles Fourmis. Les Fourmis n'ont pas, comme les Abeilles, une seule mère; chaque fourmilière en contient un plus ou moins grand nombre. Une première preuve de la pluralité des mères, c'est la quantité proportionnellement minime d'œufs que l'on trouve dans les fourmilières de nouvelle formation, 5 à 6 litres environ, tandis que les fourmilières anciennes peuvent produire annuellement environ ôO litres d'œufs. Une autre preuve, c'est quo voulant m'assurer si les cocons mères pas- saient l'hiver dans la fourmilière, je fis creuser en mars, à une profondeur de 60 centimètres environ, une fourmilière <(ui se trouvait sur une vieille souche. Au milieu du bois et à certaine place, je trouvai des mères entourées de Fourrais. Je n'ai pu savoir si celles-ci étaient là pour garder ies nières DES ŒUFS DE FOURMIS. 75 OU pour les empêcher de communiquer entre elles. J'ai voulu aussi m'assurer de la durée de la vie des femelles. Deux de ces mères furent mises chacune dans un étui métallique, et replacées à l'endroit où elles avaient été trouvées. Lorsque je visitai avec bien de la peine la fourmilière en avril, l'une des mères était morte par accident, l'autre vivait, mais en mai je la trouvai morte. Les mères ne vivraient-elles que jusqu'à ce qu'elles aient pondu des œufs de mâles et de femelles? Un beau jour je voulus créer des fourmilières, et je fis prendre à la forêt une fourmilière entière que je fis porter chez moi dans un bosquet. Les Fourmis parurent refaire des galeries à leur habitation, et quand, un mois après, je voulus voir s'il y avait des œufs, je ne trouvai rien. Au printemps suivant, les Four- mis avaient émigré sans laisser de trace. Une seconde tenta- tive amena le même résultat. Je pris une troisième fourmilière, mais j'eus soin alors de m'emparer de mères fécondées, faci- lement reconnaissables à la perte de leurs ailes, et je mis ces mères au milieu de la fourmilière. Huit jours après, les Four- mis émigraient et formaient une habitation sur un tronc de sapin; un mois après ma fourmilière contenait des œufs. 11 y a deux moyens de se procurer des œufs de Fourmis. Le premier consiste à faire faire le travail par les Fourmis ; le second, à travailler soi-même. Voici le premier moyen. On se munit d'une bonne paire de gants d'ordonnance, on prend un sac de la contenance de 5 décalitres environ; on achète une toile verte de la longueur de 2 mètres à •2"\b0, et delà largeur de l'",30. On se rend avec tout ce bagage auprès d'une fourmilière dans la forêt; on met ses gants, on lie ses pantalons par le bas, et l'on creuse jusqu'à ce que l'on arrive à la place oi^i se trouvent les œufs. On jette ceux-ci avec les bûchettes et les Fourmis dans le sac, que l'on lie, pour aller de fourmilière en fourmilière jusqu'à ce que le sac soit à peu près rempli. On choisit alors une surface plane, unie, sans herbe; on balaye la poussière et l'on jette les pierres qui s'y trouvent ; on étend sa toile, que l'on replie en deux, en ayant soin de tourner l'ouverture du côté du soleil. Depuis le mois d'avril jusqu'au mois de mai, il faut opérer en plein soleil; 76 SOCIETE IMFEKIALE ZUOLOGIQUE D ACCLIMATATION. mais, à partir de mai jusqu'en septembre, on opère à l'ombre, à moins qu'on ne le fasse de grand matin : en ce cas, il faut opérer au soleil levant, car, dans la journée la chaleur étant trop forte, les Fourmis se cachent et ne veulent pas travailler. Une fois la toile tendue et pliée, on a soin de replier les deux extrémités, sur lesquelles on met des pierres pour empêcher les Fourmis de sortir les œufs par les côtés ; on glisse entre les deux plis de la toile des branches vertes, de manière à laisser dans toute la longueur une ouverture d'environ 5 cen- timètres ; on met un peu de terre devant la toile qui repose à terre, pour empêcher les fourmis de se glisser entre la toile et la terre. Ceci fait, on prend une partie du contenu du sac que l'on étale en demi-lune, à 5 centimètres de l'ouverture de la toile. Les Fourmis commencent à s'éparpiller, mais on les ramène à la place où se trouvent les œufs, au moyen de branches vertes qui font à cet effet l'office d'un balai. Cette manœuvre dure environ cinq minutes; au bout de ce temps, commence l'enlèvement des œufs, travail prodigieux et dont on ne peut se faire une idée. Que l'on se figure des milliers de Fourmis enlevant chacune un œuf, le portant sous la toile, et revenant au galop en chercher un autre, jusqu'à l'enlève- ment du dernier œuf. Ce travail est tellement prodigieux, que j'ai eu jusqu'à 12 liîres d'œufs dans l'espace de deux heures. On pourrait croire que quand on verse lu contenu du sac, les Fourmis s'éparpillent pour se sauver, il n'en est rien : elles ne vont qu'à la recherche d'un endroit propice pour cacher les œufs, car une fois qu'elles ont vu la toile, il n'y a plus qu'à regarder le travail qu'elles font. Dès que tous les œufs sont portés sous la toile, on enlève celle-ci, on rassemble les œufs qui se trouvent au milieu des branches vertes et cou- verts de Fourmis, dont on les débarrasse en les transvasant d'une toile dans une autre. Les Fourmis restant accrochées après la toile, les œufs sont propres au bout de quelques minutes. Cette méthode a un inconvénient, c'est qu'elle dépeuple les fourmilières, en enlevant les ouvrières. Je préfère la se- conde méthode, qui est plus expéditive et plus conservatrice, DES ŒUFS DE FOURMIS. 7^^ mais qui ne conviendra pas à tout le monde, car on est en contact avec les Fourmis depuis le commencement de l'opé- ration jusqu'à la fin. Voici celte méthode. On prend deux tamis qui s'eniboilent l'un dans l'autre de manière à laisser un vide de 6 à 8 centimètres entre les deux fonds du tamis. Le (amis du dessus portera, pour plus de clarté, le n° 1. Il est forme d'un tissu métallique à trous carrés de 3 cen- timètres de côté; celui du dessous, ou n" 2, a des ouver- tures de quelques millimètres, qui permettent le passage au sable et à la terre. On ne prend ici des œufs que dans une seule fourmilière; on verse par portions ces œufs sur le tamis n'' i, et l'on tamise. Quelques débris, les œufs et des Fourmis passent à travers le tissu du tamis n" 1 pour se rendre dans le tamis n^ 2, On rejette les gros débris du tamis n" 1 dans la fourmilière, et l'on continue k sortir du sac, par portions, de nouvelles quantités d'œufs. On referme la four- milière, et, avec le contenu du tamis n" 2, on va h un endroit où il y a un courant d'air; on étend par terre une toile, et on laisse tomber d'une hauteur d'environ 1 mètre le contenu du tamis. Le vent enlève les Fourmis et les petits débris, et les œufs tombent sur la toile. On répète cette opération jusqu'à ce que les œufs soient propres. Cette méthode est très-expé- ditive, car on peut, dans une heure, faire une récolte de 12 à 15 litres d'œufs. Chaque quinze à vingt jours on peut ré- péter la même opération sur les mêmes fourmilières; et quand on a une centaine de fourmihères à sa disposition, on peut exploiter comme en coupe réglée ses fourmilières, et élever, comme je l'ai fait, près de 70 poussins, des Perdrix et des Fai- sans argentés, sans autre nourriture pendant la saison des œufs. Bien des personnes reculeront devant un pareil travail, mais le tout est de s'aguerrir : c'est facile, puisque des enfants de neuf et dix ans le font Cette méthode se pratique, d'après mes indications, en Allemagne ; on y vend même dans cer- taines villes, sur le marché, des œufs de Fourmis au litre. Note additionnelle par M. le baron Séguier. — Les faisan- diers allemands ont une manière de recueillir les œufs de 2" SÉRIE, T. ni. — Féviier \ 8GG. G 78 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Fourmis destinés à l'alimentation des jeunes Faisans, qui rend faciles plusieurs récoltes successives d'œufs dans une même fourmilière. ^ La première fois qu'ils s'adressent a une fourmilière, ils écartent avec précaution ses parois, de façon à s'emparer des œufs avec la moindre dislocation possible de l'édifice bâti par les Fourmis; puis, dans l'espace où les œufs ont été recueillis, ils placent une espèce de sphère composée d'une jeune branche d'arbre bien pourvue de feuilles, soit de Bouleau, soit de Chêne; cela fait, ils rapprochent tous les petits brins de bois qui composent la fourmilière, en lui redonnant, autant que possible, son aspect primitif. Les Fourmis ont bientôt réuni dans la capacité vide que forme la branche enroulée tous les œufs échappés à la première récolte; elles y ajoutent tous ceux des pontes nouvelles, el au bout d'un certain temps, l'enlève- ment de la sphère de fcuillard devient un moyen simple et prompt de s'emparer des nouveaux produits. La sphère, secouée au-dessus d'un sac, pour être vidée, est immédiate- ment replacée au- lieu qu'elle occupait dans la fourmilière, et les parois rapprochées mettent les Fourmis en mesure de pré- parer elles-mêmes un enlèvement nouveau de leurs œufs. Ces mêmes faisandiers ont l'habitude d'aniinaliser les pâtées de farines diverses, qu'ils offrent à leurs jeunes oiseaux, en y ajoutant des débris de hannetons desséchés. Voici comment ils préparent cette espèce de farine animale. Des claies char- gées de hannetons sont placées dans les fours après la cuisson du pain; les insectes desséchés sont emmagasinés dans des vases de terre placés dans un local sec. A l'aide d'un appareil semblable à un moulin à café, les hannetons sont réduits en petits fragments, qui rendent par leur présence, très-friande et très-salutaire pour les jeunes Faisans ou Perdreaux, la pâtée préparée avec leur addition dans une proportion d'un cinquième. OBSERVATIONS FAITES A LA MÉNAGERIE DES REPTILES DU MUSÉUM d'iIISTOIUE NATURELLE • ' SUR LA REPRODUCTION DES AXOLOTLS, BATllACIENS URODÈLES A BRANCHIES EXTÉRIEURES, ET SUR LES MÉTAMORPHOSES QU'iLS Y ONT SUBIES (1), , Far M. Ec professeur Hmg. ©SJMÉRHL. Déjà, à deux reprises diiïérentes, j'ai eu l'honneur d'entre- tenir h Société des observations faites à la ménagerie des Reptiles du Muséum dbisioire naturelle, sur les Batraciens urodèles à branchies extérieures, originaires du Mexique, oii on les nomme Axolotls, et dont six individus ont été donnés parle Jardin zoologique d'acclimatation (2). (1) Coîle .\oiice csl le résumé cruii Mémoire que j'ai rédigé pour les Nouvelles Archives du Muséum, tome II. On verra, par les fails qui y boiit énoncés, que les Axolotls semblent devoir être considérés comme les têtards des Batraciens urodèles, nommés Amhijsiomes. (2) l'iès-peu de temps après la réception de ces curieux Batraciens, donnés par noire l'résident, M. Drouynde Lhuys, i\î, le docteur r.ufz de Lavison, directeur du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, annonça l\ la ?ociél<; leur arrivée {Bulletin, 186Zi, p. 70, 178 et 179) : « i'our multiplier, dit-il, les stations d'expérience, aiin de multiplier les chances de réussite, et aussi ])our témoignera noire grand établissement national du Muséum, celte métropole de l'histoire naturelle, nos sentiments d'intérêt et de déférence, nous nous sommes empressés d'y envoyer une partie de ces Axolotls. » — La reproduction obtenue dans les aquariums de la ménagerie, au commen- cement de 1865 et de iS6G, a réalisé les espérances de notre honorable collègue, et en ce moment de jeunes individus se développent au Jardin d'acclimatation, de sorte que la propagation de l'espèce dans notre pay? paraît désormais assurée. La Commission des récompenses pour 18G5, informée des soins intelligents donnés aux Axolotls dans la ménagerie des Reptiles pendant les années 186/i et 1865, a proposé de décerner une médaille de première classe à I\L Vallée, ancien lauréat de la Société d'acclimatation pour l'éducation des Vers à soie. Le Conseil d'administration a favorablement accueilli cette proposition. 80 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. Dans ma première communicalion (séance du 19 mai 1865, Bulletin, T série, t. II, p. 3/i8), je faisais connaître que le 19 et le 20 janvier, une première ponte avait eu lieu, et qu'il s'en était effectué une seconde le 6 mars. Je puis annoncer aujourd'hui qu'une troisième ponte, non moins abondante, s'est l'aile le h du mois de janvier dernier, et une quatrième les 20 et 21 février. Presque tous les œufs ont été fécondés. Un assez grand nombre de sujets ont péri dans les premiers temps de la vie, ou ont servi aux recherches anatomiques sur le développement de l'embryon, et cepen- dant quarante-trois individus des deux premières pontes et un très-grand nombre des deux dernières sont encore survivants. Un aquarium spécial est réservé aux chefs de ces diverses générations (cinq mâles et une femelle). Un jour ou deux après chaque ponte, on a enlevé les plantes aquatiques sur les tiges et les feuilles desquelles les œufs avaient été déposés absolument de la même manière que ceux des Salamandres aquatiques ou Tritons. Le produit de chaque ponte a pris place dans un aquarium particulier. J'ai donné, sur le développement des œufs, des détails inutiles à reproduire ici, et qui se trouvent dans les Comptes rendus de F Académie des sciences (17 avril 18(35, t. LX, p. 765), et dans un Mémoire accompagné de figures que ren- fermera le tome II des Nouvelles Archives du Muséum d'his- toire naturelle. ■ Ma seconde communication, annexée à la précédente dans le mémoire que je viens de citer, et résumée dans les Comptes rendus de V Académie des sciences (6 nov. 1865, t. LXI, p. 775), a été indi(juée seulement par quelques mots au procès-verbal de notre séance du 15 décembre {Bulletin., 2' série, 1865, t. II, p. 733). Elle avait pour objet d'exposer des faits complè- tement imprévus, observés à la Ménagerie, et consistant en une métamorphose que venaient de subir successivement six Axolotls de la première ponte et trois de la seconde. Le développement s'était fait d'une manière régulière, et, parvenus à la taille de 0"',21, les animaux nés en captivité Reproduction des axolotls. 81 82 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. n'étaient plus dépassés par leurs parents que de 0'",0/i à 0'",05, lorsque, à partir du commencement de septembre 4865, jus- qu'au milieu d'octobre, survinrent des cbangemenls consi- dérables. Les houppes branchiales disparurent, ainsi que la crête membraneuse du dos et de la queue; la forme de la têle se modifia un peu ; enfin, sur les membres et sur le corps se montrèrent de nombreuses petite i taches irrégu- lières, d'un blanc jaunâtre, qui contractait avec la teinte brun noirâtre générale. (Voy. la figure ci-contre.) Aux modifications extérieures correspondent des modifica- tions internes tout à fait comparables à celles qu'on observe sur les Batraciens urodèles, quand ils passent de l'état de larve à l'état adulte. Ainsi : 1" L'appareil hyoïdien s'est extrêmement simplifié, par suite de la disparition des trois arcs branchiaux internes ; le quatrième, ou le plus externe, persiste; mais il a perdu ses dentelures membraneuses, et constitue l'article postérieur de la corne thyroïdienne de l'os hyoïde (fig. 1 et S). Fie, •!. — Axololl non Iransformé. Fie. 2. — Axolotl Iransformd. 2° A cette particularité caractéristique de l'âge adulte, est venu se joindre un changement de forme dans le corps des vertèbres, dont la face antérieure est un peu plus plane qu'elle ne l'était avant la métamorphose. 3° Les dents vomériennes, par suite du développement des os qui les portent, se sont déplacées. Elles formaient, de , ■• REPRODUCTION DES AXOLOTLS. 83 chaque cAlô, dnrriôrc l'os inlermnxillaire, une petite itande un peu obliquemenl dirigée d'avant en arrière et de dedans en dehors. L'obliquité de l'une et de l'autre bande étant devenue FiG. 3. — Axolotl non transforme'. FiG. 4, — .^xoloil transformé. plus marquée, elles se sont rencontrées sur la ligne médiane, en formant un angle peu prononcé, et elles sont disposées maintenant en une rangée presque transversale (fig. o et /j). FiG. 5. — Triton maibrcî (lùianl). FiG. 0. — Triton marbré (aihiltc). Un changement dans la disposition des dents de la voûte palatine s'observe également chez les autres Batraciens uro- dcles (Triton marbré, à l'état de têtard et adulîe, hg-. 5 et 6; Euprocte de Poiret, également à l'étal de têtard et adulte, 8/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. fig. 7 et 8). Chaque palatin soudé au vomer correspondant, à la suite duquel il est placé, se porte en dedans en se rappro- chant de son congénère, et en même temps se prolonge en arrière. Durant celte période de développement, ou bien les petites scabrosilés répandues sur toute la surface de l'os voméro-palatin se sont réduites en une bande longitudinale qui garnit tout le bord interne du prolongement postérieur du palatin, comme le suppose Dugès [RecJiercJics sur la myolorjie et l" ostéolorjie des Batraciens à différents ârjes, p. 173, pi. XIV, fig. 86 et 89); ou bien ces petites dents n'étaient que provisoires, et sont tombées pour être rempla- cées par des dents palatines permanentes. Fig. 7. — Eiiin'octe de Poiret (tùlard). Fie. 8. — Euprocle de Poirct (adulte) li" De petites dents qui, derrière la rangée de la mâchoire inférieure des Axolotls, étaient réunies, de chaque côté, sur plusieurs rangs, ne se voient plus ajjrés la métamorphose. Elles manquent également chez les Ambystoraes de la collec- tion du Muséum. La différence qui se remarque entre l'Axolotl transformé et les deux Batraciens urodèles dont les têtes sont également figurées, c'est que, chez ceux-ci, comme dans presque tous les genres de cet ordre, les dents palatines forment deux rangées longitudinales, tandis qu'elles sont en bande transversale chez l'Axolotl transformé. Les métamorphoses que subissent les Axolotls font naître REPRODUCTION DES AXOLOTLS. 85 des doutes sur la convenance du rang qu'ils occupent aujour- d'hui dans la classification. Dans l'ordre des Urodèles, ou Batraciens à queue, doivent- ils, parmi les pérennibranches, constituer, sous le nom de Siredon, créé par Wagler en 1830, un genre distinct? Ne sont-ils, au contraire, que des têtards destinés à prendre rang avec les espèces dont ils ne représenteraient que la forme transitoire? Telle est la question qui a déjcà été soulevée par Cuvier (1), puis par d'autres naturalistes, et pour la solu- tion de laquelle les faits observés à la Ménagerie ne sont pas sans importance. C'est la première fois, en effet, qu'on a vu des Axolotls perdre tous les caractères propres aux têtards pour prendre ceux d'animaux parfaits. Jusqu'alors on devait s'en tenir forcément à des suppositions; aujourd'hui, on a la certitude que la forme de pérennibranche n'est pas absolument im- muable. Quelle serait maintenant la place à attribuer, dans le grou- pement méthodique des Batraciens urodèles caducibranches, aux Axolotls transformés ? L'arrangement des dents vomériennes en bande trans- versale ne permet aucune hésitation. Le genre Ainbystoma de Tschudi est, en effet, le seul (2) dont les dents de la région (!) A trois reprises, Cuvier a dit que les Axolotls devaient, selon toute prol)nbiiité, être considérés comme des Batraciens non encore arrivés à leur entier développement (1" 1807, lircherches sur les Reptiles douteux, Voyages de Humboldt, p. 35; 2" 182Zi, Ossements fossiles, t. V, 2' piirlie, p. Zil6 ; 3° 1829, Règne animal, 2'^ édition, t. Il, p. 119). — Gravcniiorst (Z)e//c/te iVus. zool. Vratislaviensis, fasc. I, Clielon. elBatr., 1829, p. 90), A.T.J.C.Mayer {Analect. dervergleick. AtiaL, 1835, p. 87), M. J. E. Gray (Catal. Amphib. Brit. Mus., part. II, Batr. gradientia, p. /i9, 1850), ont émis la même opinion que Cuvier. M. Tschudi, au contraire {Classiflcat. der Batr., 1838, p. G8), et d'autres, l'ont rejetée. — Voyez plus loin ce que je dis des incertitudes du professeur Spencer V. Baird sur ce sujet. (2) Le genre Xiphonureàç. Tschudi offre le même caractère. Il ne diflfère pas, en réalité, du genre Ambystome, et mieux Ambhjstome, signifiant à bouche ou pUuôt à museau obtus, nom peu convenable, mais qui a la priorité, et (jue M. Tschudi a substitué à la dénomination manuscrite de Plagiodonte 80 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATIOIN. palatine soictU disposées en bande transversale, ei qui n'ait point, au delà de cette bande, des dents formant une, double rangée longitudinale (fig. 9). FiG. 9. — Ambvstonie roncliiô. Nos Axolotls devraient donc èlre considérés comme des têtards d'Ambystome. Le Musée de Paris ne possède qu'un petit nombre d'espèces de ce genre de l'Amérique septentrionale, et les animaux de la Ménagerie ne peuvent être rapportés à aucune d'elles; mais les zoologistes des Étals-Unis en ont décrit une vingtaine : quelques-unes seulement ont clé figurées, et je ne sais b. laquelle appartiennent nos sujets. Les dilTérences que présentent les Axolotls, et qui ont porté les zoologistes à partager en quatre ou cinq espèces le genre Siredon, indiqueraient donc seulement les particularités propres aux têtards de diverses espèces d'Ambystomes. Par conséquent,, il y aurait à rayer des cadres zoologiqaes (1) le genre Siredon. (à dents transversales), rappelant le caractère essentiel du genre, et servant à désiiiner certaines espèces du Mnsée de Paris, à l'époque où le naturaliste de Berne vint visiter les collections avant la publication de son travaiL (1) De nièuie que, depuis les observations de M. Aug. Millier, on doit ciïacer, dans la classe des Poissons, le genre Animocètc, créé pour les larves des Lamproies. Des changements analogues ont eu lieu dans plusieurs classes d'animaux invertébrés, où l'on avait considéré comme types génériques, des animaux à formes transitoires et non encore arrivés à leur état parfait. REPRODUCTION DES AXOLOTLS. . ■ 87 Des (lilTicullés cependant se présentent ici, et s'opposent peut-être à des conclusions absolues. Ainsi : ... 1" Pourquoi, si la transfornialion de neuf Axololls constitue un fait normal, les trente-quatre autres individus provenant des deux mêmes pontes, et qui, aujourd'hui 15 mars 'J866, n'ont encore offert aucun changement, se montrent-ils réfrac- taires à rinflucnce que plusieurs ont subie ? La métamorphose serait-elle donc une anomalie, et faudrait-il admettre qu'elle est le résultat de causes accidentelles, comme le genre de vie ou la captivité dont l'action so serait exercée sur quelques individus seulement ? Comment le séjour dans l'aquarium pourrait-il avoir de telles conséquences pour un petit noml)re et non pour tous ? En tout cas, ne devrait-on pas s'étonner que, sous l'empire de circonstances fortuites, il y ait une ressemblance si par- faite entre tous les Axolotls métamorphosés, et qu'ils revêtent précisément les caractères d'un genre qui, par la dispo- sition de ses dents vomériennes, se distingue si nettement de tous les autres Batraciens urodcles? 2° Pourquoi, au bout de huit mois environ après leur naissance, les individus transformés ont-ils commencé à prendre leur nouvelle apparence, tandis que les cinq mâles et la femelle qui ont fait souche à la ménagerie, et qui ont été expédiés du Mexique à la (in de ISivS, n'ont éprouvé d'autres changements que ceux qui résultent de leur accroissement en volume et en longueur? Piicn n'établit que la durée de la vie à l'état de têtard ait des limites invariables. Or, si, d'ordinaire, elle ne se pro- longe pas au delà de quelques semaines, chez la plupart des Batraciens, pourquoi, chez d'autres, et l'on en a des exem- ples, ne se continuerait-elle pas pendant un lem.ps beaucoup plus long? On ne peut donc pas considérer comme abso- lument improbable le passage, soit des parents, soil des jeunes qui, jusqu'à présent, n'ont pas sulji la métamorphose, à un état semblable à celui que présentent les sujets trans- formés. 3° Enfin, la maturation des produits des organes généra- s 88 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. leurs et la reproduction ne témoignent-elles pas de l'état parfait des animaux (1) ? A ce sujet, il convient de rappeler une observation faite récemment par M. de Filippi, sur des Triions alpestres d'un étang voisin du lac Majeur {Archivio per la Zoolcu/ia, t. I, p. 206-211, pi. XIY, fig. 1). Parmi cinquante individus qu'il put pêcher, deux seulement avaient déjà perdu leurs houppes branchiales. Les autres conservaient ces organes de respi- ration aquatique, n'avaient pas encore leurs véritables dents palatines permanentes, et enfin olTraicnt, dans la structure du rachis, le caractère du jeune âge, c'est-à-dire la per- manence de la corde dorsale , sous forme d'un cylindre continu, non étranglé au niveau de la diaphyse du corps des vertèbres. Ces Tritons étaient donc réellement des têtards, et cepen- dant les lèvres du cloaque étaient gonflées, comme elles le (1) M. le professeur Spencer F. Eaird (Révision of the N.-Amer. tniled Batr., in Journ. Acad. nat. se. PliiUuL, oct. 18/i9, 2" série, t. I, p. 2'j'2) a fait olwerver que l'Axololl dilfère des auU-es Balraciens pérennibranclies par la persislance des caractères propres aux individus non encore niétanior- pliosés, et tirés de la structure de l'appareil hyoïdien, ainsi que de la dispo- sition du repli cutané qui forme une sorle d'opercule à bord libre et mobile. « Aussi, disait-il, l'Axolotl ollVe, dans son apparence extérieure et dans sou organisation, une telle ressemblance avec la larve de VAiiibystoma punctala, que je ne puis pas croire qu'il ne soit point le têtard de queliiue espèce gigantesque de ce genre. Quoique l'adulte n'ait pas encore été découvert, ce n'est pas un motif, ajoutait-il, de nier son existence. » Plus tard, en 1852 (lieptiles, in IIow. Stansbury's Explorât, and survcij of the ■Valley of the (jreat sait lake uf Utah, p. 338), M. lîaird a changé d'opinion, après avoir pris connaissance du travail où Everard Home (Philo- sopli. Transact. Roij. Soc, 182Zi, p. /il9-/i'23, pi. 22 et 23) a décrit et figuré les organes génitaux arrivés à leur entier développement. 11 avait eu en outre, lui-même, l'occasion de voir des Axolotls dont l'appareil reproducteur paraissait prêt à fonctionner; par conséquent, se trouvait écartée pour lui, comme pour Everard Home, et ainsi qu'elle l'eût été pour tous les zoolo- gistes, la supposition d'un état transitoire. L'observation faite par M. de Filippi, et signalée ci-dessus, démontre que des Balraciens non encore métamorphosés peuvent cependant présenter un développement complet des organes générateurs. nEfROBUCTION DES AXOLOTLS. 89 sont dans la saison des amours; les testicules et les canaux séminifèrcs, ainsi que les ovaires et les oviductes, parfaitement développés, avaient atteint toute leur maturité. Les œufs, relativement assez gros, de couleur brune, avec une tache blanchâtre, formaient deux grappes. Les sperma- tozoïdes, de forme et de dimensions normales, se présentaient sous l'apparence qui leur est propre dans le groupe des Batra- ciens urodèles. L'Axolotl ne serait donc pas le seul Batracien capable de se reproduire, quoique n'ayant pas encore revêtu tous les caractères distinctifs de l'état adulte (1). Ainsi, l'accomplissement de l'acte de la génération, durant l'état transitoire, n'est pas un fait isolé, et, par là même, tombe l'objection relative aux Axolotls. Les éludes se poursuivent cà la ménagerie. Peut-être les observations ultérieures dissiperont-elles les incertitudes qui subsistent encore, et me permettront-elles de m'exprimer en termes plus affîrmatifs sur la question de zoologie résumée dans cette notice. (1) Je ne parle pas ici des Batraciens nrodèlcs qui ont des brancliies exté- rieures comme les Axolotls, et désignés sous les noms de Sirène, de Protée cl de Ménobranche; car, d'après toute leur organisation, on est conduit à supposer qu'ils ne doivent jamais subir de métamorphoses. DE LA. SÉmcICULTURE AU JAPON, Par m. !c docteui' BIOIHIIEK. (Séance du 23 février 186 G,) Un bien douloureux événement ni'ayant forcé de quilter subitement le Japon, où je me propose, du reste, de retourner au mois d'avril prochain, j'ai cru qu'il était de mon devoir de profiter de mon court séjour à Paris, pour venir soumettre à votre appréciation ce que j'ai pu apprendre touchant la cul- ture du Ver à soie dans ce fortuné pays. Cette question, mes- sieurs, a toujours excité votre plus vive sollicitude; je ne doute donc pas qu'en faveur de son importance, vous ne vouliez bien m'accorder votre indulgence pour le peu d'ha- bitude que j'ai de parler en public. J'habite Yokohama depuis dix-huit mois environ ; et si tout d'abord je n'ai pas attiré l'attention de notre Société sur ce pays encore si peu et si mal connu, c'est que j'ai tenu avant tout à n'agir qu'en pleine connaissance de cause, c'est-à-dire à me faire surtout à la langue, au climat, aux mœurs, aux habitudes de ces îles lointaines qui devenaient ma nouvelle patrie pour bien des années peut-être, et que je ne crains pas de qualifier aujourd'hui de GaUlcie de l'extrhnc Orient. Ma position de médecin, ou plutôt la supériorité que ces peuples ont le tact, au contraire des Chinois, de ne pas con- tester aux sciences européennes, me fit bientôt entrer en rela- tion avec toutes les classes de la population indigène, soit du rayon que les traités nous ont imposé, soit des provinces les plus éloignées. Vous ne doutez point, messieurs, que, pénétré comme je le suis des immenses services que notre Société rend chaque jour à toutes les contrées du globe, je ne me sois empressé de mettre à profit les moindres occasions de m'in- struire des choses qui pouvaient nous intéresser. C'est l'en- semble, le résumé, en ce qui concerne la sériciculture, bien entendu , de ces notes prises en quelque sorte au jour le DE LA SÉUICICULTURE AU JAPON. ' 91 jour, que je demande la permission de vous communiquer. Je n'ai pas la prétention de vous apporter un remède nou- veau à la maladie qui ruine notre plus belle industrie, maladie que je suis i'orlement tenté de reconnaître plutôt chez le cultivateur que dans le Mûrier ou le Ver ; mais si de la com- paraison de l'cducalion dans les deux pays, il peut sortir quelques idées utiles au nôtre, je me trouverai largement récompensé de mes ingrates études linguistiques. Vous connaissez tous, messieurs, la topographie et la nature volcanique des quatre îles dont l'ensemble constitue l'empire du Japon. De ces quatre îles, la plus grande, celle de INippon, coupée dans toute sa longueur par une chaîne de montagnes boisées, qui, s'abaissant jusqu'au rivtige en gradins admira- blement cultivés, offrent au coup d'œil un charme et une harmonie dont le souvenir ne s'efface plus, eut seule, aux temps reculés, le privilège de la culture de la soie dans les deux départements de Shin shiou {Shinano) et de 0 shiou {Moutsev) : ces deux provinces conservent encore, en effet, le nom de Hon-ba, pays du commencement. Plus t;;rd, !e pri- vilège fut étendu à d'autres départements, et aujourd'hui chacun est libre dans tout l'empire du Mikado de cultiver ses terres comme il l'entend. Voici cependant le nom des pro- vinces les plus renommées après Shin shiou et 0 shiou : Dgiô shiou {Kôtsenké), qui a ses grands marchés aux villes importantes de Maïbashi et de ïaka-saki, et qui récolte aux environs de la petite ville de Shimonita les plus belles soies de INippon. Ko shiou (lûi'i), dont la soie est en général ferme, mais très-nette, et qui produit au^si un raisin apprécié par nos gourmets, malgré sa peau un peu épaisse. Shimotseuké, qui a livré cette année, à cause de sa proxi- mité de Yokohama, une assez grande quantité de graines à l'exportation. Bou shiou, enfin [Mousashi), qui renferme les villes de Edo, siège de l'administration taîkounale, et de Yokohama, et qui produit une soie assez inférieure aux environs de llat- stciôdgi. 92 SOCIÉTÉ' IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION Ces six déparlements occupent la chaîne ou les plateaux moyens de la chaîne transversale que je vous signalais tout à l'heure; les has-fonds et les vallées, à terrain gras et à l'arrosage, sont réservés aux céréales et aux légumes; les hauteurs, à terrain léger, sont consacrées entièrement aux Mûriers, tandis que les Conifères décorent les sommets plus élevés et peu habités. Les champs de Mûriers ont à peu près l'aspect de nos champs d'Oliviers dans le midi de la France : ni céréales ni transaux ne sont établis sous leurs ombrages; seulement, à diverses époques de l'année, le terrain est convenablement fumé et bêché. Généralement le sauvageon forme les bordures des enclos, occupés par les plein vent greffés. Comme soins pro- pres, les individus ne reçoivent qu'une simple toilette d'émon- dage, et cela, comme nous Talions voir bientôt, au moment des éducations et pour leurs besoins. \c\, messieurs, je ne puis m'erapêcher de vous signaler que nous sommes loin d'agir aussi sagement en France. Quand nous avons, en effet, assez martyrisé nos arbres par l'arra- chage de la feuille, nous nous empressons de les mutiler dans le but, malentendu sans doute, d'activer la sécrétion générale, et partant le développement des feuilles, comme aussi de faci- liter la cueillette. Nous paraissons réussir, je le reconnais : nos feuilles sont plus abondantes, plus larges, plus nourries (disons-nous) ; mais la matière alibile assimilable, la matière sucrée et vraiment séricigène, comme le prétend mon ami M. le docteur Juge, si compétent en ce sujet, est-elle aussi devenue plus abondante? A coup sûr, non; car, prenant à tâche de réséquer les canaux sécréteurs, il n'est pas possible que le tra- vail puisse arriver à son entier développement ! Nous obtenons un excès de parties aqueuses, de liquide cicatriciel, si je puis m'exprimer ainsi ; mais l'eau n'est ni de la soie, ni un préser- vatif delà galtinel.... Et nos arbres, que deviennent-ils? Hélas! et cela se comprendrait à moins, ils meurent bientôt sous le coup de ces grandes opérations si souvent répétées ! Avant d'entrer avec vous, messieurs, dans une chaumière de Shin shioupour y suivre une éducation du précieux insecte, DK L\ SÉHICICLLTURE AU JAl'UN. 93 permettez-moi de vous l'aire remarquer (fu'au Japon, con- trairement peut-être aux idées que vous avez pu vous en faire, la propriété est excessivement divisée, et par conséquent la main-d'œuvre étrangère très-diffîcile à se procurer. Chaque famille de travailleurs fait toutes ses récoltes avec ses propres bras, et c'est incontestablement à cette cause qu'est due la supériorité de l'exécution. Aussi n'ai- je jamais entendu attri- buer qu'à des cataclysmes atmosphériques les désastres qui, nécessairement, ont dû se produire quelquefois. Donc, au Japon, absence absolue de grandes éducations. Ce point, messieurs, ne mérite pas dé développements : vous le dénoncer, c'est vous en faire voir tous les avantages. Avec le système des petites éducations, en effet, on sauvegarde à l'être animé auquel s'attache en France une grande partie de la prospérité nationale toutes les conditions'de soins, de salubrité, d'hygiène, d'existence, qui nous importent tant, et que malheureusement nous semblons négliger de jour en jour davantage, malgré les expériences annuellement recon- nues. Il me serait facile de discuter les effets pernicieux de la trop grande agglomération ; mais cette question a été telle- ment étudiée , de quelque catégorie d'êtres vivants qu'il s'agisse, que nous pouvons la regarder comme entièrement résolue.... . .. L'éducation commence au Japon, comme en France, par le choix de la graine. Seulement au Japon, et je vous livre ce fait sans commentaires, tel qu'il m'a été transmis, la graine est alternée chaque année dans sa provenance. Ainsi, par exemple, Shin bhiou élève cette année la graine de 0 shiou, 0 shiou celle de Dgiô shiou, etDgiô shiou celle de Shin shiou; tandis que l'an prochain ce sera l'inverse. Ne pourrait-on pas voir dans ce fait une espèce de régénération par les changements de milieux?... Le ou les cartons choisis demeurent suspendus au plafond de l'appartement même où doit se faire l'éducation : l'éclosiou d'ailleurs est complètement abandonnée à la nature, et elle a lieu généralement de fin mars au J5 avril, selon les circon- '2' stRit, T. in. — lévrier 18(j(j. 7 9â SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. slances thermométriques (1). Les vers éclos sont recueillis sUr (les tables de bambou de grandeur moyenne (semblables aux munisses du Dauphiné et de la Provence), et on leur donne du sauvageon jusqu'aux environs de la quatrième mue. Deux fois par jour seulement la donnée a lieu : le matin, de neuf à dix heures; le soir, vers quatre heures. La feuille, cueillie en ramuscules pendant toute la durée de l'éducation, est détachée à l'aide de ciseaux lavés et essuyés chaque fois, les jaunes, les flétries, les tachées, étant écartées avec soin. Elle est ensuite prise en masse et coupée d'autant plus fin que le ver est plus jeune. A partir de la quatrième mue, la feuille grelfée peut être employée arrachée des ramuscules triés, et donnée une fois de plus, suivant l'appétit du ver, à l'époque qu'on nomme briffe, mais qui n'est jamais bien marquée chez le bombyx du Japon, Dans aucun cas, elle n'est cueillie mouillée, et la chambrée jeune quand la nourriture en parfait état manque. Pour bruyère, enfin, on emploie généralement les tiges sèches de colza couchées simplement sur les tables. Comme soins généraux, la plus excessive, la plus minutieuse propreté ne cesse d'être mise en pratique, et les vers ne sont touchés qu'avec de petites baguettes de bambou dont le ma- niement devient, avec un peu d'usage, extrêmement facile. Du reste, pas de feu dans les chambres, les Japonais consi- dérant avec raison le développement hàtif comme contraire à la santé et à la force générales : dans les cas cependant de froid exceptionnel ou d'humidité trop grande, quelques petits braseros de charbon de bois parfaitement allumé et en mé- diocre quantité, sont placés pour maintenir ré(iuilibre. Point de fumigations aromatiques ou autres ; défense sévère de fumer, à plus forte raison de faire la cuisine sur les braseros ; on évite même de se trouver plusieurs personnes réunies , (1) D'après le relevé officiel de mes observations météorologiques, la tem- pérature moyenne des pays séricicoles est de + 12° pour avril, -f- le^* pom- mai, + 19" pour juin ; celle de Yokohama étant, au\ mêmes époques, de 4-U", -I- 18", -f- 21". ■ < " î DE LA 8ÉR1C1GULTUKE AU JAPON. 95 pendanl un certain laps de temps, dans l'appartement où se tait l'éducation, d'y parler avec de trop grands éclats de voix, d'y faire du bruit. Il va sans dire qu'à tous ces principes si sages, on ajoute celui de tenir les vers le plus clair-semés possible, et d'employer les intervalles des données, à pratiquer une sélection perpétuelle, dans le double but d'assortir les âges et d'écarter les malades. Le délitement est opéré h cbaque mue ; mais vu la modi- cité des données et le clair-semé des insectes, la litière doit se trouver et se trouve en effet en trés-minime quantité. Autre cause d'insalubrité dont on ne tient pas assez compte en France, mais que nos insulaires ont bien su complètement éviter ! Ainsi que vous le devez penser, messieurs, une éducation laite dans ces conditions ne dure pas moins de cin(juante ou cinquante-cinq jours ! Mais que doit importer le temps, si le résultat est favorable ? Je suis convaincu , messieurs , qu'à son introduction en Europe, la culture du Ver à soie ne dut pas s'éloigner sensi- blement de ce que je viens de vous raconter. Je me souviens très-bien, en effet, d'avoir vu, il y a vingt ans, dans quelques villages ignorés du département de la Drôme, des éducations oi^i la feuille était donnée sèche, choisie, coupée parcimonieu- sement, la chambrée tenue sans feu ou presque sans feu bien aérée, les vers clair-semés, égalisés, etc.... , produire des résultats merveilleux, lorsque les sijstèmes commençaient déjà dans les populations éclairées la série d'insuccès qui devait aboutir à notre ruine. Eh! messieurs, ne nous laissons pas entraîner par la magie des mots : progrès n'est pas toujours innovation, c'est aussi conservation des saines doctrines ! Je termine. Si je me suis suffisamment expliqué, messieurs, la différence entre l'éducation japonaise et l'éducation fran- çaise doit vous apparaître clairement. Elle se résume en trois points principaux : , 1" Culture du Mûrier; *-^'' Système général d'éducation ; ■ ■ . 3" Hygiène et nourriture des vers. ' 9(y SOCIÉTÉ IMI'ÉUIÂLE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. r Au Japon, j)ar la culture du Mûrier dans les terrains légers et l'émondage bien appliqué, on permet au suc séri- cigéne de s'élaborer complétemcnl. En France, avec l'arra- chage des feuilles sur plante, la culture étrangère sous l'om- brage, et surtout la taille poussée jusqu'à la mutilation, nous ne produisons qu'une augmentation de sucs aqueux nuisi- bles à l'insecte, sans compter l'affaiblissement progressif de l'arbre. 2" Malgré les insuccès éclatants que le système des grandes éducations obtient chaque année en France, ce système n'en est pas moins généralement suivi, peut-être même sans qu'on s'en rende compte. Si l'on pouvait, en effet, comparer les pieds de Mûriers existant aujourd'hui avec ce qui se cultivait il y a vingt ans, on verrait bien vite que l'accroissement en Lstau moins quatre ou cinq fois plus considérable, tandis que le nombre des appartements destinés à l'éducation dans les fermes reste à peu près le même. Tel cultivateur qui, il y a vingt ans, faisait une once de vers, en fait cinq aujourd'hui avec le même terrain et la même chambre ! Il réussissait alors, aujourd'hui il n'a que déboires. A qui la faute ? Au mépris de ce grand principe, si bien compris au Japon, qui ne refuse pas à l'insecte soyeux ce que l'on applique à tous les êtres vivants, l'air et l'espace ! o" Je n'ai jamais bien compris notre manie de vouloir li- miter à vingt ou vingt-cinq jours la vie d'un insecte auquel la nature a assigné une période deux fois plus longue. Au Japon, l'éducation hâtive n'est pas connue, et je doute fort qu'elle pût facilement y être acceptée. Dans l'éducation naturelle, en effet , je ne vois qu'économie et avantages : éco?iu)nie de feuilk'ii , ccunomie de main-d'œuvre , économie de charbon; et comme avantages, l'absence de préoccupations en temps de pluie ou de chaleur, facilités du délitement etdela mise en bruyères, qui n'est jamais impérieuse, etc.... Pourquoi donc le bon sens de nos populations agricoles se laisse-t-il ainsi égarer sans regimber? De toutes ces choses, messieurs, la conclusion est facile. S'il est viai, comme je le [lense, que nous ayons perdu nos races DE \A SKRiriCIlLTlRE AI' .TAPON. 07 nalionales et élrangèrcs par de mauvais syslèmes de culliirr, ce sera par l'application sage et raisonnée d'une saine doctrine que nous parviendrons à nous régénérer. Le Japon parait nous offrir notre ancre de salut, tâchons de n'en pas couper la chaîne! Au lieu de nous livrer à des tentatives de reproduc- tion coûteuses et incertaines, ne craignons pas de nous adres- ser à ce splendide pays, qui fournira amplement et à meilleur marché à nos approvisionnements, lorsque surtout, sur les représentations réitérées de nos consuls généraux, l'admi- nislration taïkounale voudra bien laisser au commerce ft sa lionne foi et toute sa liberté. .. lu. COMPTE RENDU . > . , A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMAT ATION SUR LA (CULTURE ET LA VALEUR DE LA POMME DE TERRE DE TROIS MOIS, Par M. BOSSIIV. (Séance du 23 février 1866.) Parmi les plantes éminemment utiles, il est évident que nulle autre n'offre jusqu'à ce jour à l'humanité, dans les deux hémisphères, autant de ressources que la Pomme de terre [Solamim tiiberosum, Linn,). Cette plante, qui rend de nom- breux services journaliers, peut servir à l'ahmentation de l'homme et des animaux pendant une très-grande partie de l'année, sans que ses bonnes qualités nutritives et le volume de ses tubercules en éprouvent une altération sensible, si l'on prend les précautions et les soins indispensables que tout propriétaire doit connaître et employer. Pour obtenir ces bons résultats, il est nécessaire de veiller à leur conservation pen- dant l'hiver, c'est-à-dire depuis le moment de l'arrachage jusqu'à celui de la plantation, et même jusqu'à la récolte nouvelle. On devra en outre, et toujours, accorder la préfé- rence aux variétés qui possèdent la faculté de rester six mois, et souvent plus longtemps encore, dans les conservatoires, sans que les tubercules en soient amoindris, par suite de l'émission désastreuse des nouveaux bourgeons dans certaines variétés, qui ne tardent pas à se développer, si l'on n'y prend garde, et qui finissent par les épuiser pendant celle très-longue période. Dans la lettre que j'eus l'honneur d'adresser à la Société générale d'acclimatation le 7 mars 1865, accompagnant un envoi de Pommes de terre de trois mois, je prenais l'enga- gement d'expérimenter cette variété, comparativement avec d'autres déjà connues et répandues, et de lui rendre compte du résultat, quel qu'il fût. C'est cette promesse que je DE LA POMME DE TERRE DE TROIS MOIS. ., 99 demande la permission d'accomplir aujourd'hui, en priant la Société de vouloir bien l'accueillir. A mon arrivée à la campagne, au printemps de 1865, je fis préparer un terrain de plusieurs ares d'étendue, dans lequel je plantai, le 27 mars, un tubercule à la touffe, des variétés de Pommes de terre dont les noms suivent. Le terrain dans lequel j'ai opéré est essentiellement sec, brûlant et crayeux. . . Ce sont : , . . ; 1° Pomme de lene de la Saint-Jean ou Segonzac. 20 Id. de trois mois. 3» Id. Marjolin (précoce). h" Id. Lesèblc (nouvelle variété tardive). 6" Id. Hardy. 6° Id. Bossin, dite Caillaud. 70 rd. Comice d'Amiens (précoce). 8» Id. Circassienne (précoce). 9° Id. maréchal Vaillant. 0° Id. Chardon. En plantant ces dix variétés, mon but était aussi de connaître la précocité relative de chacune d'elles, question que je me propose de traiter ultérieurement. Car on sait que depuis longtemps j'attache une très-grande importance à la culture des Pommes de terre hâtives, auxquelles, depuis plusde quinze ans, je donne la préférence dans ma culture. Je les plante ordinairement dès le courant ou fin de lévrier, quand les gelées me permettent d'ouvrir le sol. Cette plantation faite de bonne heure me facilite d'arracher souvent à la fin de juin et commencement de juillet, quand l'été est pi^opice, d'aboi\l la Marjolin, la Comice cV Amiens, la Circassienne, puis ensuite un peu plus lard, la Shaw, la Bossin dite Cailkmd, la Ser/onzac ou de la Saint-Jean. Ces trois dernières sont tou- •jours rentrées dans le courant d'aotjt, quelquefois fin de juillet : au moyen de la plantation en février, et du choix des variétés hâtives, mes Pommes de terre sont entièrement exemptes de la maladie. Les tubei^cules sont dans ma cave pendant que ceux de mes voisins en sont fortement atteints dans les champs. D'un autre côté, j'ai encore l'avantage d'oh- 100 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tenir une récolte dite dérobée, sur l'emplacement des Pommes de terre arrachées en juillet et en août. La maladie n'ayant paru que très-tard dans ma commune, en 1865, à cause probablement de la sécheresse longue et forte que tout le monde connaît, j'ai laissé mes dix variétés en terre jusqu'au U septembre, dans le but d'avoir un poids exact et égal de tubercules. Je pris alors au hasard les quatre premières toulfes de chaque lot, dont voici le détail et le ren- dement dans le tableau ci-annexé : Tableau annexe synoptique et comparatif. NOMS DES POMMES DE TERRE. Pomme de terre de la Saint- Jean ou de Segonzac. Id. de trois mois Id. Marjolin Id. Lesèble .- . . . Id. Hardy Id. Bossin,diter^///'/r(w/ Id. Comice d'Amiens. . . Id. Circassienne Id. maréchal Vaillant. . Id. Chardon 7/1 Iti 51 71 68 Ul Ixi 72 Or. 290 270 62 280 92 365 175 325 18 120 POIDS t. .loi. 5,500 6,977 1,500 .'4,250 2,110 G, 000 1,950 4,150 0,600 ?.,600 FORME et iTiiili'ur lll-S tiihei'i'ulps. H.\IITEUR tise.s. .launes, ronds et obronds. Jaunes, ronds. Jaunes, longs. Konds, rosés. Ronds, rosés. Ronds, jaunes. Ronds, jaunes. Ronds, jaunes. Ronds, jaunes. Ronds, ja\ines. CiMifimct. 70 à 80 80 à 90 30 à 40 80 à 100 60 à 70 80 à 90 40 à 50 50 à 60 50 à 60 80 à 100 COULEUR lu lli'ur. Lilas clair, Lilas tendre, en bouquets. Blanches et larges. Violet bleuâtre. Blanches et larges. Blanc .«aie. Blanc bleuâtre très- pâle. On remarquera d'après ce tableau scrupuleusement établi, eu égard à la sécheresse de l'été, que la Pomme de terre de trois itiois es[ supérieure en poids à toutes les bonnes variétés DE LA POMME DE TERRE DE TROIS MOIS. 101 connues des membres de la Société, Celle qui la suit de près est la variété Bossi?i, dite Cai/Jmid, qui l'égale en qualité. Ces dix variétés furent plantées à Hanneucourt (Seine-et-Oise), le même jour, dans les mêmes conditions de fumure, et elles recurent indistinctement les mômes soins pendant leur végé- tation, jusqu'à l'arrachage. ?••;', Aux renseignements que j'ai eu l'honneur de donner déjà à la Société sur la Pomme de terre de trois mois, je crois devoir lui communiquer, par extrait, une lettre que j'ai reçue sur cette Solanée, de iM. Besnou, ex-secrétaire de la Société d'agriculture de Brest, pharmacien de la marine, et l'un des commissaires nommés par celte Société pour examiner sur les lieux la culture et la Pomme de terre de trois mois de M. Lothe, auquel il fut accordé une médaille d'argent, et 100 francs, sur le rapport de la Commission. Voici quelques passages de cette lettre : « Si ma réponse à votre lettre du 31 écoulé vous parvient si tard, c'est que votre missive a fait deux longs crochets avant de m'être remise. Depuis quatorze ans, j'ai quitté Brest pour aller prendre une direction à Cherbourg. Je suis en ce moment à Avranches ou environs, au sein de ma famille, et comme on dit à Paris, en villégiature. Depuis ma retraite, j'y passe une grande partie de mon temps, et y organise et y classe le Jardin des plantes. Ces détails, monsieur, sufliront, je l'espère, pour obtenir mon pardon de vous avoir fait attendre si longtemps. » J'éprouve ensuite le vif regret île ne pas avoir sous la main, ici, les procès-verbaux de la Société d'agriculture de Brest, dont j'étais depuis 18/i6 secrétaire; c'est donc sur des souvenirs que je vous répondrai. Cependant tout sera exact; il pourra y avoir beaucoup d'oublis, mais non pas d'erreurs. » Le rapport que je rédigeai sur la Pomme de terre Lothe, dite de trois mois, fut la traduction non exagérée de nos con- victions, et des espérances qu'elle nous faisait concevoir. Elle provenait de Boulogne-sur-Mer, d'où M. Lothe l'avait reçue quelques années auparavant. Nous la considérâmes comme appartenant à la Patraque jaune. Sa belle venue, sa régula- rité, son abondance, son rendement, nous parurent unani- 102 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. mement mériter l'attention de la Société. Elle est éminemment hâtive, très-féculente et très-dense. '•< » Chaque année, jusqu'en 1851, les produits de la culture de M. Lothe ont été achetés pour plantations nouvelles, par les personnes sérieuses de notre Société et des environs de Brest; on en a été satisfait. » Mais, monsieur, je ne pensais pas dès cette époque que les beaux résultats bien et loyalement exhibés par M. Lothe fussent uniquement attribuables à la variété de son tubercule. J'avais, au contraire, l'opinion que son mode de culture et les soins spéciaux dont il l'entourait, devaient entrer en bonne ligne de compte dans ses succès et dans le développement régulier et souvent énorme de ses tubercules nouveaux de chaque année. M. Lothe plantait dans un terrain perméable, argilo-siliceux (jneissique, et fortement amendé par un sable de mer éminemment coquillier. Sa terre était parfaitement pré- parée ; des binages fréquents, deux ou trois buttages faits à temps, expurgeaient le sol complètement des plantes spontanées et parasites du pays. De plus, et cela n'est pas sans importance, quoique placé à la pointe avancée de Saint-Mathieu, au Con- quet, pointe, à bien dire, entourée par la mer, baignée par l'atmosphère tiède et humide que cause le voisinage du cou- rant chaud dit Gulf-stream, qui s'engouffre dans la Manche, ce terrain était en outre protégé, par cet actif et intelligent douanier, au moyen d'une couche de sable protectrice de près d'un centimètre d'épaisseur. Cette couverture empêchait la congélation du collet de la plante, de même qu'elle tamisait l'eau de pluie, qui alors était absorbée par le sol, travaillé, sans qu'il devînt compacte, comme cela a lieu pour le détrem- page des terres argileuses ou glaiseuses. Lafiltralion s'opérait lentement, régulièrement, et alors la couche arable utilisée pour la plantation restait ainsi toujours convenablement ameublée. Aussi l'évolution radiculaire n'était nullement gênée, et l'on retrouvait le plus généralement, sinon constam- ment, une disposition quasi symétrique au bas de chaque toulfe. Les plus gros tubercules toujours plus profondément placés, et les autres s'irradiaient autour et se montraient moins •" DE LA POMME DE TERRE DE TROIS MOIS. ^03 beaux à mesure qu'ils se trouvaient plus voisins de la surface du sol et du renflement opéré par le buttage. L'obser- vation de ces faits m'a fait considérer la Pomme de terre comme épigée, et elle m'a permis d'expliquer graphiquement la position des diverses ramifications des racines. A l'appui de cette opinion, je pourrais invoquer un singulier exemple dont j'ai été témoin. J'ai, un jour, vu des tubercules, ou pseudo- tubercules, naître à quelques centimètres au-dessus du sol : ils ressemblaient de loin à une sorte de Tomate verte d'un petit volume. » La fumure qu'emploie M. Lothe est le fumier d'étable consommé, il n'en a pas d'autres. Ce fumier est très-unifor- mément répandu sur le sol avant de tourner la terre. La mise du fumier dans la raie me semble devoir être proscrite. J'ai observé, en effet, que dans cette circonstance, le chevelu se développe outre mesure, et à tel point, qu'il en résulte une sorte de perruque entourée de nombreux tubercules arrondis très-petits. Une terre fumée l'année précédente, convenable- ment riche et non épuisée, m'a toujours paru la meilleure condition de production, non-seulement pour la Pomme de terre, mais pour d'autres cultures. Ce serait là un thème à développer de vive voix, mais dont l'étendue ne saurait entrer tlans le cadre restreint d'une simple lettre. ,«. ; ; . ■ , i ;, » M, Lothe opère la plantation de ses tubercules avec les moyens ; il ne les coupe jamais. Il met en terre du 1^' au 15 février, à une profondeur de "25 centimètres et à 50 cen- timètres de distance en tous sens. Jamais il n'en plante sur l'ados du sillon; il plante dans une terre tournée à la bêche. M. Lothe récolte fin de juin ou commencement de juillet. Il laisse à peine ress7ier au soleil; au contraire, il rentre tout de suite, étend sur un plancher en couches minces ses tubercules pendant huit ou dix jours, et, ainsi séchés, il les met en tas et les rentre dans un local spécial. » Sans nous connaître, d'après les renseignements fournis par M. Besnou, l'un à Brest, l'autre sous le climat de Paris, M. Lothe et moi obtenions, sans nous être communiqué, les mêmes résultats, par les mêmes procédés de culture. Comme 10/4 SOCIÉTÉ IMPÉRIALn ZOOLOr.lQUE D ACCLIMATATION. lui je planle en février; il place, ainsi que moi, ses tubercules entiers à la profondeur de 25 centimètres, afin d'éviter lesder- niéres gelées du printemps ; il choisit aussi des variétés hîUive?, et il donne également la préférence aux moyens tubercules. Le faible produit, cette année, de la Pomme de terre Chardon est dû, je le crois, à l'extrême grosseur des tubercules que j'ai plantés: plusieurs étaient de 500 grammes et au-dessus, lors- que je les mis en terre. C'est un de mes voisins, M. Thouronst, cultivateur, qui me les a donnés, et qui croit, ainsi que beau- coup d'autres, que les plus beaux et les plus gros donnent un rendement plus considérable à la récolte. C'est une grave erreur, car j'ai depuis plus de trente ans acquis la conviction du contraire par des expériences réitérées, et voici surtout un exemple frappant entre toutes celles que j'ai faites. Quelques-uns de nos honorables collègues doivent se rap- peler la prodigieuse Pomme de terre de Rohan, éditée par le prince Charles de Rohan lui-même, qui annonça, par une note insérée à cette époque dans le Moniteur de la pro- priété et de r agriculture, que cette énorme variété atteignait quelquefois le poids de vingt livres (10 kilogi^ammes). C'est écrit. Curieux de savoir si j'en récolterais d'aussi gros tuber- cules, j'en choisis un de l'''-,500 {?> livres) que je plantai en saison convenable, en plein terrain, dans une ancienne couche sourde. Les tiges, à la pousse, se développèrent avec une telle rapidité, (ju'elles atteignirent la hauteur surpre- nante de 1"',50, à ce point qu'elles encombraient le terrain, et que je fus obligé de les soutenir avec de forts et hauts tuteurs. 0 surprise! ô déception! quand je constatai avec douleur, à l'arrachage, que les plus forts tubercules ne dépas- saient pas 250 grammes. Ce qui m'est arrivé avec la Pomme de terre de Rohan, il y a une trentaine d'années, vient de se renouveler en 1865 avec la Pomme de terre Chardon. Telles sont, messieurs, les observations que j'ai faites et celles que j'ai pu recueillir sur la Po?nme de terre de trois mois ; je m'empresse du les soumettre à votre appréciation et à votre bienveillance, en vous priant de vouloir bien les agréer, II. EXTRAITS DES PROCÈS - VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉ l'È. SliANCE DU 26 JANVIER 1866. Présidence de M. A. I'assy, vice-présidenl. . Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — Le Conseil, dans sa séance du 19 janvier 1866, a reconnu comme Soririr af/ri'f/ée le Cluh Jurassien, à Neuf- cliàtel (Suisse). — M. le Président proclame les noms des membres admis récemment par le Conseil : Son Exe. le Caïd Mohammed-Eciiergui, l" ambassadeur de Maroc, généralissime des troupes marocaines. Son Exe. le Caïd Hadj-Moiiammed-Ben-Saïd, T ambassadeur de Maroc, gouverneur de Salé. MM. Caraman-Cihmay (le comte Eugène de), à Paris. -" ; Desor (le docleur E.), memltre du grand Conseil, à Neufchàtel (Suisse). .: Erlanger (d'), banquier, à Paris. — L'assemblée apprend avec regret la mort de notre con- Hère M. Montagne. — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères, président de la Société, transmet une lettre en arabe, des ambassadeurs du Maroc, exprimant la satisfaction que leur a causée leur visite au Jardin d'acclimatation. (Voy. la traduction de cette lettre au liullel'm, p. 50.) • . , \ ■ — M. Ch. Defrance, de Stavanger, adresse ses remerci- ments pour sa récente admission, et se met à la disposition de la Société, pour le cas où il pourrait lui êtr© utile. — Il est déposé sur le bureau un numéro de la Gazette officielle du royaume d'Italie, contenant un article de M. G. F. Baruffi, membre honoraire et délégué de notre So- ciété à Turin, sur la Société impériale zoologique d'acclima- tation de Paris. 106 .SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. — M. Victor Chatel adresse une Note sur le ly[)hus des ani- maux et l'assainissement des étables. — M. Albert de Surigny annonce la naissance d'^mc A(jnclle Manche bien conformée, née de la Brebis Ti-i/an — M. Ferdinand Denis, bibliothécaire de la bibliothèque Sainte-Geneviève, transmet de la part de M. Denis (d'Hyères) son frère, une spalhe de Palmier mâle à fleur? presque déjà formées, détachée par un coup de venl qui a duré à peine un quart d'heure. M. Denis fait remarquer que le Palmier, qui fleurit ordinairement vers le 20 mars, sera cerlainemcril fleuri au commencement de février, à cause do la température ex- ceptionnelle. — M. Forgeol, instituteur primaire à Chavanges, demande à la Société des graines de divers végétaux. ■ — M. Jules Lecreux communique h l'assemblée quelques observations sur la culture des céréales et autres végétaux dont les graines lui avaient été données parla Société : ^ (( Ayant semé au printemps de 1865 du Brome de Schrader >) dans le département du Nord, près de la Bassée, j'ai obtenu » une récolte très-satisfaisante d'aspect; en sera-t-il de même )) sous celui de l'utilité? ce dont je doute : d'après ce que m'oni » enseigné le passé et le présent, je crains d'être complètement » convaincu par l'avenir. Semé dans un sol déjà riche par » nature, amélioré encore par la fumure, le Brome de Schrader )•> m'a donné en 1865 une végétation abondante et luxuriante. » Sa graine est arrivée à parfaite maturité; seulement cette » maturité n'est pas régulière, elle se superpose. Pendant que » la graine mûrit dans le bas de la panicule, une nouvelle vé- ^ iîétation et inflorescence surmonte la première; puis vient PROCÈS-VERBAUX. 109 » une troisième qui llcurit lorsque la seconde mûrit et que les » premières graines sont déjà tombées sur le sol : ce qui, pour )) la récolte des semences, est certes une très-regrettable con- » dition. Sous le rapport alimentaire, les vaches et les chevaux » mangent ce fourrage vert, cà défaut d'autres, qu'ils préfèrent. » Tels sont, j'ose dire, tous ceux connus jusqu'à ce jour. Le » Brome de Schrader, selon moi, ne mérite donc pas la prio- » rite sur aucun de ses prédécesseurs. Sa feuille est longue » et large pour son genre, mais d'une épaisseur maigre ; ses » nervures sont peu tendres; elle contient un suc d'une )) àpreté désagréable, ce qui me fait me ranger du côté de mes » confrères convaincus de son action fâcheuse sur le lait. Je j) ne crois pas non plus que le poids réponde au volume; je 0 pense au contraire que celte plante, en deux coupes, ne » donne guère plus en poids que certains fourrages plussuc- » culents et plus substantiels en une seule, sur le même espace » de terrain. Ce sera l'objet d'observations ultérieures. A » l'état sec, il ne produit qu'une très-pauvre nourriture; em- » ployé en litière, un fumier très-médiocre. Rejetons-le de nos » sols riches, auxquels nous pouvons confier à notre choix tous » les trésors de l'agriculture, et qui, permettez-moi cette ex- » pression, se trouveraient déshonorés de ne produire que du » Brome Schrader. Aux terrains pauvres, surtout et avant tout » aux terrains marécageux, jetez de celle Graminée pour » remplacer les Arundo, les Joncs, \es Equisetum, etc., et » vous n'y perdrez pas. J'ajoute une remarque sur la semence » qui se trouve armée sur un de ses angles d'une petite lame » légèrement dentelée et me paraît pernicieuse. Dernièrement, T> dans une ferme, une vache soulTrait horriblement d'un œil, » dans les paupières duquel une Irès-forle inllammation s'était » produite: la recherche de la cause amena la découverte )) d'un fragment de cette petite lame. Parmi d'autres animaux, j plusieurs, après avoir mangé de cette graine, ont eu une r> toux persistante, et par conséquent très-fatigante. » J'ai planté pour la récolte dernière, 18(,i5, le Maïs de D Cuzco sur un espace assez étendu pour pouvoir soumettre ); à votre appréciation quelques résultats que je crois dignes 2"^ stiUE.T. m. - FcM-ier 18(J(3. 8 110 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMÂTÂTION. » clevous être présentés. L'année, par ses chaleurs prolongées, » nous a été favorable : hélas ! pas assez pour atteindre la » maturité, que nous ne pouvons guère espérer dans le Nord. » Car, tout en aidant cette année à la puissance du soleil, abri- » tant avec soin quelques plantes, je n'ai obtenu que des épis » très-beaux, il est vrai, mais la superficie des grains avait » seule pris de la consistance, le centre était resté à l'état » laiteux ; le goût était savoureux. Quant à la plante, voici son » principal succès. Ayant planté en quinconce, j'ai obtenu à » l'hectare environ "22 500 pieds, pesant en moyenne 3 kilo- » grammes, soit un poids de 67 500 kilogrammes d'excellent 3 fourrage. Cette reine gigantesque des Graminées est man- » gée avec grand plaisir par lès races bovine et chevaline, soit y> au râtelier, soit coupée menu ; les chevaux la préfèrent de )) cette seconde manière. La racine de cette plante s'enfonçant » peu en terre et d'autres racines sortant de bourrelets au- » dessus du sol, humant dans l'air une partie de sa subsistance, elle épuise très-peu le sol ; c'est ce que des essais antérieurs » m'ont fait remarquer, et que ceux ultérieurs me permettront, 9 je n'en doute pas, de constater et ailirmer. La tige semi-li- » gueuse, semi-médullaire, est très-saccharifère..î'insiste d'au- )) tant plus, messieurs, à appeler votre attention sur l'encou- ragement à donner à la propagation de cette culture, qu'elle » résiste à beaucoup des dangers des saisons d'été et d'au- » tomne. Si les chaleurs intenses viennent brûler les récoltes, » le Mais de Guzco îiu contraire en éprouve du bien-être ; si des » pluies abondantes viennent coucher et pourrir les céréales )) et les fourrages, le Maïs ne perd qu'un peu en qualité, rien » en quantité ; si les vents viennent le coucher, son poids » l'empêche de se relever du pied, mais il triomphe par sa y> force végétative qui lui vient en aide. J'ai dit que ses ra- » cines se superposaient jusqu'cà six et sept étages ; la plante » abattue, les racines le long de la tige s'enfoncent dans le sol, » y forment un chevelu, et à la dernière la plante se redresse » et continue sa végétation dans d'excellentes conditions de » rapport. Le sol dans lequel j'ai fait mes essais l'année der- )) nière est riche et profond. Il avait produit l'année précé- » » PUOGÈS-VEHBAUX. 111 » dénie des Pommes de terre, et le Maïs y est poussé sans » autre fumure que celle que le terrain avait conservée. Nous )) avons à déplorer que la graine n'arrive pas à maturité sous » notre ciel européen, et que le prix pour le tirer de Cuzco » soit pour ainsi dire inabordable. Nous manquons mainte- » nant de semence pour continuer nos essais, je le déplore » bien sincèrement: c'est, selon moi, un trésor qui nous » écbappe. » ' M. Lecreux donne aussi quelques détails sur la culture de l'Avoine d'Alger. — M. Richard (du Cantal) dit qu'il a habité l'Algérie, et qu'il ne connaît pas d'Avoine d'Alger. Cette Avoine serait probablement 'X importation étrangère, et aurait été cultivée à Alger , seulement depuis quelques années. M. le baron Séguier fait remarquer qu'en 1865, l'Avoine française était creuse, et que dans les années où la récolte d'Avoine manque en France, celte Avoine d'Alger serait une ressource très- précieuse. — Notre confrère M. Eugène Vavin met sous les yeux de l'assemblée un jeune Pin sur lequel il donne les renseigne- ments suivants: « Ayant reçu, au mois de juin dernier, » quelques graines d'un Pin de Californie envoyées par » M. Héritte, consul de France au cap de Bonne-Espérance, » j'ai pensé qu'il pourrait vous être agréable de voir un de » ceux que j'ai obtenus en pleine terre, et qui me parait re- » marquable par sa vigoureuse végétation. Les branches lalé- » raies, qui commencent à se montrer, prouvent en effet que » ce Pin se divise et se développe en forme de puissant bou- » quel, ainsi que l'annonce M. Héritte. Ce Pin est encore trop » jeune pour que l'on puisse dire avec certitude à quelle » variété connue il appartient, ou si c'est une espèce nouvelle ; » dans tous les cas, je crois pouvoir afTirmer qu'il est d'une » croissance très-rapide, et qu'il mérite d'être étudié avec » soin. » — M. le Président met sous les yeux de l'assemblée des brins de Brome déposés sur le bureau par M. Vavin, et signale le Brome comme ayant l'avantage de fournir en hiver un 112 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. fourrage vert. M. Aube faisant remarquer que le Brome gèle lorsqu'on le fauche l'hiver, M. Jacquemart fait observer qu'il en a vu geler l'an dernier, sans le faucher. M. Lecreux dit que, même dans ce cas, il serait encore désirable de le cultiver, puisque les bestiaux le préfèrent aux autres fourrages. ~ MM. Bourguin et A. de Surigny adressent des demandes de noyaux de pèche de Tullins et de graines de Maïs pré- coce. — M. le docteur Bonnafont offre à la Société deux bro- chures in-8% 186(3, intitulées: La femme arabe dans la pro- vince de Constantine, et Le choléra et. le congrès scmitaire diplomatique international. — Bcmercîments. — La Société d'agriculture de France a adressé le pro- gramme de sa séance publique de rentrée qui devait avoir lieu le 24 janvier 1866. , : — M. A. Geoffroy Saint-IIilaire offre à la Société, au nom de M. le colonel de Siebold, notre confrère, deux photogra- j)hies représentant des plants de Cryptomeria japonica, L\'Amytili(spersica, de Chênes verts et autres végétaux culti- vés dans le jardin botanique qu'il possède près de Nangasaki (Japon). M. le docteur Pigeaux donne lecture d'une Note sur la fièvre jaune {vomito negro) dans ses rapports avec la des- truction de certaines races herbivores, et en particulier des Tortues. (Voy. au Bulletin, p. 31.) — M. Ramel offre à la Société des graines de Banksia ornata et de Banksia australis envoyées d'Australie à notre confrère M. Cosson, par M. Ferdinand Mueller. Ces graines, destinées au midi de la France et à l'Algérie, offrent un véri- table intérêt comme fleurs ornementales. ••• ^^■• — Son Exe. M. Drouyn de Lhuys transmet des graines de Magnolia mûries à Nantes, et qui lui ont été envoyées par M. le préfet de la Loire-Inférieure. ' ■ ' PROCÈS -VEUDAUX. 113 , [séance du 9 FÉVRIER 186(i. Présidence de M. de Quatrefages, vice-président. Le procès-verbal est lu et adopté. — 31. le Président proclame les noms des membres admis récemment par le Conseil : MM. BoBŒUF, chimiste, à Paris. ^ Fleury (Victor), manutacturier à Gravelle-Saint-Maurice, par Joinville (Seine). Geoffroy (Jules), à Paris. ' GiQUEL, directeur des douanes maritimes, à Han-keou (Chine). Rouillé-Courbe, président de la section d'agriculture de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres, à Tours. ' Stampa DE SoNCiNO (le marquis Maximilien), propriétaire, à Milan. — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet un exemplaire des statuts, procès-verbaux des séances et des mémoires de la Société d'acclimatation de Moscou , que M. Issakoff, notre membre honoraire, offre à la Société au nom de ses confrères russes. — Piemercîments. . • — M. Teyssier des Farges adresse la Note suivante sur le croisement chinois -mérinos depuis janvier 'J865 : « Dans » le numéro de janvier 18(55 du liuUetm de la Société, j'ai » exphqué pour quelles raisons j'avais particulièrement dis- )) tingué le Bélier chinois appartenant à Son Exe. M. Rouher, afin d'opérer des croisements avec des Brebis mérinos du » troupeau de Genouilly, et quels résultats j'avais obtenus à » cette époque. Il y a de cela plus d'un an ; il y a lieu de si- gnaler les résultats acquis depuis. Les femelles de demi-sang )> obtenues duBélier chinois etdes Brebis mérinos deGenouilly » ont été luttéesàneuf mois; elles ont mis bas chacune deux » Agneaux, qu'elles nourrissent, (jui viennent parfaitement D bien, et annoncent devoir être, comme les parents, rustiques » )) li/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCUMATATION. » et précoces. Les uns tiennent davantage du chinois , les j> autres du mérinos. Il y a quantité égale de mâles et de fe- » melles. Ce qu'il importe de remarquer, ce n'est pas tant la » double portée qu'on obtient souvent en France, avec nos )) races indigènes, que la grande facilité avec laquelle les mères il allaitent leurs petits sans fatigue. C'est ce que réalisent par- » faitement bien les mères dont il s'agit. Pesés à quinze mois, » ces animaux ont donné en moyenne, poids vif, avec une » laine de sept mois, et sans être engraissés : les Béliers, >•< 82 kilogrammes; les Brebis, 63 kilogrammes. Indépendam- ;) ment de ces animaux, un croisement avec un jeune Bélier » de demi-sang et des Brebis mérinos a donné 13 Agneaux « d'un quart de sang, 6 mâles et 7 femelles, tenant, les uns )) du chinois, les autres du mérinos, résultat conforme d'ail- » leurs au mélange des sangs. Ces Agneaux sont très-vifs ; ils >■> annoncent devoir être rustiques et précoces. » — M. Euriat-Perrin annonce que tout son troupeau de Chèvres d'Angora est en parfait état d'embonpoint et de santé, à l'exception d'un jeune Bouc, né en 1865, atteint d'une affection dartreuse, et qui se trouve aujourd'hui en bonne voie de guérison. — M. Sacc transmet les renseignements suivants qui lui ont été donnés par M. Alph. Zùrcher, relativement à la pro- tection des Oiseaux insectivores : « Le nombre des Oiseaux » insectivores diminue chaque année, de la façon la plus in- .1 quiétante pour l'avenir de nos récoltes, aussi ai-je lu avec » le plus vif intérêt, dans le dernier Thdletin, les propositions » internationales qu'on a faites dans le but de sauvegarder » leur existence. Je crois que des mesures eflicaces seront » fort difficiles à obtenir pour atteindre ce but ; car en France, )) et malgré tous les arrêtés préfectoraux, le braconnage de Il toutes sortes se pratique au grand jour. C'est donc dans » notre propre pays qu'il faudrait commencer, pour appliquer )■) les lois destinées à sauvegarder l'existence des rares Oiseaux » de passage qui échappent au plomb et à tous les engins » de destruction des méridionaux. En effet, chacun de nous a » pu observer que, malgré tous les dangers de leurs lointains PROCKS-VERBAUX. 115 voyages, il revient toujours quelques-uns de ces intéres- sants volatiles dans les lieux qui les ont vus naître : c'est pour celte raison que nous avons encore autour de nous des Hirondelles, des Cailles, des Fauvettes, des Bergeronnettes, et autres becs-fins qui reviennent nicher aux mêmes places où il importe de défendre leurs couvées de notre mieux. Je suis persuadé que ces oiseaux reviendraient bien vite nom- breux si l'on parvenait à mettre un terme à la barbare manie du dénichement, qui n'a pas d'autre mobile que ce besoin de destruction inné chez presque tous les enfants. Malheu- reusement, la loi étant excessivement sévère pour un délit commis sans discernement , et dont tout le poids retombe sur les parents, elle n'est pas apphquée; en sorte qu'il vau- drait inllniment mieux assimiler le dénichage au vol des fruits pendants, et le rendre passible d'une simple condam- nation devant le juge de paix à une faible amende, et à un. ou deux jours de prison à subir dans la maison d'arrêt du village ou du chef-lieu du canton. Je suis persuadé qu'en agissant ainsi, on mettrait bien vite fin à ce jeu barbare qui consiste à faire uniquement périr par méchanceté une foule d'oiseaux indispensables à la protection de nos ré- coltes. » 1 . — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet de la part de M. Tiran, consul de France à Valence, deux échantillons de graines de Vers à soie de cette localité, que MM. Orduna père et fils, fabricants de soie, lui ont offerts pour la Société. — Remerciments. — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet copie de la lettre suivante, qui lui a été adressée par Son Exe. M. le ministre d'Italie : « Monsieur le Ministre, par suite des » heureux résultats obtenus par la mission envoyée l'année » dernière au Japon par la Société bacologique de Brescla, à » l'effet d'y faire des achats de semence de Vers à soie, le gou- » vernement royal me charge d'être auprès de Votre Excel- )) lenceFinterprèle de ses remerciments, ainsi que de ceux du » conseil municipal de ladite ville, pour l'appui bienveillant )) qu'elle a bien voulu prêter aux commissaires de la Société, 116 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOniQUE d'aCCLIMATATION. » ainsi que pour les ordres qu'elle a bien voulu donner à ce » sujet à M. Roches, ministre de l'Empereur à Yokohama. » La Société bacologique m'a en outre particulièrement prié )) de témoigner à Votre Excellence ses sentiments de recon- » naissance pour l'intérêt qu'elle a bien voulu personnel- » lement prendre, en sa qualité de président de la Société » impériale d'acclimatation, h la réussite de cette importante » entreprise. » — Des remercîments pour les graines de Vers à soie qui leur ont été envoyées sont adressés par MM. Eynard, Braine, Bougis, de Saulcy, John Bush. — M. C. Personnat adresse la première partie d'un mémoire qu'il va publier sur l'éducation du Bombyx yama-maï. — M. DaschkofT (de Saint-Pétersbourg) adresse un Mémoire sur deux essais d'acchmatation du Bombyx yama-maï faits en Russie en 1865. • — M. Sacc fait hommage à la Société d'une petite quantité de o-raines de Bombyx yama-maï provenant d'un envoi fait au Conseil fédéral par le consul suisse de Nangasaki. — Re- mercîments. — M. Ligouhiie annonce avoir continué cette année, avec succès, ses éducations de Bombyx yama-maï, et offre à la Société une partie des graines qu'il en a obtenues. — Remer- cîments. — M. Chavannes adresse un nouveau Rapport sur les éduca- tions de Vers à soie faites en 1865, à Lausanne et en Suisse (voy. au Bulletin, p. 33), et exprime le désir qu'un rapport général soit fait, qui résume tous les renseignements fournis par les divers éducateurs. ... : ■ — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet une lettre de M. E. Simon (de Ningpo), relative à deux arbres de Chine dont il doit la communication à Mg'' Faurie, évèque d'ApoUonie, et vicaire apostolique du Kouy-tchéou. — Remer- cîments. ; : . . — M. Léo d'Ounous transmet un Rapport sur ses cultures de végétaux. M. le consul de France à Riga annonce qu'il fera par- .' PROCÈS-VERBAUX;; 117 venir incessamment à la Société les graines de Pin de Riga, qui lui ont été demandées, et explique la diiïîculté d'avoir des graines aptes à germer par le procédé mis en usage pour les faire sortir des cônes : « Jusqu'à présent il n'y a pas d'autre )) moyen de se procurer cette graine qu'en l'achetant aux pay- » sans, qui la préparent en mettant tout simplement les cùnes » au four, et en retirant, après quelques heures, la graine qui » s'en est échappée, et qui a fait ainsi un séjour plus ou moins » long dans un milieu fortement échauffé. M. Wagner s'est » décidé à faire construire des appareils pour recueillir la )) graine d'une manière plus rationnelle. Ce sont de vastes » cyhndres à jour, mis en mouvement par une machine à » vapeur, et dans lesquels les cônes sont soumis à une assez » haute température : la graine qui s'échappe des écailles sou- )) levées tomhe par les ouvertures des cylindres dans un réser- j) voir placé au-dessous et dont la température est maintenue )) à un niveau très-bas. M. Wagner espère pouvoir arriver, » par l'application de ce procédé , à livrer de la graine irré- ;) prochahle. » — Des remercîments pour les graines qu'ils ont reçues sont adressés par M. le prince de Démidoff, Bonnaire, Laperlier, Daguillon, Gaillard, Bretonnet. ... — Il est déposé sur le bureau plusieurs ouvrages imprimés : 1* un travail Su?' le typhus contagieux des bêtes à cornes (lu à l'Académie de médecine), par M. Leblanc; 2" Documents sur r exposition des Insectes, offerts par M. Hamet; 3" Incendies en Algérie, offert par M. Lucy; 4° l'Élagage des arbres, par 31. le comte des Cars; 5" les Plantes à feuillage, par André ; 6" le Mouvement horticole, par André; 7" le Mouvement agri- cole, par Borie ; 8° le Guide forestier, par B. de la Grye ; 9^ les Ravageurs des forets, par la Blanchère. Ces six der- niers ouvrages sont offerts par l'éditeur M. Rothschild. — Remercîments. '■ : — M. G. Randon, directeur à\X]o\\vn^\r Ami des animaux, fait à la Société ses offres du service le plus dévoué. — Re- mercîments. : • — M. Geoffrov donne lecture à la Société de la lettre suivante H 8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. qu'il a reçue de M. Hecquard , consul de France à Damas : J'ai reçu et fait remettre à l'émir Abd-el-Kader la caisse de plantes que vous lui destiniez, et qui est arrivée ici en bon état. Des hommes sont partis depuis quelque temps déjà pour aller me chercher, non des Chevaux, mais des Anes sauvages (Hémippes) qui se trouvent dans le désert près des bords de l'Euphrate. De son côté, Mohamed Do^vri, chef des Ouled-Ali, m'a promis d'en faire chercher. Il n'y a pas de Francohns chez nous, il faut les faire chercher à Kaifa ; je tâcherai de vous en procurer, mais je vous enverrai cer- tainement des Perdrix au printemps prochain. Avez-vous les Abricots /tamoui, espèce qui a une peau lisse comme la Prune, et qui sont délicieux? Avez-vous une espèce de bru- gnons gros comme le pouce, et qui ont un parfum bien supérieur aux nôtres? Il y a aussi ici quelques espèces de Raisins que l'on pourrait acclimater en France. Faites-moi savoir vos desiderata pour la Syrie , et je tâcherai de vous les procurer. » Les végétaux signalés par M. llecquart lui ont été deman- dés, ainsi que les animaux dont il est question. M. Geoffroy remet sur le bureau de la Société des graines de China-grass (Ortie de Chine, Urtica nivea) qui lui ont été confiées par Son Exe. M. le baron Gros, ancien ministre plé- nipotentiaire de France en Chine. Ces graines sont accompa- gnées de deux échantillons de tissus faits avec l'Ortie de Chine et d'un échantillon de tiges désagrégées en cours de prépa- ration. Il offre également à la Société, de la part de M. J. H. Dardel, demeurant au Vignoble du Paradis, près de Geelong (Australie), une collection de graines de plantes australiennes. Ces semences ont été déterminées presque toutes par M. Mueller, le savant directeur du jardin botanique de Melbourne. — Il est donné lecture d'une lettre de M. E. de Grandmont, transmise par Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères, et relative ^\\]iiYiXm à l européenne que Son Exe. M. le général Khérédine a fait établir k Tunis, et qui est d'un heureux pré- sage pour les tentatives d'acclimatation que ce haut fonction- naire se propose défaire dans son pays. (Voy. Bulletin, p. 51.) PROCÈS-VEriBÂUX. ' •' « 119 — A la suite de cette lecture, M. de Ouatrefages rappelle que le sol de Tunis, comme celui de la Tunisie, n'est aussi pauvre qu'il le paraît que par suite du manque d'eau et du travail de l'agriculture. ■ — 11 est donné lecture d'une partie du Mémoire de M. Per- ^o\\n^[ mv \ç, Bombyx yama-maï. ... — Il est donné lecture d'un travail de M. Sacc mr raccli- matatlon. - — M. Chatin offre un volume qu'il vient de publier sur le Cresson, et dans lequel il a réuni les renseignements les plus complets sur la culture, le produit et les usages de cette plante. — Remercîments. ; ■ ^ ■ ] SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1866. • ■ ■ ' Présidence de M. A. Passy. Le procès-verbal est lu et adopté. — A l'occasion de la lecture du procès-verbal, M. Millet présente des observations sur l'acclimatation du Goiirami. • Après avoir donné un juste tribut d'éloges au zèle de notre savant confrère M. Sacc, et au dévouement de notre confrère M. Liônard, qui n'a reculé devant aucun sacrifice pour atteindre le but que se propose la Société, M. Millet fait observer que les craintes et les appréhensions manifestées par M. Sacc ne lui paraissent pas fondées, parce que les eaux douces de la France, soit par leur nature, soit par leur température, sont dans des conditions excellentes pour l'acclimatation de ce précieux poisson. Notre confrère rappelle, à ce sujet, qu'on ne saurait prendre trop de précautions pour le transport des poissons vivants, et indique, à l'aide de figures tracées sur le tableau, les appareils dont il se sert depuis longtemps déjà pour transporter à de grandes distances, et dans un état par- fait de conservation, les poissons les plus délicats. M. Millet fait observer que du moment qu'une acclimatation est bonne et utile, celle du Gourami lui paraît être incontestablement dans ce cas, notre Société ne doit pas hésiter à prendre l'ini- 120 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. tialive, et surtout à donner de sympathiques encouragements aux personnes qui sont disposées à faire des essais. , — M. le Président fait connaître le nom des membres nou- vellement admis : , . ) ., MM. André (Edouard), à Paris. Bernon (le baron P. de), maître des requêtes au Conseil d'État, membre du conseil général de la Drôme, à Paris. BoYER (Amédée), médecin, à Paris. DoRRÉ (Charles), ancien capitaine de frégate, conseiller référendaire à la Cour des comptes, à Paris. GuÉRiN neveu, manufacturier, à Nîmes. Leprat, pharmacien, à Paris. — M. le Président informe la Société de la perte qu'elle vient de faire par suite du décès de MM. Victor Foucher, P. Chapard, le comte de Chasteignier, le comte de Beaumont et Labrouste. — Des remercîments pour leur récente admission sont adressés par MM. Bobœuf et H. Burchez (de Kronstadt). — M. le commissaire général de l'exposition de 1867 informe la Société qu'elle est admise à prendre part àd'expo- sition universelle de 1867. — M. Edw. Wilson adresse ses remercîments pour les graines et cocons de diverses espèces de Bombyx qui lui ont été adressés par la Société pour la Société de Melbourne. — M. Léon Vidal transmet une série de pièces relatives à la ferme d'aquiculture de Port-de-Bouc, et une copie des adhésions diverses données par les principaux propriétaires du littoral méditerranéen au projet d'établissement de cette ferme. — M. Chauvin adresse un spécimen de Saumon péché dans la rivière de Lannion. Cet animal, âgé de trois ans, offre une longueur de 0"',80, une circonférence de 0"',û2, et le poids de 5''"-,500. D'après M. Chauvin, un Saumon qui a pris naissance dans la rivière de Lannion pèse, à l'âge de six à sept mois, 250 à 300 grammes; à l'âge de dix-huit mois. PROCÈS-VERBAUX. ^ 121 de 2'^''-,50n -i 3 kilogrammes; à l'iigc de deux ans, de 3'^''-, 500 à à'^''-,500; et à l'àgc de trois ans, de 5 à 6 kilogrammes. — Son Exe. M. le Minisire des alTaires étrangères transmet une lettre par laquelle M. E, Simon, consul de France à Ningpo, lui signale l'opportunité de renouveler des expé- riences sur des graines de Vers à soie provenant bien authen- tiquement des localités de Chine où l'on s'adonne exclusive- ment à la production de cette graine. Celte condition n'aurait jamais, selon M. E. Simon, été remplie par aucun graineur, et l'expérience qu'il propose réconcilierait, dit-il, nos éle- veurs avec la graine chinoise, qui donne des cocons plus gros, et peut se procurer à plus bas prix et plus facilement que celle du Japon. La graine envoyée par M. Simon, et provenant du Yu-kang et du Kouy-tchéou, a été immédiatement répartie entre plusieurs sériciculteurs de nos confrères. — Des remercîments pour les graines de Vers à soie qui leur ont été envoyées sont adressés par M""" Boucarut et MM. le vicomte de Case-Vielle, L. Sérusclat, le marquis de Ginestous. — M. de Vcrn transmet un article sur des expériences de sériciculture faites à Caen. (Voy. au Bulletin.) — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet une lettre de M. le directeur général des manufactures de tabac, qui fait connaître que les Tabacs soumis à son examen, à la demande de M. le chevalier Texeira-Leite, ne pourraient entrer dans les approvisionnements de son administration, en en raison de leur goût dcre, fort et empyreumatique. Cette lettre confirme les résultats d(^à énoncés par la commission spéciale de la Société chargée d'examiner ces Tabacs. — M. Sacc transmet, au nom de M. Fritz Vauclier, un petit paquet contenant des graines toutes fraîches des deux espèces d'Orties et du Sida qui, en Chine, servent de matière textile. « D'après les renseignements joints à cet envoi, on doit conclure que ces trois plantes ne sont cultivées en grand (|ue sur les bords inondés des grands fleuves de l'intérieur de la Chine, et qu'on ne les y multiplie que par éclats de racines, et jamais de graines, parce qu'elles n'arrivaient, pour les Orties, à l'état adulte qu'à trois ans, tandis que les éclats 122 SOCIÉTÉ IMPÉlllÂLE ZUOLOGIqUE d'aCCLIMÂTÂTION. de racines donnent immédiatement une pleine récolte de trois coupes par an, dont la première est la plus abondante.» — M. P. Dabrv, consul de France à Hang-kéou (Chine), adresse une Note sur la culture du Tchou-ma {Bœhmeria iitilis). (Voy. au Ihilletin.) — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet des échantillons d'une plante textile de la côte occidentale d'Afrique, qui lui ont été adressés par M. le consul de France à Sierra-Leone, et qu'on pourrait probablement acchmater dans le midi de la France. — Des remercîments pour les graines de divers végétaux qui leur ont été envoyées sont adressés par MM. Huber. — M. Bossin adresse un Rapport sur la culture de la Pomme de terre dite de trois ?nois. (Voy. au Bulletin, p. 98.) — M. V. Courtet de l'isle faithommage d'un volume intitule: Tableau ethnographique du genre humain. — Piemercîmenls. ~ M. le secrétaire dépose sur le bureau les deux premiers numéros du journal le Centaure, dans lequel seront traitées les questions d'acclimatation et d'agriculture, et dont les planches, faites par photolithographies, représenteront de temps en temps les animaux domestiques et les espèces nou- velles dont l'introduction serait désirable. — M. Fréd. Davin, à la suite de la correspondance, annonce à la Société que plusieurs agriculteurs espagnols viennent de faire l'acquisition de Moutons Graux de Mou- champ pour régénérer leurs troupeaux, et il est heureux de signaler ce fait à l'assemblée, parce qu'il témoigne de la valeur de nos races ovines. En effet, autrefois nous cher- chions nos types en Espagne, aujourd'hui l'Espagne les demande à la France. .■■'-. — M. Vavin, à l'occasion de la correspondance, dit que la Pomme de terre dite de trois mois ne lui a donné aucun bon résultat ous châssis, et est bien inférieure à celle dite de Marjolin, — M. le comte d'Éprémesnil donne lecture d'un Mémoire intitulé : Essais d'acclimatation pratique en Normandie, (^0)1. iiu Bidletin, [). ai.) PROCÈS-VERBAUX. * 12o — M. Geoilroy annonce que le Jardin du l)ois de Boulogne vient de recevoir de M. Vandal trois insectes très-curieux, provenant des îles Seychelles : ces insectes, connus sous le nom à' Insectes- feuilles, vivent sur le Goyavier {Psidium pomiferwri), et sont connus des entomologistes sous le nom de Plu/llium slccifolia. — M. le docteur Mourier fait une communication sur la sériciculture au Japon. (Voy. au Bulletin, p. 90.) — M. Ramel donne quelques renseignements sur le Stillin- (jia sebifera cultivé en Australie, et sur les avantages que présenterait l'emploi du bois iX Eucalyptus inahagomj, qui n'est pas attaqué par les Tarets, et dont il montre un spéci- men qui a séjourné pendant plusieurs mois à la mer, et n'a été attaqué par aucun animal, alors que les pièces d'autre bois voisines ont été perforées en tous sens. — M. Duméril donne connaissance à la Société de ses recherches sur les Axolotls, (Voy. au Bulletin, p. 79.) Le Secrétaire des séances, < J. Léon Soubeiran. III. CHRONIQUE. Questions mises an concours par le Comité d'aqnicuUure pratique de marscilic. I. Quelles sont les frayères naturelles des i'oissons, tels que Soles, Merlans, Loups, Hascasses, etc. ? Apporter des faits praliqucs à l'appui. H. Quel est le temps exact du frai des Poissons par espèce? — Quel espace de temps faiit-il h ces animaux pour se vider ? III. Quels sont, sur le littoral français de la Méditerranée, les points les plus susceptibles de recevoir des établissements d'aquiculture? IV. Quels seraient les moyens pratiques d'abaisser le prix du poisson ù Marseille, tout en favorisant le pêcheur? V. L'élevage des Huîtres peut-il se faire sur les côtes françaises de la mer Méditerranée? > •-- VI. Quel est le moyen pratique d'y arriver ? ..;'.'• Médaille au praticien qui aura obtenu sur le littoral de la mer Méditer- ranée les meilleurs résultats par des tentatives de pisciculture, d'ostréicul- ture, d'élevage de Crustacés ou de Poissons d'eau douce ou deau de mer. Les concurrents doivent adresser leur mémoire à M. le secrétaire général du Comité d'aquiculture pratique de Marseille, allées de Meilhan, 5.'i, au plus tard le 31 soptembie 18(37. Chaque mémoire, pour les cinq premiers concours, sera accompagné d'une lettre cachetée conienant le nom et l'adresse de son auteur; elle por- tera sur sa suscription une leltre ou une indication se rapporlant au mémoire. Des médailles d'or, d'argent et de bronze seront mises ù lu dispo- sition du jury. Les concurrents du sixième concours doivent indiquer leur nom, le lieu de leur exploilation, et toutes les indications qu'ils jugeront convenables. Le Secréfatro yhiéral, Le Président, A. SICAl'.D. ALi-n. DF.nnÈS. * 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 1). ' IJKSTIU'CTTON Dh:S GEHMES ÉIMDÉMIQIES 1)1 TYPHUS ET DU CHOLÉRA, CURIEUSE .vri'LICATIOX I>E l'aCIDI; IMIi».Sl'IIUi;l'ji:E. Par M. Jules C;AR% %LrO. ' ■ ' Aticit'ii t'icvc Je l'Ecolu iiul\tucliiii(|iic. ' - - ' (Séance du 20 .ivril 18(iG,) * Nous soiiiiiies au lendemain de l'invasion du Jardin d'accli- niatalion par le terrible typhus contagieux; le fléau décime encore l'Angleterre. Le choléra, sans être violent, n'a pas pris son congé définitif, et nos rapports i'réquenls avec le Mexique peuvent nous menacer d'invasions fort intempestives de (luel- ques cas de fièvre jaune. Dans ces circonstances, notre Société accueillera peut-être avec bienveillance quelques documents inédits sur le rôle important de l'acide phosphorique, mélangé ou combiné avec d'autres substances, comme désinfectant énergique et comme moyen, à peu près assuré, de détruire les germes épidé- mi(jues émanant des matières végétales ou animales en décomposition. " », y. Voici d'abord quelques observations personnelles : •l'ai créé de toutes pièces, dans le delta de l'Ebrc, une ferme de 200 hectares. Ce vaste territoire du delta était, avant mon arrivée, complètement inculte; il était mortel aux hommes, qui succombaient en peu de jours à des fièvres maUgncs, [«résentanl tous les caractères des affections cholé- (1) La 8ocictc iic prend sou;» sa rcsponsabililc aueuiio des opiniyiii. émises par les auteuis des arlicles insérés dans son Bulletin. . •• •• •i- SKRIK, r. m. -M;>t? et AmII 18G(J. 9 120 SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. riqiies; et aux animaux, qui succumbaient à des cachexies aqueuses. Aujourd'hui, on récolte sur 10 000 hcctnres, SOOOOO cuar- teras de i>iz, d'Orge, de iMaïs, etc., c'est-à-dire une valeur totale de S millions de francs. ..-.- .__ Depuis 1858, j'ai toujours habité ce pays dans les plus mauvais mois de l'année, août, septembre, oclolire. Depuis •18(12, mes enfants y viennent chaque année passer les deux mois de vacances. Nous n'y avons jamais été malades; aucun des animaux de renie et de travail de la feimc n'a péri et n'a été soullVant; les Mulets s'y sont améliorés: et j'attribue le bien être exceptionnel de la ferme à la précaution prise de répandre dans les écuries et les étables une couche de phos- phate de chaux en poudre noire, provenant de la calcination des coprolilhes broyés, préparés par M. Buraud, ancien chimiste, qui est mort à la peine et dans le malheur. Le peste bovine qui s'est étendue avec une si grande i-api- dilé dans toute l'Angleterre a infecté les fumiers de toutes les fermes contaminées par la maladie. On a agité la question de savoir s'il ne fallait pas livrer aux llammes ces dangereux réceptacles de la maladie. C'est, on le comprend bien, une nouvelle perte d'un grand nombre de millions ajoutée à celle qu'a déjà causée la mort de tant d'animaux. ■ • . D'après les renseignements qui m'ont été foui'nis, lord Robert Monlaigut, chargé de l'enquête sur cette importante question, aurait conseillé la désinfection par des arrosages d'acide phosphorique liquide à 35 degrés Baume et de superphosphates liquides doubles de magnésie et de fer. Dans l'impossibilité de se procurer ces réactifs énergiques à des prix abordables pour les agriculteurs, l'Angleterre se serait adressée aux usines françaises. Un autre fait non moins curieux, est la demande faite par un négociant qui représente un grand nombre de maisons de Calcutta. Là-bas, c'est l'infection cholérique, tant redoutée, que l'on veut combaître, et i! est question d'expédier de Paris vingt mille bouteilles de superphosphates licjuides de magnésie et de fer, qui, mélangées à six fois leur volume DESintCriy.N DE^ (,i;ii.VJES EPlUÉMloLhS DL TVPliLS. ! '^7 d'eau, peuvent dcsinlecter de la manière la plus conjplèlc, pendant un mois, un grand nombre d'habitations de ce pays. M. le docteur Turrel a publié dans le journal le Var un remarquable travail sur cette question. La Gazette du Midi du 29 mars dernier renferme le procès-verbal d'expériences qui ont été laites cà Marseille, le 24 mars, en présence de dix personnes considérables, appartenant à l'Académie, aux sciences chimiques et aux industries qui exigent des connais- sances spéciales, expériences qui établissent la puissance considérable de désinfection du phosphate acide double de magnésie et de fer. ..^^..r. .^ En présence de ces faits, je me demande s'il ne convien- drait pas à notre Société de faire quelques expériences de désinfection des fumiers des élables et des écuries du Jardin d'acclimatation, évidemment contaminés par l'existence du typhus qui a entraîné des perles si regretlables. Nous pour- rions nous éviter ainsi pour l'avenir d'amers regrets, et rendre un nouveau service à tous les éleveurs de la" France. Malgré le profond mystère qui couvre encore l'enquête des engrais faite par l'administration de l'agriculture, nous avons pu extraire, grâce à une haute bienveillance, les paroles suivantes du rapport de la commission présidée par l'illustre chimiste M. Dumas, et je fais ici, sans remords, une révéla- ' tion avant la lettre, parce que je ne puis m'expliquer pour- quoi ce mystère d'une enquête publique laite par le public et pour le public. -' L'enquête a mis en évidence plusieurs procédés parmi » lesquels la commission a remarqué celui qui a pour objet »la conversion en phosphate ammoniaco- magnésien des )) matières des vidanges. 11 résulte des expériences de M. Bous- )) singault que ce sel est le plus efficace de tous les engrais » connus, et sa préparation économique et abondanie dan< » les fosses mêmes, paraît aujourd'hui facile à réaliser En » laisant intervenir dans la fosse l'acide phosphorique la » magnésie et l'oxyde de fer, on peut obtenir, ainsi que l'ont » fait MM. Blanchard et Chapeau, une désinfecti..n durable I:''8 S'juiÉiÈ i>ii'Éi;[ALh zoologiuie d'accllmatatiun, « Après dessiccation des produits à l'air libre, il reste pour 1) résidu un engrais pulvérulent, sans odeur, qui a fixé toute u la richesse de la vidange en lui ajoutant la sienne, et qui » jouit, par conséquent, d'une grande valeur agricole. » L'hygiène des villes et la prospérité des campagnes trou- » veraient donc un prolit égal à l'adoption d'un procédé de » ce genre. » ,« Dans ces (juelques mots revêtus de toute l'autorité de M. Dumas, président de la commission d'eniiuête des engrais, se trouve la véritable solution du plus grand problème social des temps modernes. # . . . # .. .j i ■ >.«! Sf'15 UN PHOCKDE , DE '■:'■■■.. , ■ ■• ; : CONSERVATION DE E VE\NDE DE P.OEUF EMPLOYI^; DANS LA HKPCRIJQl E DR I/fllUGUAY, •• Par Itl. F. ¥.«.%A,SSEUR. (Séance du 20 avril ISfiG.) L'objet (le la communication que je vais avoir l'honneur de vous faire, paraîtra peut-être, au premier abord, étranger aux travaux habituels de notre Société ; mais si l'on se rappelle qu'elle a reçu pour devise, de notre illustre et tant regretté fondateur, le grand mot UtUUati, on verra que le produit dont je vais parler rentre assez bien dans le cadre ordinaire de nos travaux; car il n'est que le résultat de l'acchmatation des espèces bovines, ovines et chevalines, introduites, il y a plus de trois siècles, par les Espagnols, dans les vastes plaines de l'Amérique méridionale. Enfin, les immenses avantages qui pourront résulter, pour notre population, de son importa- lion en France, le rendent digne, à mon avis, de la plus sérieuse attention. La production de la viande, en France, malgré les efforts incessants des économistes et de l'administration la plus éclai- rée, est loin de suffire aux besoins de la population ; aussi le prix de cet objet de première nécessité pour l'alimentation des masses est-il depuis longtemps très-élevé, et tend-il à s'éle- ver encore, en raison de l'épidémie qui ravage en ce moment plusieurs pays voisins, et qui a fait interdire en France l'intro- duction du bétail étranger. L'intérêt qui s'attache à cette immense question de l'ali- mentation à bon marché des masses, m'a engagé à soumettre à l'examen de la Société un échantillon de viande conservée dont l'importation en France pourrait se faire très-facilement, 130 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. en quantités aussi grandes que l'exigeraient les besoins et à des prix extraordinairement bas. Celte viande provient des innombrables troupeaux de gros bétail qui vivent en pleine liberté dans les immenses et riches pâturages naturels qu'arrosent le rio de la Plata, l'Uruguay et le Parana, pays que j'ai habité pendant seize ans. Ces ani- maux, descendants de quelques individus importés d'Europe par les conquérants espagnols, se comptent aujourd'hui par millions et forment la richesse principale de ces contrées (1). Les cuirs, les graisses, les crins, les grands os, etc., s'impor- tent depuis longtemps en Europe en quantités considérables; mais la chair, dépassant de beaucoup les besoins de la popu- lation, était jusqu'ici à peu près perdue, à l'exception d'une assez minime quantité que l'on préparait, et que, sous le nom de tajaso, on exportait au Brésil et à la Havane pour la nour- riture des esclaves noirs. La perte de si grandes quantités d'une si précieuse substance a attiré, depuis une douzaine d'années, l'attention des bons esprits de ces pays, et de nombreuses tentatives ont été faites pour la conserver dans des conditions qui puissent la rendre propre à l'alimentation des peuples civilisés. Divers modes de conservation ont été essayés : procédé d'Appert, conser- vation h l'aide de préparations chimiques restées plus ou moins secrètes, salaison par les méthodes ordinaires, etc. ; rien jusqu'ici n'avait pu réussir, et les produits présentés à plusieurs reprises sur les marchés d'Europe avaient été repoussés avec juste raison. Tout récemment, MM. Gybils et Jackson, riches proprié- (1) Lorsqu'en 18/|2 j'arrivai dans la république orientale de rUriignay, on estimait le nombre des bêles à cornes {ganado) entre 1Z| et 15 millions de lêles, sur une surface de V2 000 lieues carrées. La guerre civile qui désola ce pays de 18i3 à ÎSf)! avait réduit ce nombre à environ 1500 000 tètes. Mais les quelques années de tranquillité qui suivirent rame- nèrent bientôt la prospérité, et à la lin de 1856, au moment où je quittai le pays, on estimait le nombre des têtes de gros bétail à environ 8 millions. Celte amélioration a continué depuis lors, et aujourd'hui ce nombre a presque doublé. : ■:; ■ .: ^j ; ; i ' »' - ;*•'' ■' ' '> CONSF.r.VATlOiN DE LA VIANDi: Dt; BŒUF. loi taires, citoyens de la république de l' Uruguay, sont parvenus^ après fJo longues et clispenrlieuses expériences, à résoudre le problème et à fabriquer un produit jouissant do presque toutes les qualités de la viande fraîche, et susceptible d'une conser- vation presque indéfinie sans précautions parliculières au- cunes. C'est un échantillon de ce produit, préparé depuis environ dix-huit mois et ayant fait la traversée de £500 lieues de Montevideo en Angleterre, (pie j'ai llmnneur de melti'e sous les yeux de la Société. .1 ■. ; La méthode de préparation employée par MM. Cybils et Jackson est des plus simples. Voici en quoi elle consiste : L'animal, amené à l'établissement, saJadero, est abattu et saigné avec le plus grand soin, condition indispensable à la bonne conservation de la viande dans ces climats chauds; dépouillé en un instant de sa peau, sans recourir au soufflage, comme nous le faisons m Europe, et coupé en quartiers, dcscuartizado. La chair, toute palpitante encore, est enlevée rapidement en tranches {manias) de 5 à <) centimètres d'épais- seur et aussi grandes que possible. Sur un plancher de sapin de fjuelqucs mètres carrés de superficie est étendue une couche mince de sel de Cadix en petits cristaux. Cette espèce de sel, presque aussi blanche et aussi pure que nos sels raffi- nés de table, est indispensable â la bonne réussite. Les tranches de viande sont placées les unes à côté des autres sur cette couche de sel et saupoudrées à leur tour d'une nouvelle quantité de sel, puis recouvertes d"une nouvelle couche de viande, et ainsi de suite, jusqu'à une certaine hauteur. La pile, abandonnée à elle-même pendant environ vingt heures, est défaite alors et reconstruite sur un autre plancher dans l'ordre inverse, de manière que les parties qui étaient en dessus se trouvent en dessous. Après un nouvel intervalle de douze à (juinze heures, la pile est de nouveau défaite, et les viandes sont empilées dans un coin de l'abat" toir, à l'air libre, chargées de poids considérables, et setde- ment recouvertes d'une toile goudronnée pour les préserver de la pluie, du soleil et de la poussière. Elles restent tîans: cet état pendant plusieurs mois et jusqu'au moment da la f i?rî suciiVri': iMi'iiip.iALE zoolocique d'accmmatation. vente. C'est ce qu'on nomme piles d'hiver, pilas de in- viornn. '■ ■■ • ■■'■' • ' i^ ■ -. Jusque-là c'est la préparation ordinaire du ^rts«/o, à laquelle seulement on a apporté plus de soins pour la propreté et le choix des morceaux. C'est au moment de la livraison qu'on applique la modification due à MM. Cybils et Jackson, qui consiste tout simplement à soumettre la viande salée à la pression la plus forte possible; pression qui, outre l'avantage de diminuer considérablement le volume, contribue puissam- ment à la bonne conservation. Des expériences nombreuses ne laissent aucun doute à cet égard. On forme ainsi, au moyen de la presse, des ballots de 60 centimètres de longueur sur 30 de largeur et 30 d'épais- seur, et du poids de 100 livres espagnoles (/lO'-'' ,(^38), qu'on enveloppe d'une loiie d'emljallage forte et serrée, cousue et ficelée avec soin. Ces viandes ne peuvent être que très-saines et d'excellente qualité. En eflet, les animaux qui les fournissent ne sont abatius que dans les meilleures conditions d'Age (de quatre à cinq ans), de santé (les épizooties sont à peu près inconnues dans ces contrées) et d'embonpoint, lequel n'arrive jamais à Tobésité artificielle que l'on cherche à donner à nos bètes de boucherie en Europe. Enfin, il n'entre, comme on l'a vu, dans la préparation aucune autre substance que le sel le phis pur et en quantités assez petites. La manière de faire usage de cette viande est des plus sim- ples, {"in séjour d'une douzaine d'heures dans l'eau fraîche suffît pour lui enlever l'excès de sel, pour la ramollir et lui rendre, à peu de chose près, l'aspect de la viande fraîche. Cuite dans le pof «m foxi, elle donne d'excellent bouillon et un bouilli i)ien certainement préférable aux viandes de porc el même de bœuf salées en usage dans la marine militaire et marchande. Acconuiiodée en ragoût, surtout avec des légu- mes, elle fournit un très-bon aliment. Divers essais faits chez moi et chez plusieurs personnes de mes amis ne laissent aucun doute à cet égard. Tout me fait donc espérer que ce produit pourra entrer CONSl.i'.VATKlN hi: I A VIXNIiC l)i; liiKCK. \:\^ avec avan(a,t,œ dans la consommation générale de la France, en raison de ses bonnes qualités et surtout du prix auquel il pourrait être livré aux consommateurs, savoir : 00 centimes le kilogramme (qui représente, après dessalement, environ 1'''' ,500) au port de débarquement, et 75 centimes dans Paris. Déjà des essais ont été tentés en Angleterre, et plusieurs milliers de ballots ont été vendus trés-avantageusement à Li- verpool et à Londres. MM. Cybils et Jackson se proposent, d'appliquer leur pro- cédé de conservation à la viande de mouton. Plusieurs essais tentés récemment avec plein succès les portent à croire qu'ils réussiront. Les bêtes à laine se comptent aujourd'hui par milliers dans la Plata, et leur cliair n'y est absolument d'au- cun usage. , . . ,'/r;/:i)^ MÉTHODE POUR OBTKMR .; .^.vii '" '" '' OL' pour. AVOIR DES VERS DE FARINE EN TOUTE SAISON, COMME NOUimiTURE DES OISEAUX, ;? . . Par W. Énille BILLOT. (Séance du 6 avril ISGC) ■ ;: '^^■"i ••^ '' ' ■-^: \. • ■ . ■' ■' ■ ■ '■'■ Tous les amateurs d'oiseaux connaissent les larves de Te- nebrio moiifor, vulgairement ajipelées Vrrs de farine. Tout le monde peut en conserver un temps plus ou moins long; mais tout le monde ne sait pas les faire reproduire : c'est cette mé- thode que je vais leur enseigner. Le choix du vase n'est pas indidérent, et j'ai perdu des milliers de vers pour m'èlre obstiné à vouloir les conserver dans des vases de grès, dans lesquels il se forme une fermentation mortelle pour ces larves. Pour réussir, on prend une caisse rectangulaire grande de l mètre de longueur sur /iô centimètres de hauteur. On a soin de choisir du hois très-dur et, de garnir les angles de zinc, mais il faut garnir extérieurement. Quand les larves sont jeunes, elles peuvent creuser des galeries dans les jointures et s'échapper de la caisse, tandis que la caisse étant garnie de zinc, elles ne peuvent sortir. Une fois les caisses prêtes, on les remplit de son et de farine, mais on a soin de mettre 1 litre de farine pour 10 litres de son le plus gros possible, afin que l'air puisse toujours arriver jusqu'au fond de la caisse et qu'il n'y ait pas de fermentation. On étend une couche d'environ 7 centimètres de ce mélange dans la caisse, on recouvre cette couche d'un tissu épais de laine, et l'on recouvre ce tissu d'une nouvelle couche de 7 centimètres d'épaisseur du mé- lange de son et de farine. On continue ainsi de suite jusqu'à ce que l'on arrive à 1 décimètre environ du bord de la caisse, que l'on a eu le soin de garnir dans tout son pourtour d'une bande de zinc de 5 centimètres environ pour empêcher les MOYEN d'obtenir DES VERS DE FâRINE EN TOUTE SAISON. 1;^5 larves de sorlir de la caisse. La dernière couche de son est recouverte d'un tissu de laine replié sur lui-même; ce tissu sera toujours un peu humide, tandis que les autres tissus intérieurs devront toujours être très-secs pour éviter la fer- mentation. Une fois la caisse ainsi préparée, on va chez un meunier ou chez un boulanger; on prie ces personnes de vou- loir bien étendre pendant la nuit une toile humide sur le plancher près des sacs à farine, ou bien à un endroit où l'on dépose toujours de la farine. Le lendemain matin, on trouvera des milliers de larves sous celle toile. Ces larves, mises dans la caisse, doivent être nourries, engraissées, ce à quoi on arrive en leur mettant des os auxquels il reste encore un peu de viande, des tendons, etc.; mais on a soin de les mettre entre les deux plis de la laim,' qui recouvre la dernière couche de son. Ces larves, après diOérentcs mues, se transforment en nymphes. Celle transformation se fait suivant la température de mars <à lin juin; cette année, elle a commencé en mars. A celte époque, il faut avoir soin de couvrir d'une gaze la caisse, car les nymphes, parvenues à l'étal d'insecte parfait, s'envoleraient, et l'on perdrait toute chance de reproduction. Les insectes, ne pouvant s'échapper, s'accouplent dans la caisse, et les femelles vont pondre leurs œufs dans les étoffes de laine qui sont à l'intérieur de la caisse. Une fois la ponle terminée, les insectes meurent. Les larves grandissent vite; il faut avoir soin de leur donner, dans les premiers temps de leur vie, une nourriture animale un peu sèche, telle que des os dont la viande cuite commence à se sécher. Ce procédé permet d'obtenir des milliards de larves: et j'ai connu un marchand d'oiseaux, à Strasbourg, qui vendait aux amateurs les Vers de farine à 50 centimes et 25 centimes le cent, selon la saison. Il avait bien soin de cacher à tous les veux sa caisse, et il me recommandait de ne pas divulguer un secret que je lui avais enseigné. Je vous laisse complètement libre de faire ce que vous vou- drez de celle note, et si vous trouvez qu'elle peut servir aux amateurs, je vous prie de la publier. On peut de celle ma- nière avoir toute l'année des vers à sa disposition, et surtout 13(j SOCIKTÉ IMf'KP.IAI.E ZOOLOr.lQl'E n'Ar.r.I.IMATATION. l'hiver, où Ton no peut en irouvor nulle part. Pinson leur donne de tendons, plus on les engraisse: j'ai eu des \ers pro- digieux par ce moyen. Il faut avoir surtout soin de tenir la caisse au sec et dans un endroit (djscur. ISourrlture pour les hecs- fins. — (^œiir de ba^ul", gros comme un noix ; pain blanc trempé dans l'eau, même quan- tité; plus, une cuillerée de farine de pain de pavot. On ôte les filaments et la graisse du cœur, que l'on hache très-fin; on mélange le pain et la poudre de pavot de manière à en faire une pâte molle. C'est une méthode qui permet de con- server dix ou douze ans des hecs-fins. Autre pâtée — Bœuf cuit et haché très-fin, grosseur d'une noix; on le mélange avec moitié de carottes crues et râpées. Pâtée très-bonne l'été, et l'autre est indispensable l'hiver. Autre formule^ dite pâtée de Lyon. — Une livre de farine de fèves; une demi-livre de beurre, une demi-livre de miel; une demi-livre d'amandes émondées et pilées (non pulvéri- sées) ; quatre œufs frais. Faire cuire la farine dans le beurre. Quand elle est cuite, incorporer le miel, les amandes et les œufs, que l'on a précédemment mêlés ensemble, ayant eu soin de bien tourner pour que le miel, les œufs et les amandes soient bien mélangés. Faire cuire le tout ensemble sur un feu doux. On s'aperçoit que la pâte est cuite lorsqu'elle se détache comme du sable. Pour l'hiver, on pent ajouter 1 ou 2 déci- grammes de safran en poudre. n. .• ,iil ' UBSEKVATIONS SUR LA PÊCHE DU SAUMON DANS TRYSU.-EIA ET KI.ARA-KLV. LETTRE ADKESSÉE A M. LE OOCTELR .). L. SOLBElttAN, Par n. HETTI\G. Sniiiik'inlanl do la pisciciilliirc cii Noivt'iie. ,'' ! Clii'istiaiiia, le i'i l'oviitr llHii'i. Monsieur, Un sait que le Saumon ordinaire {S'ibno salai) vil dans le lac de Wennern (el par conséquent sans avoir jamais été à la mer) depuis un temps immémorial. Ce fait prouve sulïi- sanuïient l'erreur des Anglais, qui nient que le Saumon ne peut vivre plus de deux ans en eau douce, erreur qui a été démontrée également en Norvège, où l'on a pu faire vivre le Saumon dans de grands lacs qui offrent des conditions favo- rables de nourriture. Il est aussi très-remarquable que le Saumon, transplanlé dans ceslacs, ne perd rien de ses qualités: tel est au moins le cas du Saumon du Wennern, qui peut jivaliser avec le Saumon de mer [lour la couleur, le goût el les dimensions. La seule dirterence qui existe, elencore est-elle rare, est une teinte plus pâle dans le Saumon des lacs; nous devons cependant faire observer que dans les lacs de la Norvège, il y a des espèces de Saumons qui sont beaucoup ))lus pâles que ceux du Wennern. Si ni le goût ni l'aspect ne sont cliangés dans le Saumon de Wennern, les habitudes n'ont subi non plus aucune modili- cation. Chaque année, de mai jusque vers l'automne, il émigré du Wennern vers le Klara-elv,loul comme le Saumon de mer à la même épocpie quitte les eaux salées pour se rendre dans les lacs. Comme les dispositions à prendre pour protéger el multiplier le poisson doivent être indi(juées parles habitudes et la nature de ces animaux, il est évident que le fait (pie nous venons d'énoncer devra èti'c piis en très-sérieuse considéra- i3^ SOCIETE IMPEIUALE ZOOLOGiOlJE LtACCLlMÂTATlON. lion, si l'on veut donner un nouvel essor à la pêche du Wennern. La pêche dans le Trysil-elv et même dans Klara-elv, est de nos jours presque nulle ; elle est tout au moins peu importante, comparée à ce qu'elle élait autrefois. D'après le curé Schmidt, les pèches du Trysil-elv, de 1760 à 1797, étaient la richesse de ces contrées, et celte assertion s'accorde parlailemenl avec les dires de nos vieillards. Avant cette époque, le Saumon ne montait pas seulement dans le Klara-elv, mais rnème jusque sous la cascade Jandkiil'os, où la pèche élait ahondante. Arrivée dans la chute d'eau, une partie des Saumons pénétrait dans une eau qui longe la frontière des deux royaumes Suède et Norvège, tandis que le plus grand nombre continuait à remon- ter et arrivait a Exmundso, lac d'une longueur de huit milles norvégiens. La plus riche pêche se faisait cependant dans le Trysil-elv, où l'on prenait souvent une vingtaine de Saumons d'un seul coup de filet. - , ; .. ... ., Aujourd'hui la pêche est presque nulle, comme nous venons de le dire, dans Trysil-elv et ses allluents, et même dans Klara-elv ; c'est-à-dire qu'elle est tout au plus le dixième de ce qu'elle était autrefois. On croit pouvoir attribuer cela h ce que dès 1772, on commenta d'établir des barrages qui empêchèrent le Saumon de monter, ou tout au moins lui olï'ri- rent de telles dilïicultés, que la majeure partie prit d'autres directions. Des plaintes furent faites à l'autorité, et en 1776 une commission mixte, formée par nombre égal de Norvégiens et de Suédois, fut nommée pour étudier et discuter les moyens de prévenir la ruine entière de la pêche. Les travaux de celte commission n'aboutirent cependant à. rien, les parties oppo- sées s'étaient réconciliées à l'amiable, et par suite la pêche ne fut pas réorganisée. Tout alla tant bien que mal jusqu'en 178/i, où des barrages nouveaux obstruèrent complètement le pas- sage du Saumon ; aussi presque partout, dans les eaux envi- ronnantes, vit-on disparaître le poisson, et le mécontentement des propriétaires de pêcheries, tant norvégiens que suédois, fut-il général et porté à l'extrême. Malgré tout, on laissait aller les choses sans prendre de mesures elïlcaces pour con- Sun LA PÈCHE DL SAUMOA. ^ 1 8P jurer le mal; mais enfin on s'est décidé à détruire ieg barrages, et le Saumon, quoi(|ue rare encore, commence à remonter. On regarde avec raison, et les Suédois eux-mêmes le recon- naissent, les barrages établis par les Suédois comme une des causes principales de la ruine de la pèche du Saumon dans le Weimcrn et les lacs environnants. Mais les Norvégiens ont aussi quelques méfaits à se reprocher, car ils ont abusé de h pêche de plusieurs façons, et déjà, à la tin du siècle dernier, le curé Schmidt, qui vivait à une épocjue où la pèche était encore fructueuse, leur re])rochait de pêcher en automne et avec des tilets à mailles trop fines, qui sont une grande cause .de destruction de l'alevin. -jv^-. ' . Après avoir été détourné de la réorganisation de cette péch@ par d'autres occupations et aussi par l'inertie et le manque de concours des Suédois, je suis heureux de vous apprendre que je suis assuré aujourd'hui de la coopération active de M. Widegren, directeur de la pisciculture en Suède, et tout me fait espérer que nous pourrons bientôt régénérer la pèche du Saumon dans le Wennern et ses affluents. Veuillez agréer, etc. ;.' [.:■-;'••' -v. , -. ..., :: '■: ,''nm-':rr/. , ; .'l ..'. - .;.iô ,• Stgne IIetting. ' ■;- •■■■; ■■■---■■ ■-■■■^>^ ; i^ ■■/■:'j ,1^ .;. ,; V- ;j .* ■■ ' ,: ■>.. ■. ' ; - » . Ai. ■ ■ 'i , . ^ , • .:.< ■; ... , ■ '.{' -y- (*i ;J: ■ d f s:'..;- :; <■, :■;;. „-• -•- '''-' ] ■■■'^^"■:.^?i'- .i "ï ... » t '.'•i:,' : , .. ;l,j je; / ■i:i^/'^-'-: ■ T 0 ■ • «♦ - rsOTE -: ; '^ SUR LA SÉRICICLLTI'HK \i^ UOLMAME ET PARTICULIEUKMENÏ SUll LES RESULTATS OBTENUS PAU l'Éducation des vers a soie d'origine japonaise, Par M. ODOBKKC O. (Séance dvi 9 iinus ISOG., La maladie des Vers à soie en France et en Italie a eu pour conséquence un développement considérable de la séricicul- ture en Roumanie. Quoique cette industrie fût connue et [)ra- tiquée dans ce pays depuis les temps les plus recules, elle était limitée à la satisfaction des besoins locaux ; en outre, l'espèce de vers que l'on élevait était des plus ordinaires. Mais à peine les éleveurs étrangers, français et autres, eurent- ils fait connaître le besoin qu'ils avaient de bonne graine, as la force de monter. SIJU L\ SÉRICICLLTURE Ei\ iîOUMANIE. iU Les Irisles résultais de cette campagne ont découragé beau- coup d'éleveurs et amené la stagnation de cette industrie si belle et si fructueuse. En effet, en J865, il a été fait peu d'éducations, en comparaison des années précédentes. Pendant la campagne de 1864, l'école de Panléleïmon avait pu se procurer chez un commerçant de Bucbarest une pelilc ((uanlité de graine de Vers japonais. Cette tentative était doublement intéressante, d'abord parce que, si elle réussis- sait, cette graine pouvait remplacer la graine milanaise qui ic trouvait frappée de maladie, et ensuite parce que la race japonaise était tout à l'ait inconnue d^ms le pays. Quoique cette graine, apportée d'Italie, fût arrivée dans les conditions les plus défavorables, vu qu'elle était presque (ont entière déjà éclose , et que les bourgeons des Mûriers eussent à peine commencé à pousser, néanmoins les résultais nblenus ont démontré qu'elle était saine, et que son inlroduc- liondans le pays serait très-ulile. En effet, en même temps que les vers éclos de la graine milanaise périssaient et que leur éducation échouait totale- ment à l'école de Pantéleïmon, dans une chambre aliénante, les Vers japonais venaient à merveille, et à l'époque de la montée, tous montaient et produisaient de beaux cocons (jui furent tous destinés à produire de la graine. Celle expérience ne laissait plus de doute sur l'utilité qu'il y avait à introduire la race japonaise en Roumanie. Le ministre de l'intérieur, de ragriculture et des travaux publics, informé des résultats obtenus à Pantéleïmon par l'édu- cation des Vers japonais, institua, vers la lin de l'année 186/1, une commission chargée d'examiner les mesures les plus ur- gentes à prendre relativement à la sériciculture en Roumanie. Le résultat des travaux de cette commission fut la proposi- tion que « le gouvernement eût à faire venir de France une ') certaine quantité de graine de Vers japonais dont le bon » étal de santé pût être dûment constaté. » ■:.':.:. A la suite du rapport de la commission , M. le colonel J. Alexandri fut chargé d'obtenir de la Société impériale d'ac- climatation de Paris, une certaine quantité de graine (jui, T si:HlK., T. III. — M:u> et Avril ISUG. ^0 l/i'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. envoyée à Bucharesl, fut répartie tout de suite entre les divers établissements de l'État et les particuliers. L'école de Pantéleïmon, qui possédait déjà do la graine japonaise, pouvait dès lors entreprendre une éducation com- parée, et, pour éviter toute confusion, on fit éclore à part l'ancienne graine. Les résultats obtenus dans la campagne de 1865 justifièrent toutes les espérances que l'on avait fon- dées sur la graine japonaise. Les vers provenant de la graine japonaise obtenue en ISO/i, et surtout ceux provenant de la graine apportée de Paris, se développèrent à merveille jus- qu'à la fin de leur éducation, et sans qu'il se fût manifesté le moindre symptôme de maladie. Les vers firent la montée dans les meilleures conditions, et donnèrent des cocons d'une beauté rare, par la blancheur de leur couleur et par la densité de leur texture. A la suite de résultats aussi favorables , l'école de Panté- leïmon décida de consacrer tous ses cocons à produire de la graine, afin de pouvoir la répandre dans le pays. On attendait avec impatience de pouvoir juger de la qualité des papillons. Ici aussi mêmes résultats favorables. Les papillons offraient les meilleurs caractères, sans aucun indice de faiblesse ni de maladie. Mais à peine la ponte était-elle effectuée, à peine les linges sur lesquels la graine était attachée avaient-ils été exposés depuis quelques jours, que tout à coup une partie de la graine commença à éclore. Le directeur de l'établissement lit aussitôt transporter les linges dans les endroits les plus frais, et finalement môme il les fit mettre dans une cave où la température était plus basse et plus constante. Moyennant ces précautions, la graine cessa d'èclore; néanmoins plus de deux kilogrammes avaient déjà éclos. En face de semblables faits, il fut décidé que l'on ferait une seconde éducation. En effet, une partie de la graine éclose fut mise à part et élevée. A cette époque (juillet), les feuilles de Mûrier étant déjà fortes, les jeunes vers pouvaient à peine les manger, quelque bien hachées qu'elles fussent. Ils mangeaient plus facilement la feuille des rejetons, qui était plus tendre. Dès le conmiencemcnt de cetle seconde éducation, il fut > Slîll \A SÉRICICULTURE EN ROUMANIE. ■ - làS facile de constater que les vers étaient loin d'être aussi vigou- reux que ceux de la première. Quand l'époque de la montée fut venue, une grande partie était si faible, qu'ils ne pouvaient grimper aux fagots d'eux-mêmes, et qu'il fallut les faire monter à la main. La formation des cocons elle-même s'opérait très- lentement, et l'on pouvait à chaque pas constater l'état de faiblesse des vers. De tels vers ne pouvaient pas produire de cocons de première qualité ; en effet, ces cocons étaient beau- coup plus mous et plus petits que les premiers. Il faut noter aussi que pendant cette deuxième éducation , une grande partie des vers moururent. Chez un sériciculteur de Bucharest, qui avait obtenu de l'administration de la graine japonaise, la graine provenant de cette seconde éducation commença à éclore, de façon qu'il se vit obligé de faire une troisième éducation. Il s'entend de soi que si la graine obtenue de la seconde éducation laissait beaucoup à désirer, à plus forte raison celle de la troisième devait-elle être d'autant plus défectueuse. Nous pouvons affirmer que cette troisième éducation n'a donné qu'un résultat nul, car les cocons obtenus étaient telle- ment imparfaits, qu'ils n'auraient pu avoir aucune valeur dans le commerce. ' Une semblable éclosion, inconnue jusqu'alors dans le pays, a porté plusieurs personnes à croire que les vers étaient peut- être de la race appelée trivoltini; mais ce qui prouve leur erreur, c'est qu'cà l'école de Pantéleïmon, la graine n'a éclos qu'une seule fois, et encore en partie seulement, et que cette éclosion a cessé dès que la graine eut été transportée dans un endroit plus frais. La cause la plus probable est plutôt la chaleur, qui, cette année (1 8(35) , a été très-intense. Quelle que soit la race des vers, si, après la ponte, la température est très-élevée, la graine éclôra infailliblement. A l'occasion de son voyage en France, M. Ualigot de Beyne, chef de cabinet du Prince régnant, a offert à la Société impé- riale d'acclimatation, au norn de Son Altesse Sérénissime, en même temps qu'une collection d'animaux indigènes, quelques échantillons de cocons japonais obtenus à l'école de Panté- leïmon. \!ik SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLUGIQUE d'aCGLIMATATION. Cet envoi était accompagné d'une lettre datée du 23 août 1865 et adressée à Son Excellence M. Drouyn de Lhuys, en sa qualité de président de la Société. La réponse de Son Excel- lence à cette lettre porte la date du 31 août 1865. D'après les notions recueillies par le gouvernement, la graine de Vers à soie japonais a réussi de même chez tous les sériciculteurs à qui l'on avait distribué de celle offerte par la Société impériale d'acclimatation. Aujourd'hui la question importante est de connaître les résultats que donneront les éducations des graines japonaises obtenues dans les Principautés. Les éducations que l'on entre- prendra en 1866 pourront seules résoudre cette question. .Jusqu'à ce moment personne ne doute du succès, car, dans la campagne passée, la santé des vers et des papillons a été excellente, et aucun symptôme de maladie n'a été aperçu. La réussite des graines japonaises est de la plus haute importance pour le développement de la sériciculture, et cela parce que les graines milanaises sont tort discréditées aujour- d'hui. Cependant la campagne de 1865 a fourni elle-même plusieurs éducations de graines milanaises, dont les résultats ont été satisfaisants; ce qui démontre qu'une partie des graines de cette race si précieuse était saine encore. L'école de Pantéleïmon continue à s'occuper de l'éducation de la race milanaise, qu'elle-même a propagée dans le pays, et il ne serait nullement étonnant que l'éducation de la bonne graine redevînt générale, d'autant plus qu'il a été donné toutes les instructions hygiéniques à cet égard; car, dans beaucoup de cas, la maladie provient de l'absence de soins intelligents. Elle cultive en même temps la race japonaise nouvellement introduite, alin de pouvoir la substituer généralement à la précédente, dans le cas où les essais que l'on tente pour l'améliorer ne donneraient pas de résultats prompts et satis- faisants. C'est ainsi que le gouvernement roumain pense réussir à assurer au pays les avantages de cette industrie, à laquelle toutes les classes delà société, et principalement les femnies de la classe agricole, s'adonnent avec plaisir et intelligence. SEMIS ET CULTURE DU PIN DE RIGA, Par M. DUCUESIVE-THOURE4U. (Séance du 20 avril 1866.) Messieurs, Je rappellerai brièvement que, dans le cours du prin- temps 1865, la Société impériale d'acclimatation, toujours empressée à propager les animaux et végétaux utiles, a im- porté directement de Russie, par les soins de M. le consul de France à Riga, une quantité considérable de graines de Pin (spécial à cette localité), lesquelles furent gratuitement mises à la disposition des sociétaires qui jugeraient à propos d'en réclamer. Comme tant d'autres, j'avais pris part à cette largesse et obtenu un résultat magnifique, à tel point que 2 kilogrammes de semence m'ont donné 90 000 à 100 000 jeunes sujets. Ce résultat, énoncé par moi en séance générale, qui causa grand étonnement, car la plupart des sociétaires qui avaient expé- rimenté, accusant un insuccès plus ou moins complet, préten- daient n'avoir reçu que des graines avariées. C'est alors que, interpellé sur la manière dont j'avais opéré, je fus conduit à donner quelques explications qui établirent bien clairement que les graines n'étaient nullement défec- tueuses, comme on l'avait supposé, mais que plutôt les soins indispensables leur avaient fait défaut. Et ces détails, je les répèle avec un empressement d'autant plus grand, qu'une récente acquisition de ces mêmes graines de Pin de Riga ayant été faite et une distribution nouvelle devant s'ensuivre, je me reprocherais de ne pas faire part à mes honorables collègues des moyens très-simples, mais peut- être un peu minutieux, grâce auxquels tout semis de Conifères peut et doit être conduit à bonne lin, à la condition toutefois : 1" de posséder des graines dont la faculté germinative ne soit pas compromise; S" de disposer d'un sol convenable, à proximité d'un cours d'eau ou d'un réservoir.permeiiant, au ihQ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. besoin, de fréquents arrosages; 3" d'opérer en lemps uliln el avec connaissance de cause. J'ai dit un terrain convenable, car il faut bien se garder de croire que les semis d'arbres résineux puissent prospérer dans toutes les conditions. En effet, bien que la germination soit facilement obtenue dans un sol calcaire, il est rare que le résultat final soit même passable, à moins de précautions excessives ; car, le plus souvent, sous l'action de la cbaleur, le terrain calcaire se fendille, gerce profondément, et durcit tellement, que les semis s'atrophient. Tienne ensuite la saison d'hiver, qui entraîne des effets bien plus désastreux encore, les jeunes plants, subissant les alternatives incessamment répé- tées du gel et du dégel, soulevés et déchaussés, gisent épars sur le sol, sans cause apparente de ce méfait, comme si un génie malfaisant eût pris à lâche de les détruire. Les terrains siliceux et granitiques, moins impressionnables et conservant une humidité plus persistante, sont moins sus- ceptibles de durcir, et restent par ce fait à l'abri d'un dessèche- ment trop profond et du soulèvement hibernal. Aussi, eu égard à ces garanties, sont-ils l'objet de préfé- rences bien légitimes de la part des horticulteurs, et ce sont ceux-là que je conseihe de préférence. Toutefois je dois ajouter que les personnes qui n'auront pas à leur disposition un sol siliceux et granitique peuvent parfaitement constituer un terrain factice avec des terres de bruyère, neuves ou ayant déjà servi, des terres de dépotage; un compost enfin, d'une épaisseur de 15 à 20 centimètres, remplirait les conditions voulues pour opérer convenable- ment. Et ce sol factice, ne devant jamais occuper que des sur- faces infiniment restreintes, il est plus commode qu'on ne le pense de le constituer, d'autant mieux que chaque mètre superficiel, suffisant à porter et à ahmenter un minimum de 10000 plants, 100000 Pins, semés dans des conditions très- normales, occuperaient à peine 10 mètres superficiels. N'allez pas croire, je vous prie, qu'en conseillant un rap- prochement aussi exagéré (en apparence) des semis, je me laisse aller à une fantaisie, à un pur caprice; car, au con- SEMIS ET CULTURE DU PIN DE RIGA. . dA7 traire, de ce contact immédiat des sujets, découlent de nom- breux avantages. D'abord, chacun acceptera avec moi, qu'une opération est d'autant plus utile, qu'elle est résumée sur une surface moindre, partant plus facile à embrasser d'un coup d'œil. En second lieu, qu'il est bien plus commode de soigner 10 000 Pins groupés sur l'espace d'un mètre superficiel que de traiter cette même quantité disséminée sur une étendue dix fois plus grande. Mais il est des motifs bien autrement déterminants encore , car l'insuccès dans les semis d'arbres résineux est presque toujours occasionné par le trop grand espacement laissé entre les jeunes arbres. D'où il résulte que chaque plant isolé, obligé de se déve- lopper avec ses propres moyens d'action, condamaié, par le fait de son isolement, à essuyer sans protection aucune toutes les intempéries, disparaît dévoré par un rayon de soleil ; ou si, par hasard, il parvient à traverser les premières phases de sa croissance, c'est pour rester chétif et dépassant à peine le niveau du sol auquel il est fixé. Qu'arrive-t-il, au contraire, avec un tassement complet? Le développement vertical est d'autant plus activé, que les sujets sont plus étroitement groupés; l'espace horizontal faisant défaut, chacun d'eux dépensant sa puissance végétative dans le sens vertical, tous s'élancent à l'envi pour s'emparer de l'espace resté libre : il n'est pas rare que les tiges atteignent une projection de 10 à 15 centimètres en une seule saison. Et l'eflét obtenu pour la partie aérienne du végétal se pro- duit identiquement pour la partie souterraine; car la racine, s'échappant en un long pivot, fouille au loin les profondeurs du sol préalablement ameubli. Ce développement précoce ayant un mérite bien incontes- table, il n'y a donc rien à négliger pour l'obtenir. Mais la chose n'est pas si facile que l'on pourrait supposer; car, en admettant même que la semence ait été répartie sur le sol de la façon la plus réguhére et par une main expérimentée, si la graine est défectueuse, une partie restant inerte, le but ne sera pas atteint, le semis restera incomplet et insutïîsant. lllS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. 11 importe donc de connaître à l'avaîice la juste mesure de la qualité des graines à employer, et cette expérimentation préliminaire, que je recommande de la façon la plus positive, est très-simple. Elle consiste à prendre au hasard, dans le groupe, une quantité quelconque, une poignée ou une pincée de graines, qui, étant étalées dans un vase très-découvert et maintenues constamment humides, devront germer dans un délai d'au- tant plus bref, que sa température ambiante sera plus élevée. Si, après quelques jours, la graine se gonfle et émet un germe, cet indice prouve qu'elle est de bonne qualité. La graine sera jugée mauvaise ou médiocre, selon le nombre proportionnel de germes qui se développeront, et devra, d'après ce résultat, être rapprochée ou espacée plus largement sur le sol de la pépinière, afin d'arriver au tassement désiré. Cette connaissance étant obtenue, le terrain doit être cultivé à la profondeur d'un fer de bêche, et parfaitement ameubli, dans le but, non-seulement de le diviser et d'extirper les racines envahissantes, mais encore de le purger d'une foule d'insectes nuisibles, larves de hanneton, etc. De plus, il est utile, indis- pensable même de rendre au sol ainsi défoncé un peu de consistance, atin de prévenir son dessèchement trop rapide en été, et de se prémunir, autant que possible, contre le sou- lèvement et l'arrachage des plants, sous l'efi'et de la gelée en hiver. D'ailleurs, ce travail de consolidation, facile à réaliser par le jardinier muni de chaussures dépourvues d'aspérités à leur surface inférieure, conduit tout naturellement à l'apla- nissement du terrain, qui, oU'rant à l'horticulteur une surface parfaitement égale, rectifiée au besoin à l'aide d'un râteau, permet d'arriver à une répartition régulière de la semence. Ces précautions étant prises, le sol étant ainsi préparé, et surtout préparé sans addition d'engrais (1), rien ne s'oppose à l'épanchement de la graine, vers la fin d'avril, et même plus tôt, si la température est douce et le sol échaufte par les (l) Les Pins ne s'accommodent d'engrais à aucun âge, et encore moins de Gultiircs, qui portent le trouble dans leur systf-mo radiculaire. SEMIS ET ri'LTURE DU PIN DE RIGA. * 149 rayons du soleil. Mais, dans le cas où la saison serait froide encore ou humide à l'excès, mieux vaudrait attendre une con- dition meilleure; car une humidité persistante, compliquée de froid, expose les graines à pourrir au lieu de germer, et trop souvent le même sort attend les germes déjà longue- ment développés. D'ailleurs l'abaissement de la température n'ei^it-il pour effet que d'occasionner simplement un retard de la germina- tion, ce retard comporte un danger immense; car on ne saurait se ligurer combien d'ennemis surgissent de toutes parts, attirés par l'odeur balsamique se dégageant des graines de Pin, au moment où se produit la fermentation qui pré- cède et accompagne l'émission du germe. Et ce ne sont pas seulement les rats, les turbulents passe- reaux qui brûlent de prendre part au pillage, les oiseaux à grandes dimomions, et même les hôtes de la l)asse-cour, ne sont pas les moins ardents à la curée ni les moins dangereux, nu égard à leurs tendances à fouiller le sol. Mais, parmi tous, le Pinson se distingue par une àpreté, une impudence que rien ne saurait égaler, à tel point que les épouvanlails les plus bizarres, les cris et les menaces, souvent même les coups de fusil, restent sans elfet contre ces hordes ravageuses aux- quelles il est urgent d'échapper à tout prix. Parmi les moyens les plus efficaces, je conseillerai donc d'abord de continuer à protester de la façon la plus énergique; ensuite de ne jamais procéder à ciel ouvert. C'est-à-dire que pour l'établis- sement d'une pépinière et pour obtenir une réussite complète, après avoir étendu la semence, il faut, à l'aide d'un tamis, la recouvrir aussi régulièrement que possible d'une couche de terre siliceuse et légère d'une épaisseur moyenne de 10 à 15 millimètres, suffisante, enfin, pour qu'aucune des graines ne soit apparente, mais trop peu épaisse pour compromettre le semis; puis répandre sur cette terre un lit de paille hachée, dont l'épaisseur peut sans inconvénient varier de 2 à 3 centi- mètres, de telle façon que la pépinière disparaisse en entier sous cette couverture. Ce procédé offre bien quelques garanties à l'horticulteur 150 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. contre les passereaux, mais non contre les volatiles familiers, et encore moins contre les souris, qui ne travaillent que plus à l'aise sous cet abri. Aussi est-il urgent, indépendamment de toutes ces précautions, de ne jamais semer ces graines avant que le soleil soit déjà fort élevé sur l'horizon, vers la fin d'avril, alln que la terre, étant suffisamment réchauffée, la germina- tion s'accomplisse d'une façon rapide, et même qu'elle soit brusquée, s'il est possible. Dés que les germes sont développés, dès que la capsule contenant l'amande (objet de tant de con- voitise) est vide, les pillards, comprenant qu'il n'y a plus rien à faire pour eux, disparaissent comme par enchantement. Mais alors commence pour l'horticulteur une série de pré- occupations nombreuses, qui consistent dans une extrême prévoyance, et surtout à ne pas compromettre par un zèle malentendu les fragiles embryons confiés à sa sollicitude, et dont l'existence repose tout entière sur le tact avec lequel il saura les gouverner. Ce n'est pas peu de chose, en effet, que de savoir interpré- ter les besoins incessants d'une multitude de petits êtres si frêles, qu'un arrosage donné mal à propos, qu'un temps d'arrêt de la sève, un rayon de soleil, moins encore, un souffle, une caresse trop empressée de la brise peut anéantir à tout jamais. Et ce tact, cette sensibilité exquise, qui sembleraient n'ap- partenir qu'à certaines natures privilégiées, se rencontrent facilement, communément même, chez des hommes souvent bien peu lettrés, il est vrai, mais qui, s'ils ne possèdent pas en théorie de bien profondes notions de physiologie végétale, sont forts d'une expérience acquise, ou, instruments dociles, se plient sans hésiter à des exigences sans fin {dont le détail . n'est pas même soupçonné par les gens du monde), exigences qui, loin d'être rebutantes, comme on pourrait le croire, comportent un charme inexprimable, comme tout ce qui se rattache aux questions physiologiques. Mais, revenons à notre semis : réalise en temps opportun et mis à l'abri du pillage, que devient-il? ; Après un petit nombre de jours, le paillis compacte dont nous SEMIS ET CULTURE DU PIN DE RIGA. 151 avons parlé, est soulevé dans son ensemble, quelques centi- mètres le séparent du sol. Quelle puissance a donc pu accom- plir un pareil miracle et relever cette masse alourdie par l'humidité? Soulevez avec précaution un coin du voile, et, à votre grand ébahissement, vous constaterez qu'une végétation active, puissante même, qu'une forêt mystérieuse, non moins qu'éphémère, a spontanément surgi du sol. Ce sont les graines semées il y a quelques jours, qui, grâce aux conditions favorables (chaleur et humidité) auxquelles nous les avions exposées, sortant tout à coup de leur inertie, signalent par un gigantesque effort leur entrée dans la vie : nées sous un couvert compacte, qui protégea, il est vrai, leur enfance, mais qui les opprime aujourd'hui et sous lequel un éliolement infaillible les menace, toutes, comme soupçon- nant des horizons meilleurs et unies par une commune volonté, se dressent spontanément et s'élancent à la conquête de la lumière et de la liberté. Gardez-vous bien alors, déployant un zèle inopportun, de leur venir en aide, en les dégageant, même partiellement, du couvert qui les comprime : ce serait prononcer leur arrêt de mort. Voyez en effet, examinez dans quelles conditions d'extrême fragilité se trouvent ces tigelles développées dans l'ombre; combien elles sont loin de l'état ligneux, elles que compose à peine la trace d'une gaîne fibreuse, transparente, incolore, entourant un peu d'eau, et surmontée d'un rudi- ment de feuilles étroitement encapuchonnées dans la cap- sule vide qui surmonte la graine, et semble persister aies coiffer. , . Tous les soins à donner à ces embryons, pour le moment, consistent à s'assurer que l'humidité ne leur fait pas défaut; et encore ne faut-il la leur distribuer que dans une mesure par- faitement raisonnée, car l'excès d'humidité aurait pour effet inévitable de les compromettre par la pourriture. Ce n'est qu'après plusieurs semaines qu'il est possible de diminuer l'épaisseur de la couverture de paille, et encore celte opération ne doit avoir lieu que graduellement, et tou- jours en tenant compte de ce fait, que les jeunes plants ayant 152 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. été créés à l'ombre, ne peuvent être impunément exposés à l'aclion trop subite du soleil. Il est donc urgent de rester le plus longtemps possible dans une expectative bien moins compromettante qu'un con- cours trop empressé. Après quelques mois cependant, le paillis peut être enlevé complètement, lorsque les tiges, solidifiées, sont devenues ligneuses. Mais le danger de cette al)lation est facilement démontré par ce lait, que si par hasard un vide se produit dans la pépinière, ce vide s'agrandit chaque jour, et le plus souvent tout le semis disparaît, anéanti sous l'action dévorante du soleil d'été, qui attaque en flanc les jeunes tiges trop peu solides pour lui résister, par le fait qu'ayant été élevées en massifs compactes, elles sont latéralement dépourvues de feuillage. Tandis que si le semis, bien réussi, reste complet, le terrain semble garni d'un riche tapis de velours vert, sans solution de continuité. Le feuillage seul, et non les tiges, subit les influences extérieures, qu'il supporte parfaitement. Dans ce cas, les seules précautions que comporte le semis se résu- ment dans les arrosages et l'enlèvement des herbes parasites; mais encore cette dernière opération ne doit être faite qu'après un arrosage très-abondant ou en temps de grande humidité, car à la suite de l'arrachage des mauvaises herbes, opéré en temps de sécheresse, souvent les plants sont brûlés par le soleil. Peut-être j'ai été conduit à traiter un peu longuement ces (piestions; mais, par le motif qu'on ne les trouve nulle pari aussi détaillées, je me suis cru obligé à délayer la matière. Et la seule justification que j'invoque réside dans mon extrême désir de contribuer par les faibles moyens en mon pouvoir à propager des notions utiles, consacrées par l'expérience, que je produis avec une confiance d'autant plus entière, que leur appréciation ne m'a jamais laissé en défaut, et qu'elles sont dictées tout au long dans ce livre admirable ouvert à tous, le livre de la Nature, dont je ne suis ici que l'interprète bien indigne. II. EXTRAITS DES PROCES- VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 9 MARS 1866. Présidence de M. DE Quatrefaces, vice-président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — A la suite de la lecture du procès-verbal, et à l'occasion de la communication de M. Rarael, M. Millet appelle toute l'attention de la Société sur l'intérêt et l'importance de la propagation et l'acclimatation de XEucabjptv^ mahoganu , ou FAicalypte acajou, vulgairement nommé en Australie, Jarva. Notre confrère fait remarquer que cet arbre, dont la végé- tation est très-rapide et dont les dimensions sont colossales, pourrait être acclimaté dans les régions méridionales, notam- ment en Algérie, en Corse, et peut-être même dans le midi de la' France; que des planches ont été retrouvées parfaite- ment intactes après un séjour de dix-sept ans en mer, tandis que sur le même point, les bois d'un navire échoué étaient perforés par les Ta rets, mollusques vermiformes qui vivent dans l'eau de mer, où ils dévorent les navires, les digues, et en général tous les matériaux de bois. Leurs ravages sont terribles, et peuvent souvent causer les plus grands désastres. En 1731, ils ont failli submerger une région de la Hollande, après avoir dévoré la plus grande partie des digues de la Zélande. C'est pour préserver les bois de leurs attaques, qu'on est obligé de les carboniser à une assez grande profondeur, et de revêtir d'un doublage de cuivre la portion des navires couverte par la mer. A ce sujet, M. Millet fait observer (jue la conservation des forêts est une question sociale au premier chef; que la con- sommation annuelle des bois de construction dépasse nota- blement la reproduction, et que nos marines marchande et militaire consomment chaijue année 80 000 mètres cubes des meilleures essences. On avait eu, il y a quelques années, l'espoir de pouvoir remplacer le bois par le fer. La construc- lo/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tion en fer a l'avanlage d'une conservation presque indéfinie de la coque, si la peinture est renouvelée, et elle offre une incontestable rigidité dans tout l'ensemble. Mais, la carène se salissant plus vite que celle de bois, il y a diminution sensible de vitesse; et si, dans un combat, un vif mouvement de roulis découvre une partie faible à l'arrivée d'un boulet, le bâtiment peut être exposé à couler. Les projectiles, en effet, ne produisent pas de simples trous dans la tôle, mais des déchirures considérables et irrégulières, impossibles à aveugler, parce qu'il n'existe aucun moyen, comme dans la carène de bois, de clouer rapidement des planches pour arrêter la voie d'eau. Un autre danger réside dans le clonage; les rivets sont, en général, dans un état de tension plus ou moins grand qui peut môme être voisin de la rupture. Sous le choc des projectiles, les tôles travaillant énormément, les lignes de rivets peuvent se disjoindre. Ces inconvénients sont si réels, qu'en Angleterre même, où la construction en fer avait eu de grands partisans, on revient peu à peu au bois; et dans une de ses dernières sessions, le parlement a voté 25 millions pour achat de bois de construction. Quel que puisse être, ajoute notre confrère, l'avenir réservé aux navires de fer, les ravages des Tarets seront toujours à redouter pour les pilotis, les digues et autres constructions établies en bois. On ne saurait donc trop se préoccuper de racclimatation et de la propagation des essences forestières dont le bois a la précieuse propriété d'être à l'abri des attaques de ces mollusques. ■"■::■,:■■..-::■■.■ ■■■ — M. de Quatrefages fait observer que l'emploi de V Euca- lyptus mahoyamj serait extrêmement utile à la construction des digues, et principalement de celles de la Hollande. Des expériences se font en ce moment sur divers points du littoral français pour appliquer sur une grande échelle ses observa- lions sur le Taret. — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis : M. Balloy (René du), attaché à l'ambassade de France en Belgique, à Bruxelles. PUOCÊS-VERBAUX. ' ' 155 MM. GiOT (Parfait), propriétaire d'un établissement spécial pour l'acclimatation et la reproduction de toutes les races, à Montevideo (Uruguay). Selys-Longchamps (le baron de), sénateur, membre de l'Académie royale des sciences de Belgique, à Liège. — M. le Président inlormc la Société du décès de Sa Majesté le second roi de Siam, et de MM. le baron Portails, Prioux et F. de Moncy, membres de la Société. ^ . . — M. le Président annonce l'ouverture du scrutin pour le renouvellement du Bureau et d'une partie des membres du Conseil. Il désigne MM. Cosson, F. Davin, Grandidier, de Grandmont et Pigeaux pour remplir les fonctions de scru- tateurs. — M. Rouillé-Gourbe adresse ses remercîments pour sa récente admission. — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères informe la Société que Son Exe. M. le Ministre de l'agriculture vient d'accorder ta la Société d'acclimatation une médaille d'or grand module pour être décernée à la prochaine séance publique. — Remercîments. ■' — M. le directeur du Muséum remercie la Société d'un baril d'échantillon de plombagine qui a été adressé de Vene- zuela par M. Petit de Meurville. — M. le directeur général de l'administration des forêts fait hommage de dix exemplaires des travaux effectués en I86/1 pour le reboisement des montagnes. — Remercîments. — M. le chevalier Baruffi, délégué à Turin, adresse un numéro de la Gazette officielle du royaume d'Italie, dans lequel il a publié un article sur les travaux de la Société. — Remercîments. — M. Moutotte, garde de M. de la Bertoche, informe la Société de la naissance d'un jeune Lama : « Une des femelles » du troupeau de Lamas confié à M. de la Bertoche, au » château d'Arguel (Doubs), vient de mettre bas un jeune » mdle bien constitué, fortement charpenté, d'une grosseur » plus qu'ordinaire chez ces animaux au moment de leur 166 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'âCCLIMÂTATION. » naissance; il est très-vif, paraît avoir bonne vie et paraît « vouloir parfaitement réussir. Seulement il est né dans des « circonstances tout à fait extraordinaires sous plusieurs > rapports. Aussitôt né, la mère, au lieu de le rechercher }■) pour lui faire des caresses et le protéger comme font pres- ^) que tous les animaux, s'est ruée sur son petit, furieuse, le » frappant à grands coups avec ses pieds de devant et avec )) tant de force, que j'ai été obligé d'intervenir et de l'enlever » immédiatement de devant elle, sans quoi elle aurait fini par » le tuer. Après l'avoir enlevé, je l'ai placé dans un comparti- » ment avec d'autres femelles, croyant qu'un peu plus tard la j» colère de la mère serait apaisée et qu'elle linirait par l'ac- ^) cueillir. Je le pris quelques heures plus tard, je le portai » prés de la mère, qui lui fit encore des menaces. Malgré les » menaces, je la fis tenir par deux jeunes hommes. Ainsi y> tenue, je me mis en mesure de faire teter le petit; mais en » lui tâtant le pis, quelle ne fut pas ma surprise de ne point » lui trouver de mamelles. C'est ici la plus singulière parli- )) cularilé de cette naissance. Quoique les mamelles ne soient » pas développées, le pis est à sa grosseur ordinaire, parfai- » tement rempli de lait, qui la fait même beaucoup souffrir; > quant aux mamelles, elles sont si petites, qu'elles ne forment » que quatre petites aspérités grosses comme des pois. On ne » peut même pas les pincer pour en faire sortir un peu de lait ^^ pour la soulager. Cependant elle mange et boit comme d'ha- V bilude, sans s'inquiéter de son petit. Il semble que, soit par » instinct, en voyant que son nouveau-né ne pouvait pas teter et qu'elle ne pouvait pas le nourrir, soit par tout autre ^> motif, elle ait pris la ferme résolution de le détruire. Je » vous signale. Monsieur le directeur, les faits tels qu'ils se sont passés sur ces diverses particularités, qui arrivent si rare- ment. Le petit ne pouvant teter, je lui donne du lait frais de vache bouilli, mélangé d'un peu de caramel. Cette nour- riture paraît parfaitement lui convenir; il la prend quatre » fois par jour, toujours avec avidité. Il est très-fort et ne paraît nullement souffrir de ce régime improvisé; il sort jéjà aux champs avec les autres, quand le temps le permet. ^■) , PRocËS-vEnu\ux. ■ ' 1Ô7 y> Si CCS circonslaiices peuvent être l'objet de quelques obser- » valions utiles pour le Jardin zoologique et qu'il manque de » détails à ce sujet, j'en donnerai ultérieurement, si l'on en » demande. Cette naissance a eu lieu le 18 lévrier dernier. » J'oubliais de dire que le jeune Lama ne tétant pas, j'ai cm- » ployé, pour faire passer le lait de la mère, de la terre glaise » délayée dans de l'acide acétique, auxquelles deux substances » j'ai ajoute un peu de poussière de plâtre et quelques gouttes I) d'alcali volatil. Cette composition a suflî pour lui l'aire pas- » ser le lait dans quarante-huit heures en lui frictionnant le )) pis trois fois par jour avec ce mélange, d — M. le professeur J. Clo(iuet met sous les yeux de la Société un échantillon de laine de Mouton chinois, et commu- nique la lettre suivante de M. de Maupassant : c D'après votre » demande obligeante, M. Rufz de Lavison avait bien voulu » me confier, au printemps dernier, une Brebis et un Bélier » de la race chinoise Ti-yang, dont je désirais essayer l'accli- » matation sur les bords de la Loire. Ils arrivèrent en bon » état chez moi, au château de Clermont, où beaucoup de )) personnes vinrent les voir, fondant de grandes espérances » sur leur fécondité. Après quelques jours ils tombèrent tout » à coup malades et en grand danger. Le vétérinaire voisin » ne savait qu'en penser, et leur fit administrer une dose de » vin blanc, qui produisit un bon effet. Il pensait, et ce l'ut » l'avis aussi de M. Blondel à qui j'avais demandé ses conseils » au Jardin d'acclimatation, que ce trouble violent et subit » provenait de l'avidité avec laquelle ces jeunes bêles, nourries » dans leur enclos avec des fourrages secs, s'étaient repues » des herbes abondantes des pelouses sur lesquelles on les 5 avait mises paître. Depuis ils se sont parfaitemenl portés et )i ont semblé très-robustes. Pourtant, au mois de décembre, » le Bélier toussait beaucoup, ce que j'attribuai à la petite >' écurie où on les renfermait la nuit, et en effet, en les » changeant de local, cette toux, qui m'avait inquiété, cessa. » M. Blondel désirant que la Brebis prît des forces et de l'âge » avant de devenir mère, je la séparai du Bélier, qui fut » envoyé dans une île sur la Loire, et elle resta avec une 2^ MiRii;, T. III. — Maiï et Avril ir-!(j(i. H 158 SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. » autre Brebis du pays jusqu'en octobre, où je les lis réunir. » A l'époque des chaleurs, en juillet, leurs toisons étaient si » peu fournies (ce que j'attribuais à leur jeunesse), que je ,} crus ne devoir pas les faire enlever, et cependant il fallut » s'y décider, parce que la laine au-dessous du cou et déjà du )) ventre tombait par grosses mècbes. Le produit fut presque » nul, 600 à 700 grammes pour tous les deux. Après l'avoir I) fait dégraisser, je fis filer par la fermière une petite partie » de la laine, qui ne ressemble nullement pour la longueur » à celle de nos Moutons, et de plus elle n'était pas frisée : il » me semblait qu'elle avait du rapport avec du poil de Chèvre. D Je vous en adresse une pelote; on pourra vérifier si elle a » des qualités qui compenseraient son manque de produit. » Enfin, depuis que je suis de retour à Paris, il y a moins de ') deux mois, on m'écrivait que la Brebis n'était pas pleine, et » ce matin cependant j'apprends qu'elle vient de mettre bas, » mais un seul Agneau. 11 faudra savoir si elle portera de 9 nouveau dans l'année. Nous avons dans le pays beaucoup » de Brebis qui sont plus grosses, donnent plus de laine, et )) rapportent deux Agneaux au printemps. Il serait bon par la » sélection de les élever, car à la lin de l'année leurs produits .) sont déjà forts, et cela vaudrait mieux que deux portées ne » donnant qu'un petit dont le second arriverait dans de moins .) bonnes conditions pour supporter les rigueurs de l'hiver. .) Quoi qu'il en soit, je vais continuer cette expérience, qui » ne répond pas à l'attente de mes voisins et de plusieurs » cultivateurs qui auraient désiré se procurer quelques indi- ^) vidus de cette espèce, dans la confiance de ses quabtés pro- » lifiques. )> — M. le duc de Gramont, membre honoraire de la Société, écrit pour proposer l'achat de trois Buffles blancs de Tran- sylvanie. — Renvoi au Conseil. " — M. Soubeiran communique une lettre de M. Hctting, (!e Christiania, sur la pèche du Saumon. (Voyez au Bulletin, p. 137.) — M. Faustin Gonneau écrit qu'après avoir usé du pro- cédé essayé par M. le marquis de Selve pour faire éclore des Feras, il n"a pas mieux réussi cette année que les précédentes. — M. Delidon adresse une Notice sur les Anguilles, leur domestication et les moyens de les préserver de la mortalité. (Voyez au Bulletin.) :, — M. Lucy dépose la copie d'une lettre de M. Dury, qui rinforme que, sur ses sollicitations, des négociants japonais se sont décidés à tenter par eux-mêmes l'introduction en France de graines de Vers à soie du Mûrier, et fait ressortir l'intérêt qu'il y aurait à voir réussir une entreprise de cette sorte. — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet, de le part de M. le chevalier Barulfi, un Mémoire de M. Joseph Corgero de Vonzo sur une tentative d'éducation de Bombyx yama-maï. L'auteur conclut, à son grand regret, qu'on ne peut espérer d'acclimater le Ver à soie du Chêne en Piémont. i': — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet une Note de M. Odobesco, à qui il avait demandé des rensei- gnements sur l'éducation des Vers à soie d'origine japonaise dans les Principautés roumaines. Cette Note constate les heu- reux résultats de l'introduction de cette race. (Voyez au Bulletin, p. lAO ) ; ç : ;: — Des remercîments pour les graines de Vers à soie de Chine qu'ils ont reçues sont adressés par MM. Bousquet, Angliviel-Lahécède, Buisson, Mares, Mignet, de Lachadenède, Garrisson, secrétaire de la Société d'agriculture de Montau- ban, marquis de l'Espine, Delpuech de Lomède, Pelon, Chabal, Rouillé-Courbe. ■ " — La Société d'acclimatation de la Grande - Bretagne remercie des graines de Bombyx yama-maï qui lui ont été envoyées. — M. Emile Nourrigat fait hommage d'une brochure inti- tulée : La maladie du Ver à soie dépendant de la feuille du Mûrier, 186d. — Remercîments. ~ M. Boucher adresse un Rapport sur ses cultures. -.■',>, — M"" la comtesse 0. de la Tour du Pin oflVe quelques graines de Cocozzelli provenant de ses cultures. — M. Philippe transmet une Note sur la végétation de J60 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOUlQUE d'AGCLIMÂTATJON. trois Agave d'Amérique cultivés à Saint-Mandrier, près de Toulon. ■ ; -.. • y — M. Pépin fait hommage d'un Rapport sitr le coicours agricole et horticole d'Êtrépagny (Eure). — llemercîments. — Il est déposé sur le bureau le tome X de VInstitut national genevois. — M. le professeur Duméril offre, au nom de M. le baron Larrey, une Notice sur M. Montagne, et en son nom personnel un travail intitulé : Des animaux utiles à l'homme, progamme d'wi cours de zoologie ou de zoolerJinie appliquée. (Voyez au Bulletin.) —■ M. de Frariéres fait hommage à la Société d'un exem- plaire de son livre Sur léducation antérieure, et demande que les vues exposées dans cet ouvrage soient l'objet d'un rapport ou d'un examen spécial. — M. Millet, après avoir résumé quelques-uns des faits à l'appui de la théorie ou de la doctrine de l'auteur, émet l'opi- nion qu'il conviendrait de les signaler aux mem])res de la So- ciété pour ouvrir une enquête à cet égard. Après quelques observations de MM. Clo(iuel, de hallage que les cartons ont à subir, une certaine quantité » de semence se détache, qui, recueiHie par les Japonais, est )) proposée sous le nom de kohouré (œufs tombés) à prix mi- » nime et au poids. A cause du fret exceptionnel et beaucoup » trop élevé ijue les Compagnies de transport à vapeur ont . •■ - , PROCÈS-VEIIRAUX. ; ;' ^ ,•;:,: 1(31 j imposé aux graines de Vers à soie (dollar mexicain, 1 fr. 10 c. » par kilogramme brut), il pourrait être avantageux d'utiliser » le plus possible le koboiwé. Des tentatives faites dans ce but » ayant complètement échoué, j'ai eu l'idée de faire subir à » la graine divers lavages successifs, et de l'emballer dans » une boîte de carton, après une dessiccation convenable. ji> Cet essai a complètement réussi. » — M. Duchesne-Thoureau informe la Société qu'il a parfai- tement réussi dans sa culture des graines de Pin de Higa que lui a données la Société, alors que presque personne n'a ob- tenu de résultat. Il donne quelques renseignements verbaux sur sa manière de semer les graines et de soigner les semis, et veut bien promettre de rédiger pour le Bulletin une note détaillée indiquant sa manière de soigner les graines. (Voyez Bulletin, p. 1/15.) M. Chatin partage l'opinion de M. Duchesne-Thoureau, et insiste sur l'utilité qu'il y a à suivre ses indications. :'\ ■ —MM. Bossin et le docteur Pigeaux donnentsur la Pommée?? terre Marjolin les renseignements suivants : « Introduite en » France en 18*2/i, M. Hedy, du potager de Versailles, lacul- » tivait sous le nom de Pomme de terre hâtive; ses qualités » précieuses la firent préférer à la naine Jiàtive d'Amérique, * fort réj)andue à cette époque. En 1829, M. Bossin en reçut » une petite quantité à titn* de faveur, et, après l'avoir soi- .» gneusement cultivée pendant cinq ou six ans, il la mit au » commerce en 183a, sous le nom de Pomme de terre de qua- » vante jours , ce qui lui valut la dénomination de Quaran- » taine^ qu'elle conserve encore aujourd'hui. Poiteau la » baptisa du nom de Pomme de terre hétéroclite, à cause de >) la dissemblance qu'elle alTecte parfois dans sa végétation. > Enfin, en 1837, M. le comte Lelieur la dédia à son ami le » docteur Marjolin, et ce nom lui resta depuis, et par altéra- » tion, beaucoup de cultivateurs l'appellent i7«yyo/«me. » En Angleterre, où elle fut importée, on lui donna le nom ;) de Kidney ou de Rognon, à cause de la forme qu'elle prend » quelquefois. ,, _ ^ .. » Elle est maintenant des plus répandues dans les cultures 162 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. » printanières, mais elle demande de grands soins de cm- y, servalion et une sélection atlenlive pour la conserver pure » de race. On doit surtout rejeter toutes celles qui fleurissent, » en en marquant soigneusement les pieds. » — M. le secrétaire donne lecture d'un Mémoire de M. Billot sur la récolte des œufs de Fourmis pour les faisanderies. (Voyez au Bulletin, p. 72.) — M. le baron Séguier indique la manière employée par -* les faisandiers allemands pour obtenir plusieurs récolles suc- cessives d'œufs dans une même fourmilière, en se servant de feuillard. (Voyez Bulletin, p. 77.) — M. Chatin confirme l'heureux emploi du feuillard pour la conservation des fourmilières, tout en récoltant les œufs. — M. Lucy fait remarquer que la récolle des Fourmis peut occasionner quelquefois des accidents, et signale un fait à l'appui de celle opinion.^- ' '- ■ ! - — M. de Quatrefages rappelle les observations si intéres- santes de Hiiber fils sur les Fourmis, et fait observer que réel- lement ces insectes réduisent quelquefois en esclavage des espèces diiïérenles de la leur. ■ -. . . — M. Lecreux signale diverses causes de destruction du gibier, et dépose un Rapport fait à la Société cynégétique du Nord. — M. A. Geoffroy Saint-IIilaire informe la Société de la naissance récente, au Jardin d'acclimalalion, d'un jeune Cha- meau. Celle naissance n'est pas la première qu'ait obtenue le Jardin, et il est intéressant de voir ce jeune animal, n'ayant pas encore ses bosses remplies de matière graisseuse, comme le sont celles de ses parents. ' - - =' ' ' " • — M. le Président proclame le résultat du dépouillement du scrutin. Le nombre des votants était de 351. (Outre les bil- lets de vote déposés dans l'urne par les membres présents, beaucoup de bulletins avaient été envoyés sous pli cacheté et conlre-signé, ou dans des lettres adressées, soit à M. le Prési- dent, soit à M. le secrétaire général.) Les votes ont été ré- partis de la manière suivante : rr.ocÈs-VERBAUX. 162 MM. . i - . % Président Drouyn de Lhcjys. 331 voix. Vice-présidents A. Duméril. 350 _ A. Passy. * 351 ■ • • ■' ' De Quatrefages. 351 ■î ' '■ Richard (du Cantal). 351 Secrétaire général. . . . Comte d'Éprémesml. 350 i: Secrétaires Dupin. 351 — ^Valli't. 351 ;"•.':, Comte de Sinétv. 351 _ SOUBEIRAN. 351 ■ ■'-■; Membres du Conseil ... De Belleyme. 331 — Jacquemart. • 351 ( ._■■■— . RUFZ DE LaVISON. 350 ; _ ■ Marquis DE Selve. 351 Trésorier . . . . .... P. Blacque. 331 D'autres membres ont obtenu des voix pour diverses fonc- tions. En conséquence, sont élus pour l'année 18(36 : MM. . . ■.. ..f ■ ■ • ^ Président Drouyn de lhuys. .^ Vice-présidenis A. Duméril. . — A. Passy, "... -^ . . de Quatrefages. < — Richard (du Cantal). Secrétaire sfénéral Comte d'Éprémesnil. . . - Secrétaire pour l'intérieur. Secrétaire du Conseil. . . Secrétaire pour l'étranger. Secréiaire des séances. . . Meml)res du Conseil. . . . E. DupiN. ' Ch. Wallut. . Comte de Sinéty. " • " '■ . .1. léon soubfiran. , , , De Belleyme. .= / — Jacquemart. " • " ' RuFz de Lavison. — ■ Marquis de Selve. Trésorier P. Blacque. — Le Conseil de la Société a nommé en outre : M. Albert Geoffroy Saint-Hilaire, secrétaire honoraire du Conseil. - ' Et M. Anatole Gillet de Grandmont, secrétaire adjoint des séances. •■ . :-. . \^l\ SOCIf^TR IMPRRIALE ZOnLOrjOUE D'ACCLlMATATinN. SÉANCE Di; 6 AVRIL 186C. Présidence de M. A. Passy, vice-présideiil. Le procès-verbal csl lu et adopté après quelques observa- tions de M. Lecreux sur une erreur glissée dans la rédaction du IhillHiu. (Voyez p. 4 88.) M. le Président proclanae le nom des membres récemment admis : .MM. Balacidi (Paul), avocat, à Bucharest (Valacbie). Bergeron, horliculteur,à Vaise-Lyon. Besson, cours Morand, à Lyon. BoRELLi (George), négociant, à Marseille. Fraîche, correcteur à l'Imprimerie impériale, à Paris. Gervais(P.), professeur à la Faculté des sciences, à Paris. Malingre (Louis-Stanislas), ingénieur civil, à Madrid. Senez (Kmilien), lieutenant de vaisseau de la marine impériale, à Toulon. Staumann (Gustave), à Paris. Staiimann (Wilbem), à Paris. * " ■ — M. le président annonce la perle regrettable de M. l'abbé Bertrand, membre lionoraire de la Société, qui, à plusieurs reprises, nous avait adressé des travaux importants sur la séri- ciculture en Chine, — Des lettres de remercîmenls pour les récompenses qui leur ont été décernées dans la séance publique sont adressées par MM. Buisson, Exinger, Cliaumel, Léon Maurice, Bussière de Nercy, Penisson, Sauvadon, Léon Vidal, Berlandier, Faus- lin Gonneau, Helting, Fabre, Personnal, Gbalot, et comte de Galljert. — M. Borelli adresse des remercîments pour sa récente admission. — M. le Président de la Société d'acclimatation de l'île Maurice annonce le prochain envoi d'une réponse au Ques- tionnaire émanant de la Société de Paris, et nous informe que M. Elisée Liénard est chargé de servir d'intermédiaire entre les deux Sociétés. — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères offre, an rnor.KS YFnnxrx. ■ ; : ■ 1(5.") nom (.le M'"*' la marquise de P»occagiovine, née princesse Julie Bonaparte, une Notice sur les travaux de son père, le prince Charles-Lucien Bonaparte, par M. Elie de Beaumont. — Be- mercîmenls. — M. Albert de Surigny annonce la perte de la Brebis chi- noise qui lui avait été confiée par la Société, et transmet un certificat du vétérinaire qui a fait l'autopsie. \\ donne les renseignements suivants : >' Comme j'avais eu l'honneur d'en i> informer la Société, celte Brebis avait mis bas, le 15 jan- )) vier 1866, un Agneau heureusement du sexe féminin. Cet » Agneau se porte très-bien, et j'espère le conserver pour » remplacer dans un an sa mère. La précocité de cette Bre- » bis, qui a mis bas à l'âge d'un an, a je crois contribué à son )) épuisement : depuis quelques jours, elle était atteinte de )> dyssenlerie; mais comme le Bélier avait eu pendant quelques )) jours un manque d'appétit et qu'il se portait très-bien alors, i) la personne chargée du soin de ces animaux s'était peu pré- >-) occupée de cette indisposition. Le 27, au matin, cependant, » craignant pour la santé de cet animal que j'avais l'habitude » de visiter tous les jours, je fis venir le vétérinaire du dépar- » tement (M. Pornou, à Màcon), qui eut la complaisance de » venir pour cet animal, par égard à la Société impériale d'ac- » climatation, car d'ordinaire il ne se déplace pas pour les bêtes » de cette espèce. Il trouva cette bête fort en danger, mais » aucun symptôme du typhus contagieux, qui d'ailleurs aurait » été impossible, l'animal ayant quitté le Jardin du bois de >^ Boulogne depuis huit mois, c'est-à-dire bien avant l'arrivée » des Gazelles d'Angleterre, et n'ayant communiqué chez moi )> avec aucun animal. Pendant ces deux derniers jours, j'ai suivi )) avec la plus grande assiduité les soins prescrits par le vété- » rinaire (potions d'eau de riz, etc., lavements d'amidon, etc., » toutes les deux ou trois heures) ; mais la bête a été en s'af- " faiblissant graduellement, sans cependant faire croire en » apparence que son état d'hier fût plus mauvais qu'il y a » trois jours. Les ruminants sont beaucoup plus vite enlevés » et moins faciles à guérir que les autres animaux, à ce que ;) m'a dit le vétérinaire consulté. La longue slabulalion de \66 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOI OGIQUE d'aCCMMATATION. » cette Brebis pendant un hiver pluvieux, qui ne m'a pas i) permis de la faire sortir quelque temps après la mise bas , » et le port précoce de l'animal, ont peul-éire contribué à » cette perte regretlable. Depuis longtemps, cependant, j'avais » pris la précaution de mettre le Bélier dans une boxe spé- !) ciale, et mon étable, qui ne renfermait que cinq Moutons » dans des boxes particulières, était dans des conditions con- D venablesde salubrité, et certainement bien supérieures aux )> conditions ordinaires du pays. J'ai, à côté, des Moutons )) de race suisse, et le Bélier chinois, qui sont en bon étal. » Je vous prie, Monsieur, d'exprimer tous mes regrets à la s Société impériale d'acclimatation, d'autant plus sincères i> que je prenais un grand intérêt à cette Brebis qui m'avait » été confiée et qui laisse un charmant Agneau. Dès que ce » dernier animal sera à l'état de puberté, je le séparerai avec « soin du Bélier, parce que je pense qu'il est nuisible dans )) l'intérêt de l'acclimatation de fjiire féconder une Brebis, » même précoce, avant l'âge d'un an au moins, c'est-à-dire 0 avant sa croissance complète. » ; .. , — Son Exe. M. le Ministre des alïaires étrangères transmet une Note sur les laines de la Mongolie, par M. E. Simon, con- sul de France à Ning-po. (Voyez au Ihd/etm.) — M. Billot adresse une Note sur la manière de se pro- curer en toutes saisons les Vers de farine recherchés par les éducateurs d'oiseaux. (Voyez au Bulletin, p. 13Zi.) — M, Turrel, délégué à Toulon, envoie un travail de M. Rimbaud sur lai)êche côtière. (Voyez au Bulletin.) — M. le Président du Comité d'aquiculture pratique de Marseille envoie le programme des prix à décerner en 1867. (Voyez au i)W/e/m, p. 12/4.) . — M. Chavannes, délégué à Lausanne, propose à la Société l'acquisition d'une certaine quantité de graines de Bombyx Yama-mai, reçues par le gouvernement suisse. — Renvoi au Conseil. .;■..;. — M'"' Boucarut adresse une Note sur ses éducations de Vers à soie, indiquant la quantité de graines obtenues par demi-kilogramme de cocons. ... . . , . .>aî,,... . : . : piiûCÈs-VERDAUX. :; . i j .';t'' ::.' -^ ^B" Japon vert {\'' reproiluct.) a produit par 1/2 kilogr. de cocons 44 gram. — blanc, id • *^ Japon vert (o*" reproduction) , id '^^\ — blanc, id • ^* Jap.in blanc et Salonique \ 27 1 .Jaune, croisé ('2^' généralion), id ) _ . Japon vert et Aix en Provence, id. . . . . . . . . .1 ^^ Jaune, croisé (4' généralion), id. . . . * . .V ;. .'. • \ .-:: M. Piazza offre une Noie intitulée : AUevamento del Bombicf! yamamaï del Giapone.' — Remercîmenls. ; — Des remercîmenls pour les graines de Vers à soie qu'ils dnl reçues sont adressés par MM. Sermanl et Besse. — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet la lettre suivante de M^' Perny : c II y a quelque temps que ,) je n'ai donné aucun signe de vie à la Société. Cela lient à .) des circonslances indépendantes de ma volonté. Cependant •^> j'ai suivi avec le plus grand intérêt les progrés si remar- )) quables de la Société, tout en admirant ses conquêtes paci- .) fi({ues. Celle année, je suis plus heureux. Je viens de pré- parer un petit envoi, qui, tout modeste qu'il est, pourra » partir de Chine dans quelques jours. J'espère que le Con- .) seil de la Société daignera le recevoir avec sa bienveillance .. accoutumée. Cet envoi consistera : i° En une corbeille de .) cocons [liOOO environ) du Ver à soie du Chêne. J'avais, ^) plusieurs mois à l'avance , prié quelqu'un à Chang-haï » de conserver de la glace pour entourer la corbeille de » cocons. J'y complais, en préparant mon envoi; nialheureu- ^) sèment, ma demande a été perdue de vue. L'unique obstacle » h la réussite d'un envoi de ce genre est le passage des tro- >^ piques. Néanmoins, après avoir pris les précautions pos- » sibles, la caisse qui renferme les cocons sera confiée à la » Compagnie des Messageries impériales. Je désire vivement » que cet envoi arrive en bon étal. La monographie de ce Ver » à soie, publiée dans un des Bulletins de l'année 1858, n dirigera les personnes qui seront chargées de faire l'édu- s) calion de celte espèce de Ver à soie. Je ne rappellerai ici î> qu'une chose, de peur de l'avoir omise dans la monogra- » phie. C'est surtout sur le (^hêne châtaignier qu'on élève >) 168 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » ces Vers à soie. 2" En deux caisses disposées à la Ward, » renfermant des jeunes plants d'arbres. Plusieurs conimis- y> sions de la Société ont signalé, dans leurs rapports, ces » plantes comme pouvant être utilement introduites en )' France. Chaque plante porte une étiquette chinoise avec » un numéro d'ordre en caractères européens. Au moyen » de la liste ci-jointe, il sera facile de reconnaître les noms » de chacun de ces jeunes plants. 3" En un petil paquet ren- » fermant le Polype à vinaigre desséché. On avait mis en » doute l'existence de ce Polype. Un de mes confrères m'en » a informé, en me demandant s'il ne conviendrait pas de ne » point laisser planer de doutes sur la véracité du témoignage » de l'honorable M. Hue. Sur ma réponse afïîrmative, il s'est » empressé de se procurer ce Polype et de l'envoyer à Ghang- » haï. Dans les provinces occidentales de la Chine, je ne l'ai » point vu vivant. Les Chinois des provinces maritimes le ;) font dessécher et l'expédient, dans cet état, à l'intérieur de ;) la Chine. On s'en sert comme de condiment dans les grands » repas. En plaçant ce Polype desséché dans un vase qui ren- » ferme de l'eau mélangée avec un peu de vinaigre, il reprend » une partie de sa forme naturelle, mais il n'a plus la force }> productive. Les chimistes pourront l'étudier dans cet élat » là. Enfin, j'avais fait un choix de belles Ignames d'une >> espèce inconnue en France, je crois, et plus faciles pour la )) culture que celles de M. de Montigny. Mais le Chinois qui » conduisait ma barque les ayant placées, à mon insu, près ;) d'une jarre de vin chinois, je les ai trouvées, en arrivant ') ici, à mon grand regret, un peu avariées. Je renonce à les )) envoyer. Une autre fois, j'espère réparer cette perte. » Les cocons sont arrivés dans un très-mauvais état de con- servation. Sur les /iOOO environ que contenait la corbeille, 2/iOO seulement ont pu être réservés pour en tenter l'éclo- sion. Les autres étaient éclos ou avaient été mangés par les .rats. ■■■.'. ■'■■,, _ , •■ ; ,: — M. de Plagniol fait hommage d'une Note intitulée : Obser- vations microscopiques des (/raines de Vers à soie pour la réco/te de IS6Q. • • ;- ,, . > ".^^ rr.OLÈS-VEHBAL'X. ! Ci» — Son E\c. M. le Ministre des atl'aires étrangères adresse, au nom de M. Giuseppe dell' Oro, de Milan, une Notice sur les méthodes locales d'éducation des Vers à soie du Japon, par M. Isidore dell' Oro, et un exemplaire de la version italienne, laite également par M. Isidore dell' Oro, du petit Traité du docteur japonais Ouekaki Morikouni. Cet opuscule, déjà tra- duit en italien par Bonafous d'après une version hollandaise, était devenu une rareté bibliographique, et M. I. dell' Oro s'est servi d'une seconde traduction faite directement sur le texte original par M. Mermet de Gachon, premier interprète du consulat général de France. — Piemerciments. — M. de Saulcy oiïrc une Note qu'il a publiée Sur quelques éducations de Vers producteurs de la soie. — Ilemercî- ments. ' , — Des demandes de graines de diverses espèces de Bombyx sont adressées par MM. Szlik et Cusachs. — M. Ortiz de Zevallos fait hommage à la Société de graine de Quinoa et de Maïs violet des Cordillères. — Uemercîments. — M. Uamon de la Sagra fait hommage à la Société de tubercules d'une plante de l'intérieur de l'île de Cuba, nommée dans le pays fJerenes ou Yerenes (Maranta allouya, Aubl.). — Remerciments. — Son Exe. M. le Ministre des ad'aires étrangères transmet la lettre suivante de M. Naudin, de l'Institut : " J'ai fait » venir du Chili, à grand'peine, mais avec un grand succès, » une quantité assez considérable de graines d'un superbe ^) Palrpier, le Cocotier du C'A«7/, autrement dit Jubam specta- » bilis, plus grand et plus beau que le Dattier, et surtout beau- ') coup plus rusli(iue, ainsi qu'en font foi quelques jeunes ^) individus cultivés depuis cinq à six ans, à l'air libre, dans )' le Jardin botanique de Montpellier, où l'hiver est loin d'être ') doux, et où ils ont parfaitement résisté, sans aucun abri, à » la neige et à des gelées de 12 degrés au-dessous de zéro, » qui ont fort maltraité les Oliviers. Je regarde ce bel arbre » comme acquis à toute la région où l'Olivier mûrit ses fruits, )) et où il deviendra, si l'on veut, le plus bel ornement des » jardins, des parcs, des stations de clicuiins de fer et des i 70 ^0C1E1'K IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. > promenades piiblitjues. C'est déjà un premier service à en » tirer. Il yen aurait encore d'autres, car, dans son pays » natal, il donne de grandes quantités de fruits, dont on fait » un commerce assez important avecle Pérou. Ces fruits sont » des drupes sucrées, de la grosseur et de la couleur d'un ^ abricot moyen, qui se mangent en nature et servent à faire » des compotes. Le noyau, facile à casser, conlient une amande ^> huileuse, qui est fort employée, au Cliili, h l'engraissement » du bétail. Entin, cet arbre est encore très-exploité comme » plante saccbarifére. J'ar la résection des spadices qui por- » lent les ileurs, on en obtient une sève sucrée qui se con- » dense en miel ou que l'on convertit en boisson alcoolique el. ') en liqueurs. Il y aurait donc là une intéressante acquisition » à faire pour Tborliculture méridionale de la France, et jus- 9 qu'à un certain point pour l'agriculture... Un autre endroit ) où cet arbre réussirait à coup sur, c'est la Corse, celte île ) si admirablement douée pour faire des essais d'acclimatation > de végétaux et d'animaux exotiques. Malheureusement je » n'y connais personne, personne du moins sur qui je puisse )) compter pour faire l'expérience en question... » -- Son Exe. ivl. le Ministre des afi'aires étrangères transmet, au nom de M. Stanislas Julien, de l'Institut, une Notice tra- duite du chinois, Sia' la culture de VUrtka nivea. — Hemer- cîments. (Voyez au Z^?///e//7?, p. 176.) — M. le consul de France à Riga annonce l'envoi d'une certaine quantité de graines de Pin de Uiga, qui seront dis- tribuées aux membres de la Société.-'''^ v''^--^^ ■' ■ -^' «jo,^- :.u,..,,, .^ — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet nn Mémoire de M. Damourette sur la question du métayage. — 11 est déposé sur le bureau plusieurs numéros du jour- nal le Ixanieaa de Sapin, organe du club jurassien. — M. Polaillon adresse un échantillon d'une toile végélalf destinée à protéger les espaliers. — -M. GeolTroy Saint-IIilaire offre à la Société : 1" une caisse contenant des graines de Coca ; 2" un llacon rempli de graines de Quinquina. ■ Ces graines ont été remises à M. le capitaine Hocher, com- mandant le navire Singapoore du Havre, par M. le consul général de France à Arica. La quanlilé de ces graines est assez considérable pour qu'on en puisse distribuer en dillerentes contrées, et particulièrement dans les co- lonies. La Martinique, la Réunion, Maurice, etc., ajoute M. Geoffroy, ne pourraient-elles utilement essayer la culture de ces plantes? . , . , — M. Soubeiran lait observer que les graines de Quinquina perdent très-rapidement leur l^aculté germinalive, qu'il est donc probable qu'elles ne donneront aucun résultat; mais qu'il n'en est pas de même des semences de Coca. -— M. le secrétaire donne lecture du travail de M. Billoi sur la manière de conserver et multiplier les Vers de farine, larves du Tenebrio molitor. L'auteur conseille de faire usaç-e d'une caisse de bois recouverte de zinc et doublée à sa partie supérieure d'une feuille métallique pour empêcher la sorlie des vers. La caisse doit contenir des couches superposées de son, de liirine et de laine. Pour servir de nourriture aux larves, on place dans la caisse des tendons et des os à demi- décharnés. La récolte des vers se fuit en étendant, le soir, une toile humide sur le sol d'un grenier à farine. Le travail de M. Billot se termine par la formule de diverses pâtées au cœur de bœuf mélangé avec de la farine de pavot, et à la viande cuite de bœuf broyée avec des carottes crues, destinées à la nourriture des Becs-fins. (Voyez au Bulletin, p. 13/i.) 172 SOCIÉTÉ IiMl'ÉKlALE ZUOLUGKjUE u'aCCLIMATATION. — M. Collardeau donne des renseignements sur la culture des Pommes de terre des Cordillères qui lui ont été remises il y a quatre ans par la Société. Ces Pommes de terre rapportent beaucoup, mais elles ne sont mangeables (ju'à partir du mois d'avril. i\l. Collardeau pense qu'elles mûrissent tardivement ; la preuve en est qu'à cette époque, elles ne présentent encore aucun germe: il est donc probable qu'elles ne mûriront pas dans les années froides. — M. Duméril fait bommage à la Société, au nom de M. Aimé de Soland, président de la Société linnéenne de Maine-et-Loire, d'un travail qu'il vient de publier dans les Annales de cette Société, et qui a pour titre : Études sur les Ophidiens de CAvjou. Ce travail, qui contient des observa- lions personnelles de l'auteur sur le genre de vie des Cou- leuvres, renferme en outre une réponse détaillée au (Ques- tionnaire sur la Vipère, dressé par la Société. M. de Soland n'a connu ce questionnaire que postérieurement à la rédac- tion du Rapport [)résenté à la Société sur les réponses qui lui avaient été faites. Son travail renferme des détails intéressants. — M. le secrétaire donne lecture d'un travail de M, Eugène Simon, consul de France à Ning-po, sur les immenses trou- [leaux de Moutons de Mongolie, dont la laine, de médiocre qualité, pourrait être aisément améliorée par des croisements intelligents. (Voyez au Bulletin.) — Il est donné communication d'un Mémoire de 31. Delidon sur la domestication des Anguilles. — M. Duméril fait observer que l'auteur de ce travail con- sidère à tort les Anguilles comme se nourrissant de végétaux. — M. le baron Séguier, remarquant que l'auteur s'étend sur la ponte des Anguilles, demande s'il a été donné aux na- turalistes d'observer les œufs de ce poisson. • . • • /'.;•■: , . — M. Duméril rappelle que deux thèses, l'une de M. Horn- schucli-llobnbaum, l'autre de M. Schluesser, signalent dans les Anguilles l'existence de corps particuliers qui sont consi- dérés comme des œufs; mais que les spermatozoïdes n'ont jamais été observés. Toutefois il est acquis à la science (|uc les Anguilles ne sont jias vivipares. VUUGÈS-VERBAUX. ITi — M. le hciroii Séguier signale, comme lorl accréditée parmi les pêcheurs, cette erreur grossière, que ce sont les Goujons qui, au mois de mai, produisent les Anguilles. A diverses reprises, il lui fut montré des Goujons soi-disant remplis d'Anguilles, et qui, en réalité, ne contenaient que des Helminthes. — M. Coste rappelle que dans son Histoire du développe- ment des corps organisés, il a donné la description des organes mâles et femelles des Poissons anguilliforraes. En voici le résumé : « Si l'on examine, dans la cavité abdominale des » Anguilles adultes, les deux franges parallèles qui adhérent » latéralement à la colonne vertébrale, on en trouve le tissu )) garni partout d'innombrables vésicules oviformes. Ces vési- » cules, dans les ovaires des femelles, ont une forme assez » régulièrement ovalaire. Les granulations qu'elles contien- » nent sont si nombreuses, qu'elles leur enlèvent leur trans- » parence; au contraire, les vésicules spermatogènes, chez les 9 mâles, sont plus petites, plus transparentes et moins gra- » nuleuses. Tandis que les vésicules oviformes s'égrèneraient •> chez la femelle, les spermatozoïdes, conservant leur forme » primordiale, seraient déversés dans la cavité abdominale par » la rupture des vésicules spermatogènes. De là ils seraient )) expulsés par les ouvertures qui leur permettent d'aller à » rencontre de l'œuf femelle qu'ils sont destinés à féconder : » mais, comme la science n'a encore à cet égard aucune ob- » servation ]»récisc à produire, M. Coste propose de deman- » der à M. Delidon s'il a réellement vu les œufs de l'Anguille, » et s'il pourrait en adresser à la Suciété. » — M. le baron Séguier dit que les marins prétendent re- connaître les Anguilles à la couleur de leur peau. — M. le Président décide qu'il sera écrit à M. Delidon pour l'informer de i'inléressante discussion qu'a fait naître sa communication, et le prier de préciser dans un nouveau Iravail, autant qu'il le pourra, la relation des études (ju'il a faites sur les mœurs de l'Anguille. Le secrétaire-adjoint des séances, A. G. DE Grandmom. 2'- SÉRIE, r. 111. — Mais et Avril 1860. 12 IIL CHRONiaUE Sériciculture. Mon cher Directeur, Il y a quelques semaines, j'eus l'occasion de voir de près un essai d'éle- vage pratiqué sur des Vers h soie. C'était au cliàteau de Vieux-Fumé, qu'ha- bite M. Bi'nard, ancien greffier en chef de la cour impéria'e de Caen. !\I. B;*nard consacre à riiorlicullure et à la sériciculture les loi>irs que lui a faits une existence laborieusement employée. Ilcullive les fleurs par goût ; i! s'occupe des Vers à soie pour obéir à une tradition qu'il a trouvée dans sa famille et qu'il continue. Ce n'est donc pas de nos jours seulement qu'on s'est eflbrcé, dans un pays oili l'on travaille la dentelle, d'inlroduire la culture de la matirre pre- mière, c'est à-dire de l'insecte qui donne la soie. Si vous m'accordiez l'es- pace nécessaire, je vous enverrais de longs extraits d'un mémoire très- curieux, écrit il y a cent ans et plus par M. Lhonoré, grand-oncle maternel de M. Bénard. L'auteur du mémoire a pratiqué ses essais à Vieux -Fumé même. Sa ferme conviction était que le Ver à .soie pouvait naître, vivre et se transformer sous notre cimat du \ord aussi bien que dans le Midi. L'éle- vage demande à peine quelques précautions de plus, mais le produit peut très-bien être assuré d'une manière constante, et donner un bénéfice certain. lîevenir sur ces expériences qui remontent à une date aussi éloignée; prouver de nouveau que la chose est faiNable dans de bonnes conditions, tel est le but que s'est proposé le successeur d<.' M. Lhonoré. S'il réussit à appe- ler l'alteniion du public sur sa tentative; si quelques imitateurs suivent son exemple, il croira avoir rendu à son pays un véritable service, et il s'esti- mera heureux du résultat que ses efforts auront obtenu. Il vous semblera, comme ii moi, assez logique que la contrée où l'on tisse ces admirabbs dentelles qui font le bonheur de nos grandes dames, pro- duise également la soie dont elle a tant besoin. A moins que les influences atmosphériques de notr»' ciel parfois bien humide et bien inconstant ne soient contraires d'une manière absolue au Ver à soie, j'estime que l'on a tort de négliger cette branche de l'industrie agricole. Tant que la preuve de cette impossibilité n'aura pas été démontrée péremptoirement, je dirai que l'on a raison d'essayer, d'essayer toujours et sans cesse, jusqu'à ce que le public soit bien édifié, et jusqu'à ce qu'il !-e mette, lui aussi, à pratiquer cet impor- tant élevage. Je crois que M. Bénird, .sur ce point, est bien près du succès. .Vlais, vous le savez, il ne faut pas si-ulement songer à la soie que donne chaque insecte, il faut d'abord lui assurer une nourriture saine et abon- dante. La feuille du Mûrier est la meilleure de toutes. Eh bien! le .Mûrier, le blanc surtout, est un des arbres qui s'arrangent le mieux de notre sol. A Vieux-Fumé, j'en al vu qui sont énormes et très-beaux, .Malheureusement, CHUOiNIQUE. * i7.S iis ae soiU nulie puU ou assez grande quaiUile pour peniitUre Téducatioa d'un grand nombre de Vers à soie. Aussi M. Bé.iard a-t-il planté en même tem.os de jeunes Mùrieis purlout où iJ a pu le faire. Les anciennes douves du ciiàieau en sont couvertes, et j'ai vu une mare desséchée qui bientôt va se transformer aussi en un plant de Mûriers. * Ce.s Mûriers ne sont pas destinés à devenir des arbres. On les taille de manière à les faire pousser du pied et à navoir que des buissons. Dès la première année, on a fait sur eux Ja récolte des feuilles, et ils ont conln- bué pour leur boune part à la nourriture des maguiliques vers que do sède M. iiénard. ^ Le niomenl est bien choisi, du reste, pour renouveler ces expériences. Vous vous rappelez le cri d'alarme poussé dernièrement par toutes les ma- gnaneries du Midi. Le Ver à soie est attaqué de maladies qu'aucun soin n'a pu conjurer. Les plus belles races s-éleignent. La récolte de la soie a subi une diminution et une dépréciation nol.ibles. i'our peu que cela continue, nous en serons réduits en France à recourir chaque année à l'étranger pour avoir non-seulement de la soie bien inférieure en qualité à la iiôtre et d'un apprêt bien plus diilicile, mais encore pour avoir de la graine. Il n'esi pa.s facile de se procurer ni l'un ni l'autre, i.es pays de provenances sont si loin de nous! C'est de l',xtrème Orient que nous tirons ces produits. Pour la graine surtout, elle court, dans ces longs voyages, toutes sortes de dangers, et ne nous parvient en état convenable que par miracle. Vous vous ferez une idée de l'importance qu'il y a pour la France â con server cette précieuse industrie, quand vous saurez que M. Dumas, d.ns -.on rapport au sunal, estime après de 110 miilions son revient annuel. 11 faut donc traiter sérieusement tout essai t(;nté pour i introduire dan. un pays. Les expériences laites à Vieux-Fumé ont été suivies avec beaucoup d'at- lenuon. il ne faut p.is s'imaginer cependant qu'dlrs aient été l'objet de pré- cautions coûteuses, au point de se traduire par uiie perte pour l'expérinun- taleur. Quand il s'agit de préconi>er une chose iiouvelie quelque part, sans doute il en coûte toujours un peu à celui qui lait le premiiT eiibrt; mais, dans re..pèce, rieij de plus simple, de moins cher et de plus tôt fait. Du jour de la naisbance du ver au jour où le cocon est bon à dévider, il se passe deux mois à peine. Dans le Midi, on commence vers la nu-avril, et à la fin de mai tout e.l fini. Chez nous, ce sont les mois de mai .-t de juin qui con- vieiidraient le mieux. Au mois de mai doiic, M. iiL;nard avait environ 7u00 à «000 vers éclos Ils étaient étalés sur de grands cartons Uans un tout petit cabinet convenable^ meal aère. On eut soin dy maintenir la température nécessaire, et tout en l'aeraiu, de le préserver, au moyen d'une doublo port- et d'iui- doub e lenelre, de tout hôte dangereux. La graine, venue partie de h Touraiae, partie du Japon, .Hait excellente L cciosion s est très-bien faite. Léo vers, nour.is de feuiiles d^' Mûrier blanc, 176 SOCIÉTÉ IMPÉRIATE ZOOLOGIQUE D'ACfJLIMATATiON. en quantité suffisante, ont trôs-bicn réussi. Ils ont subi leurs différentes trans- formations dans les meilleures conditions, et, tandis que dans le Midi les magnaneries ont éprouvé cette année des pertes montant parfois jusqu'à 70 et 80 pour 100, à Yieux-Fumé on esi resté dans la moyenne ordinaire des meilleures récoltes, c'est-à-dire entre 10 et 15 pour 100 de déchet. Les cocons ont été d'une blancheur merveilleuse. A la lin de juin, on les comptait par centaines dans les bruyères préparées nd hoc On peut dire que l'élevage du Ver à soie est tout bénéfice pour celui qui le pratique. C'est en quelque sorte un ouvrage de femmes, et dans les cam- pagnes du iMidi, c'est à elles surtout qu'il incombe. D'une année à l'autre, on conserve la quantité de graine nécessaire. Le temps de l'éclosion arrivé, ce n'est plus qu'une question de bons soins. Il faut donner aux \ers leur nourriture régniièrement, veiller à ce qu'aucun autre insecte ne vienne leur faire la guerre, et les garantir contre tout brusque changement de tempéra- ture. Deux mois après, on a une récolte de cocons qui se vendent à bons prix, et l'année suivante on recommence à nouveau. Le Mûrier blanc se laisse volontiers dépouiller de ses feuilles presque jus- qu'à la dernière. On peut le planter partout, dans les terrains même où l'on n'oserait mettre un Orme ou im Peuplier. En le conservant à l'état de buis- son. OR peut, sur un espace de terrain relativement restreint, en avoir assez pour permettre un élevage montant jusqu'au produit de quelques kilos de cocons. Le seul travail est pour ainsi dire la cueillette des feuilles qu'il faut faire fréquemment, et c'est un travail qu'une femme fait très-bien. Le résultat obtenu à Vieux-Fumé me porte à croire que les veis suppor- teront facilement notre climat et donneront de la graine convenable. Nous sommes ici loin de l'épidémie qui les ravage dans le Midi, et je sais que l'expérimentation dont j'ai été en partie témoin s'est faite dans une atmos- phère de 2 degrés au-dessous de la température ordinairement indiquée. L'année prochaine, une nouvelle expérimentation se fera à Vieux-Fumé sur une plus grande échelle. J'en suivrai avec plaisir tous les détails. Avant cela même, m j'apprends quelque cbose d'intéressant à ce sujet, je vous en ferai part. Je sais que vous aimez à préconiser tout ce qui peut être un pro- grès et un profit pour notre agriculture. Agréez, etc. P. de Vern. 'Kxlraii du 2lo/iiteur du Vti/radofdn i^'^ septeiiiiirel8C5.) ¥ Renseîgnemenfs swr ta j>lanto tevîîlo TCUOU-.M A (Ui'tica iiivoa), extrait des livres chinois. Par M. Stanislas JULIEN, Membre de l'instilut, Professeur de langue chinoise au Colléye de France. Les personnes qui ont visité, il y a vingt-cinq ans, dans les salles de )\Vole primaire de la rue Saint-Laurent, les produits de l'industrie chinoise CHRONIolJi:. 17 7 rapportés par les délégués de l'ambassade eu Chine, ont remarqué avec un vif intérêt des pièces d'un tissu fin et soyeux, que les indigènes appellent hia-pou ou toile d'été, et qu'on fabrique avec les filaments de la plante connue des botanistes sous le nom d'Urtica nivea. Des graines ont été en- voyées de Canton par M, Héiierl, en 18/i3; mais elles ne sont point venues, et j'ai entendu, à cette époque, plusieurs agriculteurs exprimer l'opinion qu'elles ne pouvaient germer dans nos climats. Je regrette de n'avoir pas traduit alors les documents que j'ai l'iionneur de communiquer aujourd'hui. Après les avoir examinés attentivement, les personnes compétentes reconnaî- tront que l'insuccès n'a tenu qu'à l'ignorance où l'on était des soins minutieux et délicats qu'exige la culture de cette plante. Le teillage, le rouissage et le blanchiment de ces précieux filaments sont exposés, comme on le verra, par les auteurs chinois, avec une netteté et une richesse de détails qui ne lais- sent rien à désirer aux personnes qui voudront enrichir notre pays de cette nouvelle branche d'industrie. En attendant qu'on reçoive de Chine un se- cond envoi de graines, on pourra se procurer au Jardin des plantes, qui possède de magnifiques toulîcs iVUrtica nivea, des racines ou de jeunes su- jets, qui, à l'aide des procédés décrits ci-dessous, permettront de multiplier cette plante, et de fournir à nos fabricants une matière première qui, sous leurs mains habiles, donnera un tissu aussi moelleux que la soie , aussi fin mais plus fort et plus nerveux que les plus belles batistes. Culture du Tchou-ma ((Tt/con/rta). {Traité imiter lai d' agriculture chinoise, liv. LXXVIII, fol. 3.) « Pour semer le Tchoii-ma dans le troisième ou le quatrième mois, on choisit de préférence nne terre sablonneuse et légèn-. On le sème dans un jardin: si l'on n'a pas de jardin, on peut adopter un lorrain situé près d'une rivière ou d'un puits. On bêche la terre une ou deux fois; ensuite on forme des plates-bandes larges d'un pied et longues de quatre pieds ; après quoi, on bêche encore nne fois. On tasse la terre superficiellement, soit avec le pied, soit avec le dos de la bêche, et lorsqu'elle est un peu ferme, on l'égalise avec un râteau. La nuit suivante, on arrose les plates-bandes, et le lendeuiainj av ec un râteau à petites dents, on relève la terre, puis on la nivelle de nouveau. » Ensuite on prend un dcim-ching (260 centilitres) de terre humide et un ho (52 centilitres) de graines, et on les mêle ensemble. Avec un ho de graines, on peut ensemencer six ou sept plates-bandes. Après avoir semé, il n'est pas nécessaire de recouvrir les graines de terre, car, si on le faisait, elles ne germeraient pas. » On prend quatre bâtons, dont l'extrémité inférieure est taillée en pointe, et on les enfonre en terre en les alignant, deux d'un côté de la plate-bande et deux de l'autre ; ou s'en sert pour appuyer une sorte de petit toit de deux ou trois pieds de haut, que l'on recouvre d'une natte mince. » Dans le cinquième ou sixième mois, lorsque la chaleur du soleil est de- venue forle, oa recouvre relte lé'.>,ère natte d'un paillasson épais. Si l'on ne 178 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. prenait pas cette précautiou, les germes de la plante seraient détruits par ia chaleur. • » Avant que la plante j^erme, on lorsque les premiers germes com- mencent à paraître, il ne faut pns arroser. A l'aide d'un balai tremp»* dans l'eau, on mouille le toit de nattes, de manière à tenir humide la terre qu'il recouvre. Chaque nuit, on enlève les nattes alin que les jeunes pousses re- çoivent la rosée. » Dès que les premiers germes ont paru, si l'on voit des herbes parasites, il faut les arrarher immc'diatoment. Lorsque la plante a acquis deux ou trois doig'sde hauteur, le loii n'est plus nécessaire. Si la terre est un peu sèche, on l'arrose légèrement jusqu'à la profondeur de trois pouces. » On choisit alors une terre un peu forte, et l'on forme d'autres plates- bandes pour y établir les jeunes plants. La nuit suivante, on an ose les pre- mières plates-bandes où sont encore les jeunes sujets ; puis le lendemain matin, on arrose les nouvelles plates-bandes qui les attendent. On les enlève avec la bêche en conservant une petite motte de terre autour de chaque pied, et on les transplante (on les repique), à la distance de quatre pouces les uns des autres. On bine frtquf;mment. » Au bout de trois à cinq jours, on arrose une fois; puis, au bout de dix jours, de quinze et de vingt jours, on arrose encore. ■ » Après le diAième mois, on les recouvre d'un pied de fumier frais de bœuf, d'âne ou de cheval, » MÊME SUJET. (Extrait du Traité général (fagricuUure intitulé Nong-tching-tsiouen-chou.) « Lorsqu'on cultive le Tchou-ma [Urtica nivea) pour la première fois, on se sert de graines. Après qu'il est voiui de semis, les anciennes racines don- nent spontanément de nouveaux jets. Au bout de quelques années les racines se croiseni et s'enirebcenl, et il faut séparer les tiges et les replanter. >) Aujourd'hui, dans les pays de 'Ân-kiny et de Kien-nhuj, beaucoup de prr.-onnes délaidient avec un couteau des portions de racines et les replan- tent. Ceux qui n'ont pas pu se procurer de la graine imitent aussi le procédé usité pour obtenir des plants de Mûriers provenant de marcottes. Les résul- tats de cette pratique .sont exlrèmenient rapides. » Mais dans les pays où H n'existe pas de racines de Trhou-ma, et où ij , serait difficile d'en faire venir de loin, il convient de recourir à la graine. » Dès que les jeunes plants ont quelques pouces de hauteur, on \ps arrose avec de Peau mêlée par moitié de jus de fumier. Après avoir coupé les tiges, il faut arroser immédiatement; nuiis cet arrosage doit avoir lieu la nuit ou par un temps couvert; car si l'on arrosait en plein soleil, la plante se rouil- eraiL 11 faut bien se garder de faire usage du fumier de porc. , , a Le Tchou-ma peut être planté tous les mois; mais il faut que ce soit dans un terrain humide. » CHRONIQUE. A'^^ Transplantation et multipli cation du I'ciiou-ma. {Traité impérial d'agriculture, liv. LXWIII, fol. 5.) « Lorsque les touffes du Tchou-ma sonl très-foiiniies, on creuse la terre tout autour, et Ton eu d»5laclie les nouveaux pieds que l'on transplante ail- leurs. Alors le pied principal végète avec plus de vigueur. Au bout dequa- , ire ou cinq ans, les pieds anciens se trouvani exlrènieniont fournis, on les divise el on les replante sur d'autres plaies-bandes. » Quelques personnes se contentent d'abaisser les lone;ues tiges, et oI)lien- nent des marcottes par le procédé ordinaire. » Quand une plate-bande est trop garnie, on en éiai)lil une nouvelle qui fst bientôt suivie de plusieurs autres. De cette manière, les plants se mul- tiplient à l'infini. ,) Un choisit d'avance une terre grasse qui a été bien labourée en au- tomne, et on la fisme avec du fumier lin. Le printemps suivant, on trans- plante. La meilleure époque est celle où la végétation commence; !a seconde époque (sous le rapport de la convenance) est celle où les nouvelles pousses paraissent; la troisième époque (c'est-à-dire la moins convenable) est celle où les tiges sont déjà grandes. ,. On espace les nouveaux plants d'un pied et demi, et, quand ils ont été bien entourés de terre, on arrose. » En été et en automne, il faut profiler du moment où la terre vient d être luimeclée par la pluie. On peut aussi transplanter les jeunes tiges dans des lieux voisins, mais il est essentiel de conserver une moite de terre autour de chaque pied. » MÊME SUJET. « l'our multiplier les plants de Tchoa-ma, on sépare avec un couteau des portions de racines de trois ou quatre doigis de longueur, et on les couche par deux ou trois dans de petites fosses éloignées Tune de l'autre d'un pied Cl demi. On les entoure de bonne terre el l'on arrose; on renouvelle celle irrigation trois ou cinq jours après. Quand les nouvelles tiges ont acquis une certaine élévalion, on bine fréquemment. ,, Si la terre est sèclie, on arrose. S'il s'agit de transporter ces plants au loin, il faut que la racine conserve sa terre première, bien enveloppée de feuilles de roseau. On les enferme, en outre, dans une natte pliée de ma- nière à les préserver de l'air et de la lumière. On peut alors les transplanter en toute sécurité a une distance de plusieurs centaines de lis (dizaines de lieues). » La première année, quand la plante a atteint la hauteur d'un pied, on fait une récolte; on en fait une autre la seconde année. Les fibres des ti§es coupées sont bonnes à lilcr. » Chaque année, dans le dixième mois, avant de couper les rejetons qui dépassent la racine, on couvre la terre d'une couciie épaisse de fumier de 180 SOCICTÉ IMI'ÉIUALE ZOOLUGigUE d'aCCLIMATATIoN. bœut ou dt* cheval. Dans le second mois, on enlève le fumier avec un râteau, afin que les nouveaux sujets puissent sortir librement. Au bout de trois ans. les racines se trouvent extrêmement fournies ; si l'on ne transportait pas une partie des plants qui viennent en toulîes serrées, ils s'étoufferaient les uns les autres. Récolte du Tchou-ma. )) Cliaque année, on peut faire trois récoltes. A l'époque où l'on coupe les tiges, il faut que les petits rejetons qui sortent du pied de la racine aient environ un demi-pouce de haut. Dès que les grandes tiges sont coupées, les rejetons poussent avec plus de vigueur, et donnent bientôt une seconde récolte. Si les jeunes pousses étaient trop hautes, il ne faudrait pas couper les grandes tiges; les rejetons ne pourraient prospérer et nuiraient au déve- loppement de ces grandes liges. » Vers le commencement du cinquième mois, on fait une première ré- colte ; une deuxièiîie au milieu du sixième mois ou au commencement du septième mois; enfin une troisième au milieu du huitième mois et au com- mencement du neuvième mois. Les tiges de la deuxième récolte croissent plus rapidement que les autres; leur qualité est infiniment préférable. a Après la récolte, on couvre de fumier les pieds de Tchou-ma, et l'on arrose immédiatement; il faut bien se garder d'arroser en plein soleil. , Teillane des filaments du TCHOV-MA. ») Lorsque la récolte des tiges est finie, on prend un couteau de bambou, ou un couteau de fer, et on les fend à partir de l'extrémité. On enlève d'abord Vécorce ; puis, avec le couteau, on ratisse la couche inférieure, qui est blanche et recouverte d'une pellicule ridée qui se détache d'elle-même. On trouve alors les fibres intérieures ; on les détache et on les amollit dans de l'eau bouillante. Si l'on teille le Tchou-ma en hiver, on fait tremper d'avance les tiges dans l'eau tiède ; ce qui les rend plus faciles à fendre. » La première couche de filaments du Tchou-ma est grossière et dure, et n'est bonne qu'à faire de l'étoffe connnune ; la deuxième est un peu plus souple et plus fine ; la plus estimée est la troisième couche, qui sert ;\ fabri- quer une étoffe extrêmement fine et légère. , ^ Rouissaye et blanchiment du Tchou-ma. » On réunifies tiges et l'on en forme de petites bottes que l'on place sur le toit de la maison, pour qu'elles soient humectées par la rosée de la nuit, et séchées ensuite par la chaleur du soleil. Dans l'espace de cinq à sept jours, elles acquièrent d'elles-mêmes une blancheur parfaite. Si le temps est cou- vert ou pluvieux, on les fait sécher dans un lieu couvert et exposé à un courant d'air. SI elles étaient mouillées par la pluie, elles deviendraient im- médiatement noires. . . CIlHOiMQUE. IHI » Un autre auteur dit : « Après le teillagedes filament!?, on les lieenéche- veaux, on les nnondit en cercle, et on les fait ireniper pendant une nuit au fond d'une terrine pleine d'eau, puis on les file sur le tour. Cette opération achevée, on les fait tremper encore dans une eau de cendres de bois de mûrier. » Après les avoir retirés du vase, on les divise par paquets de 5 onces. On prend alors, pour chaque paquet, une tasse d'eau pure que l'on mêle avec une égale quantité de chaux pulvérisée, et on les dépose, dans un vase, au milieu de ce mélange pendant une nuit. » Le lendemain, on les débarrasse de la chaux et on les fait bouillir dans une eau de cendres de liges de blé : ils deviennent ainsi blancs et souples. Après les avoir bien séchés au soleil, on les fait bouillir encore une fois dans de l'eau pure ; en outre, on les agite dans une autre eau pour achever de les nettoyer, et enfin on les fait sécher au soleil. » Cela fait, on les soude bout à bout sur le tour pour obtenir de longs fds, on en forme la chaîne et la trame, et l'on en fabrique de l'étoffe par les procédés ordinaires. » '• » Un autre auteur dit : « Après avoir filé les fdaments du Tchou-ma, on les fait bouillir dans de l'eau de chaux, et, quand ils sont refroidis, on les lave avec soin dans une eau pure. Ensuite, à l'aide d'un treillis de bambou, placé à la surface de l'eau, on les étale par couches égales, afin que, pour ainsi dire, ils soient à moitié humectés par en bas, et à moitié séchés supé- rieurement. A l'approche de la nuit, on les retire, on les égoutte et on les fait sécher; on continue de même le lendemain et les jours suivants, jusquù ce que les fils aient acquis une parfaite blancheur. C'est alors seulement qu'il convient de les employer au tissage. » » Suivant un autre procédé, il y a des personnes qui, après le rouissage ordinaire, filent leTchou-ma et en fabriquent la toile. Elles diffèrent en cela de celles qui ne rouissent le Trlwu-nia qu'après le filage. » Il y en a d'autres qui prennent les filaments bruts, les exposent la nuit h la rosée, et le jour aux rayons du soleil ; puis, quelques jours après, les filent au tour, et ne blanchissent qu'après le tissage. » D'autres enfin, à l'exemple de ceux qui travaillent la plante Au, coupent les liges, ne tissent les filaments qu'après les avoir ranioflis parla vapeur de l'eau bouillante, et ne s'occupent plus de les blanchir. De tels filaments donnent une toile plus souple et plus nerveuse. Manière de recueillir les meilleures graines de Tchou-ma. » Lorsqu'on veut recueillir des graines de Tchou-ma pour le semis, on doit préférer celles qui proviennent des premières pousses. Dans le neuvième mois, après l'époque choang-Uang (après le t> octobre), on recueille les graines et on les fait sécher au soleil ; ensuite on les mêle avec une égale quantité de sable humide, et on les mot dans un panier de bambou que l'on recouvre soigneusement avec de la paille. Cette précaution est nécessaire; 18"2 SOCIÉTÉ IMPÉP.IALF ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. car, si elles gelaient, elles ne germei aient pas. Los graines de la deuxième et de la troisième pousse ne sont pas bonnes à semer. Au moment de faire des semis, on les éprouve avec do l'eau : on empluie celles qui ont été au tond, celles qui flottent à la surlace n'ont aucune valeur. »> ' MÊME OUVRAGE, i'oUo Zl. < On sème avant la première moitié du premier mois. Les meilleures graines sont celles qui sont lacîielées de points noirs. Après les avoir semées, un les recouvre avec de la cendre. Si l'on sème dru, les plants de Tchou-ma viendront faibles et grêles; ils acquerront au contraire de la force et de la vigueur si les graines sont clair-semées. Dès que les feuilles ont paru, on ai rose avec du fumier liquide. Dans le .septième mois, on réculte les graines, un les met dans une toile de chanxie et on les suspend dans un lieu exposé au grand air : cela facilite et hâte la germination. i> Exposition inlcrnalionale do pèclio ai d'aquiculture à ARCACHON, ('UJaUlet 18()(j. FORMULAIRE DE QUESTIONS i). HISTOIRE NATURELLE. Il liiiiiiiuez sui' les poi-ssons d*: la mer. » (Genèse, cliap. i, verset 28.) Quelles sont les ressources que le règne minéral des eaux olfre à l'ali- uientalion, à la médecine, à l'industrie et à ragiicullure? Quelles sont les dillérentes espèces de dépôts ou débris minéraux et ter- reux utilisés comme engrais? Quelles sont les dinérenles espèces de sels utilisés dans le commerce, et en quoi consiste leur différence? Quelle est l'influence des fonds de marais sur la production du sol? Quelle est l'influence du règne sninéral sur le règne végétal et sur le règne animal des eaux ? (•!) Les réponses à ces questions, ainfi qu'à loulos celles qu'il pom-ra plairo .-i rliacun île lésoudre, devront, comme tous lis olijels apielés îi lij;..rer à l'expocilion, p:iiveiiir àla direclion avanl le t" juillet 18GIÎ. Mais pour poiivnir llgiiror au calaloi,'no, il faut avoir ailies>é, avant le lar mai, terme de rigueur, le.liife du sujet qu'on se propose de traiter, à la direction, à Areaclion. 11 serait bon d'y joindre ini résumé très-sucrinct du cahier lui même. Voyez, pour ks faveurs aucordé.s aux exiiosanls du niaiiuscrils, les art. 32, :i'.i, 34, 35, 3t> et ol du règlement général. Ces exposai. ts seront convoqués à venir développer de vive voix, pendant la durée de l'expo ■ «ition, les idres coiilenuHS dans leurs mémoires. CHRONIQUE, 183 Quelle OS.I riiilUience des fonds, quelle esl l'influence des eaux sur l'en- graissenient et la reproduclion des Poissons et des Moliusfines? D.iits quelles limites de tempi'-ralare les eaux peuvent-elles être habitées par des espèces organisées? Les eaux minérales pourraient-elles être employées dans un but thérapeu- tique à rélevage ou à l'alimentation de certains produits? * jÊb Quelles sont les ressources que le règne végétal des eaux offre à l'alimen- tation, à la médecine, à l'induslrie, à l'agriculture, au.varts, à l'industrie des e;uix elle-jncme? Quelles sont les différentes espèces de varechs et autres végétnux utili- sés comme engrais? Quelle est l'influence du règne végétal sur le règne animal des eaux ? Quelles sont les espèces animales qui se reproduisent et se développent exclusivement dans les eaux salées, et pour lesquelles le mélange des eaux douces avec les eaux salée-; es! fimosle'.' Quelles sont les espèces animales qui se reproduisent el se développent exclusivement dans les eaux douces, et pour lesquelles le mélange des eaux salées avec les eaux douces est funeste? Quelles sont les espèces animales d'eaux saumâtres el celles qui se plai- sent également dai'.s les eaux douces et les eaux salées? DES POISSONS EN GÉNÉRAL. Les espèces de passage éprouvent-elles si fort le besoin de s'éloigner périodiquement de nos rivages, qu'il leur soit impossible d'y séjourner; ou bien némigrenl-elles pas uniquement parce que dans d'autres parages elles rencontrent une alimentation plus ai)ondiUite, par l'effet d'une température moins abaissée ou par toute autre cause à indiquer? Que devieniienî, selon toute probabilité, les espèces sédentaires et celles de passage, lorsqu'elles cessent de se montrer sur nos côtes? Quels sont les fonds sur lesquels chaque espèce dépose de préférence ses anifs? ,, Pourrait-on déterminer les frayères naturelles des espèces les plus utiles? P.')uirait-on enlreprcndre de former des frayères naturelles ou artificielles? Quelles sont les conditions dans lesquelles les petits poissons doivent être placés après l'éclosion pour échapper au plus grand nombre possible de causes de destruction et se développer normalement? . . , UES ESPÈCES DOMESTICABLES, ET DES ANGUILLES EN PARTICULIER. (>uelles sont les espèces qui se prêtent le mieux à l'éclosion, à la féconda- tion artilicieileou naturelle, au régime de la stabulation, à la reproduction en réservoirs; en un mol, à la domestication? ISi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATATION. Quelle est l'époque probable de la reproducUon des Anguilles? Les Anguilles peuvent-elles se reproduire dans les cours d'eau, sans retour- ner à la nier ? Les Anguilles se reproduisent-elles dans les étangs ou bassins d'eau douce? A quel âge les Anguilles sont-elles adultes V Quelles sont lés coudilions favorables au développement des Anguilles, la nourriture el le milieu qui leur conviennent? Les Anguilles sont-elles herbivores? Quelles sont les causes de la maladie dos Anguilles, caractérisée par la cou- leur rougeâtre du ventre, et dont les effets amènent la mortalité d'un grand nombre de sujets dans les étangs sulés du Languedoc? DES HUITRES ET DES MOULES. QÎiels sont les fonds sur lesquels viennent se fixer : 1" Les Huîtres, 2» les Moules? Quels sont ceu\ sur lesquels elles grossissent, ceux sur lesquels elles engraissent, ceux sur lesquels elles verdissent, ceux sur lesquels elles acquiè- rent plus de finesse de coquille et plus de qualité de cliair, et ceux sur les- quels elles se reproduisent le mieux? A quel âge ces mollusques se reproduisent-ils? Quel est le nombre moyen des sujets qu'ils peuvent produire dans chaque ponte ? Quelles sont les causes qui peuvent influer annuellement sur leur stérilité ou leur fécondité ? Pourquoi les Huîtres de la Méditerranée ne prospèrent-elles pas comme celles de l'Océan? Pourquoi les Huîtres importées de l'Océan dans la Méditerranée, après s'être développées et avoir reproduit durant un ( crtôin temps, finissent-elles par dépérir ? Pourquoi les Huîtres importées de l'Océan dans l'étang de Thau ont-elles crû rapidement en chair et en coquille, et s'y sunt-elles améliorées en qualité, sans qu'aucune trace de reproduction ait été observée, et n'y aurait-il pas lieu, en se basant sur ces faits, d'utiliser à l'engraissement et à la croissance des Huîtres les propriétés des eaux de col étang? Mîvcrs. Quelles ressources, utilisées ou non encore utilisées, offrent les eaux dans chaque pays à l'alimentation, à la médecine, h l'industrie, à l'agriculture, aux arts, à l'iaduslrie des eaux elles-mêmes? Quelle place tiennent, dans l'aUmentation de certains pays étrangers, les Langoustes, les Homards, les Crabes, les Tortues, les Anémones, les Holo- thuries, etc., etc.? Quelles sont les espèces nouvelles qu'il serait possible d'acclimater sur les côtes de France, et de domestiquer ? Quelles sont les espèces qui s'éloignent de nos côtes, qui disparaissent de nos rivières ? Quelles sont celles qui s'approchent de nos côtes et pénètrent dans nos eaux douces ? CIlRUNiQl E. TECHNOLOGIE. 1S5 L'aquicultiU'e esl-el'n; a la pùc-lii- ue r(ii-5 l'agricnltuie est à la chasse ? Oncllos sont les aniclioraiions dont sont siisceplibles les diffémits genres de pèche, les engins qui y sont ou pourraient y cire employés, leur état de prospérité ou de décadence : 1» Baleine, 2" Morue, o" Hareng, 's' l'iion, 5" Sardine, 6" Anchois, 7" Chevrette, 8° divers ? Quels sont les avantages et les inconvénients de la fabrication des fiicls à la mécanique? Quels sont les obstacles qui s'opposent à cette fabrication'.' Onelssont les avantages et les inconvénients de la substitution du coton au chanvre dans la fabrication des filets? Quels sont les obstaclesqui s'opposent à cette substitution ? Quels sont les services rendus dans les pays étrangers par les Sociétés de sauvetage? Quels sont ceux ({u'a d('jà rendus la Société de sauvetage récem- ment organisée en France? Quels sont les avantages et les inconvénients de la pèche avec des bateaux à vapeur, en mer, et dans les parties salées des rivières? Quels sont les obstacles qui s'opposent à l'emploi de la vapeur dans les bateaux dits cliasseurs, qui font le service des bateaux de pèche à la cote ? Serait-il possible de trouver un appât qui remplaçât avantageusement la rogue de stockfish, que les pêcheurs de Sardines tirent à grands frais de la Norvège, et qu'on leur fait payer un prix exorbitant? La gueldrc, ou Chevrette, à l'étal d'embryon, recueillie abondamment dans les nombreuses criques ou petites rivières qui bordent les côtes de France, et recherchée par la Sardine à l'égal de la rogue, ne pourrait-elle fournir aux pêcheurs un appât snûisant pour leur permettre de s'exonérer du lourd tribut iju'i'.s payent aimueliement à la Norvège? Ne pourrait-on pas retnplacer ces embryons par des débris de Crustacés et de poissons adultes ? L'administration des douanes permettrait-elle, dans les criques où elle entre- tient des postes d'employés, d'établir un atelier pour saler et conserver dans des futailles la gueldre ou tous autres produits qui seraient recueillis sur le littoral pour la fabrication de ia rogue? Quelles mesures réglementaires conviendrait-il de prendre pour faciliter cette exploitation sans porter préjudice au fisc? Quels sont les moyens les plus perfectionnés et les plus simples de trans- porter les produits de la pêche à l'état vivant? Quelle est l'utilité des bateaux-viviers et des bateaux-glacières, et quels sont les obstacles qui s'opposent à leur emploi ? Quels sont les procédés les meilleurs de préparation et de conservation des produits des eaux? IB(i S(W,tETi-: hii'KiuALi:; zouLoiiiQi'H d'âcoî.imatation. AtgiliciiKiii'c. «juelles soûl les cundilions iréiablissenieut et (routrelieii tk-s réservoirs el parcs? quels sont les procédés de culture qui s'appliquent avec succès; les instruments dont remploi est le plus protiiabie selon les diverses espèces : 1" Des réservoirs à poisson ; '2° des parcs à liuiires; 3"des parcs à Moules; U" des parcs à autres Mollusques ; 5" des réservoirs ù iïoinards et à Langous- tes; G" des réservoirs à Crabes ; 7" des réservoirs à Écrevisses et autres Crus- tacés ; 8" des parcs à Tortues; 9" des parcs à Oiseaux; 10" des lacs, étangs, viviers, bassins: 1 1" des marais salants; 12" des cressonnières? Quels sont, dans les trois règnes minéral, végétal et animai, les obstacles dont la culture a à triompher ? Quels sont les avantages et les inconvénients des réservoirs et parcs aux dilTéicnts points de vue : {" De ralimentalion publique; 2" de la navigation; o" de i'intéièl des pécheurs; h" de riiilérèl du Trésor; 5" de la sanlé publique? Quelles plantes convient-il le mieux de faire croître dans des étangs consa- crés à Télevaue des Anguilles, Truites, Ombres-chevaliers, Saumons, Carpes, Dorades ou Poissons rouges, Ecrevisses, l'oissons et Crustacés de mer? Les poissons des espèces suivantes suscepiil)les d'cire soumis au régime de la siabulatiou. pouri'aient-ils être élevés dans un bassin d'eau courante dont l'eau sérail renouvelée dans l'espace de vingt-quatre heures el dans lequel il ne serait jelé aucune nourriture? Q.ieiles seraient les capacités les plus avantageuses de ces bassins, selon le nombre et Page de ces poissons : Anguilles, Salmonés, Carpes, Poissons et Crustacés de mer? Quelle quantité de poissons, eu poids et en nombre, peut généralement vivre dans un mètre cube d'eau courante? Ne pourrait-on pa-, obtenir deux récoltes des marais salants actuels; l'une pendant l'hiver, en plaçant dans leurs aires des coquillages à vivre, et l'autre pendant l'été, en récoltant le sel? AJe serait-il pas avantageux, sur plusieurs points du littoral, de transfor- mer les marais salants eu bassins d'éievage des Poissons el Mollusques? (juflles sont les rivières où ont été établies, celles où pourraient être éta- blies des échelles à Saumons? Quels sont, sur le liiîoral de la France, les criques, anses, étangs salés, e! généralement 1rs iondsdépendants, soit du domaine public, soit des propriétés privées, dans lesquels sont oti pourraient être tenues, avec les meilletnes conditions d'économie et les plus grandes garanties de succès, des exploita- tions industrielles d'aquiculture marine? Quels sont ceux qui ont été ou seraient susceptibles d'être convertis en prés, en champs, en vignes, en bois, et ont été ou pourraient élre livrés à J'agriculture proprement dite? Quelle serait l'Importance des lra\aux à faire? •JimONJQlJE. 187 Quelle sérail la grandeur des résultats à obtenir? Quels sont les procédés d'exploitation des di'Térentes espèces de dépôts ou débris minéraux et terreux utilisés comme engrais? comment pourrait-on perfectionner ces procédés ? Comntent exploite- 1- on les dillérentes espèces de varechs et autres végé- taux utilisés comme engrais, et quels seraient les perfeclionneaients à intro- duire dans leur exploitation? P'GONOMIE AQUICOLE ET SOCIALE. si rapjriciiltiirc nous fournit des soldats, l:i pèolie Dons l'oiiniit îles marins. lîaux flou ce i^. One's seraient le^ av;inlages et les inconvénients de la substitution d'un règlement général aux règlements locaux (Croposition ministérielle)? A quels agents confier la surveillance de la pèche, surtout dans les petits cours d'eau, et quelle organisation pourraient- ils recevoir pour réprimer efficacement les abus? Quelles sont les causes principales du dépeuplement des cours d'eau ? Quels seraient les meilleurs moyens à employer pour favoriser la repro- duction du poisson ? Quels sont les résultats que donne le fermage des canaux, et le moyen d'améliorer leurs revenus? Quels sont les avantages et les inconvénients de la nouvelle loi? Kaux salées. Ouels sont les avantages et les inconvénienis des systèmes qui cou'^istenl à interdire la pêche : 1" sur certains points ; 2" pendant un certain temps; 3° de certaines espèces; 4" avec certains outils; 5" à certaines gens; et dan^ quelles limites ou dans quelles conditions doivent s'appliquer ces différents systèmes ? Quels seraient les changements à introduire dans les conditions et foi ma lilés à remplir pour obtenir l'autorisation, soit de pécher en mer, soit d'éta- blir ou de céder un réservoir ou un parc? Quelle est la distinction établie dans les divers pays entre les différentes paitiesdu littoral, au point de vue de leur aliénabilité et de leur Iransmissi- bililé ? Quel est le régime présentant le plus d'avantage au point de vue de la pro- duction ? Quels sont les bénéfices qu»» peuvent réaliser les capitaux en mer et sur le littoral, selon qu'ils sont ou non suffisants, et quels sont les moyens d'y atti- rer de plus en plus les intelligences et les bras ? Quelles sont les mises de capitaux que nécessitent les différents genres de pêclie, les différents établissements d'aquiculture ? i88 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Comment, dans chaque pays, dans chaque branche d'iuduslrie, ces capi- taux sonl-ils ou devraient-ils être répartis? Oueiles sont les dépenses d'installation, les dépenses d'entretien, de per- sonnel? quels sont le prix des instruments et celui de la main-d'o-uvreV Quelle est, proportionnellement à ces capitaux, rélciidiie à donner aux fonds sur lesquels sont établies les concessions, et quelle est la nature des droits que ces concessions contèrent ou doivent conférer? Le nombre de concessions de fonds propres à raquiculture marine sur le littoral français de la Méditerranée a été jusqu'à ce jour très-limité, taudis que des surlaces considérables ont élé concédées sur le littoral de TOcéan : pourquoi cette différence? Quelles sont les mœurs, les habitudes, les tendances des marins d'un ou de plusieurs points du littoral? quel est leur état d'instruction ? quelles sont généralement leurs charges et leurs ressources? Y aurait-il lieu de provoquer le placement de jeunes détenus dans les familles de pêcheurs ? : . Quelle est la position qui était faite jadis aux marins par la loi? Quelle est la position qui leur est faite aujourd'hui? Quelle est la position qui semble devoir leur être faite dans l'avenir ? Peut-on améliorer leur position actuelle par des règlements d'association ou de sociétés coopératives? Quels seraient les meilleursstatuts d'une Société générale d'encouragement ;i la pêche et à l'aquiculture? Proposé par le Directeur et approuvé parle Comité administratif de l'expo- Mtion {Conseil d'administration de la Société scientifique), dans sa séance du samedi 3 février. , , .. • -. • , .c Le Président de la boctete scientifique, \y HAMEAU. Le Directeur de l'Exposition, . -■ P. LACOI^, Ancien inspecteur de la Connnission impériale à l'Expusiliori universelle de Londres en 1802 (;4gi-tcM»we). ' .■^iy <>-r ERRATA. . Page -'lO, ligne 19, rétablir ainsi la i^lirase : qui vit au Sénégal, sur le Haaliinia. donne, dans une lettre datée du 10 janvier, sur le Hombyx Mort du Japon, les renseignements suivants, l'age 107, lignes 19 et 21, au lieu de agriculture, lisez aquiculture. Page Jl'2, ligne II, M. Lecreux, etc., rclablir ainsi la phrase: M. Lecreux dit que c'est encore un uiotif de plus pour le rejeter de nos cultures, d'autant que les bestiaux lui préfèrent tous autres fourrages. Pa''e 123, ligne là, au lieu de plusieurs mois, lisez dix-sept ans. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (i). EXPOSITION INTEruNATIONALE PRODllTS KT KNr.INS DK VVAMV. DE BElir.Eîs (Norvège), Août 1865. " '-•.''■'■ ' RAPrORT PHÉSENTli A I A SoriKTÉ IMPÉRIALE ZOOl.Ol-IOUE DACCLIMATATION . Par 91. J. L. KOLBKIRAiX. (Séance du 15 décembre 18G5.) Les que>sti()ijs relatives à la pisciculture et au développe- ment de la production alimentaire sont l'objet de la constante sollicitude de la Société d'acclimatation. Aussi, lorsquf le Conseil eut été inl'oriné que la Norvège avait ouvert une expo- sition internationale de produits et d'engins de pêche à Bergei!, à l'imitation de ce qui avait eu lieu en 18(U à Amsterdam, décida-t-il qu'un de ses membres serait chargé de se rendre à Bergen pour recueillir tous les documents précieux qui seraient réunis dans cette exposition. Eu ellét, il était intéres- sant pour notre Société de connaître les pratiques d'un pays essentiellement adonné à la pèche, pour les comparer à celles de notre pays et des autres contrées, au moment où deux expositions allaient s'ouviir simultanément à Arcachon et à Boulogne, et servir, en quelque sorte, d'introduclion à l'Exposition universelle, qui doit réunir, en 18(37, à Paris, les produits du monde entier. Chargé par la bienveillance du Conseil de me rendre à Ber- gen pour étudier l'exposition et recueillir lous les documents qui pourraient être de quelque intérêt pour notre Société, j'ai aujourd'hui le devoir de vous soumettre le résultat de mes observations. Mais avant d'entrer en matière, qu'il me soit permis de rendre un témoignage public de ma reconnaissance (1) La Société ne prend sous sa respoiisabililé aucune des opinions éiniscs par les nuteurs des articles insérés dans son BnUrHu, 2^ SstBiE, T. in. — Miii I8(ib. 13 190 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. envers MM. Rascli, Helling, Baars, Rosenkilde, Delrance, el le regretté M. Schanche, qui m'ont fourni tous les renseigne- nnenls qui m'étaient utiles, et ont bien voulu obvier, avec une complaisance extrême, aux cliffîciiltés que me créait mon igno- rance de la langue norvégienne! Bergen, qui fut autrefois la capitale commerciale de la iNorvége, et qui dut surtout son importance, au moyen âge, à ses relations avec l'Angleterre et les villes hanséati(j[ues, est encore aujourd'hui une des villes les plus florissantes de la Norvège. En effet, elle trouve sa vie, du côté de la mer, par ses immenses exportations de bois résineux et de poissons secs; favorisée qu'elle est par sa situation au fond d'un de ces fjords magnifiques, résultant des découpures si pittoresques de la côte, et par Tinfluence du Gulf-streani qui vient expirer non loin d'elle : en elîet, les poissons viennent chercher dans ces mers intérieures un abri contre les fureurs de la haute mer , et y trouvent en même temps une chaleur propice qu'apporte le grand courant; aussi peut-on dire que la côte norvégienne possède les meilleures conditions pour une pêche abondante. L'exposition était établie dans un vaste bâtiment qui doit renfermer les collections du musée de la ville, réunies jus- qu'ici dans un local qui menace ruine. Nous devons signaler en passant l'intérêt que présente le musée de Bergen, qui renferme une collection précieuse et complète de la faune de la côte et des environs; elle est riche surtout en oiseaux ma- rins et productions marines, et s'augmente chaque jour, grâce à la libéralité de ses habitants, qui s'empressent d'y déposer toutes les raretés et les curiosités qu'ils peuvent posséder. A peu de distance du bâtiment de l'exposition, un vaste bassin servait d'annexé, et contenait des modèles des diverses sortes de barques. ■■ En entrant dans le musée, on trouvait d'abord an rez-de- chaussée les machines encombrantes qui servent à l'exploita- tion du poisson, telles que glacières, appareils ta huile, etc.; les divers produits tirés des poissons, tels que conserves, huiles, engrais, etc. Le premier étage était presque entière- ment occupé par les exposants norvégiens, suédois et hoUan- EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈCHE. 19! •Hais , i'Anglelerre occupait un appartement au deuxième étage. Quant à la France, elle n'avait que quelques spécimens réunis dans une pièce du rez-de-chaussée ; mais si elle comp- tait peu d'exposants, elle n'en a pas moins été remarquée, et ses produits appréciés, car presque tous ont été achetés sur place, el plusieurs récompenses sont venues témoigner de leur mérite. Somme toute, l'Exposition internationale de Ber- gen était par le fait presque exclusive aux contrées du nord de l'Europe, et nous avons regretté qu'un si petit nombre de nos compatriotes eût répondu à l'appel qui leur était fait , nous eussions, en particuher, voulu trouver à Bergen quel- ques-uns des produits de la pêche de nos Bretons, qui deman- dent à la Norvège chaque année d'énormes quantités d'appâts Iroyué) pour leur pêche de la sardine. Pisciculture. La Norvège, dont les eaux douces otlVaienl autrefois des richesses ichlhyologiques surprenantes, a vu, à la suite de pèches faites sans discernement et sans mesure (1), ses rivières les plus poissonneuses devenir stériles et ne plus donner que des produits insignifianls. Mais elle a trouvé dans les prati- ques de la pisciculture, devenue une science féconde par les travaux de notre confrère M. Coste, le moyen efficace de remédier à cet appauvrissement, et, par leur application rai- sonnée, elle a pu résoudre, de la façon la plus heureuse, le problème de rendre aux eaux leur ancienne fertilité. Grâce aux premiers travaux de M. le professeur Rasch (2), et plus (1) II faut clierclier la raison de la diminulion des pèclies en Norvège dans ta péclic destructive de l'automne et dans l'emploi des fdels traînants ou seines (en norvégien, uot), ùun! on a dimiîiué les mailles, déjà trop petites dès Torigiiie. Dans la plupart des lacs, on a diminué la dimension des mailles aussitôt que, par suite d'une pèche faite sans discernement, les lacs ont com- mencé à donner des produits moins abondants. Il en est de la pêche comme de la coupe des bois, tant qu'on trouve à vendre les produits, les dimen- sions vont toujours eii diminuant. 11 serait facile de citer un grand noiubre de lacs qui autrefois ont fourni de poisson des districts entiers, et dans les- quels aujourd'hui te produit de la pèche couvre à peine les frais. (Ilelling.) (2) IJ. Uasch. OniMidln-no til al fnrbeite Norget' Uixe-og ferfkvands- ^skeriet. lu-8", t857. 192 SOCIÉTÉ IMPÉHIÂLK ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. lard à ceux de M. Helting (1), la disette a l'ait place à l'abon- dance, et aujourd'hui non-seulement les eaux, autrefois dé- peuplées, ollVent une riche récolte aux pêcheurs, mais cer- tains lacs, qu'en raison même de leur stérilité on disait >norts^ fournissent des masses considérables de matière alimentaire. Cette richesse nouvelle du pays est, en grande partie, l'œuvre de S. M. Charles XV, qui a secondé de tout son pouvoir la régénération des eaux, en accordant à la pisciculture cette protection éclairée qui est toujours assurée par Sa Majesté aux sciences et aux arts, qu'EUe-méme cultive avec succès. En effet, depuis IS52, des agents nationaux ci) sont chargés de présider à la multiplication des races de poissons les plus utiles, au moyen de l'éclosion artificielle, et de donner aux paysans les instructions nécessaires pour qu'ils puissent eux- mêmes organiser avec profit des établissements de piscicul- ture (3). De tous les poissons sur lesquels ont porté les expéi'imen- (1) Helting, Kortfattel Jieiledning for-dent, der ville indrptte l'dklœk ningsanlœg for dr linterlegende ferskvands/lske. Tii-8", 1863. — lU'tliiig, Rapport au Slorthing en 1865 sur les progrès de la pisciculture en Norvège; depuis le 'il juin 1862. (2) Le gouvernemenl ;i nomiiu' un superiiiloiuliiiil des pùclies, \L llef- ling, cl deux assislauls, MM. ^iaalde el Abel, cliargés, Pan du Chrisliansaud sfiftetduBergen-slitï, el l'autre des Troiidhjeiii-stift, i-iiimark et iXorland. (3) Pour arriver à améliorer U poche de lintérieur, ou a étahli des appa- reils dans les localités suivantes, qui ont donné les éclosions suivantes : Sailli" Saliiin r.-irin. ii||iillll-. Folgbocii en Tolgcii. . . . . loO'i-fio. . -iOOOO » L'up|iaieil autiJcIaLilieii ISbl par — li<03-lji. . 15000 » lu pio)iricl,iirL';il.-i(il(;c,1ijngéde — 1804-05. . 12000 » place et Irès-an-raiidi en 1802. Roficn en Tonscl. 1863-01. . 24 000 22 000 Aiipaitionl à piiisieui> proprié- taires. __ 1864-05. . » 11 Non peuplé, i'aiil.> d'ii'iifs. Rolfstail à Nces (Roiiiiiierige). 1804-05. . 16000 » Destinés à pciiplei- un /kc i/io;7. Rorà ISccfodilen 1863-64. . 8 000 » Id _ 1864-05. . 15 000 n Id. Kloptjern 1864-05. . 25000 n .\ppailieiil àla viUede Dianiiiieii. Nous pourrions citei encore un grand nombre de localilé.s (plus de 10'!) où des essais de ce genre onl été laits avec succès; il esl uliie de remarquer que les résultats peuvent varier d'année à année par suite de circonstances diverses, mais le plus souvent parce qu'on n'a pas suivi exactement ies prescriptions données pour soigner les reuls. (Iletling.) EXPOSITION DE PRODUIT?; ET ENGINS DE PftCHE. . \9?i talions, le meilleur csl, sansconlredit, IcSahnosalar, et c'est aussi l'espèce qui a été l'objet des tentatives les plus sérieuses. Le Saumon, autrefois très-commun dans presque toutes les rivières de la Scandinavie, avait sensiblement diminué de nombre depuis plusieurs années, à tel point que plusieurs fois on nous a dit, en Norvège, que les rivières étaient littérale- ment dépeuplées (1). Pour remédier à ce fâcheux état de choses, les propriétaires riverains de plusieurs fleuves (le Drams-elv, le Laagen-elv, le Mandals-elv(2),leTopdals-elv,prèsderJiristiansand,etleHaa- elv, sur Fœderen (3), se sont réunis et ont formé des associa- tions pour verser, chaque année, dans chacun de ces cours d'eau, plus de 200 000 Saumons éclos dans des appareils: ils ont pu ainsi rendre la pêche des provinces deChristiania, Chris- liansand et Bergen aussi fructueuse que par le passé. Pour obtenir ce résultat, on a organisé, sur le bord des rivières, des bassins latéraux alimentés par une dérivation, et disposés de façon à offrir les conditions les plus favorables à la fraye : on y dépose des Saumons mâles et femelles près d'accomplir l'acte physiologique qui doit assurer la reproduction de leur espèce, el l'on recueille avec soin les œufs, qui ont été ainsi (1) Nous tenons colle assertion, ontre autres, de M. lo professeur llascli, qui a bien voulu dérober quelques instants à ses nombreux travaux, pour nous fournir de précieux renseignements sur la pisciculture norvégienne, ('2) Dans le Drams-elv, le Mandals-elv et le Laagen-elv, le produit de la pèclie, dans ces dernières années, a été de beaucoup supérieur (le double ou le triple dos dernières vingt années), et cbaque année presque on constate un accroissement dans la production. On doit attribuer une grande partie du résultat obtenu à Tinspection sévère qui est organisée sur ces rivières pour surveiller la pèclie et pour empêcher celle de Tautonme. (Hetting.) (3) Dans le l'opdals-elv et le Haa-elv, l'éciosion artificielle a eu une in- llueuce plus marquée enrorc que dans les rivières sus-dénommées pour aug- menter la population des poissons, comme en témoignent des rapports adressés à M. Ilelting. En effet, depuis qu'on y a versé, de l'alevin fourni par la fi'coiidationarliliciellc, le nombre des Saumons a singulièrement augmenlé, surloul celui des petits Saumons. Un fait à noter, cVsl que raugnientalion du nombre dos poissons a lait augmenter le prix, parce qu'alors les Anglais oui trouvé leur compte à acbeter et à exporter le Saumon, qu'ils expédient conservé dans la glace. (Hetting.) • 19/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOî.OGIQl'E D'.\nnLIMATA.TlON. fécondés dans des conditions les plus semblables à celles de la nature. Ces œufs, placés dans des appareils alimentés par de l'eau de source (1), y accomplissent toute l'évolution em- bryonnaire. L'alevin qui en provient, est conservé dans les appareils, jusqu'à ce qu'il ait résorbé sa vésicule germinalive : puis, il est parqué dans de petits bras de rivières ou des bas- sins circonscrits dans lesquels la surveillance est facile, et per- mettent de se garer de l'influence fâcheuse des trop nombreux ennemis qui menacent de toutes parts ces frêles créatures, ei où l'on peut, sans trop de frais, leur donner une nourriture abondante. Les jeunes poissons passent successivement dan? des bassins de plus en plus spacieux, jusqu'à l'âge de dix mois à deux ans, époque où on les lâche dans les cours d'eau qu'on veut empoissonner. Les résultats obtenus ainsi sont merveilleux, car les élèves sont en liberté alors seulement qu'ils sont assez développés pour éviter l'atteinte du plus grand nombre de leurs ennemis, redoutables surtout poui' leur premier âge (Rasch). < ; :i. Ce n'est pas seulement le repeuplement des tleuves qui a été l'objet de semblables travaux, mais on a cherché égale- ment à élever et à acclimater le Saumon dans des lacs d'eau douce, d'où il lui est impossible de gagner la mer, contraire- ment aux habitudes instinctives de son espèce. Le succès a couronné l'entreprise, car on a obtenu assez promptement (bien que la croissance soit moins rapide), dans plusieurs lacs, surtout ceux qui offrent une grande superficie,. des résultats satisfaisants, et en peu d'années on a pu pêcher ainsi des poissons qui pesaient jusqu'à 23 marks norvégiens (8 kilo- (1) La tempthaune des sources employées pour l'incubaliou varie de 4- 2° Iléaunuir (-{- 'A" ceniigtades) à + [\'' ei demi îléaumur (-|- (i" cenli- yrades). Dans les coiilrées basses, ou fail [oujours usaç;e de l'eau de source, celle des neuves devenant Uouble el se relroidis^anl tiop pendant son par- cours. Dans les régions élevées, au contraire ('iOOO à 3000 pieds d'altitude), où il existe de nombieux appareils, l'eau des tleuves est en général parfailemeni pure, et la lempératnre reste, même dans les hivers les plus rigoureux, égale à celle des sources des contrées basses. Dans le cas où l'eau de source est trop chargée d'acide carbonique, ou obvie à cet inconvénient en dissol- vant le jet d'eau en gouttes, avant de l<> faire arriver sur les œufs. (Hetling. ) e EXPOSITION DE rnOUlllS ET ENGINS DE PÊCHE. 1'.)5 gi'iimines environ) (l). Ces Saumons se distinguent facilement de ceux qui ont pu émigrer à la mer, par leur chair moins rosée et leurs écailles moins brillantes; mais, malgré cela, leur qualité alimentaire n'est pas inférieure à celle de leurs congénères, qui, pouvant obéir aux lois de la nature, vivent alternativement dans les eaux douces et dans les eaux salées (Uascb). D'après M. Hetting, ces expériences ne sont pas encore assez concluantes pour que l'on puisse se prononcer d'une manière absolue sur la valeur de celle pratique; il leur manque la sanction du temps, pour savoir si le Saumon des lacs conservera ou perdra, après plusieurs générations, ses qualités primitives. Cependant elles réfutent l'erreur des An- glais, qui nient que le Saumon puisse vivre plus de deux ans et quelques mois exclusivement en eau douce, car on a pu conserver de ces poissons pendant plus de cinq ans dans des viviers, où ils ont prospéré et atteint le poids de 5 et 6 marks à 16 et 18 (de 2 kilogrammes à o kilogrammes environ). La première expérience {'2.) d'introduction du Saumon et de la Truite de mer [Salmo triitta) dans des lacs d'où ils ne peu- vent gagner la mer, a été faite, au printemps de 1S57, dans un étang de Vefferstad, à Lier, près de Drammen. On y déposa une certaine quanlité dalevins qui avaient pris naissance dans un appareil à incubation, et ces poissons y vécurent con- venablement : le développement se fit cependant avec une grande lenteur ; car, pendant l'été de 1862, c'est-à-dire alors qu'ils avaient atteint l'âge de cinq ans, ils ne pesaient qu'en- viron une livre et demie. Ceci doit être attribué plutôt au manque de nourriture dans un étang qui n'a que 533 yards carrés ( Zi87"'4,162 ) de superficie, qu'à la privation de l'eau salée, comme le prouvent les autres expériences rap- portées par M. Iletting. Sans valoir la Truite de mer de même poids, ayant vécu dans les conditions normales, la chair de (1) Des expériences de ce genre onl été faites avec un giaïul succès tlaui, le lac Weitern (Suède). (Rascli.) . ' (2) IJetling, T/îe breeding and growth of Salmon confined to fresluvatei uikes. {The Fiehl. 18(i5. ~ The AvxlraUtsiun, 7 July ib65.) lV)6 SOCIÉTÉ IMPÉntALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. celles qui furent pêclu'.os ;i Vefîerstail «Hait bonne, et au moins aussi bonne que celle de la Truite d'eau douce. Ces Truites, de même que les Saumons, avaient la cbair blanche et sem- blable à celle des autres poissons d'eau douce. Ce n'est pas par l'empêchement apporté à. l'obéissance du poisson à l'instinct qui le porte à retourner à la mer, qu'on doit expliciuer le mauvais succès de l'expérience de Yefterstad, mais à l'insuiïisance de nourriture, car M. Iletting lui oppose l'expérience inaugurée en 1856 dans les deux lacs Siljevan- dene, et qui lui a donné des poissons de dimensions plus grandes et de saveur beaucoup plus délicate. Celte compa- raison ne permettra à personne de nier l'influence d'une abondante nourriture, et de contester la haute valeur de pa- reilles tentatives, non-seulement au point de vue purement spéculatif de la science, mais aussi et surtout pour la pratique. Les lacs Siljevandene, situés près de Laurdal, dans le district de Laurvig, ont environ li milles anglais de superficie (Okilom. ZiST^jSO) et reçoivent les eaux d'une rivière. On y déposa d'abord 2000 alevins de Saumon et une grande quantité de Truites de mer jeunes, provenant d'incubations artificielles faites à Laurdal; puis, plus tard, 200 à 300 jeunes Saumoneaux. Autrefois les seuls habitants de ces lacs, élevés de prés de SOO mètres au-dessus du niveau de la mer, étaient des Vérons, des Grenouilles et une multitude de ces insectes qui abondent en général dans les eaux peu profondes : tous ces animaux tournirent une ample pâture aux Saumons et aux Truites de mer, qui se sont parfaitement développés. Pendant l'été de J863, on a péché quelques SanuKuis, dont les plus gros pesaient h marks et demi (1 TiOO grammes environ) , tandis que ^ les Truites les plus fortes atteignaient à peine 2 marks et demi (8 à 900 gra-nmes); en I86/1, on a pris un Saumon du poids de. S marks (0 kilogrannues environ). M. Hetting a institué une autre expérience dans le grand lac de Iloltsfjord (Ringerike) , qui communique avec le Tyri- fjord : ces lacs, qui ont plus de 30 milles anglais {liS kilom. 279 met.) de long, étaient, avant 1857, peuplés d'une quan- tité de SoltiKi fario, Snlnio alpinm, Coregonus lavaretus, EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈCHE. 197 Perça fliiviatilh, Eso.r hicius, Ahiamis braïua, et de quel- ques autres espèces plus petites, qui leur fournissaient une abondante pâture. Au printemps de lb57 et de 1858, on y jeta de 15 000 à 16000 jeunes Saumoneaux, qui s'étaient déve- loppés dans un appareil établi sur les bords du Holtsfjord. Trois ou quatre ans plus lard, on péchait déjà des Gr'dse (jeunes Saumons), et depuis, en i863 et 186A, on a pris des Saumons de 9 à H marks (3 kilogrammes à h kilogrammes). D'une autre part, un paysan du district de Storen (province de Trondhjem-sud) , ayant péché dans la rivière de Guul une certaine quantité de Saumons et de Truites de mer, les jeta dans les deux petits lacs de Soranaes, dans lesquels il n'y avait aucun poisson, et qui aujourd'hui fournissent abon- damment des Saumoneaux et des Truites de mer. Ces succès ont encouragé à persévérer, et aujourd'hui la pisciculture pratique a pris possession de l'antique Norvège, où elle est appréciée à sa juste valeur. Vingt-cinq lacs déjà, comme le témoigne le rapport officiel de M. Helting au Stor- Ihing de cette année (1), ont été ensemencés de poissons et (1) D'après le Uapport officiel de iM. Ileltinj;, siiperiiileiulaiU de la piscl- ciillure en Norvège, les lacs suivants, où auparavant il n'y avait pas de pois- sons du tout, ou au moins très-peu, oi)t été peuplés de poissons élevés ailificiellement. Dans ceux de ces lacs qui ne possédaient aucun |)oisson, on en a déjà péché pour la nourriture, c'est-à-dire qui pesaient un demi- kilogramme chacun ; dans les lacs qui étaient déjà empoissonnés, et où on a mis de l'alevin élevé artificiellement, la pèche a augmenté sen- siblement. 1" Svarltjernet, près Uiiraas, avec Truites et Lavarel en 1862; 2'' Gammelvoldtjernet, avec des Truites en 1862 et 1863; .'{" Torbugtjernet, avec du Salmo alpinus en 1863 ; k" Taraldstjernel, avec du Salmo alphms {in 1863; 5° Trois petits lacs, avec des Truites et du Salmo alpinus en 1863 ; 6'' Hensoin, avec des Truites en 1863; 7" Kjeraasijernet, avec des Truites en 1863; 8" Pinsljeriiet, avec des Truites en 1863; 9" Svastaarljernei, avec du Saumon en 1861; 10" Blantstjernet, avrc du 5fl////o (/7/)/««,9 en 1862; 11° Hagstjernet, avec des Truites en 18G3 et 186/i; 12" Stasijernet, avec des Truites en 1862, 1863 et 186'4 En 1862, OD 198 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. donnent déjà de riches moissons. Si, dans certains cas, il n'a pas été possible de suivre d'une manière continue, en ({uel- que sorte jour par jour, le développement graduel des pois- sons, toujours, après un certain laps de temps, les pêcheurs ont pris dans leurs filets des Saumons d'une taille notable, et qui jusqu'alors avaient pu passer à travers leurs mailles. Du reste, on a observé que les Saumons (et les Truites de mer), conservés dans des viviers d'eau douce, prenaient, bien que recevant une abondante nourriture, moins de dévelop- pement que les poissons du même âge qui avaient pu gagnei- la mer (1), et tout porte à penser que l'éducation du Saumon ne pourra se faire avec profit (bien que n'ayant pas d'aliments autres que ceux qu'il trouve dans les lacs) que dans des lacs ou bassins profonds et de grande superficie. M. Hettinga eu aussi l'idée de faire Texpérience inverse (2), c'est-à-dire de parquer des Saumons à la mer; mais raalheu- leusement des circonstances indépendantes de sa volonté ne lui ont pas permis jusqu'ici de réaliser ce projet, dont l'exé- itiarqua 15 petits poissons élevés dans un appareil près du lac, el Ton prit en 186/1 deux de ces poissons marqués, qui pesaient cliacun plus d'un demi- kilogramme. ' 13" fconderviktjernet, avec des Truites en 1862 et 1863; lU" et 15° Trois lacs, avec du Salmo ulpinus en 18 62 et 1863 ; 16" Un lac, avec des Truites en 1863 el lb6/i ; 17» Un lac du Dalsbygden, avec des Truites en 1863 et 186ù; ' 18" Un autre lac du Dalsbygden, avec des 1'ruiles en 1863 et 186^ ; 19» Aastjernet, avec des Truites en 1863 ; ^ 20° Storljernet, avec des Truites en 1863; 21° Midstjernet, avec des Truites en 1863. ■ '• (Note communiquée par M. II. Baar.<:, secrétaire de l'Iixposition de Bergen.] (1) M. Iver Kuraas, aide de M. Iletting, ayant jeté, dans Tété de 1861, dans le lac de Storljernet, près de Fjovold, une quinzaine de jeunes Salmo fario auxquels il avait lait une marque à la nageoire, plusieurs de ces pois- sons ont été péchés en 1865, pesant 500 grammes environ. Les plus gros Salmo fario et Trutta récoltés ont pesé seulement 3 kilo- grammes en quelques années; mais la multiplication a été assez grande pour compenser cet inconvénient, puisque les eaux de ces lacs sont devenues très-aljondantes en poisson. (Helting.) (2) Iletling, SaU-ivater apparatus for Salmon and sea-Trout. {The Field 1865. — The Anstralasian, h Aug. 1865.) ■ •■ ■ < EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 199 cution est possible, si l'on s'en rapporte à une expérience laite, I. ft il y a quelques années, en Angleterre, dans le but de suivre 500 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'aCCLIMATATION. le développeineni du Saumon et do la Truite de mer, et de constater (luelles dimensions ces animaux pourraient acqué- rir. De«x étangs voisins de la nier avaient été choisis à cet effet : l'un d'eux, le supérieur, (jui communiquait avec un ruisseau, reçut l'alevin jusqu'au moment où il fut en âge d'émigrer à la mer (les Anglais le nomment alors Smo/f, les Norvégiens lUmlié) , c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il eûtatteintla longueur de 5 à () pouces, et le poids d'une once et demie à deux onces et demie. Le poisson passa alors, au moyen d'une tranchée qui élahlissail la communication, dans l'étang inférieur, (jui était alimenté d'eau de mer au moyen d'un tuyau de fonte de 10 pouces de diamètre, fermé par une toile métallique : à chaque marée, de nolahles quantités de fretin d'espèces marines pénétraient dans l'étang et étaient happées au passage par les Saumons, qui pesaient déjà une livre et demie quand ils furent enlevés, dix mois plus tard, par la malveillance. Bien qu'incomplète, celte expérimentation n'en prouve pas moins qu'il y aurait grand avantage à parquer en eau de mer les Saumons, puisqu'ils y trouvent toujours une grande quantité de matière alimentaire : en effet, le fretin et les petites espèces tendent toujours à se réfugier dans les baies et les anses pour échapper à la poursuite incessante des gros poissons, qui s'en nourrissent. M. Hetting, qui a pensé à utihserla profusion de nourriture qui se trouve ainsi accu- mulée dans certains fjords de la Norvège susceptibles d'être fermés, a imaginé un appareil (lig. \) figurant à l'exposition de Bergen, et qui permet la libre entrée du poisson dans les espaces clos : il peut donc servir à la fois de moyen de pêche et de réservoir au poisson (1). Cet appareil consiste en une muraiUe formée par une série de piliers de fonte, dans les- quels viennent se glisser des vannes mobiles de toile métal- lique ; le panneau central, placé au fond d'un angle, qui assure l'entrée des poissons, est muni à sa base d'une sorte de cage, (1) Eu ce moment on fait consH-uiie un de ces appareils à Ladetjorci, près de Bergen, pour enclore une l)aie de près de SOOuièlres cain'-s, qui paraît réunir de très-bonnes conditions, et probaljjemenl nu autre s'établira d"ic à peu de temps à Vestlandet. (tietling.) EXrOSITlUN DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈCHE. 501 que nous ne saurions mieux comparer qu'à une nasse, et qui permet au poisson d'entrer, mais non de rétrograder. Le Sau- mon qui trouve celte barrière ne pourra gagner la» pleine mer, mais, vivant dans Teau salée et y rencontrant une quan- tité considérable de nourriture, il y aciiuerra certainement les mêmes qualités que s'il eût élé complètement libre; et, lorsque le temps sera venu de remonter en eau douce, il en- trera dans le ruisseau qui se jette dans le fjord. Bien que res- tant toujours à la disi)Osition du pêcbeur, qui le tient enfermé dans ses domaines, le poisson trouvera cependant les con- ditions de sa double existence d'anadrome, et prendra facilement les dimensions auxquelles il doit normalement arriver (1). Ce n'est pas seulement sur le Sahno salur que des expé- riences ont élé faites en Norvège, mais aussi sur plusieurs autres espèces de Salmonidés, et en particulier, comme nous l'avons déjà dit, sur le Sahno tnitt'i, dont les diverses varié- tés, Salnio failo, Sahno ferou: , Sahno /acmtris , Sahno •mnrulatm, ont été décrites à tort, d'après M. le professeur Rasch, comme des espèces distinctes. Quant à celui-ci, mis en eau douce, il grandit et prend en un temps assez court une taille convenable pour la pêche : on a même observé que, généralement, il se développe mieux et plus vite dans les étangs que le Saumon, et tout fait supposer qu'avec le temps, ce suprême régulateur, on jtonrra le transformer en nne espèce véritablement d'eau douce illetting). Malgré les alFi- nités que la Truite de mer semble oll'rir avec le Sal/no alphuis, l'expérience a démontré qu'il était dangereux de tenter son introduction dans les eaux où se trouve déjà ce Salrnonidé. En effet, le Sah)io alphias, dont les mœurs dillèrent le plus de celles de tous ses congénères, dépose ses œufs en automne, dans des eaux profondes, sur les pierres du fond des lacs et (1) M. IlcUiug ci'oit pouvoir a i-^^i cmploxcr cet appareil pour fonuer des réserves de poisson de mer, ({iii pourr;iieiil y ontrer à toutes les saisons de Tannée, ei parmi lesquels il signale pHrlicuiiérement le C/»/x'a haremjus, le Clupcn sprnltns, les Gohinn niger, Hathe.ii^pœri cl miautu!>, et Winguilla lafi. W'î SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'AC.CLlMATATlOiN . de l'erabouchure des lorrents; et son alevin, déjà grand, lorsque vient la saison de frayer pour le Salnto trutta, c'est- à-dire l'été, en Norvège, fait une chasse active aux œufs que celui-ci a déposés dans les eaux les moins profondes des lacs, et dans les parties les plus élevées des torrents, et plus tard poursuit sans relâche l'alevin qui vient d'éclore. 11 faut donc éviter autant que possible de mettre le Saimo alpinus dans les eaux (jui renferment déjà de la Truite, car celle-ci serait gênée dans son développement, et offre le double avantage d'une pêche plus prolongée et d'une chair plus délicate (Hetting). Malgré cette espèce d'antipathie qui semble exisler entre ces deux poissons, on n'en a pas moins tenté, et avec succès, d'en obtenir des métis, comme nous avons pu le vérilier à Slavanger, chez M. Hanson. Ayant à sa disposition un bassin naturel d'environ '220 pieds i(57 mètres environ) de superficie, et dans le voisinage quatre sources (1) fournissant chacune /iUO à 500 litres d'eau par vingt-quatre heures, M. llanson a pensé à les utiliser pour faire des expériences de fécondation artificielle sur des Truites ordinaires d'abord. Mais, ayant appris, pendant un voyage en France, que M. Coste avait fait des essais de métissage, il eut l'idée de les répéter, et crut que les deux espèces les plus favorables pour de pareilles tenta- tives étaient le Salmo IrvUa (var. fario), et le Saimo alpi- nus. Se servant alternaliveuient de l'une ou de l'autre espèce comme mâle, il féconda ainsi des , œufs qu'il plaça dans un appareil à éclosion, les laissant recouverts d'environ 2 à 3 cen- timètres d'eau. Lorsque l'alevin est formé, il est déposé dans un compartiment de l'appareil, qui offre environ 15 centi- mètres d'eau, et où il reste près de six semaines sans prendre de nourriture, la nature y ayant pourvu par sa vésicule ger- minative> qui se résorbe peu à peu. Après cette époque, l'ale- vin est nourri avec des œufs durs hachés très-fin (un œuf suflîl (1) La k'niiiéraiuie des sources élail , lo 11 novembio 1865, de 6", 5 Rcauniur (8%1); celle des lacs variait enU'e â",i^-ï Réaumur (5°, 3) et 5°, 25 Kéauimir (6^,5). {Lettre de M. Rosenkilde, comul de France à Sta- canijer.) EXPOSITION DE PRODUITS ET EINfiINS DE PÈCHE. 203 pour 15 000 à 20 000 petits poissons). Cette nourriture est continuée jusqu'au printemps, et, lorsque la température s'est assez adoucie pour que l'eau du bassin se soit élevée de quel- ques degrés au-dessus de celle de l'appareil, M. Hanson trans- porte ses jeunes élèves dans une caisse de bois, termée par une toile métallique et placée dans le premier bassin au point d'émergence de la source qui l'alimente. Le poisson v reste un mois environ avant d'être lâché dans le bassin : il reçoit alors, comme pendant toute la première année, pour nourri- ture, des œufs durs et des détritus d'entrailles de veau et de poisson hachés très-tin. La seconde année, il passe dans un second bassin plus vaste, où il se nourrit principalement de jeunes mollusques {Phijsa coryiea) dont on a peuplé ce réser- voir à cette intention, et dont il se montre très-friand ; il a alors de 6 à 7 pouces (15 à 16 centimètres) de longueur. La troisième année, il atteint de 9 à 12 pouces (25 centimètres environ) et est mis dans le bassin naturel. Un métis, âgé de fjuatre ans, mesurait 19 pouces (/i8 centimètres). Ces animaux ainsi obtenus par M. Hanson, qui ont une chair blanche assez délicate, ont commencé seulement celte année à manifester la formation d'œufs et de lactance ; aussi ce patient observateur ne peut-il encore savoir si ses métis pourront former une race nouvelle qui se reproduira. Quant à la Truite ordinaire (l'Jiijriiallus ruUjarh), qui abonde dans toute la Norvège et y reproduit beaucoup, son élevage est avantageux, surtout dans les eaux qui en contien- nent déjà; mais on ne pense pas qu'il y ait avantage à l'in- troduire dans les localités où se trouve le Salmo trutta, car partout où elle existe, celui-ci est peu abondant, et quelques observations tendent à démontrer qu'elle en détruit beaucoup d'alevin, qui naît plus lard que le sien. La Truite ordinaire fraye en mai dans les cours d'eau à fond pierreux ou sablon- neux, et dans les lacs des hautes montagnes. . . On a fait quelques expériences sur l'empoissonnement par la Perche {Perça /luviatilis et Uicioperca) et sur le Brochet {Esox lucius) ; mais leur valeur moindre que celle deë pois- sons précités fait qu'on va donné moins d'importance, et que '2()!l SOCIÉTÉ IMl'ÉKlÂLE ZOOLUUI'JUE d'ACCLIMÂTAïION. les pisciculteurs norvégiens ont négligé de noter les condi- tions qui leur seraient le plus favorables. Cependant on a vu que le Brochet se développe rapidement dans les lacs où il a été introduit, principalement dans les plus intérieurs ; mais sa voracité, qui en l'ait le lléau, l'Attila, allions-nous dire, de^ autres espèces, a arrêté sa propagation et le rend encore assez rare. Le Coref/onusdllnda, si abondant dans le iMjosen (J)et dans une partie du Laagen (Faabergi, n'a pas encore été bien étudié par les pisciculteurs norvégiens pour que Ton puisse déter- miner les meilleures conditions de son développement. On sait seulement que ce poisson, dont les œul's ne mûrissent pas simultanément ('2), fraye au commencement d'octobre, sur des pierres ou des graviers, tantôt dans l'eau courante, tantôt dans l'eau stagnante, et que, pendant une partie de l'année, il se tient dans les eaux les plus profondes. Sa nourriture con- siste en larves d'insectes et petits Gammaridés (3) {M(jdfly)^ dont il fait une énorme consommation. Des essais de multi- plication ont été faits dans des lacs très-grands et très-pro- fonds, et dans des Ijords intérieurs, mais l'étendue même de ces lacs ne permet pas de savoir, avant quelques années, quels résultats seront obtenus; cependant, on a déjà vu des alevina d'une certaine taille dans le Tyriijord et le Kandsfjord, où ont été faites les premières expériences. Quant aux tentatives de fécondation artificielle, jusqu'à présent les résultats n'ont pas été très-satisfaisants (non plus que pour le Lavaret); mais cela tient peut-être à ce que l'alevin ne trouvait pas en quantité suffisante les inlùsoires dont il se nourrit, dans l'eau des (1) Dans le Mjosen, où la grande pèche se fait de juin à aoill, le icudo- ment a élé, dans ces dernières anntîes, de ^00, 800 el 10:J0 tonnes par an. ;HcUing, /or. cit., \i. L\k) (2) Dans le Core(jonus albula, conU'aireni'-nl à ce qui se passe dans les Sannions, les œufs ne sont pas tons mdrs en même temps; aussi faut-il prendre la précaution, dans les expériences de fécondation artificielle, de ne les faire sortir qu'à plusieurs leprises. ilettinj;, ihideni, j). '.'(i.) (3) Les intestins du Cmi'gunu^ albnUi, examinés aux mois de juin et aoilt, n'ont jamais renfermé que ces débris, et surtout ceux des Gauimaridés. ;Helling, tbidew, p. 'il.) EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 205 sources qui alimentent les appareils, et aux difficultcs du lrans[)ort de celui-ci dans des localités éloignées (Ilelting). Sur le conseil de M. le professeur Rascli, M. Hetting a semé les œufs fécondés dans les cours d'eau tombant dans les lacs à peupler et aussi loin que possible de ces lacs. Ce système a l'inconvénient de permettre la destruction de beaucoup d'œuJs par les petits poissons; mais le volume de ces œufs est telle- ment minime, que, quand ils sont éparpillés sur un fond de gravier, la plus grande partie se trouve dans les interstices et est ainsi jirotégée; il serait, sans doute, plus avantageux d'opérer, sur les lieux, dans de petits réservoirs, mais la construction de ces appareils dans les torrents est souvent •difficile, pour ne pas dire impossible. L'empoissonnement des eaux par le Corerjonus lavaretus n'est pas très-diftïcile, à la condition de ne pas opérer dans des lacs tourbeux ou marécageux, ce poisson chercbant, en géné- ral, les graviers pour frayer; il faut cboisir un lac qui soit alimenté par une eau courante, provenant d'un torrent et non d'une source ou d'un marais. Dans ces derniers temps, on a essayé avec succès de développer les œufs du Lavarel dans des appareils placés dans les lacs supérieurs où vit déjà ce poisson; la température de ces lacs permet d'y làcber l'alevin plus tôt que dans les torrents, et cette condition facilitera beaucoup son introduction dans certains lacs. 11 impurte peu qu'il y existe des Truites, car celles-ci n'en soullVirunt pas, mais au contraire empêcheront qu'il ne se développe en trop grande (juantité (Hetting). Un des poissons qui sont le plus à redouter dans les expé- riences de pisciculture est le Laken {Lota vulyans) ; mais, heureusement, il est rare dans les lacs de Norvège. Pour assurer la propagation des espèces de poissons utiles, on a cherché, dans plusieurs localités, à introduire d'autres espèces destinées à leur servir de nourriture; mais, par igno- rance, on a (juclquefois choisi des espèces dangereuses, et, loin de favoriser la pèche, on lui a porté un coup mortel, sans avoir même la consolation d'avoir une espèce de qualité moindre; car le poisson qui s'était développé n'avait aucune 2' sÉitit, T. \\\. Mai 18t(j. 14 206 SOCIÉTÉ IMI'KRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. valeur. C'est ainsi que dans un lac où il y avait cependant assez d'insectes, on a introduit le Gorkim {Cyprinus plioxi- nus) pour nourrir les Truites : ce poisson, qui ne dépasse jamais h pouces (10 centimètres) de longueur, était supposé inoffensii", bien qu'en eussent dit quelques pécheurs expéri- mentés; mais, au bout de quelques années, les Truites avaient disparu, et la pêche du lac était ruinée. Le Gorki)//, qui se tient tout l'été dans les courants, là où vivent surtout les ale- vins de Truite, en détruit des quantités considérables, avant que ceux-ci aient pu devenir assez torts pour le dévorer lui- même, et sa gloutonnerie a bientôt fait un désert des eaux les plus peuplées (Iletting). Le Krochlen ou Hommen {Osinenis eperlanus), malgré sa- petite taille, et bien qu'il ne se trouve pas au milieu des cou- rants, passe aussi pour nuisible à la Truite, de même que le Blaaspol [Ci/prinus aspius) et le Brasen {Abramis brama) , qui sont, tous deux, des poissons très-voraces (Hetting). De tous les poissons de la Norvège propres à nourrir les (3spèces utiles et précieuses, le meilleur est sans contredit le Mort {Ct/prinus riitiim), qui fraye dans les cours d'eau fin mai; sa lenteur ne lui permet pas de saisir facilement l'alevin de Truite (encore bien petit, il est vrai, mais déjà d'une viva- cité sans égale). Cette espèce offre l'avantage de pulkder tel- lement, que ni Saumons ni Brochets ne peuvent la détruire; elle est donc la meilleure des proies que l'on puisse jeter dans un lac ou vivier qui renferme déjà des Truites ou des Sau- mons d'un certain volume, et rien n'est plus facile que de recueillir ses œufs sur les plantes submergées des ruisseaux, ou de se procurer des Mortoi en quantité suffisante pour faire des fécondations artiticielles (Hetting). (La suite nu prochain onmeiv.) OOiNSIDERATIONS SI li MNTHODICTION DES RKLIKHS A LALNE FINE m MONGOLIK, I.ICS JIKSULTATS (jl'eLLE AIIIAIT, KT I.A l'ART oiji: LA Suiiliiii. d'acclimatation J'OUr.RAlT V PHENDUE, Par iti. ft. Eug. f«IM«.\. Consul Je France ,"i Ning-po, Mciiilivi' lionorairn Je ',:\ Société impérinle rl'aceliiH;il!ili..ii. (Séanci:; du (> avril ISliil. Les (léveioiipeinenls rapides que raclioii et l'iritlneiice de la Sociélé impériale d'acclimatation ont pris depuis sa for- mation sont tels, que l'on peut véritablement dire aujourd'hui que rien de ce qui a vie sous le soleil ne doit lui être élraii- ger, et que dans ce qui a vie, rien de ce qui peut augmenter la masse commune de la richesse des peuples ne saurait lui être indifférent. Je crois môme qu'au point où elle est, avec les litres qu'elle a déjà acquis à la reconnaissance publique, avec les sociétés qui en sont émanées, et en qui, grcàce à l'esprit qui les unit toutes, elle continue pour ainsi dire à se déléguer cha(|ue jour, on pourrait, sans exagération, la considérer comme l'inspectrice en quelque sorte des biens naturels du globe, et voir en elle l'inslrumcnt intelligent le plus actif et le plus universel de la Providence. A ce titre, il appartient à la Sociélé d'acclimatation de planer d'un œil attentif au-dessus du monde entier, et non-seule- ment de signaler à ses habitants les vides qui les séparent el les moyens de les combler; d'assigner à chaque lieu les pro- ductions qu'il est le plus apte à donner, d'améliorer et d'aug- menter celles qu'il fournit déjà; mais encore, lorsque son appel reste incompris et que personne n'y répond, d'agir direclcnieul cIIi'-iim'îiic, d<' créer la richesse là où elle n'existe 208 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. pas, et d'en développer les germes partout où elle les découvre, sans autres préoccupations que celles des moyens dont elle dispose. Quant au but et à la destination de cette richesse, que lui importe? Ne connaît-on |>as bien cet axiome de féconomic politique : « A côté d'un pain naît un bomme. » L'expérience aussi bien que les besoins croissants des i)opulations ne peu- vent-ils suflire à nous rassurer sur la crainte de la voir perdue, et lors même qu'elle ne susciterait point de consommateurs surplace, le commerce, avec ses moyens si rapides de commu- nication, ne se cbarge-t-il pas de la transporter ailleurs ? Ainsi comprise , la mission essentielle de la Société impé- riale d'acclimatation serait de créer, de créer pour ainsi dire quand même, et dans un autre ordre d'idées, de représenter et de résumer de plus en plus le [iremier terme de la grande science de l'économie politique dans laquelle se meuvent toutes les industries de l'homme, laissant à d'autres le soin de surveiller et de régler la distribution et la consommation de ses richesses. Bien aveugle d'ailleurs qui ne prévoirait pas que, tout en ne se proposant l'acclimatation que pour elle-même, je veux dire pour le bien qu'elle est en elle-même, et parce que c'est le devoir qu'elle s'est imposé, la Société atteindra un autre but, et deviendra par surcroît, en rapprochant les peuples, un des agents les plus puissants de leur réconciliation. Voici, par exemple (et j'espère que ce qui va suivre excu- sera le long préambule qui précède), voici, par exemple un territoire immense, la Mongolie, qui, dans ses parties les plus l'ertiles, ne produit et ne produira de longtemps probable- ment que des pâturages. L'action de l'homme y est assuré- ment par cela même fort limitée, puisque tous ses elTorts n'aboutiraient qu'à lui faire obtenir des différents animaux que nourrissent les pâturages, de la force, de la viande, de la laine et du lait ; mais son action a-t-elle du moins son plein effet? La Mongolie produit-elle, en un mot, tout ce qu'elle pourrait produire en valeur, de forces , de viande , de laine, etc. ? INTRODUCTION DES BÉLIERS A LAINE FINE EN MONGOLIE. 509 C'est pi'L'ciséinenl le contraire que je viens signaler à la Société d'acclimatation, comme je l'ai déjà signalé en 'J«(52 à Son Exe. M. le Minisire de l'agriculture et du commerce, à la suite d'un voyage que je venais de faire par ses ordres dans cette contrée. . Quoique l'on puisse compter par millions les Moutons qui composent les troupeaux des princes mongols, des ministres chinois et tartares, et de l'empereur, il est hors de doute d'abord que le nombre en pourrait être bien plus considé- rable encore, et le deviendrait certainement, si l'entretien des Moutons qui les composent en très-majeure partie avait, non- seulement pour but la production de la viande dont l'usage en Chine est relativement assez limité, et qui est, à proprement parler, leur seule destination, mais aussi celle de la laine, qui, rendant leur propriété bien plus précieuse, encouragerait leur multiplication, et dont on tire un parti misérable, tandis qu'elle pourrait être, au contraire, le but principal de l'entre- tien des Moutons, et devenir pour ceux qui l'exploiteraient une source intarissable de richesse. Il est impossible, en son- geant au bien-être que cette masse énorme, que ces millions de kilogrammes de laine, mieux employés, répandraient chaque année dans la société, de ne pas vivement regretter de la voir pour ainsi dire perdue; car ne peut-on pas considérer comme perdue une denrée dont le prix pourrait être d'au moins 1 fr. 80 c. à 2 francs, et que l'on donne à 35 ou AO centimes le kilogramme. Tel est, en effet, le prix de la laine en Mongolie. Cet état de choses n'est pas, bien entendu, sans motif. Le premier, c'est que les Chinois, qui sont les seuls voisins de la Mongolie, ayant dû, pour des raisons que j'ai exposées ailleurs (1), remplacer depuis longtemps les vêtements de drap par des vêtements de coton, se sont habitués à ne con- sommer que peu de laine, doni la plus grande partie ne trouve par conséquent d'emploi que dans la fabrication des feutres et des lapis; que lors même que les Chinois, reconnaissant que, grâce à ce voisinage de la Mongolie, les circonstances (1) Héflexiuns i^itr l't-tat (iitiifl du co'niiiwrrt' fii CItine, iO dérpnibrel8(J5. '?Ai) SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOOIQUF d'aCCLIMATATION. qui leur avaient l'ait substituer le colon au drap sont modi- fiées, voudraient reprendre l'usage des vêtements de laine, ils ne pourraient, à cause de l'imperfection de leurs anciens procédés de fabrication, payer la matière première plus que le prix infime de 35 à hO centimes, sans élever la valeur des étoffes de drap au-dessus de la fortune ou des dispositions des consommateurs, et surtout beaucoup au-dessus des prix des manufactures étrangères, dont la concurrence est établie au- jourd'hui en Chine sur une large échelle. Un deuxième motif est l'éloignement des purts où cette laine pourrait èlre rendue pour être offerte à la demande des consommateurs, et la difficulté des chemins, qui n'en permet le transport qu'à dos de chameau, pour le plus grand trajet, ce qui revient assez cher (1). Mais ce deuxième motif en implique naturellement un troi- sième qui rendrait les laines actuelles de Mongolie incapables de supporter des frais de transport un peu élevés : c'est leur qualité inférieure. On peut même dire que cet obstacle domine tellement les autres, qu'il les supprimerait presque, si lui- même n'existait pas ; car, en supposant (jue ces laines pussent être vendues 2 francs, 2 fr. 50 c. ou 3 francs en France, il n'y a pas de transport, si difficile qu'on l'imagine, qui ne puisse être et bien au delà payé par la différence entre ce prix de vente, sur les lieux de consommation, et le prix de vente de 35 à bO centimes sur les lieux de production. La laine des Moutons de Mongolie est en effet assez gros- sière, ainsi qu'on peut en juger d'après une collection re- cueillie dans de mauvaises conditions sans doute, puisque je me trouvais en Mongolie quinze jours seulement après la tonte d'automne, mais suffisante pour en donner une idée. Mais cette grossièreté est plus dans la toison que dans le brin de laine ; je veux dire qu'elle dépend m.oins de la finesse de la laine (\i\e d'une notable quantité de jarre qui y est mêlée. On (1) On pounail copcndanl, ainsi que je l'ai dit dans le mémoire cité plus haut, Uéflpxrons sur l'état actuel du commerce en Chine, et'^'., trouver des moyens do transport plus avantageux, par le trainage sur les fleuves ei cours d'eau pendant Tliiver, etc. INTRODUCTION ItES BÉI.ir.r.S A l\!\K IINK K.\ MONGOI.IK. ''H conçoit, dès lors, qup l'on puisse trouver un premier moyen de la faire disparaître par des soins mieux appropriés et dans des tontes régulièrement faites et plus fréquentes. Mais le moyen le plus efficace et le plus radical serait, sans contre- dit, la suppression des Béliers indigènes, et leur remplace- ment par des Béliers d'une race à laine fine. Ramenée à ces termes , qui sont au fond les seuls vrais, la question des laines de Mongolie est donc une question de pure et simple acclimatation que des importations et des éliminations continuées pendant quelques années sulliraionl à résoudre. Il vaudrait mieux assurément qu'une ou plusieurs sociétés industrielles entreprissent cette transformation à leur profit, et il est pour moi hors de doute qu'en obtenant des ministres chinois, des princes mongols, etc., des contrats à longs termes, comme cela serait facile, elles feraient en cela une opération des plus avantageuses. Mais est-il permis d'espérer une telle initiative de nos capitalistes. Ce n'est pas à moi qu'il appar- tient de répondre, et j'aurai complété, je crois, mon devoir à ce point de vue, en disant qu'une mise de fonds de 200 000 fr. me paraîtrait d'abord suffisante pour établir sur un pied très- respectable la première des nombreuses entreprises auxquelles les trou[)eaux de Mongolie pourraient donner lieu. Mais, en attendant, la Société impériale d'acclimatation n'aurait-elle pas à intervenir en envoyant un certain nombre de Béliers en Mongolie? S'il ne devait lui en coûter, par exemple, qu'un sacrifice de quelques mille francs, ne serait-il pas conforme à ses prin- cipes et à sa mission de le faire? Telles sont les questions que j'ose lui soumettre. Ce mot de sacrifice, que je viens d'employer, est du reste huit à fait impropre. Pour qu'il soit justifié, il faudrait que l'envoi et les intentions de la Société d'acclimatation fussent méconnus, et que l'on n'y donnât aucune suite en Chine. Or, cette crainte ne peut être admissible pour qui est un peu au courant de tous les efforts que de tout temps les Chinois ont faits pour augmenter leurs richesses nulurelles: quand on voit 21 '2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. un empereur (Kang-lii) créer de sa propre main une variété précoce de blé (celle que l'on cultive le plus au nord de la Chine aujourd'hui), et qu'on songe à la lutte immense qui rappelle, mais dans de plus grandes proportions, les objections que souleva en France l'introduction dans la culture de la betterave à sucre ; que l'on songe, dis-je, à la lutte longue et immense que les empereurs, le gouvernement et les écono- mistes les plus éclairés de la Chine soutinrent, à différentes reprises, et finirent par gagner, vers l'an 1200, contre tout le peuple, les économistes à courte vue et les routines, pour l'in- troduction de ce même coton auquel aucun Chinois ne vou- drait renoncer maintenant (1), D'ailleurs on pourrait prendre quelques précautions préa- lables, et si, après avoir expliqué aux ministres chinois, pro- priétaires eux-mêmes d'une grande partie de ces troupeaux, l'effet d'une pareille introduction, l'augmentation prochaine de la valeur de leurs laines, et leur avoir fait comprendre, échantillons en mains, que, grâce à elles, leurs revenus parti- culiers peuvent s'accroître, pour chacun d'eux, de 100 000, de 500 OUO francs, d'un million et plus, s'ils ne sont pas en- suite les premiers à solliciter, et à prix d'argent, de nouveaux envois de celle précieuse race, on sera forcé de convenir que (1) La Cliine est cerlainenient un des pays qui ont réalisé le plus d'ac- clinialalions. Sans parler de tous les végétaux qu'elle a dû conquérir, coninie la plupart des antres pays, tels que le I*oirier, le l^onuiiier, Lt Poninn' de terre, l'Oranger, etc., qu'il me sullise de rappeler que la Canne à sucie y est cultivée jusqu'au 30'' lai.; le Jujubier et le Diospyros à gros fruit jus- qu'au lii)'; le liambou et le Palmier y ont été importés du sud, etc., etc. (' Lorsqu'à une époque pins récente, vers Tan 16^^ de notre ère,lesTarlares )) .Mantclioux eurent conquis la Chine, les peuples voisins s'empressèrent de » leur apporter des hommages qu'on ne songeait pas à lenr demander. » L'empereur voulut connaître ces peuples autrement que par leurs noms. » il envoya chez eux des gens chargés de l'instruire, non-seulement de la po- » sition respective de leurs villes, de leurs montagnes, de leurs lleuves, etc., » non-seulement de leurs langues, de leurs mœurs^ de leurs lois et de leurs » coutumes, mais encore du climat du sol, des productions de chaque pays, » et ces missions eurent pour résultat des introductions d'une grande utilité.» (Extrait des .l/e///o/Vev d/'s- undens missimuinire^ , vol. \IV, p. 1.) INTRODUCTION DES BÉLIERS A LAINE FINE EN MONGOLIE. 213 les Chinois sont bien ilifférents des autres hommes, et de leur reconnaître quelques-unes des qualités qu'on se plaît à leur refuser, puisque leurs antipathies nationales seraient chez eux plus robustes que l'intérêt particulier. Quant à moi, me fondant seulement sur leur profonde in- telligence des choses positives, des améliorations réelles, je crois pouvoir affirmer, sans craindre de me tromper, que, bien loin d'avoir à craindre d'éprouver un mécompte de leur part, on ne pourrait que compter sur leur empressement. Et qui sait ! réalisant ainsi les espérances que j'émettais en commençant, l'Agneau deviendrait entre l'Europe et la Chine, comme il l'était dans les anciennes sociétés, comme il l'est encore chez les Arabes, quoique sous une autre forme, il est vrai, le signe de la réconciliation et le premier anneau d'une amitié sérieuse et durable, œuvre de la Société impériale d'acclimatation. Mais, faut-il enfin, pour rallier tous les suffrages à l'idée que j'ai considéré comme mon devoir de lui soumettre, faut- il invoquer le sentiment de l'intérêt privé que nous sommes si portés à trouver répréhensible chez les autres, et qui, après tout, est très-légitime? Que l'on se rappelle alors, pour s'assurer que nous serons les premiers à profiter du bien que nous aurons fait, que les Chinois sont incapables de lutter avec nous en fait d'industrie, et qu'en définitive, aujourd'hui surtout que la distance dis- paraît, la terre et ses richesses ne sont bien en réalité qu'à ceux qui savent en faire le meilleur emploi. LA P E U C H s: {Perça (luviaiilifi). Par m. I*niil VOlfiit. (Sûancfi du lôjnin I8(i(i.) La PercliP ost un poisson trapu, vigoureux, et qui, par- venu à l'âge adulto, ne eraint plus que le Brochet. Ses écailles sont rudes, très-adhérentes à la peau, et portent sur leur hord extérieur de petites dentelures régulières el nombreuses. La bouche est grande, mais non garnie de dents; de simples aspérités, assez semblables à celles d'une lime, les remplacent et servent à retenir la proie entre ses puissantes mandibules cornées. Les nageoires sont très-rigides; celles du ventre sont, en général, de couleur jaune ou rouge; la dorsale est parlicuhèrefnent développée, et porte à son bord supérieur de fortes aiguilles, dont les piqûres sont doulou- reuses et occasionnent souvent de violents maux de doigts aux pêcheurs. Ordinairement la Perche maintient celle nageoire couchée le long du dos; mais à l'approche d'un ennemi ou lorsqu'elle fuit effrayée, elle la relève tout à coup. Les pois- sons qui sont atteints de ces dangereux piquants peuvent en mourir, comme l'on s'en convainc lorsque, dans un vivier, sont renfermés ensemble des Perches et d'autres poissons. La nageoire caudale est large, très-molle et peu fendue ; la couleur du ventre est blanche, quelquefois à reflets dorés; celle du dos est verdâtre, et plusieurs bandes noii'es le tra- versent en laro:eur. Les Perches, comme en général tous les poissons, habitent en hiver les eaux profondes, dont la température ne varie i[ue faiblement; en été, on les rencontre dans toutes les parties du lac. Au mois de février, si le temps est beau et l'eau tranquille, les femelles quittent le Mont, et viennent plus au bord, sur les blancs fonds, où elles restent immobiles, TV PKnnuE. 215 leur ventre, gontlé d'œui's, appuyé sur le sable doux. Elles séjournent dans ces endroits jusqu'au J5 avril, époque ou commence la fraie. — C'est une des pêches les plus amu- santes que l'on puisse pratiquer chez nous, (jue celle des « Perches endormies », comme l'appellent les pécheurs. En efl'el, ces poissons paraissent endormis au fond de l'eau, car on peut s'en approcher parfaitement sans qu'ils s'enfuient, et même les harponner au moyen d'un trident. Mais pour les prendre, il vaut mieux se munir de filets bien doux, et lors- (ju'en se promenant sur l'eau, on aperçoit une Perche immo- bile sur le sable, on l'entoure, poison lâchasse brusquement: le poisson s'élance comme une llèche et se précipite dans les mailles, où il reste pris. 11 arrive quelquefois qu'au lieu d'une seule Perche, on en prenne plusieurs dans la même enceinte, et en général ce sont de beaux poissons qui pèsent jusqu'à 3 livres, la taille maxim>im. A partir du mois d'avril, les Perches commencent à ne plus rester immobiles au fond de l'eau ; les mâles arrivent bientôt;' la fraie commence, et dure jusqu'au 15 mai. C'est alors avec ces petites nasses coniques appelées herfoiix , que l'on maintient tendues au moyen de deux baguettes munies d'un crochet, qu'on les prend en quantité. Ces poissons paraissent aimer à entrer dans ces filets, peut-être parce qu'ils s'y trou- vent à couvert, ou ce qui est plus probable, parce qu'ils peuvent se frotter facilement contre les mailles douces de la nasse. Cette pêche est sévèrement défendue par la loi, mais elle se pratique chez nous sur une large échelle; et dans les villages voisins du lac, beaucoup de personnes qui, ordinai- rement, ne pèchent jamais, ont une certaine quantité de ces nasses, dont elles se servent chaque année et toujours avec succès. De cette manière, il se détruit un nombre incalculable de Perches, parce qu'on prend non-seulement les poissons, mais leurs œufs aussi sont perdus, si les pêcheurs n'ont pas un baquet d'eau dans lequel ils les réunissent et les rejettent au lac après les avoir fécondés au moyen de quelques maies qui accompagnent les femelles dans les nasses. Ces mâles sont presque toujours de petite taille, et dans un filet on 216 .SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. trouve souvent une seule grosse femelle en compagnie de huit ou dix mâles depuis le poids d'une demi-livre jusqu'à celui d'une once à peine. Les œufs des Perches sont gros comme des têtes d'épingles, de couleur jaunâtre, reliés ensemble par un enduit d'albu- mine assez semblable à celui qui réunit ceux des Grenouilles, mais beaucoup moins gluant; ils forment de longs rubans larges d'un à deux pouces, et qui, dans l'eau, ne se distinguent plus que difficilement. Ces œufs ne sont pas délicats comme ceux des Truites, par exemple; ils se développent dans l'eau stagnante et même peu propre : j'en donnerai une preuve. Une servante avait l'habitude de nettoyer près d'une fontaine des Perches prises dans les nasses; elle en jetait les débris et les œufs dans une seille à choucroute remplie d'eau qui se trouvait là par hasard ; mais lorsque le propriétaire de la seille vida son contenu, il le trouva habité par une foule de petites Perches qui étaient écloses dans cette eau sale et puante. Ce fait est presque incroyable, mais il est cependant authentique. Les petites Perches nouveau-nées se répandent dans toute l'étendue du lac, mais surtout dans les profondeurs du Mont, où elles rencontrent alors de nombreux et voraces ennemis : ce sont principalement les Lottes, qui s'acharnent à leur pour- suite et suivent sans relâche leurs troupes innombrables, dont elles font une destruction considérable. Dans le mois de juin, les Perchettes de l'année précédente, alors longues d'un pouce et demi, arrivent sur les rives en quantité. Un poisson de leur espèce, un peu plus grand que le reste, ou, chose curieuse, le plus fréquemment un gros Goujon, se met à la tête du troupeau qui obéit, on peut le dire, aveuglément à son chef. Les petits poissons cheminent ainsi à la surface de l'eau, imitant leur conducteur s'il s'arrête, ou le suivant dans toutes les évolutions qu'il lui plaît de faire; dans ce cas, on ne voit jamais l'arrière-garde prendre le plus court chemin pour le rejoindre, lors même qu'il passe très- près d'elle : chaque poisson garde son rang et n'en sort pas. Uuand une rivière ou même un petit ruisseau se rencontre sur LA PERCHE. 217 son chemin, le Iroupeau tout entier s'arrèle ; une grande agi- talion règne parmi ses membres, le cliel' parait délibérer un instant avec ses voisins ; puis, après mainte hésitation, il entre courageusement dans les nouvelles eaux, suivi de toute son escorte. Après les avoir explorées, tous ensemble redes- cendent au lac, et continuent ainsi leur pérégrination. C'est un des plus jolis spectacles que l'on puisse contempler. Pendant les chaudes journées d'été, les Perches aiment à entrer dans les roseaux, dont les feuilles les préservent du soleil ; on les y rencontre souvent en nombreuse compagnie composée d'individus qui pèsent depuis un quart jusqu'à 3 livres. C'est à cette saison que le pécheur tend ses tilets en dehors des" roseaux, en ayant soin de former à chacune de leurs extrémités un cul-de-sac : car les Perches ne sont pas toujours d'humeur à se lancer à corps perdu au milieu du piège; elles le suivent le plus souvent, et, en langage de pêche, elles ne <( bourrent » que quand elles arrivent dans le cul-de-sac. Lorsque les algues et les différentes espèces de plantes aquatiques ont poussé sur les blancs fonds (août et septembre), les Perches préfèren^t ces endroits aux roseaux ; elles s'y rassemblent avec toute espèce d'autres poissons, comme Brochets, Cormonlants, Platelles, Vengerons, etc., et se mettent à l'ombre sous les feuilles de ces plantes. On les prend alors de la même manière que dans les roseaux. Les Perches chassent souvent en compagnie aux petits pois- sons, et il n'est pas rare de voir tout à coup la surface du lac bouillonner, et des myriades d'Ablettes, principalement, fuir (levant l'ennemi, moitié nageant, moitié sautant hors de l'eau; puis, quand chacune des Perches de la troupe a saisi sa proie, tout redevient tranquille comme aujnaravant. On pèche les Perches de bien des manières encore, soit à la ligne dormante amorcée de Goujons, soit la nuit, dans les troupeaux d'Ablettes qui frayent (juin et juillet) dans les eaux du Mont, aux filets dormants, ou à la seine, ou enfin à la ligne amorcée de vers ou de Vérons. Pour cette dernière pèche, c'est l'embouchure de la Reux qui a toujours eu la plus grande réputation; mais aujourd'hui elle n'est plus méritée. Pour 'il 8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLLMATATION. quelles causes? C'est ce qu'il serait difficile d'expliquer clai- rement. Celte pêche est très-amusante, et quelquefois produc- tive; mais les Perches sont si capricieuses, le temps, les courants de l'eau et les amorces que l'on emploie jouent un si grand rôle dans sa réussite, que pour h prali(iuer avec succès, il faut être doué d'une patience et d'une persévérance à toute épreuve. La grosse Perche est un de nos meilleurs poissons comes- tibles : sa chair est ferme, légère et d'un goût parfait ; elle ne rassasie pas, comme c'est le cas de celle des autres poissons, qui provoque souvent des embarras gastriques, et de laquelle on a Ircs-vite assez et pour longtemps. Elle olî're un seul inconvénient, c'est celui de la quantité d'arêtes qu'elle ren- ferme. Ces arêtes sont dangereuses à cause de leur rigidité et- de leurs pointes acérées, qui s'enfoncent quelquefois dans i'arrière-bouche ou l'œsophage, d'où l'on a'souvent beaucoup de peine à les retirer ou à les faire descendre. Cependant on peut, avant de cuire ces poissons, les débarrasser de leurs arêtes : avec un couteau bien tranchant, on sépare verticale- ment et de chaque côté de la colonne vertébrale les épaisses masses charnues qui la recouvrent, laissant le squelette privé de tous ses muscles; puis, on rapproche l'une de l'autre les deux parties tranchées, à l'extrémàlé desiiuelleson applique la tète du poisson, qui reprend ainsi son aspect primilil. II. EXTRAITS DES PROCES- VERBAUX DES SÉANCES GÉiNÉHALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE nu 20 AVRIL I8()(3. ■' Présidence de JI. A. Ta^^sy, vice-président. M. le Président proclame les noms des membres récemment admis ; ce sont : MM. Basin, ingénieur des ponts et chaussées, à Bourg (Ain). Caron (Jiiles-Amédée), à Paris. Caubet (Jean-Baptiste), éleveur au parc de la Tètc-d'Or, à Lyon. Clerc, notaire, à Valence (Drôme). Gay-Lussac (Henri René-Joseph ), aspirant de marine de J" classe, à. bord du Magenta, rade de Cherbourg. HoGG (Thomas-Paul), chimiste et pharmacien, à Paris. ZoLLA (L. Emile), courtier d'assurances maritimes, à Paris. - — M. le Président annonce à la Société la perte qu'elle vient de faire dans la personne du docteur Agron de Germigny, le généreux fondateur de deux primes décernées annuel- lement. — A l'occasion du procès-verbal, M. Ramel signale une erreur glissée dans la rédaction d'un procès-verbal déjà pu- blié (page 123 du Bulletin), et deux oublis qu'il tient à répa- rer : r la nomination de MM. Cosle et Geoflroy Saint-Ililaire au litre de membre honoraire de la Société d'acclimatation de Melbourne; T l'énumération des animaux introduits ou acclimatés par cette Société, et dont les noms se trouvent mentionnés dans le Journal australien. — Le procès-verbal de la dernière séance est lu, mis aux voix et adopté. — M. le secrétaire procède au dépouillement de la cori'es-^ pondance. 2*20 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULOGIQUE d'aGCLIMATÂTION. — M. Sacc écrit pour iinnoncer la mort de M. le docteur Agron de Germigny. — M. Charles Chevrier, à Saint-Gilles (Vendée), remercie la Société de la récompense qu'elle lui a accordée dans Ut séance publique pour ses travaux de pisciculture. — M. Hippolyte Bonnes adresse, sur le chcplel de Chèvres d'Angora qui lui a été confié au mois de septembre 4 865, les renseignements suivants : « Un cheptel de Chèvres d'Angora ^) m'a été confié au mois de septembre 1865. Depuis cette » époque, j'ai eu l'honneur de vous adresser un ou deux » rapports sur l'état, de jour en jour plus satislaisant, du )) troupeau. Il se compose en ce moment de 36 animaux : » 10 Boucs, 16 Chèvres et 10 Chevreaux. Les Boucs, à l'excep- » tion d'un seul de trois quarts de sang, n'ont pas cessé de » prospérer. Les Chèvres, quoique un peu maigres, nour- )) rissent de très-beaux Chevreaux. Une Chèvre de pur sang, de » deux ans, malade depuis son arrivée, parait maintenant se » mieux porter. Parmi les Chevreaux, trois seulement sont » de race pure. Depuis six mois que les Chèvres d'Angora » se trouvent sur ma propriété, j'ai eu l'occasion de faire » certaines observations que je ne puis m'empêcher de trans- )) mettre à la Société d'acclimatation. D'un naturel très-doux, » la Chèvre d'Angora ne s'écarte jamais du troupeau des bêtes 1) à laine; elle n'en occupe que rarement la tête, bien diiré- )) rente en cela de la Chèvre commune, qui lait trop souvent » usage de ses cornes contre les autres animaux, qu'elle pré- )) cède toujours, et qu'elle abandonne quelquefois pour aller » brouter un arbre ou un arbrisseau qu'elle a aper<;u. Le na- » turel de la Chèvre d'Angora change quand elle allaite son » Chevreau : elle frappe de ses cornes tous les animaux, » même les chiens, qui passent à côté d'elle. Elle a en géné- » rai les mamelles courtes, et, sous le rapport de la qualité » et de la quantité du lait, elle n'a aucune supériorité sur la v Chèvre commune, beaucoup plus rustique. Pendant les pre- )) miers jours qui suivent leur naissance, les Chevreaux an- )) goras sont bien inférieurs aux Chevreaux du pays. Nés )) ordinairement un mois plus lard que ceux-ci (vers le PROCÈS-VERBAUX. " ?21 » 15 février), ils ne savent pas prendre Ja mamelle tic leur niére ^) d'eux-mêmes; ils grossissent lentement, gambadent peu; ils >^ sont très-nigauds, suivant l'expression des bergers. Après ^) cette période, qui est de quinze jours environ, ils gros- )> sissent et engraissent facilement. Un fait qui m'a frappé et " que je m'empresse de signaler, c'est que les mâles sont en » bien plus grand nombre que les femelles. » ■ — M. GeolTroy annonce à la Société un arrivage d'oiseaux intéressants qui ont été envoyés au Jardin d'acclimatation par M. Dabry, consul de France à Han-kéou. La Société se souvient que M. Dabry a déjà, à diverses re- prises, expédié, de sa résidence à notre établissement, des ani- maux précieux; il suffira de vous rappeler le Faisan de Mon- golie {P/iaslanus mourjolicus), que nous avons reçu en 186^, et les ïragopans de Temminck qui nous sont parvenus. L'envoi qui fait l'objet de cette communication se coHq)osc d'un nouveau Tragopan de Temminck, et d'un oiseau (lui, jusqu'ici, n'avait jamais été vu en France, et dont l'intérèl dépasse de beaucoup celui (juc peuvent exciter en général desemblables arrivages. Il s'agit en elfel du Faisan vénéré (Faisan tlèclie ou Faisan de Keeves), que les naturalistes désignent sous les noms de Phasianus lieevesii, Ph. superbus, Pli. vencratus^ et que les Anglais appellent Burred-tailcd Pheasanl. Le Faisan vénéré est décrit depuis longtemps dans les livres spéciaux, mais est encore fort rare dans les collections. Mal- gré la fréquence des relations qui mettent aujourd'bui en rapport la Cbine et les contrées de notre Europe, le Faisan flèclie est encore un des plus vifs desiderata des conservateurs des musées. Il y a peu d'années que le Brilisb Muséum montre dans ses vitrines, d'une incomparable richesse, l'oiseau dont je vous entretiens. Le i\luséum d'histoire naturelle ne possède encore que les plumes de la queue de ce Faisan. Ces plumes, tjue chacun de vous a pu voir dans les galeries du Muséum, sont d'une longueur démesurée : elles ont envi- ron un mètre et demi, et sont transversalement barrées de noir el de blanc; do là le mun ipii: les Anglais donnent à cet oJL^eau, 2" sÉRii:, T. lU. — M.ii isijfj. 15 "2*22 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCGLIMATATION. Barred-tailed Phcasaiit, c'est-à-dire Faisan à queue rayée. Le corps du Faisan vénéré est plus gros que celui de nos Faisans ordinaires, mais ses formes s'en rapprochent beau- coup", ainsi que ses nllures. Son plumage est jaune relevé de blanc; sa tête est noire, avec le sommet blanc; son cou est orné d'un large collier de même couleur. Cet oiseau, qui ne brille pas par l'éclat de ses couleurs, est beau par l'heureux agencement des nuances vives de son plumage, et étonne par les dimensions de cette queue si disproportionnément longue. Le Faisan que nous a envoyé M. Dabry n'a pas encore ces grandes pennes caudales dont nous vous avons parlé, un voyage de trois mois l'a privé de ses longues plumes ; (|uel- ques mois de repos lui rendront tous ses avantages. L'envoi que nous a fait notre confrère M. Dabry ne se composait pas seulement d'oiseaux vivants, une caisse d'ani- maux en peau, destinée à un ami de notre zélé consul, ac- compagnait le Tragopan et le Faisan vénéré qui nous sont parvenus. On m'a permis, messieurs, de vous parler de ces objets, et je suis heureux de cette autorisation, puisqu'elle me permet de vous annoncer, de vous prédire en quelque sorte les prochaines acquisitions que nous devrons au zèle infatigable de M. Dabry. Tous les animaux renfermés dans la caisse en question sont originaires du nord de la Chine, et vivent par conséquent sous un climat analogue au nôtre. iNous avons remarqué dans l'envoi dilïérents oiseaux insecti- vores intéressants, des Tragopans de Temminck, mâles et femelles, une espèce d'ithagine, et surtout une espèce de Lophophore représentée par une peau de mâle et une peau de femelle. Je m'arrêterai un moment sur ces derniers oi- seaux, qui sont absolument inconnus des naturalistes jusqu'à ce jour. Vous avez présents à la mémoire les formes et le plu- mage resplendissant du Lophophore de Tllimalaya que vous avez vu au Jardin d'acchmatation ; le nouvel oiseau que M. Dabry nous adresse en diffère par plusieurs caractères. Son bec est plus long et plus fort, ses pattes plus vigoureuses. Les plumes de sa queue sont ornées de reflets bleus métal- liques, semblables à ceux des couvertures des ailes. La tête PROCÈS-VERBAUX. ' ' 223 ne porte pas de liu[>pc, mais une collerette de plumes un peu plus longues que les autres se montre à la naissance du cou. Enlin la taille de l'oiseau est supérieure à celle du Lophophore ordinaire. La femelle, de même taille que le màlo, a le i)lu- mage brun; elle est semblable à la femelle du Lophophore resplendissant, elle est seulement de nuance beaucoup plus foncée. ' j>- . ■ ■ . ■ - !;— : ' •. ' ;■■ . " De rex})Osé succinct des caractères de cet oiseau nouveau, il ressort que son nom de Lophophore (porte-huppe ) se trouve être très-mal appro[)rié à ses caractères, car il n'a pas de huppe ; mais la similitude extrême de cet oiseau avec son congénère plus anciennement décrit ne permet pas de l'en séparer génériquement, et nous proposerons ultérieurement de désigner cet oiseau sous le nom de Lophuphorus Lhuysii^ le dédiant à notre président. — Son Exe. M. le Ministre des alTaires étrangères transmet l'extrait suivant d'une lettre de M. Paul Champion, professeur de chimie à l'Association polytechnique de Paris, et délégué de la Société d'acclimatation en Chine, d'oi^i il se propose de revenir en France très-prochainement. « Je me suis procuré, » dans la province du Kiang-si, des Tchou-ki, ou Perdreaux » de Chine, que la Société demande, je crois, en ce moment; )) je les apporterai à Paris, ainsi que des Faisans du nord, et » j'espère en recevoir ces jours-ci d'autres du Japon. » " — M. A. Geoffroy transmet l'extrait suivant d'une lettre qui lui est adressée de Singapore par M. Spooner : « J'ai vu, dans » mon voyage au travers des forêts du Bink-Tuan, une quan- » titè d'animaux remarquables; nous avons tué, entre autres, )) deux grands Cerfs de l'espèce dite Kon-naï, dont je vous » avais parlé; j'ai blessé et pris vivant un oiseau de proie » nocturne qui a la taille d'un Aigle : j'en ai fait cadeau au » Jardin zoologique de Saigon. J'ai rapporté une sorte d'Axis » non moucheté, ayant au-dessus des yeux une touille de poils )) noirs et ':Ongs ; je vous l'enverrais avec plaisir, s'il avait quel- » que chance d'arriver, mais dans la traversée de Saigon à » Singapore (cinquante-deux heures) j'ai failli le perdre : il ne » mange absolument que des feuilles de patates. Le gibier à 2*2A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGiQUE d'âCCLIMATÂTION, y> plumes est magnifiqiieraent représenté dans celte contrée: » je ne citerai qu'une Perdrix magnifique, qui, parle dos et les )) ailes, rappelle la Perdrix rouge, tandis que son abdomen est )) moucheté blanc et noir un peu comme la Pintade. J'en avais » acheté une douzaine dans un marché annamite ; les unes )) se sont assommées contre les parois de la cage, les autres » se sont laissées mourir de faim: en six jours, il n'en restait » pas une. » ■:. — La Société d'acclimatation mauricienne, désirant intro- duire à l'île Maurice plusieurs espèces d'oiseaux, demande à la Société impériale de s'occuper de cet envoi. Les oiseaux désignés sont : des Colins de Californie, Colins houi, Zoné- colins, Perdrix Cambra de l'Algérie. — Le Conseil a décidé que cette demande serait accueillie. — La Société scientifique d'Arcachon adresse un Formu- laire de questions dont les réponses sont appelées à concourir pour les récompenses qui seront décernées en juillet 18(i(5 à. l'Exposition de pêche et d'aquiculture d'Arcachon. (Voyez Bulletin, p. 182.) — M.Duseigneur, négociant sériciculteur à Lyon, lait hom- mage d'un exemplaire de la brochure qu'il a publiée Sur la makulie des Vers à soie. — Remercîments. — M. le docteur Chavannes, délégué de la Société à Lau- sanne, adresse une demande de cocons de Vers de Boniby.c PeniyL Notre confrère fait remarquer que seul il a déjù (jbtenu des cocons et des papillons de cette espèce sauvage. Bien que l'envoi de B. Pemyi, fait par M-"" Perny, soit arrivé à peu près complètement perdu, par suite de la privation absolue d'air à laquelle les cocons avaient été soumis, une partie de ces cocons sera expédiée à M. Chavannes. — M. le Président de la Société des sciences, agrii ulture et arts du département du Bas-Rhin, demande, au nom de plusieurs membres, (ju'il lui soit adressé des graines du Ver de r Allante. — M. Gagnât, juge de paix à .hjyeuse (Artlèche), accuse réception des graines de Vers à soie du Chêne, qui lui ont été adressées, et oiïre ses remerciments à la Sociévi. i>RncÈs-VERTi.\rx. 1'25 — M. le comte de Kercado adresse une demande de eraines de Bomhi/x de Cliine et du Japon. En prévision de ses tra- vaux de sériciculture orientale, notre confrère a, depuis deux ans, tait faire sur sa propriété des environs de liordeaux des plantations d'Ailantes et de Chênes de diverses essences. — M. Renard ofiVe des graines de Sorgho de sa récolle de Saint-Mauv, et quelques graines de Maïs Cuzco. Notre con- frère rapj)elle que pour avoir des graines à maturité, il suffi! de semer le Sorgho dans un terrain chaud ou sous châssis, et de repiquer ensuite en pleine terre, comme on fait du Colza. — Son Exe. M. le Ministre des afl'aires étrangères transmet, de la part de M. l'ahhé Cochet, correspondant de l'Institut et inspecteur des monuments historiques et religieux de la Seine- Inférieure, un exemplaire de ses Etudes sur les anciens vl- gnoblt's de la Normandie. Ce travail sera déposé à la hiblio- thèque de la Société. — M. Manmenet, de Nimes, écrit pour donner des ren- seignements sur sa culture de Bamlmsa mitis ou deMontigni/ : a Répondant à l'appel de M. Joseph-Lafosse dans le Bulletin ii de janvier, je dirai que depuis le printemps de 1862 je >< cultive et observe le Bambusa mitis ou de Montigny, reçu i> à celle époque de M. Hardy. 11 est chez moi en sol argilo- » calcaire peu profond. C'est un végétal toujours vert, suppor- » tant parfaitement une température de — centimètres >■> en diamètre à la base; mais elles sont extrêmement rigides, )) sèches, et fort dures à couper, même vertes. Les plus jeunes 0 pousses sont déjà d'une telle consistance, que je ne com- » prends pas qu'on en puisse faire un usage quelconque pour )> l'alimentation. Au résumé, le Bambou Moiitigny ne me » paraît pas mériter hi qualification de grande espèce que lui » donne M. Joseph-Lafosse, et, bien que rustique et se mul- )) tipliant avec facilité par des tiges souterraines munies de » pousses à chaque nœud, et qui tracent à plus d'un mètre » de la touiVe, son utilité chez nous ne peut être que très- » limitée. » 2^ SOCÎÉTÉ IMPÉRIALE :?OOLOGrOlIR d'aOCLIMATATIOX. — M. cil. Geoflroy écril Je Vctdun, en dale du li mars : « Le Bulletin de la Société de Nancy proclame le succès obtenu » dans la culture du pêcher de TuUins; ce succès aurait pro- » duit une vinj^taine de fruits. J'ai été plus favorisé, puisque, » sur deux arbres de mêmes dimensions en hauteur et circon- » férence, et encore de même âge, j'ai récolté de 1000 à » 1200 pêches, dont la cueillette s'est faite pendant quinze » à vingt jours. » — M. le Président de la Société d'acclimatation de Victoria demande à la Société impériale diverses graines de plantes de l'Algérie. — M. Ch. du Plessis d'Argentré adresse une demande de graines de China-(jrass. — MM. Huber frères et C'% horticulteurs à flyères, adres- sent le nouveau catalogue des plantes ornementales sortant de leur culture, qu'ils viennent de publier, et fout remarquer qu'ils annoncent dans ce relevé de jeunes plants iVEiical//ptu.<; (/lobulus , de Dahlia imperialh, et de variétés nouvelles de Ghrysanthemum japonicum, dont ils ont placé des échantil- lons fleuris sous les yeux de la Société, dans une des séances du mois de décembre dernier. — Il est déposé sur le bureau un article extrait du Moniteur /miverselda^^ mars, qui, sous la rubrique «: Jardin d'acclima- tation de Toulon », fait l'énuméiation d'un grand nombre de Conifères nouvelles rapportées de la Chine et du Mexique, et dont la plupart semblent s'accommoder à merveille du climat de la Provence. — M. le comte de Saint-Aignan olTre, pour être distribués aux membres qui désireraient en prendre connaissance, cent exemplaires d'un opuscule qu'il vient de publier 5'w la crise arjricole. — Remercîments. ■ •■ . > , ' ' — M. Bourguin offre à la Société un exemplaire de l'Éloge historique de Cuvier, qu'il a publié dans les Annales de la Société linnéenne de Maine-et-Loire. — Remercîments. — M. le docteur Vavasseur met sous les yeux de la Société un morceau de viande de bœuf de la Plata conservée par salaison depuis dix-huit mois, et dont le prix minime de nuici'S Yi'.RRAUX. 227 60 centimes le kilograiiime la mot à la portée de toutes les bourses. Notre confrère fait connaître les moditications appor- tées dans les anciens procédés de conservation. Ces moditica- tions ont pour résultat de préserver les viandes de toute odeur. (Voyez au Bulletin.) — M. Wallut signale que les journaux périodiques ont an- noncé que l'Angleterre fiiisait déjà une grande consommallon des viandes salées d'Amérique. — M. Ramel dit qu'en Australie on utilise généralement les viandes des animaux abattus pour l'exlraclion du suif, mais qu'on a cherché vainement à répandre l'usage des viandes con- servées et salées. — 31. le docteur Martin de Moussy ajoute que pendant vingt années on a tenté inutilement de faire accepter en Europe la viande conservée d'Amérique. Son odeur faisandée la fait toujours repousser ; celle d'Australie est encore plus mauvaise. Les nouveaux procédés de conservation dont parle M. Vavasseur, en la privant de toute odeur, sont appelés à en vulgariser la conservation. — M. Carvallo donne lecture d'un travail qui a pour titre : Description des germes épidémiques du typhus et du choléra par l'acide pJiospIiorique . (Voyez au Bulletin.) — M. Dorré, au nom de la V Section, lit un Rapport sur le travail de M. de Frarières, relatif aux mœurs des Poissons et à leur accouplement. Le rapport conclut à une demande de nouvelles observations très-précises. — M. Duméri) rappelle que certains Poissons sont pourvus d'organes qui permettent l'accouplement. Chez d'autres, on ne rencontre rien d'analogue; mais il est constant que la poursuite des femelles par les mâles a une influence heu- reuse sur la génération. Notre confrère a pu vérifier sur les Batraciens que cette poursuite hâte la maturation des ovaires, le développement des organes génitaux et excite la ponte. — M. A. Geoffroy cite l'observation qu'il a pu faire, à l'époque de la ponte, sur les Truites de l'aquarium du .Jardin d'accliniatalion. Bien qu'il n'y ait pas rapprochement intime, IL. ?!'2H SOniHTÉ IMPÉniALK ZOOLOGIOIIE n'ACCLIMATATlON. ces poissons s'apparienl, rroiisniU dans le sahlc une euvelle ileslinée aux œufs, el, ])enclant plusieurs jours, jus'pi'au mo- ment où la ponte est terminée, nagent très-rapprochés l'un de l'autre. Chaque fois que le mâle vient à toucher la femelle, il paraît éprouver une sensation puissante, qui se traduit par une vibration de tout son corps. ~M. Duméril signale que Busconi, dans son ouvrage sur les Tritons, a dit que les mâles se rapprochaient de la femelle et la flagellaient, pour ainsi dire, à l'aide de la queue, pour l'exciter à pondre. — M. Millet fait observer que la 3' Section a voulu se ren- fermer dans une prudente réserve, et n'a eu d'autre but que d'appeler l'attention des lecteurs du Bulktin sur la théorie de M. de Frarières pour provoquer des observations et des expé- riences. A ce sujet, M. Millet fait connaître qu'à l'époque de la ponte, la femelle a par elle-même, ou par ses organes géni- taux, une influence notable sur le mâle. Pour ses études sur la fécondation artificielle des Truites, notre confrère s'est trouvé souvent dans l'impossibilité de se procurer des mâles. Il eut alors l'idée d'enfermer des Truites femelles dans un verveux placé à la partie supérieure du courant d'une rivière ou d'un ruisseau. Le lendemain, plusieurs maies avaient pé- nétré dans le verveux. H obtint le même résultat en plaçant à l'intérieur de cet engin, et renfermés dans un sachet, des œufs mûrs et nouvellement extraits. M. Millet a remarqué que les œufs arrivés à maturité sont toujours afcompagnés d'une liqueur dont l'odeur est très-accentuée et très-péné- trante, au point de provoquer souvent chez lui une toux d'irritation; que cette liqueur, émanant soit de l'orifice géni- tal, soit des œufs en sachet, et entraînée parle courant de l'eau, excite les mâles à remonter ce courant. Notre confrère a aussi remarqué (jue chez les Truites la laitance passe rapi- dement à l'étal crémeux ou li(iuide, et devient ainsi apte à la fécondation, dès que les mâles sont en rapport avec les femelles. — M. Duchesne-Thoureau lit un Mémoire sur les procédés de culture du Pin de Riga. (Voyez au Bulletin^ p. 1/45.) •* PROCÈS-VERRAUX. 2*29 — A l'occasion do colle conimnnlcalion,M. Millel l'ail obser- ver que le mode de semis décrit par M. Ducliesne-Thoureau est mis en pratique dans les pépinières des particuliers et dans celles de l'Administration des forêts; mais que pour les semis exécutés dans les grands et importants travaux relatifs au reboisement des montagnes, on procède généralement sur place en répandant les graines sur le sol préparé par bandes alternes et par potets. Dans le Puy-de-Dôme, sur les plateaux couverts de bruyères, on essarte à feu courant. Si le sol est léger et susceptible de gonfler pendant la gelée, on ne sème pas la j)reraière année; on attend qu'une espèce de mousse ou licben apparaisse à la surface du terrain ; on sème alors au printemps à pleine volée, et l'on ne donne aucune culture. Sur les stations élevées, où la neige ne disparaît que tardivement, on répand les graines sur la neige même, et celle-ci, en fondant, les entraîne sur le sol ou dans les in- terstices de la surface, où elles ne tardent pas à germer. Dans le Midi, sur les stations où les jeunes plants ont beau- coup à souffrir de la chaleur des mois de juin et juillet, on a eu l'heureuse idée de ne semer qu'en été, de sorte que les jeunes plants sont assez robustes pour résister d'abord aux froids de l'hiver, et ensuite aux chaleurs de l'été suivant. Enfin, dans les semis par bandes alternes ou par potets, notre confrère a obtenu de très-bons résultats en répandant à la surface du sol, de manière à le blanchir, de la chaux pulvérulente éteinte à l'air. Cette matière aurait la propriété d'absorber les gaz acides, et d'éloigner les animaux nuisibles, tels que souris, mulots, insectes et oiseaux. — M. Gollardeau signale le procédé qui consiste à semer à la fois le Pin et l'Avoine; celle-ci, en levant, préserve les jeunes Pins. — M. A. Passy fait remarquer que cette dernière façon de procéder est généralement adoptée en Normandie. — M. Ramel informe la Société qu'à la demande de M. Ed. Wilson, M. Ferd. Mueller a envoyé 500 livres de semences à'Acaciff daalbata et lojjJiantJia pour être semées dans le (léser! algérien. Ces arbres, d'un aspect ravissant quand ils 230 SOCIÉTÉ IMTÉUIALE ZOOLOGÎQIJE d'aCCLIMATATION. sonl couverts slo fleurs, croissent rapidement et fournissent une écorce précieuse pour ki tannerie. C'est à la suite d'une transformation d'un désert australien en bois taillis offrant une nourriture abondante et recherchée des Chameaux, que M. Wilson a voulu doter notre désert algérien d'un semblable bienfait. ' • Notre confrère annonce aussi que les Chameaux (importa- tion toute récente de la Société d'acchmatation) viennent de rendre un grand service en Australie dans une expédition organisée sous le patronage des dames pour aller à la recherche d'un savant explorateur perdu dans le désert depuis 18AS. La troupe se composait, au départ, de 70 chevaux, de ih cha- meaux et de 12 à 15 voyageurs, sous la direction de iM. Su- tyre. Les sources sur lesquelles on comptait ayant été trouvées taries, les hommes se jetèrent sur les liqueurs fortes, les che- vaux s'échappèrent, les Chameaux seuls restèrent à leur poste. Grâce à cette circonstance, l'expédition a pu être réor- ganisée. Les dernières nouvelles annonçaient que la caravane était arrivée au fleuve Thompson {Thompson river). M. Ramel annonce enfin qu'il a reçu plusieurs nouvelles espèces d'iî;?/c«/yp/fî/s très-intéressantes. Il doit les placer sous les yeux de la Société à l'une des prochaines séances. — M. Révérend donne lecture d'une Note intitulée : Aperçu sur quelques produits zoologiques et agricoles dans les envi- rons de Sainte-MartJie (Nouvelle-Grenade). Ce travail est ren- voyé à la commission du Questionnaire. — M. le docteur Chavannes fait ofîrir, en son nom, une petite quantité de semences d'Orge sans barbe. — M. Millet rappelle que, dans la séance du 16 juin 1865, il a fait une communication sur les ravages causés par les insectes, et sur la nécessité de protéger les Oiseaux insecti- vores; qu'à cette occasion, il a exposé un plan d'études relatif à la migration de ces précieuses espèces, en demandant le concours des membres de la Société, qui, répartis dans les divers départements de la France et dans les régions par- courues ou habitées par les migrateurs, pourraient fournir d'utiles renseignements. , . PP.OCÈS-VERBAUX. «23^ Anjoiird'Imi, noire confrère soumet à la Société un projet de Questionnaire destiné à bien préciser la nature de ces ren- seignements, et demande que ce Questionnaire soit inséré dans le Bulletin, et qu'il en soit fait un tirage à part pour être distribué aux personnes étrangères à la Société. — Cette de- mande est renvoyée au Conseil. • — M. Millet annonce en même temps qu'il a commencé, l'année dernière, divers essais d'acclimatation du Ro.mr/nolèi (le la Fauvette bahillardc dans des cantons que ces oiseaux, excellents chanteurs et grands destructeurs d'insecles, n'ont pas encore fréquentés jusqu'à ce jour. Dans ce but, notre con- frère a lâché plusieurs jeunes couples adultes dans le jardin réservé des Tuileries, dans les bosquets du Corps législatif et du Ministère des affaires étrangères, dans les Champs-Elysées, dans les jardins de l'Hôtel des invalides, etc., après leur avoir attaché au cou un petit collier de fil ou de soie. Le retour des Fauvettes dans quelques-uns de ces cantons confirme notre confrère dans l'espoir que le Rossignol ne tardera j.as à y reparaître; et quoique les jardins de l'intérieur de Paris soient placés dans des conditions peu favorables, M. Millet pense néanmoins que le Rossignol peut y revenir en suivant- les massifs du bois de Boulogne, ceux des Champs-Élvsées, et les jardins qui y sont attenants ou qui en sont peu distants. — M. le docteur Pigeaux fait observer qu'il est très-facile d'introduire dans un jardin des Fauvettes à léte noire. 11 suffît pour cela d'y transporter une couvée: la Fauvette, n'abandon- nant jamais ses petits, se fixera là où son nid aura été déposé. SÉANCE DU 4 MAI 1866. Présidence de M. Fréd. Jacquemart. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président informe la Société que le Conseil, dans sa séance du 27 avril dernier, a décidé, à la suite de la cor- respondance échangée entre M, Villemereux et la Société, que les programmes des prix à décerner chaque année porteraient, 232 sociKTK iMPÉniALK zooLor.iouF d'acclimatation. en ce qui concfi'ne les deux primes annuelles de 200 francs et de 100 i'rancs, le nom de M. Agron de Germigny, notre généreux et dévoué confrère, récemment décédé, qui avait voulu garder l'anonyme relativement à cette fondation. (Voyez au Bulletin.) Dans cette séance du Conseil, une commission composée de MM. le comte d'Éprérnesnil, A. Geoffroy Saint-Hilaire, baron Larrey, Millet, Florent Prévost et comte de Sinéty, a été nommée pour examiner une proposition de M. Millet relative à la rédaction d'un (Questionnaire au sujet des Oiseaux de passage. M. le Président proclame les noms des mendjres récem- ment admis : MM. Becquemo^t (Ernest), à Paris. KuDE (Yves-Marie), banquier, à Guingamp. Fauron (Louis), négociani, à Cliàteau-Chinon. Pavie (Théodore), propriétaire, à Chazé-sur-Argos, par Ségré (Maine-et-Loire). L Chevrier et Penisson adressent à la Société leurs remercîments pour les récompenses qui leur ont été décer- nées à la séance publique dernière. M. Exinger (de Vienne) adresse à la Société une tête de Castor préparée par lui, et propose ses services à la Société pour lui procurer des Castors vivants. — Renvoi au Conseil. M. Gay-Lussac, aspirant de marine, remercie de sa récente admission. La Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de la Lozère remercie la Société d'avoir bien voulu lui conlier depuis l'année 1860 un Bouc d'Angora, et lui annonce que cet animal, après avoir servi à propager une race très-appré- ciée et appelée à prospérer dans les Gévennes lozéricnnes, est aujourd'hui impropre à la reproduction, et qu'après avoir été au concours régional de Monde, il sera mis à la disposi- tion de kl Société impériale. . - — M. Roy, instituteur à Bousserancourt (Haute-Saône), demande divers renseignements sur les Lamas et Alpacas. l'FlOCÈS-VERBAUX, 233 — M. Geoifruy Sainl-Hilaire fait la communication suivante : Dans la séance du 20 avril dernier, je vous annonçais, messieurs, l'arrivée des oiseaux qui nous ont élé envoyés d'IIan-kéGU (Chine) par notre zélé confrère M. Dabry; je suis heureux d'avoir à vous dire aujourd'hui que la bonne volonté d'un des membres de la Société vient d'enrichir le Jardin d'acclimatation de nouveaux dons. M. Paul Cham])ion, dont le nom vous est bien connu, est arrivé de la Chine hier soir ; outre les précieux documents qu'il a recueillis sur diver^es branches de l'agriculture et de l'industrie des pays qu'il a parcourus, il a rapporté de la Chine et du Japon une remarquable collection d'oiseaux vivants. Le Jardin a reçu : 2 Faisans vénérés (mâles); 2 Faisans de Mongolie (mâle et lemelle); 2 Faisans bronzés, màlc et femelle (variété du Faisan de Sœmmering); h Perdrix de Chine, 2 mâles et 2 femelles; 2 Poules négresses de soie; 2 Poules à plumes frisées; J Canard man'clarin raàle. 11 y a quelques semaines, nous ne connaissions encore le Faisan vénéré {Phaskmus veneratm) que par les descriptions des naturalisles et les figures que nous en avions pu voir. Aujourd'hui, grâce h. MM. Dabry et Paul Champion, le Jardin d'acclimatation possède trois exemplaires de cette précieuse espèce, trois mâles il est vrai, mais ne désespérons pas de recevoir bientôt les femelles du Faisan vénéré, et d'en pouvoir alors tenter la reproduction. Le couple de Faisans de Mongolie est pour nous d'un grand intérêt. Ce Faisan {PhasUmiis r/Kmf/olictfs), proche parent du Faisan à collier dit de l'Inde [Phas. torqualus), n'est, à [iroprement parler, (ju'une variété de la même espèce. C'est vous dire, messieurs, qu'ils ont l'un et l'autre les mêmes (jualilés et les mêmes défauts. Depuis un grand nombre d'an- nées on se plaint que les Faisans dits de Tlnde, de sang pur, sont introuvables; grâce à M. Paul Champion, le Jardin d'ac- climatation pourra, l'an prochain, procurer des étalons d'une race non mélangée, et je ne doute pas que les hommes qui s'occupent du reitcuplement des forêts n'applaudissent k cette importation. v Le Faisan ^c Mongolie reproduit, a très peu près, le Fai- 234 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. San dit de i'iiide, dans ses lormes, dans sa taille et dans la coloration de son plumage. Il s'en distingue seulement par la coloration des couvertures et des plumes de la queue, et jjar la longueur un peu plus grande de ces dernières. Dans une excursion qu'il fit au Japon, M. Paul Champion lit l'acquisition, à Yokohama, de deux Faisans bronzés à longue queue, qu'il a pu ramener en parfait état de santé jusqu'à Paris. Ces deux oiseaux, un mâle et une femelle, sont lrès-sem!)lables aux Faisans de Sœmmering que vous avez pu voir au Jardin d'acclimatation, mais ils appartiennent à une autre espèce, décrite celte année même par l'éminent orni- thologiste anglais, Gould (1), sous le nom de Phaslanus scin- tillons. Le Faisan dont il s'agit porte un plumage d'un rouge vif, à reilels métalliques, comme hPhasianus Sœmme/'ingii ; seulement ses plumes sont bordées de blanc, et sa longue (jueue, au lieu d'être barrée alternativement de roux, de rouge et de brun, présente, en même temps que ces nuances, des zébrures transversales blanches. La femelle du Ph. scin- tillans se distingue de la femelle du Faisan de Sœmmering par son plumage mêlé de blanc. Ces différences dans la colo- ration de ces oiseaux, dont les formes, les proportions et la taille sont identi([ues, peuvent à bon droit passer pour des caractères de variétés. Il est en effet à remar(juer que les Faisans de Sœmmering, que possèdent acluellenienl quelques jardins zoologiques de l'Europe, sont tous originaires de Nangasaki, tandis que les Faisans Yamaduri (2), rapportés par M. Paul Champion, ont été achetés à Yokohama. Nanga- saki et Yokohama, situées sur des îles de l'empire japonais, à une distance considérable l'une de l'autre, auraient leurs en- virons fréquentés, chacune, par l'une des variétés du Faisan bronzé à longue queue dont je vous entretiens. Les quatre Perdrix rapportées par M. Champion sont du nord de la Chine; on les désigne, suivant M. Champion, sous le nom de Tchou-ki. M. de Montigny, qui avait offert, il y a plu- (1) Goi\\d, Annah uf Natural Hislory, 1866, p. 150. ('2) INoni japonais dos l''ais;uis ijrouzés ù longue queue. PKOCÈS-VERBAUX. 235 sieurs années, quel(|iies oiseaux de cette espèce à S. M. l'Eiu- pereur, les désignait sous le nom de Oua-ki ou Oua-kiki. Enfin, le nom que cette jolie espèce a reçu des naturalistes est celui de Perdi.x sphemira. La Perdrix Tchou-ki est une Perdrix percheuse, qui se défend remarquablement contre les chasseurs, disent ceux qui l'ont poursuivie dans son pays. Son plumage rappelle un peu celui de la Perdrix rouge, quoique les tons dont elle est parée soient le roux et le brun. Celte espèce est une bonne acquisition pour nous, car elle a les meilleures dispositions pour reproduire en volière. La vénerie de Sa Majesté l'Empereur (à Saint-Cloud et à Saint-Germain) élève chaque année quelques couples de ces Perdrix chi- noises; le jour viendra bientôt où le nombre des jeunes ob- tenus deviendra assez considérable pour que ces oiseaux soient abandonnés à eux-mêmes en liberté. Les Poules rapportées de Chine par I\L Paul ChanqHon olfrent un intérêt beaucoup moins grand que les oiseaux si précieux dont je viens de vous parler; cependant les volailles de race nègre que nous avons reçues sont remarquables par la petitesse de leur taille, la finesse et le duveteux très-parti- culiers de leur plumage blanc et soyeux. Outre les divers Gallinacés que j'ai énumérés, M. Paul Champion a importé un Canard mandarin mâle. Depuis l'essor pris par le goût des oiseaux, et datant déjà de plusieurs an- nées, il est remarquable, messieurs, que jamais, du moins à ma connaissance, il n'ait été importé de Canards mandarins: depuis tantôt vingt-cinq ou trente ans, tous les Canards à éventail qui se trouvent en Europe sont issus des premières paires importées. Maintes fois, mais en vain jusqu'ici, nous avions demandé en Chine quelques-uns de ces Canards pour fournir aux éducateurs de ces animaux du sang nouveau ; au- jourd'hui nous avons un mâle: c'est peu sans doute ; il fera souche cependant. En même temps que ces animaux, M. Paul Champion a remis au Jardin d'acclimatation des végétaux de deux sortes. Lui-même vous en entretiendra bientôt. Ces végétaux sont, les uns des racines de China-grass {Urtica nivea), les autres "236 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCGL1M\TAT!0N. les plants d'un végétal japonais qui sert, m'a dit M. Ciiain- j)ion, concurremment avec le Cliène, dans l'éducation du Ver ta soie, Bombyx yama-miû du Japon (1). Les quelques mots qui précèdent vous donneront, mes- sieurs, une idée de l'intérêt que présente la collection appor- tée par M. Champion. Vous pouvez apprécier le service qui est rendu à notre établissement, et comprendre la vive salis- l'aclion avec laquelle nous avons accueilli ces hôtes nouveaux. Mais pouvez-vous savoir au prix, de quels efforts, par quel labeur incessant, par quels soins persévérants, i\l. Paul Champion a rapporté de la Chine et du .Jnpon, jusqu'aux portes du Jardin d'acclimatation, toutes ces richesses vi- vantes'/ Le secret des misères et des anxiétés du voyage a été bien gardé par M. Champion. Je l'ai pénétré cependant, et je puis airirmer que la vivacité de notre reconnaissance pour notre généreux donateur ne sera jamais égale aux peines qu'il a dû endurer pour mériter les sentiments de gratitude que nous avons pour lui. ^ ., , , ^ — M. Barulïi, délégué de la Société îi Turin, ti'ansmel un numéro de la Gazzetla officiale delrcgno tV Italia^ dans lequel il a inséré un article au sujet de la conmuuiication de M. le docteur Mourier sur la sériciculture au Japon. A cette occasion, M. le président rappelle à la Société le zèle incessant avec lequel M. Barufïl ne cesse d'apporter une coopération active à l'œuvre de notre Société, et de répandre la connaissance de ses travaux. — M"" la baronne de Pages (née comtesse de Gorneillan) écrit au sujet de ses éducations de Versa soie les rensei- gnements suivants : « J'ai l'honneur de vous annoncer que » les graines de Bombi/x yama-maï que j'ai reçues de la » Société d'acclimatation m'ont donné de Irès-beaux vers, » en ce moment b. leur second âge et en vigoureuse santé. » Ayant commencé à éclore prématurément, j'ai essayé sans )) succès de les nourrir: 1" avec du Cognassier, sur l'indi- ■f (1) L'élat factieux dans leqiu'l ces vogtHaux sonl arrives donne à ciaindr pour leur conscrvalion. ... ... rROCÈS-VERBÂUX. ' 237 » cation de M. Personnat; 2* avec du Pholinia ylabra^ )> sur l'indication de M. Guérin-Méneville. Mais après quel- V qucs jours, le ver s'étiolait et tinissail par périr. Grâce » à la bienveillance de M"" Boucarut, j'ai pu recevoir des •>) Icuilles de Chêne tous les deux ou trois jours par le chemin » de Ter qui vient d'Uzès à Paris, et mon éducation a été sauvée » et marche à souhait, car le Bombyj: yama-niai^ jusqu'à » présent, me paraît infiniment plus facile <à soigner que le >) Bombyx (Jynthin. Seulement il a la passion de l'eau, et boit B à mourir, si l'on n'y met pas ordre! 11 prend même des ^) bains dont il sort parfaitement sauf, même après une assez ^> longue immersion. J'attends en ce moment l'èclosion des » cocons vivants du .lujubier, que M. le général Faidherbe » m'avait envoyés du Sénégal l'automne dernier. Les clirysa- » lides sont bien vivantes, et j'ai fait venir du Midi des Juju- ^ biers pour mes essais. Déjà l'an dernier j'avais eu quelques -}) papillons, malheureusement tous mâles. J'ai pu t/t assurer )) qu'ils pourraient donner des métis avec des femelles de » Bombyx Cynthia ou de Bombyx Arrindia. Mallieureusemenl » la saison avancée n'a pas permis aux œufs produits de venir » à bien. Le papillon du Faidhcrbia a une odeur assez fétide » et qui rappelle celle du chat... Le cocon de celte espèce, » construit à orifice comme celui du Bombyx Arrindia et du >> Bombyx Cyuf/iia, avec lequel il a des analogies de race (ce ') qui explique la possibilité des métis); ce cocon, dis-je, est » construit pour un milieu chaud, tandis que ceux des espèces » précitées sont pour une zone tempérée, surtout le Bombyx » Cynthia. Ainsi la veste qui enveloppe le cocon est prescjue > blanche, n'adhère pas au cocon, et est percée en haut et en » bas, faisant ainsi une sorte de cheminée d'appel pour l'air^ » qui circule autour du cocon et empêche la chrysalide d'être » briàlée par les ardeurs du soleil sénégalais. La soie de ces » cocons est résistante, fine, élastique et très-brillanîe, d'un » beau blond pâle, et se dévide très-aisément étant enroulée » sans presque aucun gluten, toujours en vue de la circulation )) de l'air. Malheureusement le Bombyx Faidherbia parait » sujet à de nombreux insectes ijui !<• perfoi'cnt, et dontrinlro' 2' stnit, r, Hi. -~ M tion des embarcations. Les Annamites préservent la carène )) de leurs bateaux de rivière et de mer au moyen d'un enduit * fabriqué avec l'huile de <, el s'en est servi, en lS6t, quand il publia le livie ayant pour litre: AccUmntation et domcsiicalion des animaux utilei. Dans ce remarqualile traité de zoologie pratique, il éuunière, en les rapportant à cliacnne des cinq divisions, les qua- rante-sept espèces d^inimaux Jusqu'ici domestiques, et il y étudie, dans le même ordre, les espèces sauvages dont l'asservissemeul par l'homme devrait èlre tenté et dont on peut espérer la réussite dans un avenir plus ou moins éloigné : c'est un tableau des travaux déjà entrepris ou à entreprendre par la Société impériale zoologique d'acclimatation dont il a été le fondateur. (i) Bibrim a snccondié, en 1 84f!, à une mort prématurée, sans avoir rien publié sur ce sujet ; mais il a laissé en manuscrit des tableaux synoptiques résumant >es leçons sur certaines classes !?/i2 SOGIlirÉ IMPÉRIALE ZOOLOftIQUE d'aCCL1!VIATA.TI0N. IjPs aiiiiuaux utiles le soiK : .1. Pendant LEUR VIE; /.n,,.vh.'î' B. Après leur mort. 1. Pendant leur vie, ils sont utiles par leurs actes et par leurs produits. I. Par leurs a<*les, OU l" Par les travaux auxquels on les soumet comme montures, bêtes de somme et de irait (Cheval, Ane, Mulet, Bœuf, Buffle, Zébu, Yak, Cliameau, lienne. Éléphant, Lama, Alpaca). 2" Par les travaux qu'ils exécutent instinctivement : (t. Kn piquant, dans les forêts voisines du Gange au Bengale, quelques espèces de Figuiers ou de Jujubiers, doni le suc s'écoule par les ouvertures ainsi pratiquées, et constitue la gomme-laque, sorte de résine : aa. Qui fournit des vernis très-beaux et très-solides, et entre dans la confection de la substance dite cire à cacheter ; hit. Qui, en outre, renferme une matière coloraute rouge, employée pour la laine et pour la soie : (Kermès, insecte hémiptère, espèce particulière de Cochenille). b. En piquant, pour \ déposer ses œufs, un Chêne de l'Asie Mineure, très-abondant aux environs d'Alep ; de ces blessures résultent des tumeurs arrondies, dites noix de galle ou galles des boutiques, utilisées daus la teinture et pour la composition de l'encre à écrire, dont la couleur noire est •lue à l'action du sulfate de fer sur la noix de galle : ,, . .. (Insectes hyménoptères dits Gynips). c. En pénétrant, pour y vivre, dans Tintérieur des figues sauvages, les insectes, on le suppose, favorisent la fécondation des fleurs intérieures delà ligue, et la caprification consiste à placer, dans les arbres, des branches chargées de fruits ainsi attaqués, pour faire mûrir plus tAt les figues cultivées (insecte hyménoplère voisin des Cynips). d. En construisant son nid avec un duvet tiré des feuilles d'une espèce de Fromager ou Botnbax, et qui peut servir pour arrêter les héniorrhagies (Fourmi bi-épineuse de Cayenne) (1). d'animaux et un i^rand tableau embrassant tout le règne animal. C'est ce dernier que je fais con- naître ici sous une forme dilTérente et avec des additions. J'ai moi-même, pendant plusieurs années, au colléi;e Chaplal, montré l'importance de ne jamais négliger, dans l'étude de la zoologie que je suis chargé d'y enseigner, l'emploi fait par l'homme des animaux et de leurs produits. La zootechnie a été l'objet , à plusieurs reprises déjà , d'un certain nombre de leçons dans plusieurs de mes cours ;hi Muséum, où, ayant à m'occupor seulement dos reptiles et des poissons, je trouve cependant à présenter de nombreux exemples des ressources que les animaux de ces deux classes nous fournissent pour notre alimentation, pour diverses industries et môme pour la Ihérapeulique. Plusieurs de mes leçons relatives à ce sujet ont été publiées dans le journal la Science , 1855, et d'autres dans la Hcvue des Cours publies, 1857. En 1803, j'ai donné dans la Revue nationale un article repinduit dans Y Annuaire scientifique de M. P. Dehérain pour 18(>3, et ayant pour litre : Les Pieptiles utiles, où j'ai traité des Flepliles et des Batraciens auxiliaires, et des espèces qui fournissent des produits à l'industrie. Je ne dois pas omettre de rappeler ici que, dans ses Éléments des sciences naturelles, dont la 5^ édition fut publiée en 1846, mon père a toujours indiqué avec soin les applications de re.- îciences. (1) Ce serait peut-être ici le cas de rappeler les services que peuvent rendre comme hygro- mèh-es ou phitê)l comme hygroscopes, un batracien el un poisson : 1 " La Rainette verte d'Ku- cniiONiijUE. ' '2à^ S" l'ar les diverses industries au\quell»^s on les soumet , comme celles : a. De gcirder soit nos liabitations (Chien de garde), soit nos troupeaux et nos volailles (Chien de berger. Agami). 6. De nous aider dans rexcicice, soit de la chasse (les diverses races de Chiens de chasse, Guépard, Faucon), soit de la pèche (Loutre, Cormoran, poisson dit Écheneis). . c. De servir de courriers aérions (Pigeon). f\° En opérant la destruction des animaux nuisibles à l'intérieur el dans • le voisinage de nos habitations (Chat, Chauve-souris, Musaraigne, Hérisson ; Oiseaux de proie nocturnes et l'oiseau de proie diurne dit Secrétaire; Hiron- delle et les Oiseaux insectivores qui se rapprochent des demeures de l'homme ; l'oiseau dit Piquebœuf; Crapaud; Fourmis de l'Amérique méridionale, dites Fourmis de visite). 5° En purgeant, dans certaines contrées, les lieux habités, des cadavres d'animaux qui infesteraient l'air (Vautour, Corbeau). 6" Dans l'application qu'on a su faire, pour le iraitemeni de diverses maladies, de leur manière de se nourrir (Sangsue). il. Pur leul^^ |irodtii(!<. 1" Produits fournis par les espèces domestiques, savoir : a. Le lait, employé comme aliment sous diverses formes : (Vache, Yak, Zébu, Bninonne, Chèvre, Brebis, Jument, Anesse, Chamelle). Ij. La laine, obtenue par la tonte, et qui, suivant son degré de finesse, sert à la confection des matelas ou de tissus : (Mouton, ChèvredeCacheraire, Chèvre d'Angora, Alpaca, Lama, Vigogne). (■. Les œufs, qui constituent une importante denrée, et sont aussi utilisés, particulièrement l'albumine, dans diiïérentos industries : (Lesdiversesracesde Poules, Dinde, Pintade, Cane, Oie, Autruche, Tortue). J. Les plumes, arrachées à des espèces vivantes ou recueillies à l'époque de la mue : aa. Des ailes, qui servent pour l'écriture et le dessin (Oie, Cygne, Cor- beau), comme ornement (Autruche); bb. Du corps, particulièrement du ventre, pour lits de plume et oreillers (Canard, Oie) ; ce. De la queue, dont on fait des plumeaux (Coq, Chapon). e. Le miel, qu'on emploie comme aliment et comme médicament (Abeilles). f. La cire, qui, diversement préparée, sert pour le frottage des plan- chers, pour la fabrication des bougies, et est utilisée dans l'art de la gra- vure, ainsi que dans diverses industries (Abeilles). y. La soie, avec laquelle on tisse des étoiles (dilférentes races de Vers à soie). On peut citer ici les sortes de tissus fabriqués par diverses Araignées. h. Les matières excrémentitielles, propres à amender les terres (Soli- rcipe, en raison de la relation qui semble exister entre la fiéqupnce et l.i force de ses coasserneHls el le procliain changement d'état du ciel, (.récurseur de la ,.lnie. i!«> Le Cobito mmmé Misfiirrn. A 1 approche des orages. ,1 an-iie par ses frcqu.-nis dé|,lac,„„.nls le for.d bourbeux de. \ases où on If lient caplif, cl il in ironbl,- l'eau. •2/|/i .?OCIRTK IMPKntALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. pMes, Pachydermes, l'iiiniiiiaiils domesliqiios, el la plnparl dos oiseaiiv de basse-cour). 2" Pioduils fournis par des espf'ces sauvages, et qui sont : a. Les nids composés : aa. De substances gélatineuses propres à servir d'aliment (Hirondelle salangane; ; hb. Du duvet, nommé édredon, avec lequel on fait des couvre- pieds pour les lits (oiseau palmipède dit Eider). h. Des provisions de graines de plantes céréales amassées pour l'iiiver,- dans leurs terriers, par des mammifères rongeurs, provisions que rhomnie recherche pour les faire servir à sa propre nourriture ou à celle de ses ani- maux domestiques (Hamster, rongeur de l'Europe septentrionale, à abajoues au moyen desquelles il transporte dans ses demeures souterraines les graines qu'il a recueillies). c. Le guano, matière anim.ale formée par les excréments d'innombrables oiseaux de mer qui habitent les îles et les rochers dont la cote de T Amé- rique méridionale est bordée entre les 13'= et 20'^ degrés de latitude australe. Ce guano, on raison de la grande quantité d'azote qu'il contient, est un excellent engrais. 11 est l'objet d'un important commerce. lî. Après leur mort, les animaux sont utiles : I. Par loiito»* lo^ pm-lios ilo loin- corps tiii'on oiiiploie : 1'^ Dans l'art de guérir, comme substance épispastique (Canlhaiide); 2° i'our teindre en rouge (Cochenilles : Corcus cacti et polonicus) ; .3" Comme engrais (Épinoches, Squales dits Aiguillais, qu'on pêche dans certaines localités, particulièrement au nord de l'Europe, en extrême abon- dance) ; Ix" Comme appât pour la pèche (Ammodyte ou Lançon, lors de la pèche du Maquereau ; Ammocète ou larve de Lamproie, différentes larves d'insectes, Annelides marins et petits Crustacés). II. Par ilivorses parties de Wuv corps : 1° Rnvcloppc oxtcrM'iiro et productions ciit«iiée«* : a. Peau (/e.v Mammifcies : lia. Avec poils, qu'on emploie : Soit pour foin iiires de luxe (parmi les carnassiers : Vison, Hermine, Fouine, Marte, Zibeline, Pékan, Isatis ou Uenard bleu. Chat cervier; parmi les rongeurs : (iliinchilla, Viscache, Hamster, Ondatra ou l«al musqué ; p.irmi les ruminants : Agneau d'Astrakhan, Vigogne;. *"' Soit pour tapis de pieds, housses, sacs de soldats, etc. (parmi les car- nassiers : Lion, Panthère, Jaguar, Léopard, (lUépard, Loup, Chien, lîe- nard, Civette, Genette, Ours, Clouton, Blaireau; parmi les ruminants : Cerf, Daim, lienne, Antilope, Chamois, Mouton, Chèvre, ^ak, Hison). *"* Soit pour couvrir des malles (Sanglier, Porc, Phoque). **** Soit pour confectionner les cornemuses (Mouton), des outres des- tinées, dans certains pays, à contenir du vin ou de l'huile (Bouc), ou des surons dans lesquels on enveloppe en Amérique, pour l'expédition , ciinoNiQUE. ■ • ?45 dos marrhandisos telles qiio la cochenillo ol riiidi^^o, et qui sont cousues avec des lanières de la même peau (peau de Bœuf fraîche et sans apprêt , dont le poil est du côté de l'intérieur du suron). bb. Sans poils. La peau des mammifères, tannée, liongroyée ouchamoi- sée, devient le cuir, le maroquin, la basane, le velin, le parchemin, ■ la peaii blanche, qui servent à fabriquer des chaussures, des capotes de voitures, des harnais, des lanières utilisées par l'industrie pour établir dos moyens de conmiunication entre les roues dans les transmissions de mouvement, des couvertures de livres, des gants, etc. — Les résidus de la peau servent à la confection de la colle dite colle de peau. — (Cheval, Ane, Mulet, Bœuf. Vache et Veau, Budle, Mouton et Agneau, Chèvre et Chevreau, Chamois, \)mm, Chien.) b. Poils. Il faut distinguer : • ' aa. Les potls proprement dits : . . " Longs, souples et résistants; ils servent à la confection de tissus, de boutons, de lacets, de cordes, etc. (Bouc, Chèvre, Chameau). *** Fins et doux, on en fait des pinceaux : (Blaireau, Fouine, Belette, Marte). *** Susceptibles de se feutrer ; ils sont employés par la chapellerie (Castor, Haconda ou Coypou, Lièvre, Lapin) : 70 millions de peaux de Lapin ont été utilisées en 18G5, en France, pour la confection des feutres. bb. La bourre, ou poils qui ne peuvent point .servir aux mêmes usages que les précédents et vont entre les mains du bourrelier (Cheval, Ane, Bœuf, Veau, Chameau). ... . .. ce. lies poils de la crinière et de la queue des chevaux ou crins serven.* à la confection d'archets d'instruments à cordes, de tissus, de matelas, de coussins, et à soutenir les étoiles dont ou garnit les sièges de nos appartements (Cheval) (1). . ; dd. Les poils roides ou piquants dont on fait les hampes de pinceaux et de plumes métalliques (Porc- épie); ou des épingles pour les prépa- rations anatomiques, fixées sur cire et conservées dans l'alcool : (Hérisson). ee. Les gros poils dits soies, employés par les cordonniers et pour la confection des brosses et des gros pinceaux (Sanglier, Coclion, Pécari). r. Cornes et sabots, servant à faire des peignes, des manches de couteau, des boutons, des cornets à poudre, des verres de lanternes d'écurie, de la colle forte, de la baleine artiticielle, etc. : (Cheval, Chèvre, Bélier, Bœuf, Bullle, Chamois, llhinocéros). d. liois, surtout utilisés pour la confection des manches de couteau et de serpette, etc. (Cerf, Chevreuil, Daim. Renne, Elan). e. Peau de certains Oiseaux d'eau, particulièrement celle du cou et du ventre, garnie de ses plumes, employée comme fourrure : (Cygne, Grèbe, Plongeon, Manchot ou Pingouin). fil II (-onvirnl ilo menlioniiei- ici le p.aili que l'Iiniiinie liie ,\c sa chevelure, en on confer- lioMiiiiiil des [iernu|iifs .;.( tlillùrenls nlgi^l.': cl':irt, aiii.si ([iie îles omnirionls île femnii'S ruIliPis, bracelets, baffiies, etc.). •2A6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATA-TION. /'. Plumes : .1 aa. Des ailes, recherchées pour l'écrilure et le dessin : (Oie, Cygne, Corbeau). hb. Du corps, courtes et duveteuses, dont on garnit des matelas dits lits de plume, des traversins, des oreillers, des coussins : ■ (Oie, Cygne, Canard, Poule). ce. Des a.iles ou de la queue, propres à faire : * Des ornements pour la coiffure des femmes : (Oiseau de paradis, Marabout, Héron, Aigrette, Autruche, Faisan, etc.); ** Des Heurs artificielles, des garnitures de robes (beaucoup d'oiseaux riches en couleurs, parliculièremenl Perroquets, Ibis, Faisans, etc.); **' Des plumeaux (Nandou, vulgairement dit Autruche d'Amérique, Coq, Chapon et divers autres gallinacés). g. Peau de certains Reptiles. Soumise au tannage, la peau des crocodiles, quand elle a été débarrassée de ses écussons osseux, peut être utilisée pour la fabrication des chaussures (Crocodile cl Caiman), de même que celle des grands serpents (Boa et Python). — Les collections du Muséum et de la .Société zoologiqne d'acclimatation possèdent de ces peaux très-bien tannées, et une botte de peau de Boa constricteur. //. Peau de certains Poissons : aa. Servant à faire des liens et des lanières (Anguilles). hb. Employée pour [)olir le bois (différents Squales, en raison de la dureté des scutelles osseuses qui revêtent le derme : Uoussettes, Leiches, etc.). ce. Très-propre à former une enveloppe solide et élégante, surtout quand elle a été teinte en vert, de petits meubles sous le nom de chagrin ou de galuchat (1) (différents Squales : Cenlrophore granuleux, etc., une Haie de la mer des Indes, dite Hypolophe sephen et diverses Paste- nagues). dd. Utilisée pour la confection de vêtemenLs, de chaussures, et de voiles de barques par les Lapons et les Grocnlandais (Saumon), ou des vitres pour les maisons dans les mêmes contrées (Anarrhique). i. Ecailles : aa. De reptiles, recherchées pour la tabletterie de luxe (Tortue de mer, et plus spécialement les espèces à écailles imbriquées) (2). 66. De Poisso7is : * Qui constituent le blanc d'argent avec lequel on donne aux fausses pedes leur éclat (Abletle, le petit salmonoïde nommé Argentine); '*'■' Qui entrent dans la composition d'une couleur blanche propre à lieindre l'extérieur des maisons en Tarlarie, lesquelles acquièrent par là un brillant nacré très-agréable, suilout quand elles sont éclairées par le soleil (Anguille). (1) Désigné ainsi par le nom même de l'ouvrier qui, le premier, sut travailler les peaux de Squale et de Haie. (2) J'ai donné de longs détails sur l'emploi île l'éraillc de Tortue dans l'arlicle précédemment cite til avanl pour litre : Hijiltlet; uHles. CHRONIQUE. 247 j. Coquilles de Mollusques : cm. Propres à être sculptées (camées eu imitation des pierres fines gra- vées en relief), et à servir comme petits meubles d'oruement (Casques, Strombes, Cames, Pétoncles, Nautile, Turbos, l^atelles, Haliotides, etc.). bh. Pouvant, en raison de leur transparence, tenir lieu de carreaux de vitre (Placunes employées à cet usage en Chine et à Manille). ce. Fournissant la nacre de perles et les perles fines (Moule perlière ou Avicule mère perle). iJd, Servant, quand leur intérieur était enduit de cire, comme tablette sur laquelle les votants inscrivaient, à vMliènes, le nom du personnage que, par ce genre de jugement, nommé ostracisme (de osiracon, co- quille), on condamnait à un bannissement de dix années, et pour lequel il fallait au moins fiOOO suflrages (de Pan 509 à Z|'20 avant .1. C.) (valves de coquilles bivalves). ee. liecevant l'or et l'argent dont les peintres font usage (Moule comestible). /y. l'.emplaçant la monnaie courante chez divers peuples de l'Asie et de l'Afrique (catiris, petite coquille du genre l^rcelaine, ('nprœa muneta). l\ Os de Sèche, pièce dure de certains mollusques céphalopodes, sorte de coquille intérieure enqiloyée pour polir les corps qui ont peu de dureté (Sèches). /. Support dur de polypiers, dont on fait des bijoux (Coraux). m. Support jlexihk et élastique d'une matière (jélatiiieuse cunstiluant un zoophyte très-imparfait , utilisé pour des usages domestiques et dans l'industrie, ainsi que dans les arts (Éponges). 2° Oi'gniM>s a|i|iai-fenanf: à rtiiiiiai-cil 4liAe<>i(ir. (/. Dents : (la. Leur ivoire est travaillé pour la tabletterie de luxe (Éléphant, Hippo- potame, Morse, Narval). 66. Employées pour la fabrication du noir d'ivoire (Solipèdes et Uumi- nants). 6. Fanons. Coupés en lames et en baguettes, ils servent à la confection des corsets et parapluies (Baleines). c. Langue. (ta. Simplement charnue, elle est comestible (Mammifères servis sur nos tables; Morues). l)b. Couverte de pièces osseuses qu'on nomme dents linguales, elle sert, dans l'Amérique méridionale, de râpe pour diviser la pulpe de certaines racines (grand poisson nommé Vastrès; Ostéoglosse?). v (/. Estomac ou panse des ruminants, employé, sous le nom de gras- double, comme aliment, et souvent donné aux animaux carnassiers domes- tiques (Bœuf, Veau), dont la quatrième poche ou caillette est conservée poui' en obtenir la présure nécessaire à la confection du fromage. e. Intestins, avec lesquels on fait : ■ • au. Les cordes à boyaux pour les instruments de musique ^Solipèdes et lUuninanIs; Boas et Serpents dits i;uneclesdaus l'Amérique du Sud). 2hS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE n'ACr.LIMATATION. hh. Les enveloppes de cliair et de sang soumis à la cuisson, dils saucis- sons, cervelas, saucisses, lioudins, andouiiles (Coclion). ce. La baiidruclie, surtout destin(5e au\ batteurs d'or (Bœuf), et (pii, pour certains usages, est prt'parée spécialement avec l'appendice ca'cal de Tinteslin (Mouton). (j. Foie et rate. Ces organes font partie de l'alimentation de l'iiomme et des animaux carnassiers domestiques (animaux de boucherie , volailles, gibiers). i]" munit, il sert : ' ' a. Conuue aliment Cochon). II. Dans l'industrie : ua. A la fabrication du bleu de Prusse (animaux herbivores domestiques) ; lil). A la clarification du sucre, etc. fideni); rr. Comme dt-sinfcctanl. h" Oi-ftanes ni>|inrteniiii( aux api>arnil»< île la cireiilnlion et «|e la res|tirH(ion. a. Cœur et poumons, employés pour la nourriture de l'homme, mais particulièrement pour colle des animaux carnassiers domestiques (Cochon et tous les ruminants domesliques). b. Thymus, organe transitoire de la respiration, connu sous le nom de ris, servant à l'alimentation (Veau). 5° OrguneM ulaii4. Reins ou rognons, utilisés pour la nourriture de l'homme (Cochon et tous les ruminants domesliques). 6" néserioir «le l'urine. Vessie nrinaire, servant : « aa. A conserver les couleurs préparées à l'huile ; hfj. A recouvrir les bouchons ou les opercules des vases dont on veut obtenir une fermeture hermétique (Cochon et les ruminants domes- liques) ; ce. Comme récipient pour les alcools, le beurre, etc. 7° PrniliiitM «le !*éer«'tion. (/. Urine. an. En raison de l'a/xde que coiilicnt l'urée, olle est un puissant engrais, surtout mélangée au liquide dit purin, provenant des fumiers. hb. Par suite du développement considérable et sjjonlané d'amuKtniaque carbonatée, quand l'urine est abandonnée à elle-même, elle est utilisée, dans cet état, pour !«' désuintage des laines avant qu'elles soient sou- mises à la teinture. ce. Lorsqu'elle coniient une grande quantité d'acide urique, comme celle des Serpents, qui, rendue sous la forme d'une bouillie blanclie. en ren- ferme 70 à 00 pour 100, elle sert aux chimistes : * Poiu- avoir facilement cet acide souvimU employé dans les opérations du laboratoire ; CHRONIQUE. 2Û9 ** Pour la piéparntion d'une substance dilo alluxane, qui est un des produits de Toxydation de l'acide uriqnc «H rougit le tournesol. Si, dans nue solution de 30 grammes d'alloxane pour un litre d'eau, on trempe une étofre de laine mordancéc, comme disent les teinturiers, par un mélange renfermant, en poids, des quantités égales de deuto- clilorure d'élain cl d'acide oxalique, on obtient, par l'action de la chaleur, sur les machines à sécher, une uKigniliquc teinte amarante due à la transformalion de Talloxane en mnrtxkh\\yà\- suite de la réac- tion du sel d'étain sm- lacide oxalique. On peut, d'ailleurs, fabriquer du murexide en traitant l'alloxane par l'ammoniaque.) h. Suc gastrique, employé : aa. Pour faire coaguler le lait tVeaui : bb. Pour préparer la substance dite pcpsiiir ou gasterase, el qu'on admi- nistre à l'homme quand ses forces digestivcs sont insuflisantes (idem). c. Bile ou jiel. aa. Agissant à la manière d'un savon, elle est utilisée pour enlever au\ étoffes de soie les taches de graisse (huminanls domestiques). bb. Elle a été employée anciennement dans la thérapeutique beaucoup pins qu'elle ne l'es! aujourd'hui (1 ■ cl. Graisse, utilisée : aa. Dans l'alimentation, surloul celle dite saiuilou\ i.miuiau\ domestiques servis sur nos tables, et plus spécialement Cochon, Oie, Canard, Dinde). bb. Dans la pharmacie, sous le nom d'aNongc (Cochon). - ix: Dans l'industrie : * Pour la fabrication des chandelles, sous le nom de suit (Mouton, lîœuf et autres animaux herbivores); '*'■'■'' Pour le graissage des surfaces soumises au trotlemenl, sous le nom de vieux oing (idem) ; *'* Pour l'extraction de la substance dite stéarine, avec laquelle sont faites les bougies, el de In glycérine employée dans dirtérentcs industries, ainsi que pour le pansement des plaies (idem); **=::* poi,,- 1;, fabrication de certains savons (idem). e. Huile (c'est-à-dire graisse à l'étal licpiide). Elle sert : aa. Dans la thérapeutique, en raison de l'iode qu'elle contient, et qui, sous cette forme, agit avec plus d'eûicacité que l'ioclc uni aux préparations pharmaceutiques (Morues, l\aies, Squales). : ■ • bb. Dans l'industrie : * Pour Péclairagc, Soit après une sinq)le épuration el à l'étal liquide ibidem, Harengs, Baleines, Cachalots) ; Soit sous forme solide, c"csl-à-dire à l'état de céline, qu'on en extrait : substance qui, devenant lliiidc à une température de ^9 degrés, ne produit pas de brûlure en lombanl sur la peau de l'honune. Aussi les (l) J'en iioiiiT.iis (lire iuUaiil de bc:iuuoup (le inotliiil;. lires du a'snc animal, ijn'. signales ddus laulc; k> «nticii'ics plurnuico|iO'.-5, ne sont i'Iu'î tn iiagc acluclloiiicul. ^50 Î>0CIÉTÉ IMI'ÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCI.IMATATION. chirurgiens s'en servaient-ils aulrefois pour se faire éclairer dans leurs opi^ralions, el désignait-on ces lumières sous le nom de bougies de Saint- Côme. Avant la découverte de la stéarine, on fabriquait avec la cotine des bougies diaphanes (idem), , ' ** Pour donner au cuir i'apprèt qiril reçoit entre les mains des cliamoi- seurs (idem). ce. Dans ralimonlalion de divers peuples des contrées boréales, el en particulier des Lapons (difl'érents l'oissons). /'. Sperma-ceti ou blanc de Haleine, dit autrefois ddipocire, qui est formé presque uniquement par la Céline, el sert aux usages pour lesquels on emploie celle substance (Cachalots, et parliculièrement l'espèce dite niacrocéphale, dont les os de la tèle, Irès-développés, forment une large cavité recouverte par les téguments où est logé le sperma-ceti). g. ^n?6)T (/m, concrétion biliaire très-odorante, qu'on trouve ordinaire- ment flottante à la surface de la mer, et utilisée pour la parfumerie (Cachalot). h. Cusluréum, sorle d'onguent d'une odeur spéciale rappelant celle du musc, contenu dans une poche située sous la queue; conslituanl un agent thérapeutique el un parfum (Castor). i. Musc, matière odorante sécrétée par une glande voisine des organes génitaux et exlrèmemenl odorante, dont on se sert en lliérapeutique el dans la parfumerie (Chevrolain porte-musc, Civette). j. Sépia et encre de Chine, employées daus le dessin au lavis, humeurs, /une d'un brun noirâtre, l'autre noire, sécrétées par un organe particulier el accumulées dans une poche que l'animal vide pour se soustraire à la poursuite de ses ennemis en colorant et en rendant trouble l'eau au milieu de laquelle il est ainsi caché (Mollusques céphalopodes, et en particulier les Sèches). k. Pourpre, substance qui, autrefois, servait à teindre les étoiles, el qui, avant de présenter la couleur dite couleur pourpre, c'est-à-dire d'un violet foncé, ou plutôt d'un rouge foncé violacé, est blanchâtre au moment où elle est extraite de l'organe sécréteur, mais prend, sous l'influence ménagée des rayons solaires, une teinte d'aborJ jaune-cilron, puis jaune verdàlre, pour passer ensuite au vert, et enhn virer au violet, dont la nuance se fonce peu à peu (Mollusques gastéropodes voisins des Murex, et apparlcnanl au genre Purpura). go oru»n«'s iippaHcntint «tu »>yMtèui(' n<>i*veux. Cerveau ou moelle épini ère, dont on se sert comme aliments (Cochon, tous les lîinninanls domestiques). \\^ Ofju^nncK uppai-fenniil à I nppar«Ml «le I» locomotion. a. Of (1), enqiloyés ; aa. Dans la tabletterie commune ; (t) On peut lapprocliLT du système osseux les pièces dures ou aii,'uillons de certaines na- geoires de ditT.Teiils Squales, des Cliin.ères, des Silures, des Batistes, des Monacanihes des Tria- cinllics, des Alulùirs, et le durd caudal des Piislcnagucs el de- Myliobales. Toutes ces épines, Ires- accrées et souvent nainics de dcnlelures à )iointn dirigée en arrière, dovienncul: cnlie les uiains des peiipindes saiivi^ics, des ai un s de dinsse el de pèche. CHRONIQUE. 251 66. Pour la t'abricalioii du noir animal que diverses industries utilisent (tous les animaux domeslif|ues); ce. Pour 1 extraction de la gélatine, soit par l'action des acides, soit par l'emploi de la vapeur dans des marmites autoclaves (Bœuf) ; dd. Pour la conl'ectiou de certaines pommades dans la composition des- quelles entre la moelle, substance (jui occupe le canal médullaire des os longs (Rœuf); ee. Pour la préparation du phosphore qu'ils contiennent à l'étal de phosphate de chaux (animaux doniestiques). , i , 6. Muscles ou chair. Ils constituent l'aliment par excellence. aa. Mammifères (ruminants domestiques, Chevreuil, Cerf, Daim; parmi les pachydermes, le Sanglier, le Cochon, et parmi les rongeurs, le Lièvre, le Lapin) (1). 66. Oiseaux (h plupart des Gallinacés, plusieurs Palmipèdes, les oiseaux de riviige ou Échassiers, beaucoup de Passereaux) (2). ce. Reptiles (Tortues de mer à écailles imbriquées, et principalement celle dite Tortue franche ou verte ; Tortues de terre ; Iguanes ; différentes Couleuvres, quelquefois nommées Anguilles de haies; Grenouilles). En Cochinchine, à Siam et sur bien d'autres points de l'Asie où les Croco- (1) Outre les mammifères g:énéralement employés pour l'alimentai ion, on mange boauroup d'espèces sauvages herbivores, et même certains carnassiers. Le Clieval, dont un préjuge repousse de nos latiles la chair saine et savoureuse, devrait prendre rang parmi nos animaux de liouclierie. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, (|ui, comme il t'a dit lui-même, a donné dans son enseignement et dans ses travaux une grande place, à cote de la théorie et de la philosophie naturelle, à la pralique et aux n|iplicalions utiles de la zoologie, a publié en 1856, sous une forme attrayante, un livre plein d'intérèl, ayant pour lilrc : Lettres sur les substances alimentait'es, et particulièrement sur la viande de Cheval. Après avoir démontré l'insuffisance de la production animale au point do vue de l'alimenta- lidu publiipie, l'aiileur signale les lessources que jieut fournir l'emploi alimentaire de la viande de Cheval. 11 établit, par dos faits irrécu-^aliles, qu'elle est parfaitement salubre, d'une saveur agréable même, et que la servir sur nos tables, ce serait non-seulement continuer ce qu'ont fait nu grand nombre de peuples de ranti(piité et du moyen âge, qui, outre cette chaii', recherchaient celle du Zèbre, de l'Onagre ou Ane sauvage et del'Hémione, mais suivre une coutume répandue encore de nos jours dans différents pays. Il amène enfin le lecteur à conclure avec lui qu'il faut se hâter de rendre à la consommation près de deux millions de rations chaque jour affectées, en France, à des usages secondaires ou même entièrement perdues. Les débals que cette importante question a soulevés ont été jusqu'ici très - favorables à li thèse généreuse si habilement soutenue par le regrettable professeui' du Muséuin, grâce surtout à l'initiative prise, à Paris, par la Société prolecirice des animaux. Bientôt on verra, sans nul doute, s'ouvrir dans la ville, avec l'autorisation légale, des boucheries de viande de Cheval, et la classe peu aisée, h qui surtout cet aliment substantiel et sain conviendra par son bas prix, se convaincra, en en faisant elle-même usage, que les éloges donnés aux excellenles qualilés ali- mentaires delà viande de Cheval par ceux qui en ont mangé à dilTércnles reprises sont vraiment mérités. Je ne puis terminer ces remarques sur un sujet d'une si haute importance au point de vue de l'accroissement du bien-être général, sans appeler l'attention sur les nombreuses et intéressantes comniunicalions que noire Société ])roteclrice des animaux a reçues depuis quelques années cl dont elle a enrichi le bullclin de ses séances. Je dois également signaler le récit, fait par M. le docteur Hlalin et par M. Docroix, du banquet hippophagique de cent trenle-deux couverts qui a eu lieu à Paris, au Grand-Hôtel, le 7 février tséi. On trouve, à la suite du récit, les divers toasts portés à la fin du repas que présidait M. de Qua- trefages, qui, en rappelant les elFoils fails par Isidore Geoffroy Saiut-Hil.iire, a combattu les préjugés (pi'on oppose à l'accomplissement d'un progrès réel dans l'alimentalion publique. (i: La cla-se des Oiseaux, comme celle des t'oijsons, fourni; les plus .•dtond.uilcs ressources aux peuplades qui doivent trouver dans les produits de la chass3 ou de la pêche leur alimentation de chatjuc jour, et bien peu d'espèces, à l'exception des oiseaux de pioie, sont épargnées. 25*2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. diles soin abondants, on les mange. En Amérique, le Serpent à son- nettes sert aussi quelquefois d'aliment. dd. Poissons. Presque toutes les espèces. On ne rejelle que celles qui sont réellement vénéneuses ou dontlacliair a une saveur désagréable. ee. Crustacés (Homards, L;ingousl<'s, Écrevisses, Crevettes, Crabes). ff. Insectes. En Orient et dans les n'^iojis tropicales, beaucoup de peuples mangent les Sauterelles. Il est iudispiMJsable de s"en nourrir, car elles arrivent, à certaines époques, en bandes tellement nombreuses, qu'elles détruisent presque complètement la végélalion. I;es Hébreux, en particu- lier, faisaient emploi, comme nourriture, de plusieurs espèces de saute- relles; elles étaient comprises au nombre des aliments dont Moïse permettait l'usage. Les Élbiopiens, dans la plus baute antiquité, man- geaient ces insectes, comme le prouve le nom de peuple arrydopliage que leur donnaient les historiens grec.-. Les Termites, insectes névroptères. nommés à tori foin-nns blanches, puisque les Fourmis sont des hyménoptères, mais qui ont quelque ana- logie avec ces dernières en ce (ju'ils forment des sociétés composées d'une seule femelle, d'un certain nombre de mâles et d'ime très-grande quantité de neutres sans ailes, les l'crmiles sont mangés dausTAmé- riques du Sud, aux Indes orientales et en Afrique. Les Homains, selon le rapport de Pline, recherchaient conmic mets délicat, sous le nom de Cossus, la larve de certains insectes qu'on reti- rait du tronc des Chênes et qu'on nourrissait ensuite avec de la farine. C'était sans doute la larve de quelque insecte analogue à la Calandre du Palmier, dont la larve est mangée dans l'Amérique du Sud et aux Antilles, où on la nomme Ver palmiste. yij. Mollusques : Poulpes, Sèches, Calmars, Huîtres, Moules, Colima- çons, etc. ]ih. Animaux raijonnés. Oursins, etc. r. Vessie natatoire. Organe accessoire de la locomolioii, qui, er« r.iison des ditïérences de voUnne qu'il présente, suivant qu'il est plus ou moins distendu par des gaz, fait varier la pesanteur spécifique des poissons, et facilite leur ascension vers la surface ou leur descente dans les profondeurs. Elle est essentiellement formée parla substance dite ichth\ocolle ou colle de poisson, dont l'emploi est assez considérable dans l'industrie, dans les ails et dans les préparations culinaires dites gelées. C'est une matière qui fournit de la gélatine pure, et se conserve sans s'altérer, parce quelle ne contient pas de graisse. (Ses dilïérenles espèces d'Esturgeons, beaucoup d'autres pois'^ons, les écailles de Carpe, el les intestins de diverses espèces avec lesquels on fabrique de la colle de poisson artificielle.) I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE (1). HAPPOHT , . DE LA COMMISSION m COMPTABILITÉ DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE D'ACCLIMATATION Composée de MM. Passy, Dupin, et M. Frédéric JAC^IUEMART, rapporteur. (Séance du lô juin I8fi(i. Messieurs, Nous venons, au nom de votre Commission des finances, vous sou- mettre le tableau des recettes et des dépenses de notre Société pen- dant l'exercice de 1865, et vous présenter la situation financière au 31 décembre dernier. Nous commencerons par vous signaler une fois de plus la parfaite régularité de vos écritures, et par vous prier de voter des remercîments à M. le trésorier. Pendant l'exercice 1865, vous avez eu des recettes et des dépenses tellement en dehors des conditions habituelles, qu'il nous a paru plus convenable de classer les recettes et les dépenses, en ordinaires et en extraordinaires, afin de pouvoir mieux comparer les dépenses et recettes ordinaires de l'exercice 1 865 avec celles des années précédentes. /Recettes en 1865. Les recettes pendant l'année 1863 se sont élevées, conformément au tableau n" 1 ci-an nexé , Savoir : ' " ' Les ordinaires à o9,460 fr. 38 Les extraordinaires, produites par les graines de Vers à soie du Japon, à 203,794 67 Total des recettes en 1865 263,255 fr. 05 (1) La Soci(5té ne prend sous sa responsabililé aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. 2*^ stRiE, r. III. — Juni 180(i. 17 9.b!i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Report 263,255 fr. 05 Dépenses en 1865. Les dépenses ordinaires se sont éle- vées, conformément au tableau n" 2 ci- annexé, à 51,450 fr. 90 Mais à ce chiffre il faut ajouter ce qui reste dû sur 1865 : A l'imprimeur. . . 1,018 fr. 80 ' ": Au papetier. . . . 555 25 A M. Masson, libraire. 1,820 Divers, Bulletin , . 20 Gratification. . . . 500 3,914 fr. 05 3,914 05 Total des dépenses ordinaires, 55,364 fr. 95 Dépenses extraordinaires. Achats de 1200 car- tons de graines de Vers à soie du Japon, trans- ports et frais divers. . 132,772fr. 27 ; • Avance? au Jardin > ' d'acclimatation avec 5 • ' ' pour 100 d'intérêls. , 13,776 11 ' Achat de SOOfrancs de rente 3 pour 100 . . ' ' au nom de M. Hébert • ' ., ' fils, et solde de compte (300 fr.) H,607 30 A valoir sur le don de 27 000 francs fait par la Société au Jar- . ; i din d'acclimatation. . 14,000 Achat de 67 obliga- tions de T Est 19,872 15 Achat de 100 obli- . , • gâtions de l'Ouest. . . 29,926 35 221,954 fr. 18 221,954 18 D*où la dépense totale pour 1865 ^„„ ^,nc .o ,., ■. 277 319 fr. 13 277,319 fr. 13 s eleve a ^i i,.iiu ^ . ' C'est-à-dire que les dépenses dépassent les receltes de: 14,064 fr. 08 Ce résultat, hâtons-nous de le dire, ne doit en rien troubler la Société, car 'les placements et prêts faits par elle en 1865, et qui ne sont que des valeurs transformées, figurent pour 60,959 fr. 72 dans les dépenses extraordinaires indiquées ci-dessus. RAPPORT DE LA COMMISSION DE GOMPTABILTTÉ. 255 Voici d'ailleurs la situation de la Société au I" janvier 1866. . ,• .,'. Situation au \" janvier \%^^. ACTIF, ^^^-'"iî- '■"'- ••• ' ■■ ■^'■■'■' ■■■ :>-^ ^'v ■ .-. 4" Encaisse r-^. ... , . . .... . ..., 3,124 fr.89 r 2° Cotisations arriérées à recouvrer, 13 887fr. (1) rr;it3;v, évaluées à 3,500 3" Dû par le Jardin d'acclima talion M,,\k:^ 96 r,,- F- Id. par la Société protectrice, loyer de 1 865. . . . - , 70,0 . , i^" 387 obligations, savoir : .^.-,J;j;,.,; r :•';:.: ^v^ - 80 du baiiphiné. . . . '. \". ". ." 24,011 fr. 40 103 du Midi 30,931 95 17 id. (Sultan) 4,990 25 67 de l'Est 19,872 15 100 de l'Ouest. 29,926 35 20 Ardennes(AgrondeGermigny). 5,793 80 -^ 1 1 5,525 fr. 90 115,525 90 ^,0? 1 00 actions du Jardin zoologique d'acclimatation. . 25,000 :-;::•'; Total de l'actif de la Société 161,997 fr. 75 PASSIF. , , .^ 1° Dû à divers, pour solde de 1865. 3,914 fr. 05 ■" 2" Dû à divers dépositaires : A la famille Kemy. . 123fr. 93 ■ .■ >if,:> r A divers 16 ■ ; ; ■ ' A M"" Guérineau ,■ . : • • ■:■ (pour prix). . . . 260 ' ■ • '•' '^ A M. Althammer. . 1,000 /. , ■: • : • ■:. ■■■>, '. A. M. Dulrône.. . . 400 ; .'- .• " • ..' A M. Sacc 200 • .■■,•■■•, '-^ ■ ■" A M. Chagot, solde. 20 ' ' ■': - • ; . •. • • ..- , . 2,018 fr. 93 2,018 93 • 3" Au Jardin d'acclimatation, le solde du don de 27 000 fr 13,000 - r Total du passif 18,932 fr. 98 18,932 98 . D'où l'excédant de l'actif sur le passif, représentant ce que la Société possède au 1" janvier 1866, nel de toutes charges et de tout engagement, est de 143,064 fr. 77 (1) Les colisations a recouvrer sont : > -, Colisaliims annuelles transformées en définitives. . 3,0120 fr. Cotisations annuelles, 1860 75 — 18G1 204 . . , — 1862 429 - ' ■ _. 1863 923 , ; .... — 1864 3,027 ' ■ ' — 1865 6,209 ■ ,• ' 13,887 fr. 256 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMÂTATION. Nous insisterons, comme les années précédentes, pour qu'on ne cesEe de rayer des listes de la Société les personnes qui refusent de payer leur cotisation, et pour que le Bulletin ne soit plus envoyé à celles qui sont en retard de deux années. Il est si difficile de faire les recettes dans les pays lointains, que nous prions encore avec instance ceux de nos confrères qui présenteront des membres étrangers, d'inviter les candidats à se libérer par une cotisation définitive de 260 fr. Au \" janvier 1866, après de nombreuses radiations, faites par les raisons que nous venons d'indiquer, après 36 radiations pour cause de mort, la Société comptait 2430 membres, dont: 46 honoraires, -. I 8 sociétés affiliées, 43 sociétés agrégées payantes, • . 218 souscripteurs définitifs. 2105 membres payants. f ; 2430 Les frais annuels occasionnés par les souscripteurs définitifs sont éva- lués à 7 fr. 50 par tête, y compris l'envoi du Bulletin et une partie des frais généraux ; c'est-à-dire, qu'il faut le revenu d'une obligation de chemin de fer pour faire face aux frais annuels occasionnés par deux souscriptions définitives. 1 09 obligations de la réserve devront donc être immobilisées dans notre caisse, pour couvrir les dépenses annuelles des 218 souscriptions défi- nitives. 20 obligations devront être aussi immobilisées pour satisfaire, au moven de leur revenu, aux conditions de la fondation de M. Agron de Germigny. Il nous est permis aujourd'hui de nommer et de remercier publiquement ce généreux donateur, que nous avons eu le malheur de perdre dernièrement. Sa modestie nous avait interdit jusqu'à ce jour de publier son nom. Le nombre des obligations disponibles sera ainsi réduit de 387 à 258, nêsultdt de Vopérdtion des graines de Vers n soie du Jupon. Dans un travail spécial (séance du 10 mars 1865), nous avons déjà rendu compte à la Société rie cette opération; il ne nous reste aujour- d'hui qu'à préciser les chiffres. La vente de cette graine a produit 203,794 fr. 67 Les frais d'achat, de transport, de vente, etc., etc , s'élèvent à 432,772 27 Le bénéfice obtenu est donc de 7» ,022 fr. 40 Sur cette somme, la Société a donné : Au Jardin d'acclimatation 27,000 fr. A la famille de M. Hébert, que nous avons si malheureusement perdu. 1 1 ,607 30 . .'.'.,. 38,607 fr. 30 38,607 30 le produit net rpsliinl ii la t-ocicté est donc de. . . . 32,415 fr. 10 257 RAPPORT DE LA COMMISSION DF, COMPTABILITfc:. RésuUat du budget extraordinaire. Ce chiffre de 32,415 fr. 10 représente également le produit net du budget extraordinaire, car, en défalquant des dépenses celles qui ne sont que des placements de fonds, on retrouve les mêmes éléments. Résultat de runmc \S&5. , . L'excédant de l'actif au 1" janvier 1866 est de. . . 143,064 fr. 77 Au r-^ janvier 1865, il était de 10*2,710 77 L'avoir de la Société s'est donc accru, pendant l'exer- cice de 1865, de 40,354 fr. Sur celle somme, le budget extraordi- naire a produit, nous venons de le voir. 32,41 5 fr. 1 0 Et, par conséquent, le budget ordi- naire a produit 7,938 90 40,354 fr. 40,334 fr. Le produit avait été : En 1857, de 1 1,073 fr. 1858, de, 12,323 04 1859, de 13.014 ^^ 1860, do 9,166 01 1861, de 11,163 45 1862, de 752 1863, de 14,738 87 ■ ' ^ 4864, de 25,744 12 ,,;,,.. Détail des recettes ordinaires de 1865. ' ' ' Vous avez vu, messieurs, que les receltes ordinaires, pendant l'année 1864, s'élevaient à.. ■ .■39,4')0 fr. 38 Elles se composent de : , 1 .375 fr. » Dons faits à la Société : Par M. le Ministre du commerce, son allocation pour 1865 1,500 Par M. le prince de Démidotf. ... 75 » 292 » Intérêts de la fondation de M. Agron de Germigny. 4 020 » Intérêts des fonds placés. 51,527 " Cotisations perçues, dont : 1 ,000 fr. pour cotisations arriérées. 45,657 pour cotisations de 1865. ■ . En 1864, on avait déjà reçu 2430 fr. à valoir sur les cotisations de 1 865, ce qui porte le total perçu à 48,087 fr. Il reste 57,414 fr. « A reporter. 258 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. 57,414 fr. -) Reporl. encore à toucher 6209 fr. sur cet exercice ; 4,650 pour 1 8 cotisations définitives. ■' ' '■ '' = 195 pour cotisations de 1866. '' ■ ~ '' '■' ' 25 pour cotisations de 1867. '■ ' 51,527 ' ■■■ "■' ■■■ = '^"' "''■"-■' 243 » Vente du Bulletin des années précédentes. 503 75 Vente d'objets divers, savoir : Médailles de la Société •. . 39 fr. » "•' ■ ' " Velours d'Angora ... 40 » • Photographies du Jardin 36 •> Divers 6 » ; . . ; , Annuaires 139 75 Vieux papiers 242 50 Remboursement 50 768 » Ventes d'animaux, savoir: 7 Boucs et 1 Chèvre d'Angora. ..... 568 fr. 1 Yak mâle 200 7 05 Remboursement des frais Nourrigat. 425 » Versement de M. Roget (de Genève) à régulariser. 99 58 Encaissé pour le compte de la famille Remy. 59,460 fr. 38 Détail des dépenses ordimii^es de 1865. Passons à l'examen des dépenses ordinaires. Elles s'élèvent au total à 55,364 fr. 95 Savoir : 3,410 fr. 15 Solde du Bullelin de 1864. 11,294 05 Bulletin de 1865 tiré à 2800 exemplaires, soit 4 fr. 03 par exemplaire rendu à domicile. 753 60 Liste générale des adresses des membres de la Société. 30 » Achat de Bulletins des années antérieures. 1 30 » Achat de Cygnes et de Colins de Californie, pour donner à la Société d'acclimatation de Maurice, M. Autard de Bragard s'en étant chargé. 1,440 » Nourriture du troupeau chinois jusqu'au 1 "juillet 1 865, L'expérience a appris que les animaux de cet envoi, inférieurs sous beaucoup de rapports à nos moutons, n'appartenaient pas à la race dont la fécondité est si vantée. La Société n'a conservé que quelques sujets ; . ■ en vue des croisements chino-mérinos proposés par . ■ , M. Teyssier des Farges, et qui sont à l'étude chez ,,. , , • .•: . M. Garnot et chez M. Jacquemart. Notre collègue M. Davin étudie les toisons de 1 6 métis chino-mérinos. 17,057 fr, 80 A reporter. \ RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ, 259 i 7,057 fr. 80 Report. ■. .• ■ 394 15 Ports d'animaux divers. 4 32 10 Port de Bouc et Chèvre d'Angora. 174 70 Ports de plusieurs Lamas. ^ 425 75 Ports d'animaux destinés aux ciieptels. ; 480 » Frais de voyage pour l'ini^pection des cheptels. Vous avez entendu l'excellent rapport que notre collègue M. Davin a fait à la suite de celte inspection. 92 75 Vers à soie du Chêne. 1 ,488 25 Achat et port de graines et de plantes diverses, savoir : Pour végétaux de Chine 800 fr. Achat de graines de Pin de Riga 351 40 Port de plantes pour l'Australie 258 85 Envoi au Brésil 18 Achat de Pommes de terre 60 3,120 30 MissiondeM.Soubeiran, en Norvège, à l'occasion de l'ex- position de pisciculture. Un rapport très-étendu, et nous n'en doutons pas, très-inléressant, vous sera bientôt communiqué sur ce sujet, par M. L. Soubeiran. 1,100 » Dépenses extraordinaires, savoir : . ^ Encouragement pour la consommation de la viande de Cheval 500 fr. Souscription Gratiolet 500 400 billets pour la lolerie du parc de Bor- deaux 100 2,837 40 Séance publique annuelle et récompenses, dont : Prix et récompenses 2,317 fr. » Séance publique ^20 40 600 » Pour 1200 billets du Jardin, distribués comme jetons de présence aux membres de la Société qui assistent aux séances publiques. 5,006 » Participation de la Société dans la très-belle exposition de la race canine qui a eu lieu en 1865, au Cours- la-Reine, sous le patronage de la Société. 1 3,408 3£ Traitement (^u personnel et gratifications pour 1 865. Après la retraite de M. Hébert, qui vient de suc- comber à l'affreuse maladie dont les premières atteintes s'étaient manifestées en janvier 1865, votre adminis- tration a été réorganisée. L'intention de voire Conseil a élé de la fortifier et de la mettre en mesure • de mieux répondre à toutes les exigences de notre Société. Notre collègue M. L. Soubeiran, qui possède à un haut degré des connaissances étendues et variées, a été nommé chef de notre administration, avec le titre de secrétaire délégué. M. Soubeiran est princi- palement chargé de toute la partie scientifique; tandis 46,317 fr. 55 A reporter . 260 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. 46,317 fr. 55 Report. » que, sous ses ordres, M. Grisard et deux autres employés sont plus particulièrement chargés de la partie administrative proprement dite. Ces modifications ont nécessité une augmentation de dépense ; on ne saurait la regretter en vue du but à atteindre. 8,09"2 10 Frais généraux, savoir : l' 3,450 fr. » Loyer. V 149 0 0 Impositions. 4,21 3fr. )) < 44 45 Assurance. I 439 » Chauffage. Y 130 » Fumisterie. f 991 fr. 20 Ports et affranchissements. i 1 ,295 85 Imprimés et impressions. 3,879 10 } 166 » Recueils. I 85 » Frais de bureau. ' 1,341 05 Frais divers. 116 75 Achat d'un tapis. 607 65 Frais de recouvrements en province. 70 40 Frais de voyage à Montbard pour l'inauguralion de la statue de Buffon. 160 50 Solde des imprimés pour la statue de Daubenlon. 53,364 fr. 95 Nous allons, messieurs, vous présenter un aperçu des recettes et des dépenses pour l'année 1 S66. Recettes pour \Sii(\. * Sousciip lions renou celées ^ 2000 sur 2148 membres payants 50,000 fr. Souscriptions nouvelles, 100 à 30 fr 3,000 Souscripiions définitives, 15, au lieu de 18, à 260 fr.. soit 3900fr.,dontlamoitiédoil être miseejj réserve, soit net. 1 ,950 Allocations du Ministre et dons 1,600 Revenu des capitaux 6,000 Revenu de la fondation Agron de Germigny 300 Loyer de la Société protectrice 700 Total des recettes pour 1866 63,550 fr. Dépenses pour 1866. Loyer, impôts, assurances, chauffage 4,200fr. Bulletin, 2800 exemplaires 12,000 A reporter 1 6,200 fr. ,4 HAPPOnT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ. 261 Report 4 6,200 fi. Frais généraux : poste, imprimés, fbiirnilures de bureau, distributions, ports et divers 4,000 Recouvrements en province 600 Traitement des employés 13,500 Séance annuelle, récompenses, imprimés et frais 4.000 38,300 fr. Si des recettes probables pour 1866 63,550fr. nous retranchons la dépense -^8,300 on trouve un excédant de recettes de 25,250 fr. disponible pour l'année 1866. Nous désirons vivement, messieurs, que les circonstances nous per- mettent d'employer une bonne partie do cet excédant dans un but très- protilable pour tous et très-honorable pour la Société impériale zoologique d'acclimatation. EXPOSITIOiN INTERNATIONALE DE PRODUITS ET ENCxINS DE PI^'CHE :, . . DE BERGEN (Norvège), . j . .4 Août 1865. RAPPORT PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Par M. J. L. SOUBEIRAIV (suite) (1). (Séance du 15 décembre 1865.) APPAREILS DE PISCICULTURE. Les appareils mis en usage en Norvège offrent la plus grande analogie avec ceux que M. Coste a fait connaître, et ont été faits sur le modèle français avec quelques moditica- lions nécessitées par les circonstances particulières au pays. M. le professeur Rasch (2), qui le premier, en Norvège, a fait usage d'appareils à incubation, leur avait donné la disposition suivante (fig. 2) : trois compartiments longs de 8 aunes {9"\lli!i), larges de 8 pouces (20 centimètres), profonds de 5 pouces (125 millim.), étaient disposés sur un même plan, et recevaient l'eau de telle sorte qu'elle devait parcourir tout l'ap- pareil avant d'en sortir ; de petites vannes placées au point de communication des réservoirs contigus permettaient de ré- gler le courant de l'eau. Dans les appareils qui ont été faits postérieurement, chaque compartiment recevait directement l'eau de la source, ce qui était préférable, puisque cela per- mettait de donner dans chacun d'eux une force de courant (1) Voyez le numéro de mai, page 189. (2) H. I\ascli, Om Midlernc Hl al forbeite Norges Laxe-og ferfkvands- fiskeriet. ln-8", 1857. • EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 56S spéciale. Depuis 1855, les appareils ont été établis d'après la ; •> 'i 'iiïiii f , • f :•/•;, ■ : ; ' . , ! ■ ri méthode française et doublés de zinc; mais comme dans quel- 264 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. ques circonstances ils donnaient des résultais fâcheux, on les a abandonnés , ou, pour mieux dire, modifiés, en tâchant de leur conserver leur coût peu élevé. Nous avons trouvé à l'exposition de Bergen un appareil présenté par la commission de Drammen, qui consistait en une boîte ronde de fer-blanc; la cavité était disposée en hélice au moyen d'une paroi métallique, et recevait l'eau par sa partie moyenne ; après avoir parcouru successivement toutes les parties de la boîte, l'eau s'échappait par un orifice latéral. , Nous avons observé aussi un appareil présenté par M. Het- ling, superintendant des pêches (1) (iig. 3). 11 consistait en deux tonneaux successifs, communiquant au moyen d'un tuyau. Ces tonneaux, de même hauteur, pour éviter quelque chute d'eau, doivent avoir deux aunes et demie à trois aunes (3 mètres environ) de longueur, sur une aune et demie à une aune trois quarts (1"',80 environ) de largeur et de profon- deur; ils sont faits de bois non résineux, ayant subi une ma- cération assez prolongée pour qu'elle l'ait débarrassé de tout son tannin. Ils sont placés à l'intérieur de la chambre où doivent se faire les incubations, pour éviter, autant que pos- sible, les variations atmosphériques. Dans chacun d'eux est placée une planchette droite, plongeant de 8 à 10 pouces (225 millim.) au plus, et dépassant le niveau de 1 à 2 pouces (38 millim. environ) : cette planchette sert à rompre le courant, et, le rendant presque insensible, permet le dépôt de la bourbe et des impuretés que l'eau pourrait entraîner et qu'il serait nuisible de laisser déposer sur les œufs. Du reste, pour éviter ce dépôt d'impuretés sur les œufs, on rend le courant plus rapide dans l'appareil, qui est formé d'une série (Fauges rectangulaires de bois privé de son tannin, disposées en escalier pour permettre l'aération de l'eau, et qui viennent déboucher dans une grande cuve d'eau qui peut servir à réunir l'alevin. Cet appareil a été établi, dans ces dernières (1) Hetting, Kurtfattet Beileaniny for-dem, der ville indrette Udklœk- ningsanlœg for de vinterlegende ferskvandsfiske. In-8% 1836. EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈCHE. 265 : ( 266 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'âCCLIMATATION. années, dans un grand nombre de localités en Norvège (1), on l'on s'en est très-bien trouvé. Dans quelques cas, on n'a établi qu'un seul tonneau épurateur, si nous pouvons nous exprimer ainsi, mais il est recommandé par M. Iletting d'en établli^ plutôt deux ou trois. M. Hetting avait aussi exposé un appareil pour incubation en eau courante. Il consistait en une boîte rectangulaire, offrant sur deux de ses faces opposées un grillage de toile métallique qui permet l'entrée et la sortie de l'eau, mais est assez serré pour arrêter les animaux qui voudraient y péné- trer, et empêcher la sortie des œufs, et plus tard de l'alevin. Pour rompre la force du courant, cet appareil est muni à sa partie antérieure de deux planches faisant biseau. Nous avons visité à Tjernsvold, près de Stavanger, un éta- blissement créé par M. Hanson, dans lequel nous avons vu les métis de Salmo alpinus et Salmo fario dont nous avons déjà parlé (p. 209). A Tjernsvold, il existait un bassin naturel d'environ 220 pieds carrés (67 mètres carrés), et un peu plus (1) Depuis 1862, outre les appareils que nous avons indiqués plus haul (p. 192), on en a établi de nouveaux à Valen, dans la paroisse de Fjelberg ; à Helle, en Undal du Nord ; à Gjolme, en Orkedal ; à Vangsong et Jorliden, en Rennebo, etc. On a obtenu les résultats suivants dans les établissements de : ' . Salmo Salmo "'■j ' l'iu'i". iilpirms. Hougen, en Vingelen 18G2-63. . 500 » — d86t-G5. . » » Non peuplé, faute il'œufs. Sandtioes, dans l'île Indcroen. 1863-65. . 500 500 Mauvais résultats, qui paraissent tenir à la nature de l'eau. Sogn, en Asker i 863-04. . » 1000 Pour tenter l'accliniatalion du — 1864-65. . » 6000 S. o/piH«s dans le lac de Sogn. Drengsrud, en Asker. 1862-63. . 5000 » Destiné? à peupler des lacs morts. — 1863-64. . 10 000 » Id. — 1864-65. . 5 000 » Id. Alfsjoen, en Froen 1862-63. . 30 000 d Id. ■^ 1863-64. . 45 000 » M. — 1864-65. . » » Non peuplé. Kvebelyeloen (Finmark). ... » . . 30000 » Ces appareils ont été établis par Falvikelv (Finmark) i> . . 50 000 » la Société pour les progrès de Altenelv (Finmark) . . . . » . » . . 180 000 » l'agriculture en Finmark. A Ladeijord, près de Bergen, M. Fasmer a établi un appareil dans lequel il a élevé 18 000 Salmn trutta, au moyen desquels il se propose de peupler un parc d'eau de mer de 800 mètres carrés, et enclos au moyen de l'appareil imaginé par M. Hetting (voyez p. 199). (Hetting.) EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 267 haut, sur le rivage, quatre sources naturelles qui débitaient de AO à 50 tonnes (environ àbO hectolitres) d'eau pure en vingt- quatre heures. La plus élevée de ces sources sert à M. Hanson pour alimenter ses appareils de fécondation artificielle; les autres coulent directement dans les bassins qui ont été creusés auprès du bassin naturel. M. Hanson fit d'abord des éduca- tions de Truite ordinaire {Thymalhis vulgaris)\ mais à la suite d'un voyage en France, où il apprit que notre savant con- frère M. Coste avait fait des métissages de poissons, il pensa à répéter ces expériences. Ayant observé que la nature elle-même a fait des métis de Truites et de Saumons, il choisit le Salmo fario et le Salmo nlpinus comme sujets de ses ten- tatives.. M.' Hanson fut d'abord arrêté par la différence d'époque de la fraye; car à Stavangerles Truites sont prêtes à pondre dans les torrents en octobre, tandis que les Sau- mons ne commencent guère qu'en novembre. Pour obvier à cet inconvénient, il établit un vivier formant boutique à pois- son, au moyen d'une caisse à deux compartiments latéraux, l'un pour les mâles, l'autre pour les femelles, et alimentée par une source qui donne un pouce d'eau environ. Cette caisse avait 58 pouces (l-^/iS) de hauteur sur 11/i (S-", 85) de longueur et AS (1™,20) de largeur. Ayant pris des mâles de Salmo fario près d'épancher leur liqueur séminale, il les plaça dans le compartiment inférieur, et attendit le moment où il pourrait se procurer des femelles de Salmo alpinus : les mâles, étant isolés, purent rester ainsi près d'un mois sans se débarrasser de leur laitance et servirent à féconder les femelles qui furent prises. L'opération se fit de la manière suivante : M. Hanson mit dans une caisse plate de l'eau ayant la même température que celle du vivier, et y versa la laitance du mâle, puis fit sortir par une douce pression les œufs de la femelle, qui tombèrent dans cette eau chargée des éléments féconda- teurs. Après une demi-heure de contact environ, les œufs furent retirés, lavés avec soin et déposés dans l'appareil à incubation. L'expérience fut faite en prenant pour mâle le Salmo alpinus et pour femelle le Salmo fario, et vice versd. L'appareil à incubation est alimenté par une source donnant 268 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. ÛO tonnes (490 hectolitres) d'eau par vingt-quatre heures ; il est formé de six caisses disposées en étages, qui reçoivent successivement l'eau, et dans lesquels il est facile de graduer à volonté la couche du liquide. (Au commencement de l'opé- ration, les œufs sont couverts d'un demi-pouce (12 millim.) d'eau; mais lorsque l'éclosion est faite, la couche d'eau est de <> pouces (15 centimètres) environ. L'alevin est réuni dans une caisse inférieure, d'où il est retenu par une toile métal- lique. Pour ranger les œufs sur la couche de gravier qui leur sert de lit, M. Hanson fait usage d'un râteau (}u'il fahriquc avec une lame de fer-blanc découpée à l'emporte- pièce, et dont les palettes sont tordues de manière à laisser entre elles l'espace nécessité par le volume des œufs. Cet appareil, très- simple, nous a paru remplir parfaitement le but que se pro- posait son auteur, et nous avons appris que M. le professeur liasch s'en était déclaré très-satisfait. La température des eaux dans lesquelles on fait en Norvège l'incubation artitîcielle varie, en hiver, de + 2 à-f-4 degrés et demi Réaumur ( + 3 à+(5 degrés centigr.). Dans les régions basses, on préfère l'emploi de l'eau des sources à celui de l'eau de rivière, qui pendant l'hiver se trouble, et d'autre part peut éprouver des changements très -brusques de température. Dans les régions élevées, au contraire, où Teau est plus pure et garde une température assez constante de -f 3 à4-5 degrés centigr., on place les appareils dans les courants sans aucun inconvénient. Dans quelques localités où l'eau est chargée d'une certaine quantité d'acide carbonique, on fait rejaillir l'eau sur des obstacles pour la diviser, et chasser ainsi l'excès du gaz délétère avant de la laisser arriver sur les œufs. Le moyen de fécondation auquel on a le plus souvent re- cours est la méthode française, qui donne partout des résul- tats si avantageux. Cependant, dans quelques cas, on emploie la méthode Wrasky (1), qui paraît être préférée en Russie et en Norvège. Celte méthode, due à l'habile professeur de (1) Ilolmberg, Ueber FischkuUur in Finnland {BuUel. de la Société im- l>érialt des naluralisies de Moscou, 186i, t. IV, p. A5). EXPOSITION DE PHOLUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 269 Saint-Pétersbourg, consiste à recevoir les œufs à sec (Jans un vase, et à verser dessus de l'eau qui vient d'être immédiate- ment chargée de la liqueur lecondanle. L'opération offre, disent ses promoteurs, cet avantage, que les œufs gardent toute leur faculté attractive et se laissent bien mieux pénétrer par les spermatozoïdes. M. le professeur Rasch lui reconnaît en outre cette supériorité, qu'elle permet de se procurer des œufs des localités éloignées de plusieurs jours de marche (1), et qu'elle permet surtout les expériences de métissage ou bâtardisation des Saumons. Notre confrère M. Coste ne par- tage pas cette opinion, et pense que le procédé qui consiste à recevoir les œufs dans l'eau au sortir du corps de la femelle est bien préférable. M. Hetling, dans le traité qu'il a publié pour servir de guide aux pisciculteurs de Norvège, s'élève contre l'opinion des Anglais, qui, pensant imiter ainsi plus exactement la nature, font déposer les œufs des Salmonidés dans des trous pro- fonds, entre des couches de pierrailles ; il fait observer que les Saumons ne se développent pas mieux dans ces conditions, et qu'il est presque impossible de surveiller les œufs pendant leur incubation, elde retirer, sans les blesser, les alevins des anfractuosités où ils se sont réfugiés. C'est, du reste, l'opi- nion de M. Coste, qui dit : « La dispersion des œufs entre les » cailloux et leur entassement dans les boîtes constamment » closes rendent leur surveillance fort difficile, et s'opposent )) aux soins qu'on pourrait leur donner, si on les avait tou- » jours placés sous la main Enfin, la difficulté que l'on » éprouve, lorsque les jeunes sont éclos, de les extraire, sans » les blesser, de ces retraites inaccessibles, est un obstacle à )) leur transport dans les viviers où ils doivent se transformer » en alevin ("2). » Les expériences de fécondation arliliciellc ont été faites en Norvège sur les Salmo salcu\ trutta, fario^ ferux et ulpinus, (1) On a pu, eu ^orvége, U-ansporter dans du Spliagnum humide des œufs de Salmo alpinus à une distance de 16 milles (26 liilomèties environ). (Hctting.) (2) Coste, Pisciculture {la Vie à la campagne, t. I[, p. H3). 2«^ SÉRIE, T. 11!. -Juin l8f)G. 18 270 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. et ont, donné des résultats un peu différents pour la taille et la saveur des produits obtenus, suivant les espèces. Du reste, déjà même dans les alevins, on distingue des variations notables, et l'on a pu observer que ceux chez lesquels la vési- cule ombiUcale est longue et pointue, donneront des pro- duits plus forts et plus savoureux que ceux chez lesquels elle est sphérique. (iletting.) Il résulte des expériences laites par M. Hetting et d'autres pisciculteurs, que, pour les espèces du genre Coregonus, il vaut mieux semer les œufs dans les courants qui descendent aux lacs que de les déposer dans des appareils, en raison sur- tout de la difficulté que l'on éprouve à garder et à nourrir l'alevin jusqu'au moment de sa mise en liberté. Dans le principe, on n'avait pas de conliance, en Norvège, dans l'utilité des viviers destinés à conserver l'alevin jusqu'au moment où il peut être abandonné k lui-même dans les cou- rants et les lacs; mais, depuis, l'opinion leur est devenue favo- rable, car on a vu que ces viviers permettaient tout au moins d'entretenir à peu de frais le poisson nécessaire à l'alimenta- tion de plusieurs familles, et leur nombre s'est beaucoup augmenté. Il est très-essentiel de porter l'attention la plus grande à la qualité de l'eau, quelle que soit la quantité dont on puisse disposer, ainsi qu'à la nature du fond. C'est ainsi qu'un vivier alimenté par des eaux provenant des marais, et qui sera clos de digues argileuses, ne sera pas propre à l'en- tretien de la Truite, tandis qu'au contraire, s'il a un fond rocaiffeux et s'il reçoit l'eau d'une source, il offrira des con- ditions propices. Du reste, la question n'a pas encore été étudiée assez complètement pour qu'on puisse préjuger d'une manière absolue des qualités bonnes ou mauvaises d'un vivier. On admet aujourd'hui (ju'un bon vivier doit offrir au moins trois compartiments pour pouvoir séparer le poisson au fur et à mesure qu'il grandit ; il vaut mieux encore avoir quatre compartiments, qu'il est possible de construire successivement chaque année au fur et à mesure des besoins. Le premier, * où on lâche l'alevin, doit avoir, pour 8000 à 10 000 pois- EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 271 sons, de 18 à 20 aunes (21", 70) de longueur sur 8 à 10 (10'", 28) de largeur, 2 à 3 pieds (80 cenlimèlres environ) de profondeur. On pourrait y mettre plus de petits poissons, mais c'est un nombre suffisant, en raison de l'espace qu'exi- geraient pour les années suivantes les autres viviers. Le second compartiment, destiné à recevoir le poisson quand il a atteint l'âge de dix mois environ, doit avoir de 70 à 80 aunes (85 mètres environ) de longueur sur 18 à 20 (21", 70) de lar- geur et /i à 5 pieds de profondeur : les poissons y restent jusqu'à l'âge de deux ans et demi, et peuvent atteindre le poids de trois quarts à un derni-mark norvégien (lAO gram. environ), s'ils ont été bien nourris. Le vivier suivant doit avoir au moins 140 à 150 aunes (165 mètres) de longueur sur 30 à hO {hO mètres) de largeur et 6 à 8 pieds (2'", 10) de profondeur : il y a môme avantage à le faire plus grand. Ce dernier vivier est surtout très-avantageux quand il est na- turel, comme celui de M. Hanson à Tjernsvold , près de Sta- vanger, car le poisson y vient mieux , en même temps que le vivier ne coûte rien. Une prise d'eau de 2 cà 3 pouces suffit pour des viviers des dimensions que nous venons d'indiquer. Le canal qui sépare les viviers doit être à un pied environ au-dessus du fond et être muni de claies ou toiles métalliques qui arrêtent le poisson, tout en n'empêchant pas le courant, (Hetting.) ÉTUDES SI R LES OISEAUX VOYACiELiRS ET MIGRATEURS ET SUR LES MOYENS UE LES PROTÉGER, Par n. €. MILLKT, liispeclcur lies forùis, Vice-présiileiil 'le scclioii à la Sociélc imiic'ri;ilc d'acclimalalioii. Tout le monde est, aujourd'hui d'accord sur l'ulilité des oiseaux, et particulièrement des petites espèces, pour la des- truction des insectes qui incommodent l'homme ou les ani- maux, et qui causent souvent de graves dommages aux forêts, aux jardins et aux récoltes. Parmi les espèces d'Europe qui, pour elles-mêmes ou pour leurs couvées, sont essentiellement insectivores ^ on n'en compte qu'un très-petit nombre réellement sédentaires ^ c'est-cà-dire naissant, vivant, se reproduisant et mourant dans les cantons où elles sont nées. En France, par exemple, les insectivores changent de stations en passant d'une région dans une autre, soit au printemps, soit à l'automne : ce sont des oiseaux dits erratiques. Tels sont les Mésanges, le Roi- telet (1), etc. Mais le plus grand nombre quitte la France à la lin de l'été ou au commencement de l'automne, pour n'y re- venir qu'au printemps, souvent après avoir elTectué de longs voyages jusque dans des contrées Irés-éloignées : ce sont des oiseaux dits migrateurs ou de passage. Tels sont le Martinet, les Hirondelles, les Fauvettes, les Rossignols, le Coucou, etc. Dans le but d'étudier les moyens les plus efficaces pour (1) C'est le plus petit des oiseaux de TEuropc. On le nomme vulgairement lUnlelel huppe, parce qu'il a sur la tète une petite couronne qu'il redresse à volonlé en iorme de huppe. L'autre petit oiseau désis'ié généralement et improprement sous le \um de r,oilelet,est lercoy/of/j/ic; il ne quitte guère les habitations rurales. SUR LES OISEAUX VOYAGEURS ET MIGRATEURS. 273 prévenir la destruclion des oiseaux erratiques ou migrateurs, j'ai cherché à déterminer les époques de leur arrivée et de leur départ, et l'itinéraire qu'ils suivent, en précisant autant que possible les points principaux de rassemblement ou de passage, parce que c'est à l'époque des voyages, lorsque les oiseaux sont fatigués ou réunis en grand nombre, que l'on en fait la plus forte destruction. Quand on aura pu réunir', à cet égard, des renseignements très-précis, il sera facile alors d'appeler l'attention de l'autorité sur les époques de l'année et sur les stations qui réclament une surveillance toute particulière. Les observations que j'ai faites et les renseignements nom- breux que j'ai recueillis m'ont confirmé dans l'opinion que j'ai déjà émise, à savoir, que la protection des oiseaux insec- tivores ne doit pas être limitée à une seule contrée, et que pour arriver à des résultats utiles et pratiques, il est indis- pensable d'étendre les études que j'ai entreprises, non- seulement sur toute la France, mais aussi sur tous les pays limitrophes et les contrées Iréquentées par les migra- teurs (1). Ces études permettront ensuite de déduire avec certitude la marche ou les règles à suivre pour établir les bases d'une protection internationale. Dans ce travail d'ensemble, qui exigera souvent des obser- vations simultanées sur des points souvent trés-éloignés les uns des autres, et qui, pour la plupart des cas, nécessitera des recherches ou des études suivies dans des pays lointams, mon initiative individuelle serait complètement insufïisantc. Aussi je n'hésite pas, pour l'accomplissement d'une œuvre éminemment utile, à réclamer le concours et la coopération de mes confrères de la Société impériale d'acclimatation, qui, répartis sur toute la surlace du globe, se trouvent dans d'ex- cellentes conditions pour fournir, soit par eux-mêmes, soit par les personnes avec lesquelles ils sont en relation, des (1) Cette opinion est aussi celle de M. le professeur Glijger (de Berlin) et de notre confrère M. le docteur Tnrrei (de 'J'oulon). 27/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. renseignements qui offriront assurément les meilleures ga- ranties possibles d'exactitude. Je joins, à la suite de celte note, un questionnaire destiné à préciser nettement la nature de ces renseignements. Pour faire les études dont il s'agit sur les oiseaux migra- teurs ou voyageurs, il faut pouvoir les prendre vivants, en tout temps et à toute heure du jour. A cet effet, il est indispensable, en France, d'avoir une autorisation spéciale du préfet du département dans lequel on veut chasser ; car , aux termes de l'article 9 du Code de la chasse, les préfets des départements prennent des arrêtés pour déterminer : 1" l'époque de la chasse des oiseaux de passage, et les modes et procédés de cette chasse ; et 2" le temps pendant lequel il sera permis de chasser le gibier d'eau, dans les marais, sur les étangs, fleuves et rivières; ils peuvent prendre également des arrêtés pour prévenir la destruction des oiseaux. Par conséquent, il est loisible aux préfets d'au- toriser la chasse des oiseaux de passage, soit avec les instru- ments et les procédés usités dans le pays, soit même avec ceux dont l'usage est prohibé pour la chasse du gibier ordi- naire. Voici, du reste , à titre de renseignement, la marche que j'ai suivie pour obtenir l'autorisation de capturer les oiseaux destinés à mes observations. J'ai adressé une demande à M. le Ministre de l'intérieur, qui, à la date du 3 juin 1865, a bien voulu m'écrire la lettre suivante (1) : « Monsieur, vous avez formé une demande à l'effet d'ob- » tenir l'autorisation de capturer vivants, en tout temps, les » oiseaux de passage avec filets, pièges et engins appropriés » à cet usage, afin de faire une série d'études sur les mœurs » de ces oiseaux, et de déterminer les époques de leur arrivée (1) Cette demande était fortement appuyée par notre bien-aimé président, M. Drouyn de Lluiys, qui sait imprimer à nos travaux une intelligente et puissante impulsion, et qui ne refuse jamais son bienveillant patronage à une œuvre d'intérêt public. SUR LES OISEAUX VOYAGEURS ET MIGRATEURS, 275 » et de leur départ, en leur rendant la liberté après les avoir » marqués au moyen d'un fil. » Désirant encourager une série d'expériences intéres- » santés pour l'histoire naturelle, j'ai donné les ordres néces- » saires pour qu'il vous soit accordé l'autorisation que vous » sollicitez en ce qui concerne le département de la Seine. » MM. les préfets des départements de Seine-et-Marne et de » Seine-et-Oise sont également autorisés à accueillir favora- » blement la demande que vous auriez à leur adresser pour » pouvoir expérimenter dans la circonscription de leurs dépar- » tements. » Dans le cas où vous désireriez voir étendre encore cette » autorisation, vous voudriez bien m'en faire la demande, » afin de me mettre à même de prescrire, s'il y a lieu, les » mesures nécessaires pour favoriser le cours de vos études » ornithologiques. » Recevez, monsieur, etc. » A la réception de cette lettre, qui est un témoignage écla- tant de tout l'intérêt que le gouvernement porte au progrès des sciences naturelles et à la protection des oiseaux, je me suis empressé de désigner à M. le Ministre de l'intérieur les départements dans lesquels j'avais l'intention de faire des chasses exceptionnelles , et j'ai adressé aux préfets de ces départements la lettre suivante : « Monsieur le préfet, depuis plusieurs années j'ai organisé, » avec le concours de quelques-uns de mes confrères de la » Société impériale d'acclimatation, qui habitent diverses ré- » gions de la France et de l'étranger, une série d'observations » sur les mœurs des oiseaux migrateurs, notamment dans le » but de connaître exactement les époques de leur arrivée et » de leur départ, et de déterminer l'itinéraire qu'ils suivent. » A cet effet, on prend les oiseaux en vie, avec des filets, » pièges ou trèbuchets, qui ne peuvent en aucune manière » blesser les oiseaux ; ensuite on leur attache au cou ou à » l'une des pattes un petit fil dont la nature et la couleur sont 276 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. » choisies pour chaque heu de chasse, puis on remet les » oiseaux en Hherté. » Quand on reprend ces oiseaux, il est facile de reconnaître, » à l'aide des marques dont ils sont porteurs, les lieux d'où » ils proviennent ou ceux qu'ils ont traversés. On peut ainsi » constater s'ils réviennent exactement et périodiquement » dans les mêmes locahtés, et préciser les époques de l'année » et les stations qui réclament une surveillance toute parli- ■)) culière. » Dans cette série d'intéressantes études pour l'histoire » naturelle et pour la protection des oiseaux , je me suis » réservé le département de la Seine et les départements » circonvoisins. » Mais ces recherches, qui, pour être fructueuses, doivent » être faites en tout temps et sur une grande échelle, sont » souvent entravées par les règlements qui régissent l'exercice )■> de la chasse. » Pour me mettre à même de les poursuivre avec régula- » rilé et continuité, je viens vous prier, monsieur le préfet, » de vouloir hien m'auloriser à prendre en tout temps et à >■> toute heure du jour les oiseaux de passage ou migrateurs. » Permettez-moi, à ce sujet, de mettre sous vos yeux un }) projet d'arrêté conforme à ceux qui ont été pris, pour le )> même ohjct, dans quelques autres localités. PROJET D ARRETE. « Nous, Préfet du département d , » Vu la demande par laquelle M. Millet, inspecteur des y> forêts et vice-président de section à la Société impériale ;) d'acclimatation, sollicite l'aulorisalion permanente de cap- » turer vivantes certaines espèces d'oiseaux pour servir à des » études d'histoire naturelle ; » Vu la loi du 3 mai 18/i/i relative à l'exercice de la chasse ; » Vu l'art iO de ladite loi ; notre arrêté du , concernant » la chasse des oiseaux de passage : SUR LES OISEAUX VOYAGEURS ET MIGRATEURS. 2/ / » Considérant que la demande de M. Millet ne comporte pas » im mode de chasse proprement dit, et ne peut en aucune » façon avoir pour résultat la destraction des oiseaux utiles, » car elle n'a d'autre objet que de capturer temporairement, » pour être remis ensuite en liberté, certaines espèces d'oi- » seaux destinées à des études d'histoire naturelle, » Arrêtons : » Art. 1''. M. Millet, inspecteur des forêts, est autorisé à » prendre vivants, en tout temps et à toute heure du jour, les » oiseaux de passage ou migrateurs dans toute l'étendue du » département d , avec filets, pièges et engins divers » appropriés à cet usage, et avec appelants ou chanterelles. » Art. 2. Ces oiseaux seront remis en liberté après avoir » été reconnus ou marqués. » Fait à » MM. les préfets ont accueilli avec tout l'intérêt qu'elles comportent les demandes que je leur ai adressées; et, dés l'année dernière, ils ont bien voulu prendre, en ma faveur, des arrêtés qui m'autorisent à capturer les oiseaux migrateurs dans les départements de l'Aisne, des Ardennes, de l'Oise, de la Seine, de Seine-et-Marne, de Seine-et-Oise, et de la Somme. D'autre part, S. A. I. le prince Napoléon a mis à ma dispo- sition le vaste domaine de Meudon, et j'ai trouvé un accueil très-sympathique chez les propriétaires dont les forêts, parcs et jardins présentent de bonnes conditions pour le passage ou le séjour temporaire des oiseaux voyageurs. Je suis heureux de pouvoir citer ici, en les priant d'agréer l'expression de toute ma gratitude : MM. Dauga, de Montry et KoUer. à Enghien-les-Bains; M'"'' Delille, à Sèvres; M. le directeur de la verrerie du Bas-Meudon ; M. le baron du Traiidjlay et notre confrère M. Hocedé du Tramblay, à llubelles; M. Leprevot et M. Dufour, à Chaville. Lorsque j'ai commencé mes études relatives à la migration, j'ai trouvé une certaine hésitation chez quelques propriétaires, qui craignaient de voir les oiseaux s'éloigner de leurs parcs 278 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. OU jardins après être tombés dans les pièges €{ui leur étaient tendus. Mais l'expérience n'a pas tardé à convaincre ces pro- priétaires que les engins appropriés à ces chasses exception- nelles n'endommageaient en aucune façon les oiseaux même les plus délicats, et que les colliers ou marques dont ils étaient porteurs n'altéraient ni leur chant ni leur santé; car, depuis plusieurs années, les Fauvettes et lesRossignols sont tout aussi abondants que dans les années antérieures, et ceux qui n'ont pas péri pendant la migration reviennent périodiquement dans les cantons mêmes où ils ont été capturés. Et aujourd'hui il est bien reconnu que ces oiseaux, énergiques destructeurs d'insectes et ravissants cJianteurs, sont k l'abri des atteintes des braconniers, du moins pour la saison dans laquelle ils ont été, une première fois, retenus captifs pendant quelques in- stants dans les pièges ou engins que l'on emploie généralement pour leur chasse. Ils évitent, en eifet, avec soin les engins de toute nature, et ne répondent plus, soit aux appelants, soit aux chanterelles. A ce seul point de vue, le mode de chasse que j'ai adopté offre un grand intérêt pour la conservation et la protection des insectivores. D'un autre côté, les marques dont les oiseaux sont porteurs donneront la solution de questions très-impor- tantes en histoire naturelle; elles permettent, en effet, de déterminer avec une très-grande précision : 1" la longévité ou la durée de la vie des oiseaux en liberté ; 2" les propor- tions de leur mortaUté , soit pour certaines années, soit pour certaines contrées ou régions ; 3" la régularité de leur retour ou de leur passage dans des régions ou cantons déterminés. Questionnaire relatif à la migration des oiseaux (1). 1. Désignation des localités et dates des observations. 2. Désignation des oiseaux. (En cas d'incertitude, envoyer (1) Ce qnestionnairf a été adopté par une Commission spéciale composée de MM. îe baron Larrey, comte de Sinély, Florent t^révost, A. Geon'roy Saint-Hilaire et Millet. SUR LES OISEAUX VOYAGEURS ET MIGRATEURS. 279 soit l'une des grandes plumes de l'aile en totalité ou en partie, soit l'une des pattes ou un fragment de patte de l'oiseau mort.) 3. Époques ordinaires, d'après les observations faites dans les années précédentes, de leur arrivée, de leur passage et de leur départ. h. Dates de l'arrivée, du passage et du départ pour la pré- sente année. 5. Époques du plus fort passage. 6. Epoques où ils commencent à nicher. 7. Moyens employés pour les détruire. 8. Moyens employés pour les protéger. 9. Observer, sur les oiseaux pris et retenus captifs provi- soirement, et sur ceux morts, tués ou livrés à la consomma- tion, s'ils ne portent pas de marques particulières, et notam- ment un cordon de soie, de laine, etc., noué en collier sous les plumes du cou; indiquer la nature, la forme et la couleur de ces marques ou colliers. (Voyez la note A.) 10. Envoyer, autant que les circonstances le permettront, les poches ou sacs contenant les aliments absorbés par les •oiseaux qui auraient été tués ou livrés à la consommation (1). 11. Observations générales sur les oiseaux de la localité (mœurs, habitudes, chasse, destruction, protection, etc ) Nota. — Prière d'adresser les renseignements, au fur et à mesure qu'ils se produiront, à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation, rue de Lille, 19, à Paris. Note A. On adopte, pour chaque pays, les couleurs nationales de ce pays : ainsi, pour la France, les coUiers sont tricolores (fds bleu, blanc et rouge tordus ensemble). (1) Cette poclie ou sac est Vestomac de l'oiseau. Après l'avoir détaché de l'animal, on le fait sécher à l'abri des mouches, ou bien ou le plonge dans l'eau-de-vie ou un mélange d'eau et d'alcool. .;. *280 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Dans un même pays, le collier est formé de fils d'une na- ture différente pour chaque zone, savoir : Zone septentrionale : collier forme de fils de laine. Zone moyenne ou centrale : collier formé de fds de laine et de soie. Zone méridionale : collier formé de fils de soie. Je donne la préférence à la laine et à la soie, parce que les couleurs sont peu fixes et peu durables sur le lin, le chanvre et le coton. Dans chacune de ces zones (1), on peut encore indiquer certaines stations importantes, à l'aide d'un ou de plusieurs nœuds sur le pourtour du collier. Enfin, pour désigner Xaiinée, on noue autour du collier un petit bout de fil de soie d'une couleur conventionnelle : Année 1866 (blanc), 16137 (noir), 1868 (bleu clair), (1) Celle division en trois zones nie paraît devoir être adoptée pour étu- dier la migration des oiseaux qui généralement parlent du nord pour aller au midi, ou qui viennent du midi pour aller vers le nord. , J'ai divisé la France en trois zones de la manière suivante : I. Zone septentrionale (vingt-neuf départements) : Aisne, Ardennes, Aube, Calvados, Côtes-du-Nord, Eure, Eure-et-Loir, Finistère, lUe-et- Vilaine, Manche, Marne, Marne (Haute-), Mayenne, Meurllie, Meuse, Mo- selle, Kord, Oise, Orne, Pas-de-Calais, Pdiin (Bas-), liliin (Haut-), Sarthe, Seine, Seinë-Inférieure, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Somme, Vosges. II. Zone moi/ejine ou centrale (irenie départements) : Ain, Allier, Charente, Charente-Inférieure, Cher, Côte-d'Or , Creuse, Doubs, Indre, Indre-et-Loire, Isère, Jura, Loir-et-Cher, Loire, Loire- Inférieure, Loiret, Maine-et-Loire, Morbihan, Nièvre, Puy-de-Dôme, Rhône, Saône (Haute-), Saône-et-Loire, Savoie, Savoie (Haute-),' Sèvres (Deux-), Vendée, Vienne, Vienne (Haute-), Yonne. m. Zone méridionale (vingl-neuf départements, trente avec la Corse) : Alpes (Luisses-), Alpes (Hautes-), Alpes-Maritimes, Ardèche, Ariéye, Aude, Aveyron, Bouches-du-Uhone, Cantal, Corrèze, Dordogne, DrOnie, Gard, Garonne (Haute-), Gers, Gironde, Hérault, liandes, Loire (Haute), Lot, Lot- et-Garonne, Lozère, Pyrénées (Basses-), Pyrénées (Hautes-), Pyrénées-Orien- tales, Tarn, Tarn-et-Garonne, Var, Vaucluse; Corse. Sauf quelques écarts résultant de la coniiguralion des départements de la France, la première zone est coniprise entre le 51'^ et le U^' degré, la deuxième entre le ;:i8*' et le lib% et la troisième enlre le/j5* et le U2'. SUR LES OISEAUX VOYAGEURS ET MK.RATEURS. 281 1869 (bleu Ibncé), 1870 (jaune clair), 1871 (jaune foncé), 1872 (vert clair), 1S78 (vert foncé), '187/i (rouge carmin), 1875 (rouge vermillon) (1). ' ■ ' m.. On peut simiililier le mode de marque, et môme le rendre plus complet, en introduisant par la tête, autour du cou de l'oiseau, une petite rondelle ou collier de caoïUchouc très- mince et très-léger, sur lequel on a préalablement inscrit, en caractères très-fins, la localité, le poijs, Vannée et le mois dans lesquels le. collier a été placé ; on peut même y ajouter, pour chaque espèce d'oiseaux, un numéro d'ordre faisant connaître le nombre de ces oiseaux marqués dans l'année (2), Pour faire plus facilement ces inscriplioin?, on augmente le pourtour du collier en l'introduisant sur une règle plate assez large ou sur un morceau de bois rond, absolument comme on fait pour mettre un bracelet ou une jarretière élastique. Le collier offre alors un développement assez consi- dérable pour qu'on puisse y tracer très-nettement plusieurs mots et plusieurs chifTres. Ces colliers de fils ou de caoutchouc, n'offrant aucune rigidité, se prêtent à tous les mouvements de l'oiseau, et ne (1) Exemples *. 1'^ On pi'end un llossignoi portant au cou un peiil collier tricolore formé de trois lilsdc laine, bien, blanc et rouge ; autour ilu collier est noué un petit fil de soie blanclie. A l'inspection seule du collier, on re- connaît que l'oiseau a été marqué on France, dans la zone septentrionale, et pendant Vannée 1860. 'J' On prend une l-'auvelto à tète noire portant an cou un petit collier tricolore formé de deux fds de laine (bleu et rouge) et d'un (il de soie blanc. Autour du collier est noué un petit fil de soie bleu clair: ce collier fait connaître que l'oiseau a été marqué en France, dans la zone centrale, et pendant Vannée 1868. {'l) Exemples : 1" On prend une Hirondelle de fenêtre portant au cou une petite rondelle de caoutchouc qui, retirée du cou et élargie sur une règle plate ou un corps cylindrique, permet de lire à la loupe l'inscription sui- vante : o. Chaville (l'u.), 66. 5. Celte inscription signifie que c'est la troi- sième Hirondelle de fenêtre marquée àChaville (France) en 1866; et que cette marque a été placée au mois de mai (5- mois). 2" Une Hirondelle de che- minée porte l'iuscription suivaute : l'i. Rubklles (I'r.), 69. 8. Celte inscrip- tion signilie que c'est la douzième Hirondelle de cheminée marquée à Kubelles (France) en 1869. au mois d'août. 282 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. peuvent en aucune manière le blesser. On les place soks les pliw/es, pour ne pas exposer l'oiseau à s'accrocher aux objets extérieurs, et pour conserver le plus longtemps possible l'in- tégrité des couleurs , en les mettant à l'abri de l'eau et de la lumière 5 mais il faut avoir le soin de ne pas serrer le cou de l'oiseati, afin de ne pas entraver les fonctions du chant ou des cris d'appel, et surtout l'absorption des aliments. Quand les oiseaux ont d'assez fortes dimensions, on peut les marquer, sous les grandes plumes de l'aile, avec une griffe, un sceau ou un cachet imprégné d'encre d'impression, comme cela se pratique pour les Pigeons voyageurs. ■|i'; ' NOTE SUR LÀ CULTURE DU TCHOU-MA [Urtica nivea), Par M. WABRY. Consul de France à Han-kcoii. (Séance du 23 janvier 1866.) Les habitants des provinces du Hounan et du Kangsi ne se servent jamais de graines lorsqu'ils cultivent le Tchou-ma; ils préfèrent replanter des portions de racines qui donnent, après un an, des tiges que l'on peut récolter. La terre sablonneuse, légère, et qui, par son exposition, est à l'abri des vents du nord, est la plus recherchée pour cette culture. On la prépare au milieu de l'hiver en la ramenant plusieurs fois avec une bêche et en l'égalisant avec un râteau ; on forme ensuite de petites plates-bandes que l'on creuse au milieu jusqu'à une profondeur de 15 centimètres environ. C'est dans cette sorte de fosse que sont couchées les racines qui sont alignées et distancées de 30 à 35 centimètres ; ces racines sont recouvertes d'un peu de fumier mélangé avec de la cendre : tous les fumiers sont propres à cet usage, à l'ex- ception du fumier de porc. On remplit la fosse avec de la terre, que l'on tasse superficiellement et que l'on a soin d'arroser aussitôt qu'elle devient trop sèche. Au printemps, lorsque les premiers germes commencent à paraître, on les entoure de bonne terre à laquelle on ajoute du fumier fin. Dès que les jeunes plantes ont quelques pouces de hauteur, on les arrose avec de l'eau mêlée par moitié de jus de fumier. Chaque année on peut faire trois récoltes: la première, vers le commencement du cinquième mois ; la deuxième, au milieu du huitième, et la troisième, au commen- cement du dixième mois. La première année, les tiges ne doivent pas être récoltées avant le huitième mois. 28/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. Lorsqu'elles ont atteint leur plus grand développement, û ou 5 pieds de hauteur, on les casse par le milieu avec la main (ne jamais les couper), puis on en détache les filaments qui, au pied de la tige près de la terre, n'offrent aucune résis- tance. La récolte terminée, on lie les filaments en gros écheveaux, et on les suspend dans une chambre dont toutes les ouvertures sont hermétiquement fermées, et dans laquelle on met un ou deux brasiers remplis de charbon et d'une certaine quantité de soufre. Les filaments acquerront ainsi, par les vapeurs du soufre, une parfaite blancheur. En dernier lieu ils sont exposés au soleil et filés pour être employés au tissage. On ne se sert jamais d'eau de chaux pour le blanchiment; on prétend que cette eau nuit à la force des fils, et par suite à celle des étoffes fabriquées. II. EXTRAITS DES PROCES - VERBAUX : DES SKAA'GES GÉM'HALKS DE 1,A SOCIÉTÉ. SBANO: DU iS MAI 1866. PrésideiMie lie M. A. Passv, vice-président. ' • Le prucés-verbal est lu et adopté. — MM. Basin et Hogg adressent leurs reniercîmeiits pour leur récente admission. — M. Fraiche s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. — Son Exe. M. le Ministre de l'agriculture et du commerce informe la Société qu'il vient d'accorder, en 1866, à litre d'en- couragement à l'agriculture, une subvention de 1500 francs à la Société impériale zoologique d'acclimatation. — Renier- ciments. — M. le grand référendaire du Sénat fait connaître le regret qu'il éprouve de ne pouvoir satisfaire à la demande de la Société d'acclimatation de Victoria (Australie); mais en ce moment tous les bourgeons des vignes du Luxembourg sont faits et déjà longs de '25 centimètres. Tout périrait au bout de quelques jours. Il faut donc attendre à l'automne pour faire la collection demandée. — Remerciments. — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères annonce l'envoi de trois caisses de cocons vivants et d'une caisse de plantes venant de l'Indo-Cbine. — Remercîments. — M. Euriat-Perrin adresse la Note suivante sur les Ghèvms d'Angora qui lui ont été contiées à titre de cheptel : « L'agne- 5) lage de nos Chèvres d'Angora s'effectue dans des conditions » tout à fait favorables : jusqu'alors nous avons obtenu treize » petits de pur sang, dont huit femelles. Vous voyez que, con- 5) Irairement à ce qui avait lieu les années précédentes, cette » année ce sont les femelles qui dominent. Jusqu'aujour- » d'hui nous n'avons perdu que deux jumeaux mâles; mais » nous sommes sur le point de perdre un Bouc né en 1865, })■ atteint pendant l'hiver d'une affection darlreusc dont j'étais •À' SLKiK, T. m. - .hnv. 1300. 1!) 28G SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. » parvenu à le débarrasser, mais qui en est de nouveau t'or- » tement atteint. » ' — M. A. de Surigny demande qu'il lui soit accordé un cheptel de Brebis mérinos. — Renvoi au Conseil. — M. Delidon transmet de nouveaux renseignements sur les Anguilles. — M. G. Personnat adresse la Note suivante sur ses éducations de BomJn/x ijama-mal : « De bonnes nouvelles de mes Vers. » Malgré les temps froids de ces derniers mois, qui ont con- » trarié les éclosions, ils vont bien. Je vous dirai même que » j'en ai fait éclore en plein air, et que j'en ai mis sur mes » Chênes en plein vent la jour même de leur naissance. Plu- » sieurs centaines s'y trouvent ainsi depuis une quinzaine : j) ils ont supporté, dès le premier âge, le froid et la gelée » blanche et n'ont nullement souffert; ils sont magnifiques. » C'est un fait à consigner pour prouver leur robuslicité. » — M. de Saulcy donne les détails suivants sur les éduca- tions de Bombyx yama-mdi : « Je ne sais comment se com- » portent les éducations de Yama-mai. J'avais pour mon » compte environ /lAOO œufs, que j'ai mis à l'incubation, et » ils sont de quatre sources différentes : 1" J'avais d'abord » environ 800 œufs que la Société a eu la bienveillance de » m'envoyer; ils n'ont pas encore donné une seule éclosion. )) 2" D'autre part, j'en ai 1200 au moins de MM. Arlés-Dufour ; j) ceux-là m'ont donné deux larves, il y a neuf jours aujour- j> d'bui; elles sont mortes le 2 mai sans avoir mangé, et depuis » je n'ai pas vu une seule larve. 3" J'ai encore 2000 œufs qui » m'ont été donnés par inon ami M. Sacc; ils ont commencé » à éclore le 29 avril, mais ils vont très-petitement. Aujour- » d'hui il n'y a en tout que 130 éclosions, de sorte que je ne » sais comment se comportera l'éducation qui en sortira. » Enfin, j'avais près de 350 œufs provenant de la récolle de » M. Blain. Ces derniers ont commencé à éclore le 20 avril; T) le 28, l'éclosion était terminée, en huit jours par consé- )) quent! Ces œufs pondus en Europe ont été plus précoces 10 que les autres. îls ont donné 291 œufs bons à mettre à » l'incubntion, e! sur les 291 œufs il y a eu 220 naissances. PROCÈS-VERBAUX. ' 287 » Il est morl 89 petites chenilles au premier âge, o sont » mortes sans pouvoir faire leur première mue; 107 sont » arrivées au deuxième âge, et oO sont encore au premier : en » tout, 137 vivantes. Je persiste à croire que la mortalité du » premier âge est énorme! Quand j'ai signalé, l'an passé, un » déchet de près de moitié, quelques-uns de mes amis ont » paru surpris, et je retrouve, cette année, la même chose. Je » crois qu'on ne suit pas les choses d'assez près pour se » rendre compte de la perte. Pour moi, je tiens compte » chaque jour du nombre des naissances, et quand je réca- » pitule ce qui reste en vie, j'y vois malheureusement trop » clair ! Je ramasse, d'ailleurs, les petits cadavres, mais il y a » toujours en plus un certain nombre de disparitions, dont il » ne reste pas de traces. » — M. Gagnât adresse un Rapport sur ses éducations de Vers à soie de Chine et du Japon. — M. Sacc transmet une publication de M. Sclmell, Lettre sur le commerce des graines de Vers à soie japonais, 1866. — Renvoi à la Zi' Section. — M. Charles Cuisson adresse un Rapport sur ses éducations de Vers à soie, et annonce que les Vers kobouré, venant du Japon, qu'il a reçus, éciosent d'une manière régulière et vont bien : ce qui lui donne plus d'espérance de réussite pour ces Vers que pour les Vers de Chine. — M. Mercier adresse une demande de graines de Bombyx Ci/ntJiia. — M. Hayes annonce l'envoi d'une liane trés-produclive de la Réunion, désignée sous le nom de Chou-choute. — M. Denis (d'Hyères) écrit à propos de la récente com- munication de M. Joseph-Lafosse, pour revendiquer pour M. Dubois (de Jaucigny) l'honneur d'avoir importé le premier en France le liambiisa mitis. — M. Alhberl fait connaître les résultats en grande culture, qu'il a obtenus du Mais dent de cheoal : a 11 produit, dés le » mois d'août, un fourrage à consommer en vert, dont la » quantité peut être estimée à moins de 60 000 à 80000 kilo- » grammes par hectare. On cultive ce Maïs à peu prés dans 288 SOCIÉTÉ IMFÉKlALi; ZOOLOGK^tUH h AtCLlMATAliUN. » les mêmes cundilions que la Betterave. Ces deux deruières ^) amiées, j'ai obtenu la parfaite maturation en plein champ, >> et sans aucun soin, sous le climat de la Touraine. » — M. Ferry adresse un Rapport sur sa cultuie de Brome de Schrader. — Des demandes de graines, et parliculièrenient de Pin de Uiga, sont faites par MM. Blain et E. de Morgan. — M. Poussielgue fait honnnage à la Société du ]'ot/(ft/r en Si/rir al eu Mongolie, qu'il vient do publier. — Remer- cîmenls. — Il est déposé sur le bureau un exem[daire du Rameau (Je Sapin. — M. Coste, à Toceasion de la correspondance, dit (}ue si les faits annoncés par M. Delidon sont vérifiés, la question de la rcpi'oduction des Anguilles se trouve complètement éluci- dée. Il désire (|ue M. Delidon envoie des Anguilles au moment de leur ponte, ou prenne et expédie aussitôt les animalcules qu'il a observés. En etTet, il est important de savoir de quel état les Anguilles naissent, et si elles sont immédiatement à l'étal de montée. — M. Passy fait remarque)' que la (|ueslion si controversée de la reproduction des Anguilles devra quelques progrés à l'initiative de notre Société. — M. A. Dumih'il rappelle que les Anguilles naissent à la iner, et remontent ensuite dans les lleuves, cl qu'on ne les a jamais vues se reproduire en eau douce. — A l'occasion de la lecture de la lettre de M. Delidon, M. Millet fait remarquer (ju'il serait très-important de savoir si les observations ont été faites dans l'eau douce, dans l'eau de njer, ou dans des eaux saumàlres, et rappelle qu'il a, en dilTérentes circonstances, émis l'opinion (jue l'Anguille n'eiïee- luaitpas sa ponte en eau douce. Celle opinion est d'ailleurs longuement développée dans un article que notre confrère a publié en 1859, dans V Eiui/rlopédic /tratii>2 socii-.Ti: iMJ'KriiAi.E /.(lor.or.iouK i> ArciiMATAriox, y> couche mince qui prévient la déformation et la fusion D des bougies. On s'en sert encore en la mélangeant à de )» l'encre de Chine, pour former des morceaux d'une matière )) dont les Chinois se servent pour imprimer les cartes de » visite. Je remets à la Société un échantillon de ce produit. )) Parmi les notes que j'ai recueillies sur les industries chi- » noises et japonaises, certaines intéresseront, je pense, la ); Société d'accHmatation. Par exemple, quelques notes accom- » pagnées de photographies et de dessins, que j'ai faits, de » métiers à tisser la soie, à Hankéou, province du Hou-pé. )> Aussitôt mes notes mises au net, je les présenterai à la )> Société. Il me reste, en terminant, à remercier la Société )> d'acclimatation de sa bienveillance à mon égard, et d'avoir » bien voulu m'aider de plusieurs manières pendant mon » séjour en Chine et au Japon; je serai heureux si je puis lui ;) prouver que j'ai été digne de la confiance qu'elle a bien )) voulu m'accorder. >> — M. Millet oft're à la Société, de la part de i\l. Boursier, fabricant à Château-Thierry (Aisne), une loupe, sous forme de breloque, à laquelle l'auteur a donné le nom de /lorio- scope. Ce petit instrument, d'une forme élégante, a l'avantage de donner un fort grossissement, et de pouvoir être livré à des prix très-modérés qui le mettent à la portée de tout le monde. . . — M. Decroix donne lecture d'un Mémoire de M. Liard, vétérinaire au 2' lanciers, sur la maladie des Vers à soie. — M. A. Duméril annonce que depuis leur métamorphose, les Àjo/of/s ont donné trois pontes, ce qui fait cinq en tout, l^es derniers éclos ont été séparés pour suivre leurs transfor- mations. M. Duméril pense que ces animaux pourront vivre en plein air, car ceux qui ont été laissés exposés à de basses températures n'ont eu que très-peu de mortalité. — M. A. Geoffroy annonce à la Société que la magnanerie du Jardin d'acclimatation vient d'être ouverte au pubhc. tJn certain nombre de races de Vers à soie seront, celle année, cultivées au Jardin du bois de Boulogne; ce sont les suivantes ; "> ./:.,. rnocKs-YFRiiAi'x. • •29;i Vfi?-s dif M. hier. — 1" Race blaiiclio du Japon, graines obtenues au Jardin d'acclimatation, en 18(55, des semences envoyées en Europe par M. Léon Roches (éclosion prompte et complète); 2" race verte du Japon, graines obtenues au Jardin d'acclimatation, en 18()5, des semences envoyées en Europe par M. Léon Roches (éclosion prompte et complète) ; 3° race du Japon, graines importées en 1866, et données par M. E. Renard (éclosion lente); V race italienne de Toscane, graines reproduites en France en 1865, données par M. Edan, ancien consul de France en Chine (bonne éclosion^; 5" race française (dite Sina), graines reproduites à Bourges et don- nées par iM'"' (iauthier (très-bonne éclosion); 6" race espa- gnole, graines données par M. Oidufia,de Valence (Espagne) (éclosion lente et irréguliére) ; 7" race du Japon, graines reproduites en 1865, à Montevideo, envoyées et données par M. Lecocq. (Ces graines n'ont pas encore éclos.) Vers du Chêne. — HomJnjr yania-ma'i, graines provenant de l'éducation faite en 1865 au Jardin d'acclimatation. (Très- bonne éclosion. Les vers en sont à leur deuxième mue.) Vers de l'Ailante. — 1" Bomhi/x Cynthia vera; "1" métis du Bombyx Cynthia vera et du Bombyx ArrindiaiXersdu Ricin) , obtenus au Jardin d'acclimatation, en 1865, de Vers reçus de M. Vallée, du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Les cocons destinés à la reproduction de cette année proviennent d'une éducation faite en plein air au Jardin d'acclimatation. Vers du Bicin. — Bombyx Arrindia. A cette énumération M. Geoffroy ajoute quelques détails, et promet de tenir la Société au courant des phases diverses que traverseront les éducations dont il vient d'être question. — M. L. Soubeiran communique quelques détails qu'il a reçus de M. Iletling sur les échelles à Saumon établies en .Norvège. — M. Duméril, en annonçant à la Société la présentation d'un Mémoire sur les Poissons anadrornes, exprime le regret que les échelles à Saumon ne soient pas plus communes en France. En effet, comme les Saumons revienneni toujours dans les mêmes rivières, la dépense d'une échelle à Saïuuon 29/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. ne peut entrer en ligne de comple avec le bénéfice que l'on retire de son installation. — M. Coste annonce que les ingénieurs sont invités à pro- poser les points des rivières de France où des échelles pour- raient être établies : sur le Blavet, il en existe actuellement vingt-huit. M. Coste, pour confirmer le retour des Saumons dans les mêmes lieux, cite le fait qu'a observé M. Ashwort, qui a vu les Saumons revenir toujours dans la rivière qu'il exploite, et ne pas pénétrer dans aucun des cours d'eau voisins qui débouchent dans la même baie. Comme preuve de ce qu'on peut obtenir [lar de pareils établissements, notre confrère rappelle que la rivière dont il parle fut achetée J 25 000 francs, il y a cinq ans, et qu'elle a produit l'an dernier i 50 000 francs. — M. Dorré demande si l'on a pu empêcher les cultivateurs de rouir le Lin dans les cours d'eau. — M. Coste répond que cette question est à Télude; mais elle est très-complexe, car il ne faut léser ni les intérêts des industriels, ni ceux des pêcheurs. — En réponse aux renseignements demandés par M. Dorré,- M. Millet fait observer que la question du rouissage du Lin et du Chanvre a été l'objet d'un examen sérieux, lors de la dis- cussion du Code de la pêche fluviale en 18-29; et que celte question, d'ailleurs, a été traitée par lui dans son rapport spécial inséré au Bulletin, et relatif aux mesures à prendre pour assurer la conservation du poisson. — M. Soubeiran annonce que des Saumons provenant de ceux importés en Australie viennent d'être rapportés d'Aus- tralie en Angleterre. ~ M. Ramel dit que les observations faites en Tasmanie sur la culture des Cinchona permettent d'assurer que leur culture pourra également se faire en Algérie. . •• Le Secrétaire des séances, J, L. SouliElRAN. III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Lpttre adresfi^.e par M. Geoffroy Saint-Hilaire, secrétaire dn Conseil de la Société impériale d'acclimatatioih à M. Villemereux, à Paris. Paris, le 14 avril ISOfi. Monsieur, Le Conseil de la Société impériale d'accKroatation a appris la mort du respec- table M. A-roii de Germijjny ; personne plus que moi n'a été affligé de cette perte. Le Conseil, à la nouvelle de la mort de M. Agron, a pensé que ce serait rendre un juste hommage à la mémoire de votre vieil ami, que de décerner désormais en son nom les primes f>,io,ii;y,iPs qu'il a fondées, il y a déjà jdusieurs années. Cependant le Conseil n'a pas voulu prendre de parti sans vous consulter, et il m a chargé de prendre ofpcieunement votre avis à ce sujet. Pensez-vous, monsieur, que nous puissions, sans aller contre les sentiments de modestie discrète de M. Agron, nommer l'an prochain le donateur des primes dont il s'agit? Votre avis sera suivi par le Conseil; je vous serais donc obligé si vous vouliez bien me transmettre bientôt votre sentiment à ce sujet. Veuillez agréer, monsieur, l'expression de ma considération la plus distin-uée et de mes sentiments dévoués, • " Signé A. Geoffroy Saint-Hilaire. Béponse de M. Vim.kmi.reux à M. A. Geoffroy Saint-Eilaire. Paris, le 10 avril ISlif^ Monsieur, Je ne puis qu'apidnudir à la pensée bienveillante du Conseil de la Société impériale d'acclimatation pour la mémoire de l'homme si distinsué et par le cœur et par 1 intelligence, de ce vieil ami dont la perte me rend inconsolable. Son extrême modestie répugnait à toute publicité de son vivant pour ses actes de bienfaisance, mais sa susceptibilité à cet égard ne dépassait pas le tombeau. Pour ce qui me concerne, il me sera doux de voir revivre son nom dans les fastes d'une société dont il a toujours eu vivement à cœur le développement et la pros- périté. C'était à ses yeux une des pensées heureuses de votre père, sur qui il avait reporté avec tant de bonheur l'admiration et l'affection que lui avait inspirées dans sa jeunesse, votre illustre aïeul. ' Vous aviez hérité, monsieur, à votre tour, de ce cordial attachement ; à ce titre, notre aimable ami méritait les regrets dont vous voulez bien honorer sa mémoire.' Veuillez agréer l'assurance de mes sentiments les plus distingués et les plus sincèrement dévoués. Signé Villemereux. 29t) .socii>;ti': imt-kriale znnior.iorE d'accumâtation. Le Itre adressée par Son Exe. M. Droi yn dk Lhuvs, jirfsidentde la Sin-ié(é, à M. \illemereux, à Paris. . . Paris, le S mai 1800. Monsieur, La Société impérialf d'acclimatation a appris avec un vif regret la mort de notre zélé collègue M. Agron île dermigny, qui avait acquis tous les droits à sa reconnaissance, en contribuant de tout son pouvoir à son développement cl à sa prospérité, et qui donnait si souvent des preuves de son entier dévouement à notre œuvie. C'est à la générosité de M. de Germigny que notre Société doit la fondation des deux primes annuelles de 200 et de 100 francs qu'elle décerne dans sa séance publique annuelle, et la modestie de cet homme de bien nous avait imposé l'obligation de taire son nom. Quoi qu'il en soit, ce bienfaitevu' anonyme aura, outre le but d'utilité générale qu'il s'est proposé, procuré à la Société impériale d'acclimatation le double avantage de pouvoir augmentei- les récompenses qu'elle se lait un plaisir de décerner chaque année, et de laisser un exemple qui, à un nioment donné, pourra, dans l'intérêt public, être suivi; car si les hommes à initiative sont rares, leurs imitateurs sont heureusement plus nombreux. Notre Conseil d'administration, qui désirait vivement ne plus laisser ignorer le nom de ce bienfaiteur, a voulu cependant avoir votre avis à cet égard, et c'est avec la plus grande satisfaction qu'il vous a vu applaudir à son idée de publier à l'avenir dans ses programmes le nom de M. Agron de Germigny comme fonda- teur des deux primes annuelles que nous décernons. Veuillez agréer, etc. Le [jrésalciit de la Société ii/ijjéiiu/c d'accliiiuitati Signé Droiiyn de Lhiys. «i IV. CHRONIQUE. Sur la pt'clic fôliôre , Par M. HrMBAi i>. A Monsieur de **"'. Monsieur, no vous liàtez pas, je vous prie, de vous ranger à l'opinion que la Muirce des produits alimentaires de la mer est inépuisable. C'est une idée (Pimportation américaine assez légèrement adoptée par les Anglais, et qui par eu\ est venue jusqu'à nous. Klle peut avoir quelque fondement pour les riverains du continent qu'cn- foureiK les deux Atlantiques, mais elle ne saurait obtenir un crédit durable sur les bords delà Méditerranée, ni même sur ceux de la Manche, à moins qu'il n y ait parti pris de nier Tévidence pour soutenir que la production vient du large au rivage, au lieu d'aller du rivage au large. •le ne conçois point vrainient que les Anglais, qui sont parvenus à faire disparaître du territoire du royaume uni le plus commun des oiseaux — le Moineau,— puissent s'imaginer qu'il est impossible d'anéantir le poisson local. Peut-être est-il permis de penser cela des espèces foisonnantes de poissons migrateurs répandues dans toutes les niers, et qui, présutne-t-on, jettent leur semence un peu partout, sur l'immense parcours de leurs migrations; njais en est-il réellement ainsi même de cette sorte de poissons, du Maque- reau, de l'Aiguille, de la Sardine et de tous les congénères cosmopolites ? Lorsqu'il est certain que les abus de la chasse ont considérablement dimi- nué la multiplication des oiseaux de passage, il y a tout lieu de croire que les pèches abusives doivent être un obstacle à la propagation du poisson voyageur, ainsi (|u'à celle du poisson sédentaire. Toutefois, comme la production du poisson migrateur a ses réservoirs sur tant de points diflérents, ou dans les mers lointaines, il s'écoulera probable- ment bien longtemps, je le reconnais, avant qu'elle soit sérieusement me- nacée dépuisemenl. Aussi n'ai-je entendu appeler les préoccupations que sur la nécessité ûc préserver la fécondilc- des eaux riveraines, d'où tend à disparaître peu à peu la prodigieuse variété de ressources que la nature y a mises directement à notre disposition. Vous ne croyez pas, vous, monsieur, que les Anglaisaient adopté sans ré- lléchir les conclusions du rapport de la Commission d'enquête, .le suis per- suadé, moi, qu'ils confondent le poisson de passage avec le poisson séden- taire, et que leur opinion sur l'intarissabilité de la richesse ichthyologique de leurs côtes résulte de cette grave confusion. l/enquèle, il est vrai, a été poursuivie avec cette patiente persévérance qui constitue le fond du caractère britannique : les commissaires ont écouté '•l jugé le pour cl le nmtrc avec une parfaite impartialité; les perquisitions, enfin, ont été faites très-minutieusement, mais non sans quelque héréticité affectant la technologie. C'est assez pour me porter, malgré mon désir de vous être agréable, à douter de la valeur de certaines appréciations conte- nues dans le rapport. .\onu''st,ini los conclu-ions anglaises. i<; ncccs^cdonc point de penser que 298 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Vétal rri'l de la ciHialioii marine nicl roniplétemeiit à la merci dti pécheur tous les produits de la mer ; que sa main les atteint partout sous la couclie oïl ils sont cantonnés en troupeaux parqueurs ou en grandes masses erran- tes, et que nous léguerons à nos descendants des rivages aussi peu fertiles que ceux du golfe de Gènes, si nous ne pi'onons des précautions pour arrêter le dépeuplement de notre littoral. Il est maliieureusenieni vrai que, au lieu de faire ses récoltes avec discer- nement, de les régler avec une prudente réserve, et de les trier avec un peu de cette prévoyance que le cultivateur apporte à prélever sur sa moisson la semence îlont il aura besoin pour rodomier la vie à son cliamp, le pécheur y procède a\ec un aveuglement sordide dont on ne peut se faire une juste idée qu'en se rappelant l'apologue de la Poule aux œufs d'or. Aussi, vous le savez, n'y a-t-il aucune autre industrie qui soit moins lu- crative que celle du pécheur, généralement aussi pauvre que sa prof<'ssion est pénible et périlleuse. C'est, il faut en convenir, parce que Tinduslrie de la pêche n'est rien moins qu'industrieuse, selon l'acception propre du mot. Je ne saurais, en cOèt, voir de l'art dans cette industrie qui ne sait pas ménager la matière première et en fait d'effroyables déchets; qui n'a jamais voulu graduer ses moyens d'exploitation sur la lenteur du développement des produits, et qui enlin travaille moins à devenir prospère qu'à se ruiner en détruisant son aliment. Pour avoir sous les yeux des témoignages irrécusables de cette insouciance du pécheur, il n'est point nécessaire d'aller partager ses périls en le suivant dans ses pénibles travaux; il n'y a qu'à faire prendre à la halle une assiet- tée de fretin, et à supputer combien il eût fallu de grandes corbeilles pour contenir cette petite quantité de poisson, s'il n'avait pas éié enlevé à la mer avant d'être parvenu au tiers ou au quart de sa croissance. Il en est des produits marins comme de certains produits terrestres, dont la moisson ne doit être faite que dans la mesure de leur renouvellement. Par exemple, on procède à la récolte des bois par des coupes partielles, cl non en rasant la forêt, llaser la forêt, ce serait anéantir la production dans sa source. \ puiser par des coupes réglées sur la marche de la végétation des arbres, c'est laisser la source de ces produits toujours au même niveau. Il s'en faut que la cueillette des fruits de la mer soit faite avec la réserve que commande la nécessité de préserver la source de ces biens, non moins précieux que le boisdes forêts. Consultez les houimes de la profession, voyez- les à l'œuvre, examinez leurs instruments. Ni les hommes, ni les choses ne vous révélei ont la moindre préoccupation de cette nécessité pourtant impé- rieuse. Au contraire, la pensée, l'action, les résultats, tout enlin vous fera pressentir la dissipation qui mène à une (in ruineuse. Et cependant, en présence de la dilapidation qui menace de laisser bientôt sans emploi tout le matériel industriel de la pêche cùtière, des voix s'élèvent pour persuader aux pécheurs que les moyens dont ils font usage saisissent iniparlaitementles récolles, que leurs bateaux ^ont trop faibles, leurs engins troj) peu énergiques, et qu'ils doisenl [ erlVciionnor tout cela. CHRONIQUE. ; «'fSj V F^J v;v 299 c'est !e conseil de rinexpcrience, car ceux qui le donnent aux pécheurs ignorent que les insU'iimenls de pèclteles plus usuels soiil déjà trop vigoureux, qu'ils outrepassent le but en Irappanl dans la niullilude des générations commençantes, et, sous l'action de leur travail dévastateur, le vide se forme dans la zone même où la production du poisson local a ses réservoirs. Voilà trente ans, monsieur, que les yeux fixés sur réliagc de la somxe, j'en vois baisser le niveau d'année en année. Au début de cette période, el, par conséquent, de mes observations, la clameur publique, à Toulon, à Marseille, à Cette, et partout où les popula- tions étaient habituées e'i puiser dans la mer à pleines mains, signalait déjà la rareté du poisson, et prédisait une prochaine disette de celte denrée jus- que-là abondante. Cependant, à celle époque, la pèche contribuait pour une large part à ralimentalion, et si les pêcheurs se plaignaient, ce n'était point parce que leur travail était infrucUicux, mais parce qu'il était devenu plus pénible. C'était la conséquence d'un commencement de stérilisation : le poisson disparaissait du premier plan de la zone productive, et force était d'aller le chercher plus loin qu'on n'en avait l'habitude. Aiais si les plaintes étaient hâtives et exagérées, le mal qu'elles faisaient pressentir n'en était pas moins déjà très-grave. On eût pu l'arrêter alors par (les mesures préventives; il en fut tout autrement, car c'est à partir de ce temps-là que l'on a vu se multiplier les pratiques funestes à l'empoissonne- ment, et la stérilité se propager de proche en proche jusqu'à l'extrême limite de la région poissonneuse. JNaturellemenl, nos côtes de l'Océan ont jusqu'ici moins souffert que nos côtes de la Méditerranée de l'exploitation outre mesure se développant à la poursuite du poisson; mais si, quant à présent, il n'y a point à craindre l'é- puisement di's premièies, est-ce à dire que la production n'y ait pas déjà considérablement diminué? j'adresse cette question aux écrivains qui exci- tent les pêcheurs à perfectionner le matériel de leur Industrie. Pourquoi, en effet, cette incitation, s'il n'est pas vrai que la pêche de- vienne de plus en plus difficile. Mais si, contrairement à ce que je pense, les ressources que nous offre l'Océan trouvent leur sauvegarde dans l'immense étendue du champ qui les produit, il est au moins bien avéré qu'il n'en est pas de même de celles que nous puisons dans la Méditerranée, dont icsfrayères n'ont qu'une faible connnunication avec les grands réservoirs de la production océanique. La fécondité de celle mer fermée a tellement décliné, qu'il n'en reste plus que des traces à peine saisissables. Oui, la source a baissé d'une façon effrayante : à peine la vois-je sourdre encore, et, pourallirmcr qu'elle tarit, je n'ai nul besoin d'attendre l'élablis- semenl des .stalisiiques auxquelles nous renvoie l'enquête anglaise; je n'ai qu'à consulter mes souvenirs et faire appel à ceux des gens qui ont vieilli, comme moi, dans l'exercice de la pêche. Ainsi, il y a trente an-, pour constater la fertilité de la baie toulonnaise, HOO SOCIÉTÉ IMl'ÉKIALE Z(KH,(M;1QUE D ACCLIMATATION. il sullisail crim coup d'épervier jelt- de la berge, ou de quelques nasses plon- gées sous la mince couche d'eau. Anjourdhui, la grande seine, jetée à un kilomèlre de la côte et balayant luie large stuface. n'amène pas plus de poisson ([ue n'en rapportait autrefois une course de havenet débordant à ((uelqnes mèlres du rivage. Fies eaux de la baied<; Marseille sont peul-èlre encore plus dtipeuplées que les eaux de la baie de Toulon. Du reste, de Mce à Port-\"endres, partout nù le travail humain a opéré en disproportion avec le travail delà nature, la multiplication des espèces s'est arrêtée. Telle est, monsieur, sans exagération, l'étendue du mal (pi'il laut ré|)arer. ou au moins empêcher de s'aggraver, dans un double intérêt public, celui du recrutement de la marine impériale et celui de l'alimentation des masses populaires. Où est le remède? I^es économistes en indiquent plusieurs. Les uns le voient dans les ressources arlilicielles de la pisciculture; d'autres, dans un développement du matériel industriel qui permette d'exercer la pêche en dehors de la zone productive. Pour moi, je crois qu'il n'y a que des mesures de conservation qui puissent relever cette industrie de la décadence où elle est tombée. La possibilité entrevue d'agir directement sur la reproduction du poisson de mer par des opérations manuelles n'est et ne sera jamais qu'une chimère. C'est l'opinion que j'avais émise en 1856, dans un mémoire qui fut publié en 1863 par la Revue maritime et coloniale, et j'ai de nouveau exprimé ce! avis en 186^1, dans un autre mémoire qui a été couronné par le comité d'aquicullure pratique de Marseille. Les expériences auxquelles certains animaux marins ont été soumis depuis dix ans ont-elles infirmé ou confirmé mon opinion '.' Elles l'ont malheureu- sement confirmée, car elles n'ont eu que des résultats négatifs ou incomplets, et n'ont pas jeté dans l'immensité de l'Océan une seule poignée d'alevins viables. La science a échoué contre la diUiculté de saisir et de faire plier ce que j'appellerai la climatologie de la mer. Je nie donc une fois de plus l'utilité de toute opération artificielle appli- quée à l'empoissonnement des eaux littorales, .l'ai foi dans les pratiques qui viennent en aide à l'œuvre naturelle.mais je n'accorde aucune espèce de con- fiance à celles qui ont pour objet de suppléer à cette œuvre par des contre- façons de quelques-uns des phénomènes de la création. Là où les éléments de reproduction n'ont pas disparu, il est plus simple et plus sûr de laisser faire la nature que de substituer l'aclion factice ù l'ac- tion naturelle. Ce qui en témoigne irréfutablement, c'est l'insuccès de l'os- tréiculture lorsqu'elle a recours à des moyens artificiels, et c'est aussi le plein succès qu'elle a obtenu sur les points où elle s'est bornée à faciliter le fait providentiel. On peut déplacer la production de quelques mollusques, surtout celle de la Moule, ce chiendent de la mer, qui s'attache à tout et dont la sentence !:cnnc dans toutes les cou\ ii>rr;iine^; !iiui'> U >(.)k>niO 'l M M_ieiicf liumaiiies 4i cniiONiQUE. 301 sont impuissantes à déplacer la producliou du poisson pour la coniiner Iiois de ses limites hydrographiques. . - ■" Quant à la pèche à distance des côtes, ce serait véiitahlement un moyen d'assurer aux foyers ré£,^('nérateurs le repos dont ils ont besoin; mais j'ai ex~ piicpié dans ce journal, il n'y a pas longtemps, que la pèche au large n'est pas généralement praticable. Ainsi, la pisciculture ne peut être d'aucun secours pour le rempoisson- nement des eaux salées, et la proposition d'écarter les pécheurs de la zone productive, en les envoyant travailler au delà de cette zone, repose sur la supposition d'un état de choses purement imaginaire. il n'y a, je le répète, que des mesures de conservation qui puissent raviver et aveiner la source des richesses alimentaires qui nous viennent de la mer. Quelles sont ces mesures? Répudier hanchement tous les procédés dévastateurs pour proportionner la consommation à la production. . . Ou imposer à tonte espèce de pêche des alternances périodiques laissant à la natiue le temps de se reposrr de la fatigue que lui font subir l'impré- voyance et la prodigalité des pêcheurs. Ou enfin réserver une partie des rivages où le travail naturel de repro- duction ne soit point troublé. Le premier de ces moyens serait le plus eflicace, et peut-être le plus facile- ment praticable; mais le département de la marine doit le repousser par la raison que la suppression de la pêche à la traîne amènerait un déficit con- sidérable dans les rangs de l'inscription maritime. . . Le second moyen exigerait une réglementalioii diflicile à faire exécuter et partant tracassière. Quoique le troisième moyeu ne soit pas le meilleur, c'est cependant celui auquel je donne la préférence, parce qu'il n'est point susceptible de préjudi- cier aux intérêts maritimes, et ensuite parce qu'il n'en sortirait pas un re- foulement violent des habitudes séculaires de l'industrie dont je m'occupe comme vous, monsieur, uniquement en vue du bien public. A d'autres que vous, monsieur, l'idée de réserver des espaces d'eau pour la reproduction du poisson peut sembler empruntée, aujourd'hui que le dépar- tement des travaux publics la met en pratique pour assurer le repeuplement des fleuves et des rivières; mais vous savez, vous, que cette idée m'appartient de longue date, et que je l'avais livrée à la publicité bien avant qu'elle passât dans l'économie de la loi du 31 mai 1865, sur la pèche. Mon droit de priorité se trouve elTeclivcment établi dans la Revue maritime et dans les divers jour- naux qui ont publié mon mémoire au Comité d'aquiculture de Marseille. Au reste, il n'importe aucunement ([ue je sois ou que je ne sois pas l'in- venteur de l'idée; l'essentiel est qu'il puisse en sortir une heureuse solution du problème que je me suis proposé et dont voici la formule : « L'ancienne réglementation de la pèche côtière n'a point sufTi h son objet )) de conservation ; la réglementation nouvelle ne laisse pas espérer de nieil- n leurs résultats. 2*= SÉIUK, T. 111. — Juiu 1806, 20 '.s* 302 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMÀTATION. » Nos côtes, profondément appauvries, sont menacées d'un épuisement » complet. Pour y ramener l'abondance, il faudrait recourir à l'intcrdic- » tien absolue de la pèche à la traîne, qui a seule produit leur stérilité ; » mais les intérêts de la marine ne permettant pas de songer à cet expédieni, » il y a nécessité de trouver un autre moyen pratique d'arrêter le dépeuple- » ment des rivages. » Détruire en partie la cause, c'est en amoindrir les effets. Tel est le but » que nous nous proposons. )) Selon nous, les intérêts maritimes exigent qu'aucune espèce de pêche » ne soit supprimée, et, à ce point de vue, ce sont surtout celles qui se » font au moyen de filets traînants qui doivent être soutenues et encoura- » gées, parce que ce sont celles qui emploient des équipages nombreux et les » exercent par une navigation continuelle. Mais nous pensons que, pour » rendre à la pèche la double utilité qu'elle a eue dans le passé, il est impé- » rieusement nécessaire d'en entraver légèrement l'exercice sous le rapport » des lieux. » Elle ne serait pas ruinée dans le présent, et, 5 coup sûr, elle serait peu » productive dans un avenir peu éloigné, par l'amoindrissement d'un hui- » tième ou d'un dixième de son vaste domaine, si, comme nous l'espérons, » la partie retranchée devait vivifier le reste. La prodigieuse fécondité du )) poisson et la stabilité des espèces autochthones garantissent le succès de » toute mesure qui sera prise dans ce sens. » {Mémoire sur les causes du dépeuplement de la mer, etc.) Ainsi que vous le voyez, monsieur, mon système de repeuplement suppose la stabilité du plus grand nombre des espèces de poissons sur les fonds où elles naissent. Il ne vaut absolument rien s'il n'est vrai qu'une partie seule- ment de la production animale de la mer soit vouée à la vie nomade. Mais cela est rigoureusement vrai : d'un côté, l'ambulance; de l'autre, la fixité, si je peux appeler fixité le mouvement qui se renferme dans un es- pace circonscrit. Dès lors mon système a un but certain. Il n'est donné à personne do nous faire apercevoir le lien secret (pii relient les espèces sédentaires, ni le ressort mystérieux qui pousse hors de leur ber- ceau les espèces voyageuses, mais les faits révèlent manifestement l'exis- teuce de cette double combinaison. Je ne m'en explique point les causes, mais j'en saisis les conséquences, et je vais essayer de décrire celles-ci, afin d'éclairer l'opinion sur la possibilité de cantonner une partie considérable de la production marine. La loi naturelle qui fait graviter vers la main de l'homme tous les produits alimentaires de la mer accomplit ses effets, je l'ai dit ailleurs, par une sorte de parquement de ces produits dans la zone des rivages. llien n'est plus vrai et n'est plus invariablement réglé que la répartition en groupes séparés de cette multitude d'animaux si dissemblables par leurs for- mes et par leur manière d'être, alors, cependant, qu'ils se mêlent et se con- fondent dans l'élément où ils sont jetés conuue au hasard. Gel ordre dans le uiéiango cl la coulusiou apparente de lu création ncplti- CHRONIQUE. 303 nieiine repose uniquement sur les différences d'organisme et d'instinct qui distinguent entre elles les diverses races dont les eaux sont peuplées. ^ La conséquence principale de la diliércnce d'organisme et d'instinct est d'établir, dans le règne animal marin, les divisions suivanles : 1° Espèces inertes; 2" Espèces douées de faibles facultés de locomotion et soumises à la sta- bulalion dans une zone déterminée; ■à" Espèces douées d'une certaine force de locomotion, mais retenues dans la région des rivages qui les produisent ; A° Espèces douées de la plus grande puissance de locomotion, et soumises à des migrations périodiques qui les répanden t d'une manière générale ou limitée. La première de ces divisions ne comprend que les mollusques; ils sont étrangers à la question dont je m'occupe. Dans la deuxième division se classent toutes les variétés de poissons séden- tau-es que les pêcheurs désignent sous le nom générique de poisson de fond Ces espèces, toutes organisées pour le stationnement dans les fondrières rocheuses, ou dans les prairies delà mer, ne se déplacent que pour descen- dre ou remonter le talus de la région littorale; incapables de vivre hors des abns de la côte, elles ne s'en éloignent jamais, et constituent le poisson es- sentiellement local. Le plus grand nombre d'entre elles fraient au printemps • les autres, en automne. A ces deux époques, elles s'agglomèrent très-près de teri-e, et plus il fait froid, plus elles s'en rapprochent. ( Juelques-unes, comme le rourdoureauetla Seire, sans disparaître complètement, dinuuuent de nombre en été. . . La troisième division se forme des espèces organisées pour le mouvement continuel, mais qui se meuvent dans le rayon des côtes où elles sont nées Ces espèces, désignées génériquement sous le nom de poisson blanc, abor- dent la cote dès les premières chaleurs, et s'en éloignent dès les premiers joiu-s Iroids, pour stationner, jusqu'au retour du printemps, dans les profon- deurs de la région littorale. Elles y descendent plus ou moins, suivant que le froid devient plus ou moins intense, mais elles n'en disparaissent jamais A preuve ceci que si les instruments de capture les atteignent plus difficilement 1 hiver que l'été, elles ne cessent point néanmoins, durant la mauvaise saison de figurer par intervalles sur les marchés en quantités assez considérables' Amsi le poisson blanc n'émigrepas plus que le poisson de fond; mais en- ^ tre ces deux familles de mœurs opposées, il y a cette dilléreuce que la même cause qui éloigne la première de la côte y ramène l'autre, ce qui fait que « poisson blanc, rare en hiver, abonde pendant l'été, tandis que le poisson de fond, moms abondant dans cette dernière saison, l'est davantage dans l'autre Je passe a la quatrième division, celle des poissons migrateurs. Est-il pos- sible do savoir ce que deviennent ces immenses bandes d'animaux an.bu- Idnts, lorsqu elles cessent de se montrer sur nos côtes? cela est aussi impossible, je cois, que d'indiquer les réservoirs où elles se d ve loppem et d'où elles partent, de tracer l'itinéraire que leur fait suivre la loi de répartition a laquclies elles obéissent, de dire pourquoi elles allée- oU/l SUCIÉTE IMPÉRIALE ZOOLOGIgUE d'agCLIMATATJUN. lionnenl plus pavliculièrement certains parages ou certaines eaux, et enfin (le d(ivoiler le mécanisme des combinaisons providentielles qui nous livrent C(!S précieuses ressources. Il est bien vrai que toutes les espèces nomades, depuis le plus fort des .Scombres jusqu'à la plus petite des Chipées, disparaissant de la région liito- rale dès l'hiver venu, mais nui ne saurait ailirmer véridiquement qu'elles g.ignent les profondeurs de la haute mer, ou qu'elles retournent vers les pa- rages de leur ijerceau. Ce ne sont pas, dans tous les cas, ces espèces doiiî je penserais à parquer la nuiitiplicaiion. (Nos côtes ont une richesse ichthyologique qui leur est pro- pre. Elle consiste d'abord en une inlinité de variétés de poissons gîtant sur les fonds qui les produisent, et ensuite en diviM-ses tribus vagabondes, dont les stationnements très-mobiks ne sortent pas cependant, même pendant l'hiver, de la région littorale. Ce sont ces ressources-là, monsieur, que je vou- drais pouvoir conserver, et voir s'accroître au profit de l'industrie si utile de la pêche càlii''rs. (Extrait tlu Tonlonnais des "2-2, 24 et 27 mars IbOG,) ISaces bovines « ivtc nue. Le Moniteur universel du 1''^ juillet, le Moniteur belge du 17 avril, et plusieurs autres journaux français, belges et hollandais, constatent les pro- grès de la propagation de la race normande désarmée créée dans le Calva- dos par M. Dulrùuc (voyez Bulletin, année 1858, page 2/|6 et volumes suivants). Nous laisserons parler d'abord les deux feuilles oflicielles. On y lit : (( L'incomparable talent de I\osa Bonheur vient de donner, ces jours derniers, à la race bovine normande sans cornes SAr.LADOT, le dernier genre de célébrité qui lui manquait. Un simple croquis de l'illustre artiste, repré- sentant un jeune tourillon, donné au Comité central francu-polonais, -pour être vendu au profit des réfugiés, a été, après de vives enchères, adjugé au prix de 1000 francs. » Depuis le jour où, lors de notre Exposition internationale de bienfai- sance (1856), nous avons pu admirer la giand'mère de ce jeune animal [Sarlabuski),ùon\. une sœur a, selon l'expression du procès-verbal du jury, été primée par acclamation au concours international d'Anvers (1«62), nous nous sommes plu à constater le succès de la nouvelle race normande désarmée. » Non-seulement le syndicat de la boucherie de Paris, par ses suffrages répétés, — non-seulement la Société impériale d: acclimatation el \a Société protectrice de Paris, par leurs récompenses les plus hautes et les plus so- lennelles, ont proclamé l'excellence de la nouvelle race désarmée, — non- seulement les agriculteurs les plus distingués, dans plusieurs départements de France, en pratiquent et en encouragent la reproduction, — mais encore nous voyons chez nous et chez des iiaiions voisines, la Hollande et l'Angle- leirc au premier rang, celle même propiigation se répandie. CIlRoNiniIF. 305 » L'oxeniplo des familles royales ei princiércs n'y a pas f.iit défaiil : d'a- bord le feu roi de \\iirlenilierg, qui s'enorgueillissait d'avoir mérité le surnom de roi-fermier, et notre feu roi Léopold si regretté; puis viennent LL. AA. HR. le prince Adalbert de Bavière, le comte de Flandre, le prince Frédéric des Pays-Bas, qui couvrent de leurs protectorats ce progrès agricole et humanitaire. » Si la boucherie de Paris a donné le signal de cette marche triomphale signal imposant et irrésistible, parce qu'il partait d'une autorité compétente,' — de son côté la boucherie de Bruxelles a dignement accompli l'œuvre commencée à Paris. — En ellel, après s'élre éclairée par les rapports des jurys constitués, d'abord par M. !e bourgmestre de Gand, Ch. de Kerchove, et bientôt après par I\l. l'échevin Anspach, faisant fonctions de bourg- mestre, — jurys exclusivement composés de vétérinaires et de bouchers, — la boucherie de Bruxelles, disons-nous, qui, depuis trois ans, par l'abalage des bœufs Sarhibul présentés au concours de Pâques, a expérimenté elle- même les qualités de la race normande désarmée, a voulu constater aiithen- tiquement, eflicacement et à toiijonrs, l'iniporlance qu'elle y altaclie. Elle a premièrement offert au créateur de la nouvelle race une magnifique médaille de vermeil avec cette inscriplion : « Témoignage de recunnaissame. Les I) employés de l'abattoir et des boucheries de Uraxelles, a I]J. le conseil- » 1er Dntrônc , créateur de la race normande désarmée Sarlabot , le » 2 J mars 180^. » Puis elle a institué dans son sein une association frater- nelle de secours, sous le titre de Société mutuelle Sarlabot, institution qui vient de se faire reconnaître, par arrêté royal, comme société u'uti- LITÉ PUBLIQUE. » Nos agriculteurs et nos cngraisseurs sont donc certains que la boucherie belge saura apprécier les prodiiils désarmés qii'ih lui présenteront. )) Aussi nous empressons-nous de faire connaître les localités où se trou- vent, en station, des taureaux delà race Sarlabot. .) 1" Province de rvamur, à Hhisnes, chez M. le bourgmestre Artoisonet, le taureau originairement oITeit en hommage par M. le conseiller Pulrône au feu roi Léopold, et qui, sous le nom de Sarlaken, a obtenu un 1^' prix au concours international d'Anvers (18G2). 2" Flandre occidentale, à la colonie agricole de lluysselede, près de Bruges, dirigée par MM. Poil, un tau- reau, fils du précédent. 5° Province d'Anvers, à la colonie agricole d'iloog- straeten, dirigée par M. le major de Lohel, un taureau, iils aussi du piécé- dent. /i" Flandre orientale, chez M. l'avocat Paul Parrin, sur son domaine de Vracene, près de Saint-]\icolas, un autre taureau, fils de Sarlaken. » L'Agronome de Namur, après avoir parlé des constatations qui ont éta- bli l'excellence de la nouvelle race normande, ajoute : C'est donc avec une entière confiance, au point de vue de la laiterie et de la boucherie, que nous introduisons la race sans cornes Sarlabot chez nos cultivateurs, chez nos bouchers, chez nos consommateurs. Mais nous sommes encore guidés par un intérêt plus puissant, plus sacré, par un intérêt moral, humanitaire : et en cela nous partageons entièrement l'opinion émise par le Moniteur des .'^06 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. Comices, en ces ternies : S'il n'a fallu qu'un jour au nom de Sarlohot pour devenir populaire, c'est que le bel animal qui porte ce nom est par lui-même a solution d'un problème qui intéresse à un haut degré l'humanité. En effet, parmi toutes les catégories de travailleurs, celle des agriculteurs est de beaucoup la plus nombreuse ; dans toutes les campagnes, on trouve la vache depuis la plus grande ferme jusque chez la majeure partie des indigents, où elle est soignée par la famille entière, les enfants en bas âge, le père et la mère, les vieux parents infirmes. Il importe donc que cet animal présente le moins de chances de danger possible. Or, il est évident que la vache sans cornes est moins dangereuse que celle qui porte ces armes redoutables. Comme animal de trait, le bœuf est pour la charrue et la charrette entre les mains de milliers de cultivateurs. Ajoutons qu'un très-grand nombre d'arti- sans et presque tous les domestiques des villes ont commencé par soigner les bœufs, les vaches et les dangereux taureaux, soit en service, soit chez leurs parents, avant de venir dans nos cités. Dans les pâturages où les bêtes bo- vines à cornes sont en liberté, sur les voies publiques où elles circulent, dans les marchés, les foires, les gares, elles sont, pour les passants, des occasions de blessures quelquefois mortelles. Enfin, des hommes vigoureux et expéri- mentés, des bouchers eux-mêmes, ont souvent été tués par les cornes de l'animal qu'ils se préparaient à abattre. 11 nous aura suûi de signaler ici les avantages que la race bovine sans cornes présente sur la race armée de cornes, en ce qui touche les dangers qui menacent les gens de service sur- tout, pour que la prédilection de nos lecteurs soit acquise à la première de ces deux races. Mais si, dans la propagande de cette juste sympathie, ils rencontraient des contradicteurs revendiquant, pour l'espèce bovine, la con- servation d'une redoutable armure trop souvent cause de deuil dans les familles, qu'ils ne craignent point de faire appel à l'intérêt matériel et à la pudeur de ces contradicteurs malavisés : A leur intérêt matériel, parce que les dommages éprouvés par leurs gens de service et même par les étrangers, les dommages causés par leurs animaux, peuvent les grever de charges sou- vent très-lourdes. A leur pudeur, parce que, dans une société parvenue au point de civilisation où nous sommes, un chef d'établissement ne pourrait, sans rougir, laisser subsister pour les travailleurs qu'il emploie, ni même pour personne, les dangers qu'il est en son pouvoir de faire disparaître. Et si l'on objectait que le bœuf sans cornes peut, d'un coup de tête, donner la mort, malheur qui peut aussi être le résultat d'un coup de poing, il reste- rait toujours entre le danger inhérent à un coup de tête de bœuf «<«,<; cornes et le coup de tête d'un bœuf à cornes, la différence du danger existant entre un coup de poignard <;t un coup de poing, différence qui ne permet pas d'hésiter dans le choix. » Le journal agricole de Namur termine en annonçant im prochain concours dans sa province entre les veaux issus du taureau Sarlaken. Puis le Moniteur belge ajoute : « Nous rendrons compte de ce concours et des concours analogues qui sont organisés ou qui s'organiseront, non-seulement dans d'autres provinces belges, mais aussi à l'étranger, notamment en France CHRONIQUE. 307 et en Hollande, où nous en connaissons les (éléments. — En effet, la propa- gation des races bovines sans cornes, ainsi que le désarmement des races qui sont surchargées de ces armes inutiles et meurtrières, ne constituent pas une simple œuvre d'intérêt local, mais bien une œuvre cosmopolite, parce qu'elle est humanitaire. » » Nous félicitons ]e Journal officiel belyede sa manière haute et large d'ap- précier le désarmement des races bovines à cornes ; et nous terminerons par une citation du Journal de Gand, qui, à l'occasion de la tête des Incas, se montre le digne interprète des sentiments de sa province, pour cette œuvre. » La devise des Incas, dit-il, est : « L'humanité marchant dans la voie de la civilisation et du progrès. » Or, dans leur féerique et incomparable cor- tège, où l'on ne comptait pas moins de vingt-quatre chars merveilleux par leur beauté, leur élégance et leur richesse, autant qu'admirables par leur sévère exactitude historique , on remarquait en tête du premier groupe, consacré aux temps antiques, le traditionnel bœuf Apis aux cornes dorées, tandis que dans le dernier groupe, représentant VAgricidliire moderne, on admirait une belle génisse sans cornes, accompagnée de trois bannières aux couleurs symboliques. Sur celle de droite (couleur blanche : innocuité) on lisait : « Propagation des races bovines à tête nue. » Celle de gauche (couleur rouge : évenirations) avait reçu la formule : « Désarmement des races bovines à cornes. » Celle du milieu (couleur verte : espérance) por- tail : « Progrés agricole et humanitaire. — Génisse de la race normande désarmée Sarlabot. » C'est bien là de la civilisation, du progrès, et les Incas ont par cette exhibition prouvé une fois de plus qu'ils savent être fidèles à leur noble devise. » Nos sommités dans les sciences zootechnique et vétérinaire, ainsi que la boucherie bruxelloise, verront dans la brillante et retentissante manifestation des Incas un encouragement à l'appui qu'elle donne au désarmement des races bovines à cornes et à la propagation des races à têtes nues. De son côté, la Société gauloise de bienfaisance n'enregistrera pas avec moins de joie ce fait qui répond si bien à ses sympathies. » N'est-ce pas cette société, en effet, qui, dans une lettre adressée à M. Du- trône, écrivait : « Continuez, avec votre courageuse persévérance, la sainte tâche que vous a\ez entreprise. Ceux de nos confrères les industriels qui se livrent à l'agriculture ne vous feront pas défaut. Ah ! si nous autres manu- facturiers nous pouvions aussi facilement faire disparaître dans nos usines les causes de blessures et de mort provenant des engrenages de nos machines, de l'explosion de nos chaudières, des émanations empoisonnantes que don- nent les produits chimiques; si l'on pouvait aussi facilement préserver les ouvriers mineurs du feu grisou, des inondations, des éboulements, on n'aurait plus tant de morts à déplorer, on ne verrait plus tant d'orphelins dans la misère, au désespoir, et à la charge des communes. Non, monsieur le conseiller, nos agriculteurs ne \ous feront pas défaut. » {Moniteur belge du U juin 1802.) JARDIN D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. RAPPORT PRÉSENTÉ A L'ASSEMBLÉE OUDLNAIRE DES ACTIONNAIRES du 2/i avril ISOfi. Par iti. A. GEOFFROY j^ïAIM'-IIILAIKFm Directeur du Jardin. Messieubs, Je vais avoir l'honneur de vous présenter, au nom du Conseil d'admi- nistration de la Société du Jardin zoologique d'acclimatation, les comptes de l'établissement pour l'année 1865. Appelé par le Conseil, le 19 juin dernier, à prendre la direction du Jardin d'acclimatation, en remplacement de M. Rufz de Lavison, démis- sionnaire, et actuellement président honoraire du Conseil, j'aurais été heureux, la première fois que j'avais à vous rendre compte de nos tra- vaux, de pouvoir vous présenter une situation plus satisfaisante que celle indiquée aux tableaux distribués à chacun de vous à votre entrée en séance. Mais j'espère, en vous expliquant tout à l'heure les causes de diminution de nos recettes, vous montrer, au moins, que nos eflbrts n'ont été vaincus que par des circonstances tout h fait exceptionnelles et dont nous ne devons pas redouter pour l'avenir la malheureuse et invraisem- blable réunion. inventnii'e ni Actif: Espèces en caisse Espèces au Crédit foncier. Obliiîations du chemin de fer des Ardeiines 27,180 » Cautionnement 5.000 « Effets à recevoir 1 ,2Si) » Animaux , d'après inven- taire . 108,65.'! 20 Mobilier 9,7^4'j » Mobilier industriel et Ou- tillage 9,303 » Approvisionnements 6,275 m Comptescourants débiteurs 27,870 50 201,857 95 Constructions nouvelles enl862, 63, Oi : . i7,221 28' ''."'" Id.enl8G5 29,849 70 Total . . . Passif. Cl impies courants crédi- teurs 27,433 M Fonds de réserve 35,385 6/i Capital d'exploitation 139,039 20 5,297 30 1,181 95 278,928 93 Total 201,857 95 Capital immobilisé 77,070 98 Total égal . . 278,928 93 SITUATrON FINANCIÈRE DU JARDIN. 309 L'inventaire, qui est maintenant sous vos yeux, s'élève à la somme de 278,928 fr. 93 De celte somme, retranchant les 27,432 fr. 11 c. de comptes courants débiteurs 27,433 11 Il reste à notre actif. 251. 493 fr.'si' Dans les comptes qui vous ont été précédemment rendus, on faisait figurer à votre actif les sommes employées aux constructions nouvelles que nécessite, chaque année, l'extension graduelle des affaires de la So- ciété. Le chiffre de ces dépenses était, en 1864, de 47,221 fr. 28 c, il s'est accru en 1865 de 29,849 fr. 70 c; de sorte qu'il s'élève mainte- nant à un total de 77,070 fr. 98 c. Sans doute, ces constructions ajoutent à la valeur de votre établisse- ment ; mais il ne faut pas oublier que le sol sur lequel elles reposent ne vous appartient pas, et qu'à l'expiration de la concession actuelle, ces constructions devraient rester à la ville de Paris, si une concession nou- velle ne vous était pas accordée. Les fonds que vous avancez ainsi, productifs au point de vue de l'ex- ploitation, sont donc, en réalité, immobilisés, et un examen plus appro- fondi a fait penser à votre Conseil qu'il fallait les sortir de l'actif réel et indiscutable de voire inventaire, et en faire un article spécial sous le titre de capital immobilisé. Si donc de votre actif que nous avons dit'plus haut être de " 251,495 fr. 8 2 nous déduisons cet article de capital immobilisé mon- tant à 77,070 98 Il reste un actif indiscutable de 174,424 fr. 84 En comparant ce chiffre de 174.424 fr. 84 c. à celui qui représentait, à la fin de 1864, l'actif réel de la Société, notre situation se trouve amoin- drie de 45,902 fr. 75 c, et cette somme est effectivement celle que le compte d'exploitation qui vous a été remis donne comme le montant des pertes que nous avons subies en 1865, et à raison desquelles le Conseil d'administration a dû autoriser la vente d'une partie des obligations du chemin de fer des Ardennes formant l'article principal de notre fonds de réserve. Il convient, messieurs, de bien remarquer ici que ce déficit de 43,90 2 fr. 75 c. provient, pour la plus grande partie, de la diminution des recettes, et non pas de l'augmentation des dépenses de l'année 1865, puisque, nous le verrons plus loin, la différence en plus des dépenses de 1 865 sur celles de 1 «64 n'a été que de 8243 fr. 05 c. Avant d'entrer dans l'examen du compte d'exploitation, permettez- moi, messieurs, de vous parler de ce fonds de réserve, précieuse res- source à laquelle, pour la première fois, celte année, nous avons dii avoir recours. 'Vous avez pu voir que, dans chacun des comptes rendus des précé- dents exercices, la réserve se trouvait augmentée des bénéfices de l'année expirée, de sorte que, dans le rapport présenté pour l'année 1864, elle était indiquée comme s'élevant à 1 4 4 . 6 2 5 fr. 3 3 c. : on avait cru , en pro- 310 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. cédant ainsi, se conformer aux prescriptions de Tarlicle 41 des statuts sociaux. Mais s'il est vrai que l'actif de la Société s'augmente, chaque année, de l'excédant des recettes sur les dépenses, il n'est pas également vrai que cette augmentation d'actif soit une réserve, dans le sens réel de ce mot. Cette distinction, qui avait été indiquée par quelques-uns d'entre vous, messieurs, a été appréciée par votre Conseil d'administration, et, après avoir pris l'avis des hommes les plus compétents, votre Conseil a pensé qu'il devait ne faire figurer à la réserve que l'argent et les valeurs immé- diatement réalisables, tandis que les valeurs d'une autre nature qui avaient, dans les années précédentes, fait partie du fonds de réserve, seraient reportées au compte d'exploitation. C'est donc ainsi que se trouve actuellement composé le tableau de l'actif réel qui est sous vos yeux, savoir : Capital d'exploitation 139,039 fr. 20 Fonds de réserve 35,38.o 64 Total 174,424 fr. 84 Coini»

x|>loi(ation, exercice de IMG.V. Recettes. Dépenses. Conduites d'eau 990 05 Personnel • • 52,250 /lO Animaux de l'aquarium. . /i,206 30 Nourriture des animaux. . 47,988 60 Entrelien du jardin et des chemins 20,178 Entretien du jardin d'iiiver 6,584 Salon de lecture. ...... Entretien et appropriation des bâtiments Entretien des parcs et clô- tures (1) ^ Mobilier industriel etOutil- lage (2) 2,641 Publicité 3,922 Fournitures et frais de 505 05 50 35 6,885 15 .522 35 90 35 4,397 3,759 308 1,000 672 2,133 95 10 85 50 A^mirnnops 10 Impôts 70 Timbre des actions Assemblée générale 250 648 '/O 65 Abonnement des eaux . . . Frais généraux 3,130 2,77G M 85 Rabais et Escomptes .... Amortissementdu mobilier Exposition de Chiens. . . . 747 3,25'i 5,000 » » 65 Entrées de janlin Entrées des serres Abonnements . Bénéfice sur la vente des animaux Vente d'œufs Vente de plumes Vente de graines et plantes. Animaux reproducteurs. . Notices de l'aquarium.. . Livrets (Guide du Jardin) . Buffet Intérêts des comptes cou- rants • • Dons d'animaux Total des recettes . . 136,590 50 3,717 50 464 » 3,723 85 7,151 10 558 60 288 90 139 » 234 40 216 95 5,000 » 3,745 00 1,871 00 163,702 » Excédant des dépenses. . 15,053 05 Total égal. Total des dépenses. . . 178,755 05 (1) Peinture des clôtures et réparations (le grillages. _ 2) Voitures, harnais, cages, perchoirs, entretien et réparation d outi s. _ (3) Ports et affrancliissements de lettres, registres, imprimes et papeterie. 178,755 05 SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 311 Nota. — A l'excûdant de dépenses de 15,053 05 Il faut ajouter pour l'amortissement desserres 15,000 » ) . . ^.^ _„ Id. pour constructions nouvelles 29,849 70 j ' " Total 59,902 75 A déduire : Don de la Société d'acclimatation (avec affectation spéciale) 1^,000 » Total de l'excédant de dépenses 45,902 75 DÉPENSES. Les dépenses de l'exploitation de 186.^ s'élèvent au chifTre de 178,7.').ofr. 05 c, supérieur de 8243 fr. 05 c. à celui de 1864, et de 2853 fr. ITc. à celui de 1 863. L'augmentation pour 1865 porte sur les articles suivants : Personnel, animaux de l'aquarium, nourriture des animaux, entrelien du jardin, amortissement du mobilier, exposition. Je vais donner, à ce sujet, les détails nécessaires. PERSONNEL. Pour cet article, le budget allouait un crédit de 53,614 fr. 80 c. La somme dépensée ne s'est élevée qu'à 52,230 fr. 40 c; il est donc resté une sonune de 1361 fr. 40 c. en excédant de crédit. L'augmentation de dépense de 1 865 ne lient donc pas à une augmentation du personnel ; elle a sa raison dans ce fait, qui vous a déjà été signalé l'an dernier, qu'en 1 864 le directeur adjoint n'a pas touché de traitement, tandis qu'en 1865 il a reçu les émoluments qui lui avaient été alloués par le Conseil. NOURRITURE DES ANIMAUX. L'augmentation de dépense pour cet article est de 2588 fr. 1 0 c. Elle tient à ce que le nombre des animaux a considérablement augmenté pen- dant l'année 1865. Au 31 décembre 1864, vous possédiez 3048 têtes valant 96,862 fr. 15 c. Au 31 décembre 1865, vous aviez 3722 têtes valant 1 08,655 fr. 20 c. ENTRETIEN DU JARDIN. L'obligation d'entretenir le jardin d'une façon très-satisfaisante et l'extrême sécheresse contre laquelle nous avons eu à lutter ont décidé le Conseil à allouer des crédits supplémentaires pour l'arrosement des pelouses et le renouvellement des fleurs; et c'est grâce à ces suppléments de crédit que votre établissement a pu traverser dans un état de fraîcheur convenable l'été brûlant que nous avons eu à subir. AMORTISSEMENT DU MORILIER. L'amortissement du mobilier, opéré d'abord d'une manière un peu trop rapide, avait été suspendu en 1864; il a dû être repris en 1865, et c'est 312 SOCIKTR IMI'ÉniALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. pourquoi l'année 1805 se trouve grevée d'un article de dépense qui ne figurait pas dans le compte de l'année précédente. EXPOSITION. Dans le rapport que vous avez entendu l'année dernière, le directeur vous disait, messieurs : « Au mois de mai prochain, va s'ouvrir, aux B Champs-Elysées, notre grande exposition de chiens, qui doit, selon » toute probabilité, dépasser de beaucoup celle de 18(33, dont les résul- » tats avaient été si heureux. » En effet, messieurs, tout devait faire espérer de cette seconde exposition le meilleur succès : l'heureux choix de l'emplacement, la bonne disposition des locaux, l'empressement des exposants à nous amener leurs animaux ; vous aviez accepté vous-mêmes des espérances qui étaient presque des certitudes. Ces prévisions ne se sont malheureusement pas réalisées. Le temps n'a pas été favorable, et le résultat Hnal a été une perte de 10,000 francs. Mais la Société impériale d'acclimatation, qui avait désiré que cette expo- sition fût annoncée sous son patronage, a voulu prendre à sa charge la moitié de la perte éprouvée, et elle nous a fait remettre une somme do 5000 francs; de sorte que notre déficit sur cet article n'a plus été que d'une semblable somme de 50 0 0 francs. En regrettant ce malheureux résultat pécuniaire du concours des races canines, il faut du moins constater l'importance considérable de cette entreprise. Nous avons réuni 1150 chiens isolés, et 28 meutes d'en- semble 500 chiens, formant un total de 1650 animaux, présentés par 750 exposants. Les prix distribués se sont élevés à 16,500 francs, et la recette totale de 65.068 francs prouve quels ont été, malgré le mauvais temps, l'aflluencc et l'empressement des visiteurs. Si quelques-uns des comptes présentent un excédant de dépenses en 1865 sur l'exercice précédent, il en est d'autres sur lesquels des écono- mies ont été réalisées: je citerai, entre autres, l'entretien du Jardin d'hiver, qui avait coûté, en 1864, 2958 fr. 05 c. de plus qu'il n'a coûté en 1 865. En résumé, l'augmentation des dépenses pour l'année 1865 n'est que de 8243 fr. 05 c, et ce chiffre vous paraîtra, messieurs, peu considé- rable, surtout en vous rappelant que l'exposition des chiens y figure, à elle seule, pour 5000 francs. RECETTES. Les entrées du jardin, en 1865, ont été inférieures de 42,119 francs à celles de 1864, Les motifs de cette diminution sont multiples ; mais aucun d'eux ne tend éprouver l'indifférence, ou même seulement le refroidissement du public pour notre établissement. Le premier de ces motifs, dans l'ordre des dates, c'est l'apparition, au début de la belle saison, d'une immense quantité de chenilles [bon>b\jx proces.sionjtco) qui vint tout à coup, par millions, envahir notre jardin. On les voyait traverser les chemins et les pelouses en bataillons serrés, et s'emparer des arbres, pour ne les quitter, quelques heures après, qu'entièrement dépouillés. Outre les ravages qu'elles exerçaient sur nos arbres, elles avaient, par 4* SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. :; i.i 313 l;i poussière mordiinle que répandait leur corps velu, de tels inconvé- nieiils, que l'Adminislration du bois de Boulogne se crut obligée d'inter- dire par desécriteaux, et même par des barrières, une parliedes allées qui entourent notre jjirdin. Ces mesures devaient éloigner de nous les visiteurs. Le second motif, c'est la température que nous avons eu à subir, dès le printemps, température lorride, qui rendait presque impossible, pen- dant le jour, l'accès du bois de Boulogne. En troisième lieu, le choléra fondit sur Paris, en chassa les étrangers qui s'y trouvaient, empêcha d'y venir ceux qui en avaient l'inlention, et retint à la campagne les Parisiens qui seraient rentrés en ville sans le Iléau. A cette époque, Paris fut comme désert; les hôtels étaient vides, et des renseignements pris à ce sujet nous ont ap[)ris que jamais notre grande ville n'avait été aussi peu visitée par les voyageurs de la province et de l'étranger. Enfin, le choléra avaità peine disparu, qu'un autre fléau venait attaquer spécialement notre établissement. Le typhus contagieux des animaux, en exerçant ses ravages dans nos étables, inspira aux visiteurs une crainte vague et irréfléchie, et, à cette époque encore, nous vîmes notre jardin comme abandonné. Était-il possible qu'avec tant de plaies successives, nos recettes fussent aussi fructueuses que les années précédentes, et n'est-il pas évident pour vous, messieurs, que de telles causes d'infériorité ne sauraient se repro- duire aussi nombreuses et aussi funestes? Le dernier fléau que nous venons de vous signaler n'a pas seulement nui à nos receltes, en éloignant momentanément le public de notre jardin ; il a en outre enlevé, tant à nous qu'a la Société impériale d'acclimatation, 35 animaux, dont plusieurs étaient très-précieux , et qui ensemble repré- sentaient une valeur de 4 4,023 francs. En abattant immédiatement les animaux atteints ou suspects du typhus, nous avons sans doute fait un grand sacrifice; mais nous avons éloufîé le mal, sans lui laisser le temps de se répandre, et nous en avons préservé le reste de notre établis-^e- ment, nos voisins, peut-être même le pays tout entier. Aussi la bienveil- lance du Gouvernement nous a été acquise par ce prompt sacrifice, et nous sommes fondés à espérer de l'État le meilleur traitement possible, lors de la distribution des indemnités qui seront accordées aux proprié- taires des animaux abattus par mesure de sécurité. En résumé, nos dépenses ayant été de 178,730 fr. O-j et nos recettes n'ayant élé que de 1G3,702 » Nous avons dépensé 1 3,053 fr. 05 c. de plus que nous n'avons reçu, ci 13,053 fr. 05 Outre ces dépenses, que j'appellerai budgétaires, parce qu'elles se rap- portent directement à l'exploitation do voire établissement, il y a d'autres dépenses dont je dois encore vous parler, et qui se sont élevées, en \ 865 aux chiffres suivants : Fermage des serres 13,000 fr. « Constructions nouvelles 29,8 i 9 70 Ensemble 44,819 fr. 70 31Û SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'âCCLIMATÂTION. FERMAGE DES SERRES. La somme de 15,000 francs, que nous payons pour le fermage des serres, amorlissant, chaque année, une partie du capital avancé à la Société, est, vous le savez, messieurs, moins une dépense qu'un place- ment en vue de racquisition ultérieure de ces belles serres, et, par suite de cet amortissement, le capital dû n'est plus actuellement que de 78,804 fr. 72 c. Toutefois, en présence des résultats fâcheux de l'année 1863, et pour venir en aide à la Société dont ils font partie, MM. les actionnaires pro- priétaires des serres ont offert de suspendre pendant trois ans l'amortis- sement du capital de 78,804 fr. 72 c. qui leur est encore dii, et de ne recevoir pendant ces trois années que l'intérêt à 5 pour 100 de ce même capital. Celte proposition a été acceptée par votre Conseil d'adminis- tration, et, pendant les trois années 1866, 1867 et 1868, la Société n'aura à payer, si elle le juge convenable, pour le fermage des serres, que 3940 fr. 25 c. au lieu de 15,000 francs; ce qui ferait, dans les dépenses de chacune de ces années, une diminution de 1 1 ,059 fr. 75 c. CONSTRUCTIONS NOUVELLES. Les dépenses faites en 1 865 pour des constructions nouvelles sont de trois natures : Les premières, applicables à des travaux en cours d'exécution à la fin de 1864; Les secondes, faites avec des fonds donnés par la Société impériale d'acclimatation ; Les troisièmes, seules propres à l'année 1865. Vers l'automne de 1864, des travaux, jugés indispensables, durent être exécutés dans la grande écurie, et s'élevèrent à .... 9,576 fr. 95 Mais cette dépense fut, pour la Société, l'occasion d'un accroissement de revenu ; car le buffet, qui occupait la partie centrale de ce bâtiment, ayant dû être déplacé, on construisit, d'accord avec le locataire, un chalet plus convenablement placé, dont le bail, pour six années, fut porté de 3500 francs à 5000 francs. Le prix de ce chalet, fixé à 9500 fr., fut stipulé payable en quatre années, et la portion payée en 1865 a été de 3,957 » Ensemble, pour ce premier article. . . . 13,533 fr. 95 La Société impériale d'acclimatation avait reçu une quantité assez considérable de graine de Vers à soie du Japon. Cette graine lui fut demandée avec empressement, et les cessions en ayant été très-avantageuses, la Société impériale, sur la proposition de noire président, M. Drouyn de Lhuys, voulut bien, dans sa séance du 31 mars 1865, offrir en don à la Société du Jardin d'acclimatation une A reporter. . . . 13,533 fr. 95 SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 315 Reporl 1 3,533 fr. 95 somme de 27.000 francs, à la conililion de l'employer à des créations nouvelles dans le jardin. Des projets furent soumis aux Conseils d'administra- tion des deux Sociétés, et acceptés. Une partie seule- ment de ces projets a été exécutée, et elle a coûté 14,000 francs, qui ont été reçus de la Société d'acclimatation et payés par notre Société en 1863, ci. . . 14,000 » Réunion des deux premiers articles 27,533 fr. 95 Enfin, le troisième article se compose de quelques pe- tits travaux d'aménagement montant à 2315 fr. 75 c, ci 2,315 75 Total des constructions payées en 1865. . . . 29,849 fr. 70 Messieurs, en présence des malheureux résultats de l'année 1865, votre Conseil d'administration aurait voulu pouvoir prendre de larges me- sures d'économie; mais, malgré ses scrupuleuses investigations, il n'en a trouvé que de bien faibles à opérer, et il a fallu pouvoir compter sur le louable désintéressement et le concours dévoué de notre personnel pour arriver à réduire le budget de l'année 186 G. Permettez-moi maintenant de détourner vos regards de l'année écoulée, pour les ramener sur l'année qui commence. Les premiers mois de 1866 ont tous donné une recette supérieure à celle des mois correspondants de 1865 ; nos ventes prennent un accrois- sement sensible. La Société d'acclimatation a bien voulu, en vue des pertes que nous avons éprouvées, nous autoriser à disposer du complément du don de 27,000 francs qu'elle nous a fait, sans le soumettre à la condition d'emploi qu'elle y avait imposée. MM. les propriétaires des serres nous ont accordé, pour trois ans, la faculté de suspendre l'amortissement du capital qui leur est encore dû. Enfin l'indemnité pour les animaux abattus, à l'occasion du typhus, nous arrivera certainement dans le cours de la pré- sente année. Toutes ces ressources nous donnent l'assurance de con- server intacte la réserve que nous possédons maintenant. C'est donc avec confiance que nous commençons l'année 1 866. En 1 867, l'Exposition universelle viendra nous apporter d'amples élé- ments de prospérité. Cette exposition, nul n'en peut douter, amènera à Paris une immense quantité de visiteurs. Paris verra passer dans ses murs une grande partie des habitants de nos provinces et des milliers d'étran- gers. Les sympathies dont nous sommes entourés, l'intérêt soutenu que le public prend à nos travaux, doivent donner l'espoir que notre jardin fera ce qu'a fait, en 1853, le Jardin zoologique de Londres. Ce magnifique jardin avait, à l'époque dont je parle , subi des pertes bien plus considérables que les nôtres; l'affluence du public qui le visita pendant l'Exposition universelle de 1853 lui permit de faire des travaux gigantesques d'embellissement, et il devint alors ce qu'il est aujourd'hui, le plus prospère et le plus riche des établissements de ce genre. Puissions-nous ainsi, et ce vœu a toute chance d'être exaucé, agrandir notre œuvre et la compléter, en doublant notre aquarium avec des bacs 316 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. déplus grande dimension, en donnant plus d'extension et d'imporlance à notre jardin d'expériences bolaniques, et en réalisant le projet, depuis longtemps formé, d'une section agricole, c'est-à-dire en plaçant sous les yeux du public les types les meilleurs et les plus intéressants des races perfectionnées pour l'agriculture. Ainsi, à côté des ricliesses qui nous sont promises par les introductions d'animaux exoiiques, nous aurions à présenter les richesses déjà acquises par la haute intelligence et la persé- vérance des éminents zootechni?tes qui, depuis le commencement de ce siècle, ont fait faire de si grands pas à la science de la jiroduction animale. M. Rufz de Lavison vous disait excellemment, dans un de ses rapports annuels, qu'en dehors des résultats financiers de votre œuvre, il fallait vous applaudir des efforts que vous tentiez,, de la voie dans laquelle vous mar- chiez. Permettez-moi, messieurs, de vous répéter ses chaleureux encou- ragements ; car, par vous, par votre exemple, le goût du public pour l'éducation des animaux se propage de [)lus en plus. Le Jardin d'acclimatation est a la zoologie ce que les horticulteurs fameux du commencement de ce siècle ont été aux sciences botaniques. Chacun, voyant vos expériences, veut essayer et faire par lui-même. C'est une voie féconde et dans laquelle il y a honneur à marcher, car le succès couronne toujours les efforts persévérants. Après la lecture de ce rapport, les comptes soumis à l'assemblée ont été adoptés à l'unanimité. EHUATUM. t Ihdletin 1866, page 250. — L'encre de Cliiiie n'est pas un produit de sécrétion animale, comme on le croit généralement avec Cuvier, (lui, tout en lui attribuant cette origine dans son licijne animul (2' édition, 1830, t. 111, p. 11), ajoute dans une note : « Cependant M. ALel Kémusat n'a rien trouvé dans les auteurs chinois qui confirme cette opinion. » Blainville, en 1827 [Dk-ttoiindiru des sciences iiatu- rr/fev publié par Levrault, t. \LVlll, p. 283), avait déjà dit : « On sait aujourd'hui que cette encre est l'orniée de noir de fumée extrêmement divisé et mêlé avec une certaine quantité de gomme, et aromatisé on ne sait pas au juste avec quelle substance. « Quoique plus près de la vérité, il n'en avait cependant pas mdiqué la composition exacte, qui est signalée dans un mémoire faisant partie d'un grand travail relatif à la chimie des Chinois, dont M. Stanislas Julien (de l'Institut) a fait une traduction encore inédite. 11 y est établi que l'encre de Chine est fabri- quée avec le noir de fumée, de l'huile de lin ou du pin. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). EXPOSITION INTERNATIONALE DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE DE BERGEN (Norvège), . . Août 1865. RAPPORT PPiÉSEiNTÊ A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMA-TATIOW Par »I. J. L. SOL'SÎEIRAl\ (suite) (2). (Séance du 15 décembre 1865. SAUMON. De toutes les espèces de poissons qui peuvent alternative- ment séjourner dans les eaux douces et dans les eaux salées, le Saumon, qui va chercher chaque année, dans les profon- deurs de l'Océan, une nourriture plus abondante et revient chargé d'une quantité presque incroyable de matière alimen- taire, est une des plus précieuses. Il constitue une richesse véri- table pour les contrées qu'il affectionne, et particulièrement pour le Royaume-Uni, la Norvège et l'Amérique septentrionale. La pêche du Saumon est en effet une des principales industries de la Norvège : dans ce pays, les pêcheurs en pren- nent un grand nombre à la mer, au moyen de filets analo- gues à ceux qui sont usités pour les diverses autres espèces marines. On en prend aussi de grandes quantités dans les fleuves pendant toute la saison où les règlements autorisent la poursuite du Saumon, c'est-à-dire du ili février au ià sep- tembre (3). Toute espèce d'engins est permise, cependant la (1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. (2) Voyez les numéros de mai, page 189, et juin, page 2G2. (3) La pèche du Saumon et de la Truite de mer a été réglementée en Norvège par une loi du 23 mars 1863, dont nous croyons devoir indiquer ici es principales dispositions. La pèche est interdite dans les torrents, rivières, lacs, afûuenis, bords et côtes, du 14 septembre au IZi février; il est aussi défendu de tendre des 2" SÉRIE,. T. 111. — Juillet 1866. 21 318 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. violence du courant fait que le plus souvent la ligne ne peut être employée, et, dans beaucoup de localités, la nature du fond est telle que l'usage des filets n'est pas non plus possible, car ils seraient infailliblement mis en pièces. Assez ordinai- rement les Norvégiens ont recours à un mode de pêche qui rappelle les prrocédés usités sur les bords du Rhin et dans le Bosphore : il consiste en un échafaudage grossier en plan- ches et en madriers, surplombant l'eau, et sur lequel est placée une vigie qui doit signaler le moment où le Saumon filets et de se servir de tout autre engin de pêclie où les Saumons et Truites puissent venir se prendre . Pendant la période de pêclie, vingt-quatre heures par semaine (c'est-à-dire du samedi soir à six heures jusqu'au dimanche soir à six heures), on doit enle- ver tout appareil de pêche qui pourrait prendre le poisson ou lui couper le chemin pendant qu'il remonte. Le roi peut, s'il le juge convenable et utile à l'intérêt de la pêche, déter- miner un espace partant de l'embouchure d'une rivière où il est défendu de jeter filets et lignes. Il peut aussi défendre dans un espace pareil l'em- ploi de filets dont les mailles ont moins de deux pouces un quart. Les es- paces ainsi interdits doivent être indiqués par des signes apparents. Dans les fjords, le long des côtes et à l'embouchure des rivières, aussi haut que le Saumon et la Truite de mer peuvent remonter, on ne doit pas laisser séjourner de filets la nuit, ni employer des filets dont les mailles ont moins de deux pouces un quart. Si l'on établit d'autres engins de pèche qui for- ment barrage, il doit y avoir au moins dix ouvertures ayant chacune au nioins deux pouces un quart de côté. Dans les embouchures et les torrents que remontent le Saumon et la ïruite de mer, ou ne peut se servir de .filets qui puissent en capturer l'alevin. Il est défonda de vendre, acheter où recevoir du Sauinorl et de la Truite de mer en temps prohibé. Il est défendu en tout temps de vendre, acheter ou recevoir de ces poissons ayant moins de huit pouces de longueur. La peine encourue est la confiscation des engins, plus une amende qui d'abord de 1/2 à 10 species (2 fr. 90 c. à 58 fr.)j monte ensuite jusqu'à 30 species (mfr.). Le roi peut autoriser la pêche, en temps prohibé, du Saumon et de la Truite de mer, si cette pèche doit fournir les animaux nécessaires à des éta- blissements de fécondation artificielle. La loi autorise les propriétaires et pêcheurs d'un cours d'eau à se réunir en associations pour tout ou partie de ce cours d'eau, et à y organiser la sur- veillance de la pèchej et leur donne l'autorité nécessaire pour ce but. EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 3l9 vient s'engager dans le filet (fig. h). Alors, au moyen de treuils et de cabestans, on relève le filet en forme de poche qui gisait étendu sur le sol, et le poisson se trouve captif. Dans quelques localités, à l'imitation de ce qui se fait en Ecosse et en Irlande, pour assurer l'arrivée du poisson dans le filet, on établit dans le cours de la rivière deux parois de branchages '*m(i^^'-'' Fig. h. et de pieux qui forment un immense entonnoir, dont l'ouver- ture regarde l'embouchure de la rivière, et qui oblige ainsi un plus grand nombre de poissons à pénétrer dans le filet, qui se relève dès que le butin y est entré. Dans le Hardangerfjord, la pêche se fait la nuit, en attirant le Saumon par la lueur de torches tenues par quelques pêcheurs, ou d'un brasier entretenu avec soin à l'avant du bateau (fig. 5). Cette vive lumière attire le Saumon à la sur- 320 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. l'ace de l'eau. « Il s'arrête et se balance dans ces flammes TiG. 5. y> humides, qui font clincelcr comme des pierreries ses écailles FIG. 6. miroilanles. C'est le moment que choisit le pêcheur : il EXPOSITION DE PRODUITS ET ENOFNS DE PÊCHE. 321 lance le harpon d'une main sûre, et ramène la victime, (jui » se débat dans son sang (1). » Cette pêche ne diffère en rien de celle que font les Russes près du bourg Souma, sur la côte occidentale du lac Onega, où les pêcheurs placent, la nuit, à l'avant de leurs canots, une pièce de fer (fig. 6) qui sert à supporter un brasier ardent dont la lueur attire les Saumons, qui sont alors harponnés au moyen d'une fouène (fig. 6) à plusieurs dents, lancée avec force par celui des pêcheurs placé à l'avant du bateau. A Drammen, dans les cascades tumultueuses du Dramm- elv, qui mesure environ 1500 à 2000 pieds de largeur, on dresse sur les rochers des chutes un échaftiudage de poutres auxquelles sont attachées de grandes caisses de bois, longues de 12 à 16 pieds anglais (3'", 66 à /i"\88), hautes et larges de /i à 6 pieds (i"',22 àl"',83); elles sont formées de pièces de bois espacées les unes des autres de 2 pouces (50 milli- mètres) environ, pour que l'eau ne puisse les remphr. Ces caisses (fig. 7) sont disposées de façon à affleurer la surface de l'eau et à rester en quelque sorte voilées par l'écume des chutes. Le Saumon, qui remonte le courant, arrive au pied des cascades, et, confiant dans la vigueur de ses muscles, il tente un vigoureux essor qui lui permette de franchir l'ob- stacle, mais presque toujours il trouve le terme de son voyage et de sa vie dans cet effort désespéré. En effet, l'effort qui lui a permis de franchir les caisses sans y pénétrer, n'est pas suffisant pour qu'il triomphe de la hauteur de la cascade, et dès lors tout est fini, il retombe dans une des caisses des- tinées à le recevoir. Aussitôt les pêcheurs, qui ne cessent d'être aux aguets, le saisissent au moyen de longs harpons armés de fers très-pointus. Celte pêche, qui se fait surtout en juillet, août, et au commencement de septembre, est assez fructueuse pour qu'il ne soit pas rare de voir prendre, dans une après-midi, de cinquante à cent Saumons pesant de 10 à 20 kilogrammes (Scheel). Les Anglais, qui jouissent à juste titre de la réputation d'être de grands amateurs de pêche, et qui ont rangé parmi (l) Louis Enault, la Norvéye, page 350. 322 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMÂTÂTION. leurs délassements de sport le plus attractif la pêche à la ligne, olijet des risées d'un grand nombre de nos compatriotes, viennent chaque année et en grand nombre en Norvège pour se EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 323 livrer à leur passion pour la conquête du Saumon, qu'ils pèchent en cheminant le long des cours d'eau, armés d'une ligne munie d'une mouche artificielle. Pour pouvoir se livrer commodément à cet agréable passe-temps, dont ils ont élevé les pratiques à la hauteur d'un art véritable et sur lequel ils ont publié des ouvrages justement estimés (1), ils ont loué des cours d'eau dont ils exploitent les poissons; mais les règle- ments qui sont en vigueur dans le pays, tout en donnant le moyen de faire de nombreuses captures, sont tels que le dépeuplement n'est plus possible. Aussi voit-on dans ce pays, de même qu'en Ecosse et en Irlande, les rivières conserver aujourd'hui leur fertilité, alors que chez nous chacun semble ne prendre souci que de se procurer le plus de poisson pos- sible et n'avoir aucun souci de l'avenir. Tous nos pêcheurs se plaignent du dépeuplement progressif de nos rivières, et cependant aucun d'eux, pour ainsi dire, ne donne le moindre appui aux personnes dévouées qui tentent de ramener la richesse dans nos eaux appauvries. La location des cours d'eau en Norvège est un véritable profit pour les propriétaires, et, grâce aux mesures prises pour repeupler les rivières de Sau- mons, certaines rivières, comme le Mandals-elv, qui étaient devenues pour ainsi dire stériles, commencent à être de nouveau visitées par les voyageurs, et les prix qu'ils payent vont toujours en augmentant depuis quelques années. Pour ne citer que deux exemples, je ferai remarquer qu'un droit de pêche, dans le Laagen-elv, a été acheté, en 186Zi, par un Anglais, 800 species dater (/i560 fr.), prix qui n'est pas trop élevé, tandis qu'il y a cinq ans, ce même droit n'en valait guère la moitié. Un autre Anglais loue la pêche de l'Alten-elv plusieurs centaines de species dater, et doit payer une somme plus forte au renouvellement prochain de son bail. (Hetting.) Les nombreuses chutes d'eau que présentent presque tous es cours d'eau en Norvège ont quelquefois une hauteur trop (1) Robert IliUchinson, Pratique de la mouche volante en Norvège, in-8. — S. Jones, Le vrai compagnon du pêcheur de Saumon en Norvège. — Filz-Barn, le Saumon {La vie à la campagne, 1861, i. I, p. 38, 70, 111). 324 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTÂTION. considérable pour que les Saumons puissent les franchir, et, d'autre part, dans quelques localités, on a établi pour les besoins de l'industrie (scieries) des barrages qui leur inter- disent l'accès des parties hautes. Pour obvier à ces inconvé- nients, on a établi, à l'imitalion de ce qui se fait en Ecosse et en Irlande, des échelles à Saumon (1) qui, faites avec le sapin si commun dans le pays (fig. 8), n'ont pas le luxe et la solidité des établissements de la Grande-Bretagne, mais qui n'en ren- dent pas de moins bons services, puisqu'on a constaté qu'elles ont déjà quadruplé le produit des cours d'eau sur lesquels on les a établies. Ces appareils sont des caisses de bois (fig. 8) de 8 pieds de long sur 6 de large et 5 de profondeur, communi- quant par des canaux également de bois, de 3 pieds carrés, disposés de façon à ne pas être placés vis-cà-vis l'un de l'autre pour rompre la puissance du courant. Pendant l'hiver, on empêche l'eau d'y passer, et cette précaution augmente de beaucoup la durée des appareils. Les expériences ont démon- (1) Helling, Veiledriingiat Bygge Laxetrapper. ln-8, 1866. EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 325 tré que les Saumons montent focilement une pente de quatre pieds, et même plus forte en été, où ils sont plus vigoureux, et que le frai qui se trouve dans les régions élevées est meil- leur et plus beau que celui obtenu dans les parties basses des rivières. •Les Commlssioners of sea and coast fisheries of Ireland avaient présenté à l'exposition de Bergen des spécimens d'é- chelles à Saumon, que nous avions déjà vues à l'exposition de 1865, à Paris. Ces spécimens (fig. 9) donnent une idée Irès-salisfaisante de ce que sont ces travaux si utiles pour le repeuplement des rivières, et dont le succès ne se borne pas à l'Irlande , l'Ecosse et l'Angleterre, car on a aujourd'hui déjà organisé quelques-unes sur nos rivières (l) des échelles destinées à favoriser le passage du Saumon ; mais tous ces appareils, établis en pierre et maçonnerie, exigent des frais d'établissement beaucoup plus considérables que ceux de la (1) Bulletin de la Société impériale d'acclimatation, 2"= série, t. III, 166. 326 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Norvège. Toutefois il ne faut pas oublier que les frais d'in- stallation sont bientôt compensés par l'augmentation du pro- duit de la pêche, et que, comme on l'a observé dans plusieurs rivières du Canada (4), il a suffi d'établir des échelles pour ramener le Saumon dans des cours d'eau que cette précieuse espèce avait été forcée d'abandonner, en raison des barrages construits pour des scieries ("1). Les Irlandais avaient aussi exposé un modèle de barrage (fig. 10) fixé entre des piles au moyen de barres de for suffi- FiC. 10. samment rapprochées pour intercepter le passage du poisson ; vers la partie en aval des piles sont des portes doubles qui s'ouvrent facilement pour laisser entrer le poisson qui remonte le courant, mais ne lui pei mettent pas de rétrograder et le maintiennent captif. On avait exposé à Bergen un appareil pour prendre les Saumons envoyé par la Prusse, et qui consistait en un bar- rage de filets (fig. 11) interceptant la montée du fleuve au poisson qui, en cherchant une issue, se trouve ramené dans une chambre triangulaire complètement enclose de filets et formant plusieurs compartiments successifs, desquels il ne (1) Le Moine, Les pêcheries du Canada. Iii-12, 1863. (2) Coumes, Rapport sur la pisciculture et la pcclie jluvialii en Angle- terre, en Ecosse et en Irlande. \\\-h", 1803. EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 327 peut sortir. Des lièges et des flottes maintiennent la partie su- périeure de la muraille de filet au niveau de la surlace de l'eau, tandis que des pierres et des poids métalliques en fixent la base sur le sol. Ce système offre une grande analogie avec celui des pêcheurs de la côte delà mer Blanche, mais il est plus parfait en raison des chambres multiples et complètement closes, dans lesquelles le poisson peut entrer. Les Russes cherchent à parquer le poisson dans un coin de l'enceinte, et soulevant peu à peu le filet vers le bord de leurs bateaux qui Fin. U sont entrés dans l'intérieur de l'appareil, ils s'emparent faci- ement de leur butin. Un autre procédé de pêche est mis en usage dans la rivière Ponoï, oîi les pêcheurs emploient des filets ou sacs rectangu- laires avec des bords en cordage, dits poijesde. Sur un des côtés du rectangle sont des poids qui entraînent d'abord cette partie du filet vers le fond, tandis que l'autre côté est tenu au-dessus du sol; on traîne le filet contre le courant, en lui faisant faire bourse, et quand on sent les secousses du poisson. 328 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les deux côtés du filet, qui sont manœuvres chacun au moyen d'un bateau, sont relevés en même temps. Les Russes, qui ont le Saumon en abondance dans toutes les rivières qui déversent leurs eaux dans la Baltique et la mer Blanche, et dans les lacs qui communiquent avec ces mers, font un fréquent usage de bordignes (fig. 12) pour s'em- pERARO FiG. 12. parer de ce précieux poisson. Les barrages au moyen desquels ils interceptent la montée des rivières au poisson sont faits tantôt de bois, de lattes rapprochées les unes des autres (ri- vière Kytcha), branches de saule (rivière Tsylma ; Welikaia- Wiska, un des affluents de la Pelchora), ou de filets (Souma). De dislance en distance sont des corbeilles ou nasses de bois EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PECHE. 320 (Souma) ou de filet (Tsylma,Wclikaia-Wiska), dans lesquels le poisson pénètre facilement, mais d'où il ne peut sortir (fig. 13). FiG. 13. Dans les environs de la ville d'Onega, on emploie un système de bordigues très- voisin de celui que nous venons de décrire, 330 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. mais dans lequel il y a des sacs ou lilels à ouverture, opposés de telle sorte que si le poisson, effrayé, veut rétrograder pour éviter le sac le plus large, qui est à contre-courant, il entre nécessairement dans le second, qui lui fait vis-à-vis. Sur le fleuve Onega, près de Podporojié, les bordigues dont on fait usage sont très-perfeclionnées, et offrent à l'en- trée des corbeilles un cadre rectangulaire garni de filet qui permet d'obturer complètement l'ouverture. Les Russes emploient à la mer, sur les côtes de la mer ""' U j' FiG. 1/4. Blanche, pour pêcher le Saumon, des filets assujettis avec des cordes à des poteaux enfoncés dans le sol et formant un bar- rage près du rivage. Dans quelques cas, les filets sont ainsi simplement tendus en travers du rivage, sur les kis et rcuiis de la mer ; d'autres fois ils offrent dans une partie assez voi- sine de la terre une poche très-forte et se repliant du côté de la mer, de façon à former une sorte d'enceinte où les poissons viennent se réunir (fig. lh)\ quand un certain nombre de Saumons ont ainsi pénétré dans cet espace, on haie, au moyen d'un câble et d'un cabestan, la portion libre du filet vers la terre, et on les enferme ainsi dans une enceinte continue. On fait aussi usage en Russie de filets flottants qui barrent EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈCHE. 331 le cours des rivières, et dans lesquels les Saumons viennent s'engager (Petchora). Lorsque les rivières sont prises par les glaces, on emploie tantôt des lignes, tantôt des barrages. Dans le premier cas, une perche est organisée de façon à pouvoir basculer, dès qu'elle est libre, sur une sorte de trépied; elle porte à l'une de ses extrémités une ligne armée d'un hameçon qui plonge dans l'eau et est maintenue dans cette position par un système de morceaux de bois que le poisson dérange par la secousse qu'il donne en happant l'amorce. Comme l'autre extrémité de la perche est munie de pierres, qui lui donnent une pesanteur plus grande, la perche se redresse, et le poisson est ainsi tiré hors de l'eau. Cette disposition permet à un seul homme de surveiller en même temps un grand nombre de lignes. Le système de barrages sous la glace est employé surtout sur le fleuve Amour, où les Manègres, après avoir barré le cours d'eau avec des perches faites de bois de saule, prati- quent sur quelques points de la glace des trous qu'ils recou- vrent d'une yourte, et par lesquels ils harponnent le poisson qui vient y respirer (1). L'exposition de Bergen offrait de nombreux spécimens de Saumons conservés dans de la saumure en boîtes ou en barils, et du Saumon fumé. Les Saumons fumés de Bergen et du Finmark sont préparés de la manière suivante : On les sale d'abord pendant vingt-quatre heures, puis ils sont lavés et étendus, puis fumés au moyen de branches de genièvre que l'on consume sans qu'elles flambent; car on dit qu'alors la peau du poisson se détacherait. Mais nous avons pu observer par nous-mêmes les avantages de la conservation parla glace, qui permet de faire au loin avec avantage des envois consi- dérables de poisson. Dans le but de conserver le poisson pendant un temps assez prolongé, pour permettre son expédition dans des contrées éloignées, on a eu dans ces dernières années l'idée de con- struire des glacières parfaitement aménagées (2). Ces gla- (1) C. de Sabir, Le fleuve Amour. In-k". (2) Nous avons iiouvé à l'exposition de Bergen deux modèles de ces gla- 332 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. cières sont des maisons de bois élevées sur pilotis au bord de la mer (ce qui permet aux embarcations d'y accoster facile- ment), et divisées en deux parties, l'une qui est la glacière proprement dite, l'autre qui est un hangar pour la manuten- tion. La glacière a de doubles parois de bois entre lesquelles est interposé un corps mauvais conducteur de la chaleur, le plus ordinairement de la sciure de bois. Dans le hangar est un marteau balancier qui brise la glace sur un gril à travers lequel les fragments tombent dans une auge. Le poisson séjourne dans la glacière, sur la glace, jusqu'au moment de l'expédition, c'est-à-dire quelquefois pendant six à huit jours. Pour le faire voyager, on l'arrime avec de la glace dans des caisses de bois rectangulaires percées de quelques trous sur leurs parois, de telle sorte qu'il y ait au fond une couche de glace concassée, puis un lit de poissons placés côte à côte, le ventre en l'air. On remplit les interstices avec de la glace concassée ; on fait une nouvehe couche de glace à laquelle on superpose un second lit de poissons, recouverts eux-mêmes par de la glace. On ferme alors la caisse, et le poisson peut être ainsi conservé pendant près de trois semaines (1), h la condition qu'il n'ait pas dégelé ; car alors il se ramolht et perd de sa valeur. Grâce à ce procédé, on peut expédier facile- ment, de Farsund, Bergen et deSlavanger en Angleterre, de grandes quantités non-seulement de Saumons, mais de Maque- reaux, qui sont très-recherchés sur les marchés de Londres. Nous regrettons seulement que les Norvégiens n'aient pas encore adopté la pratique des Anglais et des Américains, qui placent dans la glace le poisson dès qu'il est pris, et dont, par suite, les produits sont plus parfaits. Nous serions heu- cières {ice-house) présentés par MM. P. A. Sundtes Enke, de Farsund, et la Commission de Stavanger, et depuis nous avons pu, grâce à l'obligeance de M. Jonasen (de Stavanger), visiter avec détail son établissement d'exploita tion, et nous assurer par nous-même que ce procédé conserve le poisson avec toutes ses qualités pendant un temps assez long après avoir été péché. (1) Nous avons vu à l'exposition de Bergen des Saumons qui, malgré une chaleur de 18 ù 30 degrés Réaumur (22° à 38° centigr.) avaient été conservés parfaitement frais dans de la glace pendant vinglquatre jours, EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 333 reux de voir introduire en France l'usage de ces ice- JuMse (1). Du reste, l'emploi de la glace, pour conserver les matières alimentaires, est généralement répandu en Norvège, et nous avons remarqué dans un grand nombre de maisons particu- lières, ainsi que sur les paquebots, des appareils faits à l'imita- tion de ceux dont les Américains font usage depuis long- temps. Ce sont des caisses de dimensions variables, suivant l'importance des familles auxquelles elles servent, formées par une double paroi (une extérieure, épaisse, de bois; l'autre, interne de zinc) renfermant un corps mauvais conducteur interposé, et fermées par un double couvercle : l'un, supérieur, à double paroi; l'autre, interne, fermant simplement la cavité de la caisse. Au fond de cette cavité, on met de la glace en morceaux, ce qui abaisse suffisamment la température pour permettre la conservation prolongée des matières alimen- taires. . (1) Los Anglais, trouvanl avantage à acheter et à exporter dn Saumon Irais, surtout des prélectures de Lister et Mandai, ont fait élever le prix du Sau- mon par rapport à ce qu'il était avant le nouvel état de la pèche. Ce com- merce n'eût pu avoir lien il y a quelques années, car le produit de la pèche était trop insignifiant pour leur permettre d'établir le nombre de glacières nécessaires. L'exporîalion en 18(^6, de Cluistiansand, a monté à la somme do HîZOl spec. d. (96 573 francs); presque tout ce Saumon avait été pris dans les rivières de Topdals-elv et de Tonosdals-elv et le long de la côte voisine comprise dans les districts de pèche de ces rivières. En 1865, il a été expédié, de la même ville, du Saumon pour la sonmie de :37O0O à 38 000 spec. d. (213800 à 'JI9 6U0 francs). Les prix ont été les mêmes que l'année précédente. On a commencé à expédier en 18Gi du Saumon de Laagen, etc., en Angleterre. Celte année, le prix est monté de 1 spec. d. (5 fr. 80 c.) les li livres, à 2 spec. (11 fr. 60 c ),et même dans quelques localités à G spec. d. (o/j fr. 80 c). (Hetting, Rapport au Storthiny.) {La suite au prochain numéro.) 2- SKRIE, T. 111. - .hlillcl IS()(J. 22 ■r. ETAT ACTUEL DE LA QU?:ST10N DES LÉPORIDES . . ET DE l'Éducation DES LIÈVRES A L'ÉTAT DE DOMESTICITÉ, ^ Par M. le docteur PIGEAL^X. (Séance du !<"' juin 1806.) Existe-t-jl entre le Lièvre elle Lapin, à l'état de nature, des rapprochements sexuels auxquels on puisse attribuer la créa- lion d'une espèce mixte, f]ui pourrait, en raison de sa confi- guration extérieure, être nommée Léporide? Les anciens et même certains modernes l'ont cru, trompés qu'ils ont été par la couleur et la forme spéciale de certaines variétés de Lapins, communes dans -le midi de l'Europe et très-répandues dans l'Asie Mineure; certains départements de l'est de la France et les coteaux du Rhône les voient pulluler sur ses bords. Après tout, ce ne sont que des Lapins se terrant, naissant sans poils et les yeux fermés. Tels sont les Léporides de M, Roux; tels sont aussi ceux qui ont été et qui sont peut-être encore intitidés comme Léporides au Jardin d'acclimatation de Paris. Ces Lapins s'accouplent très-volonliers, et se fécondent soit entre eux, soit avec des Lapins domestiques ordinaires. J'en ai possédé qui avaient, à s'y méprendre, l'apparence de vrais Lièvres, ayant le bout des oreilles noir et le dessous du ventre et des cuisses fauve ; mais, au demeurant, ce n'a jamais été que des Lapins par tous les caractères dislinctifs de l'espèce. Aussi ai-je pu nier les prétentions de M. Roux, qui affirmait avoir créé une race hybride et féconde, née d'un Lièvre mâle et de plusieurs femelles de Lapin. L'accouplement, cà l'état de domesticité, du Lièvre et du Lapin, n'est cependant pas très-difficile à elïectuer; mais, pour réussir, il ne faut pas vouloir réunir des individus adultes non habitués à vivre ensemble : en pareil cas, pres- que toujours la femelle lue le mâle en le saignant à la jugu- laire, ou elle le force à fuir, pour peu que la cage ne soit pas ÉTAT ACTUEL DE LA QUESTION DES LÉPORIDES. 335 bien fermée. Il en est encore parfois de même, quand on a élevé un jeune Levraut mâle avec déjeunes Lapines, sitôt qu'ils deviennent adultes, pour peu que la cage soit trop restreinte dans ses dimensions. Pour que l'expérience réussisse, il faut donner à ces animaux un certain parcours, quelques mètres, par exemple, d'une cage grillée par places et couverte de panneaux dans d'autres, où ils peuvent à volonté échapper à l'œil de l'homme. On fera bien aussi de laisser plusieurs fe- melles avec le jeune mâle, pour qu'il puisse choisir au gré de ses préférences. C'est ainsi qu'a procédé M. '''**, de Nanterre, près Paris, chez lequel la réussite a été aussi complète qu'ir- récusable : plusieurs Lapines sont devenues pleines des œuvres du seul mâle Lièvre qui existât dans sa ménagerie; il a pu élever à l'état adulte un certain nombre des métis, ou, pour mieux dire, des mulets de ces deux espèces. 11 y avait des mâles et des femelles qui paraissaient très-forts et très-bien conformés; ils se sont accouplés, mais ils n'ont jamais donné de produits, que je sache. Je ne nie pas la fécondité de ces métis au même degré où on la voit parfois chez les mulets de l'Ane et de la Jument, mais ce n'est qu'un fait exception- nel, et il n'y a pas à craindre ni à espérer de créer une race nouvelle; et, de ce point de vue, les Léporides n'existent pas. L'exemple cité par M. Albert (jeoffroy Saint-Hilaire, d'une hase couverte par un Lapin mâle, mettant bas un petit poilu et ayant les yeux ouverts, est des plus originaux ; il ne serait toutefois pas autre chose qu'un métis ayant retenu la forme de la mère, et qui ne serait pas plus fécond que les bardots ne le sont chez les mulets qui ont retenu la forme du mâle (le Cheval). , • On peut répéter ces expériences, et les varier en procédant avec de très-jeunes animaux élevés ensemble et ayant une certaine liberté, quoique en cage. Il importe surtout, si l'on se sert du mâle Lièvre comme étalon, de lui donner plusieurs femelles, soit comme Lapines, soit comme hases, quitte à isoler les femelles dés qu'elles approchent du moment de mettre bas (28 à 30 jours). La hase bien nourrie peut, à n'en pas douter, porter plusieurs fois dans l'année; mais, comme 336 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. elle ne terre pas, il faut lui fournir des brindilles et les tenir dans un grand degré de propreté. On lui a vu porter et mettre bas jusqu'à trois petits, bien qu'en captivité elle n'en donne habituellement qu'un ou deux, et les élever avec beaucoup de tendresse ; mais il faut les séparer de bonne heure d'avec le mâle et même d'avec la femelle, qui les étranglent souvent, aussitôt qu'ils sont en état de vivre seuls, surtout s'ils veulent se rappareiller. C'est une maigre industrie que celle de l'élevage des Lièvres en captivité, qui ne vit pas longtemps, faute d'espace pour se donner carrière ; la chair est d'ailleurs presque insipide, à moins qu'on ne les lâche quelques mois à l'avance dans une garenne spéciale où il n'y aura pas le moindre Lapin : car, entre ces deux espèces, il y a guerre à mort, et un seul Lapin étranglerait facilement en une nuit cinquante Lièvres, s'ils étaient à sa portée. La femelle est d'ailleurs peu féconde, et cesse de reproduire après la troisième année. En nous résu- mant, nous dirons que les Léporides existent, à n'en pas douter, sous les deux formes, avec prédominance du Lièvre ou du Lapin; mais comme espèce et môme comme variété, ils ne sauraient être admis, puisque, comme tous les mulets, ils n'ont qu'une fécondité accidentelle. Leur utilité est d'ailleurs médiocre, leur chair n'ayant ni la blancheur du Lapin, ni le Viaut goût du Lièvre. 11 en est à peu près de môme des Lièvres élevés en clapiers : leur chair est peu savoureuse, leur multi- plication est trop restreinte pour constituer une industrie prolilable. UonicsticatioiB Encoi^e le considérons-nous à un seul point de vue, celui de sa reproduction en captivité. Un tel sujet manque de gran- deur, je l'avoue humblement, mais peut-être se i^ecommande- t-il par l'avantage, sinon par l'attrait de la nouveauté. » Que parlez-vous, me dira-t-on, de reproduction du Lièvre en captivité? Où et quand en avez-vous vu? Que signifie cette (1) Unres, Lapins et Léporides, p;ir i-ug.. Cuyot, page 55 et suivaiiles. 338 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. hérésie? Le Lièvre, cet liôte de nos champs et de nos bois, auquel il faut les vastes espaces, l'air vif et pur, la grande lumière à travers les pelouses et les bruyères; le Lièvre, cet ami par excellence de la liberté, vivrait captif coraine un Lapin débonnaire, prendrait goût au clapier? Nouveau maître Jean- not, il se nourrirait de choux vulgaires, oublieux du thym et du serpolet, et trouverait dans les fers, nous voulons dire dans les barreaux, assez de quiétude pour se livrer à de coupables amours et enfanter dans la servitude? En vérité, nous sommes incrédules, et il faudra de grosses raisons pour nous con- vaincre. » Je sens, messieurs, tout le poids de telles objections. Je ne le nie pas. Le fait, pour ne pas dire le phénomène, est des plus rares, mais enfin il s'est produit, et Ah uno disce ornnes dans quelles circonstances, permettez-moi de vous le rappeler. » M. Coquillard, marcband grènetier, demeurant à Ver- sailles, rue des Cbantiers, n" 38 bis, et aujourd'hui rue de Noaihes, n" '23, avait recueilh deux petits Lièvres en bas âge, sans doute deux orpbelins. Grâce à ses soins tout paternels, il parvint à les élever dans sa boutique, et ses deux nouris- sons, avec l'insouciance du premier âge, eurent vile oubhé le sol natal et le gîte de leurs aïeux. i> Cet âge est sans pitié, j'allais dire sans cœur. » Peu à peu gagnés par les bons traitements, et surtout dépaysés par les bruits de la rue et par les nombreux visi- tinu's qui s'approcliaienl sans cesse de leur demeure, ils per- diient le trait principal et saillant de leur nature, la timi- dité; ils prirent goût à leur genre de vie, et finirent par se persuader (ju'ils habitaient un des plus beureux séjours de la terre, cl que tout était puur le mieux dans la meilleure des cages possibles. » Us comptaient déjà douze mois d'existence, quand le printemps revint tout couronné de tleurs, escorté par les tièdes zépbyrs et les brises embaumées. Que vuulez-vous? l'herbe était plus tendre, la lumière plus pure, le soleil plus radieux. Je ne sais quelles sensations inconnues, quels troubles DOMESTICATION DU LIÈVRE. 339 délicieux agitèrent le cœur de nos jeunes Levrauts? Ils étaient mâle et femelle; ce fut pour eux la saison des amours... Leur union fut bénie, et alors s'accomplit ce divin mystère de la création, venant sans cesse féconder et vivifier la nature. )) A quelque temps de là, la joie était dans la famille : elle s'était accrue de deux superbes nouveau-nés, de deux Le- vrauts, et la mère et les enfants se portaient à ravir. Un si brillant succès a encouragé les auteurs; ils se sont remis à l'œuvre, ont encore reproduit depuis, et ne sont pas prêts, paraît-il, à s'arrêter en si beau chemin. On parle même d'unions nouvelles, contractées par leur postérité confiée à M. Négrié, union qui offre les plus légitimes espérances. Ces braves bêtes auront fait souche. Puissent leurs descendants vivre dans les âges les plus reculés ! » M' excuserez-vous, messieurs, si, peu fait au langage sé- rieux et relevé de la science, je me suis permis un instant ce ton debadinage pour vous retracer ces quelques faits féconds, selon moi, en conséquences. » Je n'ai plus en réalité qu'à tirer les conclusions natu- relles de ces observations. » Pourquoi, d'ordinaire, le Lièvre ne se reproduit-il pas en captivité? Pourquoi, jusqu'à ce jour, les essais sont-ils restés le plus souvent sans résultats? Parce qu'on n'a pas su se placer dans les conditions voulues, parce qu'on n'a pas cher- ché à triompher de certains obstacles. » Le Lièvre, de sa nature, n'est pas comme le Lapin de garenne, insouciant, enjoué, folâtre. Taciturne au contraire jusqu'à l'excès, d'une sensibilité nerveuse très-grande, il est -encore d'une timidité sans pareille. Presque toujours aux aguets et sur le qui-vive, il suffit d'une feuille qui tombe pour le troubler et le mettre dans les transes. Celte poltronnerie le paralyse dans tous ses actes. Aussi ne le voit-on pas errer pendant le jour. A moins d'être relancé, poursuivi, il se tient coi, et attend la nuit pour se livrer à ses ébats dans le silence et dans la solitude. Alors seulement il prend sa nourriture et s'accouple. : » De là vient (juc lorsqu'on a capturé des Lièvres mà!c et 'Mli) SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. lemelle, on a heaii les réunir, les éloigner autant que pos- sible de tout bruit, et leur refaire, pour ainsi dire, la solitude nécessaire à la sauvagerie de leur naturel; le voisinage de nos habitations, les mille bruits des lieux fréquentés, les tiennent dans une panique continuelle, et sulTisent pour sur- exciter leur système nerveux au point de les faire dépérir promptement et d'anéantir tout espoir de reproduction. » Du jour que l'on cherchera sérieusement à combattre le mal dans son principe, si l'on a des Levrauts tout jeunes, et (ju'au lieu de leur faire une demi-solitude, on cherche, en les transportant tout à coup au milieu du bruit, du mouvement, sous la vue constante des bêtes et gens allant et venant de- vaut leur demeure, à leur faire oublier et perdre complète- ment l'idée de la solitude, et qu'à cela on ajoute, comme M. Coquillard, les bons soins et une nourriture variée, on arrivera, selon toute probabilité, à la reproduction; et les petits nés en captivité se m.ultiplieront avec une facilité tous les jours de plus en plus grande, à mesure que l'espèce s'éloignera de sa nature première. Alors le Lièvre pourra devenir un animal privé à l'égal du Lapin ; comme lui, il se reproduira en captivité ; comme lui, il sera une ressource de plus, et non à dédaigner, de l'alimentation publique. » Le Lièvre, en effet, s'accommode de toutes les saisons, de toutes les températures, de toutes les latitudes. En liberté, il multiplie dans des proportions considérables, et s'il n'était pas entouré d'ennemis de tout genre, traqué, décimé par eux; si les renards, les émouchets, les buses, etc., ne lui faisaient pas une guerre acharnée; si les chasseurs, et plus encore, hélas î de maudits braconniers ne le détruisaient pas en masse dans leurs chasses à outrance, il pullulerait de toutes parts, et pourrait même devenir un fléau pour les pro- ductions de la terre, et partant pour les agriculteurs. » Mais cet inconvénient n'est plus à redouter du moment qu'il est tenu en captivité, du moment qu'on a su l'appri- voiser et tirer ])arti de sa fécondité. » Sans doute, la chair du Lièvre privé ne vaudra pas celle du Lièvre à l'état sauvage. 11 semble en être des animaux DOMESTICATION DU LIÈVRE. 3/(1 comme des hommes. Ils ne perdent pas impunément la liberté pour tomber dans un étroit esclavage : la servitude entraîne ses déchéances physiques aussi bien que morales. Mais, de même qu'en prisant le Lapin de garenne à sa juste valeur, on ne dédaigne pas le Lapin de clapier, on serait sans doute parfois fort satisfait de pouvoir faire sauter un simple Lièvre de l)asse-cour. » iMessieurs, une démonstration, s'il m'est permis de qua- lifier ainsi ces quelques observations, ne serait pas complète si, avant de terminer, je ne vous donnais pas les preuves de la réalité du fait objet de ce rapport. » L'an dernier déjà, on avait signalé à quelques membres de la Société la naissance, chez M. Coquillard, de deux jeunes Levrauts provenant de parents en captivité; mais certaines circonstances avaient fait douter de l'exactitude de ce ren- seignement, et il était trop tard pour s'en assurer directe- ment. Aujourd'hui il n'en est plus de même, deux mises bas, à un mois d'intervalle, par suite d'un phénomène de superfé- tation fort commun dans cette espèce, nous ont été signalées au moment même, et l'un de nous, M. Négrié, par un exa- men attentif et minutieux de la femelle, a pu s'assurer de la réalité du fait. La science si connue du savant vétérinaire de la Garde impériale sera pour vous tous une garantie suffi- • santé. A l'œuvre donc, messieurs : il est maintenant démontré que, dans certaines conditions qui se sont trouvées fortuite- ment réunies chez M. Coquillard, la reproduction du Lièvre en captivité, c'est-à-dire sa domestication réelle, est possible ; il faut donc multiplier les essais en y introduisant toutes les modifications que l'expérience indiquera, mais en partant toujours de ce principe qui, je le crois, sera la clef de voûte de la domestication des espèces sauvages, le dépaysement, c'est-à-dire le changement radical du milieu qui fait, pour ainsi dire, entrer l'animal dans une vie toute nouvelle. Rap- pelonsnous enfin qu'en ce qui concerne le Lièvre, sa domesti- cation est d'autant plus importante, que l'espèce sauvage est menacée d'anéantissement dans un avenir peu éloigné, par suite des conditions nouvelles de culture. L. Paignard. » CONSERVATION DES OEUFS EN CHINE. Par tn. Paul CIIAMPIOIK. (Séance du 'l'^'' juin 1866.) Les Chinois conservent les œufs frais pendant un temps assez long en les entourant d'une couche d'argile rougeàtre que l'on délaye dans de l'eau, et qui, en séchant, prend de la consistance. Mais il est une méthode singulière qu'ils em- ploient, non pas précisément pour conserver les œufs frais, mais pour leur faire suhir une transformation qui permet de les garder indéfiniment, en transformant, il est vrai, leur goût et leurs propriétés. Cette méthode consiste à mélanger à une infusion de thé noir trois livres chinoises (1) de chaux vive en été (sept livres en hiver et neuf Hvres de sel marin; on ajoute au tout sept livres de cendre de hois de chêne tamisée très-fin. On enduit les œufs d'une petite couche de cette composition que l'on a rendue bien homoeène en la brassant au moven d'un morceau de bois. On les roule ensuite dans les mains, que l'on a soin de recouvrir de gants pour empêcher l'action corrosive du mé- lange et qu'on trempe à chaque opération dans un tas de cendre de paille; ensuite on jette les œufs ainsi préparés dans un panier contenant des balles de riz qui forment une espèce de croûte h la surface, et qui par conséquent empêchent les œufs de se coller les uns aux autres. On les enferme ensuite dans des vases qui peuvent en contenir de cent à cent cin- quante, et que l'on meta l'ombre après les avoir fermés. Les œufs restent ainsi dans cet état pendant trois mois ; au bout de ce temps, ils sont livrés à la consommation, et sont vendus par les fabricants au prix d'environ sept ou huit centimes chacun. Les Chinois sont assez friands de ce mets, que l'on voit toujours apparaître sur les tables bien servies. Ces œufs ainsi (1) l.a livre chinoise est de (iO/i grammes. PRÉSERVATION DES PIGEONS EN CHINE. 3/i3 conservés se modifient complètement : le jaune et l'albumine se coagulent; le premier prend une teinte verdâtre; quanta l'albumine, elle reste à peu prés blanche, mais exhale une odeur d'acide sulfhydrique assez désagréable. Il ne faudrait pas cependant conclure de là que la cuisine chinoise soit une chose aussi mauvaise qu'on l'imagine généralement en France; les Chinois sont ordinairement gourmands, et leurs mets sont souvent d'un goût fort agréable. En examinant de près les choses, on est forcé de reconnaître que certaines matières qui tpnt l'objet d'une grande consommation chez nous pour- raient être, à aussi juste titre, l'objet de leurs remarques et de leurs critiques. Note sur un moyen emploijé par les Chinois pour préserver les Pigeons des Oiseaux de proie à Pékin. Lorsqu'on se promène aux environs de Pékin, on est sou- vent surpris d'entendre des sifflements de plusieurs espèces assez prolongés, et qui semblent venir d'une grande hauteur. On ne découvre cependant en l'air que des Pigeons volant par bandes serrées. Voici en quelques mots l'explication de ce fait : On ren- contre k Pékin un grand nombre de Vautours et d'autres oiseaux de proie qui font une guerre acharnée aux Pigeons. Pour éviter leur destruction, les Chinois ont inventé des espèces de sifflets, de formes différentes, fabriqués avec de petites courges, ou avec de petits morceaux d'écorce de bambou superposés, dans lesquels on ménage des ouver- tures destinées à produire de longs sifflements lorsque le vent vient à s'y engouffrer. Ces sifflets rendent plusieurs sons à la fois. Ils sont excessivement légers, pèsent k peine quel- ques grammes, et sont munis d'une petite lame de bois per- cée d'un trou. C'est par là qu'on attache ces instruments aux plumes de la queue des Pigeons, le plus près possible de la partie où elles s'insèrent dans le corps de l'animal, au moyen 34Z| SOCIÉTÉ IMPÉKIALJi ZOOLUGIQUE d'âGGLIMATATION. de petits fils résistants. Cette opération se fait spécialement sur le Pigeon qui, dans les vols, se trouve à la tête de la bande. La rapidité du vol force l'air à frapper vivement ce sifflet, qui rend alors les sons prolongés dont j'ai déjà parlé. Les oiseaux de proie qui voudraient les attaquer, elïrayés de ce bruit qui leur est inconnu, et qui est assez violent pour qu'on l'entende à une grande distance, laissent passer tranquillement les Pigeons, qui, par conséquent, grâce à cette invention, sont à l'abri de tout danger. Ces petits instruments, dont je pré- sente à la Société deux modèles différents, recueillis à Pékin, sont couverts d'un vernis Irès-solide qui empêcbe l'humidité et la pluie de les altérer; outre l'avantage qu'ils en retirent, il faut ajouter aussi que ces sifflets sont un sujet d'amusement pour les Chinois. Il paraît qu'on les emploie dans plusieurs autres parties du Céleste-Empire. FABRICATION DU VERT DR CHINE A HAN-KEOU (CHINE), Par M. Paul CDitmPIOW (Séance du 15 juin 186fi.) Cette labrication a déjà été décrite bien des fois, et l'on trouve dans la brochure publiée par M. Nalhalis Rondot, au nom de la chambre de commerce de^ Lyon, tous les docu- ments qui ont paru sur ce sujet. Néanmoins, comme ces docu- ments sont souvent contradictoires, j'ai pensé qu'il n'était pas sans intérêt de décrire d'une manière complète les pro- cédés de fabrication et de teinture, procédés que j'ai suivis avftc grand soin et à plusieurs reprises, au mois de juin de l'année dernière et au mois de janvier de cette année. De grandesjonquesarriventàHan-keou vers le mois de novembre, chargées de l'écorce des arbres destinée à la fabrication du vert ; elle provient des provinces du Su-tchuen et du Koui-tcheou. L'écorce est coupée en petits morceaux dans lesquels on trouve presque toujours de petits fragments de bois adhé- rents; caries Chinois, au lieu d'enlever simplement l'écorce, la séparent au moyen d'un couteau qui détache en même temps des parties de branches On emploie en général deux et même trois espèces diflérentes d'écorces. On intro- duit ces fragments dans une chaudière formée d'une bassine de fonte surmontée d'un baquet cerclé de bambou. On rem- plit presque entièrement cette bassine, dont la partie supé- rieure arrive au niveau du fourneau , avec de l'écorce et de l'eau ordinaire ; on maintient le tout à la température de l'ébullition pendant plusieurs heures, afin d'épuiser la matière colorante. Ensuite on introduit le liquide et l'écorce dans de grandes jarres de terre dans lesquelles on laisse séjourner la matière jusqu'au lendemain : la première opé- ration de cuisson se faisant en général le matin. Lorsqu'on veut se servir du liquide, on introduit l'écorce dans des paniers de bambou placés au-dessus des jarres, et qui permettent au liquide de s'égoutter; puis on mélange à la liqueur une faible solution de carbonate de soude obtenu par la calcination et le Ic'^sivage de tourteaux de graines 3/iC) SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUR lj'y\CCLIMATATION. oléagineuses: ce carbonate de soude, qu'on trouve dans le commerce en cristaux assez volumineux, est impur et très- bon marché. Le liquide, qui était déjà brun, prend une cou- leur encore plus foncée par l'introduction du carbonate de soude ; c'est dans cet état qu'on l'emploie. On le transporte au moyen de seaux dans les champs avoisinants, qui sont formés de vastes prairies couvertes d'une herbe assez abon- dante; on plonge dans le liquide des pièces de coton ayant plusieurs mètres de long sur une largeur de 30 à hO centi- mètres, puis on les retire, on les fait égoutter, et on les étend sur l'herbe. Pour cette opération, il faut choisir un temps qui ne soit ni trop chaud ni trop froid , sans cela l'opération ne réus- sirait pas. Je l'ai vu pratiquer au mois de juin, de quatre heures et demie du matin à huit heures environ; passé cette heure, le soleil deviendrait trop vif et altérerait le produit. C'est vers le milieu de ce mois que cesse la fabri- cation, qui ne pourrait se continuer avec les chaleurs intenses de l'été. Par l'action de l'humidité et du jour, la matière colorante subit probablement une espèce d'oxydation, dont le résultat est de lui donner une teinte verte assez foncée; aussi est-on tout surpris, lorsqu'on passe quelques heures après dans les champs où l'on a vu étendre les pièces de coton imprégnées d'une solution brunâtre, de les retrouver avec la teinte verte caractéristique du vert de Chine. Lorsque ces pièces sont sèches, on les plonge de nouveau dans le liquide, et on les étend sur l'herbe une seconde fois. Cette opération se pratique souvent de dix à quinze fois, jusqu'à ce qu'on ait obtenu la teinte voulue; puis on roule les pièces de coton, et on les vend à d'autres fabricants qui en extraient le vert de Chine et livrent ce produit directement au com- merce. Ordinairement ces derniers, auxquels appartient l'étoffe, payent une somme fixe pour la teinture de chaque pièce. Dans cette industrie, comme dans la plupart des industries chinoises, les diverses opérations concourant à une production unique sont faites par des industriels différents. Pour extraire le vert formé à la surface des toiles de coton (car il n'y a que la partie exposée au soleil, et recevant FABRTCÂTION DU VERT DE CHTNE. 347 directement l'action du jour, qui a une teinte vert foncé, tandis que la partie en contact avec l'herbe n'éprouve qu'une coloration faible), on plonge l'étoffe dans de l'eau bouillante jusqu'à ce que le vert de Chine se détache; on fait évaporer le liquide ainsi obtenu jusqu'à consistance sirupeuse, et l'on étend le résidu sur des feuilles de papier sur lesquelles la dessiccation se termine doucement à l'air. Aussi le vert de Chine se trouve-t-il toujours dans le commerce en feuilles minces, gondolées comme du papier qui, après avoir été mouillé, serait exposé à une dessiccation assez rapide. Par- ibis aussi, dans certaines parties de la Chine dans lesquelles on fabrique ce produit, on se contente, pour arriver à un résultat plus rapide, de plonger à plusieurs reprises, dans le liquide qui, par l'évaporation, fournit le vert de Chine, de grosses mèches de coton qui s'imprègnent de la matière et que l'on sèche à l'air. Le vert de Chine préparé comme il précède est d'une qualité plus bu moins bonne, suivant l'état de l'écorce et les soins apportés à la fabrication. Le prix de vente de ce produit au détail était, l'année dernière, de 225 francs le kilogramme. Après cette étude, j'ai voulu me rendre compte de la manière dont les Chinois emploient ce produit réservé pres- que exclusivement à la teinture de la soie; il est trop cher pour être employé sur d'autres étoffes, sur lesquelles du reste il ne donne pas de très-bons résultats en Chine. J'ai fait teindre devant moi un morceau de soie; le pro- cédé employé était le suivant : On fait gonfler le vert de Chine dans de l'eau froide pen- dant environ une heure; puis on jette l'eau, et l'on écrase avec grand soin le produit dans un mortier de porcelaine jusqu'à ce que la matière soit bien homogène et ne présente plus de particules solides. On lave avec soin la pièce de soie à teindre et on la met sécher au soleil. On introduit dans une terrine de bois de l'eau et une petite quantité de sulfate de fer dissous, on y ajoute un peu de vert de Chine écrasé comme il a été dit plus haut, puis on verse dans ce mélange de l'eau chaude qu'on a fait bouillir assez longtemps avec une graine qui donne à l'eau une teinte jaune assez intense. 3/i8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'aCGLIMATATION. Pour obtenir celte couleur, on grille quelques instants celle graine dans des bassines de fer; ce n'est qu'après cette opé- ration que celle graine, introduite dans de l'eau, lui donne la couleur jaune intense dont je viens de parler. Celte graine, que je ne connais pas, se nomme en chinois Kwe-hro. Lors- qu'on a opéré le mélange par le brassage, on trempe dedans la soie, et on la retourne plusieurs fois dans le liquide ; puis on étend sur une table une pièce de toile, et, en tenant par une extrémité la pièce de soie, on la frappe vigoureusement sur la toile; ensuite on replonge l'étoffe dans la teinture, et l'on recommence plusieurs fois cette opération, jusqu'à ce que l'on arrive à l'intensité de couleur voulue. Ensuite on met sécher les pièces teintes à l'ombre, et lorsque la dessiccation est terminée, on peut laver à l'eau, sans crainte que la cou- leur verte, fixée par ces diverses opérations, ne s'altère. Les Chinois prétendent qu'après le premier lavage de l'étoflè, il faut avoir bien soin de la faire sécher complètement, sans crainte de ne pas arriver à un résultat satisfaisant. Les étoffes ainsi teintes, avant d'être livrées au commerce, sont cylindrées au moyen d'un rouleau de pierre, que les Chinois font ma- nœuvrer avec leurs pieds sur une surface courbe, sur laquelle ils introduisent une faible quantité de cire de Pé-la, qui donne du brillant à rétotfe; on empêche le contact direct de la pierre et de l'étoflè au moyen d'épaisses lames de cuir : cette opération demande une grande adresse. Aux environs de Ilan-keou, j'ai vu cinq fabriques diffé- rentes de vert de Chine : trois à Saint-Agnan, faubourg de Han-keou, et deux à Outchang, résidence du vice-roi. Dans toutes j'ai \'U suivre exactement ce même procédé. J'ajouterai, pour terminer, que j'ai eu la plus grande peine à obtenir les renseignements que je viens de donner, les Chinois se refusant d'abord, par crainte de concurrence, à donner les moindres détails sur celte industrie. 11 faut du reste avoir été soi-même en Chine pour se rendre compte de la difficulté qu'éprouve le voyageur à distinguer la vérité au milieu des mensonges et des contradictions que contiennent toujours les réponses des Chinois. II. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 1" JUIN 1866. Présidence de M. A. Dumkril, vice-président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu, mis aux voix et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis, ce sont : MM. Alburquerque (Frederico), propriétaire à Rio -Grande du Sud (Brésil). Lefebvre (Eugène), conseiller référendaire à la Cour des comptes, à Paris. — M. le général Khérédine, fondateur d'un jardin à l'eu- ropéenne à Tunis, exprime à la Société sa reconnaissance pour la récompense qu'elle lui a décernée en séance publique. — MM. Eude, de Guingamp, et Théodore Pavie, d'Angers, adressent leurs remerciments pour leur récente admission. — 11 est transmis un numéro de la Gazette officielle d'Italie, dans lequel on lit un compte rendu de M. Baruffî sur la séance publique de la Société d'acclimatation. — Renier- ciments. — M. le docteur H. Gourrier sollicite le dépôt, dans sa propriété située dans l'Aude, à titre de cheptel, de quelques sujets de volailles de Houdan. — Renvoi au Conseil. — M. Héritte, consul de France à ville du Cap, appelle l'attention de la Société sur le métis du Canard dit de Mos- covie, et de la Cane de basse-cour ordinaire, assez estimé et assez répandu dans les exploitations agricoles du Cap. — M. Carbonnier transmet la lettre suivante de M. le mar- quis de Selve, relatant les succès qu'il a obtenus dans ses éducations de Saumons du Danube : « Je tiens à vous confir- » mer ce que mes gardes me disaient sur les Saumons qu'ils » prenaient dans mes na>ses. Hier matin, j'en ai pris un superbe » de 30 centimètres de longueur; il provient du bassin où j'ai 2^ SÉRIE, T. ML — .hiillcl 1800. Xi 350 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » placé Vannée dernière les Saumons du Danube que M. Geste » m'a donnés. Il était très-vigoureux, mais le corps est plus » effilé que celui des Truites; il est d'un blanc d'argent sans » points colorés. Le vieux garde m'a bien assuré que c'était » un Saumon, et pareil à ceux qui ont été pris cet hiver pen- » dant les pêches. Vous seriez bien bon d'en faire part à » M. Coste : ce doit être un Saumon du Danube et venant du » Collège de France; il est donc très-juste que ce Saumon ■% devienne célèbre. » — M. Charles Buisson, de la Tronche (Isère), à qui la So- ciété a adressé deux cartons de Vers chinois, annonce qu'après des débuts d'éducation très-satisfaisants, ces vers, au réveil de la première mue, ont été frappés par la jaunisse et la grasserie, maladies qui ont causé une grande mortalité. — M. Ferret fait connaître que sur les 100 grammes de graines de Vers à soie du Japon qui lui ont été confiés, il n'en est éclos que 68 grammes, bien que ces graines aient été maintenues dans une température de 15" à 16° Réaumur. — M. Gagnât, à Joyeuse, transmet, sur ses éducations de Vers Kla-tiiuj et Yu-hamj , des renseignements d'où il semble résulter que ces races, bien qu'atteintes par les ma- ladies, peuvent rendre des services à la sériciculture. — M. Bousquet, à Saint-André de Valborgne, adresse des renseignements très-satisfaisants sur l'éducation des Vers à soie Yu-hang et Kla-ting qui lui ont été confiés. — M. Héritte, consul de France à ville du Cap, envoie un Mémoire sur la maladie de la Vigne et sur celle des Pommes de terre, qui sévissent sur ces plantes dans la colonie du Cap comme en Europe. — La Société d'agriculture d'Alger adresse à notre Société des remercîments pour les mille plants à'Eucalyptus qui lui ont été offerts, et elle rappelle que déjà il existe dans le dépar- tement d'Alger de nombreuses plantations A'Eitcalyptus glo- bulus provenant d'une distribution de graines faite par les soins de la Société d'agriculture. Les Eucah/ptus provenant de cette graine ont admirablement réussi, et beaucoup d'entre eux ont atteint S à 10 mètres d'élévation. PROCÈS-VERBAUX. 3ol — M. von Siebold envoie le catalogue raisonné et prix courant des plantes qu'il a rapportées du Japon et qu'il cultive dans son Jardin d'acclimatation de Leyde. — Renvoi au Conseil. ■ — M. Goure, médecin de marine, annonce qu'il a été chargé par M. Hayes, commandant de l'île de Nossi-bé, de rapporter une caisse renfermant des tubercules de la Réu- nion. Une partie de ces végétaux est arrivée en mauvais état. — M. Teyssier des Farges fait hommage à la Société d'une brochure qu'il vient de pubUer sous le titre : Où en est l'agri- culture, et que veut-elle? — Remercîments. — Son Exe. M. le Ministre de la guerre demande qu'une certaine quantité de graines de Coca soit mise à la disposition du Jardin d'acchmatation d'Alger pour en faire des essais de culture. — La Société nantaise d'horticulture et le Club jurassien demandent qu'il leur soit adressé des graines de Pin de Riga. — M. Faustin Gonneau, de Limoges, demande à être com- pris parmi les membres qui recevront des graines du Pin de Riga. • — A l'occasion de la correspondance, M. Chatin fait observer que parmi les végétaux envoyés par M. le commandant de l'île Nossi-bé, ceux que la lettre d'envoi désigne sous le nom de Chouchoute s>oni\es fruits d'une Gucurbitacée (Sechium edule) dont la culture est assez répandue en Algérie. — A propos de la lettre de M. Ferret sur ses éducations de Vers à soie, M. Chatin dit qu'il considère comme une bonne proportion celle de 68 grammes de graines écloses pour 100, car les causes de mortahté ont été grandes cette année. — M. le docteur Pigeaux croit devoir attribuer la mortahté à ce que les vers de Tan passé ayant éclos à peine après leur délivrance, l'évolution de l'œuf s'est faite rapidement, et que l'on a dû recourir à des moyens artificiels pour retarder leur éclosion. — M. Rarael présente à la Société une gomme soluble dans l'eau, analogue à la gomme arabique, et qui provient d'un Acacia d'Australie dont le bois répand l'odeur de la violette. Cette gomme est appelée, suivant notre confrère, à rendre 352 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. des services à l'industrie. M. Ramel annonce en outre que M. Mueller prépare un travail sur les produits naturels que l'Australie doit envoyer à l'Exposition universelle de 1867. La flore y sera largement représentée. Enfin, M. Ramel informe la Société qu'on a pu pêcher des Saumons au-dessous de la ville de Melbourne. — M. Duméril lait remarquer tout l'intérêt qu'offre cette communication, puisqu'elle tend à prouver que le Saumon peut pénétrer dans les embouchures encombrées des fleuves, et qu'elle fait espérer que les Saumons pourront également remonter le Rhône, où Ton tente de les introduire depuis quelques années. — M. A. Geoffroy signale à l'attention de la Société un fait intéressant qui lui est communiqué par M. Lenglier, sur la reproduction, observée à Versailles, du Lièvre dans les clapiers à Lapin (voyez au Bulletin). Il communique en outre une lettre de M. le baron de Beaufort, qui a obtenu des croise- ments du Lièvre et du Lapin. (( Vous m'avez exprimé, l'année dernière, le désir d'être » tenu au courant du résultat de mes expériences sur le croi- » sèment du Lièvre avec le Lapin; je m'empresse de vous » annoncer qu'après bien des essais infructueux, je viens » enfin d'obtenir un commencement de succès. Au printemps » 1865, je vous ai rendu compte de plusieurs séries d'accou- » plements qui avaient eu lieu entre une de mes hases et un » Léporide mâle acheté par moi. La hase avait alors sept à » huit mois, le Léporide avait fait ses preuves à plusieurs » reprises avec sa femelle. Ces accouplements sont restés sans » résultat. Cette année, j'ai essayé encore une fois de réunir » ma hase à un Léporide, et j'ai choisi pour cela un jeune mâle » très-vigoureux, élevé par moi, le premier mâle étant mort )) pendant fhiver. L'accouplement a encore été improductif. » Enfin, il y a environ cinq semaines, j'ai eu l'idée de donner » à ma hase un jeune mâle de Lapin argenté, très-ardent. » L'accouplement a eu lieu six fois, coup sur coup; mais entre » chacun des actes, les deux animaux se battaient à outrance » pendant quelques secondes, tellement qu'ayant vu ma PROCÈS-VERBAUX. 353 pauvre hase se laisser couvrir une sixième fois, bien qu'elle eut au ventre une balafre large comme la moitié de la main, j'ai cru devoir retirer le Lapin. Un mois étant écoulé depuis ce nouvel essai, je m'étais une fois de plus résigné à ce nouveau désappointement, quand hier soir j'ai remarqué chez ma hase une grande agitation que je ne lui avais jamais vue. Ce matin, l'agitation avait encore augmenté, et la bête portait des traces de coups violents qu'elle avait dû se donner pendant la nuit contre les parois de sa cage. La personne qui soigne ma basse-cour, croyant qu'elle deman- dait le mâle, a essayé d'introduire le Léporide dans la cage; mais elle s'est précipitée sur lui, et l'a jeté dehors avant qu'on ait eu le temps de refermer la porte grillée. Quelle a été ma surprise en allant, selon mon habitude, après mon déjeuner, porter un peu de pain à mes Lièvres, d'apercevoir entre les pattes de ma hase un joli jietit Levraut qu'elle léchait tendrement. Je crois pouvoir affirmer dès main- tenant qu'elle l'élèvera, car elle a le pis très-gonflé. Voilà, monsieur, un grand pas de fait dans cette question tant controversée depuis quelque temps. Le problème n'est pas complètement résolu au point de vue pratique , car évidemment on n'obtiendra jamais de la hase plus de deux ou trois petits par portée. Mais la fragilité de féconda- tion de la hase par le Lapin étant i)rouvée, on sera, jusqu'à nouvel ordre, fondé à penser {|ue le réciproque doit exister; il ne reste plus qu'à trouver un bouquin assez ardent pour rechercher la femelle en captivité. Je conviens que ce n'est pas facile, mais j'espère y arriver à force de persévérance. Il me reste à vous dire que mon précieux nouveau-né ressemble presque complètement à un Levraut, mais il est plus foncé de pelage. Vous savez que les Lapins argentés naissent noirs. Il est né comme les Lièvres, avec tout son poil, que la mère a séché tout de suite en le léchant. Ses yeux sont bien ouverts, mais il ne peut encore que se traîner. Croyez, monsieur, que toutes les fois qu'il m'arri- vera d'observer dans mes expériences quelque fait intéres- B sant, je m'empresserai il<' v(tus en donner connaissance. » 35a SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. — M. le docteur Pigeaux rappelle que cette pratique était vulgaire à la fin du siècle dernier, et a été abandonnée parce que la chair de ces métis était mauvaise. Il ajoute quelques autres détails à l'appui de son opinion, et rappelle des faits qui tendent à confirmer la thèse qu'il soutient. (Voyez au Bulletin, p. 33/i.) — Chaque fois que M. Geoffroy a voulu constater l'authen- licité de faits semblables, il a toujours rencontré des lacunes qui ont jeté des doutes dans son esprit. Il demande donc que M. Pigeaux veuille bien donner prochainement des ren- seignements précis sur ces éducations. — M. Carvallo donne lecture d'un travail pour témoigner de Fimportance qu'il y a à conserver les engrais des villes. — M. Chatin fait observer que le conseil municipal de Paris se préoccupe vivement de cette question. — M. Jacquemart rappelle qu'une somme de 100 000 francs a été votée par la ville pour permettre des études sur les moyens de purifier les eaux à la sortie des égouts. — M. Champion lit trois Noies sur les sujets suivants : i" de la fabrication du fromage à l'aide du Pois oléagineux en Chine; ^" du procédé de conservation des œufs en Chine; 3° des sifflets destinés à préserver les Pigeons chinois contre les oiseaux de proie. (Voyez au Bidletin.) — M. le docteur Pigeaux fait observer que les Chinois n'é- lèvent sur les pièces d'eau que des femelles de Canard, et demande à M. Champion s'il connaît le procédé à l'aide duquel ils reconnaissent les mâles dès qu'ils sortent de l'œuf. — Sur la réponse négative de M. Champion, M. Millet dit que les oiseleurs reconnaissent, dans le nid des oiseaux chan- tants, les mâles à la grosseur de la tête. C'est probablement par un moyen analogue que les Chinois distinguent les sexes. Le secrétaire adjoint des séances^ A. G. DE Grandmont. PROCÈS-VERBAUX. 355 SÉANCE DU 15 JUIN 1866. Présidence de M. A. Duméril, vice-président. Le procès-verbal est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis : MM. Lefebvre-Sénéca (François), propriétaire, à Boulogne- sur-mer. LOTT (Ilarry Buckland), membre de la Société royale d'horticulture et d'agriculture de Londres, à Lannion. Mercier (A.), manufacturier, à Louviers. MuN (le comte de), membre de la Société d'agriculture de Coulommiers, à Paris, et au château de Lumigny (Seine-et-Marne). — M. le Président informe l'assemblée que le Conseil de notre Société et le Conseil du Jardin d'acclimatation ont pris récemment les mesures nécessaires pour que la magnanerie du Jardin soit ouverte pendant toute l'année, et pour assurer d'une façon plus certaine la conservation des diverses espèces de Vers à soie introduiles en France. — MM. Becquemont et Malingre adressent leurs remercî- ments pour leur récente admission. — M. le Président de la Société de Melbourne adresse les remercîments de cette Société pour les animaux qu'elle a reçus de notre Société, et annonce la prochaine arrivée de 10 Anas superciliosa, 10 Anas pimctata, 10 Gallina aiistra- Hs, 12 Platycercus eximius, 3 Peristera chalenptera, 5 Macro- pm major, 5 Phalangista lanuginosa, 6 Dasyurus viverrinus, et 3 Râles de la Nouvelle-Zélande. — Des remercîments sont votés à la Société de Melbourne, qui continue à nous faire connaître les espèces les plus intéressantes de l'Australie. : — M. Pinondel de la Bertoche, au Chalet d'Arguel (Doubs), demande à la Société de vouloir bien lui compléter son cheptel de Lamas, et lui accordei' un troupeau d'Yaks. — Renvoi au Conseil. 350 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. — M. Brierre, à Saint-Hilaire de Riez, annonce qu'il se dispose à adresser des réponses au formulaire sur la Vipère. — M. le secrétaire donne lecture de la lettre suivante adressée à M. Carbonnier par M. le marquis de Selve : « Je » vous confirme le renseignement que je vous ai donné sur la 1» reproduction des Truites nées chez vous, quai de l'Ecole, 20, » et mises dans mes canaux k l'état d'embryon en 1863. Je » tiens à ce qu'il soit bien notoire que les Saumons et Truites » âgés de dix-huit à vingt mois portent laitance et œufs, » comme nous l'a prouvé la Truite bécardée de lia centi- » mètres de longueur sur 25 centimètres de largeur, qui a » été servie chez moi et provenant de l'alevin que vous m'avez » donné au mois de février iSQ!i. Le fait de prendre des » petites Truites nées au mois de janvier ou février 1866 » vient encore à l'appui de cette prompte reproduction dans » des eaux oii il n'y a jamais eu ni Truites ni Saumons avant » les nôtres. Les chaleurs sont enfin arrivées. Je pourrai » expédier pendant cette période de 50à 60 OOOEcrevisses, s'il » est nécessaire, et toutes du poids de 50 à 100 grammes » pièce. Je nourris beaucoup au moment de l'éclosion, pour » que les mères n'aient pas la tentation de goûter à leur pro- » géniture. Je fais couvrir (malgré le courant de mes eaux) » tous les canaux, comme en 186/i, d'une litière d'herbes » vertes pour les tenir encore plus au frais, et surtout pour » leur donner un grand choix de plantes dont elles mangent » beaucoup également. La profusion de nourriture détruit » pour ainsi dire l'instinct dévastateur de la plupart des habi- » tants de mes eaux. Ainsi, aujourd'hui même, en me pro- )> menant sur les berges de mes grands canaux, j'ai vu des » petites Truites (de celles nées naturellement, sans aucune » incubation artificielle) nageant et butinant au milieu d'un » essaim de fretins taillés pour être engloutis par elles, sans » songer à en faire leur proie. Dans mes bassins d'élevage, » même résultat; il est vrai que les bassins sont par espèces; » mais dans la même espèce il y en a qui sont deux et trois » fois plus gros que leurs congénères, et jamais je n'ai sur- » pri? un coup de dent.... C'est un grand travail de couvrir PROCÈS-VERBAUX. 357 » douze kilomètres de canaux; mais on n'obtient rien sans » beaucoup de soins, d'argent, de travail, et de bonheur pour » trouver juste ce qui peut le mieux réussir pour une indus- » trie sans précédent. Quand je vois toutes les difficultés qui » se présentent chaque jour et que je suis obligé de vaincre, » je ne dois pas redouter la concurrence, sans compter que » mon terrain est une vraie usine à Écrevisses • il faudrait des » millions pour créer un emplacement contenant nourriture, » habillement (passez-moi le mot), abris, par ses terrains » assimilables, par ses couches de calcaire, par la porosité de » ses terrains tourbeux qui suent les sources^de tous les côtés, » et font qu'il y a bien plus de courants latents que ceux qui » sont visibles, et sont comme de petites ruelles dont mes » grands canaux sont les boulevards. Vous avez eu le juge- 5) ment bien juste en m'encourageant à créer mon établis- » sèment; j'ai dépassé nos prévisions, en faisant le tout sur » une grande échelle, lorsque vous vouliez que je me limite » préalablement dans un centre restreint d'expériences: » c'était sagement, assurément. J'ai été audacieux, je m'en » félicite, car, en attendant les bénéfices (si bénéfices il ,)) y a), j'y trouve une grande distraction et u«i intérêt qui, 3> sans être en argent monnayé , n'en a pas moins son » charme. » — M. le secrétaire communique les renseignements sui- vants sur la pêche du Saumon dans l'Aveyron, qui lui ont été transmis par M. H. Filhol, au nom de M. Delcamp : « Le ;) Saumon a de tout temps remonté le Lot jusqu'à Entraygues y> (arrondissement d'Espalion, Aveyron) : là se trouve le con- )) fluent du Lot et de la Truyère. Cette dernière rivière, qui » est aussi forte que le Lot, a une eau plus vive, et le Sau- » mon la suit de préférence ; il la remonte, et il trouve bientôt, » d'un côté une petite rivière appelée Selves, où la Truite » vient bien, et de l'autre, le Goul, où la Truite vient bien . ï» aussi. Il remonte ces deux petites rivières, autant que pos- » sible, pour déposer son frai. C'est de la petite rivière de )) Selves que l'on prenait (je pense qu'on le pratique encore) » les Saumons dans un pré, lors de la descente, c'est-à-dire 358 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLTMATATION. j> lorsque le frai avait eu lieu. Cela se faisait bien facilement. » Dans un endroit où la rivière fait un coude très-prononcé, » il existe un moulin dans la partie supérieure, avec une » chaussée assez élevée; lorsque les eaux sont basses, elles » passent toutes dans la beule. Le soir, on fermait l'écluse, et » l'on en ouvrait une donnant passage à l'eau dans un pré, )) au fond duciuel se trouvait une muraille à pierre sèche » dominant le lit inférieur de la rivière. A la pointe du jour, » on rendait à la rivière son cours naturel, et dès que l'eau » qui était dans le pré avait fini de passer à travers la muraille, » le poisson se trouvait à nu sur le pré. J'ai entendu dire à » mon père qu'on prenait ainsi de très-beaux Saumons, que » l'on pouvait conserver assez longtemps dans une bonne » fontaine. Je ne puis pas vous préciser l'époque du frai, mais » il a lieu dans ces rivières, c'est positif. Les Saumoneaux » restent, d'après ce qui m'a été dit, deux ans dans nos ri- » vières et alors, pesant une demi-livre et se sentant assez forts > pour résister à de plus fortes eaux, ils partent. On ne prend » pas de Saumons de i , de 2, de 3 livres ; outre les petits Sau- » mons pesant au plus une demi-livre qui ne sont pas encore » partis, les plus petits que l'on prend pèsent de 5 à 6 livres. » On en a pris de 18 à 20 hvres; la moyenne est de 10 à 0 12 livres. Ces Saumons doivent venir ou de la mer, ou de la » Dordogne, en remontant la Gironde. On en prend moins » à présent qu'autrefois ; on attribue cela à la canalisation )) du Lot, à cause des chaussées et des barrages que l'on a » établis. L'année dernière, au mois d'octobre, on en mon- » trait un très-gros aux abords du pont de la Truyère à » Entraygues, et l'on disait que depuis quelque temps il » avait élu domicile dans cet endroit très-profond, et où se » trouve une brèche dans la pile du pont, qui lui servait de » refuge. » — M. René Caillaud transmet le certificat du sieur Bou- deau, à Champillon (Vendée), attestant que, le 15 juin 1865, il a péché une jeune Truite de 12 à 13 centimètres dans la Semagne, où l'on fait des travaux de pisciculture. M. René Caillaud fait savoir que sur 150 Truitelles de PROCÈS-VERBAUX. 359 3 centimètres, qu'il avait déposées, il y a onze mois et demi, dans les eaux de Chamarande, propriété de M. de Persigny, 117 ont été repêchées. Elles mesuraient de 10 à 18 centi- mètres. — M. Paul Vouga, de Neufcbatel, adresse une Notice sur la Perche {Perça fluviatilh). (Voy. au Bulletin, p. 21/i.) — M""' Rosine d'Ortoli, à Sartène (Corse), qui a déjcà reçu, pour ses travaux de sériciculture, une récompense en 1860, écrit qu'à l'éducation des Versa soie, qu'elle consacre chaque année à faire de la graine, elle a ajouté un essai de graines du Japon sur cartons. L'éclosion n'a pas été générale; mais aucune maladie n'a frappé les vers. M""' Rosine d'Ortoli adresse, en outre, des échantillons : 1° des cocons jaunes pro- venant de la graine récoltée en 1865 ; 2" des cocons verts provenant de la race japonaise. — M. Rousquet, qui, récemment, avait fait connaître les heureux débuts de son éducation des Vers à soie qui lui avaient été adressés par la Société, annonce que les 9/10'='' des Kia-ting sont morts, et que tous les Yu-hang ont succombé. « Ces deux espèces, ajoute M. Bousquet, ont été soignées » comme mes Vers à reproduction et de cartons importation » du Japon, dans les mêmes locaux. J'ai une récolte salis- » faisante des cartons d'importation directe, de même que » de ma reproduction, quoique l'avantage soit en faveur des )) premiers. » — M. Fauvety adresse à la Société un fragment de branche d'arbre couverte de cocons du Ver à soie sauvage qui existe en abondance dans les missions correntines de la rive droite du fleuve Uruguay, et qui se nourrit des feuilles d'un arbre appelé dans ces contrées Espinillo, qui semble être ['Acacia Farnesiana sauvage. — M. Fumet, à Dombynes (Saône-et-Loire), transmet les résultats négatifs d'éclosion qu'il a obtenus avec les graines de Vers à soie du Mûrier du Japon que la Société lui a confiés. — S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères informe la Société que S. Exe. l'ambassadeur de Turquie a bien voulu lui envoyer un ballot de ceps de Vigne provenant des vignobles uôO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULUGlQUE d'ACCLIMÂTATION. qu'il possède près de Constantinople, et qui constituent la variété indigène nommée Tcliavouche , d'une qualité supé- rieure par la finesse de la pellicule et la saveur délicate de ses fruits. — Remercîments. — M. Grandidier offre à la Société une caisse renfermant 17 espèces de Maïs, les seules que notre confrère, qui en a cultivé autrefois plus de 60 aux environs de Corbeil, considère comme pouvant donner des résultats sérieux sous le climat de Paris, et donne les renseignements suivants sur leur culture : « Le produit du Maïs rend des services si » grands et si multipliés , surtout pour l'alimentation de » presque tous les animaux de la basse-cour, que je suis » étonné que l'on ne s'occupe pas davantage de sa culture » sous le climat des environs de Paris; c'est une acclimata- » tion qui a si bien réussi, que les résultats sont bien supé- » rieurs à ceux obtenus dans le Midi. La même insouciance » u'existe pas pour le Maïs en vert; les fermiers de mon côté » commencent à l'essayer et à en tirer un grand parti pour » l'alimentation des bêtes à cornes. C'est sans contredit le » plus succulent et le plus riche des fourrages connus, et je » ne doute pas qu'il ne se propage sous peu. M. le docteur » Trousseau a été un des premiers à donner l'exemple en » grand; il sera incontestablement suivi, l'intérêt du culliva- » teur en est un sûr garant. Jusqu'alors on a fait manger ce » fourrage en vert ; mais si l'on parvenait à une dessiccation » parfaite, il rendrait encore beaucoup plus de services. Les » trois grosses espèces de Maïs qui font partie de l'envoi, » savoir, le jaune, le blanc et le rouge, sont d'une culture » facile et d'un produit qui dépasse en (luantité celui du blé. » La culture de ces trois sortes de Maïs est, sans contredit, la » meilleure et la plus utile. Il existe encore diverses autres » espèces recommandables et qui mûrissent très-convenable- » ment sous le climat de Paris. Je cultivais autrefois plus de » 60 espèces de Maïs ; mais, par suite de l'expérience de plu- » sieurs années, je me suis restreint à celles qui mûrissent » facilement, et dont je vous adresse dix-sept écbantillons, * savoir : 1" le Quarantain; 2" le Maïs jaune à poulets; 3° le PROCÈS-VEHBAUX. ' 361 » Maïs à bec; h" le King Philipp ; 5" le perlé rouge; 6" le » rouge noir de la Virginie; 7° le Maïs perlé violet de Fleury » (Mérogis); 8" le Maïs ardoise de Bolivie; 9" le Maïs blond de » Bolivie; 10° le bronzé clair de Bolivie; IT le perlé à bec » dit de Hollande; 12" le sucré à rafle blancbe; 13" le strié » du Pérou; Ih" le perlé blanc; 15" le panaché de Bolivie; » 16° Maïs perlés panachés; 17" et enfin le Maïs sacré des » Incas. Vous remarquerez que la plupart de ces Maïs sont » remarquables de forme et de couleur. Les Maïs dont j'ai )) abandonné la culture ne répondaient pas aux soins qu'ils » exigeaient. Pour arriver à une maturité souvent insuffisante, » il était nécessaire de les faire germer et lever dans des pots » sous châssis, de les transplanter en mottes seulement fin de » mai, en pleine terre, de les bien abriter et de leur prodi- » guer des soins presque continuels. Je citerai au nombre de » ces Maïs exigeants le gros Maïs de Cuzco, dont la Société » impériale d'acclimatation s'est occupée plus souvent qu'il » ne le méritait, si on le considère au point de vue de son » utilité sous notre climat, et non au point de vue unique de » sa belle végétation. Sur cinq ans, je n'ai obtenu que deux » années sa maturité, et les grains mûris sous notre climat » ne donnent qu'une plante qui dégénère d'année en année, » au lieu de s'améliorer et de s'acclimater. Ce Maïs no pour- » rait même prospérer dans le midi de la France, quand on » considère que dans la province de Cuzco, au Pérou, il mûrit » par 30 à hO degrés continuels de chaleur et par des nuits » chaudes et humides; nous n'avons pas de régions qui réu- » nissent à peu près ces conditions. Ajoutez à ces désavan- » tages que les grains de Maïs de Cuzco sont d'une qualité » bien inférieure aux grains des Maïs de la collection que je » vous adresse: dans ces derniers, il y a une partie cornée » qui est toujours la plus succulente et la plus nutritive, et » dans le Maïs de Cuzco elle manque complètement. Quand » on considère la magnifique végétation du Maïs de Cuzco et » le beau développement de ses épis, on est étonné que les » Incas ne l'aient pas choisi pour leur Maïs sacré, qui servait » aux sacrifices et qu'on arrosait du sang des vierges. Je vous 362 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » adresse dans la collection ci-dessus un exemplaire du vrai » Maïs des Incas. Depuis que je le cultive, il a atteint une » grosseur à peu près double des épis qui m'ont été rapportés » du Pérou par deux jeunes voyageurs, et cependant l'exem- » plaire est à peine la vingtième partie de l'épi du Maïs de » Guzco. Il a doublé sa croissance, tandis que ce dernier Maïs » a dégénéré : cela vient de ce que le Maïs sacré croît dans un » pays relativement froid, à près de AOOO mètres d'altitude, » sur un terrain ingrat. Ce Maïs sacré ne se trouve que dans » les îles qui passent pour être le berceau des Incas, et qui » sont situées dans le lac de Titicaca. Ce Maïs est plutôt une » curiosité qu'une utilité ; son produit est trop faible pour 1) qu'il ait cbance de se propager; seulement il a cela de » remarquable, que c'est le Maïs qui vient dans des pays » beaucoup plus froids que les autres, et que peut-être, en » l'hybridant, on pourrait obtenir des produits qui prospé- » reraient dans des pays placés sous une latitude dépassant » le 50'' degré. Chacun sait que c'est la limite extrême pour )) la maturité des Maïs les plus rustiques. » — M. Barailon, de Chambon, porte à la connaissance des horticulteurs un procédé fort simple qu'il emploie pour mul- tiplier les espèces de Pommes de terre peu répandues : « Ce » procédé consiste, lorsqu'une Pomme de terre pousse plu- » sieurs tiges, de ne lui en laisser qu'une seule, et de plan- » ter chacune des autres tiges séparément. De cette manière, » d'un même pied on en obtient plusieurs. C'est ainsi que » j'ai pu, dans ma localité, répandre facilement et prompte- » ment la Pomme de terre Chardon. J'attends ordinairement, )) pour la transplantation des liges, qu'elles aient de 7 à » 10 centimètres d'élévation hors de terre. C'est, autant que » j'ai pu le remarquer, le moment le plus favorable de leur » croissance pour leur reprise. » — Des demandes de graines de Pin de Riga sont adressées par MM. Morren, de Fenouillet, Palluat de Besset. — M. le secrétaire fait observer que ces demandes tardives ne pour- ront être accueillies, car toute la graine que la Société possé- dait est déjà distribuée. PROCÈS-VERBAUX. • 363 — M, Adam, de Boulogne-siir-mer, confirme l'opinion de M. Duchesne-Thoureau sur In qualité des graines de Pin de Riga. Semées dans un terrain sablonneux très-frais, elles ont parfaitement levé; malheureusement, un manque de soins, indépendant de la volonté de notre confrère, l'a privé de la plus grande partie de son semis ; aussi demande-t-il qu'il lui soit de nouveau confié des graines. — La Société royale de Flore de Bruxelles annonce qu'elle ouvrira, le 15 juillet prochain, au Jardin botanique de Bruxelles, sa 88' exposition de produits de l'horticulture. — M. Boucher de Perthes fait hommage d'un Mémoire inti- tulé : Rien ne naît, rien ne meurt; la forme seule est péris- sable. — Remercîments. , — M. le secrétaire présente un chapeau couvert de plumes et venant du Pérou, qui est offert à la Société par M. Balles- teros. — Il est déposé sur le bureau une liste d'adhésion à la Société des chasseurs, pour la répression du braconnage dans les départements de la Seine et de Seine-et-Oise. — M. de Somalie fait observer que cette liste est déposée chez tous les armuriers, et que, par conséquent, il sera facile, aux membres qui le désireraient, de s'inscrire sans prendre la peine de venir à la Société, dont la session est close. — MM. de Semallé et Millet font quelques observations sur l'organisation des sections, et demandent que le Conseil veuille bien aviser à ce que les réunions en soient plus exac- tement suivies, et à ce que les pièces de correspondance qui les intéressent leur soient remises à chaque séance. — Après quelques observations de MM. Geoffroy Saint- Hilaire et Pigeaux, M. le Président annonce que le Conseil étudiera la question, et cherchera les moyens de satisfaire aux observations qui ont été présentées. — M. le professeur J. Cloquet donne les renseignements suivants sur les cultures de M. Lesèble, à Ballat (Indre-et- Loire), dont il a signalé déjà à plusieurs reprises les intéres- santes expériences : « M. Lesèble est parvenu à faire mûrir le » Mais de Guzco, qui donne une farine blanche, exquise comme 364 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. » aliment. Il a pu en obtenir des graines fécondes, qu'il a » semées de très-bonne heure, et, cette année, M. J. Cloquet » a vu des pieds en provenant qui avaient déjà plus d'un » mètre de hauteur. Pour donner plus de force aux racines » adventives très-nombreuses, qui partent des nœuds infé- » rieurs, M. Lesèble a soin de les butter très-fortement. » M. Lesèble cultive aussi une variété d'Igname qu'il a reçue » de M. Decaisne, par l'entremise de M. Cloquet, et qui offre » l'avantage de ne pas s'enfoncer profondément en terre. )) Cette Igname, très-farineuse, d'une culture très-facile, se » reproduit facilement, car un seul échantillon en a donné » quarante-sept pieds environ : il y aura donc intérêt à la » multiplier, puisqu'elle fournira un végétal Irès-précieux » pour l'alimentation. » - . — M. Fréd. Jacquemart donne lecture, au nom de la Com- mission de comptabilité, du Rapport sur la situation finan- cière de la Société au 31 décembre 1865. (Voyez au Bulletin.) Les conclusions de ce Rapport sont adoptées à l'unanimité par la Société, qui vote également des remercîments à M. le trésorier et à M. le rapporteur. — M. Paul Champion lit une Note sur l'emploi de la corde de Rambou en Chine. (Voyez au Bulletin.) — M. Millet fait observer que l'on emploie, dans nos pays, à des usages analogues, les fibres de quelques arbres, celles du Tilleul en particulier. — M. J. Cloquet fait remarquer que les cordes de Bambou qui sont très-légères, tendent à flotter, et offrent, par suite, de grands avantages dans les localités où il y a des récifs. — M. Chatin dit que les pépiniéristes de Rennes et d'An- gers emploient, pour attacher leurs greffes, des hens qui sont bien supérieurs à ceux qu'on emploie ordinairement. L'exa- men microscopique de ces liens lui a démontré qu'ils étaient faits avec des feuilles de Ruban d'eau {Sparganium natans). — M. Fondreton dit (|ue M. Luisette, l'habile pépiniériste de Vitry, fait également usage de liens de Sparganium pour ses greffes. ,— M. le professeur J. Cloquet rappelle que Bretonneau l'HOCÈS-VERRAUX. 3t)5 ^^de ïûuis) eniployail au même usage des bandelettes de spa- radrap. — M. Paul Champion lit une Note sur la fabrication et l'emploi du vert de Chine. (Voyez au Bulletin, p. 3/i5.) — M. Blatin donne lecture à la Société de la lettre sui- anlc de M. Bruneau , secrétaire de la Société régionale 'acclimatation pour la zone du nord-est: « J'ai l'honneur de vous informer que notre Société, réalisant le projet dont je vous ai fait part en son temps, de faire vendre de la viande de Cheval, s'est procuré un cheval qu'elle a fait nourrir convenablement pour l'engraisser chez un de ses membres. Lorsque cet animal a été en état, on l'a conduit à Nancy, où il a été abattu et dépecé à l'abattoir public, après un examen rigoureux de deux vétérinaires, appelés par nous, de l'inspecteur de la boucherie et de l'inspecteur de l'abattoir. Cela s'est passé entièrement au grand jour. Le public, prévenu à l'avance par les jour- naux que l'on devait faire vendre un cheval, s'était porté vers l'abattoir : nuire cheval y a fait son entrée au milieu des commentaires de tous les curieux, les uns blâmant et notre tentative, et la permission qui nous était accordée, mais le plus grand nombre désireux de voir et de juger. On n'a pas admis toute cette foule dans l'intérieur de l'abat- toir, les bouchers seuls y étaient introduits; et c'était d'eux surtout que venait l'opposition, mais motivée seulement par la crainte d'être accusés de vendre du cheval ; du reste, leur opposition s'est bornée à des railleries et n'a pas été trop hostile. L'animal abattu a été traité comme un bœuf l'est dans les mêmes conditions, et tout le monde a pu juger de visu que la chair était belle, qu'elle devait être bonne. Le gros de notre tâche était de faire vendre publi- quement cette nouvelle viande de boucherie. Au marché de mardi, nous avons installé un étal provisoire au milieu même du marché couvert, et bientôt une foule compacte l'a entouré, regardant, critiquant ou raillant, mais acceptant fort bien la chose et l'approuvant en somme. Néanmoins la vente était lente; mais enfin les filets, quelques beaux 2*^ sÉiiiK, T. m. — luillfl I8(i(). 24 366 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. » morceaux et d'autres ayant été achetés, la curiosité l'em- » porta sur la crainte, et bientôt nos hommes ne purent )) suffire aux demandes. De dix heures et demie environ à » deux heures, on en a vendu plus de 120 kilogrammes par » portions d'une livre, une demi-livre et même un quart de » livre. A quatre heures, il ne restait que des débris, environ )) une vingtaine de livres seulement, que l'on ne pouvait plus » honnêtement livrer aux consommateurs. Les curieux s'en » allaient émerveillés, les étaliers offraient une place pour )) une vente nouvelle, et le public s'enquérait déjà quand elle )) se ferait. Depuis lors, monsieur le Président, nous ne rece- » vons que des louanges; s'il y a quelques mécontents, leur » voix est couverte. Et preuve que notre but peut être atteint, » il a été fait à quelques-uns de nous, à moi en particulier, » des demandes de renseignements prouvant que la question » même paraît jugée et que l'on trouve qu'elle a un côté pra- » tique et sérieux. Ce résultat est plus beau que nous n'étions » en droit de l'attendre en commençant. Nous devons en re- » mercier l'administration municipale, qui nous a largement » favorisés en autorisant, malgré les réclamations, l'abatage » du cheval dans l'abattoir pubhc, puis sa vente dans le mar- » ché même, ce que nous désirions. Le cheval abattu était un » cheval du pays, de seize ans, et pesait, vivant, 370 kilo- » grammes. Une fois abattu et dépecé, les quatre quartiers » pesés, comme dans le bœuf, ont rendu 2iS kilogrammes » d'une viande très-belle d'aspect et d'une nature excellente. » Elle a été vendue à deux prix : 1 franc le kilogramme pour » les morceaux de choix, et 50 centimes le kilogramme pour » les morceaux ordinaires. » Il m'est impossible de vous fournir aucun chiffre relatif » à l'engraissement; on ne peut rien conclure d'un seul essai. » Tel a été notre premier essai, monsieur le Président; son » résultat nous engagerait à persévérer, si telle n'avait pas » été notre intention : nous espérons bientôt céder la place à » des particuhers qui premh'ont la chose à leurs risques et » périls; dés lors notre but sera atteint. » J'ai pensé que ces détails ne vous paraîtraient pas trop PROCÈS-VERBAUX. 367 » longs, et j'ai l'honneur de vous prier de les communiquer » au comité chargé spécialement de la question de la viande » de cheval. » -- A la suite de la communication de M. Blatin, M. Decroix dit qu'il ne pense pas que l'engraissement des vieux chevaux soit avantageux, parce que les bœufs sont plus aptes à trans- former les fourrages en chair. Mais les expériences tentées par la Société d'acclimatation de Nancy n'en sont pas moins tres-intéressantes, en ce qu'elles donneront un enseignement pratique etpositif sur les avantages et les inconvénients rela- tifs a cette question non encore définitivement jugée. — M. Calais demande comment on pourra trouverassezde chevaux pour suffire à l'alimentation publique. - M Decroix répond qu'il n'y a pas assez de Chevreuil ni même de Bœuf pour tout le monde; que l'on ne consomme que ce qu il y a. Pour le Cheval, on fera de même. Il ne s'agit pas, dit-il, de combler complètement le déficit en Viand°e mais seulement de ne pas laisser perdre ce que l'espèce che- vahne peut fournir, c'est-à-dire de 50 à 60 milhons de kilo- grammes par an, en France, d'après Is. Geoffroy Saint-Hilaire, et de 2 a 3 milhons de kilogrammes à Paris. - M le docteur Vavasseur objecte que ceux qui font usage de la chair de Cheval répandent une mauvaise odeur. Il cite comme exemple certaines peuplades qui habitent les pampas de 1 Amérique du Sud. — M. Decroix doute que l'odeur repoussante dont parle M Vavasseur soit due à la viande de Cheval. Les Arabes de 1 Algérie ont une odeur de goudron, de suint, quoique ne mangeant pas de cet aliment. En supposant que la viande de Cheval donnât à ceux qui en font usage une odeur désa- gréable comme l'ail, il resterait à savoir si les pauvres et les travailleurs préféreraient s'exposer au léger inconvénient signale par M. Vavasseur, en apaisant leur faim, ou se pré- server de cet inconvénient en supportant la faim. Pour son compte, il a fait usage de la viande de Cheval depuis six ans Il en a fait servir à toutes les personnes qu'il a reçues à sa table, et il n'a remarqué, ni sur lui-même, ni sur les autres, 368 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. une odeur quelconque dont l'aliment en question pût être accusé d'être l'auteur. 11 se livre du reste à l'appréciation de ses collègues. — M. de Semallé dit que chaque individu, chaque famille, chaque peuple a une odeur particulière. Il n'est donc pas étonnant que les Indiens des pampas aient l'odeur signalée par M. Vavasseur; mais la viande de Cheval n'en est pas cause. — MM. J. Cloquet et Chalin disent que, d'après leur expé- rience, le Cheval est moins savoureux que le Mulet, et celui-ci moins aussi que l'Ane, mais que personne ne peut contester ses bonnes qualités alimentaires. — M. Blatin annonce que l'ordonnance de police concer- nant la vente de la viande de Cheval va paraître d'ici quelques jours, et qu'à l'occasion de l'inauguration des houdicrks de Cheval, un banquet aura lieu prochainement. — M. A. Duméril rappelle que notre Président, M. Isidore Geoflroy Saint-IIilaire, a écrit des lettres admirables sur la question de l'alimentation par le Cheval, et a démontré qu'on ■laisse perdre chaque année, à Paris, au moins 2 000 000 de kilogrammes de viande de Cheval. — M. Millet présente, à l'occasion du travail publié par M. Billot, quelques observations sur les Vers de farine, et fait remarquer qu'il y a certains inconvénients à l'emploi de ces animaux pour nourrir les oiseaux, et d'autre part que la pro- pagation de ces insectes étant très-facile, il faut prendre les plus grands soins pour éviter que les ameublements et les vêtements n'en soient attaqués. — M. le Président déclare close la session 1865-66. Le Secrétaire des séances, .1. L. SOUREIRAN. - m. CHRONIQUE. he 1 empoisonnement des eaux destiné à rendre les ijèches plus abondantes, Par M. Aug. DuMÉRiL. J'ai publié, dans le lome VIII des Annales de la Société Linnéenne de Maine et- Loire un travail sur les poissons vénéneux, d'où j'extrais le passage suivant, destiné à faire connaître les dangers auxquels peut expo- ser l'emploi de substances destinées à empoisonner les eaux où l'on veut pècber. « Dans certains pays, on jette dans les eaux des plantes très-meurtrières pour rendre la pèche et plus abondante et plus rapide. Les poissons, venant mourir en foule à la surface, sont pris sans difficulté et en nombre considé- rable, dans un espace de temps très-court. Plusieurs de ces procédés de pèche doivent être sévèrement interdits, parce qu'ils peuvent rendre les poissons vériiablement vénéneux. » Les fruits du Cocculus suberosus, ou Coque du Levant, sont surtout em- ployés dans ce but. Les Indiens les broient et les mélangent avec une espèce de Crabe, et en forment des bols de la grosseur d'une cerise, dont les ani- maux s'emparent avec avidité. L'effet est très-prompt. » Notre savant confrère M, P. F. G. Boullay, membre de l'Académie impériale de médecine, qui, en 1818, a publié une dissertation sur l'histoire naturelle et chimique de la Coque du Levant, en a, le premier, extrait pur et cristallisé un principe actif et vénéneux, de nature organique, la picro- toxine, jalon de plusieurs découvertes importantes dans la chimie or- ganique. » Les poissons pris avec le secours de ces sortes d'appâts se putréfient très-aisément, et, s'ils ne sont pas préparés et cuits sur-le-champ, ils peu- vent devenir vénéneux, comme l'ont montré les expériences de Goupil (de Nemours) sur des animaux auxquels il fit manger de la chair de poissons empoisonnés avec la Coque du Levant {Bulletin de la Faculté de médecine de Paris et de la Société établie dans son sein, t. I, 1807, p. l/i3). » Je dois faire observer qu'il peut cependant rester quelque incertitude sur la réalité des accidents attribués à l'emploi cdVnme aliment des poissons tués par celte substance toxique, car l'usage de la Coque du Levant est fré- quent dans l'Inde pour rendre plus fructueuses les pêches dont les produits sont livrés h la consommation (1). (1) M. Mouchon (Ils (.Inimi. de mi'd. prat. de Bordeaux, 2* série, 1840, t. XII, p. 152; ;i donné deux listes de vésélaux reconnus comme usités pour l'enivrement des poissons. Elles ont (Ué reproduites par MM. A. Chevallier et Durhesne {Mém. sur les empoisonnements par Us Huîtres... et pur certains poissons, p. 59, Ann. d'Injg., et méd. lég., 1851 , t. XLV). i° Vég:élaux nuisililes pour l'Iiouimo, surlout si l'on ne prend pas la précaution de bien vider et nettoyer les poissons avant de les faire cuire : 1. Cocculus suberosus, deCand., Coque du Levant, fruits. — 2. Delphinium staphisagria, Linn., Siaphisaigre, semences. — 3. Delphin. Requienii, de Cand., semences. — 4. Ihjdnocarpus inebrinns, Valil., fruit. — 5. Menisper- 370 SOCIÉTÉ IMPÉRÎÂLE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. n Uu autre exemple de l'innocuité des poissons soumis à l'influence de certains végétaux toxiques est fourni par M. de Castelnau {Voyage dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, 1855, Paris, p. vi-viii). Une pèche extrêmement abondante ayant été faite sur un grand lac voisin du rio Sa- rayacu, dans les missions de l'Ucayale, dont les poissons avaient été empoi- sonnés avec les tiges du Barbasco ou bois à bracelets {Jacquinia armilla- ris, Linn.), ceux-ci subirent rapidement l'action mortelle de la plante, mais furent mangés sans Inconvénient, et même les naturels burent impunément de l'eau du lac (1). » Projet de domestication du Coq de bruyère {Tetrao urogallus). Le gibier devient toujours plus rare chez nous, telle est la plainte que l'on entend sortir de la bouche de tous les chasseurs. En effet, la vie animale tend de plus en plus à s'éteindre, et l'on peut prévoir lejouroù nos forêts, passées à l'état de désert, n'abriteront plus que des insectes destructeurs, et des souris, plus nuisibles encore. Il faut reconnaître que l'homme a fait ce qu'il a pu pour consommer cette œuvre de destruction ; les pièges, les engins de toute sorte, les fusils perfec- tionnés ont travaillé à l'envi, sans trêve ni repos pendant de longues années, et l'on peut être surpris de voir de temps à autre, sur le sol de notre canton, courir un lièvre éperdu ou voler quelques perdrix effarouchées, tristes dé- bris échappés au massacre général. L'excès du mal a fait naître le désir d'y porter remède ; on accueille peu à peu l'idée de repeupler nos forêts des hôtes qui les animaient autrefois. mim lacunosnm, Lamarck, fruit. - G. Taxus baccala, Linn., feuilles. — 7. Veratrum sabaditla^naizhis^CésadMc, capsules. „,-„,■ 00 Véçélaux non riangereux pour riiommc : 1. Barringtoma speciosa, Rumplnus, Butomca weciosa lam., amandes mangées par les matelots rliinoissous le nom de bonnets carrés. - « Calophyllum inophyllum, Lara., donne le baume de Calaba avec lequel on enivre les ."^ois^ons — 3 Cerbera allouai, Lam., bois. — 4. Daphne fmtida, Lam., semences.— 5 Euphorbia colinifolia, Linn., toute la plante. - 0. Galega sericea, Tinmb., racine. - 7' Galega toxicaria, Sw., feuilles. - 8. Lepidmm piscidium, Forstor, feuilles et semences. _ 9 Paullinia pinnata, Linn., semences. - 10. Paullinia Internata, L.nn Serjania lelhalis Saint-Hilaire, Liane à persil, ïinil.o au Brésil, feuilles. - 1 I. PhyUanthus brasi- liensis Lam Phyll. conami, Wild., bois à enivrer, rameaux chargés de feuilles et racines rnntn^'ei — 12 PUidlanthus virosus, Roxhurgh, rameaux chargés de feuilles et pilés. — iTpiscidia carthayincnsis, Linn., rameaux et feuillage écrasés - ^^-Potalia amara Aublel liges et feuilles. — 15. Hobinia nicou, Aublol, ou Rob. scandens. Wiklcn., sarments verts e't mis en paquets pour battre l'eau et engourdir les poissons. y, „ a r H) « En ne comptant que les poissons ayant plus de 30 centimelros de long, d.t M. de Cas- telnau nous estimâmes que le nombre de ceux que l'on recueillit était de cinq a six m.lle ; trois Ls autant avaient été perdus et étaient devenus la proie de la putréfaction Ainsi, e.i un seul iour on avait détruit, dans ce seul lac, do vingt à vingt-cinq mille poissons de la dimension ,p.e nous avons indiquée, et au moins deux fois autant de plus petits, ce qui ferait, sans compter le fretin environ soixante-douze mille poissons. Si l'on prend en considération que la plupart d'entre eux étaient de grande taille, qu'il y avait beaucoup de grands Bagrus, d'énormes Phracto- ccphalus,\lc., je crois rester au-dessous de la vérité en estimant à cinquante raille livres le poids de ces poissons. » CHRONIQUE. 371 Divers modes sont proposés, et l'on discute les espèces sur lesquelles Falten- tion doit se porter de préférence. Le Club jurassien ne peut lester indiffé- rent à l'égard d'une question de cette importance, il doit agir; et pour mon compte je viens demander s'il n'y aurait pas moyen de tenter chez nous la domestication du Coq de bruyère, en vue d'en repeupler nos montagnes. Cet oiseau magnifique, l'iiôte solitaire des cimes boisées, l'orgueil de notre ferme, le laisserons-nous disparaître? — Déjà, il a déserté la plupart des lieux où l'on était sûr de le rencontrer il y a quelques années seulement. On peut faire aujourd'hui mainte et mainte battue, sans entendre le fracas de son aile parmi les branches de sapin, et sans voir sa vaste envergure passer dans l'air comme un noir nuage emporté par le vent. Les parages où il est confiné de- \iennent de plus en plus restreints, grâce au déboisement et à l'accroisse- ment de la population, et il est peu de retraites assez tranquilles pour lui permettre d'élever en paix sa couvée, contre laquelle conspirent tant d'en- nemis. Des témoignages dignes de foi nous affirment que cette domestication est possible, qu'on a vu ce bel oiseau s'accommoder de la vie que l'homme a faite à tant'. — Les sociétés qui ont concouru les années précédentes sont invi- tées à renouveler l'envoi de leurs statuts et règlements, avec les pièces les plus récentes nécessaires pour participer aux concours de 1866. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). EXPOSITION INTERNATIONALE DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE DE BERGEN (Norvège), Août 18G5. r.VI'l'ORT PP.ÈSENTii A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D 'ACCLIMATATION rar n J. L. SOLBEIRA:^ (sL'ITE) (2). (Scaiicc du lô dcceiiibic I8(jô.) ESTURGEON. Le grand Eslurgeoii (Acipenser hmo) est, en raison des nombreux éléments qu'il otï're propres à être utilisés, chair, œul's, vessie natatoire, peau et épine dorsale cartilagineuse, l'objet d'une pèche considérable dans les rivières qui tom- bent dans la mer Caspienne, et principalement dans le Volga. C'est principalement pendant l'hiver qu'on fait sa capture, au moyen de crochet, qui servent à le harponner, de lilets et de lignes. Ce sont tantôt des lignes de fond très-longues, tendues en travers du tleuve, munies de dislance en distance d'hame- çons très-forts, et fixées à leurs deux extrémités par des pieux enfoncés dans le sol, au moyen d'une perche qui porte une douille, ce qui permet de la dégager facilement. Généralement ces Hgnes sont disposées de façon que les hameçons pen- dent en dessous; quelquefois cependant elles sont organisées pour tlotter un peu au-dessus du fond, et portent tantôt une (1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. (2J Voyez les numéros de mai, page 189, de juin, page 262, et de jaillet page 317. 2'' SLIUK, 1. III. - Aonl |,S(i(.. .,- 38*2 SOClÉTli IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. seule rangée d'hameçons pendants, tantôt deux rangées, et alors la seconde est maintenue au-dessus de la ligne par de petites floues de bois fixées à chaque hameçon. On pêche aussi l'Esturgeon au moyen de grands fdets formant muraille et tendus en travers du fleuve : ces filets sont fixes ou peu- vent être mis en mouvement au moyen de barques; le barrage est constitué tantôt par un seul filet (rejak), tantôt par plu- sieurs filets fixés bout à bout [akhani). %' F 10. 15. Oui\\\iiinSlGv\cl{Acipcnser)i/f/K'}im), les Russes le pèchent dans la Dwina, au moyen de longues lignes reposant sur le sol (fig. 15) et munies de forts hameçons espacés les uns des autres d'un mètre et demi. Ces hameçons sont fixés à la ligne par des cordes plus fines et munis chacun d'une flotte de bois qui les soutient à une petite hauteur au-dessus du fond. Ces lignes sont quelquefois placées sous la glace par des trous que les pêcheurs y pratiquent. Nous avons vu encore à l'exposition le modèle d'une ligne EXf'OSITJON Di: PRODUITS ET KNGINS DE PÉGIIE. ob?) destinée à cette pêche : c'est un hameçon' fixé à une corde enroulée autour d'un hàton, et dont on plonge dans l'eau hi partie inférieure par un trou fait dans la glace; quand le poisson mord, il déroule la ligne, et il suffît de le haler pour s'en rendre maître. EPERLAN. L'Eperlan {Osnierus cperlanus), cp.ii abonde dans les endjou- ch Lires des rivières du Nord, est l'objet de la- pêche des Russes, tantôt au moyen de lîlets à triple- nappe, tantôt au moyen de lignes. C'est pendant l'hiver que s'opère cette pêche qui se fait sous la glace : les pêcheurs introduisent les filets dans l'eau par des trous faits dans. la glace de distance en distance, et interceptent ainsi le passage au poisson. Quand ils font usage de lignes, ils se servent d'une sorte de manche de bois très-court, portant un fir susceptible de se dérouler et muni à son extrémité libre d'une pièce de bois qui est armée de deux liamcçons fixés à une corde. AM.MODYTE. Le Lançon [Ainniodyles lancea), si recherché par nos pêcheurs pour servir d'appât, surtout pour le Maquereau, se pêche k l'embouchure de la rivière Voronïa (Laponie)^ au moyen de vastes filets de 35 à ZiO brasses de long (sur 12 à iô de hauteur), à mailles étroites, et olTrant au milieu un sac trés-serré dans lequel le poisson s'accumule. Rien ne res- semble plus à cet appareil que celui mis en usage à Saint- Malo par nos Rrelons. LAMPROYON. Les Lamproyons ^Lomprctlm) (I) soni, comme on sait, d'un l'réquent usage comme amorces. Nous avons trouvé à l'exposition un appareil présenté i)ar M. Windegren (Suéde) (1) Pclrumyzun iium'nus. 384 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE D'ACCLIMATÂTION. pour la capture de ce poisson : c'est une sorte de boite en forme de nasse (fîg. 16), faite de bois et percée de quelque FiG. 16. trous vers sa partie postérieure ; elle oti're une entrée en en- tonnoir trés-allongé, et se termine par une ouverture qui se bouche au moyen d'une bundc do bois. Vu:. 17. Il y avait également à l'exposition le modèle d'une pêcherie russe de Lamproyons, au moyen de corbeilles de bois (fig. 17) placées de dislance en dislance dans un barrage fait au moyen EXPOSITION DE TPODUITS ET ENGINS DE PÈCIIL;. 385 de branchages. Les Russes l'uni également usage de nasses faites au moyen de petites pièces de bois Irès-rapprochées, et oflVant la plus grande analogie avec les nasses de nos pécheurs. Nous avons remarqué aussi, sur des modèles de bateaux pêcheurs hollandais, des sortes de boîtes rectangulaires pla- cées à l'avant, qui servent à conserver vivants les Lamproyons destinés à servir d'amorces : ces boîtes sont divisées en plu- sieurs compartiments communiquant entre eux au moyen de trous percés dans la cloison. Pour tenir le poisson en acti- vité et lui conserver ainsi toutes ses qualités d'appât, on a soin de frapper de temps à autre de petits coups sur la boîte ati moyen d'une sorte de marteau de bois, et l'on force ainsi le poisson, que l'on effraye, à ne pas rester immobile, ce qui est une condition de mort plus rapide. ANGUILLE. Les Anguilles {Aal) , dont nous avons vu d'immenses quan- tités à Hambourg et en Prusse, se prennent tantôt au moyen Fi<;. 18. de fouênes tout à fait analogues à celles usitées dans nos pays (fig. 18), tanlotau moyen de verveux très-allongés, dont un :VS() SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOI.Or.IQrE d'aCCLIMATATION. modèle était présenté par M. Hellmutli Scliroder de Sieltiri. Nous avons vu aussi des sortes de pinces, exposées par des Suédois, pour s'emparer de ces poissons : ces pinces, faites de fer ou de bois, sont munies de dents et de pointes qui empêchent l'Anguille de glisser, une fois qu'elle est saisie. Fn;. 50. L'exposition présentait encore diverses sortes de fouênes (fig. 19 et 20) destinées à la capture des poissons plats {Pleu- ronecies), et ne différant en rien de celles que nous voyons employer sur nos côtes. MORUE. Les poissons du genre Morue (Gadus) abondent sur les côtes de Norvège, où ils sont la source de richesses considéra- bles (1), car ils forment une mine inépuisable qui se renou- velle chaque année. Les principales espèces sont : le Gadus (1) Produit de la pêdie, année moyenne: 2li millions à Ijiifloten ; 5 h G millions ;i Riinisdalon : (1 à 7 millions à Kiiiiiiark. EXPOSITION DE PRODUITS ET KNr.INS Di- PÈCHE. 3S7 moi'rliua (1) {Kabljau, Tors/,-, Smaatonk); Gâchis calla- rias (2) ; Gadus molva (3) (JjuKjen) ; Gadus carbonarius {Ix) {Sei, Graasei); Gadus poUachius {Haakjerins, Lyren), et Gadus aHjlefinus (5) {Hysé). Les Morues forment trois courants, l'un qui descend vers Ghristiansund, l'autre qui remonte vers le Finmark et Nord- Cape, tandis que le troisième pénètre dans un immense golfe, circonscrit par les îles Lôlïolen, le Yestfjord, qui a plus de qua- rante lieues de profondeur et de quinze à l'embouchure (6). Le poisson vient surtout dans le Yestfjord, en février et mars, chercher un refuge contre les tempêtes du grand Océan, et trouve, pour y déposer les œufs qui distendent son corps, un milieu propice dans les eaux échauffées de la branche N.-E. du (julfstream, qui se termine sur la côte Scandinave. Tandis que la Morue du Yestfjord se trouve ainsi remplie d'œufs (rogue), celle qui se pêche sur la côte de Finmark est presque; vide; elle n'est pas attirée vers les rivages par le besoin do la reproduction, mais vient poursuivre jusqu'au fond des fjords le Gapelan [Osmerus arcticus), auquel elle fait une chasse active. Il résulte de ces deux conditions différentes deux sortes de produits obtenus par des pêches qui se font à des épofjues dillérenles, celle du Yestfjord, durant du 15 janvier au J 5 avril, celle du Finmark, se faisant pendant l'été. Les Norvégiens emploient, pour capturer la Morue, tantôt les hgnes, tantôt les filets. (1) Ascllus major. (2) Asellus striatus, abondant siirloiit aux îles L^ilToien. (3) Asclhis longus, iU) Asellus minor. (5) Le plus ordinaiiemenl celte dernière espèce est mangée fraîche. (fi) Le Veslfjord, qui, depuis l'île de P.ost, la dernière des LotToten, jus- qu'au petit canal séparant Hindo de la terre ferme, mesure une longueur de plus de cent trente nulles, se distingue des autres fjords de Norvège en ce qu'au lieu de s'enfoncer directement dans les terres, il est formé en plein Océan par les deux branches d'un angle aigu, dont l'une s'appuie au conti- nent et l'autre à l'archipel des Lciiroten, alignées sur une longue ligne de brisants qui court du sud-ouest au nord-est. La nature septentrionale ne sauriiit nous oflrir un .spectacle plus étrange. (Louis Enault, loc. cit., p. 338.) 388 sociiîTÊ iMPHRiAiE znoi.nciQUE d'acclimatation. La pêche à la lif/uc, prôleiable pendant les jours d'été, car alors le poisson évite facilement les filets, ou lorsqu'il se lient dans les eaux les plus profondes, se fait tantôt au moyen de lignes coucliées sur le fond et garnies d'hameçons distants d'un mètre environ, qui flottent un peu au-dessus du sol, tantôt au moyen de lignes flottant entre deux eaux et mainte- nues au moyen de flottes {\). Ceslignes ont environ 3000 aunes de longueur (3500 mètres), et portent douze cents hameçons environ. Cette pêche se fait aux îles Lofloten, et surtout sur les côtes de Rumsdalen et de Finmark. La pêche de la Morue aux filets, qui a augmenté considé- rablement le produit du Loffoten, a été introduite vers 1685 par un négociant de Borgund, Clans Niels Sliningen, et est aujourd'hui presque exclusivement employée dans le Nord- land; mais ce ne fut pas sans une vive opposition de la part des pêcheurs que cette innovation fut acceptée. Ces filets ont 60 aunes (65 met. environ) de longueur, sur 7 (8 met. environ) de profondeur ; leur maille a 3 à Zi pouces (l décimètre) de carré ; ils sont tannés quand ils servent sur les fonds sombres, ou n'ont subi aucune préparation quand ils doivent être ten- dus sur des fonds clairs (il en est de même, du reste, des lignes); leur partie inférieure est munie d'un grand nombre de cordes garnies de poids pour tenir le fond, et dont la lon- gueur varie suivant les localités. Ces filets, qui sont jetés le plus souvent par plus de 200 mètres de fond, forment des mu- railles dans lesquelles le poisson se prend. On les jette à la mer à l'entrée delà nuit, et on les retire le lendemain au jour (2). Chaque bateau a un patron, élu pour une année, qui le con- duit à une station déterminée, pour éviter les collisions entre (1) Les pèclieiirs norvégiens font un grand usage de flottes de verre pour remplarer celles de bois ou de liège : ce sont des boules ou des ovoïdes piri- formes, plus ou moins volumineux, qu'on emploie nus ou protégés contre les chocs par une armature de corde et d'osier, goudronnée ou non. Leur usage est devenu général aujourd'hui, et l'on n'emploie plus guère les flottes de bois que là où il y a des courants très-violents. (2) La pèche aux filets donne les poissons les plus gros et les plus gras, qui généralement mordent mal à l'hameçon. Les pêcheurs disent que le EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 380 Ijèclieurs, et qui détermine le moment où les fiiels doivent êlre placés. « Autour des côtes de Lofïoten, les poissons des- )> cendent en si grande quantité, qu'ils s'entassent les uns sur » les autres et forment souvent des couches compactes de » plusieurs toises de hauteur. Le patron jette la sonde dans » la mer, et là où il la sent rebondir sur le dos des poissons, » comme sur un roc, il s'arrête et commence la pêche (1). » Au Finmark, la pêche est moins fructueuse qu'aux Lôfl'o- ten, et de plus, comme nous l'avons dit plus haut, le poisson ne fournit presque plus de rugue (2). Les Suédois ne font presque jamais usage que d'hameçons flottants pour la pêche de la Morue, de même que les Hol- landais et les Anglais; mais ces derniers emploient exclusive- ment des lignes à iîl toujours tanné et sans flottes. Les Russes, sur les côtes de la Laponie, font usage, pour pêcher la Morue (3), de lignes tendues au fond de la mer, et d'une longueur considérable : sur la côte de Kandalakcha, les lignes sont armées chacune de deux hameçons (fig. '21), tan- tôt attachés directement au fil, tantôt, au contraire, éloignés l'un de l'autre par une pièce de bois (li). Généralement les em- barcations russes offrent des compartiments dans lesquels on place le poisson, préparé immédiatement après sa capture ; procédé qui en facilite singulièrement la conservation. Sur la côte de Norvège, le Gadus carbonarins est généra- lement péché au moyen de grands filets en nappe formant poisson le plus gros el le plus gras affectionne les bas-fonds, tandis que le plus maigre se tient le plus près de la surface et au-dessus des autres. Le dernier mord seul à l'hameçon, el est toujours pris au\ filets comme le poisson gras. (Framery.) (1) Marmier, Voijages en Scandinavie, elc. Relation, t. I, p. 127. {'!) Il est à remarquer que, depuis plusieurs années, la pêche de Finmark tend à devenir de plus en plus productive. (o) Ainsi que VJIippoçilossus maximus. {!\) La pèche du Gadus nawaffa, aux embouchures des rivi{;res du Nord, se fait au moyen de lignes assez semblables à celles de la côte de Kanda- lakcha, et qui sont les mêmes que celles usitées pour la pêche deVOsmerus eperlnnnt. 'M)Q SOCIÉTÉ liMI'ÉniALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATATIOM. carrelet, et dont les bords sont soulevés par quatre embarca- tions. La pêche du Gadifs virens (Saïda) par les Russes, en Lapnnie, se fait d'une manière presque identique. FiG. 21. L'immense quantité de Morues prises par les Norvégiens nécessite l'emploi de divers procédés pour assurer la conser- vation de cette matière alimentaire, qui est ensuite exportée au loin jusqu'en Espagne et au Brésil. Quel que soit le procédé auquel on a recours, la dessiccation à l'air, qui donne le stor/i- EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. î'Ql ftfik, OU la salilison, qui donne le klipfisk, une condition essen- tielle pour que le produit soit de bonne qualité, c'est qu'on ait opéré sur du poisson bien frais. Le stockftsk (poisson de bois), toujours préparé sur place, est la Morue qui a été simplement desséchée à l'air sous l'in- fluence d'une température très-basse et de vents secs. Après avoir habillé la Morue, on la laisse pendant quelque temps, cinq à six semaines, suspendue à des séchoirs jusqu'à ce (ju'elle ait acquis la dureté nécessaire. On en distingue trois sortes : '\° Le rundfisk [poisson en rond), qui se fabrique seulement de janvier à avril, lorsque régnent les vents du nord, qui sont les plus favorables à la dessiccation. On fend le poisson par le ventre jusqu'au nombril, et on l'attache à des perches pour l'exposer à l'air : sous l'influence de la dessicca- tion, le poisson se contourne et revient sur lui-même; il de- vient rond (d'où le nom qui lui a été donné), et prend une consistance telle, qu'il est presque inattaquable aux insectes, et est d'une conservation très-facile dans les magasins, où on l'empile comme on ferait de pièces de bois. 2" Le russefisk, qui se distingue du précédent en ce que le poisson a été fendu par le dos jusqu'à la queue, et du côté du ventre jusqu'au nombril. 3" Le rodskjœr, qui est fendu des deux cotés jus- qu'à la queue (1); on enlève l'arête, et l'on suspend les deux moitiés, réunies encore par la queue, à des pieux, pour les sécher. On choisit, pour le préparer, les Morues les plus grasses et les plus épaisses. Le riisfisk et le rodskjœr ne se préparent guère (ju'après avril, alors que le temps n'est plus assez sec pour enlever toute leur humidité à des poissons laissés presque dans leur entier. Le klipfisk {poisson de rocher), qui est surtout destiné à l'exportation la plus éloignée, subit la double préparation de la salaison et de la dessiccation. On met les Morues dans de grandes caisses de bois remplies d'eau salée, et on les y laisse séjourner sept ou huit jours; puis on les relire et on les empile (1) Les pêcliPiirs font quelquefois aussi subir, sur place, la même pr(*pa- raliuii à quelques Haie-;, Turh ils ot liini^iies (G:idiif< nwloa). 39'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. à l'air pour leur laisser perdre l'eau qui les imprègne ; après quoi on les étend sur des rochers et sur le sol. jusqu'à ce qu'elles soient romplétement desséchées (1), moment où on les emmagasine, en ayant soin de les préserver de l'humidité. A l'époque où les Morues arrivent dans le Vestfjord, elles viennent, d'après ce que disent les pécheurs, dans un certain ordre. Les mâles se tiennent toujours à une plus grande pro- fondeur en dessous des femelles, et laissent tomber leur laite sur le fond, où ils trouvent des conditions favorables au déve- loppement de leurs petits. Quand les mâles ont ainsi évacué leur liqueur séminale, les femelles, disent-ils, laissent tomber leurs œufs, si nombreux, que l'eau en est chargée. Leur nombre est immense, et elles peuvent fournir de grandes quantités de rogne, si estimée des pécheurs. Pour cela, les Norvégiens ont soin, au fur et à mesure qu'ils les habillent, de retirer les deux paquets constitués par les ovaires, et les mettent avec du sel dans des barriques percées de trous, pour laisser écouler la saumure : ils obtiennent ainsi la rogue^ si estimée des pé- cheurs de Sardines du Morbihan et du Finistère (2). Comme ces ovaires s'affaissent très-rapidement (au bout de trois ou quatre jours), ils ont soin d'en rajouter de nouveaux jusqu'à ce que le baril soit plein. Ce produit est susceptible de se conserver en bon état pendant plusieurs mois; mais, au moment de l'expédition, ils le repaquent avec un dixième de sel en plus. Il est fâcheux que les rogucs tirées de Terre- Neuve ou d'Islande (3) ne puissent pas remplacer celles de (1) Nous avons vu un modèle crcxploitation de ce genre fuil par les Piusses à Gavriloskaïa, sur les cotes de Laponie. ('2) La rogne, Uès-employce sur les côtes dn riniMi-rc et du Morbihan, ne l'est an contraire pas sur celles de Normandie. Les neuf dixièmes viennent des Luflbten. (.",) Une des causes qui tendent à rinfériorité des rognes de Terre-Neuve est que les pécheurs français vont presque toujours y faire la pèche après le moment de la fraie des Morues, et ne trouvent plus le poisson en aussi bon état, c'est-à-dire ayant des ovaires bien graines. On dit aussi que le prix de cette marchandise ne compense pas, malgré les primes qui sont accordées, la perte de temps que nécessite sa préparation, et qu'un iranihenr qui, dans un temps donné, babille cent mornes, pourrait à peine en apprêter vingt- EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈGFIE. ^VJ3 Norvège (1), car, malgré les primes établies (20 francs par tonne) pour en lavoriser la Fabrication par nos marins, et malgré le prix élevé de cette dernière, c'est toujours à elle que nos pécheurs de Sardines donnent la préférence. La rogue, qui vaut, au départ de Luffoten, de "22 à 28 francs le baril norvégien, passe entre les mains des négociants du Nordland, puis de ceux de Bergen, puis des armateurs fran- çais, de telle sorte qu'au moment où le pécheur de Sardines la reçoit, son prix s'est élevé à 52 ou 58 francs, c'est-à-dire a presque doublé (2). Celte fabrication occasionne une perte cinq, cil raison des précautions qircxige l'opéialion. (Miinc Edwards, Mémoire sur la pêche de la Morue à Terre-Neuve.) 1) En 1860, la pèche s'étant eflectuée trop tard, il n'a été recueilli aux îles Lôffoten que 16 000 tonnes (la tonne =^ 1 liect., 16) do rogue, d'une valeur de 19,95 à '25,08 la tonne sur les lieux. La production d'AaIesund, Moldeet Chrisliansund a été de 5000 tonnes environ. (Annales du commerce rxléricur, n° 1398, Suéde et Norvège, 1862., (2) Le comnierce franc-ais des rugues prend chaque année à la Norvège un uiillion de francs environ de ce produit, et, dans ces achats. l'Espagne est notre concurrent. Voici comment se l'ait ce conunercc : Sur les lieux de pèche, le pêcheur apporte ses rognes aux marchands du Nordland qui, éta- blis sur différents points de cette côte immense, centralisent la vente par zones, et, selon le produit total et les indications qui leur ont été données de Bergen, payent le pécheur à l'issue de la campagne. 11 ne se fait pas d'achats auparavant. Le .\ordlaiidais fait subir à la marchandise une première et une seconde salaison, la renferme dans de mauvaises futailles, qui devront être remplacées plus tard, et la porte lui-même dans son jœgt au marchand de lîergen, qui a eu soin de lui faire connaître d'avance quels prix il pouvait payer au pécheur, eu égard au rendement de la pèche et aux approvision- nements de l'année précédente restés en magasins, soit en France, soit eu Norvège. On voit que le pêcheur est ;'i la merci du Nordlandais, et le Nord- landais ù celle du marchand de Bergen. Mais les exportateurs de Bergen, qui dominent absolument la situation vis-à-vis de leurs vendeurs, la domi- nent également vis-à-vis de leurs acheteurs, les commissionnaires pour compte français ; ils sont coalisés pour imposer leur prix tant au Nordlan- dais qu'au Français .... <}ui souiïre de cet état de choses? Le pêcheur et l'acheteur détinitif, le Français. Il \ aurait grand bénéfice à pouvoir suppri- mer les trois intermédiaires qui s'interposent entre eux Il faudrait que les intérêts français eussent sur les lieux mêmes un représentant pour cen- traliser les achats, et plusieurs voyageurs pendant la saison de la pêche. (Annales du commerce extérieur. — Moniteur universel, 9 août 1863.) Ml/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGKjL'E d'aCCLIMATATIuN. considérable de Irai; mais le nombre des Morues qui viennent s'accumuler dans le Veslfjord est tellement considi-rable, qu'elles s'entassent les unes sur les autres, et lorment des couches compactes sur lesquelles la sonde rebondit sans pouvoir les pénétrer. (Enault.) Une autre industrie considérable se l'ait encore aux iles Loffo- len et sur les points du Finmark où l'on pèche la Morue : nous voulons parler de la fabrication de l'huile de foie de Morue. Plusieurs procédés sont mis en usage, qui ne sont, à propre- ment parler, que des modifications les uns des autres, mais qui cependant ont une inlîuence marquée sur la valeur des produits. FiG. 22. Jusqu'tà ces dernières années, l'huile de l'oie de Morue, (jui n'était pas- encore entrée dans le domaine delà thérapeuti(jue aussi complètement qu'elle l'estaujourd'hui, était fabriquée par fermentation, c'est-à-dire que les foies étaient empilés dans des barils ou antres vases et abandonnés à eux-mêmes, et que l'on recueillait l'huile au fur et à mesure qu'elle venait surnager la masse. On obtenait ainsi une huile toujours assez colorée et ayant une saveur qui la rendait repoussante au dernier degré pour la plupart des malades. Un peu plus tard on eut l'idée de chaulTer les foies pour obtenir plus rapidement la séparation de l'huile. Dans ce procédé encore employé dans quelques petites usines du Nordland, on mettait les foies dans des vases de EXP0SITI{J.\ DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 395 bois, où l'on foisait arriver la vapeur directement sur les Ibies. On obtenait ainsi une huile laiteuse et trouble, dépourvue de mauvais goût, mais à laquelle on reproche d'être privée en partie de ses principes bromures et iodurés, par suite de leur dissolution uans Teau. Nous avons vu à l'exposition de Bergen un modèle présenté par M. Jordan, de Trondhjem (fig. "22), £SAf\W?( FiG. 2J. représentant un générateur qui porte, au moyen de tuyaux, sa vapeur dans des tonneaux remplis de foies, et munis à diverses hauteurs de robinets pour faire sortir l'huile au fur et à mesure de sa formation : celle obtenue en premier lieu est beaucoup moins colorée que celle obtenue à la fin de l'opération. 396 SUCIÉTÉ IMI'ÉRlALli ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. Aujourd'hui, presque partout en Norvège on opère au moyen d'appareils chauffés par la vapeur, sans mettre celle-ci en contact avec les foies. Le modèle d'exploitation exposé par M. Lauritz Devold, d'Aalesund, nous a montré un appareil (fig. 23) dans lequel les foies (1) sont chauffés par un jet de FiG. 2i (12). 1) Au fur ot à mesure que les (oies sont débarqués, ils sont disposés dans de grandes cuves où ils aUendent le moment d'être mis en exploitation. Pour obtenir de beaux produits, il est essentiel que les foies soient employés aussi frais que possible. (2) A, bain-marie dans lequel sont placés les foies. B, cucurbite. C, réci- pient pour recevoir rexccs d'eau. D, cntonnnii pour charger la cucurbite. EXE'OSlTlUiN UE l'HUDUlIS ET E^Gl^S DE PÈCHE. 397 vapeur qui circule dans des vases à doubles parois A. (juand on juge que l'huile est sortie des foies en suffisante quantité, on verse le contenu des vases, huile et l'oies, sur un vase B, qui présente à sa partie supérieure un entonnoir trés-cvasé dans lequel se fait une séparation rapide, mais assez grossière de l'huile et des parties solides. Puis l'huile est portée au moyen d'un tuyau G, à l'étage inférieur, où elle arrive dans un filtre à double paroi D, chauffé dans la vapeur, quipernjet sa fillration complète et son épuration. Les Russes, à l'établissement qu'ils ont formé à Storwaa- gen (Loffoten), opèrent au moyen d'une chaudière à double fond (fig. '2/|), encastrée dans un massif de maçonnerie, où ils chauffent les foies au bain-marie. Ils passent d'abord l'huile obtenue sur un fdtre (fig. 25) formé de pièces de bois ffi.s Ki( Irès-rapprocliées les unes des autres, poursé[»arer l'huile des fragments du foie, et épurent le produit par une filtralion lente sur des chausses de laine portées par des cadres de bois. Nous avons aussi trouvé à l'exposition un appareil de M. .lames Young, de Glascow, basé sur le même principe de chauffage par la circulation de la vapeur dans des doubles fonds (fig. 2()), mais où la filtralion se faisait au moyen de chausses de laine E, suspendues au-dessous d'une cuve de- bois doublée de métal L). T siiuiE, ï. m. Aoiil 181jG. 2G 398 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. Nous avons vu à Bergen un appareil fait par un de nos com- patriotes, M. Bouilly, qui nous a paru le plus simple et !e plus Vu;, ^(i. commode de tous (lit;-. 27). Cet appareil de fonte avait un foyer .sépare qui chauffait quatre petits récipients: aujourd'hui la chaudière est de tôle et fournit de la vapeur à quatre grands récipients à double fond. EXPOSITION I»E PKODUITS ET ENGINS DI^ PÈCHE. 309 Les foies de Morue doivent être Irais; ils sont jetés dans une chaudière à double fond de la contenance de trois ou quatre barils, chauffée à la vapeur. Au fur et à nnesure que l'huile se sépare, on la recueille et on la fait refroidir dans de grands bassins dits ki/ler. Pendant son refroidissement, elle se cla- rilie, cesse d'être trouble, et forme un dépôt assez abondant; on la décante, et on la conserve dans des vases de fer-blanc, qui sont préférables aux tonneaux de bois, lesquels pourraient donner de la coloration à Y huile très-blanche obtenue dans le commencement de l'opération. l'iG. 27. Quand les foies placés dans les chaudières à double fond ne donnent plus d'huile blanche, on les retire pour les verser dans une chaudière de fonte, de la contenance de trois à quatre barils, et chauffée à sec sur un foyer maçonne, avec canal circulaire de brique pour conserver la chaleur. On remue les foies pendant (|u'ils sont chaulTés, et l'on obtient ainsi rA?«7e/>/o; NOTICE] SUR LES TRAVAUX SCIKNTIFIOURS ■ " ' ' ■ DE :.■,:. s. A. LE PRIMCE CHARLRS-Ll'CIKN RO\APARTK Par M. ÉLIE DE BEAUMONT, ' ^ Si'iialeur, secrétaire perpéliicl île l'Acailémie des sciences île Paris. ' ' P,fiFLEX[0]SS SrU CE TRAVAIL SOIMISES à *«»«« K%e. M. l&BSWtîl':^' l*f: B. SB1"%'^, ■Ministre ilos nll'.Tireîi r-traiigi-res, Membre de l'Institiil, rii-^iilenl di' la Smii'-ir' im|HTialL' d'ar-idiiiKiiiiliini, Pnr M. RICIIAK» («lu Canlal). Monsieur le Président, Noire éminent confrère M. Klie de Beaumont, sénateur, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Paris, professeur au Collège de France, etc., a fait une savante Notice sur les ouvrages de zoologie du prince Charles-Lucien Bona- parte. Ces ouvrages se rattachent aux travaux de notre Société, dont le prince fut un des niemhres fondateurs les plus illustres et les plus dévoués. Permettez-moi de vous soumettre quel- ques réflexions à ce sujet, dans l'intérêt de la science pra- tique, que vous cherchez à vulgariser et à faire appliquer pour le bien public. F\ar sa haute intelligence, par son savoir aussi varié qu'étendu, par sa grande aptitude au travail, et avec le nom qu'il a si dignemenl porté, le prince Charles Bonaparte, fils de Lucien, frère de Napoléon 1"', et gendre de Joseph, roi TRAVAUX SCIENTIFIQUKS DU PRINCE fjl -L. BONAPARTE. /|0Û d'Espagne (1), aurait pu jouer un rôle politique important sous le règne de Napoléon III; mais profond etsagace obser- vateur de la nature, toujours dominé par l'amour des sciences qui s'en occupent, parce qu'il connaissait les heureux résul- tats que leur application doit avoir pour le bonheur des hommes, il ne voulut jamais cesser de se livrer à leur étude, qui pouvait d'ailleurs alléger les amertumes de la proscrip- tion si durement imposée à toute sa famille en 1815, à la suite des désastres de sa patrie. Le prince s'occupa d'abord de botanique; mais la science du règne animal, moins bien étudiée au point de vue pra- tique, et surtout dans ses applications à l'exploitation du sol, lui paraissant offrir un champ plus vaste, un but plus utile à l'ordre d'idées qu'il voulait poursuivre, il lui consacra tout le temps dont il put disposer durant sa vie. Il trouvait que l'empire de l'homme sur la création n'est pas suffisamment étendu, et il désirait en reculer les limites, en contribuant à dévoiler les éternelles vérités proclamées par la puissance divine qui gouverne l'univers. Comme Lacépède, le prince était convaincu que la science de la iiature doit changer la face du globe. Tous les grands naturalistes ont partagé cette opinion, et il voulait prouver qu'elle était fondée. Tel fut son but qu'il poursuivit toujours avec ardeur (2). Dés l'âge de dix-neuf ans, le prince Charles Bonaparte étudia la zoologie de l'Amérique du Nord, où il se rendit après (1) Fils de Lucien, nuMiibrc de l'Académie Irançaise, et d'Alexandrine de Beschamps, aiileiir du jioëine eu dix chants de Bathilde, et femme aussi remarqualMe par son esprit que par sa i-are beauté, le prince Charles-Lucien Bonaparte, né à Paris le 2U mai 1803, avait épousé, le 29 juin 1822, à Bruxelles, la princesse Zénaïdc- Charlotte -Julie Bonaparte, fille du roi d'Espagne, et il partit la même année pour les Etats-Unis. (2) Buffon, qui, dans ses brillants écrits, a si bien fait comprendre l'influence (lue l'homme peut et doit exercer sur la nature, a dit : « Dieu a fait l'homme » spectateur de l'univers et témoin de ses merveilles. La nature est le trône )) extérieur de la magnificence divine. L'homme qui la contemple, qui » l'étudié, s'élève par degrés au trône ext^irieurde la Toute-Puissance. Fait » pour adorer le Créateur, il commande à toutes les créatures; vassal du » ciel, roi de la terre, il l'anoblit, la peuple et l'enrichit ; il établit enire les liOÔ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. son mariage, avec la digne et vertueuse compagne de sa vie. Les recherches qu'il fit dans ce pays, en 1822, furent telles, que les travaux qu'il publia alors pour les faire connaître, sont considérés encore aujourd'hui, par les naturalistes les plus éminents de notre époque, comme miant donné, dans cette partie du monde, une impidsion rigoureusement scientifique aux études zoolofjiques. .Telles sont les expres- sions de M. Élie de Beaumont. Rentré en Europe en J828, le prince étudia la zoologie de l'ancien monde, comme il avait approfondi celle de l'Ame-, rique septentrionale, et il conçut l'idée de faire le grand ouvrage qu'il a publié sur le règne animal de l'Italie, sa patrie adoptive, puisque la France, sa patrie originaire, qu'il aimait tant, lui était interdite. Presque tous les souverains, les savants les plus célèbres des deux hémisphères, et les établissements scientitlques , souscrivirent à celte œuvre importante qui parut par livraisons, de 18;]2 à 18/!l, « et «rendit son auteur», dit M. Elie de Beaumont, «aussi » célèbre parmi les nations latines, qu'il l'était déjà devenu » en Amérique et en Angleterre; et avant que la publication » en fût terminée, le prince Charles Bonaparte était déjà » inscrit parmi les membres des principales sociétés savantes )) des deux hémisphères (1). » En 1839, Agassiz, un des naturalistes les plus célèbres » èlres vivants l'ordio, la sujjorclinalio», PliarMionie; il ciiibeliit la iialiire » même, il la cultive, l'iUend cl il la polit; il en élague le chardon et la ronce, » et il multiplie le raisin et la rose. Une nature nouvelle va sortir de » SES MAINS. » Ce qu'a dit Buffon est incontestable ; mais, pour qu'une nalare nouvelle sorte des mains de riiomme, il faut qu'elle soit étudii^e par lui de manière qu'il puisse la mieux connaître , pour la transformer et exploiter les richesses immenses qu'elle tient toujours à notre disposition. S'il les ignore, comment pourra-t-jl les utiliser? (1) Dans une notice publiée à Amsterdam sur les ouvragi's du prince, on lit le passage suivant : c Le prince Charles Bonaparte est du petit nombre de » ceux qui ont étudié dans leur ensemble, et avecsucctîs, toutes les classes » des animaux vertébrés. » 11 est un de ces hommes exceptionnels qui, à une heureuse organisation, TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE CII.-L. BONAPARTE. A07 de notre époque, si connu surtout en Amérique, se présenta à l'Académie des sciences de Paris, pour en être membre correspondant étranger dans la section de zoologie. Le prince Charles Bonaparte fut son concurrent, et Agassiz ne l'emporta sur lui que d'une seule voix. Qwelques années plus tard, le prince fut élu correspondant de l'Institut de France, par trente suffrages contre vingt, donnés au savant professeur Millier (de Berlin). Voici le jugement porté par M. Élie de Beaumont à cette occasion : « Être placé », dit-il, « dans » l'étude du règne animal, au rang des Agassiz et des Mûller, » c'est être au premier rang parmi ses contemporains. Ce )> jugement de l'Académie des sciences de Paris a été aussi » celui des sociétés savantes du monde entier, qui, presque » toutes, se sont empressées d'inscrire le prince Charles » Bonaparte au nombre de leurs membres, et ont saisi toutes » les occasions de témoigner leur vif intérêt pour ses tra- y> vaux, et de le seconder de leur mieux dans la poursuite et » dans la publication de ses intéressantes recherches (1). » » à des études profondes, joignent une persévérance et une énergie sans » bornes. » Il a dévoué une partie de sa vie à la science, et il a fait des avantages de » sa position sociale autant de moyens pour la servir. So7i nom est de ceux » qui devront être honorés dans tous les tfmps, partout où les sciences » naturelles sont cultivées > (1) Le prince Charles-Lucien Bonaparte était correspondant de l'Inslilut de France (Académie des sciences), membre de l'Académie des sciences et des arts de Viterbe, de l'Académie des sciences nationales de Phila- delphie, de la Société philosophique américaine de la même ville, de la Société d'histoire naturelle de Taris, de l'Académie des sciences et litté- rature de Baltimore, de la Société d'histoire naturelle de Francfort-su r-le- Mein, de l'Académie des Lynx de Rome, de la Société iinnéenne de Londres, de l'Académie royale et impériale d'économie rurale et de géographie de Florence, de la Société royale d'horliculture des Pays-Bas, de la Société zoologique de Londres, de l'Académie des arts et sciences américaine, de l'Académie des sciences de Bologne, de la Société d'histoire naturelle de Halle, du Lycée naval des États-Unis de New-York, de l'Académie des sciences naturelles de Catane, de l'Académie des sciences, des lettres et des arts de Livourne, de l'Académie des beaux-arts de Péronse, de la Société d'ornithologie de Londres, de la Société royale des sciences d'Upsai, de la Société académique des sciences, arts et belles-lelires de Falaise, de la /|08 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. Je ne vous parlerai pas ici, mon^-ieur le Président, des nom- breuses communications laites parle princeCharles Bonaparte à l'Académie des sciences de Paris, dont il suivait les séances Société générale des naufrages dans l'intérêt de toutes les nations, siégeant à Paris ; de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, de l'Académie royale de Turin, de l'Académie Tiberina, de la Société des curieux de la nature de Moldavie, de la Société royale et impériale des sciences, des lettres et des arts d'Arezzo, de la Société de physique et d'his- toire naturelle de Genève, de la Société de médecine et de pliysique de Florence, de la Société de musique de Sainte-Cécile à l'.ome, de l'Académie des sciences, des lettres et des arts du Saint-Sépulcre, de la Société des sciences de Sienne, de la Société d'économie rurale de Pérouse, de la Société d'histoire naturelle de Boston, de la Société Linnéenne de Nor- mandie de Caeu. de l'Institut des provinces de France, de l'Académie des sciences naturelles et des arts de Barcelone , de la Société de médecine et d'encouragement de Malte, de l'Académie des sciences et belles-lettres de Bruxelles, de l'Académie impériale des sciences de Saint- Pétersbourg, de l'Académie d'Udine, de l'Académie des sciences de Berlin, de l'Académie de Bibbiena, de l'Académie de Modigliana, de la Société des naturalistes de Moscou ; membre honoraire du conseil de la Société d'accli- matation de Berlin, des sciences naturelles de Californie, de San-Francisco, de la Société des Indes Néerlandaises de Batavia, de la Société d'histoire naturelle de Dresde, de l'Académie royale de Luc; membre de la Société d'histoire naturelle de Copenhague, membre de la Sociéié impériale zoolo- gique d'acclimatation de Paris, de l'Académie des sciences et beaux-arts de Monteleone, de la Société du muséum d'histoire naturelle de Strasbourg, de la Société des lettres, beaux -arls et sciences de Montevarclii, de la Société entomologique de Londres, de l'Académie des sciences naturelles de Madrid, du cabinet d'histoire naturelle de Syracuse, de l'Institut des sciences et arts de Milan, de la Société d'économie rurale de Cagliari, de l'Athénée de Venise, de la Société royale des naturalistes hongrois à Pesth, de l'Aca- démie de Tropea, de l'Académie des sciences, arls et lettres de Padoue, de la Société des antiquaires d'Amérique, de l'Académie des aspirants natu- ralistes de INaples, de l'Académie de Ponlavianae de Naples, de l'Institut, sciences et arts de Venise, de l'Académie des sciences de Naples, de l'Aca- démie physico-médico-statistique de Milan, de l'Académie scientifique et littéraire de Petigliana, de la Société ethnologique de Paris, de la Société britannique pour l'avancement des sciences à Londres, de la Société d'his- toire naturelle de Munich, de la Société zoologique d'Amsterdam, de la .Société de géographie de Paris, de l'Académie de San-Miniato, de l'Acadé- mie des curieux de la nature de Wratislavia, de l'Académie des sciences de Stockholm, de la Société ornithologique allemande de Leipzig, de la Société liollandaise de Harlem. THÂVAUX SCIENTIFIQUES DU PlilNCE CH.-L. IIUNAPARTE. ÛOO avec assiduilé depuis sa rentrée en France, ni de ses travaux suiimis aux congrès scientifiques de l'Europe où il se rendait, ni de tous ceux qu'il a publiés, et dont M. Élie de Beauniont adressé la liste; ils sont au nombre de quatre-vingt-sept. Plusieurs de ces ouvrages ont eu diverses éditions en diffé- rentes langues, et leur auteur avait passé trente-cinq ans de sa vie cà les produire. Les peines de l'exil qu'il subit dès son enfance, les révolutions, les secousses politiques et leurs con- séquences qui ne l'ont point épargné, ni les cruelles souf- IVances de la maladie qui causa sa mort regrettable, soul- iiances qu'il supporta avec tout le calme de l'homme de bien, n'ont pas plus altéré sa sérénité que son amour pour la science et le bien public. Peu de temps avant son dernier soupir, j'ai vu moi-même un de ses domestiques tenir ouverts devant lui, par son ordre, des livres de zoologie: il voulait les lire et les méditer jusqu'à son dernier souffle de vie. Extrême preuve de sa résignation et de son dévouement à l'histoire naturelle, à cette science du bien qu'il avait toujours cultivée avec tant de succès dans les diverses parties de l'an- cien et du nouveau continent, qu'il avait parcourues pour les explorer, étudier leurs richesses zoologiques et en faire connaître l'importance. Les naturalistes des deux mondes lui envoyaient leurs ouvrages, et il leur offrait ceux qu'il publiait. De cet échange de travaux et de communications il était résulté des rela- tions suivies, et une correspondance qui le tenait au courant des progrès de la science, partout où elle a des adeptes. Les Temminck, les Schlegel, les Naumann, les Reichenbach, les Gould, les G. Gray, considéraient le prince Charles Bonaparte comme leur maître, et M. le secrétaire perpétuel de l'Aca- démie des sciences de Paris, qui est juge compétent s'il en fut, n'hésite pas à dire dans sa notice, que le prime Charles Bonaparte a été incontestablement un des naturalistes les plus heureusement doués, les plus ingénieux et les plus labo- rieux que la France ait vus naître (1). (1) Le prince Cliarles Bonaparte n'avait pas oublié, et 11 l'a prouvé, l'opi- nion de son oncle Napoléon V% membre de l'Institut, qui avait une si {grande ^10 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. La science de la nature est, de toutes les connaissances humaines, la plus vaste, parce qu'elle embrasse l'univers; elle est encore la plus variée et la plus intéressante, parce qu'elle nous l'ait connaître, dans leur ensemble comme dans leurs détails, les œuvres de Dieu, dont le nombre est infini, et les inépuisables richesses qu'elles offi'ent au bien-être humain. Son étude devrait toujours être un élément indis- pensable de l'instruction publique chez tous les peuples civilisés. Il n'en est pas, en effet, qui puisse mieux faire comprendre aux populations l'immensité de la puissance divine, sa bonlé, sa prévoyance et ses libéralités pour toutes les créatures. Malheureusement, son enseignement n'est pas assez répandu ; nos populations rurales surtout, qui passent confiance dans les sciences dont ii favorisn les dévcloppemonls sous loul rap- port. Il savait, par expérience, quelle inlluencc leur intorvenliou pouvait exercer sur les destinées de la l'iaiice, et l'on se souvient que quand 11 partit, le li) mai 1798, générai en chef de l'artnée d'expédition d'Égyple, il emmena avec lui les savants les plus illustres de cette époque mémorable. Ces savants formèrent le célèbre Institut d'Egypte, qui a légué à laposttlrité de si imporlanls travaux. L'année précédente, lorsque, vainqueur eu Italie, il envoya, par le savant Monge et le g(inéral Bcriliier, le traité de Canipo- Formio au Directoire, il lui disait : » Les sciences qui nous ont révélé tant ») de secreis, qui ont détruit tant de préjugés, sont appelées à nous rendre » plus de services encore. De nouvelles vérités, de nouvelles découvertes » nous révéleront des secrets plus essentiels encore an bonlieur des hommes ; » mais il faut que nous aimions les savants, et que nous protégions les » sciences » Le général \apoiéoiî Bonaparte ne se trompait pas quand il s'exprimait ainsi. Qae de secrets les sciences n'onl-elles pas révélés au monde depuis 1797! que de préjugés n'ont- elles pas détruits! Quels services n'ont-elles pas rendus à la France depuis la lin du dernier siècle! Queue devons-nous pas attendre encore de leur concours dans l'avenir, pour résoudre toutes les questions qui devront être traitées dans toutes les conditions de la vie humaine ! les .sciences n'ont-elles pas toujours été le plus puissant levier de la force des nations et la source la plus féconde comme la plus pure de leurs richesses? Le prince Cliarles Bonaparte était convaincu de cette vérité d'une manière absolue. Il fit tout ce qu'il put pour éclairer son pays et imiter son père Lucien, cet homme illustre qui, comme son frère Napoléon l", était membre de l'Institut, et qui, orateur, poète et littérateur, fut une des lumières les plus intègres, les plus fermes et les plus honorées de son époque. TRAVAUX SCIKNTIFJQUES DU PRINCE Cii.-L. liONATARTE. liW leur vie en présence de la création, ne se doutent générale- ment pas de la plus simple de ses merveilles. Rendons cepen- dant justice au gouvernement actuel. Il a créé de nouvelles facultés des sciences, et M. Duruy, ministre de l'instruction publique, qui veut former des Jwmmes au lieu de simples bacheliers, suivant ses propres expressions, poursuit, avec un dévouement dont le pays doit lui être reconnaissant, l'idée d'organiser l'enseignement général professionnel (1). L'ap- plication de cette idée, digne de notre époque, contribuera à vulgariser des notions d'histoire naturelle si utiles dans nos campagnes. Mais, jusqu'cà nos jours, l'enseignement des sciences naturelles qui a eu lieu dans quelques villes, et qui a été confié à des professeurs éminents, a été insuffisant. Nos nombreuses populations agricoles n'ont pas pu profiter des lumières qu'il a répandues dans les cités qui en ont été pourvues. Les travaux de tous les naturalistes ont démontré de tout temps la nécessité d'enseigner la science de la nature. Ceux d'Ilippocrate, d'Aristote et de son disciple Théophraste, do Pline, dans les temps anciens; les ouvrages de Belon, de Buffon, de Daubenton, de Linné, de Pallas, de Cuvier, de Charles Bonaparte, d'Etienne et d'Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, de de Blainville, dans les temps modernes, et de tous les naturalistes contemporains, nous ont prouvé, comme ceux de leurs devanciers, de quelle importance est l'étude de l'histoire naturelle pour le bonheur commun des hommes. Et cependant, combien sommes-nous encore éloignés de l'accomplissement des vœux des philanthropes célèbres qui ont désiré faire vulgariser cette étude. BulTon, qui étonna le monde par son génie, disait, il y a un siècle : « L'homme )) ne sait pas assez ce que la nature peut, et ce qu'il peut (1) Si la loi du 21 juin 18(35, sur renseignemonl secondaire spécial, est exécutée comme l'iiKliqiic S. Esc. M. le MiiiisUe de l'insUiicliou publique dans le remarquable programme qu'il a publié en mai 18GfJ, une ère nou- velle sera ouverte pour toutes les professions industrielles en France, et notamment pour la profession de l'agriculture, qui a si grand besoin d'être éclairée sur l'art de bien exploiter le sol. (f*. /il 2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULOGIQUE d'acCLIMATATIUiN. » sur elle (1) ». Et cent ans plus tard, le prince Charles Bona- parte l'ormulait une pensée du même ordre, en se plaignant de voir « l'homme civilisé, si disposé à satisfaire les nouveaux )) hesoins qu'il se crée, limiter l'emploi de sa force domina- trice à la domestication des espèces (pi'il possède (*i)... » » (1) Que ne pourrait pas la nature pour nous, en effet, si nous savions bien étudier ses ingénieux et puissants moyens d'action ! Que de pi ofonds et miles enseignements ne trouverions-nous pas dans la scrupuleuse observation de sa marclie régulière, pour la mieux diriger à notre profit dans une infinité de cas! ÎN'en avons-nous pas tous les jours les preuves sous les yeux? Voyez l'usage que nous faisons de l'élément de la fondre, depuis la décou- verte de rimmorlel physicien de Philadelphie. La science nous a non-seule- ment fait connaître cet élément, mais elle l'a mis à notre disposition pour nous servir de courrier aussi rapide que la foudre elle-même, et à des distances infinies au delà des mers. <,)uels services l'électricité ne rend-elle pas encore dans les arts et manufactures, dont la physique et la chimie ont tant contribué à activer les progrès ! La médecine ne l'emploie-t-elle pas avec succès dans les maladies si obscures du système nerveux? ]N'est-on pas par- venu à lui faire compter le temps sur les cadrans des horloges? Et qui sait ce que la science découvrira encore sur l'emploi du galvanisme ? (Quelques expériences commencées avec succès foiu espérer ((u'il pourra èlre employé à éclairer nos villes, pendant la nuit, comme un second soleil, et le gaz, celle autre découverte de la science, deviendra inutile dans nos rues et nos promenades. Quels effets ne produit pas la vapeur d'eau qui nous sert de force motrice à lous les degrés, depuis la plus infimejusqu'à la plus puissante des machines, sur terre comme sur mer, dans les ateliers de l'industrie connne dans l'éco- nomie domestique? IN'a-t-on pas fait de la lumière le dessinateur le plus habile et le plus expéditif, pour nous foiunir les portraits les plus fidèles, l'image la plus rigoureuse des paysages et des monuments? IN'est-ce pas aux découvertes de la science que l'humanité doit une infinité d'avantages dont elle jouit dans toutes les conditions de la vie. Eh ! que ne réservent pas encore, à ceux qui viendront après nous, les recherches des savants, soit pour la satisfaction de la vie morale, soit pour le bien-être de la vie physi- que dans toutes ses phases variées ! Le passé ne nous autorise-t-il pas à avoir cet espoir et cette confiance dans l'avenir? (2) « L'histoire de l'esprit humain », dit Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, qui avait en si haute estime les ouvrages du prince, et qui, malheureusement pour le pays et pour la science, ne tarda pas à le suivre dans la tombe, « nous montre, en général, les sciences et les arts se perleclionnant de » siècle en siècle, et chaque génération humaine s'empressant d'ajouter » par ses piopres elloils aux résultats obtenus [y,\v les générations anlé- TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE Cli.-L. BONAPARTE. Ho Nous devons presque toutes les espèces animales que nous élevons à l'antiquité la plus reculée. C'est elle qui nous les a léguées, malgré les dilïicultés que l'absence ou l'état nais- sant de la science pouvait présenter pour les conquérir sur la nature vivante. Aujourd'hui, les progrès immenses de la zoologie et des relations internalionales, par terre et par mer, auraient pu nous faire étendre notre domaine sur le règne animal , et en perfectionner les produits dans de grandes proportions. Cependant, malgré les puissants moyens d'action que nous procure cette science pour améliorer et multiplier notre production animale en général, nous sommes encore loin du succès qu'elle nous promet, quand nous vou- drons recourir à son emploi judicieux dans la pratique de l'élevage des animaux domestiques. - Deux raisons peuvent expliquer la cause des regrets exprimés par les naturalistes sur la négligence généralement apportée dans une étude suffisante de la nature, animée surtout. Les hommes revêtus du pouvoir dans les gouvernements, absor- bés par les préoccupations et la responsabilité qu'il com- porte, ne possédant généralement pas d'ailleurs les sciences naturelles, ne sauraient avoir une conviction arrêtée sur l'im- portance de leur enseignement pour la prospérité, la force et la richesse des États; et les naturalistes, quels que soient » ricures. Le plus souvont mênic-, le mouveiiieiit du progrès, non-seule- » ment se conliiiuc jusqu'à l'époque aclucllc, niuis va s'acc<élérant à mesure » qu'on s'en rapproclie. Par une anomalie singulière, et dont on ne trou- » verait peul-èlre pas à citer un second exemple, les efforis, les travaux » faits en vue de l'acclimatation, et surtout de la domestication des animaux, » nous oiirent dans leur ensemble une marche exactement inverse. » De ces temps primitils, dont la Fable nous a seule conservé quelque » vague souvenir, jusqu'à rontiquilé historique, et de celle-ci aux temps » modernes, on les voit décroître, fort irrégulièrement sans doute, mais « d'une manière toujours plus marquée, jusqu'à ce qu'enfin le mouvement, » de plus LU plus ralenti, s'arrête presque complètement. » Depuis l'époque où de l'Amérique, récemment découverte, furent » importées en Europe trois espèces fort inégalement utiles : le Dindon, le ^ Canard nmsqué et le Cabiai, quelle conquête véritablement importante » avons-nous faite sur la nature sauvage? Aucuiie ! « 2^ SÉKIK, T. 111.— Août lfi(J6. 27 /lU SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. leur bonne volonté et leur dévouement, n'ont pas assez de puissance pour faire dominer leurs idées philanthropiques, et pour faire adopter l'enseignement qu'ils désirent voir répandre dans l'instruction publique aux degrés même les plus inférieurs. C'est ce qui a fait dire à Guvier, en parlant de la protection qu'Alexandre le Grand accorda à son pré- cepteur Aristote pour lui faciliter ses recherches en histoire naturelle (1): « Que celte science est de celles où le génie » serait impuissant, s'il n'était secondé par le pouvoir; mais ■» que les efforts du pouvoir seraient vains à leur tour, si le » génie ne savait en coordonner les résultats. » Sans la science, en effet, et sans le concours de ceux qui la possèdent, le pouvoir, quel c[u'il soit, ne saurait traiter les questions que les savants seuls peuvent résoudre. Nous on avons chaque jour la preuve sous les yeux. Si les gouvernements des pays civilisés ont compris, avec raison, la nécessité d'instruire la jeunesse sur l'histoire des événements humains pour en connaître la marche et les résultats; si cette histoire est d'ailleurs reconnue indispen- sable aux hommes d'État chargés de gouverner les peuples, et de faire les lois qui doivent régir les sociétés suivant leur degré de civilisation et leurs besoins, peut-on supposer que l'enseignement de l'histoire qui nous apprend à connaître les phénomènes et la marche de la création, œuvre de Dieu, doit être plus négligé que celle qui nous dévoile les œuvres des hommes? Celle-ci est-elle plus utile à leur bonheur que celle-là? Et l'histoire de la nature ne doit- elle pas faire partie de l'enseignement donné aux populations qui, tou- jours en présence de la nature elle-même, sont chargées d'exploiter les richesses trop ignorées qu'elle offre sans cesse à nos besoins? C'est ce qu'a si bien compris et lait com- (1) On sait que Pliilippc, roi de. Macédoine, donna pour précepteur à son lils Alexandre le naturaliste Aristolc, qui fui en même temps un des plus grands philosophes de l'antiquité. Les princes ne devraient-ils pas imiter le roi de Macédoine dans le choix qu'il fit du maîue pour instruire Alexandre le Grand sur l'une des sciences les plus utiles à connaître dans toutes les conditions de la vie et dans tous les rangs de la société ? * TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE CH.-L. BONAPARTE. /|15 prendre Son Exe. M. le Ministre de rinstruclion publique, dans son programme de l'enseignement secondaire spécial, suivant la loi du 21 juin 1865, Dans l'instruction publique au premier degré, nous ensei- gnons d'abord le catéchisme à nos enfants, pour les instruire sur la religion. C'est un devoir. Une nation doit l'instructiun religieuse aux populations qui la composent. Mais quel caté- chisme peut mieux nous éclairer sur ce que nous devons au Créateur, que le livre de la nature, placé tout ouvert sous nos yeux par le Créateur lui-même, afin que nous puissions apprendre à y lire? Ne sommes-nous pas coupables devant lui de négliger cet enseignement sublime pour nos enfants? Et que sont les productions des hommes en comparaison! Ce livre seul peut bien nous faire comprendre ce que nous sommes et ce que nous pouvons être, en présence de son auteur. Que peut-on exphquer de plus frappant et de plus élevé à la fois que ces merveilles de l'univers partout étalées à nos yeux, qui ne peuvent les apercevoir parce qu'on ne nous les a pas dévoilées? Si l'on attirait sur elles l'attention des enfants, ils trouveraient dans cet enseignement, bien mieux que dans cpielque livre que ce soit, la ligne tracée de leur devoir envers Dieu. Rien ne peut en donner une plus juste et une plus grande idée en même temps, que l'appré- ciation de ses œuvres. Uien n'est plus capable de provoquer notre admiration, et d'élever notre âme reconnaissante vers le souverain dispensateur de tant de biens, de tant de vraies richesses, dont nous sommes loin de savoir apprécier toute la valeur. Objectera-t-on que dans nos campagnes, on ne peut pas apprendre aux enfants à lire dans le livre de la création? Certes, les instituteurs primaires ne sauraient enseigner, dans nos villages, l'histoire de la nature comme on le fait au Muséum d'histoire naturelle de Paris, au Collège de France, à la Sorbonne, ou dans les facultés des sciences de province; mais ces instituteurs ne peuvent-ils pas, en les apprenant eux- mêmes d'abord, enseigner à leurs élèves les premiers éléments de la minéralogie, de la géologie, de la botanique et de la Z|l(3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE D ACCLIMATATION. zoolope? Rien ne sera plus praticable. On sait d'ailleurs que la bonne volonté de l'administration centrale de l'instruction publique ne manquera pas plus que celle du corps aussi utile que dévoué des instituteurs primaires. Toutefois il ne s'agit pas ici de l'aire des savants, mais de bons praticiens, (jui, à l'aide de connaissances élémentaires indispensables à leur profession, pourront raisonner, comprendre leurs opérations agricoles, suivant les saines lois de la nature. Parmi les enfants qui écouteront leurs maîtres, déjeunes intelligences prendront goût à l'étude de ce qui leur sera développé sur radmiral)le science des naturalistes, surtout en ce qui loucbera à l'ex- ploitation du sol. Les jeunes agriculteurs ainsi éclairés sur des principes que leurs parents ont généralement trop ignorés, deviendront des hommes de pratique agricole instruits, et ils ne tarderont pas à prouver, par leur travail raisonné, les avantages de leur instruction reçue à l'école primaire, sur la nature des terrains qu'ils cultiveront, et sur la manière de les amender, de les fertiliser; sur les végétaux qu'ils récol- teront, et sur les animaux qu'ils élèveront. Éclairés sur leur profession de cultivateurs, comme le sont sur les autres carrières ceux qui les exercent, ils n'abandonneront pas, comme ils le font, l'agriculture, parce que, judicieusement pratiquée , elle leur assurera une existence honorable à laquelle a droit tout homme qui consacre sa vie à un travail persévérant, honnête, et indispensable à la société humaine dans toutes les conditions de son existence. De tous les naturalistes dont la France a le droit de s'honorer, le prince Charles Bonaparte, par sa haute posi- tion auprès du pouvoir, par sa philanthropie, comme par son ardent patriotisme, était celui qui aurait pu le mieux contri- buer à faire vulgariser l'enseignement de la science de la nature dans notre pays, qu'il a tant aimé, et qui fut le foyer de tant de gloire et de tant de revers de sa famille. Con- vaincu, comme Cuvier, « que dans les sciences, les révolu- » tions les plus nécessaires n'arrivent pas sans (|uelques cir- )) constances que souvent il faut longtemps attendre », le prince trouvait le moment venu d'apphquer son idée juste et TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE CIl.-L. BONAPARTE. liH féconde qui l'avait toujours dominé, et qui était qu'un pays ne devrait jamais ignorer les ressources que la nature lui offre localement, soit sous le rapport contemplatir, soit sous celui des api)lications de la science à l'exploitation de ses res- sources. Comme Buffon, il pensait « qu'une étude, même » légère, de l'histoire naturelle, devait élever les idées de la » jeunesse, et lui donner des connaissances d'une infinité de » choses que le commun des hommes ignore et qui se retrou- » vent souvent dans l'usage de la vie » (J). C'est cette idée qui lui fit étudier l'histoire naturelle, spéciale à l'Amérique du Xord , au déhut de sa carrière scientifique. C'est à elle que le monde savant doit la Faune de r Halte; et l'illustre auteur de cet impor- tant ouvrage avait arrêté un plan pour doter la France d'un monument scientifique analogue, qui nous aurait fait con- naître nos richesses animales. Le prince, convaincu des avan- tages offerts par les études locales pour les progrés de la zoologie, voulait s'assurer la collahoration de tous les natu- ralistes français, qu'il accueillait toujours chez lui avec une si aimahle cordialité (2). N'ignorant pas que toutes les sciences ont pour hut la recherche et la découverte de la vérité, tous les savants lui étaient sympathiques : il en était l'ami, et ils n'ont pas oublié les délicieuses soirées auxquelles ils étaient si heureux de se rendre, rue de Lille (3). Le prince attachait un grand prix à leurs travaux individuels, à leurs (1) Buffon, De la manière de traiter et d'étudier l'histoire naturelle. (2) Pendant la proscription, le prince accueillait dans son palais, à Rome, les savants, sans dislinciion de pajs ou d'opinion. C'est lui qui prit l'initia- Uve de la fondation des congrès scientifiques italiens, et, en ISZiti, il reçut le célèbre Cobden, auquel il fitotlrir un banquet par la jeunesse romaine.' (3) Le prince aimait non-seulement les naturalistes, mais il protégeait tous ceux qui voulaient s'occuper de leur science. Deux ans ai>i-ès son arrivée en Amérique, il rencontra un jeune liomme qui avait du godt pour l'iiistoire naturelle, et qui est devenu, depuis celte époque, un naturaliste éminent. Il 1 encouragea, lui donna ses conseils, elle produisit dans le n^onde savant. Je laisse d'ailleurs parler ce naturaliste lui-même: « Jamais un seul .. instant -., dit Audubon, qui est le savant dont je parle, « je n'aurais conçu .. l'espoir d'eue, en quoi que ce soil, utile à mes semblables, jusqu'au jour « ou, par liascud, je lis la connaissance du prince de Musignano (Cbarles /lis SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. monographies. « C'est une vérité prouvée par les faits et » sentie par le besoin ;>, dit-il dans la préface de la Faune de l'Italie, « que les monographies, les faunes particulières, » sont des livres qui servent le plus directement aux progrès » de la zoologie (1). » » Bonaparte) à Philadelphie, où m'avait conduit l'intenlion de m'avancer )) plus à l'est, le long de la côte. » J'atteignis Philadelphie le 5 avril 182i, juste au moment où le soleil » disparaissait sur l'iiorizon. Excepté le hon docteur .Mease, qui m'avait » visité dans ma jeunesse, j'avais à peine uu ami dans toute la ville, car » alors je ne connaissais ni Harlan, ni Witherell, ni Macmarlri(% ni le Sueur, » ni Sully. J'allai chez lui et lui montrai quelques-uns de mes dessins. Il me » présenta au célèbre Charles-Lucien Bonaparte, qui, à son tour, m'introduisit » dans la Société d'histoire naturelle de i'hiladelphie » [Scènes de la nature dans les Etats-Unis et le nord de l'Amérique, par Audnbon, tra- duction par Eugène Bazin, 1857, introduction et dédicace, page 1Z|.) (1) Les études locales dont le prince signalait la haute importance sont d'autant plus nécessaires pour le perfectionnement des animaux domestiques, ([u'on ignore trop que leur nature actuelle, bonne ou mauvaise, est la con- séquence des ressources fourragères, des conditions climatiques, géolo- giques et hygiéniques des lieux où ils sont élevés. C'est ce qui explique, en général, la formation des races et celle de leurs variétés. La plupart de ceux qui ignorent l'histoire de la nature, et qui sont sans observations de faits pratiques sérieusement étudiés, s'imaginent, en \oyant un bel animal, que son type doit réussir partout. Ne remontant pas aux causes qui l'ont produit, ignorant par conséquent celles de son origine, ils en conseillent rimporlalion ouïe croisement, sans en prévoir les résultats. Que de déceptions celte im- prévoyance a causées à nos éleveurs ! N'est-ce pas là une des causes princi- pales de la dégradation et même de la destruction de plusieurs de nos types? Que sont devenues nos anciennes races de chevaux, si renommées autrefois, du Limousin, de l'Auvergne, de la Navarre, du Morvan, etc., etc.? n'est-ce pas à des croisements mal adaptés que l'on doit attribuer leur disparition ? On ne voit aujourd'hui, dans ces pays, que des métis sans caractères d'aucune race. Aussi les éleveurs sont-ils dégoûtés de faire des chevaux légers. Les seules de nos diverses espèces qui ont été réellement améliorées, sont celles qui ont été perfectionnées, sans mélange, par un bon régime et des accovqile- ments bien dirigés. Les croisements, qui peuvent quelquefois donner de bons résultats, j'en conviens, demandent des connaissances que la France est loin d'avoir acquises, et c'est ce qui explique les tristes eiïets qui en ont géné- ralement été la conséquence. Les succès qui ont été obtenus par le métis- sage sont partiels. Ils n'ont été observés que chez quelques rares éleveurs éclairés sur l'art de perfectionner les races. Il faut généraliser leur instruc- tion, si nous voidons généraliser les résultats que nous désirons obtenir. TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE CTI.-L. BONAPARTE. l\\9 La. Faune fraîiraisp que le prince voulait publier, devait avoir vingt-quatre volumes, texte et gravures compris. Tout le régne animal de la France, notamment nos diverses races d'animaux domestiques, si utiles à l'agriculture, et qui sont la base de sa richesse, devaient être étudiées de la manière la plus minutieuse dans leur ensemble comme dans leurs détails. Il avait vu que la zoologie n'avait prêté que par une exception son concours à l'agriculture dans l'élevage des ani- maux; que de toutes les productions de lu nature, la produc- tion animale élait la plus ignorée en France, et il voulait re- médier à ce regrettable état de choses. Pour cette œuvre patriotique, il comptait, non-seulement sur tous les savants de son pays, mais sur les sympathies de l'opinion publique. Il disait : « Quiconque se consacre à une œuvre inspirée » par le culte de la nature et celui de la patrie, doit pouvoir » compter sur l'appui du public (1). d Afin de bien coordonner les matériaux qu'il avait et ceux qu'il allait se procurer dans toute la France, le prince s'était adjoint un homme de talent et de dévouement, Victor Meunier. Voici ce qu'il disait dans le prospectus qu'il pubha, en collaboration du savant que je viens de nommer : « L'in- » vilalion que nous adressons à ceux qui, en France, regar- » dent la nature d'un œil affectueux et intelligent, a d'autant » plus d'importance, que notre patrie, sous ce rapport au- » dessous de beaucoup d'autres nations étrangères, malgré » le grand nombre d'établissements scientifiques aux besoins » desquels elle pourvoit, ne possède nulle part de collection » spécialement consacrée aux espèces qui constituent sa » richesse zoologique, où le savant, l'étranger, le Français, » puissent embrasser d'un regard synthétique l'ensemble et ))les détails de notre faune... Le Muséum a des galeries ))pour chacun des départements du régne animal; il n'en » a pas une où des mains filiales se soient plu à réunir les » productions de notre sol. L'homme studieux y puise des (1) Prospectus de la Faune française, ou Histoire naturelle générale et particulière des animaux qui vivent en France, par Charles Bonaparte et Victor Meunier, 1857, page o. k'IO SOCIÉTÉ IMPÉaiALE ZOOLOG[QUE d'aCCLIMâTATION. » informations sur tout, excepté sur ce qui nous intéresse le » plus directement (1). » Le o-rand Linné, ce Buffon du Nord, avait dit que « l'agri- » culture n'était que la connaissance des trois règnes de la » nature spécialement appliquée à la grande lâche de rendre » la vie humaine plus commode et plus douce à passer ». Cette idée était aussi celle du prince Charles Bonaparte, qui avait pour les œuvres de Linné une véritable vénération (2). (1) Aoiis avons en France des richesses animales trop ignorées, des races précieuses d'animaux généralement inconnues. Le prince voulait les étudier, les placer à côté des animaux étrangers, les comparer avec eux, et prouver ainsi que son pays, bien éclairé sur la production animale, n'avait rien à craindre de la concurrence étrangère, parce qu'il a tous les éléments physi- ques nécessaires pour soutenir la lutte avec avantage. N'en avons-nous pas la preuve dans la production du Mérinos depuis Daubenton? Depuis que ce savant a instruit le pays sur ce précieux animal, nulle nation au monde n'a une plus belle espèce niérine que la France, et il peut en être de même de nos autres espèces. Malheureusement, à l'exception de l'exemple frappant donné par le grand naturaliste agricidleur qui enseignait avec tant d'éclat au Muséum d'histoire naturelle de Paris l'art de perfectionner les animaux, nous avons toujours opéré en dehors de la science qu'il employa pour doter la France du Mérinos. C'est ce qui explique son succès sur l'amélioration de cet animal, nos déceptions et nos insuccès, malgré nos efforts et nos dé- penses, pour perfectionner, comme l'exigent nos besoins, notre production animale en général. A de rares exceptions près, dont quelques riches pro- priétaires nous ont rendus témoins dans des concours, la France est loin d'être parvenue à l'amélioration dont elle a besoin, pour s'élever à la hauteur de l'Angleterre, par exemple, pour ses animaux domestiques, et obtenir de sa production animiile tout ce qu'elle pourra lui donner, lorsque la zoologie pratique, telle que la comprenait, pour la répandre, le prince Charles IJona- parte, aura écbiré le pays sur les moyens sérieux d(^ perfectionner nos espèces domestiques. (2) On comprendra facilement la coïncidence des idées du prince Charles Bonaparte avec les opinions de Linné et celles de Belon, de Buffon et de Daubenton. Buffon s'était occupé d'agriculture avant d'écrire ses immortels ouvrages sur l'histoire naturelle; il avait donc pu comprendra, dans la pra- tique, l'influence de celte science sur l'exploitation du sol. Daubenton, de son côté, avait dirigé la culture de la ferme dans laquelle il fit ses éludes d'économie rurale sollicitées par Trudaine, et qui dotèrent la France du Mérinos, en même temps qu'elles donnèrent, chez nous, une grande impul- sion à la cidturc de la prairie arlilicielle. Comme ces grands naturalistes, le TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE f;ll.-l.. BONAPARTE, k^i Son àme ardente adoptait, toujours avec enthousiasme toute pensée qui se rattachait k la gloire et à la prospérité de son pays, comme aux progrès des sciences qui peuvent y contri- buer. Voici la preuve de ce que j'avance ici. Lorsque, d'après la loi d'octobre 18/i8, sur l'enseignement de l'agriculture dans toute la France, le gouvernement voulut fonder l'Institut agronomique de Versailles, qui était la clef do voûte de cet enseignement, le prince songea à la haute direction à donner à ce grand établissement national où toutes les sciences relatives à l'exploitation du sol devaient être professées et appliquées. 11 communiqua ses vues, à cet égard, ta Jean Reynaud et h Isidore GeoflToy Sainl-Hilaire, ces deux éminents esprits, et je l'ai bien souvent entendu déve- lopper son opinion sur ce sujet. En s'occupant de ce foyer naissant de l'enseignement de la science de la nature appli- quée à la culture du sol de sa patrie, il voyait un service important à lui rendre. Plût à Dieu que son vœu se fût réalisé! L'école supérieure et normale d'agriculture de la France existerait sans doute encore, et nous savons, plus que jamais aujourd'hui, si notre agriculture a besoin de l'instruc- tion professionnelle, devenue une nécessité pressante de notre époque (1). Plus tard, le prince devait être appelé à diriger un éta- blissement d'une bien autre importance scientifique, et qui prince s'était occupé d'agriculture à sa terre de la principauté de Canino, dans laquelle il avait passé une partie de son enfance. 11 fit notamment, dans cette terre, des expériences sur la culture de la garance, qu'il voulait introduire dans le pays, et il appela, de France à Canino, un cultivateur français expérimenté dans ce mode d'exploitation. Sympalhiquo à toutes les idées de progrès, il voulut encore démontrer, en 18/i3, les avantages de l'éclairage au gaz à r.onie, et il l'etnploya même dans son palais, ce qui lui valut des tracasseries de la part de quelques personnes pour lesquelles toute innovation, même heureuse, est un délit. (l) iîapportcur, à la Constituante, de la loi d'octobre 18Zi8, sur l'organisa- tion de l'enseignement de l'agriculture en France, le prince avait bien voulu m'enlrelcnir, à plusieurs reprises, de l'importance de l'instruction agricole pour nos populations rurales, et de la manière dont elle pouvait être donnée. Il y voyait l'avènement d'une ère nouvelle pour l'agriculture française et ll'2'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'aCCLIMATATION. est unique dans l'univers entier : je veux parler du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Création des Gui de la Brosse, des Fagon, des Tournefort, des Duverney, des Winslow, des Rouelle, des Dufay, des ButTon, desDaubenton, des Vicq d'Azyr, des Portai, des Jus- sieu, des Dolomieu, des Haûy, des Bernardin de Saint-Pierre, des Thouin, des Fourcroy, des Vauquelin, des Chaptal, des Gay-Lussac, des Lamarck, des Desibntaines, des Lacépède, des Mirbel, des Brongniart, des Gordier, des Etienne et Isidore Geoffroy Saint-Ililaire, des Guvier, des Duméril, des de Blain- ville, et de tant d'illuslralions scienliiiques qui ont honoré notre pays, et qui, par leurs travaux et leurs découvertes, ont tant contribué à sa gloire, à sa force et à sa prospérité, le prince Charles Bonaparte était digne de succédera ces savants illustres. 11 aurait dirigé avec éclat le brillant' foyer de la science de la nature qu'ils ont élevé à un si haut degré de splendeur. Le 29 juillet 1857, la mort le frappa encore à la force de l'âge, interrompit les importants travaux auxquels il se livrait avec plus d'ardeur que jamais, et l'arrêta dans son patriotique élan. Son plan était fait. Après avoir étudié de la manière la plus détaillée et la plus minutieuse le règne animal de la France, il voulait, en même temps qu'il aurait pubhé la Faune fran- çaise, créer au Muséum d'histoire naturelle une galerie spé- ciale pour y classer les animaux indigènes, et fonder une chaire pour y traiter cette question, qui aurait fait com- prendre l'importance de cette création. 11 désirait montrer ainsi nos richesses nationales aux visiteurs. 11 voulait enlin, comme il le disait avec la conviction que lui donnait la cer- titude de faire une chose utile à son pays, « édifier un monu- pour le bien de nos populations rurales. 11 voulait s'occuper de cette impor- tante question. Connaissant ses vues à ce sujet, je considère comme un malheur pour noire pays que la mort ne lui ait pas donné le temps d'appliquer les idées qu'il avait, pour atteindre le but qu'il se proposait, et dont nous pouvons comprendre, aujourd'hui mieux que jamais, l'opportunité et l'im- portance. Le mode d'enseignement qu'il désirait iaire adopter pour l'agri- culture eût été un bienfait pour la France. • TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE CH.-L. BONAPARTE. ll''l?> » ment qui, n'étant pas indigne de notre chère France, » contribuerait à la faire aimer davantage en la faisant mieux » connaître » (1). Tel était son langage. Il voulait faire plus encore. Il désirait Joindre à l'enseignement supérieur du Muséum d'histoire naturelle un enseignement spécial pour ceux qui n avaient pas le temps d'apprendre, suivant son expression pittoresque. Or, voici quel était son projet. On sait avec quel empressement et quel plaisir un grand nombre de curieux de toutes les classes de la société se rendent à la Ménagerie, et dans les galeries du Muséum d'histoire na- turelle, les jours où elles sont ouvertes au public, surtout les dimanches et fêtes. Toute cette foule ne peut suivre les cours faits journellement dans les amphithéâtres de l'établissement, et le prince désirait rendre ces visites populaires aussi fruc- tueuses que possible. Son but était de vulgariser la science de la nature, et d'en répandre le goût par tous les moyens en son pouvoir. Il croyait y contribuer au moyen de démons- trations particulières laites par les conservateurs des collec- tions. Voici ce qu'il disait à ce sujet : « Le conservateur doit » faire les honneurs de sa collection au public. Il faut que les rt jours d'entrées populaires, il soit à son poste, c'est-à-dire au » milieu des richesses confiées à sa garde. II devra répondre » aux questions de ses hôtes, il les provoquera même. Il diri- » géra leur attention sur les objets qui en sont les plus dignes. » O'i'il sache exciter et satisfaire leur curiosité! Qu'il explique, » qu'il commente ! Son rôle est de saisir toute occasion d'in- » culquer à son auditoire des idées nouvelles, des idées vraies, » des idées justes, et de le débarrasser de quelque préjugr. » J'en fais un cicérone du peuple, un démonstrateur public. » .le le nomme instituteur de ceux qui n ont pas le temps » d'apprendre, et la familiarité même de ces entretiens » pleins d'imprévu leur donnera d'autant plus d'action sur » les natures impressionnables auxquelles ils s'adresseront. » (1) Faune française, ou Histoire naturelle générale cl parlictdii're des animaux qui vivent en France, prospectus déjà cité, page 8. ll'lh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATÀTION; « Conception /teureuse, ajoute Victor Meunier, pensée éml- » nemment française et noblement populaire^ et dont le » peuple eût tenu compte à son auteur (i). » La zoologie, que Daubenton avait si friiclueusement appli- quée à l'élude d'une de nos races d'animaux domestiques, est resiée trop circonscrite dans le domaine de la théorie, depuis la mort de ce grand naturaliste agriculteur (:)) dé- cembre 1799). C'est ce qui explique l'état arriéré de notre production animale comparée aux autres productions agri- coles ou industrielles, rendues prospères par l'intervention des sciences spéciales. Une incertitude malheureuse règne encore chez nous sur les moyens de perfectionner nos espèces. Nous en avons la preuve dans les tâtonnements hasardés, dans les discussions incessantes et contradictoires qui onl lieu chaque jour à ce sujet, surtout en ce qui concerne nos races de chevaux propres aux remontes de l'armée. Les efforts laits jusqu'à ce jour pour les produire et les améliorer ont été infructueux chez nous. Et ne nous abusons pas; ils le seront toujours, quoi qu'on fasse, tant que la science de la zoologie n'interviendra pas pour résoudre cette importante question de force nationale. Dépenses, combinaisons administratives qu'on a si souvent transformées, encouragements ordinaires, tout cela sera inutile. Deux siècles d'expériences faites en dehors de la science, et qui n'uni jamais été interrompues, en sont la preuve irrécusable; il n'y a pas à le contester. Qui pourrait nier cette preuve sérieusement, d'après les faits observés dans ces derniers temps, et notamment en I8/1O et en 1859(2)? L'élude générale du règne animal de la France, (1) La Zoologie françahe et le Muséuin d'histoire naturelle de Paris, prospectus, par V. Meunier, page G. (2) M. le Directeur général des haras a si bien compris la nécessité de rintervenlion de la zoologie pour le perfectionnement du Clieval de guerre, que, rappelant l'opinion de Napoléon l-' sur les haras, il a invité, par une circulaire du 1" août I86/1, MM. les préfets à organiser dans chaque chef- lieu de département un cours sur l'élude du Cheval, analogue à celui que fit autrefois le célèbre Daubenton pour doter la France du Mérinos, qu'elle n'avait jamais pu élever avant l'instruction donnée parce savant natmaliste agriculteur. MM. les préfets de l'empire suivront-ils le conseil qui leur a été TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE C1I,-L. BONAPARTE. /l25 telle que l'avail comprise le prince Charles Bonaparte, aurait éclairé le pays, non- seulement sur les procédés raisonnes de perfectionnement et de multiplication des races que nous possédons, mais encore sur les moyens d'acquérir des espèces que nous n'avons pas, et dont s'occupe la Société impériale d'acclimatation pour en doter la France. Depuis la dernière moitié du siècle passé, les naturalistes français ont fait faire à la zoologie spéculative de grands pro- grès. L'impulsion qu'ils ont donnée à cette science les a fait classer, ajuste titre, au premier rang des savants du monde entier. Il s'agissait maintenant de mettre à profit leurs im- portants travaux et leurs découvertes, et de les appliquer avec discernement au perfectionnement général de notre produc- tion animale. C'était le but du prince, et nul mieux que lui ne pouvait l'atteindre. 11 eût fait et enseigné à faire, pour toutes les espèces d'animaux que nous élevons, ce que fit et ce qu'apprit à faire Daubenton pour le Mouton, et son exem- ple, suivi par la nouvelle génération des naturalistes fran- çais, aurait produit les plus heureux résultats pour le bien du pays. Qui pourrait, aujourd'hui, entreprendre avec les mêmes conditions de succès une pareille tache, et aurait, pour la remplir, la puissance dont pouvait disposer le prince Charles Bonaparte, et que l'Empereur lui aurait donnée? On se plaint plus que jamais des souffrances de l'agricul- ture, et de l'émigration des populations rurales dans les villes. donné par M. le Dirccleur général des liaras ? C'est là surtout qu'est la ques- tion du perfeclionntMîicnt et de la multiplication du Cheval de guerre, et rEnipercur ne l'avait pas ouljlié dans son décret de juillet 1806, sur la réor- ganisation des haras. Il voulait des écoles pour instruire les éleveurs sur l'importante question du perfectionnement de nos races de chevaux, parce qu'il savait que, sans la science du Cheval, la question qui s'en occupe, depuis Louis XIV surtout, n'avait jamais pu èlre résohie, et que sans elle on ne la résoudrait jamais dans l'avenir. C'est ce qui est arrivé, malgré les modifications administratives et les énormes dépenses qu'elle a causées à l'État depuis 1806 notamment. Si nous imitions le passé sur la manière de traiter la grave question des haras, la France ne serait pas plus heureuse pour la résoudre que ne l'ont été nos pères. Les mêmes causes produiraient les mêmes effets. C'est une triste loi qu'il faudra suhir, si nous n'en sommes pas préservés par l'intervention de la zoologie pratique. /l26 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATÀTION. Pour en connaître la cause et y porter remède, l'Empereur, (|ui a dit que de l' amélioration on du déclin de l'agriculture dataient la prospérité ou la décadence des empires, a or- donné, par décret du 28 mars 1866, de l'aire une enquête. Elle prouvera, j'en ai la conviction, que l'insuffisance rela- tive de l'instruction professionnelle des cultivateurs, instruc- tion dont les éléments des sciences naturelles doivent former la base, est une des principales causes, si ce n'est la plus sé- rieuse, du mal reconnu par tout le monde, et signalé par le chef de l'État. Une grande partie de la population des cam- pagnes s'est aperçue que l'instruction spéciale, associée à un travail soutenu, lui procurera, ailleurs qu'aux champs, un bien-être que ne lui offre pas une agriculture non enseignée, par conséquent mal comprise, et elle l'abandonne pour se livrer à d'autres occupations. Permettez-moi, monsieur le Président, un mot d'explication sur ce point important d'éco- nomie sociale de notre pays. Avant la fin du dernier siècle, les sciences, généralement moins avancées qu'elles ne le sont de nos jours, et surtout moins répandues et moins appliquées, n'avaient pas donné aux arts mécaniques, à toutes les industries et au commerce, l'im- pulsion que leur intervention variée a produite depuis la répu- blique et l'empire. Aujourd'hui, en eftet, nous avons obtenu, dans toutes les carrières industrielles, des transformations telles, par l'action des sciences spéciales, que nous avons fait, en France, plus de progrès dans tous les arts et métiers, depuis le commencement de ce siècle, qu'on n'en avait observé depuis les temps les plus reculés. Quels procédés de perfec- tionnement et de célérité de confection n'ont pas indiqués, en effet, aux arts industriels, les mathématiques, la physique, la chimie, la mécaniijue, la technologie générale? A-t-on remarqué les mêmes résultats dans l'agriculture, la première, la plus ancienne, la plus vaste, la plus indispensable de toutes les industries, celle qui occupe le plus de têtes et le plus de bras? Non, certes! Or, voici ce qui s'est passé (1). (1) Je ferai remarquer ici un fait qui IVappe, et qui paraît avoir été observé à toutes les époques. De tout temps et partout iart d'exploiter la terre a TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE CIl.-L. BONAPARTE. /|27 Avant 1789, la jeunesse des campagnes n'émigrait pas comme aujourd'hui. Peu éclairée, et, par conséquent, peu favorisée pour occuper des emplois, soit dans les fondions civiles, soit dans l'armée, la marine militaire, le commerce ou l'industrie, elle cultivait comme elle pouvait les champs, qu'elle ne quittait pas, parce qu'elle ne voyait rien de mieux à faire. Elle se résignait, parce qu'elle n'avait pas, comme à notre époque, devant elle, l'avenir que nos pères ont ouvert, par l'instruction et l'égalité, à toutes les intehi- été honoré. Sons les nomaiiis, la profession des armes avait la prééminence sur toutes les auucs; mais cpile du cultivateur prenait rang immédiatement après. Les autres élais étaient classés après Tagricullure. Cicéron, en parlant des diverses carrières à son fils, lui disait que de toutes les professioi^s exercées pour acquérir des biens, il n'en existait pas de meilleure, de plus fructueuse, de plus douce, déplus digne de l'homme libre, que l'agri- culture. Cependant, malgré cette opinion du grand citoyen romain, opinion qui était d'ailleurs partagée par tous les Romains de son temps, malgré Texemplc des Cincinnalus, des Caton, des Varron, Columelle se plaignait de ce que les agriculteurs, si honorés et si estimés, étaient privés d'une instruc- tion spéciale nécessaire pour mieux exercer leur profession. Il regrettait de voir à Rome des maîtres de tout, excepté des maîtres d'agriculture: « J'ai » vu, disait-il, établir des écoles de rhéteurs, de géomètres, de musiciens, » dedanseurs, des maitres pour enseigner Fart d'apprêter les mets de manière » à satisfaire les gourmands, des maîtres pour disposer des cheveux, parer » des têtes; je n'ai jamais vu de maître pour enseigner l'agriculture, ni de » disciple pour l'apprendre. » l'ourquoi cette anomalie de priver d'instruc- tion spéciale, à Rome, une profession qui y était tant honorée, alors que les autres étais, bien moins estimés, en étaient pourvus? En France, l'agriculture est aussi très-honorée. Nous en avons la preuve dans rinlérèt que lui portent les grands pouvoirs de l'Etal, les administra- lions et l'Empereur, qui a fondé lui-même des établissements agricoles pour donner rexcmplc; et cependant, dans notre chère France, bien qu'il ait toujours été reconnu indisjjensable, combien l'enseignement de l'agriculture, dont les progrès sont si nécessaires, est encore loin d'être au niveau de l'enseignement de l'induslriol, du commerçant, du militaire, du marin, de l'avocat, du médecin, de toutes les professions enlin qui, chacune dans sa spécialité, ont si fructueusement concouru à la prospérité, à la gloire et à la puissance de notre pays. Toutefois ce n'est pas faute d'avoir compris et signalé la nécessité d'instruire les cultivateurs sur leur état. OHvierde Serres, Bernard Palissy, soutenaiciil que sans le savoir spécial, on ne pouvait faire que de la mauvaise agriculture. Belon disait au milieu du x\i' siècle, que, faute de savoir, la culture était reprochable, Duhamel du ÎMonceau sou- /l28 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCGLIMATâTION. gencesdes villes comme des campagnes, qui peuvent parvenir par le travail intellectuel, la conduite et les services rendus, aux plus hautes dignités de l'Etat. Aujourd'hui, le fils du cultivateur a vu qu'en s'instruisant, il peut se procurer, par une autre profession que celle de laboureur, une existence meilleure, à ses yeux, que celle de ses pères. Il va chercher à la ville la lumière qui y est répandue, et il y reste, parce qu'il finit souvent par y prospérer. Sa persévérance, sa conduite et finstruction qu'il acquiert, lui en fournissent les moyens. Son exemple est suivi. Les jeunes intelligences quittent l'agri- culture, se livrent à findustrie ou à d'autres occupations lucratives. Elles attirent les bras des campagnes, parce que les bras suivent toujours les têtes, et parce que les industriels, instruits sur leur profession, obtiennent des bénéfices qui leur permettent de mieux rétribuer les ouvriers que les agricul- teurs, dans les conditions de culture du sol telle qu'elle est pratiquée sans instruction spéciale suffisante. Voilà une des causes majeures de la dépopulation des campagnes au profit des villes et des centres industriels (1). tient la même thèse dans son Traité élémentaire d'agriculture. En 1763, Laverdy, contrôleur général des finances, subventionna une école d'agri- cullure fondée par Moreau au domaine de la Rochelte, près de Melun. Berlin subventionna aussi, en 1771, l'école d'agriculture d'Annel,prèsdeCompiègne, et cette école fut dirigée par Surcy de Sulières. L'abbé Uozier fit en 1775 un plan d'enseignement agricole qui devait avoir lieu à Cbambord, et plus tard François de Neufchàteau fit de vains efforts pour faire appliquer l'idée de Rozier. Sous la restauration, en 1822, Roville fut fondé par Mathieu de Dombasle. En 1828, Bella fonda Grignon, et Rieffel Grandjouan en 1832. Sous le règne de Louis-Philippe, quelques fermes-écoles furent créées, et la loi d'octobre 18/|8 organisa renseignement de l'agriculture dans toute la France. 11 importe maintenant de donner le plus d'extension possible à cette loi, et d'éiudier les meilleurs moyens de l'appliquer. En présence des faits que nous observons aujourd'hui sur la dépopulation des campagnes au profit des villes, l'instruclion professionnelle des cultivateurs est devenue une nécessité pressante, parce qu'elle est le meilleur moyen de retenir aux champs les populations rurales qui les quittent. (1) Ce qui aggrave les résultats de l'émigration dans nos campagnes, c'est que la jeunesse la plus intelligente, la plus robuste, la plus valide, est celle qui est la plus disposée à les abandonner ; et ce fait, que j'ai observé^ est TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE CIl.-L. liONAPARTE. Zl'iO Du reste, les pères de raiiiille, propriétaires ruraux, qui ont assez d'aisance pour faire instruire leurs enfants dans les collèges, sont peu disposés à en faire des agriculteurs. N'ayant généralement pas bien compris les ressources de Tindustrie agricole raisonnée, à défaut de savoir spécial qu'ils n'ont pu acquérir faute de moyens d'instruction qui leur ont manqué, ils sont les premiers à engager leurs fils à embrasser une antre carrière que celle qu'ils ont suivie, parce qu'elle a été peu avantageuse pour eux. Si nous voyons dans les villes tant d'avocats sans causes, tant de médecins inoccupés, tant d'hommes de lettres dans le besoin, tant de bacheliers à la recherche des places, tant de désoeuvrés, d'ailleurs instruits, mais sans trouver les moyens de s'occupera quoi que ce soit, parce que l'instruction professionnelle leur manque, le fait que je signale ici n'y est pas étranger. Eh ! que de places n'au- rait pas au service de toutes les intelligences déclassées, dans les villes comme dans les campagnes, l'immense atelier bien ordonné de l'agriculture! Ici, jamais de chômage, jamais l'occupation n'y manque d'aliment. Il y en a toujours autant pour les têtes que pour les bras qu'elles dirigent, quel que soit leur nombre (1 ). ■ aussi malheureux au poiiîi de vue physique de noire population rurale qu'il l'est au point de vue moral. Les campagnes perdent ainsi l'élite de leur jeune population, qui en ferait la richesse et la force, si, instruite sur l'agriculture, elle s'y fixait, ce qui ne manquerait pas. Le jeune villageois ne quitte qu'à regret le champ qui l'a vu naître et dans lequel il a passé son enfance. (1) Qu'il me soit permis de rappeler ici, à l'appui de ce que j'avance, un fait qui me fut communiqué par M. Bedel, recteur de l'académie de Cler- mont-Ferrand, et que j'avais eu l'honneur di; connaître antérieurement à Strasbourg, sa ville nalalc. Je me trouvais avec lui aux eaux thermales du Mont-Dore, lorsqu'un jour, en causant sur l'instruction publique en France et sur quelques modihcations qu'il nous paraissait utih; d"y apporter, il me raconta l'anecdote suivante : « Au moment où j'entrais, me dit-il, à » l'hôtel où je suis, j'ai vu sur la porte un jeune homme, le bonnet de coton » blanc sur la tète, et le tablier de cuisine retroussé sur le côté. 11 m'a salué » très-respectueusement et comme disposé à s'avancer vers moi. Je lui ai » demandé s'il me connaissait ? ~ Pardieu ! si je vous connais, monsieur le » recteur! m'a-t-il répondu, il y a deux ans, vous m'avez reçu bachelier à I) Clermont-Ferrand ; depuis cette époque j'ai vainement cherché une place 2'' sÉuii:, T. III. — Août 1800. 2S /|30 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. Que faudrait-il faire maintenant pour remédier à cet état de choses? 11 faudrait faire pour l'agriculliire ce qui a été si judicieusement pratiqué pour les arts libéraux et l'industrie, l'armée, la marine, pour toutes les autres carrières enfin. 1! faut établir l'équilibre du savoir spécial qui doit exister entre l'industrie agricole et l'industrie manufacturière, ces deux sources fécondes de la richesse et de la prospérité des Etats. Dans toutes les villes industrielles, ou fait des cours pubhcs à la portée des ouvriers industriels, qui forment des associations pour s'entr'aider et s'instruire mutuellement sur leurs pro- fessions et leurs conditions économi(|ues. Il faut étudier les moyens d'éclairer, sur l'agriculture, les populations rurales. L'instruction professionnelle, si habilement et si libéralement donnée à l'ouvrier des villes, est méritée, au même titre, par l'ouvrier des champs, et il ne faut pas la lui refuser, si nous voulons qu'il reste ouvrier cultivateur, et qu'il n'aille pas encombrer les cités et être un embarras pour elles. Le prince Charles-Bonaparte désirait faire répandre le plus possible dans le pays l'enseignement pratique des sciences naturelles, parce qu'il connaissait l'intluence que cet enseigne- ment pouvait exercer sur les progrès de l'agriculture, et sur le bien-être moral et physique des populations rurales. Il voulait imiter, à ce point de vue, les naturalistes de l'antiquité, qui, comme l'a dit BufTon, « tournaient toutes les sciences du » côté de l'utilité, et donnaient moins que nous cà la vaine » curiosité. Tout ce qui n'était pas intéressant pour la société, » pour la santé, pour les arts, était négligé. Ils rapportaient » tout à l'homme moral, et ils ne croyaient pas que les choses » qui n'avaient point d'usage fussent dignes de l'occuper. » Plus d'une fois, dans des conversations intimes qu'il savait rendre si instructives et si attrayantes, j'ai entendu le prince » pour gagner ma vie. Ne la irouvaut pas, cl ne pouvant vivre sans travail- » 1er, je me suis enfin décidé à nie faire a,pprenti cuisinier. La cuisine me » donnera du moins le pain que Virgile, Horace et Uouière n'ont pu me » procurer. » (,>ue de bacheliers se trouvent aujourd'hui dans les condi- tions de celui de Clermont avant d'èire apprenti cuisinier ! TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PUIINGE CH.-L. BONAPARTE. 431 développer l'idée de l'application des sciences naturelles à l'agriculture, idée qui a été celle des grands naturalistes do toutes les époques, et qu'il aurait soutenue dans la Faune française. Mais malheureusement je pourrais dire ici, à propos de ce grand ouvrage, ce que M. Elie de Beaumont a avancé en parlant du Conspectus generum Avium, en voie de publication parle prince : « Personne, probablement», dit le secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Paris, « n'aura la témérité de chercher à ressaisir ce plan, et encore i; moins de tenter de le remplacer. Le prince seul, de l'avis » de ses plus savants collaborateurs, pouvait exécuter un » pareil travail. Il connaissait, pour avoir étudié des exem- )) plaires souvent multiples, non-seulement toutes les espèces » d'Oiseaux, mais toutes les espèces de Vertébrés conservés » dans les collections des deux hémisphères. Dans sa prodi- » gieuse mémoire, se trouvaient classés, toutes les bibho- » thèqucs, tous les musées d'histoire naturelle d'Europe et » d'Amérique, dans plusieurs desquels il avait travaillé des » mois entiers. Il avait tout visité, tout retenu; il savait à » point nommé où se trouvait chaque livre rare, chaque » pièce unique. Les relations alfectueuses qu'il entretenait » avec les détenteurs de ces précieux dépôts lui permettaient » de leur adresser des questions précises sur chaque point » qu'il voulait éclaircir, de solliciter même l'envoi des objets » qu'il avait besoin de revoir, et qui ne lui étaient jamais » refusés, » Personne ne serait en état de reprendre cette correspon- » dance, et cela seul suffirait pour faire sentir que l'histoire » naturelle a perdu en lui une de ses colonnes. » Si, d'après les hommes les plus éminents et les plus auto- risés, la mort du prince Charles Bonaparte a causé une grande perte pour l'histoire naturelle en général, elle n'est pas moins grande aux yeux de ceux qui ont connu et compris l'applica- tion qu'il voulait faire de cette science au bien-être des popu- lations. Directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris, il aurait fait des expériences pour élucider, au point de vue de la pratique, tant de (juestions de zoologie encore en litige. Z|32 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Successeur de Buffonet de Daubenton, il n'aurait pas manqué de faire, au Jardin des plantes ou ailleurs, des expériences qui auraient largement contribué à éclairer le pays sur la multiplication et le perfectionnement général de la production animale notamment, si importante pour la force et la richesse nationale. 11 aurait fait enfin cesser l'état de choses dont se plaignait Buffon comme Daubenton au siècle passé, et dans ces derniers temps Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, quand il a dit dans son remarquable ouvrage su?' l'acclimatation et la domesticatioH des animaux utiles : « L'étude des animaux do- » mestiquesa été trop longtemps négligée par les naturalistes, » et, aujourd'hui encore, la plupart d'entre eux semblent î> considérer la détermination exacte d'un animal domestique » comme d'un bien moindre intérêt que celle de la plus insi- » gnifiante des espèces zoologiques • » J'ai déjtà essayé, à plusieurs reprises, de montrer combien » est regrettable cet abandon, par les naturalistes, d'une des » plus riches parties de leur domaine. L'étude des animaux » domestiques intéresse en réalité la science à tous les points » de vue; elle l'éclairé dans sa partie Ihéoririue et môme phi- » losophique, aussi bien que dans ses applications pratiques, » et l'on s'étonnerait qu'on ait pu si longtemps en oublier ou » en méconnaître l'intérêt, si l'on ne savait, par de nombreux » exemples, combien la vérité a de peine à se dégager de » l'influence de l'esprit de système et du joug des opinions » régnantes. » Au siècle passé, Buffon (1), Daubenton et Dallas, avaient parfaitement compris, comme l'a fait Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, l'importance de l'élude des animaux, au double point de vue de la science spéculative, et de son application à l'agri- culture pour améliorer les races. Mais, depuis la publication de leurs travaux, cette étude si importante pour la richesse (1) Buffon a dit, en parlant des animaux doinesliques : « Aulrefois its » faisaient toute la licliesse des hommes, et aujourd'liiii ils sont encore la » base do ropulence des Etats, qui ne peu\ent se soutenir et fleurir que par » la culture des terres et par l'abondance du bétail. » TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE CH.-L. BONAPARTE. h?>^ des Etats et pour la science elle-même, n'a pas été continuée par les naturalistes comme elle mérite de l'être. Cette vérité n'avait point échappé à l'esprit d'observation du prince Charles Bonaparte. Il voulait le prouver par les travaux qu'il 'méditait. Voici ce que dit à cette occasion Victor Meunier : « Les regrets que faisait naître en Charles Bonaparte l'absence » d'une galerie zoologique française, regrets qu'il exprima » avec tant de vivacité, sont la première mention qui ait été » faite de celte fondation. H n'a pas tenu à lui qu'elle ne fût » réalisée. Président du Muséum, il eût eu à cœur de signaler t> les débuts de son administration par l'érection de ce monu- j) ment. C'est en vue de suppléer à son absence qu'il donna » jusqu'à sa dernière heure et son dernier souffle à cette î> œuvre nationale, la Faune française, devenue son unique » jmisée. Jamais cœur plus français n'a inspiré une lète mieux » organisée que la sienne (1). » L'utile fondation projetée par le prince a donc été arrêtée. Et qui pourra exécuter son plan? A qui les naturalistes fran- çais pourront-ils désormais envoyer leurs travaux individuels pour les coordonner, et compléter l'œuvre qu'il voulait accomplir ? Je finis, monsieur le Président, en vous citant les dernières lignes de la Notice de l'illustre secrétaire perpétuel de l'Aca- démie des sciences de Paris, qui a si bien fait sentir la perte que la France et la science ont faite par la mort du prince Charles Bonaparte : « Tel a été, dit-il, ce prince trop peu connu » en dehors du cercle des naturalistes, et trop tôt enlevé à de » vives et sincères affections, que la science a placé au rang » de ses adeptes les plus fervents et les plus éminents; qui, y> après avoir parcouru avec éclat une carrière scientifique » de plus de trente-cinq années, après avoir publié plus de « quatre-vingts ouvrages ou notices, dont quelques-uns ont » eu plusieurs éditions en différentes langues, a été surpris » par la mort au moment où il poursuivait avec plus d'ardeur (1) La Zuuloyie française et le Muséum d' histoire naturelle de Paris, prospectus, par Y. Meunier, page 12. hôli SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » que jamais des travaux d'une immense étendue , pour » lesquels il réunissait sans cesse de nouveaux maté- » riaux (1). » Cette opinion formulée par un liomme aussi haut placé ^jue l'est M. Élie de Beaumont dans la considération publique et dans l'estime du monde savant de tous les pays, sera par- tagée par tous ceux qui ont bien connu et compris le prince Charles Lucien Bonaparte et son noble caractère, dans sa vie privée comme dans la vie publique, à laquelle il a pu être passagèrement appelé dans le cours de son existence. L'homme de cœur ne se dément jamais, quelle que soit la situation qui lui est faite. On le trouve toujours fidèle aux convictions de sa conscience d'honnête homme, fidèle surtout à ses devoirs de citoyen, quand des circonstances imprévues les lui imposent. L'histoire impartiale rendra tôt ou lard justice à ce prince trop peu connu en dehors du cercle des naturnUstes. Elle rendra justice à l'homme supérieur, au philanthrope courageux qui, aux honneurs, aux dignités, aux grandeurs que lui réservaient ses hautes capacités, ses anté- cédents, son illustre origine et les événements politiques de son pays, après en avoir été exilé pendant de si longues années, a préféré, par abnégation et désintéressement, con- sacrer sa vie, avec une infatigable persévérance, au rôle modeste du savant, à la recherche opiniâtre de la vérité et de tout ce qui peut concourir au bonheur de ses semblables. Ne serait-ce pas là, monsieur le Président, le côté vrai, le côté essentiel de la mission de l'homme sur la terre? et ceux qui la remplissent comme l'a fait le prince Charles-Lucien Bona- parte, ne trouvent-ils pas dans cette mission la consolation (l) Le Muséum d'histoire naUirelle de Paris possède et conserve religieu- sement la !)ibliolhèque, les ouvrages, les manuscrits et la correspondance scientifique du prince Charles Bonaparte. Plusieurs ouvrages de divers au- teurs ont été annotés par lui-même. C'est là un précieux dépôt dans lequel les naturalistes iront puiser; et peut-être un jour quelque ami des sciences scfera-t-il un pieux devoir de recueillir, pour en doter l'histoire naturelle, les notes manuscrites que la mort n'a pas permis au prince de publier lui- même. TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE CIl.-L. RONAPARTE. /l35 la plus douce, la récompense la plus digne des services qu'ils ont pu rendre à l'humanité et à leur pays ? Agréez, monsieur le Président, l'expression sincère dé- mon respectueux dévouement. Richard (du Cantal), 25 aoAl, 1800, Vire-prùsiilent île la Socit'ti- iinpériak' d iicplimatntion. (.iiltivateiir à la l'ermi» ili> Snnliai'il (Caiilal). LISTE DES PRINCIPAUX TRAVAUX ZOOLOGIQUES PUBLIÉS Par le Prince Charles L. BONAPARTE. DRESSÉE PAR M. ÉLIE DE BEAUMONT. Travaux gcnp'rmix relatifs à l'ensemblf des Vertébrés ou n plas/ears . classes de cet embranchement i 1. Essai d'une distribution méthodique des Animaux vertébrés (Rome, 1831). 2. Essai d'une distribution métliodique des Animaux vertébrés à sang froid (Rome, J 832). 3. Systptrid Vcrte/jratonmi (Transactions de la Société Linnéenne de Londres, t. XVIII, 1837, p. 247). II. Fauiia italica (Rome, 1832, 3 vol. in-fol., avec 180 planches). Mammifères. '. 5. Synopsis des Mammifères de l'Amérique du Nord (Philadelphie, 1828). G. Sur le genre Mustelln (Annals and Magazine of natural llistory, 1838). 7. Catalogue des Mammifères de l'Europe (Actes du congrès de Milan, p. 327). 8. Observations sur les Musaraignes d'Italie (Actes du congrès de Turin, 1841, p, 207). 9. Observations sur les AriHcola d'Europe (Actes du congrès de Milan, p. 357). 10. Cons/ierfiis si/sistnatii mnsiozoo/ogiiv {Lcyûe, 18.50). 41. Note relative à une troisième espèce d'Éléphant originaire de Sumatra (Proceed. Zoo!. Soc. of London, 18i'J, p. 146). Oiseaux. '.' ' 12. Mémoire sur quatre .espèces de Pétrels-tempête (Journal de l'Académie des sciences naturelles de Philadelphie, 1822). 13. Observations sur la nomenclature de rOrnithologie de Wilson (Ibid.). 14. Sur une nouvelle espèce de Canard [Anfr-i nififorqiies) (Ibid.). 15. Description d'une nouvelle espèce de FriiK/illa de l'Amérique méridionale [Fringilla xanthorrhœa) (Ibid.). . IG. Mémoires sur dix espèces d'Oiseaux de l'Amérique méridionale, et notea additionnelles à ce même travail (Ibid.). /l36 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. 17. Mémoire sur deux espèces nouvelles d'Oiseaux du Mexique {(iumilnH nlti-n- marinas et Cnsskus- tnp/rimctrnis) (il)id.). 18. Addition à rOniithologie des États-Unis (Ibid.). 19. Gênera des Oiseaux de l'Amérique du Nord, l'I Sijnojis/s des espèces des Étals-Unis (Annales du lycée de Ne\v-\ork., 182()). 20. Nouvelle addition à l'Ornithologie des États-Unis, et observations sur la nomenclature de quelques espèces (Ibid.). 21. Ornithologie américaine, on Histoire naturelle des Oiseaux des États-Unis non donnés par Wilson (Philadilphie, û vol. in-fol., avec planches coloriées, 1825, 1828, 1833). 22. Catalogue systématique des Oiseaux des États-Unis (Philadelphie, 1828). 23. Supplément aux Oiseaux de l'Amérique du Nord (Zoological Journal, t. III). 2i. Supplément au Mémoire sur q\iatre espèces de Thalassidromes (Ibid.). 25. Sur une nouvelle espèce de Tétras [Tctrao -iirop/tasidi/us) (Ibid.). *2G. Sur les espèces du genre Tétras (Transactions de la Soc. phil. américaine de Philadelphie). 27. Sur une nouvelle espèce d'Oiseau de l'île de Cuba {Uainpltoeelus pusserinus) (Anthologie de Florence, octobre 1831). 28. Monographie des espèces du genre i^trii-, L., voisines du Strix passerinu, ou confondues avec cette espèce. 29. Monographie dos espèces du genre Aif^rette des ornithologistes modernes. 30. Monographie des espèces des genres Numetiitis et Scolopax. 31. Tableau comparatif des Ornithologies de Piome et de Philadelphie (Nouveau journal des savants, Pise, 1827). 32. Supplément au tableau précédent (Ibid.). 33. Catalogue géographique et comparatif des Oiseaux d'Europe et d'Amérique du Nord (Londres, 1838). M. Nouvelles espèces d'Oiseaux mexicains (Proceed. Zool. Soc. of London, 1838). 35. Nouvelles espèces d'Oiseaux péruviens (Ibid.). 3(). Sur le Quezalt des Mexicains [Trngtni paratlisirus) (Magasin de zoo- logie, 1838). 37. Sur\m nouvel Oiseau mexicain [Atjrilnrhiinis psittareus) (Nouvelles Annales des sciences naturelles de Bologne, 1838). 38. Oiseaux de Santa-Fé de Bogota (Actes du congrès de Milan, p. h()'.\). 39. Sur le Fako Elconnnr, Gêné (Actes du congrès de Turin, p. 212). /lO. Sur le Quer. Sur le genre fe7ee/«.y (Proceed. Zool. Soc. of Lmidon, novembre 1849). 47. Sur le genre Lorius (l'roceed. Zool. Soc. of London, 1850). 48. Sur la famille des Garruliens , et sur les genres Oriolus, Coccijzns, etc. (Proceed. Zool. Soc. of London, 1850). 49. Nouvelles espèces zoolngiques. — Prernkre partie : Perroquets (Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, séance du 11 février 1850). .^0. Nouvelles espèces ornithologiques. — .sVrr>/(r> /wr/;> ; Accipitres (Ibid., séance du 11 mars 1850). 51. Niiifs sur les 'f i-ocliilidcs Ibid.. séance du !"' avri' 1850). TRAVAUX SCIENTIFIQUES DU PRINCE GH.-L. BONAPARTE. 1\%1 52. Sur plusieurs genres nouveaux de Passereaux (!bid., séance du 16 sep- tembre 1850). 53. Surdeux nouvelles espèces de Parides (Ibid,, séance du 30 septembre 1850). b!x. Note sur plusieurs famille? naturelles d'Oiseaux, et descriptions d'espèces nouvelles (Ibid., séance du 21 octobre l.SôO;. 55. Revue de l'ornitliologie européenne, etc. (Bruxelles, 1850). 56. Revue générale de la classe des Oiseaux. — Première partie : Perroquets et Oiseaux de proie (Magasin zoologique, septembre 1850). 57. Monograpliie des Loxiens (en commun avec M. Herm. Schlegel) (Leyde et Dusseldorf, 1850, un vol. in-i, orné de 51 planches coloriées). 58. Co)/s^jiccfu\' r/e/ierum Arimn {Leyàe, 1850). Reptiles et amphibies. 59. Monographie des Chéionie/is d'Europe et de r.4mérique septentrionale (im- primé à la suite de la Revue critique de la deuxième édition du Règne animal de Cuvier). 60. Clielonenrum tal)ula analytica (Rome, 1836). G 1 . Saurorum tabula aaalijtica (Nouvelles Annales des sciences naturelles de Bologne). 62. Amphibia europeea ad systema nostrum ordinala (lu au congrès de Pise en 1839). 63. Sur les Bufo riridis- et Cn/aaiita (Actes du congrès de Padoue, 1843, p. 208). 64. Sur les habitudes des différents Boas observés vivants en France, en Belgique et en Angleterre (Actes du congrès de Pise, 18.'i0, p. 176). 65. Sur un Reptile de Corfou (Actes du congrès de Naples, 1854, p. 714). 66. Sur une nouvelle espèce de Lézard qui se trouve en France (Nouvelles Annales des sciences naturelles de Bologne, 1839). 07. Si/.sfema Amphibiorum (Actes du congrès de Milan, p. 379). 68. Conspectus sijstematis Erpetolo(ji(e et Ai/ip/iibio/ogi'e {Le^de, 1850). Poiss07iS. 69. Setachonim tabula analytica (Neufchâtel, 1838). 70. Monugraphia Lecciscorum europœonnn (Congrès de Pise, 1840, p. 150). 71. Observations sur les Leuciicus de Lombardie, décrits par le docteur de Phi- lippi (Actes du congrès de Milan, p. 180). 72. Catalogue systématique des Cyprinides européens (Actes du congrès de Milan, p. 381). 73. Observations sur les Échénéides (Actes du congrès de Milan, p. 372). 74. Observations sur les Orthragorisques et les doubles emplois auxquels ont donné lieu les espèces de ce genre (Actes du congrès de Pise, p. 165). 75. Sur un H/ennius qui vit dans les eaux du Caldana eu Toscane (Actes du con- grès de Pise, p. 1 75;. 76. Observations sur la Torpille (Actes du congrès de Pise, p. 18.) 77. Comparaison entre les familles des Percides et des Scombrides (.4ctes du congrès de Florence, p. 359). 78. Sur les Lnr/oreplialus Pennanti, Sw. (Actes du congrès de Florence, p. 359). 79. Sur une espèce de Trachyptère présenté par le docteur Verany (Actes du congrès de Florence, p. 461). 80. Sur le Daftiliotes fullonira (Actes du congrès de Florence, p. 363). 81 . Sur l'encéphale des Lamproies, comparé à celui des Raies (Actes du congrès de Fl.irencft, p. 373). ^38 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. 82. Sur deux espèces de Poissons [Cubicpps hipimmtus' et Scaujm siculua) (Actes du congrès de Naples, p. 715). 83. Système ichtliyologique (Actes du congrès de Milan, p. 379). 84. Manuel d'ichthyologie italienne (Actes du congrès de Turin, 18i0,p. 233). 85. Catalogue méthodique des Poissons d'Europe (1 vol. in-i", publié par le congrès de INaples, 1845). 86. Sur une nouvelle espèce de Squaltifi (Nouvelles Annales des sciences natu- relles de P.ologne, 1839). 87. Comjjedus systanatis Ichfhyologiœ (Leyde, 1850). M. Élie de Beaiimont dit, en terminant cette longue liste des travatix scientifiques du prince : « A cette liste déjà si » étendue, il faudrait encore ajouter celle des notes, mémoires » et tableaux de classification que le prince Charles Bonaparte )) a puljliés de 1851 à 1857, dans les Comptes rendus des » séances de l'Académie des sciences et dans d'autres recueils » scientifiques. î II faudrait y joindre aussi les Essais botaniiiues par les- » quels il a débuté dans la science ; ses travaux sur les ani- » maux invertébrés, notamment le Catalogue des Lépido- y> ptères italiens, qu'il a rédigé avec Rolli, et un mémoire » intitulé : Esquisses sur les variations auxquelles sont D sujettes les espèces du genre Melitea (avec figures). » » ♦ PROPAGATION DES YAKS DANS LE MIDI DE LA FRANGE. T.ETTRE ADRESSÉE , AU NOM DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE d'aGRICULTURE ET d'acclimatation DES BASSES-ALPES, ai; secrétaire général de la société impériale d'acclimatation, ParM. l'aUbé DF FORESTA. La Société centrale d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes possède, par suite d'abandon, deux Yaks, mâle et femelle, qui sont le produit en deuxième ou troisième gé- nération de ceux que M. Fortoul, alors ministre, avait envoyés au comice de Barcelonnette, lorsque M. de Montigny intro- duisit en France un certain nombre de ces animaux. Il serait inutile de vous raconter les diverses péripéties par lesquelles ont passé les générations précédentes de ces animaux, par suite de l'ignorance et de l'inexpérience de ceux auxquels ils avaient été confiés antérieurement. Depuis quel- que temps, notre Société ayant reçu dans son sein M. Pii- cbaud, vétérinaire habile et entendu, ne crut pouvoir mieux faire que de confier les sujets qui lui restaient aux lumières et à la sagesse de ce collègue, qui en tirera, j'en ai la confiance, un parti avantageux. Les deux Yaks de pur sang que nous possédons encore ont été placés par lui chez un propriétaire cultivateur de la commune du Vernet, distante de Digne d'en- viron 30 kilomètres, et ils y sont sous sa direction. La femelle est âgée de onze ans et le mâle de vingt-quatre mois ; ces animaux sont soignés aux frais de la Société, qui, pour en propager les métis avec les vaches de montagne, donne des primes pour les résultats des saillies, et s'attache par des encouragements divers à conserver autant que possible les produits que la rapacité de leurs possesseurs ne tend qu'à livrer promptement à la boucherie. M. Richaud s'est attaché, en parcourant la partie haute du département, où les pre- miers Yaks avaient séjourné, à rechercher les métis qui hhO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. n'auraient pas été détruits. Il a découvert dans ses recherches et a acquis de ses deniers une génisse métis de demi-sang, alors âgée de trois ans, d'une fort belle conformation, pour la livrer à la reproduction, et il a obtenu de son accouple- ment avec le Yak de pur sang un produit femelle à peu près de pur sang, âgé actuellement de seize mois. Ce sujet est aussi d'une belle conformation. Plus tard il a livré sa même génisse de demi-sang à un taureau du pays, et en a obtenu, il y a six mois, un produit femelle quart de sang qui donne des espé- rances. Cette expérimentation dernière a été faite par lui pour combattre l'opinion de M. l'abbé Fage, qui croyait les métis (mulets) incapables de reproduire. Il a remarqué cepen- dant avec surprise que ses diverses tentatives pour faire saillir la femelle yak appartenant à la Société, par un taureau du pays, ont été constamment infructueuses, et que, malgré la liberté laissée à ces deux animaux, le taureau a constamment refusé. Il n'en est pas de même pour le Yak mâle avec nos vaches du pays dites de montagne. La Société, conjointement avec M. Richaud, possède donc actuellement un mâle et ime femelle de pur sang^ une femelle métis de demi-sang, qui a reproduit par le Yak de pur sang une femelle de seize mois trois quarts de sang, et par un taureau du pays une autre femelle quart de sang, âgée dans ce moment de six mois. Le gardien de ces animaux, le sieur Monier, propriétaire cultivateur au Vernet, s'attache actuellement à divers essais de dressage, pour port à dos, trait et labour de la part de ces jeunes sujets; le tout sous la direction et les inspections fréquentes de M. Richaud. Les récents encoura- gements offerts par notre Société ont donné un nouvel élan aux inscriptions de saillies pour la prochaine saison, et nous avons tout lieu d'espérer que la direction donnée à cette expérimentation pourrait être couronnée de succès. Le seul obstacle qui pourrait en entraver la poursuite ne viendrait que du manque de ressources pécuniaires : les res- sources annuelles de notre Société, malgré les allocations de l'État et celles du département, n'atteignent pas le chiffre de 3000 francs. Un bon tiers de cette somme est absorbé par PROPAGATION DES YAKS DANS LE MIDI DE LA FRANCE. l\hl les frais de cette expérience, elle n'est pas suffisante; cl la Société n'a pu encore satisfaire M. Ricliaud pour ses divers déboursés personnels. Faudrait-il abandonner cette expéri- mentation qui donne de si flatteuses espérances pour un temps assez prochain, dans une localité où la position choisie offre tant de chances de succès ; dans une région où les Yaks de pur sang ou métis seront une ressource précieuse pour la petite culture, qui, dans quatre ou cinq ans, nous avons tout lieu de l'espérer, recherchera avec avidité cette race si agile, si forte, si laborieuse, si sobre, et qui offrira tant de ressources aux malheureux paysans de nos montagnes? ne serait-ce pas le comble de la déraison et un acte d'inhumanité pour l'ave- nir? Cependant, comment faire? Faut-il abandonner toutes les autres branches de l'agriculture, si en retard parmi nous, pour consacrer nos faibles ressources à la propagation des\aks de pur sang ou métis ? C'est, il me semble, encore impossible. Je ne vois d'autres ressources, monsieur le secrétaire géné- ral, que de faire un appel au zèle de notre sœur aînée, qui consentira, je l'espère, à nous seconder pendant quelques années pour mener k bonne fin une tentative dont elle nous a donné l'exemple. Je la crois d'ailleurs assez puissante pour nous obtenir de l'État des secours un peu plus abondants, et son bulletin du mois de mars dernier me donne aussi lieu d'espérer qu'une partie de ses encouragements ne nous serait pas refusée. Je dois d'abord, en premier lieu, lui signaler le zèle désin- téressé de M. le vétérinaire Richaud, qui ne néglige aucun moyen pour atteindre le succès de la mission qui lui a été confiée, et la coopération intelligente qu'il trouve chez le sieur Monier, dépositaire des Yaks. Si la Société zoologique jugeait convenable de suppléer h noire insuffisance pour la récom- pense qu'ils méritent l'un et l'autre, l'effet qui en résulterait serait immense dans nos montagnes, et produirait incon- testablement de très-heureux résultats pour la propagation des métis. La Société, qui m'a confié le soin de ses intérêts, serait très-reconnaissante de ce concours bienveillant de sa sœur aînée, et son espérance d'obtenir par sa médiation de hh'l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLLMATATION. ' plus amples secours ranimerait sa coniiance dans son œuvre' de propagation, si difficile à étendre, vu l'insuffisance de ses ressources et l'inditTérence de notre époque pour tout ce qui n'est pas positif et actuel. Voilà sans doute une lettre bien longue , monsieur le comte, mais je tenais à vous transmettre un détail sommaire, cependant aussi précis que possible, de la situation, dans l'espérance que la Société zoologique nous viendra en aide, pour ne pas abandonner une expérimentation dont les ré- sultats pourront être si avantageux pour ceux qui viendront après nous. Je vous abandonne donc avec confiance toute ma pensée, pour en faire auprès de la Société zoologique l'usage que vous croirez bon, ' ' La lettre de M. labbé de Foresia signale à la Société un des essais les plus sérieux qui aient été faits pour vulgariser dans nos montagnes le Yak. Il est triste de penser que la mise en train de cette expérience est due en partie au hasard, et que sans la vigilance de la Société d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes, et aussi le zèle éclairé de M. tiichaud, les Yaks n'auraient pas rencontré dans nos Alpes françaises les chances favorables qui, attirant aujourd'hui sur eux raltention des cultivateurs, leur assurent les encouragements de tous. L'Yak est un animal dont les aptitudes sont spéciales, et qui par conséquent, pour être apprécié, doit être placé dans des conditions particulières. Ce Bœuf thibélain à longue toison, dans les pays de plaines et de culture avancée, peut paraître curieux, peut être admiré à cause de sa conformation exceptionnelle, mais il ne peut développer ces facultés natives, cette agilité, cette fermeté, qui, dans les chemins difficiles, escarpés, lui permettent de franchir sans iiésitalion les pas- sages devant lesquels nos autres animaux domestiques, la Chèvre excepté, hésitent ou reculent. La Société impériale d'acclimatation doit donc se féliciter du con- cours qu'elle trouve pour la vulgarisation de l'Yak, dans ses membres de Digne, et l'intérêt excité par la communication de M. l'abbé t^oresta prouve le prix que la Société entière attache aux efforts actuellement tentés. {Note tle la rédaction.) i, ^'^j'^■ RENSEIGNEMENTS SUR LA RACE INDIGÈNE DES MOUTONS DE L'AFRIQUE AUSTRALE LETTRE ADRESSÉE A M. LE PBÉSIDEXT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRLALE ZOOLOGIOTTE d'acCLIMATATIOX, Par M. I8ÉRITTE, . , . Consul de France au Cap, (Séance du 13 juillet 1866.) Ville du Cap, 12 mai 1866. Monsieur le Ministre, Parmi les difftM'entes espèces d'animaux considérés comme indigènes à l'Afrique australe, qui sont menacés d'une des- truction prochaine, figure une variété intéressante de Mou- ton, dite Mouton du Cap. Ce Mouton est connu : le Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, notamment, en possède des exemplaires. Il se distingue, comme le Mouton de Guinée, par le défaut de laine, puis par la dimension extraordinaire de sa queue, qui est de nature graisseuse, eî atteint parfois jusqu'au poids de 15 livres. Cette graisse est excellente, et, dans la colonie du Cap et autres contrées voisines, oîi le beurre est généralement rare et à un prix élevé, elle est pré- cieusement employée pour l'usage de la cuisine. Elle vaut d'ordinaire, de 1 fr. 25 cent, à 2 francs la livre. C'est là le premier avantage des Moutons du Cap. Le second consiste en ceci. Dans les régions brûlantes de l'Afrique, la nature, qui ne fait rien au hasard, a exempté des Moutons des exubé- rantes toisons dont elle les a doués dans les latitudes tempé- rées et froides; et la conséquence a été que la peau de ces animaux n'ayant pas à livrer passage à la laine, est plus compacte, plus mince aussi que celle des animaux similaires à laine; de là possibilité de l'utiliser pour des usages aux- quels la peau des Moutons à laine se refuse absolument. Ainsi, et c'est assurément ce qu'on ignore assez généralement, •les peaux des Moulons du Cap sont surtout employées pour la confection des gants, et la plus grande partie des gants de llllll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. chevreaux fabriqués en France, en Belgique, en Angleterre, est faite avec des peaux fournies [)ar les Moulons du Cap. Malheureusement, ce double intérêt et ce double avantai^c des' Moutons du Cap sont loin de compenser le grand désa- vantage dont les frappe leur manque de laine, et il en résulte un notable discrédit et relativement aux animaux mêmes, et au sujet de leurs dépouilles. Les paysans du Cap, dans leur langage positif et coloré, disent que le Mouton du Cap est au Mouton mérinos ordinaire ce qu'un sou est à une livre ster- linQ-. Outre la diflêrence du rendement des animaux à l'état vivant; une peau fraîche du Mouton du Cap ne vaut, dans la colonie, que 1 fr. 55 cent, à 1 fr, 65 cent.; tandis que celle du Mouton mérinos avec la laine, dont elle est toujours garnie, est cotée entre 2 fr. 50 cent, et 5 francs. Il résulte de ces particularités, que les Moutons du Cap sont essentiellement adoptés pour l'usage de la boucherie, et, comme ils sont de plus en plus remplacés par les Moutons mérinos, donnant, je l'ai dit, un rendement supérieur, ils vont en devenant plus rares, chaque jour davantage. C'est déjà jusqu'au fond de la colonie, dans les fermes les plus éloignées et les plus arriérées comme exploitation, qu'il faut aller les chercher maintenant pour les livrer à la consomma- tion des grandes villes; les Béliers, surtout, sont devenus très-difficiles ta trouver et à obtenir. H n'y a pas à douter que, dans quelques années d'ici, la race des Moutons du Cap à grosse queue et sans laine aura tout à fait disparu, pour céder la place au Mérinos. Reste à expérimenter si la volonté de l'homme obtiendra plus que la nature n'a entendu faire; c'est peut-être le cas d'en douter, pour ce qui concerne le genre d'animaux dont il s'agit,. L'observation démontre, en effet, que les animaux sont organisés pour les milieux dans lesquels les a placés la nature, et qu'ils se modilient par des changements forcés de climats. Nos animaux d'Europe ne perdent-ils pas en été leur long poil d'hiver, et un cheval qu'on tient dans une température élevée, ou couvert d'une couverture, n'a-t-il pas le poil plus fin, plus délicat, plus court (juc celui laissé à l'air libre? La nature permettra -t-elle DES MOUTONS DE l'aFRIQUE AUSTRALE. àhô que les splendides espèces de Moutons mérinos des fermes modèles de France et d'Angleterre conservent, dans les climats dévorants de l'Afrique, l'étouilante toison dont elle les a pourvus en vue du froid et des variations de tempéra- ture de nos contrées? Les Moutons de Guinée et du Cap n'ont-ils pas pour première origine la race d'Europe, et n'est- ce pas, d'une part au climat, de l'autre aux plantes grasses constituant généralement leur nourriture, qu'ils doivent leur transformation et leur état actuel? C'est ce que l'avenir apprendra. Voici quelle a été l'importance de l'exportation des peaux de Mouton séchées du Cap, pendant ces deux der- nières années : En 1863, 872 Zi97 peaux évaluées 1 735 750 fr. En 186/i, 891360 id. 1911 325 fr. Agréez, etc. Signé Héritte. 2« SÉRIE, T. !ll, — Août )8b6. 29 FABRICATION DES CORDES DE BAMBOU A liAN-KEOU (CHINE), Par M. Fass! €IÎAMPIOX. (Séance du 15 juin 1866.) Les Chinois emploient spécialement pour la navigation des cordes très-solides fabriquées avec du Bamljou. Voici en quelques mots en quoi consiste cette fabrication : Au moyen d'un couteau, on fend longitudinalemeni la partie du bois qui touche à la superficie du Bambou en lames d'environ 2 à 3 centimètres de largeur sur 2 milhmètres d'épaisseur. La longueur de ces lames dépend de celle des Bambous, et atteint en général A à 5 mètres. Pour les cordes communes, on réunit plusieurs de ces lames ensemble par la torsion, comme on le fait chez nous pour le chanvre; mais pour obtenir des cordes de plus grande solidité, on emploie le procédé suivant : On plante en terre quatre gros Bambous liés entre eux par des traverses; à une hauteur d'environ 15 à 18 pieds, on établit un plancher carré d'environ un mètre de côté et sur- monté d'une espèce de cabane formée d'un paillasson de Bambou tressé, destiné à protéger l'ouvrier de l'ardeur du soleil. L'ouvrier se rend sur ce plancher en se servant des traverses comme d'un escalier. B place h côté de lui un assez grand noml)re de lames de Bambou destinées à fabriquer la corde; l'ouvrier s'en sert pour faire une tresse ronde de huit à dix brins, suivant la grosseur du Bambou et de la corde; à mesure de la fabrication, il serre les brins les uns contre les autres au moyen d'un coin de bois qu'il lient à la main; puis, lorsque les morceaux de Bambou arrivent à leur tin, il se sert de ce coin pour faire une ouverture dans la corde et y introduire une nouvelle lame de bois. Ces cordes sont très- FABRICATION DES CORDES DE BAMBOU. /l^7 roides et peu flexibles. On commence à rouler en rond l'extrémité inférieure de la corde lorsqu'elle arrive à toucher la terre ; l'enroulement se continue ensuite à mesure (lue la longueur de la corde augmente. Lorsque la corde a atteint une longueur sufiisanie, longueur qui varie avec l'usage auquel est destinée la corde, on l'introduit dans une chau- dière formée d'un grand baquet de bois ayant pour fond une bassine de l'onle. Comme je l'ai dit dernièrement, cette méthode de chaulTage est très-usitée parmi les Chinois. Cette espèce de chaudière est placée sur un fourneau de maçon- nerie que l'on chauffe au moyen de morceaux de Bambou. Après l'introduction de la corde dans la chaudière, on la rempht d'eau dans laquelle on met des fragments de chaux, puis on couvre le tout avec un couvercle de bois, et l'on chauffe pendant environ cinq ou six heures. Au bout de ce temps, on relire la corde, quia pris une couleur brunâtre due à l'action de la chaux, et qui possède une flexibilité suffisante pour les divers usages auxquels elle est destinée. Pendant un voyage assez long que j'ai fait sur des jonques chinoises, je n'ai jamais vu employer que ce genre de cordes, qui pos- sèdent une grande solidité et qui reviennent à un prix trés- modéré. Néanmoins, lorsque les cordes sont destinées à séjourner un temps assez prolongé dans l'eau, on substitue souvent à cehes dont je viens de parler d'autres cordes fabri- quées avec des écorces de Palmier. ■ II. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 13 JUILLET 1866. Présidence de M. A. Duméril, vice-président. M. A. Geoffroy Saint -Hilaire s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. ■ — Le procès-verijal de la dernière séance est lu, mis aux voix et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis; ce sont : MM. Castillo (Son Exe. Antonio Canovas del), ministre des colonies d'Espagne. Huret-Lagache, fabricant, maire de Cundette (Pas- de-Calais). Lhotellier, maire de la commune de Samcr (Pas-de- Calais). — MM. Ciquel et Lolt adressent leurs remercîmenls pour leur récente admission. — M. Baruffî, délégué à Turin, adresse un numéro de la Gazzetta di Torino, dans lequel il a inséré un article sur le Ver à soie Yama-mai. — La Société d'acclimalalion pour la région des Alpes fait connaître que de nouvelles naissances sont venues augmenter le nombre de ses Chèvres d'Angora, Yaks et Alpacas, mais que le résultat de ses éducations d'Autruches, qui avaient été si remarquables en I86/1 et 1865, a été négatif en 1S6G. « La )) ponte a eu lieu; mais à raison de la température élevée que » nous avons eue à la sortie de l'hiver, elle été devancée d'un » mois. Puis des retours de froid l'ont à plusieurs reprises » suspendue; en sorte que, dérangées par ces intermittences » qui ont prolongé la période de la ponte, les Autruches )) n'ont pas voulu couver. Le travail de la ponte a donc été PROCÈS-VERCAUX. Iih9 » compléteinenl perdu. La Société a ensuite éprouvé une » perle encore plus fâcheuse. Des trois Autruchons nés » en 1865, un seul était resté; il était magnifique. Le Jardin » d'acclimatation du bois de Boulogne, qui nous avait acheté » celui obtenu en 186/i, l'avait demandé. Mais, comme on » craignait déjà la non-réussite de la ponte de cette année, » la Société avait refusé de le céder. Il lui semblait que, pour » l'honneur de son Jardin, elle devait toujours avoir une » Autruche indigène. Huit jours à peine s'étaient écoulés » depuis son refus, que cet Autruchon était trouvé dans le » préau de sa loge, les deux jambes brisées et nageant dans » son sang. Il ne tarda pas à expirer. Ces accidents sont assez » fréquents, surtout quand les Autruches sont jeunes. On en » avait perdu deux de la même manière ; mais celle-ci était » arrivée à un âge où l'on pouvait la croire à l'abri de tout » péril de ce genre. » — M. de Fenouillet adresse l'état de son troupeau d'Yaks au 23 juin 186(5 : « 1" Un vieux màle du cheptel; 2" deux » femelles du cheptel; 3" un jeune màle né chez moi; h" une » jeune femelle née chez moi. Total : cinq individus jouissant » tous de la plus belle santé et en parfait état. Le vieux màle » seul se ressent toujours un peu de l'accident qui lui arriva » l'année dernière, et continue à boiter, ce qui ne l'a pas » empêché cependant de faire son service et ne lui porte » aucun préjudice quant à ce. Les deux vieilles femelles met- » tront bas, je pense, sous peu. » — M. Favin-Lévesque, capitaine de vaisseau, commandant la station navale d'Islande, dans une lettre adressée de Reij- kiavik à M. L. Soubeiran à la date du 15 juin 1866, annonce qu'il s'occupe à réunir quelques animaux du pays, et qu'il possède déjà quatre Renaids bleus, et espère se procurer bientôt diverses espèces d'oiseaux. — Remerciments. — Son Exe. M. le Ministre des affeires étrangères transmet une lettre de M. liéritte, consul de France au Cap, sur la race indigène des Moutons de l'Afrique centrale. (Voyez au Bulletin, p. hh^.) — M. Ilerbet, directeur au Ministère des aflaires étran- /l50 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. gères, annonce que M. G™'' Lejean, chargé par le gouverne- ment de l'Empereur d'une mission commerciale en Perse, propose l'envoi de renseignements précis sur la possibilité et les moyens d'acclimater en France la race caprine de la vallée de Cachemire. — Remercîments. M. Lucy signale comme étant d'une acclimatation dési- rable un poisson du rio de la Plata, désigné sous le nom de Pejerey. M. Lasnet, propriétaire à Chambois, près de Champlitte (Haute-Saône), rappelle qu'il a publié dans le journal la Ferme un article sur une femme qui possède un secret pour attirer et asphyxier les vipères (elle en a détruit plus de 3000 en 1865), et demande si la Société impériale ne jugerait pas utile d'acheter le secret de cette femme. — • M. le marquis de Selve adresse les renseignements sui- vants sur son établissement de pisciculture : « Je dois vous signaler la prise dans une nasse de trois Saumons du Da- nube, qui m'ont été donnés à l'état d'alevin par M. Coste, notre illustre confrère, au printemps de 1865. Ils ont, comme celui qui a été pris, il y a un mois environ, de 30 à 35 centimètres de long, et sont pleins de vigueur. Le com- partiment où ils ont été élevés est mis en communication avec mes grands canaux, étant assez forts pour avoir un champ plus vaste à leurs ébats. Mais le bassin d'élevage qui leur a été consacré est si profond, si accidenté et si grand, qu'ils ne le quittent qu'à regret; il n'est plus fermé que du côté de l'arrivée des eaux, et c'est ainsi que j'ai pu en prendre quelques-uns, et m'assurer que cette éducation commencée au Collège de France avait donné de brillants résultats. Soyez assez bon pour en donner l'assurance for- melle à M. Coste, qui tenait à savoir ce que deviendraient ses jeunes élèves. J'espère bien, dans deux ou trois ans, les lui faire goûter à Yilliers et lui en envoyer le plus beau modèle à Paris. On ne pourra pas dire que la Société d'ac- cHmatation n'a pas fait de grandes choses; car, en résumé, tout mon travail, toute mon entreprise n'ont été faits que sous son inspiration et celle de M. Carbonnier, un de nos ^ PROCÈg-VËRBAUX. Z|5l )) plus zélés collcgiics. Depuis que la Commission m'a fait » l'honneur de venir ici, j'ai fait de bien grandes améliora- » lions : des allées sablées partout, deux maisons bâties pour » loger quatre gardes, un grand laboratoire pour préparer » les viandes et aulres nourritures qui sont distribuées cha(iue » jour, ont changé avantageusement l'aspect de mon élablis- » sèment. En ce moment, je jette un nouveau pont sur l'Es- » sonne pour le service de la pisciculture, et en porter les » produits plus promptement au chemin de fer. » — M"" la baronne de Pages communique les renseigne- ments suivants sur ses éducations de Vers à soie : « Bombyx » i/ama-maï. Les graines fournies par M. Personnat ont mal » éclos et donné des vers malades et qu'il a fallu jeter dès la » deuxième mue. Les graines de M. Chavannes ont éclos iné- » gaiement, ce qui aurait rendu impossible une grande édu- » cation simultanée ; mais en plein air, l'inconvénient est » nul. Toutes les graines n'ont pas éclos, mais les vers qui » sont nés sont restés sains, et en ce moment commencent . » leurs cocons sans apparence de maladie. Les graines de la » Société d'acclimatation ont aussi éclos inégalement et seu- » lement en partie; mais les vers qui en sont sortis sont res- » tés admirables de force, de vie et de bonne santé. Ils ont » terminé en majorité leurs cocons, d'un superbe tissu, Irès- » d.urs et dont j'espère de superbes papillons reproducteurs. » Je crois le Bombyx yama-maï très-rusliquc et plus facile à » élever que môme celui de l'Allante. 11 exige des soins abso- » lumcnt différents et à l'observance desquels tient sa bonne » santé. Ainsi, il craint le soleil, et ne sait pas s'en préserver » comme le CyntJiia. 11 doit être souvent arrosé, aimant à » boire; lorsqu'il a soif, il pâlit, devient mou et ne mange » plus ; s'il boit trop, il prend la maladie. Lors de sa troi- » sième peau, le Bombyx y ama-mai répand une odeur, très- » pénétrante de Verveine, et se pare de petites perles blanches » qui, vues au microscope et même à l'œil nu, sont irisées et » du plus bel orient, comme de réelles perles fines. Au môme » âge, le Bombyx Cynthia se revêt de turquoises et émane » une Ibrte odeur de tubéreuse, landis que le FaidJierbla m hh'l SOniÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. » empeste le musc. — Bombyx Cynthia (clerAilante). A peine. » quelques papillons éclosenl-ils, mâles pour la plupart; ils » ne sont bons qu'à piquer pour les collections. — Faid- » herbia Bcmhiniœ. Son cocon se dévide aisément et donne » une soie tout à fait supérieure. Il est construit à orifice, » enfermé dans une veste blanche, afin de moins absorber la » chaleur, et de plus non adhérent à cette veste, afin que l'air )) circule autour de lui; en outre, la veste, au lieu d'être j> ouverte seulement par le haut, près du pédoncule qui l'at- » tache au Jujubier, l'est aussi par le bas, ce qui fait réelle- » ment une cheminée d'appel, et dans un pays aussi chaud » que le Sénégal, a été préparé par la sage Providence, en » vue d'empêcher le dessèchement de la chrysalide. Les cocons » vivants qui m'ont été envoyés en automne dernier renfer- » ment leur chrysalide en bon état et vivace, mais elle n'éclôt » pas toujours. L'an dernier, j'eus quelques papillons, tous » mâles. Ayant à ce moment des femelles métis del'Ailante et » Ricin, dont la structure, analogue à celle du Faklherbia, » permet de les classer dans la même race , je les mis ensemble » avec succès pour une paire; la femelle pondit. Quelques » semaines après, naquirent quelques chenilles en petit » nombre et assez faibles; la saison avancée et l'impossibilité » de les bien nourrir me les firent perdre. Mais je crois cet » essai très-important, très-capital, et je supplie la Société de » le faire répéter avec les sujets qu'elle peut posséder, parce » que le résultat serait très-sérieux. Le cocon du Faidherbia » est sujet à beaucoup de parasites : l'un est un petit Scarabée » déjà connu; le deuxième, un bel Iclmeumon à ailes bleues, » que M. Guérin-Méneville a trouvé et décrit en même temps » que moi; enfin, le troisième, une Mouche encore inconnue » et sans nom, que j'ai trouvée à cinquante-trois exemplaires » dans un seul cocon. Cette Mouche, très-curieuse, zébrée, à » quatre ailes de gaze et à jambes blanches, est absolument » une nouveauté. » — M. de Saulcy donne les détails suivants sur ses éduca- tions de Bombyx : « J'ai amené mes vers jusqu'au cinquième » âge, ils étaient alors magnifiques; mais en peu de temps PROCES- VERBAUX. A53 » je les ai vus, les uns après les autres, se moucheler comme ils avaient fait l'année dernière, et ils sont tombés successi- vement en putréfaction. Heureusement il m'en restait quel- ques-uns fort en retard sur ceux dont je viens de parler, et qui étaient d'origine française. Je fais en ce moment une contre-expérience avec mes pauvres attardés, qui sont de provenance directe du Japon, et que je tiens de la généro- sité de mon ami M. Sacc. Il n'est pas inutile que je signale ici que les œufs que j'ai reçus de la Société, de même que ceux que j'ai acquis de MM. Arlès-Dufour, ne m'ont rien donné du tout, ou, plus exactement, qu'ils ne m'ont donné que deux larves qui n'ont pas vécu quarante-huit heures. Deux naissances sur 1800 œufs!!! J'en reviens à mon expé- rience. Comme j'avais donné à mes vers beaucoup d'espace et de la nourriture en abondance, comme aussi j'avais séparé d'une manière absolue mes éducations de provenances diverses, il ne m'était plus permis de croire, comme en.l865, à l'infection ni h la contagion. C'est donc dans le modus faciemU qu'il m'a fallu chercher la cause de mon insuccès et de celui de toutes les personnes auxquelles j'avais donné de la graine. Indubitablement ma méthode était vicieuse, et les rameaux, surtout quand ils sont petits, en plongeant dans l'eau, si pure qu'elle puisse être, fournissent aux larves une nourriture fâcheuse, caries feuilles cessent alors d'être alimentées par l'ascension d'une sève substantielle, et elles sont au contraire gorgées d'eau qui les imprègne comme des éponges, en quantité et avec une rapidité prodigieuse. C'est là, j'en suis convaincu maintenant, la cause de tous mes ennuis et de la maladie terrible qui m'a enlevé mes belles chenilles. Je viens de placer le peu qui me restait de larves présentant chances de vivre sur de fortes et longues branches foliées dans des pots remplis de terre humide. Ces larves sont au quatrième îige, et, si j'en obtiens un seul cocon^ l'épreuve sera pour moi concluante. (Juoi qu'il en soit, je vais planter à l'automne de jeunes Chênes dans un petit terrain, pour recommencer l'année prochaine, si Dieu me prête vie, dans de nouvelles et de meilleures conditions. hbll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » Je préserverai alors mes larves contre les attaques des » oiseaux par un grand tilet. Je me rappelle maintenant que » les larves que j'ai réussies en 186i ont été élevées sur de » très-hautes branches qui plongeaient dans une dame-jeanne, » mais nous n'avions que douze larves, et, jusqu'au cinquième » âge, elles avaient été élevées sur de jeunes Chênes en pots. )) Mes vers colorés de race chinoise marchent assez bien; » les zébrés me semblent plus robustes même que les tout » noirs, que je ne serais pas éloigné de considérer comme » affectés de mélanisme, par o[)position à ceux atteints d'albi- » nisme. Je lâcherai de faire le grainage avec soin, et si je » réussis comme j'en ai l'espérance, je m'estimerai heureux » de pouvoir faire hommage à la Société d'une notable por- » lion de la graine que j'aurai pu obtenir. » — M. Victor Considérant, actuellement au Texas, appelle l'attention de la Société sur les Fourm/'s mellifères du Mexi- que. Elles donnent abondamment du miel, assez pour que les fourmilières établies dans les champs de Pastèques donnent un produit supérieur à celui des Melons. M. Considérant offre d'envoyer la description et des spécimens de ces animaux. — Remercîments. — M. Ferdinand Denis annonce que les graines à'Erij- throxylon coca , adressées par la Société à son frère M. Alphonse Denis, ont germé dans le jardin de celui-ci, à Hyères. — M. Delidon envoie une Note sur une matière destinée à remplacer la rogue pour la pèche de la Sardine, et un récit détaillé des résultats obtenus avec le nouvel appât. — M. van Leden demande, au nom de la Société hollan- daise d'encouragement pour l'industrie à Harlem, l'échange de publications. — Accordé. Le docteur Budding fait hommage à la Société d'une brochure sur les productions végétales de la Norvège, par le docteur Schubeler. -— Rentercîmenls. — M. le Président annonce la mort de notre confrère M. Dutrône, et rappelle le zèle avec lequel ce regretté con- frère s'était voué à la propagation de la race Sarlabot ou Bœuf PROCÈS-VERBAUX. /j55 sans cornes, pour laquelle il avait reçu quelques-unes des plus hautes récompenses de la Société. - M. le Président informe le Conseil qu'il a représenté la Société au banquet de la viande de cheval, qui a eu lieu le 9 judlet, et donne lecture du discours qu'il a prononcé à cette occasion. (Voy. au Bulletin, p. /|56.) -M. Duméril dépose un travail sur les Poissons anadromes en même temps qu'une Note sur l'Eperlan, et un travail de M. P. Vouga sur les Poissons du lac de Neufchàtel . - M. de Corbigny offre, au nom de M"^' Codiska (de Bata- via) une boite contenant des œufs de l'insecte feuille mono - ■ Remercîments, Le Secrétaire du Conseil, Cii. Wallut. m. CHRONIQUE. Banquet à la viande de Cheval ORGANISÉ PAR LE COMITÉ DE PROPAGATION POUR l/uSAGE DE CETTE VIANDE. Un banquet, auquel plus de cent quatre-vingts convives ont pris part, a eu lieu le 9 juillet, jour où la première boucherie ouverte avec l'autorisation et sous la surveillance de la Préfecture de police, a commencé à livrer aux consommateurs de la viande de Cheval, dont le prix est de deux tiers moins élevé que celui de la viande du Bœuf (1). A la fin du repas, des toasts nombreux ont été portés. Un de nos vice-présidents, M. de Quatrefages, qui avait accepté la pré- sidence de celte réunion, s'est exprimé ainsi : Messieurs, vous savez tous quel événement a motivé notre réuniou ; vous savez tous qu'à partir de ce jour, le Cheval est reconmi animal de boucherie, aussi bien qu'animal de selle et de trait. Je vous propose de porter notre premier toast à tous ceux qui ont concouru à ce résultat. Vous ne serez pas surpris de m'entendre employer ce grand mot d'évé/ieme/if à propos d'un fait qui aura pourtant provoqué, peut-être les sourires, peut-être même les haussements d'épaules de quelques gens. Vous tous, messieurs, vous en connaissez l'importance. Si la France sait le comprendre, cinquante millions de kilogrammes de très-bonne viande, jusqu'ici perdus, vont entrer dans la con- sommation journalière; au prix moyen de la viande de bœuf et de vache, notre pays y gagnera de soixante à soixante-cinq millions de revenus. Ces millions iront surtout aux classes pauvres, et cela seul fait bien plus que doubler la valeur du chiffre. Nous, messieurs, qui avons été les ouvriers de la dernière heure, nous qui n'avons pris qu'une part minime à celte œuvre si belle et si bonne, applaudissons du moins ceux qui l'onl entreprise et menée à fin. Je ne nommerai personne ; la liste serait un peu longue, et quelques noms, en éveillant de Irop justes regrets, assombriraient notre fête : vos mémoires et vos cœurs suppléeront à mon silence. Je ne vous redirai pas davantage tout ce qu'il a fallu d'initiative réelle, d'infa- tigable ténacité à ces hommes dévoués, pour accomplir la tâche qu'ils s'étaient imposée. Vous savez trop qu'ils ont eu à dompter des répugnances d'autant plus rebelles, des préjugés d'autant plus tenaces, qu'ils ne reposaient abcolument sur rien. Vous savez trop qu'ils ont dû tour à tour, et souvent à la fois, vaincre l'in- différence des uns, lutter contre le mauvais vouloir des autres, faire des sacri- fices personnels et affronter la raillerie, le ridicule, ces armes si redoutables dans notre pays. Vous n'oubliez pas surtout que l'amour du bien, le désir d'être utiles aux classes les moins aisées de nos concitoyens, ont été leurs seuls mobiles, leurs seuls soutiens, dans une lutte qui, commencée au Muséum, dure depuis près de vingt ans. Messieurs, rendons hommage à cette persévérance. Qu'elle soit pour nous un exemple, et, dans le succès que nous célébrons, sachons aussi trouver un ensei- gnement. Non, aucune idée vraiment utile et bonne n'est destinée à périr ! Le (1) Le Dullelin de la Société protectrice des animaux, a Paris, conlienl de nombreux docu- ments sur ce sujet, et en particulier une conmiunicatiun l'aile à la séance du 21 juin tSnG, par le zélé président du comité, noire confi ère, M. le docteur Blatin. (Voyez ce fiw((f(Wi, 1806, pages 255-260, et te Bulletin de la Société d'acclimatation, 1806, pages 365-367.) - ■^■. • • " CHRONIQUE. /iÔ7 triomphe peut se faire attendre pour elle, mais il n'eu est pas moins assuré; il ne s'agit que de persévérer. Messieurs, à tous ceux qui ont contribué à faire entrer lu viande de Ciieval dans la consommation journalière et légale ! \ln autre de nos vice-présidents, M. Auguste Duniéril, a parlé au nom de la Société impériale zoologique d'acclimatation , dont le président, M. Drouyn de Lluiys, empêché par ses occupations, a regretté de ne pou- voir assister au banquet. Messieurs, a-t-il dit. le Comité pour la propai^ation de l'usage de la viande de Clieval, qui a placé l'œuvre pliilanthropique à laquelle il se consacre sous le patronage d'Isidore Geoffroy Sainl-Hilaire, a désiré que la Société impériale zoologique d'acclimatation eût ici un représentant otliciel. L'invitation a été acceptée avec empressement, et je suis heureux de l'honneur que notre Société m'a conféré en me choisissant pour son délégué. Je puis ainsi donner, devant les amis de l'œuvre, un nouveau témoignage de l'intérêt que nous inspire le succès des efforts fiiits en vue de l'accroissement du bien-être général par l'augmentation des ressources alimentaires. La Société d'acclimatation , en cherchant à doter d'espèces utiles les pays où elles manquent, regarde comme un des résultats les plus souhaitables qu'elle puisse obtenir l'introduction d'animaux à chair savoureuse. En adoptant le sys- tème des cheptels qui fonctionne maintenant pour les Yaks ou Bœufs à longue toi- son, originaires des sommets élevés du Thihet, elle n'a pas considéré seulement les secours que les habitants des pays montagneux tireront de ces animaux comme bêtes de somme ou, en ce qui concerne les produits industriels, par l'emploi de la laine; elle a encore eu en vue les ressources nouvelles qui pourraient être procu- rées a la boucherie. Le Lama et l'Alpaca des Andes du Pérou, la Chèvre d'Angora elle-même, ob- jets des plus anciennes préoccupations de notre Société; les diverses espèces de Kauguroos de l'Australie ; le Canna de l'Afrique australe, nommé à tort Élan du Cap, grande Antilope, presque comparable au Bœuf pour la taille, et dont lord Derby a obtenu en Angleterre des reproductions nombreuses ; puis, parmi les oiseaux, différents Gallinacés et Palmipèdes, auxquels il conviendrait presque de joindre l'Autruche, et le Nandou, ou Autruche à trois doigts de l'Amérique du Sud tous ces animaux, avec bien d'autres, entreront peut-être un jour dans la consom-' mation . Comment, au milieu de ces tentatives, la Société d'acclimatation n'apporterait- elle pas son concours au combat persévérant soutenu contre un inexplicable pré- jugé ? *^ ^ Quoique beaucoup d'entre nous fassent volontiers usage de la chair un peu hui- leuse de la Tortue ou des cuisses de Grenouille, je comprendrais une certaine ré- pugnance SI l'on nous proposait d'imiter, soit les Américains du Sud, qui recherchent comme aliment agréable et salutaire les grands lézards nommés Iguanes soit cer- tains peuples de l'extrême Orient, les Cociiinchinois i)ar exemple, dont les marchés sont toujours fournis de Crocodiles vendus par tronçons, soit encore des tribus de 1 Amérique septentrionale, dont le repas se compose souvent de Serpents à sonnettes Mais le dégoût n'a pas de prétexte quand il s'agit simplement d'adjoindre à nos animaux de boucherie un herbivore dont le système musculaire, sans être absolu- ment semblable a celui des ruminants servis sur nos tables, lui est très-analogue et dont la saveur est excellente, nous venons d'en juger par l'épreuve qui s'achève en ce moment. Ce n'est point, il est vrai, aux convives satisfaits et convaincus au milieu desquels je me trouve que ces paroles s'adressent; elles doivent franchir l'enceinte delà hoS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. salle, et aller à ceux qui ont souri peut-être à l'annonce d'un banquet dont la ciiair de Cheval a fait presque tous les frais. Tout le monde comprendra que le comité organisateur de notre réunion a entrepris une œuvre excellente en travaillant avec un zèle infatigable, depuis plusieurs années, à la propagation de l'emploi alimen- taire d'une viande mise, dès à présent, grâce à lui, au nombre des denrées de notre grande ville. Je vous propose, messieurs, au nom de la .Société impériale zoologique d'ac- climatation, un toast eu l'honneur du comilé, et en particulier, de son président, M. le docteur Blatin, et du secrétaire de ce comité, M. Decroix (1). Le Secrétaire, 3. L. .SOUBEIRAN. ' Dos Animaux iililes à riîoiiime. Addition à ce qui est dit page 243 du Bulletin 186(5, sur Vemploi que l'homme fait de la soie. Par M. A. Ouméril. J'aurais dû ajouter que si les Vers à soie parvenus au terme de leur crois- sance ne trouvent pas tout prêts des rameaux où ils puissent amarrer leur fil, leur force vitale s'épuise, la matière de la soie s'épaissit dans l'intérieur du corps; ils se raccourcissent et meurent sans fder : on les nomme vul- gairement alors vers courts. Les Chinois, dans ce cas, en font l'objet d'une industrie spéciale, comme le savant naturaliste Mathieu Bonafous le rap- pelle dans la note o- du second ch;int de son élégante traduction {o" édit., p. 203) du poëme lalin De Bombyce, écrit par Marc Jérôme Vida en 1537. Les Chinois jettent la partie du corps où se sécrète la soie dans de l'eau chaude, pour extraire plus aisément la matière que les orfi;anes contiennent. L'opération terminée, on fait évaporer l'eau, et l'on obtient ainsi un très-beau vernis dont on recouvre les estampes les plus délicates. Ce vernis, aussi transparent que le verre, préserve le papier de l'humidiié, de la moisissure et des insectes. On se sert de cette matière soyeuse lorsqu'elle est encore liquide et con- tenue dans les organes où elle se produit, pour en obtenir des lils beaucoup plus grossiers que ceux qui sont filés par la chenille, mais aussi extrêmement résistants et imperméables ou indissolubles par l'eau. On forme, avec cette sub.stance, une sorte de gros crin très-solide, qui sert pour la pèche à la ligne et sur lequel on monte les hameçons. Les fils ainsi obtenus, et sur les usages desquels mon père (article Soie du grand Dictionnaire des sciences (1) Le numéro d'août du Bulletin de la Société protectrice des animaux renferme un procès-verbal du banquet. On y trouve les détails donnés par notre collègue M. Decroix, le membre le plus actif du comité de propagation, sur la bonne installation de la bouclierie de la place d'Italie, n° 3, ancienne barrière de Fontainebleau. Inaugurée le 9 juillet au matin, en présence dii comilé, elle a été, tout le jour, cmplio d'acheteurs et de pauvres gens qui, munis d'un des bons de ce comité donnant droit aux distributions gratuites qu'il a instituées, ont reçu chacun 1 kilogramme de viande. Parmi les dons faits au comité pour son œuvre de bienfaisance, il convient de rappeler celui de la Société d'acclimatation, qui a voté um somme de 500 fraaes. • . ; - .. ...... CHRONIQUE. A 59 naturelles de Déterville, t. XLIX, p. Zi02 et /i03) a donné des détails, sont vendus sous le nom de inord à pèche. On les nomme faussenient, quelque- fois, (il de pitte ou d'nloès et d'agave. L'omission que je répare ici m'a été signalée par noire collègue M. Vau- vert de Méan, vice-consul de France à Blylh, comté de Norlhnmberland, en Angleterre. Il m'informe qu'on fait, dans ce pays, une assez grande con- sommation des fils de soie deslinés à la pèche de différents poissons, et en particulier du Saumon et de la Truite. C'est principalement, me dit-il, de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie et de la Sicile, qu'on importe ces fils, que les Anglais nomment giit: mais les pêcheurs en général se plaignent de leur mauvaise fabrication, ne les trou- vant pas assez étirés, et, par là même, pas assez fins. En terminant celte note, je prie nos collègues de vouloir bien me faire connaître les oublis que j'ai pu commettre dans un travail qui, en raison de la multiplicité des détails qu'il renferme, doit nécessairement présenter des lacunes, malgré le soin apporté à les éviter. ... Montée de rÉperlan de la mer dans les fleuves, -:' - Par M. A. Duméril. J'ai publié dans le volume de V Annuaire scientifique de M. Dehéraiii, quia paru au commencement de 1866, un travail ayant pour liire : Des pois- sons voyageurs qui, à l'époque de la reproduction, abandonnent la mer pour remonter les fleuves, ou quittent les fleuves pour descendre à la mer, et sont dits Poissons anadromes et catadromcs (1). ^ J'extrais de ce mémoire le passage suivant relatif à l'Êperlan, dans le but d'appeler l'attention de mes collègues sur celte espèce, vers l'époque de l'année où, suivant une opinion qui me semble inexacte, il y aurait une se- conde montée. . , L'Êperlan, salmoiioïde anadromc, a été nommé ainsi, dit Rondelet, « pour sa belle et nette blancheur semblable àcelie de la perle ». Il a reçu un nom scientifique {Osmerus, du grec iaar,fo,-, odorant), destiné à rappeler qu'il répand de fortes émanations comparées, le plus souvent, au parfum de la violette (2) ou du ihym, et que d'autres trouvent plus analogues à l'odeur de la pulpe des fruits de certaines cucurbitacées, des concombres en parti- culier. (d) Du srec àvà, en arrière, et rîpo'ij.cî, course, cVsl-.'i-dire poissons qui na-cul contre te cour.tnt, afin de monter vers la source, et de Jtarà, en i)as, et 'foôu.o;, c'est-îi-dire poissons i|ui nagent dans le sens du courant pour descendre vers l'emlroilcljiirc des lleuves, et de là dans les mers. (2) Aussi, Belon {^'ature et diversité des Poissons, 1554, page 283) a-t-il dit: «Je » l'oserais nommer Viola, de diction latine, le voyant avoir odeur de violette. » Cette odeur ne semble pas toujours agréable, car on l'assimile quelquefois à colle que répand le fiimiei-. hÔO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATATION. C'est bien un poisson maria. Vers l'équinoxe du printemps, il apparaît dans les eaux tributaires de la Manche, de la mer du Nord et de la Baltique, pour y pondre et y féconder les œufs. Les zoologistes anglais n'admettent tous qu'une seule montée annuelle. Uichard l'arncll, qui, en 1839, a publié une histoire très-exacte des pois- sons du Forlh en Ecosse el du vaste estuaire que forme dans la mer du Nord l'embouchure de cette rivière {The natural and economical History ofthe Fishes ofthc river district ofthe Jlrth of Forth, in Transactions of thc Wernorian Society, Edimbourg, t. Vil), dit que l'Éperlan remonte le Forth en bandes non)breiises au mois de mars, pour déposer ses œufs. Il se trouve alors en inunense quantité à deux milles au-dessous de Slirling Bridge, et bientôt chaque pierre est couverte de ses œufs, dont la teinte est jaunâtre (p. 313). En quatre ou cinq mois, les jeunes animaux arrivent à une taille de 0"',08 à 0'°,10, et commencent, dès cette époque, c'est-à-dire à partir du mois d'août jusqu'à la fin de l'année, à descendre à la mer. Les pécheurs de certaines localités des bords de la Seine, contrairement à l'opinion de pêcheurs de localités différentes, supposent qu'il y a deux montées, l'une au printemps, et la seconde à l'éqninoxe d'automne. Les naturalistes qui se sont occupés de ce sujet, et même Noël de la Mori- nière, dans son Histoire naturelle de l'Eperlan de la Seine-Inférieure, pu- bliée en l'an VI, à llouen, restent indécis. Ce qu'il y a de positif, et j'ai reçu des indications sur ce point de M. le professeur Pouchet, de Rouen, c'est que l'arrivée dans la Seine de l'Éperlan venant de la mer a lieu au printemps. A cette époque, où il est plein et amené par le besoin de frayer dans l'eau douce , il est très - abondant. On le recherche aiors à cause des qualités excellentes de sa chair. A la fin du printemps ou au commencement de l'été, la pêche perd de son importance, mais l'Éperlan reste dans la Seine. Beaucoup d'individus sans doute retournent à la mer après avoir dé- posé et fécondé les œufs, et y descendent en compagnie des jeunes poissons. L'émigration cependant n'est pas générale, comme celle d'autres espèces anadromes, dont la disparition semble complète quand l'œuvre qui les avait attirés dans les rivières est consonunée. La présence de l'Éperlan dans les filets des pêcheurs durant toutes les saisons est une preuve évidente de la prolongation de son séjour en eau douce. Au milieu de l'année, pendant le développement, el par une sage mesure destinée à le protéger, la vente de l'Éperlan est interdite dans la basse Nor- mandie. Si l'on ne suspendait le travail des pêcheurs dans des localités dé- terminées où le poisson afllue, il y aurait à craindre la diminution, si ce n'est même la destruction de l'espèce. Or^ M. l'ouchet le fait observer, c'est cette interdiction même qui, inlerrojnpant le débit, qu'on voit reprendre lors- qu'elle est levée par les règlements adniinislralils, a fait croire à une seconde montée. t # 'i* I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). EXPOSITION IlNTERNATlONALE DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈCHE DE BERGEN (Norvège), Août 18G5, RAPPORT PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQL'E D 'ACCLIMATATION Par M. J. L,. I^OL'BEIIljVPNi (suite) (2). (Séance du 15 décembre 18(35.) • GADE VERDÂTRE. ■ • Celle espèce de Gade {Gadus virens), redoulable pour les pécheurs de Harengs, donl elle brise les filets quand elle est surprise par eux au milieu de sa chasse parmi les Clupées, est elle-même l'objet d'une pèche importante en Norvège, dont on évalue la valeur à plus de 'i millions de francs chaque année. Abondante sur toute la côte du Nordiand, elle se ren- contre fréquemment de juin à octobre dans le Finmark et descend quelquefois jusqu'à Stavanger. On la pêche au moyen de cordes sans plomb qu'on laisse traîner derrière les canots, ou au moyen des filets ordinaires qui servent à la pèche de la Morue : mais les meilleurs procédés sont de la seincr dans les fjords au moyen de filets longs et très-résislants, ou, comme nous l'avons dit déjà (page 389), au moyen de filets en nappe longs de hO mètres sur 30 ou 35 de large, qu'on plonge par 10 à 12 mèlrcs sur le fond, et qu'on relève au moyen de quatre bateaux, dès qu'on aperçoit, à travers l'eau (1) La Société no preiul sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. (2) Voyez les numéros de mai, page 189; de juin, page L'G2 ; do juillet, page ol7, etd'aoùl, page o81. 2« bÉKiE.T. 111. — Sciilciiibrc 18G0. 30 /|62 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. limpide du Nord, (lu'uii cerlain nombre de poissons sont au-dessus du filet. HARENG. Le Hareng (Sild) (1) n'est pas moins abondant sur la côte de Norvège que la Morue, et est l'objet d'une pêche active, qui est généralement faite par les populations des côtes. Il se montre depuis l'extrémité inférieure du royaume jusqu'à son extrémité nord, c'est-à-dire depuis Mandai jusqu'à Nord- Cape, mais sa pêche se fait à deux époques différentes, l'une en hiver, l'autre en été. Le Hareng a été l'objet de recherches très-importantes de M. Bœck fils, chargé par le gouvernement norvégien d'une mission dans ce but; et il résulte de ses observations très- minutieuses, que ce poisson n'est pas aussi voyageur qu'on le croyait. Le Hareng n'est pas nmjrateur, car presque chaque localité possède son espèce particulière ; ce qui ne peut s'expliquer, si l'on admet encore le long voyage entrepris chaque année du nord vers les régions tempérées. D'après M. Bœck, le Hareng vit dans les vallées profondes sous- marines, entre le 1x1" et le 67" degré de latitude, qu'il quitte pour se rapprocher de la côte quand le besoin de frayer le pousse, et vers lesquelles il redescend ensuite. (Pendant ce déplacement, il laisse échapper les œufs par 10 à 150 brasses de profondeur ; on en a surtout trouvé à 100 brasses.) L'opi- nion du naturaliste norvégien est que le Hareng ne s'éloigne guère de plus de 7 milles norv. (H kilom. 1/2) de la côte. Un peu plus tard, il y a une seconde apparition de poisson, que les naturalistes écossais rapportent à une seconde saison (1) Clupea harcngus. On pèclie également dans les fjords méridionaux le Mélet ou Esprot {Clupea sprattus, Brisling), qui est surtout abondant aux environs de Bergen, el qu'on prend au moyen de (ilets de barrage à mailles très-fines : on en prépare environ 50 000 barriques par an, qui sont consomniées ilans le pays. Bien que ce soit un poisson assez délicat, sa valeur n'est pas considéraI)le, el on le met simplement eu couches dans des barils, avec du sel el quelques épices ; on le prépare quelquefois aussi sous forme d'Anchois. EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE l'ÉGHE. Zl63 d'amour, mais dans laquelle il esl plus simple de ne voir que le besoin de se recoiiforler, car ces Harengs de seconde pêche ont leurs organes génitaux vides. M. A. Bœck a re- marqué que les Harengs nagent contre le courant, en se nourrissant de crustacés microscopiques et d'animaux infé- rieurs ; ils abandonnent toute eau qui n'a pas au moins !ï degrés centigrades, soit que cette température leur soit désagréable, soit qu'ils n'y trouvent plus alors suffisamment de nourriture. M. Bœck a remarqué encore que le Hareng semble, de même que quelques autres animaux, devoir changer d'aire d'habitation, et remonter vers le nord. C'est ainsi que Flek- keljord, qui était le centre le plus important de la pêche, est presque désert maintenant, et que l'année dernière le Hareng dit écossais, qui s'était à peine pêche sur les côtes d'Ecosse, s'est au contraire montré avec grande abondance sur la côte Scandinave, et y avait remplacé l'espèce qui s'y pêche d'ordinaire. Jusqu'à présent il n'a pas été trouvé d'ex- plication satisfaisante h ce fait, que quelques personnes ont voulu rapporter à une moditication du Gulfstream, non plus que pour l'observation de M. Rosenkilde, qui a remarqué que depuis plusieurs années on prend de plus en plus du poisson sans rogue. Hareng d'hiver {Vaarsild). — Il se pêche du 15 janvier au 15 mars, entre Stavanger et Aalesund, et surtout dans les parages de Karmo, où son arrivée est signalée par l'appari- tion au large de nombreuses troupes de Cétacés qui lui don- nent la chasse et le poussent vers les côtes (1). 11 y est du reste poussé par le besoin de frayer (2); aussi le trouve-t-on presque toujours rempli d'œufs et de laitance (Hermann (1 ) Ses ennemis sont surtout le Nord-Caper [Balœna glacialis) le Kabljau, [Gadus Morrhua), le Ihivkat {Chimœra monstrosa), le Vùjhai {Acanthias vulqaris), etc. (2) Lorsque le Hareng a frayé, c'est-à-dire vers le 15 ni;irs. il qiiiltc la côte. liiMi SOCIÉTÉ iMPÉniALr: /.o()[,(n;ini:K d'acclimatation. Baars) (i), ou, comme on d'ii,p/c(/> {S/osi/d); Ircs-rarenienI il est guais. Il se pêche au moyen de filets dérivants, de filets fixes ou de filets de barrage. Les filets fixes ou dérivants ont environ 20 à 22 mètres de long, sur une profondeur de 100 à 4 50 mailles (la maille a 38 millimètres); ils sont de fil de chanvre mécanique ou de coton, et tannés ; à leur partie infé- rieure sont des pierres cpji les font plonger, tandis que leur partie supérieure est munie de flottes, et porte à une extrémité un baril sur lequel est inscrit le nom du propriétaire. Cette pêche occupe /lOOO à 5000 bateaux pêcheurs, ayant chacun en moyenne vingt filets, et montés par cinq ou six hommes. Les filets de barrage sont plus forts, à maille plus petite, et offrent une longueur de 300 mètres environ sur 80 de hauteur ; ils sont munis de flottes, et de poids très-lourds destinés à les faire plonger plus rapidement. Ils appartiennent en général à des associations d'une vingtaine de pêcheurs, qui doivent posséder un grand filet, deux plus petits, et au moins deux embarcations pour pouvoir jeter les filets (2). ■ (1) Les Hollandais ponscnl que rapparilion ou la dispariiiou du llarou^ esl duc à ce que. suivant les saisons, il se lient à des liauieurs diflérenles ; mais celte opinion, qui n'esl pas juslo, serait due à ce qu'ils observent seu- lenienl en pleine nier, cl non sur les côtes, (llerniann Baars.) (2) La pèche du Hareng est réglementée par une loi dont nous croyons ulile de l'aire connaître les dispositions principales. Loi sur la pèche du Hareng d'hiver du. 'Itiseplciubrc 1851. — Une sur- veillance spéciale est établie par TEtat : ses agents ont action sur les pêcheurs et tous ceux qui sont sur les lieux de pèche; ils connaissent de tous délits de pèche ou autres. Ils peuvent i equérir, sous peine d'amende et de garde forcée au tour suivant, tous les pécheurs dont ils ont besoin pour leur prêter assistance, à condition de ne pas lever plus d'un homme sur dix par lilet, et, à leur défaut, d'un homme par grand canot. Le samedi soir et la veille des jours fériés, tous engins de pêche autres que les lilets doivent être retirés de la mer, e(tre adressée par M. L. BERTHELI\, Agent des postes ilii service Je l'Iiulo-Cliiiie, A M. LE DIRECTEUR DU JARDIN ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Paris, le 20 juin 1800. Monsieur le Direcleur, J'ai l'honneur de vous rendre compte du résultat de mes tentatives pendant le voyage que je viens d'accomplir sur la ligne de la Piéunion et de Maurice, pour satisfaire aux ilesl- derala exprimés dans votre lettre du 6 avril dernier, en ce qui concerne l'importation des espèces utiles ou curieuses appar- tenant à la faune des pays visités ou en relations avec les dif- férentes stations de mon parcours. • •, ■ ■ Je traiterai en premier lieu des importations tentées ; en second lieu, je vous dirai les renseignements recueillis en vue d'importations futures ; et enfin les relations établies ou à établir pour faciliter à l'avenir ces mêmes importations. , . ,.,-, PREMIÈRE PARTIE. .. , :• . Des choses vivantes signalées comme intéressantes , je n'ai pu, à mon grand regret, me procurer dans ce voyage qu'une faible partie seulement; et encore parmi celles rapportées, un petit nombre est arrivé à destination, ainsi qu'il résulte de l'exposé suivant: Gourami ou Crouramier. — Grâce à l'obligeance de M. Aulard de Bragard, membre de la Société impériale d'ac- climatation, et mon compagnon de route, vingt de ces pois- sons m'ont été apportés de la campagne l'avant-veille de mon départ de Maurice. Ils avaient été choisis de la taille qui semble la plus favorable pour supporter les fatigues du hS6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. voyage, à savoir, de trois pouces de long. Déposés dans une dame-jeanne de verre recouverte de jonc, pour les maintenir dans l'obscurilé, ils n'avaient pas souffert du trajet en voi- ture. Mis ensuite dans un vase de zinc d'une capacité conve- nable et changés d'eau chaque malin, tous les vingt parvin- rent à bord, où ils furent déposés dans un lieu clos et pro- tégés contre une lumière trop vive. Six autres dames-jeannes, remplies à Port-Louis d'eau de rivière parfaitement pure et embarquées le jour du départ, devaient suffire à un renou- vellement d'eau quotidien pendant la traversée. Malgré ces précautions et bien que l'état de la mer fût assez beau pour que les poissons n'eussent pas à souffrir des mou- vements du bateau , les premiers jours amenèrent une mor- talité au delà de toute prévision. Ainsi, deux moururent le lendemain même du départ, douze dans la nuit du deuxième au troisième jour, et deux autres encore le jour suivant, soit en tout seize. Les quatre survivants, déposés alors dans un vase de porcelaine d'une capacité moindre, et bien que chan- gés d'eau tous les deux jours seulement, vécurent jusqu'au lendemain de l'arrivée à Aden, soit du 18 au 30 mai. De- meurés très-vivaces jusque-ltâ, je suppose que leur mort doit être attribuée à la chaleur excessive supportée par eux pen- dant le séjour du bateau en rade d'Aden. J'ajouterai que pour ces quatre derniers, comme pour les autres morts anté- rieurement, j'avais évité, suivant le conseil qui m'en avait été donné, de leur donner aucune nourriture, afin de conserver toute sa pureté à l'eau dans laquelle, quand ils sont jeunes encore, ces animaux trouvent des éléments suffisants d'assi- milation. Des observations qui précèdent, et notamment de la cir- constance que quatre individus sur vingt ont survécu un temps relativement considérable, je conclurai que la condi- tion principale, pour réussir dans l'importation des Goura- miers, est qu'avant leur embarquement, ils soient d'abord habitués à vivre, pendant un certain temps, dans un milieu différent de celui qui leur est naturel ; c'est-à-dire qu'ils soient disposés à l'avance dans un vase semblable à celui (jui ANIMAUX ET VÉGÉTAUX DE l'AFRIQUE ORIENTALE. 487 doit servir à leur translation : ceux-là seulement qui auront résisté à cette première épreuve auront quelques chances de supporter le voyage. J'ai écrit dans ce sens, de Suez, à M. Autard de Bragard, en le priant de vouloir bien faire pê- cher et placer dans une baille, ou tout autre vase convenable, dont l'eau serait renouvelée tous les deux ou trois jours seu- lement, cent ou deux cents individus choisis de grandeurs dif- férentes, de manière qu'à mon prochain voyage, je puisse emporter ceux qui, ayant survécu, quel qu'en soit le nombre, auront, pour ainsi dire, déjà subi un premier degré d'accli- matation. Je terminerai ce qui a rapport à l'importation des Goura- miers en faisant connaître que ces poissons semblent être déjà acclimatés en Egypte. Le manque de temps m'a empêché de m'assurer de ce fait en rendant visite, au Caire, à S. A. TIalim-pacha, frère du vice-roi actuel, pour lequel il m'avait été donné une lettre d'introduction. Ce prince posséderait des Gouramiers dan? un de ses viviers, au milieu d'autres pois- sons provenant du Nil. Il m'a même été assuré que le Goura- mier, ou tout au moins un poisson presque semblable, se trouverait dans le fleuve. Je livre ce renseignement sous bé- néfice d'inventaire; mais tout au moins y aurait-il peut-être intérêt à tenter l'acclimatation en France des espèces spéciales du Nil? La Société appréciera quelles démarches pourraient être tentées dans ce but près de S. A. Halim-pacha. Sarcelles de Madagascar. — L'individu de cette espèce parvenu au Jardin est le survivant d'un couple que je m'étais procuré à Port-Louis, où ces palmipèdes sont importés en quantité notable pour les besoins de l'alimentation. Un acci- dent, survenu le lendemain même du départ, a été cause de la mort de son compagnon. L'examen du spécimen parvenu vivant permettra à la Société d'apprécier l'utilité de l'impor- tation future de cette espèce. Pigeon bleu de Madagascar. — Un couple de ces animaux m'avait été donné à Mahé (des Seychelles), où l'espèce est /iSS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. acclimatée à l'état sauvage. Le donateur, M. Blavinhac, a con- signé dans sa lettre d'envoi ci-jointe (1) quelques renseigne- ments sur les habitudes de ces oiseaux, que je m'abstiens de transcrire ici, mais qui offriront peut-être quelque intérêt à la Société. Sur les deux oiseaux donnés, le mâle, reconnaissable à l'éclat plus vif de son plumage et à sa crête mieux prononcée que chez la femelle, est mort deux jours après son embar- quement. La femelle, dont j'ai envoyé à la Société la peau préparée, a vécu jusqu'à la veille de l'arrivée à Marseille. Bien qu'une nourriture conforme aux indications du dona- teur lui ait été donnée, j'attribue l'insuccès à ce que cette ali- mentation n'était pas convenable, car l'état de maigreur de cet animal m'a prouvé qu'il était mort par défaut de nour- riture. Mouche-feuille. — Sur les sept individus contenus dans la serre (serre àla Ward) expédiée au Jardin, le mâle, recon- naissable à la longueur de ses antennes et à la forme particu- lière de ses ailes, et deux des plus grosses femelles, sont morts le jour même de l'arrivée à Marseille. Comme ces insectes étaient placés dans les mêmes conditions que ceux qui avaient réussi lors de l'envoi précédent, et que la saison est au moins aussi favorable, je pense que ces Mouches étaient arrivées au terme normal de leur existence, lequel serait déterminé par leur complet développement et l'accomplissement des fonc- (1) (( Ces pigeons mangent du riz, du maïs, des jjananes, du piment. Ils deviennent très-rares; on les chasse au lacet principalement. Ils sont sistu- pides, que, voyant le lacet au bout du bâton devant leurs yeux, ils ne songent pas à s'envoler. Le moindre bruit insolite qui se produit dans le bois les fait accourir ; si vous les chassez au fusil, la d(5lonation ne fait pas envoler ceux qui ne sont pas atteints. Les Merles et les Martins les battent beau- coup; en un mol, c'est la stupidité incarnée. » Voilà, mon cher monsieur, le peu que mon état de santé m'a permis de faire; mais soyez bien persuadé que je me ferai un vrai plaisir, si je puis avoir quelque chose de rare, de pouvoir vous l'olli ir. » Veuillez me croire^ mon cher monsieur, votre tout dévoué. '■'•») J. Blavinhac. » ANIMAUX ET VÉGÉTAUX DE l'aFIHoUE OiîIK.NTAUE. -^JvSi) lions tic icprocluclion pour le niàle cl de celles de la ponlc pour les femelles. C'est ce qui résulte en effet de cette double circonslance : en premier lieu, de l'existence d'œufs recueillis en grand nombre depuis Mabé et remis à M. le Directeur ; en second lieu, de ce que les individus de la même espèce apportés en môme temps que les premiers, mais moins avan- cés dans leur période de croissance, ont survécu. Il faut donc en conclure, pour le succès des imporlations à venir, que ces insectes doivent être pris sur place encore jeunes, alin que leur développement s'acbève une fois parvenus à destination. Gominier du Semiaar.— Cel arbuste m'ayant été donné à mon passage à Alexandrie par M. Richard Kœnig, négociant dans celte ville, comme une plante rare par son origine et non encore importée en Europe, je l'ai accepté dans la pensée qu'il serait peut-être agréable à la Société de l'offrir à l'éta- blissement impérial du Muséum (1). 11 paraît appartenir à la famille des Mimosées. Ses feuilles se replient à la chute du jour pour ne se rouvrir qu'au lever du soleil. Il portait, quand il m'a été donné, deux fleurs que j'ai remises, séchées, à M. le Directeur à titre de spécimen. Les parties décolorées aujour- d'hui étaient, à l'état de floraison, d'un joli rose pâle. DEUXIÈME PARTIE. ^ .Te vais signaler maintenant, en les classant par lieux d'ori- gine, les espèces qui m'ont paru pouvoir faire l'objet d'im- portations utiles, soit qu'elles répondent aux desiderata de la Société, soit qu'elles m'aient été signalées comme non encore importées. • • EGYPTE. ' ■ ' .. . ' Torpilles. - M. Richard m'a également ofl"ert de me pro- curer quelques-uns de ces poissons, assez communs en Egypte, mais pouvant ofl^rir un intérêt de curiosité, sous le rapport de leur faculté galvanique considérable, et être, pour (1) Cette plante {Miiywsa Farnesiana?) a été offerte au Musciini d'iiis- toiic naturelle au nom de M. llichard Kœnig, d'Alexandrie. /l^lO SOCIÉTÉ IMPÉr.IALE ZOOLOGinL'E .d'acCMMATATION. les savants qui étudient la production de réleclricilé dans les animaux vivants, un sujet d'étude précieux. < . . . ' , ^ ^' ADEN. ' Antilopes. — Un couple de ces animaux m'a été offert par un habitant de la localité, mais je n'ai pas cru devoir les ac- cepter. Ils étaient trop jeunes encore pour que leur importa- tion pût offrir quelque chance de succès : leur aUmentation actuelle, se composant uniquement de lait, eût d'ailleurs offert, à bord, trop de difficultés. J'ai demandé que ces ani- maux me fussent réservés pour mon prochain voyage. Colobe. — J'espère pouvoir, à l'un de mes passages subsé- quents à Aden, me procurer un de ces quadrumanes intéres- sants, originaires de l'Arabie centrale, par l'intermédiaire de M. de Créty, vice-consul de France et agent de la Compagnie des Messageries impériales dans cette localité, où il a remplacé en ladite qualité M. Conil, membre correspondant du Jardin, et qui m'a offert gracieusement ses services prés de la Société. , . . MAHÉ (des SEYCHELLES). Cette île et celles faisant partie du même groupe ne pré- sentent pas de faune indigène. Les espèces, peu nombreuses d'ailleurs, tant parmi les oiseaux que parmi les mammifères, qu'on y trouve actuellement, y ont été acclimatées, soit de Bourbon ou de Maurice, soit d'Europe, et en partie de Mada- gascar; il en est ainsi des bœufs et des volailles qu'on y ren- contre. La seule importation utile à faire de ces contrées pourrait consister dans certaines espèces de poissons de mer dont la rade de Mahé est abondamment peuplée, et qui sont toutes d'une qualité excellente. Un autre habitant curieux de la rade de Mahé est le Requin dit à marteau, spécial à ces mers, le plus vorace de l'espèce, et celui qui atteint les plus grandes dimensions. Si l'on en croyait les récits des habitants, il ne s'agirait pas de moins de 20 pieds de longueur. Réduisant cette évaluation à 12 ou ANIMAUX i:t végétaux dk l'afrique orientale. 401 15 pieds, on doit rester plus près de la vérilé. 11 existe tou- tefois, chez le gouverneur, une mâchoire disséquée, à Ira- vers laquelle passerait facilement un homme de la plus forte corpulence. J'avais été presque tenté de doter l'aquarium d'un Requineau de celte espèce, d'un âge encore inoffensif et de la taille d'un pied environ, qu'ils ont à leur naissance. ■ LA reunion. Une visite faite au jardin d'acclimatation de Saint-Denis m'a permis de relever les noms de diverses espèces d'oi- seaux importés, existant actuellement dans ce jardin, ou qui, y ayant vécu antérieurement, seront sans doute remplacés. CaboKC. — Je citerai en première ligne le Cabane, espèce de Canard originaire de Madagascar. Haut sur pattes, mar- chant droit, le corps gros comme celui d'un Canard de Bar- harie, ce palmipède est remarquahle par une excroissance cornée sur le hec, en forme de cohmaçon ; par la couleur mouchetée noir et blanc de la Pintade qui s'étend sur le cou, la tête et l'excroissance du bec. Le ventre est blanc, les ailes moirées de bleu et de vert, et terminées par des bandes oran- ges transversales. C'est un magnifique oiseau, non encore importé en Europe, m'a-t-il été assuré, et parfait pour l'ali- mentation. Aussi ai-je vivement regretté qu'il n'ait pu être donné suite à la promesse qui m'avait été ftiile de me céder le seul couple possédé par le jardin de Saint-Denis. J'indi- querai plus loin, à l'article iMadagascar, comment j'espère me procurer de ces oiseaux. Poide d'eau à bec rose. — J'ai remarqué encore une jolie Poule d'eau ou Sarcelle de Madagascar , très-haute sur pattes, le ventre et le devant du corps couleur café au lait, avec le bec d'un rouge vif. • Dans les vitrines du musée, j'ai remarqué plusieurs espèces dont certaines satisferaient quelques-uns d'es desiderata de la Société, à savoir, des Francolins de Madagascar, des Fran- colins du Cap, des Poules d'eau de la Réunion, le magnifique 4k /i02 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Kakatoës noir des Seyclielles, les Poules sultanes de Madagas- car, les Pintades huppées, niitrées et à tiare, de Madagascar et de la côte orientale de l'Afrique. La direction du jardin d'acclimatation de la Réunion, par sa position et ses rapports, serait sans doute à même de procurer au jardin de Paris quelques-unes de ces précieuses espèces. Ericidc, Maques ou Makis. - — Je citerai enOn, à litre curieux, les mammifères suivants, existant au jardin de Saint-Denis. D'abord un Ericule de Madagascar, esitècc de petit Hérisson. Ensuite plusieurs espèces de Maques ou Makis de Madagascar, dont quelques-unes sont remarquables par leur pelage : entre autres, une grande, ayant le corps com- plètement noir, la queue marquée de bandes transversales noires et blanches, le museau entouré d'un collier de favoris d'un blanc d'argent; et une autre toute petite, complètement blanche, et si frileuse, qu'elle est gardée à Tintèrieur dans une petite cage garnie de coton. , , ■ ■, , ' ; , MAURICE'. . . ■ ^ Gouramiers. — J'ai indiqué, dans la première partie de ce compte rendu, dans quelles conditions les plus favorables pouvait cire tentée l'importation de ces poissons. Camarons. — Quant aux Camarons, ou pelils Homards de rivière, si appréciés à Maurice comme objets d'alimentation, et dont j'avais entretenu M. le Directeur, j'ai dû renoncer à leur importation, pour cette fois du moins, après informations prises, à cause des dilïicultés qu'olfre le transport de ces crus- tacés dans les conditions voulues pour le succès. En eil'et, le Camaron ne vit que dans des eaux extrêmement courantes et limpides, sur des fonds de sable ou de roches couvertes de mousse, où il cherche sa nourriture. Il serait donc nécessaire que les mêmes conditions d'existence, ou du moins celles qui peuvent s'en rapprocher le plus, soient conservées à ces ani- maux pendant leur transport. Or, pour arriver à ce résultat, ANIMAUX Er VÉGIiTALX DE L'AHilnll-: OlilENTALE. :!i93 il faudrait élablir une espèce d'a(jnariuni portatif à eau cou- rante, dans lequel on préparerait à l'avance un lit de sable et de débris de roches recouverts de végéiations de la nature de celles où se plaisent les Camarons à l'élat libre. • ' Le temps et les moyens m'ont manqué , pendant mon sé- jour à Maurice, pour pourvoir à une installation de ce genre : j'attendrai à ce sujet les instructions de la Société; je ne puis garantir le succès, maisje crois que l'importation de ce genre de Crustacés présenterait un caractère marqué d'utilité. Cerfs. — Maurice est peut-être la contrée du globe où les Cerfs à l'état libre sont le plus abondants, malgré l'énorme destruction qu'il s'en fait annuellement. J'en citerai pour preuve les chiffres suivants dont je puis garantir l'exactitude. Dans une seule journée de chasse, faite il y a un an environ chez un des grands propriétaires de l'ile/ quarante-cinq de ces animaux furent abattus; et tout le monde m'a parlé d'une autre chasse dont le résultat presque incroyable s'était élevé à quatre-vingts tètes de ce gibier. L'espèce de Cerf existant à Maurice n'est pas originaire de l'ile, où je pense qu'elle a été importée de l'Inde. Autant que j'ai pu en juger de visu, cette espèce est de taille plus petite que celle de France; le pelage lire sur le roux foncé , et le mâle a le cou et les côtés de la tète garnis d'une espèce de crinière, ou du moins pourvus de poils plus longs et plus abondants que sur le reste du corps. Dans le cas où la Société verrait un intérêt dans l'acclima- tation de cette espèce, je pense qu'il me serait facile, dans un prochain voyage, de m'en procurer un jeune couple, l'oflVe m'en ayant été faite par M. Olivier, de Maurice. MADAGASCAR. \* Des renseignements recueillis sur la faune de celle île, il résulte que celte faune est excessivement riche, surtout en Palmipèdes et en Gallinacés. En outre du Cabouc et du Pi- (jeon bleu, ainsi que des dilïérentes variétés de Fraucolbis, Sarcelles ou Poules dnau, et Pintades, (jue j'ai cités comme 2'= btRlt, T, 111. — beiilembre 186G. 32 l\9h SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. originaires de Madagascar, il m'a été parlé de nombreuses autres espèces. Je citerai seulement le Pigeon vert, et une autre variété de gros Pigeon, qui serait de la taille d'une poule ordinaire. Parmi les Mammifères, je signalerai d'abord les Makis, dont j'ai déjà parlé; ensuite VAyc-ai/e, ou Paresseux, espèce de Singe à ongles antérieurs très-longs; mais surtout X espèce bovine particulière à Madagascar, de taille moyenne, aux proportions cbarmantes et aux cornes bien placées, remar- quables par une loupe proéminente située sur le garrot. Cette espèce, excellente pour l'alimentation, et dont s'approvision- nent exclusivement les marchés de Bourbon et de Maurice, serait peut-être l'objet d'une importation utile. ZANZIBAR ET CÔTE ORIENTALE d' AFRIQUE. La Société trouvera les seuls renseignements que je puisse lui fournir sur la faune de ces contrées dans les deux docu- ments ci-annexés : 1° Une lettre de M. Marc Sers (1), avec le- (1) « Maurice, le 18 mai 1866. » .Monsieur, » Ce qui a le plus attire mon attention à Zanzibar, c'est un Canard de moyenne taille, ayant le bec excessivement pointu et long environ de deux pouces, au plumage foncé bleu et vert, et ressemblant, quant à la tèto (ce qui pourra paraître extraordinaire) , à un serpent. Ce Canard vient de la côte et est assez rare. On le nomme à Zanzibar et sur la côte, Câtà incali (Canard méchant). » Il y a ensuite un Pigeon vert et jaune, peu ('levé sur les pattes, ayant les os très-petits et beaucoup de chair. On le nomme Diwa a Mourima (Pigeon d'Afrique). » 11 y a encore un liœuf de moyenne taille, très-épais, les cornes longues de trois pouces au plus, et portant sur le dos ce que dans nos pays nous appelons une loupe. Je n'ai rencontré nulle autre part ce Bœuf. » J'ai souvent lue dans les marais des Sarcelles très-grosses comparative- ment à celles de Madagascar et de la côte de Coromandel (très-délicates du reste); on les appelle Câtâ à zioura (Canards d'étang). J'ai aussi pris de très-jolit s Poules d'eau, Coucou à zioura (Poules d'étang). M Comme poisson d'eau douce, j'ai souvent pris dans les ruisseaux un poisson noir ayant la l'orme de ce que nous appelons à Bourbon le Cabo tVeuu ANIMAUX ET VÉGÉTAUX DE LAililoUE UlilKNTALE. /li)0 quel je me suis trouvé en rapport à Port-Louis, et (jui, ayant non-seulement habité Zanzibar, mais encore fait partie de la mission d'exploration du baron de Decken sur le continent africain, a pu consigner dans cette lettre quelques souvenirs intéressants sur les espèces rencontrées dans ces pays. 2" Un article publié dans un recueil local [VAhnanach religieux de la Réunion, 186/i, pages 157 et suivantes), par M. l'abbé Fava, aujourd'hui vicaire général à Saint-Denis, mais ayant appartenu à la mission de Zanzibar. Cet article, qui a trait à un voyage effectué en 1862 , par cet ecclésiastique, sur la côte de Zanguebar avec le même baron de Decken, contient quelques détails nouveaux sur les productions de ces contrées presque inconnues. Je vais indiquer, dans la partie suivante de ce compte rendu, comment j'espère qu'il sera possible à la Société de se procurer des données plus certaines sur les importations utiles que pourrait présenter la faune de ces régions, et, en outre, d'obtenir ces mêmes importations. TROISIÈME PARTIE. En ce qui concerne les pays situés sur mon parcours, tels que l'Egypte, Aden, Mahé, Bourbon et Maurice, il m'est gé- néralement possible, soit de me procurer directement les douce. J'ai remarqué que ce poisson avait toujours sept brins de Ijarbe. Le seul semblable que j'aie vu a éU- porté par le baron Cliarles de Decken du lac Tanganica, je crois, dans l'intérieur. Le nom du poisson à Zanzibar est Macambârâ ou Macambàri. » A la mer, j'ai souvent vu prendre et pris des poissons très-curieux, mais ce sont les mêmes qu'à Madagascar. » Tout ce dont je parle, monsieur, avec des renseignements si incomplets, ne peut être que de très-peu de valeur ; mais je dois retourner à Zanzibar pour y rester plusieurs années , et je profilerai de chaque bonne occasion pour vous envoyer aux Scycbelles tout ce que j'aurai pu me procurer d'ani- maux peu ou pas connus. Heureux si je puis, avec mes faibles moyens, riio agréabk\à vous, monsieur, et utile au Jardin d'acclimatation de l'aris. I) J'ai bien l'honneur, etc. )) 1'. Makc Sers. » [\9'j SOCIÉTÉ IMPÉUIALK ZOOLUC.IQUE d'âCCLIMATATION. espèces vivantes, originaires de ces pays, qui seraient dési- rées par la Société, soit tout au moins de trouver des inter- médiaires qui prennent ce soin et tiennent les envois prêts pour un de mes passages suivants. Mais il n'en est pas de même pour Madagascar, Zanzibar et la cote orientale d'Afri- que. Pour opérer utilement sur ces points, j'ai pensé (ju'il conviendrait que la Société pût y avoir des correspondants pour se livrer aux recherches nécessaires, et, le cas échéant, expédier leurs envois sur les stations desservies par nos pa- (juebots, d'oîi ils seraient acheminés ensuite sur France. J'ai cherché pendant ce voyage à atteindre ce but, et j'espère avoir réussi sur les points suivants : Madar/ascar. — Ayant eu pour compagnon de voyage M. de Lagrange, gouverneur de notre possession de Saijite- Marie, je Fai prié de rechercher et de m'expédier à Saint-~ Denis, parles bateaux de TElat, qui l'ont un service mensuel de correspondance entre ces deux points, les espèces qu'il jugerait utiles ou intéressantes, notamment le Cabouc. M. de Lagrange a bien voulu me promettre son concours, et je me suis également assuré de celui de M. le commandant de l'aviso, qui etlectue habituellement le service dont il vient d'èlre parlé. Je pense aussi pouvoir compter sur les bons offices de M. Pakenham, consul général britannique à Tmnatave, avec lequel je me suis trouvé en rapport. Eniin, en ce qui con- cerne ce dernier point, M. Thomas Wilkinson, résident anglais à Tamatave et correspondant du principal journal de Maurice, m'a témoigné les meilleures dispositions pour le Jardin d'acclimatation et lait les oll'res de service les plus obligeantes. Zanzibar cl '■nie orioilalc d Afrique. — La Société trou- vera également, dans la letlie de M. Sers dont j'ai déjà parlé, des offres de services qui semblent offrir un caractère sérieux. La double circonstance que M. Sers va de nouveau habiter Zanzibar, (Toîi les cominunicalions avec le continent sont ANJMAUX ET VÉGÉTAUX DE l'aFUIQUE ORIENTALE. /|97 fréquentes et faciles, et qu'il a fait partie d'une mission scientifique, donne à espérer que le Jardin trouvera en lui un correspondant zélé et entendu. Enfin, une lettre reçue de M. l'abbé Fava, que j'ai rencontré à Port-Louis, et qui m'a offert ses bons offices près de la mis- sion de Zanzibar, avec laquelle il est resté en relations, témoigne du bon accueil qu'il ferait à une demande directe de la Société. Jardin d'acclimatation de la Réunion. — Notre colonie de la Réunion possédant un jardin zoologique, je m'étais mis en rapport avec des personnes faisant partie du conseil diri- geant, et j'avais offert à ces messieurs d'être leur intermé- diaire , dans le cas où il leur conviendrait de procéder par échange avec la Société de Paris. J'avais même reçu l'assu- r;uice d'obtenir du directeur la cession, au profit du Jardin de Paris, de quelques spécimens intéressants de Gallinacés et de l'almipèdes, tels que le Cabouc déjà cité, la jolie Sarcelle à bec rouge et quelques couples de grosses Perdrix de Mada- gascar. Une circonstance fortuite ne m'a pas permis de voir le directeur, qui pouvait seul donner sa sanction à cette ces- sion. Mais je pense être plus heureux à un voyage subséquent; d'ailleurs la Société recevra sans doute du jardin de Saint- Denis une demande d'animaux que celui-ci désire posséder, et dans le cas où elle aurait quelques envois à lui faire, elle pourra me les confier pour les acheminer de Marseille à desti- nation: mon tour d'embarquement revient le 9 août prochain. Je terminerai ce compte rendu en signalant les sentiments sympathiques qui m'ont été partout témoignés pour l'œuvre de la Société, et en lui renouvelant l'assurance de l'entier concours que je serai heureux de lui prêter, tant*que mon service m'appellera à visiter des pays d'où elle peut attendre des importations utiles. Agréez, etc. . . L. Berthelin. • I . < 1 , : ■ ■ ' ' -NOTES .• '■ SUR LES POISSONS DU LAC DE NEUCHÂTEL ' ■ • ': . (SUISSE) (1), . : . . . • . ;, Par ^1 Paul VOIJGA. ' , I (Séance (lu 13 juillet 186C.) ,,, . , ,, Suivant les saisons, le beau ou le mauvais temps, la tem- pérature fie l'eau et l'époque de leur frai, nous voyons les poissons quitter les eaux profondes pour se rendre sur les rives, ou abandonner ces dernières, lorsque leur eau se refroi- dit en automne, pour se retirer dans un milieu plus doux. , II est certaines espèces qui, pendant un temps déterminé, séjournent dans les rivières, et d'autres enfm, mais c'est le petit nombre, qui ne quittent jamais les grandes profondeurs du lac. Personne aussi bien que les pêcheurs ne connaît les mœurs intimes des poissons : eux seuls savent les endroits où, suivant la saison, chaque habitant des eaux se retire; ils les suivent pour ainsi dire pas à pas dans leurs courses mystérieuses, sans les voir sans doute, mais en exposant sans cesse sur leur pas- sage tous les pièges que leur esprit ingénieux a pu inventer. — Il faut l'avouer, c'est à un pêcheur que l'on doit une grande partie des détails que l'on a aujourd'hui sur les mœurs des poissons; mais ce vaste domaine est loin d'être parfaitement connu, et il reste encore beaucoup à étudier et à découvrir. Les mœurs des poissons blancs, par exemple, qui arrivent en été sur les bords du lac et dans les rivières, ont été étudiées pendant cette saison; mais quand l'automne a rafraîchi l'eau des rives, tous ces poissons les abandonnent, et se retirent dans les profondeurs où la température reste sensiblement la (1) A ce mémoire se rattaclie le travail sur la l'erclie, du même atiteur, publié dans le Iftdletin de cette année, pages 21Zi-'218. SUR LES POISSONS DU LAC DE NEUCHATEL. Zl99 même. Nécessairement alors leur étude est interrompue, on les laisse s'en aller sans s'inquiéter d'eux davantage ; mais il va sans dire que leurs mœurs né sont plus les mêmes, parce que les conditions dans lesquelles ils se trouvaient auparavant sont nécessairement changées. Tous ces petits poissons qui s'éloignent des roseaux et des graviers, pour émigrer dans des zones où il ne croit guère que des mousses, ces poissons, dis-je, ne doivent, par exemple, plus trouver la mêmie nour- riture ; peut-être aussi se dispersent-ils, tandis que sur les bords ils avaient l'habitude de vivre en nombreuses compa- gnies. Chez les poissons comestibles, ce n'est plus la même chose ; leurs mœurs sont aussi bien connues en hiver qu'en été, parce que le pêcheur s'est appliqué en tout temps à les poursuivre et à les étudier. Or, comme les poissons, ainsi que les autres animaux, ont des habitudes régulières, il est résulté de ce? recherches, qu'à époque, je dirai même à jour fixe, le pêcheur sait où se trouve, ce que fait telle ou telle espèce de poisson, et à quelle profondeur elle se tient. L'élude des mœurs des poissons blancs nécessiterait les mêmes recherches et les mêmes observations ; mais comme ces poissons ne sont pas comestibles, les pêcheurs, ne pouvant les vendre, les laissent en repos et ne se donnent pas de peines inutiles, car ils en ont déjcà suffisamment. ' -A . . • Cependant, si l'on ne connaît pas en détail les mœurs des poissons blancs, on sait, ou du moins on peut présumer les endroits où ils se retirent en hiver ; car, comme les poissons carnivores les suivent toujours, il est évident que là où l'on prend ces derniers, là aussi se rencontre leur proie. Je n'en donnerai qu'une preuve. Dés que le soleil du printemps réchauffe l'eau des rives, les petits poissons quittent les profondeurs pour venir sur les bords; parmi ces derniers, on remarque surtout une grande quantité d'Ablettes. Or, celles-ci constituent presque uniquement la nourriture de la Truite du lac, qui arrive en même temps qu'elles, et qui s'en retourne avec elles. Il en est de même pour les Lottes, les Perches, les Anguilles, etc. La réussite de chacune des pêches pratiquées sur notre lac, excepté, cela va sans dire, celle à l'époque du 500 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. frai, repose sur celle condition : la pi'ésence des petils pois- sons. La preuve la plus évidente en est fournie par la Reuse, qui, si elle a été très-haule pendant longtemps par la fonte des neiges, refroidit l'eau des rives voisines, et les Ablettes, les Goujons, les Ronzons, etc., n'aiment pas ày venir, et c'est alors de l'autre côté du lac, où l'inlluence de la Reuse s'est fait moins sentir, qu'ils se retirent, entraînant après eux tous les gros poissons dont nous, les Neucliàtelois, sommes alors privés. Les poissons blancs se nourrissent essentiellement d'herbes, de mousses et d'insectes aquatiques, et c'est la présence de ces aliments qui les attire sur les bords au printemps. Cepen- dant ces poissons ne se nouiTissent pas exclusivement de substances végétales et d'insectes, mais il en est qui donnent la chasse à leurs semblables plus petits qu'eux : c'est le cas des Senèves même, d'une taille assez petite, des grosses Brèmes, et même d'un Corégone, la Palée, que l'on prend aux hameçons amorcés de Perchettes. Comme chez les oiseaux, il est certaines espèces de poissons qui vivent en sociétés plus ou moins nombreuses, tantôt en l»ermanence, tantôt pendant une époque dont la durée est . déterminée par diverses circonstances. Parmi celles qui ne se quittent jamais ou qu'accidentelle- ment, il faut citer en premier lieu les Goujons, que nous voyons arriver en troupes innombrables aux premiers jours d'avril ; les Rondelles et les Palées dans les profondeurs; puis les Ablettes et les Vérons, tant dans les rivières que dans le lac. La grande majorité des Lottes vivent en troupeaux le long des pentes du Mont(l), mais il en est aussi un assez grand nom- bre qui s'isolent et habitent toute l'année les fonds pierreux des eaux peu profondes. Les Brèmes et les Nases se rassem- blent aussi en troupes nombreuses, et ne se quittent pas vo- lontiers, du moins pendant les mois où elles sont sur les bords; une fois retirées dans les profondeurs, peut-être se dispersent- (1) Le Mont est une colline qui s'élève du lac de Neucliàtel, et dont le sommet alïlenre la suilaco des eaux lorsqu'elles soni basses. • SUR LES POISSONS DU LAC DE NEUCHATEL. 501 elles aussi comme les Ablettes, les Goujons, etc. : c'est ce que l'on ne peut pas savoir. — La vie en société ou isolée s'ob- serve indistinctement chez les Perches, à toute époque de l'année : tantôt on les rencontre en véritables bancs ; tantôt elles paraissent ne vouloir vivre que seules et s'éloignent de leur espèce. La Truite de lac et de ruisseau, l'Ombre-cheva- lier et d'Auvergne, le Scnève et la Tanche, sont presque tou- jours seuls, ainsi que le Brochet. On voit- cependant quekjue- fois de petites troupes de Senèves, mais rarement plus de huit ou dix ensemble. Quant au Brochet, si l'on en prend plusieurs dans la même touffe de roseaux, leur réunion ne peut être attribuée qu'à la présence d'une nourriture plus abondante qu'ailleurs, à la fraîcheur do l'endroit, ou enlin au hasard qui les a rassemblés. Le Chabot et la Loche sont les deux seuls poissons qui offrent l'exemple d'une vie absolument isolée et solitaire, précisément parce (ju'ils se trouvent dans des conditions d'existence tout à fait exceptionnelles, qu'on ne rencontre chez aucun autre poisson, (juant à l'Anguille, ses mœurs sont si mystérieuses, qu'il est difficile de dire si elle vit en compagnie ou isolée : il m'est arrivé d'en prendre plusieurs à la fois à très-peu de dislance les unes des autres; mais en général on les rencontre disséminées tout le long des roseaux et dans les endroits pierreux voisins des rives. Arrivent-elles de la mer, ou y retournent-elles en troupes pour y frayer? Ce serait une chose très-difficile à savoir et qu'on ne saurait guère découvrir, puisque ce poisson a des mœurs tout à fait nocturnes. La Carpe, le Silure, le Barbeau, sont très-peu connus dans notre lac, et sont plutôt des poissons de marais et de rivières comme la Thièle et la Broie. Cependant il arrive quelquefois dans nos roseaux des Carpes en plus ou moins grande quantité , mais leur présence n'a été observée chez nous que fort rarement. Le Ronzon, le Vengeron, le gros Vengeron {Leuciscus decipiens), voyagent en compagnie, le premier dans les rivières surtout. Les Plalelles et les Bottes se rencon- trent également réunies, mais pas durant tout l'été : dés que 502 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. l'automne s'approche, elles se disséminent, et toutes les touffes d'herbes ou de roseaux en renferment un petit nombre. Le Poissonnet ne se rencontre pas en troupes nombreuses ; huit ou dix tout au plus vivent ensemble, encore les individus che- minent-ils isolément de tous côtés, mais sans toutefois s'éloi- gner beaucoup les uns des autres. • ;.. .. •:•■! Certaines espèces de poissons se distinguent par une vora- cité effrayante. Les deux grands destructeurs des habitants des eaux sont principalement le Brochet et la Lotte: le pre- mier, du poisson seul; le second, de ses œufs surtout. C'est une chose fâcheuse pour notre lac que l'instinct vorace de la Lotte, et c'està ce poisson qu'il fautattril)uer en partie la dis- parition toujours plus rapide de plusieurs de nos meilleures espèces. C'est pour la deslrucliondes Lottes pendant l'époque où elles déposent leurs œufs, que la loi sur la pèche autorise les pêcheurs à descendre au fond du lac ces nasses connues chez nous sous le nom de berfoux, dans lesquelles ces poissons aiment à entrer en grand nombre. Mais les pêcheurs ne se sont pas contentés des Lottes seulement, et quoique cette pèche soit sévèrement défendue pour d'autres poissons, on les voit chaque année la pratiquer quand les Perches et les Bondelles fray.ent, et la quantité qu'ils en prennent, et surtout celle des œufs qui sont perdus, est incalculal)le. Il est malheurelise- ment à prévoir que dans peu d'années, si une police sévère n'intervient pas pour mettre un terme aux abus qui se com- mettent, notre lac, autrefois si poissonneux, ne renfermera plus dans ses eaux que de mauvaises espèces. L'époque du frai est très-difTérente suivant les espèces de poissons : tantôt c'est en hiver, tantôt c'est au printemps, en été, ou enfin en automne. L'hiver est la règle chez les Salmo- nidée; aucune espèce, excepté l'Ombre de rivière peut-être, ne fait exception. Ainsi la Truite du lac commence à monter dans les rivières aux environs du mois d'octobre, et n'a fini de frayer que dans le mois de mars ; l'ijmbre-chevalier dé- pose ses œufs de septembre en février ; la Truite de ruisseau également; la Palée, de novembre en février; la Bondelle, du -20 décembre au 10 janvier : c'est donc do tout le genre, , SUR LES POISSONS DU LAC DE NEUCIIATEL. 503 l'espèce qui fraye le moins longtemps. Ouant à l'Ombre de rivière, au mois de mars. Je n'ai pu m'en assurer encore, parce que la Reuse n'en a que très-peu, et qui vivent isolés les uns des autres. • - . ... . . Les poissons blancs frayent tous en été, depuis le mois d'avril jusqu'à la fm de juin; la Lotte, en février; le Brochet, de février en avril; la Perche, d'avril en mai, etc. Les heux propres au dépôt des œufs sont aussi différents et particuliers li chaque espèce de poisson: c'est aii bord, dans les roseaux, là où une herbe longue et douce cache les pois- sons ; c'est sur les graviers des rives, sur les bancs de sable de la « Beine », espace situé entre les bords du lac et le Mont ; c'est dans le Mont lui-même, le long de ses pentes moussues, depuis une profondeur de quelques toises seulement, à /iOO pieds. Enfin il est quelques poissons qui, à une époque fixée, quittent le lac, et s'engagent dans les rivières, d'où ils redes- cendent lorsqu'ils ont accompli leur tâche. Ces derniers sont les Truites du lac, le Ronzon, le Senève, et peut-être un ou deux autres. . . Le lac de Neuchâtel est habité par 30 espèces de poissons appartenant à 8 genres principaux. Toutes ne sont pas com- munes dans les mêmes endroits. 11 en est qui ne vivent que dans les marais et les eaux bourbeuses, comme la Carpe, la Tanche ; d'autres, dans les rivières qui déversent les eaux du lac, comme le Barbeau ; d'autres, dans les dernières, et le lac simultanément. Quelques-uns ne quittent pas les profondeurs du Mont, comme FOmbre-chevalier, la Bondelle. Et enfin il en est, comme le Saumon, qui ne sont que de passage acci- dentel ; mais cependant la plus grande partie des poissons fréquentent toutes les parties du lac. LA LOTTE. Le genre Gadas n'a chez nous qu'un seul représentant : c'est la Lotte {Gâchis Loto). Ce poisson est peut-être l'un des plus singuliers de notre lac, tant par la forme de son corps et son organisation que par ses mœurs nocturnes et son instinct vorace. ■ ■ . ^ .. > . . , : .. . , . bOh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTATION. Sa lèle est large et aplatie. Sa gueule, qui porte de chaque côté un barbillou blanc, filiforme, ressemble à celle d'une Grenouille ; elle est énorme, et ses mandibules sont armées d'une multitude d'aspérités propres à retenir leur proie. Depuis la moitié du dos environ, une nageoire, large d'un pouce chez les grands individus, et très-molle, descend jus- qu'à la queue, se réunit avec celle-ci, puis se continue sans interruption jusqu'au milieu du ventre; deux autres na- geoires, également molles, en l'orme de petites ailes, sont placées de chaque côté du cou. Il va sans dire qu'avec ce sys- tème de nageoires, tout à fait semblable à celui de l'Anguille, les Lottes nagent comme cette dernière, c'est-à-dire à la manière des serpents. La couleur du corps varie suivant les endroits et la profondeur ou la nature des eaux que le pois- son fréquente : dans le lac, il est ordinairement gris plus ou moins jaunâtre ; dans les rivières, la couleur change complè- tement et devient tout à fait noire. Le ventre, comme chez tous les poissons, est blanc, rarement doré; le dos est toujours sillonné de raies noires qui se croisent en tous sens en for- mant de singuliers dessins. Chez les individus qui habitent les rivières, ces derniers sont difficiles à distinguer, et ils peu- vent même être complètement cachés par la couleur foncée des parties intermédiaires. Une espèce d'enduit gélatineux, que l'on retrouve égale- ment chez d'autres espèces de poissons, couvre le corps des Loties, etleur permet de glisser entre les doigts, sans pouvoir être retenues. Dans notre lac, ces poissons sont extrêmement nombreux; mais ils n'atteignent pas, comme c'est le cas dans les lacs alimentés par les glaciers, une taille bien grande; et un indi- vidu pesant (jualre livres est déjà assez rare, tandis que dans le lac de lîrienz, par exemple, on en pèche qui pèsent dix livres. Les mœurs des Loties sont mystérieuses : durant le jour, elles se tiennent cachées sous les cailloux ou dans la vase, d'où elles ne sortent que la nuit pour chercher leur nourriture. 11 va sans dire qu'avec ce genre de vie, ces poissons ont peu sur; LES roissoNS du lac dk .\euciiatel. 505 d'ennemis: je n'ai jamais frouvcde Lollesdans l'estomacd'une espèce Carnivore qui cependant vit dans leur voisinage. < Les Lottes habitent et frayent dans les plus grandes pro- fondeurs du lac, et c'est en général à 80 et même à 90 toises (h'iO et 5/jO pieds; (ju'on les prend dans les petites nasses appelées berfoux par les pêcheurs, alors qu'elles déposent leurs œufs, ce qui a lieu depuis la fin de janvier jusqu'au commencement de mars. Cette pêche est très-productive, et chaque année, à l'époque du frai, il se prend des milliers de Lottes ; ce qui n'est certes pas un mal, puisque ces poissons sont les plus grands destructeurs des autres espèces, et sur- tout de leurs œufs. Et c'est précisément pour celte raison que la pèche aux berfoux est autorisée aux pêcheurs dans notre lac. ' ' .. Dans les hivers rigoureux, on peut observer un fait très- curieux, et qui montre combien la vie est tenace chez les Lottes. Ouand on les sort du vivier dans lequel on les con- serve, elles s'engourdissent bientôt sous l'influence du froid • elles cessent leurs mouvements, et deviennent après quelques minutes roides comme un morceau de bois. Mais vient-on à les jeter dans un vase rempli d'eau, ces masses inertes com- mencent, après très-peu de temps, à donner des signes de retour à la vie ; elles se retournent lentement, se tordent en tous sens, et bientôt commencent à nager aussi bien que s'il ne leur était rien arrivé. Mais ce qui est bien plus étonnant encore, c'est qu'elles s'élancent sur les petits poissons qu'on a jetés dans leur vase, et les avalent en présence de l'observa- teur. Un fait qui peut encoredonner une idée à la fois de leur ténacité vitale et de leur voracité, c'est que, conservées dans un vivier, des Loties prises aux hameçons mangent les petits poissons qui se trouvent avec elles, et cela, malgré le crochet d'acier ((ui reste presque toujours enfoncé dans l'intérieur du corps, et que l'on ne retrouve qu'après avoir ouvert le ventre du poisson. LesLoltcsmontent quelquefois dans les rivières et y séjour- nent toulel'année; mais ce n'est qu'en très-petit nombre. Elles deviennent alors plusoumoins complètement noires, ce qui a 506 SOCIÉTÉ IMI'ÉIUALE ZOULUl.lQUE D ACCLIMATATION. fait croire àrexislence de deux espèces de poissons: ruiie de lac et l'autre de rivière ; mais c'est sûrement une erreur, cl je crois que la présence seule d'une nourriture plus abondante ou d'une eau plus fraîche attire quelques individus dans les ruisseaux et les y rend sédentaires. Cependant les Loties paraissent beaucoup aimer ces derniers, car en été aussi bien qu'en hiver, à une certaine heure de la nuit, ordinairement depuis dix heures, elles y montent en troupes depuis le lac, où elles redescendent vers le matin. La preuve de ce fait assez curieux m'a été donnée plus d'une fois par des individus qui pratiquent beaucoup dans la Reuse la pêche nocturne des Lottes. Ils les prennent surtout à deux moments différents dans la nuit: depuis dix heures, à la montée dans la rivière, puis vers deux heures, au retour dans le lac. — Que vont-elles faire en troupes dans la Reuse? Quelles sont les causes qui peuvent les y attirer ? Probablement une eau plus fraîche en été; mais en hiver? Ce n'est assurément pas une nourriture abondante, puisque tous les poissons blancs se sont retirés dans le lac, et qu'alors ils habitent les mêmes régions que les Lottes. Cette émigration est certainement curieuse, et elle doit avoir sa cause : mais son explication serait bien difficile à donner, puisque c'est la nuit ieulement qu'elle a lieu, et en général quand les eaux sont troubles. Dans la Reuse on pêche les Loties à l'hameçon amorcé de gros vers; dans le lac, on amorce avec des Goujons en été, et avec des Perchettes en hiver : c'est de tous les poissons le seul, avec l'Anguille, qui prenne la proie sans vie. On tend ces hameçons le long des pentes du Mont, depuis une profondeur de 15 toises jusqu'aux plus grandes connues. Mais la pèche la plus productive, après celle des berfoux, est celle que l'on pratique la nuit, quand les Lottes poursuivent les bancs de Perchettes dont elles se nourrissent. Les pécheurs se servent alors d'un filet qu'ils appellent trayalle, et qui ressemble tout à fait à la seine ou grand filet; seulement il s'enfonce sous l'eau et atteint le fond, tandis que ce dernier a toujours son bord supérieur à la surface. La chair des Lottes est flasque, mais d'un goût assez SUR LES POISSONS DU LAC DE NEUCHATEL. 507 agréable; leurs foies, qui sont Irès-gros, sont excellents, sur- tout frits. Toutefois celte nourriture est indigeste, à cause de la quantité de matière grasse qu'elle renferme; elle rassasie aussi très-promptement, et les vrais amateurs de poisson ne l'estiment guère. La meilleure manière d'apprêter les Lottes consiste à les faire cuire dans le vin avec du persil , des oi- gnons et les épices ordinaires ; seulement il faut toujours avoir soin, pour ce poisson, de ne le jeter dans la poêle que quand le vin est bouillant : cet apprêt a pour but de rendre ferme sa chair. Préparée de celte manière, la Lotte est un bon manger, et surtout beaucoup moins indigeste que quand elle est frite dans le beurre. LE BROCHET. C'est le poisson Carnivore par excellence, il ne se nourrit en majeure partie que d'autres poissons. De tous ceux du lac, il est le plus vorace, et son nom de Requin demi douce est bien mérité. Sa gueule est énorme, et ses mâchoires sont garnies de dents acérées qui, chez les grands individus, attei- gnenlunelongueurde plusieurslignes. La mâchoire inférieure n'en porte qu'une seule rangée, mais elles sont très-fortes et tout à fait semblables aux canines des carnivores. Suivant l'âge du poisson, ces dernières dents sont plus ou moins écartées les unes des autres; de sorte qu'un pêcheur expérimenté peut, par le simple examen d'un poisson qui porte les marques d'une morsure de Brochet, déterminer à peu de livres près le poids de ce dernier. Quant à la mâchoire supérieure, elle est com- plètement tapissée de dents jusque bien avant sur le plafond de la bouche; mais ici elles sont plus petites, plus aiguës et surtout plus serrées que les autres, et servent plutôt à main- tenir la proie qu'à la saisir. Le corps est vigoureux, de cou- leur fauve, passant par toutes les teintes intermédiaires du jaune clair au noir foncé; mais en général les Brochets sont verdàtres, marqués >ur le dos de dessins de couleur plus claire, ordinairement jaune : ce sont tantôt des taches rondes ou ovales, des veines plus ou moins longues i\m s'anastomosent 508 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'aCCLIMATATIoN. en formanl de singulières ligures. Le venlrc est blanc, parsemé de mouches brunes ou noires. Les nageoires sont rougeâlres, lisérées de blanc et tachetées de noir. Du reste, il est assez dif- ficile de donner exactement des détails sur la Hvrée des Bro- chets, parce que, suivant la nature des eaux qu'ils habitent, les couleurs varient étrangement. De tous les poissons de notre lac, et de tous ceux d'eau douce, le Brochet est celui qui atteint la plus grande taille et le poids le plus considérable : des individus de ZiO, de 50 livres, ne sont pas des raretés extraordinaires, et chaque printemps, lors du irai, on en pêche d'une très-grande taille dans les roseaux où les herbes des marais. Mais ce n'est pas dans notre lac que les Brochets abondent et se développent facilement, c'est plutôt dans les petits réservoirs d'eau isolés et maréca- geux : les lacs de Bienne, de Morat, et même le petit Loclatde Saint-Biaise, en ont relativement beaucoup plus et de plus grands que le lac de Neuchàtel. Le Brochet nage avec une vitesse incroyable, et en appa- rence sans devoir déployer beaucoup de force et sans faire de grands mouvements. Le plus léger bruit l'eflraye, quand il est immobile au fond de l'eau, et en un chn d'œil il disparaît sans qu'on l'ait vu remuer ses nageoires : seul un petit brouillard d'eau troublée s'élève du fond, et accuse un coup de queue donné rapidement. Si ce poisson est agile, c'est que son corps est organisé pour cela. En eflet, sa tète est allongée et pointue; sa nageoire dor- sale, très-large, est située à l'extrémité postérieure du corps, et la caudale, également très-développée, vient encore seconder la précédente dans son action. Le corps lui-même est étroit, mince, élancé, semblable à une Ilèche, qu'il égale presque en rapidité. Cette organisation ne pouvait être différente, car les Brochets doivent manger beaucoup plus pour se nourrir que les autres espèces de poissons, el, puisqu'ils sont obligés de saisir leur proie en la poursuivant, la vitesse dé cette dernière doit évidemment être moindre que celle de l'ennemi. Il est certains poissons que les Brochets semblent préférer d'autres, el ce sont surtout les Truites, les Palées el les Bon- sur. LES POISSONS DU LAC DE NEUCIIATEL. 509 délies ; car il est très-fréquent de trouver à la surface de l'eau le corps de ces malheureux poissons plus ou moins profonde- ment labouré par les dents de leur ennemi, tandis qu'il est plus rare de rencontrer dans cet état des poissons blancs, qu'ils ne dédaignent sans doute pas non plus, puisque c'est de ces derniers qu'on se sert comme amorce pour les Bro- chets. ■ • Dès le mois de février, si le temps est chaud, les Brochets arrivent sur les bords du lac pour déposer leurs œufs là où croît une herbe longue et molle. C'est surtout le soir, après une belle journée, qu'on voit ces poissons s'agiter dans l'eau peu profonde, et la faire bouillonner de leurs violents coups de queue. Ordinairement chaque femelle est suivie de plusieurs mâles presque toujours plus petits qu'elle; ils cheminent en- semble, se chassant, se bousculant sans cesse, pour arriver le plus près possible de la femelle, jusqu'à ce qu'enfin celle-ci ait trouvé un endroit favorable où elle s'arrête et laisse écouler ses œufs, que les mâles fécondent à mesure qu'ils sortent de son ventre. Ces poissons sont alors dans une eau peu profonde, et le plus souvent on voit à la surface apparaître leur dos, ce qui permet de les tirer au fusil; mais il vaut toujours mieux les entourer de filets, dans lesquels ils se prennent très-facile- ment, si l'on peut les disposer assez près d'eux. Aux extrémités du lac, les Brochets pénètrent dans les fossés des marais, où on les prend alors avec des nasses, soit à leur entrée, soit à leur retour dans le lac, lorsqu'ils ont fini de déposer leurs œufs. La fraie dure jusqu'au milieu du mois d'août, après quoi les poissons s'en retournent amaigris dans toutes les parties du lac, d'où ils reviennent l'année suivante. Cependant, dés que les Brochets ont quitté les bords du lac ou les marais, il en est d'autres qui commencent à frayer ; non plus dans les eaux peu prof'ondesy mais dans le Mont, à AO ou 50 pieds de profondeur. Une chose curieuse, c'est que ces poissons ne sont plus les mômes que les précédents : ils sont beau- coup plus courts, plus épais, surtout meilleurs à manger, et connus parmi les pêcheurs sous le nom de Brochets (joi^ 2^ SÉRIE, T. 111. — Septembre 1866. 33 510 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. treux (1). Toutel'ois on rencontre aussi fréquemment ces der- niers en compagnie de ceux qui frayent dans les herbes du bord du lac, et je ne crois pas, comme bien des pêcheurs, que ces deux poissons soient des espèces différentes l'une de l'autre. • Aussitôt que les roseaux commencent à pousser, il y arrive quelques Brochets, mais ils sont en général d'assez petite taille ; ils en sortent quand le lac est agité, mais pour y rentrer bientôt après, et s'ils sont pris par les pêcheurs, d'autres les remplacent après une ou deux journées. La pêche au Brochet la plus amusante est certainement celle des « torchons », que l'on pratique depuis le mois d'août jusqu'à la fin de septembre. Les torchons sont de petits paquets cylindriques de joncs sè- ches que les vents d'hiver ont roulés sur les rives. Ces paquets, longs d'un bon pied, sont serrés à l'une des extrémités, de façon que l'autre puisse s'écarter comme un éventail ; une ficelle très-mince, longue de 20 brasses, mais dont les trois quarts environ sont enroulés autour du torchon, porte un hameçon de forme carrée attaché à un fil métaUique, ou mieux encore de manichordion : cette précaution a pour but d'empêcher le Brochet de couper avec ses dents tranchantes la ficelle qui le retient captif. L'amorce est en général un Ronzon ou une Perche d'un quart de livre, que l'on suspend à l'hameçon d'une manière particulière. On commence par perforer le dos du poisson près de la nageoire dorsale, mais en ayant bien soin de ne pas blesser la colonne vertébrale; puis on fait passer l'hameçon tout entier par la plaie, et on l'introduit sous les branchies, de façon à en faire sortir la pointe au coin de la bouche. Cela fait, on laisse aller le poisson dans le lac avec 25 pieds de ficelle environ, le reste servant à maintenir serrés les uns contre les autres les joncs, de manière à leur donner une forme cylindrique. L'amorce descend ainsi lentement sous l'eaUj et chemine jusqu'à ce qu'un Brochet, ou quelquefois (1) Quand j'aurai un de ces poissons, je le comparerai îrtec d'autres communs, alin de m'assurer si une dilïérence extérieure réelle existe. SUR LES POISSOiNS DU LAC DE NEUCllATEL. Ôl 1 traulres gros poissons, comme par exemple des Perches, aper- çoivent celte proie facile à saisir. '.;... Lorsqu'un poisson a mordu, il tire la ficelle du torchon, qui se dresse (le torchon fait la quille), et bientôt laisse dérouler, le reste, après quoi les joncs s'écartent tout à coup et dispa- raissent sous Teau. C'est alors que commence le. plaisir. — Lorsque le torchon reparaît à la surface , on s'en approche sans faire de bruit, et l'on y en ajoute un second, puis, s'il le faut, un troisième, qui ne tardent pas à disparaître si le poisson pris est de grande taille. Il arrive souvent que celui-ci entraîne très-loin après lui tous ces appendices désagréables, et ce n'est que quand ils sont immobiles à la surface, que le pêcheur peut songer à retirer doucement l'un après l'autre les ^orcAo/<6', en enroulant leur fil avec précaution, et surtout en les tenant très-légèrement entre ses doigts ; car si le Brochet vient à donner une forte secousse, comme cela arrive très-souvent, il faut immédiatement tout lâcher, sinon le fil se brise. ^ • C'est à cette pêche-là que Ton prend les plus beaux Bro- chets, et si le jour et le temps sont favorables, on en capture quelquefois plusieurs dans la même soirée. Lorsqu'un Brochet de petite taille a avalé l'amorce du tor- chon, il arrive quelquefois des aventures extraordinaires : elles sont rares sans doute, mais chaque vieux pêcheur du lac en compte au moins une dans les annales de sa vie, et je veux en citer une qui est vraiment surprenante. Un pêcheur était occupé à retirer du lac un torchon auquel un petit Brochet était suspendu ; déjà plus de la moitié du fil était enroulée, lorsque tout à coup une forte secousse se fit sentir, et le torchon sauta hors des mains qui le tenaienl. Lorsqu'il re- parut à la surlace, un second lui fut amarré; tous les deux plongèrent; un troisième, puis enfin un quatrième furent de nouveau entraînés sous l'eau et emmenés très-loin dans le lac. Quand le pêcheur supposa que le poisson était assez fatigué pour le prendre sans qu'il se débattît, il s'approcha, et retira l'un après Fautre tous les torchons; mais il ne trouva pas de poisson pris, sinon le premier, qui avait été conqjlétement avalé par un autre, et dont le corps portait plusieurs incisions. 512 SOCIÉTÉ IMrÉUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Le ravisseur avait pu rejeter sa proie, parce que l'iiameçon n'avait pas pu s'accrocher dans sa gueule; mais le pêcheur raconte que ce Brochet devait être d'une taille colossale, à en juger par l'écartement des plaies du petit, qui ne pesait pas moins de trois livres. ,:...:., -- LA LOCHE ET LE CHABOT. Ces deux petits poissons sont très-peu connus, car ils vivent en véritables ermites, cachés sous les cailloux des rives ou des ruisseaux. On ne les voit en sortir que rarement, surtout le Chabot, qui paraît redouter la lumière; et si la Loche hasarde le bout de son museau pointu hors de sa cachette, c'est pour y rentrer bientôt et s'eni'uir dans une autre voisine. Je pense que les mœurs de ces deux petits poissons sont essentiellement nocturnes, et que dans l'obscurité ils voya- gent dans les environs de leur demeure; mais ils ne doivent pas s'en écarter beaucoup, car il m'est arrivé, lorsque étant encore enfant, je les harponnais sous les pierres au moyen d'une fourchette de fer, de retrouver au même endroit le même individu qui m'avait échappé plusieurs jours aupa- ravant. Lorsqu'on soulève avec précaution la pierre qui cache une Loche ou un Chabot, et qu'on la pousse lentement devant soi, le poisson la suit et cherche toujours à rentrer en possession de son abri, et de cette manière on peut l'attirer partout où l'on veut, moyennant, prescription rigoureuse, qu'on ne fasse pas de bruit. La Loche habile essentiellement le lac; ehe y atteint la taiUe d'un Goujon, c'est-à-dire trois ou quatre pouces de longueur, mais ces dimensions sont rares, et en général on la rencontre ayant deux pouces tout au plus. C'est un joli poisson de cou- leur jaunâtre, marqué sur le dos de taches plus foncées. Sa petite bouche porte quatre barbillons blancs de deux lignes de longueur environ. Le corps est élancé, gracieux; ses mou- vements sont vifs, et quand la Loche est effrayée, elle sait SUR LES POISSONS DU LAC DE NEUCHATEL. 513 s'enfuir avec une grande rapidité. Elle se nourrit de petits vers, et probablement d'autres petits insectes habitant la mousse des cailloux. Il m'est arrivé (juelquelbis d'en prendre à la ligne, mais dans une eau trouble : il faut que le ver de mon hameçon soit arrivé bien près, pour qu'elles se soient décidées à sortir de leur retraite. Quant au Chabot, il est surtout abondant dans les rivières dont le fond est couvert de galets : la Reuse en renferme une quantité considérable, où ils servent de nourriture auxTruites, qui en sont très-friandes. Quand l'eau est trouble, ces petits poissons paraissent voyager, car il n'est pas rare d'en prendre à la ligne quand on pèche au ver. Le Chabot ne ressemble à aucun autre poisson, sauf quel- que peu au Silure. Comme lui, sa tête est très-développée; sa bouche est énorme et ses mâchoires armées d'aspérités. Son corps devient tout à coup pointu à partir du cou, et se ter- mine par une queue dont la nageoire, en forme d'éventail déployé, est relativement développée. Les parties qui recou- vrent les branchies se terminent de chaque côté par une pointe aiguë que l'on sent très-bien quand on veut saisir le poisson. L'iris des yeux est en général très-brillant; il est assez rare d'en rencontrer plusieurs de la même couleur: il est tantôt rouge vif, vert-émeraude, jaune, brun, orange, etc. Dans la Reuse on rencontre des Chabots de trois pouces de longueur, mais dans le lac il est rare d'en rencontrer de cette taille. La couleur du corps varie lieaucoup suivant les individus; elle varie du blanc jaunâtre au noir; le dos est cou- vert de dessins plus ou moins foncés et de formes souvent bizarres. Ce poisson constitue une amorce excellente pour les Truites; mais avant de le crocher à l'hameçon, il faut avoir soin de le tuer, sinon il se cachera sous une pierre, et échappera ainsi à la vue de son ennemi. ' ~ • M J'ai souvent trouvé des œufs assez développés dans l'ovaire de la Loche et du Chabot, mais l'époque où ils les déposent, dans quels endroits, et comment ils le font, me sont encore inconnus. En tout cas cette observation serait curieuse à 51Zi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. faire, mais je pense aussi très-difficile, parce que c'est pro- bablement la nuit que ces poissons se rassemblent. Dans le lac ils n'ont d'ennemis que les enfants, et peut-être les An- guilles et les Lottes, car ces dernières fréquentent les eaux peu profondes et babitent aussi sous les pierres ; quant aux premiers, ils en détruisent cliaque été un grand nombre, car rien n'est plus facile que de transpercer avec une fourcbette ces pauvres poissons. . . LE SILURE. De tous les poissons du lac, c'est le Silure qui atteint la taille la plus considérable : des individus de 1*25 livres ont été pris dans la Broie, et d'autres de 50 cl même de SO ne sont pas très-rares. Ce poisson est un véritable monstre. Sa tête est énorme et aplatie. Sa gueule, armée d'une quantité de dents petites et serrées, s'ouvre largement; de cbaque côté sortent plusieurs barbillons qui peuvent atteindre une longueur de deux pieds et qui servent à attirer les petits poissons, dit-on, en remuant le sable et en troublant l'eau, sur lesquels le Silure, immobile et cacbé dans la vase, s'élance tout à coup et les avale. — La couleur du corps est noire, plus ou moins foncée ; les quel- ques individus que j'ai eu l'occasion de voir étaient bruns, sans dessins quelconques. On ne rencontre ce poisson qu'aux extrémités de notre lac, et tout particulièrement dans la Broie, où l'on en prend chaque année (juelqucs individus. Sur les rives neuchcàleloises et vaudoises, ainsi que dans tout le lac de Bienne, il est très- peu connu des pêcheurs, dont quelques-uns seulement ont eu dans leur vie le privilège de prendre une fois ce poisson extraordinaire. C'est surtout, je le répète, dans le lac de Morat et sa rivière que le Silure est commun. Il y vit solitaire, dit un pêcheur de la Sauge, enfoncé dans la vase, d'où il ne laisse sortir que ses barbillons; la nuit, il sort de sa retraite, et chasse aux petits poissons, après lesquels il s'élance avec impétuosité. SUR LES POISSONS DU LAC DE NEUCIIATEL. 515 Pris dans les filets, ils les rompt fréquemment, et dans les viviers il avale tous les autres poissons qui s'y trouvent avec lui. Les Silures frayent en juin, dans les marais, quand ils sont couverts d'eau, et dans la Broie ou dans ses fossés, quand les eaux sont basses. Les œufs sont petits, mais très-nombreux, et les poissons qui en sortent se développent rapidement, au point qu'après une année, ils pèsent trois livres (Millet, amo- diateur de la Broie.) , Le Silure est parmi certains pêcheurs l'objet d'une super- stition ridicule : ils prétendent qu'il s'élance sur les Berge- ronnettes qui courent le long des eaux, et les avale. Je laisse à juger si les poissons peuvent saisir des oiseaux? On pêche les Silures aux hameçons amorcés de Lamproies ou de Goujons: c'est surtout pendant les nuits d'orage, et quand les éclairs sont nombreux, qu'on les prend. Mais , comme leur chair est grossière et d'un goût désagréable, les pêcheurs les laissent ordinairement bien tranquilles, enfoncés dans leur vase, et ne les prennent que par hasard. II. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX ,.., . DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ.,-:,, SÉANCE DU CONSEIL DU 31 AOUT 1866, Présidence de M. Richard (du Cantal), vke-président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu, mis aux voix et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis. Ce sont : MM. Bertinatti (le commandeur Joseph) , envoyé extraordi- naire et ministre plénipotentiaire d'Italie aux Etats- Unis, à Florence, BoissiER (V.), capitaine au long cours, à Nantes. Calbo-Crotta (le comte François), à Venise. GuÉRET, propriétaire, à Paris. ■ ' •• GuiLHOMET, propriétaire, au château de Brignat, près de Montluçon (Allier). Héritte, consul de France à Cape-town (cap de Bonne- Espérance). Salvador (F. S.), à Paris. — MM. Héritte et Lejeune adressent leurs remercîments pour leur récente admission. — M. Dabry, consul de France à lian-keou, annonce l'envoi de deux Faisans vénérés (mâle et femelle), d'une femelle de Tragopan de Temminck et d'une femelle de Ho-ky. Il fait connaître en même temps qu'il a réuni dans ses volières plu- sieurs autres belles espèces qu'il expédiera après la saison des chaleurs. — Le Conseil adresse ses remercîments à M. Dabry pour le zèle avec lequel il ne cesse de coopérer aux progrès de notre Société, et apprend avec regret que les animaux annoncés par M. Dabry ont succombé pendant le voyage. — Le président de la Société impériale d'agriculture d'Al- ger invoque la sollicitude de la Société pour les cultivateurs algériens les plus maltraités par l'invasion des Sauterelles. Le PROCÈS-VERDAUX. 517 Conseil décide qu'une somme de 300 francs sera adressée à Son Exe. le maréchal Ganrobert, président du comité central de souscription. — M. Lequin adresse la Note suivante sur les troupeaux d'Yaks et de Chèvres d'Angora qui lui ont été confiés à titre de cheptel : « Les existences relatées dans le Rapport de » M. Davin, inséré au Bulletin de décembre 1865, étant les » mêmes, je n'ai qu'cà constater ce fait. Depuis lors, l'état des » naissances est comme suit pour l'agnelage des Chèvres d'An- » gora : h mâles de pur sang ; 2 femelles de pur sang ; 5 mâles » castrés de demi et trois quarts de sang; 2 femelles de demi » et trois quarts de sang. Total, 13 sujets. Je vous ferai remar- » quer, monsieur le Président, que cette année la proportion )) des mâles a encore augmenté sur les agnelages précédents : » i!i femelles seulement sur 13 naissances constituant l'agne- » lage de cette année. Cette proportion trop élevée des mâles » est un fait nuisible à l'accroissement plus rapide de ce trou- » peau. Tous les animaux qui le constituent sont en bon état. » Une femelle de quatre mois a augmenté le petit troupeau » des Yaks. J'ai également obtenu un veau mâle du Yak » avec une Vache bretonne. Ces jeunes animaux, ainsi que , » leurs auteurs et la génisse de deux ans, jouissent d'une » bonne santé. Il n'en a pas été toujours de même des deux » jeunes Yaks relatés dans le Rapport de M. Davin. Ces » animaux ont été atteints de boutons farcineux, qui les » ont fait souffrir pendant deux mois et ont nui à leur » crue. Traités i)ar le vétérinaire attaché à l'établissement, » cette affection a disparu, mais ils n'ont pas encore repris » l'état de vigueur qui distingue la femelle du même âge, » laquelle ne s'est nullement ressentie de cette maladie, à » laquelle le vétérinaire n'a pu assigner aucune cause. » • — M. de Fenouillet annonce la naissance d'un jeune Yak mâle, né chez lui le 26 juillet. Cet animal, du plus beau blanc, est dans les meilleures conditions de santé. Quant à la seconde vache, la plus jeune, tout porte à croire qu'elle n'a pas conçu cette année. — M. le baron Aucapitaine offre quelques spécimens de 518 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. Porcs-Épics d'Algérie {Hj/strix cristata), dont, les Kabyles emploient la chair comme nourriture. — Remercîments. — M. le marquis de Béthisy adresse un numéro du Nouvel- liste de Melim, du 21 juillet, dans lequel il a inséré un article sur l'usage alimentaire de la viande de Cheval. — M. A. Geoffroy Saint- Hilaire communique les deux lettres suivantes de M. Ed. le Prieur sur le Faisan de Wal- lich et le Francolin d'Adanson : « J'achetai au Jardin d'accli- » matation, vers le mois d'octobre dernier, une paire de Fai- » sans de Wallich [Phasiomis (Catreîis) Wallichii], nés à » l'établissement. Lorsqu'ils arrivèrent chez moi, je les instal- » lai dans un parquet long de Zi mètres et large de 2 ; crai- » gnant pour eux l'humidité, je fis poser un vitrage devant » la partie couverte, en ayant soin de laisser en bas une » ouverture qui leur permît d'aller et venir à volonté. Par ce » moyen, ils avaient constamment de la terre sèche pour se » poudriller. Quant à la nourriture, je la variai autant que » possible, et leur donnai, sans compter beaucoup de verdure, » du blé, du sarrasin , du maïs, du chènevis, de l'orge et de » l'avoine; puis, de temps en temps, quelques œufs durs » hachés avec du pain. Malgré tous ces soins, je n'osais espé- » rer obtenir reproduction la première année, lorsqu'au » commencement d'avril je remarquai chez le mâle plusieurs » signes qui m'indiquaient qu'il entrait en amour. Vers la fin » du même mois, je ramassai un œuf; trois jours après, j'en » recueillis un second ; ensuite la ponte devint régulière et se » fit tous les deux jours. J'eus treize œufs, qui, mis en incu- » bation, me donnèrent /mit jeunes. Deux jeunes se trou- » vèrent morts dans la coquille ; quant aux trois autres œufs, » ils étaient clairs. Aujourd'hui mes huit jeunes oiseaux se » portent bien; ils ont toutes leurs plumes, et ont atteint la » taille d'une Perdrix grise. Voilà, mon cher monsieur, les » faits tels qu'ils se sont passés chez moi. Désormais le Fai- » san de Wallich peut être mis en toute assurance au nombre » des oiseaux qui reproduisent la première année. » « —Je possède dans ma collection une paire de Francohns » d'Adanson [Francolinus bicalcamtits), que je me suis pro- PROCÈS-VERBAUX. 519 » curée au Jardin d'acclimatation, il y a un an environ. Quel- » que temps après leur arrivée chez moi, la femelle me » donna quatre œufs, qui, mis sous une poule, se trouvèrent » clairs. Ceci se passait au mois de septembre 1865. En oc- » tobre, je rentrai mes Francolins dans un local où j'hiverne » tous les oiseaux qui craignent le froid ; ils y restèrent jus- » que vers les premiers jours d'avril, époque à laquelle je les » mis dehors dans un grand parquet où se trouvaient deux « colombes Wonga-iconga {Leucosarcia picata), deux tour- » terelles passerines {Chamœpecia jiasserina) et un Hocco » pauxi. Vers les premiers jours de mai, la femelle pondit » sept œufs, que je lui retirai pour les mettre en incubation » sous une poule; tous furent clairs. Découragé par cet « insuccès, je ne m'occupai plus de savoir si la ponte conti- » nuerait, lorsqu'un matin je ne vis pas la femelle Francolin » avec son mâle. Inquiet, j'entre dans le parquet; je regarde » inutilement dans les branchages, ne pouvant m'expliquer » l'insuccès de mes recherches, lorscjuc ma vue se porte sur » un panier à Tourterelle accroché à une hauteur de 3"", 50: » l'oiseau ne pouvait être que là. Je me procurai une échelle, » et au moment où je regardais dans le panier, je reçus en » pleine figure un coup de bec bien appliqué. Ma femelle » Francolin couvait quatre œufs, que je lui laissai. Le jour » de l'éclosion arriva, et je vis avec plaisir qu'aucun n'avait » été clair. La mère conduisait ses quatre jeunes avec beaucoup » de soin et de vigilance, ne craignant môme pas de se jeter » sur moi, lorsque j'allais lui porter cà manger. Dans la volière, » elle les défend courageusement contre tout ce qu'ehe sup- » pose pouvoir leur nuire. A l'heure qu'il est, les quatre )i jeunes oiseaux sont en parfaite santé et ont la taille d'une )) Caille ordinaire. Toutes leurs plumes sont poussées, et je « crois pouvoir les considérer comme sauvés. » — M. E. Billot adresse un aperçu de l'état de la gallino- cullure en Alsace. — M. Brierre (de Biez) adresse une copie de son Mémoire en réponse au Questionnaire publié par la Société scientifiriue d'Arcachon. 5*20 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. — M. Lasnet (de Champlille) transmet la copie de deux articles qu'il a publiés sur la Vipère, dans les numéros du lli octobre et du h novembre 1865 du Journal de la Ferme, et ajoute quelques détails sur la femme chasseuse de reptiles dont il a déjà parlé. ;. - _ i. ,. - '.: — M. Yauvert de Méan transmet une Note sur le Saumon élevé en eau douce , et signale un fait qui lui semble démontrer que celle pratique ne peut donner de bons ré- sultats. — M. le Secrétaire communique la lettre suivante, adressée par M. le marquis de Selve à M. Carbonnier : « Je viens vous » signaler un fait qui pourra intéresser la Société d'acclima- » tation et vous-même. La foudre est tombée dans un de mes » canaux, à l'extrémité du côté de la sortie des eaux, du » moins je le suppose. Le jour et la nuit du \h au 15 juillet » ont été très-orageux, et, le 15, mon garde chef, observateur » actif et sérieux, vint me prévenir que dans trois canaux » parallèles une masse d'Ecrevisses étaient sorties de l'eau. Je » m'y rendis immédiatement, et je vis par moi-même qu'il » en était ainsi à cet endroit, et non dans les autres canaux. » Nous remarquâmes un assez grand nombre de poissons » morts, un beau Saumon du Danube de 30 centimètres de j) long, deux poissons blancs et une quarantaine de Perches. » Au premier moment, je pensai à une nourriture nuisible, )) soit en herbes ou en viandes distribuées le 13 juillet. Puis, D en voyant la quantité de Perches iloltantes sur les eaux, j'ai » pensé, je crois avec quelque raison, que ce ne pouvait être » que la foudre qui était l'auteur de ce désarroi, et que, l'eau » étant encore saturée d'une mauvaise odeur, l'Écrevisse » n'avait pu y rester : beaucoup se promenaient sur la berge; » un assez grand nombre étaient sans mouvement, et quel- » ques-unes étaient mortes. Vers midi, tout ce qui était » valide était rentré dans l'eau, et j'estime la perte en Ecre- » visses à environ trois cents. Vous voyez, monsieur, que je » n'avais pu prévoir ce danger, qui remplace la grêle dans » ma culture. Craignant que mes eaux, quelque froides et » abondantes qu'elles soient, ne fussent trop échauffées, j'ai • ■ '■ PnOCÈS-VEhBAUX. '•"'"' '''•■ 521 » immédiatement créé une nouvelle cascade qui amène un » véritable torrent d'eau pour rafraîchir les quatre derniers » kilomètres. Enfin, mali^ré tout, j'arriverai à créer un éta- » blissement qui nous affranchira du tribut que nous payons » à l'Allemagne. Les élèves de cette année, Truites, Saumons, B Ombres-chevaliers, viennent à merveille : je puis montrer » des Truites des grands lacs, écloses chez moi cet hiver, qui » ont déjà 10 centimètres de long, et cela par milliers » — M. Buisson transmet la copie d'un Rapport adressé à Son Exe. le Ministre de l'agriculture sur l'éducation des Vers à soie. — MM. Zetter, vicomte d'Adhémar, et M"' Flon, adressent des Rapports sur leurs éducations de Vers cà soie. — M. Dabry fait hommage à la Société d'un vêlement fabriqué en Chine avec la soie du Bombyx du Camphrier. — Remercîments. — Son Exe. le Ministre des affaires étrangères transmet une lettre de M. Berg, qui annonce l'envoi d'une ruche d'Abeilles de l'île de la Réunion, et donne des détails intéressants sur les travaux du comité colonial. — Son Exe. le Ministre des affaires étrangères adresse un numéro de la Gazette de Twin qui renferme un article de notre délégué M. Barufiî, sur les Vers à soie de Chine, du Japon, et les tentatives faites pour acclimater en Ralie la race du Bombyx yama-maï. (Voy. au Bulletiii, page 523.) — M. Borelli adresse une demande de graines. — Des remercîments pour les graines qui lui ont été en- voyées sont adressés par M. le baron Anca. — M. l'abbé Voisin fait hommage à la Société de quelques graines provenant du Su-tchuen. — Remercîments. — M. le docteur Ferdinand Mueller envoie une collection de graines d'Australie et de la Nouvelle-Calédonie. — Remer- cîments. — M. Carlotti adresse un Mémoire sur la culture de V Euca- lyptus en Corse. — Le Conseil décide qu'une lettre sera adressée à Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères pour le prier d'écrire à 52'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. ses agents aux Etats-Unis pour leur demander de procurer à la Société des pieds d'Hickories {Juglans alba), dont l'accli- malalion en Europe serait désirable. : , . - — M. Arnaud annonce l'envoi par M. Aulard de Bragard de deux pieds de jLeïcAw. , • , - — M. le professeur Chatin annonce qu'il se charge de pro- curer à la Société une certaine ([uantité de noyaux de Pêches de Tulhns. — M. Brierre (de Piiez) adresse un nouveau Rapport sur ses cultures. — M. Lelion-Damiens fait hommage à la Société de plu- sieurs exemplaires d'un travail intitulé : Petit Catéchisme de la protection due aux animaux. — Remercîments. — M. A. Geoifroy Saint- Hilaire présente un travail de M. Berthelin sur les observations qu'il a faites en transportant de l'île de la Réunion en France diverses espèces d'animaux. — Le Conseil autorise la publication de ce travail dans le Bulletin. (Voy. page Zi85,) — M. A. Geofl'roy Saint-IIilaire annonce au Conseil l'envoi d'animaux qui a été fait récemment au Jardin par M. le général Khérédine, et fait remarquer que cet envoi a été fait dans des conditions très-remarquables. — M. Richard (du Cantal) soumet au Conseil un travail sur Son Altesse impériale le prince Charles Bonaparte. (Voy. au Bulletin., page h^h.) Le Secrétaire du Conseil^ Ch. Wallut. III. CHRONIQUE. Bombyx yama-maï. M. le professeur Baruffi vient de publier dans la Gazette de Turin l'article suivant, que nous nous empressons de traduire : Vers à soie du Chêne du Japon. « Nous avons reçu récemment la seconde édition d'un excellent travail sur le Ver à soie du Chêne, connu au Japon sous le nom de Yama-maï, ou Ver à soie des montagnes. Cet opuscule, publié à Paris, à la Librairie agricole, a pour auteur M. Personnel, naturaliste distingué et sériciculteur couronné plusieurs fois dans les concours publics, et qui, à l'occasion de l'exposition des Insectes, a fait dans une conférence une leçon fort applaudie sur le Ver du Chêne. L'importance de ce nouveau ver semble incontestable, et comme il paraît s'acclimater facilement en France, nous devons espérer aussi de le voir s'acclimater en Italie. Le prix de la soie qu'il produit est le même au Japon que celui du Ver du Mûrier, parce qu'elle sert à fabriquer les plus belles gazes, les tissus les plus riches de l'Orient, et même quelques étoffes exclusivement destinées à la Cour impé- riale. Si nous arrivons à élever le nouveau ver à l'air libre et sur de grands espaces, on obtiendra des avantages considérables, spécialement par la plus-value donnée aux terres plantées en Cbênes. Si cet arbre ne devient pas l'arbre d'or comme fut le Alûrier, il redeviendra, dit l'auteur, l'arbre sacré des anciens, » Les essais sur une petite échelle tentés jusqu'à ce jour en Piémont avec la graine de Yama-maï que nous a gracieusement donnée la Société d'accli- matation de Paris n'ont pas encore fourni tous les résultats désirables. Celte année-ci on répète les expériences avec de la graine apportée du Japon par une maison de banque de Livourne, mais leur résultat n'est pas encore connu. » Il ne faut pas oublier que l'élève du Ver du Chêne demande des soins particuliers qui ne sont pas encore généralement communs dans notre pays. Deux de nos agronomes les plus distingués, MM. les comtes Robert! et Cordero de Vonzo, ont déjà étudié pratiquement en Piémont l'élève de ce ver Yama-maï, et nous désirerions qu'on publiât l'intéressant rapport adressé à ce sujet à la Société impériale d'acclimatation par M. le comte Cordero de Vonzo. En attendant, nous sommes heureux de pouvoir recom- mander aux sériciculteurs l'excellent travail de M. Personnat, accompagné de trois planches coloriées qui aident à l'intelligence des idées et des faits exposés par l'auteur. » En outre de la partie historique, cet opuscule décrit les caractères ento- mologiques du Yama-maï, et tout ce qui a trait à l'éducation et à l'acclima- u 524 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGGLIMATATION. icnicnl et aux diverses espèces de Cliêiies de France et du Japon. Il combat les oi3Jeclions, et indique les produits industriels et les bénélices que l'on peut retirer du nouveau Ver à soie. » Enfin, l'auteur donne la traduction française d'un petit manuel japonais sur l'élève du Yama-maï, et, en recommandant l'ouvrage de M. l'crsonnat, nous sommes sûr de faire une chose utile aux sériciculteurs, qui le liront avec satisfaction, et qui pourront ainsi contribuer à doter notre pays d'une précieuse industrie nouvelle. » ERRATUM. Numéro de juillet J866, pa^e 352, ligne Zi, rétablir ainsi la phrase : «( Enfin , M. Ramcl informe la Société qu'on a pu pécher des Saumons au-dessus de la ville de !\Ielbournc, et ajoute qu'il sera intéressant de con- stater si ces poissons pourront traverser les eaux de Melbourne, qui sont chargées de nombreuses matières, pour aller à la mer, et surtout si, plus tard, ils remonteront les eaux fangeuses du bas du fleuve pour revenir au point où ils ont été élevés. » I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). EXPOSITION INTERNATIONALE DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈCHE DE BERGEN (Norvège), ' Août 1865. RAPPORT PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCGLIMATATION Par .11. .1. L. SOL"BEIR\I^ (SL-ITE ET FIN) (2). (Séance du 15 décembre 18G5.) CONSERVATIOxN DU POISSON. Les immenses quantités de poisson qui sont recueillies dans les eaux de la Norvège ne pouvant être consommées au fur et à mesure que les pêcheurs s'en emparent, il a fallu nécessairement que l'on trouvât des procédés commodes pour conserver cette masse de matière alimentaire ; aussi ne doit- on pas être étonné si de nombreux spécimens étaient pré- sentés à l'exposition de Bergen, qui témoignaient de l'impor- tance de cette partie de l'exposition. Sans revenir ici sur les détails dans lesquels nous sommes entré au commencement de ce rapport, à propos des diverses espèces de poissons, sur la conservation par la dessiccation, la salaison ou le sauris- sar/e; sans même insister sur les conserves de diverse nature (3) (1) La Société ne prend sous sa responsabiiiié aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. (2) Voyez les numéros de mai, page 189; de juin, page 2G2 ; de juillet, page 317 ; d'août, page 381, et de septembre, page A61. (3) L'exposition présentait un grand nombre de préparations c\c tous genres laites avec le poisson : Saumons en boîle, ventres de Saumon con- servés en saumure, conserves de Homard, conserves de Moules, de Crevettes, Caviars, dos de Béluga, huusblas (gélatine) de Béluga, Sardines épicées o;'i au sucre, Anguilles fumées, Anchois au sel, Limandes sèches, Harengs saurs 2«SÉUiE,T IIL — Octobre 18G6. 3^ •• 526 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. qui étaient exposées, nous pensons devoir ajouter ici quel- ques nouveaux renseignements sur la conservation au moyen de la glace. On a appliqué ce procédé non-seulement au Saumon et au Maquereau, comme nous l'avons déjà dit (p. 331), mais on a cherché également à expédier par le même moyen du Hareng en Angleterre. Mais la chair peu consistante et délicate de ce poisson, la finesse de sa peau, ne se prêtent pas à cette opération, et l'on a dû y renoncer pour revenir à l'ancien système, qui consiste à saler légèrement le Hareng pour prévenir sa corruption pendant le transport. Une autre raison qui a fait renoncer à l'emploi de la glace est le prix relativement élevé de celle-ci, par rapport au prix du poisson, bien que la facilité avec laquelle on peut se procurer la glace dans toute la Norvège permette de l'em- ployer dans presque tous les ports (1). Sans contredit, ce moyen de conservation, qui n'est encore appliqué que très- exceptionnellement en France, pourrait rendre de très-grands services, et permettrait de faire apparaître sur nos marchés, en grandes quantités, des poissons qui n'y viennent pas ou et fumés, cuits, etc. Nous devons une mention spéciale aux biscuits de farine de poisson préparés à la mode de nos biscuits de mer, e^ qui ont, d'après M. Rosing, professeur de chimie agricole à la ferme modèle royale d'Aas, l'avantage de présenter, sous un très -petit volume, une qualité nutritive considérable. Après divers essais infructueux, il est parvenu à faire ce bis- cuit de la manière suivante : On laisse pendant quelques heures 500 grammes de farine de poisson séchée dans 3 litres d'eau, puis on y ajoute 2 kilogr. de farine d'avoine pendant un pétrissage continuel. On passe la pâte sous le rouleau, et on la coupe en gâteaux carrés de 0",075 et d'une épaisseur de 5 à 6 millimètres. On perce ces gâteaux de trous, et on les sèche au four à une température qui ne doit pas être assez élevée pour les cuire. Il faut les retourner plusieurs fois pendant l'opération. 11 résulte des expériences de M. Rosing que ce biscuit forme un pain très-nourrissant, quatre fois aussi riche en principes albuminoïdes que la viande de bœuf, quatre fois et demie autant que la morue fraîche, et seize fois autant que le lait frais ou le pain de seigle. En outre, il a l'avantage d'être très-riche en phospliates. (1) Tous les ports de la Norvège, même les plus petits, possèdent des glacières, qui foiu-nissent leurs produits à très-bjn marché; et ceci permet d'avoir dans toutes les maisons des caisses garnies de glace pour conserver les aliments. (Voy. page 333.) EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 527 n'y viennent que très-rarement. En effet, c'est un perfection- nement très-facile à obtenir, et que la consommation publique accueillerait le plus favorablement en raison de sa simplicité. Quant au poisson de petite pêche, qui est consommé à l'état frais dans le pays, il est généralement apporté vivant dans les ports, au moyen de viviers établis dans l'intérieur des bateaux ou traînés à leur suite. C'est du bord des quais où sont établis les marchés à poisson^, que la vente se fait, et nous avons assisté plusieurs fois au marché qui se tenait au Fisketorvet de Bergen, où nous voyions les pêcheurs proposer, de leurs barques, le poisson (1) à leurs clients, et le tirer tout vivant de leurs réservoirs. Sitôt le marché conclu, on saignait le poisson pour déterminer sa mort rapide, et, par suite, le rendre moins sujet à s'altérer, tout en ayant un goût beau- coup plus délicat. C'est encore là une pratique que nous aimerions à voir introduire en France, car elle donne des pro- duits de beaucoup supérieurs à ceux qu'on obtient en le lais- sant mourir après un temps plus ou moins long. Du reste, cette précaution de ne pas laisser souffrir le poisson est adoptée déjà dans plusieurs contrées de pêche, et partout où on l'a prise, on reconnaît que l'on a un aliment beaucoup plus délicat. C'est à l'habitude que les Russes du Nord, en particulier, ont de tuer et de préparer immédiatement les Morues qu'ils pèchent, qu'est due la qualité supérieure de leurs produits. Le système des viviers n'est pas spécial à la Norvège (2), car nous avons vu des modèles de réservoirs du même genre employés par les Russes sous les noms de prorez et de ryb- nitsa, et nous avons appris que quelques bateaux hollandais ont au centre un vivier pour conserver la Morue qu'ils doivent apporter vivante. En général, il peut être appliqué partout (1) A Christiania, nous avons vu de grands viviers amarrés à Jjord du quai, et dans lesquels les poissons, séparés par espèces, attendaient le moment de la vente. Des comparliments spéciaux étaient réservés aux Homards et aux Mollusques. (2) Sabin Berthelot, Nouveau système de pèche, réservoirs de dépôt, bateaux-viviers, et conservation du poisson. [Bulletin de la Société d'accli- matation, 2" série, t. II, p. 17G. — Revue maritime et coloniale, 1865. 528 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOK. OÙ la pèche se fait au moyen d'engins qui ne sont pas trop lourds et sur des fonds assez unis, car alors le poisson n'est pas meurtri par les filets, n'est pas blessé sur le sol où il est entraîné, et enfin ne se noie pas avant d'être mis à bord. On dit que sur nos eûtes on a essaye sans succès l'usage des viviers, et que les Anglais y ont renoncé, préférant la conser- vation dans la glace ; nous pensons cependant qu'il y aurait lieu de faire quelques nouvelles expériences en vue d'apporter aux réservoirs la modification que la pratique suggérerait pour les approprier au service de nos côtes, et qu'il y aurait sans doute là une amélioration notable à apporter à notre système général de pêche. Les barillages norvégiens, qui sont faits avec du sapin, du hêtre et do bouleau (^), sont remarquables par le soin avec lequel ils sont établis, et qui s'explique par la nécessité d'être bien étanches pour pouvoir conserver la saumure qui baigne les poissons et empêcher tout écoulement du liquide au dehors. Leur contenance légale est de cent vingt pots (116 litres). Parmi les ustensiles destinés au transport du poisson, nous devons une mention toute spéciale aux paniers présentés par les Hollandais. Ces paniers plats, et munis de cloisons d'osier qui empêchent les couches supérieures de peser lourdement sur les inférieures et de les détériorer par suite du tassement, sont admirablement disposés pour le service qu'ils doivent rendre, et sont de beaucoup supérieurs aux paniers de nos pêcheurs et mareyeurs, dans lesquels le poisson perd rapi- dement sa iVaicheur et sa qualité en même temps que ses belles apparences. 11 serait bien à désirer que le poisson ap- porté dans nos grandes villes fût aménagé d'après le système hollandais, car tout le monde y trouverait son compte : les vendeurs, qui auraient du poisson jdus présentable et de meil- (1) Les b.tiils (le !)ois de boule.ui sont les plus eslimés ; cependant il est nécessaire de faire les exp^kliiions pour la Russie dans des barils de sapin, car le goût résineux, qui se communique par Tenveloppc au poisson y est très-recborché. On sait que le barillagc français est fait exclusivement avec du hOlre. ExrosmoN de produits et engins de rÉciiE. 5-29 leure vente; les acheteurs, qui pourraient se procurer un ali- ment ayant conservé toutes ses qualités et non délérioré par le tassement. ENGINS DE PÊCHE. ' La corderie norvégienne, faite presque exclusivement avec du chanvre de Riga, qui se conserve bien dans l'eau, est re- marquable par sa beauté et sa solidité; elle est aujourd'hui presque toute laite à la mécanique, parce que les fils alors sont régulièrement tendus, et, par suite, supportent également la force de traction, ce qui donne une résistance beaucoup plus grande que pour les cordages faits à la main, dans les- quels les diverses parties sont toujours plus ou moins irré- gulièrement tendues. Un spécimen de corderie faite avec les fibres de la racine de sapin était présenté comme donnant une force de résistance considérable et revenant beaucoup moins cher que les cor- dages de chanvre; mais nous n'avons pas eu de détails sur les expériences qui auraient confirmé l'assertion de l'exposant. Les filets norvégiens, en raison de la transparence extrême des eaux dans lesquelles ils doivent servir, sont beaucoup plus fins que ceux de nos pêcheurs et des Hollandais. Du reste, comme la pèche se fait en général au voisinage des côtes et sur des fonds non rocailleux, ils n'ont pas besoin d'avoir la résistance des filets de nos pêcheurs. D'autre part, les Nor- végiens, étant dans l'habitude de ne pas s'écarter beaucoup de la terre ferme et rentrant tous les soirs, soit à terre, soit à bord des bateaux-auberges, ils peuvent chaque jour étendre leurs filets pour les sécher, et ne sont pas contraints, comme nos marins, de laisser leurs filets humides entassés dans leurs bateaux pendant un temps quelquefois très-long. Générale- ment ils emploient seulement la moitié de leurs filets pendant une semaine, et l'autre moitié pendant l'autre semaine, à moins que quelque accident ne les oblige à en changer plus tôt ; mais alors cette précaution d'avoir des engins en réserve leur permet de ne pas suspendre leur pèche au moment où elle 530 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATATION. serait le plus abondante. Ces filets très-fins ont l'inconvénient . de coûter plus cher que les filets ordinaires, mais c'est là une considération qui touche peu les pêcheurs norvégiens, qui, en raison de l'abondance de poisson dans leurs parages, re- couvrent bientôt l'argent dépensé en achats de filets, et qui disent souvent qu'on doit poser en principe qu'une bonne journée de pêche paye le filet : aussi ne se préoccupent-ils pas du prix. Les filets, presque toujours lacés à la main , avec un soin . particulier, par les pêcheurs eux-mêmes, sont faits avec des fils qui sont toujours choisis avec la plus grande altenlion et qui doivent être extrêmement réguliers (1). Le plus ordinai- rement les filets sont faits de chanvre, plus rarement de coton (2) ; quelques-uns même sont de soie, et sont alors des- tinés soit à la pêche du Maquereau, soit à celle des poissons des lacs de Suède. Nous devons remarquer que les Norvégiens font usage, pour la pêche de la Morue, de filets très-forts et résistants, dans lesquels le poisson peut se jnailler, et que ce moyen de pêche, d'après plusieurs personnes très-compétentes, devrait être essayé par ceux de nos marins qui font la pêche d'Is- lande. Us obtiendraient sans doute ainsi des résultats plus avantageux que ceux obtenus, dans ces dernières années, au moyen des lignes, qui ne permettent plus de pêches suffi- samment fructueuses. . . En Norvège, comme nous l'avons déjà dit (p. 388), on ne considère pas le tannage des filets comme essentiel, et quand (1) Quelques-uns de ces fils sont tissés à la mécanique ; ils proviennent en général d'Angleterre; ils sont moins estimés que les fils faits à la main. (2) On supposai!, après l'exposition d'Amsterdam en 1861, que les filets de coton seraient adoptés par le plus grand nombre des pêcheurs, mais il n'en a rien été sans doute, à cause du prix élevé auquel est montée la matière première dans ces dernières années. Les Anglais, qui de tous les peuples sont ceux qui ont fait le plus usage de ces filets, disent qu'ils sont beaucoup plus lâchants que les autres et peuvent duier presque aussi longtemps que ceux de chanvre; mais ils reconnaissent qu'ils demandent peut-être plus de soins dans leur emploi. EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 531 on s'y résout, on préfère le tannage à l'écorce de bouleau (l), qui donne une coloration moins foncée que le cachou, dont les Hollandais et les pêcheurs de Boulogne-sur-mer font grand usage. Depuis quelque temps, on passe les fdets au sulfate de cuivre (2) ou à l'huile de pin (3), qui donnent une teinte plus claire aux engins. Quant à l'huile de lin, on l'a abandonnée, parce qu'on lui reproche de donner assez fréquemment Heu à des combustions spontanées. Quant au procédé de conservation au moven du coaltar, employé par M. Maas (de Scheveningen), il paraît donner d'ex- cellents résultats, à la condition de prendre la précaution de tremper les filets dans le coaltar alors qu'ils conservent encore une certaine quantité d'humidité restant du bain de cachou dans lequel on les a plongés d'abord. Il faut ne pas élever la température du goudron h plus de liO degrés centi- grades, et bien ressuyer le filet quand il sort du bain en le faisant passer entre deux cylindres, pour qu'il ne soit pas chargé d'une trop grande quantité de matière. On reproche à ces filets d'être durs et de manquer de malléabilité ; mais, d'après les observations de M. Maas, ce défaut disparaît quand les filets ont été plongés dans l'eau, et deviennent d'un usage excellent. M. Maas est une trop haute compétence en matière (1) Les Russes laissent tremper à plusieurs reprises leurs filets dans une forte décoction d'écorce de bouleau ; ils répètent cette opération chaque fois que cela est nécessaire. (2) Les Dieppois qui fréquentent le banc de Terre-Neuve passent presque tous leurs filets au sulfate de cuivre, opération qui est beaucoup moins chère que le tannage au cachou, employé presque exclusivement par les Boulon- nais : mais ces filets sont beaucoup plus souvent décliirés par les chiens de mer. (3) Les Anglais terre-neuviens emploient quelquefois l'huile de pin et l'huile de lin, mais ils leur reprochent de laisser toujours craindre les com- bustions spontanées. A Lowestoff, où l'on traite quelquefois les filets par le mélange d'huile do pin et d'huile de lin, puis ensuite par un bain de cachou, on reconnaît que la durée est cinq fois plus grande que par le tan- nage au cachou seul; mais l'opération devient beaucoup plus coûteuse. On dit que ces filets sont beaucoup plus péchants, mais on doit craindre la combusiion spontanée avant l'immersion dans le cachou. (Uuret.) / 532 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. de pêche pour que sa déclaration ne soit pas prise en grande considération (1). Les Norvégiens, de même que les Russes, pratiquent un certain nombre de pèches sous la glace, comme nous avons déjà eu plusieurs fois occasion de le faire remarquer, à pro- pos des diverses espèces de poissons. Pour aller sur la glace des lacs, ils font usage de traîneaux, au moyen desquels ils vont quelquefois tenter la fortune à des distcances con- sidérables. Ces traîneaux, munis de tous les ustensiles qui leur sont nécessaires pour cheminer , percer des trous dans la glace et pêcher, ont des formes un peu diflerentes, suivant les peuples et les localités, mais cependant ils ressemblent tous, au moins d'une manière générale, au traî- neau que nous représentons ici (fig. 38), et qui a été dessiné sur le modèle exposé par M. le professeur Rasch. Fig. 38. ^ Il y avait encore, à l'exposition de Bergen, quelques mo- dèles d'habitations de pécheurs, telles qu'elles sont établies aux Loffoten ; ce sont des cabanes de bois brut offrant une chambre ou deux dans lesquelles les pêcheurs viennent passer la nuit, et qui sont louées à raison d'un à deux species daler (5 fr. 60 c. à 11 fr. 20 c.) pour la saison, par homme. Ceux-ci (1) Les filcls lrail(!''S parle cachou et le coallar, très-employés à Yarmoutli et à LowestolT, ont, dit-on, beaucoup plus de durée, t^ut en devenant très- souples. (BURET.) EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈCHE. 533 apportent avec eux leurs vivres et tous les objcfs qui leur sont nécessaires. Du reste, ces maisons sont lout ce qu'il y a de plus simple et de plus primitif, de même qu'un modèle de maison russe qui était aussi présenté. Sur des fondements irréguliers de granit et de gneiss, qui forment un rectangle solide, on élève quatre murs avec des troncs d'arbres posés horizontalement les uns sur les autres ; on interpose entre ces troncs de la mousse qui bouche les interstices par lesquels l'air et l'eau pourraient pénétrer. Les angles sont affermis par des entailles faites aux deux bouts des arbres, ce qui per- met de les enchâsser les uns dans les autres : quant à la toi- ture, elle est faite de planches recouvertes de pierres plates, ou d'écorces recouvertes de gazon. Lorsque les pêcheurs norvégiens ne peuvent pas descendre à terre, ou lorsqu'ils sont trop nombreux pour y trouver tous asile, ils se réfugient dans des bateaux-auberges, qui les suivent sur les lieux de pèche, et où ils trouvent des cou- chettes et une cuisine. Ces bateaux, dont plusieurs modèles se trouvaient à l'exposition, sont de véritables pontons qui rendent ainsi de grands services aux pêcheurs, qui s'y rendent chaque soir après que la pêche est terminée. Nous ne pouvons terminer ce travail sans insister sur les heureux résultats que donne en Norvège l'association, qui permet aux pêcheurs de grandes économies de temps et d'argent, et par suite augmente notablement les produits qu'ils peuvent retirer de leur pénible labeur. Il est à regret- ter que les quelques tentatives qui ont été faites en France pour organiser des associations entre pêcheurs n'aient pas donné jusqu'à présent des résultats satisfaisants, et que l'ex- périence n'ait pas pu être prolongée assez longtemps pour en montrer tous les avantages. « Combien nos marins ne » s'épargneraient-ils pas de mécomptes et de pertes s'ils )) voulaient renoncer définitivement à l'isolement et agir de » concert 1 II y a longtemps que l'Angleterre expérimente ce » système, et elle s'y attache de plus en plus, parce qu'elle » en ressent mieux chaque année les incontestables avantages. » On n'ignore pas que nos voisins d'outre-Manche, au lieu de 53/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » renvoyer tous leurs bateaux au fur et à mesure au port de » pêche pour y débarquer leurs produits, n'ont qu'un même » bateau pour chaque association qui soit chargé de celte partie » de l'opération; ou bien encore que chaque bateau retourne » successivement au port, à tour de rôle, avec le produit de » la pêche de tous. Ce bateau s'approvisionne en même temps, » à terre , de glace , de sel , de barils et de vivres , qu'il porte s ensuite aux bateaux restés sur les fonds, n'ayant pas inter- » rompu un seul instant leur pêche. » Il serait superilu de signaler les économies de temps et » d'argent, et les chances de réussite plus certaines et plus ï> nombreuses qui recommandent cette manière d'agir en » commun. Tous nos pêcheurs devraient adopter ce système, » ils y trouveraient une liberté d'action qui leur manque. Ils » pourraient donner à leurs entreprises les proportions qui » conviendraient. Ils apprendraient à faire leurs affaires par » eux-mêmes, sans le secours d'aucun intermédiaire, et ils » réaliseraient facilement des bénéfices bien supérieurs à » ceux qu'ils ont tant de peine à obtenir aujourd'hui I » (1) COLLECTIONS SCIENTIFIQUES. L'exposition comprenait plusieurs instruments qui, tout en pouvant rendre des services à la pêche, doivent être plutôt considérés comme des instruments scientifiques. Parmi ceux- ci, nous devons citer un appareil imaginé par MM. Bœck père et fils, et destiné à donner la profondeur, la direction et la température des courants. Cet appareil , qui a reçu le nom de St?-œm?nesser (mesureur de courants), a été fait à l'occa- sion des recherches si remarquables de M. Bœck fils sur le développement du Hareng. Il est construit de telle sorte qu'un mouvement d'horlogerie arrête l'aiguille de la boussole quand on a atteint la couche d'eau voulue , et donne l'indication de la direction par la position de celte aiguille par rapport aux ailes fixes qui représentent les courants. (1) J. Lebeau et Lonquety aîné, Rapport sur l'Exposition internationale de pêche à Bergen^ 1866, p. hk- EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÈCHE. obo M. le professeur Sars avait exposé une drague de petite dimension fort simple, qui lui permet de pêcher, par plusieurs centaines de brasses de profondeur, les animaux les plus dé- licats, et avec laquelle il a reconnu la grande analogie que présentent la faune de Drobak, aux environs de Christiania, et celle du Spilzberg. M. Hjalmar Widegren avait exposé aussi une drague qui lui permet de pêcher au fond des lacs de la Suède, qui offrent en général sur toute leur surface une couche épaisse de boue dans laquelle l'appareil collecteur ne pénètre pas. La classe A de l'exposition comprenait un grand nombre d'animaux aquatiques à l'état de squelettes, de pièces sèches, de pièces montées ou conservées dans l'esprit-de-vin (1). Cette portion de l'exposition, dont les éléments étaient empruntés en grande partie au musée de Bergen, était vraiment très- attachante pour le naturaliste, qui y trouvait des spécimens d'animaux septentrionaux que l'on ne rencontre guère ail- leurs, et donnait une idée très-satisfaisante de la richesse des mers Scandinaves en produits alimentaires, depuis les mollusques jusqu'aux gigantesques cétacés. Du reste, en visi- tant l'ancien bâtiment du musée, auquel l'exposition a du céder depuis sa place, et qui était ouvert avec la plus entière courtoisie aux visiteurs , on trouvait une collection des plus intéressantes, qui forme en effet une page très-complète de l'histoire zoologique locale. La faune de Bergen et de la Norvège y est représentée par de nombreux échantillons, parmi lesquels nous devons signaler une riche collection d'ornithologie représentant toutes les espèces qui se trouvent (1) Lors de noire séjour à Clirisliania, M. le professeur Esmarlc a bien voulu nous faire visiter les collections réunies à Tunlversilé, et nous avons remarqué l'agencement imaginé pour faciliter l'étude des objets expo.^és. Les petits animaux (tels que crustacés, arachnides, etc.), renfermés dans des tubes de cristal, sont maintenus vers la partie moyenne au moyen de lils de verre qui leur traversent le corps sans les détériorer, cl permettent de les examiner facilement. Ces tubes sont placés sur des tours mobiles qui, par leur rotation, donnent le moyen de les approcher, suivant les besoins de l'étude, vers la lumière, et facilitent ainsi singulièrement l'étude. 536 SOCIÉTÉ IMPÉr.IALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. depuis Nord-Cape jusqu'aux régions méridionales de la Nor- vège, et une réunion très-instructive des animaux inférieurs, annélides, crustacés et rayonnes des fjords et de l'Océan. Nous croyons intéressant de donner ici la liste des animaux qui figurèrent à l'exposition, en indiquant, à côté du nom scienlilique, le nom vulgaire norvégien, ayant bien souvent regretté de no pas trouver la réunion de ces deux détermi- nations dans le cours de mes travaux. I?IoIli]»«ques. Ostrca cdulis, L. {Osiers). Mytilus cdiilis, L. {Dlaaskjœl) (1). Cypriiia islnndica, L. {Skjœl). Modiola viilgaris, Flem. (Skjœl). Mya arenaria, L. [Sandmijje). Cardiiipi cdnk', L. {Iljertemiisling). Anni^lidcs. Arenicola piscaloriim , L. ( Fjœre- jnark) ('i). Elcoàonc ciiTosa, Lamk. [Blœk- sprutte). C-i'uslacés. l'alcTinon squilla, L. (Rœge) (3). Homariis vulgaris, M. Edw. (Hiim- mer), Astacus fluvialilis, L. (Flodkrebs). l'andalus boroalis (Svelvigsrœge, Svelvigen). Cancer paguriis, L. {Taskekrabbe, Hi/vring). 3*oissons. Petromyzoïi iiiarimis (Latnprcit). — lluvialis (Floduegenne). Scylliiim annulatum, T^ûss. [Ringhai, Haagjœle). Scymniis Ijorealis, Scor. {Haakjœr- ring) . Selaclie maxima, Gun. ( Brygdc). Squaliis carcharias , L. ( Mennes- keœrder). L.iniiia coniubica, Schneid. (Haab- raïuJ). Galeocerdo arcticiis, Fab. [Haamœr). Acanthias vulgaris, lîisso (Pighai, Hai). llaja balis, L. (Rokkp). ChiiiKiera iiionslrosa , L. ( Havkot, S'ôinuus). Acipenser sturio, L. (StiJr). Murgena anguilla, L,, Angiiilia vul- garis, Fleni. (Aal). Anguiila conger, L.{Tange). Gadus niorrhua, L. (Kabljau, Torsk). — carbonarius , L. {Sei, graa- sei) (Zi). — pollachius, L. [Lyr). — œglclinus, L. (Hijse). — niiiiuUis, L. {Sijpige, Kolje). î\ler]angus vulgaris, Cuv. {Hvidling, Hviting). — polassoa, Hisso (Kulmule). Pliycis furcatus, Flem. (Skjœl- brosme). (1) Cette espèce et les suivantes sont employc^cs pour servir d'appàls. (2) Les deux annclides indiqu(is ici sont recueillis pour faire des appâts. (3) Sert quelquefois d'appài. [k) Un individu empaillé de l'",50. EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PECHE. 537 Lota vulgaris, Ciiv. [Lake). iSlolva vulgaris, Niiss., Lota aïolva, L. {Lange) (1). — Abyssoriim , Nilss. ( Kirke- lœiiije). Brosmiiis vulgaris, Cuv. (Brosme). Anarrichas lupus, L. {Stecnbit Ilakval). Perça fluvialilis, L. Ab'ôv, Abbor). Lucioperca sandra, L. {Gjors). Sebastes norvegicus, Cuv. luJdfisk, Ver). — dactyloptenis, d. Lar. {Blaak- jeft, Skjœruer). Acerina vulgaris, Cuv. {Hor, Rnskc). Labrus maculalus, Bloch {Berggijlt). — niixtus, L. {Riklnœb). Acantiiolabnis ONOlelus, L. {Berg- gylt). Ctenolabrus rupestris, L. [Bergnœb). Lampris guttatus, Uolz {Lax'ôrjc). Zeus faber, L. {St-Petei-s/!sk). Platessa vulgaris, Pleiironecies pla- Icssa , L. {Rodspœtte , Kotige- jhjndre. Hippoglossus vulgaris, Cuv. [Qcfite, Ilelleflyndre) ('2). Pleuronecles microccphalus, Douov {Mareflyndre , Sandlhjndre). — flesus, L. {Krubbe, Sandjhjndre). Rhombus niaximus, L. {Viijlwar). — laevis, L. {Sletlivar). — megastoma, Donov {Sjacflijn- dre). Solea vulgaris, Cuv. (Tunge). Scombcr sconibrus, L. {Makrel). Caranx iracburus, L. {Pigsild, St'Ok- ker) (3). Tbynuus vulgaris, Cuv. {Makrels- tr,rje) (6). Trigla gurnardus (h'nar). Pbo\iuus lœvis, Agass., Cypriiius pboxiaus, L. {Orehjle, Gorkym). Cypriuus carpio, L. {Karpe). — cepbalus, Beck. (Aarbuck). Carassius vulgaris, Cuv., Cyprimis carassius, L. {Karudse). Aspius rapax, ]>., Cyprinus aspius, L. {Blaaspol). Abrauiis brama, L. , Cyprinus brama, L. {Brasen). Alburnus lucidus, Ileck,, Cyprinus alburnus, L. [Loie). Leuciscus rulilus, L., Cyprinus ruti- lus, L. (Mort). Harengula spraltus, Clupca sprat- tus, L. {BrisUng). Clupea harcngus, L. (Sild). — pilcliardus, L. (Pilchard). — sardiua, L. {Sardellen). Scardinius erytbrophlhalnuis, L. {S'iJrv). Alausa fiiila, Cuv. {Slamsild). Engraulis enchrasicbolus, L. (.l;is- jos). Esox lucius, L. {Gjedde). Belone vulgaris, L. {[lotngjœle, Flomgjedde). Salmo aipinus, L. {Raie). — criox, L.[Grauli,x, Ihiniierorref). Salmo l!erox, Jard. {Hunncrorret, liidruOrct) (5). (1) Un individu empaille de 0™,9G5. (2) Uu individu empaillé de 1"%32. (o) D'après M. Baars, ce poisson ne se montre plus sur la cote norvégienne. (Zl) Un individu empaillé de 2'",5i. (5) Un spécimen de celte espèce, provenant du L;iagen, près de Lille- banimer, qui débouclie à l'extrémité septentrionale du lac Mjosen, pesait 2lx livres norvégiennes (11 kilogrammes environ"). 538 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Salmo fario, L. {Fieldorred , Fo- relle). — salar, L. {Hagelax, Stir, Lax). — trutta, L. {Laxorred, Sbretten). Osmeriis eperlamis, L. {Slom, Nors). Argenlina siliis, Nilss. {Guldlax). Thymallus vulgaris {Harreii). Coregonus lavaretus, L. {Sik). — oxyrhynclms, L. [Storsik). — albula, L. (Lakesik). Siliu'us glanis, L. {Malle). Mammifères. Phoca barbata , Fabr. {Storkobbe, Blaakobbo) (1). Phoca giœnlaudica, Mull.,Pagopbilus grœnlandicus, Fabr. (Unge). Calloccphalus vitulimis, L. {Steen- kobbe) (2). Cystophora cristata, Erxl. {Klap- mydse). Trichecus rosmarus, L. {Hvalros) (3). Delphinapterus leucas, Pall. {Hvid- fisk) (/i). l'hocwiia corn m unis, L. (Nise) (5). Dclphinus acutus, Gray {Hvidsjœr- nimj) (6). Balœnoptera rostrata, Fabr. {Vaa- g eh val) (7). Balœnopieia inusculiis, Comp. {Rorh' val, Langr'or). Sibbaklus laliceps, Gray {Sildehval). Orca grampus, Desin. {Spœkhuggery mangeur de lard). Monodon monoceros, L. ( Narh- val) (8). Nous devons une mention toute particulière à trois collec- tions d'un haut intérêt scientifique , qui étaient exposées à Bergen : nous voulons parler de la série du développement de (1) L'exposition comprenait une série très-curieuse de fœtus de divers cétacés^ recueillis sur les côtes de Norvège et rapportés par des pêcheurs désireux de contribuer h l'augmentation du musée de la ville. (Du reste, c'est grâce à des dons volontaires de tous les habitants qu'il a été possible de réunir les nombreux matériaux ethnographiques et d'histoire naturelle qu'il présente, chacun ayant rivalisé pour lui fournir ce qu'il possédait de plus précieux.) C'est ainsi que nous ayons pu avoir un embryon de Phoca barbata de 0™,iO, tandis que dans une vitrine voisine se trouvait un individu empaillé de 2'", 20. (2) Un ei^bryon conservé dans l'alcool mesurait 5 à 6 centimètres ; un spécimen empaillé de 2™, 30. (3) Un embryon de 0'",075 et un autre de 0"S20. (/i) Un individu de /i"',10. (5) Un individu de l'»,37. ' (6) Un individu de 2 mètres 60 centimètres. (7) Une collection de fœtus depuis U centimètres jusqu'à 1 mètre et demi. Un spécimen de squelette d'un individu péché dans les environs de Bergen indiquait un animal de près de 8 mètres de long. (8) Un beau squelette de cet animal, dont la chair est très-estimée des EXPOSITION DE PRODUITS ET ENGINS DE PÊCHE. 530 la Morue, présentée par M. 0. Sars, du Hareng par M. A. Bœck, et de la Truite par C. Vogt. Pour chacun de ces poissons, on avait mis sous les yeux du public une série de dessins repré- sentant l'histoire de son développement, depuis l'état vési- culaire dans l'œuf jusqu'au moment de l'éclosion, elles divers aspects que le poisson peut offrir jusqu'au moment où il a pris la livrée de l'âge adulte. Non-seulement chaque dessin indiquait une de ces phases, mais au-devant était placé un bocal renfermant, à plusieurs exemplaires, l'objet qui y était représenté. L'utilité de travaux de ce genre, parfaitement appréciée du gouvernement norvégien, qui en a pris l'ini- tiative , est trop évidente pour que nous tentions de la faire ressortir, et nous devons exprimer le vœu que dans un avenir prochain les travaux de MM. 0. Sars et A. Bœck soient pubhés, et puissent ainsi rendre, en étant livrés au public, tous les services qu'on est en droit d'en attendre partout où l'on s'occupe de la pêche de la Morue et du Hareng. Un fait très-important, sur lequel nous ne devons pas manquer d'appeler l'attention de la Société, est l'obtention par M. 0. Sars de fécondation artificielle de Morues, comme en témoignaient plusieurs exemplaires exposés (1). Auprès de ces collections se trouvait une série de métis de Groenlandais et des Esquimaux, qui la mangent séchée et fumée, et qui em- ploient certaines parties des intestins pour faire des cordes très-résistantes, tandis que les dents sont usitées pour armer l'extrémité des flèches et des harpons. (1) Divers bocaux offraient des spécimens de : i° œufs de Morue artificiel- lement fécondés, trois ou quatre heures après l'opération, et cifrant le com- mencement de division du disque germinatif; 2" œufs artificiellement fécondés, onze à douze heures après l'opération, et offrant la division du dis- que germinatif; 3" œufs artificiellement fécondés, après deux ou trois jours, offrant une division plus grande du disque ; Li° œufs après quatre jours d'in- cubation, offrant la division parfaite du disque; 5" œufs huit jours après la fécondation artificielle, montrant le fœtus déjà bien formé ; 6" œufs seize jours après l'incubation, offrant l'alevin parfaitement développé et près de rompre ses enveloppes; 7" jeunes Morues nées le dix-septième jour après la fécon- dation artificielle. 5/iO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Salmo fario et alpinus, présentés par M. Hanson et dont nous avons déjà parlé (voy, p. 202), mais dont nous devons rappeler ici le souvenir en énumérant les richesses scienti- fiques réunies à l'exposition de Bergen. Il se trouvait à l'exposition de Bergen un certain nombre' d'ouvrages sur la pêche (1), mais malheureusement tous étaient imprimés en langue norvégienne, suédoise, hollan- daise ou russe, ce qui ne nous a pas permis de recueillir bon nombre de documents intéressants qui s'y trouvaient réunis, malgré le secours obligeant de MM. H. Baars, Ch. Defrance et Schancke. Nous avons cependant remarqué avec plaisir qu'un certain nombre de ces ouvrages avaient été composés en vue de la vulgarisation des notions utiles pour les pêcheurs, et nous ne pouvons nous empêcher d'exprimer le regret que nous n'ayons pas encore en France de livres populaires faits en vue de nos populations maritimes et de l'instruction néces- saire qu'elles devraient y trouver. Nous ne pouvons non plus passer sous silence l'impression que nous avons ressentie quand nous avons constaté à quel point l'instruction (2) est répandue en Norvège, où nous n'avons trouvé personne qui ne sût au moins lire et écrire, et quand nous avons observé, chaiiue dimanche, à l'exposition, (1) Eilert, Sunclt, Om ivysi6ec?r?/' J'espère, mon cher confrère, que, si l'expérience réussit caussi bien à Bourbon qu'à Java, on bénira votre nom dans la colonie. Nous aurons fait l'un et l'autre notre devoir. » Ces graines furent simultanément adressées par le général Morin à M. Edouard Morin son fds, habitant de l'île de La Réunion, et au docteur Auguste Vinson, membre du comité colonial d'acclimatation (1). Expédiées de Paris leGavriMSGO, (1) Lettre du général Morin au docteur A. Vinson. « Mon clier docteur, » Mon fils vous remettra une petite boîte contenant des graines de Quin- » quina que M. Decaisne m'a données sur demande, afin de vous fournir le » moyen de chercher à introduire cette culture si utile à Tîle de la l'.éunion. » Vous verrez par la note ci-incluse de M. Decaisne et par celle qu'il a » insérée au compte rendu de la séance du 26 mars dernier, tout l'intérêt » que l'on attache à celte culture. » Je vous engage donc à vous en occuper sérieusement avec mon fils. l'arbp.e a quinquina a l'île de la réunion. 551 elles parvinrent à l'île de la Réunion par la voie de Suez, dans les premiers jours de mai de la môme année. Elles y arrivèrent dans un parfait état de fraîcheur. Nous nous décidâmes à suivre trois modes d'ensemence- ment : , ■'' Premier mode (Ed. Morin). — Une caisse de 80 centi- mètres de long sur 50 de largeur fut percée par la base, afin d'être convenablement drainée. On la remplit d'une terre bien préparée, et les graines y furent semées vers le commen- cement de mai. On plaça la caisse à l'ombre, recouverte d'une vitre, et l'on arrosa suffisamment la terre. Vers le quinzième jour, les semences levèrent parfaitement en reje- tant leurs petites enveloppes brunes. Deuxième mode. — Des semences mises dans des pots recouverts et placés à l'ombre ne levèrent pas, bien que des graines d'autres plantes naturellement renfermées dans la terre y aient accompli leur germination. Troisième mode. — L'un de nous (A. Vinson) eut l'idée de tenter directement un semis en pleine terre, moitié à Tombre , moitié à ciel découvert, sur un sol parfaitement meuble. Les graines furent semées en rigoles. Vers le quinzième jour elles levèrent. C'était au commencement de juin. Les feuilles séminales, arrondies, résistantes et d'un vert foncé, se montrèrent au ras du sol. Les premières folioles apparurent lentement, mais bientôt plusieurs autres paires les suivirent; et aujourd'luii plus de soixante plants vigou- » car, si vous réussissez à rintroduire, elle sera pour tous deux une recom- » mandation à Tesiime, et pour vous en parliculier l'occasion de travaux » scienlifiques que l'Institut accueillerait avec beaucoup de plaisir. » Je vous renouvelle, mon cher docteur, l'assurance de tout mon atta- » cliement. » Votre bien affectionné, » Le général Morin. » _, 552 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. reux, munis de nombreuses feuilles et âgés de trois mois, indiquent d'une façon évidente que cet utile végétal est désor- mais acquis à l'île de la Réunion. Ces plants ont été soigneusement détachés du sol avec une petite motte autour de la racine, puis déposés dans de petites caisses pleines d'une bonne terre de bruyère. Celles-ci ont été placées à l'ombre et tenues dans un bon état d'humidité, pour être distribuées, avec leur plant, aux habitants des loca- lités convenables à la propagation du Cinchona. L'ile de la Réunion, par son climat, sa forme de cône tron- qué au milieu de l'océan Indien, par son échelle graduée de température où l'on peut choisir la hauteur de 800 mè- tres, altitude naturelle des Cinchona, par les genres nom- breux de la famille des Rubiacées qui se développent spon- tanément dans ses forêts, offre donc toutes les conditions qui nous ont fiiit penser, comme à M. Decaisne, que les Cin- cliona y trouveront une seconde patrie où ils prospéreront merveilleusement. Aussi ne doutons-nous pas d'un succès réel. Celte réussite nous semble commencée par l'introduc- tion dont nous pouvons nous réjouir à celte heure, grâce à l'appui de MM. Decaisne et Morin, qui nous en ont facilité les moyens. Un second envoi de graines vient de nous parvenir do la part de ces messieurs (5 août 1866). Nous avons distribué et semé ces semences. Nous n'avons pas cru devoir borner nos essais à l'île de la Réunion seulement. M. Edouard Morin a remis une partie des graines du Cinchona offlcinalis à M. Ilayes, comman- dant supérieur de l'île Nossibé, colonie française établie contre la côte ouest de Madagascar. M. Auguste Vinson, de son côté, a donné une partie de ses graines à M. Routier qui se rendait à l'île Mayotte, dans le milieu du canal Mozambique, où cet habitant devait tenter avec M. Fémoreau, ex-chirurgien de marine, racclimatation du Cinchona offlcinalis dans cette colonie, où la plante qui nous occupe est encore tout à fait inconnue, et où beaucoup d'autres Rubiacées se trouvent déjà nalurellcment, tels que l'arbre a quinquina a l'île de la réunion. 553 le Baconiacoffeoides, etc., d'autres genres originaires des îles Comores (1). Nous terminerons donc en constatant : 1" Que les graines du Cinchona officinalls qui nous ont été adressées par MM. Decaisne et Morin, membres de l'In- stitut, sont les premières et les seules jusqu'ici qui aient germé à l'Ile de la Réunion. 2" Que cette germination peut être obtenue même à ciel découvert, en pleine terre, avec un grand succès, condition qui simplifiera de beaucoup l'acclimatation du Quinquina dans cette île, et constitue un heureux pronostic pour sa propagation. 3° Que nous avons en ce moment, en dehors des graines distribuées par nous pour les colonies voisines de Mada- gascar, cent plants vigoureux, témoignages vivants et irré- cusables du résultat de notre heureuse tentative. (1) Le séjour du botaniste Boivin dans les Comores a l'ait connaître une foule de Uubiacées originaires de ces îles. Cet infortuné savant, jeune encore, mourut d'un accès pernicieux en rentrant en France. * NOTES .• - . SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES VÉGÉTAUX Pqir M. le docteur TURREL , ;. Délf'gué de la Société impériale (raccliiiiatation à Toulon. (Séance du 28 septembre 18G6.) J'ai l'honneur de communiquer à la Société impériale d'acclimatalion quelques notes qui m'ont été remises par notre zélé collègue M. Auzende, jardinier de la ville de Tou- lon, dont les services ont été récompensés par des distinctions bien méritées. M. Auzende, à qui j'ai remis les dernières graines que j'avais reçues de M. le comte d'Éprémesnil, est un semeur soigneux et infatigable. C'est aussi entre ses mains que j'avais placé les graines de CorypJia australls et de Jubœa specta- bilis qui m'étaient parvenues au printemps. Les premières ont levé rapidement et sont d'une belle végétation. Celles de Jubœa, plus précieuses, n'ont pas encore donné signe de vie {\). Elles avaient été cependant placées, dès leur récep- tion, dans les conditions les plus favorables à leur germi- nation. M. Auzende se loue beaucoup de l'essence arborescente que nous devons à l'Australie, et qui promet de devenir fores- tière en Algérie et dans certaines localités de notre province. Les Eucalyptus, surtout le globulus, ont ici une croissance si rapide et sont si peu délicats, au point de vue du sol et des intempéries, qu'on ne saurait trop s'attacher à leur multi- plication. Les premières graines de \ Eucahjptm globulus ont été reçues à Toulon en mars 1861. Semées dans les premiers iours d'avril, elles levèrent en dix jours. Les semis purent (1) A la date du 20 octobre, quelques graines de Jubœa ont commencé à montrer leur cotylédon : elles avaient été semées en mai , il leur a donc fallu six mois pour germer. ACCLIMATATION DE QUELQUES VÉGÉTAUX. 555 être repiqués en mai et confiés à la pleine terre au printemps de 186*2. En deux ans, les jeunes plants atteignirent jus- qu'à 7 mètres de hauteur. L'hiver de 1863-186Zi, pendant lequel le thermomètre descendit à 10 degrés, et la neige couvrit nos campagnes d'une couche de 30 centimètres, gela les tiges des jeunes arbres. M. Auzende les rabattit au mois de mai à 25 centimètres du sol ; en août 1865, les repousses, vigoureuses, ont atteint 10 mètres de développement; le tronc a 25 centimètres de circonférence. Il est difficile de se rendre compte de la ténacité du bois de V Eucalyptus et de son élasticité, si l'on n'a pas vu ses hautes liges garnies de longues feuilles falciformes pédoncu- lées, courbées par l'effort d'une violente rafale de notre mistral. L'inclinaison du tronc est poussée à un point tel, qu'il semble impossible qu'il puisse résister sans fracture. La tourmente calmée, l'arbre reprend son attitude qui le fait ressembler à un peuplier d'Italie, et balance de nouveau gracieusement son élégante frondaison. Comme les froids de 10 degrés sont ici tout à fait excep- tionnels, il est à espérer que YEucalypius est une acquisition définitive et de bon aloi. Il faut considérer, du reste, que des arbres plus âgés auraient très-probablement résisté à un froid qui n'a atteint que des semis de deux ans, et qui a res- pecté le tronc, d'oii sont sortis au printemps de nombreux et vigoureux rejets. On ne saurait donc trop accorder de place à ces hôtes étran- gers dans les localités chaudes, et surtout dans les sols sa- blonneux, analogues à ceux où ils végètent providentielle- ment dans les steppes australiennes. M. Auzende sème avec soin tous les ans les graines qu'il reçoit de notre Société, et il se plaît à confier, aux personnes qui en font la demande à l'administration municipale, déjeunes sujets de Y Eucalyptus globulus. M. l'amiral Chaigneau, commandant la station navale de la Plata, envoyait à M. le maire de Toulon, en i86/i, cinq va- riétés de graines ^Eucalyptus, qui, reçues le h mai, furent semées immédiatement, et ne tardèrent pas à. germer. Les 550 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATâTION. paquets portaient les étiquettes suivantes : E. robusia, coryno- cabjx, diversifoUa, data et swamp-gvm. Une légende in- diquait que cette dernière espèce a fourni les matériaux de la douane de Rio-de-Janeiro, et qu'elle atteint de grandes dimensions, puisqu'on en avait vu exposé un tronc ayant 22 pieds de diamètre. De ces cinq variétés, le corynocalyx est le mieux venu et se développe plus rapidement, mais aucune ne vaut le globulus pour la rusticité ni pour l'accroissement. Le 30 mai 18(55, M. Auzende recevait encore de M. l'ami- ral Chaigneau deux plants en vase d'un Eucalyptus innomé, venant de Rio-de-Janeiro, et ayant un mètre de hauteur. Cette variété a paru à M. Auzende voisine de VE. diversi- folia, cependant elle en diffère par deux points. Ses feuilles, un peu falciformes, sont presque sessiles, et ses rameaux sont érigés, tandis que dans VE. divcrslfolia, les feuilles sont longuement pétiolées et les rameaux pendants. Quoi qu'il en soit, WEucalyptm en question paraît se comporter très-bien en pleine terre. Parmi les graines reçues en septembre 186Zi, du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, se trouvaient des graines &' Eucalyptus globulus et obliqua. Cette dernière espèce a un très-beau feuillage, et semblerait lutter de vi- gueur avec le globulus, mais elle est plus sensible au froid. M. Auzende donne la nomenclature des graines reçues de la Société d'acclimatation, qui ont parfaitement germé : Acacia melanoxylon. — cullriformis. — cyanopliylla. — decipicns. Callistennim sali^nuiii. Calothamnus qiiatliificta. Melaleuca liypericifolia, l'soralea asccndcns. Pimis caliloriiica. Uiianuuis ulilis. Coryplia australis. Sorglio cliangallas. Eucalyptus globulus. — calopliylla. — obliqua. Blé de TAbyssinie. Anouga de l'Abyssinic. Chenopodium auricomuni, succé- dané de rï']pinard. Coton du l'araguay. Le Rhamnus ulilis a été introduit dans les reboisements de la montagne du Faron, et y prospère dans le voisinage de ACCLIMATATION DE QUELQUES VÉGÉTAUX. • 557 quelques plan I s à'Eiicali/ptus rjlolmhis qui se maintiennent jusqu'à ce jour en bon état, et paraissent devoir s'y montrer espèce forestière de la plus haute rusticité. Les Coryph'i amtralis, provenant de graines semées en avril 18(5"2, ont atteint 50 centimètres de hauteur, et ont parfaitement résisté à 10 degrés d'un froid, il est vrai, mo- mentané. Les graines du Pimis californica, semées en novembre 18(35, ont, en août 1866, 25 centimètres de hauteur. Celles semées le 7 mars 1866 n'ont que 12 centimètres. Ce Pin pa- raît très-rustique, et figurera l'an prochain dans les reboise- ments du Faron. J'ai, depuis deux ans, donné à M. Auzende plusieurs cônes de Pinus sabiniana récoltés sur un bel exemplaire de 15 mètres de hauteur que je possède dans mon Pinetum d'Astouret. Ces graines ont parfaitement levé, mais presque toutes ont coulé, malgré les soins les plus intelligents. M. Au- zende et moi attribuons cet échec regrettable h la cueillette prématurée des cônes, qui semblent mûrs au mois d'octobre de la deuxième année. Il faut, en effet, deux ans pour que le cône du P. sabiniana prenne tout son développement ; mais il est indispensable de ne le cueillir qu'au milieu de la troi- sième année, vers la fin d'avril, époque où il s'entr'ouvre. A ce moment, la graine a atteint sa complète maturité et devient excellente pour le semis. Je compte user de cette précaution l'an prochain, et je tiens à la multiplication de celte précieuse espèce conifère, qui me paraît appelée à jouer un grand rôle dans nos cultures forestières par son incomparable beauté, par son rapide développement et par sa complète rusticité. Dans un autre ordre d'intérêt agricole, mais avec non moins de promesses, s'annonce pour notre région, et pro- bablement pour des stations moins favorisées, l'acclimatation d'un précieux végétal, introduit par M. de Montigny, le Bam- busa rnitis. J'ai été le premier à recevoir du jardin du Hamma, dirigé avec l'éclatant succès que l'on sait par M. Hardy, la précieuse 2'= SÉRIE, T. III.— Oclubre 1866. -(j 558 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Monocotylédone, sur laquelle je crois devoir appeler l'attention de nos collègues. Dès qu'il me fut possible de la multiplier, j'en remis un exemplaire à M. Auzende, qui le reçut le 25 avril 1860, mais n'osa le confier k la pleine terre que deux ans après. Depuis le printemps de 1862, le Bambiisa miiis occupe, dans le jardin de la ville, une bonne place dans une plate-bande à l'exposition du sud, où il forme une puissante touffe de l'",50 de diamètre, d'où s'élancent des tiges de 6 à 7 mètres dfe hauteur, ayant à leur base jusqu'à 15 centimè- tres de circonférence. Le Bambusa mitis a des tiges souterraines ou rhizomes, qui s'avancent sous le sol ta 3 ou h mètres de la tige aérienne, et émettent de nouvelles tiges ou turions. Les Chinois con- somment ces turions comme nous le faisons des turions d'Asperge, et les conservent comme provision d'hiver, en les faisant sécher à l'étuve. On fait ensuite, pour la consomma- tion, revenir cette conserve en la traitant par l'eau tiède, comme on le fait pour les conserves de l'usine Chollet. Tou- tefois ce n'est pas comme aliment que nous croyons à l'avenir de ce beau végétal. L'hiver de 1863-186Zi, dont j'ai fait l'bistorique au point de vue de l'acclimatation, a démontré la rusticité de ce Bam- bou. En janvier 186il, le sol du jardin de la ville fut couvert de 30 centimètres de neige et le thermomètre descendit à 10 degrés. M. Auzende trembla pour son précieux Bambou. Sa joie et sa surprise furent extrêmes en le retrouvant plus vigoureux, d'un vert plus intense, et comme retrempé par ce baptême de froid. Depuis cette épreuve, le Bambusa mitis a résisté, sans perdre ni une feuille ni une lige, k de véritables tempêtes de mistral. Aussi M. Auzende n'hésite pas b. prédire à cette gigantesque Graminée un avenir brillant, dans notre Provence, comme brise-vent et abri à substituer au triste Cyprès, refuge des rats et autres rongeurs, et au Roseau de Provence {Ariindo donax), qu'il remplacerait avec un double avantage. Comme développement, caries plus belles tiges du Roseau de Provence n'atteignent pas 6 mètres et ne se garnissent ACCLIMATATION DE QUELQUES VÉGÉTAUX. 559 pas, comme celles du Bamlmsa miiis^ de verticilles de nom- breuses feuilles, qui divisent et affaiblissent l'impétuosité du souffle des vents régnants. Comme usage éoori'omique, car, employé comme tuteur ou servant à ramer les plantes grimpantes, le Roseau de Pro- vence ne dure pas en terre plus d'une saison, tandis que le Bambou résiste à la pourriture pendant plusieurs années. Son diamètre, qui peut aller de 5 à (3 centimètres à la base, rend aussi le Bambou de Monligny propre à écbalasser,' cà former la charpente presque incorruptible de treillis et de tonnelles, à donner la matière de paniers ou de claies, enfin à fournir aux amateurs de pôcbe à la ligne des tiges incomparables de souplesse et de résistance aux plus grands efforts du poisson. Le Bambou de Montigny prend moins de développement dans un sol non arrosable que dans celui qui jouit des béné- fices de l'irrigation, mais il est facile de comprendre quel parti on peut en tirer dans un jardin maraîcher. Sa multi- plication est, du reste, des plus faciles au m.oyen des rhi- zomes, qui, coupés par morceaux de 10 à 15 centimètres de longueur, donnent autant de plantes, ou bien parle couchage des tiges aériennes qui émettent des pousses de chaque enhe-nœud, la seconde année de leur marcottage. Un autre Bambou dont j'ai introduit la culture en Provence dès l'année 1858, sur la recommandation du regrettable Louis Vilmorin, est appelé h un certain avenir industriel : c'est le Biunbusa nigra . Comme le précédent, il résiste parfaitement au froid, et il partage cette rusticité avec toutes les variétés de Bambous cà racines traçantes. J'avais pu m'en assurer sur le vu d'un échantillon cultivé à Verrières, en plein air, par la maison Vilmorin. Mais si le Bamhusa nigra offre l'inappréciable avantage d'avoir ses tiges recouvertes la deuxième année d'un magni- fique vernis noir naturel, ce qui le rend propre à des usages de luxe, manches de fouet, d'ombrelle, de parapluie, tuyaux de pipe, il n'est ni assez développé, ni d'assez fort diamètre, pour servir aux usages agricoles assignés au Bam- 560 .SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Imsa initis, dont la tige devient, à maturité, d'un jaune nan- kin assez terne et insignifiant. Les tiges du Bambiisa n'ujra ne s'élèvent pas au-dessus de /i à 5 mètres et les toufles en sont moins fournies. Cependant ce Bambou a aussi son em- ploi : il est rustique, et résiste même mieux à la sécheresse que le Bamhxisa mitis. Le premier sujet (ju'en a possédé le jardin de la ville y est cultivé en pleine terre depuis 186/i : M. Auzende l'y a rapidement multiplié. Le Bambusa grac'dis^ donné par M. Rantonnet, en avril 1863, au jardin de la ville, n'a même pas l'emploi industriel du précédent; il ne peut servir qu'à décorer les massifs, les rocailles et le bord des eaux. C'est aussi k M. Ranlonnet que le jardin de la ville doit YArundinaria falcata, charmante Graminée à racines non traçantes, et par conséquent sensible au froid. Ses liges grêles s'élancent jusqu'à 6 mètres de hauteur, et ses toulTes, qui ont jusqu'à 2 mètres de circonférence, sont d'une rare élégance. Mais il n'est pas possible d'en espérer, ni une cul- ture facile, à cause de sa sensibilité à un froid de 5 degrés, ni un usage industriel, ses tiges, d'un petit diamètre, ne pou- vant guère servir que de tuyaux de pipe ou de baguettes à battre les habits. M. Clément, officier de marine, a fait don au jardin de la ville d'une bouture du Bambou de l'Inde, Arundo bambusa. M. Auzende l'a cultivée avec soin et mise en pleine terre, à bonne exposition, mais ses tiges, après deux ans, n'ont at- teint que 3 mètres de hauteur sous un faible diamètre : notre climat n'est' pas assez chaud pour pouvoir l'utiliser. La collection de Palmiers rustiques (1), acquise par l'admi- (1) Je me siis occupé, depuis l'année 1852, de la culture des Palmiers rusliqui's. Poussé par les conseils de M. Naudin, aide-naUualisle au Muséum, j'ai successivement formé une collection de Palmiers du Chili, de l'Hima- laya, des régions-froides du Mexique et de l'Australie, que j'ai peu à peu livrés avec succès à la culture de pleine terre. Je si;;nalerai le Jubwa spcctabiUs, les Chamœrups excclsa et palmettu, le Corypha a ust ml i s, comme réunissant toutes les conditions désirables du ACCLIMATATION DE QUELQUES VÉGÉTAUX. 561 nistration intelligente de notre collègue M. Audemar, maire de la ville de Toulon, est en très-bon état, grâce aux soins que lui prodigue M. Auzende. Elle sera probablement livrée l'an prochain à la pleine terre. Cette collection comprend les Braliea didcis et nitida, Seaforthia élégant et robusta^ Di- plothcmium marilimum, Bhapis flabelllformis, Jubœa spcc- tabilis, Corypha australis , Chamrprops pahnetto , Cocos flcxiiosa et Romrmzoffî., etc. J'attache la plus grande impor- tance à la réussite de cet essai de culture, et je ne saurais trop insister sur l'utilité qu'il y aurait, pour la Société d'accli- matation, cà tirer des pays d'origine de ces espèces rustiques des graines qui serviraient à la multiplication de végétaux admirables et précieux, mais que le commerce tient h des prix inabordables pour le particulier. résistance au froid. Dans mon étude sur l'iiiver de 186o-186/i en Provence, j'ai noté que le Jubœa spectabilis a résisté à 10 degrés de froid, tandis que le Palmier dattier de l'Algérie a eu toutes ses frondes brûlées par la congé- lation. SUR LA FABRICATION DU FROMAGE DE POIS EN CHINE ET AU JAPON, Par M. Paul CIIAMPIOX. (Séance du l'^'' juin 186G.) Les Chinois et les Japonais mangent des quantités considé- rables d'une matière blanche assez analogue par son aspect au fromage à la pie, et qu'ils fabriquent avec une espèce particuHère de Pois oléagineux que l'on emploie aussi dans ralimeiilalion, et desquels on extrait une huile assez chère et de très-l)onne qualité. Cette fabrication de fromage est simple, mais demande des soins et une assez grande pratique pour obtenir un produit blanc. Voici en quoi elle consiste : On fait gonfler les pois dans de l'eau pendant vingt-quatre heures environ, ensuite on les retire et on les met égoutter dans un panier d'osier; puis on les introduit dans une meule de pierre formée de deux disques horizontaux dont l'un est muni d'un trou à la partie supérieure. Cette meule est mise en mouvement par une bielle articulée au moyen de cordes à un morceau de bois encastré dans la meule supérieure; on tient la bielle de la main droite, tandis que la gauche est occu- pée à prendre les pois au moyen d'une cuiller et à les verser dans l'ouverture pratiquée dans la meule supérieure. A chaque cuillerée de pois, on ajoute une cuillerée de l'eau qui a servi à la macération. Le liquide qui s'écoule de la meule tombe dans une rigole circulaire, et de là s'écoule dans un baquet. On verse le contenu de ce baquet sur un châssis de bois re- vêtu d'un linge ; le châssis est suspendu au plafond au moyen d'une chaîne qui permet, lorsque l'écoulement du liquide di- minue, d'agiter entons sens cette espèce de tamis pour renou- veler les surfaces. On brasse à la main le liquide écoulé et FABRICATION DU FROMAGE DE POIS EN CHINE ET AU JAPON. 563 recueilli dans un bac de bois, puis on l'inlroduit dans une chaudière. Cette chaudière est formée d'une bassine de fonte entourée d'une espèce de baquet de bois; il y a avantage à employer ce système, dans lequel la surface métallique étant faible, il y a moins de danger de brûler la matière. Du reste, les Chinois emploient généralement cette méthode de chauf- fage pour toute espèce de cuisson. Cette chaudière est suivie d'une autre pareille, et toutes deux sont placées sur un fourneau allongé dans lequel le chauffage se fait dans la partie antérieure. La liqueur commence à mousser avant 100 degrés, et on la maintient à cette température pendant dix minutes environ; ensuite on transvase de la première chaudière dans la seconde, qui est moins fortement chauflee, vu la disposition du fourneau, et l'on recharge la première de liquide nouveau. Une fois l'opération commencée, on emploie pour mélanger aux pois que l'on doit écraser de l'eau que l'on a jetée sur le lamis où restait la pulpe égouttée; cette eau entraîne encore une quantité notable de matières utiles. Lorsque la liqueur a été encore échaulTée quelques instants, on la verse dans de grands baquets dans lesquels elle se refroidit, en lui donnant à la main un mouvement circulaire; la mousse qui se forme en assez grande quantité, et ijui reste à la surface du liquide, se réunit au milieu; on l'enlève adroitement au moyen d'une cuiller de cuivre. Au bout de quelques minutes, il se forme sur le liquide une peau que l'on enlève en faisant passer par- dessous une baguette, que l'on lîche ensuite [lar l'un de ses bouts dans des trous disposés exprès dans le mur. Cette peau est du resie assez agréable au goût, et se mange fraîche ou séchée; il s'en forme souvent une seconde que l'on retire de la même manière. Ensuite on prend du plâtre que l'on a placé dans le fourneau, de sorte qu'il cuise pendant l'opération; on l'écrase dans de l'eau, et l'on verse une faible partie de ce liquide dans la liqueur contenue dans le bac, puis on ajoute quelques gouttes d'une solution concentrée d'un sel que les Chinois recueillent dans les marais salants, et que l'analyse m'a démontré être formé, pour la plus grande partie, de chlorure de magnésium; puis on brasse légèrement le liquide b6h SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. pour opérer le mélange. Au bout de quelques instants, on voit la coagulation commencer et se répandre dans toute la masse. Le plâtre a évidemment pour effet de coaguler la caséine des pois. Quant au chlorure de magnésium, qui a, je pense, un usage analogue, je ne l'ai vu employer que dans quelques villes de Chine. On verse cette espèce de fromage encore chaud dans des châssis carrés de 0"',/iO de côté environ et de 0"\05 de hauteur. Ces châssis sont formés de quatre planches de bois réunies aux extrémités ; on les place sur une table de pierre munie de chaque côté de deux profondes rigoles lon- gitudinales. On place deux de ces châssis l'un sur l'autre ; le second contient un linge fin reposant sur la table. Lorsque l'eau est en partie écoulée, on place dans le châssis supérieur une plancheque l'on recouvre d'unelourde pierre, pour soumettre le fromage à une pression assez forte ; quand le fromage a diminué d'environ la moitié de sa hauteur, on retire les deux châssis. On peut ainsi transporter au loin la matière en la laissant sur la plaque de bois qui servait de fond au châssis supérieur. Généralement on l'entoure de quatre morceaux de bambou que l'on fixe sur la planchette au moyen de chevilles de bois; ensuite on débite le fromage en petits morceaux au moyen d'un couteau, et c'est dans cet état qu'on le livre à la consommation. Ce fromage est parfois d'un blanc grisâtre et présente l'aspect d'une gelée. Ces fromages ne peuvent se conserver que j)endant une journée dans les grandes cha- leurs de l'été, qui sont excessivement violentes en Chine, et une semaine pendant l'hiver; souvent aussi on les sale et on les mélange à des sauces de diverses espèces qui permettent de les conserver pendant plusieurs années. Chaque morceau de fromage frais de la grosseur du poing se vend deux sapè- ques, c'est-cà-dire un centime. Généralement les boutiques où se fabrique ce fromage sont remplies de Chinois qui viennent chercher dans des vases le liquide chaud servant à la prépa- ration du fromage et dans lequel la coagulation n'a pas en- i;orc eu lieu ; ils avalent ce breuvage, qui est d'un goût fade, mais nullement désagréable, comme chez nous on prend du café au lait. Pour beaucoup de gens pauvres, le repas du matin FABRICATION DU FROMAGE DE POIS EN CHINE ET AU JAPON. 565 consiste en une tasse de ce liquide, dans lequel on trempe des espèces de gâteaux frits à Thuile. Je joins cà cette note des échantillons de Pois oléagineux qui, d'après l'analyse que je suis en train de faire, contiennent certainement plus de iO pour 100 d'huile, et de toutes les matières employées dans cette industrie, ainsi que de petits fromages secs conser- vés, dont j'ai parlé plus haut. J'ai vu cette fabrication établie sur une grande échelle dans beaucoup de ports de la Chine, depuis le sud jusqu'à Pékin , et elle existe aussi dans divers ports du Japon que j'ai pu visiter. En mettant de côté toute espèce de préjugé, ce qui est nécessaire quand on veut se rendre compte des choses, on trouve que ce fromage bien préparé est en somme assez agréable au goût; frit dans de la graisse, il constitue un mets assez délicat. Il est d'une grande consommation parmi les Chinois, et pourrait être employé, je crois, avec avantage en Europe. LO II. EXTRAITS DES PROCÈS - VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU CONSEIL DU 28 SEPTEMBRE 1866. Présidence de M. A. Duméril, vice-président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis. Ce sont : MM. Jaurand, pharmacien de l'Empereur, pharmacien-chi- miste de i'" classe de la Faculté de Paris, à Vichy. MussALLi (le général E.), sous-directeur au Ministère des afTaires étrangères de S. A. le Bey de Tunis, à Tunis. Persan (le marquis Doublet de), à Paris. — M. Hamct, directeur du journal l' Apiculteur, offre à la Société un exemplaire de la troisième édition de son Cours pratique (ï apiculture. — Piernercîments. — M. A. Geoffroy Saint-Ililaire donne lecture de la lettre suivante, qui lui est adressée de Tunis par Son Exe. le général Khérédine : « J'ai l'honneur de vous informer que je viens » de faire embarquer sur le vapeur des Messageries impé- » riales le Kabyle, pour être expédiés de Marseille au Jardin » d'acclimatation du bois de Boulogne, les animaux dont » voici la liste : Une Autruche; 3 Outardes, les seules, qu'à » force de soins, j'aie réussi à conserver vivantes, sur 15 qui » m'ont été successivement apportées de l'intérieur du pays; » un Vautour; un autre Oiseau de proie, que l'on dit appar- » tenir au genre Épervier {Percnoptère) ; 3 Faucons, dont 2 qui » ont le môme plumage, sont dressés, m'assure-t-on, pour » la chasse au lièvre, aux outardes et autres oiseaux de » môme grandeur, mais je n'en ai pas lait l'expérience; » 2 Faucons d'espèce plus petite, spécialement dressés pour » la chasse aux cailles ; 2 jeunes Pigeons sauvages provenant » des montagnes de la Kabylie. Les habitants de ces régions » prétendent que ces Pigeons deviennent presque aussi gros » qu'une poule. 3 Canards de Baibarie ; une Pintade ; un Daim Pr.OCÈS-VERDAUX. ,; 567 » avec deux Chèvres pour nourrices. J'avais un autre petit » Daim, mais il est mort dernièrement. 6 Gazelles, dont » quelques-unes prises si jeunes, ainsi que les Daims, qu'il a » fallu les faire allaiter par des Chèvres jusqu'à ce qu'elles' » aient été en état de supporter les fatigues du voyage, cir- » constance qui a un peu retardé le présent ^nvoi. 2 Cha- » cals. — J'aurais vivement désiré, pour être agréable à la » Société, lui envoyer quelques autres espèces intéressantes, » surtout des Mouflons, des Grues et des Hérons. AJalhenreu- » sèment, tous les moyens employés pour m'en procurer » n'ont donné aucun résultat. On était bien parvenu à enle- » ver à leur mère quelques Mouflons encore tout jeunes, et, » si la distance des lieux où ils ont été pris n'avait été un » obstacle à leur prosupte arrivée chez moi, j'aurais proba- » blement réussi à les sauver ; mais, privés des soins que ré- » clamait leur extrême jeunesse, et que, dans leur ignorance, » des Bédouins élaicnt incapables de leur donner, ils ont tous » succombé en route. Un Mouflon déjà grand put aussi être » pris, grâce à une blessure qu'il reçut à la jambe, mais il fut » impossible de lui faire prendre aucune nourriture, et il » mourut d'inanition quelques heures après m'avoir été » amené. Pour les Hérons et les Grues , difficultés plus » grandes et même insuccès; mais je ne renonce pas pour » cela à l'espoir d'une meilleure chance pour l'avenir. — Je » regrette que, par ces causes, l'envoi que je fais aujourd'hui » se trouve réduit à un si j)etit nombre d'animaux. Ils arri- » veront vendredi prochain, 17 courant, à Marseille, d'où, 1» après un jour ou deux de repos, ils seront expédiés à Paris. » Je les ai confiés à la surveillance d'un gardien infelhgent, » le nommé Rocco Fontanarosa, qui les conduira jusqu'au y> lieu même de leur destination. J'espère que, malgré les » fatigues inévitables de la traversée, ils arriveront dans un » état satisfaisant. — P. S. J'apprends que deux Outardes » sont mortes subitement en les embarquant, ce qui est d'au- » tant plus fâcheux, que c'étaient les deux plus belles; elles » se portaient fort bien; je les avais depuis quatre mois, et » s'étaient complètement domestiquées. » • 568 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Les animaux annoncés parle général Khérédine sont tous arrivés en pariait état au bois de Boulogne, grâce aux soins excellents qui leur ont été prodigués pendant le voyage. Ouelques-uns de ces animaux, qui ne pouvaient trouver place dans les parcs et les volières du Jardin d'acclimatation, ont été offerts au Muséum d'histoire naturelle, au nom de Son Exe. le général Khérédine. Dans ce cas sont le Vautour {Vul- tur fidviis) et le Percnoptère {Neophron percnopterus). Les Faucons et les Éperviers, au nombre de cinq, ont été confiés aux soins habiles de M. Barr, le fauconnier de l'équi- page de M. Alfred Werlé, qui est actuellement au camp de Chàlons. Ces Faucons appartiennent à des espèces différentes : on distingue un Sacre mâle {Falco sacer) , un Lanier de Bar- barie (Fa/co barbants), un Pèlerin {Fa/co peregrmus), et deux Éperviers femelles {Faico Msiis). Béunis aux quarante Oiseaux de la fauconnerie de Chàlons, ces oiseaux dressés pour le vol de la caille, de l'oularde et la chasse du lièvre, ne manqueront pas d'être, pour l'équipage confié aux soins de M. Barr, un renfort précieux. L'Autruche envoyée de Tu- nis i)ar le général Khérédine est un mâle âgé de deux ans, actuellement dans tout l'éclat de son beau plumage. L'Outarde est un Houbara {Otis houbara) mâle. C'est la première fois que le Jardin d'acclimatation possède cette jolie espèce, intermédiaire pour la taille entre la grande Outarde (0. tarda) ei\di Canepetière (0. tetrao). Le Daim signalé par le général Khérédine est un faon du Cerf de Barbarie [Cervus barbarus). Quant aux six Gazelles qui viennent de Tunis, réunies aux animaux de même espèce que possède le Jardin, elles for- ment un troupeau dont la grâce et l'élégance sont un véri- table attrait pour les visiteurs. Déjà, en 1861, Son Exe. le général Khérédine avait fait au Jardin d'acclimatation des dons précieux (1). L'envoi qui (I) Les animaux envoyés en 18G1 au .lardin d'acclimatation étaient les suivants : 2 Gazelles, une Biche de Barbarie, 3 Béliers à grosse queue, h Au- truches, 9 Dindes et 1 '2 Oies. . - . PROCÈS-VERBAUX. o69 vient d'êlre reçu est un nouveau témoignage du bienveillant intérêt du donateur. Il est inutile d'ajouter que le Conseil d'administration du Jardin a transmis à Son Exe. le général Khérédine l'expression de sa vive gratitude pour ce nouveau présent. — M. A Geoffroy Saint-IIilaire communique la lettre sui- vante de M. Autard de Bragard : « Le long voyage que j'ai D entrepris de Paris k l'île Maurice n'a pas effacé le regret » que j'éprouve de n'avoir pas été vous faire mes adieux » avant de partir, et de m'enquérir de ce que je pourrais faire, » à cet autre bout du monde, qui puisse proliter au Jardin » placé sous votre direction. Une fois à bord du bateau qui » me ramenait, l'occasion s'est offerte d'elle-même de me » faire mieux venir de vous : M. Berthelin, l'agent du service » des dépèches, et fort dévoué aux intérêts de la Société » d'acclimatation, me communiqua les instructions que vous » lui aviez remises : vous l'engagiez à recourir à moi pour » l'expédition des Gouramis. Vous l'avez, sans doute, revu » depuis son retour, et il vous aura dit que je lui avais pro- » curé vingt sujets qui nous paraissaient capables de suppor- » ter la traversée de Maurice à Paris. Mais notre espérance a » été déçue entièrement : il n'en restait pas un seul à Alexan- ))"drie. Loin de me décourager, j'ai immédiatement fait » prendre un certain nombre de poissons, qui seront soumis » à des épreuves et à des privations telles que les survivants » pourront entreprendre un voyage autour du monde. Le » conseil de révision sera sévère. En attendant, j'ai réussi à » mettre en caisse 9 plants de notre fameux Lilc/u, bien )) pris, bien enracinés. M. Carli, agent du servicedes dépêches, » à bord du Mozambique, s'en charge jusqu'à Marseille. Là » je recommande que deux plants soient livrés à M. Barthé- » lemy-Lapommeraye, directeur du Musée ; deux plants diri- » gés sur Paris, et cinq sur Alger, pour M. Hardy, directeur » du jardin de Hamma. Le Litchi est un très-bel arbre; son ). fruit exquis, ayant la saveur du raisin muscat. 11 ne rap- » porte pas dans les pays très-chauds : aux Seychclles, par » exemple, quoiqu'il s'y développe merveilleusement, il de- 570 SOCIÉTÉ LMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOIN. » mande à être abrité. Il serait prudent de le planter en serre. 5) Je recommande à M. Hardy d'en mettre deux pieds en » pleine terre, à l'abri d'un mur. Je n'ai malheureusement » pas sous la main le dessin colorié de cet excellent fruit ; » MM. Liénard doivent le posséder ou pourront se le procu- )) rer chez les colons de Maurice qui habitent Paris. Quand » M. Berthelin nous reviendra, je serai plus à même de m'em- » ployer avec lui à la recherche des Ganiarons, des Oiseaux » et autres sujets que comportait sa liste; si bien qu'à mon » retour à Paris, en 1867 probablement, je pourrai vous » aborder, Monsieur, sans honte et sans remords. » — Les remercîments de la Société seront transmis à M. Autard de Bragard. — M. E. H. de la Bonninière, vicomte de Beaumont, adresse les renseignements suivants sur des larves d'un Di- ptère tipulaire, voisin des Simidiwn, Latr. , dont il se sert presque exclusivement pour nourrir les jeunes Salmonidés. « Ces larves, très-abondantes dans les eaux de certaines par- » ties du ruisseau du Buguet, affluent de l'Aveyron, qui ali- » mente mon établissement de pisciculture, abondent surtout » sur les déversoirs pavés des chaussées des étangs, dès que » les gelées ont cessé et tant que le courant deau n'a pas » diminué par l'effet des chaleurs de l'été; dans ce cas même, » elles se perpétuent encore en assez grande abondance, » mais avec intermittence, jusqu'aux premières gelées de » l'automne. L'aspect de ces larves est celui d'un petit ver à » soie âgé d'une ou deux semaines : elles couvrent les pierres » et les végétaux faiblement immergés dans le courant du )) ruisseau, et forment comme une mousse vivante. Pour se » procurer une quantité suffisante de ces larves pour nourrir » plusieurs mihicrs d'alevins, on place dans le courant des » joncs ou autres obstacles, que l'on en retirera chargés » après douze à quinze heures. Pour se transformer en chry- » salide, la larve se renferme dans une sorte d'alvéole conique, » formé probablement avec le fil qu'elle sécrète par la » bouche, et qui lui sert, dans son premier état, à se retenir » aux obstacles placés dans le courant. Une petite Mouche PROCES-VERBAUX. 571 » sort bientôt rie cet alvéole fixé aux pierres, joncs, etc., » à la surface de l'eau courante ou à une faible profondeur. » Au Cluzel, près de Rodez, le ruisseau du Buguet provient » de terrains primitifs. Dans un ruisseau d'eau calcaire, le » Cruou, affluent du Bourdon, qui se rend dans le Lot, ces » larves ont été rencontrées aussi , mais en nombre bien » moins considérable. Dans les eaux du fossé qui borde la » route de Cazeaux, près de Bagnères de Luchon, il y avait, au » mois d'août 1865, une quantité énorme de ces larves. L'a- » bondance de cet insecte est d'autant plus précieuse : 1° qu'elle » constitue un moyen excellent de nourriture des jeunes » Salmonidés, qui viennent prendre les larves vivantes sur les » joncs, au fur et k mesure de leurs besoins; 2° que l'on peut » aussi, comme M. de Beaumont en a reconnu l'urgence, » prolonger l'élevage pendant deux à trois mois après la ré- » sorption de la vésicule ombilicale, pour les jeunes Salmoni- )) dés destinés à être lâchés dans des étangs, et aussi pour 5) ceux qui doivent être mis en liberté dans des ruisseaux. » Des alevins lâchés dans des étangs immédiatement après )) la résorption de la vésicule n'ont réussi que dans la pro- » portion moyenne de 100 sur 1200, tandis que ceux alevinés » jusqu'à la fin de mai ou de juin ont été retrouvés, à la fin » de novembre, dans la proportion de ^50 sur 500. Il est » d'autant plus nécessaire d'élever le poisson artificiellement » jusqu'à ce qu'il soit doué d'une certaine puissance de loco- » motion, qu'il pourra ainsi éviter les insectes qui l'attei- » gnent dans son jeune âge, de même que les poissons qui » lui font tout d'abord une chasse active. » — M. A. Geoffroy Saint-IIiiaire annonce qu'il a fait remettre à M. Sauzier les cinq paires de Colins de Californie offerts par notre Société à la Société d'acclimatation de Maurice. — M. Thomas Blake, président de la Société d'acclimata- tion de Melbourne, offre l'envoi d'un troupeau de Casoars, et demande comment cette Société pourrait obtenir des étalons et des juments de pur sang arabe. — M"" la maréchale de Santa-Gruz fait savoir que son fils a donné des ordres pour l'envoi, au Jardin d'acclimata- 572 SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. lion, d'Aulriiches et autres oiseaux de la république Argen- tine, — Des rennercîmenls seront transmis à M""' de Santa- Cruz, pour cette offre bienveillante. — La Société d'aquiculture d'Arcachon adresse le compte rendu de la séance d'ouverture de l'exposition, le formulaire des questions posées par la Commission, et les bases d'une Société d'encouragement, dans laquelle doivent se fondre les Commissions d'exposition d'Arcachon et de Boulogne-sur-mer. — A l'occasion de la communication faite par M. Delidon, sur un appât destiné à remplacer la rogue pour la pèche de la Sardine, M. Brierre (de liiez) fait remarquer qu'il y a déjà longtemps, il a indiqué un procédé identique clans le but d'exonérer nos pêcheurs de l'impôt qu'ils payent à la Norvège. — M. Ch. Huber (d'Hyères) accuse réception des graines du Japon et de l'Australie, qui lui ont été envoyées par la Société, et adresse ses remercîments. Il donne en outre les renseignements suivants sur V Eucalyptus globulus et d'autres Eucalyptus : « Voici les diverses mesures de VEucalyplus » globulus qui se trouve en pleine terre dans notre établisse- )) ment d'horticulture, et dont nous avons adressé des échan- )) tillons fleuris à la Société à la fin de l'année dernière. — » Circonférence du tronc rez terre, l'",90; à 2 métrés du » sol, 1'" ,20 ; à h mètres, l"',!? ; à 6 mètres, 0'",88 ; à 8 mètres, » 0"',72; à 10 mètres, 0"',^5; à 12 mètres, 0™,52; à 13 mètres, ). 0"',/i8. Hauteur de l'arbre, 18 mètres. Il serait sensible- » ment plus élevé s'il n'avait, à deux reprises déjà, perdu » sa flèche, par suite des violents coups de vent qui régnent » quelquefois dans nos parages méditerranéens. Cet arbre » provient d'un semis fait dans notre établissement en » 1857; il n'a donc que neuf ans, et a abondamment lleuri » pour la cinquième fois. L'arbre est, du reste, d'une » très-belle vigueur, et c'est sans doute le plus fort exem- » plaire existant en France en pleine terre. De toutes les » espèces iï Eucalyptus que nous avons essayées jusqu'à )) ce jour, c'est toujours le globulus qui a poussé le plus » vile, laissant tous ses congénères en arrière. Dans le » Midi, il pourrait, ce nous semble, rendre des services im- PROCÈS-VERBAUX. 573 » portants comme arbre forestier. Après X Eucalyptus glo- )) bulus, c'est un Eucalijptus que nous avons, sous le nom 5) de E. species de West- Australie, qui végète avec le plus » de rapidité. Comme point de ressemblance, il rappelle le » diversifolius, mais son feuillage a plus de souplesse et est » incomparablement plus beau, et, comme arbre, il est bien >> plus touffu. Les E. viminalis vont aussi assez vite. Les )) E. corynocahjx montent lentement, mais s'arrondissent en » tète el forment la boule, ce qui les différencie beaucoup » des autres. C'est, du reste, une charmante espèce. Ce n'a » été que l'automne dernier que nous avons été en mesure de » faire des semis de V Eucalyptus calophylla et mahogany , et » ils ont bien réussi ; mais, chose désolante, aussitôt après la » formation des cotylédons, les plantes tombaient comme » des mouches, et aucun soin ni changement de serre n'a pu » porter remède au mal: aussi nous n'avons pu sauver qu'un » très-petit nombre de ces deux espèces. -» — M. Sicard envoie un Mémoire sur les résultats de ses travaux de pisciculture à Marseille depuis cinq ans. — M. Turrel (de Toulon) rend compte des succès obtenus par M. Auzende, jardinier de la ville, dans la culture de di- vers végétaux. (Voy. Bulletin, p. 554.) — M. Morin, consul de Portugal à la Réunion, adresse un Mémoire sur l'introduction à la Réunion de l'arbre à quin- quina, par lui et M. Vinson. (Voy. Bulletin, p. 5Zi7.) — M. J. Duval, directeur de X Économiste français, trans- met un paquet de graines ^Araucaria qu'il a reçues de M. le capitaine de vaisseau Guillain, gouverneur de la Nou- velle-Calédonie, et qu'il croit inconnues en Europe. M. A. Geoffroy Saint-IIilaire pense que c'est X Araucaria excelsa, dit Pin de Norfolk. Le Secrétaire du Conseil, Ch. Wallut. ' 2" SÉRIE, T. III. — Octobre 1806. 37 III. CHRONIQUE. IVotes sur les nids artificiels d'Oiseaux, et sur l'utilité des i)elits Oiseaux pour l'agriculture. LETTRE ADRESSÉE Ali PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE MULHOUSE. Monsieur le Président, Je passe, chaque année, quelques jours à Vevey (Suisse), dans une pro- priété qui apparlicnl à mes parents et qui est située dans le voisinage im- médiat de cette ville. J'ai remarqué fréquemment avec intérêt, dans les jardins assez vastes qui dépendent de celte habitation, un grand nombre de nids artificiels d'oiseaux, placés sur les arbres. Ces nids sont tous habités, chaque année. Ils n'ont point été placés dans le but de charmer les oreilles par le chant de ces oiseaux, pas davantage pour chercher les distractions dans l'étude de leurs mœurs, mais uniquement pour arriver à la destruction des chenilles et autres insectes nuisibles. Le résultat obtenu dans ce sens l'a été Ji la fois d'une manière si complète et si simple, sa réussite a été si bien appréciée dans le pays et s'est tellement répandue dans ces dernières années, qu'elle m'a paru motiver la communication que je vous fais aujourd'hui, quelque étrangère qu'elle soit aux sujets qui sont de ma compétence et à ceux qui font d'habitude l'objet de mes rapports à la Société industrielle. Permettez-moi maintenant d'entrer en matière, et, dans ce but, de repro- duire à peu près textuellement les notes que mon père, M. Auguste Burnat, a bien voulu me communiquer à ce sujet. Un grand nombre d'oiseaux, ceux précisément qui sont le plus friands d'insectes, ne font leurs nids que dans les cavités des arbres pourris. Les vergers dont les arbres ont été traités avec soin ne leur offrent aucun éta- blissement convenable. 11 en résulte que l'on voit trop souvent les arbres de nos campagnes dévorés par les chenilles ou les hannetons, qui s'attaquent aux feuilles; par des larves et des coléoptères divers, qui rongent les bois sous l'écorce, tandis que d'autres larves enfin rongent les racines. Les oiseaux qui se nourrissent des insectes que nous venons de nommer sont, à Vevey du moins (1) : les Mésanges de plusieurs espèces (2), divers Pics (3), les Grimpereaux (/i), le Rossignol de muraille (5), les Étourneaux ou San- sonnets (6). Ces derniers sont utiles, en particulier, pour la destruction des (t) Nous donnons ici les noms usités dans la Suisse française. Pour éviter loutc confusion avec les termes français, nous mettrons autant que possible les noms scientifiques en regard des appellations vulgaires. (2) Parus mnjnr, cœruleus, cristalns, dont les noms français sont : Mésange grande char- bonnière, Mésange bleuu et Mésange luipiiée. (3) Picus viridis, qui se tient surtout dans les vergers situés à une certaine distance des habitations; puis le P. mnjor, etc. (4) Cerlhia {amiliarii, Sitla europiea, etc. En français : Grinipereau familier et SitlcUe d'Europe. (5) Sylvia phœnicurus, RulT., ou Bec-fin des nmrailles. (0) Sturmis vulgaris. CHRONIQUE. 575 larves de hanneton, sur lesquelles ils se jettent lorsqu'un labourage vient à les découvrir. Ce sont, pensons-nous, les Mésanges qui détruisent de préfé- rence les liiinnelons. Nous avons vu fréquemment ces insectes mis eu pièces pour servir de pâture aux jeunes Mésanges. La connaissance très-imparfaite que nous avons de Tornithologie ne nous permet pas de dire s'il y aurait d'autres espèces à ajouter à l'énumération qui précède. Ce qu'il y a de positif, c'est que nous n'avons jamais vu les nids artificiels habités par certaines espèces irès-iépandues dans nos vergers, telles que Linottes, Fauvettes, Roitelets, lionges-gorges. Pinsons et Chardonne- rets. Ouant aux Moineaux, ils habitent également nos nids et sont utiles aussi, car, lorsqu'ils n'ont pas de graines à leur disposition, ils se nourrissent d'insectes tels que les mouches et les hannetons; ils sont dans tous les cas insectivores pendant le temps de l'éducation de leurs petits. Ils occupent de préférence les nids les plus rap.irochés des habitations. Les oiseaux que nous avons cités dépouillent les arbres des coléoptères qui vivent sous l'écorce ou sur les feuilles ; ils s'attaquent également aux œufs des chenilles, aux larves, aux chrysalides, qui se trouvent durant l'hiver sur les rameaux. Il est incontestable qu'une nichée élevée dans un verger y revient de temps à autre durant la morte saison, et y fait une guerre acharnée aux insectes nuisibles. Depuis vingt-cinq ans, ]\I. Auguste Burnat a dans sa campagne des nids arlificiels; il en augmente le nombre à mesure que les arbres deviennent plus vigoureux. Jamais il ne lait d'érhenillage, laissant ce soin aux oiseaux. Jamais non plus les chenilles ne ravagent ses vergers; et, ce qui surprendra sans doute davantage, alors même que ses voisins ont leurs propriétés en- vahies par les hannetons, et certains arbres dévorés, ces insectes ne font que des dégâts insignifiants dans le voisinage des nids artificiels. Les premieis nids établis étaient de bois dur, formés de simples tuyaux tels que les fontainiers en emploient, coupés sur environ l\0 centimètres de longueur, fermés aux deux extrémités par des plaques de tôle mince, avec un trou de 5 à 6 centimètres de diamètre sur le côté. Mais ces nids étaient promptement détériorés; ils se fondaient, l'eau déploie y pénétrait. L'hu- midité qui en résultait n'empêchait pas les oiseaux de s"y établir ; mais elle pourrissait durant l'hiver les matériaux dont les nids étaient composés. Les oiseaux, ne pouvant rejeter ce détritus, s'établissaient alors en avant du nid de Tannée précédente, trop près de l'ouverture. Les nichées devenaient la proie des chats, des corbeaux et des pies. Nous avons vu nous-même fré- quemment ces dernières détruire de jeunes nichées. Dans le but de parer à ce grave inconvénient, on avait pris le parti de vider durant l'hiver tous les tuyaux servant de nids; mais on comprend que cette pratique était trop assujettissante. Dès lors on a adopté une couverture de zinc, tout en modi- fiant la forme des caisses. La réussite était complète, mais le prix de revient trop élevé; et il y avait par suite lieu de craindre qu'une application aussi utile ne pût se répandre partout. . . 576 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. Afin d'arriver à la fois au bon marché et à im endetien facile, M. Burnnl eut ridée de faire établir des nids de terre. Ils sont vernis extérieurement ; l'intérieur est donc constamment sec, et les oiseaux enlèvent aisément tout ou partie des résidus des anciens nids. Il faut diriger l'ouverture autant que possil)le du côté du levant et du midi, et la placer vers l'extrémité la plus élevée. Les saillies ou bourrelets de terre que l'on observe à la smlace du cylindre sont destinés à empêcher le glissement sur les (ils de fer qui fixent la pièce sur une latte. Cette latte de chêne repose sur les grosses branches ou premières ramifications. Il est très-essentiel en effet que le vent n'ait poiut d'action sur la partie de l'arbre où cet établissement doit se faire. Dans ce même but, il convient d'appuyer l'extrémité la plus basse du nid contre une branche, afin d'éviter tout balan- cement. On fera en sorte que, dans le voisinage de l'ouverture, il ne se trouve pas d'emplacement sur lequel les chats ou autres ennemis puissent venir s'embusquer. Quoique les nids de terre ne soient guère appliqués que depuis deux aus, nous pouvons déclarer, à la suite de cette expérimentation, que ces nouvelles habitations sont fréquentées par toutes les espèces que nous avons signalées comme logeant dans les nids de bois. C'est ce que nous pouvons affirmer. Veuillez agréer, etc. E. Burnat. Communication de M. A. Ikirnat. — M. A. Burnat a bien voulu com- pléter les notes qu'il m'avait remises, en me fournissant les suivantes : « Mes nids de bois ont /i5 centimètres de long, et à l'inlérieur 12 centimètres sur 9. Le toit, recouvert de zinc, doit dépasser le nid de 6 centimètres envi- ron de chaque côté. Dans le cas où les oiseaux trouvent, au printemps, un vieux nid réduit en fumier, ils ne peuvent le déblayer, construisent l'autre dans le voisinage de l'ouverture, et les jeunes oiseaux deviennent la proie des chats. Au prix de trois à quatre francs que coûtent ces caisses bien -éta- blies, on ne popularisera jamais ces nids artificiels. Si l'on veut atteindre un résultat à l'aide du bois seul, il arrive qu'au bout de deux ou trois ans les nids donnent passage e'i l'eau; le succès est compromis pour les motifs déjà indiqués, et les propriétaires, découragés, ne renouvellent plus. Les nids de terre ont donc toute mon approbation ; ils sont, d'après moi, seuls prali- ques; une fois en place, il n'y a plus à s'en occuper. On peut disposer l'ou- verture plus près de Textrémilé, je n'y vois pas d'inconvénient. Ouant à la ]ongucur, le modèle est bon; je préférerais peut-être quelques centimètres en sus. Je répète que je n'ai, pour les nids de terre, qu'une expérience de deux années. » En 186/i, j'avais deux nids de terre, dont l'un a été occupé par une nichée de Mésanges, l'autre par des liossignols de muraille. En 1865, j'avais six nids de terre. Le n ' 1 a été pris par des Étourneaux, qui y ont élevé deux nichées durant l'été; les n"' 2 et 3, par des Mésanges; les n°* Zj et 5, CIIROMOUE. , 577 pnr des P.ossisnols do muraille ; enCiu le n" 6, par dos Moineaux : mais ce dernier se liouvait placé près des écuries. » Ma propriété n'a que trois hectares environ ; j"ai quatre-ving;ts nids de bois et six de terre. Quoique les Pics et les (îrimpercaux vivent dans des lieux éloignés des villes et des vignes, cependant j'ai eu, cette année, cer- tainement trois et peut-être quatre nids habités par ces oiseaux, dans la partie de ma campagne qui est la plus éloignée des habitations. » M. Henri Burnat, qui possède un jardin situé à peu près dans l'intérieur de la ville, a placé cette année deux nids de bois, qui ont été habités, l'un par des Rossignols de muraille, l'autre par des Étourneaux ; il n'a pas eu de Moineaux. Il faut observer que les Étourneaux ou Sansonnets no sont, à Vevey et dans les environs, que des oiseaux de passage, et qu'ils ne nichent que depuis qu'on leur prépare des nids artificiels. Cette dernière observation a été faite sur d'autres points du canton de Vaud. » Renseignements fournis par M. A. Davall. — M. Albert Davall, inspecteur forestier do l'État do Vaud, en résidence à Vevey, m'a communiqué, à la date du 25 décembre 1865, les renseignements qui suivent : « J'ai chez moi, depuis quelques années, des types de nids artificiels. Le premier se compose d'une boîte faite au moyen de planches de sapin de 1 centimètre d'épaisseur, assemblées à l'aide de clous ; ce modèle affecte la forme d'une maisonnette de 25 à 30 centimètres de longueur, avec toit à deux pans. Ce toit est un couvercle mobile, que l'on enlève pour nettoyer l'intérieur à la fin de la saison ; il est fixé à la boîte au moyen de deux clous. L'une des faces présente un trou rond ; à côté se trouve un petit perchoir de bois. Je fixe cette caisse à l'arbre au moyen d'un anneau de fil de fer tressé passant à travers la planche postérieure. Deux pointes de fer enfoncées plus ou moins au-dessous de l'anneau maintiennent la cage horizontalement, lorsqu'on a enfilé l'anneau dans un crochet planté dans le tronc de l'arbre. On remarquera que les planches qui forment les faces latérales de la caisse sont disposées dans le bas de façon à faciliter l'écoulement de l'eau le long des parois du nid. Ce petit appareil revient à un franc. » Mon autre modèle est moins cher ; il ne coûte que cinquante cenfimes par ' nid. f 1 consiste en un bout de tuyau de bois muni de son écorce, coupé obli- quement à l'une de ses extrémités et fermé aux deux bouts par do petites planches. La planchette qui ferme l'extrémité oblique est plus longue que l'autre; on la cloue contre un tronc d'arbre vertical, de façon à simuler une branche morte. L'ouverture se trouve à rexlrémilé supérieure, un peu sur le côté, de façon que la pluie ne puisse y pénétrer ; il faut toujours la placer du côté du levant. Les nids convenablement disposés sont plus promp- tenient occupés que les autres. Ce modèle a été adopté par la Société de protection des animaux d'Yverdon (Vaud), qui en a fait placer quelques centaines dans les promenades publiques et dans les forêts communales. On les a posés sur la limite des coupes et dans les clairières. J'ai pu m'assurer, 578 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. il y a trois ans, lors tVmie course que notre société de forestiers fit à Yver- don, qu'uii Riand noml)re de ces nids étaient occupés. » Enlin , je construis en ce moment une troisième variété de nids, lis se fixent à l'arbre connue le modèle n° 1, mais ils sont faits à l'aide de tuyaux de bois et recouverts d'un toit de tôle ; cette disposition présentera à la fois l'avantage de ne pas laisser pénétrer l'eau de pluie et celui de permettre la pose contre les ironcs des arbres. Lorsqu'on veut faire des applications sur une grande écbelle, c'est en effet un inconvénient que la nécessité de fixer la caisse à une latte et de trouver des ramifications convenablement dispo- sées pour recevoir cette latte et le nid qu'elle porte. Au surplus j'accorde que je n'ai pas encore complètement résolu le problème, quant à ce qui concerne une disposition parfaite des caisses. » J'ai débuté, il y a cinq ans, par deux nids du premier modèle ; dès les huit premiers jours de leur mise en place , ils étaient occupés. La seconde année, j'en ajoutai trois autres; aucun des six ne resta vide. J'ai continué d'en augmenter le nombre, et j'ai actuellement environ vingt nids des deux modèles. Je me propose d'en placer successivement dans toutes les parties de mon domaine. > » Les espèces d'oiseaux qui viennent se loger dans mes caisses sont celles qui ont l'babitude de nicher dans les trous des arbres, des vieilles murailles, et même dans ces trous sous terre que les Allemands désignent sous le nom de H'ôhlenbruter. En première hgne se trouvent le Friquet {Fringilla mon- tanà), le Rossignol ou Bec-fin de mmMle {Stjlvia phœnicurus) , le Grimpe- reau {Certhia familiaris), la Sittelle {Sitta europœa), les Mésanges {Parus major, ater, cœruleiis, pahistris), et d'autres espèces encore parmi ces dernières. Le Sijlvia thitus, ou Bec-fin rouge- queue, très-fréquent en Suisse depuis la plaine jusqu'aux neiges éternelles, ressemble au Rossignol de mu- raille, et, comme lui, niche volontiers dans mes boîtes; ce sont ces deux dernières espèces qui sont les plus communes dans mon verger, qui est distant de vingt minutes de la ville. Nous n'avons pas ici le Sylvia rubecula, ou Rouge-gorge, commun dans d'autres parties de la Suisse. C'est un oiseau très-familier, qui établit aussi son nid dans les trous d'arbres : il niche deux fois par an, mais je ne puis dire d'une manière certaine s'il s'acconuiiode- rait de nos boîtes. Les quatre Mésanges que j'ai citées nichent dans les nids artificiels d'Yverdon ; et les trous qui leur donnent passage seraient insuffi- sants pour des Moineaux. Les Pics sont bien précieux pour la destruction des insectes ravageurs, mais il faut de grosses entrées aux caisses : nous avons les Picus martius, canus, major, médius et minor. Le Martinet de muraille (1) {Cypselus murarius) niche volontiers dans le voisinage des maisons. A l'égard de cet oiseau, je n'ai pas d'expérience personnelle ; mais je puis citer Tschudi, qui, dans sa description si consciencieuse de la faune (1) Le Martinet ressemble aux Hirondelles. Ses piids étant coiirls, ses ailes extrêmement longues, il lui est presque impofsiblc de s'enlever du sol; aussi se suspend-il volonliers aux murailles (Tschudi). Il niilie fréquemment sous les toits des maisons. CHRONIQUE. ■ ■ 579 alpestre, affirme que dans le canton d'Appenzell, le Martinet prend souvent possession des caisses destinées à servir de nids aux Sansonnets. » Je n'ai jamais vu nicher de Moineaux chez moi, à la campagne; j'ai entendu un de mes amis se plaindre d'en avoir eu dans des caisses que je lui ai fournies, mais il s'agit d'un jardin enfermé dans la ville et situé dans le voisinage de la place sur laquelle se tiennent les marchés; d'ailleurs, dans le cas dont il est question, les ouvertures des nids étaient très-grandes. En revanche, dans les eudroils reculés et tranquilles, les nids artificiels sont quelquefois occupés par des Étourneaux {Sturnus vulgaris) ; chez moi, cela n'a jamais eu lieu. Je sais que, dans le canton d'Argovie, c'est l'Étourneau qui domine ; il y a des villages, dans cette partie de la Suisse, où tous les jardins et les vergers sont peuplés de boîtes à nicher: ces oiseaux se nour- rissent de préférence d'insectes. Il y a vingt ans que j'ai également vu, dans plusieurs localités de l'Allemagne, des caisses de bois destinées surtout aux iÉtourneaux. » J'insisterai encore sur ce fait, que les petits oiseaux trouvent moins d'arbres creux naturels qu'autrefois ; on exploite aujourd'hui les forêts plus soigneu- sement, après des révolutions plus courtes, qui ne permettent pas aux arbres de devenir assez âgés pour présenter des ca viles dans leurs troncs. » Quant au succès obtenu avec les nids artificiels placés dans les vergers, il n'est [>as douteux au point de vue de la destruction des insectes nuisibles : il suflit, du reste, pour s'en convaincre, de se placer en observation pendant quel(|U(' temps auprès d'un nid dans lequel se trouve une couvée. Mais j'estime que, pour faire quelque chose de plus sérieusement utile, il faudrait aborder la question de la multiplication des nids dans nos forêts. » Documents transmis par la Société d'Yverdon. — Les renseignements qui suivent sont extraits du bulletin d'octobre 1865 de la Société d'Yverdon (Vaud) pour la protection des animaux. M. Masset-Chautems a communiqué à l'assemblée ses propres observations et celles qu'il a pu recueillir sur l'emploi des nids artificiels. Les nids dont la Société d'Yverdon avait donné le modèle consistent en longs bonis de tuyaux de sapin de 30 à /lO centimètres, et percés à 10 ou 12 centimètres de vide. L'extrémité postérieure, qui doit servir de fond, est clouée à une petite planche qu'on fixe elle-même par des clous au tronc de l'arbre, du côté du levant et à h ou 5 mètres au-dessus du sol. Depuis deux ans il a été placé un grand nombre de ces nids dans les forêts, les campagnes, les jardins et jusque dans les cours : ils ont presque tous été occupés, et il en est sorti de nombreuses nichées. Ces boîtes ont aussi servi de refuges aux oiseaux durant l'hiver. Le fait a été constaté par un propriétaire d(; l'.olle, qui, pendant une des nuits les pins froides de janvier 186Zi, est allé visiter les nids de son jardin, et y a trouvé un grand nombre d'oiseaux blottis les uns contre les autres. > Cependant on se plaint généralement que ces boîtes, lorsqu'elles sont 580 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. placées auprès des habitations, sont pi-esqiie oxcltisivcmont occupées par (les îMoineaux, qui en cliassenl les Mésanges, les r.ouges-queues, eic. Or, ce ne sont point précisément les Moineanx qu'on tenait le plus à multiplier. Ces oiseaux sont fort utiles sans doulc ; ils détruisent en grand nombre les clienillcs. les hannetons : mais ce sont aussi des pillards incommodes très- nomln-cux dans le pays, etc. Suit la description d'nn nouveau nid, percé de trous plus petits et nécessaires au passage de l'oiseau que Ton vent favoriser. Il suffit, par exemple pour les Mésanges, dit le rapporteur, que Ton puisse y passer le doigt. La caisse dont il s'agit est le modèle (horizontal ou incliné) dont il a déjà été fait mention dans la communication de M. Davall. Ce nid a été adopté par la Société protectrice vaudoise réunie à Lausanne. Le rapport termine finalement en indiquant l'adresse de deux fabricants de nids qui les fournissent à raison de 50 centimes pièce. M. Davall a eu, sur ma demande, l'obligeance de s'adresser li M. de Guimps, président de la Société d'Yverdon, dans le but de connaître les résultats obtenus avec ces nouveaux nids. Voici ce que j'extrais de la lettre qui a été adressée en réponse à cette demande : « C'est en 1862 que nous avons fait nos premiers nids (à tuyau horizontal). Nous en avons placé deux cents dans les forets delà commune; et la même année, nos gardes nous ont affirmé que ces nids étaient presque tous occu- pés. Je sais qu'il y avait beaucoup de Rossignols de muraille, beaucoup d'Étourneaux aussi ; mais je n'ai pu positivement m'assurer si les Pics et les Sittelles y avaient habité. Au printemps de 1863, nous avons fait faire cent nids, semblables aux précédents ; et nous les avons placés dans les prome- nades, aux abords de la ville : ils ont été occupés en très-grande partie par des Étourneaux et des Rouges-queues {Sylvia thitxjs) ; on y a vu entrer quelques Mésanges. ). A la suite de plaintes qui se sont produites, au sujet de l'envahissement des nids par les Moineaux, chez un assez grand nombre de propriétaires de la ville et de ses environs, nous avons fait établir, vous le savez, des nids inclinés. Les Mésanges, dans notre pays, ne nichent pas seulement dans les bois, mais aussi dans les jardins, les vergers et les promenades : ce sont peut-être les oiseaux les plus utiles aux arbres fruitiers par la destruction en hiver des œufs de papillons; or, ces oiseaux étant devenus rares chez nous, c'est eux surtout que nous voulions établir près des habitations. C'est là le motif pour lequel nos nouveaux nids ont des trous assez restreints, pour que les Mésanges seules puissent y entrer. Tous les trous ont été faits de même, parce qu'il est facile de les agrandir; mais nous n'avons jamais pensé que, sans cet élargissement, ces nids pussent servir à de grands oiseaux : pour le Pic notamment, le trou et le tube devraient être plus grands. » Renseignements publiés par M. W. de Greyerz. — Il m'a été envoyé de Vevey un bulletin d'avril 1861 du journal le Forestier pratique, rédigé par M. de Greyerz et publié à Lenzbourg, dans le canton d'Argovie. Je trouve CHROMOUK. • • •■ "- 581 dans cette brochure un article fort intéressant snr lii qiiehlion qni nous occnpe, et je regroltc de ne pouvoir le reproduire en entier. Je me borne aux extraits qui suivent : L'Élourneau, dit le docteur Leniz, est surtout digne d'attention ; i! est plus facile à multiplier que tout autre oiseau. Sur un grand nom!)ie (|ui nichaient devant ses fenèlres, dans quarante-deux nids artificiels, le même observa- teur a remarque un couple et ses dix petits dévorant par jour trois cent soixante-quatre limaçons, ou Téquivalent en scarabées, chenilles, phalènes du chêne (Tortrix viridissima), du pin {Noctua piniperda), etc. Lu forestier de Friedrichsroda, dans le duché de Saxe-Goiha, a si prodi- gieusement multiplié les Élourneaux, qui avaient à pr-u près disparu depuis un demi-siècle, qu'on en évalue le nombre dans cette localité à près de deux cent mille. ■ Dans les années 1852 à Î857, l'inspecteur général des forêts, M. Dietrich, àGriinheim, en .Saxe, rapporte que deux espèces de coléoptères (charan- çons), les llijlohiiis Abietis et ater, ont exercé de grands ravages sur les forêts de sapins de son district. On employa, dans ce laps de temps, une somme de plus de ZiOOO francs pour détruite ces insectes; et, malgré tous les efforts, le mal subsista. Alors on y remédia an moyen des Élourneaux. T/in- spect(.'iir lit placer cent vingt et un nids arliliciels dans le voisinage des plantalions d'épicéas; le succès fut complet. A la fin de mai, on examina des Élourneaux à peine ailés, et l'on trouva lenr estomac rempli de charan- çons, dont la trompe avait été soigneusement brisée par le père et la mère. Si les Étourneaux s'adressent parfois aux cerises tendres et aux raisins, ils sont faciles à écarter par des épouvantails. Il y a peu de contrées qui livrent un produit aussi considérable en fruits que la principauté d'Alenbourg ; on peut en attribuer la cause, en partie, aux nids artificiels que l'on y établit pour les Étourneaux. Il en est de même dans le Holstein et en Lombardie, où Ton prend les mêmes soins pour la multiplication des Hiboux. L'auteur entre ensuite dans de longs détails sur la manière d'établir les nids à Étourneaux, tant en terre qu'en bois, puis il continue comme il suit : « Il y a beaucoup d'oiseaux utiles qui nenichentjamaisquedans descreux; il faut aussi leur faire des nids artificiels, car les creux d'arbres et de mu- railles deviennent de plus en plus rares. Un grand nombre nichent dans ma propriété, tels que Moineaux, Bergeronnettes, Houges-queues, trois espèces de Mésanges, l'ics, drimpereauxou Sittelles, qui nettoient parfaitement le sol et les arbres de mon jardin. Autrefois les vers de terre et les limaçons en- dommageaient mes légumes, les chenilles dévoraient les fleurs de mes pom- miers, de mes poiriers et de mes pruniers : je n'obtenais du fruit qu'après les hivers pendant lesquels le givre qui chargeait les rameaux entraînait en tombant les œufs de la vermine (1), surtout ceux de la petite phalène (Geo- (l) Il n'est pas question ici des œufs qui sont disposés en anneaux autour des brandies, mais bien des feuilles enroulées qui conlicnnent les œufs et qui sont retenues à l'arbre par des fil.i- ments soyeux. 582 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. metra brumata). En gcli'néral, mes nids pour les petits oiseaux ont un vide de 8 pouces de long sur h de large, el le ti ou d'entrée est du diamètre d'un thalor. P;ir divers procédés, on peut attirer les îMoineaux, les l'.oiiges-queues, les Iloclicqueues et les Hirondelles dans les cours les plus étroites des villes (1). » ' • Lctlredc M. Fourneaux. — Finalement, je transcrirai ici quelques notes qui m'ont été adressi?es par M. Fourneaux, de Prague, l'un des membres correspondants de notre Société industrielle, à qui nous nous étions adressés dans le but d'avoir des renseignements sur les nids artificiels que l'un de nous se rappelait avoir vus en Bolicme. M. Komers, vice-président de la Société d'agi iculture de Prague, écrit ce qui suit : « Dans notre pays, il n'y a qu'un seul lypedenids artificiels, lequel est très- répandu, surtout dans les montagnes, ce sont ceux que l'on destine aux San- sonnets, oiseaux qui rendent de grands services à l'agriculture en se nour- rissant de chenilles et d'autres insectes nuisibles. On les ailache aux arbres des jardins, dans le voisinage des habitations. Selon mes propres expériences et celles de Al. Lagier, il y aurait de grandes difficultés à construire des nids artificiels pour de petites espèces telles que r.ossignols, Rouges -gorges, etc., car ces oiseaux sont très-difficiles dans leurs prétentions (sic;. » On aura déjà remarqué que la dernière partie de la communication de M.. Komers est formellement contredite par toutes les observations qui pré- cèdent. Quant aux Rossignols, ils n'ont jamais niché dans le creux des arbres. Résumé. — Il me paraît résulter indubitablement des documents que je viens de fournir les faits suivants: Les caisses destinées à la multiplication des nids d'oiseaux peuvent rendre des services réels à l'agriculture. Les nids artificiels ont été appliqués avec succès, depuis fort longtemps, dans diverses localités de la Suisse et de l'Allemagne. Si le type des caisses à adopter peut donner lieu à quelques hésitations, on peut affirmer qu'il existe, parmi les différents modèles usités jusqu'ici, des dispositions qui remplissent suflisammcnt le but proposé. Enfin, il est parfaitement acquis qu'un grand nombre d'espèces d'oiseaux peuvent être attirées dans les nids artificiels. Noire collègue M. Imbach, qui habite Lœrrach (grand-duché de Bade), a eu l'obligeance de me connnuniquer le Monatsblatt des Radischen Vereins fur Gefluyelzucht (n«^ de 1865). Cette publication renferme, sur le sujet (1) M. Lenlzdil:» Une fois les Élourneaiix liabituc sau pays, on se bornera à meUre les nids artificiels dans le r'gno" d'un liàtiment, en faisant une entrée dans le mur. » CTIROiNIQUE. 583 que je viens de traiter, d'abord des extr.iit.s d'un travail du docteur Lentz sur rÉIourneau et son utilité pour l'agriculture ; puis la reproduction com- plète d'une brochure du docteur filoger, intitulée : Die Hegnnç] der Hôhlen- briiter, ou De la protection a accorder aux oiseaux qui nichent dans le creux des arbres (brochure publiée à lîerlin en 1805). Cet ouvrage se divise en deux parties : dans l'une, l'auteur insiste sur l'utilité des oiseaux insecti- vores, et énumère les causes multipliées qui tendent à en diminuer le nombre ; dans l'autre sont longuemenl décrits les moyens à employer pour élablir des nids artificiels. Cinq planches lilhographiées sont jointes à cette notice. Le n" o donne une série très-nombreuse de caisses de bois, de formes variées, destinées non-seulement aux Élourneaux, mais encore à la plupart des espèces que nous avons signalées. On voit que la question sur laquelle nous avons appelé l'attention à la Société industrielle n'est point nouvelle en Allemagne. {Bulletin de la Société régionale d'acclimatation pour la zone du Nord-Est, p. 71. — 1866.) Note sur la défécation des jus de Sorgho et l'extraction du sucre qu'ils contiennent. Dans mes recherches et expériences sur le Sorgho à sucre, publiées en 18G/|, j'ai montré que la principale cause des difficultés que rencontrait l'extraction industri<>lle du sucre de cette plante était la fécule extrêmement fine que le jus entraîne avec lui, et dont la chaleur détermine la tuméfac- tion et la transforma lion en dextrine avec la plus extrême facilité (1). La présence de celte fécule s'oppose d'une manière absolue à l'emploi des pro- cédés de défécation généralement en usage pour les jus de betterave ou de canne à sucre, procédés dans lesquels les jus sont chauffés à 90 ou 100 degrés. La difficulté reconnue, il restait à la vaincre. La principale indication qui résultait de ce qui précède était la nécessité absolue de recourir à un pro- cédé de défécation à une température assez basse pour que la fécule ne puisse être tuméfiée. Tout corps susceptible de coaguler l'albumine sans l'aide de la chaleur et d'être éliminé ensuite pouvait êire employé à cet usage. Je songeai successivement au sulfate de peroxyde de fer, qui pouvait être éliminé au moyen d'un léger excès de chaux; au sulfate d'étain, qui se comportait exactement de la même manière, et enfin à l'alcool, employé en quantité égale à celle du jus, et dont il était facile de se débarrasser par la distillation. Le premier de ces procédés présente, dans la pratique, quelques difficultés, à cause du Icmps que réclament les filtrations. Les précipités (1) Etudes et expériences s^lr le Sorglio à sucre, page 104 et suiv. 584 SOCIÉTÉ IMPÉKIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. gélatineux qui se forment eiicomlDreiit les lillres et s'opposent au passage du liquide, qui finit par lermenier et par réduire une partie de persulfate à l'état de protosulfate, dont on a ensuite beaucoup de peine à se débarrasser. J'ai donc renoncé à ce procédé, qui m'avait donné, en petit, d'excellents résidtats. Le sulfate d'étain n'a pas rinconvénieni de se réduire comme le per- ■sulfate de fer, mais il partage avec lui le défaut de produire des précipités légers et qui obstruent facilement les pores des filtres. Il est d'ailleurs trop cher dans l'état actuel de l'industrie pour qu'on puisse songer sérieusement à son emploi. J'ai pensé néanmoins qu'il était utile de le signaler, parce qu'il m'a fourni de très-bons résultats dans mes essais de laboratoire, et que rien ne prouve que les diÛTicultés de son emploi soient absolument insur- montables pour l'avenir. Quant à l'alcool, il m'a constamment donné le succès le plus complet, et lorsque j'ai publié mes études sur le Sorgho sucré, c'était le seul procédé qui me parut susceptible de conduire à des résultats industriels. La manière de procéder était des plus simples : Mélanger le jus du Sorgho avec son volume d'alcool dans de grandes cuves de bois couvertes. Le lendemain, décanter, au juoyen d'un robinet placé à une hauteur convenable du fond, les cinq sixièmes du liquide, devenu parfaitement clair. Jeter le reste, qui n'est plus qu'une espèce de boue ver- dàtre, sur des sacs de toile au travers desquels la liltration se fait avec une grande rapidité. Exprimer les sacs, et réunir tout le liquide clair dans un appareil distillatoire perfectionné, après l'avoir additionné d'un dix-millième environ de magnésie caustique. Distiller pour séparer l'alcool, qui sera employé à de nouvelles opérations; faire passer le sirop qui s'écoule de la cucurbite au travers d'un petit filtre à charbon destiné à séparer la magnésie qu'il tient en suspension, et enfin évaporer ce sirop au degré de cuite, et le laisser cristalliser. Ce système présentait, selon moi, le grand avantage de réaliser la sucrerie au moyen des appareils mêmes de la distillation agricole, auxquels il n'y avait à faire que de faibles additions. Il a cependant été l'objet de critiques nombreuses et, je pourrais presque dire, d'une répulsion générale. On lui reproche : 1" de faire intervenir l'alcool, produit d'un prix élevé, et dont la masse nécessaire, bien qu'elle soit sans cesse régénérée, constituerait un capital dormant d'une certaine importance ; 2" d'exiger l'emploi d'un alambic, appareil malheureusement fort rare dans le midi de la France, seule région qui convienne à la sucrerie par le Sorgho: dire qu'un appareil est rare dans un pays, c'est par cela même assurer qu'il sera diÛicile d'y trouver des ouvriers capables de le conduire; 3° enfin on a reproché à ce procédé d'exiger l'emploi de cuves nondjreuses et de grande capacité. J'ai la conviction intime que toutes ces objections s'évanouiront avec le temps, et que l'alcool sera un jour l'agent par excellence de la sucrerie par le Sorgho. Mais nous sommes encore loin de ce résultat, puisqu'il n'existe CHRONIQUE. 585 à pas encore une seule usine. Ce ([ni doit, pour le moment, préoccuper nu plus haut degré les partisans du Sorgiio, c'es{ de susciter les premiers essais industriels. Aussi nie rendant provisoirement aux critiques qui m'ont été adressées, j'ai repris, à la dernière récolte, mes études sur l'extraction du sucre de Sorgho. Depuis la publication de mes premiers travaux, I\I. Kessler avait appelé l'attention de la seience et de l'industrie sur un nouveau mode de traitement de la betterave, dans lequel il fait usage d'un agent de défécation déjà signalé, mais jusqu'ici resté complètement dans l'oubli. M. Kessler obtient avec le biphosphalc de chaux des résultats dignes de toute la sollicitude des agriculteurs du Nord. Déjà plusieurs sucreries agricoles ont été orga- nisées et fonctionnent d'une manière qui promet au système de M. Kessler le plus brillant avenir. Je me suis donc proposé tout d'abord d'examiner si le biphosphate de chaux pourrait être appliqué avantageusement au Sorgho. Après quelques tâtonnements, \oici le mode opératoire auquel je me suis arrêté : Pour 10 litres de jus de Sorgho, on prend : ' : Phosphate de chaux en poudre 10 grammes. Eau 100 — Acide sulfurique 5 — On verse sur le phosphate de cliaux l'acide sulfmùque préalablement mélangé avec de l'eau, et après avoir bien mélangé le tout, on le délaie dans le jus de Sorgho que l'on a soin d'agiter quelques instants. On ajoute alors un lait de chaux clair, par petites quantités, jusqu'à ce que le liquide ramène au bleu le papier de tournesol rougi ; on ajoute encore un gramme de solution alcoolique d'acide phénique contenant 1 partie d'acide pour 2 d'alcool, et l'on jette le tout dans un sac de toile ou mieux de molleton. Le liquide ne tarde jias à passer clair. On reverse dans le hltre les pre- mières parties troubles, et l'on abandonne la matière pendant six à huit heures. Au bout de ce temps il ne reste plus dans le sac qu'une boue épaisse et verte que l'on exprime sous une presse à pression continue. Tous les jus clairs sont réunis dans une bassine et portés à l'ébullition. Il se produit alors un précipité floconneux que l'on sépare très-facilement en jetant le liquide sur une toile. On le reçoit dans une seconde bassine placée siu- un feu vif, et l'on fait bouillir très-rapidement jusqu'à ce que le sirop marque environ 20 degrés Baume. Pendant cette première opération il s'est formé un dépôt de sulfate de chaux que l'on sépare en passant le sirop au travers d'un blanchet. On achève ensuite l'évaporation au bain - marie , afin d'éviter l'action d'une température trop élevée siu- le sirop concentré. Lorsque le sirop donne la preuve du crochet, on le met à l'étuve à 35 degrés environ, pour l'y laisser refroidir. Le lendemain on l'agite au moyen d'une spatule, et il ne tarde pas à se prendre en masse cristalline. La séparation des cristaux 586 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et de la mélasse se fait ensuite par les procédés ordinaires. On peut éviter la nécessité de passer au blançhel le sirop à 20 degrés, en employant pour la défécation, au lieu d'un mélange d'acide sulfurique et de phosphate de chaux destiné à produire du biphosphate de chaux, une solution concentrée de ce sel séparée du sulfate de chaux qui se forme dans sa préparation. On peut se procurer cette solution chez les fabricants de produits chimiques. La théorie du procédé est très-simple. Le biphosphate de chaux coagule une partie de l'albumine ; la chaux que l'on ajoute ensuite transforme le biphosphate en un précipité gélatineux de phosphate neutre, qui, en se déposant sur le filtre avec l'albumine coagulée, retient la fécule, si bien que le liquide qui fdtre au travers de ce précipité mixte passe parfaitement clair. Mais le temps qu'exige cette filtralion, Ijien que très-abrégé, est encore assez long pour que, surtout en présence d'un léger excès de chaux, la fermentation visciueuse tende à se produire. Dans les premières opérations que j'ai faites par ce procédé, j'avais ob-ervé un commenceinenl d'altéra- tion des jus qui n'avait pus d'autre cause. C'est pourquoi j'ai eu l'idée d'ajouter jine petite quantité d'acide phénique, qui suflit pour s'opposer au développement des ferments. Cet acide est ensuite volatilisé pendant l'opé- ration et ne laisse dans le sirop aucune trace de son emploi. Grâce à cet ensemble d'opérations que je ne puis exposer dans cette note que d'une manière très-snccincte, j'ai pu obtenir des cristallisations très-faciles et fort abondantes de sucre de Sorgho. Après la facilité de la cristallisation, le premier mérite d'un procédé d'extraction du sucre est de ne faire passer à l'état incristallisable, pendant les opérations, que la plus petite quantité pos- sible du sucre primitivement contenu dans le jus. Pour m'assurer, à cet égard, de la valeur du procédé que je viens de décrire, j'ai eu soin d'analyser le jus avant et après la défécation. Voici les résultats obtenus dans quatre opérations successives : * ■ AVANT. LA DÉFÉCATION. APRES LA DÉFÉCATION. 1« Sucre Sucre Sucre Sucre Sucre Sucre S\icre Sucre cristallisable . . . incristallisable . cristallisable . . . incristallisable . . cristallisable . . . incristallisable . . cristallisable . . . incristallisable. . Dans 100 .(• de JUS. 12,84 2,21 Bans 100 parties du suere contenu. 85,22 14,78 Dans 100 co de jus. 10,91 1,82 Dans 100 parties du sucre riintenu. 85,71 14,29 2" 15,05 13.08 1,49 100,00 89,78 10,22 100,00 76,09 23,91 12,73 11,20 1,67 100,00 87,02 12,98 3° 14, 11, 2 ,57 M ,92 12,87 7,35 2,31 9,66 12,79 2,17 100,00 76,09 23,91 4" 14 11 2 ,32 ,84 ,02 100,00 85,41 14,59 100,00 85,50 14,50 13,86 100,00 14/J6 100,00 CHROiNIQUE. , ... . • 587 D'après ces analyses, il y aurait eu des pertes et des gains exprimés par les cliifl'res sui\aiUs : ^ 1° Sur 85,22 de sucre cristallisable, gain 0.49 2'= Sur 89,78 — perte 2,7Q 3» Sur 76,09 — perte 0,00 4° Sur 85,41 — gain 0,09 Si l'on tient compte de ce que l'analyse ne peut être exécutée qu'à un cenlièine près, on voit que dans trois opérations, la première, la troisième et la quatrième, il n'y a eu ni perte ni gain. Dans la seconde, il y a eu une légère perte, mais elle tient à ce qu'une circonstance imprévue m'avait obligé de conserver le jus pendant deux jours avant de l'évaporer. Je ne puis entrer ici dans le détail des modifications que la pratique "devra faire subir à ce mode opératoire pour le rendre applicable en grand. A cet égard, il me suffira de faire observer que, si les résullats que j'ai obtenus à l'aide de l'outillage très-imparfait de mon laboratoire sont aussi satisf.iisants, les produits seront incontestablement meilleurs encore lors- qu'on aura recours aux appareils, si bien combinés, dont la sucrerie induslrielle fait un constant usage. L'emploi de l'acide phénique dans le procédé précédent m'ayant mis à l'abri de loute crainte de fermentation, au moins pendant vingt-quatre heures, j'ai pu songer 5 un procédé beaucoup plus simple auquel j'avais eu recours autrefois, mais que j'avais été forcé d'abandonner à cause de la fermen- tation visqueuse qui ne manquait jamais de se produire pendant la fillration. Ce procédé consiste à délayer dans le jus, au moment où il sort de la presse, 5 millièmes de son poids de chaux vive à l'éiat de lait, à porter la température à 50 degrés, et laisser reposer dans un vase à plusieurs ouver- tures latérales. Au bout de dix ou douze heures on ouvre successivement les robinets, de manière à laisser écouler le jus clair. Lorsqu'il commence à sortir trouble, on jette sur un filtre, que l'on exprime finalement pour réunir tout le jus clair dans la chaudière à évaporer. On porte à l'ébullition : il se produit un précipité que l'on sépare par un passage au blanchet; puis on évapore rapidement d'abord, et ensuite avec précaution jusqu'au crochet. En ajoutant dans le jus un gramme de solution alcoolique d'acide phé- nique par !0 litres, après l'avoir chauiïé à 50 degrés, aucune fermentation ne se manifeste, et l'opération donne d'excellents résultats. Les analyses suivantes en fournissent la preuve : AVANT LA DÉFÉCATION. APRÈS LA DÉFÉCATION. Haiis llauti Kans Dans 100 ec 100 jiarties du 100 ce 100 parties du do jus. sufre coritenu. de jup. sucre cnnt^iiu. 1" Sucre cristallisable . . . 12,24 87,06 19,47 86,85 Sucre incristallisable . . 1 ,82 12,94 2,45 13,15 14,0(i 100,00 22,42 100,00 2" Sucre cristallisable . . . 10,76 80,91 11,35 81,77 Sucre incristallisable . . 2,54 19,09 2,53 18,23 13,30 100,00 13,88 100,00 588 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Les résultais de ces deux analyses sont les suivants : 1° Sur 87,00 de sucre cristallisable, perte 0,21 2° Sur 81,91 — gain 0,87 C'est-à-dire qiren tenant compte d^s limites de rigueur de l'analyse, il n'y a eu ni perte ni gain, l'our laire comprendre tuuîe la valeur de ce procédé, il me sufEra d'ajouter que la cuite s'obtient facilement et sans seconde fil- tralion, et que la cristallisation se produit aussi bien qu'avec le précédent. Je n'insisterai pas sur la tliéorie de ce dernier mode opératoire, le but de cette note étant essentiellement pratique, il me suffira de dire qu'à 50 de- grés, la chaux détermine une précipitation partielle de l'albumine, laquelle, entraînant la fécule qui ne se tumélie pas encore à celle température, déter- mine la clarification du jus. On pourrait, si on le jugeait nécessaire, se débarrasser ensuite du léger excès de chaux qui reste dans le jus, au moyen d'un courant d'acide carbonique à la manière ordinaire. Tels sont les deux procédés que mes dernières expériences m'ont fait con- naître. Je me propose de les soumettre, l'année prochaine, à une étude beaucoup plus approfondie, et peut-être parviendrai-jc à y introduire de nouveaux perfectionnemenls. Toutefois je n'ai pas cru devoir en dillérer plus longtemps la publication, aGn d'encourager les personnes qui seraient dans l'intention de tenter quel- ques essais industriels pendant la campagne qui va s'ouvrir. 11. JOULIE. [Bulletin des travaux de la Société d'agriculture de la Brome, 1866, p. oUO.) I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 1). NOTE ; . SUR UN ENVOI D'ANIMAUX FAIT AI' JARDIX D'A(XMMATAT10N Dl ROIS DI-: ROIJI.OGNE, Par M. Louis BERTUELIIV, Agent (les postes du service de rindo-Ghine. Piu-if, ]e 20 octobre ISfifi. Monsieur le Directeur, J'ai cherché à faire connaître, dans la note que j'ai eu l'hon- neur de vous adresser au mois de juin dernier (2), quelques- unes des espèces appartenant à la faune des îles de la mer des Indes (la Réunion, Maurice, les Seychelles, Madagascar et Zanzibar), de la côte orientale d'Afrique, l'Arabie et l'Egypte, et dont l'importation en Europe m'avait paru présenter quel- que intérêt. Ayant réussi à me procurer, pendant le nouveau voyage que je viens d'accomplir, un certain nombre d'animaux provenant de ces contrées, je vous les ai adressés par l'em- ployé que vous avez envoyé au-devant de moi à Marseille. .le fais suivre aujourd'hui cette expédition de la présente note, qui contient, en premier lieu, le détail de l'envoi fait au Jardin par provenance et par espèce d'animaux ; en second lieu, quelques renseignements recueillis en voyage sur les importations futures à tenter des pays situés sur mon par- cours, et destinés à compléter ceux qui ont fait l'objet de ma note susindiquée du mois de juin dernier. . . " "/ ' ' ' (1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. (2) Cette note a été insérée dans le Bulletin de la Société, do mois de septembre 1866. 2« SÉRIE, T. m. — Novembre 1866. 38 590 FîOCIKTÉ IMPÉr.ULE ZOOLOfrlQUE d'aCCLIMATATION. PIU.MIKIAE PARTIE. — Animaux envoyés nu Jardin. 1° La Réunion. En échange des Oiseaux envoyés par le jardin du bois de Roulogne au jardin d'acclimalalion de Saint-Denis, et par- venus heureusement à destination (1), le Directeur de ce jardin m'a fait remettre, à mon passage à la Réunion, au voyage de retour, les animaux dont le détail suit : 1" Caille nattée de l'Inde {Coturnir textilis, Tem.), un couple. Cette espèce est commune à Bourbon et à Maurice. 2" Tvrtiir picturatus, Tem., deux couples. o" Perroquet vasa {Coracopsisriigra., Bonap.), une pièce. L'individu de cette espèce donné par le jardin de Sninl- Denis, s'est perdu en route par accident. li" Margaroperdrix striata, Gmelin, un mâle et trois femelles. • Vîclgd, Caille de Madagascar ; le mâle et deux des femelles étant morts pendant le voyage, une seule femelle a été expé- diée de Marseille. C'est la seconde fois que cette importation réussit mal ; ce qui est d'autant plus à regretter, que cette espèce serait un magnifique gibier à introduire en France en même temps qu'un oiseau d'ornement pour les volières. 5° Poule d'eau [Gallimda chloropus, Linné), deux couples. Cette espèce est commune à Maurice et à Bourbon, et d'ail- leurs semblable à la Poule d'eau d'Europe. (1) Il a été expédié par le Jardin zoologiquc d'acclimatation de Paris, à la Société d'acclimatation de la Héunion, les animaux suivanls : Deux paires Phasianus pictus, Faisan doré ; Id. Euplocomus albocristatus^UoyipçU^rekncomi'le; Id. Pigeons romains biens ; Id. A'fx spnnsd, Canards carolins. ENVOI d'animaux fait AU JARDIN DU P.OIS DE BOULOGNE. 591 - 6° Poule suUane Malgache {Porphyrio madagasccniensis , Gmelin), un couple. (Le troisième individu de cette espèce, envoyé à la Société, provient de Maurice, où ces oiseaux sont introduits assez fréquemment comme objet d'alimentation.) T Cabouc (Sarkidiornis africana, Eyton), deux mâles, dont un adulte et un plus jeune. Ce beau palmipède, originaire de Madagascar, et non encore importé en Europe^ m'a-t-il été assuré, appartient à l'espèce que j'avais signalée dans ma note précédente sous le nom de Cabouc, Ces deux individus étaient les seuls possédés par le jardin de Saint-Denis ; mais il m'a été promis que les pre- mières femelles qu'il pourrait se procurer seraient réservées pour le jardin du bois de Boulogne. 8° Sarcelle à bec rose {pafila erytiworhyncha, Gmelin), trois individus. Il est vivement à regretter que de cette jolie espèce de Sar- celle, un seul individu ait pu supporter le voyage ; je tâcherai de réparer cette perte à mon prochain voyage. 9" Canard à IwnvXo,?! {Dendrocygna arcuata^ Guvier), un couple. Cette espèce de Sarcelle, ainsi que la précédente, est ori- ginaire de Madacascar. 10° Tortue à clapets^ un individu. Sur les deux Tortues reçues du jardin de Saint-Denis, une seule a pu être envoyée à Paris, l'autre m'ayant été dérobée en route. Il'' Lacerta ameïva de Buénos-Ayres, un individu. J'ai accepté ce Lézard, ainsi que la Tortue cà clapets, qui pré- sentent un intérêt plutôt de curiosité que d'utilité réelle, dans la pensée que ces animaux pourraient être oOerts par la Société à l'établissement du Muséum (1). (i) L'intention de M. Boilholina été remplie, la Torine à clapets et le Sauvegarde de Mérian (L.), ont été ollerls en son nom au Muséum d'his- toire naUuolle de l>aris. 50*^ «^ociKTi': iMPKniArE zooLOciorr T»'Arr,i,iM\TATiON, 2" Maurice. La plupart des animaux rapportés de Maurice, et dontrénu- méralion suit, m'ont été procurés par M. Olivier, médecin- vétérinaire du gouvernement, à Port-Louis, dans lequel j'ai trouvé un concours aussi actif que désintéressé, et à qui ses relations avec les capitaines de commerce naviguant entre Maurice et les nombreuses stations de la Chine, de l'Inde, de l'Australie et des îles de l'Océan indien, donnent de grandes facilités pour l'acquisition d'animaux appartenant à la faune de ces diverses contrées. Une lettre de M. Olivier témoigne de ses obligeantes dispositions vis-à-vis de la Société, et de sa volonté de prêter un concours effectif pour de nouvelles impor- tations. 1" Chevrotain ou Souris-Cerf femelle [Trag^ihifi me- minna Erx., de Ceylan). . - 2° Cerfs de Maurice {Cervus?), une paire de Faons d'en- viron six mois. Ces animaux, donnés par M. Christian Wiéhé, membre du conseil législatif de Maurice, propriétaire à Labourdonnais, proviennent de parents nés et élevés dans un parc ; ils seront peut-être, par suite, d'une taille moins développée que ceux nés de parents vivant en liberté. Ils pourront néanmoins servir à spécifier cette espèce que j'ai déjà signalée comme étant naturalisée à Maurice, et sur l'origine de laquelle je n'ai pu me procurer que des renseignements contradictoires. 3° Singe noir femelle de Sumatra (Cercopithèque nègre). J'ai pensé que le don de cet animal, qu'on m'a assuré être d'une espèce rare et n'existant même pas dans les collections du Muséum, serait agréable à cet établissement. L'individu envoyé au jardin est encore très-jeune et loin d'avoir atteint son maximum de croissance. M. Olivier, le donataire, m'a assuré que la mère morte dans la traversée avant d'arriver à Maurice était d'une taille double au moins de celle de sa rille(l). (l) Ce Singe a été ofTert au Muséum fl'hisloiiP natmelle an nom de MM. Ed. Olivier e| I„ Hciilicliii. EAVUl D AWliMALX FAIT AU .lAHDJIS UU BUIS DE liUULObNE. 693 A" Petites Tourterelles grises de Maurice [Cuhunba mdlaœensis), trois paires. Deux de ces oiseaux m'ont été donnés par M. Olivier, et les deux autres par M. Valette, propriétaire à Maurice. 5" Petites Tourterelles grises de l'île de Sandalwood {Columba malaccensis, détroit de Torres), une paire. Cette espèce se distingue de la précédente, ta laquelle elle ressemble pour la taille et pour le plumage, pour la couleur jaune-clair du tour des yeux qui est gris-bleu cbez l'autre espèce. 6" Tourterelles de ia\a. {Columba tù/mia), trois paires. Ces Tourterelles, de la taille de celles de France, sont remarquables par le collier moucheté de brun et de blanc, qui est placé sur la partie supérieure du col, et qui tranche sur la couleur uniforme du reste du corps. Cette espèce sem- ble d'ailleurs acclimatée à Maurice, car sur les trois paires envoyées à la Société, deux ont été achetées au marché de Port-Louis. 7" Petites Cailles de Chine, dites à fraises, une paire.. Ces oiseaux, don de M. Valette que j'ai déjà cité, sont assez communs à Bourbon et à Maurice. 3° Seychelles. ' Pigeon bleu de Madagascar {Ftoïmgus puichcrrimus), deux mâles et une femelle. , . . Ces oiseaux sont un don de M. Blavinhac, qui avait déjà olfert ceux de même espèce dont l'importation n'avait pas réussi lors de mon voyage précédent. ; . . h' Aden. l" Franculins ou grosses Cailles de la côte orientale d'Afrique (/v"E CALIFORNIE. Rôsultut lie la ponte. Nombre des individus. Individus mâles Individus femelles . . . Totaux égaux Nombre des œufs pondus .... Œufs bardes Œufs cassés Œufs pondus trop tardivement pour être mis à Tincubation . Œufs destinés à l'incubation. . . Totaux égaux Œufs provenant de ma collection. OEufs de provenance étrangère. . Totaux des œufs à mettre à l'incubation Résultat de» c«uvee.*i. Quantité d'œufsmis à Tincubation. Œufs cassés par les couveuses. . Œufs reconnus clairs par le mirage Germes étouffés par les couveuses. Quantité d'œufs éclos Totaux égaux Ké^ultat fiCH éelosions. Quantité d'œufs éclos Colins perdus après l'éclosion . . Colins arrivés à Tétai d'adultes. Totaux égaux. 16611 BSO» aso4 1 110 1 1 1 111 » » » m 38 » 38 13 ^8 12 38 111 10 28 IMG3 12 » » 6 » 6 12 12 355 )) » 7 » 23 ï» 6 I) 319 o55 355 319 u 288 » ISOO 24 » 607 G07 u » » 38 f)07 208 » » 2li 335 12 12 335 307 408 n 78 279 42 208 208 G07 u 8G 122 715 715 » » » 715 225 » 24 16 9 307 335 208 225 » 99 317 74 225 715" 178 47 252 On remarquera que la ponte de 18GG a été bien mauvaise, puisqun 12 l'emellt''; ont pro- duit 335 ii'ul's, alors qu'en 18(15 0 femelles en avaient donné 355. ETUDE SUR ■ ' ! LES CAUSES DE LÀ MORTALITÉ DES POISSONS D'EAU DOUCE, . Par M. CARBOWIER. (Séance du Conseil du 26 octobre 1866.) L'idée première de cette étude me fut inspirée par la visite que voulut bien me faire, dans le courant de juillet dernier, M. Robinet, membre de l'Académie de médecine, et pendant laquelle il me demanda si, dans mes études pratiques de pis- ciculture, j'avais eu lieu d'étudier les circonstances au milieu desquelles se produisent les divers cas de mortalité de nos poissons d'eau douce, en général, et, en particulier, de ceux qui peuplent la Seine, en aval de Paris. En ce qui concerne la Seine et le bassin d'aval, je lui ré- pondis que là les causes de mortalité me semblaient toutes naturelles. Depuis quelques années, en effet, on a établi, en aval de Paris, dans un but protecteur, des réserves; c'est-à- dire que certaines parties du lit du fleuve sont en tout temps interdites aux pêcheurs, et nul filet ne vient jamais les explorer. Le poisson y est, par suite, très-abondant ; l'Ablette, le Gardon, la Brème, le Barbillon s'y cantonnent de préfé- rence et y pullulent. Or, pour ces espèces, comme pour la plupart des poissons blancs, la durée de la vie normale est de deux à quatre ans, au plus. La population de ces réserves doit donc se renouveler annuellement par quart; et comme, au moment de l'acte de la reproduction, le poisson se trouve naturellement dans un état d'alfaiblissement morbide, il n'y a rien de surprenant à ce que pendant le frai, lequel coïn- cide avec les premières grandes chaleurs, on rencontre en abondance, au-dessous des réserves, les cadavres de nom- 004 SOCIÉTÉ niPÉniAi.E zooLor.inuR d'acclimatation. l)reiix poissons, dont la niorl est une simple conséquence des lois naturelles. Mais il est d'autres causes de mortalité que m'ont permis de reconnaître les études auxquelles je me livre, depuis tan- tôt dix ans, sur les poissons d'eau douce; et j'ai réuni sur ce sujet quelques observations qui ne seront peut-être pas sans utilité, tant au point de vue pratique, pour protéger et mul- tiplier la population comestible de nos cours d'eau, qu'au point de vue spéculatif, pour éclairer en quelques points l'bis- toire naturelle des poissons. Nos cours d'eau, en France, ne sont guère liabilés que par une trentaine d'espèces différentes, au plus, en laissant de côté les poissons migrateurs, qui ne font dans nos rivières qu'une apparition momentanée. Mais, si le nombre des espèces de poissons est restreint, les mœurs sont très-diverses, et les besoins très-variables. Ainsi, seulement en ce qui touche le milieu ambiant, les Carpes, les Tanches veulent des leaux à température élevée, de + 20 à H- 25 degrés centigrades; il ne faut pas qu elles dépassent + 12 à + 15 degrés, au contraire, pour les Truites, les Lottes, les Ombres. Tandis que le. Goujon, le Barbillon, recherchent le fond des eaux, l'Ablette, le Brochet, le Chevenne, aiment à se jouer à la surface. Aux uns, il faut des eaux vives et courantes, à d'autres des eaux calmes et stagnantes. Or, toute cause qui vient, à un moment donné, altérer ou modifier, ne fût-ce que d'une façon passagère, la nature du milieu, devient aussitôt cause de mortalité. En premier lieu, nous citerons les chaleurs persistantes, qui élèvent souvent à un haut degré la température des rivières, tout en abaissant le niveau de l'eau. Viennent ensuite les diminutions un peu considérables de la piession atmosphérique qui, par la dilatation anormale de leurs organes, ou obligent les espèces de fond à monter à la surface, en vertu de leur plus grande légèreté spécifique, ou forcent les espèces qui vivent à la surface à gagner de plus grandes profondeurs, pour ajouter à la pression atmosphé- rique insuffisante celle de la colonne d'eau supérieure. CAUSES DE LA MORTALITÉ DES POISSONS D'eAU DOUCE. 605 Les orages, qui parfois Ibutlroicnt tout ou partie d'un cours d'eau (l), sont une troisième cause de mortalité. • ^^ Enfin les grandes eaux, qui surviennent après une longue sécheresse, puisent dans le sol inondé des principes perni- cieux qui, déversés en abondance dans les cours d'eau, y occasionnent un empoisonnement général de la population aquatique. Si l'on ajoute à ces causes si nombreuses de des- truction celles qu'entraînent à leur suite certaines industries qui modifient les courants, ou altèrent la nature des eaux, on ne peut plus s'étonner que d'une chose, c'est qu'il reste encore du poisson dans nos rivières. Disons maintenant quelques mots des ressources qui res- . lent au poisson pour lutter contre ces influences funestes; ressources limitées, il est vrai, souvent infructueuses, mais dont la connaissance est utile, en ce qu'elle aide à trouver les seuls moyens dont l'homme puisse disposer pour amoindrir, sinon pour éviter les causes de mortahté. Et, pour préciser, prenons pour exemple l'Ablette, un des poissons les plus répandus dans la Seine, et celui dont, par suite, le cadavre se rencontre le plus fréquemment sur les berges. L'Ablette ne vit bien que dans une eau pure, dont la tem-. pérature ne dépasse pas + 16" centigrades; elle habite alors la couche supérieure, et ne descend pas à plus de 0'",5() au-dessous de la surface. Si la température s'élève à + 20', l'Ablette meurt; je l'ai constaté expérimentalement plus de vingt fois. • Pour lutter contre la dilatation de ses organes occa- sionnée par la chaleur, l'Ablette s'enfonce de plus en plus; j'ai tenu des Ablettes dans une eau courante marquant + 'U% elles sont mortes en une heure, chaque fois qu'elles (1) M. le marquis do «cive méciit que, le 16 juillet, pendant un violent orage, qui éclatait le même jour sur l'aris, la foudre a frappé ses canaux d'élevage, et a causé la mort de toutes les Perches et de tous les poissons blancs qui les habitaient, sur un kilomètre d'étendue. Les Écrevisses qui peuplent ces canaux, plus spécialement consacrés à leur culture, sont sorties de l'eau, et n'y sont rentrées que plus tard, apparemment après la disparition totale des traces du lluide électiique. 2' SÉRIE, i. 111. — .Novembre 18(JG. 3y 606 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. n'on* pas pu se surcharger d'une colonne d'eau d'au moins 0"',60. ' •■ • Le Cardon, la Brème meurent dans une eau à -f 22", s'ils ne peuvent se maintenir dans un fond donnant au moins 0'",25 d'eau supérieure. Vers la fin de juin de cette année, l'eau de la Seine mar- quant + 23°, j'ai inutilement tenté d'y faire vivre deux Bar- billons de 25 centimètres de long, (juc, à l'aide d'une cage de lil de fer, je maintenais dans le courant à une profondeur de 0"',50; ils y sont morts en moins de trois heures. Dans un aquarium où l'eau était chaulTée à -{■ 35% j'ai réussi à faire vivre des Cyprins dorés de la Chine, mais en agitant sans cesse i'eau, et en les maintenant, par une cloi- son mobile, au-dessous de 0'",30 de profondeur d'eau; sans quoi ils montaient à la surface, tournaient le ventre en l'air, et mouraient en peu de temps. ' ' J'ai répété ces expériences sur tous nos poissons, sans en excepter même la Truite, laquelle ne pouvant supporter, dans les conditions ordinaires, une eau dépassant + 16", résiste cependant à + de 20° de chaleur, si elle peut s'enfoncer à une profondeur de l'%50. J'ai fait toutes ces expériences avec le plus grand soin, n'employant que des poissons adultes, et des eaux ayant sensiblement la même température à toutes les profon- deurs. Je les continue avec persévérance, dans le but d'en former un tableau indiquant, pour chaque température , les profondeurs auxquelles se tiennent telles ou telles espèces, tableau qui ne pourra qu'être utile aux amateurs de la pêche. Il est maintenant facile de comprendre comment les grandes chaleurs peuvent devenir une cause de mortalité, en particu- lier pour les poissons qui peuplent la haute Seine. Chaque fois que la température de l'eau atteint et dépasse -h 20% le poisson fuit dans les grandes profondeurs, et descend à des niveaux variables suivant les espèces et la température; mais là où il ne rencontre pas un fond suffisant, il y a mor- talité immédiate et inévitable, mortalité qui frappera de pré- /. CAUSES DE LÀ MORTALITÉ DES PUlSSUNS d'eAU DOUCE. 007 férence les espèces pour lesijuelles la prorondour prolecliicc ne se sera pas rencontrée. . ' : Cette nécessité des grands fonds et de refuges où les eaux se maintiennent pures et froides, se reproduit encore en ce qui concerne la seconde des grandes causes de mortalité énoncées plus haut, savoir, l'inlluence pernicieuse des pluies torrentielles et des débordements qu'elles occasionnent. En ell'el, les eaux de pluie, après avoir lavé et détrempé la terre, arrivent dans les cours d'eau troubles et chargées de prin- cipes délétères; elles chassent le poisson de ses gîtes les plus reculés; il fuit à la surface, asphyxié, étourdi, se laisse rouler par le courant, et s'il ne rencontre pas bientôt, soit une source d'eau pure et froide, soit un gouffre assez profond pour le mettre à l'abri des eaux superficielles, sa mort est certaine et rapide. C'est là l'effet qui se produit régulière- ment, lorsque, après le curage partiel d'un canal, on lâche de nouveau les eaux, la presque totalité du poisson est as|)liyxiée. -, Un fait qui s'est produit chez moi, à Champigny, dans un bassin oii je conserve un certain nombre de Cyprins de Chine, vient encore corroborer cette théorie. Après plusieurs beffcs journées consécutives, survint une pluie torrentielle, et en quel- ques heures je vis mourir le plus grand nombre de mes Cyprins, dont, tout récemment, j'avais pourtant constaté le bon état. Fort étonné d\in fait si anormal, j'en cherchai la cause, et Unis par me souvenir que la berge gazonnée qui entoure le bassin avait été fauchée deux jours auparavant, et que les foins coupés avaient été laissés sur place. Dès lors, plus de doute, les eaux pluviales qui avaient détrempé ce foin et avaient coulé dans le bassin, saturées de sucs végétanx, pro- bablement pernicieux, étaient la seule cause de mortahté sur- venue. Pour ne laisser aucun doute sur cette question, je fis alors l'expérience suivante. Dans dix litres d'eau pure et froide je fis infuser environ 100 grammes de foin sec, mais récemment coupé; je laissai le tout pendant une heure au soleil, puis je plongeai le vase dans une source, pour ramener l'eau h sa tenqiéiature primitive, -f- H"; une Ablette que je 608 SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. mis alors dans cette eau n'y vécut que quelques minutes ; deux Gardons tournèrent immédiatement le ventre en l'air au mo- ment de l'immersion; deux Carpes n'y vécurent pas un (juarl d'heure. La même expérience, renouvelée depuis avec d'au- tres espèces fluviales, m'a toujours donné le même résultat. Dés lors s'explique la mortalité qui survient presque tou- jours dans nos rivières au moment de la fenaison, et que l'on doit attribuer aux eaux de pluie qui détrempent les l'oins, puis arrivent dans nos cours d'eau à l'état de décoction délé- tère, mortelle pour la population aquatique. Je crois ferme- ment qu'il ne faut pas chercher ailleurs la cause des morla- lités que nous avons eu h constater annuellement dans le mois de juin, et que la fenaison a sur le poisson la même désastreuse influence que le rouissage du chanvre, dont per- sonne n'ignore les pernicieux ellets. , . Des observations répétées avec soin pendant quelques années, suffiraient pour décider cette question et pour indi- quer le remède à employer. Je m'arrête ici, sans entrer dans plus de détails sur les autres causes de mortalité énoncées plus haut; dont l'une, la foudre, échappe à nos moyens d'action, et dont l'autre, les industries riveraines, est trop variable, et du reste suffi- samment étudiée dans les travaux de mes devanciers. Je m'e.^limerai heureux si j'ai pu attirer l'attention sur quel- ques-unes des causes encore peu connues qui concourent, avec tant d'autres, au dépeuplement de nos rivières et de nos canaux. .t... ... .■- ■. ■ • DE LA CULTURE DE VEUCALYPTUS EN CORSE, Par M. CARLOTTI. (Séance du 31 août 1866. La Corse, on \e sait, est un des départements les plus éten- dus de l'empire, et ofîre une grande variété de climats et par conséquent de productions, La partie maritime de l'ile réunit, ce nous semble, toutes les conditions nécessaires pour élever et multiplier les plantes et les animaux des pays chauds. Parmi les productions végétales exotiques, dont l'introduc- tion dans le pays pourrait contribuer pour beaucoup à en augmenter la richesse territoriale, nous devons signaler un arbre, V Eucalyptus. ... M. Hardy, directeur du Jardin d'acclimatation du Hamma, le décrit en ces termes : • ■■ « Les Eucalyptus sont de grands arbres originaires de » l'Australie. Leurs feuilles, à l'âge adulte, pendent vertica- » lement aux rameaux à l'aide de longs pétioles, ou pren- » nent la position oblique. Par cette disposition, elles ont une » position uniforme sous les deux faces et qui diffère de la » majorité des espèces végétales. D Ces feuilles, généralement de nature coriacée, paraissent » organisées pour résister aux accidents atmosphériques, tels » que la tempête, le siroco, la grêle. Elles renferment de » nombreuses glandes remplies d'huile essentielle qui répand j> une odeur forte, pénétrante, sans être désagréable. On » attribue à ces émanations aromatiques des propriétés bien- » faisantes, favorisant la respiration, et surtout celle toute » particulière de neutraliser les miasmes paludéens. On attri- » bue en Australie, aux Eucalyptus, l'absence des fièvres » partout où ces arbres se montrent en peuplements impor- » tants. 010 SOniÉTK IMPÉRIALE ZOnLOniQUE ^'ACCLIMATATION. i> Le bois des Eucalyptus! est propre à Ions les [•enre:^ de » constructions civiles et navales. Les navires baleiniers con- D struits à Hobart-Town sont renommés par leur solidité, » et ils la doivent au bois (ï Eucalyptus. L'Inde, qui passe pour » avoir de bons bois, et qui possède le Teck, tire des bois » di' Eucalyptus d'Australie, et particulièrement de la Tas- )> manie, pour la construction des navires et pour traverses » de chemins de fer. Les travaux maritimes, quais, digues, » jetées sur la côte australienne, sont faits de bois d'Euca- » lyptus. A la dernière exposition internationale de Londres, )) au département de l'Australie et de la Tasmanie, il y avait » des tranches de nombreuses espèces î^l Eucalyptus, surpre- » nantes par leurs dimensions et révélant sous le vernis des » nuances de nature à être recherchées par l'ébénisterie. » Il serait difficile, ce nous semble, qu'un arbre indigène ou exotique réunît des conditions aussi avantageuses que celles que promet \ Eucalyptus; savoir : rapidité de croissance, bonne qualité du bois et, ce qui est plus précieux pour nous, action assainissante. Mais nous n'aurions pas cependant osé en conseiller la cul- ture sur une vaste échelle en Corse, avant de nous être assuré que notre climat et notre sol sont adaptés à son orga- nisation tout à fait spéciale. .-,..,. Cette expérience a été faite dans la colonie de Saint- Antoine. Le terrain ne pèche pas par excès de fertilité, a une exposition méridionale et se trouve situé à 130 mètres au- dessus du niveau de la mer. Dix pieds ^Eucalypfus,\\xk'i> du jardin dullamma, ont été placés à demeure dans l'endroit dont nous parlons, dans la première quinzaine de mars 1865. Leur longueur était d'un demi-mètre environ et ils ne dépassaient pas en grosseur le tuyau d'une plume de poulet. Il est inutile, nous le pensons, de décrire les phases succes- sives subies pendant les premiers mois de leur existence. Il suffit de savoir que, comme l'affirme M. Hardy, ils ont aug- menté en longueur d'un demi-mètre environ ]iar mois. A l'heure qu'il est, nos Eucalyptus n'ont que quinze mois DE LA CULTURE DE l'eUCALYPTUS EN CORSE. 011 cl'exislcnco après la iransplantalion, et ceux dont le vent n'a pas endommagé les cimes, ont plus de 6 mètres de lon- gueur. Ils sont pourvus de branches latérales du pied jus- qu'au sommet. Ils ont passé l'hiver sans perdre une seule de leurs feuilles, dont l'odeur se fait sentir à plus de hO rnètres de dislance. Un des pieds a été déraciné par le vent en février 1866. Nous avons conservé le tronc. Le bois, dont la dessiccation est maintenant complète, est aussi dur que celui du chêne et aussi compacte que celui du noyer. Nous en offrons des échan- tillons. Le pied déraciné avait acquis, dans l'espace de onze mois, la grosseur de 18 centimètres à 50 centimètres au-dessus du sol. L'expérience nous semble décisive à deux points de vue, savoir : Il est parfaitement établi que V Eucalyptus peut prospérer dans toute la partie maritime de la Corse et fournir un bois apte à toute espèce de construction. ' » ,; ^ Une seule question reste à résoudre. -, • Est-il vrai qu'il assainisse l'atmosphère? ,: • • Pour constater l'influence que YEucali/ptus peut exercer sur la composition de l'air, il faudrait que des plantations assez considérables de cet arbre fussent faites dans des endroits marécageux. Au bout de quatre ou cinq ans au plus, on serait à même de constater si les fièvres cessent de régner dans ces localités. Si notre voix pouvait être entendue de quelque autorité auprès du gouvernement, des Sociétés d'agriculture et des propriétaires, nous ne cesserions de les engager de toutes nos forces à répandre autant que possible ^Eucalyptus dans nos plaines. Après avoir étudié attentivement son organisation, la nature de son feuillage, sa force de végétation, nous avons acquis la conviction que réellement les émanations qu'il exhale doivent neutraliser les miasmes paludéens. On tra- vaille en ce moment à assainir notre littoral où les fièvres de 612 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'aCCUMATATION. marais éloignenl les cultivateurs pendant l'élé. Des dessè- chements complets ont été opérés sur plusieurs points. Il est cependant bien prouvé que dans les endroits dessé- chés, comme dans ceux qui le seront par la suite, l'assai- nissement n'est et ne sera complet que lorsqu'une partie au moins des anciens marais sera boisée. - . En effet, le sol des plaines conserve toujours, malgré le dessèchement, un certain degré d'humidité. Il s'agit des ter- rains d'alluvion, qui renferment dans leur sein des débris végétaux et animaux, dont la putréfaction a lieu dans les con- ditions où ils se trouvent. Si les gaz qui s'élèvent du sol ne sont pas neutralisés par ceux qui s'échappent des feuilles des arbres, l'air doit être nécessairement plus ou moins vicié. On ne peut au surplus dessécher sans pratiquer des fossés d'écoulement, et les eaux dans ces fossés doivent produire elles-mêmes un certain degré d'infection. Nous ne pouvons nous défendre d'un sentiment de tristesse toutes les fois que nous traversons nos plaines. On parcourt dans plusieurs endrois trois et quatre lieues sans rencontrer un arbre, • Il est, tout le démontre, très-urgent d'aviser aux moyens de boiser nos plaines. Afin que l'on ne se méprenne pas sur nos intentions, nous nous hâtons de déclarer que nous ne propo- sons pas de convertir nos meilleurs terrains en forêts à'Euca- li/ptus ou d'autres arbres. Non : les plaines doivent conti- nuer à produire des céréales, des fourrages et des plantes sarclées. Mais combien d'espaces restant improductifs qui décu- pleraient de valeur par les plantations que nous conseil- lons? Les bords des chemins d'exploitation, des fossés, des ruisseaux et des enclos ne pourraient-ils pas être couverts d'Eiicaly/ttifs ? ' '. S'il était vrai, comme tout porte à le croire, que cet arbre assainit l'atmosphère, la prospérité de la Corse serait assurée à peu de frais. On sait que c'est dans les plaines, et dans les plaines seule- ment, que de grandes exploilations agricoles sont possibles. DE LA CULTURE DE L'EUCALYPTUS EN CORSE. 01 lî Mais comment les entreprendre, puisque aussitôt la saison des chaleurs arrivée, il faut tout abandonner si l'on ne veut pas s'exposer à une mort certaine, ou du moins à des infir- mités graves. Que l'on assainisse complètement, et l'on verra les populations de la zone semi-montagneuse courir toutes avec empressement s'établir dans les plaines. • - , . ' Le goût du bien-être a pénétré à peu prés dans toutes les classes de la populalion. On ne dédaigne plus le travail, lors- qu'on voit en perspective une rémunération suffisante. En se rendant bien compte des progrès accomplis en Corse pendant les vingt dernières années, on se ferait une idée exacte du développement que prendrait son agriculture si les plaines étaient habitables en toute saison. Les populations dont nous parlons se trouvent aujourd'hui obligées de tirer leur subsistance de terrains rocheux et natu- rellement peu fertiles. Ils les rendent productifs par un tra- vail des plus opiniâtres. La surface en vignobles augmente chaque jour. Les plantations de mûriers, d'oliviers et de châ- taigniers prennent des proportions considérables. Le progrès, en un mot, dépasse en tout les espérances de ceux qui avaient le plus de foi dans l'avenir de la Corse. Cependant ce progrès même, il faut l'avouer, nous effraye beaucoup. - ■ • . . ■'- Dans leur impatience d'étendre le domaine cultural, un très-nombre de propriétaires peu éclairés sur leurs véritables intérêts défrichent sur des pentes plus ou moins abruptes qui étaient à l'état de makis. Ils s'obstinent à faire produire des céréales à ces terrains en pente, et en peu de temps les ravi- nements successifs ne laissent plus que la roche dénudée. Ainsi la superficie boisée, comme nous l'avons fait remarquer dans d'autres circonstances, diminue de jour en jour, et un moment viendra, si l'on n'y prend pas bien garde, qu'elle ne suffira plus pour satisfaire nos besoins. Déjà, dans l'espace de deux siècles, la plus grande partie de nos forêts a été détruite par les incendies et par une série d'actes de vandalisme, qu'il est inutile d'énumérer. Une per- turbation assez marquée dans les conditions climatériques de 61 /i c;or;iÉTÉ iMPÉruALE zoologiqur d'acclbiatatîon. rilc on a été le résiillal. Le bélail a aussi diminué, et la Corse n'a pas encore atteint, malgré le progrès récent, le degré de richesse dont elle a été autrefois en possession. Nous pensons donc que, malgré l'extension du domaine cultural, malgré l'augmentation des produits en vin, huile et autres denrées, il arrivera une époque où le progrès cessera si, à mesure que la superficie en forêts et en makis diminue d'un côté, on ne songe pas à multiplier les arbres propres à fournir du bois et à maintenir ou rétablir l'équilibre dans les conditions météorologiques de l'atmosphère. Des mesures seraient sans doute nécessaires pour com- mencer et continuer le reboisement de certaines parties de la zone montagneuse et même de la zone intermédiaire de la Corse; mais ce qui presse le plus en ce moment, c'est le boisement, dans certaines limites, de la zone maritime, en employant pour cette opération V Eucalyptus. 11 ne faut pas penser que parce que cet arbre met plusieurs siècles pour parvenir à son développement le plus complet, il soit nécessaire d'attendre longtemps pour en tirer du bois de construction. Dans dix ans le tronc d'un Eucalyptus placé dans de bonnes conditions, aurait de 2 à. 3 mètres de cir- conférence et serait apte, par conséquent, à être converti en planches. . Que d'éléments de richesse ne créerait-on pas pour les générations futures, si l'on couvrait un centimètre au moins de nos plaines de l'arbre en question! M. Hardy affirme que l'on a coupé dans la Tasmanie un Eucalyptus qui mesurait 28 mètres de circonférence et plus de 100 mètres de hauteur. M. Barrai, qui a étudié les bois de construction étalés à FExposition de Londres en 1861, assigne aux Eucalyptus des proportions aussi colossales. M. Hardy, qui a cultivé sur une large échelle cet arbre au jardin du Hamma, n'hésite pas à déclarer que YEuca- lyptus est indiqué comme un des plus utiles à répandre en Algérie. 11 faudrait, dit-il, pouvoir en entourer les habitations et les DE L.V CULTURE DE t/eUCALYPTUS EN CORSE. 015 villnçics, afin d'en fnire des abris contre les vents et des rem- parts contre les fièvres. Le climat do la zone inarilime de la Corse difîère peu, on le sait, de celui de l'Algérie. Ainsi on aurait pu, jugeant par analogie, transférer sur le littoral de la Corse un végétal (jui prospère bien sur l'autre rivage de la Méditerranée. Mais pour rassurer les plus craintifs, il fallait un résultat facile à constater : nous l'avons obtenu. ' - Tout le littoral de l'est, d'Ajaccio à Basiia, une partie de celui de l'ouest, et plusieurs points du Cap-Corse peuvent être, par intervalles, peuplés à'Eucahjptus. Il nous semble que le gouvernement, les Sociétés d'agriculture et des associations de propriétaires, devraient combiner les moyens d'arriver au résultat, étendre les plantations de V Eucalyptus autant que possible. Si Y Eucali/ptus peut se passer de soins la seconde année après le placement à demeure, il en exige au contraire beau- coup dans son jeune âge. Il ne se multiplie que par sa graine, qui est petite et fine. Elle donne naissance à un plant délicat, ce qui s'oppose à ce que Ton puisse faire des semis sur place et en grand. La question de l'assainissement de nos plaines est si impor- tante, si difficile à résoudre, que l'on ne devrait, ce nous semble, négliger aucun des éléments qui peuvent contribuer au résultat. .. > . • . . , . . Après le dessèchement, les plantations (VEumlj/phis parais- sent être on ne peut plus avantageuses. Nous espérons donc que l'on ne refusera pas au moins de faire des essais, qui mettent à même de juger si nos espé- rances peuvent être réalisées. II. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU CONSEIL DU 26 OCTOBRE 1866. Présidence de M. A. Dumébil, vice-président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis : . . '■'- ■ MM. La Broue(1c comte de), directeur de ia Vie à la cam- pagne^ à Paris. PASQUiER(Edm.),filaleur, maire d'Autrecourt(Ardennes). — M. le Président annonce la perte regrettable de nos confrères, MM.Thouvenel, grand référendaire du Sénats et le docteur Uostan, professeur à la Faculté de médecine de Paris. — M. Gaslinel, directeur du jardin d'acclimatation du Caire , adresse ses remercîments au sujet de la récompense qu'il a obtenue, et annonce le prochain envoi d'un mémoire sur l'ensemble de ses travaux. — M. Ch. de Ribbe, secrétaire général du congrès scien- tifique de France, adresse le programme de la 33'' session qui doit s'ouvrir à Aix, en décembre prochain, et exprime le vœu que la Société impériale d'acclimatation témoigne de sa sympathie pour l'œuvre du congrès, en invitant quelques-uns de ses membres à envoyer leur adhésion, et à visiter la Pro- vence à l'époque indiquée. — M. le docteur E. Roi, au nom de la Société d'agriculture d'Alger, adresse ses remercîments au sujet de la souscription votée en faveur des colons algériens. — Le Conseil décide qu'une souscription sera également versée en faveur des inondés. — La Société d'acclimatation de Nancy envoie une circu- laire qui expose le but de la Société, et sollicite de nouvelles adhésions. M. Corbière de Juges annonce qu'il a obtenu du mâle Yak, à lui confié par notre Société, un métis mâle, actuelle- ment âgé de quinze mois, et une femelle née le 18 septembre rROCÈS-VERBAUX. 617 dernier. Cette femelle est plus pure de race que le mâle, et sera conservée pour la faire reproduire quand elle sera d'âge. M. de Juges demande également en cheptel un lot de Lamas. — Notre confrère, M. Lequin, directeur de la ferme-école de Lahaycvaux (Vosges), adresse les renseignements suivants : « J'ai l'honneur de vous annoncer la perte du Yak femelle » qui restait du cheptel que j'avais reeu de la Société en jan- » vier 1863, et déjà vieille à celte époque. Elle a succombé » après une courte maladie de langueur, ainsi que le constate » le certificat du vétérinaire de l'arrondissement attaché à la » ferme-école, et que j'ai l'honneur de vous transmettre égale- » ment. Je regrette beaucoup celte bête qui était fort douce. » Celte femelle a fait ici quatre porlées, dont la première » avait mal réussi, ayant produit un beau sujet sans anus. » La seconde portée a donné deux mâles existants et bien » portants. La troisième a produit, comme la première, un » sujet sans ouverture postérieure. Enfin, la quatrième por- » lée a fourni un sujet femelle bien constitué, et qui rempla- » cera la mère, il faut l'espérer. > Je m'attendais un peu à avoir une cinquième portée mal i> réussie, puisque, jusque-là, elle n'a réussi qu'une sur deux. » Les cinq Yaks restants sont en bonne santé, ainsi que » tout le troupeau des Chèvres d'Angora. » — MM. Bernard et Guérin, de Ilong-kong, font parvenir la lettre suivante : « Nous prenons la liberté de vous adresser, » par le steamer des Messageries impériales r Alphéc , une » cage renfermant deux jeunes Ours( le mâle et la femelle). D Nous ne pensons pas que ces animaux aient jamais été )) vus en Europe. Ils proviennent des montagnes de la Co- » chinchine, de Camlo, pénitencier anamite, situé à deux » journées de marche d'Hué. Les indigènes les appellent j Ours-Codion {Gaou-Héoi(). Dans les mêmes montagnes se i rencontre aussi une espèce plus grande, désignée par le » nom dH Ours-Cheval. Ces deux variétés doivent, au reste, » être fort rares, car les missionnaires nous ont assuré n'avoir T> jamais vu l'une ou l'autre, et les habitants de la capitale » regardaient les nôtres avec beaucoup de curiosité. Ceux-ci , 018 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE U ACCLIMATATION. » à leur arrivée en France, seront âgés de huit à neuf mois, )) et auront déjà dépassé la moitié de leur croissance. » Connaissant tout l'intérêt que vous portez à la Société )) d'acclimatation , nous vous demandons humblement, Mon- ■)) sieur le Ministre , la permission d'appeler votre attention » sur l'île de Formose, que l'un de nous , en qualité de vice- » consul de France, a pu parcourir presque en entier. » Dans le grand pâté montagneux qui sert de refuge aux )) Iribus aborigènes se rencontrent de splendides Faisans .)) bleus, des Cerfs, Daims, Ours et Léopards d'une espèce par- -)) ticulière ; une variété de Cochons sauvages et Sangliers -, des » Crabes et Chevrettes d'eau douce, etc. Dans ces mêmes régions » croissent le Camphrier, VAralia papyrlfera [la plante » du papier de riz), le Kamachi, qui consiste en une longue » tige flexible et épineuse, d'où se détachent des rameaux » grimpants et donnant naissance par la racine à de gros » tubercules fibreux : ceux-ci contiennent une matière linc- » toriale rouge, etc., etc., etc. La difliculté de communiquer » avec Hong-kong a jadis seule mis obstacle à des envois que )) nous serions heureux de commencer, si Votre Excellence )) daignait nous en octroyer l'autorisation. » Enfin, Formose renferme le mont Morisson, élevé de » 12 000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Parvenus à sa )) base, au milieu de tribus diverses et qui se servent de dia- » lectes distincts, la saison avancée ne nous a pas permis » d'en tenter Fascension. Ce que nous avons faiUi entrepren- » dre par curiosité, nous serions disposés à l'essayer de nou- » veau, si nous y étions encouragés par votre bienveillance. » Des remercîments seront transmis à AiM. Bernard et Guérin. — Notre zélé confrère, M. le baron de Dumast (de Nancy), adresse quelques détails sur l'usage alimentaire de la viande de cheval à Nancy, et constate que l'introduction de cette viande a obtenu un succès complet. Nancy est la première ville où il ait été vendu publiquement de la viande de cheval, et ce n'est que postérieurement que des boucheries (aujour- d'hui au nombre de dix) ont été ouvertes à Paris. M. Turrel, délégué de la Société à Toulon, fait parvenir un . 4 PUOCÈS-VERDAUX. . ' 619 • numéro du journal le Var, relatant des faits de même nature. — M. le docteur Berg, directeur du Jardin d'acclimatation de la Réunion, délégué de notre Société, annonce l'envoi d'une collection d'oiseaux de Madagascar {Sarcelles, Saki- diornis, Cabouk), de Poules d'eau de l'île de la Réunion, de Poules Sultanes {Porphi/rio) , de grandes Cailles de Mada- gascar {Coturnix striata), et de deux Tortues de la même île. Ces animaux, apportés en France par M. Bertlielin, sont arrivés presciue tous dans de bonnes conditions. M. Berg termine en renouvelant à la Société ses offres de service. — Des remercîmenls lui seront transmis, ainsi qu'à M.Berthelin. — M. Bussière de Nercy (de Chantelle-le-Cliàteau) envoie une note sur une épidémie qui a frappé celte année sa col- lection de Colins de Californie. (Voy. Bulletin, p. ô99.) - < — M. Sicard, secrétaire du Comité d'aquiculture pratique de Marseille, rappelle à la Société que ce Comité qui est affilié à notre Société n'a rien de commun avec une Société indus- trielle fondée à Marseille sous le litre de Société d'aquiculture des Bouches-du-Rhône. — M. Hesse, délégué à Marseille, transmet un Mémoire de M. Lamiral sur la culture des Moules dans Pétang de Berre. — M. Eynard (de Cambrai) envoie un rapport sur l'éduca- tion du Ver à soie Yama-maï. — M. L. Prévost, de San-José (Californie), adresse un Mé- moire sur l'état de l'industrie séricicole dans cette partie de l'Amérique. (Voy. Bulletin, p. 5Zi2.) — M. Mélinet, consul général de France à Caracas (Vene- zuela), transmet une lettre de M. Le Beau, médecin à Cara- cas , et une boîte contenant un papillon, un cocon et des graines de l'arbuste sur lequel vit l'insecte. Si cet envoi semble présenter un intérêt réel, M. Le Beau offre d'expédier une quantité suffisante de cocons. M. Le Beau donne sur ce Ver les renseignements suivants : « Je crois que le Ver à soie de ce pays est une variété du » Ver à soie du ricin commun; mais il en diffère parce ((u'il » ne se reproduit qu'une fois par an, et que sa nourriture » est un petit ricin très-différent du Ricin Palnm-Chriati. ^^» 620 SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. » Ln nymphe, avant de se transformer, reste au moins quatre n mois dans son cocon, et, probablement, huit ou neuf mois )) sont nécessaires à sa transformation en papillon. Celui-ci > pond environ ZiOO œufs , et l'éclosion se fait dans les huit » jours qui suivent la ponte. Ces Vers , qui sont noirs , avec » des anneaux jaunes , se trouvent h une altitude de 8/i5 mè- » 1res, et dans une température moyenne de 19°, /i5 centi- » grades. Si je suis bien informé, le même Ver existe aussi » dans les plaines où la température est beaucoup plus éle- » vée. — Il y a dans ce pays un autre cocon qui peut avoir j) 30 centimètres de long et 60 de circonférence. Ce cocon » est habité par 300 ou 400 chenilles qui, dans la nuit, dé- » chirent le cocon pour aller chercher leur nourriture, et y » rentrent avant le jour, en refermant exactement l'ouverture D qui peut avoir 3 centimètres de diamètre. Ces chenilles » vivent des feuilles d'une légumineuse, connue dans le pays » sous le nom d'Ororé, et se trouvent dans les régions chau- » des. » — Remercîments. Les graines qui accompagnaient l'envoi de M. Le Beau sont celles d'un Jatrojjha , végétal très-voisin des Rkiniis^ et tout fait supposer que ces Vers pourraient trouver une alimenta- tion convenable sur les Ricins de nos contrées méridionales. — M. P. Champion adresse une Note sur la fabrication des bougies à ISing-po, au moyen de la cire du Coccus Pela. — M. Chazereau envoie deux pieds cVAnouf/a d'Abyssinie, provenant des graines qu'il a reçues , et donne quelques dé- tails sur ses cultures. Les Eucalyptus et le Pin de Californie ont bien réussi ; mais il n'en a pas été de même des autres graines qui n'ont pas levé ou ont dépéri. M. Chazereau de- mande à être compris dans la nouvelle distribution de graines que la Société pourra faire. • -'■ — M. Cazzia envoie quelques noyaux de pêche et quelques pêches provenant d'un Pêcher donné par 1\1. Chatin. — M. Duchesne-Thoureau annonce qu'à l'occasion de la dernière Exposition horticole de Troyes, une commission a visité ses cultures et constaté les magnifiques résultats obte- nus. M. Ducliesne reproduit par la photographie les faits leb rnocÈs-VEiiCAux. 621 plus Sciisissanls de ses cullures, et se propose de composer une collection avec les clichés. — M. d'Olincourt appelle l'attention de la Société sur Tac- climatation en France de VEsparto, plante textile originaire d'Espagne, qui s'exporte en Angleterre et sert à la fabrication d'un papier d'excellente qualité. Il joint à sa lettre un numéro du journal F Union nationale du Commerce et de l'Industrie, qui contient sur la question un article signé de lui. — M. Brierre envoie un dessin à l'huile représentant un fruit obtenu des graines ta lui adressées, et donne quelques détails sur les plantes propagées par la Société en 1866. — M. P. Tollard fait don au Jardin d'un paquet de graines et de cinq grilïes de Ranunculus asia ficus supcrbissimus. — Reniercîments. — M. Philippe (prés Toulon ) fait parvenir quatre exem- plaires de sa brochure sur YArrosement des plantes de serre, — Remercîments. • ; / : -■ — II est adressé à la Société : par M. Sicard, un exemplaire de sa notice sur Marins Porte ; par M. Cap, sa brochure sur M. Camille Montagne; et par M. le baron Larrey, de la t»art de l'auteur, un exemplaire de la description du Popidus Eu- phratica, par le docteur Krémer. — Remercîments. — M. Carbonnier envoie un Mémoire sur la mortalité des poissons d'eau douce. (Voy. Bulletin, p. 603.) ~ Le Conseil décide que la Société, en raison de ÏExpo- sition universelle, tiendra, par exception, pendant les va- cances de 1867 (juin à décembre), une séance générale le premier vendredi de chaque mois : 7 juin, 5 juillet, 2 août, 6 septembre, Ix octobre et 8 novembre. La première séance générale ordinaire {iQ^ûow de 1866- 1867 ) est fixée au vendredi 7 décembre prochain. '•- — M. A. Duméril informe que, dans ce moment, à la mé- nagerie des Reptiles, s'accomplit la transformation d'un certain nombre d'Axolotls nés en J866, et que, déjà, il y en a un au- jourd'hui qui a complètement pris les caractères de l'animal parfait. Le Secrétaire du Conseil, Ch. Wallut. - ' 2*^ bÉKiE, r. )ll. — iNovenibie 18 découvrir, il y poussait constamment un cri souid, sacctidé, qui res- semble plus à celui d'un quadrupède que d'un oiseau. ' Celle façon d'agir semblerait indiquer que col oiseau se cantonne d'habi- tude dans quelque étendue reslreinic qui lui présente certaines conditions liarîiculières d'existence. A Baria, aussi, j'ai fait lever une femelle d'un petit taillis très-peu élevé, très-peu étendu, aux portes de la citadelle et sur le côté d'un chemin très- IVéquenté. Elle m'est partie dans les jambes. Son vol est lourd et droit, à I)eu piès comme celui du Faisan. Au dire des Annamites, il niche à terre dans les fourrés et dans des espèces de retraites irès-sorabrcs, accessibles par un seul côté. On m'a assuré que les Annamites tirent parti de celle habitude pour dresser des pièges à ces oiseaux. Ils leur feraient de semblables réduits arliliciels, où ces oiseaux peuvent entrer sans en pouvoir sortir. Il paraîtrait aussi que' quand un sujet est connu dans un cantonnemenl, il est rare qu'on ne le prenne pas. . Si sauvage en liberté, il s'habitue cependant tiès-vile à la captivité, et il devient d'une familiarité très-agréable. Il vient becqueter à la main sur le devant de sa cage, en poussant un petit gloussement de satisfaction. Lu de ceux que je possédais est sorti un jour de sa cage; il ne s'en esl que forl &2h SUClÉTt IMI'ÉniALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. peu écarté, s'est remisé pour la nuit clans un poulailler voisin, et j'ai pu assez facilement le reprendre le lendemain. On pourrait, je crois, le domes- tiquer, même ù la manière des paons, si l'on en obtenait la reproduction en captivité. (E.\trait de la Hevue et Magasin de zoologie pure et appliquée, n"7, 18G6.) Sur lu l»èehe eôtière. h.xtnnt ilii M<:tn qui sont manœuvres ])ar deux hommes, le plus souvent étrangers. L'in- » scription maritime n'en soulfrira guère et nous ne verrons plus apporter » aux halles des monceaux d'embryons des meilleures espèces; mais il fau- » drail une année de surveillants pour tenir les pêcheurs à une distance de » vos espaces de mer réservés, ce qui constituerait une nouvelle charge pour » le budget de la marine. », Quelle que soit la valeur de cette remarque, au point de vue financier, nous répondrons qu'elle ne soulève (prime (jiK'slion tiès-secondairc ; que 028 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. l'esseiUiel est de. savoir si nolio projet esl m n'est pas siisceptiiiie de con- duire à la soiulion satisfaisante d'un grand proljji'nie économique; que, dans l'aflirmalive, l'exécution de ce projet n'importe pas moins que l'oljjet pour lequel nous continuons à entretenir un cordon de douanes sur tontes nos fronlii^res; qu'une surveillance concentrée sur quatre-vingts lieues de côtes sera indubitablement plus facile et moins coûteuse que la surveillance épar- pillée sur une étendue de six cents lieues ; que la vii2;ilance des séniapbores et celle d'une pe^//e ?/îar//ie semblable à la flollille de la douane suffiraient à la protection des cantonnements; et que, enfin, si nous armons des péni- ches nous aurons à désarmer des bâtiments à vai)eur, ce qui ne sera pas une insignifiante compensation. Enfin, on exprime l'appréhension que la faculté d'user librement de toutes sortes de procédés, en dehors des réserves, n'ait pour résultat une trop grande extension de la pèche à la traîne et, par suite, une complète dévas- tation des fonds non réservés. Ce serait à craindre, en effet, si l'action mordante du chalut et du bregin des tartanes devait s'exercer sur tous les points de la région littorale; mais ni les chalutiers ni les patrons des tartanes ne demandent à jouir de cette immunité exorbitante. Ce qu'ils veulent, c'est la liberté absolue au delà de la zone productive, et nous ne souhaitons point qu'il leur soit accordé davantage. Dès lors, il n'y aurait aucun inconvénient à décréter la liberté générale de la pèche, sous la réserve que la traîne à la voile sera rigoureusement interdite, depuis le rivage jusqu'à la profondeur de 30 mètres, sur les côtes pourvues de prairies sous-marines, excepté les côtes de la Manche, où les habitudes contractées, la faible déclivité du sol sous la mer, et la con- currence étrangère rendent absolument impossible de renfermer la pèche à la traîne dans des limites toujours éloignées des rivages. A part cette exception imposée par la situation des choses, sur une partie considérable de nos côtes, il faut que l'œuvre malfaisante des filets traînants soit reportée tout à fait en dehors de la zone où s'accomplit le travail naturel de régénération. Après en avoir fini avec les objections parvenues à noire connaissance, déroulons notie plan de cantonnement et fixons-en les bases par un exemple descriptif. Les quartiers maritimes de Toidon et de la Seyne, contigus l'un à l'autre, ont ensemble une étendue littorale de 95 milles 5 dixièmes environ, me- surée en suivant la ligne courbe des côtes et du pourtour des îles qui en dépendent. Entre les pêcheurs de ces deux quartiers qui mêlent leurs eaux dans la même baie, tout est commun : les habitudes industrielles, le champ d'exploi- tation et le débouché desproduils. Par cons('quent, nous pouvons les réunir dans une même circonscription canlonale, sans craindre de nuire, d'une manière trop sensible, aux intérèls des uns ou des autres. I.ts réser\es à êi.iljlir sur les divers espaces de cotes de cetle circon- CHRONIQUE. : 029 scriplion, auroiU, en totalité, 9 milie-i 5 dixièmes, réservés jusqu'à la pro- fondeur (le 20 mètres an moins et de oO mètres au plus (soit environ le dixième de 95 milles 5 dixièmes). L'excès de multiplication qui surviendra sur tous ces points, s'ils sont choisis parmi les plus favorables à l'empoissonnement, devra s'épandre et rayonner, dans les eaux circonvoisincs, comme le ferait, sur le sol terrestre, la production animale d'une forêt qui serait fermée à toute fréquentation. Cela est indiscutable, et, s'il y a doute, ce ne peut être que sur la question de savoir si la réserve d'un dixième suffira au repeuplement des neuf dixièmes livrés à une libre exploitation. i\c préjugeons pas des résultats de l'expé- rience par d'inutiles conjectures. Il ne peut s'agir, on le comprend, d'une expérience de longue durée. S'as- surer du degré d'utilité des cantonnements, c'est l'alfaire de trois ans au plus. L'épreuve aura ou un succès complet, ou un succès partiel, car il est impossible d'admettre qu'elle n'en aura aucun. Dans le premier cas, la liberté de la pèche sera une question définitive- ment résolue, à la condilion : 1" qu'il ne sera mis en vente aucune espèce de poisson de fond dont la taille serait inférieure au minimum réglemen- taire; 2" et que l'adminislration se réservera, suivant les lieux, de confiner la pèche au clialut et toute autre pèche analogue dans des limites déter- minées. Dans les cas où les réserves n'auraient pas pleinement rempli leur but, on aurait à leur donner une plus grande étendue ou à en créer de nouvelles. On trouvera, peut-être, que nous faisons bon marché des difficultés d'exé- cution, ainsi que des entraves qui doivent inévitablement surgir de la diver- gence des intérêts de nos pêcheurs. C'est vrai, mais pourquoi, nous arrête- rions-nous devant des obstacles de détail, alors que la situation que nous signalons, depuis dix ans, impose la résolution de vaincre les difficultés et de briser les entraves? . Il Caraclères parliculiors quo doivent offrir les cantonnemenls ou frayères naturelles. — Espi^ce* sédeiilairos dont ces réserves favoriseront la multiplication. Partout oîi le lit de la mer est rocheux on parsemé de prairies, il y a des frayères. Leur existence est sin-ement indiquée, ainsi que nous l'avons dit, par les agglomérations de poissons qui se produisent sur ces fonds aux époques de la ponte. Les frayères les plus productives sont, d'abord, celles qui se forment d'un premier plan de roches bouleversées, suivi d'un second plan de fourrés d'algues, et, ensuite, celles qui se composent de prairies coupées d'alter- nances sablonneuses. Les fonds que nous proposons de réserver sur le littoral des quartiers de 'ioulon et de la Seyne, sont choisis, une partie dans la première de ces con- ditions et les autres dans la seconde. Tous sont propres à favoriser la midti- 630 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCÎJMATATION. ])licalioii (les espèces locales, el il est bien enlentlu que nous ne nous occu- j)ons que de celles-ci. Oiiant aux espèces ossentiellcment nomades qui viennent de réservoirs éloig;nés et passent leur vie à descendre ou à remonter les cotes, nous ne saurions rien l'aire évidemment pour les attirer et les fixer. , Les cantonnements n'auront donc pour objet, quelle que soii la nature des fonds suj- lesquels ils seront établis, que de proléger la reproduction des espèces sédentaires, et principalement de celles que leur instinct soumet à la stabulation dans la zone productive. " Nous indiquons ci-après, par leurs désignalions vulgaires, les diverses variétés de poissons de fond qui peuplent les espaces de mer à réserver sur le littoral dos quartiers maritimes de Toulon et de la 'reyne, savoir : Le Congre, le Demi, la Murène, la Scorpène, la Rascasse, le Pagre, l'Au- rade, le Sarg, le Veirard, le Poisson-Queue, l'Aragne, la Seire, le Tourdou- reau, la Oalinette, le Baudreuil, la Perque, le Serran, la Miislèle, la Gobie, la Girelle, le Pagel, la Perdrix, le Blavier, le Rouget, la Saupe, le Spar- goulin, la Castagnore, le Grasset, la Vieille, le Farnet, la Cnnadelle, la Lan- gouste, la Cigale, la Clievrelte, les Crabes et quelques autres. • ■ .- ■■ ■ ■ w - ■ ■ •• ' •"': ']';■ ' rciU-on l'iilrepreiirlre de former des frayères artificicllis? 11 est absolumenl impossible de former des frayèrcs arliricielles sous les eaux salées. Les causes qui s'y opposent se trouvent explicitement indiquées dans notre mémoire de I86/1 et dans notre réponse à la cinquante-quatrième (piestion du formulaire, ce qui nous dispense d'y revenir. Nous nous bornerons donc à nier, une fois de plus, l'ulilité pour la mer de toiue opération ortilicielle. C'est surtout ici que l'iiquiculture n'est qu'une supposition. . ■ . . • • Francbement, que veut-on que soient, pour l'Océan, les imperceptibles résultais de procédés manuels imilalifs des actes proviilenliels? Peut-on croire sérieusement que ces pratiques relativement microscopiques soient capables, ainsi qu'on l'a dit, de fonder, sur les rivages, de vastes et vérila- bles fabriques de subslances alimentaires? Faites, d"abord, si vous le pouvez, que l'aquicullure soit autre cbose qu'une ambitieuse prétention. Nous avons foi dans les pratiques qui viennent en aide au travail naturel, mais nous n'accordons aucune espèce do confiance à celles qui ont pour objet de suppléer à ce travail par des contre-façons de quelques-uns des phénomènes de la création. Là où les éléments de reproducliou n'ont pas disparu, il est plus simple et plus sûr de laisser faire la nature que de substituer laciion factice à l'action naturelle. C'est noire profonde conviction qu'il n'est point d'envahissement de partie de mer, ayant lieu sous prétexte d'aquiculture, qui ne soil ou ne devienne un acte contraire au réempoissonnemeni. .•^ ■ . : ' , CHRONIQUE. ;:•;..•.'.: (331 Qtip l'on ne perde pas de vue que le poisson de mer ne se prête à aucune nianipulijtion ; que si l;i naUire se laisse parfois interpréter, dans quelques- uns de ses actes, elle ne le permet que dans une mesure irès-reslreinte et, en quelque sorte, d'une manière analytique d'un seul, à la fois, des élé- ments qui concourent à l'harmonie générale ; qu'il est impossible de som- mairiser le monde marin dans un coin du rivage, de réunir ou simuler, dans des viviers, si vastes qu'ils soient, tous les milieux où la nature a placé les principes organiques de la vie sous-marine, et que parquer entre des bar- rières une partie de la production animale des eaux salées, c'est inévitable- ment la frapper d'infécondité. Par conséquent, si les parcs et les réservoirs à poissons oQrent des com- modités pour assurer Técoulement avantageux des produits qui y sont attirés ou jetés, et qui s'y développent ou s'y conservent, tant bien que mal, il est néanmoins incontestable que ces piscines, faisant la fortune de quelques particuliers, causent un très-grave préjudice à l'alimentalion publique, ainsi qu'à l'intérêt des pêcheurs, en détournant de la multiplication toute leur population captive. l'eut-être avons-nous de bonnes raisons de croire que la plupart des établissements de pisciculture, échelonnés sur les rives de nos fleuves et de nos grandes rivières, ne remplissent pas un rôle plus utile. ISous n'oserions, cependant, l'aûn-mer, dans la crainte de laisser penser que nous allons jus- qu'à nier les succès obtenus dans le véritable domaine de l'aquiculture, s'il est vrai que cet amusement scientiiique ait une place marquée quelque part et soit susceptible de devenir une industrie sérieuse et prospère, nous vou- lons dire une industrie disposant réellement de ressources productives qui lui soient propres et les développant dans la mesure des besoins de la con- sommation, une industrie, enfui, dont l'objet ne soit pas l'accaparement par quelques individus des produits de l'œuvre naturelle à laquelle elle prétend se substituer. Rimbaud. Sur le Coca. La Société a eu à plusieurs reprises occasion de s'occuper du Coca {Ery- throxyîon Coca), et dernièrement encore a distribué une certaine quantité de graines dans le Midi. Nous pensons devoir faire connaître à nos lecteurs les renseignements suivants empruntés à un important travail publié par M. j\I. A. Fnentes : « Les terrains humides et gras, situés sous un climat chaud que l'on appelle en langue quichua des Yiingas, sont les plus propres à produire le Coca. Les vallées et les montarias (régions boisées) des Andes réunissant ces diverses conditions, c'est là principalement qu'on le récolte, ainsi que nous l'avons déjà indiqué. » On choisit pour les semailles les mois de décembre et de janvier, période • 632 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. de rnniiôc où commencent les pluies abondantes de la monfana , qui dnient jnsqn'an mois d'avril et qui facilitent la germination de la graine. B Cette saison n'est pas seulement favorable au Coca à cause de l'humidité du sol, mais encore à cause des nuages qui défendent les tendres plantes contre les rayons du soleil, dont la force leur occasionne de graves dommages, » 11 existe deux méthodes pour les semailles du Coca. » La première consiste à disposer de grands carrés de terre bien sarclés et bien meubles, où, après avoir répandu la semence, on forme une sorte de pépinière, proportionnée h l'étendue du fond que l'on exploite. Au bout de quelques jours, les jeunes pousses commencent à sortir de terre; on les laisse en pépinière jusqu'à l'année suivante, où elles atteignent environ 0'",50 de hauteur. Alors on ameublit et Ton nettoie avec soin le terrain que l'on doit planter; on le divise en sillons d'un mètre de large, et l'on y creuse des trous pour recevoir les jeunes tiges. » La seconde méthode consiste ù tracer des sillons et à diviser le terrain dès le commencement; à creuser des trous et à jeter dans chacun d'eux trois ou quatre graines de Coca, afm qu'il en pousse au moins une. Si elles germent toutes, on ne laisse qu'une seule tige dans le trou, et l'on trans- plante les autres au moment favorable. La première méthode est la plus avantageuse : en elfet, le Coca a besoin de beaucoup d'humidité, et comme il ne reçoit d'autre arrosement que celui de la pluie, si l'année est sèche, il est plus commode au cultivateur d'arroser une simple pépinière qu'un vaste domaine. D'un autre côté, comme les rayons du soleil dessèchent les tendres pousses, il est aussi plus facile de procurer l'ombre nécessaire à un coin de terre qu'à un champ d'une gronde étendue. » 11 est bon de ne pas trop rapprocher les sillons et lestrOus, parce que le Coca absorbe puissamment les sucs de la terre, et, si les plants sont trop voi- sins, ils se nuisent les uns aux autres et ne donnent qu'un misérable produit. » Dans la première méthode, quand arrivent les mois de décembre (;t de janvier de l'année suivante, on opère la transplantation de la pépinière. On place alors un jeune sujet dans chaque trou, en ayant soin qu'aucune racine, quelque petite qu'elle soit, ne se trouve repliée sur elle-même parce que la plante périt. Comme ces deux mois sont pluvieux, le Coca pousse rapidement. Il lleurit au bout de quatre ou cinq mois, c'est-à-dire en avril ou en mai, et produit une graine appelée Mucllu. Le Coca n'atteint son parfait développement et ne parvient à sa hauteur normale, qui est de '6 mètres environ, qu'au bout de cinq années. Mais, dès la seconde année, il commence à donner des feuilles en abondance, et il continue ainsi pendant un certain nombre d'années sans qu'il soit besoin de faire une nou- velle plantation. La prospérité du cultivateur dépend de la fertilité du sol et de l'abondance des pluies ; de la propreté et de l'ameublissement du terrain, enlin de la cueillette des feuilles, que l'on doit faire avec soin, sans les laisser détruire par linsecte nommé Ulo (I). (1) Vio, e-pi'CC de clieuillc qui ilévore iiuclqnefois les feuilles du Coca. . ClinOiMQLE. . . e)?)'?> » (Quoique le Coca ne fleurisse qu'iine fois l'an, il donne irois recolles de feuilles appelées mitas dans la langue des Indiens. Ces trois récoltes ne sont pas également abondantes, parce que, au moment de la floraison, les feuilles de\iennent plus rares, par suite de Tabsorplion de la sève par la graine. Quand le sol est riche et Tannée pluvieuse, les mitas sont tellement précoces que le Coca donne quatre récoltes de feuilles, une dans chaque saison. l'iien n'a tant d'influence sur l'avancement des récoltes et l'abondance des feuilles que le soin aj)porté par le cultivateur à arracher de son champ les nombreuses herbes parasites que ne cessent de développer riuimidité et la chaleur. Quand la plante est tendre, il faut exécuter le sarclage au fur et à mesure que les mauvaises herbes paraissent. Quand le Toca a atteint tout son développement, le sarclage doit avoir lieu aprt's chaque mita, si l'on désire que la suivante soit précoce et abondante. ») Le sarclage a également pour résultat de donner à la feuille un parfum et un goût délicieux, tandis que le Coca qui se développe au milieu des ronces, des broussailles ou des mauvaises herbes, a un goût insupportable. En ellet, non-seulement ces plantes parasites épuisent le soi, en attirant à elles le suc nutritif, mais, en occupant toute la surface d'un champ, elles empêchent que l'air et la chaleur, ces agents extérieurs de la végétation, pénètrent la terre, l'ameublissent, attirent les sucs, les mêlent, les mettent en circulation, modèrent la fermentation et empêchent la corruption où ne sauraient manquer de tomber les particules terrestres, par excès d'humidité. » La récolle des feuilles commence lorsqu'elles ont atteint leur entier développement, qui est U centimètres. Elles ont alors acquis une certaine consistance; la couleur verte, semblable à celle de l'émeraude, que présente leur face supérieure, et la couleur jaune pâle qu'oflre leur lace inférieure se trouvent dans tout leur éclat. A cette époque elles se détachent pour ainsi dire d'elles-mêmes. Pendant la cueillette, on doit prendre le plus grand soin de ne pas endommager les tendres bourgeons, car alors ils se dessèchent et la uiifa suivante est pauvre. On doit cueillir feuille par feuille, ou bien, en soutenant avec l'index et le pouce de la main gauche l'evtrémité de la branche, on la parcourra doucement avec les doigts de la droite, en enlevant successivement chaque feuille. De celte manière on accélère la cueillette, et Ton évite les accidents qui pourraient subvenir en ébranlant ou en mal- traitant les boutons. » Les feuilles ainsi récoltées sont étendues au soleil pour achever de les faire sécher, et on les range ensuite en magasin. Les cultivateurs veilleront attentivement à ce que le Coca ainsi exposé aux rayons du soleil ne se dessèche pas trop; ils auront également soin de jie pas le transporter à l'ombre de leurs magasins, lorsqu'il contient encore Irop d'humidité ou de sévc. C'est là un point de la plus grande importance. Dans le premier cas, le Coca perd sa couleur, son goût, et se réduit en i)oussière ; dans le second, il se pourrit, exhale une odeur fétide el contracte un goût désagréable. Dans la province du liuanta, ils piétinent de temps en temps les tas de Coca OS/i SOCIÉTÉ IMrÉRlÂLE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. ôleiuliis Hur le sol, lorsque cehii-ci csl encore humide, dans la persuasion que la i'euille ainsi foulée se gonfle el acquiert \m goût délicat. Il est au moins certain que la compression des pieds, en exprimant Peau que peut contenir la feuille, rendra celle dernière plus consistante el empêchera que rhumidité ne la pourrisse et ne la prive de ses qualités précieuses. Cette opération peut donc être utile dans les vallées et pendant les saisons où les pluies ahondanles ont rendu la feuille spongieuse et l'ont remplie de sucs inutiles ou mal élaborés. â Sur rEi)îiiai*cî d'Ail si ralic. Au commencement de l'année dernit-rc, un amateur passionné d'horli- cullurc, qui a eu Tliunneur de doter notre pays de VEucalijptus jjlubulus, ce bois précieux entre tous pour la région méditerranéenne, M. Ramel, pour rappeler par son nom, reçut d'Australie une nouvelle plante culinaire fort recommandée. Son ami Ferdinand ïMueller, directeur du Jardin botanique de Melbourne, la lui avait envoyée comme une succédanée de l'Èpinard, supérieure à tous égards à ce dernier légume, d'une culluie plus facile, d'un développement énorme et très-rapide, moins sujette à monter en graine, d'une saveur supérieure enfin. Il nommait la plante : neiv Quecnskuid Spinage (nouvel Épinard de Queensland). Le nouvel Épinaid d'Australie, — c'est le nom que nous croyons pouvoir lui donner, car il appartient en elTet au genre qui renferme notre Épinard commun, — se rapporte bolaniquement au Chenopodium auricomum de Lindiey, qui l'a décrit en quelques mots dans le journal de Milcbel sur l'Australie tropicale. 11 croît abondamnient dans toute la partie orientale qui suit le fleuve Narrau, par 29" 38' de latitude, et on le retrouve à Queens- land, d'où le docteur iMueller nous l'a expédié. Le Chenopodium auricomum est une plante annuelle, à tige élevée, attei- gnant jusqu'à un mètre. Par l'ensemble de son aspect, on le rapprocherait du Ch. hybridum, cette mauvaise herbe qui envahit nos cultures, n'étaient les caractères du feuiJlage, qui n'est pas cordiforme à la base, et surtout l'in- florescence, qui en diffère notablement. La tige est dressée, robuste, anguleuse, cannelée et striée de rouge vio- lacé dans les parties solides; elle se ramifie dès la base eu de nombreux rameaux alternes, divariqués, qui donnent à la plante un aspect buisson- nant, épais, et un air de santé peu commune. Les feuilles, longuement péliolées, étalées retombantes, sont alternes, oblongues-lriangulr-ires, irrégulièrement lobées-dentées, atténuées aux deux extrémités, à lobe terminal acuminé, i'i nervures saillantes en dessous, vertes sur les deux faces, pourvues inférieurement dans leur jeunesse, ainsi que les jeunes rameaux, d'une pulvérulence argentée qui disparaît sur les parties adultes. CHRONIQUE. 635 Ngus n'avons \m \m- la plante fleurir et encore moins fruclificr. Nous le regreltons, car nous en aurions d'abord complété la description, et expliqué sans doute cette dénomination d'auricomum (chevelure d'or) par la couleur jaune des fleurs ou des graines. • ' .. s ^■f.X4<_' l'arlons maintenant des qualités comestibles de la plante. IN'ous avons tout récemment cueilli une abondante moisson de feuilles sur deux ou trois pieds venus par la grâce de Dieu, c'est-à-dire sans soins de culture, dans notre jardin. Ces feuilles ont été jetées dans l'eau bouillante pour les blanchir, et elles ont été ensuite traitées comme un plat ordinaire d'I^pinards, avec celte différence en faveur de notre plante, qu'il n'a pas été besoin d'enlever les filaments qui sont si désagréables dans la Chicorée, rOseille et l'Épinard commun. Nous avons mangé ce plat avec plaisir. La saveur, bien qu'analogue aux Épinards, avait quelque chose de plus relevé, de moins vert, de moins her- beux; elle éiait, en somme, préférable. JNous avons pu en faire juge notre excellent rédacteur en chef, M. Joi- gneaux, qui a partagé notre opinion et qui sérail bien aimable en L'expri- 636 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'agCLIMATATIuN. manl dans ces colonnes. Cest nne autorité qu'il ne faut pas négliger si nous voulons que la plante fasse son chemin. On nous avait aussi indiqué les pointes de rameaux à manger à Thuile et au vinaigre comme des asperges, et nous avons essayé. Ces pointes sont mangeables, mais elles n'offrent rien de bien remarquable, et au demeu- rant, elles ne toucheront pas de sitôt encore à la réputation de nos Asperges d'Argenteuil. Il faut se contenter du précédent usage, c'est déjà fort joli ; et n'aurail-on que l'opinion de S. Exe. le maréchal Vaillant, qui a pris TEpinard d'Aus- tralie en affection particulière, et qui en a mangé tout l'été avec délices, on pourrait sans hésiter cultiver cette intéressante nouveauté. Nous avons dit que sa culture était aussi élémentaire que possible. En effet, semer clair la graine en avril, dans une planche bien fumée, car la plante est vorace, et arroser quand on a le temps, c'est-à-dire si l'on lient à un développement remarquable, tel est ce secret redoutable. On peut cueillir les feuilles dès que les plantes ont 50 centimètres de haut; elles repoussent constamment : moins de huit jours après, une autre cueillette est encore possible, et ainsi de suite toute l'année. m -^ , 4t ■ ^ Ed. ANDRE. ■ (Extrait du Journal de la Ferme et ited Mai'iuits de cainjiay/te.) ERRATUM. Page 572 (numéro d'octobre 1866), ligne 10, remplacer l'alinéa par le suivant : ., « M. Brierre (de Saint-Hilaire de Riez) revendique, au sujet des procédés et » indications d'appât pour la pêclie de la Sardine, l'antériorité des indications par » lui faites dans l'intérêt de nos pèclieurset dans un liut d'intérêt général, notaui- » ment celle de pêcher la Sardine par la Sardine elle-même, c'est-à dire avec » un appât composé de dépouilles (têtes, intestins et rebuts) de Sardine, mélangées » de sel et broyées au pétris. Il ajoute qu'il serait possible d'améliorer encore » cet excellent appât par certains procédés, le tout indiqué par lui depuis fort )) longtemps déjà, et lorsqu'il habitait encore Notrc-bamo de Riez. » M. Brierre ne connaissant pas le procédé de M. Delidou, n'a jamais eu l'intention d'établir de comparaison entre ce procédé et le sien. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (i). ÉDUCATION ET CONSERVATION DU LOUP (BAR) A l'État de stabulation DANS DES VIVIERS DE LA FERME AQUICOLE DE PORT-DE-BOUC, '' ' Par M. Léon VIUAL. (Séance du 7 décembre 1866.) L'aquiculture marine en ce qui concerne la culture des pois- sons de mer diffère essentiellement de la pisciculture fluviale; on a pu songer à repeupler les cours d'eau par le moyen de la fécondation et de l'éclosion artificielles des œufs de nos espèces d'eau douce les plus estimées; mais ces procédés de multiplication ne peuvent être appliqués aux poissons de mer. Le champ à peupler est d'ailleurs si vaste qu'il y aurait témé- rité à vouloir faire, par n'importe quel artifice, mieux et plus que la nature laissée à ses propres ressources, et d'autre part il s'agit, au point de vue des espèces marines, bien plus de con- server que d'accroître. Le fretin de certaines espèces abonde; ce qu'il faut étudier, c'est le moyen d'élever ce fretin après l'avoir soustrait aux mille causes de destruction qui le mena- cent alors qu'il nage libre au sein d'un milieu où ses ennemis pullulent; ce qu'il faut surtout savoir, c'est la nature de l'ali- mentation propre aux diverses espèces do?nesticab/es, c'est la température moyenne nécessaire à leur existence et les moyens de les préserver contre les effets funestes des températures extrêmes : c'est encore la densité du milieu qui leur convient le mieux; la profondeur cl le degré de renouvellement de ce milieu. Ces observations d'un haut intérêt économique sont faites (l) La Société ne prend sous s;i responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son HnUfliu. 2*^ stp.iE, T. II!. — Décembre 1866. 41 638 SOCIÉTÉ TMPÉRIÂLE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMÂTATION. avec soin depuis près de trois années déjà dans la ferme aqui- cole de Port-de-Bouc. hk, diverses espèces soumises au régime de la slabulalion s'y sont facilement habituées, et l'on peut affirmer aujourd'hui que les viviers de la ferme contiennent des sujets vraiment domestiqués tout comme le sont des Poules dans une basse-cour. Les deux espèces principalement exploitées sont le Loup et le Muge. Des études analogues sont tentées sur la Sole, le Sargue et la Dorade, mais les résultats fournis par l'observa- tion de ces espèces ne sont pas assez concluants encore pour qu'il soit temps d'en parler avec toute certitude. Une note spéciale sera ultérieurement consacrée aux pro- cédés d'éducation du Muge. 11 ne sera donc question dans ce modeste travail que des observations relatives à l'élève du Loup {Labrax lupus). Une expérience d'éducation qui date de trois années peut conduire à des conclusions pratiques. Durant ce laps de temps, en effet, ont pu varier à l'infini les conditions diverses de température et de nutrition imposées aux sujets étudiés, et quand, après des froids excessifs, après des jeiànes prolongés durant des mois entiers, on a pu constater non-seulement la conservation, mais aussi l'accroissement des élèves, n'est-on pas en droit d'affirmer la certitude de leur domestication ? Les premiers Loups soumis au régime de la slabulalion avaient été placés dans un vivier creusé dans du sable, et ne communiquant avec l'eau courante du canal La Molle que par une étroite vanne grillée ; le renouvellement du milieu était donc des plus imparfaits, puisqu'il ne s'effectuait guère que par les variations si peu importantes dans ces parages des hau- teurs du niveau de la mer; et les Loups étaient là, à fort peu près, comme dans une mare d'eau stagnante. La profondeur du vivier atteignait à peine un mètre. Ce premier essai avait lieu, on le conçoit aisément, dans descon- pitions très- défavorables ; mais aussi du succès en pareilles conditions devait résulter une évidence bien plus furie, (;'est ce qui est arrivé. Malgré l'hiver si rigoureux de 186/( , malgré la chaleur ÉDUCATION ET CONSERVATION DU LOUP (bAR). 639 excessive de l'été de 1865, époque où la durée des basses eaux fut telle que pendant plus d'un mois l'eau du vivier ne reçut aucun renouvellement, aucun sujet n'est mort. Il est vrai que pour éviter l'action du rayonnement vers l'espace, qui eût infailliblement été une cause de mortalité, on avait disposé sur une partie de la surface du vivier des abris flottants : de simples nattes des colonies, clouées sur des cadres en branches de saule. . - Le mode de nutrition consistait en petits poissons vivants, introduits de temps ta autre dans le vivier. Au bout de trois mois, les jeunes Loups déjà habitués à leur nouvel état, se montraient impatients de recevoir leur nourriture, et dès qu'on la leur distribuait ils se précipitaient en masse pour saisir la proie au passage; proie vivante bien entendu, car c'est celle qu'ils aiment le mieux. Dès le début, il convient d'acclimater les nouveaux élèves par une fréquente distribution de poissons vivants, c'est Iç meilleur moyen de les habituer à la cage et de les rendre presque familiers, au point de venir au-devant de la personne qui les nourrit, de reconnaître un cri d'appel quelconque; mais comme il n'est pas toujours facile d'avoir de la nourri- ture vivante, il est bon de distribuer aux élèves des proies mortes, de manière à les dresser à un régime alimentaire plus pratique. Il faut, en ce cas, les faire jeûner assez long- temps, afin de les trouver moins difficiles sur le choix des aliments , le jour où il leur sera donné seulement soit du poisson frais coupé en morceaux, soit des moules dépouillées de leurs coquilles, soit enfin du poisson salé. Quand on est parvenu à forcer les Loups à se contenter de proies mortes, on peut dire que leur domestication est com- plète, attendu que, à l'état hbre, cette espèce ne se nourrit guère que de poissons et de crustacés vivants. Si le succès de l'éducation des premiers Loups étudiés, a été complet dans le vivier imparfait qui vient d'être décrit' il fallait en tirer cette conclusion, qu'un succès au moins aussi grand serait obtenu dans des viviers réalisant de meilleures conditions au point de vue surtout du renouvellement de l'eau. 6/|0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM.VTATION. Sans doute, si dans le premier vivier le nombre des sujets eût été plus considérable, il eût été impossible de les con- server vivants à cause de l'insalubrité d'un milieu continuel- lement vicié, sans être purifié par un renouvellement suffisant. Une des conditions qu'il faut rechercber dans la construc- tion de viviers à stabulation, c'est de les placer de telle sorte qu'ils soient traversés par un courant à peu près continuel ; le renouvellement du milieu supplée, en ce cas, à l'exiguïté de la surface du vivier, et l'on peut avec succès élever un nombre considérable de sujets dans un espace très-reslreint. Pour atteindre ce but, de nouveaux viviers à stabulation ont été construits dans le sein même du canal La Molle. Ce sont de véritables cages à poissons formées de cadres recou- verts de toile métallique de fer galvanisé, et engagées jusqu'au fond (et même un peu au-dessous), entre des pieux à rainures; .système absolument semblable à celui des bouchots mobiles placés dans le même canal. » *';i.» Ces viviers ont chacun de 25 à 30 mètres carrés de super- ficie; ils peuvent à volonté rester isolés les uns des autres, ou communiquer entre eux par le maintien en place ou l'enlè- vement d'un des cadres grillés. Chaque espèce principale occupe un compartiment séparé. Ainsi, les Loups ont leur vivier, où ils sont entre eux, petits et gros, ensemble. Il n'y a pas à craindre les effets nuisibles aux jeunes de la voracité des gros Loups, quand on a soin de pourvoir régulièrement à leur nourriture. La profondeur moyenne de ces viviers est de l'",50, mais, dans chacun d'eux, il existe une bande de haut-fond recou- verte d'une couche d'eau de 20 à 30 centimètres seulement. C'est là que les poissons viennent se réchaulTer sous l'action plus directe des rayons solaires; c'est sur ce haut -fond que l'on met la nourriture, parce qu'on l'y voit bien et qu'il est facile d'y enlever les résidus susceptibles, en s'agglomérant, d'amener une viciation quelconque du milieu. L'eau des viviers est, il est vrai, continuellement renou- velée, et, par ce fait, se trouve détruit l'etfet délétère des déjections; les miasmes nuisibles s'en vont avec le courant, et ÉDUCATION tT CONSERVATION DU LOUP (HAR). 6/ll l'on n'a guère à se préoccuper de Tassainissement du fond. Point essentiel à atteindre et pour lequel il est indispensable d'avoir des viviers abondamment renouvelés. ■ Le magma provenant des déjections, quand il est impor- tant, profite aux végétations marines qui se développent sur le fond, et au sein desquelles les élèves trouvent un abri natu- rel ; il n'en faut pas moins recouvrir de nattes flottantes un tiers environ de la surface des viviers au commencement de l'biver, sous peine de s'exposer à une nombreuse mortalité. Dès le printemps, on peut enlever les abris artificiels. . Les viviers à Loups de la ferme de Bouc, dans les conditions qui viennent d'être indiquées, peuvent contenir, en sujets variant de 15 à 50 centimètres de longueur, une population de deux cent cinquante individus, soit en moyenne dix pois- sons faits par mètre carré superticiei. Quantité considérable et qu'Userait impossible de conserver dans d'autres conditions. -* • ■-■■'A ce qui vient d'être dit au sujet du mode de nutrition, il y a lieu d'ajouter que rien n'est commode comme d'avoir à nourrir des poissons, voire même des Loups. Ici on n'est pas tenu à une régularité quelconque comme l'exigent les ani- maux à sang cbaud, bipèdes et quadrupèdes. A certaines épu- (jues, une nourriture abondante est nécessaire aux Loups, surtout à l'époque des cbalcurs de Tété; mais il n'y a pas de danger à courir en les privant d'aliments pendant des semaines et des mois entiers, on ne compromet en ce cas que la rapide croissance des sujets. Des essais faits dans cette voie ont prouvé que le Loup pou- vait, en été, rester de quatre à cinq mois sans recevoir aucune nourriture; à plus forte raison peut-il supporter un jeûne prolongé en biver, il a été constaté qu'il ne mange pas quand il fait un froid vif; la nourriture reste alors intacte, mais elle est bientôt absorbée, si une élévation de température vient à se produire par suite d'un cbangement de vent. ,or, -'^ ■ Un animal aussi accommodant, au point de vue des instants où il doit prendre des aliments, mérite donc de fixer l'atten- 'ion des aiiuicultcurs. (5/l2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. Quand il est convenablement nourri, il acquiert, au bout de cinq années de stabulalion, un poids de 1500 à 2000 gram- mes, et constitue un objet marchand de 7 à iO francs la pièce. La chair des Loups, ainsi élevés, est plus fine encore et plus onctueuse que celle du Loup sauvage. Il y a actuellement dans les viviers de Bouc, des sujets du poids moyen de près de h kilogrammes, déjà assez gros, il est vrai, mais ayant assez de régime artificiel pour être entière- ment transformés, pour être considérés comme des animaux domestiques. : Une des qualités du Loup, outre sa valeur commerciale, c'est la facilité que l'on a de le manipuler dans les viviers, de le sortir de l'eau, de l'y remettre, sans qu'aucun accident s'en- suive; il est peu de poissons de mer qui supportent de telles fatigues ; le Muge, par exemple, perd une partie de ses écailles au moindre contact, et le plus souvent il meurt après cette lésion. Des essais de castration sont tentés en ce moment pour étu- dier l'engraissement du Loup, privé des organes de la repro- duction; il n'est pas douteux que cette opération ne réussisse parfaitement et n'amène des résultats semblables à ceux obte- nus à Strasbourg sur les Carpeaux du Rhin. La Société impériale sera tenue au courant de cette inté- ressante tentative. Pour résumer cette note en deux mots, on peut dire qu'il résulte des expériences, actuellement en cours d'exploitation pratique à la ferm.e aquicole dePort-de-Bouc, que l'éducation du Loup est chose facile, à la portée de tous les aquiculteurs d'eau salée, qui peuvent se procurer cette espèce à l'état de fretin ou de jeune poisson vivant. C'est donc un moyen de conserver et d'accroître une des ressources alimentaires offertes par la mer. Il importait de le constater, comme il est à désirer de voir se multiplier sur notre littoral des viviers analogues h ceux qui viennent d'être décrits. . • ■. IIAPPOUT SUR LES CULTURES FAITES EN 1866 AU JARDIN ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE. Par M. QITISI08J, Jardinier en chef. , , . . ■ ' " Messieurs, .. . . • Je viens, comme chaque année, vous donner des détails sur les cultures que vous m'avez confiées dans votre Jardin du bois de Boulogne. Ces cultures sont de deux sortes : la première s'applique aux végétaux dont je vous ai entretenus les années précé- dentes et dont les détails sont consignés dans le Bulletin de la Société. La seconde s'applique aux végétaux nouvellement introduits et à ceux auxquels une nouvelle année de culture a apporté des modifications. Je ne m'occuperai cette année que de la seconde partie, renvoyant au Bulletin d'octobre J865 pour la première partie. ,,, . ' PREIIIÈRE: FAÏtTIE; — Plantes d'oriicinent. SciADOPiTYS A COURONNES {Scicidopitys verticUlato). — Conifères (Japon). Arbre de moyenne grandeur, très-intéressant par la dispo- sition de ses feuilles en couronne. II est rare au Japon et à peine connu ici oîi il n'est introduit que depuis quelque temps. Nous ne sommes pas encore bien fixé sur sa rusticité parce qu'il n'y a encore qu'un petit nombre de plantes livrées à la pleine terre, mais son origine (les montagnes du nord du Japon) et les quelques expériences favorables qui en ont été faites, nous garantissent presque complètement du succès de cet arbre très-remarquable. Qhk SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Sapin de la Reine-Amélie {Âbies regiaœ Amaliœ). — Conifères (Grèce). ■ . . , . Il y a quelques années, nous avons reçu comme nouveauté, des graines de ce Sapin qui, nous disait-on, a la propriété de ï'epousser du pied après le cépage, comme les arbres de nos ibrêts, propriété que nous n'avons pu encore vérifier, puiscjue nous n'en avons que quelques petits pieds. 11 y a tout lieu de croire que c'est l'espèce connue que j'ai plantée à côté, le sapin de Céplialonie {Abics Cepha/onica), originaire du même pays. C'est un des plus beaux sapins, et c'est par erreur qu'il ne jouit pas d'une faveur au moins égale à V Abies pinsapo (jui est connu et estimé des amateurs. , CRVPTOMÉFiiE DU Japon [Cryptomeria Japomca). — Co- nifères (Japon). • ; ■ ■; -T ,■ < ; Nous avons reçu cet arbre l'année dernière, il est connu depuis longtemps, mais on le rencontre rarement, parce qu'il vient rarement bien. Il ne se plaît que sur des versants humides donnant vers le nord. ' • Genévrier écailleux {Juniperus squamata). — Coni- "'" fères (Népaul). "^ Nous avons reçu également du Japon, l'année dernière, ce Genévrier ainsi que toutes les conifères qui suivent. C'est une ancienne connaissance cjui se prête bien à la garniture des rochers et des rampes. On n'en voit que rarement de forts dans nos jardins. Le plus fort que je connaisse est dans le l'ré-Catelan du bois de Boulogne, Tiiuiopsis EN DOLOiRE {Thuiojms dolabrata). — Coni- fères (Japon). Du même envoi et que nous croyons reconnaître. Leïhuiop- sis est encore fort rare, c'est un très-bel arbre, pittoresque au Japon, et dont nous ne pouvons encore rien dire faute de spécimens assez forts jusqu'à présent. PoDOCARPE DE KoRA {Poducarpus Koraimm). — Coni- fères (Japon), Cet arbre est moins? nouveau que le précédent- Nous avons CULTURES FAITES AU JARDIN DU BOIS DE BOULOGNE. (Vj5 pu en apprécier la rusticité et l'effet. C'est un arbre dans le genre de l'If pyramidal, mais à feuillage plus large et faisant plus d'effet. ' -' Toutes ces conifères, le Pin du nord du Japon, le Bambou du même pays et le Planera dont je vous entretiendrai plus loin, nous viennent de M. le commandant du Ouilio. C'est un des plus intéressants envois que nous ayons reçus. Mûrier A papier [Broussonnetia papijrifera). — Urticées (Chine). Le Mûrier à papier est un bel arbre d'agrément, bien connu et très-apprécié dans nos jardins pour son beau port et son grand feuillage. Son écorce est textile et sert aussi à la fabrication du papier. Celui-ci nous paraît être le même que ceux que nous cultivons depuis longtemps. Toutefois, nous attendrons quelque temps encore pour être fixé à ce sujet. . . > ^ , ' ; -. '. Prunier a trois lobes [Prunus triloba). — Rosacées (Chine). Charmant arbrisseau qui, au printemps, se couvre de fleurs doubles, couleur chair, ressemblant à de petites roses pom- pons. Cet arbrisseau de récente introduction mérite une place choisie dans nos jardins d'agrément. Deutzie crénelée a fleur double {Ueutzia crcnala, flore pleno) . — Philadelphées (Japon). Arbuste nouveau, à fleurs doubles, blanches, légèrement rosées à la circonférence. C'est une miniature bien supérieure à notre ancienne Deutzie crénelée à fleurs sinqjles, qui était déjà fort estimée. Spirée a grande fleur nouvelle [Spirea grandiflora nova). — Rosacées (Amérique septentrionale). Variété nouvelle que l'on dit supérieure à celle dont je vous ai parlé l'année dernière. Ne l'ayant pas encore vue en fleur, nous ajournons tout jugement à l'année prochaine. Troène Ibota {Ligustrum Ibota). — Jasminées (Japon). Charmant arbuste encore nouveau et peu répandu, il a fleuri 6li6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. pour la première fois celte année, et nous avons été à même de l'apprécier. Sa fleur forme une panicule beaucoup plus grande que dans les autres espèces, son feuillage luisant est agréable et son port très-élégant. Nous lui prédisons un grand succès dans nos jardins. Troène de la Chine {Lù/ustrum Chincmé). — Jasminées (Chine). Ce Troène paraît être le mémo que celui du Japon. 11 est probable que sous différents noms et à diverses époques, on nous a réimporté le Troène du Japon que tout le monde con- naît et qui a le défaut de soufl'rir de nos hivers rigoureux. Nous attendrons encore pour lever ce doute. Panax épineux [Panax acideatiim). — Araliacées (Chine). Arbrisseau peu intéressant qui ne supporte pas nos hivers. Nous n'en continuerons pas la culture. Técoma de la Chine {Tccoma grandi flora). — Bigno- niacées (Chine). Espèce de Jasmin de Virginie dont les fleurs sont beaucoup plus larges et moins allongées. Il n'est pas nouveau et ne se trouve ici que par similitude de nom. Bambou comestible de Chine {Bamhusa?) non déter- miné botaniquement. — Graminées (Chine). Ce Bambou a été envoyé de Chine par M. de Montigny, consul général de France. 11 est à sa troisième année de végétation et n'a nullement souftèrt des hivers qu'il a traver- sés. 11 est donc très-probable qu'il réussira en plein air sous le climat de Paris, où il pourra nous rendre de grands ser- vices comme plante ornementale et probablement aussi comme plante industrielle. Nous allons le multiplier afin d'en propager la culture. Bambou du nord du Japon (Bambiisa?). Ce Bambou nous a été donné, cette année, par M. le com- mandant du Quilio, après avoir séjourné deux ans à Brest. Il CULTURES FAITES AU JARDIN DU BOIS DE BOULOGNE. 6/|7 est extrêmement vigoureux et ;i le port différent du précé- dent. Il y a tout lieu de croire que venant du nord du Japon, il résistera à Paris et augmentera ainsi la collection de ces intéressants arbrisseaux. ■ ■" , > • • -. Bambou DE Chine (5rwzi5'?««.^). Celui-ci nous a été donné par S. E. le Ministre de l'agri- culture. Jusqu'à présent, il me paraît en tout semblable au premier envoyé par M. deMontigny. Dans le même envoi, composé de plusieurs sujets, il s'en est trouvé un d'une vigueur extraordinaire, dont les jets per- cent môme dans les cbemins qui l'entourent. Il a les tiges beaucoup plus foncées que l'autre. Ce sera, je crois, un des plus intéressants. Bambou grêle de Chine (Uambusa?). Petit Bambou très-élégant, mais moins majestueux et moins vigoureux que les précédents. Il semble aussi qu'il soit moins rustique. Bambusa arundinacea, Bambusa variegata, — Thoiiarsii^ — verticillata, — ^ spinosa, • — scriptoria, — mitis, ■ — Arundinaria falcata. . — nigra, Cette collection de Bambous, a été réunie par nous pour apporter un peu de lumière dans la nomenclature de ce beau genre, très-peu connu, et aussi pour juger la rusticité des di- verses variétés qui le compose. C'est ce printemps seulement qu'ils ont été plantés, et nous devrons attendre une nouvelle végétation pour les apprécier. Canarine Campanule (C«;2ar/«« Campanulata). — Cam- panulacées (Canaries). Cette plante vivace est anciennement connue, elle doit être cultivée en serre tempérée. On nous en a envoyé des graines cette année sans désignation. C'est ce qui explique ici la pré- sence de cette plante qui n'est pas à sa place. . ■• . G/i8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Œillet des jardins, var. naine {Dlmithus Carijophijl- lus). — Caryophyllées (Indigène), r ^ ,\ ■ Ces Œillets proviennent d'un semis de l'année dernière ; nous avons réformé toutes les plantes inférieures et n'en avons conservé que deux : un Lilas foncé et un carné, qui, indépendamment de leurs belles Heurs, s'élèvent peuetseront très-propres à border les corbeilles. MoRELLE LÉPREUSE {Solanum leprosuni). — Solanées (Amérique méridionale). Nous avons reçu les graines de celte plante sans désigna- lion. .Arrivée à un certain développement, nous avons reconnu une plante de serre cbaude qui ne peut nous rendre aucun service. MuRELLE GRACIEUSE {Solomtm speciomm). — Solanées (Amérique méridionale). Le genre Salanum, depuis quelques années, occupe une grande place dans la décoration des jardins, soit en corbeilles, soit isolément sur les pelouses. Cette variété, que nous culti- vons pour la première fois, servira sans doute aux mêmes usnges, mais nous attendrons qu'elle ait acquis un plus grand développement avant d'en recommander l'usage. CoRDiA Sérestier {Cordio Sebestena). — Porraginées (Antilles). Arbre de serre chaude, produisant le bois de rose employé en ébénisterie. Son fruit pulpeux et sucré se mange en con- iitures. • Messersciimidia vïM'n(imiv,\{Mess€vscIimld'ia fruticosa) . — Borraginées (Canaries). Arbuste de serre n'olfrant pas un grand intérêt. . . • Mach.erantiiera gladre {Machœranthcra (jlahrd). — •' Composées (Mexique). riante bisannuelle voisine du genre /1^/çr, servant à la gar- niture des plates-bandes. . ; ^- . CULTURES FAITES AU JARDIN DU COIS DE BOULOfiNE. (>A0 PiiYLLis NOBLE {PlifjUls nobiUs). — (Brésil). Arbuste de serre chaude duquel on a tiré du quinquina. Géranium a feuilles d'Anémone {Geraniinn Àne^noîie- folium). — Géraniées (Madère). Planle ornementale jiar son feuillage et ses fleurs. Elle résiste mal dehors; on doit la cultiver en pot ou en pleine terre dans une serre; alors elle acquiert un grand développe- ment et fait beaucoup d'effet. Sauge a fleur grêle (Saivia cjraciliflora). — Labiées (Amérique méridionale). Nouvelle espèce à petites fleurs lilas, plutôt intéressante que réellement belle. Sauge écarlate [Saivia coccinea). — Sabiées (Floride) . Cette espèce est plus jolie que la précédente, sans cepen- dant égaler notre Sauge éclatante aux grandes fleurs. Ces deux variétés ont le mérite de fleurir longtemps avant les variétés à grandes fleurs. ' ' • • ■ • ■ ■■ ^^ - '• • Pied-d'alouette nain de la Chine {Delpliuiium Chi- neiise pumlltDn), — Picnonculacées (Chine). Semé ce printemps, il a fleuri en juillet et en septembre; ses fleurs sont grandes et d'un beau bleu, il est très-nain et franchement remontant. Ces diverses qualités en font une plante précieuse. Sanvitalie rampante a fleur double {Sanvitalia prn- cwnbens fl. pi.). — Composées (Mexique). , . La Sanvitalie à fleur simple est avantageusement employée en bordure ou pour tapisser la terre des massils de plantes un peu élevées. Cette variété à fleur double, issue de la première, la remplacera avec avantage. Penstemon a grande fleur {Pen.'^temon çjrandiflorum). * — Scrophnlariées (Mexique). Semis du printemps que nous n'avons pas vu en fleur, nous attendrons l'annéo prochaine pour le juger. 650 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. GiiLORA A GRANDE FLEUR {Chlova grandi flora). — Gen- tianées (France méridionale). Nouvelle espèce que nous ne pourrons juger qu'après la floraison. Mandevillea?. Plante grimpante de la République argentine qui nous est venue sans nom. Je crois reconnaître un Maiidevillea, mais nous attendrons la floraison pour être fixé à ce sujet. Cidronelle rlanchatre {Cidroriella cana). — Labiées (Europe septentrionale). Plantée un peu tard cette année, elle n'a pu acquérir tout son développement. Nous n'avons donc pas pu la juger. Pois de senteur invincible {Lathyrus odoralus var.) — Légumineuses (Europe méridionale). ,: ') Tout le monde connaît le Pois de senteur dont on se sert pour garnir le pied des arbres, les berceaux et surtout les balcons et les fenêtres; il est d'une rusticité h toute épreuve, ce qui lui a valu d'être si généralement et si diversement em- ployé. Celui-ci est une nouvelle variété à fleurs rouge brillant; il a été remarqué tout l'été par les visiteurs. Tabac géant a grandes fleurs pourpres (Nicotiana gigantea). — Solanées (Amérique méridionale). Ce Tabac gigantesque peut être employé aux divers usages du Tabac ordinaire. Mais c'est surtout comme plante orne- mentale que nous l'avons cultivé. Placé isolément ou par groupes, sur les gazons, il fera autant d'efl^el que les Wigan- dia, et ajoutera à son beau port une floraison purpurine qui en relèvera l'efl'et. • Salpiglossis a fleurs mkmEkmES{Salpiglossis sinuala). — Scropbularinécs (Cbili). Le Salpiglossis est une plante annuelle déjà ancienne dont on a, à tort, selon moi, négligé la culture. Rien de plus ma- gnifique qu'une corbeille bien variée de cette plante qui CULTURES FAITES AU JARDIN DU BOIS DE BOULOGNE. 651 réunit les couleurs les plus variées. On pourrait comparer une semblable corbeille à un bouquet de feu d'artifice. Liseron flevri {Convolvulus floridus). — Convolvulacées (Canaries). Arbuste deserre tempérée, que nous n'avons pas encore vu en fleur et sur lequel nous ne connaissons rien de particulier. Volubilis cocciné {Ipomea coccined) . — Convolvulacées (Caroline). ; ,. ■ , :.- Plante grimpante annuelle, propre à garnir les tonnelles. Dans les années chaudes et même ordinaires, elle se couvre de fleurs écarlates d'un brillant elTet. , , . . . , Onagre de Drummond {OEnothera Drummondi nana -: , alùa). — Onagrées (Texas). . . ,, . . -, L'Onagre de Drummond est une plante de corbeille à fleurs jaunes très- ornementales. Celle-ci est une nouvelle variété à fleurs blanches, applicable au môme usage. ..■..:■■, Pétunia variés {Pétunia hijhrida car.). — Solanées (Amérique méridionale). Le genre Pétunia est maintenant si riche en variétés qu'il est difficile de faire un choix. Ceux-ci sont des plus beaux à fleurs simples, par suite des soins apportés dans le choix des porte-graines. Capucines naines variées {Tropeolum minus). — Tro- péolées (Pérou). Ces variétés de Capucines sont nouvelles ; elles ont été jolies au commencement de l'été, mais les pluies qui sont survenues et le manque de chaleur en ont arrêté la floraison, de sorte qu'à la fin de la saison on ne voyait plus que des feuilles. Il faut une température chaude pour jouir des coloris si vifs et si tranchés de ces belles plantes. Reine-SIarguerite chinoise {Callisteplnis Chinensis). — Composées (Chine). Depuis quelques années on cultive celle nouvelle Reine- 652 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTATION. Marguerite qui est plus vigoureuse que nos variétés anciennes. Les fleurs sont moins parfiiites, mais on a déjà amélioré la forme, il est probable qu'on n'en restera pas là et que nous aurons un nouveau type de plantes aussi belles et aussi variées que nos anciennes Reines-Marguerites. Zinnia a fleur dourle {Zinnia elegans fi. p/.). — Com- posées (Mexique). 11 y a sept ou huit ans que l'on a obtenu le Zinnia à fleur double, qui a complètement remplacé le type à fleur simple. Chaque année on en fait des semis qui produisent des fleurs plus parfaites de forme et plus variées en couleurs. 11 entre maintenant et ajuste titre pour une grande part dans la déco- ration des parterres où l'on a apprécié son élégance. Mufliers nains jaune et rouge {Antin-himmi majus ^rt?^.). _ Scrophulariées (Europe). ■"- ^' Les Mufliers nous ont donné beaucoup de variétés dans le coloris des fleurs. Ceux-ci, qui sont tout nouveau, ont le mérite de rester petits, ce qui les rend très-propres à faire de charmants entourages. ., Immortelle annuelle v,LK^c\\E{Xemnthemum ammum). — Composées (Europe méridionale). -' .::i;i} • Tout le monde connaît le mérite des Immortelles, dont les fleurs sèches se conservent très-longtemps sans s'altérer. Celle-ci est en fleur depuis plusieurs mois. i Immortelle a rractée naine pourpre {Helic/tri/swn bracteatwn nanum piirpiireum). — Nouvelle-Hollande. Celte variété est très-recommandable pour son coloris pur- purin. Quant à la qualification de naine, elle n'est pas trés- exacle, puisque sur ce petit semis un seul pied justifie cette dénomination. L'usage funéraire des Immortelles est un obstacle assez général à leur admission dans les parterres où elles tiennent cependant bien leur place. Nous souhaitons que la beauté de cette nouvelle variété la fasse admettre, malgré cela, dans les cultures. CULTURES FAITES AU JARDIN DU BOIS DE BOULOGNE. (J53 • Gélosie a panache cramolsie [Celosia chermesina) . — Amarantacées (Indes). ' ' . Nouvelle variété de Crete-de-coq à uliliser dans les plates- bandes connue ses congénères. Pour les plantes suivantes, voyez le Bulletin d'oclobre 1865 : Catalpa de Biiuge^ Céanot/ic de Desfontaines à Bouleau non déterminé, fleur rose^ Podocarpe de la Chine, Pivoine bijou de Chusan^ Pommier à fleur double, — Osiris, , • Ketmie à fleurs changeantes, Glycine dx la Chine, — des marais, Lijciet de Chine ^ Viorne à feuilles plissées, Troëne du Japon^ — à gros capitule^ Erianthe de Ravenne, Fontanésie de Fortune, Pgrèthre rose double M. Dar- Spirée Cl grande fleur ^ rai. '■■■ Seringat à grande fleur Stipe àptanache. - - ' • '. odorante, • ,. .- . • . • , l^EïJXlÙliS] PAË&TIiL:. — Plautc!^ iudiistrielle.<^. ' Peuplier du Canada [Populus canadensis). — Amenta- cces (Canada). Grand arbre assez rare dans nos cultures parce qu'il reprend moins bien de bouture que ses congénères. Son bois est supérieur; on se sert des jeunes brancbes pour la nourriture des clievaux dans différents pays. En somme, c'est un arbre précieux qui mérite d'être plus cultivé. Le pétiole de sei feuilles, qui n'est pas conforme aux descriptions qui ont été faites sur cet arbre, me laisse un peu dans le doute sur son identité, mais je serai fixé à ce sujet l'année prochaine, car alors la végétation sera plus normale que la première année de plantation. Plaqueminier du Japon [Diospgros kaki). — Ébénacées (Japon) . Les Plaqueminiers sont assez rares dans nos jardins, quel- 2« SÉRIE, T. III. — Décembre 18G(J. 42 Go!l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. ques personnes ont pu remarquer les fruits du Plaqueminicr d'Italie, qui sont de la grosseur d'une cerise et comeslijjles à l'arrière-saison quand ils sont blettis. Les fruits de celui-ci sont de la grosseur d'une pomme et sont très-bons. On les mange au Japon sous le nom de figues caque. Il est à regretter que les Plaqueminiers ne soient pas plus cultivés en France pour le produit de leur bois, qui est très-dur, et pourrait servir à une foule d'usages dans l'industrie. L'Ebène, que tout le monde connaît, est un Plaqueminier de l'Inde, qui, malheureusement, nô peut pas réussir sous notre climat. Planère CRÉNELÉ [Planera crenata). — Amentacées (Caucase). Le Planera, ou Orme de Sibérie, quoique introduit depuis un siècle, est peu répandu en France. Gela tient à ce qu'on ne s'en procure pas de graine facilement. C'est un arbre dans le genre de l'Orme, mais plus vigoureuji et à bois plus dur el plus souple, qui convient surtout pour le charronnage, la charpente et la fabrication de beaux meubles. Indépendam- ment de ces précieuses qualités, c'est un grand et bel arbre, à écorce lisse, qui fait un grand effet dans nos parcs. Il est donc très-désirable qu'on se préoccupe d'en faire venir des graines du Caucase el du Japon, où il croît naturellement. Mûrier bla,nc (Moras alba). — Urticées (Asie Mineure). Le Mûrier blanc est le premier dont on ail utilisé les feuilles pour la nourriture des Vers à soie. Depuis, on a découvert de nouvelles variétés à feuilles plus larges, qui sont préférées dans les magnaneries. Pin du nord du Japon, connu sous le nom de Mats (non déterminé botaniquemenl). — -Conifères (Japon). On nous a dit beaucoup de bien sur la qualité de ce Pin, dont le bois est un des plus estimés au Japon. Ce serait pour nous une espèce jdutôt forestière que d'agrément. II nous faudra malheureusement beaucoup de temps pour être à même de l'apprécier. Il paraît se rapprocher beaucoup du Pin de Bungc (Pimis Bunç/eana). - CULTURES FAITES AU .lÂRDIN DU BOIS DE ROULOGNE. 655 M. le commandant du Quilio, qui nous a envoyé cet arbre, nous a aussi envoyé des graines de Pin que nous croyons être de la môme espèce. Il n'en a malheureusement levé qu'une très-petite (juantilé. Pin sylvestre {IHmis sijlvestris) . Pin de Riga (P. sijlvestris rubra). Pin noir d'Autriche (P. nigra austriaco). Pin laricio {P. laricio). — De la famille des Conifères. (Originaires d'Europe.) Ces Pins ont été semés ici pour établir des comparaisons entre les espèces, au fur et à mesure de leur développement. Ce sont les meilleures espèces pour les divers usages indus- triels du bois de Sapin. Sumac succédané [Rhus succedanea). — Térébinthacées (Japon). Au Japon on fait de la chandelle avec l'huile produite par les graines de ce Sumac, et du vernis avec sa sève. Malheu- reusement il a souffert du froid de l'hiver dernier, qui a été cependant exceptionnellement doux; il n'est donc pas douteux qu'il succombera à nos hivers ordinaires. Il faut donc y re- noncer sous notre climat. Sumac demi-ailé {Rhus semialata). — Térébinthacées (Chine). Ce magnifique Sumac n'a aucunement souffert pendant l'hiver dernier, il a même montre des boutons à fleur que le mauvais temps de cet été a empêchés de s'épanouir. Il y a donc quelque espoir (juil résistera à notre climat. Cela est doublement à désirer au point de vue de l'ornementation cl du produit industriel qu'on en pourrait tirer comme du précédent. • ' Sumac radicantou Lierre du Canada (iM?<5 radicans). — Térébinthacées (Amérique septentrionale). Plante grimpante très-vigoureuse, employée en médecine 656 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. contre la paralysie. Elle est très-vénéneuse, et loin de chercher à la propager, nous allons nous-mêrne cesser de la cultiver. LozA ou Nerprun a teinture {Rham7ius iitiUs). — Rhamnées (Chine). Arbuste très-vigoureux et parfaitement acclimaté qui nous donne, chaque année, des graines en abondance. C'est avec son écorce que l'on lait le vert de Chine si estimé. 11 est à souhaiter qu'on en répande davantage la culture en France, où il pourra rendre de grands services à l'industrie de la teinture. Nerprun tinctorial {Rhanmus tinctorius). — Rhamnées (Hongrie). Arbrisseau dont les baies servent à la teinture. Il supporte difficilement nos orands hivers. Rarron rugueux {Andropogon squarroswn). — Grami- nées (Inde). C'est la seconde année que nous cultivons cette plante, mais l'hiver que nous avons traversé a été si bénin, que nous devrons attendre encore pour juger sa rusticité. Elle est très- vigoureuse, et pourrait nous rendre quelque service au point de vue de la décoration. Son plus grand mérite est dans ses racines, qui donnent le vétiver que l'on emploie pour parfumer les étoffes et les fourrures et en éloigner les insectes. Brome de Schrader {Bromus Sc/ûrideri). — Graminées (Amérique septentrionale). Le jour commence à se faire sur le mérite réel de ce four- rage dont on a tant parlé. Il résulte de nombreuses expé- riences, que l'on aurait bien tort de renoncer à nos prairies artificielles au profit du Brome de Schrader, qui exige une culture compHquée et plus d'engrais. Celui-ci a été coupé le 16 juin pour la première fois, afin de récolter les graines, qui étaient mûres à cette époque. La seconde maturité a beau- coup de peine à arriver avant les gelées. Les Graminées qui suivent ; Brome des prés, Ray-grass d'Italie, Dactyle agglo- CULTURES FAITES AU JARDIN DU BOIS DE BOULOGNE. 657 méré et Iloulquc laineuse, ont été semées ici pour faire des comparaisons. Coupées en même temps que le Brome de Schrader, elles ont poussé plus en herbe que ce dernier. En résumé, le Brome de Schrader pourra rendre quelques ser- vices dans l'ouest de la France, où il paraît bien se plaire dans quelques terres où nos Luzernes ne poussent pas bien et dans les endroits frais ; mais ce ne sera jamais qu'un auxi- liaire, et non pas cette panacée tant vantée à l'origine. Ammi officinal [Ammi majus). — Ombellifères (Indi- • gène). Plante annuelle anciennement connue. Elle est employée en médecine comme stimulante et tonique. Asclépiade, Herbe a la ouate {Asclepias Cortmti ou sijriaca). — Apocynées (Amérique septentrionale). Toutes les Asclépiades donnent un duvet soyeux contenu dans leurs gousses, et dont on se sert pour la garniture des vêtements comme ouate. Depuis longtemps on cherche le moyen d'utiliser ce duvet par le filage et la teinture, afin d'en faire des étoffes : c'est dans ce but que nous en cultivons quelques pieds. Indépendamment de ces éventualités, ri4,sc/e- pias est cultivé comme plante ornementale aux fleurs très- odoriférantes et dont les Abeilles sont très-friandes. Ricin du Pérou {Ricinus commiinis). — Euphorbiacées (Inde). , Ce Ricin, qui nous a été envoyé comme nouveauté, n'est autre chose que le Ricin commun que tout le monde connaît pour son huile purgative très-usitée et l'emploi de ses feuilles pour la nourriture du Ver à soie Bombyx Arrindia. Poire de terre Cochet {Poli/mnia edulis). — Composées (Inde). C'est la sixième année que nous cultivons celte plante dont les tubercules contiennent de l'alcool, du sucre et de la potasse. Le produit ici a continué d'être satisfaisant; mais il fallait la livrer à la grande culture afin de la juger on dernier 658 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. ressort ; c'est ce que nous avons fait l'année dernière et cette année. Il y en a eu de cultivé dans dix départements diflerents, et les renseignements que nous en avons recueillis sont très- variés : les uns sont satisfaits, les autres mécontents, d'autres enlin n'ont pas arraché les pieds, espérant, par ce moyen, obtenir une meilleure récolte l'année suivante. Il ne nous est donc pas possible de nous faire une idée bien exacte de cette première tentative ; ce n'est qu'après la seconde récolte qui va avoir lieu que nous pourrons nous prononcer. Toutefois nous pouvons dire dès à présent que le résultat sera plus satisfaisant dans le midi de la France que dans le nord. Luzerne de Chine {MecUcago sativn). — Légumineuse (indigène). Cette Luzerne, à son apparition, a joui d'une réputation imméritée. On la disait bien supérieure à nos Luzernes ordi- naires, mais il résulte de la comparaison que nous avons faite avec les Luzernes de Bourgogne et de Provence , que cette soi-disant nouveauté n'est autre chose que notre très-eslimée Luzerne ordinaire. Pour les plantes suivantes, voyez le Bulleii.n d'octobre 1865 : Frêne à fleur ^ Chêne à feuilles de Châtaignier, Cognassier de Chine, Kitaibélie, Ortie de Chine. TROSSiîilSBBO PAI&TEu'\ — Plantes alîmcsBfiasres. Pommiers variés du Canada [Malus comnivnis). — Piosacées (Indigène). Ces variétés de Pommiers noussont venues de divers pays, et particulièrement du Canada. Une seule variété a eu des fruits cette année. Elle nous est venue du Canada sous le nom de Beauté de Montréal. C'est notre Pommier à feuilles de Vvn- mcY {Malus pnmifolia) , déjà connu. Le fruit est insignifiant, et on ne le cullive que comme arbre d'agrément. Nous espérons .' CULTURES FAITES AU JARDIN DU ROIS DE ROULOGNE. sont très-estimées, et elles ont, indépendamment de leurs )) autres mérites, le grand avantage d'être facilement digérées; î) elles font aussi une bonne saumure et sont bien arrangées » ainsi. Cependant c'est surtout lorsque les gousses sont » bouillies qu'elles sont délicieuses; elles ont alors un goût » ressemblant à celui des Asperges, avec une petite odeur de » Pois verts. Elles peuvent être servies avec le rôti et former » une agréable addition et nouveauté sur la table. » Pour être bouillies ou mises en saumure, les gousses doi- )) vent avoir atteint tout leur volume avant d'être cueillies. » Dans quelques plantes elles sont vertes; dans d'autres elles » sont pourpres; et dans d'autres encore elles sont d'un vert » tirant sur le pourpre. » Quand les plantes sont liées et soutenues debout, elles » ont une singulière apparence; car chaque plante produit )) de quinze cà vingt gousses, les unes pendantes et droites, » les autres tordues et tortillées de la façon la plus bizarre. » Les semences de ce remarquable et intéressant végétal >) sont disposées en paquets cachetés. On les trouve chez » William Bull, new Plants merchant, King's road, Chelsea, » London, S. W. » Oseille en arbre {Rumex hinaria), — Polygonées (Canaries). Arbuste de serre peu intéressant ici. Dans le pays, on s'en sert aux mêmes usages que l'Oseille de notre pays. Igname de Chine [Dioscorea batatas). — Dioscorées (Chine). L'Igname n'est plus nouvelle, elle est connue de tous les 66/1 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. cultivateurs, et si la culture n'en est pas plus répandue, cela tient à la forme trop allongée de sa racine, qui est très-diffi- cile à extraire du sol. Nous cultivons ces pieds dans l'espoir d'obtenir des graines qui, en modifiant la forme, rendraient l'extraction plus facile. Malheureusement, l'été humide et froid que nous venons de traverser n'a pas permis la fécondation des fleurs, qui sont restées stériles. Nous espérons être plus heureux l'année prochaine. Igname de Chine non déterminée botaniquement. Nouvelle espèce que nous avons reçue en mai dernier, et sur laquelle nous n'avons aucun renseignement. Nous atten- drons l'année prochaine pour en connaître le produit et la rusticité. Pommes de terre {Solanum tuberosuin). — Solanées (Chili). Notre collection de Pommes de terre se modifie chaque année par la suppression des variétés médiocres ou peu pro- ductives, et par l'addition de nouvelles variétés. L'année a été peu favorable pour cette culture; les tubercules ont été moins gros, moins sains, et la maturité plus tardive. Les voici par ordre de maturité et le poids moyen par touffe. Elles ont été plantées toutes le 25 avril. MATURITÉ. NOM. POIDS. kil. 15 août Lapston Kidney 1,800 Id Santa Helena 1,250 20 août Blanchard 2,000 Id Kidney rouge 1,750 25 août Caillant 2,250 Id Confédérée 3,150 1^' septembre Rufziana 1 ,800 Id Leseble 1,800 Id Mazars 1,250 Id Docteur Bretonneau 2,250 Id De trois mois 2,150 Blé d'âbyssinie {Poa abyssinica). — Graminées (Ahys- sinie). Graminée annuelle à très-pelits grains que l'on prépare comme de la semoule. Le coloris rouge de ses épis la ferait CULTURES FAITES AU JARDIN DU BOIS DE BOULOGNE. 665 admettre pour la décoration des vases d'appartement. Les oiseaux en sont très-friands et ne nous en ont pas laissé une seule graine. Panis sanguin {Panicum sangu'male) . — Graminées (Euro{)c). Petit Millet rouge, servant aux mêmes usages que le Millet ordinaire. Pour les plantes suivantes, \o)'ez\e Bidleti/i d'octobre 1865 : Abricotier du steppe, du fort de Vernezé, \^i(/ne de Chine, Vigne du Canada (semis), Tomate d tige roidc. Maïs nain blanc. Maïs king Philip, Haricot d' Alger blanc, Haricot jaune cent pour //«, Haricot solitaire^ Haricot de sept semaines . * NOTE SUR LA GRAINE DE LIN DE RIGA DE PROVENANCE ALGÉRIENNE, Par M. RAVERET-WATTEL. Séance du 21 décembre 18G6. ) Permettez-moi, messieurs, d'appeler voire attention sur un faitfjui me paraît offrir un certain intérêt, au point de vue de l'agriculture et de l'industrie. Il s'agit de l'emploi avantageux qui pourrait être fait, dans nos districts liniers, de la graine de Lin, variété dite de li'gc, récoltée en Algérie. Vous n'ignorez pas, messieurs, que la plupart de nos lini- culteurs s'approvisionnent, à grands frais, sur le marché de Riga, des semences dont ils ont besoin, La France se trouve ainsi payer à l'étranger un tribut dont il me semble impor- tant de chercher à l'affranchir. Depuis longtemps déjà, le Lin de Riga est cultivé en Algérie sur une assez grande échelle, et S. Exe. le maréchal Randon, ministre de la guerre, s'est demandé, dans sa constante solli- citude pour les intérêts de notre colonie d'Afrique, si les semences qu'on y récolte ne pourraient être utilisées en P'rance. Il s'agissait de savoir si, transportée sous le climat d'Alger, cette précieuse variété de Lin n'y dégénère point, et si toutes les qualités qui la font justement rechercher subsis- tent dans des semences obtenues si loin de l'habitat primitif. Des expériences seules pouvaient résoudre cette question, et l'un de nos liniculleurs les plus distingués, M. Farnèse- Favarc<| (de Lille), voulut bien s'en charger. C'est du résultat de ces expériences que je viens vous entretenir un instant. Les premiers essais, qui datent de 1865, ne furent pas heureux. Semée en avril, au centre de vastes linières, — afin d'évi- ter les dépérissements ou dommages inévitables des lisières, ta GRAINE DE LIN DE RIGA DE PROVENANCE ALGÉRIENNE. 667 — la graine africaine produisit tout d'abord une plante très- feuillue, d'un vert bleuâtre, accusant une végétation vigou- reuse et bien autrement belle que celle des Lins environnants. Mais, de bonne beure, une sécheresse exceptionnelle vint compromettre partout la récolte du Lin, qui fut, cette année, plus mauvaise qu'elle ne l'avait jamais été depuis trente ans. Le Lin d'Algérie en souffrit comme les autres; ses tiges n'atteignirent qu'une faible hauteur et se ramifièrent en outre beaucoup. On avait été trompé sur la qualité de la graine, qui se trouvait appartenir à cette variété connue sous les noms de Lin bas, Lin fêtard, recherchée comme plante oléagineuse, produisant des graines abondantes, grosses, arrondies et de couleur foncée, mais ne donnant que des fibres grosses, rudes et d'un faible produit. La campagne était à recommencer. Cette année, dès le mois de mars, M. Farnèsc-Favarcq fit semer, dans plus de trente localités différentes, — tant en France qu'en Belgique, en Hollande et même en Allemagne, — de la graine d'Afrique, apparleiiant bien cette fois à la variété de Riga à fleurs bleues, et l'on peut dire qu'il obtint partout un succès complet. La plante a constamment poussé, plus rapidement que celle obtenue de graine provenant directement de Riga, et elle a atteint une plus grande hauteur, tout en présentant le meil- leur aspect : racine pivotante; tige unique, droite et fine; graine abondante, luisante et grosse. Des semis effectués en mai, dans les pays où l'on cultive le Lin tardif, ont donné les mêmes résultats. Partout le rouissage s'est effectué dans les meilleures con- ditions possibles, et par les divers procédés employés dans le Nord, c'est-à-dire à la rosée, à l'eau stagnante, à l'eau cou- rante, et par la méthode usitée à Bergues. Le rendement au teillage a été de 25 pour 100, en moyenne ; c'est le maximum du rendement de nos meilleurs Lins. Quant à la qualité, elle est supérieure à celle obtenue des graines de Riga dites de tonne. En résume, la réussite est complète, et ces expériences ^.,* 668 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. démontrent suffisamment que la graine de Riga, semée en Algérie, loin d'y dégénérer rapidement, comme cela a lieu chez nous, acquiert au contraire une nouvelle vigueur pro- duite, sans aucun doute, par l'influence de circonstances climatologiques, et que, semée ensuite dans le nord de la France, comme Lin d'été, elle n'y perd aucune de ses qua- lités primitives. Comme nous lirons chaque année de l'étran- ger des quantités considérables de semences de Lin, l'Algérie pourra désormais profiter de débouchés faciles et nombreux pour ce genre de production. Elle ne sera pas seule, d'ailleurs, à y trouver son compte. En effet, la graine de Lin à semer do Riga, marque authen- tique, — bien que relativement à bas prix en ce moment, — revient, à Dunkerque, coût, fret et assurance, à Zi6 francs le baril de 92 kilogrammes, soit 50 francs les 100 kilogrammes. Or, la graine de Lin d'Algérie peut être assimilée à nos graines à semer des Flandres, qui suivent les fluctuations de prix des graines de Riga, mais toujours avec un écart en moins d'en- viron 5 francs par ({uintal. Les liniculteurs auront donc ainsi tout intérêt à lui donner la préférence sur la graine russe. L'avantage est indiqué; au commerce et à l'agriculture maintenant d'en profiter. M. Farnèse-Favarcq s'occupe, du reste, activement de porter les résultats de ses essais à la con- naissance des liniculteurs, et nous sommes heureux de secon- der ses efforts en signalant ces mêmes résultats à l'attention de la Société d'acclimatation, qui prend toujours une part si vive aux progrès de la science agricole. . • - ,:• D'ailleurs, en dehors de leur importance industrielle, ces expériences nous ont paru offrir un véritable intérêt scienti- fique, en prouvant une fois de plus l'influence qu'exerce le climat sur la constitution des végétaux, et le parti qu'on peut tirer, dans certains cas, de cette action modificatrice. . UTILISATION DE LA CIRE DE /^A^-LA POUR LA FABRICATION DES BOUGIES, A NING-PO (chine), Par M. Paul CHAMPIOIV. ,,. • . ■ (Séance du Conseil du 26 octobre 1866.) ' . ' ;r" ■■:■'■ ■ — . . • , ■ • Les Chinois emploient deux méthodes d'éclairage dis- tinctes : ils se servent d'huiles communes, assez bon marché, très-abondantes en Chine; ils placent ces liquides dans des petits vases de porcelaine ou de fer, et emploient comme mèches une moelle très-poreuse et flexible qu'ils extraient d'une herbe marécageuse, dont on enlève à la main la cuti- cule épidermique, et que l'on trouve surtout sur le bord des petits cours d'eau, si fréquents dans le Céleste-Empire. Mais ce mode d'éclairage n'est guère employé que dans les bouti- ques pauvres, ou bien pendant la nuit pour remplacer les veilleuses dont nous faisons usage en Europe. Les bougies, quoique assez grossières, sont d'un prix rela- tivement élevé et sont réservées aux classes plus aisées. Elles sont formées d'une cire naturelle, connue en Europe sous le nom de suif végétal, à laquelle on mélange une plus ou moins grande quantité de graisse animale, selon la valeur que doit obtenir le produit. Ces bougies se font toutes au trempé en suspendant les mèches à des cadres de bois, qui permettent de plonger la bougie dans le bain de cire jusqu'à ce qu'elle ait obtenu la grosseur voulue. Ces mèches sont d'une fabri- cation assez singulière, elles sont formées d'un petit roseau dont l'intérieur est creux et autour duquel on enroule exté- rieurement en spirale la moelle dont nous avons parlé plus haut. Lorsque cette mèche est recouverte d'une quantité suffisante de cire, on la plonge parfois dans un bain de cire blanche appelée Pé-la, qui provient d'un petit insecte (Coccus Pé-Ia), que l'on rencontre à l'état sauvage dans la province du Su-tchuen, spécialement sur le Frêne {Fraœinn$si7iensis). 2" SÉRIE, T. m. — Décembre 1860. h?; 670 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. Cet insecte, comme on le sait, sécrète une matière blanche qu'il dépose sur les petites branches qui terminent les extré- mités de l'arbre, et y forme des couches qui ont souvent plusieurs millimètres d'épaisseur. .-■ -■ Pour obtenir cette matière, les Chinois se contentent de. briser l'extrémité des branches et de les introduire dans des chaudières de fonte remplies d'eau bouillante; ils séparent ainsi toutes les matières étrangères, et par le refroidissement on obtient des gâteaux de cire ayant une épaisseur variable et souvent d'une grande blancheur; cette matière refroidie lentement présente dans son intérieur un aspect analogue à celui du sperma ceti, son point de fusion est voisin de celui de la cire de l'abeille, elle ne tache pas le papier et a un tou- cher semblable à celui de l'acide stéarique. Sa fusibilité étant moins grande que celle de la cire végétale employée pour la fabrication des bougies, on se sert donc spécialement de cette matière pendant l'été et l'on obtient ainsi un produit un peu plus cher (car la cire de Pé-la est d'un prix élevé en ce mo- ment en Chine), mais plus commode à manier et plus propre aux usages domestiques. ,- Ces bougies sont souvent blanches et souvent colorées de diverses manières. A l'époque des fêtes publiques, qui sont fréquentes en Chine, les fabriques de bougies sont dans un grand état d'activité, et l'on prépare spécialement une grande quantité de bougies rouges. Pour leur donner cette colora- tion on procède comme il suit : une fois la bougie blanche terminée on la plonge dans un bain de cire rouge, obtenue en jetant dans la cire chaude de l'orcanette lavée et débarrassée dès matières étrangères qu'elle renferme ; au bout de quel- ques instants la cire absorbe la plus grande partie de la matière colorante renfermée dans cette plante, et prend une magni- fique couleur rouge. Au moyen d'un écumoir on retire toutes les parties ligneuses qui se réunissent à la surface et le bain est prêt à servir: parfois aussi on incorpore par le brassage des matières minérales bleues ouvertes qui proviennent géné- alement de Canton; mais aucune couleur n'est aussi appré- ciée que la couleur rougo. . „ ., ï ■■''' ' ■ UTILISATION DE LA CIRE DE PÉ-LA. 671 L'orcanette épuisée sert ensuite comme combustible, après avoir été pressée vigoureusement dans les mains pour en extraire la graisse qui y est restée adhérente. Les bougies ainsi terminées sont livrées à des ouvriers spéciaux qui ont pour fonction de découper les bouts pour dégager la mèche; ils laissent de plus, à la partie inférieure, une longueur de roseau servant de mèche, d'environ /i à 5 centimètres, exempt de cire, cette extrémité sert à piquer les bougies sur des flam- beaux qui sont toujours formés en Chine de pointes de fer placées sur un pied du même métal. Les Chinois, qui sont fort économes, utilisent ainsi les bougies jusqu'à leur extrémité, sans être obligés d'avoir recours aux brûle-tout dont nous nous servons en France. Les bougies dont je viens de parler brû- lent en répandant une odeur désagréable ; elles coulent facile- ment et l'on est obligé de les moucher souvent, car la mèche ne se consumant pas entièrement, laisse un résidu charbon- neux qui enlève à la flamme la clarté qu'elle doit posséder. Les Chinois, qui ignorent complètement nos procédés de fabrication des bougies, se plaignent de ces divers inconvé- nients, et seraient heureux de pouvoir substituer à ces gros- siers produits des matières analogues à celles que nous employons chez nous; d'autant plus qu'ils font un grand usage de ces bougies, surtout à l'époque du jour de l'an et des cérémonies diverses exigées par les coutumes et le culte de Boudah. Dans ces cas les bougies sont couvertes de lettres dorées, qui représentent des maximes, et que l'on obtient en traçant les lettres au pinceau avec de la gélatine et en appli- quant ensuite de l'or ou du cuivre en feuilles. Les bougies se donnent parfois à litre de présent en Chine; dans ce cas elles atteignent souvent un poids et une grosseur considérables et sont revêtues de magnifiques inscriptions et quelquefois même elles sont travaillées et sculptées au cou- teau. On rencontre aussi dans le commerce, surtout à Pékin, des bougies entièrement formées de cire de Pé-la qui portent à leur surface toutes sortes de dessins et qu'on obtient au l'noyen du moulage; ces bougies chinoises de luxe atteignent parfois le prix élevé de 100 à 130 sapèques, soit 50 à 65 cen- 672 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. times. Pendant un voyage que je fis dans une partie de la Chine, où les Européens et leurs produits n'ont guère péné- tré jusqu'ici, les cadeaux les plus beaux que j'offris, même aux mandarins, renfermaient toujours des bougies euro- péennes, qui excitaient l'admiration des Chinois, surtout à cause de leur propriété de ne pas fumer et de brûler sans avoir besoin d'être mouchées. Les graisses étant assez com- munes dans certaines parties de la Chine, et le carbonate de soude étant un produit très-employé par les Chinois du nord, il serait facile, je crois, d'y établir des fabriques de produits analogues aux nôtres à un prix assez peu élevé. Fabrication des tissus de soie à Han-kéou. Les Chinois fabriquent de grandes quantités de tissus de soie qui n'ont pas, en général, la finesse des nôtres, mais qui, néanmoins, arrivent à un assez grand degré de perfection. Les métiers qu'ils emploient sont simples, mais l'habilelé et l'adresse des ouvriers suppléent à la grossièreté des moyens d'exécution. . Leurs étoffes de soie renferment des produits de diverses provenances auxquels on mélange souvent du coton, et, chose assez remarquable, il se fait un continuel échange entre la soie brute livrée par la Chine aux Européens, et les étoffes de soie tissées en France et en Angleterre que l'on expédie dans l'extrême Orient, pour la consommation des Chinois. Le Conservatoire impérial des arts et métiers renferme un spécimen exact des métiers chinois destinés à tisser les étoffes; je n'ai donc pas pensé qu'il soit utile d'en faire un croquis, mais j'ai cru intéressant de reproduire les dessins pris par moi dans une fabrique de machines destinées à pré- parer la soie pour le tissage. ■ Je me suis enquis en passant du régime alimentaire suivi par les Chinois, dans la fabrique où j'ai été à même de suivre les diverses opérations concourant à la fabrication des étoffes. - . : FABRICATION DES TISSUS DE SOIE A HAN-KÉOU. 673 Un ouvrier qui tisse la soie, travaillant en été depuis six heures du matin jusqu'à six heures du soir, fabrique un morceau d'étoffe ouvré et ayant trois à quatre pieds de long- sur deux pieds de large. Il gagne en moyenne 175 sapèques par jour, soit 85 cen- times; de plus il est nourri et couché. Sa nourriture se compose de : poisson, huit fois par mois, viande de porc, quatre fois; poulet, deux fois; le premier jour de la lune et le 15 du mois. Légumes tous les jours. La base fondamentale de la nourriture des Chinois est le riz; voici les quantités qu'ils en absorbent approximativement: hO livres chinoises (24 '^''"-'-,160) , coûtant 1107 sapèques, soit 5 fr. 50, par homme et par mois de trente jours. Un homme consomme 10 livres chinoises (0'"'"ï'-,O/i) de poisson frais par mois, ce qui représente une dépense do (500 sapèques ou 3 fr. de notre monnaie. En outre, il consomme 8 livres (û'^''""'-,82/i) de chair de porc, évalué h 1/iO sapèques la livre, soit 70 centimes, ce qui met le kilogramme à 1 fr. 15, et deux poulets de 3 livres (l''''°s'-,812) à 150 sapèques, soit 75 centimes la livre ou 1 fr. 25 le kilogramme. •...., Enfin ils consomment journellement pour 20 sapèques ou 10 centimes de légumes frais. Un patron estime la dépense relative à la nourriture d'un ouvrier, à la somme de 80 sapèques par jour, /iO centimes, le riz et les légumes étant seuls compris dans cette dépense; tous frais compris, la dépense peut cire évaluée ;\ 220 sapèques, soit 1 fr. 10 par jour; le thé et le tabac figurent dans ce total pour une somme de 30 sapèques, soit 15 centimes. Les ouvriers dont nous venons de parler font trois repas par jour, le matin h huit heures et à sept heures à la fin de la jour- née de travail; ajoutons que dans l'industrie de la soie, les ouvriers sont exceptionnellement bien payés. ' II. EXTRAITS DES PROCES- VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1866. Présidence de M. Drouyn de Lhuys, président. M. le Président déclare ouverte la session de 1866-1867, et prononce l'allocution suivante : « Messieurs, c'est avec une » satisfaction vériLable que je me retrouve aujourd'hui au » milieu de vous après une longue séparation. En effet, pen- » dant ces dernières années, les absorbantes diversions de la » politique m'ont trop souvent empêché de prendre part à » vos travaux. Néanmoins, votre bienveillante sympathie, » tenant plus compte de mes bonnes intentions que de mes » œuvres, a renouvelé périodiquement ma présidence devenue » momentanément, bien malgré moi, une sorte de sinécure. » Désormais il n'en sera plus ainsi. Des loisirs me sont rendus » et j'espère pouvoir, par mon zèle, justifier votre confiance » et réparer le temps perdu. » M. de Quatrefages dit qu'il ne peut souscrire aux paroles de M. le Président; que, pendant son ministère, M. Drouyn de Lhuys n'a cessé de témoigner du plus vif intérêt pour les tra- vaux de notre Société et lui a prêté le concours le plus dévoué, malgré les graves préoccupations de la politique; aussi de- mande-t-il que la Société adresse, par un vote, ses remcrcî- ments à notre illustre Président. . . M. Drouyn de Lhuys réplique que ce démenti est trop gra- cieux pour qu'il ne l'accepte pas avec reconnaissance. La Société s'associe par acclamation à la proposition faite par M. de Quatrefages. — Le procès-verbal de la séance précédente a été, confor- mément au règlement, lu et adopté dans la séance du Conseil qui a suivi l'ouverture des vacances de la Société. — M. le Président invile Mgr Perny, membre honoraire de la Société, qui assiste à la séance, à prendre place au bureau. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis par le Conseil : PROCÈS-VERBAUX. ■ ' 075 MM. Fahlman (François-Achille), consul de Suède et Norvège à l'île d'Ivice (Baléares), Espagne. Falgon de Cimier de Cimier, préfet des Basses-Alpes, à Digne. Gallot (Gélestin), propriétaire, à Paris. Grognet (Charles), agent consulaire de France, au Ro- sario du Parana (Képublique argentine). Théry, à Paris. ?, <. — M. le Président fait connaître à la Société les pertes qu'elle vient de faire par suite du décès de MM. le docteur Fr. von Siebold et le baron deZeller, membres honoraires, et Natalis Guillot. , . — Des remercîments, pour leur récente admission, sont adressés par MM. Fréd. Albuquerquc et Jaurand. — M. xVIollie, vice-consul de France à Manille, et M. Boc- quet, intendant militaire en Algérie, font leurs offres de ser- vice à la Société. — Remercîments. — M. le Président de la Société de géographie de Paris annonce l'ouverture d'une souscription destinée à couvrir les frais d'un voyage à travers l'Afrique centrale. — M. A. Geoffroy Saint-Hilaire communique la lettre sui- vante qu'il a reçue de M. Manès : « Je vous remercie de nou- » veau, monsieur, des oiseaux magnifiques que vous avez bien )) voulu nous expédier par l'intermédiaire de M. Berthelin. » Grâce à ses bons soins, tous les oiseaux nous sont parvenus » en parfait état. C'est à nous maintenant à répondre digne- » ment à la réciprocité que je vous ai promise au nom de mes » collègues, afin de profiter de la bonne volonté de M. Ber- )) Ihelin et des facilités que lui procure sa position dans la » Compagnie des messageries. Il serait bien heureux qu'on » put trouver chez tous les marins ou voyageurs lemême'zèle » pour l'acclimatation ; mais il n'en est pas ainsi, et M. Berthe- » lin acquiert des litres sérieux à la reconnaissance de nos » sociétés. J'appelle votre attention sur les conditions excep- » tionnellement favorables de notre île comme étape d'accli- )) matation. iNous avons ici tous les climats, depuis la glace et 676 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION. » la neige jusqu'aux plaines toujours brûlées par le soleil, » mais tout cela sans excès et assez tempéré pour faciliter le j) passage d'un climat à l'autre. Vous pourriez donc utiliser nos » services pour préparer certaines acclimatations délicates et » difficiles. Les animaux de l'Amérique, de l'Asie, de l'Afrique », seraient probablement très-facilement acclimatés en Europe D après un séjour plus ou moins long à la Réunion. Je crois » que toutes les constitutions des animaux peuvent se plier » à tous les climats, mais non pas brusquement; pour beau- » coup il faut procéder progressivement et non pas en les » transportant immédiatement d'un climat glacé à un climat i> torride, ou réciproquement; une zone tempérée convient » donc parfaitement comme étape indispensable. Votre illustre » père indique et recommande dans son ouvrage sur l'accli- » malation les oiseaux suivants : Hocco, Marail, Pauxi, Oie & d'P^gypte, Oie des Sandwich, Bernache, Céréopse, Canard D de la Chine, Nandou, Casoar, Agami, Goura, Napaul. Plu- » sieurs de ces acclimatations peuvent être déjà bien avan- » cées en France, nous vous demanderons néanmoins des » sujets de ces espèces pour nous qui ne possédons presque » rien; quant à celles pour lesquelles vous avez échoué jus- 5) qu'à ce jour, nos climats leur seraient très-probablement » favorables, et mieux vaudrait nous envoyer tous les sujets » qui vous parviendraient; les garder serait les sacrifier inu- » tilement, tandis qu'en se résignant à ne les recevoir qu'après » réussite à la Réunion, on assurerait le succès. Ceci est surtout » vrai pour les mammifères, qui supportent plus difficilement » que les oiseaux la rigueur des hivers. Nous devons donc » compter sur vous pour avoir des sujets des espèces suivantes » recommandées par votre père : Cabiai, Kangourou, Phasco- » lopie, Paca, Tapir, Mara, Agouti, Lama, Alpaca, Vigogne, » Antilopes, Gazelles, Daims, Hémione, Zèbre, Yak. Les petits » mammifères seraient facilement transportés par Suez comme » les oiseaux; quant à ceux de grande taille, ils pourraient » nous venir par le Cap par les navires de guerre, qui nous » viennent très-souvent de Toulon ou de Brest au moins pour » se ravitailler. 11 faut avoir bien soin de n'expédier que des •'■•'• '^ PROCES-VERRAUX. -.^ '•• ' ^77 î» sujets très-jeunes, ils conviennent mieux sous tous les rap- D ports, ils sont plus maniables et plus faciles à transporter » en raison de leur taille et de leur poids; ils sont plus faciles » à nourrir et plus faciles à acclimater. Des Daims et des Che- » vreuils seraient très-utiles pour nous, nos montagnes si )) pittoresques et si étendues, relativement aux plaines culli- j> vables, étant désertes et sans gibier. Nous élevons dans » notre jardin des Cerfs de l'Inde et des Axis qui s'y repro- » duisent aussi facilement que des Moutons ou des Cabris; » peut-être arriverions-nous à élever les Daims et les Che- » vreuils qui ne sont pas domestiqués en Europe. Nulle part » l'acclimatation des mammifères ne rendra de plus grands ser- » vices qu'à la Réunion, car nous n'avons que le Porc et le » iMouton et faisons venir le Bœuf de Madagascar par cargai- » sons. Le Mouton est rare et souvent on en porte du Cap, de » Buénos-Ayres et d'Australie. L'espace ne manque pas pour » l'élevage en demi-liberté; il ne s'agit donc que de trouver » des espèces appropriées aux exigences locales, et pour cela » il faut des essais. Si nous pouvions peupler nos bois des gros » gibiers à plumes, tels que Coqs de bruyère, Outardes, etc., » y ajouter vos oiseaux chanteurs, Rossignols, Fauvettes, etc., » mettre dans nos lacs et nos rivières la Truite, le Saumon et » autres espèces, faire multiplier sur les montagnes les Vigo- » gnes, les Bouquetins, les Chevreuils, nous aurions rendu » d'immenses services à la Réunion. Je n'ai pas besoin de vous j> dire qu'en vous citant tous ces noms d'animaux j'ai voulu » seulement vous donner à choisir ceux que vous pouvez nous » expédier sans peine, sans aucune prétention de les avoir » tous. »... , . , ; ... — M. A. Geoffroy Saint-Hilaire présente une Notice de M. L. Berthelin sur un envoi d'animaux fait au Jardin d'accli- matation du bois de Boulogne (voy. au Bulletin, p. 589). ■ — M. Favin-Lévesque, capitaine de vaisseau, commandant la station navale d'Islande, fait don de quatre Renards bleus qu'il a rapportés d'Islande. — Remercîments. — M. le baron Girard de Soucautow, agent consulaire de France à Réval (Esthonie-Russie), fait don à la Société d'un t. 678 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. jeune Lynx et d'un jeune Aigle d'Estlionie. — Remercîments. . — M. l'abbé de Foresta, président de la Société centrale d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes, informe la Société que la mort du Taureau Yak qu'il possédait l'oblige u cesser ses expérimentations sur cette race. — M. E. Simon, membre honoraire de la Société, écrit pour donner des détails sur le dernier envoi fait par lui, au commencement de l'année, et annonce qu'il prépare une expé- dition de Moutons vrais «/«m^-/?;. : ■'■ \ • . — M. Dabry annonce l'envoi de quelques oiseaux qu'il s'est procurés à Yokohama, et que M. Mermet de Cachon a bien voulu surveiller pendant la traversée. Ces oiseaux, qui sont arrivés en trés-bel état, sont deux Faisans Yama-tori, deux Nivatori (poule et coq), deux Passereaux, deux Cailles (Cawa- roi-oîitroîira) , un Merle, une Poule-d'eau [BameJd) ^ qX. wno. espèce d'Outarde {Organ). — Sur la proposition de M. le Pré- sident, la Société vote des remercîments à M. Dabry pour son nouvel envoi, et à M. Mermet de Cachon qui a bien voulu donner tous ses soins à ces précieux, animaux et les a amenés jusqu'à Paris. Les oiseaux envoyés à la Société par M. Dabry, sont les sui- vants : 1 Phasianus torquatus mâle; 1 Phasianus'}, cet oiseau estjeune encore et semble être un métis de Faisan doré et de Faisan à collier; 2 Cailles, très-semblables à la Caille d'Eu- rope, mais dont le plumage est panaché, c'est-à-dire mêlé de blanc et de brun ; 1 Outarde {OtisT) de grande taille et très- semblable à l'Outarde ordinaire, Otis tarda; 1 Poule d'eau {GallinulaT) très-semblable à la Poule d'eau de nos marais; 2 Passereaux {Embcrizal), 1 Coq et \ Poule dits de Nanga- saki gris. — M. Bouvenot, de Gevigney (Haute-Saône), adresse une note sur l'emploi du sulfate de fer dans le traitement du typhus des oiseaux de basse-cour. — Renvoi à la Commission des récompenses. — M. Sicard transmet les deux notes suivantes de M. Je lieutenant de vaisseau Trotabas, commandant l'aviso le Favori, sur nn nouvel appât pour la pêche et sur la pêche du Corail : . . PROCÈS-VERBAUX. 679 « Nouvel appât pour la /:)ec/2e.— Depuis quelques mois on » emploie avec beaucoup de succès, sur les côtes de Provence, )) un nouvel appât pour amorcer les palangres. C'est la chair » de l'Holothurie ; cet animal, mou, cyhndrique et d'aspect )) repoussant, abonde sur tous les fonds où s'exerce le filet » traînant et n'était pas utilisé. On n'emploie que l'intérieur » que l'on retire en divisant l'animal longitudinalement en » deux parties. Chaque moitié peut boitter deux hameçons » quand l'Holothurie est grosse et un seul quand elle est » petite. On jette les intestins qui n'ont pas de consistance » et l'on se sert du tissu blanc qui tapisse l'intérieur de l'en- » veloppe et qui se détache facilement avec la pointe du cou- » teau. Le poisson blanc, en général, et surtout les Sars et » les Dorades s'en montrent très-friands; on y prend aussi » quelques poissons plats et surtout des Soles. Cette heureuse » innovation, qui a commencé à se produire du côté de Cannes, » s'est bientôt répandue sur toute la côte de Provence, et les » palangriers qui l'emploient prennent assez fréquemment de » ZiO à 50 kilogrammes de poissons blancs dans la journée. » Aussi, l'Holothurie, qui précédemment encombrait la pêche » des filets traînants et qu'on s'empressait de jeter à la mer, » commence-t-elle àêlre recherchée. On la vend maintenant » sur certains marchés. » PêcJte du Corail. — Cette pêche, pratiquée surtout par » des bateaux à scaphandre, a été trôs-active cette année sur » les côtes de Provence. Deux bateaux de la compagnie Fouque » de la Couronne ont travaillé dans les environs de Cassis » depuis le mois de novembre dernier jusqu'au mois de juillet )) de cette année. Outre ceux-ci, une dizaine de bateaux espa- » gnols sont venus faire, pendant tout l'été, la même pêche » sur la partie de la côte comprise entre le cap Cépet et les » îles de MarseiUe ; de ce nombre huit étaient munis de sca- )) phandres et dix seulement travaillaient à l'ancien engin. » Tous ces bateaux ont généralement fait une très-bonne » pêche; mais, l'un d'eux surtout a réalisé de grands béné- » fices, soit que le hasard l'ait plus favorisé pour la recherche » des fonds, soit que les plongeurs, plus forts ou plus adroits, 680 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. » aient pu descendre à de plus grandes profondeurs. En )) moins de six mois, un seul bateau a pris environ /lOO kilo- » grammes de Corail qui, au prix moyen de 50 francs reprc- » sentent une valeur de 20 000 francs.'Le plus grand fond » par lequel ils aient travaillé est de 25 brasses. Les plou- » o-eurs assurent qu'au delà le Corail est encore assez abon- » dant, et qu'ils laissent sur place de toutes petites branches » qui commencent à se développer. La récolte totale a été, » cette année, dans l'étendue déjà citée, d'environ 1000 kilo- » grammes, représentant une valeur de plus de 60 000 francs. » Les abords de l'île de Riou ont, paraît-il, fourni le plus de » ce précieux produit. » — M. Léon Vidal adresse un Mémoire sur l'élevage et la conservation du Loup ou Bar {Labrax lupus) dans les viviers de la ferme aquicole de Port-de-Bouc à l'état de slabulation (voyez au Bulletin, p. 637). ; ' •■ * — M. Delidon adresse un Mémoire sur les parcs à huîtres établis sur le rocher de Der, près de Marennes. — M. le baron de Dumast signale, comme très-propice à recevoir le Gourami, la petite rivière de l'Anapo, près de Syra- cuse, qui lui paraît constituer l'emplacement le plus favorable pour l'essai d'acclimatation de ce précieux poisson dans le bassin méditerranéen. — Madame Drouyn de Lhuys fait hommage d'une boîle contenant des papillons et de la soie écrue et teinte du Ver à soie de l'Allante {Bomby.x Cijiithia), provenant de ses éduca- tions. — Remercîments. — M. le Sénateur, secrétaire du Sénat, informe M. le Pré- sident que, sur sa demande, il vient de donner des ordres pour qu'on recueille une collection aussi complète que pos- sible des Vignes du Luxembourg, destinée à lu Société d'ac- climatation de Victoria (Australie). — Remercîments. - — S. Exe. M. le ministre des affaires étrangères transmet une lettre de M. Ferdinand Mueller et un paquet de graines de Cinchona officinalis. M. Mueller annonce le prochain envoi de graines de diverses plantes australiennes, qu'il pense devoir prospérer en Algérie et dans le Sahara. — Remercîments. r, r^. '..,..■ . PROCÈS-VERBAUX. 681 Les graines de Cinchona dues à la générosité de notre con- frère ont immédiatement été réparties entre l'Algérie, nos colonies des Antilles, l'île Maurice et la Réunion. — M. l'abbé Voisin, directeur du séminaire des Missions étrangères, transmet une lettre de M. l'abbé Tapier, relative à plusieurs plantes de Chine dont il avait fait hommage à la Société. — Madame veuve DeUsse adresse un rapport sur ses cul- tures, et fait don à la Société d'une collection de graines de céréales. — Remercîments. — M. Robillard présente, au nom de M. Chenu, des échan- tillons de Brome de Schrader, et donne les renseignements suivants sur sa culture à Chailly en Brie : « Ces tiges, qui » mesurent 1"',55 de hauteur, proviennent d'une troisième » pousse, les deux premières coupes du Brome ayant été faites » au mois de janvier et de février de cette année. M. Chenu a » obtenu des résultats très-favorables de sa culture de Brome, » ils ont été ceux que la notice publiée par M. Alphonse La- » vallée pouvait lui faire espérer. Fourrage touffu, magnifiques » tiges portant graines, mesurant de 1 mètre à 1"',70 de hau- » teur; graines abondantes. Au mois de janvier, M. Chenu » avait une vache malade, il a pu la nourrir au vert, grâce à » son Brome. Aucuns soins particuliers de culture. Le sol de » Chailly se compose d'une terre fraîche et légère. Toutes les X. graines recueillies par M. Chenu vontôtrc employées par lui » à étendre la culture de son Brome. » — M. Boisnard-Grandmaison offre à la Société quelques tubercules d'une variété d'Igname de la Chine, qui offre l'avan- tage d'être sphérique, et, par suite, de ne pas s'enfoncer outre mesure dans le sol. Il signale en même temps les efforts de son jardinier, M. L. IluUin, pour multiplier cette précieuse variété. — Renvoi à la Commission des récompenses. : ^ — M. le Directeur du Jardin du bois de Boulogne fait obser- ver que les bulbilles d'Igname qu'il a reçus de M. Boisnard- Grandmaison, ont donné, comme à l'ordinaire, des racines allongées. Il faudrait pouvoir créer une variété de ce pré- cieux légume à tubercules arrondis et ne s'enfoncant pas trop ^ 68*2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUÈ d'aCCLIMATATION. profondément en terre, ce qui pourra peut-être s'obtenir par des semis consécutifs. — M. Aube rappelle qu'il a cultivé, il y a quelques années, des bulbilles d'Ignames semblables à ceux présentés par M. Boisnard-Grand maison, mais qu'après la première ou la seconde année de culture, ils ont perdu leur forme arrondie pour devenir très-allongés. Jusqu'à ce jour, il n'a pas été possible, même au moyen de semis, d'obtenir une variété d'Ignames à tubercules arrondis, ce qui serait très-désirable. — Mgr Perny dit que, connaissant le défaut reprocbé à l'Igname de Montigny de donner des racines trop longues, il avait déjà tenté de faire parvenir à la Société une nouvelle Igname à large base du Tse-tchuen, mais qu'elles se sont détériorées en route ; il se propose de renouveler cet envoi. ... "■ — M. A. Geoffroy Saint-Ililaire dit qu'il a reçu, il y a déjà quelque temps, de Mgr Perny, une Igname différente de l'Igname ordinaire et de celle dont il vient d'être fait mention. Cette espèce est aujourd'hui à l'étude. — M. Pigeaux dit qu'il a vu une Igname courte et ovoïde, provenant de Bornéo ou de Sumatra, et qu'il serait intéres- sant de se procurer. — M. Jules Cloquet présente, de la part de notre collègue M. Lesèble, de Bocbefuret (Indre-et-Loire), des Ignames de la Chine, provenant de sa récolte de cette année. Ces Ignames sont remarquables par leur volume et leurs bonnes qualités. M. Cloquet annonce également que M. Lesèble cultive avec grand succès l'Igname de Decaisne, qui a l'apparence de Pomme de terre pour la forme et pouvant se cultiver avec grand avantage. ■ ...,., „. .,{ Le même membre rappelle que M. Lesèble a, le premier, acclimaté en France le Maïs de Cusco et l'a conduit à parfaite maturité, en ayant soin de semer les graines en serre chaude, au mois de février, et de ne repiquer la plante en pleine terre qu'au mois d'avril, quand elle a déjà 50 à 60 centimètres de hauteur. — M. le Président propose d'engager les cultivateurs à '■'■ • ••• ■ PROCES-VERBAUX. 683 chercher à créer des races à racines arrondies, et, d'autre part, de faire des démarches auprès de nos correspondants, dans l'extrême Orient, pour appeler leur attention sur l'inté- rêt que présenterait l'envoi de nouvelles espèces d'Ignames à racines courtes. ' — M. Mongruel dit que si les cultivateurs pouvaient lui fournir deux ou trois mille kilos d'Igname, il est tout disposé à en faire l'acquisition. \^ — M. Autard de Bragard annonce le prochain envoi dé plusieurs pieds de Li-tchi {Nephelium Litchi), qui lui paraît devoir être introduit avec avantage en Algérie et dans le midi de la France, puisqu'il végète très-bien entre -|- 15° à + 20". Il annonce en même temps l'envoi de graines de Filao [Ca- suarina) à Suez pour en planter dans l'isthme, où plusieurs pieds ont réussi déjà. — Remercîments. — MM. Léon Maurice, Gourdin, Brierrc, Maumenet, adres- sent des rapports sur leurs cultures. ' — MM. Fourrier, Boisnard-Grandmaison, Gourdin et ma- dame veuve Delisse adressent des demandes de graines. — MM. Laperlier et Thuret remercient des graines qu'ils ont reçues. — M. Dibos offre un échantillon de Marron de Californie et propose à la Société de lui en procurer d'autres, si cette plante lui offre de l'intérêt. — Remercîments. - — M. Cosson fait remarquer qu'il y aurait le plus grand intérêt à faire venir des spécimens de cette plante, surtout si elle est originaire des montagnes, car jusqu'à ce jour, le ft/pe sauvage du Marronnier n'est pas connu, et si elle constitue une nouvelle espèce, il est certain qu'elle s'acclimaterait aussi facilement chez nous que les Séquoia et autres plantes origi- naires de la Californie. — MM. Scheibleret Coenen (de Lyon) offrent 2."»0 grammes de graines de Mûrier du Japon, provenant des districts de Maybash etde Sinchow, qui produisent les meilleures soies de l'Empire japonais. —Remercîments. — M. Cormery, instituteur à Méneston-Salon (Cher), renct compte de ses travaux, expériences et publications sur le 684 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Brome de Schrader, l'Igname de la Chine, etc. — Renvoi à la Commission des récompenses. — M. Chalot, instituteur à la Proiselière (Haute-Saône), adresse un rapport sur la culture du Brome de Schrader, et annonce qu'il rendra prochainement compte de ses nouvelles expériences sur le China-grass, le Maïs et l'Igname de Chine. — M. le professeur Chalin offre à la Société un sac de graines de Brome de Schrader provenant de ses cultures. — Remercîmenls. — M. Lasnet (de Champlitte) adresse un rapport sur la culture de Pommes de terre qu'il a reçues de la Société : a Ces Pommes de terre étaient de deux espèces : l'une, dite » d'Australie; sur li tubercules, 3 ont levé et m'ont donné » 177 Pommes de terre tant petites que grosses, toutes par- » faitement saines, mais impropres à la table; l'autre, dite » hâtive, rn'a également donné un bon rendement; mais la » moitié au moins était gâtée. Cette dernière espèce, la plus » liàtive que je connaisse, n'est autre qu'une Pomme de terre » excellente à manger sous la cendre et en friture, que je » cultive depuis quinze ans sous le nom de Biscuit. » — M. Vavin présente des Pommes de terre Marceau (de l'Amérique du Nord), assez hâtives, très-productives, â chair très-blanche et de bonne quahté. — Il est déposé sur le bureau les trois premiers volumes du Bulletin du Comice agricole et industriel de la Cochin- chine; les deux premiers numéros du Bulletin de l'Académie d'Hippone. : .. ^ = » — M. Balcarce fait don des trois ouvrages suivants : La Bépublique argentine, par Ch. Beck-Bernard, 1865; Tratado del Gcmado lanar, etc., par Daniel Perez Mendoza, 1858; The States of the River Plate, par Wilfrid Lalham, 1866. — Remercîments. — M. de Quatrcfages appelle l'attention de la Société sur le projet de la Société de géographie d'envoyer un voyageur qui doit traverser le quadrilatère central de l'Afrique, qui est encore la partie la plus inconnue de ce continent. Le voya- geur auquel la Sociéié de géograpliie prête son appui, est un . ;ii;f ■" ••^..■- • PROCÈS-VERBAUX. 685 olficier de zouaves, préparé à supporter les fatigues d'une expédition aussi sérieuse, et qui offre toutes les conditions désirables pour faire espérer un heureux succès. M. de Qua- trefages, après avoir annoncé que le Conseil de la Société a voté, dans sa dernière séance, une somme de 500 francs, engage les membres de la Société à apporter leur concours à la souscription ouverte. — M. Geoffroy Sainl-Hilaire présente à la Société un des- sin qui vient de lui être adressé par notre confrère M. Eugène Simon, consul de France à Ning-po (Clime). Ce dessin repré- sente le Faisan de lady Aniherst [Phas. Amherstiœ) , que les Chinois désignent sous le nom de Ky-kin. M. Simon nous fait espérer qu'il pourra bientôt nous adresser une et peut- être deux paires de ces précieux oiseaux. L'importation, en Europe, du Faisan d'Amherst est bien désirable, car cette espèce est une des plus brillantes du genre, et une des seules qui, jusqu'ici, n'aient pas encore été importées. Il faut donc remercier M. Eugène Simon de sa con- stante sollicitude pour la Société et le Jardin d'acclimatation, sollicitude grâce à laquelle il va sans doute enrichir nos volières d'un oiseau qui offre, au point de vue de l'acclimata- tion, un véritable intérêt. M. Geoffroy Saint-Hilaire fait passer sous les yeux des membres de la Société deux figures coloriées, représentant l'une, le Faisan versicolorc du Japon, récemment acquis h nos volières et à nos chasses; l'autre, le Ho-ki {Crossoptilun auritum) de Mantchourie, qui est déjà un oiseau presque français, grâce aux succès obtenus dans son élevage par made- moiselle de Bellonnet. Ces deux planches coloriées ont été publiées dans le journal le Centaure, qu'édite M. Crémière, et sont le commencement d'une série de figures d'animaux qui paraîtra ultérieurement. M. Geoffroy Saint-IIilaire lit à la Société la lettre qu'il a reçue de M. le vicomte Brenier de Montmorand, consul général de France à Shang-haï; elle est ainsi conçue : « J'ai l'honneur » de vous adresser un petit bambou renfermant quelques Vers » que je crois inconnus en Europe. Us m'ont été apportés des 2' SKRIE, T. UI. - Décembre ISfid. Uk 086 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. » confins du Thibet par l'abbé A. Franclet, des Missions » étrangères. » Les Chinois appellent ces zoopliytes TcJioung-tsao [Ver » à herbe). Arrivés, en effet, à une certaine période de leur » existence, ils poussent des feuilles que vous pourrez encore » reconnaître. Ces Vers à herbe sont employés dans la niéde- » cine chinoise. » ■ Le paquet de Tchoung-tsao est présenté aux membres de la Société, etMgrPerny, provicaire apostolique de Chine, veut bien donner à l'assemblée les détails suivants sur le curieux produit chinois qui a été envoyé par M. le vicomte Brenier de Montmorand : Le Ver-plantB ou Ver-à-herbe de Chine a été signalé, pour la première fois, dans le siècle dernier, par les anciens mis- sionnaires de Pékin. Toutefois, leurs lettres ne font nulle men- tion de l'envoi de ce Ver-plante en Europe. En 1858, j'ai eu l'honneur d'offrir à la Société d'acchmata- lion quelques échantillons de ce Ver-plante ; ils sont proba- blement déposés dans les collections de la Société. ' Les Chinois donnent k ce Ver-plante le nom de Hià-tchong- long-tsaô, ^ ^ ^ ^p^; ce qui veut dire littéralement : en été, ver ; en automne, herbe. J'avais ignoré jusqu'à ce jour le nom que les savants d'Europe donnaient à ce Ver-plante. Il paraît qu'on le nomme Spheriaslnensis. . Cette production représente très-bien une chenille de 8 à 10 lignes de long et de couleur jaunâtre. La tête, le corps, les yeux, les pieds, les côtés du ventre, les divers plis du dos apparaissent d'une manière bien visible. Mais ces formes se montrent plus distinctement, lorsque ce Ver-plante vient d'être recueilli. L'autre partie représente la tige. Ce Ver- plante ne se trouve que dans la province du Su-tchuen, sur les frontières du Thibet. Les Chinois le recueillent avec soin et l'expédient dans toutes les provinces de l'Empire. Ils lui attribuent avec raison des propriétés fortifiantes très-remarquables. Je puis affirmer, après en avoir fait Fessai, que l'assertion des Chinois est véri- table. Ce Ver-plante est donc en grand usage dans la médecine ,;.,;.; PROCÈS-VERBAUX. ..,,,, ...... 687 chinoise. Lorsqu'un lettré, un homme de cabinet, est fatigué, épuisé par l'excès de l'étucie , lorsqu'un malade entre en pleine convalescence, le médecin chinois conseillera l'usage de ce Ver-plante. Aussitôt, l'état de fatigue, d'épuisement disparaît, les forces physiques reviennent en peu de jours. Je serais désireux de savoir si, en France, ce Ver-plante produirait d'aussi bons résultats. Voici la manière dont les Chinois en font usage. Ils placent quelques onces de ce Ver-plante dans un canard prêt à être cuit dans son jus. On a soin de faire la cuisson avec lenteur. La viande du canard s'imprègne des propriétés médicinales de ce Ver-plante. On mange cette viande pendant plusieurs jours. Le Ver-plante lui-même ne se mange pas. Je ne saurais dire la raison pour laquelle les Chinois emploient de préfé- rence le canard à une autre volaille. . , ■ — ■ M. Soubeiran fait observer que la substance envoyée par M. Brenier de Montmorand a été décrite par Berkeley {Hoo- kers London Journal of Botanij^ vol. Il, p. 107, 18/i3), sous le nom de Sphœria sinensis. Elle consiste en une larve d'in- secte lépidoptère, probablement un Agrotis, sur laquelle se développe le Champignon. M. Dabry lui a envoyé déjà, à plusieurs reprises, sous le nom (V Animal-plante, cette espèce et d'autres voisines portées par des insectes de diverses classes. — M. Millet fait hommage à la Société d'un ouvrage qu'il vient de publier sur l'Aquarium de M. Duval. — M. le Secrétaire du Conseil donne lecture d'un rapport au Conseil sur la réorganisation des sections, et fait connaître les décisions suivantes prises à ce sujet par le Conseil, dans sa séance du 30 novembre 1866 ; . , « Les pièces concernant chaque section compétente lui seront renvoyées, après la lecture en séance générale, toutes les fois que la section pourra donner un avis utile, à moins que ces pièces ne renferment des questions administratives du ressort spécial du Conseil. » Les sections pourront faire des rapports sur chacune de ces pièces. Ces jfippprt^ ne seront considérés comme émanant 088 SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. des sections, que si cinq membres, au moins, ont assisté à leur discussion. ■ ' " . . » Le Conseil reste toujours seul juge de l'opportunité ou des inconvénients de l'insertion de ces rapports dans le Bulletin. » Un jeton de présence, sous forme d'un billet d'entrée au Jardin d'acclimatation, sera donné à tout membre qui assis- tera à une séance des sections. » Chaque section se réunira au moins une fois par mois, d'après l'ordre ancien. Si, vu l'importance des travaux, une ou plusieurs autres réunions mensuelles étaient jugées néces- saires, le Président de la section en indiquerait le jour et l'heure, d'accord avec M. le secrétaire délégué. » Les lettres de convocation seront spéciales à chaque séance, et indiqueront l'ordre du jour autant que faire se pourra. » ..;...-. — M. le Président fait appel au zèle des membres de la Société pour donner aux sections toute l'activité désirable. — M. Duchesne-Thoureau met sous les yeux de la Société des semis de Pin de Riga et de diverses autres espèces, et donne des détails nouveaux sur ses cultures de conifères. SÉANCE DU 2i DÉCEMBRE 1866. ., Présidence de M. Drouyn de Lhuys, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membi'es récem- ment admis : "'' ' ''" MM. AsTiER (Alphonse), propriétaire, à Bourg Saint-Andéol (Ardèche). Leclerc (Frédéric), propriétaire et maire à Pas-de-.ïeu, arrondissement de Bressuire (Deux-Sèvres). — M. Pitot, secrétaire de la Société d'acclimatation mau- ricienne, adresse les remercîments de cette Société pour les cinq paires de Colins de Californie qui lui ont été adressés, et lait ses oft'res de service à la Société impériale. PROCÈS-VERBAUX. , 6^0 , _M. René Caillaud transmet, une Note et trois certificats de M. du Fougeroux, constatant les heureux succès des ten- tatives d'empoissonnement faites en Vendée avec le Saumon et la Truite. — M. <:aillaud signale en outre les travaux de pisciculture auxquels se livre M. Pierre Josset, au château du Fougeroux (Vendée), et ceux d'ostréiculture exécutés par M. Denis Guillet, h Noirmouliers (Vendée), et par M. Trcgan, chez M. Fortin, maire de Cancale (IlIc-et-Vilaine). — Renvoi à la Conimission des récompenses. — M. Frédault offre, au nom des missionnaires de la Con- grégation des Missions étrangères, un paquet de pois de Chine. — Remercîmcnts. . — M. Roisnard-Grandmaison olïre à la Société plusieurs pieds de Rhammis Lo-za. — Remercîmcnts. — M. Geoffroy offre, au nom de M. Du Kerley, médecin en chef de l'hôpital militaire de Balna (Algérie), des graines de Fraxinm dimorpha. — Remerchnents. — M. Du Kerley, dans la lettre qui accompagne cet envoi, donne les renseignements suivants : « J'expédie aujourd'hui, » à votre adresse, une petite hoite contenant des fruits de » hmxinus dimorpha, Coll. et D. R., jolie espèce toute par- » liculière à ce pays- ci, et dont je désirerais voir essayer l'ac- » climalation au Jardin du bois de Boulogne. Ce Frêne, » découvert seulement il y a queU|ues années, et reconnu » comme espèce trcs-dislincte par MM. Cosson et Duricu de » ftlaisonneuve, n'a jamais été, que je sache, rencontré ail- » leurs que dans les forêts qui (^ouvrent les montagnes du » llodna, du Bellenma et de l'Aurès, où il croît depuis envi- » ron 1100 jusqu'à 2000 mètres d'altitude. Les renseignc- » ments que j'ai pris, ainsi que mes propres observations, » me portent à croire qu'il se plaît de préférence sur les vcr- » sants nord, dans les parties plutôt basses qu'élevées de la » chaîne, c'est-à-dire plus près de la limite inférieure d'alli- » tude que je posais tout à l'heure (1), dans les terrains un (1) Dans les parlics ('IcvtjCh;, c'est le Cèdre tlii l.ib.ui qui le lemplacc el qui domine ù son tour. 600 SOCIÉTÉ IMPÉHIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. » peu rocheux, situés à proximité des ravins et des petits cours » d'eau qui les sillonnent. C'est dire, en un mot, que cet y> arbre paraît rechercher volontiers les conditions de fraî- 7) cheur et d'humidité. Voilà tout ce que je pense savoir sur » les habitudes de ce petit arbre. Mais je sais de source cer- » taine qu'il prospère très-bien depuis plusieurs années au » Jardin des plantes de Bordeaux. Il serait donc très-facile de » se renseigner exactement sur son mode de culture et les » soins qu'il réclame, en s'adressant à M. Durieu de Maison- » neuve, directeur de cet établissement. M. Cosson, membre » de la Société botanique de France, qui habite Paris, pour- » rait sans doute aussi donner sur cet arbre des détails utiles » ou intéressants. D'usages, je ne lui en connais pas d'autres » ici que de servir à faire des cannes ; c'est un bois qui me » paraît dur et même cassant. Son feuillage est brouté volon- » tiers par les troupeaux, et même les Arabes, au commen- » cément de l'hiver, en coupent habituellement les branches » dans cette intention, deux conditions qui, sans doute, nui- » sent sensiblement à sa croissance, car cet arbre ne s'élève » guère ici à plus de 2, 3 ou /» mètres de hauteur; peut-être )) qu'avec des soins et dans un bon terrain, il atteindrait une » taille plus élevée. Mais, quoi qu'il en soil, et si ce Frêne a, » sans doute, peu d'avenir sous le rapport économique, l'élé- » gance et la finesse de son feuillage me paraissent le rendre » tout particulièrement recommandable pour l'ornementation » des jardins paysagers, où il ferait sans doute de très-jolis » massifs. Et voilà pourquoi j'ai cru utile d'en envoyer des » graines au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, » l'altitude où il croît ici me paraissant en rendre possible la » naturalisation, ou tout au moins la culture même dans le » nord de la France. » — M. Mure informe M. le Président de l'arrivée à Mar- seille de plusieurs pieds de Nephelium Letchi, envoyés par M. Autard de Bragard, et qui doivent être offerts partie à la Société, partie au Jardin du Ilamma. — M. Bouvenot adresse un numéro du Journal de la Haute- Saône, dans lequel il a inséré un article intitulé : Oiseaux ■ PROCÈS-VERHÂIIX. 091 de basse cour. — Renvoi à la Commission des récompenses. — M. Mongruel transmet une Note et diverses brochures sur les travaux de M. Brunet, sur l'emploi des blés durs d'Al- gérie. — Renvoi à la Commission des récompenses. — La Société a reçu : i" le volume X, Annal report of thc Boston Society of natural history, 4 865; "2° Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1865; '^° Transactions of the Academy of science of Saint-Louis, vol. II, 1866; If Anîmal report of the Board of Ragents of the smilthsonian Institution, 1865. — M. Bourguin fait hommage d'une Notice nécrologique qu'il vient de publier sur M. Dutrône. — Remerciments. — M. le baron Larrey offre, au nom de M. le docteur Ciuyon, une Notice intitulée : Des animaux disparus de la Martinique et de la Guadeloupe depuis notre établissement dans ces îles. ~ Remerciments. — M. Koltz fait hommage d'une brochure intitulée : Les petits ennemis de la Betterave, 1860. — Remerciments. — M. Montmayeur offre une brochure Sur le Crédit agri- cole par les Caisses cV épargne. — Remerciments. — M. le Président offre : 1" Catalogue of the natural and industrial products of Northern Queensland exhibited the Rockampton, 1866; '1° Notes on some of the Roots Tubers, Bulbes, and Fruits used as vegetable food by the aboriginals of Northern Queensland, by Thozet, 1866. — Remer- ciments. ' . ■■. — M. le Président informe la Société que le Conseil, dans sa séance du \h décembre 1866, a nommé Membres de la Commission des récompenses : MM. Richard (du Cantal). - •■ • • . Jacquemart. :, • . A. Geoffroy Saint-Hilaire. r -1 ■ J. L. Soubeiran. Les sections de la Société, dans leur séance du 18 dé- cembre, ont procédé à l'élection de leurs bureaux et de leurs délégués dans la Commission des récompenses. Ont été nom mes, savoir:' '.' ' ■ ' *■...■..., -- ,.% ^ '■••-■?;■■'.- ^ C92 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. 1" Section. , ,, ^ . Président MM. Potel-Lecouteux. . v. Vice-président.. PiGEAUX. ; . Secrétaire Roger-Desgenettes. " ' '• '"' Yice-secrélaire, . Calais. Délégué dans la Commission des récompenses. . . M. Gekvais. 2" «Section. ■ " ■"'■''■■"'■ ■ Président MM. BEUftiER-FoNTAiNE. * Vice- président. . Roger-Desgenettes. -JC ' Secrétaire Pigeaux. . • .j i. . Yice-secrélaire. . Calais. Délégué dans la Commission des récompenses. . . M. Calais. 3'^^ f^cction. ■ ' ■ ' '-r • • Président MM. A. Passy. , . . Vice-président.. Millet. -. . Secrétaire Wallut. Vice-secrétaire.. LucE. Délégué de la Commission des récompenses. . . M. Hennequin. 4*^ Section. Président MM. Gl'érin-Méneville. Vice-président. . AiiisÉ. Secrétaire Luge. • . .. , , . Vice-secrétaire.. Soubeiran. ,, Délégué dans la Commission des récompenses.. . . M. Allibert. 5* Section. ., ■ \ r ■^ Président MM. F. Moreau. Vice-président . . lîaron d'AvÈNE. , . > ' Secrétaire Vavin. ' • , Vice-secrétaire.. Mongruel. Délégué dans la Commission des récompenses. . . M. Vavin. - De sorte que la Commission des récompenses se trouve ainsi composée : Membres de droit. MM. Drouyn de Lhuys, président ; le comte d'ÉPRÉ- MESNIL, secrétaire général. Membres élus MM . A. Geoffroy Saint-Hilaire, Jacquemart, Richard (du Cantal), J.-L. Soubeiran, Paul Gervals, Calais, Hennequin, Allibert et Vavin. — M. de Quatrelages annonce que le voyageur dont il a parlé dans la dernière séance, M. Lesainl, est au moment de PROCÈS-VERB.VUX. 693 partir pour l'Abyssinie, et renouvelle son appel au concours lies membres de ia Société pour couvrir la souscription ouverte dans les bureaux de la Société. — M. A. Geofîroy Saint-llilairc met sous les yeux de l'as- semblée deux aquarelles représentant le mâle et la femelle de Lopbopbore, qui porte le nom de notre illustre président, iVI. Drouyn de Lhuys, et signale les principales différences (jui distinguent le Lophophore Drouyn de Lhuys du Loplio- phore resplendissant. ■ . . — M. Raveret-Wattel donne lecture d'une Note sur la cul- ture, en Algérie, du Lin de Riga, et met sous les yeux de l'assemblée des échantillons qui témoignent de la beauté des produits obtenus (voy. au Bulletin, p. 666). — M. Calais fait remarquer que le Lin planté dans des ter- rains qui n'en ont jamais porté, donne des produits beaucoup plus beaux et plus abondants, mais qu'après plusieurs années de culture, le rendement baisse considérablement. ~ M. Raveret-Wattel fiiit observer que les expériences ont été faites dans les mêmes champs, moitié avec de la graine provenant de l'Algérie, moitié avec de la graine rapportée directement de Riga, et que, par conséquent, l'influence du sol a été la même et ne peut être opposée aux résultats qu'il a fait connaître. — M. le comte de Fontcnay (de l'Orne) donne quelques détails sur ses cultures de Rrome de Schrader. Il indique la manière de le cultiver et les terrains qu'il y a lieu de pré- férer. H fait connaître aussi les résultats avantageux qu'il a obtenus en cultivant le Maïs Caragua et diverses variétés de Pommes de terre. — M. Rossin dit qu'il évite que la maladie sévisse sur les Pommes de terre qu'il cultive depuis plusieurs années déjà, en ayant soin de choisir des espèces très-hcâtives et de les planter de très-bonne heure, de telle sorte que sa récolte est faite avant la fin d'août, époque ordinaire de l'apparition de la maladie. — M. D. Gourdin (de Napoléon-Vendée) rend compte de ses cultures de végétaux, et termine sa lettre par les renseigne- ments suivants : « Les Araucaria se développent très-bien \* 69h SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. » dans nos terres du Bocage, j'en ai trois provenant des » graines de la Société, qui ont une très-bonne apparence. j) J'ai acclimaté le Maïs nain, jaune et rouge d'Alger; j'en ai y) cette année de très-belles graines que je répands autour » de moi. J'ai obtenu, au concours horticole de Napoléon- » Vendée, au mois d'octobre dernier, une mention très-hono- » rable pour mes produits, qu'on a considérés comme agri- » coles, dans le but de favoriser et d'encourager spécialement » nos jardiniers. Notre concours était magnifique en fruits, » en légumes et en produits horticoles de toutes sortes. Mon » beau-père, M. Gourraud, notaire honoraire à Chavagnesen » Paillers, l'un des membres de la Société, a acclimaté depuis » trois ans la Patate douce d'Amérique {Convo/viilifs hata- » tas). Cette Patate, cultivée en pleine terre, sans couche » ni châssis et en plein champ, a donné des résultats admira- » blés au concours du mois d'octobre. M. Gourraud en a » exposé une qui pesait h kilogrammes; les autres étaient » remarquées. Les Patates que j'avais cultivées en plein champ » avec des boutures données par M. Gourraud ont aussi été » remarquées. Ce tubercule est excellent et très-sucré, nous le » répandons beaucoup et nous allons le faire entrer dans la » consommation. J'aurais déjà envoyé à la Société quelques » tubercules si je n'avais pas pensé qu'il était facile à tout le » monde de s'en procurer. Avec les graines qui m'ont été » envoyées, il y a deux ans, j'ai obtenu des Eucalyptus glo- » buhis qui, mis en pleine terre au printemps dernier, ont » atteint une hauteur de 3 mètres. L'année ayant été plu- » vieuse, la tige est presque toute herbacée ; pour la soustraire )) au froid qui déjà avait fait périr quelques feuilles, j'ai mis » en caisse et rentré en serre tous les Eurab/ptus ; au prin- » temps prochain, je les remettrai en pleine terre et je ten- « terai l'acclimatation pendant l'hiver. » — M. le Secrétaire donne lecture d'une Note de M. Léon Vidal sur la stabulation du Bar dans les viviers de la ferme aquicole de Port-de-Bouc (voy. au Bulletin, p. 637). A l'occasion de celte lecture, M. Millet présente les obser- ' vations résumées ci-aprés : PROCÈS- VERBAUX, H95 En clifférenles circonstances, et notamment dans les séances d'avril 1856 et janvier iS6!i, j'ai appelé l'attention de la Société sur l'utilité de créer des réservoirs ou viviers pour l'éducation des poissons de mer les plus estimés, et j'ai décrit avec beaucoup de détails l'organisation des établissements de cette nature, exploités dans le bassin d'Arcachon, par quel- ques-uns de nos confrères, MM. Douillard, de Boissière et Javal. Dans le premier de ces mémoires, qui a été reproduit en grande partie dans les actes de l'Académie de Bordeaux et dans le journal VAmi des sciences, je disais : « Le développc- » ment de ces viviers sur le littoral de l'Océan et leur orga- » nisation avec quelques modifications sur le littoral de la » Méditerranée, auraient d'immenses résultats pour l'alimen- » tation, en fournissant, d'une manière régulière et à des prix T) très-modérés, une masse considérable de poissons comes- » libles.» L'initiative intelligente prise à cet égard par M.Vidal, dans les eaux de Port-de-Bouc, ne peut manquer d'avoir les plus heureux résultats; car notre confrère est entré dans une voie essentiellement pratique. Dès le début, il a compris que la première chose à faire, c'était de récolter le fretin qui pullule sur le littoral, et de le soustraire aux causes de destruction auxquelles il est soumis quand il est abandonné à lui-môme. La récolte du fretin suffit, dans la généralité des cas, à l'appro- visionnement des viviers; mais on supplée, au besoin, k son insuffisance par des moyens artificieh .'j'ai, en effet, démon- tré que l'on pouvait, avec certitude, appliquer à la plupart des poissons de mer comestibles les procédés de multiplication artificielle. Une autre observation pratique des plus impor- tantes est celle qui concerne les abris, car les influences atmos- phériques jouent un rôle considérable sur la conservation des poissons, notamment pour les sujets retenus en captivité. Outre les abris flottants, j'ai souvent conseillé l'emploi des planchers immergés sous lesquels les espèces les plus délicates se préservent des excès de froid et de chaleur, et de l'action malfaisante de certains vents. Il est, enfin, une autre con- dition à remplir, c'est celle du développement et de \en- graissemenl du poisson. Les expériences de M. Vidal sur 6P(3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK u'aCGLIMATATIOIN. les jeûnes du Bar viennent pleinement conijrmer ce que l'on sait déjà à cet égard pour les espèces carnivores des eaux douces , et particulièrement pour celles retenues cap- tives dans ces bateaux- viviers, vulgairement nommés bou- tiques. Toutefois, on ne peut pas dire, d'une manière absolue, qu'il y a privation d'aliments, parce que les eaux naturelles, surtout celles d'une rivière ou d'un canal, con- tiennent toujours des matières organiques ainsi que des proies vivantes de petites dimensions, telles que intusoires, polypes, larves, etc., qui contribuent à la nourriture ou à l'entretien des poissons captifs. Les jeûnes prolongés sont certainement les moyens les plus efficaces pour forcer le poisson à se nour- rir de proies mortes; mais on ne saurait prendre trop de précautions dans rapplicaiion de ce mode d'alimentation, parce que, d'une part, il n'est pas toujours économique, et que, d'autre part, il donne souvent au poisson des qualités inférieures, soit pour la conservation et le transport, soit pour la délicatesse de la cliair; on peut craindre aussi que la présence de proies mortes ne contribue à vicier les eaux et à provoquer une grande mortalité parmi les habitants de ces eaux. Toutefois, dans les viviers marins, on peut éviter ces accidents en y favorisant la multiplication des Crevettes, des Crabes, etc., qui se nourrissent avec avidité de tous les rési- dus des matières animales; et le Bar trouverait un aliment dont il est très-friand dans la Crevetie grise ou Crangon, que l'on rencontre presque partout dans les canaux et même les mares les moins profondes. La production naturelle, aidée de quebpies moyens artificiels, pourrait ainsi fournir tous les matériaux nécessaires au prompt développement des poissons carnivorcf. Notre confrère, M. Vidal, est sous tous les rapports dans d'excellentes conditions pour donner à cette partie impor- tante de l'industrie des eaux une active et intelligente impul- sion. Ses essais, dirigés par une saine et judicieuse observa- tion des lois naturelles, ne peuvent manquer de réussir et de [tropager les bonnes méthodes sur le littoral méditerranéen. ,..:.' ... Le Secrétaire des séances y ; " ' '■ ' ' ' ' '-■■'- ''■■■■■'■ J. L. SOUCEIRAN. • ■ V. . .-, m. CHRONIQUE. ., Des animaux utiles à l'Iionime, Par M. A. Dlméril, Vice-président de la Société impériale d'acclimalalion. Quelques additions doivent être faites au Programme d'un cours de zoo- technie ou zoologie appliquée, inséré au Bulletin de la Société d'acc/wta- iiiERRE, à Sainl-Hiiairc I de Riez. 200 graines de Jubcea spedabilis. Deux caisses de jeiuies plants d'arbres cliinois. Graines de Banksia ornutu et de Banksia 21 704 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. NOMS DES DONATEURS. CiiAMPiu.N (Paul)j à Paris. Chauvin^ à Laiiiiioii. GllEM-. Dabry, consul do Fiance^ à Hau-Kcou. De.ms, à H j ères. DnoivN DE LuiYs (M""'), à Paris. Exi.NGEii, ;i Vienne. Faivety, à Monte\ideo. Le Beau (le dde xxv MM. Droityn de Lhiys. — Discours d'ouverture xxvii .1. L. SouBEiRAx. — Rapport sur les travaux de la Société pendant l'année 186.5 xxxu fiARMER. — Coup d'œil sur le Soudan lvui Cii. Walli't. — Rapport au nom de la Commission des récom- penses lAXl . DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIÉTÉ. . "• ; Organisation pour l'année 186G v Liste des Sociétés affiliées et agrégées h la Société impériale d'accli- matation vui Onzième liste supplémentaire des membres de la Société xi GÉNÉRALITÉS. Docteur Pigeaux. — Influence de l'acclimatation sur la fièvre palu- déenne dite fièvi-e jaune 31 Comte d'EpRÉMESNiL. — Essais d'acclimatation pratique en Nor- mandie *"^^ New York Botanical Garden Librar 3 5185 00259 9338 ^^ i*>1