m (M- a|->-'">afe.- -jdjK .jAu # ■y îi'iHÎ..' ■C_^i M ^iW W-US^ ■^y,- /i.tif^ -• . PARIS « AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ HÔTEL LAURAGUAIS, RUE DE LILLE, , 19 • • 1868 • SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGiaUE D'ACCLIMATATION. ORGAWSATIOM POUR L'ANNÉE 1868. LISTE DES SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES * ET DES COJIITÉS RÉGIOiXAUX, ET TBEIZIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. ^j^i^aK? S. M. L'EMPEREUR, protecteur. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION. MM. DROUYN UE LHUVS, président. A. DUMÉniL. \ Antoine PASSY, / ^^ice-présidents. . De QUATREFAGES, l RICHARD (du Cantal), ] Le comte d'ÉPRÉMESNIL, secrétaire général. E. DUPIN , secrétaire pour l'intérieur. Le marquis de SINÉTY , secrétaire pour l'étranger. L. SOUREIRAN, secrétaire des séances. Glî. WALLUT, secrétaire du Conseil. Paul RLACQUE, trésorier. CÛSSON, archiviste. MM. De Relleyme. | MM. Chatin. Fréd. Jacquemart. ; Coste. Rl'fz de Lavison. Fréd. Davin. Le M'5 de Selye. Pomme. MM. le baron J. Cloquet. Le baron Larrey. RUFFIER. Le baron Séguier. Vice-président honoraire : M. le prince Marc DE Deal'VAU. ^ Secrétaire honoraire du Conseil : M. A. Geoffroy Saint-Hilaire. O^ Secrétaire adjoint des séances : M . A . Gillet de Grandmont . '-■3 Secrétaire délégué : M. J. L. SoUBEIRAN. '^ Agent: M. Eug. Grisard. 1 i DÉLÉGUÉS DU CONSEIL EN FRANCE ET DANS LES COLONIES. Bordeaux, MM, lioulog ne-sur-mer, Caen, Cernai/ (Ilaut-Rliin), Clennont-Ferrand , Douai, Havre, Lyon, DurieudeMai- sonneuve. Al. Adam. LePrestre. a. zurcheh. H. Lecoq. L. Maurice. H.Delaroche. G. Bouchard. Marseille, MM. Ant. Hesse, Napoléon-Vendée, D. GoURDiN Poitiers, La Réunion, Saint-Quentin, Toulon, Toulouse, Wesserling, Malapert. A. Berg. Theillier-Des- JARDINS. TURREL. JOLY. Gros-Hartmann. DÉLÉGUÉS DU CONSEIL A L'ÉTRANGER. Burcdnne, MM . Pascual y Inglada Batavia, J. G. PLOEM. Coiistantinople, DUFOUR. Florence, Prince A. DE Démidoff. Lausanne, Chavannes. Madrid, Graells. Milan, Ch. Brot. Moscou, Kaunowski. Nangasaki (Japon), DURY, Odessa, P. de Bourakoff. Philadelphie, MM.Th. WiLSON. Québec, JOLY DE LOTRINIÈRE Rio-de-Janeiro, De Gapanema. St.-Pétersbourg, Brandt. Shang-Haï, Vie''' Brenier DE Montmorand. Sydneg [kilài], Mac Arthur. Tiflis, Piaget. Turin, Chevalier Baruffi. BUREAUX DES SECTIONS ET DES COMMISSIONS PERMANENTES. G. Millet, vice-président. Gh. Wallut, secrétaire. Th. LuCE, vice-secrétaire. 4"^^ SECTION. — »I«nintir*'res. Potel-Legouteux , président. PlGEAUX, vice-président. Roger-Desgenettes, secrétaire. Baveret-Wattel, vice-secrétaire. Î'^SECTIO:*. —Oiseaux (Aviculture). Berrier-Fontaine, président. Roger-Desgenettes, vice-président. PiGEAUX, secrétaire. Franche, vice-secrétaire. 3" SEt'TIO^. — Poissons, Crtis- taccs, i%nnélidcs, .lloiliisqucs (Pisciculture et Hirudiniculture). PaSSY, président. 4' SECTIo:%'. — insectes (Séricicul- ture et Apiculture). Guérin-MÉneville, président. AuBÉ, vice-président. Luge, secrétaire. J. L. SOUBEIRAN, vice-secrétaire. 5'' SECTIO.li. — Végétaux. E. Vavin, président. Baron d'Avène, vice-président. Delondre, secrétaire. MONGRUEL, vice-secrétaire. COMMISSION PERMANENTE DE L'ALGÉRIE. MM. Richard (du Cantal), président; le général Daumas , président honoraire; le prince Marc de Beauvau, Bigot, Chatin, Cosson, Dareste, Davin, du Pré de Saint-Maur, le vicomte Garbé, Guérin-Méne- viLLE, Laperlier, J. Michon, Millet, et A. Geoffroy Saint-Hilaire, secrétaire. COMMISSION PERMANENTE DES COLONIES. * MM. A. Passy, président; Aurry-Lecomte, David, PiAmon de la Sagra, et RuFZ de Lavison, secrétaire. COMMISSION PERMANENTE DE L'ÉTRANGER (1). MM. Drouyn de Lhuys, président; de Quatrefages, vice-président; le baron J. Cloquet, David, Debrauz, Falgere, Ramon de la Sagra, RoSALÈs, Pierre de Tghihatchef, de Verneuil et Weddell. Commission climatohxjiqiie . — MM. BECQUEREL, président; Chatin, J. DU Pré de Saint-Maur, le comte d'EscAYRAC de Lauture, marquis de Vibraye, Weddell, et E. Becquerel, secrétaire. Commission industrielle (pour l'examen des produits désignés comme propres à être introduits dans l'industrie). — MM. le baron Séguier, président; Davin, Fremy, Heuzey-Deneirouse, Frédéric Jacquemart, Le Play, Florent Prévost, et Natalis Rondût, secrétaire. Commission médicale (pour l'examen des produits désignés comme jouissant de propriétés médicinales). — MM. le haron J. Cloquet, 2»'e- sident; Bouchardat, Boullay, E. Caventou, Chatin, Augustin Delondre, J. Guérin, a. Gillet de Grandmont, le baron Larrey, Leblanc, Mialhe, Rufzde Lavison, et L. Soubeiran, secrétaire. (1) Les ambassadeurs, ministres, chargés dafTaires et consuls étrangers, qui résident à Paris et qui sont membres de la Société, font de droit partie de la Commission de l'Étranger. LISTE DES SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION • ■ ET UE SES COMITÉS RÉGIONAUX. Sociélés afBliées et Comités régionaux français. Le Comité régional de la Société impériale d'acclima- tation, à Alger Algérie. La Société centrale d'agriculture, d'horticulture et d'acclimatation de Nice Alpes-Maritimes. La Société centrale d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes, à Digne Basses-Alpes. La Société du Jardin zoologique de Marseille Bouch.-du-Rhône. Le Comité d'aquiculture pratique de Marseille. . . . Bouch.-du-Rhône. Le Comité régional de la Société impériale d'acclima- tation, à Bordeaux Gironde. Le Comité colonial d'acclimatation, à la Guadeloupe. Guadeloupe. Le Comité colonial d'acclimatation de la Guyane fran- çaise Guyane. La Société zoologique d'acclimatation pour la région des Alpes {Société zoolo;jique des Alpes), à Gre- noble Isère. Le Comité colonial d'acclimatation, à la Martinique. Martinique. La Société régionale d'acclimatation pour la zone du nord-est, à Nancy Meurthe. Le Comité colonial d'acclimatation de l'Ile de la Réu- nion Réunion. La Société d'horticulture et d'acclimatation de Tarn- et-Garonne, à Montauban Tarn-et-Garonne. Le Comité régional de la Société impériale d'accli- matation, à Poitiers Vienne. Sociétés aflilîées et Comités régionaux étrangers. La Société d'acclimatation et d'agriculture de Sicile {Socielà di accUmazione e di agricoltura in Sicilia), à Palerme Italie. La Société impériale d'acclimatation de Moscou. . . . Russie. Le Comité d'acclimatation des végétaux de Moscou.. Russie. Sociétés agrégées françaises. La Société d'agriculture de l'Ardèche, à Privas. . . . Ardèche. SOCIETES AOr.Er.EES. JX La Société des sciences, agriculture et arts du Bas- Rhin, à Strasbourg Bas-Rhin. La Société d'agriculture des Bouches-du-Rliône, à Marseille Bouch.-du-Rhône. La Société d'horticulture et d'arboriculture de la Côte-d'Or, à Dijon Gôle-d'Or. La Société des sciences naturelles et archéoloo-i- ques de la Creuse, à Guéret Creuse. La Société d'horticulture de Bergerac Dordoo-ne, La Société d'agriculture, sciences, arts et belles- lettres de l'Eure, à Évreux Eure. Le Comice agricole de l'arrondissement d'Alais Gard. ' Là Société d'horticulture de la Gironde, à Bordeaux. Gironde. La Société d'agriculture de la Haute-Garonne, à Tou- '«^'^^^;- • -^ Haute-Garonne, La Société d'agriculture, sciences, arts et commerce de la Haute-Loire, au Puy , Haute-Loire. La Société d'agriculture et de statistique de Roanne. Loire. La Société d'horticulture de Nantes Loire-Inférieure. La Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de la Lozère, à iMende Lozère. La Société centrale d'agriculture du département du Pas-de-Calais Pas-de-Calais. La Société d'agriculture de l'arrondissement de Saint- ^^'"e'" Pas-de-Calais. La Société d'agriculture du Puy-de-Dôme, à Cler- mont-Ferrand Puy-de-Dôme. La Société d'agricultiu-e et d'horticulture de Châlon- "'""-Saûne Saône-et-Loire. La Société d'agricidture de la province de Savoie propre, à Chambéry Savoie. La Société d'agriculture de Provins Seine-et-Marne. La Société d'agriculture de Seine-et-Marne, à Melun. Seine-et-Marne. La Société d'agriculture, sciences et arts, et Comice de l'arrondissement de Meaux Seine-et-Marne. Le Comice agricole de Melun et de Fontainebleau, à ^^•"" .'. Seine-et-Marne. Le Comice agricole de Toulon Var. La Société d'agriculture et de l'industrie de Ton- »^"'^ Yonne. X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Sociétés ag;régées étrangères. La Société agronomique du Frioul {Assocmzione agraria Friulana), à Udiae Autriche. La Société d'agriculture du duché de Nassau, à Wiesbaden Nassau. La Société royale zoologique et botanique d'acclima- tation de la Haye Pays-Bas. La Société d'accliuiatation de Berlin Prusse. La Classe d'agriculture de la Société des arts de Ge- nève Suisse. La Section d'industrie et d'agriculture de l'Institut ç^énevois Suisse. La Société d'utilité publique de Lausanne Suisse. La Société des sciences naturelles de Neuchâtel Suisse. Le Club jurassien, à Neuchâtel (Suisse) Suisse. La Direction centrale d'agriculture de StuUgard Wurtemberg. L'Académie agronomique de Hohenheini Wurtemberg. TREIZIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Membres admis du 22 mars 1867 au 27 mars 1868 (1). S. A. le prince Toukoungava Minbou Tayo, frère du taïcoun du Japon. MM. AmiAU (A.), rue Saint-Dominique, 161. Arnoux (Georges d'), rue du Faubourg Saint-Honoré, 220. AuDiBERT (Marius), horticulteur-pépiniériste à la Crau d'Hyères. AuRÉLiANO, directeur de l'Institut national d'agriculture de Pauteieimon, près Bukarest (Valachie). AzEVEDO (Joaquim Antonio de), membre du conseil de l'Institut Flumi- nense d'aQ;ricnlture de Rio-Janeiro. Barbet (Emile Horace), propriétaire, rue des Feuillantines, 94 . Barbey (A.), de New-York, boulevard Richard Lenoir, 3. Barbie du Bocage, rue Joubert, 21. Barrachin, rue Saint-Florentin, 4. Barré (Léon), pharmacien de première classe, rue du Mesuil, 32, à Sedan. Baumann (Auguste-Joseph), horticulteur à Bollwiller (Haut-Rhin). Bayenghem (Félix de), propriétaire, maire de Delettes, au château d'Upen, près Saiat-Omer, par Fauquembergue (Pas-de-Calais). Beauffort (le comte de), rue Marché au bois, à Bruxelles. Berr (Lucien), nép:ociant, à Rio-Janeiro et à Paris, rue de Bonriy, 66. Berthier (du), conseiller d'État, rue Mondovi, 6. Blasco (Antoine), professeur à l'Ecole d'agriculture de Cordoue, calle de los Moriscos, 6, à Cordoue. Bois-DuvAL (le docteur), ancien président de la Société entomologique de France, rue des Fossés Saint-Jacques, 22. BouRAKOFF (Paul de), propriétaire-agriculteur, membre correspondant du comité scientifii(ue des domaines de l'État de l'empire russe, com- missaire délégué du gouvernement russe à l'Exposition universelle de 1867, à Odessa (Russie méridionale). (1) Pour les Membres antériâUremËnt admis, voyez t. IV, 2' série, p. vu à vin, et la noie la cette page vu. XII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMATATION. Cai-Andrini da Silva Pacheco (Luiz), Fazendeiro de l'île de Marajo, au Para (Brésil). Caut (Hippolyte), ruilier au Chili et à Paris, rue Auber, 15. CoRTA, sénateur, rue des Saiats-Pères, 4 6. 'CoLTiNHO (Joâo 3Iartins da Silva), officier de l'ordre de la Rose, à Rio- Janeiro. Crette de Palluel (Albert), à Duvy, par le Bourget (Seine), et à Paris, rue de Luxembourg, 41. CiJMONT (Valéry), propriétaire, à Houffalize, Luxembourg (Belgique). Danican-Pihlidor (0.), trésorier particulier, à Saint-Pierre (Marti- nique). DÉFORGE (A.), industriel, rue Saint-Sauveur, 4. Dekrance (Achille), à Dillingen-sur-Sarre, par Sarrelouis (Prusse). DelOiNDRE (Augustin), ancien préparateur de chimie à l'École impériale polytechnique el au Muséum d'histoire naturelle de Paris, 3, rue Saint- Pierre, il Sèvres (Seine-et-Oise). DuNANT (Henri), rue de la Paix, 24. DuRASSiÉ (Edouard), 170, rue Saint-Dominique. Fernandina (le comte de), rue de Rivoli. Ferreira Lage (Marianno Procopio), directeur-président de la Com- pagnie U7iion el indusirie, à Rio- Janeiro. Foukagawa, directeur de la fabrique des porcelaines de la province de Fizen (Japon). FuENTES (Manuel A.), impasse des Filles-Dieu, îi. Gattiker (Jean Gaspard), rue de Mulhouse, 13. Geofroy (de), sous-directeur des affaires politiques, au ministère des affaires étrangères. Geraci (le comte et marquis de), comte de Vintimille, prince de Castel- buono, palais Noja, strada Monte di Dio, 66, à Naples. GÉRARD (Henry), rue Bonaparte, 34. GiRAUDEAU, ingénieur civil à l'Exposition universelle de 1867, rue Ri- chcr, 12. GiVELET (Henri), à Flainboin (Seine-et-Marne). Jacquemart (René), rue du Faubourg-Poissonnière, 58, KoïDÈ, officier supérieur de l'armée du prince de Fizen (Japon). La Blanchère (H. de), rue Casimir Delavigne, 2. Lacapèke (Firmin), propriétaire, rue Tailbout, 14. Lacour, agriculteur, rue Mazagran, 18. Launay (Marie de), attaché au conseil des travaux publics de l'empire ottoman, à Constantinople. ■ TREIZIEME LISTE SUPPLÉMENTAinE DES MEMBRES. XIII Legrand (Emile), avenue Wagram, 79. Leroige (Cliarics), boulevard de Neiiilly, 150. LoARER (Ed.), capitaine au long co'irs, rue de Meaune, .3. LoiNQUÉTY aîné (Pierre), armateur, à l'.oulogne- sur-Mer. Marès (le docteur Paul), rue du Faubourg-Poissonnière, 5i, MoNTROL (Henri de), à Juzennecourt (Haute-Marne). 3I0RAIN, artiste-peintre, à Cheffes (Maine-et-Loire). MoRREN (Édouarl), professeur de botanique à l'Université et du'ecteur du Jardin botanique de Liège, à la liaverie, 1, à Liège (Belgique). NouRRiGAT (Jules), architecte, avenue de la Grande-Armée, 86. NozEiLLES (Ch. de), pharmacien de la marine, rue de I ou vois, 2. Ori (le docteur), médecin en chef du Soudan, à Kliarlhoun (Soudan- Égyptien). Palha de la Cerda (Joao), Santa Apolonia, à Lisbonne (Portugrd). Pascal (Edouard), membre du conseil général des Basses-Alpes, maire de Forcalquier. PiîNABERT (Georges), négociant, passage du Havre, 31. Petitclerg (Flavien), propriétaire-meunier, ancien libraire, à Dam- pierre-sur-le-Doubs, par Montbéliard (Doubs). Pin (Anlhelme), négociant-propr.iélaire, rue de l'Impératrice, 1 , à Lyon. PiSANi (le comte Aimoro III, Jean-Joseph), rue du Centre, 17. Ploem (Jean-Charles), de Java, docteur en médecine, à Galopjie, près Maëstricht (Pays-Bas), Qlentin (Ch.), boulevard Magenta, 13.3. Rodella (Fernandez), consul général du Chili, avenue Frocliot, 7. Rou.x (Léon), chirurgien de S. M. le sultan Abdul-Azis, à Constanli- nople. Saldanha da G.ama Filho (Jo.é de), répétiteur suppléant à l'École cen- trale de Piio-Janeiro, gentilhomme du palais, à Rio Janeiro. Sano-Juzaémon, commandant en chef la marine du prince de Fizen (Japon). Satriano-Fil.vngieri (le prince de), à Naples. SÉRÉ (Eug. de), docteur en médecine, rue du Cherclie-Midi, 84. •* SiEBOLD (AIe.\. von), à Yokohama (Japon), et à Paris, avenue de l'Itu- pératrice, 50. SiLVA (Alejandro), propriètaire-sèriciculleur, à Santiago (Chili). SiMMONDs(P. L.), Wnchester Street, 8, S. W. Pmilico, à LonJres. SOLANo (Christoval), gérant de la chancellerie du consulat de Fi'ance, à Fernanbocu. XIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Soupe (Antonin), négociant-manufacturier, rue Neuve-Saint-Merry, 5. , SouSA PiNTO DE Magalhaès (Joâo de), chez M. Casai Ribeiro, 8, Ghagos, **• à Lisbonne. Tanaka-Yosiwo, botaniste, Caï-seï-dzjo, à Yeddo (Japon). Tarantini (le chevalier Léopold), avocat, palais Sansevero, à Naples. Tricot ^ucien), étudiant, rue Taitbout, 52. Vaque de Montbrun (le docteur), médecin, au Caire (Egypte). Vasconcellos (J. a. de), rua Nova de S. Francisco de Paula, 47, à Lis- bonne. "Wagner (Ladislas de), professeur d'agriculture à l'École royale polytech- nique, Zweiadiergasse, 16, à Pesth (Hongrie). Weber (le docteur), médecin-major de l'armée, à Auxerre. Wheilhouse (Georges), à Lisbonne. Yékoussima-Magotarou, botaniste, caï-seï-dzjo, à Yeddo (Japon). DOUZIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DB LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION PROCÈS-VERBAL. Cette séance a eu lieu à l'hôtel de ville, salle Saint-Jean, le vendredi 21 février 1868. Au bureau siégeaient, avec Son Exe. M. Drouyn de Lhuys, membre du Conseil privé, Sénateur, Président de la Société, MM. le vice-amiral comte Gécille, Sénateur; le vice-amiral baron de La Roncière-le-Noury ; Richard (du Cantal), vice- président de la Société; le comte d'Éprémesnil, secrétaire gé- néral; le docteur Soubeiran et Ch. Wallut, secrétaires; le baron Séguier, membre de l'Institut; et Paul Gervais. On remarquait en outre, dans l'assistance, MM. l'abbé De- launay, curé de Saint-Etienne-du-Munt; A. Geoffroy Saint- Hilaire, directeur du Jardin d'acclimatation du bois de Bou- logne; le comte de Massignac, ministre de France en Perse; le général A. Guzman Blanco, envoyé extraordinaire et mi- nistre plénipotentiaire du Venezuela; le prince Kotschoubey, conseiller privé de S. M. l'empereur de Russie; le chevaher Canofari, ancien ministre du roi de Naples; le baron Goury du Roslan, ministre de France à Bogota; le baron de Billing, ministre plénipotentiaire, directeur au ministère des affaires étrangères; Herran, ministre plénipotentiaire; le Ministre du Japon, le Secrétaire de l'ambassade et tout le personnel de la légation japonaise ; le comte Pisani ; le commandeur Gallotti ; Flury, ancien consul de France ; de Gréhan, consul de Siam; Balcarce, ministre de la République Argentine; Bosseront d'Anglade, sous-directeur au ministère des affaires étran- gères ; des Essards, consul général de France à Beyrouth ; Hennequin, trésorier général des invahdes de la marine; le comte de Mortemart, etc. XVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'.VCCLIMATATION. Un grand nombre de dames de distinction, parmi lesquelles on remarquait : M""'' Drouyn de Lhuys, M'"' la princesse Man- ganelli, M'"' Balcarce, M'°' des Essards,etc., avaient pris place dans les tribunes. L'estrade était occupée par MM. les membres du Bureau et du Conseil, les présidents, vice-présidents et secrétaires des cinq sections et de la Commission des récompenses, avec un grand nombre de notabilités et de membres de la Société, français et étrangers. L'organisation de la séance avait été confiée, comme les années précédentes, aux soins d'une commission composée de MM. E. Dupin, Fréd. Jacquemart et le comte de Sinéty. M. le marquis de Selve avait bien voulu encore se charger d'en faire les honneurs avec plusieurs commissaires désignés parmi les membres de la Société. ■ ■ — La séance a été ouverte par un discours de Son Exe. M. Drouyn de Lhuys, président. — M. le docteur Soubeiran, secrétaire des séances, a en- suite rendu compte des travaux de la Société en 1807, — A la suite de ce rapport, M. Paul Gervais a lu un discours ayant pour titre : Aperçu (jéncral sur les anciennes popula' lions du globe. — Le rapport sur les récompenses a ensuite été présenté par M. Ch. Wallut, secrétaire du Conseil. M. le Secrétaire fait remarquer que les prix spéciaux pro- posés par la Société ou provenant de fondations particulières sont actuellement au nombre de cinquante-quatre, dont qua- rante-six des années précédentes, qui sont encore à décerner, et huit institués cette année, savoir : 1000 francs pour domestication de l'Hémione ou du Dauw . ♦ ^500, 1200, 1000 et 800 francs pour nmltipUcation des Chèvres d'Angora (animaux de pur sang et métis). 200 francs pour travail sur la question des Léporides. ôOO francs pour acclimatation du Martin triste en Algérie. Et 500 francs pour utilisation industrielle de l'Ortie de Chine. rROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE TUBLIQUE ANNUELLE, XVII PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER (1). 18(>i. Prix fondés par feu M. AGROX DE «EUllIIG^Y. Deux primes, île 200 fr. et de 100 fr., seront décernées, c/iaçi/e année, pour les bons soins donnés aux animaux ou aux végétaux, soit au Jardin d'acclimatation (200 fr.), soit dans les établissements d'acclimatation se rattachant à la Société (prime de 1 00 fr.). Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le 1 ^"^ décembre de chaque année. 18G5. Primes pour les travaux tliéoriques relatifs à l'accliniatation. A partir de 1863, les travaux théoriques sur des questions relatives à l'acclimatation pourront être récompensés, chaque année, par des primes spéciales do 500 francs au moins. Les ouvrages devront être imprimés et remis à la Société avant le 1" juillet de chaque année. 1804. Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur de 200 à 500 francs, à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle. Les ani- maux introduits devront être adultes et par paires. 1867. Pri.v perpétuel fondé par m"" GLÉREMEAL, née DELALAi\DE. Une grande médaille d'or, destinée à continuer les fondations faites les années précédentes, dans l'intention d'honorer la mémoire de l'illuslre et intrépide naturaliste-voyageur Pierre Delalande, frère de M""' Guérineau. Celte médaille sera décernée, lé 10 février 1870, au voyageur qui, en Afri([ue ou en Amérique, aura rendu depuis huit années le plus de services dans l'ordre des travaux de la Société, principalement au point de vue de l'alimentation de l'homme. Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le l^"' dé- cembre 1869. Nota. — Malgré les époques de clôture de concours ci-après fi.<ées, les prix peuvent être décernés par anticipation, si les conditions pour les obtenir ont été remplies avant le temps indiqué, et dans ce cas, le concours est clos. — Lorsque plusieurs prix sont proposés pour le même objet, les premiers sont décernés, s'il y a lieu, aux candidats qui ont fait, les premiers, leurs présentations et justifi- cations. (1) Le chiffre qui précède renonce des divers pri\ indique l'année de la fondation de ces prix. Tous les prix qui ne portent pas l'indication d'une fondation particulière sont fondes par la Société, 2"^ SÉRIE, T. V. — Séance publique annuelle. b ^ XVIII SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. La Société voulant encourager les travaux de Zoologie pure (monoî;ra- phies génériques, recherches d'anatomie comparée, étudies embryogéni- ques. etc.) qui servent si souvent de guide dans les apj)licalions utilitaires de cette science, et rendent facile l'introduction d'espèces nouvelles ou la multiplicatiou ouïe perlectionneuient d'espèces déjà importées, décer- nera annuellement, s'il y a lieu, un prix deSOOfr. au moins, à la meilleure monographie de cet ordre, publiée pendant les cinq années précédentes. E!h' tiendra particulièrement compte dans ses jugements des applica- tions auxquelles les travaux de zoologie pure appelés à concourir auraient déjà conduit, que ces applications aient été faites par les auteurs de ces travaux ou par d'autres personnes. Un exemplaire devra être déposé avant le \" juillet. PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES. 18()5. Primes pour la propagation des Yal^s. 1° Animaux de pur sang. Pour les éleveurs qui, les deux premiers, présenteront, avant le 1"'' dé- cembre 1 868, quatre Yaks de pur sang, d'un an au moins, nés chez eux, conformes aux types conservés par la Société et reconnus de bonne con- formation : 1"-*'' PRIX. — 2500 francs pour le premier. 2= PKix. — 2000 francs pour le second. 2" Métis cf Yaks et de Vaches de travail. Pour les éleveurs qui, les deux premiers, présenteront, avant le 1*"' dé- cembre I 868, six sujets d'un an au moins, nés chez eux et provenant de croisements d'une Vache de travail (race de montagne) et d'un Yak de pur sang : 1'^'' PRIX. — 1800 francs pour le premier. 2'= PRIX. — 1200 francs pour le second. Primes pour le dressage d'Yaks. Bétes de somme ou de bât. f'ourtout éleveur ou cultivateur qui présentera au concours, avant le V décembre 1870, un ou plusieurs Yaks ou métis d'Yaks et de Vaches de montagne, employés ordinairement comme bêles de somme ou de bat, et pouvant porter des fardeaux en gravissant de fortes pentes : l'""PRix. — 500 francs. 2'' PRIX. — 300 francs. S"^ PRIX. — 200 francs. I. — Propagation de la race ovine Graux de Mauchamps en dehors de la localité où elle a pris son origine (en France ou à l'étranger). PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. XIX On devra justifier de la possession d'au moins 100 bètes, nées chez le pro- priétaire et présentant le type de la race de Mauchamps pour la laine et une bonne conformation. Concours ouvert jusqu'au 1'^'" décembre 1868. Prix. — 1500 francs. II. — Domestication en France ilu Castor, soit de Canada, soit des bords du Pdiône. On devra présenter au moins quatre individus mâles et femelles, nés chez le propriétaire et âgés d'un an au moins, "tloncours ouvert jusqu'au 1*^' décembre 1869 Prix. — 500 francs. — Le prix sera doublé si l'on présente des individus de seconde génération. ••■ • '3. . 1867. I. — Métissage de l'Hémione ou de ses congénères (Daiiw, Zèbre , Couagga) avec la jument. On devra avoir obtenu un ou plusieurs métis âgés au moins d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1876. ■ Prix.— 1000 francs. II. — Propagation des métis de l'Hémione et île ses congénères avec l'ànesse. Ce prix sera décerné à l'éleveur qui aura produit le [dus de métis. (Il devra en présenter quatre individus au moins.) Concours ouvert jusqu'au 1*^'' décembre 1876. Prix. — 1000 francs, III. — Prime pour 1 élevage de lAlpaca. de TAIpa-Lauia et du Lauia Pour tout éleveur qui présentera au concours, avant le l'"' décembre 1870, douze suj"e(s nés chez lui et âgés d'un an au moins. Prix. — 1500 francs. 1868. Domestication complète, application à l'a^i^ricullure ou emploi dans les villes, de l'Hémione (Equus hemionu^) ou du Dauw [E, Burchelln). La domestication suppose la reproduction en caplivité. Concours ouvert jusqu'au l"'' décembre 1872. Prix. — 1000 francs. Primes poair les Chèvres d'Angora. 1" Animaux de pur sang. Pour les éleveurs qui, les premiers, présenteront au concours, avant le 1"^ décembre 187 2, douze sujets de pur sang âgés d'un an au moins et de trois ans au plus, nés chez eux, et dont les toisons seront reconnues d'une qualité égale à celle des types conservés au siège de la Société : l*"' PRIX. — 1500 francs. 2« PRIX. — 1000 francs. XX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ÂCCLIMATATIOiN. 2° Animaux mélis. Pour les éleveurs qui, les premiers, présenteront au concours, avant le 'I'"' décembre 1872, douze sujets métis 3/4 de sang, nés et élevés chez eux, dont les toisons se rapprocheront le plus des types conservés : 1" PRIX.— 1200 francs. 2" PRIX. — 800 franc?. Les prix ne seront décernés qu'aulant que les toisons seront jugées assez belles pour être employées dans l'industrie. Prix fonde par un anonyme. Le prix sera accordé à celui qui aura fourni le meilleur travail, avec expériences et discussion des faits antérieurs, sur la question des Lépo- rides (mélis du Lièvre et du Lapin). Concours ouvert jusqu'au l'^'' décembre 1872. Prix. — 200 francs. ^ '>i' ' DEUXIEME SECTION. — OISEAUX. 18o7. Introduction et domestication du Dromée (Casoar de la Nouvelle-Hol- lande, D. Novœ Hollundiœ), ou du Nandou (Autruche d'Amérique, Rliea americana). On devra posséder six individus au moins, et avoir obtenu deux générations en captivité. Concours ouvert jusqu'au l^"^ décembre 1870. ' ; ' Prix. — 1500 francs. Introduction et acclimatation à la Martinique d'un animal destructeur du Bolhrops lancéolé (vulgairement appelé Vipère fer-de-lance), à l'état de liberté. On devra avoir obtenu trois générations, ,' Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. Concours ouvert jusqu'au 1*"" décembre 18G9. Prix. — 1000 francs. 1862. I. — Introduction en France et reproduction en captivité du Dindon ocellé [Meleagris ocellata). Concours ouvert jusqu'au f'' décembre 1872, Prix. — 1000 francs. ' II, — Reproduction en France du Telrao cupido. On devra présenter au moins dix sujets vivants, de seconde génération produite en captivité. Concours ouvert jusqu'au l^'' décembre 1868. Prix. — 1000 francs. . - P PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. XXI I 1865. Prix fondé par 171. L. .%LTHitIfIMER, d'Arco (T.Trol). Domestication d'un nouveau palmipède utile. On devra présenter au moins dix sujets vivants de seconde génération produite en captivité. Concours ouvert jusqu'au 1'^'' décembre 1868. r" Prix. — 1000 francs. 1864. I. — Introduction et acclimatation d'un nouveau gibier pris dans la classe des oiseaux. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. On devra présenter plusieurs sujets vivants de seconde génération. Concours ouvert jusqu'au 1*^"' décembre 1873. Prix. _ .'jOO à 1000 francs. II. — Introduction en France du Talegalle de Latliam. On devra présenter plusieurs sujets vivants nés en France chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu'au 1*^' décembre 1873. Prix. — 500 francs. 1867. I, — Domestication de l'Autruche d'Afrique (S/ru«Wo camelus] enEurope. On devra justifier delà possession d'au moins six Autruches nées chez le pro- priétaire, et âgées d'un an au moins. Concours ouvert jusqu'au 1^'' décembre 1871. Prix. — 1500 francs. II, — Reproduction en captivité du Lophophore [Lophophorus refulgens) en France. On devra présenter au moins six sujets vivants nés chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu'au f' décembre 1870. Prix. — 500 francs. III, — Reproduction du Goura {Columba coronatà) en France. On devra présenter au moins deux sujets vivants nés chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu'au l'^' décembre 1870. Prix. — 500 francs. ^ IV, — Reproduction en captivité du Tragopan {Ceriornis sahjra) en France. On devra présenter au moins six sujets vivants produits en captivité, et nés chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1869. Prix. — 500 à 1000 francs. V, — Introduction et multiplication de diverses espèces d'Agami. On devra présenter au moins quatre sujets nés chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu'au 1*^"^ décembre 1869. ,. Prix. — 500 francs. * XXII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. 1868. Acclimatation du Martin triste {Acridotheres tristis) en Algérie. "On devra présenter cinq paires de ces Oiseaux, adultes, de seconde génération. Concours ouvert jusqu'au 1'='' décembre 1872. Prix. — 500 francs. TROISIÈME SECTION. POISSONS, MOLLUSQUES, CRUSTACÉS, ANNÉLIDES. 1867. I. — Introduction et acclimatation d'un nouveau Pois.on alimentaire dans les eaux douces de la France, de l'Algérie, de la Martinique ou de la Guadeloupe. . • , ; Concours ouvert jusqu'au 1'^'' décembre 1870. Prix. — 500 francs. ' ■' Le prix sera doublé, si le Poisson introduit et acclimaté est le Gourami. II. — Introduction et acclimatation d'un Crustacé alimentaire dans les eaux douces «le la France, de l'Algérie, Je la Martinique ou de la Guadeloupe. Concours ouvert jusqu'au 1*^'' décembre 1870. Prix. — 500 francs. III. — Acclimatation et propagation d'un Mollusque utile d'espèce ter- restre, fluviatile ou marine, resté ji!S(iu'à ce jour étranger à notre pays, — Cette acclimatation devra avoir donné lieu à une exploitation indus- trielle ; ses produits alimentaires ou autres seront examinés par la Société. Concours ouvert jusqu'au 1*^"^ décembre 1870. , ^ Prix. — 500 francs- QUATRIÈME SECTION. — INSECTES. 1857. Acclimatation en Europe ou en Algérie d'un insecte producteur de cire, autre que l'Abeille. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1870. Prix. — 1000 francs. • - ' ■^ 1865. ■■ ■ Application industrielle de la soie desBombyx Cynthia et Arrindia, Vers à soie de l'Ailante et du Ricin. On devra présenter plusieurs coupes d'étoffes formant ensemble au moins 100 mètres, et fabriquées avec la soie dévidée en fils continus du Bombyx Cynthia ou du B. Arrindia , ou du métis de ces deux espèces et sans aucun mélange d'autres matières. Les tissus de bourre de soie sont hors de concours. Concours ouvert jusqu'au l'"' décembre 1872. Prix. — 1000 francs. « PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. XXIII . • 1864. Prix fondé par S. Exe. M. DROUÏIM DE I^HITS, Membre dn Conseil privé, sénateur, président de la Société. Vers à soie Yama-maï. — Une médaille de 1 000 fr. sera décernée en 4 872, pour la meilleure éducation en grand du Ver à soie Yama-maï. On devra: 1" avoir obtenu, dans une seule saison une récolte assez considérable pour pouvoir livrer à la filature et transformer en soie grége de belle qualité, au moins 100 kilogrammes de cocons pleins, ou 10 kilogrammes de cocons vides. 2° Avoir publié ou adressé à la Société un rapport circonstancié, pouvant servir de o-uide aux autres éducateurs et indiquant le système suivi et les résultats obtenus, au point de vue de la qualité, delà quantité et des bénéfices réalisés. Les concurrents devront faire parvenir les pièces à l'appui de leur candidature avant le 1" novembre 1871. fy-QTA. Les travaux accomplis, les observations on les découvertes faites sur l'Yama-maï et sur son acclimatation et sa propagation d'ici au 1" décembre 1871, pourront prendre part aux récompenses ordinaires et annuelles de la Société , les droits des concurrents au prix spécial étant réservés. I860. I. Vers à soie du Miirier. — Études théoriques et pratiques sur les diverses maladies qui les atteignent. Les auteurs devront, autant que pos- sible, étudier monographiquement une ou plusieurs des maladies qui atteignent les Vers à soie ; en préciser les symptômes ; faire connaître les altérations organiques qu'elles entraînent; étudier expérimentalement les causes qui leur donnent naissance, et les meilleurs moyens à employer pour les combattre. Concours ouvert jusqu'au l*"^ juillet 1868. !"■ PRIX. — 2000 francs. 2* PRIX. — 1000 francs. II. _ Vers à soie du Miirier. — Production de la graine indigène. On devra avoir obtenu pendant qualre années consécutives de la graine saine, capable d'être utilisée dans les éducations industrielles d'au moins 10 onces. La graine elle-même pourra et devra presque avoir été obtenue par l'élevage spécial de petites chambrées. Les concia-rents devront fournir la constatation légale des faits qu'ils auront obtenus. Concours ouvert jusqu'au 1" juillet 1870. Prix. — 5000 francs. m. — Acclimatation accomplie en France ou en Algérie d'une nouvelle espèce de Ver à soie produisant de la soie bonne à dévider et à employer industriellement. Concours ouvert jusqu'au 1^'' décembre 1872. Prix. — 1000 francs. XXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX. Introduction, culture et acclimatation du Quinquina dans le midi de l'Europe ou dans une des colonies françaises. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1870. l'Rix. — 1500 francs. 18(Î6. I. — Introduction on obtention pendant deux années successives d'une variété d'Igname de la Chine [Dioscorea batalas), joignant à sa qualité supérieure un arrachage beaucoup plus facile. Concours ouvert jusqu'au 1'^'' décembre I8G9. 1" PRIX. — (iOO francs. 2*^ PRIX. — 400 francs. H, — Introduction en France, sur le pied de grande culture, d'une plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture des bestiaux. Concours ouvert jusqu'au 1°'' décembre 1868 l"' PRIX. — 500 francs. 2*^ PRIX. — 300 francs. 1867. Prix fondé par lU. Frédéric JACQUE.^IART , Membre du Conseil de la Socieié. Culture du Riz sec. Le prix sera accordé à celui qui aura : 1» Cvdtivé avec succès le Riz sec pendant trois années, et sur un demi-hectare au moins pendant la dernière année. 2° Exposé dans le meilleur rapport le mode de culture , les mérites de la plante, les produits obtenus, les résultats donnés par la graine obtenue en France, comparés à ceux de la graine exotique. Concours ouvert jusqu'au l'"' décembre 1873, Prix. — 500 francs. ,..■•■ mm. Utilisation industrielle de l'Ortie de Chine {Roehmerîa iililis). On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les docu- ments relatifs aux méthodes et procédés employés. Concours ouvert jusqu'au 1"'' décembre 1872. Prix. — 500 francs. La séance s'est terminée pai^ la distribution des récom- penses. ^ ■ ■ * PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. XXV Sur la proposition de la Commission des récompenses et du Conseil d'administration, la Société, réunie en assemblée gé- nérale, le 7 février 1868, a admis à l'unanimité, au nombre de ses Membres honoraires : M. P. Dabry, consul de France à Han-kéou (Chine). Et M. Cléments-Robert Markham, secrétaire de la Société de géographie de la Grande-Bretagne, à Londres. Ces titres ont été proclamés dans la séance publique du 21 février. Il a en outre été décerné cette année : Premièrement. — Deux prix extraordinaires, savoir : à M. A. Hardy, directeur du Jardin d'acclimatation, au Hamma, prés Alger, un prix de 1500 francs; et à M. Gerbe, prépara- teur du cours d'embryogénie au Collège de France, une prime de 500 francs. Deuxièmement. — Deux grandes médailles d'or : l'une, offerte à la Société par Son Exe. M. le ministre de l'agricul- ture, du commerce et des travaux publics, à M. W. G. M'c Ivor; l'autre, k M. le marquis de Selve. Troisièmement. — Uns médaille extraordinaire, en argent, à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. ■Quatrièmement. — 1" ïjn rappel de médaille de première classe. 2° Seize médailles de première classe. 3° Quatorze médailles de seconde classe. h° Sept mentions honorables. 5° Une récompense pécuniaire. 6° Les deux primes annuelles de 200 et de 100 francs, fon- dées par feu M. Agron de Germigny. Parmi les seize médailles de première classe figurait celle qui était décernée à M^^ Chauveau (Thibet), qui a été reçue par M. le procureur des Missions étrangères. Les applaudisse- ments qui ont accueilli la proclamation du nom de M''" Chau- veau semblaient être un hommage public rendu à tous nos missionnaires qui, sans négliger les travaux de leur apostolat, n'oublient jamais les intérêts de la patrie absente. Ces applau- dissements se rapportaient également au R. P. Perny, provi- XXVI SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Caire apostolique, supérieur de la province de Kouy-tchéou, 'membre honoraire de la Société, à laquelle il a rendu d'émi- nents services. Le Conseil, par décision prise le 28 février, a arrêté que les discours et les rapports prononcés dans cette séance seraient insérés in extenso dans le Bulletin mensuel de la Société et placés en tête du volume en cours d'exécution. Le Secrétaire des séances^ > ' J. L. SOUBEIRAN. DISCOURS D'OUVERTURE Par Son Excellence M. DROUTN DE LHUTS, Sénateur, Membre du Conseil privé, Président de la Société. Mesdames, Messieurs, En s'attachant à éclairer par ses recherches et h stimuler par ses récompenses les tentatives faites pour propager, hors de leur pays d'origine, les espèces animales et végétales qui se recommandent par leur utilité, la Société d'acclimatation a compté, avec raison, sur le bienveillant concours dont je suis heureux de vous remercier chaque année. Parmi les mer- veilles de la civilisation qui nous entourent, il en est peu qui soient plus dignes de captiver notre curiosité que ces inces- santes conquêtes sur la nature, dont nous jouissons, sans nous douter des efforts qu'elles ont coiités à nos aïeux. Dans de précédentes occasions, j'ai essayé d'esquisser de- vant vous quelques chapitres de cette attrayante histoire. Je voudrais vous parler aujourd'hui d'une céréale qui l'emporte sur toutes les autres par l'abondance de ses produits et l'éten- due de son aire géographique, mais que des accidents fâcheux ont longtemps frappée d'une défaveur qui, heureusement, n'existe plus aujourd'hui. Tout le monde connaît le Maïs, cette belle Graminée, dont le port et la taille rappehent la Canne à sucre, qui appartient du reste à la même famille. Les savants ne sont pas d'accord sur sa provenance. Quel- ques-uns lui attribuent une origine asiatique, et font remon- ter son introduction aux Croisades. Après la prise de Con- stantinople par les Latins, en 120/i, Boniface de Montferrat, à qui échut en partage le royaume de Thessalonique, aurait envoyé dans son ancien marquisat de la semence de Maïs, cultivé alors dans plusieurs provinces de l'empire grec. Mais le procès-verbal attestant la reconnaissance du peuple de Mont- ferrat pour ce don précieux et pubhé par Molinari, parmi les pièces justificatives d'une histoire locale imprimée en 1810, a été argué de faux. D'autre part, on a cité comme preuve que XXVIll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. cette céréale était connue en Afrique, dès les temps les plus reculés, la découverte de grains de Maïs dans le cercueil d'une momie retirée en 1819, par un voyageur français, M. Rifaud, d'un des hypogées de Thèbes. A cela les botanistes ont objecté l'identité absolue de ces graines avec celles du Maïs américain, et ils ont soupçonné une fraude de la part des Arabes. Toute- fois, après avoir écarté ces indications contestables, on peut en signaler d'autres qui ne motivent pas les mêmes doutes. Mirkhond, historien persan qui écrivait quelques années avant la découverte de l'Amérique, est cité par d'Herbelot, dans sa Bibliothèque orientale, comme ayant fait mention de la culture du Maïs aux environs de la mer Caspienne, et le Traité d'his- toire naturelle de Li-tchi-tchin, auteur chinois du milieu du xvr' siècle, constate l'existence de cette céréale dans son pays à une époque si rapprochée des voyages de Colomb, que l'on ne saurait rapporter à cet événement l'introduction du Maïs en Asie. Nous pouvons donc admettre, ainsi que l'a fait M. Bo- nafous dans la belle monographie qu'il a publiée en 1836, que le Maïs était connu dans l'ancien monde avant la découverte du nouveau, et que, plus tard, les rapports établis avec l'Amé- rique ont pu donner lieu à une nouvelle importation et à une culture plus étendue de cette graminée, restreinte jusqu'alors dans d'étroites limites. Ainsi s'expliquerait le nom de Blé de Turquie^ que l'usage s'est obstiné à lui conserver dans le lan- gage vulgaire et que l'on retrouve dans la forme latine de fru- mentum turcicum chez les érudits du xvf siècle, qui ne pouvaient ignorer sa nouvelle provenance transatlantique. Ce que, d'ailleurs, personne n'a songé ànier, c'est quecette céréale formait presque exclusivement la base de la nourri- ture des indigènes du continent américain, lorsque les Espa- gnols vinrent y aborder. Le nom de Maïs serait même emprunté à la langue d'Haïti, île d'où Colomb en aurait rap- porté les premières graines semées après son retour en Espagne. S'il faut en croire Oviedo dans son Histoire des Indes occidentales, cette plante se serait répandue dans la Péninsule dès 1525, bien que sa culture en grand ne paraisse y dater d'une façon bien avérée que du xvii" siècle. Le Maïs prédomine, en Amérique, sur toute la surface de I DISCOURS D OrVERTURE. XXIX l'immense zone comprise des deux côtés de l'équateur, entre le 52'= degré de latitude nord et le liiV degré de latitude sud, c'est-tà-dire du Canada au (lliili. Les premiers voyageurs eu- ropéens l'ont trouvé en usage chez les Hurons, chez les tribus de l'Orénoque et chez les Araucans ; on le rencontre même encore à l'état sauvage dans quelques-unes des Antilles, dans l'Amérique centrale et dans les forets humides du Paraguay. Les historiens de la conquête du Pérou nous décrivent les jardins d'or des Incas (heurtas de oro), où les arbres, les ani- maux, les oiseaux et les insectes étaient figurés en oret en ar- gent. L'un d'eux, Garcilaso, vante surtout la parfaite imita- tion des hautes tiges et des épis du Maïs. Au mois de mai, les Péruviens célébraient la récolte de cette céréale par de grandes rejouissances. Le peuple s'enivrait avec la boisson fermentée qu'on en retire, et répétait en chœur des chants en l'honneur de Zarapconopa, la divinité rustique qui présidait au Maïs. Pendant que les prêtres offraient à l'idole la liqueur sainte mêlée au sang des Lamas immolés en sacrifice, les hommes accompagnaient cette cérémonie de danses exécutées au son de divers instruments, et se déguisaient, comme à notre car- naval, en s'afl'ublant de têtes d'animaux et de costumes gro- tesques. La bière du Maïs, connue aujourd'hui sous le nom créole de Chicha^ qui a remplacé, même chez les Indiens, le nom ancien aka^ se consomme encore en grandes quantités sur tout le littoral sud américain. Il n'y a pas de si pauvre cabane des Cordillères qui ne soit pourvue d'une jarre de cette boisson favorite. On la prépare en laissant germer le grain humecté ; on broie ensuite cette espèce de drèche préa- lablement desséchée, et on la fait bouillir dans l'eau pour hâ- ter la fermentation. Le liquide ainsi obtenu est d'une couleur jaune foncé et sa saveur, moitié amère, moitié acitle, ne dé- plaît pas même aux palais européens. Les visiteurs de l'Exposition universelle de 1867 qui ont examiné les collections de produits agricoles, ont pu juger de l'importance du Maïs dans les cultures transatlantiques. Cette Graminée figurait, avec toutes les modifications possibles de dimensions, de formes et de couleurs, parmi les envois de l'L'nion américaine, depuis les variétés à épi moyen et à grain XXX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. corné déjà introduites en Europe, jusqu'aux variétés à gros épi et à grain tendre qui, tout en n'étant pas susceptible de mûrir sous nos climats froids, pourraient être utilement essayées comme plantes fourragères. Les Etats de l'Amérique du Sud n'étaient guère représentés par d'autres céréales. On a remarqué néanmoins l'absence, dans les expositions du Pérou et de la Bolivie, de ce fameux Maïs de Guzco, dont l'im- portation avait provoqué, il y a quelques années, de si vives discussions parmi les agronomes français. Dans la section réservée aux possessions britanniques, l'Inde avait fourni deux variétés, l'une rouge, l'autre jaune, de fort belle apparence. Il y en avait aussi de magnifiques échantil- lons provenant de la Nouvelle-Galles du Sud, colonie où les Anglais ont introduit le Maïs, de même qu'à la Nouvelle-Zé- lande, et qui en exporte déjà de grandes quantités. Mais la palme demeurait acquise au Maïs blanc indigène du Canada, si productif, qu'il coiàte à peine 7 à 8 francs l'hectolitre sur- les marchés locaux. Je ne puis qu'énumérer les spécimens de Maïs exposés par le Portugal, l'Espagne, la France, l'Italie, l'Autriche, la Rou- manie, la Turquie et la Grèce, et auxquels le jury a assigné un rang plus ou moins honorable. On voyait même, dans la collection des produits végétaux de la Norvège, du Maïs récolté aux environs de Christiania, sous le 60"' degré de latitude nord, grâce à la température exceptionnelle que cette partie de la péninsule Scandinave doit aux eaux chaudes du Gulf-Stream, qui court le long de ses côtes, du Septentrion au Midi. Reprenons l'histoire de l'acclimatation du Maïs sur notre continent. Cette plante, pour laquelle Linné a lait revivre, comme dénomination générique, le nom de Zea, que Pline et et les agronomes romains appliquaient à l'épeautre, est appe- lée en Italie formeoitone ou grano turco^ grano siciliano. En Lombardie, ehe porte plus particulièrement les noms de mel- liga^ melgone. On suppose que cette plante fut importée d'Es- pagne en Sicile, et plus probablement en Toscane, entre les années 1553 et 159/i. Elle fut connue, après 1(502, dans le Bolonais, et après JOIO, dans le Frioul. Toutefois, M. Tar- gioni Tozetti, qui a fait paraître à Florence, en 1855, de eu- DISCOURS D OUVERTURE. XXXI rieuses recherches sur l'introduction de certains végétaux en Toscane, ne serait pas éloigné d'admettre que l'Italie aurait précédé l'Espagne dans la culture du Maïs. De nos jours, cette plante est répandue en proportion décroissante depuis la Valteline jusque danslaCapitanate, et la récolte s'en est élevée, en 1862, à 21 millions d'hectolitres. Sa région de prédilec- tion est la Lombardie et la Vénétie, où, au moyen des irriga- tions, elle a promptement supplanté le Millet, aussi bien que l'Avoine, l'Orge et le Blé lui-même. En France, le Maïs était connu dès le règne de Henri II, à en croire le médecin et agronome Jean Liébaut, auteur, en 1570, d'une Maison rustique. Un passage du Théâtre d'a- griculture, d'Olivier de Serres, donne aussi à penser que cette Graminée se cultivait dans quelques-unes de nos provinces, vers la fin du xvf siècle. Dans son voyage en France, le cé- lèbre Arthur Young assigne pour limite septentrionale à la zone du Maïs, au siècle dernier, une ligne qui, partant de l'embouchure de la Gironde, aurait traversé le Berry, le Ni- vernais, la Champagne, la Lorraine, et serait venue aboutir au Bhin, près de Landau. Celte démarcation a été maintenue sur la carte botanique qui accompagne la Flore française de de Candolle, et elle est acceptée, comme généralement exacte, par M. de Gasparin, dans son Cours d'agriculture. Le Maïs alterne avec le Blé dans l'assolement biennal qui constitue le régime agricole de la plupart de nos départements méridio- naux. En Italie, on préfère un assolement où cette céréale ne revient que tous les quatre ans. Dans les deux pays, le prin- cipal avantage qu'elle offre aux agriculteurs est la suppres- sion de la jachère et la netteté qui résulte pour la terre des travaux de binage et de buttage dont le Maïs a besoin. C'est pour la même raison que ce grain est devenu, à titre de plante sarclée, le pivot des assolements en Roumanie, où les fermiers lui consacrent le double de la surface réservée au l)lé. En général, on peut affirmer que l'introduction du Maïs a régénéré l'agriculture du Midi de l'Europe. Elle y a devancé les services que rendent la Betterave et la Pomme de terre pour l'amcHoration du sol dans les pays du Nord. Quant au produit, il peut s'élever jusqu'à 4iO hectolitres de grain et • « XXXIl SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTÂTION. liO 000 kilogrammes de fourrage par hectare, suivant M. Bella. A son abondance et à son bas prix, le Maïs réunit des qua- lités éminemment nutritives. 11 renferme une proportion d'azote correspondant à douze centièmes et demi de gluten sec, proportion supérieure à celle qui caractérise les Blés tendres de nos pays, et sa richesse en amidon égale celle des Blés durs, soit 67 pour 100. Il surpasse toutes les autres sub- stances végétales par la dose de matière grasse qui s'y associe aux éléments farinacés, et qui varie de six à neuf centièmes. De là l'utilité de cette céréale pour l'engraissement des ani- maux. Les belles volailles de la Bresse sont nourries de Maïs. En France, en Autriche, en Roumanie et aux États-Unis où ce grain est souvent converti en alcool, on le fait servir en même temps à engraisser les bestiaux et particulièrement les porcs. Cette double industrie se pratique dans toute la vallée du Mississippi. On distille cà la vapeur le Maïs qui, d'après M. Pépin, ne fournit pas moins d'un demi-hectolitre d'eau-de-vie par hec- tolitre de semence, et l'on nourrit, avec les résidus, des porcs maigres, qui triplent de poids au bout de dix mois. Chaque année, quarante-cinq mille de ces animaux sont traités de cette manière, puis dépecés, salés, fumés et mis en barils pour l'exportation. Les Américains savent aussi tirer parti du jus que l'on exprime en écrasant les tiges du Maïs pour en fabriquer du sucre. Cette extraction a été essayée dans les pays méridionaux de l'Europe, et l'on cite une usine, dans le voisinage de Toulouse, qui produisait 10 000 kilogrammes de sucre par an, vers '1859. Lorsque le Maïs est employé à l'alimentation des hommes, il se consomme généralement dans les campagnes sous forme de bouillie épaisse, appelée gaiides en France, ou de pâte cuite à l'eau, que l'on mange chaude ou refroidie; c'est la polenta des Italiens, la mamaliga des Roumains. On en fait aussi du pain et de la pâtisserie avec ou sans addition de la- rine de froment. Une préparation défectueuse a longtemps entraîné, pour les classes rurales qui avaient adopté l'usage du Maïs, les consé- quences les plus déplorables. Vers 1775, le médecin Zanotli ^ >• DISCOURS D OUVERTURE. XXXIII aurait, dit-on, décrit le premier une maladie qui avait paru depuis six ans, dans le district de Bellunc , maladie éruptive qui se terminait presque toujours par la mort, après une durée souvent très-longue. Appelée pellagra en Italie, elle a reçu, dans la langue énergique de nos paysans, le nom de mal de misère. Nous ne décrirons pas les ravages exercés, à di- verses reprises, par la pellagre dans les contrées situées sur les versants des Alpes, ainsi que dans le nord de l'Espagne et en Roumanie. Le corps médical s'émut de la dilïusion de ce fléau, dans toutes les contrées où le Maïs était la base de la nourriture des populations, et cette céréale fut dénoncée comme la cause d'un mal dont elle était seulement l'occasion. Ainsi que tous les autres grains, le Maïs devient dangereux lorsqu'il a subi certaines altérations, dues à un parasite végétal. Des recher- ches assidues ont démontré que cette moisissure se dévelop- pait surtout dans le cotylédon. On a imaginé alors de moudre la semence, de manière à produire d'abord des gruaux que l'on transforme, par une seconde opération, en farine. Le coty- lédon se dégage par ce moyen sans difficulté, et on le met ù part pour en tirer une huile propre à divers emplois. Les semoules et les larines provenant des gruaux se conservent sans avoir besoin d'être étuvées; elles retiennent une propor- tion d'azote correspondant à 10 pour 100 de gluten, c'est-à- dire qu'elles demeurent encore aussi nutritives que les farines Iburnies par nos blés tendres. Ainsi se trouve résolu le problème de la réhabilitation du Maïs. En accordant à Thomme ses dons les plus précieux, la Pro- vidence lui a laissé le soin d'en découvrir et d'en régler l'usage par son active etpatiente industrie. L'acclimatation, Messieurs, est soumise à cette loi. Nous ne sommes pas dans l'Éden, où tout croissait et se multipliait sans culture, mais sur une arche battue par -les flots, qui ne peut, qu'au prix d'efforts incessants, distribuer dans le monde sa riche cargaison. 2*^^ bEKiii;, T. V. — Séance [uibliiiue annuelle. f RAPPORT ANNUEL SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION EN 1867, t Par M. J. L. SOUBEIRAIV, Secrétaire des séances. Mesdames, Messieurs, Je vais essayer de remplir la tâche difficile qui m'est dé- volue, en rappelant à vos souvenirs les travaux accomplis, au nom de la Société, dans le courant de l'année qui vient de s'écouler. Bien que ces travaux aient été tellement nombreux et variés, que je pourrai à peine en exposer ici les principaux résultats, je tâcherai de ne pas abuser de l'attention que vous voulez bien m'accorder et vous en tracerai une esquisse aussi rapide que possible. Multiplier les espèces utiles, et surtout celles qui peuvent ajouter à nos ressources alimentaires, tel est le but principal que s'est proposé votre Société. Les expériences que vous avez instituées depuis plusieurs années sur les Yaks, les Chè- vres d'Angora, les Lamas et les espèces ovines, se sont con- tinuées comme par le passé. Les Yaks, dont vous avez placé des troupeaux dans les Vosges (1) et dans les montagnes de la Lozère ('2), vous ont donné quelques naissances qui prouvent que cette espèce, originaire de la Mongolie, est aujourd'hui adaptée aux exi- gences de notre climat : il est fâcheux que le nombre des animaux que vous possédez soit encore trop restreint pour que vous puissiez les répandre dans toutes les montagnes, où ils sont appelés à rendre des services réels. Vous avez applaudi aux efforts de la Société d'agricuUure de Digne (3) quand, (1) Bulletin, '2'" série, t. IV, p. bhU. (2) liulldiii, 2' série, t, IV, p. 5/i3, 629. (3) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 289. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXV pour continuer des études sérieuses sur cette question, elle a recueilli les derniers vestiges du troupeau autrefois envoyé dans les Basses-Alpes (1), etvous lui avez prêté votre concours pour lui donner les moyens de mener à bien cette généreuse entreprise. Vous avez encore constaté, par les nouveaux produits de vos Lamas et Alpacas (2) que la race n'en dégénère pas, mais offre, au contraire, une amélioration très-grande dans la toison. Il est donc prouvé maintenant qu'il y aurait avantage à élever ces animaux, et qu'on pourrait en tirer de sérieux protîts, si leur nombre était suffisant déjà pour former la base d'une véritable exploitation industrielle. Dans ces derniers temps, vous avez appris qu'un assez grand nombre de Lamas avait été introduit dans la République Argentine (3) et qu'on pensait à les substituer au Mouton, dont l'élevage ne donne plus, en ce pays, de produits suffisamment rémunérateurs. Les races ovines des diverses parties de l'Europe ont été l'objet de plusieurs rapports, qui témoignent des efforts inces- sants de nos agriculteurs pour améliorer nos races (l\) ; vous avez également appris que les études se continuaient sur les races prolitiques de la Chine (5), dont la chair est hautement estimée des consommateurs. Les Chèvres d'Angora (5), dont nous avons vu aussi les troupeaux s'augmenter, sont devenues aujourd'hui la source d'un très-grand commerce au cap de Bonne-Espérance et dans la République Argentine (7). Nous devons constater que, (i) Bulletin, 2^ s(5rie, t. IV, p. 168. (2) Plnondel de la Bertoclie. Rapport sur le troupeau de lamas et d'al- pacas qu'il tient en cheptel de la Société {Bulletin. 2« série, t. IV, p. /i9). — Idem, p. 168. (3) Bulletin, 2'' série, t. V. {Il) Baron Dauricr. Sur les Moutons de la race Zacicel {Bulletin, 2*^ sé- rie, t. IV, p. 561). (5) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 28, 222, 226, 228. (G) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 27, 5Z|/i. (7) Ch. Wallut. Quelques notes sur l'acclimatation de la chiwre d'An- gora {Bulletin, 2-' série, t. IV, p. 177). — Ledesma, Historia y recopi- lacion de datas sobre la cabra de Anijora. Buenos- Aj res, 1865. XXXVI SOCIETE IMPERIALE ZOOI.Or.IQUE D ACCLIMATATION. chaque année, la Société est appelée à fournir à ces pays loin- tains des purs sang reproducteurs, ce qui prouve que la Chèvre d'Angora a trouvé chez nous les conditions les plus favorables à son développement. La race chevaline, dont l'amélioration est fréquemment l'objet de vos études, a été, cette année, l'objet d'un docu- ment important de l'émir Ab-del-Kader (1), qui vous a été communiqué par le général Daumas; vous avez, une fois de plus, pu reconnaître, sous le langage imagé et poétique de l'auteur, la preuve de ses connaissances vastes et variées sur le Cheval ; cette lettre vous a valu un important mémoire de M. Richard (du Cantal) (2), qui vous a exposé les observa- tions que lui suggérait sa longue et habile expérience, et vous a montré tout ce qu'il y avait d'instructif dans l'écrit si original de l'émir. Nous devons vous rappeler encore le lumineux rapport présenté au Sénat par notre illustre Pré- sident sur la nécessité d'améliorer les races chevalines en France (3). L'utilisation du Cheval, lorsque l'âge ou des accidents ne permettent de lui faire accomplir son travail ordinaire et sa transformation en animal de boucherie (A), a été le sujet de nouvelles communications de M. Decroix (5), qui s'est dévoué (1) L'émii' Abd-cl-Kador, Lettre à M. le général Daumas sur le cheval arabe pur sa ni) {liuUetin, 1" série, t. IV, p. ;2Zil). {'}) liicliard (du Caillai), Bapjjort sur une lettrs d'Abd-el-Kader relative au cheval arabe {liuUetin, 'i'^ série, 1. IV, p. 369.) Une note {Idem, p. 637) a été comiiHiniquée par M. Baraquin, sur une maladie particulière, Quebra bonda', ([ui sévit sur les chevaux dans rniK? des îles de l'Amazone, l'île de .Marajo, au voisinage du Para. (3) Drouyn de Lliuys, Nécessité d'améliorer la race chevaline en France {Ikdletin, 2" série, t. IV, p. 305). (û) La vulgarisation de Tiisagc^ aliinentaire de la viande de clieval, dont Isidore-Cicoffroy Saint-Hilaire a été cerlainenient l'iniliateur en France, a été poursuivie, avec une grande ardeur, par la Société d'acclimatation de Nancy. Voyez Bulletin de la Société d'Acclimatation pour la zone du Nord, p. 263, 1867. — Baron de Dumast, La viande de cheval et la pomme de terre rôle de la Lorraine dans ces deux initiatives. 1867. (5) Bulletin, '2'' série, t. IV, p. 36, ^61, 723. RAPPORT SUR ].E^ TRAVAUX DE LA SOCIETE. XXXVII â la destruction des préjugés qui s'opposaient à la consom- mation de la viande de Cheval; plusieurs de nos confrères, parmi lesquels nous devons citer i\lM. Blatin (1) et le marquis de Fournès (2), vous ont prouvé que désormais la lumière est faite autour de cette question ; le préjugé, battu en brèche, s'écroule; encore un pas, et l'habitude sera prise entiè- rement. Nous devons signaler encore les intéressantes notices de M. de Gérando, sur les animaux de Porto (3), de M. L, de Wagner, sur les races bovines et ovines de la Hongrie (h), de M. le colonel du Clam du Paty, sur la Chèvre de Tuggurt (5) et de M. Lagos, sur les Chameaux, qui furent, il y a dt^à quelques années, transportés, avec le concours de notre So- ciété, d'Algérie dans la province de Céara (6) ; les causes de la terminaison fâcheuse de cette expérience vous ont été dé- veloppées très-nettement par notre nouveau confrère, et ont été l'objet d'une intéressante discussion dans une de vos réunions. Il y a déjà plusieurs années, vous accordiez un prix à M. Hardy (7) pour avoir obtenu, à Alger, la reproduction des Autruches ; ses éducations se sont continuées depuis avec le même bonheur, et il a pu, en décembre dernier, vous annon- cer qu'il possédait une trentaine d'Autruches (8) nées au Jar- (1) Bnllelin, T sério, t. IV, p. U6l. (•2) Bulletin, 2« S('ric, 1. IV, p. 28, 159, 228. (3) De Créraiulo, Note sur les animaux de Porto {Bulletin, 2<^ série, t. lY, p. ZiVZi). (Ix) L. deVagnei'; Xote sur l'êleve du bétail enHonijrie {Bulletin,'!'' sé- rie, t. V, p. 8). (5) Bulletin, 2'' série, t. \\, p. 17/i. (G) Bulletin, 2"^ série, t. iV, p. 7G5. (7) Hardy, Etat de la doniestication de rAutrnche à Alger {Bulletin, t. VIII, p. 6, G5; 18GI). (8) M. Hardy, directeur du Jardin de Hamniah (Alger), s'occupe depuis 1857 de la doniestication des Autruches en Algérie. Le succès a couronné ses etlorts, et il a obtenu la reproduclion de cet oiseau, dans des parcs lin]it('s, sous les jeux et par les soins intelligents de l'iionmie ; aussi la Société, en 1862, lui a-t-elledéjà décerné un prix important. Cette année, M. Hardy XXXVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. din du Hamniah, et formant ainsi un précieux troupeau. Le sort de ces animaux, aujourd'hui que le Jardin du Hammah a reçu une nouvelle destination, et que M. Hardy n'est plus chargé de sa direction, a éveillé vos préoccupations, et vous avez pensé devoir signaler à l'autorité l'utilité qu'il y aurait à ce que les expériences de domestication fussent continuées, en exprimant le désir que la cession du Jardin n'entraînât pas l'arrêt d'une étude dont l'importance ne saurait échapper à personne. M. Héritte vous a donné de précieux détails sur la domesti- cation, laite, à l'autre extrémité du continent africain, au cap de Bonne-Espérance, par les colons, des Autruches de leurs déserts, et les succès ohtenus dans la reproduction de ces oiseaux dans le voisinage des fermes (l). M. Graells, qui continue, avec de louables efforts et une remarquable intelligence, ses études sur les Dromées et les Autruches, vous a tenu au courant de ses expériences et vous a fait connaître les mécomptes qu'il a éprouvés (2). nous a fait connaître quo depuis sept années il a obtenu 875 œufs, fait naître 162 jeunes dont 103 ont vécu jusqu'à trois mois au moins, et que le 24 décembre 1867, il possédait 9 Autruches nées en 186Zi ; à nées en 1865 ; 7 nées en 1866 et 12 en 1867, c'est-à-dire 32 Autruches nées par ses soins {Bulletin, 2'' série, t. V). (1) Héritte. Étude sur la domestication des Aulïuches au Cap {Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 122; idem, 319; ibidem, /i/i6). Les colons du cap de Bonne-Espéi-ance ont domestiqué les i\utruches de leur désert et en obtien- nent aujourd'hui la reproduction sans L,'rande difficulté, dans leurs habita- tions ou fermes; leur nourriture est peu dispendieuse et le produit couvre facilement les quelques frais que ces oiseaux, nécessitent. Il résulte, en effet, de la note de M. Héritte, que 18 jeunes Autruches ont donné 2 500 fr. de plumes, et 50 œufs à 10 fr. soil 500 fr. Kncore faut-il noter que les plumes des Autruches domestiques n"at(eij;nenl jamais la valeur des Autruches sau- vages. (2) Reproduction des Autruches ù Madrid {Bulletin, 2^ série, t. IV, p. Zi/i7). Le directeur du Jardin d'acclimatation de Madrid continue, avec de louables elïorts et une remarquable intelligence, ses essais de reproduction et de domestication de l'Autruche et du Casoar ; mais des circonstances par- ticulières ne lui ont pas encore permis d'accroître le nombre de ses élèves autant que ses premiers essais permettaient de le supposer. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. XXXIX Vous avez regretté également les accidents qui ont entravé les essais de stabulation de l'Autruche, tentés avec succès, à Grenoble, par M. Bouteille (1), mais vous n'en conservez pas moins l'assurance que notre confrère saura résoudre le pro- blème de la vraie domestication de l'Autruche ; le passé est le garant de l'avenir, et déjà cet oiseau est devenu, entre les mains de M. Bouteille et son aide intelligente, M'"'Chopelin, un animal domestique qui n'exige pas d'autres soins que les hôtes ordinaires de nos étables. Les reproductions d'oiseaux rares et précieux se sont con- tinuées au Jardin d'acclimatation, qui a obtenu des Faisans de Wallich , de Swinhoë , des Euplocomes Prélats, des Céréopses, etc. (2). (1) Bouteille, Éducation d'autruches à Grenoble {Bulletin, 2" série, t. IV, p. 316). Le même, idem, p. 168). (2) De nomI)reiise.s reproductions d'oiseaux ont élé obtenues, cette année, au Jardin du Bois de Boulogne. Nous citerons particulièrement celles des Colombes voyageuses {Ectopistes Mi y rat or lus), Colonibes Longhup {Ocy- phaps Lophotes), Colombes aimables {Zenaïda' Amabilis), Colombes Luma- cbelle {Phaps Chalcoptera), Colombi galline de Montap. (Geotrygon Mon- tana), Faisans de Swinhoë (Euplocomus .Sycmftoé/), Faisan bleu {Euplocomus l'ra'latus). Faisans de Cuvier {Euplocomus Horsfieldii), Faisans de Wallich {Cotreus Wallichii), Faisans de :\Iongolie {Phasianus Monçiolicus), Faisans Versicolore {Ph. Versirolor), W-iis de faisan vénéré {Ph. Beevesii), Péné- lope Siffleur {Pénélope Pipile), Ibis sacré {Ibis Beligiosa), Râle à plastron {Ballus Pectoralis), Céréopses {Cereopsis Novœ llollandiœ), Crande Bernache de Magellan {Chlo'ëphaçie Magellanica), Bernaches des Sandwich {Chloephage Sandwicensis), Canards Carolins {Aix Sponsa), Canards Man- darins {A. Galericulata), Canards JNyroca {Anas Leucophthalmos), Canards Milouins (.1. ferinn). Canards de Bahama {Daflla Bahamensis). Le Jardin a obtenu, en outre des jeunes, des reproductions de Mammifères, parmi lesquelles nous mentionnerons celles desHémiones {Equus hemionus). Lamas {Auchenia Lama), Alpacas {A. Pacos), Guanacos {Auchenia), Cerf Wapiti {Cervus Canadensis), Cerf Axis {C. Axis), Cerfs d'Aristote (C. Aris- totelis). Cerfs cochons {C. Porcinus), Cerfs du Mexique (C. Mexicanus), Nilgaut {Antilope Picta), :\Iouftlons à manchettes {Ovis tragelaphus). Yack {Bos grunnius), Porcs-épics de Siam {Hystrix Javanica), Agoutis {Dasy- procta Acuti), Kangurous à moustaches {Macropus Melanops), Kanguious de Bennett {Ilalmaturus Benvetti), Kangurous de Thélys {H. Thetidis), Kangurous rat {Hypsiprymnus Murinus), XL SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. D'autre part, M. Pomme (1) possède plusieurs jeunes Lo- plîophores resplendissants nés chez lui et ayant dépassé l'âge critique de la mue. Vous avez encore appris l'acclimatation de diverses espèces de Faisans obtenue à la Réunion (2) et à la Nouvelle-Zélande (3), où ils se sont multipliés rapidement, bien qu'au premier abord les conditions climatériques ne pa- russent pas favorables. Il est souvent d'une grande importance, dans les essais de reproduction d'oiseaux, de pouvoir vérifier si les œufs, sou- mis àl'incultation, sont fécondés ou non, et si l'évolution du jaune se fait convenablement; dans cette intention, deux de nos confrères, MM. Bussière de Nercy et Carbonnier (/j) vous ont présenté des appareils de mirage, imaginés par eux, et qui vous ont paru parfaitement appropriés à leur destination. Les ravages exercés par les insectes sur les plantes sont, vous le savez, l'objet des préoccupations les plus sérieuses de nos agriculteurs (5), et vous avez donné toute votre attention à l'étude des meilleurs moyens pour s'en préserver; mais, si la question est grave partout, elle l'est surtout en Algérie, où (1) M. Pomme a, dans le courant de rannée dernière, tenté d'oljtonir la reproduction du Lopliophore resplendissani, et le succès a couronn*' ses eflbris : il a élevé cinq jeunes qui ont passé heureusement Fàge critique de la mue, grâce à la nourriture spi-ciale qui leur a été donnée, et a démontré ainsi que le Lopliophore pouvait être considéré comme acquis à nos volières. (2) Bulletin, 2'^ série, t. IV, p. 765. Les diverses espèces de Faisans, dont à plusieurs reprises, le Jardin du l'.ois de l'-oulo^ne a adressé des couples à nie de la Réunion, paraissent y avoir parfaitement réussi, grâce aux lions soins de MM. Berg, Vinson et :Manès. (o) Bulletin, 2' série, t. IV, p. 173. 11 résulte des documents fournis par i\l. llamol, que les Faisans, élevés à la .Nouvelle-Zélande, sont respectés par les Naturels qui les considèrent comme la propriété des Européens qui, les premiers, les ont introduits. 11 serait vivement à désirer que dans nos cam- pagnes nos tentatives d'acclimatation trouvassent toujours la même réserve. (Zl) Bussière de Nercy et Carhonnier, Appareils de mirage. {BuUciin, o*^ série, t. IV, p. 125.) Chacun des appareils de nos confrères olfre des mé- rites particuliers; mais tous deu\ peuvent èlre tMuployés avec avantage pour suivre l'évolution qui se fait dans les œufs et permettent de suivre le déve- lo|)penient des jeunes à toutes les époques de rincuhalion. (5) Bulletin, 2'^ série, t. IV, p. 22*). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XLI l'apparition des Sauterelles devient une véritable calamité pu- blique, contre laquelle, jusiju'à présent, l'iiomme est resté impuissant. Pourrons-nous trouver, dans la classe des oiseaux, de précieux auxiliaires contre ces formidables cohortes? Nous devons l'espérer, quand nous nous rappelons que la Réunion, autrefois dévastée par les Sauterelles, a été sauvée par l'intro- duction, qui y a été faite par Poivre (1), du Martin triste (Acridotheres fn'stis) (2); en effet, cet oiseau, originaire de l'Inde, s'est acquité si bien de sa mission de destructeur des insectes, que Bory Saint-Vincent (3) se plaignait déjà, il y a cinquante ans, de la concurrence que le Martin faisait aux collectionneurs, et l'accusait d'avoir ruiné l'entomologie, autre- fois si riche, de l'ile qui ne fournissait plus que quelques beaux insectes! Nous saurons bientôt si le Martin remplira sa charge aussi bien en Algérie qu'à la Réunion, car déjà plu- sieurs individus de cette espèce y ont été introduits par les soins de M. A. Grandidier (li) et paraissent s'accommoder très- bien de leur nouvelle patrie. (1) Poivre, qui a tant fail pour la colonie de l'île de France qu'il gouver- nait, imagina de faire venir des Pliilip|)ines des :\lartins qui se multiplièrent au point d"inquiéter les habitants qui les détruisirent ; mais plus lard ils furent obligés de les rappeler à leur secours (Drapier, Dictionnaire classique d'histoire naturelle). (2) A. Vinson, Le Martin, son utilité pour les pays exposés à V invasion des sauterelles {Bulletin, l'' série, t. IV, p. 181). (3) Bory Saint-Vincent, Voyage aux grandes îles d'Afrique, t. I, p. 22Û. (/i) Bulletin, 2" s('rie, t. IV, p. ZiùO. Les désastres, occasionnés en Algérie par les sauterelles, ont fait naître chez M. Alfred Tlrandidier, charge; de mission scientiPque en Asie et en Afrique, riieureusc idée d'appliquer à notre grande colonie le remède efficace qui fut employé dans le wiii'- siècle aux îles Mascareignes. Depuis plusieurs années, les n'coltes de ces riches colonies, et particulièrement de F>ourbon, ('taient périodicpiement dévorées par des myriades de ces insectes, et la misère la plus ])rofonde succédait à la prospt'rité. C'est alors que l'habile intendant de ces îles eut la pens(''e d'y acclimater l'oiseau chasseur d<' sauterelles, le Martin proprement dit {Acridotheres iristis). Cet oiseau, vorace de ces insectes et de leurs œufs, se propagea avec une si pi'odigieuse rapidité cpie, peu de temps après son introduction, les nuées de sauterelles disparurent, et depuis un siècle, ce XLII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. La Chine, comme les années précédentes, vous a fourni de précieux oiseaux, que vous devez au zèle constant de M. Da- hry, et, il y a quelques jours à peine, un nouvel envoi (1) vous arrivait, qui ajoutait encore une espèce, nouvelle pour la France, à celles que les collections du Jardin du bois de Bou- logne doivent déjà h M. Dabry ; le Puchrasia est venu se joindre aux Tragopans de Temminck, au Faisan de Vieillot et au Faisan vénéré. Notre confrère vous annonçait encore que, grâce au dévoué concours de quelques-uns de nos mission- naires, il pensait pouvoir bientôt vous adresser vivant le bril- lant Lophophore qui porte le nom de notre aimé Président (5). Une note intéressante de M*"' Chauveau (3), un des plus zélés collaborateurs de M. Dabry, vous a fait entrevoir une partie des prestigieuses richesses que le Thibet peut vous donner, et vous promet pour l'avenir de nouveaux trésors à ajouter à ces splendides espèces qui sont aujourd'hui la gloire de vos volières. Citons enfin, parmi les mémoires qui vous ont été adressés, ceux de MM. Chavannes, sur une éducation de Tétras lago- pède {k) ; Pissot, sur un métis du Cygne noir et du Cygne fléau ne s'est plus reproduit. Mettre i\ exécution, en Alg;érie, l'idée qui avait sauvé l'île de i^'rance et Bourbon, c'est ce qu'entreprit M. All'red (irandidier à titre de premier essai. A son passage à l'île de lalîéunion, \1. Alfred Gran- didier s'est procnré, pour transporter en Algérie, une centaine de ces oiseaux en question où les survivants furents dirigi's au luois de mai dernier. Leur acclimatalion, à cause de la presque simililiide du climat, s'y fit sans difficulté. Aussi, aujourd'hui, il ne s'agirait plus que de tenter l'expérience en grand. S. M. l'Empereur Napoléon, ayant eu connaissance de ces faits, s'est préoccupé de cette question dans sa vive sollicitude pour l'Algérie. Con- sidéiant que l'ihat seul avec ses puissants moyens, et les ressources de sa luarine peut obtenir un prompt ré'sullat, Sa Majesté a saisi de la question les iMinistres de la Marine et de la Guerre, et l'afl'aire est aujourd'hui à l'étude. (1) Bulletin, 1'- série, 1. iV, p. 169, t. V. (2) .). Verreaux, Description du Lophopliore Drouyndp Lhuys etdeVltha- gine Geoffroy {Bulletin, '2^- série, t. IV, p. 705). (3) Mk"" Chauveau. Sur les principaux oiseaux du Thibet {Bulletin, 'i*^ série, p. 712, t. IV). Le même, Sur le Tchro-ma {idem, 359). (Zl) Bulletin, 2" série, t. IV, p. 226. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XLIII blanc (1) ; Bouillod, sur des reproductions de Canards (2) ; Giot, sur le poulailler roulant (3) et la destruction du ver blanc ; Turrel, sur les oiseaux insectivores (/i) ; FI. Prévost, sur la destruction des Hannetons (5); etc. Les poissons, dont la prodigieuse fécondité peut devenir un sûr moyen d'augmenter nos ressources alimentaires, comme le démontre le succès des expériences faites déjà en Angle- terre et en Norvège, ont été l'objet de communications inté- ressantes que vous ont faites de nombreux correspondants de France et de l'étranger. Une nouvelle exposition de pêche a eu lieu en Hollande et vous a donné les moyens d'étudier les procédés pratiques des excellents pêcheurs de ce pays, comme vous aviez d('j;i exa- miné ceux de leurs rivaux de la Norvège. Un rapport, qui vous sera soumis prochainement, vous présentera le tableau fidèle de ce qu'est aujourd'hui la pêche en Hollande, et vous fera connaître les résultats obtenus par la suppression absolue des règlements nombreux qui, chez nous, régissent la ma- tière ; vous y trouverez, en particulier, des renseignements complémentaires de ceux qui vous ont été présentés sur la pêche au chalut par MM. Hennequin (0) et Sabin Ber- (1) Pissot, Sur les productions obtenues de r accouplement d'un Cygne noir mâle avec un Cygne blanc femelle {Bulletin, 2" série, t. V, p. 11). (2) P)Onillocl, Reproduction des Canards tadorne et souchet avec la femelle du Canard de la Caroline {Bulletin, 2" série, t. IV, p. 396). (3) Giot, Le Poulailler roulant {Bulletin, 2" série, t. IV, p. /i2). Notre confrère, depuis plusieurs années déjà, s'occupe de résoudre le proiilème de la destruction du ver I)lanc, et des autres insectes nuisibles, et a pensé trou- ver la solution dans l'emploi de la volaille transportée dans les champs à l'aide d'un poulailler roulant. Les faits sont venus confirmer l'utilité de ce procédé ingénieux, et il ne reste plus qu'à triompher de la routine pour le faire répandre comme il le mérite. Notre confrère nous a fait aussi connaître les succès qu'il a obtenus par l'introductian de la race Romanowski dans ses troupeaux de moutons, l'c'lè'.e de Chevaux arabes et ses tentatives d'introduc- tion du Nandou d'Amérique. (6) Hulletin, 2'' série, t. IV, p. 229. Chatel, La neige et les petits oiseaux; appel aux cultivateurs. 1867 . ■ - (5) Bulletin, 2'- série, t. IV, p. 237. (6) Hennequin, Note sur la pêche au chalut {Bull., 2^' série, t. IV, p. 57). XLIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATÂTION. thelot (1). Vous pourrez aussijuger, en parfaite connaissance de cause, la question controversée de l'utilité qu'il y aurait à conserver ou à supprimer un engin de pèche qui ravage le fond des mers, suivant ses adversaires, et auquel ses partisans dé- nient celte fâcheuse influence. M. Dabry, qui vous avait, il y a déjà quelques années, communiqué ses premières recherches sur les poissons du Yang-tsée-Kiang (2), vous a adressé récemment, sur la pèche et la pisciculture dans le Céleste-Empire, un mémoire consi- dérable qui témoigne, une fois de plus, de son zèle, et vous promet de riches acquisitions pour l'avenir (3). M. P. Gervais vous a donné des détails intéressants sur les rares espèces indigènes de poissons de l'Algérie (h), aux- quelles, dans ces dernières années, MM. Cosson et Kralik (5) ont pu ajouter la Tanche et la Carpe, et M. le général Lié- bert (6) vous a informé des soins qu'il prend pour répandre, dans divers cours d'eau, ces poissons nouveaux aujourd'hui parfaitement acclimatés. Vous devez à M. Ramel (7) de curieux détails sur le Murraij Cod fish, ce gigantesque poisson qui a déjà été le sujet des expé- riences du grand acclimateur australien, M. Wilson, et qui (1) Berthelot (Sabin), Des pêches à la traîne en mer et du dépeuplement de notre fond dépêche {Bulletin, 2<- si'Tie, t. IV, p. Zi80). ('2) Dabry, Pisciculture en Chine {Bulletin, X. \, p. 556, 1863). (3) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 776. (/j) P. Gervais, Sur les poissons de l'Algérie {Bulletin, t. IV, p. 8). (5) Bulletin, 2'' série, t. IX, p. 15. (G) ^]. le général Liébert, commandant la subdivision deMilianab (Algérie), a fait connaître que, désireux de répandre en Algérie la Carpe, qui, comme on le sait, a été introduite en Algérie, en 1860, par nos confrè'res .MJL Cosson et Kralik, il a fait déposer dans la rivière du Chelilf 1065 Carpes. Déjà, en 186/1, une opération du même genre avait été opérée, et depuis de nom- breux carpillons ont été péchés dans cette rivière. Dans le but de protéger cette nouvelle source d'alimentation, \l. le général Liébert a ordonné l'inter- diction de la pèche du l^'' mars au 1' ■■ septeml)r(> de chaque année, espé- rant ainsi prévenir le dépeuplement des rivières où s'effectuent les tentatives de pisciculture dont il s'agit {Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 218). (7) Hamel, Note sur le iMurraij Cod //s/t {Oligorus Macquariensis) {Bul- letin, 2'' série, t. IV, p. 13). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. XLV doit prochainement, en devenant un habitant de nos eaux, donner une nouvelle preuve des généreux efforts de M. Wilson pour augmenter nos richesses. Le Gourami, dont vous poursuivez l'introduction depuis longtemps déjà et dont, chaque année, nous vous entretenons ici, est arrivé une fois encore vivant en Algérie, par les soins de MM. A. Grandidier et Berthelin (1), et môme à Paris, par ceux de M. Autard de Bragard. Pour la seconde fois, M. Autard de Bragard (2), a pu, malgré le fcàcheux état de sa santé, amener à bien le transport du Gourami, qui a vécu plusieurs mois au Muséum d'histoire naturelle, où l'obligeance de M. A. Duméril lui avait accordé l'hospitalité la plus gra- cieuse (3). Malheureusement, l'abaissement de la température a fait périr vos Gourami s, ajourné vos espérances et anéanti vos projets, au moment où vous cherchiez quelles localités seraient le plus propice pour leur élevage. Un rapport très- détaillé de la Société d'acclimatation de Palerme , sur les conditions que présenterait l'Anapus, fleuve qui coule aux environs de Syracuse, pour l'élevage du Gourami, vous a été adressé par les soins de M. le baron Anca (/i). Ce rapport confirme en partie les prévisions de M. le baron Dumast, qui vous avait signalé le premier l'Anapus comme lieu de vos fu- tures expériences, et est aujourd'hui soumis à l'examen de plusieurs de vos confrères qui pourront vous proposer l)icnt(jt une solution définitive. Nous devons mentioner ici les persévérants efforts pour arriver au repeuplement des eaux faits par MM. Malard (5), {[) nuUetin,^!" sèrk, Ll\, \\ liki. (2) Bulletin, 2" série, t. IV, p. 550. (3) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 640. {h) Bulletin, 2" série, t. IV, p. 282. IMetro Doderlein, Rapporta délia Commissione inviata a Siracusa dalla Società d'Âcclimazione di Palermo cnir incarico d'esaminare se le condizioni fisiche del fume Anapo fossero adatte per acclimarvi il pesccGurami, 1867. AL r>iant, dans deux, noies Irès-intéressantes qui nous ont élé- communi- quées par M. Carbonnier {Bulletin, 2'' série, t. IV, p. lOi, 228), a indiqué un moyen ingénieux d'arriver à transporter silremcnt les (louramis. (5) M. Malard (de Conunercy) a adressé, cette année, à la suite des rap- XLTl SOCl: ; iliE r»>OLl>eiOrE DACCLIIIATATIOX. : - V " ^1», SâUTadon ^iL Heîting , Rarael (7> et BBack ^8K sïff le Saumon. Pour ce dernier poisson, vous axei été mictoiiês qu'il est dèdmtiTanent acquis à 1" Australie ^d), et - . . lie sa perse ■* - ^ de la Meose ei a cflâert un*' coBocikiu jfi:rrÈs>aïiir u d?iii> èî à ciai*nv *ks ineilienres ej^e? de pcàsscai* de ia "Mense ,Percl>e>>. Brèmeiv BroclieiSw Cbe- Teaues. Ghrdcativ- Bait»eaïii '> En outre, M. \laJai\i a présenié de? îjvècimens de sainHinidês. ê>'^^ ^. c^à-ntè dan? ?«? bajsàns, el nn> eiKanîîe en Bbeilé dans ia Mcose v • ^è pècbès à r^w^iw- Cen? anwèe encore, DOîre CMiffèr* a nBî^ daB> ia riwre lT.àô* jenD^s poissons. Sara>f«s. Trmîes con>- HKiDeN. TTQilfs s: - ->. srande? Traiies des lacs. OmbreîidîeTalJerji pn>- vmsm. àe> aumo7i [Bulleîir,, y sé- ne. t. l'f - p- T151 M-SanTsàrai. gm a déjà, à phi5àenr> reprises, fait ««maî- tre, à la ScôéJê, le résolia; de ?~^ '^mde? snr la pîsàcnlnuv el en partiraBer snr rélève des éGrerisses t «"ue année- le^wédé qu"i e ses jeunes éKres àe Inàtes eî de SaTnncab». el qm lui i a..imè kb- ii.Kù.ieurs résniîat- cbei M. le comte K. de Pointaiès. Ayant reconnu, camme 1^ antres {-dacaiem^ gn'Tme proie virante élaî! la î^^as c-^DT^naWe, il a éiahli des bassins d'éducation de la Crevene d> * pniex) €3 ôe Tértm. ce qni hn perinel de pc«nvoir fournir à ses àîevifl> une nonnitoî* nra^ /les prop^njonnée à ceBe de ses élèves eî de les voir se développer rit^'i^---^- i^i- m éviîani k pïns çrand nombre de mécomptes qni loni le àése^fK»ir des piscicalienrs. (S) BuUmuL. 2^ série- t. IT. p. 159. (i) Carbonmer. msfrvmwîis svt ie Brodici [BvUetin, 2^ s&îe. L IT, (5) Lêffli YidaLÏ : - - ^fàVèna àt siahu^a- Hm ^BiMeim. 2^ série, i. IV, p. liKt - Le m 280,^0). (6) fiullmn- 2^ série, t IT, p. ôii. (7) : 2-- série, t. IV, p. 2S2. ^8) ; :* ' • '^. t. rr. p too. ,p . ,;igT>ç rintrodnction des Saumons, en Australie, et ^ ea'aiyL.- - - - peut être rapporté en grande partie RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XLVII ]a persévérance avec laquelle son acclimatation a été conduite a donné une preuve de plus de ce que l'homme, quand il veut, peut sur la nature. Les Écrevisses, dont la culture se continue dans le bel éta- blissement de Villiers, près la Ferté-Alais, créé par M. le mar- quis de Selve (1), y ont prospéré, grâce à des soins incessants et par leur reproduction régulière ajoutent, chaque année, de au docteur Jolin Davy, récemment décédé en Angleterre. En effet , il dé- montra, par ses expériences, sur les effets du froid sur les œufs de ])oissons, qu'on pouvait transporter ces œufs à de grandes dislances, sans altérer leur vitalité. On croyait si peu à la réussite de ces expériences, qu'on négligea de tirer les œufs du premier envoi de la glacière où ils étaient déposés et que ce n'est qu'au moment du retour du jiavire, pour l'Europe, qu'on songea à retirer la boîte, et l'on y trouva presque tous les œufs encore vivants. Au- jourd'luii cette pratique est devenue très-vulgaire et pour ainsi dire conti- nuelle {Athenœum), (1) Ch. Wallut. Rapport sur rétablissement de pisciculture de M. le marquis de Selve {Bulletin, 2^ série, t. IV, p. J13). Depuis, une Commis- sion a été chargée de visiter de nouveau l'exploitation de M. le marquis de Selve, et elle a constaté que les succès précédeuuncnt obtenus par notre con- frère se continuent. La veille de la visite de la Commission, 17 Truites dont l'ime pesait près de 2 kilogr. , et les autres de 1 kilogr. à 1 kiL 250 gr. avaient été prises dans les nasses établies pour les capturer : la première de ces Truites provenait d'envois de M. Carbonnier; les autres, moins grosses, étaient écloses à Villiers même; de nombreuses petites Truites, nées l'an der- nier, ont été vues par la Commission dans les bassins destinés à l'élève ' de l'alevin ; elles ont été, depuis, lâchées dans les canaux de l'établisse- ment Les Écrevisses, ont été, au rapport de AI. le marquis de Selve, en- voyées au marché ; il en a été vendu pour l/i à 15 000 fr. l'our pouvoir pro- fiter de la vente pendant la saison de prohibition pour tout poisson non péché dans des eaux fermées, M. de Selve a eu l'idée de faire apposer, par le juge de paix, des scellés sur les claies qui se trouvent à l'entrée et à la sortie de ses canaux, et il lui suffira désormais d'un certilical d'origine pour obtenir la Ubre circulation de son poisson. La Société ne peut qu'applaudir aux persévérants et aux généreux efforts de M. de Selve qui a obtenu, dans cette gigantesque expérience, tout le succès qu'il pouvait en attendre, et a ainsi démontré que l'application industrielle de la pisciculture était possible ; toutefois, sans conseiller à personne de renouveler les énormes dépenses faites par notre collègue, il est aujourd'hui bien évident que le pro- priétaire que la nature des lieux dispenserait d'une semblable mise de fonds, trouverait dans l'alevin de la Truite et de l'Écrevisse un ample dédommage- ment aux frais de nourriture et d'entretien. Nous devons ajouter que M. le XLVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. nouvelles populations aux nombreux habitants de ses eaux. Les Truites et les Salmonidés, dont l'éducation occupe aussi M. le marquis de Selve, prospèrent également dans ses canaux et ont déjà fourni leurs œufs nécessaires pour leur repro- duction par fécondation artificielle. La culture des mollusques se fait aussi avec succès sur nos côtes, et de nombreuses communications vous ont prouvé que le zèle avec lequel le repeuplement de nos bancs se poursuit, ne se ralentit pas. MM. Delidon (1) et Léon Yi- dal (2) vous ont fait connaître, l'un les procédés de culture qu'il emploie sur les bords de l'Océan pour élever les Moules en leur donnant des qualités supérieures; l'autre, la suite de ses expériences, dans la Méditerranée, sur la myticulture au moyen de bouchots mobiles. Des détails importants sur l'ostréiculture et ses progrés vous ont été fournis par MM. Coste (3), Trotabas (Zi), Soubeiran (5), Sauvé (6), Delidon (7) et Charles (8). Nous ne pouvons passer sous silence les notices qui vous ont été présentées sur les Huîtres perlières et sur la Nacre (9) marquis de Selvc a trouvé uu concours très-efficace dans ses doux gardes (îoupil et Verneau. — P. Gervais. Journal (V agriculture pratique, p. l/i? (1868.) (1) Delidon. De la culture des moules en dépôt {Bulletin, 2'' série, I. IV, p. o23.) (2) Léon Vidal. Essais sur la mutiliculture dans la ferme aquicole de Port-de-Bouc {Bulletin, 2*^ série, t. IV, p. 6^1). Le même, De la piscicul- ture par éclosion artificielle. 1867. (a) Bulletin, 2'= série, t. IV, p. 288. (/l) Bulletin, 2« série, t. IV, p. Wo. (5) Bulletin, 2'= série, t. IV, p. 160, 223. (6) Docteur Sauvé. Note sur l'ostréiculture {Bulletin, 2"^ série, t. IV, p. 258). (7) L.-S. Delidon. Observations sur les pures à Huîtres du rocher de Dcr. {Bulletin, 2<= série, t. IV, p 77). Le même, Sur l'ostréiculture. {Idem, p. 501.) (8) Bulletin, 2^ série, t. IV, p. 573. (D) A. Delondre et J.-L. Soubeiran. De la pêcherie d'Huitres perlières de Tinnei-illy {Bulletin, 2"= série, t. IV, p. 398.) Des mêmes. De hi nacre et des localités qui nous en apiJrovisionnent {Bulletin, 2"= série, t. IV, p, 578). . RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. XLIX })ai' MM. Deloiidn? et Soubeiraii, ni surtout la suite très-inté- ressante des observations laites sur les transformations curieuses des Axolotls (1), par M. A. Duméril. La question séricicole, à laquelle, depuis son origine, votre Société s'est toujours vivement intéressée, a été l'objetdes com- munications de plusieurs de vos confrères, MM. Sermant (2), Buisson (3), de Saulcy (/i), Dufour (5), etc.. M™' la baronne de Pages (née de Corneillan) (0), et de quelques-unes des personnes auxquelles vous avez confié les Vers à soie hiJà- (hinr {!), envoyés du Japon par M. le docteur Mourier (8), Bien que les mémoires, que vous aviez sollicités sur les édu- cations faites, dans ces dernières années, sur les Vers à soie de la race japonaise, vous aient fait défaut, vous avez appris cependant que l'ensemble des faits observés a prouvé que ces races résistent le mieux aux influences morbifiques ; malheu- reusement le volume de leurs cocons est moindre que celui de nos belles races françaises, aujourd'hui presque disparues, et elles donnent, à poids égal, moins de fdaments soyeux; il faut aussi constater que leurs graines de reproduction, étant atta- quées elles-mêmes de la maladie, nécessitent ainsi de nou- (1) A. Duméril, Nourelles nl)S:prvations sur Ir.s axolotls {Bullolin, 2"= série, t. IV, p. 563). Les Axolotls, ces ciiricu.v batraciens du Alexique, dont aujourd'hui un grand nombre d'individus sont élevés au Jardin du Bois de Boulogne, et au Muséum d'histoire naturelle, on! été le sujet de ces curieuses observations de M. A. IJuméril, qui a pu reconnaître que ce ne sont que les larves d'une autre espèce appartenant au genre Ambistoma, larves qui jouissent de la propriété singulière de pouvoir reproduire leur espèce avant d'avoir alteinl l'âge adulte : ce fait, d'ailleurs, ne semblerait pas devoir être l'apanage unique des Axolotls, si l'on s'en rapporte à une observation du professeur Filippo di Filippi. (2) lialletln, 2'- série, t. IV, p. o57, liW2. {:)) Bulletin, 2'' série, l IV, IxlUl. ' (/l) Bulletin, 2" série, t. IV, p. 22. (5) Bulletin, 2-^ série, t, IV, p. 6o8. . • (()) Bulletin, 2" série, t. IV, p. 231, 2G2, W2, 7/|7. (7) Bulletin, 2" série, t. IV, p. 33. (8) Bulletin, 2 ' série, t. IV, p. 3o. — .Mourier, Traduction du manuel de l'éducation des Vers à soie au Japon {Idem, p. 12). Le même, Étude complète de l'éducation des Vers c) soie {Ibidem, t. V, p. 17). 2*^ SÉRIE, T. V. — Séance publique annuelle. d L SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. velles importations. On a donc dû chercher, pour se procurer de la graine saine, des contrées qui aient échappé à la mala- die, et il semble que le salut doive se trouver en Amérique, quand on voit le succès obtenu en Californie par M. Prévost, et ceux plus remarquables encore du Chili et de l'Equateur, que vous a fait connaître M. Gelot (1). Nous devons rappeler ici que les races de l'Amérique du Sud sont de provenance européenne, et cependant donnent des graines qui éclosent bien plus tardivement que nos graines ordinaires, particula- rité qui en facilite singulièrement le transport. Bien que l'importance de l'introduction de la graine de l'Amé- rique méridionale ne vous ait pas échappé, vous avez suivi, avec la même attention, les essais de grainage par petites chambrées, qui se font aujourd'hui en France dans de nom- breuses localités et qui paraissent devoir donner les meilleurs résultats, et vous avez particulièrement remarqué les études de M. Landa (2). M. Perrottet (3) qui a lait, à plusieurs reprises, dans l'Inde, (1) Bulletin, 2" série, t. IV, p. 698. — (lelot. Notes sur les races bisan- nuelles de Vers a soie de la République de l'Equateur {Idem, p. 207). Dans un rapport communiqué à la fin de l'année dernière, M. Gelol a fait con- naître les services rendus à la sériciculture par M. Cliiriboga (Pacitico) qui, depuis deu\ ans environ, s'occupe de l'éducation des Vers à soi(! dans la Hépuiilique de l'Equateur et par MAI. Uaphaël Uarba et ChampseaiLV dans le même pays. M. R. r)ari)a, après avoir lait venir d'Europe un sériciculteur, pensa le premier à envoyer des graines, en France, mais malheureuse- ment elles ont été perdues. Depuis, M. Charapseaux a également envoyé des Vers à soie, cent onces une première l'ois, deux cents la seconde. Ces (l'uls élevés en France ont donné des Vers parmi lesquels il y a eu, par malheur, un bon nombre demorls flats. En ce moment, M.Gomezde la Torre organise sur une grande échelle des établissements séricicoles qui paraissent devoir donner les meilleuvs résultats. Au Chili, M. Alexandre Silva a organisé une magnanerie très-importante, et le gouvernement annonce pou\oir lournir mille onces de graines faites dans ses fermes-modèles. A Alontévidéo, depuis vingt-cinq ans, M. Lecocq s'occupe d'éducations de Vers à soie et a su éviter jusqu'à ce jour la maladie. — (lelot. Rapport sur l'état actuel de la sérici- culture dans l'Amérique du Sud {Bulletin, 2*-' série, t. V). (2) Landa. Journal d'un éducateur de Vers à soie, race ancienne accli- matée, 5" génération, faite en 1866. — Chalon-sur-Saône. (3) Bulletin, 2« série, t. IV, p. 169, 219. —Voy. aussi Bulletin, p. 7/i6, une note de M. Maumenet. , , - t' RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LI des éducations de Bombyx mylitta, vous en a adressé de nou- veaux cocons que vous avez conliés à M. le docteur Cha- vannes (1), dont vous avez su depuis longtemps apprécier les soins assidus et intelligents, et qui vous a remis la plus grande partie des œufs fécondés qu'il avait obtenus. Mais la saison tardive à laquelle ces œufs sont éclos n'a pas permis de mener à bien leur éducation, et vous devez le regretter d'au- tant plus qu'ils provenaient de cocons sauvages et n'ayant pas, par conséquent, subi l'influence pernicieuse de la cul- turc parla main de l'homme. Le Bo7nbi/x yama-?naï, kVéàucsition duquel M. C. Person- nel (2) se livre avec un zèle que vous avez reconnu depuis longtemps, a été le sujet de communications intéressantes de MM. deSaulcy (3), Ligounhe(/i), Rocher(o),Maumenet((5), etc. Quant au Bombyx Pernyi dont, depuis quinze ans bientôt, vous poursuivez l'introduction en France, une nouvelle ten- tative a encore été faite, il y a cpelques mois, par M. E. Si- mon (7) avec l'obligeant concours dupèreVinçot, missionnaire au Sse-Tchuen. 11 est à regretter que l'arrivée trop tardive, au port d'embarquement, de ces précieux cocons ait rejeté encore à une époque, plus ou moins éloignée, la réalisation de l'introduction du B. Pemyi{H). Mais vous avez l'assurance que M. E. Simon, avec le dévoué concours des missionnaires qui, tout en portant le flambeau de la foi au fond des pays les plus barbares, n'oublient jamais les intérêts de la patrie absente, ne se découragera pas et finira par doter la France du Ver à soie du chêne. De nombreuses éclosions ont été obte- nues, l'été dernier, par M""' la comtesse Doroty Nevill (9) de (1) Bulletin, 2"^ série, t. IV, p. 700. ^ (2) Bulletin, 2'^ série, t. IV, p. 85. "• (a) Bulletin, 2^' série, L IV, p. 58Z|. (/i) Ligonnhe, JXote sur les éducations du B. Yama-maï et rapport sur les éducations précoces en 1867 {Bulletin, 2»-' série, t. IV, p. o3o). (5) Bulletin, 2^' série, t. IV, p. oh. (6; Bulletin, 2" série, t. IV, p. 629, 7Zi6. (7) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. liUd et /i53. (8) Mgr l'eruy coniple faire une nouvelle tentative. (9) Bulletin, 2*^ série, t. IV, p. 290. • A. V m * * f r LU SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. cocons de B. Permji, adressés au gouvernement anglais par M. Taylor Meadows (1), et tout faisait espérer (jue le résultat de ses éducations serait aussi satisfaisant que possible (2). Le Bombyx Cynlhia n'est heureusement plus dans cette pé- riode d'essai et de tâtonnements, souvent si difficile à franchir, et est définitivement introduit. Vous devez, en parli(;ulier, à M. H. Givelet (3), de très-intéressants documents sur ses édu- cations, entreprises sur une grande échelle ; bien que sur plusieurs points, il ait été contrarié par l'influence d'une sai- son désastreuse, l'ensemble de ses éducations a été des plus satisfaisants. De nouveaux mémoires nous ont été transmis surla maladie des Vers à soie ih) et, sans doute, vous aurez à décerner, dans votre prochaine séance solennelle, les prix que vous avez in- stitués pour l'étude de ce fléau. Peut-être alors sera-t-on éclairé sur la cause de la maladie et pourra-t-on, avec plus de certitude, lui opposer les remèdes les plus héroïques? Disons, dès aujourd'hui, que tout permet d'espérer la réussite et qu'il y a lieu de persévérer, en faisant de nouveaux efforts, dans la direction qui a déjà donné des résultats favorables (5). (i) Taylor Meadows, Production de la soir ot éducation du Ver à soie de Chine dans le norddelaChine {Bulletin, 2" série, t. IV, p. 201). (2) Par une i-écentc communication. M'"'' la comtesse Dorotliy Nevill a fait connaître que ses éducations avaient (Hé d(''cimées par suite du change- ment de température qui a détruit presque tous ses vers. (3) Bulletin, 2"= série, t. V. (/[) Turrel, La maladie des Vers à soie {Bulletin, 2'^ S(''rie, t. IV, p. loi)). Mouline, Observations relatives à la maladie desVers à soie, 1867. — l'.ordone, De la maladie dps Vers à soie et des mo]jens d'y remédier et d'en empêcher le retour, lb;G7. (5) M. (îuérinîMéneville, dans une communication faite cette année à la Société impériale et centrale d'agriculture, a fait connaître que certaines graines des anciennes races françaises ont donné, après avoir été roi^jet des soins les plus grands, des Vers excellents, qui ont fourni d'excellents cocons sans avoir été atteints d'aucune des alfeclit»us régnantes : le choix des loca- iités où ont du èlrc faites les édiicalions joue uu nMc important, puisque les vers provenant d'autres liis des mêmes œufs ont été, dans d'autres pays, atteints presque tous par ré|)idéniie. Ces observations ont une imporlance considérable, car elles semblent démontrer que la maladie est externe, due RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LUI La culture des végétaux étrangers est toujours l'objet des études d'un grand nombre de nos confrères qui vous tiennent au courant de leurs expérimentations et vous fournissent ainsi de précieux matériaux pour la vaste conquête que vous faites sur toutes les plantes utiles (pii peuvent être introduites dans notrepays. Lesrenseignenients les plus circonstanciés vous ont été donnés par deux botanistes venus du Japon, ce pays qu'é- tudia pendant longtemps M. Siebold et qui semble vous réserver des ressources infinies : MM. ïanaka et Yekous- sima (1) ont pu, pendant leur séjour à Paris, vous fournir des indications très-précises sur plusieurs des plantes utilisées dans leur patrie, et, en particulier, sur celles qui fournissent le papier; leurs communications ont complété celles que vous avait faites antérieurement M. E. Simon, et vous ont appris comment les Japonais sont parvenus à adapter le papier à des usages presque infinis. Des notes intéressantes de MM. André (2), Ploem (3), Durieu de Maisonneuve (/i), sur quelques plantes papyrifères, et celles de M. le docteur Mou- rier (5) sur le blé précoce du Japon, sont venues s'ajouter à ce que vous saviez déjà sur les végétaux de l'extrême Orient. De la Cbine,vous avez reçu de nouvelles Ignames, envoyées par M. Dabry (6), et qui pourront peut-être fournir des va- à une cause non encore bien connue, et non à une dégénérescence de nos races comme on était généialeniiMit disposé à l'admettre dans ces dernières années. (1) Tanaka et Yekoussima, Notice sur le Riz sec, le Rhus vernicifera et succedaned, et sur les plantes papijviferes et la fabrication du papier (tu Japon {Bulletin, 'l'^ aéric, \. IV, \x ooO). — Les mêmes, Notices sur le Daphné papyrcfèreet la fabrication du papier au Japon {Idem, p. ZilG). ('.') Bulletin, 2' série, t. IV, p. '220. (3) Bulletin, 2<^ série, t. IV, p. lliJ. « (/l) Bulletin, 2« série, t. IV, p. 292, 358. (5) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. /i53. M. Pigeaux a fait connaître que ce Blé avait levé très-régulièrement cliez lui et que tout s'annonçait bien pour la suite de la culture {Idem, p. 703). (6) Bulletin, 2'^ série, L IV, p. 633. i\I. Dabry a encore envoyé un grand nombre de végétaux parmi lesrjuels nous citerons des Aniin, des Saçjitturia, des (Àlijcinp, des l'uinmiers, des Lis, etc., etc. {Idem, p. 339, 362, UHî, àdG, 5/i8). LIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. riétés d'une culture plus facile que l'Igname ordinaire sur laquelle MM. de Sinety (1), Boisnard-Grandmaison (2), Lecler (3), etc., vous ont fait de fréquents rapports. Le Bambou des parties septentrionales de la Chine et du Japon réussit parfaitement en France : les succès de M. le baron Gloquet (/i) à sa propriété de Lamalgue, près Toulon, ceux du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, de M'"' Delisse, de MM. Ternisien, baron d'Avène, Maumenet, et de nos regrettés collègues MM. Lesèble et G. de Lau- zanne (5), témoignent de la rusticité de cette plante dans notre pays, et vous ont décidés à demander de nouveaux ^ envois de Bambous chinois et japonais, car, en même temps qu'ils doivent prendre une part importante dans l'or- nementation de nos parcs, -ils fourniront des produits utih- sables par l'industrie. Citons ici un travail intéressant de M. Joseph-Lafosse sur les diverses espèces de Bambous intro- duites ou à introduire (0). " ' De nombreuses distributions ont été faites par vous d'une * . plante chinoise, remarquable par l'éclat de ses fdires : l'Ortie * utile (7) que vous a adressée M. Dabry, et sur laquelle plu- sieurs de vos confrères vous ont communiqué des rapports qui témoignent du succès de leurs cultures (8). (1) Bulletin, 2'= série, t. IV, p, 232. (2) Bulletin, 1^ série, t. IV, p. 7/i8. (3) Bulletin, 1" série, t. IV, p. 758. {h) Bulletin, 2'^- série, t. IV, p. 171. 22A, 772. (5) Le parc de Porzantrez, près Morlaix, où M. Gustave de Laiizanne s'était occupé avec succès de la culture de Bambous [Bulletin, t. III, p. /|08) avait été, dès 1772, robjct de plantations faites par M. de Pannen- nech. De nombreuses Conifères, de grandes Monocotylédonées exo!iques,quel- quespalmiers, donnent au parc de M. de Lauzanne une place distinguée parmi ces localités classiques qui doivent donner à la science pratique et théorique de précieux enseignements sur les questions de physiologie végétale et de cli- matologie qui intéressent le plus directement Tari delà culture. (6) Joseph-Lafosse, Études sur les espèces de Bambous à introduire {Bulletin, 2*= série, t. IV, p. 61/i, 609). (7) Bulletin, 2" série, t. IV, p. 223. ' ^ (8) Bulletin, 2" série, t. IV, p. 289. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LV M. E. Simon (l), dont les voyages en Chine et les services sont connus de vous tous, vous a présenté le commencement d'un travail considérable auquel l'avaient admirablement pré- paré ses premières études sur le Céleste-Empire , la carte agricole générale de la Chine qui vous a paru devoir fournir les enseignements les plus utiles pour l'agriculture et l'accli- matation. Les Eucalyptus et les usages auxquels on peut appliquer ces splendides espèces australiennes ont été l'objet de rap- ports de MM. Ramel (2), Denis (3), Sicard {h), Malingre, Monchalait(5), Gastinel (6), etc. Vous avez aussi reçu à plu- sieurs reprises de curieuses et importantes communications sur Y Acacia lophanta (7) qui, grâce à l'inépuisable généro- sité de M. Wilson, a été envoyé en immenses quantités en Algérie pour changer la face du désert et remplacer, comme cela s'est déjà fait en Australie, l'aridité par une végétation abondante et inconnue jusqu'à ce jour. Au moment de quitter le Jardin du Hammah, auquel, depuis longtemps déjà, il consacrait tous ses soins, M. Hardy (8) vous a fait, une fois encore, connaître dans un rapport cir- constancié toutes les espèces végétales introduites et cultivées par lui. Presqu'à la même époque, vous avez appris que, dans une autre partie de l'Afrique, aux Açores, un de nos con- frères, M. José do Ganto (9), avait utihséune région admira- (1) Bulletin, 1' série, t. IV, p. 779. (2) Bulletin, T série, 1. IV, p. 286, (3) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. k(i± {h) Sicard, Etudes sur l'introduction de rEucalijptus (jlobulus dans le département des Bouche s-du- Rhône et les produits chimiques et industriels qu'on peut obtenir de ses feuilles {Bulletin, 2^ série, t. V, p. Zi8). (5) Monchalalt, De l'Eucalyptus (Bulletin, 2^ série, t. iV, p. 23Zi). (6) Gastinel, Diverses cultures pratiquées au Jardin d'aclimatation du Caire, Egypte {Bulletin, 2" série, t. IV, p. /i30). (7) Bulletin, 2« série, t. IV, p. 163, 285, 359, 553. (8) H^rdy, Acclimatation d'espèces ligneuses exotiques ùAlger {Bulletin, 2« série, t. IV, p. 3/i7, Zil8, 509). (9) M. José do Canto a établi dans sa propriété de Ponte Delgada (île San Miguel, Açores) et dans celle de f aivos, sur une très- grande éclielle, la \ i* LVT SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIAIATATION. blement disposée pour rocovoir un grand nomliro de végétaux utiles, et y avait réuni une collection considérable des plantes les plus précieuses pour les mettre libéralement à la disposi- tion des acclimatateurs. L'un des végétaux les plus précieux du globe, le Quinquina, originaire de la Cordillière des Andes, paraissait menacé d'une destruction complète par suite de l'incurie avec laquelle sa récolte se lait. Déjà, à plusieurs reprises, nous vous avons signalé les tentatives d'acclimatation dont il a été l'objet dans diverses régions, et nous vous avons fait connaître l'initiative prise par la Hollande (1), lorsqu'elle établit à Java des cultures de C'mcliona. Cet exemple a été suivi, et vous avez été instruits des essais faits aux Açores par M. José de Canto, à la Guadeloupe, par MM. Saint-Pair et Yauche- let(2), aux Canaries, par M. de Monteverde (3), à la Réu- nion, par MM. Vinson et Morin (Zi), etc.; mais, tout en témoignant de l'intérêt qui s'attache à ces tentatives, qui sont encore à leur première période , vous avez constaté , avec la plus vive satisfaction, le succès obtenu aux Indes anglaises (5), qui possèdent, après quelques années de culture, plusieurs millions de pieds de L'inchona vivants et pouvant fournir des écorces aussi riches, sinon plus riches, que celles d'Amérique. Vous avez applaudi au succès de M. Cl. R. Markham (6), qui a doté l'Inde d'une culture im- cultiire des plantes exotiques susceptibles (racclimatalinn ; il y possède au- jourd'hui de nombreuses espèces d'Eucalyptus, Acacia, Casuarina, Arau- caria, Cinchona, Ewjenia, Artocarpus, Cero.vylon, Cycas, Enccphalartos, Dr y mis, etc. (1) Voyez les rapports annuels précédents. (2) Bulletin, 2^ série, t. IV, p. k^'à. {[]) Bulletin, 2" série, t. IV, p. Zi5/i. {[\) E. Morin el Vinson, Introduction de l'arbre à quinquina à l'île de la Réunion {Bulletin, 2*-' série, t. III, p. 5i7). . (5) A. Delondre et Soubeiran, Culture des Cinchonas dans les Iles-Britan- niques {Bulletin, 2"= série, L IV, p. /|35). Les mêmes, Introduction etaccli- vuilatiun du Cinchona dans les Indes {Idem, L IV, p. 517, 5'J6, 652, L V). (G) M. Cl. Ti. Alarkliam quitta l'Angleterre en décembre 1859, accom- pagné de M""^ Markham qui lui a prêté le concours le plus précieux durant RAPPORT SUR LES TRWAUX DE L.V SOCIÉTÉ. LVII portante nouvelle, en même temps qu'il fournissait à l'accli- matation son plus grand succès depuis des siècles. Vous avez reconnu, par votre plus haute récompense, le service rendu à la science et à l'humanité par M. Gl. R. Markham, et apprécié hautement le concours que lui ont prêté de dévoués collaborateurs, MM. Cross, Spruce, Thwaites et Prittchett : une mention toute particulière doit être laite de M. M'civor (1), surintendant des cultures d'Oolacamund, quia contribué, pour une large part, au succès dont l'Angleterre peut à bon droit s'enorgueillir et dont la première idée remonte au professeur Royle et à lord Stanley (2). • Diverses communications vous ont été faites, qui témoi- gnent de rinlérèt qui s'attache partout à l'acclimatation des Quinquinas, et nous devons vous rappeler les savantes notices de MM. J. E. Howard (3), Goeze, de Yrij, Oude- mans (h), Suringar (5), etc. MM. Ghatin (6), Bezier, etc., vous ont adressé de nou- veaux rapports sur le Brome de Schrader, cette plante qui, pouvant être donnée aussi bien sèche qu'à l'état vert, vient son voyage. De rotoiir en Angleterre le 28 juillet 1860, i! arrivait le 28 octobre de la même année à Oot-icainiind pour procéder lui-niénic à l'in- troduction du Cinchoiui dans les Indes anglaises. (1) A côté de M. Ci. R. INIarkhani, M. Mac Ivor, surintendant des plan- tations de Cinchona du Gouvernement anglais, a beaucoup contribui- par ses sages mesures au développement de rentreprise. Non-seulement il a étudié avec soin les meilleures conditions pour ces plantes, mais il a prouvé que, par une culture bien entendue, les Cinchonas dans l'Inde ne sont pas moins riches en alcaloïde que ceux de l'Amérique, et qu'ils pouvaient même ollrir nn rendement beaucoup plus considérable en alcaloïdes par la pratique du moussa jje, c'est-à-dire en couvrant l'écorce de l'arbre vivant avec de la mousse. (•2) C'est en avril 1859 que lord Stanley décida d'envoyer au Pérou M. Cl. R. Markham, comme chef d'une expédition chargée de recueillir des graines et des planUîs de Cinchuiui des diverses espèces utilisées en mé- decine. (31 Bulletin, 2^' série, t. IV, p. 757, 777. {h) Bulletin, 1' série, t. IV, p. 701. (5) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 701 (G) Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 25. • LVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ajouter à nos richesses fourragères, mais qui ne supplantera certainement pas ni le Trèlle ni la Luzerne (1). Nous pou- vons en dire autant des Maïs ("2), qui ont, pour plusieurs de nos confrères, MM. AUibert (3), Renard (li), Durieu de Maisonneuve (5), été le sujet de notices instructives, mais qui demandent, pour réussir, des conditions spéciales de ter- rain et de température. MM. Durieu de Maisonneuve (6), Chatel (7), Vavin (8), Bossin, Lucy (9), Chalot, vous ont rendu compte de leurs expériences sur les diverses races de Pommes de terre, et vous ont indiqué de nouvelles variétés, qui leur paraissent appelées à prendre une place importante dans la culture. La maladie de la Pomme de terre a été étudiée à nouveau par MM. Bossin, Héritte, Chatel (iO), etc. Nous devons signaler encore les mémoires de MM. Vavin, sur le Cerfeuil bulbeux, le Raphaniis caudatus et VAncuôa japonica (11) ; Denis et Durieu de Maisonneuve, sur les (1) D'après M. Mares, qui fait de nombreuses exp('>riences siu- la cul- ture du Brome de Schrader, cette plante paraît se convenir mieux dans les sols siliceux, meul)les, assez profonds et à sous sol frais plutôt que dans les terrains cliauds, calcaires et granuleux : il paraît donc y avoir avantage à le semer entre la luzerne. (2) Bulletin, 1' série, t. IV, p. 173, 175, 630, 635. (3) Bulletin, 2^ série, t. IV, p. 630. , ■ (4) Bulletin, 2« série, t. IV, p. 173. (5) Bulletin, 2"- série, t. IV, p. 635. (6) Bulletin, 2« série, t. IV, p. 171. (7) Bulletin, 2« série, t. IV, p. 175. Chatel, Maladie de la viyne, 1867. (8) Bulletin, 2« série, t. IV, p. 22, 223, 7Zi7. (9) Bulletin 2* série, t. IV, p. 301. (10) Bossin, Moyen d'éviter la maladie des pommes de terre {Bulletin, 2« série, t. IV, p. Ifi). Le même. Note com})lémentaire sur les moyens d'éviter la mahtdie des pommes de terre {Idem, p. 155), — Héritte, Sur la maladie de la Viyne et de la pomme de terre au cap de Bonne-Espérance {Bulletin, 2« série, t. IV, p. 99). Chatel. Maladie de la Vigne {Note, n" 11, 1867). (11) Vavin, Culture du Cerfeuil bulbeux {Bulletin, 2" série, t. IV,. p. 665). — Le même. Idem, p. 223, 36/i. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LIX Chamœrops (1); A. Grandidier, sur VAreca ruhra (2); Brierre, Rambaiid et Auzende, sur divers Chenopodium (3)'; Gastinel et Figari-bey, sur l'Opium (4); Ch. Ouentiu, sur les plantes du Brésil (5); Delondre, sur celles du Brésil et du Portugal (0) ; Chatin, Duchesne-Tlioureau et Vavin, sur les Pins (7), etc. En vous énumérant les travaux de la Société en 4807, nous devons une mention spéciale au volume qu'elle a publié sur laproduction animale et végétale (8), à l'occasion de l'Expo - (1) Bnllotin, 1^ série, t. IV, p. 292, /,56, /.57. M. A. Grandidier, outre des Gouraniis et des Martins tristes, a rapporté : 1° des plants de Palmistes blancs {Areca borbonica); 2» des plants de Palmistes épineux (Areca rubra) ; 3^ une immense quantité de graines de ces deux palmiers. Ces végétaux et surtout VAreca rubra prospèrent à la Réunion a plus de 1000 mètres d'altitude et résistent mieux cependant que les autres. Après quelques années (sept ans environ) de végétation ils fournissent des bourgeons ter- minaux fort tendres, appelé chou palmiste, avec lequel on compose des mets reclierchés et des salades très-délicates. Ces palmiers sont élégants de forme et de feuillage et servent aussi à rornementation ; ils pourront aussi s'accli- mater dans les régions les plus favorisées du midi do la France. M. Alfred Grandidier a encore ajouté à ses acclimatations en Algérie : 1" des plantes iVEv]is {Spondias dulcis) ; 2° des Bambous de la Réunion et des Bambous dorés venant dans les régions froides de cette île ; 3° des plants de Man- guiers dont les fruits sont si renommés dans les colonies ; Ix" et des plants de Faham, espèce d'Orchidée dont les créoles se servent en guise de th.; à cause de son parfum et de sa vertu pour exciter la transpiration sans avoir les inconvénients du thé. (2) Bulletin, 2-^ série, t. IV, p. /i39. (3) Bulletin, 2« série, t. IV, p. 34, 106, kkh, 769. {k) Gastinel, Culture au Jardin d'acclimatation du Caire (Bulletin, 2^ série, t. IV, p. 430). - Figari bey, Ciilture du Pavot ou Opium. (Idem' p. 62/1). ' (5) Bulletin, 2" série, t. SV, p, 630. (6) A. Delondre et J. L. Soubeiran, Produits végétaux du Portugal {Bulletin, 2'' série, t. IV, p. 690, 723). (7) Chatin, Pin noir ou pin d'Autriche (Bulletin, 2" série, t. IV, p. 92), — Voyez aussi Bulletin, t. iV, p. 22, 106, 107, 166, 232, 288, m. (Wi.' (8) Les sujets traités dans le volume ont été très-variés, comme le prouve la liste suivante : A. Gillet de Grandmont, Introduction; De l'influence de Vhomme sur la création des races animales et végétales. — Bourguin, Les premiers animaux domestiques et les premières plantes cultivées dans la contrée qui, plus tard, fut la Gaule. — Bourguin, Les animaux domesti- LX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sition. Notre Société, qui poursuit sans relâche son but d'uti- lité générale, a profité de ce que les produits du monde entier se trouvaient réunis au Champ de Mars, pour consigner, dans des rapports spéciaux, tout ce qui présentait quelque utilité pour son œuvre. La plupart des protecteurs, lauréats et membres de la So- ciété qui ont exposé, ont obtenu des récompenses justement méritées, et vous pouvez revendiquer, pour votre Société, une part de la gloire de ces distinctions, bien qu'elle n'ait pas figuré nominativement dans ce grand concours universel. L'Exposition a démontré que, de mêîne que l'industrie, les sciences et les arts, l'acclimatation a progressé et a prouvé que si jadis la tour de Babel avait dis})ersé les hommes par la confusion des langues, elle pouvait se glorifier de les avoir réunis en un seul faisceau, dont le lien est le désir de procu- rer à l'humanité le bien-être général qui résultera nécessaire- ment du progrès des relations humaines. ques dans l'antique Egypte. — Leblanc, Les Chevaux et les Chiens. — lîichard (du Cantal), L'industrie mulassière. — Richard (du Gaulai), Les races bovines et ovijies. — Decroix, Les Dromadaires. — Richard (du Can- lal), Espèce porcine.— V. Martin de Moussy, Laines du bassin de la l'iata, animaux devenus indigènes, animaux récemment acclimatés. — J. Ver- reaux, Les oiseaux à acclimater. — J. Gayat, Le Dindon sauvaçio de r Amé- rique du Nord. — Clievet (aîné), Les volailles au point de vue de l'art cu- linaire. — Millet, Études sur la nidification artijicielle des oiseaux. — (iastinel, Les fours à couver. — Millet, De l'industrie des pêches. — Alillet, Les tchelles à Saunions. — Millet, Les viviers ù poissons. — Heiuiequiu et Alillel, Engins et filets de mer. — J. L. Soubeiran, Les huiles de poissons. — Henuequin et Alillet, De l'aquiculture marine. Mollusques {Huîtres, Moules). — Charles Bretagne, Étude sur les mollusques. — Alillet, Les zoo- phytes. — Maurice dirard, Les insectes utiles. — H. \'iluiorin, Produits agricoles. — J. L. Soubeiran et Augustin Ueloudre, Produits végétaux du Présil, considérés au point de eue de l'alimentation et de la matière mé- dicale. — Calais, Le Palmier carnauba. — Décrois, De l'utilisation de l'a- gave.— Carcenac, Le coton et sa culture.- ■ Carcenac, Les plantes textiles. — Duriez ot Tourlet, Note sur divers produits médicaux. — IMartin de Moussy, Les procédés de tannage onployés dans la république Argentine. — J. L. Soubeiran et Augustin Delondre, De l' acclimatât ion des Cinchonas dans les Jndes néerlandaises et britanniques, — Castinel, L'Opium et sa culture en Egypte, RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXt Nous avons, celle année comme les précédenles, à remer- cier de nombreux donaleurs du zèle avec lequel ils Iburnissenl sans relâche de précieux malériaux à nos études, et, en parti- culier, nous avons reçu d'éclatants témoignages de sympathie pour notre œuvre de MM. les commissaires étrangers, (pii nous ont offert, avec la libéralih'^ la plus grande et la plus gé- néreuse, de riches collections de produits animaux et végé- taux. Nous devons signaler à voiro reconnaissance MM. les commissaires de l'Autriche (1), de la Hongrie (>), de ritalie (3), de la Russie (/l), du Brésil (5), de Siam (6), des États-Unis (7), d'Egypte (8) et de l'Australie du Sud (9). De nondDreux envois vous ont été faits de l'Afrique par MM. Autard de Bragard (10), A. Grandidier (H), \]er- lhelin(12), Lafargue (13), Benoit-Garnier, Lambert (lli) et Simmonds (15). L'Asie vous a fourni aussi un précieux contingent, grâce au généreux concours de MM. Perrottet (10), docteur Mou- rier (17), Bonhomme (18), IMoem (19), E. Simon (20), Oulman (21), iïeyler (22), Tanaka et Yekoussima (23), le père Vinçot (2/i), M^" Perny (25), M»^ Guillemin (20) et M. Dabry (27). L'Amérique s'est trouvée aussi représentée par de généreux (1) Bulletin, 2^' série, t. IV, p. 757, 763. — (2) Idrm, p. 7/|/i, 757. - (3) Idnn, p. 763. — (/|) Idem, p. 763. — (5) Idem, p. 751, 756, 763. - (6) Idem, p. 76ù.— (7) Idem, p. 763.- (8) Idem, p. 763.— (9) Idem, p. 7/i^(. — (10) Idem, p. 550. — (11) Idem, p. /i39. (12) liulletin, 2'= série, t. IV, p. /i!il. AL lîerlheîin, qui avait iiliiisé avec un grand dévouement les facilités que lui donnaient ses fondions à bord des paquebots de la lîéunion pour introduire, en Fiance, une série d'animaux des plus curieux, vient de changer sa position pour un poste sédentaire, et ce n'est qu'à cette cause que nous devons rapporter désoimais la non-in- scription de son nom dans nos listes annuelles de donateurs. L'occasion seidc, mais non le zèle, lui aura manqué pour nous continuer son dévoué concours. (13) Bulletin, 2'-' série, t. IV, p. 220. — (1/,) Idem, p. 758. — (15) Idem, p. 7Zii. — (16) Idem, p. 169, où7. — (17) Idem, p. 553. — (18) Idem, p. 161. — (19) Idem, p. 7/i3. — (20) Idem, p. 776. — (21) Idem, t. IV, p. 283. — (22) Idem, p. 756. — (23) Idem, p. 29'i. — (2/1) Idem, p. /)5'4, — (25) Idem, p. 285. — (26) Idem, p. 35, 362.— (27) Idem, p. 169, 223, 633. LXII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTATION. donateurs : MM. Herran (1), Tavano (2), Bourgeau (3), Torres Caïcedo (h), de Zeltner (5), Caut et Liez (6), Lebeau (7), F. Albuquerque (8), Lagos (9), Bendel de Hoheinstein (H)), Capanema (11) , Gelot (!2) , Godeaux (13) et général Douay (l/i). En Australie, M. Ferd. Mueller (15) a continué, comme par le passé, ses envois de plantes précieuses, et vous avez appris par M. Ramel (1(3), lui aussi un de vos plus zélés confrères, que de nouveaux envois vont bientôt ajouter aux richesses que vous avez déjà reçues. En Europe, les marques de sympathie que nous avons re- çues ont été aussi nombreuses, et la liste des donateurs qui vous ont fait participer à leur libéralité serait bien longue si nous devions l'énumérer en entier. Citons, en particulier: MM. Ramel, Suringar (17), Oudemans (18), L. Yidal (19), Brierre (20), Giot(21), Duchesne-Thoureau (22), Turrel (23), Vavin (2/j), l'abbé Voisin (25), Malard (2(3) , Nourrigat (27), Chavannes (28) , Givelet(29), Belleville (30), Morren (31) , Perier (32), Beziers (33), Flury (3Zi), de Milly (35), Genes- ley (36), de Saulcy(o7), Boisnard-Grandmaison (38), baron Daurier (39), Sermant(ûO), J. G. Howard (/il), Philippe (42), Poucel (Zi3), Lecler (/iZi), baron Anca (/i5), Fumet (Zi(3), An- 3) Idem, p. 701. 7/i8 P- P p. 536, p. 291. — (33) Idem, p. 757. — (3/i) Idem, p. 3/i.— (35) Idem, p. 162. — (36) Idem, l. IV, p. li£>li. — (37) Idem, p. 22. — (38) Idem, p. 7/i8. — (39) Idem, p. 628. — (ZiO) Idem, p. 357. — (/il) Idem, p. 63/i. — (42) Idem, p. 751. — (/i3) Idem, p. Zi/i6. — {Uk) Idem, p. 758. — (Zl5) Idem, p. 7/j8. - (/t6) Idem, p. 105, RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXIII dré (1), Chatin (2), J. Lecreux (3), M- de Pages (/.) et C. Delisse(5), etc. En terminant, permettez-moi d'exprimer une pensée qui do- mme toutes les autres, le regret profond des pertes doulou- reuses que nous avons subies depuis notre dernière séance publique. Nous avons à regretter la mort de M. l'al)bé Albrand supérieur général des missions étrangères, qui depuis 1855 faisait partie de nos membres honoraires, de MM. C. L. de Saint- George, Sala, docteur Blanchet, MM. rie Miramon, V. Bataille Genty de Bussy, Son Exe. le chevalier Marquez-Lisboa' Tiéfaine, Herbet, M'^ d'Acapulco, F. Moreau, général comté d Houdetot, docteur Rayer, de Navry, E. Chennevière comte de Poret, comte A. Potocki, A. Mercier, Arnould, Roland- Gosselin, A. Fould, Bertin, Phan fhan Gian, J. D Fontaine Espina, E. Mallet, Wormsde Romillv, Lesèble, Maufra comté de Valperga, comte Tanneguy-Duchatel, docteur Fontan Estevenet, Flajollet, docteur Lagneau, G. de Lauzanne doc- teur Follin, N. Lafond, Ulrich , l'abbé Court, Lasnet, Maret aîné Victor Courtet de l'Isle, Pelouze (de l'Institut), Oldecop Gof- fint-Delrue, comte Vigier, marquis de Toulongeon A Trêves baron de Mareste, le major Taunay et John Powles. Ces pertes de membres fort zélés, sont assurément très-sen- sibles ; mais notre Société n'est pas moins pleine de vie • de nouveaux confrères sont venus combler les vides que la mort avait faits parmi nous, et nous pouvons le dire avec raison l'homme meurt, l'œuvre persiste. Ce n'est, du reste, qu'avec lé temps et la persévérance que nous pouvons terminer l'œuvre de nos devanciers. Les obstacles nombreux qui, malheureuse- ment se présentent sur notre route, loin de nous décourao-er doivent nous exciter à de nouveaux eflbrts, à lutter contre lé courant (6) : nous devons inscrire sur notre drapeau le mot Persévérance et dire avec Virgile : Tu lie cède nialis, sed conlra audentior ilo. ^l^T"'' ^IT"' ' ''^' P- '''- ^'^ ^'^^^'^'^- 26- (3) Idem, p. 175. — ih) Idem, p. lOi. - (5) Idem, p. 7i8. (6) Sed tendere brachia contra torrentem. (Juvénal.) t^. é " APERÇU GENERAL SUR LES ANCIENNES POPULATIONS DU GLOBE ; . . DISCOURS PRONONCÉ << ■ ' Pnr M. Paul GEKVAIS, Mesdames, Messieurs, Appelé à l'honneur de parler devant vous, j'aurais désiré consacrer le peu d'instants pendant lesquels je réclamerai votre bienveillante attention, à vous exposer les grands résul- tats de la conquête du globe entreprise par la civilisation progressive de l'Europe, et rappeler dans ce discours les noms de tous ces soldats du progrès scientifique, qui parcourent les contrées lointaines, explorent les iles les plus écartées, interrogent la vaste étendue des mers, accroissant au péril de leur vie les collections relatives aux trois règnes de la nature qui font l'ornement de nos musées et nous initient aux prin- cipales sources de la richesse des nations. Mais les traits les plus saillants vous en ont déjà été présentés à diverses re- prises, et à l'instant même M. le Secrétaire vient de vous montrer, dans son rapport, que l'histoire naturelle appliquée dont nous cherchons à répandre le goût inspire toujours de généreux dévouements, qu'elle compte de puissants pro- tecteurs, et que les résultats obtenus cette année sont encore, comme ceux des années précédentes, tout à lait dignes de vos éloges. Aussi ai-je pensé qu'il ne serait pas sans intérêt, même pour les progrès de l'acclimatation, de consacrer cette lecture à l'examen des principaux changements qui se sont opérés dans le règne animal et dans le règne végétal, depuis que la vie a commencé à se manifester sur notre planète. Remontant la série des âges géologiques, je vais donc essayer de dérouler devant vous, dans cette étude rétrospective, le tableau des populations qui ont habité nos contrées aux épo- ques anciennes dont la science a refait l'histoire. Vous n'ignorez pas que les conditions actuelles de la distri- bution des climats sont relativement récentes. 11 en est ainsi ANCIENNES POPULATIONS DU fiLOBE. lxV de la répartition des continents et des mers; vous savez aussi que les espèces des deux règnes présentement existantes ont des caractères souvent fort différents de ceux des espèciîs qui vivaient autrefois. L'homme est lui-même un des derniers venus au sein de la création. Un temps incommensurable a été employé par la nature à préparer l'arrivée de notre espèce et celle de tous les êtres organisés, les uns nuisibles à nos pro- pres intérêts, les autres susceptibles de servir à la satisfaction de nos besoins, qui peuplent présentement le globe. Entre la période moderne et les époques si reculées auxquelles remonte l'apparition des premiers êtres vivants dont on ait encore recueilli les débris, des changements considérables ont eu lieu sur un grand nombre de points. Telle localité dont nous foulons aujourd'hui le sol avec sécurité, a été plongée à diverses reprises sous les eaux de la mer et habitée, pendant ses périodes d'émersion, par des espèces tout cà fait différentes de celles qui y vivent maintenant avec nous. Paris est de ce nombre. La description, même abrégée, des animaux et des végétaux qui se sont succédés sur l'emplacement qu'il occupe et dont les terrains, exploités pour la construction de ses édi- fices, renferment les dépouilles fossilisées, nous entraînerait à elle seule bien au delà des limites de ce simple résumé. Nous y constaterions la substitution, plusieurs fois répétée, de nouvelles espèces à des espèces précédemment disparues, et chacun de ces ensembles se présenterait à nous comme une faune et une tlore à part, appropriées à des circonstances physiques également particulières. Mais, si de semblables modifications ont eu lieu sur un grand nombre de points, les causes qui les ont produites nous échappent encore; peut-être même nous échapperont-elles toujours, puisqu'il nous est impossible de nous faire une idée exacte des forces qu'elles ont mises en jeu. Aussi l'imagina- tion joue un grand rôle dans les théories par lesquelles les naturalistes ont clierclK' à résoudre les problèmes que sou- lèvent ces découvertes inattendues, et les suppositions les plus risquées, les assertions \o. splus hardies, ont été mises en avant, lorsque, désespérant de l'observation, ils ont voulu de- 2*^^ SÉRIE, T. V. — Séance publique annuelle. e LXVI SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. vancer la marche plus sûre, mais à leur avis trop lente, de la science, el deviner ce qu'ils ne pouvaient encore découvrir: théories éphémères, que de nouvelles recherches ont bientôt renversées, mais qu'il a été jusqu'à ce jour impossible de remplacer par rien de définitif. Restons donc dans les faits, et, jusqu'à ce que l'observation qui les met en lumière, ou l'expérimentation qui réussit à reproduire certains d'entre eux ou en suscite de nouveaux, aient permis aux sciences na- turelles de réaliser des progrès plus grands encore, gardons- nous de sortir des conclusions légitimes que permettent les données recueiUies. N'est-ce pas beaucoup de pouvoir établir que les anciennes hypothèses, celle de Linné, qui croit à l'immuabililé absolue des formes organiques, et celle de Lamarck, qui leur accorde une variabilité illimitée et sans règle, sont également incom- plètes ou inexactes. La nature a-t-elle eu besoin de recourir à de nouvelles créa- tions pour produire, à des intervalles souvent peu éloignés, des êtres qui se ressemblent cependant d'une manière évi- dente? A-t-elle été contrainte à faire descendre les uns des autres ceux qui n'olîrent au contraire que des analogies l'ort douteuses? C'est ce qu'il est bien difficile d'admettre. D'ail- leurs, comment crée-t-elle, et quels sont ses procédés de trans- figuration? La science reconnaît que ces secrets lui échap- pent comme tant d'autres, et cet aveu ne lui coûte pas ; car, demain peut-être, des investigations mieux dirigées, la décou- verte de faits restés jusqu'à ce jour inconnus, ou l'emploi de méthodes d'observation moins imparfaites que celles dont nous disposons maintenant, permettront de déchirer une partie du voile qui nous cache encore la vérité. Gardons-nous donc de suivre, dans leur course aventureuse, les faiseurs de suppositions, et n'imitons pas ces impatients de la science, qui veulent résoudre les grandes dilTicultés qu'elle soulève, sans avoir une idée suffisamment exacte des éléments sur lesquels elle repose. Aussi, sans dédaigner les théories lorsqu'elles sont l'expression des faits constatés jusqu'à ce jour, sans leur accorder non plus une confiance ilUmitéc, etlorçons-nous de ANCIENNES POPULATIONS DU GLOBE. LXVII réunir des observations nouvelles, afin d'élever davantage le majestueux édifice dont nos maîtres ont dressé le plan, et laissons à nos successeurs le soin d'en achever la construc- tion. C'est en suivant cette marche prudente que l'histoire naturelle est arrivée aux résultats qui (ont sa certitude. Les données positives dont elle s'enrichit chaque jour n'ont-elles pas d'ailleurs une tout autre portée que les vaines spéculations dans lesquelles on cherche parfois à l'égarer. Dès les temps paléozoïques, alors qu'apparaissaient les pre- mières espèces d'êtres organisés enfouies dont les terrains de sédiment qui portent le même nom (1), nous reconnaissons les débris d'une population animale et végétale, déjà com- posée d'un nombre assez considérable d'espèces. Tous les grands embranchements du règne animal y sont bientôt re- présentés ; des plantes, rentrant également dans plusieurs des divisions principales étabhes par les botanistes, en font aussi partie. Mais les animaux, comme les plantes, étaient, à ces époques reculées , moins élevés dans leur organisation qu'ils ne l'ont été depuis lors, et chaque groupe a d'abord possédé des espèces moins parfaites que celles dont il a été plus ré- cemment composé. Cependant, certaines classes comprennent des familles par- ticulières qui ne tarderont pas à disparaître; signalons les Trilobites parmi les Crustacés, et, dans la catégorie des Poissons, les Céphalaspis, dont l'apparence n'était pas moins bizarre. D'autres formes qui n'avaient pas existé tout d'abord vont bientôt se montrer. C'est ce qui a lieu pour certains animaux à respiration aérienne, comme le Télerpeton, con- temporain des dépôts dévoniens de l'Ecosse ; les Archégosaures et autres genres analogues qui ont vécu pendant que se dépo- saient tous ces amas de végétaux qui ont fourni la houille • et les Labyrhithodons, que leur organisation rapproche plus encore des Salamandres ou des Grenouilles, mais qui égalaient les Bœufs et les Fihinocéros en dimensions. On a h preuve que des Batraciens de cette singulière famille ont vécu sur une (1) Je néglige à dessein de parler de l'Eczoon. LXVIII SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. grande partie de l'Europe par les débris qu'ils ont laissés en Silésie, en Bavière, en Saxe, en Alsace, en Lorraine, dans le Languedoc, auprès de Lodève, et jusqu'en Angleterre, aux en- virons de Liverpool. En plusieurs endroits, leur ancienne existence est attestée par des empreintes de leurs pieds, mou- lées en relief par des grès déposés à la surface des couches argileuses sur lesquelles ils ont marché. Il y avait avec eux des reptiles véritables, entre autres les Simosaures, dont on a pu distinguer plusieurs genres. Ces êtres bizarres ont été contemporains de l'époque triasique ; leur apparition remonte, par conséquent, aux premiers temps de la période secondaire. Les Simosaures vivaient dans les eaux de la mer; les La- byrinthodons étaient amphibies, enfin, les végétaux dont le globe était alors couvert dilïéraient peu de ceux de l'époque carbonifère. La lenteur des animaux, la laideur de leurs formes, sans doute aussi leur stupidité, à en juger du moins par la petitesse de leur capacité crânienne, concouraient avec l'infériorité des caractères propres aux plantes, pour donner à la nature une apparence uniforme et triste; il semble que la création en lut encore à ses premières ébauches. Cependant la faune et la flore vont être renouvelées d'une façon plus complète; mais les Reptiles en seront encore les animaux prépondérants, et le règne végétal ne dépassera guère en perfection celui des temps dont nous venons de parler. A part quelques Chéloniens, les Reptiles de cette nouvelle pé- riode, que l'on a nommée la période jurassique, parce que les dépôts qu'elle comprend forment en partie les montagnes du Jura, constituent des familles spéciales. On y remarque des Crocodiliens, et parmi eux les Téléosaures, ayant, avec les Crocodiles de nos jours, des rapports d'organisation assez évi- dents pour que GeofTroy Saint-Hilaire les ait regardés comme étant la souche primitive de ces derniers ; des Plésiosaures, animaux à long cou et dont les pattes avaient la forme de na- geoires; des Pliosaures, reptiles également propres aux eaux de la mer, mais qui approchaient des plus grands Cétacés par leurs dimensions; enlin, des Ichthyosaurcs, dont les appétits étaient ceux des Dauphins, qui étaient également très-agiles ANCIENNES POPULATIONS DU GLOBE. LXIX au sein des flots, mais que leur organisation doit faire attribuer, comme les précédents, à la classe des Reptiles. E.xcusez , messieurs , ces noms aussi singuliers peut-être que les anciens animaux auxquels on les a imposés; je tiens d'autant plus à ce que vous ne m'accusiez pas, dès à présent, d'abuser de la nomenclature, que je suis loin d'avoir épuisé la liste des espèces différentes des nôtres que mon sujet m'oblige à dérouler devant vous. Je ne puis pourtant abandonner les faunes ensevelies dans les couches du lias et dans les différentes assises jurassiques, sans vous rappeler qu'elles comprenaient aussi des Reptiles terrestres, et que ceux-ci vivaient à la surface de nos continents. Ils y remplissaient un rôle comparable à celui dont les Mam- mifères pachydermes et les grands Carnivores ont été chargés plus tard. Leur taille était également considérable, et ils étaient, pour leur époque, les tyrans de la création; ce sont les Iguanodons, les M('galosaures et d'autres encore. Permettez-moi de citer aussi un des genres singuliers de Reptiles qui remontent à ces temps éloignés, les Ptérodactyles, dont la conformation générale faisait également des Sauriens, mais qui jouissaient de la propriété de voltiger à la manière des Chauves-Souris. Quant aux Mammifères, ils ne faisaient pas entièrement dé- faut; il est vrai qu'ils étaient tous de petite taille, peu nom- breux en espèces et si diftérents de ceux qui ont apparu plus tard, qu'on n'a pu, jusqu'à présent du moins, leur assigner une place certaine dans la classilication établie pour ces derniers. Il semble que les Oiseaux n'existassent pas alors, du moins avec leurs genres d'à présent et les formes élégantes que nous leur connaissons. On n'a pu attribuer à cette division qu'une seule des espèces de Vertébrés enfouies dans les terrains se- condaires. Elle était peut-être plus extraordinaire encore que les Reptiles que nous avons signalés tout à l'heure et elle semble avoir établi, entre eux et les Oiseaux, un lien rattachant l'une à l'autre ces deux grandes classes d'animaux. Permettez- moi de la nommer à son tour: cf&iX Archéopténjx, dont les membres antérieurs, semblables aux ailes osseuses des Oiseaux, LXX SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. et la queue, compnrable à celle des Lézards, quoique moins longue , élaient garnis d'expansions penniformes , que l'on regarde, mais sans preuves certaines, comme ayant été de véritables plumes. Ce fossile a été trouvé en Bavière, dans les dépôts de Solenliofen, qui fournissent des calcaires employés, avec avantage, pour la lithographie. Si les Mammifères propres à la période jurassique étaient incapables de disputer aux Reptiles, dont ils ont été contem- porains, la prépondérance sur la terre comme au sein des mers, une condition également subalterne a été réservée à ceux qui ont immédiatement précédé la période crétacée. C'est ce dont on ne saurait douter, si l'on se rappelle la faiblesse des espèces de cette classe découvertes dans les dépôts de Purbeck, en Angleterre. Elles n'en sont pas moins diiïerentes de celles des âges jurassiques, et il en est de même de quelques-uns des genres de Reptiles qui ont également vécu pendant le dépôt des terrains de craie. Qu'il me suffise de mentionner leNeus- losaure des couches néocomiennes de Gigondas, dans le dé- partement de Vaucluse , ainsi que les genres Mosasaure et Léiodon, dont on a constaté la présence parmi les fossiles de l'Angleterre, de la Hollande, de la France et des États-Unis. Ces grands animaux, dont il a été trouvé quelques dents à Meudon, près Paris, au milieu des carrières de craie, étaient, comme la plupart des anciens Reptiles, particuliers aux eaux ma- rines; c'étaient d'excellents nageurs et ils avaient, comme leurs principaux devanciers, des habitudes destructrices. Mais un changement considérable s'accomplissait alors dans le règne végétal; la classe des Poissons se transformait aussi. Parlons d'abord des plantes. Des espèces appartenant à des familles qui n'avaient fourni aux flores antérieures qu'un nombre fort restreint d'espèces, et d'autres familles, entière- ment inconnues jusqu'alors, ont bientôt pris la place des Prèles gigantesques ainsi que de tous ces végétaux singuliers, les uns comparables aux Lycopodiacées, les autres sans analogues actuels, que j'aurais pu vous énumérer en parlant des terrains carbonifères ou des terrains secondaires inférieurs. Un examen plus détaillé de cette nouvelle llore nous montrerait que si ANCIENNES POPULATIONS DU CLORE. LXXI beaucoup d'espèces avaient, di'jà disparu, les grands groupes dont ces espèces faisaient partie conlinuaient, pour la plu- part, à subsister en même temps que de nouvelles catégories de végétaux venaient s'ajouter à celles qui avaient apparu précédemment. De semblables changements s'accomplissaient en même temps parmi les Poissons. Ceux de ces animaux qui sont pourvus d'un squelette osseux garni d'arêtes, et que nous pouvons regarder comme constituant actuellement les types principaux de cette classe, c'est-à-dire les Acanthoptérygiens et les Malacoptérygiens de Cuvier, commencèrent dès lors à ))ulluler dans les mers, et la faune ichthyologique revêtit une apparence plus semblable à celle qu'elle a conservée jusqu'à notre époque. Au contraire, les Ganoïdes rhombifères, qui avaient été dans les temps anciens les Poissons les plus nom- breux en espèces, avaient déjà en grande partie disparu, et, dans la nature moderne, nous n'en connaissons plus que trois genres : les Lépisostées, propres aux eaux douces de l'Amérique septentrionale, et les Polyptères ainsi que les Calamichthys, qui vivent dans celles de l'Afrique. On le voit, une nouvelle ère se préparait pour la nature dès la fin de la période secondaire. L'apparition de nombreux genres d'Oiseaux et celle de Mammifères comparables, par leurs formes, par leur taille, par leurs instincts, aux Mammi- fères de nos jours, vint à son tour donner au règne animal un nouveau degré de supériorité et peupler le globe d'êtres plus semblables à ceux qu'il devait posséder plus tard. A la période secondaire succédait la période tertiaire, et nous arriverons par elle aux temps que l'homme caractérise par sa présence, Mais, ici encore, la marche de la nature est lente tout en res- tant progressive, et une étude attentive des fossiles, qui en rappellent les différents âges, ainsi que la notion de la répar- tition de ces fossiles dans les dépôts tertiaires et quaternaires, nous montrent de nouvelles successions de faunes et de flores, continuant le travail des âges antérieurs, en le perfectionnant de nouveau. Cuvier, dont les grandes découvertes anatomiques ont tant n LXXII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGTQUE d'aCCLIMATATION. contribué à éclairer l'histoire des anciens animaux qui se sont succédé dans nos conlr('es, a cherché à expHquer l'apparition de ceux qui y vivent iiiaintcnani par une migration d'espèces qui seraient venues de quelque pays éloigné. « Lorsque je soutiens , dit ce célèbre naturaliste, que les bancs pierreux contiennent les os de plusieurs genres, et les couches meubles ^ ceux de plusieurs espèces qui n'existent plus, je ne prétends •, pas qu'il ait fallu une création nouvelle pour produire les espèces aujourd'hui existantes ; je dis seulement qu'elles n'existaient point dans les lieux où on les voit et qu'elles ont dû y venir d'ailleurs. » Une pareille hypothèse peut, en effet, nous rendre compte de la venue dans l'Europe centrale de l'homme et de certaines espèces, telles que les animaux domestiques, puisqu'ils ne s'y trouvaient pas pendant le dépôt des couches pierreuses ; mais on s'efforcerait en vain d'expliquer de la même manière la présence des espèces antérieures, car on ne trouve sur les autres points du globe aucune population existante ou même éteinte dont elles seraient descendues. Chaque grande circon- scription naturelle, ou, comme on le dit en géographie zoolo- gique, chaque aire animale présente à cet égard des caractères particuliers, et, comme dans les temps plus anciens, les espèces étaient à peu près uniformément répandues sur tous les points du globe, on conqjrend qu'il est impossible de recourir aux migrations pour se rendre compte de la succession des faunes qui ont apparu avant la période quaternaire. Laurillard, l'ami dévoué de Cuvier et son utile collaborateur, a cherché à triom- pher de ces objections en recourant à une explication que j'appellerai héroïque. Il admet, avec un savant italien, Brocchi, que des comètes ont, à plusieurs reprises, mis fm au règne animal existant, et il ajoute que chaque fois elles en ont peut- être apporté un nouveau. A tout prendre, cette hypothèse est un moyen commode de sortir d'embarras; mais, il faut bien l'avouer, elle recule la difficulté plutôt qu'elle ne la résout. Quoi qu'il en soit, j'ai pensé qu'elle avait autant de droits à vous être rappelée que les suppositions auxquelles j'ai déjà fait allusion, ou celles que je pourrais signaler encore. ' ANCIENNES POPULATIONS DU GLORE. LXXIIÏ Parmi ces dernières, il en est une que je ne veux pas oublier. Elle pose en principe l'unité (1(3 création, et affirme en même temps l'invariabilité des espèces, expliquant par des ex- tinctions successives la disparition de tous ces êtres dilYérents de ceux d'aujourd'hui dont je n'ai pu vous rappeler que les principaux, et elle attribue aux espèces maintenant existantes une ancienneté égale à la leur. Mais cette hypothèse, malgré ses prétentions à l'orthodoxie, n'est pas moins que les autres accessible à la critique. Il suffît, pour en montrer le côté faible, de lui demander la preuve de l'existence, pendant les anciennes périodes géologiques, des êtres qui vivent sous nos yeux, ou même de ceux qui se sont éteints depuis le commencement de la période tertiaire. C'est le contraire qui a été "observé. Tout prouve que les groupes supérieurs, soit ceux du règne ani- mal, soit ceux du règne végétal, ont apparu les derniers, et, dans presque toutes les autres divisions des deux règnes, l'ordre d'apparition des espèces et celui de leur gradation res- pective suivent une marche concordante. Il en est si bien ainsi que, dans beaucoup de cas, on reconnaît, à l'intensité des différences qui séparent les espèces d'un même groupe naturel, la durée de l'intervalle qui s'est écoulé entre les épo- ques durant lesquelles ces espèces ont vécu, et, dans beau- coup de cas aussi, les plus récentes semblent être comme une évolution progressive ou un état plus perfectionné de celles qui ont apparu les premières. Après toutes les transformations dont le règne animal et le règne végétal avaient été l'objet pendant les périodes primaire, secondaire et tertiaire, une population encore différente de toutes celles dont nous avons parlé, et en progrès sur elles, apparut sur le globe. C'est ce que nous avons déjà indiqué. Dans nos régions, elle comprenait non-seulement les espèces- sauvages qui se sont maintenues jusqu'à ce jour, mais aussi des Eléphants, des Chevaux, des Rhinocéros, de grandes espèces de Bœufs et de Cerfs, des Hippopotames ainsi que des Carnivores de grande taille : l'Ours spéléen, une race par- ticulière de Lions, la Panthère et des Hyènes comparables, parleurs caractères, à celles que nous voyons en Afrique LXXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLïMATATION. Avec ces quadrupèdes, vivaient d'ailleurs le Loup, le Blai- reau, le Sanglier, le Gaslor, et d'autres dont la race s'est perpé- tuée. On a quelquefois nié la coexistence de tous ces animaux dont les premiers ont entièrement disparu, chez nousdumoins, tandis que les autres semblent former une population entiè- rement différente de la leur. Mais, fouillez les cavernes, le sol diluvien ou les brèches osseuses, et vous trouverez les débris de ces deux séries d'espèces enfouis pêle-mêle dans les mêmes sédiments, preuve évidente que, pendant un certain temps, elles ont bien été contemporaines les unes des autres. Nos grands Mammifères éteints appartenant à des genres, parfois même à des espèces qui ont survécu en Afrique, n'ont pas seuls été détruits par le temps et par l'homme; de semblables extinctions ont eu lieu, même historiquement, dans la faune maritime. Je n'en veux pour preuve que l'anéan- tissement, à peu près accompli en ce moment, de l'espèce de Baleines, particulière au golfe de Gascogne, que les Basques péchaient en abondance sur leur propre littoral ou dans la Manche, pendant le xif siècle. A peine en retrouve-t-on maintenant quelques rares individus. La Baleine franche, particulière aux parages du Nord, est à son tour en voie de disparaître. Cependant, en 1697, les Hollandais en capturè- rent cà eux seuls douze cent cinquante-deux individus, et les Harnbourgeois, réunis aux Bremois, six cent trente-quatre. En i73(), il fut pris huit cent cinquante-sept exemplaires par les baleiniers hollandais, dont les navires, consacrés à cette pêche, s'élevaient au chiffre de cent quatre-vingt-onze; mais, en 1771, ils ne s'emparèrent plus que de cinq cents Baleines, quoique le nombre de leurs navires eût été porté à deux cent cinquante-quatre. Depuis lors, les produits de cette pêche ont continué cà diminuer, et, après avoir fait poursuivre les grands Cétacés du même genre jusque sur les côtes du Spitzberg ou du Groenland, les armateurs se sont vus forcés d'expédier leurs navires dans le Sud et même dans les régions septen- trionales du Pacifique, pour chasser des espèces c(nigénères, capables de fournir les mômes produits. Telles sont les deux Baleines australes et la Baleine du Japon. • ♦ ANCIENNES POPULATIONS DU GLOBE. LXXV Un fait non moins saisissant, est la disparition présentement achevée ou peu s'en faut du Stellère des parages aléoutiens. Le Stellère est un genre de Siréniens, peu différent de celui des Dugongs, qui abondait, il n'y a pas cent ans, dans la région que nous venons d'indiquer. Un petit nombre d'années ont suffi aux pêcheurs russes et américains pour en détruire la race. Mais revenons aux Mammifères terrestres. L'histoire a aussi conservi', pour quelques-uns d'entre eux, les dates de leur extinction dans certains pays. C'est dans ces derniers siècles que l'Angleterre a été débarrassée de l'Ours, du Loup, du Castor, etc. Le Castor, qui vivait autrefois dans une grande partie de la France, et dont la rivière de Biévre, qui verse dans Paris même ses eaux, certainement plus limpides alors qu'elles ne l'ont été depuis, a conservé l'ancien nom, ne s'ob- serve plus en ce moment que sur le cours inférieur du Rhône, et il y devient chaque jour plus rare. C'est de la même ma- nière, c'est-à-dire chassés ou détruits par l'homme, que les Ours et les Bouquetins ont disparu de nos montagnes, ou ne s'y voient plus que sur quelques points élevés, et il n'est au- cun de nos départements dans lequel on ne constate, chaque année, une diminution dans le nombre des bêtes fauves dont il est encore infesté. J'emprunte à la classe des Oiseaux des exemples plus con- cluants, non pour prouver que si les conditions viennent à changer, les espèces s'éteignent au lieu de se modifier, je ne veux pas discuter une question de théorie, en invoquant des faits sur lesquels tout le monde est d'accord, et qui transfor- meraient, dans bien des cas, en certitude les doutes que j'ai émis plus haut; mon but est de montrer une fois de plus le pouvoir destructeur de l'homme, et de faire voir combien d'espèces ont disparu sous ses coups ou disparaîtront encore. ■ A la fui du XV' siècle, lorsque Vasco de Gama débarqua dans File à laquelle la France a, pendant quelque temps, donné son nom, et que les Anglais appellent Maurice, cette île n'avait point encore été habitée. Elle nourrissait, entre au- tres animaux qui ont disparu depuis lors, de gros Oiseaux incapables de voler, dont il est souvent question dans les ou- vrages d'histoire naturelle, sous la dénomination de Drontes ■s » LXXVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. OU Dodos. Vers 1679, les Dronles étaient entièrement anéantis, et la plupjirt des pièces qui les représentent maintenant dans nos musées ont été extraites du sol ; elles peuvent donc être regardées comme étant de véritables fossiles. Les deux autres îles du même groupe, Bourbon (présentement la Réunion) et Rodrigue, ont été le théâtre de semblables extinctions. Deux espèces citées par les premiers colons comme très-répan- dues à Bourbon, lorsqu'ils se sont établis dans cette île, ont également disparu, et c'est aussi le sort qu'a subi l'Oiseau solitaire signalé à Rodrigue par Léguât. Voilà donc quatre espèces de gros Oiseaux anéanties par le fait seul de l'établissement de l'homme dans des localités où ces espèces avaient jusqu'alors vécu paisiblement; et il serait possible, sans sortir des Mascareignes, d'accroître encore cette liste. Je n'ajouterai que peu de mots à ce qui les concerne ; ils auront trait à l'acclimatation. Carré, en parlant des Oiseaux maintenant détruits de Bour- bon, que nos compatriotes appelaient les Oiseaux bleus, assure que leur chair était exquise et qu'elle constituait un des meilleurs mets du pays. Nous en sommes réduits, comme vous le voyez, à le croire sur parole, et les créoles de cette île auront bien quelque reproche à faire à leurs devanciers lorsqu'ils liront, toujours dans Carré, que les Oiseaux bleus « pourraient faire les délices de nos tables ». Quant au Dronte, il paraît avoir été beaucoup moins appé- tissant, et les matelots eux-mêmes l'ont appelé un oiseau de dégoût; aussi ne le mangeaint-ils que faute de meilleurs ali- ments. Cependant François Cauche, qui écrivait en 1638, dit que sa graisse était bonne « pour adoucir les muscles et les nerfs ». Qui pourrait, d'ailleurs, assurer que l'espèce elle- même ne fût devenue un excellent Oiseau de basse-cour sous l'intluence d'une nourriture appropriée ou par les soins d'une culture à laquelle on n'a pas même songé. C'est sans doute aussi l'espèce humaine qu'il faut accuser de la destruction des grands Oiseaux autrefois propres à la Nouvelle-Zélande, dont les restes osseux ont permis de recon- struire plusieurs races, aujourd'hui connues par des natu- alistes sous le nom générique de Dinornis, et l'on constate, ^4 - ANCIENNES POPULATIONS DU CLORE. LXXVII sans cependant essayer d'y porter remède, que sur d'autres points des terres australes, plusieurs espèces de Casoars du genre Dromée sont d(\jà en voie de disparaître. Ce ne sont pas uniquement les hommes qui, par leur ardeur à tout transformer et leur besoin de détruire tout ce qui n'est ni leur œuvre ni leur propriété, ont contribué à l'anéantisse- menl de tant d'espèces animales, autrefois mêlées à celles que nous cherchons maintenant à utiliser; les at;ents physiques sont également intervenus, et, sur presque tous les points du globe, le règne animal a ("té décimé ou plutôt amoindri, car partout ce sont ses plus grands et ses plus vigoureux représentants qui ont été frappés les premiers. Dans le Nord des deux continents, à Madagascar, dans l'Amérique méri- dionale, à la Nouvelle-Hollande et ailleurs, de gigantesques espèces de la classe des Mammifères ou de celles des Oiseaux ont jonché le sol de leurs ossements, et leurs races ont succes- sivement disparu. Ne parlons, pour abréger la liste de ces hécatombes, où la nature s'associe à l'homme pour détruire son propre ouvrage, que des changements survenus dans notre pays par l'intervention des mêmes causes. La population mammifère de l'Europe, d'abord comparable par l'ensemble des animaux qui le composaient^ à celle de l'Asie méridionale, ou mieux encore de l'Afrique, et également riche en grands quadrupèdes appartenant à divers genres a bientôt vu le nombre de leurs espèces diminuer; elle est ainsi devenue plus semblable à ce que nous la voyons être de nos jours. L'abaissement de la température doit être ajouté aux causes principales qui ont amené ce résultat. En produi- sant l'extension des glaciers, il a agi sur la végétation, et, par cela même, affauié les Herbivores qui sont, de leur côté, la nourriture des Carnassiers. C'est ainsi que tout s'enchaine dans la nature, et les données d'un même problème sont souvent si multiples que nous avons Ijien des chances d'en oublier quelques-unes, lorsque nous voulons aborder la solution de ces didiciles questions. Buflbn, dont les grandes vues sur l'origine et la trans- formation des espèces sont le point de départ des idées - théoriques qu'on attribue à des auteurs plus récents ou LXXVIll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. même contemporains, faisait descendre du Nord les grands animaiix qui abondent actuellement dans les pays intertropi- caux. 11 admettait que les régions septentrionales, plutôt habi- tables que celles de l'cquateur, avaient aussi perdu les pre- mières la température nécessaire à l'existence de ces animaux, dont le volume est plus considérable que celui des autres, et il supposait que les grandes espèces terrestres avaient dès lors passé dans le Midi. Cependant l'observation démontre que l'E- léphant primitif, ainsi que le Rhinocéros tichorhine, avaient le corps couvert de poils longs et épais, ce qui leur permettait de supporter des froids considérables, et l'on sait d'autre part que leurs caractères spécifiques étaient diilé'rents de ceux des Éléphaiits ainsi que des Rhinocéros de l'Afrique et de l'Inde. (Jue devient d'ailleurs la théorie de Builon, devant ce fait que l'on trouve, sur presque toute l'Europe, des traces d'anciens glaciers, et qu'il en a été signalé même au Brésil. Avec ces temps de refroidissement, pendant lesquels tant d'espèces ont succombé, coïncide la multiplication sous nos latitudes de plusieurs Mammifères, qui ont été, depuis lors, refoulées vers le cercle polaire : le Glouton, cet ennemi acharné du Renne qu'il suit partout; l'Isatis ou Renard bleu, qui de- vient blanc en hiver et prend, comme l'Hermine ou le Lago- pède, la couleur des neiges sur lesquelles il vit; l'Ovibos mus- qué et d'autres encore. La présence simultanée de l'homme dans les parties cen- trales de l'Europe est d'ailleurs incontestable, car, dans un m-and nombre de localités (cavernes, brèches ou terrains meu- blés), on rencontre les débris de son industrie ou ses propres ossements associés à ceux du Renne, et l'on reconnaît qu'il tirait de cet animal les services qu'en obtiennent de nos jours les peuples de race hyperboréenne. Cependant, la température s'est améliorée de nouveau; la végétation a repris sa vigueur, et les Mammifères des régions septentrionales qui s'étaient étendus jusque sur les bords de la Méditerranée ont disparu de nos contrées, laissant la place libre aux espèces qui étaient mieux appropriées qu'eux à ces nouvelles conditions. Des hommes appartenant à une race dillércnte de ceux qui se servaient du Renne ont bientôt pris * ANCIENNES POPULATIONS DU GLOBE. LXXIX possession de l'Europe. Ils y ont amené avec eux les prin- cipaux animaux domestiques : le Cheval, l'Ane, le Bœuf, la Chèvre, le Mouton, le Porc et le Chien, que plus tard ils ont répandus dans tous les lieux où ils se sont étaldis. Ils ont aussi introduit plusieurs des végétaux alimentaires ou textiles les plus indispensables à nos sociétés, et l'on retrouve dans les palatittes, c'est-à-dire dans les dépôts qui se sont formés sous les lacs auprès des habitations sur pilotis, que ces hommes construisaient, soit en Suisse, soit ailleurs, jusqu'aux graines des plantes qu'ils employaient, ou aux fibres végétales qui servaient à la fabrication de leurs grossiers tissus. Un examen attentif de tous les débris d'origine humaine appartenant à cette époque, époque évidemment moins re- culée que celle pendant laquelle l'homme a utilisé le Renne dans nos contréesj a permis à son tour d'ajouter un chapitre important aux annales de l'humanité. De nombreux travaux ont été publiés à cet égard, et désormais les conditions au milieu desquelles ont vécu les premiers habitants de l'Europe centrale sont connues dans leurs principaux détails. On a pu comparer les mœurs des plus anciens d'entre eux à celles des Lapons et des Esquimaux ; le genre de vie des hommes de l'époque des palafittes semble devoir être comparée, du moins en ce qui concerne leur civilisation naissante, à celui des Peaux-Rouges de l'Amérique septentrionale, des Néo-Calé- doniens, des habitants des Marquises, ou des autres peu- plades restées sauvages jusqu'à ce jour. Vous le voyez, messieurs, le progrès est la loi principale de la nature, mais en dotant la terre de nouveaux êtres, alors qu'elle opérait les dernières transformations dont nous avons cherché à vous retracer l'histoire, elle n'a pas traité toutes les régions avec une égale générosité. Prodigue envers celles qui avoisinent rÉ([uateur, elle s'est montrée parcimonieuse, avare même, pour les terres glacées qui se rapprochent des pôles ; ce sont également celles-là qu'elle a d'abord frap- pées. L'homme, sa créature favorite, a subi le contre-coup de cette inégalité de conditions. L'existence est facile pour les peuples des contrées chaudes, qui n'ont à redouter, au mi- lieu de la variété presque iniinie des productions qui les en- LXXX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. tourenl, que l'exubérance même de ces productions ; elle ne se maintient dans les pays froids que parle déploiement d'une incessante activité : la recherche des subsistances, la néces- sité de se vêtir plus que partout ailleurs, la difficulté de trouver des abris, obligent les hommes des régions polaires à des luttes constantes contre les êtres organisés, le climat ou le sol; leur existence s'épuise au milieu de dangers de toutes sortes. Si les œuvres de l'esprit, qui sont la condition des pro- grès sociaux, restent sans attraits pour les races nées sous la zone torride, pour lesquelles tout est jouissances et fugitives sensations, elles sont pour ainsi dire interdites aux indigènes des pays les plus froids, menacés à tous les instants par les conditions misérables qui les entourent. Aussi est-ce sous les latitudes tempérées que la civilisation a acquis son plus grand développement, et c'est de là que nous la "voyons, après des etforts sans nombre que la science a successivement fécondés, rayonner vers tous les autres points du globe pour offrir à leurs habitants les bienfaits dont elle dispose, les associer au bien-être qu'elle assure et conquérir une à une les forces dont la nature semblait s'être réservé l'usage. J'ai pensé, messieurs, que vous excuseriez l'étendue de ces détails en faveur de l'importance des souvenirs qu'ils évo- quent ainsi que des réflexions qu'ils inspirent. Ne vous sem- ble-l-il pas comme à moi, qu'au milieu de toutes ces scènes de destructions et de rénovations successives, un grand fait soit en cause : la venue de l'homme et l'aifermissement de son pouvoir par la civilisation. C'est aux nations éclairées qu'il ap- partient de repeupler le monde, tant de fois dépouillé, tant de fois repeuplé déjà, et, presque partout des plaines im- menses, de vastes étendues de terres favorables à la culture, des eaux riches en produits alimentaires ou en principes utiles, d'abondants matériaux que l'industrie est désormais en état d'exploiter, attendent l'homme civilisé; partout aussi il peut propager les animaux domestiques dont il dispose, cultiver les plantes nutritives ou textiles, (jui sont une de ses principales richesses, et tirer du sol un parti chaque jour plus avantageux. Quelques espèces, les unes nuisibles, les autres d'une uti- lité méconnue, dis])araîtront à leur tour du nomin'e des êtres ANCIENNES POPULATIONS DU GLODE. LXXXl vivants; plus d'une tribu humaine, inhabile à rejoindre la ci- vilisation dans sa course précipitée ou trop faible pour lui résister, s'éteindra de même pour l'aire place en Afrique, en Amérique, en Australie ou ailleurs, à la grande famille euro- péenne ; mais une sécurité plus complète, des mœurs plus douces, une vie plus intelligente, sinon plus calme, et des transformations dont nos sociétés n'ont pas encore le secret, ne tarderont pas à s'accomplir. L'acclimatation, ou pour enqDloyer une formule plus géné- rale, l'application utilitaire des produits du globe entier, aura, dans ces conditions nouvelles, un grand rôle à accom- plir, puisque c'est à elle qu'il appartient de développer le bien-être de l'homme en dominant la nature par la science. Cultivons donc cette dernière avec ardeur, et que nos tra- vaux lui méritent des encouragements, même de la part des personnes qui n'auraient compris jusqu'à ce jour, ni son uti- lité, ni sa portée philosophique. Une faut pas se le dissimuler, si l'on refusait à l'histoire naturelle les moyens d'accomplir de nouveaux progrès et de tenter de nouvelles découvertes, ce seraiten vain qu'on lui demanderait, dans un avenir prochain, de rendre à l'agriculture et à l'industrie des services compa- rables à ceux que l'une et l'autre ont déjà reçus d'elle; autant vaudrait avoir la prétention de récolter dans un champ le blé qu'on n'y aurait pas semé. Il faut répandre le goût de cette science, faire connaître ses méthodes, encourager et honorer les hommes qui la cultivent, multiplier les collections qui fa- cilitent son étude. Toutes les nations civilisées font chaque jour, dans ce but, des sacrifices considérables. Est-ce à notre pays, qui s'honore ajuste titre des grands naturalistes qu'il a produits, qu'il appartient de rester en arrière et de dédaigner une branche des connaissances humaines que Butïon avait rendue française avant qu'elle ne devînt cosmopolite? Je suis bien persuadé que personne parmi vous, messieurs, n'est disposé à l'admet- tre, et j'ai confiance dans l'avenir de notre belle science. 2'- SÉKIE, ï. V. <— Séance publique annuelle. f RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES (D Par M. CI». WALLUT, Secrétaire du Conseil. Mesdames, Messieurs, • i Le rapport de M. Soubciran vous a l'ait connaître les tra- vaux de la Société impériale zoologique d'acclimatation pen- dant l'année 1867. Vous avez vu que le succès a souvent couronné nos efforts et que si, parfois, des obstacles inattendus ont ralenti notre marche, à considérer le chemin parcouru, nous avons encore le droit d'être lier du passé et de compter sur l'avenir. Du reste, ce n'est pas l'œuvre d'un jour que nous poursui- vons; les sciences, et parmi toutes les sciences, l'acclimata- tion, ne procèdent que pas à pas ; les essais, les tâtonnements, les tentatives infructueuses sont même les conditions essen- tielles du progrès, puisque l'insuccès des uns doit indiquer aux autres, sinon la route à suivre, du moins la route à éviter. Ajoutez la routine, le préjugé, ces forces d'inertie, ces der- niers remparts de l'ignorance, et vous comprendrez toutes les difficultés de la tâche à laquelle nous nous sommes dé- voués. Naguère, dans cette enceinte, avec ce charme éloquent qui donne sa valeur à toute chose, notre illustre président vous racontait l'histoire et les tribulations de cette modeste plante qui tient aujourd'hui la première place dans nos cultures et qui mit cent ans et plus à triompher de tant d'injustes pré- (1) La Commission des récompenses était ainsi composée : Membres de droit. — Son Exe. M. Drouyn de Lluiys, président, et M. le comte d'Éprémesnil, secrétaire général. Membres élus par le Conseil. — MM. A. GeoflVoy Saint-Uilaire, Frédéric Jacque- mart, Richard (du Cantal), Soubeiran et Cli. Wallut. Membres élus par les cinq sections. — MM. AUibert, Aug. Deloudre, P. Gervais, Heunequin et Pigeaux. . RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXXIII ventions. J'ai nommé la Pomme de terre ou Morelle tubéreuse. Quelle plus saisissante démonstration de la vérité qui précède! Cependant j'ajoute que, depuis quelques temps, notre œu- vre mieux comprise a vu la sympathie succéder à la défiance, les adversaires faire place aux émules, aux imitateurs. A notre exemple, des Sociétés d'acclimatation se sont créées sur presque tous les points du globe, en Europe, en Amérique et jusqu'en Australie. Nous avons accepté avec re- connaissance leur précieux concours, nous avons encouragé leurs efforts, nous avons applaudi à leurs succès, et, comme vous le verrez dans un instant, c'est à ces succès que nous avons décerné nos premières récompenses, désireux d'attester cette fois encore la solidarité qui unit tous les hommes de pro- grès et de dévouement. Cette pensée me ramène naturellement au sujet spécial de ce rapport; aussi bien je comprends votre impatience de con- naître les noms et les mérites de nos lauréats. La Société impériale zoologique d'acclimatation a proclamé cette année deux membres honoraires : M. Dabry, consul de France à Han-Kéou (Chine), et M. Cléments Robert Markham, secrétaire de la Société géographique de la Grande-Bretagne, à Londres. Vhonorariat est, on le sait, notre plus haute récompense. Une suite non interrompue de services signalés, un fait écla- tant, un succès considéral)le y peuvent seuls donner droit. Avons-nous besoin de vous rappeler les titres de notre con- frère M. Dabry? La majeure partie des oiseaux, des végé^ taux que nous avons reçus de Chine, — Ignames, Orties de Chine, Faisans vénérés, Faisans de Vieillot, Tragopans de Temminck, etc., -!— c'est à lui que nous les devons. Depuis bientôt six ans qu'il habite le Céleste-Empire, jamais son zèle ne s'est fatigué, jamais son dévouement ne nous a fait défaut. Aussi applaudirez-vous, nous n'en doutons pas, à la juste ré- compense que la Société lui décerne aujourd'hui. Quant à M. Cléments Robert Markham, notre second mem- bre honoraire, un mot suffira pour vous faire comprendre l'importance du service qu'il a rendu à l'Acclimatation. Per- LXXXIV SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. sonne n'ignore quel rôle joue le Quinquina dans la lliérapeu- tique moderne. Or, hier encore, le monde était, à cet égard, tributaire de l'Amérique du Sud qui prétendait garder avec un soin jaloux le monopole de ce précieux remède. Aujour- d'hui ce monopole n'existe plus. Grâce à M. Markham, le Gin- chona (arbre à quinquina) a été introduit dans les Indes an- glaises ; dès les premières années il s'y est merveilleusement acclimaté, et plusieurs millions de pieds, à l'instant où je parle, sont en exploitation. -• ■ ■•■';!• L'illustre secrétaire de la Société géographique de Londres, à la suite de l'armée anglaise, poursuit en ce moment, en Abyssinie, la pacifique conquête des richesses que renferme ce pays encore fermé à la civilisation européenne. M. Mar- kham n'appartient pas à notre Société, mais, comme nous le disions en connnf ncant, nous sommes heureux d'acquitter envers lui la dette de la science tout entière. Au nom de M. Markham. il serait injuste de ne pas associer celui de M. W. G. M'c Ivor, surintendant des cultures de Cinchonas, à Ootacamund (Indes anglaises). Si M. Markham a été la tête qui conçoit, M. M'c Ivor a été la main qui exé- cute. M. M'c Ivor a fait plus. Ses soins intelligents, ses procé- dés de mousmge ont amélioré la culture du Ginchona, aug- menté la valeur et la qualité des produits, prévenu les maladies et le dépérissement, résultats ordinaires de la décortication de l'arbuste. De sorte qu'aujourd'hui, non-seulement le Quin- quina de l'Inde peut soutenir la comparaison avec le Quinquina du Pérou, mais encore il lui est supérieur en alcaloïde. A l'occasion de ces faits, la Société a décerné à M. M'c Ivor la GRANDE MÉDAILLE d'or offcrtc à uotrc Société par Son Exe. M. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics. Une SECONDE grande MÉDAILLE d'or a été accordée à M. le marquis de Selve, pour ses succès en pisciculture. Nous- même avons visité le magnifique établissement de notre con- frère, au château de Villiers, prés La Ferté-Alais, et un rap- port inséré dans le Bulletin de la Société impériale (1) a rendu (1) 2" série, t. IV (1867), p. 113. ' RAPPORT DE LA COMMISSION DKS RECOMPENSES. LXXXV compte de rimpression unaniino de la Commission. Sans se laisser arrêter par les difficultés, mettant au service de la science les ressources d'une vive intelligence et d'une grande fortune, M. le marquis de Selve, après plusieurs années d'ef- forts persévérants, vient enfin de faire passer la question de la pisciculture du champ de la théorie dans le domaine de la pratique. Ai-je besoin de vous rappeler, mesdames et messieurs, que l'Exposition universelle a été pour la Société impériale l'objet d'études intéressantes, réunies dans un volume qui a paru sous le titre de : La production animale et végétale à F Ex- position universelle de 18(57. Plusieurs de nos confrères ont concouru à cette œuvre, et nous les prions d'agréer en ce moment l'expression de notre reconnaissance; mais à celui qui a eu l'initiative de l'idée, à celui dont le dévouement et le zèle nous ont seuls permis de la mener à bien, à M. le doc- teur A. GiLLET DE CiRANDMONT, uous dcvious davantage. Une MÉDAILLE EXTRAORDINAIRE, CD argent, grand module, à l'effigie d'hidore Geoffroy Saint-Hilaire, notre premier Président, nous a paru la récompense spéciale qui convenait à des ser- vices spéciaux. Il nous reste à vous faire connaître les prix extraordinaires et les autres récompenses décernées dans les diverses sections de la Société. . PRIX EXTRAORDINAIRES. Le prix de 1500 francs proposé pour la domestication de l'Autruche en Algérie a été accordé à M. A. Hardy, directeur du Jardin d'acclimatation, au Hamma, près Alger. L'an dernier, la Société fondait un prix de 500 francs pour travaux théoriques relatifs à l'acclimatation. Ce prix a été, à l'unanimité, décerné à M. Gerde, l'habile préparateur du cours d'embryogénie au Collège de France, le digne collaborateur de M. Coste. Ind(''pendamment de ses tra- vaux en pisciculture, les recherches de M. Gerbe, sur le Dé- veloppement des Langoustes, nous font espérer que la pro- duction de ce précieux crustacé entrera bientôt dans une voie nouvelle. LXXXVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ■ ' ■ ' ■ \ MÉDAILLES DE PREMIÈRE ET DE SECONDE CLASSES, MENTIONS HONORARLES ET RÉCOMPENSES PÉCUNIAIRES. * Première section. — Mammifères. Médaille de l"^" classe. M. L. DE Fenouillet. — Élevage d'Yaks, Médaille de S^ classe. M. le général Douay. — Introduction en France de Cerfs du Mexique. Deuxième section. — Oiseaux. Médailles de 1'°^ classe. M. A. Grandidier. — Introduction en Algérie du Martin triste, pour la destruction des Sauterelles. Introduction de végétaux divers. M. Pomme. — Éducation du Lophophore. Médailles de 2" classe. M, Bouillod, — Reproduction de Canards Tadorne etSou- chet. M. BussiÈRE DE Nercy. — Appareil de mirage des œufs. M. Carbonnier. — Appareil de mirage des œufs. Récompense iiéouniaire. M"' ChopElin, 100 fr. — Bons soins donnés aux Autruches au Jardin d'acclimatation de Grenoble. , . Troisième section. — Piscicu/tnre. Rappel de médaille de *" classe. M. Léon Vidal. — Mytiliculture (culture des Moules). Médaille de i'" classe. M. AuTARD DE Bragard. — Importation de Gouramis. RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXXXVII Médaillet^ de t" classe. M. P. E. S. Delidon. — Mytiliculture et parcs à Huîtres. A. Jafflein. — Pisciculture. Sauvadon. — Études sur la nourriture de l'Alevin. [Uentions honorables. M. le général Liébert. — Pisciculture en Algérie. iM, le capitaine Phipps. — Reproduction à Geylan d'Huîtres perliéres. Quatrième section. — Sériciculture. Médailles de f^*^ classe. M. Buisson. — Éducation de Vers à soie. M. Pacifjco Ghiriboga (Equateur). — Introduction de l'in- dustrie séricicole à l'Equateur. M. L. Landa. — Éducation de Vers à soie. M. le docteur Mourier (Japon). — Envoi de Vers à soie hikidané et de végétaux divers du Japon. M. Alejandro Silva (Chili). — Introduction de la séricicul- ture au Chili. M. Taylor Meadows (Chine). — Introduction du Bombyx Pernyi. Médailles de S*^ classe. M. Raphaël Barba (Equateur). — Envoi de graines de Vers à soie de l'Equateur. M. Champsaux (Equateur). — Envoi de graines de Vers à soie de l'Equateur. M. Lecocq (Uruguay). — Introduction de la sériciculture à Montevideo. M. de Saulcy. — Éducation de Vers à soie. M. Sermant. — Éducation de Vers à soie. ;.^-V LXXXVlil SOCIÉTÉ IMPERIALE ZUOLUGIQUE D ACCLIMATATION. lionorable.s. iM. A. Leclek. — Cultures diverses. M. Léo d'Ounous. — Cultures diverses. M. Vavin. — Cerfeuil bulbeux. Pommes de terre. Primes Agron de liermigny. Eniin, les deux primes annuelles fondées par feu M. Agron de Germigny, pour iV'compenser les services rendus par les employés inférieurs des Jardins d'acclimatation, ont été dé- cernées : 200 francs à M. Plet, ) gardiens au Jardin d'acclimatation 100 francs àM. Blondel,) du bois de Boulogne. i- BULLETIN MENSUEL r r DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 185/1. 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). ACCLIMATATION ET DOMESTICATION DES ANIMAUX UTILES, Par Isidore GEOFFROY S.%II\T-HILAIRE Meiiilire de l'iiistilut (Académie des sciences), Conseiller et inspecteur général honoraire de l'instruction publique, professeur administrateur nu Muséum d'iiistoire naturelle, professeur de zoologie à la Faculté des sciences, Président de la Société impériale d'acclimatation et du conseil d'administration du Jardin zoologique d'acclimatation, président honoraire de la Société d'acclimatation des Alpes. (A* édition.) Buffon a dit que plus toi homme est honnête et plus ses écrits lui ressemblent. L'honnêteté, en effet, le dévouement au bien, comme toutes les heureuses conditions de la vie, se tra- hissent par des actes. Or, quel acte peut mieux nous les dé- voiler qu'un bon livre exclusivement destiné à nous faire connaître les moyens de rendre la vie humaine plus heureuse, et cà nous indiquer les efforts et les utiles travaux de ceux qui nous ont précédés pour atteindre ce but! On voit, dans tous les ouvrages d'Isidore Geoffroy Saint-IIilaire, ses tendances, ses vœux, tout ce qu'il désire faire dans l'ordre d'idées qu'il n'a jamais cessé de poursuivre. Le mot utilitati était l'épigraphe des travaux d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, son lils l'avait adoptée, et nulle définition ne pouvait mieux caractériser le livre dont je me propose de donner ici une courte analyse. Digne héritier de la science de son père et de celle des (1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans sou Bulletin. 2^ SÉRIE, T. V. — Janvier 18(j8. 1 2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. grands naturalistes du dernier siècle surtout, dont il avait adopté les doctrines au point de vue de la pratique agricole, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire avait vu, dans l'étude de la zoo- logie, une lacune à remplir pour le bien public. C'est dans ce but qu'il présida, avec autant de dévouement que de talent, à la fondation de la Société impériale zoologique d'acclimata- tion, dont il dirigea les premiers travaux. Cette môme idée de travailler toujours pour le bien de ses semblables, en cher- cbant à vulgariser la science de la nature, se reproduit sans cesse dans tous les livres qu'il a publiés, notamment dans celui qui traite de l'acclimatation et de la domestication des animaux utiles, question d'application à l'agriculture, suivant lui trop négligée par les naturalistes. « L'étude des animaux » domestiques, dit-il dans son remarquable ouvrage, a été » longtemps très-négligée par les naturalistes, et, aujourd'hui » encore, la plupart d'entre eux semblent considérer la déter- » mination exacte d'une race domestique comme d'un bien » moindre inlérôt que celle de la plus insignifiante des espèces. . . )) J'ai déjà essayé, à plusieurs reprises, de montrer com- » bien est regrettable cet abandon , par les naturalistes , » d'une des plus riches parties de leur domaine. L'étude des » animaux domestiques intéresse, en réalité, la science, à tous » les points de vue. Elle l'éclairé dans sa partie théorique et » même philosophique, aussi bien que dans ses applications » pratiques, et l'on s'étonnerait qu'on ait pu si longtemps en )) oublier ou en méconnaître l'intérêt, si l'on ne savait, par de » nombreux exemples, combien la vérité a de peine à se dé- )) gager de l'influence de l'esprit de système, et du joug des » opinions régnantes. » Le temps me permettra-t-il jamais de réunir, en un corps 5> d'ouvrage, les résultats de mes études sur un sujet si long- » temps négligé, et que j'ai eu à considérer successivement » sous les aspects les plus variés? » Tel était l'avis du regretté président de la Société zoolo- gique d'acclimatation. 11 voulait appliquer spécialement l'étude de la zoologie, à la nmltiplication et au perfectionnement des animaux que l'homme a soumis à sa domination et à l'accli- matation de ceux que nous ne possédons pas encore. Il vou- I ACCLIMATATION ET DOMESTICATION DES ANIMAUX UTILES 3 lait, enfin, imiter l'exemple donné par les naturalistes qui ont eu la même opinion dans le passé. Exemple trop peu suivi depuis la fin du dernier siècle. xNous en trouvons la preuve dans les tâtonnements, dans les incertitudes et les discussions contradictoires et inutiles dont nous sommes chaque jour témoin, sur l'amélioration de notre production animale, la plus ignorée de toute la production du sol. Or, la science peuvent devenir, comme celles-ci, éminemment utiles. » Et puis, dans une note spéciale, que l'on pourra lire à la page 11 de son livre, il ajoute : « La question ain^i posée et » résolue en 18A8 et IS/jO, l'a toujours été de même par les » naturalistes et les agriculteurs qui, depuis, se sont sérieuse- » ment occupés de l'acclimatation : Jamais le perfectionne- » ment des races que nous possédons déjà n'a été séparé par » eux de r acclimatation et de la domestication des espèces » qui nous manquent et peuvent devenir utiles. C'est à ce » point de vue que s'est placée la Société impériale d'acclima- » tation, comme chacun peut s'en assurer, en parcourant la » collection des travaux de cette Société, et, comme le dit )) expressément le programme de ses récompenses aimuelles, » Bam ce programme, figurent non-seulement l' introduction, » l acclimatation, la domestication d'espèces nouvelles pour A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. - - » ragriciUtun', mais aussi la ■pi'opai/ation, ïaméHoralion de » celles qu'elle possède déjà (1). » Telle était la marche qu'Isidore Geoffroy Saint-IIilaire traça pour la Société zoologique d'acclimatation, et cette marche était digne de l'idée qui jirésida à la fondation de la plus vaste association agronomique qui ait jamais existé. Les membres qui la composent, en eiïet, sont répandus chez tous les p'euples civilisés, et ils étudient, dans toutes les parties du globe, les végétaux et les animaux que l'homme peut utiliser pour ses plaisirs, et les acclimater partout où ils manquent. Linné a dit que l'agriculture n'est que la connaissance des trois règnes de la nature a])pliquée à l'art de rendre l'existence humaine plus douce à traverser. Cette définition de l'immortel naturaliste sutklois est aussi juste qu'elle est laconique. L'a- griculteur, en eilét, opère sur les trois règnes de la nature. Le règne animal lui fournit les animaux qu'il élève et cpii sont d'une si grande importance,, soit pour nous nourrir et nous vêtir, soit pour exploiter le sul; le règne végétal lui fournit les végétaux qu'il récolte; et les différentes variétés du sol qu'il cultive dans les divers climats, appartiennent au règne minéral. Un bon agriculteur ne saurait donc être étranger aux élé- ments de la zoologie, de la botanique et de la minéralogie, qui lui sont indispensables pour bien comprendre sa profes- sion et l'exercer suivant les règles des sciences naturelles qui doivent le guider dans ses opérations. Mais combien d'agriculteurs possèdent les connaissances que je signale ici? Bien peu, sans doute, et c'est ce qui explique l'état si arriér(' de la profession du cultivateur relativement aux progrès si (Hendus des arts industriels, éclairés par les sciences spéciales qui leur sont applicables. Isidore Geoflroy Saint-Hilaire avait si bien compris cette différence énorme dans les progrès de l'agriculture, compan'S à ceux de l'indus- trie manufacturière, que, dans l'ouvrage que j'ai sous les yeux, et que j'ai lu el rchi bien souvent, je vois qu'il désire désormais diriger ses efforts vers l'étude des moyens propres à faire atteindre à l'agriculture le niveau de la prospérité de l'industrie, el il clierchc à attirer l'attention delà Société d'ac- (1) Yoy. Bulletin de la Société impérinlc (l'accliinatatioii, t. III, p. 5. ACCLIMATATION ET DOMESTICATION DES ANIMAUX UTILES. 5 climalation sur ce point capital de ses travaux, a L'agriculture, » dit-il dans un passage de son livre, où il donne une si juste idée de son dévouement à la science des cultivateurs, « l'agri- » culture, qui est le premier des arts, en est aussi le plus an- » cien. Nous voyons, dans la Genèse, Abel et Gain, pères de » l'agriculture {A'jci pastor oviuni et Cahi agrkoln), anté- » rieurs de six générations à Tubalcaïn, père des arts méca- » niques. Dans l'Olympe mythologique, nous voyons de même » Gérés, déesse des moissons, précéder Yulcain et Mercure, » dieux des arts et du commerce. Tous les témoignages s'ac- » cordent, avec toutes les traditions, pour nous montrer » l'agriculture devançant, et vraisemblabl(,'ment à grande dis- » tance, tous les autres arts. Combien de temps a-t-il fallu i> pour que, de chasseurs et pécheurs, les hommes devinssent » agriculteurs? Un grand nombre de siècles, sans doute. Il » ne s'en est peut-être pas écoulé moins , avant que d'agricul- » teurs ils se fissent industriels. » Mais l'agriculture a perdu depuis longtemps le bénéfice » de son droit d'aînesse, et les autres arts ont, tour à tour, » pris les devants sur elle. Si elle n'est jamais restée, comme » on l'en a accusée à diverses époques, stationnaire au miheu » du mouvement général, au moins est-il trop vrai qu'elle n'a » presque toujours fait, en face des rapides perfectionnements » des autres arts, que des progrès comparativement très-lents. )) Que l'on mette en parallèle l'état actuel des arts mécani- » ques, physiques, chimiciues, avec ce qu'ils étaient il y a » cinquante ans, et même plus près de nous encore, et l'on » reconnaîtra aussitôt que leurs progrès ont, en peu d'années, » transformé l'industrie et profondément moditié la Société. » Watt et Stéphenson, Volta et Davy, Œrsted et Ampère, sont » à peine descendus dans la tombe, et il semble que des siècles » nous en séparent. En agriculture, au contraire, et dans » toutes les applications des sciences naturelles, les maîtres » de nos pères seraient encore sur bien des points les nôtres, » et sur plus d'un, nous pourrions encore prendre des leçons » de Varron et de Golumelle. » Aussi, que voyons-nous et que répondre à ces questions: » Le peuple est-il bien vêtu? le peuple est-il bien nourri? 6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » Tristes réponses que celles que nous avons à l'aire ! et » nous nous déciderions à peine à les placer ici, si elles ne » portaient avec elles leur enseignement. Devant les souf- » frances qui pèsent sur les classes populaires, beaucoup seni- » blent croire qu'il sulTit de détourner la tète; sachons, au » contraire, les regarder en face, et, comme le médecin de- » vant le malade, ne craignons pas de mettre à nu le mal : il » faut bien se résigner à en connaître la gravité si l'on veut se » donner quelques chances de le guérir » Tel était le langage de l'illustre et dévoué professeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il cherchait à découvrir le mal pour tâcher de le guérir, et la vulgarisation de la science pratique que notre Société d'Acclimatation cherche à répandre, lui semblait être un des remèdes les plus efficaces à employer pour faire le bien désiré. Mais l'idée dominante d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, ce qui le préoccupait le plus spécialement, c'était ramélioration et la multiplication de nos animaux domestiques et l'acclima- tation des espèces qui peuvent accroître le nombre de ceux que nous possédons; c'était enfin la recherche incessante, opiniâtre, des moyens de procurer aux populations qui en sont encore trop privées, la viande si utile à leur bonne ali- mentation. Tout son livre de l'acclimatation et de la domesti- cation des animaux utiles en est une preuve, comme celui qu'il publia sur l'usage alinT^ntaire de la viande du cheval. Grâce à son initiative, grâce aux hommes de cœur qui ont poursuivi cette idée, dans la Société protectrice des animaux notamment^ et dans la Société d'acclimatation, l'hippophagie a triomphé. Elle avait été cependant repoussée en France de- puis des siècles, au détriment des classes nécessiteuses sur- tout, par le préjugé, l'ignorance ou la routine, irréconciliables ennemis de tout progrès en tout temps. Parmentier avait passé sa vie scientifique à étudier par quels procédés il serait, pos- sible d'augmenter l'alimentation végétale du peuple ; Isidore GeoiTroy Saint-Hilaire, animé du même esprir philanthropique, suivait l'exemple de son immortel prédécesseur, })our multi- plier l'alimentation animale. Dans son remarquable ouvrage, il examine toutes les espèces d'animaux qui peuvent être avan- ACCLIMATATION ET DOMESTICATION DES ANIMAUX UTILES. 7 tageusement utilisés pour le but qu'il se propose. Ici, il nous indique l'origine des types que nous possédons et dont il vou- drait voir augmenter le nombre et améliorer la qualité; là, il nous désigne ceux que nous pouvons acquérir avec le plus d'avantage. . Mammifères, oiseaux, poissons, insectes, il examine tout le règne animal ; il ne néglige aucune espèce qui lui paraît utile pour nous la signaler, et il nous rapporte, avec une loyauté et une rare probité scientifique, tout ce qui a été fait et dit avant lui. Puis, avec une délicatesse dont il a toujours fait preuve, il signale à la reconnaissance publique les noms ainsi que les travaux de tous ceux qui, comme lui, ont scruté la nature dans tout ce que son règne animal peut nous procurer d'utile, soit pour nous nourrir, soit pour nous vêtir, soit poui' nous servir d'auxiliaires dans nos travaux, dans nos délassements, ou pour l'ornement de nos habitations. Le livre de l'acclimatation et de la domestication des ani- maux utiles manquait à la science de la zoologie ; il manquait k l'agriculture, comme à l'industrie et au commerce, auxquels il indique les conquêtes qu'ils ont faites, et celles qu'ils ont encore à faire sur le règne animal. Il signale, de plus, l'im- portance de l'étude pratique des animaux domestiques qui, autrefois, comme l'a dit Buffon avec tant de raison, « faisaient » toute la richesse des hommes; et aKJovrclJnii^ ajoute le » grand naturaliste, ils sont encore la base de l'opulence des » Etats, qui ne peuvent se soutenir et fleurir que par la cul- » ture des terres et par V abondance du bétail » En publiant le remarquable ouvrage dont je ne puis donner ici qu'une bien faible idée, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a élargi la voie de la zoologie dans ses applications à l'agricul- ture, base du bien-être humain et de la puissance des États ; il a tracé la meilleure ligne que puisse suivre la Société impé- riale d'acclimatation ; il a donné un bel exemple à la jeune gé- nération des naturalistes. Puisse-t-il être imité par eux dans l'avenir, puissent ses leçons porter le fruit qu'il a désiré avec tant d'ardeur jusqu'aux derniers moments de sa vie si laborieuse, si honorable et si dignement remplie ! Richard (du Cantal). NOTE S! R L'ÉLÈVE DU BÉTAIL EN HONGRIE, Par M. Ladislasi de WAGIVER, Commissaire impérial et royal pour l'Autriche et la Honp:rie à l'Exposition universelle de ISGT. (EXTRAIT d'une LETTRE ADRESSÉE A M. AUGUSTIN DELONDRE.) Les animaux domestiques en Autriche se composent, comme partout, des races originaires et des races étrangères impor- tées ou, si l'on veut, acclimatées. La Hongrie possède, par exemple, sa magnifique race de bétail, la race hongroise, qui, surtout pour l'attelage, est la plus forte du monde. Les bœufs de Hongrie sont connus partout, non-seulement pour leur force, mais aussi pour la belle qualité de leur viande. Bien que les bœufs, parfaitement engraissés, aient l'air d'être mai- gres, ce qui est un des caractères de la race hongroise, ils donnent plus de 62 pour 100 de viande. Cette viande est très- tendre et très-estimée. La consommation de la ville de Vienne en viande provenant de la race bovine consiste presque uni- quement en viande de bœufs de Hongrie. En 1865-1866, l'An- gieterrc a fait de grands achats de bœufs hongrois, et même les Anglais, dont cependant la viande est la première du globe, ont été étonnés de trouver en Hongrie une qualité de viande bien supérieure à la leur. Pour la laiterie, ces animaux sont moins bons : le lait, qui pourrait être nommé crème, est très-bon, très-épais ; mais la quantité en est très-petite : elle s'élève à peine à trois ou quatre litres par tête et par jour. L'Autriche, proprement dite, possède, comme races origi- naires, dans le Tyrol les Tyroler, les MûrztJialer, les Lavan- thaler,e[c.., etc., qui sont préférables à la race hongroise pour la production du lait. Les bergeries d'Autriche et de Hongrie sont connues pour être très-bien organisées : malheureusement, dans ces deux pays, on s'occupe toujours trop de produire une laine très- fme. Nous avons en plus grande quantité les mérinos de la race Mérinos électoral, et en moins grande quantité les méri- ÉLÈVE DU BÉTAIL EN HONGRIE. 9 nos de la race nci/ri'tti. La laine est EE {super electa) et même EEE {super super electa). En Autriche (Silésic), on trouve quelques petits troupeaux provenant originairement de la race Rambouillet, ou plutôt de croisement entre la race Rambouillet et la race negretti. Toutes ces races sont parfai- tement acclimatées. Dans le sud de la Hongrie et dans la Tran- sylvanie, on trouve la brebis Zackel, brebis de race valaque, qui donne de la laine deux fois par an, c'est-à-dire tous les six mois : la brebis Zackel fournit beaucoup de laine ; mais cette laine est ordinaire et irrégulière. Son prix est de 160 francs par 100 kilogrammes ; le prix de la laine électorale monie 'yi?,- qu'à 800 francs par 100 kilogrammes (pour la laine lavée à l'eau froide). La quantité de laine par tète est : lirt'bis. ■ Béliers. Montmis. Electoral 1 kilo. h kilos 1/2 1/3 à 1/2 Negrclti 1 1/4 à 1 1/2 5à7 1/2 à 3//i Zackel k J/2 10 à 12 2 à 3 Le baron Sina, en Hongrie, le comte Karolyi, à Csurgo, le comte Esterbazy, à Raab, vendent les béliers jusqu'à 1*2 000 fr. par tête aux autres cultivateurs. Dans ces dernières années, la Hongrie a vu se produire une nouvelle race, qui ressemble beaucoup aux Rambouillet; c'est la race de M. Geiszt. Cette race dérive de la race pure hon- groise. Depuis vingt ans, on a choisi les plus beaux et les meil- leurs animaux de cette race, en formant un petit troupeau ou plutôt une famille : en donnant tous ses soins à l'élève de ces animaux et veillant bien à leur bonne nourriture, à leur pro- preté, au choix des animaux reproducteurs, etc., M. Geiszt a obtenu une race qui ressemble beaucoup à la race Rambouil- let. La laine est d'une longueur de 8 centimètres et est impré- gnée d'une graisse jaune, très-liquide et surtout bien soluble ; elle est bien serrée et d'une égalité remarquable sur tout l'ani- mal. La production de la laine est de 5 kilogrammes de laine non lavée par brebis, et de :10 à 12 kilogrammes par bélier. Le poids est pour les brebis de 70 à 80 kilogrammes, et, pour les béliers, de 100 à 130 kilogrammes. Ces animaux 10 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sont durs, forts, et peuvent être bien acclimatés partout. Chargé, en 18(35, par la Société d'agriculture centrale de Hongrie de faire un rapport sur cette magnillque race, en la comparant surtout avec le mérinos d'Autriche, j'ai reconnu que le résultat de la comparaison était favorable à la race Geiszt. Le prix de la laine Geiszt, 250 à 300 francs par 100 ki- grammes, est aussi élevé que celui de la laine Rambouillet. En ce qui concerne le Porc, il existe en Hongrie et en Au- triche trois races pures, qui sont également d'une valeur très- considérable. Le Porc de la race Monr/olicn/, le Porc de Mol- davie et le porc de Styrie. La première race est la race MongoUem. Cette race a les pieds courts, le corps cylindrique; elle est excellente pour engraisser, trois mois suffisent parfai- tement sous ce rapport pour arriver à un bon résultat. La race Mom/oHera est également répartie dans toutes les parties de l'Autriche. Acclimatation. — Pour les animaux acclimatés et acclima- tables, on peut dire que la Hongrie et l'Autriche en ont égale- ment une grande quantité. La race hollandaise, les différentes races de la Suisse, la race Shorthorn, la race du Yorkshire, etc. , sont très-répandues dans le pays. Elles sont parfaitement accli- matables. On a aussi fait des croisements entre les races d'An- gleterre et la race hollandaise , mais sans résultat. Un croise- ment entre la race hongroise et le bétail deL^/'wn/Zw/adonné des animaux magnifiques pour la production du lait. Le dernier essai de croisement qui ait été projeté, consiste à faire des croisements entre la race d'Angora et la race hongroise ; il y a deux mois c[u'un bouc d'Angtn^a est parti pour la Hongrie. Je communiquerai plus tard les résultats obtenus. En ce qui concerne le Porc, on a acclimaté avec assez de succès la race du Berkshire et du Yorkshire , mais ces croise- ments ne donnent jamais autant de lard et autant de saindoux que la race Mongoliera. On prétend aussi que la viande de ces races n'est pas aussi bonne que celle de la race Mongoliera. NOTE SUR LES PRODUITS ORTENUS DE L'ACCOUPLEMENT d'un cygne noir MALE AVEC UN CYGNE BLANC FEMELLE, Par M. PISSOT, Conservateur du bois de Boulogne. La ville de Paris possédait depuis plusieurs années, sur le lac inférieur du bois de Boulogne, un couple de Cygnes noirs, lorsqu'au mois de novembre 1865, la femelle fut dévorée par un Renard. Le mâle, resté seul, s'accoupla avec une femelle de Cygne blanc. En vain j'achetai une femelle de Cygne noir, dans les premiers jours de 1866; le mâle ne voulut pas la regarder. Au mois de mai de cette année, la femelle de Cygne blanc pondit six œufs qu'elle couva. Pendant tout le temps de l'incubation, le Cygne noir mâle ne la quitta pas. Au mois de juin, il naquit quatre Cygnes, deux des œufs s'étant trouvés non fécondés. Dès leur naissance, on vit, à la couleur du du- vet, que ces jeunes Cygnes difléraient des autres, ils étaient beaucoup plus noirs ; quelques mois après leur naissance, on remarquait une grande différence de grosseur avec les jeunes Cygnes blancs nés à la même époque. Leur bec prit de bonne heure une teinte rougeâtre, et leur plumage changea de cou- leur, un peu plus promptement que celui des autres ; mais cependant la différence ne fut pas très-sensible. De ces quatre Cygnes, un mourut accidentellement, deux autres s'envolè- rent; de ces deux, l'un alla je ne sais où, et l'autre revint un jour s'abattre sur la pièce d'eau du Jardin d'acclimatation, d'où il me fut renvoyé. De cette année 186(5, il ne reste donc que deux Cygnes ; l'un a le cou et la moitié du corps moucheté de noir et de blanc, le noir dominant. Sur le reste du corps, il a des taches noires, mais en petit nombre; l'au- tre a des mouchetures et des taches noires sur tout le corps, toutefois le blanc domine. Tous deux ont le bec rouge, mais 12 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. sans la raie blanche qu'on voit sur le bec des Cygnes noirs. Leur cri est celui de cette espèce. En 1807, l'accouplement se fit entre le môme Cygne noir mâle et la même femelle blanche ; celle-ci pondit six œufs, mais deux seulement éclorent. Des deux jeunes Cygnes, l'un parut dès sa naissance beaucoup plus noir que l'autre, qui avait presque la couleur des jeunes Cygnes blancs ordinaires. Tous deux prirent une croissance égale et beaucoup plus ra- pide que celle des autres. Leur développement se fit aussi beaucoup plus rapidement, à ce point qu'à la fin de novembre leur plumage avait complètement sa couleur, tandis que les autres étaient entièrement gris. De ces deux Cygnes, nés en 1867, l'un a le cou presque noir, il y a très-peu de taches blanches. Le plumage du reste du corps est blanc, avec de larges taches noires. L'autre est presque blanc, il y a seulement, cà et là, des taches d'un gris jaunâtre. Tous deux sont aussi gros que des Cygnes d'un an, et ont le bec rouge. * Tels ont été, pendant deux années consécutives, les résul- tats de l'accouplement de ces deux espèces de Cygnes, résultats très-singuliers et qui m'ont paru de nature à intéresser les membres de la Société d'acclimatation, qui, sans doute, vou- dront s'en rendre compte. Ces quatre jeunes Cygnes ne se quittent guère, bien que le Cygne noir et blanc de cette année pourchasse les autres, qui le craignent. On peut les voir sur le lac inférieur, où les bateliers et les gardes les désigneront aux personnes qui désireraient les examiner. NOTE SUR LE MURRAY COD FISH {Uligorus Macquariensis) (1) A [tropos (lu spécimen olferl îi h Soi'it'lé impériale il'accliraalalioii, par IIM. lis Cnmniii'sairfs du Gouvcrnenienl de Soulli Auslralin à l'Iisposilioii uiiitcrsclli', Par M. P. KAMEI.. Au nombre des renseignements sur l'Australie que je four- nis à la Société impériale d'acclimatation, avant même que j'eusse l'honneur d'en faire partie, figure une tentative d'ac- climatation due à l'initiative de notre éminent confrère M. Ed. Wilson. Elle est relative au Mnrraf/ cod. Je dois la rappeler, avec d'autant plus de justice et de raison, que son succès est un très-bon enseignement. Le territoire de Victoria est coupé de l'esl à l'ouest par une chaîne de montagnes que l'on peint très-exactement par leur appellation : Dividing Rcniges. Ses eaux, qui descendent vers le nord, s'écoulent dans le Murray; celles du versant sud vont à la mer ou dans Hobson's IJay. Frappé de voir le grand cours d'eau australien et l'un de ses affluents, le Goulburn, ainsi que tous ses tributaires, am- (1) Co poisson n'est point uno Morne, qnoiqnc le nom anglais sous lequel il est désigné piit le faire croire. H appartient à la famille des Percoïdes; aussi le noninie-l-on également Cod-perrh. Il a été décrit, sous le nom de Grystes macqiiarieusis, pour la preniit're fois, en 1829, par Cu\ier {Hist. nat. des Poissuvs,L III, p. 58); puis, en 18/i8, par lîichardson (/r/;i//)/o%)/ of the vrnjage of lier Majestij's ship Erebus and Terror, p. 118, pi. lui, fig. 8 et 9). Le genre Grijstcs, très-voisin du genre Centropriste, mais caractérisé par l'absence de dentelures au pré'opercule, ne contient (pie trois espèces. Il a été divisé, en 1859, par M. WbAVmWhor {Catalogue of the fishes ofthe Bri- tishMuseatii, t. !, p. 251), et l'espèce dont il est ici question est devenue, en raison du petit nombre des appendices pyloriques du tube digestif réduits à trois, le type de son genre Oliyorus (^a^o;, peu, et oipo; ou ojjo;, gardien). — L"indi\i(lii provenant de rExposilion universelle et dont la Sociét('' impi'riale d'acclimatation a fait présent au .Muséum d'histoire naturelle de Paris, a une longueur de 1™,25. A. Duméril. 14 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. plement peuplés de beaux et délicieux poissons, tandis que les rivières qui coulent du versant sud duDividing Ranges, le Yarra- Yarra entre autres et la plus importante, en étaient réduites à des espèces insignifiantes pour la qualité et la dimension. M. Ed. Wilson, avec son couj) d'ceil si intelligent des choses de la création, saisit le hint, le but que Dieu semblait avoir indiqué, et, avec son tact pratique, prit la généreuse résolu- tion de doter ses concitoyens de deux bonnes choses : une source d'ahmentation, dont le manque se faisait fâcheusement sentir alors, et le plaisir de la pêche, genre de sport si cher à tout natif du Royaume-Uni. A cet effet, à la saison propice, il fait préparer des relais de chevaux, se rend de sa personne sur les lieux, où, avec ses domestiques, il peut pêcher les jeunes poissons, en fait une bonne provision, les loge dans des vases appropriés à des cavaliers, et vient déverser le jeune fretin dans les eaux du Yarra-Yarra. C'est comme si l'on prenait dans la Loire des poissons qu'on viendrait jeter dans le Rhône. J'entends encore les critiques de toute nature, et même les quolibets que cet acte de généreux dévouement valut d'abord à son auteur : « Les nouveaux poissons devaient être mangés » par les anguilles; ou bien, quand ils seraient grands, ils ■i> mangeraient les autres espèces, et dépeupleraient la ri- » vière, etc., etc. » En somme, toujours le même concert «l'opposition systéma- tique à toute idée exacte et nouvelle, comme ces vapeurs jalouses qui, dans nos froides régions, semblent vouloir obs- curcir les premiers rayons de lumière. Mais les faits se sont chargés de la réponse. A l'heure qu'il est, et déjà depuis quelques années, on pêche de très-beaux et excellents poissons dans une rivière qui ne nourrissait que de très-médiocres espèces qui y sont encore aussi abondantes que précédemment. Loin de moi hi pensée de garantir que les élèves du Yarra- Yarra atteignent ou atteindront les proportions du poisson du Murray qui vous a été ollert et dont le poids n'est pas moindre NOTE SUR LE MURRAY COD FISH. 15 de soixante-quinze livres anglaises, soit 33'^'' ,750 ; mais ce que je certifie, c'est que la chair du Murraij cod est exquise. Elle ressemble, à s'y méprendre, à celle d'un bon Mulet. Dès ses premières visites à l'Exposition universelle, qu'il a étudiée et appréciée en homme de sa valeur, M. Ed. Wilson me signala le beau spécimen exposé par MM. les commissaires de South-Australia, comme ayant sa place marquée dans notre coheclion. Nous nous promîmes, chacun de notre côté, de réaliser ce souhait. Je dois ici rendre hommage à la bonne volonté de M. P. L. Simmonds, agent général pour les colonies anglaises, qui, tout d'abord, promit le concours de ses efforts. Enrichir votre collection d'un sujet, si intéressant qu'il puisse être, ne me semble pas satisfaire le but que la Société impériale d'acclimatation se propose; et je ne viendrais pas prendre sur vos précieux moments et sur votre bienveillance à m'écouter, si je devais me borner là. Ce n'est pas mon intention. Des renseignements qui m'ont été donnés par M. Ed. Wil- son, il résulte : Que l'acquisition du Murray cod serait aussi importante pour nos rivières que l'importation du Saumon l'a été pour les eaux Sud australes. J'ai eu l'honneur de vous annoncer que ce grand fait d'acclimatation, qui a coûté tant de peines, de soins, de persévérance et de dépenses, a été couronné du plus complet succès. Eh bien , nous pouvons espérer le même résultat par un moyen plus simple, plus économique. Déjeunes poissons du Miirray cod ont pu arriver, à bord du Lincolmhire , on un parfait état de santé, jusque dans les docks de Londres. Il suffit d'un peu rie soin à bord et de bonne volonté pour renouveler cet essai. C'est ce que je me propose de tenter, et, s'il y a succès, comme on est en droit de l'espérer, j'aurai l'honneur de vous offrir, dans un temps moral, des spécimens vivants de l'inté- ressant poisson. Je vous ouvrirai la voie pour de plus amples importations. L'opinion de M. Ed. Wilson sur la valeur du Murray cod, 16 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. abstraction faite des qualités de sa chair et du volume qu'il peut acquérir, repose sur ses habitudes. 11 est paresseux, se meut lentement, ne peut pas, par consé- quent, nuire aux jeunes poissons, d'ordinaire si alertes. Il est très-rusti(|ue, remonte les petits courants d'eau et s'accommode aisément de vivre dans un WaterJiole , espèce de trou toujours pourvu d'eau, et qu'on trouve dans le lit des pe- tites rivières de Victoria, quand les chaleurs de l'été en ont arrêté le cours. C'est une proljabililé très-voisine de la certitude, que toutes nos rivières méditerranéennes, qui sont rebelles à l'élève du Saumon, seront favorables au Murraij cod, poisson essentiel- lement d'eau douce. Je pourrais ajouter que toutes nos eaux du centre et môme du nord de la France seront dans le même cas. Enfin, c'est l'opinion de quelques éminents pisciculteurs que le Murray cod est destiné à supplanter le vorace Brochet et la Carpe sans saveur ; espérons que le moment n'est pas loin, où leur désir de le voir remplacer ces deux derniers poissons, sera réalisé. ÉTUDE COMPLÈTE DE L'ÉDUCATION DES VERS A SOIE Par n. snimiDZEd Ki^zAiinox, TRADUIT DU JAPONAIS PAR M. LE DOCTEUR P. MOURIER. A Son Exe. M. Drouyn de Liiuys, Président de la Société Imjiériale d' aeelimatation . Daignez accepter, Monsieur le Président, la dédicace de ce modeste travail. S'il est de quelque enseignement pour nos malheureuses campagnes séricicoles, le mérite vous en re- viendra; car, en encourageant mes efforts, vous avez toujours su, rnéme au milieu de hautes préoccupations, diriger vers ce hut la solUcitude de la Société. Je suis avec respect, Monsieur le Président, Votre très-humble et très-dévoué serviteur. P. MOURTER. Yoko-IIania (Japon), le 30 septembre 1867. PRÉFACE. Quoique toutes choses aient été étudiées, l'éducation seule des Vers à soie a été laissée de côté, et, pourtant, combien retire-t-il de profit l'éducateur qui n'est pas au courant de son art? Ayant depuis longtemps porté notre pensée sur cet art, nous sommes arrivé à le déterminer d'une façon complète ; et comme les principes du commencement n'ont pas été fidèle- ment transmis de maison en maison, comme aussi le nombre de gens instruits en cela est très-restreint dans ce siècle, nous ayons jugé à propos de mettre au jour ce livre, auquel nous avons donné le titre de Etude complète de r éducation des Vers à soie. Qu'on veuille bien suivre les méthodes qui y sont notées et 2« SÉRIE, T. V Janvier 1868. 2 18 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. l'on verra, quoi qu'on dise, les maisons s'enrichir certaine- ment, l'argent s'accumuler dans notre pays et tout le monde pouvoir supporter le froid (1) ! Ainsi mettez à chaque saison ce livre à vos cotés, le soir lisez-le et réfléchissez aux procédés d'éducation ; le malin, lisez-le encore et tâchez de devenir habile éducateur. Shimidzeu Kinzaïmon. Ouhéda Shiho-Dgiri (Shin-Shiou) qualrionie année Ko Koua (18Zi7). PREMIERE PARTIE. § 1. — De lY'ducalion des Vers à soie. Dans ce pays du commencement ^/w5o/e//(2), les provinces, les hommes, ceci, cela, tout sans exception est, dit-on, l'ou- vrage des Kami (3). Cette croyance n'est-elle pas digne de notre plus profond respect? De plus, contrairement aux autres classes d'insectes actuels, (1) C'est-à-dire être capable d'aclieter des vètcmenis de soie pour se ga- rantir du froid. L'auteur suppose que, par ses procédés, la production de la soie doit devenir tellement abondante que le plus pauvre de ses concitoyens aura encore les moyens de se vêtir de cette manière. Nous devons à la vérité de reconnaître que si aujourd'hui la soie est à un prix très-élevé, à l'ouverture de Yoko-Hama , du moins le bon marché fabu- leux auquel nos devanciers ont pu se la procurer, n'a pas peu contribué à leur brillante et rapide fortune. D"^ M. (2) H i no moto en Yamato, Nitseupon (Nippon), en sinico-japonais, est le nom le plus récent du Japon, qui s'appelle aussi : Toyo asjiivara, riche plaine de roseaux; Midzen hono kouni, pays de la tige de riz ; ^* Oura yaseu koiini, pays des côtes paisibles; iKoitn i/w /.:o/^ow, royaume des fds des princes; ^/ivïsen s/i/m«, îles de l'automne; .. Shiki-shima no kouni, pays des îles étendues ; Otiu koroJ()iiiia, signification inconnue aujourd'hui; Yamato, — — ; etc., etc. D'' M. . (3) Kaini, en aïno Kamui, en tarlare Kan ( grand, patriarche, prince roi. Dieu), est le nom connnun de la Diviniti- dans la religion nationale du ÉDUCATION DES VERS A SOIE. ^g le Ver à soie est né du vénérable visage du Kami hian Ohomi 1 un des mikoia oukémotei. C'est donc une portion de ..' propre substance; et quoique le Kamin^ii désiré et diioné enseigner la confection du cocon aux bommes, que pour leur plus grand bonheur et sans avoir égard au degré de leur in telligence ; en ce qui concerne cependant cette intpIHoence SI 1 éducation est malhabile, le visage des Kami se coiutc de bonté, et 1 insuccès n'est pas à mettre en doute; si au con traire, il fait preuve d'adresse, le Kami se réjouit dan. son sacre cœur et chaque année la récolte est abondante Or,^ pour être en état de faire bien, il faut se replier sur soi-même et voir à réfléchir sur toutes choses. Amsi, par exemple, si même, par les temps froids, vous- même, vous éprouvez des diflîcultés à ne faire que deux reoas au heu de trois (1), le Ver, lui, ne supportera pas mieux un retranchement analogue. D'où la conclusion que par les temps troids il faut donner beaucoup de mûrier pour aider le Ver à supporter la température. ' ■ Autre exemple : si, par un temps froid, vous veniez à fer- mer portes et fenêtres de manière que la moindre parcelle d air ne put plus entrer, il est sûr que, l'air se viciant, vous tomberiez malade. Si encore vous empêchiez par un cou- vercle ou un autre obstacle voire propre respiration comme Japon/ appelée shin dô, religion qui peut se résumer dans le cidte de.- ancêtres. ^ Les limites de noîrc travail ne nous permettent pas de donner un aperçu de cette religion, cp.i tend de nos jours à être incorporée dans le boudd- hisme. P^ous cbrons seulement que la croyance vulgaire désigne, sous le nom gencnque de Ouké-motei no nikoto, tous les Kami qui ont donné ou appris au peuple les choses de son usage, et que, dans cette croyance, le KamicM plus bas (/»«,-. Ohonu) paraît devoir être le même que celui qui apprit la culture du riz, culture, dit-on, apportée par lui de Plnde à cheval sur un renard D'apn^s cette version, le Ver à soie, comme le riz, serait originaire de 1 Inde, ce berceau probable de tous les peuples comme de toutes les choses. Quoi qu'il en soit, le Kami Inari Ohomi est tenu en la plus gra.Kle vénération dans les campagnes, et nous avons été souvent témoin du culte qu on lui rend à Tautel des Ancêtres. * .» 4 20 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. celle du Ver à soie, votre vie à tous deux pourrait se flétrir. Vous pénétrant donc bien de ce fait que le Ver respire comme l'homme, vous prendrez vos mesures pour que toujours un peu de vent soit introduit par circuits et que l'air ne se vicie pas. On voit des gens recouvrir aux premiers âges ou par les jours froids leurs étagères d'une espèce de moustiquaire en papier, ou bien placer un couvercle quelconque sur les jeunes insectes. C'est là une erreur énorme d'où datent toujours des maladies diverses par suite de la viciation de l'air respirable, et d'où certainement il doit résulter une mauvaise récolte. (Jue l'aération soit donc dirigée de telle façon que, même en ré- chauffant l'air, vous ne risquiez pas de le brûler. Il n'existe pas de plus grand poison que l'air renfermé et brûlé; faites-y bien attention. Pourquoi plante- t-on des mûriers? pour élever des Vers à soie... Et pourquoi fabriquc-t-on tous ces ustensiles? pour les besoins de l'éducation... Or, la parcimonie dans le nombre de tous ces ustensiles comme dans la quantité de mûrier donnée en tenant les Vers épais, comme dans les soins de chaque instant, est une de ces erreurs dans lesquelles tombe seulement l'homme sans intelligence et qui font manquer une récolte. Soyez donc prodigue de vos soins et par la quantité d'ustensiles que vous mettrez à la disposition des Vers, tenez- les depuis leur naissance le plus clair-semés possible, donnez- leur du mûrier en extrême abondance et ne montrez pas un seul instant de paresse. L'éducation fait l'homme, dit un proverbe : il en est de même du Ver à soie. Sachez seulement que la réussite ou l'insuccès dépendent des méthodes d'éducation et non de la fatalité attachée à l'éducateur. Le maladroit qui ne connaît pas la cause de, sa mauvaise récolte est la plus grande des plus grandes bêtes! § 2. — Catégories d'éducateurs suivant la quantité de Mûrier donnée. L'éducateur qui, pour élever un carton de graines, emploie ÉDUCATION DES VERS A SOIE. 21 vingt-cinq charges (1) de Mûrier est dit de la première caté- gorie ; celui qui en emploie vingt est de la deuxième ; celui enfin qui n'en emploie que quinze est de la troisième. Rétléchissez bien sur ces catégories ; mais quelque clair- semés que vous teniez vos Vers, donnez le Mûrier en grande abondance de façon même que le Ver puisse en quelque sorte y établir dessus son domicile. § 3. — Catégories d'éducateurs suivant la main-d'œuvre. L'éducateur qui, par chaque carton de graines, emploie quatre personnes (2) depuis l'éclosion est dit de la première catégorie; celui qui en emploie trois est de la deuxième; celui enfin qui n'en emploie que deux est de la troisième. Réilécliissez bien sur ces catégories ; mais quelque clair- semés que vous teniez vos Vers, faites en sorte que les soins soient de chaque instant et le travail sans relâche. § /4. — Des ustensiles et de leur emploi, de Téclosion à la montée. C'est principalement dans l'éducation des Vers à soie que, par suite des diiïérences de fi^oid et de chaud, de tardivité et de précocité résultant de la diversité des provinces et des lo- calités, les procédés ont surgi nombreux. Nous les noterons cependant brièvement. Ainsi on se sert de mé-kagà (3) de bambou de quatre pieds (1) Itci da ou itci dan, une charge de cheval. La feuille au Japon n'est pas cueillie ou plutôt arrachée sur l'arbre comme (^w Europe. Les Mûriers ont généralement le tronc trrs-bas et l'aspect de nos pourretles ; chaque année, les branches en soni coupées pour les besoins de l'éducation et les feuilles détachées à la magnanerie à l'aide de ciseaux ; quelques branches sont réservées pour l'élève des hivoltim, nourris, en conséquence avec la première feuille et non avec la seconde, comme on le pense en France. Kous avons vérifié ce fait. D"" :\1. (2) L'éducation est livrée surtout aux femmes et aux jeunes garçons ; les hommes se chargent du gros travail et de la cueillette des branches de Mûrier. (3) On appelle kago tout objet de vannerie en lanières de baml>ou, cor- beille, panier, chaise à porteurs commune, cage, etc.. etc. Le mé kayo {mé, 22 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATIOxN. de long sur deux et demi de large et de deux pouces environ de profondeur. Dans le i'ond, on étend un mince moushiro et à l'éclosion on répartit les Vers en trois kago par carton, au sommeil du Lion (1) en huit, au sommeil du Bambou en dix-huit, au sommeil du Bateau en quarante, au sommeil de la Cour en quatre-vingts, enfin à la montée de la Cour en . cent-vingt et plus. D'autres emploient des icarada de dix pieds et plus de circonférence, trois pieds et demi de diamètre et deux pouces environ de profondeur. A l'éclosion, ils font quatre warada par carton, au sommeil du Lion dix, au sommeil du Bam- bou vingt- cinq, au sommeil du Bateau quarante-cinq, au sommeil de la Cour quatre-vingt-dix, et à la montée de la Cour cen ttrente et plus. D'autres, enfin, étendent sur des étagères des seu de six pieds de long sur trois de large, des moushiro dessus et au sommeil du Lion font quatre tables, sommeil du Bambou dix, au somyneil du Bateau vingt, au sommeil de la Cour qua- rante, et à la montée de la Cour soixante et plus. Ayez des yné-hago de bambou de six pieds de long, trois de large et deux pouces environ de profondeur. Étendez dans le: œil, maille), ainsi que les kago dont il est question dans ce livre, sont de véritables tables à maille plus ou moins grande, et ressemblent assez aux canisses, dont on se sert pour le même but dans le midi de la France. Le moushiro est une natte très-grossière en paille. Le sm est une sorte de natte faite de roseaux très-minces, non fendus, juxtaposés, et reliés entre eux avec de la ficelle. D'IM. La warada (vulg. waraza) est une grande corbeille plate faite de faisceaux de paille contournés en spirale et dont tous les cercles sont assujellis les uns aux autres avec de la licelie. Tous ces ustensiles, quoique grossiei'fe et d'un coût minime, sont d'une propreté remarquable. D'^ M. (1) Les mues sont désignées ici sous les noms de : . Sommeil ou repos du Lion pour la première : ■ ' — — Bambou pour la deuxième ; _^. — Bateau pour la troisième : _.. — f/(> ?a Cowr pour la quatrième. Nous n'avons pas pu trouver encore Texplicalion autbenlique de ces expressions, qui se rapportent évidemment aux premiers âges de la culture du Ver à soie, sinon à sou origine. D'' M. ÉDUCATION DES VERS A SOIE. 23 fond de minces moushiro et à l'éclosion mettez les vers par deux karjo par carton, au repos du Lion par cinq, au repos du Bambou par dix, au rejjos du Bateau par vingt, au repos de la Cour par quarante, et à la montée de la Cour par soixante, en ayant soin, toutefois, de ne faire cette répartition que progressivement. Or, voici en quoi consiste l'art de bien faire cette réparti- tion. Dés l'éclosion, les Vers fournis par chaque carton de graines seront distribués dans deux haxjo^ et, pour arriver à en avoir cinq au sommeil du Lion, chaque jour vous ferez un demi kago, soit un kago en deux jours, un kago et demi en trois jours : à cinq, vous verrez le sommeil du Lion s'établir parfaitement. Cela fait, pour arriver à avoir dix kago au som- meil du Bambou, garnissez chaque jour un nouveau kago et au dixième, le sommeil du Bambou se fera sans encombre. De même, pour avoir vingt kago au soinmeil du Bateau, vous établirez chaque jour deux kago de plus, et au vingtième vous aurez de la façon la plus satisfaisante le sommeil du Bateau. Quant au sommeil de la Cour au quarantième kago, et à la montée de la Cour au soixantième, vous procéderez progres- sivement et d'une manière analogue. Quel que soit en définitive le genre de tables que vous em- ployez, que le nombre en soit considérable et que les Vers soient tenus si rares qu'ils ne puissent en quelque sorte se loucher les uns les autres. En ce qui concerne la réussite ou le manque de la récolte,, si, après avoir choisi une bonne graine et de bons ouvriers et dirigé votre éducation avec intelligence et travail incessant, les ustensiles dont nous venons de parler étaient en nombre insuffisant, vu l'encombrement dans lequel se trouveraient les Vers et quelque bons que fussent vos soins et la graine, vous pourriez compter sur un désastre. Conséquemment, pra- tiquez une répartition constante et sagace dans les tables dont nous avons parlé plus haut, appliquez-vous à bien connaître la température du lieu, surveillez l'aération, et surtout prenez garde que l'air ne se vicie. • * 24 SOCIÉTÉ BirÉRIÂLE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. § 5. — Des soins à donner à la graine. Renfermez-la dans un fourreau de papier mince, appliquez des liens et suspendez-la. Seulement pour que son existence ne soit pas compromise, évitez les endroits humides, les rayons du soleil, les murs en terre et les approches de la flamme du feu, de la bougie ou de la lampe. Évitez aussi que les cartons soient pinces ou pressés les uns contre les autres, choisissez enfin un endroit élevé que les rats ne puissent atteindre, A la fin (lu dixième mois, enfermez les cartons dans une boîte extrêmement propre et placez-les dans l'endroit le plus froid de la maison pour que les œufs n'éclosent que le plus tard possible. Portez enfin la plus scrupuleuse attention à ce que la germination (1) ne s'opère pas dans la boîte. Vingt jours environ avant que ne s'opère la germination, sortez les cartons de la boîte et suspendez-les dans l'endroit le plus froid de la maison. Dès que la germination se mani- festera, vous les transporterez dans le lieu où vous pensez faire l'éclosion (2). Sachez bien surtout que les boîtes doivent être en bois de Kiri ou de Matseu (3). (1) Changement de couleur qui se manifesle avant l'éclosion. (2) Dans lesdéparlcnients de :\Iousaslii (Bou shiou), KcMseuké (Dglù sliiou), Moutseu (ô shiou), Déva (ou shiou), etc., au moment des plus grands froids de Tannée, c'est-à-dire de la fin décembre à la fin janvier, les cartons sont immergés pendant trois, quatre, cinq jours, soit dans l'eau courante, soit dans une grande auge dont l'eau est renouvelée tous les jours. Non-seulement cette pratique est inolTensive, mais nous connaissons en France une personne qui s'en est on ne peut mieux louée. Quand les cartons sont sortis de l'eau, on les fait sécher dans un appartement abrité, et l'on reconnaît qu'ils ont un degré de siccilé convenable lorsqu'ils sont revenus au poids reconnu avant l'immersion. On les place alors dans des fourreaux de papier, et on les y laisse jusqu'aux approches de l'éclosion. D'' M. (3) Depuis les temps anciens, cette pratique est suivie au Japon. De ces deux bois pourtant, le kiri, — Paulloicnia imperialis, Siebold et Zuccarini, — est regardé comme supérieur au matspu, — Pinus deiisiflora, S. et Z. — et cela avec raison ; d'abord par son extrême légèreté, son absence de toute odeur, son peu de porosité, qui le rend presque imperméable, et ensuite par ÉDUCATION DES VERS A SOIE. 25 § 6. — De l'ôclosion. Ainsi que nous l'avons dit, vingt jours environ avant la germination, sortez vos cartons; suspendez-les dans un en- droit élevé où les rats ne les atteigne pas, mais où l'air circule librem(;'nt. Vous étant ensuite bien rendu compte de la préco- cité ou de la tardivité suivant la température du lieu, ayez soin de changer très-fréquemment le mode de suspension des cartons au moyen de liens placés aux deux extrémités, et voici pourquoi. De même qu'il existe une différence entre la température du plafond et celle du plancher, du premier étage et du rez-de-chaussée, de même le haut du carton ger- merait et éclorait avant le bas sans cette précaution. Or, il est nécessaire d'appliquer la plus grande attention à ce que l'éclo- sion se fasse toute en une seule fois. La graine éclôt toujours aux environs des hatci-hatcrya{l), quelques jours avant ou quelques jours après. Si, aux envi- rons de cette époque, elle était paresseuse, gardez-vous bien de l'exposer au soleil, de la mettre dans le sein, entre les matelas, près du feu, etc., de la réchauffer subitement en un mot. L'éclosion forcée est extrêmement mauvaise. Lorsqu'on son temps et naturellement la graine ayant bien et également germé, vous vous apercevrez que les Vers ont comme une légère apparence de vouloir sortir, décrochez les cartons, mettez-les par cinq ou six à la suite les uns des autres dans une large feuille de papier blanc, pliez-les et portez-les dans l'endroit destiné à l'éclosion. Après ça, cinq ou six fois dans le jour, ouvrez l'enveloppe, donnez de l'air, et, l'ayant refermée, remettez le tout en place. Si, toutefois, le temps était pluvieux, laites un peu de feu son JncliUérence aux variations atniosph('*iiques. Aussi n'était sa cliertc'', le /.'//■/ nithilerait, sous bien des rapports, l'attention de nos industries euro- péennes. D"" M. (1) Qnatrc-viiKji-huit nuits. — Cette époque correspond aux environs de !a fin avril : on 1867, elle est tombée le 2 mai; en 1868, elle tombera le T6 a\ ril. Ces deux dates représentent à peu près les termes les plus éloignés. D"^ M. 26 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIO.N. dans la maison, mais que le bois brûlé soit du matseu ou de a sorte du malseu : les bois verts et les espèces odorantes sont très-mauvais. Ne fumez pas non plus auprès des cartons et ne les passez pas par les mains. Dans les soins que vous aurez à donner aux vers, veillez à vous laver très-fréquemment les mains; faites en sorte aussi qu'avant Féclosion tous les ustensiles aient été bien nettoyés, lavés et sèches. . § 7. — De l'élève à réclosion avec la fleur du Mûrier (1). Quoiqu'il soit de règle d'élever les Yers à soie avec la feuille du Mûrier, cependant que faire lorsque le Ver du printemps éclot et que, suivant les saisons, les provinces ou les localités, les feuilles ne sont pas encore épanouies? Dans ces circon- stances, et malgré tout, il faut donner la Heur du mûrier. Si donc vos Vers viennent à éclore dans ces conditions, après vous être bien lavé les mains, allez cueillir, sans rosée, de la fleur de mûrier, faites-la l)ien sécher, puis écrasez-la dans les mains; coupée linement, passez-la au crible, vannez-la pour enlever la poussière et préparez-en pour chaque carton de Vers deux Slnyô ('2) environ. Gela fait, dans les tables que vous aurez choisies, n'importe quel genre, répandez des balles de riz, puis les A'ers éclos, en ayant soin de bien les égaliser, sur cela enfin la fleur de Mûrier préparée. Retournez alors le carton en éclosion, et, à l'aide de petits coups frappés sur l'envers avec des baguettes minces, faites tomber dans les Kayo les jeunes Vers encore adhérents. Si Féclosion se faisait en deux fois, enlevez les éclos du soir de la même façon que les^ éclos de la quatrième heure du jour. En quelque minime quantité même que soient ceux-là, il ne faut pas attendre au lendemain pour les enlever. Si, en effet, vous veniez à oublier ce principe, toute l'habileté que vous pourriez mettre aies élever ne les préserverait pas d'une (1) Par fleur de Mûrier, il faut entendre les jeunes bourgeons. (2) Le Shiyo = 2 litJ'es environ. / - V EDUCATION DES VERS A SOIE. 27 loule de maladies dans la suite. Élevez donc seulement les éclos du premier jour, donnez-leur convenablement le Mû- rier et veillez le plus attentivement possible à les tenir écartés des huit côtes (1). En ce moment, les Vers doivent tenir un espace de six pieds carrés environ par carton de graines. Employant au début la fleur du Mûrier, faites quatre don- nées par jour et une dans la nuit à la quatrième heure, en tout cinq données; et, si le temps était pluvieux, tâchez qu'elles soient un peu copieuses. Mais, dès que vous pourrez avoir de la feuille, ne perdez pas une minute pour la donner. Après cela, deux ou trois fois par jour, à l'aide de minces baguettes, enlevez les Vers des endroits épais, et, après les avoir disposés bien écartés les uns des autres dans d'autres tables, pratiquez-leur une donnée. Jusqu'au aommeil du Lion, dans la main-d'œuvre intelli- gente et la tenue très-sèche de tout ce qui touche le Ver à soie consiste l'art d'éviter les maladies. Si le temps était pluvieux avec persistance et que vous craigniez que l'humi- dité ne pénétrât jusqu'au ht du Ver, éparpillez sur les jeunes insectes des balles de riz et, de suite après, faites une donnée. Dans les quatorze ou quinze jours qui suivent l'éclosion, il est d'une telle importance d'être attentif à l'état de la tempé- rature, que nous ne savons peut-être pas si les maladies di- verses ne sont pas plutôt du fait de l'inobservance de ce prin- cipe -cjue la maladresse de l'éducateur. Un grand nombre de gens, quand ces maladies surviennent, les regardent avec saisissement comme naissant ex abnipto, tandis que, si la récolte manque, la cause entière en est au début. Souvenez- vous-en bien. En ce qui concerne l'aération, comme dans chaque maison elle peut être diilérente, si votre voisin ferme ses portes, ce n'est pas une raison pour fermer les vôtres ni de les ouvrir s il les ouvre. Seulement, connaissant bien les dispositions de votre habitation, faites des ouvertures de partout pour (1) Expression cliinoise iwiir « de partout ». 28 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. laisser entrer le vent et fermez-les ou les ouvrez suivant vos besoins, après avoir, toutefois, consulté la marche des nuages. Cela est très-essentiel. Que le bois de vos étagères ne soit pas vert, et que les tables, les moushiro et môme les balles de riz soient préparés et bien séchés avant l'éducation. g 8. — I>c relève à l'éclosion avec de la jeune feuille de Mûrier. Quoiqu'il puisse arriver, dans les années oi\ la feuille de Mûrier n'est pas épanouie au moment de l'éclosion prématu- rée des Vers, de nourrir les jeunes insectes avec de la fleur de Mûrier, cependant, comme il est de règle de donner de la feuille dès l'éclosion, il va sans dire que, si vous le pouvez, c'est avec de la feuille seulement que vous ferez votre édu- cation. Au début donc, coupez finement, avec des ciseaux, les jeunes feuilles, dont vous aurez, du reste, enlevé les nervures, passez-les au crible, vannez-les pour enlever la poussière et mesurez-en environ deux Sliiyo pour chaque carton de graines. Après cela, faites un lit de balles de riz (1) dans les tables que vous aurez choisies, n'importe le genre ; sur ce lit, éten- dez convenablement et également les Vers éclos et donnez la feuille préparée. Puis, renversant le carton en éclosion, tenu par deux personnes, frappez sur l'envers de petits coups nvec de minces baguettes et faites tomber les Vers encore adhé- rents. En ce rtioment, les Vers doivent occuper un espace de six pieds carrés environ par carton. En tous cas, quelle que soit la quantité de Vers éclos sur un carton, grande ou petite, peu importe, n'élevez que les éclos du premier jour. Seulement le succès ou l'insuccès de la récolte est tout entier dans les quatorze ou quinze jours du premier âge. Les Vers, en effet, sont-ils tenus trop épais? la (t) Dans beaucoup de localités, on se sert de balles de millet. ÉDUCATION DES VERS A SOIE. i>9 feuille maiique-t-ellc? raération est-elle mauvaise? le travail, en un mot, n'est-il fait qu'à moitié? et, de suite, les Vers dressent leur tète immobile et les maladies de toutes sortes surviennent. Faites bien attention à cela. Comme la température peut varier suivant les provinces ou les localités, rafraîchissez légèrement la chambrée, si la loca- lité est chaude, et réchauffez-la légèrement si la localité est fraîche. De plus, chaque jour, avant de faire les données, ayez bien soin de toujours dégarnir, avec de minces baguettes, les en- droits trop épais, pour en garnir une autre table; cela fait, pratiquez la donnée. Dans les jours pluvieux, allumez du feu dans la maison, et, lorsque l'appartement sera légèrement réchauffé, ouvrez les portes et les fenêtres, pour renouveler l'air, et vous aurez ainsi chassé l'humidité de la pluie. Au troisième jour après l'éclosion, préparez des lits de balles de riz dans des ustensiles parfaitement nets et trans- placez-y les jeanes insectes pour changer la literie. Et si, par exemple, vous pensez d'exécuter ce changement demain avant midi, dès cette nuit, avant de pratiquer la donnée, répandez sur les vers, sans laisser de vides, une petite quantité de balles de riz et là-dessus faites votre donnée. Donnez deux fois dans la nuit, une fois le matin, en tout trois fois. Après cela, au moyen d'un petit balai en plumes, enlevez les Vers en les enroulant, à commencer par un coin de la table, pla- cez-les dans 'ui autre ustensile, et, les étendant des huit côtés, tenez-les très-clair-semés. De l'éclosion au Hommeildu /?^/??Z(5»o?/, pratiquez six données par vingt-quatre heures et changez la literie une fois tous les deux jours. Seulement, en ce qui concerne les maladies des Vers, sa- chez que le froid est grand de la quatrième heure de la nuit à la cinquième heure du matin et un peu après ; faites donc une donnée de nuit pour aider l'insecte à supporter ce refroi- dissement, et, suivant l'état de l'air, allumez un peu de feu. Le Ver du printemps s'élève à la fumée, dit-on, et le Ver 30 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. d'été auvent (1). Malgré cela, rendez-vous bien compte de l'opportunité de faire du feu, car si le feu est un remède, il peut être aussi un poison . Que celui surtout qui ne sait pas cela s'abstienne. De plus, sachez que le feu de charbon, quelque minime qu'il soit, est mauvais. Jugez de la température par vous-même (2), et, au moyen de votre vêtement, rendez-vous compte du froid ou du chaud; mais, en tous cas, ne laissez jamais l'air se vicier. Pendant les dix-huit ou dix-neuf jours qui suivent l'éclo- sion, que l'éducateur ne s'éloigne pas un seul instant de ses Vers ! L'ouvrier habile se rend bien compte de l'exposition de sa maison, fait attention à toutes choses et veille surtout cà l'aération. Parle froid, comme par le chaud, l'air renfermé est un des plus forts poisons. Ne le perdez pas de vue. § 9. — De la venue des Vers à soie. A partir du moment où la grande abondance fait paraître noirs les jeunes Vers, ne vous contentez pas des méthodes de répartition indiquées plus haut. Car c'est de cette épaisseur, qui les fait paraître noirs comme le cul d'une marmite, que date leur inégalité. Il en est de môme des plantes ; si vous les espacez suftîsamment, elles poussent et grossissent avec facihté et promptitude; mais, si vous les mettez les unes sur les autres, elles restent grêles, de mauvaise venue et tardives. Quand la main-d'œuvre est mauvaise, il en est de même de la venue. L'ouvrier maladroit donne la nourriture sans dis- cernement. Faut-il donner deux fois par jour? faut-il donner trois fois environ? peu lui importe. Par ce travail aussi mau- vais que peu intelligent, les maladies de toutes sortes se dé- clarent et l'inégalité des Vers est complète. Apprenez en con- (1) Par Ter du jifintcmps, harouçjo, il faut cnteiidro le Ver annuel, et, par IVr d'été., Patsoiigo, le Ver bivoltin. Les Japonais n'élèvent pas le irivollin. D-" M. ' (2) Depuis quelques années, l'usage du thermomètre tend à se répandre. ^EDUCATION DES VERS A SOIE. 31 séquence les bonnes méthodes d'éducation, suivoz-en les principes, et le succès dans la récolte ne sera pas à mettre en doute. Dés sa naissance, le Ver à soie a besoin des soins les plus éclairés et dilTére en cela des autres insectes actuels : il aime peu à changer de lui-même la place qui lui est assignée. S'il a du Mûrier devant lui, il mange, sinon il jeûne. Quelque clair-semés donc que soient les Vers, il faut leur donner du Mûrier tout à fait en grande abondance, sans laisser de places vides, de façon qu'ils ne soient pas exposés à une mau- vaise alimentation en allant de ci ou de là chercher leur nour- riture. Quand les Vers sont épais qu'arrive-t-il? Le Ver robuste monte sur le faible pour manger et celui-ci, alTaissé, ne peut plus satisfaire son appétit. Les choses (''tant ainsi, et le Ver de dessus ayant lini de manger la feuille complètement et peu à peu changé de place, le Ver de dessous a beau chercher, celui de dessus ayant déjà tout mangé, il ne trouve que des restes; toute la feuille qu'il rencontre est flétrie, et, pour ceci ou pour cela, le temps se passant, il lui est impossible de man- ger.. Par la faim, toute sortes de maladies peuvent surgir dans la suite, mais surtout la plus grande inégahté. Prenez ceci en considération. 'Dans l'éducation du Ver à soie, tout dépend, dit-on, de la bonne ou de la mauvaise chance de l'éducateur : qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de chance, tout dépend certainement de son adresse ou de son inhabileté. • * •. Les années et les saisons peuvent aussi être des causes de réussite ou d'insuccès; mais, en ceci encore, suivant les édu- cateurs, il y aura des différences dans les résultats. Quel cpie soit, en un mot, le nombre de chanceux que vous réunissiez, suivant que le travail sera bon ou mauvais, vous aurez une bonne ou une mauvaise récolte. 11 en est de même pour les autres productions de la terre. Dans les bonnes années et malgré la beauté des récoltes qui vous entourent, la venue de la vôtre sera bonne ou mauvaise suivant votre bon ou votre mauvais travail. Dans les mauvaises •Vi 32 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. années et mali^ré l'état précaire des récolles voisines, la venue de la vôtre déjjcndra de la qualité de la rnain-d'ajuvre. Les circonstances atmosphériques étant égales, d'ailleurs, il est évident que toutes les différences proviendront de la nature du travail. L'homme qui ne s'est pas posé ces raisonnements va, sans réflexion, prier les Kami et les idoles ; il accuse sans raison ses cartons; comptant même les richesses du voisin, il le ja- louse. C'est là une grande faute. Les lùnni et les idoles, accé- dant à ses vœux, le protégeraient-ils, que, par son inaptitude, il ne lui serait pas possible d'avoir une bonne récolte. On l'entendrait alors blasphémer de colère : «Ya-t-il encore dans ce siècle desKfmri et des idoles pour être ainsi repoussé d'eux et accablé de toutes sortes de malheurs ! » Par bêtise, ne pouvant se replier sur lui-même, il abominerait ce qu'à l'in- stant même il adorait! C'est certainement un étrange abus. Interrogez, cependant, un homme expérimenté; il vous mon- trera clairement qu'avec de l'intelligence, on peut avoir une bonne récolte lorsque de partout, et quelle que soit l'année, il n'y a que désastres. Tous les insectes aimant la chaleur, si la température s'élève, on les voit en masse rechercher les endroits chauds. 11 en est de même du Ver à soie. Ici, cependant, il faut de l'art dans la chaleur. L'air est-il humide, il faut le sécher; est-il renfermé, il faut le renouveler. L'air renfermé et brûlé par le feu est un poison des plus forts. Faites-y bien attention. Quoi qu'il en soit, enfin, surveillez l'aération de manière à être content de vous-même. L'élève des Vers à soie est semblal^le à l'élève des enfants par leurs parents. Si l'enfant a du lait en abondance, sa santé devient puissante et son développement facile ; si le lait manque, les forces déclinent et le développement s'arrête. Semblablemenl, si vous donnez au Ver à soie beaucoup de mûrier et des soins assidus, vous relèverez aisément; mais que la feuille ne soit pas sufiisante, et l'accroissement devien- dra impossible. ïiélléchissez beaucoup sur ces comparaisons ; donnez du ÉDUCATION DES VERS A SOIE. 33 Mûrier en abondance et que le travail ne soit parcimonieux en aucune façon. Depuis le commencement, 1<;' Ver à soie existe aussi dans les pays étrangers où la différence du sol n'est pas trop gTande. Mais, dans quel pays que ce soit, en tenant bien compte de l'exposition des maisons pour l'aération, en veil- lant surtout à ce que i'air ne reste pas enfermé et en donnant la nourriture sans paresse et avec intelligence, nous affir- mons que l'on peut avoir une bonne récolte. § 10. — De la nécessitt? de tenir les Vers clair-semés aux premiers âges. L'éducateur qui élève trop de Vers est semblable à celui qui, dans une mesure d'un sldyo, mettant juste un fihhjo d'eau irait se promener en le portant {\ la main ; il risquerait fort d'en perdre. L'éducateur qui tient ses Vers trop épais est semblable à celui qui, dans un lan (1) de terre où l'on peut semer deux to (2) de graines, en sèmerait cinq ou six. Tous les deux ont une mauvaise récolte. Réfléchissant sur ces comparaisons, tenez compte de la grandeur et de l'exposition de votre maison ; prenez juste le nombre de bras nécessaire et quelque peu que vous éleviez de Vers, donnez-leur du Mûrier en grande quantité et tenez les Vers très-clair-sernés. De cette façon, nous pouvons vous affirmer qu'une bonne récolte n'est pas k mettre en doute. DEUXIÈME PARTIE. § H. — Strophes. Que les Vers éclos aujourd'hui soient aujourd'hui enlevés du carton : les laisser jusqu'à demain, c'est les exposer aux maladies. Ne sois avare ni de travail, ni de mousldro : tiens les Vers (1) Un tan = 992 mètres carrés environ. . ,. . •., (2) Un to = 10 shiyo = 20 litres environ.. 2'' SÉRIE, T. V.— Janvier 1868. 3 34 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. très-clair-semés et n'oublie pas la donnée de nuit, pour leur faire supporter le froid. Si ton voisin change la literie une fois, change-la deux fois ; s'il donne du Mûrier trois fois, fais quatre données. Lorsque l'air respirable subira des changements de froid ou de chaud, ne îe laisse pas renfermé pour cela; au moyen du Mûrier fais sujjporter ces changements. Pendant les sommeils, ne laisse pas les Vers la bouche vide; le mûrier en petite quantité (1) est le poison des poi- sons. Quant au vent, veille seulement à ce qu'il ne reste pas enfermé : jour et nuit fais-y attention et ouvre les ouver- tures. Dès le début, tiens les Vers rares et le Mûrier en petite quantité (*2). Que l'air ne se vicie pas et que la literie soit changée fréquemment. Dans les jours froids, donne encore du Mûrier en petite quantité mais très-souvent, et prends bien garde que, même pendant la nuit, Fair ne vienne pas à se vicier. Élève le Ver du printemps à la fumée, mais non au feu, et fais supporter le froid comme le chaud au moyen du Mûrier. Puisque le Ver respire comme l'homme, fais entrer l'air dans de justes proportions et sans le laisser se vicier. Que les strophes ci-dessus soient chantées trois fois par jour en travaillant à l'éducation. ^'if' § 12. — Da sommeil du Lion. Dès que vous vous apercevrez que les Vers vont dormir du sommeil du Lio)2, changez-les promptement de literie. Cela fait, donnez pendant un seul jour du Mûrier huit ou neuf fois — suivant les localités, ces données portent le nom de sémè-kouva (3) et de fouri-kouva {h). — En pratiquant les (1) c'est-à-dire ravemenl. , ,, i;< -/; (2) Mais très-fréquemmeiil. (3) Semé, embarras; kouva, mûrier; mûrier embarrassaul. (Zl) Fouri, tomber ; kouva, mûrier ; mûrier tombant comme la piuie. ÉDUCATION DES VERS A SOIE. 35 huit OU neuf données ci-dessus, le Ver demeure et dort sous la feuille sans en manger la moindre partie et la feuille reste en excès. Cela importe fort peu; quelle que soit la quantité de feuille laissée, donnez le sémé-kouva, donnez le foiiri-kouva. Il serait même bon, en quelque sorte, -de ne jamais cesser ce sémé-kouva et de donner, en tous cas, de l'éclosion à la con- fection du cocon, du Mûrier en telle abondance que les Vers ne pussent jamais tout le manger. Car, à coup sûr, la récolte serait mauvaise si les feuilles venaient à être en manque. Dans le courant du sémé-kouva , les Vers dont le sommeil a été précoce sortent après s'être dépouillés de leur peau extérieure ; — cela s'appelle changer de soie. — Or, lorsque vous verrez venir sur les couches de Mûrier les plus supé- rieures les Vers ayant ainsi changé de soie, cessez le sémé- kouva. Car, si vous agissez différemment, et que, dans l'in- tention d'égaliser vos élèves, vous continuiez à tort de donner le fouri-kouva pour attendre les retardataires, les premiers sortis mangeraient bien deux ou trois fois du fouri-kouva., mais lorsque, forcément, les repas seraient interrompus à cause des jeunes Vers, ils auraient beaucoup à souftYir. De là pourraient dater des maladies diverses ; prenez-y bien garde. En ce moment, suivant les provinces ou les localités, on emploie des filets dont les mailles sont progressivement pro- portionnées à la grandeur des insectes. Dans ce cas, environ vers le milieu du sommeil, on répand des balles de riz sur les Vers, puis on étend le filet et tout de suite on fait une donnée de mûrier. Les Vers qui ont terminé leur sommeil restent sous le filet la bouche close; mais les jeunes, qui n'ont pas encore dormi, passent à travers les mailles et viennent sur la feuille. Saisissant alors le filet par les quatre coins, on le transporte dans une autre table, et, pour faire dormir les Vers, on leur donne le sémé-kouva. De plus, on fait en sorte de hâter un peu la sortie. Vers le milieu de la sortie, il est pressant de donner fré- quemment. Au quatrième sommeil même il ne faut pas laisser les Vers la bouche vide : laisser les Vers la bouche vide est un des plus grands poisons. 36 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Dans les endroits où l'on ne se sert pas de filets, lorsqu'au moment du sémé-kouva l'on voit les Vers précoces se lever et changer de soie, ainsi que nous l'avons dit plus haut, on suspend le scmé-kouva : puis, à l'aide de brins de paille ou de toute autre chose analogue, placés en quatre ou cinq en- droits sur les tables, on fait des marques. Saisissant alors avec de minces bâtonnets les jeunes Vers qui n'ont pas encore dormi, on les transplace dans d'autres tables où tout de suite on leur prodigue le sémé-kouvo.. On fait en sorte enfin de presser un peu le sommeil pour leur permettre d'atteindre les hâtifs. Cela est de la plus grande importance dans l'art de l'éduca- teur. Si, en elfet, du sommeil du Lion, qu'on appelle aussi premier sommeil ou premier air, au sommeil du Bambou, appelé aussi second sommeil ou second air, et au sommeil du Bateau, soit à l'aide du filet dont nous avons parlé plus haut, soit à l'aide de la sélection, d'après les marques faites sur les tables avec des brins de paille, vous arrivez au sommeil de la Cour avec une parfaite égalité de tous vos élèves, vous aurez employé une excellente méthode qui vous évitera beau- coup de peines. En tenant toujours les Vers clair-semés et en leur donnant, du Mûrier en grande abondance, si le travail est bien conduit, les cocons seront très-gros, très-chargés de soie et le brin d'une grande résistance. Mais, si on les tient épais, le Ver comme le cocon restera grêle, la soie peu abondante, le brin fin mais doué de peu d'élasticité. Tout cela est d'une grande importance pour les intérêts de l'éducateur. • , ,^ § 13. — De l'anlipatliie du A cr à soie pour les grands vents. Quoique chaque pays et chaque localité ait sa façon diffé- rente d'ustensiles pour les Vers, employez vous-même ce que précisément vous trouvez bon suivant l'exposition de votre maison et d'après la température de votre contrée. De plus, si votre maison était en chaume, ouvrez la grande fenêtre du fronton et régularisez l'aération au moyen des portes : c'est une chose très-essentielle. ÉDUCATION DES VERS A SOIE. 37 Depuis le commencement, on sait que le grand vent est un poison pernicieux pour les Vers à soie et qu'on les voit fuir dès qu'ils en sont atteints directement. Malgré cela, comme un poison peut devenir remède, ainsi qu'on le dit proverbiale- ment, il faut toujours en laisser entrer une petite quantité, juste assez pour que l'air soit constamment renouvelé. C'est surtout aux premiers âges que l'atteinte directe du vent est mauvaise pour les Vers. Cependant, en prenant le vent de loin et en le conduisant par des détours, on évitera cette atteinte directe ; de plus, en ayant soin de le renou- veler suivant la marche des nuages, l'aération sera parfaite. § 1/|. — De raération. - L'art de l'aération consiste principalement à laisser tou- jours le vent entrer dans l'intérieur de la maison en petite quantité et de manière qu'il ne puisse pas se vicier. Le vent étant ainsi introduit, avec juste modération, il faut veiller seulement à ce que l'aération ne soit pas d'un froid con- tinu. Mais si, par un temps de pluie, de vent et de froid quelque grand qu'il fût, pensant bien faire, vous veniez à fermer portes et fenêtres et à faire du feu dans la chambre des Vers ; si, ignorant que l'air peut se corrompre, vous ne permettiez pas au moindre peu de vent de pénétrer, la viciation aurait bien vite lieu et après cela des maladies de toutes sortes. Quelque rigoureuse donc que soit la température, laissez le vent pénétrer modérément et que l'aération ne soit pas d'un froid continu. De plus, au moyen de données abondantes, ai- dez-le Ver à la supporter. Dans les maisons qui n'ont pas de fenêtres au fronton ou sur le toit, c'est en ouvrant et en fermant les portes qu'on peut diriger l'aération. Si le vent souffle du midi et que la température devienne chaude, ouvrez et fermez les portes et les fenêtres ; mais si, à votre idée, la chaleur était trop forte, faites des ouvertures d'un, de deux, de trois cùtés, et, quelle que soit la quantité d'air qui rentre, veillez seulement à ce 38 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. qu'il ne se corrompe pas. De plus, au moyen de n'importe quel nombre de données, aidez les Vers à supporter la cha- leur. En définitive, les Vers à soie éclosent toujours, quelles que soient les années., aux environs des hatel-djiou-hatei-ya ; comme à cette époque il y a encore de la neige sur les hautes montagnes, la détermination réelle du froid ou du chaud ne pouvant pas être fixée, il est bon de diriger l'aération par le travail des mains et suivant l'exposition des maisons, et de veiller surtout à la non-corruption de l'air. De plus, à l'époque de la confection du cocon, c'est-à-dire aux environs du milieu du cinquième mois, il est d'usage de porter le vêtement sans doublure (1). En conséquence, parle froid comme par le chaud, donnez beaucoup de Mûrier aux Vers, et au moyen de la feuille faites-leur supporter les varia- tions de la température. Gomme l'aération enfin est différente, suivant l'exposition des maisons, si votre voisin ou^Te ses portes, gardez-vous bien de faire aveuglément comme lui. Mais réfléchissez aux dispositions de votre habitation et, tout en faisant un peu de feu, tâchez qtie l'air ne vienne pas à se corrompre. § 1 5. — Des soins au sommeil du Bambou. De Téclosion à la confection du cocon, on aura soin de changer la literie tous les deux jours; il ne faut pas attendre trois jours. De plus, du sommeil du Bambou au sommeil du Bateau y on donnera sans faute le Mûrier quatre fois le jour et une fois la nuit, en tout cinq fois. Cela étant, par des données copieuses le plus possible, on tachera de hâter un peu les Vers. Cela dit, au sommeil du Bambou, donnez aussi le sémé- 'koiiva, et, lorsque vous verrez les Vers se lever après avoir changé de soie, cessez-le, ainsi que nous l' avons dit ci-avant. Placez enfin les filets et égalisez vos élèves. (1) Japonisme, pour indiquer la venue de la chàleUr. ,■'•'- ÉDUCATION DES VERS A SOIE, 39 Dans les pays où le filel n'est pas en usage, on place, comme nous l'avons dit plus haut, des marques en tiges de paille sur les tables et l'on enlève les plus jeunes Vers. Seule- ment, par quel njDmbre que ce soit de données de sémé-kouva, on tâche de leur faire atteindre les précoces. De plus, quand ces derniers, après avoir changé de soie, arrivent environ à la moitié de leur sortie, de suite il faut leur faire les données régulières de Mûrier. Si l'on venait, en etfet, à interrompre subitement la nourriture des Vers qui ont dormi, ils en souf- friraient extrêmement. Dans ce cas, on devrait d'abord choi- sir les faibles et les mouillés et pratiquer aux Vers restant une donnée le plus tôt possible. En un mot, jusqu'au quatrième sommeil, il n'est pas de poison plus grand que de laisser les Vers la bouche vide. Qu'on y fasse bien attention. § 16. — De l'opportunité du feiu On a vu des gens jeter sans raison dans la rivière ou en- terrer dans la montagne leurs Vers à soie qui, ayant très- souffert du froid de l'éclosion au sommeil de la Cour, étaient atteints de maladies diverses. N'est-ce pas vraiment là une chose extrêmement pitoyable? Il est bon de savoir à ce propos que de la quatrième heure de la nuit à la cinquième heure du matin le froid étant à sa plus grande intensité, c'est à ce moment que les maladies prennent naissance. Aussi à quel instant que vous trouviez le tenq3S froid, faites un peu de feu avec du bois de matseu (1) ou de l'espèce du matseu, àe manière seulement à ne réchauf- fer que juste ce qu'il faut, ouvrez la fenêtre du toit, renou- velez l'air pour qu'il ne se vicie pas, et de suite faites une donnée. Si, toutefois, vous n'aviez pas de fenêtre au toit, di- rigez l'aération au moyen des portes, mais de façon à ne pas laisser l'atmosphère se corrompre. ; '• • Il est évident que l'opportunité de faire du feu dépend de l'intensité du froid. Si jour et nuit le temps est froid, jour et (1) Pin. -. ;/_.\ ...- ■...,, .: .;,.!. : \ :. : . ::.'. ■.::../■ hO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. nuit aussi il faut faire un peu de feu et avoir soin d'aérer comme de donner aussitôt après du mûrier. Quant à l'endroit où l'on doit faire le feu, il le faut à huit ou neuf pieds environ éloigné des Vers et séparé d'eux, soit par des paravents, soit par des draps, soit môme par des moushiro. Dans ces conditions, on peut faire du feu sans craindre que la chaleur n'atteigne directement les Vers. Aux premiers âges, cependant, la différence étant très- grande, les plus minutieuses précautions doivent être prises. Que la chaleur soit modérée et l'air surtout renouvelé. Par le froid comme par le chaud, l'air renfermé et brûlé est le premier de tous les poisons. Il faut, en résumé, que l'aération soit dirigée de façon à éviter cet écueil ; que le Mûrier soit donné en grande abondance, que la literie soit changée fré- quemm.ent; que les vers puissent toujours demeurer au mi- lieu de la feuille fraîche, et, dans ces conditions, nous pou- vons garantir une heureuse récolte. § 17. — Des soins au sommeil du Bateau. Dès que vous verrez les Vers prêts à s'endormir du sommeil du Bateau, vous ferez comme pour les autres sommeils, et puis vous donnerez le Mûrier habituel. ? Du sommeil du Bateau au sommeil de la Cour, le mûrier sera donné quatre fois par jour. Quelque grande que soit la (juantité de feuille restant, cela importe peu. Ne craignez pas (l'en donner en pleine abondance. Avec cela, n'oubliez pas que, depuis le commencement, vous devez tenir les Vers rares, les aérer, et surtout veiller à la non corruption de l'air. § 18. — De ropportunité du cliangomcnl de literie. De l'éclosion à la confection du cocon, on devra changer la literie tous les deux jours et ne jamais attendre trois jours. On profitera de cette opération pour mettre au milieu les Vers des bords des tables et aux bords les Vers du milieu, et cela parce que, quoique légère, il y a toujours une diflérence dans l'aération du milieu et des bords des tables. De plus, on ■' " • ÉDUCATION DES VERS A SOIE. /il mettra en bas les tables du baut et en haut les tables du bas, parce que, là encore, il y a une différence dans l'aération. L'avantage de ce cbangement est de faciliter l'égalisation des Vers- Si donc, par suite de l'anomalie de l'aération, vos Vers venaient à se trouver dans l'impossibilité de dormir en- semble, n'ayez rien de plus pressé que de les cbanger do literie et de les mettre dans des tables parfaitement sèches. ' Il y a des gens qui, par rapport aux sommeils ou à autre chose, n'opèrent pas, et cela maladroitement, ces change- ments. C'est une grande faute, car la moindre maladresse entraîne l'insuccès; et s'ils pouvaient là-dessus avoir le moindre doute, une suite de denx ou trois années se charge- rait de les édifier. § 19. — Du froid. Quoiqu'on dise que la récolte est mauvaise sans exception lorsque par des pluies continues et des froids progressifs dans tout l'empire, les Vers éprouvent une grande souffrance, nous ne craignons pas, nous, d'affirmer que la récolte sera bonne, malgré ces circonstances, si l'on veille à une bonne aération et par dessus tout à la non-corruption de l'air, si l'on pra- tique des données très-abondantes, si enfin le travail est in- telligent et sans relâche. En faisant du feu dans divers endroits de l'intérieur de la maison pour chasser l'humidité ; en ouvrant et en fermant les portes et les fenêtres pour empêcher l'air de se vicier; en distribuant l'aération dans tous les coins oîi il y a des Vers- de plus, en faisant supporter le froid au moyen de deux, trois données supplémentaires par jour; en changeant enfin tous les jours la literie, quelque froid que puisse être le temps, nous garantissons une bonne récolte. § 20. — Des soins au sommeil de la Cour. Avant le sommeil de la Cour, les Vers grossissent progres- sivement; il faut donc, suivant ces progrès, leur donner du Mûrier en abondance, de façon même à ce qu'ils puissent demeurer en quelque sorte au milieu de la feuille fraîche. ll'l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Comme il n'y a plus de sommeil après celui de la Cour, il n'est plus nécessaire d'employer les filets ni autre chose. Vers le milieu de la sortie seulement, on donnera en hâte la feuille ordinaire, car, même au quatrième sommeil, il n'est pas de plus grand poison pour les Vers que de les laisser la bouche vide. '^^ A partir de cette époque, il faut choisir la feuille extra- belle, et, au moyen de données copieuses, aider les Vers à supporter la chaleur, veiller toujours à ce que l'air ne se vicie pas, que l'aération soit bien ordonnée en consultant la direction des nuages, et que les rayons du soleil couchant ne puissent pas pénétrer. § 21. — De la chaleur. Il est des années où la chaleur est très-grande : donnez alors beaucoup de Mûrier, parce que le cocon se fera beau- coup plus vite que vous ne pensez. Ainsi, quelle que soit la quantité de feuille qui reste, cela importe peu. Donnez, don- nez souvent; c'est par la feuille que les Vers supporteront la chaleur, et certainement si la feuille venait à n'être pas suffi- sante, la récolte serait mauvaise. Dansées années donc, avec une bonne aération, le renou- vellement de l'air respirable, le changement de literie à cha- que donnée, quelque nombreuses qu'elles soient, avec, enfm, l'abondance de la feuille, vos Vers seront à même de suppor- ter la chaleur et, à coup sûr, vous aurez une bonne récolte. § 22. — Des maladies des Vers. De l'éclosion au sommeil du Lion, on voit quelquefois de l'eau blanche sortir des Vers ; on voit aussi quelquefois une grande quantité de Vers qui ne peuvent pas dormir. Gela vient de ce (pie, après avoir souffert du froid, on les a ré- chauffés outre mesure. D'autres fois, du sommeil dit Bam,bou au sommeil du Ba- teau, les Vers cessent de manger sans motif connu. Sachez que cette maladie est causée par la tenue trop épaisse des ÉDUCATION DES VERS A SOIE. 43 Vers qui alors n'ont pas de la feuille en quantité suffisante. Sachez aussi que si d'ancune façon les Vers ne parviennent à dormir, cela tient à une mauvaise distribution du froid et du chaud. On voit souvent aussi la moisissure s'emparer de la literie. Du sommeil du Bateau à la confection du cocon, on voit des fois les Vers devenir rouges, se racornir et cesser déman- ger ; le Mûrier en quantité insuffisante et le non-renouvelle- ment de l'air en sont seuls la cause. C'est aussi à ce dernier motif qu'il faut attribuer la maladie qui fait chercher aux Vers en foule les bords des tables. Quelquefois la santé générale des Vers s'affaiblit tout d'uïi coup ; sachez que cela vient seulement de l'insuffisance de la feuille, par suite de leur tenue trop épaisse. D'autres fois, à l'épocpie de l'éclosion, la majeure partie des Vers sont mouillés, et cela parce qu'à l'éclosion on a attendu deux ou trois jours de les enlever du carton et que, cpoique les éclos du jour soient robustes, les éclos des jours précédents peuvent être exposés à toutes sortes de maladies et le plus fréquemment à X humidité. Jl est donc nécessaire de faire at- tention à cela. Sachez encore que les Vers qui ont maingé trop long- temps de la fleur de Mûrier (1) deviennent mauvais au som- meil de la Cour. Aux environs du sommeil de la Cour, oïi voit des fois la tête des Vers grossir et devenir de la couleur du verre ; cela est dû à la viciation de l'air et surtout à l'insuffisance de la feuille. Dans les maisons où les murs (en boue) sont récents, il faut avoir soin de chasser l'humidité en faisant souvent un ,peu de feu de manière pourtant que l'air ne se brûle pas (2). En dehors de cela, quoique les autres maladies des Vers soient très-nombreuses, sachez cpi'eUes dépendent toutes, soit du défaut de soins aux premiers âges, soit des mauvais .procédés de données, soit enfin des vices de l'aération. (1) iSonrgeons non épanouis. (2^ Et cela avant de faire l'éducation, et comme préservatif de maladies ultérieures. llll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Reste le choix des graines, et, comme il y en a de mau- vaises, il est important de bien s'édifier sur leur origine. Dans tous les cas, ne soyez pas avare dansoette dépense, et, quelque grand que doive être le prix, choisissez une matière irrépro- chable ; car il faut toujours avoir présent à l'esprit que l'in- succès de la fin est presque toujours dans les débuts. § 23. — De la qualilo de la graine. Depuis l'ancien temps, il n'est pas possible de reconnaître réellement à la vue si la graine est bonne ou mauvaise ; et un homme sur dix mille même ne saurait en être capable. Il ne reste donc plus, quoi qu'on fasse, qu'à courber la tête. Une chose, cependant, pourrait servir d'indice, c'est le prix, parce que, comme dans tout objet de commerce, le bon est cher et le mauvais bon marché. Si donc vous avez le désir de choisir de la bonne graine, ne regardez pas au prix, quelque élevé qu'il soit; prenez la graine la plus chère, et, en agissant sans con- naître vos intentions, vous n'aurez à craindre aucune trom- perie. Par ce moyen, personne ne doit plus conserver d'hésita- tions dans le choix de sa graine. Que si, pourtant, il restait quelqu'un d'indécis, que celui-là encore, ne se laissant pas arrêter par les hauts prix, choisisse les cartons les plus chers, et par une expérience de quatre ou cinq ans, il acquerra la conviction que les pleurs de la fin ont leur cause réelle au début. § 2Z[. — Procédés divers à la montée suivant les localilés. Quand le Ver va procéder à la confection du cocon, on dit dans le Midi qu'il va se 7nettre dedans et dans le centre qu'il va faire son nid. Dans le pays de Shinano (1), on choisit et l'on met de côté les Vers qui sont sur le point de faire leur cocon, puis on les place dans des kago qu'on a eu soin au préalable de garnir (i) Shin sJu'uu. ÉDUCATION DES VERS A SOIE. ^5 des petites branches du bois qui a servi au chauffaoe r<,u s'appelle r«/o//2 (1). ^ • '--(-la Dans le pays de 0 shiou, on relève les bords des mou.hiro de deux pouces environ, puis, appuyant sur les quatre andes deux bambous en croix, on les fait rentrer de force et on les assujettit avec des liens. Dans les quatre espaces vides on place des espèces de pyramides à trois pans, faites avec quatre ou cinq brins de paille, et c'est là que les Vers montent pour laire leur nid. Gela s'appelle Ebira. Dans les localités du centre (2), on attache trois cordes au premier étage et on les laisse pendre de deux côtés opposé, (jusqu au rez-de-chaussée) ; à ces cordes on lie des bambous et sur ces espèces d'étagères on étend des .eu; c'est sur ces ■^cn que les Vers sont élevés et c'est là aussi qu'on place le. ivaradzeuto (3) pour le coconnage. Dans le Kouanto {h), enfin, ''on place dans les kagn le. petites branches du bois qu'on a emplové pour le chauffaoe' et cela porte le nom de maboushi (5). " ' En somme, quoique suivant les provinces et les localités les ustensiles pour l'éducation des Vers à soie soient différents' n employez de préférence que les procédés les plus convena- bles de votre province ou de votre localité. Avec cela que la distribution de la nourriture, du travail, de l'aération, soit surveillée attentivement, n'importe lepavs? Que l'éducation enbn soit conduite sans la moindre négligence ! (1) Expression intiaduisible. (2) Les départements du centre sont : Nagato, Seuhô, Aki, Mimasaka Harnna, P.ingo, Bitciou et Bizen. ' (3) Faisceaux de paille altach,^s aux deux extrémités et fortement ouverts au milieu, ressemblant assez à de petits barils Kiîi,l'wr''"i '"f'""' ^'' ^l'^P^^^^^ents de : A^a, Kadreuza, Shimôza. Kolseuke (Dgio sliiou), Shimotseuké, Hitatci, Mousaslii et Sagami sonuio^'' '»;''^«"'^/-- sont de petits triangles faits de paiile de riz, dont les sonim s sont réunis les uns aux autres par un faisceau de paille et espacés IL^ . '"^""^''^■*^^- "^ '^«"^ *-'" "s«g"^ ^l«"-^ le pays de 0 shiou et les kira n -, n "'"■ ■' '"''"'■' ^"'' ^ ^^^"^^ clelacomposiiion de son livre, piocliaine édition, qu'où m'affirme être chez le graveur, iv \i. /j(j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. § 25. — Postface, L'éducation des Vers à soie n'est pas une chose des temps actuels ; elle s'est perpétuée d'âge en âge depuis le siècle des Kami. Or, quoique ce soit toujours regardé comme une chose merveilleuse et vénérée, les éducateurs de notre époque, soit par fohe, soit par insouciance, négligeant la tradition, en sont arrivés à ne plus avoir absolument en vue que la possession de l'argent; méprisant les moyens, ils n'appliquent toutes leurs forces qu'à la fin. C'est là une des plus grandes fautes possibles, et nous les supplions de travailler aux moyens s'ils tiennent à avoir la fin. Si, par exemple, même chez les plus sages des hommes, le manque d'une des trois choses suivantes venait à avoir lieu, vêtements, nourriture ou habitation, pourrait-on concevoir une existence semblable? De même, comme il est prouvé dès l'origine, que les trois choses suivantes, l'aération, la nourri- ture, la main-d'œuvre, sont nécessaires pour l'élève des Vers à soie, que l'une de ces trois choses vienne à manquer et la ré- colte sera perdue ! Que la moindre paresse ne soit donc jamais dans vos édu- cations, ni pour la nourriture, ni pour la main-d'œuvre, ni pour l'aération ! Rendez-vous bien compte de l'exposition de votre maison et que vos soins soient sans relâche ! En conséquence de ce qui précède, nous , Shimidzeu Kin- zayémon de Ouhéda Shiliodgiri en Shin Shiou, extrêmement peu doué d'habileté, mais bien convaincu du bénéfice qu'on peut retirer des Vers à soie, nous sommes décidé à écrire ce livre pour que, malgré les défauts du style, les femmes et les jeunes garçons pussent facilement en apprendre les principes. Que si, après en avoir pris connaissance, les éducateurs y trouvent de bonnes choses, ils en fassent leur profit; que si, au contraire, ils connaissent eux-mêmes des principes supé- rieurs à ceux que nous avons exposés, ils veuillent nous les enseigner, nous les en supphons! ÉDUCATION DES VERS A SOIE. 47 P. S. — Nous venions de terminer les annotations de ce travail, lorsque, par le plus grand des hasards, il nous a été donné de lier connaissance avec Shimidzeu , descendu à Yoko-Hama pour apporter quelques cartons de graine bivol- tine. Dans les longues conversations que nous avons eues, il nous a paru prendre l'intérêt le plus vif à la situation désas- treuse de nos pays séricicoles forcés de s'approvisionner aussi loin d'une semence non-pestiférée. Il n'a pas hésité, surtout, à nous confirmer dans les idées que nous avions soumises à la Société d'acclimatation à propos de la culture des Mûriers, et principalement des méthodes d'éducation, si généralement suivies en France et si éloignées des méthodes naturelles consignées dans le texte que nous avions encore sous les yeux. Pour Shimidzeu, la maladie disparaîtra en Europe comme ailleurs, si l'on veut bien suivre les conseils tracés dans son livre, traiter les Mûriers et les feuilles avec un peu plus de dé- licatesse, et choisir surtout une graine chère; c'est son mot pour dire supérieure. Cette consolante assurance de la part d'un homme aussi pratique nous récompensera au-delà de nos vœux, si, comme nous l'espérons, le succès vient la ius- tifier. ^ D' P. MOURIER. •I ÉTUDES SUR L'INTRODUCTION DE LEUCALYPTUS GLOIWLUS DANS LE DÉPARTEMENT DES BOUCHES-DU- niIÛNE ET LES PRODUITS CHIMIQL'ES ET IISDlSTP.lliLS QU'ON PEUT OBTENIR DE SES FEUILLES, " Par M. le «ïoeteor Atlrien SICARD. Les semis des graines de X Eucalijptus g1obuh(s, que la So- ciéLé impériale d'acclimalation avait envoyés à Marseille il y a quelques années, ont parfaitement réussi, surtout chez nos collègues MM. Rambaud, cà la Ciotat, Georges Borelli et Hesse , à Sainte-Marguerite , Baulieu (de Marseille) ; chez ce dernier, l'un de ces arbres av;ût atteint, au bout de trois ans, l)lus de 0 mètres de hauteur, .. - - \] Eucalyptus globulus, dans sa jeunesse, a la tige quadran- gulaire ; elle s'arrondit en grossissant. Nous devons faire ob- server aux personnes qui voudront propager cet arbre dans le département des Bouches-du-Rhone, qu'on doit avoir le soin de ne le livrer à la pleine terre qu'au milieu de la deuxième année de semis, alors que la tige qui était qua(h\an- gulaire commence à s'arrondir dans le bas. Faute de prendre la i)récaulion sus-indiquée, les arbres périssent parce qu'ils sont très-impressionnables au froid ; il n'en est })as de même lorsqu'ils sont devenus ligneux et que la tige s'est arrondie, témoin le beau sujet qu'on trouve chez M. Hesse, dans sa propriété située au quartier de Sainte-Mar- guerite, banlieue de Marseille. L'arbre dont nous nous entretenons a été semé en vase et a passé son premier hiver dans la serre de notre honorable col- lègue; livré à la pleine terre, où il a })assé deux étés et un liiver, la croissance a été de 2 à 3 mètres par année. Son tronc, d'un vert glauque, a 25 centimètres de circonférence au ras du sol et 18 ccniiniètres à un mètre de hauteur. Malgré les vents impétueux, la llèche de cet arlu'c n'a pa dévié de la ligne droite, grâce à une forte bigue à la({uelle on s INTRODUCTION DE l'EUCALYPTUS GLOBULUS , ETC. 49 l'avait aKachû. Le port de cet Eucalyptus est magnifique, et l'odeur qu'exhalent ses feuilles embaume l'air. Nous avons pensé qu'il serait utile d'étudier les produits chimiques et industriels qu'on peut retirer des feuilles d'un arbre qui promet d'enrichir notre sol et de s'y propager ; ce sont ces études que nous allons soumettre à la bienveillante attention de la Société impériale d'acclimatation. Les produits que nous avons obtenus de X Eucalyptus glo- bulus figurent dans notre vitrine à l'Exposition universelle, et chacun des visiteurs a pu s'assurer de leur réalité. Nous pen- sons qu'ils ont été de quelque poids dans la balance, pour nous faire obtenir la mention honorable que le jury international nous a décernée. Si nous avions étudié les feuilles de cet arbre dans des bran- ches âgées, on aurait pu nous objecter que, par des circon- stances atmosphériques particulières, ce végétal pouvait mou- rir et nous priver ainsi des produits qu'on en extrait. C'est pour obvier à cet inconvénient que nous avons étudié plus particulièrement les arbres âgés d'un à deux ans, nous réser- vant plus tard des travaux complets sur ce végétal. Les jeunes branches et les feuilles sont le sujet des études que nous allons exposer. En soumettant les jeunes branches et les feuilles (VEiica- lyptus globulus à la distillation, tout en ayant soin de les con- tusionner et de les diviser en principe, on obtient : L'eau distillée, d'une couleur opaline, d'une saveur amère, très-agréable, et d'un parfum sui generis, rappelant l'odeur des feuihes froissées dans les mains, mais beaucoup plus pé- nétrante; cette même eau, distillée plusieurs fois, conserve sa couleur opaline, qui s'affaibUt par la liltration au travers du papier. L'huile essentielle à^Eiicalijptus globulus s'en sépare difTi- cilement ; elle a une odeur suave ressemblant à celle de la lavande, mais beaucoup plus pénétrante et d'un parfum spé- cial. On ne peut la respirer pendant longtemps, car nous avons éprouvé des migraines très-pénibles après une ou deux fortes aspirations de cette essence. 2*^ SÉRIE, T. V. —Janvier 1868. 4 4' « 50 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLÎMATATION. Quand on a retiré de la cornue les feuilles qui uni été dis- tillées et l'eau-mère qui les baigne, laquelle eau se trouve d'une couleur jaune gomme-gutte, si l'on passe à l'étamine avec expression les feuilles et l'eau, et qu'on la place sur le feu dans une cai)sule en porcelaine, on obtient une gomme d'une couleur jaune - indien , d'une saveur aromatique agréable, douce en principe, mais amère et styptique au bout d'un instant ; cette sensation se prolonge sur le palais pen- dant longtemps, quelque petite que soit la quantité de gomme employée. Si nos études sont exactes, le kilogramme de feuilles fraî- ches, mêlées à quelques bouts de branches, produit 123 gram- mes de gomme desséchée. Pour obtenir le produit qui nous occupe, on doit entourer ses études des plus grandes précautions, car, lorsqu'on est parvenu à un certain degré de concentration, si l'on ne dimi- nue pas la chaleur, il s'ensuit des explosions, et le jet de la matière brûlante à des distances considérables. Les feuilles dont on a extrait la gomme sus-indiquée, mises dans une certaine quantité d'eau froide et laissées ainsi à l'air Hbre pendant vingt-quatre à trente-six heures, si l'on a le soin de les malaxer dans ce H(pude, d'enlever celui-ci en le filtrant à travers un papier et de le faire évaporer, on obtient une substance d'un vert jaunâtre tout à fait particulière. Cette es- pèce de terre, quoique se prenant en masse, est très-friable et se met en poudre impalpalde sous la pression des doigts ; l'Ile a une odeur et une saveur tout à fait sui generis. Si l'on prend des feuilles {XEucalyptiis globulus venant de l'arbre et qu'on les place dans de l'alcool rectifié, on obtient, après les avoir laissées infuser pendant un certain temps et à une température élevée, un alcoolat d'une couleur vert-éme- raude, d'une saveur âpre, résineuse, aromatique et amère. Cette amertume persiste longtemps dans la bouche. On obtient de la feuille traitée ])ar l'alcool, en ayant le soin de la laisser sécher, les mêmes produits que nous avons retirés des feuilles naturelles ci-dessus étudiées. Les feuilles ayant donné l'eau distillée, l'essence et les gom- INTRODUCTION DE l'EUCALYPTUS GLOBULUS, ETC. 51 mes, traitées par l'alcool, elles reproduisent un alcoolat iden- tique avec celui qu'on obtient de la feuille naturelle. Ce principe, que nous avions observé dans nos études sur les feuilles du Sorgho sucré, prouve que pour étudier chimique- ment les feuilles et savoir quelle est leur composition intime, il faut les soumettre à l'épreuve de l'eau et de l'alcool rectifié ; les principes que ce dernier extrait des plantes ne pouvant le dissoudre dans l'eau et vice versa. Si l'on soumet à l'évaporation l'alcoolat obtenu des feuilles, il donne pour résultat une substance vert foncé, très-dure, brillante, d'une saveur amère toute particulière ; on dirait qu'une matière cireuse se trouve dans ce produit, cpii se dis- sout un peu dans l'eau froide. Des études ci-dessus relatées, il nous semble pouvoir con- clure que l'introduction de VEucait/pti^s globulua dans nos cultures est un fait du plus haut intérêt. Les produits que nous avons obtenus de cet arbre, sont sou- mis dans ce moment à des études sérieuses, et les expériences que nous avons faites sur l'homme et les animaux nous font espérer que nous avons obtenu de nouveaux médicaments du plus haut intérêt. Puisse-t-il en être ainsi, et l'introduction de Y Eucalyptus glohulus dans nos cultures, prouver à tous l'uti- lité des travaux de la Société impériale d'acclimatation! Puisse ces quelques lignes inspirer à plus instruit que nous le désir de continuer des études qui, telle est notre opinion personnelle, sont réservées au plus grand avenir! 41 f DE L'INTRODUCTION ET , DE L'ACCLIMATATION DES CINCHONAS DANS LES INDES NÉERLANDAISES ' ET DANS LES INDES BRITANNIQUES, Par nn. J. L. SOLBEIRAIM et Augustin DEL01VDRE. (Suite.) II. — INTRODUCTION ET ACCLIMATATION DES CINCHONAS DANS LES INDES BRITANNIQUES. Le docteur J. Forbes Royle avait recommandé dès 1831/, dans son Illustrations of Himalayan Botainj, l'introduction des Cinchonas dans les Indes britanniques et avait déjà indi- qué les monts Neilgberry et Silhet comme étant les sites les plus convenables pour faire les essais d'acclimatation. Lord William Bentinck avait pris, dès cette époque, quelque in- térêt à ce projet (1). Plus tard, lorsqu'en 18Z|7, M. Black- wood (de Lima) lit, à la Compagnie des Indes, par l'intermé- diaire de la secrétairerie d'État des affaires étrangères, l'ofl're d'introduire dans les Indes britanniques l'insecte qui fournit réellement la Cochenille et la plante sur laquelle il vit (2), le docteur Royle recommanda de nouveau de tenter en même temps l'introduction des Cinchonas dans les Indes britanni- ques en opérant sur quelques-unes des diverses variétés de Cinchonas que l'on rencontre dans l'Amérique tropicale. (1) La proniirrc idc'fi de rutilili' de rinU-oduclion dt^ Cinchoiiiis dans les Jndcs britanniques pourrait bien toutefois ai»partenii-à M. le docteur Ainslie, qui, il y a plus de cinquante ans, remarquait , dans une note de la page 66 de sa Matériel medica, qu'il était regrettable qu'on n'eût jamais essayé de cultiver dans les Indes britanniques les végétaux qui fournissent ces produits médicinaux que le monde entier est obligé d'aller clierchor dans l'Amérique qui, seule, les possède. (2) En 1857, M. Blackwood renouvela les olTrcs qu'il avait faites en 18/i7 ol fournit en même temps sur les Cinchonas quelques renseignements qui, toutefois, ne faisaient que confirmer les faits connus, sans apprendre rien de nouveau. t ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. 53 En septembre 1850, M. John Grant, alors attaché au ser- vice pharmaceutique de la Compagnie des Indes, fit à celte Compagnie une communication dans laquelle il insistait vive- ment sur la nécessité d'introduire la culture des Ginchonas dans les Indes britanniques. (Juoi qu'il en soit, c'est seulement vingt ans plus tard, en 185*2, que la proposition d'introduire les Ginchonas dans les Indes britanniques fut faite officielle- ment dans une dépèche du 27 mars 1852 adressée parle gou- verneur général au Comité des directeurs de la Compagnie des Indes orientales. La dépêche du gouverneur général s'ap- puyait sur divers documents et, entre autres, sur un mémoire de M. le docteur Falconer, surintendant du Jardin botanique de la Compagnie des Indes, à Calcutta, qui avait été lu à la Société d'agriculture et d'horticulture de Calcutta et mis ulté- rieurement par cette Société sous les yeux du Gouverneur gé- néral du Bengale. Dans ce mémoire, M. le docteur Falconer rappelait l'opinion du docteur Royle et déclarait qu'il était entièrement d'accord avec ce dernier pour reconnaître que les meilleures localités pour tenter la culture étaient les monts Khasya, les montagnes situées en arrière de Chittagong et les portions montagneuses de l'Assam supérieur. Les essais, sui vaut M. Falconer, pouvaient aussi s'étendre aux localités mon- tagneuses qui environnent Darjecling. Les Neilgherry et les Chattes occidentales lui paraissent être les localités qui, dans le sud de l'Inde, promettaient d'être les plus convenables pour la culture des Ginchonas. M. Falconer recommandait que l'on envoyât dans l'Amé- rique du Sud quelqu'un qui fût entièrement expert en tout ce qui concerne la culture des végétaux, afin d'explorer les forêts de Ginchonas et d'en rapporter de jeunes plants et des graines qui pussent permettre d'en tenter l'acclimatation dans les Indes. Tous les documents relatifs à cette question furent ren- voyés au docteur Royle, qui devait les examiner et en faire le sujet d'un rapport. « Pour le gouvernement de l'Inde, » dit le docteur Royle dans ce rapport, qui porte la date du 27 juin 1852, « l'approvisionnement dans l'Inde même d'un produit bh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. médicinal qui coiite déjà 7000 livres (175 000 francs) par an, présenterait de grands avantages au point de vue économique et serait, au point de vue thérapeutique, d'mie valeur hors ligne, en ce qu'elle procurerait les moyens d'employer un produit médicinal qui est indispensahle pour le traitement des fièvres qui sont endémiques dans l'Inde. Je n'éprouve au- cune hésitation à dire que, après le thé de la Chine, aucune plante plus importante ne peut être introduite dans nos pos- sessions des Indes. » M. le docteur Royle était du reste d'ac- cord avec M. le docteur Falconer sm' la nécessité d'envoyer une personne spéciale convenablement expérimentée pour se procurer de jeunes plants et des graines et pour recueillir des renseignements qui permissent de se rendre compte de la manière dont on devait cultiver les Ginchonas ; ces renseigne- ments étaient du reste indispensables; en eiïet, il ne s'agis- saitpas ici, comme pour l'introduction du thé dans les dis- tricts de l'Himalaya, d'une plante qui était cultivée, depuis un grand nombre d'années, dans le pays dont elle est native, on se trouvait en présence d'ua végétal qui n'avait jamais été cultivé. Depuis la découverte de son importance thérapeutique, en 1638, le Ginchona était resté une essence forestière entiè- rement sauvage : toutes les informations relatives aux condi- tions dans lesquelles il se développait, proYcnaient des obser- vations des voyageurs européens qui avaient pénétré dans les forets vierges où on le rencontre; et les seuls renseignements qui pouvaient guider les futurs cultivateurs de l'Inde de- vaient être recherchés dans ces rapports ; il fallait donc avoir recours à des essais intelligents pour déterminer le meilleur mode de culture. Toutefois les documents que pouvait rappor- ter une personne intelligente expérimentée, devaient être d'un puissant secours. Nous verrons plus loin combien les vues de M. le docteur Falconer et celles du docteur Royle étaient justes. Toutefois leur proposition, qui devait être admise plus tard, ne fut pas encore approuvée en 1852, et il fut résolu de tenter d'obtenir des graines et des plants des diverses espèces de Ginchonas par l'intermédiaire des agents consulaires an- glais qui résidaient dans les localités dans le ressort des- ACCLIMATATION DES CIXCHONAS. 55 quelles on savait qu'il poussait des Cinchonas ; des instruc- tions furent envoyées dans ce but à ces agents consulaires en octobre 1852. La réponse que M. Mark envoya de Bogota fut loin d'être favorable. M. Sullivan, chargé d'afïaires du gouvernement anglais au Pérou, répondit que, n'ayant aucun moyen de se procurer des semences de Cinchonas, il s'était adressé lui-même à M. Crompton, vice-consul anglais à Islay et à Arica. La réponse de ce dernier ne donna pas beaucoup plus d'espoir et ses démarches n'eurent pas des conséquences plus heureuses. M. Cope, consul anglais à Quito, fit une ré- ponse plus favorable et envoya une boîte contenant des plants de Cinchonas provenant de Loxa. Toutefois cet envoi n'arriva pas en très-bon état en Angleterre et ne donna aucun résultat. D'un autre côté, six plants de Cinchona de l'espèce Cinchona calisaija^ qui avaient été fournis en 1853 par les Sociétés d'horticulture d'Edimbourg et de Londres et qui provenaient originairement de graines rapportées en France par M. Wed- dell à son retour de Bolivie, furent emportées à Calcutta, par M. Fortune ; ces plants arrivèrent en bon état à Calcutta, mais périrent tous, soit pendant leur transport à Darjeoling, soit ultérieurement. Des graines que M. Pentland avaient obtenues de M. Weddell, mais que ce dernier conservait de- puis un temps assez long, furent envoyées à Calcutta et con- fiées aux soins intelligents de M. le docteur Falconer; mais elles ne germèrent pas, ce qui s'explique, du reste, très- bien par le fait bien connu que les graines de Cinchonas per- dent rapidement leurs propriétés germinatives. En mai 1853, le docteur Royle écrivit encore un long rap- port sur le même sujet et la question en resta là pendant quelque temps. En mars 185(3, le docteur Royle fit une nou- velle tentative pour décider la Compagnie des Indes orien- tales à prendre des mesures efficaces pour se procurer en Amé- rique une provision de graines et de plants de Cinchonas, et désigna M. le docteur Jamieson,- professeur de botanique à l'Université de Quito, comme pouvant être utilement employé à accomplir cette tâche. Toutefois, la nouvelle proposition du docteur P«.oyle n'eut pas des conséquences plus heureuses que 56 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ses propositions antérieures. Le rapport que M. le docteur Royle fit en mars 1857 paraissait devoir amener des conséquences vraiment sérieuses, lorsque cet éminent botaniste (1), qui rendit de si grands services aux possessions britanniques des Indes orientales, mourut, laissant à d'autres le soin de conti- . nuer ses efforts pour arriver à réaliser Tintroduction des Cin- chonas dans les Indes britanniques. Toutefois, la question paraissait être entrée enfin dans la voie qui devait conduire au succès : en effet, après le médiocre résultat des tentatives laites auprès des agents consulaires britanniques pour obtenir des graines et des plants, M. le docteur Royle avait, dans les trois dernières années de sa vie, été chargé de trouver une personne qui fût dans les conditions convenables pour aller utilement recueillir en Amérique des graines et des plants de Cinchonas et se procurer les renseignements nécessaires pour établir un système rationnel de culture de ces intéressants végétaux. Après la mort du docteur Royle, M. le docteur Forbes Watson qui, en lui succédant dans ses fonctions de reporter 071 the products of India, hérita aussi de son dévouement pour les possessions britanniques des Indes orientales, fut aussi chargé de la mission de trouver quelqu'un qui piàt être envoyé en Amérique pour recueillir tant les graines et les plants de Cinchonas que les renseignements tant désirés. Enfin, en 1859, un ensemble de mesures énergiques conve- nablement appropriées au but proposé, permit de réaliser l'in- troduction des Cinchonas dans les Indes britanniques. En effet, en avril 1859, le gouvernement anglais se décida à organiser, sous la direction de M. Cléments Robert Markham (2), une (1) Le docteur Royle est bien connu comme «'lant rauteur d'ouvrages sur la bolaiiicjuc de rilimalaya, sur la culture du coton et sur les fibres de l'Inde, et sur la matière médicale : celui-ci contient un article remarquable sur le genre Cinchona. Le docteur Royle prit, pendant plusieurs années, la plus grande part aux mesures proposées dans le but d'introduire les Cinchonas dans les Indes britanniques et usa de toute son influence pour réaliser cette introduc- tion; mais il ne devait pas assister à la réussite de cette entreprise. (i!) La Société impériale d'acclimatation, dans sa séance publique annuelle du vendredi 12 février 186^, avait déjà accordé à M. Cléments Robert :\lark- * ham un«^ mtklaille d'argent de première classe, pour la part vraiment consi- « ACCLIMATATION DES CLXCHONAS. 57 expédition, dans le but d'aller chercher, dans rAmérique tropicale, des graines et des plants des divers Cinchonas d'une valeur incontestable qui y poussent naturellement, et de les transporter dans les Indes britanniques pour y faire des ten- tatives sérieuses de culture de ce précieux fébrifuge. M. Mark- ham connaissait déjà le pays, qu'il avait visité comme anti- quaire et ethnologiste ; mais il possédait en outre l'avantage de parler la langue espagnole et rnème la langue qukhua, dont les indigènes font usage, M. Markham considérait qu'il était essentiel que les mesures fussent complétées durant la pre- mière année, si cela était possible, dans le but de laisser un temps aussi court que cela pourrait être praticable à l'éveil de la jalousie du peuple de l'Amérique du Sud, que l'expédition de M, le docteur Hasskarl, pour le compte du gouvernement hollandais, avait déjà surexcitée. Il voulait de plus conduire l'opération le plus économiquement possible, et il n'était pas douteux que l'emploi de plusieurs agents, pendant un petit nombre de mois, coûterait moins que la mission d'un seul voyageur, qui aurait à parcourir des milliers de lieues en trois ou quatre ans. Il était d'ailleurs bon d'arriver au résultat dans le plus bref délai possible. M. Markham avait donc proposé au gouvernement anglais d'organiser quatre expéditions sépa- rées qui seraient envoyées dans quatre directions différentes ; les collections, faites par chacune de ces expéditions, sauraient été réunies à bord d'un navire frété pour ce service, et ache- minées directement sur les possessions britanniques des Indes orientales. (l('Table qu'il avait prise à rintroduclioii dos Cinchonas dans les Indes brilanniqucs; prenant en considération les progrès vraiment hors ligne que racclinialation des Cinchonas dans les Indes britanniques a faits depuis cette époque, la même Société vient de nommer VI. Cléments Robert Vlarkhani membre honoraire de la Société impc-riale d'acclimatation, la plus haute di- gnité qu'elle puisse accorder. .\ous ajouterons qut- le jury des récompenses de l'Exposition universelle de 1867, juste appri'ciatcur des travaux de M. Markham, lui a décerné un grand prix pour l'introduction de la culture du Quinquina et la création de grandes plantations de cette essence dans les Indes anglaises, en même temps qu'elle accordait à M. le docteur Hasskarl ime médaille d'or pour l'introduction de la même essence dans les Indes néer- landaises, et notamment à Java. •\» 58 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. * L'une des expéditions devait être envoyée à la recherche de graines et de plants du Cinchona calisaya dans les forêts de Bolivie et dans la province péruvienne de Caravaya, où l'on rencontre aussi une autre bonne espèce, le Cinchona micran- tha. M. Markham, qui gardaitcette expédition pour lui-même, devait prendre terre à Islay pour se rendre directement dans la localité. Entre autres difficultés qu'il devait rencontrer, nous croyons devoir citer la jalousie des gouvernements du pays et la difficulté de pénétrer dans des forêts vierges exces- sivement épaisses, d'y trouver les arbres et de transporter, par une route longue et pleine de périls, les graines et les plants jusqu'à la cote. Une deuxième expédition devait se rendre dans les forêts de Huanuco et de Huamalies, à 250 milles de Lima, pour y récolter les Cinchona nitida et ^/lorateiu% qui avait été occupé, pendant plusieurs années, à visiter les pays sauvages de l'Amérique du Sud, et qui était alors dans la locahté. De plus, sur la recommandation de sir William Hooker, qui avait donné à M. Markham cet important avis, un bon jar- dinier fut adjoint tant à M. Spruce qu'cà M. Markham lui- même. M. Cross fut désigné pour agir sous les ordres de M. Spruce, et M. Weir accompagna M. Markham dans les forêts de Ginchonas de la province de Caravaya. [La suite au -prochain numéro.) \ t II. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX UE.S SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 10 JANVIER 1868. Proéidenne de M. Drouyn de Lhuys, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvel- lement admis : ' . . MM. Barbet (Émile-Horace), propriétaire, à Paris. Lacapère (Firmin), propriétaire, à Paris. Pénabert (Georges), négociant, à Paris. — M. le Président annonce le décès de notre confrère M. Lasnet, ancien président de la cbambre des notaires de l'arrondissement de Langres. — M. A. Geoffroy Saint-Hilaire transmet une lettre de M. le baron de Trinquelaye, consul de France à Canton, qui annonce l'envoi d'un petit Chevreau, Agé de quinze à seize mois, pro- venant d'un Bouc et d'une Chèvre de Formose, et né au Yamoun du consulat de Canton. — M. le baron de Trinquelaye fait à la Société ses offres de service pour lui procurer soit des animaux, soit des végétaux. — Bemercîmcnts. — M. Hardy adresse un mémoire intitulé : Etat, de la do- mestication de l'Autruche au Jardin d' Acclimatation cV Al- r/er au "iS) décembre 1867. (Voy. au Bulletin.) — M. Vauvert de Méan transmet la note suivante qu'il a extraite de Pall Mail Gazette, novembre 1867 : « A la vente périodique des volailles de lady Ilolmesdale, qui vient d'avoir lieu à Linton Pack Maidstone, cent quatorze Poules de la race Dorwing se sont vendues 10 000 francs. Chaque volaille s'est vendue séparément. Un éleveur bien connu a payé pour un seul coq 725 francs, et 750 francs pour deux poules. Plu- sieurs des poulets de cette année ont produit plus de 250 fr. la pièce. Le grand mérite des volailles de lady Homesdale consiste dans leur grande proportion et dans la beauté de leur PROCÈS-VERBAUX, 01 plumage. Un grand nombre de poules de cette race pesaient plus de 10 livres, et le poids de plusieurs des coqs dépassait 15 livres. » — M. Duméril transmet une Note sur V Ostréiculture en Angleterre, extraite par M, Yauvert de Méan, d'un numéro du Times de 1867, — S. Exe. M. le ministre des affaires étrangères transmet des échantillons de graines de Vers à soie qui lui ont été adressées par M. L. Prévost, sériciculteur en Californie, avec la lettre suivante : « Cette caisse contient les œufs de Vers à soie » en question, auxquels j'ai ajouté, pour plus amples rensei- » gnements, plusieurs échantillons de cocons et de soie dévidée » et fabriquée. De cette manière on pourra mieux juger de » nos produits, qui ne sont encore qu'à leur enfance, mais » qui, par la suite, deviendront d'une grande importance, car » le climat est ici si favorable que l'industrie de la soie est » appelée à un développement immense qui étonnera le » monde; cela surpasse en ce moment mes prévisions, car )^ tous les jours j'apprends du nouveau en faveur de cette riche » culture. Comme notre pays est ravagé par la inaladie des » Vers à soie, j'ai cru de mon devoir de vous joindre ici le » résultat de mes observations et mon opinion bien arrêtée » au sujet de la maladie du Ver, espérant être utile, parce » que je crois que, dans la malheureuse condition où se trouve » notre sériciculture en France, c'est notre devoir d'apporter » l'appui de nos faibles lumières. Je regrette de voir que l'on » s'écarte tant des règles de la nature par des éducations for- » cées; on devrait, au contraire, s'en rapprocher en faisant » éclore les Vers à leur saison. On devrait aussi ne i)as perdre » de vue que l'humidité de l'atmosphère cause la maladie, et, » pour en atténuer l'efTet, avoir soin de cueillir la nourriture » des Vers pendant que le soleil luit sur les Mûriers. Dans la » caisse, vous trouverez des échantillons de cocons comme » suit, bien étiquetés : 1" cocons japonais de la première ré- » coltc; 2° de la deuxième récolte; S° cocons jaunes de Henri » Mulleretlsoard (Nevada) ; h" de ma récolte de 1865; 5" cul- » tivés à Sacramento; 6° élevés dans une usine; 7" Vers nour- ()"2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÀTATION. » ris avec le madura seul ; 8" élevés ici à Sansore par moi ; » 9" œufs de Vers à soie de la variété jaune ; 10"* de la variété » blanche ; 11" un écheveau de soie dévidée ; 12° un petit mor- » ceau fie la première soie fabriquée ici. » — M. le docteur Mourier, de Yokohama (Japon), adresse une traduction des Etudes complètes sur V éducation des Vers à soie de Shimidzeu Kinzaïmon (Voy. au Bulletin, p. 17), et exprime le regret qu'un envoi de Faisans, de Pigeons du Japon et d'oiseaux blancs, fait par lui, il y a quelques mois, ne soit pas parvenu à la Société. — Remercîments. — M""' la baronne de Pages adresse une demande de graines de Vers à soie Hikidané et de Californie. — M. E. Vavin adresse un rapport sur ses cultures de plantes japonaises et autres qui lui avaient été confiées par la Société. — M. le docteur Mourier, de Yoicohama (Japon), annonce le prochain envoi de Blé précoce du Japon. — Pvemercîments. — La Société d'acclimatation de Nice adresse son rapport sur leurs cultures. — M. Roger-Dubos adresse une note sur un nouveau mode d'ensemencement des plantes sarclées et autres pour lesquelles la transplantation est nécessaire. — Il est déposé sur le bureau, de la part : 1° de M. Le Canu, Etude sur les raisins, leurs produits et la vinification ; 2° de M. Herran, Notice et Catalogue de la République du Salva- (Jor. — Notre marine marchande, causes de son infériorité, possibilité de la relever. — Remercîments. — M. le docteur A. Gillet de Grandmont présente la So- ciété quelques spécimens de Bamljous japonais et des pro- duits industriels auxquels ils sont employés . M. le baron Cloquot fait remarquer que le Bambou pré- senté par M. A. Gillet de Grandmont lui paraît différer de ceux qu'il cultive, car ceux-ci poussent tout d'une pièce et émet- tent plus tard de chaque nœud des brandillcs. M. L. Soubeiran fait observer que la différence n'est qu'apparente, car l'échantillon présenté par M. Gillet de Grandmont est une pousse de l'année, provenant à\m pied PROCÈS-VERBAUX. (33 âgé de quatre ans et qui se serait couverte de rameaux à ses nœuds si elle n'eût pas été coupée. T*' M. Hennequin pense (jue S. Exe. M. le ministre de la ma- rine accorderait volontiers son concours à la Société pour lui procurer, par les officiers de marine en station dans les mers de Chine, les Bambous qui lui paraissent curieux à introduire. — M. A. Gcolfroy Saint-Hilaire dépose sur le bureau le rap- port annuel de M. Quihou, sur les cultures du Jardin d'accli- matation, et donne lecture d'une partie de ce rapport relative à la culture des Vignes provenant de la collection du Luxem- bourg, qui est aujourd'hui déposée au Jardin. (Voy. au Bul- letin.) — M. A. Geoffroy Saint-Hilaire annonce que le Jardin offre aux membres de la Société, qui désireraient en faire l'essai, de leur céder la chair d'un Gasoar qui doit être sacrifié. — M. A. Petetin dit que les Avoines de Sibérie, dont la cul- ture l'occupe depuis quelque temps déjà, ont donné de très- pauvres récoltes celte année, tandis que les années précédentes il en avait obtenu des résultats merveilleux; le ])roduit avait été de 27 à 35 hectohtres par hectolitre de semence (l'hecto- litre pesait de /j8 à 50 kilogrammes). L'avoine de Sibérie lui paraît une très-utile introduction, car elle est très-recherchée des jeunes chevaux, bien qu'elle soit un peu dure pour les vieux chevaux. M. Petetin ajoute que cette avoine demande des terrains humides et passablement profonds, et fournit une paille de bonne qualité. Il promet de mettre l'an prochain, à la disposition de la Société, une partie de sa récolte et exprime le désir que les membres qui feront des expériences veuillent bien ne pas manquer d'adresser un rapport détaillé sur leur culture. . ' M. le Président, à cette occasion, rappelle que toutes les personnes auxquelles la Société confie des graines doivent ta la Société un compte rendu des résultats bons ou mauvais obtenus, et exprime le regret que, malgré des avis réitérés, un petit nombre seulement- de nos confrères se conforment k cette ol)hgalion. M. Leblanc fait remarquer que h (luaîité capitale de 6Zl SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. l'Avoine est d'être liroyée complètement par les chevaux, car, si elle n'est pas écrasée, elle traverse l'intestin sans moditlca- tion. Cette considération influe beaucoup sur la valeur des Avoines et explique comment certaines avoines dures sont peu prisées sur le marché, bien qu'elles soient riches en matière féculente. — M. Richard (du Cantal) donne lecture d'un travail relatif à l'ouvrage d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, sur l'acclimata- tion. (Voy. au llulletin.) — M. Gelot lit à l'assemblée un Rapport général sur les éducations de Vers à soie de l'Equateur. (Voy. au Bulletin.) M. Chatin pense que la production de graines de l'Amérique du Sud ne doit être qu'une transition et que nous devons viser à refaire en France nos graines nous-mêmes. Pour ol)tenir ce résultat, il pense que le grainage devra se faire sur les limites de la culture des Mûriers, là où il n'y a pas de grandes édu- cations. Les résultats déjà obtenus dans les environs de Tours et dans le Ras-Rhin lui paraissent confirmer cette opinion. M. Ramon de la Sagra fait remarquer que l'influence de la température, signalée dans le travail de M. Gelot, est très-im- portante, et demande que l'étude de ce phénomène soit ren- voyée à une Commissi(in. — Renvoi à la quatrième section. Une discussion s'engage sur les diverses circonstances rela- tées dans le rapport de M. Gelot, qui donne quelques rensei- gnements à MM. Cloquet, Gillet de Grandmont et Gervais. * . ,►- Le Secrétaire des séances^ "* . * J. L. SOUBEIRAN. •' ■ * I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). i PvÉSUME DE LA NOTICE STATISTIQUE SLIU LES PRODUITS DE LA ROUMANIE , Par M. le colonel ALEXAINDRI. La Commission des Principautés-Unies à l'Exposition uni- verselle de 18(57, a publié une Notice statistique dont il m'a paru utile de présenter à la Société d'acclimatation un résumé, au double })oint de vue du règne animal et du règne végétal dans ces contrées si imparfaitement connues jusqu'ici. AMMAUX. Che>}finx. — Bien que le Clieval ail eu la place d'honneur dans la notice en question, on voit à regret que ce noble ani- mal n'a point conservé, dans les Principautés-Unies, l'impor- , tance qui lui est accordée dans les pays de l'Occident, et (pi'il avait autrefois dans ces provinces elles-mêmes. Cependant, ^ un proverbe turc disait naguère : « Rien n'est au-dessus d'un jeune homme persan et d'un cheval moldave.» Aussi, le tribut anciennement payé par la Moldavie k la Porte comprenait, entre autres, (juarante cavales, dont la qualité était haute- ment estimée à Constantinople. Aujourd'hui, la race indigène a perdu en qualité aussi bien qu'en nombre. Toutefois, les etï'orts du gouvernement et des éleveurs, notamment en Mol- •. davie, tendent à améliorer cet état de choses. Le nombre de Chevaux en Pvoumanie est de 50610/i. Anes^ Mulets. — Les Anes et les Mulets sont assez rares dans ce pays. Leur nondjre ne dépasse pas 7635. liœiifs. — L'animal essentiellement important en Roumanie est le Bœuf; il sert au transport et au labour, et il constitue (1) La Sociclé ne prciul sous sa rosponsabililô aucune dos opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. I*" SÉRIE, T. V. — Février 1868. . • • '5 J^* % 66 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATÂTION. im des principaux éléments de la nourriture de la population, concurremment avec l'Agneau , dont il se fait en Roumanie une consommation des plus étendues. . Les Bœufs roumains sont de deux espèces : la race des montagnes, petite, vive et .endurante à la fatigue, et la race de la plaine, d'une taille plus élevée et ayant de grandes cornes. Celle-ci est plus généralement utilisée, au point de vue de l'alimentation et de l'exportation. L'élève des bétes à cornes est plus parliculière à la Mol- davie, où l'on rencontre des propriétaires possédant jusqu'à deux mille bêtes de gros bétail. Le nombre tolal de ces ani- maux en Roumanie est de 2 75! 168, dont 91079 P.uffles. Ce chilVre serait assurément plus considérable sans les épi- zooties fréquentes qui ravagent ces provinces. Buffles. — Parmi les Buflles, on en compte un certain nombre qui sont d'un pelage blanc. Chameaux. — Dans ces dernières années, quelques pro- priétaires de la baulc Moldavie ont tenté de naturaliser le Chameau pour le labour ; mais on doute que leurs essais puis- sent réussir à cause des rigueurs de l'hiver. Moutons.— Le Mouton tient, avec le Bœuf, le premier rang dans l'économie rurale en Moldo-Valachie. Tout le monde, riches et pauvres, en élèvent et en très-grand nombre. Parmi les grands propriétaires, on en compte qui possèdent jusqu'à dix mille Moutons. Le Mérinos, le Tzigaye, le Stogoche, le Tzurcane, le Fou- mourié et le Tonca constituent les six espèces de Moutons en Roumanie. Sans compter le Mérinos, le Mouton tzigaye et le Tonca, qui est plus spécial à la Bessarabie, tiennent le premier rang sous le rapport de la laine. Des essais de croisement du Mérinos avec le Tzigaye ont donné des résultats très-satisfai- sants, grâce aux soins de la direction de l'École d'agriculture de Pantéleimon, près de Bucharcst. Disons, pour finir, que le nond)re des Moutons en Roumanie est de près de 5 000 000. Chèvres.— L'élève de la Chèvre est peu étendue. On compte à peine /I2S 077 de ces animaux sur tout le territoire roumain. 1 STATISTIQUE DES PRODUITS DE LA ROUMANIE. 67 L'espèce dite d'Angora a été réceinmeiU introduite en Vala- chie. • . Porcs. — Le Porc tient la seconde place, après le Bœuf et le Mouton, dans l'économie rurale en Moldo-Valacliie. Leur nombre est estimé à 1 088 637, classés en quatre espèces : le Porc vulgaire, le Porc Mongole, dont la taille atteint de grandes proportions , le Porc serbe, considéré comme le meilleur, et, enfin, le Porc de marais, qui vit par troupeaux et presque à l'état sauvage dans les iles du Danube. Volailles. — On trouve en Roumanie presque toutes les espèces de volailles, telles que : Poules, Oies, Canards, Dindes, Pintades, etc., etc. Parmi les Poules, il y en a dont la chair et le plumage sont noirs, d'où leur nom de négresses. Une variété d'Oies à plumes irisées est aussi très-commune dans le pays. La Dinde y est de la meilleure espèce et d'un en- graissement très-facile. Le Pigeon est très-fréquent, surtout dans les villes. Abeilles. — La production des Abeilles n'est pas aussi considérable (]ue le comporteraient l'étendue du territoire et la richesse de la Flore. Dans tout le pays, on compte à peine 301 615 ruches, bien que le miel et la cire de Moldavie fussen autrefois l'objet d'un grand commerce avec les États voisins. Vers à soie. — L'éducation des Vers à soie en Roumanie est pratiquée depuis un temps immémorial; c'est en Yalachie qu'on s'en occupe plus spécialement de nos jours. Ancienne- ment, on y élevait une race locale dont les cocons étaient assez vulgaires. A partir de 1852, l'École de Pantéleimon y a popularisé la race milanaise. Ce même établissement a fourni plus de iiOO 000 mûriers. Grcice au gouvernement français, on a pu également introduire en 1864, en Roumanie, la graine du Japon. L'éducation des Vers à soie de l'Allante a été aussi essayée avec succès par l'École d'agriculture; en 1866, on y a créé une pépinière d' Allantes, en vue d'en propager la culture. La Roumanie a fourni des quantités considérables de graines de Vers à soie cà la France et à l'Italie; ce pays est peut-être un des mieux favorisés pour l'industrie séricicole. Les paysans 68 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. se sont adonnés très-volontiers à cette industrie , leurs femmes emploient la soie à la confection des tissus de luxe. Oiseaux sauvuf/es. — Le climat de la Roumanie étant t4'ès- cliaud en été et très-froid en hiver, on y rencontre, pendant la première de ces saisons, tous les oiseaux voyageurs des climats chauds : Hirondelles, Cigognes, Rossignols, Récasses et autres ; mais, à l'approche du froid, tous ces oiseaux quittent le pays. Animaux saiwàf/es. — Les animaux sauvages sont très- nombreux en Roumanie. Parmi les quadrupèdes carnassiers, on trouve : le Loup, le Renard, le Chat sauvage, le Lynx, laRelette, la Fouine, le Putois, la Loutre, l'Ours, le Blaireau et le Hérisson. Rowjeurs. — Parmi les Rongeurs, on trouve l'Écureuil, le Luir, le Hamster, la Marmotte, le Rat des bois et des champs, le Campagnol, le Rat d'eau et le Lièvre. Le Lapin y est inconnu. liuminanU. — Dans l'ordre des Ruminants, on compte : le Chamois, le Cerf et le Chevreuil. Pachydermes. — Parmi les Pachydermes, on rencontre le vSanglier, animal des plus féroces et qui commet beaucoup de dégâts dans la plaine. Oiseaux de proie. — Les oiseaux sont abondants, surtout dans la plaine. Parmi ceux de proie, on trouve le Vautour grifton et cendré, le Faucon, l'Aigle, l'Autour, le Messager, le Saint-Martin, l'Émérillon, le Grand-Duc, le Hibou, le Butor, la Chouette et la Fresaie. Oiseaux à bec de pie. — Les oiseaux à bec de pie sont représentés par la Pic-grièche, le Corbeau, la Corneille gra- nivore et mantelée, la Pie, le Geai, le Choucas, le Coq de bois ou grand Tétras, la Corneille bleue, le Rattier, le Loriot vert ou doré etrÉtourneau. t Oiseaux chanteurs. — On rencontre en Roumanie un grand nombre d'oiseaux chanteurs, tels que : le Merle, la Grive, le Merle d'eau, le Gobe-Mouches, le Rossignol des bois et d'eau, la Fauvette, le Troglodyte, le Rouge-Queue, le Hoche-Queue, l'Alouette des champs et huppée, les Mésanges, le Pinson, le Gros-Bec, l'Ortolan, le Moineau domestique et des bois, le Chardonneret et le Bec-Croisé. STATISTIQUE DES PRODUITS DE LA ROUMANIE. 69 Oiseaux (jrimpeurs. — Le Coucou, le Guêpier, la Huppe el le Torcel représentent les grimpeurs. Ramiers. — Dans la classe des Ramiers, on trouve le Pi- geon-Ramier, le Pigeon sauvage et Bizet et la Tourterelle des bois. Gallinacés. — Parmi les Gallinacés, on rencontre : le Coq de bruyère et des bois, la Gelinotte, le Ganga, la Perdrix, la Caille, l'Outarde vulgaire et la petite Outarde. Échassiers. — Parmi lesÉcbassiers, on trouve : le Pluvier, le Vanneau, la Grue grise et la Demoiselle, la Cigogne ordi- naire ou blanche, la Cigogne noire, la Spatule ; plusieurs espèces de Hérons, le Crabier, l'Ibis noir, le Courlis, la Bécasse, la Bécassine, le Bécabeau, le Court-Vite, la Perdrix de mer, la Poule d'eau, le Roi-de-Caillcs, le Râle d'eau, le Foulque, le Grèbe et autres. Oiseaux aquatiques. — Au nombre des oiseaux aquatiques : le MarLineau, le Martin-Pècbeur, l'Oie sauvage, le Canard sauvage, le Canard musqué, le Canard-Macreuse, le Harle, le Pélican, le Cormoran, le Nigaud, le Plongeon, etc. Animaux à sang froid. — Parmi les animaux à sang froid, on trouve : la Tortue de terre et d'eau douce, le Lézard, le Triton, le Lézard vert, le Serpent aquatique, la Vipère, la Salamandre, la Rainette, le Graisset, la (grenouille, le Cra- paud, etc., etc. Poissons. — Les Poissons abondent dans les rivières de la Roumanie, et notamment dans le Danube et les lacs prove- nant de ses eaux. On rencontre communément les Cyclosto- mes, les Sturioiuens, l'Acipe, l'Esturgeon, le Grand-Est ou Ichthyocolle, l'Est ou Sterlet, le Saumon, la Truite, le Fario, la Clupe,rEsoce, le Brochet, le Cyprin, la Carpe, l'Hamburge, la Tanche, le Gardon, le Cobile, le Misgurne, le Silure, le Mal, la Perche, la Perche de rivière, la Carasse, le Barbeau, etc. Le poisson est une des principales substances alimentaires en Roumanie. Insectes. — Les Insectes sont très-nombreux dans ce pays. Coléoptères. -— Parmi les Coléoptères, on remarque : les Cicindèles, le Cerf volant, le Scarabée à ressort, le Lampyre, 70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATÂTION. le Ver luisant, le Bouclier, le Nécropliore, le grand Scarabée aquatique, le Hanneton, le Méloé, le Proscarabée, le Lytta, les Cantharides, les Bruches, le Charançon, le Capricorne, le Coccinèle, etc., etc. ■ . Lépidoptères. — Les Papillons diurnes, nocturnes et cré- pusculaires sont également très-abondants. Ortlioptères. — Parmi les Orthoptères, on compte : les Taupes-Grillons, le Grillon champêtre, les Sauterelles. Ces dernières commettent de très-grands ravages dans le pays qui se trouve exposé à leurs invasions par suite de leur voisinage avec la Bussie à l'Est et avec les plaines marécageuses de la Dobrudja au Midi. Hijménoptères. — Les Hyménoptères sont représentés par la Mouche à scie, la Fourmi, l'Abeille à miel et autres. Cette dernière vit même à l'état sauvage dans les arbres creux ou dans le chaume. Diptères. — Les Diptères fournissent les Cousins, le Taon, la Mouche ordinaire, la Mouche-Araignée des chevaux, etc. Crustacés. — Parmi les Crustacés, les Écrevisses se font remarquer par un goût exquis et par des dimensions qui éga- lent celles des jeunes Homards. Les Escargots, abondants dans les taillis au printemps, sont recherchés pour l'alimentation du peuple. La Sangsue abonde dans un grand noml)re de lacs et devient l'objet d'un commerce extérieur assez important. FLEURS ET PLANTES. La Flore roumaine peut être considérée comme une des plus riches de l'Europe. Les prairies de la plaine, comme celles des montagnes, présentent une variété inlinio d'espèces végétales de la famille des Graminées, des Légumineuses, des Labiées, des Composées, des Bosacées, des Ombcllifôres et autres. Cryptogames. — Parmi les Cryptogames, on trouve un grand nombre de Champignons très-recherchés. Monocotylédonées. — Dans la classe des Monocotylédonées, STATISTIQUE DES PRODUITS DE LA ROUMANIE. 71 on rencontre un grand nombre d'espèces de la famille des Gra- minées et des Gypéracées. Le Ray-Grass,le Poa, rAgrostide,lo Briza, le Dactylis, les Fétuques, se rencontrent fréquemment dans les prés. Les Garex, les Scirpes, les Gyperus, abondent dans les localités marécageuses, de même que les Iris et le Né- nuphar. DicotyU'donées. — .Parmi les Dicotylédonées, on compte un grand nombre d'espèces. Les Urticées sont abondantes; l'Ortie grièche et l'Ortie dioïque, lorsqu'elles sont jeunes, sont assez généralement employées dans l'alimentation du peuple. Le Ghanvre pousse à l'état sauvage, de même que le Hou- blon. Le Mûrier est très-fréquent. Il en est de même du Gol- chique, des Liliacées et des Orchidées. Rubiacées. — Parmi celles-ci, la Garance tient la première place. Labiées. — La Menthe, le Basilic, le Tliym, la Mélisse, les Sauges et autres Labiées couvrent les collines et les prés des hauteurs. Composées. — Les Gomposées sont nombreuses ; la Ghi- corée embellit les pâturages, le Garthame croît dans les en- droits secs; VInula helenlunt est commun; sa racine, dessé- chée et brûlée sur la braise, sert à parfumer les habitations du peuple. Les pâturages sableux sont couverts de Mille-feuilles et de Gamomille. Les feuilles d'Armoise champêtre, préparées d'une certaine façon, donnent une sorte d'amadou. Les feuilles d'Absinthe sont employées à la préparation d'un vin amer appelé 7>e/me et qui est bu en mai. La Bugiose, le Myosotis, les Gynoglosses et autres plantes Borraginées se rencontrent dans les endroits humides. Solanées. — Parmi les Solanées, on compte : la Douce- amère, la Jusquiame, le Dalura, la Morelle, le Piment et le Physalis. Les Plantains sont communs dans les prés sableux; la feuille du grand Plantain, chaulïée à la llamme, est appli- quée avec succès pour la guérison des plaies. La gentiane est commune dans les prés montagneux. , Ombellifères, — On trouve en Roumanie un grand nombre d'Ombellilères et surtout la petite Giguë, l'Angélique, le Fe- 72 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. nouil, la Carotle sauvage, le Cerfeuil. La Vigne sauvage pousse dans toutes les haies et produit des fruits en abondance. Légumineuses. — Les Légumineuses sont très-fréquentes en Roumanie. On y trouve le TrèHe, la Luzerne, la Minette, les Lotus, le Galéga, l'Astragale, le Lathyrus, le Sainfoin, etc. Rosacées. — Parmi les Rosacées, on rencontre : les Po- tentilles, l'Aigremoine, la Pimprenelle, le Fraisier, la San- guisorbe, les Églantiers, le Pommier et le Poirier sauvages, le Néflier, le Sorbier, le Merisier, etc., etc. Crucifères. — Les Crucifères sont nombreuses. On ren- contre le Raifort, le Thlaspi, l'Ibéris, la Cameline, le Yelar, b' Colza sauvage, la Moutarde, le Radis, etc., etc. Mentionnons aussi la Violette et la Pensée sauvages, qui croissent à une liauteur considérable ; les Renoncules, les Ané- mones et autres Renonculacées ; plusieurs espèces de Mauves, TAlthée, la Napée, etc., etc. Caryoplnjllées. — Citons enfin les Lychnis, la Saponaire, plusieurs Diantbus, le Silène, la Spergule, le Cérastium et autres représentant les Caryophyllées. Ce qui précède peut donner une idée de la Flore roumaine. Nous terminerons ce travail par un exposé succinct des bois et des plantes cultivées. FORÊTS, CÉRÉALES, ETC., ETC. Essences, surfaces. — La Roumanie est un pays boisé. Sur une étendue de 12130/i(56 hectares, 2 01/it>73 sont couverts de bois. On peut y distinguer trois régions, au point de vue de la distribution des forêts : 1" la région des hautes monta- gnes ; 2° la région des collines; ?>" la région de la plaine. Dans la première, on rencontre le Sapin, le Mélèze, le Pin, le Genévrier nain et le Bouleau. Dans la seconde, on trouve le Hêtre, le Rouleau, le Frêne, le Chêne, l'Érable blanc, le Merisier, le Sorbier, le Châtai- gnier, le Pommier et le Poirier sauvages, et autres. Dans la troisième région, on compte le Chêne, les Érables, le Charme, l'Orme, le Frêne^ le Tilleul, le Noisetier, le Cor- STATISTIQUE DES PRODUITS DE LA ROUMANIE. 73 nouiller, l'Aubépine, le Prunellier, l'Acacia et le Fusain. Dans les îles du Danube, les Saules, le Peuplier, les Aulnes, le Tremble, les Tamarins, etc., etc. Le Platane, le Catalpa, l'arbre de Judée, l'Ailante glandu- leux, récemment introduits dans les établissements d'agré- ment publics et privés, se sont parfaitement naturalisés on Roumanie. Il en est de même du Marronnier, Il y a peu de forêts soumises à l'aménagement régulier. Ce- pendant l'Etat est en voie de faire régler la coupe de ses forets, et un certain nombre de propriétaires, notamment en Moldavie, ont déjà introduit sur leurs vastes domaines les principes en usage en Occident. La Boissellerie est une industrie répandue dans les régions forestières. Céréales, plantes. — Les plantes cultivées en Pioumanie sont : le Maïs, le Blé, l'Orge, le Seigle, l'Avoine, le Millet, les Haricots, les Pois, les Fèves, la Pomme de terre, le Lin, le Chanvre, le Tabac, le Colza, etc., etc. La farine de Maïs et celle de Millet constituent la nourriture essentielle du paysan; aussi la culture, notamment du Maïs, s'étend sur une superficie de plus d'un million d'hectares. Au demeurant, cette céréale fait l'objet d'une grande exportation pour l'Irlande. Les plantes potagères et les arbres fruitiers sont les mêmes que ceux cultivés généralement en Occident. Le climat et le sol sont très - favorables à leur culture. Depuis cjuelques années, l'Ecole d'agriculture de Pantélei- mon a introduit plusieurs centaines de variétés de plantes agricoles, dans le but de reconnaître celles qui s'accommo- deraient des conditions climatologiques ainsi cpie du sol dans la iloumanie. A cet égard, la collection de cette École à l'Ex- position universelle a olfert un très-grand intérêt, et le Jury en a largement récompensé la direction de Pantéleimon. Pour les développements des matières contenues dans ce résumé, nous croyons devoir renvoyer à la Notice même qui en fait l'objet. L'HIMALAYA, SES PRODUCTIONS NATURELLES, Par M. Ed. LOARER, Ca{'il;iiiie au long cours. L'Inde anglaise est bornée de trois côtés, à l'est, au nord et à l'ouest par une immense chaîne de montagnes couvertes de neiges éternelles et à travers lesquelles, si l'on t'xcepte la vallée d'Assam, qui donne passage aux eaux du Brahmapouthra, la gorge étroite par laquelle l'Indus s'élance vers les plaines, et les passes conduisant de Pesliawr au Caboul, il n'existe que des cols escarpés, presque impraticables et d'une élévation moyenne de 5000 mètres. C'est à travers ces passes, obstruées pendant dix mois par la neige, que l'Inde reçoit chaque année quelques marchan- dises importées du Boothan, duSikkim,du ïliibet, de la Tar- tarie chinoise, du Turkistan et de l'Afghanistan. Ce maigre commerce est entièrement entre les mains des natifs de ces régions transhimalayennes; l'habitant de l'Inde anglaise, {{uelle que soit sa race ou sa religion, qui s'aventure à fran- chir sa frontière de glace, s'expose à être mis à mort ou tout au moins réduit en esclavage. Telles sont les difficultés de ce voyage, surtout dans la partie orientale et septentrionale de ces montagnes, que des Mou- tons et des Chèvres sont les seules bêtes de somme que l'homme puisse s'adjoindre pour les transports. Sur la frontière de l'Afghanistan, les obstacles sont moin- dres, et l'on peut s'y servir de Chevaux, de Mules et même de Chameaux. Sans la férocité et la fourberie intraitables . des habitants, les Anglais auraient déjà, depuis longtemps, exploré cette région mystérieuse de l'Asie centrale. 11 semble être réservé à une autre grande nation d'ouvrir ce pays à la civilisation; les ])rogrès rapides et bienfaisants des Russes dans le Turkistan ne laissent pas que de causer de très-graves . l'himalaya, ses productions naturelles. 75 préoccupa lions à nos amis les possesseurs actuels de l'Inde. L'Himalaya enveloppe de trois côtés les possessions an- glaises de l'Inde et les sépare de l'Asie centrale par une barrière d'une hauteur presque uniforme de 6000 à 7000 mè- tres d'élévation, au-dessus de laquelle dominent les pics les plus élevés du globe, et dont quelques-uns, d'après les obser- vations les plus récentes, atteignent, dit-on, dOOOO mètres au-dessus de la mer. Cette barrière arrête les nuages, et, lorsque, pendant la saison chaude, les vents de sud-ouest poussent devant eux les masses de vapeurs fournies par l'évaporation de l'Océan Indien, elles s'amoncellent contre le versant méridional de l'Himalaya, s'y condensent et produisent des pluies auxquelles il faut avoir été exposé pour s'en faire une idée 3 et h mètres de pluie sont réputés très-modérés dans ces mon- tagnes; il existe des locaUtés, particulièrement dans le sud- est, où l'on en mesure chaque année 12 à 15 mètres (Hooker) Il est facde de se figurer quelle doit être la végétation sous 1 mfluence d une humidité pareille, combinée avec une tem- pérature, constante à cette époque, de 22 à '2h degrés centi- grades. La quantité de pluie décroît à mesure que l'on s'élève dans Himalaya, et cet effet est encore bien plus apparent lorsque 1 on voyage à travers ces montagnes en tournant le dos aux p âmes de l'Inde; car, dès que l'on a mis entre soi et ces plaines une chaîne de hm) mètres, on n'a plus que des ondées laibles et peu nombreuses, on arrive à une humidité qui ne dépasse pas la moyenne de la France; enfin, si l'on franchit les chaînes de (3000 mètres, on arrive dans une région où il ne pleut jamais. Il est donc possible de se procurer sur l'Himalaya exacte- ment le climat que l'on désire, soit pour ses travaux, soit pour ses plaisirs, soit pour sa santé; et l'on y rencontre en par- ant du pied et en voyageant perpendiculairement à la direc- tion générale de la chaîne, depuis la végétation la plus luxu- riante des tropiques, jusqu'aux plantes salées et rabougries qui ne poussent que dans les déserts privés d'hui.iidité. ^ 76 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. En dedans de cet immense fer à cheval et sur une ligne presque parallèle, on rencontre, avant d'arriver à l'Himalaya propre, une série de collines d'une élévation de 1000 à 1500 mètres, laissant entre elles de vastes ouvertures, mais suivant avec régularité le§ sinuosités de la chaîne principale. Entre ces collines et les hautes montagnes, existe une zone d'alluvion d'une largeur de douze à quinze milles, d'un niveau presque constant, sillonnée par des milliers de cours d'eau et dont l'élévation au-dessus de la mer oscille entre 500 et t500 mètres. Cette zone, emprisonnée entre ces deux lignes concentriques de montagnes parallèles, reçoit au sud le nom de Douars, à l'est, le nom de Terrai, au nord et au nord-ouest, le nom de Dhoons. Toutes ces divisions sont également l'erliles; mais les Dhoons sont seuls cultivés. Quelques voyageurs attribuent à l'insalubrité incurable des Douars et du Terrai l'abandon dans lequel ces deux régions se trouvent; la vérité est qu'aucun cultivateur ne pourrait s'y établir sans s'exposer, même aujourd'hui, à être tué ou em- mené en esclavage par les gens du Boothan, de Sikkim ou du Népaul. Les Douars et le Terraï sont, en conséquence, abandonnés à la nature, et sont revêtus de forêts vierges qui, pour le pit- tores([ue et la grandeur sauvage, n'ont rien à envier aux au- tres parties de la terre. L'insalubrité n'y est que le résultat de l'amoncellement séculaire de détritus végétaux constamment déconqjosés sous l'efïet d'une chaleur et d'une humidité con- stantes, et l'Européen ne peut s'y aventurer quelques jours pendant la saison chaude sans s'exposer à une mort presque certaine. Ceci est au reste une règle générale pour toutes les lorêts de l'Inde, et Victor Jacquemont paya de sa vie son oubli des précautions qui lui avaient été recommandées. Ces forêts sont d'une grande importance pour le gouver- nement anglais de l'Inde qui se lait un revenu considérable en afl'ermant la coupe des arbres. Le plus commun et en même temps le plus précieux de ces arbres est le SJiorea Robusta, dont on trouve de nondjreuses pièces de 25 à 30 mètres de l'iUMALAYA, .ses PRODUCTIOiNS NATURELLES. '" long, sanshranches, sans nœuds et sans défauts sur un diamètre de i"%oO franc d'aubier. Par son liant, son élasticité, satinesse degrain, sa ténacité et sa durabilité, le Shorca est le premier hoi's de l'Inde; il se travaille avec facilité et reçoit un beau poli. Le Teck, tant préconise pour les constructions navales, est en tons points inférieur au Shorea. On peut acheter ce bois à Calcutta, en grandes pièces, à raison de 150 à 200 francs le mètre cube. Le Shorea Tinnbiigaia produit également de belles pièces d'une grande valeur et exsude, en outre, en abondance, une gomme-résine aromatique très-employée dans l'Inde pour la parfumerie et la fabrication de certains vernis inconnus aux Européens. A côté de ces deux géants se trouvent plusieurs espèces de Vateria qui produisent également des résines odoriférantes ; le Feronia Elcphaiitum au tronc droit et massif, à l'écorce rugueuse et profondément gercée, et dont le feuillage gracieux parfume la forêt d'une odeur pénétrante d'anis, présente en janvier, février et mars (précisément au moment où ces soli- tudes sont fréquentées), une profusion de fruits acidulés, très- sains et Irés-agréahlcs au goût ; le bois de cet arbre est très- dur, très-compacte, d'une belle couleur jaune; mais son faible échantillon en détourne la hache du bûcheron. Le Sissoo {D(ilberf/ia sisson) qui, par le port, rappelle cer- tains Peupliers de l'Europe, atteint d'énormes proportions ; la facilité et la rapidité de reproduction de cet arbre le rendraient probablement très-précieux en Algérie: il suffit qu'un brin de la racine soit mis à découvert pour qu'il se couvre de feuilles- et produise un nouvel arbre ; les graines dif Sissoo ont égale- ment une faculté germinative qui change bientôt en un épais taillis le voisinage d'un de ces arbres. Le bois du Sissoo est richement veiné de brun foncé et de noir; il se prête cà la sculpture la plus délicate et est presque exclusivement employé dans l'Inde pour la fabrication des meubles; enfin, par ses gi'andes dimensions, il peut être appliqué aux constructions navales. Des bosquets de Sapixdus se rencontrent aussi assez fré- 78 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQÙE d'aGCLIMATATION. queminciU : ces arbres oui la propriété de s'emparer du terrain, et d'étouffer toute autre végétation; le faible écliantillon de cet arbre joint à la valeur de ses graines, le protège contre les dévastateurs des forets, mais quelquefois on en abat un grand nombre })Our livrer passage à quelque immense S/iorea ou Sissoo. Trois espèces de Sapmdus, qui ne se distinguent que par la forme des feuilles et la grosseur des graines, fournissent en abondance ces noix dont les propriétés détergentes sont bien connues. Une quatrième espèce : le Sapindiis Rubigino- sus se distingue des arbres de cette famille par son fruit volu- mineux, oblonget solitaire, par des épines formidables qui en font, lorsqu'on le réduit à l'éLat de haie, la clôture la plus par- faite du monde. La pulpe qui couvre la noix de ce dernier Sapindus est particulièrement propre pour laver les tissus de soie. Le Bassia latifolia au tronc glabre et blanchâtre et aux branches tortueuses, se couvre, au mois de mars, de fleurs charnuestrès-sucrées, dont les Hindous se nourrissent, et dont ils retirent, par la fermentation et une distillation tout à fait primitive, une liqueur spiritueuse très-forte; le fruit mûr du Bassia fournit par l'ébuUition une matière oléagineuse verdàtre qui sert pour l'éclairage et pour la fabrication des savons. Le bois de cet arbre est spécialement recherché pour tous les travaux de charronnage. Plusieurs espèces &' Acacia forment des fourrés inabor- dables à cause de leurs épines acérées; le plus recommandable est V Acacia arabica, qui se multiplie avec rapidité, fournit une grande quantité de gomme précieuse, et un l)ois très-recherché pour la confection des roues de l'artillerie. Le Zizyp/ius (Lotus des anciens) mérite l'attention, non à cause de ses fruits, carie produit de cet arbre, même lorsqu'd est bien soigné, est horriblement indigeste (et il faut qu'il ait bien dégénéré de ce qu'il fut au tenqjs d'Ulysse, car maintenant il est détestable) ; mais c'est sur cet arbre que se trouve en abondance, dans les forêts, le cocon qui produit la soie connue dans l'hide sous le nom de Tusser. Cette soie, un peu grosse, un peu rude, et d'une couleur grisâtre très-dilïicilc à dissimu- l'himalaya, ses productions naturelles. 79 1er, n'en est pas moins d'un usage très-précieux à cause de sa solidité, et devra, entre les mains de nos habiles fabricants, fournir un nouvel aliment à notre industrie. Cet arbre est très-rustique et on le trouve partout, depuis l'Equateur jus- qu'au M' degré de latitude nord, et là il s'élève dans l'Hima- laya jusqu'à 1500 mètres au-dessus de la mer. Il est vrai qu'à cette hauteur ce n'est plus qu'un buisson, mais il n'en serait peut-être que plus propice, dans cette dernière forme, à l'é- lève du Tusser en France. • L'Olivier sauvage, Elœocarpm serratus, se rencontre assez Iréquemment sur des monticules formés par une aggloméra- tion de galets roulés de gneiss, réunis par un ciment d'argile ferrugineuse mélangée de calcaire. Les fruits de XElœocarpus ne produisent pas d'huile, mais les natifs les font cuire et les mangent. Enfin, l'Européen rencontre un Érable, arbre qui lui rap- pelle, par son port et son feuillage, la patrie absente ; jusqu'à ce moment et à l'exception du Dalbergia, il n'a vu que des .arbres toujours verts, avec ce feuillage penné et ces branches symétriques, qui donnent à toute la végétation tropicale une ressemblance éloignée avec les Palmiers et les Fougères. UAcer ohlom/wn, un des plus nobles spécimens de sa tribu, est aussi celui qui supporte les plus grandes chaleurs, et à ce titre mérite toute l'attention de notre colonie d'Alger. Le Meha azadlrachta est encore un de ces arbres qui s'accom- modent des températures les plus variées. On le voit prospé- rer également sous l'Equateur et par le 32" degré de latitude nord, et là il s'élève même à 1500 mètres au-dessus de la mer. Le bois de cet arbre, qui atteint de très-grandes dimen- sions, est inférieur seulement à l'Acajou, dont il a la couleur, les nuances chatoyantes et la finesse de grain ; ses graines produisent une huile excessivement araère à laquelle on attribue, pour le traitement des maladies scrofulouses, une vertu égale sinon supérieure à celle de l'huile de foie de morue ; l'écorce et les feuilles ont des propriétés fébrifuges bien connues et très-énergiques. 11 n'est pas un arbre dans ces forêts qui ne porte quelques- .SO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQUE d'AGCLIMATATION. uns de ces Orchis aux couleurs si riches et aux formes si fan- tastiques; quelques-uns signalent de très-loin leur voisinage par les parfums suaves et pénétrants dont ils embaument l'air. Les Bambous, à eux seuls, occupent une grande pari du terrain de ces forêts, et forment, en certains cantons, des l»locs de plusieurs milles de surface, où la hache est impuissante à se frayer un passage. Le Bambusa Tulda croît avec tant de rapidité qu'en trente jours il produit une tige de 25 mètres de long sur 35 à 40 centimètres de circonférence. En suivant les progrès de ce Bambou, on peut, sans exagération, dire que l'on voit croître l'herbe. Ses jeunes tiges, lorsqu'elles ont 75 à 80 centimètres, sont excessivement tendres, et un seul de ces rejetons, lorsqu'il est bouilli, remplace avec avantage un paquet des plus belles asperges. Le Bambma glaiica atteint, comme le précédent, des proportions énormes; rien n'est plus facile que d'obtenir des tiges de 35 à ZiO mètres de long. Tous les deux sont sans épines et servent pour la construc- tion de tous les échafaudages ainsi que pour les toitures des. maisons. Le Bamhusa arundinacea se fait remarquer par ses nombreuses tiges croissant d'une même souche; une seule racine de cette espèce produit plus de cent Bambous, qui croissent ensemble parfaitement droits et sans laisser entre eux le moindre espace; à 10 mètres au-dessus du. sol, les tiges s'étalent en cercle et forment un vaste panache qui semble soutenu par une immense colonne cannelée. Les terrains les plus secs sont couverts par le Bambusa stricia^ une des espèces les plus rustiques, car on la trouve sur les flancs de l'Himalaya et parfaitement développée, jus- qu'à une -hauteur de 2000 mètres, par 30 degrés de latitude, Enlin, le Bambusa (j/mica, le plus humble mais non pas le moins utile de sa famille, forme d'impénétrables broussailles de trois à quatre pieds de hauteur. Les Palmiers sont représentés par le gracieux Areca, dont la tige droite, mince, composée d'anneaux d'une régularité parfaite, s'élance à 20 mètres et est surmontée d'une touiïe de feuilles larges, souples et d'un vert magnifique. Plusieurs l'hIMALAYA, 8ES J'UODUCTIONS NATURELLES. 81 Chamœrops y atteignent aussi de grandes proportions ; le Phœnix sylvestris s'y trouve en épais fourrés. Il n'est pas rare de voir un Phœnix de 8 à 10 mètres, sur la tète duquel croit un Ficus religiosa dont les racines, s'allongeant graduel- lement vers la terre, ont entièrement enveloppé le tronc du Palmier, dont on n'aperçoit plus que la tète au milieu du feuillage du Ficm. La première impression, naturellement produite, est que le Palmier est postérieur au Finis et qu'il croît dans un creux de l'arbre sacré, mais c'est toujours le contraire. Enfin, les endroits marécageux sont le domaine ex- clusif du modeste mais utile Palmier sagou. \\ semble que la Providence ait placé là, sous la main de l'homme, le seul ali- ment qui puisse, avec succès, prévenir et combattre la dys- enterie, ce lléau engendr(^ si rapidement |)ar l'air empoisonné de ces forêts. Tous ces arbres sont entrelacés par d'innombrables plantes grimpantes, parmi lesquelles on remarque des vignes gigan- tesques Cissus indica, quadrangidaris, carnosa et d'autres, dont les fruits fournissent une nourriture abondante à des tribus nombreuses et variées de Pigeons. Une autre liane très-commune dans ces bois est le Dolichos pruriens ; lorsque les gousses de cette légumineuse approchent de la maturité, elles sont couvertes d'un duvet subtil qui s'envole au moindre choc et dont chaque particule forme un dard empoisonné qui s'enfonce dans chaque pore du chasseur malencontreux et lui fait éprouver des tourments que Ton peut comparer au sup- plice infligé à Hercule par la tunique du centaure Nessus. La plus reinarquable de ces lianes est le colosse des plantes grimpantes, VHiplage Madoblata, qui embrasse de ses ra- jueaux un hectare de forêt, s'élance d'arbre en arbre qu'il étouffe, mais qu'il décore phorbiacées, des Phœnix nains et des Bambous épineux de petites dimensions, mais qui fournissent des tiges solides, sans cavités, élastiques, droites, longues de 3 à /i mètres sur un diamètre de 3 à (i centimètres, et dont les malfaiteurs de l'Inde fabriquent ces latties (bâtons ferres) dont ils se servent avec une adresse si fatale aux voyageurs, T/lIimalaya est maintenant devant nous et présente un rem- part abrnplc d'une élévation presque constante au-dessus de la plaine de 2000 mètres ; les flancs de la luontagne, revêtus d'un épais taillis de Bamfmsastricfa, ont une teinte uniforme de bistre. Les sonnnets sont enveloppés d'une végétation aux couleurs sombres qu'à celte distance on j)rendrait pour de chétifs buissons, mais qui sont des Pins et des Cèdres gigan- tesques, au milieu desquels on aperçoit, çà et là, quelques points blancs ; ce sont les maisons d'un cantonnement de l'armée andaise. Il semble, au premier abord, ([ue l'Aigle ouïe Vautour aienl seuls le pouvoir d'atteindre ces sommets si désirés, mais bientôt se déroule, devant le voyageur, une rampe étroite quoique cependant d'une pente régulière et facile à gravir, dont les mille détours embrassent la montagne, longeant, d'un côté, des précipices sans fond, tandis que de l'autre côté des pans entiers de roche surplombent la route et menacent d'une avalanche de pierres le voyageur inexpérimenté. La composition ordinaire de l'Himalaya consiste en couches de granit, de gneiss et de schiste, traversées en tous sens de nombreuses veines de quartz. Le granit est rarement exposé à nu en grandes masses, c'est le gneiss qui domine ; on ne trouve des couches plus récentes que dans de rares localités, c'est seulement après avoir dépassé les plus grandes chaînes, qu'en.descendantvers les |)lateaux de la Tartarie et du Thibet, on trouve des stratifications régulières de calcaire et de grès. Ces montagnes semblent être IVcuvre d'un soulèvement graduel et uniforme dont l'inclinaison est toujours dirigée vers l'extérieur de la courbe formée par la chaîne entière, (^ette inclinaison n'est jamais moindre de 40 à /i5 degrés et atteint fréquemment (>0 degrés, en sorte que la face qui re- 9/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. garde les plaines de l'Inde esl toujours plus escarpée que celle qui fait face au Tliibel et à la Tartarie, Après avoir franchi la première chaîne de 3000 rnètres, on en rencontre une autre de h à 5000 mètres, et enfin on arrive aux élévations de <> à 7000 mètres. En dépit du désordre apparent de ce soulèvement sans pareil, sillonné en tous sens par des éperons ou promontoires qui raccordent entre elles les chaînes principales, un observateur, placé sur un point cul- minant, distingue facilement les lignes concentriques dont l'é- lévation augmente graduellement à mesure qu'elles s'éloignent des plaines de l'Inde. La même observation, répétée sur divers points de l'Himalaya, donnera toujours un résultat identique, et l'on arrivera à concevoir un amphithéâtre régulier dont un grand secteur est remplacé par l'océan Inihen, et il ne faudra pas un bien grand effort d'imagination pour y apercevoir les restes du plus grand cratère de notre globe. On a déjà dit avec quelle patience et quelle industrie les montagnards de l'Himalaya préservent, contre les pluies tor- rentielles, ce que leurs montagnes leur oifrent de terres cul- tivables. Il n'est pas un point de ces montagnes propre à la culture qui ne soit nivelé avec art, en une succession de petites terrasses qui suivent, avec minutie, toutes les sinuosités du sol et qui sont soutenues par des murs de pierres sèches. Les pentes, même dans les endroits les plus favorisés, ne sont jamais moindres de lib degrés : ces terrasses si labo- rieusement construites ont rarement plus de li mètres de large, mais bien souvent elles sont de 1 ou 2 mètres seule- ment. Chaque flanc de montagne propre à l'agriculture est, de la sorte, taillé en gradins, et est la propriété d'un petit clan dont les habitations s'aperçoivent toujours au sommet de la pyramide formée par leurs terrasses successives. . Rien n'est plus connnun que de voir un petit hameau de dix ou douze maisons bien proprettes au pied desquelles se déroulent trois cents terrasses superposées et élevées l'une au-dessus de l'aulre de 1 à 2 mètres. Le Pahanj (1) dont les (1) Montagnard (de /'((/(a;-, inonlagne.) l'himalaya, ses productions naturelles. 95 champs les plus élevés sont dans la région des pins, peut, au bas de sa propriété éloignée de quelques minutes de marche, cultiver la Banane ou la Canne h sucre. Dans les premiers jours de mai, chacune de ces pyramides présente le spectacle curieux d'une récolte de froment que l'on vanne au bas du triangle, tandis qu'au sommet les épis sont à peine formés. Les habitations dominent toujours les champs : ce n'est pas que le montagnard craigne la chaleur , sa peau bronzée supporte avec la même indifférence les ardeurs d'un soleil tropical ou les rigueurs d'un ouragan de neige, mais l'expé- rience lui est acquise, qu'un séjour prolongé au fond des gorges engendre ces goitres malheureusement très-fréquents dans certains clans. Tout ce qui n'est pas cultivable est envahi par le Bttmbum stricto, et lorsque le terrain est trop pauvre pour ce Bambou, le plus sobre de sa famille, d'énormes Euphorbiacées tapissent les roches des rangs serrés de leurs succulentes tiges angu- laires, armées de pointes très-dangereuses. Cette plante est d'une grande ressource pour les agriculteurs et constitue le seul engrais qu'ils emploient : au mois de décembre on la coupe, on la laisse sécher sur place , et au mois de mai on la transporte sur les champs cultivés où on la brûle en grands las. A cette hauteur, on aperçoit fréquemment des buissons encore timides de Rosiers, de Bubus, de Berberis, le Princepia utilis et le Cerasus cornuta. Ce dernier est ici à l'état nain, mais à /iOOO mètres d'élévation il atteindra presque les dimensions d'un arbre. Toutes ces Rosacées luttent avec désavantage contre les ardeurs de l'été et les longues sé- cheresses; à 1000 mètres plus haut on les trouvera dans toute leur richesse. Plusieurs espèces de buissons épineux de la famille des Aurantiacées embaument l'air et prêtent un appui fraternel au Jasminwn pubigerum dont les grappes de fleurs d'un beau jaune ne sont pas moins odorantes ; entin plusieurs espèces de Smilox aux longs sarments armés de crochets très-acérés varient cette végétation par leurs guir- landes de feuilles coriaces, d'un vert sombre, surmontées de leurs fleurs blanches aux formes vaporeuses. 06 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. Le voisinage d'une source et d'un petit espace où l'humus est un peu plus profond est généralement signalé de loin au voyageur par un Fiais ou un Manguier séculaire, sous lequel on trouvera indubitablement un campement de muletiers qui s'arrêtent sous son ondjre pour y préparer leur repas, tandis que les ânes et les mulets, débarrassés de leurs fardeaux, errent en liberté dans le taillis et se régalent à satiété des jeunes pousses du Bambou. Tous ces arbustes tleuris sont fréquentés par plusieurs espèces d'Abeilles sauvages qui viennent y butiner et dont les unes bâtissent leurs rayons dans des fentes de rochers ou des creux d'arbres, tandis que d'autres, moins prévoyantes ou plus rustiques, suspendent leur édifice au milieu d'une touffe de Bambous. Pour ces dernières surtout, l'existence est dure et précaire ; ce n'est qu'au prix d'une vigilance assidue qu'elles arrivent à compléter leur œuvre. Nuit et jour une couche serrée d'Abeilles doit entourer le gâteau pour le protéger contre les ardeurs du soleil, la pluie, le vent et le froid, ou pour recevoir et repousser par un bataillon hérissé d'ai- guillons , la visite importune de guêpes voleuses et affa- mées, ou de Passereaux non moins gloutons. Les pauvres travailleuses sont donc forcées de se relever pour la garde de leur trésor : il faut que chaque point du rayon soit parfaite- ment couvert par un défenseur, car la guêpe, au corsage tigré, ne perd pas de vue la proie qu'elle convoite , et dès qu'une cellule est à découvert, les pirates s'y précipitent, la phalange rompue est bientôt dispersée , et en quelques minutes il ne reste plus aux branches du Bambou qu'un léger réseau trans- parent de cire entièrement dépouillé du miel et des larves qui avaient coûté tant de soins à cette intéressante colonie. Les Abeilles éperdues entourent leur Beine d'un nuage bour- donnant et vont loin de là commencer de nouveaux travaux. Par sa constitution géologique, l'Himalaya n'ollVe ni pla- teaux aux sommets, ni vallées au pied des montagnes, on n'y voit que des gorges étroites, et la rencontre de deux chaînes ne forme jamais qu'une ravine profonde, rocheuse, sombre et tourmentée. Les couches schisteuses sont si friables que l'eau les entaille et entraîne les débris avec facilité; le gneiss natu- l'hIMALAYA, ses 1 UODUCTIOiNS NATURELLES. 97 rellenient fendillé dans tous les sens, ne résiste guère mieux à l'efl'et allernatii' des celées d'hiver et des torrents de l'été. L'absence de plateaux, la pente rapide, la nature des terrains où il n'existe aucune stratification, font que cette masse d'eau ' s'écoule immédiatement vers les plaines, et quelques semaines après la saison des pluies on ne trouve plus que quelques mai- gres filets d'eau qui se perdent à travers les fissures du gneiss. Rien n'égale la grandeur sévère de ces montagnes formant une série continue de précipices au fond desquels il n'existe ni ces vallées fertiles et riantes, ni ces lacs transparents, ni ces chutes d'eau gracieuses ou grandioses qui font de la Suisse un séjour si cher au touriste. Tout concourt à produire sur le voyageur qui se trouve pour la première fois en présence de ce spectacle sublime, une impression pénible de désappointement; tout jusqu'à ces éternelles et monotones terrasses, qui succèdent si régulièrement sur les lianes des montagnes à ces fouillis non moins monotones de maigres bambous au feuillage rare et jaunâtre. Le spectacle de cette lutte opiniâtre de l'homme contre un sol ingrat et contre des éléments déchaînés rem- })lit de tristesse celui qui s'attendait ta des vues gracieuses, L'Himalaya n'est pas dameret : il faut du temps pour s'ha- bituer à ses lignes un peu rudes, mais éminemment grandioses, et quand on le comprend, tout s'elTace devant lui. Il faut, après une première visite à ces montagnes, avoir été retenu pendant de nombreuses années dans les plaines embrasées et empoi- sonnées de l'Inde, par les austères nécessités d'un travail sou- vent peu rémunérateur , pour être capable de concevoir avec (juel amour on se retrace les moindres accidents que l'on a jadis effleurés d'un regard distrait. La santé défaillante ajoute . à ces souvenirs l'attrait d'une guérison possible ; enfin le médecin a prononcé son arrêt : il faut profiter d'une légère amélioration dans l'état du malade pour le transporter dans les montagnes; dans un mois il ne sera peut-être plus temps. Ce conseil du médecin n'est pas excessivement rassurant pour le malade qui a quelque expérience de l'Inde, il sait que le docteur ne se soucie pas d'ajouter un nom de plus à la liste déjà trop longue de malades morts entre ses mains, et le con- :2'= SÉRIE, T. V.— Février 1868. 7 98 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. seil de changer de climat est très-souvent donné à la dernière extrémité du mal, pour éviter une responsabilité qui devrait bien plus justement être attachée au climat meurtrier. Le pauvre invalide revoit enfin ces montagnes que dix ans au- paravant il escaladait plein de vigueur, il embrasse de loin, d'un regard presque éteint, ces sommets ombragés où il espère voir cesser la lièvre qui le dévore ; quatre montagnards , jeunes, vigoureux et riants, Tenlèvent dans une légère li- tière. Tout le charme en ce moment : arbres, buissons, fleurs, oiseaux, insectes, ont des harmonies jusqu'alors in- connues. Ces précipices, au-dessus desquels les porteurs se plaisent à balancer les nouveaux arrivés , n'ont plus rien qui saisisse. L'homme le plus intrépide ne peut à la première ascension se défendre d'un sentiment de terreur, en voyant sa litière suspendue au-dessus d'un abîme de plusieurs milliers de pieds de profondeur ; pour l'habitué, la plaisanterie n'a plus d'efl^ét, il en profite au contraire pour jeter un regard scruta- teur en dessous de lui, et les montagnards nar(|uois, voyant que leur malice est éventée, suivent désormais le milieu du sentier. Vous entendez au-dessus de vous un chant saccadé, sorte de tyrolienne de sept à huit mesures sans cesse ramenées, vous levez la tête et apercevez une file de cinq à six jeunes femmes revenant de la source au village. Chacune porte sur sa tête trois vases de cuivre superposés et de grandeurs gra- duées, de manière à en former une élégante pyramide étince- lante au soleil. Ce sont ces femmes qui, d'une voix éclatante, chantent sur un ton hal(3tant et triste, mais cependant plein de . charme, une phrase qu'elles répètent successivement sur trois tons de moins en moins aigus : « Voici venir ta fiancée, fraîche et brillante comme l'eau de la source, parfumée comme la fleur sacrée du Lotus. » Ces femmes sont toutes remarqua- bles par la beauté de leurs traits ; de grands yeux bruns ou ■ gris, un nez aijuihn quelquefois un peu trop accentué, mais toujours élégamment ciselé, des lèvres fines, de belles dents, un visage du plus pur ovale toujours animé par une gaieté franche que l'on ne trouve pas chez l'habitant des plaines, un l'himalaya, ses productions naturelles. 99 teint que ne dédaigneraient pas beaucoup d'Espagnoles, don- nent à la physionomie de ces femmes un attrait réel. Souples, svelles et élégantes, elles exposent sans réserve une jambe nerveuse et bien arrondie, et de petits pieds déliés garnis d'anneaux d'or massif qui résonnent sous leurs mouvements cadencés. Tout cela fait de la Paharie un être aussi simple que gracieux; ajoutons que ces femmes sont, assure-t-on , aussi sages qu'elles sont belles. Toules les fois qu'elles sortent, elles portent des bijoux d'or aux ailes du nez, aux oreilles, au cou, aux bras, aux jambes. Leurs orteils disparaissent dans des rangs serrés d'anneaux d'or. Cet étalage de richesses prouve l'aisance produite par le travail qui, à la première vue, parait si rude et si peu rémunérateur, et proclame l'extrême sécurité de ces montagnards dont la probité proverbiale con- traste avec la fourberie de l'habitant des plaines. (Les femmes et les enfants, ornés de bijoux, sont dans les plaines de l'Inde le point de mire favori des voleurs, et ne s'aventurent hors de leurs demeures qu'au risque d'être dévahsés.) Les hommes Paharis ne sont pas moins bien partagés que leurs femmes : rien n'égale la solidité et l'élégance de la jambe d'un porteur de litière. Quatre de ces hommes montent au pas de course une pente de lib degrés, chantant de temps à autre l'unique phrase musicale de ces montagnes : Voici venir j)u/ /iancée, etc., et portant une litière qui, avec les bagages, ne pèse jamais moins de 150 kilogrammes. Gais, polis, obligeants, ils feront tout ce qu'on exigera d'eux avec alacrité, mais ils exigent un haut salaire. Ces hom- mes ont la peau d'un brun clair, quelques-uns sont presque blancs, et rien n'est plus commun que de voir patauger dans une mare une troupe déjeunes enfants dont les joues brunes sont enluminées d'une belle couleur rose. On arrive à la limite supérieure des Bambous, on n'en ren- contre plus que quelques bouquets épars et de plus en plus chétifs. Les Euphorbes, qui tout à l'heure cachaient les ro- chers, sont maintenant clair-semés et prennent peu de déve- loppement; elles cèdent la place aux Rosacées qui dominent désormais, et étalent leurs tiges épineuses à des distances in- 100 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLUGKjUE D ACCLIMATATION. connues en Europe; chaque ravine envoie à la petite caravane des bouffées d'une brise réellement, l'roide et chargée de l'aromc des Conifères, qui ne sont pas loin, mais que l'on n'aperçoit pas encore; enfin, au détour d'un promontoire, les Paharis poussent une exclamation joyeuse : Véla'iti ! vélaïti ! (l'Occi- dent! votre pays !) et le malade est déposé au pied du premier Pin. Ce cri ne vibre pas avec moins de charme, en cette circon- stance, que celui de Terre! terre! réveillant de leur agonie des naul'ragés mourants, abandonnés dans une frêle barque aux fureurs de l'Océan. Le Pinm longifolia n'est-il pas un messager gracieux qui s'est aventuré à 100 mètres au-dessous de ses frères pour accueillir l'invalide et lui dii'e : voici la santé et la vie ? Ce symbole d'espérance et de salut vient en môme temps rappeler à son souvenir le toit paternel, les jeux de son enfance, des amis bien chers : il s'élance, cueille une branche de cet arbre, emblème de la patrie absente, et la porto involontairement à ses lèvres. Une couleur brillante, qui n'est pas cette fois causée par les ardeurs de la lièvre, passe sur ses joues creuses et étio- lées, le long desquelles roulent deux larmes silencieuses. Il faut peut-être avoir été longtemps éloigné de son pays, il faut avoir longtemps lutté contre la fortune adverse pour pouvoir apprécier toute la suavité déchirante de ce sentiment qui fait d'un arbre un ami, un frère, la [)atrie; mais ii faut plaindre celui qui, en de semblables circonstances, n'éprouverait pas le même bonheur. On entend déjà ce bruissement monotone et doux causé par le passage du vent dans les feuilles des sapins qui, à 100 mè- tres i)lus haut, forment une forêt épaisse. Cette vue, cette harmonie, si famdière à son enfance, donnent au malade une vi<>ueur surnaturelle, et il veut lutter d'agilité avec ces mon- tagnards rayonnants de santé. « Je suis aussi un montagnard! leur dit-il : et quittant la litière fiévreuse, il marche brave- ment à côté de ces fils de l'Himalaya. Mais bientôt, l'air ra- l'éfié le rend haletant, ses jambes refusent de le porter, et il se hâte de regagner son motieste véhicule ; cela nécessite une pause assez longue, pendant laquelle il jette un coup d'œil l'iiimalaya, ses productions naturelles. loi sur le magnifique panorama qui se déroule sous ses pieds. La végétation tropicale est déjà loin dans les profondeurs des gorges : autour de lui est une épaisse forêt où se pres- sent tous les arbres qui ont des analogues en Europe et d'au- tres plantes spéciales à cette région de rilimalaya. Nous avons dépassé 2000 mètres d'élévation au-dessus de la mer, et nous sommes au milieu de Pintis loiujifolia et cxcelsa ; ici paraissent les premiers Cedrus deodara ; voici le Quercus dilatata dont le feuillage, toujours vert, offre, pour tous les herbivores, un aliment abondant et précieux; les Ceri- siers sauvages et les Abricotiers forment des bosquets très- touffus ; les Singes et les Oiseaux se chargent de propager ces arbres utiles ; les fruits du Cerisier servent à composer plu- sieurs liqueurs très-agréables; le fruit de l'Abricotier, sans approcher des espèces cultivées en Europe, est encore assez bon, et se trouve en telle abondance, que les montagnards en ramassent les noyaux, dont l'huile sulïit à tous leurs be- soins. Cet arbre croît rapidement et mériterait peut-être d'at- tirer l'attention des conservateurs de nos forêts, à cause de sa propagation rapide. Les Poiriers sauvages sont aussi très- nombreux, mais leurs fruits, durs et acerbes, Sont abandonnés aux Singes et aux Perruches; cet arbre serait, avec l'Abrico- tier, très-digne d'attention pour reboiser des sommets arides. Voici un groupe du magnifique lUiododendroîi arboreum; nous sommes un peu tard pour le voir dans toute sa splen- deur, mais il lui reste encore quelques fleurs tardives qui suffisent pour donner une idée du spectacle magnifique que doit présenter une forêt de ces arbres, à la fin du mois de mars. A côté des Rhododendrons se trouve généralement 1'^;^- dromeda ovaUfoHa, à Técorce spongieuse, profondément cre- vassée : ce géant de la famille des bruyères rivalise pour la taille avec les plus beaux Chênes ; les montagnards attribuent à ses feuilles de très-grandes vertus pour le traitement des rhumatismes, ce qui mérite peut-être d'être étudié; une autre propriété indubitable de 'cet arbre, c'est que les Chèvres ou les Moutons qui en mangent les jeunes branches sont frappés d'une sorte d'ivresse suivie de paralysie et de mort. 102 SOCIÉTÉ IMPÉRTALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Beaucoup de ces arbres sont enveloppés par les immenses bras du Rosa Brunonis ; un pied de ce Rosier suffit pour cou- vrir et étouffer plusieurs Cèdres. Au mois de mai, le Rosier Brunonis se couvre d'un nuage de Roses blanche^ qui répan- dent à une grande distance un parfum délicieux ; enfin, sous la feuillée, on aperçoit de nombreux buissons du DapJme m.u- cronata qui montre à la fois des bouquets de ses petites fleurs charnues, d'un blanc d'émail, et de nombreuses grappes de ses fruits mûrs. Cette plante est très-intéressante, car son écorce fournit la matière première d'un papier très-fort et très-léger. Pour la première fois, nous apercevons devant nous un espace de terrain assez considérable d'une pente très-modérée; c'est un des rares vallons de l'Himalaya. Au centre s'élève une belle maison, évidemment de construction européenne, et entourée de bâtiments plus modestes. C'est une plantation de Thé ; on voit les rangs pressés de ces arbustes faisant de cette vallée un immense échiquier, au milieu desquels on a laissé subsister, comme jalons, quelques (ïèdres et quelques Chênes gigantesques. Cette industrie, introduite dans l'Inde il y a à peine vingt ans, donne, en dépit de nombreux obstacles, de si beaux ré- sultats, que la France ne saurait, sans manquer à ses inté- rêts, négliger plus longtemps de s'occuper de cette question importante. i^La suite à un prochain numéro.) ETAT DE LA DOMESTICATION DE L'AUTRUCHE AU JARDIN d'acclimatation d'ALGER, AU 20 DÉCEMBRE 1867, Par M. A. HARDY, Directeur du Jardin d'acclimalalion d'Alger. La dernière communication que j'ai en l'honneur de faire à la Société impériale zoologique d'acclimatation, sur la domes- tication de l'Autruche, remonte à l'année 1861. Depuis, des progrès se sont accomplis, des observations nouvelles ont été laites et sont l'objet de la présente communication. En 1862, cinq couples d'Autruches ont produit 69 œufs. Ces cinq couples ont couvé. Il est éclos 29 petits Autruchons; de l'éclosion à l'âge de trois mois, il en est mort 16 ; il en est resté 13 bien portants. En 1863, cinq couples ont pondu 135 œufs; mais il faut dire tout de suite, pour expliquer cette fécondité, qu'un de ces cinq ménages se composait de deux femelles et d'un mâle; ces deux femelles pondirent cinquante œufs sur le même empla- cement, mais elles ne couvèrent pas, ni cette année, ni les suivantes. On a avancé qu'à l'état sauvage plusieurs Autru- ches se réunissaient quelquefois pour pondre et couver dans le même nid. Dans l'expérience que j'ai tentée le résultat a été négatif; quant à l'incubation, je reviendrai sur ce point. Cette année-là il n'y a eu que deux couples qui ont couvé. Un a fait éclore sept petits, deux sont morts peu de temps après l'éclo- sion, il en est resté cinq bien portants. L'autre couple a amené onze petits, mais le lendemain de l'éclosion, la mère les a tués tous les onze, pendant la nuit, alors qu'ils étaient abrités sous ses ailes. En 186/1, cinq couples ont produit 112 œufs. Un seul couple a couvé; il a amené onze petits, dont dix ont vécu et se sont élevés. Ce couple est le plus âgé, et c'est celui qui couve avec le plus de succès et qui élève le mieux ses petits. Chez un autre couple, alors que la ponte avait déjà atteint le chiffre de sept œufs, le mâle a battu sa femelle à outrance, lui a déchiré la ■lO/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCfQUE d'aCCLIMATATION. peau du cou ol l'a beaucoup maltraitée. Ceci se passai! le 3 mars. Afin de tempérer son ardeur, on s'arrangea pour lui donner moins de nourriture; les sévices ne continuèrent pas, mais la ponte fût suspendue. Elle se manifesta de nouveau le 23 mars et se continua jusqu'au 12 avril. C'est cette femelle qui a tué ses onze petits l'année précédente. Le maie ni la femelle ne parurent vouloir couver cette année. En 1865, six couples ont donné 125 œufs. Trois couples ont couvé. Un, toujours le plus âgé, a amené onze petits vivants. Mais le nid a été aussitôt envahi par un essaim de mouches carnassières Musca carnifex, Rob. Avant que les petits Au- truchons, sortant de l'œuf, ne fussent sèches, ils étaient litté- ralement couverts des larves de ces insectes. Ces larves gros- sissaient à vue d'œil et chez plusieurs petits Autruchons, elles pénétrèrent par l'ombilic jusqu'aux intestins. Après avoir es- sayé divers moyens de les combattre, ces larves ne cédèrent que sous d-'abondantes lotions d'huile camphrée. Cependant quatre Autruchons moururent des suites de celte invasion d'insectes que je n'avais pas encore observée et qui ne s'est pas reproduite, à ma connaissance. Un peu plus tard, deux des jeunes Autruchons restant furent en partie mangés par des ratons (Mangoustes). Sur les onze éclos, il n'en resta plus que cinq qui furent mis chaque soir dans une caisse fermée pour les soustraire, pendant la nuit, à la voracité des animaux car- nassiers, jusqu'à ce qu'ils aient pris le développement néces- saire pour se défendre. Un autre couple a amené deux petits qui ont été, en une nuit, mangés par les ratons (Mangoustes). Le troisième couple a amené quatre petits, qui ont été tués parlamère à leur sortie de l'œuf. C'est la même qui, une pre- mière, fois en tua onze et qui, l'année dernière a eu le cou déchiré par son mâle. En 1806, six couples ont pondu 129 œufs. Il y a eu trois couvées. Le vieux couple a amené treize petits vivants; il en est mort un; douze ont été élevés. Un autre couple a amené sept petits vivants; un est mort ensuite; six ont été élevés. Dans celte couvée, le mâle seul s'est mis sur les œufs; la fe- DOMESTICATION DE L AUTRUCHE. 105 melle s'y est refusée obstinément malgré les coups que lui don- nait son compagnon pour la contraindre. Le troisième couple a amené trois Autruchons. La femelle est cette marâtre qui a toujours tué ses petits à mesure de leur éclosion. Elle en a fait autant de ceux-ci. Il est à peu près certain que cette bêle ne se corrigera pas de ce défaut capi- tal ; il est, partant, inutile de la laisser couver à l'avenir. De la lin de 1866 au commencement de 1867, le malheur est venu frapper sur ces parcs. Deux femelles sont mortes à peu de distances sans que l'on ait pu se rendre compte exac- tement de la cause de ces accidents. Un mâle est mort à son tour après s'être cassé la jarnbe. Ces trois décès ont désorga- nisé trois accouplements. Au moment de la ponte, il n'y avait plus que trois couples au complet, qui ont pondu 75 œufs. Deux couples seulement ont couvé ; un, le plus ancien, dont le mâle est Agé de vingt-cinq ans au moins, a amené treize pe- tits vivants ; un est mort peu de temps après ; il en est resté douze. L'autre a amené dix petits, deux sont morts peu de temps après l'éclosion ; il en est resté huit en bon état. Je donne maintenant, année par année, le relevé des résul- tats que j'ai obtenus depuis que je m'occupe de la domestica- tion de l'Autruche. ANNÉES. NOMBRE de couples. N 0 M 1) R E d'œufs pondus. .NOMBRE de petits éclos. NOMBRE de petits vivants trois mois apri'^s l'éclosion. OBSERVATIONS. 1857 1858 1859 18C0 1861 1862 1863 1864 1865 18G6 1867 1 2 9 2 5 5 5 5 6 6 3 20 28 42 45 95 69 135 112 125 129 75 1 12 0 9 17 29 18 lo 17 23 23 1 12 0 (1) 5 (2) 14(3) 13 5 10 5 18 20 (4) 103 (1) Enl859,pa8d'éc,lo- sion. (Voyez page 13 du Bulletin, année 1861.) (2) Ces cinq forment une deuxième génération par la mère, née en 1857. (3) Trois nouveaux cou- ples ont été formés par trois malts et trois femelles, nés en 1858. (4) Deux couples seule- ment ont amené des petits. On a pu former trois nou- veaux couples à la fin de la saison. Totaux 875 162 106 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. REMARQUES SUR LA REPRODUCTION DE l'AUTRUCHE. Quoique l'Autruche soit, en général, d'humeur sociable, sa reproduction, en captivité, est parfois soumise à des éventua" lités qu'il n'est pas toujours possible de conjurer. Cependant, par la connaissance plus intime qui s'acquiert chaque jour des mœurs et du caractère de ce grand oiseau, on arrive, de pro- che en proche, à éloigner les accidents. En 18G0 (1), j'ai eu l'honneur de soumettre à la Société Vétat de la domestication de V Autruche à Alger, dans lequel j'ai indiqué le mode d'éducation qui m'avait donné les meil- leurs résultats. J'ai parlé de l'habitation à lui donner et de la nécessité de favoriser l'isolement des couples, surtout au mo- ment du rut et pendant la couvaison. Aujourd'hui, je viens faire part à la Société de quelques remarques que j'ai faites depuis cette époque sur ce sujet. La réussite des couvées dépend surtout du bon appareille- ment des couples. Lorsque l'on a pu réunir un mâle et une femelle d'humeur douce et paisible, chez lesquels l'accord est constant dans les divers actes de ce travail long, pénible com- pliqué de la reproduction chez ce grand oiseau, ce couple a alors un prix inestimable, et l'on est à peu près sûr de voir l'union des deux êtres qui la compose amener des résultats fructueux. Il se présente des cas dans lesquels, de prime abord, l'anti- pathie se déclare entre deux sujets de sexe dilférent réunis dans la même enceinte. Le mâle maltraite la femelle continuel- lement, et lorsque cette situation se prolonge, on peut être certain que ce couple ne produira rien ; il faut alors en sépa- rer les individus. D'autres fois, la bonne harmonie règne au début, la ponte s'opère dans de bonnes conditions, mais la femelle refuse de couver; le mâle la pourchasse sans cesse ])uur la con- J,raindre, et dans leurs ébats, ils cassent les œufs ou détrui- (1) Voyez Bulletin mensuel de la Société, l. Vlll, n''* 1 ci 2 janvier, fé- vrier et mars 1861, p. 6 à 19 et G5 à 71 . DOMESTICATION DE l' AUTRUCHE. 107 sent les couvées. Quelquefois, dans ce cas particulier, le mdle prend le parti de se mettre sur les œufs le premier et accomplit à lui seul le travail de l'incubation; mais il en éprouve un fatigue, un épuisement dont il a beaucoup de peine à se remettre. Dans d'autres circonstances, c'est l'inverse qni se présente; la femelle se met paisiblement à couver ses œufs, mais le mâle, trop ardent et sentant encore l'aiguillon du rut, la tourmente sans cesse ; l'instinct de la paternité ne s'est pas encore réveillé chez lui et, dans la lutte, les œufs sont cassés. Le moyen de combattre cette impétuosité du mâle est de diminuer un peu sa nourriture, surtout sa ration de grain. Il semble de prime abord, que dans ce cas, on obtiendrait un résultat plus immé- diat et plus efficace en séparant les deux individus. Il n'en est rien. L'Autruche devient très-inquiète dès que la moindre des choses est dérangé dans ses habitudes. Par l'absence du mâle, la femelle s'agiterait dans le parc, affolée, sans plus songer à ses œufs. On a dit que l'Autruche est polygame; j'ai mis ensemble, dans un même parc, un mâle et deux femelles. Le mâle a par- faitement servi ses deux compagnes, les femelles ont pondu toutes les deux dans le même nid. Lorsque la ponte a été avancé, l'instinct de la rivalité, de la jalousie, s'est éveillé chez elles; elles se sont battues sur le nid, ont cassé et dispersé les œufs. Elles n'ont pas couvé. Le même fait s'est repété pendant trois années de suite. On peut en conclure que cet état n'est pas favorable à la procréation. Ces mêmes symptômes de jalousie se manifestent lorsque des femelles pondeuses ou mères se trouvent rapprochées dans des parcs contigus ; ehes sont en proie aune inquiétude, à une agitation nuisibles et qu'il faut éviter en tenant les cou- ples reproducteurs éloignés les uns des autres. PRODUITS DE l'autruche. , Les produits utilisables de l'Autruche, on l'a dit bien sou- vent, et le premier entre tous, l'illustre et regretté fondateur 108 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'aCCLIMATATIOX. de la Société impériale zoologique d'acclimatation, sont : les plumes, les œufs et la chair de ce grand oiseau. Mais pendant longtemps encore le produit principal consistera dans les cou- vées réussies qui sont indispensables pour accroître la race domestiquée et dont les petits Autruchons qui en proviennent trouvent un placement facile. On ne peut guère compter sur tous les œufs et les grandes plumes des couples qui couvent, car les plnmes sont alors détériorées par le frottement plus que chez les oiseaux qui ne couvent pas, et quant aux œufs, dans ce cas, on ne peut utiliser que les coquilles de ceux qui ne sonl. pas incubés ou qui sont clairs. Cependant, on ramasse dans les parcs etcliaque jour toutes les plumes qui se détachent naturellement des diverses par- ties du corps de l'Autruche. Ces plumes se vendent au kilo- gramme. Les plumes des ailes sont les plus recherchées, et ce sont celles des mâles qui ont le phis de valeur. Au mois de septem- bre 1866, j'ai arraché k six mâles qui n'étaient pas accouplés deux cent soixante-quatre plumes des ailes qui ont été vendues à la pièce. Ces plumes diverses ont été vendues ici, aux enchères pu- bliques, le ih noven'ibre 1866, Voici, du reste, le produit du troupeau d'Autruches entre- tenu dans l'établissement, pendant l'année 1866. 1» 26'^'!, 300 gr. plumes ramassées dans les parcs, vendues à la critîe, à raison de 66 fr. 19 c. le kilo, en moyenne, ci '17/|0 fr. 90 2° 2 kilogr. plumes pins i)clles que celles-ci, choisies pour TEx- posilion universelle, néanmoins estimées au même prix, ci.. 132 38 3° Trois cent (piatorze plumes des ailes, vendues à la criée, et en moyenne 3 l'r. 99 cent, la pièce, ci 854 70 U" Cinquante plumes des ailes, surchoix, pour l'Exposition uni- verselle, mais estimées seulement au même prix, ci 199 50 5" Quatre-vingts o'ul's vides, cédi's à deux industriels par fa- veur administrative, au prix moyen des enchères de l'année précédente, soit /i fr. 73 cent. l'un. Mais cette année-là, ces (pufs étaient très-recherchés; les arrivages du désert, de plus A reporter 2927 fr. /j8 • DOMESTlGATiOA DE l'AUTRUCHE. lOP Beport.. 2'J'J7fr. /j8 on plus raios, nianquaicnl complotcmenl; ils valaient cou- lamineiU et au dt'tail 10 francs pièce. En 1867, nous en avons vendu quaiaiitc-iinalrc au\ enchères publiques, au prix moyen de 7 fr. 88 cenl. pièce. C'est ce prix qu'il convient d'appliquer à ceux de 1866, et nous avons une somme de. . 630 /iO 6° Quatorze œufs vides, poiu- l'Exposition universelle, estimés aux mêmes prix que ci-dessus - 110 02 7° Sont ii»''s et venus à bien, en 1866, dix-huit Aulruchons es- timés au prix de 250 francs la i)aire, après l'âge de trois mois, ci 2250 » Total 5918 fr. 20 Ce produit a été obtenu de '21 Autruches adultes, mâles et femelles, soit '281 fr. 80 c. par tête. Ces oiseaux consomment par tête et par jour 500 grammes d'orge, de l'herbe et, à défaut, des opuntia coupés par mor- ceaux. Cette nourriture, y compris les soins, ne coûte pas plus de 20 centimes par jour et par tète, ce qui fait par an 73 francs. Je ne fais pas entrer ici en ligne de compte ce qu'ont coûté les oiseaux depuis leur naissance jusqu'au moment où ils peu- vent passer à l'état de hôtes de rente; ce sera, plus tard, l'objet d'une communication basée sur les faits. Mais je puis dire, dès à présent, que ces frais sont moins élevés que pour l'âge adulte, et cet aperçu est de nature à. convaincre que l'Autruche peut devenir très-sérieusement un animal de rap- port, qui peut être entretenu, avec profit, dans les exploita- tions agricoles des pays méiidionaux. ^ LAGRICULTURE DANS L'EMPIRE CHINOIS, Par M. a. Eus. SliMOIV. M. G. Eng. Simon, consul de France à Ning-Po, membre honoraire île notre Société, a dressé et envoyé au Président de la Société impériale d'Acclimalalion, ainsi que nous l'avons dit [)a!j;e 776 du Bulletin de 18(>7, une carte agricole géné- rale de l'Empire chinois. Nous reproduisons les extraits les plus intéressants de la Notice explicative qui accompagnait cette carte. R. I C'est assurément à propos de tous les pays, mais surtout à propos de la Chine, que Ton peut dire qu'aucune division n'est aussi propre qu'une division agricole à donner une idée rapide et exacte du pays, quel que soit le point de vue auquel on se place. Pour la plupart des lecteurs, le même degré de latitude re- présentera le mémo climat, la même température on Chine, en France, en Russie, en Amérique, etc., et cependant ne donnera aucune indication sur l'orographie ni la topographie de la contrée ; logiquement, on sera porté à penser qu'il y a les Chinois du Nord et ceux du Sud, ceux des confins du Thi- het et ceux des hords de la mer, les mêmes différences qu'entre l'Anglais et l'Espagnol, entre le Français et le Russe. Or, rien n'est nioins juste. On demandera comment j'ai pu réunir les nombreux élé- ments d'un aussi grand travail? Ma réponse est dans les fonc- tions cj[ue j'ai successivement remplies depuis six ans. — Pen- dant plus de trois ans et demi d'abord, délégué du ministère de l'agriculture et du commerce, j'ai parcouru une grande partie de la Chine; des bords de la mer, mon pied est allé heurter aux derniers contreforts des chahies du Thibet et s'enfoncer dans les sables mouvants de la Mongolie; pendant plus de trois ans et demi, je n'ai cessé d'explorer les dilïë- l'agriculture dans l'empire chinois. 111 renies régions agricoles comprises dans ces lointaines limites, et, depuis deux ans f{ue, par la bonté de S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, je me trouve rattaché au pays que j'avais ainsi appris à connaître, et pour lequel je me sentais une réelle sympathie, j'ai repris, autant que me l'ont permis mes nou- velles occupations, des éludes auxquelles n'ont d'ailleurs jamais manque les l)ienveillanls encouragements du ministère des affaires étrangères. Je n'ai pourtant pas pu tout voir , mais les cjnelques pro- vinces que le défaut de temps et d'argent {car s'il en coûte pour voyager, c'est surtout en Chine), elles provinces, dis-je, que le défaut de temps et d'argent m'ont empêché de visiter, ne me sont pas pour cela restées tout à fait inconnues; des entretiens avec des Chinois, originaires de ces provinces, con- trôl('S et conlirmés par des correspondances soigneusement entretenues avec mes amis les missionnaires, m'ont mis à même de supjdéer, jusqu'cà un certain point, à l'observation directe. Et, à ce propos, qu'il me soit permis de citer ici en témoignage de juste reconnaissance les noms de MM. l'abbé Mihières, qui voulut bien m'accompagner pendant un long voyage en Mongolie ; l'abbé Vinçot, qui ne voulut pas non plus me laisser seul pendant tout mon voyage dans les provinces occidentales, quoique ce fut dans la saison la plus chaude et la plus pénible ; l'abbé Perny ; l'abbé Delamarre, enlevé il y a trois ans par une mort rapide à la science et à l'apostolat; de Leurs Grandeurs Messeigneurs Faurie, Chauveau, Destlèches, Thomines-Desmazures, Yerrolles, des missions étrangères; de MM. l'abbé Jeandard, l'abbé Tagliabue, l'abbé Anot et de Leurs Grandeurs Messeigneurs Dclaplace, Anouilh, Baldus et Mouly, des missions lazaristes; de MM. l'abbé Tang et l'abbé Tchang, et de Leurs Grandeurs Messeigneurs Navarro et Zanoli, des missions franciscaines; enfin, du P. d'Argycet, des regrettés PP. Lemaitre etClavelin, delà Compagnie de Jésus. Toutes leurs lettres, respectueusement conservées, forment de pré- cieuses pièces justificatives, dont quelques-unes trouveront leur place dans le cours d'un prochain travail. 112 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOiUQUE d'aGCLIMATATION. II '-^■■''"^ '' ^ ■ ■" -'^ ■ ■' •■ "■■■■■■.■. n.» Les limites de la carte dont il est question sont indiquées au nord par 39 degrés de longitude du 2*2" occidental au 16" orien- tal (méridien de Pékin), et, au sud, par 31 degrés du 18*^ oc- cidental au 12" oriental, et, i)ar conséquent, par les kli" et 18" degrés latitude nord, c'est-à-dire j)ar 737 lieues de Testa Touest, et par 675 du nord au sud, comprenant une surface de Zi97 /|75 lieues carrées environ. La carte que nous analysons signale quatorze récoltes, mais, quoique je me hâte de le dire, ce soient à peu près les principales, nous n'en avons que quatorze, et la Chine en comprend soi.mntc-dix. Qu'on les suppose un instant réunies, se croisant, se cou- vrant, se décuplant les unes après les autres; l'esprit est })resque effrayé de la masse énorme de population nécessaire, soit pour les produire, soit pour les consommer. - Que l'on remarque de plus que certaines de ces récoltes sont cultivées jusqu'en des lieux où il semble le plus impos- sible qu'elles existent, comme le Riz qui est produit jusqu'au sommet des montagnes ; et que l'on songe aux elTorts prodi- gieux qu'il a fallu accomplir pour les y amener; combien de- vaient être et sont impérieux les besoins ipii les ont réalisées ! Faut-il d'autres indices de la densité de la population, d'autres })reuves des chifïres accusés par les recensements? Que l'on remarque encore qu'aucune de ces soixante-dix cultures n'est spécialement destinée à l'alimentation des ani- maux, que, par conséquent, sauf pour le petit nombre de ceux que rherl)e des chemins et des cimetières et les déchets de la consommation de l'honuTie permet d'entretenir, toute force doit venir de l'homme, et que c'est de lui encore que la terre attend toute sa fécondité. ■ ' Remarquons enfin que la plupart de ces récoltes sont infini- ment exigeantes : c'est le Thé, dont il faut cueillir toute la feuille au moment précis et voulu, presque mathématique (.le sa croissance, avant qu'elle ne grandisse davantage. l'agriculture dans l'KMPIRE CHLNOIS. 113 C'est le Riz, qui demande tant de soins pendant trois mois que presque partout où il abonde nous le voyons exclure les autres plantes? C'est la cire d'insectes, dont les producteurs doivent être incessamment surveillés, protégés contre leurs innondjrables ennemis, ramassés s'ils tombent, au bout d'une aiguille de bois et replacés sur leur nourrice; c'est le Ver à soie, et, quand ce n'est pas celui du Mûrier, c'est celui du Chêne, véritable enfant dont je n'ai pas besoin de rappeler tous les caprices. En vérité, si une chose pouvait nous étonner dans les chil- i'res en question, ce serait qu'ils ne fussent pas vi'ais. Cinq cent trente-sept millions, disent-ils? C'est en effet pos- sible, et cependant, c'est si écrasant que je comprends encore qu'on répugne pour ainsi dire à l'admettre. Mettons donc quatre cents (1), mais il serait absolument impossible de dire moins. Et maintenant reportons-nous au chilfre de notre com- merce avec ces quatre cent millions d'iiommes. En 186/1 (-2), il était de /i98/|10 88(j francs pour l'exporta- tion, et de 4(5(5 336 992 francs pour l'importation, soit, en tout, 9(5/1 7/i7 878 francs. Si nous voulions savoir de combien ce commerce étranger affecte chaque Chinois, nous trouve- rions un dividende de 2 Trancs 30 centimes environ, ce qui est peu; mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Sur les /i(56 33(5 992 francs d'importations, il y a 63135 612 francs de lainages, 42 591 132 francs de cotonnades, 187 535 160 fr, d'opium, 173 075 088 francs divers, renfermant pour une somme considérable des objets destinés à l'usage exclusif des Européens. Laissons de côté les 187 000 000 de francs d'opium, retran- chons encore 20 000 000, rejjrésentant, soit les consonuna- lions européennes, soit les réexportations, et il nous restera une somme de 258 801 832 francs affectant utilemoit par l'importation la population chinoise. ■ - (l) Un icconscmeiit fail en 1812 accusait o67 millions (riiabilaïUs. {-) ^oyez Réjlej.iuns sur l'élai actuel du cumiiurce européen en Chine. 186/1, par G. Eug. Simon. 2« SÉRIE, T. V. — Février 1.S68. 8 lU SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Si nous convertissons à présent cette dernière somme en cotonnades à raisoni d'un prix moyen de 12 francs la pièce, et il y a là deux grandes exagérations en faveur du commerce européen, nous trouvons qu'elle représente un chilTre de 21 5(î(3 S20 pièces environ. Est-ce trop d'attribuer à un habitant imc consommation annuelle de deux pièces? Si ce n'est pas trop, onze millions huit cent mille habitants seulement prendraient part à nos importations , mais si nous voulions tenir compte des exagéra- tions signalées, ce ne serait tout au plus que 7 à 8000000, soit 10 000 000 d'habitants. Or, la seule province du Kiang- nan, où se trouve Ghang-haï en compte 70 000000. Encore ces 10 000 000 de consommateurs ne se trouvent-ils pas grou- pés, il a fallu aller les chercher, les solliciter presque par l'ouverture de douze ou quatorze ports. Voilà à quoi se borne l'iidluence du commerce européen en Chine, et cela après deux cents ans pour le moins de tenta- tives et d'essais et trois ou quatre guerres plus ou moins coûteuses. Que conclure de ce qui précède, si ce n'est de deux choses l'une, et peut-être les deux, ou que la Chine est tellement organisée qu'elle ne ressent aucun besoin de notre commerce (sans cependant que l'on ait la re'ssource d'expliquer cette indifférence par l'absence de besoins, car la carte prouve pré- cisément le contraire), ou que nos eÛbrts ont été des plus ma- ladroits, puisqu'ils n'ont abouti qu'à des résultats relativement aussi insigniUants. Voilà une première observation, après le nombre et l'inten- sité des cultures, ce qui, dans l'examen de la carte agricole de la Chine, attire le plus l'attention, c'est la façon dont elles sont groupées, et groupement qui résulte de leur distribution, ou, en d'autres termes, de leur assolement. Qui dit assolement suppose loi, et si je me sers de ce mot, c'est qu'il est plus qu'évident que cette distribution n'est ni arbitraire ni fortuite, et si l'on pouvait en douter, il suffirait pour s'en convaincre de remarquer la division d'une même production en un nombre plus ou moins grand de foyers, soit l'agriculture dans l'empire chinois. 115 à de longues, soit même à de courtes distances ; l'empresse- ment que certaines récoltes semblent mettre à se rechercher, l'accumulation de plusieurs sur un même point, etc. Toutes ces choses, encore une fois, ne sont pas assurément sans raisons. Ce n'est pas ici le lieu de les exposer. Il y a assolement, c'est tout ce qu'il nous importe, et beaucoup de personnes penseront peut-être que j'aurais pu me dispenser de le montrer. Il y a assolement, et cet assolement, le plus riche que l'on puisse imaginer, des milliers d'années l'ont consacré. Il n'est donc pas seulement riche, il est à croire qu'il est aussi, bien entendu, sage. On pourrait dire que c'est le temps lui-même qui l'a établi, et rien n'est solide comme les constructions dont le temps se fait l'architecte. Dans tous les cas, si ce n'est pas le temps qui l'a édifié, il est sûr que le temps l'aurait détruit s'il avait été défectueux. Ainsi, nous sommes en présence d'un assolement riche et sage, c'est-à-dire le plus productif, le plus économique possi- ble ; et alors ne doit-on pas user de la plus extrême circon- spection pour engager le peuple chinois à le répudier ou seu- lement à le modifier, car n'est-ce pas le changer que d'augmenter la sole de telle ou telle culture. ^ ■ Ne peut-on concevoir maintenant les répugnances qui lui font résister aux sollicitations étrangères. Il y a cédé quel- quefois et il n'a eu qu'à s'en repentir. En 1863, par exemple, on avait engagé les cultivateurs du Tché-kiang à mettre le plus possible de terres en coton, et en 18'53, les récoltes de plusieurs milliers d'hectares étaient abandonnées sur pied faute d'acheteurs. Un autre méconq3tc bien plus cruel attend les Chinois, dans peu d'années, quand les coteaux et les val- lons de l'Hymalaya pourront abreuver l'Angleterre. .le suis bien loin de dire ou de penser qu'il n'y ait absolu- ment rien de plus à espérer de notre commerce d'impor- tation avec les Chinois; je voudrais seulement montrer (lue cette augmentation ne peut qu'avoir des limites trcs-pro- 116 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZÛOLOGIQUE d'âCCLIiMATÂTION. chaînes ; qu'elle ne doil et ne peut être poursuivie que dans certaines limites, daus certaines circonstances particulières telles que celles que j'exposerai tout à Tlieure en parlant delà soie, mais que jamais elle ne comblera les désirs de ceux qui, supputant le petit nombre d'articles que nous Ibnrnil le peuple chinois, voudraient du moins l'amènera ne produire que ceux là, ce qui leur procurerait, par surcroit, l'avantage de lui envoyer en échange tous ceux à la production desquels il aurait renoncé. C'est ainsi qu'on lui a demandé d'augmenter ses exi)ortations de Coton, de Thé, de Soie, et qu'on leur demande maintenant d'augmenter celles du Chanvre, d'Or- tie, etc. Je le répète, je suis loin de croire que rien absolument de ce qu'on lui demande n'est possible, mais à la condition que ce qu'on lui demande ne troublera pas l'économie de sa production, et, sans former de jugement téméraire, je crois que c'est de quoi l'on s'inquiète assez peu. D'ailleurs, en supposant accomphs les désirs les plus am- bitieux, ne se trouverait-on pas en face de résultats bien dif- férents de ceux que l'on espère? Admettons que toute la Chine puisse être cultivée en Thé, et le soit en eifet, comme trois mois au plus de travail dans toute l'année sulKisent à la culture de cette plante, cueillette comprise, pense-t-on que les Chinois n'en demanderaient pas un prix qui put les faire vivre pendant toute l'année, et l'An- gleterre consentirait-elle à payer des ouvriers ainsi inoccupés? Mais les conséquences en seraient bien autrement désastreu- ses; cette longue oisiveté ferait perdre le goût et l'habitude du travail, et produit et producteur auraient bientôt disparu. C'est, au contraire, le nombre, la variété et la proportion de ses cultures qui sauvent et retiennent le Chinois, et (pu', lui permettant de demander le salaire de sa journée à plu- sieurs maîtres, lui donne la possibilité d'en vendre les pro- duits à un prix qui nous permet à notre tour d'en aborder quelques-uns. Déjà la terre lui man(pie : ne serait-il pas de la plus stricte prudence de ne lui rien faire jierdrc de ce qui l'y attache en- l'agriculture dans l'empire r.niNois. 117 core de peur que, sans travail chez lui, il ne vienne en réclamer chez nous, ou simplement, en échange de nos pro- duits et en vertu des mêmes principes dont nous voulons nous prévaloir chez lui, offrir ses bras à nos manufacturiers et à nos agriculteurs à un prix auquel lui seul, peut-être dans le monde entier, est capable de les offrir. C'est ce qu'il serait peut-être difficile de résoudre. J'ai parlé déjà, en d'autres occasions, des difficultés, des incon- vénients et même des dangers que pourrait présenter l'intro- duction en Chine de certains de nos engins modernes tels que la locomotive et en général les machines, me fondant sur l'impossibilité où seraient ses habitants refoulés d'industrie en industrie, et de plus en plus acculés, de recourir au tra- vail de la terre déjà trop occupée. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit à ce sujet et le peu de chances de succès qu'auraient ces engins dans un pavs sillonné, comme la Chine, d'innombrables cours d'eau de toutes sortes au moyen desquels les transports s'obtiennent à très-peu de frais, payés qu'ils sont déjà, pour ainsi dire, par les services de ces mêmes canaux employés aux irrigations. Ce sont encore des considérations que la vue de la carte ne peul que soulever et appuyer. Je ne reviendrai pas non plus sur l'absence ou du moins l'insuffisance des animaux, si rares que l'on peut préjuger que bien peu de ceux qui existent peuvent être sacrifiés à la boucherie; je ne reviendrai, dis-je, sur cette question, que pour suggérer l'idée de tenter d'importer en Chine les viandes si bien préparées et séchées des différentes contrées de l'A- mérique où les animaux n'ont presque de valeur que celle de leurs peaux et ne coûtent que la peine de les tuer, de tefie sorte que la viande en est vendue à un prix très-bas. Un pa- reil essai ne serait pas seulement une bonne œuvre et un service rendu aux Chinois, mais encore, la source d'immenses opérations. - J'ai dit aussi, dans une notice spéciale, le succès que l'on pourrait attendre d'une introduction plus large des lainages si l'on pouvait les céder à un prix inférieur à celui que l'on en demande encore aujourd'hui. 118 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIOUE d'aCCLÏMÂTATION. Dans la Mongolie et le Thibet (une lisière d'environ dix lieues en dehors de la grande muraille, plus haut, en Mandchourie), les principales régions comprennent des pâtu- rages et renferment les produits et récoltes suivants : Bœuf. Chameau, Cheval, Chèvre, Mouton, Yak, Sorgho, Millet, Maïs, Coton. La valeur de ces produits peut être établie ainsi qu'il suit (1) : Bœuf, 15 à ^0 fr. — 160 à 2/|0 fr. Chameau, 80 à 200 fr. Cheval, 18 à 50 fr. — 200 à 250 fr. ■ ; ^, ,< Chèvre, ù à 6 fr. — 15 à 18 fr. Mouton, Zi à 6 iw — 25 à 30 fi. . ' Yak, 25 à ^0 fr. La terre, en MongoHe, est la propriété de quelques princes qui ne peuvent la vendre; cependant, comme en général leurs revenus sont assez faibles, ceux qui sont propriétaires des terres voisines de la grande muraille où les Chinois qui ont commencé à y émigrer, il y a une centaine d'années, sont en grand nombre aujourd'hui, ils éludent la défense et louent à très-longs termes, à leurs voisins, à raison de 50 à 00 francs l'hectare, et même moins, selon les avances que le Chinois est disposé à lui faire. Dans la Manchourie, le Petcheli, le Chan-si (nord), le Chen- si (nord) et le Kan-sou, les principales régions produisent le Sorgho; on y récolte aussi le Millet, le .Mais, le Coton en grains, le Blé, l'Orge, le Seigle, la soie de Chêne et le Riz. L'hectare de terre vaut de 1600 à 3000 francs et rapporte de à à 5000 kilogrammes de Sorgho. La valeur de ces récoltes peut être établie ainsi qu'd suit : Sorgho, 9 à 10 fr. les 60 kilogr. — 15 fr. les 60 kilogr. Millet, 1/4 à 15 fr. — — 18 à 20 fr. les 60 kilogr. Maïs, 8 à 9 fr. — — 10 à 12 fr. — Dans le Ho-nan, le Hou-pé, le Chan-si (sud), le Chen-si (1) Les premiers chiffres imhqueni la valeur des produits au moment de la récolte dans les centres de production, et les seconds clnlfres, séparés par un trait, leur valeur à Shang-llaï. l'agriculture dans l'empire chinois, 119 (sud), le Ghan-long (ouest), elle Se-tchuen (nord), les prin- cipales régions produisent le Blé. On y récolte aussi l'Orge et le Seigle. L'hectare de terre vaut de S/iOO à 5500 francs et rapporte de 2000 à 2500 kilogrammes de Blé, valant 10 à 11 francs les 00 kilogrammes. — 0 à ih fr. Ces différences dans les prix du Blé s'expliquent ainsi : Dans les centres de production spéciaux, comme au Ho-nan, le Blé est la nourriture ordinaire des habitants. A Shang-haï c'est le Riz, et le Blé n'est demandé que lorsque le Riz ne suffit plus, alors le prix du Blé dépasse souvent celui desheux où il est le plus récolté. Le coton cultivé dans le Se-tchuen (est) produit de 2500 à 3000 kilogrammes à l'hectare, et vaut, à Shang-haï, de 30 à 36 francs les 60 kilogrammes. La soie du Mûrier est recueillie dans le Chan-si et le Ghan- tong, où elle vaut 2000 à 2500 francs les 60 kilogrammes. Son prix, trop variable à Shang-haï, n'est pas indiqué. Cette différence dans la valeur d'un produit aussi demandé vient de ce que la soie produite dans cette région est plus mal filée que dans les autres régions, il n'y en a qu'une très-petite quantité qui soit achetée par les Européens et qui atteigne alors au prix ordinaire. Cette soie est également recueillie dans le Se-tchuen (nord) et le Chan-Tong, où elle vaut 950 à 1200 francs les 60 kilo- grammes. Dans celte dernière province, on récolte la soie de l'Allante, qui vaut de 350 à liOO francs. Le Se-Tchuen, le Ho-nan et le Chan-si produisent la cire d'insectes à l/iO et 150 francs. — 280 francs. Le Chan-si et le Chen-si produisent le Chanvre d'ortie va- lant 56 à 6/i francs. — 100 à 110 francs. (La valeur de ce produit a presque triplé depuis cinq ans.) Le Hou-nan et les provinces limitrophes produisent le Riz et le Thé. L'hectare déterre vautde 2000 à 6500 francs et rap- porte de 1800 à 4500 kilogrammes. Les terres de la plaine de Tcheu-ton au Se-Tchuen valent de 25 à 36 000 francs l'hec- ■ tare et rapportent de 10 à 14 000 kilogrammes de Riz. Le Thé ordinaire vaut 200 à 2/iO francs et le Riz 10 à 12 fr. On a 120 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. souvent vu le Hiz descendre au Kiang-si et au Se-Tchuen à 7 et 8 francs. On le voit souvent monter à 18 et 2/» francs au Kiang-sou et au Tché-Kiang. Le Hou-pé, le Se-Tclmeu, etc., produisent la soie de Chêne valant 950 à i'IOO francs. La Cire d'insectes, en 1863, valait 200 à 250 francs. Dans certaines provinces, le prix du Sucre varie, selon la qualité, de 20 à /|8 francs; à Ning-po, il vaut lili à l\Q francs, et à Shang-haï, 55 à 00 francs. La soie ordinaire du Kiang-sou et du Tclié-lviang vaut 2500 à 2800 francs et celle du Se-Tchuen, du Hou-pé, du Yu-nan et du Kouang-Tong vaut J900 à 2/|00 francs. La quantité de soie produite au Se-Tchuen pourrait être d'une année à l'autre portée audouhle. Elle était, il y a douze ou quinze ans, de trente mille balles, elle est descendue à seize ou dix-huit, chiffre auquel elle était en 1803, par suite de la rébellion des Taï-pings qui, interceptant le fleuve, empê- chaient les communications entre cette province et celles où les plus belles soies venaient se faire fabriquer, le Tché- Kiang, ce qui rendait les transports plus longs et plus coûteux, mais les mûriers n'avaient pas été arrachés. Il est probable même que depuis deux ans l'éducation du Yei* à soie y a re- pris un nouvel essor. Les Vers à soie en Chine sont sujets connue partout à bien des maladies, mais comme les éducations sont (^n général pe- tites, elles peuvent être plus soignées et les maladies ne font pas les mêmes ravages qu'en Europe. La pébrine n'y a pas été remarquée jusqu'à présent. Une autre cause d'immunité pour les Chinois vient peut-être du soin qu'ils prennent de renou- veler leurs graines au moins chaque deux ans, en allant la chercher pour le Se-Tchuen, dans les montagnes derrière Pao-Ning-Fou, et pour le Tché-kiang, à Tet-sin-hienet à Hin- hiang. DE L'LNTP.OnrCTION ET • . . DE L'ACCLIMATATION DES CINCHONAS DANS LES INDKS NEERLANDAISES ET DANS LES INDES D RI T ANN I 0 U E S , Par nn. J. t.. «lOlJBEIRit:^ et Augustin DEI.O^DRF.. (Suite.) .; , A la fin de 1859, M. Markham avail ivalisr toutes les dis- positions prt'lirninaires de son entreprise et fait tous ses pré- paratifs; il partit d'Angleterre le 17 décembre 1850, et, pas- sant par l'isthme de Panama, il arriva à Lima le 26 janvier 18()0. Trente caisses à la Ward avaient été expédiées par le cap Horn; M. Markham en envoya quinze à Guayaquil, qu'il mit à la disposition de M. Spruce pour ses collections, et il en dirigea quinze sur le port d'Islay, dans le Pérou méridional, où elles devaient attendre son propre retour des forets de (^in- chonas. Après un mois de résidence à Lima, il s'embarqua à bord d'un des paquebots-poste pour se diriger vers le sud, et prit terre, le 2 mars 1860, à Islay; ce port est en effet dans la situation la plus convenable pour servir de point de départ pour un voyage dans les forets de Cinchonas du sud du Pérou et de la Bolivie. D'Islay, il se rendit à Arequipa, le 2*2 mars, accompagné par M. John Weir, et arriva, après un voyage très-pénible, le 27 mars, à Puno, sur les bords du lac Titi- caca. Il résida quelques jours à Puno pour prendre quel- ques informations nécessaires à l'exécution de son plan, et, tenant compte de l'imminence de la guerre entre la Bolivie et le Pérou, qui pouvait déterminer et détermina en elTet une prohibition de toute communication entre les deux pays, il résolut de se rendre dans la province de Caravaya, et quitta Puno le 7 avril. 11 passa par les villes de Lampa, de Pucara et d'Azangaro pour se rendre à Crucero, la capitale de la pro- vince de Caravaya, qui se trouvait à une distance de 160 milles 122 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. de Piino. Il y arriva le 16 avril. Il quitta Crucero le 18 avril, passa par Cuyociiyo et arriva k Sandia le 20 avril. Après avoir fait à Sandia les [)réparatifs nécessaires avant de pénétrer dans les forêts, il quitta Sandia le 2/4 , accompagné de M. Weir, d'un métis, Pablo Sevallos, de ([uatre Indiens et de deux mules, pour commencer par explorer la vallée de San- dia, l'une des plus importantes des vallées de la province de Caravaya, qui contient une population de sept mille Indiens et fournit annuellement 90 000 livres de Coca et 10 000 livres d'excellent café. M. Markham se rendit de là au Tambo de CaJnian-chaca. A un mille de Gahuan-chaca se trouve le con- fluent de la rivière Huescaray, et une lieue plus bas se trouve le Tambo de Cnncallani, oîi M. Markham rencontra, pour la première fois, les Bambous et les fougères arborescentes. La Coca y est cultivée sur des terrasses entourées par des ran- gées de Caféiers. M. Markham traversa les États de Chylla- bamba et de Assalay, et se rendit au Tambo de Paccay-Sa- mana, où les premiers pieds de Cinchona, appartenant à la variéli'^ Jof^ephiana du C. calisaya et au C. caravai/niùs, se présentèrent à sa vue. Le 26 avril, vers le milieu du jour, M. Markham s'arrêta au Tambo d'Ypara, centre de la culture de la Coca, puis, passant dans l'après-midi la rivière sur un pont de bois, il atteignit, vers le soir, un pic élevé appelé Estanqui, situé à une grande hauteur au-dessus du ravin, d'où la vue est très-étendue. De là, il gagna les rives du Huari- Iluari, pour se rendre dans la vallée de Tambopata, non sans rencontrer déjà quelques Cinchona calmiya, var. vera. Dans la partie supérieure de la vallée de Tambopata, M. Markham trouva une petite clairière, désignée sous le nom de Lenco-huayecu, qui était plantée de Cannes à sucre : cette clairière était la propriété d'un Bolivien, don Juan de la Cruz Gironda, qui y vivait sous une hutte avec son fds et trois Indiens. M. Gironda procura à M. Markham un excellent guide nommé Martinez, qui avait déjà servi de guide à M. Weddell en i8/i6 et connaissait bien les forêts du pays. En outre, M. Gironda donna à M. Markham tous les renseignements i\\\'\\ avait sur les Cinchonas. Le 1" mai, M. Markham quitta ACCLIMATATION DES CINCHONAS. " 123 la clairière do Gironda après avoir lait la rencontre de plu- sieurs collahuayas ou collectionneurs de drogues et d'encens qui venaient de la province bolivienne de Larecaja. Il gagna les bords du Clialluraa et arriva au point extrême que, suivant Martinez, son guide, M. le docteur Weddell eût atteint dans cette région. Au delà du Challuma, il n'y avait plus de route, en sorte que M. Markhani commença alors réellement à entrer dans la foret vierge. Jusqu'au ih mai, c'est-à-dire pendant quinze jours, M. Markham et ses compagnons s'occupèrent dans la foret, en se frayant un chemin avec le machete, sorte de coutelas, [à explorer toute la région où l'on rencontre les Cinchonas, et à y récolter des plants de ce précieux fébrifuge. Le 3 mai, M. Markham arriva au confluent du Yana-Mayu et du Tam])o- pata, où il établit son campement, bien résolu à visiter de la manière la plus complète les forêts environnantes. Il consacra la matinée du 3 mai à visiter les forêts du sud-ouest du ravin du Yana-Mayu, dont la partie basse est couverte de Fougères, de Bambous et de Palmiers, et contient quelques faux Cincho- nas, notamment le Cascarilla carua, le Lasionema cinclio- noïdes, le Gomphosia chlorantha ; à une hauteur de /|00 à (iOO pieds commence la région des Cinchonas. M. Markham put recueillir, dans cette locahté, vingt-cinq plants de C. m- Ihmja, var. mra^ de Weddell. Dans raprès-midi du même jour, il examina les hauteurs, couvertes de forêts, qui se trou- vaient au nord-est du Yana-Mayu, et recueillit encore vingt et un C . calhmja. Dans la journée du /i, il ne recueillit que dix plants de Cinchonas. Le 6, il visita au sud-ouest du Y'ana- Mayu la localité désignée sous le nom de Narpgada dp Yami- Mayu. Il recueilht dans cette localité cent vingt-quatre jeunes ])lants de C. calisaya, et, après avoir épuisé ses provisions, il se décida à retourner à la clairière de Gironda. Il empaqueta ses plants avec soin sur des couches de mousse humide et partit le 7 ; il consacra quelque temps à rechercher des plants de Cinchonas sur les versants si rapides du magnilique préci- pice de Ccasa-sani, où il en recueiUit vingt et un, et se rendit à la clairière de Gironda, pour aller de là former, le 8 mai. ^2[^ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOniQUE d'aCCLIMATATIOX. lin second campemenl dans la localité nommée Lenco- Huayecu, dans l'intention de visiter les forêts environnantes. Il commença le 8 mai à explorer les hauteurs de Tambopola et y trouva le Cinchona calisaya, var. morada (Cmc/iona bo- liviana, de Weddell), qu'il rencontra en grande quantité dans les diverses parties de la vallée de Tambopata, et dont il re- cueillit un grand nombre de pieds. Il recueillit, en outre, dans la vallée de Tambopata le Cinchona micrantha ( Cinchona a/finis, de Weddell) et deux pieds de C. calisat/a, var. verde. Le 5 mai, il avait visité les hauteurs boisées de Pacchani et avait poussé encore plus loin au nord, dans le but de recher- cher les différentes variétés de Cinchona ovata, et notamment ]eC. ovata, var. B. rufinervis el A. vulç/aris. La journée du 10 mai avait été aussi consacrée à la recherche de ces variétés sur les hauteurs de (iloria-Pata, immédiatement au-dessus de la clairière de Gironda, et ses efforts furent loin d'être infruc- tueux. M. Markham trouva, en effet, tant dans l'une que dans l'autre de ces excursions, le PimenteHa cjoniphoùa, le Cin- chona puhescens, le CincJiona ovata, var. .4. vn/garis, le Cin- chona amygdalifoUa., le Cascarilla hidlata, et le Cinchona ovata, var. B. rufinervis. En résumé, le 10 mai, le nombre des plants recueillis était assez abondant pour remplir les quinze caisses à la Ward. M. Markham possédait cinq ceni vingt-neuf plants de (lincho- nas, savoir : Cincliona calisaiia, var. a vera de Weddell '237 — morada, C. lioliviana de A\ eddell. iS?> -^ var. P .losophiana de Weddell . . . Vf) — verde - r.incliona avala, var. a. vul^aris de WoddHl ^> — \ar. |3 rulinervis de Weddell IH Cinchona micrantha, C. atlinis de Weddell 7 529 Lorsque les plants eurent été emballés, ainsi qu'un échan- tillon de la terre où ils poussaient, et qu'on eut mis dans l'alcool un spécimen des insectes (pii allaquaient tant les ACCLIMATATION DES CJNCHONAS. .. 125 feuilles que les racines, M. Cléments H. Mai-ldiani se disposa à partir; mais l'esprit soupçonneux et jaloux des indigènes et même de quelques autorités, qui voyaient avec regret empor- ter des plants et des graines destinés à faire des essais de culture dans d'autres pays, lui suscita mille obstacles et l'o- bligea à se rendre aussi directement que possible à Arequipa. ^ Après avoir quitté-, le 12 mai, -avec les plants, le ravin de ïandiopata, il arriva, le 15, à Sandia. Le 17 mai, il en partit pour se rendre à Arequipa, en passant par Vilque. Il atteignit Arequipa le 27, pour s'en éloigner le 31 ; puis, traversant le désert, il atteignit Islay le 1" juin. M. Weir, qui s'était rendu à Islay par Crucero, passa par Arequipa le 29 mai et fournit à M. Markham des renseignements qui lui démontrèrent com- bien il avait été sage en ne suivant pas la même route. Les plants furent, à leur arrivée à Islay, installés dans les caisses à la Ward; il n'en restait plus que quatre cent cin- quante-six en bon état; soixante-treize, ou bien avaient péri par l'action du froid dans les Cordillières, ou bien avaient été perdus. Tel était l'état des choses le 3 juin ; mais les autorités locales du pays cherchèrent encore à mettre obstacle à l'embarque- ment des plants, et il ftillut que M. Markham se rendît à Lima pour obtenir la permission de les embarquer, bien qu'il nu parût exister aucune loi ni aucun décret ayant force de loi, sur lequel on pût s'appuyer pour interdire la sortie des plants de Cinchonas. Enfin, M. Markham revint de Lima avec un ordre du colonel Salcedo, minisire des finances, qui leva les derniers obstacles, et les plants purent quitter la terre d'Amé- rique, le 2/1 juin 1860, pour être installés à bord du steamer allant à Panama. Expédition de M. Spruce. — iM. Spruce avait été chargé par M. Cl. R. Markham de recueillir des graines et des plants de l'arbre à Quincjuina rouge. Il avait reçu la première lettre •le M. Markham le 2 juihet d859, et, dès le 22 du même mois, d se mettait en route à ses frais pour les forêts de Cinchonas, dans le but de s'assurer (pielle était la localité la plus conve- nable pour recueilhr les plants et les graines. , 126 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. L'écoi'ce de l'espèce de Cinchona, connue sous le nojn (l'arbre à (Juinquina rouge, fournit une quantité d'alcaloïdes l'ébrifuges proportionnellement plus grande qu'aucune autre écorce, et doit, par suite, être considérée comme la plus im portante ; d'après des analyses récentes de M. Howard, un échantillon d'écorce a fourni, en effet, jusqu'à 8,5 pour 100 d'alcaloïdes. Les forets, dont cet arbre est natif, se trouvent sur les pentes occidentales du Chimborazo, dans la république de l'Equateur, et, depuis un grand nombre d'années, il n'en a pas été trouvé au-dessus de 2° 36' lat. S. ; mais , d'après M. Spruce, à une époque antérieure, cet arbre paraîtrait avoir existé tout le long du pied des Andes, depuis Cuenca et Loxa jusqu'aux limites du désert péruvien, par 5 degrés lat. S. Au nord, il dépasse à peine la latitude de 1 degré S.; cet arbre précieux se trouve donc confiné dans une zone tout à fait étroite. Dans les limites que nous venons d'indiquer comme étant celles où l'on rencontre l'arbre à Quinquina rouge, cet arbre existe dans toutes les vallées des Andes qui débouchent sur la plaine du Guayaquil : toutefois, nous devons observer que les Cascarilleros ont fait, dans ces dernières années, une grande destruction d'arbres à Quin- quinas. Dans les vallées d'Alausi, de-Pantalaga et de Gliil- lanes, tous les arbres d'une dimension un peu grande ont été abattus. Aux pieds des montagnes d'Angas et de San-Antonio, dans les localités mentionnées originairement parPavon, dans lesquelles l'arbre à Quinquina rouge poussait autrefois en grande abondance, le même système désordonné d'exploita- tion a été adopté, et, actuellement, la région de l'arbre à Quin- quina rouge est limitée au ravin de la rivière Chasuan et de ses tributaires, qui sourdent des pentes septentrionales du Chimborazo. Le 22 juillet 1859, M. Spruce quitta la ville d'Ambuto, dans les Andes de Quito, où il résidait, et, passant par Alausi, il arriva sur les bords de la rivière Ghanchan, et s'établit dans l'exploitation de sucre de cannes appelée Lucinm, qui se trouve entre 5000 et 6000 pieds au-dessus de la mer. De Lu- cinas, M. Spruce se rendit dans les forêts existant sur les ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. J27 bords de la rivière Puraachaca, qui sourd dans la montagne d'Asuay et tombe dans le Chanchan, à une élévation de /lOOO pieds. Il trouva que, dans cette partie de la contrée, les Cincbonas avaient presque entièrement disparu par suite du mode d'exploitation ; il revint à Lucinas, et, après y avoir lait un court séjour, il se décida à aller visitei* la région des écorces de montagnes {Hillharhs) ou CascariUas serranas, qui se trouve à une élévation de 8500 à 9000 pieds, sur les deux rives de la rivière Chanchan. Dans la forêt de Lalla, au pied de la montagne d'Asuay, il trouva deux espèces de Cinchonas, appelées par les indigènes euchi-carra et pata de Galli- nazo (1). Dans cette excursion de M. Spruce, pendant l'été de 1850, M. Spruce s'était assuré des districts qu'il lui était inutile de visiter. Après cet examen préhminaire, M. Spruce se décida à con- sacrer la saison de 1860 à faire ses collections de graines et de plants de Cinchonas, et à s'établir pour cela dans une loca- lité appelée Limon, à la jonction du torrent de ce nom avec la rivière Chasuan, qui tombe dans la rivière de Ventanas à un endroit appelé Aguacatal. Les forêts où se trouvent les Cinchonas sont toutes des propriétés particulières; après bien des négociations avec les propriétaires, le senor Cordo- vez d'Ambato et le docteur Neyra de Guaranda, M. Spruce lit avec ceux-ci un traité par lequel, en leur payant une sonmie de /iOO dollars, il lui serait permis de prendre autant de graines et de plants qu'il voudrait pourvu qu'il ne louchât pas à l'écorce. M. Spruce avait pris avec le docteur J. Taylor (de Rio- Bamba, des arrangements pour qu'il se rendît à Loxa et y re- cueillît des graines de l'espèce désignée sous le nom de C. con- daminea; mais une attaque sérieuse de rhumatisme et de maladie nerveuse, allant presque jusqu'à la paralysie, l'en- gagea à transmettre au docteur Taylor le soin de recueillir les (1) Ce C. pata de Gallinazo ne doit loiUelois pas être confoiulu avec le C. pata de Gallinazo du liuanuco. 1 28 SOCIÉTÉ IMI'ËIUÂLE ZUULOGIQUE d'aCCLIMATAïION. graines eL les phinls des arbres à Quinquina rouge, et ce lut seulement au dernier moment qu'il pût se trouver assez fort pour entreprendre le voyage avec son ami. Durant tout le temps de l'expédition, M. Spruce fut du reste sérieusement indisposé. . M. Spruce avait eu soin d'attacher à son expédition onze cascarilleros de Guanuyo, village voisin de Guaranda, où ré- sident la plupart des collecteurs d'écorces, alin qu'ils l'accom- pagnassent dans les forets, aussitôt que la saison le permettrait, jtour y rechercher des graines et des plants de Cinchonas. M. S})ruce et M. le docteur Taylor, après avoir quitté la ville d'AndDato, atteignirent, le 11 juin, la ville de Guaranda (1) et continuèrent, le 17, leur voyage à travers les forêts. iV une hauteur un peu inférieure à àOOO pieds au-dessus du niveau de la mer, ils atteignirent le petit établissement de Limon, où ils établirent leur campement pour tout le temps qu'ils furent occupés à recueillir les graines et les plants dans les forets avoisinantes. M. Cross, qui avait été désigné pour assister M. Spruce, amena avec lui quinze caisses à la Ward jusqu'à Ventanas, et atteignit Limon le 27 juillel. Le site le moins élevé auquel M. Spruce observa l'arbre à Quinquina rouge, dans les localités voisines de Limon, se trouvait à une élévation de 2/iOO pieds au-dessus du niveau de la mer, et le site le plus élevé à environ 5000 pieds. Les arbres qui sont les plus voisins de la plaine sont généralement les plus développés; mais ceux qui poussent à une plus grande hauteur ont une écorce bien plus épaisse, proportionnelle- ment à leur diamètre. M. Spruce observa, du reste, que les arbres qui étaient exposés à l'action de la kunière étaient plus vigoureux que ceux qui poussaient à l'ondjre des forêts. Les fâcheux résultats, produits par l'exploitation désor- donnée des collecteurs d'écorces, pendant les vingt dei'nières aimées, méritent vraiment d'être signalés à cause de leur (1) Bien que les forèls du Cliiniborazo se Irouveul à une ou deux jour- nées de la ville de duaianda, elles sonl généralenienl désignées sous le nom de forets de Guaranda du nom de cette ville. ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. l'^Q importance. La quantité totale de Quinquina rouge recueillie en 1859 n'a pas atteint 50 000 livres, et, en 1860, il n'a pas été exporté la moindre quantité d'écorce, en sorte que le com- merce peut en être considéré comme éteint. Dans les vallées de Cliasuan et de Limon, M. Spruce a vu environ deux cents de ses arbres debout ; mais deux ou trois arbres seulement étaient constitués par des plants dont le développement n'avait subi aucun trouble ; tout le reste provenait d'anciennes sou- clies dont la circonférence avait environ 4 ou 5 pieds. M. Spruce ne put pas trouver un seul jeune plant sous les arbres, bien que quelques-uns de ces derniers portassent les preuves qu'ils avaient fleuri clans les années précédentes. D'après M. Spruce, le Cincbona à Quinquina rouge, le Chi- chona succirubra, est un arbre présentant une bauteur de 50 pieds, se ramifiant k environ un tiers de sa hauteur, qui paraît d'une grande beauté. Le Cascarilla magnifolia, qui pousse généralement en abondance dans les mêmes localités, atteint une hauteur de 80 pieds. Lorsque M. Cross fut arrivé à Limon, M. Spruce commença dans le plus bref délai à recueillir des plants et des graines. De son côté, M. Cross prépara le sol pour recevoir des bou- tures, dont il organisa plus d'un raille avant le 1" août et les jours suivants; puis il se mit à examiner le pourtour des vieilles souches et fit le plus de marcottes qu'il put. Vers la fin de juillet, un petit nombre de jours de soleil firent avancer les fruits des Cinchonas vers leur maturité ; au milieu d'août, les capsules commencèrent à se fendre à leurs bases et parurent être arrivées à maturité. Un Indien monta alors dans les arbres, et cassant doucement les pani- cules, les laissa tomber doucement sur des toiles étendues sur le sol pour les recevoir, en sorte que le petit nombre de se- mences qui se détachaient par la chute des panicules n'étaient pas perdues. Les capsules étaient ensuite mises à sécher sur les mêmes toiles pendant plusieurs jours. En septembre, M. Spruce se rendit Vers le sud, dans la vallée de San-Antonio, pour se procurer un supplément d'approvisionnement de se- mences ; il laissait à Limon M. Cross pour veiller sur le déve- '1' SÉRIE, T. V. — Février 1868. 9 130 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. loppement des racines des boiiLures. Du l/i au 10 scplenibre, M. Sprucc recueillit à San-Antonio cinq cents capsules ])icn développées; ces capsules vinrent s'ajouter aux deux mille capsules déjcà recueillies à Limon. Chaque capsule contenant quarante graines, cent mille graines bien mûres et bien sèches avaient donc été recueillies, et elles étaient -en bon état, ainsi que M. Cross put s'en assurer à Guayaquil, en essayant d'en faire lever quelques-unes. M. Spruce partit pour Guayaquil le 28 septembre. En novembre, il revint à Ventanas et orga- nisa le transport des plants, qui y arrivèrent avec M. Cross le 1 3 décembre et furent installés tout de suite dans les caisses à la Ward; ces caisses furent disposées sur des radeaux, atteigni- rent Guayaquil le 27 décembre, et furent embarquées le "2 jan- vier 18(51 à bord du steamer avec M. Cross, cjui devait y veil- ler et y veilla en effet durant la traversée. Expédition de M. Pritchett. — M. Pritchctt avait reçu de M. Markbam la mission de recueillir des plants et des graines dans les forets de Iluanuco, au nord du Pérou. Il quitta Lima le 18 mai 18(50 et arriva le 28 à la ville de Iluanuco, le centre de la région des arbres à Quinquina gris, où il lit les prépa- ratifs nécessaires pour un voyage dans les forêts voisines. Le *.) juin, il se mit en route vers le nord pour la chaîne de mon- tagnes de Carpis, où il existait plusieurs espèces de Cincho- nas. Le C.piirjnirca est vraiment abondant dans cette localité; le Ciîichona nitida y est commun au nôrd-est et dans la partie supérieure des montagnes; le C. obovata est plus rare; le Cinchona micrantha et le C. peruviana se trouvent tous deux sur les versants moins élevés. Après avoir traversé la chaîne des montagnes de Carpis, M. Pritchett suivit le cours de la rivière de Casapi jusqu'au village de Chinchao, et gagna de là l'État de Casapi, à l'extrémité de la vallée où cette dernière rejoint la vallée de la rivière Iluallaya. C'est là qu'il trouva son guide. A trois lieues de Casapi et près de riluallnga se trouve la montagne appelée San Cristoval de Cocheros, (jui s'élève à une hauteur d'environ 1200 pieds au-dessus du sol environ- nant, et qui est le centre du district du Iluanuco où se rcncon- ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. 131 trent les écorccs. Au nord, M. Pritchetl Irouva en abondance le C. micranlha et quelques C. periwiana; toutefois, cette dernière espèce était beaucoup plus rare. Le C. nitida se trouvait à une plus grande hauteur. Durant les mois de juin et de juillet, bien que ce iïït l'époque de la saison sèche, de grosses pluies tombaient tous les jours; mais, vers la fm de juillet, le temps commença à s'éclaircir. Dans la première moitié du mois d'août, le temps fut beau, sauf quelques pluies accidentelles. Les graines de Cinchonas mûrissaient rapide- ment; aussi M. Pritchett commença-t-il cales recueillir, ce qu'il exécuta en abattant les arbres. Le 13 août, il partit pour la côte avec sa provision de graines et de plants. Il arriva le 16 à Huanuco et se dirigea de Là, le 21, sur Lima, qu'il atteignit toutefois trop lard pour partir le 29 ; mais il s'embarqua sur le paquebot suivant. Expédition de M. Cross. ~ M. Cross, qui avait si bien se- condé M. Spruce, était reparti pour l'Amérique, après avoir déposé dans les Indes britanniques sa collection de plants et de graines. Comme M. Spruce était trop malade pour se char- ger d'aller dans les forêts de Loxa recueiUir des graines de C. condaminea dans les forêts de Loxa, M. Cross, qui rem- plissait toutes les conditions nécessaires pour bien s'acquitter de cette tâche, en fut chargé. M. Cross quitta Guayaquil le 17 septembre 1801 , et débar- qua h. Santa-Rosa, port de la province de Loxa, d'où il se ren- dit, par la voie de Zaruma, k la ville de Loxa, qu'il atteignit le 27. Le 1" octobre, il (piitta Loxa et se rendit, à environ huit milles au sud, à la sierra de Cajanuma, localité qui est men- tionnée par de Ilumboldt, Bonpland et de Caldas comme étant la région native des espèces de C. condaminea, qui présen- tent le plus de valeur. Ce fut .seulement, du reste, après des recherches relativement infructueuses dans les bois environ- nants, iju'il trouva les graines de Cinchona condaminea. Outre les graines de C. condaminea, identique avec le C. cha- hiumjuera de Pavon, M. Cross recueillit encore, dans la même localité, quelques graines du C. crispa de Tafallo. 13-2 SOCIÉTÉ IMPÉKIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLLMATATION. OiiLrc ces espèces, M. Cross remarqua aussi dans cet en- droit le C lucumœfolid de Pavon; mais il n'en recueillit pas de graine, à cause du peu de valeur de l'écorce. Il envoya seulement en Angleterre des échantillons desséchés de l'écorce et des feuilles. M. Cross retourna à Gnayaquil, en décemhrc lS6J,avec près de cent mille graines de C. chahu.arguem et quelques graines de C. crispa, qui furent envoyées dans les Indes bri- tanniques par la voie de Southamplon. Transport des plants et des graines de Cinchona dans les Indes britanniques. — Les quinze caisses à la Ward conte- nant la collection des plants de Cinchona provenant de la pro- vince de Caravaya quittèrent le port d'Islay le 33 juin, et arrivèrent à Panama le 0 juillet 1860; deux cent sept plants avaient déjà commencé à donner des pousses vertes à leur ar- rivée à Panama. Lorsqu'ils atteignirent l'Angleterre, en août de la même année, les plants étaient en très-bon état et continuèrent à se bien comporter jusqu'en septembre, à leur passage à Alexan- drie. Mais la chaleur intense de la température durant leur traversée de la mer Rouge, pendant laquelle le thermomètre variait de 99 degrés pendant la nuit jusqu'à 107 degrés pen- dant la journée, leur fut défavorable, et leur mauvaise situa- tion fut encore aggravée par leur séjour d'une semaine à Bombay, les racines furent attaquées de moisissure, et bien que, à leur arrivée dans les Neilgherries, les feuilles en parus- sent encore fraîches, les boutures qui en furent prélevées ne prirent point racine. Les plants de Cinchona venant de Hua- nuco n'eurent pas un sort plus brillant. Quatre cent soixante- trois plants de C. succirubra et six plants de C. calisaya ayant traversé la mer Piouge dans une saison plus froide et s' étant trouvées en outre, pendant cette traversée, veillées avec atten- tion par M. Cross, furent au contraire remises en bon état entre les mains de M. W. G. Mac Ivor (1). D'autre part, de (1) La Société inipénalc (racclimalalion de Franci', voulaiil reconnaître rinipulsion vrainicnL iinportaiili- que les sages incsurcs prises par iM. W. (!. Mac l\or ont doniu', tant à racclinialation (jirau déveloi)penicnldes cultures ■. # *•* ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. ^33 Moiriljroiix paqiK-Ls do graines reciioillies par M. Markham ou par les agents qu'il en avait chargés, furent expédiées à M. W. G. Mac Ivor et, arrivèrent entre ses mains en bon état. En outre, afin d'avoir une ressource contre toute chance Hl- cheuse, une certaine quantité de plants et de graines fut laissée en Angleterre, et une réserve de jeunes plants de Cinchonas fut organisée au Jardin royal de Kew, sous la direction de sir W. Hooker et de M. le docteur Hooker; c'est de ce dépôt que six caisses à la Ward, pleines de plants de Cinchonas, furent envoyées à Ceylan. Cette colonie fut également pourvue d'un assortiment de graines de chaque espèce. DE LA CULTIRE DES CINCHONAS DANS LES INDES BRITANNIQUES. Dans ses rapports successifs sur la culture des Cinchonas du gouvernement anglais dans les Neilgherries, M. W. G. Mac- Ivor, chargé de la direction supérieure des plantations des Cinchonas, nous donne d'amples détails sur le caractère des espèces introduites, leur valeur, les localités où elles poussent originairement et leur mode de développement, et pour cela il divise les espèces en deux catégories d'après les alcaloïdes qui prédominent dans les écorces, puis il passe successivement en revue les sites choisis pour y cultiver les Cinchonas, les différents modes de propagation qui ont été appliqués à la propagation des plantes et le système de culture qu'il a suivi • il discute aussi les objections qui ont été faites à son système.' Nous allons examiner avec cet éminent praticien chacun dé ces différents points, en commençant par quelques considéra- tions sur les Cinchonas cultivés dans les Indes que nous divi- serons en Cinchonas contenant surtout de la quinine et en Cinchonas contenant surtout de la cinchonine. des Cinchonas dans les Indes britanniques, vient de lui décerner une mé- daille d'or ; sien effet M. Markhaiu a été la tête de l'entreprise, M. MacIvor en a été assuréineiU le bras. 134 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE P ACCLIMATATION, Cinchonas conienani tle la quinine, CiNCiiONA succiRUBRA : Cascarilla mlorada; Gemdne red hark du commerce. — Cette espèce , qui provient des monts Huaranda dans TÉquateur, fournit en se développant un arbre élevé ; elle est, de toutes les espèces connues, celle qui présente le plus de valeur en ce qu'elle est plus riche en alca- loïdes, ces derniers s'y élevant généralement cà 3 ou 4 pour 100. Par cette raison, « de beaux échantillons de cette écorce sont cotés sur le jnarché à plus de deux fois le prix de l'écorce de CaHsaya » . Le prix de l'écorce de Quinquina rouge varie gé- néralement de 2 sh. 6d. àSsh. 9 d. par livre d'écorche sèche. Cette espèce est vigoureuse, résiste bien aux influences clima- tériques. La zone où elle pousse s'étend de 3000 pieds à 5000 pieds : le plant, suivant M. Spruce, préfère un sol découvert « avec abondance d'air, de lumière et d'espace, conditions dans lesquelles il se développe convenablement » ; « l'écorce est mince en proportion du diamètre des arbres lorsque ces derniers poussent à des hauteurs peu élevées au- dessus du niveau de la mer, et épaisse en proportion du dia- mètre des arbres lorsque ces derniers poussent à des hauteurs élevées au-dessus du niveau de la mer » . L'élévation exerce aussi beaucoup d'action sur la quantité d'alcaloïdes. M. Spruce nous informe que « M. Cordovez (qui a analysé l'écorce rouge à dift'érentes altitudes) a trouvé que plus est élevée la hauteur à laquelle les arbres poussent, plus est grande la proportion d'alcaloïdes contenue dans l'écorce » . (La suilo à un prochain numéro.) IL EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 24 JANVIER 1808. Présidence de MM. Richard (du Cantal), vicc-priJsident et DnouyN dv. I.uuyb, président. Le procès-verbal est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvel- lement admis : MM, AuDiBERT (Marins), borticulleur-pépiniériste, à La Grau d'Hyères (Var). Danicân-Philidor (0.), trésorier-parliculier, ù Saint- Pierre (Martinique). — MM. Lerouge et Dunant adressent leurs remercîments pour leur récente admission, — M. de Gcydes demande qu'il lui soit accordé un clieptel de Chèvres d'Egypte. — Son Exe. M. le ministre des affaires étrangères transmet un échantillon de graines de Vers à soie d'Anatolie qui lui ont été adressées par M. Perroud, négociant français à Smyrne. — M. B. J. Dufour fait hommage d'un mémoire intitulé : Séricicultvre simplifiée. — Remercîments. — M"" G. Dessaix adresse un rapport sur ses cultures de Vers à soie hikidan/'. — M. le marquis de Ginestous exprime le vœu que la graine de Vers à soie de Californie, reçue par la Société, soit distri- buée dans des contrées exemptes de maladie, à des éleveurs connus et par petites quantités. — Des demandes de graines de Vers à soie sont adressées par MM. Juillien, Léthuaire, Blachère et M"" G. Dessaix. — La Société d'inscctologie annonce l'ouverture, en août 1868, au Palais de l'industrie, d'une exposition interna- tionale des insectes utiles et de leurs produits, et des insectes nuisibles et de leurs dégâts. ' ' " " — M. Oudcmans transmet des renseignements sur la cul- ture des Cinchonas en serre en Hollande, et annonce que ces plantes sont cultivées à Amsterdam depuis 1851. 136 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. — M. Chauvet (de Plémix) demande des renseignements sur la culture de plusieurs plantes cérifères. — M. Labussière, conservateur des forêts à Aix, remercie des graines qui lui ont été envoyées, et ajoute les renseigne- ments suivants sur ses cultures : « J'ignore si le Quercns » pseudo-siiber est aussi exigeant que le Quercus Suber; de » nombreuses expériences m'ont prouvé que ce dernier ne » peut réussir dans le terrain calcaire qui recouvre les trois » départements des Bouches-du-lUiùne, de Yaucluse et des » Basses-Alpes, qui composent la circonscription forestière » qui m'est confiée. Quant au Cèdre de l'Atlas et au Chêne » vert, je les ai semés sur de grandes surfaces, depuis sept ans » que je dirige les travaux de reboisement en Provence. Le » Chêne vert est indigène et forme de grands massifs ; il réus- )) sit facilement, en prenant les précautions ordinaires. Le » Cèdre est une essence précieuse qui nous a rendu d'énormes » services dans le reboisement; il se plaît dans le calcaire, » aime le soleil, ne craint pas trop la sécheresse ; il n'a pas » d'ennemis parmi les insectes, qui causent tant de dégâts dans » les semis et dans les plantations ; il végète également bien )) depuis le littoral jusqu'à une altitude moyenne dans les » Alpes. Enfin, j'ai quelques raisons de le croire acclimaté, » car je l'ai vu se reproduire spontanément. Je me félicite » chaque jour de n'avoir pas cédé aux critiques qui ne m'ont )) pas été épargnées dès le début. Je laisserai de beaux mas- » sifs de Cèdres qui rappelleront la loi de 1800 sur le reboi- » sèment des montagnes. Le Cèdre Deodara, si beau dans les » montagnes de l'Himalaya , reprend facilement dans nos I» terres de Provence ; il pousse avec viguein-, et je regrette » que le prix de la graine ne m'ait pas permis de l'employer » sur une plus grande échelle. J'ai également utilisé XAbies » Pinsapo, qui est facile à la reprise, résiste bien à la séche- )) resse et promet de former de beaux massifs sur les quel- » ques points où j'ai cru pouvoir l'essayer. Je vous de- » mande pardon, monsieur le Président, d'être entré dans )) d'aussi longs développements. J'ai l'honneur de ftiire partie » (le la Société impériale d'acclimatation depuis sa fondation. » PROCÈS-VERBAUX. 137 » je m'intéresse tout particulièrement à ses travaux, .le puis » même ajouter que je m'y associe autant que je le puis dans » la mesure de mes forces. Je cultive une grande variéti' » d'arbres exotiques résineux et autres, et si mes trop nom- » breuses occupations me le permettaient, je pourrais peut- » être fournir quelques renseignements pratiques qui seraient » de nature à encourager ceux qui veulent entreprendre des » semis et des plantations. La nature seconde, plus généreu- » sèment qu'on ne croit en général, les tentatives de ceux qui, » avec intelligence et persévérance, veulent plier le régne ani- )) mal et même le régne végétal à certaines exigences. » — M. Durieu de Maisonneuve adresse la lettre suivante : « Je m'empresse de vous adresser mes remercîraents avec » l'expression de ma vive gratitude pour le nouvel envoi de » graines que la Société a bien voulu me destiner et que je ^) viens de recevoir. Jusqu'à présent il ne m'en était point » arrivé qui d'abord m'ait causé autant de satisfaction, puis- )) qu'il renferme des graines de nos arbres algériens les plus » intéressants et dont, maigri- mes relations dans le pavs, je » n'avais pu encore me procurer des graines. Donc, en ouvrant la boîte et lisant les étiquettes, ma première impression a-t-elle été celle d'une vive joie. Mais l'examen a bientôt fait » place à une grande déception. Ces graines sont certaine- ment trop vieilles et trop altérées pour être semées avec la » moindre chance de succès. Celles des Chênes surtout sont » complètement décomposées et ne laissent absolument aucun » espoir. Les graines de Chêne, même après trois ou quatre » mois seulement de cueillette, sont rarement aptes à germer. » Mais, dans l'état où se trouvent celles que je viens de rece- » voir, il est complètement inutile de les mettre en terre. » C'est une perte que je regrette amèrement, car si ces glands » eussent daté de l'automne dernier, nul doute que j'aurais » obtenu tout autant de jeunes sujets, que je me serais fait un » plaisir de distribuer aux sylviculteurs de la Gironde. Quel- » ques graines de la belle variété algérienne de Pinsapo pa- » raissent conserver encore un peu de vitalité, et peut-être en .» lèvera-t-il quelques-unes, ce qui serait un dédommagement. » Outre les graines algériennes, j'en irouvo cinq d'un Podo- 138 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » carpits nouveau, paraît-il, auquel s'attache un plus grand » prix encore par le nom que l'inventeur a eu l'heureuse » pensée de lui attrihuer. Ces graines sont-elles honnes? Je » l'ignore, et elles sont trop précieuses et trop peu nomhreuses » pour que j'essaye d'en sonder une seule. Je vais donc les » semer avec les mêmes soins que je leur donnerais si j'étais » sûr de leur bonne qualité. La saison n'est pas opportune » pour vous adresser un rapport sur les derniers envois de » graines reçus de la Société. Pour le moment, je me bornerai » à dire que celles de ces graines qui étaient en bon état, ou » bien ont déjà levé ou promettent de germer bientôt, tandis )) que d'autres n'ont pas dû encore être semées. Le 3 janvier » dernier, j'ai recueilli en parfaite maturité les graines de » Cliamœrops exrelsa. Dès qu'elles auront suffisamment séché, y> j'aurai l'honneur d'en adresser un lot à la Société d'accli- » matation. J'aurais été heureux de lui faire hommage de la » presque totalité de ces graines, si ce n'était aussi un devoir » pour moi d'en réserver une certaine quantité pour une très- » grande maison de commerce qui, depuis plusieurs années, » veut bien mettre généreusement à la disposition du Jardin » de Bordeaux la totalité des plantes mentionnées dans ses » riches catalogues. Néanmoins, j'espère bien être en mesure » d'offrir à la Société d'acclimatation quelques centaines de )) ces graines. » — M. Malingre transmet de nouveaux renseignements sur les Eucalyptus : une véyétaLioii plus précoce d'une année environ, cL que » souvent un évilerait les pertes de graines, occasionnées par )> un trop luii;^- s('jour dans la terre. ^) M. E. \avin dil (pie depuis longtemps on connaît ce procédé pour activer la germination des graines dures, eL que son jar- dinier en fait souvent usaye. M. Gramlidier père répond que plusieurs jardiniers du Mu- séum cl M. Naudin, auxquels il s'est adressé, ne connaissaient, pas celte action de l'alcool. M. Chatin rappelle les expériences de Humboldt, qui a rap- pelé à la vitalité des graines très-vieilles au moyen de l'eau chlorée ou chlorurée. M. Chevet dit avoir, il y a d<'jà longtemps, semé des graines de Tamarin qui se trouvaient dans de la confiture, et par con- séquent avaient subi rinlluence de la chaleur, et qu'elles ont parlai ternen t germé . — M. Chatin offre à la Société quelques glands du Chêne dil Trfff/Ier; sans contredit, la question théorique est dilïicile, mais la pratique est différente. En semant des Chênes, on ob- tient des Trufles, à la condition que ce soit des Chênes truf- im-s, connue cela se pratique au pied du mont Venteux. Les Chênes Iruffiers appartiennent à deux espèces : l'une, le Chêne blanc du Midi, Querafs sessiliflom; l'autre, le Chêne yeuse Qucrcus Ilex. M. Chatin vient d'organiser une culture expéri- mentale cà peu de distance de r>aris, dans une terre argiloso- compacte, rouge et rocailleuse, à l'exposition du mi.li, qui est celle recommandée par les cultivateurs de Truffés \jni sol sablonneux aurait l'avantage, d'après M. Chevet, de ne pas a.lb.'rer après elle; c'est seulement dans trois ou quatre ans qu'il pourra connaître le résultat de son expérience, les Truffes demandant ce temps pour se développer au pied' des Chênes de semis. La i^roductioii dure alors iusqu'à ce que les Chênes aient pris un volume trop considérable, auquel cas on rocurer un exemplaire vivant. Conformément à cet ordre, le lieutenant-colonel Calinovitsch, chef militaire du district de Zelentschouk, lit tons ses efforts [tour répondre au df'sir de S. A. l. et encourager ses suboi'- donnés et les habitants de la localité à le seconder. Un habitant de l'aoul (village du Caucase) de Kouvinsk, nommé Adjiew et ses camarades observèrent sur le hautOuroup, près du bourg Atzikhar, dans une forêt de pins, un troupeau de Bisons d'une cinquantaine de tètes, et dans le nombre, une femelle avec son petit âgé d'environ six mois. Le nommé Adjiew (Batir- Cuirey) ta foi'ce de précautions, parvint à se mettre contre le vent et approcha assez du troupeau pour tuer d'un coup de carabine la mère du jeune Bison; aussitôt tout le troupeau s'enfuit, aiusi que le pauvre orplielin. La poursuite du trou- peau était impossible à cause des racines et des précipices qui se trouvaient dans la forêt, l'une des plus désertes. H;;iir- (1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucun.; des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. 2'' SÈIUE, T. V. — Mars el Avril 1808. 10 \h6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Giiirey Adjiew et ses compagnons se disposèrent alors à souper et commencèrent à préparer leur repas. Pendant qu'ils se livraient à cette occupation , ils entendirent le aroanement du ioune Bison revenu près du cadavre de sa mère. Batir-Guirey sans perdre de temps se mit à ramper du côté où 'on entendait ce grognement, et dans l'obscurité s'ap- procha si près du veau Bison, qu'il se cramponna de ses deux mains à son cou. Cependant cet animal, malgré son jeune Age, le culbuta et le traîna sur une grande distance, l'ayant meurtri à plusieurs endroits contre les pierres dont le sol était jonché et lui ayant lait une forte contusion à la poitrine ; malgré tout cela, Adjiew ne lâcha pas prise, et h ses cris répétés, ses camarades étant arrivés, on fut maître du jeune Bison qu'on apporta dans l'aoul (village) voisin ; là, on le nourrit de lait de vache, qu'il ne buvait autrement qu'au doigt les premiers temps, puis on lui donna de l'herbe et des feuilles de différents arbres, et de temps en temps du sel. Pris l'hiver dernier, il passa à l'aoul tout l'été, et au mois de sep- tembre suivant, il fut expédié du Caucase à Moscou, accom- pagné du nommé Batir-Guirey Adjiew et du porte-enseigne Pelvan-Agapoff. Les soins donnés à l'animal pendant ce long trajet de plus de '2 000 kilomètres ont été si parfaits, qu'il est arrivé le 19 décembre au Jardin zoologique de Moscou, dans un état qui ne laisse rien à désirer. Il se trouve que c'est un Bison tout h fait identique avec ceux qui habitent la forêt de Riloueje, enfin avec les aurochs de Lithuanie ; de cette ma- nière, le doute sur l'existence de ces animaux au Caucase se trouve tranché victorieusement. Je saisis avec empressement cette occasion pour assurer Votre Excellence de ina constante sympathie pour les travaux utiles de la Société qui a l'honneur de vous avoir pour Prési- dent, et pour vous prier de vouloir bien agréer l'expression bien sincère de ma profonde estime et de mon dévouement. Michel IssAKOFF, Membre honoraire <\e la Sociclé et délrgué de la Société impériale russe auprès de S. A. 1. l'Aiiguslo Piutecteur. Saint-Pétersbourg-. 3/15 janvier 1SG8. SUR LES TORTUES DE L'AMAZONE Par J«ao Mairiîns «la SIL^^.% €®UTa\'lï«> Membre de la Commission bré,ilieiine a l'Excosilioii iinivei-clle de 1807, iiemhio de la Soeié impériale d'acclimaUition do Franco. TRADUIT DU PO];TUGAIS, SUR MAA'USCIilT INKDIT, Par Augusti.v DELONDRE. Les Tortues que nous avons observées durant notre voyage dans la région amazonienne appartiennent à trois familles : les Emijdes, les Chéhjdes et les Testudinidcs. Quelques personnes, dignes de confiance, et notamment le révérend père Salgado, curé du Uio-Negro, nous ont cepen- dant affirmé avoir vu dans cette région des Tortues molles présentant les caractères de celles que les naturalistes com- prennent dans la famille des Trionycidés. Sous le nom de Jabuty-yutiapena, le naturaliste Fcrreira mentionne une espèce intéressante, qui présente à la portion postérieure de son test une ligne cartilagineuse transversale formant charnière. Cette Tortue appartient au genre Cinixys. Jamais nous n'avons observé nous-mérae cette espèce; mais beaucoup de personnes nous ont affirmé son existence dans File de Marajo, où elle est connue sous la dénomination de Machadinha. ■» Quant aux autres Tortues, sur lesquelles nous avons obtenu des renseignements d'anciens pêcheurs des localités dans les- quelles elles se rencontrent, nous en ferons l'objet de notre étude dans les lignes qui vont suivre. FAMILLE DES ÉMYDES. Dans la famille des Émydes, nous avons rencontré des espèces appartenant aux genres Podocneinis, Chelodlna et Cinostenion. Podocnemis. Le genre Podocnemis comprend la Tortue vrn?}rement dhe. 148 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. la Tracaya, la Arffr((-Ji(/'ara,\a. Aiapiiça,([m est une nouvelle espèce, et la Aijaea. 1"" espèce : Tortue proprcmenl dite {Podooiemls expansa). — Cette espèce est la plus grande et la plus abondante de la région amazonienne ; elle est aussi celle à laquelle les indigènes donnent exclusivement le nom de Tortue ou celui de Yurarc- assu, nom sous lequel elle est désignée en langue tupt/. Les plus grandes Tortues de cette espèce que nous ayons vues présentaient une longueur de six palmes (i"','2). En ré- ponse aux questions que nous leur faisions, les pécheurs nous ont dit que, anciennement, on en rencontrait qui avaient jus- qu'à huit palmes (!'", 7). Cette tortue augmente en longueur, de môme qu'en saveur, pendant plusieurs années ; mais cette augmentation est d'autant moindre qu'elle approche plus de son ternie. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner que, })ar suite de la destruction générale des Tortues à laquelle on se livre, on n'en rencontre actuellement jamais une seule complète- ment développée. Une section transversale opérée dans la partie médiane du corps de la Tortue présente une courbe à double courbure : la partie supérieure du test est régulière- ment arrondie et les bords en sont relevés, Les Tortues (jui habitent les cours d'eau à eau blanche {ngua hranca), c'est-à- dire à eau claire, comme l'Amazone, le Madeira,le Puru, etc., sont de dimension un peu plus petite que celles du Rio-Negro et des autres cours d'eau qui possèdent un fond argileux, sont troubles, et présentent une eau noire {aqua prêta), comme on dit dans le pays. Le test de cette espèce est cendré, de môme que la tète et les pattes ; chez les Tortues qui vivent dans les eaux dormantes, dans les cours d'eau dits à eau noire, la partie inférieure du test contient d<^ nombreuses taches foncées. La Tortue dite Podocnemis expansa est, de toute la famille, la plus savoureuse. C'est avec sa chair que l'on prépare les îiieilleurs plats ; elle peut constituer à elle seule la base d'un repas tout à fait délicat. Suivant la région du corps qui est employée et la manière d'en préparer la chair, la saveur varie et se rapproche de celles (]u veau, du poulci ow du porc. ' ' ' TORTUES DE L AMAZONE. Ii9 Les indigènes en font une consommation continuelle. Lorsque j'ai fait un voyage d'exploration dans la région du Puru, j'ai mangé de la chair de Tortue pendant plus de deux mois sans jamais m'en être latigué. Cette chair, d'une digestion facile et Irès-salubre, remplace parfaitement celle du poulet dans l'ali- mentation des malades, comme cela se pratique à l'hôpital militaire de Manaus. Une Tortue pond cent quatre-vingts à deux cents œufs splié- riques, de grande dimension, présentant une coquille molle. Les indigènes s'en servent pour en fabriquer la ninuteiga (graisse ou beurre), sorte de graisse plus ou moins consistante suivant son mode de préparation, ou bien les conservent pour les manger, soit crus avec de la farine, soit cuits. Nous don- nerons plus loin quelques détails sur la manière dont on fait la manteiga des œufs de Tortue. Le mâle, désigné sous le nom de Capitary, se distingue de le femelle par sa grandeur ; il attemt à peine 0"',7 de longueur, et sa queue, qui est deux fois plus grande, atteint à 0"','2. Le niàle ne présente pas, du reste, une saveur aussi déhcate que la femelle. La circonstance que l'on rencontre un petit nom- bre de Capitary, pour des centaines de Tortues femelles, prouve, en quelque sorte, qu'un seul mâle est suffisant pour féconder plusieurs femelles. 2' espèce : Tracaya { Podocnemis tracaya). — Cetl*^ espèce peut atteindre un développement de 0"',(55 et se dis- tingue surtout de la précédente parce qu'elle a le test par- faitement arrondi, en sorte qu'une section transversale d»- l'animal donne une courbe régulière. La queue présente une longueur de 0"',081. Le mâle est désigné sous le nom de Anayury et arrive à peine à 0"',33; sa queue est deux fois plus grande que celle de la femelle. Les taches jaunes qu'il porte cà la tête complètent la dilTérence. Les œufs sont allongés et ont la forme d'un ellipsoïde ; leur coquille est dure. Les œufs de Tracaya sont, du reste, d'une saveur plus délicate que ceux de la Tortue proprement dite. La Tracaya pond de vingt-cinq à trente œufs. » Beaucoup de personnos prélèrent la Tracaya à la Tortue 150 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. proprement dite ; mais cela parait venir simplement de ce que. la Tracaya est une espèce plus rare. Lorsque l'eau commence à baisser dans la rivière, la Tra- cmja se rend habituellement à terre ou sur les troncs d'arbres qui se trouvent sur les bords des cours d'eau ; elle se réchauffe au soleil et s'endort profondément. C'est dans cet état de som- meil qu'elle est surprise par les pêcheurs et les voyageurs. Les jaguars profitent aussi de l'imprévoyance des Tracat/a et les prennent avec la plus grande facilité. Quand elle se voit prise, la Tracaya emploie tous les moyens pour récupérer sa liberté, aussi est-il indispensable de bien l'attacher. S*" espèce : Jarara-pithi ou Ayaca {Podocnemis pitiu). — Jiœara-pitm veut dire Tortue qui répand une odeur désagréable. Cette espèce n'atteint jamais plus de 0'%33. Elle se distingue en outre des espèces précédentes parla forme de la partie supérieure du test qui présente un point saillant dans la partie médiane. Une section transversale de cette tortue donne un angle légèrement curviligne. Lorsque l'animal est encore jeune, on remarque à la portion inférieure du test six points saillants qui ne disparaissent jamais avec l'âge, ce qui ne se rencontre jamais dans les autres espèces. Le test est d'une couleur cendrée comme celui de la Tracaya et celui de la Tortue proprement dite. Le mâle porte le même nom que la femelle et en dilfère en ce qu'il est plus petit et en ce que sa queue ohre un développement deux fois plus grand. La femelle pond dix à quinze œufs, qui sont de forme ellipsoïdale et rappellent la forme de ceux de la Tracaya, mais dont la coquille est molle comme celle de la Tortue proprement dite. La chair exhale une odeur sui geiieris {pitiu), et n'a jamais une saveur aussi délicate que celle des autres Tortues que nous avons précédemment décrites. Cette espèce est du reste plus rare et n'est pas encore scientifiquement connue. br espèce : Arapuca. — Cette espèce est la plus belle de la région amazonienne, mais elle n'était pas connue jus- qu'ici. On la rencontre dans la région du P»io-Negro, et elle ne parait pas exister ailleurs. Je propose de lui donner le nom de M. Agassiz, en l'honneur de l'illustre savant avec lequel j'ai TORTUES DE l'AMAZONE. l'Ôi lait mon dernier voyage dans la région amazonienne. La Ara- puça atteint jusqn'à O'^IZiâ; elle ressemble, du reste, com- plètement par sa forme à la 'Tortue proprement dite. Son test est noir, bordé de rouge; la tête et les pattes sont de la même couleur. La femelle pond six à huit œufs ressemblant aux œufs du Pigeon. Le mâle est plus petit que la femelle et a la queue pins longue. Ces quatre espèces frayent sur les bords des cours d'eau, à l'époque de l'abaissement du niveau de l'eau, surtout des ma- rais à eaux dormantes, dans lesquelles elles ont passé l'hiver ou saison des pluies, qui s'étend de décembre à juin. Lsl Pitiu est celle qui apparaît la première; ensuite vient l^Traca^^a; et, enfin, la Tortue proprement dite vient en octobre, un peu plus tôt ou un peu plus tard (i). 5' espèce : Jm-ara^acanguas^yii ou Arara^jurara. — Les Indiens désignent cette espèce sous les noms de Jurara- acanyuassu, ce qui veut dire Tortue à grande tête, ou sous le nom de .lmm-y?«w«,, ce qui veut dire Tortue-ara ou Tortue à museau, semblable au bec d'un ara (sorte de per- roquet). Effectivement, chez cette Tortue, la tête est plus grande que celle des autres espèces, et le museauest convexe, présentant la forme du bec d'un ara. Celte Tortue ressemble entièrement à la Tracaya, abstraction faille, toutefois, de la forme spéciale de la tête ; cependant elle atteint des dimensions un peu plus grandes que celles de la Tracaya. Le mâle est plus petit que la femelle et possède une queue plus longue; tous deux sont, du reste, connus sous le même nom. (1) On lie couiiaî!, jusqu'à prcseal, que trois espôces du genre PODOCNÉMIDE rai-actérisécs par unsiHoii iougiltitliiial, sur le front, par deuiv barîjillons sous le meiitOQ et par la présence, aux talons, de deux grandes écailles minces et arrondies. La première qui est décrite ici est bien celle que Wagler a nommée l>ud. expansa. On ne peut point rapporter aux deux autres, dites l'od. Dumerïliana, Wagler, et Pucl. Leivijaiui, A. Duméril, les deuxième, troisième, quatrième et sixième espèces signalées" par M. Coutinlio. 0 serait, par conséquent, très-désirable que la Société d'acclimatation pût recevoir, par les soins obligeants de notre confrère, les Tortues qu'il mentionne dans son travail. — Aug, Dumkril. 15*2 SOCIKTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Cette espèce n'a pas, comme les précédentes, l'habitude di' frayer sur les bords des cours d'eau ni d'y aller; elle vit con- stamment dans les marais et les petits cours d'eau des profon- deurs de la foret ; ello pond ses œufs sur les feuilles qui se trouvent sur le bord, et même quelquefois sur la vase ; elle se l'.ipproche ainsi de la famille des Chélydes dont nous alloi!> nous occuper dans ce qui va suivre (1). iV esjièce : Uirtipeque. — Le naturaliste P'erreira l';iit mention d'une sixième espèce du genre Podoc)ie7ni^,(\\\\\ dit être tout à fait semblable à la Pithi ; cette espèce diflère, en cITet, à peine de la Pitiii par sa tète plus arrondie, et par les taches jaunes que l'on rencontre sur les pattes et sur la tète Nous n'avons jamais eu l'occasion d'observer cette Tortue, et, pour cette raison, nous ne faisons que la mentionner sim- plement. Ferreira dit que, dans le pays, on lui donne le nom de rirapeqiif. Dans les deux genres ('heloflinn et Cij/osfprir/on, M. le professeur Agassiz range trois espèces, qui sont générale- ment désignées dans le pays sous le nom de Mussuam. Cha- cune de ces espèces a une forme plus allongée que celle des Tortues du genre Podocnemis : le test est plus déprimé et le <;ou un peu plus allongé. L;i première espèce présente un tesî (I) Il est i)rol)ablo que le Jurara-aranguassu est l'espèce que Spix a ch'- crile, en 182/i, suus le nom de Emys tracaxa {Ueptilia hrasilirnsa), p. 6, pL V, et qnl est si remarquable par le volume de sa tète sujjquadran^u- laire, couverte de i;randes plaques ('paisses, un peu imbriquées, el j)ar la l'orme des mâchoires extrêmement fortes, très-crochues et sans dentelures, qu'elle est devenue, i)our jis anlcms de VErpi'toloçiie générale, le typed'uit genre particulier {Pcltoccpluihis, Dunii-iilet lîibron, Pelfocrphalus tracaxa. I. Il, p. ;)78, 1)1. Wlil. fi!;. 'J). I;a brièveté des doiiits et le peu de dévt>îop- pemenl des membranes interdigitalcs expliquent le genre de ', ie di- celit- espèce qui, est-il dit, vit dans les niaiais et ne va pas dans les rivières. Quant à la deuxième espèce de l'odocnémide signnli'e jiiu- M. Coutinhi) sous le nom de Tracaija si peu dillV'rent de Tracaxa, ce n'est point le l>el- locéjdiale dont je viens de parler et qui se distingue si l'acilemeiil par s'»» beo de perro(iuei. Les animaux cli'-crils dans le pi'èsent nn'inoire ii'('iaiii poiiU eni;!re en\o\rv> par l'auteur et n'ayant pas été soumis à imc étude compaiati\e, il est diflicile de fournir des déterminations spécii'uiues préci>^es. — \!ig. DuviKSUL. ••'-;■■'"' TORTUES DE l'aMAZO-NE. I5;', complètement lisse; la deuxième porte deux saillies; et la troisième, trois saillies longitudinales, dont l'une occupe la partie médiane. Ces Tortues vivent presque toujours à terre pendant Vriv et n'atteignent jamais plus de 0'",'25. FAMILLE DES CHÉLYDES. Genre Cheivs. A ce genre appartieiit une des espèces les plus curieuses, la nwtamata, souvent nommée Chelys matamata {Chelyl fimhriata). Le test de cette Toriue présente trois saillies lon- gitiidinales hérissées de pointes et à bord aplati. Le cou est gros et long, rugueux, aplati comme la tète, qui est triangu- laire, extrêmement déprimée et munie d'une sorte de petite trompe formée par le prolongement des narines; la tête est, en outre, couverte de fortes protubérances, de mamelons cu- tanés, ce qui donne à l'animal un aspect repoussant (1). Ces! à cette circonstance qu'elle doit presque toujours la vie, bien qu'elle présente une saveur délicate. Le mâle est en grosseur et en longueur peu différent de la femelle ; cependant sa queu.- est deux fois plus longue. ^ Jamais la femelle ne pond ses œufs sur les rives des cours d'eau, et jamais elle n'y va; elle passe toute sa vie dans les marécages, dans les cavités pleines d'eau dormante, des forêts, où elle fait sa ponte sur des feuilles ou dans la vase, comme cela a lieu aussi pour les espèces désignées sous le noni de Caheciida et de Mmsuam. Les indigènes emploient habituellement, avec beaucoup de succès, la poudre du test carbonisé- contre les dysenteries. FAMILLE DES TESTUDINIDES. Cerne Tesludo. A ce genre appartiennent les Jabotys, espèces exclusivement terrestres, très-estimées comme aliment délicat. (1) La ménagerie des reptiles au Muséum tl'ln-stoire narurelle de !>ans l)Ossède, en ce niomenl. un grand spécimen de celle Tortue envojY- de Cayennepar \L Peiii. — Aug. DuMKRi;,. ibà SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOÛLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. La Jaboty rivalise, sous le rapport de la saveur, avec la Tortue proprement dite {Podocnemis expansa) ; sa chair frite constitue un des aliments les meilleurs que l'on puisse ren- contrer. Il existe trois espèces de Jaboty : la Jaboty-tmrja, la Jaboly- plranga et la J ahotyreariimbé . La Jabotij-Tinga atteint une longueur de 0"',ZiZi; elle pré- sente un test très-bombé et des taches jaune blanchâtre aux pattes et à la tète. Latéralement, des deux côtés du corps, le test présente une dépression. La femelle est désignée sous le nom de Jabota ; elle est deux fois plus grande que le mâle et se distingue, en outre, de lui par cette circonstance que la partie inférieure du test est complètement unie, tandis que,, chez le mâle, on y rencontre une cavité très-prononcée. La femelle pond de dix à quinze œufs, sphériques, durs, d'une saveur très-délicate, qu'elle dépose ordinairement dans quel- que cavit('' du sol, qu'elle a le soin de boucher. Quand elle ne rencontre pas de place convenable, elle creuse un trou, y dé- pose ses œufs et les recouvre de terre. Cette espèce est connue scientifiquement sous le nom do Testitdo carbonaria. J aboty-piranrjo . — Jabot y-piranga veut dire Jaboty qui présente des taches rouges; l'existence de ces taches est du reste précisément un des caractères spéciaux de, cette espèce. Le test ne présente pas, en outre, les dépressions latérales que l'on rencontre dans celui de l'espèce précédente ; aussi a-t-il une forme plus arrondie. La chair de ce Jaboty est un peu excitante. Les relations de dimensions entre le mâle et la femelle sont les mêmes que pour le Jaboty-tinga (1). (1) Les caractères du Jahoty-thiffa cl du Jahohj-pîranga, tels qu'ils sont «hioncés par M. Coutinllo conviennent parlai tcment anx espèces nommées, la première Testudo carbonaria, par Spix, et la seconde, Testudo talmlata, par Walbaum. .le dois cependant faire observer que, contrairement à ses indications,, tes taches rouges de la tète et des pattes sont caractéristiques de la charbonnière, tandis qu'elles sont jaunes chez la marquetée. J'ignore à quelle espèce appartient le JuhoUj-caruinbé; on la trouvera sans doute nommée et décrite dans lo travail que \1. Agassizcloit prochahiemcnt publier à l'occasion de son grand voyage d'exploration dfins le bassin de l'Amazone., — Aug. DUMÉRIL. TORTUES DE l'aMÂZONE. 155 Jahoty-canimbé. — Cette espèce ressemble par sa Ibrme à la précédente, mais elle en diffère par les taches de couleur chair ou de couleur rose et par les bigarrures si variées de couleur foncée que présente son test. La femelle atteint un développement plus grand que celui du mâle ; elle pond, comme les autres espèces, des œufs sphériques et durs. Celte espèce vit ordinairement dans les lieux découverts, dans les plaines ;, elle aime la chaleur et passe les heures les plus chaudes sur le sable ou sur des pierres. J'en ai rencontré plusieurs fois sur les pentes sablonneuses du Monte-Alegre, dans le bas Amazone. Les deux premières espèces préfèrent les forêts humides et, dans ces forêts, les endroits les plus sombres et les plus touffus. Dans l'été, elles ne sortent de leurs retraites qu'en un petit nombre d'occasions, à l'époque delà ponte; au commen- cement de l'hiver, c'est-à-dire de la saison des pluies, en no- vembre, .et à l'époque où elles ont riiabitude de faire leurs excursions à la recherche de leurs aliments, qui consistent en diverses espèces de fruits. Les chasseurs profitent de cette circonstance et font alors de grandes provisions de Tortues, qu'ils prennent à la main sans la moindre difficulté. Ces deux espèces se reproduisent en captivité et se conservent pendant longtemps dans un local habité, se familiarisant avec la plus grande facilité, au point de suivre la pei^onne qui leur donne leur nourriture. En forêt, aussitôt qu'elle s'aperçoit de la présence du chas- seur, la Jaboty fuit vite tant qu'elle n'est-pas poursuivie ; mais, dans le cas contraire, elle rentre ses pattes et sa tête sous son test et ne donne plus le moindre signe de vie, supposant pouvoir échapper ainsi. Elle reste alors cachée pendant plu- sieurs heures, mais, aussitôt qu'elle se voit prise, eUe em- ploie tous- ses efforts pour récupérer sa liberté, et elle y arrive bien souvent si elle n'a pas été solidement attachée. Les Indiens expriment bien l'adresse de la .laboty, ainsi que leur propre habileté, en disant que la Tortue rit quand elle se voit attachée par un nègre, ayant assez d'adresse pour s'échapper, mais qu'elle pleure, au contraire, quand c'est un 156 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. individu de race cuiviV'C qui s'en est assuré la possession. Dans très-peu de temps, chacun pourra puiser des détails sur le sujet qui nous occupe dans l'ouvrage de M. Agassiz, dont la i)ul)lication et la traduction française ne se feront pas attendre ; chacun y trouvera les descriptions les plus exactes et les plus détaillées des Tortues de l'Amazone, de mémo que des figures qui les représenteront très-tidèlemcnt. Nous n'a- vons trac(3 ici qu'une légère esquisse des principaux carac- tères de ces animaux intéressants, alin de répondre à la demande si flatteuse qui nous en a été fuite par M. le profes- seur Dnméril. Cet aperçu servira d'introduction aux rensei- gnements que nous allons donner sur la pèche du Podocnemis cxpama, et sur les ressources que cette espèce peut fournir à rahmenlation et à l'industrie. DE LA Toin'LE l'UOPREMENT DITE {Podocnemis expauso). La Tortue proprement dite, Podocnemis expansa, est, de toutes les espèces de Tortues, celle qui est la plus abondante dans la r('gion amazonienne ; elle est d'une grande ressource pour la poi>ulation; en effet, sa chair est bonne pour l'alimen- tation, et ses œufs peuvent être employés à la fabrication d'une huile qui sert généralement pour l'éclairage, mais peut aussi, bien qu'elle présente i»eu de saveur, être utilisée comun^ condiment dans la préparation de conserves qui, dans le pays, portent le nom de mcxira. La Tortue passe l'hiver, os dans les :lacs à eaux dormantes; efles y sont également poursuivies avec les mêmes armes que dans les igapos. Par les bulles d'air qui viennent crever à la surface de l'eau pendant la période de la respiration, qui a reçu le nom d'expiration, il est facile de reconnaître la route suivie par l'animal ; le pécheur adroit lance le Jai'eça un peu en avant avec un coup d'œil admirable. C'est ce qui se pré- sente dans les endroits peu profonds. Dans le mois d'août, pendant lequel la baisse des eaux con- tinue, la Tortue recherche les fleuves, et c'est dans cette occa- sion que l'on fait usage de filets avec lesquels on ferme la bouche des lacs à eaux dormantes. Dans ce cas, la pêche prend le nom particulier de baticao, et constitue une sorte de battue. En grand nombre et armés de bâtons, les pêcheurs partent de l'extrémité supérieure des lacs à eaux dormantes, disposant leurs canots sur une ligne transversale, et descendent en bat- tant l'eau avec leurs bâtons et en faisant ainsi un grand bruit. Les Tortues, efl'rayées, courent en avant des rabatteurs {bate- dores) et vont toutes se réunir en grande quantité à l'entrée. Les pêcheurs, continuant toujours le baiiçao, forment alors une ligne circulaire, et, de tous côtés, de la terre et des ca- nots, partent des flèches et des jatecas, poursuivant les Tor- tues qui viennent à la surface. On tend ensuite le filet avec précaution, et un grand nombre de Tortues s'y laissent pren- dre. Ce mode de pêche s'emploie seulement dans les petits lacs peu profonds. TORTUES DE l'aMAZONÏ]. 159 Lorsqu'elle arrive dans la rivière, la Tortue suit invaria- blement une direction contraire au courant. Les pêcheurs appellent cette évolution arribaçao das Tartarugas (arrivée des Tortues). Dans les bas-fonds de la rivière et sur les bancs ■qui se sont formés dans la rivière par alluvion, les pécheurs attendent les Tortues, qui restent complètement à découvert sur les rives pour y faire leur ponte. Les pêcheurs se pla- cent en embuscade dans les endroits convenables; ils sont alors armés de flèches et d'arcs et ne laissent échapper au- cune de celles qui viennent respirer à la surface de l'eau. La flèche dont ils se servent, en pareil cas, est désignée sous le nom de sararaea (chose qui se démanche) ; elle présente une hauteur de 1"',32 et est munie à son extrémité d'un manche {gomo) de 0'",2:^. A l'extrémité de ce manche est attaché le dard {bien), sorte de pointe ou de stylet d'acier, pré- sentant deux ailes égales, qui ne dépasse pas 0"',52, et qui esl un peu moindre que la base dans laquelle il est fixé. Une corde de tuciim, de 8 à 10 mètres, rattache le dard à la flèche, de telle manière que le dard se détache au moment où il entre dans le test de la Tortue. La corde se déroule alors et la flèche, servant de bouée, indique au pêcheur le chemin qu'a suivi l'animal. Dès c{ue la flèche a bien pénétré dans la carapace, on lire et on lâche successivement la corde par soubresauts, avec précaution, en suivant le mouvement de la Tortue jusqu'à ce qu'elle se fatigue, ce qui permet de l'ao- procher du canot; on lui lance alors le jcteca, et on l'em- barque à bord avec facihté. Les Tortues recherchent toujours, pour y faire leurs pontes, les parties les plus élevées des bords des fleuves, c'est-à-dire celles qui ne restent inondées qu'en janvier et en février, en sorte que leur progéniture ne court pas le moindre danger, puisqu'elle a pu atteindre son complet développement avant l'inondation. Cependant, poursuivies par les 'pêcheurs, les Tortues fuient dans un état de très-grande frayeur, descendent la rivière, vont l'aire leur ponte sur les rives peu élevées qui sont inondées dès le commencement de la crue des eaux, et v abandonnent complètement leurs œufs. Cette circonstance concourt beaucoup à la diminution de l'espèce. 160 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. A la tin de septembre ou d'octobre a lieu le liai. (Quelques jours avant, les Tortues vont sur les bords aux heures où la température est la plus élevée, le soleil n'étant pas masqué ; après cette légère excursion à terre, elles redes- cendent à la rivière et restent en grande quantité sur le bord des bancs de sable provenant d'alluvion. Les pêcheurs disent alors qu'elles sortent de la rivière pour s'asol er {assoaihar)^ c'est-à-dire se réchauffer, se sécher au soleil, et aussi afin de préparer l'endroit convenable pour leur ponte, le taholeiro. Quelques voyageurs pensent que c'est durant leur excursion à terre que la fécondation a lieu; mais il ne paraît pas en être ainsi, puisqu'on ne voit que rarement un mâle, un Capitarij, accoiupagncr les femelles. La fécondation se fait dans l'eau, à i'épo(iue où les tortues attendent à proximité des bancs d'al- luvion. Les pécheurs disent que les Tortues sont guidées par une maîtresse (umesfrf/) ; cette maîtresse est la première qui sort de l'eau pour choisir le lieu de la ponte; aussitôt après, elle disparaît. La ponte a lieu de grand matin. Sur les rives qui présen- tent une grande étendue, comme celles de Tarnandua du Uio- Madeira, où j'ai observé le i)liénomène, le nombre des Tortues est si grand que, dans bien des cas, elles ne laissent pas aux pêcheurs la place pour passer. Klles avancera en fouie vers le tabule} ro, partie la plus é evée du bord, èperdùment et dans la plus grande confusion, se heurtant les unes aux autres, de manière^ à produire un bruit (pii s'entend de loin. Elles se disputent entre elles l'endroit le meilleur, et, lorsque une Tortue a conquis entin celui qu'elle désire, elle piatique avec ses pattes de devant une cavité de 0"',/i/i à 0'",' (5 de pro- fondeur, où elle dépose ses œufs au nombre de cent quatre- vingts à deux cents; elle les recouvre ensuite avec beaucoup de soin. Fréquemment, une Tortue ayant [)réparé un trou et conunencé à pondre ses œufs, il en arrive d'autres tout à côté; avec le sable qu'elles eidèvenl, pour creuser à leur tour une cavité dans le sable, ces dernières recouvrent les premières, qui s'en vont ailleurs ou bien sont prises par Ihomme, ou bien encore se trouvent aux prises avec (pielques autres des agents destruelei'i'- de cette r;iee ^i utile. ■' ' TORTUES DE l/.VMAZOXE. 161 Dans quelques localités, les voisins se réunissent pour fal)ii- quer la manteir/a (beurre ou graisse) d'onifs de Tortue; dans d'autres localités, ils ne se rassemblent que pour prendre les animaux. Dans le premier cas, on attend que la ponte soil finie pour procéder au retournement (viracau) (1). Dans h'. second cas, les Tortues sont prises avant la ponte. Anciennement, une telle barbarie n'était pas permise. Aus- sitôt que commençait Xarribacao et que les Tortues apparais- saient sur les bancs d'alluvions, on plaçait des sentinelles dans le but d'empêcher, tant la pèche dans les bas-fonds delà rivière, que la dispersion des Tortues; elles arrivaient ainsi toutes sur les bancs d'alluvion en temps convenable. Sur chaque banc, il y avait un inspecteur représentant de l'autorité (Jio'z), et personne n'approchait tant que la ponte avait lieu. Aussitôt qu'elle était Unie, les fabricants de mmiteifja^ pré- cédés de l'inspecteur, procédaient au retournement, donnani la moitié d'une Tortue par personne. Celles qui restaient étaient reportées à la rivière. L'inspecteur mettait ensuite les rapports des travailleurs de chaque fabricant sous l'autorité d'un entrepreneur, qui étail connu sous le nom de Chef ou de Cabeca do Rancho. Le Ca- beca do Rancho mettait tous ses travailleurs sur un rang et donnait, avec un tambour ou un tromblon {bacamarte), le signal du commencement des travaux. Le tiers des pontes était réservé pour la reproduction de l'espèce, et les deux tiers seu- lement étaient consacrés à la fabrication de la Manteirja. Actuellement, aucune de ces prescriptions n'est observée. Les Tortues sont poursuivies dans les bas-fonds des rivières et durant Xarribacao; une grande partie des Tortues s'effravent, fuient et perdent leurs œufs; les œufs sont tous détruits; il ne s'échappe, par hasard, qu'une ponte par-ci par-Là. H y a ([uelques années, une assemblée de la province de l'Amazone, désirant empêcher la destruction des Tortues, Villa une loi (|ui rétablissait les dispositions régulatrices an- (1) La ciraçao, on retournement, est le procédé qui est employé pour cnipèclier Taniniiil de se sauver : il consiste à le retourner sens dessus dessous de manière que le plastron soit par-dessus et la carapace par-di>ssous. 2'" SÉRIE, T. V. — Mars et Avril IS'iS. 11 16-2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. ciennement en vigueur; mais le résultat n'a pas répondu aux sages desseins des législateurs, par la faute des inspecteurs cliar-^és d'en assurer l'exécution. On nommait bien quelquefois un inspecteur de la plage ; mais cet inspecteur était le premier à donner le mauvais exemple, et la foule suivait cet exemple. La manteiga se prépare de deux manières, ou bien avec les a3ufs à l'état frais, ou bien avec les œufs un peu fermentes, suivant que l'on désire qu'elle soit d'une plus ou moins grande consistance. Quand on veut que la masse huileuse soit plus épaisse, on laisse les œufs pendant cinq jours, plus ou moins, accumulés sur les rives, et l'on procède ensuite à la fabrication. La matière grasse que l'on obtient dans ce cas n'est pas employée à l'éclairage, mais au calfatage, sous forme de mélange avec le brai du pays. Pour obtenir une huile moins dense, on jette dans les canots les œufs frais que l'on a réservés pour cette fabrication ; on piétine dessus, en mê- hnit le tout après y avoir ajouté un peu d'eau. L'albumine se dissout, et, au bout de peu de temps, Thuile surnage et peut alors être enlevée au moyen de calebasses ou de coquilles, pour être ensuite épurée par l'action du feu dans de grands vases de terre convenablement disposés. On fait ensuite re- froidir l'huile rapidement, et on la met en réserve dans de grands pots de terre pour la livrer au commerce. L'huile ainsi préparée peut être employée à la fois et pour l'éclairage et pour l'assaisonnement; elle sertpour frire le poisson, etc., etc. Pour ce dernier usage, la graisse de Tortue est bien supé- rieure, et son rendement est bien plus grand., comme nous le verrons plus loin. Pendant deux mois, plus ou moins, une grande partie de la population est rassemblée sur les bancs d'alluvion du bord des fleuves. C'est l'époque heureuse de la région amazonienne où les poissons, les oiseaux, abondent, où l'homme se voit, pour ainsi dire, accablé de ressources {atropelludo de racur- sos) ; les pluies sont rares et le pays est exposé aux brises du vent d'est, qui amoindrit considérablement la chaleur. Les journées sont toujours sereines; l'azur du ciel est transpa- rent; les })arfums de ia foret vierge et le murmure mélanco- TORTUES DE l'AMAZONE. ; 163 liqiie du feuillage déterminent un bien-être, une satisfaction ineffables qui ne peuvent être définies. A la fin des. deux mois, en janvier, de petites Tortues sor- tent de quelques cavités qui ont échappé au vandalisme géné- ral. De nouveaux ennemis les attendent alors. Ce sont les fabricants de Mexira, les voyageurs, les Éperviers (f/avioes), les urubifs, les Caïmans (jacares) , les piranhas, les pirararas et autres poissons; les hommes et les bêtes sont également voraces, mais les hommes sont plus dangereux et plus cou- \}V]\.C Par une disposition providentielle, on voit apparaître, à cette époque, un insecte, désigné sous le nom de Tat?fzmho (petit tatou), qui pénétre dans les trous pour manger les œufs fécondés qui se trouvent entièrement décomposés. Par l'orifice qu'il pratique, l'air pénètre dans l'intérieur du trou où se trouve la nichée de Tortues , et aussitôt qu'elles com- mencent à respirer, elles se mettent en mouvement et cher- chent à sortir. La femelle a la précaution de bien recouvrir le trou et d'ef- facer tout vestige d'excavation, en faisant quelques allées et Tenues de côté et d'autre sur le banc d'alluvion où elle l'a pra- tiquée, de-manière que, en suivant sa piste, on ne puisse pas être sur de trouver l'endroit où sont les œufs. Mais l'instinct ne peut nullement lutter avec l'intelligence. Armé d'un bâton pointu, le pêcheur sonde le sable, qu'il tàte également avec le talon, et il découvre ainsi facilement le trou où nichent les petites Tortues, et il en tire ces jeunes animaux pour les man- ger rôtis ou les conserver cuits dans la friture faite avec l'huile qu'ont fournie leurs parents. Cette conserve, qui reçoit le nom de mexira, est très-appréciée par les naturels. Les petites Tortues, sortant des trous, prennent invariable- ment le chemin le plus court pour arriver à l'eau. Les uruhas, les Eperviers {gavioes), ne les poursuivent que pendant le jour; le jacare, \e perahiba, le pirarara et les autres poissons, au contraire, ne leur laissent aucun repos ni jour ni nuit; sen- tinelles permanentes, ils se mettent sur la route du banc d'al- luvion et dévorent les petites Tortues à l'instant précis où elles paraissaient à l'abri de tout danger. l(3/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Les})oissons et les jacares sojiL ainsi les derniers ral^alleurs de cette armée extravagante de la destruction, à Tavant-garde de laquelle se trouve l'homme qui possède assurément la palme sur les oiseaux de proie. Après la destruction des œufs et la fabrication de la mexira, la rive est complètement sens dessus dessous, et est cou- verte d'ossements et de test de Tortues, ressemblant à un cimetière livré à la voracité des chiens ! C'est toujours avec le cœur douloureusement affecté , que l'on rencontre les tristes vestiges de, l'imprévoyance humaine. Par l'amour d'un lucre insignifiant, la population détruit une des plus grandes ressources qui puissent assurer sa subsistance et le bien-être de ses enfants, aussi bien que le bonheur des gé- nérations à venir. Malheureusement, ce n'est pas seulement la classe ignorante qui agit ainsi. Les personnes les i»lus liaul placées font de même, ainsi que presque tons les étrangers établis dans le pays. Je ne sais vraiment pas quel prestige possèdent les coutumes indigènes pour dominer d'une ma- nière si absolue les colons. Sur les bords du Solimoes, j'ai vu un comte italii^n, descendant d'une famille distinguée, qui fabriquait la nvmte'njn, vivait comme les Indiens et parlait comme eux. Les œufs frais de Tortue sont employés de la même ma- nière que les œufs de Poule, soit frits, soit assaiscnmés avec dn sucre ; ils sont aussi consommés à l'état cru par les natu- rels. Pétris avec de la farine de manioc et de l'ean, ils consti- tuent ce que l'on appelle mucarujue, aliment extravagant qui constitue un régal. - Les Tortues ont diminué sensiblement dans la région ama- zonienne, et il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il en soit ainsi, puisqu'elles sont détruites, tant pour une cause que ])Our une autre, depuis l'état d'embryon jusqu'à l'âge le plus avancé. A l'époque où la colonisation du Para a commencé, il y a trois cents ans approximativement, les rives où avait lieu la virarao, rendaient bien près du capital, et, encore en 1700, les Tortues abondaient dans tout l'Amazone à partir de 50 lieues de son embouchure et dans tous ses allluenis. Actuellemen!, sur une éleiidue de 300 lieues, ^\\\ Para à l'embouchure ou TORTUES DE L AMAZONE. 105 Rio-Negro, il n'y a lias un seul endroit où les Tortues frayent en nombre supérieur à quinze. Sur le Rio-Madeira, de remboucliurc à la première cata- l'acte, sur une étendue de 18(5 lieues, il n'existe que deux rives où les Tortues viennent frayer; sur le Solimoes, dans la partie supérieure de l'Amazone, il en existe déjà beau- coup, et, sur le Rio-Hyupura, il en existe un peu plus. On peut voir déjà que l'approvisionnement des œufs pour la fabrication de la manteiya et l'absence de réglemenlation de la pèche ont diminué considérablement le nombre des Tor- tues de cette espèce, qui deviendra encore plus faible dans qiielques années, si l'on ne prend pas quelque mesure de pré- voyance à cet égard. Celui qui connaît les grandes ressources que ces animaux fournissent à la population de l'Amazone peut juger du mal que produirait leur disparition. La Tortue seule pourrait sustenter une population deux fois plus grande, si l'on ne se donnait }tas tant de peine pour la détruire. Une famille qui parvient à se procurer cent Tortues, ce qui se rencontre encore aujourd'hui dans le haut Ama- zone, a sa subsistance assurée pendant une année. On pra- tiipie dans le Jardin une excavation qui se remplit d'eau; les Tortues y vivent parfaitement bien pendant plusieurs années, pondent à r('poque convenable et se reproduisent avec la plus grande facilité. Retenues en captivité, elles sont plus savou- reuses; elles peuvent être nourries de légumes, de farine de manioc, etc., etc. Si, pendant trois cents ans, on n'avait pas détruit les œufs, chacun des habitants des deux provinces de l'Amazone [lour- rait aujourd'hui disposer annuellement de mille Tortues, ['ne Tortue de 1 mètre, qui coûte, dans la région amazonienne, «le 5 à (j francs, peut sustenter une famille de six personnes pendant trois jours. Mais ce n'est pas la chair seulement ({ue l'on sait utiliser ; la graisse aussi est employée comme con- diment ; elle est plus savoureuse, plus salubre, en nu mot sui)érieure à celle du Porc; cette graisse peut encore servir à )tréparer d'excellente pommade pour les ch(,-veux. Une Tortue I6(j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. ordinaire donne bien 5 livres de graisse, et, comme le prix en est de 1 franc, il en résulte que nous avons un rendement de 5 francs, qui représente le prix de l'animal, et, par con- séquent, on possède la chair pour rien. Pour obtenir 2/i litres de manteiga, il faut précisément trois mille œufs qui reviennent à l'I francs. Au lieu de dé- truire trois mille œufs pour obtenir \'l francs, il paraîtrait plus rationnel et plus économique de s'approvisionner de la chair et de la graisse d'une seule Tortue, qui rapporterait presque le même intérêt; ce qui ne présenterait pas l'incon- vénient de travailler, sans le moindre profit, à la destruction d'un animal si utile. En 1719, il s'exportait encore, seulement du haut Ama- zone, 19-2 000 livres àa manteiga d'œufs de Tortue, et il en résultait la disparition de vingt-quatre millions de Tortues. On peut ainsi juger de l'énorme préjudice que la fabrication de la manteiga fait supporter aux œufs de Tortues et de l'ur- gence de la nécessité de sauvegarder le développement d'ani- maux qui procurent de si précieuses ressources. La prohibition de la fabrication de la manteiga devrait être la première mesure de prévoyance à adopter par l'administra- tion ; en même temps, cette dernière devrait créer des viviers où l'on déposerait les petites Tortues, aussitôt qu'elles sorti- raient des cavités où elles seraient nées, afin d'éviter qu'elles soient dévorées par les poissons et les jacares. La moitié de celles qui vont sur les rives pour frayer devraient être réser- vées afin qu'elles pussent servir à la reproduction de l'espèce. La pêche ne devrait pas être permise avant le frai, sous quelque prétexte que ce fût; car elle est alors la cause de la perte des Tortues, dont la conservation est de la plus urgente nécessité. Ces précautions de simple prévoyance étant adoptées, nous aurions rétabli, au bout de dix ans, dans l'Amazone et dans ses affluents, un approvisionnement convenable de Tortues, et la population de cette partie de l'empire du Brésil aurait à sa disposition un aliment salubre, peu cher et savoureux. RAPPORT FAIT A LA SOCIÉTÉ IMPÉniALE d'aCCLIMATATîON DE PAP.IS , L'ÉTAT ACTUEL DE LA SÉRICICILTI RE DANS l'âMÉRIQUE DU SUD, LE 13 DÉCEMBRE 1867, B»ar M. Anloiiy «EîLOT. Le 15 mars dernier, j'ai eu, Messieurs, l'honneur de vous entretenir du développement que l'industrie séricicole était ^ appelé à prendre dans les diverses contrées de l'Amérique du Sud qui, par leur climat, leur température, s'y prêtent admi- rablement, et notamment clans les Républiques de l'Equateur, du Chili, de l'Uruguay, et je vous faisais connaître par des pro- duits en soiegrége, en cocons, en graines de Vers à soie, sou- mis à votre appréciation, le degré avancé auquel étaient déjà arrivés le Chili et l'Equateur. En présence du fléau, toujours de plus en plus croissant, qui, depuis tant d'années, frappe la plus riche de nos indus- tries, nous cause des pertes incalculables, et aboutit à nous rendre tributaires du Japon, le seul pays qui nous reste pour l'approvisionnement de graines de Vers à soie nécessaires à nos besoins, qui se chiffrent par millions de francs, en pré- sence, dis-je, de ce fléau, le prompt développement de l'indus- trie séricicole dans l'Amérique du Sud, et surtout au Chili et à l'Equateur où elle est, à cette heure, l'objet de l'enthou- siasme général, a pour nous un immense intérêt, et cela m'a fait espérer que vous accueillerez, messieurs, avec quelque bienveillance, la nouvelle communication ([ue je me suis pro- posé de vous faire aujourd'hui sur ce sujet. Vous vous rappellerez sans doute, messieurs, que le 15 mars dernier, je soumettais à votre examen des échantillons de graines de Vers à soie de l'Equateur, que je venais de recevoir, et dont je fus heureux d'offrir une partie à notre honorable Société, pour la faire expérimenter de son côté. £9 1(>S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOniQUE d'aGCLIM.\TATIO.\. Il im|)oiUiil do faire connaître ces graines, encore à peu près inconnues, en leur donnant le plus de retentissement pos- sible. A cet efl'et, j'en adressais des échantillons à un i^rand nombre de sériciculteurs intelligents, leur donnant toutes les indications ])ropros à les diriger sur le mode de leur emploi, et leur signalant le phénomène de leur éclosion tardive, et que j'avais pu observer sur des graines de mèrne origine, de ju'ovenanco antérieure à celle-ci. (iCS expériences m'avaient lait connaître que réclusion nor- juale des graines pondues en Amérique en octobre et novem- bre, n'avait lieu chez nous que dix-huit à vingt mois après leur création, et que celles de France transportées dans l'Amérique du Sud se comportaient de la même manière. En in-ésencede ce- lait, il m'a paru prudent do ne pas provoquer la vente im- médiate de ces graines, et j'eus recours à l'obligence de .^IM. Buisson, à Grenoble, Lacroix, à Valréas, et Dliombre, à Aimes, pour les placer dans un local propice à leur cimsorva- tion, juscju'aux éducations du printemps 1868, n'étant pas organisé chez moi i»our jtouvoir les ])lacer convenablement dans ce but. Vers la même époque, M. Fernandez Rodella , consul général du Chili, à Paris, recevait de son gouvernement envi- ron 1000 onces d'excellentes graines arrivées, on majeure partie, en parlait état de conservation, et il voulut bien me charger de donner à cet envoi la plus grande publicité possi- ble, pour en faire connaître l'origine, et prendre toutes les mesures que je jugerais convenables pour faire juger et appré- cier le mérite réel de ces graines, encore inconnues en France. En conséquence, je pris à leur égard les mêmes mesures que j'avais prises pour celles de l'Equateur. Ces graines ont tout d'abord été soumises à de sérieuses ol>servations microscopiques, et il a été constaté qu'elles étaient fort belles, arrivées en parfait état, et complètement- exemptes de corpuscules. Lorsque j'adressais à divers éducateurs une petite quantité de ces graines, sans les leur faire connaître, je les priais in- stamment de ne pas négliger de nie renseigner, à partir du si!r.icicuLTURE DANS l'aukriqui: du SID. 169 mois d'août, sur la manière douL elles se seraient comporté{.'s entre leurs mains, alin que cette espèce d'enquête pût servir, par la ditïerence des résultats, s'il y en avait, à jiuser îles jalons servant de guide pour les éducations des nouvelles graines que nous pourrons recevoir de ces lointaines contrées. La manière dont se sont comportées ces graines améri- caines a présenté des phénomènes surprenants qui oflVent à tous nos savants bacologues un sujet d'études et d'observations nouvelles des plus intéressantes. Pour vous en faire juges, messieurs, je crois opportun de soumettre à vos appréciations quelcjues-uns des faits étranges qui m'ont été signalés dans les divers rapports que j'ai reçus. En premier lieu, j'aurai l'honneur de vous entretenir des mesures prises parles personnes que je vous ai nommées pour la conservation de ces graines, comme des éducations de 1868. Personne n'ignore, messieurs, parmi ceux qui s'occupent, de la sériciculture, que de temps immémorial il a été établi en principe que, pour conserver les graines de Vers à soie, depuis le moment de leur création jusqu'à l'époque normale de leur éclosion pour en faire l'éducation, elles doivent être tenues à une basse température, à ce point que l'on va mèrne jusqu'à conseiller leur conservation en glacière. Eh bien, il est arrivé que l'application de ce principe aux graines de l'Equateur et du Chili parait avoir été la cause déterminante de leur éclosion prématurée, qui a commencé vers le milieu de mai, journalière et sans interruption depuis cette époque jusque fm octol)re, où ehe a cessé dans les locaux où elle était tenue à une basse température. Voici les faits étranges que j'ai à vous signaler pour expli- quer et justifier cette hypothèse. Je vous ai dit, messieurs, que j'avais fait trois lots des graines du Chili et de l'Equateur, et que j'avais eu recours à l'obligeance des personnes que je vous ai indiquées pour les conserver, et qui, dans ce but, jugèrent convenables, selon l'usage partout adopté, de les placer et maintenir dans un local oii devait constamment régner une température variant entre y et 11 degrés. 170 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTÂTION. 'A. la réception de ces graines, M. Buisson en prit une petite partie que, pendant un mois, il soumit à l'incubation, à une température constante d'environ '25 degrés Réaumur. Il n'ob- tint pas une seule éclosion, tandis que toutes les autres graines de provenance différente, soumises à cette incubation, eurent une complète éclosion. Il eut la pensée de laisser ces graines, ainsi essayées sans résultat, à la température ambiante de son appartement, même pendant tout cet été qui a été sou- vent si chaud; ces graines s'y sont parfaitement conservées jusqu'à ce jour sans éclosion, et il a grand espoir qu'au prin- temps prochain elles lui donneront de bons produits. Mais, par contre, la presque totalité de celles qu'il a placées et main- tenues à une basse température sont écloses. Chez MM. Dhombre, à Nîmes, et Lacroix, à Valréas, les- mêmes faits se sont identiquement reproduits dans les mêmes conditions. M. Nourrigat, à Lunel, reçut directement du Chili, en février et en avril, deux grandes feuilles de papier couvertes de graines de Vers à soie. Depuis cette époque jusqu'à ce jour, il les a tenues constamment dans une chambre de son apparte- ment située au nord, bien aérée, bien sèche, où elles sont restées soumises à la température ambiante du temps, et, à cette heure, m'a-t-il dit, c'est à peine si 2 pour 100 de ces graines sont écloses. Tout ce qui reste non éclos est en par- fait état de conservation à l'heure actuelle. Chez M'" Dagincourt, à Saint-Amand, toutes celles de ces graines qu'elle a tenues à une basse température sont écloses irrégulièrement et journellement, tandis qu'au contraire celles qu'elle a tenues depuis le moisdemars constamment dans une boîte, sur la cheminée de sa chambre, ont à peine eu quelques rares éclosions. Je crois. Messieurs, que la conclusion qui ressort de ces faits, c'est que, pour les graines de cette provenance, les pré- cautions capitales à prendre consistent à les préserver avec le plus grand soin de la plus légère humidité. .le pense qu'il faut à leur égard renoncer aux habitudes enracinées que l'on a pour les autres graines, de les conserver à une basse tem- pérature, car il me semble que plus une température est SÉRICICULTURE DANS l'amÉRJQUE DU SUD. 3 71 froide, plus elle doit toujours contenir une certaine quantité c humidité, qui, toute faible qu'elle puisse être, ne laisse pas de rester toujours nuisible aux graines de cette provenance \ous n'Ignorez pas, messieurs, que la maladie connue sous le nom de flaçhene, est celle qui, cette année-ci, a sévi avec une grande rigueur sur les graines de toute espèce. Celles de Lquateur et du Chili lui ont, comme toutes les autres, pavé leur tribut Mais, ici, elles ont encore offertde sinouliei; phé- nomènes, dont voici quelques exemples. " Chez M. Heyler, à Wiwershein (Bas-Rhin), l'éclosion, com- mencée vers le milieu de mai, se continuait partiellement et journellement. Chaque jour il recueillait avec soin les Vers eclos, et 11 était arrivé à en former dix ou douze divisions pour égaliser les Vers. Les deux premières divisions ont admira- blement marche, sans aucune mortalité, et tous les Vers lui dh i'"T t'i ''i"^''"' ''"''''• ^''''^ ' P^^^t"^ d^ ^- troisième dn. ion, a débâcle a ete complète, la flacherie a tout emporte. ré.^lNf Aiu n'°"' ^'^''^''''' ^^^^"^)' ^"êmes faits, mêmes lesultats. M- Dagincourtavaitpartagé, endeux parties éoales un morceau de toile couvert de graines de l'Equateur; poui' pour en laire deux éducations successives, et qie je lu avai. envoyé vers le commencement de mars La premièi^ éducation de ces graines a marché d'une ma- nière admirable et lui a donné, sans aucune mortalite, de inagnihques cocons jaunes. Mais, à la seconde éducation faite avec les mêmes graines, échec complet, radical, à ce point de n avoir pu même obtenir un seul cocon. La flacherie avait tout emporte, tout détruit. A Bourges, M. de Gertrude voyant éclore les graines du Chili dans la cave où il les tenait à une basse température eut 1 Idée de recueillir les Vers éclos pour en faire deux édu- ca^ons distinctes, l'une, dans la magnanerie, dans les condi- e i.i.?'"\^' '''''^''' ^' ''' d^"-^ expériences a éte nnH ■ '7'1'^'\^^^'^ élevés dans la magnanerie ont éteem- po tes par la flacherie, tandis que ceux élevés dans la cave ont eu le succès le plus complet. 172 SOCIÉTÉ IMTÉUIALE ZÔOLOGIQl'E d'aCCLIMATATION. Je craindrais, messieurs, de latiguer votre bienvcillanle iittention, si je m'i'tendais plus longuement sur des laits anor- maux qui me paraissent m(''riter une aLtention,une élude sérieu- ses. Pour y su})pléer, j'ai consigné à la suite de la présente communication que j'ai l'honneur de vous l'aire, l'extrait des dilTérents rapports que j'ai déjà reçus. Leur étude, faite par des sériciculteurs expérimentés, aura, je l'espère, pour résul- tat, d'arriver à pouvoir tixer les sériciculteurs de l'Amérique du Sud sur la meilleure marche à suivre, tant sur l'opportu- nité de l'époque à laquelle ils doivent grainer, pour que leurs graines trouvent chez nous l'opportunité du temps de leur éclosion, que sur les mesures à prendre pour arriver à ne nous envoyer que des graines de premier mérite. Au mois d'octobre 180(3, j'ai envoyé à MM. Lecocq et Fau- vety, à Montevideo, des graines de M"' Dagincourt, pondues en juin même année; ces graines ne sont écloses qu'en octobre de cette année 1867, et l'éducation des Vers marche parfaite- ment, sans maladie ni mortalité. De ce fait, il résulte que les graines de France, transportées dans l'Amérique du Sud, y éclosent comme celles venues de là en France, c'est-à-dire dix-huit à vingt mois après leur création. Toutefois, cette question, si grave, n'est pas encore élucidée d'une manière absolue, puisque la majeure partie des graines ■d'Amérique, pondues en octobre J8(5(), que j'ai reçues en mars 1867, et que j'espérais pouvoir conserver pour les édu- cations printanières de 1868, a commencé à éclore sans inter- ruption, à partir du mois de mai. Mais il y a lieu de prendre en considération leur collocation et maintien. Dans une tem- pérature l)asse, toujours un peu chargée d'humidité, dans la persuasion de la nécessité de cette mesure pour les mieux conserver, et qui a pu être, ainsi que je l'ai déjà expliqué, la cause de cette éclosion précoce et inopportune, et, ce qui tendrait à le [»rouver, c'est que celles de ces graines qui n'ont pas été soumises à ce régime sont encore, à cette heure, en parfait état de conservation, et (]ue ceux qui en sont détenteurs ont mie grande confiance pour les éducations prochaines. Pour avoir une base certaine, permettant d'être bien lixé SÉRICICULTLRE DANS I.'AMÉr.IQUE DU SUD. J 73 sur ce point si imporlaiit, il sera nécessaire d'expérimonloi sur (les graines pondues en Amérique, à différentes époque? de Tannée, et c'est ce dont je m'occupe avec une grande sol- licitude. Cette expérience pourra di-jà être faite au printemps prochain, et voici pourquoi : 'le dernier courrier venu de l'Equateur m'annonce l'envoi immédiat d'-environ 300 onces de graines pondues dans le mois de juillet de celte année; cel envoi me parviendra dans le courant de ce mois-ci. Dans mon opinion, ces graines devront l'clore simultanément et à propos pour nos éducations du printemps prochain 1868. En pré- sence de la pénurie où nous sommes de graines saines et de race supérieure à celle du Japon , j'estime que les sociétés d'agriculture de nos départements séricicoles feraient bien de profiter de l'arrivée de ces graines , encore si peu connues, mais qui cependant ont déjà fait leurs preuves d'une manière si satisfaisante , pour en jjropager la connaissance parmi les nombreux éducateurs de Vers à soie, qui ne savent plus où trouver, en quantité suffisante pour nos besoins, des graim s saines et de races donnant des produits bien supérieurs à ceux du Japon. • J'ai désiré. Messieurs, vous en l'iiire juges, et dans ce but, j'ai l'honneur d'offrir à la Société une colleclion de cocons obtenus avec les graines du Chili cl de l'Equateur, et dont l'éducation a été faite en juillet et août |)ar un assez grand nombre d'éducateurs, dont les noms sont indiqués à côté des cocons qu'ils ont produits; ils vous donneront. Messieurs, la uiesure de leur valeur, et ils vous prouveront, je le crois, que la conviction que j'ai de la possibilité de pouvoir largement développer l'industrie sérieicole dans l'Amérique du Sud, de la propagation de laquelle je me suis fait l'apôtre dévoué, con- vaincu, infatigable, est loin d'être une utO])ie, et que lorsque je vous déclarais que là se trouverait le salut, l'avenir de la plus riche de nos industries, mon affirmation était loin d'avoir le caractère d'un paradoxe, et que j'étais bien près de la vérit('. [La suile au prcchain miméro.) DE L'INFLUENCE DU SOL SUR LE BOMBYX CYNTHIA, Par n. Ilcsirî GIVË^LST. Messieurs, M. le Président, en ouvrant la dernière assemblée générale, nous faisait voir dans l'Acclimatation une œuvre de patience ; et pour mieux faire sentir toutes les difficultés que doivent surmonter ceux qui s'y sont dévoués, Son Excellence, emprun- tant à la Fable et à la Poésie une comparaison qui relève bien haut nos modestes travaux, nous rappelait à la fin de son savant discours, qu'Hercule, pour arriver aux pommes des Hespérides, Enée pour pénétrer jusqu'au sein des Enfers, avaient dû triompher de formidables monstres. Je n'ai donc pas à craindre de vous décourager en venant vous entretenir, pendant quelques instants, du Ver à soie de l'ailante, et des difficultés que nous avons à vaincre avant d'utiliser une acclimatation (\m |»romet à la France de pré- cieuses ressources. L'acclimatation proprement dite du Bombyx Cynthia dans le nord de la France n'est plus, vous le savez, un problème pour nous. A part certains détails i)ratiques dans lesquels l'expérience nous amène chaque année quelque amélioration, on peut con- sidérer cette acclimatation comme un fait accompli, et si bien accompli que l'insecte a pris rang parmi nos indigènes. Des cocons oubliés sur des buissons d'allante ont supporté sans peine le froid de nos hivers. Gnidéspar leur instinct, les papillons qui s'en sont échappés ont bien su riîtrouver à de très-grandes distances leur essence favorite, et s'y sont repro- duits sans le secours de l'homme. J'en ai vu tous les ans des exemples chez moi, et plusieurs faits de ce genre ont été con- statés au cœur même de Paris. INFLUENCE DU SOL SUR LE BOMBYX CYNTIIIA. [75 Mais il ne suffit pas d'acclimater l'insecte ; la grande allaiiv est d'en tirer parti, et pour cela, plusieurs questions sont encore c'i l'étude. La première qui se présente dans l'ordre naturel est la question du sol. L'allante pousse facilement. Il n'est pas diffi- cile sur le choix du terrain pourvu qu'il y reçoive tous les soins qu'il exige. Mais est-ce à dire pour cela que partout où vient l'arbre, on puisse élever la Chenille et produire de la soie? L'expérience de ces dernières années nous démontre, au contraire, d'une manière positive que le choix du terrain n'est pas sans importance. Un des plus dévoués partisans du iJombyx GvnLhia M. Ramcry, propriétaire à Voiteur, dans le Jura, veut bien,' dans l'intérêt de notre œuvre, me donner tous les ans quel- ques notes détaillées sur ses observations. C'est entre nous un échange réciproque dont vous pourrez reconnaître l'utilité pratique. Depuis plusieurs années, il se passait chez mon zélé con- frère un fait assez étrange. Les jeunes Chenilles élevées sur ses Allantes se développaient très-bien pendant les premiers âges. Mais à peine sortaient-elles de leur second sommeil qu'elles perdaient leur vigueur et succombaient bientôt, sans que rien indiquât la cause de leur mort. Après de longues observations restées sans résultat, M. Rai- nery pensa que la nature du sol était pour quelque chose dans cette suite de revers. Or, le terrain qu'occupaient ses allantes était un sol argilo-siliceux de qualité médiocre mais surtout entièrement dépourvu de calcaire. Là se trouvait peut- être l'origine du mal. «Pourm'assurer de ce fait», m'écrivait-il le 20 août dernier « j'ai nourri avec de la feuille provenant de quelques buis- » sons d allantes plantés dans un terrain calcaire près de » mon habitation, un certain nombre de Vers jusqu'au ipia- » trieme jour après leur seconde mue, puis d'autres successi- » vement de moins en moins longtemps, et enfin un dernier » lotd'œuls a été porté à la plantation et nourri exclusive- )) ment de sa feuille bien choisie. 170 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. )) S'il (HaiL vrai que la nature de la feuille eût rintluence » que je pressentais, il devait se manifester dans la santé de » mes Vers une progression inverse à la durée de l'alimenla- » tion par la feuille calcaire, et quant aux Chenilles nourries » de la feuille dépourvue de ce principe, elles devaient être )' atteintes des mêmes accidents que les dernières années. » Or, c'est précisément ce qui est arrivé avec une précision )) presque mathématique. Mes premiers Vers portés à la plan- y> lation un peu avant leur troisième sommeil y ont tous » réussi, ont atteint une taille au-dessus de la moyenne, et » ont donné de magnifiques cocons. Puis cette prospérité a » été décroissante. La deuxième si'rie a donné des résultats » moins bons, et enfln les derniers n'ont pas dépassé le troi- )) sième âge. » Ces expériences, Messieurs, suivies avec tant de soins par un observateur aussi consciencieux que l'est M. Rainer y, méritent toute confiance. H y a là un fait qu'on ne peut mettre en doute, c'est rin- tluence du principe calcaire qui n'est pas sans exemple, même sur des animaux d'un ordre supérieur. M. le docteur de Grand- mont, dans le savant travail qui sert d'introduction au volume publié récemment par notre Société , raconte à ce sujet un fait assez curieux. Déjeunes Merles nourris avec des aliments dépourvus de calcaire en étaient arrivés jusqu'à la taille d'adultes sans pou- voir quitter le nid, ni se tenir sur leurs pattes. Leur syslèmr osseux, tout en se développant, était resté flexible, et ne reprit plus tard un peu de consistance que lorsqu'on eut pilé, avec leur nourriture, quelques fragments de craie. Bien que nos Vers ne soient que des invertébrés, il est assez probable (pi'il se passe chez eux quelque chose d'analogue. Peut-être se développe-t-il, pendant le second sommeil, un organe essentiel dont le principe calcaire serait un élément. Celte sécrétion blanche qui ne se manifeste qu'à la suite th' cette crise pourrait bien être elle-même formée par cet organe. C'est ce qui explicpicrait que les Vers élevés sans l'élémenl . INFLUENCE DU SOL SUR LE DOMP.YX CïMIUA. 177 calcaire, ne se ressentent de oette privation qu'après la seconde mue, au moment même où la sécrétion blanche leur devient nécessaire ; tandis que les Chenilles soumises h l'in- fluence du régime calcaire, jusqu'à l'apparition delà sécrétion blanche, peuvent impunément se nourrir par la suite de la feuille non calcaire qui, quelques jours plus tôt, leur eût été mortelle. Pendant que mon confrère étudiait ainsi l'influence du sol sur l'organisation du Bombyx Cynthia, je faisais, de mon cote, un autre genre d'essai. ^ Des plantations d'ailantes d'une certaine importance avaient été tentées il y a six ou sept ans, tout près du camp de (dialons, dans ces terrains arides qui valent à la Champaone un si vilain surnom. ^ Ces plantations n'avaient pas réussi ; mais en les visitant trois ou quatre ans plus tard, et voyant la vigueur de quelques tiges fort raresqui avaient survécu, il me vint la pensée que cette opération n'avait pas été faite avec le soin voulu • et mon pressentiment devint une conviction quand j'appris que le plant, avant de parvenir à sa destination, avait eu à subir les plus fâcheux retards. Égaré plusieurs mois par une fausse di- rection, abandonné sans soins dans la cour d'une gare il avait supporte toutes les intempéries d'un hiver rigoureux 'il n'en fallait pas tant pour rendre la reprise au moins très-diflicile quand même on aurait eu le soin de recéper les plants Mais cette précaution n'avait pas été prise. Dans ces tiges geléeV le iber desséché ne laissait plus passage à la sève descendan'te L arbre devait périr avec sa première feuille. C'est ce nui est arrivé. * ' Dans de telles circonstances, on n'eût pas réussi sur le meil- leur terrain, et rien ne démontrait qu'avec un peu plus de soin on ne pût obtenir un autre résultat. Je voulus donc tenter une seconde expérience. Je fis il y a deux ans, k peu de distance de là, une planta- lion d un are. Des allantes d'un an, mis en terre en avril et recepes au collet de la racine, me donnaient à l'automne et sans la moindre perte, des tiges de 35 à àO centimètres. La 2 SÉRIE, T. V. — Mars et Avril 1808. |.> 178 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. feuille seulement se ressentait un peu de la maigreur du sol. Malgré sa couleur verte, et toute l'apparence d'une belle végé- tation, elle était bien plus sèche et beaucoup plus petite qu'elle ne l'est d'ordinaire. Encouragé pourtant par ce premier succès, j'acquis pour un prix très-modique un assez grand terrain à 1000 mètres environ de la limite du camp , et au printemps dernier, j'en plantai un hectare. Puis, pressé de juger la qualité de la feuille, j'y posai quelques Vers au commencement de juillet. Ces jeunes Chenilles, abandonnées complètement à elles- mêmes dès le jour de l'éclosioTi, n'en réussirent que mieux. J'en avais en août des cocons aussi beaux que sur les meil- leures terres, et chose digne de remarque, malgré la petitesse des feuilles que portaient ces jeunes plants, le nombre des folioles absorbées par les Vers n'était guère plus grand que sur mes plus beaux arbres. Ainsi , Messieurs , la feuille que produit ce' sol déshérité peut avoir pour nos Vers une valeur nutritive qu'ils ne trou- vent pas toujours sur des terrains beaucoup plus estimés. Du reste nous voyons àe même les fourrages des prés secs, si mai- gres et si courts qu'ils soient , être bien préférables comme alimentation aux herbages plantureux que donnent les prés humides. Ajoutons à cela que l'élément calcaire est ici en excès, et que bien loin d'être nuisible aux Vers, il confirme, au contraire, tous les faits observés par M. Rainery. La position du sol est encore une considération qui doit préoccuper un ailanticulteur ; ainsi les terrains bas et voisins des cours d'eau sont dangereux pour la Chenille, bien que souvent l'allante y pousse d'une manière merveilleuse. Les feuilles qui, dans ce cas, prennent un grand développe- ment, perdent en qualité ce qu'elles gagnent en force. Ce n'est que dans les années chaudes, quand un soleil ardent a dessé- clié la terre, que ces arbres peuvent donner une nourriture saine. Si le temps, au contraire, est souvent à la pluie, si les ruisseaux grossissent, si les eaux du sous-sol envahissent les racines, la feuille aqueuse et molle ne fournit à la Chenille INFLUENCE DU SOL SUR LE lîOMBYX CYNTIIIA. 179 qu'une nourriture lade et débilitante. La croissance est péni- ble les âges se prolongent, et si Finsecte ne succombe pas à ce te rude épreuve, il ne donne toujours qu'un produit sans valeur L est ce qui est arrivé ces deux dernières années dans toutes les plantations qui se trouvent exposées à l'invasion de^ eaux. Entre autres, celle que j'exploite dans la vallée de la heine a gravement souffert du voisinage du fleuve Vous savez tous. Messieurs, qu'une des difficultés de Taccli- matation est de trouver la cause des échecs qu'on éprouve Lan dernier, en voyant se reproduire les mêmes symptômes de dépérissement que j'avais remarqués à l'automne précédent^ je cherche quelle peut être la nature du mal Je l'attribue d'abord à un empoisonnement par l'oxyde de zinc formé dans mes baquets. Tout en réfléchissant que cet empoisonnement, s'il était bien réel, devait se produire pins ut, je veux m en rendre compte. On nettoie deux baquets Le le plus grand soin; le fond est recouvert d'une couche de sable et de charbon pilé. De nouveUes graines sont mises à l'éclosion mais les mêmes accidents s'y manifestent encore. Les Vers sont mous, leur peau reste plissée. Tout en mangeant beau- coup, ils ne se nourrissent pas. •rarrive ainsi à la fin de juillet. Ma graine est épuisée et fe me vois réduit à remettre à onze mois la suite de cette étude^ quand, le 1" août, j'ai la visite de l'un de mes confrères en sériciculture, M. le docteur Torel, qui élève le Cynthia avec beaucoup de succès. Le bon docteur m'annonce qu'il a encore des graines et m en offre une partie pour de nouveaux essais. Je l'accepte bien vite à charge de revanche, et d'autant plus volontiers aue je ne suis pas le seul à en avoir l'emploi. Dans une propriété voisine de la mienne, mais un peu plus élevée, M- de Haut avait planté en 186(5, et sur un sol d'excel- lente qualité, cmq à six mille allantes. Ces plants, l'année der mère, étaient déjà très-forts et l'on pouvait sans craint, les charger de nourrir quelques milliers de Vers. Une partie de envoi du docteur nous fournit le moyen de les ensemencer- le reste est mis à l'éclosion chez moi. ' ^ ' 180 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Ces deux éducations, faites dans. le même moment, avec les mêmes graines et conduites par les mêmes procédés, donnent des résultats tout à fait diiTérents : tandis que M"' de Haut obtient à Sigy une récolte superbe et qui lui laisse à |peine 15 pour 1 00 de déchet, je vois encore languir la plupart de mes Vers, ne sauvant guère que ceux qui par bonlieur se trouvent sur quelques points plus élevés que le reste. Après un tel succès et un pareil revers, je commence à penser que la cause de mes pertes peut bien être la suite de ces inondations qui, tout l'hiver dernier, ont fait de notre con- trée un véritable lac. Mon opinion d'ailleurs est bientôt con- firmée par des faits analogues. Mon savant maître et collaborateur, M. Guérin-Méneville, vient le 29 septembre me prendre pour visiter les plantations d'ailantes établies par la Compagnie de l'Est sur plusieurs points de son vaste réseau. Nous trouvons à Yesoul, dans un terrain voisin de la rivière et où viennent se rendre toutes les eaux qui descendent d'une route, des effets complètement identiques avec ceux que nous venons d'observer à Flamboin. Les Chenilles languissent et les cocons, infiniment plus rares que Tannée précédente , sont petits, mous et légers à la main. Aux environs de Sermaize , le même fait s'est reproduit dans les mêmes conditions. On a dû renoncer à y mettre des Vers. A Lure, à Bartenheim, h Bar, à Vitry, à Chàlons, sur des points plus élevés, les cocons sont superbes; l'abondance des pluies n'y a fait aucun mal. A Nancy, la récolte est plus que quintuplée ; les cocons sont plus beaux et plus forts que jamais. Devant de pareils faits , on ne peut plus attribuer les acci- dents locaux que je vous ai cités qu'à l'influence fâcheuse qu'exerce sur nos Vers l'excès d'humidité. On doit donc renon- cer à planter en allantes les terrains dans lesquels l'eau pour- rait séjourner. Il est enfin une troisième condition que l'on doit rechercher dans un sol destiné à produire de la soie : c'est qu'il soit I INFLUENCE DU SOL SUR LE liOMBYX CYNTIHA. 181 entouré de terrains cultivés, et aussi loin que possible des bois et des habitations. Le Bombyx Cynthia craint deux sortes d'ennemis : les insectes d'abord et les oiseaux ensuite. Mais les oiseaux qui sont à redouter pour lui sont précisément ceux qui ne vivent que d'insectes, et qu'on ne voit en grand nombre que là où ces derniers sont eux-mêmes abondants. Or, partout où la terre est remuée fréquemment, les insectes sont rares, car ils ne s'y reproduisent que difficilement. Ainsi l'on en voit peu dans les teries qui reçoivent une culture régulière ; mais ils sont innomlu'ables dans les bois, dans les prés, partout en général où ni charrue ni bêche ne pénètrent souvent. Le voisinage des habitations, les parcs, les jardins, les ver- gers, sont encore un refuge pour une foule d'espèces attirées par les fleurs et surtout par les fruits. M. Martin, chef de section des chemins de fer de l'Est, a donné l'an dernier une preuve bien positive du fait que je si- gnale. Entre Cliàlons-sur-Marne et la station suivante, la voie se frouve bordée d'une ligne d'allantes. Quelques-uns de ces arbres, aux abords d'un village, reçurent un certain nombre de Vers comptés avec le plus grand soin. Une égale quantité fut placée le même jour à 1000 mètres de là sur un point éloigné de toute habitation. Quand arriva l'époque de recueillir les cocons, on ne re- trouva de la première partie que dix ou douze Vers qui eussent pu fder ; le reste avait été entièrement dévoré. Dans la seconde, au contraire, on avait plein succès. Sur "200 Vers posés, ii n'y avait même pas 1 0 cocons de perdus. Les deux points cependant étaient identiquement dans les mêmes conditions, à part le voisinage d'un endroit habité, et vous voyez. Messieurs, l'eftet qu'il a produit. •le trouve un autre exemple d'un succès obtenu loin des habitations, (.hez un instituteur des environs deHeims, M. (Ihéruy-Linguet, à qui je dois déjà phisieurs obseivations d'un très-grand intérêt. 18:2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. M. Chéruy, après plusieurs essais conduits avec intelligence dans un petit jardin attenant à son école, a fait , il y a deux ans, une plantation d'environ trois arpents dans un terrain situé à plus de 2000 mètres du village qu'il habite. Le sol qu'il a choisi est un terrain calcaire de très-petite valeur dans un climat très-sec et en rase campagne. L'année dernière, bien que ses plants y fussent encore très-faibles, il a voulu pourtant les expérimenter. Toutefois, pour ne pas nuire à leur développement, il a placé seulement deux à trois vers par arbre. Les résultats ont été merveilleux. Aucune perte sensible ne s'est manifestée, et les 7000 cocons qu'il en a retirés sont d'une taille et d'un poids qui prouvent combien le sol, si maigre qu'il paraisse, est pourtant favorable à cette exploitation. Je pourrais facilement ajouter d'autres faits à l'appui de cette thèse; les plantations de l'Est m'en fournissent plus d'un; mais je crois inutile d'insister davantage. Ainsi, Messieurs, ces études sur le choix d'un terrain des- tiné à nourrir le Bombyx Cynthia nous conduisent à cette con- clusion : Que le sol doit contenir des éléments calcaires, qu'il doit être à l'abri de toute humidité, et aussi loin que possible de& habitations, des prairies et des bois. Quoi qu'il en soit, il sera toujours sage avant de se lancer dans une opération, de juger à l'avance, par un petit essai,, de la valeur du sol et de la quahté qu'il peut donner aux feuilles. Cette nécessité d'éloigner des villages nos plantations d'ai- lantes aurait dans la pratique un grave inconvénient, si nous n'avions, à l'aide de nouveaux procédés, simplifié la main- d'œuvre pour la grande culture. Permettez-moi, Messieurs, de vous en dire quelques mots. L'expérience démontre qu'un Yer rais au dehors le jour de l'éclosion est bien plus vigoureux que celui qu'on élève dans un lieu renfermé ou même sous un hangar. ()n comprend aisément que la feuille sur l'arbre soit une nourriture inlini- menl plus saine que la feuille cueillie, qui ne peut conserver INFLUENCE DU SOL SUR LE BOMl'.YX CYNTIILS.. 183 une fraîcheur douteuse qu'en absorbant une eau plus nuisible qu'utile à l'alimentation. Il y a donc, Messieurs, un très-grand avantage à rapprocher le Ver de l'état de nature, et à le faire éclore sur l'arbre même qui doit lui procurer et le vivre et le gîte. Car, nous savons maintenant éloigner de cet arbre, par l'entretien du sol, les ennemis qui menacent notre précieux insecte. Toute la difticulté est d'y tixer les œufs. Pour atteindre ce but, l'idée qui, la première, se présente à l'esprit, est assez séduisante. Il n'est pas impossible d'ame- ner les femelles à déposer elles-mêmes leurs germes sur les feuilles. Il suffit pour cela de les lâcher le soir au milieu des allantes dès qu'elles sont fécondées. Leur instinct fait le reste. Mais on s'expose ainsi à de graves mécomptes. D'abord, on multiplie les occasions de perte; car une femelle enlevée, c'est deux cents Vers de moins. Puis d'un autre coté, le caprice des mères éparpillant les œufs sans ordre ni mesure, laisse à l'éducateur une tâche bien difficile, lorsqu'il faut ramener cette répartition aux proportions nor- males ; en sorte que ce moyen^ tout simple qu'il paraisse, est, en réalité, le moins pratique de tous. Il a fallu chercher à résoudre le problème par d'autres expédients. M. Guérin-Méneville a commencé par entourer un arbre d'une gaze très-claire sous laquelle des femelles se trouvaient enfermées ; mais ces dernières cherchant leur liberté s'atta- chaient à la gaze bien plus qu'aux feuilles de l'arbre, et d'ail- leurs ce moyen eût été un peu cher comme temps et comme argent, si on l'eût appliqué sur une grande échelle. Un ingénieur anglais, M. Wallace, auteur d'une brochure sur le Bombyx Cynthia, a modifié cette première idée. Il recueille ses graines dans une boîte à ponte. Cela fait, il les met dans un sac de mousseline ; puis il suspend ce sac à une feuille d'allante, de manière à y emprisonner les dernières folioles que trouvent les jeunes Vers au sortir de la coque. L'éclosion se fait bien; toutefois M. Wallace, en me com- muniquant cet ingénieux système, m'en signale, lui-même, un défaut très-sérieux. Les jeunes Vers se pressent tellement . iSi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. sur ces quelques folioles qui leur sont ménagées, et que leur appétit réduit à chaque instant, qu'un grand nombre d'entre eux ne peuvent gagner à temps la branche principale et tom- bent d'inanition. Il est vrai cependant qu'en mettant moins de graines, on aurait moins de pertes ; mais il faudrait alors uudtiplier la race, et la di'pense en serait considérable, M. Martin, l'ingénieur de Chàlons à (pii l'on doit déjà cette double expérience que je vous ai citée, a fait également une tentative heureuse d'éclosion en plein air. Après avoir tout simplement fait pondre trois ou quatre femelles sur une feuille de papier, il a coupé cette feuille et fixé chacpie fragment à la tige d'un allante. Mais ce mode d'éclosion qui, d'ailleurs, a très-bien réussi, serait impraticable dans une grande planta- tion ; car il est difficile de fixer sur un arbre un papier qui n'a pas une forme régulière. Le temps que cette opération demande pour chaque tige la rend inapplicable à la grande culture. Au mois de juin dernier, M. Guérin-Méneville remarquant ([ue les mères, lorsqu'elles pondent sur l'arbre, collent tou- jours leurs œufs au revers de la feuille, eut, à son tour, l'idée d'y fixer quelques graines légèrement gommées. L'expérience cpi'il en fit à Joinville, et qu'en môme temps, je répétai chez moi, nous fit voir une fois de plus qu'il est bien difficile de copier la nature. La gomme d'abord, si le temps est humide, se détrempe bien vite, et laisse tomber la graine. Mais, en admettant même ([u'on put lui substituer une substance moins soluble dans l'eau, il resterait encore une difficulté. Vous savez tous, Messieurs, que l'œuf du Cynthia reproduit en petit la forme de l'œuf de poule. L'une des extrémités est plus large que l'autre. C'est par ce bout légèrement déprimé que doit sortir l'insecte au jour de l'éclosion. Le merveilleux instinct que Dieu donne aux femelles leur fait grouper leurs œufs de manière à laisser ce côté toujours libre. Il n'en (^st pas de même pour les graines collées artificiellement. La main de l'homme, si habile qu'elle soit, ne saurait se prêter à de pareils détails. Il y a donc toujours un certain nombre d'œufs INFLUENCE DU SOL SUR LE lîOMP.YX CYNTHL\. 185 dont les jeunes Chenilles ne peuvent se dégager et meurent dans la coquille. J'avais cru réussir à éviter cette perte en recueillant la ponte sur des toiles mobiles que j'attachais ensuite autour de mes allantes. Mais, malgré tous mes soins, il se trouvait toujours quelques points de ces toiles fort éloignés des feuilles. Par- fois aussi le vent les écartait encore. Bon nombre de mes Vers devaient donc parcourir un assez long espace avant de pou- voir prendre la moindre nourriture. Ils rencontraient, en outre, dans ce voyage sur un tissu grossier, des obstacles sans nombre pour leurs petites pattes, et beaucoup succombaient à celte pénible tâche. En tournant un écueil, je tombais sur un autre. Mais j'abuserais, Messieurs, de votre bienveillance, si je vous racontais par quelle série d'essais il m'a fallu passer pour en venir au système que j'adopte aujourd'hui. Ceux que je viens de citer suffisent parfaitement pour vous faire comprendre ce qu'il fallait trouver. Si l'on pouvait avoir sur la lige de Tailante une sorte de godet disposé de manière à recevoir la graine et à la garantir du vent et de la pluie ; si ce même godet laissait, en outre, aux Vers une entière liberté de gagner à leur gré telle ou telle partie de l'arbre, le problème, àcou}isûr, se trouverait résolu. Mais comme il nous faudrait un godet pour chaque pied, soit cinq mille par hectare, les frais d'ensemencement devien- draient assez lourds. J'emploie donc simplement un petit cône en papier, placé la base en haut et coupé par la tige dans le sens de soii axe. Ce cône ainsi tronqué forme une espèce de vase dont le centre est rempli par la lige qui le traverse et qui en clôt le lond. Mais entre l'arbre et la surface du cône, il reste un petit espace qui, lermé par le bas, monte en s'élargissant et ipii est suffisant pour recevoir la graine. Ce petit appareil peut très-bien devenir un petit nid de Che- nilles se rapprochant assez par sa forme et par sa position de ceux que l'on détruit sur nos arbres fruitiers. 186 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Quant à sa construction, elle est simple et facile. ' On se sert pour cela d'un papier très-épais employé dans le commerce pour les gros emballages, et qui est à peu près imperméable à l'eau. Sur ce papier, on trace un cercle dont le rayon varie sui- vant la force des arbres qu'on doit ensemencer. Ce rayon, en effet, doit être la moitié de la circonférence prise aumilitïude la tige qui représente le mieux la moyenne de l'ensemble. Un second cercle est tracé du même centre sur un plus grand rayon, et à 3 centimètres de distance du premier. Gela fait, on divise le grand cercle en trois parties égales par trois rayons du centre à la circonférence. Ces trois rayons formeront donc entre eux trois angles de 120 degrés. Par cette division, on obtient trois secteurs que l'on découpe et dont on supprime toute la partie comprise entre le petit cercle et le centre commun. Ces trois secteurs deviennent des modèles pour découper les autres ; car il en faut autant qu'on a d'arbres à garnir. Enfin, les deux rayons du secteur découpé sont enduits, l'un sur une face et l'autre sur l'autre, et sur une largeur de h millimètres, d'une couche de gomme comme celle que l'on applique au revers des timbres-postes. Le fragment de papier préparé de la sorte se pose autour de l'arbre au point déterminé par la force de la tige et le petit arc enbas. Pour l'y fixer, on mouille légèrement les deux parties gommées qu'on applique l'une sur l'autre en ayant soin toutefois que la gomme ne colle que le papier et ne tou- che pas l'arbre ; car il est essentiel que l'appareil soit libre. Le cône, construit d'après les dimensions que je viens de donner, n'est pas très-évasé; ce n'est pas sans raison. S'il l'était davantage, le vent dans certains cas pourrait enlever les graines qu'on doit y déposer. Ces graines sont mises de préférence du côté de la tige qui regarde le Nord-Est ; elles se trouvent ainsi à l'abri du soleil, et plus au large, si les vents du sud-ouest inclinent un peu le cône. Les éclosions se font sans aucune perte. Si quelques œuis INFLUENCE DU SOL SUR LE BOMIîYX CYNTIHA. 187 se trouvent mal placés, comme rien ne les tient, il suffit d'un effort de la part de la chenille pour repousser la coque et ouvrir le passage. Dans mes premiers essais, j'étais préoccupé de l'effet de la pluie. Si elle est un peu forte, il ne faut pas grand temps pour remplir le godet. Mais l'appareil, comme je l'ai dit plus haut, ne tient pas à la tige et ne repose sur elle que par son propre poids. Dès qu'il se remplit d'eau, le liquide cherchant à se faire un passage et ne trouvant d'obstacle qu'un poids moin- dre que le sien, finit par soulever le papier par la base et s'écoule promptenient entre le cône et l'arbre. Gomme l'eau de la pluie ne peut nuire à nos Vers que par un long séjour elle n'est donc pas à craindre. Mais j'ai eu à remédier à un autre accident. Je ne gommais d'abord qu'un côté d'un papier, et bien souvent, après quelques heures de pluie, tout était décollé et ma graine dis- persée çà et là sur le sol. Fort étonné, dans le premier moment, que l'eaii eût tant d'action sur un papier si fort, je finis cependant par m'expliquer le fait. Le papier que j'emploie est grossier et rugueux. Dans la partie collée, les inégalités que présente sa surface empê- chent que l'adhérence n'ait Heu sur tous les points. Il reste donc de l'air dans ces petites cavités que la gomme n'atteint pas. Quand cet air se dilate par l'action du soleil, il écarte le papier, et la première pluie pénétrant par la brèche achève le désastre. La meilleure preuve en est qu'en gommant les deux faces que l'on doit rapprocher, ce qui fait disparaître les inégalités, on obtient alors une adhérence telle que j'ai vu de ces cônes se maintenir plusieurs mois. Mais il n'en faut pas tant. Le temps de l'incubation étant de dix-sept jours, si l'on classe avec soin les graines d'après la ponte, on connaît à l'avance le jour del'éclosion. En les met- tant sur l'arbre quarante-huit heures plus tôt, les œufs don- nent leurs Vers deux ou trois jours après, et ceux-ci sont bientôt sur tes feuilles qu'ils gagnent rapidement en grim- pant par la tige. 188 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. •Fai obtenu par ce mode d'éclosion des cocons tellement torts que la moyenne du poids dépasse de plus d'un tiers celle que nous donnent les Vers élevés sur les baquets. Les frais sont de peu d'importance. Dans une expérience faite avec M. Guérin-Méneville, nous avons constaté que dix cônes pouvaient être posés dans l'espace d'une minute. En comptant la main-d'œuvre à deux journées de femme pour garnir un hectare, c'est plus que doubler le temps que nous y avons mis. La valeur du papier et sa préparation peuvent être calcu- lées à dix francs environ pour la même contenance. Pour distribuer les o^ufs, on emploie deux personnes, une femme et un enfant. Celui-ci est armé d'une espèce d'enton- noir. La femme porte les œuk dans un vase poreux où ils ne s'échauffent pas, elles en tire avec un instrument qui ne peut contenir que juste la quantité nécessaire à chaque plant. Elle dépose ces œufs au bord de l'entonnoir par lequel ils se trouvent dirigés dans le cône. (ïette opération se fait très-rapidement, et ne prend pas plus de temps que la pose du papier. L'ensemencement l'ait, on n'a plus aucun soin à donner aux chenilles jusiju'à ce qu'elles arrivent à leur cinquième âge. Dès qu'on les voit sortir du quatrième sommeil, on passe en revue chaque toulTe, et si sur ({uelques-unes il est resté plus de Vers que l'arbre n'en peut nourrir, on en réduit le nombre au contingent voulu. Le surplus est détruit, à moins que le contraire n'ait lieu sur d'autres pieds sur lesquels on aurait à réparer des pertes. Pour la quantité d'œufs à mettre sur chaque plant, elle dé- pend entièrement de l'état des allantes et de leur situation. Non-seulement on doit la calculer sur la force des plants, mais il est nécessaire de mettre en ligne de compte toutes les chan- ces de pertes qui peuvent se présenter et qui dépendent beau- coup des circonstances locales. La part du feu doit être d'autant plus forte qu'on expose davantage. La graine est ce qu'on doit économiser le moins. Aussi, sa production doit-elle être étudiée avec le plus grand soin. Je INFLUENCE DU SOL SUR LE liOMliVX CYNTIU.V. 189 remarque depuis deux nns que les femelles réunies en grand nombre s'agitent tro}» la nuit et se fatiguent plus vite que lorsqu'on les isole. Plusieurs d'entre elles périssent avant d'avoir pondu. J'ai constaté aussi que, bien qu'une femelle ponde jusqu'au Imiliéme jour de sa fécondation, les œufs qu'elle donne au delà du troisième jour sont généralement de mauvaise qua- lité. Ces deux observations me font penser qu'il y aurait avan- tage pour la grande culture à modifier la forme de nos boîtes à pontes, à appliquer aux mères le régime cellulaire, et à réduire le temps de leur captivité. Je ne veux pas aujourd'bui aborder cette question. Elle m'entraînerait trop loin. L'occasion d'y revenir se présentera plus tard, si je vous parle des constructions spéciales et du matériel qui me paraissent convenir à i'ailanticullure. Vous voyez donc, Messieurs, que malgré les obstacles, nous n'en faisons pas moins des progrès très-sérieux. La culture de l'allante entre, en ce moment, dans une phase nouvelle. L'idée première de son introducteur, d'utiliser j)ar elle des terrains sans valeur, paraît être sur le ])oint de se réaliser. Le terrain favorable au Bombyx Cynlliia ne doit remplir que certaines conditions «pic l'on peut rencontrer dans beau- coup de régions qui sont encore incultes. Nous en avonspour preuve nos essais en Champagne où nous espérons bien voir cette culture s'étendre. Il est vrai que le sol est loin d'y être riche, mais il ne coûte pas cher, et l'ailante y végète. Le Yer lui-même non-seule- ment s'en contente, mais il paraît s'y plaire. On peut d'ailleurs avec une somme seulement équivalente à l'intérêt du prix d'un terrain plus fertile, payer quehpies en- grais et donner plus de vigueur à la végétation. Quand, plus tard, les allantes s'y seront développés, les feuilles et surtout les déjf'ctions des Vers deviendront, à leur tour, de puissants auxiliaires, et tout en produisant, le sol augmentera constam- ment de valeur. C'est ce qui se passe dans ces plantations de pins qui s'éten- 190 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. dent tous les jours et dont les plus anciennes commencent à donner de très-beaux résultats. L'allante, comme le pin, est un bois résineux ; il n'est pas étonnant qu il trouve à végéter où celui-ci prospère. Il a même un avantage de plus en ce sens, qu'il pousse avec plus de vigueur et produit plus de feuilles. J"ai vu dernièrement un grand planteur de pins, que ma dernière acquisition a rendu mon voisin, et qui songe sérieu- sement à se mettre à Failanle. Il y voit un moyen d'améliorer plus vite les terrains qu'il achète. Si son exemple en entraîne encore d'autres, toute cette contrée peut être transformée et devenir en peu de temps un pays producteur. A quelques pas de là, S. E. le maréchal Vaillant, notre illustre confrère, a fait faire l'an dernier une plantation d'allantes d'environ J 500 ares dans l'enceinte môme du camp. Cette plantation, dirigée par M. Ghéruy, ce jeune institu- teur dont je vous ai parlé, a parfaitement repris. J'y ai mis quelques vers pour apprécier la qualité de la feuille , et M. Guérin-Méneville est venu lui-même en lever les cocons. M, Tisserand, chef de division au ministère de la maison de l'Empereur, porte à ces expériences un très-vif intérêt. On ne peut guère douter qu'avec ce patronage noire précieux Bom- byx ne devienne bientôt un Champenois célèbre. Je veux encore. Messieurs, avant de vous quitter, remercier ici ces collaborateurs modestes et dévoués , ces observateurs assidus et consciencieux qui comprennent si bien que l'intérêt de tous est dans la vérité, qui n'hésitent jamais à accuser un revers, à relever une erreur, à reconnaître une faute. C'est avec eux que nous irons au but, et aussi avec ces savants ingénieurs qui trouvent encore au milieu de leurs nombreux travaux du temps à consacrer aux progrès de la science, et aux innovations qui peuvent créer plus tard de nouvelles industries. Le concours que nous donne la Compagnie de l'Est est d'autant plus utile que par la propagande dont il est l'occasion, il nous aide à comlfatlrc notre plus grand ennemi. Vous avez vu , Messieurs, que de peine nous avons à faire r^ INFLUENCE DU SOL SUR LE BOMBYX CYNTHIA. J 91 quelques progrès. Une question se Irouve-t-elle résolue, qu'une autre se présente et nous arrête encore. C'est bien, comme le disait M. le Président, un combat acharné contre l'Hydre aux cent têtes sans cesse renaissantes. ■ Mais si nombreuses que soient toutes ces diiïicultés, nous avons un ennemi plus difficile à vaincre, un ennemi qui nous combat dans l'ombre, un monstre qui toujours retarde notre essor, et qui vit de nos retards. Ce monstre formidable , Messieurs , c'est l'impatience , qui déjà voudrait voir le Bombyx Cynthia faire planter des forêts, bâtir des filatures, entretenir des fabriques. Il n'y a pas dix ans que les premières graines du nouveau Ver à soie apparaissaient en France dans un tuyau de plume, et l'on voudrait que, dans ces dix années, nous ayons tout appris, tout connu, tout planté, tout bâti. Habitué que l'on est à voir improviser des parcs et des ombrages, des rues et des boulevards, des palais gigantesques, et parfois même des villes, on ne réfléchit pas que c'est tout autre chose quand il s'agit d'étudier la nature, et qu'une seule expérience demande plusieurs années. Cette question même du sol que je viens de traiter n'expli- ffue-t-elle pas comment, à l'heure qu'il est, la culture de l'ai- lante n'est pas encore entrée dans sa phase productive ? Parmi tous les essais tentés jusqu'à présent, combien voit-on d'ailantes qui se trouvent réellement dans de bonnes condi- tions? N'est-ce pas presque toujours près des habitations, au milieu des jardins, où les arbres fruitiers attirent constam- ment des ennemis de toutes sortes, que ces éducations ont été commencées? Pouvaient-elles réussir? Ayons donc un peu phis de patience, et laissons à l'étude le temps de nous instruire. Les premiers pas sont faits. Chaque année nous amène une solution de plus. Poursuivons nos tra- vaux avec persévérance, et nous réussirons ^ ■ L'HIMALAYA, SES PRODUCTIONS NATIUELLES, Par n. Ed. LOARER, Capitaine aa long cours. ' (Suite et fin.) CULTURE DU THÉ. J'ai essayé jusqu'ici dt' donner un aperçu des hommes, des aniuiaux et des végétaux que l'on rencontre en gravissant le flanc méridional de rilimalaya, jusqu'à une élévation de 2500 mètres au-dessus de la mer. J'ai, en même temps, dit quelques mots sur la configuration et la nature des terrains parcourus pendant cette ascension. Le choix de celte région n'a pas été arhilraire; je l'ai décrite parce que c'est là que se trouvent les nomhreuses plantations de Thé qui forment déjà une branche importante du revenu agricole de l'Inde. Je n'entreprendrai pas la description hotanique des nom- breuses variétés de cette plante utile ; je ne i»arlerai pas des propriétés chimiques, médicinales, hygiéniques ou nutritives de cette feuille précieuse qui, suivant le R. P. Matthews, l'a- potre de la Tempérance, « charme, mais n'enivre pas ». Je vais continuer mes causeries de touriste ; mon récit ne vise qu'à une grande exactitude, mon but est d'éveiller l'attention des agronomes français sur l'importance de concerter une ten- tative vigoureuse, pour faire la conquête de cette riche cul- ture. En vous racontant l'acclimatation du Thé dans l'Inde, j'aurai bien des fois à critiquer tantôt l'administration, tantôt les colons; mais, en même temps, je m'eflbrcerai de ren- dre justice entière au talent , à l'énergie et à l'honorabilité des hommes composant ces deux classes, parmi lesquelles j'ai laissé tant d'amis. Je dirai franchement les i)rogrès faits dans cette entreprise, en même temps que je signalerai les erreurs L HIMALAYA, SES PRODUCTIOxNS NATURELLES. 193 qui, incmc aujourd'hui, entravent l'essor de cette branche importante de l'agriculture anglo-indienne. Cette industrie lutte encore contre de nombreuses difficultés, créées par une législation surannée, reste encore très-vivace des principes d'exclusion établis, il y a cent cinquante ans, par la Compagnie des Indes orientales, dans le but de proté- ger son monopole commercial. Aujourd'hui même, quoique ce monopole ait été aboli depuis trente-six ans, et quoique la (iOmpagnie elle-même ait cessé d'exister depuis dix ans, les anciennes traditions subsistent et entretiennent un esprit d'antagonisme très-vil", très-regrettable et très-nuisible aux progrès du pays, où les Anglais se divisent en deux catégories bien distinctes et très-jalouses l'une de l'autre : la classe qui gouverne et celle qui s'efforce, en dépit des obstacles, de co- loniser le pays. Ces obstacles sont entièrement créés par le gouvernement de l'Inde, qui s'interpose à tout propos entre le colon européen et le laboureur indigène, toujours sous pré- texte de protéger ce dernier. Le but constant de l'administra- tion indienne a été de décourager l'introduction des Européens dans le pays. Pour expliquer ce qui pourrait peut-être pa- raître invraisemblable dans cette assertion, il est nécessaire de dire quelques mots sur l'établissemcîit de la domination an- glaise dans rinde. La Compagnie des Indes orientales était, à son origine, une modeste société de marchands de Londres, à laquelle le gou- vernement anglais avait concédé le privilège exclusif de com- mercer dans l'Inde. Cette corporation eut des débuts bien humbles et bien difficiles; pendant la première moitié du \vi!f siècle, elle eut à détendre son existence contre les grandes conceptions de Mahé de la Bourdonnaye et Dupleix, hommes de génie et grands citoyens, dont l'insuccès linal et les infortunes personnelles marqueront d'une réprobation éternelle le roi et les ministres qui les laissèrent succomber sous les intrigues d'une coterie aussi infâme que vénale. A la lin du siècle dernier, la Compagnie se trouva maîtresse de tout le littoral indien, et, dès ce moment, int!3rce|)ta à son prolit tout le commerce d'inq)ortation et d'exportation des 2'" SÉiiiE, T. V. — Mais fl Avril 1,SG8. 13 l9/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Etats de rintérieur, qui dut désormais passer par ses mains. Tout ce commerce se faisait par l'intermédiaire de ses agents, connus à cette époque sous le nom de Facteurs ou Écrivains. Ces Facteurs formaient un corps hiérarchique , dans lequel ils arrivaient par une série de grades, aux fonctions souve- raines de l'administration du pays ; car, à ces hommes reve- naient, non-seulement les emplois mercantiles créés pour la vente des marchandises anglaises et l'achat des produits de l'Inde, mais encore la perception des impôts, la pohce du pays, l'administration de la justice dans les régions immédia- tement soumises à l'autorité de la Compagnie, et enlin, les relations diplomatiques avec tous les souverains indi- gènes. La préservation de son monopole était l'ohjet de la vigi- lance incessante de cette corporation et de ses agents, dont le mot d'ordre était, avant tout, d'empêcher la contrebande des entreprises privées ; que ces entreprises se fissent sous pavillon anglais ou étranger non patenté par la société, et l'on dési- gnait, sous le nom à' Interlope, tout Européen qui mettait le pied sur le sol de l'Inde, sans appartenir au service de la Compagnie. L'Interlope n'était admis dans l'Inde qu'à titre de concession gracieuse, et, au premier symptôme d'opposi- tion aux volontés des Facteurs, il était déporté sans explica- tions. Les autorités militaires étaient entièrement subordon- nées aux administrations civiles; leur rôle était de conquérir, mais elles n'avaient aucune part dans l'administration des pays conquis ; leur mission accomplie, elles rentraient dans l'ombre de leurs cantonnements. Le système anglais dans l'Inde a toujours été de cacher une main d'acier sous un gant de velours, et cela lui a valu cet immense empire. La devise avouée de la Compagnie fut toujours « I'Inde pour les Indiens » , mais, derrière ce programme qui sonne si bien, se cache le mot de ralliement des membres de la corporation : « Les Indiens ^ouR NOUS. » • ■ '- En 1832, le parlement anglais supprima le monopole com- mercial de la Compagnie des Indes, tout en lui maintenant l'administration politique et militaire du pays. Les Facteurs, l'himalaya, ses productions naturelles. 195 cessant désormais de s'occuper d'opérations mercantiles, prirent les titres de Magistrats et de Collecteurs, et formèrent le noyau de ce corps distingué, connu aujourd'hui sous le nom de Service civil de TInde. Les membres du service civil, comme les anciens Facteurs, embrassent cette carrière indienne pour toute leur vie; ils savent, en ciuittant l'Angleterre àl'àoe de dix-huit à vingt ans, qu'ils n'iront se reposer dans leur pays qu'après trente années de service effectif. Avant les der- nières réformes introduites dans cette administration, en 185(3, les directeurs de la Compagnie avaient seuls le privilège de nommer les candidats à ces emplois aussi importants que lucratifs, et ces postes enviés étaient devenus le domaine d'un nombre limité de familles anglaises des classes movennes, qui firent de l'Inde leur patrie et leur patrimoine, et trans- mettaient à leurs enfants, nés le plus souvent dans l'Inde, mais toujours élevés dans un collège spécial en Anolcforre leurs principes d'intégrité à toute épreuve, leurs préjugés en faveur de la race indienne, et, enfin, leur répulsion pour l'In- terlope. L'Interlope, de son côté, désormais affranchi des entraves qui s'opposaient à sa locomotion, fouilla avec ardeur tous les recoins de l'Inde dans le but de s'enrichir, et c'est à la libre circulation de ces hommes hardis, intelligents, et le plus sou- vent suffisamment instruits et honorables, que l'Inde devra ses chemins de fer, sa navigation intérieure, ses télégraphes, ses grandes cultures. Cette classe industrieuse et estimable^ imitant les libéraux d'un autre cage de leur pays natal, que leurs antagonistes politiques appelaient Whigs par dérision, acceptèrent désormais le nom d'Interlopes, qui fut, pendant si longtemps, une marque d'opprobre et de persécution. Il est impossible, m'éme pour les Interlopes, de nier que ce système d'exclusion ne puisse être défendu par d'excellents arguments; il protégea la race hindoue contre l'envahisse- ment désordonné de la race européenne, il évita des froisse- ments, qui n'eussent pas manqué d'amener des représailles sanglantes, de la part d'une population immense, possédant de nombreuses races guerrières; enfin il empêcha les Indiens de !9(> SOCIÉTÉ l.MrÉRlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Voir et de comprendre trop rapidement le côté hideux de la civilisation européenne, en ne laissant pénétrer dans les pro- vinces centrales de l'Ilindostan que des employés anglais bien élevés, des gentlcmens qui, parles traditions de leurs l'amilles, leur éducation spéciale et généralement soignée, la conscience de la haute responsabilité qui pesait sur eux, avaient toujours gravés devant les yeux ce précepte : « Noblesse oblige » . Les riches salaires qu'ils recevaient dès leurs débuts dans la car- rière, le goût inné du luxe puisé dans les entourages de leur enfance, faisaient qu'ils ne se montraient jamais aux hidiens, grands admirateurs de tout ce qui est pompeux, qu'entourés d'un faste princier. Si l'Angleterre est aujourd'hui maîtresse absolue de cet immense empire, elle le doit au soin jaloux avec lequel la Compagnie des Indes protégea pendant ces deux siècles le prestige européen contre la familiarité hindoue. Ce fut grâce à ce prestige, qu'une poignée de soldats blancs con- duisit aux combats des nuées de Cipayes et fit la conquête d'un pays dix fois grand comme la France habité par deux cents millions d'habitants qui, quoi qu'on en dise, ne sont pas si pusillanimes qu'on le croit. Ce n'est pas à l'Angleterre que revient l'honneur d'avoir fait les premiers essais d'acclimatation du Thé hors de la Chine, car de 1733 à 1757, M. Poivre, savant naturaliste et adminis- trateur non moins distingué, fit plusieurs voyages aux îles de la Sonde, aux Moluques et en Chine, et en rapporta des plants de Girolle, de Muscade, de Cannelle et de Thé qu'il introduisit aux iles de France et de Bourbon, où ils réussirent parfaitement. En 1767, lorsque M. Poivre fut nommé sur- intendant de ces îles, il renouvela les plants déjà existants. Depuis cette époque jusqu'à nos jours, de nombreux envois de plantes et de graines de l'arbre à Thé ont été faits dans ces colonies, mais sans jamais y provoquer d'essais sérieux de culture et encore moins de fabrication. L'île Bourbon est cependant un de ces points favorisés du ciel où cette industrie auiait le plus de chances de réussite : sur les pentes douces qui, de tous côtés, conduisent du bord de la mer sur les pla- teaux supérieurs, on passe successivement par toutes les tempe- l'jiimalaya, si-;s productions naturklles. 197 ratures, depuis les clialeurs de l'Afrique équinoxiale jusqu'aux frimas de nos hivers. Le sol y est partout d'une fertilité exces- sive, l'eau y est aussi abondante que facile à diriger. A la tin du siècle dernier, le commerce du thé n'avait pas encore l'im- portance qu'il a acquise depuis la paix de 1815, et l'on ad- mettait sans examen l'opinion, que la préparation des feuilles coriaces et nauséabondes du Thé, et leur transformation en une substance aromatique et agréable au goût, était une sorte de science occulte dont les Chinois seuls avaient le secret. Les plants de Thé restèrent en conséquence relégués dans les jardins de quelques amateurs de botanique. Plus lard des renseignements plus exacts furent fournis sur la manipulation du Thé , mais les colons des îles françaises étaient déjà absorbés par la culture de la Canne à sucre, qui leur olfrait en quelques mois des bénéfices certains et consi- dérables ; tout fit bientôt place à cette riche graminée si facile à exploiter. Depuis 1815 jusqu'à ce jour, ces colonies n'ont jamais eu assez de bras pour planter de Cannes toutes les terres susceptibles d'en recevoir. On y a graduellement abandonné les plantations d'épices et même de Café ; tandis qu'il existe dans ces îles des milliers d'hectares en friche, où l'on pourrait cultiver toutes sortes de céréales , et élever un nombre infini de bestiaux, les colons trouvent qu'il est beau- coup plus avantageux pour eux de faire venir d(^ l'Inde, de France, d'Angleterre et des Etats-Unis, toutes les substances alimentaires consommées par leur nombreuse population de travailleurs. Là réside donc le secret de l'insuccès de cette culture, et nous devons considérer la cause du Thé comme entièrement perdue à Bourbon, tant qu'on y fabriquera du sucre. L'Inde est le seul pays de l'Orient qui, par sa grande ferù- hté, son climat varié, son excessive population et la grande quantité de terres incultes qu'elle possède, puisse avec succès se livrer à cette industrie. La Cochinchine pourrait peut-être figurer à côté de l'Inde comme susceptible de produire de grandes quantités de Thé. Les Anglais n'ont pas à se glorifier du succès actuel des plantations de Thé dans l'Inde, ils devraient 198 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. plulôl s'humilier d'avoir clé si longtemps en possession des éléments de ce succès, avant d'avoir su ou osé en tirer parti. A la fin du siècle dernier, vers 1794, quelques officiers anglais, entraînés sur les contre-forts de l'Himalaya, dans le district alors inclépendant de Muneepore, par leur amour de la chasse, revinrent de leur excursion chargés de dépouilles d'animaux sauvages alors presque inconnus, et porteurs de l'étrange nouvelle que, dans les vallons de Muneepore, croissait en abondance, à l'état sauvage, l'arbuste qui produit le Thé, que les habitants en connaissaient l'usage et la préparation depuis bien des siècles; enfin qu'ils avaient goûté l'infusion de cette feuille pri'parée par les montagnards et qu'elle avait le goût du Thé de Chine. Par suite de l'exclusion dont j'ai parlé plus haut, les chas- seurs européens dans l'Inde ont toujours appartenu à une autre classe d'hommes cpie celle à laquelle Cooper emprunta son type admirable de Bas-de-Cuir. A une intrépidité aussi grande, à une soif d'émotions et d'aventures égales à celles des Trappeurs des Prairies, le sportsman de l'Inde joint l'es- prit de recherche, secondé par une instruction toujours assez développée, quelquefois même supérieure. Le besoin de se reconnaître dans ces montagnes, le désir bien naturel de racon- ter ses aventures, ont bientôt forcément transformé le lueur de Bouquetins, d'Ours ou de Buffles, en étudiant de la nature, et presque toutes les découvertes importantes faites dans les sciences naturelles sont dues dans l'Inde aux observations for- tuites de quelque disciple de Saint-Hubert. Celle première rencontre de l'arbre à Thé dans les mon- tagnes du nord-est de l'Inde passa inaperçue dans un pays qui luttait au sud contre Hyder Aly et Tippo Sahib, et au nord contre les attaques continuelles des Mahrattes dirigés par quekiues Français, qui continuaient pour leur compte particu- lier l'œuvre que la France ne permit pas à Dupleix d'achever. De temps à autre, ce même fait était rerais au jour par quelque nouvel explorateur, sans jamais éveiller l'attention de la Com- pagnie qui, seule, pouvait seconder cette découverte. L'opinion des marchands était, là comme dans les îles françaises, que i^'himalaya, ses productions naturelles. 109 la manipulation de cette leuille précieuse exigeait des connais- sances et des matières premières dont les Chinois seuls avaient le secret. Vers 1825, quelques plants furent rapportés de Muneepore et d'autres régions plus à l'est, et reçurent l'hos- pitalité du Jardin botanique de Calcutta, à côté de plants ap- portés de Chine h la même époque, puis on n'y pensa plus. Eniin, en 183/j, lord William Bentink signala son administra- tion, en donnant les ordres et les fonds nécessaires pour la formation d'une pépinière importante , et quelques années plus tard on transporta dans la province de Kumaoji et dans les montagnes des Neilgherries tout ce qu'avaient produit les grames obtenues de Chine en 183/j. Très-peu de ces jeunes plants arrivèrent à leur destination: aux Neilgherries, le résul- tat fut nul, mais dans le nord quelques plants résistèrent au voyage et produisirent des graines, au moyen desquelles on fit, en 18/iO, des semis importants. A cette époque, la Compa- gnie se procura quelques Chinois fabricants de Thé, auxquels on soumit des quantités considérables de feuilles' de l'arbuste sauvage, aussi bien que des plantes chinoises existant dans les pepmiéres, et le thé fabriqué par ces ouvriers fut déclaré à Londres égal, sinon supérieur, aux qualités importées de Chine. Ce résultat décida la formation d'une Compagnie pour l'exploitation de cette culture. L'Assam Tea Company, formée au capital de cinq millions de francs, reçut l'appui le plus énergique des gouverneurs généraux de l'Inde. Ce fut surtout à l'impulsion donnée à cette industrie par lord Dalhoièsie qui prit sur lui de lever une foule de diûicultés, suscitées dans les bureaux, par les vieilles habitudes routinières de l'administration, qu'est dû le succès de cette société qui, la première, osait s'aventurer sur un terrain jusqu'alors gardé avec tant de jalousie contre tout ce qui était interlope. Ce qui ne contribua pas moins au succès de cette grande entre- prise, fut que plusieurs des directeurs de la Compagnie des Indes prirent des actions dans cette nouvelle société. L'Inde anglaise doit une gratitude éternelle à lord Dalhousie pour 1 appui énergique et la protection éclairée et substantielle qu il donna à cette industrie naissante. Pendant son admi- •^^ 200 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. nislration, M. Fortune fit plusieurs voyages entre Calcutta et la Chine, et rapporta de ce dernier pays une profusion de graines et de plantes des espèces les plus recherchées de l'ar- bre à Thé; il étudia à fond les procédés de culture et de fabrication, et engagea au service du gouvernement de Tlnde un grand nombre de planteurs et de manipulateurs chinois. Tout en favorisant de tout son pouvoir les développements de la compagnie d'Assam , lord Dalhousie qui, avant toul, détestait tout ce qui avait l'apparence de monopole, prit de sages mesures pour assurer à toute la population de l'Inde, sans exception , les moyens de faire des tentatives isolées de culture. Afin de mettre un frein aux prix exagérés demandés par la nouvelle Compagnie pour des graines ou de jeunes plants, il fit allouer par son conseil une somme annuelle de cinq cent mille francs, qu'il consacra pendant cinf] ans à la création, sur différents points de f Himalaya, d'un grand nom- bre d'établissements modèles, où des essais furent faits sur une grande échelle, afin d'étudier les conditions de température, de terrain et d'exposition les plus favorables à une production de bonne qualité. Toutes les graines récoltées dans ces fermes modèles étaient chaque année réparties avec impartialité, et gratis, à tous ceux qui se chargeaient de les planter et de se livrer à la culture du Thé. M. Fortune fut envoyé à plusieurs reprises dans ces plantations naissantes et aidait de ses conseils et de son expérience les colons encore hésitants. Les ateliers et les jardins du gouvernement, ouverts à tout venant, per- mettaient à chacun d'v venir étudier le travail des Chinois. Avant son départ de l'Inde, ce grand homme d'Etat qui, de sa propre initiative, avait doté le pays de la poste k six liards, du télégraphe électrique, d'un système de finances intelligiltle, o( qui, par fappui éclairé qu'il accorda à ces Interlopes naguère si dédaignés, vit naître la navigation intérieure, l'éclairage au gaz et les premiers chemins de fer, eut la satisfaction de voir les fermes modèles, la Compagnie d'Assam et quelques entre- prises privées plus modestes , Uvrer au commerce plusieurs récoltes d'un Thé excellent sur lesquelles les planteurs tirenl de très-beaux profits. L HIMALAYA, SES PRODUCTIONS NATURELLES. 201 Lord Dalliousie , après un séjour de six ans dans l'Inde, retourna dans son pays pour mourir à la fleur de l'âge ; ce travailleur infatigable ne devait pas jouir de sa gloire ! Sa mort prématurée lit perdre aux colons un avocat éclairé, con- vaincu et éloquent , qui , dans le Parlement anglais , eût pro- bablement su détourner les coups qui , dix ans après son départ, ont semé la ruine et la désolation dans cette classe honorable, utile et énergique. L'Inde est une nourrice qui n'adopte d'enfants étrangers qu'autant qu'on les lui confie dés leur première jeunesse. La Compagnie des Indes cessa d'exister en 1858, et ses possessions furent annexées à la couronne d'Angleterre: les colons jouissent, depuis cette époque, d'une parfaite liberté de mouvements, mais les vieilles traditions du service civil, qui est resté k la tête des affaires, ont survécu à l'extinction de la plus gigantesque des spéculations commerciales. L'Eu- ropéen qui veut y acquérir des terres y rencontre des en- traves bien faites pour dégoûter celui qui pense à l'avenir. L'Inde, malgré la densité de sa population, possède encore aujourd'hui des milliers de lieues carrées de terres incultes, d'une fertilité admirable. Après avoir étouffé la révolte de 1857-58, lord Canning, frappé des services rendus pendant la guerre par ces Interlopes si méprisés, qui, sans distinction de nationalité, prirent les armes pour venger et protéger la civilisation et l'humanité outragées, eut le premier la pensée d'attirer, par des offres avantageuses, ces hommes utiles que les gouvernements précédents avaient tout fait pour éloigner. Il décréta la mise en vente des terrains incultes, avec la con- dition que, pour un prix une fois payé, l'acheteur deviendrait paisible possesseur de son domaine, et ne serait jamais appelé à payer à l'Etat aucune redevance sur ses terres. Cette mesure de lord Canning provoqua, chez les sommités du service civil, une tempête de remontrances et de pronostications funèbres; nécessairement toute l'armée administrative fit chorus avec ses chefs. C'était, disaient-ils, mettre la hache dans l'arbre si vivace et si florissant des finances indiennes. Parle fait, ajou- taient-ils, il n'existe pas dans l'Inde un pouce carré de terre 202 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. qui n'ait son maître légitime : c'était la spoliation des natifs au profit d'une race intraitable et vagabonde! Un mot sur le mode de tenure des terres dans l'Inde, et sur la perception de rirnpùt, est nécessaire pour comprendre ces objections des Civiliens. De toute antiquité, les divers souverains qui ont gouverné l'Inde se sont attribué la propriété exclusive des terres. Les classes agricoles tenaient leurs terres de leurs Rajahs, sous la condition de payer, sur chaque récolte, une dîme qui s'élevait, suivant les localités, au tiers ou à la moitié du produit brut. Cette contribution une fois versée, le cultivateur n'avait que quelques prestations en nature à fournir. Dès qu'un labou- reur cessait de payer, on l'expulsait et les terres étaient don- nées ou vendues à un autre. Les Anglais ont trouvé ce sys- tème tout établi et fonctionnant assez bien et sans trop de friction, ils l'ont considi'rablement perfectionné et augmenté. Les habitants des villages, sous ce régime, ne payaient que pour ce qui était actuellement en culture; ils s'entendaient pour laisser, dans le voisinage de leurs habitations, de vastes espaces incultes sur lesquels l'herbe croissait et fournissait des pâturages pour leurs troupeaux ; chaque village avait de la sorte quatre ou cinq fois plus de vaine pâture que de terres labourées, et livrait des combats acharnés pour repousser toute tentative d'invasion de ses communs. Le gouvernement anglais de la Compagnie fit, graduellement, dresser le ca- dastre de chaque province; dès 1795, lord Cormvallis établit, pour la province du Bengale, le tarif d'impôt connu encore aujourd'hui sous le nom àa perpétuai seulement, règlement définitif en vertu duquel toutes les terres, cultivées ou non, furent assujetties à Fimpôt, et, à cette occasion, on distribua à des propriétaires indigènes déjà riches, et, par conséquent, capables de payer, de vastes régions de forêts ou d'autres terres incultes. Dans la Présidence de xMadras, sir Thomas Munro établit un autre système d'impôt plus conforme aux anciennes traditions, et dont la plus remarquable conséquence fut de faire relever chaque laboureur directement de l'État, et de mener à un morcellement infini des propriétés, morcelle- l'iiimàlaya, ses productions naturelles. 203 ment que lordCornwallis avait, au contraire, rendu impossible au Bengale. Ces deux économistes obtinrent, par des procédés opposés, un résultat identique : ce fut d'augmenter la fécon- dité de l'impôt. Dans le reste de l'Inde, l'ancien système con- tinua à régner; mais à des époques périodiques de dix à quinze années, les collecteurs se réservèrent le droit de réviser l'impôt, et l'on comprend facilement qu'à chaque révision le paysan avait à supporter une nouvelle augmentation ; le seul moyen qu'il eût d'éviter ce nouveau fardeau, était de prouver que sa propriété était moins productive que précédemment. Le système de règlement perpétuel quand l'impôt est mo- déré est certainement tolérable, il oflre un encouragement à l'esprit d'entreprise; mais on a bien des fois agité la question de réviser, et, par conséquent, d'augmenter cet impôt soi-di- sant perpétuel. Le système du général Munro offre une prime à la paresse, entraîne le morcellement infmi de la propriété, et, comme le mode employé par les rajahs de l'antiquité, s'op- pose au progrès, puisque le laboureur sait que chaque amé- lioration, faite par lui dans sa propriété, entraînera, lors de la révision décennale, une augmentation d'impôt. Ces difle- rents régimes acceptés par les Hindous qui inventent mille petites ruses pour en atténuer les effets, paraissent révoltants à l'Européen impatient de contrôle, qui veut être maître absolu chez lui, et qui se figure, peut-être avec raison, qu'en se mettant à la merci d'un collecteur, qu'il peut froisser en mainte occasion, il s'expose à voir frapper la propriété qu'il vient de créer de quelque redevance ruineuse. Cette crainte détourne, depuis bien des années, vers le Canada, les Etats- Unis ou l'Australie, ce courant fécond d'émigration qui, dirigé vers les régions tempérées de l'Himalaya, eût mis à tout jamais les Anglais dans l'Inde à l'abri des révolutions à l'intérieur et des attaques de l'extérieur. C'était à ce but que visait lord Canning. Cet habile administrateur succomba peu de temps après avoir promulgué cet édit qui, dès la première année, produisit des résultats étonnants; des milliers d'acres de terre jusqu'alors improductive furent achetés et payés par des Européens à un trésor presque épuisé ; de tous côtés ar- "2011 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOIN. rivaient des demandes de terres, lorsqu'on apprit qu'un comité de vieux Civiliens était chargé, à Londres, de réviser l'acte de lord Canuinti-. Tous ceux qui se trouvèrent en position de régulariser leurs titres de possession définitive, d'anciennes propriétés tenues jusque-là à loyer, et ceux qui purent com- pléter des achats de terres incultes avant la mort du gouver- neur général , restèrent tranquilles possesseurs de leurs acquisitions ; mais le comité de révision mit promptemenl. fin à ce qu'ils appelaient la dilapidation de la fortune pu- blique et la spoliation des indigènes. Ils formulèrent une nouvelle loi à laquelle sir Charles Wood attacha sa signature, et qui, pour le grotesciue et l'absurde, dépasse tout ce que Rabelais raconte du royaume d'Utopie. J'en citerai un seul article : «Tout individu désireux d'acheter des terres incultes devra d'abord chercher ce qui lui conviendra , il en fera dresser un plan bien détaillé par un ingénieur du gouver- nement qu'il payera son prix; il fera construire, sur les indications de cet ingénieur, des bornes en maçonnerie de chaux et pierres, en nombre suffisant pour bien définir la propriété demandée; lorsque tout cela sera fait, c'est-à-dire après six mois de courses et de travail et une dépense de 30 à /lOOOO francs, il pourra présenter sa pétition au magistrat du district, qui fera publier, aux frais du postulant, dans des journaux, en nombre illimité par la loi, la demande de ter- rain et l'avis au public que ces terres seront mises en vente dans son tribunal et seront adjugées au plus offrant et der- nier enchérisseur.» La conséquence est qu'un autre individu qui n'a fait aucun frais devient, le plus souvent, acquéreur à la barbe de celui qui s'est donné tant de mal et qui ne reçoit aucune compensation de ses débours. Il ne faut pas cepen- dant que l'acquéreur se félicite trop fort de son marché, ni qu'il se presse trop de bâtir ou de planter sur son terrain, car le même article ajoute : « Mais, attendu l'ignorance et la lenteur des indigènes, il est accordé deux ans à ceux-ci pour produire leurs titres et réclamer les i)ropriétés ainsi ven- dues. )) Or, on trouve dans tous les bazars de l'hide, des écrivains publics, dont l'occupation avouée est de fabriquer L'iilMALAYA, SES PRODUCTIONS NATURELLES. 205 de faux titres, timbres et signatures compris, pour une faible somme variant de 10 à '20 francs. Quant aux témoins, on sera lîxé sur la valeur des témoignages hindous, quand on saura que l'on peut, à la minute, acheter dans n'importe quel village indien, trente, quarante, cent faux témoins à 12 sous la pièce. Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable. ■' ■- Ceci est cependant rigoureusement vrai, et lorsque l'on considère qu'il a fallu, au gouvernement anglais de l'Inde, plus de cinquante ans d'hésitations entre le jour où on lui signala l'existence à l'état sauvage, dans ses possessions, de l'arbuste qui produit le Thé, et le jour où fut fait le premier essai pratique de culture, on avouera qu'après tout les An- glais n'ont, pas plus que d'autres, le droit de dire que chez eux tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes pos- sibles. Depuis la révocation de l'édit de lord Canning jusqu'en 1868, une guerre sourde a été faite aux planteurs. Non con- tent de mettre toutes espèces d'entraves à l'acquisition des terres, le gouvernement, sous prétexte de protéger les tra- vailleurs des plantations de Thé, imposa aux colons des condi- tions ruineuses, et les soumit à un système d'inspections, on pourrait presque dire d'espionnage, contre lequel se révol- tent les honnêtes gens et qui sont toujours impuissants à arrêter les hommes sans conscience. On a formulé les accusations les plus atroces contre les planteurs; selon quelques-uns, ces hommes, âpres au gain, font travailler leurs laboureurs jusqu'à la mort et les frus- trent en outre de leurs salaires, si péniblement acquis. Il est impossible de nier que quelques Européens se sont rendus coupables d'actes de cruauté et de rapine déshonorants pour des chrétiens, mais ces cas étaient des exceptions assez rares, que les lois ordinaires pouvaient très-bien réprimer. Au lieu de sévir contre les coupables seulement, le vieux levain d'antagonisme suscita aux administrateurs l'idée d'imposer aux planteurs des homuT^s d'une classe inféritMire, dont 206 SOCIÉTÉ IMPÉFIIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. quelques-uns avaient même eu avec la justice des démêlés fort désagréables, et qui, sous le titre de protecteurs des laboureurs, parcoururent les plantations, suscitèrent des que- relles interminables entre patrons et ouvriers, causèrent une démoralisation générale de ces derniers, qui bientôt désertè- rent en masse, et les propriétaires, laissés seuls au milieu de leurs arbustes, virent périr leurs récoltes et furent contraints d'abandonner aux herbes parasites et aux lianes ce qui avait coûté tant de soins et d'argent. — A la fin de 1867, un grand nombre de jardins furent vendus pour moins d'un millième de ce qu'ils avaient coûté. Le gouvernement de l'Inde continua d'entretenir ses fermes modèles jusqu'au commencement de 186Zi et les ven- dit à l'encan. La crise commerciale causée par la guerre des États-Unis avait déjà à cette époque jeté une grande perturba- tion dans les affaires, et éloigna du marché les capitaux anglais ; cependant, malgré la dépréciation accidentelle de ces propriétés, il se trouva, de compte fait, cpi'en ajoutant les sommes réalisées par les récoltes, au prix de vente des pro- priétés, les débours faits par TElat étaient entièrement cou- verts. — L'Inde se trouva dotée d'une industrie précieuse au prixbien modique, pour le gouvernement, d'une simple avance de fonds. Pendant la campagne de 1865, avant la grande crise qui ruina tant de compagnies de Thé, le produit des cultures de rinde s'éleva à près de 10 millions de livres, d'une valeur sur les lieux de plus de 20 millions de francs ; plus de !i millions de livres furent exportées pour l'Angleterre, 1 million de livres pour l'Australie et l'Amérique, le reste fut ou consommé dans l'Inde ou exporté au delà de l'Himalaya, au Caboul, au Turkistan, à Yorkund et au Thibet même. Cette dépendance de la Chine, qui naguère recevait tout ce qu'elle consommait de Thé par les caravanes qui viennent chaque année de Pékin pour prélever le tribut, achète aujourd'hui beaucoup de Thé en briques fabriqué par les Anglais. Yoilà ce qu'il faudrait imiter jusqu'à un certain point : nous nous trouvons, pour faire cet essai d'acclimatation, dans des l'himalâya, ses productions naturelles. 207 conditions économiques bien avantageuses en comparaison des difficultés surmontées par le (jouvernement et les planteurs de l'Inde. Lorsque les graines et les plantes furent pour la première fois introduites de Canton à Calcutta, il n'existait entre ces deux villes d'autres moyens de communication que des navires à voiles, et le voyage exigeait presque autant de semaines qu'il nous faut aujourd'hui de jours pour venir de Bombay à Marseille. Il ne s'agit plus d'enfouir pendant dix ans un demi-million chaque année à la recherche d'une inconnue ; nous savons où nous allons, et un calcul bien facile démon- trera qu'avec un peu d'amour-propre et de patriotisme, une dépense une fois faite par l'Etat d'une somme de moins de 100 000 francs suffirait pour doter l'Algérie, ou la Corse, ou la France et très-probablement ces trois contrées, de cette culture précieuse et si bien adaptée à notre système de pro- priétés morcelées. Nous allons essayer de le démontrer. Pendant longtemps et jusqu'à ces dernières années, l'opi- nion était prévalente, chez toutes les personnes qui ont fourni des renseignements sur le Thé, sa culture et sa fabrication, que deux plantes bien distinctes fournissaient l'une le Thé vert, l'autre le Thé noir du commerce : de là étaient venus les noms de Thea viridis appliqué à une plante, et de Thea bohea appliquée à une autre. On peut encore voir dans les magnifi- ques plantations deKoilaghur, dans le Deyra-Dhoon, vendues il y a quelques années par le gouvernement de l'Inde à M. F**, et qui comprend cinq cents acres (à peu près deux cents hec- tares) d'arbustes en plein rapport, de grands carrés plantés entièrement de Thea viridis et d'autres exclusivement ré- servés au Thea bohea. Bien longtemps après avoir commencé à fabriquer du Thé dans l'Inde, cette idée se maintint : il y a même aujourd'hui des hommes spéciaux chez lesquels cette croyance est si bien enracinée, qu'ils refusent de se rendre à l'évidence; mais en dépit de ces obstinés, il est bien prouvé que ces deux arbustes produisent également et indifférem- ment d'excellents Thés, que le manipulateur rend noirs ou verts à son gré : la seule différence entre les deux arbustes 208 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. est que le Thea viridis est beaucoup plus rustique, et résiste parfaitement aux gelées prolongées et à la neige. C'est donc sur cette variété que devraient surtout porter les expériences à faire dans nos départements, tandis que le Thea bohea au- rait probablement plus de chances de succès en Algérie et en Corse. . ', En 185/i, alors que les essais sur le Thé étaient à l'ordre du jour dans l'Inde, j'adressai de Madras, à un planteur d'Assam, la question suivante : Quelles sont les conditions de sol et de température les plus favorables à la culture du ïhé? Il me répondit : Parcourez les forêts au pied des montagnes, et lorsque vous aurez trouvé un canton où vous et tous vos gens aurez, en vingt-quatre heures, attrapé une bonne fièvre intermittente (Jumj/e fever), qui ne cédera à aucun des fébri- fuges connus, établissez-vous-y; vous aurez trouvé la terre promise, vous aurez là de riches récoltes. Ce monsieur, comme on le voit, avait des préceptes aussi laconiques que peu rassu- rants, et cependant je dois dire que ce paradoxe (car l'expé- rience démontre aujourd'hui que ce n'est-qu'un paradoxe) n'était pas de son invention; il avait cours l('gal parmi les planteurs de la vallée d'Assam, qui, obéissant à cette propen- sion, si naturelle à rhomine, aimaient à exagérer aux yeux des profanes les dangers de leur industrie et les difficultés vaincues. C'était à cette époque une opinion généralement admise, que cet arbuste n'avait de chances de succès que (hms les vallées basses, encaissées et humides, où régne pendant neut mois de l'année une température moyenne de 2(5 à 30 degrés et où le thermomètre ne descend jamais en décembre et jan- vier au-dessous de 10 à 12 degrés centigrades. La' végétation est si active dans cette région humide et chaude, <[ue l'on accepta d'abord ce précepte sans examen; en ell'et, l'arbuste qui, en Chine, atteint rarement 2 mètres de hauteur, arrivait rapidement dans ces bas-fonds à Zi et 5 mètres de long; mais l'expérience prouva depuis, que les feuilles produites par ces grands arbres n'avaient presque aucune des propriétés aro- matiques qui donnent du pi'ix aux bonnes sortes de Thé. — l'himalaya, ses productions naturelles. 209 On peut ajouter à ce vice rédhibitoire, que raugiuentatiou de main-d'œuvre, pour faire la cueillette à cette élévation, ne se- rait jamais compensée par l'augmentation de produit, quand même celui-ci serait d'excellente qualité. - On crut remé- dier à ce double inconvénient en taillant les arbres à quatre pieds du sol; mais là encore la théorie se trouva en défaut, car l'arbre ainsi écourté lançait de vigoureux jets, qui, en deux mois, atteignaient une longueur de deux à trois pieds, et ces longues tiges tendres, succulentes et fragiles, ne portaient qu'un petit nombre de feuilles, séparées l'une de l'autre par de grands intervalles. On reconnut, après de lon- gues et dispendieuses expériences, que pour obtenir la plus grande quantité de feuilles, douées des qualités stimulantes, toniques et aromatiques qui en font le mérite, il fallait éviter trois écueils fondamentaux : un terrain trop riche, une humi- dité trop grande, une chaleur exagérée. Les plantations s'établirent entre 4000 et '2000 mètres au- dessus de la mer, on rechercha des régions exposées à des pluies modérées, des vallons à i)ente douce, des terrains légers, profonds, perméables, exempts de sources. Le plan- teur ne se vit plus condamné à la fièvre perpétuelle, à la dysenterie, à la décomposition du foie; les seules conditions désormais reconnues indispensables au succès de cette culture furent de trouver un sol profond de trois à quatre pieds avant d'arriver à la roche compacte. Cette profondeur est indispen- sable pour admettre le libre et facile développement du che- velu délicat et abondant des racines de la plante. Les roches qui forment le sous-sol, étant toujours de gneiss tournant au micaschiste, sont généralement très-fendillées et ne retiennent pas l'eau; au contraire, si le roc sous-jacent est de granit, il est imperméable, et l'eau qui s'infiltre à travers la couche de terre végétale, glissant entre le rocher et cette terre, se fraye un passage, sous forme de sources nombreuses, dés qu'un léger accident de terrain en facilite l'épanchement. Avant de s'établir dans un vallon, il faudrait donc creusei- plusieurs puits, afin de s'assurer que les couches inlé-rieures sont parfaitement perméables. Si l'on négligeait cette pn''- 2^ SÉRIE. T. V. — Mars et Avril 1868. 14 2]() SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIJIATATîON. caution, 011 s'exposerait à voir, à l'époque des graiiLles pluies, les plantations se changer en marais, dans lesquels les tra- vailleurs enfonceraient à mi-jambe, et quelques semaines verraient jaunir et mourir tous les arbustes. Les difficultés sans nombre semées sur la voie du planteur pour l'actp-iisition des terres font que, bien souvent, des cul- tures ont été établies sans examen du terrain. Si l'on ajoute à cela que beaucoup de personnes se sont lancées dans ces entreprises, (jui n'avaient pas l'idée la plus élémentaire de la science agricole, et que l'on vit briller au premier rang de cette industrie des officiers militaires et civils, des marins, des avocats sans causes, des marchands qui n'avaieat jamais étudié la nature que dans leurs grands-livres ou dans les en- trepôts de Londres ou de Calcutta, on comprendra les décep- tions cruelles d'un grand nombre, après bien du temps et de l'argent dépensés. Nous pouvons profiter de ces pertes, en examinant les causes qui les ont amenées, et pour cela, il suf- iira d'étudier les conditions dans lesquelles certaines plaiita- lio'ias ont prospéré, taudis que d'autres, situées sur les mêmes niveaux et dans des conditions en apparence tout à lait identiques, n'ont rien produit. Examinons la plantation de M. M*''*, une des plus florissantes du N.-O. Cet étabhssement, situé à trois milles de Nyneetal, est de peu d'étendue, à peu près 20 hectares en plein rap- port; mais chaque arbuste est im modèle de ce que doit re- chercher le planteur; il a généralement trois à quatre pieds de hauteur et trois pieds de diamètre, il se compose d'une iniinité de petites branches menues, ligueuses, à joints et fourches très-rapprochés formant un buisson, très-toulïu dont la partie supérieure est rasée en forme de table. C'est aux dépens de cette tète que se fait la récolte; trois fois chaque année on pince les jeunes bourgeons et on enlève généralement trois feuilles, quatre au plus, et cela maintient l'arbuste à un ni- veau à peu près constant. On laisse les feuilles inférieures, et on ne pince celles des côtés qu'autant qu'il est nécessaire pour assurer la Ubre circulation autour de chaque arbre, que le pianleur s'eflbrce d'étaler autant que l'espace le permet. l'himalaya, ses productions naturelles. 211 Les produits de cette plantation où l'hiver est très-rude, beau- coup plus rude qu'en France, sont excellents, et le rendement par hectare d'arbustes de cinq ans est de 750 livres anglaises de Thé de première qualité vendu sur les lieux en gros et au comptant à un prix moyen de 3 fr. 50 c. par livre. Examinons comment fut créée celte plantation qui- est citée dans l'Inde comme le modèle du genre. Les graines des deux espèces de l'arbre à Thé sont mûres à la fm du mois d'octobre et au commencement du mois de novem- bre. Dans la partie la plus chaude de la propriété, de nom- breuses couches furent préparées, sur lesquelles on amoncela mne grande quantité de détritus végétaux bien décomposés, mé- langés d'un limon sablonneux, débris de micaschiste ramassé dans le lit des torrents voisins. Des rideaux de nattes furent éta- blis sur des châssis de bambou et disposés de manière à être à volonté relevés ou abaissés afin d'admettre ou d'exclure, suivant les circonstances, le soleil, le vent ou la pluie. Lorsque tout cela fut prêt, les graines aussi étaient prêtes et pendaient aux bran- ches de quelques centaines d'arbustes qui se trouvaient dans un jardin voisin ; ces fruits étaient tellement mûrs que la moindre brise faisait résonner les semences dans les coques desséchées qui commençaient à s'entr'ouvrir ; on les détacha de l'arbre et on les piqua sans les ouvrir, sur les couches où elles restèrent plus de deux mois avant de commencer à ger- mer. Chaque noix avait été enfouie à deux pouces de profon- deur et à six pouces d'intervalle : un gardien attentif manœu- vrait les rideaux de manière à maintenir sur les couches une humidité et wm^ chaleur constantes ; de temps à autre, le pro- priétaire déterrait une noix pour en examiner le progrès et constatait avec plaisir que son semis prospérait. Enfin, vers le milieu de février, les graines les plus précoces hasardèrent leurs radicules hors de la coque protectrice, et vers le 15 mars tout était germé ; dans chaque trou, deux ou trois petites plan- tes montraient leurs premières feuilles. On redoubla de soins pour défendre ces faibles nourrissons contre des insectes voraces, et au mois d'octobre suivant on avait plus de cent mille plants hauts de six pouces et bien vigoureux. 11 fallut 21'2 SOCIÉTÉ liMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. une grande vigilance pour proléger pendant Tliiver la jeune plantation contre la dent meurtrière des nombreux herbivores chassés des hautes régions par la glace et la neige. Les Buffles et les Éléphants causèrent plus d'une alerte; mais à la lin du mois de mai de Tannée suivante , tout allait bien, les élèves avaient près d'un pied et chaque trou présentait deux ou trois frères cordialement entrelacés, se préparant à faire ensemble, et sans se quitter, le pèlerinage liasardeux vers le lieu où de- vînt s'é( ouler leur utile existence. Les terrains avaient (''té préparés avec grand soin dès l'an- née précédente, toutes les herbes parasites avaient été déra- cinées, le sol avait été profondément défoncé et retourné; des tranchées furent ménagées pour l'écoulement des eaux pen- dant les grandes pluies , et des canaux lurent tracés pour arroser les jeunes plantes en cas de sécheresse; la propriété possédait deux prises d'eau magnifiques à son point le plus élevé. Le terrain fut divisé en plusieurs échiquiers réguliers séparés par de larges routes, et ces échiquiers furent percés de trous profonds d'un pied, mais préalablement défoncés à deux pieds, et espacés de six pieds en six pieds. On transporta les jeunes plants avec la motte dans leur nouveau domicile, où on les établit trois à trois. Pendant la première quinzaine de leur migration, on les couvrit chaque jour, au plus fort de la chaleur, d'une sorte de bonnet conique fait d'un léger tissu de paille, de feuilles de Bambou ou de Palmier. Chaque soir, dès que le soleil baissait, on les découvrait pour les laisser profiter de la rosée du soir et des brises tièdcs de la nuit. On leur dispensa ainsi d'une main attentive la chaleur et l'eau jusqu'à la fm du mois de juillet, époque où tous les jeunes plants poussèrent vigoureusement. A partir de ce moment , quelques hommes suffirent pendant le jour pour ameublir le terrain et détruire les herbes sauvages; pendant la nuit, quelques torches de sapin jointes à la nuisique intermittente d'untamtam suffirent pour éloigner les animaux destructeurs. Au mois de septembre de la seconde année après le repiquage, le propriétaire trouva ses jeunes plants assez vigoureux pour permettre un premier essai ; il était môme reconnu par toutes l'himalâya, ses productions naturelles. 213 ies personnes compétentes qu'un émondage modéiV" des bour- geons de la tête contribuerait à rendre les buissons plus toufîus. Il se laissa aller au jilaisir de faire sa première récolte: chaque buisson lui rendit à peu près 10 grammes du plus délicat Pekoe, c'est-à-dire qu'il lit, trois ans après avoir mis ses graines en terre, une petite récolte d'à peu près cent livres de Thé de première qualité par hectare, et le vendit immédiate- ment sur les lieux, à raison de /i francs la livre. Au mois de mai suivant, il commença à exploiter ses arbres avec régu- larité et obtint en trois cueillettes plus de 150 kilogrammes par hectare, toujours en ménageant beaucoup ses plants ; à la cinquième année après le semis fait, il obtint 200 kilogrammes, et à la sixième année 350 kilogrammes par hectare ; cette quan- tité a depuis ét(' à peu près constante, et chaque récolte lui rapporte aujourd'hui 50 pour 100 de sa première mise de fonds. Quelques paquets de feuilles mortes ramassés dans la forêt voisine forment le seul engrais qu'il emploie pour ses arbres. Cette plantation est située dans un magnifique vallon d'une pente continue de 10 à \ô degrés; deux torrents partant du sommet de la propriété, qui est couvert de très-beaux arbres, forment, en s'écarlant à angle droit, les deux côtés d'un triangle, et des précipices abrupts et d'un accès difficile for- ment la base de cette propriété, qui est défendue contre les animaux nuisibles par les lits profonds et escarpés des torrents, et ne laisse à surveiller que la base de la propriété. Ces mêmes torrents, en facilitant l'écoulement des eaux, mettent la plan- tation à l'abri de tout excès d'hurnidité, et un. petit barrage fait au haut de la propriété permet d'arroser les arbustes dès que la sécheresse est trop prolongée. Le sol où prospèrent ces arbustes semble au premier coup d'œil bien maigre pour une exploitation quelconque ; il se compose d'argile rouge contenant une forte proportion d'oxyde de fer et un peu de sulfate d'alumine et de 1er. Celte argile, qui deviendrait très- compacte si elle était sans mélange d'autres corps, est rendue excessivement meuble et perméable par la présence d'une énorme quantité de débris de schiste argileux ordinairement contourné qui se décompose en une infinité de feuilles parai- 214 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION, lèles, ce qui, au premier abord, donne au terrain l'apparence d'une accumulation de débris de cette poterie rougeâtre qui sert à tous les usages culinaires des Hindous. L'argile ne forme qu'une petite portion du sol, et elle est encore rendue plus lé- gère par la présence de détritus végétaux en quantité suffisante pour fournir les éléments de fertilité à cette terre en apparence si pauvre. Si l'on creuse des puits de trois à quatre pieds, on rencontre les stratifications de ce même scbiste argileux tour- nant au gneiss. Ces roches sont profondément fendillées etleur grande inclinaison (/|5 à 60 degrés vers le N.-E.), tout en livrant im libre passage à l'eau, permet encore au chevelu des racines d'y pénétrer à une très-grande profondeur. Le planteur est donc sûr que ses chers élèves, après avoir pénétré les trois à quatre pieds de terrain caillouteux sur lequel il les établit d'abord, auront la ressource de demander un surcroit de nourriture et d'humidité aux couches friables de gneiss qui se trouvent immédiatement au-dessous. De Darjeeling à Murree, sur un parcours de près de quatre cents lieues, on trouve aux flancs de l'Himalaya plusieurs centaines de jardins consacrés à cette culture, et si on les visite l'un après l'autre, on verra (pie tous ceux qui sont dans les conditions que je viens de décrire sont florissants, tandis que ceux qui ont recherché des terrains plus riches produisent une matière qui serait tout au plus bonne à tanner des cuirs. Le spéculateur devra donc s'en tenir à ces conditions de sol et de température, et loin d'avoir en perspective des doses interminables et impuissantes de Calomel, de Quinine et de Jalap, il pourra sans crainte satisfaire un appétit vigoureux, entretenu par l'air vif des montagnes et l'exercice salutaire qu'exige la surveillance constante de ses jardins; et s'il n'est pas un trop obstiné Tea. Totaller, il pourra, sans danger pour son foie, user modérément des dons généreux de cette autre plante précieuse, contre laquelle le révérend père Matthews a prêché une croisade si impitoyable. Je dois ajouter, pour réhabiliter la vallée d'Assarn, que même là il ne faut pas au- tant attribuer les maladies qui font de si grands ravages parmi les planteurs, aux chaleurs étoulTantes combinées d'une IL HIMALAYA, SES PRODUCTIONS NATURELLES. '215 humidité excessive, qu'aux abondantes libations de liqueurs spirilueuses auxquelles s'adonnent les planteurs européens qui, généralement, n'ont que ce moyen de comliafctre l'ennui de leurs longues soirées, et de ces jours de pluie, plus longs encore, passés dans un isolement complet du commerce de leurs compatriotes. On a remarqué un elTet analogue sur les laboureurs transportés des plaines de l'Inde dans les planta- tions d'Assam. Les matières alimentaires végétales sont si abondantes dans cette province très-faiblement peuplée, que les habitants des plaines, habitués par force à modérer leur appétit, se gorgent de nourriture et contractent ces maladies dont ils meurent en très-grand nombre. Disons un dernier adieu aux étuves de l'Assam et occupons- nous désormais des plantations situées plus au nord, snr les pentes de l'Himalaya, dans la région qui commence à la limite supérieure des Bambous et des Euphorbes, et qui finit au miHeu des Pins, c'est-à-dire la zone comprise entre 1000 et 2000 mètres au-dessus de la mer, par une latitude de 28 à 33 degrés nord. Plusieurs centaines d'exploitations floris- santes existent aujourd'hui à cette hauteur moyenne, sur le versant austro-méridional de cette chaîne de montagnes, à partir du S9' jusqu'au 73 ' degré de longitude Est de Green- wich. Il serait trop long de les énumérer ici, et en nommer seu- lement quelques-uns pourrait passer pour de la réclame. Je me contenterai de citer les principaux centres autour desquels se groupent ces propriétés : ce sont, en allant du sud-est au nord-ouest, Darjeeling, les bords de la rivière Raptee, Looh- oughat, Nyneetal,Almorah, Deyra-Dhoon, Landour,Mussoorie, Solan, Rhoteghur, Kangra et Murree. Tous ces centres pro- duisent des Thés excellents, toutes li^s fois que les plants sont étabhs sur un sol pareil à celui de M. M , près de Nyneetal. La faveur plus ou moins grande attachée aux produits de telle ou telle fabrique, n'est que le résultat de soins plus ou moins grands apportés à la fabrication et surtout à la récolte des feuilles. Sur toutes ces propriétés, on rencontre le Thco Bohea et le Thca viridis avec d'autres variétés qu'il est inutile de 210 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. mentionner, puisque les deux premières forment le fonds des cultures, et rpie l'une et l'autre produisent, au gré du fabri- cant, du Thé vert ou du Thé noir. Le Thé noir étant d'un usage plus répandu et d'une con- sommation bien plus considérable, nous lui donnerons le pas sur son confrère. On connaît plusieurs centaines de noms donnés aux diverses formes sous lesquelles le Thé noir se présente dans le commerce; cinq minutes d'examen avec une loupe prouveront que toutes ces variétés appartiennent à trois grandes divisions, les seules qui soient réellement naturelles : le Pekoe, le Souchong, le Bohea. Lors de la récolte, l'ouvrier coupe d'abord l'extrémité de la pousse avec deux feuilles dis- tinctes, mais encore enroulées autour du bourgeon central, qui se compose lui-même de deux ou trois feuilles rudirnentaires. Ces tètes sont enveloppées d'un duvet argentin, on les dépose dans un panier s])écial : c'est ce qui sert à fabriquer le Thé Pekoe, le plus délicat et le plus cher de tous. L'ouvrier pince ensuite les trois }>n'mières feuilles au-dessous du bourgeon qui a été enlevé, et les dépose dans un autre panier : ces trois feuilles serviront à fabriquer le Souchong, au goût plus pro- noncé, plus én(3rgique en qualités stimidantes et lojiiques, mais, en même temps, plus âpre et plus astringent. Enfin, il enlève trois ou (piatre vieilles feuilles qui ont acquis tout leur lustre et toute leur épaisseur ; ces feuilles sont dures, coriaces, contiennent une très-forte portion de tannin, sont, à cause de leur é[taisseur, très-difficiles à travailler, se brisent facilement au feu et causent une grande quantité de déchet; enfin elles produisent une marchandise inférieure et de peu de valeur. Les frais de cueillette et de manipulation du Bohea absorbent, presque en entier, le prix de vente; mais la pro- duction (le cette basse qualité de Thé a un autre incon- vénient bien plus grave qui doit en faire abolir la fabrication dans toute propriété- bien conduite. En enlevant, en plus du bourgeon de Pekoe, plus de trois feuilles entières par poussée, on détruit les poumons de la plante, qui ne tarde pas à cesser de croître, à s'étioler et à mourir. Une exploitation intelli- eenle se bornera donc à !;! iJroduction du Pekoe et du Sou- l'iiimalaya, ses productions naturelles. 217 chong. Les arbustes donnent généralement trois poussées par an, et le total des trois récoltes, sur des arbres de cinq ans, produit à peu près 750 livres anglaises, soit, en nombre rond, ^^50 kilogrammes par année, valant sur les lieux, en gros, au comptant, une somme de "2500 francs. Les arbustes commencent à rapporter trois ans après avoir été repicpiés, et leur produit progressif peut être établi ainsi qu'il suit : Deuxième année après le repiquage, 750 francs; troisième année, ]200 francs; quatrième année, 2000 francs; cin- quième année, 2500 francs par bectare. Ce cbiffre n'est guère dépassé dans les années suivantes, mais l'arbuste bien soigné continue à rapporter pendant quinze ans. Il est peut-être un peu i)rématuré de parler ici de la fabri- cation du ïbé dans une causerie qui a pour objet de vous engager à faire un essai sérieux de culture de cet utile végé- tal, et dans un pays où il n'est connu que de quelques amants des sciences naturelles. Je ne puis ne pas me souvenir de la fable de Perrette et son pot au lait. Je devrais peut-être m'arrèter ici et attendre, avant de vous parler de fabrication, l'époque où la France pourra dire que 20 hectares de son riche territoire sont couverts des plants vigoureux du Thea viridis: mais dussé-je, comme la pauvre laitière de notre bon La Fontaine, voir s'évanouir vache, cochon, couvée, je vous prie d'écouter mon rêve jusqu'à sa lin. Nous avons laissé les ouvriers à la cueillette : chacun porte devant lui une sorte de cartouchière légère divisée en trois compartiments; dans l'un il dépose le Pekoe, dans l'autre le Souchong, dans le troisième le Bohea. D'autres ouvriers par- courent le terrain armés de grands paniers et reçoivent les feuilles séparées par les coupeurs de feuilles. Ces feuilles sont rapidement transportées à la fabrique, qui se com- pose généralement d'un bâtiment central que nous nom- merons le chaulTûir, dans lequel se trouve une suite de plaques de fer, rondes, de 1 mètre de diamètre, légèrement concaves en dessus, et chauffées en dessous, du côté convexe, par un léger feu de broussailles ou de charbon de Itois. Ces plaques de fer, épaisses d'un quart de pouce et bien polies 218 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÀTATION. du coté de l'opéraleur, sont scellées dans un massil' de ma- çonnerie qui les déborde de trois à quatre pouces. Autour de cette pièce centrale, dont une haute cheminée enlève la fumée ou les vapeurs de charbon, règne une vaste galerie bien aérée et protégée contre la pluie par une cloison non interrompue de vénitiennes. Dans cette galerie sont établis les séchoirs, série d'étagères sur lesquelles se trouvent des rayons mobiles à tiroirs, composés de nattes fines de Bambous encadrées sui^ un treillis plus solide de cette même matière. Aux deux extrémités du chaulfoir se trouvent des chambres bien fer- mées, entièrement lambrissées en planches bien jointes, et divisées en compartiments cubiques, également formés de planches. Ces chambres sont les échaulToirs ou les fermen- toirs, s'il m'est permis d'offrir quelques mots inusités pour expliquer une industrie jusqu'à présent inconnue chez nous. Nous allons expliquer la préparation du Souchong, qualité moyenne, qui demande moins de soins que le Pekoe et plus de précautions que le Bohea. Les feuilles sont, à leur arrivée du jardin, généralement un peu lumiides ; on les jette sur une plaque de fer très-légère- ment chauffée ; le bain-marie ou un courant d'air chaud et sec remplaceraient, selon moi, avec avantage, les inégalités de chaleur de cette plaque sous laquelle il est difficile d'entre- tenir le degré de calorique constant, nécessaire pour la réus- site de cette première opération, qui est peut-être la plus im- portante de toute la manipulation. Les feuilles jetées sur cette plaque rendent rapidement l'excès d'humidité dont elles sont chargées; on les agite vivement en les faisant continuelle- ment sauter, afin de les empêcher d'adhérei' les unes aux autres, et elles prennent bientôt une consistance molle et sèche, qui permet de les froisser en tous sens sous les doigts, sans qu'elles prennent aucun pii et sans qu'elles soient adhé- sives. Arrivées à ce point de dessiccation, on les transporte dans un des compartiments du fermentoir et on met dans le môme compartiment tout ce qui subit la même préparation pendant deux heures consécutives; le compartiment étant plein, on le ferme hermétiquement; mais d'heure en heure un L HIMALAYA, SES PRODUCTIONS NATURELLES. 219 ouvrier s'y introduit et en remue vivement le contenu, de façon à ramener à la surtace les couches inférieures et réci- proquement. Une légère fermentation s'établit dans cette masse de feuilles, qui bientôt, de vertes qu'elles étaient, pren- nent une légère teinte plombée ; ce moment doit être surveillé avec la plus grande sollicitude par le chef d'atelier : car la couleur plombée se développe plus ou moins promptement, suivant l'état de l'atmosphère, la température intérieure de l'établissement, et surtout en raison du fini du premier chauf- fage. Dès que la teinte plombée est bien prononcée, le tas est rompu, les feuilles, distribuées dans des corbeilles, sont aussi- tôt livrées aux rouleurs, qui les jettent sur leurs plaques forte- ment chaufîées cette fois, les agitent pendant qualre ou cinq minutes sur les fourneaux, dont la chaleur diminue bientôt par l'extinction du feu de broussailles que l'on cesse d'entretenir. Les feuilles rendent, au début de cette opération, une grande quantité d'humidité qui s'évapore en répandant un parfum délicat; si l'ouvrier s'aperçoit d'une trop rapide dessiccation, il arrose les feuilles d'un peu d'eau qu'il a prés de lui. Dés que la plaque cesse d'être très-brûlante , il prend les feuilles par poignées, les roule vivement et les frappe entre ses mains par petits paquets, qu'il laisse retomber sur la plaque, où elles se divisent par le choc. Ce travail dure cinq à six minutes pour chaque dose de feuilles ; elles sont alors enlevées par l'assistant sur un des rayons mobiles du séchoir, sur lequel elles sont étalées en une couche mince et placées sur les éta- gères. Des ouvriers parcourent ces étagères et remuent conti- nuellement les feuilles pendant qu'elles sèchent, afin de les empêcher d'adhérer les unes aux autres. Sous l'influence de la chakur communiquée sur les plaques et de l'évaporation active existant dans l'atelier, ces feuilles se dessèchent promp- tement. Lorsque tout ce qui était fermenté a été chauffé, leS' mêmes ouvriers reprennent les feuilles, qu'ils viennent de traiter, en leur donnant un second coup de feu moins violent, avec arrosements aussi fréquents qu'ils le jugent nécessaire, et pendant cette seconde chauffé, ils achèvent de rouler les feuilles au point voulu par les exigences du commerce, puis T2() SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. on les met une seconde l'ois à sécher. Loi'sque l'on désire donner au Souchong un fini parfait, on repasse les feuilles une troisième et même une quatrième fois sur un feu de moins en moins vif; mais ces chaulTes consécutives augmentent beau- coup la main-d'œuvre, diminuent le parfum propre du Thé, et causent un grand déchet en poussières qui n'ont qu'une très- faible valeur; aussi ce procédé n'est-il mis en pratique que lorsqu'on veut préparer des échantillons exceptionnels. Quoi qu'il en soit, chatpie chauffe est suivie d'une exposition à l'air sur les nattes de Bambou, et lorsqu'on juge que la feuille a la forme requise, on l'entasse dans un compartiment séparé, que l'on pourrait nommer le jiarfumoir: cetle dernière opération a pour objet de donnci' au Thé un parfum artificiel dont la nature varie suivant le marché auquel on le destine. On emploie pour parfumer le Thé des fleurs de diverses espè- ces d'Aurantiacées, de Jasminées et des Roses. Cette dernière main-d'œuvre est l'objet de bien des fraudes, à cause de la difficulté de se procurer en tenqis utile une quantité suffisante de fleurs fraîches. Quand on les a, voici comment on procède : on arrange au fond de la caisse destinée à cette opération, des couches alternatives de deux à trois pouces de Thé légèrement chaulT('' au moment même, et d'un pouce de fleurs odorifé- rantes ; chaque couche est séparée de la précédente par une mousseline d'un tissu lin et peu serré. On continue ce travail jusqu'à remplir la caisse, que l'on ferme hermétiquement j)endant un ou deux jours. On sépare alors du Thé les fleurs qui lui ont abandonné leur parfum, on vanne celui-ci pour en extraire les poussières, on le chauffe légèrement et on l'em- balle enfin pour l'expédition. Tous ces procédés sont passa- blement dégoûtants, les ouvriers sont loin d'être propres, beaucoup ont des dartres affreuses, et en dépit de ce que l'on •raconte de la fabrication du vin, je n'aurais pas désespéré de ramener le père Matthews à l'usage du boui-gogne, si j'avais eu la chance de lui montrer les Chinois à l'œuvre. 11 suffn\a de ce que j'ai dit sur cette fabrication, pour con- vaincre des gens éclairés, que tout ce travail de main d'homme pourrait être fait avec beaucoup plus d'exactitude l'himalaya, ses productions naturelles. 221 [)'dv quelques jets de vapeur, quelques euuraiits d'air chaud et sec, cl une machine à rouler; un premier essai d'une machine à rouler le Thé se faisait au moment où je quittais l'Inde. La fabrication du Tlié vert est beaucoup plus simple que celle du Thé noir, en ce qu'elle n'exige pas de fermentation, opé- ration déhrate, pendant laquelle la moindre négligence peut entraîner la perle de toute une chambrée. — On se borne à faire sécher les feuilles aussi rapidement que possible, par une suite de coups de feu bien ménagés, pendant lesquels on donne à la feuille le tour particulier qui la fait classer dans le commerce sous tant de noms diflërents, jeune Hysson, Hysson, Poudre-à-canon, etc. Les extrémités des bourgeons ne sont jamais pn^parés en Thés verts, on en fait toujours du Pekoe, qui est noir, et- que l'on reconnaît facilement au duvet argenté qui le couvre. En général, les fabricants de Thé dans l'Inde mélangent les deux qualités Pekoe et Souchong avant de les livrer au commerce, et ce mélange prend le nom de Compo'i, qu'il porte également en Chine ; cette qualité mixte produit une liqueur (|ui a le moelleux et la d('licatesse de l'infusion do Pekoe unis au nerf et aux propriétés très-toniques du Sou- chong, et joint l'économie à l'élégance. — Très-peu de fabri- ques s'occupent de confectionner des Thés supei'lins : m;n"s cependant on a exporté pour l'Angleterre de petits lots de Thés noirs et verts qui ont été vendus jusqu'à 25 francs la livre. — Tous les rebuts des fabriques sont maintenant façonnés en Briques, à l'imitation de ce produit chinois préparé pour les populations tartares et thibétanes, et sont achetés par les ca- ravanes qui viennent chaque année dans l'Inde en franchis- sant les passes neigeuses dont j'ai parlé au commencement de ce mémoire. En résurnéj l'art de préparer le Thé n'a encore fait aucun pas vers le progrès ; on emi)loie jusqu'à ce jour dans l'Inde les procédés longs, incertains et dégoûtants adoptés et conservés en Chine depuis des milliers d'années; c'est seulement lorsque cette culture aura été conduite au milieu d'un pays comme le nôtre, sous les yeux de chimistes et de mécaniciens habiles, que cette branche d'industri(^ pourra recevoir quelques perfection- 222 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. nements. — Il n'y a pas de doute que dès que l'on aura des feuilles à travailler, un grand nombre de procédés ingénieux seront découverts, qui en amélioreront les conditions écono- miques et hygiéniques, et si cette entreprise reçoit en France une impulsion vigoureuse, nous pourrons probablement, avant dix ans, rendre à son pays natal, dans un état de perfection- nement et de progrès très-remarquable, un art qui, comme toutes les autres connaissances de ce singulier pays, y est stationnaire depuis tant de siècles. — L'Occident a déjà fait bien des emprunts au Céleste- Empire, mais en honnêtes débi- teurs nous avons remboursé avec un libéral intérêt les dettes contractées par nos ancêtres. La région de l'Himalaya où le Thé produit la feuille la plus délicate jouit d'une température semblable à celle de la France ; les hivers y sont même plus rigojjreux et plus longs que dans la région située sur la rive gauche de la Loire. Les gelées y commencent dès les premiers jours de novembre et continuent sans interruption jusqu'au iinlieu de mars. La neige y séjourne, sur la terre, pendant plusieurs semaines chaque fois qu'il en tombe, et rien n'égale la vivacité des brises glaciales qui descendent de la région des neiges éter- nelles. Rien n'est plus commun, à Nyneetall, à Khoteghur, à Kangra, que de voir les arbustes à demi enfouis sous la neige pendant huit ou dix jours consécutifs. A la fm de mars et pendant tout le mois d'avril, il tombe de grandes quantités de grêle qui forme un épais tapis résistant pendant plusieurs heures chaque fois aux ardeurs du soleil. On n'a que rarement, en France, de pareilles vicissiliades de température, tandis que dans l'Himalaya elles sont régulières chaque année. 11 faut donc (|uc l'arbuste qui produit le Thé ait une grande rusticité, et tout promet le succès si des expériences simul- tanées sont faites avec tous les soins nécessaires dans nos départements du midi et de l'ouest de la France. Ahn de ne rien laisser à l'incertain , je conseillerais de faire des essais combinés dans plusieurs départements de la France, dans quelques vallons de la Corse et dans la province d'Oran, où, si mes souvenirs ne me trompent pas, il existe de nom- l'iiimalaya, ses productions naturelles. 2'23 brei.ises collines oiïranl de ^çraïades facilités pour une irrii^a- lion modérée. Il serait indispensable de donner dès le début, à chaque jardin, une étendue de 3 à Zi hectares, et il faudrait qu'il y eût bien peu d'esprit d'entreprise dans notre pays, pour qu'il lut impossible de trouver vingt propriétaires assez riches et assez intelligents pour consacrer, pendant cinq ans, h hec- tares chacun à cette culture, essai qui, en cas de non-réussite, entraînera au plus un sacrifice de 12 à J500 francs pour chaque propriétaire, pourvu que le gouvernement français fcissc les premiers frais exigés pour l'achat et l'introduction de la semence en quantité suffisante pour planter de 75 à 100 hectares. En calculant sur la réussite d'un tiers seulement des graines importées, il en faudrait au plus 200 kilogrammes par hec- tare, soit en tout et au maximum, 20 000 kilogrammes à 1500 francs par 1000 kilogrammes, faisant une somme de 30 000 francs. Ces graines devront être stratifiées dans des caisses convenablement préparées, et entre des couches de terreau bieni décomposé qui conservera une légère humidité, suffisante pour faciliter le travail préparatoire de la germi- nation. Le transport à grande vitesse de ces caisses depuis les plan- tations jusqu'au port d'embarquement avec tous les frais d'emballage, etc., s'élèvera encore à 30 000 francs,— les vingt tonneaux de graines avec l'addition du poids des caisses et du terreau pèseront cinquante-cinq à soixante tonneaux, que les Messageries impériales transporteront à Marseille en vingt-cinq jours pour une somme de 25 à 30 000 francs, total, au plus, 90 000 francs, à demander à l'État pour l'achat et le transport des graines. — L'État pourrait même stipuler qu'après réussite des plantations, le prix des graines soit remboursé au Trésor. Tout ce qu'il faut de plus pour assurer la réussite d'une entreprise qui doterait la 1^'rance d'une industrie précieuse et admu-ablement adaptée aux petites propriétés qui for.rmillent dans^ notre pays, c'est de trouver un agent réunissant les conditions d'acclimatation, de coniiaissances locales, d'cic- \l2îi SOCJÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION, tivilé et d'enthousiasme iiKlispensables pour l'exéeution d'un pareil mandat, tlot agent devra donner une année entière à cette œuvre, car il faudra aller acheter la récolte d'une année sur une surface suffisante pour la production des graines demandées. Il faudra que pendant toute une saison le plan- teur indien renonce à ses récoltes de feuilles, condition indispensable si l'on veut avoir des fleurs et des fruits vigoureux; cela ne sera obtenu que par une surveillance de sept à huit mois : l'expérience démontre que les graines produites i)ar des arbres dépouillés de leurs feuilles, sont ra- chitiques et ne produisent que de mauvais plants; un agent capîtble de conduire cette opération délicate demandera pro- bablement un salaire élevé, et il le gagnera bien. Cela pourrait ajouter -25 ou 30 000 francs aux frais d'achat et de transport des graines, et ce surcroît de dépenses pourrait arrêter le gouvernement. Il faut pourtant que cela se fasse : et dans le but d'aplanir cette difficulté qui pourrait faire abandonner ce projet, je m'olïre à faire ce voyage sans rétribution au- cune, heureux s'il m'est permis d'attacher mon nom à cette grande et utile entreprise. Si, comme je l'espère, nous réussissons à acclimater le Thé dans nos ]»rovinces, je serai amplement récompensé. RAPPORT SUR LES PRINCIPALES CLLTIRES FAITES EN 18G7 - Al] .)1RD1\ ZOOLOGIOUE [IACCLIM.\ÏATIO\ DU BOIS DE BOULOGNE, Par n. QLIHOL, Jaiilinicr en clicf. « Messieurs, Je viens, comme les années précédentes, vous communi- quer mes ol)servalions sur les cultures laites, au Jardin d'ac- climatation du bois de Roulogne, dans le courant de l'an- née J867. Je ne ferai mention que des cultures nouvelles, ou de celles pour lesquelles les essais de l'année 18(57 auraient modilié nos précédentes observations. Quant aux autres, les détails s'en trouvent dans nos raj)- porls antérieurs. Cryptomérie (Cryptomri-la). — Conifères (Japon). Arbre original qui prend, en biver, une teinte rouille lui donnant l'aspect d'une plante gelée. Au printemps, il devient blanc, etcbange encore pour prendre une teinte vert clair au milieu de l'été. Il est trés-intéressant et paraît se rapproclier du Cryptomeria elegans. Gai.nier du Japon (Cercis Japonica). — Légumineuses (Japon). Espèce encore nouvelle qui dillëre })eu de notre arbre de Judée. Le feuillage est un })eu acuminé et les Heurs tiennent le milieu, pour la couleur, entre celles de l'arbre de Judée ordinaire et sa variété à Heur carnée. Troène icota {Lùjustrinn ihora). — Jasminées (Ja{;on). Je vous ai déjà entretenus de cet élégant arbuste, à sa prc- 2" SÉRIE, T. V. — Mars et Avril ÎSCS. 15 226 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. mière floraison. En confirmant ma première impression, je viens ajouter aujourcrimi que sa floraison est très-abondante et que j'en recommande tout spécialement la culture dans les massifs. . SriRÉE A GRANDE FLEUR (Sjjirea grandîflord) . — Rosacées ' (Amérique septentrionale). Charmant arbuste aux grandes fleurs blanches printanières, un peu délicat dans certains terrains. Nous en avons reçu une nouvelle variété, sous le nom de Sjnrea grandi fl or a nova, qui est en tout semblable à la première, mais dont la florai- son a été en avance d'une quinzaine de jours. Cette différence n'est peut-être que le résultat d'une première culture qui, n'ayant pas été complètement identique, a pu apporter une légère modification. Viorne a feuilles plissées {Viburmim plicatum). — Caprifoliécs (Chine). Je vous ai déjà entretenus de ce charmant arbuste, et, si j'en parle à nouveau, c'est non-seulement pour confirmer ses mérites, mais encore pour les étendre. Le pied que je cultive est arrivé à un développement suffisant poui permettre de le juger plus exactement. La floraison a été, cette année, ma- gnifique ; chaque branche était ornée de douze à quinze fleurs blanches, en boules, de 0'%06 de diamètre, dont la réunion étonnait et charmait tous les visiteurs. Je ne crois pas devoir être taxé d'exagération en affirmant que c'est un des plus beaux arbustes à cultiver. Asteraganthe a longues feuilles {A.sieracantlms lon- fjifolius). — Labiées (Indes). Petite plante plus curieuse que behe, à épines très-longues et à fleurs violettes. Cidronelle BLANCHATRE {Cidronella cana). — Labiées (Europe septentrionale). Plante vigoureuse au feuillage blanchâtre et odorant, dont les fleurs, d'un rouge pourpre, sont petites mais nombreuses et durent très-longtemps. Nous en recommandons la culture. CULTURES FAITES AU JARDIN d'ACCLIMATATION. 227 Mille-feuilles a fleur rose {Gilia acliUhpfoUa rosea). — Polémoiiiacées (Californie). Petite plante à fleur rose violacée, de peu d'effet. Pentstemon a grande fleur {Pentstemnn (jrandiflo- riim). — Scrophularinées (Mexique). Cette magnilique plante diffère beaucoup des Pentsteraons généralement connus, tant par la largeur de son feuillage et la hauteur de sa tige, qui atteint un mètre, que par l'ampleur de ses belles fleurs lilas bleuâtre, qui ressemblent plutôt à des fleurs de Gloxinia qu'à des fleurs de Pentstemon. Elle sera d'un grand effet dans les plates-bandes. Renoncule des jardins superbisslme {Ilammcuhis ada- tlciis superbissimns). — Pienonculées (Asie). Nouvelle variété de Renoncule, très-remarquable par ses fleurs très-fortes, qui durent deux mois sans se flétrir. Elle produit des coloris variés qui formeront une coUection supé- rieure à l'ancienne, qui est déjà très-estimée. Morelle de Jacquin {Solanum Jacquinii). — Solanées (Ride) . Nouvelle espèce que nous n'avons pas pu bien juger, faute d'un développement suffisant. Thunbergia orangé {TJnaibergia alata auranliaca.) — Acanthacées (Bengale). Charmante plante grimpante, aux fleurs orangées à disque noir, d'un gracieux effet. Verveine nodiflore {Vorhenu nodiflora). — Verbéna- cées (Espagne). Planle rampante, formant tapis vert, émaillé d'une grande quantité de petites fleurs carnées très-jolies. Elle doit ê!re employée en bordure et surtout en talus. Violette cornue {Viola cornuta). — Violariées (Espagne). Cette Violette n'est pas de récente introduction, mais sa cul- ture est si peu répandue qu'elle peut passer aujourd'hui comme planle nouvelle. Elle est très-vigoureuse ; son feuilla^-e est petit; sa floraison dure quatre à cinq mois, ce qui est un grand avantage pour la saison d'été. Son coloris est à peu près celui de la Pervenche. 2r:8 SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Argemone du Mexique {Argcmone mexicana). — Papa- véracées (Mexique). Plante annuelle, au feuillage marbré et à grandes fleurs jaunes, peu nombreuses, mais se succédant longtemps; d'un grand ell'et pour les massifs. Elle est employée en médecine cl en teinture. Celosie du Japon {Celosia Japonica). — Amaranlha- cécs (.lapon). Jolie plante naine qui paraît être une variété de l'ancienne espèce, Cellosia cnstata, quoique nous l'ayons reçue du Japon. Malgré notre attente, elle ne nous a pas donné de graines. IIun.nemaînnie a feuilles de fumeterre {Hunnemannia famariœ folio). — Papavéracées (Californie). Cbarmanle plante annuelle très rare, au feuillage élégant. Les fleurs, grandes, d'un jaune brillant, font beaucoup d'eilet. Lophosperme grimpant {Lophospcrmwn scamlctts). — Scrupbularinées (Mexique) . Plante grimpante, annuelle et vivace, à ileur rose, Irés- élégante. Maïs a feuilles panachées (Zea mais), fol. var. — lira- mi nées (Pérou). Ce Maïs, encore peu répandu, mérite une place dans nos jardins. Rien de plus élégant, en effet, que ces longues feuilles rubances de blanc. Les pieds que j'ai cultivés ici ont été très- vigoureux, et, malgré l'année buniide et froide, quelques graines sont venues à maturité. 11 arrive parfois que le semis ne donne pas tous les pieds franchement panachés. Mais c'est l'exception; et, en ayant soin de semer un peu dru, il en reste loujours assez après l'épuration. Pour les plantes suivantes, voyez le rapport de 18()(j ; Sajùn de la reine Amélie, Deiitzie crénelée et fleur double, Podocarpc de Kora, Prunier à trois lohei^. Sciadopitijs éi couronnes. Pois de senteur ijivincible, Thuiopsis en doloire, Tabac r/éant à grande fleur Mûrier à papier, . [jourfjrc. CULïUr.ES I-AITES AU JARDLX d'aCCLI.\I\ÏAT!0.\. 22Î> Planera a feuilles pointues {Planera acuminata). — Amenlacées (Japon). •- ,. L'année dernière, j'ai parle de cet arbre, sous le faux nom de Planera crenata anciennement connu. Celui-ci est nou- veau, et, si l'on en juge par sa vigueur, il sera au moins aussi intéressant que son aîné. Le genre Planera est encore peu cultivé, à cause de la difficulté qu'on a de se procurer de bonnes graines. On en est réduit, pour le multiplier, à le grellér sur l'Orme, ce qui le dénature un peu et en augmente le prix. Peuplier noir {Populus niyra). — Amentacées (Indi- gène) . J'ai parlé, l'année dernière, de ce peuplier, sous le nom de Peuplier du Canada, en émettant quelque doute sur son iden- tité. Une nouvelle année de culture m'a permis d'apercevoir l'erreur du nom sous lequel on l'avait envoyé au Jardin, et de reconnaître notre vieux Peuplier noir. Sumac demi ailé {Rhus semi alata). — Térébinthncées (Japon). Magnifique arbre, dont je vous ai déjà entretenus comme d'une acclimatation intéressante, au double point de vue de l'ornement de nos parcs et de l'industrie de la cire et du ver- nis. (Juoiqu'on ne l'ait cultivé jusqu'à présent qu'en serre, sa persistance à bien supporter nos hivers me donne presque la certitude qu'il réussira sous le climat de Paris. L'année der- nière, il a montré des boutons à fleur que les pluies abon- dantes ont empêchés de s'épanouir. Cette année, les fleurs ont non-seulement épanoui, mais nous avons eu des graines qui, quoique mauvaises, nous indiquent un acheminement vers une acclimatation complète. Bambous non déterminés {Bambusa). — Graminées (Chine et Japon). Depuis trois et quatre ans que nous cultivons ces Bamlious, 230 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. dont je vous ai déjà entretenus, ils ont parfaitement supporté nos hivers, sans autre soin qu'un peu de feuilles répandues au pied, soin dont on pourra vraisemblablement se dispenser lorsqu'ils seront plus multipliés et qu'on pourra, par consé- quent, les traiter avec moins d'égards. Nous avons pu en multiplier quatre variétés, le printemps dernier, et, quoiqu'elles ne soient pas déterminées botanique- ment, nous les avons annoncées, en indiquant le numéro sous lequel elles sont cultivées, en attendant cpie nous puissions leur appliquer un nom exact. (Voy. le Catalogue du Jardin, automne 1867 et printemps 1868.) Nous avons encore d'au- tres variétés de Bambous qui ne sont pas encore multipliées ni suffisamment étudiées au point de vue de l'acclimatation. Nous vous tiendrons au courant de nos expériences. Il est à peine utile de dire ici combien les Bambous nous rendront de services dans le .Jardin d'agrément, où ils vont nous montrer une forme et un aspect tout nouveaux, et combien un bois, à la fois si mince et si dur, offrira de ressources à l'industrie, qui ne manquera pas de s'en emparer. Nerprun TINCTORIAL (Rhamnus tinctorms). — Rhamnées (Hongrie). Arbrisseau dont les baies noires servent à la teinture. Pour les plantes suivantes, voyez le Rapport de 1866 : Pin du nord du Japon, Poire de terre Cochet, Plaquemiîiier du Japon, Brome de Schrader . Loza ou Nerprun à teinture^ TBftéèSi^BàiiaiE l'ASV^Ili. — l'iafistcs iilîïMCBiitaîfi'CS. Pêcher de Tullins {Amygdalus persica). — Rosacées (Perse). Nous sommes toujourstrès satisfaits de ce Pécher rustique; il nous a donné, celte année, des fruits pesant 200 grammes. (Voy. le Rapport de 1866.) Vignes {Vilis vinifera). — Vignes (Asie). Indépendamment des variétés de Vignes que nous avons CULTURES FAITES AU JARDIN d'aCCLIMATATION. "231 reçues de diverses contrées, et dont nous ferons connaître les résultats à mesure de leur fructification, notre Jardin, d'ac- cord avec la Société impériale d'acclimatation, et par la bien- veillante intervention de M. Drouyn de Lhuys auprès de S. M. l'Empereur, s'est enrichi de la belle collection de Yignes qui existait dans le Jardin du Luxembourg", et qui a dû en être retirée lors des changements opérés dans ce jardin. Cette collection, la plus complète de celles actuellement connues, avait été commencée par les Chartreux, dans l'en- clos de quatre-vingts arpents qu'ils possédaient à Paris, et où ils avaient formé une magnifique pépinière d'arbres fruitiers. Lors de l'anéantissement des couvents, et dans les temps les plus orageux de la Révolution, on put craindre que tout cet ensemble d'arbres fruitiers ne fût perdu. "Mais MM. Hervy père et fds se consacrèrent à en conserver soigneusement les types, et, quelque temps après, M. Chaptal, alors ministre de l'intérieur, chargea M. Hervy fils de transporter tous ces types, ainsi conservés, dans cette partie du jardin du Luxem- bourg qui fut, depuis lors, appelée la Pépinière. La collection de Vignes, l'un des principaux ornements de cette pépinière, dut ensuite un accroissement considérable à l'active et puissante sollicitude de M. le duc de Cazes, grand référendaire de la Chambre des pairs, et aux soins intelligents de MM. Bosc, Hardy et Rivière, à l'habileté desquels elle fut successivement confiée. Un premier catalogue en fut fait, en 1809, par M. Hervy; un second, en I8Z18, par M. Hardy; et un troisième, en mars 1867, par M. Rivière. Cette collection se composait de plus de deux mille espèces ou variétés. Mais il était évident qu'il y existait beaucoup de synonymies qu'il avait été très -difficile de reconnaître, d'abord à cause de fabsence de notes antérieures, et ensuite à cause du mode de plantation qui avait été adopté. En effet, les cépages avaient été plantés à mesure de leur arrivée, sans leur assigner la place qu'ils devaient avoir; un Gamay se trouvait auprès d'un Chasselas, un Pineau auprès •232 SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. (l'un Musent, etc., etc. De là résultait rimmense difficulté, nous dirions presque l'impossibilité, de comparer entre elles les variétés équivoques, quand l'une, par exemple, portait le numéro 50 et l'autre le numéro 2000 ! Si l'on ajoute que ces synonymies étaient très-nombreuses, qu'il n'était pas rare de retrouver le même raisin sous cinq, dix, vingt et quelquefois ({uarante noms diflërents, tandis que, sous le même nom, on trouvait d'un autre côté deux variétés différentes, on pourra se faire une idée de la peine qu'il fallait se donner pour mettre un peu d'ordre dans cette collection. M. Rivière eut le courage d'entreprendre ce classement, el, bien qu'il reste encore quelques doutes à éclaircir, le travail qui reste à faire sera facile, maintenant que tous les cépages de même nature sont réunis. On reconnaîtra bien vite, si, dans les Chasselas, ou les Muscats, ou lesGamays, il se trouve un étranger ou un synonyme. Si, en opérant cette laborieuse classification, M. Rivière n'a fait que remplir son devoir d.- jardinier, il a le grand mérite de n'avoir pas voulu en garder pour lui seul le secret. Il savait combien m'eût coûté de temps et de recherches une exploration bien plus difticile pour moi que pour lui, et il a voulu, en me guidant dans ce pf'uible travail, contribuer au succès de la collection ainsi transplantée. Qu'il reçoive ici l'expression de toute ma gra- titude ! Des deux mille variétés, arrachées en double exemplaire, le nombre est déjà réduit au-dessous de quinze cents et se ré- duira encore, chaque année, à mesure de la fructification. Dans un rapport précédent, j'ai indiqué les différents modes de plantation que j'ai adopti'S, en promettant d'en rendre compte. Je suis à même de le faiVe aujourd'hui pour ce qui a rapport à la reprise, réservant pour plus tard d'indi- quer les résultats de la végétation et de la fructification. Le sol où sont plantées ces Vignes est un sable caillouteux, recouvert d'une couche de mauvaise terre végétale de 0"'J0 environ. Je l'ai défoncé à 0"',70 de profondeur, en y mélan- geant une très-petite quantité de terre végétale, de plâtras el de gadoue bien consommée, ce qui a produit environ un mètre CULTURKS FAITES AU JARDI.X d'aCCLIMATATIO'. 2:^?) de terre remuée. Tout le monde a été surpris du résultai de la végétation. La plupart des sarments ont atteint 2 mètres de développement; ce qui prouve une fois de plus qu'on peu! toujours tirer parti d'un mauvais sol, en se donnant un peu de peine. Les modes de plantation adoptés sont : 1" mode. Chevelée enracinée. 2"' mode. Sarment avec crossette sans racine. 3' mode. Bouture avec talon ou œil à la base. h" mode. Bouture sans talon ni œil, et en partie décor- tiquée. Voici le résultat pour cent plantations de chaque mode : 1" mode. 23 ceps ont atteint 2 à o mètres. — 1™,50 — 0"',75 à 1 mcMi-e, — 1™,50 à 2 — — 1 mètre à 1°'.50 ■— . 0°',50 à O-'Jô — 1 mètre. — 0'",50 — 0«'.25 — 1 iJièîre. . — 0'",50 — 0-^,25 Le premier mode a donc atteint, comme on devait s'y attendre, la plus grande végétation. Le deuxième mode, quoique moins développé, est très- satisfaisant. Les troisième et quatrième modes se rapprochent beau- coup, en laissant toutefois un avantage au troisième. L'avenir nous apprendra la continuation du développe- ment et la fructification. Il y a eu, cette année, cent trente ceps qui ont donné des raisins ; ils appartiennent tous au pre- mier mode. Il est bien entendu que j'ai choisi, pour mon rapport, les variétés dont les quatre modes de plantation avaient réussi à la reprise, pour que la comparaison fût exacte. Il y en a un — 53 — 24 Op ninde. 31 — 32 -— 37 3« mode. 13 — 34 — 53 II" mode. 9 — 25 -T— 65 234 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. certain nombre où Fun des quatre modes n'a pas réussi, ou n'a pu même être employé, faute de bon bois au moment de la plantation. Igname ailée {Dioscorea alata, var. cuculata). — Dios- corées (Inde). C'est la première fois que nous cultivons cette espèce d'Igname. Il y en avait une si petite quantité, que nous ajour- nons tout jugement à une seconde année de culture, qui nous permettra d'en apprécier le rendement et la qualité. Igname affectant la forme ronde {Dioscorea batatas). Dioscorées (Chine). Nous avons reçu cette plante de M. Boisnard-Grandmaison, qui la cultive dans le département de la Manche. Le produit, qu'on ne peut guère apprécier la première année de culture, diffère peu de l'Igname de Chine ; nous en continuerons la culture. Chicorée sauvage améliorée panachée ( Cïchorium intybus). — Semiflosculeuses (France). Depuis quelques années, on cultive une variété de Chicorée sauvage, dite améliorée, remarquable par l'abondance et l'ampleur de ses feuilles, qui forment une petite pomme; elle est plus agréable au goût que la Chicorée sauvage ordinaire, tout en conservant ses qualités dépuratives. Cette nouvelle va- riété n'en diffère que par quelques rares macules brunes sur les feuilles. Chicorée toujours blanche ( Cichorlton Endiviaa , var.). — Semiflosculeuses (Inde). Variété curieuse par sa couleur blanche, elle a un arrière- goût de la Chicorée sauvage , assez agréable. Ses feuilles sèches et fines ont un peu de rapport avec le papier de soie, quand on les remue dans le saladier. On peut la couper jeune, ou la laisser pommer. Pommes de terre {Solanum tuberosum). — Solanées (Chili). Nous en avons reçu, cette année, plusieurs variétés nou- CULTURES FAITES AU JARDIN D ACCLIMATATION. 235 velles qui ne sont pas encore appréciées. Nous les indiquons à part pour qu'elles ne soient pas confondues avec les varié- tés déjà cultivées et reconnues de bonne qualité. Variétés déjà cultivées au Jardin. Santa Holena. Kidney rouge. Confc'déréc. Docteur Bretonneau. De trois mois. Variétés nouvellement cultivées au Jardin. .Teancéc. Mangel Wurzel. Marceau. Rosée de Couflaus. lîaldou violet. Chandernagor. Chave. Comice d'Amiens. Comice de Norvège Hardy. Irish pink eyer. Xavier. Yame ou Jgname. Laitue Bossin (Lactuca sativa). — Semiflosculeuses (Asie). Variété arrivant à un développement considérable, comme la Laitue Batavia, de laquelle elle diffère peu, si elle en dif- fère. Les côtes sont grosses et le goût médiocre. Navet d'Hannecourt {Brassica napus). — Crucifères (France) . Nouvelle variété longue, très-tendre. Navet Guillaume Bourg. Variété ronde à chair jaunâtre, d'un goût très-accentué assez agréable. Chou a grosse côte frangé, Chou fraise de vEAu(^r«.9- sica viridis). — Crucifères (France). Ce Chou est très-intéressant par son feuillage, mais il pomme mal. Chou de Launilis {Brassica sabehica). Ressemble beaucoup au Chou de Bruxelles, mais ne donne pas de petites pommes le long de la tige; variété curieuse, mais peu productrice. Chou early wrights improved Cordage {Brassica ole- racea). Se rapproche du chou cœur-de-bœuf, pomme bien et de bonne qualité. 230 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQIK d'ACCLIMATATION. Chou carters garnesiiing kail {Brassica sabellica). Ce Chou est très-curieux et pourrai! être cultivi' comme ornement. Il ne paraît avoir aucune qualité alimentaire. ' Radis serpent {Raphmms caiichitus). — Crucifères de Java. Nous avons pu, en 1807, apprécier le mérite de ce nouveau légume, que nous n'avions fait que signaler Tannée dernière. Nous nous étions contentés de reproduire la note qui nous avait été adressée avec les graines. Cette note est exacte en ce qui concerne la nature et la forme de la j)lante. Nous avons eu des siliques qui ont atteint un mètre de long et 6 à 8 cen- timètres de circonférence à la partie la plus renflée. Nous en avons mangé de plusieurs manières : à l'état cuit, nous n'a- vons pas été très-satisfait de la saveur, et pour peu que la si- lique soit un peu développée, elle est liiandreuse et peu agréable à màclicr. Est-ce l'art culinaire qui était en défaut? A l'état cru, les jeunes siliques sont agréables et ressemblent, à s'y tromper, à nos radis roses, sans cependant les surpasser. Nous recommencerons l'année prochaine la culture de cette plante, d'ailleurs très-curieuse. . , . . Maïs blanc hatif {Zea maïs). — Graminées (Pérou). Ce Maïs, que nous cultivons pour la première fois, est assez hàtif et très-productif. Mais, soit par accident, soit par dé- faut naturel, il s'est peu fécondé, et la grande quantité d'épis a fourni j>eu de grains. Nous ajournons donc tout jugement. Pois Victoria Marrow (Pisum sativum). — Légumi- neuses (Europe). Nous avions une si petite ciuantité de ce légume que nous n'avons pu en faire la dégustation. Il vient assez grand et produit de belles cosses. Pour les plantes suivantes, voyez le Rapport de 1866. Hovenia à fnnt doux. . .• Haricots variés. Pois variés. DE L'INTRODUCTION Î>E L'ACCLIMATATION DES CINCHONAS DANS LES INDtS NÉERLANDAISES ET UANS LES INDES DUITAN NIQUES, Par ^n. J. L. SOUBEIRA^ et tugustin DELOXDRE. (Suite.) CiNCiiONA CALISAYA OU écorcc joime de Bolivie ( Yelhnn hark of Bolivia). ■ — Celte espèce, en se développant, donne un arbre de la hauteur d'un grand arbre d'essence lorestièi-e, et a été longtemps considérée comme étant celle de toutes les espèces médicinales qui présente le plus de valeur : et il en était assurément ainsi jusqu'à la découverte de l'écorce rouge. Le prix actuel du calisaya ou écorce jaune varie de 2 sh. 10 d. à 7 sh. par livre. Il existe évidemment plusieurs variétés de i-etle espèce, très- distinctes l'une de l'autre, même quand elles poussent dans les mêmes conditions. Suivant M. Mar- kham et suivant M. le docteur Weddell, « l'arbre qui fournit le Calisaya, pousse sur les déclivités et sur les portions escar- pées, raboteuses des montagnes, à une hauteur de ôOOO à <)000 pieds au-dessus du niveau de la mer, dans les forêts les plus chaudes du Caravaya et de la Bolivie. » M. Markliam, en décrivant les conditions favorables à l'existence de celte espèce, s'exprime ainsi : « Il ne peut y avoir aucun doute que la méthode convenable pour cultiver les Cinchonas est de les planter à ciel ouvert avec abondance de lumière et d'air, bien <(ue les Cinchonas puissent, dans la première phase de leur développement, avoir besoin d'être protégés contre les rayons directs du soleil. Le seul plant de Cincliona calisaya réellement beau, bien développé, que j'aie vu dans le (îaravaya, se trou- vait dans une petite claiiièie entièrement exposée à la lu- mière, à l'air, dans tous les sens : les plants qui se trouvaient dans la forêt étaient, par comparaison avec celui-là, de pau- 238 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLÎMATATIOX. vres végétaux rabougris. » (lette espèce résiste aussi iDien aux influences climalériques que l'écorce rouge et se propage aussi aisément. GiNCHONA CONDAMINEA, var. Uritusinga : Cascarilla flna ou Oriijinal loxa barh. — Cette espèce qui, à l'époque de La Condaminc, était un arbre de forêts, majestueux et élevé, n'existe pour ainsi dire plus ; les arbres d'une grande dimen- sion ont entièrement disparu des Andes. Cette espèce est riche en alcaloïdes ; les bons échantillons donnent un total de 3/8 pour 100 et , sous ce rapport, elle marche de pair avec l'écorce de Calisaya de la Bolivie. Elle se rencontrait commu- nément sur les montagnes d'Uritusinga et poussait à des hau- teurs de 0000 à 8000 pieds ; une opinion générale qui a cours parmi les CascariUeros , est que l'écorce de cette espèce « dilïère en qualité suivant qu'elle est exposée au soleil levant ou au soleil couchant » . CiNCHONA CONDAMINEA, var. Chahuarguera : Cascarilla Colorado del Rey ; Cascarilla an tara ; Ritsty crowii hark du commerce anglais, et de valeur égale au précédent. Cette es- pèce se rapproche beaucoup de VUritasinga; elle se ren- contre dans les mêmes localités, mais pousse peut-être à une plus grande hauteur au-dessus du niveau de la mer. A l'époque de Pavon, ce Cinchona était un arbre élancé d'un peu plus de 2/i pieds de hauteur. Le Cinchona condaniinea var. Chahuar- guera, est considéré généralement comme constituant l'espèce dont provenait l'écorce qui a guéri la comtesse de Chinchon. Actuellement, M. Cross nous a appris qu'on ne peut rencontrer que peu d'arbres ayant les mêmes dimensions. Les Cinchonas sur lesquels on prend actuellement l'écorce qui est livrée au commerce, n'ont en général pas plus de 8 à 10 pieds de hau- teur. Après que les arbres ont été abattus, trois ou quatre jeunes pousses se développent en général : mais on ne doit pas toujours l'espérer ; en effet, quelques-uns des CascariUeros les plus industrieux arrachent les racines et en détachent aussi l'écorce. On enlève l'écorce même des plus petites branches ; ainsi les pousses de l'année sont prises quelqu! fois, spéciale- ment si elles sont fortes. M. Cross observe aussi que le dépôt ACCLIMATATION DES CINGHONAS. 239 d'alluvion existant dans les ravins où il a trouvé que cette espèce se développait, était peu profond et que , en quelques endroits, il n'avait pas plus de six pouces d'épaisseur. Celte espèce est très-vigoureuse et promet d'être l'une de celles dont la culture sera la plus aisée. GiNCOHNA GONDAMiNEA, var. Crespilla : C. crispa Tafalla ou Fine crown bark. — Cette espèce présente l'aspect d'un petit arbuste et contient une quantité d'alcaloïde moindre que la précédente; elle possède encore un prix élevé sur le marché parce qu'elle est très-odorante et d'un très-bel aspect. « Elle pousse à une grande hauteur, de 7000 à JO 000 pieds, au sein d'un dépôt de tourbe , dans une locaHté où la température tombe quelquefois à 27 degrés Fahrenheit. » GiNGHONA LANCIFOLIA OU CciscariUa de Pitayo. — Ce Gin- chona est une espèce précieuse, robuste, et se cultive aisément; elle habite les régions élevées et froides des Andes. M. Howard observe que cette espèce produit une écorce qui, par sa -richesse en alcaloïdes , rivalise avec les écorces de la Bolivie et-, par conséquent, se maintient à un prix très-élevé. Cinchonas contenant de la cinclionine. CiNGHONA NiTiDA : Quinci canu légitima ou Gemàne qrey bark. — Cette espèce constitue un arbre majestueux, abon- dant dans'' les hautes régions du Huanuco ; l'alcaloïde qui y prédomine est la cinchonine ; cette espèce est par conséquent de moindre valeur que la précédente, qui appartient à la classe de celles qui fournissent de la quinine. M. Howard a cepen- dant trouvé de la quinine dans des échantillons de belle écorce de Quinquina gris du commerce. Cette espèce pousse dans des localités bien exposées, à une élévation de 0000 à 8000 pieds, et il a été dit qu'elle se plaisait « à l'air libre, au froid, à l'hu- midité et au soleil ». CiNGHONA non nommé. — Cette espèce se rapproche de la précédente et provient de semences recueilhes par M. Pril- chettprès de Huanuco. M. Howard pense que cette espèce pourrait bien être identique avec le Cinchona obovata de Pavon. Elle est considérée comme étant une bonne écorce et 2/l0 SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ac.CLLMATATTON. comme étant importée en forte proportion avec l'écorce grise du commerce. CiNCHONAMiCRANTiiA : Caficarlllaprovinciana on Greyhark. — Ce Cinchona est un arbre majestueux, habitant des forêts chaudes et humides où il atteint une grande circonférence ; un arbre fournit fréquemment de deux cents à deux cent cinquante Hvres d'écorce sèche. L'écorce est généralement liche en alcaloïdes dont elle fournit 2,70 pour 100, consis- tant principalement en cinchonine. Cinchona peruviana : Cascarilla pata de Gallinazo, ou Fbiest rjrey bark. — Cette espèce atteint la hauteur d'un arbre de dimension ordinaire dans la forêt de Cocheros, où il est encore très-abondant, poussant à une hauteur moindre que le Cinchona nklda : il fournit une écorce d'une valeur consi- dérable; l'écorce des arbres sur lesquelles les graines ont été recueihies a été analysée par M. Howard, et a fourni ?» pour 300 d'alcaloïdes « comprenant surtout de la cinchonidine et de la cinchonine » . Elle se range ainsi parmi celles des écor- ces grises qui ont le plus de valeur. Cinchona paludiana : Cascarilla crespilla chica de Java. — Celte espèce a été rencontrée par le docteur Hasskarl dans les environs rrCchubamba, sur le versant occidental de la seconde Cordilliére, « à une élévation de 5500 à 0000 pieds au-dessus du niveau de la mer, dans un sol micacé, très-sa- blonneux sur des montagnes sèches, exposées au soleil, ne présentant pas beaucoup tl'abri contre le soleil ». Un grand nombre de plants de cette espèce ont été importés de Java par M. le docteur Anderson, et un i)etit nombre de plants se sont produits à Ootacamund par la L;e;-mination des graines obtenues par la même voie. Cette espèce ne paraît pas avoir une grande valeur commerciale, bien qu'elle ait peut-être été Irop dépréciée : sa culture a, du reste, été suspendue dans les Indes. Choi\ dos sites dosliiiL's à !;i (-11111110 dos Cinclionas. Dès le mois de juin iSôi», lord Stanley, secrétaire d'Etat pour les Indes, avait demandé des informations relatives aux ACCLIMATATION DES CINGHONAS. 2/il localités de la Présidence de Madras les plus convenables pour la culture des Cinchonas, et le très-honorable Sir C. Wood, dans une dépêche du 17 août 1860, ordonna que les sites fus- sent choisis et « disposés pour !a culture des Cinchonas ». A cette époque, les informations étaient assurément insuffi- santes pour qu'il fût possible d'opérer ce choix très-important avec le degré de certitude nécessaire : les sites qui avaient été désignés par M. Mac Ivor comme étant les plus convenables, devaient, avant d'être adoptés définitivement, être examinés et approuvés par M. Markham. Les diverses espèces de Cin- chonas exigent difterentes élévations et différentes exposi- tions, et l'on devait s'attendre à ce qu'une matière d'une aussi sérieuse importance que le choix des sites ne put être accomplie, avec succès, que par une personne qui fût entière- rement au courant de la question. M. Markham a visité les Indes vers la fin de 1800, et, sentant la difficulté qu'il y avait, pour lui, à se former une opinion convenable à cause de son inexpérience de ce climat (celui des Neilgherries), il demanda à M. Mac Ivor son assistance pour y arriver. Pendant qu'il était dans les Andes, M. Markham a noté, avec un grand soin, les influences diverses relatives au développement des Cin- chonas : ces observations, mises entre les mains de M. Mac Ivor, et combinées avec les documents antérieurs ou récents qui ont pu être tirés des relations des voyageurs qui ont visité la région des Cinchonas, ont mis M. Mac Ivor à même de dis- cuter loyalement et impartialement les différences de condi- tions du climat des Indes, et les modifications importantes que devaient présenter les sites choisis pour arriver à assurer le succès des cultures. Toutefois les monts Neilgherries, dans kl présidence de Madras, avaient paru de prime abord réunir les conditions les plus convenables pour y établir les pre- mières plantations. Dans le jardin du gouvernement d'Oota- camund situé précisément dans les Neilgherries, on rencon- trait toutes les dispositions nécessaires pour la propagation des plants, et l'élevage des graines et des plants, et dans M. W. G. Mac Ivor, surintendant de ce jardin, on trouvait un homme expérimenté, sous la direction duquel la culture 2-^^ SERIE, T. V. - Mars et .\vril 1868. 16 242 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATIOIN. des Ciiichonas pouvait être commencée avec les meilleures garanties de succès. Par toutes ces considérations, le choix des monts Neilgherriesfut sanctionné et il fut résolu de diriger les plants et les graines sur le jardin d'Ootacamund. Les pre- mières graines qui y parvinrent, le 13 janvier 18(51, furent des graines de Ginchonas à quinquina gris, venant de Hua- nuco : elles furent suivies, à la fin de février, par des graines de Cincliona à quinquina rouge. Le 13 avril, â(53 plants de Cinchona succiruba et iS plants de Cmchona calhaija y arri- vèrent en bon état. La culture des Ginchonas pouvait ainsi recevoir et reçut, en effet, un commencement d'exécution. Durant l'automne de 18(51, la propagation par boutures et marcottes marche rapidement : en juin 18(51, il y avait seule- ment à Ootacamund 211/i plants de Ginchonas ; mais en jan- vier 18(5*2, il y en avait 9532 ; en septembre 1861, il avait été nécessaire de construire une nouvelle serre de propagation qui pouvait contenir jusqu'à 8000 plants. En ce qui concerne les plantations, il avait été proposé' d'abord de borner les opérations à deux sites, et cette propo- sition fut, en effet, mise à exécution : l'un des sites était con- venable pour la culture expérimentale des espèces qui pous- sent à une grande hauteur au-dessus du niveau de la mer, tandis que l'autre avait été choisi pour les espèces qui exigent une température plus chaude. Dans cette vue, le site de Ned- diwatum avait été tixé pour les premières opérations : il pos- sédait, en ce qui concerne l'exposition, divers avantages et variait au point de vue de l'élévation de Zir)00 à 5500 pieds au-dessus du niveau de la mer. L'autre site, celui de Doda- betta, qui était voisin du jardin d'Ootacamund, n'était origi- nairement que d'un peu plus de soixante acres; mais il ne tarda pas à y être ajouté environ vingt-cinq acres de plus. Ge site avait été choisi seulement comme étant convenable pour y élabhr une plantation expérimentale. Ge site présentait une grande variété d'exposition et une grande variété de sol. L'exposition du nord avait été choisie de préférence : cela avait été considéré connue désirahle, parce que la déclinaison du soleil avait lieu dans une zone méridionale pendant la saison ACCLIMATATION DES CINCHONAS. '2li'è sèche et exempte de nuages ; en conséquence, les versants nord étaient bien plus humides pendant cette saison que les versants sud, qui recevaient les rayons du soleil presque à angle droit, et qui, par suite, étaient brûlés et desséchés, ce qui était considéré comme fâcheux pour les Cinchonas et avait, par suite, détourné de choisir l'exposition du sud pour les plantations. C'est au printemps de 1861, au mois d'avril, que M. W.-G. Mac Ivor commença ses essais de plantation en plein air, et ces essais lurent continués pendant cette même année. Enliu, en janvier 18(J2, on commença à Neddiwatum la for- uiatioii d'une pépinière assez spacieuse pour contenir 300 000 à /lOOOOO Cinchonas ; 2/iOO plants y furent plantés d'abord. tluituie. Aperçu du système suivi. Les grandes pertes que l'on a eu généralement à subir en plaçant tcut de suite à ciel ouvert les plants importés ont suggéré à M. Mac Ivor l'idée qu'il était désirable de placer d'abord les plants sous la protection d'un abri en verre. Ce procédé a fourni le moyen d'accroître rapidement les plants, en même temps qu'il offrait le grand avantage de permettre de noter avec le plus grand soin les diverses conditions qui affec- taient leur état et leur développement ; et cela était devenu encore plus important par le fait que les informations origi- naires relatives à la culture de ces végétaux étaient si vagues et SI ambiguës, et, dans quelques cas, si opposées, si contra- dictoires, que cela rendait d'une grande valeur Facquisition d'une connaissance pratique rapide des renseignements con- venables, en prenant pour point de départ du système de culture les observations de M. Markhara et des autres agents employés pour l'introduction des plants dans l'Inde. Le pre- mier soin a été de constater les conditions les plus favorables dans les Andes au parfait développement des plants; il était aussi nécessaire de déterminer les conditions qui étaient défa- vorables à ce développement et de les étudier avec impartia- lité. '2!lll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'AGCLIMATÂTION. Dans le système de culture qui a été suivi dans les Neil- gherries, on a essayé de fournir aux plants sur la plus grande échelle possible ces conditions favorables et de mitiger ou d'écarter les conditions défavorables. Bien qu'il ait rencontré une grande opposition de la part de personnes éminemment expérimentées, c'est cependant ce système qui a assuré le grand succès qui a été obtenu dans une aussi courte pé- riode, parla raison qu'il a fait ressortir clairement le principe sûr en culture, que, en même temps que l'on suit la nature dans tout ce qu'elle présente d'avantageux , on doit rejeter assurément lout ce qui est nuisible. Sous cette impression, le système auquel on a donné la préférence à tous égards, est le système de culture à ciel ouvert : les plants convenablement développés sont placés dans des pépinières présentant aussi peu d'ombre que possible , et les résultats ont établi incon- testablement les avantages de ce système. 4 Culture, l'ropagation par graines. t Les premiers ensemencements des graines qui ont été importées dans les Indes britanniques, ont eu lieu en février 18(H, et comme il n'existait pas de données certaines, les premières opérations ont été nécessairement expérimentales et, par suite, un certain nombre de semences ont été perdues parce qu'elles avaient été semées dans un sol trop compacte et présentant, ce qui a été démontré être un inconvénient (pour les graines de Cinchonas), un excès d'humidité. Le plus grand succès qui ait été obtenu dans les premiers essais s'est produit en employant un sol composé presque entièrement de terre calcinée dans laquelle près de 60 pour 100 de graines ont germé, la température de la Icrre étant maintenue au- dessus de 70 degrés Fahr. La période qui s'écoulait avant la germination, variait entre 02 et 68 jours. Une provision de graines consistant en graines des variétés du Cinchona condaminea ont fait des progrès plus satisfai- sants : ces graines ont été plantées le 11 février 1862 dans un sol très-léger, découvert, comi)osé d'un beau sable franche- ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 2/|5 ment feldspathiqiie, légèrement mélangé de terreau de feuilles. Comme l'expérience faite sui' les premières graines avait plei- nement indiqué que les Cinchonas soutiraient beaucoup d'un excès d'humidité, on avait apporté beaucoup de soin dans la préparation du sol de ce nouvel ensemencement. Le terreau de feuilles avait d'abord été exposé au soleil pendant deux ou trois jours, puis entièrement desséché : il était ensuite chaulîé à environ 212 degrés Fahr , ce qui avait pour but de détruire toutes les chrysalides ou larves d'insectes qu'il pouvait conte- nir ; après qu'on l'avait laissé refroidir, il était transporté dans l'endroit où s'exécutait la mise en pot et additionné d'une quan- tité d'eau suffisante poin^ le rendre humide, de m^anière toute- fois à obtenir un degré d'humectation, tel que les parcelles du terreau n'adhérassent pas entre elles lorsqu'on les serrait fortement dans les mains, c'est-à-dire que le terreau , posé à terre, devait être suflisamment sec pour se désagréger et se répandre sous la forme ordinaire. Le terreau de feuilles et le sable étaient mêlés ensemble à cet état d'humectation et les pots étaient remplis du mélange, en ayant soin de comprimer légèrement la surface, puis les graines y étaient semées et légèrement recouvertes d'une petite quantité de sable. Les pots étaient alors plongés dans des lits de sable humide sur un fond chauffé à environ 75 degrés Fahr. ; les pots n'étaient jamais arrosés dans le sens strict du mot; mais lorsque leur surface se séchait, ils étaient plutôt aspergés avec une petite seringue d'une quantité d'eau justement suffisante pour humecter la surface sans jamais pénétrer dans le sol et l'agréger. Les grai- nes soumises à ce traitement ont commencé très-sérieusement à germer le seizième jour après leur ensemencement et ont encore continué à germer, la condition principale étant de tenir le sol dans un état uniforme d'humectation, sans qu'il devienne jamais humide. Le moindre excès d'humectation occasionne la moisissure et le dépérissement des graines par milliers, tandis que, si les graines sont maintenues trop sèches, elles rôtissent. Aussitôt que les semences ont germé, les plants sont enlevés avec soin et repiqués dans de la terre fraîche pré- parée comme il a été décrit ci-dessus. Cette opération est très- '2!\Q SnCTÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. délicate : — les radicules soulevées avec soin hors du pot de germination sont transportées dans le nouveau pot et couvertes avec soin de terre, tandis que les lobes de la semence sont bien maintenus au-dessus de la surface; de cette manière, une quantité de 25 à 50 jeunes plants est transplantée dans un pot de cinq pouces et est alors traitée à tous égards de la même manière que les graines, c'est-à-dire que les pots ne sont jamais arrosés et que leur surface est plutôt aspergée avec une seringue, et que les pots sont plongés dans des lits de sable humide, comme il a été établi antérieurement, de manière à maintenir le sol à l'état moyen d'humidité dans lequel il était lorsqu'on l'a placé d'abord dans les pots. Ce soin est nécessaire pour préserver les semences du dépérissement auquel elles sont exposées lorsqu'elles sont traitées autrement : cela faci- lite aussi grandement le développement des graines et la for- mation des racines, la terre dans laiiuelle les graines sont placées étant si parfaitement meuble qu'elle est immédiate- ment affectée par l'action de l'atmosphère et se trouve ainsi maintenue dans la condition la plus convenable pour favoriser la végétation. Lorsqu'ils sont traités de cette manière, les jeunes plants éprouvent un développement moyen d'au-delà de 30 pouces en un an, tandis que quelques-unes des jeunes pousses qui avaient germé et s'étaient développées dans un sol compacte, n'avaient pas atteint la hauteur de 3 pouces dans la même période. Culture. Propagation par marcottes. Aussitôt que les plants importés et les jeunes pousses avaient atteint des dimensions suffisantes , on les propageait en les marcottant : les marcottes acquéraient sans peine des racines en six semaines ou deux mois environ, pour le moins ; les plants étant courbés à terre, celales amenait à se rompre, ou à projeter des racines de chaque bourgeon tout le long de la tige, et non-seulement ces bourgeons se développaient, mais il s'en développait quelques-uns qui étaient cachés , et une belle pousse de jeune bois se produisait par suite de la ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 247 réussite des marcolles et de la séparation des bourgeons. Chaque plant a été traité de cette manière dès qu'il a atteint des dimensions suffisantes, c'est-à-dire de 8 à 10 pouces en hau- teur jusqu'à ce qu'il y ait eu une provision d'environ 3000 plants par marcottage. , ■ : !, . Le mode de marcottage que nous avons adopté est quelque peu différent de celui qui est pratiqué ordinairement, parce que nous avons trouvé que la sève des Cinchonas auxquels on fait une incision, s'écoule si abondamment de la plaie que, si la partie incisée était placée simplement dans le sol, elle pour rait déterminer la moisissure et la pourriture. Pour y rem(î- dier, on place un fragment de brique parfaitement sec dans l'incision aussitôt qu'elle est faite : ce fragment de brique ab- sorbe la sève et empêche d'une manière efficace les effets mor- bides de se produire. Les marcottes, lorsqu'elles ont de bonnes racines, sont séparées du plant qui les a produites, enlevées du pot et main- tenues dans une atmosphère fermée pendant peu de jours jusqu'à ce qu'elles soient affermies. En séparant les marcottes, on doit prendre beaucoup de soin : en effet, si on les coupe avant que les racines aient atteint une bonne dimension et que les feuilles se soient bien développées, il est presque sûr que la souche ou le plant qui les a produites, périra. La raison en est que la sève coule bien dans le plant avec une égale vigueur, mais ne peut pas être élaborée à cause de réloignement des feuilles attachées à la marcotte et, par suite, elle fermente et détermine la production de la pourriture dans le plant qui a produit la marcotte. Ce fait est si marqué et si indubitable que, si nos arbres sont abattus à quelque moment que ce soit pour en détacher l'écorce, il n'y en a pas un sur dix qui sur- vive : ainsi apparaît la nécessité d'une autre méthode pour recueillir l'écorce. Culture. Propagation par boutures. Le but étant de produire le nombre le plus considérable possible de plants dans l'espace de temps le plus court possi- ble , l'attention a été tournée de bonne heure sur la repro- */|8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. duction des Cinchonas par IjoiUures ; sous ce rapport aussi, les premières opérations n'ont pas été couronnées du succès désiré. Il a été bientôt découvert que les boutures de vieux bois, ou plutôt d'un bois développé depuis ?> ou li mois, ne prenaient que difficilement racine, ayant besoin de 3 ou /i mois pour y arriver et que, fréquemment, elles dépérissaient. Il est devenu bientôt évident que le bois le plus jeune que l'on pût se procurer, était le plus convenable pour faire des boutures : en elfet, les jeunes pousses tendres, âgées de quinze jours ou de trois semaines, acquéraient des racines en un très-court espace de temps, la majorité de ces boutures étant invariable- ment pourvue de racines en un mois; il est toutefois difllicile de bien préciser les conditions dans lesquelles on doit opérer, et, pour être sûr du succès, il faut appliquer à l'opération une grande somme d'attention. Les boutures , lorsqu'elles sont faites , sont placées circu- lairement le long des parois internes du pot, la partie coupée de chacune étant fortement pressée sur un fragment de brique bien sec ou, comme cela a été fait plus tard, sont plantées dans de la poudre de brique. Chaque pot contient de 20 à 25 boutures, et aussitôt que les pots sont remplis, ils sont immé- diatement portés dans les châssis de propagation et plongés dans des lits de sable humide sur un fond qui présente une température d'environ 80 degrés Fahr. Les boutures sont alors surveillées avec soin et leurs feuilles aspergées au moyen d'une petite seringue, si l'atmosphère des châssis paraît sèche : elles ne sont cependant pas arrosées ; il est en effet tout à fait nécessaire de l'éviter pour assurer le succès de l'opération; en eflet, lorsque la terre est arrosée, cela détermine le dépérissement des boutures et le développe- ment des racines se trouve sérieusement retardé. La cause de ce phénomène ne paraît pas èlre seulement que les boutures souffrent d'un excès d'humidité ; mais lorsque le sol est arrosé à la manière ordinaire, après que les boutures ont été placées dans les pots, les parcelles du sol, par suite de leur expansion et de leur adhésion par l'action de l'humidité, sont forcées de se serrer les unes contre les autres, beaucoup trop pour que . ■.•'•■( ACCLTMATATION DES CINCIIONAS. 2/19 cela soit avantageux pour le développement des racines. Avec du bois jeune , les pertes en boutures n'atteignaient pas 3 pour 100. En séparant les boutures du plant qui leur sert de souche, un ou deux couples de feuilles et de bourgeons doivent, s'il est possible, être laissés entre le plant et la partie coupée ; cette précaution est prise dans le but de ne pas dimi- nuer les fournitures ultérieures de jeune bois, ce qui arrive- rait si la bouture était coupée trop prés de la branche dont on la sépare. Une autre circonstance à laquelle il est tout à fait nécessaire de faire attention, si l'on veut assurer le succès de l'opération, est d'avoir bien soin de placer chaque bouture dans le pot dès qu'elle est faite, avec son extrémité coupée placée sur une brique sèche ou dans de la poudre de brique; on doit y faire attention, parce que, dés que la branche destinée à faire une bouture est coupée, la sève commencée couler, et cette sève , si elle n'est pas absorbée immédiatement par la brique, détermine la moisissure et la pourriture. Lorsque les boutures sont placées dans les châssis , elles sont exposées à une quantité de lumière aussi grande qu'elles peuvent la sup- porter sans devenir pendantes. Ciilliire. Propagation par bourgeons. Les plants pouvaient aussi être et ont été en effet propagés avec succès au moyen de feuilles présentant un bourgeon attaché à leur base; et cette méthode olTrait des avantages considérables en donnant les moyens de produire un grand nombre de plants au moyen d'une quantité limitée de bois. Aussi M. Mac Ivor s'est-il décidé à tenter l'expérience, qui a été effectuée de la manière la plus satisfaisante. Tout le secret du succès dépend entièrement de la quantité d'humidité fournie : si l'humidité a été fournie en excès, le bourgeon pourrit immédiatement, même en un jour ; mais si l'on prend un soin suffisant, la perte ne doit pas dépasser 3 ou li pour 100, et cette hmite n'a pas été dépassée pour plusieurs milliers de plants qui ont été propagés de cette manière ; on obtient par cette méthode de beaux plants ressemblant à tous égards aux 250 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. plants vigoureux, sains, que l'on obtient par semis. La période nécessaire pour que les racines se forment , est presque la même dans toutes les espèces, variant de trois à six semaines. Il n'est pas indispensable qu'une feuille soit' attachée au bourgeon ; il ne peut cependant y avoir aucun doute que cela présente un grand avantage, bien que l'on ait fait pousser des racines à des bourgeons sans qu'aucune feuille y restât attachée. La méthode ordinaire qui est appliquée à la préparation du bourgeon, consiste à séparer l'extrémité des pousses par une incision ; la tige est ensuite coupée à peu près à la moitié de chaque entrenœud , fendue en contre-bas du centre et placée immédiatement dans le pot avec les précautions indiquées pour les autres modes de propagation; le bourgeon lui-même est recouvert d'une couche de sol d'environ un quart de pouce, tandis que la feuille fait naturellement saiUie au-dessus de la surface ; les pots sont alors plongés dans le sable humide et traités à tous égards comme cela a lieu pour les boutures. {La suite au prochain numéro.) \ n. EXTRAITS DES PROCÈS - VER BAUX DKS SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1868. Présidence de M. Drouyn de Lhuys, président. — Le procès-verbal est lu et adopté après qiielqups obser- vations de MM. Pigeaux et Ramel sur sa rédaction. , — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis : MM. AzEVEDO (Joaquim-Antonio de) , membre du Conseil de l'institut Fluminense d'agriculture, à Rio-Janeiro. Barbie du Bocage, à Paris. Berr (Lucien), négociant à Paris et à Rio-Janeiro. Fernandinâ (le comte de), à Paris. PiSANi (le comte Almorô III, Jean-Josepb), à Paris. Rodella (Fernandez), consul général du Chili , à Paris, — M. le comte df Fernandiiia adresse ses remercîments pour sa récente admission. — M. le Président fait connaître k la Société que le Conseil, sur la proposition de la Commission des récompenses, a décidé que : M. P. Dabry, consul de France à Hankéou (Chine), et M. Cléments Robert Markham, secrétaire de la Société de géo- graphie delà Grande-Bretagne, seraient proposés aux suffrages de l'Assemblée pour leur admission au nombre des membres honoraires de la Société, à titre de récompense pour les ser- vices éminents qu'ils ont rendus à notre œuvre. — Son Exe. M. le Ministre de l'agriculture et du commerce informe cpi'il vient de mettre à la disposition de la Société une médaille d'or, grand module, qui sera décernée à la Séance publique annuelle, — (Remercîments.) — M. le Directeur du Jardin du bois de Boulogne com- munique la noie suivante : « Un membre de la Société impé- riale d'acchmatation nous adresse les lignes suivantes : Permettez-moi, tandis que je vous écris, de vous citer une his- 252 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. toire de Canards qui n est pas sans valeur au point de vue de la domesticité des auimaux sauvages. Il y a trois ou quatre ans, lorsque j'habitais Dijon, je fis couver une famille de Canards sauvages qui me donna nombre de rejetons. Installée en liberté sur un bassin de mon jardin , ces oiseaux prospé- rèrent admirablement; de temps en temps ils prenaient leur essor pour courir le pays, mais rentraient exactement tous les soirs au logis. Une seconde génération, une troisième vinrent augmenter la famille, mais tous mes canards vécurent de la même vie , décimés de temps à autre pour les besoins de ma table. Admis à la retraite, je vins me fixer à 02 kilomètres de Dijon; comme vous le pensez bien, je n'oubliai pas mes canards, on les emballa dans des paniers et on les transporta dans la basse-cour de ma nouvelle résidence, ce qui ne leur convint que médiocrement, aussi leur premier soin fut-il d'aller chercher sur le Doubs ce qui leur manquait au château ! Mais ils avaient compté sans les braconniers ! la place bientôt ne fut plus tenable pour eux. Alors, ne consultant que leurs plus tendres souvenirs, ils résolurent de quitter le pays ingrat et inhospitalier où je les avais amenés , ils prirent leur vol et en quelques jours allèrent retrouver leurs anciens pénates sans se tromper de route et au grand étonnement des gens qui les reçurent. Je n'ajoute rien à ce fait qui m'a paru digne d'être signalé, si ce n'est que l'instinct des animaux même les plus sauvages n'est pas aussi ennemi de l'homme qu'on se plaît à le supposer. L'histoire de mes Canards est également celle d'une paire de Tourterelles qui est venue retrouver l'un de mes enfants de ma résidence à Dijon. » — M. le docteur Chavannes informe la Société que le dépar- tement du Commerce de la Confédération suisse vient de rece- voir une petite quantité d'œufs de Bombyx Yama-mai qui sont arrivés dans d'excellentes conditions, et qu'il pourra disposer de deux onces de ces œufs en faveur de la Société. — Remer- cmients. — M. Buisson adresse un rapport sur les éducations de Vers à soie qu'il a faites en 1867 avec les graines reçues de la Société. PROCÈS-VERBAUX. 253 — M. V. Chalel fait hommage d'une notice sur la maladie des Vers à soie et des Mûriers par un nouveau mofien préser- vatif à essayer, tme expérience nouvelle à faire. — Remer- dments. — M. Turrel demande que la Société se procure des plants ou des boutures d'une espèce de Grenade, de Madère, qui se vend en ce moment à Paris, et qui est remarquable par le vo- lume de ses grains, dans lesquels le pépin est avorté ou rudi- mentaire. Cette introduction serait une richesse pour nos jardiniers du Midi qui cultivent le Grenadier de Valence' infi- niment moins beau que celui signalé par M. Turrel. M. le Secrétaire dit qu'il a écrit à M. Sabin Berthelot pour le prier de procurer cette espèce à la Société. — Des remercîments pour les graines qui leur ont été en- voyées sont adressés par M. Planchon , M""' G. Delisse et la Société d'acclimatation de Nice. — M. Brierre (de Riez) adresse des Ignames de Chine à collet court, provenant de ses cultures. — Il est déposé sur le bureau un numéro du Courrier de Tarn-et- Garonne du 23 janvier 1868, qui renferme une notice de M. le docteur L. Rattier Sur T acclimatation du Tchou-ma dans le département de Tarn-et-Garonne. — M. Radiguet offre neuf tubercules de Pommes de terre Vêlez : « Elles proviennent de la province d'Antioquia (États- Unis), de Colombie (Terre-Chaude) ; voici ce qu'on m'en dit : ces Pommes de terre poussent naturellement sous ce climat torride, elles produisent beaucoup de tubercules de la meil- leure qualité et offrent un luxe extraordinaire de pampres ; quoique depuis plus de cinq ans la maladie ait attaqué toutes celles de Bogota {Tierra templada) , celles-ci ont résisté jus- qu'à présent. » — M. Nathaniel Wilson , de la Jamaïque, communique des renseignements sur les cultures de Cinchona qui existent dans cette île, et mentionne notamment le fait qu'un des pieds de Cincho7ia, existant actuellement à la .lamaïque, a atteint une hauteur de 18 pieds. Du reste, ces plantes s'acclimalent très- bien dans cette localité. > 25/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATÂTION. ■ — M. Edmond Goeze, inspecteur du Jardin royal de Coïmbre, transmet différents renseignements sur la végétation des colonies portugaises, et notamment sur la végétation de Goa et d'Angola. — Il est déposé sur le bureau : i° le Catalogue des Grawes du Jardin des Plantes de Toulouse^ 18(57; 2" le Catalogue des Piailles du Jardin botanique et d'acclimatation du gou- vernement à Pondicliéry, 1867. — M. le docteur Mége fait hommage d'une brochure : Essai sur les causes cjui ont retardé ou favorisé les progrès de la médecine depuis la plus haute aniiquité jusqu à notre épo- (pie, 1868. - (Remerciments). — M. le Président communique une lettre de M. Dabry qui lui annonce l'envoi de quatre caisses d'Oiseaux contenant deux Ho-Kg (mâle et femelle) , quatre Tragopans (mâles et femelles), huit Faisans vénérés (dont six mâles); en outre, M. Dabry annonce l'envoi d'une caisse renfermant un certain nombre de llacons remplis d'alcool dans lesquels sont conser- vées quarante-quatre espèces de poissons du Yang-lsée-Kiang. — M. le Président connnunique une autre lettre de M. Daliry qui lui anrionce l'envoi prochain de plusieurs Lophophores Drouyn de Lhuys, dont un ndssionnaire élève en ce moment plusieurs individus. — M. le Président annonce qu'un grand banquet de viande de cheval organisé par M. A. -S. Hicknell et présid<' par M. W. Forsyth, a eu lieu à Londres le 6 lévrier. Cent cinquante- quatre convives ont souscrit à ce banquet, que l'on peut con- sidérer comme ravant-coureur de Feutrée oflîcielle dans la consommation chez nos voisins du nouvel aliment. Le Comité central de propagation de la viande de cheval, à Paris, a adressé à M. le Président du bancjuet une médaille destinée à être remise à i\I. Bicknell au moment du dessert. — M. le Président donne lecture d'une lettre de M. E. Simon qui annonce le prochain envoi de Crocus de Chine qui lui ont été demandés pour la Société d'agriculture de Pithiviers : , n'avait à vrai dire opéré qu'en amateur. A cette époque, encouragé par le succès obtenu à l'Exposition luiiverselle, par les nombreuses médailles qui lui furent dé- cernées au nom de Sociétés agricoles et industrielles, et par l'accueil presque officiel lait en Belgique à son système, l'in- venteur prit le parti de l'appliquer sur une plus vaste échelle, et il est à souhaiter que le nouveau système permette de plus en plus d'utiliser le Maïs comme il mérite de l'être. Il M. Drouyn de Lhuys a donné dans son discours un aperçu de l'emploi que l'activité humaine fait de l'inqjortante grami- née qui nous occupe, a. A son abondance et à son bas prix, disait-il entre autres choses, le Maïs réunit des qualités émi- nemment nutritives. Il renferme une proportion d'azote cor- respondant à 12 centièmes et demi de gluten sec, proportion supérieure à celle qui caractérise les blés tendres de nos pays. >■ Et, en elfet, en cette matière, la première pensée qui doit préoccuper l'économie sociale, n'est-elle pas d'examiner le rôle que peut jouer le Maïs dans l'ahmentation des hommes? Après avoir lu l'opuscule où se trouve exposé le nouveau système de mouture, il nous paraît démontré que le Maïs peut, au moyen d'un mélange intelhgent, procurer aux consomma- teurs, et spécialement aux populations des campagnes, un pain nourrissant, tout aussi sain que le pain de méteil, et qui reviendrait à meilleur compte. Il est à propos de placer ici le tableau comparatif delà fabrication du pain avec la farine de pur froment d'une part, et de l'autre, avec la farine mélangée de 50 pour 100 de farine de Maïs. Yoici ce tableau, tel qu'il a été fait en J856 par M. Poucet, boulanger, à Paris : f'rix tle revient Je» lai'ines au cours ,,,,., (In jour. i' 1 kilogr. de farine (le froDienl piemièie qualil»', m produit en pain cuit ; 1,290 50,90 2° 500 grammes de farine de .Maïs, n°^ 1, 2, o et û, procédé 13etz-Pcnot , et 500 grammes de farine 2" SÉRIE, T. V. — Mai 1868. 20 306 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE DACGLIMÂTATION. Prix de revient des fiirines au cours du jour. kil. 0. de froment première qualité , produit en pain cuit l,/,/,5 .'|5,80 3" 500 grammes de farine de Maïs, n"" 5, 6 et 7, procédé Betz-Penot, et 500 grammes de farine de froment première qualité , produit en pain cuit l,/l/iO 45,77 k'^ 500 grammes de farine de Maïs du commerce passée au four, et 500 grammes de farine de fro- ment première qualité, produit en pain cuit. . . . 1,Z|36 Zi5 5° 500 grammes de farine de Maïs du commerce non passé au four, et 500 grammes de farine de froment première qualité, produit en pain cuil. . 1,/t25 hk Ainsi, la farine de Maïs mélangée avec la farine de Froment donne un rendement supérieur à celui de la farine de Fro- ment pure, tout en coûtant moins cher. La petite dilférence de prix entre les farines de Maïs fournoyées ou non fournoyées, se trouve rachetée par la supériorité du rendement et par la rpialité du pain. L'auteur du tahleau que nous venons de citer affirme qu'on pourrait « arriver à vendre en tout temps le kilogr. de pain à raison de 5 centimes et plus au-dessous du cours de taxe des mercuriales » . Les expériences faites à la boulangerie de l'hôpital Saint-Jean, à Eysingen, en Belgique, prouvent également l'économie que l'on peut attendre de la farine de Maïs. Le rapport constate que 8o'',03 de farine pro- venant de 100 kilogr. de Maïs ont donné i'2i kilogr. et demi de pain, soit un rendement de l/iO pour 100, supérieur de (3 pour 100 à celui de la farine de Froment pour pain de ménage. Il est vrai que le rapporteur attribue cette difiérenceàune absorp- tion d'eau plus grande par le Maïs que par le Froment ; mais il importe d'observer que pour rendre l'expérience plus méri- toire et plus décisive, on avait choisi du Maïs « de fort médio- cre qualité et mélangé de variétés blanches, jaunes et rouges, qui pesait un peu plus de 72 kilogr., tandis que la bonne qua- lité pèse 80 kilogr. l'hectoHli^? ». Ajoutons que les 83'', 03 de farine employés étaient absolument dégagés des issues grasses, pellicules et sons que la mouture ordinaire laisse dans la ^v DE LA MOUTURE ET DE l'eMPLOI DU MAÏS. 307 farine avec tous les inconvénients et dangers qui en dérivent. La pâtisserie n'a pas moins à gagner que la boulangerie à l'emploi de la farine de Maïs. Plusieurs boulangers et pâtis- siers de Paris, dontles noms ligurentdans les comptes rendus, fabriquent avec cette farine du pain de luxe « d'un aspect doré fort appétissant » , des biscuits excellents qui ont l'avan- tage de se conserver indéfiniment, et les chiffres prouvent qu'avec la farine de Maïs du commerce les mêmes résultats ne sauraient être obtenus. Les gâteaux pour le Thé et pour le dessert, les petits fours fabriqués avec la farine perfectionnée de Maïs, ne le cèdent guère aux produits similaires fabriqués avec la farine de Froment. Ainsi le Maïs employé sous forme de farine cuite ou de gruau, sous forme de gaudes, &e.polenia ou de farre, peut désormais, d'après les nouveaux procédés, être utilisé plus largement dans la boulangerie et la pâtisserie. Mais nous n'avons pas dit encore toutes les ressources cachées dans les graines du Maïs. Les farines employées dans les mêmes conditions que les Semoules et les Vermicelles produisent des eifets identiques. Elles fournissent des potages de la plus grande légèreté. M. le docteur Bertherand expose dans un Mémoire que les Semoules de Maïs, soit en potage, soit en crème, produisent le meilleur eliet sur les convalescents. D'autres documents affirment que la farine perfectionnée du Maïs est l'aliment le plus léger que puisse supporter un estomac malade ou fatigué, et remplace avantageusement les Semoules de Riz. Le Maïs mal préparé, cause de maladie, devient donc à l'aide de meilleurs pro- cédés une sorte de moyen curatif. Nous devons faire remar- quer que l'économie, ici encore, est grande, puisque les Semoules perfectionnées de Maïs ne reviennent qu'à 20 cen- times la livre, tandis que les Semoules de Piiz reviennent à /lO centimes. On peut également substituer la farine de Maïs à la farine de Froment dans la fabrication du chocolat, et les expériences faites par une maison de Paris ont pleinement réussi. Enfin, souvenons-nous qu'une matière, nuisible à l'estomac de l'homme, peut être un excellent aliment pour les animaux. 308 SUlIÉTÊ iMPÉKiÂLL ZoOLOIj-IQUÊ D ACCLlMATATIUiN. Envisagé sons cet aspect, le Maïs estd'nne ntilité depnis long- temps reconnne, mais la mouture perlectionnéc sait extraire de la céréale tout ce qui peut servir à l'alimentation humaine, et ne jette que le superflu, c'est-à-dire (pie les téguments, les issues grasses, le son, les matières résinoïdes, les tissus vas- culaires, en un mot tous les débris, en pâture aux animaux, notamment aux Pigeons et aux magnifiques volailles de la Bresse. ' La farine de Maïs est employée généralement de la manière la plus avantageuse pour l'engraissement des bestiaux. L'ali- mentation des Veaux par une addition de farine de Maïs est cependant de date récente, et c'est encore à l'inventeur de la nouvelle mouture que l'économie agricole doit cet important progrès. Nous avons sous les yeux une brochure où se trou- vent consignées dans des rapports officiels auxquels nous devons laisser d'ailleurs toute leur responsabilité, les expé- riences faites par M. Betz-Penot. Depuis l'établissement des chemins de fer, un sait qu'une immense quantité des produits des champs est dirigée sur Paris, et, sans contredit, le lait et le beurre sont ceux de ces produits que le marché parisien attire le plus. Nous en pou- vons juger nous-mêmes dans une petite ville, à trente-cinq lieues de Paris, d'où l'on expédie tous les soirs le lail par cen- taines d'hectolitres, et où chaque samedi les beurriers de Paris viennent enlever les produits de tous les environs. Quelques propriétaires et cultivateurs se i)laignent de ce dé- placement naturel du marché, dû à l'amélioration des voies de transport, qui se fait, disent-ils, au grand détriment de l'alimentation des hommes et des animaux de la contn'îe. Ils ne songent pas que si les producteurs des campagnes vont rechercher les consommateurs parisiens, c'est qu'a})parem- iiicnt les uns et les autres y rencontrent leur avantage ; ils oublient que l'activité humaine ne reste jamais en repos, el ({u'un progrès devient ordinairement le signal d'un autre pro- grès. Comme beaucoup de propriétaires, M. Betz-Penot s'est préoccupé du préjudice causé par l'exportation du lait à l'ali- mentation des bestiaux, et surtout à l'élevage des veaux gras; DE LA MOUTURE ET DE l'eMPLOI DU MAÏS. 309 mais au lieu de lutter en |)ure perte contre la concurrence du marché de Paris, il a cherché le moyen de remplacer le pro- duit qui lui échappait par un produit d'une autre nature. Il a songé à tirer parti de la iarine de Maïs. « L'expérience a prouvé, (lit-il, dans une notice répandue gratuitement chez les cultivateurs, que le Maïs mélangé au lait peut être donné vers la fin du premier mois, en commençant par 250 gram- mes, pendant les premiers jours, puis oOO grammes jusqu'à la fin du mois; dans le mois suivant on emploiera 750 gram- mes, en ménageant également les premiers jours ; toutefois un veau d'une force extraordinaire pourrait absorber jusqu'à un kilogramme par jour. Les quantités de Maïs indiquées pour chaque âge et par jour seront divisées par moitié ou par tiers, selon le nombre de repas. » Si nous en croyons les rapports des Commissions agricoles, le résultat de cette méthode serait un élevage plus économi- que, un engraissement plus précoce, une qualité supérieure de la chair et de la graisse. M. Mignon, membre du Comice des arrondissements de Melun et de Fontainebleau, a été chargé du rapport de la Commission déléguée pour étudier le nouveau système d'alimentation proposé par l'honorable propriétaire. Nous reproduisons ici, car elle peut être utile aux éleveurs, l'une des nombreuses expériences dont il est fait mention. (( Le veau, sujet de l'expérience, est né dans l'après-midi du 3 janvier 1S6t5, il a dépensé : Du k au 10 (7 jouis, moyenne 5 titres) o5' » Du J 1 au ■] 5 (7 jours, moyenne 8 litres) 5fi » Du 16 au 25 (10 jours, moyenne 8 litres) 80 )> Du 20 janvier au 3 février (9 jours, moyenne 8 litr.). 72 « \ cette date, 26 janvier, fut commencée Fadclition de farine de Maïs, et jusqu'au 3 février il fut con- sommé. Mais 350 grammes en moyenne S'', 150 Du Zi février au 10 (7 jours, moyenne 10 litres). ... 70 » Maïs, 350 grammes 2 450 \ l)artir du Zi février jusqu'au 20 mars exclusivement, la proportion de lait ne change point, mais du A reporter. . . 313' 5^600 310 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'ACCLTMATATION. Report. . 313' 5'',600 11 février au 20 mars la ration de Maïs fut de 500 grammes par jour : Lait !... 270 Maïs ...: 18 500 Total 583' 2/i",100 « Ce qui représente une valeur de : Lait 58 fr. 30 Maïs 12 05 Valeur du veau à sa naissance 25 » Total 95 fr. 35 » Ce même veau, qui pesait 55 kilogr. le 25 janvier, 87 kilogr. le 23 février, pesait le 20 mars, jour où il tut livré à la bou- cherie, 106 kilogr., produisant, viande nette, 70 kilogr. ; plus de 66 pour 100. » Si l'on n'eût fait sacrifier ce veau par le boucher, pour être à même de mieux se rendre compte, on eût pu, en raison de la qualité, vendre ce veau 2 fr. le kilogr. » Voyons ce qu'a dépensé un pareil veau, nourri exclusive- ment au lait : pour 76 jours, il a bu 18 litres en moyenne par jour, soit 1 368 litres, représentant une valeur de 136 l'r. 80 c.» qui, joints à 25 fr., valeur du veau à sa naissance, donnent le chilïre de 161 fr. 80 c. Le premier a coûté 95 fr. 35 Le second a coïité 161 80 Différence en faveur du veau de Mais. 66 fi". /t5 » D'une part, le lait n'aura produit que 7 centimes le litre, tandis que de l'autre il aura rapporté à l'éleveur 18 centimes le litre. De l'aveu d'un grand noiubre d'éleveurs habi- tués à se rendre compte, 7 centimes serait le prix maximum du litre de lait employé à la nourriture des veaux. » L'économie de l'élevage est donc un fait incontestable. Le rapport de la Commission du Comice relate également la qua- lité de la chair du veau nourri de Maïs et ajoute, comiue un fait prouvé par l'expérience, que la viande conserve sa frai- DE LA MOUTURE ET DE l'eMPLOI DU MAIS. 311 cheur pendant un temps très-long, (( même jusqu'au neuvième jour par les temps les plus contraires » . Une autre Société, l'Académie nationale agricole, s'est, à son tour, occupée de la révolution opérée dans l'alimentation des bestiaux, car le système s'applique également à l'élevage des moutons et des porcs. Le Maïs a la propriété de donner une grande fermeté au lard et à la graisse de ces derniers animaux, et le rapport affirme qu'on peut préconiser cette alimentation comme propre à prévenir la trichinose. M. Aymar-Bression, organe de la Commission, s'exprime ainsi : « Des veaux de trois ou quatre mois, qui avaient con- sommé par jour environ un kilogr. de Maïs mêlé au lait, étaient arrivés à un développement prodigieux, leur viande était d'un grain comme on en rencontre rarement, et d'une saveur à faire tomber le reproche fait toujours à la viande de veau d'être fade, résultat d'autant plus remarquable, qu'à tous ces avantages se joint une notable économie, puisqu'avec la dépense faite actuellement pour élever deux veaux, on peut en élever trois... » Mais nous n'avons parlé jusqu'ici que des ressources dépo- sées parla Providence dans le grain du Maïs. Il nous reste à rechercher en peu de mots l'utilité qu'on peut tirer de la plante tout entière, car nous l'avons déjà dit, M. Betz-Penot, après bien d'autres, du reste, s'est efforcé d'en ajouter les moindres fibres à la richesse sociale. Sur sept variétés qu'il a cultivées, deux espèces de gros Maïs jaune et blanc ont donné plus de grains et plus de tiges que les cinq autres. Cependant ces dernières ont aussi leurs avantages et viennent plus facilement dans un terrain sablo- neux. Peut-être y aurait-il dans la culture plus usitée du Maïs tout un avenir pour certaines contrées de la France. Plusieurs agriculteurs de Sologne l'ont pratiquée avec succès, mais sur une petite échelle, et il est à désirer que l'exemple donné par le département des Landes soit suivi par les pro- priétaires possédant de vastes espaces de terrain de médiocre qualité. L'expérience prouve qu'on peut récolter, sur un sol nouvellement assaini, 00 hectolitres par hectare. Le grain récolté, dans ces conditions, pesait 115 ou J20 kilogr. l'hecto- 312 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQITF, p'aCCLIMATATIOX. litre et demi et produisait en semoules et farines de 80' à 90 |)our 100. Le tiers des frais de culture était couvert par le profit des drageons que l'on sépare de la tige et qui fournissent pour les vaches un excellent fourrage, ayant une influence très-salu- taire sur le lait et le beurre. La feuille qui recouvre l'épi sert à faire de très-bonnes paillasses. Or, un hectare produisant /lOO kilogr. de feuilles d'épi bien sèches à 10 centimes le kilogr. c'est encore AO fr. venant en déduction des frais de culture. L'honorable agriculteur de Seine-et-Marne a voulu d'ailleurs se rendre un compte rigoureusement exacl de c(ï qu'on pour- rait faire des feuilles sèches. Il a divisé ces résidus en cinq parties : la racine, la tige, le papeton, les feuilles qui recou- vrent l'épi, la feuille des tiges. Chaque division brûlée séparé- ment a donné des quantités diverses de cendres, qui soumises ;'i l'analyse d'un habile chimiste, M. .lacquelain, professeurs l'École centrale, ont fourni de notables parties d'alcali, de soude et de potasse. Nous sommes heureux de pouvoir faire connaître tous ces résultats imporlants constatés, on le voit, par plusieurs Sociétés agricoles dont nous ne faisons ici que résumer les expériences. \)\i Maïs aux autres farineux il n'y a qu'un pas. M. Betz- Penol l'a franchi en appliquant sa méthode de mouture aux Haricots, Pois-Chiches, Lentihes, et surtout au Sarrasin. Deux rapports présentés l'un à la Société d' eucourayeineiit pour /' litdn^lrie mitioiiale, l'autre â la Société d' agriculture de Caen, et une étude chimique, atiestent de nouveau avec quelle heu- reuse patience M. Betz-Penot s'est voué à l'amélioralion des procédés de la routine. 111 Il serait suijj^iflu de ré[iéter ici, après lous les auteurs, les ;iulres ressources renfermées dans le Maïs. i)n sait que les Américains du Sud en lir(^ntune bière excellente, de l'eau-de- vie, du sucre même, et M. Di-ouyn de Lhuys nous rappelait qu'en France, à Toulouse, luie fabrique en avait produit 100 000 kilogr., en 1859. En 1S60, M. Aloys Auer, directeur ,|o l'imprimerie inq^érialc de Vienne, a découvert le moyen DE LA MOUTURE ET DE L'EMrUOl DU MAÏS. ;11 3 d'extraire de la lige du Maïs une nialière textile, susceptible de recevoir une foule d'applications. Enfin, une compagnie indus- trielle vient de se constituer, qui utilise les papetons ou rafles du Maïs d'une façon toute particulière. L'épi dégarni de son grain est roulé dans la résine qui pénètre les alvéoles vides, et la Société de^ alhimHtes landaises o\)\\Q\\\à(:^ ^\\\\\w- feux qui offrent, paraît-il, 50 pour 100 d'économie sur le petit bois et les autres allume-feux. En terminant, faisons des vœux pour que le Maïs s'accli- mate de plus en plus en France et en Europe, et pour que sa culture se répande dans toutes les contrées du globe. Sou- haitons que le système de mouture perfectionnée soit bientôt en faveur, pour le plus grand bien de l'humanité, et spéciale- ment des habitants de la campagne, auquel le Maïs otïrirail une alimentation saine et économique. Ne devons-nous pas saluer ce progrès et faire de tels vœux, au moment où la famine, la vraie famine, ce fléau dos anciens jours qu'on croyait à jamais disparu, décime les po- pulations en Algérie, et sévit, il faut le dire, sur plusieurs points de l'Europe civilisée. La presse est pleine de détails navrants. 11 y a quelques jours, n'écrivait-on pas que dans certaines contrées de l'Algérie, les Arabes ne se contenlani plus de u fouiller le fumier des fermes pour en extraire quelques grains d'orge mal digérés par les chevaux », se li- vraient à l'anthropophagie? La réhabilitatioïi du Maïs vient donc à son heure, cl nous avons toute raison de penser que les conseils d'hommes prati- ques tels que celui dont les Sociétés et Comices agricoles onl apprécié les travaux, seront écoutés et recueillis. Ainsi marche le progrès du bien-être. En imposant ;'t l'homme la loi du travail et en hii prédisant qu'il mangerail son pain a à la sueur de son front ^', Dieu ne lui a pas interdit d'abréger son travail et ses peines, de manger son pain au meilleur marché possible. Tel est le noble bul que jioursui- vent les sciences économiques et sociales qu'on ne saurait trop préconiser et répandre, et dont les utiles théories tinis- senl à la longue pnr passer presque toutes dans la pratique. DE L'INTRODUCTION ET DE L'ACCLIMATATION DES CINCHONAS DANS LES INDES NÉERLANDAISES ET DANS LES INDES BRITANNIQUES, Par IVII». J. L. SOUBEIRAI>! et itugustln DELOIVDRE. (Suite.) Cullure à l'ombie d'arbres vivants. Des tentatives avaient été faites, pour imposer au gouver- nement l'entière adoption de ce système, par des savants qui avaient visité et conduit les plantations de Java. Ce système semble avoir été adopté par suite d'un manque de discerne- ment entre les conditions qui, dans l'état de nature, sont avan- tageuses et celles qui sont fâcheuses, de là une imitation servile de ce qui a été décrit comme étant les conditions naturelles dans lesquelles il faut nécessairement que les plants poussent dans leurs localités originaires, dans les Andes. En culture, cette imitation absolue de toutes les conditions natu- relles dans lesquelles il faut nécessairement que les plants poussent à l'état sauvage, a conduit invariablement à de mau- vais résultats; cela doit du i^este nécessairement avoir lieu, puisque la théorie tout entière de la culture réside dans le système très-simple de fournir aux plants seulement les con- ditions qui peuvent les conduire à leur pariait développement, et d'éviter ou de mitiger au plus haut degré qu'il soit possible les conditions qui sont fâcheuses. Pour en donner un exemple nous rappellerons que : lorsqu'on a essayé la culture du café à Ceylan et dans le Wynaad, un grand nombre de personnes intelligentes et entreprenantes ont imité la nature sous ce rapport et ont planté leurs caféiers à l'ombre ; après huit ou dix ans, on a découvert qu'on ne pouvait dans de pareilles conditions obtenir aucun rendement quelconque, et après que cette somme de temps eut été perdue, que l'argent eut été ACCLIMATATION DES CINCHONÂS. 3d5 dépensé, et que les espérances eurent été déçues, il fallut recommencer et abattre la totalité de l'ombrage de manière à aller jusqu'à la presque entière destruction de la plantation ; aussi, bien que M. Mac Ivor ait été soumis à de nombreuses critiques en recommandant une marche différente, il aurait donné prise à des critiques bien plus sérieuses s'il n'eût pas agi comme il l'a fait. M. Mac Ivor prit d'abord ses dispositions pour planter 75 acres de plants de Cinchonas de manière à les exposer à différents degrés d'ombre fournie par des arbres d'essence forestière; mais, parmi les acres ainsi plantées, un petit nom- bre seulement devaient être placés sous une ombre épaisse, parce que l'expérience avait appris que, dans de telles condi- tions, les plants de Cinchonas ne pouvaient pas fleurir. La principale cause de ce qui arrive en pareil cas est que les racines des arbres d'essence forestière remplissent immédia- tement les trous dans lesquels les plants de Cinchonas ont été placés et les privent ainsi de nourriture à leurs racines, tandis qu'ils sont étouffés à leur partie supérieure par le manque de lumière et d'air. La formation des alcaloïdes ne peut pas non plus se produire jusqu'à ce que les plants de Cinchonas aient dépassé le sommet des arbres d'essence forestière et aient vu leurs têtes s'épanouir en plein soleil afin de devenir ainsi par- faitement aptes à élaborer leurs sucs, et comme cela exige une période de quarante à soixante ans et la nécessité de la des- truction de la plantation pour obtenir le produit, même après ce laps de temps, il ne paraît nullement désirable de suivre ce système. Culture à ciel ouvert. Plusieurs plants de différentes espèces de Cinchonas avaient été plantés dans différentes conditions, afin de vérifier par l'expérience quel serait le meilleur système de culture à suivre. Ces plants ont été surveillés avec soin et traités à tous égards de la même manière, et le résultat de l'observation successive de leur développement a été que les plants , placés en dehors de la protection de toute ombre d'arbres M(\ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.IQUE d'aCCLÎMATATION. vivants, ont fait les progrès les plus satisfaisants et ont sup- porté la sécheresse et le froid sans en avoir ressenti rien de fâcheux. Il a été reconnu que les plants, placés sous la pro- tection de l'omhre d'arbres vivants, avaient été endommagés à un certain degré pendant les pluies, par les gouttes qui lombent continuellement; toutefois, lorsque le temps s'est éclairci, ils ont fourni de nouvelles feuilles et se sont relevés rapidement; mais, vers la lin de la saison sèche, ces plants souffraient considérablement de la sécheresse ; on en a dé- terré un petit nombre, et Ton a constaté que les trous dans lesquels ils avaient été placés, avaient été remplis par les fibres des racines des arbres d'essence forestière qui se trou- vaient dans le voisinage, qui avaient attiré à elles la totalil/' de l'humidité et de la partie nutritive du sol dans lequel ils étaient plantés. Le développement moyen des plants exposés à l'ombre, de la fin de septembre 18(51 au ili mai 1862, a été d'environ .'i pouces. En examinant les plants qui avaient été placés à ciel ouvert et sans aucune ombre quelconque d'arbres vivants, on a vu d'abord que, avec les jeunes plants, on avait à combattre les mauvais eftéts d'une évaporation excessive, durant la saison sèche, sous un soleil éclatant et brûlant ; de plus, une action lâcheuse était également exercée sur les plants par l'excès de la radiation durant les nuits brillantes et sans nuages. Pour obvier à ces désavantages, les plants étaient protégés, à l'ap- proche de la saison sèche, par une clôture grossière de bran- ches de bambous, à laquelle les feuilles étaient restées adhé- rentes, de manière à fournir aux plants un al)ri suffisant, à la fois contre les etléts de l'évaporation et de la radiation : Plus tard, cet abri grossier fut remplacé par un abri façonné, une sorte de cylindre fabriqué de la même manière que les paniers, (lomme addition à cet ombrage de branches de bambous, le sol, à Tentour des racines des jeunes plants de Cinchonas, était couvert d'une couche, d'un ou deux pouces d'épaisseur, de feuilles à moitié pourries; les plants, ainsi traités, présentaient une très-grande exubérance de dévelop- « ACGLiMÂTATiOiN DES CINGHOJNAS. 3 I "z pemeiit, qui n'a été dépassé par aucun des plants qui se trou- vaient dans les serres de propagation. Pour déterminer avec exactitude la cause de cette exubérance de développement, on a examiné un petit nombre de plants à la tin de la saison sèche, cl l'on a trouvé que le sol était parfaitement humide <•(, ([ue des milliers de jeunes racines d'une <;rande vigueur avaient pénétré dans la couche de feuilles mortes. Ce résultat, vraiment très-satisfaisant, met hors de dont*; que les plants de tlinchona se développent bien dans la cul- ture à ciel ouvert. Cette opinion est, du reste, fondée sur des observations faites sur plusieurs milliers de plants placés dans les pépinières en décembre dernier; une portion des pépi- nières était restée partiellement ombragée par des arbres vivants, tandis que d'autres portions étaient restées entière- ment découvertes; à la fin de mars, les plants ombragés pai' des arbres vivants avaient à peine fait quelques progrès, tan- dis que ceux qui avaient été placés dans la partie découverte de la pépinière avaient atteint un déveloi)pement de plus fl'un pied. Du reste, lorsqu'on étudie avec attention les relations des divers voyageurs qui ont visité la région des Cinchonas, on voit qu'un grand nombre d'entre eux sont d'une opinion conforme à celle de M. Mac Ivor, et l'opinion favorable de sa- vants aussi expérimentés (jue MM. Karsten, Howard, Wcddell* Markham,'Spruce, Cross, etc., devait encourager et encouragea heureusement, en eifet, avec raison, M. Mac Ivor à persister dans son opinion, que, du reste, les faits eux-mêmes rlémou- trèrent si exacte. Cullm-e. Aperçu du syslème adopte. Le principe de la culture à ciel ouvert a donc paru devoir être suivi seul, et a été en effet suivi dans les plantations di- rigées par M. Mac Ivor. Les avantages de la culture à ciel ouvert sont tels qu'ils ne peuvent manquer de faire passer la conviction dans l'esprit de tout homme qui donnera à ce sujet un moment de sérieuse considération, en ce que ce système met tout de suite à même 318 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGlyUE d'ACCLIMATATION. de placer les plants dans les conditions les plus favorables pour déterminer leur développement. Le sol n'est pas appau- vri par les racines des arbres voisins ; les plants ne peuvent pas souffrir de la chute incessante de gouttes d'eau, ni des effets de l'évaporation ou de la radiation, puisque l'ombrage de végétaux morts ou d'un autre abri leur procure, sous ce rapport, une protection plus efficace et plus certaine que celle qui pourrait être fournie par un ombrage quelconque d'arbres vivants; en même temps, ce système, au lieu d'appauvrir le sol, l'enrichit; il possède aussi l'avantage incomparable de pouvoir être adapté exactement, de manière à s'accommoder aux saisons. Dans un temps humide, lorsque l'ombre serait manifestement nuisible, en déterminant le développement des champignons et en causant la production de la pourriture, l'abri qui donne de l'ombrage peut être enlevé ; tandis que, dans la saison sèche, il peut être augmenté dans la propor- tion nécessaire. Ce système nous met en outre tout de suite à même de placer les plants dans les conditions les plus favo- rables pour le développement des alcaloïdes. L'ombrage arti- ficiel, cela va sans dire, est nécessaire jusqu'à ce que les plants aient atteint une dimension suffisante pour couvrir le sol, ce qui nécessite un certain temps. Tel est le système qui fut proposé dès le premier moment par M. Mac Ivor, et qui, tout en subissant quelques modifica- tions de détail, est encore suivi dans les plantations dirigées par cet habile praticien (1). Développements successifs de la culture des CincJionas dans les Neilgheiries. — Par une ordonnance du gouverne- ment du 3 juillet, M. Mac'Ivor avait été chargé de la direction de la culture des Cinchonas dans les JNeilgherries : MM. G. Bat- cock et Lyall furent successivement mis sous ses ordres pour l'aider dans ses opérations. (1) Ceux qui voudraient connaître tous ces tlrlaiis peuvent consulter les deux Blue Book, pui)liés en 186o et 1866 par le gouvernement anglais, et les différentes publications de M\l. JVlarkhaniel Mac Jvor sur la question qui nous occupe. Nous n'en ferons ressortir ici que quelques points saillants. ACCI.J.VIATATION DES CINCHONAS. 319 A la date du 31 août 186"2, le nombre des plants de Cin- chonas qui, le 30 avril 1862, était de trente et un mille quatre cent quatre-vingt-quinze, s'était élevé, dans les plantations diverses des Neilgherries , à soixante-douze mille cinq cent soixante-huit plants répartis de la manière suivante : Cinchoua succiriiljra 30,150 — calisaya 1,050 — condaminea, var. Uritusinga M — condaminea, var. Chaharguera. . ^0,030 — condaminea, var. crespilla ..... 2 36 — lancifolia 1 . — nitida 8,500 — d'espèce innommée 2,Zi/i0 micrantha 7,Zi00 — peruviana 2,295 — pahudiana Zl25 72,568. La plantation de Dodabetta avait plus de 60 acres, dont 15 étaient déjà occupées, tandis que hb autres étaient à difté- rents degrés de préparation. Le site de Neddiwattum comprenait 150 acres dont 21 avaient été plantées : le reste était préparé à un degré plus ou moins avancé. A partir de cette époque , le nombre des plants augmenle rapidement ; de nouvelles plantations sont créées aussitôt que le besoin s'en fait sentir, ainsi que le constatent les rapports annuels et mensuels de M. Mac Ivor. Le 30 avril 186Zi, le nombre total des plants était de trois cent cinquante et un mille cent vingt-cinq, qui étaient répartis entre les serres et les pépinières d'élevage, les plantations de Doda- betta, celles de Neddiwattum et celles de Pykara; en même temps, une plantation commençait à être disposée à Mallah Koondah. D'après l'expérience acquise dans les Neilgherries, les alti- tudes les plus convenables paraissent y être , Pour le Cinchona succirubra 3000 à 6000 pieds, bien qu'il pan'il devoir pousser le mieux à une altitude de Zi500 à 6000 pied.s. 330 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGlQ'ut 1) AliGLlMÂTÀTloN. Oinchona calisay a (environ). 6000 pieds. -': — periiviana \ nilida ' ^^^^ pieds el, dans les localités abii- — nncranllia. '.'.'.'. \ '^''' «^OO pieds. — officinalisetsesvar. 7000 à 8500 pieds. — lancil'olia 7600, d'après un essai l'ail sur deux plantes seulement. ])n reste l'industrie privée ne tarda pas à entreprendre la culture des Cinchonas, ainsi que le constate le rapport de M. Mac Ivor pour 1863-186/i. D'après ce rapport, différentes améliorations furent appor- tées dans les détails du système de culture, en même temps que les principes sur les(piels rensemble du système s'ap- puyait étaient confirmés de plus en plus par l'expérience ; c'est ainsi que, dans les serres de propagation, une couche de mousse était disposée pour protéger les racines lorsqu'on enlevait ultérieurement les Cinchonas pour les transporter dans les pépinières. En outre, pour transjtorter les jeunes pieds des pépinières dans les plantations, on organisait des boîtes qui contenaient mille à deux mille plants séparés par des couches de mousse et placés dans une position presque horizontale. Chaque boîte était munie d'un couvercle maintenu à environ deux pouces de la boîte par des barres transversales, en sorte que les plants étaient protégés contre les ardeurs du soleil et que, cependant, la libre circulation de l'air était assurée. Nous ne pouvons pas entrer dans tous les détails des pré- cautions vraiment pleines d'à-propos adoptées par M. W. C. Mac Ivor pour assurer le succès de l'entreprise. Nous avons voulu indiquer seulement par ce qui précède les soins minu- tieux que M. Mac Ivor attachait à l'exécution de la tâche qui lui avait été confiée. Le rapport de cet éminent praticien pour 18(5ù-1865 a constaté encore de nouveaux progrès. Le 1" mai 1865 , le nombre total des plants était, d'après ce rapport, de cinq cent cinquante-huit mille cent cinq dans lesquels n'étaient pas compris soixante-dix-huit mille six cent douze plants délivrés à diverses personnes. ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 351 Le nombre d'acres qui, jusqu'alors, avaient été garnies de plants de Ginchonas, était de cinq cent sept, savoir : Dans les plantations de Neddiwattum 584 — de Pykara 71 — de Dodabetta 152 807 Les plants les plus âgés, qui avaient été plantés en août 1862, avaient huit à douze pieds de hauteur et sept à treize pouces de circonférence à une hauteur de seize pouces au-dessus du sol; ils étaient bien fournis de feuilles latérales et paraissaient vigoureux. Déplus, l'analyse chimique del'écorce y indiquait un accroissement de la quantité d'alcaloïde. M. Mac Ivor ne s'était pas du reste appliqué seulement à augmenter le nombre des plants des Ginchonas ; il avait cher- ché si, par une culture intelligente, il ne pouvait pas augmenter le rendement et par suite la valeur commerciale des Ginchonas. G'est ainsi qu'il fut conduit à étudier l'influence de l'exposition sur le rendement de l'écorce, et qu'il fut amené à recouvrir de mousse l'écorce tant du tronc que des branches des Ginchonas vivants. Le moussage des Ginchonas présente d'abord l'avantage de permettre le renouvellement rapide de l'écorce que l'on a enlevée comme on enlèverait le liège du Ghéne-liége, sans abattre l'arbre ni le faire périr. De plus, le moussage détermine une augmentation de l'épaisseur et du poids de l'écorce et un accroissement de la teneur en alcaloïdes. L'accroissement de la teneur en alcaloïdes a été vérifié à plusieurs reprises par MM. Howard et Broughton ainsi que par M. de Vry. Un fait signalé tant par M. Howard que par M. de Vry mérite assuré- ment d'être mentionné, c'est que dans les écorces provenant desNeilgherries, et surtout dans les écorces des Ginchonas sou- mis au moussage, les alcaloïdes se trouvent à un plus grand état de pureté que dans les écorces provenant d'Amérique. Du reste, les avantages du moussage sont sortis de la période expérimentale ; le gouvernement anglais, après avoir vérifié les faits avancés par M. Mac Ivor, a ordonné l'application de 2^ SÉRIE, T. V. - Mai 1868. 21 S'i"^. SOCIÉTÉ IMPÉRUIE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. ce procédé dans les plantations des Neilgherries. Ce procédé, appliqué au Cinchonapahudiana^ a donné notamment de très- heureux résultats. Des renseignements récents nous ont du reste appris que les progrès de la culture des Ginchonas dans les Neilgherries ont toujours continué, et qu'il y existe actuehement des plan- tations considérahles de Cinchona, et que déjà l'exploitation en a été commencée ; le marché de Londres a en effet reçu, dans le cours de 1867, des écorces de Cinchona provenant des plantations du gouvernement britannique dans les Neilgherries. Le succès le plus complet a donc couronné l'entreprise ; mais, bien que les résultats obtenus dans les Neilgherries soient vraiment hors ligne et assignent à M. Mac Ivor une place toute spéciale à côté de l'initiateur, M. Cl. R. Markliam, nous devons reconnaître que la réussite a couronné également les tentatives faites par les Anglais pour acchmater les Cinchonas sur d'autres points, tant dans leurs colonies des Indes que dans leurs autres colonies. Pour bien faire apprécier l'importance de l'œuvre accomplie par M. Markham, nous devons passer en revue ces diverses tentatives, et nous verrons que, si les cul- tures gouvernementales se sont développées sur une grande échelle, les cultures privées ont fait aussi des progrès. Dans les Neilgherries mêmes, l'industrie privée n'a pas tardé à s'occuper de la culture des Cinchonas, môme sur une assez large échelle, ainsi que le constatent le rapport de M. Mac Ivor pour J 864-1865 et différentes lettres de M. Markham, pendant ses inspections des plantations de Ginchonas. Nous citerons notamment l'étabhssement de M. Morgan pour propager les plants de Cinchonas, et les diverses planta- tions organisées par M. Money dans le Deva-Shollah, la plus vaste forêt des Neilgherries; par le colonel Fyers dans les Koondah, par le colonel Denison et le capitaine Jennings, près" d'Ootacamund ; par la Carnatic Company au-dessus de Neddi- vvattum, par le colonel Scott à Mailloor, par M. Grove et par M. Morgan près des Cataractes, par le docteur Colvin Smith et par plusieurs autres particuliers à Kotergherry , et par un grand nombre d'autres sur différents points des Neilgherries. i^La suite à un "prochain numéro.) II. EXTRAITS DES PROCÈS - VER BAUX i'ES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 6 MARS 1868, Présidence de M. Drouyn de Lhuys, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis : MM. BoiSDuvAL (le docteur), ancien président de la Société entomologique de France, à Paris. BouRAKOFF (Paul de), propriétaire-agriculteur, membre correspondant du Comité scientifique des domaines de l'État de l'empire russe, à Paris et à Odessa (Russie méridionale). LoARER (Ed.), capitaine au long cours, à Paris. Wagner (Ladislas de), professeur dVngriculture à l'École royale polytechnique, à Pesth (Hongrie). — M. de Bourakoff adresse des remercîments pour sa récente admission. — Des lettres de remercîments, pour les récompenses qui leur ont été décernées dans la dernière séance publique sont adressées par MM. de Fenouillet, Buisson, Bouillod, de Saulcy Sermant, Gerbe, Hardy, Sauvadon, Vavin, José de Canto,' Lecler, Bussiére de Nercy, Touzac, Landa, L. Vidal et M"" Chopelin. M"^ veuve de Lauzanne adresse également ses remercî- ments pour la médaille qui a été décernée à son fds, que la Société a récemment eu la douleur de perdre, et qui s'était occupe, avec un grand succès, de l'introduction de la culture des Bambous en Bretagne. M. le secrétaire d'État pour les Indes adresse les remercî- ments de son département pour les récompenses qui ont été décernées à MM. Cl. Robert Markham, M'c Ivor et capitaine Pnipps. — M. Ferreira Lage annonce le prochain envoi d'une col- 32Zi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. lection (ranimaux cl d'oiseaux du Brésil que la Société ne possède pas encore. — Remercîments. — M. le directeur du Jardin communique la lettre suivante de M. le baron Kirgener : « Vous avez bien voulu me donner, j> le 1*2 juillet 18(5/i, un jeune Bélier et une jeune Brebis de )) la race Romanow, qui ont eu un produit mâle en février 1865. )) Le Bélier, venu du Jardin d'acclimatation, a encore couvert » sa femelle, et, le 5 mai 1866, elle a mis bas cette fois deux » agneaux, mais encore tous deux mâles. Puis, à l'autonme, » ce fier Bélier est mort. En 1866, le Bélier né en 1865, a » couvert sa mère, et, le 6 mars 1867, elle m'a donné encore » deux agneaux mâles. Puis, aussi à l'automne, ce Bélier » de 1865 est mort. Les deux produits de 1867 vont à mer- » veille; l'un d'eux (il faut bien l'avouer) a couvert sa grand' » mère, et, le li de ce mois, elle a encore mis bas, mais tou- » jours des mâles, et toujours ses produits ont été beaux et se » sont bien élevés. Je me trouve donc en ce moment avoir » quatre mâles et une seule Brebis âgée de quatre ans. » — M. le baron Gloquet communique la lettre suivante de M. le comte de Maupassant : * Vous m'avez demandé quelques » renseignements sur les Moutons Ti-yang, dont les deux pre- » miers sujets m'avaient été confiés par la Société d'acclima- » tation, en mai 1865. J'attendais, pour vous les donner, la » naissance de nouveaux venus, qui ne larderont pas, je pré- » sume, à grossir mon troupeau. J'en prends un soin tout » particulier, surtout depuis l'été dernier; j'ai fait alors une » installation à part, à mon château de Clermont, chargeant » mon garde d'une surveillance altentive, avec une personne » exprès pour faire pacager ces Moutons dans le parc, dont )> l'herbe est de bonne qualité. En janvier 1866, la Brebis ne » m'avait donné qu'un petit; je m'étais un peu découragé, » surtout en voyant que la laine manquait absolument et » qu'aucun de mes voisins ne désirait m'aider dans cette en- )) treprise. Depuis, la même Brebis n'a pas manqué de mettre » bas chaque année deux portées toujours de deux agneaux B ensemble; c'est donc sept naissances déjà sur les bords de » la Loire, dans l'arrondissement d'Ancenis. Deux sujets sont PROCÈS-VERBAUX. 325 » morts, l'un, étouffé jeune dans l'étable, et l'autre frappé » subitement au milieu de la prairie; du reste, cette race est » robuste et se nourrit parfaitement, ne paraissant pas souf- » frir du froid ni des grandes chaleurs. La première Brebis ;) née chez moi a eu un petit en automne dernier, qui est D venu mort, je suppose à la suite d'efforts faits par sa mère » pour passer entre les barreaux de sa clôture ; mais elle s'est » parfaitement rétablie. Il y a un an, on se plaignait du Bélier » ancien, devenu dangereux pour les enfants, et je demandai » à M. Geoffroy Saint-Hilaire de chercher à le placer ailleurs » ou de m'autoriser à le faire tuer pour connaître la qualité » de sa chair. Il l'a trouvée excellente, et je crois aussi notre » illustre Président, M. Drouyn de Lhuys. J'avais recommandé » de vous en offrir. Ce fut l'avis de toutes les personnes qui » en goûtèrent, et surtout d'un grand boucher de Nantes, et » pourtant il n'avait pas castré ce Mouton. Cet été, j'étais en » possession de deux mâles, plus un troisième qui venait de » naître, et j'essayai en vain d'en placer un chez mes voisins; » alors je le fis affranchir et engraisser; c'est celui tué il y a » six semaines, dont vous avez trouvé la chair supérieure à » tout ce que vous aviez jamais goûté en France et en Angle- )) terre ; votre appréciation a été confirmée par beaucoup de y> personnes qui en ont mangé. Je n'ai encore que trois Bre- » bis sur lesquelles je fonde de grandes espérances pour la » reproduction en vue de la quahté, et surtout de la quantité » de chair alimentaire. Mon intention était, d'après les con- » seils de M. Geoffroy Saint-Hilaire, d'essayer des croisements » qui sont survenus naturellement, en septembre 186(î, à l'é- » poque des inondations. Mes fermiers des îles de la Loire, )) chassés de leurs maisons par les eaux, se réfugièrent chez » moi, sur les hauteurs, avec leurs troupeaux, se pressant de » faire enlever, par le boucher de Nantes, tous les moutons » gras; celui-ci refusa quelques jeunes brebis de l'année qu'il » trouvait trop maigres et qui furent couvertes par le Bélier » Ti-yang, et donnèrent naissance à plusieurs agneaux. Les » mâles, semblables, par la toison et les apparences, à leur ^ père, avaient été affranchis avant mon retour; mais deux ?>•?.(} SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. » brebis portaient une laine très-belle, très-fine et serrée ; » l'une d'elles, surtout, excita l'admiration du même boucher » de Nantes, homme très-entendu, qui m'a déclaré n'avoir » jamais vu aucune brebis dans ce pays avec une si magni- fique laine. J'ai fait l'achat de ces deux Brebis, et, plus tard, d'une troisième, en décembre 1867, réunissant des condi- tions de taille, de force, de laine et de jarrets extraordi- naires, et qui dépasse beaucoup en hauteur mes pur sang. » Bientôt, j'attends que mes trois brebis Ti-yang, dont la der- » nière est peut-être trop jeune et les deux métisses, plus celle » de race du pays, toutes les six couvertes par le Bélier chi- » nois, me donnent de nouveaux produits. Ce sera, dès que je » le pourrai, le motif de communications intéressantes que je » vous adresserai avec des détails, ayant commencé un cahier » de naissances, sur lequel mon garde les inscrira avec ses » remarques pendant mon absence. » — M. Garbonnier adresse la lettre suivante à M. le Secré- taire : « Les nids de terre cuite que j'ai adressés à la Société )) d'acclimatation se composent de deux pièces demi-sphéri- » ques s'emboîtant l'une dans l'autre et formant, par leur réu- ;) nion, une véritable boule de 10 à 12 centimètres de dia- » mètre. La partie inférieure est percée de deux petits trous )) permettant de l'attacher ou de la clouer solidement dans les branches des arbres. Il existe dans son bord une feuil- lure destinée à recevoir le couvercle, c'est-à-dire la partie supérieure. Cette dernière pièce est percée sur le côté d'un trou de 3 centimètres, par où l'oiseau peut rentrer et sortir. » Comme la pièce du dessus tourne à volonté sur la partie in- » férieure, on peut disposer l'entrée du nid de tel ou tel côté, » selon l'orientation ou la position des branches. Ces nids » sont à l'extérieur vernissés en brun foncé. Leur disposition, » si simple, offre les avantages suivants : faculté de visiter » leur intérieur pour y introduire de la mousse ou en extraire » les matériaux altérés des anciens nids ; mise certaine des » jeunes couvées à l'abri des chats, des rongeurs et des oiseaux » de proie ; construction économique qui permet de favoriser » la multiphcation des oiseaux insectivores sans grande dé- ' PUOCÈS-YEhnAUX. 327 D pense. Ainsi, j'ai pu, à Paris, où la main-d'œuvre est assez » élevée, faire construire de ces nids, qui peuvent être livrés » dans le commerce à raison de ZiO francs le cent. Je ne doute » pas qu'en province, près des lieux où ils peuvent être placés » utilement, on ne puisse les faire exécuter à bien meilleur » marché. En mars 1 807, j'ai placé chez moi, dans des arbres, » douze de ces nids; deux ou trois mois après, ils étaient tous » habités par des mésanges. J'ajouterai que, cet hiver, ils ont » offert un refuge à cette même sorte d'oiseau ; j'en ai vu jus- » qu'à trois ensemble venir y passer la nuit. C'est un plaisir » de les voir en ce moment, fin février, se suivant en bandes » de dix à douze individus, et visitant les uns après les autres » chacun de ces nids, ce qui me fait espérer que cette année » aussi, mes petits logements seront occupés. » — M. J. Dalgleish et M. Piicci remercient des graines de Vers à soie qui leur ont été adressées. — M. D. Joaquin Salarich fait hommage d'un Mémoire in- titulé : Apiintes o sea pequeno iratado de là Cria del gusaiw da Seda de roble Yama-mai, 18(57. — Remercîments. — M. le consul des États-Unis de Venezuela annonce le dépôt d'une boîte renfermant quelques graines de Vers à soie et des plantes qui servent à leur nourriture. — M. Givelet fait connaître l'envoi de cocons de B. cyn- thia , destinés au gouvernement norvégien. — Remercî- ments. — Des remercîments pour les graines qu'ils ont reçues sont adressés par MM. Rossin et L. de Bouchaud de Russy. — M. D. Hanbury fait hommage de tubercule de la plante du Jalap {Exor/onium pur(/a), provenant de sa culture à Clap- ham, près Londres. Au mois de juin 1866, il planta un tubei"- cule de volume moyen dans un jardin à l'exposition du sud. Ce tubercule poussa vigoureusement, donna quelques tleurs à l'automne suivant, et refleurit en novembre 1867. Pendant l'hiver, il était protégé par uii paillasson qui le préservait de l'excès du froid et de l'humidité. Arraché ces jours-ci, ce pied a fourni vingt tubercules pesant environ 750 grammes. Le Jalap peut donc se multiplier rapidement, mais il sera inté- et 328 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ressant de vérifier s'il conserve, dans nos pays, à un égal de- gré, les propriétés médicales. — Des demandes de diverses graines sont faites par la So- ciété d'horticulture de Soissons, MM. Léon Maurice, Lemaistre- Chabert, V. Cumont et L. de Bouchaud de Bussy. — M. Lecler, en remerciant des graines qu'il a reçues, tait connaître que le froid de cet hiver lui a fait perdre un Thé vert et peut-être un Palmier chanvre : « Un fait remarquable, y> c'est un autre pied qui, placé presqu'au nord, a à peine .) souffert, et, dans tous les cas, n'est pas gelé, tandis que le .) premier, placé au midi, a perdu toutes ses feuilles, et, à )) moins qu'il n'en sorte de nouvelles, est perdu. Il est bien » entendu que ces plantes étaient en pleine terre et n'ont reçu » aucun abri, et que nous avons eu un abaissement de tem- » pérature qui a été jusqu'à — 15 degrés. J'ai fait la même » remarque pour le Laurier {Laurus nohilis) ; ceux qui sont » placés aux expositions nord n'ont éprouvé aucun dommage, » tandis que presque tous ceux placés au midi sont gelés. » . — M. Loarer fait hommage de quatre-vingt-huit espèces de plantes de C. Himalaya, recueillies l'automne dernier, entre les 31' et 32"= degrés de latitude nord, et à des hauteurs va- riant entre 7000 et 12 000 pieds. Ces plantes pourront donc croître aisément en France. — Remercîments. — M. Durieu de Maisonneuve fait don de 300 graines de Chamœrops excelsa venues en parfaite maturité dans le Jar- din botanique de Bordeaux. — Remercîments. — M. Brierre donne quelques détails sur une variété de Pommes de (erre qu'il cultive. — M. Ferd. Mueller adresse la lettre suivante à M. le Pré- sident : « Permettez-moi de vous exprimer les sentiments de )) gratitude (pie j'éprouve en recevant de nouveau, dans votre lettre datée du 29 juillet, des signes manifestes de votre bienveillance pour moi, et recevez l'assurance que je re- » garde toujours comme un privilège de pouvoir venir en aide, si peu que ce soit, aux elforts si louables de la Société impé- riale d'acclimatation, qui s'honore du patronage de Sa Ma- » jesté l'Empereur et de la présidence de Votre Excellence. En PROCÈS-VERBAUX. - - 329 » réponse à vos questions sur la culture des Cinchonas en » Australie, je dois vous dire que quelques plants de Cin- » cho7ia condaminea , âgés de dix-liuit mois, ont résisté dans » des localités exposées à un froid de 2 degrés Farenh.; les » parties tendres et les portions supérieures des tiges seule- » ment étaient détruites sans qu'il en résultât aucun autre » dommage pour la plante qui poussait de nouveau. Quelques » autres pieds plantés dans une localité abritée n'avaient pas » souffert du tout. Les graines lèvent avec facilité dans une )) serre; elles sont ensuite repiquées; les plants s'endurcissent » graduellement et sont mis en plein air, abrités seulement par » quelques brandies, et y restent jusqu'au moment où ils sont i> transplantés dans les vallées ombragées et comparativement » humides de nos montagnes. Je ne doute pas que les Cinchonas » réussissent dans beaucoup de localités favorables, voisines » de la Méditerranée. Si Votre Excellence le permet et si l'on » pouvait s'entendre ou traiter avec les caravanes qui traver- » sent le désert en Afrique, le terrible Sahara, pour qu'elles » prennent avec elles des graines de nos arbres et de nos » arbrisseaux, si bien aptes à résister à la sécheresse, pour )) les semer le long de leur chemin, j'espère bien que l'on )) pourrait faire encore sur le désert des conquêtes sérieuses, )) en y établissant graduellement une végétation. Je vous re- » mettrais volontiers, dans ce but, des graines de nos Euca- >•> /f/pftfs, de nos Casvarina, de nos Acacia, etc., etc., en » quantités suffisantes. Les graines des différentes espèces d'^- » cacia commencent à germer tout de suite si on les arrose )) avec de l'eau bouillante, et si, après avoir laissé l'eau re- » froidir, on les y «laisse encore tremper quelques heures; » cette opération pourrait être faite sans inconvénient dans le » bivouac pendant la nuit. Notre petit Mesembryanthemmn )) tegens, que nous trouvons même sur les rochers et dans les » localités les plus arides, est également apte à former le com- » mencement d'un gazon dans le désert. Les moindres bran- » ches de cette plante, mises en terre, prennent bientôt racine » et commencent à pousser. J'en pourrais faire remettre en » quantité à Londres, d'où, par l'intermédiaire peut-être de 330 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. » S. Exc. l'ambassadeur de France, on le remettrait, en Afrique. » Deux autres de nos arbres me paraissent devoir encore vous » être recommandés. L'un, le Lepidospermum {Fabricia) » lœvigatum, petit arbre d'ornementation, très-utile pour » retenir les sables mouvants sur le bord de la mer. Toutes » nos côtes sont garnies ici de cet arbuste et je le crois con- » venablepour celles de la Méditerranée. L'autre, le Melaleuca » ericifolia, arbuste très-joli, propre à l'ornementation, est » très-commun sur nos lagunes (alluvions?) d'eau douce ou » salée. On le trouve ou dans l'eau ou dans des localités qui )) sont inondées pendant l'hiver, mais sèches en été. On peut » en transplanter impunément des pieds même assez gros. » Les feuilles de cette plante contiennent beaucoup d'huile » essentielle. » — M. Bossin adresse une Note intitulée : Plantation des Pommes de terre en février pour éviter la maladie et ajig- menter ht production des tubercules. — M. Mahngre communique les observations suivantes sur le Chêne à glands doux : « Le Chêne à glands doux n'est qu'une variété de notre Chêne vert, ou Yeuse élevée au rang d'espèce, sous le nom de Quercus Oallota, par M. Desfon- taines, dans sa Flore atlantique ; on ne peut distinguer entre les deux espèces, ou plutôt entre l'espèce et la variété, aucun caractère botanique certain ; elles ne diffèrent entre elles que par la grosseur et la qualité du fruit. Or, en Espagne, sous la même latitude, dans les mêmes conditions et jusque dans le même champ, on rencontre des arbres qui donnent des fruits doux, savoureux et excellents, et d'autres des glands amers, tout aussi amers que ceux de notre Chêne vert, c'est-à-dire qu'il y a une suite de variétés qui relient la meilleure avec le type, sans que l'on aperçoive une solu- tion de continuité. Ce qui précède suffît pour faire com- prendre qu'il est absolument nécessaire, si l'on veut essayer d'introduire cet arbre dans quelques-unes de nos provinces, de bien choisir les porte-graines et de ne pas ramasser des glands au hasard; il y a, je le répète, une notable différence dans la grosseur et la qualité des fruits; j'ai remarqué aussi PROCES VERBAUX. 331 » une grande supériorité dans le développement de quelques » arbres, tandis que d'autres étaient restés maigres et rabou- » gris, toutes conditions de sol et d'exposition étant égales. » Cette considération m'empêchera d'envoyer des glands doux » à la Société ; je ne connais pas de beaux arbres aux eiivi- » rons de Madrid; presque partout, d'ailleurs, la récolte est » faite et les fruits sont mélangés; je ne crois pas qu'on dût » commencer des essais dans de pareilles conditions. J'avais » pensé envoyer des plants, mais je n'en ai pas trouvé qui » soient convenables; on sème le Chêne sur place, et il n'y en )) a pas dans les pépinières ; je me serais d'ailleurs trouvé en » présence de l'incertitude de l'origine. Je reviens à l'utilité » de cette introduction en France : j'ai souvent mangé des » glands doux avec plaisir dans mes excursions; j'en ai trouvé » qui n'avaient pas la moindre âcreté ni amertume et qui » étaient presque aussi bons qu'une noix ou une amande; on ï) en a beaucoup exporté en France pendant ces dernières » années, etl'on assure qu'on en fait à Paris un excellent café; » il y a aussi des industriels en Espagne qui en font un pareil » usage, sans brevet ni garantie du gouvernement. On trouve » le Chêne à glands doux jusque sur les hauts plateaux de la » vieille Castille et à une altitude de 800 à 900 mètres au- » dessus du niveau de la mer, ce qui indique que l'arbre peut » résister à 10 degrés centigrades au-dessous de zéro. Mais, à » ces hauteurs, les arbres sont petits et rabougris, et leurs » fruits laissent beaucoup à désirer, tant sous le rapport de la » grosseur que sous celui de la qualité. Les meilleurs glands » viennent en Estramadure, en Andalousie et dans les pro- » vinces du littoral, à des altitudes qui ne dépassent pas 250 » à 300 mètres, et où le thermomètre ne descend guère au » delà de 4 à 5 degrés au-dessous de zéro, et où la tempéra- » ture moyenne de l'année est considérable. Il y a donc p(ni » de provinces en France où l'on puisse cultiver avec succès le » Chêne Ballota (en espagnol, on écrit Bellota, et l'on pro- » nonce Beyota), mais il peut être utile en Algérie, car il se » contente d'assez mauvaises terres et n'exige pas de soins ; » cependant 11 aime un bon sol, et, sous l'influence de la cul- 332 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. » ture, ses fruits s'améliorent ; rirrigation leur fait perdre, au » contraire, de la qualité. Le bois de cet arbre est le principal » chauffage de Madrid, et il est bien inférieur en résultats » à notre Chêne ordinaire; il coûte de Zi5 à 50 francs les » 1000 kilogrammes; il y a deux ans, il valait 80 francs. Il » n'est pas utilisé dans les constructions ni dans la rnenui- )) série ; je crois qu'on en pourrait faire cependant d'excellents » parquets. » — M. le Président offre, au nom de MM. Duchassaing de Fonbressin et Michelotti un exemplaire de leurs travaux sur les Coralliaires et les Spongiaires des Antilles. Les recherches persévérantes de M. Duchassaing, pendant son séjour aux Antilles, études spéciales sur la faune marine des Indes occidentales, ainsi qu'une collection de fossiles re- cueillie dans les calcaires des îles de Cuba et de la Guadeloupe, ont fourni aux auteurs les matériaux précieux de leurs mé- moires. Comme conséquence de leurs travaux, le nombre des espèces appartenant aux Spongiaires, Alcyonaires, Zoanthaires et Mollusques biozoaires, indiquées comme provenant de ces îles, a presque été doublé ; des lacunes dans les classifications ont été comblées ; enfin, on a mis en lumière, par l'étude des Fossiles du terrain pliocénique des Antilles, la relation entre l'époque géologique actuelle et celle qui l'a précédée, relation assez bien établie par les études faites en Europe, mais seu- lement pressentie pour la zone intertropicale. Nous ne suivrons pas les auteurs dans la description scien- tifique qu'ils donnent de chaque espèce ; nous nous bornerons à relater les généralités suivantes. Coralliaires. — Les animaux marins, à structure radiaire, naissent le plus souvent sous la forme de larves à corps ovoïde, garni de cils vibratiles qui leur servent d'appareils de loco- motion. A la seconde période de leur existence, ils éprouvent des métamorphoses, et l'on peut alors distinguer en eux trois parties : la bouche, le tube digestif ou estomac, et la portion abdominale. . . , La reproduction ovipare n'est pas la seule qu'on observe PROCÈS-VERBAUX. ' ' 333 dans les Coralliaires , car ils peuvent se multiplier par gem- matioif ; et c'est à cause de cela qu'ils occupent la dernière place dans la section des Radiaires. La gemmiparité a toujours son siège dans le tissu (fermique, ce qui augmente indétini- ment le nombre des individus réunis dans une même masse. Ces modes de reproduction, ajoutés à celui encore plus cu- rieux que nous offre la famille des Actininœ (Zoanthaires qui appartiennent aussi au grand embranchement des Coral- liaires), dans laquelle certains individus sont munis de cap- sules ovigères, et d'autres de capsules spermatiques, démon- trent que dans les Coralliaires on trouve des exemples de l'hétérogénie, de l'homogénie fissipare et de l'hermaphro- disme. Les Coralliaires que l'on rencontre le plus communément dans le bassin caraïbe appartiennent aux Alcyonaires et aux Acti7iaires . Certains genres agrégés couvrent de larges surfaces; ainsi, des rochers entiers sont souvent enveloppés par une couche continue et gluante. Les Gorgones arrivent aussi quelquefois à une très-grande taille ; un spécimen de la Pterogorgia pin- nata, étudié par les auteurs, mesurait plus de dix pieds de hauteur. Dans la mer des Antilles, ces différentes espèces de Zoophytes offrent un développement prodigieux : ainsi, quand le temps est très-calme, on peut voir le fond de la mer cou- vert par une couche non interrompue de ces êtres. Ils revê- tent ce fond comme en Europe il arrive aux algues de le faire. Les Zoophytes ont leur distribution fixe dans le fond des mers : ainsi, à telle profondeur correspond telle espèce. Cer- tains de ces animaux sont mis à découvert à chaque marée ; d'autres ne le sont jamais. Dans les îles Caraïbes, on ramasse les Madréporaires les plus volumineux, qui sont souvent aussi gros que de fortes pierres de taille, et l'on s'en sert pour les constructions dans toutes les locahtés où la pierre à bâtir n'est pas facile à trouver. La meilleure chaux se tire aussi des Madréporaires, mais, 334 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. avant que de les soumettre à la cuite, on doit les mettre en tas et en plein air, afm que les matières animales se détrui- sent par la décomposition, et que la pluie puisse enlever le sel marin que ces Polypiers renferment en assez grande quantité. Spongiaires. — L'étude de ces êtres est rendue très-diffi- cile par les profondeurs auxquelles ils vivent et par leurs ha- bitudes parasites ; ils sont fixés sur du bois, des pierres et d'autres corps, et, pour en recueillir une série, il faut répéter incessamment les recherches. Quoi qu'il en soit, les auteurs ont enrichi la science d'un grand nombre d'espèces inconnues jusqu'alors, et, par l'étude microscopique des Spongiaires, ils ont établi leur structure et leur composition. — Après la lecture du procès-verbal, M. le Président an- nonce l'ouverture du scrutin pour les élections et désigne, pour procéder au dépouillement du scrutin, MM. Dupin, Gran- didier, Vavin, Chatin, le baron d'Avesne et le docteur Mège. — M. Rémi de Montigny annonce l'envoi de quatre caisses d'oiseaux et Faisans de la Chine, que M. Dabry destine à la Société. — M, Ramel, à l'occasion du travail de M. Sicard, inséré dans le Bulletin (p. Zi8), fait connaître que, depuis long- temps, V Eucalyptus est le sujet d'études et d'analyses de M. Cloez, aide-naturahste au Muséum. — M. Lecreux donne lecture d'un rapport sur ses cultures de Tabac de diverses variétés. M. Gloquet rappelle que, dans le travail dont il vient d'être donné lecture, le côté pernicieux du Tabac n'a pas été indi- qué et qu'on n'a pas rappelé, dans l'historique, les poursuites dont il a été l'objet de la part de certains gouvernements. Il signale à la Société le travail du docteur Joly, qui a démontré que l'influence désastreuse du Tabac tient principalement à la nicotine, ce qui expHque comment tous les Tabacs n'ont pas la même influence. Le Tabac à fumer est plus dangereux que celui pris en poudre, et c'est à la grande consommation qui en est faite que l'on doit attribuer la fréquence actuelle d'un grand nombre de maladies nerveuses. PROCÈS- VERBAUX. • 335 « M. Decroix dit que le Tabac est toujours dangereux, même lorsqu'il ne contient pas de nicotine ; c'est ainsi que les Tabacs du Levant, dans lesquels la nicotine manque presque complè- tement, sont vénéneux aussi. M. Coste fait remarquer que la question a peut-être plus de gravité qu'on ne vient de l'indiquer. En effet, il y a une action incontestable qui se fait sentir sur les produits de la génération, quelquefois immédiatement, d'au.tres fois en sau- tant plusieurs générations. M. le docteur Merland dit qu'il faut distinguer entre l'usage et l'abus, et il affirme que dans ces conditions, le Tabac est l)on et a pu être employé avec avantage dans certaines affections. M. Cloquet dit que la preuve de la nocuité du Tabac, c'est que la première fois qu'on en prend, ou éprouve de vérita- bles symptômes d'empoisonnement, caractérisés par une ivresse à laquelle l'organisme s'habitue au point qu'elle de- vient un plaisir; mais l'action pernicieuse du Tabac n'en est pas moins réelle. — M. Loarer donne lecture d'un travail sur l'Himalaya et ses productions naturelles (voy. au Bulletin, p. llx). — M. le Président fait connaître le résultat du scrutin. Le nombre des votants était de 363. (Outre les billets de vote dé- posés dans l'urne par les membres présents, beaucoup de bulletins avaient été adressés sous pli cacheté et contre-signe ou dans des lettres adressées, soit à M. le Président, soit à M. le Secrétaire général.) Les votes ont été répartis de la ma- nière suivante : Président, MM. Drouyn oe Lhuys 369 Vice-Présidents, Dumékil 1361 A. Passy 362 De QdatpxEfaCtES 362 RiCHAP.D (du Cantal) 362 Secrétaire général, A. d'Épremesnil 360 Secrétaires, E. Dupin 360 Le marquis de Sinéty. . . . 358 J. L. SOUBEIRAK ■ 361 Ch. Wallut 360 336 SOCIÉTfc: IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Membres du Conseil, MM. Baron Cloqueï 359 Baron Larrey 360 RUFFIER. 358 ♦ Baron SÉGUiE II 358 En outre, d'autres membres ont obtenu des voix pour di- verses fonctions. En conséquence, sont élus pour l'année 1868 : Président, MM. Dkouyn de Lhuys. Vice-Présidents, A. Uuméril. A. Passy. De QUATREFAGES. Richard (du Cantal). Secrétaire général. Comte crËPRÉMESiNiL. Secrétaire potir l'intérieur, E. Dupin. Secrétaire pour l'étranger, Marquis de Sinéty. Secrétaire du Conseil, Ch. Wallut. Secrétaire des séances, J. L. Soubeiran. Membres du Conseil, Baron Cloquet. Baron Larrey. PiUFFIER. Baron Séguier. SEANCE DU 20 MARS 1868. Présidence de M. Drouyn de Lhuys. — Le procès-verbal est lu et adopté. •— M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis : A. Barbey, de New-York, à Paris. Beauffort (le comte de), rue Marché-au-Bois, 14, à Bruxelles. CoRTA, sénateur, à Paris. (iEOFROY (de) , sous-directeur des affaires politiques au Ministère des affaires étrangères, à Paris. Weber (le docteur), médecin-major de l'armée, au dépôt du 95' de ligne, à AuxeiTC. — M. le Président t'ait connaîti^e la perte que la Société 4< PROCÈS-VERBAUX. ' 337 vient de faire d'un de ses membres, M. Mansart, ancien notaire à Sedan. — Des remerciments pour les récompenses qui leur ont été décernées à la séance publique générale sont adressés par MM. le général Liébert, et Delidon. — M. le comte de Maupassant annonce que, conformément à l'avis qui lui en a été donné, il ne fera pas couvrir ses brebis Ti-yang par un bélier du pays, et annonce que son troupeau continue à être dans un état satisfaisant. — M. le secrétaire de la Société d'agriculture de Digne transmet diverses pièces et un rapport sur l'éducation des Yaks dans les Basses-Alpes, observés pendant l'année 1867 (voy. au Bulletin). — M. Costemet sous les yeux de la Société un bocal renfer- mant des Feras d'assez grande taille provenant d'œufs fécon- dés à Huningue, et donne lecture des deux lettres suivantes qu'il a reçues de M. P. Vincent, qui élève ce poisson dans le lac des Settons (Nièvre) : « La quantité de Feras prise peut » s'élever à "2/40 kilogrammes ; il y en avait beaucoup de 2 ki- f> logrammes, mais la plus grande partie était de i'''' ,500 et » 100 grammes; de ces derniers le chiffre est incalculable. » Les uns ont été remis dans le réservoir, les autres ont suivi » le cours de la rivière, qui, dans ce moment, en contient en » grande quantité, seulement des Feras de 100 à 150 grammes. » Il en a été pris, et, encore en ce moment, il en est pris » beaucoup. Quelques gros avaient pu s'échapper, mais ils » sont morts quelques jours après; cela tient à ce que la ri- » vière n'est pas assez profonde. Je suis assuré que le Fera se » reproduit naturellement dans le lac, car il n'est pas possible » que les œufs venus d'Huningue aient produit la quantité de » Feras pris, surtout en petits. Du reste, j'ai une preuve cer- » taine à l'appui de ce que j'avance : les gros Feras ont été » placés dans un grand réservoir, où ils ont frayé; depuis » quatre ou cinq jours, j'aperçois une quantité innomln-able » de petits Feras, qui va sans cesse en augmentant. » « Le réservoir dans lequel j'ai mis les Feras de grande » taille est complètement indépendant du lac par l'alimenta- 2<-' SÉRIE, T. V. —Mai 18G8. 22 338 sociétl' impériale zooIogique d'acclimatation. y> tion et. par la sortie de l'eau. Placé à environ 8Ô mètreè 'dû » lac au nord de la queue des Rouelles, il est alimenté par » une source et par les eaux venant d'une prairie voisine ; » ces eaux rie sont nullement mélangées avec des eaux se » déversant dans le lac par un ruisseau quelconque, en un » mot, il n'^ a aucune communication entre le réservoir et » le lac. La masse de petits Feras éclos vient uniquement » des sujets qui ont été mis par moi dans le réservoir; cette » pièce d'eau a 25 mètres de longueur, 15 mètres de lar- )) geur et un mètre de profondeur d'eau, elle est tout à fait » rectangulaire, à bords droits, c'est-â-dire sans pente. Le lac » des Settons a été complètement mis à sec, il n'y avait plus » que la rivière qui le parcourait dans toute son étendue » et dans son ancien lit; les vannes ont été constamment ou- » vertes pendant huit ou dix jours, et durant ce temps j'ai fait » pêcher la rivière par douze hommes : cette dernière pêche )) n'a donné que du Brochet et du Chevenne. Au moment de » la grande pêche, les coups de filet successifs m'ont permis de » constater que les espèces se tenaient séparées, excepté pour » le Fera et le Brochet, qui étaient réunis, comme si le Bro- » chet recherchait le Fera pour en faire sa pâture. J'ai pris en- » viron 600 kilogr . de Brochet, dont deux de 1 3 kilogr. , quatre ;) de 10 kilogr., dix de 8 à 9 kilogr., et cjuatre de 6 à 7 kilogr. » Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'entre les poids de » 2 '^'',500 et 6 kilogr., il n'y a pas eu un seul Brochet; on ne » trouvait plus que des Brochets de 2 kilogr. et au-dessous. » Cette quantité de Brochets a dû être funeste aux espèces » inoffensives ; en effet, il m'est arrivé de constater fréquem- » ment, — surtout à partir du moment où le niveau de l'eau » était à 5 mètres, — que les Brochets de grande taille avaient » dans le corps des Feras de 1 kilogr. à 1 '"',500. Le même » inconvénient a eu lieu pour tous les Brochets à l'égard des » Feras de toutes dimensions. Les dégâts produits par la vora- » cité du Brochet dans les derniers temps ont du être considé- ); râbles, car chaque Brochet était gorgé de Feras. Quant aux » Saumons, aux Truites et aux Ombres, aucun n'a été aperçu » ni en amont ni en aval du barrage. L'absence de ces pois- PROCÈS- VERBAUX. 339 » sons m'avait fait supposer qu'ils étaient remontés; j'ai » observé moi-même la rivière, je me suis informé, nulle part » leur existence n'a été constatée; s'ils ont existé dans les » Settons, ils ont dû être la proie du Brochet. » — Il est déposé sur le bureau deux numéros du Nouvelliste de Marseille renfermant des articles sur la pisciculture. — Le Ministre de l'intérieur du gouvernement norwégien adresse ses remercîments pour les cocons de B. cynthio qui lui ont été adressés par la Société à la demande du Commissaire de Norwége à l'Exposition universelle, et qui ont été confiés aux soins de M. le professeur Schiibeler. — M. Kellermann fait don de quelques graines de Myricn cerifera dont il poursuit l'acclimatation en France et fait par- venir à ce sujet les renseignements suivants : « Le bul de ma » communication est d'attirer l'attention de la Société et des » agronomes sur les arbres à cire, dont la culture en France » serait très-possible et de plus très-avantageuse sous bien des -!) rapports. En effet, outre la cire qu'ils produisent, ces arbres » possèdent émipemment la propriété d'absorber l'air impur » et, par conséquent, de rendre salubresles lieux pestilentiels. » Dans le pays d'où ils sont originaires (la Caroline et la » Pensylvanie), il serait presque impossible de vivre dans le » voisinage des marais, si les Myricft ^ qui en couvrent la » majeure partie , n'en amélioraient pas l'air trés-sensible- » ment. En Amérique, les racines sont employées dans cer- » taines préparations médicales. Les feuilles sont efficaces pour » préserver les étoiles des Mites qui les rongent. Enfin, lors- » qu'il fait chaud, ces arbres répandent une odeur aromatique » fort agréable. Il existe une dizaine d'espèces de Mrjrica; » mais les deux seules qui puissent être citées sont : le Myrica » cerifera de la Caroline et le Myrica Pensylvanica de la » Pensylvanie; toutes deux fournissent à peu près la même » quantité et la même qualité de cire; elles ne diffèrent entre » elles que par la grosseur des fruits et par la hauteur de l'ar- » buste. Ces deux variétés peuvent être cultivées en France » avantageusement. Il est vrai que quelques naturalistes ont » prétendu que le Myrica cerifera gelait dans le climat de 3/iO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » Paris; mais il n'y a rien de positif à cet égard, et pour mon » compte, je crois que cette opinion est erronée. En elïet, » au Canada, dont le degré de latitude est le même que » celui de la France, le Mijrica cGrifera se trouve en très- » grande quantité, et cependant il n'y gèle jamais. Quant au )) Myrica Pensylvanica, je suis sûr qu'il se trouve très-bien » en France, attendu qu'à Paris, au Jardin des Plantes, il y » en a deux pieds qui vivent en pleine terre depuis plusieurs » années, et qui se trouvent dans d'excellentes conditions. » Les Myrica ont été introduits en France depuis plus de » cent cinquante ans, sans qu'on ait jamais cherché à en ex- » traire de la cire. La culture en a été abandonnée parce qu'on » ne savait pas utiliser leurs produits. Déjà j'ai réussi à intro- » duire dans notre colonie d'Afrique le Myrica cerifera, à la » culture duquel on a donné une grande extension. Rien n'est « plus facile d'ailleurs que la culture et la multiplication de ces » arbustes. Ils produisent une inmiense quantité de graines, )) que l'on sème dans une terre très-légère , aussitôt qu'elles » sont recueillies : il faut arroser abondamment. Le plant » reste deux ans dans la même terre, puis on le repique dans » l'endroit le plus frais possible, en laissant entre chaque pied » une distance d'environ 20 centimètres. Au bout de deux » autres années , on peut le mettre définitivement en place; » il sulïil même d'une année, si l'on multiplie ces arbustes )) par «««rco^/e^', lesquelles s'obtiennent très-pronq)tement des » branches couchées en terre. Chacun de ces rameaux déchi- » rés de l'arbuste produit un pied qui,' lorsqu'il est planté dans » un terrain favorable, fournit un grand nombre de rejetons. » Enfin, le plus petit morceau de racine étant coupé et mis » séparément en terre produit encore un nouveau pied. Ces )) moyens nombreux et certains de nuiltiplication rendent les )> arbres à cire très-abondants en Amérique , où ils couvrent » la majeure })artie des marais. Ils viennent hors de l'eau , » mais il leur faut toujours une terre bien fraîche. Ils fleu- » rissent au printemps et avant la pousse des feuilles. Leurs » fruits naissent toujours sur le vieux bois. Les graines restant » sur l'arbre une partie de l'hiver, on a trois ou quatre mois ' '■ PROCÈS-VERBAUX. 3Zll » pour les recoller. LaMyrlca c.erifeva s'élève à 3 ou ù mètres ; » le Cirier de Pensylvanie ne dépasse pas l^j/iO ou l^^ôO. » Dans rxVmérique septentrionale, ces arbres croissent natu- ;> rellementsur les bords des rivières et dans les marais. Leur )^ fruit est un petit drupe à une seule graine dressée. Lors- » qu'on veut extraire de la cire, on récolte les fruits ; on en » remplit des sacs de toile que l'on plonge dans de l'eau bouil- » lante; bientôt la cire liquéliée monte à la surface de l'eau, » d'où on l'enlève avec des spatules , ou bien en la faisant » écouler dans des baquets après quelques minutes de contact. )) On obtient ainsi la cire extérieure; mais, comme il en reste )) après les fruits, on fait bouillir le marc dans l'eau, et alors )) on obtient la cire de deuxième qualité. )> — M. V. Chatel adresse une nouvelle brochure : n" 29. Culture et maladie des pommes de terre. — (Remercîments.) — Une note de M. Guérin-Méneville publiée dans le numéro de janvier du Bulletin de la Société protectrice des animaux démontre que le B. cynthia est naturalisé aujourd'hui en France : « La preuve de cette naturalisation résulte d'un fait très-intéressant et très-remarquable qui m'a été signalé , le 9 octobre dernier, par M. Gillet-Damitte, inspecteur de l'ensei- gnement primaire, à qui le Moniteur doit d'excellents articles agricoles. Ce savant agronome vient d'observer à Paris même, dans le jardin de M. le curé de la paroisse de Saint-Eloi, rue de Reuilly, 36, vingt-cinq à trente chenilles du Uomhyx cyn- thia dévorant les feuilles des deux seuls allantes qui existent dans ce jardin, et y tissant leurs cocons. Comme personne n'a apporté ces Vers à soie dans le jardin de M. le curé de Saint- Eloi, n est évident que des œufs ont été déposés sur ces arbres par des papillons dont les cocons avaient passé l'hiver dehors, dans quelque plantation d'allantes destinée à l'élevage de ce nouveau Ver à soie, ou sur quelques-uns de ces beaux arbres cultivés dans les parcs et promenades de Paris et de ses envi- rons. Du reste, quelques observations analogues avaient déjà été faites, et l'on avait trouvé des œufs du Bombyx cynthia sur des allantes très-éloignés des lieux où l'on élevait ce Ver à soie. Aujourd'hui on peut dire que M. Gillet-Damitte vient 342 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. de constater, de la manière la plus positive, un fait très-rare dans l'histoire naturelle des animaux : la natiiralisation accomplie en France d'un Ver à soie de Chine récemment importé et acclimaté, quand nous n'en sommes encore, rela- tivement au Ver à soie ordinaire du mûrier, et après des siè- cles, qu'à une simple acclimatfltion. — Il est déposé sur le bureau une note de M. J. Reiset sur les dommages causés à V agriculture par le hanneton et sa larve; mesures à prendre pour la destruction de cet insecte. — Des remercîments pour les graines qui leur ont été envoyées sont adressés par MM. de Gévaudan, G. de Saint- Victor, Allibert, comte de Noinville, Léon Maurice, Brunswick, M" de Kerouartz et M" de Fournès. — Le Comice agricole de Provins transmet une note sur la culture du Chou-ma {Urtica utilis). — M. Bossin adresse une note sur la culture, les avantages et la valeur culinaire des trois plantes j^otagères chinoises, le chou-navet de Chine, la salade chinoise et le chou de Chan- Tong (voyez au Bulletin). — M. Bossin offre en même temps des graines de ces plan- tes et de plusieurs autres légumes qu'il a soumis pendant plu- sieurs années à des expériences rigoureuses. — (Remercîments. ) — M. Brierre adresse un rapport sur la culture de l'Ortie de Chine et de la Vigne du Canada. — M. Lemarié adresse un rapport sur ses cultures et an- nonce qu'il enverra à l'automne prochain des glands de Chêne très-précoce qu'il pense pouvoir être utilisé avec avantage pour l'éducation du B. Yama-mo.ï. — n est déposé sur le bureau une annonce d'allumé- feux fabriqués avec des rafles de maïs, et donnant ainsi une nou- velle utilisation de celte plante précieuse. — La Société impériale et centrale d'horticulture de France transmet copie d'une lettre adressée à M. le Ministre de l'agri- culture pour provoquer des mesures pour la destruction des hannetons. — M. le Président communique : i" une lettre de M. Gourdin, délégué de la Société à Napoléon-Vendée, qui remercie des PROCÈS-VERBAUX. 343 graines qu'il a reçues de la Société et transmet un numéro du Publicateur de la Vendée dans lequel il a mis tous nos collè- gues de la Vendée à même de participer à cette distribution ; 2" une note de M. E. Pelouze sur la destruction des insectes nuisibles à t agriculture ; 3" un numéro du Journal d'agri- culture pratique, contenant une note de M. Lecouteux sur la Société des agriculteurs de France i à" une lettre de M. le préfet du Loiret remerciant la Société des soins qu'elle s'est donnés pour procurer à son département, des Crocus de Chine ; 0" la lettre suivante de Son Exe. le gouverneur général de l'Algérie sur les Martins tristes envoyés en Algérie par M. Gran- didier : « J'ai l'honneur de vous informer qu'il résulte des » renseignements qui m'ont été fournis par M. Hardy que ces » oiseaux, au nombre de six, envoyés, savoir : k par M. Gran- » didier et 2 par M. Berthelin , inspecteur du service des » Messageries impériales, sont arrivés très-fatigués au Jardin » d'acclimatation dans les premiers jours du mois de juin » 1867 ; que placés immédiatement dans une grande serre, )) ils se sont promptement rétablis, sauf un, sous l'influence de » la chaleur concentrée de la serre et d'une nourriture abon- » danle composée de grains et de viande hachée. Au mois de » septembre suivant , les Martins paraissant parfaitement » accoutumés, on ouvrit tous les jours les trappes de la serre. » Cinq sortaient le matin et rentraient le soir. Ils se perchaient » sur les arbres voisins et descendaient à terre pour chercher » des vers. Le sixième Martin, plus faible que ses compagnons, » ne sortit de la serre que quelques jours après eux. Ces sor- )) ties et ces rentrées périodiques se continuèrent pendant » quelque temps. Chaque jour les Martins s'éloignaient davan- » tage de leur habitation; ils couchaient dessus niais ne ren- » traient plus dedans ; enfin ils disparurent complètement. » Il est à supposer qu'ils ont dû émigrer vers l'intérieur de » l'Afrique lorsque la température a commencé à baisser. Il » me reste maintenant à répondre à l'offre que vous voulez « bien me faire d'envoyer en Afrique quelques nouveaux cou- » pies de ces oiseaux. L'introduction des Martins dans la » colonie doit avoir spécialement pour but de combattre et de 3/l/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » détruire les sauterelles, dans.le cas d'une nouvelle invasion, » et M. Grandidier en attend les meilleurs résultats. Je rece- » vrai avec gratitude les Martins dont vous voudrez bien me » faire l'envoi ; j'aurai soin qu'ils soient distribués et élevés » sur plusieurs points, et je vous ferai connaître les résultats >-^ qu'on aura pu obtenir de leur introduction en Algérie. » — M. d'Abbadie, membre de l'Institut, demande si la Société ne pourrait pas se procurer des renseignements sur une race de Moutons du Thibet à laine très-tîne, qui fourni- rait, dit-on, la laine employée pour faire des cachemires. Il ajoute que ces Moutons donnent deux qualités de laine, l'une très-fine, qui seraittrès-utilement employée par nos industriels, l'autre moins belle qui paraît ne pas mériter d'être importée. — M. Loarer répond : «Le Paschamina, matière première des châles du Cachemire, est le duvet soyeux qui croît près ." de la peau, sous les longs poils d'une variété de Chèvre de petite taille, originaire des hauts plateaux qui s'étendent au nord de l'Himalaya, entre les 36^ et hb' degrés de latitude à l'ouest du 78' degré de longitude est de Paris. Cette région comprend les Etats de Yarkund, Kashghar, Kokan et autres habités par les Turcomans , les Allemanies , les Osbecks et )) autres, tous sectateurs de Mahomet. Ces Chèvres ne viennent y> pas du Thibet, qui est beaucoup à l'est de ces contrées, et )i qui en est séparé par de vastes déserts. Celles que l'on trouve )i au Cachemire et sur le versant méridional de l'Himalaya » sont importées. — Elles y vivent bien, mais cessent bientôt » de produire ce duvet précieux qui semble croître seulement )) sous l'influence combinée d'un air très-raréfié, d'une séche- )> resse excessive et d'un froid très-intense. Dès que l'animal » est transporté dans un pays humide, quoique très-froid, il » se dépouille bientôt de son duvet. Le gouvernement anglais )) a réussi dernièrement à attirer dans l'Inde quelques cara- y> vanes de gens de Yarkund et du Kokan, qui ont rapporté » avec d'autres marchandises, Musk, Borax, Laine, etc., )) quelques ballots de Paschamina qui ont été achetés pour la )) fabrique de châles d'Umvitser. ». Répondant ensuite à une question de M. le Président, "■' - PROCÈS -VERBAUX. ' ' 3/|5 M. Loarer ajoute qu'il serait facile de se procurer des exem- plaires de cette variété de Chèvres , mais il craiut que cette expérience ne soit pas aussi utile qu'on pourrait le croire, par suite de la disparition presque certaine de duvet après quel- que temps de séjour en France, où l'abaissement de la tem- pérature n'est pas aussi excessif que dans leurs montagnes originaires. ^ M. A. Geoffroy-Saint-Hilaire fait remarquer que la dispa- rition du duvet a déjà été observée à plusieurs reprises sur des animaux qui avaient été importés en raison même de la pré- sence de cette sorte de poils, et que notamment les Yaks, qui ont le corps couvert d'un épais duvet dans leur pays originaire, en sont aujourd'hui complètement dépourvus chez nous. C'est certainement à un fait de ce genre qu'on doit attribuer l'in- succès de l'importation tentée vers 1828 par M. Polonceau,(le Chèvres de Cachemire. ^ — M. le comte de Diesbach offre à la Société des graines d'Avoine du Canada et donne lecture d'une notice sur ses cultures d'Avoine de Sibérie et du Canada dans le département du Pas-de-Calais : « J'achetai au printemps 1863, chez M. Vil- » morin, un hectolitre d'Avoine de Sibérie, récoltée une pre- » mière fois en France, en 1862, dans la Brie, je crois. Con- >■> fiant dans les renseignements qui m'avaient été donnés sur >> cette Avoine hâtive, variété de l'Avoine de Géorgie, j'essayai » de la semer dans des terrains situés au sud-ouest de la ville ;) d'Arras, terrains de peu de profondeur, à sous-sol crayeux, » mais soumis depuis plusieurs années à un bon système de >^ culture. Cette Avoine blanche semée au semoir en mars 1863 » dans la proportion d'un hectolitre pour 32 ares 16 centiares, ^) produisit cette même année, dans la première quinzaine >^ d'août, à l'époque de la récolte des blés, 19 hectohtres et » quatre cent quatre-vingts bottes de paille. Comme presque y partout, dans les marchés, le poids tend à se substituer à la » mesure, je crois utile d'appeler votre attention sur un hiit » assez intéressant. L'hectolitre acheté à Paris pesait 53 kilo- » grammes, et ceux obtenus la première année pesaient cha- » cun 50 kilogrammes. C'est donc une augmentation dans le 346 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. » poids de (3 kilogrammes par hectolitre ; soit pour les » 19 hectolitres 1128 kilogrammes. Au mois de mars186/i, » je semai de nouveau l'Avoine récoltée en d863, mais sur » une étendue de terrain plus grande , 53 ares 60 centiares, » de même qualité, dans la proportion de 1 hectolitre 5u litres )) pesant 80 kilogrammes 500 centigrammes. Le rendement )) tut de neuf cent vingt-huit bottes qui ont fourni 37 hecto- » litres. Le rendement et le poids se sont conservés k peu près t> les mêmes jusqu'en 1805, mais cette année-là le rendement )) en paille fut si faible que, constatant un commencement de )) dégénérescence, je crus devoir différer la culture de cette » Avoine ; le même fait se produisit dans une autre exploita- )) tion dirigée par moi et reposant sur un sol argileux, et un )> de mes amis qui, comme moi, avait été séduit par les ren- » déments de 1863 et l^iih, ayant obtenu aussi en 1865 des » résultats aussi mauvais que les miens, je crus ne plus pou- » voir conseiller l'essai de FAvoine de Sibérie, et, pour mon » compte, j'en abandonnai complètement la culture. J'en étais » donc là de mes essais, quand en 1866 un propriétaire culti- » vateur de mes environs m'offrit 3 hectoUtres d'Avoine dite » du Canada; j'ignore où il s'est procuré cette Avoine et si » réellement elle porte ce nom, car je ne la vois ainsi désignée » dans aucun catalogue, mais séduit par l'éloge qui m'en avait » été fait, j'en fis l'essai sur un hectare de terres reprises à » de mauvais fermiers , et réunies à ma ferme en automne » 1865. Après un labeur énergique fait avant l'hiver, je semai » en mars 18(56 ces 3 hectolitres de grains, sans fumier, » mais dans une terre bien préparée , et dans les premiers » jours d'août je rentrai dans mes granges onze cent bottes » de paille qui m'ont fourni 33 hectolitres de grain bien net- » toyé. L'étendue de terrain ensemencé était de i hectare. ') Au printemps i 867 je semai de nouveau dans un gazon de » prairie retournée en novembre 1866, sans fumier, le gazon » en tenant lieu, 3 hectolitres de la même avoine sur une » étendue de môme contenance, 1 hectare. Le rendement fui » de mille bottes qui ont produit oO hectolitres de grain bien )) préparé, semblable à l'échantillon oflert à votre appréciation. PROCÈS-VERBAUX. 347 » Le poids de cette avoine est de 53 kilogrammes l'hectolitre. » Si l'on devait juger ces deux variétés d'Avoine par leur ren- » dément en grain, leur culture n'offrirait que de légers avan- » tages, mais elles sont, l'une et l'autre, plus lourdes que les » avoines ordinaires, plus riches en fleurs, elles offrent, con- » cassées, une excellente nourriture à tous les animaux de la » ferme, et comme elles se vendent plus cher que les Avoines » du pays sur les marchés, et que, domiées en grain, elles » augmentent la ponte des volailles, elles méritent selon moi » quelque attention. Cependant je dois le dire , à côté de ces » avantages il y a des inconvénients. Ainsi, l'Avoine de Sibérie )> quoique très-lourde me semble dégénérer trop vite, et » l'Avoine du Canada, si elle se maintient plus longtemps, ce » que mes essais ne prouvent pas encore, n'olfre pas un » rendement en grain qui permette d'en générahser l'usage » et de la préférer pour le nord de la France, à l'Avoine jaune, » si favorablement acceptée par les cultivateurs d'Artois à » cause de ses rendements constants, et qui atteignent souvent » 55 à 58 hectolitres à l'hectare du poids moyen dn/iô kilogr. » l'hectolitre. » M. le baron d'Avène fait remarquer que la dégénéres- cence de l'Avoine de Sibérie signalée par M. le comte de Diesbach a été constatée par tous les agriculteurs qui se sont occupés de sa culture. M. Lecreux confirme cette observation et flit qu'il a pu vérifier cette dégénérescence dès la troisième année de culture. — M. A. Geoffroy-Saint-Hilaire annonce que depuis la der- nière séance, la Société a reçu de M. Dabry un nouvel envoi comprenant trois Faisans vénérés (deux mâles et une femelle), une paire de Tragopans, mâle et femelle , et trois Puchrasia (deux mâles et une femelle). — M, le docteur A. Dugès donne lecture d'un mémoire sur la faune du Guanajuato (Mexique). (Voyez au Bulletin.) — M. le docteur A. Gillet de Grandmont communique un travail sur la culture des Bambous et des Ignames dont les éléments lui ont été fournis parles botanistes japonais actuel- lement à Paris. 3/iS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. M. le baron Ségiiier observe que la cuUure de rigname au moyen du ])altage lui paraît très-ingénieuse en ce qu'elle permet l'arrachage facile de ces plantes ; pour lui , il cultive ses Ignames dans une fosse de 60 centimètres environ dont le fond est pavé, ce qui empêche les racines de s'enfoncer trop profondément ; par ce moyen, les Ignames deviennent de formes irrégulières et bizarres, étant gênées dans leur développement. Les Ignames doivent être mangées non pas immédiatement après la récolte, mais après s'être ressuyées pendant quelque temps, deux à trois mois par exemple. M. Vavin pense que l'Igname est meilleure quand on la mange seulement vingt-cinq mois ou deux ans après l'arra- chage , et acquiert d'autant plus de qualités que l'on attend plus longtemps; il croit que la culture de l'Igname devra être assez répandue, car elle seule peut prévenir les disettes. II n'est pas d'avis que le système de battage employé parles Japonais, doive être imité, car l'Igname demande beaucoup d'humidité, et n'en a pas assez par ce procédé. Il préfère cultiver en cou- ches et récolter au moyen d'une tranchée qui permet d'arra- cher au fur et à mesure des besoins. En plaçant les Ignamiers dans un endroit frais et sec, on peut conserver l'Igname pen- dant un temps pour ainsi dire indéfini. M. le baron Séguier dit qu'il obtient de très-bons résul- tats dès la seconde année de culture ; il est vrai que la troisième année on a des tubercules plus gros , mais il trouve meilleur d'opérer l'arrachage à la fin de la seconde année et de faire des boutures avec la partie mince qui reprend facilement. M. Pigeaux remarque que l'Igname est une plante an- nuelle comme la Pomme de terre ; chaque année un nouveau tubercule se forme aux dépens de celui de l'année précédente, et il est utile de faire germer le collet le plus tôt possible. — M. Loarer annonce qu'il vient de remettre à M. .1. Lecreux sept espèces de Tabacs de l'Inde, et entre dans quelques détails sur leur cuUure, détails qu'il désire compléter dans une prochaine séance. PROGÈS-VErxBAUX. :. S/jt) ' '■ '! SÉANCE DU 3 AVRIL 1868. ' ' *' ........ ,, Présidence de M. Drouyn DE Lhuys, président. Le procès-verbal est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis : MM. Gattiker (Jean-Gaspard), à Paris. ' • SoLANO (Christoval), gérant de la chancellerie du consu- lat fie France à Fernanbouc. — MM. de Beaulïort et Gattiker adressent leurs remerci- raents pour leur récente admission. ^ —Des remercîments pour les récompenses qui leur ont été décernées dans la dernière séance publique sont adressés par MM. Léo d'Ounous et A. Gillet de Grandmont. — M. Lafond fait des oftres de service à la Société et met son parc de Puigarreau à sa disposition pour des expériences d'acclimatation — Remercîments. • , . M. Andrieu met également, au service de la Société ses propriétés à La Ferté-Saint-Aubin (Loiret). — Remer- cîments. — M. Solano, au moment de se rendre à Pernambuco (Brésil), offre son concours pour toutes les questions zoolo- giques, botaniques et agricoles qui pourraient intéresser la Société. — Remercîments. — M. de Maupassant donne dans une lettre adressée à M. le baron J. Cloquet de nouveaux détails sur ses Brebis Ti-yang : « La Brebis que j'avais eue du Jardin d'acclimatation vient » de mettre bas deux nouveaux petits , mâle et femelle, ce « qui complète ses deux portées et ses quatre naissances d'ans » la même année. Elle a donc produit, depuis que je l'ai » eue à Clermont, en mai 'J865, cinq portées, savoir : » en 1860, deux; en 1807, deux; en 1808, une. La première, » vous le savez , n'a donné naissance qu'à un Agneau , » mais, depuis, il y en a toujours eu deux chaque fois, .l'ai 350 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. )) quatre autres Brebis, l'une de race pure, née à Clermont, » deux provenues du Bélier de cette race et de Brebis du » pays, et, enfin, une autre de grande taille dont j'ai fait » l'acquisition; toutes ont été couvertes parle Bélier chinois » et ne tarderont pas à mettre bas. Je saurai si la fille de ma » première Brebis, qui est née à Clermont et n'a eu qu'un » petit pour sa première portée, en donnera désormais deux » comme sa mère. C'est certainement un résultat de la plus » haute importance que cette continuation non interrompue » de deux portées par an et toujours doubles. Il existe plu- » sieurs brebis dans nos contrées, sans race bien déterminée, » je crois, qui donnent naissance à deux et parfois à trois » petits ensemble ; on en a vu quatre de la même mère dans » un comice agricole en Maine-et-Loire, mais c'est irrégulier, » accidentel, et jamais aucune brebis n'a porté deux fois et si » exactement dans la même année. Au surplus, il faut con- » stater un autre résultat, c'est que les Agneaux qui naissent » trop tard au printemps, cependant, sont toujours débiles, » et que les fermières ne réussissent à les conserver qu'avec » des soins attentifs, tandis que ma Brebis chinoise a eu sa » deuxième portée en septembre et que les jeunes Agneaux » qui en proviennent sont robustes, s'élèvent comme les vieux, » n'ayant nullement souffert du froid qui, cette année, a été » rigoureux dès novembre et décembre. Je regrettais que » cette race, dont les premiers sujets m'ont été confiés par la » Société d'acclimatation, n'ont pas de laine, non que sans ce » produit elle n'offrît déjà d'immenses avantages, mais je )) voyais là un motif qui rendrait sa propagation difficile dans » nos contrées. Quelques agriculteurs, confiants dans ce que » je leur disais de sa production considérable comme viande » de boucherie, n'avaient plus voulu en essayer dès qu'ils » avaient vu ces toisons de poil, sans poids ni valeur, quoique » j'eusse entrepris d'en faire filer. Depuis la suppression des » jachères, les fermiers élèvent davantage de bétail, mais ne » conservent que quelques brebis pour occuper leurs enfants » à les conduire, et surtout alin d'avoir de la laine, que les » femmes filent elles-mêmes aux moments perdus pour s'en PROCÈS-VERBAUX. â'5'1 » taire des vêtements. C'est un usage qu'on doit désirer leur » voir conserver comme avantageux pendant les mauvais » jours. Je commence à croire que si je parviens à démon- » trer au Comice agricole d'Ancenis, que les Moutons chinois » donnent de la laine avec quatre Agneaux par an ; qu'en » outre la chair est d'une qualité et d'une délicatesse exquise, » il se trouvera de nombreux agriculteurs qui, s'en assurant, » se déferont de leurs préventions contre ce qui est nouveau. » Alors, mon but et celui de la Société seront atteints. Je suis » heureux de vous le dire et aussi à M"" la baronne Cloquet, » qui nous a donné les premiers Moutons de cette race. » — M. Dabry, de Han-keou, annonce l'envoi de six Hoky (trois raàles, trois lémelles) , quatre Tragopans (deux mâles, deux femelles), quatre Faisans vénérés (une femelle, trois mâles). — M. Bossin soumet à l'examen des membres de la Société un œuf à double coquille, pondu l'automne dernier par une de ses poules à Hanneucourt (Seine-et-Oise), et ajoute les dé- tails suivants : a Bien que ce cas se soit déjà produit ailleurs » que chez moi, il n'en est pas moins rare et des plus intéres- » sants, au point de vue phénoménal, et peut-être aussi » sous le rapport scientifique. Cette Poule, l'une des meil- » leures pondeuses, a fait, pendant plus de quinze jours, de » vains et nombreux efforts pour rendre son œuf; à mon grand » regret, il a fallu lui ôter la vie pour le lui extraire du corps; » elle ne mangeait plus, elle était triste, et, chaque jour, on » remarquait, à la partie postérieure, un gonflement qui allait » en augmentant, et comme elle était souvent sur le nid, » cela nous a fait supposer qu'elle voulait mais qu'elle ne pou- » vait pas pondre. Un conseil fut tenu, et l'on décida sa dé- » capitation, qui eut immédiatement lieu. On ouvrit la Poule » et l'on découvrit dans les intestins l'œuf énorme qui la fai- » sait souffrir et qui lui valut sa condamnation à la peine » capitale. Cette Poule appartenait à la race commune qui me » donne assez souvent, au printemps, des œufs du poids de » 85 à 115 grammes; j'en recueille, dans certaines années, » quelquefois une demi-douzaine de ce poids contenant un et » deux jaunes ; ni les Cochinchinois , ni les Brahma , ni les 4^ 352 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. » Crève-cœur, etc., ne m'en donnent de la même pesanteur. La coquille extérieure de l'œuf présenté par M. Bossin est d'un blanc sale; elle a 17 centimètres de circonférence et 8 centimètres de longueur; la coquille intérieure est d'un blanc de neige ; le vide existant entre les deux coquilles ne contenait que de l'albumine ou blanc d'œuf. — M. le professeur A. Duméril communique les renseigne- ments suivants sur les Gouramis qui étaient élevés à la ména- gerie des reptiles du Muséum d'histoire naturelle et sur les circonstances qui ont amené leur mort : (( Les Gouramis dé- posés à la ménagerie des Reptiles du Muséum, le 17 juil- let 18(57, y vivaient très-bien, se nourrissant abondamment, lorsque, dans les premiers jours d'octobre, on les vit périr presque subitement; le k, le premier mourut, deux autres succombèrent le 5 et les deux derniers le G. Cette mortalité semble pouvoir être expliquée par l'abaissement rapide de la température qui, à l'extérieur, fut considérable et contre lequel on ne put pas, à l'intérieur, se garantir d'une façon suffisante. Le h, au matin, il n'y avait plus, dans la salle, que 15 degrés centigrades, au lieu de 20 ou 21 degrés qui avaient été notés la veille, et l'eau de l'aquarium marquait, au lieu de 18 degrés, 13 degrés seulement. L'un des Gou- ramis étant mort dans la matinée du h, on interrompit aus- sitôt la circulation d'eau froide venant du dehors, et on chercha à élever la température de l'aquarium en y plaçant des bouteilles de grès pleines d'eau très-chaude, et ensuite en y introduisant un arrosoir rempli d'eau chaude qui, s'échappant par de petites ouvertures de la partie infé- rieure de ce récipient, était sans cesse renouvelée; il résulta de l'emploi de ces appareils une élévation momentanée jus- qu'à 18 ou même 20 degrés. Pendant quelques instants, les poissons étaient ranimés, mais bientôt l'eau redescendait à 15 degrés ou même un peu au-dessous, et ils rentraient dans leur état d'immobilité. Pendant la soirée et la nuil, malgré deux additions d'eau chaude faites à une heure et à trois heures par M. Vallée, gardien de la Ménagerie des reptiles, qui espérait parvenir ainsi à sauver les Gouramis PROCÈS- VERBAUX. Soo » survivants, la Iciiipr.i'aLiii'f' s'csL abaissi'e de nouveau, cl l;i » mort a été la conséquence du refroidissement de l'eau qui )) n'est cependani pas descendue au-dessous de lo degrés )• — M. Delidon adresse la note suivante sur un moyen ima- i^iné par lui pour empêcher les Moules d'être étouffées par la glace : « En l'année 1865, je lis parvenir à M. Geoffroy Sainl- » Hilaire des Moules provenant des dépôts établis sui* les talus )) du petit fleuve la Vie, au lieu dit la Bodelinière, commune » du Fenouiller, canton de Saint-Gilles-sur-Vie (Vendée). Ces )) Moules furent trouvées excellentes. Depuis, j'ai tenté quel- )> ques essais de culture de la Moule hors du lieu de la Bode- » linière, et, dans le Bidletin de la Société impériale d'accli- » matation du mois de juillet i8'J7, page 323, je donnai les » moyens, d'après mes observations laites dans les anciens » dépôts, d'atteindre le but que je me propose depuis long- » temps, de créer partout des dépôts ayant les mêmes qualités » que ceux de la Bodelinière. J'ai voulu même tenter la cul- )) ture de la Moule en claires, à l'exemple de la culture de » l'Huître. J'ai dit, dans l'article ci-dessus énoncé, que j'avais » formé un petit établissement de ce genre sur les bords do la » Vie, dans la commune de Croix-de-Vie, éloignée de près de )) 2 kilomètres des dépôts de la Bodelinière. J'ai procédé )> comme pour les claires à huîtres : le terrain a été creusé, » ensuite exposé au soleil pepdanl près de trois mois, puis » battu comme le fond des aires des marais salants. Après ce ^) premier travail, j'ai un peu exhaussé le fond de mes claires )) par une couche d'environ 3 centimètres de fragments de )) roche micacée ou schiste. Les Moules n'ont été étendues » sur le sol qu'après un nouveau séchage d'environ quinze )) jours par un soleil d'été. Quatre-vingt mille Moules, enle- » vées petites du fond de la Vie, à l'entrée du port de )) Saint-Gilles-sur-Vie, ont été jetées par grappes et sans les » briser sur le sol de mes claires entièrement préparées. Dc- )) puis deux ans, ces Moules grossissaient convenablement, et » les quelques sujets que j'ai retirés pour faire des études de » rapprochement avec ceux de la Bodelinière i)araissaient » avoir les qualités que je recherchais. Mes études ont été in- 2" SÉRIK, T. V. — Mai 18G8. 23 35/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » terrompiies par les rigueurs de l'hiver (1867-i8{i8), et j'ai » cru que le fruit de mes travaux serait perdu sans espoir, La » glace ne pouvait étoulïer les Moules des dépôts dans la Vie, » puisque ces dépôts sont toujours couverts par les eaux de » la mer mêlées aux eaux du fleuve ; mais, dans mes claires, » qui ne reçoivent les eaux qu'à certaines marées, il y avait » à craindre que l'eau de chaque claire ne lut glacée trop » profondément. Dans ces circonstances et craignant une » ruine complète de mon étabUssement , j'ai imaginé un » moyen qiii m'a parfaitement réussi et qui a sûrement sauvé » mes sujets d'un désastre irréparable. La glace se formait » sur mes Moules; je l'ai brisée et, comme j'avais environ » hb centimètres d'eau, j'ai cru pouvoir espérer que l'épais- » seur de la glace n'atteindrait pas le fond, malgré la rigueur » du froid. Le manque d'air pouvait donc seul faire étouffer » les Moules; il fallait éviter ce mal. J'ai choisi de longs mor- » ceaux de charbon de bois, je les ai disposés de manière à » toucher au fond de mes claires et à ressortir au-dessus du » niveau de l'eau ou plutôt de la glace; dans certains endroits » et pour suppléer au défaut de longueur du charbon, j'ai » placé, dans un tuyau de bois, percé de petits trous sur sa » longueur, des fragments de charbon de bois retenus aux » deux extrémités par des rondelles de bois. Ne pouvant faire » un autre remède, j'ai attendu patiemment la cessation du » froid, qui atteignait déjà 13 degrés, confiant mes établisse- » ments à la garde de Dieu. Je doutais du succès. Chaque » jour, j'apprenais que les poissons des réservoirs dans les » marais salants mouraient par la gelée. Les Mulets surtout » étaient tous perdus. Enfin, le dégel arrive; je m'empressai » de casser la glace assez épaisse qui couvrait encore mes )) élèves, et j'eus le plaisir de les trouver tous en pleine vie. » Pas un n'avait été atteint par le froid. Quelques Moules pla- » cées à côté, dans un trou non soumis à l'expérience, étaient ;) complètement gelées et mortes depuis longtemps par l'ac- » tion de la glace. J'aurais bien désiré connaître cet heureux » résultat avant les fortes gelées; en te faisant connaître, » j'aurais pu éviter quelques-uns des désastres qui ont eu PROCÈS-VERBAUX. 355 » lieu. Cependant, comme dit le proverbe : « Mieux vaut tard » que jamais » ; aussi je m'empresse d'aviser la Société impé- » riale d'acclimatation de mon petit succès, en déposant entre » ses mains ces quelques notes, qui pourront aider mes ho- » norables confrères dans leurs études de pisciculture, en leur » fournissant les moyens de lutter avec fruit et à peu de frais » contre les hivers rigoureux. Par le système que j'ai expé- » rimenté et qui m'a réussi, ne pourrait-on pas préserver les » Huîtres, ce mollusque si précieux et de plus en plus rare? » Qu'éviterait ainsi la destruction par le froid des sujets placés » dans les claires, puisqu'il est encore bien connu de l'in- » dustrie de Marennes (Charente-Inférieure) que les hivers » de 1766 et l"8y détruisirent presque entièrement jusqu'aux » bancs les plus profonds des Couraux et de la Seudre. » — M. le docteur A. Gillet de Grandmont fait hommage d'un exemplaire de son Rapport sur les articles de pêche , appareils plongeurs et scaphandres, présentés à l'Exposition universelle. — Remerciments. — Il est déposé sur le bureau un numéro du JSouvelliste de Marseille, contenant un article sur la pisciculture. — La Société d'insectologie agricole adresse le programme de l'Exposition des insectes utiles et des insectes nuisibles, qui doit s'ouvrir au palais de l'industrie le 1" août prochain. — Des demandes de graines de diverses espèces sont faites par MM. Léo d'Ounous, Andrieu, Drouhot et Lemaistre- Chabert. — Des remerciments pour les plantes et graines qu'ils ont reçues sont adressées par MM. de la Brosse Flavigny, Andrieu, Boisnard-Grandmaison, Turrel et Chalot , et par les Sociétés d'acclimatation de Nice et de Tarn-et-Garonne. — Des rapports sur leurs cultures sont adressés par MM. Léo d'Ounous, de la Brosse Flavigny, Boisnard-Grandmaison et Brierre, — M. Turrel signale le fait suivant, qui prouve la persi- stance des facultés germinatives dans les noix d'un Palmier bien précieux pour nos cultures : le Jubœa spectabilis : « J'en » avais reçu, en 1866, au mois de novembre, une douzaine 356 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. » de noix que j'avais semées immédialemenl. En mars i8ii7, » j'eus deux jeunes plants, un troisième en septendn'e, deux » autres (.'n février 18(58 ; il mo reste en ce moment quatre » noix dont l'amande est {raidie et qui germeront, je l'es- » père, au printemps. Trois seulement, sur douze, se sont » pourries. Si j'avais mis moins de persévérance à attendre la » germination de ces graines, j'aurais perdu sept jeunes )) sujets (pn prendront une place convenable dans mes cul- » tures. M. Maumenet(de Nîmes) m'écrit que le Laurm cmn- » phora a supporté, pendant plusieurs jours, — 7 degrés de )) froid à Nimes, en pleine terre. Ce serait donc une introduc- )) tion utile pour notre Midi. La Société ne pourrait-elle pas )) en faire venir des graines? » — M. Huber adresse une planche coloriée di'Jpomœa à feuilles mai'brées de blanc d'argent : « Nous pensons en avoir reçu » la graine de la Société impériale d'acclimatation, à la date » du :20juin 1806, enunpetit paquet portant cette indication : » Fleurs sans nom du Japon. Depuis lors, nous avons fait des » semis, et, deux aimées de suite, nous avons obtenu la fidèle » reproduction des feuilles panachées, ainsi ipie la constante » richesse de coloris des huit belles variétés que celte année » nous avons, pour la première fois, mises dans le com- » mercc. » ■• , , . .;i — M. le secrétaire de la Société d'acclimatation de Queens- land écrit pour remercier des renseignements qui lui ont été fournis sur la maladie de la vigne, et transmet une communi- cation de M. Walter Hill, relative à l'acclimatalion des Cin- chonas. Cette noie rf'pond par la négative à la question posée : Les Cinc/ionas existent-ils à l'état sauvage à Queensland? et donne des détails sur plusieurs succédanés des CincJionas. — M. F. Mueller adresse quelques documents relatifs à l'acclimalalion des (Jinchmias dans le Jardin botanique de Melbourne. — M. de Crehan, consul générai d(! S. M. le roi de Siam , fait hommage d'une Notice intitulée: Le ruijawne de Siam. — Remerciments. "'" — M. Ramon lleinandez Poggio fait hommage d'un PROCÈS- VERBAUX. 357 moire De la AcUmatacion en Canarias de las tropas destlna- das a Ultramar. — Remercîments. — La Société impériale et centrale d'horticulture de France annonce qu'une Exposition générale des produits de l'horti- culture aura lieu, cette année, du 1"' au 3 mai. — M. le Président dépose sur le bureau : 1" un mémoire de M. H. Johanet, Sar la monture et P emploi da mai fi ; 2" Un numéro du Journal d,.' agriculture pratique, dans le- quel sont des renseignements sur les progrès de la Société des agriculteurs de Franco ; 3° un mémoire de M. Carvalho .SV/r Passainissemeirt et la culture du Delta des grands fleuves : Expérierwes dans le Delta de PEhre. -'-■■ M. le Pr(''sident informe l'assemblée que le Conseil a décidé de prendre part à l'organisation du voyage projeté par M. le capitaine Sicard dans le golfe Persique, et prie ceux d(^s membres de la Société qui auraient des éludes ou des recher- ches à signaler, de vouloir bien le faire au bureau qui devra préparer des instructions pour M. Sicard. — M. le Ijaron .1. Cloquet pr<''sente, au nom de son ami M. le comte Charles do Montblanc, membre de notiT Société et commissaire général de S. A. le Taishiou de Satsouma, près l'Exposition universelle de lS(v, la collection des IJam- bous du Japon qui ont figuré à ladite exposition. M. (Uoquet fait remarquer les dilïerences qui existent entre ces divers Bambous pour la grosseur, la couleur et la solidité. Ceux de ces Bambous qui prospèrent dans le nord du Japon pourront être accUmatés en Europe, et seront, un jour, pour l'industrie, ce qu'ont été les pommes de terre pour l'alimentation. M. le comte Charles de i\lontblanc, qui est actuellement à la cour du souverain de Satsouma, donnera sui' ces végétaux les rensei- gnements nécessaires pour leur acclimatation, et sera heureux de pouvoir contribuer au but que se propose notre Société. M. tlloquet présente un spécimen des Bambous du nord de la Chine qu'il cultive à Lamalgue, et fait remarquer la ressem- blance qui existe entre eux et plusieurs de ceux du Japon ; ce sont probablement les mômes espèces. M. Bamon de la Sagra fait observer que le Bambou peut être employé avec le plus grand avantage pour faire des con- 358 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. duites, surtout, si ]'oii a eu soin d'imperméabiliser leur bois en l'imprégnant de substance minérale. Des remercîments sont votés à M. le comte de Montblanc pour le don qu'il a bien voulu faire à la Société par l'entre- mise de M. le baron J. Cloquet. — M. Millet met sous les yeux de la Société une série de nids artificiels destinés à favoriser la propagation des Oiseaux qui nichent en creux, et présente verbalement les observations résumées ci-après : Personne aujourd'hui ne conteste l'uti- lité des oiseaux, et particulièrement des petites espèces, pour la destruction des insectes qui incommodent l'homme et les animaux, et qui causent souvent de graves dommages à l'agri- culture. Parmi ces précieuses espèces, on en compte un grand nombre qui cherchent un abri et qui pondent dans les trous et les cavités des murs et des arbres. Mais, dans les proprié- tés bien entretenues, il existe peu de ces trous ou cavités, et, dans les parcs et les bois convenablement aménagés, on enlève les arbres creux. D'ailleurs, les cavités naturelles ne se trou- vent pas toujours dans de bonnes conditions; car elles sont " souvent exposées aux vents froids, cà l'action des eaux plu- viales, et même aux attaques des ennemis les plus acharnés des petits oiseaux. Les nids artificiels ont pour objet de parer à tous ces inconvénients. On peut leur donner des formes très- variées et les étabhr avec diverses matières, telles que bois, plâtre, terre cuite, verre, etc.; mais, quelles que soient leur forme et leur composition, ils doivent remplir deux conditions essentielles : 1° ollVir de bons abris, et '?■" être établis à des prix assez modérés pour permettre de les appliquer sur une vaste échelle. En faisant passer, sous les yeux des membres présents à la séance, les divers modèles adoptés en Suisse, en Allemagne et en France, et après avoir expliqué les avan- tages et les inconvénients de ces appareils, M. Millet appelle particulièrement l'attention de ses confrères sur des globes cylindriques de terre cuite qu'il a fait confectionner et qui ont été occupés presque immédiatement par diverses espèces d'oiseaux dans toutes les localités où ils ont été placés. Quand ces globes sont appliqués aux troncs ou aux grosses branches des arbres, après avoir été peints d'une couleur vert noi- PROCÈS- VERBAUX. 359 râtre, ils ont tant de ressemblance avec les tronçons ou chi- cots naturels, qu'on a souvent beaucoup de peine à les recon- naître. Leur prix de revient les met, d'ailleurs, à la portée de tout le monde ; car ils ne coûtent que 9 à 10 francs le cent, au lieu de 30, 40, 80 et même 100 francs, prix des autres modèles. M. Millet fait remarquer que les appareils se prêtent parfaitement aux tentatives d'acclimatation ou d'introduction d'oiseaux dans les localités oii certaines espèces utiles n'exis- tent pas. A l'époque où les parents nourrissent leurs jeunes, il est très-facile de s'en emparer en fermant l'ouverture du nid, ou en y appliquant un petit filet en forme de poche, quand ils sont entrés dans le nid. On transporte ensuite le tout dans la localité que l'on veut peupler; les parents, mis en liberté, ne tardent pas à revenir donner la becquée à leurs jeunes. M. Pigeaux objecte que les nids artificiels sont trop visibles et que cela doit faciliter beaucoup trop les déprédations des dénicheurs d'oiseaux; il y aurait donc avantage à leur don- ner une apparence qui permît de les confondre avec les arbres où ils sont placés. M. Millet répond que l'on a déjà pris, au Jardin du bois de Boulogne, la précaution de peindre les nids pour les rendre moins visibles. — M. Loarer donne lecture de la seconde partie de son tra- vail sur l'Himalaya et ses cultures, et donne des détails sur la culture du Thé aux Indes anglaises. (Voy. au BiiUetin, p. 192.) M. Ramel dit qu'il existait, dans les environs de Sainl-Fé- réol, entre Toulouse et Castres, une plantation d'arbres à Thé qui donnait de très-beaux résultats, mais il ignore ce qu'il en est advenu. M. le baron J. Cloquet rappelle qu'il en a vu de grandes quantités cultivées à Hyères, chez notre confrère M. Denis, et que, d'autre part, M. A. Leroy (d'Angers), en avait organise la culture sur une grande échelle. — A l'occasion de l'acclimatation en Algérie de l'oiseau chasseur de sauterelles, dit le Marlin-Tt-iste, et de la lettre y relative, lue dans la précédente séance et adressée par S. E. b 3()0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'AGCLIMATATTON. maréchal duc de Magenta à M. le Président de notre Société, M. Grandidier père fait connaître à la Société la phase nou- velle dans laquelle cette accHmatation est entrée. Sa Majesté, qui se préoccupe vivement de tout ce qui peut intéresser notre grande colonie, a eu connaissance de l'essai d'acclimatation des Martins en Algérie, tenté par M. Alfred Grandidier, et pour iecpie! !a Société a daigné accorder à ce dernier une médaille de première classe. Par suite, l'Empereur a saisi de cette question le ministre de la guerre pour l'acclimatation en Algérie, et le ministre de la marine et des colonies pour l'obtention et le transport de ce précieux oiseau, originaire (lu Bengale et de Java, et acclimaté depuis déjà longtemps à l'ile Bourbon, où il a rendu les services les plus grands en détruisant complètement les myriades de sauterelles qui avaient envahi cette riche colonie. Pour répondre aux désir.«; de Sa Majesté, le ministre de la marine écrivit en novembre dernier à M. le contre-amiral Dupré, gouverneur de l'île de la Réunion, pour qu'il eût à s'entendre avec M. Alfred Grandi- dier, ({ui s'empresserait de lui donner tous les renseignements pour se procurer les oiseaux en question, les nourrir en voyage et leur prodiguer les soins indispensables. Une lettre de ce dernier, datée du 18 février 18(38, annonce qu'il s'est mis en rapport avec M. Dupré, avec lequel il se trouve actuel- lement à la Réunion, et que, par suite, un premier envoi de Martins pourra partir de cette colonie pour l'Algérie dans le courant du mois de mai prochain. — M. Chatin fait don à la Société de cocons de Vers à soie du mûrier et de graine obtenue par lui à Paris l'an dernier. 11 donne à ce sujet quelques détails, et insiste sur l'utilité qu'il y a de faire les grainages dans les départements du nord. M. le marquis de Ginestous observe que la maladie paraît se concentrer par bassins, et qu'ainsi celui du Rhône est très- attaqué alors que le bassin de la Saône est presque indemne. — M. Pigeaux fait la communication suivante : « Dès » que la culture intensive et perfectionnée fut préconisée par » les agronomes comme étant essentiellement rémunératrice, » on s'aperçut bien vite des inconvénients inhérents à cette PROCÈS-VERBAUX. 361 méihodo; force fut aux cullivateurs d'aviser aux moyens de combattre la prompte dégénérescence des graines confiées à la terre. L'alternance des récoltes de diverse nature fut d'abord essayée avec un succès qui ne tarda pas à se dé- mentir, à cause de l'analogie trop grande des terres d'un même canton. Ayant reconnu l'insuffisance de ce procédé, on demanda à des régions plus éloignées les graines néces- saires pour Tensemencement; et si grand fut le succès de cette méthode, qu'elle est arrivée jusqu'à nous sans trop faillir au but qu'on se proposait d'atteindre ; cependant, s'il faut en croire les données historiques les plus remarquables consignées dans les auteurs qui ont écrit trois ou quatre cents ans avant ,1. C, sur la culture du nord de l'Afï'ique, vers les plus beaux temps de l'empire carthaginois, on avait déjà expérimenté et reconnu la nécessité et le succès d'un mode de culture spéciale pour régénérer la graine affaiblie par une culture intensive trop longtemps employée. On avisa de semer sur un terrain préparé et d'espacer suffi- samment les plants pour qu'ils puissent atteindre tout leur développement et jouir du bienfait d'une insolation et des irrigations si favorables sur le sol brûlant de l'Afrique. Les vingt livres de Constantin Cœsar, publiés en 1557 et qui contiennent toutes les traditions de la culture carthaginoise vers le temps du grand Annibal, contiennent les plus pré- cieux renseignements relatifs à cette méthode. Nous sommes d'autant plus porté à la recommander à de nouvelles expé- rimentations, que tous les maraîchers de Paris n'emploient pas d'autres moyens pour conserver et améliorer les se- mences si remarquables dont ils font usage. N'a-t-on pas, ilans ces derniers temps, reconnu et conseillé la petite édu- •■ation partielle pour améhorer la graine des Vers à soie et prévenir la maladie, engendrée en partie par la culture in- tensive des grandes chambrées? Ne sait-on pas que le ty- ])hus naît presque nécessairement dans les hôpitaux encom- brés? n'a-t-on pas constaté l'infection et la contagion de cette maladie? Les pommes de terre malades ne sont-elles pas le plus souvent confiées à une terre trop amendée, où 362 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. » les semences ne sont pas suffisamment espacées en raison » de la souche vigoureuse des fanes? Les semences sont cer- » tainement utiles et profitables aux cultures intensives-; mais il » ne m'est pas prouvé qu'elles sont aussi favorables à la bonne » nature des semences, qui sont plus grasses, il est vrai, mais » qui manquent d'énergie vitale. La production spéciale des » graines pour ensemencement me paraît donc le mode le )) plus efficace pour faire naître de bonnes graines, dont on » peut se servir avec un plein succès pour la culture intén- » sive. La Société d'acclimatation ne saurait trop chercher à » la propager parmi ses adeptes, d'où elle irradiera dans les » grandes cultures. » M. Chatin, à ce sujet, revient sur les faits présentés à la dernière séance par M. le comte de Diesbach, et dit que la dégénérescence dont l'avoine a été atteinte a dû être com- battue par le changement de pays où se ferait la culture pour semailles. M. Richard (du Cantal) fait observer que cependant il y a des espèces ou des races qui se perpétuent dans des localités quelquefois très-restreintes, et qui dégénèrent dès qu'on les cultive ailleurs. Pour obtenir le meilleur résultat des se- mences, il faut revenir au point initial. — M Chatin dépose sur le bureau, au nom de M. J. Roth- child, éditeur, les ouvrages suivants : l" Le Monde des bois, par M. Hœfer; 2" IJ Arf des jardins , par le baron Ernouf; 3" UArê de planter 1rs arbres forestiers, fruitiers et d'agré- inent, par le baron de Manteuffel ; ff Les Conifères indigènes et exotiques, par M. de Kirwan ; 5" L^es Animaux des forêts, par M. R. Cabarrus; 6" Le Charbon, pustule maligne, sang de rate, maladies charbonneuses, par M. Ch. Babault; 7° Les Destructions des arbres d' alignement, par le docteur E. Ro- bert; 8" L Aménagement des forêts, par M. A. Puton. — Remercîments. Le Secrétaire des séances, J. L. SOUBEIRAN. r III. CHRONIQUE. Une nouvelle industrie dans la rivière de la Plata La Sociéîé dVclimafKtion de Montevideo a obtenu un triomphe qui mc'- rite une notice spéciale et que nous sommes lieureux de croire de la plus grande importance pour ces contrées. Il s'a^if de l'introduction d'un pelii troupeau d'Alpacas et de Lamas qui, apr^s d'immenses efforts et de lourdes dépenses, est enfm arrivé sain et sauf dans les fertiles plaines du Jiamkt oriental. L'histoire des brebis mises en ferme dans la rivière de la Plata est si ré- cente dans notre mémoire qu'ilne faut pas grand effort pour la retracer de leur enfance à leur acclimatation, et même nous pouvons ajouter jusqu'à leur décroissance. Peter Shcridan, si l'on peut dire la v.=rité , a plus fait pour Bucnos-Ayres que tous les généraux et héros qui figurent dans l'his- toire de la rivière de la Plata, et nous sommes heureux de constater que malgré les fortunes incertaines de cette contrée, il n'y a pas manqué d'hommes enflammés de la même ambition industrielle et décidés à mar- cher sur ses traces. MM. Coll, Biehl, etc., ont noblement travaillé pour leur pays d'adoption , et il est possible que la postérité estime mieux que leurs contemporains l'importance de leurs efforts. L'industrie des moutons en ferme, pour beaucoup de raisons, est mainte- nant en décroissance ; les impôts et l'excès de production sont sans doute les principales de ces causes. Le pâturage est aussi bon, les terres sont aussi iertiles que quand cette industrie était dans ses meilleurs jours; la produc- tion est la même, ou plutôt elle s'accroît ; mais il y a un chancre à la racine, et il est étrange de dire qu'il n'y a pas pour elle d'autre place que le lîanda oriental. Les hommes vont à ce pays par tous les steamers, ils galop- pent de terme en ferme, ils regardent les troupeaux, font leurs calculs • mais a toules leurs stations nous entendons la même complainte : la terre est trop chère; le fermage est trop élevé; les impôts sont excessifs ; la laine est con- stamment en baisse. 11 y avait donc quelque chose à entreprendre pour don- ner une nouvelle vie aux affaires, et la société d'acclimatation de Montevideo est heureusement venue a la rescousse. En introduisant les alpacas et les lamas, ces précieux animaux, elle ouvre un nouveau débouché aux fermiers de la rivière de la Plata. La laine du mouton est devenue si abondante sur le marché européen que son prix actuel couvre à peine le prix de production, et cependant tandis que le cours actuel du marché est si bas, toutes les choses nécessaires de la vie sont en hausse. Aussi avec un lourd droit d'exportation sur la produc- tion, et avec un droit d'importation encore plus lourd sur les objets de con- sommation, le fermier de la rivière de la Plata se trouve victime d'une légis- lation mal dirigée, et forcé de travailler aussi durement dans les pampas de 36Zi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. rAmi'i-iqiic du Siu! , pour avoir une niiséiable oxislcnce, que dans les États les plus peuplés de TEurope. L'introduction des alpacas dans la rivière de la Plata, si peu encouragée et presque redoutée, peut d('finitivenjent conduire à la producfinn d'un marché plus considérable que celui de la laine de mouton, et il serait à dé-sirer que le gouvernemeul de Buenos-Ayres suivîl l'exemple de \IVI. CoU, Biehl, etc., et, pour une fois au moins, procurât quelques troupeaux de ces précieux ani- maux. Les entreprises particulières ont toujours eu, dans J'AnK-riqne du Sud, plus de succès tpie celles des gouvernements, et l'on pouvait penser que ceux qui introduiraient de ces animaux ne seraient pas soumis à la taxe de- puis l'Estancia jusqu'aux routes extérieures, ainsi que cela se pratique actuel- lement i)our les moutons ; nous croyions que les capitalisies et autres personnes prendraient des mesures pour imporler des alpacas; mais malheureusement dans ces contrées il n'y a pas de proleclion pour le fermier. Les hommes qui on! le capital el l'énergie nécessaires pour essayei- l'introduction de l'alpaca reproducteur sont accablés par les abus qui existent dans les camps, e! par les taxes exigées par les villes. Pour assurer le succès, il faut que le gouverne- ment prenne l'initiative, et offre des primes aux importateurs. L'imporlance de l'alpaca ne peut être exagérée, et les détails suivants, que nous avons reçus du Siglo de Montevideo, convaincront nos lecteurs que si les efforts de M\T. Coll, Bielli et autres avaient eu la même assistance que ceux de notre compatriote M, Slieridan, quelques années plus lard, les plus beaux jours de la rivière de la Plata seraient revenus, et l'état décroissant du marclH- aux laines n'aurait été qu'un accident passager. Premièi-e introduction d' Alpacas, Lamas et Virjognes. — De toutes les conquêtes industrielles que nous pouvons avoii' désirées, indubitablement la plus utile pour la contrée appelée llépublique orientale de l'Uruguay est l'acquisition de ces animaux naturalisés aux Andes de la Bolivie et du Pérou qui produisent une laine longue el soyeuse, connue sous le vrai nom de laine d'alpaca. Celte conquête est mainlenanl réalisée. Un troupeau de quatre-vingt-dix tant laïuas qu'alpacas a été ameui' des Cordillères des Andes à l'Atlantique, au prix d'un iravail persévéranl, de nuits sans sonmieil el de fatigues de toutes sortes, que peuvent seuls apprécier ceux qui ont voyagé à tiav<'rs les vastes contrées de l'Ame'' rjque du Sud. Le nombreux concours de marchands el de fermiers qui visitent, chaque jour, les animaux récemment débarqués, prouve l'importance de l'introduc- tion dans la Bépublique de ce nouvel élémenl de produits considérables jus- (|u'alors inconinis. C'est paice que le temps n'est pas encore bien éloigné où rintroduclion des nu-rinos donna une uou\elle impulsion à notre ricliesse nationale, en donnant aux terres une valeur quintuple de celle qu'elles avaient avani, par la plus-value des exportations, que mainlenant des résul- tats plus brillanls encoi'e peuvent être espérés si (l(>s lamas, vigognes et CHRONIQUE. • 365 alpacas reproducleiu-.s peuvcnl èlrc acclimatés clans la ri-piililiquo dr l'Uruguay. j\()us sommes persuadés que ceite acclimatatiou pcul èlre efTectuéc t'acile- menl e( prompteuieiil , cl nous allons le prouver [)ar des faits aulhenliques el bien connus. Utilité des alpacas. — En traitani de i'importaiion de ce nouveau frou- peau , la preniièic question à iésoudre est celle de l'uliliié pratique de ces animaux dans la conlr(''e où ils seraient introduits. En traitant des alpacas et des lamas, nous devons considérer la valeur de leur laine, la quantité qu'ils en produisent , el les moyens de les élever dans les pâturages naturels de la ïlépublique orientale de l'Uruguay. Valeur de leur laine. — La consonunation de la laine d'alpaca eu Eiu-ope a été telleiiicnt en croissant que sa seule limite est celle de la produclion que peuvent en fournir la Jîolivie, le l'érou et l'Equateur. Le commerce de Liverpool, selon ce qui est venu à notre connaissance, évalue à trois millions de livres sterling la laine d'alpaca importée annuelle- ment en Europe. La Compagnie montévidéenne, fondée pour l'acclimatation dans cette con- trée des animaux qui fournissent ce précieux produit, calcule que la laine d'alpaca, bien préparée, et dans de bonnes conditions, peut être payée à Liverpool au prix de cinq scliellings par livre (6 fr. 25). I^a laine de lama demande peu de travail. L'animai est une bonne bcie de somme, patiente el forte, et pour faire des croisements , l'introduction dit lama a beaucoup de prix. Il fournit aussi d'excellente viande. Les alpacas, d'autre part, soni essentiellement propres à la production de la laine. Ceux qui sont arrivés à donlevideo nous paraissent supérieurs de tous points à ceux que nous avons vus dans les jardins zoologiques de Paris et d'Amsterdam. Une toison d'alpaca pèse de cinq à dix livres, et même au delà. La lon- gueur de la laine est environ de 26 centimètres el nous eu avons vu qui mesuraient plus de 12 pouces. L'alpaca enfante annuellemenl. Un mâle est susîisanl pour vingt el même pour quarante femelles. L'alpaca et le lama se croisent indistinctement, et le produit de ce croise- ment s'appelle Alpa-lama en Jispague el Ciuayquichas dans le pays. L'alpaca croise aussi avec le kinna; le produit, appelé Pacocha, n'a pas donné, jusqu'à présent, les résultats qu'on en alleudail pour la iaine. Facilité de Vaccliinaiation. — La difliculté d'acquérir des lamas et alpa- cas américains est un fail depuis bien longleiiips consiaté en Europe. La grand naturaliste liulVon écrivait en 1765 : « L'inipoitance de ces animaux est telle qu'ils produiraient un bénéiice plus imporlanl pour nous que tous l'or du nouveau monde. » Au commencement de notre siècle, l'impératrice .Joséphine essaya de réaliser les projets de Bulfon , et demanda à Charles 1\" de lui envoyer du 366 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOO^OGIQUE d'ACCLIMATATION. Pérou un troupeau de ces animaux. Et à la suite de cette demande plus de trente furent envoyés de Bolivie h Buenos- Ayres et arriva à Cadix on 1808. Ce premier essai ne réussit pas, mais il établit, sans aucun doute, le fait que les alpacas et les lamas pouvaient vivre loin des Cordillères dans les cli- mats et avec les aliments les plus différents. En Angleterre lord Derby possède un troupeau d'alpacas qui s'est accru tous les ans. En J8ii7, le roi Guillaume 11, de Hollande, possédait un trou- peau de 1 rente dciix animaux, parmi lesquels étaient douze alpacas considérés comme ayant été enlièrement élevés en Hollande , quoique nous pensions que cpielques-uns de ceux récemment importés à Alonlevideo sont très- supérieurs à ceux du roi de Hollande. Le gouvernement britannique, désireux de doter ses colonies pastorales dans riiémisplière sud de celle nou.elle source de richesse, a offert un prix de 10 000 livres sterling à la personne qui introduirait dans TAuslralie un troupeau d'alpacas. Ce prix a été adjugé à Âl. Ledger, cpii est arrivé à Siduey le 20 septembre 1858, avec 256 de ces animaux survivants de 400 rassem- blés par ce gentleman au Pérou. Postérieurement la colonie ausîralienne pensant que ce prix de 10 000 livres sterling n'était pas une rémunération suffisante de cet audacieux voyage, et prenant en considération la richesse que cette nouvelle race promettait à l'Australie, adopta les enfants de M. Ledger, leur donna un second prix de 5000 li\res sterling, et vota ime somme annuelle de 1600 livres pour l'en- iretien du troupeau. Depuis lors, et malgré les fatigues de leur long voyage, les alpacas et les lamas ont prospéré et se sont accrus en Australie. Aucun doute ne peut donc plus rester sur la facilité de Tacclimalation de ces animaux ; miiis si ce doute pouvait encore exisler, il serait actuellement dissipé par l'iiistoire des longues et fatigantes journées endurées par les ani- maux arrivés récemment au port de Montevideo. Après avoir quitté la Bolivie depuis près de quatre ans , et avoir traversé les provinces de Jujuy, Salta, Catamarca, Cordolja et Santa-f é, ils furent emljarqués à Uosario, et le 2Zi octobre 1867 ils prirent terre dans la capitale de la république d'Uruguay , sous les soins intelligents et persévérants d'un naturel du Pérou, don Miguel Alvma. {The Standard and River Plaie news. — 7 novembre 1867.) iXote sur les produits animaux et végétaux exportés du Japon. Analyse d'un mémoire de M. Léon DuRY. Nous avons sous les yeux un mémoire sur le mouvement commercial de Nagasaki, pendant l'année 1867, de M. Léon Dury, vice-consul de France dans ce port, et membre de notre Société. Nous extrayons de cette étude les articles du règne animal et du règne végétal qui intéressent particulièrement l'acchmalation : CHRONIQiUE. . «^67 Soie. Le port de Yokohama, situé à proximité des districts de soie, en est le principal entrepôt. Graines de Versa soie. Yokohama lient encor- le premier rang pour la vente de cet article. Viennent ensuite les port-, d'Akodadé et de Nagasaki. Le Thé occupe une place considéraJ>le dans le commeerce d'exportation, surtout à Nagasaki; mais il est à regretter que les restrictions, les entraves incessantes, diminuent de beaucoup l'importance de ce commerce. Dix pro- vinces ou districts envoient leurs thés au marché de Nagasaki, lcs plus eslimés sont ceux de .lamashyro, Suranga, .luizin, Jsé. La principale expor- tation se fait en Amérique et au Canada, car le Thé japonais n'a pas encore trouvé grande faveur en Europe. Uhuile de poisson s'exporte en grande quantité du marché d'Akodadé. Varech. Les Chinois en l'ont une grande consonuualion en guise de sel. On le recueille surtout sur les côtes de Jeso et aux environs de Nagasaki et de Simonosaki. Le Camphre est produit presque exclusivement dans l'île de Kinsin. Nagasaki en est le principal marché. La Cire végétale provient de la même île. Elle se vend à Nagasaki et trouve un bon débouché en Emope où l'on s'en sert pour les bougies et les allumettes. La Cire d'abeilles efit d'mi commerce sans importance. La Noix de galle arrive sur le marché en quantités considérables. La qua- lité est aussi bonne qu'en Chine. Les médicaments viennent presque tous des îles Liakin. Ils sont actuelle- ment sans utilité pour l'Europe; mais M. LéonDury se propose de faire, avec un médecin japonais auquel il a enseigné le iVançals, une étude sur ces plantes médicinales et d'en recueillir des spécimens (ui'on soumettra à l'exa- men de la Société impériale d'acclimatation. Le Jensen est une de ces plantes à lacpielle les Chinois attachent une très- grande vertu. Ils viennent la cultiver eux-mêmes au .Japon pour Tiniporter ensuite dans leur pays. Le Tabac est très-cultivé et d'un usage général. La fabrication s'en amé- liore, mais l'exportation est encore peu considérable. Coton. Pendant la guerre d'Amérique, le Coton japonais était très-re- cherché, depuis la paix, l'importance du marché a cUniinué de beaucoup. l'apiers. Les Japonais sont très-liabiles dans la fabrication du papier, ils en font des parapluies, des chapeaivx très-solides. L'exporlation ne peut avoir ici une valeur réelle; car les .Japonais seuls peuvent écrire sur leur papier, avec un pinceau et de l'encre de Chine. Le Poisson sec est exporté seulement en Chine. LdiSoya est une sorte de sauce, mélange de fève. blanche et de froment bouilli et qu'on a laissé fermenter. Des envois considérables de Soya se font à .Java et en Holfande. Les Céréales sont très-abondantes. La culture est excellente au Japon, 368 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATJON. mais ses produits ne trouvcnl pas de débouclK' en Kuiope. « Le hoiilaiigcf » français, dit M. Dury, a reconnu qu'il «^lait impossijjle de faire du bon ») pain avec la farine japonaise seule, il faut la mélanger. » Les .Japonais cultivent très-bien le Riz, et c'est la base delà nourriture des habitants. Aussi l'exportation en est-elle rigoureusement prohibée. Le Japon offre, en somme, des ressources assez limitées à l'alimenUiliondes Européens qui y résident. Cependant, le bœuf y est excellent et complète- ment abandonné à la consommation des étrangers. I^es Japonais n'en man- gent jamais. La volaille est très-commune, mais les gens aisés seuls jjcu-.ent en user; car le prix en est assez élevé. Un poulet se vend L> fr. à 2 fr. 50. Le gibier, surtout le Faisan et le Lièvre, sont très-abondants en hivei-. 1 ;e Poisson se pèche en grande quantité, notamment le Sanmon et le Taï. Les .Japonais mangent cru ce dernier poisson. Les fruits sauf les mêmes qu'en Europe, bien que d'une qualil('' inférieure, sont l'Orange et la Mandarine, et un fruit particulier au .Japon, Je Cacki, espèce de figue. On commence à cultiver les légumes d'Europe. Depuis longtemps, les Pois et les Haricots se récoltent à profusion. Les abeilles en i^ologne. < iraliani dit, dans sa vie de Commendon, en parlant de la l'odulic (Pologne) : « C'est une chose extraordinaire rjne la grande quantité de miel que l'on ré- )) coite en ces quartiers et sans aucune peine. Des essaims d'Abeilles, épars » dans toutes les forêts, vont se percher sur des arbres, ou demeurent cachés )) dans tous les lieux creux qu'ils ont pu trouver. Ils exposent partout leur miel, » ils entrent même dans les trous et dans les fentes tie la terre el y laissent » une grande quantité de cire et de miel. » Aussi un ancien chroniqueur po- lonais disait-il, en parlant de la Podolie, que « partout où on y portait le pied, on faisait jaillir des sources de miel ». L'apiculture était, du reste, très-répandue noiî-seulemcnt en Podolie, mais dans presque toute la Pologne, et donnait des revenus importants. Chaque ferme avait des ruches : on vendait la cire; le miel servait à faire l'hydromel. L'élevage des Abeilles était un art traditionnel, et, pour ainsi dire national. Il en est souvent question dans h^s vieilles clironiques. Piast revenait, dit-on, de donner des soins au gouvernenienl de ses essaims, (piand ii rencontra les messagers chaigés de lui apporter la couronne de Pologne. On lui proposa l'exemple de la reine des Abeilles comme devant ser\ir de type à la monar- chie polonaise, et quand le duc d'Anjou entra dans son nouveau royaume, on ne crut pas lui pou\oir faire de plus gracieux compliment que celui-ci : «Les » Abeilles de Pologne vont mépriser la Violette et la Rose, maintenant que le » Lys de France fleurit au milieu de uou.'î. » (Tout ce passage est extrait d'un ouvrage intitulé : Henri, de Valois et la Pûloijne en 1572, par le marquis de Aoailles. T. I, ch. \IV, à la fin.) I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). ÉDUCATIOiN DU LOPHOPHORE RESPLENDISSANT, EN FRANCE, -T* Par M. POMME. Messieurs , Je vous demande la permission de vous présenter quelques observations sur le Lophophore resplendissant {Lophophorus Impeyamis), ce magnifiquo oiseau que les Indiens, dans leur admiration, ont surnommé V oiseau d'or, qu'ils auraient appelé plus justement l'oiseau d'émeraude et de saphir. En effet, l'éclat de ces pierreries brille sur le plumage du mâle, mêlé à des tons pourpres lustrés, violets pourprés, bleus métalliques, noir corbeau, et font de cet admirable gallinacé une véritable merveille, ornée de toutes les splendeurs que la main de Dieu a prodiguées aux oiseaux de l'Himalaya. Sans nul doute, il serait le roi des airs, si la royauté appartenait à l'éclat, à la magnificence du plumage. Je ne m'étendrai pas sur la description de ce bel oiseau. Chacun de nous a pu et peut encore en voir mi couple dans notre Jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne, et le bulletin delà Société renferme, en décembre 1S67, une étude complète du Lophophore Drouyn de Lbuys publiée par notre savant col- lègue, M. Jules Verreaux. Je dirai seulement que sa chair est savoureuse, succulente et très-recherchée dans l'Inde, lorsqu'il est jeune. Son poids varie de 3 kilogr. à 3 kilogr. et demi. Jusqu'à ce jour les mœurs, les habitudes du Lophophore, ne sont pas complètement connues. Le Dictionnaire universel d'histoire nalurclle avoue que les renseignements lui man- quent. M. Brehm, naturaliste allemand, dans son granj ouvrage sur les oiseaux {lllustrirtes TJiierleben) est plus explicile et donne les observations les plus complètes qui existent. Il nous (1) La Sock'lé ne prend sous sa responsal)ilitc aucune des opinions (-nn'ses par les auteurs des articles insérés dans son Bullelin. 2^ SÉRIE, T. V. — Juin 18G8. 24 370 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. apprend que les Lophophores ou Monaul se renconlrcnL prin- cipalement sur les chaînes occidentales de l'ilimalaya, à une altitude qui varie de six mille à dix mille pieds au-dessus du niveau de la mer. Ils remontent à mesure que la clialeur augmente, et ne s'arrêtent qu'à la ligne des neiges éternelles. C'(ist sans doute ce qui explique la rareté de renseignements, car il n'est pas facile de suivre ces oiseaux et de les observer sur place. Au contraire, lorsque la saison froide arrive, ils se réunissent par bandes considéraltles, quelquefois jusqu'à cent individus, et viennent chercher à une altitude moindre une température moins rigoureuse. Dans les hivers très- froids, si la couche de neige est épaisse, ils descendent au pied des collines, dans le voisinage des villages, et jusque dans les jardins. Cependant, quelques mâles, les plus vieux, persistent à rester sur les cimes élevées, et à braver les rigueurs du froid. Cet oiseau se nourrit de radicelles, de vers, déjeunes pousses d'arbres, d'herbes, d'insectes, de diverses baies et graines. Avec son formidable bec, il écarte la neige, à une certaine profondeur, pour découvrir la terre et trouver sa nourriture. Au printemps, tous ceux qui sont descendus dans les vallées regagnent les plateaux supérieurs, mais les femelles remontent moins. Elles se réunissent par petites troupes, dont le chiffre s'élève quelquefois à douze. Les mâles, au contraire, continuent à gagner les chaînes élevées de la montagne et semblent faire séparation de corps et de biens, mais non pas, sans avoir épuisé les douceurs de la lune de miel, nous en aurons bientôt des preuves vivantes. Cette séparation des deux sexes, au moment où la ponte commence, se retrouve ordinairement chez les oiseaux polygames. En eflet, le rôle du mâle est terminé, puisqu'il ne prend aucune part aux soins que réclame la jeune famille. Mais il est rare que cette sépa- ration soit aussi complète. (3n pourrait peut-être en trouver l'explication dans ce qui se passe dans nos volières. En effet, il arrive très-fréquemment, après les premiers œufs pondus, que le mâle, devenu sans doute furieux par les refus de la femelle, la poursuit avec acharnement et la tue, si l'on ne ÉDUCATION DU LOPIIOPIIORE RESPLENDISSANT. 371 vient à son secours. Je crois qu'à cette époque, la fécondation (le la grappe est opérée, et que la séparation n'a plus d'incon- vénient. Il ne faudrait donc pas hésiter à renfermer le mâle à part, dés que ses mauvaises dispositions se manifestent. . La femelle commence à pondre à l'entrée du printemps; elle fait son nid, comme notre Faisan commun, au pied d'un arbuste, ou sous une touffe d'herbes sèches; elle pond de cinq à huit œufs, semblables à ceux de la Poule d'Inde, mais un peu moins gros. L'incubation dure vingt-huit jours. Les femelles seules en restent chargées, ainsi que de l'éducation de la jeune famille. Elles semblent s'associer pour mieux élever leurs petits. Il n'est pas rare de les rencontrer, par douzaines, conduisant un troupeau de jeunes élèves. Il n'est pas surprenant, messieurs, qu'un oiseau si remar- quable par la richesse de son plumage, si précieux par la saveur et le volume de sa chair, ait tenté le zèle des ornitho- logistes et, en effet, plus d'une tentative a été faite pour son acclimatation en Europe, et pour en obtenir la reproduction. Jusqu'à présent, le succès n'a pas été aussi complet qu'on pouvait le désirer. Lady Impey apporta les premiers sujets en Angleterre. C'est tout ce que l'on sait relativement à cette première ten- tative. Il en est de même d'une reproduction qui aurait eu Heu dans le parc, si justement célèbre, de lord Derby. Mais les plus persévérants efforts ont été faits par l'habile et heureuse direction du Jardin zoologique de Londres. C'est là aussi où l'on rencontre la réussite. Les publications annuelles de cette Société {Proceedings of the zooloykal Suciety of London) font connaître les résultats obtenus, au double point de vue de l'acclimatation et de la reproduction. En remontant de vingt années, jusqu'en 18Zj8, on trouve les renseignements suivants : En 18/iS, lord Harding annonce qu'il a reçu de l'Inde un Lophophore, et qu'il a l'intention de le confier immédialc- ment au Jardin zoologique. Les années IS'iO, 1850, 1851, 1852 et 1853 ne contien- nent aucun document relatif au Lophophore. ..': 372 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. En 1854 et 1856, des spécimens de ces oiseaux ont vécu quelque temps à la ménagerie. Il est parlé, pour la première fois, mais sans détails, de ponte et d'éclosion. En 1855, lord Hodgson publie quelques observations sur le Monaul, qui habite les régions supérieures de l'Himalaya. L'année 1857 est muette. 1858 donne quelques détails sur les habitudes du Lopho- phore. Ces détails confirment ceux qui ont été donnés plus haut, d'après M. Brehm. Il y est fait mention d'une chasse qui a duré onze jours, et pendant laquelle deux chasseurs ont tué soixante-huit Lophophores. Dans celte même année 1858, cinq variétés de gallinacés, parmi lesquelles ligure le Lophophore, ont produit cent qua- tre-vingt-quatre œufs desquels il est né cent vingt-six sujets, cent onze seulement ont pu être élevés, et ont été repartis chez divers membres de la Société anglaise, ayant les facilités nécessaires pour continuer l'expérience. Ces résultats sont indiqués en bloc. La part qui revient aux Lophophores n'est pas déterminée. Mais il est probable que la plus considérable revient à ces oiseaux qui composent les quatre cinquièmes de cette nomenclature. De 1850 à 1867, il n'est rien publié sur le Lophophore qui mérite d'être cité. Enfin, messieurs, à la fin de 1867, après dix-neuf ans d'habiles et persévérants eftbrts, voici, année par année, ce que le Jardin zoologique de Londres avait pu obtenir par la reproduction locale, et par les arrivages de l'Inde. Naissaui'cs. Inijifji'tiUiims. 1861 2 0 1862 2 1 , . 1863 2 2 186i 0 0 1865 6 ■ 13 1866 Il 1 1867 __0^ 0 Total (le 7 années conséculives. 16 17 Ce qui donne en moyenne, par année, 5,28 pour 100 nais- sances, et 2,43 pour 100 importations. •» ÉDUCATION DU LOPllOPIIORE RESPLENDISSANT. 3/3 En France, notre Jardin d'acclimatation n'est pas resté inac- tif lui aussi. Il a voulu apporter son contingent d'efforts à la reproduction du Lophophore. Des œufs ont été pondus, des éclosions ont été obtenues, mais comme presque tous ceux éclos en Europe, les jeunes poussins ont succombé dans les premiers jours d'octobre, à l'époque de la première mue. Une nouvelle ponte est commencée en 1867. A Anvers, l'actif et intelligent directeur de l'établissement zoologique a aussi obtenu, en 1865, une éclosion de jeunes Lophophores;mais, malgré tousses soins, ils n'ont pu échap- per au sort commun : vers la fin de septembre, ils ont com- mencé à dépérir, et sont morts quelque temps à près. Voilà, messieurs, quelle (;st, à peu près, l'histoire assez lamentable des tentatives faites depuis vingt ans pour obtenir la reproduction du brillant Lophophore. L'œuvre est peu avancée, et le grand obstacle pour l'élevage des jeunes pous- sins semble tenir aux difficultés de la première mue. Maintenant, si ce n'est pas abuser de votre bienveillante attention, je vous rendrai compte d'une tentative de repro- duction que j'ai faite l'an dernier, qui a un peu moins mal réussi que les autres, et est, je crois, la première obtenue en dehors de l'Angleterre. Pendant l'hiver de 1866, par la bienveillante intervention de M. le directeur de notre Jardin zoologique, j'obtins un couple de Lophophores adultes. Je les établis chez moi, à la campagne, dans une volière où l'espace leur était largement mesuré. C'était encore une prison, mais une prison relative- ment grande, puisqu'elle contenait 250 mètres superficiels. • Au centre delà volière se trouve une petite cabane, destinée à servir d'abri contre la pluie et surtout contre l'ardeur du soleil que les Lophophores redoutent beaucoup; quelques jeunes épicéas sont plantés cà et là, et ces oiseaux se com- plaisent à se réfugier sous leur épais feuillage. Pour nourri- ture, je donnai ce que l'on donne partout, un mélange, par parties égales, de froment, de sarrazin et depetitmillet rond. J'y ai joint des choux, de la salade, des vers de terre, une pâte composée d'œufs durs hachés et de pain émietté : les vers et la pâte doivent être donnés avec ménagement. 37/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGGLIMATATION. J'insiste, messieurs, un peu longuement peut-être, sur l'installation et la nourriture des reproducteurs, parce que je crois qu'il est indispensable de les mettre dans les meilleures conditions hygiéniques, au moment de la ponte. C'est la pre- mière, c'est la principale cause de succès. Quand le père et la mère sont bien portants et vigoureux, la ponte est facile et régulière ; le développement des germes s'opère rapidement, et les jeunes poussins, nés vigoureux, grandissent avec promp- titude et facilité. Il faut donc, avant tout, que les parents soient vigoureux et bien portants. La femelle commence à pondre le 23 avril, i^a ponte avait lieu tous les trois à quatre jours. Le 18 mai, il y avait huit œufs pondus. Je les contiai à une petite poule anglaise. Une seconde ponte de huit œufs eut encore lieu, de la même manière que la première. Je les mis en incubation, le 18 juin, un mois après la première couvée : je crois que j'ai eu tort d'attendre aussi longtemps (un mois) avant de confier les œufs à une couveuse ; en elTet, les œufs portaient leur date, et j'ai reconnu que les éclosions obtenues provenaient des œufs pondus les derniers. Au contraire, dans les œufs non éclos, le développement de l'embryon était d'au- tant moins considérable que la date de la ponte était plus éloignée. Sur cette ponte de seize œufs, deux ont été cassés, cinq étaient clairs, quatre contenaient le poussin complètement formé, mais il n'avait pas rompu la coquille, la force lui ayant manqué ; enfin cinq poussins sont éclos : pour ceux-là l'éclo- sion a été facile et rapide. En sortant de l'œuf, ils étaient •vigoureux, agiles et portaient les pennes de l'aile toutes venues. Entraînés sans doute par une aspiration instinctive, ils s'élançaient constamment vers le point le plus élevé qu'ils pouvaient atteindre, comme s'ils voulaient se rapprocher des altitudes qui leur avaient été assignées pour demeures. Ils ont été mis dans une boîte à faisans ; dès le troisième jour, ils avaient la liberté de sortir de la boîte, où ils allaient rejoindre leur mère, demeurée captive, lorsqu'ils avaient besoin de se réchauffer. Leur nourriture consistait en œufs de fourmis, mie de pain émiettée, œufs durs hachés, blé, sarrazin, millet, auxquels il EDUCATION DU LOPHOPHURE RESPLENDISSANT. 'Mb faut ajouter l'herbe, les baies, les insectes qu'ils savent trou- ver, et surtout une substance mystérieuse qu'ils cherchent avec ardeur, en labourant la terre avec leur bec, comme avec une pioche. Jeunes et vieux se livrent également à cette ardente recherche. 11 m'a été impossible, malgré toute mon assiduité, de pouvoir distinguer ce qu'ils trouvent et avalent. Ce n'est pas un ver, c'est quelque chose dont ils sont très- friands, et qui doit jouer un rôle important dans les fonctions gastriques. Sans doute, on pénétrerait ce mystère, en ouvrant l'estomac d'un Lophophore. Mais ces oiseaux valent encore de 700 à 800 francs la pièce, et il ne s'est pas trouvé de natu- raliste assez curieux pour aller à la découverte. La mère Lophophore habitait une volière voisine de celle où s'élevaient ses propres enfants, livrés aux soins d'une nourrice étrangère ; un simple panneau de grillage les sépa- rait. Quoique couvés par un autre, son cœur maternel les reconnut, elle se tenait le plus près possible d'eux, et les appe- lait constamment d'une façon fort touchante. Je me laissai malheureusement attendrir, et j'ouvris la porte de communi- cation. La mère se précipita au-devant de ses enfants, elle les appelait, leur cherchait cà manger, les attirait doucement sous son aile, faisant tout ce que doit faire une bonne et digne mère Lophophore. Je m'applaudissais donc de ma résolution, mais ma joie fut de courte durée : dès le deuxième jour, le père, — père barbare et dénaturé, — se ruait sur un de ces petits, déjà gros comme une caille, le tuait, et le dévorait en mille coups de bec Craignant qu'il imitât le bon père qui croquait tous ses enfants, je le renfermai, lui et la mère aussi ^ c'était peut-être injuste pour cette dernière, mais c'était plus sûr. Les quatre jeunes qui restaient se sont facilement élevés, ei au commencement du mois de janvier dernier, ils avaient traversé les époques critiques et atteint leur grosseur. Cependant l'un d'eux mourut subitement. Cette mort m'a paru causée par un état pléthorique. Un autre, elirayé par un chien, s'est rué avec violence contre un barreau de fer de la volière, et s'est tué roide. 376 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Ce second accident m'a fourni, bien malgré moi, l'occasion de l'aire connaissance avec la chair du Lophophore, et de juger si c'est à tort que quelques critiques l'ont déclarée médiocre. Ne voulant pas être seul juge, j'ai convoqué quel- ques gourmands émérites, et je leur ai soumis la question. Rôtie avec grand soin, il a été décidé que cette chair était succulente, d'un goût agréable et que le Lophopliore avait bien mérité de la gastronomie. J'ajouterai qu'il n'est resté que les os de la béte, ce qui prouve l'impartiale sincérité des juges. • . ''^ Les deux jeunes élèves qui ont survécu ont atteint leur complet développement, et n'ont plus rien à redouter des dangers du premier âge. Ils sont les premiers que la France ait vu éclore et vivre. - J'ai surtout publié ces détails, messieurs, pour appeler sur le Lophophore l'attention de ceux qui voudraient aussi con- sacrer leurs elForts à la reproduction de ce magnifique et suc- culent gibier. Nulle entreprise ornithologique n'offre plus d'attrait et de profit ; en présence des difiicultés de l'élevage, et des prix élevés de ce bel oiseau (1500 à 1600 francs la paire), n'est-il pas glorieux et profitable de tenter l'entreprise et de conquérir en même temps l'honneur et l'argent ? • . ; i ; NOTES SUR LES PERRUCHES ONDULÉES Par M. Arthur TOtCll.lRD. Je vous demanderai la permission de vous faire connaître les observations que j'ai faites et les succès que j'ai obtenus dans l'éducation de certaines Perruches. Ces oiseaux repro- duisent si facilement en captivité qu'il est surprenant de ne pas les voir plus répandus chez les amateurs. Je suis persuadé que c'est parce que l'on croit généralement qu'ils sont déli- cats et stériles en France qu'on ne s'en occupe pas plus. Cependant il n'y a pas, h mon avis, d'oiseaux qui reprodui- sent plus, demandent moins de soins et donnent un plus grand profit que les Perruches. La Perruche ondulée, surtout, pourrait être élevée par spé- culation et procurer de grands avantages aux personnes qui s'en occuperaient. On voit des gens chercher des profils en élevant des Lapins ou des Faisans; les premiers peuvent en procurer, mais l'élevage des seconds est tel qu'on a souvent une année de succès suivie de deux ou trois années stériles l)endant lesquelles on a échoué sans avoir pu découvrir les causes de l'insuccès. Rien de semblable n'a lieu avec les Ondulées; elles couvent et élèvent elles-mêmes leurs petits, et cela sans que l'on ait beaucoup à s'en occuper, sans qu'il faille donner aux parents une nourriture spéciale; avec du millet rond, de la graine d'alpiste et un peu de mouron de temps en temps, elles ont ce qu'il leur faut. L'Ondulée ne craint pas le froid. J'ai mis en vohère, au mois de mai I86/1, trois paires de Perruches ondulées ache- tées au hasard, je les ai placées dans une volière avec plus de cent oiseaux variés et plusieurs espèces de grosses Perruches. Dans ces conditions, quinze jours après, une paire avait 378 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. pondu, et les deux autres paires couvaient aussi, vingt-cinq jours après leur introduction dans cette volière. Ces trois paires, dans Tespace de htàt 7nois, m'ont d(jnnè trente-sept petits qui, au 15 décembre, voltigeaient dans la \olière et étaient aussi gros que père et mère. J'avais perdu onze jeunes tués ou morts dans le nid quelque temps après leur naissance; plusieurs œul's aussi se sont trouvés clairs. Quelques amateurs avaient cru que les descendants des On- dulées, nées en captivité, ne reproduisaient pas à la seconde génération . Je n'ai jamais compris les motifs de cette croyance ; ne voit-on [las tous les animaux d'une même espèce repro- duire entre eux? J'ai vu des jeunes Ondulées nées en mai, des premières couvées, commencer à faire leurs nids en dé- cembre âgées à peine de six mois. Je n'ai pu me tromper à cet égard : d'abord les jeunes se distinguent fort bien d'avec les vieux; je n'avais làcbé, comme je l'ai dit plus baut, que trois paires d'Ondulées, et, au 15 décembre, cinq paires couvaient dans la volière. J'ai mis en volière, au mois d'avril 1865, cinq paires d'On- dulées; le 15 décembre suivant, bien qu'il y ait eu beaucoup d'œufs clairs et de petits morts dans les nids, j'en ai retrouvé cinquante-quatre à leur grosseur ; aussi suis-je persuadé que dans deux ans j'arriverai facilement à élever six cents Ondulées par an . Ces Perrucbes ne craignent pas un froid de 5 à (5 degrés, mais je ne pense pas qu'elles puissent supporter de grandes gelées. En effet, dans les grands froids des premiers jours de janvier 18(i/i, sur cinq paires qui couvaient cà cette époque, si j'ai trouvé quatre femelles gelées sur leurs œufs, je n'en ai pas perdu une seule de celles qui étaient dans la volière. 11 est donc bon de retirer les nids au commencement de l'hiver quand les Perruclics vivent dans une volière où la gelée pénètre avec intensité. On peut prendre cette précaution vers la fin d'octobre à mesure que les petits quittent leurs nids, on s'exposerait, en les retirant brusquement pendant la ponte, à perdre quelques femelles qui mourraient avec l'œuf dans Toviducte, ne trouvant pas un nid pour le pondre, - NOTES SUR LES PERRUCHES ONDULÉES. 379 Les Ondulées ne font aucun mal aux autres petits oiseaux; quelquefois elles déplument les Tourterelles qu'on est alors obligé de séparer; elles attaquent aussi, quand elles ont des petits, les autres grosses Perruches, et j'ai vu i)lusieurs de. ces dernières avec les reins déchirés par les parents acharnés. Les Ondulées produisent toute l'année; les petits sont à peme élevés qu'elles recommencent h pondre. La ponte est en moyenne de cinq à sept œufs blancs, presque ronds, qui don- nent quatre, six et même sept petits. Je n'ai eu qu'une seule fois une Ondulée qui, ayant pondu dix œufs, a eu deux œufs clairs et a parfaitement élevé huit petits. La femelle pond tous les deux jours et se met cà couver dès le premier œuf, ce qui fait que les petits viennent les uns après les autres. 11 est assez curieux de voir l'ainé avec toutes ses plu- mes, tandis que le cadet sort à peine de la coquille. La mère ne reste plus sur ses petits lorsque tous les œufs sont éclos; les premiers-nés sont alors déjà forts : ils se met- tent en rond, les plus jeunes au milieu, et les plus forts au- tour et au-dessus de leurs petits frères. Jamais on ne les voit s'écarter, quelque grand que soit le nid; ils semblent com- prendre que, sans eux, ces derniers mourraient de froid. Le père et la mère viennent la nuit coucher dans le nid ; le mâle veille quelquefois à l'entrée. L'mcubation dure douze jours environ. La femelle couve seule et quitte rarement son nid; le mâle veille près d'elle, vient la voir de temps en temps et lui apporter de la nourri- ture. , Dans les premiers jours de l'éclosion, il nourrit seul les petits ; il est ensuite aidé par la femelle.. Les petits sont assez forts, quinze à vingt jours après leur naissance, pour sortir du nid, et, pendant quelques jours, ils suivent le père qui seul les nourrit ; car à peine sont-ils en- volés et souvent même les deux cuiots y sont encore que la, femelle a pondu de nouveau et couve dans un coin du même nid, s'il est assez grand, ou dans un autre s'il est trop petit. Il suffit, pour leur faire des nids, de prendre des vieux saules creux ayant 15 à -20 centimètres de diamètre; on les 380 SOCIKTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. scie par bouts de 30 à hO centimètres, on ferme une extré- mité avec une planche clouée à demeure, et, sur l'autre extrémité, on place une planche qui n'est arrêtée que par un seul clou de manière à pouvoir tourner et faire couvercle. On perce un trou de 6 centimètres de diamètre à 10 centimètres en contre-bas du haut de la bûche, et on la place sur une planche élevée dans le fond de la volière. Ces nids doivent être garnis de 2 à 3 centimètres de sciure de bois pour que les petits soient toujours bien secs, car on ne doit nettoyer la bûche que lorsque les jeunes ont quitté leur nid. Si l'on ne peut pas se procurer des vieux saules, il est facile de les remplacer par quatre planches clouées ensemble et divisées intérieurement par petits compartiments de 14 cen- timètres carrés : on perce un trou sur le devant, à chaque sé- paration, et ces nids suffisent. On pourrait, à la campagne, utiliser des cabinets et des chambres placés au midi ou au levant; les frais d'installation seraient presque nuls, puisqu'il suffît de grillager la fenêtre, de placer quelques perchoirs et quelques nids. Si j'ai obtenu facilement, en vohère, dix petits en moyenne par paire, on en obtiendrait encore plus dans une chambre, où il gèlerait peu, et où les trois ou quatre mois d'hiver ne seraient pas perdus. Quelques personnes pensent que si les Ondulées reprodui- sent si facilement, on en élèvera beaucoup, que le prix en tom- bera rapidement, et qu'on ne pourra plus les vendre qu'à moitié prix de ce qu'elles coûtent maintenant; je crois ces craintes peu fondées, car il arrive en France, chaque année, plus de mille paires d'Ondulées que les marchands payent Ih et 16 francs la paire, souvent plus quand l'arrivage est moindre. Malgré cela, ces oiseaux sont presque toujours rares en décembre et valent ordinairement à cette époque 20, 25 francs la paire et souvent plus. DE L'INTRODUCTION ET DE L'ACCLIMATATION DES CINCHONAS DANS LES INDES NÉERLANDAISES ET DANS LES INDES BRITANNIQUES, Pnr nn. J. L. SOUBEIRAIV et Augustin DELOMDRE. ■ •' (Suite et fin.) DES PLANTATIONS ORGANISÉES, SOIT PAR LE GOUVERNEMENT ANGLAIS, SOIT PAR DES PARTICULIERS, SUR DIFFÉRENTS POINTS DES INDES BRITANNIQUES EN DEHORS DES NEILGHERRIES. Des plantations de Cinchonas furent aussi organisées sur d'autres points des Indes britanniques, tant par le gouverne- ment que par des Européens et même des indigènes ; toutefois les tentatives de cultures faites par les indigènes ne paraissent pas avoir été couronnées de succès sérieux, du moins jusqu'ici. En ce qui concerne les plantations faites, tant par le gouver- nement que par les Européens, il en est tout autrement. Culture des Cinchonas dans le Wynaad, dans le Coorg, sur les monts Pulney et dans le Travancore. Wynaad. — D'après une lettre de M. Cl. R. Markham datée de Bangalore, 7 février 1866, la culture des Cinchonas dans le Wynaad n'était pas arrivée encore à un degré de progrès aussi élevé qu'il l'aurait espéré. Cependant, de bons résultats avaient été obtenus dans diverses localités. Ainsi, il existait un petit nombre de Cinchonas dans la vallée de Ouchterlony et dans les plantations de la Moyaar Coffee Company. A Naikenshola , dansleCherambody, M. Minchin possédait une pépinière con- tenant environ cinquante plants de ('. snccirubra de deux ou trois pieds de hauteur et de cinq pouces de circonférence. Dans les deux exploitations à' EllembelloraJi Peak et d<.' Panora Pcak, sur les pentes des monts Chumbi^a, plusieurs arbres poussent maintenant de la manière la plus satisfaisante. L'éta- 382 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. blissement d'Ellombellorah Peak, appartenant à iAI. Hind, se trouve à une élévation de trois mille cinq cents pieds et pré- sente une exposition à l'ouest. Sept Cinchonas y ont été plan- tés en pleine terre en février 180Zi, et, après deux années, en février 1860 , au moment de la visite de M. Markhain , ils paraissaient en très-bonne santé ; c'étaient des Cinchona succirnbra et des Cinchona mkrantha; ils présentaient une liauteur de cinq à six pieds et une circonférence de cinq à sept pouces. M. Hind attendait un envoi de plants de Cincbo- nas des pépinières des Neilgherries pour organiser une plan- tation dans les monts Chumbra ta une élévation de quatre mille cinq cents pieds, et par conséquent supérieure à celle de son établissement d'EUembellorab Peak. La propriété de Panora se trouve à l'extrémité septentrionale de la chaîne des monts Chumbra. M. Rossell, qui en est le propriétaire, y a planté en pleine terre plusieurs Cinchonas en décembre 18(53 à une élé- vation de trois mille six cents pieds au-dessus du niveau de la mer. Pas une seule goutte de pluie n'est tombée pendant les trois mois qui ont suivi leur installation en pleine terre, et il existait dans la plantation, au mois de février 1867 , douze C. succirnbra et trois C. micrantha en pleine terre ; trois des premiers (les C. succirnhra) provenaient de boutures obtenues dans l'établissement même ; leur hauteur était de cinq à sept pieds et leur circonférence de cinq à sept pouces. Les deux propriétés d'Ellembellorah et de Panora, aussi bien que celle de Rimington, sur l'autre pente des monts Chumbra, parais- saient du reste convenir parfaitement pour la culture des Cinchonas, et cette culture promettait de donner des résultats satisfaisants à leurs propriétaires. Dans l'établissement d'Ana- para, au pied des monts Chumbra, M. Ferguson possédait un Cinchona en bon étal de végétation. A Baliapara, sur la chaîne de Koocha-mulla, il existait plusieurs plants de Cinchona, et M. Richardson en possédait, à Manantoddy, une rangée plantée dans un sol fortement sablonneux. Enfin, cinq plants do C. succirnbra très-vigoureux se trouvaient dans l'exploita- tion des monts Rramahgherry , appartenant à la Madras Coff'ee Company. Enfin, d'autres personnes se disposaient à ,■ :' = . ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. 383 organiser dans le Wynaad de nouvelles plantations, en sorte que la culture des Ginchonas paraissait appelée à prendre une grande extension, du moins dans les propriétés appartenant aux Européens, dans cette partie- des Indes britanniques. Coorg. — La plantation de Ginchonas du gouvernement britannique dans le Goorg est voisine de Mercara. Les pre- miers Ginchonas, au nombre de quatre-vingt-seize, y ont été plantés le 2/i août 18(53 ; ils présentaient une hauteur d'environ trois pouces. Au mois d'août l86Zi, il en était mort sept; en janvier 1806, il en était mort dix-neuf autres. Le total dos Ginchonas morts à cette époque était donc de vingt-six. A leur place on en avait planté huit, deux le 16 novembre 1865 et six le 23 janvier 1866. Il restait donc soixante-dix-huit plants. Un de ces plants avait le 26 janvier 1866 dix pieds trois pouces de hauteur. r Tels sont les principaux résultats constatés dans le rapport de G. Soobiah, assistant indigène du surintendant du Goorg, daté du 26 janvier 1866. A cette époque, il avait été du reste distribué un bon nombre de plants de Ginchonas à des particuliers de cette localité; nous citerons notamment les soixante-quinze plants accordés au révérend G. Uichter pour son exploitation de Yemma- goondy, les soixante-dix plants remis au capitaine Taylor pour sa propriété de Guthelaar Gadoo, et vingt fournis à M. Mangles pour son établissement de Hallegry-naad. Ghez M. Richter et chez le capitaine Taylor, les arbres étaient en bon état; chez M. Mangles, ils ne se portaient pas aussi bien parce qu'ils avaient été trop exposés au vent. .. Travancore ; monts Pulneij; monts AnamaUmj. — En ce qui concerne le Travancore, nous devons surtout insister sur le jardin organisé IxUaryville, pour le gouvernement local du Travancore, par M. Maltby, alors résident dans le Travancore et le Gochin. Ge jardin était situé à trois mille trois cents i)icds au-dessus du niveau de la mer, dans la localité désignée sous le nom de Pcermcde ; il avait d'abord été planté de Pom- miers, de Poiriers, de Vignes, d'Orangers, de Groseillcrs,c1c., de légumes de toutes sortes, et constituait pour le gouverne- 38à SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. ment local à la fois un véritable jardin fruitier et un véritable jardin potager. m Lorsque M. Maltby voulut organiser à Maryville un jardin pour l'élève des Cinchonas, le maha- rajah lui donna toute assistance , mémo pécuniaire ; ainsi il fournit 1000 roupies pour préparer le jardin et la serre , 300 roupies pour faire venir des Cinchonas des pépinières des Neilgherries, et il garantit AO roupies par mois pour le traitement des jardiniers et des coolies qui devaient aider M. Maltby. Il existait du reste à proximité de Maryville des montagnes sur lesquelles on pouvait former des plantations annexes à près de six mille pieds au-dessus du niveau de la mer. C'est le 11 décembre 1861 que les quatre premiers Cincho- nas furent plantés à Maryville par M. Maltby; malheureuse- ment, ce dernier ne put pas surveiller longtemps l'œuvre qu'il avait entreprise, et fut obligé, en 1802, par l'état de sa santé de se retirer. D'après les renseignements fournis par son successeur, M. Newil, le jardin du gouvernement de Peermede avait reçu, en mars 1863, environ cinq cents plants de Cincho- nas rapportés d'Ootacamund par M. Hannay, surintendant du jardin du Sirkar. Ces Cinchonas étaient âgés de deux à trois mois environ et avaient un à deux pouces de hauteur. Quel- ques-unes de ces plantes périrent par difiérentes causes. En décembre 1805, il existait à Peermede environ deux cent vingt-cinq plants vigoureux et en bon état, et deux cents jeunes plants obtenus par propagation; l'expérience paraissait donc suivre un cours régulier. Toutefois, dans l'opinion de M. Markham, le site ne semblait pas très-bien choisi, et quel- ques plants souffraient, par suite de l'action des vents déterre à laquelle le jardin était trop exposé pendant la mousson du nord-est. Les espèces qui poussaient le mieux étaient des plants de C. succiruhra et de C. micrantha; la circonférence des C. succiruhra les mieux développés, à l'époque de la visite de M. Markham, (Hait de neuf pouces au ras du sol. La loca- lité paraissait du reste devoir convenir au C. calisaya; mais la culture de c(î dernier n'y avait pas encore été tentée. 11 n'existait du reste aucune allocation régulière de ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 385 crédit pour le jardin, dont la dépense s'élevait à environ 238 roupies par mois, ce qui ferait environ 2956 roupies ou 285 livres sterling pour l'année ; aussi, pour réaliser le but que l'on avait en vue, les dépenses devraient-elles ultérieu- rement être, de toute nécessité, élevées à 500 livres sterling, somme allouée par le gouvernement de l'Inde au jardin d'éle- vage de Ceylan. Le développement de la culture des Cinchonas à Maryville avait été entravé par la lenteur avec laquelle la serre avait été construite ; en février 18(36, elle n'était pas encore terminée. De plus, si l'on considère combien les soins d'un homme expérimenté eussent été nécessaires, on doit comprendre combien il est regrettable que le surintendant, M. Hannay, homme énergique du reste et plein aussi bien de bonne volonté que d'intelligence, n'ait pas eu une plus grande pratique de l'horticulture, et il serait désirable de seconder ses efforts par l'adjonction de quelqu'un qui fût versé dans ce genre de connaissances. Nous ne doutons pas que, grâce aux mesures prises par le Maha-rajah , les résultats obtenus déjà en février 1866, et dont nous venons de donner une idée, n'aient été en s'améliorant. Toute la contrée qui environne le jardin de Maryville, était occupée par des plantations de Café et paraissait parfaitement convenir à la culture des Cinchonas; aussi plusieurs des plan- teurs de Café étaient disposés à l'entreprendre. Nous citerons notamment M. Clarke et M. Oughterson. En ce qui concerne les monts Pulney , M. Levingc , collec- teur à Madura, avait obtenu en mars 1864 douze plants de Cinchonas provenant d'Ootacamund ; ces plants avaient été plantés dans son jardin à Kodakarnal, dans les monts Pulney, à six mille neuf cent quatre-vingt-cinq pieds au-dessus du niveau de la mer; en avril suivant, ils avaient deux à trois pouces de hauteur. Le 18 décembre 1865, l'expérience était en bonne voie et devait donner d'autant plus d'espoir que les monts Pulney semblent être tout à fait convenables pour la culture des Cinchonas. Dans les monts Anamallay , de vastes plantations de Cinchonas s'organisaient également à la même époque. Du cap Comorin 2"= SÉRIE, T. V. —Juin 1868. 25 386 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE n'ACCLIMATATION. à Palghal, la culture des Cinchonas était donc en voie de se développer rapidement sur une assez vaste échelle. Cultui-e des CindioïKis dans le Sikkiiii britannique. Les plantations de Rungbee près Darjeeling, au pied de la chaîne de l'Himalaya, furent mises d'abord sous la direction de M. le docteur Anderson, directeur du Jardin botanique de Calcutta, et confiées aux soins de M. Stubbs, à qui sa santé ne permit pas de continuer h s'en charger, et qui mourut à Kiir- siong le 26 septembre 1862; à la mort de M. Strubbs, M. A. J. Jaffreys, qui l'avait déjà remplacé par intérim, lut délinitivement confirmé dans ses fonctions. Les plants qui ont formé le noyau des pépinières de Cin- chonas du Jardin botanique de Calcutta, et par suite des plan- tations de Darjeeling, provenaient de trois sources. Les pépi- nières d'Outacamund avaient fourni cent quatre-vingt-treize plants ; les plantations du gouvernement néerlandais à Java en avaient fourni soixante-cinq ; trente et un plants provenaient de graines levées dans le Jardin de Calcutta; en additionnant le tout, on voit que le toial des plants était de deux cent quatre- vingt-neuf le 19 janvier 1862; mais quelques-uns de ces plants périrent. Toutefois, le 25 mars, M. Anderson pouvait envoyer de Calcutta à la pépinière voisine de Darjeeling à M. Stubbs septcent quatre-vingt-dix-sept plants, dont toutefois six cent deux appartenaient à l'espèce désignée sous le nom de C. pahiidiana. Le transport, d'abord à Kursiong, puis sur- tout à Sinchal, qui avait été choisi pour leur résidence tempo- raire jusqu'à ce qu'on eût fait choix d'un emplacement défi- nitif, ne se fit pas sans pertes sérieuses; en sorte que le 1"' juin 1862, date cpii peut être assignée au commencemenl réel de l'expérience, le nombre total des plants n'était que de deux cent onze. Au 1'' avril 1865, é})oque du transport des plants de Sinchal à Lebong, à six mille pieds au-dessus du niveau de la mer, il y avait deux mille huit cent onze jeunes Cinchonas, dont mille huit cent quatre-vingt-douze étaient des C. pahudiana; de plus, trois cent cinquante plants de ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 387 diverses espèces de Cinchonas avaient été envoyés de Madras; ïiiais vingt-trois avaient péri dans le trajet entre Calcutta et Darjeeling ; trois cent vingt-sept seulement avaient donc atteint en bon état les plantations. Le 15 juin 18(53, il existait dans la pépinière du gouverne- ment, à Lebong, quatre mille six cent vingt Cinchonas plus ou moins développés, dont deux mille deux cent soixante- quinze étaient des C. palmdiana ; la propagation de cette espèce devait du reste être discontinuée. Le J5 juillet 186^, le nombre des Cinchonas existant dans les pépinières était de dix-neuf mille cinq cent seize. Au milieu de juin, le site de Uungbee, à trois mille sept cent quarante-trois pieds au-dessus du niveau de la mer, fut choisi pour y commencer la culture en plein air, et cinq cent vingt-trois plants y furent installés immédiatement. , Le succès obtenu à Rungbee fut tel que M. Anderson se décida en novembre et décembre à y transporter tous les plants de Cinchonas avec le matériel qui servait à la propaga- tion. La pépinière provisoire de Lebong fut définitivement abandonnée en février 18G5. Le \" mars 1805, il se trouvait dans les plantations du gouvernement à Rungbee trente mille cent soixante-huit plants, dont sept cent soixante-six en plein air, et le 1" avril 1866, il y existait cent soixante-dix-huit mille sept cent quarante-six Cinchonas dont cinq mille quatre- vingt-douze étaient des ('. pahudiana. Six mille cinq cent quatre-vingt-dix-huit Cjnchonas se trouvaient dans les planta- tions permanentes. Le 1" mai 1866, il y avait h. Rungbee cent quatre-vingt-douze mille sept cent soixante-cinq Cincho- nas, dont six mille cinq cent quatre-vingt-dix-huit avaieni été- transportés dans les plantations permanentes, qui étaientdepuis longtemps déjà au nombre de cinq. La première est à 5321 pieds au-dessus du niveau de la mer. La seconde 5000 ^— La troisième /t610 ,^ La quatrième 3332 ^. La cinquième 5556 Sur les cent quatre-vingt-douze mille sept cent soixante- 388 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. cinq plants de Cinchonas, quatre-vingt-dix-huit mille sept cent soixante et un étaient des C. offic'malis, et quatre-vingt- deux mille six cent quatre-vingt-seize étaient des C. succi- ruhra : le nombre des C. calisaija ne s'élevait qu'à deux cent un. Au mois de février 1866, sept cent quatre-vingts plants de Cinchonas, provenant des pépinières de Rungbee, avaient déjà été distribués à des particuliers pour tenter la culture des Cinchonas; dans le cours de mars 1866, il fut distribué deux cent quatre-vingt-dix plants de la même provenance. Parmi les particuliers qui se disposaient à entreprendre la culture des Cinchonas dans le voisinage de Darjeeling, nous citerons MM. David Mair et C% de Londres. Ces messieurs, informés par le chef de leur maison, alors à Darjeeling, que le gouvernement anglais vendait des plants de Cinchona, avaient adressé au principal secrétaire d'État des Indes, le 9 août 186Zi, «ne lettre par laquelle ils lui annonçaient qu'ils avaient pris toutes les dispositions nécessaires pour essayer cette culture dans les propriétés dont ils disposaient à Darjeeling, et qu'ils envoyaient par le steamer du 20 du même mois un jardinier pour s'en occuper ; ils demandaient à qui il fallait s'adresser pour obtenir des plants. • Culture des Cinchonas dans la valltîe de Kangra (Piinjab). Les plantations de Cinchonas du capitaine W. Nassau Lees, à New-Quito, dans la vallée de Kangra (Punjab), doivent être considérées comme un des plus importants essais de culture des Cinchonas tentés dans les Indes britanniques par des par- ticuliers. M. Mac Kay, jardinier de M. le capitaine W. Nassau Lees, arriva à Calcutta à la fin de janvier 186/i, apportant un appro- visionnement de plants de Cinchonas provenant tant de Ceylan que d'Ootacamund. Le nombre des plants s'élevait à cinq cent dix, dont vingt-quatre, venant de Ceylan, étaient des C. suc- cirubra : la moitié de ces derniers périt avant d'atteindre Calcutta. Le 7 mars, M. Mac Kay arriva à New-Quito avec ,.(;■ ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 389 deux cent treize plants bien vivants. Le nombre desCinchonas se développa assez rapidement à New-Quito; en mars 1865, il était déjà de quatre mille deux cent quatre-vingt-dix-sept; en avril 1865, il était de quatre mille sept cent cinquante- cinq ; vers le 1 5 avril , quatre-vingt-seize plants avaient déjà été transportés des pépinières dans les plantations; sur ces quatre-vingt-seize plants, il y avait quatre-vingts C. succi- rubra , onze C. condaminm , quatre C. micrantha et un C. calisaya. Culture des Cinclionas dans l'Assam. Nous avons appris que diverses tentatives de culture avaient été faites dans l'Assam; nous savons qu'une mention spéciale a été faite de celle de M. Warren, qui paraît avoir une certaine importance; mais nous manquons complètement de détails sur les résultats obtenus dans cette région. Culture des Cinclionas dans la présidence de Bombay. Le site choisi pour organiser une plantation de Cinclionas dans la station montagneuse de Mahabaleshvvur, située dans la présidence de Bombay, était celui de Lingmulla, sur les bords de l'Yenna, au-dessus de la cataracte; cette plantation fut mise sous la direction de M. H. Cook, surintendant, qui l'avait organisée ; M. L. Gillingwatcr fut attaché à la planta- tion comme surintendant-adjoint. Cette plantation, établie à la fin de I86/1, contenait soixante jeunes plants ; quarante de ces derniers ont été multipliés par marcottes pendant l'année 1865, de manière à élever à la fin de l'année le nombre des plants à deux cent soixante-dix. Toutefois, l'existence d'une serre de propagation dont la construction était près d'être achevée devait donner ultérieurement un nouvel essor à la multiplication des plants. Vingt des jeunes plants formant le noyau originaire de la plantation, que l'on avait laissé pousser sans aucune entrave depuis le 18 février 186/» , date de leur installation à Lingmulla, avaient déjà atteint une hauteur de six pieds. Le développement des Cinchonas à Lingmulla parais- 300 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. sait du reste s'effectuer avec une rapidité relativement grande. La plantation de Lingmulla semblait donc donner beaucoup d'espoir de succès. CULTURE DES CINCHONAS DANS L'ÎLE DE CEYLAN. L'introduction et l'acclimatation des Ginchonas dans l'ile de Geylan se rattache par un si grand nombre de points à l'intro- duction et à l'acclimatation des Ginchonas dans les Indes bri- tanniques, qu'il nous a paru nécessaire de ne pas les séparer. Les tentatives d'acclimatation des Ginchonas dans l'île de Geylan avaient été, dès l'origine, mises sous la direction de M. Thwaites, directeur du Jardin botanique de Peradenia, et M. Mac Nicol fut désigné pour assister M. Thwaites dans la direction et l'exécution des mesures que devaient nécessiter cf's tentatives. Du reste, les mesures prises par MM. Thwaites et Mac Nicol méritent toute espèce d'éloge, ainsi que le con- state M. Markham dans les rapports qu'il a faits sur l'état de la culture à Geylan. Bien qu'un certain nombre de plants aient été élevés au jardin de Peradenia, l'altitude de ce lieu, mille cinq cent quatre-vingt-quatorze pieds au-dessus du niveau de la mer, était beaucoup trop basse et beaucoup trop chaude pour la culture des Ginchonas. Toutefois, il existait à Geylan d'autres localités tout à fait convenables par leur altitude et leur climat pour y installer cette culture, depuis une altitude de 5000 pieds jusqu'à Pedrotallagale, qui est à 8280 pieds au-dessus du niveau de la mer. Le jardin de Hakgalle, à 6 milles au sud de Newera EUia, et à 5200 pieds au-dessus du niveau de la mer, fut choisi pour y organiser toutes les dispositions né- cessaires pour arriver à une propagation rapide et considé- rable des Ginchonas, tant au moyen de graines qu'au moyen de boutures, de marcottes, etc., etc. Le site était admira- blement choisi et présentait une grande ressemblance avec celui de l'habitat natif des Ginchonas dans l'Amérique du Sud, ainsi que l'a constaté M. Markham dans sa visite à cet éta- blissement, en novembre 1805. Nous reconnaîtrons, du reste, ACICLÎMATATION DKS CINGHONAS. 'MH que les mesures intelligentes prises par MM. Thwaites et Mac Nicoll ont été couronnées du succès le plus complet. C'est en février 1851 que le premier approvisionnement de graines de Cinchona arriva à Ceylan; il était composé de graines de C)nchona à Quinquina gris envoyées des Neilgherries par M. Mac Ivor ; ces graines furent bientôt suivies de graines de Cinchona à Quinquina rouge. En avril, six plants de Cinchonas furent transmis de Kew à M. Thwaites ; deux seulement avaieni survécu et avaient fourni, en septembre 1861, huit boutures, dont deux étaient pourvues de racines. Les graines reçues au commencement de 1861 avaient fourni, en septembre de la même année, huit cents jeunes plants. En janvier 1862, M. Thwaites reçut de M. Markham des graines de C. cotidaminea et âe C. crispa; enfin, en mars 1862, six caisses à la Ward, pleines de plants de Cinchonas lurent expédiées du dépôt de Kew à Ceylan; cet approvision- nement est venu encore accélérer la marche progressive de l'élevage des Cinchonas, déjà si rapide dans l'Ile de Ceylan L'intention du gouvernement, en formant les pépinières de Ceylan, n'était du reste nullement d'établir dans l'île des plan- tations de Cinchonas ; le gouvernement anglais voulait plutôt faire tous ses efforts pour décider l'industrie privée à s'en occuper. Toutefois, afin de se rendre compte des résultats que donneraient la culture en plein air dans cette localité, huit à dix acres de forêts avaient été préparés pour y faire des essais. Dans le rapport de M. Thwaites pour 1862,^il existait à cette époque, à différents états de développement, tant à Peradenia qu'à Hakgalle, 28Z(5 Cinchonas, soit en pleine terre soit en pots. A partir de ce moment, la culture des Cinchonas prend un essor de plus en plus rapide. En septembre lS(5Ii, le nom- bre des Cinchonas, à différents états de développement était à Hakgalle de 189 621. Le nombre des Cinchonas plantés en plein air était de 3119, savoir : Cinclioiia succinibia 13^5 — officinalis j OZiA — crispella /,30 ■ — micrantlia 300 ,'3119 "0*2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION, En novembre 1865, le nombre total des plants de Cincbo- nas qui existaient à Ilakgalle, en plein air ou dans les serres de propagation et les pépinières, dépassaient 500 000, et 180 000 plants avaient été distribués à des particuliers. Sur les huit à dix acres préparés pour la culture en plein air, cinq acres étaient déjà plantés de Cinchonas. Il est digne d'être noté que, bien que les racines des arbres qui avaient été abattus fussent restées dans le sol, les Cinchonas n'avaient pas eu à en souffrir comme cela avait eu lieu à Java. Les plants, laissés complètement à découvert, paraissaient du reste d'une vigueur remarquable. Dans la partie dont l'alti- tude était la moindre, se trouvaient les C. siiccirubra qui avaient atteint une hauteur moyenne de 8 à 10 pieds; plu- sieurs étaient en ileur. Le mieux développé avait 18 pieds 0 pouces de hauteur, la circonférence du tronc étant de 1/i pouces à la base. Il avait été planté en février 186'2. Les C. calisaya étaient plus petits, mais paraissaient en bon état. Les C. microntJin avaient poussé avec une vigueur remar- quable. Les C. officinaUs, dont environ /jOOO avaient été plantés dans la clairière, se trouvaient à l'altitude la plus éle- vée ; ils s'étaient très-bien développés et avaient fourni une abondante provision de graines. Les planteurs de café de l'île de Ceylan (I) avaient pris, dès l'origine, un grand intérêt aux tentatives de cultures des Cinchonas faites au jardin de Hakgalle ; plusieurs d'entre eux s'étaient môme montrés disposés à expérimenter cette cul- ture dans leurs plantations et avaient fait des demandes de graines et de plants de Cinchonas pour faire des essais; la pépinière de Hakgalle accueillait les demandes et fournissait des boutures au fur et à mesure qu'elles étaient dans un état convenable de développement. Nous avons dit plus haut que 180 000 pieds avaient déjà été fournis; ils avaient été répar- tis entre cinquante particuliers. Du reste, les 180 000 jeunes Cinchonas avaient été bien loin de sufiire pour répondre aux demandes inscrites; il en aurait fallu 500 000. (1) Il n'y a pas dans l'île de Ceylan moins de fiuatic cent soixante-dix sept plantations de Café. ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 393 ■ Un des cullivaleurs les plus zélés des Cinchonas dans l'de de Geylan esl M. Corbett, qui administre pour la Ceylon com- jjamj la plantation Rothschild, à Pusilawe, à 3200 pieds au- dessus du niveau de la mer, sur la route de Peradenia à Newera-Ellia. Quatre acres environ avaient déjà été plantés de Cinchonas dans la plantation Rothschild, au mois de no- vembre 1865. Presque tous les plants, au nombre de deux mille cinq cents, bien qu'exposés complètement à l'action du soleil et du vent, paraissaient tout à fait vigoureux. Le plus âgé se trouvait depuis près de trois ans en pleine terre ; il avait 12 pieds de hauteur et 13 pouces de circonférence à proximité du sol. La majorité des plants avait du reste envi- ron vingt mois, et leur circonférence, ta proximité du sol, était de 8 pouces. M. Corbett se proposait de planter encore 600 acres en Cinchonas dans une autre plantation, celle de Deak- Oya, qui se trouve k ÛOOO pieds au-dessus du niveau de la mer. COUP d'ŒIL général sur la culture des cinchonas dans les INDES BRITANNIQUES ET A f.EVLAN. Les faits que nous avons relatés dans les pages précédentes démontrent d'une manière irréfragable que l'introduction des Cinchonas dans les Indes britanniques, si instamment préco- nisée par le docteur Forbes Royle et, après lui, par M. le docteur Forbes Watson, et si rapidement effectuée, tant par M. Cl. R. Markham que, sous sa direction, par MM. Spruce, Pritchett, Cross, etc. , n'est pas seulement aujourd'hui un fait complètement hors de doute, mais que l'acclimatation des Cinchonas dans les Indes britanniques est aussi entièrement réalisée, grâce aux conseils si judicieux de M. Cl. R. Markham et aux soins si intelligents que différentes personnes, et sur- tout M. Mac Ivor, ont mis à étudier les conditions favorables au développement des Cinchonas, et à la sagacité avec laquelle ils ont fait l'application de leurs observations. Nous ne croyons pas pouvoir nous dispenser de constater que les bons conseils et le concours de sir William Hooker, de M. le 'M)ll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLIMATATION. docteur Hooker et de M. J. E. Howard onl contribué pour leur part à la bonne issue de l'entreprise. Certes, S. E. lord Stanley, alors principal secrétaire d'Etat pour les Indes, et aujourd'hui encore l'un des secrétaires d'Etat de Sa Majesté la reine de la Grande-Bretagne, doit être heureux et lier d'a- voir autorisé, par l'apposition de sa signature comme princi- pal secrétaire d'État ]»our les Indes, l'exécution d'un plan qui a conduit à un tel résultat, et d'avoir présidé aux premières mesures qui devaient assurer cette exécution. Nous ajoute- rons que tous ceux qui se sont succédés, depuis lord Stanley jusqu'à sir Stralïord Henry Northcote dans le poste de secré- taire d'État pour les IndeSj ainsi que tous les gouverneurs généraux successifs et tous les membres du gouvernement des Indes britanniques, aussi bien que tous les gouverneurs et membres du gouvernement de chacune des provinces et les Ilajahs indigènes, ont encouragé l'entreprise avec le plus grand zèle, et n'ont pas hésité à sanctionner les mesures et à allouer les fonds qui devaient en assurer la marche progressive. Ainsi, sur l'observation de M. W. G. Mac ïvor qu'il ne lui était pas possible d'obtenir un nombre de travailleurs libres suflisant pour exécuter les travaux nécessaires dans les plantations de Cinchonas, l'emploi des convicts fut autorisé, et des mesures furent jtrises pour que la mesure sanctionnée fut mise à exé- cution dans le plus bref délai. La geôle annexée aux plantations de Dodabetia fut la première prête à recevoir des convicts; ces derniers y entrèrent le '10 septembre 1865; mais, par suite des délais nécessaires pour régulariser hiérarchique- ment les pouvoirs respectifs de chacun, de manière à ne pas entraver l'action de la justice, ce fut seulement au miheu de décembre que les convicts furent mis définitivement sous les ordres de M. Mac Ivor, et l'on put se convaincre tout de suite de l'utilité de l'emploi des convicts et des avantages que cet em- ploi présentait. Bien que la geôle deNeddiwattum fut terminée dès le 11 décembre 1805, les convicts n'y étaient pas encore installés le 2/i février 186Ô; mais leur installation ne parais- sait pas devoir être différée. Du reste, il n'était pas douteux que les résultats obtenus par le travail des convicts ne se- ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 395 raient les mêmesàNeddiwattum qu'àDodabelta. L'emploi des convicts venait donc donner de nouveaux gages du succès ul- térieur de la culture des Cinchonas. Si les résultats que nous avons signalés et qui sont extraits des rapports officiels sont déjà satisfaisants , les renseigne- ments qui nous sont parvenus depuis leur publication nous permettent de dire que la culture des Cinchonas dans les Indes britanniques continue toujours à progresser de plus en plus, et qu'il y existe aujourd'hui de nombreuses plantations de Cinchonas contenant plusieurs millions de plants de cette essence. Nous ferons remarquer, du reste, que ce n'est pas uniquement par le grand nombre des Cinchonas, mais que c'est aussi par la qualité des écorces fournies que se recom- mandent les plantations de Cinchonas des Indes britanniques. Les nombreuses analyses laites par MM. J. E. Howard, J. E. de Vrij, et plus récemment par M. Broughton, quinologiste atta- ché par le gouvernement anglais aux plantations de Cinchonas, ont constaté pour ainsi dire à chaque pas les progrès qui ont été faits dans ce sens. Nous ferons ressortir les résultats principaux auxquels on est arrivé. Résultats obtenus par MM. Howard, de Vrij et Broughton dans leurs analyses des écorces des Cinchonas des Indes bri- tanniques. Résultats obtenus par V analyse des écorces tant avant qu après le moussage. Théorie de M. Mac Ivor rela- tive à la formation des alcaloïdes et à sa répartition dans l arbre vivant. Objections de M. Broughton. Transformations observées sur les alcaloïdes et leurs sels, qui étaient contenus dans la vitri?ie de M. Howard à l'Exposition universelle. Idées de M. Pasteur sur l'action exercée par la lumière sur des Quinquinas. Mode cV exploitation des écorces basé sur le principe du moussage. Autre mode d'exploitation des écorces. — Dès le premier envoi d'écorces qui lui fut expédié des Neilgherries en mai 1863, M. Howard put constater que les écorces des Cinchonas, cultivés dans les Indes britanniques, contenaient une quantité d'alcaloïdes non moindre que celle qui avait été obtenue par l'analyse des écorces des Cinchonas de l'Amérique du Sud, et les analyses ultérieures qui furent 396 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. faites successivement, tant par M. Howard lui-même que par M. deVrij et par M. Broughton, des écorces qui leur furent soumises, ne firent que démontrer de plus en plus l'exactitude de cette opinion. C'est ainsi qu'une écorce âgée de dix-huit mois a fourni à M. Howard 6 pour 100 d'alcaloïdes bruts et 5 pour 100 d'alcaloïdes purs, et que l'écorce de deux des branches inférieures d'un plant qui était en pleine terre de- puis deux ans et cinq mois n'a pas fourni moins de 5 p. 100 d'alcaloïdes purs. M. Howard a pu, pour le C. nitida et le C. iiritusinga^ comparer les résultats de l'analyse de l'écorce du Cinchona poussé en Amérique, du Cinchona poussé dans les plantations des Indes britanniques, et du Cinchona qui s'était développé dans ses serres, et cette comparaison a été loin de donner des résultats défavorables. Les alcaloïdes existant dans les écorces peuvent, suivant M. Howard, subir certaines transformations par la culture ; ainsi, dans une écorce provenant d'un C. micraïUha qui, à l'état sauvage, aurait fourni de la cinclionine, M. Howard a trouvé de la quinidine. M. Howard a signalé, en outre, la facilité vraiment remarquable avec laquelle on pouvait retirer des écorces des Cinchonas dos Indes britanniques les alca- loïdes à l'état pur. Les analyses des écorces de Cinchona provenant du Sikkim britannique et de Ceylan n'ont pas donné des résultats moins explicites que celles des écorces de Cinchona provenant des Neilgherries. Ainsi, l'écorce d'un C. succirubra. qui était à Darjeeling en pleine terre depuis trois mois, a fourni 0,10 pour 100 d'alcaloïdes, et une écorce de C. succirubra prove- nant de Ceylan a fourni 4,99 pour 100 d'alcaloïdes; ce der- nier résultat, encore très-satisfaisant, serait toutefois un peu inférieur à ceux qui ont été obtenus avec les écorces des Cinchonas provenant des Neilgherries et de Darjeeling; mais, d'autre part, une écorce de C. condaminea , provenant de Ceylan, aurait fourni 7,13 p. 100 d'alcaloïdes, tandis que l'é- corce de la même espèce, tant dans les Neilgherries qu'à Dar- jeeling, n'aurait pas donné les mêmes résultats. -. > > . ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 397 Une remarque très-importante faite tant par M. Howard que par M. Mac Ivor mérite d'être signalée ici. Dans l'Amé- rique du Sud, l'écorce est récoltée au hasard sans tenir aucun compte ni de la période de la croissance de l'arbre , ni de la meilleure saison pour y obtenir un bon rendement d'alcaloïdes. Les observations faites sur ce sujet dans les Indes britanni- ques sont encore si limitées qu'il semble impossible d'en tirer aucune déduction pratique définitive. Toutefois M. Mac Ivor a remarqué que la quantité d'alcaloïdes contenue dans les écorces paraissait augmenter d'environ 2 p. luO par an. Comme il n'est pas admissible que la quantité d'alcaloïdes contenue dans les écorces puisse continuer à augmenter indé- finiment dans la même proportion, il doit exister une période du développement de l'écorce à laquelle la quantité d'alca- loïdes contenue dans cette écorce est arrivée à son maximum, et il est de toute probabilité que la quantité d'alcaloïdes con- tenue dans l'écorce doit ensuite entrer dans une période de décroissance. Il serait assurément très-important de recon- naître s'il en est réellement ainsi et, dans ce cas, de récolter l'écorce dans la période de son développement où elle contient le plus d'alcaloïdes. Nous ne doutons pas que la chimie ne puisse dans un avenir peut-être rapproché nous édifier sur ce sujet. Déjà l'analyse chimique est venue démontrer la réalité d'une supposition émise par M. Markham, Une inspection même superficielle des portions des plantations de Neddiwat- tum, dont les arbres présentaient le développement le plus avancé, révélait des différences considérables de coloration et d'aspect. Ce fait avait déjà été remarqué par M. Markham, qui avait émis l'opinion que ces différences de coloration et d'as- pect pouvaient bien coïncider avec des différences dans la teneur des écorces en alcaloïdes. Des analyses chimiques faites par M. Broughton sont venues confirmer l'exactitude de la supposition de M. Markham. Nous avons dit que, au moyen du moussage, l'écorce, après avoir été enlevée par bandes, pouvait se reformer avec une grande rapidité sous la mousse et contenir une quantité 398 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATAïION. d'alcaloïdes plutôt plus forte que celle qu'elle contenait anté- rieurement. M. Broughton , à qui l'occasion se présentait, a pensé qu'il serait intéressant de déterminer la teneur en alcaloïdes d'une écorce qui s'était renouvelée sans que la plaie ait été recouverte de mousse ; il a remarqué d'abord que l'écorce s'était renouvelée dans ce cas en partant des lèvres de la plaie, et non de la surface, comme cela a lieu lorsque l'on recouvre la plaie de mousse; l'analyse chimique a constaté que cette écorce qui était plus épaisse que celle qui existait antérieurement h la même place, présentait aussi une teneur en alcaloïdes relativement plus grande. Des recherches ulté- rieures peuvent seules expliquer la raison de cette augmenta- tion dans la richesse en alcaloïdes. Déjà avant les recherches des chimistes qui , tant dans les Indes néerlandaises que dans les Indes britanniques, ont éclairé par leurs travaux la marche de la culture des Cincho- nas, M. Karsten avait étudié les conditions dans lesquelles les Cinchonas doivent se développer pour qu'ils contiennent dans leur écorce la plus grande quantité possible d'alcaloïdes. Les observations qu'il fit à ce sujet pendant son séjour dans la Nouvelle-Grenade, sur difiérents Cinchonas de cette région, nous paraissent mériter d'être prises en si sérieuse considéra- tion par ceux qui s'occupent actuellement ou voudraient s'oc- cuper ultérieurement de la culture des Cinchonas, que nous croyons devoir en dire ici quelques mots. " ■ Nous remarquerons d'abord que, suivant ce savant botaniste, la teneur en alcaloïdes présenterait des relations vraiment remarquables avec la forme des organes extérieurs , particu- lièrement dans les Cinchonas qui servent à une détermination systématique, et que la séparation des Cinchonas en Cinchona et en Ladenbergia paraîtrait correspondre très-bien à la pré- sence et à l'absence des alcaloïdes fébrifuges dans l'écorce. Les Cinchonas à capsule s'ouvrant par la base et couronnés par un calice, présentant en outre une corolle d'une texture déliée, avec des bords pourvus de barbes, et dont les lobes de la semence sont généralement dépourvus de dentelures, fournissent une écorce qui, au point de vue pharmaco-dyna- ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 399 mique, peut ôlre considérée comme antipériodique. Nous pensons qu'une étude chimique comparative des différents genres contenus actuellement dans la tribu des Cinchonées ne manquerait pas d'intérêt. Nous avons déjà appris que M. Broughton avait tait avec X Hymenodicton excelsmn des expériences qui lui avaient permis d'y reconnaître l'absence d'alcaloïdes et la présence de l'esculine. Si nous revenons aux observations faites par M. Karsten , nous mentionnerons que l'examen de différents spécimens de C. lancifolia^ var. discohr, que M. Karsten rencontra dans le voisinage de Pasto et de différents échantillons de C. corymbosa qu'il trouva dans les forêts de Gumbal et de Chiles le con- vainquit du fait inconnu avant lui que la teneur en alca- loïdes dépend de la nature du site. La teneur en alcaloïdes paraît du reste croître avec l'altitude du site, mais non avec l'humidité de l'atmosphère. M. Karsten a trouvé notamment que des écorces de Cinchonas qui avaient poussé dans le lit étroit et profond d'un torrent, dont le couronnement du feuil- lage faisait seul saillie et était exposé au soleil, et qui, dans l'opinion fort juste de M. Howard , se trouvaient ainsi dans les conditions les plus favorables pour la production de la quinine, fournissaient une quantité de quinine plus forte de 2 p. 100 que les écorces de Cinchonas poussés dans les sites qui leur sont ordinaires; le savant botaniste berlinois fait du reste observer que le lit du torrent se trouvait à une altitude supérieure k celle des sites ordinaires , le lit de ce torrent était en effet à dix mille cinq cents pieds au-dessus du niveau de la mer; or, c'est l'altitude la plus grande à laquelle M. Karsten ait vu des Cinchonas. M. Karsten a remarqué du reste que les Cinchonas les plus riches en alcaloïdes se trouvent pour ainsi dire confinés dans une région relativement étroite. Nous laisserons à l'avenir le soin de décider entre MM. Weddell et Kars'ten lequel des deux a raison, de M. Karsten qui soutient qu'il existe toujours des scrobicules chez tous les vrais Cinchonas, ou de M. Weddell qui soutient qu'il n'en est pas toujours ainsi ; mais nous di- rons que, suivant M. Karsten, les vrais Cinchonas, qui seraient llOO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les Cinchonas à feuilles scrobiculées , riches en alcaloïdes, habiteraient la région brumeuse des Andes dans laquelle, pen- dant les neuf mois que dure la saison des pluies, la chute con- tinuelle de l'eau du ciel est seulement interrompue durant le jour par des apparitions alternatives de rayons solaires et de brouillards épais, tandis que, durant la saison correspondant à l'hiver, des nuits froides pendant lesquelles la température s'abaisse en même temps qu'un ciel d'un bleu d'azur foncé et éclairé par le scintillement éclatant d'innombrables étoiles dé- ploie sa sérénité, viennent faire suite à des journées pendant lesquelles les rayons du soleil, échaufl'ant l'atmosphère jusqu'à 24 degrés, pénètrent çà et là au travers du brouillard épais dans lequel se trouve presque constamment plongé le feuillage toujours humide de la foret. La température moyenne de cette région est de 12 à 43 degrés centigrades. Le district environnant la ville de Loxa qui a fourni la pre- mière écorce de Cinchona pourrait bien, surtout si l'on tient compte de sa richesse en espèces diverses de Cinchonas, être considéré comme la patrie originaire des Cinchonas. Il est aussi le point central de la région de développement du genre botanique qui présente du nord au sud une étendue de ih degrés formant une bande étroite jusqu'aux plaines de la Colombie et du Brésil, et couvrant les versants des plateaux des Andes presque depuis la base des Cordillères jusqu'à une hauteur de 1500 mètres au-dessus du niveau de la mer ; mais les Cinchonas à fruits peu volumineux, à feuilles scrobiculées , riches en alcaloïdes , ne sont pas répartis sur toute cette grande étendue ; ils sont confinés sur une étendue de 11 degrés tant au nord qu'au sud du point central du district de Loxa. Ils descendent seulement à une altitude de 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer et mon- tent jusqu'aux sommets si froids des montagnes, la plu- part du temps couVertes de neige, atteignant quelquefois à 3500 mètres la limite supérieure de la végétation des arbres. Dans ces limites , le C. australis de Weddell occupe au sud la position la plus avancée, tandis que le C. tucujensis,M., et le C. cordifoUa, Mut., occupent la position la plus avancée _ , . ACCLIMATATION DES CINCHONAS. , liOi au nord; ces Cinchonas n'ont plus de scrobicules aux feuilles ; ils ont de larges capsules et sont trop pauvres en alcaloïdes pour fournir une écorce commerciale. L'examen anatomique et l'analyse chimique des écorces de Cinchona ont du reste conduit M. Karsten aux conclusions suivantes : 1° Les variations de structure de Venveloppe subéreuse doi- vent être attribuées, du moins en partie, au climat sous lequel l'arbre vit et grandit. 2° Le développement de la partie interne de l'écorce dépend aussi de la différence du climat des sites respectifs dans les- quels la végétation de l'arbre s'effectue. 3" Les variations de la teneur en alcaloïdes des écorces d'une même espèce sont aussi déterminées par le climat, bien qu'il paraisse toutefois positif, d'une manière relative, qu'à chaque espèce différente de Cinchona correspond, toutes les autres circonstances étant d'ailleurs égales, une teneur moyenne normale en alcaloïdes, en tenant naturellement compte de l'âge de l'arbre. h" Les alcaloïdes se trouvent dans la partie interne de l'écorce. Assurément les faits observés par M. Karsten ont une grande importance, et nous sommes bien convaincus que M. Macivor a dû en tenir compte dans ses décisions relatives tant au choix des sites qu'au système de culture à adopter. Les résultats qui ont été obtenus et que nous avons passé successivement en revue, prouvent bien que M. Mac Ivor a convenablement pesé chacun des renseignements qui étaient à sa disposition pour arriver à ce que les Cinchonas cultivés dans les Indes britanniques n'aient pas dégénéré par la culture dans cette nouvelle localité, et à ce que la teneur en alcaloïdes ait même augmenté dans certains cas, de même que l'épaisseur de l'écorce. Toutefois en ce qui concerne l'augmentation de l'épaisseur de l'écorce et l'accroissement de la teneur en alcaloïdes, c'est assurément par le moussage que les résultats les plus remarquables ont ete obtenus. Les analyses de MM. Howard, de Vrij et Broughton ont montré que la méthode qui consiste à recouvrir les troncs 2'-' SÉRIE, T. V. - Juin 1868. ' 20 402 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCGLIMATATION. de mousse et qui a été adoptée par M. Mac Ivor , assure la teneur la plus abondante possible de l'écorce en alcaloïdes ainsi que son renouvellement le plus rapide ; de plus , cette méthode détermine la production d'une écorce plus épaisse et plus pesante. Pour plus de détails, nous renverrons tant au tableau contenu dans la lettre de M. Cl. R, Markham, qu'à cette lettre même qui a été insérée dans le Bine Book, 1866, p. 213, et dont la traduction a été publiée dans le courant de l'année dernière, tant par le Journal de pharmacie et de chimie que par le Répertoire de pharmacie ; cette lettre et le lableau qu'elle contient donnent la comparaison des résultats de l'analvse de l'écorce non couverte de mousse , de l'écorce couverte de mousse, aussi bien que de l'écorce après qu'elle s'est renouvelée sous la mousse ; cette comparaison montre les bons résultats du procédé de M. Mac Ivor. Des analyses de M. Broughton et de M. J. E. Howard postérieures à cette lettre ne font que contirmer l'importance de ce procédé. Dans son premier rapport , M. Broughton indique avoir trouvé, pour l'écorce d'un C. succinihra âgé de quatre ans et demi, qui avait été renouvelée sous la mousse , une quantité totale d'alcaloïdes s'élevant à 7,10, et pour une écorce d'un C. offi- cinalis, var. Bonplandiana ^ une quantité totale d'alcaloïdes s'élevant en moyenne à 3,7 p. 100 pour l'écorce non couverte de mousse, et à 6,8 pour l'écorce renouvelée sous la mousse. D'après un rapport de M. Howard du 28 août 1867, l'écorce du a. pahudiana, cette écorce presque sans valeur serait notablement améliorée par le moussage ; l'analyse d'une écorce de cette espèce, après un certain temps de séjour sous la mousse, aurait Iburni en effet 2,21 p. 100 d'alcaloïdes. Les résultats obtenus par le moussage sont donc incontestables. Nous ne devons toutefois pas omettre d'observer que la nature de la mousse parait avoir de l'iniluence sur le résultat; une mousse d'un vert uniforme doit être préférée ; il est surtout très-important qu'elle ne contienne aucune trace de lichens. Nous ne voudrions pas cependant que l'on pût se méprendre sur le sens de ce que nous disons ici. Le moussage ne peut, pas plus que la culture, contre-Ijalancer d'une manière absolue, ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. Zi03 dans une écorce qui est soumise à son action, riniïuence que les diverses conditions climatériques , météorologiques et autres peuvent exercer sur le développement de la plante, et que nous avons indiquées antérieurement. Mais il est certain que, lorsque ces circonstances , au lieu d'agir en sens con- traire du moussage, sont favorables au développement de la plante , le moussage donne des résultats vraiment remarqua- bles et que, dans tous les cas, le moussage exerce une influence heureuse et détermine une amélioration des produits. Nous allons indiquer maintenant comment M. Mac Ivor a été conduit à la découverte du moussage et comment il en explique relïicacité. M. Mac Ivor, sachant que l'écorce des Cinchonas, le quinquina, est d'autant plus appréciée qu'elle contient plus d'alcaloïdes et spécialement plus de quinine, avait pensé avec raison, dès le principe de l'expérience, que le but qu'il devait surtout chercher à atteindre par la culture était de dévelop- per la production des alcaloïdes et spécialement de la quinine, e(, pour y arriver, de s'efforcer de connaître le mode de pro- duction (les alcaloïdes et de se rendre compte s'il ne serait pas possible de les transformer les uns dans les autres et fina- lement de les transformer tous en quinine dans le végétal vivant. L'étude des écorces commerciales avait appris à M. Mac Ivor que les quinquinas les plus estimés dans le com- merce qui nous sont expédiés généralement de l'Amérique méridionale , paraissent couverts naturellement de mousse. L'idée était venue à M. Mac Ivor que ce moussage naturel pouvait avoir son utilité ; et c'est ainsi qu'il fut conduit à l'application du moussage artificiel. Quant à l'effet produit, M. Mac Ivor l'explique de la manière suivante : la quinine et les autres alcaloïdes se formeraient , se produiraient d'abord dans les feuilles par l'action de l'air et de la lumière sur la sève et sur les sucs de la plante, en même temps que les feuilles accompliraient leur fonction habituelle d'élaborer la sève ou les sucs de la plante. Les alcaloïdes se trouveraient à l'état de combinaison intime avec les éléments de la sève tels que l'acide quinovique, etc., etc., et, sous cette forme, seraient emportés par la sève descendante et déposés dans hOll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. l'écorce, toutefois à un état de très-grande impureté dans le liber ou écorce intérieure ; mais à mesure que le liber se transformerait en tissu cellulaire , la quinine , l'alcaloïde qui occuperait le degré supérieur de transformation, se produirait à un état de très-grande pureté, sous lequel il serait en outre facile à séparer des autres principes de l'écorce. L'infériorité de la qualité des alcaloïdes contenus dans le liber paraîtrait être occasionné-e par la rapidité avec laquelle la sève contenant de l'oxygène, dont elle doit la présence à sa récente exposition à l'air dans les feuilles, circule dans cette portion de l'écorce. Dans cette théorie, la quinine est la plus abondante dans le tissu cellulaire de l'écorce où elle est bien déposée d'abord aussi à l'état impur ; mais, par suite du ralentissement de la circulation de la sève qui a lieu horizontalement dans cette partie de l'écorce , les alcaloïdes y ont une tendance à passer à l'état de quinine. Toutefois il se manifeste aussi dans le tissu cellulaire une réaction en sens opposé qui est produite par l'ac- tion de la lumière et de l'air sur la surface de l'écorce ; la quinine subit alors une oxydation (1) et se combine avec la matière colorante et la résine sans qu'il soit ultérieurement possible de les séparer ou se transformer en matière colorante et en résine. Toutefois la réaction par suite de laquelle l'al- caloïde disparaît ainsi ne serait point proportionnelle au dépôt et à l'accumulation de l'alcaloïde dans l'écorce ; elle serait quelque peu moindre, et c'est par cette raison que la quantité d'alcaloïdes s'accroîtrait dans la plante avec l'âge. Dans ce système, il paraît facile de comprendre que, si l'on empêche l'oxydation ou la transformation des alcaloïdes qui se produit à la surface de l'écorce, la quantité de quinine qui se déposera dans le tissu cellulaire de l'écorce s'accroîtra presque sans que l'on puisse assigner à cet accroissement aucune limite ; en effet, les feuilles paraissent être le labora- toire où se produit la quinine, tandis que l'écorce serait plu- (1) L'oxydation et la réaction conséculivo, admises ici par M. Mac Ivor, nous paraissent vraiment diflicilos à comprendre en piésence des observa- tions microscopiques récentes de M. Howard. ACCLIMATATION DES CINCHONAS. fxOb tôt le magasin OÙ elle s'accumule; il ne paraît pas douteux que, dans de telles conditions, les feuilles devraient produire journellement de la quinine, qui irait se déposer dans l'é- corce, et qu'il devrait en être ainsi tant qu'il existerait sur l'arbre une feuille saine ; il y aurait donc à l'état d'activité une force qui produirait continuellement de la quinine et qui ne devrait jamais faire défaut; les alcaloïdes ainsi formés et ainsi déposés pourraient être préservés à très-bon marché et de la manière la plus efficace de toute détérioration, en re- couvrant la surface de l'écorce de l'arbre vivant avec une ma- tière qui la préserverait de l'action de la lumière et de l'air. La quantité d'alcaloïdes, que le tissu cellulaire pourrait ainsi contenir, devrait indubitablement avoir une limite. D'après M. Mac Ivor, cette limite paraîtrait ne pas pouvoir dépasser 18 à 20 pour 100; et, en tenant compte de la moins grande pureté des alcaloïdes dans le liber, l/i à 17 pour 100 de qui- nine pure sembleraient pouvoir être retirés d'une écorce de Cinchona à Quinquina rouge soumise à un traitement de ce genre, pendant un temps suffisant. Mais s'il est utile de protéger les alcaloïdes de toute dété- rioration, il est désirable aussi d'augmenter le tissu cellulaire; pour arriver à ces deux résultats, le procédé qui a été re- connu le plus convenable est de recouvrir de mousse la sur- face de l'écorce. En effet, par le inoussage, la quantité de la quinine, et en général des alcaloïdes contenus dans Técorce, peut être doublée, triplée, quadruplée, et même augmentée dans une proportion encore plus forte, suivant le temps pen- dant lequel l'écorce a été soumise au traitement ; pour que ce procédé réalise son entier effet, il doit être appliqué pen- dant une période de temps qui ne soit pas moindre que dix-huit mois ; du reste, une application plus prolongée est encore plus avantageuse. Ce mode d'opérer présente, en outre, ainsi que nous l'avons déjà fait observer, l'avantage de per- mettre d'enlever indéfiniment de nouvelles couches d'écorce du tronc et des branches d'un même arbre, puisque cette écorce se renouvelle continuellement sous la mousse, et avec une grande rapidité : en réalité, le produit d'un acre de terre ^lOO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'AGGLIMATATION. peut donc s'élever ainsi à trente fois celui que l'on obtien- drait en suivant le mode ordinaire d'exploitation. Bien que les résultats obtenus par M. Mac Ivor, en appli- quant ce système, soient incontestables, et que ce système soit actuellement en activité sur une grande échelle dans les Indes britanniques avec l'approbation du gouvernement, la théorie qu'il en donne présente de nombreuses lacunes et est loin d'être à l'abri de toute contradiction. Les idées émises sur le même sujet par M. Howard, bien que ne formant pas encore un tout complet, nous paraissent empreintes d'un plus grand caractère de probabilité ; nous y reviendrons plus loin. M. Broughton, dans son premier rapport, nous rend compte des expériences qu'il a faites pour vérifier si, dans le mous- sage, l'écorce se trouvait protégée à la fois et contre une ac- tion de l'air ou de l'oxygène qu'il contient et contre une action de la lumière. En ce qui concerne l'action de l'air, M. Broughton a re- connu que des solutions incolores de chacun des alcaloïdes des Cinchonas ou de sels de ces mêmes alcaloïdes, placées dans des tubes de verre dans lesquels on faisait le vide et qui étaient ensuite scellés à la lampe, s'étaient toutes colorées au bout de trois jours par l'exposition à la lumière, tandis que, dans l'obscurité, elles n'avaient subi aucune détérioration. Le tube qui renfermait de la quinine fut ouvert après quinze jours d'exposition aux rayons de la lumière solaire: il conte- nait une quantité considérable d'une substance résineuse de couleur foncée, et une grande partie de l'alcaloïde qui s'y trouvait encore avait perdu la faculté de cristalliser. Du reste, nous ne pouvons vraiment pas comprendre comment une couche de mousse pourrait préserver l'écorce contre l'ac- tion de l'air et de l'oxygène, à moins que l'action simultanée de la lumière ne fût nécessaire pour que l'oxydation, qui aurait heu en pareil cas, se réalisât; on sait que les réactions de ce dernier ordre ne sont pas rares en chimie. Peut-être M. Broughton ferait-il bien d'étudier le phénomène à diffé- rents points de vue, et pourrait-il, notamment, essayer si là décomposition s'opère plus rapidement sous l'influence de h ACCLIMATATION DES CINCHONAS. /|07 lumière en présence de l'air et de chacun de ses éléments ou dans le vide ; il nous semble, dans tous les cas, que les expé- riences faites jusqu'ici ne sont pas entièrement décisives. Si l'action de l'air ne paraît pas démontrée, celle de la lu- mière paraît incontestable, tant sur l'écorce que sur les feuilles et sur les alcaloïdes mêmes, ainsi que sur leurs sels, mais surtout sur Vacide cinchotanniqne . En ce qui concerne les alcaloïdes et leurs sels, nous avons déjà signalé, dans un travail antérieur, assurément trop succinct, sur les produits exposés par MM. Howard et fils, qui leur ont valu une mé- daille d'or décernée par le jury des récompenses de l'Exposi- tion universelle de 1867 , un fait bien remarquable que nous rappellerons ici, parce qu'il se rattache complètement à notre sujet : les alcaloïdes, quinine, quinidine, cinchonine, cincJiO- nidine, et les sels des mêmes alcaloïdes, à l'exception toute- fois des sulfates, présentaient une grande tendance à se colorer, et cette coloration paraîtrait être due à une transfor- mation de l'alcaloïde ou de son sel en rouge cinchonique et en divers autres produits de décompositon. En 1853, M. Pasteur, dans ses Recherches sw les alcaloïdes des Quinqiànas, avait du reste signalé l'action fâcheuse de la lumière sur les sels des alcaloïdes des (juinquinas ; il avait reconnu, en eifet, qu'en exposant au soleil, seulement durant quelques heures, un sel de quinine et de cinchonine quel- conque, en solution étendue ou concentrée, il s'altère à tel point que la liqueur prend une coloration rouge brun extrê- mement foncé. Cette altération serait d'ailleurs , d'après M. Pasteur, de la même nature que celle qui s'effectue sous l'intluence d'une température élevée ; il paraîtrait donc pro- bable que l'on éviterait des pertes notables de quinine, de cinchonine, etc., etc., et que l'on rendrait plus facile l'extrac- tion ultérieure de ces bases, si l'on avait la précaution de mettre à l'abri de la lumière les écorces des Cinchonas dès qu'elles sont récoltées et d'opérer dans l'obscurité leur des- siccation. Le fabricant de sulfate de quinine devrait du reste aussi, dans son travail, éviter toute action d'une vive lu- mière. . 408 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. Un fait observé parles cascarillcros, qui recueillent l'écorce dans l'Amérique du Sud et dont la science est redevable notamment aux observations faites d'abord par Pavon, puis par M. Weddell et par M. Karsten dans la partie de la région des Cinchonas qu'ils ont explorée, c'est que, dans les pre- miers moments où l'écorce des Cinchonas, récemment séparée de l'arbre, se trouve en présence de la lumière du jour, sinon de l'air, elle est à peine colorée ; elle se colore de plus en plus à mesure qu'il s'écoule un temps de plus en plus long depuis sa séparation de l'arbre ; cette coloration ne se produit, du reste, que graduellement et varie sous certaines conditions; elle paraît être due à l'action de la lumière, sinon de l'air, sur l'écorce et à la transformation de l'acide cinchotannique en rouge cinchonique qui se produit dans ce cas et sur laquelle nous reviendrons plus loin. Personne du reste n'ignore l'im- portance qui a été longtemps attachée et qui est encore atta- chée aujourd'hui, à certains égards, à la coloration de la face tant externe qu'interne de l'écorce, de même qu'à celle de la poudre de cette même écorce, et la confusion que les dési- gnations de ce genre ont amenée dans la distinction des espèces de Cinchonas. Dès la première découverte du Quin- quina de Loxa par les Espagnols, les cascarilleros avaient pris l'habitude de désigner par leurs nuances, rouge, jaune, blanche, les diflérentes variétés d'écorces qu'ils recueillaient; et ces désignations entrèrent bientôt dans le langage commer- cial. Or, comme les nuances étaient censées caractériser aussi les qualités des Quinquinas, le nom que chaque Quin- quina reçut ainsi vint à avoir une très-grande importance dans toutes les relations mercantiles, à tel point que, lorsque Mutis découvrit le Quinquina dans le royaume de Santa-Fé, il eut la malheureuse idée d'attrilnier aux Cinchonas de ce pays des noms identiques avec ceux des espèces de Loxa qu'il ne connaissait pas; cette idée lui fut du reste, peut-être, ainsi que l'observe M. Karsten, suggérée par des dénomina- tions antérieures des indigènes. Quelle qu'en soit la raison, le fait n'en eut pas moins lieu. Le nom de Quinquina rouge échut à une écorce tout à fait différente du Quinquina rouge ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. /i09 de Loxa, et n'ayant aucune de ses propriétés, à Fécorcc do son Cinchona ohlongifolia, le C. marjnifoUa de la Flore pé- ruvienne, et le type du genre cascarilla de Weddel. C'est grâce à cette méprise que l'on a cru pendant si longtemps que cet arbre fournissait le Quinquina rouge des pharmacies. L'erreur fut reconnue d'abord par MM. Schrader et Bergen, en Allemagne, et vérifiée depuis par M. Guibourt, sur les échantillons d'écorce du C. oblongifolia provenant de Mutis lui-même, et rapportés de Santa-Fé par de Humboldl. Mais l'exemple de Mutis ne devait pas être malheureusement sté- rile; car les auteurs de la Flore péruvienne voulurent égale- ment avoir leur Quinquina rouge, et il en résulta une troi- sième variété, ditïérente de celle de Loxa, mais de meilleur aloi au moins que celle de Santa-Fé, le Quinquina rouge de V Histoire des drogues de Guibourt. Ce que- nous venons de dire du Quinquina rouge, en suivant pas à pas les indications de M. Weddel, s'appliquerait aussi bien aux autres nuances des Quinquinas. La couleur rouge ne paraît nullement propre à une seule espèce de Quinquina, mais seudde dépendre de circonstances d'un ordre accidentel, telles, par exemple, que l'exposition, le sol ou le mode de dessiccation (1).M. Weddell a remarqué la nuance rouge dans le C. ovata; mais il l'a vue également dans le C. scrobiculata, dans le C. pubesceiis et dans le C. calisaya lui-même. Enfin, suivant M. Weddell, les Quinquinas jaune et rouge de Loxa ont été fournis par des variétés du même arbre, comme l'attestent les observa- tions de La Condamine, de Joseph de Jussieu et de Caldas. Du reste, si nous voyons se confirmer l'opinion tout à fait (1) Le docteur Alartius a public^ une description des écorces de Loxa qu'il a prise dans le manuscrit de .1. de Caldas comme résultant d'observations faites par ce dernier pendant les années 1805 à 1809. ^ous en extrayons le passage qui se rapporte au sujet qui nous occupe : (( La surface extérieure de Técorce varie beaucoup : suivant Tàge, la température, la situation, elle passe du brun clair au brun noirâtre. Lorsque le tronc et les branches sont complétenient exposés au soleil et au vent, l'écorce devient brun noirâtre; mais liu'sque l'arbre est strictement entouré par d'autres arbres, l'écorce prend une couleur brunâtre qui peut mémo se changer en une couleur jau- nâtre clair, n >'■>.■■■ .. •■ MO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. probable de M. Howard, d'après laquelle la coloration des Quinquinas serait due à la Iransformation de l'acide cincho- tannicpie, dont la présence serait caractéristique des Cincho- nas vrais, nous verrons ainsi se généraliser l'opinion précé- dente de M. Weddell,et se confirmer l'opinion émise déjà par Ruiz, que les colorations pourpre, rose et rouge sont com- munes à tous les Quinquinas. Les colorations tant externes qu'internes de l'écorce ne présentent pas, au point de vue commercial, une faible importance ; en elfet, les caractères que l'on en a tirés au })oinl de vue commercial, ont pu, avec l'aide de dillérentes autres circonstances accessoires, telles que la saveur, etc., guider pendant longtemps dans leurs achats les négociants et les fabricants, ainsi que nous l'avons appris de M. Delondre père lui-même. L'observation de M. Weddell, relative à la ma- nière différente dont les écorces à base de cincbonine et les écorces à base de quinine alTectent le goût, est du reste par- faitement exacte. « Un fait que la plupart de ceux qui sont accoutumés à goûter les Quinquinas », dit M. Weddell dans son Histoire naturelle des Quinquinas, c'est que les écorces à base de cincbonine alTectent bien plus promptement l'or- gane du goût que celles à base de quinine ; c'est pour cela que plusieurs espèces rejetées [peut-être à tort dans notre opinion (A. A. D. et J. L. S.)] comme presque inutiles aujourd'hui, étaient regardées par nos pères comme si supérieures. Celui ((ui ne jugerait de la valeur d'un Quinquina que par son degré d'amertume, tomberait dans une grave erreur. Il n'est toutefois pas niable que les désignations des Quin- quinas par la nuance de leur coloration, tant interne qu'ex- terne, a amené une confusion regrettable, et, lorsque MM. De- londre père et Bouchardat ont pui)lié leur Quinologie, ils avaient surlout-pour but de tâcher d'apporter un peu de clarté dans ce chaos dont les querelles entre Ruiz et Pavon et leurs disciples d'une part, et entre Mutis et ses continuateurs de l'autre, ainsi que les indications usuelles des indigènes, ont été assurément une des premières et des principales causes, et de fournir au négociant et au fabricant un guide sûr pour ACCLIMATATION DES ClNCdONAS. ^14 le diriger dans ses achats, en même temps que Y Histoire )in- tiirelle des Quinquinas de M. Weddell d<^venait un guide pour ceux qui voulaient ultérieurement étudier la question au point de vue scientifique, et ouvrait la question que M. J. E. Howard devait suivre d'une manière si remarquable par ses nombreux travaux sur les Ginchonas et notamment par ses lUusfrations of the mieva Quinologia of Pnvon, dans lesquelles nous avons puisé de si précieux renseignements. ~ Si la coloration graduelle de Técorce des Ginchonas par l'exposition à la lumière, sinon à l'air, nous a déjà paru con- firmer les idées de M. Pasteur, la coloration du liquide laiteux que laisse écouler l'arbre lorsqu'on y pratique des incisions, et qui a été si bien observée d'abord par Pavon, puis par M. Weddell et plus récemment par M. Spruce sur certaines espèces, nous parait aussi venir à l'appui des idées de M. Pas- teur. Du reste , la coloration de l'écorce et la coloration du lait paraissent, ainsi que l'a observé M. Weddell, être dans une étroite dépendance l'une de l'autre (1), et, suivant (1) « Au moment de la chute du périderme », dit Weddell dans son His- toire naturelle des Quinquinas, en parlant du C. calisaya, «les deux faces du derme ont une couleur jaune pelure de noix fraîche qui passe presque aussilôl au brun roque de noix. » « L'odeur de l'écorce est alors celle de l'écorce de Sureau, mais un peu moins prononcée; sa saveur est très-fortement amère sans mélange presque aucun de stypiicité; mais il s'y joint quelque chose de piquant : cette amer- tume se fait sentir A la première impression de la pointe do la lant^ue. n « De sa face externe enfin, surtout iuisque celle-ci a été couluse, il suinte une matière jaunâtre gommo-résineuse, quelquefois im peu laiteuse, amère et styptique, à laquelle les coupeurs attribuent toutes les vertus des Quin- quinas. Cette matière est celle qui i;()rge toutes les cellules du derme el qui s'échappe surtout des lacunes des jeunes écorces. Il m'a semblé cependant, contrairement à l'avis des cascarilleros, qu'elle était bien moins amère que le suc de la face profonde de l'écorce. Elle tache les vêtements en rouge obscur, et sa présence influe I)eaucoup sur la couleur que ])rend l'écorce en sécliaut. Les cascarilleros prétendent que rabondance du lait, connue on l'appelle, plus grande dans l'écorce du C. calisaya que dans les autres espèces, relarde sa dessiccation. C'est surtout par l'effet du massage que ce suc se répand abon- dannnenl h la surface de l'écorce déuudi'-e : on voit alors les points conlus prendre une couleur vineuse qui sera d'autant plus intense qu'ils auront été /il 2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. M. Spruce, ces deux phénomènes donneraient des indications précises de la qualité de l'écorce (1). La coloration du lait remarquée par M. Pavon et plus tard par M. Spruce sur le C. succirubra, et par M. Weddell sur le C. calisai/a, peut être observée aussi sur le C. coccinea; seulement le liquide exsudé ne prend plus une couleur pourpre, mais prend une couleur jaune dorée ; cette coloration serait toutefois due encore ici à une transformation de l'acide cinchotannique. Nous pensons qu'une étude chimique de ce suc laiteux, tant avant l'action de la lumière qu'après cette action à différentes périodes de dis- tance, pourrait fournir sur la formation des alcaloïdes dans l'écorce ou dans les autres parties de l'arbre des renseigne- ments intéressants. Mais si l'action de la lumière, sinon de l'air, est fâcheuse, celle de la chaleur, et surtout d'une chaleur intense, ainsi que l'a remarqué aussi M. Pasteur, ne l'est pas moins; dans les deux cas, les principes constituants des Cinchonas, y compris leurs alcaloïdes, s'allèrent ou se transforment en matières résineuses et colorantes qui forment la majeure partie de la quinoïdine du commerce (2). La (pnnoïdine que l'on trouve plus imniédiatcnicnt cl pins directemont exposés à rinfluence des rayons so- laires, .l'ai même vn qnelqnes cascarilleros irriter toute la surface dénudée de l'écorce avec une brosse dure pour qu'elle prît partout la même nuance.» {\ ) Plus le cliangeuient de coloration du lait s'elVectue rapidement et plus sa teinte définitive est foncée, plus on présume que l'écorce est précieuse. (2J 11 serait assurément très-important et pour le fabricant et pour le mé- decin que des expériences fussent faites pour décider si la forte proportion, 12 ou 15 pour 100, de matière colorante d'une composition cbimique com- plexe produit un bon ou mauvais résultat lorsqu'elle est introduite dans l'es- tomac du malade. Nous ne possédons jusqu'ici aucun renseignement, sérieux du moins, sur l'action médicinale de l'acide cinchotannique et du rouge cinchonique. 11 ne paraît du reste pas supposable que l'effet du principe astringent des Cincho- nas puisse être tout dill'érent de celui du Chêne, ou que les avantages résul- tant de l'usage thérapeutique du rouge cinchonitpie (séparément des alca- loïdes) puisse être plus grand que celui d'une égale quantité d'écorce de Chêne en poudre. Cette opinion, émise par M. J. E. Howard, nous paraît tout à fait ration- nelle. ACCLIMATATION DES CINCHONAS. Zil3 comme résidu dans la fabrication du sulfate de quinine , est en effet un produit de Taltération des Cinchonas ; elle paraît avoir deux origines distinctes. Elle prend naissance dans le travail de la fabrication du sulfate de quinine, et surtout dans les forêts du nouveau monde lorsque le bùclieron, après avoir enlevé à l'arbre son écorce , expose celle-ci au soleil , et à l'action du feu quelquefois sans beaucoup de précaution, pour la dessécher (1). On sait en effet que, dans l'Amérique du Sud, l'écorce récoltée est desséchée par l'exposition à l'ac- tion, soit du soleil, soit du feu. ' ' Il nous- paraît y avoir ici un point que l'expérience seule peut décider et qui mérite d'être examiné ; nous pensons que des analyses de l'écorce verte, de l'écorce desséchée à l'ombre, de l'écorce desséchée par l'exposition à l'action directe du soleil et enfin de l'écorce desséchée , soit par l'action directe du feu, soit par le séjour à l'abri de la lumière du jour dans une étuve obscure, chauifée à des degrés variables de tempé- rature, nous donnerait une solution de cette question dont la considération n'est pas sans importance puisque l'exploitation (les forêts de Cinchonas des Neilgherries est commencée et a déjà fourni des écorces au marché de Londres. M. Brough- ton, entrant dans la voie que nous indiquons ici, a constaté que l'écorce à l'état vert ou frais présente des avantages qui y (1) La dessiccation des écorces de Cinclionas par le feu au sujet de laquelle nous puisons les renseignements suivants dans les écrits, vraiment si riches en observations utiles, de M. Karsten, est opérée en trois ou quatre semaines pendant lesquelles il faut avoir bien soin de retourner les écorces de temps en temps. La dessiccation ne doit pas avoir lieu plus rapidement parce que la coloration de l'écorce pourrait devenir trop foncée, et que le prix de celte écorce pourrait par suite être rabattu : il paraît probable que, par l'action d'une grande chaleur sur l'écorce encore fraîche et par suite humide, les bases organiques doivent être décomposées : toutefois le fait n'a pas encore été vérifié. (3n reconnaît que l'écorce est parfaitement sèche lorsque son bord prend une teinte jaunâtre : en cas contraire, la couche du milieu con- serve une coloration jaune blanchâtre. L'écorce ne doit pas être placée trop près du feu, parce qu'elle prendrait alors une coloration rougeâtrc et serait noircie par la fumée; si elle était, au contraire, placée à une trop grande distance du feu, elle ne se dessécherait pas assez rapidement, se moisirait et serait alors refusée dans le commerce. llill SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. facilitent la recherche des alcaloïdes. Ces derniers sont en effet extraits de l'écorce fraîche bien plus facilement que de l'écorce sèche ou de l'écorce en poudre ; en même temps que l'extraction des alcaloïdes pratiquée dans ces conditions, exige moins de travail, elle nécessite l'emploi d'une moins grande quantité d'acide ; les risques d'erreurs ou d'altérations dans la composition de l'écorce se trouvent ainsi diminués. . Nous venons de faire remarquer que l'écorce desséchée, soit par l'action de la lumière, soit par l'action de la chaleur, se colore de plus en plus, et que ce changement dans la colo- ration de l'écorce est accompagné d'une altération dans sa composition. D'après les observations de M. Karsten, l'écorce des arbres abattus se conserverait longtemps fraîche et inal- térée, si elle était humide, et sa teneur en quinine ne paraî- trait diminuer alors que lentement. Dans un premier cas , M. Karsten a observé qu'un tronc dont l'écorce donnait 3 1/2 p. 100 de sulfate de quinine au moment ofi l'arbre avait été abattu, n'avait perdu qu'un demi p. 100 au bout de six mois; à la place de cette petite quantité de quinine dis- parue, il se trouvait un corps cristaUisable, différent de la quinine, dont la nature n'a toutefois pas pu être déterminée par suite de la petite quantité de matière dont on pouvait dis- poser. Dans un autre cas, l'écorce d'un C. corymbosa présentait absolument, six mois après que l'arbre avait été abattu, l'as- pect d'un arbre vivant. Elle couvrait la partie inférieure du tronc du côté qui touchait le sol ; l'écorce de la partie supé- rieure du tronc a donné 3 1/2 p. JOO de sulfate de quinine ; les surfaces indiquant les endroits où l'on avait détaché anté- rieurement des branches, étaient seules partiellement brunies; mais, en retournant le tronc, on trouva la totalité de l'écorce bien préservée. Après avoir été séparée du tronc comme à l'ordinaire, elle devint d'abord blanche, puis brune, par l'ac- tion de la lumière et donna naissance aux phénomènes que nous avons indiqués plus haut. En ce qui concerne la récolte de l'écorce, nous n'avons que peu d'observations à faire ; la méthode la plus convenable paraît être celle qui a été proposée par M. Mac Ivor et qui ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. fil 5 consiste, ainsi que nous l'avons déjà dit , à enlever l'écorce par bandes comme cela se pratique pour le Chène-Liége, en ayant soin de recouvrir immédiatement avec de la mousse la plaie que l'on a laite à l'arbre ; il faut du reste que , pendant cette opération , le camhium soit bien préservé de toute atteinte. Toutefois cette méthode aurait besoin peut-être d'être modifiée de manière que l'écorce restât le moins long- temps exposée à l'action de la lumière, sinon de l'air, confor- mément aux observations de M. Pasteur contirmées par les faits que nous venons d'énoncer. Assurément l'application de ce procédé a besoin d'être faite par quelqu'un doué d'intelli- gence et d'adresse ; si une personne de ce genre fait défaut, on peut, pour récolter l'écorce, abattre l'arbre ; mais il faut tenir compte de certaines précautions pour que le tronc pro- duise des pousses nouvelles ; ainsi les troncs des plants de Cineliona à quinquina rouge, gris et jaune qui ont été abattus en mars et en août, ont fourni uniformément de belles pousses dans les plantations des Neilgherries, tandis que les troncs des arbres des mêmes espèces qui ont été abattus en février et en septembre, ont péri. Chaque espèce parait du reste sous ce rapport présenter des conditions spéciales. Nous croyons devoir observer ici que, dans certaines localités de l'Amérique méridionale et notamment dans la Nouvelle-Grenade, on em- ploie cette dernière méthode pour récolter les écorces, en observant les précautions requises pour que le tronc de l'arbre abattu produise des pousses nouvelles. Nous ne quitterons pas ce qui est relatif à la récolte de l'écorce sans émettre notre opinion sur le raclage, \e pelage, qu'(jn lui fait généralement subir maintenant, et qui consiste à faire tomber le périderme en massant l'écorce ; cette pra- tique nous paraît tout à fait fâcheuse, si nous tenons compte des phénomènes relatifs à l'action de la lumière sur l'écorce que nous avons exposés plus haut. Autrefois, et cela nous parait bien préférable, à part de rares exceptions, on refusait dans le commerce toute écorce privée de son périderme, non que l'on supposât qu'il put y exister quelque vertu; mais ce périderme fournissait des caractères dislinctifs plus faciles ù lilQ socif:té impériale zoologique d'acclimatation. saisir et plus difficiles en même temps à falsifier ; nous nous baserions sur des raisons plus sérieuses pour demander le retour à cette manière de faire. L'habitude d'enlever le péri- derme ou etives des grosses écorces , n'était du reste pas encore tout à fait générale à l'époque du voyage de M. Weddell et de M. Delondre père en Amérique, et il nous paraîtrait regrettable qu'elle le devînt. Tout ce que nous avons dit jusqu'ici s'applique aux écorces des troncs et des branches, mais pourrait, en subissant de légères modifications, s'appliquer aussi aux écorces des ra- cines ; ces dernières sont en effet douées aussi de propriétés fébrifuges qu'elles doivent à la présence d'une certaine propor- tion d'alcaloïdes fébrifuges; aussi, en Amérique, arrache-t-on sur certains points jusqu'aux racines des Cinchonas pour en retirer les écorces que l'on mélange avec celles du tronc et des branches; M. de Vrij , prenant en considération ces faits, avait proposé de se baser sur la teneur en alcaloïdes des racines pour disposer à Java des exploitations d'écorces de racine de Cinchona palmdiana analogue aux exploitations de garance; ce procédé a même été mis à exécution, sur une grande échelle, dans les Indes néerlandaises, ainsi que nous l'avons appris par une lettre de M. Van Gorkom ; nous ne pensons pas qu'il en ait été de même dans les Indes britanniques, et nous sommes loin de le regretter : il nous paraît bien préférable de concentrer les efïbrts sur les espèces riches en alcaloïdes. En ce qui concerne les feuilles , l'analyse chimique faite tant par M. de Vrij que par M. Howard , y a constaté la pré- sence d'une certaine quantité d'alcaloïdes en combinaison très-intime avec la matière colorante verte, et il paraît indu- bitable qu'elles présentent une certaine valeur thérapeutique; toutefois cette valeur relative a besoin d'être confirmée tant au point de vue chimique qu'au point de vue thérapeutique par de nouvelles expériences. M. \Veddell avait du reste déjà signalé l'amertume des feuilles et des fleurs des Cinchonas; mais les expériences récentes faites dans les Indes britanniques pour s'assurer de l'importance médicinale des feuilles ont été ACCLIMATATION DES CINCHONAS. 417 exécutées à l'instigation de M. le docteur T. Anderson, surin- tendant du Jardin botanique de Calcutta : des expériences sur le même sujet ont été faites aussi à la Jamaïque. Bien qu'il paraisse probable que les feuilles contenant une certaine quan- tité d'alcaloïdes fébrifuges pourront être utilisées comme fébri- fuge,les essais faitsjusqu'ici n'ont pas donné de résultatsprécis. En ce qui concerne les feuilles, un fait surtout paraît inté- ressant à noter, c'est qu'un Cinchona peut en général être distingué des autres arbres (à l'exception toutefois de quelques Lettsomin et de quelques Ternstrœmia) au milieu desquels il pousse, par la couleur rouge de ses feuilles mortes. Cette colo- ration, qui a été observée par M. Karsten, se présente notam- ment pour le C. lancifolia, en sorte que, lorsqu'on passe à travers une forêt où il n'est pas possible d'apercevoir la cime des arbres et où il serait possible de passer à côté du Cinchona sans le voir , on peut reconnaître sa présence à ses feuilles rouges que l'on aperçoit sur le sol. Le caractère que nous indiquons ici, ne peut plus servir lorsqu'on regarde d'une hauteur; en elfet les jeunes feuilles sont alors seules en vue et peuvent être reconnues même à distance au reflet particu- lier de leur surface lisse. La coloration des feuilles mortes est du reste moins sensible dans le C. corymbosa dont les feuilles tombent dans la plupart des cas sans se colorer; mais, dans ce Cinchona , les feuilles florales deviennent toujours rouges avant de tomber. Dans les Cinchonas de peu de valeur tels que le C. cordifulia, le C. pubescens, le C. purpvrea, le C. tiicu- Tjensis, etc., etc., la coloration des feuilles anciennes est du reste bien plus remarquable que dans les bonnes espèces. Cette coloration des feuilles mortes dans les Cinchonas, indi- quée par M. Karsten, paraît du reste être due à la présence de l'acide cinchotannique dans les feuilles et à l'action de l'air sur cet acide. Dans les feuilles des Cinchonas qui ne sont pas encore arri- vées à l'époque où elles doivent tomber, cet acide cinchotan- nique serait, ainsi que cela résulte des analyses de M. Howard, préservé d'une action trop rapide de l'oxygène de l'air par une couche de cire végétale qui recouvrirait la totalité de la T' SÉRIK, T. V. — Juin 1868. 27 518 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. feuille ; ce qui le prouve , c'est que , si Ton enlève la couche de cire au moyen d'un dissolvant comme l'éther , le chloro- forme , l'alcool ou même une dissolution d'ammoniaque dans laquelle on plonge la feuille, celle dernière, si elle est mûre, prend rapidement une couleur marron ou rouge brun, et le contenu des « cellules épidermiques » de Weddell prend aussi cette teinte brune qui pénètre profondément dans la substance de la feuille. Si l'éther est le dissolvant employé, il reste, après son évaporation, une masse jaunâtre à laquelle le chlo- roforme enlève, par dissolution , la cire qui prend graduelle- ment une légère teinte verte ; le résidu, dissous par les acides et précipité par l'ammoniaque , donne la matière colorante rose et finalement le précipité de rouge cinchonique. Suivant M. Howard, il serait probable que, pendant que les substances sont ainsi maintenues, conjointement avec l'ammoniaque qui existe aussi dans la feuille, dans un état d'affinité convenable- ment équilibré, les alcaloïdes commencent à se former d'une manière quelconque par l'action graduelle de l'air qui entre petit à petit par les stomates. M. Howard a étudié à ce point de vue les feuilles du C. officùialis , du C. calisaya, du C. nitida, du C. iincrantha, etc. Ces recherches microscopiques sur les alcaloïdes considérés comme préexistant dans l'écorce des Cinchonas à un état sous lequel ils puissent être visibles au microscope, ont conduit M. Howard aune supposition du même ordre, c'est-à-dire à la supposition que les alcaloïdes pourraient bien être formés par les éléments de l'acide cinchotannique conjointement avec ceux de l'ammoniaque en présence de laquelle il se trouve toujours. Peut- être trouverait-on dans la poursuite des idées qui ont été indi- quées par M . Howard et que nous venons de passer ici rapidement en revue la solution des difficultés que rencontre l'explication méthodique des faits intéressants constatés par M. Mac Ivor. En ce qui concerne \ehois des Cinchonas, nous dirons qu'il ne paraît contenir aucune trace ou au moins seulement de légères traces d'alcaloïdes. Valeur thérapeutiqiœ des alcaloïdes et des divers priticipes contenus dans les écorces des Cinchonas. — Nous avons dit ACCLIMATATION DES CINCHONAS. -^19 que la valeur d'une écorcc de Cinchona, d'un Quinquina, est estimée, commercialement, surtout d'après la teneur de cette écorce en quinine, et qu'il n'est tenu presque aucun compte de la présence des autres alcaloïdes fébrifuges et des autres principes contenus dans l'écorce. Ces alcaloïdes et ces prin- cipes autres que les alcaloïdes seraient donc ainsi considérés conmie sans valeur et seraient rejetés; c'est ce qui a lieu actuellement et nous paraît fâcheux, surtout s'il est démontré que les matières rejetées ainsi ont une valeur thérapeutique sérieuse. Les propriétés fébrifuges des produits retirés de cer- taines espèces végétales, tout à fait ditférentes des Cinclionas, et surtout celles de certains exostemmas, appartenant bien à la tribu des Cinchonées, et se rapprochant par suite des Cin- chonas par certains caractères, mais ne contenant pas de qui- nine, ni aucun des alcaloïdes des Cinchonas vrais, nous paraî- traient déjà fournir des arguments en faveur de notre opinion, qui avait éié soutenue antérieurement, mais maliieureuse- ment avec peu de succès, par MM. Soubeiran père et Delondre père. Des expériences, faites sous les auspices de M. Delondre père, ainsi que nous l'avons déjà indiqué dans notre travail inséré dans le volume Production animale et végétale, pu- bhé par la Société impériale d'acclimatation, comme résultat de ses études sur l'Exposition universelle, avaient déjà mon- tré la justesse de notre opinion. Des travaux plus récents sont venus encore la confirmer. Nous devons toutefois reconnaître que si chacun des alcaloïdes a une action fébrifuge bien posi- tive, leur action n'est pas absolument du même ordre, ainsi que l'ont démontré et le travail de M. Grellois et le mémoire de M. le docteur Moutard-Martin, sur la valeur thérapeutique de la cinchonine. Du reste, le gouvernement anglais, frappé de l'avantage qu'il y aurait à connaître, d'une manière précise, la valeur thérapeutique des divers alcaloïdes des écorces de Cinchona, a chargé une commission de s'en rendre compte. Les rensei- gnements que nous a fournis le rapport préliminaire de cette commission, sur les essais faits tant dans la présidence de Madras que dans la présidence de Bombay, nous ont montré 420 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. l'efficacité vraiment sérieuse des alcaloïdes autres que la quinine. Des résultats du même ordre ont été obtenus à la Jamaïque. La cinchonidine paraît notamment être d'une grande effi- cacité, ainsi que l'avaient montré les expériences faites par M. le docteur CuUen, à l'hôpital de Philadelphie (États-Unis), et insérées dans le numéro de janvier 1855, de V American Journal of médical science. Nous regrettons que le gouvernement anglais n'ait pas chargé la commission médicale d'apprécier la valeur théra- peutique des principes des Cinchonas autres que les alcaloïdes. L'acide quinovique ou kinovique {/dnovine ou quinovine de Hlasiwetz, amer quinovique de Winckler, amer cincho- nique de de Vrij) paraîtrait surtout mériter d'être étudié au point de vue médical, dans le but de vérifier les faits contra- dictoires signalés jusqu'ici. Découvert par MM. Pelletier et Caventou, le principe immédiat dont nous nous occupons ici fut examiné ultérieurement par différents chimistes, et notam- ment par M. Hlasiw-etz, qui, démontrant que cette substance était un glucoside, constata son dédoublement en glucose et en un nouvel acide, auquel il donna le nom d\icide quinovi- que; il proposa en même temps de désigner le glucoside sous le nom de quinovine, qui avait déjà été employé antérieure- ment pour désigner un alcaloïde retiré de certains quinquinas. M. de Vrij, dans les expériences qu'il fit à Java, reconnut que cette quinovine, pour laquelle il proposa de revenir à la dé- nomination antérieure de Winckler, amer quinovique, qui nous paraît bonne, ou peut-être à celle A' amer chinovique, existait, aussi bien, du reste, que Vacide quinique, autre principe des Cinchonas, dans toutes les parties de la plante, bois des racines, écorces des racines, écorces du tronc, écorces des branches ligneuses, tiges herbacées, feuilles sè- ches, etc., etc.; en comparant les quantités d'amer quinovique, avec les quantités d'alcaloïdes trouvés dans les mêmes par- ties du végétal, M. de Yrij a observé que ces quantités se trou- vaient précisément dans un rapport inverse, c'est-à-dire qu'une partie du- végétal, comm(% par exemple, l'écorce du tronc, ACCLIMATATION DES CINCHONAS. . h'2i qui contenait une assez grande quantité d'alcaloïdes (environ Zi pour 100), ne contenait qu'une quantité très-minime d'a- mer quinovique (0,36 pour 100), tandis que la partie ligneuse des racines, qui ne contenait qu'une très-faible quantité d'al- caloïdes (0,06 pour 100), renfermait au contraire une assez grande quantité d'amer quinovique ("2,57 pour 100). L'amer quinovique paraît exister en quantité notable, non-seulement dans les espèces du genre Cmchona, mais aussi dans les es- pèces de différents autres genres voisins, et notamment dans les espèces du genre Ladenhcrgia, dont l'amer chinovique pourrait bien être le produit caractéristique. D'après des expé- riences faites sur une assez large échelle dans les hôpitaux de Java et de Sumatra, et notamment dans l'hôpital de Samarang", à la requête de M. de Vrij, expériences dont les résultats se trouvent constatés dans un rapport adressé, à la date du 5 mars 1863, par M. le docteur Wassink, chef du service mé- dical, cà Son Excellence le gouverneur général des Indes néer- landaises, l'amer quinovique aurait présenté une valeur positive dans la cure d'un grand nombre de cas de fièvres intermittentes. Nous savons du reste que, sous les auspices de M. de Vrij et de M. Phœbus, il a été fait, sur divers points de l'Europe et de l'Allemagne, des essais dans le but de véri- fier l'action thérapeutique de l'amer quinovique et de la qui- noïdine; mais nous n'en connaissons pas les résultats. Nous avons appris, d'autre part, que les essais entrepris par M. le docteur Weil avaient donné des résultats qui n'étaient pas favorables à l'efTicacité de l'amer quinovique. Il nous paraî- trait donc réellement utile que la commission médicale, dési- gnée pour expérimenter la valeur relative des divers alca- loïdes fébrifuges dans les Indes britanniques, ne bornât pas son travail à ce seul point, et examinât impartialement les propriétés thérapeutiques que pourraient présenter les autres principes des Cinchonas, tels qu'on les rencontre dans les écorces fraîches aussi bien que dans les écorces sèches, non- seulement au point de vue de la guérison des fièvres inter- mittentes, mais encore à tous les autres points de vue dans lesquels la science a signalé l'utifité de leur emploi, et notam- ^22 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. ment dans la guérison des plaies cancéreuses, tant chez l'homme que chez les animaux. Cette étude pourrait conduire à des résultats utiles. Nous pensons, en outre, qu'une étude botanique, chimique et thérapeutique des divers succédanés des Quincjuinas, c'est- à-dire des divers produits fébrifuges, fournis tant par les genres voisins des Cinchonas et appartenant à la même fa- mille (1), que par des genres appartenant à d'autres familles botaniques, dont les Indes britanniques renferment un si grand nombre (2), ainsi que l'ont constaté les ouvrages do tous ceux qui ont étudié la matière médicale de ces contrées, et dont beaucoup d'autres contrées ne sont pas plus dépour- vues (3), pourrait avoir aussi un grand avantage, en nous fixant sur leur efficacité relative. (I) Quelques points assez importants paraissent ressortir des observa- tions et des éludes déjà faites; ainsi, il paraît probable que la matière co- lorante rouge de certains genres voisins des Cinchonas ne proviendrait pas de la même source que celle des Cinchonas, et serait toute dilTérente ; elle ne présenterait pas, par suite, la même action thérapeutique, en admettant toniei'ois que ces deux matières fussent susceptibles d'être utilisées en méde- cine, ce qui n'est pas démontré. Toutefois, si la présence de l'acide cin- chotannique était caractéristique pour les Cinchonas \rais, et si, d'autre part, la théorie de iVI. Howard, relative ;i la formation des alcaloïdes par une transformation de l'acide cincholannique avec le concours de l'ammoniaque, était exacte, il est évident qu'il ne pourrait pas se développer d'alcaloïdes fébrifuges dans les écorces où l'acide cincholannique ferait défaut ; il y aurait donc là un point important à décider, tant au point de vue chimique qu'au point de vue thérapeutique. {2} Une note, insérée à la lin du Travela in l'eru and in India de M. Cl. W. Markham et dressée par M. Alexander Sniyth Esq., n'indique pas moins de soixante- dix espèces végétales, fournissant des produits fébrifuges plus ou moins efficaces comme appartenant à la Flore origmaire des Indes britanniques, et, cette hste, d'après Vi. Alexander Smyth lui même, est en- core fort incomplète. (o) La partie tropicale de l'Amérique méridionale, dont les Cinchonas sont eux-mêmes originaires, nous présente comme fébrifuges ; n dehors des végé- taux appartenant à la tribu des Cinchonées, le Copalchi {Croton pseudotliina, Schlecht.), le gwico, le cedron, le cunchaUigun. LeBrésil nous recommande les différents végétaux connus sous le nom de quina do mato, quina do campo, quina da serra et ditférents autres végétaux que nous avons indiqué dans ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. /i23 Importance des déboisements exécutés dans les Indes bri- tanniques, pour faire place tant aux plantations de caféiers et d'arbres à thé que plus récemment à celles des Cinchonas. Des iticonvénients que peuvent présenter et présentent, en effet, ces déboisements, et qui seront contre-balancés , au m,oins en partie, par le développement ultérieur des Cinchonas^ remplaçant alors les arbres qui ont été abattus pour leur faire place. De la nécessité d'obvier aux i7iconvénients indiqués ^ soit en, effectuant un reboisement partiel^ soit en établissant sur le parcours des rivières et cours d'eau des réservoirs des- tinés à en aménager les eaux. Des plantations déjà effectuées dans les Indes britanniques pour réaliser un reboisement partiel. — Dans un Mémoire sicr les forêts et leur influence climatérique, lu à l'Académie des sciences (Institut impérial de France), le 22 mai 1805, et inséré dans le tome XXXV des Mémoires de cette Académie, M. Becquerel examine les ques- tions suivantes, en se basant surtout sur les faits observés en France : « 1" Quel est le rôle que jouent les forêts comme abris notre travail sur les Produits végétaux du Brésil, considérés au point de vue de la matière médicale et de l'alimentation, el sur lesquels nous revien- drons, du reste, dans on travail ultérieur. Les colonies du Portugal et de l'Espagne produisent aussi un grand nombre de féljrifuges. En dehors des Indes britanniques, les autres colonies anglaises, et notam- ment les colonies anglaises de l'Australie, qui ont déjà fourni VEurahjiilus, recommandé d'abord par M. Ferd. MuoUer, et préconisé actuellement à un si haut point en Espagne comme fébrifuge, pourrait encore nous en fournir quelques autres dont il sera question, en traitant de l'acclimatation des Cin- chonas dans les États de Victoria et de Queensland. Les colonies françaises ne sont assurément pas moins riches en fébrifuges que les pays que nous venons de passer superficiellement en revue. Nous avons, du reste, l'intention de consacrer, dans la série d'articles que nous publions dans le Journal de pharmacie et de chimie sur l'étude de la matière médicale à l'Exposition universelle de 1867, un article détaillé sur le sujet que nous ne faisons qu'indiquer ici. Les nombreux encouragements que nous avons reçus à cet égard de différents côtés ne peuvent que nous faire persister dans l'élaboration de cette série d'études que nous nous effor- cerons de rendre digne des bienveillanis sulfrages qu'elle nous a déjà mérités. h'îh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQIJE d'aCCLLMATATION. contre les vents ou pour retarder l'évaporation des eaux plu- viales? 2° Quelle est l'influence des arbres sur l'eau aspirée par les racines, et sur celle qui est exsudée par les feuilles pour modilier l'état hygrométrique de l'air ambiant? 3" Gomment les forêts modifient-elles l'état calorifique d'une contrée? /i" Les forêts exercent-elles une influence sur les quantités d'eau tom- bées et sur la répartition des pluies dans le cours de l'année, ainsi que sur le régime des eaux vives et des eaux de source? 5" Comment interviennent- elles pour la conservation des montagnes et des pentes? (5" Les forêts servent-elles à enlever aux nuages orageux leur électricité et à en atténuer ainsi les effets sur les pays voisins non boisés? 7" Quelle est la nature de l'influence qu'elles peuvent exercer sur la santé publique? » On voit, d'après cette série de questions à résoudre, com- bien il faut mettre de réserve avant de se prononcer sur le mode d'influence que peut exercer le déboisement d'une con- trée sur son climat. Avant tout, il faut connaître la position géographique, ia constitution géologique de cette contrée, sa latitude, sa proximité ou son éloignement de la mer, la nature de son sol et de son sous-sol, selon que l'un ou l'autre est perméable ou imperméable, siliceux, calcaire ou argileux, éléments qui doivent être prison considération. Ces questions, qui ne peuvent être résolues à priori, sauf quelques-unes, exi- gent par conséquent un examen particulier, une étude spéciale, des expériences, sans quoi l'on court le risque d'émettre une opinion qui n'est pas d'accord avec celle d'un autre savant qui ne s'est pas placé au même point de vue, ou qui n'a em- brassé qu'une partie de la question ; nous allons en donner les preuves : j> » L'action des forêts sur le climat d'une contrée est très- complexe, car elle dépend encore : 1" de leur étendue, de leur élévation, de la nature du sol et de celle du sous-sol; 2° de leur orientation, par rapport aux vents chauds ou froids, secs ou humides; 3" de l'âge auquel on les coupe, de leur es- •pèce, c'est-à-dire s'ils sont à feuilles caduques ou à feuilles persistantes, attendu que les pouvoirs rayonnant et émissif ne sont pas les mêmes dans toutes les saisons; /i" de la saison ACCLIMATATION DES ClNCHUAAS. ^25 des pluies, si elles sonl à pluie d'été, d'automne ou d'hiver; 5° de la proximité des marais pestilentiels, etc., etc. » Quelle que soit l'action exercée par une foret, on conçoit qu'elle est en rapport avec son étendue, car un arbre ou un bouquet d'arljres n'agit pas comme le lait une grande masse; un seul arbre indique, par l'ombrage qu'il porte sur le sol environnant, que sa présence est nuisible cà la culture des vé- gétaux, jusqu'à une distance qui dépend de sa hauteur; plus les futaies sont élevées, plus l'ombre a d'étendue ; l'ombre portée ne dépend donc que de la lisière de la foret, et, jus- qu'à un certain point, de l'épaisseur de celte lisière.' » La hauteur des arbres, si la forêt a une certaine épais- seur, peut être un obstacle au vent, selon son orientation par rapporta la direction de ce dernier. Il est bien entendu que les iorôts n'agissent principalement comme abris qu'à l'égard des vents inférieurs; l'obliquité de ces derniers est à premlre en considération : leur épaisseur supplée jusqu'à un certain pomt à la compacité qui leur manque. » Les racines des arbres, en pénétrant dans le sol et le sous-sol, en écartent les parties et facihtent ainsi l'écoulement des eaux qui se trouvent à la surface; plus les bois sont àoé. etreniermentde vieilles réserves, plus leurs racines pénètrent proiondement dans le sol et plus les eaux éprouvent de facilité a traverser le sous-sol. » Certes, l'examen de toutes ces questions présenterait un grand intérêt, en ce qui concerne les Indes britanniques dans l.'squelles il a été opéré tant de déboisements pour faire place successivement aux plantations de caféiers, d'arbres à thé et de Ginchonas, sans que ces déboisements, quelque importants qu Ils scient déjà, aient encore atteint leur limite déhnitive 1 ne nous serait pas difficile de faire ressortir par quels nom- breux hens la question qui nous occupe ici se rattache à l'un des objets fréquents des études de la Société impériale d'Ac- climation, 'dVacchmalaiion des végétaux utiles en général et en particulier à Yacclimatation des Cinchonas, objet de notre Î'T, ; f ? '^'" concerne, par exemple, un seul point, 1 ellet de 1 ombrage sur la culture dont M. Becquerel dit quel- /|26 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'ACCLIMATATION. qiies mots; nous avons vu, dans le cours de ce travail, quelle importance cet effet peut exercer sur les résultats de la cul- ture dans certains cas, et combien, en ce qui concerne la culture des Cinchonas, la culture à découvert doit être préférée à la culture à l'ombre des forêts. Nous pourrions encore faire ressortir sous beaucoup d'autres rapports l'importance vrai- ment hors ligne des questions examinées par M. Becquerel; mais les etfets du déboisement, envisagés à un point de vue aussi général, nous mèneraient beaucoup trop loin, nous en- traîneraient dans un examen des diverses opinions émises sur ce sujet, que nous voulons précisément éviter ici, et nous man- querions peut-être des éléments de comparaison qui nous se- raient nécessaires; nous nous bornerons à indiquer briève- ment les faits saillants qui ressortent du travail de M. Becquerel en ce qui concerne les effets du déboisement sur les sources et sur les quantités d'eaux vives qui coulent dans un pays, et à en rapprocher les conclusions que M. Cl. B. Markham a tirées des faits déjà observés dans les Indes britanniques sur le même sujet. Il ne nous paraît possible de mettre en doute l'utilité de ce rapprochement, en ce qui concerne même la France, surtout lorsqu'on voit la Commission du Corps législatif cbargée, en 1860, d'examiner le projet de loi relatif au reboisement- des montagnes, émettre le vœu de voir l'Administration des forêts publier un compte rendu des tra- vaux exécutés en vertu de cette loi, et lorsqu'on lit les comptes rendus des travaux de reboisement et de gazonnement des montagnes publiés annuellement par l'Administration des forêts en conformité de ce vœu; nous laisserons toutefois à d'autres plus experts en pareille matière le soin de tirer les conclusions que pourrait faire naître le rapprochement des faits observés en France et dans les Indes britanniques; sim- ples narrateurs, nous ne voulons qu'exposer les faits. Des observations signalées par lui dans son mémoire, M. Becquerel tire les conclusions suivantes relativement à l'intluencede l'eau sur les cours d'eaux : 1" les grands défri- chements diminuent la quantité des eaux vives qui coulent dans un pays; 2" on ne peut décider encore si cette diminu- ACCLIMATATION DES GINCHONAS. 427 tion doit être attribuée à une moins grande quantité annuelle de pluie tombée ou à une plus grande évaporation des eaux pluviales, ou à ces deux causes réunies, ou à une nouvelle dis- tribution des eaux pluviales ; 3° la culture établie dans un pays aride et découvert dissipe une partie des eaux courantes ; h" dans les pays qui n'ont point éprouvé de changement dans la culture, la quantité d'eau vive paraît être toujours la même ; 5" les forêts, tout en conservant les eaux vives, aménagent et régularisent leur écoulement ; 6" l'humidité qui règne dans les bois, et l'intervention des racines pour rendre le sol plus per- méable doivent être prises en considération; 7" les déboise- ments en pays de montagnes exercent leur influence sur les cours d'eau et les sources en plaine , particulièrement sur ces dernières ; 8 " l'action exercée par les forêts sur les climats est donc très-complexe. La transformation des terrains déboisés en marécages n'est que trop réelle. Quand les arbres sont coupés, les racines meurent et le sol devient plus compacte, c'est ce qui est arrivé dans la Sologne dont l'insalubrité est devenue proverbiale et dont une grande partie était anciennement boisée. Avec les moyens d'assainissement que l'on possède aujourd'hui, on n'a plus à craindre les marécages à la suite de déboise- ments, et l'on peut même rendre fertiles des terres maréca- geuses depuis de longues années. « Il ne faudrait du reste pas croire que le déboisement d'un pays entraine avec lui la stérilité. Nous citerons par exemple l'Angleterre et l'Espagne qui n'ont l'une que 2 pour 100 de superficie boisée, l'autre 3,17. La première a un climat marin où règne très-fréquemment le vent sud-ouest chargé de vapeur au maximum de saturation, qui produit des brouillards par le moindre abaissement de température. L'Espagne n'a pas un climat semblable, mais ses parties les plus fertiles sont les parties arrosées par de grands fleuves, tandis que les grands plateaux sont de véritables déserts. » 11 résulte de ce que nous venons de dire que, si l'on venait à défricher une grande forêt dans le voisinage d'un plateau fertile n'ayant que des sources, on aurait à craindre de tarir h'IS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ces dernières en partie ou en totalité et d'appauvrir une con- trée. Tout le monde sait que le déboisement d'une contrée sableuse peut entraîner l'ensablement des plaines voisines. « Une forêt interposée sur le passage d'un courant d'air humide chargé de miasmes pestilentiels, préserve quelquefois de ses effets tout ce qui est derrière elle, tandis que la partie découverte est exposée aux maladies , comme les marais Pontins en offrent des exemples; les arbres tamisent donc l'air infecté et l'épurent en lui enlevant ses miasmes. » « Les forêts exercent un autre genre d'action sur les climats. Les arbres à hautes tiges qui les composent, servant de para- tonnerre, enlèvent l'électricité aux nuages et arrêtent les effets désastreux des orages. » Si le reboisement des montagnes est en général une opéra- tion de première nécessité pour leur conservation, il présente en outre pour avantages : « 1" La facilité avec laquelle les eaux pluviales pénètrent dans le sol et même le sous-sol quand ils sont traversés par les racines qui facilitent les inlîltrations; 2" les effets que pro- duisent les forêts en faisant obstacle au passage de masses d'air saturées de vapeurs en mouvement qui ne lardent pas à déverser de la pluie, quand elles s'élèvent, refoulées par l'obstacle ; 3" l'humidité qui règne ordinairement dans l'in- térieur et près des bois, et qui donne Ueu à une précipitation de rosée quand la température de l'air s'abaisse. » Les elfets produits dans les montagnes qui se rattachent d'une manière si étroite avec les effets produits par les déboi- sements dans les districts montagneux des Indes britanniques mettent en évidence l'inllucnce des racines pour favoriser les infiltrations des eaux pluviales et alimenter les sources. « Dans les pays de montagnes, le déboisement amène promp- tement la formation des torrents; les Alpes en présentent de nombreux exemples. En effet, lorsque, sur des versants cou- verts de détritus de roches, qui couronnent la cîme des mon- tagnes, la végétation se développe avec vigueur, les racines s'enlacent avec force, en formant un réseau, et l'on ne larde pas à voir des forêts épaisses de Sapins et de Mélèzes garnir ACCLIMATATION DES CINCHONAS. A 59 les lianes de la montagne. Vient-on à faire des coupes incon- sidérées dans le sens des pentes, les eaux s'écoulent dans ces directions, emportant avec elles la terre végétale, et un sillon ne tarde pas à se former. Ce sillon s'élargit, s'étend avec le temps et finit par former un torrent. Dans les parties où le bois n'a pas été abattu, rien de semblable n'a lieu. Toute la partie Est du département des Hautes-Alpes présente de nom- breux effets de ce genre. » « On voit donc que la présence d'une forêt sur un sol for- tement incliné s'oppose à la formation des torrents, tandis que le déboisement livre ce sol aux torrents; il est facile, du reste, d'expliquer cet effet. Aussitôt qu'un sol est envahi par la végétation, d'abord par des plantes basses , puis par des arbres, les racines, comme on vient de le dire, forment un espèce de feutre qui lui donnent de la consistance ; les bran- ches pourvues de leurs feuilles, le garantissent du choc des ondes ; les troncs, les rejetons et les broussailles qui les entou- rent, opposent des résistances multipliées au courant qui, sans cela, ravineraient la terre ; l'effet de la végétation est donc de donner plus de solidité au sol et de diviser les eaux sur toute sa surface, afin d'empêcher qu'elles ne se portent en masse dans les lignes du thalweg, comme cela aurait lieu si le terrain était dénudé. Le sol, étant divisé par les racines et recouvert d'un huums spongieux, absorbe une parlie des eaux qui ces- sent de couler sur les pentes , et se rendent dans les parties inférieures pour alimenter les sources. Tels sont les bienfaits résultant de la présence des forêts sur les montagnes et les pentes inclinées exposées aux pluies torrentielles. » Nous venons de faire ressortir les avantages de la présence des forêts sur les montagnes, les inconvénients de leur déboi- sement et l'utilité de leur reboisement; mais lorsque, par une cause ou par une autre, le déboisement au moins partiel des forêts est nécessaire, comment peut-on y obvier? C'est là précisément le problème qui s'est présenté dans les Indes bri- tanniques ; nous verrons plus loin ce qui a été proposé à cet égard . M. W. G. Mac Ivor, dans ses rapports sur les cultures des Zl30 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMATATION, Ginchonas dans les Indes britanniques, et M. Cl. R. Markham, dans sa brochure On tJte effects of the destruction of Forest in the western GhaïUs of India on the watersupply^ ont examiné les conséquences que peuvent avoir les déboisements opérés dans les Indes britanniques pour faire place tant aux plantations de Café et de Thé que plus récemment aux plantations de Ginchonas. L'influence de ces déboisements n'a en effet nulle- ment échappé à leur sagacité, et M. Markham, dans le mé- moire indiqué, examine avec soin tant l'importance des déboi- sements effectués que les moyens de compenser les effets du déboisement. Si, en consultant les relevés officiels, on essaye de se rendre compte des déboisements opérés, on voit que, dans le Nuggur, le Munjerabad et le Coorg , l'étendue des forets détruites se monte à plusieurs milliers d'acres ; dans le Wynaad, à environ seize mille ; dans les Neilgherries, à neuf mille à peu près, auxquels il faut ajouter l'espace occupé par les plantations de Ginchonas du gouvernement; dans les Anamallay , près de six cents acres ont déjà été déboisées ; à Neliampaty, dans le Gochin, environ douze cents ; à Peermede, dans le Travancore, six cent vingt-cinq ; et dans les montagnes qui dominent le district de Tinnevelly, près de cent; ce qui fait un total d'en- viron six mille acres de forêts détruites. Le déboisement est du reste loin d'avoir encore atteint la limite à laquelle il doit arriver ; un grand changement se produit donc dans les con- ditions physiques des districts montagneux. Les faits signalés par M. Becquerel, que nous avons cités plus haut et qui con- cernent surtout la France, peuvent déjcà nous donner une idée de ce qui a pu être observé dans les Indes britanniques. Il est assurément impossible d'exagérer l'importance qu'il peut y avoir à déterminer exactement la nature des change- ments déterminés par ces déboisements et les meilleurs moyens d'obvier aux dangers qui peuvent en résulter ; en effet, pour ne considérer qu'un seul point, l'influence que ces déboisements peuvent exercer sur le régime des eaux et sur l'approvisionnement des cours d'eau qui descendent des mon- tagnes, a déjà une grande importance, puisque, de ce régime, ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. ftSl de cet approvisionnement, dépend Firrigation d'une grande partie de la péninsule. L'effet de la végétation, ainsi que le faisait avec raison remarquer M. Becquerel dans son mémoire , et que le fait remarquer aussi M. Markham, est indubitablement de retarder l'évaporalion et de mettre obstacle à la rapidité de l'écoule- ment des eaux, et la destruction des forêts a un effet con- traire. Les districts montagneux des Indes britanniques nous fournissent actuellement une preuve de l'exactitude de cette loi naturelle. Les débordements causés par les pluies de la mousson sud-ouest augmentent tous les ans d'intensité et de violence et déterminent déjà de véritables inondations. M. le major Sankey, dans son intéressant rapport sur l'état des routes dans le district de Coorg, a fait ressortir les effets fâcheux d'un déboisement opéré sans précaution sur l'état des routes existant dans les montagnes, les détériorations qu'un tel déboisement cause infailliblement aux roules et a insisté avec force sur la nécessité d'y obvier par des mesures de pré- caution et notamment la conservation de certaines parties boisées sur les talus supérieurs et inférieurs de toutes les routes dans les montagnes. Un système bien conçu de conservation des forêts, comme celui qui est établi dans la présidence de Madras depuis une douzaine d'années sous la surintendance de M. le docteur Cleghurn, parait assurément convenable dans le but d'as- surer un approvisionnement ultérieur, tant de bois conve- nables pour les travaux d'utilité publique que de bois de cbaulfage. Toutefois il nous paraîtrait fâcheux que les mesures prises vinssent entraver le développement de ces importantes plantations de Caféiers, d'arbres à Thé et de Cinchonas dans lesquelles un capital si important se trouve déjà engagé et qui ont du reste une si grande utilité. De grandes plantations de Teck, de Santal et d'autres essences forestières d'une certaine valeur , peuvent être installées à proximité des torrents par lesquels ces essences forestières seraient acheminées ulté- rieurement vers le marché. Les plantations ainsi installées pourraient par la suite approvisionner le marché et en même A32 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGiQUE D ACCLIMATATION. temps aider à obvier aux dangers dont menace la destruction des forêts naturelles. Un commencement de plantation de ce genre a déjà été exé- cuté à Nelemboor, dans le Malabar; nous voulons parler des plantations de Teck dont l'Inde britannique est redevable à la prévoyance de M. Conolly ; ces plantations commencent presque en face Mombat et s'étendent sur une étendue de plusieurs milles le long des deux rives du Nelemboor. Les jeunes arbres qui avaient été plantés dans cette localité en 1843 avaient, au moment de la visite de M. Markham , cinq pieds deux pouces de circonférence à trois pieds du sol et quatre-vingt-dix pieds de hauteur, et ceux qui avaient été plantés en 18/|7 avaient trois pieds onze pouces de circonférence et quatre-vingt-dix pieds de hauteur. De ISZi/i à 1805, le nombre des plants de Teck installés dans ces plantations a été de 1 'i78 (379 couvrant mille six cent quatre-vingt-seize acres et, en 1865, les recettes ont été de 27158 1. s. (la livre sterling étant de "25 francs) pour une dépense de 10 026 1. s. Ces importantes plantations de Teck sont sous la surintendance de M. Ferguson, praticien expérimenté. Il existe aussi des plantations de Teck et de Santal dans la foret de Nudmullay dans le Wynaod , et une très-belle plantation d'essences d'arbres de l'Australie, près de Coonoor, dans les Neilgherries; un commencement de plantation de Teck a été également opéré à Nuggur. Nous devons faire remarquer ici que le Cinchona , l'une des trois essences d'arbres dont la mise en culture a nécessité les d(^boisements indiqués et dont la culture s'étend actuelle- ment avec tant de rapidité dans les districts montagneux des Indes britanniques, pourra , dans un petit nombre d'années, lorsque les planîs encore jeunes auront atteint un certain développement, remplacer les forêts originaires et en remplir les fonctions, pourvu toutefois que l'on emploie dans la récolte de l'écorce le procédé de M. Mac Ivor, de manière à ne pas faire mourir les arbres et à ne pas avoir besoin de les abattre. Peut-être pourrait-on, d'autre part, mettre obstacle à la ra- pidité (le l'écoulement de l'eau des cours d'eaux qui sont sus- ceptibles de débordements désastreux, en établissant sur leur ACCLIMATATION DES CINCHONAS. ASS parcours des lacs ou réservoirs artificiels destinés à aménager l'eau. Telle est du moins l'opinion, soutenue antérieurement par sir Arthur Cotlon, parle docteur Balfour et par beaucoup d'autres, parmi lesquels nous citerons M. Fraser, M. le colo- nel Douglas Hamilton, M. le capitaine Oakes : M, Cl. R. Mar- kham vient insister de nouveau sur cette opinion, en indi- quant même, pour quelques districts, des places convenables pour y établir de tels réservoirs, d'après les observations faites tant par M. Fraser, M. le colonel Douglas Hamilton, M. le capitaine Oakes, que par lui-même. M. Cl. R. Markham fait de plus ressortir les avantages que l'existence de pareils réservoirs pourrait présenter pour l'irrigation. Ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer précédem- ment, l'effet du déboisement effectué pour faire place aux plantations de Cinchonas. ne paraît devoir être, au moins en partie, que momentané, et les plants, en se développant, pa- raissent, dans une certaine limite, devoir remédier eux-mêmes à l'effet produit, en reconstituant un reboisement partiel. Conséque?ices économiques, commerciales et scientifiques de r acclimatation des Cinchonas dans les Indes hritan7iiques . — Le but du gouvernement anglais, en sanctionnant les me- sures au moyen desquelles devait être réalisée l'introduction des Cinchonas dans les Indes britanniques, était surtout d'ob- tenir, pour les hôpitaux et pour les troupes dans celte colonie, un approvisionnement peu coûteux du fébrifuge qu'ils four- nissent, et le but que le même gouvernement avait en vue en encourageant la propagation de la culture dans les districts montagneux des hides britanniques, était surtout de mettre le même agent thérapeutique à la portée de toutes les classes de la population indigène ; les dépêches officielles du gouver- nement anglais et du gouvernement des Indes britanniques sont très-explicites à cet égard. S. E. M. le principal Secré- taire d'Etat pour les Indes, dans une dépêche adressée en juin 1866 à S. E. M. le Gouverneur de la présidence de Ma- dras, insiste même fortement sur son désir de voir encourager la culture des Cinchonas parmi les habitants des villages et les petits propriétaires, qui sernioni d;ins dos conditions con- '2'' sr.iiiK, T. V. — Juin ISdS. 28 /|3/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE U ACCLIMATATION. venables, lors même qu'ils ne pourraient que planter quelques Cinchonas autour de leur demeure (1). Nous devons recon- naître que, jusqu'ici, la culture des Cinchonas afait peu de pro- grès dans ce sens; toutefois, grâce aux efforts de M. Balard et de M. Levinge, il a été fait, sous ce rapport, quelques tentatives heureuses dans le Wynaadetle Travancore, et nous espérons que, d'une part, l'enthousiasme qu'excite cette culture dans toute la population des Indes britanniques, indigènes et étran- gers, rajahs et paysans ; et, d'autre part, les encouragements du gouvernement ne tarderont pas à réaliser avec le temps le but proposé. Certes, quelque brillants que soient les résultats obtenus par la culture des Cinchonas, il y a encore, en dehors du point que nous venons de signaler, bien des progrès à faire. Ainsi, la culture du 6\ calisaya ne paraît pas avoir donné jusqu'ici des résultats aussi heureux que ceux obtenus avec d'autres espèces ; ni plants, ni graines des Cinchonas du district de Pan, à l'est de Cuença, qui ont une si grande va- leur, poussent à une hauteur de 10 000 pieds au-dessus du niveau de la mer, sont, par conséquent, très-rustiques et pourraient peut-être s'acclimater dans des climats relative- ment froids, n'ont encore été acquis, pas plus qu'une partie des espèces de Cinchonas de la Nouvelle-Crenade (2), pour être mis entre les mains de M. Mac Ivor et de tous ceux qui s'occupent actuellement de la culture des Cinchonas dans les Indes britanniques, et cependant les essais de culture de ces espèces présenterait, certes, un grand intérêt, ainsi que le re- marque avec raison M. Howard. Toutefois, un pas immense a été fait. Les écorces des Cinchonas, les Quinquinas, des Indes britanniques viennent, depuis l'année dernière, faire concurrence, sur les marchés de Londres, aux Quinquinas de la partie tropicale de l'Amérique méridionale et nous assurer (1) Cela préscnlerait de grands avanlages si, comme il paraît probable, récorce fraîclie présentait un pouvoir thérapeiili(iiic plus grand que l'écorce dessécbée, ainsi que nous l'avons fail rcmaniiiei' antérienremenL (2) Une nouvelle mission conliée à ;\i. Cross par le gouvernement britan- nique paraît de\oir combler bientôt la lacune signalée en ce qui concerne les espèces de la Nouvelle-Crenade. ACCLIMATATIOM DES CINCHONAS. /(SÔ pour l'avenir de nouvelles sources d'approvisionnement où le commerce pourrait puiser dans le cas où, par une cause ou par une autre, les écorces d'Amérique nous feraient défaut, même momentanément. Peut-être même les contrées dont les Cinchonas sont originaires, se décideront-elles à cultiver les Ginchonas et à hâter ainsi la réalisation des bons résultats du mouvement qui porte en ce moment tous les peuples, ainsi que nous le verrons plus loin, vers l'étude de cette impor- tante question. Puissions-nous, dans la limite de nos forces, avoir contribué à celte réalisation ; ce serait assurément le plus vif de nos désirs. Quelques chillres montreront l'importance de la consom- mation du Ouinquina et l'avantage que présentera , tant pour les Indes britanniques que pour l'Angleterre elle- même, la certitude d'un approvisionnement continuel de Quinquina dans les Indes britanniques. En comptant l'once de sulfate de quinine à 10 schellings, la dépense pour achat de sulfate de quinine et d'écorce pour les hôpitaux du gouvernement dans les Indes britanniques se serait montée à ùh 020 livres sterling en 1857-1858, et à kO 696 livres ster- ling en 1808-1859; la quantité d'écorce importée annuelle- ment en Angleterre paraîtrait dépasser 1200 0U0 livres ou 600 000 kilogrammes (1), et le montant de l'exportation annuelle de l'Amérique septentrionale serait de 2 000 000 de livres ou 1 000 000 de kilogrammes environ. Le commerce des Quinquinas, comme on le voit, atteint un chiffre assez élevé, et il est facile de concevoir que l'existence d'une nouvelle source d'approvisionnement d'une importance aussi grande que pourra être, dans un avenir prochain, celle des Indes britanniques, peut réagir sur les prix de cette denrée si utile et empêcher l'élévation de prix que pourrait dé- terminer l'accroissement de la consommation et la rareté de plus en plus grande des bonnes écorces. Mais, si l'acclimata- tion des Ginchonas dans les Indes britanniques présente un {\) !,;> (luantilé (fécorcc importée en France, bien qu'elle soit beaucoup moins imporlanle, est encore notaire. /i36 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMATATION. grand intérêt au point de vue commercial, elle en a également au point de vue scientifique ; en eftet, l'élude d'écorces d'une provenance sûre que fourniront les plantations des Indes britanniques, permettra de trouver une diagnose positive des écorces commerciales; la botanique et la cliimie, aidées du microscope (1), permettront d'établir définitivement les ca- ractères positifs tant des espèces du genre Cinchonas et des Cinchonées en général {'2) que des écorces des Cinchonas, des Quinquinas du commerce, et d'en faire la monographie, en remplissant les lacunes de l'œuvre si bien coordonnée de notre collègue, M. Weddell, que les travaux si précieux de M. Karsten et de M, Howard avaient déjà fait disparaître, du moins en partie. Tel est l'aperçu des résultats de l'acclimatation des Cincho- nas dans les Indes britanniques, que nous voulions présenter comme une des belles œuvres de l'acclimatation à notre époque; si nous avons pu vous en tracer un tableau aussi exact que possible, c'est grâce à la charmante obligeance avec laquelle MM. Cl. R. Markham et John Eliot Howard ont mis à notre disposition tous les documents qu'ils. possédaient; nous les prions d'en accepter nos bien sincères remercîments ; nous ne pouvons pas oubHer assurément M. Roux, chancelier de l'ambassade française en Angleterre, toujours si aimable et si obligeant, qui n'a épargné aucune démarche pour nous procurer les documents qui pouvaient nous manquer. III. — Introduction et acclimatation des cinchonas dans LES colonies anglaises AUTRES QUE LES INDES BRITANNIQUES, ET NOTAMMENT A LA JAMAÏQUE ET EN AUSTRALIE, DANS LES ÉTATS DE VICTORIA ET DE QUEENSLAND. Parmi les colonies anglaises, autres que les Indes britan- niques, les unes telles que Maurice, la Trinité, la Nouvelle- (1) De nombreux savants, parmi lesquels nous citerons surtout MM. Wed- dell, Berg et Schmidt, Plia'bus, karsten, Howard, l'.rady, etc., etc., ont déjà étudié les Cinchonas avec l'aide du microscope, et nous ont fourni de précieux renseignements. (2) Si, à l'époque de Linnée, les diverses espèces du genre Cincliona étaient ACCLIMATATION DES CL\CHO.\AS. ^37 Zélandc, clc, etc., onl bien fait quelques essais d'introduc- lion et d'acclimatation des Cinchonas; mais ces essais ne paraissent pas avoir donné des résultats sérieux. Il n'en est pas de même à la Jamaïque et en Australie, dans les Etats de Victoria et de Queensland : nous allons examiner ce qui a été fait dans ces dernières localités. ., . . Introduction et acclimatation des Cinctionas à la Jamaïque. M. CI. R. Markain, suivant l'ordre qui lui en avait été donné, avait, cà son retour de son expédition dans la partie tropicale de l'Amérique méridionale, envoyé des graines et des plants à la .Tamaïque pour y être soumis cà des essais de culture. Ces graines et ces plants, par les soins judicieux de M. N. Wilson, alors surintendant du Jardin botanique de cette colonie, se sont parfaitement développés et ont fourni de jeunes Cinchonas. En novembi^e 1861 , un certain nombre de ces derniers, ayant doux pouces à deux pouces et demi de hauteur, ont été transportés du jardin de Bath dans la plantation de caféiers de Cold spring. Dans le cours de l'année, un des plants les plus vigoureux, un Cinchona siic- ciruhm, avait atteint prés de quatre pieds de hauteur. D'au- tres jeunes Cinchonas de la même espèce, ainsi que déjeunes C. micrantha et C. nitido, transplantés aussi dans la même localité, sont arrivés progressivement à un développement au moins aussi rapide. D'api^ès des renseignements qui nous ont été fournis par M. N. Wilson, en date du 27 décembre 1867, les plants de Cinchonas continuaient à bien se développer, et l'un des arbres, un Cinchona succimbra, avait attteint dix- huit pieds de hauteur. Bien que, dans sa lettre du 27 décembre, dans laquelle il nous annonçait sa mise à la retraite (1), que regretteront au nombre de deux, il ne paraît pas, d'après \I. Cl. li. Markham, en exister aujourd'hui moins de cent quarante iV'partios entre dill'érents génies. (1) Nous avons été heureux d'apprendre qu'il avait été alloué à !\1. N. Wil- son une pension de 160 livres sterling par an, pour récompense des services qu'il avait rendus. Zi38 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLFMATATION. certainement les nombreux amateurs qui puisaient dans ses riches collections, M. N. Wilson nous annonçât que Ton con- tinuait toujours à la Jamaïque la culture des Cinclionas, nous n'étions pas sans appréhension sur le sort futur de l'expé- rience si bien commencée par M. Wilson ; en effet, nous avions entendu dire que le Jardin botanique de Balh devait être abandonné et que les végétaux qui s'y trouvaient seraient transportés à Castleton, où était établie la nouvelle pépinière qui devait remplacer le Jardin botanique de Bath; aussi avons- nous été véritablement satisfaits d'apprendre, par une lettre de M. Robert Thomson, surintendant du Jardin botanique et de la culture des Cinchonas à la Jamaïque, insérée dans le Gardeners Chronicle du 1" février 18(58, que le Jardin bota- nique de Bath serait encore maintenu, pendant un petit nom- bre d'années, afin de permettre d'y conserver les espèces les plus importantes qui n'avaient pas pu encore être transpor- tées ou propagées à Castleton. Nous venons aussi de recevoir, par le titre même que prenait M. Robert Thomson, une nou- velle assurance que les essais de culture des Cinchonas, qui avaient déjà donné de si heureux résultats à la Jamaïque, y seraient poursuivis par le nouveau surintendant du Jardin botanique. Introduclion et acclimatation des Cinclionas en Australie, et notamment dans les États de Victoria et de Queensland. FJat de Victoria. — D'après les renseignements qui nous ont été fournis, avec une amabilité dont nous ne saurions trop le remercier, par le délégu('' de la Société impériale d'ac- climatation de Paris à Melbourne, M. le docteur Ferdinand Mueller, directeur du Jardin botanique de Melbomne, dans lequel personne n'ignore qu'il cultive depuis longtemps les Cinchonas, il n'y aurait aucune difficulté à faire germer les sraines des Cinchonas en AustraUe. « Nous les semons », G nous écrit M. Ferd. Muflier à la date du 5 février 1868, « dans des serres oîi nous gardons pendant quelque temps les jeunes plants, atin de les endurcir graduellement aux va- ACiiLIMATATION DES CINCIIONAS. /jùO rialions de coiidilions méléorologiques qu'elles rencontreront à rexlérieur. Nous les mettons ensuite en plein air, en les abritant au moyen de branches d'arbres {Melaleuca ericifo- lia). La terre qui leur convient est une terre légère, riche et fraîche, composée au moins en partie de détritus de matières végétales. Nous avons à peu près, pour le moment, dix mille jeunes plants de Cinchonas prêts, pour la plupart, à être transplantés l'automne prochain dans les vallées abritées de nos montagnes. » Dans le Jardin botanique de Melbourne, quelques plants de C. condamhica ont résisté pendant l'hiver dernier à une température de 2 degrés centigrades au-dessous de zéro (30 degrés Fahr.), bien qu'ils fussent placés dans un endroit peu favorable et tout à fait découvert (l). Il ne faudrait tou- tefois pas penser à réussir si l'on tentait la culture des Cin- chonas dans des locahtés exposées à des vents chauds ou froids, ou dans des endroits convenables pour la culture du blé ou des céréales. Les Cinchonas demandent un terrain frais, profond, naturellement riche et léger, une localité bien abritée et d'une irrigation facile ; on rencontre assez fré- quemment ces conditions dans les vallées et les ravins des montagnes en Australie. Je ne doute pas que, dans le sud de l'Europe ou sous un climat semblable à celui de l'Australie, la culture de ces plantes précieuses puisse très-bien réussir. » Etat de QueensUind. — M. Walter Hill, directeur du Jar- din botanique de Brisbane (Queensland), nous écrit, à la date du 17 décembre 18(57, sur l'invitation obligeante qui lui avait été transmise à cet égard par M. Coxen, vice-président de la Société d'acclimatation de Queensland, qu'il possède au Jar- din botanique de Brisbane trois des espèces les plus impor- tantes de Cinchonas vrais, savoir : le C. calisaya, le C. offi- cinalh et le C. succirubra^ et il ajoute que ces espèces ne peuvent pas mieux fleurir dans leur contrée native qu'elles ne le font au Jardin botanique de Brisbane. (1) On sait, du reste, par les observations de M. Spruce, que le C. succi- rubra peu! supporter une température de 4 degrés au-dessous de zéro. MO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCIJMATATIUN. En ce qui concerne la supposition que les Cinchonas exis- teraient à Fétat sauvage en Australie, et notamment dans les environs de Rockhampton, il nous répond négativement; mais il observe que quelques arbres et arbustes de l'Australie, et notamment de Oueensland et de la Nouvelle-Galles du Sud ont un feuillage qui ressemble, à certains égards, à celui des Cinchonas, et, de plus, une écorce dont les propriétés médi- cinales se rapprochent beaucoup de celles des Cinchonas. Parmi ces arbres et arbustes, M. Walter Hill cite notamment : le Petalosfigma quadroloculare, de la famille des Euphorbia- cées ; VAIstonia constricla et V Alstnnia scholaris, de la famille des Apocynées ; le Croton acuminatus et le CroUm pheba- U.oides, de la famille des Euphorbiacées ; une espèce de />y- mis, de la famille des Magnoliacées ; enfin, le Nauclea Leich- hardtii. IV. — Introduction et acclimatation des cincuonas dans DIVERS autres PAYS, ET NOTAMMENT DANS l'eMPIRE DU BRÉ- SIL, AU MEXIQUE, DANS LE ROYAUME DE PORTUGAL, SES ÎLES ADJACENTES ET SES COLONIES, DANS LE ROYAUME d'eSPAGNE ET DANS SES COLONIES DES ÎLES PHILIPPINES, DANS l'emPIRE DE RUSSIE, ET NOTAMMENT DANS LE CAUCASE, DANS l'eMPIRE DE TURQUIE, ET SPÉCIALEMENT DANS LE LIBAN. Empire du Brésil. — Nous ne reviendrons pas ici sur les tentatives d'introduction et d'acclimatation des Cinchonas qui ont été faites au Brésil, et sur les résultats obtenus à cet égard au Passeio publico de Rio-Janeiro par M. Glaziou, si ces ten- tatives ne nous paraissaient appelées à donner des résultats vraiment sérieux à cause du voisinage du Brésil et de la ré- gion des Cinchonas, et aussi à cause de la ressemblance du climat de certaines parties du Brésil avec celui des contrées dont les Cinchonas sont originaires. Nous regretterions donc beaucoup que les résultats déjà obtenus ne déterminassent pas le gouvernement brésilien à prendre Ini-mème cette en- treprise sous sa direction et à lui donner un plus grand déve- ACCLIMATATION DES CINCHONAS. " /('il ioppement, ou du nioins à rcncouragcr de tous ses ellbris (1). Mexique. — Nous ne savons pas quel sort ont eu les essais •pii ont dû être laits dans ce pays, et si même les matériaux, mis par le gouvernement anglais à la disposition du gouver- nement impérial de ce pays, ont pu être utilisés; mais nous pensons que des essais de culture des Ginchonas pourraient être tentés dans ce pays avec quelque chance de succès par les raisons que nous venons d'indiquer en parlant des essais faits dans l'empire du Brésil. Hoijaume de Portugal . — Dans une brochure publiée en 1865, M. Bernardino Barros Gomes, petit-fds de Bernardino Antonio Gomes, auteur de la découverte du Cinchonin, passe en revue les îles adjacentes et les colonies extra-européennes du royaume de Portugal, iles Acores, ile Madère, iles du cap Vert, îles San-Thomé et Prince, île Fernando-Po, Angola et Benguela, Goa et Timor, et démontre que des essais d'intro- duction et d'acclimatation des Ginchonas auraient quelque chance d'y réussir. M. José do Canto nous a appris que les essais de culture des Ginchonas, qu'il avait faits dernièrement dans ses pro- priétés de San-Miguel, l'une des îles Açores, tant à Ponte Delgada qu'à Furnas , donnaient de belles espérances, et M. Edmond Goeze, inspecteur du Jardin royal de Coimbre, nous a informés qu'il a reçu, vers le mois d'octobre 1867, de M. le docteur Ilooker, un paquet de graines de Cincliona ofjicinalh que ce dernier avait reçues de Geylan. Ces graines, semées dans le Jardin botanique royal de Coimbre, ont fourni cinquante jeunes plants qui, en décembre 1867, avaient si bien poussé qu'il était déjà possible de les multiplier par boutures; M. Goeze espérait, au bout de moins d'un an, avoir une centaine de plants assez robustes pour se prêter aux essais (1) Lorsque nous L-crivions les lignes ci-dessus, nous ne pensions pas que le gouvernement I)résilien en devancerait la pul)iicalion en chargeant M. Gla- ziou d^organiser des essais d'acclimalaliou dans les endroits qu'il a\ait dési- gnés dans une lettre écrite fin février au Ministre de l'agricuifure, du com- merce et des travaux publics, et notamment à Thérésopolis. La mission confiée ù M. Cilaziou a déjà reçu un commencement d'exécution. llli'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGIJMATATJON. (le cullurc des Ciiichonas qu'il voulait Icnler dans les Algarves, à Madère et peut-être aux îles du cap Vert. Des essais paraissent avoir été déjà faits aux îles (-anaries et dans la province de Goa; mais ils n'ont pas jusqu'ici donné des résultats sérieux. Espatjne. — Le gouvernement espagnol paraîtrait disposé à tenter l'introduction des Cinchonasdans les îles Philippines, mais, jusqu'ici, il ne paraît exister à cet égard que des pro- jets. Peut-être des essais de culture pourraient-ils être laits dans le midi de l'Espagne. 'Russie. — Nous avons appris que des tentatives d'intro- duction des Cinchonas avaient été faites dans le Caucase, à proximité de Suchum-Chale, sinon à Suchum-Chale même; les résultats obtenus seraient déjà suffisamment nets pour montrer que les Cinchonas peuvent s'acclimater dans cette localité. Cela n'aurait rien qui dût nous paraître étonnant, si l'hiver n'y faisait jamais sentir ses rigueurs avec plus de force qu'à la fin de l'année dernière et au commencement de celle-ci; en elTet, avant le mois de février, le thermomètre n'était descendu que deux fois au-dessous de zéro, mais jamais plus bas que "i degrés au-dessous de zéro. Peut être la Transcaucasie serait-elle l'endroit le plus convenable pour y faire des tentatives d'introduction des Cinchonas. Toutefois, nous manquons ici de renseignements positifs. Mais nous ne serions pas surpris si ce pays, encore peu coimu, devenait, dans un avenir prochain, une source de nouvelles découvertes scientifiques (1). Turquie et Egypte. — La Turquie et l'Egypte paraîtraient également disposées à faire des essais de culture des Cincho- nas. Peut-être ne serait-il pas impossible de trouver dans le Liban une localité convenable. Peut-être aussi le gouverne- (1) D(''jà mi extrait de la notice si intéressante de M. le docteur Smirnoff, sur les eau\ du Caucase et notamment sur les eaux de Piatigorsk, publié par la Gazette des eaux, nous fait enirevoir les richesses (jue Thydrologie du Caucase peut fournir à la thérapeutique. La zoologie et la botanique ne pa- raissent pas devoir recueillir des documents moins intéressants dans cette contrée lorsqu'elle sera mieux connue. ACCLIMATATION DES CINCIIONAS. /j/j3 ment de l'Yemen, ce berceau du café moka, ou quelque loca- lité voisine pourraient-ils présenter des conditions favorables à la culture des Cinchonas; mais, pour s'en assurer, des obser- vations sérieuses seraient nécessaires. V. — Introduction et acclimatation des cinchonas dans les COLONIES françaises ET DANS LE SUD DE l'eUROPE. Alf/érie. — Les graines de Cinchonas, recueillies par M. Weddell et remises par lui au Muséum d'histoire naturelle de Paris, avaient été confiées, ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut, aux soins de M. Iloullet ; semées dans les serres du Muséum, elles ont levé et ont donné les premiers plants de Cinchonas que l'on ait vus vivants en Europe. Dés leur appa- rition, on s'occupa des moyens de transporter ces plants sous des climats que l'on pouvait supposer propices à leur déve- loppement, et les premiers qui soient sortis de France furent adressés, en 18/î9, à M. Hardy, alors et récemment encore directeur du Jardin botanique et des pépinières du Hammah, et furent plantés en pleine terre dans cet établissement. C'est là le second (1), sinon le premier essai de culture des Cinchonas en pleine terre qui ait été tenté hors du pays d'origine de ces précieux fébrifuges. Il ne fut pas plus heureux que les essais ultérieurs de culture des Cinchonas qui ont été tentés en Al- gérie. Nous ne pensons pas toutefois que, en présence des insuccès antérieurs, il faille renoncera tenter de nouveau l'ac- climatation des Cinchonas en Algérie; nous sommes convain- cus, ainsi que l'observe avec tant raison M. .Iules Lépine, dans son rapport à M. Bontemps, gouverneur des établissements français dans l'Inde, sur l'acclimatation des Cinchonas, qu'il est possible de trouver à une faible altitude ("2), possédant une (1) La Condamine avait en effel essaye-, l)ien quMiifraclueusenienl, d'iii- Uodiiire les Cinchonas à la Guyane, au moyen de graines recueillies par lui en Amérique, (2) M. Ferd. Miieiler, dans une noie insérée dans le Report of the inier- miliuridl liorticultural Exhibition and botanical coni/ress, qui ont eu lieu à Londres eii 1866, nous apprend que, d'après des essais lails sous sa direç- llllh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. température ni trop élevée ni trop basse, et abritées contre le sirocco, et que c'est dans de pareilles localités que l'on ren- contrerait les meilleures chances de succès. Nous pensons que la condition indiquée par M. Jules Lépine d'essayer la culture dans les localités abritées contre le sirocco est absolu- ment indispensable; en effet, M. Karsten, dans ses Medicini- sc/ien Kinarinden Neu Grmiada's, exprime l'opinion que l'air chaud qui s'élève des vallées hautes et riches du Patia et du Guavo, est la cause de l'absence des alcaloïdes dans les écorces des Cinchonas des forets voisines : un fait qui nous a été si- gnalé par un de nos collègues de l'Equateur, M. Raphaël Barba, viendrait confirmer cette opinion. La nécessité d'une certaine humidité, signalée par M. Cl. Markham dans le choix du site de Neddiwattum et par M. Ferd. Mueller, dans ses différentes communications sur le même sujet, est bien d'accord avec les observations de M. Karsten. Nous rap- pellerons ici que M. Karsten avait déjà observé , sur des échantillons provenant de la forêt de Tablon, que, suivant l'exposition, un Cinchona, bien qu'appartenant à une espèce habituellement riche en alcaloïdes, pouvait donner des écorces de richesse différente et même des écorces ne con- tenant pas d'alcaloïdes du tout; que les observations faites par M. le docteur Santa-Maria sur des écorces de C. lanci- folia de Choachi,près Bogota, ont confirmé celles de M. Kar- sten et que, d'après Don T. F. Riofrio, l'écorce de ('. uritu- singa présenterait de grandes diftérences , suivant qu'elle pousse sur les versants des montagnes qui sont exposés da- vantage aux rayons du soleil levant ou du soleil couchant. Nous croyons que, dans les essais ultérieurs tentés en Algérie, il sera très-important de tenir compte de ces observations. Colonies françaises. — De nombreuses tentatives ont été faites pour arriver à acclimater les Cinchonas dans les colonies lion au Jardin botanique dt; Mell)oui-nc, la lar/'laction de l'air des nionlagnes des Andes n"est pas d'une absolue nc-ccssité pour la culture des Cinchonas. Le ménioirc si inléressant que M. Mueller avait envoyé au Congrès et dont la note indiquée est un extrait, n'est malheureusement pas retourné entre ses mains et a été perdu sans être imprimé. ACCLIMATATION DES CINCHONAS, hhô françaises, et notamment à la Guadeloupe, à la Martinique et à la Réunion. Les essais faits par M. E. Morin et A. Vinson dans celte dernière localité ont seuls donné quelques résul- tats ; la Société d'acclimatation, voulant les encourager, leur a décerné, en 18()7, une médaille d'argent de première classe. D'autres personnes de la même localité, notamment M. Edouard Cremery, paraissent se disposer à y faire aussi des essais. A la Guadeloupe, les essais faits par M. Saint-Pair au camp Jacob, donneraient aussi quelques espérances ; nous n'en avons pas, toutefois, des nouvelles de date récente. M. Jules Lépine, dans son rapport à M. le gouverneur Bon- temps, nous parait signaler avec raison, parmi les colonies françaises autres que celles indiquées plus haut, la Guyane et la Nouvelle-Calédonie, la Cochinchine et l'île de Taïti, no- tamment la presqu'île de Taïrabon, comme pouvant se prêter à des essais de culture des Cincbonas. Sud de r Europe. — M. Ferdinand Mueller, s'appuyant sur différents essais faits au Jardin de Melbourne, afin de s'assu- rer, d'une part, si la raréfaction de l'air des montagnes était d'une nécessité absolue pour la culture des Cincbonas, et, d'autre part, si les Cincbonas pouvaient supporter une tem- pérature relativement basse, et remarquant que, dans les plantations des Indes britanniques, les végétaux extra-tropi- caux de l'Australie et du bassin méditerranéen prospèrent très-bien, a insisté à différentes reprises sur la nécessité de tenter l'acclimatation des Cincbonas dans le sud de l'Europe, et nous pensons que la question ne tardera pas à être résolue expérimentalement. Nous rappellerons, que l'importance de cette question, aussi bien que celle de la culture des Cincbonas dans nos colonies, n'avait pas écbappé à la Société d'acclimatation et qu'elle avait fondé, en 18(31, un prix de 1500 francs pour encourager les essais qui pourraient être faits dans ce sens; le concours a été prorogé jusqu'au 1" décembre 1870 , ainsi que nous l'avons indiqué en commençant notre travail. Nos vœux se- raient exaucés si les indications que nous donnons ici, pou- vaient contribuer à une solution favorable de celte impor- tante question. lihQ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. Nous avons Lermiiié l'hislorique que nous voulions présen- ter des tentatives faites pour acclimater les Cinchonas dans des pays autres que les pays d'origine et des résultats obte- nus; nous nous sommes efïbrcés de le donner aussi complet que possible ; mais nous devons reconnaître que nous aurions bésilé à entreprendre notre tâche, et que nous ne l'aurions cer- tainement pas menée à une aussi bonne lin, si nous n'avions pas été soutenus par les chaleureux encouragements, les bien- veillants conseils et l'aide si puissante de notre illustre Pré- sident, toujours si dévoué à notre œuvre commune ; puisse notre travail mériter sa bienveillante approbation, qui serait pour nous la plus désirée des récompenses ! Heureux d'avoir pu, grâce à sa haute protection, réunir les matériaux de notre travail, nous lui en présentons ici nos bien sincères remer- cîments, le priant de nous conserver cette protection pour nos travaux ultérieurs. RAPPORT SUR LA CULTURE DE CÉPAGES DE TOKAY, EN FRANCE, Par M. J. L SOUBElRAI\. Dans la séance de 13 décembre 1867, M. Nourrigat (de Lunel) vous a lait une communication sur le produit de cé- pages de Tokay cultivés par lui dans le département de l'Hé- rault, et a soumis à votre appréciation des spécimens du vin qu'il en a obtenu. Vous avez chargé une commission, composée de MM. Qua- Irefages, P. Gervais, Chevet et Soubeiran, d'étudier la ques- tion de l'acclimatation du cépage de Tokay en France, et de reconnaître si, par suite de sa transplantation, il a conservé ou perdu les qualités qui assurent à ses produits une renom- mée incontestable. Des documents que votre commission s'est procurée, il ré- sulte que, vers la lin du siècle dernier (1790) ou le commen- cement de ce siècle, un Français, M. de Villerasse, qui avait été obligé de s'exiler à la suite d'une affaire malheureuse, fit planter, dans les vignobles de Réziers, des pieds de Tokay dont il avait été à même de reconnaître l'exquise qualité pen- dant son séjour en Hongrie. A peu près à la même époijue, ou très-peu de temps après, M. le général Maureilhan paraît avoir lait une introduction semblable. Depuis, comme le rap- porte M. Cazahs-Allut, M. le docteur Dejean (de Monta- gnac), le docteur Beaumes (de Saint-Gilles, près Nîmes), et M. Henri Mares (de Montpellier), ont décrit le Tokay et l'ont employé pour faire des vins qui rivalisaient avec les meilleurs crus de la Hongrie. Il paraît certain que tous les Tokay s cul- tivés à Maraussan, à Gazoul-les-Béziers, proviennent de l'in- troduction faite par M. de Yillerasse dans ses domaines de la Gassagne, commune de Montady, et de Castelnau, commune de Vendres, et il paraît probable qu'il en est de même pour les plantations de Lunel et de Saint-Gilles. hliS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. Les cultures, établies primitivement par M. de Villerasse sur une très-grande échelle, ont été depuis trés-réduites et sont aujourd'hui peu importantes; car le commerce ne de- mande pas de Tokay de l'Hérault, et, d'autre part, les culti- vateurs trouvent que ce cépage donne presque toujours une très-petite quantité de produit. M. Gazalis-Allut, qui a publié sur le Tokay plusieurs notices intéressantes dans le Journal de la Société d agriculture de l'Hérault, a fait connaître que, dans les meilleures années, il retirait au plus huit hectolitres de vin d'un hectare de terrain, et que souvent il n'en avait que cinq. Pour obtenir le Tokay, il faut attendre presque vers le 15 octobre pour qu'il soit parfaitement niùr, assez pour être passerillé, c'est-à-dire pour qu'une partie de ses grains (un tiers) soient secs; nous devons faire oljserver que le savant auteur de V Ampélographie générale, le comte Odart, qui avait tenté aussi l'introduction de ce cépage en Touraine, mais qui y a renoncé depuis, pense que les viticulteurs du Midi laissent trop mûrir leur raisin, et qu'il est prélérable d'opé- rer la cueillette plus tùt, alors que le moût doit marquer 15 à 18 degrés au gleucométre de Chevalier. Le Furmint (1), vrai cépage de Tokay, a le double incon- vénient de se passeriller avec quelque difficulté, et celui plus grave d'être très-sujet à la coulure, ce qui Lient peut-être à la vigueur de sa végétation; aussi sa culture a-t-elle pris peu d'extension dans le Midi de la France, où cependant il peut donner un vin doux, très-agréable, d'un parfum particulier qui a le goût du pain de seigle. (1) Furmint (Szigetliys-Szoello, Zapfner, Mostor-Traiil)c).rirappo moyenne, allong(:c, plutôt cylindrique que conique ; grain moyen, très-inégal, rond, blanc jaunàlrc; peu serré; suc très-doux, mais peu relevé; assez l'erlile; octobre. Origine : Hongrie. Entre dans la confection des fameux vins de Tokay. Il est important de ne pas le confondre avec le Tokay de Draguignan, qui n'est autre chose que la variété nonuiiée Ciuulaf ou chas!icla.s à feuilles lacinices, dit aussi persillade, en raison de son feuillage découpé; celui-ci a la grappe pe- tite, peu allongée, le giain plus petit que le chasselas doré, moins rond, blanc jaunâtre. (Henri ISourche!.) CULTURE DES CÉPAGES DE TOKAY. /l/|9 Ce n'est pas seulement dans l'Hérault que l'on produit un vin dit de Tokay (J) ; il se fait aussi en Alsace un Tokay d'Alsace qui est justement estimé des amateurs. Mais, disons-le immé- diatement, il ne paraît pas que ce soit le même cépage qui produise ce vin, ce ne serait pas le Furmiiit^ mais le Tokay er qui est un Pineau gris. Le plan de Tokay a été introduit en Alsace, de 1770 à 1780, par le général Wurmser, qui le tira de Canstadt, en Pannonic, et le fit planter d'abord dans la campagne de Windsbiihl, prés Hunawyhr, canton de Ribeau- villé, d'où il s'est répandu dans les environs. Sa culture reçut une extension assez rapide, car, en 1811^ une cinquantaine d'hectares y étaient consacrés dans les bans de Ribeauvillé, Riquewyhr, Hunawyhr, etc.; le Tokay est cependant resté encore assez rare dans les autres bans de l'Alsace; on lui re- proche de ne donner qu'une petite quantité de produit, qui n'est pas compensé par la qualité qui lui permet de rivaliser avantageusement avec les meilleures sortes de la vallée du Rhin ; même avec le fameux Riesling. Ribeauvillé fournit les produits les plus fins et les plus ri- ches en bouquet; mais la demande en est assez restreinte, et la culture tend plutôt à diminuer qu'cà augmenter, parce que le vin de Tokay est beaucoup plus lent à se dépouiller que les (1) Nous devons à Tobligeance de M. Pellicot, président du comice agri- cole de Toulon, les renseignemenls suivants sur la culture du Tokay dans la Provence : « Le produit de ce cépage est si faible et ses raisins craignent tellement Voïdium que je ne saurais en recommander la culture ». {Vigneron provençal.) M. Pellicot laisse mûrir son raisin outre mesure, et fait la cueillette alors, et le laisse encore quelques jours sur des claies exposées au soleil. Le vin qu'il en obtient donne beaucoup de peine et ne réussit pas tou- jours. M. Pellicot ajoute : » Pour obtenir du vin de Tokay de bonne qualité, il faut le récolter sur les terrains pauvres et maigres. Si j'ai des Furmint dans la plaine, je les abandonne à la vendange générale, ne faisant du vin à part que de ceux qui sont venus sur les schistes ou le quartz. Or, ceux-là sont assez peu féconds et ont besoin de plus de soins que les autres vignes. Pour presser le raisin, je suis la méthode hongroise ou à peu près, indiquée par M. le comte Odart dans son Manuel du vigneron. Deux et souvent trois soufrages sont quelquefois indispensables pour maintenir la vendange en bon état. » 2'' SÉRIE, T. V. - Juin 1868. 29 hbO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLÔGIQIÎE d'aCCLIMATATION. autres vins d'Alsace, exige des soins encore plus grands que ces vins, et aussi parce qu'il tend, à chaque vidange, à entrer en fermentation et à tourner à l'acide acétique. Sa force alcoo- lique, dans les bonnes années, est de i2 à iZi pour 100. Les terres fortes conviennent le mieux à la culture de ce cépage, qui produit un raisin très-doux, lequel mûrit en général une quinzaine de jours avant les autres raisins. D'après les rensei- gnements qui nous ont été fournis par M. le professeur Kirschleger (de Strasbourg), le cépage qui fournit le Tokay d'Alsace est un auvernatou Pineau ( Vitis c/ave7i7ïC7isis),\ar. B. , qui fut importé en Hongrie il y a déjà fort longtemps, et qui fut depuis réimporté en Alsace. Ce raisin, gris cendré tirant sur le noir, se distingue du Ruhlander, grau Klevner, ou au- vernat gris, très-répandu dans toute l'Alsace depuis le xvf siècle (d'après Tragus), et dont le raisin est gris cuivré ou robe de capucin. Le produit du Tokayer, très-analogue à celui du Rulhander dans les années ordinaires, lui est de beaucoup supérieur dans les bonnes années. Ce Tokayer, malgré ce que semblerait indiquer son nom, n'est pas le vrai plant de Tokay, qui est le Furmint, dont il se distingue particulièrement par sa maturité hâtive (comte Odart) ; du reste, cette erreur avait déjà été commise par les viticulteurs, et, en 1835, Poiteau a parfaitement démontré que Bosc s'était laisser tromper en rapportant à un Pineau le plant de Tokay, alors que ce n'est vrai que pour le Tokayer; aujourd'hui, les viticulteurs les plus émérites se sont rangés à l'avis de Poiteau. On fait aussi des vins de Tokay en Australie, où la culture de la vigne a pris une grande extension ; mais il ne nous a pas été possible de savoir si on y a importé du Furmint ou du Tokayer. De l'examen auquel la Commission s'est livrée de divers échantillons de vin qui lui avaient été soumis, il est résulté : 1" Que le Tokay du Rhin, provenant de l'envoi gracieuse- ment fait par MM. Gros-Hartmann et Schlumberger, avait tout à fait le caractère spécial des vins du Rhin, et que, bien de très-bonne (jualité, il ne rappelait en rien le goût malvoi- sùé du véritable Tokay. T Que le Tokay d'Australie se rapproche des vins du Rhin CULTURE DES CÉPAGES DE TOKAY. /i51 par sa sécheresse, mais sans en avoir le parfum ; il est, comme le sont en général tous les vins australiens, extrêmement alcoolique ; il est franc de goût et rappelle le Marsala. (Un Riesling australien avait un goût de poiré peu agréable et semblait être intermédiaire entre la blanquette de Limoux et les petits vins d'Alsace. Mais nous devons observer que ce vin, qui était, pendant toute la durée de l'Exposition, sous l'iniluence des changements les plus variés de température, n'était dans les conditions nécessaires pour permettre d'é- mettre un jugement absolu.) 3" Que les vins de l'Hérault, qui provenaient également du Furrnint, étaient seuls comparables entre eux. Le vin présenté par M. Nourrigat (de Lunel), qui rappelait par son goût le ma- dère de Cette, n'a pas pu soutenir la comparaison avec les vins de la Cassagne et de Maraussan, dont des échantillons avaient été offerts sur la demande de M. 0. Gervais par M. Daurel, ancien magistrat à Béziers. Le goût du vin de Cassagne a rap- pelé à un membre de la Commission le goût du miel du mont Hymette et a paru de qualité surfine ; mais on lui a générale- ment préféré le vin de Maraussan qui est un peu plus musqué. La différence de goût que ces vins offrent avec les vrais Tokay doit vraisemblablement être attribuée à l'influence du sol, car nous avons retrouvé dans tous les vins de Lunel, de Cassagne et de Maraussan, ce goût particulier aux vins sucrés de l'Hérault que chacun connaît. Malgré tout l'intérêt qui s'attache aux expériences d'intro- duction et d'acclimatation de nouveaux cépages dans diffé- rentes contrées, et à la variation qu'éprouvent ces cépages, qui forment de nouvelles variétés (on sait que le vin de Con- staace provient de plant primitivement cultivé à Madère), la Commission ne pense pas devoir conseiller à M. Nourrigat de continuer une lutte avec le Tokay hongrois, à moins que, par des soins prolongés, des modifications importantes dans sa culture et la préparation de ses vins, il ne parvienne à leur enlever cette saveur caractéristique, qui est une attestation formelle que son vin n'est pas du Tokay vrai. II. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 17 AVRIL 1868. Présidencs de M. Drouyn de Lauvs, président. ' — Le procès-verbal est lu et adopté. — M. deGauvain, président delà Société d'acclimatation de Nancy, présent à la séance, prend, sur la prière de M. le Pré- sident, place au Bureau. — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis : MM. Barba Jijon (Raphaël), de Quito, secrétaire de la Léga- tion de l'Equateur, à Paris. Betz-Penot, propriétaire, à Ulay, par Nemours (Seine-et- Marne). BoNFiLS, à Paris. Cassagnâde, propriétaire, à Paris. CiiAMPOUiLLON (le D'), médecin principal d'armée à l'hô- pital Saint- Martin, à Paris. Rivière , directeur du Jardin d'acclimatation d'Alger et jardinier en chef du Jardin du Luxembourg, à Paris. Tenré, banquier, consul du Paraguay, à Paris. — A l'occasion du procès-verbal, M. de Sémallé dit qu'il existe dans la commune de Saint-Hélin, près de Dinan, deux pieds d'arbres à Thé qui végètent très-bien et sans soins par- ticuliers depuis plusieurs années. M. Poncau dit que M. A. Leroy (d'Angers) cultive depuis quinze à vingt ans le Thé en grande quantité, mais que la qualité a toujours été trop médiocre pour qu'il puisse y avoir profit à en faire l'exploitation. M. le baron Séguier rappelle à ce sujet les travaux de notre confrère, M. St. -Julien, et pense que la Société pour- rait y puiser de précieux renseignements. M. Chatin dit que le Thé peut pousser en France aussi bien que les Camellias et passer l'hiver en pleine terre dans les PROCÈS-VERBAUX. A 53 pays soumis à l'influence du climat marin et qu'il serait facile de trouver dans ces conditions des localités où la culture se ferait très-bien. M. le Président dit que des renseignements très-impor- tants ont été publiés par MM. Itier et Fortune sur la fabrica- tion du Thé, et rappelle qu'une commission nommée en 1857 pour étudier la question, soulevée à nouveau par M. Loarer, a bien reconnu que le Thé pouvait pousser en France, mais a pensé que les frais d'exploitation seraient toujours trop élevés dans notre pays pour que cette culture puisse y être introduite d'une manière profitable. Du reste, notre confrère. M, Dabry, qui i'éside au milieu des meilleurs districts à Thé de la Chine, a proposé d'envoyer des plants des meilleures variétés et pourra fournir aussi des documents importants sur ce sujet. — M. Decroix signale un fait de sériciculture qui lui paraît important et qui témoigne de l'influence que l'alimentation peut avoir sur les produits des animaux; il annonce que M. Mignot a observé que des Vers à soie de Mûrier nourris avec des feuilles de vigne donnaient de la soie roufje. — M. le Président fait connaître la mort de M. le baron de Neuflize. — M. le Directeur du Jardin du Bois de Boulogne transmet la lettre suivante sur la race ovine naine de Bretagne, que lui adresse M. l'abbé Maupied, membre de notre Société : « Il existe dans les montagnes d'Aretz une race ovine de très- » petite taille; elle vit aussi dans les montagnes Noires. On » peut acheter ces moulons sur les marchés de Gourin et du » Faouet (Morbihan), ainsi que sur celui de Carhaix (Finistère) ; » ces localités, Gourin et Carhaix surtout, sont celles où la » race en question se rencontre la plus pure. On la trouve » d'ailleurs sur presque tous les marchés de la basse Bretagne, » surtout de Cornouailles, à Rostrenen, Corlay, Saint-Nicolas » (Côtes-du-Nord), à Pleyben, Braspart, Chàteauneuf du Faou, » et vers Morlaix (Finistère) ; mais il faut remarquer qu'on a » introduit des races anglaises dans plusieurs localités et qu'on » serait exposé à ne pas se procurer la race pure, si on la » faisait acheter par des gens ne la connaissant pas. — Quant libh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. )) à la bonté et au fumet de la chair de cette race naine, cela » ne peut être mis en doute; ces qualités sont. dans cette race » bien supérieures à ce qu'elles sont dans des races plus gran- » des. Le pelage de ces animaux estle plus généralement noir, » souvent blanc. En 1852, les Moutons nains de la basse Bre- » lagne se payaient sur le marché /j ou 5 francs. Il ne faut » pas compter pouvoir acquérir maintenant encore à de pareils » prix ces animaux. Depuis quinze ans, les prix de toutes » choses ont augmenté dans de notables proportions, et en Bre- » tagne plus qu'ailleurs le prix des animaux de boucherie a dû » changer, car aujourd'hui ce pays est doté d'un chemin de fer. » — M. le Directeur du Jardin du Bois de Boulogne transmet la note suivante : « Chacun sait quelle difficulté on éprouve » à faire vivre captifs les Tétras et en particulier le grand » Coq de bruyère ; nous mettons sous les yeux du lecteur » un extrait d'une lettre de M""^ de Meiners, qui conserve » depuis près de six mois un Tétras vivant : jusqu'à présent, » dit M"' de Meiners, mon Coq de bruyère se porte très- » bien; sa nourriture se compose de pin sylvestre, d'orge, » de sarrazin, de petit blé, de pois secs; tous les matins je lui » jette une poignée de fruits rouges acides que j'ai reçus en » grande provision l'hiver dernier. Ces fruits se récoltent sur- » tout dans les marais de l'Esthonie et de la Livonie, et s'ap- » pellent en allemand Krauzbeeren {Vaccinium vitlo-idœa); » on en fait un sirop très-rafraîchissant. Mon Coq de bruyère » a toujours à sa disposition du sable en abondance, on peut » dire en vérité qu'il se baigne dans ce sable, car il s'y roule » fréquemment, j'espère donner bientôt une femelle à mon )) Coq de bruyère, et faire venir de Russie un couple de Tétras » des houleaux. » — M. Ed. de Lesseps offre à la Société deux peaux de Vigogne sauvage provenant du Pérou. — Remercîments. — M. le comte de Beauffort adresse une Note sur l'élève de quelques nouvelles espèces de Faisans. — M. Léon \idal fait hommage d'une brochure intitulée : Considérations sur la pisciculture appliquée à la production des espèces mari?ies comestibles. — Remercîments, PROCÈS-VERBAUX. /j55 — M. Maumenet, en adressant ses remercîments pour les graines de B. Yama-mai qu'il a reçues de la Société, commu- nique la note suivante sur le traitement curatif de la pébrine : c( Ce traitement est dû au docteur Brouzet de notre ville qui )) l'a livré généreusement à la publicité. Il a pour lui des expé- » riences très-concluantes dont quelques-unes ont été suivies )) par des membres délégués ad hoc de la Société d'agricul- )) ture du Gard. En voici succinctement l'exposé et la théorie. )) La pébrine est une maladie parasitaire comme la muscar- » dine, qui du reste, doit être détruite par le même procédé, » quoique le parasite soit différent. Elle est héréditaire etcon- )) tagieuse. On purge la graine des germes qu'elle tient des » ascendants en la lavant avec une dissolution de nitrate d'ar- » gent. C'est analogiquement le chaulage des grains, et on » guérit les vers envahis par le mal en les baignant dans le » nîême liquide ou en les aspergeant. L'expérience a montré » du reste qu'ils peuvent impunément consommer de la feuille » imbibée de nitrate, dont l'eftét, au contraire, sur les parois » du tube intestinal, peut être utile si ces parois sont envahies » par les corpuscules. La dissolution doit contenir 50 centi- » grammes de sel par litre d'eau pure; l'immersion de la » graine doit durer une minute; celle des vers moitié moins. f> Dans l'eau de lavage des graines viciées, on trouve des cor- » puscules en abondance. Quant aux vers, c'est une véritable » mue artificielle que provoque sur eux le caustique. Une » desquamation générale, et qui est nécessaire pour la réus- » site de l'opération, les débarrasse de toute trace pébrinée. » Après deux jours de crise environ, ils apparaissent avec une » nouvelle peau de blancheur normale et accomplissent les )) phases restantes de leur existence. ^Le cocon est aussi parfait )) que ce que le comporte la variété des vers. Le traitement )) doit naturellement être répété, si le mal reparaît. Je puis » ajouter en faveur du procédé Brouzet que la Société d'agri- » culture du Gard l'a jugé assez sérieux et important, d'après » le rapport de ses commissions pour faire faire, cette saison, » dans des conditions à ne laisser -aucun doute sur l'authen- » licite des résultats , une éducation à son compte avec des Zi55 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIM.VTATION. » graines notoirement viciées auxquelles on rap})liquera. » J'aurai soin de rendre compte à la Société de cette expérience » officielle, étant un de ceux qui doivent la surveiller. » — M. le docteur Lebeau de Caracas adresse par Tentremise de M. le général Guzman Blanco la note suivante sur le Jati-o- pha gossi/pifolia et sur le Bombijx , encore indéterminé, qui se nourrit de ses feuilles : <( Le Jatropha (jm^^ypifolia ou Tua-t.ua des Indiens est un arbrisseau de 1 cà "2 mètres d'élé- vation, peu feuillu, qui perd ses feuilles en novembre, commencement de la saison froide et sèche , pour ne les reprendre qu'en mars , à la saison chaude et humide. Cet arbrisseau croît bien dans les terrains caillouteux , stériles et très-arides. On peut le propager dans la saison des pluies, soit par graines, soit par boutures ; et quoique Caracas soit à une hauteur de 8/i5 mètres, et d'une température moyenne de 19%50 cent., cet arbrisseau n'en croit pas moins à une hauteur un peu supérieure, partant à une température plus basse. Il croît abondamment dans les plaines chaudes et sèches de l'intérieur, et tout aussi bien sur les bords de la mer. Deux mois après avoir été arraché de terre , et avoir été exposé à un soleil ardent et sans eau, je l'ai planté dans une terre assez bonne et sèche, j'ai arrosé plusieurs fois, et très-peu de plants sont morts. J'ai remarqué que dans les hauteurs qui environnent Caracas et qui sont composées de terrains les plus stériles, ces arbrisseaux cessent de se re- produire au pied de ces hauteurs lorsqu'ils y trouvent un peu d'humidité ou un courant d'eau. En général, cette plante est plus difficile à tuer qu'à cultiver. Les papillons noctur- nes naissent de nuit avant le lever du soleil, aussitôt celui-ci levé et avec la chaleur du jour, leurs ailes se déploient et ont \h centimètres et plus d'envergure. Par le paquebot de Saint-Nazaire, du h février, j'ai envoyé à M. Gelot, membre de la Société d'acclimatation, un dessin du Papillon et du Ver, Le Papillon est grandeur naturelle, le Ver, qui est très- robuste, est beaucoup plus petit que nature. Le 10 octobre 18(57, deux femelles sont nées, et le soir du même jour, à onze heures, un mâle venu de la montagne, cherchant à PROCÈS -VERBAUX. Ilb7 » entrer dans la cage où étaient les femelles, s'est laissé pren- » dre facilement et emprisonner avec elles. S'étant accouplé » avec la plus grande, il est resté dans cet état 24 heures. La » femelle fécondée ayant été séparée s'est mise à pondre im- » médiatement pendant plusieurs jours, et a donné 550 œufs » blancs et ombiliqués qui sont devenus gris aux approches » de l'éclosion. Le mâle n'a pas voulu ou pu féconder la seconde » femelle. Le 20 octobre , après neuf jours de la première » ponte, l'éclosion a commencé et suivi jusqu'au 29; de ces » b50 œufs je n'ai obtenu que 120 vers , j'attribue ce faible » résultat à mon peu d'expérience. J'ai donné de jeunes » feuilles de Tva-tua aux Vers naissants, et j'ai continué leur » éducation jusqu'à la fin avec des feuilles vieilles et jeunes. » Un jour je leur ai donné , avec les feuilles du Jatropha , » fjuelques feuilles de Ricin, et ils en ont mangé. J'ai presque » toujours arrosé les feuilles avant de les leur donner. J'ai » tenu à leur portée deux petites capsules de porcelaine pleines » d'eau, et ils buvaient. Je dois dire que lorsque les Vers » étaient petits, pour changer la litière , je faisais tomber à » l'aide d'un pinceau fin les jeunes Vers sur la feuille nouvelle, » plus tard je les prenais avec les doigts, et peut-être ces ma- » nœuvres sont-elles cause que je n'ai eu que 90 cocons sur » 120 naissances. L'éducation entière s'est faite, le jour, à » l'ombre et à l'air ; la nuit, les Vers étaient enfermés dans une » vitrine et avaient peu d'air. J'ai changé la litière journelle- )) ment. Dans la nuit du 16 au 17 novembre, deux Vers ont » commencé leurs cocons, soit 28 jours après la première » éclosion. Dans la nuit du 8 au 9 décembre, les deux derniers » Vers ont aussi fait leurs cocons , de manière que depuis la » première éclosion jusqu'au dernier cocon il s'est passé » Av' jours. Nous verrons si à la fin de mars les papillons de » ces cocons naissent dans l'espace de 20 jours. Dans ma lettre » du 27 juillet, j'ai dit que je croyais que ces Vers ne naissaient t> qu'une fois par an. Voici des faits qui contredisent ce » qu'alors je pensais : — Naissances 1867 : né le 17 juin un » mâle, mort le 18 juin ; né le 23 juin un mcàle, s'est envolé ; » né le 2A juillet un mâle, mort le 27 juillet; né le 5 septcm- /i58 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. » bre une femelle, morte le 20 septembre ; né le i) septembre » une femelle, morte le '21 septembre; né le 3 octobre un )) rnàle , mort le 0 octobre; ne le 10 octobi^e deux femelles; » né le 31 octobre un mâle, mort le 5 novembre. Les femelles » nées le 10 octobre sont celles qui m'ont donné les Vers, et )-) dont je n'ai pas inscrit la mort. Les deux femelles du 5 et 9 » septembre ont été ouvertes IZi et 18 heures après leur mort, » et toutes deux présentaient des pulsations visibles du cœur. » Les naissances feraient croire à une récolte constante pen- )) dant peut-être huit mois de l'année. » — M. E. de Masquard fait hommage d'un volume : Les mu- lad J es des Vers à soie, 18G8. — Remercimcnts. — M. Sabin Berthelot informe la Société qu'il vient de prendre des mesures pour lui procurer des pieds de Grenadier à fruits sans pépins, de Madère, et que dans le cas où M. Blaize, agent consulaire de France à Madère, ne pourrait les lui pro- curer, il pense pouvoir les ol)tenir de robligeaiice de M. le maréchal de la Coucha. — M. Auzcnde adresse la notice suivante sur le dépouille- ment des rhizomes de Bambnsa mitis et nigra du Jaidin de la ville de Toulon : « Ce dépouillement, fait en février dernier » pour la troisième année, a eu pour résultat de constater que » les rhizomes du B. mitls avaient atteint un développement » de 3'", 50, et celui du B. nigra, "2™, 50. Ces Bambous se » trouvent placés dans une exposition et dans un terrain ordi- » naires. Ce résultat est signalé comme pouvant être obtenu )) par toutes les personnes qui cultivent ce beau monocotyle, » dont les bourgeons sont dcstim's à donner des tiges aérien- » nés. Il a été distribué un grand nombre de fragments à » divers amateurs pour la reproduction des deux espèces qui » seraient d'un grand secours si l'on voulait les employer pour )) soutenir la terre des berges, outre qu'ils rendraient aussi » de bons services par leurs tiges aériennes. » — M. Huber, d'Hyères, annonce l'envoi de graines des divers Ipomœa à feuilles marbrées du Japon, qu'il a récem- ment introduites dans le commerce, et fait parvenir une collec- tion de très-beaux dessins représentant ces espèces. PROCÈS-VERBAUX. /|59 — M. le Consul général de France à Batavia adresse à la Société une caisse Ward contenant des plants de Quinquina. Ces plantes qui ont beaucoup souffert , surtout pendant le transit de l'Egypte, ont été confiées auxgoins de plusieurs de mes confrères. — Remerciments. — M. Furet, missionnaire apostolique au Japon , adresse une collection de graines de légumes , plantes territoriales et surtout de plantes de jardins, qui lui ont été remises par le Directeur des écoles de Yokoska. — Remerciments. — M. Franz Kreuter annonce l'envoi de graines de Pin noir d'Autriche, et de 1000 pieds de Chêne blanc hybride d'Escla- vonie, et offre de renouveler l'envoi de ce Chêne l'an prochain. Le Chêne d'Esclavonie ne craint pas une exposition humide, et on le coupe au ras du sol l'année qui suit sa transplanta- tion. — Remerciments. M. Duchesne-Thoureau fait remettre à la Société dix mille plants de Pin de Riga, provenant des graines qui lui ont été données. — Remerciments. — M. Brierre, de Riez, adresse une plante qui a crû dans son semis de Palmier chanvre du Japon, et qui n'est autre chose que le Sureau commun. — M. Verec fait don de deux graines , dites Semillas de Ariza, provenant d'un arbre d'Antioquia (Colombie), et remar- quable par le volume de ses fleurs. — Remerciments. -- Des demandes de participation aux distributions de graines faites par la Société sont adressées par MM. les insti- tuteurs de Joigny et Inaumont (Ardennes). — Des remerciments pour les graines et plantes qui leur ont été envoyées sont adressées par MM. le vicomte de Caumont, Forgeot et A. Rivière. — Son Exe. M. le ministre de l'agriculture et du commerce transmet des billets pour le Concours général d'animaux de boucherie. — Remerciments. — M. le Président présente : i" une lettre de M. Milne Edwards qui remercie la Société de lui avoir procuré une dé- pouille de Crossojjtilon Drouijmi provenant d'un envoi de M. Dabry, /j60 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATÂTION. 2° Une lettre de M. Dabry qui annonce l'envoi d'une petite caisse Ward contenant des Ignames de Kiang-si, espèce très- délicate et qui lui paraît remplir toutes les conditions de cul- ture désirées, et une boîte dans laquelle se trouvent vingt-quatre espèces de poissons de rivière, conservés dans l'alcool. 3° La lettre suivante de M. le comte Coronini, gouverneur du duché de Salzbourg : « Supposant que l'acclimatation du Yak » {Bos griamiens) dans les contrées montagneuses du duché » de Salzbourg pourrait s'efîectuer sans de grandes difficultés, » j'ai l'intention de proposer à la diète provinciale de ce » pays de faire un essai. Cependant, pour être à même de » fournira la Diète des données bien positives, je prends la » liberté de m'adresser à Votre Excellence en la priant de » vouloir bien avoir l'extrême bonté de me faire savoir si la Société d'acclimatation, en cas que la diète de Salzbourg se déterminerait à accepter cette idée, serait disposée à lui céder uu Yak mâle et deux femelles, et quel en serait le prix? Votre Excellence m'obligerait infiniment si elle voulait en même temps, en suite des expériences faites à Paris, me communiquer son avis sur la probabilité de réussite de cet essai, et sur la manière dont se devrait faire le transport des animaux, h h" La lettre suivante de M. Tenré sur les Cotons du Paraguay : J'ai l'honneur de vous envoyer un échantillon des Cotons récoltés au Paraguay, et des graines du même coton qui a été égrené à Paris. Au mois de mars I86/1, j'avais eu l'hon- neur d'appeler sur ces Cotons l'attention de S. Exe. M. le ministre de l'agriculture et du commerce, et de lui fournir des renseignements qui ont été consignés en partie dans le n" 1568 des Annales dn conunerce extérieur (mai 186/1). S. Exe. M. le ministre a bien voulu soumettre ces échantillons à l'examen de Commissaires experts qui ont constaté que ce Coton reproduit le type Louisiane, qu'il est propre, nerveux, et qu'il donnerait le n" CO en chaîne. Depuis I86/1, la guerre qui désole les Etats de la Plata n'a pas permis de donnera la culture l'impulsion que le gouvernement du Paraguay désirait lui imprimer; mais aujourd'hui que l'espoir de la PROCÈS- VERBAUX. /l()l » paix semble renaître dans ces contrées , je crois opportun > d'appeler sur ces cotons l'attention de la Société d'acclima- » tation. Le sol du Paraguay est, dans l'Amérique du Sud, l'un » des plus propices à la culture du Coton. Le gouvernement a » fait venir de l'Amérique du Nord des graines de différentes » espèces, graines noires ou Island (longues soies), et graines » vertes ou Vpland (fibre courte) ; il les a distribuées gratui- » tement , il a fait l'acquisition de machines à égrener, » machines à presser les balles, etc. Enfin, voulant frapper » l'esprit des populations, et leur tracer leur règle de conduite, » il a fait publier chaque semaine dans le Semanario (Journal » officiel), une série d'articles avec des instructions sommaires » dont les unes sont les moyens raisonnes employés jusqu'alors » dans le pays, mais dont d'autres sont des instructions nou- » velles venant d'Europe et de l'Amérique du Nord, et propres » à améliorer sensiblement cette culture. Des balles de Coton » pareil à l'échantillon ci-joint ont été examinées par les » meilleurs courtiers du Havre qui les ont classées Bon ordi- » naire, remarquant que la soie de ces Cotons est bonne, plus » grosse, mais aussi nette que celle des Cotons Louisiane. Ces » balles ont été vendues 265 fr. les 50 kilogr., en même temps » que les bas Louisiane se cotaient 275 fr. ; le bon ordinaire » Guadeloupe 260 fr. , et le bon ordinaire Minas (Bahia) , » 255 fr. ; trois sortes de types auxquels on peut comparer les » Cotons du Paraguay, dont l'espèce cependant se rapproche » plus des Minas (Bahia) que des autres sortes. Les Cotons du » Paraguay sont d'une qualité courante et d'un débouché » facile ; aussi ont-ils reçu à Manchester le même accueil qu'au )i Havre et à Mulhouse. Ils sont plus jaunes que les Cotons » Louisiane, le Gouvernement du Paraguay cherche donc à » obvier à cet inconvénient, en même temps qu'il s'occupe du » pressage à faire pour réduire les frais de transport. » 5" Un volume sur les Etals américains, leurs produits, leur commerce, en vue de V Exposition universelle de Paris, par M. Tenré, 1867. — Remercîments. (5" UuQ Notice sur les Iles Hawa't, par M. Williams Martin. -• Piemercîments. /i62 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'ACCLIMATATION. 7" Un numéro du Bidletin de la Société régionale d'aclima- tation pour la zone de Nord-Est, renfermant un article sur les Léporides, par M. l'abbé Aubriot. 8" Un numéro du Bidletin de la Société botanique de France dans lequel M. A. Passy a publié un article sur la ré- colle des Truffes dans le département de la Haute-Marne. — M. le Secrétaire donne lecture d'un travail de M. Johanet Sur lamoulnreetV emploi du maïs (voyez au Bulletin, p. 302). A la suite de cette lecture, M. Betz-Penot, propriétaire à Ulay , près Nemours (Seine-et-Marne) , communique la note suivante pendant que des spécimens de pain et des pâtisseries, faits avec la farine du Maïs, sont soumis à la dégustation des membres présents : « Tout le monde connaît l'emploi du Maïs » en vert comme nourriture des bestiaux ; quant au Maïs en grain, il est employé pour l'alimentation des bestiaux de la manière suivante : la partie cornée et la partie farineuse, extraites séparément (par mon procédé de mouture que je cberche depuis longtemps à faire adopter), et réunies en- suite, sont employées pour la nourriture des veaux. La partie grasse et les pellicules fines sont réservées pour l'engraisse- ment des porcs et des volailles. Enfin le gros son sert de nourriture pour les Lapins, les Moutons et les Vaches. La viande des Veaux nourris au Maïs, quoiqu'un peu moins blanche, est d'un goût supérieur, et plus succulente que la chair des Veaux nourris avec des œufs et du lait. Ce fait a été constaté par des expériences faites à la Société d'acclima- tation. Il s'agissait d'un veau âgé de quatre-vingts jours, pe- sant 90 kilogr. ; il a consommé en moyenne 12 litres de lait par jour ; la quantité de Maïs jointe au lait s'est élevée à AS kilogr, La chair de ce Veau a été trouvée excellente. Outre la meil- leure qualité de la viande, il y a une grande économie à adopter ce genre de nourriture, puisque les Veaux nourris aux œufs consomment encore une bien plus grande quantité de lait que les autres. Le Maïs est également employé à l'ali- mentation de l'homme, savoir : en pain composé d'un mé- lange de moitié de farine de froment; en semoules pour potages gras ou maigres ; en farines délayées à froid pour PROCÈS-VERBAUX. AGo » potages gras ou maigres. La farine fine est employée à la » préparation au lait, d'une bouillie pour les enfants en bas » âge auxquels on peut, dès Tàge de quinze jours, faire prendre » une cuillerée à bouche en deux fois. Les malades et les per- » sonnes délicates se trouvent bien aussi de l'emploi de cette » farine qui sert encore à la fabrication de pâtisseries , etc. » Quant à la farine ronde, elle convient aux tempéraments » plus robustes. » M. Betz-Penot, persuadé que ce serait un bienfait pour l'agriculture et les consommateurs de répandre la culture du Maïs, ajoute que cette Graminée réussirait parfai- tement dans plusieurs localités de la France, notamment en Berry et en Sologne. Il en offre à la Société {dusieurs échan- tillons, en recommandant de semer le rouge mélangé avec le jaune. Le blanc, dit-il, doit être semé séparément, et autant que possible dans le même terrain, car un terrain précédem- ^ ment ensemencé de Maïs jaune ne serait pas propre à rece- voir ensuite du Maïs blanc. Enfin, il désire que les Maïs des Etats-Unis soient d'abord semés séparément (non mélangés), afin d'en conserver l'espèce. M. Vavin fait la communication suivante sur les Ignames : Je viens joindre ma voix à celle de mes collègues qui, dans la dernière séance , ont de nouveau appelé l'attention sur l'Igname de la Chine. Dioscotea Batatas. L'amiral Cécile en avait déjà remis quelques pieds au Jardin des plantes vers 1 8/i6. M. de Montigny, notre ambassadeur, introduisait défi- nitivement en 1850 ce tubercule appelé, ainsi que le pen- saient les agriculteurs, à remplacer la Pomme de terre, si malade à cette époque. Pourquoi cet enthousiasme a-t-il été suivi d'une indifférence telle, que beaucoup n'ont pas con- tinué la culture de ce tubercule ; l'arrachage est difficile ? mais ce travail un peu long n'a lieu que pour le premier rang. La Société d'acclimatation comprend tellement l'importance de cette culture en grand, qu'elle a proposé un prix pour une variété d'Igname moins pivotante. On est presque tou- jours sûr de réussir en choisissant un sol sablonneux, léger, fumé de longue date, et ayant un grand fond de terre végé- tale. Il n'est pas indifférent non plus de se servir debulbilles h6li SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » OU de Iroiiçons de racines pour la reproduction ; d'après » ma propre expérience, le rendement est plus grand en em- » ployant les bulbilles.On sème aussitôt que les gelées ne sont » plus à craindre; on arrache fin octobre, afin que ces jeunes » racines servent pour la plantation l'année suivante ; il faut, » pour planter tout de suite en place, se servir des parties les » plus minces qui louchent au collet, par tronçons de 0'", 12 à » 0'",15 ; mais si l'on désire hàler la germination, il faut placer » sous châssis des petits pots dans lesquels on a planté un » tronçon d'Ignames; on les place plus tard en pleine terre. » Les tiges atteignent souvent plusieurs mètres de long, quoi- » que j'en ai formé pendant plusieurs années un fort joli ber- » ceau, je crois qu'il vaut mieux les laisser couvrir la terre, » parce qu'elles conservent l'humidité dont les plants seraient » privés dans les étés trop secs ; les hulbilles par ce moyen » sont plus grosses et en bien plus grand nombre. Lesprinci- » paux avantages de cette plante alimentaire consistent à pou- » voir rester plusieurs années en terre, sans exiger aucun soin, » comme elle se reproduit en se nourrissant elle-même, il » n'y a pour ainsi dire pas de limite à sa reproduction. Un » membre de la Société impériale d'horticulture de France, » M. Rouillard, a montré en févriei- 1807 trois tubercules pro- )) venant de hulbilles du premier envoi fait 17 ans auparavant » par M. de Montigny. Ces pieds sont restés constamment à la )) même place pendant tout ce temps. Je crois cependant » qu'après 3 ou Zi ans de plantation, il est plus avantageux de » ne pas conserver la même racine en terre. Il m'est arrivé » souvent de garder hors de terre de ces racines pendant 12 à » 18 mois et de les trouver tout aussi bonnes à la cuisson. » Il est môme indispensable, pour que l'Igname ait toute la » qualité désirable, de ne la manger qu'après six semaines » d'arrachage. Je viens d'en expédier une certaine quantité » au Sénégal, afin de reconnaître : r si ces racines peuvent » supporter le voyage; 2" si elles constituent une conserve ali- » mentaire toute faite et d'une durée pour ainsi dire indéfinie; » 3" si elles sont, comme je l'espère, et comme on le dit, un » préservatif et un curatif du scorbut, étant mangées crues. ... PROCÈS-VERCAUX. /l65 » Que ceux de nos collègues qui cultivent cette plante veuil- » lent bien nous aider de leur expérience, et je suis persuadé )) que nous aurons rendu un véritable service à l'humanité, » en lui procurant un aliment sain, agréable , et qui préser- » verait notre pays de toute disette. J'ai la satisfaction de vous » apprendre que les bulbilles et les jeunes Ignames provenant » directement du Japon , que vous m'avez confiées , sont en » parfaite végéiation ; je les ai fait mettre hier en pleine terre, » — M. de Séré donne lecture d'un mém.oire sur l'élablissc- ment d'Ihmingue (voyez au Bidlctui, p. '275). A la suite de cette lecture, M. Millet fait verbalement les observations résumées ci- après : « L'auteur me paraît faire une trop large part aux résultats obtenus à Huningue par la pratique de la fécondation artificielle. Cette méthode ne s'applique généralement avec quelque succès qu'à un nom- bre assez restreint d'espèces de poissons particulière- ment à celles de la famille des Salmonidés , et une longue expérience m'autorise à donnei', dans la généralité des cas, la préférence aux frayères artificielles telles que je les ai dé- crites, il y a déjà un grand nonibre d'années. La fécondation artificielle a des avantages réels quand il s'agit d'introduire certaines espèces de poissons dans les eaux où elles n'exis- tent pas, car dans ce cas le transport des œufs est beaucoup plus facile et moins coûteux que celui des poissons vivants, surtout quand on opère à de grandes distances. En ce qui concerne le saumon seulement , espèce qui se prêle parfai- tement aux pratiques de la fécondation artificielle la perte en œufs fécondés a atteint un chiffre relativement très-élevé, car elle est de 60 à 09 pour 100 pour les campagnes de 1859 à 1861. Cependant ce ne sont ni les lumières de la science, ni le savoir d'habiles ingénieurs qui ont manqué à cet éta- blissement. Ce ne serait pas le cas, ce me semble, d'étendre aux divers départements de la France le système suivi à Huningue, car on arriverait infailliblement à dépeupler les lacs et les cours d'eau de l'Allemagne et de la Suisse, sans aucun profit pour nos fleuves et nos rivières. » M. le marquis de Selve fait observer que la fécondation 2« SÉBIE. T. V. — .Juin 1868. 30 .• liQÔ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. artificielle a donné d'excellents résultats à Villiers où celte année il a obtenu /i 000 petites Truites provenant de Truites âgées de trois ans environ, originaires d'Huningue, et qu'il peut montrer vivantes et belles déjà. Notre confrère a reçu beaucoup d'œuls d'Huningue et peut affirmer que jamais la perte en œufs et alevins n'a dépassé 8 à 10 pour 100. M. Millet répond que la fécondation artificielle opérée dans ces conditions peut donner de bons résultats, parce que les œufs fécondés sont mis sur place en incubation. M. de Selve dit qu'il a reçu d'Huningue beaucoup d'œufs et qu'il peut affirmer qu'il n'a jamais éprouvé qu'une perte de 8 à 1 0 pour J 00. M. Millet répond que les œufs fournis par l'étabHssement d'Huningue sont embryonnés et qu'avant d'être expédiés ils ont déjà subi une perte considérable (2(5 à 31 pour 100 pour les expéditions faites de 185t/ à 1861, d'après M. Coumes). — M. le docteur A. Gillet de Grandmont donne lecture de la première partie d'une traduction d'un mémoire japonais sur l'éducation du B. Yama-mai. SÉANCE DU 1" MAI IISGS. Présidence de M. Drouyn de I.huys, président. Le procès-verbal est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récemment admis : MM. GoLLARDEAu, chcf de la comptabilité des dépenses au cbemin de fer de l'Est, membre de la Société impé- riale d'borliculture, à Paris. Renouard-Larivière, président de section à la Société du Prince impérial, membre de la Société de l'Orphe- linat, commandant de la garde nationale, à Paris. — M. le Président annonce à la Société la perte qu'elle a faite d'un de ses membres honoraires, M. Chrétien de Steven, PROCÈS-VERBAUX. /jO? de Saint-Pétersl)OLirg, qui avait enrichi la Crimée des nom- breuses espèces végétales rapportées de ses voyages. — M. Léon Dury, au moment de retourner au Japon, fait ses offres de services à la Société, et annonce qu'il désire lui procurer en particulier les plantes médicinales usitées au Japon et les poissons de ses mers. Notre confrère adresse en même temps une note sur les pro- duits animaux et végétaux exportés du Japon, et un magni- fique planisphère japonais. — Remercîments. ■— M. Davelouis communique une Note publiée dans divers journaux sur le iraitement de l'épizootie actuelle des volailles par des saignées faites, soit k l'aile, soit à la crête. M. Leblanc fait les remarques suivantes sur ce procédé, proposé comme curatif de l'épizootie des volailles. La saignée de l'aile et de la crête, indiquée comme efficace dans les épi- zooties, ne peut être appliquée que dans le cas où la ma- ladie est produite par excès de nourriture, et serait dange- reuse dans toute autre circonstance. Il ne faut pas ouhlier que les épizooties ont des causes très-diverses, et que, par conséquent, la médication doit varier aussi. M.Leblanc exprime le regret que des notes, semblables à celle à laquelle il est fait allusion, soient publiées inconsidérément, car elles peuvent avoir des conséquences très -fâcheuses. Quand il y a une épi- zootie, la première chose à faire est de rechercher la cause du mal et de la faire disparaître ; c'est là le meilleur moyen de réussite. — 11 est déposé sur le bureau plusieurs numéros du No?/- vollistc de Marseille, qui renferment des articles sur la pisci- culture et en particulier sur le corail. — M. de Saulcy remercie des graines de Vers à soie qui lui ont été envoyées, et offre un Mémoire intitulé Èchicntion de Vers à soie de races diverses faites à Metz en 1866 et 1867, — Remercîments. ' — M. le Président de la Société d'horticulture d'Eure-et- Loir demande des graines de diverses espèces de Bor>d)yx. — M. E. de Masquard, en adressant un exemplaire de son travail sur Los Maladies des Vers à soie^ fait remarquer qu'il « /l68 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM.VTATION. donne les mêmes conseils que ceux de M. le docteur Mourier, dans sa communication du '23 février 1866 (Buiiethi, p. 90, l. III). Il exprime en outre le désir que M. le docteur Mourier veuille bien communiquer à la Société tous les renseignements possibles sur la taille et la culture du Mûrier dans les diverses localités du Japon, et qu'il lasse parvenir en France des graines et des grefles du Mûrier Tscu-sawj, variété dont les fruits paraissent avant les feuilles. C'est de la ileur de cette variété dont les .laponais se servent pour nourrir leurs jeunes Vers quand les feuilles ne sont point encore épanouies. — M. E. Lambert, conservateur des forêts à Alger, écrit que les graines dont il a fait bommage à la Société ont été toutes récoltées l'automne dernier, et qu'il ne peut s'expli- quer leur détérioration que par l'inlluence de la traversée. — M. A. Denis adresse ses remerciments des graines qu'il a reçues et ajoute les renseignements suivants sur ses cul- tures : « Je devrais vous dire un mot de nos succès et vous » apprendre qu'on peut voir en ce moment en pleine terre et » en plein air, dans mon jardin, un très-beau Zamla mmi- » cala, dont la floraison a commencé depuis plus de quinze )) jours et qui se poursuit à merveille. De plus, j'ai un beau » pied de Draco'na hrazilimsis, qui développe sa bampe flo- » raie depuis à peu prés la même époque. Cette bampe » semble vouloir se ramifier, et il paraîtrait, d'après la cou- » leur actuelle des boutons, que la tleur doit être pourpre ou » rouge. Paxlon l'indique dans son Dictionnaire comme de- » vaut être blancbe. Serait-ce une variété? nous verrons bien. » Je ne vous entretiendrai pas de la floraison du Strelitzea » reginœ, qui date du commencement de février, et qui, celte » année, m'a semblé être tardive, puisque, d'ordinaire, cette » plante présente ses fleurs en janvier; il est vrai que, cette » fois, la température de ce dernier mois a été un peu moins » élevée que d'ordinaire. La Société iiiqiériale d'acclimatation » n'apprendra peut-être i>as, sans une certaine satisfaction, » que la ville d'Hyères, grâce à un legs important qui vient )) de lui être fait, va créer un Jardin zoologiquc et de nalu- )) ralisation de végétaux exotiques. Il s'agit d'un terrain d'une l'AuCKS-VEnilAUX. /lOO » ôlendue de plus de (5 hectares parlaitemenL arrosable et » dont le sol est excellent. Comme j'ai l'honneur de faire partie » de la commission permanente chargée d'élucider la ques- » lion et de la traduire en réalité, j'aurai le plaisir de vous » entretenir avec plus de détails d'un plan qui remplit les » vues du conseil général, lequel n'a pas cessé, depuis l'an- » née 1792, d'('mettre le vœu que le gouvernement voulût » bien créer à Hyères un Jardin d'acclimatation. 11 existait )) avant la Révolution, mais, comme il était censé appartenir » au roi et non à la commune, il avait été vendu nalionale- » ment après que les plantes les plus rares en avaient été » enlevées et transportées à Toulon. Le jardin actuel sera » moins bien placé que l'ancien ; toutefois, au moyen d'abris » factices, on pourra s'y livrer à toutes les cultures. Notre » premier soin, aussitôt la permission d'accepter le legs » accordée, sera, bien entendu, de nous mettre en rapport » avec la Société centrale, et de lui demander la laveur de » l'affiliation. » v — M. Vavin annonce qu'il a reçu ces jours derniers, de Santiago de Cuba, (juelques pieds (VArracac/ia esculenta que, depuis 1823, on a vainement cherché à introduire dans nos cultures, et donne quelques détails sur le Chou Chanloiuj et le Pe-tsaï. — M. Chevet transmet le résultat de ses observations sur les diverses qualilés de Semoules et Farines de maïs, prépa- rées par le procédé Betz-Penot, et fait connaître que d'une manière général)} il les a trouvées do très-bonne qualité. — M. J. Lecreux communique les formules d'un remède contre l'inflammation des paupières, et d'un alcoolat di' Arnica montana. — M. Pépin fait hommage de son Rapport à l'Exposition universelle sur les l('(jumcs et fruits à l'état frais. — Remer- cîments. — M. P. Gervais dépose un exemplaire du discours qu'il a prononcé à la dernière séance publique. — Remercîments. — Des remercîments pour les graines qui leur ont été en- voyées sont adressés par MM. Chalot, Durieu de Maisonneuve et E. Morren. v^ •f- '^ A 70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. le Président dépose sur le bureau un numéro du Journal d agriculture pratique, où est publiée la septième liste de souscription à la Société des agriculteurs. — M. Chalot fait honnuage d'un volume : Decoirs de l'homme envers les animaux. — Remerciments. — M. le directeur du Jardin d'acclimatation communique à la Société une lettre qu'il a reçue de M. Emile Sourbets de Mont-de-Marsan (Landes). Dans cette lettre M. Sourbets si- gnale un fait bien rarement observé dans nos contrées, la re- production d'une Mule ; quelques faits semblables sont consi- gnés dans l'histoire, mais la plupart du temps ils sont signalés comme s'étant produits dans les régions chaudes, aux colo- nies et dans les parties les plus méridionales de l'Europe. M. Sourbets écrit : « Une mule, âgée de douze ans, a mis bas » un produit du sexe masculin né à terme et parfaitement con- » stitué suivant les rapports des hommes de l'art. D'après » l'examen de ce jeune métis, tout porte à croire que la Mule a » été fécondée par un cheval, car la petitesse de l'oreille et du » sabot et la construction générale de l'animal en question se » rapprochent beaucoup plus de la race chevaline que de » celle du Baudet. Le fait est assez rare dans les annales de la » science vétérinaire, pour attirer l'attention des hommes » compétents; pour plus d'amples renseignements, si vous en » désirez, vous pouvez vous adresser à M. P. Vigneau, vétéri- » naire de notre ville, qui mettra à l'appui de mon assertion » toutes les pièces et les documents désirables. La Mule mère » a du lait jusqu'à l'heure en quantité suffisante ; elle mani- » leste seulement une indifférence profonde pour son petit et » ne montre pas la moindre inquiétude lorsqu'il est éloigné )) d'elle. » Mont-de-Marsan, 2 mai 1868. « En réponse à votre honorée lettre d'hier, j'aurais été heu- » reux de vous fournir quelques autres détails sur le jeune » métis dont ma précédente vous annonçait la naissance, mais » ce pauvre petit animal est mort dans la nuit de mardi à » mercredi dernier. D'après l'expertise de M. P. Vigneau, » médecin-vétérinaire de notre ville, il paraît que le lait de la PROCÈS-VERBAUX. l\7i y> mère n'était pas de qualité convenable pour ralimenlalion » de son produit. Suivant les appréciations des liomnies de » l'art, il reste avéré jusqu'à ce jour que la Mule devait avoir » été fécondée par un cheval, car le Métis présentait dans sa » membrane et ses formes des caractères distinctifs, se rap- » prochant beaucoup plus de la race chevaline que de la race )> asine ou mulassière. J'ai l'honneur de vous adresser, en )) même temps que ma lettre, un numéro du Journal des )) Landes, dans lequel vous lirez le fait relaté tout au long à » l'article Correspondmice (î). » M. Leblanc dit que la fécondation des Mules n'est pas aussi rare que parait le croire M. le Directeur, et qu'on a observé d'assez nombreux exemples en Portugal et en Italie, à Lis- bonne et à Naples. On a constaté que les Mules sont généra- lement mauvaises mères, ne prennent pas soin de leurs petits, et presque toujours les jeunes qu'on a cherché à élever ont péri au bout d'un temps très-court. — M. A. Geoffroy Saint-Hilaire offre à la Société, au nom de M. Tegetrneiei', les deux ouvrages suivants : Pigeons, iheir structure, varieties, habits a7id manayement, 1868; The poultrij book, comprising the breeding and management of profitable and oràemental poultri/, their qualities and char acte ristics, 1867, et donne quelques renseignements sur (1) Extrait du Journal Jes Landes du jeudi oO avril 1868, .sous la ru- l3rique Correspondance : <( J'ai l'iionneur d'instriure Monsieur le Directeur » du Jouinal des Landes qu'une mule bai cliàlain, âgée de douze ans, vient » de mettre bas d'un Mulet bai clair, en la métairie dite Menace, à SaiuL- » Pierre près Monl-de-Marsan. Ce produit, parfaitement régulier dans sa » forme, semble être le résultat de l'accouplement du Cheval avec ladite )) Mule, attendu que sa configuration générale ressemble beaucoup plus à » l'espèce chevaline qu'à l'espèce mulassière et asine. Ce jeu de la naUire, )) s'élant produit déjà, à di\ erses époques, dans les régions chaudes ou mé- » ridionales, n'en constitue pas moins un fait fort curieux, du moment que » la Mule est réputée inféconde ou stérile. » Voyez, Monsieur, s'il vous paraît convenable de donner dans les colonnes » de voire journal une certaine publicité au l'ail que je vous signale et dont » j'affirme l'authenlicilé. » Vigneau, » Médecin-vétérinaire du département. » hl'l SOCiKTt: IMl'ÉUlALl:: ZUULOGIQUE D'AGCLlMATATioN. l'exposilion de volatiles qui viciil d'avoir lieu au Jardin d'ac- clinialalion. (Voy. Bulletin.) — M.Bossin dit que pour la première fois, depuis vingt an- nées, il n'a pas eu d'œufs de ses poules pendant trois ou quatre mois, et demande à quelle cause il doit attribuer cette sus- pension anormale de la ponte. Une discussion s'engage à ce sujet entre MM. Aube, Pi- geaux, Leblanc, A. GeolTroy Saint-IIilaire et Bossin, de laquelle il résulte que ce fait doit très-probablement être attribue à la qualité défectueuse lie l'avoine dont ces poules ont été nourries. — M. A. Gillet de Grandmont présente à la Société un vê- tement japonais fait en partie avec du papier et en partie avec de la soie. — M. A. Cretté de Palluel donne lecture d'un Mémoire Sur les Oiseaux acridiphages. (Voy. Bulletin, p. 257.) — M. Pomme donne lecture d'un Mémoire sur son éduca- tion du Lopbopborc. (Yoy. Bulletin, p. 3(59.) — M. Lecreux donne lecture d'un rapport sur le Maïs de Cuzco. Le Secrétaire des séances, J. L. SùuiiEmAN. III. CHRONIQUE. Xoticc auv la province de AIoù-l>iug (Tiiibei), Par le père Aunal, inissiomiairo. (Lcltro adressée à M. D:ilii-y, coiisii'i Je France ;i Il.iii-Keoiij Chine). La principaulô de Aloù-Ping est une des plus pcliles par son étciuliie, mais des plus importantes par sa position. Elle n'est, en effet, qu'à cinq pclites journées delà métropole du Sé-Tcliouàn et à trois journées de la ville chinoise de troisième classe nommée Kioîing-Tchéou. Cette principauté n'a que 30 lieues marines en longueur, en largenr autant environ. Le prince qui la gouverne est d'un naturel farouche, cruel et habile des- pote; ses sujets sont un peuple d'esclaves. Il en a fait égorger, en moins de six. ans, plus de mille sans procès^ sans raison apparente, par pure jalousie ou colère. 11 ne respecte ni lois chinoises ni lois naturelles. Son unique code est sa volonté. Les hommes qui peuplent cette principauté sont fort divers. Au couchant habitent les barbares, appelés par dérision ût4-tsij ouà. Ce sont les sujets du prince, tous hommes rompus aux fatigues, robustes, vivant pauvrement dans leurs montagnes du fruit de leurs nombreux troupeaux et de leur chasse, et très-habiles à manier le fusil. A l'orient se trouvent les indigènes, qui ne sont rien autre chose que des Chinois qui attirés par l'espoir des richesses, ou contraints par la jusiice humaine, se sont enfuis et sont venus faire leur soumission au prince barbare et en ont obtenu le droit de citoyen (barbare). Leurs habits, leur langage, leurs nuKurs, leurs défauts, diffèrent totalement de ceux des premiers. La troisième classe se compose de Chinois venus des quatre points du royaume. Ce sont, en général, les colons des précédentes familles. Eniin les chercheurs d'or, d'argent et de cuivre, en grand nombre, et des vagabonds de toute espèce, etc. l^int de pbiine, des vallées exces.sivemcnt resserrées, des torrents impé- tueux, et, par conséquent, de très-haules montagnes; je ne saurais vous pré- ciser exactement l'élévation de ces lieux au-dessus du niveau de la mer n'ayant aucun instrument nécessaire pour faire ces calculs. Tout ce que je puis dire, c'est que de la hauteur du collège je vois des neiges éternelles couvrir le sommet de montagnes qui ne sont qu'à une journée de marche. C'est sur ces montagnes (ju'on trouve les fameuses plantes médicinales tant eslimt'cs en Chine : la llliubarbe et le poij-mou. C'est là que l'on va à la cha.sse du Bœuf sauvage, du Musc, de la Chèvre sauvage, de l'Ours blanc, de l'Ours (chien) petit Ours, du Sanglier, etc. C'est là encore où se trouve une nuilli- nde d'oiseaux aussi curieux que beaux. Le magnifique Peij mou kij, le Sumj ko ki, le Sony ki cl ces petits oiseaux dont je vous ai ('uvoyé la • IxTh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂïATION. dépoiiilk- (1), qui sont crun admirable plumage, el dont la laiii^iic, aussi loni;iic cl llexible que la irompe du papillon, va scruter, sans les flétrir, toaies les fleurs pour en cueillir le pollen on le suc dont ils se liuurrissenl. Belles et faibles créatures dont la liberté est nne condition nécessaire à leur existence : mille lois, en vain, j'ai essayé d'en nourrir, on peut, dire d'elles ce (pie le poêle a dit : Elles vivenl ce que vivent les roses, l'espace d'un matin. Dans ces montagnes placées au nord de la principauté, on trouve encore des mines de cuivre. Les montai;nes placées au couchant sont aussi Irès- boisées el riches en plantes médicinales; on y trouve l'arbre dont l'écorce estime médecine des plus précieuses et des plus chères, c'est le Héou pôchou. Je viens d'apprendre qu'en ensemençant les gfaines on peut le reproduire et le culiiver à ré(ut domestique. Un riche voisin en possède un [tied qu'on a voulu acheter 1000 taëls, et qu'il n'a jamais voulu ci'der :^si je puis me piocurer des graines, je me ferai un plaisir de vous en envoyer. C'est un arbre de belle venue dont les fleurs grandes et blanches comme la neige ré- pandent an loin un agréable parfum. 11 a toute l'apparence et la forme dii iMagnolia. Dans les montagnes, on trouve une espèce de chèvre sauvage {ilijjat.}, elle pèse, dit-on, plus de i 00 livres, i'eu de gens {chinois) s'aventurent dans ces parages. Les habitants sont féroces, et assez fréquemment ils vcdeni l(\s f.hinois pour les vendre aux l)arbares nomades qui sont au loin dans l'int('riem' des monla;;nes 'i'sao clioù, qui sont des montagnes nues ne nour- rissant que de grands troupeaux de IVeufs {mao-nicou), de C-hèvres et de Brebis. Dans ces montagnes on trouve le gros Chien barbare, des Perroquets et d'autres animaux plus ou moins connus. On y trouve également, à ce qu'on m'a dit, l'or en abondance. Les fleu^es en charrieni de grandes et magnifi- ques paillettes, on en rencontre des filons, à la surface mêuie de la terre....; mais (jui veut y aller? Assurément aucun Chinois, si cupide qu'il soit, ne \(iudra jamais s'exposer à tous les dangers auxquels on est expose- pour ainsi dire à chaque pas dans ces régions. J'ai promis des sommes fabuleuses pour ex( lier quelques-uns à y aller e! à acheier pour \ ous, monsieui' le consul, des Chèvres et cette espèce de Cliien, et personne n'a encore répondu à mon appel. Les montagnes qui appartiennent à la principauté thibétaine de Moù- Ping et situées au cùxichant sont riches en mines d'or, d'argent et d»^ cuivre. C'est encore là que les Chinois ramassent la pierre dont ils font leurs magni- fiques écritoires. Enfin au midi, à une journée du collège, se trou\e la capi- tale de la principauté. C'est un village de cinq ou six cents âmes, où le prince habite dans un solide château- fort d'où chaque jour il inonde d'in- justices son petit royaume. Je n'essayerai pas de vous décrire les beautés des sites et des montagnes qui avoisinent le collège, il faudrait pour cela la plume de Lamartine. Les bois qui couronnent les montagnes sont renq)lis d'une infinité d'ar- (1) Ces Oiseaux oui clé décrits par M. J. Verreau.v sons le nom àe Neclarynia Dabriji. CHRONIQUE. /i75 bilsscaiix à fleurs (le diverses couleurs qui, pendant trois- mois, font Tadmi- ration des voyagems cl élèvent suavement l'àme vers le Créateur infiniment l)on. Les versanis dos montagnes sont, durant deux mois, tantôt rouges comme du sang, tantôt blancs comme la neige, à cause des diverses fleurs qui, à leur temps, s'empressent d'éclore cl de porter le charme dans le cœur d'un pauvre cxiié comme moi. Le Lis blanc et bleu est îrès-conunun. La Fraise produit et fleurs et fruits, les bords des senlier^ en sont lilléralement parsemés. Les fleuves abondent en Poissons et les terres cultivées produisent le !\laïs, le Sarrasin, l'Avoine, les Haricots ; mais le grand commerce et la richesse du pays ce sont les Herbes à. savon. Des milliers de personnes coupent ces herbes jusqu'au sominet des pics les plus élevés : à demi séchées, on les brûle, et des cendres on en lire le savon chinois qui est d'an si grand et si universel usage dans ces provinces. Monsieur le consul, j'ai voulu me montrer votre (rôs-humble et dévoué ser- viteur en \ous envoyant promptement une courte esquisse de la principauté de Moù-Ping. Si vous y trouvez quelque chose digne d'être agréable à M. Drouyn de Lhuys, vous pourrez le i>rendrc et le lui envoyer. Si vous désiriez quelque chose de plus parfait, veuillez me le dire, et, si ma faible santé me le perniel, je We ferai un devoir et un p!ai-ir de vous obéir. Mais souvenez-vous, je vous on prie, que j'ai écrit cette fois pour vous et non pour AL le ministre. N'allez donc pas, je vous en conjure, envoyer à Paris celte copie informe, sans style, sans ordre et sans précision aucune; plus lard, si Dieu me donne vie, je tâcherai de \ous satisfaire. Je n'ai ni la force de relire, ni le temps de corriger. Mollusques comestibles de la mer Adriatique sur les côtes d'istrie, de Trieste, de la Daimalie et dans les lagunes de Venise. La mer Adriaiique contient un grand nombre d'animaux qui sont, poiir le pêcheur, une source de profils conlinuels : en effet, outre 'es poissons, les crustacés, les céphalopodes, etc., etc., on voit vendre, sur les marchés'des villes \ oisines du bord de la mer, un grand nombre de gastéropodes et d'a- céphales qui servent d'aliment, tant aux pauvres qu'aux riches. Parmi les gastéropodes, nous citerons : Le Murex brandaris. L., et le Murex truncuius, connus sous les noms de Ihdo maschio et de Rulo femina, ainsi que sous celui de garusola, qui peuvent être vus toute l'année sur les marchés : ils forment la nourriture du pauvre. La couleur blanche que renferme leur corps devient \erle après avoir (Hé conservée pendant quelque temps ; exposée ensuite à la lumière ; elle donne une beUe couleur rouge pourpre qui servait aux anciens à teindre /|70 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZÛOLOGIQUE d'aCCLIMATATIUN. leurs vêtements de laine; '2'^ le Chcnopus pcspelecani qui vit dans la mer, à une profondeui- de 150 pieds et constitue un aliment très apprécié du pauvre : il est désifj;né dans les marchés sous le nom usuel de Zumarugola ; 3" le Ce- rithium viilgatum, très-fréquent sur le march(^, nommé par les populations Campanarl, Caragolo longo ; i" le Turbo rugosHS qui se trouve à 50 pieds de profondeur; 5" le Trochus fragarioides, L., appelé par le peuple Nari- dole, le Trochus albklus nonuné Carragolo tondo, le Trochus cincrarius, Lam. ; 6" la Patella scutellaris, Lam., Pantalena des populations riveraines, très-commune sur les côtes de la mer Adriatique ; 7' la Fissurella costaria, Desli., qui vit à une profondeur de 3 à 10 pieds; 8" la liulla hydatis dont la cliair est très-savoureuse, bien qu'elle ne soit utilisée que rarement comme aliment. Parmi les acéphales, nous citerons : 1» Le l'holas dactylus, appelé par les populations datilo, aliment très-sa- voureux; 2° le Tercdo navalis, L., si nuisible à tous les ouvrages en bois qui séjoin-nont dans la mer : désii^iié sous le noiu de Biffe dei ligni par les habi- tants du pays, il constitue un aliment de bon goût qui, toutefois, est peu ap- précié; S" le Solen vagina. L., et le Solen siliqua, désignés sous les noms de cape da deo, cape longhe, ainsi que sous celui de tahachini qui sont mangés grillés, ou bien servent à préparer une sorte de soupe. Le premier est surtout très -apprécié; le second l'est moins à cause de sa saveur désagréable ; /i" la Mactrea lactea, Poli, et la Mactrea.'our beaucoup d'arrondissemenls, notamment dans ceux que traverse le Tom, elle est devenue une branche importante d'industrie, et le miel qu'on y ré- colte ne le cède en rien à celui des départements de la France limitrophes des Pyrénées. Dans ces contrées de la Sibérie, où la chaleur est excessive l'été, mais où le thermomètre descend presque chaque hiver au-dessous de /jO degrés Héaumur, l'aménagement des abeilles a dû nécessairement être modifié. Les ruches proprement dites y soni inconnues, du moins on n'en renconire nulle part, (.'est dans des troncs d'arbres, demeurés debout au milieu des forêts qui avoisinent les villages et creusés intérieurement, que les essaims nouveaux sont installés ; une porte, ménagée à une hauteur d'un i)eu plus d'un mètre du sol, permet aux membres de ces industrieuses républiques qui sont chargés de ce soin, d'aller butiner dans les campagnes, parfois à une grande distance ; car, dans cette partie de la Sibérie, la flore est peu nombreuse en variétés, mais en revanche elle est très-riche en sucs ; aussi le produit de chaque ruche est-il supérieur à celui que l'on obtient en Europe. A la fin de l'automne les orifices sont calfeutrés hermétiquement, quelquefois le tronc d'arbre lui-même est recouvert de branchages, et les abeilles y passent l'hiver dans une sorte de somnolence pour ne s'éveiller qu'au printemps à la fonte des neiges. Des ennemis plus dangereux que le froid pour ces intéressants insectes, ce sont les ours qui, là comme partout, se montrent très-friands des rayons. Ils parviennent, quelque précaution que l'on prenne, à introduire dans la ruche une patte indiscrète, en retirent et croquent le miel, non sans écraser bon nombre d'abeilles, et encore celles qui échappent à la rude étreinte de sa gloutonnerie, ne tardent-elles pas à être tuées par le froid. Les abeilles cpii vivent à l'état sauvage dans toute l'étendue de la chaîne de l'Altaï, sont également décimées par les ours bien plus que par la température extrême des hivers contre laquelle elles parviennent aisément à se garantir. Un moyen aussi ingénieux que peu dispendieux est employ»'- dans certaines parties de la lUissie par les paysans pour protéger contre les attaques des ours les ruches naturelles existant dans les creux naturels des arbres aussi bien que les ruches arlificielles. Sur les troncs d'arbre où se trouvent ces niches naturelles ou artificielles, on fixe au moyen d'une corde, dont la longueur permette le mouvement de va-et-viont, un tronçon d'arbre d'assez forte dimension. L'ours, voulant grimper sur l'arbre pour dénicher les rayons, rencontre cet obstacle, et, voulant l'écarter, il le renvoie de côté par un coup de patte; la poutre, en revenant dans sa position, lui assène un coup qui le rend furieux : il donne un coup de patte encore plus fort qui, inipvimant à la poutre un mouvenii'Ut plus violent, lui applique un coup d'une intensité de plus en plus grande. L'animal s'irrite de plus en plus, lutte avec une opiniâtreté de plus en plus grande contre l'ennemi dont il ne se rend llSO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. pas compte, et lombc onfin exténué aupieddcrarbie, où, leleiideniaininatin, les propriétaires des ruches le trouve sans connaissance ou même tué. Ce moyen est employé aussi par les chasseurs pour prendre les ours dans les Ibrèts vierges de la llussie. Tels sont les renseignements sur l'introduction de l'apiculture en Sibérie qui nous ont l'ié fournis par M. Paul de Bourakoff, notre collègue. Ceux de nos lecteurs qui seraient désireux de connaître avec quelque détail l'apiculture sur toute l'étendue du territoire de l'emjjire russe, et non plus en Sibérie seulement, pourraient consulter utilement l'ouvrage publié en 1867 à Saint- Pétersbourg, par ÎM. Karassevilch. Ce savant apiculteur consacre notamment un certain nombre de pages à l'élude des diverses espèces de ruches em- ployées en r.ussie. 11 les examine toutes avec détail en commençant par les ruches les plus simples faites d'une seule pièce ; parmi ces ruches, il signale en premier lieu celles que forment les colonies d'abeilles sauvages en venant se fixer, soit dans les creux naturels des arbres, soit dans les crevasses ou les fentes des rochers ; de ces ruches primitives il passe aux creux d'ari)res modifiés par la main de l'homme et transformées ainsi en ruches, puis aux niches creu ées artiliciellement dans un tronc d'arbre, ruches qui paraissent être encore presque uniquement, sinon uniquement employées en Sibérie. JM. Karassewilch passe ensuite successivement en revue les dillerentes espèces de ruches faites d'une seule pièce, ruches Sgorgelski, ruches Melnikoiï, ruches UchkotV, ruches l'rokopovilch, etc., etc., puis les différentes ruches à comparlimenls, ruches Klikovski, ruches Dzicrzon (Dzergeon), ruches Boukhardy, etc., etc. Kous engageons ceux qui s'occupent d'apiculture à consulter l'ouviage de Karassevilch dans lequel ils trouveront assurément de précieux renseignements susceptibles de les guider dans la pratique de celte branche spéciale de l'agriculture. (Extrait de documents russes fournis par M. Paul de Bourakoff et par :\1. le docteur Emile Baranger d'Odessa.) A. A. D. * I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1). NOTE SUR LE THOUPEAll D'ARBAL, Par M. Jules du PRÉ DE SAIIVT-MALR. Le troupeau mcrinos créé par moi dans la province d'Oran, sur ma ferme modèle d'Arbal, se composait, en 1850, de béliers tirés des plaines de la Crau, voisines d'Arles, en Pro- vence, d'un petit nombre de brebis de même origine et d'une masse de brebis arabes. Ces dernières, choisies, avec beau- coup de peine et de soins, dans les troupeaux indigènes, pré- sentaient, les unes des laines grossières, mais d'une longueur énorme, les autres des laines courtes et assez bien tassées. Dès le premier croisement, les produits des brebis indi- gènes portaient un cachet qui semblait indiquer, en moyenne, non pas seulement 50 pour 100 mais 70 et 75 pour 100 de sang mérinos. La taille de ces brebis dépassait de beaucoup celle des brebis de la Crau, notablement plus petites que les brebis du Tell algérien et surtout que celles du Sahara. La laine, comme fmesse et comme tassement, était déjà plus qu'à demi mérinos, sauf chez quelques bètes à toison très-longue, se rapprochant de certains types anglais, et qui pendant plusieurs générations se sont montrées rebelles à l'influence du sang mérinos. Parmi toutes les autres, le type des pères a prévalu à tel point que l'on ne peut plus distinguer la descendance des brebis de pur sang de celle des brebis indigènes. Pour corriger la conformation des bêtes de la Crau, étroites de poitrine et peu développées sous le rapport musculaire ^ pour arriver à une abondante production de viande que l'abaissement du prix des laines fines semble conseiller aux (1) La Soci(''té ne prend souk sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans sou Bulletin. 2'= SÉRIE, T. V. — Juillet 18(58. Si /|82 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. éleveurs, en Algérie comme en France, il n'a été, depuis une dizaine d'années, fait usage que de béliers tirés du Chàtil- lonnais et provenant des bergeries de M. Godin. Ces béliers, que se disputent depuis longtemps l'Amérique et l'Australie, ont obtenu aux deux dernières expositions internationales le premier prix des animaux de trois ans. Introduits également au cap de Bonne-Espérance, ils abordent ainsi l'Afrique par ses deux extrémités à la fois, et portent à ses races ovines de véritables éléments de progrès. . La sécheresse du climat algérien a fait préférer à toutes les races anglaises, pour la création d'un troupeau d'amélioration dans la province d'Oran, la race mérinos, originaire du pays, introduite en Espagne par les Maures el que je n'ai fait que ramener à son berceau. Des béliers de la race Gharmoise, essayés concurremment à Arbal, n'ont pu supporter la température, bien que n'ayant que 30 pour 100 de sang anglais. L'elfet produit par les brebis du Chàtillonnais a été aussi rapide qu'énergiquement accusé. On ne voit plus dans le trou- peau d'Arbal que des bêtes trapues, fortement culottées, très- larges de reins et d'épaules et couvertes de laine depuis le bout du nez jusqu'à l'extrémité des pattes. Sauf une trentaine de béliers réservés pour le service, toutes les bêtes vivent dehors, d'un bout de l'année à l'autre, sans recevoir de nourriture à l'étable, et sans autre abri que des hangars pendant la nuit el pendant le milieu du jour, durant, la saison des fortes chaleurs. Elles sont gardées par des Arabes, sous la direction d'un berger-chef français, et se montrent, au dire même des indi- gènes, aussi rustiques que leurs propres animaux. Le chitfre du troupeau qui avait été porté à deux mille six cents têtes a dû être réduit à seize cents environ, parce que, bien que la ferme modèle d'Arbal compte 'ioOO hectares, et que dans les années pluvieuses on pût nourrir un nombre de têtes quintuple, on risque dans les années de sécheresse, même avec le nombre actuel , de perdre des bêtes par la faim. Il faut dans le Tell algérien, pour un nombre donné NOTE Sun LE TROUPEAU D^\nl;AL. Z|83 de bêles à laine, des étendues quatre à cinq fois plus considé- rables qu'en France. La dépense de la nourriture à l'élable dépasserait bien vite la valeur d'un troupeau et d'ailleurs la fréquence de deux années de sécheresse successives rendrait illusoires, en ce cas, les réserves de fourrage d'une année pour l'autre. Les maladies les plus ordinaires sont, pour les bétes adultes, les coups de sang, et pour les jeunes, pendant l'été et Tau- tomne qui suivent le sevrage, une sorte d'anérnie résultant d'une décomposition du sang, qui enlève, de septembre à dé- cembre, des bêtes brillantes de vigueur au commencement des chaleurs. En somme, l'état sanitaire est bon, grâce aux eaux qui sont d'excellente qualité et aux pacages très-réputés chez les Arabes pour l'élève du mouton. Ces pacages, en elfet, s'éten- dent sur des terres fortement salines dans la plaine, sur des pentes de montagnes rocheuses, couvertes de plantes aroma- tiques, et, entre les deux, sur de riches terres de culture, produisant des herbes de nature très-variée. Le 29 avril 1868, douze bêtes donnaient le poids vif ci- dessous. 1 Bélier i> ans 1/2, poids vit en laine 67 kilogr. 1 - 2 - 1/2 ., -^ .... 65 - 1 - /i - 1/2 ' — .... 85 — ■ 1 _ ^ _ 1/2 _ ... 80 - " -^ 1 Brebis 2 —1/2 ^ .... 53 __ ; 1 - 2 - 1/2 •^,, • ....' 57 — • , ' - 1-4-1/2 _ . . . . 5/i _ 1—4—1/2 — . . . . 6i — l!\loiUon2 — l/2loncUi 56 — 1 - 2 - 1/2 - :.. 53 _ 1 ~ ti — 1/2 - 65. — . ■ 1 — 6—1/2 — 66 — ; : ■ Poids de trente toisons prises au hasard. ^^ É^"ers i7 kilogr. 10 Antennais 88i^ii-,200. 10 Brebis ". tVT: .7 .T. . . 29i^ii-,'200. Z|8/j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUUIQUE d'aGCLIMATATION. A l'exposition internationale de 1867, de Paris, les laines du troupeau ont obtenu une médaille d'argent, la seule et la plus haute qui ait été attribuée aux laines d'Algérie. Depuis plusieurs années on s'est attaché à développer dans les toisons la longueur du brin plus que la finesse. Le lainier, mis sous les yeux de la Société et dont les échantillons pré- sentent en moyenne 8 à 9 centimètres de longueur, prouve que l'on y réussit et que l'on marche dans la voie indiquée par les demandes de l'industrie lainière. Bien qu'il compte déjà plus de dix-huit ans d'existence, le troupeau mérinos d'Arbal n'a pu que faiblement encore réali- ser la pensée qui a présidé à sa création, et combattre dans la province d'Oran la dégénérescence des laines engendrée par le pêle-mêle, dans les troupeaux indigènes, des races les plus diverses, à la suite des guerres et des razzias. Le peu de terres possédées par les colons, qui, seuls dans le pays, se préoccupent d'amélioration, ne permet qu'tà un bien petit nombre d'élever du bétail et d'user de reproducteurs mérinos. En vain des béliers sont donnés gratuitement chaque année par le propriétaire d'Arbal aux agriculteurs qui, dans les comices, obtiennent des prix pour l'amélioration des bêtes à laine. Des centaines de reproducteurs demeurés inutiles ne trouvent d'autre placement que la boucherie, parce que les Arabes n'en achètent pas un seul, quoiqu'ils soient à vendre au prix fixe de DO francs à choisir. L'appât d'un gain, si ce gain n'est pas immédiat et demande un peu de temps et de soins, ne triomphe pas de l'apathie des Arabes, pasteurs aussi insouciants que négligents agriculteurs. Il faudrait que les petits propriétaires fussent entraînés vers le progrès par l'exemple des grands, et ces derniers ne s'en préoccupent guère. Il est juste de reconnaître que, dans la province d'Oran, aucune des voix qui exercent sur eux une souveraine influence ne les y convie, et que les hommes puissants ont sous la main des moyens bien plus expédilifs de s'enrichir. EXPOSITION DE VOLATILES FAITE AU JARDIN d'aCCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE, Sous le patronage DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION, Du 19 au 20 avril 1868, DISTRIBUTION DES PRIX. Le 28 avril 1868, MM. les Membres du jury se trouvaient réunis au Jardin d'acclimatation pour distribuer à MM. les exposants les récompenses qui leur étaient destinées. En l'absence de S. Exe. M. Drouyn de Lhuys, président de la Société, qui n'avait pu se rendre au .lardin, le fauteuil a été occupé par M. F. Jacquemart, vice-président. M. le Directeur du Jardin d'acclimatation a lu, au nom du Jury des récompenses, un rapport sur l'Exposition dont nous extrayons ce qui suit : Le Jardin d'acclimatation né, comme vous le savez, de la Société impériale d'acclimatation de Paris, a fait ses efibrts pour contribuer au développement du goût des animaux. Or, les Oiseaux en général sont partout répandus , le nombre des éleveurs et des amateurs est considérable, et les expositions passées nous ont permis d'apprécier combien la cause que nous servons proiitait de ces concours, dans lesquels des vola- tiles de toutes sortes étaient mis sous les yeux du public. Une exposition permet de récompenser et de faire voir à tous les efforts des éleveurs ; elle procure en outre, à ceux qui ont fourni les lots primés, une juste renommée ; elle met aussi en rapport des éleveurs qui ne se connaissaient pas ; par ces différentes raisons, elle contribue puissamment au progrès. L'exposition qui vient de se terminer a, sous quelques rap- ports, répondu à ce que nous en attendions; elle a même dépassé, en ce qui concerne les races de La Flèche, de Crève- cœur et de Houdan, ce que nous en espérions ; mais, en re- vanche, nous avons constaté de nombreuses défaillances. Les /|8() SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. races diverses françaises étaient peu représentées ; les lots de Palmipèdes, les Canards, et plus encore les Oies, étaient trop peu nombreux; enfin, les Oiseaux de volière nous ont fait défaut. La race de La Flèche a été remarquable par son homogéT néité ; le Jury a eu quelque peine à choisir les lots à primer ; c'est, en effet, un des privilèges de la race de La Flèche que cette uniformité de type. Le nombre des lots exposés dans cette race était de vingt-sept, qui étaient la plupart très-satis- faisants. Les volailles de Grèvecœur exposées étaient plus nombreuses que celles de La Flèche et aussi de bonne qua- lité. Trente et un lots de cette race figuraient à l'exposition. Pourquoi ne pouvons-nous pas dire de la race" de Iloudan comme de celle de La Flèche, qu'elle est remarquable par l'uniformité de son type? Les dilférences qui s'observent dans la forme de la crête, dans la nuance du plumage, dans le port de la tète; enfin, l'absence ou la présence de favoris et de barbe sont autant de points qui doivent tixer l'attention des éleveurs, afin d'arriver h uniformiser cette race, si excellente et si universellement recherchée. Jamais, je crois, à aucune exposition, la race de Houdan n'avait été aussi bien représentée qu'elle l'a été cette année : trente-six lots figuraient, et un grand nombre d'entrg eux étaient remarquables. Le lot qui a remporté le prix d'hon- neur renfermait des Poules qui, de l'avis de tous, Jury, expo- sants, public, ont été considérées comme de bons caractères en même temps que d'un volume tout à fait extraordinaire. Je vous rappellerai les lots de Bressans qui ont été mis sous vos yeux; ils n'ont pas dissipé nos doutes sur la réahté de l'existence d'une race bressane, quoique les animaux expo- sés fussent entre eux assez ressemblants. Continuons à admirer le talent des engraisseurs bressans, et ne cherchons pas à répandre leurs volailles qui, n'ayant aucun type parti cuber, pourraient bien donner à leurs déten- teurs de fâcheux mécomptes. ■ ' Nous avons à recommander aux éleveurs les Houdans, et, suivant les pays, les Grèvecœurs et les La Flèches. . EXPOSITION DE VOLATILES. /i87 Les volailles de Barbézieux, de Caiissade et de Gascogne sont aussi des types bons à répandre ; elles étaient peu repré- sentées- à l'exposition ; un lot seulement de chacune de ces races y figurait. On a cependant pensé qu'il fallait les récom- penser. Espérons qu'il se présentera, à une prochaine expo- sition, assez de concurrents pour qu'un véritable concours puisse être établi. Je ne veux pas abandonner les races françaises sans men- tionner les Poules courtes-pattes et les Poules du Mans, qui sont toujours l'objet d'une faveur soutenue dans le public, et qui étaient représentées à l'exposition par quelques lots satis- faisants. .[.. ; - . • Les races étrangères ne comptaient pas de nombreux re- présentants à l'exposition. Nous avions huit lots de Dorkings, trois d'Andalous, dix de Hambourgs argentés et doi'és, sept de Gampinois argentés et dorés, etc. Ces lots étaient de bonne qualité ; mais nous ne saurions nous étendre à leur sujet. Nous devons cependant mentionner que les lots de Gampinois exposés et venus d'Angleterre sont de beaucoup supérieurs à ceux que nous pouvons nous procurer en Hollande, le pays d'origine de cette bonne race. Cette variété, si recommandable comme pondeuse, est devenue, dans les mains des Anglais, un oiseau d'ornement. L'exposition des races asiatiques (Brahmas et Gochinchinois) , était satisfaisante quoique peu nombreuse. Elle occupait qua- rante cases. Nous avons remarqué avec élonnement le petit nombre de lots de Gochinchinois noirs, blancs et coucous. Il semble qu'après avoir obtenu, au prix de tant d'eflbrts, ces variétés de couleurs, les éleveurs retournent aujourd'hui au type primitif, le type fauve. Les animaux de cette catégorie, envoyés par les exposants anglais, ne nous ont pas satisfaits; il est vrai que le goût français dilfère, au sujet de ces vo- lailles, du goût anglais. Nos voisins d'outre-Manche n'exigent pas que les animaux de ces races aient les membres garnis de ces longues phmies qui forment la culotte, et l'absence de ces ornements, aux yeux des amateurs français, constitue une vé- ritable infériorité. hSS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOf.IOUE d'âCCLIMATATION. Je saisis, en passant, l'occasion de répéter que les Poules dites de Cochinchine sont originaires de la Chine et non pas de l'empire d'Annam. Nous avons essayé, il y a quelques années, de débaptiser ces volailles et de les désigner par le nom de leur pays, la province de Nankin; mais reconnaissons que nous avons échoué. Nous-mème, nous n'avons pu nous faire à ce baptême attardé ; le nouveau nom nous mettait par- fois dans de véritables embarras, car personne ne semblait se douter, quand nous parlions des volailles de Nankin, que nous voulussions désigner les Cochinchinoises. Le nom erroné sera donc conservé, comme l'a été celui du Canard de Barbarie, qui s'applique à un animal de l'Amérique du Sud. Les volailles de luxe, les Padoues, n'ont pas été abondam- ment représentées, mais la qualité a suppléé à la quantité. Il est vrai que M. Durand (de Bléré) exposait, c'est tout dire en un mot. Signalons seulement les Padoues dorés si remarqua- bles et la jolie race de Padoue herminée, que l'éleveur de Bléré a fabriquée il y a quelques années, à la grande satisfac- tion des amateurs. Parmi les races naines, il est une exposition qui mérite une mention toute particulière, c'est celle des Bentams argentés. Les lots exposés par M. Bruzeau pèchent par la taille et la ré- gularité du plumage, sans doute, mais ils sont argentés. De- puis bien des années, aucune exposition n'avait fait voir des Bentams aussi réussis pour la couleur. Pour la forme, nous avons vu, dans les Bentams dorés, quelques lots tout à fait satisfaisants, mais de taille un peu trop grande. Les Dindons, quoique peu nombreux, ont été remarqua- bles; les deux lots de Dindons sauvages ont particulièrement attiré l'attention, ils la méritaient. Je ne vous parlerais pas des Pintades, si je ne voulais faire mention des Pintades violettes, race domestique apparue de- puis peu, et dont le plumage est tout à fait remarquable; dans cette variété, en effet, les yeux des plumes ont disparu, et l'oiseau est d'un ton uniformément violacé. Parmi les Faisans exposés, je mentionnerai seulement les EXPOSITION DE VOLATILES. /|89 versicolores du Japon, do M. Leballeux. Ce beau Faisan, au- jourd'hui conquis à la France, vient de figurer pour la pre- mière fois à une exposition; bientôt il sera mis en vente chez les marchands de gibier, car le Faisan versicolore est un oiseau dès maintenant acclimaté. L'exposition de Pigeons comprenait un grand nombre de lots (soixante-seize). Nous aurions voulu voir prendre part au concours plus d'amateurs; espérons qu'une autre fois les propriétaires de Pigeons viendront se disputer nos médailles et que nous n'aurons pas à exprimer le même regret que cette année. Les Couveuses artificielles qui ont été soumises au Jury ont paru réaliser de véritables progrès sur celles précédemment exposées. M. J. Deschamps a perfectionné heureusement la Cou- veuse de M. Dubus (de Rouen), et les éleveurs pourront main- tenant, grâce à cette invention, avoir à leur disposition une Couveuse simple, commode, donnant de bons résultats et de- mandant peu de soins. La Couveuse de M. Carbonnier, avec ses récents perfec- tionnements, a été expérimentée sous les yeux d'une Commis- sion nommée parle Jury. Elle a donné une température d'une régularité tout à fait satisfaisante. Cette Couveuse a semblé la meilleure de celles dans lesquelles la chaleur est entretenue par une lampe. L'exposition qui vient de se terminer, messieurs, malgré les lacunes que je vous ai signalées, a été satisfaisante ; elle prouve de notables progrès dans l'élevage des races véritable- ment utiles. Les représentants des races de table françaises sont supérieurs à ceux qui avaient été présentés dans nos précédentes expositions. Félicitons-nous donc de la nouvelle tentative que nous avons faite, et qu'il me soit permis, au nom des éleveurs et de la Société du Jardin d'acclimatation, de remercier l'administration supérieure, qui a bien voulu nous aider dans cette entreprise. S. Exe. M. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics nous a re- mis des médailles d'or et d'argent qui vont être décernées aux lauréats de ce concours. /|90 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLIMATÂTION. Remercions aussi la Société impériale d'acclimatation, qui a pris à sa charge, avec sa libéralité habituelle, une part no- table des frais, relativement si considérables, de cette expo- sition. ....;... - Pour vous, messieurs les exposants, nous voulons penser que vous emporterez un bon souvenir de l'hospitalité que vous avez reçue ici ; nous avons fait nos etlbrls pour vous satisfaire; j'espère qu'une autre fois vous vous rendrez encore à notre appel. Extrait du journal the FielJ, thc country gentleman's Newspaper, du 25 avril 1868. ' EXPOSITION DE VOLAILLES AU JARDIN d'acclimatation DE PARIS. L'exposition de volailles au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, que nous avons annoncée dans le Fieid du 28 mars, a été ouverte le dimanche 19 avril et sera close le dimanche 26. Un long hangar couvert avait été élevé tempo- rairement dans la grande allée centrale du Jardin, et les oiseaux étaient disposés sur deux rangées, dos à dos, avec un large passage entre deux, pour les soins à donner aux ani- maux. Les cages contenant les lots étaient d'environ trois pieds carrés, et formaient trois étages au-dessus les uns des autres. Le devant de chaque cage était grillagé, et elles étaient toutes numérotées devant et derrière. Les portes étaient gar- nies de cadenas, afin que les oiseaux, si on le désirait, pus- sent rester à la charge de chacun des exposants. Les La Flèches étaient les premiers sur la liste, prenant les caoes, du n" 1" au n" 27. Les principaux exposants étaient M. Simier et M. Bocquet. Le plus grand nombre des spéci- mens étaient de grande taille et de très-bonne qualité. Quoi- qu'on puisse dire de la prétendue délicatesse de cette race dans notre contrée, les éleveurs français savent évidemment comment élever de magnifiques spécimens de cet incompa- rable oiseau de table. Les Français font évidemment moins EXPOSITION DE VOLATILES. '. :'• : /jOl attention que les Ani^lais à la blancheur du lobe de l'oreille ; cependant les Coqs, assez bons pour lutter dans une exposi- tion anglaise, étaient nombreux. Il y avait un lot de La Flèches blancs ; mais les oiseaux qui le composaient étaient très-infé- rieurs à ceux de la race noire. Les Crèvecœurs occupaient trente cages. M. Simier avait exposé de splendides oiseaux. Le lot 5-2 était aussi beau qu'aucun de ceux de cette race que nous avons vus depuis longtemps; le Coq était magnifique. Les oiseaux de M. Boc- quet étaient aussi fort beaux, mais leur huppe avait des plu- mes trop blanches pour être appréciée en Angleterre. Un lot de Crèvecœurs bleus, exposé par M. Simier, n'était pas à com- parer à la variété noire. Les Houdans comptaient trente-quatre lots, presque tous très-bons. Le it 86, exposé par M. Perré, contenait un vieux Coq, très-grand et bien encrêté, avec trois Poules magnili- ques. MM. Perret, Debray et Durand avaient aussi exposé d'admirables spécimens de cet excellent oiseau de table. Comme exhibition d'oiseaux, quelques personnes trouvaient leurs plumes plus rouges qu'on ne l'eût voulu de notre côté du canal. II y avait deux lots de Poules du Mans. Ils différaient beau- coup en grosseur. Les plus gros étaient semblables à nos blancs de Hambourg ; les moindres étaient de grosseur mo- dérée, avec un plumage noir, des pattes bleues et des crêtes d'un caractère indécis. Un lot de Barbézieux ressemblait à nos Minorcas. Les Gascons seraient considérés en Angleterre comme des Espagnols petits, inférieurs, avec une crête élevée. Un bon lot de Courtes-pattes était exposé par M. Izard. Les autres lots variaient beaucoup en crêtes et en caractères généraux. Dans les Poules de Bresse, nous n'avons rien vu qu'une crête ordinaire aux oiseaux de basse-cour, de petits os et peu de grosseur. Le dernier des oiseaux français était une singulière mon- struosité, un Chapon cornu, avec une espèce d'éperon s'en- Il92 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'ACCLIMÂTATION. laçanl comme une vis el croissant sur sa tête. L'idée n'est pas neuve ; deux bipèdes emplumés ou non emplumés ont déjà été encornés. Le célèbre John Hunter a fait pousser des cornes sur la tête des Coqs, et des races sans plumes ont été couronnées par diflérents opérateurs, avant et depuis que Shakespeare a dit : ; Take Uiou no scorn wear Uie lioin It was a crest ère thou wast born. Passant aux races étrangères, nous trouvons d'abord les Dorkings, collection très-médiocre, dont les meilleurs sont ceux de MM. Ledger et Baily. Les Espagnols ou Andalous étaient mauvais. Les trois lots de Hambourgs pailletés d'or, exposés par MM. Bocquet, Baily et Pickles étaient les seuls beaux spécimens de cette race; mais le meilleur lot des Ham- bourgs pailletés était celui des argentés de M. lîeldon, n° 25(3, lot vraiment beau, méritant une distinction particuhère. Les oiseaux de M. Bocquet, n" 259, étaient aussi fort bons. Les Hambiirghs pencilled, ou Campines du catalogue, étaient beaux. Le lot de dorés de M. Beldon était tout à fait remar- quable par la fraîcheur de son plumage. Les Brédas étaient semblables à ceux qu'en Angleterre nous nommons Gueldres. Sous le titre de Coqs et Poules de combat, quelques lots de grossiers et laids oiseaux de race mi-malaise étaient exposés ; ils étaient sans style et tous de même couleur. Nous aurions désiré voir exhiber là un vrai Coq de combat, comme ceux des combats de coqs en Angleterre. ' Venaient ensuite les races asiatiques. Les Chinoises étaient vraiment mauvaises; pas un lot n'aurait mérité d'être primé dans une exposition anglaise. Le lotdeChamoisesdeM. J. Baily était le meilleur; il contenait un Coq à ailes poussiéreuses et des Poules mal colorées et à crêtes tordues. Les Brahmas étaient encore inférieures aux Chinoises. M. Baily était le seul exposant anglais (pour ces races). Les races de luxe étaient toutes Polishs ou Padoues. Les noires à crête blanche n'étaient pas comparables à notre race EXPOSITION DE VOLATILES. /i93 anglaise. Un seul bon lot d'ardoisées ou bleues (HaiL exposé par M. Bocquet. Les Padoues herminées de M. Durand étaient très-jolies ; elles étaient blanches, avec de larges taches, mais pas de raies jusqu'au bout de la queue. Les Chamoises étaient bonnes ; les argentées de M. Beldon étaient les mieux marquées. Les Bentams ou Coqs nains comptaient cinquante lots. Ils n'étaient pas bons. Le seul lot d'argentés envoyé d'An- gleterre égalait les Brahmas du même exposant. M. Bruzeau exposait deux lots d'argentés inestimables pour un éleveur anglais, non à raison de la correction de leurs maillures, mais à cause de l'absolue blancheur du fond de leur plumage. Sous le titre de Javas noirs, quelques Bentams noirs très-ordi- naires étaient exposés ; quelques-uns des lots contenaient des Poules d'autres couleurs. Dans la race des Bentams nains de combat, le meilleur lot était celui de M. Ledger; ils étaient noir rouge, et, si le Coq avait été bien armé, il aurait fait un excellent oiseau de combat. Le lot de M. Baily con- tenait un très-mauvais Coq brun rouge, avec des Poules noir rouge. Les Nangasakis ou Bentams japonais étaient très-bons ; les exposants étaient MM. BoUot, Bruzeau et Izart. Le seul lot de Soie différait beaucoup de notre race de Sil- kies, ayant la peau blanche et la crête rouge. Les Dindons étaient de moyenne qualité et de moyenne grosseur. Les Pintades étaient toutes exposées par M. Bocquet. Elles formaient un groupe intéressant; quelques-unes étaient vio- lettes, sans taches, mais avec une teinte violette décidée sur la partie inférieure du cou; d'autres, cendrées, étaient d'un bleu pâle, et les blanches avaient des taches blanches opaques sur le blanc de leur plumage. Les Faisans étaient une bonne collection. Bs étaient de dif- férentes espèces, mais montr(3S dans une admirable condi- tion. Un lot de Versicolores exposé par M. Lebalteux (du Mans) était, à notre avis, le plus beau ileuron de la col- lection. h9ll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Les Pigeons comptaient environ soixante-dix lots. Les Runts (Pigeons romains) étaient très-nombreux et bons. Ces Pigeons, à raison de leur grosseur, sont appréciés par nos voisins pour les pâtés. Les races de fantaisie n'étaient pas ex- posées avec l'exactitude de désignation nécessaire })our le succès dans une exposition anglaise. Une paire de Hongrois était joliment marquée; le ventre et la queue étaient rouges; les ailes blanches ; autour de la partie supérieure du cou était un large cercle blanc, et le front avait comme une cou- ronne rouge. Des Pigeons envoyés d'Angleterre, pas un n'était digne d'être primé. Les Oies étaient de différentes espèces, telles (|ue Géré- opses, d'Egypte, du Canada, Bernaches, etc. Toutes étaient bonnes ; mais les variétés communes n'égalaient pas les races anglaises. Il y avait un ou deux lots de Canards de Rouen, un lot de Sabreurs, qui étaient bigarrés, avec de larges huppes. Les Po- lonais étaient de petits Canards blancs. M. Bocquet exposait un bon lot d'Aylesl)urys. Les Labradors étaient bons de cou- leur, mais gros ; il y avait un bon lot de Mandarins et un autre de Carolins. ' • L'exposition se terminait par environ trente-cinq lots de Lapins, la plupart de couleur ordinaire et de bonne grosseur. 11 n'y avait pas de Léporides. Nous ne pouvons terminer notre compte rendu de cette exposition sans féliciter l'administration de son grand succès. La collection de Poules françaises était la meilleure que nous eussions encore vue, et nous regrettons que les éleveurs an- glais n'aient pas envoyé un plus grand nombre des meilleurs spécimens de nos oiseaux favoris. A M. le Directeur et aux employés du Jardin, nous devons nos plus cordiaux remerci- ments pour leur obligeante courtoisie envers nous. Nous avons tenu à mettre sous les yeux des lecteurs du ^î///e//« l'article qui précède. 11 est dû à la plume de M. Teget- meier, un des gallliiocuUeurs les plus estimés de l'Angleterre i EXPOSITION DE VOLATILES. /i<)5 et auteur de livres sur les Oiseaux de basse-cour dont le mérite est universellement reconnu. [Rédaction.) RACES FRANÇAISES. , Coqs et Poules. PRIX D'HONNEUR. Médailles (ror, olfertes par S. Exe. M. le ministre iV^ ragriciilliue, du commerce cl des travaux publics. 1" Grand-Prix. M. Perré, 13, rue de TEnclos, à Houdan. Lot n" 8G. Ilouilan. S"-" — M. Ch. SiMiER, à la Suze (Sartlie). ... — n'^ 55. ficTccœur Coqs et Poules de La Flèche. l«i' Prix, !\1. A. IzART, 17, rue de la Pelouse, au Mans. Lot n° 18. 2" — M"^ AiLLEROT, rue Sainl-Jacques, à La Flèche. — n" 25. Z" — M. Ch. BOCQUET, route d'Ivry, à Paris. ... — n" 8. /!l'= — AL Ch. SiMiER, dt'jà nommé — n° lo. 5'^ — M. Ch. SiMiER, déjà nommé. . — iio j^g_ 6*^ — M. Ch. BOGQUET, déjà nommé • . . — n" 6. ' 1" — M. Hubert de la Rochefoucauld, à Rochelbrt, parSaint-Arnould — n" 20. gc _ j\|me AiLLEROT, déjà Douimée — n'^ 2k. Coqs et Poules de Grèvecœur. 1" Prix. (Prix d'honneur). M. Ch. SmiER, déjà nommé. Lot n'' 55. 2" — M. Ch. BocQUET, déjà nommé — n" ZiO. Z" — -M. Ch. SiMiER, déjà nommé — n" 52. k'' — M. Ch. BoCQUET, déjà nommé — n" 38. 5"^ — M. Ch. SiMiER, déjà nommé — n° 53. 6<= — M. Ch. SiMiER, déjà nommé — n° 5^. 7« — M. J.-J. LAFOiv,à Sainte-SouUe, par la Jarrie. — n° 37. 8*^ — AI. René Jacouemart, à Quessy, paf Lafère . — n" 35.' Coqs et Poules de Houdan. 1" Prix. (Prix d'honneur). AI. Perré, 13, rue de l'En- clos, à Houdan — n*' 86. 2*= — M. Perré, déjà nommé — n" 8û. 3" — Al. René Jacquemart, déjà nommé — n" 75. Zl" — AI. Germain Debray, 38, rue de Bourgogne . — n" 77. 5" — AI. Perre, déjà nommé — n" 85. 6*= — AI. P. Perret, 2/i, boulevard du Château, à Neuilly — n° 91. Il96 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. 1" ['ri.v. M. Ch. Bocquet, déjà nomiiK- — n" 69. 8'' — M. Breschet, h, passage Touruus, l'avis. . . — n° 70. 9" — M. Ch. SiMiER, déjà nommé — n'^ 87. COOS ET POULES FRANÇAIS, DIVERS. Race de Bresse. 2<= Prix. M. Ch. Bocqlet, déjà nommé Lot n" '285. 3e _ ]\,]. iiuiNET DU Taillv, 16, ruc Singer, l'aiis. — n'' 289. Race du Mans. 2^ Prix. M. Cil. SiMlER, déjà nommé Lot n" 297. Race Courtes-Pattes. 2« Prix. M. Cil. SiMlER, déjà nommé Lot n" 294. 3' Prix. M. A. Izard, déjà nommé — n'^ 292. Race de Gournay. 2'= Prix. M^'^ Anna Paillard, château d'Immevillc (Somme) Lot n" 290. Race de Caussade. 2'' Prix. M. Edgar Roger, château de Nandy, par Cesson. Lot n° 300. Race Gasconne. 2"^ Prix. M. Labol'ILHE, 29, boulevard Saint-Aubin, Toulouse Lot n" 99. Race de Barbézieux. 2"= Prix. M. Fayet aîné, à Saint-Médard de Barbézieux. Lot n" 100. RACES ÉTRANGÈRES. Coqs et Poules de Dorking. 1" Prix. M. John Baily, 113, Mount street, Giosvenor square, Londres Lot n" 280. 3« — Idem — "" 278. Coqs et Poules andalous. !"• Prix. M. Ch. Bocquet, déjà nommé Lot n" 271. Coqs et Poules de Hambourg dorés. 1" Prix. IM. John Bailv, déjà nommé Lot n" 25Z|. 3f .^ ]v]. H. PikLES, Haylicldhouse, Earby, Skiptou. Yorkshire, Angleterre — n" 255. Coqs et Poules de Hambovirg argentés. 1" Prix. M. BeldOi>. C.oisiock house, near Bingley, Yorkshire, Angleterre Lot n« 256. ^ EXPOSITION DE VOLATILES. A97 3« frix. IM. Cil. BOCQUET, déjà nommé Lot n" 259. Coqs et Poules de Gampine argentés. 2° Prix. M. H. Pikles, déjà nommé Lot n" 263. 3*^ — M. Ch. BocQUET, déjà nommé — n'^ 265. Coqs et Poules de Gampine dorés. 1" Prix. M. Beldon, déjà nommé Lot n" 267. 3<= — M. Jolin Baily, déjà nommé — n" 269. Coqs et Poules de Bréda. 3<= Prix. M. Cil. BocQUET, déjà nommé Lof n° J22. Goqs et Poules de Bruges. 1" Prix. M. Félix Durand, à Bléré (Indre-et-Loire). . . Lot n" 125. RACES ASIATIQUES. Goqs et Poules de Brahma-Pootra. 1" Prix. M. Ch. Bocqlet, déjà nommé Lot n" 166. 3'^ — M. Flers, 3, rue Nicolo, à Paris — n^ 161. Goqs et Poules cochinchinois fauves. 1" Prix. M. Ch. Bocquet, déjà nommé Lot n" 155 Seconds 1"' Prix i M. Ch. Bocquet, déjà nommé. . . — n° 158. ex œqtio { M. Flers, déjà nommé — n'' 150. 2^ Prix. M. P. Perret, déjà nommé — n" 1^2. Goqs et Poules cochinchinois noirs. l^"^ Prix. M. Flers, déjà nommé Lot n" 135. Goqs et Poules cochinchinois coucous. 1" Prix. M. Ch. Bocquet, déjà nommé Lot n" 133, Goqs et Poules cochinchinois blancs. 1" Prix. M. Bruzeau, IZi, ruedes Maionniers, Paris. . Lot n" 136. RACES DE LUXE. Prix d'honneur. Médaille d'or. M. Félix Durand, de Bléré (Indre-et-Loire) Lot n' iiOO. Goqs et Poules de Padoue dorés. i" prix (Prix d'honneur). M. Félix Durand, déjà nommé. Lot n' ZiOO. 2« — Idem. — n" 299. Goqs et Poules de Padoue argentés. 2<= Prix. M. Beldon, déjà nommé Lot n" 393. 2^ SÉHIE, T. V. — Juillet 1868. 32 ii98 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Coqs et Poules de Padoue chamois. l"^"" Prix. M. Félix Durand, déjà nommé Lot n*^ 387. Coqs et Poules de Padoue hermines. S'^ Prix. 1\I. Félix Durand, déjà nommé Lot n^ 385. Coqs et Poules de Padoue hollandais. 5" Prix. M. P. PERr.ET, déjà nommé Lot n« 381. RACES NAINES. Coqs et Poules de Bentam dorés. M. John Baily, déjà nommé. . . Loi n" '20/i. 3° Prix ex œquo. , ,, , ,.., , „ „„ . ^ ( M. IzART, deja nomme — n'' 201 Coqs et Poules de Bentam argentés et citronnés. 1" Prix. M. Bruzeau, déjà nommé Lot n° 215. 2'^ — M. Gauvain, 28, rue de Madame, Paris-Cha- ronne — n° 209, Coqs et Poules nains de combat. 1" Prix. M. Ledger, Folkestone, Angleterre Lot n" 233. ( M. ËOCQUET, déjà nommé .... — n" 239, 3^' Prix ex œquo. i . ., i-- ■ ,. o.>r ^ ( L. BOCQUET, deja nomme. ... — n*^ 236. Coqs et Poules de Nangasaki. 2*^ Prix. M. Bruzeau, déjà nomnK- Lot n " 2Z|9. DINDONS, Dindons sauvages. I" Prix. M. Bruzeau, déjà nommé Lot n" 108. '1" — iM. Fery d'Esclands, 21, rue de iMarignan, Paris — n" 112. Dindons domestiques. 1" Prix. M. Carré, à Mclun (Seine-et-AIarne) Lot n» lOZt. 2'' — M. Labouilhe, déjà nommé . . — n° 11/|. 3c — \imc ^jim, Paillard, déjà nommée — n° 112. PINTADES. 3'^ Prix. M. Bocquet , Lot n' 116. FAISANS. l" PriK. M. Lebatteux, au Mans (Sarthe). — Faisans versicolorcs Lot n" 19Zi. 0'' — M. Bocquet (Faisans leucomèles) — n° 1 96. EXPOSITION DE VOLATILES. " /jOO M. Lebatteux, déjà nommé. (Faisans méla- notes.) Lotn« 197. OUTARDES. 3« Prix. M. IzART, déjà nommé (Outardes canepéiières). Lot u'^ 172. COLINS. > Prix. M. BOCQUET, déjà nommé (CoUnsplumit'ères). Lot nM80. COLOMBES. 3« Prix. M. IZART, déjà nommé (Colombes Longhups). Lot n'^ 176. PIGEONS. Pigeons domestiques. PRIX d'honneur. Médaille d'or, oft'crtc par S. Exe. M le ministre de ragriculture, du com- merce et des travaux publics. M. BocQUET, 1, boulevard d'Ivi^ (Pigeons tomblaires). Lot n*^ oZiZi. Pigeons romains. l^"" Prix. M. Bruzeau, déjà nommé Lot n'^ 375. iM. Breschet, /i, passage Tournus, * Paris _ n"^ 366 et 369. XI. Pekret, déjà nommé. .... — n" 357. M. RoYET, 7, rue d'Aguesseau, Pai'is — n°^ 359 et 360. 3'' — M. RoYET, déjà nonnné — no 3(30. Mention honorable. M. Breschet, déjà nommé .... — n" 370. Pigeons de volière. 1" Prix. (Prix d'honneur.) M. Bocquet, déjà nommé. ' (Pigeons tomblaires.) — n" ^/j/,. 2"= — M. John Baily, déjà nommé (Cravatés tuni- siens.) _ U032/,. iM. John Baily, déjà nommé. (Heurtés contraires) — n'^ 328. M. P. Perret, déjànommé(Lunes). — n" 3Zi2. M. Royet, déjà nommé (Polonais noirs) — n" 30/i. W — M. Royet, déjà nommé (Polonais chamois). . — n" 303. M. Ch» Bocquet (Frisés) — n" 3/i6. Mention honorable ] M. P. Perret, déjà nommé (Bon vreuils) ............ — n« 3Zi3. 500 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Pigeons de Montauban. 3^ Prix. M. A. Izard, déjà nommé Lot n" 351. Mention honorable, M. Ch. Simikk, déjà nonnné. ... — n' 352. OIES. Mention honorable. M. Labouilhe, déjà nommé ( Oies de Toulouse) Lot n" /i52. ['ALMIPÈDES DIVERS. 2*= Prix. M. Ch. Bocquet, déjà nommé. (Géréopses et autres Palmipèdes) Loi n° Z|57. CAINARDS. Canards de Rouen. 1" Prix. M. Ch. Bocquet, déjà nommé Lot n" /|71. / M. John Baily, déjà nommé. . . — n'^ /i6Zi. S*' Prix ex œquo. .'M. Hulbert, Pexoth Brook, Cirm- f cester, (lloccstcrshire England . — n" /i69. 3*= Prix. M. Ch. Sihier, déjà nommt' — n" Zi65. Canards labradors. 1'^'' Prix. M. Ch. Bocquet, déjà nommé Lot n" /i95. 2<' — M. Félix Durand, déjà nommé — n*^ /i93. 3<= — M. Ch. Bocquet, déjà nommé — n" 697. Canards de luxe. 3° Prix. M. Ch. Bocquet, déjà nommé (Canards man- darins et carolins) Lolsn"^/i99 cl 500. Oiseaux divers. 3'^ Prix. M. Breschet, déjà nommé. (Perroquets).. . . Lot n" 50.'i. COUVEUSES ARTIFICIELLES. Médaille de vermeil à M. Deschamps, rue des Demoiselles, Paris. Médaille d'argent à M. Carbonnier, quai do PÉcolo, Paris. Mention honorable à M. Bir, rue du Château, IZi, INeuilly. NIDS ARTIFICIELS. Médaille d'argent à M. Cretté de Palluel, rue de Luxembourg, /jl. Idem. à M. Millet, rue de Luxembourg, 6. LAPINS. 1'"'* Prix. M. Breschet, déjà nommé (Lapins béliers). . Lot n" ZiOl •■! In strie 2'' — M. Ch. Bocquet, déjà nommé (Idem.) . . — n" liOS. 3" — M. Bruzeau, déjà nommé. (Idem.) . . — n" tiiO. 3c — M. Durand, déjà nommé (Lapins angoras).. . — n'M25 el la série. 3" — M. Bruzeau, déjà nommé (Lapins russes). . . — n" /i2o. 2c — M. P. Perret, déjà nommé (Lapins argentés).. — n" Zi27. REPRODUCTIONS DE CÉRÉOPSES (Cereopsis Novœ Hollandiœ). LETTRE DE M. Edgau ROGER A M. A. Geoffroy Saint-Hii.aire. Vous avez souvent partagé mes émotions d'amateur et mes déceptions d'éleveur; il est juste que vous partagiez mon contentement. Mes Géréopses m'ont donné trois jeunes bien portants Vous devez vous rappeler que, dans l'automne de 1866, j'ai acquis du Jardin d'Acclimatation un couple de Géréopses qui étaient nés dans l'établissement au mois de janvier précé- dent. Dès leur arrivée chez moi, ces beaux oiseaux ont été lâchés dans le parc, qui est, vous le savez, composé de prai- ries, de bois, de terres en culture, et où se trouve un étang assez considérable. Depuis ce jour, mes Géréopses n'ont pas été abrités une seule fois ; ils ont cherché eux-mêmes à se défendre contre les intempéries, sans qu'on les ail aidés jamais. Ils ne m'ont rien coûté de nourriture. Bien qu'ils pénètrent de temps à autre dans la basse-cour, ils dédaignent presque toujours la nour- riture donnée aux volailles, se contentant, sinon de l'air du temps, au moins de l'iierbe des pelouses et de ce qu'ils peu- vent trouver. Ils sont d'un caractère hardi, vous le savez, et se font res- pecter de tous les animaux ; le mâle a une impétuosité, dans sa défense, qui met en déroute tous ses ennemis. Ghevaux, béliers, chiens, sont mis en fuite par mon Géréopse, il est habitué à rester maître du terrain. Les poules trouvent grâce devant lui ; il ne les tourmente pas, mais en revanche il ma- nifeste pour les canards une haine véritable, si bien que ma basse-cour n'étant pas fermée, j'ai dû renoncer à l'élevage des Canards de Rouen, que je poursuivais avec succès, vous vous en souvenez. J'ai eu de grandes espérances de reproduction en décembre 1860 et en janvier 1867. Tout ce qui peut préparer la ponte, 502 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMÂTÂTION. mes Céréopses l'ont fait. Chansons, saluts, courbettes, danses, et ce qui précède ces politesses des époux, je l'ai entendu, je l'ai vu. Un nid a été construit, mais il est resté vide. Passons sur ces déceptions, .le commençais à les craindre pour cette saison. Mais, dans les premiers jours de décembre, la femelle pondit. Elle se mit à couver quand elle eut quatre œufs. Le nid, grossièrement fait, était placé auprès d'une meule, à l'abri du vent froid, dans l'enceinte de la basse-cour; la femelle n'était nullement cachée ; mais elle n'avait que faire de cher- cher à se rendre invisible ; le mfde faisait sentinelle à quelque pas du nid, et malheur à qui osait approcher. Je supportai plus impatiemment que personne les froids rigoureux que nous avons subis. Je pensais sans cesse à la malheureuse Céréopse ; je voyais déjà perdu l'espoir de la couvée, ne pouvant croire que l'incubation ne serait pas trou- blée par cette température de 15 à 10 degrés au-dessous de zéro. Heureusement rien n'y a fait! Malgré la neige, malgré le givre, qui couvraient chaque matin la pauvre couveuse, l'amour maternel et le bon duvet de l'oiseau ont triomphé de tous les obstacles; le 28 janvier, deux jeunes Céréopses vinrent à éclosion, et le 29 naquit le troisième. Le quatrième œuf était clair. Depuis lors, parents et enfants ont quitté la basse-cour et errent dans le parc, couchant au bois, et se nourrissant de ce qu'ils trouvent. Le père et la mère se placent l'un à droite, l'autre à gauche de leur progéniture, ils cheminent ainsi sans rien craindre. Mon chien d'arrêt a voulu, l'autre jour, faire la connaissance de mes jeunes élèves ; je vous assure qu'il ne s'y frottera plus; il court encore de la poussée reçue du Céréopse mfde qui a joué sur lui à la fois des ailes, du bec et des griffes, nnguibus et ros,tro. Si, dans ces conditions d'élevage, les jeunes Céréopses vien- nent à bien, je demande pour l'espèce des lettres de grande naturalisation; ne pensez-vous pas, mon cher ami, que ce sera justice? ' p s. — J'oubliais de vous dire que l'incubation a duré ■ « REPRODUCTION DE GÉRÉOPSES. 503 trente-trois à trente-quatre jours, et que la femelle se levait tous les jours une fois pour aller brouter quelques brins d'herbe. Mais, en quittant ses œufs, elle avait soin de les recouvrir de brins de paille et de duvet. Pendant son absence, qui était d'ailleurs toujours de courte durée, le mâle ne la remplaçait pas sur le nid, mais il restait en sentinelle vigi- lante auprès des œufs, ses espérances de paternité. Monsieur le Président, Dans la lettre qui précède, M. Edgar Roger raconte la nais- sance des jeunes Géréopses de la Nouvelle-Hollande qu'il a obtenus ; je vous demande la permission de mettre à ce propos sous les yeux de la Société le relevé des faits de reproduction de cette belle espèce d'oie Australienne qui sont à ma con- naissance. ' . Le premier Céréopse français naquit chez notre confrère M. Pomme, à sa terre d'Ollainville en I86/1. L'année suivante, le Jardin d'acclimatation en obtenait plu- sieurs, et depuis, tous les ans, cette intéressante multiplication ne nous a pas fait défaut. L'an dernier, M. Boutarel a obtenu des jeunes, issus d'oiseaux nés au Jardin d'acclimatation. Enfin, cette année, nos confrères M. le comte d'Eprémesnil et M. J. Cornely ont vu leurs couvées de Géréopses réussir. Je me joins à M. Edgar Roger pour demander que le Géréopse soit déclaré un oiseau français. La beauté de son plumage fait de cet hôte nouveau une heureuse acquisition pour nos parcs. J'ajouterai que la méchanceté du mâle Géréopse, sur laquelle insiste M.Roger, est grande sans doute, mais elle ne dure pas toute l'année.Au moment des amours seulement, cet oiseau est intraitable. L'est-il plus que le mâle de notre oie commune? Je ne le pense pas. D'ailleurs il n'est pas douteux que, par suite delà domesticité, les mœurs de cette espèce s'adouciront après quelques générations. Veuillez agréer, Monsieur le Président, etc. A. Geoffroy Saint-Hilaire. PRODUITS COMPARÉS DES TAILLIS ET DES FUTAIES, Par M. \. FLEURY, Ancien élève de l'Ecole forestière et ageni forestier, Filateur à Gravelle St-Maurice (Seine). Dans le Bulletin de notre Société (numéro de juin 1867), il a été inséré, sur les produits comparés des taillis et des futaies, un travail de M. le comte de Saint-Aignan dont les conclusions me paraissent discutables. Les loisirs de la cam- pagne me permettant de revenir sur ce sujet, je vous adresse quelques calculs qui démontreront, de par l'autorité de l'al- gèbre et des logarithmes, que, dans l'exploitation des bois en futaie, tout n'est pas précisément aussi beau que notre hono- rable collègue l'a annoncé. M. de Saint-Aignan a omis de faire le compte des frais annuels d'intérêt, de contributions et de garde qui grèvent les produits forestiers comparés. Ce sont là, cependant, des élé- ments qu'il n'est pas possible de négliger, surtout quand il s'agit de révolutions aussi longues et aussi diftérentes que des révolutions de dix et de cent ans. Réparons cette omission, et l'on jugera à nos résultats s'il y avait réellement lieu d'en faire l'objet d'une communication à la Société. Un hectare cultivé en bois paye certainement en moyenne, par an, h francs de contributions et 3 francs de garde, en- semble, 7 francs. L'heureux propriétaire d'un hectare de futaie de cent ans aura donc successivement et annuellement déboursé cent sommes de 7 francs, qui, placées au fur et à mesure à intérêt de 5 pour 100, auraient formé, au moment de la coupe, un total de 19 ISA francs (1). Ainsi, ces bois centenaires que M. de Saint-Aignan estime avec satisfaction valoir 1/iOOO fr. à l'hectare, auront coûté en frais annuels 1918/1 francs! ^ ' r 0,05 PRODUITS COMPARÉS DES TAILLIS ET DES FUTAIES. 505 Pour un taillis de dix ans dont le produit à l'hectare est évalué. 500 fr., ces mêmes frais, calculés au même taux de 5 pour 100, ne s'élèvent qu'à la somme relativement faible de 92 fr. (1). Donc, futaie de 100 ans, revenu à Theetare, l/i 000 fr.; frais 19 184 fr. Taillis (le 10 ans, — — 500 — 92 S'il est évident, au simple aperçu de ce petit tableau, que l'exploitation des bois en futaie, à moins de circonstances tout à fait exceptionnelles, n'est plus possible au point de vue financier, il en ressort, au contraire, que celle des bois taillis peut souvent encore être une opération avantageuse. Insistons sur ce dernier point. Produit d'un taillis de 10 ans, à l'hectare 500 fr. A déduire : frais divers faits pour obtenir ce produit ,92 Produit net Zi08 fr. lesquels hOS fr. sont la représentation d'une rente moyenne et annuelle de 32 fr. 90, payée pendant dix ans (2), Dans la culture en bois, le propriétaii^e étant lui-même exploitant, doit légitimement attendre de sa terre un revenu plus élevé que lorsqu'il la loue. Toutefois, comme ce genre d'exploitation n'impose relativement que peu de travail et peu de lisques, nous admettrons qu'un sol forestier doive rap- porter 4 pour 100 net. Dans ce cas, les 32 fr. 90 de rente moyenne et annuelle, produits à l'hectare par un taillis exploité à dix ans, devront être multipliés par le denier 25 et représenteront une valeur foncière de 772 fr. 50. Que de terres en France se vendent encore bien en des- sous de ce prix! Ne rapportant rien ou presque rien, faute de bras et d'argent pour les cultiver, l'exploitation en taillis /.NT. le (1 -I- r)'— (1 4- r) 1,05 --1,05 (1) Formule :S = n ■ ■ '^ ^ — ! — ' = 7 — — = 92 fr. àO. r 0,05 (2) a = S '-j^ = m ^^j^ =32 fr. 90 (14-r) — (l + r) + lx»' 1,05 — 1,05-1-0,05 506 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. aux révolutions de dix à trente ans, sera de longues années encore un bon moyen, sinon le meilleur, d'en tirer parti. Pour fournir moyennement chaque année, déduction faite des charges, un revenu de 32 fr. 90, c'est-à-dire un revenu égal à celui d'un taillis de dix ans, il faudrait qu'un hectare de futaie, exploitée à cent ans, produisit la somme fabuleuse de 60906 fr. (1). A des chiffres si concluants, si l'on ajoute le peu d'attraits que doit offrir à tout propriétaire la perspective de retarder l'échéance de ses revenus de quatre-vingts à quatre-vingt-dix ans, c'est-à-dire pendant plus de deux générations, on com- prendra sans peine que la culture des bois en futaie soit tout à fait délaissée par les particuliers et soit abandonnée à l'Etat dont la tâche paraît être de plus en plus de se vouer aux plus détestables opérations. )'. 1 0 0 (1) S = a ^ ' = 32,9 ^ = /il,7211r. 975, nets de tous frais. r ' 0,04 19,184 » soninit des frais, for 60,905 fr. 975 "'"l" ^ > Pig" ^04. RAPPORT FAIT A LA CINQUIÈME SECTION DE LA SOCIÉTÉ SUR L'EXPLOITATION DES FORÊTS Par M. BAKBIÉ da BOCACSE. Messieurs, dans la dernière réunion de votre section, vous avez bien voulu me charger d'examiner une lettre que venait de vous adresser M. V. Fleury, ancien élève de l'Ecole fores- tière et ancien agent forestier, au sujet d'un article publié dans votre recueil en juin 1867 par M. le comte de Sainl- Aignan, dont le sujet était une comparaison des produits des bois de haute futaie avec ceux des bois taillis. La conclusion de mon examen est : d'abord que la lettre de M. Fleury étant une réponse à un travail que vous avez fait connaître au public, elle a de droit sa place dans notre Bul- letin, ensuite que cette lettre ayant un intérêt réel, nos publi- cations n'ont qu'à gagner à l'insertion de controverses ren- trant aussi complètement dans le cadre de nos études. Maintenant, permettez-moi, messieurs, malgré mon peu d'habitude de ces matières, de vous entretenir de quelques faits contenus dans ces documents. M. le comte de Saint- Aignan admet que la superficie d'un hectare de bonne futaie de chêne arrivé à l'âge de cent ans représente une somme de l/iOOO francs. Or, M. Fleury vient nous dire que dans ce calcul il est fait abstraction des frais de garde, impôts, etc., qui, d'après lui, élèvent la somme annuelle de 7 francs, laquelle , accrue de ses intérêts composés à 5 pour 100 , forme au bout de cent ans le redoutable total de 19 184 fr., somme supérieure à la valeur attribuée à la futaie par M. de Saint-Aignan. A cela je dois répondre : il est possible que M. de Saint-Aignan ait omis les frais de garde, d'impôts, etc., qui, d'après moi, sont plus considérables que ne l'estime M. Fleury, du moins pour le propriétaire de bois de peu d'étendue; mais d'un autre côté, M. Fleury me paraît avoir oublié que la formation d'une futaie exige de nombreux jardi- 508 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. nages. Des arbres que l'on garde aussi longtemps debout doivent être tous sains, droits et branchus seulement à une certaine hauteur; il y a donc beaucoup à retirer et cela à plu- sieurs reprises. Ce jardinage n'est pas sans produire en stères, bourrées et écorces, une somme que je crois pouvoir être estimée à un revenu annuel de 7 francs au moins, ce qui couvre les frais de garde, impôts, etc. En outre, lorsque le bois est arrivé à un espacement et à une hauteur convenables pour croître en futaie, l'air et la lumière pénétrant mieux sur le sol, les souches de bois abattues dans les différents jardi- nages donnent des rejets qui fournissent encore une certaine somme sous forme de bourrée ou charbonnette. Maintenant, sur la question de savoir quel est le mode de culture préférable pour un particulier de la futaie ou du taillis, je dirai que si l'estimation de IZiOOO francs d'une futaie de cent ans, est exacte comme j'ai lieu de le penser, il est infini- ment préférable d'adopter l'exploitation en taillis. En effet, prenons unjtaillis exploitable tous les dix ans, et d'après M. de Saint- Aignan produisant 500 francs à chaque coupe, on aura- dans l'espace de cent ans demandé pour la croissance d'une futaie, dix fois le revenu de 500 francs ou 5000 francs qui, dégagés des 7 francs de garde ou d'impôts, seront net A30 fr. par période décennale ou, en total pour cent ans li^OO francs ; mais les /i30 francs recueilhs au bout des dix premières années , placés par le propriétaire à 5 pour J 00, peuvent capitaliser à intérêts composés pendant quatre-vingt-dix ans, ceux recueillis à vingt ans, pendant quatre-vingts ans et ainsi de suite. Ces produits accumulés donneront en fin de compte à cent ans une somme infiniment supérieure à 4 A 000 francs, produit de la futaie. Je ne crois donc pas qu'il soit utile pour des particuliers de conserver de hautes futaies de bois feuillus, les seuls dont il soit question ici ; c'est un luxe qu'on ne s'explique que dans le cas où ils ont une fortune assez considérable pour mettre en réserve sans qu'ils soient complètement impro- ductils, de gros capitaux qu'ils veulent léguer à leurs enfants. Quant à ce que dit en terminant M. Fleury « qu'il faut laisser EXPLOITATION DES FORETS. 509 les futaies à l'État dont la tâche paraît être de plus en plus de se vouer à de détestables opérations » , qu'il me permette de ne pas être de son avis. Pour l'État, l'opération de la futaie est essentiellement profitable et morale. Je dis profitable, parce que le jour où à la suite d'événements politiques la France' serait privée des bois de construction qu'elle tire de l'étranger, on ne tarderait pas à reconnaître que la conservation des futaies était un acte de bonne administration et, dans ce cas, qui est celui pour lequel elle doit avoir été faite, une excel- lente affaire. Je dis morale d'abord, parce que l'État doit toujours prêcher d'exemple et que les futaies sont celles de ses économies qui frappent le mieux les yeux du public. L'État est semblable à un citoyen, il a des enfants qui s'appel- lent les générations futures, il doit économiser pour eux et prouver k la génération actuelle qu'il comprend cette partie de sa tâche. Ensuite comme forcément un pays doit conserver des futaies, s'il est admis que cette opération soit nuisible aux intérêts des particuhers, il Imit que l'État puisse leur dire : Jaloux de notre bien-être et persuadé que c'est la somme des intérêts particuhers satisfaits, qui fait l'intérêt bien entendu de l'Etat, je me charge de cette opération qui vous serait onéreuse; mais je compte, en retour, sur votre dévouement, au jour de mes dangers! II. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 15 MAI 1868. Présidence de M. Drouyn de Lhuys, président. Le procès-verbal est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récemment admis : MM. BoRDEREL jeune, négociant et propriétaire, à Sedan. JiJON (J. Manuel), propriétaire à Quito (Equateur). Marais, pharmacien de première classe, à Paris. ^ Sénéquier (Th.), à Roscas-de-Grimaud, par Cogoîin (Var). Steindachner (le docteur Franz), membre correspon- dant de l'Académie impériale et royale de Vienne et de Lisbonne, chevalier de l'ordre de François-Joseph, aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle de Vienne (Autriche). Trotter (Henry), lieutenant des ingénieurs de l'armée britannique des hides, à Londres. — M. le Président fait connaître à la Société qu'elle vient de perdre un de ses membres, M. de Nerville, régent hono- raire de la Banque de France. — MM. Cassagnade et Antonio d'Azevedo adressent leurs remercîments pour leur récente admission. — Son Exe. M. le Ministre de l'agriculture et du commerce informe la Société qu'il vient de lui accorder, à titre d'encou- ragements à l'agriculture , une subvention de iOOO francs (Remercîments) . — M. L. de Fenouillct annonce qu'il lui est né le 9 mai 1868, un Yak màlc qui est en très-bon état de santé. — M. de Quatre fages transmet la note suivante de M. Leguay : « Le Flamboyant de Madagascar qui, dit-on, est » un arbre fort beau, d'où sonnonipucse reproduisait que par PROCÈS-VERBAUX. 511 » boutures, et l'on ignorait à Maurice s'il avait môme une » graine. Lorsqu'il étaiten bouton etprès de fleurir, on voyait » apparaître un énorme puceron blanc atteignant une taille » colossale de plusieurs millimètres qui couvrait la fleur, la » dévorait et ne laissait que la tige. En 18(5/i, un navire eu- » ropéen apporta à Maurice un certain nombre de Moineaux » de France. Notre Pierrot s'acclimata, se reproduisit rapi- » dément sous l'influence du climat et de l'abondanle nour- » riture. Il choisit, entre autre, de préférence pour ses repas » le puceron blanc du Flamboyant, de telle façon que cette » année 1867, le Puceron ne parut pour ainsi dire pas. » L'arbre se développa et devint, m'a-t-on dit, splendide. Les » fleurs passèrent, la graine se forma rapidement et lorsque » la gousse s'ouvrit, on recueillit les graines ci-jointes au mois » de juin dernier. » — Madame veuve Boucarut adresse un rapport sur ses édu- cations de Vers à soie dits Hikidoné et de Versa soie du chêne B. Mylitta. — Le comice agricole du canton de Ganges fait hommage du Compte rendu des éducations précoces de Vers à soie faites en 1868 dans sa magnanerie expérimentale. (Remer- cîments.) — Il est déposé sur le bureau une brochure sur la maladie des Vers à soie et les moyens de la guérir, accompagné d'une devise : la soie est or. (Renvoyé h. la commission des prix.) — M. Péreira par une lettre datée de Bogota, 16 mars 1 868, et adressée à M. Richard (du Cantal), envoie des spécimens de divers végétaux utiles et donne quelques détails à leur sujet. — M. Pépin fait hommage de plusieurs mémoires qu'il a publiés dans le Journal de la Société impériale et centrale d' agriculture de France. 1° Sur un nouveau marcottage. 1" Sur la culture du Maïs aux États-Unis et F emploi de ses graines pour l'engraissement des bestiaux. 3" Introduction du Pinus Bungeana en France. îf Note sur l'Ulmus cam- pestris virgata. (Remercîments.) — Le directeur général de l'administration des forêts 512 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. adresse dix exemplaires du compte rendu des travaux ctîec- tués par son administration sur le reboisement et le gazonne- ment des montagnes, et sur les routes forestières. (Remer- cîments.) ' ■■ \ — M. Brierre envoie quelques détails sur les dernières plantes qu'il a mises en culture. " — M. d'Ivernois donne communication des résultats de sa culture iV Acacia lophanta. — M. Van Gorkom, fonctionnaire chargé de la culture du quinquina à Java, offre à la Société des graines de C. calisaya et transmet les renseignements suivants : « Il est nécessaire » de faire la germination en serre. Dans de petits pots d'en- » viron "2 décimètres de hauteur sur 1 à 5 de diamètre et » à fonds percés, on mettra deux tiers de sable tamisé et » bien lavé à l'eau bouillante, et sur ce sable on étendra une » couche de terre glaise bien battue dans de l'eau bouillante, » et l'on sèmera légèrement. Le pot sera placé dans une sou- » coupe remplie d'eau pure. Deux à quatre semaines suflî- » ront pour que la germination se produise. Dans l'espace de » six semaines, on verra pousser de petites plantes qu'il fau- )) dra soulever délicatement avec un petit grumeau de glaise » adhérent pour les replanter dans un pot rempli de terreau. » En procédant de la sorte, on aura évité l'arrosage qui y> interrompt souvent la germination. Le lavage à l'eau » bouillante a pour objet d'éloigner tout germe étranger ou » les insectes qui resteraient dans le sable ou la glaise. » Les pots contenant les plantes seront conservés dans des » serres bien éclairées et bien aérées et les plantes seront » définitivement mises en pleine terre de neuf à douze mois » plus tard. Parmi les plants et les graines de quinquina in- » troduits de l'Amérique dans le temps à Java, se trouvait une » espèce non décrite. Le naturaliste, M. le docteur Junghung, » qui était chargé par M. Pahud, ministre des colonies et » plus tard gouverneur général, de la culture des quinquinas » à Java, trouvant que cette espèce n'était pas encore décrite » et fondant sur elle de grandes espérances, donna à sa cul- T) lure une grande extension et l'appela du nom de son pro- PKOCÈS-VEKBAUX. 513 » (ecleur et biontiiileur, Cinc/iona Pahudiana. On s'apen;ul, » bientôt que la partie alcaloïde de l'écorce du Cinchona » Pahudiana était mince, et vers la fin de l'année 186/1 on » eut l'idée de soumettre les racines d'une jeune plante de » C. PaJnidiajyih un examen chimique, et cela pour répondre » à la demande qui était faite de savoir comment le contenu » de l'alcaloïdfî de cette matière pourrait donner lieu à uti- » liser le C. Pahudiana comme la garance et d'exploiter les » racines pour obtenir de la quinine. Au premier examen » chnmque, on trouva que les racines donnaient environ » 1 pour 100 d'alcaloïde, la plus grande partie consistant en » quinidine. La préparation d'une plus grande quantité fut » jugée nécessaire pour avoir des preuves médicales. En juin » 1865, on prit une quantité de quatre-vingt-dix mille racines » de C. Pahudiana âgées de un an et demi, afin de les sou- » mettre à un examen chimique. Dans cette analyse chimique » on a trouvé de la quinine, mais non la quantité d'alcaloïde » énoncée dans le premier examen. Celte quantité de quatre- » vingt-dix mille racines a produit 35 grammes et fut jugée » satisfaisante. Le sel de la quinine recueilli n'a pas l'aspect » aussi beau que celui que l'on recherche dans le com- » merce, mais peu de fabricants possèdent l'habileté néces- » saire pour une telle préparation (l'éloignement complet de » la matière colorante attachée). Par ordre du gouvernement, » on fait des épreuves en grand sur les malades de l'hôpital » militaire de Weltevieden avec de la quinine provenant des » racines de C. Pahudiana. » — - M. Meurand, directeur des consulats au ministère des affaires étrangères, transmet un paquet de graines de C.Cali- saya, oftert à la Société par le gouvernement des Indes néer- landaises et une caisse contenant des échantillons de troncs, écorces, feuilles, fleurs et fruits de cette })lantc. (Remerci- ments.) — Des remerchnents sont adressés pour les graines qu'ils ont reçues par M. Huber et Madame veuve Boucarut. — Des demandes de graines et plantes sont adressées par .MM, d'Ivernois et Brierre. 2^ Stfilt. T. V. — Juillet 18b8. • 33 51 /j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. A. de Grehaii, consul général de S. M. le roi deSiam fait hommage degrainesde ditl'érentesespèces.(Reniercîmenls.) — M. le docLeiir Pigeaiix présente un épi fleuri de Blé précoce du Ja|)0ii ({u'il considère comme une précieuse acqui- sition, car sa précocité même donne lieu d'espérer qu'il réus- sira dans le Midi. Le Blé observé par M. Pigeaux ne sera mùr que dans un mois à peine, mais ta cette époque encore il aura eu toiit le temps de développer ses grains sans que la séche- resse lui ait porté préjudice comme cela arrive trop souvent dans les années de sécheresse. Ce blé précoce, très-cultivé aujourd'hui en Amérique, olïre l'avantage d'être très-pro- ductil', puisque chaque grain a donné vingt à vingt-cinq épis. Des expériences laites en Sologne, dans une localité très- sèche, ont donné aussi de très-lions résultats. M. Cosson pense que l'introduction de ce blé est très-dési- rable, surtout pour les pays chauds méditerranéens où l'on est obligé d'irriguer abondamment pour éviter l'avortement des grains. M. Cosson demande que du blé précoce du Japon soit envoyé en Algérie pour y être l'objet d'expériences, et exprime le vœu que celles-ci ne soient pas oubliées bientôt comme celles laites sur le blé d'Abyssinie et qui avaient com- mencé à donner des résultats satisfaisants. M. Soubeiran rap|)elle que ce blé précoce l'ut envoyé à la Société par notre conlèi'e M. Mourier, et dit que, si un nouvel envoi n'est pas encore parvenu à la Société, il ne l'aut pas accuser le zèle de notre confrère, mais les difficultés des re- lations actuelles des Européens avec les Japonais. — M. Auguste Duméril l'ait hommage à la Société, de la part de notre confrère, M. H. de La Blanchère, d'un ouvrage que ce dernier vient de publier : Le Nouveau Dictionnaire (/énéral des Pêches, qui comprend non-seulement des notions abrégées et exactes sur l'histoire naturelle des poissons de notre pays, mais tous les renseignements techniques sur les pêches de chaque poisson de mer et d'eau douce. Les pêches diverses à la ligne, aux iilets, y sont décrites et l'on y trouve la synonymie des espèces dans les dilférentes contrées de la France, synonymie qui permet à chacun de trouver ce qu'il PROCÈS-VERBAUX.-, 515 désire, en parlant du nom j)0[)ulaiie qu'il eonnall. La .paitic relative à la législation, à la jurisprudence et à la statistique, y est traitée d'une manière complète, et nombre d'appareils nouveaux ou en usage dans les pays étrangers y sont décrits, et particulièrement ceux qu'il serait désirable de voir imités dans le nôtre. — M. A. Duméril communique la note suivante sur le transport des Axolotls : « M. Vauvert de Méan, aujourd'hui vice-consul de France à Belfast (Irlande), annonce l'heureux résultat d'un envoi d'œufs d'Axolotls pondus à la ménagerie des reptiles du Muséum d'histoire naturelle. Placés, dès le lendemain de la ponte, au milieu de mousse humide, dans une petite boite de bois recouverte de toile gommée et expé- diés par la poste à Blyth (comté de Northumberland), où notre confrère était alors en résidence, les œufs furent dé- posés dans l'eau immédiatement après leur arrivée. Au bout de trente jours a eu lieu l'éclosion de la presque totalité des œufs : il en est sorti cent quatre-vingt à deux cents têtards, dont plusieurs (une douzaine environ), qui ont été donnés à ditïérentes personnes, se développent bien ; mais tous les autres ont péri, car, pendant une absence de M. V. de Méan, on négligea de renouveler l'eau de l'aquarium. On a donc la preuve, comme il le fait observer, que les uiufs d'Axolotls peuvent être, sans inconvénients, transportés, par la poste, à de grandes distances. y> M. Aug. Duméril ajoute que l'envoi des animaux arrivés à tout leur développement peut être fait de la même façon. A deux reprises déjà, il en a expédié à Nantes, par les trains express, un certain nombre ; au bout de quinze heures en- viron, on les a trouvés bien vivants au milieu de la mousse humide. Dans l'eau, il est très-facile de les faire voyager, et M. Duméril rappelle, connue il l'a dit dans la dernière No- tice qu'il a })ubHée sur les métamorphoses de ces curieux Batraciens {Bulletin, 1867, p. 563) que le Muséum en a donné en Angleterre, en Hollande, en Belgique, en Suisse, en Bavière, en Suède, en Bussie et en Italie. » M. Aug. Duméril annonce, en outre, que des Axolotls nés à 516 SOCIÉTÉ IMPÉlilALE ZUOLUGIOUE d'ACCLIMATATION. la ménagerie des reptiles du Muséum d'histoire naturelle et déposés dans les eaux de la propriété de M. Piat, au Vésinet, près Paris, ont résisté, pour la plupart, aux froids intenses de l'hiver dernier (1867-1868). On en a vu, en elfet, qui na- geaient avec vivacité au-dessous de 15 centimètres environ de glace, et ils ont été retrouvés bien portants après le dégel. On a ainsi la preuve que ces curieux Batraciens à branchies extérieures, originaires du Mexique, pourraient être accli- matés en France. Afin de multiplier des tentatives dont les conséquences ne seraient pas sans intérêt, si la reproduction avait lieu à l'état de liberté, puisque ce sont des animaux comestibles, on en placera dans des cours d'eau convenable- ment choisis sur divers points de la France. La Société sera tenue au courant des résultats que ces essais pourront donner. A ces détails, M. Duméril ajoute les suivants extraits d'une lettre de M. le docteur Yiaud-Grandmarais, professeur sup- pléant à l'école de médecine de Nantes. « .l'ai vu, dit-il, dans les bassins du .lardin des plantes de la ville, quelques-uns des Axolotls donnés par la Ménagerie des Reptiles du Muséum d'histoire naturelle. Ils y ont passé l'hiver, alors que tous les lauriers du jardin ont été gelés. » — M. E. Bureau fait une communication sur la culture des Bignoniacées et sur des graines de plantes de cette famille qui lui ont été envoyées par M. Correa de Mello. — M . Dupré de Saint-Maur met sous les yeux de la Société des échantillons de laines de Brebis mérinos provenant de son troupeau algérien, et donne quelques détails sur les dil- ficultés qu'il a éprouvées à arriver au résultat aujourd'hui obtenu (voy. au Bulletin, p. /|81). M. Bamon de la Sagra fait remarquer la longueur des toisons obtenues par M. Dupré de Saint-Maur, et que cette longueur est accompagnée d'une finesse qui leur donne une grande valeur. M. Geoffroy Saint-Hilaii-e dit que dés 1856, M. Dupré de Saint-Maur s'occupait avec une louable ardeur de l'organi- sation d'un troupeau de Mérinos en Algérie, et a été l'un des deux premiers importateurs de cette industrie en Algérie. On PROCÈS-VERBAUX. 51 j ne saurait trop féliciter M. Dupré de Saint- Maur d'avoir obtenu une homogénéité aussi grande dans la laine, quand on connaît la race ovine arabe et quand on sait combien étaient grandes les difficultés qui ont été si heureusement vaincues par notre confrère. M. Decroix dit que le maréchal Randon a fait organiser un troupeau de Moutons destiné à régénérer la race ovine en Algé- rie, mais les Arabes n'ont pas voulu en profiter, et il était très-difficile d'obtenir d'eux de ne sacrifier que les animaux les plus imparfaits, et les conseils des vétérinaires n'étaient pour ainsi dire jamais suivis. M. Dupré de Saint-Maur pense comme notre confrère que les Arabes n'acceptent le progrès que quand ils y sont con- traints. Du reste, l'esprit féodal qui anime les grands chefs fait qu'ils penseraient déroger, s'ils prenaient quelques soins d'améliorer leurs troupeaux. — M. A. Geoffroy annonce l'arrivée de Cannas {Antilope Oreas) au Jardin, l'importation de l'Argus chez M. le baron de Rothschild, et donne les meilleures nouvelles des Faisans vénérés dont il considère la reproduction comme assurée. — M. Lecreux donne lecture d'une note sur des médica- ments qui lui ont donné les meilleurs résultats. (Renvoi à la commission médicale.) — M. le secrétaire donne lecture du travail de M. le comte de Beauffort sur diverses espèces de Faisans qu'il a élevés (voy. au Bulletin, p. 268). M. Geoffroy Saint-Hilaire présente, à la suite de cette lec- ture, quelques observations à propos des Euplocomes (voy. au bulletin, p. 'Il h). SÉANCE DU 29 MAI 1868. Présidence de M. Drouyn de Lhuys, président. Le procès-verbal est lu et adopté. — M. le Président fait connaître les noms des membres récemment admis; 518 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'âCCLIMATÂTION. MM. Devây, membre de la Société de géographie, à Paris. ^•'' Ducos DE Saint-Barthelmy de Gelas, au château de La- rivière, près Lectoure (Gers). . De Massignag (le comte Jacques-Adolphe), ministre plé- nipotentiaire, à Passy-Paris. Vavin (Jules), lieutenant de vaisseau, à Paris. — M. R. Barba et M. Sénéquier adressent leurs remercî- mehts pour leur récente admission. — M. Roux, chancelier de l'ambassade de France à Lon- dres, informe M. le Président qu'il a fait parvenir à M. le se- crétaire d'Etat pour les Indes les récompenses décernées par la Société à MM. Cl. R. Markham, Mac Ivor et capitaine Phips. — M. Kourimoto AkinoKami, ministre du Taïcoun, adresse ses remercîments pour les graines qui lui ont été remises au nom de la Société. — U est déposé sur le bureau un numéro de la Sentinelle tonlonnaise dans lequel est inséré un article du Président du Comice agricole qui fait connaître particulièrement les tra- vaux de nos confrères MM. Turrel, Auzende et Audibert. — M. Heyler adresse une noie sur ses éducations de vers à soie. — M. deCapanema, délégué de la Société à Rio de Janeiro, annonce l'envoi de vingt barriques de canne à sucre impé- riale destinée à la Société d'accUmatation de la Réunion, et qu'il s'est procurée pour répondre à la demande qui lui en avait été faite par la Société au nom de nos confrères de l'île de la Réunion, si malheureusement éprouvée dans ses cul- tures de canne à sucre. — M. Ch. Quentin annonce que la Société d'encouragement de l'industrie nationale de Rio de Janeiro vient de fonder, au Jardin botanique de cette ville, une école de labour, et fait connaître que, par ordre du Ministre de Tagriculture du Bré- sil, notre compatriote M. Glaziou, direcleur du Passeio pu- Idico, a été chargé d'organiser, dans diverses plantations par- ticulières, des essais d'acclimatation du Cinrhona avec des graines envoyées de Bolivie par le ministre du Brésil. PROCÈS-VERBAUX. 519 M. Ch. Quentin fait, à cette occasion, la communicalion ci-après : « J'ai l'honneur de vous adresser la lettre suivante » de M. le ministre de l'agriculture et du commerce du Brésil, » qui vous donnera les preuves que le Brésil a pris à cœur » l'acclimatation des Cinchona et qu'il ne néglige rien pour )) réussir : (( (Iroyant que les avantages, que quelques pays ont retirés » de la Culture des Quinquinas du Pérou, peuvent être obtenus » par le Brésil, j'ai résolu de faire faire des essais d'acclimata- » tion dans les localités que vous m'avez désignées dans votre )) lettre du 29 du mois dernier; on devra se servir des se- » menées expédiées par le ministre du Brésil en Bolivie. Na- » lurellement, le succès de cette tentative dépend en partie » des premiers soins indispensables à la culture et à la con- » servation de la plante ; c'est pour cette raison que je vous )) charge d'aller vous-même, dans les endroits désignés, don- » ner des indications et des conseils pratiques aux proprié- » taires des plantations, dans lesquelles auront lieu les expé- » riences; j'ai pris des mesures pour que vous trouviez toul » le concours dont vous pouvez avoir besoin » — Vous recommanderez instamment aux propriétaires choi- » sis pour ces essais de vous faire connaître fréquemment et » régulièrement les résultats de la plantation et de la culture » des semences qui leur auront été conliées et que vous véri- » fierez par vous-même, quand besoin sera. Vous me ferez un )) rapport détaillé, qui mentionnera les phénomènes observés » sur la germination et le développement de chaque planta- » lion, les fermes où l'acclimatation s'est le mieux faite et » dont les propriétaires ont apporté le plus de soin à l'accli- » matation des Quinquinas, qui, si elle réussit, peut ouvrir ;'i » l'industrie agricole du Brésil une source importante de ri- )) chesse. — Que Dieu vous garde. — Manoel Pinto de » SouzA Dantas. » » Permettez-moi, ajoute M. Quentin, de vous signaler en » outre un détail fort intéressant : M. Glaziou accompagnait ■ )^ le comte et la comtesse d'Eu dans une excursion que fai- » saient LL. AA. à Thérésopolis. Dans la propriété du colonel 520 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » d'EscragnoUes, M. Glazioii sema, le 29 avril, des Cinchona » calisaya devant Leurs Allesses; et il répéta cette expérience » dans d'autres plantations de Thérésopolis. Je vous tiendrai » au courant des nouvelles qui me parviendront sur ces tenta- B lives ; si ces détails vous paraissent avoir quelque intérêt, » veuillez les communiquer à la Société d'acclimatation. » — M. Héritte, consul au Cap, annonce l'envoi de graines de Pin de Californie et de Proteti argentea et donne les dé- tails suivants : « Après avoir attendu vainement, pendant tous » ces derniers mois le passage d'un de nos bâtiments de >< guerre par lequel je pourrais transmettre à la Société ^) impériale d'acclimatation les graines de l'ins que l\. Sou- » beiran m'a exprimé le désir de recevoir, je viens enfin de >) trouver une occasion d'effectuer, sûrement et gratuitement, » cet envoi. La frt'gate la Guerrière est partie d'ici le 7 de ce }> mois en emportant une petite caisse que j'ai eu l'honneur, » monsieur le Président, de vous adresser. Ce bâtiment se ;) rend à Brest, où il arrivera vers le 25 mai, et son très-obli- ;) géant et très-distingué commandant, le capitaine de vaisseau » Olivier, soignera l'expédition à Paris, dès son arrivée dans » ce port. La caisse contient d'abord une provision passable- » ment importante de graines de Pins, connus ici sous le nom » de Pins de Californie, mais qui pourraient bien n'être au rt fond que le Piniis Pi?iea, arrivé à un développement excep- » lionnel. En second lieu, j'ai inclus dans la caisse une boîte » d'étain soudé et renfermant des rameaux et des graines » de Profea art/entea, silver tree, ou arbre d'argent. Ces >> arbres remarquables, atteignant jusqu'à trente pieds de » hauteur, passent pour être exclusivement indigènes à cer- >; tains versants de la montagne de la Table, derrière Cape- » Town, et pour ne réussir que dans cette circonscription » spéciale, parmi toutes les régions du globe. Est-ce vrai, » n'est-ce pas vrai? c'est ce qu'il serait très-intéressant, ce >> me semble, de vérifier. Toujours est-il qu'au Cap on ne voit )) de ces Protea argentea qu'aux endroits que je viens de >) mentionner. Si pourtant on réussissait aies acclimater autre » part, on obtiendrait en eux une espèce d'arbre charmante. PROCÈS-VERBAUX. : 5'2l » on ne peut plus originale et donnant un bois dur et résis- » tant, essentieHement propre à la construction comme au » charronnage , et d'une combustion excellente. Peut-être » est-ce plus encore une question d'appropriation de terrain » que de 'climat. J'ai à ce sujet soigneusement observé le » sol, où ces arbres réussissent le mieux, et je me suis con- » vaincu qu'il est surtout quartzeux et principalement com- 0 posé, quelquefois même exclusivement, de granit désa- » grégé. Un peu de mélange de terre ocreuse et ferrugineuse » s'y fait également remarquer à de certains endroits. L'alti- » tude la plus favorable est quelque chose comme de deux à » quatre cents pieds au-dessus du niveau de la mer, avec » exposition des vents de mer. Il me semble qu'on pourrait )) trouver ces conditions dans diverses localités du midi, près de » la mer, soit, à titre d'essai, en dehors de cette proximité. En )) tous cas, des arbustes de Protea ar Protea que j'envoie aujourd'hui sont entièrement fraîches, » ayant été recueillies par moi-même, il y a deux mois, juste » au moment de leur maturité. Je recommande tout particu- » liérement leur contexture et disposition aux amis de la na- » ture. Ce pavillon à hélice, qui sert de véhicule à la graine » au moyen d'un fil fermé par un nœud, est quelque chose . » de vraiment charmant. L'ensemble, pour être examiné, doit » être retiré doucement de sa gaine et la graine dégagée avec » précaution de sa pellicule. Les feuilles de l'arbre même » sont employées ici à faire, ou plutôt à recouvrir de petits » paniers de salon ou à recevoir de petites vignettes à l'aqua- » relie. J'avais songé à envoyer à la Société impériale d'accli- f> mation une collection de graines de plantes du Cap utilisa- » blés; mais, d'une part, la Société est surchargée de pareils » envois; d'autre part, pareille collection provenant du Cap a » figuré à l'Exposition universelle, et je n'ai pas remarqué >y (ju'elle y a eu autrement de succès ; enfin, la plupart de ces » plantes ne jouissent ici que d'un renom en quelque sorte » traditionnel, et l'on ne songe même pas à les utiliser. J'ai 522 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » pensé que ce serait de réelles expériences à faire, et trop » absorbantes et trop chanceuses, et je me §uis décidé pour » l'abstention. Enfin, pour ce qui est des animaux de ce pays, » ils tournent de plus en plus à l'état de mythe. La colonie du » Cap est aujourd'hui, dans sa vaste étendue, tout à fait euro- » péanisée; les villes, fermes et exploitations agricoles y » abondent de tous côtés, et, si ce n'était la population de cou- » leur, composée de descendants d'anciens esclaves et de » restes de Cafres et de Hottentots, on s'y croirait partout en » Europe. Voilà un temps énorme que je n'ai vu un animal » propre à ces contrées, et pourtant le commerce les recher- » che avidement et à prix excessifs pour les nombreux jardins » zoologiques de l'Europe. Ces difficultés expliquent l'impos- » sibilité où je suis de servir la Société et le Jardin d'acchma- » tation comme je l'entendrais. Mon entier bon vouloir et ma » sollicitude ne leur reste pas moins acquis, et toutes les fois » que je trouverai l'occasion de le prouver, je la saisirai » avec empressement. » M. Vavin dit que les graines de Pin de Californie qu'il avait reçues il y a deux ans de la Sociélé, lui avaient donné des plants qui végétaient très-bien, mais que, cette année, il les a perdues au moment où il les a sorties de terre. 11 exprime le regret que ces graines n'aient pas été accompa- gnées d'un cùne, ce qui eût permis de reconnaître immédia- tement à quelle espèce elles devaient être rapportées. M. Duchesne-Thoureau dit que ses Pins de Californie, qui avaient résisté à l'hiver de 18(57, ont tous péri pendant celui de 18(58. — MM. Cormery, Leduc, Durieu de Maisonneuve, Rivière, remercient des graines qu'ils ont récemment reçues de la Société. — M. de Macedo fait hommage de deux cents graines de Fïi]- mïer carnau/jû . — Remercîments. ■ ' ' — M. Renard offre des graines de (iOchinchine dites Cam- bayan. — Remercîments. - ••.-., — M. Sauverné adresse un rap}»ort sur le blé précoce du Japon, dont il pense que l'introduction en France est désirable PROCÈS ^VERBAUX. 523 en raison même de sa précocito-, qui lui permet d'être en ma- turité, à Fougères, un mois plus tôt que les blés ordinaires. — M. Brierre signale la prochaine maturité du blé du Japon, et appelle de nouveau l'attention sur un phénomène singulier que présente sa treille. — M. Barbie du Bocage dépose un rapport présenté à la cinquième section sur une lettre de M. V. Fleury, relative au travail de M. le comte de Saint-Aignan sui' les produits com- parés des taillis et futaies (voy. au Bulletin, p. 507). — M. Fr. Jacquemart fait hommage d'une Notice sur /es- eiu/rais chimiques comme complément de fumier. — Remer- cîments. — M. de Séré présente le raj»port de M. Coumes, à l'Expo- sitiom universelle, Sur le matériel et les procédés de piscicul- ture fluviale. — Remercîments. — M. Torrès Gaïcedo fait hommage de : 1" Estudies sobre el yohierno ingles et sobre la influenze anglo-sajoiui, 1868 ; •2" Ensayos biographicos y de notice literaria, j 8(38. — Re- mercîments. — M. Millet met sous les yeux de la Société une série d'es- tomacs de corbeaux freux destinés à étudier le régime ali- mentaire de ces oiseaux. Dans certaines localités, on fait chaque année des destructions considérables de ces oiseaux, et M. Mil- let a protîté de cette occasion pour examiner le contenu de leurs estomacs; lous renfermaiiait des hannetons, les jeunes encore au nid, comme les adultes. Sur plusieurs milliers d'oi- seaux ainsi étudiés, trois ou quatre seulement renfermaient quelques grains de blé. On a trouvé aussi des graviers en cer- taine quantité dans les estomacs où il n'y avait pas de hanne- tons. Des observations faites en Normandie, dans la Côte-d'Or et dans l'Aisne, ont donné des résultats identiques. Le cor- beau freu est donc utile pour le hannetonnage ; quant au dommage qu'il cause à l'époque de la semaille des avoines, M. Millet se propose d'en entretenir l'Assemblée ultérieu- rement. M. Duchesne Thoureau confirme en tous points les asser- tions de M. Millet en faveur des oiseaux dont l'utihlé est trop 5*2^1 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'aCCLIMATATION. souvent méconnue ; il cite le déparlement de l'Aulie comme ayant (sous l'empire d'une prévention peu fondée) placé hors la loi les Pies et Corbeaux, dont lu tête est mise à prix. D'autre part, notre coni'rére expose comment et par quels moyens simples et facilement applicables il est parvenu, 71071 pas à dé- t7'7iire les larves de hannetons, mais à préserver de leurs ra- vages ses plantations de conifères. M. Lecreux rappelle à cette occasion un fait (pii lui a été rapporté, il y a quelques jours, constatant l'avidité particu- lière avec laquelle les chiens mangent des hannetons. M. le docteur iMerland dit que Réaumur a trouvé dans des estomacs de Corbeau di; gi'andcs quantili's d'herbes et de graines de blé et en a conclu que cet oiseau était nuisible et ne devait pas être protégé. Du reste, notre confrère pense que la protection est accordée trop facilement aux oiseaux, et, re- venant sur une question déjà discutée dans la Société, il cite l)lusieurs faits qui lui paraissent prouver que le Pic-vert est plus nuisible qu'utile. M. le baron Seguier prend d'autre part la défense du Pic- vert, et rapporte plusieurs de ses observations qui démontrent l'utilité évidente du Pic-vert. M. Millet rappelle, à l'appui de la défense du Pic-vert, l'en- quête faite en Maine-et-Loire par M. l'abbé Vincelot, qui a re- connu que le Pic-vert est plus utile que nuisible. A la suite de l'indication donnée par M. Millet, du travail de M. le chanoine Vincelot, ayant pour titre : Ré/iabilitatimi du Pic-ve7't ou Répo7ise aux observations d'an prop7nétaire sw l'utilité du Pic en Aujou, et inséré dans le tome X des A7males de la Société Ii7i7iée7t7ie de Mai7ie-et-Loire, 1868, p. 117 et suivantes, M. Aug. Duméril informe que les mem- bres, désireux de connaître les arguments de l'attaque et delà défense, trouveront dans ce même volume, déposé à la biblio- thèque de la Société, le Mémoire de M. Pi. de Daracé, p. 95. Il est intitulé : Répo7ise aux essais éty7/wlogigues et co7ic/u~ sio7is d'im p/'opriétai7'e su)' la valeur du Pic eu A71J0U. Cette lutte très-courtoise et présentée sous une forme qui rend la lecture des deux écrits fort intéressante, montre, une fois de l'UOCÈ.S-VEUBAUX. 5*25 plus, combien la question est digne d'une attention sérieuse. — M. le Président présente, au nom de M. le baron de Du- mast, une Notice intitulée : le Gowmyii et les initiatives lor- raines (extraite du Bulletin de la Société régionale cV acclima- tation pour la zone du Nord-Est). — Remercîments. — M. le Président donne lecture de la lettre suivante de iM. l'abbé Aubriot sur les Léporides : « M. ïbomas a ra- » conté (1) comment il apprivoisa son lièvre et comment i. » obtint les premiers Léporides. Tous ces laits sont parlai- » tement exacts et, pour ainsi dire, tombés dans le domaine » public, à Saint-Dizier. Lorsqu'on sut que M. Tboinas avait » réussi, beaucoup d'autres voulurent profiter de son lièvre » pour avoir des Léporides. Mais je ne connais personne qui » en cela ait eu pour but d'expérimenter, ou fhi moins qui ait » poussé bien loin les expériences. M. Thomas, au contraire, » a continué et continue toujours ses essais ; et je puis ajou- » ter, avec le plus grand succès jusqu'à présent. La réussite » se maintiendra-t-elle indéfiniment? L'avenir en décidera. » Pour le moment, je me constitue simple narrateur des faits » que j'ai vus moi-même, ou qui m'ont été racontés par des » personnes tout à fait dignes de foi. » 1° Léporides demi-sang. — M. Gayot,lors de son voyage, » constatait qu'il y avait déjà soixante-dix-huit Léporides à » Saint-Dizier, chez sept personnes différentes. Depuis lors, » le nombre n'a fait qu'augmenter; mais je veux dire seule- » ment ce qui s'est passé chez M. Thomas. Ici donc, le lièvre » (âgé maintenant de près de dix-huit mois), mis en rapport » avec cinq lapines', a produit cinquante-trois Léporides. » Trois de ces lapines ont eu deux portées. Naturellement, et » comme on devait s'y attendre, ces Léporides n'ont pas tous » réussi ; diverses causes en ont fait périr un certain nombre, » Quelques autres ont été donnes à diflérenls amateurs. Main- » tenant il en reste quarante-quatre, tous beaux, vifs et bien » portants. (1) Voyez Bulletin de la Société rcuionale d'arcUinataiion pour la zone du Sord-Est. (xNancy, cahier du 3'^ trimestre 1867.) 526 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMÂTÂTION. » 2" Léporides /rois quarts desaïuj. — Parmi les Léporides » de demi-sang, on choisil les plus belles femelles. Sept d'entre » elles, l'écondéesparle lièvre, ont produit ensemble soixante- )) dix Léporides ayant trois quarts de sang lièvre. Beaucoup » de ces derniers ont péri par un fâcheux accident. Quatre des » femelles avaient mis bas au mois de Janvier dernier, à l'é- » poque des plus grands froids. Cette température, exceplion- » nelle pour Saint-Dizier, fut fatale à ces quatre portées, et ^) tous les petits périrent en naissant. Depuis, d'autres nichées ^> ont réussi, et maintenant on compte trente-neuf Léporides » de trois quarts sang. » 3" Léporides entre eux. — Jusqu'ici, c'est le lièvre lui- » même qui féconde les lapines, et l'on a ainsi des Léporides » de première génération. Uien de bien extraordinaire, puis- » ces mêmes faits se passent dans d'autres espèces. — Une » question plus intéressante était celle-ci : les Léporides se » reproduisent-ils entre eux? Or, maintenant, cette question » est résolue alïii-mativement. M. Thomas a mis en rapport un )) Léporide maie, demi-sang^ avec trois Léporides femelles, )) aussi de demi-sang ; toutes trois ont été fécondées et toutes » trois ont mis bas (l'une même déjà deux fois), ce qui a » donné vingt-quatre Léporides, fils de Léporides. Voilà un )) fait nouveau, car je ne sache pas que, jusqu'à présent, on )) soit parvenu à ce résultat quelque autre part. Cependant, » la question de savoir si ces hybrides métis se reproduiront » indéfiniment; si une nouvelle espèce est créée, et si elle se » maintiendra; cette question, dis-je, peut-elle être regardée » connue absolument décidée? Je ne le crois pas encore, » Dans les espèces bovine, chevaline, etc., on a pu créer des » races, devenues à peu près fixes maintenant; mais on tra- » vaillait dans la même espèce; c'était seulement deux races » d'une même espèce que l'on unissait pour former une troi- » sième rac(;.lci, c'est un peu différent : il ne s'agit plus d'unir » deux races d'une même espèce, pour créer une troisième » race , mais bien deux espèces pour en former une troisième. » Je dis espèces, car je crois que, selon les naturalistes, le » lièvre et le lapin appartiennent bien à deux espèces diflé- PROCES-VERBAUX. * 527 » ronles. S'il en est ainsi, on conçoit que la dilïiculté est plus » i>rande, et une première reproduction de ces métis entre » eux ne prouverait pas qu'ils se reproduiront indéfiniment. » On sait que Bu lion obtint des métis de loup et de chien jus- » qu'à la quatrième génération, et que pourtant, quelle qu'en » ait été la cause, une nouvelle espèce ne l'ut point créée. Il » ne faut donc pas s'en tenir aux expériences déjà laites; il )) faut au contraire les poursuivre avec activité et persévé- » rance. C'est d'ailleurs le dessein bien arrêté de M. Thomas ; » il continuera ses essais, assez longtemps pour que l'on » puisse enfin décider la question. La reproduction indéfinie » des Léporides de demi-sang, entre eux, n'est cependant pas » le but direct de M. Thomas. Il veut essayer de constituer » une espèce nouvelle, d'une manière un peu différente. Ainsi )) que l'annonce M. (layot, il donnera aux femelles trois quarts )) sang-lièvre, un mâle demi-sang, de manière à avoir des cinq » huitièmes, et, à ce degré, il essayera de maintenir l'espèce. » On n'a pas encore tenté cette dernière expérience, mais cela » doit se faire bientôt, et l'on ne forme aucun doute sur la » réussite (des premiers essaisau moins). Il faut donc attendre » encore avant de se prononcer. » /r Léporides unis à resprcc la plus pure. — Deux la- » pines, fécondées par les Léporides, ont mis bas dix petits. » M. Thomas possède, en outre, une lapine de garenne et » une hase apprivoisée, moins cependant que le lièvre et plus » jeune que lui. Ce sont encore deux sujets d'expérimenta- » tion ; mais jusqu'ici il n'y a pas eu de produits. En résumé, » voici l'état actuel de choses: Lièvre, 1: Léporides, hh\ » trois quarts, 39; Léporides inter se.i'è; produits des Lépo- » rides avec des lapines, 10 ; lapine de garenne, 1 ; hase, 1. » Au concours régional de Chàlons, M. Thomas exposera de » nombreux spécimens de ses produits, et chacun pourra con- )) stater les succès qu'il a déjà obtenus. De mon côfé, à me- » sure que des faits nouveaux se montreront, je m'empressc- » serai d'en faire part à la Société régionale d'acclimatation. » — M. le docteur J. L. Soubeiran, au nom d'une commis- sion composée de lAlAI. de Quatrefages, Gervais et Chevet, 5'28 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK d'ACCLIMATATION. donne lecUire d'un Rapport sur la culture de cépages de To- kay en France. (Voy, au Bulletin., p. hhl .) M. le docteur Pigeaux constate qu'il n'a trouvé en Hongrie que le plant dit Furmint et jamais le Tokayer d'Alsace. — M. Ramel, après avoir annoncé qu'il vient de recevoir pour M. F. Muellerdes graines de Palmier Piecaha, de Pahia, conununique à la Société les résultats généraux du travail de M. Cloez sur l'analyse des Eucali/ptus (voy. au Bvlletin). — M. Yavin annonce qu'il a reçu de Santiago de Cuba des tronçons (V Arracacha esculeuta, et que la végétation s'en montre très-belle chez lui et au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, il ajoute : « M. Quihou m'écrit que cet Arra- » cacha est en pleine végétation, et qu'il est presque assuré » actuellement de la réussite. Mon jardinier qui a opéré de la » même manière que notre collègue a réussi comme lui. Les » racines avaient été mises dans des pots rempHs de terreau, » placés sur une couche chaude, recouverts d'un châssis. Ces » Arracacha ont les uns et les autres environ 10 centimètres » de haut. Mais, un de ces mêmes tronçons, placé sur un bal- » con situé au cinquième étage du boulevard des Capucines, » au midi, a formé une toutïe qui a aujourd'hui 22 cen- » timètres de haut, et d'une luxuriante végétation, dont » les autres sont bien loin d'a|jprocher. Il ne faut donc à cette » plante alimentaire, que l'on prétend comparable à la pomme » déterre, aucun soin, mais beaucoup d'air et d'eau, puis- » qu'elle a subi toutes les intempéries de la saison pendant )> ces cinq semaines. Je viens de mettre dans un plus grand » pot ce magnifique exemplaire, dont les racines remplissaient » celui dans lequel il l'était, je l'ai fait enterrer dans mon » jardin; il a déjà un boulon à fleur parfaitement constitué; » comme j'ignore si cette plante est hermaphrodite, je ne » puis savoir si elle portera graines. )> M. Rivière dit que : « V Arracacha esculenta est une plante » anciennement connue, qui appartient à la famille des » Ombelliferes et croît spontanément dans la Colombie. On a » vainement fait, jusqu'à ce jour, des essais pour l'acclimata- )) tion de celle })lanlesous notre climat. Les feuilles de l'/lr/Y/- ......:: PROCÈS-VERBAUX. ' *' Ô!>1) » carJia sont assez semblables à celles du Sium sisarum » (Chervi); les racines sont longues, assez grosses et partent )) (l'un collet qui offre à peu près la même analogie que celui » du Chervi, avec la différence, cependant, que les racines sont » plus développées. Les Américains procèdent de la manière ■» suivante pour récolter la racine, qui est alimentaire, et pour » multiplier la plante : lorsque celle-ci a acquis toute sa pé- » riode végétative, elle est arrachée et les racines sont cou- » pées à environ 8 ou 10 centimètres au-dessous du niveau » du collet ; les racines sont conservées par un moyen parti- » culier que j'ignore. Quant au collet, destiné à la reproduc- » tion, il forme alors une espèce de tronçon garni d'une quan- » tité de bourgeons ; on le sépare en plusieurs parties que l'on » replante, ou, si le collet ne peut se diviser, on le met en )) terre tel quel. De nouvelles racines se forment aux environs » des parties amputées, de nouveaux bourgeons se dévelop- » peut autour du collet et forment bientôt de nouvelles » plantes. L'année suivante, on procède de la même manière. » Lorsque j'étais attaché au Jardin de l'école de médecine, » le jardinier en chef, M. Lhomme, reçut à différentes re- » prises des tronçons cVArracacha esculenta. Il a employé dif- » férentes manières pour les cultiver : les uns furent mis en » serre chaude ; d'autres furent cultivés sous châssis froids, » et une certaine quantité fut livrée en pleine terre, à l'air » libre. Tous ces sujets poussèrent plus ou moins vigoureuse- » ment. Ceux qu'on avait placés en serre chaude végétèrent » immédiatement en donnant naissance à quelques racines et » en même temps à une tige florale ; mais celle-ci périt au » moment de montrer ses fleurs. Les plantes qui avaient été » placées sous châssis froid commencèrent leur végétation » plus tardivement; l'inflorescence se développa aussi, mais » pour périr au moment de l'apparition des fleurs. Enfin, les » les sujets de pleine terre et à air libre ne donnèrent nais- » sance qu'à quelques feuiUes, et bientôt l'hiver vint les dé- » truire complètement. Deux des trois pieds cultivés sous » châssis froid résistèrent pendant plusieurs années, et c'est » grâce à des soins assidus (ju'on put les conserver aussi long- 2« SÉRIE, T. V. — Juillet 18(38. 34 530 SOCIÉTÉ. IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » temps. J'attribue la mort de ces plantes prêtes à fleurir à ce » que n'étant ni assez fortes ni assez abondantes, les tig'es » n'avaient pu trouver dans les tronçons assez de matériaux » nutritifs pour pouvoir continuer leur développement. Plu- » sieurs fois après cette première tentative, nous avons reçu » d'autres tronçons de cette ombellilere, et jamais nous n'avons » pu conserver les plantes au delà de deux ou trois ans ; lou- » jours elles périssaient au moment de fleurir. M. Vavin pense » que cette plante ne donne pas de graines. En I8/1O et en » I8/1I, j'ai été à même d'en recevoir et de les semer. Les » plantes germèrent, mais nous ne pûmes conserver les jeunes » sujets. Si, d'après toutes nos tentatives, nous avons échoué » dans nos essais de culture, c'est probablement parce que la » chaleur n'est pas assez vive sous le climat de Paris. M. Va- » vin, animé du désir de voir propager la culture de cette » plante, a eu l'extrême bonté, il y a quelques jours, de m'en » donner un pied, que j'ai envoyé immédiatement au jardin » du Hamma, à Alger, pour en essayer la culture. Si nous ob- » tenons des résultats satisfaisants, j'aurai l'honneur d'en )) rendre compte à la Société. » . . — M. A. Rivière donne lecture d'un luénioire sur l'éduca- tion des Autruches à Alger et sur les faits observés au jardin du Hamma en 18(58 (voy. au Bulletin). ' ' ^' ' Le Secrétaire des séances, J, L. SOUBEIRAN. ni. CHRONIQUE. Des races de Chats domestiques. On peut considcîrer actiielieiuent comme un fait démontré que, non -seu- lement nos Chats domestiques d'Europe, mais aussi ceux que l'on rencontre chez les diliérents peuples des autres parties du monde proviennent de plu- sieurs espèces aijsohiment dilTérenles. Les caractères de quelques-unes des variétés répandues sur la surface du globe nous permettent sans grande difliculté de rcnionler à leur souche pi-i- mitivc; c'est ce qui se présente pour les variétés de l'Europe, de l'Afrique et de l'Asie occidentale (1). Les connaissances excessivement limitées que nous possédons sur les va- riétés de Chats tant sauvages qu'apprivoisés de l'Asie orientale, nous met presque dans l'impossibilité de trouver une base certaine d'où nous puissions partir pour donner sur le sujet qui nous occupe une conclusion môme ap- proximative. En ce qui concerne la souche dont dérivent les Chats domes- tiques d'Amérique et nolammevit du Sud-Américiiie, il peut exister d'autant moins de doute qu'il est bien positif et bien visible qu'ils appartiennent uni- quement a des races importées d'Europe. On peut avec une grande certitude (12) considérer comme la souche fou • damenlaie d'où dén\ eut nos Chais domestiques, le Chat yanté {Felis mani- culala) que l'on rencontre encore aujourd'hui à l'état sauvage en JNubie et dans le Kordovau et qui paraît incontçstablemenl avoir été apprivoisée d'a- bord par les anciens Égyptiens. L'étude attentive des momies et des dessins que i'on retrouve sur les monuments des populations de l'ancienne Egypte, mettent cette hypothèse hoi-s de doule : nous sommes donc fondés à désigner comme étant la race originaire d'où dérivent nos Chats domestiques, le Chat ganté domestique d'Egypte {Felis numiculata domestica]. D' l'Egypte, cette race paraît s'être répandue en Arabie et en Syrie, et, par la Grèce et riîalie dans les parties occidentales de l'Europe pour pénétrer à une époque récente dans toutes les parties du monde avec les Européens, Parmi les races de Chats domestiques qui sont répandues à la surface du globe, les unes se rapprochent beaucoup du Chat ganté domestique d'Égijptt', les autres en dilïèrent compléiement. (i) Toutefois certaines r;ices tendent à dispariùtre et leur cfiractèrc iirimitif s'altère par les croistniciils. Ainsi, parmi tes Clitils domestiques que l'on rencontre en Russie et surtout à Saint-Pétersbourg, la meilleure race répondant à sa destination de détruire les rats et autres animaux de même espèce, est la race dite de Sibérie, qui présente de plus grandes dimensions que la race Euro- péenne ordinaire : il est actuellement Irès-rure de rencontrer dans la Russie d'Eu- rope des Chats pur sang appartenant à celte race. (A. A. D., d'après les indica- tions de M. de Bourakoff.) (2) Tel était aussi l'avis d'Isidore GeoiTrov Sainl-Hilaire, Animmtx xdilcs, p. IM. 5o'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTÂTION. Quoi qu'il en soit, les principales races de Chats domestiques paraissent être actuellement : le Chat domestique d'Espagne {Felis domedica hispanica); le Chat domestique tigré {Felis domestica striata); le Chat domestique l)leu {Fdis domestica cœrulca); le Chat domestique d'Angora [Fdis domestica angorensis); le Chat domestique du Japon {Felis domestica Japonica); le Chat domestique de Chine {Felis domestica Sinensis); le Chat domestique Malais (fV/Zs domestica indica); le Chat domestique sans queue {Felis domes- tica caiidata); le Chat domestique du Paraguay {Felis domestica para- fliiaijensis); le chat domestique sans poil {Felis domestica depilaia). (Extrait d'un article sur les Baces de Chats domestiques publiés dans Der zoolo- Hische Garten. N" 2, lévrier 1858, p. 51, parle docteur L. J. Fitzinger, de Pesth, Hongrie). _______ L'article de M. Fitzinger dont nous avons extrait nos considérations sur les races de Chats domestiques et qui contient encore différentes considérations sur la dérivation de ces races, n'est pas le seul qui ait été publié sur le même sujet.. Le Land and IVater, dans une série d'articles, réunis sous le titre de Wild Types or sources ofDomestics animais, dont l'auteur se cache sous le pseu- donyme de Zoophilus, nous donne aussi des renseignemenls sur les diffé- rentes races d'animaux; il nous fournit notamment sur le Chat deux articles dont le premier se trouve dans le volume II, p. 158, n" 33, et le deuxième, vol. JI, p. 181, n" 3!i. Le docteur Darwin, dans l'ouvrage qu'il a publié récemment, The raria- tion nf animais and Vlants under Bomcstication, nous donne aussi des renseignements sur les races de Chats domestiques ol leur dérivation. Il en est de même d'un de nos vice-présidcnis, \I. le professeur de Qua- irefages qui, dans son cours d'anthropologie du ^Muséum d'histoire naturelle de cette année, a consacré plusieurs leçons aux races domestiques végétales, (_M aux races domestiques animales. Ceux de nos lecteurs qui désireraient con- naître les idées de:\I. de Quatrefages, sur ce sujet, peuvent consulter, soit son Bapport sur les progrès de l'anthropologie, soit son cours de cett^c année qui est publié dans la Bévue des cours scientifiques. M. de Quatrefages y cite et discute, en dilférents endroits, les opinions de ^1. Fitzinger, notam- ment en ce qui concerne la race chevaline. .\ous aurons ultérieurement oc- casion d'y revenir. A. A. D. I»èchc du Corail en Italie. La pèche du Corail doiuie des résultais très-satisl'aisanls sur les cotes d'I- talie et elle acquiert d'année en année une plus grande importance. La plus grande partie des bâtiments employés à cette pèche sont italiens et condui- sent à Cènes, à Livourne et à JNaples leurs chargements de Corail qui con- stituent une des principales branches du conuncrce de la péninsule. Ces bâti- CHRONIQUE. 53IÎ menis sont de ileuv espèces : l'une, assurément la plus nombreuse, est composée de navires de 1 1 à 16 tonnes de charge, avec des équipages de douze à quatorze hommes. Ces bâtiments sont tous équipés à Torre del r.reco, sous pavillon italien, et pèchent durant les mois de février et de mars. La seconde espèce comprend des embarcations de 3 à 6 tonnes de charge (pu naviguent sous pavillon français, bien qu'elles soient presque entière- ment montées par des marins italiens. L'équipage de ces embarcations, qui restent à la mer toute l'année, consiste en cinq ou six hommes. Les bâtiments font la pèche sur les côtes d'Afrique et de Sardaigne à une distance de 15, 20 ou 30 milles de la côte, et ne retournent au port que dans les cas d'absolue nécessité. Ils travaillent jour et nuit sans interruption : la moitié de l'c'quipage relève l'autre de six heures en six heures ; ils restent ainsi à la mer, sans venir à terre pendant plusieurs mois, pendant lesquels la nourriture de l'c-quipage consiste en biscuits et en macaroni. L'année der- nière, il y en avait seulement vingt-sept : le nombre des bâtiments de grande dimension paraît au contraire augmenter de jour en jour ; il peut être estimé à cent environ dont les équipages comprennent en tout à peu près douze cents hommes. En 1866, il y avait cent vingt bâtiments de fort tonnage, et bien qu'il y ait eu diminution en 1867, on a calculé qu'en 1868 il n'y aurait pas moins de deux cents bâtiments. La valeur du Corail varie constannnent *. son prix le plus bas est généralement de 75 francs le kilogranmie. En 1867, il t'tait seulemeni de 60 francs. Quelquefois le Corail vaut 100 francs. La va- riation du prix provient, jusqu'à un certain point, de la différence de qua- lité du Corail ; mais elle est déterminée aussi très-fréquemment par des cir- constances spéciales et notamment par l'accroissement ou la diminution de la demande sur les marchés des conlrc'es éloignées. Le débit du Corail est du reste plus faible en Europe qu'ailleurs. (Extrait du Journal of the Society uf arts, N» du 12 juin 1868, p. 552.) A. A. 1). Le saiga. Le Saiga {Saiga tartarica), espèce d'antilope, est un animal remarquable, préseulanl les dimensions d'un mouton de moyenne taille, qui n'est pas sans ressemblance avec le mouflon; il en (litière (outelbis par sa tète, dont le profil est tout à fait bombé, et dont le naseau présente l'aspect du nez ro- main ; la tète est terminée par un nuiseau cartilagineux, qui est excessive- ment mobile et tout différent du nmffle des autres animaux ruminants. A première vue, le museau du Saiga se rapproche beaucoup de celui de r]';lan, mais il n'en est plus ainsi lorsqu'on l'examine avec soin. Les oreilles sont courtes et garnies de longs poils à leur pourtour ; il existe, au-dessous de l'œil, une large touffe de poils, qui est dirigée de haut en bas; immédiate- ment en face de cette touffe, se trouve l'ouverture de la glande sous-orbitale. Lorsque l'animal n'a encore atteint que la moitié de son dt'-veloppemenl, on 5?)/! SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGTOUE d'aCCLTAÎATATTON. n'observe ni les poils de Torcille ni la louffe plac(''e au-dessous de l'œil. Lorsque ranimai a atteint son complet développement, son poil est long et fourni sur le cou, sur la partie postérieure duquel il rayonne d'un point cen- tral, il existe encore, cliez le Sai^a, une frange de longs poils noirs sur la croupe. Les cornes, qui sont particulières au mâle, sont de moyenne lon- gueur, quelquefois en forme de lyre, annelées et d'une couleur blanchâtre. La couleur générale de l'animal est le roux. Le poil est plus court et d'une couleur plus fauve en été, lorsqu'il est récemment poussé; pendant l'au- tomne, il s'allonge considérablement cl blanclni graduellement â la super- ficie, en commençant par mw. large place blanche qui se manifeste d'abord .sur le dos. Dans presque tons les Gerts proprement dits, il existe un poil d'été el un poil d'hiver, qui diffèrent beaucoup de couleur, l'animal changeant deux fois de pelage dans l'année. Il n'en esl pa? ainsi pour le Saiga ni pour aucun des autres ruminants à cornes enveloppées d'une gaine, autant, du moins, qu'il a été possible de l'observer jusqu'ici ; mais la différence entre le pelage d'été et le pelage d'hiver du Saiga paraît si considérable, qu'elle a fait soupçonner que cet animal poiuraii bien constituer une exception à Ja règle, et que cette supposition paraît devoir être ujainteiiue jusqu'à ce que l'on se soit convaincu du contraire par des observations répétées faites à différentes époques. Le Saiga porte habituelienienl sa tète basse, et il ne l)aiaîi pas douteux que le sens olfactif est excessivement développé chez lui, ce qui lui permet de reconnaître la présence de l'hcibe au-dessous d(^ la couche profonde de neige qui recouvre les pâturages sur lesquels il pass(! les niois d'hiver. A l'époque actuelle, le Saiga habite principalement la f ar- larie occidentale et existe spécialement en grands troupeaux dans le voisinage du lac Aral. 11 est également assez abondant dans les plaines du Dnieper et du Volga, s'étendant de ià le long des rives de la mer Caspienne, allant vers l'est jusqu'aux rnonis Altai. M. Chrisly a reconnu que les plaines septen- tiionales de la Pologne et la vallée du Dnieper sont les limites méridionales de la région de cet aniivi irope à l'époque actuelle; mais un fait inté- ressant, c'est que M. Lartet a reh'ouvé des ossements de Saiga iiarmi les débris d'ossements de quelques-unes des plus anciennes habitations lacustres de Suisse, simultanément avec des ossements de rennes en profusion, ce qui indiquerait que, à une époque où l'Europe présentait un climat plus froid (|u'à répo([ue actuelle, la région du Saiga était bien plus étendue. Chez les Kirghlz, (;et animal est connu sous le nom de haigJi. (FAtrail d'un article du Landand Water, numéro du iU décembre 1867.) A. A. i). culture de la vigne et production du vin en Italie, « La situation de la péninsule italienne et la configuration de son sol sont îxtrèmemeut favorables à la culture de îa Vigne. i:.es dernières pentes des CHRONIQUE. 535 Alpes, qui se terminent en collines et en coteaux, ainsi que les terrasses et les pentes de l'Apennin, rendent le territoire de l'Italie fort accidenté et par conséquent très-propre à ce genre de culture. Déjà, dans l'antiquité, un grand nombre de qualités de vin étaient estimées, et les auteurs latins, qui ont traité de l'agriculture, ont reconnu toute l'importance de la culture de la Vigne; en effet elle est ancienne et générale dans le pays. .Sans qu'il existe des districts uniquement vignobles, et quoique le paysan italien, conformé- ment aux anciennes traditions, s'occupe presque partout de cette culture, en même temps qu'il se livre à d'autres travaux agricoles, il y a cependant des zones et des cantons où le vin est le principal produit et où il est même d'une grande importance, soit pour sa quantité, soit pour sa qualité. » En Piémont, les collines de VAstigiano, du Montferrat, du baut ]\o- varais, du Canavese et de la vallée d'Aoste ; en Lombardie, les terroirs de Bergame, de Brescia et de la Valteline ; en Vénétie, les coteaux Euganei et Berici, le Frioul, les pentes de l'Apennin, le long du Pô, telles sont les contrées dans lesquelles la Vigne se trouve particulièrement cultivée dans l'Italie supérieure. On distingue, dans l'Italie centrale, deux zones vilifères; celles qui longent le lit de l'Arno et les vallées centrales et latérales de l'A- pennin, de rOmbric et des Marches jusqu'aux monticules des environs de lîonie; dans l'Italie inférieure, les collines (|ui de Naples vont, les unes aux Abruzzes, les autres aux Calabres, produisent une grande quantité de vin. Les îles de l'Italie excellent dans le genre de ce produit ; la .Sardaigne, prin- cipalement dans les arrondissements d'Oristano et d'Alghero ; la Sicile, dans ceux de Syracuse et de Vlarsale ; l'île d'Elbe, celles d'Ischia et de Gapri pro- duisent aussi des vins irès-estimés. » Toutes ces régions, situées dans des conditions topographiques inégales et à des degrés différents de latitude, donnent lieu à une très-giande variéK; de vins » {L'Italie économique, p.' 123.) La production totale du vin en Italie est estimée à 28 879 908 hectolitres (environ Go 5o5 8/iï3 galions) de la valeur de 1 052 7ZiO 000 francs (^2 109 600 livres sterling). Le tableau suivant donne la production léparlie entre les diverses provinces : Quantités . Valeur l'ii liectolitivs. (Ml franrs. Piémont et Ligurie 3,800, 412 136,800,000 - ; Lombardie l,228,lZi/i /|6, 670. 000 Vénétie 2,368,0û5 87,600,000 l^milie 5,013,933 180,500,000 Ombrie 1 ,72/i,l/i9 58,500,000 Les Marches 2,/iZi7,'42l 83,200,000 Toscane 1,500,000 58,500,000 Provinces napohlaines. . . 2,101,712 69,/iOO,000 Sicile 8,188,092 311,150,000 Sardaigne .508,000 20, .'{20,000 28,879,908 1,052,740,000 ■ 536 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Les principaux vins en Piémont sont le Barbera, le Nebbiolo, le Barolo. le Braccheto, le Gattinara, le Grignolino, le il/a/yasm d'Asti, le Passerettu, VAifliano, le Caluso et le Moscato. Ces vins sont exportés en quantité con- sidérable pour TAinérique du Sud, où ils trouvent un dél)it facile. Dans les provinces liguriennes, les principaux vins sont le Dolcelo, le Pi(jnolo de Neive, le Malvasia de Grinzano et le Dinazzano. En Lombardie, on ren- contre le San Colombano, le Monterobbio, le Sassella, et le vin appelé Inferno (enfer) qui est fourni par des vignes poussant dans la Valteline : ce vin est exporté en Suisse et dans le Tyrol. Dans la province de Modène, le Lambrmco, le Fiorano et le Scandiano sont bien connus. Les meilleurs vins de la province de Plaisance sont le Cisolo, le Sangiovesi et le Vinoranto. Les vins de Toscane, leMontepulciano, VAleatico, \e Montalcino,\ç: Brofilio, le \'al(jiano, etc., etc., sont bien connus même on Angleterre. Les meilleurs vins de TOmbrie et des Marches sont le Monteftascoui', VOrvteto, le Prosa- nico et le Vinosanto de Pérouse. L'importance de la récolte du vin en Sar- daigne s'est toujours considérablement accrue pendant les dernières années : le meilleur vin est le Nasca, d'une couleur d'ambre el d'un agréable bou- quet ; on pourrait encore citer le Vernaccia, le Malvasia de l>osa, le Monaco, le Giro, le Connanau. Les provinces napolitaines produisent d'excellents vins dont le plus connu est le Lacryma Christi, qui est fourni par des vignes poussant au pied du Vésuve, el le Capri, de l'île de Capri, dans la baie de Napl(>s. La Calaljre produit aussi quelques variétés de bons vins. L'île de Sicile est célèbre pour ses vins, parmi lesquels nous mentionnerons le Vin de Syracuse qui ressemble quelque peu au Chablis. Les vignobles de Massara el de Castelvelrano produisent le AJarsala qui ressemble au Sherry. Parmi les vins de Sicile, nous pouvons citer encore le Costa ctnea, les Malvasia, le Moscato de IJpari, le Granatino de Gatane, le Madeira de l'Etna, VAlba- ncllo. L'île du Giglio fournit VAusonio. (Extrait du Journal of the Society of Arts du vendredi 15 mai 1868, n'^ 808, vol. W'I, p. /|8L>.) A. A. D. Incubation de l'Aptéryx. Dans la séance du Zoological Society du 18 mai 1868, M. Bartlett a dé- crit l'incubalion de cel oiseau aptère, vraiment singulier, le Kiari-h'iivi ou Aptéryx de la Nouvelle Zélande qui a pondu el couvé pour la première fois dans le cours de la présente année. L'Aptéryx femelle était arrivée an Jardin en 1851 ; en 1859 elle a pondu son premier œuf qui pesait l/i onces, un quart du poids de l'oiseau, et qui, en proportion du poids, était plus lourd que celui d'aucun autre oiseau. Après 1859, l'Aptéryx femelle pondail chaque année un ou deux œufs, mais comme m manquait de mâle, les ceufs roslaient nécessairement stériles. En 1865 on put se procurer un mâle : les deux oiseaux s'accouplèrent CFIRONIQUE. 537 en 1867, le mâle faisant entendre pendant la nuit le cri l)riiyant (kivi kivi) qui a t'ail donner à l'oiseau son nom dans sa patrie d'origine, et la femelle lui répondant sur un ton moins haut ; les deux oiseaux restaient silencieux ptMi- dant le jour. Le premier œuf fui pondu le 2 janvier et fut couve par la femelle pendant deux ou trois jours ; le mâle se rendit alors au nid. Le 7 février, le second œuf fut pondu dans le même nid; la femelle couva ensuite dans le coin op- posé de l'enclos, siu- un nid fait de couris brins de paille, mais sans pondre. Durant l'incubation les oiseaux cessaient de faire entendre leur cri parli- culier. Les œufs, qui étaient vraiment gros, étaient placi's l'un à côté do l'autre, et le mâle les couvait en se pla(;ant iransversalcment sur tous les deux ; le peu de largeur de leur corps permettait du reste d'apercevoir les extrémités des œufs de chaque côté. L'incubation fut continuée jusqu'au 23 avril, par conséquent pendant près de quatre mois, au bout desquels l'oiseau parut alfaibli et épuisé et cessa de couver; malheureusement les (inifs ne présen- taient aucun signe indiquant qu'ils eussent été fécondés. (Extrait du Field du samedi oO mai 1868, n'^ 805, vol. XXXI, p. 1, ;]3.) A. A. D. Pêcherie de eot[uilles perlières en Australie. Un correspondant de l'Illustrated Australian News appelle l'attention sur une d('C0uverte d'une importance vraiment considérable, Texislence d'une pêcherie de coquilles perlières d'une grande «'tendue siu- la côte nord-ouest de r Australie occidentale. Il décrit la partie du fond de la mer sur laquelle se trouve la pêcherie comme s'étendant le long de la côte, sur une distance qui n'est pas moindre que 1000 milles. « Il a été retiré au delà de 60 tonnes de Perles jusqu'en décembre, époque à laquelle les circonstances m'ont obligé de quitter», écrit le correspondant, «el ces coquilles étaient achetées sur place 100 £ la tonne. Les banques, à Perth, avancent 100 ^ par tonne, ne tenant pas compte des Perles intérieures qui sont évaluées de 1 à 20 f cha- que. Lorsque je quittai la pêcherie, il y avait environ 30 hommes engagés dans la pèche. Mes coquilles ne sont pas encore arrivées à Melbourne, mais je les aurai bientôt pour les faire c\aminer. J'ai aussi une portion de coquille travaillée. Je serai, du reste, très-heureux de fournir dos informa- lions sur ce sujet à ceux qui m'en demanderaient. » (Extrait du Journal of the Societij of the Arts du vendredi 19 juin i 868, n" 813, vol. \V1, p. 565.) A. a. D. Production du Lin et du Clianvre en Italie. La production du Lin en Italie est évaluée à environ 135 000 quintaux et celle du Chanvre à 500 000 quintaux, en tout 635 000 quintaux. Les prin- i)38 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. cipalcs variétés de Chanvre cultivées sont le Clianvre comnuin {Cannabis saliva), le Clianvre de Chine et le Chanvre géant dont les tiges attei.^nent quelqnel'ois jusqu'à 5 mètres de hauteur. Les trois quarts environ du Chanvre et du Lin exportt's d'Italie vont en Autriche, et la plus grande partie à l'état hrut. (Extrail du Journal of tlie Society of Arts du \endredi 15 mai 18b8, n° 808, p. /i81.) A. A. D. <:ulfcure de ri^piuoi clims l'État de Victoria. Tîn essai de culture du pavot à Opium a (Ué laii dans l'Élai de Victoria (Australie) et les résultais en ont été heureux. Un petit nomhre de plants ont été élevés en 1867 ei les produits, examinés par des juges bons connaisseurs, on! été recoiuuis de première qualité. Les cultivateurs chinois de ces districts pioiiioronl induijilablement cux-niémes de cette expérience, el l'on doit s'at- tendre à ce que le pavot à Opium sera ahondanunent cultivé dans celle contrée. (Extrait du Journal o/" tlte Society of Aris du vendredi 22 mai 18G8, n" S()9. p. 50;).) A. A. D. Végéiawv cultivés dans l'État de Queenslaïuî. Dans le .lardin botanique de Brisbane, on peut voir le Jute de l'Inde, el les autres végétaux (jui produisent des libres utilisables en industrie, pousser avec la plus grande exubérance de végétation bien que la lerre n'y soit pas plus riclie qu'ailleurs. Ue l'Indigo de première qualité, présentani un lorl rendement par acre, a été extrait, dans une courte période de temps, d»; plusieurs végétaux poussant dans la même localité, Les plants de Calé y lournissent chaque année de bonnes récoltes, el un Chinois, bien que ce ne soit cependant pas depuis longtemps, prépare du Thé avec des plants de Thé poussant dans le jardin d(! Brisbane. Les végétaux que nous venons de citer ne conslituenl qu'un pciii nombre de ceux qui peuvent être cultivés dans les différentes pariies de !a colonie de Queeusland. Ces végéiaux peuvent-ils être produits d'une manière satisfaisante pour donner des bénéUces? Cela n'a pas enconî été prou\é, mais foules les chances son! eu faveur de celte conclusion. (Extrait du Journal of llie Society of Artx du vendredi 22 mai 1868, n" 809, p. 503.) A. A. D. JARDIN D'ACCLimATATÎOM DU BOÎS D£ BOULOGME- RAPPORT pp.ksi:nté au nom du conseil d'administration PAR LK DIRECTEUR DU .lARDIM TO. a,. «^KOFFEIÎÈ^'S lS,4ii^"iS'-BlîL.'îiaiâK, A rAssenibloi! généraic du oO avril 1868. Messieurs, J'ai l'IionneLii" de vous présenter, au nom du Conseil d'administration delà Société du Jardin zoologique d'acclimatation, les comptes de lY'lablis- sement pour l'année I 867. Actif., Espèces en caisse Espèces ail Crédit foncier. Obligations Caiiliounenienl Effets à recevoir ....... Animaux, d'après inven- taire Mobilier . . . Mobilier industriel et Ou- tillai^e Approvisionnements Comptes courants débi - leurs Total. .. Constructions nouvelles. , 7,820 85 .').'3,316 70 27,180 » .5,000 » /(.'S » 118,f)8.3 10 5,26<> » 9,215 GO 8,96<) 30 Pdssvy. Comptes courants crédi- teurs 25,;^:5G Gl Fonds de réserve Capital d'exploitation : ExcéJ;iiil (le l'actif iiii :il (léc.'ISeti. mMi 611 liéiiélir,!', (le l'oxiM- ; rice 1867 ;î5,7.« « ) :i,^,;i85 64 ro.'i 0(12 10 17,384 80 254,884 35 84,629 03 Total égal 339,513 38 Total 254,884 35 Capital immobilisé (con- structions nouvelles)... 84,629 03 Total égal 339,513 38 bfiO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMÂTATION. roiiipto d'exploitation, c\orriee de tS09. Dépenses. Conduites d'eau 733 35 Personnel 47,513 45 Animaux de l'aquarium. . 2,526 50 Nourriture des animaux.. 07,317 05 Entretien du jardin et des chemins 19,986 75 Entretien du jardin d'hiver 6,752 85 Salon de lecture 393 » Entretien et appropriation des bâtiments 8,600 50 Entretien des parcs et clô- tures (1) 5,105 15 Mobilier industriel et Ou- tillage (2) 8,037 30 Publicité 10,821 65 Fournitures et frais de bu- reau (3) 5,494 10 Chauffage 5,505 85 Loyer 1,000 20 Assurances 674 10 Impôts 1,809 25 Timbre des actions 500 80 Assemblée générale 047 00 Abonnement des eaux. . . 3,250 » Frais généraux 4,860 90 liabais et Escomptes. . . . 385 75 Amortissem' du mobilier. 2,238 50 Collection de vignes. ... 1,158 75 Total des dépenses. . 205,493 35 Excédant des receltes . . . 45,2'i3 70 Total égal 250,737 05 (-1) Peinture fies clôtures et réparations de Sîi-illages. (2) Voilures, harnais, cages, perchoirs, en- trelien et rcparalioii d'outils. (3) Ports et alTrancliissenients de lettres, re- gistres, imprimés et papeterie. Recettes. Entrées du jardin 217,450 25 Entrées des serres 3,915 50 Abonnements 855 » Bénéfice sur la vente des animaux 1,925 45 Vente d'œufs 6,181 15 Vente de plumes 192 30 Vente de graines et plantes 519 55 Animaux reproducteurs. . 135 » Notices de l'aquarium ... 24 » Livrets (Cuide du Jardin). 707 90 Loyer du buffet 5,000 » Intérêts des comptes cou- rants 1,790 45 Dons d'animaux 5,908 50 Total 244,737 05 Heci'tte /'.rtraordi/iaire. Subvention du ministère de l'agriculture , du com- merce et des travaux pu- blics 6,000 » Total égal 250,737 05 Nota. Sur l'excédant des recettes de 'iS.a" 70 Il faut déduire : d'Intérêts aux pro- j priétaire des serres 3,940 20 f j^ ^^^g 05 2'^ Pour construc- i lions nouvelles. . 5,558 05 ] Bénéfice net de l'exercice 18G7. 35,745 -45 Ain.si que vous le voyez, Messieurs, par le compte d'exploitation dont je viens de vous donner lecture et qui a été remis à chacun de vous, le résultat de l'exercice 1867 n'est pas aussi favorable que je m'étais cru fondé à vous le faire espérer dans votre dernière Assemblée. En effet, je vous disais alors que, sans trop présumer des résultats pro- bables de l'aftluence des étrangers qui allaient venir visiter Paris, à l'oc- casion de l'Exposition universelle, il était permis de croire que nous au- rions à vous présenter, en 1868, un compte assez satisfaisant pour assurer, à l'avenir, la prospérité du Jardin d'acclimatation. Cet espoir ne s'est pas réalisé. Notre établissement a subi, comme SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN, 5/il tant d'autres, l'effet des trop nombreuses attractions groupées dans l'en- ceinte du Champ-de-Mars. Les étrangers qui sont venus visiter Paris, en 1867, ont été absorbés par l'Exposition universelle, et il en est résulté que les autres curiosités parisiennes ont été négligées. Cependant nous avons reçu dans notre jardin environ cent mille visi- teurs de plus que l'année précédente, et nos recettes d'entrées ont dépassé de quatre-vingt quinze mille francs celles de 1866. Mais, malgré cette notable augmentation de recettes, l'exercice ne se solde que par 33,745 fr. 4o c. de bénéfice. Je vais, Messieurs, vous fournir des explications sur les comptes que nous vous présentons. DÉPENSES. Les dépenses de l'exploitation, en 1867, se sont éle- vées à 214,991 fr. 60 Celles de 1866 ne montaient qu'à 178,948 60 Excédant en -1867 36,043 fr. » Il convient de faire observer que, dans ce chiffre de 36,043 francs, figure, pour 2,000 francs, un payement anticipé relatif à une construction dont le solde n'était exigible qu'en 1868. L'excédant véritable des dé- penses de 1867 n'est donc que de 34,043 francs. Bien que cet excédant puisse paraître considérable, je tiens à dire que la direction s'est peu écartée des prescriptions budgétaires. Le Conseil d'administration, sur le rapport de la commission de finances, avait voté, pour les dépenses de 1867, une somme de 1 98,000 fr. » Ces dépenses, en retranchant le payement anticipé ci- dessus mentionné, se sont élevées à 212,991 60 Différence en plus du vote _1 4,991 fr. 60 Examinons les causes de la différence de 34,000 fr. entre les dépenses de 1 866 et celles de 1 867, et voyons pourquoi les prévisions budgétaires pour celte dernière année ont été insuffisantes. NOURRITDRE BES ANIMAUX, La plus grande partie de l'augmentation des dépenses en 1 867 a porté sur la nourriture des animaux, soit pour une somme d'environ 16,000 fr. 11 eût été difficile qu'il en fût autrement, puisque, pendant presque toute l'année, nous avons eu à nourrir un cheptel plus nombreux que de cou- tume, et à supporter, sur certaines parties delà nourriture des animaux, une augmentation de prix considérable, PUBLICITÉ. Pour mieux stimuler la curiosité des étrangers attirés par l'Exposition universelle, le Conseil d'administration a pensé qu'une plus grande ex- tension devait être donnée à la publicité. En conséquence divers marchés ont été passés, et il en est résulté une augmentation de dépenses d'un peu plus de 5,000 francs. 5/|2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLIMATATION. MOBILIER INDUSTRIEL. Le mobilier indusiriel a nécessité en 1867 de notables dépenses; il a en outre clé amorti, pour une somms a=sez forle, dans le dernier inven- taire. Aussi vous le voyez figurer dans le compte d'exploitation pour 8,037 fr. 30 c, somme supérieure de plus de 4,000 francs à celle portée dans le même compte en 1 866. CHAUFFAGE. La rigueur du dernier liiver a rendu nécessaires des frais de chauffage plus considérables qu'en î 866, et le supplément de dépense pour cet ar- ticle a été d'environ 2,000 francs, CONSTRUCTIONS NOUVELLES Des constructions nouvelles, peu considérables, mais tout à fait néces- saires pour le logement de certains animaux, ont aussi chargé l'exercice de 1867 d'un supplément de dépenses d'environ 5,500 francs. Nous ne pouvons, Messieurs, parler devant vous de constructions nou- velles, sans exprimer le regret de ne pouvoir, pour attirer le public, dont la cuiiosité a constamment besoin de stimulants, faire, chaque an- née, quelques nouvelles installations. Cette question, qui préoccupe votre Conseil d'administration, est une de celles qui doivent le plus mériter d'être soumises à votre bienveillant intérêt. Pour résumer ce qui se rcipporte aux dépenses, si nous additionnons les cinq articles que nous venons de signaler, nous trouverons un total de 32,500 francs, qui se rapproche beaucoup des 34,000 francs formant l'ex- cédant de dépenses de 1 867 sur 4 866. RECETTES. ENTRÉES DU JARDIN. Les entrées du Jardin se sonlélevées, en 1 867, à, . . 217,456 fr. 25 Elles n'avaient produit, en 4 866, que 12-1,937 25 C'est donc, pour 1867, un excédant de 95,519 fr. » Le Jardin a été visité par 106,'! 67 personnes de plus qu'en 1866. Cependant, comme je vous l'ai dit au commencement de ce rapport, les entrées sont restées au-dessous des évaluations que nous avions cru pré- sumables. Une partie de cette infériorité doit être attribuée au mois d'a- vril qui, dans les années ordinaires, nous donnait de 25 à 30,000 francs, et qui, en 1867, en raison de la saison exceptionnellement mauvaise, ne nous a donné qu'environ 9,000 francs. VENTE DES ANIMAUX, Le bénéfice sur la vente des animaux a été des plus minimes en 1 867. Il ne se solde en recette que par une somme de 1 ,925 francs. Si vous comparez ce chiffre à celui de l'année précédente, vous aurez r •» ^ SITUATION FINANCIÈHE DC JARDIN. hll'^ lieu d'être surpris d'une semblable diminution, d'autant plus que le total des ventes réalisées en 1867 est égal à celui de 1 866. Il y a lieu de vous donner, à ce sujet, des éclaircissemenls. Le chiffre du bénéfice de 1 866 était de 3 1 ,832 fr. 2o Mais, dans cette somme, 7,747 fr. oO c. représentaient l'indemnité qui nous avait été payée par n|tat, pour nous rembourser, en partie, la valeur des animaux abattus, pour cause d'utilité publique, par suite de l'épidémie du typhus. 7,747 30 Restait donc pour le bénéfice réalisé sur les ventes de l'année 24,084 fr. 73 • • • Or, ce bénéfice de 24,000 francs devait être considéré comme excep- tionnel; car jamais celui des années précédentes n'en avait approché, et nous ne l'avions obtenu, en 1866, que grâce à quelques o>,casions heu- reuses, dont nous avions pu profiter, et qui ne sont pas faciles à retrouver. En outre, dans l'année 1867, notre collection d'animaux a eu à subir une mortalité assez considérable. Vous savez. Messieurs, que cette collection se divise en deu.'i catéo-ories savoir : les animaux achetés pour ètne revendus, et ceux formant le fonds de notre mobilier vivanî. Ces derniers sont, en général, des animaux d'un grand pris, ei il ne faut pas, parmi eux, beaucoup de parles pour ame- ner, d'une année à l'autre, des différences très-notables dans le chiffre de l'inventaire. Or. nous avons eu, en 1867, plusieurs pertes onéreuses; et comme toutes les mortalités, sans exception, sont portées au compte du commerce, le bénéfice de ce commerce a dû se trouver considérablement réduit. Votre Commission de finances, votre Comité de direction et votre Con- seil d'administration, en présence du faible résultat obtenu par le com- merce des animaux en 1867, se sont émus et ont étudié cette question avec le plus grand soin. Il semblait en effet, au premier abord, que c'é- tait être en perte que de n'obtenir, sur 130,000 francs de ventes, qu'un bénéfice de 1,900 francs, alors que le commerce nécessite des frais de nourriture et de personnel assez considérables. Cependant il est résulté de l'étude faite que, même si le commerce ne donnait habituellement que le minime bénéfice obtenu en 1 867, il y aurait encore avantage à le con- tinuer. En effet, les amateurs d'animaux, qui viennent pour acheter, contribuent pour une portion assez notable aux recettes d'entrées dans le Jardin, et, en outre, le commerce, ainsi que nous l'avons dit plus haut, ne paye pas seulement la mortalité des animaux achetés pour être revendus^ il paye encore celle des animaux de fonds, et tous les frais de transport et autres occasionnés par ces animaux. Ainsi, pour 1867, la mortalité des animaux de fonds s'est élevée à 24,000 francs, et les frais qui les con- cernaient ont monté au chiffre de 7,000 francs. Le commerce, outre les 1,900 francs de profit qu'il a donnés, a donc été grevé des deux sommes que nous venons d'indiquer et qui forment un total de 31 ,000 francs. J'ai hâte d'ajouter que nous avons, dès aujourd'hui, l'assurance d'arri- ver, pour le commerce de 1868, à un résultat plus avantageux que celui de 1867. Car la mortalité de nos animaux est, jusqu'ici, inférieure à ce b!ll\ SOClÉTl^ IMPÉRIALE ZOoËî>GIQUÊ d'aCCLIMATATION. (lu'elle était précédemment, et le chifire des ventes réalisées n'est pas moindre que celui des années passées. SURVENTTOi*' ■y. ., Son Excellen-.- le Ministre ^ .nouveler, en 1867, la subvention de 6,00 .iraiics qu il .1 accordée en 1866. Nous avons été conservés sur la liste des établissements subventionnés par l'État. Ce témoignage d'intérêt de l'adminislralion supérieure esrpour nous une honorable récompense et un précieux encouragement dans la voie que nous suivons et qui a fait du Jardin d'acclimatation un centre important pour tous ceux qui s'occupent d'élevage d'animaux de basse-cour et de parc. EXPOSITION DE VOLATILES. Nous venons encore, tout récemment, de tenter, dans cette voie, un nouvel essai, en faisant, au Jardin d'acclimatation, une troisième exposi- tion de volatiles. Cette exposition a permis de constater de notables pro- grès dans les produits présentés, particulièrement dans ceux appartenant aux races françaises les plus estimées. Messieurs, si les résultats financiers de 1 867 n'ont pas réalisé nos pré- visions, il n'en est heureusement pas de même pour les résultats prati- ques de notre entreprise. Les expériences que nous poursuivons sur différentes espèces de mam- mifères et d'oiseaux réussissent assez pour que nous ayons lieu de nous en applaudir. Nos collections, déjà considérables, se sont enrichies, en 1867, de plusieurs animaux précieux, et en particulier, de faisans très-intéres- sants qui ont, sinon abondamment, au moins suffisamnienL multiplié, et dont quelques-uns deviendront, dans peu d'années, des oiseaux français. Un auguste visiteur me demandait, il y a quelques jours à peine, pour- quoi notre Société ne tentait pas, en faveur des races agricoles (bœufs, moulons et porcs), ce que nous avions fait avec succès pour les oiseaux domestiques et pour les animaux exotiques. Dès longtemps déjà, ces idées émises par l'Empereur avaient été étudiées par quelques membres de votre Conseil d'administration : des plans, des devis avaient été dressés, et nous avions attendu cette année d'Exposition universelle pour donner suite à ces projets. Le résultat de celte grande Exposition n'ayant pas répondu à notre es- poir, ce n'est pas un motif pour nous de nous décourager, ce n'est qu'une raison nouvelle de lutter avec plus d'ardeur et de persévérance. Car l'idée généreuse et désintéressée qui a présidé chez vous, Messieurs, à la fonda- lion de notre Société nous permet d'espérer que votre bon vouloir nous accompagnera toujours dans les efforts que nous continuerons de faire pour assurer le succès de l'œuvre que vous vous êtes proposée. Après la lecture de ce rapport, les comptes soumis à l'Assemblée ont été adoptés à l'unanimité. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE (1). APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE GUANAJUATO (mexique), Par M. «.Ifrctl DLGÉS. Le petit travail qui va suivre n'a pas la prétention de vou- loir esquisser même la Faune des environs de Guanajuato ; i' ne traite que des animaux qui ont rapport à l'homme, soit pai ^'i leur utilité, soit par leurs préjudices. J'ai dû établir en con- séquence la division suivante poui' mettre un peu d'ordre dans ces indications : il faut se rappeler qu'elles ont été recueillies en 186/1 et dans l'Etat de Guanajuato : ^ i" Animaux domestiques ; 2" Animaux sauvages utiles ou d'agrément ; 3^ Animaux sauvages nuisibles. l. — Animaux domestiques. 1. C/ml. — H y a peu de chose de particuher à dire sur ce mammifère. La race ordinaire ne diffère en rien de celle de France, sauf que le pelage est généralement gris plus ou moins fauve avec des barres brunes ou noires. Quelques rares An- goras ont été importés et paraissent devoir prospérer : ils ont aussi les caractères que nous leur connaissons ici. Aucun.- partie des Chats n'est utilisée; la rage n'a jamais, que je sache, été observée chez eux. 2. Chien. — On retrouve certaines races importées ; ce sont, par ordre de fréquence : les Terre-Neuves, les Setters les Lévriers, les Rraques, les Bull-dogs, les Barbets : quant au Chien des rues, provenant de toutes les races mêlées, son lacies tient généralement le milieu entre le Chien de berger et le Matin. Aucun de ces animaux n'a dégénéré, et tous (1) La Socic'lé ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son fhiUelin. 2'= SÉRIE, T. V. — Août 1868 .. 35 5i6 SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. aboient comme en Europe : la seule remarque à faire, c'est que ceux qui appartiennent aux Indiens sont généralement fé- roces pour les gens d'une autre race. Outre ces Chiens, on rencontre le Chien nu ou Xoloytz- cuintli ùe Hernandez {Canis carihams)., probablement indi- gène, qui offre quelquefois des poils au bout de la queue cl sur le front; la teinte la plus ordinaire est le noir-gris, mais on en trouve de couleur de chair bronzée avec ou sans taches brunes; ce Chien aboie comme les autres : quelques per- sonnes l'estiment beaucoup et le font coucher avec les rhu- matisants, sous prétexte que l'animal leur soutire la maladie. Ces animaux sont très-frileux. Endn le Chien de Chihuahua ou Ytzcuintepotzotll de Her- nandez {Canis americanus), que l'on élève comme auti'efois Cliicii de Cliihualiua. nus dames les roquets. Ce petit animal aboie peu ou point. Lorsqu'il est de race pure, il a le crane globuleux, large, sur- tout en arrière, très-grand par rai>port à la face, et les parié- taux s'écartant en dehors à leur base avant de remonter pour former la bosse pariétale qui est très-saillante ; l'orbite est grand et l'œil proéminent ; le uuiseau ( uurl, peu épais, non APERÇU (JÉNÉUAL SUR LA FAUNE DE (JUANAJUATÛ. ôZl7 rcLroussc , ies paltcs sonl grèlc-s cl sèches, la patic fine et allongée et les ongles inclinés en avant et l^ien déconveils ; la (|ueue mince, demi-relevée et couverte des mêmes poils courts et lins du corps ; enfin, l'ensemble rappelle un peu les Ibrmes de la Levrette, sauf que le cou est plus court et que la région lombaire est assez arquée pour avoir fait donner à cet animal par Hernandez le nom de Canis gibhosus, et sur- tout qu'il est d'une petitesse rare ; il y en a dont la hauteur aux lombes n'arrive pas à 0'%i/i : si Ton ajoute une douceur habituelle, peu d'intelhgence, peu d'attachement, une vieil- lesse précoce et une grande sensibilité au froid, on aura à peu près le portrait de ces insignifiants petits compagnons des personnes qui n'ont pas d'autre occupation. Les deux noms mexicains donnés par Hernandez à j'époque de la conquête, nie paraissent une preuve que ces deux espèces existaient au Mexique avant l'arrivée des Espagnols, et du reste, elles sont restées aujourd'hui ce qu'elles étaient au moment où écrivait cet observateur, aussi exact que consciencieux, malgré plus de trois siècles passés. A propos du Canis amcrianius, je dois dire ici qu'on le croit originaire des plaines de Chihua- liua, où il vivrait à l'état sauvage ; ayant eu l'occasion d'obser- ver un animal envoyé de ces endroits sous le nom de Chien de Ghihuahua sauvage, j'y reconnus immédiatement le t'iino- mys Indoviciamis, dont le cri ressemble à un petit jappement ; il est clair qu'il y a là une confusion de noms et d'animaux, et que l'origine du Chien dont il s'agit n'est pas démontrée par cette croyance qui reste sans fondement actuel. On empoisonne périodiquement les Chiens à Guanajuato, et pour cela on se sert d'une décoction de noix vomiquc et de fève de Saint-Ignace mêlée avec de la Yerba de la Puebla {Se- necio canicida), avec laquelle on fait bouillir de la viande ; l'elTet m'en a paru plus actif que celui de la noix vomique seule. La rage est rare, et dans l'intervalle de quatorze ans je n'en ai connu que quatre ou cinq cas communiqués à l'homme. 11 parait ([uc dans les campagnes on a observé des hybridot de Chien et de Loup des prairies. b bhS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE u'ACCLIMATATION. 3. Porc. — On Irouve deux races dont je ne puis donner les caractères exacts : j'observerai seulement que l'une d'elles, et c'est la moins estimée, a le museau très-prolongé et souvent le poil court et frisé : généralement les oreilles sont droites. Dans les fermes on les laisse toute la journée aux champs, et seulement le matin avant leur départ et le soir à leur arrivée à la porcherie, ils reçoivent du maïs. Ces animaux détruisent beaucoup de serpents à sonnettes, et je n'ai jamais entendu parler d'accidents éprouvés par eux , probablement parce qu'ils ont une manière particulière d'attaquer ces reptiles; les paysans prétendent (jue c'est en se mettant à genoux, de façon à ne pas être mordus aux jambes. La peau des Cochons est quel({aefois tannée et sert à recouvrir des coffres : générale- ment on la fait griller (après avoir enlevé les poils et la partie la plus extérieure du derme), et on la vend dans les rues sous le nom de ChlcJiarron dura. C'est la graisse que l'on vise à obtenir plutôt que les autres produits, parce que le beurre et l'huile sont rares ou chers, ce qui oblige les habitants à les remplacer par la graisse : aussi voit-on souvent amener des Porcs gras dans les villes, et ils se vendent en raison de leur obésité. Ce système économique fait que l'on cherche peu à améliorer la viande, et que celle-ci est assez maigre, flasque et peu savoureuse : on en fait bien des jambons, des sau- cisses, etc., etc., mais nullement comparables à ces mêmes objets en Europe. La manière la plus ordinaire de manger le Porc est de le couper en petits morceaux qu'on fait frire et qu'on assaisonne avec une sauce au piment. Le Porc est peu sujet à la ladrerie, et par suite on observe bien moins de cas de tœnia chez l'homme qu'on n'en retrouve proportionnellement dans d'autres pays. Les deux causes les plus fréquentes de mort sont les marches par des soleils ar- dents lorsque les Cochons sont trop gras, et les grandes pluies nocturnes qui noient ou tuent par le froid les nouveau-nés. h. Bœuf. — Outre le Bœuf ordinaire, sans caractères de race bien déterminés, on trouve quelques individus sans cornes, récemment importés des États-Unis. Généralement ces ruminants sont de petite taille. Il est assez rare d'en trouver APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE GUANA.TUATO. bliO d'absolument méchants, et pour cela il faut aller dans les grandes fermes où quelque Taureau se sépare du troupeau pour s'isoler au milieu des bois où il devient complètement sauvage : la docilité des autres est assez reconnue pour qu'on les attelle au joug, souvent avant d'être châtrés. On ne rentre à retable que les Va(îhes et les animaux de labour, et alors on leur donne à peu près les mêmes aliments qu'aux chevaux : les Vaches accouchent même dans les champs et laissent leur Veau caché dans quelque buisson où elles savent bien revenir le chercher. Quant au dressage, il consiste tout simplement à lancer le lazo à un animal en liberté, et à l'amener au joug où on l'imit à un compagnon déjà soumis; on commence im- médiatement le travail, et au bout de trois ou quatre leçons, le nouveau serviteur est presque aussi docile que l'ancien. C'est à la charrue ou aux chariots que sont attelés les Bœufs. Au moment où l'on veut châtrer les Taureaux et les marquer du 1er de la propriété, on les amène dans un enclos d'où on les retire l'un après l'autre an moyen de deux lazos, l'un jeté au- tour des cornes, l'autre à un pied de derrière; puis on ren- verse l'animal, et on le maintient couché en lui passant entre les jambes la queue dont on retient l'extrémité. Cela fait, on enlève les testicules et immédiatement après on applique sur la fesse la marque au fer rouge. Le Taureau furieux est alors délivré, au grand risque de ceux qui n'ont pas eu le temps de se metlre à l'abri, et il s'échappe dans les champs, générale- ment poursuivi par les cavaliers qui exercent sur lui leur adresse. Quant aux Taureaux qui servent pour la tauromachie, on n'emploie guère que ceux qui sont reconnus comme pro- venant d'une propriété où la race est sauvage et agile : ha- ciendas de Parangueo, el Jaral, Tupàtaro, Aranda, el Copal. iVussi, malgré leur petitesse, ces animaux présentent-ils un aspect capable d'enthousiasmer le plus froid spectateur, lors- qu'ils arrivent d'un bond au milieu de l'arène, le front haut, les naseaux fumants, et tournant rapidement la tète à droile et à gauche comme pour déiier leurs ennemis ; leur furie est telle, lorsqu'ils ont renversé un homme ou un cheval, Vpie malgré les cris et les coups de cape des toreros qui se près- 550 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. sent autour pour distraire leur attention, ils n'abandonnent leur proie qu'après l'avoir tuée ou à peu près. Je les ai vus sauter par-dessus des barrières de huit pieds de haut. Dans ces courses on n'emploie que les Taureaux, parce qu'ils ferment les yeux en frappant de la corne, ce qui permet de leur échap- per lorsqu'ils manquent le coup ; au lieu que la vache a tou- jours les yeux ouverts et suit l'homme lorsqu'elle n'a pas réussi dans sa première attaque : c'est du moins l'opinion des gens du métier. Les peaux assez mal tannées servent d'enveloppes pour les grands ballots qu'on emporte en voyage, et aussi pour faire de gros souliers : fraîches, on en fait des outres pour retirer l'eau des mines, et des lanières qui servent de cordes et for- ment un solide lien une fois qu'elles ont séché enroulées ; celle du front séchée au soleil sert à recouvrir des sièges bas construits en lattes croisées ensemble {éqnipales). Les cornes ne sont guère employées qu'à faire des espèces d'écuelles oblongues, qui servent à jeter de l'eau sur les résidus d'usines à argent, dont on veut encore retirer quelque pro- duit par une sorte de lévigation, ou pour former des enton- noirs en sciant leur extrémité. Le lait est bon, mais on ne trouve pas de ces vaches laitières phénoménales comme on en ei!o en France, et une béte qui en fournit cinq ou six litres par jour est considérée comme d'un beau produit. J'observe- rai à ce sujet que beaucoup de personnes à Guanajualo ne peuvent prendre de lait ni de beurre sans être affectées de vertiges : j'ai recherché les causes de ce phénomène, et je n'ai pu en trouver aucune qui me satisfît complètement. On fait du beurre d'assez médiocre qualité en général, et quelques fro- mages peu riches : un des plus estimés est une sorte de caillé ou fromage aigre nommé panela, qui est très-l)on lors- qu'il provient de Comanja, à quelques lieues de Léon. La graisse est très-employée pour la fabrication des chandelles. Quant à la viande, par suite du mode d'élevage des Bœufs, elle ne devient jamais belle et forte comme chez nous : elle est d'assez médiocre qualité, d'autant plus que les commis- sions sanitaires chargées de visiter les boucheries ne font que APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE CUANAJUATO. 551 très-rarement et avec beaucoup d'abandon les tournées néces- saires dans ces établissements. A Guanajuato, on tue à un abattoir situé hors de la ville, et de là la viande est transportée chez les bouchers, suspendue à des crochets de fer portés sur le dos d'un cheval ou d'une mule; tout dernièrement on a placé ces crochets dans une voiture fermée. Celle des Taureaux qui ont succombé dans GEWN) Transport de la viande de Doiicheric. l'arène sous l'épée du matador ne se vend qu'à la porte même du cirque, et toujours à un prix intime : naturellement elle est d'une qualité très-inférieure, au moins comme saveur. Une façon particulière de préparer la viande est de la couper en tranches très-minces {tasajo et cecina) et de l'étendre sur des cordes au soleil, où elle se sèche : puis on l'em.pile en tas pour la transporter. Cette préparation, cuite avec du piment et des tomates, n'est pas trop désagréable et est très-nourris- sante. Quant au sang et aux os, on n'en fait aucun usage. La caillette des petits veaux est même moins employée que le chardon bénit pour cailler le lait. Le charbon est assez fréquent chez les Bœufs. Quant à la vaccine, je sais qu'il y en a et j'en ai observé un cas, mais 552 SOCIÉTÉ IMTÉRIÂLE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION, l'incurie des bouviers empêche de s'en servir pour renouveler le vaccin lorsqu'il s'abâtardit ou se perd dans les villes. 5. Mouton. — Ne les ayant que peu observés, je ne puis rien en dire de bien positif. Quant aux usages domestiques de l'animal, ils sont à peu près les mêmes qu'en Europe. La laine, les peaux, le lait et ses dérivés, la chair même et le suif offrent les mêmes caractères que ceux de nos races communes. A Guanajualo, on ne mange pas plus d'agneau que de veau : la croissance brusque des animaux fait qu'il devient difficile de saisir juste le moment où ils passent de la jeunesse à \'Xg(' adulte ; et l'on a toujours une viande ou trop peu faite ou tout à fait semblable à celle des adultes. On voit rarement la clavelée parmi les Moutons : le tournis n'est pas commun non plus. 6. Chèvre. — Ici encore je dirai qu'aucun caractère sail- lant ne différencie ces animaux de nos Chèvres ordinaires, si ce n'est la taille qui est plus petite. Leurs qualités et leurs dé- fauts sont les mêmes. Elles se reproduisent vers les mois d'oc- tobre et novembre, à l'air libre, dans les champs, ce qui oc- casionne une grande mortalité entre les Chevreaux, lorsqu'il pleut al)ondamment et quand les nuits sont trop froides; quelques mères meurent de renversement de Futérus. Géné- ralement la portée est de denx petits : ceux-ci à peine nés sont enlevés par les chevriers, qui les portent dans un grand enclos où ils les attachent par une patte à des piquets ])lantés en terre : là on leur amène la mère deux ou trois fois par jour les premiers jours; i)uis celle-ci apprend à les reconnaître seule et vient leur donner à teter : ce n'est qu'au bout do la huitaine qu'on les détache pour leur permettre de suivre le troupeau. Là encore bien des dangers les accompagnent. Le Loup du Mexique, le Lynx roux, l'Aigle royal, le Couguar, etc , en font périr beaucoup ; mais les mères sont fécondes, les an- nées ne sont pas toutes pluvieuses ni les nuils froides, et eu fin de compte le propriétaire gagne plus (|u'il ne perd. Quoi- qu'il soit l)on, on emploie peu le lait de Chèvre, si ce n'est à l'état de mauvais beurre et de petits fromages ronds et secs assez insignifiants. Quant à la chair, on ne mange que celle du APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE GUANA.JUATO. 553 Chevreau, et la meilleure manière de le préparer est la Bar- bacoa : on fait un trou dans la terre, d'environ O'",70 de pro- fondeur et de largeur proportionnée à la pièce à cuire. On place au fond des pierres plates et par-dessus du bois sec qu'on allume : au bout de deux ou trois heures, le trou doit être bien chaud. On retire alors le feu et sur les pierres on place une natte neuve humide, et puis la viande frottée d'une sauce ou de graisse salée. Par-dessus on met une autre natte, des ra- quettes de cactus et enfin des pieires chaudes pour empêcher la terre de tomber; on recouvre le tout d'une troisième natte mouillée couverte de terre sur laquelle on allume un bon feu. Au bout de huit ou dix heures, la viande est cuite. C'est um^ exquise préparation culinaire. De la peau des Boucs, surloul des noirs à grands poils, on fait des espèces de pantalons pour montera cheval {Chaparreras ou Chibarras), ou des sacs qui s'attachent derrière la selle ( Vaqiœrillo). 1. Cheval. — La race chevaline du Mexique est originaire (rél.r>]ons andalous introduits dans les premiers temps de la conquête : cer laines fermes, comme celle de Buenamé, eurent jdus tard des arabes, et quelques propriétaires des juments anglaises. Modifiés par les circonstances locales très-vari.'es où ils se trouvent dans les diverses contrées du Mexique, on peut cependant attribuer à ces Chevaux les caractères suivants. Taille peu élevée; cou peu allongé; oreilles courtes; tête assez carrée rappelant celle des Chevaux camargues du littoral mé- diterranéen français ; croupe de mulet; queue basse et collée entre les fesses ; extrémités fines, mais à muscles et tendons peu marqués; œil vil. Ils sont doux, sobres, vigoureux, pro- pres surtout pour la montagne, vils, très-agiles et légers ;' mais probablement cà cause de la faible pression atmosphérique des altitudes, ils s'essoufflent et prennent facilement des emphv- semes pulmonaires {caballos asolrados), lorsqu'on les fail courir plus d'un quart de lieue à fond de train : il y a pourtant des exceptions, mais les Mexicains, du moins à Guanajuato, admettent difiîcilement la vérité des courses extraordinaires des Chevaux anglais ou français entraînés. On commence à introduire en grand des étalons arabes et anglo-américains 554 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. qui pourront considérablemeni, améliorer une race déjcà bonne, mais mal dirigée par des éleveurs inintelligenls ou remplis de préjugés. Du reste, les Chevaux étrangers récemment arrivés ne va- lent pas les indigènes pour les usages journaliers. La plupart de ces animaux se contentent de 25 livres de paille et de deux poignées de maïs ou d'orge par jour : au printemps, on leur donne du trèfle ou des tiges feuillées de maïs vert. Pour les dresser on leur met imméiiiatement la selle sur le dos. C'est vers les quatre ans que commence l'éducation ; puis on les habitue d'abord au caveçon simple, ensuite au mors simple- ment placé dans la bouche ; enfin on les manie avec le mors seul. Celui-ci est composé de deux montants courts unis l'un à l'autre à leur extrémité inférieure par un arc de fer ; sur le milieu des barres s'élève un pont étroit à l'extrémité supé- rieure duquel s'attache un cercle qui sert de gourmette : ce mors, très-dur, est nécessaire pour les exercices sur place auxquels on soumet les chevaux. Quant à la selle, elle est pourvue d'un pommeau en forme de cône supportant une tête plate plus ou moins large suivant la mode, ci. d'une palette postérieure assez élevée : de larges étrivières terminées par de larges étriers sont placées vers le milieu de la selle, posi- lion gênante pour ceux qui sont habitués à la selle anglaise, mais à laquelle on s'habitue facilement : en dessous on met une espèce de shabraque {mantilla), souvent Irès-richement brodée, et enfin, en arrière, une peau de bouc munie de po- ches en dessous, que l'on nomme vaquer iUo. Les éperons sont très-grands, lourds et à pointes mousses. On n'attelle guère les Chevaux qu'à la voiture, et alors les pièces du harnais sont les mômes qu'en Europe. Quant à la castration et à la marque, elles s'opèrent comme chez les Taureaux. Deux exercices équestres surtout sont en faveur au Mexique : ce sont les actes de lazar et de coJear. Le lazo est une longue corde à nœud coulant qui s'enroule à grandes spires dans la main gauche; de la droite on saisit le nœud qui forme un taro-e cercle en s'étendant : on le fait tourner dans l'air et en APERÇU GENERAL SUR LA FAUNE DE CUANAJUATO. 55h le lançant on laisse dérouler la corde : une fois le nœud passé autour de l'objet à entraîner ou à arrêter, on enroule rapide- ment le bout de corde qui reste au pommeau de la selle et on pousse vivement le Cheval, qui enlève avec brusquerie l'objet lacé, ou bien on le lait tenir ferme pour résister à quelque Lizo. animal qui cherche à fuir. A ce jeu-là on se prend quelquefois les doigts entre le lazo et la selle et on se les coupe net. Cet exercice se fait aussi à pied. On lace généralement la tête ou les pattes des animaux dont on veut se rendre maître, et quand deux hommes tiennent un Taureau, l'un par la tét(\ l'autre par une patte, et tirent chacun de son côté, la résistance devient impossible et la chute est inévitable. L'autre exercice beaucoup moins utile est la coin : généra- lement, un second cavalier seconde le coleador en tenant l'ani- mal entre eux deux sans le laisser fuir par la droite : à gauche est placé celui qui agit, et dans une course à fond de train, il saisit la queue dr» l'animal en passant sa main de la l)ase à 556 SOCnÎTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. l'extrémité, l'applique contre l'arçon droit de la selle, passe par-dessus elle sa jambe avec l'étrier, et replie la queue sur son pied : alors un cri subit et un renversement à gauche du Cheval le font bondir de côté en même temps que l'homme lâche la queue qu'il tenait à la main, et l'animal, tiré par le train de derrière, culbute et roule sur lui-même en tombant. Souvent, aussi on s'amuse, pendant les ferrades, à monter des Taureaux, des Chevaux, des Mules non soumis encore, et malheur à celui qui attrape un coup de corne, une ruade, une morsure, il est certain qu'on ne s'occupera guère de lui si la diversion continue. On a beaucoup l'habitude, au Mexique, de faire arrêter les Chevaux par glissades, comme les Arabes ; malheureusement, CuLi. on les arrête ainsi en tirant directement sur la bride au lieu d'avertir l'animal auparavant, en lui mettant les éperons aux flancs pour l'oljliger à placer ses pieds de derrière sous le ventre; dans ce cas-ci, il sufTit de la plus légère traction sur le frein pour op('rer le temps d'arrêt, tandis que de la façon or- dinaire le Cheval, averti trop tard, fait un mouvement violent et forcé de la croupe pour se mettre dans la position voulue, APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE GUANAJUATO. 557 et attrape très-souvent des douleurs de reins ou même des in- flammations des articulations lombaires (jui rendent son usage peu sûr. Il y a cependant d'excellents cavaliers qui, instinctivement, retiennent leurs Chevaux juste au moment où ils touchent le sol par leurs extrémités postérieures, et alors l'inconvénient disparaît . Le vertige abdominal e( le tétanos sont très-rares à Guana- juato : les principales maladies sont les vers intestinaux, l'em- physème pulmonaire, la dysurie, le météorisme et l'alopécie : celle-ci, qui s'accompagne delà chute des sabols, provient or- dinairement de ce que les Chevaux mangent de la paille pro- venant de terrains situés à Irapuato et baignés par les eaux d'un ruisseau qui a passé auparavant à Guanajuato. Aucune raison scientifique l)ien appuyée n'a été produite au sujet de ce fait, qui paraît très-positif, quoique des recherches eussent été commandées par l'empereur Maximilien dans cette direc- tion. La morve est rare, mais le coryza est fréquent, et sou- vent confondu avec elle. L'affection des yeux la plus commune est l'albugo. On observe aussi l'infarctus des extrémités. Quant aux médicaments, ils sont assez primitifs. C'est ainsi que l'on fait boire aux Chevaux atteints de rétention d'urine un litre d'eau dans laquelle on a trempé une patte de grillon au moment de l'ébullition, etc.; mais une des bonnes choses que j'ai vu employer c'est le Maguey [Agave amcrkana et autres). Dans les foulures, les douleurs rhumatismales, on coupe par le milieu une feuille de ce végétal que l'on fait quelquefois chauffer, et l'on en frotte la partie malade : le suc agit comme irritant et donne de bons résultats. On applique aussi avec succès la feuille écrasée sur les plaies produites par la selle. Il paraît même qu'un petit fragment de maguey pehi attaché aux barres du mors, suffit pour arrêter le dévoiement qui atteint souvent les Chevaux dans un long voyage, siu-tout lorsqu'ils ont bu avant de se mettre en route le matin. On n'emploie guère le crin des chevaux que pour faire des brides, des cordes ou des chasse-mouches. La peau a peu d'usage, et le reste de l'animal est abandonné aux chiens ou aux vautours. 558 SOCIÉTÉ IMPÉlUALi: ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. 8. A}ie. — D'une uliiitc journalière comme bêle de somme, ces animaux n'otïrent à Guanajuato rien de parliculier. C'est la môme race; peut-être un peu plus petiti; que celle du midi de la I^rance, avec ses défauts, ses qualités, ses habitude?. Le lait d'ânesse est peu employé. Quant aux étalons appliqués à la procréation des Anesses ou des Mules, on les dit grands, vigoureux et hardis, mais je no les ai jamais vus. J'ai remar- qué que les gens qui montent à califourchon et sans bâter leur Ane, se placent toujours sur la région sacrée de l'animal ; ils prétendent (jue les mouvements sont beaucoup plus doux que sur le milieu de l'échiné. 1). MuUi. — Ces hybrides sont très en usage au Mexique. Un peut dire d'une manière générale que la Mule mexicaine est de taille moyenne; ses jambes sont lînes, sa tôle bien mo- delée et régulière, ses oreilles peu allongées, son })oil coui't ordinairement foncé , mais assez souvent Isabelle avec des raies noires sur les jambes ; quelques-unes ont beaucoup de légèreté pour la course, mais en général elles pèchent sous ce l'apport. On les attelle à la voiture, ix la charrette, et l'on s'en sert beaucoup pour porter les fardeaux et les pierres ou les minerais dans les montagnes. Leur pied sur et leur résistance à la fatigue font qu'on les prend souvent pour montures, mal- gré leur caractère rétif et intransigible. Après leur morl, ces utiles animaux sont jetés à la voirie. î)n dit qu'on en a vu se reproduire. 10. Poule. — La Poule des fermes est la même que notre Poule commune avec ses variétés. A Guanajuato, rien n'a changé en elle, ni ses formes, ni ses qualités : peut-être sa taille et par cela même la grandeur de ses œufs ont-elles un peu diminué, mais elle pond et couve parfaitement. Il y en a dont la peau est noire ; on les considère comme de qualité inférieure pour la nourriture, sans raison d'après moi. Une autre race, celle de Gochinchine, que j'ai essayé d'introduire à Silao, n'a pas obtenu de suffrages, parce que c'est un mau- vais Coq de combat ; la Poule donnait cependant des œufs très- gros et une bonne chair. Les Coqs communs ont très-souvent les parliéb inférieures noires, la collerette dorée, la crête Al'ERÇU GÉNÉRAL SUK LA FAUNE DE GUANAJUATu. 55'J moyenne, les pattes sont toujours nues : ces oiseaux sont UA- lement acharnés au combat que j'en ai vu ne pas se séparer, quoiciue je poussasse mon cheval entre eux. Pour les l'aire combattre, on emploie un ergot artificiel, sorte de poignard de fer recourbé, aplati, à deux tranchants et à pointe acérée, armé à sa base d'une sorte de fourche qui sert à le lier contre la patte au moyen d'une ficelle, au niveau du véritable ergot que l'on a presque entièrement coupé : l'arme a de lon- gueur 75 millimètres et de largeur 75. Quand un Coq frappe bien son adversaire, il lui ouvre le ventre et le tue sur le coup. Les œufs ni la chair n'offrent aucune particularité notable, si ce n'est d'avoir à Guanajuato un emploi culinaire peut-être plus fréquent encore qu'en Europe. Je n'y ai jamais vu faire de Chapons. 11 paraît que ces oiseaux sont susceptibles de croisement avec les Chachalacas {Ortaiida vetula ?) et donnent alors de très-bons Coqs de combat. 11. Pigeon. — Je ferai les mêmes réflexions que sur la Poule. C'est notre ancienne race commune française qui pré- domine. Du reste, on ne les élève pas aux colondjiers et on les soigne très-peu, parce qu'on se sert rarement de leui' chair : quand on en veut, on va prendre les petits dans les trous de murs des églises. Malgré cette liberté presque absolue, les traits de ces oi- seaux n'ont pas changé. 12. Dindon. — Quoique provenant d'une souche du pays même, cet oiseau ne laisse pas que de changer en domesticité comme il le fait en France, et l'on en retrouve les mêmes va- riétés de couleur et de taille. Du reste, au Mexique on en con- tinue la reproduction par les individus domestiques, parce que les Dnidons sauvages, même pris au nid, sont, dit-on, très- difficdes cà élever; ils refusent presque tous de manger, se frappent la tête contre terre et enfm se laissent mourir si oii les retient captifs. Je ne décrirai pas le Dindon sauva^, qui est bien connu; quant cà la manière de le chasser, elle est fort simple : comme il se perche la nuit par troupes sur les grands arbres, on l'approche avec des flambeaux et l'on tire toute la 560 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. bande, individu par individu, avant qu'ils aient l'idée de fuir : de jour, il est difficile à luer à cause de sa méliance. La chair en est aussi bonne que celle de son congénère domestique. 13. — Quant aux Oies et aux Canards, il n'y a pas d'espèces domestiques. On élève l'Oie à cravate, l'Oie rieuse et l'Oie de neige ainsi que le Canard sauvage, le Pilet, etc.; mais on n'a pas songé à en reproduire les races ; ils ne sont dans les mai- sons qu'à titre d'oiseaux isolés curieux ou bons ta manger. 11 n'y a que le Canard musqué qui est quelquefois élevé à demi captif au bord des rivières surtout, où on le voit voler et nager librement, et rentrer à la ferme quand il lui plaît. II. — Animaux sauvages utiles ou d'agrément. 1. Lièvre de Virginie. — Lapin d" Amérique . — Ces ani- maux ont à peu près les mêmes mœurs que leurs congénères de France. On n'emploie pas leur poil et rarement leur peau. Du reste on ne les mange guère, parce que les indigènes pré- tendent qu'ils se nourrissent de charognes : cependant, de- puis l'arrivée des soldats français qui les payaient assez cher, leur prix s'est élevé et leur consommation s'est plus généra- lisée. Ces rongeurs ont un fumet moins prononcé que ceux de France. On les chasse au fusil. Il y a des fermes où les Lièvres sont si nombreux et si peu farouches qu'on en peut tuer une vingtaine dans la journée sans se fatiguer beaucoup. 2. Cerf de Virginie. — Celui-ci, plus petit que le Cerf commun et moins sapide que le Chevreuil, est cependant un manger fort agréable. Comme on aime généralement sa chair et que sa peau chamoisée sert à faire des chaussures et des vêtements complets, on lui fait une guerre active. Tantôt plu- sieurs métayers réunis le chassent à courre avec le lazo : tantôt on le traque, et faisant une battue des bois qu'il habite, on l'attend à des postes où les paysans le rabattent ; mais le plus souvent on se met à l'alTùt le soir et le matin b. leurs abreuvoirs connus d'avance. Pendant le rut, il faut tuer le mâle raide; s'il n'est que blessé, il fond sur le chasseur et devient extrêmement dangereux par sa force ; j'en ai vu un enlever APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE GUANAJUATO. 5(51 mon domestique qu'il avait pris heureusement par sa ceinture et le jeter en l'air à dix pas de distance : la Biche, même gar- dée en domesticité, devient à cette époque intraitable, et on Affût du Cerf, l'a vue renverser un homme et le tuer en lui foulant le ventre avec ses sabots tranchants. Une fois privés, les mâles sont plus doux avec les femmes et les biches avec les hommes. On élève très-bien le faon au biberon, et, à moins qu'il ne prenne la diarrhée, on le garde facilement. _ Les chasseurs croient que le Cerf entend par les fossettes situées entre les pinces de devant. On emploie le sang de l'ani- mal vivant, bu chaud encore, contre l'épilepsie. Très-souvent un apporte au marché sa chair préparée en harbacoa (vovez art. Chèvre). ' -^ ^ 3. Pécari à corner. — Sa chair est peu en usage, et si l'on n a pas le soin d'enlev(3r promplement la glande dorsale, il est nnpossible d'en soutenir l'odeur nauséabonde. La peau, sur- tout la partie qui porte le collier scapulaire, sert à faire des couvertures de fontes de pistolets. Ce pachyderme vit par troupes ])lus ou moins nombreuses, et ne doit être attaqué qu'isolément, sans quoi la bande se précipite sur le chasseur, 2"^ SÉBiE, T. V. — Août 18G8. 3(j 562 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et s'il est atteint, il est dévoré en une minute. A Comanja, le Pécari vit dans les cavernes de la montagne ; on l'y chasse à la carabine. h. Tatou cachicame. — On élève quelquefois en domeslicité cet animal stupide dont la chair blanche est très-savoureuse. Pour le chasser on se sert quelquefois de chiens qui^'arrôtent et permettent à l'homme de venir le prendre à la main ; il suffi! alors de le tenir suspendu par la queue pour l'empor- ter : pris par le corps, il résiste violemment et a toutes chances de s'échapper. Il faut bien faire attention à ce qu'il n'entre pas dans un trou, car alors il serait impossible de l'en re- tirer. 5, Caracara. — Catharfe aura. — Catharte urubu. — Ces rapaces bien connus sont d'une utilité grande dans le pays, comme débarrassant la campagne des immondices que l'incurie y accumule. Comme ils ne sont pas mangeables et qu'on les reconnaît comme pacifiques, on ne les poursuit pas. L'Urubu même {Zopilote) est l'objet à Vera-Cruz, où il est très-coinmun dans les rues, d'une protection spéciale de la part de la police : il y a une amende de 250 francs pour qui- conque en tue un. Il est fort curieux de voir s'abattre ces oi- seaux sur un tas d'ordures : ils emportent tout, boyaux, linges, papiers, os, et en un moment la place est aussi nette que si on l'avait balayée ; ils vont ensuite se placer sur les maisons en- vironnantes pour faire leur digestion, les ailes étendues et le dos au soleil. A Guadalajara, j'ai vu les Urubus et les Caracaras manger ensemble les charognes, mais les premiers ne venaient prendre leur part que lorsque les seconds étaient repus, sous peine de recevoir un bon coup de bec qui les faisait sauter en l'air ou se retirer en dandineant au petit trot. AGuanajuato,les Auras sont de beaucoup les plus communs : ils volent et pla- nent d'une manière admirable et à des hauteurs prodigieuses. Je n'ai pu les garder captifs que dans un jardin; dans la mai- son, ils exhalent une odeur fade et musquée tellement repous- sante, qu'elle provoque des nausées. Ces oiseaux seraient faciles à acclimater dans !e midi de la France. APERÇU GÉNÉRAL SIR LA FAUNE DE GUANAJUATO. 563 0. Ara niilitaire. — Elevé pour sa beaulé : caractère doux. En liberté, ii habite les gorges de montagnes et niche dans des rochers élevés. Un de ses goûts prononcés est celui du miel, aussi détruit-il beaucoup de nids d'une petite espèce de Discœiie noire et jaune qui abonde dans ces parages. Sou- vent même, le bec de cet oiseau porte une grosse protubé- rance formée de miel durci. On le trouve dans les terres chaudes et même dans quelques endroits tempérés non loin de Guanajuato. 7. Moqueur. — Apprécié pour les qualités de son chant, cet admirable musicien se vend jusqu'à 80 francs et plus lors- qu'il est bien dressé. Outre ses modulations habituelles, qui sont extrêmement «onores et variées, il apprend une foule d'airs et imite à s'y méprendre la voix du Chat, du Chien, du Coq, etc.; souvent j'ai cru entendre planer en criant au-dessus de ma tête l'Emérillon de la Caroline, et je ne rectifiais mon erreur qu'après avoir vu le Moqueur ouvrir le bec et gonfler sa gorge à mes côtés. Cette qualité lui a valu auprès des In- diens le nom de Cencontlatolli^ ou ZiOO langues, qu'on a con- tracté en celui de Cenzontle. J'ai vu des animaux être pris eux-mêmes à ces imitations de leur cri. Outre cela, cet oiseau a toutes sortes de cabrioles et de postures gracieuses qui le font contempler avec plaisir. C'est surtout la nuit qu'il chante et généralement pendant plusieurs heures presque incessam- ment. Il peut vivre en cage plus de quatorze ans. Entre eux, les Moqueurs sont batailleurs et criards : il est difficile d'en conserver plusieurs en bonne harmonie dans une même cage. On le trouve quelquefois' sauvage près de Guanajuato, mais je crois qu'il n'y niche pas ; en domesticité je ne l'ai jamais vu se reproduire, quoiqu'il ponde quelquefois; l'œuf est bleu. 8, Cardinal. — Bel oiseau bien connu, dont le chant est peu varié mais extrêmement flûte : de pur agrément. 0, Gros liée bleu. — Conservé seulement pour sa beauté ; son cri est assez désagréable. Je dirai ici, une fois pour toutes, tpie tous les oiseaux granivores sont nourris avec une pâtée presque sèche formée de maïs broyé, de piment sec moulu et 56/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. d'eau : (luelquelbis on ajoute à cet aliment des IVuits, surtoul ceux du Schimis molle. 10. Oiseaux-Mouches (Arsenne, Sasin, Calotte d'azur, Clé- mence, Rubis, etc.). — L'Arsenne est celui qu'on a quelque- fois en captivité, où il peut vivre jusqu'à trois mois. Pour cela, il faut le prendre au nid et l'élever avec du sirop de sucre : plus tard on lui met des fleurs dans la corolle des- quelles on place ce même sirop que l'oiseau vient sucer en volant, comme dans l'état de nature. En cage il se repose bien plus fréquemment qu'il ne le fait en liberté : la nuit il dort la tête entre les épaules et le bec en avant. Jamais je ne l'ai en- tendu pousser aucun son lors(iu'il est ainsi renfermé. Ces oi- seaux sont très-peu farouches, et à la campagne on peut les approcher jusqu'cà deux ou trois mètres sans qu'ils fuient. Si ce gibier n'était si petit, ce serait un excellent manger; la chair rappelle un peu le goiàt de la noisette. A Pàtzcuaro on fait avec les plumes de petits tableaux ou même des oiseaux factices qui sont des chefs-d'œuvre de patience et quelquefois de vraies productions artistiques ; mais les travaux des anciens Indiens leur sont encore supérieurs comme llnesse. Pour chasser les Oiseaux4Iouches, je me servais de cendrée et je tirais d'un peu loin pendant qu'ils bourdonnaient autour des ileurs; je les obtenais ainsi habituellement sans les endom- mager. 11. Jaseur des Cèdres. — Cet oiseau stupide et silencieux ne brille que par ses jolies couleurs. On le prend au filet ainsi que tous les oiseaux que l'on vend vivants au marché. 12. Troupiales (noir k ventre jaune, Jacamacii, etc.). — Forts jolis oiseaux dont le cri est rauque, mais les formes élégantes et les mouvements gracieux; on leur apprend à sonner la cloche, à monter un petit sceau d'eau, à ouvrir avec le bec la boîte au millet, etc. 13. Gros-Bec pourpre {Frhigilla p-urpurea, Wils.). — Ce petit représentant rouge de notre moineau à Guanajuato, en a les habitudes de familiarité presque insolente, et vit par petites troupes. 11 vit parfaitement en captivité, chante fort agréablement et ne commet pas de dévastations à la campagne. APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE GUANA.TUATO. 565 C'est encore un oiseau facilement acclimatable en France. En cage, ou même libre dans la maison, il change de couleur à la longue et le rouge des mâles devient jaune fauve : hors le temps des amours, les deux sexes se ressemblent beaucoup. lli. Tarin de Colombie. — Tout petit oiseau tout jaune en dessous, tout noir en dessus, un peu de Ijlanc au milieu de l'aile; il gazouille fort agréablement, et vit très-bien en compagnie, mais est assez délicat. Je crois cependant qu'il s'acclimaterait dans le midi de la France. On le nourrit généralement avec les graines d'une sauge nommée au Mexique Chia. 15. Ministre. — Moineau pape. — De pur apparal. Ils vi- vent bien en société avec les précédents, le Gros-Bec pourpre et quelques autres granivores du genre Chipiou. Les Ministres en cage deviennent à la longue d'un brun bleuâtre sale, et les Papes d'un vert indécis assez désagréable ; le rouge du ventre de ces derniers passe au jaune plus ou moins clair, ainsi que le tour des yeux. 16. Chamépélie passerine. — Colombe de la Caroline. — Zénalde? — Ces oiseaux, facilement acclimatables dans le midi de la France, ne reproduisent pas en captivité, excepté peut-être le premier. Ils offrent un excellent gibier et sont très-communs. La Tourterelle passerine surtout est souvent extrêmement grasse autour des fermes où elle abonde. On les chasse au fusil, mais les deux dernières sont quelquefois très- farouches, au lieu que la première ne s'envole souvent que lorsqu'on passe à cheval cà un mètre d'elle. La Colombe de la Caroline a la chair blanche, mais ses petits pectoraux sont bruns et le goût des deux viandes est un peu différent. 17. Callipepla {Squammata'ï). — Colin boréal. —Ces oi- seaux, très-difficiles à élever en cage, sont un excellent man- ger : sans avoir la sapidité du Perdreau, ils présentent cepen- dant de l'analogie avec lui. Comme ils ne volent guère, on les chasse au filet : c'est une longue bande horizontale que l'on tend à travers les buissons ; on effraye les Colins qui marchent toujours par compagnie, et on les pousse dans les mailles que leur course rapide et aveugle les empêche d'éviter. Ils sont 566 SOCIÉTÉ liMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. difficiles à chasser au fusil, parce qu'ils se cachent dans les halliers et les hautes herbes, et s'éloignent ainsi sans qu'on les aperçoive. 18. Grue du Canada. — Nuisible plus qu'utile, je la place ici parce que sa chair est excellente et estimée. A l'époque de la maturité du maïs, elles arrivent en nombre et ravagent les cliamps : on les entend dans l'air pousser leur cri de clairon, Gardeur de moissons. bien avant de voir leurs files angulaires, et l'on commence à placer partout des enfants armés de fronde pour les écarter. Elles sont difficiles à surprendre à cause de leurs sentinelles très-diligentes, et il faut les tirer au rillle, de très-loin. En captivité, elles vivent de viande, de pain, de maïs, etc., et continuent leurs sauts et leurs danses étranges comme en liberté. 49. bécassine ordinaire. — Bécassine ponctuée. — Bar(je rousse. — Ibis cJialcoptère. — Courlis à long bec. — Pluvier Killdeer. — Foulque américaine. — Je n'ai que peu à dire sur ces gibiers dilT(''rents dont les analogues se retrouvent avec APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE GUANAJUATO. 567 leurs mêmes qualités en France. Tous ces oiseaux de marais arrivent en hiver lorsque les ruisseaux et les étangs conser- vent encore l'eau des pluies torrentielles des mois de juin, juillet, août et septembre. On les chasse beaucoup, et la con- sommation en est considérable. 20. Oie rieuse. — Oie à cravate. — Oie de îieige. — Ca- nard sauvage. — Chipeau. — Milouin roussâtre. — Sarcelle Soucroiiretie. — Souchet du Mexique. ■ — A?ias obscura, Wilson. — Milouin rougeâtre. — Pilet. — Canard reli- gieux. — Canard Jansen., etc. — Ces palmipèdes arrivent avec les Grues et les Oies vers le mois de septembre, font les mêmes dégâts qu'elles dans les champs de maïs, et nécessitent aussi l'emploi des postes à frondeurs. On voit toutes ces espèces sur le marché et toutes sont bonnes : il faut dire cependant qu'en général, les Canards ont un goût de poisson qu'on leur enlève, en ayant soin de les écorcher au lieu de les plumer. Le Jansen et la Religieuse sont les plus rares. Du reste, ni le duvet ni la graisse de ces oiseaux ne sont utilisés. On réduit quelquefois en captivité, et ils s'en accommodent bien, quelques Canards pilets et quelques Oies, mais ils ne forment pas souche. 21. Cyclure pectine (confondu avec l'Iguane). — Ce grand saurien sert souvent d'ahment dans les pays chauds. La chair en est blanche, tendre et très-savoureuse : j'ai trouvé à la queue surtout et aux masses lombaires un goût d'anguille très-fin, que j'avais déjà reconnu en mangeant du Crotale rhombifère et du Pityuphis de Deppe, ophidiens qui arrivent à une taille suffisante pour pouvoir être préparés en sauce ])lanche à la manière du poulet. Le Cyclure pourrait, je crois, très-bien s'acclimater aux îles d'Hyères ou à Nice, où il trouverait toute l'année à sa disposi- tion les bourgeons, les fleurs eL les fruits dont il fait sa nour- riture habituelle. 22. Bagre (Sp. ?) — C'est là presque uniquement le poisson que l'on mange à Guanajuato. On le pêche au filet dans la ri- vière de Lerma. Quoique un peu lourde, la chair en est bonne TiOS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. et agréable ; beaucoup de personnes le font frire elle mettent ensuite coupé par morceaux dans un pot avec du poivre, du sel, de l'huile, du vinaigre, des épices, du laurier, etc.; pré- paré de cette façon, il se conserve des mois entiers et l'on en retire de temps en temps pour le manger froid : c'est une bonne préparation culinaire. D'autres poissons qu'on apporte secs des lagunes de Cuitzeo et d'Yuririapùndaro sont peu faciles à déterminer zoologiquc- ment à cause de leur déformation : du reste, c'est un pauvre manger. J'en dirai autant d'une espèce de Palemoa que l'on envoie séché et dans des sacs, des bords du Pacifique ; ce crustacé, que l'on mange pendant le carême, se prépare en broyant tout l'animal et en mêlant cette poudre avec du riz et du piment pour en confectionner de petites galettes ou cro- quettes que l'on fait revenir dans la graisse bouillante; le goût est un peu celui de la vieille morue sèche. 23. Insectes. — (lomme insectes utiles on trouve : d'abord YAttacus aurota, grand lépidoptère dont la Chenille se nourrit des feuilles du Comwlvulus corymbosus , et qui serait acclima- lable dans le midi de la France. Le cocon est brun et donne une soie forte et belle ; malheureusement on n'a pas encore cherché à en tirer parti à (iuanajualo, où ce papillon se trouve communément. Cochenille. — On ne trouve sur le nopal de (iuanajuato qu'une espèce sauvage qui donne, écrasée, une couleur vio- lette ; on n'a pas encore cherché à l'élever. Plusieurs espèces de Cantharides, Zonitts, Mylabris, Meloë Irès-vésicants, abondent aux environs de Guanajuato ; il y a aussi des Tetraonyx, mais j'ai cru remarquer que leur action est assez faible, tandis qu'une teinture alcoolique des pre- miers soulève l'épiderme au bout de h à (5 heures. Outre Y Abeille (commune?) qui donne de très-bon miel, on trouve une petite sorte d'Eianène, ou Disra-lie, dont \q miel brun et liquide est contenu dans une sorte de guêpier gris, formé de parcelles de bois pétris par l'animal avec ses màclioires : ce produit est excellent. On n'a pas réduit cette espèce en do- mesticité, mais on emporte chez soi les gâteaux, on les hxe ;\ APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE GUANAJUATO, 5(W quelque point élevé, et les Discœlies continuent leur ouvrage comme si elles étaient à la campagne. Qnoique les solanées et surtout les daturas soient très-communs, je n'ai jamais ouï parler d'accidents produits par ce miel. Enlin, on trouve une espèce de fourmi {Myrmpcoci/>ilu 10. Bat du Brésil . — Surmulot. — Souris. — Les deux .V» APERÇU GÉNÉRAL SU! LA FAUNE DE (iUANAJUATO. 573 derniers sont très-communs. Mœurs et préjudices trop connus pour s'y appesantir. li. Sariyiie. — Mêmes habitudes que le Raton. Ces im- mondes et puantes bêtes sont faciles à saisir vivantes ; les en- fants les portent suspendues par la queue et viennent les ven- dre comme objets de curiosité ; et c'est vraiment une chose originale que de voir les femelles avec leur petite famille au- tour d'elles ou dans leur poche ventrale ; mais la vilaine figure des adultes et leur saleté, ainsi que leurs habitudes nocturnes, éloignent les personnes qui seraient tentées de les conserver longtemps. Quoique insectivores, les Sarigues sont plus nuisi- bles qu'utiles, parce qu'elles mangent beaucoup de fruits et de volailles, et détruisent les nids et quelquefois les oiseaux mêmes, qu'elles surprennent la nuit dans leurs courses. 12. Aigle royal. — Buse à queue rousse. — Epervier de Pennsylvanie. — - Autour cul blanc. — Busard à sourcils blancs. — Faucon pèlerin. — Èmerillon de la Caroline. — Rochier. — Grand-Duc barré. — Effraie. — Chevêche cchasse. — Les mœurs de ces ra[)aces sont les mêmes que celles de leurs congénères d'Europe. La Buse à queue rousse, l'Autour cul blanc, l'Émerillon de la Caroline, le Duc barré, l'Effraie et la Chevêche échasse s'apprivoisent Irés-facilement, et deviennent très-doux : les trois derniers sont utiles dans les maisons où ils remplissent très-bien l'office des Chats sans avoir leurs inconvénients. 13. Corbeau. — Corneille. — Ceux-ci, les derniers sur- tout, à cause de leur nombre prodigieux, font un grand tort aux champs de maïs qu'ils saccagent. Qn les écarte à coups de fronde et on les chasse au fusil : lorsque l'un d'eux tombe, il est facile d'en abattre beaucoup, parce qu'ils viennent voler en rond et très-bas autour de leur compagnon. Faciles {\ pri- ver, les paysans les dressent à venir manger dans l'assiette de leurs enfants épileptiques, sous prétexte de guérir ainsi ces petits malades. \h. Pic formicivore. — Pic de yrateloup. — Pic rayé. — Colapic mexicain. — Sont-ils nuisibles aux arbres, comme on le croit vulgairement ? Je n'ai jamais pu en trouver de preuves ; 57/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLIMATATION, ils mangent beaucoup de larves et d'insectes, et par là même devraient être considérés comme utiles, car à supposer qu'ils détruisent quelque chose dans les arbres, ce ne serait jamais que l'écorce. On les conserve quelquefois vivants dans des cages de fer à cause de leur beauté, mais ils n'y vivent guère. 15. Brimet. — Troupiole commandeur. — Caronge coiffe jaune. — Voici les plus grands voleurs de blé du Mexique. Toujours par bandes nombreuses, réunissant souvent diverses espèces, ils parcourent l'air comme des nuages, et leurs dé- prédations sont considérables. On les chasse au petit plomb, et il est facile d^en abattre plus d'une douzaine d'un coup de fusil, parce que posés ou au vol, ils sont toujours serrés les uns contre les autres. Leur chair est bonne à manger, et leur joli plumage les fait souvent élever en captivité. 4(>. Martin- Pécheur alcyon. — Tcmtale d'Amérique. — =• Pélican. — Cormoran leucote. — Je les place ici comme des- tructeurs de Poissons, mais il n'y a guère (pie le Pélican qui en consomme beaucoup ; sa chair, dépouillée de la peau, ressemble un peu à celle du Sanglier. Quelquefois on appri- voise cet oiseau et il devient d'une familiarité extrême : sa peau, préparée avec du lait, sert à faire des tapis moelleux et des vestes ou des pantalons imperméables pour monter à cheval. 17. Cro/ale rhombo'idal . — Elaps fulvius. — Venimeux reptiles, très-redoutés et avec raison. Le second, magnifique par ses couleurs, est assez maniable, et je l'ai souvent tenu dans les mains sans qu'il cherchât à mordre ; le premier est intrai- table. Leur morsure occasionne des défaillances, de la sueur froide, une douleur violente, du gonflement, la gangrène de l'endroit blessé, et la mort si les secours n'arrivent })rompte- ment. Les paysans emploient intérieurement les matières fécales humaines comme antidote ! ! ! Ils font aussi usage du suc ou de la décoction de Mikania huaco, et de la tisane de Llavea jalisciencis, mais je n'ai pas eu occasion de vérifier la vertu de ces médicaments. La peau des Crotales, leur chair dessé- chée et mise en poudre, sont administrées dans la syphilis, etc. , APERÇU GENERAL SUR LA FAUNE DE GUANAJUATO. 57n naturellement sans effet : je crois que leur graisse, qui se rap- proche de l'huile de foie de morue, pourrait avoir quelque effet dans l'éléphantiasis. Les Porcs détruisent beaucoup de ces reptiles qui, dans certaines fermes, pullulent au point, qu'en mettant leur tète à prix, on a pu en réunir jusqu'à AOO dans un mois d'été. 18. Mygale amcAilaire. — Paresseuse et nocturne, cette arachnide est peu redoutable, quoique l'on prétende qu'elle fait tomber le sabct du cheval qui l'écrase : mais lorsqu'on en est mordu, il survient de la fièvre et une tumeur oblongue à bords très-élevés et épais, circonscrivant un petit bassin de peau saine, où l'on voit les marques des crochets : le mal est vite enrayé par des diaphorétiques et des applications émol- lientes d'abord, astringentes ensuite. A Mexico, à l'hôpital Saint-Lazare, on se sert encore de la teinture alcoolique de Mygale contre l'éléjjhantiasis, quoique de longues années d'infructueuse application de ce prétendu sudorifique dussent avoir fait justice de ce préjugé. 19. Scorpions {Chactas, But/ms, Atrée). — Ceux de Gua- najuato ne sont guère dangereux ; il faut aller dans les terres chaudes, où l'on trouve aussi des Télégones, pour remarquer des accidents sérieux, qui font que les habitants redoutent aussi, à cause de leur aspect scorpioïde, les Télyphones et les Phrynes, dont je n'ai jamais pu observer d'effets pernicieux. Les Buthus de Guadalajara occasionnent souvent la mort chez des enfants de quatre ans et au-dessous : chez les adultes on observe un trismus violent, les convulsions toniques de la langue et même des membres, de l'écume à la bouche, de la soif, des vertiges, du délire et une fièvre ardente et de formi- dables accidents nerveux ; quelques personnes ont le singulier privilège de n'être nullement impressionnées par ce venin. N'ayant vu que très-peu de cas, dans lesquels l'urgence des symptômes me fit appliquer successivement difl^rents médica- ments, je ne puis formuler une méthode de traitement exacte : il m'a semblé .que l'indication générale était d'agir sur le sys- tème nerveux et de donner en même temps, soit l'acétate d'ammoniaque, soit la liqueur de Labarraque étendue d'eau. 576 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. 50. — Ici se placent de petits insectes qu'on appelle Gor- gojoSyQi(\\x\ appartiennent aux genres Calandra, Trogosita et Tenebrio; ils l'ont beaucoup de mal dans les greniers à maïs, et l'unifpie remède qu'on emploie est de bien balayer le gre- nier lorsqu'il est vide, avant d'y emmagasiner de nouvelles céréales. 21. Rédiwe. — Assez commune dans les maisons, elle vole autour des lampes. Sa piqûre est plus douloureuse que celle des Abeilles : des applications d'buile mêlée de laudanum sou- lagent visiblement les malades. . '.■: 22. Les Kakerlacks (Cliamisos), les Plwraspis (Madrecbin- che), les Panesthies (Cucarachas), les Pancldores (Tescual- cuanes), etc., font à Guanajuato très-peu de dégâts : on ne s'aperçoit guère de la présence des Madrecbinclies et des Cu- carachas, qui vivent dans les parties humides des maisons, et les Kakerlacks n'abondent guère que dans les magasins de denrées coloniales, où on les écrase plutôt par habitude et dégoût que par conviction de leur nocivité. 23. Termite. — Quoique à Guanajuato ces insectes, malgré leur fréquence, ne déterminent pas la destruction des poutres, madriers, etc., qu'ils occasionnent en d'autres pays, ils ne laissent pas que d'être assez désagréables, parce qu'ils s'atta- quent quelquefois au linge, au papier, etc., et comme ils per- cent un truu rond toujours droit devant eux, s'ils traversent ainsi une pièce d'étofl'e ou un cahier en plusieurs doubles, ils les percillent de manière à les perdre. On ne })rend aucune précaution pour empêcher la multiplication ou les atteintes des Termites. 2/i. Fourmis. — Une espèce, la Fourmi féroce ou méchante, comme on la nomme à Guanajuato {Atta), })ique Irès-forte- ment et donne la hèvre aux personnes nerveuses ; on la dé- truit facilement en plaçant près du trou de sortie de la four- milière de la cassonade mêlée de poudre daSoieciocanicida i ce mélange les empoisonne. L'autre Fourmi , nommée Arriéra ou Charretière {OEcodema cejjhalotes),-d cause de ses habitudes, est terrible dans les jar- dins. En une nuit elle dépouille un oranger de ses feuilles APERÇU GÉNÉRAL SUR LA FAUNE DE GUANAJUATO. 577 qu'elle coupe par petits disques, et dans le même intervalle de temps elle peut emporter, lorsqu'elle est en nombre assez considérable, plus d'un demi-mètre cube de maïs d'un gre- nier : je les ai vues descendre du haut d'un grenier dans l'angle formé par deux murs très-élevés, et faisant une longue procession, chacune avec son grain de maïs, placé de champ dans l'excavation frontale et tenu par les mandibules, et res- semblant à un immense chapelet de graines qui restait inin- terrompu depuis la fenêtre jusqu'à »la fourmilière. Gomme leurs terriers sont quelquefois extrêmement profonds et très- vastes, elles emportent une énorme quantité de provisions. Il est très-difficile de se débarrasser de ces destructeurs in- fatigables : la lessive des savonniers paraît être une des meil- leures choses ; mais généralement on se cojitente d'entourer le tronc des arbres d'une torsade lâche de cheveux em- brouillés ou d'un cône de fer blanc, contre lequel les Fourmis glissent sans pouvoir le franchir. A Mexico on a, dit-on, avec succès, introduit un grillon dans la fourmilière pour la faire déserter par ses habitants ! 25. Ixode. — Ç.9A acaridien, très-semblable k l'Ixode plombé de nos Chiens, s'attache aux animaux des chanq^s. Je l'ai très- souvent rencontré dans l'oreille des petits enfants, et il n'était pas toujours facile d'en faire l'extraction. En terminant, je dois dire que Guanajuato est situé entre 20" et 2Vh!x' latil. septentr., et O'-SO' et 2''Zi7' longit. 0. de Mexico. La hauteur moyenne de la ville est de 2084 mètres. C'est un pays extrêmement montagneux, assez aride, excepté au temps des pluies (juin, juillet, août, septembre), dont le sol, en grande partie porphyrique et dioritique au moins à la surface, ollre une végétation où se remarquent des cactus, des agaves, des aloès, des mimosas peu élevés, des.convol- vulus, etc.; l'eau y est rare et localisée. La température inoyenne est d'environ 15" c. La quantité d'eau annuelle s'élève en moyenne à 30 pouces anglais. Les mines d'or et d'argent sont très-riches. Cette note, nécessairement incomplète, est destinée seule- • ment à donner une idée des principaux animaux de l'État de 2"= SÉRIE, T. V. — Août 18G8. 37 578 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. Guanajuato, au point de vue de leurs rapports avec l'homine. Je n'y parle point de celui-ci, parce que la conquête et la civi- lisation en ont tellement modifié le type primitif, qu'il est au- jourd'hui impossible de le retrouver pur dans les villes et même dans les grandes fermes : il faut pour cela s'interner dans les montagnes où existent des tribus isolées et dont l'étude est fort difficile; il existe plusieurs races distinctes (Otomies, Tarascos, Chichimecas) qui pourraient donner lieu aux investigations les plus intéressantes, pour le voyageur qui aurait le temps de vivre au milieu de ces tribus à demi sau- vages, mais en général d'un naturel pacifique. DE L'ACCLIMATATION A L'ILE DE LA RÉUNION Par M. le docteur Auguste VIKSO\. S'il est un point du globe qui puisse mettre en lumière tous les bienfaits de l'acclimatation, c'est assurément une île qui depuis l'origine de sa colonisation, et chaque jour encore, ne cesse de substituer à ses produits naturels des acquisitions exotiques, et qui est parvenue par ces moyens à se créer une richesse tellement identifiée avec son climat, qu'elle semble lui être aujourd'hui naturelle et lui avoir même toujours appar- tenu. Le principe d'acclimatation est un des premiers besoins de l'homme : celui qui acquiert une petite propriété et qui la crée, y apporte, en étudiant le terroir, ce qui pourra le mieux profiter et l'enrichir par l'utilité et l'agrément; l'homme qui fonde une colonie importe dans cet établissement nouveau tout ce qui pourra y prospérer. ^ Quand on examine les éléments de l'ancienne splendeur de l'ile de la Réunion, on les trouve dans la culture du Giroflier, du Caféyer et des épices venus du dehors et implantés dans la colonie à l'imitation des Hollandais ; quand on jette les yeux sur sa richesse moderne, elle est encore due à des importa- tions du dehors : la Canne à sucre^ dont elle ne soigne que des espèces étrangères, en raison de leur culture plus facile et du rendement plus riche, forme encore à l'heure présente son plus beau revenu. La Vanille, nouveau produit, introduit tout récemment, a pris une place précieuse dans son marché ; tous deux font voir ce que peut la naturalisation d'espèces nouvelles et les grandes ressources que les plantes, même en apparence insignifiantes, renferment avec elles. Ainsi, dans le passé comme dans le présent, c'est racclima- tation qui donne à l'île de la Réunion sa plus grande valeur. Dans l'avenir elle doit espérer encore sa prospérité de l'accli- matation, car nous savons par plus d'une expérience que cer- 580 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION, tains éléments de la l'ortime publique, qui reposent sur des vé- gétaux, s'épuisent dans le cours d'une longue culture et que les conditions climatériques, favorables pendant une longue pé- riode de temps, changent à la longue et deviennent ou insuf- fisantes ou adverses. C'est ainsi que les Girofliers, depuis la tourmente de 1806, ont été en dégénérant, et qu'on a senti le besoin de leur substituer la culture de la Canne à sucre ; que le Caféyer languit et périt après quelques récoltes improduc- tives, comme si la plante ne semblait plus se plaire là môme où elle avait montré jadis une si belle végétation et donné de si beaux produits. La Canne elle-même a été menacée par une maladie qui a frappé la variété blanche et qui a nécessité l'in- troduction d'espèces nouvelles et différentes : ces dernières à leur tour se couvrent de parasites inconnus jusqu'à ce jour, preuve d'une dégénérescence manifeste qui éveille l'inquié- tude et commande une sollicitude nouvelle. Aussi, l'île de la Réunion étudie-t-elle chaque jour les moyens de remédier aux pertes du passé et de se prémunir contre les chances de l'avenir, dans les efforts qu'elle tente pour conserver ce cju'elle possède et dans des acquisitions nouvelles, fruits de l'accli- matation. L'importance de cette question, objet d'une si grande pro- pagande, nous faisait une obligation d'étudier l'Ile de la Réu- nion sous le point de vue de l'acclimatation. Nous allons donc faire connaître à la fois, quels produits naturels l'île possédait et les trésors qu'elle s'est acquis dans les deux règnes par l'accHmatation depuis son origine. I. — Animaux. Manmiifèrcs. — \\ est trés-dilïicile de dire quels quadru- pèdes existaient dans l'ile de Mascareignes, lors de sa décou- vert(^. Avec les Rats qui forcèrent, dit-on, dans la suite les Hollandais à abandonner cette colonie, les seuls mammifères sur la présence desquels on ne peut élever aucun doute ap- partiennent à la famille des Chéiroptères et à celle des Héris- sons. D'un côté ce sont les Chauves-Souris, dont des espèces DE l'acclimatation A l'iLE DE LA JFlÉUNION. 5S1 très-belles, le Vespertilio Borhonicus (Geoffroy), et le Collet- Rouge {Pteropus rubricoUis), attirèrent l'attention des pre- miers habitants par leur grosseur, que le R. P. Brown compare à celle d'une, Poule; d'autre part, c'est le Tanrec {Erinaceus setosits), très-répandu dans nos forêts et dont les nègres sont très-friands. Dès le jour de sa découverte, l'importation et l'acclimatation commencèrent pour l'île Mascarenhas : les Portugais avaient laissé dans leur nouvelle conquête des Chèvres et des Porcs et d'autres animaux. Durant un siècle, aucun voyageur ne vint troubler la paix du domaine où vivaient ces êtres. Ils multi- plièrent tellement que, lorsque l'île fut visitée plus tard, Du- quesne, dans sa relation, rapporte qu'on trouve ces animaux par bandes dans les forêts. En JGZiO, Flacourt fit déposer à l'île Bourbon dont il venait de prendre possession, quatre Génisses et un Taureau, qu'il expédia de Madagascar (Fort-Dauphin). Cinq ans après, en 165/i, il exécuta un nouvel envoi pour que ces animaux pus- sent s'y multiplier en liberté. Cette tentative réussit, et les derniers Bœufs sauvages furent détruits à la fin du siècle der- nier aux environs du quartier Saint-Paul, où les créoles creu- saient sur leur passage des fosses recouvertes de branches, et dans lesquelles ces animaux tombaient et étaient abattus. Une cause a dû prolonger l'existence de ces derniers à l'état sauvage, c'est l'habitude qu'avaient les premiers habitants de laisser leurs troupeaux errer en liberté. « Pendant les mois de juin, de juihet et d'août, les pâturages sont si rares, dit le P. Brown, qu'on est obligé de conduire les troupeaux dans les montagnes où ils se nourrissent de feuilles d'arbres. Alors chaque chef de famille imprime une marque particulière à ses bestiaux, autrement on courrait les risques de mille inconvénients. » A l'époque dont il est parlé (1667), le pays était peuplé de Sangliers qui ont disparu ; de Chèvres qui existent encore au- jourd'hui, sous le nom vulgaire de Cabris marrons et qui, méritant mieux ce nom , se sont retirées dans les endroits froids et d'un accès difficile. Le Cerf, également importé, a été 582 SOCIÉTÉ ipÉRIÂLE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. détruit dans ce pays trop accidenté, où il ne peuple que par- qué chez un petit nombre de riches colons : mais à l'île Mau- rice, où le sol présente une disposition contraire et des plaines immenses, il est encore fort commun. A une époque très- éloignée, des vaisseaux venus de l'Inde déposèrent aussi des Lapins à Mascareignes, mais ces animaux ne réussirent point à l'état libre, tandis que toutes les espèces, même celle dite de Russie, s'élèvent parfaitement en domesticité, à la condition de recevoir toujours une aHmentation sèche et d'être gardés dans des garennes privées d'humidité : les pluies torrentielles en remplissant les terriers ont été la cause de leur défaut d'a- chmatation en liberté. Moins impressionnable et se passant de terrier, le Lièvre, également importé de l'Inde, à une date qui est loin de nous, est fort abondant à l'île de la Réunion; il est plus petit que celui d'Europe, mais sa chair plus délicate ra- chète la dégénérescence qui lui est propre, comme à toutes les espèces d'animaux dans cette île. Un Lémurien d'une très-grande espèce, au pelage laineux, blanc et noir, se multiplie dans les seules forêts du quartier Saint-Benoît : il semble avoir été importé originairement de la grande île de Madagascar. Quelques personnes trouvent dans sa chair toutes les qualités d'un mets excellent. Ce quadru- mane qui est le MaJd vari (1), se serait naturalisé exclusive- ment dans cette partie du pays, comme les Singes à l'île de France. Parmi les acquisitions primitives de notre île, Eory de Saint-Vincent va jusqu'à dire que des Chevaux y auraient été déposés, s'y seraient multipliés et auraient été par la suite ré- duits en domesticité. Cela est possible. L'illustre voyageur, nouveau venu dans la colonie, se renseignait alors auprès de son hôte et de son ami Joseph Hubert, dont la mémoire est vénérée dans l'île. Cet ancien et savant créole, à qui l'on doit l'introduction et la culture du Giroflier et celle de tant d'arbres utiles, était fort enthousiaste de cette colonie qu'il aimait, et il était, très-versé dans l'histoire traditionnelle de son pays. Ce (1) Lemur Mococo, Linné. DE l'acclimatation A l'iLE DE LA RÉUNION. 583 qu'il a pu dire à Bory de Saint-Vincent serait très-exact. Il y a en effet une race de Chevaux parmi ceux du pays qui est unique et se distingue de toutes les autres : elle paraît descen- dre de la race d'Abyssinie. Ces Chevaux sont chétifs et disgra- cieux dans la forme, plein de vices et de qualités, car ce sont d'infatigables montures, au pied sûr, sobres, ayant l'avantage d'aller l'amble. Quelques individus de cette race se remar- quent encore par une particularité étrange, celle d'avoir les yeux vairons. Quelques autres espèces d'animaux présentent ce phénomène, que j'ai rencontré même chez des femmes créoles, que cette originalité ne dépare point. L'ile de la Réunion a reçu et reçoit encore des Chevaux de diverses provenances : les premiers lui vinrent des territoires de Mascate et de la mer Rouge, avec lesquels l'île paraît avoir eu de bonne heure des relations. Ce sont ces Chevaux qui ont donné l'espèce type, celle connue sous le nom de Chevaux du paijs et dont Je viens de parler; il paraît qu'à une époque qui n'est pas très-éloignée, ils furent même assez nombreux : « A l'île Maurice, il y a peu de Chevaux, dit Chapotin ; on les tire de l'île Bourbon, où ils sont assez beaux, mais délicats (de forme) et généralement vicieux. » Les seconds Chevaux que reçut l'île de la Réunion lui vin- rent du cap de Bonne-Espérance, où la race est des plus re- marquables. L'élégance des formes, la force et la beauté, tout est réuni dans le Cheval du Cap. Quelles que soient les origines des races des Chevaux, elle finissent par avoir pour chaque pays un cachet particulier, et cela en dépit des croisements. Le Cheval du Cap en est la preuve, bien qu'il ait subi sur son sol natal les influences des divers peuples qui ont occupé tour à tour cette belle et riche colonie. Les Hollandais, en y impor- tant leurs grands Chevaux du Nord et en les mêlant à la race mdigène, ont donné naissance à l'espèce du Cap de haute 1 aille, où la gendarmerie de l'île de la Réunion a choisi ses remontes en venant dans notre colonie. L'Angleterre, en pos- sédant le cap de Bonne-Espérance après la Hollande, apporta à son tour quelques-uns de ses pur sang anglais. En retrem- pant dans ce sang d'origine arabe, mais épuré par l'éducation 58/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et renlraînement, la race inculte et naturelle du Cap, égale- ment du sang arabe, il en est résulté une espèce admirable, de taille moyenne et de formes parfaites, qui donne aux îles de la Réunion et Maurice les Chevaux de mains et d'équipage les plus distingués. Leurs formes sont élégantes et nerveuses : ils sont fins et gracieux comme les Chevaux de Tarbes, descendus comme eux de la race arabe : mais faits pour arpenter des dé- serts de sable leurs membres ont plus de vigueur, leurs mus- cles plus de relief, leurs tendons plus de force. Ils ont quelque chose de net et d'arrêté dans les coupes musculaires ; les na- seaux sont grands et ouverts ; la tète petite et couronnée par un front large ; l'encolure se recourbe comme un arc et mon- tre une puissance d'élan remarquable qui rend ce Cheval excellent pour le trait. La nature les a ainsi façonnés pour les longues plaines sablonneuses qu'ils sont obligés de traverser. Je les ai vus dans la ville du Cap attelés par paire, au nombre de plus de trente, promener, en déployant les allures les plus gracieuses, des chariots qui venaient de lointains pays. Ajoutez que ces Chevaux ont un ongle de fer; qu'ils sont en- veloppés d'une crinière abondante et noire ; que leur queue aussi riche et plus belle, ondulant dans le trot ou une allure cadencée qui tient le milieu entre l'amble et le petit galop, est enfin comparable à une chevelure. Leur poil ras est d'un éclat et d'un reflet remarquables. Telle est cette belle race du Cap, qui a souvent servi d'origine à beaucoup de nos Chevaux créoles, sans leur donner toujours ni cette grâce, ni cette taille. C'est un fait digne de remarque que les races de Cljevaux dans les îles tendent à diminuer de taille ; que ceux des conti- nents, au contraire, sont élevés et développés. A l'appui de ces faits, nous avons des Chevaux qu'on importe quelquefois dans notre île et qui viennent de Timor, du Pégou, de Batavia et même de la Corse, et qui tous accusent des proportions mi- nimes. Cependant, un de nos créoles les plus distingués, et dont l'île déplore la perte prématurée, Gustave Manès, a dé- montré il y a quelques années, par le croisement du Cheval du Cap et des Juments bretonnes ou de Buénos-Ayres, qu'on pourrait obtenir à l'île de la Réunion une espèce assez grande DE l'acclimatation A L'ILE DE LA RÉUNION. 585 et gracieuse; à la gendarmerie coloniale même, l'union acci- dentelle du Cheval du Cap et des Juments de cavalerie de France, a pu donner des échantillons remarquables par la force, la taille et l'élégance. Les Anes ont été importés de Mascate et du Poitou. Les pre- miers sont petits, mais d'une sûreté de pied et d'une force incroyable : ils rendent de très-grands services comme ani- maux de transports, montures pour le service des montagnes ; les Anesses sont très-recherchées comme laitières pour les personnes malades. Le croisement de notre Jument du pays avec l'Ane de Mascate a donné chez nos anciens colons une race incomparable de petits Mulets, connus sous le nom de Mulets du pays : cette espèce rend à la colonie les plus utiles services, en raison de sa sobriété et de sa résistance à la fati- gue. Quelques propriétaires s'occupent de cet élève, et quant au petit cultivateur, il est rare que sa Jument de selle ne soit pas occupée de temps en temps à doter sa petite habitation d'un Mulet, pour le moins aussi bon que celui qu'on importe d'Abyssinie et qui est très-réputé. L'Ane apporté du Poitou, croisé avec les Juments de France réformées, donne à l'île de la Réunion de très-jolis produits, avec des proportions plus réduites et plus fines que celle de la Mule massive du Poitou. Si de pareilles industries pouvaient être réalisées sur une grande échelle, la colonie s'alTranchirait en partie de l'im- mense consommation qu'elle fait annuellement des Mules de France, qui, moins faciles à supporter l'ardeur du climat et nécessitant un entretien plus onéreux, l'obhgent à supporter des pertes cruelles, malgré les secours des envois de Buénos- Ayres ou de Montevideo. Les maladies qui frappent le plus communément ces utiles animaux dans notre climat sont les coups de soleil, les bou- tons et quelquefois la morve. Cette dernière affection, en dépit de l'incurie des noirs chargés de la surveillance des écuries et des charrois, paraît moins transmissible à l'homme qu'en France. Les Chevaux sont plus souvent sujets aux rétentions d'urine et aux coliques dépendantes des maladies du ventre. Le Bœuf et la Vache de Madagascar introduits à l'île Bour- 586 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'aCCLIMATATION. bon par de Flacourt, ont prospéré à souhait comme on a pu le voir. Ces Bœufs sont grands, en général armés de cornes aiguës et longues ; leur dos est surmonté d'une loupe énorme et conique. Ils servent admirablement comme moyens écono- miques de cbarroi dans les établissements pour la fabrication du sucre : ils transportent des champs les cannes et les pailles qui doivent servir de combustible. Ces animaux précieux, et qui se tirent abondamment et à peu de frais de l'île de Mada- gascar, sont en général exempts de maladies, d'un facile en- trelien et servent ensuite à défrayer les boucheries. Un bateau à vapeur peut aller à Tamatave, embarquer ses Bœufs et les ramener à l'ile de la Réunion en neuf jours. C'est la princi- pale ressource des troupes qui forment les garnisons de la colonie. Les Vaches bretonnes et de race normande que le com- merce importe sont bien supérieures pour l'abondance et la qualité du lait à celles du cap de Bonne-Espérance et de Mada- gascar, qu'on destine plus particulièrement à la boucherie. Il est rare que l'indigène de Madagascar s'occupe de traire le lait de ses Vaches ; élevées presque à l'état sauvage, elles se- raient elles-mêmes fort surprises de se voir soumises à une pareille opération. La Vache de France, à l'île de la Réunion, donne une Génisse qui la remplace avec perte pour le lait : à la troisième génération, la Vache créole, issue des meilleures laitières, devient presque aussi pauvre en lait que celle de Ma- dagascar. D'où vient une pareille dégénérescence? Les causes en sont multiples, mais il est évident que de fille en fille l'ap- pareil mammaire s'amoindrit. Les produits deviennent aussi de m.oindre taille et de moindre volume. L'introduction des Bisons de l'Inde à l'île de la Réunion n'a pas donné jusqu'à ce jour de bons résultats, peut-être à cause du peu de soins qu'on a apportés à leur acclimatation. Enfin, les troupeaux de Moutons et de Brebis dont le pays reçoit les races du Gap et de la Nouvehe-Hollande de l'Europe, et dont les expositions publiques récompensent les plus beaux échantifions et les produits, prouvent que l'île de la Réunion serait susceptible de grandes richesses en ce genre, si une DE l'acclimatation A l'iLE DE LA RÉUNION. 587 seule et grande culture, celle de la Canne à sucre, et l'absen- téisme des plus riches colons ne laissaient dépérir de si so- lides industries, et sur lesquelles se fonde la fortune réelle d'un pays, celle qui reste et dont on y jouit. L'élève du Porc dans notre île constitue une précieuse in- dustrie et un élément de première nécessité : elle défraye à elle seule la principale alimentation publique. Les créoles préfèrent de beaucoup cette chair à celle du Bœuf. Notre race porcine, originaire de l'Inde et de la Chine, est plus petite que celle d'Europe, d'un très-facile engraissement et d'un accrois- sement rapide. Sa chair, que l'on peut confondre avec celle du Veau, est supérieure à celle du Porc de France. C'est là une opinion incontestée, même parmi les Européens. Les pre- miers occupants de l'ile en furent frappés et l'attribuèrent aux Tortues abondantes alors dans l'île, et dont les Porcs se nourrissaient presque exclusivement; mais le temps a prouvé que cette qualité qui lui est inhérente existe indépendamment du genre d'alimentation. Devant cette supériorité, l'importa- tion" des Porcs de France, faite plusieurs fois, a été délaissée. Bien que l'île de la Réunion soit un pays chaud, la viande du Porc de race indienne et cochinchinoise y peut être employée journellement à la nourriture de l'homme, sans aucun danger pour sa santé et sans la crainte d'y appeler les affections cuta- nées qu'on lui attribue en d'autres contrées. Chéloniens. —Autrefois de nombreuses Tortues peuplaient les rivages, les étangs et le sol de Mascareignes ; il y en avait de terrestres, de fluviales et de marines. Les dernières ont presque déserté nos parages depuis que les pêcheurs, les na- vires, sillonnent continuellement nos côtes, et qu'il leur est impossible de venir déposer leurs œufs sur le sable de nos ri- vages. Cependant, quelquefois on pêche sur notre littoral d'énormes Tortues franches, qui se vendent au détail sur le marché de Saint-Denis et de Saint-Paul. A la suite des coups de vent le Caret pénètre dans les étangs à la faveur de l'eau de la mer qui vient se mêler à l'eau douce : dans un vaste bassin j'ai pu en conserver un plus d'une année, bien qu'il fût dans une eau qui n'était point 588 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D*ACCLIMATATION. salée. Il nageait avec une grande facilité : son écaille imbri- quée s'était recouverte de limon et de mousse. La destruction des Tortues terrestres a été totale : il n'en pouvait être autrement : sans défenses, recherchées pour leur excellence, elles étaient dévorées à la fois par les Porcs sau- vages et par les hommes. Elles étaient nombreuses à l'île Mas- careignes lors de sa découverte : un navire passant lorsqu'elle était encore inhabitée rapporte en avoir trouvé vingt-cinq à l'ombre d'un seul arbre près d'un ruisseau. Samuel Carlleton, qui passa à l'île de la Réunion en 1612, dit : « La chaloupe qui fut envoyée à terre y trouva une prodigieuse quantité de Tortues, dont chacune faisait la charge d'un homme (1). » Etienne de Flacourt témoigne également qu'elles étaient fort belles. « A Mascareignes, il y a, dit-il, des Tortues de terre monstrueuses pour leur grosseur, qui sont bonnes à man- ger (16Zi9))) (2). Dès 1667, ces animaux commençaient à dis- paraître : « Les matelots, dit le P. Brown, en ont tant détruit qu'on en trouve plus guère que sur la côte occidentale de l'île, encore y sont-elles très-rares. On attribue, ajoute-t-il, à ces animaux plusieurs propriétés, entre autres celle de purifier la masse du sang et de guérir les maladies qui proviennent de la trop grande abondance ou de la corruption des humeurs : on en tire encore une huile fort douce qui a presque le même goût que l'huile de Provence (3). » Quelques Tortues ont été encore rencontrées vers la fin du siècle dernier, entre les montagnes qui séparent la ville de Saint-Denis du quartier Saint-Paul, et la dernière de toutes a été vue à Gilaos, il y a quelques années seulement. Aujourd'hui, les Tortues qu'on importe à l'île de la Réunion pour la consommation, qui est toujours fort grande, viennent de Madagascar et d'Aldabra. La grande île africaine est iné- puisable sous ce rapport : là s'étendent d'immenses champs de raquette de l'espèce nommée Opuntia horrida, que leurs (i) D'- Bufz de Lavison, Des tortues considérées au point de vue de l'a- limentation et de l'acclimatation. {Bulletin do la Soc. d'accl., t. VI, p. 387.) (2) Et. de Flacourt, Histoire de Madagascar, p. 169. (3) Lettres édifiantes, tome VIII. DE l'acclimatation A l'iLE DE LA RÉUNION. 589 longues épines dangereuses rendent impénétrables pour l'homme. Les fruits mûrs de ces plantes tombent sous ces épaisses murailles, où les Tortues se glissent impunément pour les dévorer ; c'est sous la protection de semblables de- meures qu'elles pondent, livrent leurs œufs àréclosion, et que leurs petits grandissent. Une pareille retraite, si difficilement accessible, rend leur destruction impossible. C'est donc là pour l'alimentation des îles de la Réunion et Maurice, une mine pour longtemps inépuisable. Ces animaux dans les parcs de l'île de la Réunion pondent des œufs ronds, à coque blan- che, parcheminée et très-dure : en enfermant ces œufs dans un meuble au milieu d'un peu de coton cardé et en les ou- bliant ainsi, ils éclosent au bout d'une année ; alors ce sont de petites Tortues grosses comme une noix de France, qu'on recherche pour leur gentillesse et qu'on nourrit avec des pé- tales de rose. Leur accroissement est très-lent, il faudrait de vingt-cinq à trente ans pour qu'elles pussent obtenir un vo- lume suffisant pour servir cà l'alimentation. Les Tortues d'Aldabra, mieux connues sous le nom de Tortues terrestres des Seychelles, sont énormes : la carapace en est toute noire : elles atteignent des dimensions colossales, gigantesques, et lorsqu'elles sont immobiles et disséminées dans une plaine, elles ressemblent à de grosses roches noires : leur chair est moins estimée que celle de la Chersite rayonnée de Madagascar : leur mugissement est, dit-on, semblable à celui d'un Veau; elles se vendent au poids et leur prix est va- riable : une d'elles s'est vendue, dans l'année 1862, au prix de 150 francs. La reprise et l'extension des rapports avec Madagascar a rendu, pour le présent, le marché de la Réunion très-abondant en Tortues de Madagascar : on peut avoir pour une trentaine de francs une douzaine de Ghersites d'un très- joli volume. ^ La chair des Tortues est très-aimée à l'île de la Réunion : c'est une grande ressource pour les jours maigres et pendant le carême. La cuisine ancienne et moderne n'offre aucun mets qui soit comparable au foie de la Tortue. J'ai vu importer à la Réunion des Tortues qui avaient été 590 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. pêchées à l'île de la Providence, à l'effet de nourrir des immi- grants africains dont le navire était chargé. Trois d'entre elles, sur l'avant du bâtiment, fatiguaient tellement par leur poids et leur volume les barreaux du pont, qu'on fut obligé, pour les soulager, de les mettre à la mer dans la rade de Saint-Denis. Bory de Saint-Vincent parle d'une Tortue qui, peu de temps avant son passage à la Réunion, aurait été trouvée par un créole dans la mare d'Arzule, et dont la carapace lui servait de lampe depuis cette époque. Le savant voyageur la regar- dait comme une espèce nouvelle entièrement détruite, et qui aurait été particulière à l'île de la Réunion : il la figure et la décrit sous le nom de Tortue tricarinée {Testudo tricarinata, Bory) (1). Ophidiens. — L'île de la Réunion était exempte d'Ophi- diens ; une Couleuvre s'y est depuis une quinzaine d'années multipliée d'une manière remarquable ; elle a été importée de Madagascar en se glissant dans les sacs remplis d'os, qu'on transportait dans notre colonie pour la fabrication du noir animal. Inoffensif pour l'homme, ce reptile a de beaucoup di- minué le nombre des Souris; et il a presque entièrement dé- truit notre Gecko aux belles couleurs vertes, bleues et rouges, que Lamarck avait dédié à Lacépède {Platydactylus cepedia- nus, Lam.). Ce Gecko aux nuances changeantes ne se retrouve plus que rarement dans la partie est de l'île, et il finira par iHsparaître complètement sous la voracité de la Couleuvre de Madagascar. Un autre Serpent de la plus petite espèce a été également introduit probablement dans des caisses de plantes importées. Il est également inoffensif. Ces faits toutefois, qui paraissent sans valeur, doivent donner la mesure de ce que pourrait être à l'île de la Réunion l'introduction accidentelle et la multiplication de quelque Serpent venimeux. (1) Bory de Saiui-Vincenl, Voyage, aux quatre principales îles d'Afrique. . . .. ■ ' , {La suite à un prochain numéro.) NOTE SUR LE TRANSPORT DES GOURAMïS, Par IH. P. DAIÎRV. ■ Le Gourami n'est pas, comme l'ont affirmé plusieurs savants naluralisles, originaire de la Chine. 11 est totalement inconnu aux ichtliyologistes, aussi bien qu'aux pêcheurs et marchands de poissons du Céleste-Empire. La véritable patrie de cette précieuse espèce est le grand et magnifique fleuve qui arrose nos possessions de Gochinchine. C'est à mon arrivée à Saigon, en mai dernier, que j'ai découvert sur la place du Marché les Gouramis que j'ai rapportés vivants à M. A. Geoffroy Saint- Hilaire, le savant et intelUgent directeur du Jardin d'acclima- tation. Le temps ne m'a point permis, malheureusement, de prendre beaucoup de renseignements sur les habitudes de ces habitants du Mcikoun ; mais j'ai prié M. Pierre, directeur du Jardin zoologique à Saigon, d'étudier cette intéressante ques- tion et de nous communiquer le résultat de ses recherches. En attendant, ce C[ue je puis certifier, c'est que le transport des Gouramis est très-possible, pourvu qu'on se serve du pro- cédé qui m'a parfaitement réussi, et dont le premier mérite est la simplicité. 11 suffit de déposer huit à dix Gom^amis de 15 à 20 centimètres de longueur dans un vase de terre de' ÛO centimètres de hauteur sur 50 de largeur, enduit à Tinté- rieur d'huile d'Elœococca verniciflua (1), et rempli aux trois quarts d'eau du Meikoun. 11 faut avoir soin de garantir cette eau contre le tangage et le roulis, au moyen d'un petit fdet soutenu par des flotteurs et c|ui en couvre la surface. Pendant toute la traversée, veiller à ce que le vase reste exposé à l'air, mais abrité du soleil, au centre du navire. L'eau doit être renouvelée chaque jour ; l'eau filtrée peut être utilisée à cet effet. Gomme nourriture, leur distribuer tous les matins des (1) On trouve ces vases dans tous les magasins chinois. 592 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. hosties, de la viande hachée menue, du Riz cuit, des peaux de Bananes et des herbes aquatiques qu'il est facile de se procurer à Singapoure, Pointe de Galle, etc., où le navire relâche. La partie la plus difficile à traverser est de Suez à Alexandrie. Les cahots que l'on éprouve en wagon sont tellemcnts violents que, si l'on ne prend pas de grandes précautions, le vase court le risque d'être brisé ou les poissons d'être mis à sec. On trouve heureusement au Caire de l'excellente eau du Nil. Un autre passage qui est assez dangereux, est l'entrée de la mer Rouge. l\ est une certaine zone où l'air devenu presque irres- pirable pénètre le tissu pulmonaire et brise subitement les forces les plus énergiques. Pendant ces quelques heures, il faut redoubler de soins pour préserver les Gouramis des atteintes de cette sorte de malaria. Tels sont, en résumé, les moyens que j'ai employés et qui m'ont réussi grâce à l'aide et au concours obligeants des officiers des Messageries impé- riales, dont je n'ai eu qu'à me louer pendant toute la tra- versée. Maintenant que la véritable patrie d'origine du Gourami est connue, l'acclimatation de cette espèce remarquable pourra être tentée plus aisément, et il nous est permis d'espérer que, dans un temps peu éloigné, ce délicieux poisson vivra dans nos eaux heureux et content comme les nouveaux annexés, et si parfois il lui arrive d'être croqué, il ne devra s'en prendre qu'aux exigences de l'époque et aux avantages dont il a été doué par bonne mère nature. M NOTE SUR LA CULTURE DU QUhNQUINA EN ALGÉRIE (1), Par M. HARDI. (Letire adressée à M. le D'' J. L. Soubeiran). Le 3 juin 1850, à six heures et demie du soir, j'ai reçu une petite caisse contenant six plants de Cinc/tonn calisaya, en- voyés par l'administration du Muséum, et provenant des semis laits avec des graines rapportées par M. le docteur Weddell. Inutile de dire que l'cmliallage avait été aussi bien soigné que possible, mais on n'avait peut-être pas assez examiné l'état d'humidité des mottes avant le départ; toujours est-il, qu'à la réception, les plantes étaient fanées et que les mottes étaient plus ou moins sèches. Sans perdre un instant, les mottes furent mises à tremper dans une terrine pleine d'eau, et dès qu'elles furent imbibées, les plantes furent empotées dans de grands godets (espèces de pots) avec de la terre de bruyère, puis, immédiatement, elles lurent placées sous des cloches, les pots enfoncés dans une vieille couche. Le lendemain matin, quatre de ces plantes étaient parfaite- ment revenues,deux restèrent fanées et finirent par périr. Les quatre autres donnèrent promptemcnt de nouvelles racines et s'habituèrent facilement à l'air ambiant. Elles furent placées dans leurs pots dans un endroit du jardin, bien abrité et aussi frais que possible ; elles prospérèrent dans cette condition, (1) t.a lecture du travail de M. Hardy nous a suggéré quelques observa- tions que nous avons cru devoir ajouter sous forme de notes : nous prions notre collègue de n'y voir aucune intention de le critiquer, mais de les con- sidérer seulement comme dictées par notre espoir comnuui de voir enfin prosp.'-rer en Algérie la culture des Cinchonas et de lui montrer notre désir de lui apporter notre concours dévoué. (J. L. S. et A. A. D.) 2<' SÉIUK, T. V. —Août 1808. 38 59Z| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. développèrent chacune six !)elles feuilles, et se comportèrent admirablement jusqu'à la nuit du 5 au 6 octobre, durant la- quelle un siroco extraordinaire se fit sentir (1). Ses traces délé- tères restèrent imprimées sur les végétaux, mêrnc les plus rustiques ; et malgré l'abri et les conditions exceptionnelles où se trouvaient placés les quatre plants de Quinquina, ils subi- rent, à un très-haut degré, l'influence morbide du souffle du désert. Leurs feuilles se roulèrent par dessous comme par l'effet d'une torréfaction; elles ne reprirent pas leur position naturelle, leur limbe se dessécha insensiblement jusqu'à la nervure médiane. On les recouvrit aussitôt avec des verrines, sous lesquelles les extrémités herbacées se redressèrent et re- prirent leur position naturelle. Sous la température plus mo- dérée de la fin de l'automne, ces plantes se rétablirent insen- siblement. Le 24 décembre 1850, j'ai reçu des graines de Quinquina qui avaient été expédiées de Bogota par M. Arthur Blanqui. Elles étaient dans leurs capsules et le tout renfermé dans un petit bocal cacheté. Il y avait des capsules ouvertes par excès de maturité et qui avaient laissé échapper leurs graines avant la cueillette ; il y en avait de complètement mûres et non ou- vertes ; enfin, il y avait des capsules non encore arrivées à maturité complète. Après avoir égrené le tout, il y avait des graines parfaites et des graines non mûres. Elles furent semées dans de petites caisses à semis remplies de terre de bruyère et recouvertes avec de la mousse râpée. Ces caisses furent placées sous une bûche recouverte de châssis et chauifée mo- dérément avec un Ihermo-siphon. La température était de (1) Nous avons fait ressortir, d'après diirérenls ailleurs, l'influence fâcheuse tl'un air cliaud et sec sur la végélatioii des Ciaclionas dans notre travail sur i'acclimalalion des Cinclionas {Bulletin, U V, p. ZiW, année 1«0S), et nous avons appliqué, dans le même travail, nos renseignements à cet égard à l'action du service considéré connue obstacle à racclimatation des Cinchonas dont il serait important de tenir couiple (Bulieti», t. V, p. hho, année 18G8). On peut consulter, sur le même sujet, les Illustrations of the nueva qiiino- logia ofVavon. Les laits observés par M. Hardy n'ont donc rien qui doive nous étonner et concordent avec les observations laites tant en Amérique que dans les Indes. (J. L. S. et A. A. D.) CULTURE DU QUINQUINA EN ALGÉRIE. 595 15 à 18 degrés centigrades sous cette bâche. Les vitres furent rendues opaques avec une double couche de blanc d'Espagne, afin de rendre la lumière moins vive. Toutes les graines mûres et bien constituées germèrent ; les jeunes plantes furent mises séparément dans des pots et prospérèrent ainsi jusqu'au moment de leur mise cà demeure. Dès le début, j'ai pensé que les Quinquinas qui croissent nativement à des altitudes toujours élevées et qui se trou- vent soumis, dans ces conditions, à des influences cUmaté- riques toutes particulières, ne pourraient réussir au Hamma, plaine basse aboutissant au rivage et élevée dans sa partie moyenne de 1(5 mètres au-dessus du niveau de la mer. Con- vaincu que les coupures profondes, abritées et humides du petit Atlas présentaient la meilleure condition que l'on pût trouver en Algérie, je fis des tentatives pour avoir un emplacement dans les gorges de la Chitfa, mais elles ne purent aboutir. Le principal obstacle fut le peu de sécurité qui existait alors. Je ne fus pas plus heureux pour la location d'un petit terrain dans la gorge de l'Oued-el-Kébir, derrière Blidah, qui aurait peut-être pu convenir, à défaut de la station de la Chiffa. Force donc fut de chercher ailleurs, dans un périmètre moins éloigné d'Alger. Je cherchai dans la Boudja- reah, et fus autorisé à louer, dans un endroit connu sous le nom de frais vallon, un terrain bien abrité et bien arrosé. 11 était complètement dominé du côté de l'ouest et du sud et les inlïuences de la mer ne pouvaient l'atteindre. Il était moins garanti du côté de l'est. Cet emplacement n'était pas tel que je l'eusse désiré, mais c'était encore le moins mauvais qu'il me fut possible de choisir. Tout prés coulait un ruisseau, le terrain était environné de grands arbres; dans sa partie élevée il y avait une noria qui fournissait l'eau des irrigations. Cet emplacement était à environ 150 mètres au-dessus du niveau delà mer. Le 2 juin 1851, après avoir disposé le terrain, je fis monter du jardin du Hanniia les jeunes Quinquinas nés du semis fait le "llx décembre précédent. Ils étaient au nombre de cent trente et un ; ils avaient de quatre à six feuilles bien dé- veloppées. Les quatre plants restant vivants, survies six reçus 596 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATÂTION. du Muséum l'année précédente, furent réunis à ceux-ci. Plantés avec soin dans une terre bien préparée, entretenus suffisam- ment humides par des irrigations, ils se maintinrent convena- blement et commençaient à donner de nouvelles pousses, lorsque les 17, 18 et 10 juillet il lit un siroco très-fort et continu la nuit comme le jour; les feuilles des jeunes Quin- quinas furent grillées ; leur tète s'inclina, ils ne se rétablirent plus, ils moururent tous. J'ai reçu depuis cette époque bien des graines de Quinquina, mais, quoique soignées autant que le premier semis et placées à coup sur dans des conditions meilleures, elles ne réussirent point ; aucune graine ne leva. On sait, en effet, combien ces semences sont sensibles et combien elles perdent facilement eur faculté germinative. Trois mois après la récolte il est rare qu'elles germent, et leur vitalité s'éteint plus vite encore lorsqu'elles sont détachées des capsules (1). Les succès obtenus dans la naturalisation des Quinquinas, à Java par les Hollandais et dans diverses régions de l'Inde par les Anglais, firent renaître l'idée de reprendre ces tentatives en Algérie, et, en même temps que le ministère de la guerre prenait les dispositions nécessaires pour faire venir des plants de Java, il donnait des instructions au gouverneur de l'Algérie pour faire entreprendre de nouveaux essais. Je pus, dans les gorges de la Chilfa, établir ces essais sur un emplacement que j'eusse voulu avoir à ma disposition seize ans auparavant. Vous trouverez ci-joint, dans un numéro du Moniteur de l'Algérie (n" /lO, 1(5 février 1868), le rapport que j'ai adressé (1) Les assortions do M. Hardy, bion que conl'ormcs à ropinion s<^iiéra- lomoiil admise, cl vraies au ioiui, nousparaisseiil cependanl un peu exagérées : en eilet, les graines rapportées de l'Amérique équatorialc par AI. Markham, et ceux qui l'ont assisté dans son entreprise, ont mis assurément plus de trois mois à arriver aux Indes, et M. le docteur Buvry, de la Société d'accli- matation de Ijcrlin, nous a appris que des graines reçues de Java par notre Société et expédiées à M. Ijuvry, puis enxoyc'os par M. Buvry au Cliili ont parfaitement germé;, grâce aux soins de Al. le docteur Fonck à qui elles avaient été expédiées. *• (J. L. S. et A. A. D.) CULTURE DU QUINQUINA EN ALGÉRIE. 597 au gouverneur sur cette dernière tentative, le 30 janvier der- nier, quelques jours avant de quitter la direction du Jardin d'acclimatation. Ici, les Ouinquinas, grâce à l'abri puissant de hautes mon- tagnes, à l'humidité répandue dans l'air, à d'abondantes irri- gations possibles, n'ont pas souffert du siroco pendant l'été, mais ils ont souffert du froid, surtout pendant le dernier hiver qui a été relativement rigoureux. Il faudrait donc une altitude un peu moindre, les autres conditions restant les mêmes, et une vallée un peu large qui permette une insolation un peu plus forte pendant l'hiver. Le ravin où ont été faits ces essais est tellement étroit et encaissé, que pendant les trois mois d'hiver, durant lesquelles jours sont les plus courts, le soleil n'y pénètre que fort peu (1). Pendant l'hiver de 186(3 à 1S67, ces Quinquinas n'ont pas souffert du froid, mais pendant celui de 1807 à 1808, la tem- pérature a descendu d'un degré plus bas, et cet abaissement jusqu'à + i%5 qui s'est fait sentir en décembre, s'est re- produit plusieurs fois en janvier et février. Les plantes ne pa- raissaient pas d'abord en avoir souffert considérablement, mais en mars on s'aperçut que deux sujets seulement conser- vaient des tiges vivantes, et il faut noter que c'étaient les plus forts de la plantation. En mai, nous en vîmes quatre repousser sur le collet et sur les racines. Ce dernier fait est remar- quable. Je vous prie de bien remarquer les conditions de climat et de température que l'Algérie peut offrir au Quinquina, et qui sont bien différentes de celles de sa station natureUe. Le Quin- quina ne peut réussir ici qu'à la condition d'un hivernage prolongé, pendant lequel sa végétation ne peut être que la- lente. Nous avons vu qu'il peut s'y soumettre dans certaine mesure. Sa croissance serait plus lente, voilà tout, et il y a (1) Nous pensons qu'il faudrait surtout ne mettre en plein air les plants que lors(iu'ils sont déjà vigoureux. Nous recommandons à ce sujet la leclnre de ce qui s'est passé en Australie {liulletin, t. V, p. 438, année 1868), et dans le Caucase {Bulletin, t. V, p. /i/i2, année 1868). (J. L. S. el A. A. D. 508 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.TQUE d'ACCLIMATATION. . des présomptions pour croire que le principe alcaloïde n'en serait pas amoindri. De tout cela, il ressort évidemment que l'on pourrait trouver, dans les puissants massifs de l'Atlas, des vallées et des coupures profondes, abritées et arrosées, où les Quinquinas pourraient vivre et se développer. L'expérience que j'ai faite au Ruisseau des Singes^ plus concluante que les précédentes, donne des indications à peu près exactes qui pourraient guider sûrement les nouvelles entreprises. Mais des entreprises de ce genre ne peuvent être conduites à bien que par l'État en opérant sur une grande échelle et avec des moyens d'action puissants, tels que ceux employés à Java et dans l'Inde. RAPPORT SUR LA SITUATION DE LA PLANTATION DE QUINQUINA ET DE THÉ AU RUISSEAU DES SINGES. Hamma, près Alger, le 30 janvier 1868. A S. Exe. M. le. Maréchal de France, gouverneur général de l'Algérie. Monsieur le Maréchal, Conformément aux instructions que vous m'avez fait Thonncur de me donner par votre dépêche du h janvier courant, n" 18 (2'" hureau du secré- tariat général), je viens rendre compte à Votre Excellence de la situation des cultures et des plantations de Quinquina et de Thé, au jardin créé au Ruis- seau des Singes, dans les gorges de la ChilTa. Avant d'entrer en matière sur ce sujet spécial, permettez-moi de rappeler brièvement quelques notions de biologie végétale, en ce qui concerne le genre Quinquina, en botanique, Cincliona, par dédicace à la comtesse Cinchon, l'ime des vice-reines du Pérou (1). Le genre Cinchona croît nativement dans les Cordillières du Pérou, de la Bolivie, de la Nouvelle-Çrenade, à des altitudes qui varient, suivant les espèces, de 600 à '2000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Dans celte condition d'altitude, sous la zone inicrtropicale, la température varie à peine selon les saisons ; mais, journelloment, elle peut varier de 30 degrés sous l'inthience alternative du rayonnement nocturne et de l'action du soleil au milieu du jour. Quelques espèces de Quinquina croissent même (1) La vice-reine du Pérou s'appelait comtesse de Chinchnn et non Cinchon. (J. L. S. et A. A. D). CULTURE DU QUINQUINA EN ALGÉRIE. 599 à (les altitudes très-(51evées, où la temp(:'ratare, pendant la nuit, s\ibaisse irès- souvent jusqu'à zéro. Les végétaux qui vienncnl dans dos altitudes élevées ont une organisation particulière, quant à leur manière de respirer, qui ne leur permet pas de prospérer dans les plaines, à peu d'élévation au-dessus du niveau de la nier. La naturalisation du Quinquina n'est pas seulensent subordonnée à une question de terrain et à une question de température ; il faut tenir compte d'un troisième terme, qui est représenté par la pression atmosplK'rique (1). Dans les entreprises de naturalisation du Ouinquina qui ont été faites, les Hollandais, ;'i .lava, ont trouvé Tallitude convenable au Quinquina entre hooO et 6500 pieds, où règne une température moyenne de 10 degrés à lli^/ô centigrades, et les Anglais dans l'Inde, aux Neilgherries, à des altitudes com- prises entre ^500, fiOOO et VfiOO pieds, avec des températures moyennes de 18°, 8, 17°, 2 et 11", 6 centigrades. Pour l'Algérie, qui est placée à des latitudes beaucoup plus ('levées, il y avait à chercher le milieu le plus favorable au Quinquina, entre un point où la plus basse température, tout en se maintenant à quelques degrés au-dessus de zéro, pendant l'hiver, s'élevât le moins possible pendant l'été, etpûl,dans ce cas, être corrigée par l'évaporation d'un voisinage humide ou par l'irri- gation directe du terrain occupé par le plant. .l'ai expérimenté, à diverses reprises, que les plants de Quinquina, à 12 et 15 mètres au-dessus du niveau de la mer, au .lardin d'acclimatation du Ilanmia, se conservaient parfailement durant l'hiver, mais souffraient consi- dérablement pendant l'été, malgré toutes les précautions prises pour les pré server, et hnissaient par périr vers la fin de cette saison. Il importe, au plus haut point, de se ])ien pénétrer, dans cette question, de la circonstance que voici : Dans la zone équaloriale, à l'altitude où crois- sent spontanément les Quinquinas en Amérique, ou dans les contrées asiati- ques où on les a naturalisés, les extrêmes de température ont lieu entre le jour et la nuit, et les écarts que les plantes subissent en vingt-quatre heures varient de IG à 32 degrés, c'est-à-dire de 0 à 16 degrés, et de 0 à 32 degrés. Ces alternatives de chaud et de froid, qui se renouvellent à d'aussi courtes distances, ne contrarient en aucune façon la végétation, qui est continue et régulière. En Algérie, au contraire, la température qui varie beaucoup entre l'hiver et l'été, reste à peu près la même entre le jour et la nuit dans chaque saison. Dans tous les cas, celte dilïérence est infiniment moins sensible que dans les régions tropicales. Au lieu de subir ici les extrêmes de basse et de haute température, en vingt-quatre heures, comme dans les pays dont il vient (1) D'après les essais faits par M. Ferdinand von Muelîer, au jardin botanique de Mcltiourne, la différence de pression atmosphérique et la raréfaction de l'air produites par la différence d'altitude n'auraient pas une influence aussi puis- sante q\i'on pourrait le croire {Bulleiin, t. V, p. /138, année 1808). (J. L, S. et A, A. D.) GOO poniÉTÉ iMrÉniALE zooLor.inuE d'acclimatation. d'être parlé, le 0»ii»n"'"''> reçoit l'impression de la basse tenipéralure pen- dant environ six mois continus, et l'impression d'une température plus élevée pendant environ six autres mois. Ce sont ces diverses considérations qui ont conduit l'administration supé- rieure à choisir l'emplacement du lUiisscau des Singes, dans les gorges de la Chiiî'a, pour y établir les premiers essais de culture du Quinquina. Le 29 mai 1866, les plants de Quinquina qui ont survécu pendant le voyage à ceux expédiés de .lava par AI. Van (iorkom ont t'-lé plantés dans le terrain préparé exprès au lîuisseau des Singes. Ils ('■taient au nombre de '26- Ces plants, abrités des rayons ardents du soleil par des claies de roseaux et par des baliveaux conservés de distance en distance, dans le défrichement, irrigués de temps à autre pendant la sécheresse, n'ont pas tard»'-, pour la plupart, à donner une vigoureuse végé-tation. Plusieurs avaient, à la lin de l'aulonuie, des feuilles de 20 centimètres de longueur sur 9 centimètres de largeur. En décembre, leur végétation s'est ralentie ; en janvier, février et mars, elle s'est arrêtée tout à fait. Au conimencement d'avril, la sève s'est remise en mouvement, de nouvelles feuilles se sont développées par paires, à l'extré- mité des rameaux; enfui, pendant tout l'été de 1867, sous l'influence des irrigations modi'-rées, un bon nombre de ces Quinquinas ont donné tous les signes d'une végétation active et d'une bonne constitution. Cependant, à la suite de ce premier hiver, quatre plants des plus faibles succondx-rent. Ce fait n'a rien qui doive surprendre, car un tiers de ces plants étaient d('jà très-fatigués lors de leur plantation. A la fin de décembre 1867, les Quinquinas avaient sul)i un abaissement de température sensiblement plus prononrt' qu'à la nn^ne époque de l'année précédente. Pendant l'hiver de 1866 à 1867, la température la plus basse, observée au milieu de la plantation, a été de 2°, 5 au-dessus de zéro. Pendant le mois de décembre dernier, les Quinquinas avaient subi un abaissement de température de 1 degré plus considérable. En effet, le 12 décend)re, le ther- momètre marquait 1°,5 le matin, il y avait de la gelée blanche, et, sur cer- tains points, de la glace formée. Voici d'ailleurs la somme de chaleur des quatre derniers mois des années 1866 et 1867 ; il est facile de voir que la première partie de l'hiver actuel a ('■K' notablement ))lus froide, surtout pendant le mois dt» décembre : ANNÉES. 186(J. 1867. Septembre 706",1 655»,6 Octobre 53/1",» 557", 8 Novembre 373",1 363",» Décembre 318",» 25/i",» A ma visite du 9 janxier, j'ai trouvé que les Quimfuinas avaient été un peu plus impressionnés de riiivernage que l'année dernière à pareille époque. CULTURE DU QUINQUINA EN ALGÉRIE. 001 La vt^gétalion était coinplétomeut anèlée ; les plus forts et les plus vigoureux avaient conservé toutes leurs feuilles ; le seul dommage important que ces organes avaient supporté était d'avoir été percés par les grêlons. Les autres plants, un peu moins vigoureux, avaient quelques feuilles rouillées par le vent froid, mais conservant encore une vigueur de nature à faire espérer une pousse active au printemps; enfin, six des plus faibles avaient succombé sous l'iiupression du froid. Les observations météorologiques sont indispensables aujourd'hui pour quiconque veut faire de l'agriculture intelligente et sortir de la routine. Dans les questions de naturalisation de végétaux surtout, elles sont d'une impor- tance capitale, et l'homme qui s'occupe de ces questions doit consulter le tliermomètre absolument comme le mécanicien consulte le manomètre d'une machine à vapeur. J'ai fait faire des observations tbermométriques au Ruisseau des Singes, a partir du 1" septembre 1866, et j'en donne ci-après le résumé par mois. La station du Ruisseau des Singes est à 3/i0 mètres au-dessus du niveau de la mer, par une latitude de 36° 22' nord. ANNEES. MOIS. 1866. ■» 1807. Septembre Octobre. . , Novembre. Décembre. Janvier . . Février . . Mars .... Avril .... Mai Juin Juillet . . . Août .... Septembre Octobre. . Novembre. Décembre. MOYENNES Ui; MOIS. 6 lieures dn matin. 0 18,1 li,3 8,6 7,7 9,.. 6,7 9,6 9,9 14,» 17,3 20,6 20,1 17,5 12,9 9,.. 6,0 Midi. 12'%6 0 29,» 20,4 15,5 12,» 13,1 12,9 18,» 2t,7 27,8 27,4 32,4 30,3 26,0 22,4 14,5 9,7 4 lii'ures d/2 ilii soir. 8«,20 0 23,4 16,8 13,» 10,9 11,5 11,6 13,2 14,2 17,6 19,6 23, 9 24,5 21,4 18,6 12,5 8,2 SOMMES par mois. Moyenne. 16'', 5 160,3 706,1 534,» 373,1 318,» 348,» 293,1 423,8 458,6 623,» 644,3 795,6 775,5 655,6 557,8 363,» 254,» OBSERVATIONS. Les températures extrêmes observées pendant ces seize mois ont été de 39 degrés le 30 juillet et de 1",5 le li! décembre 18G7 ; l'écart qui s'est ma- nifesté est de 37", 5. 602 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Ces écarts ne diffèrent pas considéral)lenient de ceux qui s'observent dans les régions cinchonifères à Java, dans les Neilgherries et dans les Andes américaines. La moyenne de la température, observée au Ruisseau des Singes, ne diffère pns non pins essentiellement de celle des n'gions dont il vient d'èire parlé ; seulement, la répartition de la chaleur n'est plus du tout la même. La température moyenne du mois de février est la plus basse ; cependant elle ne présente pas de minima plus considérables que les deux mois qui prt'cèdent et le mois c[ui siiil. En mars, elle fait un saut marqué; elle gagne peu en avril; en mai, nouvelle ('volulion qui se ralenlit en juin, puis arrive à son summum en juillet. A partir de juillet, elle redescend par une pente presque régulière jusqu'en février. L'activité de la végétation des Quinquinas au Ruisseau des Singes, suit à peu près la même marche, mais à une certaine dislance ; ainsi, la végélation au Ruisseau des Singes ne reprend guère son activité qu'i'i partir du mois de mai : elle progresse jusqu'à la lin de septembre et une partie d'octobre, puis elle décline rapidement à mesure que la chaleur décroît, et se maintient à r<'tat latent pendant les mois de décembre, janvier, février, mars et une parlie d'avril. Le Ouinquina doit donc subir en Algérie im véritable hivernage ; et l'es- pèce s'y prête assez volontiers pourvu que la température ne s'abaisse pas à plus de 10,5 à 2 degrés, et cela momentanémenl. Dans l'expérience dont je rends compte, les plants de Quinquina ont snbi une tenipéralure maximum de 39 degrés accompagni'e de siroco, el une tem- pérature minimum de 1",5, accompagnée de vent d'ouest glacial. La terre où ils sont plantés étant entretenue fraîche pendant l'été, ils n'ont pas sensible- ment souffert de l'extrêirie rhalcur, tandis qu'ils ont été impressionnés sous l'influence d'un abaissemeni de température de 1",5. Le genre Quinquina présente une force de résistance plus considérable qu'on ne pouvait croire. Il affecte en Algérie une végélation intermittente qui se partage en deux périodes annuelles : une active et l'autre latente. Dans cette condition, le développement des sujets doit être moins actif qu'il ne l'est dans les régions qui lui sont propres et oîi sa végétation est continue, sans temps d'arrêt, et c'est ce qui arrive en effet. A .la^ a et dans les Neilgherries la croissance des Quinquinas en élévation est d'environ 10 centimètres par mois en moyenne. Pendant seize mois, au lUiisseau des Singes, elle n'a éié que de /i8, 50 et 52 ccnlimèlrcs. La station cinchonifère du Ruisseau des Singes n'a pu être déterminée que par tâtonnement, mais les relevés thermomélri([ues qui ont été faits, la me- sure exacte de l'altitude, la manière dont s'est coniporti'e la végétation des Quinquinas sur ce point, indiquent que je suis arrivé presque juste. L'altitude de oZiO mètres me paraît un peu trop élevée, et je crois qu'il y aurait une amélioration sensible à la réduire entre 250 et 3/i0 mètres, les autres conditions réunies au Ruisseau des Singes étant observées. CULTURE DU QUINOUINA EN ALGÉRIE. 603 Le Ruisseau, ou mieux le Ravin des Singes, est situé au milieu d'un puis- sant massif de montagnes se composant principalement du Djebel-Aloazaïa, dont le sommet est à 1608 mèircs au-dessus du niveau de la mer, et le Djebel-Sidi-el-Hadj, plus élevé de 87 mètres que le piemicr, La neige blanchit pendant l'hiver les sommets des montagnes qui envi- ronnent le Ravin des Singes, mais elle ne descend pas dans ce ravin étroit et profond, non plus que dans les coupures semblables des gorges de la ClilfTa, bien qu'elle se montre parfois beaucoup plus bas sur les contre-forts des mas- sits qui bordent la plaine de la Milidja, ce qui s'explique par l'abri et la cha- leur latente que conservent les revers de ces ravins profonds. Dans le lîavin des Singes coule un fort ruisseau qui descend du sommet de la montagnC;, et fournit bien au delà des besoins l'eau pour alimenter les irrigations indispensables pendant l'été aux végétaux dont il s'agit. Ce ruis- seau forme de nombreuses cascades sur les rochers, et répand dans cet en- droit la fraîcheur et l'humidité. Le sol de ces pentes se compose de schiste désagréffé el pulvérulent, au- quel s'est ajout(', par places, une grande quantité d'humus. Le sous-sol est composé de fragments de schiste plus ou moins gros. Il est permi-able et su- périeurement drainé naturellement. Cette composition du sol est vraisembla- blement une dos meilleures que l'on puisse trouver en Algérie pour le genre de culture dont il s'agit. Sans prospérer d'une manière remarquable au Ruisseau des Singes, les plants de Quinquina s'y défendent cependant avec avantage contre les causes qui paraissaient devoir leur être contraires. Nul doute que le progrès serait plus accusé si la station était de 50 à 100 mètres plus basse, les condi- tions d'abri, d'exposition, de sol et d'irrigation restant les mêmes. Je suis convaincu qu'à une altitude comprise entre 250 et 350 mètres au- dessus du niveau de la mer, qui me semble être celle où le Ouinqulua pro- spérera le mieux en Algérie, on trouvera dans les ramifications et les cou- pures profondes de l'Atlas, soit au sud, au nord, à l'est, à l'ouest ou au centre de l'Algérie, de nombreuses localités favorables à la culture du Quin- quina. Seulement, il faudrait que ces localités fussent choisies avec soin par un homme expérimenté, et en observant bien toutes les conditions que je viens d'indiquer. S'il entre dans les vues de Votre Excellence de donner de l'extension aux cultures de Quinquina, il conviendrait d'employer les appareils que la science peut mettre à notre disposition pour la nudtiplication et la naturalisation première de cet utile végétal. Il faudrait, dans l'endroit le plus propice des gorges de la Chifl'a, à l'altitude que je viens d'indirpier, un seminarium, une pépinière, pour l'élevage des plants de Quinquina, où serait construite une serre d'une étendue proportionnée au nond)re de plants que l'on voudrait élever. Les serres, et autres abris analogues, ne sont pas seulement, ainsi qTi'on est généralement disposé à le concevoir, de simples constructions de luxe, où ()0/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. s'épanouissent quelques fleurs pour l'ajîrément des yeux. Ce sont au con- traire des appareils qui deviennent de plus en plus d'une utilité indispen- sable, à mesure que le cercle de nos connaissances s'agrandit, pour natura- liser et multiplier certains végétaux utiles, qu'il est d'un intérêt patent, pour l'humanité, de transporter d'une région du globe dans une autre. C'est ainsi, du reste, qu'ont procédé les Hollandais à Java et les Anglais dans les Neil- gherries et à Ceylan, pour la naturalisation du Quinquina, qui a été couronnée, dans ces trois régions, d'un si éclatant succès. Les Anglais et les Hollandais sont des gens positifs, et nul ne sera tenté de les accuser d'avoir cédé à la fantaisie pour avoir employé des serres comme auxiliaires dans l'accomplis- sement d'une œuvre qui est l'une des gloires de notre siècle, à quelque point de vue que l'on se place. Dans l'entreprise de la naturalisation du Quinquina, des serres sont indis- pensables pour faire réussir les semis, pour nudtiplier les plants par la voie du Ijouturage et pour faire prendre aux plants un certain accroissement avant de les livrer en pleine terre, car ayant, par exemple, ^0 à ZtO centimètres d'élévation, ils présentent une force de résistance que n'ont pas les tout jeuijes sujets. Les semis de Quinquina doivent être faits à l'altitude qui est reconnue la plus favorable à la vitalité de ce végétal, à l'aide des appareils les plus pro- pres à en assurer la réussite. Ceci admis, il s'agirait de se procurer de la bonne graine, en la demandant dans les pays de production (1). • THÉS. Les plants de Thés plantés au lluisseau des Singes, parmi les plants de Quinquina, en février 1867, sont en ce moment dans un état très-salisfai- sant. 11 y avait 25 plants de thés verts et 5 plants de Thés sasanqua ; un de ces derniers est mort. Peu de temps après leur installation, ces plants ont développé des pousses très-vigoureuses. Ils ont paru un peu soullVir sous l'influence des vents chauds de l'été. Mais cet état de langueur a disparu dès l'arrivée de la tem- pérature plus tiède de l'automne. Tous ces Thés ont fleuri abondamment pendant les mois de novembre et de d(''cembre, et il y avait encore un cer- tain nombre de fleurs au moment de ma visite, le 9 janvier. Loin d'être inconunodés de l'abaissement de la température qui a impressionné les Quin- quinas, ils paraissent au contraire en avoir ressenti une influence très-favo- rable, à en juger par leur vigueur actuelle et la couleur verte intense de leur feuillage. A l'opposé des Quinquinas, dont la station est trop élevée, et qui devront être placés à une altitude un peu inférieure, dans les nouvelles plantations à (1) La Société impériale d'acclimatation vient d'en recevoir de M. W. G. Mac Ivor, par l'intermédiaire de M. Cl. R. Markliam, et s'est hâtée d'en taire parvenir à M. Hardy, d'une part, et à M. Rivière, de l'autre. (J. L. S. et A. A. D. CULTURE PU THÉ EN ALGÉRIE. 605 entreprendre, les Thés gagneraient à être placés à une allilude uu peu plus élevde que celle où i's ont été essayés. Tandis que les Quinquinas se trouve- raient mieux d'une altitude comprise entre 250 et 350 mètres, les thés éga- lement dans les gorges de nos montagnes trouveraient le milieu qui leur serait le mieux approprié en Algérie, à une altitude comprise entre 350 et i50 mètres. J'ai rhonneur d'être, avec respect, Monsieur le gouverneur général, de Votre FAcelleuce, le très-humble et obéissant serviteur, Le Directeur du Jardin d'acclimatation, Hardy. (Extrait du Moniteur de l'Algérie du 16 février 1868.) II. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 12 JUIN 1868. Présidence de M, Drouvn de Lhuys, président. — Le procès-verbal est lu et adopté, après quelques obser- vations de MM. Ramel, Pigeaux et Merland. — M. le sous-secrétairc d'État pour les Indes (Grande-Bre- tagne), adresse ses remercîments pour les récompenses qui ont été décernées par la Société à MM. Cl. R. Markliam, Mac Ivor et Phipps pour leurs travaux d'acclimatation, et exprime la satisfaction du gouvernement de S. M. la reine, pour ces honorables distinctions accordées à des sujets britanniques. — M. le comte Coronini, gouverneur de Salsbourg, adresse ses remercîments pour les renseignements qui lui ont été en- voyés sur les Yaks. — M. René de Sémallé adresse un rapport sur les Moutons Ti-ï/amj, que la Société lui a confiés à titre de cheptel et émet le désir que la Société puisse introduire en Algérie des Vaches de race bretonne, qui lui paraissent devoir être très-utilement élevées dans notre colonie (renvoi au Conseil). — M. Cretté de Pallucl signale le fait suivant, intéressant pour les naturalistes. « Au mois de mars 1867, M. Bohl, gardc- » forestier des bois de Virotlay, était à l'affût des Blaireaux. » Ayant attendu longtemps en vain, il se disposait à aban- » donner cette chasse, quand un animal semblable à un Chat » passa à portée et tomba sous le plomb destiné aux Blai- » reaux. M. Bohl conserva la peau de cette bête fauve qu'il » prenait pour une sorte de Chat sauvage et qui se trouve être » une Genette {Viverra genetta L.), comme je m'en suis as- » sure. La capture d'une Genette à Viroflay, aux environs de » Paris, est un fait curieux et nouveau, du moins pour moi ; » car, jusqu'à présent, je n'ai reçu de Gcnettes que du midi » de la France, d'Espagne et du nord de l'Afrique. La Genette » possède une belle et bonne fourrure; à ce titre, c'est donc un » animal utile et d'ornement. » PROCÈS-VERBAUX. 607 M. P. Gervais dit que la Genetle est commune dans le midi de la France et que sa station la plus septentrionale est la forêt d'Orléans ; cependant, il résulterait d'un fait observé par M. Etoffe, qu'on aurait tué une Genette dans la forêt des Ardemies. — S. Exe. le Ministre de la guerre annonce qu'il a écrit à M. le gouverneur général de l'Algérie, pour l'informer que M. J. Verreaux propose de faire venir du Bengale en Algérie deux cents Martins tristes pour tenter leur acclimatation. — M. Lecoq adresse la lettre suivante, à propos de la des- truction des Hannetons. « Dans la dernière séance de la So- » ciété, une discussion s'est ouverte, à propos du Ver blanc et » du Hanneton, sur les oiseaux qui nous délivrent de cet in- » secte et des autres ennemis de nos récoltes. Après cette spi- » rituelle et intéressante digression, je me proposais de vous » demander la parole pour revenir à nos Hannetons, lorsque » vous avez ramené la Société à son ordre du jour, dont elle » s'était, en etfet, passablement écartée. Partant aujourd'hui » pour un long voyage, qui me prive d'assister à la séance » prochaine, je viens vous prier de me permettre de vous » exposer quelques points essentiels, auxquels on ne fait pas » assez attention dans la question du hannetonnage (veuillez » me passer cette expression qui paraît admise aujourd'hui). » Cette question n'est pas nouvelle. Dans notre pays, où tant » de choses utiles succombent sous le ridicule ou sous le poids » d'un excès d'enthousiasme, un préfet fut, il y a quelques » années, écrasé de quolibets par certains petits journaux, » pour avoir mis à prix la tète des Hannetons de son départe- )) ment. Le vent a changé depuis, et comme, chez nous, c'est » toujours l'État qui doit tout faire, on crie vers lui de toute )) part, en lui demandant d'ordonner et de réglementer la » destruction du fatal Coléoptère, comme il ordonne et régle- » mente la destruction des Chenilles. Malheureusement, quand » on sait comment s'exécute l'échenillagc, malgré les arrêtés » qui l'ordonnent, il est permis de douter de la bonne exécu- >> tion du hannetonnage otïiciel. Et puis, vous pouvez bien )) m'ordonner de détruire, sur mes arbres des nids de Che- 608 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. » nilles qui soiiL fixes, visiiîles et assez peu nombreux pour » être enlevés tous avec les milliers d'ennemis qu'ils renfcr- » ment. Mais pouvez-vous me forcer à poursuivre les Hanne- » tons qui se dispersent sur chaque feuille de mes arbres, qui » dorment, il est vrai, pendant le jour, mais qui sont loin de » se laisser tomber tous quand on secoue l'arbre qui les porte » Autant vaudrait m'obliger à chasser les Guêpes qui mangent » mes fruits, les Altises qui rongent mes colzas et tous les » autres ennemis que mon intérêt m'engage à poursuivre sans » attendre les ordres de l'autorité. Aucun règlement coercitif » ne peut donc être établi pour amener la destruction des j> Hannetons. La prime seule peut avoir une action, action )) partielle, malheureusement, mais très-utile pourtant, sur- » tout si l'on sait diriger vers cette chasse l'esprit des enfants » des campagnes, tout en les détournant, par cette diversion, » de la destruction des nids d'oiseaux. En invoquant l'action » de l'autorité, on a eu aussi pour but de généraliser la pour- » suite de l'insecte ; car beaucoup de personnes pensent que » la destruction sur un point seulement n'aboutirait à rien y> pour ceux qui s'en occuperaient, les Hannetons détruits » étant remplacés par ceux des contrées voisines. Cette idée » serait juste s'il s'agissait seulement d'un voisinage innnédiat; » mais il est certain que, même pour une seule comnume, le » résultat de la destruction serait sensible. Quoique pourvu » d'ailes, le Hanneton voyage peu ; il commence son vol au » crépuscule du soir, pour chercher sa nourriture et se livrer » à la reproduction. Mais ce vol lourd et maladroit ne peut )) se prolonger ; et ce qui le prouve, c'est que souvent, de >) deux contrées voisines, l'une reste intacte, tandis que l'autre » est abimée par l'insecte ; c'est que l'on voit les bois mangés » seulement sur leur lisière, tant que celle-ci fournit au Han- » neton une nourriture suftîsante. )) Concluons donc de ce qui précède : 1" (juc le hanneton- » nage ne peut être, comme l'échenillage, l'objet de mesures » coercitivcs et réglementaires; 2° que les primes seules peu- » vent amener la destruction d'une quantité notable de Han- ))netons ; 3" que le liannetonnage pratiqué dans une contrée, : : PROCES-VERBAUX. 609 » même restreinte, peut diminuer de beaucoup la production » du Ver blanc dans cette localité. » — M. de Scré communique la note suivante sur la culture du Moineau franc en Italie. « Les dégâts causés à nos récoltes et à nos forêts par les insectes d'une part, et les oiseaux de l'autre, ne peuvent être appréciés d'une manière exclusive et absolue. L'Étourneau, par exemple, qui mérite tout le bien qu'on en a dit comme insectivore, n'est-il pas le fléau des cbamps d'oliviers, sur lesquels il s'abat en bandes con- sidérables ; il fait d'abord son repas et repart ensuite une olive au bec et une à chaque patte. Faut-il déclarer à rÉtourneau une guerre d'extermination ? est modus in rébus. Il est permis de souhaiter que le poulailler roulant nous dispense du Corbeau dans nos champs ; car outre que la volaille est un manger plus délicat que le Corbeau, sa nourriture est soumise à notre réglementation. C'est par des pratiques de cet ordre que nous emploierons utilement les oiseaux. Dans les plaines de la Lombardie et du Piémont où des irrigations admirables entretiennent une inépuisable fé- condité sous le soleil ardent de l'Italie, l'humidité engendre une foule de germes de décomposition que des myriades de larves et d'insectes empêchent de dégénérer en miasmes dangereux ; au moment où leur rôle utile cesse, c'est-c'i-dire quand la végétation vigoureuse s'empare du sol et l'assainit, les insectes déjà forts deviendraient le fléau destructeur des champs, si le Moineau qui nourrit ses petits presque exclu- sivement d'insectes ne leur déclarait une guerre active, in- cessante et acharnée, en rapport avec la voracité de sa couvée, qui, dès qu'elle a pris sa volée s'attaque au grain. Or, le jeune Moineau abondamment nourri d'insectes est tendre et délicat, on lui coupe les ailes pour le forcer à rester dans son nid et l'on en fait des brochettes au moment où il deviendrait dangereux pour la récolte. Nous avons été étonnés pendant la campagne d'Italie de la quantité de ces oiseaux dont on a pourvu nos tables d'officiers et même des sous-officiers et soldats ; nous les avons trouvés excellents ; j) sans doute nous n'étions pas devenus très-diflîciles ; mais 2« SÉRIE, T. V. — Août 18G8. 39 610 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. » tout le monde en mange en Italie. C'est une domestication » du Moineau, analogue à celle du Pigeon, qu'on pratique dans » ce pays sur une large échelle, pour contre-balancer les in- » convénients de la chaleur humide sur le sol produisant une » surabondance d'insectes. Du faîte des murs jusqu'aux étages » inférieurs d'un grand nombre de maisons particulières, on » a pratiqué par centaines des trous ménagés dans la con- » struction des murs étroits au dehors, plus larges à l'inté- » rieur, sortes de cachettes où les Moineaux font leurs nids où » on peut les prendre ; on rencontre des murs d'église tout » entiers qui en sont percés par milliers ; mais ce qui est ca- » ractéristique et n'a d'analogue nulle part, ce sont des tours » carrées fort hautes, de 1",20 à l'",30 de large à l'intérieur,. » où un homme monte et descend aisément en s'aidant des » mains et des pieds. Ces tours, véritables colonnes agricoles » élevées au modeste Passereau, ne sont composées absolu- » ment que de trous de moineaux. Posées à l'entrecroisement » des routes au milieu de ces plaines immenses toutes nues, » où l'on chemine des journées entières sans voir une habita- » tion, sans qu'on aperçoive autre chose que du blé ou du riz, » ces singuhères habitations ont une madone qu'on salue en » passant ; un homme l'entretient et en a la clef, il y fait sa » récolte; nos soldats savaient fort bien l'attendre au moment » où il redescendait avec sa provision de Moineaux qui étaient )) lestement plumés, rôtis et mangés. L'histoire de ces mo- » numents tout le monde la connaît, elle date de cette époque » heureuse et fortunée où l'Italie était lière d'être gouvernée » par ces hommes de génie dans tous les genres, qui savaient » aUier les sciences, les arts et la poésie au métier des armes, » à la pratique des affaires et de la politique. En ce temps-là, » le Moineau conspira contre les fruits et les récoltes ; devenu » trop insolent, il fut proscrit, sa tête fut mise à prix pour ses » méfaits et il disparut. Les insectes devinrent alors une véri- » table calamité, et l'on fut obligé de rappeler le Moineau » comme seul capable de combattre le fléau et de triompher. » Il fallut en acheter par couples à l'étranger et les soigner » dans les habitations ; un construisit les murs de certaines PROCÈS-VERBAUX. 611 » églises avec cette disposition, ceux des maisons aussi. Les » couvées protégées par des mesures sévères pullulèrent tant » que les dégâts redevinrent considérables. C'est alors qu'on » jugea utile d'élever ces colonnes au milieu des champs, jus- » tement là où l'oiseau devait détruire les insectes; on lui fit sa » part du blé qu'il était destiné à préserver. Mais il fut de » nouveau permis de manger des Moineaux, engageant à ne » le faire que quand ils sont tendres, ceux qui s'échappent » étant toujours suffisants pour la reproduction. » — M. de Saulcy adresse un rapport sur ses éducations de Vers à soie. ' — M. le D^ Turrel,en remerciant des graines qu'il a reçues et donnant quelques détails sur leur culture, ajoute les détails suivants. « Après une interruption de neuf années, le comice » agricole de Toulon a repris ses expositions annuelles agri- » coles, horticoles et forestières. J'ai à vous signaler parmi les » produits qui ont attiré l'attention du jury et du public : » 1" La collection de Pins d'Alep, tirés des reboisements de la » montagne communale du Favers, depuis l'âge de un an jus- » qu'à l'âge de quinze ans. Les premiers essais de reboisement » de cette montagne calcaire et dénudée datent en effet de » quinze ans, et les Pins de cet âge ont '3 mètres de hauteur. » Près de 150 hectares sont actuellement boisés ou en voie de » reboisement, et cet important travail commencé par la » commune sur ma proposition, il y a quinze ans, est aujour- » d'hui continué avec son concours financier, par l'adminis- » tration des forêts, au régime de laquelle ces bois naissants » ont été soumis. 2" Les Semis A' Eucalyptus, mimosées de » l'AustraUe, Pins de Sabine, les multiplications de Bambusa » mitis et nigra, exposés par notre confrère M. Auzende, jar- » dinier de la ville de Toulon (par ses soins et avec l'autori- » sation de l'administration communale, les plantes nouvelles » se répandent dans nos cultures). Il en a envoyé en Espagne » à M. Malingre, et à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), où » notre confrère, M. Sicard, essaye la culture industrielle du » Bambou pour les Bourdignes, sortes de clayonnages dans » l'eau de mer pour les pêcheries des poissons sortant de 612 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. » l'étang de Berre ou s'y dirigeant. 3" La collection de Pal- » miers rustiques exposée par moi et comprenant des Palmiers » du Mexique, Brahea dulcis et nitida, de l'Australie Co- » rypha australis, Cocos australis^ du Chili Juhœa specta- » bilis^ du Brésil Cocos Romanzos/fî, C. flexuosa, de la » Chine Chamœrops sinensis, de l'Hymalaya CJiamœrops » tomentosa , de la Nouvelle-Zélande Seaforthia robusta, » S. elegcms, Areca sapida, de l'Afrique Phœnix dactyUfera^ » Sahal Adansonii^ de la Louisiane Chamœrops Palmetto^ » tous cultivés ou prêts à être cultivés en pleine terre. » If Quelques Conifères de grand avenir, Piniis Sabiniana, ;) P. hisifpiis, qui probablement entreront dans nos cultures » forestières. Le P. sabbiiana fructifie chez moi, et j'ai pu )) en présenter de jeunes plants élevés avec les graines indi- » gènes. » — Des remercîments pour les graines qu'ils ont reçues sont adressés par MM. E. Morren, J. de Canto, Fischer, Rivière, A. Bezier et Durrieu de Maisonneuve. — M. Fr. Albuquerque, en remerciant des graines qu'il a également reçues, annonce qu'il prépare un envoi à la Société de plantes du Brésil, et donne les détails suivants sur ses cul- tures : « J'ai complètement réussi dans la partie de mes es- » sais qui m'intéresse le plus, et sans doute celle qui doit être » d'une plus grande utilité pour le Brésil austral : l'introduc- » tion de la Vigne. Le climat de Bio-Grande est très-propre » pour la Vigne, et je crois bien que dans un temps cette pro- » vince, qui maintenant s'adonne presque exclusivement à » l'élève du gros bétail, sera un pays viticole ; malheureuse- » ment, il y a quelques années, un négociant des Etats-Unis » a introduit à Bio-Grande une espèce américaine, l'Isabella ; » et comme cette vigne est d'une fécondité incroyable (j'ai » vu des boutures émettre deux et trois sarments de deux » mètres de longueur , portant chacune trois ou quatre )) grappes l'année même de la plantation), on a complètement » abandonné les quelques bonnes espèces que nous avions, » en sorte qu'aujourd'hui il est très-rare d'en trouver d'autre )) variété. Depuis quatre années je cherche à me faire une PROCES -VERBAUX. 613 )) collection de bons cépages, tant pour la table, que de celles » propres à la vinification, et je possédais déjà les variétés : » Chasselas de Fontainebleau, Chasselas de Bar-sur-Aube, » Chasselas Vebert, Chasselas à feuilles laciniées. Muscat de » Saumur, Muscat noir, Muscat d'Alexandrie, Vert de Madère, » Noir d'Espagne, Olivette blanche, Œillade noire, Précoce » Vilmorin, Frahental et Frahenlal à grappes longues ; mais, » le Chasselas de Fontainebleau excepté, toutes végétaient » très-mal ; même huit plants reçus de l'Œillade noire étaient » mojts ; et le Frahental à grappes longues n'avait pas encore » 50 centimètres de hauteur, que déjà des plants d'Isabella du » même âge, et placés à côté, avaient beaucoup de mètres. Le » Chasselas de Fontainebleau avait déjà fructifié en 1866, et » ses fruits excellents étaient déjà assez mûrs fin décembre, » tandis que nous n'avions de raisins qu'à la fin de janvier, » et en 1867 il s'est montré d'une fécondité au moins égale à » celle de l'Isabella. En 1867 j'ai reçu, encore de France, des » plants des cépages suivants : Chasselas noir, Chasselas gros » coulard. Chasselas blanc muscat. Chasselas Napoléon, Chas- » selas rouge. Précoce Malingre, De Candolle, Corinthe violet, » Schiraz, Gromier du Cantal, Gros-Ribier du Maroc, Magde- » leine blanche, Magdeleine noire, Saint-Pierre de l'Allier, » Œillade noire ; cette fois, toutes ces vignes plantées dans » une autre terre ont montré une végétation luxuriante ; la » vigne de Schiraz surtout, pourrait presque rivaliser avec » l'Isabella. Des sarments de Pinot noir et blanc, Gamay noir » et blanc, et Gamay d'Avenant reçus en même temps, ont re- » pris assez mal, ce qui m'a bien contrarié, puisque j'attends » beaucoup de l'introduciion des Pinots dans mon pays. » J'avais aussi semé quelques graines de Ceratonia siliqim, » reçues de Portugal, et je possède maintenant sept beaux » plants de 20 centimètres; ce doit être aussi une bonne » acquisition. Quelques plants de Eugenia jcmibos, semés en » 1866, et de 50 à 60 centimètres aujourd'hui, et quelques » autres fruits du Nord du Brésil, semés en 1867, n'auront ici » qu'im intérêt de curiosité. Des plants de Châtaigniers, Mar- » ron de Lyon, Noyer à gros fruits, Sorbier domestique, 6IÙ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. » Cognassier de la Chine, Noisetiers avelines, Néflier à gros » fruits, Groseillier et Épine-Vinette, reçus en 1867, et qui » ont repris, off'rent sans doute plus d'intérêt. Si nos règle- » ments nous font un devoir de rendre à la Société un compte » exact du bon et du mauvais résultat obtenu avec les graines » qu'elle nous confie, nous n'avons pas moins le devoir de lui » rendre aussi un compte du résultat de tout autre essai, fait » dans un but d'acclimatation ou de domestication ; ainsi, » veuillez bien m'excuser si j'ai pris tant sur vos précieux » moments. » Je vous ai écrit que j'espère former un troupeau de Nan- )) dous pour la Société ; j'avais en eflet réuni chez moi six beaux » individus adultes, très-privés; mais malheureusement je les » ai tous perdus par accident; un Chien lévrier s'est introduit » dans leur parc et les a tués. Je compte me procurer d'autres » individus, et je me ferai un plaisir de les envoyer à la So- )) ciété. » — M. de Capanema, délégué de la Société au Brésil, an- nonce qu'il vient d'expédier à la Société vingt barriques de Canne à sucre impérial pour la colonie de la Réunion, si cruellement éprouvée depuis plusieurs années dans ses cul- tures de cette plante précieuse. — Il est déposé sur le bureau une note de M. F. Herincq, de X Horticulteur français, sur le procédé André Leroy, pour l'emballage des graines, greffes et boutures. « Une chose qui » s'oppose à l'introduction des plantes nouvelles exotiques, » c'est la difficulté de conserver les graines en parfait état de » vitalité, de les garantir de l'humidité qui occasionne leur » pourriture. M. André Leroy nous a communiqué un pro- » cédé qui lui réussit parfaitement, non-seulement pour les » graines, mais encore pour les rameaux destinés aux boutu- » rage et greffage. Pour faire voyager des graines à de lon- » gués distances, et qui doivent rester plusieurs mois en mer, j) M. André Leroy les emballe de la manière suivante : Il » prend de l'argile, qui a été parfaitement séchée, et il la ré- » duit à peu près en poudre. Ainsi pulvérisée, il l'expose en » ht très-mince, à l'air libre, pendant toute la nuit qui précède PROCÈS-VERBAUX. 615 » le jour où on doit l'employer. L'argile se trouve, par cette » exposition, très-légèrement humectée par les vapeurs qui » tombent du ciel après le coucher du soleil. On en dispose » alors une couche au fond d'ime caisse, puis un lit de graines, » et ainsi de suite jusqu'au sommet de la caisse. On ferme » hermétiquement, et les graines, expédiées de cette manière, » peuvent traverser les mers sans craindre l'humidité et la » pourriture. Elles arrivent à destination en parfait état, et si » la traversée a été très-longue, on les trouve seulement ger- » niées, comme il arrive aux graines qu'on met en stratifîca- » tion. C'est donc du temps de gagné, puisqu'on peut aussitôt » repiquer le plant. Ce procédé convient également bien pour » des rameaux à boutures ou à greffes. M. André Leroy en a » expédié aux États-Unis et ils sont arrivés en parfait état, » tandis que d'autres rameaux emballés par le procédé ordi- » naire sont arrivés exactement pourris. Ce moyen de trans- » port intéresse surtout les voyageurs collecteurs qui réussis- » sent très-difficilement à importer des graines fraîches, et les » horticulteurs qui expédient au loin. » — M. le D' Martin annonce qu'il va s'occuper de collecter des greffes des Bambous du nord de la Chine, et fait à ce sujet les observations suivantes : « Ces espèces, à proprement par- » 1er, ne sont pas colossales, comme le prouve du reste la » descriplion qui en est donnée par M. Joseph-Lafosse {Bidlet., y> novembre, 1867). Les espèces du midi de la Chine sont de » dimensions assez considérables, mais ont, comnie le remar- » que justement M. Joseph-Lafosse, le désavantage d'être irré- » gulières. Celles du Nord ont au contraire une tige droite, » assez ornementale, mais n'atteignant guère plus de 3 à » h mètres de hauteur. M. l'abbé David en parle dans les » mêmes termes dans son travail, relaté du reste par M. Joseph- » Lafosse. » M. le baron J. Cloquet présente plusieurs tiges du Bam- bou (Bambusa miiis), qu'il a accHmaté à Lamalgue (Var), et qui a été introduit en France par notre honorable collègue, M. de Montigny. Ces végétaux arrivent jusqu'à 30 pieds de hauteur, malgré la sécheresse qui depuis deux ans désole la 016 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. Provence. M. Cloquet profite de cette circonstance pour don- ner à la Société des nouvelles de la santé de M. de Montigny, qu'il a eu le plaisir de voir à Lamalgue. M. de Montigny est encore très-soutïVant et fatigué de son long et pénible voyage, et son état a besoin de beaucoup de ménagement. M. de Montigny a pu constater que les Bambous acclimatés à La- malgue présentent le même développement que dans leur pays d'origine. En faisant retour sur Paris, M. le baron J. Cloquet s'est arrêté à Saint- Remy, près Tarascon, pour vi- siter les cultures de ce beau et riclie pays, et MM. les mem- bres de la Société d'agriculture et d'arcbéologie. L'arrondis- sement de Saint-Remy est une des contrées les plus favorables à l'acclimatation des végétaux exotiques des pays chauds, et M. Cloquet offre à notre Société, de la part de M. Gautier, maire de Saint-Remy et président de la Société d'agriculture, le premier numéro du Bulletin qu'elle publie tous les trois mois. M. Boucltaud de Bussy, membre de la Société impériale d'acclimatation, cultive en pleine terre, à Saint-Remy, une belle collection de différentes espèces de Bambous. — M. Vavin fait hommage à la Société de plusieurs spéci- mens de Maranta arundinacea. — M. le Président annonce à l'Assemblée que M. Dabry, consul de France à Han-Keou, membre honoraire de la So- ciété, assiste à la séance, et l'invite à prendre place au bureau. M. le Président ajoute : « La Société n'a pas oublié les nom- breux services rendus à la cause de l'acclimatation par notre dévoué confrère. C'est à lui que nous devons les premiers Fai- sans vénérés, le Crossopliloji Drouynii, le Lophopliorus. Uuiy- sii, qui étaient des espèces inconnues des naturalistes, des graines d'Urtica nivea, et de divers autres précieux végé- taux, et enfin une remarquable collection des Poissons du Yang-Tsee-Kiang, dont la Société a enrichi les collections déjà si belles de notre Musée d'histoire naturelle. M. Dabry a en outre rédigé un travail considérable sur la Pisciculture et la pêche en Chine, et nous avons l'espoir que la publication pourra en être faite promptement et qu'il fournira de pré- cieux documents à l'histoire de la Pisciculture, dont notre PROCÈS-VERBAUX. 617 Société s'occupe avec ardeur depuis plusieurs années, et à la- quelle M. le professeur Goste a donné une si vive impulsion dans ces derniers temps. M. Dabry, qui a si bien mis à profit les loisirs que pouvait lui donner sa position de consul en Chine, a donc bien mérité de la Société impériale d'acclima- tation, qui peut, à bon droit, le considérer comme son Pro- co^^s^8 SOCIÉTÉ IMPÉr.IALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. André, où l'on aurait pu tenter pour les retenir des moyens artificiels, tels que la résection du bout de l'aile, jusqu'à ce que leurs petits fussent assez multipliés et acclimatés. Dans un jardin particulier de la ville de Saint-Denis, une paire a pu faire un nid et })ondre des œufs parfaitement féconds, mais que des soins trop importuns ont fait délaisser. Cependant la mère défendait sa couvée du bec, quand on approchait la main. La Société d'acclimatation de l'ile de la Réunion en a fait plusieurs envois à la Société impériale, notamment par les soins de l'infatigable M. lierthelin, agent des postes à bord des Messageries impériales. La Poule d'eau à pieds verts {Galli.nula chloropus) est très-commune dans les étangs : elle peut être élevée dans les basses-cours en raison de sa facilité à s'apprivoiser. La Talève à manteau vert {Porpliyrio madagascariensis) , qui nous vient par navires de Madagascar, serait à coup sûr domestiquée si l'on s'en donnait la peine. Elle prend très-aisément les allures des animaux privés et se montre plus attachée qu'eux aux basses-cours où elle vit. Une femelle que j'ai longtemps possé- dée, malheureusement sans mâle, avait fait un nid dans mon jardin. Maladies. — • Depuis un certain nombre d'années, les oiseaux de basse-cour, les Poules et les Canards, sont sujets à ime épizootie annuelle et périodique. Au milieu de la plus parfaite santé apparente, on les trouve frappés de mort subite, soit dans les champs, dans les poulaillers, ou sur les œufs en les couvant ou en les pondant. Le sexe n'établit aucune influence sur la mortalité. La crête et les caroncules sont c y an osées. Les recherches les plus minutieuses ne m'ont donné aucun résultat satisfaisant : j'ai trouvé de l'épanchement séreux dans l'abdomen, dans l'enveloppe du cœur; le foie avec des taches ecchymotiques, les reins congestionnés. Cette maladie détruit toute une basse-cour, et parmi les moyens de préservation, le marc de café, mis dans l'eau des volailles, semble être le meil- leur. 11 serait trop long d'énumérer ici tout ce qui a été tenté d'infructueux pour les oiseaux de basse-cour contre la maladie qui vient annuellement les décimer. Cette affection, contagieuse DE l'acclimatation A l'iLE DE LA RÉUNION. 629 au plus haut degré, a produit une fàclieuse influence sur Tali- mentation publique, en élevant d'une façon exagérée le prix des produits de ce genre. Colombiers. — Deux sortes de Pigeons paraissent se ratta- cher à la découverte de l'ile Mascareignes: la première espèce, le Ramier de Madagascar, est un peu plus petit que le Bizet d'Europe ; de couleur lie de vin, il oflre un piqueté noir étage au bas de la nuque, sur l'arrière et les côtés du cou, ce qui lui a fait donner par les naturalistes le nom de Colombe peinte {Columba picta). Cette espèce, répandue aussi dans les forets de Madagascar, n'a pas été réduite en domesticité malgré son volume. La seconde est le Pigeon hérissé {Columba jubato), décrit et figuré par Levaillant dans ses Oiseaux d'Afrique, pi. 267. Cette espèce, comme la précédente, se trouve com- munément à Madagascar, à Bourbon et à Maurice. A ces Pigeons se sont mêlées quelques espèces introduites, et dont plusieurs occupent les rochers inaccessibles du cap Bernard et de la rivière de Saint-Denis : ils descendent à toute heure du jour par bandes sur les quais, où l'on débarque les grains, et remontent dans leur retraite cachée sur les enta- blements élevés, où ils peuvent se reproduire en sécurité. Dans les colombiers de l'île de la Réunion, on remarque des espèces charmantes qui sont le fruit de l'importation et des soins domestiques : ils proviennent de l'Europe et de l'Inde, tels sont le Pigeon mondain, le Trembleur, le Nonain, le Pi- geon romain, etc. En trouvant dans l'ornithologie naturelle de l'île le Ramier pieté et le Pigeon hérissé, et en voyant les espèces introduites prendre si facilement l'étal sauvage, on acquiert la preuve que toutes sortes de Pigeons peuvent être introduits avec avantage à l'île de la Réunion. La Tourterelle rieuse s'y trouve parlout en domesticité. Le seul obstacle que rencontre l'élève de toutes ceà espèces, c'est la diphthérite couenneuse qui sévit cruellement sur elles. Je l'ai vue même s'introduire dans les volières sur la Tourte- relle émeraudine {Columba afra), qui s'y multiplie à mer- veille. 030 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Oiseaux à Vétat libre. - A l'exception des oiseaux de mer et d'étang, il semble y avoir eu peu d'espèces champêtres ou sylvaines atttachées au sol de l'île Mascareignes, lors de sa découverte. Celles qui paraissent naturelles à cette île sont la Papan- gue (1), le Pigeon hérissé (2), la Colombe peinte (3), le La- nius ou Tuit-tuit (/i), la Huppe (5), le Perroquet noir (6), le Merle (7), la Moucherolle ou Oiseau de la Vierge à cause de ses couleurs (8),leTectec ou Traquet (0), l'Oiseau blanc (10), l'Oiseau vert (11), l'Hirondelle (12) et la Salangane (13). L'importation a doté l'île de la Réunion de plusieurs autres oiseaux faciles à énumérer ; ainsi, la jolie petite Tourterelle rayée (l/i) y est venue des Moluques et a si bien réussi, que beaucoup de personnes la croient originaire de Bourbon et la nomment Tourterelle du pays. La petite Caille de Chine (15), apportée dans les premiers temps, s'y est aussi fort multipliée et n'émigre jamais. La Caille nattée (16) nous vient de l'Inde, et celle de Madagascar (17), si souvent importée et lâchée dans nos champs, et qui aurait été une fort belle conquête pour notre île, paraît nous échapper, à cause du voisinage de cette grande île qui semble sans cesse la rappeler. ; Depuis une vingtaine d'années , la Perdrix rouge de (1) Circus Maillardi. (2) Columba jubata. (3) Columba picta. (li) Lanius bnrbonimis ou ferruginosus. (5) Fregilipus borbonicns (Nobis). (6) Vasa obscur a. (7) Ilypsictes olivaceus. (8) Mnscippta borbonica. (9) MotaciUa sibilla. (iO) Nectariim albidula (Morel). (11) Zosterops chloronotos. (12) Phedina borbonica. (13) Collocolia francia. {\lx) Columba moluccensis. (15) Coturnix sinensis. (16) Coturnix teœtilis. . (17) Margaroperdix striata. DE l'acclimatation A l'ïLE DE LA RÉUNION. 631 l'Inde (1) et. une fort petite espèce (2), se sont beaucoup ré- pandues et font un excellent gibier de chasse très-recherché. Cette dernière, qu'on pourrait appeler la Perdrix naine, à cause de ses minimes proportions, se multiplie abondamment en volière, et sans les avoir couvés elle adopte tout aussitôt les petits de son espèce qui lui sont offerts, admirable instinct de l'amour de famille. En 1767, la quantité de Sauterelles qui dévoraient les ré- coltes de l'ile de la Réunion nécessita de la part de Poivre l'introduction du Martin (3). Cet oiseau s'est tellement pro- pagé dans toute l'île qu'il est devenu un fléau pour les fruits. 11 y a du reste, comme dit Bory de Saint-Yincent, ruiné l'en- tomologie du pays. Parmi les Fringiiles,on compte comme oiseaux introduits : le Cardinal ('i), le Calfat (5), le Gouti (6), le Tarin (7), le Moutardier (8), le Bengah (9), le Sénégali (10). La multiplication de ces Oiseaux fut si prodigieuse, qu'à l'époque où l'île tirait ses subsistances de son propre sein et servait de grenier d'abondance à sa sœur, l'île de France, une oi'donnance coloniale obligeait l'habitant à payer en têtes d'oiseaux une partie de ses impôts. Aujourd'hui, livrée à la culture exclusive de la Canne, l'île de la Réunion a vu avec indifférence l'introduction du Moineau domestique, qui se propage avec une désastreuse fécondité. (1) Francotinus ponticerianus. (2) Perdix (jularis. (3) Acridotheres tristis. J'ai publi(!, dans le BullHin de la Société d'ac- climatation, an article sur le Martin, îome IV, page :181. On s'occupe de Tinlroduire actuellement en Algérie ; ii jwurrait causer aux récoltes de Dattes, dont l'Arabe fait sa nourriture, quelques dégâts amplement compensés par ses incomparables services. (/l) Fondia madafiascartensis. (5) Munia ozyzivora. (6) Munia puntularia. (7) Serinus chnjsopyga. (8) Serinus canicolUs. (9) Estrelda amandava. (10) Esirelda aslritd. 632 SOCIÉTÉ lAirÉRIALE ZOOLOCIQUE d'ACCUMATATION. Quelquefois le beau Rollier de Madagascar et le Coucou criard viennent visiter notre colonie. On y note également l'apparition annuelle du Flamniant (l),du Courlis cendré (2), de la petite Alouette de mer (3), en septembre, et de l'Ai- grette blanche (Zi), de la même provenance, en mai. Seule, l'Aigrette grise (5) naît et se multiplie dans nos grandes ri- vières. En terminant cet article sur les oiseaux de l'île de la Réu- nion, par rapport à l'acclimatation, je dois noter qu'en 1863 j'obtins, au Jardin du bois de Boulogne, une paire de Faisans argentés que j'ai apportée moi-même dans cette colonie, et j'ai réussi à ol)tenir trois générations qui assurent au pays cette introduction. M. Alfred Manès, si zélé pour la Société coloniale d'acclimatation, a fait venir de la colonie de Mettray plusieurs paires du Faisan commun, dont je possède deux pe- tits actuellement dans ma volière. L'élève de cette dernière espèce se fait presque sans peine : les petits sont très-alertes, très-rustiques, peu enclins aux maladies. Je ne saurais trop signaler à mes compatriotes créoles la préférence à donner à cette espèce et la leur recommander : car chez eux, enfants gâtés de la nature, on n'aime point ce qui demande trop de soins. De là, je crois, l'insuccès de l'industrie sérigènc et le naufrage de bien d'autres essais d'acclimatation. POISSONS. C'est peut-être le plus beau trésor de l'île de la Réunion que l'abondance et la variété de ses poissons de mer. Il suffît, pour s'en convaincre, de voir un jour de bonne pêche se répan(h-e dans la ville les marchands avec leurs paniers pleins et leurs longs filets chargés de poissons de toutes les couleurs, de toutes les formes rt de toutes les dimensions. C'est le long de son littoral une mine inépuisable pour une classe entière (1) PhœnicoiJtems erylhrœus. (2) Xnmenius inadagascariensis. (3) Totanus Jiijputmcos. (li) Ardea biihulcus. (5) Ardea calceolata. DE l'acclimatation A l'iLE DE LA RÉUNION. (333 d'hommes et une ressource précieuse pour le prolétaire. Du reste, la position de l'ile au milieu d'une grande mer, . Nymphe que l'Océan parc d'un collier bleu, explique ce phénomène merveilleux d'attraction ichthyolo- gique, ainsi que la quantité de petits crustacés et de mol- lusques répandus dans ses eaux. Le soleil tropical attache sur ces poissons les plus vives couleurs ; ils offrent les dessins les plus splendides et les plus multiples. Aussi est-ce une des col- lections les plus intéressantes et les plus complètes que ren- ferme le Muséum de Saint-Denis (i). Pour énumérer les espèces connues et inédites, il faudrait appeler à son aide Cu- vier et Valenciennes. L'espace et les moyens nous font décliner le labeur d'une telle entreprise. Les rivières de File de la Réunion, moins bien partagées que son Océan, contiennent cependant encore quelques espèces remarquables de poissons d'eau douce. Nous note- rons le Poisson plat ou Doule de roche (2), la Chitle si ré- putée (3), espèces particulières à cette île et qui passent pour les poissons les plus fins et les plus délicats du monde ; enfin le Mulet dont la chair est succulente. L'île de la Réunion possède deux sorles d'Anguilles qui se distinguent par la couleur, les moiurs et le volume. La bonté de la chair même établit entre ces deux espèces une différence bien grande et par suite leur valeur n'est pas la même sur le marché. La première est l'Anguille proprement dite; la seconde est ^yl?;^a^' {h). La pisciculture de nos rivières et de nos viviers doit à l'im- portation trois conquêtes remarquables : le Cyprin doré de la Chine, le Gourami et la Carpe d'Europe. (1) C'est glace aux soins et aux goùls éclairés do M. Lonis ^lorel que ceUe jolie coUeclion a été réunie et classée, il était président de la coininission administrative du Aluséum. (2) Dules rupestris. * (3) Xestis cyprinonles. (/l) Nous puhlierons sur les i>oissons d'eau douce un travail spi'cial, cl, sur ces deux espèces d'Anguilles, un article où leurs caractères seront établis d'une manière plus étendue. 63^ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Vers la seconde partie du siècle dernier, M. Céré, directeur du Jardin des Pamplemousses, introduisit le Cyprin doré de la Chine à l'île de France. De cette colonie ce poisson fut im- porté à l'île de la Réunion : dans ces deux des on le désigne encore sous le nom de Ceré. Celait une juste récompense en- vers son introducteur. Mais la plus importarite des acquisitions, celle que l'Europe nous envie encore , c'est l'acclimatation du Gourami ou Gouramier. La transportation de ce remarquable poisson fut faite à l'île de France, d'abord, par des otTiciers de marine française, RIM. Magny et Survilie. Ce fut là que Commerson et Aubert Dupetit-Tbouars le rencontrèrent : le premier en forma le genre Osplivomenus {Osphromeniis olfax) ; de là ce poisson fut porté à l'île de la Réunion (1). Peu après 1830, M. 0. Lemarchand, propriétaire à Saint- Paul (de de la Réunion), apporta, en revenant d'Europe, une certaine quantité de Carpes qu'il mit, pendant la traversée, dans un tonneau scié de manière à en faire un baquet. \\ fut assez heureux pour arriver à l'île de la Réunion avec une trentaine de Carpes saines, sauves et vigoureuses. Il déposa ce précieux trésor dans un vivier sur sa propriété de Saint- Paul ; elles furent quelques années sans donner aucun signe de reproduction. Un jour, fatigué de ne rien voir, il fit vider avec précaution tout le bassin pour s'assurer si l'on ne rencon- trerait pas quelques petits. Les Carpes, ôtées de l'eau, lurent trouvées pleines d'œufs ; il les fit relâcher, et quelque temps après on put voir les fruits de leur multiplication par la pré- sence d'un grand nombre de Carpillons alertes et joyeux. Sur ces entrefaites survint, par un temps d'hivernage, une de ces inondalions considérables qui parfois se montrent dans la colonie; le vivier où se trouvaient les Carpes fut envahi par la cru(^ excessive des eaux et les précieux poissons furent en- traînés dans l'étang de Saint-Paul. Après que l'inondation fut (l) J'ai piibli(5, dans 1(; Bulletin de la Société impériale d'acelimatation, un arliclc sur le (iourami ot son iniroduclion dans nos îlos, où lous les dé- tails sur les mœurs de ce poisson sont relatés. — Voyez égalenienl, dans no- tre Bulletin colonial, une description du nid du (iourami. 1S63, page 67. DE L ACCLIMATATION A L ÎLE DE LA REUNION. 6B5 passée, M. Lemarchand donna des primes considérables à tous les pécheurs qui lui rapporteraient ses Carpes vivantes pour les réintégrer dans leur première demeure. Il en recueillit un grand nombre, mais la loi de Dieu devait avoir son cours ; les Carpes demeurées dans le vaste étang de Saint-Paul se multiplièrent à l'excès en pleine liberté, et depuis plusieurs années déjà elles apparaissent sur les marchés de Saint-Paul et de Saint-Denis, où elles sont vendues à un prix modéré. C'est ainsi que l'île de la Réunion s'est enrichie d'un nouveau et magnifique poisson. Si l'on réfléchit que ces Carpes furent apportées en doublant le cap de Bonne-Espérance, dans une traversée de plus de trois mois, on voit quelle patience et quels soins elles réclamèrent de leur introducteur. Honneur à M. 0. Lemarchand ! Il a doté l'ile do la Réunion d'une nou- velle espèce de poisson, et son nom mérite de figurer parmi les amis de l'humanité (1). VÉGÉTAUX. En parcourant la flore de notre ile, il devient difficile de dé- mêler exactement et du premier coup d'œil la part des plantes importées de celle des végétaux indigènes. J'excepte, à l'inté- rieur, nos forêts demeurées jusqu'ici avec leur parure des premiers temps. De nos jours, nous avons assisté à un fait qui montre la facilité de certaines plantes à s'introduire acci- denteflement. Les immigrants indiens, en lavant leurs pagnes dans nos cours d'eau, ont partout répandu une petite plante vivace, aquatique, à fleurs jaunes, dont les semences presque imperceptibles s'étaient attachées à leurs vêtements en les sé- chant sur les bords des fleuves de l'Inde. On connaît l'histoire des Capillaires dispersés sur toute la surface du globe par les pièces-à-eau des navigateurs. Le Sieçesbeckia orientalis, dont la graine est collante, n'a pas eu peut-être d'autre origine en (1) Ce n'est pas le seul bienfait qui lionore la mémoire de J\I. O. Lemai- rliand : il a fail construire à ses frais nn immense canal qui porle son nom et qui a donné la fécondité à des terrains jusque-là voués à une complèle stérilité (la Pointe des Galets). 036 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. venant dans notre ile. Mais laissons ces importations acciden- telles pour parler de celles qui lurent, pour l'île de la Réunion, une véritable source de prospérité et de grandeur. L'île entière n'était, dans l'origine, formée que de forêts jusqu'au bord de la mer. Après la prise de possession, le lit- toral se couvrit peu à peu des subsistances : ce furent d'abord le Blé venu de France et de l'Inde, le Riz apporté de Mada- gascar, et le Maïs provenant de la même île, d'où le nom de Maïs Mazanga'i. Plus tard M. Mabé de Labourdonnais intro- duisit le Manioc (ki Brésil à l'île Bourbon. Mais, en l'année 1715, un événement considérable était venu ébranler la culture des céréales et ouvrir un élément de prospérité inattendu à la colonie, (le fut la découverte du (lafé indigène {Coffea maiiritiana) , suivie, deux ans après, de l'introduction du vrai Café dont on fit venir les plants de Moka (1717). Comme on le voit, les colons de l'île Bourbon ne furent pas longtemps à mettre à profit ra[)litude de leur sol pour une acclimatation précieuse. Dans la suite, d'autres espèces de Café remarquable devaient s'ajouter à cette pre- mière conquête. Un voyageur allemand, M. Wollf, apporta de la côte d'Afrique des semences de Café qu'il remit à M. Le Roy, directeur d'une propriété à Sainte-Marie (de Bourlion). Ceci se passait vers les premières années de ce siècle. Cette plante produisit la variété connue sous le nom de Café Le Roy. Ne devrait-on pas lui restituer le nom de l'étranger qui l'apporta? Plus récemment encore, M. de .lebenne, devenu amiral, en allant visiter, pour un établissement français, les îles de Ma- yotte et de Nossi-bé, fut cbargé par la gouvernement d'ex- plorer divers points de la mer Rouge dont il apporta le Café dit d'Aden ou d'Kden, confié, à bord, aux soins deM. Pervillié, ainsi que le véritable Aloès, dont il prit des plants à Socotora. Poivre, nommé intendant des deux îles de France et de Bourbon en 176(5, frappé de la fortune coloniale des Hollan- dais, n'avait cessé de recommander aux créoles la culture des épices ; et pour répondre aux mêmes vues et à ses propres goûts, Joseph Hubert, dans un voyage qu'il lit à l'île de France, en rapporla, en 1772, des plants de Muscadier et DE l'acclimatation A l'ILL DE LA UÉUiNlON. 637 de Giroflier que Poivre lui-même avait importés dans cette colonie. A partir de ce jour, la culture du Caféyer et celle du Giroflier marchèrent de concert. L'acclimatation faisait donc de nouvelles conquêtes qui devaient élever la Ibrtune de l'île de la Réunion, pendant soixante années, à une splendeur inouïe dans ses Fastes et la faire marcher la rivale des colonies hollandaises. Il ne fallait rien moins que la tourmente mé- morable de 1806 pour détruire et saper de si magniliques éléments de richesse agricole. Une seule nuit de désastres abattit les végétaux précieux qui avaient mis si longtemps k arriver à leur entier développement. Ge fut alors qu'on songea cà une autre culture qui pouvait défier les ouragans par une évolution d'accroissement plus rapide : on jeta les yeux vers la Ganne cà sucre. La colonie, qui devait un jour fournir tant de Sucre à exporter, faisait venir à cette époque, du dehors, le peu de Sucre dont elle avait besoin pour sa consommation. La Ganne créole, qu'elle cultivait depuis son origine, ne ser- vait qu'à la fabrication de quehjues produits alcooliques. Mais bientôt les propriétés se couvrirent d'usines, et l'on vit les colons travailler à acclimater toutes les espèces ou variétés de Gannes à sucre. Ge fut cliez M. Fréon, cà l!elle-Eau, que fut planté le premier champ de Gannes rouges. Mais la Ganne blanche l'emporta, et elle fournit les plus riches récoltes jus- qu'en 18/ià, oùune m£iladie inconnue obligea de la remplacer par d'autres variétés. On compte jusqu'cà dix espèces de Cannes venues du dehors et acclimcatées dans le but de fournir à cette industrie et de remédieraux maladies qui, depuis plus de vingt ans, fatiguent cet utile roseau. Le naturaliste hollan- dais, M. Diar, peut revendiquer, sur ce nombre, l'honneur d'avoir introduit pour sa part au moins trois variétés, dont une, fort belle, y est connue sous son nom. Le Gacaoyer, égcalement importé à la Réunion, sans être cultivé sur une grande échelle, n'a cessé de donner des pro- duits très-avantageux. En 1819, le capitaine de vaisseau Philibert, créole de LSoiu- bon, aidé du naturcaliste Perrotet, introduisait le Vanillier dans son île natale, et préparait ainsi pour l'avenir, à la petite (138 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATÂTION. culture, un riche butin d'exploitation. Nous nous sommes efforcé de suivre un si bel exemple. Par mes soins, unis à ceux de M. Edouard Morin, l'île de la Réunion possède quel- ques beaux arbustes de l'arbre à Quinquina, les premiers qui aient germé sur le sol africain. De ces plants sortiront sans nul doute, un jour, de nombreux rejetons qui ensemence- ront l'ile et y seront, à la fois, un bientait pour l'humanité et un élément pour la spéculation. Il serait trop long d'énumérer ici toutes les essences nou- velles introduites dans notre colonie : le Bois noir {Acacia Lebbeck), importé d'Egypte par l'ingénieur Cossigny, le Filao de Madagascar et de la Nouvelle-Hollande, V Eucalyptus^ par ^ la Société coloniale d'accUmalalion, etc., etc., soixante- quinze espèces ou variétés de fruits comestibles qui marquent les conquêtes des temps passés et surtout du siècle dernier ; les nondjreuses variétés de Mangue, le Mangoustan, le Letchi, conquis par Labiliardière ; l'vUocatier, par de Lesquelin ; la Grenade, l'Ananas, les Dattes de Mascate, les Oranges et les Citrons de toutes sortes, l'Atle, la Sapote, l'Évi, la Nètle du Ja- pon, la Pèche vulgarisée jusque dans nos bois, la Fraise, la Pomme de France, l'Abricot, acclimaté à Orère par M. 0. Le- marchand, et autres fruits précieux, etc. Tant de richesses sont une vraie conquête de l'acclimala- tion, si l'on pense que le seul fruit comestible trouvé à l'ile Bourbon, par les compagnons de Mascarenhas, consistait dans l'unique baie du Vanyuera edulis, la Vavangue ! Faut-il parler des plantes d'ornement, de toutes les variétés de Rosiers, de CaraéUaSj de toutes sortes de fleurs quiendjel- lissent nos jardins, de tous les légumes d'Europe qui garnis- sent nos potagers -et qui, par Faltitude de notre lie, produi- sent sans arrèl dans des printemps perpétuels? Une si riche et cependant incomplète énuniération dans les deux règnes rend un témoignage éclatant de tout ce que la Réunion doit à l'acclimatation. Héritiers de ces trésors, sachons en rendre grâce à nos pères et nous montrer dignes d'eux en en i)réparant de nou- veaux à nos descendants. NOTE SUR L'ÉDUCATION DES AUTRUCHES EN ALGÉRIE, R'ar n. \. lîIVIÈSêE, Jardinier eu chef ilu jaitliii du Luxembourg, ulc. Lorsque j'ai eu l'honneur d'être appelé à la direction du Jardin du Hamma par la Société générale algérienne , mon plus grand souci a été d'employer tous les moyens possibles pour justifier, dans la force du lerme, le nom de Jardin cVac- diniatation. qu'on pourrait donner au Jardin d'essai du Hamma, non-seulement sous le rapport horticole et botani- que, mais aussi sous celui de la naturahsation, de l'acclimata- tion et de l'élevage des animaux qui s'y trouvaient déjà et de ceux dont il pourrait s'enrichir par la suite. J'ai déjà fait un premier voyage à Alger, au mois de janvier dernier, pour aller prendre possession de ce Jardin, l'i j'en suis parti le 11 février, émerveillé de la splendeur de la végé- tation que j'y avais remarquée, et surtout très-impressionné de ce que l'avenir me laissait entrevoir, mon intention formelle étant de consacrer toutes mes forces et toute mon énergie à satisfaire la confiance qu'on avait bien voulu mettre en moi. J'ai l'honneur de vous présenter le rapport que mon hls, gérant du Jardin du Hamma, vient de m'adresser sur ma de- mande, relativement à l'incubation des Autruches. Hamma, près d'Alger, le 23 mai 18(38. (( Monsieur le Directeur du Jardin d'essai. » Conformément à l'ordre que vous m'avez donné, le 2 fé- vrier 1868, et relatif aux Autruches, j'ai fait laisser sur le nid, par l'homme chargé du service de ces animaux, le nombre d'oeufs que vous m'aviez indiqué, dans fespoir qu'ils seraient couvés. C'est ce qui a eu lieu. J'ai donc l'honneur de vous in- former de la naissance de huit de ces animaux, et de vous 6/l0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. communiquer une petite étude relatant les observations que j'ai faites à ce sujet. » Le couple d'Autruches qui a produit cette couvée habite un carré du Jardin d'essai portant le n° 10. » Ces grands oiseaux sont renfermés dans un parc, au cen- tre duquel se trouve une clôture non continue, disposée en un cercle d'une dizaine de mètres de diamètre, formée de paillas- sons ayant tout au plus 1"',50 de hauteur. Le sol de cette der- nière enceinte, qui constitue leur nid, est recouvert d'une épaisseur assez considérable de sable très-fin, sur lequel la femelle a pondu ses œufs, dont huit ont été laissés sur cette couche de sable pour être couvés. » L'incubation a duré quarante jours, pendant lesquels le mâle et la femelle ont couvé alternativement, et le 12 mars, au matin, cinq petits couraient déjà çà et là. Le surlendemain les trois autres sont venus compléter le nombre. » Voici les quelques remarques que j'ai faites et les soins qui ont été apportés : » Avant de pondre, la femelle paraît inquiète ; elle cherche, gratte dans tous les coins du parc,jusqu'à ce qu'elle ait trouvé un endroit convenable. » C'est alors qu'il faut choisir la place la plus favorable pour déposer les 03ufs. On élève de quelques centimètres une cer- taine surface de sable, de manière que les pluies ne puis- sent venir refroidir les Oiufs et gêner l'animal. Sur le sommet de ce monticule de sable, qu'on a le soin de tenir légèrement concave, on pose le premier œuf pondu. » La femelle, après l'avoir retourné en tous sens comme pour le reconnaître, continue alors à venir pondre les suivants à côté de ce premier. Elle pond ainsi pendant deux, ou trois mois, régulièrement tous les deux jours. Il y a pourtant un intervalle pendant lequel elle se repose. )) Nous avons en ce moment des Autruches qui en sont à leur cinquantième œuf, et qui promettent d'en donner encore. Celle qui a couvé n'en a pondu que quatorze, sur lesquels on lui en a laissé huit seulement. Nous avons remarqué qu'il fallait enlever l'œuf aussitôt la ponte, et ne jamais en laisser dans le ÉDUCATION DES AUTRUCHES EN ALGÉRIE. 6A1 nid, car elles ont une grande tendance à les couver, ce qui pourrait arrêter la ponte. D'un côté, les œufs s'échauffent et ne peuvent être conservés longtemps ; d'autre part, les Autru- ches, en s'accroupissant à terre, endommagent leurs plumes qui perdent ainsi beaucoup de leur valeur. » Comme il a été dit plus haut, le mâle et la femelle couvent alternativement ; mais, ce qu'il y a de plus surprenant, c'est tout l'intérêt, tous les soins constants qu'apporte le mâle à l'incubation. Je l'ai vu ne quitter ses œufs que pressé par la faim; la femelle alors vient reprendre sa place, mais pour un temps relativement moins long. » Aussitôt que le mâle a quitté ses œufs et qu'il se relève, on est à même de constater, ainsi que sur la femelle, que tous les téguments de la partie inférieure du corps non garnie de plumes et habituellement en contact avec les œufs, sont sillonnés de réseaux veineux qui contribuent sans doute à dé- velopper cette surexcitation dévie, qui n'a d'autre but que de maintenir ou de provoquer la chaleur nécessaire et favorable à l'incubation. » Cette transmission des instincts maternels au mâle, si marquée dans le genre Autruche {Struthio camelus), se ren- contre aussi dans d'autres espèces de la même famille ou voi- sines de celle-ci, notamment chez les Nandous {Rhea ameri- cana), dont ils différent par quelques particularités relatives à la ponte. )> Cette particularité est encore plus frappante chez les Casoars {Casuarius), de la même famille. Les œufs de ceux- ci, assez gros, d'une couleur verdàtre, et tachetés de plusieurs nuances blanchâtres, sont exclusivement couvés par les mâles. Je viens d'en voir un qui est resté soixante ou soixante-dix jours sur un œ^uf; il prenait à peine le temps de manger. J'étais même sur le point de le lui retirer, dans l'intérêt même de l'animal, lorsque l'œuf s'est brisé. Le contenu étant en dé- composition, la coquille a dû céder sous le poids de cet énorme oiseau. (Ce fait est contraire à tout ce que j'ai lu au sujet de ces animaux.) 2« SÉRIL, T. V. — Septembre 1868. 41 6'y2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » Certains auteurs ont pensé et ont dit que les Autruches enfonçaient et enterraient leurs œufs dans le sable chaud ; que par conséquent, elles ne les couvaient pas, mais qu'elles les surveillaient attentivement. » Voici, je crois, l'explication de ces faits, qui ne s'accor- dent guère avec ceux que nous venons de rapporter, et les causes par lesquelles ils diffèrent sur certains points. » Dans le sud de l'Algérie et dans d'autres contrées afri- caines, peuplées par les Autruches, celles-ci enterrent leurs œufs, il est vrai, dans la jouruée, mais pour différentes causes : entre autres, pour les soustraire aux regards des caravanes ou à ceux des rares habitants de ces lieux incultes, qui se livrent avec acharnement à leur poursuite. Est-ce leur instinct qui les guide ou une sorte d'intuition qui les pousse aies enfouir? C'est probable ; car elles ne se comportent pas de même dans leur grand parc, à l'état privé. » II. est facile cependant de remarquer que, pendant la couvée, elles ne peuvent supporter les regards et la vue des étrangers sans entrer eu fureur et marquer leur colère par des mouvements très-brusques et de violents coups de pieds qui peuvent compromettre le résultat de la couvée. Cette re- marque nous forcera, à la prochaine occasion, de dérober les animaux à toutes ces causes nuisibles, en entourant leur nid avec des claies oa des paillassons. » Au désert, dans ces plaines brûlantes, dans ce sable lin, chauffé tout le jour par les rayons d'un soleil si ardent, les œufs sont évidemment placés dans des conditions de chaleur et dans des circonstances très-favorables au succès do l'incu- Ijation. Mais, à la tombée de la nuit, le couple monogame vient enlever bien délicatement le sable qui recouvre les œufs ; puis l'un ou l'autre se pose sur les chers produits, pour les proté- ger des fraîcheurs nocturnes et des rosées abondantes et froides du matin. Après quoi, au lever de l'aurore, les œufs sont recouverts, et màie et femelle reprennent leurs courses vagabondes. )) 11 est donc évident qu'il est très-difficile de découvrir leur nid, cl ce serait même impossilde si quelques-unes de leurs ÉDUCATION DES AUTRUCHES EN ALGÉHlË. 6ii3 belles plumes, en se détachant et tombant sur le sol, ne res talent comme un indice révélateur. ^ » (Jnant à l'éclosion, aucune particularité bien frappante n'est à signaler. Au moment de cet acte, on entend les petits attaquer fortement, à coups de bec, les parois intérieures de la coquille, qui ne tarde pas à se fendiller; nous avons remarqué que le mâle ayant mis de côté ses mouvements brusques habi- tuels, aidait également, mais bien précieusement, à la sortie de sa progéniture. J'eus cependant un moment de frayeur en voyant tomber la partie supérieure de la coquille et l'oiseau plonger son grand bec par cette ouverture et en retirer une masse informe qu'il rejeta bien loin derrière lui ; je crus un moment que c'était le petit qu'on accueillait si mal à sa nais- sance, mais ma peur fut de courte durée en le voyant sortir de l'œuf en sautillant. Ce que l'oiseau avait rejeté m'a semblé être une membrane que je crois être celle de la coquille qui obstruait le passage du nouveau-né. 11 m'a été impossible de vérifier et d'étudier davantage ce fait, qui ne s'est présenté à mes yeux qu'à l'éclosion des deux animaux à laquelle j'ai pu assister. Se leprésente-t-il souvent? Je l'ignore, )) Les petits courent et sautillent cà et là entre les hautes jambes de leurs parents, et, au inoindre changement de tem- pérature, vont se mettre à l'abri sous leurs grandes ailes. » Le couple aide peu les petits à vivre ; il se précipite sur la nourriture qu'on leur donne, au détriment de ceux-ci; ils n'ont pas, je crois, l'instinct de la Poule et des autres oiseaux. Aussi a-t'On eu soin d'élever, dans un coin du parc, un carré en bois, monté sur quatre piquets, assez hauts pour que les Autruches ne puissent passer par dessus, et assez bas pour qu'elles ne puissent également arriver qu'à une certaine dis- tance du milieu de celte enceinte, au milieu de laquelle on dé- pose de la salade nouvelle, seule nourriture à donner à ces jeunes animaux. Cependant, on ne saurait nier que le maie et la femelle ne protègent leurs petits; il serait en elfet fort dif- hcile de chercher à leur en dérober un sans courir de grands dangers, et l'imprudent qui s'en chargerait exposerait sûre- ment sa vie, comme cela est arrivé plusieurs fois. Néanmoins Ôllll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. elles connaissent parfaitement leur gardien, qui prend impu- nément les petits, les change de place et circule librement dans leur parc. » Enfin, Monsieur le Direclour, le fait le plus important, c'est l'époque avancée de l'éclosion, àl'air libre, par un hiver fort rigoureux pour l'Algérie, au milieu de ces froids si vifs relativement, de ces pluies torrentielles, de ces vents impé- tueux, en un mot de toutes ces intempéries du Nord, peu communes sous ce climat. » Les trois petites Autruches dernières nées ont supporté difficilement ces contre -temps. Le 22 mars, la pluie ayant commencé à tomber vers six heures du matin jusqu'au lende- main, accompagnée d'un vent des plus terribles et des plus froids, deux de ces dernières nées, complètement trempées ou plutôt imbibées, ne pouvant plus se soutenir, ont été enlevées le 22, vers huit heures du soir, et mises dans une serre chaude pour tâcher de les réchauffer et de les conserver. L'une est morte le lendemain et l'autre le surlendemain. Leurs six com- pagnes ont résisté, et depuis le commencement de la belle saison, eUes sont en parfait état et prospèrent à ravir, » C'est donc au milieu d'un temps si défavorable que la ponte et surtout que la couvée ont eu Ueu, sans abri, exposées à toutes les rigueurs de la saison. Je dis sans abri, car cet en- clos de paillassons qui forme un diamètre d'environ 10 mè- tres, qui est interrompu en deux endroits pour faciliter le passage du gardien, n'était pas de nature à les protéger ; son rôle était simplement d'empêcher le vent de soulever le sable ou de faire rouler les œufs et les petits qui auraient pu en souffrir. » Cette reproduction a donc eu heu dans les conditions les plus naturelles, autant qu'il a été possible. » Pendant bien longtemps la couvée fut l'objet d'études ; elle fut essayée par toutes sortes de moyens artificiels plus nuisibles qu'utiles et qui, nécessairement, ne sont jamais venus remplacer ni même aider la nature ; on a malheureu- sement pu constater que l'éclosion artificielle des Autruches n'était pas aussi f.jàle à beaucoup près que celle de nos Pou- ÉDUCATION DES AUTRUCHES EN ALGÉRRIE. (ià5 lets de ferme, et que le même système qu'on emploie avanta- geusement pour ceux-ci, avait échoué pour celles-là (1). » Par le fait qui vient de se passer au Hamma, en notre présence et par nos soins, on doit donc conclure que TAu- truche peut être classée au rang des animaux de basse-cour au milieu desquels elle est digne de figurer par sa beauté, par ses produits qui ne sont pas à dédaigner, car ses plumes sont très-recherchées par le commerce ; ses œufs, dont le volume équivaut à celui de 25 ou 30 œufs de Poule, aussi bons que ceux-ci, s'ils ne sont môme plus fins, ont le double avantage de produire une coquille réclamée par l'industrie à un prix assez élevé et celui de fournir un aliment aussi excellent que volumineux. » Au Jardin d'essai, on fait vider les œufs de temps à autre pour mieux conserver la coquille; ce jour-là, chacun prépare ses fourneaux pour faire force omelettes et gâteaux délicieux. » On perce facilement la coquille à son extrémité au moyen d'une vrille et le contenu est versé dans un vase. » Malheureusement la domestication de l'Autruche n'a pas de grands partisans en Algérie, où cet animal devrait au con- traire être très-commun ; mais il tend plutôt à devenir de plus en plus rare ; peut-être ne l'a-t-on regardé jusqu'à présent que comme une bête de luxe, sans se rendre compte de tous les avantages dont j'ai donné quelques détails plus haut. » Je ne veux pas entrer dans des citations plus intimes sur la vie de l'Autruche ; je vous envoie une simple étude de faits Irès-nalurels que j'ai observés. )) Signé : Charles Rivière, > Ce rapport. Messieurs, que j'avais prié mon fils de m'en- voyer pour me faire savoir le résultat de ses observations, était (l) Les couveuses artificielles, construites ad hoc, malgré leurs nombreux et ingénieux perfectionnements, sont restées sans résultat ; renterrement des œufs dans du sable très-fin et exposé au soleil n'a amené également que leur décomposition et leur perte. i^liô SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tout simplement destiné à satisfaire ma curiosité personnelle, et d'en faire part, si besoin était, à la Société générale algé- rienne. J'ai pensé cependant être agréable à la Société impé- riale d'acclimatation en lui en faisant la lecture. J'ai été informé par M. Grandidier père que, par l'entremise et sous les auspices de la Société, un envoi de soixante Mar- tins tristes avait été fait au Hamma. J'en ai prévenu immédia- tement mon fils, en le priant de m'adresser un rapport au sujet de ces intéressants oiseaux, dont il ne restait plus un seul d'un envoi fait au Jardin antérieurement à la nouvelle direction. J'ai donné à mon fils les instructions nécessaires pour la domestication de ces oiseaux, et je ne doute pas qu'il apportera dans l'exécution de cette expérience tous les soins et toute l'intelligence possibles. J'attends en ce moment un rapport sur l'élevage de Vers à soie, dont plusieurs cartons de graines, provenant de sérici- culteurs distingués et compétents, lui sont parvenus par mes soins. En ma qualité de membre de la Société impériale zoolo- gique d'acclimatation, je ne laisserai échapper aucune occa- sion d'informer celle-ci de tous les résultats obtenus au Jar- din, soit en ce qui concerne l'acclimatation des plantes, soit en ce qui sera relatif à la domestication et à la reproduction des animaux qui me seraient confiés. Je ne veux pas terminer ces observations sans vous répéter encore, Messieurs, que la Société générale algérienne est ja- louse de donner toute l'extension et toute l'importance que la position favorable et exceptionnelle de ce jardin peuvent lui donner. Son intention formelle est de faire de cette propriété un jardin exceptionnel en son genre, c'est-à-dire sous le rapport scientifique, botanique et horticole ; il sera le réceptacle de tous les végétaux utiles et d'ornement qui seront livrés au commerce dans les meilleures conditions possibles de bon marché ; on cherchera particulièrement à y acclimater les vé- gétaux de toutes les parties du monde ; les plantes de nos contrées tempérées y seront cultivées en grand (ce travail est T •. ÉDUCATION DES AUTRUCHES EN ALGÉRIE. (Mil déjà en voie d'exécution), afin de pouvoir les répandre partout à profusion, surtout en Algérie, et de venir par là en aide aux populations de ce pays si malheureusement éprouvées depuis quelque temps (50 000 pieds d'arbres provenant de France, et dont les deux tiers sont des ai'bres fruitiers, ont été plantés du 1" au 15 mars d^ rnier). En effet, la propagation sur une vaste échelle des plantes utiles, des plantes alimentaires, sera d'un grand secours et d'une ressource incontestable pour les indigènes, et la Société algérienne fera tous les efforts en son pouvoir pour parvenir à ce grand résultat. De mon côté, j'ai le ferme espoir qu'aidés dans ces circonstances par les encouragements des uns, par le zèle et le travail des autres, les administrateurs de ce jardin pourront parvenir au but qu'ils ambitionnent et qui sera leur meilleure récompense : l'établissement d'un Jardin universel et d'utilité publique. REPRODUCTION DU CANARI) TADORNE (deuxième année), DE LA SARCELLE d'ÉTÉ ET DE LA POLLE d'EAU, Chez M. BOl ILÎ.OD. On peut, considérer le Canard tadorne (Anas tadorna) comme complètement acclimaté, puisque depuis deux ans il reproduit régulièrement chez moi. Cette année, dès les premiers jours du mois d'avril, la Cane qui, l'année dernière, avait pondu onze œufs et élevé onze petits, a fait un nid dans une petite cabane destinée aux Anas boschas; elle a pondu neuf œufs et a couvé tout de suite. Mal- heureusement, dans la nuit du ih au 15, jour de Tincuha- tion, tous les œufs ont été dévorés par les rats d'eau, à l'exception de deux, qu'immédiatement j'ai fait placer sous une Poule de race coch'mchinoise. Les deux œufs sont éclos. Le lendemain de l'éclosion j'ai fait mettre la Poule et les petits dans un parquet de 6 mètres carrés avec bassin d'eau courante, et tous les soins pour éviter les rats ; la Poule et les petits étaient renfermés avec soin dans une boîte d'élevage où tout de suite, dès le lendemain, la Poule rentrait avec sa jeune famille tous les soirs et toutes les fois que le temps était mauvais. Mes jeunes Tadornes ont aujour- d'hui deux mois, sont tous beaux et très-vigoureux. On leur donne toujours des œufs de fourmis, des crevettes d'eau douce, des lentilles d'eau dont ils sont très-friands, et une pâtée de pain émietté, œ.ufs durs, cbènevis pilé, farine de maïs et sa- lade hachée, le tout délayé avec du lait mélangé d'eau. Jus- qu'à ce que le Canard tadorne soit complètement acclimaté, je veux dire rendu à l'état domestique comme nos Canards de basse-cour, il convient mieux de faire couver les œufs par des Poules, on est plus sûr d'élever les petits, car, comme je l'ai dit l'année dernière, les jeunes Tadornes craignent beaucoup les mauvais temps. REPRODUCTION DU CANARD TADORNE, ETC. 649 POULES D EAU. Depuis Ijien des années déjà, les Poules d'eau {Gallinula chloropus) reproduisent chez moi, et régulièrement font deux ou trois couvées par an ; elles couvent et élèvent leurs petits aussi bien en parquet qu'éjourtées et lâchées dans le parc. Les Poules d'eau conduisent leurs petits à la manière des Poules de basse-cour, seulement le mâle prend soin de la jeune famille. Même nourriture pour les Poules d'eau que pour les jeunes Tadornes. SARCELLES d'ÉTÉ. Depuis deux ans, j'ai dans un parquet une paire de Sarcelles d'été [Anas querquechda) avec des Tourne-pierres, des Co- corlis, desMaubèches et autres petits Bécasseaux. Cette année, la femelle a fait son nid dans une touffe de joncs, sur le bord de l'eau, a pondu sept œufs; quatre sont éclos. Trois étaient clairs, le nid n'était pas garni de duvet comme celui des au- tres Canes. Les œufs étaient simplement déposés sur des herbes sèches, an milieu des joncs. L'incubation a duré plus de vingt-trois jours, je ne peux préciser au juste le temps, car, lorsque j'ai trouvé le nid, la Cane couvait déjà depuis plusieurs jours. La mère élève très-bien ses petits, le mâle n'a pas l'air d'y faire attention. Je donne aux jeunes Sarcelles la même nourriture qu'aux jeunes Tadornes. Les Sarcelles sont nées le 27 mai; elles ont, par conséquent, bientôt deux mois; je les crois sauvées, .le compte beaucoup sur elles pour I an- née prochaine, car les oiseaux nés et élevés en domesticité reproduisent bien plus sûrement que les sauvages. RAPPORT SUR DES ÉDUCÂllONS DE BOMBYX MYLITTA (1867-1868) ET YAMA-MAl, (1868). BOMBYX MYLITTA. Le 29 aoùl 1867 je recevais, de la Société d'accliinatation, un petit sachet d'œufs de B. myliUa : une trentaine, d'après les coques que j'ai comptées après l'éclosion. La lettre d'envoi me prévenait qu'ils devaient éclore du 2 au h septembre, que l'éducation se prolongerait jusqu'à la lin d'octobre, qu'il {allait aux Vers une température de 20 à 25 degrés, et qu'ils devaient être nourris avec du Chêne ou du Cognassier ten- dres. Prévoyant les difficultés d'une réussite vu la saison avancée et la sécheresse qui avait suspendu toute végétation dans le pays, j'écrivis immédiatement pour exposer ces circonstances et demander qu'on m'indiquât une personne mieux placée, à laquelle je dus envoyer les œufs. Pendant que j'attendais une réponse, l'éclosion spontanée eut lieu, et tous les petits Vers se d(weloppèrent entre les 2, 3 et A septembre, comme il était annoncé. Dès lors il fallut aviser et je me mis en quête de nourriture. Je trouvai, chez un jardinier, des Cognassiers en vases, étêtés pour la greffe, qui avaient de jeunes pousses à feuilles tendres sur lesquelles je posai mes élèves, mais ils ne voulurent point les entamer. J'eus, chez un autre, quelques brindilles de Chênes blancs indiqués comme nourriture normale de l'espèce, mais je ne pouvais espérer de parfaire l'éducation avec les feuilles de ces arbres qui ne croissent point à ma portée, et qui, d'ail- leurs, devaient manquer avant qu'elle fût arrivée à son terme. ÉDUCATIONS DE BOMBYX MYLTTTA ET YAMA-MAÏ. 051 Il n'y avait donc de chance de réussite que si les jeunes r.he- nilles voulaient adopter le Qiiercus Ilex, ou Yeuse du pays, à feuillage non caduc. Je parvins à en avoir de pas trop dur sur lequel je les emprisonnai, et elles se décidèrent à l'atta- quer. Bientôt elles rongèrenî, les feuilles les plus coriaces, et, dès ce moment, la nourriture était au moins assurée aussi longtemps que dût se prolonger leur existence. Je les comptai alors, il y en avait vingt-cinq. Le 9 septembre, les jeunes larves faisaient leur première mue; les 16 et 17 j'ai vu commencer la seconde, mais, de ce moment, elles se sont tellement distancées que, étant toutes élevées ensemble et naturellement confondues, je ne puis tixer la date des autres sommeils. J'ai seulement remarqué que ceux-ci étaient quelquefois fort longs, car il m'a été donné de constater que le même sujet restait immobile pendant des cinq et six jours. Conformément à l'avis reçu, une Chenille a commencé à fder le 1" novembre et les autres Cocons sont successivement apparus à des dates très-espacées. J'en ai obtenu dix-huit, dont le dernier n'a été formé que le 21 décembre. Cette inégalité est chose singulière, puisque mes élèves ont toujours été tenus ensemble, dans des conditions identiques, broutant les mômes branches. Ces Cocons sont très-durs, c'est-à-dire fortement chargés en soie, gris foncé comme ceux que le commerce a quelque- fois introduits, mais bien moins gros que ceux-ci. Ils sont toujours solidement fixés à une branche par une queue ter- minée en boucle ou anneau qui l'embrasse. Pendant l'éducation, j'ai perdu une Chenille noyée, deux de la flacherie, deux courtes, et les deux dernières, trop dessai- sonnées sans doute et pas assez garanties du froid, n'ont pu accomplir leur dernière transformation. 11 y en a une dont l'existence s'est prolongée juscpi'au *i8 décembre, près de quatre mois ! Les dix-huit Cocons de l'an passé ont commencé à donner des Papillons le i'; juin de celle-ci 1868. Il en est sorti treize successivemeni, à des dates éloignées comme celles de leur 652 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. formation. Cinq ont fait défaut. Je n'ai obtenu aucun accou- plement tant, que les Papillons ont été gardés à l'intérieur, quoique mâles et femelles de même âge fussent en présence ; mais quand, mieux avisé sans doute, ayant le 20 juillet les deux sexes, je les ai exposés la nuit au milieu du feuillage dans une cage de gaze, il y a eu union qui a duré tout le jour suivant. Ainsi a été obtenue une ponte féconde dont j'ai fait part et qui est la source de nouvelles éducations. Bien qu'en avance d'un mois sur l'année dernière, celles- ci sont encore tardives, mais si j'avais su faire accoupler les premiers Papillons, c'eût ét(' un autre mois de gagné et elles pouvaient se faire en saison très-convenable , ce qui aura lieu l'an prochain il faut l'espérer. Les Chenilles du B. mylitta sont vert jaunâtre, parsemées de tubercules comme celles du Yama-Maï, auxquelles elles ressemblent à s'y méprendre. Il en est de même des Papillons aussi, qui offrent d'ailleurs comme ceux-ci plusieurs nuances. Bien qu'originaire de pays chauds, il semble que l'on peut facilement élever le nouveau Ver en bonne saison, sans aucun chauffage, au moins dans le midi de la France, car des abais- sements de température à ^ 5° n'ont pas paru l'affecter, et il en a supporté de 10 à 12" sans mourir. Les jeunes Chenilles sont extrêmement vagabondes, et je n'ai pu les conserver qu'en les enfermant dans une cage de tissu métallique. Sans cette précaution il faut être continuellement occupé à les ramasser, car elles s'échappent de tous côtés. Cette propension continuelle à fuir pendant le premier âge, qui paraît se dompter plus tard, je l'ai observée aussi sur les Yama-Maï élevés à l'intérieur, tandis que ceux posés sur un arbre broutaient tranquillement toutes les feuilles d'une même branche avant de se déplacer. J'en conclus que ces deux espèces, encore sous l'empire d'un instinct de liberté, ont un degré à franchir pour arriver à la domestication. BOMBYX YAMA-MAÏ. Depuis l'introduction du IL Yama-Maï en LS()2, et la pre- ÉDUCATIONS DE BOMliYX MVLITTA ET YAMA-MÂl. 05S miére distribution d'œiifs à laquelle j'eus part, j'ai fait chaque année une petite éducation, distribuant les graines obtenues sauf celles nécessaires à ma reproduction. Cette saison j'ai agi comme les autres, mais les Fourmis s'étant introduites au- près de mes quelques larves les ont en un instant réduites à cinq, qui n'ont pas fdé en même temps, de sorte que je crains bien cette fois d'en perdre la race. Je ne dirai rien de l'éducation, qui n'a point présenté de circonstances particulières jusqu'à la dernière phase; mais quand les Chenilles ont voulu filer, elles ne se sont point en- veloppées dans une feuille et n'ont point fixé le Cocon à une branche comme d'habitude ; elles se sont établies dans les angles de la cage, comme auraient fait nos Vers du mûrier, et ont produit des Cocons sans appendice. Cet écart des moeurs naturelles ; cet oubfi d'un instinct qui a pour effet de préser- ver le Cocon sauvage de chute et de destruction , ne seraient- ils pas un caractère de domestication qui se manifesterait avec ma sixième reproduction? La nuance plus jaune des Co- cons, tandis que ceux produits en plein air affectent la teinte verte, viendrait peut-être à l'appui de cette idée. : ■ P:XAMEN CHBIIOUE DES lEULIES ïï EUCALYPTUS GLOBULUS, P«r M. CLOEZ. Ijii voyageur, auquel la science est redevable d'un grand nombre d'observations importantes (M. Ramel), a introduit en France une espèce ^ Eucalyptus^ désigné par les botanistes sous le nom d'^". globulus. Ce végétal, originaire d'Australie, appartient à la famille des Myrtacées; il croît avec une grande rapidité et acquiert des dimensions colossales. C'est un arbre précieux, cultivable dans le midi de la France, mais ne résistant pas à la rigueur du l'roid sous le climat de Paris. Les l'enilles sont épaisses et résistantes ; leur parenchyme présente une quantité de petites vésicules transparentes, contenant une huile essentielle, vola- tile, d'une odeur aromatique Tort agréable. En plaçant une certaine quantité de ieuilles sèches dans la cucurbite d'un alambic à double fond, et soumettant à la dis- tillation dans un courant de vapeur d'eau, on obtient environ 2 pour 100 d'huile essentielle, incolore, plus légère que l'eau. Cette essence possède au plus haut degré l'odeur de la plante. L'eau, chargée d'une petite quantité d'huile essentielle, a une saveur baîche, amère et camphrée, assez agréable; on peut l'avaler impunément, elle ne renferme aucun principe toxique. L'essence elle-même a été administrée à la dose de dix gouttes à un chien de forte taille sans occasionner le moindre acci- dent. Je me suis principalement attaché, dans cet examen des feuilles, à constater les effets physiologiques des produits com- plexes qui ont été extraits de ces feuilles, par l'eau, l'alcool etl'éther. J'ai examiné, en outre, la nature du hquide fourni par la combustion de ces feuiUes dans une pipe. Le traitement des feuilles par l'eau chaude produit une infusion faiblement colorée, d'une saveur amère, astringente, EXAMEN CHIMIQUE DES FEUILLES d'EUCALÏPTUS. 055 d'une odeur i'orte due à l'essence mise en liberté par l'éléva- tion de la température et la rupture des cellules. La liqueur précipite en noir les persels de fer, elle trouble la dissolution de gélatine, elle contient, par conséquent, du tannin. Soumise à l'évaporation, elle laisse un extrait bru- nâtre qui a été essayé sur un chien de petite taille à la dose de 2 grammes : l'animal n'a éprouvé aucun accident, mais son appétit a augmenté d'une manière remarquable, effet facile à comprendre par l'action excitante du produit ingéré. Une portion de l'extrait aqueux a été détruite par inciné- ration ; on a trouvé dans le résidu une certaine quantité de sels de potasse avec des traces de sels calcaires. Après le traitement par l'eau, on a fait, avec l'alcool, les mêmes essais sur une autre portion de feuilles. La solution se trouble par l'eau; elle contient de l'essence, de la résine, du tannin, et, par l'évaporation au bain-marie, elle a laissé un extrait brunâtre, en partie soluble dans l'eau. 2 grammes de cet extrait, donnés de force à un jeune chien, ont produit à peu près les mêmes effets que l'extrait aqueux. Pas d'accident manifeste, seulement une excitation passagère qui empêche l'animal de rester en place. L'éther sulfurique a servi, comme l'eau et l'alcool, à pré- parer un produit extractif dont l'action a été également essayée sur un chien, et de plus sur un lapin. 11 n'y a pas eu d'effet nuisible, pas plus que dans les cas précédents. En vue de l'usage spécial, pour lequel M. Ramel propose ces feuilles, j'en ai fait brûler lentement une quantité dans une pipe de tôle, communiquant, au moyen de tubes de verre et de caoutchouc, avec un aspirateur rempli d'eau; l'appareil est disposé de telle sorte que la fumée est obligée de traverser plusieurs flacons où elle abandonne les produits pyrogénés condensables qu'elle entraîne. On recueille, après l'opération, une quantité assez forte d'un liquide aqueux, brunâtre, avec quelques gouttelettes huileuses et goudronneuses. Le hquide aqueux est faiblement alcalin, il n'exerce aucune action nuisible sur l'économie. (Juant au produit goudronneux, il ressemble à tous ceux qu'on obtient 656 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. par l'action de la chaleur sur les plantes; à la dose de 5 déci- grammes il a été sans action sur un chien de taille moyenne. Après avoir essayé, sur les animaux, les produits volatils et goudronneux fournis par ces feuilles et avoir constaté leur complète innocuité, j'ai pu, sans crainte, fumer ces feuilles, soit dans une pipe ordinaire, soit sous la forme de cigares et de cigarettes. La fumée, produite dans ces trois modes de combustion, possède les mêmes propriétés; elle exerce sur l'économie une action inverse de celle du Tabac, c'est-à-dire qu'elle est plu- tôt excitante que narcotique. On s'y habitue d'ailleurs très- rapidement, et, en général, elle finit par paraître agréable. Quand ces feuilles sont saines et qu'elles ont été desséchées avec soin, elles brûlent facilement; si la combustion est com- plète, la cendre est tout à fait blanche ; cette cendre est assez abondante, elle s'élève au dixième du poids de la feuille. Elle est formée, en grande partie, de sels calcaires avec une petite quantité de sels alcalins. Il résulte en résumé, de mes expériences, que les feuilles à' Eucalyptus (jlobulus ne contiennent aucun principe toxique pour les animaux. On peut les brûler et respirer par la bouche la fumée sans éprouver aucun accident. Il serait intéressant d'essayer ses effets thérapeutiques, et je suis convaincu que, dans certains cas, elle pourrait donner d'excellents résultats. C'est là un point sur lequel je ne suis pas tout à fait apte à prononcer. Les jeunes rameaux iVEncaljiptus que vous avez eu la boulé de me pio- cuicr ont fourni à la (lislillalion un peu pins d'un demi pour 100 d'essence rectifiée d'une odeur assez agréable. Ses feuilles fraîcbes, séparées des tiges, donnent environ 2 pour 100 de la même essence. Nous ne connaissons au- cune plante indigène qui en fournisse une aussi grande quantité. Cette essence a la même composition que l'essence de ti'réi)euthino; c'est un nouvel exemple d'isomérie. Sa densité est égale à 0,89G et elle entre en ébullition à 175 degrés. Sa formule cbimique est représentée par C'^"!!'^ pour quatre volumes de vapeur. 11 me semble qu'on pourrait l'extraire économiquement et la substituer avec avantage à l'iuiilc volatile de téré- benthine. EXAMEN CHIMIQUE DES FEUILLES D'eUCALYPTUS. (io7 Quant à la irialii're résineuse conlonue dans les rameaux et même dans les feuilles, elle a été pou éindiée jusqu'ici; on a pu seulement conslaler qu'elle se durcit assez rapidement et qu'elle finit par se dessécher par l'ac- tion de l'air en une matière solide dont on pourrait également tirer parti. — (Cloez). Feuilles à" Eucalyptus globulus. Sous ce nom est venue de l'étranger une plante de la famille des Myrtes, qui croît à l'air libre, touffue et élevée, pou'.ant arriver à une hauteur de 5 à G mètres (57c). L'infusion lliéiforme de ses feuilles paraît jouir de propriétés fébrifuges prononcées. M. Joseph Tristany, non-seulement en a fait usage chez dill'érenlcs personnes de son pays, mais en a envoyé au loin, et tous ceux qui l'ont employée ont re- connu son action immédiate sur l'élément nerveux de la pyrexie. Quatre feuilles, prises au sommet, deux à la base, suffisent pour une ou deux doses par jour. (El Compilador medica.) (Extrait du journal La Médecine con- temporaine, 15 décembre 1865.) SÉRIE, T. V. — Septembre 1868. 42 il. EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX OKS SÉANCES DU CONSE[L DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 3 JUILLET '1868. Présidence de M, Drûuyn de Lhuys, président. — Le procès-verbal est lu et. adopté. — M. le président fait connaître les noms des membres récemment admis : MM. Blondel (Nicolas-Marc), attaché à l'administration de • l'octroi, à Paris. BuDDiNGH (S.A.), ancien inspecteur général des atl'aires du culte et de l'instruction publique aux Indes Néer- landaises, à Arnheim (Pays-Bas). Lancelin, notaire, à Ervy (Aube). — M. le Président l'ait connaître la mort de M. Gubisol, consul honoraire de France, à la Goulette. — Des remercîments pour leur récente admission sont adressés par MM. Danican Philidor et Ducos de Barthelmy de Gelas. — M. le directeur de l'École centrale de Rio de Janeiro adresse ses remercîments pour la collection du Bulletin qui lui a été donnée par la Société. — M. Ploem exprime sa gratitude pour le titre de délégué qui lui a été accordé, et renouvelle l'assurance de son con- cours le plus dévoué. — M. A. Geofl'roy Saint-Ililaire transmet une note de M. Julien Moreuthal qui annonce que l'acclimatation de la Chèvre d'Angora, au cap de Bonne-Espérance, a un plein succès, et qu'on exporte déjà quatre cents balles de mohair (poil d'Angora) par saison. — M. Richard (du Cantal) adresse une lettre dans laquelle il donne quelques détails sur les cheptels de la Société qu'il a déjà visités. — M. de Lacerda (Bahia) annonce l'envoi d'un Caititu PROCÈS-VERBAUX. 659 mâle et ajoute : « Je possède, depuis un an, une Cariama qui » vit en liberté dans une de mes maisons de campagne assez » fréquentée par des serpents, et je suis à même d'assurer à » la Société son habileté pour tuer les serpents les plus veni- » meux. Elle est parfaitement apprivoisée, et, depuis son » séjour chez moi, les nègres affirment qu'ils ne voient plus » de serpents ; moi-même j'ai été témoin plus d'une fois de » ses chasses et combats, où la victoire lui est toujours » restée. » — M. Victor Chatel fait hommage d'une cinquième notice relative au rôle important des Oiseaux dans la destruction des insectes nuisibles à l'agriculture et à l'horticulture. — Re- merchnents. — M. le vice amiral de la Grandière, gouverneur de la Go- chinchine, annonce qu'il va donner des ordres pour faciliter l'introduction, en France, du Gourami, qui est si abondant à Saigon. — Madame la baronne de Miinck, MM. Maumenet et Pater- lini adressent des rapports sur leurs éducations de Vers à soie. — M. Raymond Gavalié fait connaître l'heureux emploi qu'il fait, depuis cinq ans, d'aspersions de vin de Gollioure sur la feuille du Mûrier pour prévenir la maladie. — M. d'Ivernois demande à être compté au nombre des personnes auxquelles seront distribuées des graines d'Aus- tralie. ■ • — M. Rricrre, de Riez, adresse une note sur la culture du Blé du Japon, et du Iktuhentonia tripetiana. • . SÉANCE DU "28 AOUT 1868. Présidence de M. Drouyn de Lhuys, président. — Le procès-verbal est lu et adopté. — M. le Président annonce le décès de MM. Matteucci, Dezos de La Roquette, Gharleuf, vicomte d'Argouges, Le- gentil, comte L. de Cambacérès, Perrenot, et de M. Charles 660 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. de Gauvain, président de la Société régionale d'acclimatation du Nord-Est. ■ — M. A. Vinson adresse la première partie d'une Etude sur r acclimatation à nie de la Réunion (voy. au Bulleti7i,\}.b79) et donne les renseignements suivants sur la culture du Cin- chona h la Réunion : « Aidé par M. le professeur Decaisne et » par M. le général Morin, nous travaillons sans relâche à » l'introduction de l'arbre à Quinquina dans cette colonie. » M. Edouard Morin, fils du général, et moi, avons pu réussir, » par un heureux semis, à obtenir quelquesplants du Cincli.ona )) officinalis. Les semences, envoyées depuis, n'ont pu germer, )) mais les plants obtenus dans le premier semis, placés dans » des lieux dont l'altitude a été très-convenable (le district de » Salazie et l'ilette à Guillaume dans l'intérieur de File), pro- » spèrent au delà de toute espérance. Comparés aux végétaux » qui les entourent, ils l'emportent de beaucoup sur eux par )■) l'énergie et la beauté de leur végétation. La tige et les ra- » meaux sont pleins et vigoureux, les feuilles sont larges, lui- » santés et d'un beau vert. Tout nous promet dans cette pépi- » nière, malheureusement restreinte, la souche de graines » futures qui pourront ensemencer toute l'île. Alors notre » conquête sera d'une importance réelle pour cette colonie. » — M. L. de Fenouillet annonce la naissance d'un Yack mâle, bien conformé, né le 2 juillet : « Le pauvre animal n'a pas i> été bien reçu à son arrivée dans ce monde. Sa mère, à peine » après avoir mis bas et s'être débarrassée du délivre, l'aban- » donna dans un endroit très-écarté, où c'est miracle qu'on » l'ait trouvé ; elle refusait de s'en occuper, de le voir et sur- » tout de l'allaiter. J'ai été forcé les premiers jours de faire )) solidement attacher cette mère dénaturée, qui entrait en » fureur dès qu'on lui présentait sa progéniture, pour qu'elle » laissât au moins prendre vie à son nourrisson. Elle s'est un » peu humanisée depuis et ne fait plus des folies qui nécessi- » lent les moyens violents; aussi ai-je grand espoir de sauver » le veau qui, comme vous devez le comprendre, s'est un peu » ressenti de toutes ces secousses et est par suite très-malin- » gre.... Triste nouvelle aujourd'hui à vous annoncer concer- » » » PROCÈS-VERBAUX. 661 )) naiU les Yacks; une femelle qui allait mettre bas dans deux » mois au plus vient d'avorter bien malheureusement. *Elle » se trouvait ainsi que tout le troupeau, à l'exception des plus «jeunes veaux, dans des pâturages assez éloignés de Thabita- » tion, lorsqu'un violent orage accompagné de grêle de la grosseur d'œufs de pigeon a éclaté; la pauvre bête amis bas » le lendemain ; j'ai donc supposé que la bourrasque qu'elle a supporté n'était pas étrangère à cet accident, qui ne lui » est préjudiciable en rien personnellement, mais qui nous prive d'un nouveau produit. Le troupeau entier est en par- )) fait état, et le dernier venu, qui adonné tant de peine, est » maintenant hors de danger. » — M. Delidon adresse la note suivante sur l'éducation des Poules, et fait connaître que d'après ses observations, l'avoine qui est très-utile en hiver, en ce qu'elle excite la Poule, peut au contraire produire de très-mauvais effets en été, époque où elle doit être remplacée par une nourriture rafraîchis- sante : « Durant l'hiver dernier (1867-1868), dit M. Delidon, » j'ai obtenu beaucoup d'oîufs en forçant la nourriture » d'avoine et en préservant mes pondeuses du froid et de » l'humidité. Depuis le mois d'avril, les mêmes pondeuses ou » de nouvelles, qui avaient commencé à pondre, ont cessé » complètement par suite de la sécheresse continue. L'air » étant de plus en plus chaud, et par conséquent moins rafraî- ))chissant, a neutralisé les bons effets de la nourriture » d'avoine ; j'ai essayé alors de couper cette première nourri- » tnre d'avoine par des herbes prises au hasard dans mes jar- » dins,etles œufs ont reparu en abondance. Ayant eu de nou- » veau un arrêt dans la ponte, j'ai supprimé complètement » l'avoine, et je nourris aujourd'hui mes pondeuses avec un » peu de blé et une grande quantité de laitues et herbes ha- » chées et mélangées avec ce blé. Depuis environ quinze jours " que j'ai appliqué cette nouvelle nourriture, la ponte repa- raît presque aussi abondante qu'autrefois. Les règles que î je viens de poser par mes observations sont certaines, et il » arrive aujourd'hui que si je fournis de nouveau à mes pun- )) denses une nourriture d'avoine, une diarrhée assez forte 662 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'ACCLIMÂTATION. » s'empare d'elles presque imm(3(iialement, arrête la ponte et » les rend dangereusement malades. )> — M. le directeur du Jardin d'acclimatation communique la lettre suivante de M. Mangenot, curé de la Forét-le-Roi (Seine-et-Oise). « Depuis douze ans je désire ardemment voir des Perdrix privées pondre, couver et conduire leurs petits. Cette année j'ai réussi on ne peut mieux. J'avais un couple de Perdrix, je les ai mis dans un petit jardin attenant à ma maison. La femelle a pondu vingt œufs et s'est mise à cou- ver; pour plus de sûreté je ne lui en ai laissé que onze. Hier 22 juillet j'ai eu neuf petits Perdreaux. Les pères et mères en ont le plus grand soin. Les Perdrix, avant la ponte, venaient manger dans la maison, disputaient les mies de pain à mon Chien et à mon Chat. Depuis le moment de l'in- cubation et surtout depuis l'éclosion, elles sont devenues terribles, elles ont les mêmes stratagèmes qu'en pleine cam- pagne. Le sentiment paternel et maternel a dominé tout autre sentiment. C'est un fait assez rare et assez curieux. Pour moi, cela a été l'objet d'une étude toute particu- lière. » — M. Daguillon annonce que Madame David était parvenue à se procurer une couvée de Poules de Garthage destinées au Jardin d'acchmalation, qu'elles ont été soignées à sa ferme du Clélat pendant huit jours, mais qu'au bout de ce temps, et sans cause appréciable, on a eu le regret de les perdre toutes trois. Elle a l'intention de reprendre, avec l'espoir d'un meil- leur succès, à l'occasion cette expérience. Un colon du Tafa- roui a été encore moins heureux cette année, mais ne se dé- courage pas dans la recherche de ce charmant volatile d'une rareté toujours croissante. — M. Ferreira-Lage annonce l'envoi d'animaux vivants du Brésil. M. A. Geolfroy Sainl-Hilaire fait connaître que l'envoi très-intéressant de notre confrère lui est parvenu dans de très- bonnes conditions et se composait de sept Capoeiras (Colins encore indéterminés), deux Jaos (Tinamous moyens), un Ma- caco (grand ïinamou), sept Codas (Agoutis) et deux Pacas. — Remercîments. PROCÈS-VERBAUX. Ofi?) — M. de Séré fait hommage d'un exemplaire de son Rap- port sur T A quarisé ré départemental, communal, ferme mo- dèle aquatique, 1868. — Remercîments. — M. Bachy écrit pour signaler une variété de Vers à soie de Mûrier, élevée depuis une soixantaine d'années à Lille et qui n'a jamais été atteinte de la maladie. Un membre fait observer que la soie de ces Vers lui paraît de qualité trop grossière pour qu'il puisse chercher à propager celte race. — M. iMaumenet adresse les renseignements suivants sur les éducations de B. mylitta et Yama-Ma'L a Par ma lettre de juin j'étais très-content devons annoncer l'envoi d'œufs de fi. mylitta que je croyais fécondés. Il n'en a rien été, car ceux que j'avais gardés se sont sechés sans donner lieu à aucune naissance. C'est une désillusion que je regrette pour ceux auxquels vous pouvez les avoir adressés. Aujourd'hui j'en ai quelques-uns provenant d'une femelle dont l'accou- plement est certain; car commencé dans la nuit il s'est prolongé toute la journée du 2J juillet courant. Je répare mon premier échec en envoyant trente de ces nouveaux œufs à chacun de nos conlrères, docteur Chavannes et de Saulcy qui, comme je vous en avais prévenu, avaient reçu des premiers directement aussi, et je vous en adresse par la poste un même nombre. Ils sont pondus pendant les trois ou quatre jours ou nuits qui ont suivi le 21 de ce mois. Hier, 2/i juillet, j'ai eu le premier Papillon de B, Yama- mn'i, mais, réduit à cinq cocons dans mon éducation de cette année., je crains bien de ne pouvoir obtenir d'œuls fécon- dés. L'essai industriel d'une once de graine de cette espèce provenant, par l'entremise du docteur Chavannes, de l'in- troduction faite par le gouvernement helvétique, n'a donné aucuD résultat dans notre pays. Les Vers sont mal éclos et » morts successivement jusqu'au dernier. » — M. Dabry communique au Conseil la note suivante sur la destruction des insectes nuisibles. « L'opinion publique se » préoccupe vivement depuis quelque temps de l'apparition, » dans certains départements, d'un insecte du genre Aphidieu, » qui pourra devenir un véritable fléau pour uos vignobles. 66Zi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLlMATATinN. S si l'on ne se luUc pas de prendre les dispositions nécessaires » poiircom])aUre et arrêter les progrès de ce terrible destruc- teur. Plusieurs insecticides ont déjà été essayés avec plus ou moins de succès ; qu'il me soit permis à mon tour do faire connaître un procédé qui est recommandé par les meilleurs ouvrages chinois sur l'agriculture et l'horticulture, et dont un grand nombre de cultivateurs du Hou-pe et du Sse-tchuen m'ont garanti l'efficacité. Lorsqu'un arbre ou arbuste est envahi par des Vers ou des Insectes qui menacent sa vitalité, il faut frotter le tronc et les branches malades avec une pâte composée de soufre pulvérisé et de terre argileuse liquide ; faire ensuite des fumigations avec du soufre ou avec un mélange de soufre et de sulfure jaune d'arsenic {liiong hoiiang). D'autres personnes préfèrent au soufre l'huile à'Eifeococca verniciflua (1), que l'on répand sur les princi- pales racines et avec laquelle on fait également des fumiga- tions au moyen d'un papier enduit d'une couche assez épaisse. Il n'est pas de Ver ou Insecte qui résiste à cet in- secticide, comme on pourra s'en assurer avec les échantil- lons que j'ai rapportés. Beaucoup de cultivateurs au Sse-tchuen, avant de semer leur graine, les frottent avec un mélange d'huile (ï E/œococca et de terre très-fine. Voici quelques autres procédés indiqués par le Cheoii-cJie-tong- kao (vaste encyclopédie publiée par les ordres de l'empereur Kienlong, et qui contient tout ce que la science avait produit de meilleur jusqu'à cette époque sur l'agriculture et l'hor- ticulture). Aussitôt qu'on s'aperçoit qu'un arbre est attaqué par des Vers ou des larves d'insecte, il faut introduire dans les cavités qui servent de logement à ces dangereux ron- geurs des fleurs de Yuen-lioa [Daplnie Genkira), ou Incn des feuilles de Pe-pnu (Ixoximrg/na), ou bien imcore des petits morceaux de bois du sapin de Chine {Chan-mou). Pour faire disparaître les Vers nommés Mao-tchong (Vers à poils) blancs ou de couleur noirâtre avec des taches jaunes (1) Voyez an Bulletin les dilTch-ents usages auxquels est employée cette huile qui est supérieure à toutes celles que nous connaissons. PROCÈS-VERBAUX. 005 » et qui dévorent les racines des plantes, principalement des » Grenadiers, il suffit d'arroser les racines avec de l'eau exha- » lant l'odeur de poisson, ou d'enterrer au pied de la plante » des Vers à soie transformés en Papillons. Un excellent moyen » pour garantir les légumes des Vers ou Limaces, est de les » asperger avec un mélange d'eau, d'alun calciné et de terre » végétale. .le décrirai une autre fois les procédés dont se » servent les Chinois pour préserver les moissons et les fruits » des atteintes des oiseaux et des différentes espèces de ron- » geurs. » — M. le docteur Mourier adresse quelques paquets d'une poudre japonaise, remède secret infaillible contre les maladies des Vers à soie. L'inventeur Foudgi-Taya-Shitei-Goro, de Ma- hebashi, les a remis lui-même pour les soumettre à l'expé- rience de la Société, se réservant d'en donner la quantité qu'on pourrait en désirer si besoin est. On prend un paquet de cette poudre , qu'on dissout dans '2 litres de bon vin blanc. Asperger très-légèrement une fois par jour avec cette liqueur les feuilles destinées aux Vers malades. Sans vouloir rien affirmer sur l'efficacité de ce produit, M. Mourier rap- porte qu'on en dit beaucoup de bien au Japon. — M. Clos fait hommage d'une notice : la Plante au point de vue littéraire : Rapports de la botanique et de la littéra- ture. — Remercîments. • — M. A. Bezier adresse à la Société une collection des Blés cultivés par lui, et donne les détails suivants : «Je vous ai in- » formé de l'apparition des épis du Blé précoce du Japon, » lequel semé très-tardivement (le 25 décembre) avait épié » du 12 au 15 mai. Je vous ai dit alors, que les courtes tiges )) de ce Blé ne mesuraient que de 50 h 85 centimètres entre » le collet et la naissance des épis et qu'elles avaient supporté, » sans qu'il y parût, le 29 mai, un violent orage accompagné » de grêle, tandis que les blés du voisinage» avaient été versés » et avariés. Aujourd'hui je dois vous dire. Monsieur le Pré- » sident, que la précocité de ce Blé lui a été funeste. Une » nuée d'oiseaux s'est jetée dessus aussitôt que les grains ont » été lormés. Les épouvantails habituels ayant été inutiles, 666 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. » j'ai imaginé de réunir les épis par petits groupes et de les » coiffer de grands cornets de papier attachés solidement par » le bas et fermés par le haut. Le remède a été efficace pen- » dant une semaine, mais une pluie et un grand vent ayant » déchiré les cornets, les oiseaux ont recommencé- le pillage » avec plus d'acharnement. En peu de jours tout aurait été » perdu si je n'avais pris le parti d'arracher chaque tige avec » précaution, de les réunir toutes en une gerbe que j'ai re- » plantée de suite en terre, après avoir protégé les épis, en » les enveloppant d'une toile claire mais solide. Cette enve- » loppe, les cornets de papier et surtout l'arrachage des tiges » ont dû apporter une telle perturbation dans ia végétation » de cette céréale, que je ne puis vous donner aucun détail )) précis sur les avantages incontestables qu'elle doit offrir. Je )) crois néanmoins qu'elle sera facilement et promptement » acclimatée, et que comme je l'ai dit dans ma lettre précitée, » elle sera une ressource précieuse pour les petits cultivateurs » des contrées peu fertiles. Les oiseaux, repoussés par les pré- » cautions indiquées ci-dessus, se sont jetés sur le Blé des » États-Unis, coté n° 10, qui était très-beau et qui est aussi » très-précoce ; je n'ai pu recueiUir qu'un très-petit nombre » de grain de ce Blé en les ramassant à terre, je les ai déposés )) au siège de la Société, en y joignant quelques épis qui por- » tent les traces du pillage des oiseaux et sont par conséquent » en très-mauvais état. J'ai remis en même temps au siège de » la Société 67 grammes de grains et quelques épis intacts du » Blé précoce du Japon, à l'aide desquels les connaisseurs » pourront peut-être l'apprécier, en faisant la part des acci- » dents qu'il a éprouvés et assez bien supportés. Enfin, Mon- » sieur le Président, je n'ai pu réussir à sauver les différents » échantillons de céréales qui font l'objet de l'envoi ci-joint, » qu'en couvrant toute la plantation avec de grands lilets. Les » oiseaux se sont ^lors décidés à porter leurs funestes dépré- » dations dans les jardins et dans les champs voisins, où » les céréales étaient à découvert et commençaient à » mûrir.» — M. le Président de la Société d'horticulture et d'accH- PROCÈS -VERBAUX. 667 inatation de Tarn-et-Garonne adresse un rapport de M. Li- gouhne sur la campagne séricicole de 18i;8. ■ — M. Radiguet transmet les renseignements suivants de M. Vêlez sur les Pommes de terre Vêlez. « Vu le bon accueil » que vous et la Société d'acclimatation avez lait aux Pommes » de terre que mon tîls a rapportées de Medellin , province » d'Antioquia (Nouvelle-Grenade), considérant d'autre part que » je fixe définitivement ma résidence dans cette belle France » où je suis propriétaire, j'ai cru de mon devoir, ainsi que je » viens de le faire par le courrier qui part aujourd'hui, do de- » mander à Bogota une autre espèce de Pommes de terre, )) qui est, je crois, celle qu'il conviendra le mieux de propager » en France. Dès que je les recevrai, je les mettrai entre vos » mains pour que vous les répartissiez avec le même zèle pa- » triotique que vous l'avez fait pour les premières. Avant tout, » je dois appeler votre attention sur la qualité des Pommes » de terre que j'ai demandées. Il y a quelques années que la » semence de ces Pommes de terre fut importée à Bogota, de » la province de Fuquerres (Nouvelle-Grenade), mais près de )) l'Equateur; peu de temps après, la maladie se déclara àBo- » gota sur cette plante, ce qui a lait disparaître nos plus belles » espèces, et il ne reste plus que celles de Fuquerres qui a » complètement résisté à la maladie. Ce qui le prouve, c'est ce » fait singulier que l'on a maintes fois semé celles de Fu- )) querres, mêlées avec les autres espèces, et la maladiii a » desséché et détruit toutes les autres, pendant que les pre- » mières restaient vertes, vigoureuses, et donnaient une récolte » admirable. Elles sont grosses, plates, un peu sèches, fari- » neuses, excellentes au goût et très-productives. Si nous })ar- » venons à introduire ces Pommes de terre en France, je crois ') que nous aurons obtenu une précieuse acquisition. » — Desremercîraents pour les graines qu'ils ont reçues sont adressés par MM. Maumenet, de Fenouillet, Daguillon, A. Bezier, Belhomme, Gourdin. — M. V. Chatel fait hommage d'une nouvelle brochure ; Quelques moyens d'atténuer le déficit de la récolte des four rages en 1868. — Hrsultats remarquables obtenus dans la 668 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. culture des blés faits sur moutanle blanche enfouie en vert, ou même pâturée jjar les bestiaux. — Remercîments. — Son Exe. M. le Ministre des affaires étrangères annonce l'envoi, par le gouvernement colonial de Batavia, d'une caisse Ward contenant des plants de Cinchona. — Remercîments. Ces plantes sont malheureusement arrivées dans le plus fâ- cheux état, sans doute en raison de la chaleur extrême qu'elles ont supportée pendant la traversée de la mer Rouge. — M. Pellicot, Président du comice agricole de Toulon, adresse les renseignements suivants sur les cultures de Vigne en Provence : « Après le Congrès des vignerons de Vèhh qui eut lieu h Marseille, je me suis mis en rapport avec M. le comte Odart, Casalis-AUut, de Montpellier, Cannes de Mois- sac, et grâce à ces Messieurs je pus commencer à créer une collection de Vignes au Comi(-e agricole de Toulon dont j'é- tais secrétaire. M. Hardy, du Luxembourg, me favorisa de ses envois ; je reçus aussi des vignes de plusieurs endroits et leur nombre s'est élevé à près de 500 pieds ditférents; j'ai pu en même temps débrouiller la synonymie de plusieurs cépages, ce dont je fis part au comte Odart qui en a usé largement. Confiné à Textrémité sud-est de la France, ces efforts seraient ignorés, si M. le docteur Jules Guyot, dans son travail sur le sud-est de la France, ne nous avait rendu justice. J'ai acclimaté le Syra à Toulon, d'abord dans notre collection de Vignes, ensuite dans mes vignobles; des essais de vinification ont été faits, dans le calcaire graveleux de notre champ d'essai, et ont donné des échantillons parfaits qui ont remporté , en 1860 à Paris, une médaille d'argent. Ce vin n'avait que deux feuilles, mais il n'avait cuvé que six jours ; aussi me suis-je demandé si ce n'était pas par suite des cu- vaisons d'un mois que le vin de l'Hermitage exigeait six ou sept feuilles avant d'avoir la i)lénitude de ses qualités. J'ai multiplié le Cabernet Sauvignon, et dans notre champ gra- veleux, ce plant du Médoc a aussi un vin qui avait le cachet du Haut-Brion, ainsi que font déclaré tous les connaisseurs dans les banquets annuels de dégustation du Comice. J'ai propagé le Merlot dont le vin est plus tôt fait que celui du PROCÈS-VERBAUX. 069 » Cabernel, la Serine de Côte-Rùlie : ce sont des acquisitions » de valeur. J'ai aussi les Pinots qui ont moins bien réussi; » mais le succès a été complet pour les Petits-Gamays du » Beaujolais, dont je fais toutes les années plusieurs hectoli- » très d'un vin si agréable, que j'ai eu de la peine à en boire )) d'autre quand j'ai commencé à m'y habituer. Malheureuse- - » ment ce vin s'acidifie facilement, il faut le mélanger à celui » du Mourvédié qui a plus de solidit(''; d'autre part la Vigne, )) poussant trop tôt, craint excessivement les gelées printa- » nières.-I'ai fait aussi des essais sur les Côts, le Nebbialo ou Me- » lascone, le Muscatellier de Genève, les Teinturiers, l'Estran- » gié, le Baclou du .lura, le Pulsart, le Verdeilho de lAIadère » qui n'est pas sans mérite, ainsi que la Noire menue de Lor- » raine que je propage. Du Languedoc, j'ai propagé le Mou- » rastel, le Boudalis; l'Aspiran, si apprécié de nos voisins, n'a » pas d'avenir chez nous. Une seule chose m'épouvante, c'est » que mes forces physiques ne sont plus en rapport avec ma » passion ampélographique et œnologique. » — M. David donne les renseignements suivants sur les Bambous : « Le docteur Gh. Martin, attaché à la Légation de » France à Pékin, vient de me prêter le muméro de novem- » bre 1867, du Bulletin de la Société cC acclimatation , dans » lequel est inséré la fm d'un travail de M. P. Joseph- » Lafosse, sur les Bambous à introduire en France. L'auteur » de ces intéressantes études y cite mon nom à la page 675, à » l'occasion du Bambou de Pékin, et il fait justement remar- , » quer, dans une note, l'inexactitude d'une de mes observa- » tions sur la croissance de cette plante. Je dois à la vérité de » rectifier mon assertion en vous informant au plus tôt que » notre Bambou ne s'écarte pas dans son développement de la » règle générale. Quand j'écrivais en 186Zj, à la demande de » notre Ministre, M. Berthemy, ces renseignements sur les )) productions du nord de la Chine, j'entendais encore peu la » langue de ce pays. Ayant demandé combien il faut de temps » à notre Bambou pour faire sa croissance, il me fut répondu » qu'il lui faut plusieurs années, sans que mes Chinois dis- D tinguassent le verbe tchang-ta (devenir grand) du verbe 670 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tchang-kao (devenir haut) ; de là mon erreur. Alors je n'a- vais point eu encore le lenips de faire des observations per- sonnelles. Le fait est donc que les tiges de notre Bambou at- teignent leur modeste hauteur dès la première année, et que ce qui continue à croître encore plusieurs années, c'est l'épaisseur du bois et les branches ou ramilles. Du reste, il est vrai que notre petit Bambou est probablement l'espèce la plus rustique du genre, et que, sous ce rapport, il serait, pour le moins agréable de le posséder jusque dans les par- ties les plus froides de la France. J'ai eu déjà l'honneur de vous assurer de mon dévouement à l'œuvre de l'acclimatation dont vous vous occupez avec un zèle si éclairé. Plusieurs obstacles, dont le principal est la guerre civile, m'ont em- pêché jusqu'aujourd'hui de partir pour un long voyage d'exploration, par commission de S. Exe. le Ministre de l'instruction publique et du Muséum; mais cela ne durera plus longtemps, et si je trouve à faire quelque chose d'utile pour votre Société je n'en perdrai pas l'occasion : je suis déjà convenu de cela avec le zélé M. Uabry et le docteur Ch. » Martin. » — M. le docteur Martin annonce l'envoi d'une caisse renfer- mant des spécimens de Bambous du Nord de la Chine (re- mercîments), et ajoute : « Ces souches contiennent deux » espèces. Bien qu'il y en ait un plus grand nombre dans le » Nord, je m'en suis tenu à ces deux seules, les autres étant » plus petites, moins rustiques, moins belles et ne remplissant » par conséquent pas le but que la Société se propose. L'une » d'elles {Ichou-ta-iedze) , la plus grande, se distinguera faci- » lernent de l'autre par les intervalles moins grands séparant » les nœuds. Elle peut atteindre la grosseur du bras et plu- » sieurs mètres de hauteur. La seconde {tchou-ciao-iedze) a » des nœuds plus espacés : sa tige est plus grêle, mais atteint » à peu près la même hauteur. Elles sont toutes deux assez » rustiques. Cependant, il est utile de savoir que les Chinois » les plantent dans des endroits un peu abrités et rarement en « pleine campagne, à cause des froids rigoureux et des vents » violents qui régnent dans ce voisinage de la Mongolie. » PROCÈS-VERBAUX. (i71 — M. le docteur Mourier annonce l'envoi de Blé précoce du Japon et de Riz de montagne. — Remercîments. — M. de Buvry écrit : « La Société impériale d'acclimata- » tion a bien voulu sur ma demande m'adresser des graines » de Cinchona offkinalis provenant des Indes anglaises. C'est » avec un plaisir bien vif que j'ai l'honneur de vous annoncer )) que ces graines ont été expédiées par moi immédiatement à » un de mes correspondants établi au Chili. Ce correspondant, » grand ami de l'acclimatation, est le docteur F. Fonck, mé- » decin de la colonie Llanquitine, près Puerto-Montt,qui désire » introduire cet arbre précieux au profit de l'humanité souf- » frante. Par date du 10 mai, M. Fonck m'avertit de la réussite » complète de ce premier essai de culture. Du petit nombre » de graines que je lui avais remises, vingt-huit plantes ont » levé à sa grande satisfaction. Des remercîments qu'il croit » me devoir pour cet heureux succès, je serais ingrat, si je ne » les faisais pas remonter à leur première source, c'est-à-dire » à vous. Monsieur et très-honoré Confrère. » — 11 est déposé sur le bureau un numéro du Moniteur de la Réunion annonçant l'arrivée de trente barils de Canne im- périale provenant de Va Société, et qui sont arrivés en assez bon état, quoiqu'ayant soutien de la traversée de la mer Rouge. — M. le Président delà Société d'acclimatation et d'horticul- ture de Mirecourt (Vosges) adresse un rapport sur ses cultures. — Des demandes de graines sont faites par MM. de Fe- nouillet, d'Ivernois, Denis et par la Société d'agriculture de la Lozère. — M. Turrel écrit ceci : (( .\vec le concours d'hommes dévoués » je m'occupe de la création, à Toulon, d'une Société d'horti- » culture qui prendra le titre de Société d'horticulture et d'ac- » climatation du Var. Notre organisation est déjà fort avancée » et je puis vous dire que nous avons l'intention de nous )) mettre en relations intimes avec la Société impériale d'ac- » climatation, pour la seconder de tout notre zèle en ce qui » concerne la multiplication des végétaux d'importation ré- » cente et utile. » 672 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. M. Tiirrel prie le Conseil de faire venir de Jaffa (Pales- tine) des Grenadiers qui donnent des fruits magnifiques, ainsi que des plants ou des boutures de Grenadiers de Malte et de Yalence. Il exprime également le désir de voir essayer dans le Var, les Alpes-Maritimes el l'Algérie, un Oranger de Bahia (Brésil), dont les fruits sont remarqua- blement exquis. Le Secrétaire du conseil, Cil. Wallut. A III. CHRONIQUE. \'Ote sur la récolte des triifles da«s le département de la llaute-.^ïarne, Par M. A. Passy. On récolte dans les forêts chi département de la Haute-Marne, aux en- virons d'Arc-en-Barrois et de Châteaux illain, deux espèces de Tnilîes : l'une est le Tuber œstirum ; l'autre le Tubei- rufum. Toules deux ont éti' déliM-- minées par mon savant confrère M. Tulasne, à qui je les avais soumises. La note que j'ai l'honneur de lire à la Société a beaucoup moins pour ob- jet une question de botanique qu'une question d'habitat et du mode de re- production des Truffes. En donnant des observations précises sur les localités où l'on trouve les Truifes, sur leur station, sur la méthode suivie pour les découvrir, on peut lever quelques-unes des diflicuités qui entourent l'observation exacte des cir- constances dans lesquelles cette production se manifeste, circonstances sur lesquelles tant d'incertitudes régnent encore. Ces incertitudes ont conduit à des systèmes singuliers sur la culturedeces comestibles, et sur leur origine. L'exposé de la manière dont la récolte s'opère dans les lieux où je l'ai pu observer, et les conséquences que l'on peut en tirer me paraissent de nature à expliquer quelques poiuls douteux. Habitat. — Dans les taillis au-dessous de sept ou huit ans, on ne trouve pas de Truffes, mais, depuis cet âge jusqu'à la révolution de la période d'exploi- tation de A ingt à trente ans, les produits suivent une progression qui ne fait que s'accroître en raison de l'âge avancé des coupes, surtout lorsque la ré- colte se fait annuellement, en temps opportun et saison convenable, après parfaite maturité. Ainsi, la première année de récolte a lieu lorsque le taillis est parvenu à sa neuvième année, et alors la Truffe, sous la mousse et sous les pierres éparses à demi enterrées dans le sol, se rencontre presque à ffetir de terre, toutefois en petite quantité. Mais, les années suivantes, quand le terrain a été exploi-é, et par conséquent cultivé par la houe ou pioche du truflier, les Truffes de- viennent plus abondantes, mais aussi plus difficiles à déterrer, parce qu'elles sont plus profondément enterrées. Les trufliers déclarent qu'ils n'ont jamais rencontré de Truffes adhérentes à des lils ni à des corps étrangers, qu'elles croissent à l'ombre, au milieu des débris de feuiUes de Chêne et d'autres essences sans distinction, pourvu tou- tefois que le sol soit maigre, pierreux et mélangé de très-peu de terre végé- tale. On les trouve donc isolées, mais disposées connue un cliapelet et formant un cercle, ainsi que c'est le mode de croissance de plusieurs espèces de Champignons. 2*^ SÉRIE, T. V. — Septembre 1868. 43 67/î SOC[ÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Les cépées de Coudrier passent pour être les plus favorables à la végétation des Truffes ; mais cotte préférence n'exclut pas les autres essences, et Ton a aussi renconlré des Truffes en abondance sous les Pins sylvestres dans les environs d'Arc-en-Barrois. Elles se montrent même dans les jardins et jusque dans le cimetière de cette ville. Récolte. — Chaque année, les truffiers demandent et obtiennent des pro- priétaires de bois des permissions pour chercher les Truffes, et \oici com- ment ils procèdent à celte récolte : Armés dune houe d\me forme triangulaire, ils conduisent dans les taillis de petits chiens dressés à cette chasse. Ces chiens, qui n'apparlieiment pas à une race spéciale, reçoivent une éducation particulière, et Ton préfère, pour leur donner leur ins'.ruction, ceux qui descendent de père et mère qui ont déjà exercé. Leur éducation est simple ; elle consiste à caciier un morceau de Truffe avec un morceau de lard dans un sabot rempli de terre, et, quand ils les ont trouvés par Fodoral , on leur donne un petit morceau de pain. Lors de la récolte dans la forêt, chaque fois qu'ils ont indiqué une Truffe, la même récompense économique leur est donnée. Un chien- truilier se vend jusqu'à loo francs. Les chiens de chasse ne sont jamais dressés par les truffiers, parce que leur instinct les porterait à chercher des traces de gibier plutôt que les Truffes. Les chiens, ainsi menés par les truffiers, quêtent le long des allées, des sentiers, dans les taillis, et, quand ils rencontrent une Tiuffe, Us s'arrêtent et commencent à gratter ta surface du sol ; ie maître donne un coup de pioche et découvre la Truffe, puis il suit la trace en découvrant le cercle où se trouvent les autres tubercides. Conuneni le chien est-il guidé par son odorat? [ci il y a une remarque à faire. La première Truffe rencontrée est toujours piquée par un insecte, généralement par un coiéoptère que M. Guérin-Ménc ville a reconnu pour être VAnisotoma cinnamomea. Ce coiéoptère vil à l'état de larve dans les Truffes qu'il perfore et gale. On le trouve dans tous les pays où l'on ren- conlré des Truffes ; il n'est rare nulle part. Quelques personnes ont pensé que cet insecte, comme beaucoup d'autres, est la cause de la production des 1 ruffes en piquant les racines des arbres et provoquant ainsi la naissance du tubercule sous terre, comme les Cyuips provoquent le développcuient des galles sur les branches. Il était plus naturel d'admettre que cet insecte et les autres assez nom- breux qui se trouvent dans les Truffes n'ont d'autre objet que d'en faire leur nourriture. Mais, ce que l'on doit reniarquer, c'est que le petit chien- truffier s'arrête toujours sur une Trulfe piquée par un insecte ; en effet, le parfum decelie-ci est plusdé\eloppé, et cette circonstance explique comment le chien la découvre plus facilement que les autres. 11 arrive que le chien passera sur un dépôt de Truffes sans s'arrêter, et puis, s'il revient au bout de quelques heures et qu'une Truffe ait été piquée CHRONIQUE. 675 dans rintervalle, il la trouve immédiatement. La piqûre ne fait que donner lieu à la manifestation du parfum. Quand les triiffiiers ont fait leur récolte en poursuivant les tubercules qui occupent le cercle où elles végètent, ils ont soin de piocher la terre, d'enlever les mousses : c'est ce qu'ils appellent cultiver ïes Truffes. Ils piochent même les truffières déjà exploitées et qui leur paraissent en mauvaise condition. Un bon iruflier peut gagner jusqu'à '200 francs dans sa saison. Les Truffes sont vendues à Arc et conservées dans des bocaux ; on en expédie des quantités notables à Strasbourg, où elles sont mêlées avec celles du Périgord. Sans doute les Truffes de Bourgogne et de Champagne n'ont pas la qualité de celles du Périgord ; mais celle qui sont bien mûres exhaleul cependant un parfum presque aussi agréable. Cette exploitation occupe trente personnes dans la seule commune de Richeboiirg, sur la rouie d'Arc à Ghaumont-en-Iîossigny ; les autres com- munes du voisinage n'offrent qu'un truffier ]îar localité. Ce qnc je viens de dire est le résumé d'observations faites en la compagnie des îruiTiers et sur leurs déclarations, après une enquête faite pendant plu- sieurs années, et confirmées par des propriétaires du pays. il en risuilc que les Truffes croissent à rom!)rc des cépées et des arbres de toutes les essences et même sous les arbres-veris, et Ton trouve cette note dans le Moniienr du 18 décembre 1860 sur les J rutfes de l'Algérie : « L'Algérie produit en certains endroits d'abondantes Trulfes noires, d'un » grain délicat et d'un délicieux arôme. On remarque que la Trull'e qui, en » France, semble se plaire dans le voisinage du Chêne et du Charme, vient » en Afrique plus abondamment à l'ombre des Pins et des Cèdres et quel- » quefois loin des racines de toute espèce d'arbres, n A cette dernière observation j'ajouterai qiie, dans la Haute-Marne, la Truffe rouge {Tuber rufum) vient' non-seulement sur les bordures des forêts, mais aussi dans les champs du \ oisinage, à une certaine distance des bois, autour d'arbres isolés. 11 demeure encore constaté que les Truffes ne sont découvertes que dans les taillis âgés de sept à huit ans, et qu'elles se rencontrent di.sposées en cercle ; que les insectes qui les piquent en i'onl leur nourriture, mais qu'elles ne proviennent pas d'une excroissance sur des racines piquées par les insectes. Leur mode de reproduction naturelle n'est pas encore parfaitement connu. Il est difficile à observer, mais on peut tirer de ce qui précède l'induction que leur végétation n'est pas différente de celle des autres genres de 'i'ubéracées. A la suite de cette communication, M. Gubler présente les observations suivantes : La communication de M. Passy a nécessairement excité la curio.sité et l'in- térêt de la Société; pour ma pari, j'y ai trouvé un attrait tout particulier, parce que je viens de recueillir des renseignements presque entièrement con- formes sur la récolte des Truffes en Provence. 676 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. Dans les environs de Grasse, que j'ai surtout parcourus, ces Cliampignons croissent en grand nombre dans la rt'gion montagneuse. Entre autres loca- lités qa\ en sont abondamment pourvues, je citerai les communes d'Aups, de Saint-Césaire et la montagne de Courmetle. Los Truffes sont d'une chair généralement noire. Je m'en procurerai une série d'échanlillons, puisque cela intéresse la Société, mais, pour le moment, je ne suis pas en mesure d'en déterminer rigoureusement l'espèce ou les espèces. C'est sous le Chêne à feuilles caduques que la Truffe vient le plus comnnuiémenl. Je saurai vous dire plus tard quelle est la variét(' qu'elle préfère, car il y en a une. Au reste, elle se rencunlre quelquefois en assez grande quantité sous les Gades {Juni- perus oœijcednis), ainsi que sous les Coudriers, mais ce sont surtout les forêts de Chênes blancs qui sont exploitées. Ces forêts, siluées sur des pentes ou des plaleaux calcaires en partie re- vêtus d'une couche d'argile rouge ferrugineuse, ne comptent qu'un certain noml)rc iVarhres Irnffiers parfaitement connus des hommes qui se livrent à la recherche des Truffes. Telle est l'influence reconnue des arbres sur la pro- pagation du Champignon, que les fermiers stipulent expressément dans leurs baux : qu'il ne sera pas abattu un seul de ces arbres- Iruûicrs ni même une de leurs branches principales. [/exploitation se fait en elTet de deux manières : 1° par des fermiers à bail comme je viens de le chre ; 2" par des chercheurs, ou chasseurs de Trufles, nomades, qui partagent la récolte avec le propriétaire. Je ne parle pas de l'exploitation clandestine par les maraudeurs, qui n'est pas la moins active. Quant à la récolte, elle s'efi'ectue par deux procédés. A-t-elle lieu dans des conditions licites, elle se fait d'ordinaire à l'aide de cochons efflanqués et agiles, que j'appellerai, si l'on veut, des porcs de course, ou, a\ec M. le docteur Maure, des cochons-lévriers. Ces animaux, très-habiles à découvrir le précieux comestible, reçoivent un gland en échange de chaque Truffe qu'ils amènent à la surface de la terre. Le procédé suivant, beaucoup plus curieux et moins connu, semble avoir été inventé par les braconniers de Tindustric trutlièro, qui seraient, dit-on, restés longtemps en possession exclusive de leur secret. Ces hommes, ne pouvant mettre à prolit l'instinct merveilleux du cochon dont la présence les aurait trahis, ont mis un insecte de complicité dans leurs manœuvres. C'est une mouche qui les avertit de la présence des Truffes. Lorsqu'ils l'aperçoi- vent, ils en suivent avec attention les mouvements, et, dès qu'ils la voient, après des circuits plus ou moins nombreux, revenir toujours ;\ la même place et finir par s'y poser, ils jugent que là doivent exister des Truffes, et leur attente n'est jamais trompée. L'indice fourni par ces diptères est telle- ment certain, que les propriétaires eux-mêmes se laissent guider par eux lorsqu'ils n'ont pour but de récolter quo la provision d'un jour, car, on le conçoit, le moyen est peu expéditif. Les mouches en question sont d'une couleur blonde ou fauve, d'une CHRONIQUE. 677 forme plus allongée et plus élégaïUe que celle de la mouche domestique. J'en possède deux individus qui pourront être soumis à un entomologiste pour en faire la détermination spécifique. Si la Société le désire, je demanderai des détails plus circonstanciés sur la récolte des Trulïes à deux hommes distingués habitant les Alpes-Marilimes, M. le docteur Maure, déjà nommé, et M. Morel, propriétaire de Gourmette, membres tous deux de nos anciennes assemblées législatives. Je n'ajoute qu'un mot : c'est que l'existence d'une truffière peut, jusqu'à un certain point, se deviner d'après l'aspect du sol, qui est aride, stérile, dépourvu d'herbe et fendillé. j\I. Passy dit que, dans le département de la Haute-Marne, on sait aussi qu'il y a une espèce de mouche qui pique les Trulles, mais qu'il n'a pu se procurer cet insocle. [Plusieurs membres font remarquer que les Truffes sont maintenant re- cherchées avec succès dans plusieurs localités des environs de Paris, près d'Étampes, de Nemours, de Magny-en-Vexin, etc. M. Brongniart rappelle qu'il y a une quinzaine d'années on exploitait les Truffes au bois de Mncennes ; il ajoute qu'aux environs de Paris on a l'iia- bitude de récolter ces Champignons hypogés trop tôt, en septembre ou oc- tobre, et qu'il faut attendre le mois de novembre pour avoir des Truffes sa- voureuses. M. Andry dit qu'il a \u des Trulles, récoltées avant leur maturité et alors presque dépourvues d'odeur, nulrir sur l'appui d'une fenêtre et accpiérir une saveur très-par fumée. (Bulletin de la Société botanique de France, t. VIII, 1861, n« 4.) De relève du Monûl. etc., en Angleterre, Par M. E. Blyth. Pour satisfaire à la demande d'informations adressée par AI. William Smyth, je ferai remarquer que depuis plusieurs années le Monâl (LopJw- phorus impeijanus) a été régulièrement élevé au Jardin zoologique de Uegent's park, huit ou dix jeunes étant le chiffre habituel produit par un couple d'Oiseaux. Les diverses espèces de Faisans-rallij s'élè\ ent aussi par- faitement, les Tragopans beaucoup moins bien; ces derniers ont en effet reproduit la première saison, apiès leur importation, et moins bien depuis cette époque; aujourd'hui même il ne reste plus de Coq de l'espèce du Tra- gopan rouge de l'Himalaya oriental {Ceriornis satyra), et d'une autre espèce chinoise de la même famille [Ceriornis Temmincki], il se trouve au contraiie trois Coqs et point de Poule, la femelle de ce Tragopan n'ayant pas été reçue au Jardin jusqu'à ce jour. Le Cheer {Phasianus Wallichii) donne régulièie- ment des produits, mais sans multiplier rapidement, comme il le feiaii pro- 678 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. bablement s'il étail mis en liberté. Au nombre des espèces qui promeltenl un accroissement rapide, il faut citer le superi)e Faisan de Reeves, ou, comme nous pr 'ferons le nommer, le Faisan royal {Phasianus Reevesii) ; le Faisan de Formose {Euplocomus Swinhœi), et particulièrement le beau Faisan à aigrettes de Manlchourie {Crossoptilon auritum). Les Faisans cuivrés du ^apon {Phasianus Soemmerringli) n'ont pas encore reproduit, et de tous les Oiseaux introduits primilivement, il nous restft un seul beau mâle ; mais l'arrivée récente de trois Coqs et quatre Poules (de la race ou variété dé- nommée Phasianus scintillans, par M. Gould) fait espérer quelque accrois- sement pour l'année prochaine, car les Coqs s'accordent beaucoup mieux avec leurs femelles, tandis qu'en général, parmi ces diverses espèces de Faisans, on remarque Textrème difficulté de conserver deux Poules vivant en bonne intelligence dans le même compartiment. Plusieurs Poules, mises en- semble, seraient peut-être d'humeur moins querelleuse, surtout si elles vivaient en liberté dans un fourré ; mais jusqu'ici il n'y a point eu sur- abondance de femelles, le plus souvent le cas s'est trouvé le contraire, et, par conséquent, les Poules ont été généralement appariées séparément Tune de l'autre. Nous possédons trois Coqs et cinq Pouiesdu Faisan royal {Phasianus Reecesii) dans les collections de Regent's park, et deux mâles ont chacun deux femelles, comme aussi deux Coqs de Faisans cuivrés scintillans, et l'on a maintenu de la sorte, avec succès, V Euplocomus lineatns pendant toute la saison dernière. Les Faisans à aigrettes semblent s'annoncer pour devenir une race domestique de basse-cour, et les Monàls paraissent également disposés à demeurer dans le voisinage des dépendances d'une maison de campagne tout aussi familièrement que le Paon, tandis que les Tragopans, si l'on pouvait en obtenir une bonne reproduction, choisiraient peut-être une existence plus sauvage au sein des parcs bien boisés. Nous pouvons espérer voir iniroduire avant peu la seconde belle espèce de "^Jonàl du nord de la Chine, dont on voit des individus des deux sexes empaillés dans la galerie ornithologique du British Muséum, le mâle même n'étant évidemment pas dans son plus beau plumage. En traversant à pied Regent's park, il y a peu de temps, j'ai entendu dans un bosquet, et répété souvent par intervalles, dans le fait, aussi longtemps que j'étais à portée de la voix, le chant si fort el impossible à ne pas recon- naître d'un Coq des jungles, Sonnerati, et on peut le supposer accompagné d'une ou deux Poules. Cette espèce n'a pas été vue en liberté au Jardin zoolo- giquo depuis plusieurs mois, mais le Coq, tout au moins, semble s'être njain- tenu à l'écart dans les bosquets du parc. Depuis le moment où cesUgnes ont été écrites, j'ai vu une paire de Sonnerati au Jardin zoologique. (Extrait du Land and Water, vol. IV, n" 9/i, samedi 9 novembre 1867.) CHRONIQUE. 079 Succès obtenus dasîs !'élève des divers oiseaux de l'ordre des Gallinacés, en 1867. A la dernière r(^iinion de la Société zoologique, ^.L Barilett a donné lecture d'un mémoire fort int('ressant sur les diverses espèces d'Oiseaux élevés dans les jardins de la Société dans le courant de Tannée 18fi7 ; cette liste renfer- mait un îrès-grand nombre de Gallinacés. Parmi les Faisans nous trouvons les espèces suivantes : le Lophophore, le Faisan à aigrettes, de Pallas (f ros- soptilon auritum) ; le Faisan vénéré (de Reeves), le Faisan de Swinhoë, le Faisan versicolor, le Cheer ou Faisan de Wallich, TEuplocome lineatus, et TEiiplocome violet (de Horsfield). On a réussi à faire éclore également plu- sieurs individus du 'i'inamou Isabelle {Ryncfwtes rafescens), des métis de Dindon sauvage, des Coqs des jungles Ban-Kiva, des Talegalla Lathami.des Casoars de la Nouvelle-Hollande, etc. Au nombre des Ciseaux d'eau élevés avec succès, il faut mentionner les Canards obscurs {Anas obacura), de Bahama et de la Caroline; les Canards tadornes (Tadorna rutild et varie- gata), et les Oies bernaches du Magellan, à tèle rousse, et bernaches du Magellan, à tête grise. Le Milan noir [Milans œgyptius], le Cardinal à huppe noire et la Perruche couronnée [Pspphotufi multicolor) ont eu également des jeunes.M. Barilett rapporte, relalivement à ce singulier Gal!inacé,leTinamou, que le mâle couve seul, semblable, sous ce rapport, aux Oiseaux du groupe des Struthionidés. Deux femelles ont pondu le chiffre énorme de quaire- vingt-cinq œuis dont vingt seulement éclorent, car on finit par découvrir que les parents dévoraient les œufs avant la sortie des jeunes. La période d'incubation pour celte espèce dure vingt el un jours, et de vingt jeunes éclos on réussit à en élever seize. Du magnifique Faisan de Reeves, trois fortes femelles bien portantes ei mi mâle ont été élevés pendant la saison écoulée. Quelques nouveaux individus du superbe Faisan versicolore arri\ è- rent au Jardin le 27 juillet et se mirent aussilôt à pondre; trois jeunes sont éclos le 20 septembre. ^L Barlleit relaie qu'on se donna beaucoup de peine pour élever ces jeunes, afin d'obtenir un peu de sang nouveau pour les ver- sicolores existant acluellement en Angleterre, et tous alliés de très-près les uns aux autres Des trois jeunes éclos, deux belles i'eiaelîes en bonne santé ont survécu après avoir parfailemenl mué, bien que nées si lard dans la sai- son, fait qui prouve la grande vigueur de l'espèce. Les sept premiers jeunes éclos des Faisans à aigrelte de Pallas moururent de l'inflammation de la trachée {gapes) occasionnée par la présence de petits vers iixés dans Tinté - rieur de la gorge. La seconde couvée éclose fut transportée dans la nouvelle volière, et y fui élevée heureusement ayant pour boisson de l'eau préalable- ment bouillie, afin d'ôter aux Oiseaux toute possibilité de recevoir les larves des vers causant l'inflammation en buvant. Par rapport au Faisan de Pallas {Crossoptilon auritum), Isï. Barilett remarqua c fait Ircs-extraordinaire, que les Oiseaux de l'espèce reproduisent à Tàge d'un au et avant d'avoir acquis leur plumage définitif. 680 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUR d'ACCLIMATATION. Nous adressons, en terminant, nos sincères félicitations à la Société zoolo- gique et à M. iîarllell pour le niai;ninqiie succès qui a couronu(' leurs eirorls clans rélevage des Gallinacés, durant le cours de la saison écoidée. (Traduit du journal theField, du 15 février 1868.) Nous appelons tout parliculièrenient l'attention de nos lecteurs sur les faits suivants ayant rapport à la maladie si fatale connue sous le nom de gapcs, ou ou inflammation de la trachée, occasionnée par la présence de petits vers fixés dans Tintérieur de la gorge, et cause de la mort de tant de jeunes Fai- sans el autres Gallinacés. La première couvée de Faisans à aigrette, de la Chine, éclose au Jardin zoologique de Londres, fut mise en plein air, sur le gazon, avec la Poule leur mère adoptivc ; tous les jeunes Oiseaux, sans excep- tion, moururent de ce mal après s'être remarquablement bien développés pendant quelques semaines. La seconde couvée de la même espèce fut placée dans une volière à couvert, où la seule eau qu'on leur donna avait été préalable- ment bouillie. Tous lesOiseauxgrandirent parfaitement jusqu'au moment où, arrivés à peu près à la taille des Perdrix, ils furent transportés également au dehors sur un terrain couvert d'herbes, et peu après on trouva l'un d'entre eux atteint d'inflanuuation de la trachée (gapps) et paraissant si !)ien sur le point de niourir qu'on doutait avoir encore le temps de le transporter vivant à la demeure du surintendant, ]\L Bartiett. Cet Oiseau guérit néanmoins par l'application d'un remède fort simple, et le jour suivant il était aussi fort et aussi vigoureux qw jamais. Le moyen employé fut de prendre une plume de la grandeur convenable el la dépouiller de ses barbes latt'rales jusque près du bout, en laissant une très-petilc touffe à l'extrémité. Ce bout fut trempé dans de l'huile d'olive et ensuite dans du sel ordinaire broyé très- fin, dont un peu demeura adhérent à l'iuiile, puis aussitôt inséré dans la trachée-artère à travers le larynx et doucement tourné dans tous les sens à l'intérieur de celle-ci. L'effet du sel fui de détacher immédiatement les vers, que l'Oiseau expectora à l'instant, avec une quantité de mucus, et fut bien- tôt complètement guéri. Il semble hors de doute que les germes des para- sites appelés vers, qui infestent !a trachée, sont pris avec l'eau par les Oiseaux en buvant, et ces germes sont détruits en faisant bouillir i'eau. Nous oft'rons donc ici à nos lecteurs les moyens à la fois de prévenir et guérii- cette maladie si fâcheuse et si meurtrière. (Extrait du LaïuJ and ^V(lter, 10 août 1807, p. 33.) Production du iiîiel et de la eirc en Italie. Le paysan italien prend, en général, peu de soin de ses abeilles; les ruches sont le plus souvent d(! bois et les abeilles sont détruites pour récol- ler le miel Les nombres sui\ants représentent la production du iiiiei en Italie, réparlie par provinces : '''""■' " CHRONIQUE, ■ 681 Quantités Valeur eu kiloïf. vn Iranos. Piémont et Ligiirie 380 000 300 000 Lombardie 179 880 170 000 Vénétie 17Zi 160 165 000 Emilie, Ombrie et Marches 189 8/i0 190 000 Autres provinces 600 000 560 000 1523 8S0 1385 000 Le meilleur miel provient de Bormio en Italie, d'Empoli en Toscane et d'Oirante dans les provinces napolitaines. Le miel est du reste en Italie un article de simple consommation intérieure; l'exportation qui peut en être laite est tout à l'ail peu considérable. r>a production annuelle de la cire en Italie est donnée par les chilfres sui- vants : Quantité Valeur en kilogr. «u IVaacs. Piémont et Ligurie 75 000 350 000 Lombardie 72 000 oZiO 000 Vénétie 59 920 250 000 Emilie, Ombrie et Marches 33 900 150 000 Autres provinces l/lOOOO 500 000 Total 380 820 1 590 000 Les deux tiers environ de cette quantité sont employés a la confection de i ougies de cire; le reste est blanchi et moub'- en pains pour le commerce. Les fabricants de cet article en Piémont et en Ligurie sont au nombre de 102 et la quantité de cire employée chaque année est de 327 9/i6 kilogr.; re- présentant une valeur de 1 700 000 francs. Pour produire cette quantité, les fabriques piémontaiscs emploient 365 000 kilogr. de cire de toute espèce. Les 94 fabriques de Lombardie donnent chaque année 3'i2 000 kilogr. de cire préparée et ouvrée, pour la valeur de 1 650 000 francs. Les fabriques vénitiennes, qui produisent 500 000 kilogr. de cire chaque année, emploient 100 ouvriers. A Venise, M. Gavazzi s'est servi très-avan- tageusement de la vapeur pour la liquéfaction de la cire. La Toscane compte 11 fabriques-, dont la plus importante appartient à M. Carobbi de Florence. Parmi les 28 maisons industrielles de l'Emilie, del'Ombrie et des Marches, nous mentionnerons celle de Bologne, de Foligno, de Perugia, d'Ancone, d"Asc(»li et de Pesaro, qui produisent de la cire pour une valeur de 1 325 000 francs. Dans les provinces napolitaines, nous citerons MM. Pensa et Marcozzi de Cerchiello (Abruzzes) qui pn'-parent des byu'j;ies et de la cire de toute es- pèce, ainsi que MM. Marcone, de (Ihieti, etPedia, de Lecce. Comme la production de la cire en Italie n'est pas suffisante pour ahmenter (382 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTION. la consommalion, une forte proportion de cire brute est import(5e annuelle- ment dans ce pays ; la meilleure qualité est fournie par la Moldavie, la Va- lachie, la Bosnie et TArchipel ; la seconde qualité vient de la l\»lo;^ne, de la Hongrie, de la Transylvanie, de l'Afrique eî de l'Amérique ; et la troisième qualité des îles de Cuba et de Saint-Domingue. Le tableau suivant donne le montant des importations de 1863 à 1865 : (Jiiantités en (|Miiitaux. 1863 9517 186/1 8436 1865 , 8517 8832 Valeur en IVanes. 3 996 000 3 532 000 3 591 000 3 706 000 (Extrait du Journal of the Society of arts An vendredi 17 juillet 1868, ii° 817, vol. \VI, p. (j26. — Considter sur le même sujet l'Italie économique, p. 99.) A. A. D. Élevage et acelimotatîoiî du Casoar on Dromée îF Australie [Australian Emeu, Droma'us irroratu^), en Aïîgieterre. Tous les membres de notre Société connaissent les ellbrts qui ont été faits par M. William Bennett pour acclimater en Angleterre Vi Gasoar ou Dromée d'Australie, et qui nous ont été signalés dans les notes si intéressantes de M. f'ierre Picliot. Au commencemeni de 1867, M. A. Touchard faisait à noire Société une communication sur le Casoar ou Dromée, dans laquelle, tout en engageant les personnes qui disposent de vastes parcs, enclos de murs, à s'occuper de celle acclimatation, il émettait l'opinion que cet essai pré- senterait de grandes diÛicultés, dont la principale serait l'époque de leur ponte. «Comment, en effet, disait M. Toucharic Kozuare unserer zuolo- gische Gurlcn. Cet article donne notauimenl quelques détails sur la Moovuk {Casuarius BenncUi) el le Casuarius uinappciidiculaiius. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE (1). PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE, Par M. I». de BOi'R.lKOFF (délégué de la Société à Odessa). CONSIDÉRATIONS GENERALES. Parmi les régulateurs les plus puissants de la production en général et de la production animale et végétale en parti- culier dans un pays quelconque, il faut, ainsi que le fait observer avec raison M. de Buschen dans son Aperçu histo- rique des forces productives de F empire russe, compter le climat et le sol. En Russie, le climat, vu l'énorme étendue de l'empire, joue un rôle très-important et détermine, de concert avec la posi- tion géographique et la configuration du sol, non-seulement le nombre et la nature des produits, mais encore toutes les conditions de la production et le genre de vie des populations, qui suivent forcément l'impulsion donnée par la nature elle- même. Les conditions climatériques de la Russie sont très-variées, n est notoire que le voisinage des grands bassins d'eau tem- père les chaleurs au miheu de l'été et les froids pendant l'hiver ; or, la plus grande partie de la Russie est éloignée de la mer et soumise à toutes les rigueurs d'un climat essentiel- lement continental. La majeure partie de la Russie d'Europe est séparée de l'Océan par toute l'étendue de l'Europe occi- dentale et exposée au vent du nord, venant de la mer Glaciale, et au vent du nord-est, venant de la Sibérie. Quant à la Sibérie , elle est fermée à l'intluence du sud par de vastes chaînes de montagnes et entièrement exposée au vent boréal qui y refroidit la température. Le sud et le sud-est de la (1) La Sociélé ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Ihdktin. a^ sÉirn;, T. V. — Oclobic lîJOS. 44 690 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. Russie d'Europe sont sous la domination du voisinage de l'Asie centrale. Les vents venant du sud-est n'apportent jamais la pluie et occasionnent souvent des sécheresses. Aussi, toute cette partie de l'empire qui, d'après sa position géographique pourrait compter sur un ciel indulgent , se trouve sous la domination alternative du froid et de la chaleur qui rendent le climat inconstant et occasionnent une grande différence de température entre l'été et l'hiver. Seulement, les parties dé- fendues du nord par des montagnes, comme la Transcaucasie et une partie de la Grimée, jouissent d'un climat doux et ré- gulier. Toute la portion, relative au climat de Piatigorsk, de la brochure publiée récemment par M. le docteur Smirnoff, sur les eaux médicinales de celle région, fait ressortir l'exactitude de ce que nous venons de dire en dernier lieu. En général, le climat de la Russie, au môme degré de lati- tude, est beaucoup plus ûpre que celui des contrées occiden- tales de l'Europe, et se refroidit à mesure que l'influence con- tinentale devient plus sensible, c'est-à-dire à mesure qu'on avance vers l'est. Le trait caractéristique de tout chmat continental consiste dans la grande différence du maximum au minimum de la température. Le climat de la Russie présente non-seulement des différences énormes entre les températures de l'hiver et de l'été, mais encore les transitions sont très-brusques. On parle généralement de la rigueur de l'hiver en Russie. Cette remarque est juste, mais il faudrait la compléter par la re- marque que, plus les froids sont intenses, plus les chaleurs sont excessives. C'est grâce au climat que des portions très-considérables de la superficie de la Russie sont tout à fait inaccessibles à la culture du so!. Le climat, non-seulement pose des hmites in- franchissables à l'agriculture et à Finduslrie, mais encore dé- termine d'une manière absolue le genre et le développement de la production. C'est ainsi que la presqu'île de Kola et les vastes Toundras du Nord, en Europe et en Asie, sont inculti- vables. La pêche, et en partie la chasse, sont les seules occu- pations des habitants : le Renne et le Chien, les seuls animaux PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. 691 domestiques de ces contrées. Au sud de la région des Toun- dras, une large bande de terrain occupant une partie des gou- vernements d'Olanez, d'Arkîiangel et de VoJogda, et presque toute la Sibérie moyenne, par suite de la petite durée de l'été, est privée de la culture des grains (exceptionnelle dans ces lieux), et n'a pour toute ricliesse qu'une masse de forêts et les pro- duits de la cbasse. Au Sud, la steppe des Kirgliiz et presque toute la steppe du sud-est de la Russie d'Europe, entre l'Oural, le Volga inlérieur, le Manytscli et la Kouma, soumise aux condi- tions du climat et du sol, est forcée de chercher ses moyens d'existence exclusivement dans l'élève des bestiaux. L'agri- culture et la culture des plantes textiles est gênée par le climat et par la rigueur de l'hiver, surtout dans les parties orientales de l'empire, et même les richesses minérales restent quelque- fois sans exploitation, par suite des difficultés chmatériques, qui couvre le sol de glace pendant la majeure partie de l'année et rend impossible l'entretien d'un nombre suffisant de travail- leurs. Si, grâce à son étendue et à la variété du chmat, l'em- pire russe possède une quantité de produits et de richesses naturelles qu'aucun autre pays de l'Europe ne saurait pré- senter, c'est aussi en raison de causes semblables que l'exploi- tation de ces richesses est beaucoup plus restreinte que dans d'autres pays, et que le produit reste au-dessous de la propor- tion qu'on serait en droit d'attendre. La vaste étendue de l'empire russe rend très-difficile la dé- limitation exacte de la partie cultivée de cette étendue, de môme que la détermination des éléments qui composent cette partie. Aussi la statistique officielle est hors d'état de répondre d'une manière satisfaisante aux questions détaillées touchant cette matière, et ne donne que des chiffi-es basés sur des éva- luations approximatives. Encore faut-il remarquer que ces nombres ne se rapportent qu'à la Russie d'Europe. Quant aux autres parties de l'empire, la Finlande, la Pologne, la Sibérie et le Caucase, même en réunissant avec tout le soin possibli^ les renseignements épars qui existent sur ces régions, on ne saurait obtenir des données complètes. Pour le nord et pour le sud-est de la Russie d'Europe, les documents, sont 692 SOCIÉTÉ LMTÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. aussi très-vagues, non-seulement à cause de Tétendue, mais encore par suite de la nature des lieux. La plus grande moitié de la superficie de la partie produc- tive du sol de la Russie d'Europe est couverte par des forêts ; le reste se compose de terres arables (jachères, vignes, jar- dins, plantations de tabac, de betteraves, etc.) et de prairies. Les gouvernements les plus cultivés sont ceux du Centre, situés au sud et au sud-est de Moscou. En général, la propor- tion des terres cultivées se règle d'après la densité de la po- pulation, hormis toutefois les gouvernements essentiellement agricoles du sud et quelques gouvernements situés au nord de Moscou, où la proportion des terres cultivées est plus forte que la densité de la population. Le maximum est représenté par le gouvernement de Toula ; en second lieu figurent les gouvernements de Koursk, Tamboff, Voronége. Les gouver- nements du Nord, du Nord-Est, du Sud-Est, restent au- dessous de la moyenne. Si l'on compare la superficie des terres arables existant dans chacun des gouvernements de l'empire russe avec la super- ficie des terres cultivées en prairies, on voit clairement que les gouvernements du Sud et du Sud-Est doivent s'adonner à l'élève du bétail : ce sont surtout le pays du Don, le gouver- nement de Sarutoil' et la nouvelle Russie. Cette comparaison montre aussi quels sont les gouvernements où, faute de prai- ries et d'un nombre suffisant de bétail, l'agriculture se trouve dans un état peu satisfaisant. Les gouvernements du Nord, du Nord-Est et quelques gouvernements de l'Ouest, comme Vitepsk, Mohileff, etc., manquent de prairies, de bétail et d'engrais, et, grâce à cette circonstance, donnent des récoltes pauvres et souvent insuffisantes. R ne nous est pas besoin de faire ressortir davantage ici combien ces considérations générales, que nous avons emprun- tées en très-grande partie au travail de M. de Ruschen, se rattachent intimement aux renseignements que nous allons donner maintenant sur la production animale et végétale en Russie, et notamment sur Yéfève du bétail, sur la richesse forestière et sur la culture des céréales. PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. 093 I. — Élève du bétail. « L'élève du bétail est une branche très-importante de l'agri- culture en Russie. La proportion de l'étendue des prairies pourrait servir à déterminer le nombre des animaux domes- tiques et de leur élève sur les différents points de l'empire russe ; mais on peut dire, sans craindre de se tromper, que c'est surtout au sud qu'il faut chercher les localités qui font de l'élève du bétail leur occupation principale, et dans les- quelles cette occupation s'élève au rang- d'une industrie spé- ciale. Malheureusement, l'épizootie de la race bovine ne nous a permis de présenter au grand concours international de l'exposition universelle de 1867 que des spécimens de la race chevaline, et encore en nombre fort restreint. Nous espérons que les renseignements sur l'élève du bétail qui vont suivre pourront intér-esser nos honorables collègues de la Société impériale d'acclimatation, et nous serons heureux qu'ils puissent mériter leurs suffrages. Nous examinerons successivement les races bovine, ovine, mérinos, chevaline, porcine, et nous terminerons nos consi- dérations sur la production animale par de brèves indications relatives aux autres races de bétail, aux produits de l'élève des abeilles, de la pèche et de la chasse, et à la production brute annuelle du règne animal. Race bovine. — Les 27 500 000 têtes de gros bétail qui existent dans l'empire russe, non compris la Pologne et la Finlande, sont inégalement réparties en Russie. Le minimum, 29 têtes par JOO habitants, est pour le gouvernement de Saint-Pétersbourg ; le maximum, 280 têtes par JOO habitants, est pour le gouvernement de Tauride. La Russie méridionale, quelques gouvernements du Sud- Est, le territoire des Cosaques tlu Don et en partie la petite Russie, possèdent les plus nombreux troupeaux de la race Tcherkask. Cette race indigène, haute sur jambes, large de poitrine, d'un pelage gris clair, y est élevée dans le but d'être employée an li'avail de la (erre ei du roulage ; ejl.> est très- (H)/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGTOUE D ACCLIMATATION. bonne pour la boucherie, très-rus Liqiie, et supporte très-lùen les intempéries du climat extrême de ces contrées; mais elle est mauvaise laitière. Les nombreuses tentatives que l'on a faites pour arriver à acclimater dans la Russie méridionale la race hongroise ont peu réussi. Après le sud de la Russie, les gouvernements du Nord, du Nord-Est et les provinces baltiques occupent le premier rang par le nombre des tètes de gros bétail. La race hollandaise, introduite par Pierre le Grand dans le gouvernement d'Ar- khangel, s'y est acclimatée et a formé une excellente race dite de Khalmogori. Dans le reste de la Russie, sauf quelques localités des gou- vernements de l'Ouest, la boviculture est très-arriérée. Race ovine. — /i2 80Zi000 têies de bêtes ovines de races ordinaires (dont 6^250 000 pour la Sibérie et li /i26 000 pour le Caucase) et Zi(iZi"2 000 de mérinos sont réparties dans la Russie, sans compter la Pologne et la Finlande dont la statis- tique me manque. Le minimum, 11 têtes par 100 habitants, est encore pour le gouvernement de Saint-Pétersbourg ; le maximum, 833 têtes (227 de races ordinaires et (506 de mé- rinos) appartient au gouvernement de Tauride, dans lequel les héritiers de M. Falz-Fein possèdent à eux seuls 500 000 mé- rinos. Parmi les races ordinaires je citerai : 1" La race Romanovskaïa , originaire du gouvernement d'Iaroslaw , très-prolifique ( li agneaux par an ) , très-bonne pour la viande, qui fournit les meilleures peaux pour les pe- lisses. 2" La race Koiirdnk, à queue de graisse, à laine de peu de valeur, qui est élevée par les Kirghiz pour la production du suif. 3° La race du Don qui fournit cette laine, à mèche très- longue, que l'on exporte à l'étranger par Rostow sur le Don. h" La race Rechetilovska'ia dont les agneaux et les mort- nés produisent les peaux'd'agneaux de Rechetilovska, dont le prix varie de 2 à Zi roubles (le rouble vaut h francs) : ces peaux sont du reste moins estimées que celles qui viennent de la Perse. PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. 695 5" La race Mahfch, Lrùs-bonne race pour les montagnes et les steppes de la Crimée, et la race Tchoimdouk, des environs de Kertch. Les peaux d'agneaux de ces deux races se vendent de i rouble à 1 rouble 80 : les pièces de choix atteignent le prix de 6 roubles. (i° La race Rmso-Wolusclika'ia,\?,?^\\(i àw croisement de la race indigène à longue queue avec les béliers Woloschkaïa et Kourduk, qui produit une laine moins longue, mais plus douce (pie celle de la race du Don : la mère porte de deux à trois agneaux; la toison pèse de 9 à 15 livres; le poids d'un bélier est de 80 à 96 kilogrammes. 7" La race Tsiç/alj, originaire des principautés danubiennes, a servi, par le croisement avec les Béliers mérinos, à la mul- tiplication de nos troupeaux de mérinos ; sa laine est employée pour la fabrication des bas et des ceintures. Mérhios. - Les premiers mérinos, introduits dans la Russie au commencement de ce siècle, ont été importés de l'Espagne par M. Rouvier, de la Suisse par MM. Revillot et Pictet, de la France par M. Renaud, de la Saxe et de la Silésie par MM. Miller, Païi, etc., etc. Quelques-uns de ces messieurs, qui ont organisé leurs bergeries dans la Russie méridionale avec une subvention du gouvernement, étaient tenus à de certaines conditions concernant la vente aux indigènes des Béliers de leurs bergeries. Les Mélis, issus du croisement de ces Béliers avec la race Zigay, améliorés successivement par les Béliers achetés k l'étranger, ont formé le type des Mérinos de la Russie méridionale, foyer d'agriculture mérine en Russie. Le peu de différence entre les prix pour les laines fines et les laines fortes, de même que les conditions locales ou cîima- tériques, ont décidé les propriétaires des troupeaux à donner dès le début la préférence aux Béliers negretti. Actuellement, les bergeries de MM. Philibert, Kotliarevsky, Paololf, Mert- zaloff, MazaefT, etc., etc., sont arrivées à un tel degré de perfectionnement, qu'elles peuvent fournir à la Russie tout entière les Béliers qni supporteraient la comparaison avec les producteurs- étrangers. Les gouvernements du Sud-Est, de l'Ouest, les provinces' baltiques, la petite Russie et l'Ukraijna 69(3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'aCCLIMATATION. possèdent aussi des troupeaux mérinos, ])ien (ju'en moindre quantité, et présentant le caractère de la race électorale. En ne prenant pour la moyenne que A livres russes par toison au prix de 5 roubles par poud (le poud valant 16 kilo- grammes) de laine ordinaire et de 13 roubles par poud de laine mérine, le produit brut de la laine est de 36 536 000 rou- bles ou lliôllih 000 francs. Race chevaline. — Au commencement du siècle actuel, on rencontrait encore des bandes de Chevaux sauvages dans les grandes prairies submergées au printemps par le Dnieper et son affluent, la Kouka. Le revenu principal des premiers co- lons de la Nouvelle-Russie était le produit de la vente des Chevaux qu'ils élevaient dans les steppes. La création des ports de mer, permettant le développement de la culture des céréales, diminua l'importance des haras, auxquels le dernier coup a été porté par l'interdiction de l'empereur Nicolas d'ex- porter les Chevaux à l'étranger, la modicité des prix alloués par les officiers chargés delà remonte de la cavalerie et surtout l'état llorissant des bergeries. Actuellement, les gouverne- ments de la Russie méridionale ne possèdent que "23 Chevaux par 100 habitants, tandis que dans les gouvernements d'As- trakhan et d'Orenbourg, on en compte 106. Pour le reste de l'empire, le minimum est de /i5 Chevaux et le maximum de 85 Chevaux pour la même proportion d'habitants. Dans le Sud, le Sud -Est et au Caucase, la race des steppes prédomine ; sans avoir les formes irréprochables , elle est bonne pour les courses, supporte bien la fatigue et les priva- tions. Dans le Nord- Est, la race de Viatka est petite de taille, mais résiste bien à la fatigue. La troisième race indigène, la race Bitesk, produit de bons Chevaux de trait. Le croisement avec les Chevaux de race anglaise et arabe a formé dans le centre de la Russie d'ex- cellents haras de Chevaux de luxe. Race porcine. — On compte , dans toute la Russie , 10 '231 000 tètes de bètes porcines. La race indigène, très- rustique, prédomine ; c'est elle qui fournit la meilleure soie rnODUCT[ON animale et végétale en RUSSIE. G97 de porc. La race finnoise, plus grande de taille, est plus apte à l'engTaissement. Autres races de bétail. — Outre les races susnommées, nous devons mentionner encore les Chèvres, les Rennes et les Chameaux. On compte environ en Russie 1700 000 Chèvres, 1000 000 de Rennes et 60 000 Chameaux. > Production brute annuelle du règne animal. — Les pro- duits livrés à l'industrie par l'élève du bétail en général con- sistent en viande, laitage, suif, peaux, cuirs, poils et laines; il constitue certes une proportion notable de la production brute annuelle du règne animal en Russie ; mais si l'on veut se faire une idée complète de cette production, on doit encore faire entrer en ligne les produits de l'élève des Vers à soie et des Abeilles, et ceux de la pêche et de la chasse. En ce qui concerne V élève des Vers à soie, nous ferons re- marquer que la culture du Mûrier et l'éducation des Vers à soie ont été introduites en Russie, au commencement du dernier siècle, par Pierre le Grand ; que, encouragée par le gouvernement, cette culture a fait des progrès dans quelques gouvernements du Sud et notamment à Potawa, Kherson et dans la Tauride (dans les environs de Mélitopol et dans les colonies mennonites), mais que, bien que les conditions y soient propices à la production de la soie, celle-ci est encore peu importante dans le midi de la Russie. 11 n'en est pas de même de la Transcaucasic ; depuis l'annexion de cette der- nière contrée, l'éducation du Ver à soie est devenue une des branches de la production nationale. Dès cette époque, le rendement de la Transcaucasic a triplé et, de nos jours, elle augmente toujours dans une proportion remarquable. Toute- fois, si la soie du Caucase se vend à bas prix, elle ne paraît pas être de très-bonne quahté. Védiicatùm des Abeilles est très-répandue dans quelques parties de la Russie et notamment dans la nouvelle et la petite Russie; elle a même pénétré en Sibérie, ainsi que cela a été déjà ra|)porté dans une des chroniques du Bulletin (t. V, p. /i78). Mais le foyer principril de la production est à Pol- 008 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATÂTION. tawa et à Yekatherinoslaw, qui comptent chacune de /|00 à 500 000 ruches. Notre excellent ami, M. Karassewitch, a pu- blié en 18(57, à Saint-Pétersbourg", un ouvrage fort intéressant sur l'apiculture, où il passe successivement en revue toutes les phases de l'élevage des Abeilles, les plantes qui convien- nent le mieux à leur nourriture, les principales espèces des ruches, les ennemis de toute espèce qu'elles ont à redouter, etc. ; nous espérons pouvoir puiser prochainement dans cet ouvrage et dans nos documents personnels les éléments d'un article spécial que nous vous demanderons la permission de vous communiquer. Grâce à l'abondance et à quelques traits caractéristiques des eaux environnant la Russie, X industrie de la pêcl/e joue dans notre pays un rôle très-important. La nature des lieux et le climat font de la pèche l'occupa- tion principale d'une partie considérable de la population, de sorte qu'il y a des districts entiers où le poisson constitue presque seul la nourriture des habitants. L'estimation de la quantité et de la valeur des produits de la pèche ne saurait être du reste qu'approximative, même en ce qui concerne les grandes pêcheries. Le produit de la petite pêche, ou pèche de détail à l'intérieur, ne peut être évalué exactement, vu que la consommation sur les lieux échappe totalement au calcul. Toutefois, en tenant compte des chillres sérieux qui peuvent être obtenus sur le produit de la pêche à l'intérieur, on voit que la valeur totale de cette industrie présente un minimum de -20 à -23 000 000 de roubles. C'est grâce aux explorations des pêcheries russes qui se font déjà depuis quinze ans par ordre du gouvernement, dans le but de pouvoir baser sur des données scientifiques les règle- ments relatifs à la pêche, qu'il est possible de donner quelques détails sérieux sur ce sujet. Il est vrai que les deux atlas qui résument les renseignements recueillis dans ces explorations ne représentent encore que les instruments et les méthodes employés dans les bassins de la mer Caspienne et de l'océan Glacial ; mais quoique les autres mers qui baignent la Russie d'Europe et ses grands lacs oft'rent sans doute des particularités PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. (i99 qui mériteraient d'être signalées, on peut toutefois afïlrmer que tout ce qu'il y a d'essentiel et de plus caractéristique se trouve réuni clans les 139 planches dont se composent les deux atlas parus. La mer d'Azov, avec le Don et le Kouban, ont des pêcheries considérables qui ne le cèdent, soirs le rapport de la quantité et de la valeur des produits, qu'à la mer Caspienne avec ses affluents ; mais les instruments de pêche et les méthodes de conservation qu'on y emploie n'ont rien de particuher et res- semblent beaucoup à ceux de cette dernière mer. D'un autre côté, les pêcheries des grands lacs, situés dans le nord et le nord-ouest de la Russie, ont une grande analogie avec celles de la mer Blanche. La mer Noire offre, il est vrai, quelques modes de pêche qu'on ne retrouve pas aiUeurs en Russie; mais cette mer n'a que peu d'importance sous le rap- port qui nous occupe, ses méthodes particulières ne présen- taient qu'un intérêt secondaire. M. Danilcvsky, dont la collaboration dans les explorations des pêcheries russes nous a déjà valu une partie des rensei- gnements si précieux consignés dans les deux atlas parus, et qui avait résumé les renseignements obtenus dans la brochure qu'il a publiée l'année dernière en français, sous le titre de Coup dœil sur /es p(kheries en Russie, étudie en ce moment les pêcheries de la mer Noire et de la mer d'Azov, et nous tâcherons d'informer la Société le plus tôt qu'il nous sera pos- sible du résultat de ses explorations. La brochure de M. Danilevsky et le travail que notre col- lègue, M. Soubeiran,doit publier prochainement sur le même sujet, nous dispensent d'entrer ici dans de plus amples détails sur la pêche et la préparation du poisson à l'état gelé, salé ou séché, sur le Cninar,\ IcIitJnjocolU', la Vesif/a, X huile qui est employée pour l'alimentation et celle qui est préparée pour l'industrie ou la médecine ; nous renverrons à ces travaux ceux de nos lecteurs que ce sujet intéresserait. La chasse constitue dans le nord et dans le nord-est de la Russie d'Europe une industrie à part qui fournit un article assez important au commerce intérieur. On chasse le gibier 700 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. dans presque toute la Russie d'Europe ; mais ce n'est qu'au Nord, c'est-à-dire dans les gouvernements d'Arkhangel, d'Olo- netz, et en partie dans ceux de Novgorod, de Tver et de Saint- Pétersbourg, que les produits de la chasse ordinaire sont assez considérables pour rendre avantageuse l'exportation du gibier. Les gouvernements d'Arkhangel et d'Olonetz en four- nissent aux autres gouvernements do la Russie pour une somme de 100 à 150 000 roubles (500 000 francs). Les mar- chés de Paris ont même vu récemment arriver une certaine quantité de gibier russe et notamment des Gelinottes et des Coqs de bruyère. Toutefois , l'importation de ce gibier en France ne paraît pas avoir eu tout le succès qu'on en devait attendre ; nous croyons en connaître la cause et nous revien- drons plus loin sur ce sujet. Dans les gouvernements d'Arkhangel, de Vologda, de Viatka et de Perm, ainsi qu'à la Nouvelle-Zemble, la chasse des bêtes à fourrures rapporte annuellement de 3 à /iOOOOO roubles (l'iOOOOO à 1 000 000 francs). On tue dans cette partie de la Russie l'Ours, le Loup, le Blaireau, le Renard, l'Ecureuil et beaucoup d'autres animaux dont les peaux se vendent à des prix fort différents. En général, le produit de la chasse diminue chaque année. Ce sont la Sibérie et les possessions de la Compagnie amé- ricaine qui fournissent la plus grande partie des fourrures pour le commerce. En Sibérie, certaines tribus payent les impots en fourrures. Cet impôt en nature constitue un revenu privé de S. M. l'Empereur, et, par conséquent, les plus belles fourrures ne figurent pas dans le commerce. Outre cet impùt, la Sibérie fournit des peaux de Zibelines, d'Hermines, de Petits-Gris, de Renards et de Rats musqués pour la somme de !>00 000 roubles (800 000 francs). La Compagnie améri- caine, qui a le monopole de la chasse dans les possessions russes de l'Amérique du Nord actuellement cédées par le gou- vernement russe aux États-Unis de l'Amérique du Nord, vend annuellement pour environ 250 000 roubles (1 million de fr.) de fourrures. Les peaux do Loutres, de Renards, de Martres, et surtout de Castors de mer, sont les pi-incipaux articles du PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. 70i revenu de la Compagnie, qui le voit diminuer chaque année. Autrefois, on tuait jusqu'à AOOOO pièces par an ; aujourd'hui, la moyenne annuelle est à peine de rîOOOO pièces. En résumé, nous dirons que l'on chasse surtout en Russie, dans la zone du Nord, l'Ours, le Loup, le Blaireau, le Renard, l'Écureuil, la Gelinotte, le Coq de bruyère, etc., etc., et en Sibérie, la Zibeline, l'Hermine, la Martre, le Petit-Gris, le Renard, le Rat musqué. Nous terminerons ces considérations succinctes sur la chasse en Russie par quelques renseignements sur la Gelinotte et le Coq de bruyère, que l'arrivée de ces gibiers sur les marchés de Paris rendra, nous le pensons du moins, intéressantes pour nos collègues. Les meilleures Gelinottes viennent du gouvernement de Vologda, et coûtent en moyenne 80 kopecks ou 3 fr. 20 cent, (le kopeck étant égal à h centimes) la paire. En hiver, elles se vendent gelées dans toute la Russie, même dans la Russie mé- ridionale; leur chair, blanche aux ailes, présente une légère amertume résineuse provenant des jeunes pousses de Sapin dont elles se nourrissent principalement, vivant habituelle- ment dans les sapinières. Les Gelinottes de Pologne appartiennent à une variété moins estimée en Russie, mais qui, néanmoins, paraît supérieure à la variété des Pyrénées. La Gelinotte recherche les climats froids et humides et fuit la chaleur. La meilleure manière de la préparer consiste à la mettre dans une casserole avec du bon beurre, et à l'arroser au com- mencement de la cuisson avec de la crème aigrie épaissie^ dont on doit employer deux ou trois cuillerées à bouche pour une Gelinotte ; on continue ensuite pendant tout le temps de la cuisson à arroser la bète avec de la sauce provenant dû mélange de beurre, de crème aigrie et de jus. En ce qui concerne les Coqs de bruyère dont il existe deux variétés en Russie, nous rappellerons que, lorsqu'ils chantent leurs amours, ils se mettent plusieurs sur un même arbre et chantent au point de s'étourdir; le chasseur peut alors les approcher et les tuer presque à bout portant. 702 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Les Gelinottes et les Coqs de bruyères hivernent du reste en Russie. La petite Outarde des steppes est encore un excellent gibier qui ne se rencontre, pendant la belle saison, que dans les steppes de la Russie méridionale. Le meilleur moyen de transporter le gibier de Russie à Paris est de le faire congeler et de le mettre dans des boîtes remplies de son ou de menues graines; mais, à l'arrivée, il est urgent de le faire dégeler dans Veau froide, surtout si le temps est au dégel. La congélation ne nuit pas à la qualité de la viande; au contraire, elle l'attendrit. On pourrait de même faire venir e?i hiver de la Russie plusieurs variétés de poisson dont le prix est très-peu élevé. Telles sont les considérations que nous voulions présenter sur le règne animal en Russie ; il est pour la Russie une source de revenus dont sa production brute annuelle peut donner une idée assez exacte ; elle s'élève, ainsi que le montre le tableau suivant, à 236 1 36 000 roubles ou 9hli ^ohh 000 francs environ. Viande , 112 000 000 roubles. Suif 28 700 000 — Peaux (1) 20 000 000 — Laine 38 536 000 — Soies de porc, crins, poils, cornes, etc., etc. 6 000 000 — Cire, miel /i 000 000 — Soie /i 000 000 — Produits de la pèche 23 000 000 — Produits de la chasse 1 000 000 — lotal i!36 136 000 roubles, (1) Le nombre des peaux fournies annuellement par la Russie à l'industrie serait d'environ 20 000 000. Déduction faite d'un million de peaux brutes exportées annuellement, il resterait pour la fabrication intérieure 19 000 000 de peaux brutes. Le taïuiage occupe environ en Russie 13 000 ouvriers re- partis entre 2 Zj73 élablissements. Les plus considérables de ces établissements se trouvent à Saint-Pétersbourg, Moscou, Kalouga, Orél, Tver, Kasan. Puis viennent les gouvernements de Perm, Vialka, Ivostroma, Yaroslaw, Vladimir et les gouvernements de la Sibérie, Tobolsk et Tomsk. Dans le gouvernement de Tobolsk, qui compte 129 établissements, la seule \iile de l'ioumen produit PRODUCTION ANIMALE ET VÉf.ÉTALE EN RUSSIE, 703 Les chilTres précédents, à quelques exceptions près, sont puisés dans V aperçu statistique des forces productives de la Russie, par M. de Buschen, pour plus d'un million de roubles de cuirs. Dans le gouvernement d'Orel, c'est la ville de BolkliolT ; dans le gouvernement de Tver, Ostachkoff ; dans celui de Kasan, Kasan; de Nijni-Novogoiod, Arsamass, et dans le gouverne- ment de Vladimir, Alourom, qui, de concert avec les deux capitales, sont les principaux loyers do l'industiie des cuirs et surtout de la fabrication des youftes [mirs imperméables) , si renommés en Russie et dans toute l'Europe. Ce sont ces ijouftes, telles qu'elles étaient exposées en 1867 à l'Exposition miiverselle par ditl'érents fabricants, et notamment par M. Th. Ereraeief , de Perm, qui coiisiituent le véritable cuir de Russie, et non ces menus objets en maroquin qui sont improprement désignés en France sous le nom de cuir de Russie. Pour la préparation des maroquins, peaux de Rennes, cuirs ver- nis, etc., il existe encore 114 établissements qui produisent pour plus de 1 000 000 de roubles. Les principaux do ces établissements se trouvent à 'rorjok (gouvernement de Tver), Moscou, Kasan et Toula. Quant aux peaux de mouton à poil dont ont prépare en Russie une grande quantité, vu que les pelisses de mouton sont rhabillemenl d'hiver le plus usité du bas peuple, ce sont les gouvernements de Kalouga, AIoscou, Kostroma, Kasan, Nijni-Nov- gorod et Viatka, qui en fournissent la plus grande quantité. Au Sud, c'est le gouvernemenl de Kharkolï qui fabrique le plus de peaux de mouton à poil. (La suite à un ■prochain numéro.") DIVERSES ESPÈCES DE EAISANS POUVANT ÊTRE ACCLIMATÉES EN ANGLETERRE, Par E. BLITH, Esq. (Extrait du Land and Water, par M. le comte de Beau !• fort.) Après tout ce qui a été dit et écrit sur Tinlroduction de gi- bier ailé exotique en Angleterre, l'acclimatation de la Perdrix rouge ordinaire, sans parler de celle beaucoup plus ancienne du Faisan, est jusqu'à ce jour le seul succès réel à enregistrer, et il faut l'avouer, beaucoup d'amateurs de chasse auraient préféré ne pas voir ce nouvel hôte venir peupler nos campa- gnes. La Perdrix rouge, en eifet, a l'instinct de chercher à se dérober par la course plus tôt que de confier son salut à ses ailes, et sa chair est inférieure à celle de notre Perdrix grise. La beauté de cet oiseau est à peu près le seul titre à invoquer en sa faveur. Ne pas se lever facilement devant le tireur est, je le crains, une grave objection pouvant s'appliquer aux nom- breuses espèces de Faisans servant d'intermédiaires à des degrés divers, entre le type du Phasianus proprement dit, et celui du Coq ordinaire, tels que les dilïérents Faisans Kallij, rencontrés par les chasseurs dans les montagnes de l'Hima- laya, et plusieurs autres du môme genre, parmi lesquels figure le Faisan argenté si connu. Tous ces oiseaux, d'une humeur excessivement querelleuse dans la saison des amours, sont en général des adversaires beaucoup trop redoutables pour notre Faisan ordinaire {Phasianus colc/dcus) , et bien que plusieurs aient sur lui l'avantage de la taille, ils ne le surpassent pas au point de vue de la délicatesse de la chair. Généralement aussi, les mâles de ces diverses espèces ne se font pas remarquer par la beauté de leur plumage, et ne peuvent soutenir la compa- raison sous ce rapport avec le Faisan existant déjà dans ce Le Faisan anglais ordinaire réunit toutes les qualités qu'un oiseau de ce genre, un Faisan proprement dit, doit posséder. ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETEF.RE. 705 Résislant sulTisamnient au froid, se reproduisant bien, excellent pour la table, sa grande beauté serait bien plus appréciée, s'il s'y joignait seulement le cbarme de la nouveauté. Le Fai- san à collier de la Chine {Phasiaims torqnatus). celui de l'Altaï {Phasianus monr/oHcus), et même le Faisan vert du Japon {Phasiamis versicolor), appartiennent si bien à la même la- mille, qu'ils ne se maintiennent pas comme espèces distinctes lorsqu'ils ont l'occasion de se croiser entre eux, et ce fait est assurément une objection à leur existence dans les mêmes bois. Tout au moins pouvons-nous présumer semblable résul- tat pour le Faisan à collier de l'Altaï que pour les deux autres variétés. Les Coqs obtenus par le croisement à diftérenls de- grés entre le Faisan ordinaire et le Faisan vert du Japon sont certainement des oiseaux superbes, mais beaucoup de chas- seurs préféreront posséder une race type et sans mélange, de- meurant fidèle à sa couleur propre (1). Le Faisan cuivré du Japon {Phasiamis Sonnmcrruigli) est une fort belle espèce, moins brillamment ornée pourtant que notre Faisan vulgaire , et ne se trouvant pas aussi rapproché de celui-ci que les derniers nommés le sont l'un de l'autre; il ofl're par conséquent plus de chances de le voir se maintenir comme race distincte. Jusqu'à ce moment il ne parait pas s'être multiplié en Angleterre (-2), et le nombre existant au Jardin zoologique de Londres se réduit aujourd'hui à un seul couple. De nouvelles importations sont à désirer, et nous verrions probablement cette espèce réussir beaucoup mieux, si Ton pouvait lâcher au printemps un nombre suffisant d'oiseaux importés en bonne santé. Au point de vue de la diversité des races, le Faisan cuivré offre une très-jolie variété, mais il ne possède aucun autre avantage sur l'espèce que nous avons déjà. La queue de cet oiseau est fort belle, et atteint une lon- gueur de trois pieds. (l) Les avaiuagcs que prêscnlciil le i'^aisau dit de l'Iade et le P'aisaii de jMoiijîolie {Pli. torquatus et Ph. Mongoliens), sont vantés pai" bon nj:))ljre de cliasscurs et maîtres en Part de repeupler les forets. — il. {'!) Le Phasianus Sœmmcrrimjii, dont le nature! sauvage proinn un ani- mal propre à se bien défendre au bois, a multiplié, ces derniers temps, dans plusieurs jardins zoologicpies. — lî. 'J'' SKIUE, r. V. - Oclubic IS-J,-!. i.^ 706 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Dans les diiïéreotes îles voisines du Japon, on rencontre deux races de Faisan cuivré, à l'une desquelles M. Gould a donné récemment le nom de Phasianus scintillans ; mais ces deux races ne sont pas très-fortement distinctes l'une de l'autre, et nous ne croyons pas que le nom proposé rencon- trera une adhésion générale. En effet, le Coq de la nouvelle espèce aujourd'hui visihlc au Jardin zoologique possède un plumage intermédiaire. Le Faisan de Wallich (Cheer des Anglais, Phasianus Wal- lichii) de l'Himalaya est un hel oiseau de grande taille, mais hien inférieur en heauté à toutes les espèces précédentes. vSi l'expérience démontre qu'il peut vivre en bonne intelligence avec le Faisan ordinaire, et non le subjuguer, ce serait une acquisition désirable au point de vue de la variété, surtout parce qu'il est peu probable de le voir se croiser avec aucune autre race, sauf avec le Faisan de Reeves; il est fort douteux du reste que la race croisée parviendrait à se reproduire. La Société du Jardin zoologique en possède seulement deux cou- ples, dont l'un est le produit de la dernière saison. La grande taille de cet oiseau constitue son principal mérite, et il paraît en outre devoir être un des Faisans les plus résistants au froid. Le Faisan de Reeves {Phasianus Reevesii) du nord de la, Chine réunit en lui toutes les qualités pouvant le recomman- der, taille supérieure et beauté du plumage, avec, selon toute apparence, la faculté de résister parfaitement au froid. A ses couleurs vives et brillantes, il joint une queue magnifique dé- passant cinq pieds de longueur chez les vieux Coqs. Aucune espèce ne peut rivaliser avec lui au point de vue ornemental, ou ne paraît devoir mieux compenser toutes les difficultés ou les dépenses à encourir pour parvenir à l'implanter sur notre sol ; c'est en un mot jusqu'ici un de nos principaux desiderata. Nous possédons enfin quatre Poules en bonne santé de ce su- perbe Faisan au Jardin zoologique de Londres, et nous pou- vons à bon droit en espérer, l'année prochaine (1867), un beau chiffre de jeunes suivi d'une rapide multiplication, pour ne j'ien dire des importations probables dans l'avenir. Toutes les ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 707 chances existent donc de voir cet oiseau réeliement mauni- fjque, devenir d'ici à peu d'années le principal ornement d'un grand nombre de parcs, s'il se reproduit avec autant de faci- lité que le Faisan ordinaire, et nous n'avons, à coup sur, au- cune raison de croire le contraire (1). A la fm des espèces ayant le plus les caractères propres aux Faisans, nous devons mentionner les espèces de Puc)'asia,\es Pias, Pueras ou Faisans Koklas des chasseurs de l'Himalaya. Ce sont également de véritables Faisans, bien qu'ayant la queue plutôt courte, et les yeux non entourés d'une peau papilleuse écarlate, caractère peu développé également chez les Faisans de Sœmmerring et de Reeves. Les aigrettes ou « cornes », qui chez le Faisan ordinaire se dressent d'une manière si appa- rente dans la saison des amours, atteignent une lonoueur d'environ trois pouces dans ce groupe des Pueras, donnant aux oiseaux une apparence assez bizarre lorsqu'elles sont re- levées, avec une huppe allongée retombant entre elles. Pour le reste, ces oiseaux ont un plumage agréable sans être très- brillant, et ne possèdent pour attirer l'attention sur eux au- cun caractère spécial autre que d'ajouter à la variété. Nous en connaissons trois, sinon quatre espèces, dont l'une récemment découverte dans le nord de la Chine, les autres provenant de l'Himalaya. Le Jardin zoologique de Londres ne possède au- cun représentant de ce groupe {i). Les Faisans à collerette {Thaumalea) comprennent deux superbes espèces de petite taille, habitant la région chinoise. L'une est bien connue sous le nom de Faisan doré (ïhamnalea picta), dont il y a deux races distinctes, représentées toutes les deux actuellement au Jardin zoologique (3). L'autre espèce est le Faisan d^ km\\QV^i {Thaumalea Amherstiœ), d'une beauté (1) Le Faisan vénéré {Phasianus Beevesii) s'est reprodnit en 1868 au Jaitlin zoologique de Londres et au Jardin zoologique d'accliniatalion de l'aris. — II. (2) Le premier couple de Pucrasia, importé en Europe, a été envoyé au Jardin zoologique d'acclimatation de Paris, par :\]. Ph. Dabry, consul de France à Ilan-Keou (Chine , à la fin de 1867. — !'.. (o) 11 y a trois races distinctes de Faisans dorés; l'ordinaii-e, la Charbon- nière et l'Isabelle. — R. 708 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. hors ligne, rapporté vivant en Angleterre une fois seulement. La femelle de ce Faisan est inconnue jusqu'ici des naturalistes européens. Les oiseaux de ces deux espèces sont plutôt desti- nés à servir d'ornement qu'à augmenter la liste du gibier ailé; mais le Faisan doré mis en lijjerté dans une chasse gardée ré- siste suiïîsamment au froid, et il est étonnant de ne pas le rencontrer plus souvent à l'état libre. Le Faisan d'Amherst est à peu près le principal objet à désirer aujourd'hui pour orner nos volières, et des peaux de cette espèce ont été achetées par M. B. H. Hodgson, alors résident politique à la cour du Né- paul, et apportées de la direction de la Chine. Les deux oi- seaux possédés par lady Amherst avaient été d'abord présentés par le roi d'Ava à sir Archibald Campbell, et c'est par la voie d'Ava ou de Siam que nous pourrons probablement nous pro- curer cette espèce. Il y a tout lieu d'espérer que d'ici à peu d'années nous verrons figurer ce Faisan, d'une beauté extra- ordinaire, dans les collections de notre .Jardin zoologique. En traitant des Faisans qui réunissent le plus le type et les caractères du genre, j'aurais dû mentionner que la plupart d'entre eux se trouvent admirablement figurés dans le magni- fique ouvrage de M. Gould, « les oiseaux d'Asie », auquel nous renvoyons tous ceux de nos lecteurs à même d'en con- sulter un exemplaire. Bien des personnes imaginent à tort que toute la diflérencc entre le Faisan à collier [Phasiamis torquatus) et le Pliasianus colchicns ordinaire, consiste dans la présence du collier blanc de forme imparfaite et se trouvant plus ou moins développé, souvent même légèrement indiqué chez beaucoup de Faisans anglais. Ce collier montre le résultat d'un croisement à un degré quelconque avec le véritable Phasiamis torquatus de la Chhie, mélange de sang prouvé également par une tendance à la couleur grise bleuâtre sur le croupion, et à une plus grande largeur des bandes noires sur les plumes de la queue. Le vrai Phasiamis torquatus diffère beaucoup du Phasiamis co/chicus dans les détails de ses marques distinctives (l) . Les (1) Ce Faisan à collier de la Cliine {l'haaiamis tmjiiatus) csl celui que ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 709 plumes (le la parlie inférieiire du cou et de la poitrine du pre- mier ne sont pas bordées à Textrémité d'un noir violet comme chez le second, mais entourées d'une bande de la même cou- leur : les longues plumes des flancs sont d'un jaune pâle très- apparent, chaque plume ayant à l'extrémité une tache noire transversale de forme ovale ; les plumes du dessus des ailes et celles qui recouvrent les pennes de la queue sont gris bleu, et les bandes noires des plumes de la queue sont beaucoup plus larges et plus rapprochées l'une de l'autre. Chez le Faisan à colHer blanc de l'Altaï, au contraire, les bandes des pennes de la queue sont plus étroites et à un intervalle plus éloigné, et il y a en outre plusieurs autres différences. Des dissemblances, quoique moindres, existent également paraît-il, entre le Faisan à collier de la Chine et celui habitant File de Formose. Ainsi, comme le remarque M. Swinhoe, « le Faisan à collier de For- mose diflére du PJtasiaws turquatus, type de la Chine, non- seulement par l'absence complète des plumes latérales » (ne serait-ce pas l'absence du jaune pâle sur les plumes des flancs?), « mais aussi par sa queue plus courte et sa (aille plus petite. J'en possède quelques-uns vivants, » dit encore ce naturaliste, « dans mes volières à Arnoy, mais cette variété est à peine suflîsamment distincte, pour m'autoriser à envoyer ces oiseaux en Angleterre. Je cherche à me procurer des Fai- sans dans les environs, pour me mettre à même d'établir une comparaison complète. Le Faisan do Han-Kew a une longue queue garnie de bandes très-rapprochées, et je soupçonne qu'à la suite de recherches suffisantes on découvrira l'exis- tence de plusieurs bonnes races du PJiasianus torqiiatus, dans la vaste étendue de pays composant l'empire chinois. » Les séries d'oiseaux qui vont suivre Lont généralement in- termédiaires à divers titres, entre les Faisans proprement dits et les Coqs des jungles : et je dou'e fort si l'on doit désirer l'introduction comme gibier d'aucune de ces espèces, par suite du défaut commun à toutes d'être difficile à faire lever. Ces les amatem-s franrais d('sisn 'iir sons 1p v.nv. do Fai>an do VUvÀc. iXo Faisan indien. — !">. 710 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. oiseaux se fient plus à leurs jambes qu'à leurs ailes pour leur sûreté; et si un Chien les poursuit, ils quitteront le buisson d'où ils épient avec anxiété les mouvements de leur ennemi pour monter simplement sur un arbre, et s'y laisseront tirer au posé avec la plus grande facilité. Il resterait peut-être à prouver, si je suis en droit d'assigner cette habitude à toutes les espèces d'oiseaux dont il s'agit, mais dans ma conviction, elles rentrent toutes dans cette catégorie. Tous les vrais Faisans ont le tour des yeux plus ou moins garni d'une peau papilleuse écarlate chez le mfde seulement : le Faisan de Reeves et le Faisan cuivré du Japon ont ce ca- ractère moins apparent, et il n'existe pas du tout dans les individus des deux sexes de l'espèce Pueras. Le Faisan doré également n'a point de peau réellement dénudée autour des or- bites, et chez le Faisan d'Amherst la peau entourant les yeux est lisse et d'une couleur bleue claire. Cette peau est bleue aussi dans les superbes Faisans à dos de feu de grande taille, comme nous le ferons remarquer plus loin chez le Monâl {Lophophorus Impeyanus) et quelques autres espèces. Mais dans la série d'oiseaux dont nous nous occupons actuellement, îa peau rouge environnant l'orbite est bien développée chez les deux sexes, et pour les individus des trois premières espè- ces, atteint au printemps de très-grandes dimensions, s'éten- dant en remontant comme une espèce de huppe, et en descen- dant en barbules bien distinctes. C'est seulement lorsque l'oiseau est excité que cette huppe apparente et les barbules se montrent très-fortement, et dans le Faisan de Formose principalement, ces caractères donnent une physionomie toute particulière à l'oiseau, lorsqu'il parade devant ses femelles. Le Faisan de Formose {Euplocoimis Sioinhoei) est un grand et bel oiseau de couleur principalement noir violet, ayant la huppe, le haut du dos compris entre les scapulaires et les plus longues pennes rcctrices du milieu de la queue blanches, les scapulaires rouge foncé et les ailes teintées de vert; la femelle d'un brun marbré n'a pas comme d'habitude de couleurs vives, sauf l'écarlate de la peau entourant l'or- l)ite. Cette espèce s'est reproduite en J8(iô en France chez le ACCLIMATAÏION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 711 baron Rothschild, qui avait, jusque tout récemment, la seule femelle vivante en Europe ; mais le Jardin zoologique de Lon- dres possède aujourd'hui deux Poules avec plusieurs mâles, et attend en outre, d'ici à peu, d'autres femelles. Le faisan de Formose se trouvera donc, selon toute apparence, bientôt in- troduit définitivement en Europe, où sa beauté sera toujours un objet d'admiration (1). Le Faisan argenté {Enjjlocomus ni/cJithemenis) est une an- cienne introduclion des régions montagneuses du sud de la Chine, trop bien connue pour exiger une description quelcon- que. Si cet oiseau était d'importation récente, on l'admirerait naturellement beaucoup; il occupera toujours un rang préé- minent comme hôte favori de nos faisanderies, plutôt que comme habitant de nos bois. Il résiste bien au froid, mais subjugue et chasse le Faisan ordinaire, auquel il est supérieur par la taille et la force, et en outre il est d'un naturel exces- sivement batailleur dans la saison des amours. Le Shan Faisan {FAiplocomus prœlatus) est un bel oiseau d'un aspect fort élégant, originaire des Etats de Shan, au nord de l'empire de Siam. Sa taihe égale à peu près celle du Faisan or- dinaire, sa huppe est belle et de forme particulière, et la peau écarlate de la face est trés-développée, comme dans les deux espèces précédentes. Le mâle est d'une couleur bleue cendrée pâle, avec d'étroites marques noires transversales sur les ailes, une bande jaune sur le milieu du dos, et les plumes du croupion d'un bleu acier vif, entouré de rouge foncé. Les pennes de la queue sont fortement arquées ou recourbées, comme chez le Coq domestique, mais portées différemment et souvent diver- gentes horizontalement en forme d'éventail, l'extrémité des bar- bes entièrement séparée. La femelle est comparativement d'une couleur ordinaire, mais agréablement tachetée. Cette espèce s'est reproduite l'été dernier à Paris, et une paire née dans cette vile se trouve actuellement au Jardin zoologique de Lon- (1) Le Faisan de Swinlioë a reproduit, en 1867 et en 1868, dansnn gr; nd nombre d'établissements zoologiquos et cbez pbisiem's paiticnliers. C'est un oiseau à jamais acquis à nos volières. — R. 713 sncTÉTÉ BirÉniALE zooLor.iQUR d'accfjmatation. tires, en* même temps qu'un couple plus ;i£ié iujportf' de sa région natale, et deux Poules hybrides obtenues par le croise- ment du Coq pro'latus avec le KalUj violet (l). Les Faisans Knlli.j ordinaires comprennent quatre race;^ distinctes, d'une parenté tellement rapprocliéc entre elles, qu'il faut les tenir séparées pour les empêcher de se mêler. Leur queue est courte, resserrée comme dans le Coq ordi- naire, les plumes du milieu un peu arquées et allongées chez le mfde : tous ces oiseaux ont une huppe verticale composée de plumes longues et étroites. Ce sont, parmi les Faisans, les moins brillants de la tribu. Le Faisan Kallij Ihip.atus. {Euplocomus linealus) est de beaucoup le plus beau des quatre. Le mâle a un plumage gris légèrement plombagine sur les parties supérieures du corps, noir en dessous, avec des raies blanches sur les flancs, l'extré- mité inférieure des pennes du milieu de la ({ueue légèrement arquée, blanchâtre ; la femelle est élégamment parsemée de taches blanches, ([ui la dillérencient complètement, des fe- melles des autres Faisans KalUj, presque impossibles à dis- tinguer les unes des autres. VE. lincatus est un oiseau de la Birmanie, commun dans les forêts des provinces de Pegu et Tenasserim ; mais dans l'Arrakan la race s'alliant avec la sui- vante; des spécimens de race intermédiaire se rencontrent à tous les degrés de croisement, et le Jardin zoologifjue pos- sède aujourd'hui des exemplaires de cette race mêlée de l'Ar- rakan. En général, les Coqs de race croisée sont plus noirs sur le dos que ceux de VE. linealm pur sang, avec des traces plus ou moins distinctes des lunules blanches existant sur le croupion du KaWj violet, et il y a absence de raies blanches (1) Le premier Faisan l^rcMat iniporlé en Rurope a élé rappoiié do Siam, en 18(52, par M. l>oc()iirl (|ni s'élail cliargé de j'oll'iir au Aluséiim d'iiistoire naturelle de l'aris, au nom du père Larenaudio. l'eu denio's après, le Jardin zoologique d'arelimalaliim de Paris rerut de M. le vicc-aniiral de La (irandière, gouverneur de la Cocliinehinc française, de M. le capitaine de frégate Auharet et de M. le colonel JMarchaisse, quelques exemplaires de cette précieuse espèce. Un certain noni])re de Faisans Prélats ont été élevés au .(ardin d'acc'imalalion. — P.. , . ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANCLETERUE. 713 sur les flancs. Lorsque le sang du Faisan Kallij violet domine, les parties supérieures noires sont simplement poudrées de gris, les lunules blanches sont plus distinctes sur le croupion, et la bordure blanche du milieu de la queue de XE, lineatus est seulement légèrement indiquée. J'ai examiné une série d'exemplaires provenant de la province d'Arrakan, montrant une transition complète et gi'aduelle d'une race à l'autre ; mais XE. lineatus du Pegu et de Tenasserim ne présente au- cune variation de ce genre, i)Our autant que les circonstances m'ont permis de l'observer dans cette région, où mon attention avait été attirée sur ce sujet. L'/s. //«e«^«5 pur se reproduit parfaitement au Jardin zoologique de Londres, et l'on peut en dire autant des trois autres races. J'ai remarqué que le ['rilish muséum indique 1(^ Bootan comme habitation du Kallij linratas, sur les étiquettes apposées devant cet oiseau, mais c'est positivement une erreur. Le Faisan Kallij et le violet noir {Euploconnis Horsfieldi) est la race habitant Sylhet et Assam, pays dans lesquels elle se trouve toujours lîdéle à sa couleur propre, du moins autant que j'ai pu en juger. Le mâle de cette espèce est entièrement noir violet, avec des lunules blanches sur le croupion : la fe- melle d'un brun uni. Le Faisan Kallij à dos noii' {Euplocoinus tnelanotus) de l'Himalaya oriental (Sikhim et Bootan) est entièrement noir au-dessus du corps, mais avec des plumes lancéolées d'un blanc grisâtre en-dessous. Le Faisan Kallij à huppe blanche {Eaplocomus albocrista- tus) de l'Himalaya occidental (Gurrohàl, etc.), a les parties in- férieures du corps semblables à la race précédente, et de plus une huppe d'un blanc sale, et des lunules blanches bordant les plumes du bas du dos. Dans la province intermédiaire du Né- paul, les Faisans Kallij sont de race mêlée, entre le melanotns et Xalhocristatus, ayant ordinairement la huppe noire, et d'étroites lunules blanches sur le croupion. Dans les cantons où VE. tnelanoUfs renconlve XE. Horsfieldi, le Bootan oriental par exemple, on doit s'attendre à trouver un semblable croi- sement de ces races. Le Jardin zoologique de Londres possède 71 /i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. ces quatre races, tenues séparées et pures de tout mélange. Sous une latitude plus méridionale dans les pays malais, on trouve deux groupes de la même famille, les grands et les pe- tits Fire-Backs (1). Les Fire-Backs de petite taille offrent peu de qualités pro- pres à les recommander. Ces oiseaux n'ont pas de huppe et une queue ordinaire resserrée, un peu semblable à celle d'une Poule domestique, qui se trouve en général très-déployée ver- ticalement, mais nullement relevée. Les femelles sont entière- ment noires, avec la même peau écarlate autour de l'orbite que les mâles, et, chose remarquable, bien armées d'éperons. Les mâles, parfaitement tachetés de gris sur le dessus, ont le croupion coloré d'un rouge feu, et les deux tiers de l'extré- mité terminale de la queue d'un jaune ferrugineux. Une espèce {Eiiplocotmis erythropJitJiahnus), habite la péninsule Malaise et l'ile de Sumatra; le mâle ayant les parties infé- rieures du corps d'un noir uniforme. Une autre espèce {Eii- plocomus pyrrhonotus) habite Bornéo, et le mâle a la région abdominale de même couleur que le croupion. Le Jardin zoo- logique possède un mâle en bonne santé de la race de Malacca offrant surtout de l'intérêt par la manière dont il supporte le climat de l'Angleterre; car, selon toute apparence, il est aussi robuste qu'aucun oiseau de basse-cour. Nous devons donc nous attendre à voir les grands Fire-Backs originaires de la même région et bien plus brillants que les premiers, dont nous al- lons nous occuper à leur tour, offrir la même résistance au froid, et se prêter également à être introduits dans nos fai- sanderies. Les grands Faisans à dos de feu, appartenant presque à la même famille que les Faisans KalHj, sont infiniment plus grands et plus beaux, ont les jambes plus longues en propor- tion du corps, et sont chaussés de formidables éperons. Il y a peu de différence entre leur taille et celle des Monàls. La peau nue de la face est très-développée dans les deux sexes, autant (1) Fire-hack, mot anglais intraduisible littéralement an point de vne tech- nique; il signifie liouppifère à dos couleur de Icu (noie du U'ad.). ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 7J 5 que chez le Faisan argenté, mais la couleur en est d'un joli bleu clair, offrant un fort beau contraste avec le noir violet brillant qui domine dans le plumage des Coqs, et le brun can- nelle clair, mélangé de blanc aux parties inférieures du corps, des Poules. Ces oiseaux ont une huppe de forme particulière, un peu dans le genre de celle du Paon ordinaire ou des Indes, mais plus courte et bien plus fournie, la partie terminale des plumes, plus complètement barbelées qui la composent, occu- pant environ la moitié de leur longueur. Lemfde a le croupion d'un beau rouge cuivré étincelant, et les quatre rectrices mé- dianes de la queue légèrement allongées et arquées de couleur blanche ou châtain. Une espèce de cette famille {VEuplocomiis Vieilloti) habite la péninsule Malaise et Sumatra, s'étendant vers le nord dans la province de Mergui, où on la trouve con- curremment avec le véritable Argus et une foule d'autres oi- seaux de la Malaisie, parmi lesquels la belle Perdrix à huppe {RoUulus coronatus) (1 ), et qui ne se rencontrent pas plus avant vers le nord dans les provinces de Tenasserim des possessions britanniques du Burma. Le Coq de V Enplocomits Vieilloti a des raies blanches longitudinales sur les plumes des flancs. Une seconde espèce {EufÀocomus nobilis) a pour patrie Bor- néo (2) : le mâle a toute la région abdominale d'un roux écla- tant, et les quatre rectrices médianes de la queue d'un châtain foncé. Dans une troisième espèce {Euplocormis ignitus), dont le lieu exact d'habitation reste à déterminer, bien que je le soupçonne être à l'est de Siam, le milieu du ventre est blanc, les flancs sonf, d'un châtain pâle mélangé d'un noir violet, et les quatre rectrices médianes de la queue d'un blanc roux. Tous les oiseaux de ces diverses espèces sont d'une grande beauté, et d'après mon expérience personnelle de VEuplocomus Vieilloti (dont j'ai eu longtemps aux Indes une paire en ma possession, aussi familiers que des volailles ordinaires), je (1) Le Rouloul [Cryplonijx coronata). — R. (2) Un Euplocomus nobilis, le premier qui ait été importé, se trouve au .Jardin zoologique cracclimalalion de Paris, qui Fa reçu en don de S. Exe. W. gouverneur des Indes néerlandaises, par l'obligeant intermédiaire de AI. IIu- gounet, agent des postes embarqué. — !'.. 716 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. m'attends à les voir résister suffisamment au froid en Angle- terre, comme le petit Faisan à dos de feu de Malacca, dont il a déjà été question, ou même notre Poule domestique, indigène à l'éîat sauvage des mêmes contrées (fait bon à se remé- morer en toute circonstance) . Bien que les trois races de grands Faisans à dos de feu soient parfaitement distinctes l'une de l'autre, comme le sont également les quatre Faisans Kallij, et les trois races de Faisans proprement dits, qui sont très- rapprochés du P/msianus colchicus, il est probable qu'elles se croiseraient de même entre elles, si elles en avaient l'occa- sion. Nous devons nous attendre à un résultat semblable pour les deux races de petits Faisans à dos de feu, et peut-être pour les deux variétés de Faisans cornus (Crossopiilon). Parmi les grands Faisans à dos de feu, YEuplocomus Vieilloti et VEu- p/ocomiis nobilis sont les deux races olfrant le contraste le plus frappant l'une avec l'autre, et l'importation de toutes deux est vivement à désirer pour leur beauté, et même no- nobstant l'impossibilité pratique de les faire reproduire à l'état libre. Le Monàl {LopJiopJtorus Impeyonns) , jusqu'ici seul repré- sentant de ce genre, l'un des oiseaux les plus resplendis- sants de plumage (au moins le mâle), est aujourd'hui trop bien connu pour avoir besoin d'une description. Dans le cours de ces dernières années, il s'est reproduit au jardin zoologique de Londres et aussi dans plusieurs collections particulières (1) ; mais, si on le laisse en liberté, il semble ne montrer aucune disposition à retourner à l'état sauvage, demeurant tout près de la maison du garde, ou bien aux endroits où il est habitué à recevoir sa nourriture, aussi familièrement que nos volailles ordinaires. Dans mon opinion, le superbe Mofiâlesl fort dis- posé à devenir bote familier de la basse-cour, comme le Paon; et peut-être l'époque n'est pas éloignée dans laquelle nous le verrons élevé de la même façon, en qualité d'oiseau domes- (1) Nous (levons rappeler ici que, dans le courant do l'année 1S67, M. Pomme a réussi parl'aitomenl à élever retîe hclle espèce dans les environs .de Paris. — lî. ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 717 tique, destiné à servir de principal ornement, ayant toute liberté d'errer au gré de son caprice, même au cas où il plai- rait à d'autres individus du même genre de retourner à la vie sauvage du Faisan, une fois livrés davantage à leurs propres ressources. Nous devons, paraît-il, le distinguer maintenant sous le nom de Monàl de l'Himalaya, où à queue rouge; car on vient d'en recevoir à Paris une seconde espèce (les peaux seulement), provenant des montagnes au nord de la Cochin- chine (1), et à laquelle il n'a pas encore été donné de nom spécial, au moins à ma connaissance {^). La nouvelle espèce est un oiseau de plus grande taille, mais possédant un plu- mage moins éblouissant que l'autre. La huppe est ditîérem- ment formée, et la queue, au lieu d'être disposée en éventail (comme dans l'espèce de l'Himalaya), a les pennes rectrices médianes quelque peu allongées. En outre, cette queue est noire, avec quelques taches blanches le long des tiges des plumes, comme chez le grand Coq de bruyère, elles tectrices du dessus allongées. Le vert est l'éclat dominant du plumage, mais le croupion est blanc comme dans l'autre. Notons ici ce fait digne de remarque : à mesure que nos connaissances s'étendent, nous trouvons chaque genre de gallinacés se com- posant de plusieurs espèces. On a reçu avec le nouveau MoikH un second Faisan couleur de sang {Ithaginis) provenant de la même région, mais inférieur en beauté à l'espèce connue antérieurement (3). Les Faisans à oreilles-aigrettes (h) {Crossoptilon), de la taille des grands Euplocomes à dos de feu, sont de très-beaux (1) Cette espèce provient de Mou-pin, Thibet cliinois. (2) Cette espèce a été décrite par i\lAI. J. Verreaux et A. Geoffroy Sainl-Hi- laire sons le nom de Lophophorus Lhuysii, en reconnaissance dos bons soins que S. E. M. Drouyn de Lhuys ne cesse de donner aux progrès de l'ac- climatation (voy. Biillet. de la Soc. d'acclimat. 2* série, t. IV, p. 705, 1867).— R, (3) Celte nouvelle espèce iV Ithaginis qui provenait, comme le Lophophorus Lhuysii, d'un envoi fait par notre dévoué confrère :\I. Pli. Dabry, a été décrit par :\I. .1. Verreaux sous le nom d" Ithaginis Ccoffroiji (voy. fittllet., 2" série, t. IV, p. 705). — R. {^) Eareâ phcasant, ne serait-ce pas plutôt à aigrettes? 718 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCGLIMATATION. oiseaux, bien que manquant de eouleurs vives. Leur princi- pale beauté consiste dans la singulière forme de leur queue arquée, composée de larges plumes ayant les barbes désunies. Le plumage tout entier est d'un tissu peu serré et ouvert, particulièrement épais et abondant, et remarquable par la similitude de couleur dans les deux sexes. Les mâles sont sim- plement un peu plus grands, mais aisément reconnaissables par la présence d'éperons. Le sommet de la tête est recouvert de plumes courtes veloutées ; la peau écarlate papilleuse des joues est bien développée, et au-dessous se trouve une touffe singulière de plumes blancbes allongées, se prolongeant en arrière comme une espèce d'aigrette, caractère tout à fait spé- cial à ce genre d'oiseaux. Une fort belle espèce {Crossoptilon Tihetamim) paraît avoir pour habitation la partie orientale du Thibet, ou peut-être la Mongolie, et la seule peau de cet oi- seau , connue jusqu'ici (actuellement empaillée au British Muséum) , fut reçue comme venant de cette contrée par M. Hodg'son, alors résident politique à la cour du Népaul. Sa couleur est principalement blanc grisâtre, avec le dessus de la tête noire, les ailes et la queue noires colorées d'un reflet acier violet. La seconde espèce {Crossoptilon aurifum^ Pha- siamis auritvs de Pallas) a pour couleur dominante le noir, passant au blanc sur le croupion et la queue, les plumes de cette dernière partie ayant l'extrémité bordée de noir; les aigrettes sont blanches et contrastant vivement avec le reste. On a obtenu la reproduction de cette espèce à Paris , et le Jardin zoologique de Londres en possède actuellement deux paires bien portantes , dont nous pouvons espérer un bon nombre déjeunes la saison prochaine. Cet oiseau étant natif de la Manlchousie et du nord de la Chine, nous ne devons au- cunement douter de sa facilité de résister au froid, comme aussi de son aptitude cà être introduit dans les forêts du nord de l'Europe ; mais, de môme que le Monàl, je le crois disposé à devenir aussi familier que le Paon ordinaire, et s'il n'est pas trop querelleur et d'humeur altière, il pourra petit à petit prendre rang au nombre des ornements de la basse-cour. L'espèce du Thibet est une conquête fort à désirer, mais pro- ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 719 bablement difficile à réaliser dans un temps rapproché. Je le pensais également du Faisan d'Amherst, mais je viens d'ap- prendre par le dernier numéro du Land and Water, que l'on en attend à Paris plusieurs individus (1). Les diverses races de Coqs des jungles (Galius) sont des oi- seaux beaucoup plus beaux que les Faisans A«//?)", et après avoir vu la facilité avec laquelle deux de ces races se conservent en pleine liberté au Jardin zoologique de Londres en toute saison, se reproduisant parfaitement, et perchant la nuit sur les arbres comme dans leurs forêts natales, je suis porté à les croire tout aussi robustes au froid que le Faisan ordinaire, si on les met- tait en liberté dans nos bois, où l'on ne doit aucunement craindre de ne pas les voir devenir suffisamment farouches et sauvages après un certain temps ; mais seulement ce ne sont pas des oiseaux se levant aisément devant le chasseur, à moins d'être poussés vers lui par une ligne de rabatteurs. Le genre Galhis comprend deux types différents. L'un a la crête lisse ou non dentelée, un seul barbillon ou fanon pendant sous la gorge, semblable h. celui d'un Pénélope, et une collerette au cou comme celle des Faisans dorés et d'Amherst, au lieu du collier formé des longues plumes de camail, ornement du Coq domestique. On connaît une seule espèce de ce type, un oiseau superbe, le Galius Javanicus, habitant l'île dont il porte le nom. Des hybrides sont fréquemment élevés de cet oiseau croisé avec le Coq domestique à Java, plusieurs ont été décrits sous les noms de Galius .Eneus et Galius Temminckii, et j'ai lieu de supposer ces hybrides inféconds (2). L'autre type est celui du Coq domestique vulgaire ; mais 1e vrai type ori- ginal sauvage de ce dernier est aussi différent de l'oiseau de basse-cour ordinaire que le cheval de course du cheval de (1) Nous devons rappeler ici qu'une U'oisième espèce A.Q Crossoptilon àowi M. Dabry avail envoyé la peau Tan dernier à Paris, el qui provenait de Mou- pin (Thibet chinois), a élé décrite par M. Milne Edwards sous le nom de Crossoptilon Dromjni (voy. Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 20 avril 1868). — R. (2) Le Galius /Eneus a fréquemment reproduit au Jardin zoologiqiie d'acclimatation de Paris. — n, 720 SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZOOLUGinUE d'ACCLIMATATION. charrette. Il ne varie jamais de couleur, sauf que les nuances du plumage du Coq sont plus foncées dans les pays malais, et plus pâles sur les pentes inférieures de l'Himalaya, jusqu'à une élévation d'environ (juatre mille pieds. Dans le nord de l'Inde la race est infiniment plus belle et plus semblable d'aspect au véritable gibier, que dans les contrées de l'Indo- Chine, à l'est de la baie -de Bengale, et l'oiseau provenant réellement de l'Inde a toujours les joues {cheeklappet) d'un blanc pur, qui contribue à relever sa beauté. Ceux du Jar- din zoologique appartiennent à la race de Burma, plus sem- blable aux Bantams, ayant tout au plus la jambe aussi mince (et dans un vrai Coq des jungles de cette espèce, elle doit être fine et de couleur bleu-ardoise sans aucune teinte de jaune). Dans le sud de l'Inde, une espèce très-distincte le remplace, le Gallus Sormeratii, remarquable par les lames pareilles à de ia cire d'Espagne, sur le plumage du Coq. D'après mon expérience, les hybrides provenant du croisement de ces deux espèces sont inféconds, et j'observe également qu'elles ne se mêlent pas au Jardin zoologique, où toutes deux errent en liberté dans les bosquets, le Gallus Soniieratii étant en outre d'un naturel plus sauvage, mais pas davantage, je suppose, que ne le serait la race du Bengale, du Gallus ferruçfineus. Une troisième belle espèce, Gallus Stanley/ , d'une famille plus rapprochée du Coq sauvage ordinaire, est particulière à l'île de Ceylan. Ellî a la crête jaune avec un bord rouge. La voix de ces trois espèces est différente, dans chaque intonation du cri poussé. La présence du Gallus Stanley i et du Gallus Javanicus est à désirer au Jardin zoologique , et je doute même si la belle espèce de Ceylan a jamais été rapportée vivante en Europe. J'en possédais une paire en volière lorsque j'habitais Calcutta. (Depuis le moment où ces lignes ont été livrées à l'impression, j'ai appris l'arrivée de quelques exem- plaires vivants du Gallus Stauleyi.) On trouve dans l'Afrique occidentale deux oisenux-gibiers d'un plumage insignifiant , qui me paraissent devoir èli'e rangés à juste titre parmi les Faisans, bien que le docteur Sclater les ait subordonnés au grou[)e des Pintades (groupe, ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 721 dans mon opinion, appartenant plutôt à la famille des Perdrix). Les mâles sont armés d'éperons, caractère étranger aux Pin- tades, et la queue est quelque peu allongée, étroite, et se ter- minant en forme de coin. Toutes deux ont la tète et le cou dénudés, et peut-être d'une couleur brillante pendant la vie. Une espèce {P/msidns niger) est entièrement noire, avec le sommet de la tète et la nuque faiblement garnies de courtes plumes. L'autre espèce {Agelastus tnelearjrides), a la partie inférieure du cou et toute la région pectorale d'un blanc pur, le reste du plumage noir cendré avec de petits rayons croisés de couleur sombre. Taille de la Poule faisane ordinaire, la première espèce plutôt un peu plus petite. L'existence de ces oiseaux indique la découverte très-probable d'autres espèces du même type de Faisan africain, inconnues jusqu'ici, et parmi lesquelles il s'en trouvera peut-être d'une couleur plus gaie : et je ne vois aucune raison pour qu'ils ne soient pas aussi robustes en Angleterre que la Pintade originaire de la même région, ou le Paon et le Coq sauvage ordinaire de l'Inde. Ces espèces sont entièrement distinctes des oiseaux, dénommés à tort « Faisans » du genre Clamato)\ et apparte- nant à la série étendue des Francolins, si nombreux sur le continent africain. Il existe encore un grand nombre de belles espèces de gibier ailé placées sous la dénomination générale de Faisans, bien que d'une parenté moins ropprocbée des séries du Faisan proprement dit et du Coq des jungles, que ne le sont celles dont nous nous sommes déjà occupé. Les vrais Faisans-Argus {Argusanus) sont des oiseaux d'une beauté d'ornementation étonnante de perfection, et leur plu- mage dépourvu de couleurs brillantes possède néanmoins de riches tons bruns élégamment relevés par la nuance bleu d'outremer des joues et de la gorge nues ; le sommet de la tète est recouvert de plumes clair-semées ayant quelque peu l'apparence d'une huppe occipitale recourbée. Ces oiseaux se distinguent surtout par le développement extraordinaire des rémiges secondaires parsemées de superbes marques ocellées, et aussi par la grande longueur des rectrices, au moins chez •!• sÈKit. T. V. — Oclubre 18GS. 40 72*2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTA! 10?i. le mâle, car ces caractères sont beaucoup moindres chez la femelle. C'est surtout en prenant séparément leurs longues plumes pour les examiner, que l'on peut néanmoins apprécier suffisamment le réseau des ocelles merveilleusement achevées, les beaux contrastes, les oppositions d'ombre et de lumière et l'harmonieuse élégance du dessin. Une des très-grandes plumes des rémiges secondaires de l'Argus, prise à part, est réelle- ment d'une beauté unique dans son genre dans toute la classe des oiseaux, et les rémiges primaires sont presque aussi re • marquables. Mais cette splendeur extraordinaire de détail appelle peu l'attention dans l'oiseau vivant, sauf (on peut le présumer en toute confiance) lorsqu'il étend et déploie son plumage de manière à le faire valoir, comme nous en avons été témoins chez les petits Polyplectrons ou « Faisans-Paons » de la même famille ; dans ce cas même pourtant il y a toujours absence de couleurs vives ou brillantes. Bien qu'il semble être de si grande taille, le Faisan-Argus a le corps réellement de petite dimension, le cou et les jambes longues, ces dernières sans aucune trace d'éperons. Ces magniliques oiseaux sont extrêmement farouches et sohtaires dans leurs habitudes, et se tiennent dans les épaisses forêis de la région malaise. L'es- pèce dont on voit ordinairement des exemplaires empaillés dans les Musées (Ar//iis gigantens), provient de Sumatra et de la péninsule Malaise, la région qu'elle occupe s'étendant au nord dans la province de Mergui, peut-être même jusque dans l'empire de Siam. La race de Bornéo (Argus Grayi) pré- sente quelques dillërences, pas bien l'.otables cependant; et il a été établi une troisième race {Argus ocellatus) au Musée d'histoire naturelle de Paris, sur le seul examen de quelques longues plumes des ailes et de la queue, l'oiseau complet (ou sa peau) n'ayant jamais été obtenu jusqu'ici, ou du moins rapporté en Europe ; mais les ocelles de ces plumes dilfèrent tellement des plumes correspondantes des deux autres races, qu'il ne peut rester aucun doute sur l'existence d'une espèce spéciale à laquelle elles appartiennent, et dont la patrie reste encore à découvrir. J'ai vu plusieurs individus vivants de l'Argus ordinaire ou Malais en captivité ; mais seulement un ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 7*23 en beau pliiiiiage, apporté de Singapore par feu H. Cuming, qui lui avait coupé très-court ses maguitiques longues plumes, pour rendre son installation possible à bord du vaisseau ; cet oiseau atteignit ainsi sans encombre le sol de l'Angleterre, et accomplit parl'ailement sa mue au Jardin zoologique de Lon- dres. C'est probablement le seul individu de ce genre qui ait jamais été rapporté vivant en Europe (1) . Comme oiseau de vo- lière, le Faisan-Argus est naturellement une importation fort désirable, et il n'existe aucune raison pour qu'il ne se montre pas aussi robuste que les Polyplectrons; mais comme nouveau gibier ailé, propre à être mis en liberté dans cette partie du monde, il n'a certes aucun droit à notre attention. En général, il est avantageux de couper très-court les longues plumes des oiseaux de la tribu des Phasianiens lorsqu'on les destine à un long voyage, et la même remarque s'applique aux oiseaux de Paradis; car, une fois le lieu de destination atteint en sûreté, la mue suivante rendra à l'oiseau sa beauté première. Le nom de Faisan- Argus est donné par les Anglais clias- sant dans l'Himalaya aux diverses espèces de Tragopans ou Faisans cornus, et par ceux qui cbassent dans le Sylbet ou Assam, au Polyplectron Chinquis, ce qui a fait dire à tort que le véritable Argus gigantesque habitait les provinces de Sylbet et Cliittagong. Dans les trois genres qui vont suivre, les mâles ont ordinai- rement deux éperons à chaque tarse ; mais le nombre des éperons est variable ; on compte quelquefois trois ergots à un pied et seulement un ergot à l'autre, et les plus forts sont placés tantôt plus haut, tantôt plus bas, mais généralement l'ergot placé le plus bas est aussi le plus long. Les c( Faisans-Paons )) {Volypleclron) ap})artiennent aux contrées de l'Indo-Chine, à la Péninsule et à l'Archipel malais. Quelques-uns sont réellement superbes dans leur genre ; mais ce sont des oiseaux de petite taille, avec une énorme quantité (1) Il existe actuellement (novembre ISiS) un Argus femelle vivant au .lardin zoologique (racclinialalioii dt' l'aiis, et un couple de ces inagni- liques oiseaux chez M. le baïun James de liodischild, à sa faisanderie de Ferrières. ~ \\. 72Zl SOLllIÎTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATÂTION. (le plumes, comme chez les vérilables Faisans-Argus. Le Pnhjplectron chalmnnn de Sumatra est un type dilîerenldes autres, ayant la queue plus longue et plus semblable aux Fai- sans, et point à' ocelles ou grandes lâches en forme d'yeux sur le plumage, mais la queue brillamment lustrée de bleu et de vert à l'extérieur. 11 tend à relier les autres Poli/pledrons aux grands Faisans- Argus. Les autres espèces ont la queue large, arrondie en forme d'éventail, mais pourtant allongée et étagée, et ayant sur chaque penne rectrice deux superbes ocelles d'un bleu acier ou d'un vert éclatant, une sur chaque barbe. Un second rang d'ocelles semblables se trouve sur les lectrices allongées de la queue; et chez trois espèces, chaque plume du dos, des ailes et du croupion est ornée de la même ma- nière, toute la masse pouvant être relevée en un disque plat éclatant, parsemé d'innombrables « yeux » brillants, comme le plumage du Paon est relevé lorsqu'il fait la roue. Véritables Paons en miniature lorsqu'ils s'étalent ainsi, ils inclinent sou- vent le disque formé par l'ensemble de leurs plumes relevées, tour à tour à droite el à gauche, repliant leur cou en arrière comme le Paon, et tenant ce disque élevé immédiatement après. Chez le Poh/plcctrnn cmphauuni de Bornéo, les ocelles des pennes de la queue et des grandes plumes de couverture sont très-grandes et très-belles, mais il n'en existe pas d'au- tres sur le plumage des parties supérieures ; la couleui' des ailes est principalement bleu-acier brillant; chaque plume bordée à l'extrémité d'une bande noire veloutée ; la huppe quelque peu allongée, et de môme que le cou et la poitrine, d'un noir bleuâtre riche à reflets mélalUques. Cet oiseau étale certainement son plumage de la façon décrite plus haut, mais le Pol'jplectron chalcurum semble avoir un mode diiférent de faire la roue, semblable sous quelques rapports à celui du grand Argus. Les Polijplectrons ordinaires ont beaucoup du Paon dans la tournure, et deux espèces me sont parfaitement connues. L'une {Pohjplectron Chinquis) est le Phasianus Tibe- taiws des anciens auteurs, mais n'est point un oiseau spécial auThibel, car on le trouve depuis les montagnes d'Assamvers le sud aussi loin que Mergui. Les chasseurs le rencontrent ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 728 fort peu, mais les naturels du pays réussissent à le prendre au lacet, et j'en ai eu en môme temps plusieurs douzaines vivants en ma possession. Il s'en trouve aujourd'hui des indi- vidus vivants au Jardin zoologique de Londres, où la seule femelle, qu'il y ait, a pondu doux œufs la saison passée, dont on a pu élever un seul jeune, une Poule fort heureusement. Un de mes amis d'enfance éleva également un seul jeune à Calcutta, de deux œufs pondus; et ces deux faits pourraient servir à prouver que ce chiffre est le nombre normal, et que trois ou quatre couvées semblables de deux œufs seulement sont produites tous les ans, mais c'est une simple conjecture (1). Les vrais Faisans-Argus sont peut-être aussi de même compa- rativement inféconds. Chez l(^ Poh/plectron C///jtq///s, le ton général du plumage est d'un brun grisâtre, produit par de petites taches de couleur pâle sur un fond brun, et les bril- lantes ocelles sont mises en relief par un cercle d'une teinte plus pâle. L'occiput est surmonté d'une huppe rudimentaire sans éclat métallique. On a récemment décrit une l)elle espèce nouvelle ( Polijpleclron (iermaini) provenant de la Cocliin- chine. El!(^ parait être d'une ])arenté très-proche du Poli/plec- tron cJiinqids, mais plus foncée dans la teinte générale du plumage, avec des ocelles encore plus resplendissantes, aucune trace de huppe sur l'occiput, et une peau écarlate de dimen- sion restreinte autour des yeux, caractère tout spécial à ce seul genre. Une auti-e superbe espèce {Pohjplectron hi- calcaraiiim) habite la péninsule Malaise et Sumatra, et les peaux de ce Polyplectron peuvent ordinairement l'tre trouv(!!es chez les marchands d'objets d'histoire naturelle. La queue n'est pas aussi allongée que dans l'espèce précédente, mais ornée d'ocelles plus grandes, et le brun dominant daiis le plu- mage est produit par de petites marques noires qui se ren- contrent sur un fond pâle : la huppe rudimentaire a un éclat (1) Les pontes obtenues au Jardin zoolof>;ique . ACCrJMATATlON DK FAISANS EN ANCI.F.TERRE. 731 pour 1865, sir Héron, dans le cours de quelques notes écrites par lui sur le Paon domestique, remarque « que la race Jn- » panned est, y\ pense, une variété ayant son origine en An- » gleterre. Parmi les nombreux élèves de lord Broiinlow, en » oiseaux des races ordinaires, blanches et panachées, la va- » riété Japnimpd, si je m'en rapporte k mes souvenirs, parut » tout à coiqi au milieu des autres. Le même fait se présenta » dans le troupeau de sir .1. Trcvelyan, uniquement composé » d'oiseaux de l'espèce ordinaire ; et aussi dans une famille » de Paons communs et panachés, donnés par lady Ghatham » à M. Thornton, et dans ces deux cas la race nouvelle surgit » à l'exclusion de la race existante antérieurement. » Le fait d'une même variété naissant spontanément dans diverses lo- calités est difficile à comprendre, surtout si les femelles étaient de même, j)lanch;Ures dans chaque cas différent. Des infor- mations plus complèies sont à désirer sur ce point. La seconde espèce parfaitement définie, ou Paon à cou vert [Pavo rnuti- ciifi, Lin., Pnvn spicifcnrs de Tcmminck) est remarquable par la présence d'éperons dans les deux sexes, et la femelle diffère fort peu du mâle pour l'apparence, sauf qu'elle ne possède pas une queue semblable. La huppe a une forme différente de celle de l'espèce indienne, et les plumes du cou ressemblant à des écailles, sonl vert foncé dans la variété indo-chinoise, d'un vert doré beaucoup plus brillant dans la race javanaise. Cette dernière est de beaucoup la plus belle des deux, et le couple actuellement au Jardin zoologique, apporté de l'Arra- kan, appartient;'! la première variété de couleur plus sombre. De la race plu.^ brillant^, il se trouve un Paon javanais em- paillé au Musée indien, Fi/fe house, et une petite femelle mal préparée au liritish Muséum, portant à tort, sur l'étiquette, la qualification d'hybride. 11 existe également de véritable^ hy- brides dans la collection nationale, provenant du croisement du Paon indien et de celui de Burmah, tels que je sais s'en être produits et comme j'en ai vu de vivants au Bengale, qui sont certainement encore supérieurs en beauté à chacune des deux espèces dont ils descendent ; un hybride des races in- dienne et javanaise du Paro splcifents serait encore plusbeau, 73'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'ACCLIMATATION. mais je n';ii pu m'assiirer si la race croisée continuerai l à se reproduire (soitpar elle-niènie, soit autrement) . L'importation du magnilique Paon javanais en Angleterre est vivement à dé- sirer,etl'on pourrait fort aisément se le procurer. J'en ai possédé une femelle vivante à Calcutta, où la race de Burmah s'obtient assez fréquemment. La question de savoir si la race javanaise est particulière à l'île de Java est aujourd'hui douteuse. Sir T, Stamford Raffles mentionne ce qu'il nomme le Paon ordi- naire à Sumatra ; et dans la liste des animaux de Sumatra, dressée par feu M. Vigors, et ajoutée au mémoire, publié par lady Piailles, après la mort de son époux, le Pavo spici/ents est indiqué comme se trouvant à la fois à Java et à Sumatra, ef le Pava crislati/s à Sumatra seulement. Peut-être Raffles a-t-il vu seulement ces deux espèces dans un état de semi-domesti- cité, comme j'ai moi-même rencontré le Paon indien et celui de Burmah dans leurs contrées respectives, vivant apprivoisés mais libres d'errer à leur guise dans leurs forêts natales; et la souche première de ces oiseaux peut avoir été importée à Su- matra, comme Piaffles rapporte que le Cerf Axis de l'Inde a été introduit dans la même île par l'entremise de ses habitants. Dans la péninsule Malaise, feu le docteur Cantor collectionna beaucoup pour l'histoire naturelle dans le Penang et la pro- vince de Wellesley, et je me souviens avoir vu entre ses mains des peaux de Pavo spicifenis, et aussi de Ga/ius varius, qu'il estimait provenir de ce voisinage. On trouve la race foncée de Ijurmah depuis l'Arrakan vers le sud jusqu'aux provinces de Tenasserim, où je l'ai moi-même rencontrée à l'état sauvage, et un de mes amis avait coutume d'en acheter tous les ans de jeunes oiseaux pour les élever et les engraisser pour sa table : tous ceux qui en ont goûté peuvent témoigner ([u'un jeune Paon ayant atteint sa taille est certainement le gibier ailé le plus délicat qu on puisse imaginer. Chez le Paon hybride, la couleur des deux espèces mères est magnifiquement fondue, et les plumes de la huppe ont une forme moyenne ; mais la peau delà face est blanche, ayant seulementune tache jaune, au lieu d'être d'un bleu foncé brillant varié de jaune, comme dans le Paon à cou vert. Ce dernier, et probablement aussi la race java- ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERUE. /33 iiaise à cou vert, est encore aujourd'hui (si je ne me trompe) , la seule espèce connue des habitants de la Chine, où l'on travaille les plumes de sa queue semée d'ocelles pour lormer le bel ornement connu sous le nom de « plume de Paon % attribut d'une classe supérieure de mandarins. La queue de ces deux espèces présente peu de difïérence; mais les ocelles du Pava sj)/'ci/rnis sont plus petites. Toutes deux sont très- faciles à do- mestiquer, et, je n'en doute pas, se montreraient également robustes et fécondes en Angleterre. Quelle sensation aurait produit l'une ou l'autre de ces espèces, si elles étaient intro- duites aujourd'hui pour la première fois vivantes dans cette partie du monde ! Le temps passera bien certainement où le Paon à cou vert sera connu au môme rang que l'autre parmi les hôtes familiers d'une basse-cour anglaise. Le Dindon sauvage est un nouveau gibier ailé dont l'intro- duction est également à désirer dans les parcs bien boisés et d'une grande étendue. L'espèce originaire des États bordant l'Allanlique de l'Amérique du Nord a déjà été mise en liberté dans deux ou trois parcs de l'Angleterre, où il réussit parfaite- ment. Le Dindon sauvage du Mexique, duquel descendent exclusivement nos races domestiques, montre encore de plus magnifiques reflets, fait dont peut s'assurer par lui-même tout visiteur de la collection ornithologique du British Muséum, et l'introduction d'individus vivants de la race sauvage est en- core un desideratum. Le type du Dindon ocellé du Honduras d'une beauté hors ligne est quelque peu dilTérent, et privé de la remarquable toulTe de crins sur le thorax qui distingue les deux autres; il possède en outre le second éperon dont nous avons déjà parlé. Les ocelles du plumage de cet oiseau se rapprochent d'une façon très-distincte de celles qui décorent les plumes de la queue du Paon. On voit au Jardin zoologique do Londres un superbe hybride, produit de la femelle du Din- don ocellé et d'un mâle de race domestique choisi avec soin, parcourant librement les massifs, toujours en société d'une femelle de Paon ordiiiaire, avec laquelle il a été élevé. Il ne faut guère s'attendre à voir ces deux oiseaux se reproduire ; mais j'ai toujours pensé qu'on pourrait, probablement, obte- 73/[ SOCIÉTÉ IMr'ÉP.lALE ZÛOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. nir des hybrides entre les genres Pava et Meleagris, si l'on tentait les vrais moyens de faire naître de semblables croise- ments, en élevant ensemble les jeunes oiseaux de ces deux genres et les tenant séparés de l'autre sexe de la même es- pèce (1). Je ne doute nullement non plus de la faculté pour le Dindon ocellé de race pure, de résister au froid et de se repro- duire, pourvu qu'on lui donne une liberté suffisante, par ce que j'ai observé de la rusticité de cet hybride. Le Dindon ocellé est un oiseau d'une beauté splendide, vers lequel l'attention des importateurs doit se porter tout particulièrement. Après avoir passé en revue, assez rapidement, les séries si étendues des Faisans et de leurs alli('S du même ordre, il me reste à récapituler les espèces dont je considère l'introduction comme très-désirable, pour être mises en liberté en Angleterre. De tous les véritables Faisans, le Faisan de Fieeves est l'oiseau par excellence, et immédiatement ensuite le Faisan cuivré {Phas:Sœnrmerrhi(jii).Sm\iml des informations reçues récem- ment, j'ai lieu de croire que le Faisan vert du Japon {P/n/s. verskolor) et celui à collier de la Chine [Plias, torquatus), se maintiendront sufiisamment distincts de l'espèce ordinaire, dans toutes les localités où ces deux espèces se trouveront en assez grand nondjre. Je sais un pare dans lequel une partie des massifs est occupée exclusivement par le Faisan vert, et, d'autre part, le Faisan à collier de race pure y habite exclusivement aussi des massifs diilérents. En outre, je viens de voir et de tenir en mains un Faisan vert « bien en chair », un jeune Coq de l'année ayant achevé sa mue, sans aucune trace apparente de croisement quelconque, tiré dans un des comtés du centre, dans une localité oii il était arrivé, nul ne peut savoir com- ment ; preuve évidente que l'espèce est fixée dans le pays. La (1) Au Jardin zooldgiqv.e d'acclinialaiioii de l>ans, se voit vivani, en ce monienl, le nié lis oblenii entre le Dindon ol la l'ouie donicslique (race co- cliincbinoise) . Ce curieux spécimen, (jue nous croyons unique, a (Hé rapporlé de la i'iata en l!-,66 par i\i. le capilaine Frémonl, dii Havre, qui l'a donné à rÉlalîiissemen! du ijois de t>oulot;Me. Ln autre métis curieux a été oijlenu, entre le l'.um et la i iniatie, au Jardin zooiogique d'Anveis, où sa dépouille est conservée. — 11. ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 73o première introduction du Faisan vert en Angleterre fut accom- plie d'une manière fort remarquable. Feu le comte de Derby en lit acheter en Hollande une paire, dont la femelle mourut pendant le voyage. Le Coq fut accouplé alors avec des Poules faisanes ordinaires, et les hybrides femelles placées ensuite avec lui, méthode suivie l'espace de trois ou quatre généra- tions, tant qu'à la fin il devint impossible de distinguer ces produits, du Phasiamis versicolar'pi^omh d'origine pure. Les hybrides successifs à des degrés divers de croisement furent cédés ensuite, et mis en liberté dans plusieurs propriétés, et la descendance de ces hybrides a conduit à supposer que l'espèce primitive exigeait un éloignement absolu pour se maintenir à l'état de race distincte et séparée. M. Gould a même expripié l'opinion que dans le cours de quelques années, il deviendra difficile de se procurer un Faisan de race pure (de ce sous-groupe particulier) dans toute l'Angleterre. Nous pouvons, je pense, nous aventurer à considérer main- tenant le Phasiamis torquatus et le Phasiamis versicolor comme parfaitement établis dans ce pays, bien que le dernier nommé ne soit pas encore fort répandu jusqu'ici. Quelques années seulement d'accroissement continu, et le Faisan vert cessera probablement d'être une rareté. Ce moment venu, le Phasiamis Reevesii ei le Phasiamis SœmmerringiimYoni se- lon toute apparence considérablement multiplié, et d'autres espèces moins propres à être mises en liberté seront élevées annuellement en grand nombre, comme on l'a déjà fait égale- ment pour tant de générations de Faisans dorés et argentés. Dans le groupe des Pueras ^la PiicrasiaDiwauceli{P. castanea de Gould) est le plus remarquable pour sa beauté, et par con- séquent le plus désirable; (mais il est fort difficile à se pro- curer), et ses habitudes paraissent à peu près semblables à celles de notre Faisan commun. Le Pucrasia macrolopha de i'Hima- laya occidental est plus facile à avoir, et vaut bien la peine d'être obtenu en l'absence de l'autre, comme nous olfrant une charmante variété. Le Faisan de Wallich de l'Himalaya est si complètement éclipsé par celui de Reeves, que le seul mérite d'une tadle supérieure à celle du Faisan ordinaire cesse d'être une recommandation. Les nombreuses et belles esDcces de 736 SOCIÉTÉ IMPÉIIIALE ZOOLUGIQUE d'ACGLIMATAïION. gibier ailé, intermédiaires entre les vrais Faisans et les Coqs des jungles, sont généralement inadmissibles à cause de leur répugnance à prendre leur vol, et pour les plus belles de ces espèces, leur penchant belliqueux et dominateur, comme j'ai tout lieu de le soupçonner, sera un grave obstacle. VE. Uneatns et r/i. jmdatiis doivent être mis au premier rang de ce groupe, soit à cause de leur beauté, soit pour leur taille qui n'est pas assez grande pour qu'ils puissent subjuguer le Faisan commun. On doit, selon moi, préférer les diverses espèces de Coqs des jungles aux Faisans Kallij de l'Hi- malaya, et chaque espèce en particulier et toutes en géné- ral valent amplement la peine d'être essayées. Les grands et beaux Faisans à aigrettes {Crossopiilon) seront probablement parmi les plus robustes, et, dans le cas où ils pourraient y trouver leur nourriture propre , prospéreraient peut-être comme habitants des bois de sapin au nord de l'Angleterre. L'éclatante beauté de plumage du Coq Monàl (Lopliophore) fera toujours de cette espèce un favori de premier ordre. La race paraît être sûrement établie en Angleterre, sans exiger même la nécessité de nouvelles importations ; de sorte qu'avec le temps sa multiplication est assurée dans une proportion toujours croissante ; mais je n'ai point appris qu'il ait, jusqu'à présent, franchement pris goût à la vie des bois, son naturel le i)ortant apparemment plutôt vers le degré de domesticité et de familiarité que l'on observe chez le Paon. La seconde et nouvelle espèce de Monàl, d'une beauté moins éclatante, est cependant un desideratum évident, et, d'autre part, sa taille est supérieure à celle de l'espèce précédente. Les Tragopans semblent convenir mieux à nos bois, et tous les efforts de- vraient tendre aujourd'hui à se procurer la plus belle de beau- coup des quatre espèces, le Satijra melanocephala de l'Hima- laya occidental -,11 race rouge de l'Himalaya central {Cerioimis Safi/ra) est en bonne voie d'accroissement ; il manque mal- heureusement des femelles de la race rouge de la Chine {Ccriornis TemmincJà), dont le Jardin zoologique de Londres possède actuellement jusqu'à trois mâles. Le Faisan, couleur de sang de l'Himalaya est égalemenl une conquête fort à désirer^ et Ton doit chercher à se le procurer de l'intérieur de ACCLIMATATION DE FAISANS EN ANGLETERRE. 737 Sikhim à Darjeeling ; tandis que des collines de Simla et de Mussooree, le Tragopan occidental et le Faisan pueras sont les espèces les plus demandées au moment actuel. Les importateurs de nouvelles espèces de gibier ailé de- vraient établir une agence à Singapore, entrepôt important pour les acquisitions de ce genre; car on peut se procurer parfois dans cette localité le grand Argus, les Polyplectrons de la Malaisie, les grands Faisans à dos de feu, tous oiseaux dont l'introduction est à désirer, au moins pour nos volières, et la race javanaise du Pavo spiciferus, ([ui pourrait servir à orner notre basse-cour, l'expérience ayant prouvé la rusti- cité de tous les vrais Gallinacés sous le climat de l'Angleterre. Beaucoup d'autres oiseaux portent à tort et localement le nom de « Faisans » ; ainsi les « Faisans de neige » ijetrao- (jallm) de l'Himalaya et l'Asie centrale, qui sont de grosses Perdrix de montagne ; le Tétras à fraise d'Amérique {Bonasia umbellus); le Leipoha ocellata d'Australie, de même famille que l'oiseau appelé « Brush turkey » {Talegalla Lathami); le Clamator Capcnsis du sud de l'Afrique, qui est un Fran- colin ; l'oiseau d'Australie nommé « Faisan à queue de lyre » {Menwa), qui appartient en réalité à l'ordre des Passereaux; les prétendus « Faisans-Corbeaux » membres de la grande famille des Coucous ; et enfin « le Faisan d'eau » {Parra si- nensis) du sud-est de l'Asie et de ses îles, et appartenant aux séries des Grallipèdes. J'ai même lu quelque part un article sur « l'excellente chasse au Faisan » en Australie, article se rapportant en réalité au « Faisan-Corbeau » ou Coucal {Cen- trop//s phasianus) de cette région ! Imaginez un chasseur de l'Inde tirant sur les oiseaux de même espèce que les « Fai- sans-Corbeaux )) , c'est-à-dire sur les « Mahooka » {Centropus rufipennis) , ces hôtes si marquants des jungles, avec lesquels doit être familiarisé tout individu ayant jamais porté un fusil dans l'extrême Orient, et surtout figurez-vous cet amateur décorant l'action d'abatire une quantité de semblables oiseaux du nom de « chasse au Faisan » ! [Land and Water, décembre 1866 à janvier 1867, t. II, p. ZiZiii, Zi69, 518, 56/i, 592 et 612.) 2<; SÉRIE. T. V. — Octobre 1S68. hl NOTK SUR LE BROCHET, Par M. SAIJVA»«:\1. Le Brochet, le plus grand poisson de nos étangs el d'une partie de nos rivières, est aussi le poisson qui grossit le plus vite, pourvu qu'il soit bien nourri; il a sur l'Anguille, qui est également un dévastateur de nos eaux, l'avantage d'être moins coûteux, en même temps qu'il prend plus vite un poids con- sidérable, et, à défaut d'autre nourriture, il fait une guerre acharnée à sa propre espèce. Ce grand appétit le rend utile dans les pièces d'eau très-étendues, où le nombre des habi- tants trop agglomérés est un obstacle à l'accroissement des poissons, qui se nuisent les uns aux autres et se disputent avec acharnement une nourriture trop rare pour satisfaire l'appétit de chacun d'eux. Le Brochet commence à dévorer tous les petits, ce qui permet aux autres poissons de grossir, par suite de la diminution de population ; plus il grossit, plus il s'attaque à des individus de dimension plus considérable, et il continue jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que des animaux trop gros pour lui servir de proie. A sa suite viennent les Broche- tons, qui font table rase de tout le fretin dédaigné par leur père ; mais quand arrive le moment où la pâture n'est plus assez abondante pour celui-ci, le Brochet, nouveau Saturne, immole sans pitié ses enfants à sa voracité : Ventre affamé n'a pas d'oreilles ; il n'entend même pas la voix du sang. Mais il faudrait ne pas laisser le Brochet plus de cinq à six ans dans les étangs, car s'il y fait un trop long séjour, ses ra- vages deviennent énormes et opèrent une destruction trop grande, même des poissons de forte taille; c'est ainsi que nous avons vu récemment prendre, dans un étang de la forêt de Rambouillet, un Brochet de 0 kilogr. qui dégorgea au mo- ■ ■ NOTE SUR LE UROCHET. 730 ment de sa capture, une Carpe de trois livres , parfaitement intacte et qui donnait encore quelques signes de vie. Or, un Brochet de cette dimension doit absorber facilement par an, 50 kilogr. de poisson pour sa nourriture, si l'étang est assez peuplé pour fournir à discrétion à un tel consommateur; d'où l'on peut calculer la perte, le prix d'un Brochet de cette sorte étant d'environ 20 francs, tandis que chaque kilogr. de pois- son ingéré par lui est d'environ 1 fr. 50, total 75 francs, d'où 55 francs de perte pour le propriétaire de l'étang. Loin de penser que notre calcul soit exagéré, nous croyons, au con- traire, être au-dessous de la vérité, comme le prouvera le raisonnement suivant. Nous supposons qu'on empoissonne un étang avec du Bro- chet, dit AijuiUe, du poids de 100 grammes, et nous admet- tons que chacun de ces poissons mange la première année h kilogr. de poisson, ce qui n'a rien d'exagéré, puisque cela ne fait que il grammes environ par jour. Nous doublons chaque année la nourriture, au fur et à mesure que le Broche' se développe : - ' •' . l'*^ année. !x 000 gr. par an = 11 2^' — 8 000 = 22 3'^ — 16 000 — -- 6^ h"" - 32 000 — = 88 5" — 6i 000 — = 176 6" — 128 000 — = 352 252 000 gr. Ainsi un Brochet qui, en six ans, a absorbé 252 kilogr. de nourriture revient, en ne comptant le poisson qu'à un franc le kilogr., à 252 francs (nous ne tenons pas compte de la plus- value qu'aurait acquise, en six ans, le poisson victime, qui au- rait doublé plusieurs fois de poids dans ce laps de temps). Admettons que le Brochet grossisse de moitié la première année, triple de la seconde à la quatrième, et double de la quatrième à la sixième, ce qui est en rapport avec l'observa- tion; car il est avéré que quand le poisson vieillit, il grossit moins vite que les premières années. . . ire année . 100 gr, 2^ — 300 3" — 900 k' • — 3 600 5« — 7 200 6" — 10 000 7/|0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Sa nouiTituro a coûté k ir. — ^ — IG — 32 — 6/1 — 128 Vaut à 2 fr. le kilogr. = 20 fr. 'l'olal . . 252 fr. Le poisson, qui ne se vend en moyenne que '1 francs le kilogr., coûte en réalité à l'éleveur 25 francs 0:> le kilogr., et encore faut-il admettre qu'un Brochet atteigne en six ans ce poids de 10 kilogr., ce que nous ne croyons pas possible; car le Brochet que nous avons vu profiter le plus, pesait 500 gram. au moment où on le mit dans une pièce d'eau abondamment peuplée de poissons, et cinq ans après il ne pesait que 5 kilogr. ; par contre, le produit de la pèche fut près d'un tiers moindre que les autres fois. Ne vaudrait-il pas mieux, au point de vue de l'alimentation public[ue et du repeuplement des eaux, pêcher plus fréquem- ment les étangs où la reproduction est trop rapide et trop abondante, en vendant tout le plan pour repeupler d'autres pièces d'eau, et même lâcher dans les rivières le surplus de ce qui n'en serait pas vendu, que de le faire dévorer par les Brochets avec un aussi mince résultat? Nous connaissons dans l'arrondissement de Rambouillet un étang, qui est péché presque tous les ans, pour vendre le fre- tin de Carpe, et qui produit à chaque pêche de 800 francs à 1000 francs, rien qu'en fretin d'un à deux ans (le ])rix. du fretin de l'année est d'environ 50 à 60 francs le mille, celui de deux ans de 100 à 150 francs, suivant qu'il est rare ou commun, car il n'est pas toujours facile de s'en procurer), et il reste tous les gros poissons qui grossissent très-vite. S'il y avait du Brochet dans cet étang, et qu'on ne fit la pêche que tout les dix ans, le produit ne serait certes pas plus fort que celui d'une année sous le régime actuel. Les étangs des forêts de notre voisiuage sont en général très-poissonneux, et le poisson s'y d(''veloppe très-rapidement, mais la présence du Brochet fait qu'excepté quelques grosses • ■ NOTE SUR LE lîROCIlET. 7/ll Carpes qu'on y a laissées lors des pèches précédentes, il n'y a qu'une très-minime quantité de petites Carpes, eu égard à l'étendue de l'eau. Quant aux Brochets on trouve ordinaire- ment un ou deux très-beaux poissons (10 kilogr. 500 gr., 9 kilogr. 700 gr., dans une pèche à laquelle nous avons as- sisté), une douzaine d'un poids inférieur et à peine quelques petits, car les gros dévorent tout (1). Il serait facile de multiplier les exemples, pour prouver la dévastation énorme faite par les Brochets dans les étangs, mais cette influence désastreuse nous paraît suffisamment connue de tous, pour que nous n'insistions pas ici. Nous ne deman- dons pas qu'on supprime l'éducation de ce poisson partout, mais nous désirons qu'on mette une certaine mesure dans sa propagation, convaincu que nous sommes que la culture du poisson deviendrait impossible si on laissait se propager, sur une trop vaste échelle, un poisson qu'on a ajuste titre nommé le Requin (Verni douce. D'ailleurs ne pourrait-on pas remplacer, avec avantage, le (1) Dans iniilos les pèches auxquelles nous avons eu occasion d'assister, nous avons remarqué que, partout où il y avait des (lardons mêlés avec d'au- tres poissons tels que Carpes, Tanches, Chevennes, ceux-ci étaient toujours en nomhre supérieur aux autres poissons; ce fait se remarque principale- ment quand il se trouve dans l'étang des espèces carnivores telles que Perche ou Brochet. En raison même de cette circonstance, on ne s'occupe jamais dans les étangs de la Couronne à r.amhouillet, qui sont nonihreux, de pour- voir à la conservation du Cardon, lors des pèches, et toujours ces étangs fourmillent de Gardons : on ne peuple ces étangs qu'en Carpes, Tanclies et Pirochels, et presque toujours, lors de la pèche, on trouve peu de Carpes, peu de petits Brochets et heaucoup de (lardons. >ous pensons qu'on peut donner deux explications de ceci : les Cardons vivent au milieu de l'eau et recherchent peu les fonds et les herbes où les autres espèces trouvent leurs ennemis embusqués, les Anguilles au fond, les Brochets et les Perches vers les bords ; d'autre part, les poissons carnivores paraissent dédaigner le Car- don et lui préférer de beaucoup les autres espèces et même leurs congénères. Car si nous avons trouvé quelquefois dans des Anguilles, des l^erches et des Brochets péchés dans des eaux où le Gardon foisonnait, des individus de leur propre espèce, nous n'y avons jamais rencontré de Cardons, d'où nous concluons que ce poisson est tropdillicilc à happer, ou bien que sa chair n'est pas jugée assez délicate par les carnivores de nos étangs. 7/i'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Brochet dans les étangs par les Truites, lorsque les eaux leur seraient convenables, ou par quelque autre espèce moins dé- vastatrice et d'une plus grande valeur? • - On pourrait, tout au moins, réserver quelques étangs sans y mettre de Brochets, et les soumettre à une pêche plus fré- quente, de telle sorte que le plan serait vendu pour servir au repeuplement d'autres eaux, et que les poissons les plus gros seraient livrés à la consommation publique. En terminant cette note, nous voulons exprimer le désir qu'on soit bien convaincu que si nous avons insisté sur des faits c[ui sont déjcà connus d'une manière générale, nous n'avions d'autre intention que de propager une idée qui nous a paru bonne, de donner l'élan à une nouvelle industrie qui peut être d'un grand secours pour l'alimentation publique, et de prouver que nous continuerons à nous associer, dans la li- mite de nos faibles forces, à l'œuvre si excessivement utile de la Société d'acclimatation. • : PLANTATION DES POMMES DE TERRE : ; EN FÉVRIER, ■ ,. : Pour éviler la maladie, et pnur angnieiilor la prodiirlion des Uiberciilcs. ' RAPPORT SUR LA CdLTURE DE TROIS PLANTES POTAGÈRES CHINOISES, Après le Blé, la Pomme de terre est sans contredit la plante la plus utile à l'homme, et si, ce qu'à Dieu ne plaise, elle ve- nait à disparaître de toutes les cultures du continent euro- péen, nous ne savons en vérité par quel autre végétal on pourrait la remplacer ; en effet, la Pomme de terre sert non- seulement à l'alimentation journalière du genre humain, sous toutes les formes, mais elle est encore d'une indispensable nécessité dans les exploitations rurales ; cuite ou non, elle offre des ressources immenses aux petits comme aux grands culti- vateurs; elle convient à la nourriture de tous les animaux do- mestiques sans exception, y compris les volatiles. Ce serait donc un affreux malheur, pour la société entière, consomma- teurs el producteurs, si cette précieuse plante économique ne pouvait plus vivre dans nos pays, par suite de l'épidémie qui sévit sur elle avec tant de violence chaque année, depuis envi- ron vingt-cinq ans, dans presque toutes les contrées de la France. Les procédés chimiques ayant été infructueux jusqu'à présent pour la combattre, il faut donc avoir recours aux moyens culturaux pour l'éviter ; ils sont au nombre de deux, à savoir : la plantation automnale et la plantation hivernale ; nous allons les examiner. Rendons hommage, tout d'abord, à M. Leroy-Mabile, à son zèle, à son dévouement, à ses louables intentions et à sa per- .sévérance, dans la question si intéressante des Pommes de 7ll!i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. terre; c'est lui, c'est sa parole éloquente, ce sont les savants écrits qu'il a publiés, basés sur des expériences comparatives faites avec soin, qui ont attiré et éveillé l'attention des cultiva- teurs sur la plantation automnale, dont il constatait avec pré- cision les avantages incontestables qu'il en retirait chaque année. Ce procédé nouveau, qui parut assez insolite dés l'abord, produisit une certaine sensation chez les personnes qui cultivent, parce qu'il changeait entièrement les anciennes habitudes; c'était toute une révolution ; beaucoup n'y croyaient pas et le repoussèrent d'une manière absolue, sans l'avoir expérimenté; c'est un tort. Il est probable et mémo possible que l'on ne pourrait l'appliquer dans tous les sols et sous cer- tains climats, mais faut-il encore l'avoir contrôlé pour en être convaincu. C'est pour aplanir le nombre des difficultés que l'on oppose, à tort ou à raison, à cette méthode, et pour obvier aux incon- vénients qu'elle pourrait présenter, que nous avons entrepris nos plantations liivernales , c'est-à-dire , dans la première quinzaine de février, qui nous donnent en abondance chaque année et constamment depuis 1850, de beaux et bons pro- duits, exempts de maladie, à la condition toutefois de choisir et de ne planter que des variétés hâtives et demi-hàtives, telles que la schaw, par exemple, que tout le monde connaît, et qui permettent l'extraction des tubercules avant l'invasion du iléau, qui ne se déclare guère dans notre contrée de Seine- et-Oise que fin d'août, ou commencement de septembre; excepté en 1807 où pour la première fois la maladie a envahi dés le 25 juillet, instantanément, les feuilles et les tiges de toutes nos variétés de Pommes de terre, sans en excepter une seule ; heureusement que la température s'est immédiatement relevée. Quelques jours après la contagion avait disparu, ne laissant après elle que peu ou point de traces de son affreux passage. Si nous ne contestons pas la méthode naturehe de M. Leroy- Mabile, ou les bons effets de la plantation automnale, en tant que produit, nous ne sommes pas d'accord avec lui, en ce qui concerne la dégénérescence des Pommes de terre, qu'il attri; PLANTATION DES POMMES DE TERRE EN FÉVRIER. 7Z|5 bue à la loneiio conservation dans les caves pendant riiiver. Nous ne partageons nullement, et peut-être sommes-nous dans l'erreur, l'opinion qu'il a émise et qu'il soutient, comme il en a le droit. Pour appuyer sa thèse, M. Leroy-Mabile ne se fonde que sur des hypothèses, auxquelles nous allons, nous, opposer des faits et des observations pratiques, sans avoir la prétention ni l'intention de le combattre, mais avec l'espoir de rassurer les cultivateurs sur cette grave question si contro- versable. Nous respectons toutes les opinions émises avec bonne foi et désintéressement, au nombre desquelles nous rangeons celles de M. Leroy-Mabile, qui n'a qu'un but, celui d'être utile, nous le reconnaissons; en échange, qu'il nous soit permis d'établir la notre au même titre. Dans le but de régénérer la Pomme de terre, le gouverne- ment, les particuliers et le commerce, il y a plusieurs années, firent venir du Chili, du Pérou, etc., des tubercules et des graines récoltés dans ces contrées. Les tubercules et les graines furent plantés et semés, en saison convenable, par nous et par d'autres cultivateurs. Eh bien, les plantes prove- nant de ces plantations et de ces semis furent attaquées avec autant d'intensité, sinon plus, cjue les anciennes variétés con- nues et cultivées sur le vieux continent. Nous ne concluons pas, nous constatons seulement; certes, si le terrible fléau devait respecter cpielques Pommes de terre, évidemment ce devait être celles qui avaient été tirées directement de leur patrie primitive, dont les anciens tubercules n'avaient jamais été extraits du sol à l'automne, ni conservés comme les nôtres dans les caves et les celliers, (h-, il n'y avait pas là, et il ne pouvait y avoir dégénérescence antérieure de l'espèce. D'un autre coté, ne voit-on pas tous les ans, dans nos campagnes, des champs de Pommes de terre fractionnés par la maladie ; atteints violemment dans certaines portions et épargnés dans d'autres? Pourtant tous les tubercules qui ont servi à la plan- tation de ces champs proviennent de la même source, sont pris au même tas, conservés de la même manière, arrachés et plantés aux mêmes époques, sans avoir été triés préalable- ment. Ces observations et ces réflexions, tout le monde a pu et 7/i6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. peut les faire comme nous. Nous ,les soumettons à l'apprécia- tion des membres de la Société impériale d'acclimatation, sans pour cela vouloir amoindrir en quoi que ce soit celles de M. Leroy-Mabile, qui restent tout entières et devant lesquelles nous nous inclinons. Nous ajouterons encore que si l'arra- chage des Pommes de terre pendant l'été et leur conservation pendant l'hiver constituaient un germe d'affaiblissement dans l'espèce, les Carottes, les Betteraves, les Navets, etc., que l'on arrache et que l'on conserve de la même manière depuis longtemps, devraient être dans le même cas. La Betterave, le Céleri, la Tomate, etc., contractent il est vrai quelquefois des maladies, mais ces maladies, ainsi que celles de la Vigne et des Pommes de terre, proviennent d'un air vicié, portant avec lui des principes morbides, sporules ou animalcules, peu nous importe. Voilà notre conviction. , ' •; Ainsi donc, deux méthodes culturales sont en présence : l'une qui consiste ta planter les tubercules en automne, l'autre à faire ce travail en hiver. Les moyens chimiques et mécani- ques étant impuissants pour anéantir ce triste fléau, nous en- gageons les cultivateurs à essayer ces deux méthodes, et à ac- cepter celle qui conviendra mieux à son terrain et au climat qu'il habite. Nous n'avons pas la prétention d'imposer ni de générahser la nôtre, — plantation dans la première quinz;iine de février et choisir des variétés hâtives et dcmi-hàtives, — qui a pour résultat chez nous la réussite ; nous venons hum- blement l'exposer, telle que nous la pratiquons depuis dix-huit ans, et la faire connaître à ceux qui l'ignorent encore. Qu'on l'adopte ou qu'on la repousse, nous ne la continuerons pas moins, puisque nous en sommes satisfait et que le bénéfice en est la conséquence. Nous avons déjà énuméré, l'année dernière, tous les moyens inefficaces indiqués par la science, qui a toujours hâte de ve- nir en aide à la pratique. Tous ces moyens sont insuflisants pour combattre la maladie. Malgré ces essais, et d'après les indications publiées par les journaux d'agriculture, nous avons coupé entre deux terres les tiges de nos Pommes de terre, au moment de l'invasion et pendant qu'elle sévissait à la récolte; PLANTATION DES POMMES DE TERRE EN FÉVRIER. Ikl nous avons trouvé à chaque touffe autant de tubercules gâtés que dans celles dont les tiges étaient restées debout sur la plante. Nous devons encore ajouter avec la plus exacte vérité et sans esprit de dénigrement que dans nos plantations d'au- tomne, faites avec soin, dans les conditions si bien indiquées par M. Leroy-Mabile, nous avons eu des tubercules malades, surtout dans les demi-hâtives et les tardives. Si nous nous fai- sions l'écho de nos ouvriers, que les innovations choquent toujours, et qui rient souvent des novateurs, tout en acceptant les plus grosses erreurs de leurs compagnons de travail, nous dirions qu'ils étaient en plus grand nombre que dans nos plantations de février; mais, pour être sincère, nous devons déclarer qu'il s'en trouvait en quantité égale dans nos expé- riences comparatives, faites dans les années 180(5 et 1867. Ainsi donc le seul avantage de la plantation automnale serait un produit plus considérable en tubercules, avantage que l'on retrouve aussi dans celle faite en février. La différence en fa- veur de notre méthode est énorme comparativement aux plan- tations d'avril, de mai, ainsi qu'il sera facile de s'en convaincre en jetant un coup d'œil sur le tableau qui va suivre. Il est bien entendu que nous ne parlons que de la culture dans nos terres sèches en côte et exposées au midi, et non de celles dans les sols humides et frais ; nous dirons donc aux cultivateurs : faites des expériences, ne serait-ce que sur une petite étendue de la contenance d'un are, c'est assez pour être fixé. Cette tentative sur une petite échelle ne serait ni dispendieuse ni difficile, et elle suffirait pour établir la supériorité ou l'infé- riorité de cette culture sur celle que l'on pratique ordinaire- ment. Voici l'état comparatif de nos récoltes de Pommes de terre provenant des plantations faites en février, mars, avril et mai, et arrachées successivement selon leur ordre de maturité dans les années 1851 et 1867. C'est le relevé succinct de notre re- gistre spécial sur lequel nous consignons nos expériences journalières. 7/|8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATÂTION. Tableau comparatif et synoptiijue de la récolte des Pommes de terre provenant des plantations faites en février, mars, avril et mai, dans les années 1851 et 1iSG7, à Uannencourt, par Mevlan {Seine- et -Oise). ■18 févr. 27 mars mai. Pommes de terro Maijolin, hâtive — comice d'Amiens, id ■ — naine iiàtive d'Amérique, id . . — Scliaw, id — de Segonzac, demi-hâtive. . . — de hollande jaune, id — de Hollande rouge, id vitelotte, lîossin, Constance, semis lîoutnrd, Marjolin comice d'Amiens . Possin de Hollande jaune de Hollande rouge de Segonzac vitelotte , Marjolin comice d'Amiens . Schaw id. id. id. id. 1867. 22 févr L'4 avril. Pommes de terre Bossiii • — de trois mois, demi-hâtive . — de Segonzac — Schaw — Possiii — de trois mois de Segonzac — Schaw 20 20 20 20 20 20 20 20 13 66 13 221 13 62 13 240 13 113 13 130 13 194 13 162 13 >i 13 » 13 » 13 H 13 2/i/i 13 )) 13 )> 13 » 13 » 13 » 13 » 13 )) 13 j) 2,375 12,594 3,400 19,250 16,780 10,200 10,570 6,550 » » 0,990 8,320 7,350 2,821 1,586 » 0,520 0^650 5,850 » 140 180 190 216 220 20/1 152 148 19,809 20.035 19,475 17,750 16,440 12,646 9,184 14,400 La Pomme de lerpe do trois mois, quoitiiie supérieure en produit depuis trois ans, nous paraît avoir beaucoup d'analogie avec la Bossin. Nous allons l'examiner scrupuleusement cette année dans toutes ses parties, et à l'automne nous formule- rons notre opinion, s'il y a lien. PLANTATION DES POMMES DE TERRE EN FÉVRIER, 7/l9 D'après les chiffres qui précèdent on sera certainemenl frappé de l'écart qui existe entre la moitié des Pommes de terre derni-hàtives provenant de la plantation de février et le produit de celle du 'là avril. Cette dernière offre environ 25 pour 100 en moins sur toute la ligne. Les variétés hâtives présentent une différence encore bien plus sensible. La Pomme de terre Bossin,que nous classons dans les demi- hàtives et à laquelle on a donné le nom de Caillaud dans ces derniers temps, nous ne savons trop dans quel but, est une des meilleures, sinon la meilleure, pour la grande et pour la petite culture; elle est vigoureuse à la végétation, elle donne peu de petits tubercules ; elle est féculente, très-bonne pour la table et d'un produit abondant, môme dans nos mauvaises terres. Puisque l'occasion s'en présente, nous demandons la permission de faire connaître en passant à nos collègues son origine, qui remonte pour nous à vingt ans de date, ainsi que quelques détails sur son histoire et ses pérégrinations. Les voici : Dans une tournée agricole et horticole que nous fîmes en Normandie et en Bretasne à l'automne de 18/j8, M. Moreau, propriétaire-amateur, notre collègue à la Société d'agriculture de Brest, nous remit deux tubercules d'une Pomme de terre, qui, nous dit-il, venait d'être apportée du Chili par un officier de la marine française, le docteur Hombrom, croyons-nous, qui fit le voyage autour du inonde avec Dumont d'Urville. A notre passage à Lorient, nous parlâmes de cette importation avec M. Kerarmel, président de la Société d'agriculture de cette ville, à laquelle nous avons l'honneur d'appartenir, en qualité de membre correspondant. M. Kerarmel de son côté . en avait reçu également un certain nombre, dont il put dis- traire quelques tubercules en notre faveur. Arrivé à Nantes, quelques jours après, nous allâmes faire une visite à M. Cail- laud que nous connaissions déjà, dans son domaine de Bois- Branlard. Dans la conversation, nous lui fîmes part de cette importante introduction. M. Cnillaud, amateur plein de zèle et de mérite, nous demanda de cette Pomme de terre. Nous nous empressâmes de lui en remettre un tubercule en hom- 750 SOCIÉTÉ IMPÉKIALË ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. mage, c'est-à-dire au même titre que nous l'avions reçu de MM. Moreau et Kerarmel, sous le nom de Pomme de terre du Chili, ne lui en connaissant pas d'autre. C'est après avoir expérimenté cette bonne variété et lui avoir reconnu toutes les qualités qu'elle possède réellement, de son côté et nous du nôtre, que M. Caillaud lui-même, dans un de ses voyages à Paris en 1850, par un titre écrit de sa main et que nous pos- sédons encore, voulut bien nous en oflVir gracieusement et spontanément la dédicace, et qu'il la nomma Pomme de terre Bassin. C'est donc selon le désir de cet agronome que nous en avons parlé dans beaucoup de recueils d'agriculture et d'horticulture sous cette dénomination depuis 1851, c'est-à- dire pendant près de quinze ans. Les catalogues de notre an- cienne maison de commerce l'annonçaient avec mention par- ticulière. Si l'on s'était donné la peine d'ouvrir ces ditlércnles publications et de les lire, les auteurs qui ont traité de la Pomme de terre Caillaud comme nouveauté auraient évité par là le trouble et la confusion qu'ils ont involontairement répandus dans l'esprit des cultivateurs, en leur recommandant une nouvelle variété qu'ils connaissaient déjà et qu'ils possé- daient depuis de longues années. C'est avec l'intenlion d'être utile à nos confrères, et pour les mettre dorénavant en garde, que nous leur signalons ces synonymies, toujours trop fré- quentes, et qui souvent trompent l'attente des propriétaires lorsqu'ils reçoivent sous un nom nouveau une plante qu'ils cultivent déjà. Quoique le droit d'aînesse soit supprimé de nos codes, nous croyons néanmoins devoir le conserver et le rétablir en faveur de la l*omme de terre Bossin ; c'est notre droit et nous le lui maintenons. Elle a donc pour synonymes les noms de Caillaud et du Chili, ceci est bien entendu. Selon la lettre si émouvante de M. le marquis d'Havrincourt, il paraît qu'il existe depuis peu un troisième procédé de cul- ture, que persorine ne connaît encore et qui serait employé avec un très-grand succès par le savant chimiste M. Ville, au champ d'expériences de Vincennes, où l'on voit, à la volonté du professeur, des planches de Ponnne de terre atteintes de la maladie et d'autres plants à côté qui ne le sont pas. Nous CULTURE DE TROIS PLANTES POTAGÈRES CHINOISES. 751 aimons à espérer qu'une semblable découverte due à l'hono- rable M. Ville, qui fait des Pommes de terre, malades ou non, à son gré, sera bientôt divulguée, et que l'auteur voudra bien prochainement nous la faire connaître, en dévoilant le mystère dont son moyen est entouré avant la plantation générale des tubercules, et qu'il ne le conservera pas plus longtemps sous clef. Sa libéralité et son dévouement pour l'agriculture nous en donnent l'assurance. Suivant ce que nous en avons lu dans l'un des numéros de la Gazette des campagnes, le procédé de M. Ville consisterait à employer le soufre ; ce moyen, nous l'avons essayé sans le moindre succès, sur les tiges et sur les feuilles, au moment de l'apparition du fléau et pendant qu'il sévissait. Nous serions tenté de croire que nous nous y sommes mal pris, ou que nous n'avons pas saisi le moment favorable pour faire le soufrage, puisque nous avons totalement échoué dans cette expérience. Cependant, nous sommes loin de con- tester au soufre son action immédiate, car nous avons obtenu de cet agent un succès complet dans notre conservatoire, où nous avions rentré des tubercules malades sans nous en ap- percevoir. Craignant que la maladie ne s'étendit et n'exerçât ses ravages sur toute noU^e provision, nous avons brûlé du soufre à deux reprises différoites, à quatre jours d'intervalle dans cette pièce, en faisant boucher hermétiquement toutes les issues; nous sommes ainsi parvenu à nous en débarrasser entièrement et instantanément avec peu de frais et peu de tra- vail ; mais à l'air libre, comment faire ? En attendant le procédé de M. Ville, sur lequel nous comp- tons bientôt, nous continuerons nos plantations dans la pre- mière quinzaine de février et nous choisirons des variétés hâtives et demi-hâtives, afin de soustraire les tubercules aux atteintes de la maladie, ainsi que nous en avons l'habitude. Par notre méthode, nos Pommes de terre sont mûres, arra- chées et en cave, lorsque l'épidémie vient s'abattre sur les champs de nos voisins. La Société d'acclimatation, voulant rester fidèle à ses prin- /»■ tl nière au g-i'i' des vents, ce qui les écarte. Mais cela ne suffît T> que pour laisser bien germer la plante, et lorsque les pei- » gnes de Blé turc commencent à mûrir, on les voit de nou- » veau venir par (Compagnie et s'abattre dans ces champs » pour manger les grains de Blé, et en manger tellement qu'ils )) ont presque dévoré des récoltes entières à des proprié- » taires, et c'est ce qui arriverait presque à chaque cultiva- » teur, si l'on ne prévoyait de les récolter non encore bien » inùr. » Ils font encore d'autres dommages ; à l'époque où aucune » récolle n'est plus sur pied, on les voit toujours par compa- 762 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » gnie dans les prés faire de petits Irous dans la terre et ar- » radier ainsi certaines herbes favorites à leur nourriture; » de sorte qu'ils raréfient de beaucoup l'herbage des prairies » et font de petits trous semblables aux trous que font les » Courtilières. 11 me semble, selon moi, qu'il vaudrait bien » mieux faire la chasse à ces ennemis de l'agriculture, et de » donner asile à ces innocents petits oiseaux qui sont d'un si » grand bienfait pour l'agriculture. Cette année des nuées de Sauterelles sont venues jeter la désolation parmi les pro- priétaires; on voyait les épis de Blé coupés par les Saute- relles avant maturité, les champs de Luzerne rester sans feuihes ni branches, et généralement toutes les plantes her- bacées ont été endommagées par les Sauterelles ; il me semble que si l'on portait protection aux nids d'Ortolan qui ne mangent que des insectes, aux Moineaux qui ne vivent dans nos parages pour ainsi dire encore que d'insectes ; il y a la Coquillarde, l'Alouelte, hi Colandre, etc., qui mangent bien quelques grains de Blé, mais ce dommage n'est rien en comparaison des bienfaits qu'ils rendent, l'époque des se- mences ne dure que très-peu de temps, et tout le reste de l'année ils se nourrissent de larves et d'insectes. 11 est bien d'autres oiseaux encore, qui pullulent et habitent nos con- trées, qui sont d'un puissant secours à l'agriculture par leurs destructions de larves et d'insectes et qui devraient être garantis des chasseurs; mais c'est que ces oiseaux sont les plus estimés de messieurs les gastronomes. Bs sont atta- qués de préférence aux autres oiseaux ; ainsi un chasseur regardera voler un Épervier sans y tirer, pour aller tuer une Alouette ou une Coquillarde. B paraît que l'on préfère les bons morceaux aux bienfaits de l'agriculture. » -~ M. Sauvadon adresse une note snr le Brochet (voy. au Bulle tin, p. 738). — M. Belhomme adresse un Rapport sur ses éducations de Vers à soie Mylitta et Yama-maï. — M. Autard de Bragard demande au Conseil de vouloir bien accorder son intercession auprès du gouvernement bré- silien, pour procurer à l'île Maurice quelques plants de Canne PROCÈS-VERBAUX, 763 à sucre impériale, dont rinlrodiiction serait aussi utile à cette contrée que pour notre colonie de la Réunion. — Des rapports sur leurs cultures des graines reçues de la Société, sont adressés par MM. de la Brosse-Flavigny, La- ratte, Brierre (de Riez), A. Denis, Hardy, Pigeaux, la Société d'acclimatation de Nice et le Comice agricole de Strasbourg. — Des demandes de diverses espèces de graines sont faites par MM. le comte de Morteuil, de la Brosse-Flavigny. — Des rémercîments pour les graines et plantes qu'ils ont reçues sont adressés par MM. E. Morren, de Fenouillet, de la Brosse-Flavigny, A. Denis, Durieu de Maisonneuve, La- perlier, Hardy. — M. Texeira-Leite fait hommage de graines à'Oreodoxa rogia et de plants de Jabohéaba et Cambaca, dont il pense que l'introduction pourra se faire facilement en Algérie et dans le midi de la France. — Rémercîments. — M. Ramel offre, pour être distribuée, une certaine quan- tité de graines A' Acacia lophanta. — Rémercîments. — n est déposé sur le bureau : 1" une notice de M. Fleur y sur le Galega ; 2" un Rapport sur la culture du Cinchona à Java en 1868, par M. Yan Gorkom. — Rémercîments. Le Secrétaire du cojiseil, Cil Wallut. III. CHRONIQUE. !/accliinata!îon en Australie en 1867. — La Svciété d'acclimatation de Victoria a tenu à Melbourne, le 12 mars flernier, sa sixième séance annuelle. Le résumé suivant du compte rendu des opérations de la Société ne sera pas sans inli'rèt pour les lecteurs du Bul- letin. Pendant Tannée 1867, il est arrivé à .Melbourne, pour le Parc royal cl le Jardin botanique, 5 MIgaus, 3 Cerfs Axis, 2 Cerfs Sambour, 2 Cerfs du Ja- pon, 2 Cerfs de Batavia, /i Autruches, 6 Perdrix de Ceylan, cl 80 Alouettes des champs, de provenance anglaise. On a également reçu de la Métropole un envoi cnnsiclérablc de Perches, outre 200 jeunes Truites, nées en Tas- manie. De son côté, la jSociélé a expédié un grand nombre de mammifères, oiseaux et poissons indigènes, à destination de Londres, Paris, Saint-Péters- bourg, Amsterdam, Ilotterdam, Hambourg, Cologne, Copenhague, de la Si- cile, de l'île Bourbon et Java, ainsi qu'à Calculla, r.angoun, l'île Alaurice, et dans les colonies australiennes voisines (Sydney, Adélaïde, IIobarl-Town, la Nouvelle-Zélande). Parmi les mammifères étrangers dont la multiplication paraît désormais assurée dans la colonie, une mention spéciale est due aux Chèvres d'Angora. Le beau troupeau de la Société de Melbourne compte plus de 200 individus, et 70 jeunes Boucs de race pure ont été conliés à divers colons, en vue d'o- pérer des croisements avec la Chèvre commune, il y a dix ans qu'un négo- ciant de I\lelbom-ne, M. Siebel, lit venir, à grands frais, les sept premières Chèvres d'Angora, et depuis cette époque, le président de la Société, le doc- teur Black, n'a cessé de recommander l'acclimalation en masse de cette race rustique, qui, en Australie, vit sur des terrains brûlés par le soleil et privés de verdure, là où ne sauraient prospérer les :\Ioutons ni le gros bétail. Le lait de la Chèvre d'Angora, plus abondant que chez les autres races caprines, donne un fromage excellent et un beurre très-mangeable, qui n'a pas l'odeur forte (hi beurre fabriqué avec le lait de la Chèvre commune. Ce double a\an fage se manifeste dès le premier croisement d'individus des ûeu\ races, et l.i toison présente dès aujourd'hui une amélioration chez les métis qui permet de prévoir qu'avant peu les Angoras de Victoria surpasseront autant leurs congénères d'Asie Mineure, que le Mérinos australien l'emporie sur celui d'Espagne. Les mesures prises par le Couvernement pour rétablissement de forêts do- maniales faciliteront la disjjersion des animaux que la Sociél»' niel en liberté sur divers points de la colonie, et dont l'acclimalation était jadis rendue plus difiîcile par le défaut d'une protection suflisante. Cette remarque s'applique surtout aux espèces non domestiquées, telles que le Cerf et le Lièvre. Ce dernier animal s'est déjà merveilleusement mulliplii'. et promet d'amples ré- créa;i(ins aux chasseuis. M. Samuel \\ iisoii. ]ii(>|)rié'taire d'un vaste domaine CHRONKJUE. 7(i5 sur la rivière Wimmera, a donne son concours à la .Société pour la mise en liberté des Cerfs Axis, et d'autres Cerfs de FEuropc et de l'Inde, qui parais- sent avoir fort bien accepté leur changement de patrie. Les Axis, lâchés à • , • f.ongerenong, se sont déjà répandus dans un périmètre de 50 milles autour , ... »*t. de ce point, d'où ils pourront gagner la chaîne montagneuse des Crampians, On «''Value leur chiffre à cinquante ou soixante, el pour peu qu'ils soient res- pectés comme jusqu'à présent, leur naturalisation sera un l'ait accompli dans quelques années. La partie septentrionale de l'Australie offre de grandes ana- logies avec le sud de l'Afrique, et semble très-propre à l'acclimatation des Antilopes, si nombreuses dans les j)laines et les déserts voisins du cap de Boiuie-Espérance. Plusieurs individus de cette espèce ont été capturés et at tendent un navire qui doit les transporter dans la colonie, où leur propaga- tion offrira une ressource alimentaire précieuse pour les voyageurs et les ha- bitants futurs du centre et du nord du continent australien. La Société a fait Tacquisition, au Cap, de plusieurs Autruches, oiseau qui s'accommode parfaitement du climat de Victoria et qui pourra devenii-, comme en Algérie, un objet d'exploitation industrielle pour ses plumes, en même temps que sa chair servira de nourriture. Comme gibier ou comme espèces d'agrément, destinées à animer les bois de leurs chants, on a lâché une foule de faisans, l'erdrix. Cailles, Colins de Ca- lifornie, Canards sauvages. Cygnes d'Europe, Tourterelles, Grives, .Merles, r.ouges-Gorges, Yerdicrs, Bouvreuils, Alouettes et Moineaux, dont la multi- plication sera d'autant plus abondante que les oiseaux de proie et les mam- mifères carna.ssiers exercent beaucoup moins de ravages en iVustralie qu'en d'autres contrées. Le Moineau s'est reproduit en telle quantité que la Société a pu en expédier à Beechworth, lîenalla, kyneton, Ballarat, Casllemaine, Daylesford, Warrnambool, Ceelong, Saint-Arnaud. Meathcote, Somerton, Winchelsea, Meredith, Gisborne, Ararat, l'orlland, Maryborough et la rivière Murray. Les lettres i-e«;ues de ces localités témoignent de la satisfaction des habitants, bien que certains amateurs de jardinage se récrient à propos des fruits percés par le bec de cet oiseau, dans sa recherche des Chenilles et des Insectes dont il fait sa principale nourriture. On trouve à la suite du Rapport une note sur l'acclimatation, heureuse- ment réalisée en Tasmanie, du Saumon. Les tentatives de la Société de Mel- bourne n'ont pas eu le même succès ; résultat qu'elle attribue à la persistance avec kuiuelle les riverains des fleuves tendent des filets à leur embouchure, contrairement aux prescriptions delà loi, et interceptent ainsi les mouvements du Poisson. Elle se réserve de reprendre ses expériences sur d'autres Salmo- nidés, qui, tels que la Truite, n'ont pas besoin de quitter leurs eaux natales pour fréquenter l'Océan. Parmi les espèces textiles d'une introduction plus désirable que le Ver à soie du mûrier, dont le manque de bras rendrait r(''lève trop onéreuv en Australie, la Société se félicite d'avoir pu importer le^"er de l'Allante, qui se multiplie à l'air libre sur les arbres, dont les cocons volumineux se récoltent 766 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMÂTATION. aisément et se désagrègent à l'aide d'une simple machine à égrener le Coton, sans qu'il y ait lieu de les dévider. On oî)lient ainsi une soie giossièrc et des vêlements d"un bon usage dans les régions chaudes de l'Australie, à l'instar de ce qui se pratique en Chine, au .lapon et dans l'Inde. L'acclimatation du Ver à soie du liicin, offre jusqu'ici des dilTicullés qu'on espère vaincre. Nous teriiiinerons cet aperçu, en rappelant la généreuse idée qu'a eue la Société, de mettre en liberté dans les îles Auckland, en 186r>, des Chèvres, des Lapins, des Porcs, des Poules, des Canards et des Oies, afin de rendre service aux. marins qui viendraient à faire naufrage dans cet archipeL Cinq mois plus tard, les passagers du Général Graut qui échappèrent à la perte de ce navire, durent à la présence de ces animaux de pouvoir attendre qu'on vînt les déUvrer. T. C. VieiVNOT. Naissance triin Phoque au Jardin zoologique de Londres. Le 9 juin 1868, un des Phoques femelles {Phoca vitulinu) du Jardin zoo- logique de Londres, a donné naissance à un jeune Phoque qui était tout d'abord couvert de poils lins soyeux : lorsque l'animal se remuait sur le sol, son poil s'étendait tout autour de lui el formait une sorte d'épaisse couver- ture, d'épais tapis, sur lequel il se couvrait. Au bout de moins de trois heures, le jeune Phoque se rendit dans l'eau et se mil à nager avec agilité, essayant de teler lorsque sa mère se tournait de côté. Malheureusement, la mère n'avait pas de lait : elle est morte depuis lors dans des convulsions. A partir de ce moment, le jeune Phoque a été nourri par AI. Barllell, avec du lait et une petite quantité d'hui'e de foie de morue administrés au moyen d'un bi- beron. Le jeune Phoque avait à sa naissance o2 pouces de long el pesait 10 livres. {The Field, samedi 13 juin 1868, vol. XXXI, n« 807). A. A. D. (Culture du Jalap {Exogonium pargu). Dans un récIATAT10N EN AUSTRALIE. 773 SOUS le tilre : Quels sont les résultats obtenus jusquici dans V acclimatationl Vous y verrez, je pense, tout au moins, que nous avons réussi à iaire certaines choses de ce côté du globe, et j'espère seulement apprendre des Sociétés établies en Europe une somme égale de progrés. Thomas Black, Président de lu Société d'acclimatation de Victoria. Plusieurs variétés appartenant à la famille des Cervidés ont été introduites dans la colonie de Victoria, où la Société d'ac- climatation a fait lâcher un nombre sufïîsant de Daims (Cervus Dama, Europe), d'Axis {Cervus axis, Inde), de Cerfs cochons {Cervus porcinus, Inde) et de Sambur (Cervus Aristotelis Inde), pour être en droit d'espérer les avoir complètement introduits dans le pays. On connaît deux ou trois troupeaux de Daims comptant de quatre-vingts à cent tètes ; le Cerf Axis est représenté par un troupeau de plus de cinquante de ces animaux, vivant à l'état sauvage sur le Wimmera. En ce qui concerne le Cerf cochon et le Cerf d'Aristote, nous ne possé- dons point de renseignements aussi complets, ces deux espèces ayant été mises en liberté dans des parties de la colonie beau- coup moins fréquentées, mais la Société reçoit souvent avis de la présence de ces animaux. M. Chirnside possède une quantité considérable de Cerfs {Cervus Elaphus) au Wer- ribee, et la Société élève actuellement dans ses jardins les espèces de Cerfs suivantes, de Barra Singha, de Formose, du .lapon, de Batavia, de Manille et de Puddytield. Par suite de l'impossibilité où l'on s'est trouvé de se procurer plus d'un couple de chacune de ces variélés, il faudra nécessairement des années avant d'en avoir en nombre suffisant pour per- mettre l'expérience de leur mise en liberté. Je dois ajouter que, dans la colonie voisine de Tasrnanie, le Daim existe par centaines. Vous appelez surtout notre attention sur les différentes es- pèces d'Antilopes, comme étant si parfaitement appropriées à notre climat. Permettez-moi de dire que ce n'est pas la faute 77/| SOCIÉTÉ TMPÉRTALE ZOOLOGIQUE d'âCCIMATATION. de la Société si ces espèces n'ont pas été introduites, mais il n'y a point de vaisseaux faisant le commerce entre l'Afrique du Sud et Victoria; et, malgré les efforts continuels de notre ami M. Edgard Layard, résidant au Cap, poumons envoyer des animaux, les difficultés et les dangers du passage par voie de l'île Maurice sont tels, tout en étant amoindris par l'obligeance de notre ancien protecteur, Son Excellence sir Henry Barkley, que bien peu parviennent vivants à destination. La même dif- ficulté existe également pour les provenances de l'Inde. Les occasions d'envoyer des animaux directement en Australie sont relativement rares ; et, si d'un côté les directeurs et offi- ciers de la Compagnie péninsulaire et orientale font toujours preuve de la plus grande générosité, en accordant le trans- port gratuit des animaux destinés à la Société , cependant, (l'expérience le démontre dans toutes les circonstances où il y a nécessité de changer de vaisseaux entre le port d'embarque- ment et celui d'arrivée), il y a peu de chances de voir les ani- maux atteindre sains et saufs leur destination. Nous avons une ligne directe de bateaux à vapeur pour Ceylan, et M. Charles Layard, de Colombo, montrant une ardeur infatigable, a ras- semblé, pour envoyer à Victoria, des Cerfs et des Oiseaux; par suite, un grand nombre d'espèces sont aujourd'hui complè- tement établies ici. Vous parlez des chameaux ; ces animaux, dont l'utilité se- rait très-grande dans plusieurs parties de l'Australie, n'ont aucune valeur pour la colonie de Victoria, où les chevaux peu- vent traverser le pays dans toute sa longueur et dans toute sa largeur. Le troupeau importi' do l'Inde par le gouvernement pour servir à des voyages d'exploration a été presque con- stamment en service actif, et l'on n'a pu par conséquent s'oc- cuper de l'élève de ces animaux comme on l'aurait fait en d'autres circonstances. Ils se trouvent actuellement à Queens- land, de retour de l'expédition envoyée à la recherche de Leichardt, et seront très-probablement laissés en propriété au gouvernement de cette colonie. L'essai tenté par différentes colonies de l'Australie pour l'introduction de l'Alpaca et de la Vigogne n'a pas donné un PROGRÈS DE l'acclimatation EN AUSTRALIE. 775 résultat satisfaisant. Selon toute apparence, le troupeau im- porté par M. Ledger dans la Nouvelle-Galles du Sud n'était pas de sang très-pur; et cette cause, jointe à l'humidité trop grande et au manque de froid de ce climat, a fait périr presque tous les animaux. Les Alpacas introduits ici par M. Duffield, ont été si mal soignés par les personnes chargées de la sur- veillance de cette affaire, qu'ils moururent tous en peu de mois ; et ce résultat a eu pour effet de décourager les capita- hstes engagés dans cette spéculation, de façon à leur faire abandonner la continuation de l'entreprise. La Société d'acclimatation, de concert avec un colon entre- prenant, M. M'Cullough (de Maryborougli), avait importé un troupeau de Chèvres de Cachemire, comptant plus de cin- quante tètes. Ces Chèvres étaient de la plus belle race, mais le climat de Victoria a empêché un résultat favorable. Il en a été tout autrement pour la race caprine d'Angora, dont plus de cent individus furent introduits aux frais de la Société. Nous avons eu un grand succès à enregistrer. Les Chèvres prospèrent admirablement, et si grande a été leur augmenta- tion, que la Société possède aujourd'hui ici un troupeau de plus de cent cinquante Chèvres; soixante-dix boucs de pur sang ont été disséminés dans les différentes colonies, dans le but d'améliorer la race caprine ordinaire. Cet animal de- viendra, sans aucun doute, d'une immense valeur pour l'Aus- tralie, et sa laine sera dans quelques années un des principaux articles pour l'exportation et les manufactures. L'acclimatation du Lièvre a également réussi dans la per- fection. Le docteur Sclater en a envoyé deux couples à la Société, et lord Londesborough en avait fait embarquer six paires, dont la moitié nous arriva en bonne santé. Ces animaux se sont multipliés d'une façon remarquable, le Lièvre ayant fort souvent dans cette colonie des portées de trois petits, et jamais moins de deux. Aujourd'hui, dans beaucoup de champs des alentours de Melbourne, on peut toujours faire lever douze à quatorze Lièvres. Aux efforts couronnés de succès de la Société, il faut joindre ceux de MM. W. Lyall de Harewood, Austin de Barwon-Park et Godfrey de Mount-Ridley, tous les 776 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. trois réussissant à merveille dans l'introduction de ce nou- veau gibier. Des envois de cet animal ont même été faits de Victoria pour la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande, et l'on doit attendre à coup sûr un succès égal dans ces diverses contrées. La Société n'a jamais voulu mettre en liberté de La})ins, dans la crainte de les voir devenir un tléau pour le cultiva- teur (1) ; mais le Lapin sauvage a été introduit à "Victoria par M. Austin de Barwon-Park, le Lapin gris argenté (Lapin riche), par M. Edouard Wilson, d'Arundel-farm, et plusieurs propriétaires ayant lâché des Lapins domestiques, ont établi ainsi des garennes particulières. On colporte actuellement le Lapin dans les rues de Melbourne, comme article de consom- mation habituelle. En fait d'oiseaux, la Société peut enregistrer un grand nombre de tentatives couronnées de succès. Il y a environ deux ans, mon attention fut attirée d'une manière toute spé- ciale sur l'heureuse réussite d'un nouveau système de domes- tication des Autruches au Cap, où, suivant les rapports, une valeur de 25 livres (()*25 francs) déplumes, formait le produit annuel de chaque oiseau. Je portai ces résultats à la connais- sance de notre Société, qui vota une somme d'argent pour l'introduction d'Autruches. Grâce au zèle de notre ami M. Layard, nous avons déjà reçu cinq de ces oiseaux, et un nombre plus considérable est en route pour Victoria au mo- ment où j'écris. Les cinq Autruches déjà arrivées ont été mises en liberté sur le Wimmera, où M. Samuel V\'ilson a mis dans ce but, à la disposition de la Société, im parc-enclos d'une contenance de 10000 acres, dans l'une de ses possessions. (1) Les derniers renseignements apportés par les journaux d'Australie font connaître que les I^apins ont tellement pullulé, en trois ans, dans certains cantons, que ces animaux constituent une \ éiitable plaie. Un grand pro- priétaire, M. W. nobertson, a employé près de li!5 000 francs, sans réussir, à défendre ses terres contre leur envahissement , et il estime qu'il lui faudra dépenser plus de '250 000 francs pour arriver à un résnitat appré- ciable. Les Lapins sont aujourd'hui la terreur de tous ceux qui essayent de planter la moindre parcelle de terrain. On leur fait une chasse active, mais celte race se multiplie si vile, qu'il est à croire qu'on ne tue pas la dixième partie de ceux qui naissent en une année. — 11. PROGRES DE L ACCLIMATATION EN AUSTRALIE. 777 L'acclimatation du Faisan anglais n'a pas réussi autant que nous pouvions le désirer. On a lâché plusieurs de ces oiseaux dans dilTérentes localités ; mais, naturellement, dans un pays où la population est clair-semée comme l'Australie, un laps de temps de plusieurs années est nécessaire avant de pouvoir prononcer définitivement sur la réussite ou l'insuccès de sem- blables tentatives. La même remarque s'applique également au sujet du Faisan indien, du Coq des jungles, de la Perdrix noire, du Francolin du Cap, de la Perdrix de Chine et de la Caille, espèces d'oiseaux diverses mises en liberté dans beau- coup d'endroits de la colonie. .Al. Auslin a introduit le Faisan anglais en quantité considérable, et peut déjà donner des parties de chasse dans le but de tuer les Coqs de surplus. Dans les provinces d'Auckland et de Nelson, Nouvelle- Zélande, l'acclimatation du Faisan de la Chine est entièrement assurée, et la Société s'efforce actuellement d'obtenir l'intro- duction d'un nombre important de ces oiseaux à Victoria. Nous avons lâché ici avec succès la Perdrix de Geylan, et la Société vient de faire une convention pour l'introduction de cent cinquante couples de Perdrix grise d'Angleterre, destinée, selon toute apparence, à réussir parfaitement dans notre pays. Le Paon de Ceylan, le Colin de Californie et le Canard sau- vage anglais , sont tous trois parfaitement acclimatés ; la Pintade a été lâchée dans deux ou trois différentes places des bois touffus (bush) du pays. Le Paon ordinaire se reproduit à l'état sauvage dans beaucoup d'endroits de la Nouvelle-Galles du Sud. Quant aux petits oiseaux, la Société a réussi à naturaliser complètement ici le Mainate des Indes, le Moineau de la Chine, la Grive, l'Alouette des champs, le Pinson et le Moineau de l'Angleterre, et même, suivant de fortes présomptions, le Merle, la Linotte et l'Étourneau. On peut voir le Moineau par centaines aux alentours de Melbourne ; et, chose étonnante, déjà s'est élevée contre lui celte accusation absurde de des- tructeur de fruits, et il a été proposé de l'exempter des effets de la loi sur la chasse, qui protège actuellement tous les T78 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. oiseaux non indigènes du pays. La Société attend sous peu des Freux du domaine de Windsor, Sa Majesté la reine ayant promis, par l'intermédiaire du major général Seymour, d'en donner quelques-uns prêts à être embarqués, pour satisfaire à la demande £aite, au nom de la Société, par M. R. Firebrace, en ce moment à Londres. Il est à peine nécessaire de mentionner ici les tentatives faites pour introduire des poissons d'espèce nouvelle. Vous connaissez déjà si bien le succès dont a été couronnée l'intro- duction du Saumon, de la Truite saumonée et de la Truite ordinaire (cette dernière espèce otîerte par vous à M. Youl), introduction entreprise par le gouvernement de Tasmanie en commun avec notre Société, qu'il est inutile de nous étendre davantage sur ce sujet. Nous possédons ici une belle espèce de poisson d'eau douce appelée le Mtirrat/ Cad. Quelques poissons de cette espèce furent mis il y a plusieurs années, par M. Edward Wilson, dans leYarra,par M. Samuel Wilson, dans le Wimmera, et par moi-même dans le réservoir Yan- Yoan, et dans les trois cas nous avons obtenu un excellent ré- sultat. On va faire des essais pour introduire ce poisson en France. Le gouvernement de Victoria construit en ce moment une série de vastes réservoirs pour retenir les eaux, et la Société a demand('' et obtenu le droit exclusif de peupler ces réservoirs de poisson. M. Edward Wilson a introduit l'Abeille ordinaire il y a bien des années, et dans quelque? parties du />?/,s/i on peut récolter aujourd'hui le miel et la cire par tonnes. Depuis cette pre- mière introduction, la Société y a ajouté l'Abeille de Ligurie ; mais l'impossibilité d'empêcher le croisement de cette nou- velle venue avec l'ancienne race a enlevé à cet essai tout ré- sultat utile. . La Société a fait tout en son pouvoir pour encourager ici les progrès de la sériciculture. Grâce aux bons offices de Son Excellence, sir Ilarry Parkes,on put se procurer au Japon une caisse d'œufs des plus belles races de Vers à soie, qui furent distribués aux personnes s'occupant de celte branche d'in- dustrie. Le ^ er à soie de l'ailanle a été introduit et élevé sur PROGRÈS DE l'acclimatation EN AUSTRALIE. 779 une très-grande échelle, par MM. AsselinetBrady (de Sydney). Plusieurs essais ont été tentés par le professeur M'Coy et par moi-même pour assurer l'introduction du Ver à soie du Ricin de l'Inde. Le Ricin croit ici comme mauvaise herbe, et ce Ver à soie prospérera selon toute apparence. Une nouvelle expérience se fait actuellement, et il est à espérer qu'elle réussira. La production du vin est un objet de grande importance pour nos colonies; et, dans le but de leur venir en aide autant que possible, la Société adressa une requête tendant à obtenir une série complète de boutures de la splendide collection de Vignes du Jardin du Luxembourg à Paris. Celte demande fut immédiatement accueillie avec l'obligeance et la courtoisie qui ont toujours caractérisé les actes du gouvernement français, envers notre Société d'acclimatation ; et M. le professeur De- caisne, par l'entremise de la Société d'acclimatation de Paris, joignit en outre à cet envoi un grand nombre de boutures des meilleurs vignobles de la Bourgogne. Avant de terminer cette revue, je désire mentionner une intéressante expérience faite par la Société, il y a deux ans, lorsque le vaisseau de guerre Victoria se rendit aux îles Auckland, à la recherche de naufragés. On profita de cette occasion pour envoyer mettre en liberté dans ces îles désertes une quantité do Lapins, Chèvres, Cochons, Oies 'et Poules. Le commander Norman se conforma gracieusement'aux désirs de la Société, et celle-ci vient d'apprendre récemment que ces animaux ont prospéré et se sont multipliés, et qu'ils ont déjà servi d'instrument de salut à l'équipage d'un navire naufragé. Pour l'instruction de nos amis éloignés, j'ajouterai, qu'en outre de tous les faits si encourageants dont je viens de parler, la Société a établi, au prix de plusieurs milliers de livres ster- ling, de vastes jardins s'étendant sur un espace de 50 acres, tout près de Melbourne, où l'on nourrit les différentes espèces d'animaux destinés à être ensuite mis en liberté, et que ces jardins sont continuellement parcourus par des centaines de visiteurs. La Société d'acclimatation a toujours reçu d'importants 780 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. subsides du gouvernement de la colonie, et vous voudrez bien admettre, je pense, que la reconnaissance faite avec libéralité d'une cause si bien calculée pour augmenter la somme de bonheur et de bien-être du peuple, comme celle de l'acclima- tation par le gouvernement et la législature, est une bien meilleure politique que celle adoptée par le gouvernement anglais, d'ignorer soigneusement tous les efforts de ce genre. Le contenu de cette lettre vous convaincra, j'espère, des grands progrès réalisés jusqu'ici, et les résultats satisfaisants, déjà obtenus, agiront comme stimulant pour de nouveaux et plus puissants elTorts. (Extrait du Land and Water, 1" août 1868.) NOTES SUK DES HYBRIDES DANSER ET DE CYCNUS ET DE DIVERSES ESPÈCES DE CANARDS, Par a. P. van WICKEVOOBT CRO.Y1MEL.1M. Les lignes suivantes donneront le signalement de quelques hybrides, que nous avons eu l'occasion d'étudier, et que nous nous proposons de faire connaître aux naturalistes. CYCNUS OLOR ET ANSER CINEREUS DOMESTICUS. M. de Sélys {Récap. des //y brides obs. dans la fam. des Anatidés, p. 7) remarque, d'après M. Bâillon, qu'on a pos- isédé au Jardin des Plantes à Paris des hybrides provenant de l'accouplement du Cygne chanteur {Cycnus inusicus) avec rOie cendrée {Anser clncreas). l\. Morton,au contraire {Hy- bridily in Animais, etc.), mentionne le produit de l'union de cette dernière espèce et du Cygne tubercule (C. Olor). L'au- teur américain fait cette citation d'après F. Cm ier; cependant M. de Sélys [Add. à la Récap., etc., p. 7 el Naiimannia VI, p. 395) croit, avec raison, qu'il y a ici double emploi avec l'hy- bride que nous venons de signaler. De plus, M. Rufz de Lavison {Bulletin de la Suc. imp. zool. d'Acclimatation, X, p. 6/i2), qui fait passer en revue tous les hybrides connus, signale en effet celui provenant du Cygne chanteur, mais il ne fait aucune mention du produit de l'union du Cygne tubercule et de l'Oie cendrée. Si donc l'assertion de M. Morton est vraiment erro- née, l'accouplement hybride que nous allons communiquer aux naturalistes est sans contredit nouveau pour la science, et jusqu'ici unique dans les annales de l'ornithologie. Il mérite d'autant plus notre intérêt, qu'il a eu lieu entre des oiseaux de genres — ou au moins de sous-genres — dilTérents, et qu'il vient amsi augmenter le nombre encore très-restreint des hybrides, qu'Isid. Geoffroy Saint-Hilaire a qualifiés du nom de bigénères. 782 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Un des directeurs de la Société liollandaise des sciences, M. le chevalier A. V. Teding van Berkhout, par la complai- sance duquel nous fûmes à même de l'aire les observations suivantes, possédait un Cygne tubercule mâle et cinq oies do- mestiques, dont deux étaient des mâles. Ces derniers indivi- dus se choisirent au printemps dernier chacun une femelle ; celle qui resta abandonnée de ses congénères ne tarda pas à rechercher la compagnie du Cygne, et à force de caresses elle décida enfin celui-ci à lui rendre son amour. Dès lors le Cygne lui témoigna une fidélité qui dura pendant toute la saison des couvées. La ponte de l'Oie en question se composa de dix-sept œufs, fort diflérents en grosseur ; la plupart étaient des ceufs d'Oie bien caractérisés; tandis que les autres, qui furent les seuls d'où sortirent les poussins, se rapprochaient un peu des œufs de Cygne, tant par la grosseur que par la couleur d'un cendré verdàtre, ainsi que par la particularité que cette teinte, qui se montrait aussi à l'intérieur de la coque, devint encore plus foncée par suite de la couvaison. Celle-ci excéda en durée celle des Oies ordinaires, et elle égala même celle du Cygne ; car elle dura trente-cinq jours. Les poussins furent éclos le '29 mai. Ils ditïéraient sensible- ment entre eux par la taille, ainsi que par la couleur, tant du duvet, que du bec et des pieds. La plupart avaient le duvet d'un cendré brun nuancé de verdâlre et plus ou moins foncé aux parties supérieures, et d'un cendré blanchâtre tirant au jaune verdàtre en dessous. Le bec et les pieds étaient en gé- néral d'un cenciré plus ou moins foncé. Un seul, qui mourut bientôt, ne dilférait en aucune manière des oisons ordinaires ; il avait comme eux le bec et les pieds couleur de chair jau- nâtre. Deux autres, qui étaient les plus forts de taille, et dont un fut avalé par un brochet peu de jours après sa naissance, se distinguaient par le duvet d'un gris cendré clair en dessus, et blanchâtre aux parties inférieures ; le bec et les pieds étaient d'un cendré noirâtre très-foncé. Nous examinâmes aussi le reste des œufs, qui étaient clairs pour la plupart; d'un seul nous retirâmes un poussin qui paraissait avoir expiré au mo- NOTES SUR DES HYBRIDES d'aNSER ET DE CYCNUS. 783 ment de l'éclosion; il avait le bec et les pieds d'une teinte foncée, et se trouve actuellement au cabinet d'anatoinie de la Société royale de zoologie d'Amsterdam. Nous reçûmes bientôt une femelle et un mâle, morts le 5 et le 6 juin. Ils ont la taille propre aux oisons de même âge ; ce- pendant la première est plus petite que son frère. Celui-ci a le duvet d'un brun cendré verdàtre passablement foncé aux par- ties supérieures, et d'un cendré nuancé de jaune verdàtre en dessous; l'autre s'en distingue par des teintes plus claires. Le bec et les pieds sont d'un cendré brun noirâtre ; ces dernières parties ont une teinte bronzée; les ongles sont couleur de corne, et l'onglet du bec est d'un blanc sale; cependant cette teinte a plus d'étendue chez le mâle que chez la femelle. Le bec présente les mêmes formes que celui des Oies; la femelle a toutefois la mandibule supérieure plus déprimée à la pointe, de sorte que l'onglet s'avance plus en crochet par-dessus la mandibule inférieure, qui est aussi enveloppée par les bords de la mandibule supérieure, ainsi que cela se voit chez le Cygne. Les pieds rappellent par la structure générale ceux des Oies; cependant le doigt externe est un peu plus long et courbé, et l'interne est bordé d'une large membrane, ce qui fait que la partie du pied qui porte à terre a plus d'étendue que chez les oisons de même âge ; particularité qui démontre l'origine hybride de nos oiseaux, et les rapproche un peu des jeunes Cygnes. Quant aux caractères analomiques et ostéolo- giques ces deux hybrides ne diffèrent en aucune manière des Oies; ils ont le même nombre de vertèbres que ces oiseaux aux diverses parties de la colonne vertébrale ; tandis que c'est surtout sous ce rapport que les Cygnes diffèrent essentielle- ment des membres du genre Anser. Les trois individus qui sont encore en vie ont déjà la taille plus forte que leur mère ; ils lui ressemblent d'ailleurs par les habitudes et les formes générales ; cependant ils ont la queue un peu plus allongée et plus fortement arrondie. Deux d'entre eux ont aussi le même plumage ; mais le troisième, (jui se dis- tinguait dès l'origine par sa forte taille et la teinte claire de son duvet, est encore le plus grand et a le plumage d'un cendré 78z'j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. clair en dessus, et blanc aux parties inférieures. Le bec et les pieds de ces trois sujets, qui étaient d'abord d'une nuance foncée, ont pris peu à peu la teinte claire propre à ceux des Oies. Ces hybrides n'ont encore fait entendre aucun son de voix, sinon le petit cri qu'ils poussaient dans leur première jeunesse, et qui ressemblait à celui des oisons ordinaires. — Reste encore à résoudre la question de la stérilité ou fertilité future de ces êtres exceptionnels et intéressants. ANÂS ROSCHAS ET ANAS ACUTÂ. On nous adressa en novembre de l'année dernière un Ca- nard mâle, pris dans une des canardières de la Hollande sep- tentrionale, et })réscntant des caractères qui nous permettent de le regarder comme hybride provenant de l'accouplement, à l'état sauvage, du Canard ordinaire {Anas boschas) avec le Pilet {A?ias acuto). Comme nous avons déjà donné {Nederlandsch Tijdschrift roor de Dierkimde, I, p. 175 et III, p. 309) la description de deux oiseaux qui méritent d'être considérés comme produits de pareilles unions, et qu'on a publié de quelques hybrides semblables des figures que nous avons si- gnalées au lieu cité, nous nous abstiendrons de décrire en dé- tail le présent oiseau. D'ailleurs M. Gerbe (Dégland, Or//ï;7//o- /ogie européenne, "2' édition, II, p. 517) remarque que les unions des deux espèces citées sont assez fréquentes, puisque la plupart des collections en possèdent des preuves et que celles du Muséum (rilistoire naturelle de Paris renferment un assez bon nombre de ces hybrides. Le même auteur en con- naît plusieurs autres qui, tous, ont été rencontrés sur les marchés de cette ville. Nous nous bornerons donc à noter ici, que le Canard en question ressemble en général, par les formes et les couleurs du plumage, au second des individus que nous venons de si- gnaler, mais qu'il offre toutefois quehpies modilications dans les teintes, et que d'ailleurs il porte encore des restes de la première livrée. Ces plumes se voient surtout au cou, aux scapulaires et aux lianes; elles sont pareilles à celles du jeune NOTES SUR DES HYBRIDES d'ANSER ET DE CVCNUS. 785 Pilet. Mais ce qui caractérise surtout notre oiseau, et le fait différer des deux individus que nous avons cités plus haut, c'est qu'il a le bec formé comme celui du Canard ordinaire, mais coloré comme celui de r.4. acuta, et que les pieds, qui par la structure rappellent ceux de 1'^. boschas, ont cepen- dant une teinte cendrée un peu nuancée de jaunâtre. Ce Ca- nard présente quant à la conformation des diverses parties de la trachée les mêmes signes caractéristiques que le Canard ordinaire : les anneaux ont le même diamètre, la protubé- rance osseuse à la bifurcation de cet organe offre la même forme et la même dimension, et les bronches sont disposées de la même manière que chez cette espèce. Mais cette trachée n'égale pas même en longueur celle de l'^l. boschas; c'est donc encore par cette particularité que notre oiseau se dis- tingue de l'individu auquel nous venons de le comparer, et qui se caractérise surtout par la longueur excessive du même organe. ANAS ACUTA ET ANÂS STREPERA. Nous avons à annoncer encore un nouvel accouplement hy- bride, qui paraît avoir eu lieu à l'état sauvage entre le Canard Chipeau ou Ridenne (Anas strcperd) et le Pilet i^Anas acuta), car un sujet mâle, pris dans une des canardières de la Hol- lande et faisant partie de la collection ornithologique de M. Brown, pasteur à Rotterdam, offre des particularités qui nous autorisent à le considérer comme hybride provenant de l'union de ces deux espèces. Voici le signalement de cet oiseau, qui nous fut envoyé par ia bienveillance du propriétaire pour que nous en pussions examiner les signes caractéristiques. Taille, formes générales, ainsi que celle du bec et des pieds, comme chez VAnas acuta; coloration de la tête et du cou semblable à celle du Canard Chipeau ; cependant la teinte foncée au-dessus de la tête s'avance sur le front jusqu'à la base du bec, et le blanc qui forme un derni-colUer au bas du cou s'avance vers le haut des deux côtés de la nuque comme chez le Pilet; la poitrine est d'un blanc sale, mais marquée de quelques traits noirs qui ne 2« SÉKIE, T. V, — Novembre 18G8. 50 786 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. rappellent que faiblement les écailles noires propres à VAmis sirepera : ventre blanc; côtés du corps et abdomen rayés de noir sur Tond blanchâtre ainsi que chez le Canard Ridenne ; les raies noires de la dernière de ces parties sont disposées irrégulièrement ou en zigzags comme chez cette espèce, mais elles sont beaucoup plus prononcées ; les traits noirs des flancs se distinguent de ceux du Chipeau, en ce qu'Us sont plus ré- guliers, et qu'ils forment de larges bandes alternatives noires et blanches, dont la série se prolonge depuis les côtés de la poitrine jusqu'aux cuisses, et qui donnent ainsi à cet oiseau un aspect tout particulier. Le dos et les plus courtes des sca- pidaires sont colorés connue chez VAîuis strepera ; les plus longues de ces dernières sont plus pointues que chez cette espèce, mais elles ne sont pas si allongées et si rétrécies que celles du Pilet; elles sont cendrées comme chez le Chipeau, mais marquées au centre d'une tache noire ainsi que chez VAnas acuta ; les ailes et la queue sont pareilles aux mêmes parties de cette dernière espèce. Comme nous n'avons pas eu l'occasion d'étudier les caractères anatomiques de cet hybride, nous ne pouvons donner aucun détail sur la construction de la trachée de cet intéressant oiseau. PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE, Par M. P. de BOURAKOFF (délégué de la Société à Odessa). (Suite et fin.) PRODUITS DES FORETS DE LA RUSSIE. Il suffit, ainsi que le remarque avec raison M. de Buschen dans son Aperçu statistique des forces productives de la Russie, de jeter un coup d'œil sur les chiffres représentant l'étendue des forêts en Russie pour se convaincre que l'empire russe, bien que dénué de toute végétation forestière dans quelques parties, reste pourtant le pays de l'Europe le plus boisé. La répartition des forêts en Russie est du reste très- inégale, et, par conséquent, les produits des forêts, et surtout le bois de chauffage et le bois de construction, se trouvent l'objet d'un commerce très-actif. Dans la région du Nord, on ne rencontre guère que des Pins et des Sapins mêlés de quelques bouleaux. A mesure qu'on s'avance vers l'est, on rencontre plus souvent le Mélèze et le Cèdre. Au sud, le Tremble, l'Aune, le Tilleul et le Chêne prédominent. Dans l'ouest, on trouve le Pin, le Chêne, l'Orme, le Tilleul, le Frêne et l'Érable. Le produit brut des forêts de la Russie consiste surtout en bois de chauffage, en bois de construction et en tille (écorce de Tilleul). C'est sur la fabrication des objets de tille que M. Jules Clavé insiste surtout, lorsque dans son article sur la Sylvicidture à r Exposition universelle, publié par la Revue des deux mondes (f août 18(57), il en arrive à l'examen de l'exposition forestière de la Russie. On sait qu'en Russie la plupart des maisons et des construc- tions sont de bois. Nous rappellerons, sous ce rapport, au souvenir de ceux qui ont visité l'exposition de la Finlande, les 788 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. bardeaux do Pin et de Sapin fendus à la main, avec lesquels on consLilue des toitures solides et très-légères. Assurément, l'exposition des industries forestières de la Russie a attiré de nombreux visiteurs et a été l'objet de rap- ports très-intéressants, parmi lesquels nous citerons celui de M. Bouquet de la Grye, dans la Revue des eaux et forêts, celui de M. Jules Clavé, dans la Revue des deux inondes, et celui de M. Emile Fournier, dans les Rapports du jury interna- tional, publiés sous la direction de M. Michel Chevalier. Tou- tefois, quelques parties qui nous ont paru mériter d'être si- gnalées ont été laissées de côté. Nous citerons notamment les échantillons exposés par l'Ecole forestière de Berdiansk, gouvernement de Tauride ; ces échan- tillons peuvent donner une idée des bois qui peuvent croître et même croissent dans la Russie méridionale ; nous citerons, entre autres, le Bignonia catalpa, le Sophora Japonica, le Sorbus aiicuparia, le Gleditschia triacanthos ,\% Rhus cotinus, le Rhus tijphinus, le Pirus baccata, etc., etc. Les bois coupés en biais, de l'Institut forestier d'Evois, ainsi que ceux de M. R. Bjoerkenheim de Mariefors, en Fin- lande, nous auraient aussi paru mériter de fixer l'attention des visiteurs. ' Nous mentionnerons encore les échantillons de bois de Bia- lovége (gouvernement de Grodno), les spécimens de la Flore de la Sibérie orientale, exposés par le comité d'Irkoutsk, les échantillons de bois de différentes localités du Caucase avec les ustensiles de bois usités au Caucase, ceux des essences fores- tières des bords de la Petchora, de l'Yénissée et de la ïou- gounska inférieure avec les cuillers de bois incrustées de nacre, ouvrage des moines du monastère Sovoletzkoï, près d'Ar- khangel. Nous citerons encore les écorces tannantes envoyées de Kasan, siège des meilleures et des plus grandes tanneries de Russie. Nous signalerons encore les bouchons de liège de Riga et les porte-cigares de hége, qui sont à Riga l'objet d'une fabri- cation spéciale. Le liège existe du reste au Caucase. PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. 789 Nous consacrerons enfin quelques mots aux coffrets, dits d'Oustioujno , venant d'Oustioujno (gouvernement de Nov- gorod), de bois peint et bardés de fer qui se trouvaient dans l'Isba et à la vaisselle de bois peint et verni, de dimension variée, dans laquelle étaient rangées les graines et céréales russes, La fabrication principale de cette vaisselle de bois peint a lieu dans le district de Semenovsk, gouvernement de Nijni-Novgorod. M. Mikhaïloff a fondé récemment à Novgorod un établissement pour la fabrication de cette vaisselle. On y emploie le bois de Tremble ; pour colorier la vaisselle, on la recouvre d'argile, puis de vieille étamure et de couleurs ; on la sèche ensuite dans des fours. Sans nous étendre davantage sur les richesses forestières de la Russie, nous recommanderons à ceux qui voudraient s'en rendre compte la lecture des articles de MM. Bouquet de la Grye, Jules Clavé et Emile Fournier que nous avons indi- qués plus haut, et des articles Forêts et Produits des forêts (1) de l'ouvrage de M. de Buschen; nous ajouterons toutefois que le produit total des forêts pour la Russie d'Europe ne s'élève pas à moins de 1(30 000 000 de roubles ou de 6/iOOÛOOOO de francs. ; CULTURE DES CÉRÉALES, ETC., ETC. M. H. Yilmorin, dans son rapport présenté à la Société im- périale d'acclimatation, et imprimé dans la Production ani- male et végétale, a dit : « L'exposition agricole de la Russie est supérieure comme qualité des produits à celle de la Prusse, mais Tiitiquelage n'y est pas aussi bon, ce qui est regrettable; car nous y aurions sans doute trouvé plusieurs variétés inté- ressantes. » Chargé d'organiser l'exposition agricole de la Russie, je regrette beaucoup que M. Yilmorin ne m'ait pas demandé les renseignements qui lui faisaient défaut, je me serais mis avec (1) Parmi les produils des forêts, In potasse, la poix i*(?sine, la téiébenthino, le goudron et la fabrication des planches à l'usage des carrossiers, notam- ment des constructeurs de ielegas (voitures populaires russes) du gouverne- ment de Kasan, des menuisiers et des fabricants d'objets de bois. 790 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTÂTION. empressement à sa disposition pour lui faciliter l'étude des céréales de mon pays. Les journaux agricoles de France, dans leur revue com- merciale, donnent à nos grains des noms que je ne puis pas admettre. Que signifient, par exemple, les dénominations blé d'Odessa, blé de Berdiansk, etc., etc., sinon que ces blés sont chargés dans le port de mer dont ils portent le nom ; assurément, bien des localités expédient leurs produits agri- coles à Odessa et à Berdiansk, et il aurait été très-arbitraire de ma part de leur assigner les noms que je trouvais dans les catalogues des marchands de graines français. Les grains d'une espèce quelconque de blé récolté dans le centre de la Russie ne ressemblent pas aux grains de la même espèce récoltés dans la Russie méridionale : les derniers sont toujours plus ou moins glacés. Cette différence ne constitue pas pourtant une variété héréditaire ; elle n'est qu'apparente et n'est due qu'au mode de culture, au sol et à l'influence atmosphérique. J'ai donc préféré conserver pour les diverses céréales la clas- sification admise en Russie et ne leur donner que le nom des variétés botaniques. J'avais admis en principe que chaque éti- quette porterait le nom de la variété botanique, celui de l'ex- posant et celui du lieu de production. Ce simple étiquetage, suffisant pour contenter le public, laissait beaucoup à désirer pour un examen comparatif. M'accusant donc en quelque sorte d'avoir mis M. Vilmorin dans fimpossibilité de faire un rapport détaillé sur les céréales d'un pays éminemment agri- cole, je me crois obligé, pour combler la lacune signalée par M. Vilmorin, de vous soumettre les considérations suivantes : Le climat de la Russie étant éminemment continental, les lignes isothermes y déclinent du nord-ouest au sud-est, tandis que les lignes isochimènes et isothères suivent une direction diamétralement opposée. H résulte de Là que les mêmes plantes annuelles croissent en Russie plus au nord que dans l'Europe occidentale. La culture du Froment y est possible jusqu'à 62% celle du Seigle jusqu'à 65° Zi5', celle de l'Orge jusqu'à 67° lat. nord, dernière limite de la végétation des céréales en Russie. La rigueur de l'hiver qui, dans certaines localités, arrête PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. 791 pour six mois les travaux des champs, le vent d'est qui brûle en été et gèle en hiver la végétation des steppes rarement couverte par la couche de neige, le manque de bras ou de débouchés et un grand nombre d'autres conditions locales peu favorables à l'agriculture, empêchent dans certaines parties de la Piussie tout perfectionnement du mode de culture. Le littoral de la mer Glaciale sur lequel les Lichens et les Mousses constituent le seul vestige de végétation, ne fournit, soit à la consommation, soit au commerce, que les produits de la pêche et de la chasse. Les steppes des Kirghiz et une partie de celles situées dans les bassins de l'Oural, du Kama et des bouches du Volga, sont réduites par la sécheresse du climat au seul élève du bétail. Toute l'étendue des gouverne- ments d'Arkhangel, de Vologda, d'Olonctz, de Perm et la partie septentrionale du gouvernement de Vialka, sont cou- vertes de forêts impénétrables : les habitants, clair-semés, y vivent principalement des produits des forêts et de la chasse. Le mode de culture des céréales, pratiqué par eux, consiste à couper les arbres, à brûler sur place même les racines et les broussailles, dont la cendre sert d'engrais, et à tirer du même champ plusieurs récoltes successives jusqu'à l'entier épuise- ment du sol qu'ils abandonnent ensuite à l'envahissement de la végétation forestière. Le manque de prairies naturelles, ne permettant pas l'élève du bétail en nombre sufTisant, le fumier manque et par suite une culture rationnelle, même relative, du sol n'est pas possible. Dans la Nouvelle-Russie, les habi- tants, dont le nombre s'élève à 1032 par mille carré, possèdent dix fois plus de terre arable qu'ils n'en peuvent cultiver, et ont adopté la culture libre qui consiste à tirer du même champ, sans y ajouter aucun engrais, de une à trois récoltes succes- sives et à l'abandonner ensuite au repos pour huit à douze ans. Dans le reste de laPiussie d'Europe, y compris la Pologne et les provinces baltiques plus peuplées, le système triennal, avec une forte fumure dans les petites propriétés et l'assole- ment alterne dans les grandes sont pratiqués dans la généralité des cas. Dans les dernières années, l'agriculture a fait des progrès 792 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.IQUE d'âCCLÏMATATION. sur tous les points de l'empire russe. Depuis l'affranchissement des paysans, l'importation des machines et des instruments agricoles perfectionnés et leur fabrication dans le pays même augmentent tous les ans. Avec le rétablissement du crédit agricole et l'exécution rapide des lignes ferrées commerciales, la production agricole augmentera sensiblement, et l'on ne pourra plus faire à la Russie d'Europe, pays éminemment agricole, le reproche de ne produire pour l'exportation an- nuelle que 17 500 000 hectolitres pour 72 382 754 habitants occupant Zi82152 000 hectares. Au point de vue que nous examinons ici, celui de la culture des céréales, la Russie d'Europe peut être divisée en trois zones : 1" La zone du Nord dans laquelle on cultive le Seigle, l'Orge et l'Avoine ; 2° la zone du centre de la Russie et -de la Pologne, où l'on cultive, outre les céréales déjà nommées, le Blé tendre, et, en outre, parmi les autres plantes agricoles, les Poix et les Lentilles, le Lin et le Chanvre comme plantes textiles, le Colza, la Moutarde, le Pavot, le Tournesol, comme plantes oléagineuses, et 3° la zone du Sud ou des steppes, dans laquelle, outre les céréales et les légumineuses nommées ci-dessus, on cultive le Blé dur et le Blé tjirka, le Millet, le Mais, les Haricots, les Pastèques, les Melons, les Courges, les «raines de Lin, et au Caucase le Riz sec et le Madia saliva. En ce qui concerne le commerce des grains et la fertilité relative des différentes localités, la Russie d'Europe présente trois zones distinctes : la première comprend les districts mé- ridionaux des gouvernements de Perm, Kiatka, Kasan et Nijni-Novgorod, et a pour limites, à l'ouest, l'Oka et la Desna, et une ligne qui passe par les gouvernements de Kiev et de Yolhynic, parallèlement à la Priepet. Tout le pays situé au sud de ces limites est d'une grande fertilité et produit des céréales en abondance, excepté pourtant certains terrains à bases sa- lines dans les gouvernements de Samara et d'Astrakhan. L'excédant des récoltes de cette zone fertile s'exporte de la partie orientale, par Saint-Pétersbourg, vers le Volga, de la partie méridionale, vers les ports de la mer Noire, par voie de PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. 793 terre, et enfin de la partie centrale, vers Moscou, par l'Oka et par voie de terre. Les districts méridionaux des gouvernements de Kiev et de Volhynie, expédient à Odessa des quantités considérables de leurs froments. Les localités, riches en Blé de Viatka et de Vologda, envoient leur excédant à Arkliangel, et enfin un petit rayon de cette zone vend ses grains î\ Riga. A l'ouest de la première zone se trouve la seconde zone. Elle est bornée au nord par le golfe de Finlande, à l'est par la Narova, au sud par la Velikaïa et la Desna; cette région est assez productive. L'excédant des besoins pour la consomma- tion locale est employé spécialement pour la fabrication de l'eau-de-vie par distillation. La troisième zone comprend les provinces situées au nord de la première zone ; elle a pour limites, à l'ouest, la Narowa, le lac Peypous et la rivière Velikaïa. Toute cette région est peu fertile et ne produit que la quantité de céréales stricte- ment nécessaire pour la consommation de ses habitants. Dans CCS différentes provinces, le rendement moyen des ré- coltes est de quatre à huit et de dix à quinze fois la semaille. Dans les parties productives de la llussie, il n'est que de deux à quatre. - Orges. — L'Orge réussit bien dans toutes les zones ; aussi les échantillons de ses variétés qui ont figuré à l'Exposition universelle de 1867 étaient les plus nombreux : nous citerons l'Orge toufi'u, l'Orge de Mandchourie, l'Orge commun, l'Orge à six rangs, l'Orge à deux rangs, l'Orge noir ou d'Arabie, l'Orge Chevalier, l'Orge de l'Himalaya, l'Orge du Pérou et l'Orge faux-Piiz. Les échantillons de l'Orge commun, de l'Orge de THimalaya, de l'Orge noir et de l'Orge faux Riz étaient les plus beaux comme poids. Froments. — En ce qui concerne les Froments, nous les diviserons : En Blés tendres, fournis par le Triticimi sativiim, parmi lesquels nous citerons : 1" le Blé d'hiver; 2» le Blé de mars, rouge, barbu, à paille creuse, et 3° le Blé blanc ou Sando- mirka. • 79/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLÎMÀTÀTÎON. En blés durs {Tritkiim dnrum) oiî arnaoulka de trois va- riétés à épis jaunes blanchâtres ou noirs, en Seigle de Pologne {Triticiim poloniciim) et enfin en épeautre {Triticum spelta). Tous ces Froments étaient représentés à l'Exposition univer- selle de 1867 par des échantillons fournis par plusieurs expo- sants. Les meilleurs échantillons de Blé de Sandomirka avaient été envoyés d'Erivan ; ceux de Blé Arnaoutka, des gouverne- ments de Tambov et de Saratov; ceux de Blé d'hiver, du gou- vernement de Poltava ; ceux de Blé Girka, de la Russie méri- dionale. Leur poids variait de 160 à 165 kilogrammes le tchetverte (le tchetverte est de 2 hect. 097). Maïs. — Le Maïs n'est cultivé en grand qu'en Bessarabie, où les habitants en font leur nourriture principale. Dans la Russie méridionale, il n'est cultivé que pour être mangé avant l'entière maturité du grain, bien qu'il puisse mûrir parfai- tement. Avoine. — Dans la zone des steppes, l'Avoine réussit moins bien que dans les autres zones. Les échantillons envoyés d'Odessa et du Caucase étaient aussi maigres que ceux envoyés de Sibérie. Le président de la Société agricole de Moscou , M. Shatiloft, a présenté une excellente Avoine cultivée dans sa propriété de Mokhovoë, gouvernement de Toula, district de Novossil. Elle pesait 128 kilogrammes le tchetverte. Cette Avoine porte le nom de son propriétaire ; elle est très-estimée en Russie. Ne serait-elle pas connue en France sous le nom A' Avoine de Sibérie? M. le baron Korffet, M. de Lodé, du gouvernement de Saint-Pétersbourg, ont exposé deux très- bonnes variétés d'Avoines, l'une blanche, rappelant beaucoup l'Avoine de Hongrie, l'autre jaunâtre, grosse, ressemblant à l'Avoine de Géorgie. Un exposant du gouvernement de Pol- tava a envoyé une Avoine noire, non moins belle que les deux précédentes. Parmi les céréales exposées par M. Ai-istolf, du gouvernement de Saratov, figuraient l'Avoine de Californie et l'Avoine Potalo. Seigle. — Le peuple russe se nourrit de préférence de pain de Seigle. Cette céréale est cultivée en grand pour la prépa- ration de ce pain, de même que pour la distillation de l'eau- PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. 795 de-vie. Tous les échantillons de Seigle d'hiver, de Seigle de mars et de Seigle de Wasa, ne sont que des soi-disant variétés du Secale ccreale, et la difle renée apparente des grains et de leur poids ne proviennent que de l'influence du climat, du sol et du mode de culture des différentes localités. Riz. — Les échantillons de Riz sec, envoyés du Caucase, étaient peu nombreux, mais en revanche très-beaux. Millet et Sarrasin. — Dans la zone des steppes, le Millet, et, dans le centre de la Russie, le Sarrasin, sont cultivés pour la nourriture de l'homme; parmi les échantillons de Millet, on remarquait les variétés à grain blanc, jaunâtre, rouge et gris. En fait de Blé sarrasin, tous les échantillons appartenaient au Pohjgonum fagopyrum, et un seul, envoyé de la Sibérie, au Polygonum tataricum. Plantes légumineuses. — Outre ces céréales, on voyait exposées, dans la même section, les légumineuses de la grande culture. Les Pois envoyés par M. Lovchin, du gouvernement de Toula, jouissent, dans leur pays, de la renommée d'être très-productifs et d'un bon goût. Les plus nombreux spécimens de Haricots de toutes les couleurs et de toutes les formes ap- partenaient au Caucase. L'Exposition russe contenait aussi des échantillons de Lentilles provenant de la Russie centrale, des échantillons de Fèves envoyés de la zone des steppes. Plantes fourragères. — Je dois mentionner, malgré des assertions contraires, que la section française n'était pas la seule à exposer des semences de plantes fourragères; la Russie en a également exposé des semences de quelques-unes : nous citerons le Dactylis glomernta, la Festnca aquatica , le Phleum p?^atense, X Holcus lanatus., le Lolium perenjie , XAlo- pecurus pratensis, le Pisum arvense^ le Lotus corniculatus , le Lupinus albus, le Medicago lupulina, le Medicago sativa, (Luzerne de Chine), le Melilotus alba, VHedysnrum ono- brychis, le Trifolium pratense., le Trifolium repens et le Trifolium incarnatum, le Vicia villosa, et le Spergula ar- vensis. Plantes oléagineuses. — ^En graines oléagineuses, on voyait figurer, à l'Exposition de la Russie, le Ghènevis, les graines 796 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLÏMATATION. de Lin, de Colza, de Pavot, de Moutarde, de Tournesol et de Madia mtiva. En Russie, la fabrication de l'huile est, du reste, pratiquée dans tous les gouvernements où la culture des plantes oléagineuses a pris quelque développement. L'expor- tation moyenne de l'huile a, du reste, rapidement augmenté pendant ces dernières années. Plantes fibreuses. — Après la culture des céréales, celle du Lin et du Chanvre est, sans contredit, la branche la plus ancienne et la plus importante de l'agriculture en Russie, au double point de vue de la quantité des produits et du nombre' d'individus qui participent à la production et à la consom- mation. La culture du Lin est la plus répandue. On la rencontre dans toute la Russie d'Europe et dans plusieurs localités de la Sibérie, sauf le Caucase, le gouvernement d'Astrakhan, une partie de celui de Samara, d'Arkhangel et du pays du Don. Les Qouvernements du sud et du sud-est ne cultivent le Lin que pour la graine destinée à l'exportation; le centre, le nord et le nord-ouest cultivent le Lin comme graine et comme plante textile. A mesure que la culture du Lin devient plus ré- pandue et plus importante, la récolte des graines cède k celle du lil. Cette dernière prend son plus grand développement dans le gouvernement de Pskoff, Smolensk, Vologda, Kos- tromo, Viatka, Vladimir, Livonie, Vitespk. Le Chanvre est cultivé dans la majeure partie de la Russie du centre, mais principalement dans les gouvernements de Kalûuga, Toula, Smolensk, Tschernigotf, Koursk et Orel. En outre, les plantations de Chanvre sont assez répandues dans les gouvernements de Mohiloff, Riasan, Tamboff, Moscou, Tver, Yaroslaw, Vologda, Katka, Perm, Saratoff et Samara. Au sud, Poltava et Kherson comptent aussi parmi les gouver- nements dans lesquels la culture du Chanvre mérite quelque attention. Coton. — Le Cotonnier n'est guère cultivé qu'en Transcau- casie où sa récolte suffit à peine à la consommation locale. R est également cultivé dans quelques parties de l'Asie centrale récemment annexées. Les gouvernements d'Erivan, de Bakou PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE EN RUSSIE. 797 et de Koulaïs, cultivaient principalement des espèces de Coton indigène; mais dans le courant des dix dernières années, on y a introduit le Cotonnier des Indes {Sea-idand) et le Coton- nier de Perse. Ponwies de terre. — La Pomme de terre est cultivée en grand dans les gouvernements de l'Est et de la Baltique. M. de Buschen évalue la moyenne de sa récolte annuelle à 35 000 000de tchetvertes. Betterave. — La culture de la Betterave à sucre est ré- pandue dans le gouvernement de Tambov, d'Orel, de Kalouga, de Toula, de Koursk, dans les gouvernements de l'Ouest et du Volga, et surtout dans ceux de Kiev, de Podolie, de Tcherni- 2ov, de Kharkov et de Poltava. On évalue à 109 000 hectares la quantité de terrain annuellement occupée par cette plante. Tabac. — 31 000 hectares sont annuellement plantés en Tabac dont la culture est la branche la plus avantageuse de l'agriculture, aussi conmience-t-elle à pénétrer en Sibérie même. 11 résulte de l'examen des nombreux spécimens exposés à la section russe que le Tabac de Bessarabie approche le plus des qualités du Tabac de la Turquie. Vigne. — Si l'on excepte la Crimée et la Transcaucasie, la .culture de la Vigne n'est possible dans le sud de la nouvelle Russie, dans le territoire des Cosaques du Don et dans les gouvernements d'Astrakhan et de Stavropol, qu'à la condition de l'enterrer à l'approche de l'hiver. Les vins de Transcaucasie, par suite de l'absence de moyens de transport, sont consommés sur place même. Pour les trans- porter à travers la chaîne du Caucase, on les met dans des outres enduites de pétrole; de là vient leur goût particulier. Le meilleur de ces vins provient de la province de Kakhétie. Les vins mousseux du Don et notamment ceux de Tzimliansk, sont très-agréables, mais leur plus grand défaut est de ne pas pouvoir voyager ni vieillir. Le gouvernement de Stavropol distille la plus grande partie de sa récolte et expédie quelques dizaines de mille d'hectolitres de son vin à la foire de Nijni- Novgorod. En Crimée, tous les plants de la France, du Rhin, de l'Espagne et de la Hongrie réussissent bien. La viticulture 798 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et la viniculture y sont arrivées à un état de progrès assez avancé. La Bessarabie produit du Vin rouge passable dont elle exporte une certaine quantité. Si le vin d'Astrakhan n'a pas la réputation des meilleurs crus, en revanche son raisin est excellent ; A. de Humboldt en donne l'appréciation suivante : « Nulle part dans le monde, pas même en Italie ou aux îles Canaries, je n'ai vu mûrir de plus belles grappes de Raisin qu'cà Astrakhan. » L'immense étendue de l'empire russe tburnit ce résultat que l'on y rencontre tous les climats : pour préciser les épo- ques des semailles d'automne et de printemps, il faudrait citer le proverbe du paysan russe : « En automne, sème dans la poussière, et au printemps, dans la boue. » Dans la pré- vision d'un hiver précoce ou d'une Ibrte sécheresse de l'au- tomne, les semailles d'automne ont Heu dans la première quinzaine du mois d'août, et les semailles du printemps aussi- tôt que la terre est dégelée, ce qui arrive, pour la Russie méridionale, à la fin de février, et pour la Russie septentrio- nale, à la fin d'avril. Les céréales qui sont semées en automne sont le Blé d'hiver, le Blé de Sandomirka et les Seigles d'hiver; au printemps on sème le Blé de mars, le Blé girka, le Blé arnaoutka, le Seigle de mars, l'Orge, l'Avoine, les plantes oléagineuses, les légumineuses et les cucurbilacées. Les Avoines réussissent mieux dans le nord que dans le sud de la Russie; l'Avoine de Simbirsk et celle de Shatiloff ont, en Russie, la plus grande renommée. On ne connaît pas, en Russie, l'Avoine dite de Sibérie ; son transport d'ailleurs, en admettant son existence, la rendrait hors de prix en France et en général en Europe. On ne connaît pas, en Russie, de maladies endémiques des céréales. L'ergot du Seigle, le charbon du Blé et les autres maladies qui atteignent ailleurs les céréales, n'y sont pas per- manentes ; elles ne sont déterminées c{u'à un moment donné, par des conditions climatériques défavorables. Je ne connais pas d'autre cause de la dégénérescence de l'Avoine que celle déterminée par une trop grande sécheresse de l'été; j'observerai d'ailleurs que le grain de l'Avoine n'est PRODUCTION ANIMALE ET VÉGÉTALE Eï RUSSIE. 799 bien nourri que dans un climat tempéré et humide. Il est, du reste, impossible de déterminer le meilleur sol pour chaque catégorie de céréales si l'on ne tient pas compte en même temps des conditions climatériques de chaque localité. Le girka, Blé de mars sans barbe, a de la tendance à dégénérer en Blé barbu. Le meilleur moyen d'avoir de la graine pure consiste à la semer, non au printemps, mais en automne et très- tard pour qu'elle ne lève pas. Par ce mode de culture, tout le grain malade ou dégénéré périt pendant l'hiver, et le bon grain seul lève au printemps. Telles sont les considérations générales que je voulais vous présenter sur l'agriculture, sur la production animale et végé- tale en Russie. Certes, je ne me le suis pas dissimulé, ce tra- vail présente de nombreuses lacunes ; mais je réunis en ce moment tous les documents nécessaires pour les combler dans des communications ultérieures, heureux si mes efïorts peu- vent mériter l'approbation de mes honorables collègues de la Société d'acclimatation et de son illustre président. II. EXTRAITS DES PROCES - VERBAUX ' OES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1868. Présidence de M, Richard (du Cantal), vice-président. — Le procès-verbal est lu et adopté. — M. le Président annonce l'admission de M. Schumacher (le général), à Lucerne (Suisse). — M. Troplong, consul de France à Singapour, annonce le prochain envoi, par M. Aubaret, de Faisans Argus, et offre son concours le plus empressé dans toutes les occasions où la Société aura besoin de ses services. — ■ Remercîments. — M. Giot adresse de nouveaux détails sur l'utilité du poulailler roulant pour la destruction des insectes. — M. le comte de Beauiîort adresse la traduction d'une note de M. Black sur les progrès de l acclimatation en Aus- tralie (voy. au Bulletin, p. 772). — M. Mathieu présente la note suivante sur la production des races ovines extra-fmes en France : « Le type de ces races » est le troupeau de Maz. Il est entretenu dans l'arrondisse- )) ment de Gex, département de l'Ain, et doit son haut degré » de perfection aux soins habiles de MM. Girod de l'Ain et » Perrault de Jotemps Les brins très-ténus de la laine, dite » superfine, n'ont pas plus de un cinquantième à un soixan- » tième de millimètre de diamètre. Les caractères physiques » des sujets sont ceux des Moutons espagnols. Envisagée au )) point de vue de la production, cette race extra-fine pré- » sente certaines conditions économiques dont il est important » de tenir compte. H est nécessaire pour la réussite de l'éle- » vage de se trouver au milieu des circonstances hygiéniques » suivantes : « Un pays salubre, des terres bien égouttées » produisant plutôt des plantes nutritives que des plantes » abondantes et vigoureuses, pour pâturages des gazons » courts, et surtout ne contenant ni broussailles, ni herbes cà » haute tige pouvant souiller les toisons ; enfin un air sec et » une contrée peu pluvieuse, surtout si l'hivernage à la ber_ PROCÈS-VERBAUX. 801 » gerie ne doit pas être de longue durée ; en seconde ligne, » une nourriture convenable, distribuée en moyenne quan- » tité En troisième lieu, enfin, des soins minutieux ap- » portés à la multiplication, une grande connaissance de la » laine, l'habitude de juger une toison, de voir si elle est uni- » forme et d'apprécier le degré de finesse du brin, afin de » savoir quels sont les individus les plus aptes h perpétuer » les qualités de la race. Une grande propreté est de première » nécessité pour l'entretien des troupeaux extra-fins, aussi le » parcage ne doit pas être pratiqué ou ne l'être qu'après la . » tonte et pendant peu de temps. Une bonne tenue des ber- j> geries est de toute nécessité. » (Magne, Hygiène vétérinaire » appliquée, •?: vol.). On le voit, l'entretien de ces Moutons » soulève de grandes difficultés pratiques, qui ne sont pas » d'ailleurs compensées par le bénéfice que le commerce en » pourrait tirer. Au point de vue zoologique, ces races sont » des exceptions qui tendent sans cesse à dégénérer. . — M. Corbière de Juges annonce la mort du Taureau- Yak qui lui avait été confié par la Société. — M. R. de Semallé fait connaître que, malgré tous ses soins, il n'a pu conserver qu'un seul Agneau Ti-yang, des cinq qui sont nés chez lui, en deux portées. — Il est déposé sur le bureau : 1° un numéro du journal fAriégeois, dans lequel est inséré un article sur la piscicul- ture et les moyens proposés par M. le docteur de Séré, pour repeupler les eaux ; 2" une note extraite du Land and Water sur les heureux résultats obtenus k Galhvay (Irlande) par M. Th. Asworth, de la construction d'échelles à Saumons. — M. Mariot-Didieux adresse une note sur ses éducations de Vers à soie. — M. Meynard fait parvenir un Rapport sur les expé- riences qu'il a faites, en commun avec M. Combe, sur l'emploi d'une eau Bombyciphile (renvoi à la quatrième section). — M. Duchesne de Bellecourt transmet un nouveau Rapport de M. Van Gorkom, Sur la situation de la culture du Quin- quina à Java en 1867. — Remerciments. — M. A. Delondre adresse à M. le Président une note, dans 2«^ SÉRIE, T. V. — Novembre 18G8. 51 802 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. laquelle il développe les moyens qui lui paraissent les plus convenables pour répandre la culture du Cinchona dans nos colonies. ... — Des remercîments pour les graines qu'ils ont reçues de la Société sont adressés par MM. le gouverneur de la Nou- velle-Calédonie et le D' Turrel. — Des Rapports sur leurs cultures sont envoyés par MM. M<)nthiers,Brierre (de Riez) et le D' Turrel. — M. Turrel signale le fait suivant qu'il a observé à Hyères, dans le jardin de MM. Hubcr frères : « Il y a là deux » Chamœrops excelsa en pleine terre, tous les deux mâles, » ainsi qu'il a été constaté lors de leur première floraison, au » mois de mai. Or, l'un de ces Cliamœrops excelsa porte, sur » l'un des côtés de son stipe (au nord)f des grappes sèches » de fleurs mâles (le sexe a été constaté par M. Delort, » l'un des associés de la maison Iluber, qui s'occupe de la » partie scientifique de l'exploitation) ; tandis que du côté du » midi sont trois grappes portant des fruits bien conformés » avec albumen et plantule; les fruits sont mûrs et vont être » semés au printemps. Voibà donc un exemple unique que je » vois de fleurs mâles et de fleurs femelles sur un seul pied » de Palmier de cette espèce. J'aurai soin d'étudier moi-même » cette inflorescence au printemps prochain. M. Auzende a » obtenu des graines des JatropJia Gossypifolia que vous nous » avez envoyés au mois d'avril ; elles ressemblent singulière- » ment pour la forme à des graines de Ricins, mais sont » beaucoup plus petites. Notre collègue en a perdu beaucoup, » parce que ne se défiant pas de la déhiscence des capsules » fort élastiques et projetant au loin leur semence, il ne s'est » avisé qu'un peu tard de les cueillir avant maturité et de les » enfermer dans des cornets de papier, et de confier à la » pleine terre dans une partie abritée du reboisement du Fa- » von, les pieds les plus forts de sa collection qui se compose » de six plants, les seuls qui ont survécu. J'en possède moi- » même trois. Je dois vous signaler que M. Auzende et moi, » nous avons récolté, à la base des phyllodes de V Acacia ct/a- )) nophylla, des globules d'une gomme aussi belle et aussi n douce que la gomme arabique. » PROCÈS-VERBAUX. 803 — M. d'Ivernois donne les renseignements suivants sur les graines d'Acacia lophantha qui lui ont été confiées : « Elles » ont été semées au commencement du printemps dans un » terrain sablonneux fertile et irrigable, mais dépourvu i> de calcaire, situé à iiOO mètres du bord de la mer, de- » vaut Hyères (Var). Ce n'est qu'en mai qu'elles ont levé. » Aujourd'hui les plants qu'elles ont produits, âgés de cinq » mois seulement, atteignent en moyenne 2 mètres de hau- » teur; quelques-uns même ont "2 jnètres 30 centimètres. » Cette extrême rapidité de croissance m'inquiète un peu pour » la valeur du bois. Il reste à savoir, d'ailleurs, comment ces «jeunes plants passeront l'hiver; mais sous ce rapport j'ai » bon espoir, car les premiers semis provenant des mêmes » graines, que j'avais fait mettre en terre dès leur arrivée, en » juillet comme essai, et qui n'avaient guère acquis à la fm )) de l'automne que 15 à 20 centimètres, ont assez bien sup- » porté des froids un peu exceptionnels pour la Provence. Il » y a donc lieu de penser, que dans bien des circonstances, » Y Acacia lophantha présentera une précieuse ressource, dont » la France sera redevable à l'infatigable M. F. von Mueller. » Ces commencements de succès me semblent prouver une fois » de plus que bien des végétaux, pour lesquels on serait tenté » de croire le climat de l'Algérie absolument nécessaire, doi- » vent être essayés dans le midi de la France. » — M. Ramel offre, au nom de M. von Mueller, un paquet de graines àHIron bark {Eucalyptus sideroxylon) . — Remer- cîments. , ■ — Des demandes de diverses espèces de graines sont adres- sées par MM. Torrès-Caicedo, Roura et Sauvage. ^- M. A. Vinson adresse les renseignements suivants sur les Cannes à sucre impériales qui ont été adressées par le gouvernement brésilien à l'île de la Réunion, grâce à l'inter- vention de la Société : « "J'ai la douleur de vous dire que ce r> précieux envoi a tellement souflért, soit par le temps qui » s'est écoulé depuis son départ du premier heu d'expédition, » soit par l'action des miUeux qu'il lui a fallu traverser, que » nous avons peu d'espoir de voir cet essai réussir. Par une SOll SOCIÉTÉ IMF'ÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » circonstance malheureuse, le transport de ces Cannes a » coïncidé dans le passage de la mer Rouge avec une tempé- » rature de plus de hti degrés sur le pont. Beaucoup des bou- » turcs de Cannes ont été desséchées ; chez d'autres le suc a » fermenté dans les tissus parenchymatcux de la plante sans » s'évaporer entièrement. L'œil alternant, placé dans chaque » aisselle de la feuille et d'où doit sortir le bourgeon naissant, )) était complètement ramolli ou détruit : quelques tiges pour- » tant semblaient conserver quelque apparence de vie. Le » charbon pulvérisé mêlé au contenu de plusieurs barriques » ne m'a point paru avoir arrêté ou modifié les altérations » survenues. Cependant, assisté du Président de notre Chambre » d'agriculture, nous avons opéré mieux encore que si cet envoi » avait été reçu dans le plus parfait état. Les boutures ont été » immergées dans une eau pure, lavées déhcatement et plantées » avec toutlesoii. ...ossible. Elles seront surveillées très-attenti- » vement. La Canne à sucre a parfois des caprices de vitalité si » tenaces et si rebelles, qu'on la voit opérer des miracles, et que » des tiges desséchées, en pleine fermentation, abandonnées » et roulées sur le bord des chemins, arrivent à donner des » bourgeons verdoyants, comme si la vie la plus active devait » nécessairement surgir de la mort. C'est sur de pareils faits » qu'il nous est permis de fonder quelque espoir et de ne rien » négliger pour arriver à un résultat favorable. Je vous ferai » connaître ultérieurement ce qu'il adviendra du sort des )) boutures aujourd'hui plantées. Je vous ferai connaître éga- » lement l'opinion de la Chambre d'agriculture de l'île de la » Réunion, que je dois consulter sur le meilleur mode à em- » ployer, pour la transportation lointaine des Cannes à sucre » à travers des climats différents. S'il m'est permis, jusqu'à > meilleur avis, d'exposer à cet égard un sentiment personnel, » je crois qu'il ne faudrait pas prendre les boutures dans le » corps même de la Canne, mais bien dans les souches où la » vie est plus accumulée et tenue plus près de son origine, et » dans l'exil émité supérieure, où la pousse peut se continuer » quelque emps malgré la séparation d'avec la tige, et où les )) principes sucres étant déjà plus atfaiblis, la fermentation est PROCÈS-VERBAUX. ' 805 » moins facile. Ces souches et ces tètes (comme on les ap- )) pelle ici) seraient , les premières placées et les secondes » fichées dans des serres munies de terre et de charbon. Elles » pourraient être ainsi mieux surveillées, discrètement arro- » sées et placées dans un lieu convenable du bâtiment chargé » de leur transport. Elles parviendraient de la sorte à leur » destination, en moins grand nombre il est vrai que dans » des barriques, mais dans un meilleur état de vitalité. Des » plants sauvés de la sorte couvriraient bientôt notre île et » l'enrichiraient d'une Canne à sucre remarquable , dit-on, » par sa rusticité, son volume et sa beauté. Je ne me méprends » pas. Monsieur le Président, en vous disant que la colonie de » l'île de la Réunion a été émue du sentiment qui vous a porté » à vous préoccuper de son sort, et qui a inspiré k la Société » d'acclimatation de France une si noble action. En vous of- » frant nos plus sincères remercîments et l'expression de notre » gratitude, je ne me fais que son fidèle interprète. » — M. Vidal, instituteur à Montbel (Ariége), adresse la note suivante sur la culture du Maïs Caragiia : « Après les nom- breuses expériences qui ont été faites, il a été reconnu que le Maïs Cuzco, qui nous est venu du Pérou, ne mûrissait que rarement son grain sous notre climat. Sa culture a dû être dès lors abandonnée. Il n'en est pas de même du Maïs géant Caragua, dont les récents essais qui ont eu lieu dans un grand nombre de départements ont partout complètement réussi. Semé en temps, ce Maïs mûrit parfaitement, et, à cause de l'élévation de l'épi, qui est quelquefois à 3 mètres du sol, il est moins exposé à geler que celui du pays. Les semailles doivent être. faites du 10 au 20 avril. Les grains sont en- terrés à une profondeur moyenne de 3 à 5 centimètres et espacés de 80 centimètres à 1. mètre dans tous les sens. Ce Maïs se recommande surtout comme plante fourragère. Lorsqu'il est semé épais, la plante croît en hauteur; la lige est plus fine et perd beaucoup de sa rigidité, ce qui permet aux animaux de la broyer facilement. Naturellement, plus le terrain est fertile et mieux il est préparé, plus la plante est j) prospère et le produit abondant; mais dans un sol de 806 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTÏON. moyenne et même de médiocre qualité, il donne encore une belle récolte, alors que celle des autres variétés est ché- tive, et fournit un produit sans valeur. C'est ce qui résulte de mes expériences personnelles et de celles des autres expé- rimentateurs. Ainsi, huit ares ensemencés au Maïs Caragua ont donné à un cultivateur de la Haute-Saône autant de fourrage que 22 ares ensemencés en Maïs commun du pays (Maïs d'Auxonne). Sur un champ du même Maïs, cultivé pour récolter les épis , le rendement en grain a été de 75 hectolitres par hectare ; le rendement du Maïs d'Auxonne cultivé dans les mêmes conditions n'a pas dépassé àO hec- tolitres par hectare. Les terres consacrées à cette culture expérimentale ne sont que seconde qualité ; elles occupent le sommet d'un coteau d'une nature argilo-calcaire ; la culture, quant aux labours et à la fumure, a été conduite exactement comme celle du Maïs ordinaire. » Voici maintenant l'appré- ciation d'un agriculteur distingué de la Charente-Inférieure. Je ne peux trop louer » , dit-il, « l'entreprise de M. Vidal. Le Maïs géant Caragua rapporte, en effet, comme grains, plus de 60 pour 100, et, comme fourrage, de 90 à 100 pour 100, en sus du Maïs généralement cultivé. J'ai semé cette année (1867) 10 litres de ce Maïs; j'en ai semé une partie pour fourrage, à la dose de 80 centilitres à l'are, à côté et en même terrain d'autant de Maïs ordinaire, et je puis as- surer que le produit du Maïs Caragua a été double de celui du Maïs ordinaire, et a été mangé avec plus d'avidité par les animaux. J'ai semé l'autre partie pour grains, et j'ai obtenu 95 litres à l'are de Maïs parfaitement mûri, plus de Qli pour 100 en sus du Maïs ordinaire , que j'avais semé dans le même champ et qui ne m'a fourni que 57 litres à l'are. » Ces rendements sont parfaitement en rapport avec ceux que j'ai moi-même obtenus jusqu'ici. Les tiges de mes ense- mencements mesurent généralement li mètres de haut : on dirait de petites forêts. Frappés, enfin, d'une telle vigueur de végétation, tous mes voisins et mes connaissances ont voulu essayer cette précieuse variété de Maïs, dont on ap- précie maintenant tous les avantages : comme chez moi, PROCES-VERBAUX. 807 » l'expérience a parfaitement réussi et la récolte a été partout » admirable. On met ordinairement 15 kilogrammes par hec- » tare, pour grains, en lignes, et 75 à 80 kilogrammes pour » fourrage. Quand il s'agit de fourrage, on peut semer à toute » époque. — M. V. Chatel fait hommage d'une Note sur les moyens d empêcher les inondations. — Remercîments. SÉANCE DU 20 NOVEMBRE !868. Présidence de M. A. Duméril, vice-président. — Le procès-verbal est lu et adopté. — M. A. Geoffroy Saint-IIilaire transmet une lettre de M. Ferreira-Lage, qui annonce que les animaux qu'il a im- portés l'année dernière au Brésil y sont tous arrivés vivants et continuent à prospérer. M. Ferreira-Lage renouvelle ses offres de services à la Société, et fait connaître qu'il prépare un nouvel envoi des espèces les plus intéressantes de son pays. — Remercîments. — M. A. Feddersen annonce l'envoi du journal qu'il publie sur la pêche et la pisciculture en Danemark, et demande l'échange avec le Bulletin. — M. Soubeiran communique la lettre suivante de M. Maud'heux père, qui lui a été adressée sur le Saumon dans la Moselle, et qui lui paraît venir à l'appui d'une opinion, exprimée l'an dernier par M. de Séré, sur l'utilité qu'il y au- rait à prendre des mesures, de concert avec la Prusse et la Hollande, pour assurer le retour de ce précieux poisson dans nos eaux. « Les grandes pêcheries de la Hollande et de la » Prusse », dit M. Maud'heux, « sont pourvues de filets qui » laissent passer le jeune Saumon qui descend k la mer et )) arrêtent celui qui remonte aux rivières. Depuis ce temps, » nous ne voyons plus, dans la Moselle, ni Saumons adultes » ni jeunes Saumons. Ceux-ci nous restaient jusqu'à ce qu'ils » eussent atteints un poids de /lOO à 500 grammes. C'était le » plus fin de nos poissons : on lui donnait, en Lorraine, le 808 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. nom de René en l'honneur du bon roi René, qui était duc de Lorraine.... Outre qu'on n'a pas un soin suffisant de mettre en réserve les cantons de pèche, et qu'on n'a pas encore établi d'échelles à Saumons, une cause très-grave de des- truction qui agit dans une proportion énorme dans le par- cours de la Moselle est celle-ci : de grandes prairies irri- guées occupent aujourd'hui les vastes grèves qui bordaient son lit. Elles s'arrosent par des canaux dérivés de la rivière, se subdivisant en canaux secondaires et réunis en rigoles sans issue qui répandent l'eau en nappe sur la prairie. Dans beaucoup de localités, le canal lui-même est sans issue. Or, il faut, à certains moments, lors des fauchaisons, par exemple, assécher la prairie. On ferme donc la tète du ca- nal, munie à cet effet d'une portière ; l'eau baisse dans le canal, dans les rigoles et les canaux secondaires. La per- méabilité du sol et la chaleur dessèchent toutes ces raies et le poisson y périt ; le dessèchement est plus rapide encore quand le canal rejoint la rivière. On ne saurait croire quelle quantité de fretin est ainsi détruite, et dans quelques cas, c'est par voitures qu'on l'enlève. Ne serait-il pas possible d'obvier à cet inconvénient, qui doit certainement exister dans d'autres provinces que la nôtre? En tout cas, il faut avec ces conditions désastreuses que notre Moselle soit bien favorable à la reproduction du poisson pour qu'il n'y ait pas disparu! ». — M. Malard (de Commercy) transmet diverses pièces re- latives à ses travaux de pisciculture dans la Meuse, et qui té- moignent des résultats déjà obtenus. — Renvoi à la Commis- sion des récompenses. — M. le docteur Vouga, de Chanelaz, près Neuchatel, an- nonce le prochain envoi d'un mémoire sur ses essais d'élève industrielle des Truites en stabulation. — M. le docteur Turrel annonce l'envoi de Grenades culti- vées dans les environs de Toulon par M.Engaurran, etsoUicite l'examen de ces fruits par une Commission. Sont désignés pour en faire partie :;MM. Chevet, A. Geoifroy Saint-Hiiaire, Soubeiran et Wallut. PROCÈS-VERBAUX. 809 — M. d'Ivernois, en remerciant des graines qu'il a reçues, donne les détails suivants sur V Acacia lophantha : « Cet arbre )) fait merveille chez moi (à Hyères). Je vous ai rendu compte » de ce qu'd était au commencement d'octobre. Il a fait depuis » lors de bien grands progrès. J'ai aujourd'hui un pied venu » de graine au mois de mai dernier, qui mesure 3"", 3 A de ) hauteur, et 0"',15 de circonférence à sa base. Il a des bran- » ches latérales de l'",5'2, qui sont étayées en pyramide et » présentent le plus charmant aspect. Les autres sujets lui » sont à peine inférieurs en développement. Ils sont en pleine » végétation, on voit même apparaître des boutons à fleurs. » Tous ceux qui voient ces jeunes arbres en sont émerveiUés, » et voudraient avoir de la graine. — M. Waller Hill, directeur du Jardin botanique de Bris- bane (Oueensland), fait connaître qu'il cultive le Clnchona officinalis provenant de graines de Geylan, et les Clnchona calisaya et succirnbra, dont il a reçu les graines de Java, et que, bien que ces plantes aient soulïert du froid, le premier hiver, il augure le plus heureux succès. Il a cultivé, sous le nom impropre de quijiquina, plusieurs Euphorbiaoées et Apocynées, dont il compte adresser prochainement des graines à la Société. — M. Bossin adresse un rapport sur quelques plantes nou- vellement introduites en France. — M. Sailly (Médéric), instituteur à Bois-en-Ardres (Pas- de-Calais), et M. Sailly (Gustave), instituteur public à Nort- Seulinghem (Pas-de-Calais), adressent des rapports sur les cultures de diverses plantes. — Renvoi à la commission des récompenses. — Des remerciments pour les graines qu'ils ont reçues sont adressés par MM. Torrès-Caïcédo, A. Rivière et Sau- vage. — M. le docteur Turrel écrit de Toulon (Var) : « VEuca- » li/ptns globulus fait décidément merveille dans notre Midi. » L'administration forestière en essaye, sur ma demande, quel- » ques groupes dans le reboisement du Faron. » — M. J. E. Lafond écrit de Bordeaux : « Les quatre va- 810 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » riétés de Bambous que je me suis procurées au Jardin » d'acclimatation du Bois de Boulogne ont été plantées au » mois d'août 1867. Elles ont parfaitement supporté sans abri » le dernier hiver, avec 10 degrés centigrades au-dessous de » zéro. Les numéros 6 et 3 ont donné cette année des pousses » de 2", 60. Les numéros 1 et 2 poussent vers le mois de juin, » les autres sont plus tardifs et ne commencent à montrer » leurs jets que vers le mois d'août. » M. Geoffroy rappelle à cette occasion les détails donnés par lui à la Société, sur les Bambous cultivés au Jardin d'acclima- tation du Bois de Boulogne, dans la séance du 27 décem- bre 1867. (Voy. Bulletin, r série, t. IV, p. 77/|.) — Il est déposé sur le bureau : 1° de la part de M. Ch. Baltel, VArt de greffer ; 2" de M. Van Gorkom, Rapport sur la culture du Cinchoua à Java. — Remercîments. Le Secrétaire du Conseil, Ch. Wallut. ■fi*»' III. CHRONIQUE. Variations des animaux et des végétaux par la domestication (I). LE CHIEN (2). La variation des animaux à l'état de domesticité est un des sujets qui ont été, du moins jusqu'à une période relativement récente, négligés par les naturalistes qui s'occupent de spéculations scientifiques. Si l'on recherche pourquoi un sujet aussi sérieux n'a pas été pris en considération, on voit bientôt que cela peut être attribué à l'une des deux causes , sinon aux deux causes suivantes : 1° l'ignorance du sujet ; 2° le manque d'une appréciation convenable de l'importance de ces modifications de formes qui sont per- pétuées par les éleveurs et par la fantaisie. M. Charles Darwin, l'auteur bien connu de l'ouvrage « Sur Vorigme des espèces par la sélection (1) Nous engageons ceux de nos lecteurs que ce sujet intéresserait, à con- sulter, entre autres publications, outre les divers travaux de M. Darwin, notam- ment son ouvrage sur VOrigine des espèces par sélection naturelle dont la tra- duction française a eu deux éditions, et la nouvelle œuvre qu'il a publiée récemment sur les Variations des animaux et des végétaux par la domestica- tion et dont il vient de paraître une traduction française : les Iravaux d'Isiilore Geoffroy Saint-Hilaire et notamment ses Animatix utiles : le Cours d'anthro- pologie fait au Muséum d'histoire naturelle de Paris pendant l'année scolaire 1867-68 par notre vice-présideni, M. de Quatrefages et inséré dans la Revuedes cours scientifiques, cinquième année, p. 366 et suivantes : le Rapport de M. de Quatrel'iiges sur les progrès du ranihropologie et les différents articles publiés par notre collègue sur le même sujet ou sur des sujets qui s'en rapprochent dans la Revue des deux mondes durant les dernières année~, noiamment dans la livraison du 15 janvier 1861; nous mentionnerons encore les articles publics dans le- Land and. Water, sous le pseudonyme 'le Zoopliilus et sous le titre IFi/rf types as sources of domeslic animais, durant les armées 1866-67-68, les leçons de M. Agassiz à l'Université de Cambridge (États-Unis d'Amérique) dont la Revue des cours scientifiques a publié quelques-unes dans le cours de l'année 1868; les travaux publiés eu Allemagne par le D' Fitzinger et ceux publiés en Angleterre par M. G. Brady et H. B. Braily et généralement tous les auteurs qui ont écrit pour ou contre la théorie de Darwin sur l'origine des espèces. Nous recommanderons aussi le Bulletin de la Société impériale d'acclimatation. Nous rappellerons aussi notre chronique sur les races de chats domestiques. Bulletin., t. V, p. 531. (2) Nous citerons, parmi les auteurs qui se sont occupés du même suje', à une époque relativement récente, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Animaux utiles et Fragments sur la domestication et la culture des animaux. Bulletin, t. P', V^ série; de Quatrefages, Revue des cours scientifiques, cinquième année, p. 544 et suivantes; Zoophilus, Land and Water, 1866, vol. Il, p. 110 et sui- vantes; l'ouvrage de M. Hamilton Smith sur le chien, l'Histoire des chiens de Nott et Gliddon, et le Bulletin de la Société impériale d'acclimatation, surtout à l'époque des deux expositions internationales de l'esjièce canine organisées sous son patronage. 812 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. naturelle. (On the oriijin of species by natural sélection) (1) », a (^liidié ce sujet depuis plusieurs années avec beaucoup de soin : il considère la pro- duction des \ ari(''tés par le procédé d'une sélection artificielle continuée pen- dant un temps prolongé ou par celui de la sélection de rhomme comme étant analogue à Torigine des espèces par la sélection naturelle : dans les deux volumes qu'il vient de publier sous le titre de Variations des animaux et (!) « Dix ans se sont écoulés », dit M. le D' i. D. Hooker, dans son discours inaugural de la session de Korwicti (en 18G8) de l'Association britannique pour l'avancement des sciences, « depuis la publication de YOrigine des espèces par la scleclion naturelle. Il n'est donc pas trop tôt de se demander quels progrès cette théorie a laits dons la science. Le journal anglais le plus répandu de ceux qui donnent une place à la science, VAtlierui'um, a récemment proclamé à tous les pays où se parle la langue anglaise, que la théorie de M. Darwin est une chose du passé ; que la faveur accordée autrefois par les savants à la sélection natu- relle disparaît rapidement ; et que, quant aux deux volumes sur les Variations des animaux et des piante.s dans l'iiat de domesticilé, ils « ne contietment rien de plus à l'appui de l'origine par sélection qu'une réafiirmation plus détaillée des hypothèses basées sur les soi-disant variétés de pigeons ». Voyons par nous- mêmes quelle est la vérité sur les affirmations de ce journal. » L'Origine des espèces, qui parut il y dix ans, a eu quatre éditions en Angleterre, deux en Allemagne, deux en Amérique, deux en France, plusieurs en Russie, une en Hollande et une en Italie -, l'ouvrage sur les Variations, publié il y a sept mois à peine, en est déjà à sa seconde édition en Angleterre et des édi- tions françaises, allemandes, russes, américaines, sont publiées (ou en cours de publication). Bien loin d'être une chose du passé, la sélection naturelle est une doctrine acceptée par tous les naluralislcs philosophes, y compris, bien entendu, uu grand nombre qui n'admettent pas qu'elle explique tout ce que M. Daiwin lui assigne. Des articles sur l'origine des espèces nous arrivent chaque jour du conti- nent, et M. Agassiz, dans une de ses instructions à ses collaborateurs, au moment de leur départ pour les régions de l'Amazone, appelait tout récemment leur atten- tion sur cette théorie, en l'indiquant comme un des objets d'étude les plus impor- tants de leur voyage. (Une traduction française du l oyage au Hréstl de M. et jyime Agassiz sera publiée Irès-prochainement. Le Tour du monde en a déjà donné un extrait qui nous présage une source féconde de renseignements sur les richesses naturelles du Brésil.) » .... J'ai commencé ma carrière scientifique plein d'espoir que la méta- physique me serait un guide utile. Je me suis aperçu bientôt cependant qu'elle ne me servait à rien, et il y a longtemps que j'en suis arrivé à la même conclusion qu'Agassiz, conclusion qu'il ex|)rime si bien en ces termes : m J'espère que le temps n'est pas loin où tout le monde comprendra que la bataille des preuves, si je puis m'exprimer ainsi, se livrera sur le terrain de la science physique et non pas sur celui de la métaphysique. » (Agassiz, De la contemplation de Dieu, dans 1« Kusmos Vkrislian Examiner, Ix'^ série, vol. XV, p. 2.) Le champion de la sélection naturelle, le vrai ciievalier de M. Darwin, Alfred Wallace, a répondu à la plus grande partie des critiques des métaphysiciens dans ses mémoires sur la Proteciion {Weslminsler Revieiv), la Création de ta loi {Journal des sciences, oclobre 1H67), dans lesquels il discute avec une sagacité, un savoir et un talent admirables les doctrines de l'intervention continue, les <( théories de la beauté » et Lîs doctrines semblables; mais il n'est pas tacite de citer sans enthousiasme M. Wallace et ses travaux sur la biologie; car, sans parler du grand mérite de ses écrits, comment ne pas se rappeler en les lisant, qu'avec une modestie aussi rare qu'elle semble naturelle chez lui, il oublie qu'il pourrait réclamer l'Iiouneur d'avoir imaginé, indé|iendammeiit de M. Darwin, les théories qu'il défend avec CHRONIQUE. 813 (les végétaux par la domestication [The variatioihs of auimnls and plants under domestication), il a donné PapeiTu le plus complet de riniportance et de la nature des changements que les animaux et les végétaux ont subis depuis qu'ils sont sons la domination de rhomme(l). Laissant enlièrement de côté tout ce qui, dans la nouvelle œuvre de Darwin, se rattache à la défense de Thypothèse bien connue qu'il soutient avec tant de talent, nous dirons une si grande habileté?» {Rsvue des cours scientifiques, S"" année, p. G40.) Nous laissons assurément à l'éminent docteur J. D. Hooker la responsabilité de son opinion sur la théorie de Darwin, et nous n'avons ici l'intenlion de ne nous prononcer ni pour, ni contre cette théorie. Mais nous reconnaîtrons avec M. Hooker que le mouvement scientifique déterminé par la publication de son ouvrage sur VOrigine des espèces est loin d'être épuisé et délerminera encore longtemps la publication d'ouvrages qui se prononceront, soit pour, soit contre les idées de M. Darwin. Parmi les plus récents, nous citerons les articles consa- crés à cette théorie dans le Science et nature du D'' Louis Biichner, et notamment le chapitre sur une nouvelle théorie de la création, l'ouvrage anglais paru en 1867 sans nom d'auteur sous le titre The Daririnian Iheory of Ihe transmuta - lion of species examined by a graduale of Ihe Université of Cambridge ; la publi- cation de M. Faivre sur la Variabililé des espèces et ses limites, si riche en sources bibliographiques, et l'article de M. Auguste Laugel sur Danoin et ses critiques inséré dans la Revue des deux mondes du f mars 1: Loups, le Canis lupus, qui est le Loup ordinaire, et le Canis latrans, qui n'est proba- blement qu'une race««de Chiens vivant en liberté dans l'Amérique du Nord ; 2" deux ou trois espèces douteuses (sic) du même groupe ; 3 ' deux espèces canines au moins de l'Amérique du Sud ; h" plusiem*s races ou espèces de Chacals; 5" une ou plusieurs espèces éteintes » ....Deux naturalisies éniinents, appartenant a des écoles différentes, avaient déjà réfuté, en s'appuyant sur des considérations diverses, la doctrine à laquelle s'est raliié Darwin. Fréd. Cuvier, au nom de la morphologie, — ■ et c'est d'autant plus frappant de la part d'un partisan de la fixité de l'espèce, — nous dil, à propos de l'hypothèse de plusieurs souches canines : « Nous ne » ])artageons pas celte manière de voir ; les modifications les plus fortes n'ar- » rivent au dernier degré de développement que par des gradations insensi- » blés ; on les voit naître véritablement, et dès lors il est impossible de sup- » poser leur existence dans une espèce (pii aurait antérieurement existé. ».... » Combien le spectacle de nos deux expositions de Chiens n'était-il pas fait pour mettre en lumière cet enchevêtrement, cette gradation des formes, et pour justifier les paroles de Fr. Cuvier !.. . n .... Le même Fréd. Cuvier déclare ailleurs que, si Ton voulait entrer dans la voie de l'admission de plusieurs souch(;s canines, il faudrait admettre logiquement que plus de cinquante ont apporté leur contingent de caractères. Or, sur ces cinquante prétendues espèces, quarante au moins n'existeraient, ni dans la faune actuelle, ni dans la faune fossile. On ne peut en effet ad- mettre, dans l'état actuel de nos connaissances zoologiques et paléontolo- giques, que quarante types d'espèces voisines nous aient échappé. Au reste les cbilTres d(^ Cuvier sont de plus en plus \Tais, puisque le nombre des for- mes nouvelles ne cesse de croître, » Voilà, dans tous les cas, une considération qui suffirait à elle seule pour faire rejeter le système du méiange des souches. Mais la physiologie est plus explicite encore que la jnorphologie, et Is. Geoffroy, qui se trou\ e ici sur son véritable terrain, s'exprime comme il suit: «Cette explication (par les espèces » analogues aux espèces actuelles) est absolument inadmissible. Comment le » croisement de deux animaux offrant les caractères actuels du genre Canis n eûc-ilpu donner naissance au Basse;, au Bichon, au Dogue? Tout hybride » ressemble à ses parents, tenant même souvent le milieu entre eux. Par » conséquent, l'hybridité ne fait que combiner dans les descendants desca- » r'actères déjà existants dans les souches. Elle n'en crée pas de nouveaux. » )) Enfin, des expériences nombreuses, journalières, montrent que les races CHRONIQUE. 819 les plus (■loignées se croisent facilement, que ces unions sont fécondes et don- nent des produits également féconds. » Assurément, « ces faits sont en contradiction avec la doctrine qui donne- rait aux Cliiens pour origine plusieurs espèces distinctes. Au reste, personne, et Darwin lui-même le proclame, n'a prétendu que des formes extrêmes puissent être dues au croisement seul. Il cite le Limier, le Bull-Dog, le Blen- heim, le Terrier, comme ne pouvant provenir d\ine cause pareille. !I aurait pu en ajouter bien d'autres. Tous les Canis sauvages sont velus, mais pas un n'a le poil semblable à celui du Barbet pour la finesse et la longueur, qui en font presque une véritable laine. D'un autre côté, le Chien turc et le Chien de Guinée sont absolument nus, etc., etc. » La doctrine du croisement des espèces et de l'origiae multiple du Chien nous amènerait à des conséquences inadmissiijies, et en particulier à l'ad- mission de souches ne faisant mêuje phis partie du genre Canis des natura- listes. D'ailleurs, de l'aveu iuème de Darwin, cette doctrine n'explique pas, à beaucoup près, tous les faits que présente l'étude du Chien ; de telle sorte qu'elle est à la fois hypothétique et insuIBsante. » Nous l'avons vu, des représentants éminenls des deux écoles de la fixité et de la variabilité de l'espèce, s'appuyant les uns et les autres sur la mor- phologie et sur la physiologie, s'accordent pour repoussei' toute doctrine laisant du Chien un être spécifiquement complexe. [Jn pareil accord ne pour- rait exister entre eux, si les faits ne parlaient très-haut. » r.emarquez en outre, comme nous l'a\ons déjà indiqué, qu'aucune des raisons invoquées par xM. Dai'win, quand il s'agit du f>igeon, ne perd sa valeur quand on la rapporte au Chien. En effet, en faveur de l'unité spécifique, soit du Pigeon, soit du Coq, Darwin invoque la fécondité des croisements entre races éloignées, ainsi que la fécondité indéfinie des métis ; et il est inutile, je pense, d'insister sur la fertilité entre races canines. Rappelons seulement qu'Is. Geoffroy a croisé aisément entre elles les plus éloignées. » Darwin cependant a élevé des difficultés. 11 a affirmé que l'AIco, le Chien du Mexique, a de l'aversion pour nos Chiens européens. Mais il en est de même pour ces derniers lorsqu'ils se trouvent en présence de coiupatriotes vivant dans une même locuiiié. Des Cliiens français ou anglais arrivant à Coustantinople se trouvent comme des étrangers au milieu d'une race vrai- ment en possession du sol. ils y sont fort mal reçus ; mais ce n'est pas un signe d'aversion tenant à une différence d'espèce ; car on sait qu'il en est de nrême pour tout Chien de la ville qui s'aventure dans une colonie autre que celle dont il fait partie. » Darwin cite de plus le Dingo et le Spitz, ou chien de Poméranie, au pelage épais et droit, comme s'unissant volontiers au Renard. Mais ce dernier n'a été considéré par personne, pas même par Darwin, comme une souche du Chien ; et la plupart des natuialistes sont d'avis d'en faire un genre à part. Je ne vois donc pas ce que pix)uveraient ces unions, si tant est qu'elles soient réellement faciles. On ne nous dit pas qu'eUes aient été fécondes; on 820 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMâTATION. ne nous dit pas non plus que les produits en aient été féconds. Sans ces deux conditions, le fait ne prouve rien. Nous en trouveiions bien d'autres, et de plus étranges encore. 11 n'est donc pas impossible qu'on ait constaté des faits d'accouplement de ce genre ; mais il ne faut y voir qu'une de ces aberra- tions de l'instinct que la captivité provoque. » {Reçue des cours scientifiques, cinquième année, p. 5/i6.) A. A. D. Les pêcheries de Comacchio (1). Pèche du poisson et pisciculture en Italie. I,a lagune de Comacchio, qui ressemble à celle de Venise par son mode de formation, occupe une superficie étendue entre le Pô di Vulano au nord et le Poprimero ou Zeno au sud ; elle est séparée de l'Adriatique par un long banc de sable. Cette lagune, qui présente environ deux cent trente milles de circonférence, contient quarante bassins ou valli (2) entourés de digues, qui comnnuiiquent tous avec la mer. La lagune de Comacchio a été renom- mée de temps immémorial pour ses pêcheries, qui ont principalement pour objet la pêche des Anguilles (5) et des surmulets : le commerce de ces pois- sons constitue en Italie une imporlanle branche de commerce. Chaque bas- sin est sous la direction d'un chef ou fadeur qui a plusieurs employés sous ses ordres : le tout forme un personnel d'environ quatre cents hommes qui sont enrégimentés ou disciplinés comme cela a lieu à bord d'un navire. Ces hommes passent leur temps à pêcher et à saler le poisson qu'ils ne peuvent (1) M. de Sacy, consul de France à Venise, a donné en 1833, àans les Annotes maritimes, une description détaillée des iiêcheries de Coniaccliio, et, en 1855, le niinisière des travaux iniblics de France a fait imprimer un travail beaucoup plus complet de M. Coste sur la môme exploitation. M. J. Haime, dans son article sur la ptscicidlure publié en 185Ù dans la Revue des deux nionàcs, et M. Baude, dans son article sur l'empoissonnement des eaux douces, publié en 1861 dans la même Revue, s'occupent également des pêcheries de Comacchio, Sulla coUura degli animali del vcneto dominio. Considerazioni del D^ G. D. Nardo. Venelia, 18(3/(_ — 1)1 Adoir Senoner, Beiirœge zur Keimtniss der Fischfauna des Adria- tisciien Meeres,iiauslQ ZoolugiH:he Garten, avril 1868, p. 137; juillet 1868, p. 243. (2) Ces valu portaient d'abord le nom de Piscarice, ainsi qu'il résulte d'écrits publiés de 1118 à 1181. (3) Il paraît exister dans la mer Adriatique deux espèces d'anguilles : l'Anguilla vulgaris et l'Anguilla vmrtna. L'Anguilla vulgaris prendrait, dans certaines localités de l'Adriatique, et surtout sur le littoral de Venise, différents noms suivant son âge et sa grosseur : elle serait désignée par le nom de Jiuralclo, lorsqu'elle pèse de 3 à 8 onces ; de liisalelo, lorsqu'elle atteint un poiiis de 8 à 12 onces; de Rocon, lorsque son poids est de 1 à 3 livres, et d'Anguilla, lorsque son poiils dépasse 3 livres. Les anguilles les plus estimées sont celles provenant des valli : elles sont assaisonnées de (lifférenles manières ^ elles sont aussi livrées au commerce fumées et marinées. L'Anguilla inanna paraît beaucoup plus sensible à l'abaissement aussi bien qu'à l'élévation de la température ; elle ne se conserve pas longtempi dans les vaUi ; elle maigrit et tombe bientôt au fond. CHRONIQUE. 821 pas vendre à l'état frais. A l'aide d'un système des plus ingénieux, les ri- vières qui entourent la lagune peuvent, à une certaine saison de l'année (du 2 février jusqu'à la find'a\ ril, couler dans les bassins : par la fermeture des écluses, on détermine l'introduction des Anguilles nouvellement nées qui, remontant de la mer dans les rivières, viennent chercher un abri dans les bassins : cette période s'appelle la montée {la montata). Le poisson peut alors tranquillement augmenter de volume et passer à l'état adulte : il ne fait aucune tentative pour s'échapper jusqu'à ce qu'il soit complètement dé- veloppé, jusqu'à ce que le même instinct qui l'a poussé à s'abriter dans les bassins le pousse à descendre vers la mer : c'est ce qu'on appelle la descente {ta discessa). Les pêcheurs, profitant de ces habitudes, disposent leurs fdets de manière à prendre le poisson en masse. Les tentatives de migrations vers la mer ont lieu durant les mois d'octobre, de novembre et de décembre, et surtout durant les nuits les plus obscures. Le poisson pris de celle manière est envoyé à la ville de Gomacchio, où il est vendu à des marchands qui en remplissent les viviers de leurs bateaux et remontent ainsi le Pô et le'J'essin pour le vendre. Le poisson qui n'est pas vendu est salé sur place et exporté plus tard dans les différentes parties de l'Italie. En 1865, la quantité de poissons pèchée dans la lagune de Gomacchio a été de 9595 charges pesant 371 570 kilogrammes (370 tonnes) de la valeur de 323 988 francs (12i,96u) ; à ce chitfre, on doit ajouter la quantité de pois- .sons vendue à l'état frais qui s'élève à un poids de 123 08'J kilogrammes (121 tonnes) de la valeur de 57 535 francs (2i,301). Les lagunes de Gomac- chio auraient donc produit, en 1865, 381 52^ francs. M. Coste, d'après les estimations de M. Guppari, indiquait, dans son mémoire publié en 1855, un revenu de hàO 000 francs environ. Les dispositions prises pour attirer le poisson nouveau et pour empêcher le poisson adulte de retourner à la mer sont tout à fait ingénieuses : elles ont été décrites par le Tasse et par l'Arioste : Corne il pesce cola, dove impaluda Ne' seni di Gomacchio 11 iiostro mare Fugge dall' oiule impetuosa e cruda, Cercando in placide acque, ove ripare. E vien, clie da se stesso ei si rinchiuda In palustre prigion, ne puô tornare ; Ché quel serraglio è con mirabil uso Sempre ail' enlrar aperto, ail' uscir chiuso. {Ge7-us. lib., VII, 46.) Arioste appelle Gomacchio La citlà, che in mezza aile pesce Paludi del Pô terne ambe le foci. {0)i. fur., III, 41.) L'Anguille et le Surmulet ne sont du reste pas les seuls poissons que l'on élève dans les valli sur les côtes de l'Adriatique : en donnant quelques dé- tails sur la pèche en Italie, nous aurons l'occasion d'en signaler d'autres, e 822 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. notamment les Mtifi^s. Le Surmulel, [MiMus .mrmulehis) et le Loicp de mer {Labrax lupus) doivent du reste être maintenus entièrement s(''parés des antres poissons à cause de leur voracité. Pêche en Italie. — 9522 bateaux, ensemble de 29 976 tonneaux, sont employés seulement par la petite pèche. Quant h la grande pèche, à laquelle les marins italiens se livrent également, elle a frété, enl86Zi, 7ù5 bâtiments italiens de 6727 toimeaux, montés par Zi778 hommes d'équipage qui sont partis pour les destinations suivantes: 352 ont côtoyé PltaUe; 191, la France ; 32, la Grèce ; 139, les États pontificaux ,• 15, la Turquie ; 9, les États de Tunis; U, l'Egypte, et 3, l'Algérie. Un bateau de 6 tonneaux a fait Fessai de la pèche des éponges. Outre les bâtiments italiens, 311 navires autrichiens ont péché sur les côtes de l'Italie. L'inscription maritime porte à 16 000 le nombre des pêcheurs. La quantité du produit annuel de la pèche du Thon sur les côtes de la Toscane est de 267 /|70 kilogrammes. La Sardaigne exporte en moyenne chaque année 992 000 kilogrammes de Tlion {Thynnus vulgaris) et 50 800 kilogrammes de Thonine (Thi/nnus thiinina). Outre ces deux espèces de Thon, on rencontre encore sur les côtes de l'Italie, du moins dans l'Adriatique, le Thipinus pefamys. Des appareils particuliers existent à l'île d'Elbe, sur les côtes de la Sar- daigne et de la Corse, pour la pèche du Thon : ils sont désignés sous le nom de Tonnare (1). Ils sont composés de cpielques enceintes fixes, ayant plu- sieius chambres où les Thons piMiètrent et restent prisonniers, et que l'on nomme chambres de mort. Toutes les trames de ces enceintes ont une lon- gueur de 300 à 500 mètres -, elles sont lloltantes et retenues en place par des cordages ancrés, difl'érenis de ceux que l'on jette à la mer lorsqu'on s'aperçoit du passage en masse du poisson. Le Thon est l'objet d'une pêche considérable sur les côtes de la mer Adriatique. Les Thons de 15 à 20 livres sont ceux dont la chair est la meil- leure, le 1 bon adulte atteint jusqu'à un poids de 700 livres. Le Maquereau, 8com6rMs, nommé parles populations du littoral Scombro, et, dans son jeune âge, Ganzarioi, est aussi l'objet d'uue pêche assez impor- tante : il paraît tians le voisinage de Venise, durant l'été^ en plus ou moins grand nombre. Le Thon et le Aiaquereau sont quelquefois préparés en saumure; mais, à rétat,de salaison d'asséchée, ce sont surtout les œufs du Thon ou dos dif- férentes espèces de Muges, et surtout du Mulet de mer {Mu jil cephalus) qui ser\ ent à préparer, en Sardaigne et en Sicile, l'espèce de caviar qui est connu sous le nom de pottarga, et qui est au moins aussi bon que celui des côtes d'Afrique (2). Le Mufitl cephalus est désigné sous diflérents noms suivant (1) Madrague des Marseillais. (2) I3n caviar du même genre est préparé sur les côtes de Dalmatie avec les œufs des diiîérentes espèces de Muges : il y est désigné sous le nom de bolardo. CHRONIQUE. 823 son âge et sa grosseur. Il prend le nom de Mechiarini et de Chiavorini lorqu'il est petit, de Machiali lorsqu'il est un peu plus gros, de Volpinati lorsqu'il est âgé de deux ans, de Volpine grandi, lorsqu'il atteint un poids de li à 10 livres. Outre le Muifil cephalus, on rcnconlre sur les côtesd'ltalie le Mugit capito (Ccmstelo, Ccmtelo), qui n'atteint dans les valli qu'tui poids de 3 eWi livres, tandis que, en mer, il atteint 10 livres; le Mugil aurutus (Lotregau] qui, variant de nom vnl^'aire, est nommé Latregnagolo lorsqu'il est petit, Lotregan lorsqu'il est âgé de deux ans, et Lotregan vec- chio lorsqu'il a trois ans et un poids de o livres qu'il atteint dans les ml/i où il a été introduit à i'état de frai; le ^uiigilsaliens iVisso ou Magnagiazzo, qui doit ce dernier nom à ce qu'il supporte mieux le froid que les autres espèces de ;\Iugo; enfin, leMuge à grosses lèvres, Mugil chelo, qui, suivant sa grosseur et son âge, est désigné sous les dénominiiîions populaires de Boseghin s'il n'a encore qu'une longueur d'un pouce, de lioseghcUa s'il a atteint 2 à 3 pouces, Bosegha s'il est âgé de un an et s'il pèse 7 à 8 onces; la chair de ce dernier est très-cslimée, surtout en automne. Les Sardines {Clupea spracins) et les Anchois {('litpea enchrasicolus). péchés sur le littoral de l'Italie centrale représenu-nt une quantité de 750 000 kilogrammes, à laquelle il faudrait ajouter le produit de la pèche de Gènes et de la Sicile. Les pécheurs de Chiozza sont au nombre de Zt500, répartis sur 50 tar- tanes, 500 bragozzi et 700 baïeaux, et se livrent à la pèche, soit en mer, soit dans la lagune. La pêche mariiime représente à elle seule un revenu de II millions de francs. Mais le plus grand profit de la pêche revient aux provinces napolitaines qui emploient à celte industrie 3710 bateaux (365 pour la grande pèche) de la portée lotale de 15 882 tonnes (ZiAli pour la grande pêche). La ville de Maples reçoit chaque année 11 000 q. m. de poisson dont la moiiié lui vient du golfe de Tarante et l'autre moitié '.'c c^lui de Gaëte. (L'Italie économique en 1867. — Adolf Senoner, Beitriige zur ■ Keniitniss der Fischfâuna des Adriatischm Meeres, dans le Zoologische Garten. Avril 1868, p. 136. Juil- let 1868, p. 2:i3.) Outre le travail de M. le docteur Senoner, nous engageons ceux de nos lecteurs qui voudraient se faire uiie idée exacte; des ressources que peut fournir .'i l'alimentation la faune ichlhynlogique des côtes d'Italie, à con- sulter noiaminentli's diverses publicaiions de M. le docteur G. Nardo dans les Atti dell R. Mit. ven. di se, lift, ed arti, et l'ouvrage déjà cité du même auîeur SullaCoUura...., son Rospdto delta Fauna marina vutgare del veneto estuario, le Catalogo dei pisci delV Adriatico, de Aib. Perugia, le travail de llafael Molin Sulla piscicoltura dans les .-l/f/ cités plus haut et les ouvrages cilés dans notre Gluonique .sui- les Mollusques comestii)ies (le la mer Adriatique (^«//e/m, t. V, p. Zi65). En ce qui concerne la pêche (.U\ Corail en Italie, no-.is eu avons déjà parlé dans le Bulletin. 1. V, p. 532. Nos lecteurs trouveraient encore des 82A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. détails sur le même sujet dans Y Italie économique en 1867, p. 167, article Coraux. A. A. D, Essais de pisciculture dans les Vosges, Par M. le docteur E. Chevreuse, Bien que ces essais n'aient pas donné de résultats satisfaisants, M. le docteur Chevreuse, convaincu, à juste raison, que les revers éclairent plus que les succès, a pensé devoir faire abstraction de son aniour-proi)re au profil du proférés et exposé le résultat de ses recherches pour que ceux qui voudront peupler leurs viviers ou étangs procèdent autrement qu'il l'a fait, et évitent ainsi d'avoir de semblables déceptions. Il les engage avant tout a tenir le plus grand compte des propriétés de leurs eaux, et prenant pour exemple deux rivièresde son voisinage: la Madou au fond vaseux, qui ne ren- ferme aucune Truite ni aucun Saumon, alors que ces poissons se plaisent dans la Moselle, qui est dans des conditions tout opposées, il croit devoir conseiller à tous ceux qui possèdent des eaux de même nature que les siennes de les réserver pour la Carpe, la Tanche, le Brochet, qui réussit aussi bien dans les eaux les plus vaseuses que dans les e:»ux les plus pures, mais qui est un tel dévastateur que son introduction est redoutable (1), au Gardon ou Chevaine et surtout au Carasche (2), puisque les Salmonidés, les Ombres et quelques petites espèces, qui leur servent de nourriture, se plaisent seulement dans les eaux vives et froides. A deux reprises, M. le docteur Chevreuse a tenté des essais de pisciculture dans un vivier qu'il possède à Charmes (Vosges) et qui occupe une surface de 6 ares environ. En janvier 18f3/i, il reçut de l'établissement d'Iluningue six mille œufs fécondés de Truite commune et de Truite saumonée. L'hiver était rigoureux, et malgré les précautions prises pour remballage, les œufs furent atteints par la gelée. M. Chevreuse n'obtint qu'un petit nom- bre d'éclosions. Les jeunes poissons, placés dans une boîte, près du point (1) De tous les poissons qui sont entrés dans mon vivier, dit M. Chevreuse, et qui y ont vécu, le Brochet est celui qui a crû le plus vite. Trois brocliets, de 2 à 3 grammes chacun, avaient acquis, au bout de dix-huit mois, l'un 1 kilogr. 1/2, et les deux autres environ 1 kilogr. Mais c'est au détriment d'un grand nombre de mes autres poissons qu'ils avaient acquis ce poids, et j'ai bien juré que ces dévorants n'enireraieut plus dans mes eaux. Toutes mes Truites, au nombre de trente-cinq, tous mes lïarbeaux, au nombre de quarante-deux, sont devenus la proie de ces vrais requins d'eau douce, sans compter une foule d'autres espèces. (2) Le Carasche [Cyprinopsis carassius], peu répandu en France, où il ne se trouve guère que dans les départements de l'Est, abonde et se multiplie à l'infini dans les eaux stagnantes du château de iS'euvillers (Meurthe), qui a appartenu à l'ancien intendant de Lorraine, Lagalaisières. La tradition en rapporte l'introduction au roi Stanislas. Ce poisson est excellent, d'apiès l'avis de M. Chevreuse, qui dit : « Il mériterait d'être plus connu et plus répandu, car une friture de Carasciies » équivaut presque à une friture de Perches. Ce qui est regrettable, c'est qu'il » n'acquiert pas un gros volume. » CHRONIQUE, . . : 825 où les eaux entrent dans son vivier, ne tardèrent pas à périr sous l'in- fluence d'un sédiment terreux charrié par les eaux. Eu 1865, M. le docteur Clievreuse fit venir du même établissement des œufs de Truite commune, de Truites des grands lacs, de Saumons et d'Om- bres-Chevaliers. Sauf un petit nombre, ils lui parvinrent en bon état. Les plus sages précautions furent prises pour assurer l'incubation et l'éclosion des œufs. Mais le vivier produit en abondance la conferve bulbeuse de Linné, et, dès que celte plante prit du développement, les jeunps alevins commencèrent à périr; il se dégageait de ces plantes des parties mucila- gineuses qui les enveloppaient et étouffèrent les jeunes poissons. Les pro- grès de la chaleur ambiante hâtèrent cette destruction, et ce qui prouve évidemment son influence, c'est que les alevins éclos dans des boîtes pla- cées à l'ombre périrent les derniers. Les quelques poissons échappés à ces premiers désastres devaient encore disparaître. Les jeunes poissons vécurent jusqu'à l'épuisement de leur vési- cule ombilicale. M. le docteur Chevreuse essaya de les alimenter avec de la viande et du poisson hachés menu et les transporta dans son vivier. Depuis cette époque il n'en a plus revu. M. le docteur Chevreuse attribue ces insuccès successifs : 1» à l'influence des sédiments terreux charriés par les eaux qui alimentent son vivier; 2° à l'action des conferves bulbeuses ; 3° à l'espacement insuffisant des tiges de verre qui formaient les fonds de ses boîtes et enire lesquelles plusieurs jeu- nes poi^solIsont péri étranglés; l\° au grand nombre de poissons contenus dans son vivier ; 5° aux Crevettes d'eau douce qui y abondent ; 6° au renou- vellement insuffisant de l'eau des boîtes ; 7» au choc produit par le jet d'eau dont le bassin était pourvu dans son niveau. !\I. Maud'heux croit à la désastreuse influence de la plupart de ces causes et notamment des deux premières. Il pense, au contraire, que la chute d'eau était favorable à ses tentatives. Les Salmonidés, en effet, recherchent de préférence les eaux agitées, parce que le mouvement ajoute à l'aération de l'eau. Il croit enfin qu'avant d'alimenter ses alevins avec delà viande et du poisson hachés, nourriture que les autres poissons du vivier leur ont nécessairement disputée, il eût fallu, pour ménager la transition, déposer dans le bassin ces enveloppes mucilagineuses qui entourent comme un nuage les œufs et le frai dos grenouilles, enveloppes dont les Truites sont très-avides, ou, à leur défaut, déposer dans les eaux des blancs d'œufs crus et délayés. M. le docteur Chevreuse sans considérer cependant la chaleur comme une cause directe de mortalité, lui a, avec raison, atlribué une grande influence sur l'action des autres causes. A cet égard, M. Maud'heux signale à l'atten- tion des pisciculteurs l'étude de notre confrère M. Carbonnier, sur les causes de la mortalité des poissons d'eau douce {Bulletin de la Société Impériale d'Acclimatation de novembre 1866). Comme M. Chevreuse, sans cependant méconnaître les obstacles qui re- tardent la stricte application des excellentes dispositions que prescrit la der 826 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. iiière loi sur !n pêche fluviale, M. IVIaud'lieux forme le vœu que ces obsta- cles soient sui nionlés le plus tôt possible, que les canlonnements de réserve soient établis, que les vannes munies d'échelles à poisson permettent an Samiion de remonter nos rivières comme autrefois, et que des mesures con- ciliables avec les intérêts des arrosages prévienneiit celle énorme destruc- lion (lu frelin par la fermeture brusque des portières de tète des canaux. M. IMaud'heux ne croit pas que les fosses proposées par M. Ghevreuse et dans lesquelles le poisson surpris par un assèchement rapide trouverait un asile assuré, puissent remédier au mal, car la chaleur de Télé y détermine- rait promptemenl une mortalité inévitable. Le seul moyen qui puisse réussir serait l'ouverture de rigoles de décharge où le, frelin pourrait descendre à mesure de la retraite des eaux, et qui communiqueraient avec la rivière. Dans les lieux où ce moyen suerait impraticable, on exigerait que les rigoles d'irrigation fussent prolongées jusqu'à la rive du cours d'eau. {Annales do la Société d'Emulation pour le département des Vosges, t. X U , p. liliG, 1867.) Production de raîul>re. Le petit village de Schwarzort, habité par des pêcheurs, qui est situé sur le rivage de la mer Baltique, entre Memel et Dantzick, à environ deux lienes au sud de celte dernière ville, a acquis dans ces trois dernières années une certaine importance par suite de la d('C0uverte d'une forte couche d'amiire. Cette couche est située près du cap Korning et paraît être d'une assez grande étendue. Quatre bateaux-dragueurs à vapeur y sont employés à récoller l'am- bre : celte substance est aussi récollée au moyen de dragueurs manœuvres à la main. L'ambre s'y trouve presque uniformément en nodules séparés dis- séminés avec le lignite dans le sable à une profondeur de dix à douze pieds. Les dragueurs iravaillenl jour et nuil, et ceux qui sont occupés à la pèche se renouvellent par équipe de huit en huit heures. Environ quatre cenls per- sonnes sont employées à ce travail, et la quantité d'ambre recueillie est con- sidérable. (Journal ofthe Society of Ans. Vendredi 3 janvier 1868, p. 112, n" 789, vol. XVl). A. A. D. Production de la soie en Syrie. D'après le rapport du consul d'Italie à Beyrouth, la production totale de la soie en Syrie, en y comprenani la province d'Aleppo e! l'île adjacente de Chypre, s'est élevée en 1867 à ] 7/i/i OOO kilogr. de cocons. Le j)lus haut prix qui ait été payé a été celui de 6',65 par kilogi., et le plus bas celui de /i',-0. La quantité de soie fournie par les cocons est aussi très-variable et dépend entièrement du mode de dé vidage. Lorsqu'on traite les cocons par la méthode que suivent les indigènes, ou retire seulement environ un kilogr.de CHRONIQUE. 827 soie de 8 kilogr. de cocons ; tandis qiie, d'antre part, 2 kilogr. de soie peu- vent être retirés de 10 i dans beaucoup d'autres parties de la colonie, à Albany et à Queens Town, par exemple ; il y a donc toute raison de croire que la plante qui produit le coton peut être cultivée avec le plus grand succès dans le sud de l'Afrique. [Journal of Ihe Society of Arts. ^ endredi où octobre 1868, U'' 832. vol. XIV, p. 824.) A. A. D. CHRONIQUE. 8*/i9 Acclimatation de plantes dans le Jura. Par M. Albert de Buren. Invité à donner un article dans le Rameau de Sapin sur les plantes que j'ai introduites dans notre contrée, j'ai hésité à le faire, messieurs les bota- nistes estimant que l'introduction et l'acclimatation de plantes nouvelles jet- tent de la confusion dans les flores locales. Mais, tout bien considéré, c'est plutôt, me paraît-il, une bonne raison pour indiquer les plantes naturalisées, qui sont peu nombreuses, il est vrai, quoique ce soit par bottées qu'au prin- temps, lorsque je diminue les plantes de mon jardin, je place les surnumé- raires çà et là dans la campagne, partout où j'espère les voir résister aux sécheresses, et surtout à l'invasion dos graminées indigènes qui finissent par les étouffer. C'est dans les rochers où il n'y a pas d'autres planles, ou bien où l'on a transporté de la terre que ces nouvelles introductions se soutiennent. J'avais ainsi placé quelques plantes étrangères dans des localités que les défrichements mais surtout le chemin de fer ont dès lors l)ouleversées, ainsi : Cirsium dyacantha qui se ressemait, Crucianella gilanica et stilosa, etc. Ayant vu en France VIris germanica croître sur l'arête d'un toit de chaume, j'ai planté avec succès diflérents Iris sur des murs de soutènement au niveau du terrain, en mettant sur ces nnn-s, au lieu de couvertes de pierres^ un demi- pied de terre , dans laquelle les racines d'Iris s'enchevêtrent tellement, qu'elles remplissent parfaitement l'oflice de couvertes sans chercher à s'éten- dre du côté du sol. Je cultive surtout dans ce but VIris germanica et ses variétés, VIris lutescens, qui fleurit la première, puis VIris squalens, (loren- tina et ochrolenca, qui toutes prospèrent et ornent chaque année de leurs belles fleurs les nmrs qui les protègent. Un passant demandant à quoi servaient ces plantes sur les murs : « Essayez d'en arracher une seule », lui répondit- on. — 11 fit d'inutiles efforts et dit en partant : « Je comprends! » — Parmi les plantes étrangères à notre canton et qui s'y maintiennent, je citerai : le Jasminum fruticans, qui depuis près d'un siècle envahit le nnu- qui soute- nait le sol d'une ancienne p(îpinière ; le Dianthus Seguieri, rapporté du Sal- vator près Lugano, se multiplie sur un rocher, dans mes vignes où il fleurit ordinairement au moment des vendanges, tandis que cette année il s'est épanoui déjà au commencement de ce mois (août). Sur la lisière d'une forêt, non loin de mon habitation, le Lysimachia ceiticillata, plante d'Amérique, prospère et s'étend, quoique fortement fanée dès que nous souffrons de la sécheresse. Une mauvaise herbe des champs d'Algérie, VAsphodelus, luleus, se perpétue aussi chez nous et orne nos jardins sous le nom de bâton d'Aa- ron. Les Sedum hybridum, involucratum,spurium, tous du Caucase, ainsi que Pyretlirum Tchihatcheivii d'Arménie, me servent à retenir le sol sur les pentes rapides. Elles croissent également bien, les trois premières, sur les rochers de Montaubert. V Impatiens parviflora, plante de Sibérie, s'est ré- pandue dans les environs de mon jardin, comme de celui de Chàtillon, dans 830 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. (les localitt^s fraîches et ombragées. Après bien des annéesje relrouve parfois des plantes que j'ai placées dans la campagne, ainsi l'autre jour Seseli inon- tanum et Lactuca Nevadensis ; cette dernière s'étant ressemée d'assez loin au moyen de ses aigrettes qui lui servent de ballon. Un Chardon de Sibérie, Cousinia hystriœ de C. A. Meyer, se conserve vigoureux, depuis bien des années où je l'ai piaulé, mais ne s'est pas mulliplié; par coiitre, le MeniJiu tomcntosa, plante grecque, gagne chaque ani>ée du terrain. ï.n Catalogne on a utilisé avec succès une menthe contre le choléra, peut-être cette espèce pour- rait-elle aussi nous rendre un service analogue, si ce terrible ll<'au devait nous atteindre. Lu bnisson ùi^ Cytisus capitattis, placi' au bord d'une foret de notre contrée, s'y soutient dt'puis plusieurs années mais sans se pi'Ojjager. Le Ilie- racium lanatum réussi! bien sur un rocher près de la grande roule et s'y nudtiplie, de même que Hieracium pulmonarioides A^yï\\dii'%, qui ressemble fort au Hieracium ligiinrum de Frœlich. Voilà à peu près tous mes méfaits aux yeux des auteurs de llores locales ; on voudra bien me les pardoimei' pour avoir lrou\é le premier en Suisse YOfobm canescens, près de la Brévine, dans la direction de la Cornée ; puis VHicracium iijcopifulrum de Froch. Si ce n'est pas en Suisse que je l'aurais observée le premier, ce serait du moins dans notre canton, il y a déjà long- temps. ^1. le professeur €li. Godet est la premièi e personne qui a pu m'en donner le nom ; il l'a aussi ti-ouvée au bois de rilùpitai. J'ai cueilli cette plante .à Vaumarais et chez Lebart. Elle fleurit dans ce momenl. Sur le Go- moghé, montagne entre les (irisons el le Tessiu, j'ai découvert une Aretia nouvelle, que \1. le piofesseur 0. Heer a décrite le même soir el qui fui dédiée à ÎVL de Charpentier, que dans cette excursion nous appelions notre chef, et ^lui était aussi habile bolaniste que géologue distingué. Bien des années plus tard, M. Huei du Pavillon a formé des centuries de plantes d'Italie, où lignre YArelia CJwrpenticriûe Jleer comme Androsace Apeuninu. M.M. Muret el Leresche ont, sur mes indications, retrouvé celte Aretia sur le Comoghé. {Rameau de Sapin, septembre 1868.) Jardiïi jjiolaiilqsie de Brishaiie (Étal de Queensland, Ausfralie) (-l). Kous commencerons par mentionner ce qui a rapport aux piaules scs- cepîibles de fournir des fibres corlicales. Parmi les pins importantes de ces plantes, nous devons citer je Chinu-grass, lirtica nivcu (pii, ;iu point de vue de la culture, a donné des résultats plus heureux que l'on ne devait s'y aUtndrc; dans le but de se rendre compie si celle cullure pouvail s'adapter au climat de Queensiand, on n'avait pris aucun soin spécial : pn s'était con- lenié de le ])]an!er et do Fahandonner à lui-inêuie. Quoi qu^il en soit, la vi- (i) Voyez iiolie Chronique sur les ^'ôgétaux cultivés dans TLlal de Qiiecnslaivd. Bulletin II" 7, juillet 1808, ji. 5o8. CHRONIQUE. 831 gueui- ot la rapidité de son développement ont été surprenantes, et la seule circonstance qui soit à déplorer est Tabsence d'appareils mécaniques con- venables pour préparer la fibre de manière à produire un avàcle comm.r- cial. Nous ne quilt^-rons pas ce sujet sans mentionner la réception d\\n rapport sur la culture et la préparation du China-grass, accompagné d'une circulaire émanant du secrétariat d'État d'Angleterre pour les colonies, que S. K. M. k goiiverneur a eu l'obligeance de m'adresser comme document a consulti'r. Les expériences (^ue j'ai faites sur cette plante m'ont appris, à ma glande satisfaction, que le climat de Queen^iand est bien plus conveuisble pour la culture .ie celte plante que le climat de la Chine dentelle est ori- ginaire ; en effet, tandis que, dans ce dernier pays, le China-grass a con- slanunent besoin d'être l'objet d'une surveillance fort active et de soins attentifs; d'être arrosé; d'èlre débarrassé, par le sarclage, des mauvaises herbes qui l'entourent; d'être protégé contre le froid, etc., etc., on plante seulement, dans le Jardin botanique de Brisbane, les racines vers le mois de novembre, et l'on n'a plus besoin de s'en occuper jusqu'à ce que la plante soit arrivée à son complet déveioppemenl. Les autres plantes fibreuses qui méritent d'être menlionnées dans ce rapport, sans toutefois qu'il soit besoin d'entrer dans de grands détails, sont le Jute, Corchorus capsularis, el le Sunn hemp, Crotalaria Juncea (1). Ces plantes ont une valeur com- merciale'rêellc, poussent luxurieusement et arrivent très-rapidement à raa- turiié : comme le China-grass, elles requièrent peu de soins et peu de surveillance. -- La culture de VIndigotier {Indigofe.ra tinctoria) a donné des résultats tout à fait satisfaisants. Un échantillon a été prélevé p .ur être l'objet d'essais industriel^ et les résultats obtenus ont montié que ce! article commercial imporlanl fournira, tant au point de vue de la qualif- qu'au point de vue de ia quanlilé, des résultais aussi bons dans l'État de Queens- landque dans les indes orientales, si l'on fait Wen attention à opérer les semailles à une époque convenable. Comme les plantes iJbreuses, l'Indi- gotier exige peu de soins et arrive rapidement à maturité : il faut espérer que, avant qu'il soit longtemps, la culture de l' indigo attirera l'attention sé- rieuse des agriculteurs de Queensland, d'autant plus que certaines conditions coumicrciales et autres viennent encore favoriser le futur essor de cette cul- ture. ~ Un échantillon de Thé a été fabriqué avec des feuilles prises sur des plants de Thea bohm poussés dans le Jardin de Brisbane, et a donné a'assez bons résultats, bien qu'on ne se soit pas placé dans des conditions tout à fait favorables. La plante se développe bien dans des terrains ondulés, el si ie site choisi est convenable, toute circonstance ultérieure peut êtrecou- f t) Dans l'Inde britannique, le Simn hemp, quo les indigènes désignent^ sous IP^ruMiis .\e-ChuuqnU et ^e Churuese, est l'objet d'une culture considérable (Forbps Watson, Classilied and descriptive Catalogue of the ïndian deparlment InternalionalExIabUioa of iSH'l, p. 1^.5). M. i. Forhes Walsou indique le mode d'exploitation et les usages de cette fibre. L'Inde britannique utilise aussi pour ses' fibres un autre Crolala.ria, le C. tenuissima, sous le nom de Jubbulpore hemp. â • 832 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACGLIMATATION. sidérée comme n'exerçant sur son développoment qu'une influence secon- daire. En laiit que nous pouvons être éclairé sur la culture de cette plante par une expérience de onze années acquise dans la colonie de Qucensland, nous croyons pouvoir avancer que cette culture peut très-bien s'adupter au climat de Qiieensland. — Des baies de Café fournies par des plants de Ca- féiers cultivés dans le Jardin de Brisbane ont été préparées telles qu'elles doivent l'être pour devenir un produit commercial, et ont donné des résultats très-satisfaisants. Le Caféier s'est montré facile à cultiver, et son traitement, comparé à celui de l'arbre à Thé, n'a paru en différer qu'en ce que le Caféier exige d'être tenu plus à l'abri de rinfluence des vents d'ouest. Le Café peut être considéré comme devant être un des produits les plus impor- tants de Queensland et un de ceux qui promettent le plus de résultats dans l'avenir. Dans mon dernier rapport, j'ai eu l'occasion de mentionner trois espèces distinctes de Cinchona, importées de Java, qui ont été plantées dans une situation favorable : l'une de ces espèces, le Cinchona calisafja, est mainte- nant en fleurs; je considère ce fait comme une preuve évidente que le climat et le sol de l'État de Queensland sont parfaitement convenables pour la cul- ture des Cinchonas. Les huit variétés de Canne à sucre, importées de Java à la même époque que les Cinchonas, poussent très-bien et semblent, par la rapidité de leur développement, l'emporter sur neuf autres variétés qui ont été importées d'autres contrées et qui sont cultivées dans le Jardin de Brisbane depuis quelques années. Je ne puis apprécier avec pleine confiance la valeur des Cannes à sucre de Java jusqu'à ce que l'application des procédés ordinaires de fabrication des Cannes à sucre ait fait connaître leur teneur en matière sucrée. [Exlrail du raii-porl.) {The Gardener's Clironicle and agricultural Gazette. ]N° lib du samedi 7 novembre 1868, p. 1167.) A. A. D. Le Chien. Nota. — Notre chronique sur le Chien était déjà imprimée lorsque nous avons reçu la Ikvuc des deux mondes du 15 décembre, qui contient un article de M. de Qualrefages intitulé Histoire naturelle générale, origine des espèces animales et végétales. Des Précurseurs français de Darwin. ISous sommes heureux de voir noire vice-président venir, au nom de la science française et de la Société impériale d'acclimatation, réclamer sa part, sinon la priorité, dans le mouvement philosophique qui se fait actuellement dans les sciences naturelles. A. A. D. 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (l). • ÉLÈVE DU BÉTAIL EN HONGRIE (2), Par m. LadUlas de WAG\ER, Professeur d'agriculture à l'Ecole royale polylecliniqtie de Pesth (Hongrie) INTRODUCTION DES MERINOS EN HONGRIE. Les premiers Moulons mérinos sont arrivés en Hongrie en l'année 1666, introduits par le comte de Szelepcsengi, ar- chevêque de Gran. C'était uii petit essai que cet archevêque voulait faire, mais qui n'eut point de résultat, parce que les animaux sont morts peu de temps après leur introduction, ce qui provenait probablement de ce qu'on les avait soumis à un traitement qui ne convenait pas à leur nature si délicate. C'est à Marie-Thérèse, impératrice d'Autriche et reine de Hongrie, que revient réellement l'honneur d'avoir fondé l'éle- vage des Moutons mérinos en Hongrie, en y faisant venir d'Espagne, en 1773, un troupeau de trois cent vingt- cinq tètes de Moutons mérinos. Ce troupeau fut placé à Merlvopail (en Croatie, comitat ou département d'Agram), et fournit en peu de temps une bergerie-souche qui, augmen- tée par des additions de nouvelles têtes de Moutons mérinos transportées à plusieurs reprises d'Espagne, est devenue la souche de l'élevage des Moutons de race d'élite en Hongrie et en Autriche. Les empereurs d'Autriche Joseph Y' et Fran- çois I" se sont beaucoup occupés de la question de l'amélio- ration de l'élevage du mouton, et c'est réellement par leurs soins que s'est formée, en 1803, la magnifique bergerie de Holitsch, connue et renommée dans toute l'Europe comme fournissant des bêtes de choix. La création de l'élevage des mérinos en Hongrie se trou- (1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émiser par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. (2) Le Bulletin de janvier dernier, page 8, a déjà donné une communica- tion antérieure du même auteur sur V Élève du bétail en Hongrie. 2^ SÉRIE, T. V. — Décembre 1868. 53 ♦ So/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. vait ainsi réalisée. Les grands propriétaires ont taché, à partir de ce moment, de se procurer à tout prix pour leurs berge- ries des animaux destinés à faire race. En 1811, on vendait par adjudication publique, daps les bergeries impériales d'Holitsch, des Béliers de choix dont les plus fins montaient jusqu'au prix énorme de 30 000 francs (12 000 florins) par tête d'animal. La race mérinos se répandit en peu de temps dans toute la Hongrie, si bien qu'à la fin du siècle dernier, plusieurs grands propriétaires, en Hongrie, possédaient déjà des troupeaux de Mérinos presque aussi lins que ceux de la famille impériale ; et même, au commencement de ce siècle, il y avait dans pres- que tous les comitats du Royaume de la Hongrie des ber- geries de choix dont on vendait annuellement des Béliers choisis à des prix bien modérés. .• RACES OVINES DE l'aUTRICIIE ET DE LA HONGRIE. Les races ovines qui existent dans l'empire d'Autriche et dans le royaume do Hongrie sont le Mérinos électoral et le Mérinos Negretti ; la race Rambouillet, dont il n'y a pas une grande quantité ; un petit nombre de têtes de bêtes ovines des races leicester et southdown. Les races qui sont bien répan- dues, surtout dans le sud de la Hongrie et dans la Transylvanie, sont la race hongroise dite Zackelschaf ou Racy-ka()ii-ka {Ovis strepsicera^, Linné), et le Moiito7i valaqi(e{(\m. (\èv'we probablemenldu Zackelschaf. CesMoutons sont indigènes dans les montagnes de la Haute-Hongrie, dans les départements de Sohl, Liptau, Thurocz et Marmarosch (dans les montagnes dites « Karpathen » ) , et surtout dans la Transylvanie. Con- trairement aux Mérinos, les Moutons de race hongroise et va- laque présentent les caractères suivants: une nature bien rustique et par conséquent une sensibilité moindre pour les variations du climat et pour l'humidité des pâturages : les Moutons de cette race ne sont point du toutgourmands, niais se contentent d'une nourriture moins bonne que les Mérinos; en outre, ils donnent une plus grande quantité de viande et ÉLÈVE DU BÉTAIL EN HONGRIE. " 836 de très-bonne qualité; ils sont très-faciles à engraisser; de plus, les Brebis donnent beaucoup de lait, et quand elles sont bien nourries, on peut les traire avec beaucoup de profit. Il existe, dans le nord de la Hongrie, de grandes ber- geries de cette race dans lesquelles le lait des brebis est trait régulièrement pour la fabrication d'un fromage particulier de belle qualité nommé fromage de Liptau ou de Bries. Les Brebis, quand elles sontbien nourries, donnent ordinairement deux agneaux en une seule portée. La laine n'est pas fine, mais elle est bien forte et surtout très-convenable pour la fabrica- tion des tapis, des draps ordinaires et des caparaçons. Avec leur peau, on fabrique le vêtement favori du paysan hongrois, le ^blinda », ou en français la (kpeau », sans lequel il serait bien souvent malade, à cause du changement très-rapide de la température et de la fraîcheur si grande des nuits en été ; c'est pour cette raison que le paysan hongrois ne sort jamais sans sa hunda, qu'il ne quitte pas plus que l'Anglais ne quitte son parapluie et son plaid: on peut dire que le Mouton hongrois, bien que sa laine n'ait pas beaucoup de valeur, est un animal très-utile et très-précieux pour le climat de Hongrie. L'expérience a prouvé que dans le département de Sohl, où l'on fabrique le fameux fromage de Brinsen, ces ani- maux sont plus avantageux que les Mérinos pour l'agricul- ture. Les plus grands avantages de la race hongroise sont: la bonne qualité de la viande, la nature rustique de cette race qui permet l'élevage de ces Moutons dans des climats froids et humides, sous lesquels les Mérinos ne pourraient pas exister. Les différences entre la race hongroise et la race valaque sont les suivantes : le Mouton de la race hongroise, aussi bien le mâle que la femelle, a des cornes longues, roulées en spirale, qui sont bien droites verticalement sur la tête : ce sont de grandes et belles bêtes, à l'allure fière, hautes sur jambes; leur laine est très-longue et pend quelquefois du ven- tre de ces animaux jusqu'à terre. La femelle de la race vala- que n'a pas de cornes : dans cette dernière race, les formes et l'allure sont moins belles, la laine est plus courte et, par cette raison, paraît plus épaisse. ...•:. 836 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Les Moutons de la race hongroise sont presque toujours dehors sur les pâturages pendant l'été et pendant l'hiver ; dans cette dernière saison, quand il fait très-froid, on rentre les Moutons pendant la nuit dans les étables. La nourriture est presque exclusivement le pâturage, même en hiver sur les semailles. Les dimensions du mouton Zackel sont les suivantes : Le corps est d'une longueur de 0'%80 à 0'",95 et d'une hauteur de 0'",50 à 0'",55. Le poids de ces animaux varie de AS à 56 kilos. La laine ordinaire, mélangée avec le poil fin, présente une longueur de 0'",30. La production de la laine s'élève, par tête, à 2 1/2 ou 3 kilos. Le prix de cette laine est de 150 à 200 francs les 100 kilos. RAGE OVINE DE M, GEISZT. Pendant bien des années, on ne s'est point du tout occupé de l'améhoration de la race hongroise ; en effet, on pensait que ce n'était pas la peine d'améliorer une race qui ne répon- dait pas aux exigences de la demande à notre époque, c'est- à-dire qui ne produisait qu'une laine longue et commune. Je dois supposer ici que le lecteur connaît le but qu'on poursuivait, dans l'élevage des bêtes à laine, en Hongrie comme partout ailleurs, dans les années J 820-1850. On fai- sait tous les efforts possibles pour obtenir une laine courte, mais très-fine : le but de l'élevage dans nos bergeries était d'atteindre le degré de finesse des S. S. E. {Supersuper electa) pour la laine, sans réfléchir à tous les désavantages qui sont venus de l'exagération de cette finesse. Les Moutons, de même, du reste, que la laine, sont devenus faibles : la laine trop fine a perdu son élasticité et sa souplesse : elle a été atteinte de la maladie désignée sous le nom de Zwirner. Des troupeaux magnifiques sont même devenus tellement faibles, tellement délicats, que la moindre perturbation atmosphérique les rendait de suite malades. La maladie désignée sous le nom de Wetzer atteignait surtout les troupeaux à laine fine. Le Wetzer est une maladie nerveuse provenant surtout d'une ÉLÈVE DU BÉTAIL EN HONGRIE. ; ' 837 nourriture trop forte. Le principe de l'élevage, dans les ber- geries qui s'adonnaient à l'élevage des Moutons à laine fine, consistait, à cette époque, à nourrir les Moutons avec beau- coup de grains (riches surtout en matières azotées) pour obtenir une laine fine. Les symptômes du Wetzei\ maladie grave, sont: une grande inquiétude, un dégoût prononcé pour la nourriture, et, par suite, une propension à maigrir, une envie continuelle de se frotter (1) contre les objets durs qui les entourent, et surtoutcontre les murailles, les râteliers, etc. Cette maladie est incurable et se transmet par hérédité. Depuis que la race Mérinos-Rambouillet a fait son appari- tion en France, et que les fabricants de drap ont fait connaître leur opinion, qu'ils pouvaient très-bien utiliser les laines longues et moins fines, on a commencé aussi en Hongrie, de même qu'en Allemagne, à s'occuper de la-production d'une laine plus longue, d'une toison plus épaisse, bien que moins fine. L'élevage a eu, dans ce cas, pour but de produire beaucoup de laine, suffisamment longue {lame de peigne), mais moins fine : on a tenu beaucoup à ce que les Mou- tons fussent bien couverts de laine et que les toisons fus- sent bien épaisses. A cette époque, on a importé beaucoup de Mérinos-Negrelti, et, plus tard même, des Rambouillet venus directement de Franpe. M. Daniel Waltner, alors à Hiêtzing, actuellement à Servar, a notamment fait venir des Rambouillet de France. En 1857 et en 1865, à l'exposition agricole de Pesth (Hon- grie), et, plus tard, en 1866, à l'exposition agricole de Vienne (Autriche), M. Gaspard Geiszt, propriétaire-agriculteur et fer- mier de Csako (domaine de 6000 hectares), dans le comitat de Hont, en Hongrie, a exposé des bêtes à laine provenant de Moutons hongrois croisés avec des Mérinos-Négretti; M. Geiszt a obtenu, par ce croisement, des résultats qui ont bien étonne les agriculteurs de la Hongrie et de l'Autriche. (1) Wetzen en allemand se traduit en français par le mot frotter. Le nom allemand de la maladie, Wetzer, provient donc de Thabitude que prennent ainsi les animaux de se frotter contre les objets durs. , . . j . 838 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. On peut dire que l'apparition de ces bètes à laine a eii un succès pareil à celui qui a couronné en Angleterre la première apparition de la race de bétail sans cornes. M. Geiszt a tra- vaillé, d'abord en secret, à améliorer la race hongroise : il n'a pas montré ses premiers produits, même à ses amis les plus intimes. Après avoir obtenu des résultats satisfaisants, il di- sait comme exposant : « Je vous présente le produit des essais que j'ai faits pendant douze ans ; c'est le fruit de mes peines et de mes fatigues. » Depuis 1867 (à l'exposition de Pesth), la race Geiszt a fait de grands progrès, et l'on peut dire qu'elle fait tous les ans des progrès bien remarquables, la nouvelle génération est toujours de plus en plus belle, et l'on est bien certain que les bétes ovines de la race Geiszt n'ont point en- core atteint leur summum de qualités. Voici les caractères particuliers de la race Geiszt : utie gf àttde stature, des formes splendides ; le corps entièrement couvert d'une laine très-égale, homogène, d'une grande douceur, d'une grande souplesse, bien fine {laiiie primé), d'une lon- gueur de 10 à 1*2 centimètres. La mèche est ondulée comme dans [la laine de Rambouillet; la toison est ferme et serrée. Le suint est noir et tendre. Je trouve qu'il y a beaucoup de ressemblance entre la race Geiszt et la race Rambouillet. Les résultats brillants obtenus par M. Geiszt ont été favo- risés par le climat supérieur de Csako, qui convient très-bien à l'élève du Mouton, par les soins donnés par M. Geiszt à la nourriture et au traitement des animaux. Le choix d'animaux d'élite pour sa bergerie a également eu beaucoup d'influence pour la formation de cette race. . La quantité de laine lavée à froid (à 25" c.) est en moyenrle de 2 1/2 à 3 kilos par tête, d'un prix de 510 à 520 francs par 100 kilos, c'est-à-dire que la recette par tête est de (5,10 à 5,20) X 2,75= IZi francs à ih francs 30 centimes. Les résultats qui ont été obtenus par l'amélioration de cette race commune sont tellement satisfaisants, qu'ils démontrent clairement que cela vaut bien la peine de s'occuper de l'amé- lioration des races originaires, bien que communes, de chaque pays, qui ont une nature plus rustique et moins impression- ÉLÈVE DU BÉTAIL EN HONGRIE. 839 nable aux intempéries atmosphériques que toutes les races fines que nous connaissons sous les noms de électorale, de Negretti, d'Escuriale, etc., etc. Permettez-moi de citer à cette occasion une observation faite par le célèbre éleveur d'àniniaUx domestiques, le savant agriculteur allemand, M. Thaer (dans le W volume de son excellent Traité de l'élevage des anùnaux domestiques) , qui s'exprime ainsi : « Depuis les temps les plus reculés, nous avons l'habitude de ne nous occuper jamais des objets qui sont à notre proximité; nous nous occupons toujours des choses qui sont éloignées de nous, qui exigent souvent les plus grands sacrifices pour pouvoir être acquises. Ainsi ^ de- puis que la race mérinos a été introduite chez nous, nous ne nous occupons nullement de nos races originaires, des races de notre pays; Et pourtant, je crois que nos races, qui sont accoutumées à notre climat et à toutes les circonstances locales de notre pays, mériteraient bien que Ton se donnât la peine de les améliorer. L'opinion d'un grand nombre de nos éleveurs de bétail est que l'amélioration des races originaires de notre pays n'est possible qu'à la condition de renoncer aux seules bonnes qualités de ces races, que nous reconnais- sons comme rustiques, c'est-à-dire peu sensibles au froid et à la chaleur, à l'humidité et à la sécheresse, etc. Cette opinion est entièrement inexacte. L'expérience prouve, au contraire, que par l'amélioration de la race originaire d'un pays au moyen de la sélection, on peut parfaitement obtenir un ren- dement convenable en ce qui concerne la production de là laine, et une augmentation de la qualité et de la quantité en ce qui concerne la force et la facilité d'engraissement de la bête : ces qualités auront, pour les exigences locales, plUs de valeur que la supériorité de finesse de la laine de nos Mérinos.» Nous pouvons assurer nos lecteurs que cette opinion d'Un grand nombre de nos éleveurs est parfaitement inexacte, et que, au contraire, on peut rendre plus robustes, plus rusti- ques, les animaux par un traitement rationnel qui i,'accorde avec le but de notre élevage. • - ÉTABLISSEMENT DE PISCICULTURE DE CADILLAC-SUR-GARONNE, Par Ifl. H. de la BLAI\CHÈRE. La première idée de cet établissement tout spécial remonte aux commencements de l'année I86/1, où M. l'ingénieur Fargue proposa l'emplacement de Cadillac pour un atelier de Pisciculture destiné à repeupler la Garonne et ses principaux affluents des espèces précieuses du pays. Leur dénombrement renferme : le Saumon, dont les*œufs seraient fournis tout embryonnés par Huningue; puis la Carpe, la 1 anche, \% Bro- chet, dont le frai serait facilement traité sur les lieux par les méthodes connues de fécondation artificielle, et enfin X Anguille, au sujet de laquelle le rapport no dit rien, mais que l'auteur des propositions se réservait probablement de demander à ses collègues placés sur les lieux de montée. De ce côté nul empêchement sérieux. Comme facilité de service, l'emplacement choisi ne laisse rien à désirer, parce qu'il est commun à un observatoire mé- téorologique établi près du port de Cadillac, au-dessous du pont suspendu, sur un petit terrain loué par TÉtat; mais, au point de vue de la sécurité des élevages, placé dans un endroit soumis aux inondations périodiques du fleuve, on pourrait, à juste raison, le critiquer. Aussi l'ingénieur fondateur, abor- dant avec une grande franchise la difiiculté de face, cherche- t-il à la résoudre avec le plus d'avantages possibles, et sa mé- thode de raisonnement est tellement rationnelle que, tout en désapprouvant le choix d'un endroit submersible, et pouvant donner lieu, par conséquent, à des pertubations et des déran- gements toujours pernicieux pour les jeunes en éducation, nous voulons la faire connaître, parce qu'elle présente un exemple à suivre par nombre d'éducateurs, placés dans le même cas. Tout pisciculteur sait, en effet, qu'il n'est pas toujours le maître de s'éloigner assez, — en gardant toutes les circon- ÉTABLISSEMENT DE nSCICULTURE DE CADILLAC. 841 stances favorables, — pour éviter les inondations des cours d'eau, plus ou moins considérables, ses voisins. 11 apprendra, maintenant, comment il doit établir le calcul des probabilités qui lui sont défavorables. Quant à l'administration des Ponts et Chaussées, laquelle ne doit pas regarder à quelques cen- taines de francs de plus ou de moins, quand il s'agit d'un éta- blissement d'utilité publique devant subsister un assez grand nombre d'années, elle nous semble inexcusable de n'avoir pas monté tout son appareil au premier, puisqu'elle constate elle- même qu'en cas de danger, elle aura recours à ce moyen. Cet exhaussement entraînait quelques coups de pompe un peu plus durs, quelques précautions pour l'étaiement des cuves, réservoirs, un ou deux piliers de pierre ou de briques pour soutenir le bassin d'élevage, en admettant qu'il y en eût besoin, et voilà tout. Qui veut la fin, veut les moyens ! L'es- sentiel était de soustraire les œufs en incubation à tout trans- port et à tout dérangement qui leur est fatal. • Voici, d'ailleurs, comment s'exprime l'ingénieur : « L'em- placement proposé présente un inconvénient grave, il est sub- mersible. » Quand les eaux de la Garonne, débordées, envahiront les appareils d'éclosion et d'alevinage, les œufs et les jeunes seront dispersés et détruits. Là, se borneront les fâcheux effets des débordements extraordinaires; l'établissement et les ap- pareils n'auront à souffrir aucune espèce d'avarie. Leur net- toyage sera seulement nécessaire. » Durant la période de vingt-six années qui s'est écoulée du 1" janvier 1838 au 31 décembre 1853, la Garonne a atteint neuf fois un niveau supérieur à 8"", 10, auquel les ap- pareils sont submergés, et, par suite, frappés de stérilité pour une année. Mais il est à remarquer que ces neuf déborde- ments extraordinaires ont eu lieu en cinq années seulement, savoir : un en 1843, trois en 1844, un en 1845, un en 1855 et trois en 1856, > Les produits de notre établissement sont annuels : les œufs fécondés ne sont obtenus qu'une fois par an, à l'hiver. Une crue en janvier ou en février suffirait donc pour tout dé- 8/|2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. truire dans nos appareils, mais les crues subséquentes de la même année n'ajouleraient rien à la stérilité de l'atelier. En faisant donc abstraction des expédients dont je vais parler tout à l'heure, il est évident que le dommage ne se répétera pas autant de fois que les crues elles-mêmes. Nous n'avons pas à considérer ici la fréquence proprement dite des débordements supérieurs à 8'",J0, mais bien celle des années où se produi- sent, en nombre quelconque d'ailleurs, ces débordements. Il résulte de là que, sur cinq ans, l'atelier de Cadillac serait productif pendant quatre années et improductif la cinquième. » Mais il sera facile de mettre les œufs et les alevins à l'abri d'une destruction complète et d'atténuer considérable- ment les inconvénients de la submersibilité. » Pour les œufs, il suffira d'emporter, une à une, les treize auges d'éclosion, dès que la Garonne envahira l'ateher. On les déposera aupremier eto^edel'observation météorologique, lequel est insubmersible, et pendant les quelques heures que durera la crue, on les alimentera à la main. On les réinstallera sur leurs gradins après le retrait des eaux, et cette manœuvre ne devant se présenter qu'une fois tous les cinq ans, en moyenne;, elle est un expédient très-admissible. » En ce qui concerne les alevins, on les retiendra prison- niers dans leurs bassins en plaçant, sur la margelle de ce dernier, un cadre de bois sur lequel sera tendue une toile métallique en fd de laiton, par exemple, à mailles suffisam- ment fines. Ce cadre sera mobile et pourra être commodément remis en place et enlevé. Le mode de manœuvre le plus simple serait de le former à deux vanteaux, mobiles à l'aide de char- nières, sur une traverse fixe scefiée dans la margelle du bassin. En temps ordinaire, les deux vanteaux ou châssis seront relevés verticalement l'un contre l'autre. Dès qu'une crue sera menaçante, on les abaissera, en ayant soin de les fixer inva- riablement. La fermeture étant liermétique, la disposition ne sera plus à craindre. Quelques désordres seront sans doute causés par les eaux troubles, mais l'expérience pourra seule en faire connaître la gravité cl les moyens d'y remé- dier. » ^ . --... ÉTABLISSEMENT DE riSGICULTURE DE CADILLAC. 853 Il est impossible d'envisager plus nettement une situation défavorable et de s'en tirer avec plus d'habileté et d'ingénio- sité : cependant nous ne pouvons nous empêcher de faire cette remarque, que ce calcul est bon pour l'élevage des Salmonidés fournis par Huningue, lequel se passe en hiver; mais l'incu- bation des Carpes et autres poissons, que T on voulait faire sur place, se passe en été, et il y aurait peut-être lieu de mo- difier, à ce sujet, les conclusions indiquées tout à l'heure. Jusqu'à présent, il est vrai, Cadillac, très-intelligemment mené et par son ingénieur et par le conducteur chargé spécialement de la Pisciculture, n'a demandé qu'à Huningue le sujet de ses expériences. C'est dire qu'on n'a expérimenté que sur les dif- férents Salmonidés et nullement , — au moins d'après les rapports que nous avons sous les yeux, et dont nous remer^ cions, avec empressement, qui de droit, — sur les Cypri- noïdes divers. Cette lacune est regrettable, et nous sommes certain qu'elle sera comblée, et aussi heureusement surmontée qu'elle l'a été par la même administration dans l'établissement de Pisciculture de la Mayenne. Là, le repeuplement au moyen des œufs de Cyprinidés, rassemblés sur les frayères tlottantes, a été des plus complets. Plusieurs biefs neufs de la rivière canalisée ont été repeuplés en peu de temps, et nous attendons des détails sur l'établissement de culture des Salmonidés que l'on voit s'y joindre^ lequel pourra donner lieu, si la Société le trouve utile, à un rapport dans le genre de celui-ci. Il ne faut pas se le dissimuler : les comptes rendus des ti'a- vaux simultanés de Pisciculture qui s'exécutent dans notre pays ne sont jamais sans importance pour ceux qui s'adonnent à cette science. Ce n'est pas tout de faire par soi-même, il est plus important encore de savoir ce qui a été fait, et surtout ce qui se fait. Ce serait folie de penser que la science marcherait si chacun était obligé de la recommencer pour lui seul! Non ! le travail de l'un doit servir à l'instruction de tous, et c'est le but que j'ai cherché et que je poursuis, chaque mois, en fon- dant, dans la Chasse illustrée de Firmin Didot, un Courrier spécial des choses de l'eau. Cette modeste tribune, ouverte à Sllh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE I/ACCLIMATATION. tous, permet aux expériences, en bien comme en mal, de se classer dans un milieu où l'on pourra les retrouver plus tard et où elles serviront à l'éducation des Pisciculteurs. A ce point de vue, tous les efforts de l'administration des Ponts et Chaussées ont une très-grande portée, et nous re- mercions encore une fois ses membres du bienveillant con- cours qu'ils ne cessent de prodiguer à nos modestes elTorts ! Ainsi donc il est à désirer que l'on entreprenne à Cadillac la fécondation artificielle, l'incubation et l'élevage des Cyprinidés — non que les méthodes ne soient parfailement connues au- . jourd'hui, — mais il en sortira toujours quelque chose de nouveau. C'est ainsi que nous voyons, dans les éducations de la Mayenne, une réussite inespérée des frayères flottantes qui n'avaient rien produit dans tant d'endroits, et dont l'emploi était tout à fait discrédité. Tant il est vrai, qu'en fait de sciences d'observation, il faut toujours se garder de jugements absolus, et, par cela même, presque toujours prématurés ! L'établissement de Cadillac n'est, à proprement parler, qu'un appareil à éclosion, car les alevins n'y doivent être conservés que jusqu'après la résorption de la vésicule des Salmonidés, et alors être envoyés en grande eau dans la Garonne par un canal spécial. Rien de plus simple et de mieux conçu, l'établissement étant situé immédiatement sur le bord du fleuve. L'appareil d'incubation qui a été choisi est celui à auges en cascades à treize cuvettes, alimentées par l'eau d'un ré- servoir de 2 mètres de capacité, système qui, suffisant pour les œufs de grosses dimensions des Salmonidés ordinaires, n'a donné encore, cette fois, qu'un résultat absolument né- gatif pour ceux de si petites dimensions de la Fera. J'attribue aux trépidations incessantes, communiquées à ces œufs légers par l'impulsion de la goutte d'eau tombante, la continuité de ces insuccès; tandis que l'emploi du fossé d'incubation Gauc- kler, — analogue à celui que nous avons perfectionné et in- troduit dans l'établissement de Chantilly, — donne les meil- leurs résultats et vient de produire, à Huningue, une éclosion de Feras considérable, dont soixante-dix mille ont pu être ÉTABLISSEMENT DE PISCICULTURE DE CADILLAC. 845 Versés dans le Rhin pour continuer et assurer un repeuple- ment déjà assez marqué pour que les pêcheurs du pays s'en préoccupent. Les premières opérations à Cadillac se ressentirent naturel- lement des incertitudes et de l'inexpérience d'une installation nouvelle ; mais tout cela fut promptement surmonté, et désor- mais la reproduction se fera sur une échelle considérable. Le débit d'eau suffisant à l'alimentation de l'appareil avait été porté primitivement à 1 lit. 38 par minute : c'était évidem- ment trop faible, car il résulte de nos expériences, faites à Huningue en octobre 1866, que le débit moyen des appareils semblables n'est jamais moindre de 3 lit. 89 par minute, soit h litres en nombre rond. Aussi le réservoir de Cadillac a dû être doublé, ce qui a donné 1 ,38x 2, soit 2 lit. 76, c'est-à-dire un débit encore de 1 litre au-dessous de ce qui, selon nous, serait nécessaire. Heureusement la ressource est près du mal. La Garonne ne coule pas loin, et c'est elle qui, par infiltration dans le sable, fournit à l'alimentation du puits et par consé- quent des réservoirs et de tous les appareils. Nous devons surtout signaler, messieurs, une très-heureuse application des procédés graphiques d'enregistrement des phénomènes continus, employée par MM. les ingénieurs, pour la première fois, au compte rendu des opérations de l'atelier de Pisciculture. Il s'agissait de représenter, par une courbe frappante à l'œil, le résultat de l'éducation générale, c'est-à- dire, en somme, le nombre d'individus amenés à bien dans un temps donné. On a donc été conduit à se servir du système si simple de deux coordonnées rectangulaires, dont l'axe des abscisses représenterait les temps, par journées, tandis que les ordonnées représenteraient le peuplement variable suivant les diverses circonstances ambiantes. On y a joint facilement la courbe beaucoup moins régulière des variations de tempéra- ture, donnée de la même manière par l'observatoire Voisier. Les courbes de peuplement, — que l'on pourrait appeler aussi courbes de dépeuplement, — sont tracées séparément pour chaque espèce : elles s'interrompent et se relèvent évi- demment à chaque envoi nouveau, provoquant une nouvelle 840 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. éclosion; puis rensemble se fait, et une courbe unique et continue en marque le progrès jusqu'au moment où les ale- vins sont mis à la Garonne : but lînal de l'entreprise. Les mois employés à l'observation des phénomènes ont été janvier, février, mars, avril et mai. Nous ne remarquons pas que, malgré ses soubresauts assez brusques, la température ait eu une grande influence sur l'état des œufs et des alevins. Nous voyons la pluie, la grêle, les éclairs, la gelée, puis les chaleurs se succéder sans que la courbe perde rien de sa dé- croissance régulière et continue. Le seul soubresaut que se permette celle des Saumons a eu lieu pendant une crue, mais sans submersion des appareils, sous un froid de — 5 degrés. Il y avait bien de quoi !.. La courbe des Truites saumonées est remarquablement ré- gulière : c'est celle qui indique la mortalité la plus mudérée, puisqu'elle tend à rester presque parallèle à la ligne des x. Elle ne s'abaisse sensiblement, et môme avec rapidité, qu'a- lors qu'il s'agit d'alevins conservés dans le bassin d'alevinage, — insuffisant à tous égards, — où ces poissons ne reçoivent pas une nourriture appropriée. Il ne faut pas se le dissimuler, les jeunes poissons, même à leur naissance, ont besoin d'un grand espace pour se mou- voir. Quel avantage y trouvent-ils? Nous ne le savons pas encore bien au juste, mais le fait est incontestable. Que cette eau possède la température nécessaire à l'espèce et un écou- lement convenable, tout marchera bien ; mais vouloir con- server des alevins dans un bac à compartiments comme celui dont il est question à Cadillac, c'est fohe, à moins de les y nourrir comme le font ceux qui les élèvent pour les aqua- riums, c'est-à-dire de leur donner en pâture des Vers de vase et autres larves vivantes; mais ce qui est praticable pour quelques centaines d'individus, ne l'est plus alors qu'il s'agit d'élevages un peu considérables. Nous ne pouvons terminer mieux cette étude de l'établisse- ment de Cadillac qu'en transcrivant quelques réflexions fort sensées de M. Flix, le conducteur chargé de la direction des ppériitions de Pisciculture, Ces rçAexions, pour n'être pas ah- ÉTABLISSEMENT DE PISCICULTURE DE CADILLAC. 847 solument nouvelles pour vous, qui, depuis longues années, vous occupez de Pisciculture, n'offrent pas moins un véritable intérêt, tant de concordance avec les faits observés ailleurs, que de différence entre les diverses méthodes d'élevage arti- iiciel. « La perte des œufs, altérés pendant le voyage ou pendant l'incubation, est de peu d'importance et ne peut, en aucun cas, être attribuée aux soins à peu près nuls donnés dans les ateliers, dont le rôle est borné à l'alimentation continuelle des auges et à l'enlèvement des œufs morts. )) La mortalité qui frappe les alevins deux ou trois jours après leur naissance est quelquefois très-considérable. Est- elle le résultat d'ètrcs incomplètement organisés, et consé- quemment destinés fatalement à mourir? Nous le pensons, puisque cette mortalité se reproduit régulièrement à chaque envoi, épargnant la généralité des alevins nés dans les mêmes conditions, la plupart dans les mêmes courants. » La mortalité après la résorption de la vésicule, c'est-à- dire à l'époque où la faim se manifeste chez ces espèces, est la plus considérable des trois catégories. Cette mortalité n'est déterminée, assurément, que par un défaut de nourriture convenable et propre à être reçue par des organes digestifs trop peu développés encore pour digérer, surtout les premiers jours, les substances charnues, cuites ou crues et râpées, qu'on offre aux Salmonidés. En les examinant, à cette époque de leur vie, on les voit, d'instinct, chercher à la surface de l'eau, et non au fond, la nourriture que réclame leur faim. Si on leur donne du foie de veau cuit et râpé, ou une chair quelconque, les alevins s'y précipitent dès qu'un morceau touche la surface de l'eau, ils l'accompagnent un peu tandis qu'il traverse la couche d'eau, mais presque jamais ils ne le ramassent au fond du bassin. » Si, au contraire, on jette un petit moucheron à l'eau, comme il llolte toujours à la surface, il est sans cesse pris, lâché et ressaisi jusqu'au moment où l'un des alevins l'avale. Avec la nourriture artificielle, les alevins meurent d'inanition. Un fait curieux le prouve : Des alevins évadés très-jeunes de 8AS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. nos appareils de l'intérieur de l'atelier, et réfugiés dans des bassins extérieurs à ciel découvert, se sont beaucoup mieux développés que ceux de l'atelier sans recevoir aucune nourri- ture. C'est qu'ils étaient abondamment pourvus d'une masse de petits insectes ailés ou nus, qui, en tombant dans l'eau, y trouvaient la mort et devenaient naturellement une pâture flottante et parfaitement convenable au gxmtdes Salmonidés.» Nous n'avons pas dit autre cbose, messieurs, en constatant un peu plus haut le mauvais effet des bassins d'élevage à l'in- térieur pour les éducations destinées, — non à des expériences, — mais à un repeuplement efficace, et sur une échelle suffi- sante pour produire des résultats appréciables. Quoi qu'il en soit, la réussite de Cadillac est certaine. Voici pourquoi, en présence de la mortalité qui sévissait dans l'appareil d'alevi- nage, on a transporté les jeunes dans un bassin du Ciron, petit affluent de la Garonne, aux eaux vives et froides; alors tout a bien marché. En 1867, un pécheur a pris dans la Ga- ronne, devant Cadillac, à l'aide d'un fdet prohibé, un Sau- moneau d'un an, long de 0'%12. De mémoire d'homme, ja- mais fait seml)lable ne s'était présenté Là. Dans la même année, un pêcheur a pris dans le Ciron, au moyen de fépervier, un autre Saumoneau de 0"',30 de lon- gueur. C'était évidemment un de ceux lâchés en 1865, car le fait d'un tel poisson dans le Ciron est inouï dans le pays. Donc le repeuplement commence. Persévérons et tout ira bien. On ne repeuple pas en deux ans des eaux qu'il a fallu sept ou huit siècles pour dépeupler! Une seule chose nous reste à faire maintenant : c'est la ré- capitulation des moyennes d'éclosion de chaque année, pour en tirer une moyenne d'éclosion générale, car il ne faut pas le perdre de vue, c'est là, en définitive, le but pour lequel l'établissement est créé. Quatre campagnes ont été parcou- rues par l'établissement. La première est évidemment la moins favorable, puisque les agents ont eu à lutter, non- seulement contre les difficultés naturelles des opérations en elles-mêmes, mais encore contre les obstacles et les contre- temps imprévus de toute installation nouvelle. ETABLISSEMENT DE PISCICULTURE DE CADILLAC. 8/|9 Nous pensons donc que, provisoirement, nous ne serons que justes en laissant cette année de côté : tout à l'heure nous pourrons nous rendre compte de la manière dont elle alïectera les moyennes générales. Les poissons sur lesquels ont porté les expériences sont tous compris, avons-nous dit, dans la famille des Salmoni- dés; ce sont : la Truite commune, la Truite saumonée, la Truite des lacs, le Saumon du Rhin, le Saumon du Danube, V Ombre chevalier et les Feras de grande et petite espèce. Récapitulation des moyennes d'éclosion. Tr. comni. Tr. siiiini. T. des lacs POISSONS. Fera pet. S. libin. S. lIdDube Umb.clieT. Fera gr. Cauiiiamie 1865-60. . - ■' 1860-07. . - 1807-68.. Tntal Min L'iiiR'S [lour 3 auit. 70 V. Oi 05 83 V„ 00 40 81 69°/. 06 70 9 69 » " 205 Vo 183 V„ 81°/o 211 7o , 90 "/. 08/100 01/100 81/100 70/100 " 45/100 » Nous n'avons qu'une évaluation incomplète pour la Truite des lacs, qui a fort bien réussi, à 81 pour 100, pendant une année, et pour les Ombres chevaliers, qui n'ont été mis en incubation que pendant deux campagnes et dont la réussite — ho pour 100 — n'a pas été des plus complètes. Mais nous pouvons porter un jugement très-exact sur la réussite de l'éclosion des Truites communes à 68 pour 100 ; des Truites saumonées à 61 pour 100, et des Saumons du Rhin à 70 ])Our 100 ; en affirmant que ceci est une bonne moyenne, qui atteste et le soin dos })isciculteurs et les conditions favorables dans lesquelles le petit établissement de Cadillac se trouve fondé. Que si, maintenant, nous rapportons les résultats moyens de la première année, — la plus meurtrière, — nous verrons 2" SÉRIE, T. V. — Décembre 1868. 54 %0 SOCIETE IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. qu'ils alî'ectent beaucoup moins qu'on ne le croirait les moyen- nes générales. Voici ces résultats : ' Campdgnt- 1864-65. . Total général. . . Mnyeunes des 4 :inn. . Tr. comm. Tr. saura. T. des lacs S. Ilhin. 66 V„ 277 S, Danube Omh.cliev. Fera gr. Fna|iRl. y. 43% 248 27 •/. 210 <■ 2 7« 62/100 52/100 > 69/100 » » '< » Si l'éclosion de la Truite commune descend à 62 pour 100 au lieu de 68, celle de là Truite saumonée est un peu plus alteinte, elle descend à 52 pour 100 au lieu de 61, tandis que celle du Saumon du Rhin se maintient, à peine attaquée, à 69 pour 100. Dans ces conditions, la réussite n'a rien de re- marquable, mais est encore acceptable, et il est à craindre que, vu les dangers des inondations, elle ne s'élève pas, en cinq ans, beaucoup au-dessus de cette moyenne des deux tiers de réussite. Dans de telles conditions, les résultats pratiques de la fon- dation de l'établissement ne se feront pas longtemps attendre, et nous pensons que la réapparition des Salmonidés sera remarquée, dans la Garonne, d'ici à quelques années, non pas nécessairement dans les environs des points où le repeu- plement se fait, mais dans les endroits que les poissons trou- veront les plus favorables : ces points sont quelquefois fort éloignés de ceux où on les livre à la grande eau. . Félicitons donc l'administration des Ponts et Chaussées de ces travaux si intelligemment conduits, et engageons-la à les poursuivre et à en fonder de semblables partout où les bas- sins de nos cours d'eau le demandent. C'est certes une be- sogne digne d'elle à mener à bien ! CULTURE DE VEGETAUX A TUNIS. Lettre adressée par S. Exe. M. le général Khérédine, à S. Exe. M. Droutn DE Lhuys, sénateur, président de la Société impériale zoologique d'accli- matation. Monsieur le Président, . . i La Société, toujours empressée à encourager les efforts lentes en faveur du progrès agricole, a daigné m'honorer d'une médaille nominative pour la création d'un jardin d'ac- climatalion que j'ai planté il y a trois ans et demi environ.. Proibndément «reconnaissant de cette distinction flatteuse , j'ai pensé qu'il était de mon devoir de communiquer k la Société les résultats de mes essais. C'est ce que je viens faire aujourd'hui dans un rapport succinct qui ne sera pas défavo- rablement accueilli. ' ' ' La propriété où ont eu lieu ces essais, sise entre Carthage et le port de La Goulette, est distante d'un kilomètre et demi de cette dernière localité et se trouve sur une étroite langue de terre baignée à l'est par la mer, à l'ouest par le lac de Tunis. Elle est divisée par de larges allées, bordées de Mûriers et de Peupliers blancs, en jardin d'agrément, jardin fruitier, jardin potager et pépinière. A 260 mètres du lac commence une avenue conduisant au jardin d'agrément et complantée, surunelongueurde234mè- tres, de rangées de Robiniers blancs et de Peupliers entre chacun desquels fleurissent tout l'été des touffes de Laurier- rose qui donnent à l'avenue un aspect agréable et pitto- resque. Ce jardin a été planté au printemps 1865. 11 a une superficie de 2 hectares et est tracé à l'anglaise. L'élévation moyenne du sol , au-dessus du niveau de la mer , n'est que de 90 centimètres. Il est formé d'une couche de sable fin sous laquelle on rencontre partout l'eau de mer à raison de 85!> SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUli d'aCCLIMATATJON. Ici grande i)roximité du lac et de la mer. En effet, le jardin n'est distant de cette dernière que de 1*2 mètres en été; pendant l'hiver, lorsqu'elle est agitée par la tempête, les lames viennent se briser contre le mur de clôture. La nature ingrate du sol n'était pas le seul inconvénient que rencontrait mon projet de plantation. La propriété, par sa position, était ouverte à tous les vents, qui, dans ces pa- rages, soufflent fréquemment avec une extrême violence et dont les plus nuisibles sont ceux du nord et de l'est, le dernier surtout à cause de son humidité saHne qui brûle les sommités des jeunes plantes. Peine et dépense inutiles, répétait-on à Penvi.— Je n'en persistai que mieux dans l'exécution de mon entreprise. Grâce à l'intelligence et à l'activité de M. Weber (1), horticulteur français qui dirige l'exploitation, tous les obs- tacles ont été surmontés, le succès a dépassé nïes espérances, et une petite oasis, à végétation luxuriante, semble avoir surgî comme par enchantement sur la plage aride et nue de La Goulette. Voici, en peu de mots, les moyens employés. Avant tout, il a fallu défoncer et remuer toute la couche de sable pour l'aérer, après quoi on y a répandu de l'engrais en quantité suiïisante pour le rendre propre à la culture. Les racines des espèces pivotantes ont été retroussées de manière à leur faire prendre une direction horizontale etles empêcher de plonger, et dans les premiers temps des abris artificiels ont été établis autour des jeunes plantations pour les défendre contre les coups de vent. Deux ans après, la vigueur de lenr développe- ment suffisait à les protéger. Des amendements successifs ont fait du sol une terre végétale dans laquelle viennent fort bien un grand nondire d'essences exotiques et indigènes, comme on peut le voir dans le tableau ci-joint. Aujourd'hui leur belle venue est admirée des visiteurs, et plusieurs touristes, con- naisseurs et amateurs, n'ont pas hésiter à donner à cette créa- tion douze ou quinze années d'existence. (1) r/ abord chef de carré au jardin d'acclimatation d'Alger; plus tard, créateur et directeur des pépinières de Sétif et de Guelma. CULTURE DE VÉGÉTAUX A TUNIS. ' 853 Le jardin d'agrément renferme une serre de multiplication et une serre hollandaise destinée à abriter les plantes jeunes et délicates contre les ardeurs du soleil, pendant l'été, et contre l'humidité pendant l'hiver, précaution qui est absolument in- dispensable dans ce climat. Le Jardin fruitier et le jardin potager ont été créés au prin- temps et en automne 1866. 5 hectares de superficie pour les deux, mêmes travaux préparatoires que pour le jardin d'a- grément. Nombreuses variétés de fruits de la meilleure quahté. Plantes potagères de toute espèce. Tubercules alimentaires, tels que Patates douces, Ignames, Topinambours, etc. Bana- nerie. Fraisiers, Canne à sucre, etc. Ces diverses cultures ne laissent rien à désirer. Pour les besoins de mes autres propriétés, j'ai aussi créé sur cette plage une pépinière qui renferme près de trente mille pieds d'arbres fruitiers et forestiers. Le système d'irrigation est établi de manière à pouvoir arroser à l'eau courante. Le canal restauré deZawan traversant ma propriété, j'ai pris une concession d'eau qui fournit 80 mètres cubes par vingt-quatre heures. J'ai aussi fait construire, à 1500 mètres plus loin, une noria dont une conduite souterraine amène l'eau pour ahmenter, au besoin, les irrigations des cultures susmensionnées, mais, sans leur être nuisible, elle est cependant un peu saumàtre. Avant de terminer, je mentionnerai encore deux autres petits essais que j'ai faits, dans cette propriété : l'un concer- nant l'éducation desYers à soie, l'autre relatif à la culture du Coton. Ils ont parfaitement réussi et donné des produits dont la qualité a été trouvée très-belle par dos fdateurs français. C'est pourquoi je me proposé de cultiver sur une grande échelle ces deux branches importantes de l'industrie agricole pour en encourager l'exploitation dans la Régence de Tunis. Tels sont en résumé, monsieur le Président, les résultats obte- nus de mes essais. Permettez-moi d'ajouter qu'ils sont en quel- que sorte votre propre ouvrage, puisque je vous dois mes premières notions d'horticulture et que c'est de vous principa- lement que j'ai appris à en goiiter les cliarmes. Aussi bien 854 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. n'est-ce pas sans un vif sentiment de satisfaction reconnais - santé que je reporte souvent ma pensée à l'époque où Votre Excellence, me mettant un sécateur à la main, m'invitait d'une façon charmante à l'aider à tailler, (''bourgeonner, élaguer les arbres et les plantes de sa jolie propriété d'Am- blainvilliers. C'est sous l'impression de ce sentiment que je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma plus haute considération. II. EXTRAITS DES PROCES- VERBAUX r>ES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1868. Présidence de M. Drouyn de Lhuys. président. — Le procès-verbal de la séance précédente a été, confor- mément au règlement, lu et adopté dans la séance du conseil, qui a suivi l'ouverture des vacances de la Société, — M. le Président proclame les noms des membres récem- ment admis : MM. Genève (Léon), propriétaire, avenue de Grammont, à Tours. George (Amédée), propriétaire, à Belforl (Haut-Khin). Mène (le docteur Edouard), à Paris. PoLiER (Hippolyte), à Paris. Porret (Jules), propriétaire, à Paris. Wauthier, propriétaire, à Paris. — M. le Président fait connaître les pertes que la Société vient d'éprouver, par suite des décès de MM. Havin, le baron de Chassiron, le baron J. de Rothschild, auquel la Société avait décerné, en 1867, une médaille d'or pour ses reproduc- tions de Faisan de Swinhoë, et Monny de Mornay, qui avait donné, à plusieurs occasions, notamment lors de l'épizootie du Jardin d'acclimatation, des preuves de la plus grande sym- pathie pour notre œuvre. M. le Président rappelle à la Société la perte qu'elle a faite, il y a environ trois mois, d'un de ses membres hono- raires, M. de Montigny, à qui l'on doit l'introduction des Yacks, du Bambou de Chine, de l'Igname, etc. M. de Monti- gny, ajoute M. le Président, fui un des premiers à concourir à l'œuvre de notre Société, et lui rendit des services excep- tionnels ; aussi une souscription fut-elle ouverte parmi nos confrères pour offrir à notre dévoué collaborateur une mé- daille à son effigie. 856 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. M. le Président dépose sur le bureau : 1" un Discours pro- noncé sur la tombe de M. de Montigny, par M. l'abbé Favre ; 5" Les principes de la pJtysique et leurs applications à F agri- culture, eu égard à ragrivulture hongroise, par M. L. de Wagner; 3- Notes on the Island of Corsica en 1868, par M, Th. Campbell; h" Notes sur les engrais chimiques, par M. Fréd. Jacquemart; 5" Le gibier, la propriété, le bracon- nage, par M. Henry Gaillard. (P>emercîments.) , — M. le docteur Mène adresse ses remercîments pour sa récente admission. — M. A. (iclot fait connaître qu'il pense avoir résolu com- plètement le problème de la conservation des viandes dans leur état naturel et frais, et prie la Société de déléguer quel- ques-uns de ses membres pour éludier l'appareil dont il l'ail usage, et qui doit prochainement être expédié à liuenos- Ayres. — M. P. Dabry adresse la lettre suivante de M. Pierre, directeur du Jardin botanique et zoologique de Saigon : « Je n'ai pas pu encore rassembler beaucoup de renseigne- y> ments touchant le (rourami àont m'entretient votre lettre. » Il est très-difficile d'arracher la vérité aux Annamites. De » plus, il faut du temps pour vérifier, contnMer les faits avan- » ces et rejeter l'histoire et la fable, qu'ils mêlent si facile- )) ment à leurs narrations. Les renseignements suivants ne » doivent donc être accueillis qu'avec beaucoup de circon- » spection par vous. J'aurai d'ailleurs bientôt l'occasion de ;) vousécrire^d'une manière plus certaine à ce sujet. LesAnna- )) mites distinguent deux espèces de Gourami : 1" Le Ca (pois- » son) hdng vien; 2" le Caniang gio. Ces poissons vivraient, » suivant eux, du douzième mois au troisième moisannamile » (de janvier à la fin d'avril) dans les eaux saumâtres, et du » troisième mois au douzième dans l'eau douce. Ils frayent » tous deux, dans les mêmes mers et dans les mêmes endroits, » de mai i-n juihet (cinquième et sixième mois annamites) . Le » Itàiig rien préférerait déposer smi frai au fond des cours » d'eau tranquille, sur la surface des feuilles, et le Mang glo à » la surface des mêmes eaux dormantes. Leur hourr'iture habi- PROCÈS-VERBAUX. ' '' ' ' ' 857 » tuelle consiste en petits poissons, petits crabes, crevettes, » plantes marines, etc. On préfère les Hâjig vieii anx Mang » gîo. Leurs dimensions sont les suivantes ; Le Hàng vlen » peut atteindre 0"',30, peser 500 granniies environ dans » toute sa croissance, et ne vaut que de 10 à 15 centimes. Le » Mamj gîo n'atteint guère plus deO'%'20 et ne pèse que 100 » à 200 grammes. Le Enng vîen est bien plus commun dans » les eaux de la Basse -Cochinchine que le Mang gîo, et aucun » de ces poissons (d'ailleurs, sauf les gros poissons caïmans, » par exemple, aucun n'est élevé) n'est semé ni nourri dans » les étangs et cours d'eau par les indigènes. D'après ce que » je viens de vous dire du Ca hâng vlen et du Ca mang gio, y> il me semble probable que c'est la même espèce, le Mang y> gîo étant le poisson pris en eau douce, et le Hâng vlen )) dans l'eau salée. C'est ce qu'il va s'agir de vérifier, sitôt que f> l'état de ma santé le permettra. » M. Dabry ajoute que des Ignames à tubercules courts qu'il a envoyés l'an dernier paraissent devoir réussir, ainsi qu'il résulte de l'examen d'un pied, extrait de terre, cette se- maine, par M. Louis Neumann, et qui a la même forme que ceux qu'il avait plantés. ■ .. ■ M. Soubeiran informe la Société que les plantes, qui ser- vent à la nourriture des poissons domestiques en Chine, et dont M. Dabry avait entretenu l'assemblée en juin dernier, ont pu être déterminées et appartiennent à des genres et espèces européens, ce qui permettra d'imiter les pratiques des Chinois dans nos viviers. Ces plantes sont : Trapa chi- nensis (très-voisin du Trapa notant de nos eaux) ; VaUisne- ria spiralis, Chara fœtida et Potamogeton crispum. M. le Président, à cette occasion, annonce que le volume de MM. Dabry et Soubeiran sur la culture des eaux en Chine va bientôt être publié, grâce au concours que l'administra- tion a bien voulu prêter à cette œuvre. ■ - — M. Maumenet adresse la note suivante sur ses éducations de B. MylUta : « Les œufs pondus du 22 au 25 juillet ont » donné leurs petits vers (hi 30 du même mois au I" août. » Après l'envoi (juc je vous en ai fait, el, à d'aulres de nos 858 SOCIÉTÉ IMPÉRTALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. » confrères, il m'en est resté â6, sur lesquels 38 seulement » ont éclos. L'éducation, faite en saison plus convenable que » celle de l'année dernière, a régulièrement marché, et, le » 9 septembre, j'obtenais un premier cocon. Les autres ont » immédiatement suivi. Le 25, ils étaient au nombre de 32, » et une seule chenille restait en arrière, qui n'a filé que le » 9 octobre. Donc, pour cetLe année : sur /i6 œufs, 38 éclo- )) sions; 33 cocons et éducation comptant liO h 55 jours de « durée. J'en conclus, comme dans mon précédent rapport, et » avec plus de raisons, que le B. Mylitta peut très-facilement r> être élevé dans nos contrées. J'ai été honoré, il y a quelques » jours, de la visite de M. le docteur Chavannes, introducteur » du nouveau Bombyx. Il a examiné mes cocons avec intérêt, ;> me félicitant de la réussite et assurant que je suis le seul à » en avoir en Europe. Quoi qu'il en soit, je donne tous mes » soins à l'obtention de nouveaux œufs pour la campagne pro- » chaîne, et j'en adresserai naturellement une portion à la » Société, si je réussis. » ■■ — M. le docteur ïurrel fait parvenir un mémoire sur le reboisement du Faron. - ■■^ — M. Brierre adresse de nouveaux spécimens d'Ignames à tubercules courts provenant de ses cultures, ainsi que des tleurs et des siliques mûres de Dmibentonia TripeMana. — M. Vavin dépose sur le bureau des spécimens de cerfeuil bulbeux, de très-belles dimensions. , ; .• , * — M. Duchesne de Bellecourt annonce le prochain envoi d'une collection de spécimens de troncs, d'écorces et de tleurs de Cinchona, offerts par M. van Gorkom, directeur des cul- tures de Cinchona, à Java. (Remercîments.) — M. le colonel du Martray fait don de plusieurs pieds de sauge du Mexique et de Ycrha del Pablo, préconisée contre les hémorrhagies. (Remercîments.) — Madame veuve Delisse, en transmettant un rapport sur ses cultures, tait parvenir des échantillons de pomme de terre de trois mois, et de Blés provenant de ses cultures. — M. Betz-Penot fait parvenir des spécimens de Maïs des États-Unis, cultivés chez lui, dans une terre de seconde qua- ■ ■- ' PROCÈS-VERBAUX. 859 lité, el qui sont d'une beauté remarquable. Il y joint des échantillons provenant des cultures de M. le préfet de Melun et de M. Marchand. ïl soumet en même temps à l'examen de la Société d'autres Maïs qui, cultivés dans un meilleur terrain, ont moins bien profité, par suite du défaut de soins. — Des remercîments pour les graines qu'ils ont reçues soni adressés par MM. Maumenet, Turrel, la Société d'acclimata- tion de Nice et madame Dehsse. — M. Maumenet adresse un numéro de la Revue commer- ciale et agricole , qui renferme un article sur l'introduction, par notre consul, de la Moutarde en Chine. — M. A. de'Lacerda annonce qu'il possède des rejetons de l'Orange sans graines de Bahia, qu'il est heureux de mettre à la disposition de la Société ; mais l'expédition ne pourra en être faite que vers le mois de juin prochain, car en ce moment l'envoi n'aurait certainement aucun succès. (Remercîments.) M. Y. Chatel envoie deux numéros des Affichefi agricoles et horticoles du Comice communal de Valcongrain. — M. le Président communique à l'assemblée les deux lettres suivantes de madame veuve Dutrône : « Sous l'influence » des souvenirs de l'extrême bienveillance dont vous hono- » riez feu M. Dulrône, mon mari, j'ose adresser à Votre » Excellence une modeste supplique.... Sa réalisation serait » pour moi d'un prix infini. — ^- Voici ce dont il s'agit : Lors- » qu'après la mort de mon bien regretté mari, j'acquittai sa » cotisation pour 18(i6, comme membre de la Société impé- ■% riale d'acclimatation, j'exprimai à l'administration le désir » de continuer cette cotisation annuelle au nom de feu M. Du- » trône, ou de permettre que j'y substituasse le mien... en » témoignage des sentiments qui attachaient mon mari à cette » utile et si honorable Association. Il me fut alors répondu » que les statuts de la Société s'opposaient à l'adoption de » l'une et de l'autre de ces propositions, et j'en éprouvai un » bien grand regret. Aujourd'hui, monsieur le Président, je » preadsla confiance de soumettre directement à Votre Excel- » lence un nouveau projet. Il consisterait à m'autoriser à of- » frir chaque année àla Société impériale d'acclimatation, — à 860 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. » titre de fondation perpétuelle (mon testament en assurera le )■> service), — une somme de 100 francs, laquelle, tous les » trois ans, serait conver(ieen prime de 300 francs (ou mé- » daille d'or de cette valeur), et décernée par roncours : » Au propriétaire ou au fermier qui , en France ou en )) Belgique, aura le mieux contribué à la propagation de la » race bovine désarmée Sarlabot, créée par feu M, Dutrùne, )^ mon mari. Si le conseil de la Société impériale (raccli- i> matation, — sous les auspices bienveillants de son illustre » président, — daigne accueillir favorablement ma demande, » j'aurai l'honneur de verser immédiatement entre les mains » de M. le trésorier la somme de 500 francs, acquittant les » années 18(37 et 1868,... Et je ne saurais vous exprimer que » trop faiblement, monsieur le Président, combien je serai )» heureuse de devoir à Votre Excellence la mise en pratique » d'une idéequi satisfait ainsi à mes plus vives, à mes plus in- » limes sympathies. » « — Je suis profondément reconnaissante de l'honneur que » veut bien me faire la Société impériale d'acchmatation, par » l'acceptation de ma fondation perpétuelle, au nom de feu » mon époux regretté, M. le conseiller Dutrùne. Cette décision » comble tous mes vœux, et je ne puis vous dire, monsieur le » Président, k quel point j'ai été touchée de la double réponse )) que Votre Excellence a eu rextrème bonlé de uî'adresser » à cette occasion.Veuillez,mon5ieur le sénateur, mettre le sceau » à cette si parfaite bienveillance, en vous rendant l'organe de ^) ma vive gratitude auprès du Conseil d'administration de la >•> Société, et en daignant conserver pour Votre Excellence elle- )) même une part si bien méritée de ce sentiment qui déborde » dans mon cœur. » — M. Nourrigat offre à la Société un exemplaire de son tableau de sériciculture, traduit en espagnol, pour être ré- pandu dans l'Amérique du Sud, où, comme on le sait, de nombreux efforts sont tentés pour propager l'éducation des Vers à soie. : . • ••• — M. Gh. Wallut donne lecture d'un rapport sur des Gre- nades provenant des cultures, aux environs de Toulon, de • ,':•:> PROCÈS-VERBAUX. •'^'■- - V 861 M. Eiigaurran. Après quelques observations de M. le baron J. Cloquet sur les bons résultats qu'on obtient dans les envi- rons de Toulon de la culture des Grenades, et sur l'avantage qu'il y aurait à importer une variété sans pépins qui croît en Grèce, les conclusions du rapport sont adoptées. ■ ■ — M. le docteur E. Mène donne lecture d'un mémoire sur l'usage du Bambou en Gbine (voirie Bulletin). M. le baron J. Cloquet est persuadé que les Bambous du nord de la Chine et du Japon peuvent, par leur introduction en France, rendre les plus grands services à l'industrie. — M. E. Vavin otfre des spécimens de Pommes de terre Marceau, pour être distribués aux membres de la Société. 11 offre également des graines d'une légumineuse du Sénégal, qu'il a reçues de son fds, et qui renferment une grande quan- tité d'huile. M. Vavin ajoute que le Maïs de Cuzco, qui lui a donné les meilleurs résultats, est le Maïs de "Cuzco le plus hâtif de tous. M L. Soubeiran dit que la légumineuse présentée par M. E. Vavin est le Moringa pterigosperma, abondant dans toute la région tropicale, et qui fournit l'huile de Ben, dont les horlogers font usage, en raison de la difficulté avec la- quelle elle rancit. — M. Pinçon donne lecture d'un rapport sur les éduca- tions de Vers à soie faites à la magnanerie du Jardin du bois de Boulogne pendant les années 1866 à 1868. — M. Millet rappelle à l'attention de la Société que les nids nrtificieh sont destinés, non-seulement à favoriser les couvées des oiseaux, mais aussi à protéger ces derniers contre les in- fluences atmosphériques nuisibles; que l'on ne saurait tro[ multiplier les nids aux approches de l'hiver. Notre confrère annonce, en même temps, que dés mesures sont prises pour qu'un grand nombre de nids, petits et grands modèles, soient déposés au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, de manière à répondre aux demandes qui seraient faites. M. Drouyn de Lhuys, à cette occasion, fait connaître qu'il a pu vérifier cette année, pendant son séjour en Suisse, que la nidification artificielle y a gagné sa cause, et que, dans toute n 862 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les localités propices, il a constaté la présence de ces nids. — M. Ramel lait connaître que racclimatatîon du Lapin en Australie s'est laite si aisément, que certains comtés sont aujourd'hui infestés de cet animal. — M. Raniel annonce à la Sociét.' la mort de M. Ramsbot- tom, directeur de l'établissement de pisciculture du Plenly River (Tasmanie), qui avait contribué, avec le zèle le plus énergique, à l'introduction du Saumon en Tasmanie. M. Soubeiran rappelle que M. Ramsbottom avait été chargé par M. James Youl de convoyer les œufs de Saumon en Tasma- nie, en 18(5/!. M. Youl avait été désigné pour organiser encore cette expédition, à laquelle il se dévoua entièrenjent, et dont le succès lui est dû presque entièremenl. A ce sujet, M. Sou- beiran communique le passage suivant d'une lettre qu'il a reçue dernièrement de M. J. Youl : « C'est une merveilleuse » chose d'avoir pu transporter, avec succès, aux antipodes, )) des œufs vivants de poissons, et, selon toutes probabilités, » je n'aurais jamais réussi sans ma visite à Paris, et l'obli- ^) geance de M. Gerbe, le préparateur de M, CosLe, qui a pris D les plus grands soins à me donner toutes les instructions ^) que je pouvais désirer. L'Australie, comme je vous prie de » le remarquer, a contracté en cette occasion une dette im- » niense envers la France. •» SÉANCE DU 4 8 DÉCEMBnE '1868, Présidence de MM. A. Passy et A. Duméril, vice-présidenls. — M . le Président exprime à l'Assemblée les regrets de M. Drouyn de Lhuys de ne pouvoir venir présider la séance, retenu qu'il est par la session temporaire de la Société des agriculteurs. — Le procès-verbal est lu et adopté. A propos du procès-verbal, M. Millet rapi^elle que la Société n'est pas restée étrangère aux introductions de Saumons en Anstrahe et en Tasmanie, et rapporte les divers articles du Bulletin qui prouvent l'intervention active de la Société. M. Ramel dit qu'il avait annoncé la prochaine introduction PROCÈS-VERBAUX. SBS du Murray Cod Fish en France ; mais il résulte de documents qu'il a reçus à ce sujet, que cette introduction présente de sérieuses difficultés qui ne pourront être surmontées qu'au prix de dépenses très-considérables, et exprime le vœu que quelques circonstances heureuses permettent de consacrer à cette utile tentative une somme suffisante. M. le Président informe la Société que dans leur séance du 8 décembre 1868, les cinq sections de la Société ont procédé à l'élection de leurs bureaux et de leurs délégués dans la Com- mission des récompenses pour l'année 1869; en voici le ré- sultat : 1'^' Section. — Mammifères. PrésUk'lU MM. t^0TEL-LECODTED\. Vice-président . . Pigeaux. Secrétaire Rogek-Desgenettes. Vice-secrétaire. . Raveret-W^attel. Délégué dans la Commission des récompenses. . . M. P. Servais. 2'' Section. — Oiseaux. Présideni MM. Berrier-P'ontaine. Vice-président. . Roger-Desgenettes. Secrétaire Cretté de Palluel. Vice-.secrétaire. . A. Franche. Délégué dans la Commission des récompenses. \l. Crette de Palloel. S'' Section. — Poissons, Annélides, Mollusques. Président MM. A. Passy. Vice-pi-ésidenl. . Millet. Secrétaire Wallut. ■ Vice-secrétaire . Lucb. Délégué dans la Commission des récompenses. . M. Heninequin. 4'^ Section. — Insectes. Président MM. Guérin-Méneville. Vice-pré.sideni.. Adbé. Secrétaire Luge. Vice-secrétaire.. Sodbeiran. Délégué dans la Commission des récompenses. . M. Girard. 5' Section. — Végétaux. Président MM. Baron d"Avène. ^ Vice-président. Aug. Delon DR E. , ,, Secrétaire D'AMÈNE. Vice-secrétaire. . A. Gindre . Délégué dans la Commission des récompenses. . M. le D'' MÈNE. ' (iim bUClETE liMl'ÉHIALb ZUiUOljinut D ACCLIMATATION. Par suite, la Commission des récompenses se trouve défi- nitivement composée comme il suit : . . . .Membres de droil : , .... MM. Dkolyk de Lhuys, président. ' Coinle d'Éprémesml, secrétaire général. iMembres élus par le Conseil dans sa séance du il décem- bre 1868 : - ■ ■ .^ ; ' - '■ MM. AuG. DuMÉKii,, vice-président. • A. Geoffroy Saint-Hilaire. Fréd. Jacquemart. lîiCHARD (du Cantal). D' J. L. SOUBEIRAN. Ch. Wallut a été délégué en remplacement de M. le comte d'ÉPRÉMESNiL, empêché. Et MM P. Gervais, Cretté de Palluel, Henneqlin, Girard, MÈNE, dans l'ordre de leur élection par les cinq sections. — Des otïres de services sont laites par M. le comte de Gobineau, ministre de France à Rio de Janeiro, qui est au moment de se rendre à son poste, et M. Paul Levy, qui va en- treprendre un voyage d'exploration au Nicaragua. — (Re- mercîments.) — M. de Saulcy adresse le rapport suivant sur ses éduca- tions de Versa soie : « J'ai échoué d'une manière absolue avec » le B. Yama-ma'i. Je n'ai obtenu que sept cocons dont un seul » a donné son papillon, un mâle! Lorsque le temps où tout )) espoir d'en voir sortir d'autres a été largement passé, j'ai » ouvert les six cocons de reste et j'ai trouvé mortes, deux » nymphes de mâles (toujours des mâles!) et quatre larves » sèches et ratatinées qui avaient péri, après avoir tilé de » minces cocons, sans pouvoir se transformer. En voyant, )) depuis deux ans, que je ne puis obtenir que des mâles, j'en » suis venu à me demander si je ne devrais point attribuer » cette persistance inconcevable dans le sexe à un défaut d'ali- )) inentation suiïisante pour mes larves, qui n'ont plus présenté .') la même ampleur de dimension que j'avais remarquée la » première année que j'ai élevé ce beau Ver dont j'avais eu l'KUCÈS-VERBAUX. 865 )) alors (jualre l'emelles sur douze cocons qui avaient donné » chacun leur papillon. J'ai élevé aussi en 1868 quelques lar- j> ves du Bomôf/x mi/litta, et j'ai eu moins de chance encore » avec elles qu'avec les Yama-maï, car sur dix-sept chenilles » pas une seule n'a filé. Deux seulement sont arrivées à leur » quatrième âge et la dernière estmorte vingt-huit jours après » sa cinquième mue. Quant aux Vers du Mûrier, le succès a été » aussi très-médiocre. Toutes les larves bisannuelles del'Amé- » rique équatoriale, qui avaient eu une éclosion magnifique )) après être restées dix-huit mois dans l'œuf, sont mortes du » flot. J'ai eu à grand'peine 7 ou 8 cocons extrêmement min- » ces, dont pas un n'a donné de papillon. Autant m'en est » advenu avec la race de Cachemyre sur laquelle je croyais » pouvoir compter ; tout est mort fiât, à part trois ou quatre » chétifs papillons, qui n'ont pas pu s'accoupler. J'ai été un » peu moins malheureux avec la race chinoise des trois types » noir, zébré et blanc. C'est ce dernier qui a le mieux réussi » en 186S, et je puis même dire qu'il a donné de très-beaux » cocons et passablement de graine. Il a fourni des cocons de » trois sortes, il y en a de blancs, de jaune soufre et des nan- » kin ; ces derniers sont les plus beaux et les plus lourds en » soie. J'aurai l'honneur de vous expédier très-prochainement » de la graine de toutes les variétés que j'ai obtenues, et je )) joindrai à l'envoi des cocons étiquetés pour qu'on puisse les » juger et en contrôler la mérite.J'ai fait cette année une expé- » rience dont je me félicite, car elle m'a révélé un fait dont je ne )) me serais jamais douté. J'ai pris le parti d'isoler chaque cou- » pie de mes papillons et de faire grainer à part chaque femelle » en tenant compte du plus ou moins de beauté apparente des » papillons. Ceux que j'avais notés comme exceptionnelle- » ment beaux, et dont je me proposais de conserver la graine » comme la plus précieuse incontestablement, ne m'ont donné » que des pontes très-médiocres et même quelquefois rien du » tout. De magnifiques femelles, pour la taille et la couleur, » mouraient sans pouvoir se débarrasser de leurs œufs, et » quelques-unes, qui pondaient abondaunnent, n'ont donné ^) que des œufs stériles. Je crois pouvoir affirmer que ce sont 2'^ sÉKit:, T. V. — Décetnbrc 18()8. 55 8(36 SUCIÉTÉ IMl-ÊHIALE Z00L0(j1OUE D ACCLIMATATION. » les papillons de dimension moyenne qui fournissent les )> pontes les plus belles et les meilleures, et" pour mon compte » je ne prendrai, à l'avenir, qu'en très-mince considération )) les femelles trop grosses; les moyennes, à mon avis, sont » les meilleures. On m'aurait dit chose pareille, avant Texpé- )> rience, que je me serais refusé à y croire; maintenant j'ai )) vu ! » —•M. de Buvry demande des graines et cocons de B. Yama- niaï et Cijnthia . -™. M. le docteur Turrel transmet la liste des végétaux obtenus par M. Auzende au moyen de semis des graines qui lui ont été confiées par la Société, et ajoute les renseignements sui- vants : « M. Auzende a fait cet automne en pleine terre un » massif de tous les Eucabjpius germes aiin d'étudier leur )) degré de rusticité. Il a planté il y a trois ans un groupe de » 50 Eucalyptus globulus à 1 rnèlre de distance en tous sens, )) qui s'élève avec une vigueur inconqKirable et fait l'admira- )) tion des visiteurs du jardin de la ville. Les jeunes arbres se » faisant un nuituel appui, ont actuellement de 6 à 7 mètres >; de hauteur et résistent aux ouragans les plus impétueux. Il )> est maintenant démontré pour nous que dans les régions )) de l'oranger, XEucaltjptus globulus planté en c^uinconce à )) l mètre de distance en tous sens et sur 3 ou A rangs, serait )) un merveilleux brise-vent. M. Auzende sème continuellement ^) VEucalyptus ylobulus, dont il a distribué à des particu- » liers ou à des établissements pubhcs environ deux mille .') plantes. C'est lui qui a élevé les Eucalyptus essayés cet )) automne dans les reboisements du Faron. Je rappellerai que » par ses soins intelligents, les plants de Jatroplia gossypi^ » folia qui lui ont été confiés , ont donné une certaine y (pianLité de graines que M. Auzende tient à la disposition )) de la Société inqiériaie d'acclimatation. Sur les terrains )) qu'occupe actuellement l'arsenal maritime de Castigncau, » M. Auzende avait planté, le long d'un ruisseau où il n'y avait » de l'eau que pendant l'hiver, des touffes de la belle Liliacée » de la Nouvelle-Zélande, \ePhor?nm/n tcnax. En trois ans, » ces touffes mesuraient 'h mètres de circonférence et émi- » PROCÈS-VERBAUX. 867 » lont des hampes llorales de 2 mètres de lianleui' qui » Iructifièrent. Cette ])elle [)lantatioii lut détruite par les tra- » vaux de la marine ; mais ses débris, recueillis par M. Auzendc » et distribués à des amateurs et à des jardiniers marchands, ont été les moyens de multiplication de cette plante, aujour- » d'hui si répandue dans toutes les plantations pittoresques » de nos jardins. M. ïh. Auzcnde m'a communiqué sur la » Iructilication des palmiers-datliers du Jardin communal, )) quelques détails qui me semblent de nature à intéresser la » Société d'acchmalation. Le jardin possède 12 Palmiers-Dat- » tiers âgés de 18 à 19 ans, dont quatre seulement ont fleuri » ce printemps (7 avril 18(38); deux sont femelles et situés aux » deux extrémités est et ouest de la rangée des Palmiers. » Celui de l'ouest mesure 0 mètres 80 centimètres du sol à )> l'extrémité des feuilles et 1 mètre 60 centimètres de stipe. )> Il porte huit régimes munis de larges spathes dont la lon- » gueur y conqjris la pédoncule est de 1 mètre 80 centimètres. » Un régime pèse 8 kilogrammes et porte 351 dattes (la grêle » en a fait tomber au moins un tiers). Chaque datte pesait >) fin octobre T6 grammes et avait 9 centimètres de circonlé- )) rence et 6 centimètres de longueur. Celui de l'est a 6 mètres » du sol à l'extrémité des feuilles ; le stipe a 1 mètre 90 centi- )) mètres de circonférence, et il mesure 1 mètre de long. 11 » porte neuf régimes, dont chacun pèse ô kilogrammes et )> présente 551 dattes dont chacun pèse 8 gi-annnes 50 centi- )) grammes et a 6 centimètres de circonférence et 3 centi- » mètres de longueur. L'aspect des deux Palmiers femelles est )) trés-diflèrent; celui de l'est a un port plus élégant, ses pal- » mes à folioles très-étroites sont érigées; les régimes courts, » droits, sont presque verticaux, tandis que celui de l'ouest a » les feuilles inclinées, les folioles très-larges et les régimes » pendants. Ne comptant pas sur la puissance defécondatioi) » du pollen des jeunes Palmiers mâles, M. Auzende a procédé » à la fécondation artilicienr^ en récoltant sur des Pahniers » adultes des environs du pollen qu'il a rf'pandu sur les Heur,- )) femelles au moyen d'un soufflet à soufrer la vigne. Le mo- ') ment le plus favorable pour opérer celte fécondation arlili- * 868 SOCIÉTÉ IMI'ÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. » cicllc est le huitième jour de la sortie du réL^iiiie de son » spathe. C'est cette méthode qu'il applique depuis six ans à » la Fécondation du Chfmiœrops humilis Aonl le jardin de la » ville possède quelques magniliques échantillons, tous l'e- » melles. Chacun de ces Chamœrops produit annuellenieiil > environ 8 kilogrammes de graines fertiles qui ont servi à » ohtenir les jeunes plants essayés sur la montagne du Faron. » Les dattes du jardin de la ville n'arriveront pas à maturité, )} mais chez M. le docteur Cloquet, à Saint-Mandrier et à Bala- » guier, ainsi qu'à Ollioules, quand l'hiver n'est pas trop rigou- » reux, la datte mûrit la deuxième année et n'est vraiment pas » irop médiocre. Elle est même convenablement sucrée. Il est -» bon d'observer que les Dattiers qui mûrissent à Tamaris ne » sont pas de l'espèce du PJiomixdactyllfern de l'Algérie. lis )) appartiennent, à la variété cullivée on Egypte, dont le Irait » est rouge brun, la saveur un peu âpre et la drupe peu abon- » dante et coriace. Néanmoins, et bien qu'il soit impossible de » compter sur une IVuctiticalion régulière, même de celte va- » riété plus rustique et de qualité inférieure, ces Palmiers- » Dattiers sont si élégants de port, si gracieux de feuillage, si » ornementeux d'aspect, qu'ils auront toujours une place de » prédilection dans nos plantations méridionales. Nous n'in- )) diquerons pas rem])loi indusiriel de leurs feuilles, dont l'axe » sert toutefois à fabriquer des cannes très-solides, recherchées » par les étrangers, car jamais il n'en sera produit localement » des quantités suffisantes pour alimenter une industrie locale. » Le Chamœrops e.rceha, au contraire, plus ornemental » encore que le F^almier-Dattier, et d'une rusticité à toute » épreuve, fournira, lorsqu'il sera répandu autant qu'il mé- » rite de l'être, les librilles si tenaces et si abondantes qui en- » tourent son stipe et la base de ses larges et élégants flabelles. » — M. Chalot, instituteur à la Proiselière (Ilaute-Saône), adresse un rapport circonstancié sur ses travaux d'acclimata- tion et propagation des plantes nouvelles. (Renvoi à ia Com- mission des récompenses.) M. Radiguet fait parvenir une certaine quantité de Pommes de terre Vêlez et comnuiiuquu la lettre suivante de PnOCI-JS-VERBAUX. 8()9 M. Velez : « Je dois vous expliquer l'origine et la qualité des » Pommes de terre que contient le panier que j'ai fait venir » par la poste, de Bogota, et que vous reçûtes hier. Vous » n'ignorez pas qu'il y a peu d'années, la maladie de cette » plante se déclara pour la première fois dans ce pays et avec » une intensité telle, que dans l'espace de deux années elle fit » disparaître toutes les excellentes variétés que nous possé- » dions, mettant dans une grande détresse les 600 000 habi- » tants de la Planica de Bogota, dont la base d'alimentation » «'tait la Pomme de terre. Peu d'années avant, un individu » avait rapporté dans cette partie de la République l'espèce » que j'ai fait venir; mais comme nous possédions tant et de » si bonnes espèces, elle ne s'était pas encore beaucoup ré- » pandue dans la culture ; mais lors de l'invasion de la ma- » ladie, on remarqua avec surprise que mélangées et semées )) avec d'autres, toutes les autres espèces périssaient et que >^ celle-ci produisait admirablement bien, sans être nullement » affectée de la maladie. Cette expérience lit que cette culture se généralisa immédiatement ; il y en a aujourd'hui une » grande abondance et la population s'est trouvée sauvée. Il » est bon de savoir que la Planica de Bogota est élevée de près de neuf cents à mille pieds au-dessus du niveau de » la mer, que par conséquent c'est un climat froid, et que » ces Pommes de terre sont originaires de la province de » Tuquerres, près l'équateur, pays très-froid, et à dix mille » pieds au-dessus du niveau de la mer. Les circonstances » m'ont fait espérer que cette espèce se propagera facilemeni » en France. Les Pommes de terre sont très-productives et » d'excellente qualité; elles sont bien différentes de celles de » Medellin (terre chaude), que je lis venir pour vous, et qui, » par malheur, ne se sont pas reproduites. Quelques proprié- » taires de Bogota, en ce moment à Paris, et fanatiques ad- ;) miratcurs de cette espèce, m'ont féHcité de l'idée que j'ai eue » de la faire venir. » — M. Hesse transmet mi paquet de graines d'Australie qu'il a reçu de M. Von Mueller, et parmi lesquelles se trouvent le . Cmnarina equhetifoUa, VExocarpus cupresnfon.;.'.^ et des >) » )) S70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Eucalyptuîi que notre dévoué confrère pense devoir prospérer en Algérie. — Remerdments. — M. Baraquin annonce l'envoi ^Ararula {Ârrow-root) ^ qui produit une fécule légère très-estimée, à'Ahipa, Légumi- neuse, à lubercules comestibks des Andes, et qu'il pense de- voir être cultivée avec avantage dans le midi de la France. — Remercîments. — M. Pépin foit hommage d'un Rapport sur la culture de ÏEucalyptus en Corse, et d'une Note sur la Poire de terre Cochet {Polymnia edidis). — Remercîments. ~ M. V. Herran offre un un 'moire Sur le chemin de fer interocéanique du Honduras. — Remercîments. — M. Millet met sous les yeux de la Société des rameaux d'Orme, de Pommiers, etc., qui présentent des œufs d'insecte en bagues ou bracelets. Ces o^ufs appartiennent au Bombyx neustrien (//owi(6ya:we?<5/rf a), vulgairement connu sous le nom de livrée. Ils sont entamés surplusieurs points par la mésange charbonnière., oiseau d'une utilité incontestable qui détruit en grande quantité, à Tépoipie où presque tous les insectes ont disparu, les œufs d'un Bombyx qui cause de graves dom- mages aux arbres fruitiers et forestiers. — M. A. Geolfroy Saint-Hil;iire dit qu'il a pu expérimenter la couveuse-éleveuse de M. Deschamps, et que, par suite, il peut en recommander l'usage, l'ayant trouvée bonne. Ce nou- vel appareil, qui est un heureux perfectionnement de celui de M. Dubus, de Piouen, a le grand avantage de ne pas exiger l'emploi fie lampe ou autre appareil pour le chauffiige, et par suite, peut être confié sans crainte, à toute personne, car il n'exige pas d'opérations délicates comme celles de presque tous les autres appareils à incubation. A une question de M. Michon relative aux moyens de régler la chaleur, M. Deschamps répond que le maximum de tempé- rature qu'il donne est ;^8 à /|U degrés, et que le minimum est de 35 degrés. Il reconnaît, par le tâtonnement, la quantité (Veau qu'il doit remplacer chaque jour par de l'eau Itouil- lante (voy. Bulletin, p. S77). M. Darestpqui, depuis (|iuii/.e ans, s'occupe de recherches PROCÈS-YErxBÂUX. 871 sur l'évolution embryonnaire, a reconnu qu'une température (le k'2 à + /i3 degrés donne un développement plus rapide, mais avec diminution du volume des organes ; si la température monte entre + /i5 à + 47 degrés, le développement n'est plus possible. On peut beaucoup plus impunément descendre ; la température de + 28 à + 30 degrés permet un commencement d'évolution, qui se fait avec une extrême lenteur, mais qui s'arrête après un certain degré de développement acquis. — M. le secrétaire donne lecture d'une lettre de M. le gé- néral Kbérédine sur le jardin qu'il possède aux environs de Tunis. (Renvoi à la Commission des récompenses.) Voy. au Bnllctin, p. 851. — M. Chatin donne lecture de la note suivante de M. Nie- klès, de Nancy, Sur la mortalité des Poissons à la suite des pluies d'orage : « Il arrive souvent, après un orage suivi » d'inondation, que les eaux, en se retirant, laissent derrière » elles un grand nombre de poissons morts. De pareils acci- )) dents ont dû avoir lieu fréquemment cette année-ci, si l'on » en juge par la circulaire de la fin de septembre derniei-, /par laquelle M. le ministre de l'agriculture et du commerce, )) en vue de protéger la reproduction du Poisson, que les ,) orages ont détruit en grande partie dans les fleuves et les ;) rivières, invite les préfets à donner la plus grande publicité j) aux interdictions de pêche, etc., etc. Jusqu'ici la science est » restée muette sur la cause de cette mortalité, car elle ne pou- j) vait se contenter de l'explication souvent donnée par les rive- » rains, explication qui ne manquait pas de frapper de suspi- .1 cion des personnes ou des établissements industriels situés ft en amont du point sinistré. L'orage du 1?- mai dernier, qui )) a tant ravagé les rives de \diS<>ille (Meurthe), a été dans ce )) cas. Les prairies des environs de Vie étaient couvertes de » Poissons pâmés que les riverains, dit-on, ont pu ramasser » par milliers. Une aftaire judiciaire ayant été engagée à cette ^> occasion, je fus amené à rechercher les causes du sinistre, » et assez heureux de les trouver dans un phénomène na- » turel auquel l'homme est absolument étranger. D'abord » l'eau était exempte de tout produit chimique capable do )) 872 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. nuire aux Poissons ; elle contenait du limon en suspension, et c'est à ce limon que le défendeur attribuait la mortalité, prétendant qu'en s'introduisant dans les branchies, les dé- tritus gênaient la respiration en interceptant l'air. S'il en était ainsi, la mortalité se serait étendue sur tout le par- cours, tandis qu'au contraire elle était localisée aux envi- rons de Vie. Entre Dieuze et Marsal, oii l'orage régnait en plein, point de Poissons morts ; entre Marsal et Vie, morta- lité considérable. Là aussi s'étendent de vastes prairies, tandis qu'en amont, la Seîlle est plus souvent encaissée. Nous avons maintenant les éléments nécessaires à l'expli- cation du phénomène. Lorsque, par suite d'une crue subite, une rivière déborde sur un terrain qui avait âé, au préa- » lable, soumis à une forte insolation, l'eau s'échautïe, et le » coefficient de solubilité de l'oxygène diminue ; en sorte » que le gaz vivifiant s'échappe, et que le Poisson, ne trou- j» vaut plus l'air nécessaire à la respiration, se pâme tout » comme il le fait quand on le place dans de l'eau tiède. C'est » ce qui a pu se passer sur les rives de la Seille, après l'orage » du 12 mai dernier, et au lendemain d'une série de jours » remarquables par une chaleur précoce dont chacun a gardé » le souvenir. » M. Millet présente alors les observations résumées ci-après : « Parles études et les recherches auxquelles il se livre depuis plus de trente ans, notre confrère a été amené à constater un grand nombre de cas de mortalité. Il cite, entre autres exem- ples, le canal du parc de Versailles et le lac inférieur du bois de Boulogne. Dans cette dernière pièce d'eau, vers le milieu de l'été des années 1858 à 1860, on vit périr en quelques jours un grand nombre de Perches, de Brochets et de Brèmes; et, dans les années 1866. à 1868, les Carpes, qui jusqu'alors avaient résisté, périrent en grande quantité sous l'influence des chaleurs de l'été. M. Pissot, conservateur du bois de Bou- logne, en évalue le nombre k plus de ZiOO. » Pour tous ces Poissons (Perche, Brochet, Brème, Carpe), la mortalité s'est produite dans les mêmes conditions, tou- jours vers la même époque de l'année, alors que les chaleurs PROCES-VERBAUX. 873 deviennent assez fortes, et seulement dans le lac inférieur, d'une étendue de plus de 10 lieetares. Car nulle part ailleurs on n'a constaté son apparition dans les autres pièces d'eau, même les petites mares et les petits étangs, qui cependant étaient soumis à une température généralement plus élevée que celle du lac inférieur. Il y avait lieu, dès lors, de penser que la mortalité était produite par une cause inhérente à la constitution même du fond de ce lac, qui est formé d'un amas de vase ayant de hO à 50 centimètres d'épaisseur. » L'analyse de cette vase, prise sur différents points, a per- mis de reconnaître qu'elle contenail une forte proportion de ynatli'res organiqi(es; or, ces matières, en entrant en putré- faction ou en se décomposant sous l'influence d'une forte chaleur, vicient les couches d'eau qui leur sont immédiate- ment superposées et leur enlèvent une partie de Foxygruc qu'elles contiennent en dissolution. Et en etïet, les analyses faites i)Our constater la nature et la proportion des gaz tenus en dissolution dans les difli'irentes couches de la nappe d'eau, ont fait reconnaître que, dans l'eau puisée à la surface, la proportion d'oxygène dilférait peu de celle contenue dans les eaux courantes, où le rapport de l'oxygène à l'azote est de ;^0 à 70 environ; mais que, dans l'eau puisée à peu de dis- lance du fond, le rapport de l'oxygène à l'azote en volume n'était plus que 15 à 70 en moyenne. » L'eau du lac, vers le fond, ('tait donc peu aérée et très- pauvre en oxygène. Celte circonstance devait nécessairement faire périr, d'abord les espèces les plus délicates, et ensuite celles qui se tiennent habituellement an fond de l'eau ; c'est en effet ce qui est arrivé. Il convient, d'ailleurs, de faire re- marquer que, dans les premières années, le lac inférieur n'a été affecté d'aucune mortalité, piiisqne la vase était beaucoup moins abondante, et, par suite. In nappe d'eau plus puissante et plus aérée. » Diverses causes contribuent, sans aucun doute, à la mor- talité des Poissons. Cette mortalité, toutefois, est subordon- née, dans la généralité des cas, à la température de Veau et à la proportion des gaz, nolaiiiinent de Xo.rtjqène, tenus en 87/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUË d'ACCLIMATATION. dissolution dans Feaii. Pour le lan inférieur du bois de Bou- logne, l'élévalion de la température, dans les conditions rap- pelées plus haut, ne paraît avoir eu d'elTet nuisible qu'en favorisant et activant la réaction des matières organiques de la vase sur l'oxygène des couches inférieures de l'eau. » M. Aube n'admet pas que -l'élévation de la température puisse exercer une influence aussi pernicieuse, et rappelle, à l'appui de son assertion, que lors de l'Exposition de 1 855, les ('yprins, placés dans l'aquarium de la Société d'horticulture, ont supporté sans inconvénient une température de + /|5". M. Ghatin répond que c'est à l'absence d'oxygène, consta- tée par M. Nicklès, qu'on doit rapporter la mortalité, et que, du reste, les diverses espèces de Poissons n'ont pas besoin d'une même quantité de gaz. M. Millet pense que l'exphcation de M. Nicklès est incom- plète, et que les Poissons ont pt-ri parce que les eaux étaient trop chargées de matières organiques. M. A. Geoffroy Saint-Hilaire rappelle qu'on a souvent constaté l'existence de Poissons prospérant dans les réservoirs de condensation des fabriques, ce qui semblerait prouver que l'élévation n'a pas une influence fâcheuse. M. Aube, à l'appui de cette opinion, rapporte qu'il a vu, aux environs de Poissy, les Carpes pulluler dans le bassin de condensation d'une fabrique. M. A. Duméril reconnaît que la température que peuvent supporter les Poissons, sans inconvénient, peut être assez considérable, quoique, peut-être, on ne doive accepter comme prouvée l'observation de Sonnerat, qui assurait avoir vn des Poissons vivre à une température de -|- (30". M. le baron L Cloquet dit que l'oxygène est indispensable aux Poissons, et que, par cela seul, il est nécessaire d'aérer l'afpiarium, où le gaz disparaît tout d'abord des couches pro- loiules. Le meilleur procédé d'aération bu paraît être l'intro- duction de plantes vivantes dans l'eau, à laquelle on peut suppléer en partie par des insufflations d'air. M. de la IManclière ne pense pas que les deux causes allé- guées soieni suffisantes pour expliquer les l'ails observés; et PROCÈS-VERBAUX. 875 croit qu'il faut qu'il y ait eu quelque fait subit pour produire \epâme?nent du Poisson. Tout le monde n'a-t-il pas vu des F*oissons prospérer au milieu d'eau remplie de conf^rves, malgré l'élévation même de la température. M. Millet dit que, dans les eaux qui abondent en conferves, ces végétaux fournissent de l'oxygène ; mais que, dans les cours d'eau où l'on enlève soigneusement toute végétation, comme au bois de Boulogne, il ne reste plus que de la vase qui absorbe l'oxygène, et détermine l'asphyxie des Poissons. M. (le la Blanchère ne croit pas qu'on puisse comparer la Seille aux canaux du bois de Boulogne, et persiste dans son opinion. — M. le baron J . Cloquet présente, de la part de M. le duc de Montellano, de beaux épis de Blé barbu, de la province d'Estraraadure (Espagne), Blé dont les grains, placés sur quatre rangs, sont au nombre de 50 à 60 pour chaque épi. M. le baron J. Cloquet annonce que M. le duc de Montel- lano afTirme que la Grenade sans pépins, dont il a déjà entre- tenu la Société, est cultivée généralement à Tortosa, province de Tarragone, d'où on pourrait faire venir des plants pour les cultiver dans le midi de la France. Notre confrère ajoute qu'il existe en Espagne, aux en- virons de Tolède, une espèce d'Abricotier dont l'amande esl toujours douce, et qui lui paraît intéressante à intro(hiire. 'M. Pigeaux fait remarquer que l'introduction de l'Abricotier à amandes douces a déjà été effectuée; mais depuis on a re- connu qu'il en existait déjà deux espèces en France. M. Chatin fait observer que les Abricotiers viennent très- mal en plein vent dans les terres argileuses et froides, comme celles de Trappes, où ils ne donnent de fruits qu'à la condi- tion d'être abrités. Cependant un de ses voisins a pu cultiver avec succès les Abricotiers en plein vent, en mettant deux brouettées de marne au pied de chacun de ses arbres. — M. Ramel annonce le don qu'il fait de graines iVAnstrû- lian grasses, (jui, sans être encore des plantes fourragères, pourraient servir, dans les régions méridionales, à fournir un supplénieni de nouriMlure aux bestiaux. S7(i SOniKTK IMPÉRIALE ZOOI^OflTOUK D'ACCLTMATATION. Il njoiJle qu'il esl regrellable que les quantités considéra- l)l(3s de graines d'Australie qui ont été distribuées depuis longtemps, n'aient pas donné lieu à des rapports sur les ré- sultais obtenus, soit en Algérie, soit dans le midi de laFranee. M. le secrétaire répond qu'à chaque envoi fait par la So- ciété est jointe une note pour demander la communication du l'ésultat obtenu, bon ou mauvais. Au commencement de cette année, une note spéciale a été insérée en tête du Bul- letiji, pour rappeler aux personnes qui participent aux distri- luitionsde la Société l'obligation de faire connaître le résultat de leurs cultures. Mais, malgré toute la sollicitude du bureau, un très-petit nombre de rapports arrivent chaque année au siège de la Société. — M. Duchesne-Thoureau met sous les yeux de la Société des spécimens de Laricio, de Mélèze et de Pins ayant seize an- nées de plantation dans les terrains de la plus mauvaise qua- lité et qui ont cependant acquis des proportions remarquables. — M. L. Soubeiran lit un travail qui lui est commun avec M. Dabry, sur la culture des eaux aux États-Unis. — M. Betz-Penot adresse de nouveaux spécimens d'épis de Maïs, d'origine nord-américaine et provenant des cul- tures de M"'' Betz à Chezy. On a donné aux vaches toutes les tiges de Maïs à mesure que le grain mûrissait ; pendant un mois trois vaches ont reçu ce fourrage avec de l'herbe des prés et du regain. On a constaté aussitôt un rendement du beurre supérieur en quantité et qualité, et d'autre part le Maïs n'a rien perdu de sa qualité comme grain. M. Betz-Penot adresse en même temps des gâteaux et petits fours en farine de inaïs et froment, qui sont soumis à la dégustation de l'Assemblée. — M. Pi. de Sémallé dit que les moutons Ti-yang nonV pas réussi en Auvergne, puisque sur cinq petits, nés en deux ])orl('es, il ne lui en reste plus qu'un. Le Secrétaire des séances^ J. L. SoUliKIRÂN. m. CHRONIQUE. Coiiveuse-élevcuse artificielle Deschanips, sans feu. L'incubation arlilicicUc était en usage cliuz les anciens. Les l'.omains, par- ticulifrement les liabilaiils du Laliuin, el suriDUl les l'igypliens, sVn ser- vaient comniunémenl. Jls y trouvaieni, le climat aidant, les avantages que nous n'axons pas su en retirer jusqu'à ce jour. On ci'oil trop facilement que l'emploi du couvoir ne peut èlre qu'im objet d'étude ou de curiosité, et que ce n'est ni une œuvre d'utilité ni une œuvre pratique. 11 est vrai qu'il est plus nalurel de se servir de la nature, mais lorsque l'arl peut èlre mis à conlribulion d'une façon fructueuse, il ne faut pas hésiter à suivre une voie qui peut être très-profitable. Olivier de Serres est le premier qui ait décrit, dans son riiéâtre de l'Auri- culture, le mode renouvelé de l'incubation arlificielle. Jusqu'au xviir siècle, il ne s'esl rien produit de nouveau. A celte époque, Réaunuu- inventa ses ihermonièlres dans le but unique de faire des expériences sur ce sujel. On sait que ces admirables instruments trouvèrent une autre destinée, cl que leur application primitive fut tout à fait abandonnée. Depuis ce t(Mnps, nous n'avons à enregistrer que des recherches ingénieuses, mais reslées trop sou- \(.Mit sans résultat. Malgré les essais de M. Boine, au Plessis-Piquet, près l'a- ris, de MM. Bonnemaiu, Caffind'Orsigny. Canteio de Mons, Lemaire, etc., le succès pralique n'est pas venu, et les amateurs seuls ont su tirer quelques l)rolils d'un principe très-ingénieux. Mais l'Exposition universelle a mis au jour une couveuse-éleveuse, due à l'esprit inventif de M. J. Deschamps (1), qui habile à Paris-Crenelle, 7, rue Mademoiselle. Fie. 1. — Colin (le Caliloriiic. M. heschamps, auquel on doit l'introduction du Colin de Californii', q\u est aujourd'hui répandu dans beaucoup de nos faisan'ieriis cl de nos parcs, (1) Li ciiivcuscùlcvcusG n'csl i^i-, ut, du rcslo M. lti;scliuii|>s lui-iiiciue It- reconnail, une mvciilion, mais un iierleclioununiuiil de ra|>paieil de M. D uluis, de Rouen. — 11. 878 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION* est un naturaliste clislinj;iié, qui a vécu on Amérique et en Suisse cl qui a obtenu, avec son appareil, des succès encourageants. La figure 2 représente une vue générale de la couveuse, qui n'emploie pas de feu et (jui permet, par sa construction, de voir facilement éclore les (rufs. FiG. 2. — Vue générale de la couveuse de M. J. Uescliamiis. il sutlit do remplir la chaudière d'eau élevée à ia leinpéralurc de 75 à 80 degrés, et l'on obtient dans les tiroirs 38 degrés cenligrades. Un tliermomè- Irc placé dans chaque tiroir indi(|ue l'élévation de la chaleur qui, une fois réglée, permet d'installer les a^uls. il esl Irès-facilc de diriger la couveuse, en venant à heure lixe, sept heures du matin et sept heures du soir, retirer par le robinet 5 à ti litres d'eau que l'un rcuiplace par la même quantité d'eau bouillante; pendant que l'on fait cette opération, il faut avoir soin de sortir les tiroirs dans lesquels on a déposé les œufs pour les faire couver ; ou les retourne les uns après les autres et on les laisse refroidir pendant dix mi- nutes. On les remet eu place ensuite. Ce n'est donc que toutes lesdouzc heures, pendant lesquelles on ne perd qu'un degré, ((u'il faut renouveler l'opération. On doit faire altenlion auK si\ conranls d'air placés dans chaque tiroir. Ils serveiU à donner de l'air aux (eufs, mais il faudiail en boucher un ou deux si l'on mettait la couveuse dans une pièce très-ventilée ; au cou- CHRONIQUE. 879 traire, si elle csl placée dans une chambre close, il laiU les laisser tous li- bres. La figure 3 représente une vue générale avec coupe intérieure de la cou- veuse; en A csl la boite qui contient la chaudière; B est le couvercle supé- t"iG. 3, — Coupe intérieure de la couveuse Descliaiaps. rieur qu'il faut fermer durant Pincubatioii ; C est le châssis vitré au travers duquel on peut surveiller Féclosion des o'uls ; en / se l'ait le courant d'air nécessaire pour l'aéralion; en 0, ou introduit l'eau chaude; R est le robinet qui sert à l'écoulement des eaux retroidies ; T f soiil les liroiis dans lesquels on place les œufs. Dans l'ancien temps, une mère arlificielle consistait en une peau d'agneau FiG, A. — Coupe générale de l'éleveuse Descliamps. tannée, à laquelle on avait laissé sa laine, cl qui était clouée sur un cadre de .bois formant le carré. Quatre pieds d'inégale hauteur, ceux de devant élanl 880, SOCIÉTÉ IMI'ÉHIALE Z()(il.O(iinUE d'aGCLIMATATION. plus devés que ceux de clemère, soulenaieiit l'appareil el lui faisaioii jouer le rôle (le la poule éleveuse. Ou plaçait généralemenl cette espèce tic maison sur uue boîte de même dimension cl garnie à Pintérieur d'une j)la(iuc de tôle permettant, par des trous intiniment petits, l'arrivée de la clialcui- con- tenue dans des briques cliaufTéeset placées au-dessous. M. Deschamps a fait mieux. lia annexé à la couveuse une éleveuse représen- tée par les figures 4 et 5, el dont voici la description. Le couvercle treillages l'iG. 5.^ Coupe intérieure de l'éleveuse itescliamps. enipècheles élèves desortir. EnC est la fourrure quiimilele ventred'une mère el qui réchauffe les petits ; D est un siphon dans lequel les poussins viennent boire ; en E est une coulisse qui i)crmel de laisser sortir les poussins ; En F est la chaudière qu'on emplit d'eau bouillante ; en 0 se fait l'introduction de cette eau, et eu 0' on pratique l'écoHlcment des eaux refroidies. Nous pouvons assurer que M. Deschanips a obtenu d'excellents résultats de son a])pareil. Il a fait éclorc et a i)u élever notanimcnt des Colins, dont la niortahté n'a jamais atteint plus de 7 p. 100. Les œufs de poule vienncul très-bien, et jamais M. Deschamps n'a eu à déplorer la disparition instan- tanée de toute une couvée, comme cela avait lieu souvent avec les anciennes couveuses, et comme cela se voit encore avec les mères naturelles. Il laui r(!- marquer que la température est toujours maintenue avec une graiule facilité el à un degré toujours égal ; il n'y a pas, il ne peut y avoir de refroidisse- ment brusque. En outre, cet appareil demande des soins moins assidus ; pourvu qu'ils soient réguliers, cela suffit à la marche normale de la couvée, 0UELA\E (le baron de) consul de France à Canton. RENVOI OBJETS DONNÉS. au BULLETIN. 1° ANIMAUX VIVANTS. (i raines de Vers à soie et de plantes servant à la nourriture des Vers. ;V27 Cocons et graine de Vers à soie du Miiriei'. • 360 Ouatre caisses d oiseauv conte- nant : deuv Ho-ky, quatre Trago- pans, huit Faisans vénérés. 'Ibk, à'ôk Trois Faisans vénérés, une paire de Tragopans et trois Puchrasia. Ul Plusieurs espèces de poissons de Chine et de Cochinchine, notam- ment le (îourami. 617 Graines et plants iVE/œococca verniciflua. 617 Sept Colins, deux TLnanious moyens, un grand Tinamou , sept Agoutis et deux Pacas. 662 Un nouveau couple de Pacas. 760 C(tcons vivants de li. Ciinihin. 327, 339 Un Cdililu m.île. 658 Œufs de b. .UyliUu. 663 C raines de Vers ù soie d'Anatolie. 135 Graines de Vers à soie et échan- tillons de cocons el, de soie. (il In Clievi-eau de Formosc. 00 o.'?^ i^*^"'' ''"'*^*' '^'^'" '^* P"-^* 62, 135, 139, 1142. 143, 253, 254. 327, 332, 341 tj; ?"'355, 356, 3o7, 3t;2, 454, 458, 4BI, 4U2, 467, 46;i, 470, 47l', 511,512,514 o23, o2o, 61ti, 659, 663, 665, 667, 76o, SOI, 807, glu, 856, OTO, 2« SÉKJK, T. V. - i»écen)bicl80,s. 55 8S9. SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACGLIMATATIOA. NOMS DES DONATEURS. fiouvcriieuienl dos liuk'S néerlandaises. Consul général de France à Batavia. Direcleiir des Écoles de Yokoska. Baraqcin, au Para. Betz-Penot, à Ulay. Béziek (A.), d Vauréal. Bossi>, à Paris. lÎRiEUREj à Saiiit-Hilaire (le Rie/. r.Ai'ANEMA (de), à Rio-dc- .laneirn. Ghatin, à Paris. DabrYj consul de Fiance en Chine. Deusse (M"^' veuve), à Bordeaux. Diesbach (comte de), à Paris. DrCHESNE-TllOl'REAl' , à Chàtillon-siu--Seine. DlUlKf DE MAISONNEUVE, à Borde ;ui\. Encaiuran, ù Toulon, Flret, missionnaire apos' loliquc au Jaiiou. OBJETS DONNES. 2-^ VEGETAUX. Graines de Cinchonu <:uiis(iijn. Plants de Cinchona. Plants de Quimiuina. Graines et plantes du Japon. Araruta et Ahipa. Spécimens de Maïs des États- Unis. Collection de Blés. Graines de légumes et de plantes potagères chinoises. Ignames de Chine à collet court. Ignames à tubercules courts , lleurs et siliques mûres de Daubeti- tonia Tripetiuna. Vingt barriques de Canne à sucre impériule. Glands de Chène-truffier. Ignames de Kiang-si. Pommes de terre de trois mois, et Blés. Graines d'Avoine du Canada. Dix mille plants de Pin de Riga. Trois cents graines de Cliomm-ops excelsa. Grenades. Graines et plantes du Japon. RENVOI au BULLETIN. 513 668 459 459 870 858,876 665 342 253 858 518, 614 141 460 858 345 459 328 808 459 DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ 883 NOMS DES DONATEURS, GoRKOM (van), à Java. Grandidier (AUr.), à Ma- dagascar. (iKEnAN (A. de), à Paris. Hanburv (D.), en Angle- terre. Heritte, consul au Cap. HuBER(Ch.), à Hyères. Kjîllermann, à Gallardon (Eure-et-Loir). Kreuter (Frdnz),à Vienne I^maistre - Ghabert , à Strasbourg. Luarer, à Villers- sur- Orge. Macedo (de), au Brésil. Martin (le Df G. ),cà Pékin. Martrav (le colonel du), à Versailles. MouRiER (le docteur), à Vokotiania. Mueller (le docteur F. von), à Mell)Ourne. Radigi'et, à Paris. Ramel (P.), à Paris. He.naru, à Paris. Tenre, à Paris. OBJETS DONNÉS. Graines de Cinchona calisuyâ. Graines A'Arecu borbonica. Graines de différentes espèces. Tubercules de.Jalap et plants de vigne [Sultcma grape). Graines de Pin de Galifornie et de Prolea argentea. Graines de divers Ipomœa du Japon. Graines de Myrica cerifera. Mille pieds de Chêne blanc hy- bride d'EscIavonie. Collection de céréales. Quatre-vingt-huit espèces de plantes de l'Himalaya. Deux cents graines de Palmier carnauba. Spécimens de Bambous. Pieds de Sauge du Mexique et de Yerha del Pablo. Blé précoce du Japon (ît Riz de montagne. Graines d'Etica/gtm sidet 'oxylon. Graines d'Australie. Pommes de terre Vêlez. Graines A' Acacia lophni \ta. Graines A'Australian gra .v, Imies •iHHrIaHdaises. Betz-Penut, a Lila), près Nt'iiimirs. Bkiekue, à Saint- Hilaire lie Riez. [V\HH\, Odiisiil (le l'rame cil C.liiiie. iJriiv (Léon), au Japon. GoKKOM (\an), à Ja\a. Lesseps (Eil. lie), ;i Lima. MoMiiLA.NC (le comte Gli. Satsonnia OBJETS DONNES. RENVOI au BULLETIN. lie , a la eoiir soiivci'aine île MmitiEii (le iloel.eur), à Yokithaina. Noi iuiu;ai, a LiuM'I. PcuEir.A, .1 Bogota. Graines iXOreod(jj:a re de poudre .japonaise contre, les maladies des Vers à soie. Tableau de sériciculture, traduit en espagnol. Spécimens de di^crs végétaux utiles. 763 616 858 861 459 51 o li6'l, 876 459 254 460 467 858 454 357-358 665 8(^0 511 INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MKNTTONNES DANS CF. VOLUME. Ahfille, 8C8. '178-480, r)f)8-5(i(), 680- 682. 697-698, 778. Acipcii^cr Dnbnjatiiis, 619. Aigle royal, r)73. Alpaca, XXXV, 363-366. Ane, 558. Anguillo, 633. Animaux, lxiv-lxxxi, 6-7, 65-70. 82- 89. 113-120, 367-368, 473-575, 545-578,690-703,764-766,773- 779. Aptéryx, 536-537, Ara militaire, 563. Argus, 517, 721-723, 800. Alfacus auroto, 568. Auiorh?. Voy. Bison dEurope. Autruche, xxxvii-xxxix, 103-1 09. 639- 645, 776. Axolotl, 515-516. Bagrc, 567-568. Bassaride, 571-572. Bécassine, 566-567. Bison d Europe, 145-146,255. Brpuf, 8, 65-66, 255, 548-552, 606, 693-694, Bombyx cynthia. Voy. Vers à soie de l'Ailante. — Mon'. Voy. Vers à soie du Mûrier. — Myliftii, 650-652,663,857-858, 865. — Ynnni-mn'i. Voy. Vers :i soie du chêne du .lapon. Brochet, 738-742. Buse, 573. Canard, 252, 560, 567, 626-627,628, 78'i.786. — taiiorne. 648-649. Canna, 517. Cantharides. 568. Caracara, 562. Cardinal. 563. Cariama, 659. Casoar, 614, 682-688. Céréopse, 501-503. Cerf de Virginie, 56tt-561 . Ohanieau. 697 l'Chat. 531-532, 545. Cheval, xxxvi-xxxvn, 65.254,553-557, ; 696. Chèvre, 60, 552-553, 697. — d'Angora, xxxv-xxxvi, lo, 658. 764. — de Cachemire, 3'44-34â. Chien. 545-547, 690, 811-820, 8;i2. Cochenille, 568. Colin boréal, 565-566. — de Californie, 877-880. Colombe de la (Jnroline, 5(i.i. Coq de bruyère, 701-702. ' ' Corail, 532-533. Coralliaires, 332-334. Corbeau /iy»^', 523-524, 573. 761-762. Couguar, 570. Couleuvre, 590. CroMopti/o» Droin/iiii, 'i.'>9. Crotale, 574-57.'j. Crustacés, 70. Cyclure pectine, 5C7. Cvgne, 11-12, 781-784. Dindon, 559-560, 625, 73,3-734. Droiuée. Vov. Casoar. Faisans, 268-274, 517,632,677-678. 679-680, 704-737. Fera, 337-338. Fourmi, 569, 576-577. CalJinacés, 485-500, 625-629, 679- 680. 870-871, 877-880. (;. cko, 590. (i.linotte, 701-702, (Jenette, 606-607. Couranii, 352-353,591-592 617,659 856-857. Gros-bec bleu, 563-564. — fiouipre, 564-565. Grue du Canada, 566. Ibinneton, 523-524, 607-609. Huitre, 355, 477, 537, 569. Insectes, 69-70, 568-569, 575 ri77. 663-6(i5, 800, 876. aseur des cèdres, 56V Lama, \x\v, 363-366. Lapin, 56(1, 862. Léporide. 525-52 7. 886 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'AGCLIMATATION. Lièvre, 560, Lophopliore, 369-37C. Loup, 570-571. Lynx bai, 570. Mammifères, 580-587, 622,764-765, 773-776. Martin, 259-263, 343-344, 359-360, 631,646. — pèclieur, 574. Mésange, 870. Ministre, 565. Moineau, 511, 609-61'l, 631, 762. — pape, 565. Mollusques, 475 478, 569. Monàl, 677-678, 716-717. Moqueur, 563. Moule, 353-355. Monloa, 8-10, 66,363-364,453-454, 481 -484, 516-51 7, 552, 623, 694- 696,800-801,833-839. — chinois (ti-yang), 142, 324-326, 337,349-351, 606, 801, 876. — Romanow, 324. — duThibet, 344. Mule, 470-471, 558. Murruij Cod. Voy. O/ii/orus Macc/un- riensis. Mygale a-viculaire, 575. Oie, 560,567,626, 781-784. Oiseaux, xxxix-xlim, 144, 562-567, 573-574, 625-632, 677-678, 679- 680, 760, 764, 765, 776-778. — acridipliages, 257-267. — insectivores, 326-327, 358-359, 523-524, 861 . — mouches, 564. Oligorus i\lavqnnriensis, 13-16, 778, 863. Pécari à collier, 561-562. Pélican, 574. Perdrix, 662. — rouge, 704. Perruche ondulée, 377-380. Phoque, 766. Pic, 573-574. Pic-vert, 524. Pigeon, 559, 629» Poissons, xi.iii-xLix, 69, 275-290, 354- 355, 465-466,514-515,567-568, 617-619, 620, 032-635,698-699, 764,765,778,807-808,820-826, 840-850, 857, 862, 871-875. Porc, 10, 548, 696-697. Poule, 60-61. 351-352, 467, 472, 485-500, '558-559, 625,628,648, 661 -062, 870-871 ,• 877-880. — d eau, 628, 649. Puceron, 511. Uat, 572-573. Renard tricolore, 571 . Renne, 690,697. Saiga, 533-534. Sangsue, 569. ' Sarcelle d'été, 649. Sarigue, 573. Saumon, 276-288, 465, 021, 705, 778, SOI, 807-808, 862. Sauterelle, 257-267,631,762. Scorpion, 575. Serpent, 659. Souris, 572-573, 590. Spongiaires, 332-334. Tarin de Colombie, 565. Tatou. 562. Tétras, 454. Tortue, 147-166, 587-590. Tourterelle, 252, 629. Troupiales, 564, 574. Truite, 277-288, 466, 778, 808. Urubu, "562. Vers à soie, xlix-lh, 61-62, 64, 67-68, 361-362, 45.5-458, 511,665,766, 778-779, 826-827, 853, 860. — delAilante, 174-191,341-342, 765-766, 778. — du chêne du .lapon ou Bombyx Yama-mdi, 652-653, 663, 864. — du Mûrier, 17-47, 167-173,291- 301, 360, 453, 663, 697, 865- 866. Vigogne, 364-366. Volatiles, 485-500, 544. Yak, xxxiv-xxxv, 337, 460, 510, 660 661, 760, 801. 41 •#■ ÏNDKX ALPHAbl^:riUU^: DES VEGETAUX MENTIONNES DANS CE VOLUME Abricotiei', 875. Acacw, 329. — ttcummatn,ii2()-(}'2i . — cyanophylln , 802. — luphùnta , 139, \'ik, U21, 803, 800. — omalophyllii, 1^3-144, 021, Ahifn, 870. Ambre, 826. Aranda, 870. Araucaria e.rcplsn, 020. Arbre à cire, 339-3^1. Arbres lorestiers, 70-82, 13C-139, 50/i-ô06, 507-509, 787-789,870. A reçu. Voy. Pahiiistu. Arnica montana, 469. Amirac/ia rsculeuta, 469, 528-530. A\oine, 64, 798. — flu Canada, 345-347. — lie Sibérie, 63, 345-347, 798. H.iiiibou, 62-63, -139, 229-230, 357- 358, 458, 611,615-616,669-670, 810, 861. Betterave, 797. Blé d'Espagne, 875. — précoce du .lapon, 514, 522,523, 665-666. Café, 832, Cjatnlmijan, 522. Camellia, 452. Canne à sucre 671, 762,803-805 Cèdre, 136. CeratoinH si/iqua, 613. Céréales, 789-795, 798-799. Chamœrops fixce/sa, 328, 802, 868 — hum/lis, 868. Cbanvre, 537-538, 790. Cbène, 136-137, 650-651, — blanc d'Esclavonie, 459. — à glands doux, 330-332. — tniflier, 141. Cliicurée, 234. Cbuu, 235-236. — navet de Cliiue, 752-754. — de Scliang-ton, 755-759. Cinchotm, Voy. Quinquina. impi-ria/e, 518, 614. 832. Cognassier, 650. Coton, 460-461, 623-624, 796-797, 828. Crocus. Voy. Safran. Dattier, 620, 867-868. Drncii'ii/i hrnziliensis, 468. Ela'ococrii nerniciflua , 617, 664. Eiiculyplns ylobulus, 48-51, 138-139. 611, 621, 654-657, 809, 866. — oleosa, 621. EToyonium puryn. Voy. .lalap. Flamboyant, 510-51 1 . Fleui'S, 70-72. Cremidier, 253, 458, 672, 769-771, 860-861, 875. Héinérocalle, 255. Houblon, 688, 767-768. Igname, 234, 347-348. 'i60,463-'4Gr), 857, 858. Indigotier, 831. Ipomée, 356, 458. .lalap, 327-328, 766-767, 827 S28. Jiitropliu yoss'ypif(i//a, 456-458. SO'i, 866," Jubœa spcctabilis, 355-356. Laurier, 328. Lanrus cainphoru^ 356. Lcpidospermum lœviyatiuii^ 380. Lin, 537-538, 796. Maïs, xxvn-xxxui, 73, 228, 236, 302- 313,342,462-463, 469, 858-859, 861, 876. — Carayun, 805-807. Mcliileuca. cricifolia, 330. Mi'scmlirydiithoimm tpyeiis ^ 329. Miiriuyu pieryyospmna, 861. Moutarde, 859. Mûrier, 21--47, 143, 468, 659. Myrira ccr/fcra, 339-3^1. Olivier, 624. Oranger de Bahia, 672, 859. Ortie de Chine, 830-831. l'alniier, 612, 867-86S. — can/auba, 522. — clianvre, 328. I*ahnist(! blanc, 140. louge, 140. Pavot à opium, 538. . 888 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIOUE DACCLIMATATION. Pêcht^rdeTiilIins, 230. Pé-lsai, 755. Phorinium tenn.r^ 866-HC7. Pins, 139, (il l-(ii'2, S7(5, — (If Ciililoniic, 520, 522. Pinus pinea, 520, Plantes d'ornement, 225-228. — industrielles, 229-230, 79(j. — iilinieiiliiircs, 230-230, 795. Pois, 236. Pomme de ti'rre, 234-235, 253. 7'i3- 751, 797,861. — Vek'z, 667, 868-869. Prutea argentcu, 520-521 . Quinquina, 52-59, 121-134, 135,237- 250, 253, 3U-322, 329, 356, 381-446, 459,512-513,518-520, 593-605, 638, 660, 671, 809, 832. Radi s, 236. P.ii'iii, 779. Safran, 254-255. Salade ehinoise, 754-755. Saiij^e du Mexique, 858. Strelitzed rrginai, 468. Tabae, 334-335,348, 797, 828. Thé. 192-224, 328, 359, 452-453, 598-605, 768, 831-832. Trulle, 141-142,673-677. l'rtka nivea. Voy. Ortie de Chiu(^ Végétaux, Lui-Lix, 70-73, 90-102, 112-120, 225-236, 360-362, 367- 368, 473-475, 538, 579-580, 613-615, 622,635-638, 829-832, 851-854, 857, 866-868, 875. ViRiie, 230-234, 534-536, 612-613, 668-669, 779, 797-798. — de Tokay, 447-451, 528. 622. Yerha del Pablo, 858. Znmin miirirnta. 468, TABLE ALPHABfiTlOUE DES AUTEURS MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Alecsandri (le colonel). UcsiiiiK' do l;i notice statistique sur lis pi-oduits de \:\ Hoiimanic, 65. Vrnai, (le père), missioiuiaire. Notice sur la province de Moù-Pin^ (Thi- hct), 473. lÎARBiÉ DL Bocage. Rapport sur j'exploi iMlion des forets, 507. Uarral (Georges). Couveusc-élevcuse artificielle Desclianips, sans feu, 877. Beaiffort (comte !.. de). Note sur l'é- lève de quelques nouvelles espècesde Faisans, 268. Hlack (Th.). Progrès de l'acclimatatiou en Australie, 772. Bi.axcuère (H. de la). Etablissement de pisciculture de Cadillac-sur-Garonue, 840. Bi.yTu (E.). Del élève du .Vlonàl. etc., en Angleterre, 677. — Acclimatation de Faisans en Angle- terre, 704. BossiN. Plantation des pommes de teire en février. — Rapport sur la culture de trois plantes iiotagères cliinoises, 743. BoriiJ-OD. Reproduction du Canard ta- dorne, de la Sarcelle d'été et de la Poule d'eau, 648. r.uuRAKOFF (P. de). Production animale et végétale en Riissie, 689, 787. |{i RF.N (Alltert de). Acclimatation de plantes dans le .lura, 82!). Chevreuse (le docteur E.). Essais de pis culture dans les Vosges, 824. Ci.OEZ. Examen chimique des Iciiilles A' EucdlUplus ijliihuliis, 65 'i. Crftïé de Pai.uei. (A.). Ménmire sur les Oiseaux acridipliages i>u man- geurs de Sauterelles, 257. D^Biiv (P.). Note sur le transport des tionramis. 5!t1 . Dei.ondre (Aug.) et .1. L. Soubfirw. Introduction et acclimatation desCin- elionas dans les hules néerlandaises et dans les Indes britanniques, 52, 121, 237, 314, 381. — Mollusques comestibles de la mer Adriatique sur les côtes d'Istrie, de Trieste, de la Dalmatie, et dans les lagunes de Venise, 475. — L'Apiculture en Sibérie, 478. — Des races de Chats domestiques. 531. — Pèche du Corail en Italie, 532. — Le Saiga, 533. — Culture de la vigne et produclion du vin en Italie, 534. — Incubation de lApteryx, 536. — Pèchu'ie de co(|uilles perlières efi Australie, 537. — Production du lin et dn cttauvre eu Italie, 537. — Culture de l'Opinm dans l'État de Victoria, 538. — Végétaux cultivés dans l'Étal de Oneeusiand. 538. — Agriculture en Hongrie, 622. — Lavage des moutons, 623. — Production du coton l'ii llalie , 623. — Production de l'huile en Italie, 624 . — Production ihi miel et de la cii i en llalie, 680. — Élevage et acclimatation du Gasoar ou Droniee d'Australie, eu Angb'- ierre, 682. — Cultiu-e du houblon dans l'État de Victoria, 6SS, 767. — Naissance d'un Phoque au .lardin zoologiqne de Londres, 766. — Culture dn .lalap, 766. — Culture du Thé dans les rinuiK Neilgherries, 768. 890 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Delondre (Aug.). Variations des ani- maux et des végétaux par la domes- tication. — Le'ciiien, 811, 832. ■ — Les pèclieries de Comaccliio l'èrlie du poi.sson et pisciculture (n Italie, 820. — Production de l'ambre, 82G. • — Production de la soie en Syrie, 826, — Culture du .lalap à Ootacaniund, 827. — Tal)ac de Turquie à Natal, 828. — Coton du Cap de Bonne-Espérance, 828. — Jardin botanique de Brisbane (Aus- tralie), 830. DftoiiyN de Lhuys. Discour? d'on\or- ture de la séance publique du 21 lévrier 1868, xxvif. liiJGÈs (Alfred). Aperçu général sur la P^'aune de Guanajuato, bà^. Di'RY (Léon). Note sur les produits animaux et végétaux exportés du .lapon, 366. Fi.EiiRY (V.). Produits comparés des taillis et des futaies, 50/1. (lEi.oT (Ant.). État actuel de la sérici- culture dans l'Amérique du Snd, 167, 291. Geoffroy Saint-Hilaike (A.). Rapport présenté à l'Assemblée ordinaire des actioimaires tin .lardin d'acclimata- tion, du 30 avril! 868, 539. Cervais (Paul). Aperçu général sur les anciennes populations du globe, i.xiv. (iiVELET (Henri). De l'influence du sol sur le Bombyx Cyidhia, \lli. Hardy (A.). État de la domestication de l'Autrucbe au .Tardin d'acclima- tation d'Alger, 103. — Note sur la culture du Quinquina en Algérie, 593. IssAKOFF (Micliel). LAurocbs ou Bison d'Europe, 1 i5. .Iduanet (Henri). De la moulure et de l'emploi duMa'is, 302. Khérédine (S. Exe. le général), Culture de végétaux à Tunis, 851 . Loarer (Ed.) L'Himalaya, ses produc- tions naturelles; cidture du Thé dans l'Inde, 74, 192. Maumenet. Rapport sur des éducations deii. mylttiu (1867-1868) et Yama- mài (1868), 650. NoAiLLES (le marquis de). Les Abeilles en Pologne, 368. Passy (A.). Note sur larécolte des Truf- fes dans le département delà llaute- Marue, 673. PissoT. Sur les produits obtenus de raccouplemeut d'un Cygne noir mâle avec un Cygne blanc femelle, 11. Pomme. Éducation du Lopliophore resplendissant en France, 369. Pré de Saint-Mai'r (.Iules du). Note sur le troupeau d'Arbal, 481. OiiHOii. Rapport sur les principales cultures faites en 1867, au Jardin d'Acclimatation du bois de Boulo- gne, 225. Ramel (P.). Sur le Murray Cod Fisli, 13. Richard (du Cantal). Acclimalalinn et domestication des animauv utiles, par Isidore Geoffroy Suiitt-Hiffiirc, 1 . Rivière (A.) Note sur l'éducation des Autrucbes en Algérie, 639. Roger (Edgar). Reproductions de Cé- réopscs, 501. Sauv.^don. Note sur IcBrocbet, 738. Séré (docteur de). Rapport sur l'éta- blissement d'Huningue, 275. SniMiDZEi' KnzAÏMON. FJtudc complète de l'éducation des Vers à soie (ti>a- duit du japonais par M. le docteur P. Mourier), 17. Su^ARD (le docteur Ad.). Sur l'intro- duction de VEurahjptas (IIoIjuIus ei les produits chimiques ci industriels qu'on peut obtenir de ses feuilles, 48. SiLVA CoNTiXHO (J . M. da). Sur les Tor- tues de l'Amazone (traduit du por- tugais par J«^. Delondre), 147. Simon (G. Eug.). L'agiieidture dans l'empire chinois, 110. SocBEiHAN (J. L.). Rapport sur les tra- vaux de la Société pendant l'année 1867, XXXIV. — Procès-verbaux des séances géné- rales de la Société, XV, 60,135, 251, 323, 336, 349, 4^.2, 466, 510, 517, 606, 855, 862. — et Aug. Delondre. Introduction et acclimatation des Ciucbouas dans les Indes ueerlandiiises et dans les In- des britanniques, 52, 121, 237, 314, 381. TABLE DES AUTEURS. 891 SuUBEiRAN (.1. L.) Kapporl sur hi cul (iirf (If C(''i)a<>cs (le Tokay, 4'47. — Rapi)oi'f sur des Grciiudcs prove- nant des cultures de M. Engaiuraii, à Toulon, 7G9. TouciiARD (Arthur). Note sur les l'er- ruclies ondulées, 377. ViEMNOT (T. C). L'acclimatation en Australie en 1867, 764. ViNSON (docteur Auj;.). De l'accliinala- liOM à l'île de la Uéunion,579, 625. Wagner (L. de). Elève du bétail en Hongrie, 8, 833. Wallut (Gh.). Rapport au nom de la Commission des récompenses, lxxxii. — Pi'oc(''s-verl»aux des séances du Con- seil de la Société, 658, 659, 760, 800, 807. Wu;kevoort Crommelin (J. P. van). Hybrides d'A»ser et de Cycnus et de diverses espèces de Canards, 781. TABLE DES MATIERES. DOUZIÈME SÉANCE PUDIJQUE ANNUELLE HK LA SOCIKTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE H'AGCLIMATATION. Procès- verbal do la ilouziènif séance puUliquc aiiiiiicllc , tcniu' le 21 iV'vricr 1868, à l'Iiôtei de ville xv Prix extraitrdiiiaires encore à décerner wii Prix fondés par icu M. Aguox de Gekmigxy wii Prix perpétuel fondé par M""" Guérineau, née Delalande wn Prix fondé par M. L. Althammer, d'Arco (Tvrol) xxi Prix fondé par Son Exe. M. Droiv.n de Lnivs \xiii Prix fondé par M. Fr.'déric .lACçrEMAin xxi\ MAI. DnouYN DE LniiYs. — Discours d'ouNertnre xxvii J. L. SouBEiRAX. — Rapport sur les traxaux de la Société jiendanl l'année 1867 xxxiv Paul Gervais. — Aperçu .général sur les anciennes populations (In iilobe I XIV Cn. Wai.u't. — Rapport an nom de la Commission îles récom- penses ixwu DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIÉTÉ. Oi'o:anisatiou pour l'année 1868 v l.i-tc des Sociétés affiliées et affrétées à la Société impériale d'ac- climatation viii Treizième liste supplémentaire des membres de la Société xi GÉNÉRALITÉS. Hi( iURi) (dn Cantal). — Acclimatation et domestication dc^ animaux utiles, par Isidore Groffroi/ Sninl-Uilm'rr | t'olonel Ai.EcsANDRi. — Résumé de la notice statistique sur les prnduits de la Roumanie , ôf) Ed. LdARER. — L'Himalaya, ses productions naturelles 74 et 192 A. (iEOFFROv Saint-Hii.aire. — Rapport présenté à l'assemblée ordinaire des actionnaires du Jardin d'acclimatation, du 30 avril 1868 .'j39 Le docteur Ans. Yinson. — De l'Acclimatation a lile de la Réunion . 579 et 62.'j P. de Boi'RAKOFF. — Production animale et vc^relale en Rns>;ie . . 089 et 787 ïh, Black — Progrès de l'acclimatation en \ustralie . . . . 772 * ^ TABLE DES MATIÈRES. , 893 MAMMIFÈRES. L. i)K Wagner. — Élève du bétail en Hongrie 8 et S'i'ô Miclicl IssAKoir. — L'Aurochs ou Bison d'Europe Ho .1. du Phé de Saini-Maur. — Note sur le troupeau d'Arbal. .... .... 481 Allred Dugès. — Aperçu général sur la Faune de Guanajuato 545 --■■ , ., .'-■.. OISEAUX. - ■ ' "^* PissoT. — Sur les produits obtenus de raccouplenicul d'un Cygne noir niàle avec un Cygne blanc l'enielle il A. Hardy. — Élat de la domestication de l'Autrucbe au Jardin d'Acclinia- tatiou d'Alger 1 03 A . Cretté de Palluel. — Mémoire sur les Oiseaux acridipliages ou man- geurs de Sauterelles '257 Comte L. de Beaufforï. — Notes sur l'élève de quelques nouvelles espèces de Faisans 268 Pomme. — Education du Lophophore resplendissant en France 369 Artluu' Toi;cnARD. — Note sur les Perruches ondulées 377 Exposition de volatiles au Jardin d'acclimatation. — Distribution des prix 485 Edgar Roger. — Reproductions de Céréopses 501 A. Rivière. — Note sur l'éducation des Autruches en Algérie 631) BouiLLOD. — Reproduction du Canard tadorne, de la Sarcelle d'été et de la Poule d'eau 648 K. Ri.\rH. — Acclimatation de Faisans en Angleterre 704 J. P. van WiGKEVOORT CuoMMELiN. — Hybridcs d'Ansef et de Cycnus et de diverses espèces de Canards , 781 POISSONS, CRU.STACÉS, ANNÉLIDES ET ZOOPHYTES. P. Ramel. — Sur le Murray Cou Fish 13 J. M. (la SiLVA CouTiNHO. — Sur les Tortues de l'Amazone (traduit du por- tugais par Aug. Dclondré) 147 Docteur de Séré. — Rapport sur l'établissement d'Huningue 275 P. Dabry. — Note sur le transport des Gouramis 591 Salvadon. — Note sur le Brochet 738 H. lie la Blaxchere. — Etablissement de pisciculture de Gadillac-sur-Ga- lonnc 840 INSECTES. '"' " Shimidzeu KixzAiMuN. — Etudc complète de l'éducation des Vers à soie (traduit du japonais par M. le docteur P. Mowier) 17 I 89A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLLMÂTATION. Aiit. Gelot. — Etat actuel de la séi'iciculture dans l'Amérique du Sud 167 el 291 Henri Givelet. — De l'iufluence du sol sur le Bombyx Cynllnn ilk MAVMEfiET. — Rapport sur des éducations de B. Myiitta (1867-1868) et ■ Ymna-maï (1868) 650 VÉGÉTAUX. Docleiir y\d. Sicard. — Sur l'introduction de V Eucalyptus g/oOulus et les produits chimiques et industriels qu'on peut obtenir de ses l'euilles 48 J. L. SouBEiRAN et Aug. Delondre. — Introduction et acclimatation des Ginclionas dans les Indes néerlandaises et dans les Indes britanni- ques 52, 121, 237, Mh et 381 G. Eug. Simon. — L'agriculture dans l'empire diinois 110 Ed. LoARER. — L'Himalaya, ses productions naturelles ; culture du Thé dans l'Inde 192 QuiHOU. — Rapport sur les principales cultures faites en 1867, au Jar- din d'acclimatation du bois de Boulogne 225 Henri Johanet. — De la mouture et de l'emploi du Maïs 302 J. L. Soi!BEiRAN. — Rapport sur la culture de cépages de Tokay fili7 V. Fleiiry. — Produits comparés des taillis et des futaies 50^ BAftBiÉ du Bocage. — Rapport sur l'exploitation des forêts 507 Hakdy. — Note sur la culture du Quinquina en Algérie 593 Cloez. — Examen chimique des feuilles A' Eucalyptus globulus . 654 BossiN. — Plantation des Ponnnes de terre en février. — Rapport sur la culture de trois plantes potagères chinoises 743 J. L. Soi'BEiHAN. — Rapport sur des Grenades provenant des cultures de M. Eugaurran, à Toulon 769 S. Exe. M. le général Khérédine. — Culture de végétaux à Tunis 851 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX, Procès-verbaux des séances générales de la Société. Séance du 10 janvier, p. 60. — Séance du 24 janvier, p. 135. — Séaucedu 7 février, p. 251. — Séance du 6 mars, p. 323. — Séance du 20 mars, p. 336. — Séance du 3 avril, p. 349. — Séance du 17 avril, f). 452. — Séance du 1*'' mai, p. 466. — Séance du 15 mai, p. 510. — Séance du 29 mai, p. 517. — Séance du 12 juin, p. 606. — Séaucedu 4 décembre, p. 855. — Séance du 18 décembre, p. 862. Procès -verbaux des séances du Conseil. Séance du 3 juillet, p. 658. — Séance du 28 août, p. 659. — Séance du 26 septembre, p. 760. — Séance du 30 octobre, p. 800. — Séance du 20 lutvembre, p. 807. ' . • TABLE DES MATIÈRES. 895 CHRONIQUE. Extrait (lu The Standard and River Plate news. Une iiouvell.' industrie dans V la rivière de la Plata >^63 Léon DuRY.Note sur les produits animaux et végétaux exportés du Japon. 366 Marquis de Noailles. Les Abeilles en Pologne 368 LcpèrcARNAL, missionnaire. Notice sur la province de Moii-Ping(Thibet). 473 A. Aug. Delondre. Mollusques comestibles de la mer Adriatique sur les côtes dlstrie, de Trieste, de la Dalmatie et dans les lagunes de Venise *'^ Le même. L'Apiculture en Sibérie ^"^^ Le même. Des races de Chats domestiques 531 Le même. Pêche du Corail en llalie 532 Le même. Le Saiga •■ 533 Le même. Culture de la Vigne et production du vin en Italie 534 Le même. Incubation de l'Aptéryx 536 Le même. Pêcherie de Coquilles perlièrcs eu xVustralie 537 Le même. Production du Lin et du Chanvre en Italie. 537 Le même. Cultnre de l'Opium dans l'Etat de Victoria 538 Le même. Végétaux cultivés dans l'Etat de Queensland 538 Le même. Agriculture en Hongrie tj-^ Le même. Lavage des Moutons t)2o Le même. Production du Coton en Italie N. A. Aug. Delondre. Production de 1 Ambre vit'-». . . 4 .-. . . . 82 (i Le même. Production de la Soie en Syrie 826 Le même. Culture du Jalap à Ootacamuud 827 Le même. Tabac de Turquie à Natal 828 Le même. Coton du cap de Bonne-Espérance 828 Albert de Buben. Acclimatation de plantes dans le Jura 829 A. Aug. Delu>dre. Jardin botanique de Brisbane (Australie) 830 Georges Bakral. Couveuse-éleveuse artificielle Deschamps, sans l'eu.. .. 877 Erratum 256 Etat des dons faits à la Société impériale d'acclimatation 881 Index alphabétique des animaux mentionnés dans ce volmne 88.'» Index alphabéli(|ue des \é;,a'tau.\ mentionnés dans ce volume 887 Fable alphabétique des auteurs mentionnés dans ce volume 889 t 1 I> DE LA lABLE DES MATIERE». 4 ■ ■ • ■ «.* Paris, — Ini|iiiiiierie de E. Martinet, rue Mignon, New York Botanical Garden Librar n 3 5185 00259 9346 sli' -Sj i'? &i '%«!