'■m.- ^ jrr.^--^- Xi^^^^^s %^ j"- ^ '•. / ^^^^!^pi *^^P^'- "^^'hM^é^^ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ^. OE FftANOE I 11^ 't. /o I2n 'mprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris i' , ». : BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Fondée le 10 février 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 26 FÉVRIER 1855 3« SÉRIE — TOIVI [E X 'NÉE SOGJ LILLE, 1883 TRENTIÈME AN AU PARIS SIÈGE DE LA HÔTEL LAURAGUAIS, RUE DE ÉTÉ 19 1883 1 I ' r r SOCIETE NATIONALE D'AGCLIMATATION I>E FFIAIXOE ■ ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1883 Conseil. — Délégués. — ilniiimissinns. — Bureaux des Seclions. CONSEIL D'ADMINISTRATIOiN POUR 1888 BUFtEA.TJ Président. MM. H. BOULEY (C. ^), Membre de l'Instilut (Académie des sciences) et de l'Académie de médecine, professeur au Muséum d'his- toire naturelle, inspecteur général des Écoles vétérinaires. Vice-présidents. MM. Ernest COSSON(0. ^), membre de rinstitut(Académie des sciences), ancien conseiller général, membre du conseil d'administration de la Société botanique de France. Le comte d'ÉPRÉMESNlL (^), propriétaire. De QUATREKAGES (C. *), membre de l'Institut (Académie des sciences), professeur au Muséum d'histoire naturelle. Le marquis de SINÉTY, propriétaire. Secrétaire général. M. Albert GEOFFROY SAL\T-HILAIRE (^), directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne. Secrétaires. MM. E. DUPIN (^), Secrétaire pour l'intérieur, ancien inspecteur des chemins de fer. ç;^ Maurice GIRARD, Secrétaire du Conseil, docteur es sciences, g C. RAVERET-WATTEL {Q A.), Secrétaire des séances, sous-chef de bureau au ministère de la guerre. <^ P.-L.-II. FLURY-HÉRARD (^), Secrétaire pour l'étranger, banquier """ du corps dipiomaliqne. Ou VI SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATA.TION, Trésorier. M. Saint-Yves MÉNARD, sous-direcleur du Jardin zoologique d'Accli matation du Bois de Boulogne, professeur à l'École centrale es arts et manufactures. ïîSftjj Archiviste-bibliothécaire. M. Amédée BERTHOULE, avocat, docteur en droit. IVIEINIBFIES OU OONSEIL. MM. Camille DARESTE, docteur es sciences et en médecine, directeur du laboratoire de tératologie à l'École pratique des hautes études. Aimé DUFORT (^ A.), directeur des domaines. Alfr. GRANDIDIER (^), voyageur naturaliste. Henri LABARRAQUE (^), docteur en médecine, propriétaire. Alph. LA VALLÉE (0.^), membre de la Société nationale d'agri- culture'de France, président de la Société nationale et cen- trale d'horticulture de France. Edouard MÈNE (^), docteur en médecine, médecin de la maison de santé de Saint- Jean-de-Itieu. A. MILNE EDWARDS (^), membre de l'Institut (Académie des sciences, professeur au Muséum d'histoire naturelle. P. -A. PICHOT, directeur de la Revue britannique. Edgar ROGER, conseiller référendaire à la Cour des comptes. Le marquis de SELVE (^), propriétaire. Léon VAILLANT (^), professeur au Muséum d'histoire naturelle. Henry de VILMORIN (^), ancien membre du tribunal de commerce de la Seine. Vice-présidents honoraires. MM. le prince Marc de BEAUVAU (0. ^), propriétaire, ancien con- seiller général. RICHARD (du Cantal), ancien représentant du peuple, propriétaire. Membres honoraires du Conseil. MM. Fréd. JACQUEMART (^), manufacturier, membre de la Société nationale d'agriculture de France. De RUFZ de LAVISON (0. ^), membre de l'Académie de méde- cine. Agent général. M. Jules GRISARD {U A.), gérant des publications de la Société. ORGANISATION. Y|[ OËLËGUËS DU CONSEIL EN FRANCE Boîilogne-s.-M ,MM.Carnier-Adam. Douai, L. Maurice. Le Havre, Henri Dela- ROCHE. La Roche-sur- Yon, MM. I). Golrdix. Poitiers, Malapert père Saint-Quentin, Theillier-Ues- JARD1NS. DELEGUES DU CONSEIL A L'ÉTRANGER Cernay{khm),mi. A. Zurcher. Mexico, Ghassin. Milan, Gh. Brot. New-Orleans, Ed. Sillan. Odessa, P. de BouRakoff. Pesth (Hongrie), Ladislas DE Wagner. Québec, MM. Henry Joly de ïiOT- BIN1ÈRE. Rio-Janeiro, De Gapanë.ma Téhéran, Tholozan. Wesserling, Gros-Hartmann. COMMISSION DE PUBLICATION MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit. D' E. GossoN, Vice-Président. E. DuPiN, Secrétaire pour l'intérieur. Maurice Girard, Secrétaire du Conseil. Raveret-Wattel, Secrétaire des séances. Flury-Hérard, Secrétaire pour l'étranger. Saint-Yves Ménard, Trésorier. olctur^Ed' MÈNE, I ^''''^'''' ^^ ^^"^^^^• COMMISSION DES CHEPTELS MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit. Membres pris dans le Conseil. MM. Amedée Berthoule. Maurice Girard. Saint-Yves Ménard. Docteur Ed. Mène, H. de Vilmorin. Membres pris dans la Société. MM. De Barrau de Muratel Xav. Dybowski. Jules Fallou. Jules Gautier. Paillieux. COMMISSION DES FINANCES MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit. MM. Amédée Berthoule. Aimé DuFORT. MM. Eug. DupiN. Saint-Yves Ménard. VIII SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. COMMISSION MÉDICALE MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit. MM. E. Hardy. H. Labarraque. Marais. MM. Edouard 3IÈNE. Saint-Yves Ménard. Léon Vaillant. COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit. Délégués du Conseil. MM. H. Labarraque. Amédée Berthoule MM. Raveret-Wattel. Marquis de Sinéty Délégués des sections. Première section. — Mammifères. — MM Deuxième section. — Oiseaux. — Troisième section. — Poissons, etc. — Quatrième section. — Ins'xtes. — Cinquième section. — Végétaux. — Saint- Yves Ménard. C. Millet. Amédée Berthoule. Jules Fallou. Docteur E. Mène. BUREAUX DES SECTIONS 1'^ Section. — Maniniirèrcs. MM. Geoffroy St-Hilaire, d. du Cons. E. Becroix, président. Saint- Yves Ménard, vice-président. Gautier, secrétaire. Xav. Dybowski, vice-secrétaire. Z^ Section. — Oiseaux. MM. Edgar Roger, dél. du Conseil. C. Millet, président. Baron d'Avène, vice-président. Sturne, secrétaire. Vicomte d'Esteri)o, vice- secrétaire. 5*^ Section. 3'^ Section. — Poissons, ete» MM. L. Vaillant, délégué du Conseil et président. DeBarrau de Muratel ,vice-président. Banmeyer, secrétaire. L. Vidal, vice-secrétaire. 4* Section. — Insectes. MM. Maurice Girard,delégué du Con- seil et président. Jules Fallou, vice-président. A.-L. Clément, secrétaire. Xav. Dybowski, vice-secrétaire. - végétaux. MM. Alph. LdivaWée, délégué du Conseil Henri de Vilmorin, président. Paillieux, vice-président. Jules Grisard, secrétaire. Jean Dybowski, vice-secrétaire. YINGT-HUITIÊfflE LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES Admissions Jii 19 mai 1882 au 25 mai 1883. ACLOQUE (André), 53, rue de Lisbonne, à Paris. Allard (Jules), 60, rue de Londres, à Paris. Armet de LiSLE, industriel, à Nogent-sur-Marne (Seine). Aron (Henri), U, rue de Grammont, à Paris. Aron (Jules), 90, rue Lafayette, à Paris. Aronssohn (Léon), propriétaire, à Lagny-le-Sec (Oise). Babault de Lépine, à Douvy, près Brézé (Maine-et-Loire). Baillet (V.), 40, rue de Laborde, à Paris. Bailly (Louis-Joseph), chef de bataillon en retraite, 14, rue Charles Laf- fitle, à Neuilly (Seine). Banmeyer, 17, rue de Chateaudun, à Paris. Baré (docteur E.), à Nort (Loire-Inférieure). Barratt (le B. A. A.), Glenwood Thames Ditton, Surrey (Grande-Bre- tagne). Bass (W.-J.-M. de), notaire, à la Haye (Pays-Bas). Beauciiaine (Gustave), à Châlellerault (Vienne). Bellecombe (André de), homme de lettres, 43, rue Jacques Dulud, à Neuilly (Seine). Benoit (^Constant), avoué, 4, avenue de l'Opéra, à Paris. Bernard (Henri), industriel, à Ambert (Puy-de-Dôme). Bertheol, 7, rue de Poitou, à Paris. Bertoni, rédacteur de la Revue scientifique suisse, à Loltigna, Tessin (Suisse). Binet, 40, rue de Prony, à Paris. Blancherais (H. de la), conseiller municipal, à Cannes (Alpes-Maritimes). Blignières (de), homme de lettres, 38, r. de Longchamps, à Neuilly (Seine). Blocmann (Henri), chirurgien-dentiste, 18, rue des Pyramides, à Paris. Blot (Alexandre), tiâ, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine). BoTTEY (Louis), propriétaire, à Charroux (Vienne). Boursier (Charles), aviculteur, à Houdan (Seine-et-Oise). BoYER-ViDAL (J.-B.-A.), à Besse (Puy-de-Dôme). BOYRON (docteur Georges), à Chatelus-Malvaleix (Creuse). Bravard (J. -Alfred), maire de Grandrif (Puy-de-Dôme). Broissia (comte de), au château de Neublanc, par Chaussin (Jura). Brosse (Gustave de la), maire de Messeix (Puy-de-Dôme). Brousset (Pierre), négociant, à Cette (Hérault). X SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. Brun (F.-Eug.), médecin vétérinaire, 9, rue Casimir Périer, à Paris. BUHLER (A.-J.), 30, rue Vignon, à Paris. Cantrelle, propriétaire, 10, rue de la Préfecture, à Beauvais (Oise). Causans (Paul de), au château de Relibert, par Évaux (Creuse). Choppin (Louis), 2, rue Mogador prolongée, à Paris. Clerc (Hugues), inspecteur primaire de la Seine, 39, rue Saint-Ferdi- nand, Paris. COLLiN (A. -F.), juge de paix, à Lussac-les- Châteaux (Vienne). CoLLiNET (Edmond), 53, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Courteille (F.-A.), 37, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine). Dalaut (François), 43, avenue de la Grande-Armée, à Paris. Daux (l'abbé Emmanuel), 47, faubourg Sapiac, à Montauban (Tarn-et Garonne). Danne (comte Léon de), 37, rue des Arènes, à Angers (Maine-et-Loire)- Delaquys (E.), 4, rue Favart, à Paris. Deltour (Paul-Félix), 8, rue Labordère, à Neuilly (Seine). Dequeker (Emile), propriétaire, à Bergues (Nord). Uesmatte (A.), professeur des sciences naturelles au lycée Charlemagne, 13, boulevard Saint-Germain, à Paris. Desprez (Auguste), 265, rue Saint-Honoré, à Paris. Douladoure (J.-L.), directeur générai de la Société la Garantie fédé- rale, 38, rue des Bourdonnais, à Paris. DuBERT (Martial), commissaire-priseur, 20, rue de Grammont, à Paris. DUBUISSON (Eugène), 17, rue de Presbourg, à Paris. DuFOURG (André), au château des Moules, par Villenenve-de-Marsan (Landes). DuFRESNE (Ernest), greffier de la justice de paix, 25, rue Jacques Dulud, à Neuilly (Seine). DuJARDiN (F.), 19, rue du Marché, à Neuilly (Seine). Dl'NAC-Pol, propriétaire, à Tarascon (Ariège). DuVAL, horticulteur, 64, rue du Plessis, à Versailles (Seine-et-Oise). Du VAL (Gh.), au Parc, commune du Hézo, par Theix (Morbihan). Elmore (Georges), au château de la Remonte, au Petit-Courgain, près Saint-Pierre-lez-Calais (Pas-de-Calais). Favre (Philippe), 59, avenue du Houle, à Neuilly (Seine). Feuilloy (Gédéon), à Sénarpont, par Oisemont (Somme). Forest (Jules), 15, rue Marsollier, à Paris, Forestier de Coubert (comte F. -Henri de), au château de laBoisnière, Châteaurenault (Indre-et-Loire). FoKGEOT (E.), marchand grainier, 8, quai de la Mégisserie, à Paris. ■ LISTE SUPPLEMENTAIRE. XI FOURNIER (E.), apiculteur, à Issoire (Puy-de-Dôme). Fuzier-Hermann (Louis), à la Houssière, par Ligueil (Indre-et-Loire). Ganivet (A.), juge de paix, à Douvres-h-Délivrande (Calvados). Gaspard (Félix), notaire, à' Saint-Jean de Bournay (Isère). GÉLiOT (Adrien), propriétaire, à Plainfaing (Vosges). Gennadius, directeur du Jardin dendrologique de l'Etat, à Athènes (Grèce). Gérard (Albert), 8, rue Drouot, à Paris. GouDCHAUX (Edmond), banquier, 52, boulevard Maillot, à Neuilly (Seine). GuiLLET (Lucien), négociant, 9, rue Laftitte, à Paris. Hameau, médecin-inspecteur, à Arcachon (Gironde). Hernoux (Eugène), négociant, 211, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Heughebaert, avocat, à Pecq-lez-Tournai (Belgique). HiRSCH (Isidore), négociant, 59, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine). Hiver (A..), à Crouy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne). .., HuiMIères (F. d'), au château de Couros, par Aurillac (Cantal). JOLY(Ch.), ancien notaire, à Marlins-Engilbert (Nièvre). Kerambrun (Denis), notaire, à Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord). Kern (Edouard), banquier, 7, rue Scribe, à Paris. Labouret, 28, boulevard Haussmann, à Paris. Lamy (David), avoué, 6, boulevard de Strasbourg, à Paris. Laniol (Jean), à Murât (Cantal). Lataste (Fernand), 7, avenue des Gobelins, à Paris. Lecaille (Jules), à Avranches (Manche). Lecomte (Henri), 8, boulevard Saint-Denis, à Paris. Lecoq (Joseph), au château du Hilgny-Plogastel-Saint-Germain (Finistère). Lecoq (Louis-Ch.), fabricant d'horlogerie, 51, rue Turbigo, à Paris. Lecoq (Th. -Auguste), 11, rue Perronnet, à Neuilly (Seine). Legrand (le docteur Jacques), 136, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine)» Lefèvre, (Ch. -Ernest), banquier, 15, rue Cuvier, au Cateau (Nord). Lefèvre (Joseph), 53, avenue de Neuilly, â Neuilly (Seine). Lelubez (Grégoire), constructeur, 59, rue Condorcet, à Paris. Lenglé (Paul), ancien député, 29, rue Jacques Dulud, Neuilly (Seine). Le Pargneux (Albert), propriétaire, au château de Beauregard, près Caen (Calvados). Lessieux (Henri), manufacturier, à Bethel (Ardennes). Letourneur (Bené-A.), 22, rue de l'Église, à Neuilly (Seine). Leudet (Léon), i, rue Ménars, à Paris. Lezaud, premier président honoraire de la Cour d'appel, à Limoges (Haute-Vienne). XII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. LiGNEY (Edouard), 46, boulevard Magenta, à Paris. La Ligue du reboisement de l'Algérie, à Alger (Algérie). LoLiGOis (Antoine), 53, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). LouRADOUR-PoNTEiL (Félix), à la Jugière, commune de Saint-Leomer, canton de la Trimouille (Vienne). LouvENCOURT (.Iules de), négociant, U6, faubourg Saint-Denis, à Paris. Lugand (Marie-Joseph), 3, rue Montrosier, à Neuilly (Seine). Lugrin (François), pisciculteur, 4-6, rue du Ithône, à Genève (Suisse). LUTNANN (Lcopold), 78, rue Monge, à Paris. Mahieux, Caissier à la Société de dépôts et comptes courants, 63, ave- nue de Neuilly, Neuilly (Seine). Maisonneuve (Charles), au Gaudinet, 34, chemin de la Tortière, à Nantes (Loire-Inférieure). Mallassagne (Pierre), 139, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Maquaire (A.), négociant, 5, boulevard de Strasbourg, cà Paris. Marly (Graux), au château des Roches, à Bièvres (Seine-et-Oise). Marronnière (Gustave de la), au château de la Marronnière, par Aizenay (Vendée). Martin (Biaise), 11, rue de la Chaussée, à Nevers (Nièvre). Massias (Gabriel), négociant, 13, rue Vivienne, à Paris. Massurel (Paul), à Roubaix (Nord). Mengin (Maurice), capitaine au 107^ de ligne, à Angoulême (Charente). MÉRAT (Louis), propriétaire, à Vaudes (Aube). MÉTRA (Claude), 22, boulevard d'Inkermann, à Neuilly (Seine). Mollinger (Godefroij, à Godesberg, près Bonn (Allemagne). Mousset (Pierre), 127, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Nouvel (Georges), au château de la Ronce, commune de Fontaine-sous- Jouy (Eure). Ogier d'Ivry (comte), 48, rue Raynouard, à Paris. Ornano (le comte Ludovic d'), au château de la Branchoire, par Joué- lez-Tours (Indre-et-Loire). Parra-Bolivar (le docteur), consul des États-Unis de Venezuela, au Havre (Seine-Inférieure). I'auliau (Louis-André), 9, rue Labordère, à Neuilly (Seine). Pehacca (le comte Mario Hyacinto), via délia Rocca, à Turin (Italie). Perrot (J.), avenue de Déols, à Châteauroux (Indre). Pi.MONT (G. -P. -Laurent), à Vilainville, par Criquetot-d'Esneval (Seine- Inférieure). PiNAUD, négociant, 14, rue Magenta, à Asnières (Seine). PoLACK (.Iules), 189, av.nuc de Neuilly, à Neuilly (Seine). LISTE SUPPLEMENTAIRE. XIII Porte (Etienne), direcleur des courses d'Enghien, 23, chaussée d'Antin, à Paris. Pugh-Desroches, château de la Bouillie, près Versailles (Seine-et-Oise). lUuLT (Jules), 1 i, rue Demours, à Paris. Kavenez (Louis), 91, boulevard Gouvion-Saint-Cyr, à Paris. Regny (Georges de), à Orgeval (Seine-el-Oise). Revillon (le D'' Eug.), 9, boulevard Richard-Wallace, à Neuilly (Seine). RiCHET, professeur à la Faculté de médecine, 15, rue de l'Université, à Paris. Rihouel (Amédée), conseiller référendaire à la Cour des comptes, 55, ruj Jouffroy, à Paris. Rivière (.1.-15.), 95, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). RivoiRON (Emile), pisciculteur, à Servayette, commune de Miribel-les- Echelles (Isère). Robert (le docteur H.), à Ligny (Nord). Rocher, 66, rue Caumartin, à Paris. RoGERON (Gabriel), au château de l'Arceau, près Angers (Maine-et-Loire). Romain (L. Paul), 11, avenue de Madrid, à Neuilly (Seine). ROULINAT (Charle>), 49, rue Charles Laflîtle, à Neuilly (Seine). Roulland (Claude), à Geste (Maine-et-Loire)* ROUSSET (Henri), fabricant d'horlogerie, 51, rue Turbigo, à Paris. HoussEN (Léon de), 14, boulevard de Clichy, à Paris. RouviÈRE, ingénieur civil, à Mazamet (Tarn). Saffers (Emile), juge au tribunal de 1"= instance de la Seine, 9, rue Laffilte, à Paris. Saint-Georges (vicomte de), au château de Fragne, par Montluçon (Allier), et rue Casimir Périer, 19, à Paris. Saint-Meleuc fils (A. de), au château de la Haute-Forêt, à Bréal-sous- Montfort (lUe-et- Vilaine). Sanglebceuf, à Chissay, par Montrichard (Loir-et-Cher). ScELLiER (de), 17, rue Parmentier, à Asnières (Seine). Sharland (Henry), propriétaire, à La Fontaine Saint-Cyr, près Sours (Eure-et-Loir). SiREDEY (le docteur), 66, rue Charles Laffilte, à Neuilly (Seine). SOLLER (Charles), explorateur, 1, rue Nouvelle, à Paris. Tainturier (Henri), boulevard de la Courterie, à Bar-sur-Aube (Aube). Tardieu (le docteur), à Arles (Bouches-du-Rhône). Tartenson (le docteur A.), 10, rue de Châteaudun, à Paris. Thomas (Alcide), à Mèze (Hérault). Trasbot (Léopold), professeur de clinique à l'Ecole vétérinaire d'Alfort (Seine). XIV SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. VanOgten, directeur du jardin zoologique de la Haye (Pays-Bas). ViANELLi (Albert), artiste peintre, 84, avenue des Champs-Elysées, à Paris. ViÉviLLE (Etienne), batteur d'or, président de la chambre syndicale, 209, rue Saint-Maur, à Paris. ViGNAUX (Alphonse), propriétaire, à Saint-Sauvy, par Gimont (Gers). ViGOUR (Jules), notaire, à Saint-Servan (lUe-et-Vilaine). ViGUiER (Paul), ancien président du Conseil général de Constantine, 17, quai Voltaire, à Paris. Vjncendon-Dumoulin, vice-président de la Société d'agriculture de Saint- Marcellin (Isère). ViOT (A.), ancien notaire, 62, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine). Walker (Georges), consul général des États-Unis d'Amérique, 3, rue Scribe, à Paris. Weytland, clerc de notaire, à la Haye (Pays-Bas). YzAC (Louis), 83, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Zammann (Félix), au château de Vasseyes, par Hannut (Belgique). Zenk, à Wurzbourg (Bavière). VINGT-SIXIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE PROGÈS-YERBAL La Société nationale d'Acclimatation de France a tenu sa vingt-sixième séance publique annuelle de distribution des récompenses, le vendredi 25 mai 1883, dans la salle du théâtre du Vaudeville, sous la présidence de M. H. Bouley, membre de l'Institut, président de la Société. Sur l'estrade avaient pris place MM. les membres du Conseil, les membres du bureau des diverses Sections, les membres de la Commission des récompenses, et un grand nombre de notabilités françaises et étrangères. Une très nombreuse et très brillante assemblée occupait la salle. L'orchestre du Jardin d'Acclimatation, dirigé parM.Mayeur (de l'Opéra), prêtait son concours à cette solennité. La séance a été ouverte par M. Bouley qui s'est exprimé en- ces termes: Mesdames et Messieurs, « La Société d'Acclimatation tient aujourd'hui sa vingt- sixième séance annuelle, mais ce chiffre ne donne pas la mesure de son âge réel. Il y aura bientôt trente ans que M. Isidore Geofîroy-Saint-Hilaire a eu l'heureuse idée de l'instituer, et si la mort ne lui a pas permis de présider longtemps à son œuvre, il a trouvé dans son fils, notre affectionné secrétaire général, le continuateur de sa pensée. M. Alb. Geofïroy-Saint-Hiiaire s'est consacré tout entier à la Société d'Acclimatation et il s'est fait un pieux devoir de son succès. XVI SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. » A-t-elle satisfait aux intentions de son illustre fondateur? Pour répondre à cette question, elle n'a qu'à présenter les 29 volumes de ses Bulletins, pleins de mémoires scientifiques, de faits d'observation, de résultats d'expérience sur une foule de questions relatives à la biologie, c'est-à-dire embrassant tout à la fois le règne animal et le règne végétal dans toutes les parties du monde. )) Je crois qu'au point de vue du nombre et de l'importance de ses travaux, la Société d'Acclimatation occupe un rang élevé parmi les sociétés qui ont pour objet la science et ses applica- tions à la pratique. » Ce qui la caractérise, c'est qu'elle est toujours ouverte à toutes les bonnes volontés, à toutes les bonnes intentions, à toutes les activités qui se proposent de contribuer aux pro- grès de la science. » De là son rajeunissement perpétuel. Ceux qui ont vieilli et n'ont plus leur fécondité d'autrefois, ne ferment pas la porte aux jeunes. Tout le monde a la liberté d'apporter ce qu'il peut de concours. » Les uns, leur subvention pour aider au mouvement parce grand et indispensable ressort que l'argent constitue; les autres, avec leur subvention, leur collaboration active, pour l'éclaircissement et la solution de toutes les questions scien- : tifiques et pratiques que comporte l'étude de l'acclimatation dans ses rapports avec les deux règnes de la nature. )^ Pour de tels résultats, on ne saurait avoir trop de res- sources. » Considérez, en effet, combien le programme de la Société est étendu et vise un but élevé : » Rechercher les espèces animales et végétales nouvelles dont on pourrait faire bénéficier notre pays; les étudier pour con- naître le climat auquel elles s'adaptent le mieux; les mettre dans les conditions les plus convenables pour leur développe- ment, leur reproduction, leur naturalisation. » Puis cette première partie du problème résolu, les ré- pandre en ayant soin de bien choisir les régions de la France qui leur conviennent le mieux par leurs rapports de simili- PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. XVII tude avec les régions dont les espèces qu'il s'agit d'acclimater sont originaires. » Grave problème et difficile, pour la solution duquel tous les concours sont nécessaires. Les plus humbles peuvent y contribuer aussi bien que les plus illustres; si nous avons besoin de la science du savant, le modeste campagnard peut nous être aussi grandement utile par son esprit d'observation appliqué aux choses de la nature, dans le cercle où nous pou- vons le convier à faire des essais soit de semis, soit d'éle- vage. » Ce serait donner à cette allocution plus de longueur que ne le comporte le temps dont je dispose, que de rappeler, même par une simple énumération, la longue série des espèces ani- males ou végétales de provenance exotique dont l'Europe a bénéficié. Pour donner une idée des grands services que peut rendre l'acclimatation d'une espèce exotique, je me conten- terai de citer ici l'introduction récente de V Eucalyptus, cet arbre merveilleux par l'activité de sa végétation. On peut dire que c'est un arbre sanitaire par excellence, car la puissance de sa faculté d'absorption est si grande, qu'il aspire, dans les terrains humides, l'excès des liquides qui les imprègnent, et les répand dans l'atmosphère par la vaporisation de ses feuilles; on peut dire qu'il constitue une sorte d'appareil de drainage par en haut et que, grâce à la perfection de son fonctionne- ment, il peut rendre habitables pour l'homme les localités réputées les plus fécondes en fièvres pernicieuses. Si un jour la campagne romaine est délivrée de sa terrible malaria, c'est «à l'assainissement dont VEucalypliis aura été l'instrument, qu'elle le devra en grande partie. Quelques résultats déjà ob- tenus autorisent cette espérance. » Voilà une belle conquête de l'acclimatation et qui doit être un encouragement à poursuivre des recherches pour en faire de semblables. « Mais les éventails que je vois s'agiter devant moi me pré- viennent que déjà l'atmosphère de cette salle est bien chaude. Je m'arrête pour ne pas trop prolonger la durée de cette séance et je donne la parole à mon jeune confrère de l'ensei- 3° SKRIE, T. X. — Séance publique aniuielle. b XVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. gnement vétérinaire, M. Raoul Baron, professeur de zootech- nie à l'école d'Alfort. » Après cette allocution vivement applaudie par l'assemblée, M. Raoul Baron a fait une conlérence fort intéressante sur « La distribution géoi/rapliique des animaujc dans ses rap- ports avec V acclimatation. » Enfin M. le Secrétaire général a présenté le rapport au nom de la Commission des récompenses. 11 a été décerné cette année : I Une médaille d'or offerte par le Ministère de l'agricul- ture. 2° Une grande médaille d'or de 500 francs (hors classe) à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-llilaire. 8° Huit grandes médailles d'argent (hors classe) également à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. A" Deux prix extraordinaires d'une valeur totale de mille francs. 5° Une prime de deux cents francs. 6° Trente neuf médailles d'argent. 7" Dix médailles de bronze. 8° Sept mentions honorables. 9° Quatre récompenses pécuniaires d'une valeur de cinq cents francs. iO' Les deux primes de 200 et de 100 francs fondées par feu Agron de Germigny. II " Deux primes de 300 francs, deux de 100 francs, deux de 50 francs et deux de 25 francs offertes par l'administration du Jardin d'Acclimatation. Le Secrétaire des séances, C. Rayeret-Wattel. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER GÉNÉRALITÉS 1" — 188*î. — Prix de 1000 fVaiics fondé pai* m. BEREIVD, iiieinltre de la Société. Un prix de 1000 francs sera décerné à l'auteur du meilleur tra- vail faisant connaître, au point de vue historique et pratique, les travaux relatifs à l'acclimatation et les résultats obtenus depuis 1854. Concours ouvert jusqu'au l*^'' déceinbro 1885. — Prix : aooo francs. 2" — 1S63. — Prix pour les travaux théoriques relatifs à l'acclimatation. § I. Les travaux théoriques sur des questions relatives à l'accli- matation, publiés pendant les cinq années qui précèdent, pourront être récompensés, chaque année, par des prix spéciaux de 500 francs au moins. La Société voudrait voir étudier particulièrement les causes qui peuvent s'opposer à l'acclimatation, et les moyens qui peuvent servir à prévenir ou à combattre leurs effets. §11. Il pourra, en outre, être accordé dans chaque section des primes ou des médailles aux auteurs de travaux relatifs aux ques- tions dont s'occupe la Société. Ces travaux devront être de nature à servir de guide dans les ap- plications pratiques ou propres à les vulgariser. Les ouvrages (imprimés ou manuscrits) devront être remis à la Société avant le 1" décembre de chaque année. 3° ^ 1867. — Prix pour les travaux de zoologie pure, pouvant servir de guide dans les applications. La Société, voulant encourager les travaux de zoologie pure (mo- nographies génériques, recherches d'anatomie comparée, éludes embryogéniques, etc.), qui servent si souvent de guide dans les ap- plications utilitaires de cette science, et rendent facile l'introduction d'espèces nouvelles ou la multiplication ou le perfectionnement d'es- pèces déjà importées, décernera annuellement, s'il y a lieu, un prix de 500 francs au moins à la meilleure monographie de cet ordre publiée pendant les cinq années précédentes. Elle tiendra particulièrement compte, dans ses jugements, des applications auxquelles les travaux de zoologie pure appelés à con- (1) L(î chiffre qui précède l'énoncé des divers prix, indique l'année delà fon- dation de ces prix. Tous les prix qui ne portent pas l'indication d'une fondation particulière sont fondés par la Société. XX SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. courir auraient déjà conduil, que ces applications aient été faites par les auteurs de ces travaux ou par d'autres personnes. Un exemplaire devra être déposé avant le 1'^'" décembre. 4.0 _ 1875. — Des primes ou médailles pourront ètreaccordées aux personnes qui auront démontré, pratiquement ou théoriquement, les procédés les plus favorables à la multiplication et à la conserva- tion des animaux essentiellement protecteurs des cultures. Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. 50 1867. — Prix perpétuel fondé par fen m™^ G1IÉRII\EAU , née DEL%L%I%DE. Une grande médaille d'or, à l'efligie d'Isidore Geoffroy Saint- Hilaire et destinée à continuer les fondations faites les années précédentes, dans l'intention d'honorer la mémoire de l'illustre et intrépide naturaliste voyageur, Pierre Delalande, frère de M'"^ Gué- rineau. Gette médaille sera décernée, en 1886, au voyageur qui, en Afrique ou en Amérique, aura rendu depuis huit années le plus de services dans l'ordre des travaux de la Société, principalement au point de vue de l'alimentation de l'homme. Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le 1" décembre 1885. 5<= 1861. — Primes fondées par feu M. AGRO]\ DE GERIflIGIXY. Deux primes, de 200 francs et de 100 francs, seront décernées, chaque année, pour les bons soins donnés aux animaux ou aux vé- gétaux, soit au Jardin d'acclimatation (200 francs), soit dans les établissements d'acclimatation se rattachant ci la Société (prime de 100 francs). Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le 1" décembre de chaque année. PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES jo — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles. 11 pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt. 2» — 1870. — Introduction en France des belles races asines de l'Orient. On devra faire approuver par hi Société d'Acclimatation les Anes éta- PRIX EXTRAORDINAIRES. XXI Ions importés, et prouver que vingt saillies au moins ont été faites dans l'année par chacun d'eux. Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : looo n-anc»*. 30 _ 1868. — Domestication complète, application à l'agricul- ture ou emploi dans les villes de l'Hémioiie [Eqims Hemionus) ou du Dauw {E. Burchellï). La domestication suppose la reproduction en captivité. Concours prorogé jusqu'au l""^ décembre 1885. — Prix : 100© francs. 40 _ 1S67. — Métissage de l'Hémione ou de ses congénères (Dauw, Zèbre, Couagga) avec le Cheval. On devra avoir obtenu un ou plusieurs métis âgés au moins d'un an. Concours prorogé jusqu'au l"'' décembre 1885.— Prix : looorrancs. 50 — 1867. — Propagation des métis de l'Hémione ou de ses congénères (Dauw, Zèbre, Couagga) avec l'Ane. Ce prix sera décerné à l'éleveur qui aura produit le plus de métis. (11 devra en présenter quatre individus au moins.) Concours prorogé jusqu'au l^' décembre 1885. — Prix : 1 000 fi-anca«. Qo — 1867. — Élevage de rAlpaca,de l'Alpa-Lama et du Lama. On devra présenter au concours douze sujets nés chez l'éleveur ei âgés d'un an au moins. Concours prorogé jusqu'au l"'" décembre 1885. — Prix : 1500 n-anci«. 70 — 1869. — Prix pcppéttiel fonde pai* feu !ll">'Acl. DUTROIVi:, uéc GALOT. Une somme annuelle de 100 francs sera, tous les trois ans, con- vertie en prime de 300 francs (ou médaille d'or de cette valeur), et décernée, par concours, au propriétaire ou au fermier qui, en France ou en Belgique, aura le mieux contribué à la propagation de la race bovine désarmée sarlabot, créée par feu M. le conseiller Ad. Dutrône. Ce prix sera décerné en 188i et 1887. 8» — 1873. — Chèvres laitières. On devra présenter 1 Bouc et 8 Chèvres d'un type uniforme, et justifier ({ue trois mois après la parturition les Chèvres donnent 3 litres de lait par jour et par tète. Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes occasionnées par l'entretien du troupeau, et faire connaître à quel usage le lait a été employé (lait en nature, beurre, fromage). Concours ouvert jusqu'au l"'" décembre 1885. — Prix : 500 n-ancs. 90 — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Wapiti {Cervus Canadensis), du Cerf d'Arislote {Cervus Arislotelis) ou d'une autre grande espèce. . On devra faire constater la présence de di.v individus au moins, nés à XXII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. l'éîat de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au l*'' décembre 1885. — Prix : i50o francs. 10^ — ISî^l. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf axis (Cerwts axis), du Cerf des Moluques (Cermis Moluccensis) ou d'une autre espèce de taille moyenne. Ou devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1^'' décembre 1885. — Prix : looo n-nnes. Il» — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf-Cochon {Cervus porcinus) ou d'une autre espèce analogue. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés déplus d'un an. Concours ouvert jusqu'au !<"• décembre 1885. — Prix : soo francs. 42" — ISî-â. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Pudu (Cen'its Pudu) ou d'une espèce analogue. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l'état de lil)erté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 50© francs. 43" — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de l'Antilope Canna {Bos elaphus Oreas) ou d'une autre grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1*'" décembre 1885. — Prix : tso© francs. 14,0 — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de l'Antilope Nylgau {Por- tax picta) ou d'une autre espèce de taille moyenne. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : «ooo francs. 15» — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), d'Antilopes de petite taille. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1"" décembre 1885. — Prix : soo francs. 16" — 1878. — Introduction en France de VHydropotcs inermis {Ke ou Cliang). On devra avoir introduit au moins trois couples de Ke ou Chang, et faire constater que trois mois après leur importation, ces animaux sont dans de bonnes conditions de santé. Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : soo francs. PRIX EXTRAORDINAIRES. XXIII 1 70 — 187». — Multiplication en France de V Hydropotes imrmis (Ke ou Chang). On devra faire constater la présence de dix individus au moins âgés de plus d'un an et issus des reproducteurs importés. Concours prorogé jusqu'au l''' décembre 1885. — Pnix : looo francs. iS° — 1865. — Domestication en France du Castor, soit du Ca- nada, soit des bords du Rhône. On devra présenter au moins quatre individus mâles et femelles, nés chez le propriétaire et âgés d'un an au moins. Concours prorogé jusqu'au ["' décembre 1885. — Prix : soo francs. — Le prix sera doublé si l'on présente des individus de seconde géné- ration. IQo — 1875. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de Kangurous de grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à I 'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1'^'" décembre 1885. — Prix : «ooo francs. 20» — 1875. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou eu forêt), de Kangurous de uetite taille. On devra faire constater la présence de dix individus au mouis, nés à l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1^'" décembre 1885. — Prix : 500 francs. 21« — 1882. — Multiplication en France du Lapin géant des Flandres, à oreilles droites. On devra présenter 5 mâles et 5 femelles adultes, nés chez l'éleveur, du poids moyeu de 8 kilogrammes. Concours ouvert jusqu'au l^"'' décembre 1885. — Prix : 300 francs. 2-2" — 188*2. — Alimentation du bétail par le Téosinté {Reana luxurians). On devra présenter un compte établissant le rendement obtenu, en poids, d'une plantation de Téosinté couvrant au moins 25 ares et fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients que présente ce mode d'alimentation pour le bétail. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 300 francs. 23» — 1882. — Alimentation des animaux par le Soya. On devra fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients que présente ce mode d'alimentation pour les ani- maux soit à l'état vert, soit à l'état sec. Concours ouvert jusqu'au 1'='' décembre 1885. — Prix : 300 francs. XXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX \o — 1H<>4. — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra èlre accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur de 200 ;"i .^00 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt. 20 _ 1875. — Un prix de 500 francs sera accordé à l'inventeur d'un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant rem- placer partout et à un prix modéré les œufs de fourmis (nymphes et larves), pour l'élevage des Perdrix et des Faisans. Ou devra justifier du plein succès du procédé et livrer ce genre de nour- riture à un prix qui ne sera pas plus élevé que celui des œufs de fourmis. Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1885. — Paix : 500 francN. 3û _ 1864. — Introduction et acclimatation d'un nouveau gibier pris dans la classe des Oiseaux. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. On devra présenter plusieurs sujets vivants de seconde génération. Concours prorogé jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : soo lOOO rrancs. A" — 1870. — Multiplication et propagation en France ou en Algérie du Serpentaire (Gypogeranus Serpentarins). On devra présenter un couple de ces oiseaux de première génération ^ et justifier de la possession du couple producteur et des jeunes obtenus. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Pnix : «ooo francs. 5" — 1868. — Acclimatation du Martin triste (Acridotheres tristis) ou d'une espèce analogue, en Algérie ou dans le midi de la France. On devra présenter cinq paires de ces oiseaux, adultes, de seconde génération. Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : soo n-uncs. G" — 1870. — Multiplication en France, à l'état sauvage, de la Pintade ordinaire {Numida Meleagris). On devra faire constater l'existence, sur les terres du propriétaire, d'au moins quatre compagnies de Pintades de six individus chacune, vivant à l'état sauvage. Concours prorogé jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : «50 n-anes. 1° — 1875. — Multiplication en France, k l'état sauvage, du Faisan vénéré. On devra faire constater l'existence d'au moins dix jeunes sujets vivant en liberté et provenant du couple ou des couples lâchés. Concours prorogé jusqu'au l^décendjre 1885. — Prix : soo francs. 8" — 1870. — Création d'une race de Poules domestiques pondant de gros œufs. PRIX EXTRAORDINAIRES. XXV On devra présenter au moins douze Poules de 3^ génération, constituant une race stal)le, et donnant régulièrement des œufs atteignant le poids de 75 grammes. Cette race, créée parla sélection ou par croisement, devra pré- senter les caractères d'une variété de bonne qualité pour la consommation. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — f^iux : 500 n-ancs. 9° — 1879. — Reproduction en captivité du Lophopliore {Lo- phophoriis refulgens) en France. On devra présenter au moins six sujets vivants nés chez le proprié- taire et issus d'oiseaux nés en Europe. Concours ouvert jusqu'au l'^'' décembre 1885. — Prix : 500 francs. 10° — 1867. ^ Introduction et multiplication en France, en par- quets, du Tétras huppecol (Tetrao Citpido) de l'Amérique du Nord. On devra présenter au moins douze sujets, complètement adultes, nés et élevés chez le propriétaire. Concours prorogé jus(|u'au 1" décembre 1885. — Prix : î50 n-anc^i. Le prix sera doublé si la multiplication du Tétras huppecol a été obtenue en liberté. il" — 1870. — Multiplication en France, à l'élat sauvage, de la Perdrix de Ciiine {Galloperdix Sphenura) ou d'une autre Perdrix percheuse. On devra faire constater l'existence d'au moins six sujets vivant en liberté et provenant du ou des couples lâchés. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : soo francs. 12° — 187 7. — Importation des grosses espèces de Colins (ori- ginaires du Mexique et du Brésil) et des petites espèces de Tina- mous de l'Amérique méridionale. On devra avoir importé au moins six couples de ces oiseaux et justifier que trois mois après leur importation ils sont dans de bonnes conditions de santé. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 950 n-ancs. 13° — 187 7. — Multiplication en volière des grosses espèces de Colins originaires du Mexique et du Brésil, ou des petites espèces de Tinamous de l'Amérique méridionale. On devra présenter dix sujets vivants nés des oiseaux directement im- portés du pays d'origine. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 3«o francs. 14,0 __ f 881. — Reproduction de la grande Outarde (^Otis tarda) à l'élat sauvage. On devra prouver que trois couples au moins de grandes Outardes ont couvé et élevé leurs jeunes en France, sur les terres du propriétaire. Concours ouvert jusqu'au 1'^'" décembre 1885. — Prix : soo francs. 15° — 1870. — Domestication en France ou en Algérie de ITbis sacré (Ibis religiosa) ou de l'Ibis falcinelle {Ibis falcinelliis), ou d'un autre oiseau destructeur des Souris, Insectes et Mollusques nui- sibles dans les jardins. XXVI SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. On devra faire constater l'existence de quatre sujets au moins de pre- uière vénération, vivant en liberté autour d'une habitation et nés de parents libres eux-mêmes dans la propriété. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 5oo n-anes. 16° 186'?. — Domestication de l'Autruche d'Afrique {Strii- thio camelus) en Europe. On devra justifier de la possession d'au moins six Autruches nées chez le propriétaire et âgées d'un an au moins. Concours prorogé jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : isoo n-ancs. 17» l§79. — Création en Algérie d'une ferme d'Autruches. On devra être possesseur de dix couples, au moins, de reproducteurs, et avoir fait naître et élever dans les trois années précédentes cent jeunes autruchons. Les concurrents ne seront pas tenus d'entretenir chez eux tous les jeunes produits; mais ils devront fournir des documents authen- tiques justifiant de la destination qui leur a été donnée. Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes occasionnées par l'entretien du troupeau ; faire connaître la valeur des plumes livrées au commerce; les procédés cà employer pour la multipli- cation des jeunes (incubation naturelle ou hydro-incubateurs), et adresser à la Société un rapport circonstancié donnant tous les détails propres à l'éducation de l'Autruche en captivité. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : fooo n-ancs. 18" _ 1873. _ Domestication d'un nouveau Palmipède utile. On devra présenter au moins dix sujets vivants de seconde génération produits en captivité. Concours prorogé jusqu'au l^"" décembre 1885. —Prix: fooo n-anes. IQo __ 1882. — Un prix de 300 francs sera décerné à l'auteur du meilleur travail sur les nichoirs artificiels pour la protection et la propagation des espèces d'oiseaux qui nichent dans les creux ou trous des arbres, des murailles ou des rochers. L'auteur devra produire des modèles de nichoirs en indiquant leur mode de construction et leur prix de revient, et justifier des résultats obtenus depuis cinq ans au moins. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1890. — Prix : 300 francs. 20" — 18S*i. — Un prix de 300 francs sera accordé h. l'inven- teur d'un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant remplacer les pâtées fraîches, pour les oiseaux insectivores entre- tenus en volières. On devra faire connaître la composition et le mode de préparation, justifier des avantages que présente l'emploi de cette composition au point de vue de sa conservation, de ses qualités nutritives cl de son prix de revient. Concours ouvert jusqu'au 1'^'' décembre 1885. — Prix : 300 n-ancs. PRIX EXTRAORDINAIRES. XXVII TROISIÈME SECTION. — POISSONS, MOLLUSQUES, ETC. CRUSTACÉS, ANNÉLIDES 10 — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles. 11 pourra être accordé, dans cliaque section, des primes d'une valeur ■de 200 à .500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce '«nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt. ^0 _ 1882.^— Recherches sur les propriétés physiques et chimiques des eaux douces au point de vue de l'aquiculture. L'auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses pratiques, les conditions favorables au développement des diverses «spèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux. Concouî-s ouvert jusqu'au !*■• décembre 1885. — Prix : 500 francs. 3» _ 1883. —Recherches sur les propriétés physiques et chi- miques des eaux de mer et saumâtres au point de vue de l'aquicul- ture. L'auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses pratiques, les conditions favorables au développement des diverses ^espèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux. Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Pkix : 500 francs. REPTILES 4.0 — 1870. — Introduction et multiplication en France de la Grenouille bœuf (/?awa mugiens) de rAmérique du Nord. On devra justilier de la possession de vingt-cinq sujets nés chez le pro- .priétaire. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885.— Prix : S50 francs. POISSONS 5" _ 1873. — Introduction dans les eaux douces de la France d'un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an. Concours ouvert jus([u'au l""' décembre 1885. — Prix : 5oo francs. 6» — 187». — Acclimatation dans les eaux douces de la France d'un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu'au l'"" décembre 1885. — Prix : looo n-anes. 7» — 1873. ~ Introduction dans les eaux douces de l'Algérie d'un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins; on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 5oo n-ancs. XXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami {Osphrome- nus olfax). go 1873. — Acclimatation dans les eaux douces de l'Algérie d'un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1885. — Pnix : looo frnnc««. Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami {Osphrome- nus olfax). 90 187S. — Introduction dans les eaux douces de la Guade- loupe et de la Martinique d'un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 500 rrancs. Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami [Osphrome- nus olfax ). 10° 1§73. — Acclimatation dans les eaux douces de la Gua- deloupe et de la Martinique d'un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : lOOO franc». Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami (Osphrome- nus olfax). llo_ 1874. — Introduction en France du Coregonus olsego de l'Amérique du Nord. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins, et l'on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 500 n-anc»*. Si des multiplications du Coregonus otsego ont été obtenues en France, le prix sera doublé. 12° 1 8'3'9. — Multiplication en France du Saumon de Cali- fornie {Salmo quinnat) de l'Amérique du Nord. On devra présenter au moins 500 alevins, âgés d'un an, nés de parents existant dans les eaux du propriétaire depuis au moins dix-buit mois. L'état des reproducteurs devra être constaté au moment du frai par des pièces autbentiques. On devra également faire constater l'époque de l'éclosion des œufs et faire connaître dans un rapport circonstancié les observations auxquelles donnerait lieu l'éducation de ces jeunes poissons. Concours ouvert jusqu'au 1"" décembre 1885.— Prix : 5oo n-ancs. 130 — 1879.— Propagation dans les eaux douces de la France de la grande Truite des lacs {Salmo Lemanus). Concours ouvert jusqu'au \"' décembre 1885. — Prix : 500 n-anes. 44.0 — 1879. — Propagation dans les eaux de la France du Corégone Lavaret. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : «oo francs. 15» — 1881. — Protection des poissons migrateurs. Un prix de 500 francs sera décerné à l'auteur du meilleur travail indi- ({uant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer PRIX EXTRAORDINAIRES. XXIX la reproduction des poissons migrateurs dans les eaux douces de la France. L'ouvrage devra particulièrenienl faire connaître les avantages et le mode de construction des appareils ou ftassages, dits échelles à saumons, permettant aux poissons migrateurs de franchir les barrages, chutes d'eau et obstacles divers, dans les cours d'eau. Concours ouvert jusqu'au l'^"' décembre 1885. — Prix : 500 francs. 16" — I8S2. — Etablissement d'échelles pour les poissons mi- grateurs. Un prix de 500 francs sera décerné aux usiniers ou propriétaires qui auront établi, dans des conditions pratiques, des échelles pour le passage des poissons migrateurs. Concours ouvert jusqu'au 1"' décembre 1885. — Pfux : 500 rrnncs. 17" — 1883. — Jlultiplication des Cyprinides. Il pourra être accordé des primes ou des médailles à toute personne qui aura obtenu, dans des eaux closes, de l'alevm de Cyprinide, notam- ment la Carpe et la Tanche, et qui justifiera en avoir introduit en grand nombre dans les cours d'eau de la région et aura ainsi contribué le plus efficacement à leur repeuplement. ■ Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : soorrnnes. MOLLUSQUES 18° — 1867. — Acclimatation et propagation d'un Mollusque utile d'espèce terrestre, fluviatile ou marine, resté jusqu'à ce jour étranger à notre pays. — Cette acclimatation devra avoir donné lieu à une exploitation industrielle ; ses produits alimentaires ou autres seront examinés par la Société. Concours prorogé jusqu'au 1'='' décembre 1885. — Piux : 50« francs. 19" — 1869. — Reproduction artificielle des Huîtres. — Un prix de 1000 francs sera décerné pour le meilleur travail indiquant, au point de vue pratique, les méthodes les plus propres à assurer cette reproduction artificielle. L'ouvrage devra, en outre, faire connaître d'une manière précise les conditions à remplir pour obtenir les au- torisations de créer des établissements luiîlriers, et énumérer les travaux que comportent les bancs d'Huîtres naturels, aussi bien que les caractères auxquels on peut reconnaître qu'un banc est exploi- table; enfin quelles sont les mesures qu'il convient de prendre pour l'enlèvement du coquillage. En un mot, ce travail devra constituer un véritable manuel d^ ostréiculture. Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix: tooo rranc!i. -20» — 1879. — Culture de la Moule sur les côles méditerra- néennes. On devra justifier d'une superficie d'un hectare mis en culture, soit sur XXX SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. fond horizontal, soit sur bouchots, et ayant donné des produits ahraen-^ taires au moins une année. Les concurrents devront joindre à l'appui de leur demande un mémoire indiquant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer le succès de semblable industrie, et présenter un compte des dépenses occasionnées pour l'établissement de l'exploitation et des bénéfices qu'on, peut en tirer. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Paix : looo francs. CRUSTACÉS 210 — 1867. — Introduction et acclimatation d'un Crustacé- alimentaire dans les eaux douces de la France, de l'Algérie, de la, Martinique ou de la Guadeloupe. Concours prorogé jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : 5oo francs.. QUATRIÈME SECTION. — INSECTES 1° — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur- de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt. 2» _ 1865. — Acclimatation et multiplication soutenue pen- dant trois années au moins en Europe ou en Algérie d'un insecte producteur de cire, autre que l'Abeille ou les Mélipones. Concours prorogé jusqu'au i"" décembre 1885. — Prix: «ooo francs. SÉRICICULTURE 30 — 1881. — Acclimatation et multiplication soutenue pen- dant trois années au moins, en France ou en Algérie, d'une nouvelle espèce de Ver à soie produisant de la soie bonne à dévider ou à. carder pour employer industriellement. Le prix ne sera accordé que sur preuve d'une production annuelle de- trois mille cocons au moins. Concours ouvert jusqu'au l'"" décembre 1885. — Paix : 1000 francs. 40 — 1881. — Application industrielle de la soie de l'At- tacus Cynthia vera, Ver à soie de l'Ailante. On devra présenter plusieurs coupes d'étoffe formant ensemble au moins 50 mètres, et fabriquées avec la soie dévidée en fils continus de YAttacus Cijnthia et sans aucun mélange d'autres matières. Les tissus, de bourre de soie sont hors de concours . Concours ouvert jusqu'au 1'''" décembre 1885. — Prix : 1000 francs. 50 — 1818. — Encouragement, en France, à un établissement industriel pouvant livrer à la consommation, et prêtes à être tissées,. PRIX EXTRAORDINAIRES. - XXXI des soies grèges ou des fdoselies des cocons d'une des espèces ci- après désignées : Attacus Yama-maï, Pernyi, Cyntliia, Cecropia, Polyphe- imis, Ole, espèces qui ont déjà été l'objet d'éducations en France sur une échelle plus ou moins étendue. Concours ouvert jusqu'au l^' décembre 1885. — Prix : looo n-ancs. go — 187 7. — Vers à soie du Mûrier. — Études théoriques et pratiques sur les diverses maladies qui les atteignent. Les auteurs devront, autant que possible, étudier monographiquement une ou plusieurs des maladies qui atteignent les Vers à soie, en préciser les symptômes, faire connaître les altérations organi({ues qu'elles entraînent, étudier expérimentalement les causes qui leur donnent naissance et les meilleurs moyens k employer pour les combattre. Concours ouvert jusqu'au 1"" décembre 1885. — Ptux : looo francs. 70 _ 1870. — Vers à soie du Mûrier, — ^Production dans le nord de la France de la graine de Vers à soie de races européennes par de petites éducations. Considérant l'intérêt qu'il y aurait à encourager la production de la graine saine des Vers k soie du Mûrier de races européennes, les prix sont institués pour récompenser dans les bassins de la Seine, de la Somme, de la Meuse, du Rhin, ainsi que dans la portion sep- tentrionale du bassin de la Loire, les petites éducations qui permet- tront de mettre au grainagedes cocons provenant d'éducations dans lesquelles aucune maladie des Vers n'aura été constatée. La Société n'admettra au concours du grainage que les graines de Vers à so^e de races européennes. Elle ne primera aucune éducation portant sur plus de 30 grammes- de graine pour une même habitation. Mise au grainage de plus de 50 kilogrammes de cocons : Deux Prix de 500 francs chacun. Mise au grainage de 25 à 50 kilogrammes de cocons : Deux Prix de 2»0 fVaucs chacun. Mise au grainage de 10 k ^25 kilogrammes de cocons : Quatre Prix de 150 francs chacun. Mise au grainage de 5 k 10 kilogrammes de cocons : Dix Prix de 100 francs chacun. Ces primes seront distribuées chaque année, s'il y a / oiseau de mœurs très douces, non batailleur, qui ne dérange pas les autres gibiers, et qui fournit de très beaux tirés dans les endroits où il se propage. Ce Francolin se rencontre dans les plaines les plus chaudes du Bengale comme dans les neiges de l'Hymalaya. Parmi les envois précieux d'animaux qui nous ont été faits cette année, nous devons mentionner particulièrement ceux de M. Tony Conte , premier secrétaire de l'ambassade de France au Japon (l). Le corps diplomatique français a, du reste, constamment témoigné de l'intérêt qu'il prend aux tra- vaux de la Société d'Acclimatation par les envois qu'il lui fait de l'étranger. Dès l'origine de la Société, M. de Montigny faisait parvenir en France les Yacks du Thibet et les Grues de Mantchourie. Un peu plus tard, M. Léon Roche nous fournis- sait les moyens d'importer du Japon de la graine de Ver à soie de race saine. Depuis, des dons très fréquents nous ont été faits par les divers représentants de la France à l'étranger, notamment par M. de Montebello, qui a beaucoup contribué à enrichir nos collections de plantes et d'animaux, et par M. Tony Conte, dont les envois n'ont pas moins de valeur. On doit notamment à M. Conte l'introduction en France de la Poule Phénix, si remarquable par la beauté et le développe- ment phénoménal de son plumage; chez les mâles, certaines plumes de la queue ne mesurent pas moins de 1'",60 de lon- gueur. Un des caractères de la Poule Phénix est d'avoir les pattes bleues, alors que chez d'autres races japonaises (la Poule de Nangasaki et la Poule de Yokohama, laquelle est assez voisine de la Poule dite du Gange) les pattes sont de couleur jaune. Ce caractère particulier et quelques autres différences, notamment dans la forme de la tête, semblent in- diquer que ces races n'ont pas une origine commune, et que les habitants de l'extrême Orient auraient soumis à la domes- ticité deux espèces de Poules distinctes. La belle Monographie des races de Poules, que notre con- (1) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 228). 3" sÉfiiE, T. X. — Séance publique annuelle. LXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. frère M. La Perre de Roo a récemment publiée, et à laquelle vous avez été heureux de décerner une de vos récompenses hors classe, a attiré votre attention sur le soin qu ont pris les éleveurs anglais d'améliorer, par la sélection, nos principales races de Poules françaises, dont ils possèdent aujourd'hui les types les plus parfaits (I). Les expositions d'oiseaux, très fré- quentes en Angleterre, ont principalement contribué à ce ré- sultat. Vous vous êtes préoccupés, par suite, de la nécessité qu'il y aurait à créer un même stimulant en France, où la seule exposition de ce genre qui se fasse régulièrement au- jourd'hui est le concours général dit des animaux gras, or- ganisé chaque année à Paris par les soins de l'administration. Vous ne vous intéressez pas seulement, en effet, à l'acqui- sition d'espèces exotiques; la conservation, la propagation et l'amélioration de nos espèces indigènes vous préoccupent également. C'est pourquoi vous avez appris avec satisfaction le soin qu'apportent plusieurs de nos confrères à répandre dans leur région les meilleures races domestiques. Nous rap- pellerons particulièrement les renseignements qui vous ont été donnés à ce sujet par M. Fabre Firmin (2) et par M. Piuinet du Tailly (3), ainsi que par M. Masson, lequel vous a fait par- venir une note sur la reproduction du Cobaye ou Cochon d'Inde en demi-liberté (4). En continuant à s'occuper avec un zèle et une générosité méritoires (5) de propager l'excellente race de Canard du La- brador, si féconde et si rustique, M. Garnot vous a signalé les qualités d'une race de Poule remarquable au point de vue de la production des œufs : la Poule de Campine argentée, laquelle donne, bon an mal an, 240 à 260 œufs, et souvent plus. Notre confrère n'évalue pas à moins de douze kilogram- mes le poids total des œufs que peut donner cette Poule, et il (1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 2-28). (2) Ibidem, p. 570. (Z) Ibidem, p. 168. (4) N. Masson, Note sur la reproduction du Cobaye en demi-liberté {Bulletin, 1882, p. 464). (5) M. Garnot a bien voulu encore cette année mettre à la disposition de la Société un nombre illimité d'œuls de Canards du Labrador et six couples reproducteurs de cette belle et bonne race {Bulletin, 1882. p. 184). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXVII estime que, eu égard à son propre poids, c'est de toutes les races, après la race espagnole, si difficile à élever, celle qui pond le plus. Comme il l'a déjà fait pour le Canard du La- brador, M. Garnot a bien voulu mettre généreusement à la disposition de la Société un nombre illimité d'œufs de Poule de Campine (1), en vue d'aider à répandre l'une et l'autre race, toutes deux recommandables par leur rusticité, leur fécondité et la fixité de leurs caractères comme plumage, qui en font, en même temps que des bêtes de rente, de véritables oiseaux de luxe et d'agrément. N'oublions pas de mentionner les intéressantes communi- cations qui vous ont été faites par M. Lagrange (2) et par M. Masson (3) sur fincubation artificielle; par M. Geoffroy Saint-Hilaire (4-) et par M. Dareste (5), sur les œufs doubles et sur les corps étrangers que l'on trouve parfois dans les œufs ; enfin par M. Dareste (6), sur le développement des vé- gétations cryptogamiques dans les œufs en incubation. Les expériences de notre savant confrère ont fait voir qu'un nombre considérable (près des deux tiers) des œufs qu'on met en in- cubation doivent leur non-réussite à cet envahissement de l'al- bumine, tant par le mycélium des moisissures que par des quantités de spores, envahissement qui amène à court délai la mort par asphyxie de l'embryon (7). Les perfectionnements successifs apportés dans ces der- nières années aux couveuses artificielles ont opéré une véri- table révolution dans l'art de l'élevage et généralisé l'emploi de ces appareils. Aussi avez-vous pensé qu'une exposition spéciale de ces incubateurs présenterait un véritable intérêt pratique (8), et qu'il y aurait utilité à ce que le Ministère de (1) Procés-verbaux (Didlelin, 1882, p. 184). (2) Ibidem, p. 179. (3) Ibidem, p. 573. (4) Ibidem, p. 128, 309. (5) Ibidem, p. 106, 173. (6) Ibidem, p. 118, 180. (7) Ibidem, p. 373. (8) M. le vicomte d'Esterno a signalé à l'attention de la Société l'intérêt qui s'attacherait à l'organisation d'un concours entre les différents systèmes de cou- veuses artificielles (Bulletin, 1882, p. 690). LXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. l'agriculture organisât un concours qui aurait pour but de mettre en relief et de signaler au public les appareils donnant les meilleurs résultats, et réunissant au bon marché la sim- plicité, et par conséquent la facilité de direction. Les dé- marches que vous avez faites dans ce sens auprès de l'admi- nistration supérieure ont été accueillies avec l'attention qu'elles méritaient, et, d'après les bienveillantes assurances qui vous ont été données, vous pouvez espérer que votre demande recevra sous peu une solution satisfaisante (1). Votre attention a été appelée de nouveau cette année sur le tort considérable causé dans plusieurs localités à l'agriculture et à la sylviculture par différentes espèces de Rongeurs, tels que les Écureuils, les Mulots, les Campagnols, etc., et sur les mesures administratives propres à y mettre un terme (2). D'un autre côté, vous avez continué à vous préoccuper de l'inquié- tante diminution du nombre de beaucoup de nos oiseaux indi- gènes, si précieux par les services qu'ils rendent comme des- tructeurs d'insectes nuisibles (3), et vous avez pris des dispo- sitions pour ouvrir à ce sujet une vaste et sérieuse enquête [A). Cette question se rattache intimement à celle de la chasse. Depuis plusieurs années déjà, la diminution constante du gibier en France inspire de légitimes inquiétudes, et l'opinion publique réclame avec instances un prompt remède à un état de choses qui menace des intérêts considérables. Il ne faut pas, en effet, voir seulement dans le gibier une occasion de plaisir; il est aussi, il est surtout une source de richesses des plus productives pour le pays, soit au point de vue de l'ali- mentation, soit au point de vue du Trésor public, soit enhn au point de vue des industries nombreuses qui se rattachent à la chasse et qui en vivent. Deux chiffres en font foi : celui de trois millions et demi environ qu'a atteint, année moyenne, (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 707). '-2] D'intéressantes communications sur ce sujet ont été faites à la Société par MM. Freslon, do Confévroii, Millet, etc. {Bulletin, 1882, p. 573, 381, 450). (3) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 316). (4) MM. De liarrau de Muratel et Millet ont particulièrement insisté auprès de la Société sur la nécessité de protéger les oiseaux destructeurs d'insectes, et sur Topporlunité de recueillir des renseignemens exacts sur la diminution de certaines espèces {Bulletin, 1882, p. 316, 317, 374). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXIX la vente du gibier aux Halles de Paris pendant ces dernières années, et celui de dix millions environ auquel s'élève par an le rendement des permis de chasse, au profit de l'État et des communes. Les causes de la diminution du gibier sont diverses et nom- breuses; mais il en est une sur laquelle tout le monde est d'accord : c'est la répression insufllsante, jusqu'à ce jour, du braconnage. Aussi plusieurs projets de loi sur la chasse ont-ils été élaborés dans ces derniers temps. L'un d'eux, dû à l'initiative de M. Labitte, aujourd'hui sénateur, devant être prochainement discuté par le Parlement, la Société d'Accli- matation a pensé qu'elle ne pouvait ni ne devait rester indif- férente à une réglementation d'intérêts qui lui sont chers. Une Commission, puisée dans le sein des première et deuxième sections, a été chargée d'examiner ce projet de loi; un rap- port, fruit d'une sérieuse étude, vous a été présenté (i), et, tout en vous associant, d'accord avec votre Commission, à l'esprit général du projet, qui constitue un progrès réel sur la loi de 1844, actuellement en vigueur, vous avez cru devoir signaler aux pouvoirs publics l'utilité qu'il vous paraîtrait y avoir à la suppression de certaines des dispositions contenues dans ledit projet, et à l'adjonction de certaines autres. L'ac- cueil qu'ont reçu vos démarches prouve la haute estime en laquelle sont tenus partout les travaux de la Société (2). Des rapports nombreux vous ont été adressés sur la situa- tion de vos cheptels (3) et vous devez à l'obligeance en même temps qu'au savoir de MM. Alfred Rousse (4), E. Leroy (5), Emile Courtois (6) et Delaurier aîné (7) des instructions pra- tiques résumant, à l'adresse des chepteliers, les fruits d'une (1) J. Gautier. Rapport présenté au nom de la Commission de la chasse (Bul- le.tm,\m% p. ?m). (2) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 558). (3) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 60, 109, 176, 187, 225, 308, 362, 367, 569). (4-) Alfred Rousse, Instructions pour les chepteliers: les Perruches (Bulletin, 1882, p. 4). (5) E. Leroy, Idem: les Colins et les Perdrix de Chine (Bulletin, 1882, p. I). (0) Éniilc Courtois, Idem : hi Bcrnache (FAustralie (Bulletin, 1882, p. 195). (7) Delaurier aîné, Idem: les Tragopans {Bulletin, 1882, p. 193). LXX SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. longue expérience et les résultats d'observations précieuses pour l'élevage d'un certain nombre d'oiseaux. Il serait gran- dement à souhaiter de pouvoir réunir de semblables indica- tions pour toutes les principales espèces à propager. M. William Jamrach vous a présenté le curieux relevé des importations si considérables d'oiseaux exotiques (1) aux- quelles il consacre ses soins, et qui ne peuvent être réalisées qu'au prix de grandes fatigues, souvent de sérieux dangers et toujours de dépenses énormes. C'est ainsi que, malgré les hauts prix obtenus des oiseaux ramenés vivants de l'Inde par M. Jamrach, ces importations poursuivies pendant dix-neuf années, loin de lui donner de gros bénéfices, lui ont laissé, en ce qui concerne les Lophophores et les Tra- gopans, une perte de 75 000 francs, heureusement couverte par d'autres opérations relatives au commerce des animaux. Pour se livrer, comme le fait M. Jamrach, à des voyages incessants dans l'Inde, voyages ayant uniquement pour but de rapporter des espèces précieuses, il faut donc autre chose que l'espérance du bénéfice à réaliser ; il faut avant tout être ama- teur, avoir la passion des animaux, comme c'est le cas pour notre confi'ère. Comme les années précédentes, la pisciculture a été l'objet de vos préoccupations ; vous avez suivi attentivement les pro- grès accomplis par cette industrie à l'étranger comme en France (2). Un grand nombre de nos confrères vous ont fait parvenir des renseignements sur leurs travaux de repeuple- plement des eaux; nous mentionnerons particulièrement les notes envoyées par MM. Braun (3), de Bouteyre (4), Gallais (5), Berthoule (6), Martial (7), le vicomte de Causans (8), Ch. Re- (1) William Jamrach, Importations de Faisans indiens {Bulletin, 1882, p. 585). (2) L'attention de la Société a été appelée sur les résultats remarquables ob- tenus en pisciculture dans le grand-duché de Bade, en Suède, en Allemagne, etc. (Bulletin, 1882, p. 169. 224., 227, 370). (3) Proces-verhaux {Bulletin, 1882, p. 5ij. (l) Ibidem, p. 50. (5) Ibidem, p. 57. (6) Ibidem, p. 168. (7) Ibidem, p. 171, 366. (8) Ibidem, p. 171, 232. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXI nonard (i), de Clermont (2), P. Garbonnier et Rathelot(3). M. Després (4-) et M. Noordoek-Hegt (5) vous ont fait con- naître l'inslallalion de leurs établissements de pisciculture, et un rapport vous a été présenté sur l'importante piscifacture, véritable ferme aquicole, créée àGremat(Ain)parMM. Liigrin et du Roveray qui, grâce à une heureuse découverte, ont su résoudre, dans cet établissement modèle, le problème de l'ali- mentation économique du poisson (6). M. le docteur Maslieurat-Lagémard, membre du Conseil général de la Creuse, vous a rendu compte des résultats très encourageants donnés par les opérations d'empoissonnement qui, sous son inspiration, s'effectuent depuis plusieurs années déjà dans les principales rivières de ce département (7). D'importants envois d'œufs de divers Salmonidés étrangers vous ont été faits cette année encore par de généreux dona- teurs, parmi lesquels nous avons, comme toujours, à men- tionner en première ligne M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire général des pêcheries des États-Unis (8). Environ 250 000 œufs de Whilefish {Coregonus albus), expédiés de New-York par ses ordres, vous sont arrivés en parfait état et vous ont permis d'entreprendre une très intéressante expé- rience d'acclimatation sur cette espèce, dont l'introduction dans nos eaux douces constituerait une précieuse acquisition. M. Fred. Mather, membre adjoint de la Commission des pê- cheries, a bien voulu, comme de coutume, prêter son con- cours à cet envoi, pour lequel nous ne saurions nous montrer trop reconnaissants. Plusieurs dons également très précieux nous ont été faits aussi par l'Association allemande de pisciculture qui, sur la proposition de son éminent président, M. de Behr, vous a gé- (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1882. p. 223. (2) Ibidem, p. 367. (3) Ibidem, p. 567. (4) Ibidem, p. 111. (5) Ibidem, p. 564. (6) G. Raveret-Wattel, L'établissement de pisciculture de Gremat {Bulletin, 1882, p. 591). (7) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 359). (8) Ibidem, p. 55, 123. LXXII SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. néreusement fourni la possibilité d'essais d'empoissonnement au moyen d'espèces de choix (1) recommandables soit par la qualité de leur chair, soit par la rapidité de leur croissance. Rappelons, en outre, que c'est grâce aux dons déjà précédem- ment faits à notre Société par M. de Behr (2) que vous avez pu constater cette année toute la rusticité du Saumon de Cali- fornie {Salmo quinnat), sur lequel MM. Rathelot (3) et de Glermont (4) vous ont fait parvenir des détails intéressants. Sachant que la Société d'Acclimatation s'occupe de toutes les questions qui se rattachent au repeuplement des rivières et à la protection des poissons migrateurs, M. le Ministre de la guerre a fait appel à vos lumières (5), en vue de la construc- tion d'une échelle à Saumons qui doit être établie sur la rivière du Dourduf, au barrage de la Poudrerie du Pont-de-Buis (Finistère). Les nombreux documents que vous tenez de la Commission des pêcheries des États-Unis et de quelques autres sources, concernant les échelles à Saumons, vous ont permis de renseigner l'Administration sur les différents systèmes en usage et sur les types les plus avantageux au point de vue de la dépense d'établissement et d'entretien, comme à celui du ■^fonctionnement des appareils. M. Seth-Green, de Rochester (New-York), un des vélérans de la pisciculture américaine, vous a rendu compte de ses très curieuses expériences d'hybridation entre différentes espèces de Salmonidés (6). De semblables expériences méritent d'être attentivement suivies au double point de vue de l'intérêt scien- tifique et des résultats pratiques à en obtenir. Rappelons enfin la note qui vous a été adressée par M. Vi- lanovay Piera, professeur de paléontologie à Madrid, con- cernant l'aquarium ou station zoologique de Naples(7), éta- blissement international dans lequel les savants de tous les (1) Procès-verbaux {Dullelin, 1882, p. 111, 186). (2) Ibidem, p. 55, 111. (3) Ibidem, p. 565. (i) Ibidem, p. 367. (5) Ibidem, p. 71U. (6) Ibidem, 693. (7) Vilaiiova y Piera, Note sur la station zoologique de Naples (Bulletin, 1882, p. 649). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXIII pays peuvent être admis à travailler et qui, par sa situation, son organisation, son développement, surpasse tous les éta- blissements analogues fondés jusqu'à ce jour. Vous avez encore reçu, pendant votre dernière session, de nombreux rapports sur la sériciculture et sur l'élevage desdi- ^ferses espèces de Vers à soie. Nous rappellerons particulière- ment les travaux de MM. Wailly (1), Hénon (2), Max-Cornu (3) etHuin(4). En rendant compte d'une éducation bivoltine de Ver à soie du Chêne de la Chine (Attacus Pernyi) faite à Paris (5), M. Huin vous a signalé les précautions qui lui paraissent les plus propres à assurer la réussite de ce genre d'élevage; il -vous a fait part, en outre, de ses nouvelles observations sur la conservation par le froid des œufs du Ver à soie du Chêne du Japon {Attacus Yama-maï). Les expériences auxquelles il •s'est livré ont montré que le séjour des œufs en glacière ne nuit en aucune façon aux éducations, et qu'en recourant à ce procédé, on n'a plus à se préoccuper nullement, pour la nour- riture des jeunes chenilles, du plus ou moins de précocité de la pousse des feuilles. M. Huin a constaté, d'ailleurs, qu'un relard se produit chaque année dans l'éclosion des Vers; peut-être pourra-t-on, peu à peu, arriver à une concordance •complète de celte éclosion avec la pousse des feuilles. M. Clément, qui s'est occupé, lui aussi, de l'éducation de ÏA. Perni/i, a constaté la possibilité d'élever cette espèce avec ■ la feuille du Prunier. Il y a là une observation utile à enre- gistrer, au moins pour l'éducateur citadin, qui rencontre parfois une certaine difficulté à se procurer des feuilles de Chêne pour des essais d'élevage, tandis que la feuille du Pru- nier se trouve dans tous les jardins (6). Une observation du même ordre a été faite par M. Fallou, (1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 58, Ô'OG, 361, 57G). (2) Ihidein, p. 186. (3) Ibidem, p. 566. (4) Ibidem, p. 693. (5) Huin, Education bivoltine d'Attacus Pernyi; rusticité de TAltacus Yama- maï {Bulletin, 1882, p. U). (6) A.-L. Clément, i\ote sur une éducation (/'Attacus Pernyi faite sur le Pru- nier {Bulletin, 1882, p. 84). LXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. lequel a réussi à élever sur l'Erable plane VAttacus Ce- cropia, et à utiliser ainsi une feuille sans valeur pour l'éduca- tion de ce Ver à soie américain qui, dans les conditions naturelles, vit aux dépens des arbres fruitiers (1). M. Alfred Wailly, qui continue avec le plus grand zèle ses importations de Bombyciens séricigènes exotiques, est par- venu, sous le climat si peu favorable de Londres, à mener à bien l'éducation de nombreuses espèces tirées de l'Inde, de la Chine et de l'Amérique du Nord (2). Les croisements qu'il a obtenus de certaines de ces espèces ne sont pas seulement curieux, car les races hybrides ainsi formées semblent pré- senter des avantages sous le rapport de la qualité de la soie. M. Maurice Girard a porté à votre connaissance des aber- rations dans la forme du contour des ailes observées chez VAttacus Pernyi et chez VAttaciis Yama-maï (3). Ces aber- rations, qui constituent, en somme, un défaut dans la con- texture du contour des ailes, se sont toutes produites dans des éducations captives, faites plus ou moins à la chambre, et elles proviennent vraisemblablement d'une dégénérescence, le papillon ne trouvant plus dans les tissus de la chrysalide assez de matière pour garnir complètement ses ailes. Il est assez probable que ces faits ne se présenteront plus quand VAttacus Pernyi sera entièrement acclimaté en France, à la façon du Ver à soie de l'Ailante, comme il l'est déjà dans le nord de l'Espagne. Aussi M. Maurice Girard est-il d'avis que nous devons porter tous nos efforts sur cette espèce, et laisser de côté VAttactis Yama-maï du Japon, exigeant un climat insulaire dans des conditions spéciales. Mais nous devons fonderies plus légitimes espérances sur l'A. Pernyi^ à soie excellente, en voyant les magnifiques cocons présentés à la Société et provenant d'éducations en plein bois et entièrement à l'air libre, faites par M. J.-B. Biaise, à Choloy (Meurthe-et- (1) J. Fallou, Note pour servir à l'éducation d'un Bombycien séricigène {Bul- letin, 1882, p. 137). (2) Alfred Wailly, Educations de Bombyciens séricigènes. — Séricigènes exo- tiques (Bulletin, 1882, p. 576;. (3) Maurice Girard, Note sur le» aberrations observées cliei les Attaciens asia- tiques (Bulletin, 1882, p. 653). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXV Moselle), et par M. J. Falloii, dans la forêt de Sénart (Seine- et-Oise). M"" veuve Simon, née de Fruisseaux, de Forest-Halle-lez- Briixelles, a continué ses éducations d'Attaciis Pernyi; elle paraît être aujourd'hui définitivement en possession de la race imivoltine créée par ses soins depuis cinq ans Çl). M. Hignet, de Varsovie, qui s'occupe avec succès de Féle- vage du Ver à soie du Mûrier et de plusieurs Bombyciens sé- ricigènes nouveaux, vous a fait parvenir, avec de la graine saine provenant de sa récolte (2), des échantillons de cocons et de soie qui donnent lieu de croire que l'industrie séricicole trouverait en Pologne des chances de réussite. D'autres envois de graines de choix vous ont été également faits, notamment par M'"' Boucarut (3) et par M. le comte Casali (4), de Milan, qui a bien voulu vous mettre à même d'essayer l'éducation de la race milanaise dite Verdolina Ca- sati, très répandue en Lombardie et en Vénétie, où elle est fort estimée. Comme les années précédentes, de nombreux rapports sur la culture des plantes qu'ils tenaient de la Société vous ont été adressés par plusieurs de nos confrères (5). Vous avez surtout remarqué ceux fournis par M. Mathey (6) et par M. Félix de la Rochemacé (7) sur l'utilisation de la Saggina comme plante fourragère; par M. Ludovic Joffrion, sur la culture du Soja, du Chou de Chaves, etc. (8); par M. Giuseppe Gnecchi, de Milan, sur la possibilité de l'introduction du Téosinlé dans l'Italie centrale et méridionale (9) ; par M. Le- mut, sur la culture du Pht/salis Peruviana (10). (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 58, 176, 305). (2) Ibidem, p. 123, 175. (3) Ibidem, p. 306. (i^ Ibidem, p. 697. (5) Des notes très intéressantes ont été adressées notamment par MM. Nau- din, Léo d'Ounous, Casati, Sagot et Mathey (Bulletin, 1882, p. 306, 307, 612 6tt3, 697, 698). (6) Proces-verbaux (Bulletin, 1882, p. 697). (7) Ibidem, p. 59. (8) Ibidem, p. 113. (9) Ibidem, p. 115, 170. (10) Ibidem, p. 235. LXXYI SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. Nous devons une mention toute particulière aux nombreux succès obtenus dans la culture de plantes alimentaires nou- ^velles par M. Paillieux (1), auquel revient l'honneur de plu- .sieurs acquisitions fort intéressantes. Parmi les mémoires importants qui vous ont été soumis concernant différents végétaux, il convient de citer spéciale- ment aussi ceux de M. Dabry de Thiersant, sur le Caféier de .Libéria et sur la culture de cette espèce, qui paraît appelée à. faire avant peu une concurrence sérieuse au Café d'Arabie et à enrichir en même temps un grand nombre de pays inter- tropicaux (2) ; de M. Charles Rivière, sur le genre Melaleuca au point de vue du boisement économique et pratique de l'Algérie (3); de M. Romanet du Gaillaud, sur l'introduction en France de deux Vignes chinoises (-4); de M. le docteur E. Bretschneider, médecin de la légation de France à Pékin, sur un certain nombre de plantes de la Chine, etc. (5). M. le docteur Mène a continué le travail considérable qu'il .a entrepris sur la flore du Japon. Cette étude, d'une haute valeur scientifique, constitue assurément l'un des plus remar- quables documents qu'ait jusqu'ici T^uhWés noire Bulletin (6). De son côté, M. Auguste Pissot, inspecteur des forêts, con- servateur du Bois de Boulogne, a complété le rapport qu'il avait commencé l'an passé sur les conséquences du rigoureux hiver de 1879-1880, pour les diverses essences d'arbres réu- nies dans ce parc admirable. Ce savant et consciencieux tra- vail fournit bien des indications utiles pour les amateurs de cultures forestières et d'ornement (7). M. Bouchereau, qui a été le premier, au moins en France, à donner à l'Eucalyptus une utiUsation industrielle comme (1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 312, 361, 493, 636). (2) Dabry de Tliiersant, Le Caféier de Libéria (Bulletin, 1882, p. il7). (3) Charles Rivière, Le Niaouli et le genre Melaleuca en Algérie {Bulletin, 1882 p. 529.602). (4) Romanet du Gaillaud, Sur deux Vignes chinoises {Bulletin, 1882, p. 384). (5) E. Bretschneider, Plantes de Pékin (Bulletin, 1882, p. 596). (6) Df E. iMène, Des productions végétales du Japon {Dullelin, 1882, p. 7, 142, 273, 466, 658). (7) Auguste Pissot, Effets des gelées au bois de Boulogne {Bulletin, 1882, p. 86. 197). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXXVIÏ ' bois d'ébénisterie, vous a signalé l'inexactitude d'assertions d'après lesquelles ce bois serait d'un emploi difficile. Notre confrère a fait voir qu'en prenant les plus simples précau- tions après Tabatage des arbres, le bois ne se crevasse pas/ reste sain et facile à travailler, et conserve toute sa partie ré- sistante (1). ' Comme toujours, des dons généreux (2), des envois impor-' tants de plantes, fruits et graines, aussi bien que d'animaux,^ vous ont été faits. Nous mentionnerons en particulier ceux de MM. Ujfalvi (3), Maéda(4-), Paillieux (5), Bretschneider (6), Heymonet(7), Jules Grandidier (8), Fréd. Romanet du Cail- laud (9), Sanford (10), Emile Harel (11), Vavin (12), Tou- rasse (13), et Le Myre de Villers (U). Rappelons enfin que la bibliothèque s'est encore enrichie d'une façon importante, grâce à la générosité de nombreux donateurs, au nombre desquels figurent en première ligne MM. les Ministres de l'agriculture, de la marine (15) et du commerce (16). (11 Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 116). (2) Nous devons rappeler en particulier le don d'une somme de 1000 francs fait à la Société par M. Berend, pour la fondation d'un prix à décerner à l'au- teur du meilleur travail faisant connaître, au point de vue historique et pratique, les travaux relatifs à l'acclimatation et les résultats obtenus depuis la création de la Société (Bulletin, 1882, p. xvii, 227). (3) M. Georges de Ujfalvi a ramené de Turkestan de nouveaux types de Oiiicus lévriers très intéressants (Bulletin, 1882, p. 129). (4.) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 128). (5) Ibidem, p. 128, 493, G36. (6) Ibidem, p. 128. r (7) Ibidem, p. 116. (8) Ibidem, p. 116. (9) Ibidem, p. 225, 301. (10) Ibidem, p. 232. (11) Ibidem, Y>. 309. > (12) Ibidem, p. 363,494,636. (13) Ibidem, p. 568. (14) M. Le Myre de Villers, alors gouverneur de la Cochinchine, a fait, .au conir mencemcnt de Tannée, un très important envoi de plantes et d'animaux, com- prenant notamment des Bœufs trotteurs renommés par leur rapidité, de petits Chevaux siamois, et un grand nombre d'oiseaux intéressants, entre autres des Éperonniers de Germain (Bulletin, 1882, p. 309). (15) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 689). (16) Ibidem, p. 166, 689. 11 convient de mentionner spécialement aussi M. Thomas B. Fcrguson, com- missaire des États-Unis à TExposition universelle de 1878, à Paris, qui a bien LXXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. Si, grâce aux notables progrès dont ce rapport vient de vous donner un aperçu, la Société a ressenti des satisfactions bien légitimes, elle a aussi, Messieurs, compté des jours de tristesse et de deuil. Nous avons eu la douleur de perdre M. Tourasse, qui ser- vait activement la cause de l'acclimatation, et qui, possesseur d'une grande fortune, la consacrait presque entièrement à des œuvres philanthropiques et d'utilité générale. Amateur distingué de plantes rares, M. Tourasse avait réuni dans le vaste parc de sa villa, près de Pau, des collections du plus grand intérêt; il y avait, en outre, créé un champ d'expé- riences et une véritable école d'arboriculture, qui rendaient de très utiles services. M. Tourasse emporte les regrets de tous ceux qui l'ont connu. La Société a aussi perdu deux de ses délégués à l'étranger : M. Wilson, de Philadelphie, l'un de nos plus actifs représen- tants, et M. le docteur Ploem, de Batavia, correspondant zélé, auquel nous devions de nombreux envois de plantes et d'ani- maux. La mort nous a également enlevé M. Duchesne de Bel- lecourt, ancien ministre plénipotentiaire, qui, depuis long- temps membre honoraire de la Société, profitait de son séjour à l'étranger pour nous faire de précieux envois. MM. Piver, Henri Mars, Gustave Dufeu, Eugène Gallimard, Grubert, Chaumette, Speltz, deBellonnet, Tobias, Casamayor, de Gouttes, F. A. Liénard, Cornalia, Bonnefons, de Faultrier, Cadaran de Saint-Mars, de Chanteau, A. Gros, Béchu et baron de Lintjens, ont aussi disparu de nos rangs. La Société, Messieurs, a ressenti cruellement la perte qu'elle a faite en la personne de ces regrettés collaborateurs, et c'é- tait pour nous un devoir, dans cette revue de la session qui vient de finir, de rendre un dernier hommage à leur mé- moire. A côté de ces vides douloureux faits dans nos rangs, nous avons heureusement à enregistrer des adhésions nombreuses, en même temps que la création de Sociétés qui, filles de la voulu adresser à la Société la série complète des rapports officiels publiés sur cette Exposition par ordre du gouvernement fédéral {Bulletin, 1882, p. 53). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXIX nôtre, viennent unir leurs efforts aux siens. Ces relations, cette communauté d'efforts, contribueront certainement dans l'avenir à faire progresser plus rapidement encore que par le passé l'œuvre si éminemment utile de l'acclimatation. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES (^> Par M. Alb. GEOFFROY SAIIKT-HILAIRE Secrétaire général. Mesdames, Messieurs, J'ai l'honneur de venir lire devant vous le rapport relatif aux récompenses que la Société nationale d'Acclimatation dé- cerne aujourd'hui pour la vingt-sixième fois. Qu'il me soit permis de remercier comme il convient les rapporteurs des cinq sections, MM. Saint-Yves Ménard, Millet^ Vidal, Fallou et le docteur Mène qui ont apporté dans leurs délicates fonctions l'esprit le plus éclairé ; ce n'est pas d'au- jourd'hui que nous savons apprécier ces collaborateurs. Nos récompenses, comme vous le verrez bientôt, vont cher- cher les lauréats dans les cinq parties du monde. C'est que notre Société prend intérêt à tous les résultats, quel que soit le lieu où ils sont obtenus. L'œuvre de la Société d'Acclimatation, Mesdames et Mes- sieurs, a fait depuis que notre association existe les progrès les plus importants. Aujourd'hui l'esprit public est initié à nos efforts ; nous pouvons, sous l'impulsion du chef émi- nent que nous nous sommes donné, aborder l'étude des pro- blèmes les plus difficiles. Pour atteindre le but, il nous faut un état-major composé de savants distingués : nous l'avons ; il nous faut une armée de travailleurs; nos efforts doivent tendre à l'augmenter, car (1) La Commission des récompenses était ainsi composée : Membres de droit: MM. le Président et le Secrétaire général. Membres déléijués du Conseil: MM. Berthoulc, Maurice Girard, le docteur H. Labarraque, liaveret-Wattcl et le marquis de Sinéty, Membres délégués des sections: MM. Saint-Yves Ménard _(!"= section), G. Millet (2° sect.), Vidal (3= sect.), J. Fallou (4° sect.) et le docteur Mène (5° sect.). RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXXI nous ne serons jamais assez nombreux, assez riches, pour tout le bien que nous avons à faire. Mais revenons sans plus tarder à la proclamation de nos lauréats. La liste en est longue et je réclame l'indulgence de l'assemblée pour le rapporteur. PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES. Gi*nnENDANT L'INCUBATION / Caire, Parc de Matarieh, lo 0 mars 188'2. Monsieur le Secrétaire général , Voici le résultat de quelques observations laites aux mois d'avril et de mai dernier, pour me rendre compte, du moins approximativemenl, de la chaleur que chaque embryon déve- loppe pendant l'incubation. Faute de pouvoir suivre une méthode d'expérimentation scientifique, voici la marche suivie pour arriver au résidlat : Deux incubateurs (hydro-couveuses) parfaitement pareils furent installés dans des conditions tout à fait identiques. Je fis marcher les deux concurremment à vide pendant quinze jours, pour m'assurer que leur déperdition de chaleur était la même. Ceci constaté, l'un continua à marcher à vide, l'autre fut chargé de dix œufs. A partir de la mise en incuba- tion des œufs et jusqu'au quarantième jour (veille de l'éclo- sion),je tenais compte, à chaque renouvellement d'eau, et pour les deux appareils, du produit de la quantité de litres d'eau soutirée par leur température, ainsi que du produit des litres remis par la température qu'ils avaient en entrant dans la citerne. La différence entre ces deux quantités représentait en calories la chaleur qu'il fallait ajouter chaque douze heures aux appareils pour maintenir les deux à la même température. Pendant les quarante jours, cette quantité a été : Pour l'incubateur n" -4 marchant à vide 58723 calories — 5 avec 10 œufs fécondés 297ÎU » d'où une dilTérence de 28!)29 calories i'I SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. qu'avait demandées en moins l'appareil ïf 5, calories qui né- cessairement avaient été fournies parla vie des dix embryons pendant les quarante jours d'incubation. Il faut remarquer que ce chiffre, ainsi que ceux qui sui- vent, ne représente qu'un minimum inférieur à la vérité, car la chaleur émise par les œufs pendant l'ouverture des tiroirs, le mirage, etc., était perdue et n'était pas recueillie par la machine. Toutefois, et faute de mieux, en divisant les observations en quatre périodes de dix jours chaque, j'ai dressé les tableaux suivants : Appareil n" -4 marchant à vide. [lillei'ciice on Citlories :ijoutées| PKIÎlDDE Litres d'oau Ciilories C.'ilories — - -— — ■ - du d(l jours. soutirés ot remis. de l'caii soiiliri'e. de l'caii ri'nii-o. pour une période do 10 jours. par "2i' heures. 1 320 16 824 31 080 1 5 356 1536 2 295 15 822 29 205 13 383 1338 3 314 16 130 31 086 1 4 956 1 495 A 318 16 454 41 453 15 028 1503 Totaux. 1 247 64 730 123 453 58 723 Apjmreil n" 5 avec 10 œufs fécondés l'KRlODES Litres d'eau Calories Calories DilTéreiice ou t aiories ajouté-es de soutirés de de pour 10 jour-;. et remis. l'eau soutirée. l'eau remise. une période de 10 jours. •2i heures. 1 225 1 1 936 22 275 10339 1034 2 107.5 8 591 16 582 7 991 799 o 1 30 0 859 13 461 6 605 660 4 91.5 4199 9058 4859 48(; Totaux. 620 31585 61379 29 791 LA VIANDE d'autruche. 13 Comparaison entre les deux tableaux qui précèdent. Calories ajoutées toutes les 24 heui'es Ep'iqiic. ^-^ — — .^- - ^,i^— — au 11" i. au 11" 5. 1 1536 1034 2 1338 799 -3 1495 660 ■ï 1503 486 DilTcrcnce ou calories fournies cliaque 2i lieures parlOeiiibryoïis. |iar clia(|uc embryon. 502 539 835 1017 50 54 83 102 Ur, sans dire que la respiration soit une combustion, cause unique de la chaleur animale, je crois pouvoir admettre une certaine relation entre la chaleur produite par l'œuf et l'air qu'il nécessite pour sa respiration, dans ce sens que si d'un côté la chaleur produite aua;mente en raison du développe- ment de l'embryon, ce dernier demande plus d'air au fur et à mesure qu'il grandit. En représentant donc par ic un volume d'air déterminé, un œuf d'Autruche nécessitera : 50 X par jour du J ■■ au 10^ jour d'incubalioii ; 54 a; » . 1 i' 20' » » 83 X î 21» 30*^ » » 40" » » 102 X 21» 31* J'espère un jour me renseigner complètement sur la valeur exacte de x. Pour le moment, l'analyse de l'air puisé dans un incuba- teur (qui en contenait 100 litres) deux heures après sa ferme- ture, m'a donné Oxygène. . . . 13.60 AuU'es gaz. . . 86.40 100 Soit, en chilfres ronds, la moitié de Toxygène avait été ab- sorbée. Ui' cet incubateur contenait 12 œufs au vingtième jour, qui, en conséquence, ont nécessité 20 litres d'air en deux 14 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. heures, soit 600 litres en vingt-quatre heures, ou bien 50 litres par œuf et par vingt-quatre heures. En divisant cette dernière quantité par 54- (coefficient de la deuxième période d'incubation), on obtient 0*925 comme valeur de x. Il faudra donc pour chaque œuf et par vingt-quatre heures : Pendant la !■■'= période 50 X 0,925 = il litres d'air par jour — 2^ — 54 X 0,925 = 50 — — 3= — 83 X 0,925 = 77 — _ 4e _ 102 X 0,925 = 94 — J'aurais bien voulu terminer ici ma lettre; mais un argu- ment en amène un autre, et je me sens bien tenté de risquer quelques mots sur ma manière de considérer la respiration des œufs des oiseaux. Je dis risquer, car je pouri^ais parfois heurter des idées reçues et des théories acceptées sans pou- voir, faute de moyens, appuyer mes opinions par la preuve indiscutable de l'expérience directe. Je vais donc me contenter devons exposer mes idées, qui sont ma conviction jusqu'à preuve contraire. J'ai à discuter deux points : le rôle de la chambre à air et la manière dont s'accomplit l'échange de gaz à travers les membranes coquillières. Sur le premier, l'idée généralement admise est que la chambre à air est un réservoir destiné à fournir les premières quantités d'oxygène au poussin avant son éclosion. Pénétré moi aussi de cette idée, quelle ne fut pas ma sur- prise en voyant, pendant l'hiver 1878-79, les Autruchons bêcher leurs œufs et naître sans toucher à la chambre à air, laissant celle-ci intacte et bêchant vers le milieu de l'œuf, quelquefois au bout opposé. Je crus d'abord à une anomalie dépendant d'une mauvaise incubation artificielle ; mais les soins minutieux, les véritables volumes de notes et observa- tions recueiUies pendant les hivers suivants, 1879-80 et 1880-81, ne me laissèrent plus aucun doute. Gela se répétait toujours, et s'il y avait anomalie, c'était lorsque le bêchage s'accomplissait en brisant d'abord la membrane interne tendue LA VIANDE d'autruche. 15 qui limite la chambre à air. Plus que jamais intrigué, je mis en incubation 60 œufs de Poule, dont 50 et quelques vinrent a éclosion. Ce ne fut qu'une confirmation. Le poussin pro- cède autrement que l'Aulruchon, mais la chambre à air de- meure intacte. L'Aulruchon frappe du bec sur un seul point (n'importe lequel, excepté sur la chambre k air) jusqu'à ce que la coquille se fende, et dès lors, par des mouvements convulsifs, et par- ticulièrement en détendant ses pattes par secousses, mais sans changer de place, il arrive à élargir les fentes et à faire sauter la coquille par gros morceaux. Le Poulet, au contraire, tourne dans l'œuf pendant le bêchage et suit de la pointe du bec le cercle qui limite la chambre à air, mais en dedans de l'œuf et non dans l'espace occupé par celte dernière. Il arrive ainsi à percer, par des coups répétés, une série de trous très rap- prochés, dont le résultat est de détacher d'une pièce toute la calotte du gros bout de l'œuf. La calotte amène avec elle la membrane tendue qui limitait la chambre à air et l'ensemble rappelle assez bien une timbale. 11 arrive quelquefois qu'un ou plusieurs coups de bec mal dirigés déchirent celte mem- brane, ou bien qu'elle se déchire lorsque le Poussin n'a pas bêché assez régulièrement; mais c'est rare. Cinquante Pou- lets sont nés sans avoir touché à la chambre à air, plus un même nombre d'Autruchons également. Toutes ces éclosions étaient-elles des anomalies ou des exceptions? Je ne le pense pas. Ce n'est pas le poussin qui perce la membrane intérieure pour atteindre l'air. Du reste, rien ne prouve que cet espace renferme de l'air respirable. Tout est là plutôt pour prouver que le poussin ne respire par les poumons qu'après le bê- chage. Gela ne veut pas dire qu'il n'inspire et n'expire pas. En effet, quelque temps avant l'éclosion, le sang est envoyé tou- jouis avec plus de force et en plus grande quantité aux pou- mons. Ceux-ci sont forcés de s'étendre et de se coniracter, et comme dans les espaces de l'œuf qui ne sont pas remplis par le corps du poussin il y a nécessairement des gaz, le bruit d'une respiration se fait entendre. Ce bruit est tellement pro- 16 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. nonce, que par l'application du microphone à l'auscullalion des u.'ufs, il m'a été permis de déterminer assez exactement le moment du bêchage. Mais si on surprend un poussin à ce moment-là, il sera facile de s'apercevoir que les poumons n'ont fonctionné que mécaniquement, non physiologique- ment. Le sang recourt encore à l'allanloïs pour s'oxyder. En pratique, on recommande beaucoup de ne pas aider le Poulet à sortir de l'oBuf; sans quoi, il mourrait d'hémorragie. Or cette hémorragie provient toujours de la déchirure d'un des nombreux vaisseaux sanguins de l'allanloïs; ce qui prouve qu'après le bêchage le sang continue encore pour quelque temps à s'oxyder à l'extérieur de l'être. Chez l'Autruche, cet état entre la vie ovarique et la vie in- dividuelle dure de trois à six heures. Au premier bêchage, à la première inspiration de l'air ambiant, le cordon ombilical et tous les vaisseaux allantoïdiens sont encore en pleine fonc- tion, et ce n'est que plus tard que le sang qu'ils contiennent reflue en grande partie à l'intérieur du corps, que le cordon ombilical se vide, se dessèche et se déchire à l'ombilic. Je crois pouvoir dire que la véritable respiration pulmonaire ne peut être que celle qui anéantit la respiration allantoïdienne. Et cette dernière n'est supprimée qu'assez longtemps après le bêchage. La chambre à air ne serait donc qu'un simple tampon élas- tique destiné à maintenir les couches des différentes albu- mines, ainsi que du vitellus, dans le même ordre et position relatives qu'elles occupaient avant la formation de la cham- bre. En effet, l'évaporation de l'œuf détermine une diminu- tion dans le volume de son contenu, et si la chambre à air ne venait pas remplacer ce vide, la cicatricule ne se trouverait plus tenue contre sa coquille, les différentes couches d'albu- mine, devenant de plus en plus planes au lieu de rester con- vexes, se déplaceraient relativement au vitellus; la position des chalazes en souffrirait aussi. Il y aurait enfin un désordre complet et une dislance telle entre la coque et la cicatricule que la transmission de la chaleur, pendant l'incubation, serait rendue très problématique. Si j'ai appuyé sur l'impor- LA VIANDE d'autruche. 17 tance qu'il y a à ce que les différentes couches d'albumine conservent (relativement au vitellus) la place qu'elles avaient . au moment de la ponte, c'est parce que j'ai lieu de croire que chacune joue, pendant l'incubation, un rôle spécial. J'ai re- marqué, sans toutefois avoir pu le constater définitivement, que certaines parties de l'œuf, dès le début de l'incubation, deviennent incoagulables. La nécessité d'un certain équilibre dans la disposition des différentes couches d'albumine pourrait bien ne pas être étran- gère à la remarque faite par M. G. Dareste, c'est-à-dire que les œufs qui ont subi des secousses de transport ne doivent pas être mis en incubation immédiatement après, mais seulement lorsqu'ils ont dem.euré en repos quelque temps. Je considère ce repos comme indispensable pour rétablir un équilibre qui a été dérangé par le transport. Une autre idée généralement admise est que la respiration allantoïdienne s'accomplit par simple filtration de l'air cà tra- vers la coque et ses membranes, ces dernières ne jouant dans ce cas qu'un rôle bien passif. Je me permets de penser diffé- remment, et voici pourquoi : Les membranes coquillières, par leurnature, laissent d'au- tant mieux passerles gaz qu'elles sont plus sèches. Une preuve grossière, mais concluante, est fournie par les œufs pourris, qui incommodent d'autant plus l'odorat qu'ils se trouvent dans un milieu plus sec. Les gaz intérieurs s'échappent alors plus facilement, et à tel point que dans une atmosphère sèche la pression intérieure de ces œufs n'arrive jamais à les faire éclater, tandis qu'ils éclatent souvent dans les climats humi- des. C'est que dans ces derniers les membranes s'opposent tellement à la sortie des produits de la décomposition, que ceux-ci acquièrent bientôt une tension énorme. Du reste, on ne saurait se rendre compte de la pression intérieure qui existe toujours dans les œufs pourris sans admettre la presque imperméabilité des membranes. Mais, d'un autre côté, il est prouvé qu'une condition indis- pensable à la bonne incubation est que les œufs plongent dans une atmosphère humide. 3* SÉRIE, T. X. — Janvier 1883. 2 18 SOCIKTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATIOJN. Quelques praticiens prétendent que cette humidité est né- cessaire pour faciliter l'éclosion, car les membranes sèches sont difficilement déchirées par les poussins, s'y collent et le gênent dans ses mouvements. Or rien de plus facile que de constater que la membrane coquillière sèche est beaucoup plus cassante, beaucoup plus facile à déchirer que l'humide, qui est tenace et élastique. Quant à se coller au poussin, c'est toujours l'effet du dessèchement de l'allantoïs et des matières albuminoïdes qui y adhèrent, mais jamais l'elTel de la mem- brane coquillière. L'humidité est donc une des conditions de l'incubation. L'œuf toutefois n'en a pas besoin, car, au contraire, il en re- jette toujours par évaporation. Voici quelques chiffres pris au hasard dans mes notes : A LA NAISSANCP;. Poids à la mise on 10 jours aprijs. 20 jours après. 30 jours après. te 5 « c 1 ^ 3 .a Poussin. Coque. ^ wT Perle iiiciih.ilion S Sr- gr. gr. gr- gr. ei-. yr- gr. 1630 1589 1557 1521 1470 1097 292 4(i 35 IfiiS 1504. 1611 1468 1570 1430 1533 1387 1470 1330 1112 1012 295 262 39 30 24 26 L'humidité ambiante n'est donc destinée qu'à maintenir les membranes coquillières à un certain degré d'humidité en empêchant une évaporation trop rapide par la coquille, éva- poration qui ne manquerait pas de se produire trop rapide- ment dans une atmosphère sèche. Mais si la vie embryonnaire n'est possible qu'en tenant les membranes coquillières dans un état qui empêche or. du moins ralentisse beaucoup le passage libre des gaz, c'est que ces gaz sont très probablement conduits à travers les mem- branes en solution dan.s ic liquide qui les humecte. Le rôle LA VIANDE d'AUTUUCHE. 19 des membranes serait donc plus compliqué qu'il ne paraît au premier abord. On s'imagine souvent que l'œuf des oiseaux (et d'autres organismes aussi) nécessite une certaine quantité de chaleur pour son développement, quantité qu'on a définie sous le nom de somme de chaleur. Je ne comprends pas, ou du moins j'ignore quelles sont et comment ont été conduites les expé- riences par lesquelles on a pu constater cette assimilation de chaleur de la part des organismes, principe qui conduit à considérer l'être vivant comme une machine à vapeur trans- formant la chaleur en vie plutôt qu'en force. Ce qui .est sûr, c'est que l'animal adulte est producteur et non consommateur de chaleur. Je ne connais pas d'oiseaux (puisque je cause Autruches) qui fassent baisser la tempéra- ture du local dans lequel ils sont enfermés. C'est le contraire qui a lieu. L'analogie déjà ferait admettre le même principe pour l'œuf en incubation, qui devrait rationnellement suivre les mêmes lois que l'organisme plus complet dont il provient et qu'il deviendra lui même. Mais il y a plus que l'analogie, il y a l'expérience. Dans un incubateur industriel, c'est-cà-dire grossièrement façonné et peu sensible, mis en pratique dans des conditions excellentes, mais contraires à des recherches exactes, la production de chaleur par les œufs, lorsqu'il y en a vingt-quatre d'Autruche dans l'appareil, est sensible du cinquième au sixième jour d'incubation. Or, si avec de tels appareils et dans de telles conditions la chaleur produite par les œufs se révèle au cinquième jour, peut-on croire autre chose, sinon que l'œuf produit de la chaleur dès le commen- cement de son développement? Des instruments scientifiques le constateraient sans doute. L'œuf ne consomme pas une seule calorie pendant toute l'incubation ; au contraire, la formation de l'être futur ne se fait qu'avec production de chaleur. Il y a, il est vrai, aux pre- miers instants d'incubation une certaine quantité de cha- leur qui disparaît temporairement : mais cette chaleur n'est autre que celle nécessaire à porter la masse de l'œuf à la température d'incubation ; en d'autres termes, c'est la resti- 20 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. tution delà chaleur que l'œuf a perdue au moment de la ponte par le refroidissement qu'il a subi, chaleur dont l'origine est dans les fonctions vitales de la Poule. Pas un atome de cha- leur étranger à la vie animale ne serait absorbé si l'œuf était mis en incubation aussitôt pondu. L'organisme (l'œuf compris) n'est pas un consommateur, mais un producteur de chaleur; seulement cette production, qui est une des manifestations de la vie, n'est possible que dans un milieu dont la température ne varie pas au delà de certaines limites. Ces températures extrêmes, au delà des- quelles les organismes cessent de vivre, sont d'autant plus éloignées, elles embrassent d'autant plus de degrés de nos échelles thermomélriques, que l'animal est plus développé, que ses organes sont plus parfaits ; 40 degrés d'écart ne sus- pendent pas la vitalité de l'adulte, mais 5 à G degrés suffisent à suspendre celle de l'œuf. Si pour l'incubation on est obligé de recourir à une source de chaleur, ce n'est pas certaine- ment pour fournir du calorique à l'œuf, qui n'en a pas be- soin ; c'est simplement pour le tenir dans un milieu d'une température telle qu'elle est nécessaire pour que ses parties constituantes, mues par une vie propre, puissent l'exercer. Je me permettrai de dire, en concluant, que l'œuf des oiseaux porte en lui tous les éléments nécessaires à le changer en animal parfait, sauf l'oxygène qu'il est obligé de prendre à l'air, et qui est la seule chose qu'il consomme, qu'il s'assi- mile. Seulement, cette assimilation n'est possible qu'à une température donnée et dans une atmosphère humide. Chaleur et humidité sont des éléments qui ne contribuent que d'une manière tout à fait passive au développement de l'œuf; ce ne sont que des conditions de vie de l'embryon, et non des élé- ments qui prennent part à sa formation. CULTURE KXPÉPJMt:NTALE DE PLANTES CHLNOISES Par n. PAILLIEL'X Messieurs, Dans notre Bulletin d'octobre vous avez pu lire une lettre très intéressante de M. le D' E. Bretsrhneider, botaniste dis- tiniïué et médecin de la légation russe à Pékin. Cette lettre était suivie d'une liste des graines et des tuber- cules de cent douze plantes dont elle avisait Tenvoi. M. A. Geoffroy Saint-Hilaire ayant bien voulu me confier la culture expérimentale d'un certain nombre de ces plantes, je vais avoir l'honneur de vous en rendre compte; mais je vous demande la permission de vous présenter quelques observa- tions en réponse à celles que contient la lettre du docteur. Dans l'appendice au dictionnaire français-latin-chinois de M. l'abbé Perny, je lis : AraliK edulis, en chinois Tou hô, et l'auteur du dictionnaire a bien voulu m'écrire le nom de la plante en caractères chinois que je mets sous vos yeux. Le Japon et la Chine ont une flore alimentaire commune, à peu près en tous points, et, lorsque j'ai dressé la liste de nos desiderata, j'ai dû croire que l'Aralia comestible mentionnée par M. l'abbé Perny n'était pas seulement cultivée en Chine comme plante médicinale, mais aussi comme plante pota- gère. Siebold ne fait pas de distinction entre VAralia edulis de Chine et celui du Japon. Selon lui, on cultive cette plante en Chine comme sudoritique, tandis qu'au Japon on la cultive essentiellement pour sa racine, qui est d'un goût agréable, et pour ses jeunes tiges, qui sont uh délicieux légume. Le compte rendu japonais de l'Exposition de 1878 s'exprime ainsi: « Udo, Aralia cordata{\)es\. une plante dont on recouvre les racines (1) Synonyme de A. edulis. 22 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACGLIMATATION. en hiver d'une couche de détritus de végétaux et dont on mange les pousses à mesure qu'elles apparaissent. Les bour- geons de ces pousses sont employés comme épices. » Mon excel- lent correspondant, M. le D' Hénon, m'écrivait, le 20 avril 1879 : « La seule plante potagère que je regrette de n'avoir pas apportée, à présent que vous m'avez envoyé le Gingembre, est une Araliacée appelée au Japon Udo. Je crois que c'est VAralia cordata de Thunberg. On en récolte les jeunes pous- ses au printemps à l'étal sauvage et on les mange cuites, comme nous mangeons les céleris et les cardons. C'est très tort et très mauvais, comme l'est du reste le céleri non blanchi ; mais VUdo, cultivé et blanchi sous des feuilles ou delà litière, est très bon et il s'en fait au printemps une assez grande con- sommation. » Je regrette infiniment que M. E. Bretschneiderne nous ait pas envoyé la plante médicinale chinoise, disposé que je suis à croire qu'elle n'est autre que l'f/do japonais, rendu comes- tible par l'étiolement. Vous savez, en effet, que les plantes acres, amères ou aromatiques à l'excès peuvent souvent être admises sur nos tables lorsqu'on les a t'ait végéter dans l'ob- scurité. M. Bretschneider nous a envoyé des tubercules d'Eleo- charis tuberosa, avec cette note : « Je vous envoie quelques échantillons de ces tubercules qu'on cultive beaucoup dans les marais et aux environs de Pékin. La plante ici ne fleurit jamais; on plante toujours les tubercules. Je doute fort que mes échantillons arrivent en bon état à Paris. » Ils sont arrivés, en effet, dans un état de complète décom- position. La plante se cultive dans l'eau comme le riz et n'au- rait peut-être prospéré chez nous que dans les terrains des- salés de la Camargue. J'aborde maintenant le compte rendu que je vous ai an- noncé de mes cultures expérimentales. J'ai cultivé les Cucur- bitacées qui portent sur la liste les n''' 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55,50,59,60,01, 02 et 03. PLANTES CHINOISES. 2S COURGES. N" 49. Courge meloniforme, de moyenne grosseur et d'assez Donne qualité. N" 50. Bénincasa cérifère. Excellent fruit que nous possé- dons déjà depuis longlemps. N° 51. Courge blanche, de moyenne grosseur, farineuse et, selon moi, de qualité tout à fait supérieure. N" 52. Courge, petite pomme rouge, non dégustée. N" 53. Courge toupie rouge; me semble purement orne- mentale. N" 54. Courge rouge, moyenne, d'excellente qualité. N" 55. Courge demi-longue, à rubans noirs sur fond jaune ; non dégustée. N° 56. Courge demi-longue à rubans blancs sur fond rou- geatre ; non dégustée. MELONS. Sous les n°' 61, 62, 63 j'ai trouvé trois Melons extrême- ment intéressants, auxquels j'ai donné des noms en rapport avec leurs caractères extérieurs. N" 61. Melon Chayote. Fruit petit, pyi-iforme, à écorce lisse, couleur vert-pomme; divisé en 1(1 côtes à peine indi- quées par des lignes d'un vert plus foncé que l'écorce. Lon- gueur, 16 centimètres; circonférence du côté du pédon- cule, 20 centimètres; circonférence du côté de l'ombilic, 27 centimètres; poids, 370 grammes. Ecorce très mince, chair épaisse, blanche, parfumée, très juteuse et très fondante. Sa forme rappelle un peu celle du Sechium edule et justifie le nom que je lui donne. Ce Melon est l'un des meilleurs que j'aie reçus de l'extrême Orient. Cultivé sous châssis, il m'a donné successivement une dizaine de fruits que je vais apprécier. Les Melons de la Chine et du Japon ont une saveur spéciale qui ne peut en aucune façon être assimilée à celle des Melons 24 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. cultivés en Europe. On ne les accepterait pas en France après le potage, comme les Cantaloups, les Sucrins, etc. On ne peut, selon moi, les manger qu'au dessert. Il faut cueillir le Melon Chayote très mûr et ne le manger que lorsqu'il est un peu amolli par la maturité et cède sous la pression du doigt. C'est alors qu'au dessert, après l'avoir pelé comme une poire et coupé en deux ou en quatre parties, on le mange, abondamment saupoudré de sucre. Ainsi présenté, il paraît bon à beaucoup de personnes, mais on doit le considérer comme un fruit à part, oublier qu'il se nomme Melon et ne pas vouloir, à tout prix, comme on le fait communément, qu'il ressemble à ce que nous pos- sédons déjà. N° 62. Melon Belle- Angevine. Fruit pyriforme, de cou- .eur verte, pointillée de jaune ; marqué de raies longitudi- nales d'un vert plus foncé que l'écorce. Longueur, 15 centimètres. Circonférence au point le plus développé, 29 centimètres. Ce Melon a la forme et la couleur d'une grosse poire et ressemble un peu au fruit dont je lui donne le nom. Son écorce est très mince; sa chair est verte, épaisse, juteuse, fon- dante et parfumée, mais il a le défaut de tous ses congénères; il n'est pas sucré. 11 faut donc le cueillir bien mûr, le servir au dessert et ne le manger qu'avec beaucoup de sucre. Le Melon Belle- Angevine est une plante d'amateur, cu- rieuse, estimable, mais inférieure aux variétés que nous cul- tivons. N" 63. Melon Zèbre. Fruit de la forme et du volume d'une grosse orange ; écorce lisse, zébrée de dix raies d'un vert foncé tranchant sur un fond jaune orange et descendant du pédon- cule à l'ombilic. Hauteur du fruit, environ 8 centimètres; circonférence, 28 centimètres ; largeur des raies variant de 1 et 1/2 à 2 cen- timètres; poids, 310 grammes. Le petit volume du fruit le ferait ranger parmi ces Melons portatifs, auxquels on a donné le nom de Melons de poche ou Melons-chasseur, s'il pouvait avoir le même emploi, mais il PLANTES CHINOISES. 25 manque de sucre comme les précédents et ne peut être mangé qu'au dessert. Le Melon Zèbre est d'un aspect séduisant ; sa chair est épaisse et blanclie, juteuse, fondante, très parfumée lorsqu'il est bien mûr. Je propose d'en faire l'usage que voici : Pour une table de vingt personnes on étagera en pyramide ou l'on disposera dans une corbeille douze ou quinze fruits qui formeront un très beau plat de milieu et charmeront les regards des invités. Au dessert, le maître d'hôtel enlèvera le plat, coupera les fruits en deux, remplacera rapidement les graines par du sucre en poudre et servira à chaque convive un demi-fruit, en forme de coupe, qui sera mangé à la cuillère comme une glace. Ce dessert sera très élégant et très bon. Je m'en suis assuré. Le Melon Zèbre ne produit que douze à quinze fruits par panneau. Le prix en sera donc assez élevé jusqu'au jour où les horticulteurs du Midi consentiront à le cultiver. La chair épaisse et relativement ferme des Melons d'Oiient se prête à la confiserie mieux que celle des nôtres, qui est trop aqueuse et ne résiste à aucun degré de cuisson. Je n'ai pas fait confire les variétés dont je viens de vous parler, mais j'aurais, je crois, réussi avec elles comme j'ai réussi avec d'autres de même origine. Permettez-moi, Messieurs, une digression. Je vous ai distribué l'an dernier des graines du Melon blanc japonais {Shiro uri) dont j'ai fait faire de bons beignets et une agréable confiserie. Autorisé par ces premiers résultats, j'ai conseillé au célèbre confiseur, Piobineau-Boissier, d'employer le Shiro uri et je lui ai présenté un horticulteur distingué, M. Millet, de Bourg-la-Reine, qui a accepté, pour essai, une commande de deux cents fruits qui ont été exactement livrés. Vous dégusterez tout à l'heui'e les échantillons, que M. Ro- bineau m'a gracieusement offerts, de ces fruits confits dans ■ sa maison. Les Melons de l'extrême Orient, et le Shiro uri mieux que tout autre, pourront être avantageusement cultivés dans le 20 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Miili et vendus aux confiseurs; mais, pour la région de Paris, ce sont des plantes d'amateur qui exigent autant de soins que les plus beaux Cantaloups et qui ne seront pas généralement cultivés. Ils provoqueront toutefois des essais d'hybridation dont on peut attendre d'heureux résultats. CONCOMBRES. N° 59. Gros Concombre. N" 60. Long Concombre. Leurs fruits sont de bonne qualité et j'en ai fait usage, comme hors-d'œuvre, pendant l'été dernier, mais ils ne se distinguent en rien des variétés que nous possédons déjà. SOYA. N"' 73, 74-, 75, 76. Ces variétés n'ont pas fleuri ou n'ont jias formé de gousses. Elles prospéreraient à coup sûr dans le midi de la France. Haricot radié {Phaseolus radiatus L.). Les graines du Haricot radié étaient accompagnées de cette note : « Beaucoup cultivé. Aliment très important. Avec la farine des graines on fabrique des vermicelles dont j'envoie quelques échantillons. » Ces échantillons n'ont pas été trouvés dans la caisse. J'appelle toute l'attention de la section des végétaux sur celte plante qui n'est pas moins cultivée au Japon qu'en Chine. L'espèce comprend un grand nombre de variétés. Mes essais ont échoué avec toutes, à la seule exception de celle qui se nomme au Japon Natsu azuki, c'est-à-dire Azuki d'été, que je cultive depuis 1878. J'en ai mangé les graines à l'état sec ; c'est un bon légume dont la saveur tient à la fois du Haricot et de la Lentille. M. E. Bretschneider nous apprend qu'on en fait en Chine du vermicelle. Le compte rendu japonais de l'Exposition de PLANTES CHINOISES. 27 1878 nous dit que \eAn, matière sucrée, se fait avec VAznki et du sucre ; que le gâteau Yo-kan, ainsi que plusieurs autres, se fait avec VAzuki. On se sert aussi de la farine de l'Azuki pour dégraisser les étoffes. Grâce à l'inépuisable obligeance de M. le D^ Hénon, j'ai pu déguster la préparation nommée Yo-kan, pâte ou confiture, faite avec des Azuki, du sucre et une sorte de gélatine extraite d'Algues marines. Cette gélatine, absolument sans goût, est connue au Japon sous le nom de Kan-ten. Les Japonais en font un grand emploi culinaire et en exportent une grande quantité pour l'Europe (4). J'ai eu un instant la pensée de fabriquer avec l'Azuki un article de confiserie populaire, à très bas prix; mais le sucre est trop cher en France et j'ai renoncé, non sans regret, à mon projet. Toutes les variétés du Haricot radié pourront certainement être cultivées dans le Midi. Il est très productif. On doit le semer très espacé, au moins à 50 ou 60 centimètres et ne mettre que deux graines à la touffe, qui devient très forte. En 1862, M^' Guillemin, évêque de Canton, envoyait à la Société, parmi un grand nombre d'autres semences, des grai- nes d'une légumineuse nommée Lou téou, dont les Chinois, disait le donateur, font un verniicelle fin ou Lou-téou-szé et un vin très estimé, Lou-téou-tsiéou ; puis les graines d'une autre légumineuse servant à la confection des pâtes, vermi- celles, etc., connus sous le nom de Pe-teou-szé. Ces semences étaient probablement celles de deux variétés de Phaseolus radlatus. Il est vraiment bien regrettable que la magnifique collection de graines, reçue en 1862, ait laissé si peu de traces, si tant est qu'elle en ait laissé aucune. Les usages du Ph. radlatus que j'ai déjà indiqués ne sont pas les seuls pratiqués en Chine et au Japon. M. Eugène Si- mon, M. l'abbé David, M. le docteur Hénon m'ont signalé celui-ci qui n'est assurément pas sans intérêt: on fait tremper dans l'eau les graines de l'Azuki, puis on les fait germer au (1) Colle (Ui Jupon, du commorce. 28 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. chaud et dans l'obscurité dans des vases de terre; puis, on les lave à grande eau pour enlever les peaux et on mange les planlules sous le nom (japonais) de Moyaschi (œil et jambes). Il va sans dire qu'on les fait cuire d'abord dans l'eau salée, puis dans le Shoyu. C'est assez bon et c'est un moyen iacile de se procurer un légume frais en hiver. Si ma mémoire est fidèle, c'est en salade que M. l'abbé David mangeait en Chine, avec grand plaisir, les jeunes pousses étiolées du Phaseolus radia tus. La section des végélaux sera peut-être d'avis qu'il y*a lieu de demander qu'un prix soit accordé à la personne qui aura cultivé avec succès le Haricot radié dans un champ d'un derni- heclare. S'il se présentait plusieurs concurrents, la préférence serait assurée à celui qui produirait les plus beaux spécimens de préparations alimentaires, obtenues avec les graines du Pha- seolus radialns. La Société se mettrait en mesure de fournir ces gi'aines, variété Natsa azuki, aux personnes qui promettraient de con- courir pour le prix proposé. Je me placerais personnellement hors concours et je m'ef- forcerais de mettre à la disposition de la Société la plus grande quantité possible de semences; Kuzu {Pueraria Thunbergiana). Sous le n" 39 de la liste, M. Bretschneider nous a envoyé des graines du Pueraria Thunbergiana , sans observation aucune. Je n'ai pas reçu ma part de ces graines, parce que je possédais la plante depuis plusieurs années. M. Naudin en a reçu tout ou partie, et je dirai plus loin ce qu'il en pense. La plante se nommait autrefois Dolichos bulbosus, plus iixvdPachyrhisus Thunbergianus. Klle se nomme aujourd'hui Pueraria Thunbergiana. M. le D' Jlénon m'écrivait le 20 dé- cembre 1878 : « Le Kuzu sert à faire une fécule très fine, K'uzu-no-ko, farine de Kuzu, qui s'emploie comme matière alimentaire et fait un empois excellent, bien préférable à celui PLANTES CHINOISES. 29 du riz, La plante n'est pas cultivée ; on en recueille les racines dans les bois, où elle existe partout très abondamment... » M. le comte de Castillon {Eev. hort., 1875, p. 181) s'ex- prime ainsi : « Cette plante est celle que Von Siebold men- tionne, page 20 de sa brochure sur l'état de l'horticulture au Japon, comme produisant une fécule qui se recommande par une qualité supérieure et un bouquet agréable. Les Japonais nomment cette fécule Kuzu-ko. Le Dotichos bulbosus, qui tire son nom de la grosseur de ses racines, est une plante grimpante fort commune au Japon, et qu'on pourrait, je crois, acclimater en France. » M. E.-A. Carrière fait suivre la note qui précède des obser- vations que voici : « En même temps qu'il nous donnait ces détails, M. le comte de Castillon poussait la complaisance jusqu'à nous adresser un petit sachet de fécule, et nous faisait connaître différents procédés [tar lesquels il convient de la préparer et de la transformer en aliment aussi sain qu'a- gréable y> On lit dans le livre intitulé : Le Japon à V Exposition uni- verselle de 1878 : « Le Kuzu {Pueraria Thunbergiana) est une plante sauvage dont les racines donnent de l'amidon. Ses feuilles servent à nourrir les bestiaux et ses fibres à faire des étoffes. » En 1879, j'ai semé contre un mur exposé au midi les graines que j'avais reçues. Elles m'ont donné des tiges vigoureuses, qui atteignaient bientôt le chaperon du mur. Elles n'ont pas fleuri, et, l'hiver venu, elles ont été gelées. La souche n'a pas souffert. En 1880, les tiges ont été plus fortes que celles que le semis avait produites, et 30 degrés de froid n'ont gelé que les par- ties qui excédaient en hauteur 1™,50. Les parties inférieures, devenues ligneuses, ont donc résisté au grand hiver. Elles n'avaient pas fleuri. En 1881, les tiges, dans toute leur hauteur, ont bien passé l'hiver. La plante n'a pas fleuri. J'ai donc constaté chez les Kuzu une rusticité relative, une végétation luxuriante; mais en même temps, sous le climat de Paris, une complète stéri- 30 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. lité. Celte stérilité cause un double dommage; d'une pari, on ne récolte pas de graines à employer comme aliment ; d'autre part, on ne peut pas multiplier la plante par des semis. Au Muséum, où il existe quelques pieds de Kuzu, les plantes ont, comme les miennes, résisté aux hivers, mais n^ont pas fleuri. On a essayé de faire des boutures, on a échoué. Le couchage des tiges a donné un meilleur résultat ; on a ob- tenu par ce procédé un ou deux pieds nouveaux. De mon côté, j'ai obtenu d'abord un pied par le même moyen ; mais la plante ayant acquis une vigueur et un déve- loppement extraordinaires, j'ai pu cette année coucher une vingtaine de tiges, qui me donneront autant de plantes nou- velles. Les tiges de Kuzu émettent des jets si nombreux, si longs, si fibreux, qu'on ne peut douter du profit que l'on tirerait de cette plante, considérée comme textile, si l'on pouvait la na- turaliser dans nos bois ou en obtenir par la culture d'abon- dantes récoltes. On n'oubliera pas non plus que, si la souche fournit une précieuse fécule, ses feuilles sont recherchées par le bétail, et que ses graines sont alimentaires comme le haricot. Ces produits sont d'ailleurs secondaires, et c'est, avant tout, comme plante textile qu'il faut considérer le Kuzu. M. Gh. Naudin a reçu de notre Société les graines arrivées de Chine. 11 possédait déjà la plante. On lira dans notre Bul- letin, avec l'attention qui lui est due, le jugement que porte sur elle le savant dn-ecteur de la Villa Thuret. « Si le Kuzu, dit-il, peut fournir des fibres textiles, il est très inférieur sous ce rapport au chanvre et au lin, dont la culture est relativement très facile, et qui donneront toujours un produit beaucoup plus élevé et à bien moindres frais. » Pour que le Kuzu fût accepté par l'agriculture en France, il faudrait qu'on lui découvrît quelque propriété que ne pos- sèdent pas nos plantes d'introduction plus ancienne; or jus- qu'ici je ne lui en reconnais aucune. Ce n'est pas cependant une raison pour l'abandonner. Il se peut que de nouvelles PLANTES CHINOISES. 31 reciierches nous le montrent sous un aspect plus favorable. Jusque-là attendons. » Je dis à mon tour : attendons, mais expérimentons. N'at- tendons pas les bras croisés. J'ai confiance dans les renseigne- ments que j'ai recueillis, et qui présentent comme remarqua- blement belle la toile de Kuzu. Cette toile ne ressemble peut-être pas plus à celle de chanvre ou de lin que ne lui ressemble celle de la ramie. Si la plante possède des propriétés particulières, n'attendons pas paresseusement qu'on nous les fasse connaître ; nous atten- drions en vain. Faisons venir les graines pour semence, et, comme échan- tillons, les fibres, le filé et la toile de Kuzu. Instituons un prix pour la culture d'un demi-hectare, et la lumière sera faite. MOUTARDES. Sous lesn"' 85, 86, 87, j'ai reçu trois variétés de Sinapis. Le n°85 est désigné sur la liste comme étant cultivé pour ses racines globuleuses, napiformes ; le n° 80, comme étant cultivé pour ses graines (Moutarde chinoise). Le n" 87 est inscrit sans indication de ses usages. Ces trois Moutardes, semées au printemps, ont monté si vite à graine, que je n'ai pu saisir, durant cette première culture, le moment où il m'aurait été possible de les déguster ; mais, le 1" août, j'ai semé de nouveau le n" 85, auquel j'at- tachais une importance particulière, et j'ai obtenu en quel- ques semaines de belles plantes, munies de ces racines globu- leuses qui m'étaient promises, et dont je place des spécimens sous vos yeux. La Moutarde tubéreuse était jusqu'ici absolument inconnue en France. C'est une acquisition intéressante, dont je ne puis aujourd'hui apprécier le mérite, mais que nous ne devons pas laisser tomber dans l'oubli. La plante est-elle destinée à l'alimentation de l'homme ou à la nourriture des animaux, je ne sais; ce que j'ai constaté dans un premier essai, c'est que. 32 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. dans l'espace de deux mois et demi, elle donne une récolte abondante de feuilles et de racines. Il semble donc qu'elle puisse être immédialemeni classée parmi les cultures déro- bées les plus faciles et les plus productives. J'appelle sur elle toute l'attention de la 5' section. staciiys affinis. Sous le n" 46, j'ai reçu ce Stachys, désigné sur la liste comme étant beaucoup cultivé pour ses tubercules que man- gent les Chinois. Les tubercules sont arrivés en bon état pour la plupart, et ont végété passablement en plein air. Les plantes n'ont pas fleuri. Elles ont formé des touffes basses, pourvues d'une multitude de racines tuberculeuses, de petit volume et de toutes formes, extrêmement fragiles, d'un lavage difficile à cause de leur difformité et de leur fragilité. Je vous présente un flacon de ces tubercules conservés dans le vinaigre. La plante était jusqu'ici tout à fait inconnue en France. On ne nous dit pas comment les Cliinois la préparent pour la table ; mais le Stachys affinis, comme son nom paraît l'indiquer, a beaucoup de rapports avec le Stachys Sieboldii, que l'on rencontre au Japon sous le nom de Choro-fji. Ses racines tu- berculeuses, dit le compte rendu japonais déjà cité, ressem- blent à des chenilles. Pour les manger, on les conserve dans du vinaigre de prunes. J'ai donc mis dans le vinaigre quelques-uns des tubercules récoltés cette année. Je les ferai peut-être entrer dans des PicA;^es de composition nouvelle, que j'ai l'intention de vous présenter prochainement. J'espère que le Stachys affinis, couvert d'un peu de litière, n'aura pas souffert de l'hiver si clément que nous traversons. Par précaution, j'ai conservé dans des pots mis en serre un certain nombre de tubercules. Le temps m'a manqué pour préparer des sachets de se- mences d'une partie des plantes dont je viens de vous parler. J'en ferai une distribution le 6 mars prochain aux membres PLANTES CHINOISES. 83 présents à la réunion de la 5' section. Chaque sachet ne con- tiendra qu'un très petit nombre de graines, ce qu'on me par- donnera, j'espère. Je ne terminerai pas ce compte rendu sans adresser à M. le docteur Bretschneider l'expression de notre vive gratitude pour la précieuse collection qu'il a bien voulu adresser à notre Société. PÉ-TSAÏ DE MONGOLIE. Il y a quelque dix ans, le Muséum reçut une caisse d'ar- bustes de Mongolie, et la terre qu'elle contenait fut jetée au hasard dans un coin de l'École des Poiriers. A quelque temps de là, cependant, on s'aperçut que dans cette terre poussaient de jeunes plantes, lesquelles prospé- rèrent, fleurirent, furent présentées à M. Decaisne, et déter- minées par lui sous le nom de Pé-tsaï de Mongolie. Un peu plus tard, j'en reçus des graines, et, depuis sept à huit ans, je n'ai pas cessé de cultiver la plante. Je la consi- dérais alors comme potagère, et je la présentais comme telle, le 27 février 1879, à la Société d'horticulture. J'ai re- connu mon erreur, et c'est comme plante fourragère que je vous l'apporte aujourd'hui. Le Pé-tsaï de Mongolie est extrêmement hâtif. Semé au commencement d'août, il fournit dès le mois d'octobre une abondante récolte de feuilles que le bétail mange avec avi- dité. Les spécimens que je vous présente sont le produit d'un semis fait à la volée, en plein champ, le il août dernier. L'hiver est tellement doux que les plantes montent déjà à graine ; mais on peut compter sur une récolte de feuilles fraîches pendant tout l'hiver. Le Pé-tsaï ne semble pas souiïrir de la gelée. Il a supporté sans dommage les 30 degrés de froid de 1880, et ne s'est ja- mais montré plus vert ni mieux portant que le jour où a dis- paru le manteau de neige qui le protégeait. Voici en quels termes un concours a été ouvert par la 3» SÉIUK, T. X. — Janvier 188J. 3 34 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. Société, en1866, pour l'introduction d'une plante fourragère : Introduction en France et mise en grande culture d'une plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture des bestiaux. Concours ouvert jusqu'au l"" décembre 1885. J'ai longtemps hésité à vous parler du Pé-tsaï de Mongolie, Si je le mets aujourd'hui sous vos yeux, ce n'est pas que je prétende au prix qui est ofïert. Je me borne, pour le moment, à demander acte de la présentation d'une plante fourragère nouvelle. Je crains bien, d'ailleurs, qu'une des conditions du concours ne m'en interdise l'accès. En effet, je ne suis pas agriculteur et je ne puis mettre, comme on l'exigerait, le Pé-tsaï en grande culture. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. LE PHYLLOXÉRA EN AUSTRALIE MOYENS EMPLOYÉS POUR LE COMBATTRE Par n. Louis BOUTAI\I On s'est beaucoup occupé, dans ces derniers temps, de rechercher les moyens les plus efficaces pour préserver notre colonie algérienne de l'invasion du Phylloxéra, Je crois qu'il est bon de donner, à ce sujet, quelques indi- cations sur la manière dont les Australiens ont combattu la propagation de l'insecte dans les vignobles de la province de Victoria. Je me trouvais à Melbourne en 1881, délégué par le minis- tère de l'Instruction publique, à l'occasion de l'Exposition internationale qui avait lieu dans cette ville, lorsque la ques- tion du Phylloxéra fut agitée, pour la première fois, en Aus- tralie. Le parlement de Victoria reçut une adresse alarmée des viticulteurs de la province qui se plaignaient du dépérisse- ment de leurs vignes et demandaient l'intervention du gouver- nement pour rechercher et combattre la cause du mal. Une commission fut nommée à cet effet et les renseignements qu'elle recueillit lui firent soupçonner qu'elle se trouvait en présence de l'ennemi qui ravageait les vignobles d'Europe, du Phyl- loxéra. Aucun des députés qui composaient cette commission n'a- vait été à même d'étudier cet insecte, dont on n'avait pas jusque-là, constaté la présence en Australie. Le gouverneur s'adressa à M. de Montmahou, inspectcui général, délégué du gouvernement français, sous les ordres duquel je me trouvais et le pria de désigner un naturaliste 36 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. qui voulut bien s'occuper de la question. Je fus choisi et adjoint à la commission dont j'ai parlé. Les renseignements les plus contradictoires nous parve- naient. Certains propriétaires prétendaient que leurs vignes dépé- rissaient sans cause apparente et niaient la présence d'aucun insecte sur les racines. D'autres affirmaient que la maladie était causée par un puceron qui dévorait les tiges. D'autres enfin attribuaient le mal au Phylloxéra, mais le définissaient de la manière la plus fantaisiste. L'un d'eux, à qui l'on demandait quelle était la forme extérieure de l'in- secte, répondit : « Ceux que j'ai vus ressemblaient à un petit ver blanc, avec une tête noire comme une mouche et de longues pattes comme une araignée. » Dans ces conditions, je ne pouvais évidemment me pro- noncer avant d'avoir vu de mes propres yeux. La commission tout entière se transporta à Geelong, ville située sur la baie de Porl-Philip à une soixantaine de kilo- mètres de Melbourne. Tout autour de ce point se trouvaient en eliet d'importants vignobles dans lesquels on signalait l'exis- tence de plusieurs centres d'infection. Dans tout ce district, la vigne est devenue une source im- portante de revenus et couvre une grande étendue de terres. Elle est cultivée avec beaucoup de soin par des vignerons suisses. Ceux-ci ont introduit de toutes pièces les pratiques de culture en usage dans les cantons. Malgré le bon marché des terrains, les ceps sont plantés très près les uns des autres; et la terre est remuée à la main à l'aide de bêches ou d'instruments analogues. Des voitures mises gracieusement à notre disposition par la municipalité de Geelong nous emportèrent rapidement à tra- vers les vignobles qui bordent les deux côtés de la route. En plusieurs endroits on apercevait les taches caractéristiques que l'on a comparées avec raison à des taches d'huile, ce qui me portait déjà à penser que c'était bien au Phylloxéra que nous avions affaire . LE PHYLLOXÉRA EN AUSTRALIE. 37 On s'arrêta bientôt; l'endroit clioisi était situé au fond d'un vallon, et la vigne qui s'y trouvait offrait des traces manifestes de faiblesse et d'appauvrissement. On arracha un certain nombre de souches et, à mon grand étonnement, il ne fut pas possible d'y découvrir un seul Phylloxéra. Cet insuccès nous fut expliqué un peu plus tard par les vi- ticulteurs de la contrée qui nous apprirent que, lors de la saison des pluies, le vignoble en question avait été submergé. J'avais ainsi sous les yeux, et sans l'avoir cherché, les bons effets incontestables du traitement par submersion. La commission se transporta alors sur les coteaux voisins et là mes derniers doutes furent dissipés. Les recherches furent, en effet, aussi concluantes que pos- sible : les radicelles offraient çà et là les boursouflures carac- téristiques en forme de chapelets. En plusieurs points, on apercevait une poussière jaunâtre qui, examinée à la loupe, permettait de reconnaître de jeunes Phylloxéras parfaitement vivants. Je m'étais muni de mon microscope, et, grâce à lui, je pus montrer facilement et sous un faible grossissement aux mem- bres de la commission les petits insectes que l'on voyait re- muer sur le porte-objet. Il restait cependant une question à résoudre. Se trouvait-on bien en face du Phylloxéra vastatrix ou avait-on aftaire à une espèce différente, indigène? Cette question ne pouvait guère être résolue sur place. Je la réservai pour une étude ultérieure et je rentrai à Melbourne après m'être muni d'un assez grand nombre de spécimens qui allaient me permettre d'étudier ce sujet à loisir. Après les avoir dessinés soigneusement sous divers grossis- sements, je comparai les figures obtenues à celles qu'adonnées M. Maurice Girard dans son intéressante brochure que j'avais précisément entre les mains. Je constatai une identité parfaite. Aucun doute n'était plus possible. C'était bien le Phylloxéra vastatrix qui ravageait les vignobles de Geelong. J'appris en outre que ce ne sont pas des vignes américaines, mais des vignes françaises déjà phylloxérées, notamment des aramons 6q SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. de l'Hérault qui ont introduit le Phylloxéra dans le district de Geelong, A la suite de cette excursion, le gouvernement de Victoria me demanda de rédiger une note sur les divers modes de traitements employés en France pour combattre l'insecte des- tructeur et me pria d'y joindre mon opinion personnelle, pour le cas présent. , Après avoir indiqué les traitements par arrachage, par sub- mersion, par les sulfocarbonates, par le sulfate de carbone, je préconisai la formation de syndicats, essayant d'établir que, si l'on n'agissait pas avec ensemble, le résultat serait néces- sairement nul ou incomplet. Je signalai, en outre, la façon dont le gouvernement français subventionnait, dans certaines occasions, les syndicats constitués, en ajoutant une somme égale à la somme versée par chacun d'eux. Je terminai, en faisant ressortir l'utilité d'une intervention administrative pour vaincre les résistances que l'ignorance ne manque jamais de susciter dans des circonstances analogues. Les Australiens sont des gens fort pratiques et l'idée des syndicats et de l'action directe du gouvernement les séduisit beaucoup. Un rapport rédigé dans ce sens par le président, L. Smith esq., fut adopté par la commission; le parlement en fut saisi et une loi fut bien vite édictée. Les trois provinces de Victoria, de Nouvelle-Galles du Sud, d'Adélaïde, constituées en association, devaient fournir cha- cune 4000 livres (100 000 francs) pour subvenir aux frais qu'allait nécessiter la destruction du Phylloxéra. Tous les viticulteurs des districts envahis étaient tenus de fournir 5 schellings (6 fr. 25) par acre de terre plantée en vignes. Ceux qui refuseraient d'enlrer dans les syndicats et dont les vignes deviendraient des foyers d'infection seraient con- traints d'arracher à leurs frais et ne recevraient aucune in- demnité. Ceux qui feraient partie des syndicats recevraient le prix de deux années de récolte et les frais de l'arrachage seraient supportés par la caisse du syndicat. LE PHYLLOXÉRA EN AUSTRALIE. 39 L'arrachnge, dans tous les cas, serait étendu à un mille de distance autour de la tache et toute replantation était inter- dite, pendant une année au moins, après l'arrachage. Ces moyens ont-ils réussi? Je n'ai, à ce sujet, aucun ren- seignement précis. Tout énergiques et tout draconiens qu'ils paraissent, peut- être n'étaient-ils pas encore assez radicaux. Peut-être la zone protectrice d'un mille n'était-elle pas suf- fisante, et, pour être sûr de réussir, il eût fallu l'étendre encore davantage. Enfin la limite de temps fixée pour une replantalion pos- sible n'était pas assez éloignée, car j'ai pu constater, de mes propres yeux, que le Phylloxéra vivait encore sur des racines laissées dans le sol, après un arrachage qui remontait à deux ans. Ce fait a été établi dans une seconde excursion que j'ai effectuée à Geelong en partie dans ce but. Quoi qu'il en soit, cet essai de destruction par arrachage et cette action coercitive d'un gouvernement plus démocratique que le nôtre méritaient d'être signalés aux viticulteurs fran- çais. III. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 5 JANVIER 1883. Présidence de M. Henri BOULEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. Rertoni (Moïse), rédacteur de la Revue scien- tifique suisse, docteur es sciences, à Lotti- gna, canton du Tessin (Suisse). Rravard (Philippe-Jean-Alfred), maire et pro- priétaire, à Grandrif, canton de Saint-An- thème (Puy-de-Dôme). BuHLER (A. J.), 30, rue Vignon, à Paris. COURTEILLE (François-Auguste), rue Charles- Laffitte, 37, à Neuilly (Seine). Delaquys (E,), rue Favart, A, à Paris. Rault (Jules), rentier, 14, rue Demours, à Paris. RiHOUET (Amédée), conseiller référendaire à ( la cour des Comptes, 55, rue Jouffroy, à | Paris. ( PRESENTATEURS. H. Bouley. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. H. Bouley. J. Grisard. Saint-Yves Ménard. A. Barbey. H. Bouley. E. Roger, A. Geoffroy Saint-Hilaire. Morin. Saint-Yves Ménard. H. Bouley. Saint-Yves Ménard. J. Grisard. H. Bouley. Chesnel. J. Grisard. H. Bouley. Saint- Yves Ménard. E. Roger. Romain (le commandant Léon-Paul), commis- , A. Geoffroy Saint-Hilaire. saire du gouvernement, avenue de Madrid, ] Saint-Yves Ménard. 11, à Neuilly (Seine). ( A. Porte. La Ligue du reboisement d'Algérie, rue Babazoun, à Alger (Al- gérie) a en outre été admise au nombre des Sociétés agrégées. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la correspondance. — La Société d'horticulture d'acclimatation et des sciences du Cantal adresse des remerciements pour sa récente affiliation à la Société natio- nale d'Acclimatation. PROCÈS-VERUAUX. M — M. F. Zeiik, Directeur de l'Association de Pisciculture de la Basse- Franconie, adresse ses remerciements au sujet de sa récente admission. — M. le Gouverneur de la Cochinchine écrit à M. le Président : « En réponse à votre dépèche, en date du 10 août, par laquelle vous me de- mandez des renseignements sur les personnes qui ont rendu en Cochin- chine des services à l'acclimatation, je ne puis mieux faire que de vous transmettre le rapport qui m'a été adressé à ce sujet par M. Moquin- Tandon, Directeur du Jardin Botanique. » Colombier, qui vous est signalé, est certainement un des hommes qui ont le plus contribué à l'amélioration de la santé des Européens par l'introduction des plantes maraîchères presque indispensables à notre alimentation. Grâce à lui, Saigon est devenu un pays de production, et nous envoyons maintenant des légumes à Singapore et même en Chine. » Mais Colombier est un travailleur modeste, vivant de peu, ne s'oc- cupant que de son jardin, sa véritable passion, ne demandant jamais rien, et il n'est pas surprenant que ses services aient été vite oubliés dans un pays oîi la population blanche se renouvelle tous les trois ou quatre ans. » Bien peu d'Européens aujourd'hui savent que s'ils mangent des haricots verts, des petits pois, des asperges, etc., c'est exclusivement à Colombier qu'ils le doivent. » La Société d'Acclimatation ne peut accorder à cet homme une ré- compense d'un ordre trop élevé, et je considère comme un honneur et un devoir pour moi de contribuer à la lui faire obtenir. » — M. le Président de la Ligue de reboisement de l'Algérie adresse à i\l. le Secrétaire général la lettre suivante : « Je viens de prendre connaissance des statuts et règlements de la Société nationale d'Acclimatation que vous avez eu l'obligeance de m'a- dresser. > Je vois figurer, au n° 2 des prix extraordinaires à décerner, le para- graphe suivant : « § 1 La Société voudrait voir étudier particulièrement les causes » qui peuvent s'opposer à l'acclimatation et les moyens qui peuvent servir » à combattre ou prévenir leurs effets. » » Je pense que les travaux de la Ligue répondent au but indiqué, puisque nous avons étudié particulièrement les causes qui s'opposent en Algérie à l'acclimatation, non seulement des animaux et des végétaux, mais encore de l'homme. » Notre climat, jadis magnifique, et qui pouvait admettre toutes les cultures, est transformé aujourd'hui au point que l'on doit craindre inèine pour l'existence de la vigne, notre dernière ressource. Les races d'animaux dégénèrent, les cultures se limitent de jour en jour, et il ne faut plus songer à l'introduction d'aucune espèce exotique. î La cause de tous nos malheurs a été nettement spécifiée par nous : a'est la dévastation insensée de nos forêts ! 42 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. » Tous nos efforts tendent à obtenir de l'État et des particuliers que ces ravages soient arrêtés et que l'on repeuple les sommets dénudés de nos montagnes. î J'espère donc que nous aurons l'honneur de voir admis au bienveil- lant examen de notre Société les travaux de la Ligue, qui n'ont, en défi- nitive, pour but que de rendre possibles en Algérie l'habitabilité de l'homme et l'acclimatation des animaux et des végétaux. » — M. le Président du Comité central d'Exposition de l'île de la Réu- nion écrit à M. le Président : « M. le Gouverneur m'a transmis, pour y être répondu par le Comité central d'Exposition, la lettre en date du 10 août dernier par laquelle vous avez bien voulu lui demander de vous faire connaître quelles sont, en ce moment, les questions se rattachant à vos travaux, qui intéressent la Colonie, et les services rendus à l'acclimatation, dans le pays, pen- dant ces dernières années. j Le Comité, réuni à cet effet, s'est empressé, dans sa séance du J8 courant, de préparer les notes que j'ai l'honneur de vous adresser sous ce pli. » En vous les transmettant, permettez-moi de me faire l'interprète des sentiments de gratitude qu'éprouve le Comité pour l'attention dont l'île de la Réunion a été l'objet, de la part de la Société d'Acclimatation de Paris. » La démarche toute bienveillante dont elle vient de prendre l'initia- tive a produit une excellente impression dans, la Colonie qui en a été informée par la voie des journaux ; elle ne peut manquer d'y avoir aussi de très bons résultats, .le me joins à mes collègues pour vous prier d'en recevoir nos bien sincères remerciements et d'en témoigner toute notre reconnaissance à la savante Société que vous présidez. » — M. le marquis de Pruns, Secrétaire général de la Société d'horti- culture d'Acclimatation et des sciences du Cantal, écrit du château de Brassac : « Mon éloignement de Paris ne me permettant pas d'assister aux inté- ressantes réunions de la Société d'Acclimatation , permettez-moi d'en- voyer à nouveau un vœu, que j'avais déjà émis, et que je regarde comme extrêmement utile pour l'avenir. » Il faut que les animaux élevés par l'homme pour l'agriculture se con- forment comme taille, à un moment donné, avec l'émiettement et la dispa- rition de la grande propriété. Dans nos départements du Centre, les ani- maux de petite taille, et d'une nourriture facile et peu coûteuse, doivent être propagés. » J'ai donc l'honneur de demander à la Société d'Acclimatation de Paris, dont les avis ont une si grande autorité : 1° que, par l'intermé- diaire de son Bureau, elle demande au ministère de l'Agriculture que dorénavant la Chèvre soit admise, soit comme laitière, soit comme lai- PROCÈS-VERBAUX. 43 nage, aux Concours régionaux, parce qu'elle répond à un besoin de l'époque, qu'elle est, par excellence, la vache du pauvre, parce que les belles espèces à soie de l'Orient peuvent enrichir l'industrie de laines fines et donnent des pelleteries d'une grande solidité; 2" que l'État, afin d'encourager l'élevage, leur accorde des primes. 11 en donne à des ani- maux infiniment moins utiles. » Je demande que mon vœu soit transmis à qui de droit et formulé dans une des prochaines réunions. Je demanderai également que la So- ciété encourage, dans nos provinces du Midi, les variétés très naines de Chèvres comme chasse. » — M. Naudin adresse la note qui lui a été demandée en vue de fournir à M. Le Châtelier, officier aux affaires indigènes, en mission à Ouargla, les instructions qu'il désire pour les cultures à entreprendre dans cette oasis : « Je serai enchanté, écrit notre savant confrère, d'entrer dans les vues de M. Le Châtelier, autant que mes faibles moyens me le per- mettront. Ouargla, à la latitude de 32 degrés, presque celle de la basse Egypte, serait un magnifique endroit pour faire de l'acclimatation de plantes et d'animaux, si l'on peut y avoir de l'eau (condition première) et si l'accès en est facilité par une bonne route, et mieux encore par un mauvais chemin de fer, à une seule voie, en attendant qu'on puisse faire mieux. » Je ne connais pas personnellement la localité; mais, dès qu'il y a des habitants, on peut augurer qu'elle peut devenir importante, comme point d'appel, pour les caravanes qui vont trafiquer avec le Soudan. » Ce qu'il faut, avant tout, c'est de l'eau, qu'elle vienne de puits arté- siens ou d'étangs et de lacs créés artificiellement par des barrages, peu importe. Avec l'eau, on fera tout ce qu'on voudra. Si on veut y établir des cultures, et il faudra qu'on en vienne là, la première chose à faire, selon moi, serait de faire d'épaisses plantations d'arbres autour des centres de culture, pour arrêter, au moins dans une certaine mesure, le vent du désert et l'envahissement du sable apporté par ce vent ; fixer les dunes par des plantations de plantes à racines traçantes et d'arbustes rustiques appropriés au sol et au climat. On les ti:ouverait probable- ment dans le pays même. » Pour qui ne connaît l'endroit que par ouï-dire, il n'est pas facile d'indiquer le choix à faire. On peut cependant l'essayer, sauf à corriger les erreurs au fur et à mesure que l'expérience les ferait reconnaître. A première vue, les arbres, arbrisseaux et plantes drageonnantcs des parties les plus arides de l'Australie (qui peuvent, sous plus d'un rapport, rivaliser de sécheresse et de chaleur torridc avec le Sahara algérien), semblent devoir être recommandés en première ligne. Ce sont, par exemple, les Eucalyptus buissonnants, les Mélaleucas, les Calothammis, les Acacias phyllodaires, en un mot toute cette broussaille dure qui M SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. constitue, en Australie, ce qu'on appelle les Mallee scriibs. C'est avec cette végétation exercée à endurer la plus extrême sécheresse qu'on for- merait la ligne de défense contre le sable et le vent du désert. » En dedans de ce rempart, s'établiraient les cultures productives (toujours à condition qu'il y aurait de l'eau), Dattiers, céréales appro- priées au sol et au climat, arbres fruitiers (Pruniers, Abricotiers, Vignes, Kakis de la Chine et du Japon, Orangers, Mandariniers, Citronniers), aux(]uels on pourrait essayer d'ajouter le Manguier {Mangifera indica), qui fructifie très bien à Madère et aux Canaries, l'Avocatier, le Maniméa ou Abricotier d'Amérique, etc. Les plantes fourragères ne devraient pas être oubliées, et ou pourrait essayer d'abord celles qui sont indi- quées dans le pays, sauf à les améliorer par la culture, puis les fourra gères exotiques, dont le nombre est grand. Comme arbres à produire rapidement du bois, je n'en vois pas qui conviennent mieux que les Eucalyptus, mais il faudrait choisir, dans le grand nombre des espèces du genre, celles qui i)Ourraient s'accommoder du terrain. Si le terrain est humide ou marécageux, ce sont les Swamp gums qu'il faudrait choisir; si le terrain est sec pendant la plus grande partie de l'année, il faudrait y mettre les espèces qui craignent l'humidité stagnante dans le sol. Tout ceci, bien entendu, est purement théorique; il faudrait avoir séjourné quelque temps sur les lieux pour savoir à peu près à quoi s'en tenir sur les succès à attendre de ces diverses plantations. » Si elles réussissaient, Ouargla serait le lieu oîi la Struthioculture aurait toute chance de prospérer. On serait là dans le climat de l'Au- truche. Toutes les bêtes curieuses de la Nouvelle-Hollande, mammifères, oiseaux, reptiles, mollusques terrestres (comestibles), animaux à domes- tiquei' [)Our la table ou le plaisir des yeux, seraient là comme dans leur paradis terrestre. Mais je répète qu'il faut de l'eau, encore de l'eau, et toujours de l'eau, et si M. Le Chàtelier est assez heureux pour perforer le sol aux bons endroits, il aura rendu un service immense au pays, à la science et à l'industrie. » — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Laniol et G. Lar- rieu. — Renvoi à la Conunission spéciale. — M. Garnot communique deux lettres par lesquelles MM. Géré et Maurice de Muizon lui rendent compte de l'élevage des Canards du Labrador qu'ils ont reçus. M. Géré a obtenu trois couvées du couple qu'il tenait directement de M. Garnot; une couvée de 8 Canetons, et deux de 7 chacune. M. Maurice de Muizon a reçu de M. Jacquemart (de Reims) un Canard et une Cane. « Le mâle, écrit M. de Muizon, était beau; mais la Cane était petite et tachée de blanc. En fort peu de temps, les Canetons sont devenus plus gros que leur mère, leur plumage est magnifique; trois ou quatre d'entre eux avaient quelques petites plumes blanches; ceux-là ont tous été mangés et trouvés fort bons. PROCÈS-VERBAUX. 45 ) Goniine j'avais beaucoup de femelles, j'ai pu donner un mâle et deux femelles au père Prieur de la Trappe d'Egiiey (membre de la Société d'Acclimatation) qui m'avait été indiqué pour recevoir le lot que je devais, selon vos instructions, donner à un membre de notre Société. > En résumé, la race du Labrador a fort bien réussi chez moi et j'es- père, l'année prochaine, en avoir encore de meilleurs résultats. > — M. Nelson-Pautier écrit de Lisie (Uordogue) : « J'ai l'honneur de vous envoyer la relation d'une remar(iue fortuite que j'ai eu l'occasion de faire sur la somme extraordinaire de résistance vitale présentée par le Lapin. » Quelle que soit l'invraisemblance apparente de mon récit, je l'assure exact, et vous pouvez y ajouter foi. Je tiens d'ailleurs à la disposition des incrédules, les témoignages affirnialifs des personnes, parfaitement hono- rables, qui ont, en même temps que moi, constaté le fait: » Le mardi 31 octobre dernier, je prêtais un superbe Lapin étalon, de race commune mais pesant néanmoins, alors, 4*"' ,500, à un de mes amis chez lequel je devais le reprendre le mercredi 8 novembre. Ce jour-là, en ell'et, au moment de mon départ (neuf heures du matin), le Lapin a été placé dans le colfre de ma voiture, et ramené chez moi. Ce coffre, très étroit et élevé de G'" ,25 seulement, ne contenait absolument rien, et ne permettait à l'animal presque aucun mouvement. î En rentrant, j'ai trouvé chez moi une lettre qui exigeait, de ma part, un voyage immédiat, et je suis parti par le premier train, oubliant de faire délivrer la malheureuse bête. Mon absence a duré jusqu'au 13 novembre. » A mon retour, j'avais quelques affaires à mettre au courant, et je n'ai point songé au Lapin. Le samedi 18 novembre seulement, à deux heures du soir, c'est-à-dire un peu plus de dix jours après son incarcération, je me suis souvenu de la pauvre bête, et, la supposant morte depuis plu- sieurs jours, j'ai donné l'ordre, à mon domestique, de l'extraire du coffre, et de l'enfouir. » Je supposais mal. Le Lapin n'était point mort, mais d'une maigreur telle qu'il ne pesait plus que l'"',380. 11 a dû se nourrir de sa fiente, puisqu'il ne s'en est pas trouvé un atome dans le coffre. » J'ai placé aussitôt ce Lapin dans une boite, et je lui ai présenté une tige de carotte qu'il a mangée très lentement. Le soir, je lui ai donné deux ou trois grammes de son. Le lendemain et les jours suivants, il a reçu, progressivement, une nourriture plus abondante, et, cinq jours après sa délivrance, il se portait à merveille. » Aujourd'hui, il a reconquis sa vigueur habituelle, il pèse 3'''',900, et a repris, depuis huit jours, son service d'étalon, ne paraissant conserver aucune trace de son jeune prolongé. » — A l'occasion de cette lettre, M. le Président rappelle les expériences 46 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. faites par M. Morot, aujourd'hui vétérinaire inspecteur de la Bou- cherie de Paris. On doit à M. Morot, qui exerçait précédemment à Semur, de curieuses observations sur l'habitude singulière qu'a le Lapin, placé dans certaines conditions, de faire disparaître ses excréments, qu'on retrouve dans son estomac à l'état de pelottes stercoraires. L'exis- tence de ces pelottes avait déjà été signalée par Aristote; mais on en ignorait l'origine. Le fait a été soumis au contrôle d'un vétérinaire de l'École d'Aï fort, qui en a reconnu la parfaite exactitude. Il a été constaté en outre que l'animal ne reprend ses déjections qu'au moment même de leur expulsion, et avant qu'elles ne soient tombées à terre. M. le Président ajoute que les Lapines mères nettoient de la même façon leur nid; on a observé qu'une femelle peut ainsi contracter la tuberculose en prenant les excréments de ses petits auxquels on avait inoculé la maladie. — M. le Président de la Société Linnéenne du nord de la France trans- met le rapport suivant, présenté à cette société par M. Léon Carpentier sur l'établissement de pisciculture de M. Alphonse Lefebvre à Amiens : « Les expériences de M. Lefebvre peuvent se diviser en deux catégories : 1" l'élevage des poissons comestibles indigènes et des espèces étrangères susceptibles d'être acclimatées dans notre région et dont la reproduction en liberté serait un véritable bienfait pour l'alimentation publique; 2° l'élevage des poissons d'ornement, qui n'offre qu'un intérêt de curio- sité. » Toute cette ménagerie aquatique consomme de la chair de bœuf ou de cheval finement hachée; mais les alevins sont nourris de proies vi- vantes, consistant en larves de tipules, nais, cntomostracés d'eau douce et autres petits animaux aquatiques. )) Les appareils d'éclosion sont disposés dans un local spécial oîi se trouvent aussi plusieurs grands aquariums dans lesquels l'eau se renou- velle incessamment, et où les jeunes poissons acquièrent, sous l'œil de l'observateur, une taille suffisante pour pouvoir être lâchés dans la ri- vière qui arrose la propriété. » Ombles-Chevaliers. — Ce beau poisson croît assez rapidement; mais il est assez difficile à élever jusqu'à la résorption de la vésicule ombi- licale. Beaucoup d'alevins périssent par suite d'un gonflement anormal de cette vésicule qui se trouve alors entourée d'une seconde enveloppe renfermant une quantité relativement considérable d'eau albuminée. j) M. Lefebvre a réussi à sauver d'une mort certaine une cinquantaine d'alevins malades, en crevant avec précaution l'enveloppe extérieure de la vésicule, d'où s'échappait un liquide séreux. » Cette petite opération chirurgicale mérite d'être portée à la connais- sance des pisciculteurs qui ont dû observer cette maladie dans leurs élevages d'Ombles-Chevaliers. j» Vn certain nombre de ces poissons, nés du 10 au 20 février 1881, PROCÈS-VERBAUX. 47 J'œufs reçus d'Huningue, mesurent aujourd'hui de 12 à 22 centimètres de longueur. » Truites. — M. Lefebvre a obtenu de nombreuses éclosions de cet excellent poisson. Dans un compartiment de la rivière, on voit 18 Truites de 25 à 30 centimètres de longueur. Elles proviennent d'œufs fécondés artificiellement le 15 novembre 1879, éclos en février 1880. Le reste de cette édosion a été lâché dans le bassin de la Hotoie. » D'autres individus, hybrides de la Truite commune et de la Truite des lacs, longs de 15 à 20 centimètres, proviennent d'œufs fécondés le 15 novembre et éclos au commencement de janvier 1881. » Plusieurs sujets ont atteint, dans la petite rivière, une taille de 35 à 45 centimètres de longueur, et un poids de 600 grammes à 1 kilo- gramme. » Sahno fontinalis. — Environ 200 individus de cette espèce pro- viennent d'œufs envoyés par la Société d'Acclimatation. Tous ces pois- sons, malgré leur différence de taille (5 à 16 centimètres de longueur), sont de la même éclosion (février 1882). L'envoi se composait de 1611 œufs dont 6 ne sont pas éclos, 17 jeunes sont morts avant la résorption de la vésicule ombilicale, et 1588 sont arrivés à l'état d'alevins, et ont été placés dans un grand aquarium, le 17 mars, puis dans la rivière, le 20 juillet. 11 en restait alors 1185. » Éperlaus. — M. Lefebvre a aussi tenté d'élever l'Éperlan de Seine; mais cette espèce, localisée dans les larges estuaires, ne pouvait trouver en captivité les conditions nécessaires à son existence. 7 individus reçus le 7 novembre 1881, ont vécu 5 mois dans un bassin. Au commencement d'avril, la laitance des mâles s'échappait facilement; c'est alors qu'ils furent attaqués par le byssus qui les fit périr avant que les œufs de la femelle fussent tout à fait mûrs; celle-ci ne tarda pas à éprouver le même sort. 11 est douteux que ce petit salmonide puisse s'acclimater dans nos eaux. » Macropodes. — Un grand nombre de ces jolis poissons provenant de plusieurs générations, sont logés dans un large aquarium. La fécondité de cette curieuse espèce est remarquable, et sa croissance est très rapide. Un couple de Macropodes nés le 14 mars 1876, et mis à part le 14 août suivant, avait des .jeunes cinq jours après. Malheureusement la tempéra- ture assez élevée qu'exige ce poisson, nuira à sa propagation dans les aquariums. Les amateurs lui préfèrent les espèces rustiques pouvant se passer de bassins chauffés... )) Un des aquariums offre un spectacle des plus intéressants : c'est la réunion des métis de Cyprins dorés de la Chine avec sa variété mons- trueuse, connue sous le nom de Télescope. Les individus obtenus par ce croisement, au nombre d'environ trois cents, présentent une infinie va- riété de formes, rappelant un ou plusieurs des caractères du type téles- cope : ventre ballonné, yeux saillants, queue double. 48 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. » M. Lefebvre a compris le haut intérêt du repeuplement de nos rivières, et si les effets n'ont pu s'en faire sentir jusqu'à présent qu'en de rares en- droits, il faut en attribuer la cause à la mauvaise qualité d'une grande partie de nos eaux courantes, empoisonnées par les égouts d'usines dans les environs d'Amiens. » Nous avons cependant la conviction que M. Lefebvre trouvera un champ d'expériences assez vaste pour acclimater dans noire pays les belles espèces de Salmonidés et en repeupler nos cours d'eau. ï La Société d'Acclimatation, qui a déjà fait participer notre collègue aux distributions d'œufs de poissons qu'elle envoie généreusement aux pisciculteurs, au moment du frai, continuera, nous l'espérons, à lui mettre en mains de nouveaux sujets d'étude, qu'il saura utiliser avec intelligence. » — M. Von Behr, président de la Société allemande de pisciculture, écrit, à M. le Secrétaire des séances : « Le lac de Garde possède deux espèces délicieuses de Truite : d'abord la vraie Trutta lacustris, qui fraye très tard, et puis le Carpione {Farlo Carpio), curieuse espèce qui fraye soit en juillet, soit en décembre. î J'en ai commandé des œufs, et je vous enverrai, probablement en janvier, 2000 Trutta lacustris et 3000 Carpioni. » Vous recevrez aussi des œufs de petite 3Iaraene [Coregonus al- bula). î — M. Zenk, directeur de l'Association de pisciculture de la Basse- Franconie, annonce l'envoi qu'il a l'intention de faire à la Société d'ale- vins de Sandre [Lucioperea aandra). — M. Raveret-Wattel fait ressortir l'intérêt qui s'attacherait à l'intro- duction du Sandre dans certaines eaux closes, oîi cette belle et bonne espèce de Percoïde, du centre et du nord de l'Europe, réussirait proba- blement fort bien, pourvu qu'elle y trouve une eau pure, autant que possible un fond de sable, et surtout une nourriture abondante, car elle est extrêmement vorace. « Le Sandre ou Brochet-Perche, ajoute M. Raveret- Wattel, rappelle, comme son nom l'indique, d'un côté le Brochet par ses formes élancées, par sa tête allongée et par ses grandes dents ; de l'autre, la Perche par ses écailles rugueuses, par la forme et la disposition de ses nageoires dorsales et par les taches de ses flancs. Puissamment armé, atteignant rapidement une forte taille, et toujours poussé par un appétit insatiable, le Sandre exerce continuellement autour de lui de terribles ravages. 11 est aisé de comprendre quelle énoi'me destruction de poissons doit faire un Carnivore qui atteint, en peu de temps, une lon- gueur de 3 à 4- pieds, avec un poids de i25 à 30 livres. Évidemment on ne saurait songer, à cause de sa voracité, à introduire une pareille espèce dans nos rivières déjà si dépeuplées; mais elle aurait sa place indiquée dans des eaux closes, riches en poisson blanc. » — A cette occasion, M. Raveret-Wattel signale un nouveau règlement PROCÈS-VERBAUX. 49 sur la pêche, récemment mis en vigueur en Italie (i), règlement qui in- terdit d'introduire toute nouvelle espèce de poisson dans un cours d'eau sans avoir obtenu la permission du Préfet, lequel doit, avant de l'accor- der, prendre l'avis du Conseil provincial et de la Chambre de commerce. — M. Sanford, de Washington, met à la disposition de la Société des noix de Pacanier provenant de ses propriétés. «Le Pacanier, écrit M. Sanford, est très répandu dans les forêts du Texas et on en exporte beaucoup de noix vers le Nord, où elles sont très goûtées comme fruits de dessert. Mais les meilleures sont celles qui viennent des arbres cul- tivés; elles sont plus grosses, les arbres sont aussi plus grands. J'en ai une douzaine; ils sont superbes. .)e serai très heureux d'avoir été utile à l'introduction de cet arbre en France. » J'avais d'abord supposé qu'il était impossible de le faire végéter dans un pays aussi froid que la Belgique. Mais les amis auxquels, il y a une douzaine d'années, j'ai donné de ces noix ont obtenu des arbres très beaux. » Chez nous ils croissent très vite, et en Flandre il y en a qui ont pro- duit des fruits dès l'âge de huit ans. Je suis persuadé qu'au sud de la France, le Pacanier deviendra un grand et bel arbre. » Je vous adresserai prochainement des noix pour semis. » — M. Charles iNicolas, professeur d'agriculture à Oran, demande à prendre part aux concours de la Société, et transmet un catalogue des végétaux cultivés au champ d'études de la Lunette de la Gampana. — M. Humbert, instituteur à Baddou (Haute-Saône), adresse un rap- port détaillé sur les essais de culture en 1881-1882. — M. Raoul de Cazenove écrit de Bal mont (Rhône) : « J'ai l'honneur de vous adresser le tiers de ma récolte de Soja, provenant du cheptel de graines qui m'avait été confié, il y a deux ans, par la Société. J'espère étendre davantage cette culture l'an prochain. Le second semis a été fait fin mars, à l'exposition du sud-sud-ouest, sur une terre de 7 pour 100 de déclivité, sous-sol granitique, terre argilo-calcaire, anciennement fumée et contenant assez d'humus. La récolte de chaque pied a été de 15 à 25 gousses, le plus ordinairement contenant deux pois, très rarement quatre. » Une terre plus légère que celle dont je dispose, par exemple le terrain sablouneux, dit siz, dans les Cévennes, provenant de la désagré- gation du granit, convient beaucoup mieux au Soja, ainsi que je m'en suis assuré par un essai. » En règle générale, la terre bonne pour l'asperge est bonne pour le Soja. Mes graines de Rhubarbe du Thibet n'ont pas réussi; quant aux (l) Ri'glcment du 13 juin 1880 concernant la pêche maritime et nuriale (voy. Annuaire de législalion étramjàre, 1881, p. 311, 312, et bulletin des Ira- vaux publics, août 1882, p. 148). 3" SÉltiE, T. X. — Janvier 1883. 4 50 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. fèves Agua-Dulce, elles ont réussi partiellement, mais les plantes ont été attaquées par les limaces et nia récolte a été infime ; mon terrain est peut-être trop sec pour cette légumitieuse des plaines marécageuses de la Lombard ie. d — M. Charlfes Baltet écrit de Troyes : «Je tiens à la disposition de la Société un lot de graines (baies) de Lo-za {Rkamnus utilis), arbrisseau rustique qui produit le vert de Chine. » — M. le Président donne lecture d'une lettre dans laquelle M. Vavin signale un remède contre la rage, dont l'indication aurait été donnée à l'Académie des sciences il y a déjà plusieurs années. M. le Président veut bien se charger de faire recherther cette communication dans les archives de l'Académie. — M. Raveret-Watlel appelle l'attention de la Société sur les diffi- cultés que présente le repeuplement des cours d'eau dans l'état actuel des choses, et il fait ressortir la nécessité, pour la pisciculture, d'entrer dans une voie franchement industrielle par l'exploitation des eaux closes. Il entre, à ce sujet, dans quelques détails descriptifs sur plusieurs éta- blissements de pisciculture, qui, de création relativement récente, à l'étranger, donnent des produits très rémunérateurs. Il mentionne éga- lement l'établissement créé dans le département de l'Ain, par ftl. Lu- grin, de Genève, établissement où se trouve mis en usage un procédé très ingénieux pour fournir au poisson une nourriture animale à bon marché. (Voy. au Bulletin.) — M. Saint-Yves Ménard signale un fait curieux de lactation prolongée observée au Jardin d'Acclimatation, chez une Vache de race Schwitz, castrée d'après le procédé de M. Charlier. Cette Vache a donné en quatre ans 12 594 litres d'un lait beaucoup plus riche que celui de certaines Vaches normandes considérées comme très bonnes laitières. M. Saint-Yves Ménard ajoute que la castration facilite en outre l'en- 'gfaissement. Un embonpoint considérable se manifeste dès que s'arrête la lactation, et il est probable que la viande gagne aussi en qualité. SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 JANVIER 1883. Présidence de À. Henri BoULEY, Président. Le \)rocès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement ad- mis par le Conseil, savoir : M. PRÉSENTATEURS. , , . iwA / L. Binder. Benoit (Constant^, avoue, 4, avenue de W- \ ^ ^^^^^^^^ Saint-Hila.re. pera, à Pans. ( Saint- Yves Ménard. PROCÈS-VERBAUX. 51 MM. PRÉSKNTATEUKS. Blancherais (Henry de la), propriétaire, / A. Berthoule. membre du Conseil municipal, à Cannes } J. Cornély. (Alpes-Maritimes). ' Raveret-Wattel. ,., . , . ,, . , „ . l A. Geoffroy Saint-Hilaire. Cantrelle (Alexis), propriétaire, a beauvais ) . n f \ A. t orte. ^ ^' ( Saint- Yves Ménard. Desmatte (Alexandre-Auguste), professeur ( , ^ „ c • . n-i • . ^ ,, ® , , ,-,, , l A. Geoffroy Saint-Hilaire. des sciences naturelles au lycée tnarle- i ^, , ,. .0,1 1 .. • r. • ' ( Cn. Leno-lier. magne, 13, boulevard Saint-Germain, a/ q • . v m' .1 ^^ , , f oaiut~\ves Menarcl. Pans. V ,, /,^ . V ■■, ■ A" I ( A. Geoffroy Saint-Hilaire. DUBUISSON (Eugène), propriétaire, 1/, rue de \ •' •w^ 1 < r\ • S J 0 U îl II 11 0 . Presbourg, a Pans. / a r> ■ ^' [ A. Porte. ■^ • .V ./.Il 110, / L. Binder. Lamy (David), avoue, 6, boulevard de blras- (| . ^ ^ ,. - , ,,., . , ^ . < A. Geoffroy Saint-Hilaire. bourg, a Pans. I c ■ , v m ■ a ^' \ baint-Yves Menard. ,r , s • . • t K. . {H. Bouley. Leudet (Léon), propriétaire, 4, rue Menars, \ . ^ <«- c „ tii ■ .^ /> r r > » ' ) A. Geoffroy Saint-Hilaire. ( Saint- Yves Ménard. , ^ ,„^ r. • T . A. Geoffroy Saint-Hilaire. Maisonneuve (Charles), 13"2, rue Saint-Lu- •» » p .• zare, à Paris, et à Nantes (Loire-Inférieure). ) ^ • . v ai- j ' ' ^ \ Saint-Yves Menard. Mahieux (E. j. a.), caissier de la Société des ^ A. Dieu. ï)épôts et Comptes-courants, 63, avenue j Gaudinot. de Neuilly, à Neuilly. " ( Jouenne. »r .,.• . •. ■ .or> 1 Lesesne. Mallassagne (Pierre), propriétaire, 139, ave- ^ . nue de Neuilly, à Neuilly (Seine). f o • * a- a« - j ■" J V / ^ Saint-\ves Menard. ,.,,,, , . r- , , J / A. Berthoule. Maquaire (Amedee), négociant, o, boulevard \ ,. • n- 1 ," , • L ■ l Maurice Girard, de Strasbourg, a Pans. / c • » v m - j °' V Saint- Yves Menard. ,„ , ... ,a^-, i A. Geoffroy Saint-Hilaire. MoussET (Pierre), propriétaire, 127, avenue \ . p ' de Neuilly, à Neuilly (Seine). ^ Saint-Yves Ménard. RotViÈRE (Jacques-Albert), ingénieur civil, / A. Geoffroy Saint-Hilaire. lauréat de la prime d'honneur du Tarn, à . Maurice Girard. Mazamet (Tarn). ' A. Porte. SnARLAND (Hubert-Henry), propriétaire, à la / A.Geoffroy Saint-Hilaire. Fontaine-SaintrCyr, près Tours (Indre-el- | A. Porte. Loire). ( Saint-Yves Ménard. r. ,^. . « »T f A. Berthoule. SOLLER (Charles), explorateur, 7, rue Nou- \ ^^^^^ Grisard ^^"^' ^ P^"^- Ravcret-Waltel. M. PRÉSENTATEURS A. Blot. Gleize. 52 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. M. VioT (Antoine-Eugène), ancien notaire, 62, rue Charles-Lalitte, à Neuillv (Seine). i "'T"""' ,, , , ■> ^ ^ \ Saint- Yves Menard. — M. le docteur Bertoni adresse des remerciements au sujet de sa récente admission. — M. le Ministre de la Marine annonce qu'il vient d'attribuer à la Société un exemplaire de la Flore de la Cochinchine, par M. Pierre. — Remerciements. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. le vicomte de Bruce, Dodemont-Delloye, Fabre, Desroches, Le Pelletier, Léon Menant, Nelsou-Pautier et le marquis de Pruns. — M. Jourdan écrit de Voiron (Isère): « Le 17 juillet dernier, dans une éclosion de poussins de la race pure de Langshan, j'ai obtenu un jeune Coq revêtu de soies au lieu de plumes. » Si j'avais eu chez moi la race nègre, j'aurais pu croire à un rappro- chement entre les deux espèces; mais, depuis cinq ans, je n'ai plus de volailles nègres. Les parquets où sont les Langshan leur sont spéciale- ment affectés; d'ailleurs, c'est à ce jour la seule espèce à laquelle j'ai accordé toute ma préférence. » Sans que j'aie l'espoir que le Coq dont je parle obtienne la taille et le poids de son père (5''"300 au 18 mars), il est d'une jolie force, très fier: il porte bien la tête, qui est ornée d'une jolie crête et d'oreillons qui sont d'un rouge des plus intenses ; tout le corps est bien fourni de soies, qui sont d'un noir de charbon; les tarses et les pieds sont bien garnis de ces mêmes soies, •» Je crois qu'avec ce Coq, qui est très ardent, il serait facile de créer et au besoin de fixer une race par des sélections bien comprises. Reste à savoir s'il n'y a pas là simplement une bizarrerie. » — M. Croq écrit de la Grande-Métairie (Vienne) : « Depuis deux ans, je m'occupe de l'élevage de Perdrix rouges, surtout de la Perdrix rouge Bartavelle. Deux couples de deux ans ont pondu cette année ; la fe- melle de l'un a pondu vingt-sept œufs et l'autre neuf. C'est assez rare à l'état domestique, tous les œufs étaient bons; j'en ai élevé vingt et un, qui sont tous bien portants, et que je lâcherai après la clôture de la chasse. » — M. de Behr, Président de la Société allemande de pisciculture, annonce les envois qu'il compte faire faire prochainement à la Société d'œufs embryonnés d'Omblc-Chevalier {Salmo salveliniis) et de deux espèces de Truite : Salmo lacustris et Salmo carpio, provenant du lac de Garde. — M. le Secrétaire des séances fait connaître que les œufs annoncés par M. de Behr sont déjà arrivés; ils étaient en parfait état, et ont été FROCÈS-VERBAUX. 53 distribués sans retard. M. Raveret-Wattel donne à cette occasion les renseignements ci-après : « La Truite, connue eu Italie sous le nom de Carpione, est une belle et bonne espèce, dont la réputation était déjà établie du temps de Linné et de Block, qui la désignent sous les noms de Salmo carpio et de Fario carpo. Heckel est également d'avis que c'est bien une espèce distincte (et non une simple variété locale), très voisine, d'ailleurs, delà Truite des lacs [Salmo lacustrls). On la trouve presque dans tous les lacs du Tyrol et de la Haute-Italie, avec une autre espèce spéciale, elle aussi, à la même région : la Truite à joues rayées {Salmo genivittatus). Les Carpioni du lac de Garde sont particulièrement estimés; la chair en ^ est très saumonée. Cette espèce, qui n'atteint pas une très forte taille, a les écailles assez grandes et le corps maculé de petites taches noirâ- tres. Elle se plait surtout dans les eaux très profondes. » D'après M. Ganevari, Président de la Société de pisciculture du lac de Garde, elle fraye dans le lac même, au lieu de remonter dans les cours d'eau, comme le fait la Truite des lacs, au moment de la reproduction. Des essais d'acclimatation de ce poisson vont être faits dans les lacs de l'Allemagne du Nord où le Salmo lacustris n'a pas donné jusqu'à présent des résultats très satisfaisants, malgré la nature des fonds, composés de sable et de gravier. » L'Omble-Chevalier {Salmo umbla, S. salvelinus), souvent désigné en Allemagne sous le nom de Truite rouge {Rothforolle), est un poisson moins actif, moins carnassier que la Truite. Gomme il varie beaucoup sui- vant l'âge, le sexe et les localités, on a cru souvent devoir en distinguer plusieurs espèces. On le trouve dans beaucoup de lacs aux eaux claires de la Haute.-Autriche et du Tyrol, en Bavière et en Suisse. 11 se montre aussi dans les lacs des monts Carpathes, jusqu'à une hauteur de "2000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Sa croissance est assez rapide, bien qu'elle n'égale pas toutefois celle de la Truite des lacs. La chair est plus ou moins saumonée, parfois tout à fait blanche, selon la saison, la région, et surtout la nature de l'eau; mais elle est toujours d'excel- lente qualité. Les Salvelais du lac Fuschler, aussi bien que ceux du lac Hinter, près de Berchtesgaden, se distinguent par leur rapide développe- ment; parfois on en pêche qui atteignent jusqu'à 10 ou 12 kilogrammes. La pêche se fait avec de grandes seines, manœuvrées par deux bateaux. Beaucoup d'établissements de pisciculture de l'Allemagne élèvent des métis d'Omble-Chevalier et de Truite, qui donnent des résultats très satisfaisants sous le rapport de la rapidité de croissance. » Dans la Haute-Aulriche, on ne féconde guère artificiellement les œufs d'Omble-Ghevalier qu'avec de la laitance de Truite de ruisseau {Salmo fario). » — M. Louis, maire de Saint-Germain-sous-Cailly, régisseur du domaine de Gouville (Seine-Inférieure), adresse le rapport suivant : « L'établis- 54. SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. sèment de pisciculture de Gouviile, toujours eu voie de développement, est arrivé cette année à faire reproduire des alevins de vingt mois, ap- partenant à diverses espèces. )) Des Salmo fontinalis, reçus d'Amérique il y a deux ans, ont repro- duit cette année ; six femelles ont donné oOUO œufs, dont 2750 sont par- faitement éclos et ont donné des alevins très vigoureux. » Il y a aussi à l'établissement des Truites de différentes espèces, dont on recueille les œufs en ce moment. » Nous avons obtenu, en poissons de vingt mois, plusieurs spécimens mesurant, de l'œil à la naissance delà queue, de 33 à 38 centimètres de longueur, et d'un poids variant de 300 à 500 grammes. » Les espèces qui ont le mieux réussi sont : la Truite ordinaire, laTruite dite d'Ecosse et le S. fontinalis. Ces derniers sont les plus forts sujets. » Quant aux Saumons, Truites des lacs, métis de Saumons et de Truites, les sujets qui nous restent sont beaux, mais plus petits que les précédents, et ils ont éprouvé une mortalité de 80 pour iOO depuis l'é- closion jusqu'à l'âge d'un an. L'Omble-Chevalier est à peu près impos- sible à élever; au bout d'un an, sur cent sujets, quatre ou cinq à peine subsistent encore. î Nous avons remarqué que la grande quantité de nourriture, dès le premier âge, peut, en viciant l'eau, faire un grand tort aux jeunes pois- sons ; la nourriture doit donc être très limitée dans les trois premiers mois. » Nous commencerons l'année prochaine la vente des poissons éclos en 1880 et en janvier et février 1881. » — M. des Vallières accuse réception et remercie de l'envoi d'œufs de Truites des lacs qui lui a été fait. — M. Ch. Bureau, d'Arras, sollicite un lot de graines de Ver à soie du miirier, de la variété Verdolina Casati. — M. Hignet écrit de Varsovie : « Je viens rendre compte à la Société d'une expérience intéressante que j'ai faite cette année à Sieltze, dans ma magnanerie d'essai. Vous savez que depuis quelques années je me livre à l'éducation de Vers à soie sauvages, notamment du Cynthia, du Yama-mài et du Permji. Le Cynthia est complètement acclimaté en Pologne par sa transformation debivoltin en univoltin. Je viens d'obtenir le mime résultat avec le Peniyi, qui jusqu'à présent avait résisté aux essais tentés pour empêcher la sortie du papillon à la fin de l'été. Celte année, une partie de ma récolte a été soustraite à la loi du bivoltisme et attend à la cave le retour de la belle saison. Les cocons que j'ai ou- verts avaient leur chrysalide vivante et bien vivante, si bien que je puis espérer d'avoir au printemps mes propres reproducteurs. Je ne vous en serais pas moins très reconnaissant de vouloir bien, s'il est possible, disposer de quelques œufs en ma faveur. 11 faut prévoir les mécomptes, car le printemps est encore loin. Si vous pouviez m' envoyer aussi quel- PROCÈS-VERDAUX. 55 ques œufs d'aulrcs espèces sauvages, je vous en serais fort obligé. J'ai disposé quelques haies do pruniers, de noyers, etc. ; j'ai donc tous les éléments nécessaires pour tenter d'aulrcs acclimatations. La graine du Cijntliia s'est perdue chez moi, car j'en ai abandonné l'éducation; mais on m'en demande, et je voudrais pouvoir répondre à ces demandes en reprenant mes éducations de ce Ver. )) Vous ai-je déjà parlé de la manière dont je conduis mes éducations en plein air? Je place mes Vers sur des haies qui n'ont pas plus de six pieds de hauteur, et je les protège avec des cadres mobiles munis de filets. Cinq cadres font une maisonnette à claire-voie : quatre pour les parois et un pour le toit. A ce premier abri s'en ajoute un second, lorsque la feuille est à peu près mangée; on enlève la paroi du milieu pour ne pas gêner la communication. Vingt cadres peuvent suffire à une étendue considérable de haies, car ils se transportent au fur et à mesure qu'ils se trouvent ne plus rien avoir à protéger. Les haies peuvent se disposer en labyrinthe, pour en établir le plus grand nombre possible sur un terrain donné et faciliter la surveillance. C'est un mode d'exploi- tation facile et peu coûteux, et je me demande si la culture des Vers à soie sauvages n'est pas la sériciculture de l'avenir. Les Vers à soie du chêne, qui sont les plus intéressants de celle famille de séricigènes, donnent une soie plus abondante que le Ver à soie du mûrier et sont exposés à moins de chances contraires. La soie en est brillante, nerveuse, et, soumise à une bonne préparation, lutterait avantageusement avec celle du mûrier. Quant à moi, je renoncerai sans doute au Ver du mûrier (qui ne prend pas en Pologne à cause des soins minutieux qu'il exige), pour pousser à la culture du Yama-maï et du Permfi, — du Pernjji surtout, car le Yama-mni éclôt trop tôt pour notre climat et ne pourrait s'élever qu'à la condition de commencer l'éducation dans une espèce de serre froide où l'on jtlanterait des taillis de chênes pour en hâter la végétation. Du reste, cette condition est facile à remplir; il en coûterait moins pour éta- blir une serre de ce geiu'e que pour construire une magnanerie avec tous ses accessoires. » J'appelle l'attention de la Société sur un travail très intéressant d'un sériciculteur du midi de la France, M- Victor UoHat, de Collioure f Py- rénées-Orientales), qui, lui aussi, se préoccupe de la guérison des ma- ladies (lu Ver à soie, et la trouve dans le traitement qu'il fait subir à la graine immédiatement à partir du moment delà ponte. Les théories de ^. Piollat sont exposées dans d^tix brochures qui ont paru à Perpignan e^ 1875 et 1881, sous le litre : Mdtkode pratique contre les maladies lies V(^i'S à soie — et Embryologie. La méthode de M. Ilollat consiste à donnera l'œuf la |»lns gi'ande somme de chaleur atmosp|iéri([iie possibb; pendant les mois de juin, juillet, et août; à abaisser cette température jusqu'4 15 degrés centigrades (température de l'œuf) jusqu'au mois de décembre, puis arriver à la température de 5 à 6 degrés, qui réveille 56 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. l'activité embryonnaire dans l'œuf. Je ne puis vous indiquer que très succinctement le procédé: il faut lire la brochure. M. Rollat m'a envoyé de sa graine, qui a bonne apparence et me paraît être supérieure à la mienne. Pour M. Rollat, le corpuscule de M. Pasteur a peu d'impor- tance. Une graine traitée d'après sa méthode donnera des Vers sains et robustes et bons fdeurs. » — MM. le comte de la Villebrune, P. Mathey, E. Vavin, Guillin, Guil- laume et R. de Cazenove demandent à prendre part à la distribution des graines annoncées dans la Chronique. — M. Latour Marliac écrit du Temple : « Le rapport que je compte vous adresser sur mes cultures de Rambous traitera de nombreuses es- pèces ou variétés nouvelles et inédites, dont le tempérament n'est pas assez dessiné et les caractères suflisamment révélés pour les classer sans équivoque parmi les Rambous vrais cespiteux, les Phyllostachys ou les Arundinarias. » Afin de vous donner un petit aperçu du cadre que j'aurai à remplir, je vous transmets la liste de ma collection actuelle de Rambusacées : > 1. Arundinacea. — 2. aurea. — 3. Cago-zasa (inédit). — 4. fal- cata. — 5- flexuosa. — 6. Fortunei foins argentés variegatis. — 7. gracilis. — 8. Ha-tsikou (inédit). — 9. Hobi-tsikou (inédit). — 10. Himalayensis. — H. Japonùa. — 12. metake. — 13. mitis. — 14, Mà-sà. — 15. nana. — 16. nigra. — 17. quadrangularls. — 18. Qui- IIqI, — 19. Ragamowlskii. — 20. Rô-tsikou (inédit). — 21. scriptoria. 22. Simoni. — 23. spinosa. — 24. sulphurea. — 25. Thamnocalamus spathiflorus. — 26. Thouarsi. — 27. violacea. — 28. violasccns. — 29. verticMata. — 30. viridi-glaucescens. — 31. viridi-striata. — 32. vittata argentea. » Enfin, outre un assortiment d'autres nouveautés que j'attends direc- tement du Japon au mois de mars, j'ajouterai très prochainement à ma collection les B. macrosperma — Murasaki dake (inédit) — et Thamno- calamus Falconeri. » Vous voyez, d'après cette énumération sommaire, que j'ai déjà groupé un assez grand nombre de Rambusacées, dont plusieurs sont appelées, par leur mérite ornemental, ligneux ou comestible, à prendre une place importante dans l'horticulture et l'agriculture, et que je contribue avec zèle à la propagation de leur culture, que favorise et préconise à si juste titre la Société d'Acclimatation. » — M. le Directeur du Jardin zoologique de Marseille rend compte du résultat obtenu des semences de Soya hispida et de Riz sec qui lui ont été adressées. « J'ai reçu le 11 mai environ un litre de chaque graine. Ayant fait préparer deux planches de terrain (bonne terre de jardin) de la superficie d'environ 17 mètres carrés, l'une, consacrée au Soya, fut tracée comme pour du Pois, c'est-à-dire à quatre rangs. J'y fis semer le 25 mai environ un demi-litre de ces graines, qui levèrent le l'^'" juin, PROCES-VERBAUX. 57 après avoir subi une première irrigation le 28 mai. Reconnaissant que le semis était trop épais, mais voulant voir le résultat, je ne le fis pas éclaircir. j\laturité complète fin septembre; hauteur, 0"',60 à 0'",70; :i litres i/2 environ. Quant au Riz, semé le 17 mai, il a levé le 26 mai. J'ai été obligé de l'arracher le 23 septembre, sans qu'il ait donné d'épis. » — M. le Secrétaire général dépose sur le bureau : 1° Un mémoire adressé à la Société par M. le baron de Sélys-Long- cbamps, président du Sénat belge et membre de l'Académie royale de Relgique, sur l'état actuel de la pisciculture en Relgiciue ; 2° Un exemplaire des nouvelles instructions publiées par M. Odile Martin sur la conduite des couveuses artificielles ; 3" Une lettre par laquelle M. Tischomiroff, Président de la section d'or- nithologie de la Société impériale russe d'acclimatation, transmet un rapport sur les travaux de M. Ratacheff, de Toula, qui s'occupe avec le plus grand succès d'élevages d'oiseaux exoti(jues et autres. — M. Raveret-Wattel dépose sur le bureau : 1° De la part de M. Lonquéty aîné. Président de la Chambre de com- merce de Roulogne-sur-Mer, un exemplaire du procès-verbal de la séance tenue pour la distribution solennelle des primes instituées avec le concours du Ministre de la Marine, en vue d'encourager la bonne préparation en mer du hareng de la première pèche au Dogger-Rank ; 2" De la part de M. le baron Von Mueller, botaniste du gouvernement à Melbourne, un sachet de graines à' Eucalyptus Berkianœ ; 3° De la part de M. le comte Louis Torelli, sénateur du royaume d'Italie, un exemplaire de l'ouvrage que notre honorable confrère vient de publier sous le titre : la Malaria d'Italia, et dans lequel il étudie les causes du fléau et les moyens de le combattre. Comme moyen d'assainissement, M. le comte Torelli recommande particulièrement les plantations d'ar- bres, et surtout les plantations d'Eucalyptus. Ce très intéressant travail est accompagné d'une carte faisant connaître la distribution géographique de la malaria et indiquant par des teintes plus ou moins foncées le degré d'intensilé du fléau. M. Raveret-Waltel appelle ensuite l'attention de la Société sur une note récemment publiée dans le Bulletin de la Société d'insectologie, concernant VEucali/ptus rostrata, qui y est signalé comme portant des fleurs nuisibles aux Abeilles. L'empoisonnement d'un grand nombre de ces insectes aurait été constaté. Il paraîtrait utile de charger la cinquième section de recueillir des renseignements sur ce fait, qui est en contra- diction avec l'opinion généralement admise, que les fleurs des Eucalyptus sont très favorables aux insectes mellifères. Tout récenunenl encore, M. Ch. Naudin (1) citait précisément VEucalijptiis rustrala comme pa- raissant appelé, eu raison de son abondante floraison, à rendre des ser- (I) Voy. UullelinSoe. Acd. 1882., p. Cie. 58 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. vices aux éleveurs d'abeilles. Peut-être, ajoute M. Raveret-Wattel, Jes observations n'auront-elles pas porté sur des sujets de même espèce, et aura-t-on confondu entre eux des arbres différents. Il y a lieu de remar- quer, en effet, qu'on est assez peu d'accord sur les noms des Eucalyptus déjà introduits en Europe, et il importerait grandement que la cinquième section s'occupât de mettre de l'ordre dans la détermination de ces espèces. Tout en reconnaissant l'utilité d'un semblable travail, et en faisant des vœux pour qu'il soit mené à bonne lin, M. Geoffroy Saint-IIilaire ex- prime la crainte qu'on ne rencontre dans l'exécution de cette tâche des difficultés fort sérieuses, par suite du nombre considérable des espèces d'Eucalyptus, des ressemblances très grandes qui existent entre beaucoup de ces espèces, enfin des nombreux croisements qui se sont produits et qui ont donné naissance à des types métis, lesquels viennent encore compliquer la question. — M. Raveret-Wattel signale à l'assemblée l'intérêt qui s'attacherait îi l'introduction de la culture des Quinquinas dans plusieurs de nos colo- nies. On a longtemps cru, dit-il, qu'en dehors de la question du climat, certaines conditions d'altitude étaient absolument nécessaires à la végé- tation des Cinchonas. Or les heureux essais de culture entrepris à l'île de la Réunion par M. Morin, lauréat de la Société, et plus récemment les importantes plantations créées à Java par les Hollandais et dans l'In- doustan par les Anglais, ont prouvé que les Quinquinas peuvent être cultivés dans une zone assez étendue. Des milliers de balles d'écorce sont importés chaque année en Europe des Indes anglaises et néerlan- daises. D'un autre côté, on sait que dans l'Amérique du Sud, dans les Andes, les Quinquinas tendent à disparaître rapidement, par suite de l'exploitation abusive faite par les casmr///ero,s ou chercheurs d'écorce, qui détruisent tout, les arbres jeunes comme les arbres vieux. Il inipor- terait donc de rechercher , dans nos possessions hors d'Europe , les stations oîi des plantations de Quinquinas pourraient être faites à l'instar de celles des Anglais et des Hollandais. — M. Camille Dareste donne lecture d'qne note faisant connaîtra le résultat de ses études expérimentales surl'incubation (voy. an Bulletin). — 4 l'occasion de cette note, dans laquelle se trouvent mentionnées des observations faisant ressortir quelques-unes des causes qui peuvent contribuer à la fornîation des monstruosités chez les oiseaux, ftl. Millet rappelle que des observations analogues ont été faites en ce qui concerne les poissons. Depuis (ju'on s'occupe de l'incubation artificielle çjes œufs de poissons, dit-i|,on a remarqué que, dans les élevages, le nombre des monstres est parfois assez considérable, et l'on a généralement attribué ce fait à la fécondation artificielle. En réalité, il tient surtout aux se- cousses que les œufs ont eu à subir, soit pour leur transport, soit pour leur manipulation. D'oii l'utilité d'un emballage très soigné pour les PROCÈS-VERBAUX. 59 expéditions à'de'grandes distances, et la nécessité de ne faire voyager les œufs que quand ils sont déjà embryonnés, parce qu'à celte époque de leur développement ils supportent mieux les secousses inévitables du trans- port. — M. Fornet fait remarquer que quand un œuf reste plusieurs jours ou plusieurs semaines sans être remué, il perd assez rapidement sa vi- talité ; mais que si cet œuf est remué soit tous les jours, soit tous les deux ou trois jours, il peut être conservé pendant deux et trois mois, et être mis ensuite en incubation. Les Poules ont bien soin de remuer leurs œufs de temps en temps, et c'est ainsi qu'elles- amènent à éclosion la presque totalité des œufs qu'elles couvent. Lorsque l'on conserve des œufs dans de l'eau de chaux, si les œufs restent sans être remués, un certain nombre d'entre eux deviennent impropres à l'alimentation, parce que le jaune se colle à la paroi interne de la coquille. Aussi les mar- chands ont-ils souvent l'ecours à l'emploi de cuves où, presque journel- lement, un appareil à aubes remue les œufs dans l'eau de chaux. — Au sujet des monstruosités observées chez les Poissons et attribuées à la fécondation artificielle, M. Dareste rappelle que le terme monstruo- sité comprend deux genres bien différents : la monstruosité simple et la monstruosité double. Les monstres simples sont ceux chez lesquels il n'y a qu'un seul corps embryonnaire. Les monstres doubles, beaucoup plus rares, sont dus probablement à un état particulier du germe. Les mons- truosités simples peuvent être produites par des causes inhérentes à l'incubation; les monstruosités doubles sont vraisemblablement déter- minées antérieurement à l'incubation, et pourraient bien tenir, comme tendent à je faire admettre les observations récentes de M. Hermann Faure, à un mode particulier de fécondation. Contrairement à ce qui a été longtemps admis par les physiologistes, pour que le germe soit fécondé, il suffit qu'un seul spermatozoïde pénètre dans l'œuf; dans les conditions ordinaires, dès qu'il a pénétré, le chemin est barré aux autres. Toutefois, il peut arriver que la modification de l'ovule qui ferme ainsi l'entrée, ne se produisant pas assez rapidement, deux ou trois sperma- tozoïdes s'introduisent dans l'ovule, et il se pourrait qu'il y eût là une cause modifiant la constitution du germe et le rendant apte à produire des monstres doubles. Peu|-être les monstruosités doubles constatées en grand nombre chez les poissons produits artificiellement ne tiennent-elles qu'à un procédé de fécondation artificielle qui ne réalise pas ce qui se produit dans la fécondation naturelle. — M. Fornet estime que les monstruosités par arrêt de développeirient proviennent surtout des variations de la température, et surtout des va- riations en plus. Dans l'incubation naturelle, la température varie extrê- mement comme température en moins, mais jamais en plus. Dans les appareils d'incubation, elle varie sensiblement en plus, et ces variations ont été une grande cause d'insuccès pendant de longues années. Les 60 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. courants d'aii" chaud qui se produisent dans des incubateurs mal établi ou mal dirigés amènent parfois la production de monstres par atrophie ou par développement exagéré de certaines parties. — M. Dareste dit qu'il n'attache aucune importance à savoir si ces phénomènes sont des monstruosités ou des arrêts de développement. L'emploi d'une chaleur trop forte lui a servi à produire un grand nombre de monstruosités; mais il en a obtenu par beaucoup d'autres procédés, 'foules les fois, du reste, que les conditions de la production sont modi- fiées, on arrive à produire des monstres. — M. Latasle donne lecture d'une note sur le Dipodillus Simoni et sur l'élevage de ce rongeur (voy. au Bulletin). — M. le Président fait remarquer que l'acdiniation de cette espèce en dehors de la captivité pourrait avoir des inconvénients, mais qu'en captivité elle sera avantageuse pour un grand nombre d'expériences. -- Il est offert à la bibliothèque de la Société : 1" Observations aur le règne végétal au Maroc, par P. K. A. Sehous- boe, édition française-latine avec planches, par le docteur Bertherand. Paris, imp. liaillière et fils, 1 vol. (L'Auteur.) 2" Dus ressources que la matière médicale arabe peut offrir aux pharni'icopées françaises en Algérie, \)av\e docteur Bertherand (Extrait de la Gazette médicale de l'Algérie) Alger, 1879, imp. A. Bourget, 1 broch. (L'Auteur.) 3° L'Eucalyptus au point de vue de l'Hygiène en Algérie, par le docteur Bertherand. Alger, 1876, typ. V. Aillaud et C'«, 1 broch. (L'Auteur.) i" Le noyau de Dattes au point de vue des propriétés alimentaires, thérapeutiques et industrielles, de la falsification du café. Alger, 1882, imp. Fontana et C'*", 1 broch. avec planche. (L'Auteur.) 5° Le musc de Gazelle au point de vue des applications thérapeuti- ques, par le docteur Bertherand. Alger, 1878, imp. V. Aillaud et C'% 1 broch. (L'Auteur.) 6» L'Arenaria rubra dans la gravelle et le catarrhe vésical, par le docteur Berlherand. Alger, 1878, imp. Victor Aillaud et G'", 1 broch. (L'Auteur.) 1" Conseils aux Arabes sur les végétaux dangereux de l'Algérie, parle docteur Bertherand. Alger, 1879, imp. Victor .\illaudet C'% 1 broch.) (L'Auteur.) 8° L'Aceras Anthropophora, par le docteur Bertherand. Alger, 1806, imp. Paysan et C'% 1 broch. (L'Auteur.) 9" Le Bambou au point de vue des dessèchements, par le docteur Bertherand. Alger, imp. Lavagne, 1 broch. (L'Auteur.) Le secrétaire des séances C. Baver ET- Wattel. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Le Colin de Virginie. Le Colin Ho-oui ou de Virginie (Ortyx Virginianus) est originaire de l'Amérique méridionale; son aire de dispersion est comprise entre le Canada, les montagnes Rocheuses et le Mexique, mais on le rencontre surtout dans le centre et le sud des États-Unis. Cette espèce tire son nom du cri que le mâle fait entendre au moment des amours, cri que les Nalchez ont traduit par Ho-oui, et les habitants du Massachussett par Bob-AVhite. Sédentaire dans le sud, le Colin Ho-oui est voyageur dans le nord, d'oïl il émigré à l'automne. Florent Prévost, ((ui, le premier en France, a tenté son acclimatation, dit que le (]oliii Ho-oui est d'un tiers environ plus petit que la Perdrix; il est, sous ce rapport, intermédiaire entre elle et la Caille. La femelle, toujours un peu plus petite que le mâle, en diffère en ce que toutes les parties noires chez celui-ci sont rousses chez elle ; la gorge est aussi de cette couleur, mais beaucoup plus paie. Le Colin Ho-oui vit ordinairement dans les champs entourés de buis- sons, de haies épaisses, oîi il peut facilement se cacher lorsqu'il est inquiété, et ne fréquente guère les terres cultivées, si ce n'est après la récolte. D'un naturel peu farouche, il se prête facilement à toules les tentatives de domestication et d'acclimatation; il ne craint pas les grandes chaleurs ni les froids même rigoureux. n s'éloigne peu du lieu où il s'est fixé, à moins qu'il n'y soit contraint par la faim; il arrive alors jusque dans les cours des fermes, se mêle aux poules et partage leurs repas. « Si alors l'homme le reçoit avec hospi- talité, dit Brehm, il passe toute la saison au voisinage de sa demeure; il prend plus de confiance et arrive même parfois à devenir un animal à moitié domestique. » Le Colin Ho-oui est monogame. L'accouplement a lieu en avril, et au commencement de mai, la femelle construit son nid sous un épais buisson. Après avoir creusé en terre une dépression hémisphérique, elle garnit ce trou de feuilles et d'herbes sèches, puis le recouvre en ramenant en dôme les plantes qui croissent naturellement autour et en ne laissant qu'une seule ouverture de côté. Elle y pond de 15 à !2i œufs d'un blanc pur, qui éclosent au bout do vingt-trois jours. Les petits quittent le nid presque aussitôt après l'éclosion. Une nouvelle ponte a lieu en juillet; la seconde couvée ^e réunit alors à la première, et la famille ne se disperse (|u'au printemps suivant. 0:2 SOCIÉTÉ NATIONALK D'AGCLIMATATION. •Le màle est très attaché à sa femelle et veille sur ses jeunes avec la plus vive sollicitude. Le Colin Ho-oui se nourrit de toutes sortes de graines, de baies et de jeunes pousses de végétaux herbacés ; pendant la belle saison, il re- cherche avec avidité les insectes, surtout les coléoptères. En septembre et octobre, il se répand en grand nombre dans le voisi- nage des plantations pour y chercher des semences. En captivité, on lui donne du blé, du millet, de l'avoine ; il est très friand de chènevis et mange beaucoup de verdure. C'est un des gibiers les plus recherchés et les plus répandus aux États- Unis. Cet oiseau se prend au filet et le plus souvent est apporté vivant sur les marchés. La chasse de ces Colins exige un tireur adroit, car ils ont le vol plsn vif et plus inégal que celui de nos Perdrix grises ; la compagnie surprise ' s'élève perpendiculairement à quinze ou vingt pieds de haut, puis se dis- perse de tous côtés; les oiseaux qui réussissent à gagner les arbres s'y rasent et échappent ainsi aux regards, car ils ne font aucun mouvement et on pourrait les tuer les uns après les autres sans que ceux qui restent abandonnent la place. Un couple de ces oiseaux remis par M. Florent-Prévost à M. Lory de Fontenelle (Seine-et-Marne) s'est reproduit en 1816, Chez cet amateur, ils avaient construit leur nid dans une luzerne sur la lisière d'un bois; une compagnie de quatorze petits en naquit, mais ils disparurent et au prin- temps suivant on n'en retrouva plus. En 1828, deux couples lâchés par M. Florent-Prévost dans l'ancien clos de Chalais (haras de Meudon) ne donnèrent aucun résultat. Mais en 1837, deux couples remis par lui à M. deCossette, multiplièrent tellement en Bretagne que pendant plusieurs années on put chasser le Colin sur quelques terres de cette province. Après les résultats si concluants acquis par M. Florent-Prévost nous ne devons pas nous étonner des succès obtenus en 1853 et années sui- vantes chez M. Coeffier à Versailles ; le rapport qu'il a présenté à la So- ciété d'Acclimatation à ce sujet est plein d'intérêt (1). C'est, du reste, une acclimatation accomplie depuis longtemps en An- gleterre, surtout dans les comtés de Norfolk et Suffolk. Au moment où on se plaint de la disparition de la Perdrix, il serait à désirer que les essais de repeuplement se portassent sur cette espèce qui se reproduit facilement, ne quitte guère ses cantonnements et assu- rerait au propriétaire une chasse productive. Jules Grisaud. (i) Voy. Bull, mensuel delà Soc. imp. d'Acclimat.,ï8ho, p. 143. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESt^bisbÀNCE. Go La Balsamiue géante couinie plante niellifèi*e. Lettre adressée par M. de Behr, Président de l'Association allemande de pisciculture, à M. Raveret-Wattel, secrétaire des séances. « Berlin, "Il novembre 1882. » Cher Monsieur, » La Société d'Acclimalation s'intéressant à la propagation des végétaux utiles, peut-être croira-t-elle devoir s'occuper d'une plante qui nie paraît appelée à rendre des services aux apiculteurs par sa belle et abondante floraison. Cette plante, c'est la Balsamine géante {Impatiens glandidi- gera lioyle), concernant laquelle vous trouverez ci-joint une petite note, et dont je vous expédierai prochainement de la graine. » Sincèrement à vous, » De Behr. » Note. — « La Balsamine géante (Impatiens glanduligera, Royle, s. Imp . Botjcli VValp.), bien que connue déjà dans les jardins botaniques, ne fut signalée pour la première fois, comme plante utile pour les Abeilles, qu'à l'Exposition apicole de Potsdam, en septembre 1881. « D'aspect assez grêle, l'échantillon présenté laissait quelque doute sur l'authenticité de l'espèce qu'on savait être de taille géante, d'après les indications données à l'Académie royale par Walper. Les renseignements très favorables fournis sur le compte de cette plante engagèrent M. de Behr à en essayer la culture. 11 en remit de la graine à son jardinier, M. Donau, qui sema en septembre dans des sillons de 4 à 5 centimètres de profondeur, et distants d'environ 9 centimètres. Bien que peu abritée, la graine résista bien à l'hiver et germa vigoureusement au printemps. Quand le semis eut 3 ou 4 centimètres de hauteur et que les gelées de la nuit ne furent plus à craindre, quelques pieds furent repiqués à peu de distance d'un rucher. Vers le milieu de juillet, les Balsamines avaient ■i",50 de hauteur; c'étaient de belles plantes, vigoureuses, bien dévelop- pées, couvertes de jolies fleurs rouges. De nouvelles branches se déve- loppaient constamment, et, dès le commencement de septembre, les tiges atteignaient de 2 mètres à 2"',50 de hauteur; les rameaux étaient longs et forts à l'avenant. Pendant le jour, ces plantes étaient littéralement couvertes d'Abeilles. Les fleurs se comptaient par milliers, et, néanmoins, à certaines heures, il n'y avait pas une de ces fleurs qui n'eût un insecte. Très ornementale, d'un superbe effet décoratif, la Balsamine géante peut aussi devenir une ressource précieuse pour les Abeilles, à une époque de l'année où ces insectes n'ont guèfe à leur disposition que le Chanvre, car, en septembre, le Trèfle blanc n'a que peu de miel. » 04 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Vignes de Perse. Extrait d'une lettre adressée à M. le Directeur du J:irdin zoologiquc d'Acclimatation. Tauris, le 19 décembre 1882. ... J'ai confié au courrier de notre légalion, parti de Tauris le 12 de ce mois, une quarantaine de plants et un certain noiubre de boutures de Vignes de Perse, le tout en un paquet bien conditionné, qui a dii être remis à Poti, à l'agence des bateaux-paquets de Marseille. Mon envoi est composé de cinq espèces de Vignes : 1" Le « Cliabany » (royal), qui pro- duit un raisin à gros grains dont on fait spécialeinent le vin rouge dans cette province; 2" Le « Piiclie-Baba » (barbe de papa) blanc, dont le grain est long et gros comme le pouce ; 3" Le « Askéry » (des troupes), raisin blanc sans pépins (invisibles à l'œil nu); la peau en est si mince qu'il est difficile de l'égrener sans l'écraser; 4." Le Kicbmicb, raisin blanc à petit grain sucré et très alcoolique ; 5» Le Sâhéby (du iriaître), raisin rouge foncé, plus délicat que le Cbabany pour la table. D'après ces indications, il sera aisé de recon- naître ces différentes espèces de raisins dès que les plants produiront. J'ai joint à mon envoi un certificat établissant que la Perse est indemne du l'iiylloxéra. Je serai très heureux. Monsieur le Directeur, si je par- viens à introduire en France la Vigne de Perse, car elle produit Les meilleurs raisins connus. Je n'ai pu vous envoyer cette fois des Pêchers, notre courrier était trop chargé; dès que les froids auront cessé, je vous en expédierai. Quant aux animaux que vous désirez, ils ne sont pas difficiles à trouver, excepté la Perdrix royale (Tétraogalle). qui est plus rare ici qu'à Téhéran ; mais je cherche en vain le moyen de vous les envoyer; nos courriers vont trop vite, ils les tueraient : il s'agirait de découvrir un voyageur complaisant qui voulût bien prendre une pareille peine. Veuillez, etc. Bernay. Consul de France. Le gérant : Jui.es Grisard. MoTTEr.oz, Adm.-Dirccl. des Imprimeries rcunies, A, rue Mignon, 2. Paris I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ NOTES SUR LE CANARD GASARKA (ANAS CASARKA, DE Linné; TADORNA GASARKA, de Macgillivray; GASARKA RUTILA, de Ch. Bonaparte) Par M. le comte De MOIVTLEZUIVI D'après Brehm le Canard Gasarka est originaire de l'Asie centrale, qui doit être regardée comme le foyer de l'aire de dispersion de ce palmipède. On le rencontre en Grèce et dans le sud de l'Italie. On le remarque encore sur les lacs de l'Egypte, dans la Tunisie, en Algérie et au Maroc. Gertaines années il paraît qu'il est commun dans les Indes. Le Ganard Gasarka a le bec, les pieds et les tarses noirs ; la tête et le cou roux jaunâtre ; la base du cou, le dessus et le dessous du corps roux rougeâtre avec couleur plus accentuée et plus foncée sur la poitrine. Ses ailes sont blancbes et noi- res, presque entièrement recouvertes par les plumes du manteau et des flancs qui ne laissent paraître que les grandes l'émiges qui sont d'un beau noir et partie des rémiges secon- daires qui sont aussi noires, mais à reflet vert foncé ; ces dernières forment ce que l'on appelle le miroir de l'aile. Le croupion et la queue sont noirs. La femelle est presque semblable au mâle, mais son plu- mage est moins coloré, le dessus de sa tête est légèrement gris et elle a la face blanche. J'ai depuis l'an dernier un couple de Canards Gasarka qui vivent dans une prairie bordée d'une pièce d'eau; la pièce d'eau et la prairie sont entourées d'une clôture de la mon- tagne noire. Dès leur arrivée, ces oiseaux se trouvèrent en compagnie d'un couple d'Oies du Canada et d'un couple de Canards de la Caroline avec lesquels ils ne purent jamais sympathiser. Lan dernier la femelle ne pondit pas ; je crus comprendre 3' SÉuiE, T. X. — Février 1883. 5 66 SOCIÉTÉ NATIONALE d'AGCLIMATATION. que le déplacement et les fatigues d'un long voyage étaient la cause de mon insuccès. Mes Gasarka passèrent l'hiver en bonne santé, ils ne paru- rent pas plus contrariés par les jours froids que par les cha- leurs de l'été. En 1882, dès le mois de janvier, j'avais remarqué quelques accouplements; toutefois, je ne comptais guère sur des résultats plus heureux que ceux de l'an dernier. Le mâle était tellement rageur que je doutais de sa fécondité. Sa jalousie était si grande qu'il ne pouvait supporter ni ses compagnons de captivité ni les poules qui se hasardaient à franchir la clôture de son parc. Les Oies du Canada, à cause de leur grande taille, étaient les seules respectées. Cependant on les voyait se hérisser à leur approche et il ne leur manquait que la force pour oser les attaquer. J'ai dû, pour éviter une guerre continuelle et calmer la mauvaise humeur du mâle, établir une division dans le parc, pour les séparer entièrement de ses congénères. Dès les premiers jours de mars, ayant remarqué que le foin dont j'avais garni la niche était remué, je surveillai de près mes oiseaux et ne tardai pas à m'apercevoir que la femelle Gasarka y était entrée. Le 26 mars, je trouvai dans la niche un œuf à peu près semblable à celui d'un Canard ordinaire, peut-être un peu plus gros. 11 était blanc, à coquille lisse, très légèrement teintée de couleur paille. La ponte avait commencé; elle continua à jour passé et dura jusqu'au 11 avril. Dès le pre- mier jour de la ponte la femelle arracha son duvet pour recouvrir ses œufs. 11 me fut facile de constater que la quan- tité de duvet augmentait en raison directe du nombre d'œufs pondus. Le 41 avril, tous les œufs étaient entièrement recouverts de duvet ou de plumes. A partir de ce moment, la couveuse ne quitta plus son nid que pour aller manger. Elle se levait deux et trois fois par jour et restait hors du nid une heure environ, quelquefois plus. Un jour elle ne renira dans sa LE CANARD CASAHKA. 67 niche que deux heures après en être sortie, ce qui me faisait craindre qu'elle ne menât pas à bien sa couvée. Cependant je pus reconnaître que le duvet empêchait le refroidissement des œufs. L'incubation a duré trente jours. Le vingt-neuvième jour tous les œufs étaient piqués et le trentième jour les neuf petits étaient sortis de la coquille. La couveuse les tenait soi- gneusement recouverts de ses ailes, elle les a gardés dans la niche pendant vingt-quatre heures, après quoi elle les a con- duits à l'eau. C'était plaisir de voir ces petits Canards recouverts de duvet brun et blanc plonger et s'ébattre sur l'eau à la suite de leur mère; on n'aurait jamais cru les voyant si alertes qu'ils étaient nés de la veille. Pendant les quatre ou cinq premiers jours les nouveau-nés se sont contentés de picoter quelques petits insectes qui se trouvaient parmi les lentilles d'eau : depuis ils se sont insensiblement accoutumés à manger quelques mies de pain, quelques grains de petit millet ou de panis. Je les ai nourris pendant quatre semaines avec de la mie de pain, du petit millet, du panis et des lentilles d'eau. Je ne leur ai donné ni œufs de fourmis, ni pâtées, ni produits alimentaires; cependant le développement s'est effectué dans les meilleures conditions et un mois après leur naissance les plumes ont commencé à remplacer le duvet. A l'âge de quarante jours, mes Casarka étaient entièrement recouverts de plumes rougeâtres et teintées de gris dans la région des ailes et du dos. A partir de ce moment, je leur ai donné de l'avoine, du blé, des graines de sorgho à balai. Les ailes des Casarka se développent rapidement. Ils peu- vent parfaitement voler à l'âge de soixante jours ; dix jours plus tard ils ont leurs ailes entièrement développées. On ne peut bien distinguer le sexe de ces oiseaux que lorsqu'ils ont leur plumage d'adulte, c'est-à-dire avant la fin de l'automne qui suit leur naissance. DES PRODUCTIONS VEGETALES DU JAPON Par le docteur Edouard îflÈIVE {Suite) En dehors de ces Lis qui étaient au jardin du Trocadéro, les autres Lis japonais sont : Le Lillum concolor de Salisbury (1), que les Japonais nom- ment Hime-yuri comme le L. callosum, indiqué par Mi- quel (2), par Franchet et Savatier (3). On le trouve cultivé dans les jardins japonais de l'île de Nippon, principalement dans les villes de Tokio et de Yokosi^a. Le L. concolor est haut de 0"',cJ5àO"\50 ; sa tige est ronde, grêle, glabre; ses feuilles alternes, lancéolées, sont plus larges dans la partie supérieure de la plante; ses fleurs sont réunies par 2-5 en ombelle terminale. Suivant M. Duchartrc (4), il existe une variété à une seule tleur, que Link regardait comme le type de l'espèce. Les fleurs dressées sont petites, campa- nulées, largement ouvertes, nonrévolutées, de couleur rouge minium, ou rouge clair uniforme, suivant M. Duchartre. D'après MM. Franchet et Savatier (5), ces fleurs sont de cou- leur jaune rougeâtre, marquées de points bruns à la base. Le L. concolor a été apporté de Chine en Angleterre, en 1806, par Gréville. M. Leichtlin dans sa collection l'indique comme une espèce distincte. Le Lilium pulchellum de Fischer (6), joli petit Lis à fleur solitaire dans la plante spontanée. Les folioles du périanthe sont rapprochées en cloche et non roulées en dehors ; elles sont de couleur rouge-tomate, parsemées intérieurement de petits points foncés. Ces fleurs sont remarquables par la briè- veté du style (7). (1) Salisbury, Par«d., tabl. il. (2) Miquel (F. A. W.), Proliisio florœ Japonicœ, p. 320. (3) Franchet et Savatier, Enum., vol. II, pars 1, p. 65, n° 1895. (4.) Duchartre, Jour, de la Soc. centrale d'hortic. de France, t. IV, p. 342-343. (5) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 1, p. 65, n° 1895. (6) Hort. berol., 1834 et Animadv. botan,, tiécembrc 1839, p. 14. (7) Duchartre, Jour, de la Soc. centrale d'hortic. de France, l. IV, p. 282, 4870. " PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 69 MM. Franchct et Savatier, sur l'autorité de M. Maximowicz, font du L. pulchellum une variété du L. concolor Salisb. (i). MM. Koch (2) et Baker (3) le désignent comme une espèce distincte. Le L. pulchellum, qu'on trouve aussi dans la Chine sep- tentrionale et en Sibérie, a été introduit en Russie, en 1834-, par Raddi et y est cultivé depuis cette époque. Le Lilium coridion de Siebold (4), mentionné par Franchet et Savatier (5), noté dans le Phonzo-Zoufou (G) sous le nom Kihime yuri. Le Kihime yuri croît dans le Japon septentrional, d'où il a été rapporté en Europe par Siebold en 1856. C'est une plante haute de 0'",33, sa tige grêle, unie, glabre est garnie de nom- breuses feuilles linéaires, de couleur verl-émeraude en des- sus, blanchâtres en dessous ; une seule tleur terminale, petite, deO'",04. au plus, dressée, campanulée, sans odeur, decouleur jaune-citron en dedans, jaune plus clair en dehors. Etamines courtes. Avec une yoxiîiiQ parthenion Sieb. et de Vr., qui a été introduite par Siebold en 1870 ; désignée dans le Phonzo-Zou- fou il) sous le nom de Akal hime yuri (Lis des vierges). Suivant le D' Savatier, la fleur de VAkai hime-yuri est rose extérieurement et intérieurement à la base, et rouge vif su- périeurement, sans macules. D'après M. Duchartre (8) la fleur du L. parthenion est ter- minale, solitaire; les folioles du périanthe longues de 0"',03, larges de O^jOl, sont rouges avec la nervure médiane verte en dehors, maculées çà et là de rouge sombre à l'intérieur. (1) Franchet et Savatier, vol. II, pars I, p. 65, n" 1895. (2) Karl Koch, Das Geschieht der LiLien {Wochenschrift fur Gœrtnerei und Pflan^.enkunde, V, 1862, p. 301). (3) Baker (J. G.), A neiv synopsis of ail ihe knoivn Lilies {GardenefsChronide, 12 août 1871, p. 1034). (4) Siebold et de Vriese, Tuinbouw Flora, 2* partie, p. 341, avec pi. color., 1855. (5) Franchet et Savatier, vol. H, pars 1, p. 64, n" 1892. (G) Phonzo-Zoufou, vol. 51 , fol. 23 recto. (7) Ihid., vol. 51, fol. 23 verso. (8) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV, p. 472-473. 70 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. M. Duchartre, de même que Siebold, que MM. Leichllin, Franchet et Savatier, considère le L. coridion comme une espèce distincte et indique le L. parthenion comme une va- ' riété du L. coridion. M. Baker (1) regarde le L. coridion Qi]e L. parthenion comme deux variétés du L. concolor Salisb. Le Lilium avenaceuni de Fischer, espèce décrite par M. Maximowicz (2), marqué par M. Leichtlin dans sa collec- tion comme espèce distincte et remarquable, qu'on rencontre au Japon de même que dans les îles Kuriles et Sachalin, dans la Mandchourie et le Kamtschatka. Le L. avenaceum a des feuilles assez larges, lancéolées, disposées en verticilles. Suivant M. Duchartre (3), la fleur, de grandeur moyenne, a les folioles du périanthe peu révolutées et plutôt réfléchies dans leur partie supérieure, elle est de couleur rouge-ponceau, quelquefois orangée, elle est parse- mée de macules foncées. Le Lilium medeoloides d'Asa Gray (4), de Miquel (5), de Franchet et Savatier (0) ; Kuruma-yuri, suivant le Somoku- Dusets il) elle Phonzo-Z ou fou (8), Le Kuruma-yuri croît dans les champs des régions mon- tagneuses du Japon, et il tleurit en août. On le trouve dans les parties centrale et septentrionale de l'île de Nippon et dans l'île de Yeso où il a été observé, près de la ville d'Hakodate, par Ch. Wright. Avec une variété obovata, qui, suivant le D' Savatier (9), fleurit de juillet à août et est cultivée dans les jardins ja- ponais- (1) Baker {i.G.], A new synopsis ofaLl the Knoivn Lilies {Gardener's Chronicle, i2 août 1871, p. 1034). (2) Garlenflora, p. 290-292, pi. 485, 1865. (3; Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV, p. 282. (4) Gray (Asa), On the Botany of Japan {Mémoires de l'Académie améri- caine des arts et sciences, nouvelle série, t. VI, p. 415, 1857). (5) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p." 320. (6) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 1, p. C3, n" 1891. (7) Somoku-Diisets, vol. V, p. 51, n" 77. (8) Phonzo-Zoufou, vol 51, fol. 18. (9) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 63, n" 1891. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 71 La tige du Kuriima-yuri est glabre, nue inférieurement, garnie supérieurement de feuilles réunies en faux verlicille, lancéolées, étroites; la fleur est souvent solitaire; quelque- fois, il y en a 2 ou "3; elles sont petites, d'un rouge-brique ou rouge-orange, avec des macules foncées. Dans la variété obovata, les feuilles sont obovales et les fleurs identiques. M. le D' Savatiei- dit que le L. medeoloides d'Asa Gray, qui croît dans l'île de Yeso, est semblable au L.ai'ewaceitm Fischer, recueilli par lui et par M. Maximowicz dans les Alpes de Niko. D'après M. Duchartre (1), le L. medeoloides est considéré par M. Kocli comme identique au L. maculalum. Le Lilium alternans, importé du Japon par Siebold, en 1869, que M. Max Liechtlin indique dans sa collection comme espèce distincte, M. Duchartre (2) ne considère pas les caractères indiqués par Siebold comme suffisants pour donner une certitude d'es- pèce ou de variété. 11 décrit ce lis comme ayant des feuilles nombreuses, linéaires, lancéolées. Les fleurs qui se montrent dans le courant de juillet, sont nombreuses (une quinzaine environ), dressées, non révolutées, de couleur orange foncé, avec des taches jaunes et des stries brunes vers la base des folioles du périanlhe (3). Le Lilium testaceum de Lindiey (A), de Franchet et Sava- tier (5), ou L. habellinum de Kunze (6). Pour M. le D' Savatier, son origine est douteuse et il n'est peut-être qu'une des nombreuses formes horticoles du L. speciosum. M. le D' Regel (7), directeur du Jardin botanique de Saint- Pétersbourg, le regarde comme originaire du Japon. 11 en est (1) Duchartre, Journal de la Société centrale lïhorticuUure de France, t. V, p. 273. {■!) Ibid., t. IV, p. 474. (3) Ibid., t. IV, p. 473. (4) Lindiey, IM. reg., 1842, n» 7 ; Mise, n" 51, 1843, tabl. II. (5) Franchet et Savatier, voL II, p. 08, ii" VMO. (6j Kuiizo (('•■), Botanische Zeitunij, 1843, l, p. GUO. (7) Gartenflora, XI, 18G2, p. 2-3. 72 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. de même de M. Ducharlre(1)et deM. Leichtlin, qui l'indiquent comme Lis japonais et comme espèce bien distincte. Il est difficile d'affirmer s'il vient spontanément au Japon, mais il y est certainement cultivé dans les jardins. Le Lilium testaceum a une hauteur de 1 à "S mètres, sa tige est arrondie, glabre, nuancée de rouge et de vert ; ses feuilles nombreuses, alternes, sessiles, petites, sont bordées de poils blanchâtres; plusieurs fleurs (3 à 6), grandes, pendantes à l'extrémité d'un long pédoncule, non revolutées, de couleur nankin, plus foncées en dedans, plus claires en dehors, ponc- tuées; pollen rouge orangé. Le Lilium Fortunei de Lindley (2), mentionné par Mi- quel (3), par Franchet et Savatier (4), nommé au .lapon Ské- yuri d'après le Phonzo-Zoufoui^). Suivant M. Duchartre (6), ce lis est haut de 0'",50; ses feuilles sont alternes, linéaires, étroites ; la fleur solitaire est de couleur rouge orangé jaune, elle est maculée de brun foncé. D'après M. Koch (7), cette espèce est voisine du L. pul- chellum Fischer, sinon identique avec lui. Le Lilium Thimbergianum de Rœmer et Schultes (8), de Miquel (9), de Franchet et Savatier (10), nommé d'abord par Thunberg L. Philadeljjhicim{H), puis L. bulbiferum (12), (I) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV, p. 478, 1870. (-2) Lindley, Gardener's Chronicle, 1862, p. 212. (3) Miquel. (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 321. (4) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 65, n" 1894. (5) Phonzo-Zoufou, vol. Ll, fol. 2, verso. (fi) ])ucharlTc, Journal delà Société centrale d'Jiorticulturede Fra7ïceM\ ,ïi.i80. (7) C. Koch, Wochenschrifl fàr Gœrtnerei und Pflanzenkimde {Bulletin hebdomadaire d'horticulture et de hotayiique), V, 1862, p. 301. (8) Rœmer et Schultes, Syst. Vil, p. 415. (9) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 319. (10) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 1, p. 69, n° 1902. (II) Thunberg, Flor. Jap., p. 133. (12) Thunberg, Transactions of Linnean Society, II, p. 33. M. Baker, dans son ouvrage sur les Lis {A neiv Synopsis of ail the known Lilies), publié dans le Gardener's Chronicle, 12 août 1871, p. 1034, fait du L. Thunberg ianum, une sous-espèce du L. bulbiferum, sous le nom de L. bulbi- ferum Thunbergianum, avec les nombreux synonymes et les formes indiquées, par M. Duchartre {Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV, p. 353). PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 73 ensuite L. eleqans{\) désigné dans le Sàmoku-Dusets {^) sous les noms de Natsu-sukashi-yuri, de Haru-sukashi-yuri et de Hiratori-ynri, marqué dans le Phonzo-Zoufon (3) sous les noms de Skachi (forme des jardins, variant de couleur) et de Hogaku (à fleurs semi-doubles). Le L. Thunhergianum a une tige simple, de 0"',30 de haut, de nombreuses i'euilles alternes, lancéolées, sessiles, n'ayant pas de bulbilles à leur aisselle ; il donne en juillet une seule fleur, dressée, campanulée, jaune rougeâlre orangé, sans ma- cules ou à macules peu apparentes. On le rencontre dans les champs, principalement dans l'île Parry. 11 existe aussi dans l'île de Nippon et est commun aux environs de la ville de Yoko- hama, où ses bulbes comestibles sont employés dans la nour- riture japonaise. M. Maximowicz a décrit une forme plus robuste : leL. Thun- hergianum venustum ou L. venustum de Kunth, qui porte au sommet de la tige S-A fleurs en ombelle. Ces fleurs sont de couleur abricot avec des macules noires. Cette forme fleurit en juillet sur les collines de l'île Parry, où elle spontanée, ainsi que dans la partie septentrionale de Tîle de Nippon et dans l'île de Yeso. M. Duchartre (4), à l'exemple de Siebold qui a introduit le L. venustum de Kunth au Jardin botanique de Gand, regarde le L. venustum comme une variété du L. Thunhergianum . Le Lilium Thunhergianum est fréquemment cultivé dans les jardins d'Europe, et on en a fait un certain nombre de va- riétés, de couleur rouge, pourpre, rouge vif, jaune, jaune d'or. Parmi ces variétés sont : Le L. fulgens (5) de Gh. Morren, formé par plusieurs va- riétés que Siebold avait désignées sous les noms deL. Thunh. atro-sanguineum et L. Thunh. atro-sanguineum-macula- (1) Thunberg, Mémoires de V Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, 1811, p. -202, iig. 2. (2j Sàmokii-Dusets, vol. V, p. 49, n" 66, 67, 68. (3) l'honzo-Zoïifoti, vol. LI, fol. 14 verso et fol. 16 recto. (4) Duchnrtrn, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV, p. 351-352, 1870. (5) Ch. Morren, Note sur les Lis du Japon. 74 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. tum, noms sous lesquels ils sont désignés dans les catalogues de M. Van-Houtte. LeL. aurantiaciim (1). Le L. forniosiim (2). Le L. sanguineum (S). Le L. fulgens var. staminosum (4-) à fleurs de couleur orangé rouge, à points brun noir et plus ou moins semi- doubles. M.Max Leiclitlin a obtenu une variété à fleurs doubles {L. Th. flore pleno) qui est plus belle et plus double que le L. fulgens var. staminosum. M. Duchartre (5), à l'exemple de Siebold et de M. Koch (6), considère qu'il n'y a pas lieu de les regarder comme des es- pèces distinctes, mais seulement comme des variétés du L. Thunbergianum. Siebold, dans ses catalogues, indiquait 46 variétés du L. Thunbergianum. Suivant M. Duchartre, M. Max Leichtlin en a ajouté A. On doit aussi, d'après M. Duchartre (7), considérer comme des variétés du L. Thunbergiamim, les lis répandus dans le commerce par M. Grœnewegen, d'Amsterdam, et par M. Kre- lage, de Harlem, sous les noms de Kikak, de Kimi-gaya, de la-Ethal, de Sy-yets, de Fiu-kwama et de Fekinata. Le Lilium Wilsoni Ilort., belle plante japonaise, connue sous le nom de L. Thunbergianum par dinum^ qui, d'après M. Koch (8), a été trouvé chez un amateur anglais, M. Wilson. M. Leichtlin, dans sa collection, l'indique comme espèce distincte et remarquable. D'après cet amateur distingué et d'après M. Duchartre (9), IcL. Wi^.som atteint 1 mètre à 1™, 33 (1) Paxt, Magaz. of bot.. VI, 1839, p. l27-l!28. (2) Versch, Illust. Iiort., 1865, pi. 459. (3) Lindley, Bot. reg., 1846, pi. 56. (4) Ch. Lemaire, lllustr. hort., 1864, pi. 422. (5) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV, p. 350. (6) Karl Kocli, Woclienschrift fur Gœrtnerei und Pflanzenkunde {Bulletin hebdomadaire d'horticulture et de botanique), 1865, p. 99. (7) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV, p. 353. (8) Koch, Wochenschrift fïtr Gœrtnerei und Pflamenkunde, n" 18, 1870, p. 144. (9) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV, p. 486. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 75 de liant; ses feuilles sont elliptiques ; ses fleurs nombreuses, qui peuvent aller jusqu'à 20, forment une ombelle; elles sont grandes et larges de O'^^ à 0™,14, dressées, campanulées, de couleur rouge orangé, ou rouge brique, avec des points brun noirâtre, très nombreux ; chaque foliole du périanthe offre sur sa partie médiane une bande jaune. Le Lilium tigriîium Gawler (1), qu'on trouve désigné par Kaempfer (2), par Miquel (3), par Franchet et Savatier (4), classé dans le Sdnioku-Dusets{5) et dans le Phonzo-Zoufou (6) sous le nom de Oni-ijuri; très commun dans les îles de Nip- pon et de Yeso. Il est difficile de préciser s'il y est spontané. D'après \eSàmoku-Dusets, on le rencontre dans les montagnes. M. le D"^ Savatier ne l'a trouvé que cultivé dans les jardins japonais, où il a des variétés horticoles assez nombreuses ; le Phonzo-Zotifou n'en donne qu'une, à fleurs doubles, qu'il donne sous le nom de Yaï e tenko (7). Le Oni-yuri est très rustique ; il a 1 à 2 mètres de haut ; sa tige est arrondie, brunâtre, poilue ; les feuilles sont garnies de bulbillcs noirâtres à leur aisselle vers le haut de la tige. Ces feuilles sont alternes, sessiles, assez larges, lancéolées, elles ont 5-7 nervures médianes. M. Duchartre (8) décrit les fleurs de ce beau lis ; elles sont nombreuses, jusqu'à 15, en grappe ter- minale, larges, révolutées, pendantes, sans odeur, de couleur jaune ou d'un rouge orangé, maculées de brun rouge noirâtre. Les bulbes comestibles du Lis tigré sont mangés par les Japonais, cuits, bouillis et confits. Le Oni-yuri est recherché pour l'ornement des jardins et des habitations. 11 est fréquemment représenté sur les pein- tures, les porcelaines, les émaux cloisonnés, les laques et les broderies en soie. (1) Gawler, Botanical Magazine, tabl. 1237. (2) Kaempfer, Amœnilales exoticœ, 5e fasc, p. 871, 1712. (3j Miquel (F. A. W.), Proludo florœ Japonicœ, p. 320. (4) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 60, n° 1898. (5j Sàmohi-Dusels, vol. V, p. 49, n°» 03 et 64. (6) Pliomo-Zoufou, vol. Ll, fol. 10 recto. (7) Ibid., vol. Ll, 11 recto. (8) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de france, i. IV, p. 476. 76 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. Le Lilium tigrinum Gawl. a été introduit en Europe, en 1804, par le capitaine anglais Kirckpatrick. Depuis cette époque, on en a obtenu un certain nombre de variétés. M. Leichtlin, en 1870, possédait dans sa collection: Le L. tigrinum Gawler et ses variétés suivantes : LU. tigr. Fortunei. LU. tigr. erectum. LU. tigr. foliis variegatis. LU. tigr. flore pleno, dont les fleurs doubles sont remar- quables. Lit. tigr. splendens Leichtlin, plus robuste, plus florifère que le type, à fleurs plus amples et à nuances plus vives (1). A l'exposition de Nancy (2), M. Galle avait exposé plusieurs sujets de L. tigrinum Gawl., ayant passé l'hiver à l'air libre. Le Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne possède le LiL tigriîium Gawl. et le LU. tigr. flore -pleno. Le Japon produit aussi une espèce voisine, le Lilium pseu- do-tigrinum de Carrière (3), qui a été envoyé de Chine au Muséum d'histoire naturelle de Paris. D'après M. Max Leichtlin, ce lis est originaire des îles Liu- Kiu. Il a 1 mètre de haut, ressemble au L. tigrinum Gawl. ; sa tige est verte, légèrement tigrée, garnie de poils blancs. Il ne produit pas de bulbillesà l'aissefle des feuilles. Ces feuilles sont alternes, nombreuses, rapprochées. Les fleurs sont hori- zontales à l'extrémité d'un pédoncule garni d'une longue bractée; elles sont bien ouvertes, révolutées, d'un rouge mat avec des points et des macules de couleur foncée à l'intérieur. C'est une plante très rustique. Le lis désigné dans le Sàmoku-Dusets (4) sous le nom de Ko oni yuri est le L. Maximowiczii de Regel (5), espèce voi- sine de L. tigrinum. Suivant MM. Franchet et Savatier (G), il (1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV, p. 4-76. (2) Catalogue de l'exposition de Nancy, p. 61, n" 1658, 1880. (3) Revue horticole, I, novembre, p. 411-412, 1867. (4) Sàmoku-Dusets, vol. V, p. 49, n» 64. (5) Supplem. ad ind. sem. hort. Petrop., 1866-1867, p. 26. Gartenflora, 1868, p. 322, pi. 596. (6) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 1, p. 65-66, n° 1896, PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 77 s'en distingue par ses feuilles plus étroites, dépourvues de bulbilles à leur aisselle. D'après M. Duchartre (1), ses fleurs sont grandes, révolutées, ondulées, colorées en beau rouge écarlate ou orangé, marquées dans leur partie inférieure de points ovales de couleur pourpre noir. Le Ko ont yuri, à l'état spontané, est uniflore ; la forme cultivée dans les jardins est plus robuste et pluriflore. Il fleurit en août dans les parties herbagées des montagnes. M. Maxi- mowicz l'a trouvé dans l'ile de Kiusiu, aux environs de la ville de Nagasaki. M. le D' Savatier l'a rencontré dans l'île de Nip- pon, sur les montagnes d'Hakone et dans la province de Sa- gami. Le Ko oni yuri a été introduit en Europe par M. Maxi- mowicz au Jardin botanique de Saint-Pétersbourg. Quant au Lilium Leichtlini de Hooker (2), mentionné par MM. P'ranchet et Savatier (3) comme une espèce très voisine des LU. tigrinum et Maximowiczii, il est indiqué dans le Phonzo-Zoufou (4) sous le nom de Hirato-yuri. On le trouve sur les collines herbagées de l'île de Nippon, principalement au pied du volcan Fudzi-yama. Le Hirato-yuri^ qui a été dédié par DallonHookeràM. Lei- chtlin, a 1 mètre de haut ; sa tige est glabre, ses feuilles alternes, sessiles, linéaires, lancéolées, un peu velues à la base (5). La fleur est solitaire, il y en a quelquefois cependant 2 ou 3, pendantes, révolutées, de couleur jaune-citron, par- semées à l'intérieur de nombreuses mouchetures pourpres ou noirâtres. Le Lilium tenuifolium de Fischer (6), qui croît au Japon, de même que dans la Sibérie méridionale. Ses feuilles sont linéaires, ses fleurs sont réfléchies, révo- lutées, de couleur rouge, non ponctuées. (1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, l. IV, p. 4S4-485. (2) Bolanical Magazine, novembre 1867, pi. 5673. (3) Fr.incliet et Savatier, vol. U, pars. 1, p. 65, n" 1807. (4) Phonzo-Zoufou, vol. LI, fig. 10 verso. ^5) Durliartre, Journal de la Société centrale dlio ticuUure de France, t. IV, p. 484-485. (6) Fischer, Ind. pi. hort. Gorenk, p. 8, 1812. 78 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. M. Leichllin le marque dans sa collection comme une es- pèce très nette. îH M. Duchartre (1), de même que M. Leichllin, regarde comme une variété de cette espèce le Lis introduit du Japon par Siebold, en 1856, sous le nom de L. punicetim, cédé par lui à M. Krelage (2) à Harmle. Ce lis est plus fort et ses fleurs, qui se montrent en mai, sont plus nombreuses et peuvent aller jusqu'à 15. ! ■'■.■n 'siii.i) i, Le Lilium callosum : Hime-yuri (S) de Siebold' et Zucca- rini (4), mentionné par Miquel (5), par Franchet et Savatier (6), ou L. pomponium de Thunberg (7). D'après Kaempfer(8) et Siebold, \e H ime-yuri est fréquent, à l'état sauvage, dans les régions montagneuses, peu boisées du Japon, à une altitude de 165 à 650 mètres. M. Maximo- wicz dit qu'il est communément cultivé dans l'île de Kiusiu, aux environs de la ville de Nagasaki. Les Japonais utilisent dans leur nourriture les bulbes co- mestibles du L. callosmn et les mangent cuits, bouillis et confits. Ils retirent de ces bulbes une fécule blanche qui était représentée dans l'Exposition par des bocaux remplis de cette fécule en morceaux (classe 69, céréales, produits farineux et leurs dérivés) du département d'Iwaté, province de Rikuchiu. Le Hime-yuri (Lis mignon) que les Japonais nomment souvent Yama-yuri (Lis de montagne) vient aussi en Chine, où il est connu sous le nom de Santan. Il est fréquemment cultivé dans les jardins japonais et il est alors plus vigoureux qu'à l'état sauvage. Sa tige simple, arrondie, s'élève jusqu'à 1 mètre; sesfeuilles sont alternes, étroites, aiguës, de couleur vert clair. (1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, 1. 1\', p. 282. (2) Annales d'horticulture et de botanique ou Flore des Pays-Bas, p. 23, 1861. (3) Sômoku-Dusets, vol. V, p. 49, n" 65. (4) Siebold et Zuccarini, Flora /a/^onica, p.. 86, tabl. 41, 1835. (5) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 320. (6) Franchet et Savatier, vol. II, pars. 1, p. 65, n° 1893. (7) Thunberg, Flora Japonica, p. 134. (8) Kaempfer, Amœnitates exoticœ, fasc, 5, p. 871, 1712. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 79 Ses fleurs, au nombre de six à dix, sont disposées en grappe terminale; elles sont légèrement pendantes, leur pédoncule sort de l'aisselle de deux bractées inégales s'épaississantàleur sommet en une callosité qui a fait donner à ce lis le nom de Callosum (1). Elles sont d'un rouge vif, parsemées de points d'un rouge foncé. M. Geoffroy Saint-Hilaire a reçu directement du Japon pour le Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne, dans le cou- rant de l'année 1882, un album représentant les fleurs admi- rablement peintes de vingt-quatre lis japonais, en même temps qu'une collection des bulbes de ces lis, se rapportant comme numéros, aux numéros identiques de l'album. M. Geoffroy Saint-Hilaire les a fait planter par M. Palry, jar- dinier en chef du Jardin. D'après les renseignements qui m'ont été donnés par M. Patry, très peu de ces lis ont réussi en 1882. Len"2a fleuri régulièrement et a donné, en juillet, une belle fleur, terminale, de 10 centimètres de large, dressée, campanulée, à divisions du périanthe plutôt pliées que révo- lutées, d'un beau rouge pourpre uniforme, sans macules en dedans, d'un rouge clair à l'extérieur. Le n" 4 a donné une petite fleur campanulée, à extrémités des folioles du périanthe pliées, d'un beau jaune à l'inté- rieur, avec des points rouges disséminés, de couleur jaune clair en dehors. Le n" 9 a produit, en juillet, un grand lis blanc, lavé de vert clair à l'extérieur dans la partie s'attachant au pédon- cule, tubulé, médiocrement ouvert, non ré volute. Le n" 15 a fourni une belle fleur de 10 cenlimètres de large, campanulée, largement épanouie, révolutée, jaune, avec des macules rouge foncé en dedans, de couleur jaune clair sur la face externe. Len°24 a avorté. Les autres lis n'ont pas réussi. Les vingt-quatre lis figurés dans l'album japonais envoyé (1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'Iiorticullure de France, t. IV, p. 349. 80 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION, au Jardin d'Acclimatalion du Bois de Boulogne, peints, dans leur grandeur normale et avec leurs véritables nuances, sont les suivants (1): N" 1. Lis à tige ronde, glabre, de couleur verte, à feuilles sessiles, alternes, allongées, d'un vert clair en dessus, d'un vert jaunâtre en dessous. Pleur de 18 centimètres de large, portée sur un pédoncule assez long, horizontal, largement ouverte, ondulée, révolutée, d'un blanc légèrement rosé, parsemée en dedans de gros et nombreux points pourpres, avec une large bande médiane d'un jaune uniforme; étamines à grosses anthères de couleur rouge brique , large pistil vert clair. Le bouton de la fleur, gros, long, renflé à sa partie moyenne, d'un blanc rosé dans le milieu et vers la pointe, blanc lavé de vert près du pédoncule. N° 2. Lis à tige ronde, glabre, vert jaunâtre; à feuilles sessiles, disposées supérieurement en verticille, linéaires, d'un beau vert en dessus, vert jaunâtre en dessous; fleur terminale, dressée sur un pédoncule assez gros et assez court, de 13 centimètres de large, campanulée, à divisions du périanthe plutôt pliées que révolutées dans leur tiers supé- rieur, d'un beau rouge pourpre foncé, en dedans avec une nervure médiane d'un rouge plus clair, d'un rouge moins foncé à l'extérieur. Étamines rougeâtres ; gros pistil dépas- sant peu les étamines. N" 3. Lis à tige ronde, glabre ; à feuilles sessiles, alternes, étroites, linéaires, vert clair en dessus, vert jaunâtre en des- sous; deux fleurs à l'extrémité supérieure de ia tige, dressées, portées par un pédoncule de grosseur moyenne, campanu- lées, révolutées, de 12 centimètres de large, de couleur rouge orange ou rouge tomate, uniforme en dedans et en dehors, un peu plus foncé au centre, sans macules. Anthères de cou- leur rouge pourpre ; pistil rougeâtre. Le bouton de la fleur, ovale, de couleur rouge clair. N° 4. Petit lis à tige ronde, glabre ; feuilles sessiles, verti- cillées supérieurement, linéaires, étroites, peu longues; fleur (1) J'ai suivi dansTénumération l'ordre des numéros indiqué dans l'album. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 81 terminale de 6 centimètres de large, dressée, campanulée, légèrement pliée à l'extrémité de chaque foliole du périantlie, d'un jaune clair uniforme à l'extérieur, d'un jaune plus foncé en dedans, avec des points nombreux, disséminés, de cou- leur rouge brique ; étamincs à anthères rougeâtres assez longues. N° 5. Beau lis à tige jaune verdâtre, ronde, glabre, à feuilles sessiles, alternes, linéaires, peu nombreuses; fleur de 13 cen- timètres de long sur 15 centimètres de large, horizontale, sur un pédoncule de 9 centimètres de long, campanulée, pliée à l'extrémité des folioles du périanthe, d'une belle couleur rose carmin, uniforme, sans macules, plus foncée en dedans qu'en dehors; étamines courtes, rapprochées, à anthères de couleur rouge brique. N" 6. Magnifique lis, à tige ronde, glabre, ta feuilles ses- siles, alternes, nombreuses, assez larges, obovales, réguliè- rement espacées dans la hauteur de la tige, d'un beau vert foncé en dessus, jaunâtres en dessous; à fleurs de il centi- mètres de large, obliques sur im pédoncule de 6 centimètres de long, largement ouvertes, révolutées, ondulées, d'un blanc rose extérieurement, blanc en dedans, carminé vers le milieu, parsemées de gros points nombreux de couleur car- min foncé; longues étamines à anthères de couleur rouge brique; long style verdâtre. Le bouton de la fleur, de couleur blanc verdâtre, lavé de rose vers la partie médiane. N" 7. Joli lis cà tige assez grosse, ronde, glabre; à feuilles sessiles, alternes, obovales; fleurs terminales de 12 centimè- tres de large, obliques sur un pédoncule grêle de 7 à 8 cen- timètres de long, largement ouvertes, ondulées, révolutées, d'un blanc pur, parsemé en dedans de gros points blancs plus foncés ; longues étamines à anthères, de couleur rouge brique; style dépassant de beaucoup les étamines. Le bouton de la fleur est blanc lavé de vert clair. 'N" 8. Lis à lige ronde, glabre, à feuilles alternes, sessiles, linéaires, allongées, les inférieures plus larges que les supé- rieures ; à fleurs terminales, dressées, de 12 centimètres de large, doubles, très largement épanouies, révolutées, de cou- 3' SÉRIE, T. X. — Février 1883. 0 82 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. leur jaune orangé, ou rouge tomate, parsemées en dedans de nombreux et gros points rouge brun. Le bouton de la fleur, presque rond, de couleur rouge abricot, maculé de rouge brun. N" 9. Lis à ti^e ronde glabre, feuilles peu nombreuses, alternes, pétiolées (les pétioles plus courts dans les feuilles supérieures que dans les inférieures), en forme de cœur, de couleur vert clair en dessus, vert jaunâtre en dessous ; deux fleurs terminales, allant en sens opposé, horizontales, tubu- lées, les extrémités des folioles du périanthe légèrement repliées sans être révolutées, médiocrement ouvertes, de couleur blanche, légèrement lavée de vert extérieurement dans le quart de la longueur, près du pédoncule. N° 40. Petit lis, à feuilles sessiles étroites, linéaires, nom- breuses, rapprochées, d'un beau vert en dessus, vert jaunâtre en dessous, fleur terminale, dressée, de 8 centimètres de large, campanulée, non révolutée, simplement pliée à chaque extrémité des folioles du périanthe, assez largement ouverte, de couleur rouge clair en dehors, de couleur rouge lie de vin à l'intérieur, parsemée de points noirâtres. NMl. Beau lis à tige ronde, glabre; à feuilles sessiles, nombreuses, verticillées, assez longues, vert clair en dessus, vert jaunâtre en dessous ; fleurs terminales semi-doubles, de 14 centimètres de large, dressées, campanulées, non révolu- tées, pliées aux extrémités des folioles du périanthe, de cou- leur rouge clair à l'extérieur, d'un beau rouge pourpre uniforme en dedans, sans macules, ayant au milieu seize à dix-huit prolongements rougeâtres bordés de blanc, et treize filaments blancs grêles ; long style verdâtre. N° 15. Large et beau lis à grosse tige ronde, glabre ; à feuilles sessiles, assez nombreuses, verticillées dans la partie supérieure de la tige ; fleur terminale de 14 centimètres de large, dressée, campanulée, non révolutée, ayant les extré- mités des folioles du périanthe repliées, d'une belle couleur pourpre velouté, uniforme en dedans, sans macules, rouge clair à l'extérieur ; étamines à grosses anthères de couleur chocolat ; fort style rougeâtre. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 83 N" 13. Beau lis à tige arrondie, glabre; à feuilles nom- breuses, sessiles, petites, linéaires, de couleur vert clair en dessus, vert jaunâtre en dessous; fleurs de 10 à 12 centimè- tres de large, obliques sur de longs pédoncules grêles, large- ment ouvertes, révolutées, ondulées, d'une jolie couleur abricot foncé ou jaune orangé, avec une nervure médiane orangée, parsemées de gros points rouge pourpre, très nom- breux, de couleur rouge orangé clair à l'extérieur; étamines à grosses anthères de couleur rouge brique ; long style dépas- sant de beaucoup les étamines. Le bouton de la fleur ovale allongé, de couleur rouge orangé, lavé de vert. N" 14. Lis cà grosse tige ronde, glabre, vert jaunâtre, à nombreuses feuilles alternes, sessiles, assez larges, obovales ; fleurs de 14- à 15 centimètres de large, bien ouvertes, peu révolutées, plutôt pliées, de couleur blanche avec une bande jaune clair de 1 centimètre de large sur le milieu de la face interne de chaque foliole du périanthe qui est parsemée de gros et nombreux points jaunes de la môme nuance que la bande ; étamines courtes, à grosses anthères de couleur rouge brique; large style verdâtre. Le bouton de la fleur blanc lavé de jaune dans la moitié dé sa longueur près du pédoncule. NMô. Lis à tige assez grosse, à feuilles alternes, sessiles, nombreuses, étroites, allongées; à fleurs de 0,10 à 0,1 !2 de large, obliques sur le pédoncule, campanulées, légèrement ouvertes, d'un jaune clair à l'extérieur, d'un jaune plus foncé sur la face interne des folioles du périanthe, qui sont parse- mées de nombreux et gros points, de couleur rouge brique ; longues étamines avec anthères rougeâlres ; style jaunâtre. Le bouton de la fleur, ovale allongé, jaunâtre, est légèrement lavé de vert près de son attache au pédoncule. NMô. Lis à grosse tige vert jaunâtre, ronde, glabre, à jolies feuilles alternes, sessiles, nombreuses, assez étroites, allongées, d'un beau vert en dessus, bordées de blanc, veri jaunâtre en dessous ; grandes fleurs terminales, horizontales, campanulées, légèrement révolutées, un peu ondulées, blan- 8-4 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. che?, lavées de vert clair près du pédoncule et à la partie movenne de la face inlerne des folioles du périanlhe : étamine* cour'ips, à larges anlhères; style assez gros. L^'. bouton de la ileur ovale allongé, blanc lavé de vert. N° 17. Lis à tige grêle, jaunâtre, à feuilles sessiles, verti- cillées, linéaires, allongées; trois tleurs terminales, obliques, petites, de G centimètres, bien ouvertes, étalées, révolutées,, d'tin jaune clair à l'extérieur, d'un jaune plus foncé en de- dans, parsemées de nombreux points de couleur rouge bri-^ «jue ; étamines assez longues, à anthères rougeâtres ; long- style j.'iunâtre. Le bouton de la fleur ovale arrondi, jaunâtre, lavé de verh vers le pédoncule. , N" 18. Lis à grosse tige verdàtre, ronde, glabre, à feuilles- sessiles, nombreuses, étroites, allongées, verl clair en dessus,, bordées de jaune rosé, de couleur vert jaune en dessous;; fleur terminale, presque horizontale, tubulée de0™,15 de long. surO%li de large, légèrement révolutée, bien ouverte, d'un beau blanc lavé de verl clair dans le tiers de sa longueur près^ du pédoncule, sans macules; étamines courtes, dépassant peu le tube du périanthe, à grosses anthères, droites, jaunâ- tres ; style assez fort. N" 10. Lis à grosse tige verte, arrondie, glabre ; à feuilles- alternes, sessiles, nombreuses, allongées, de couleur vert foncé en dessus, vert clair en dessous ; magnifique fleur ter- minale, oblique sur le pédoncule, de 0'",15 de large, campa- nulée, largement ouverte, révolutée, ondulée, d'un blanc lavé de vert à l'extérieur, d'un beau blanc en dedans, parsemée- de gros et nombreux points de couleur rouge cramoisi, avec une large bande d'un rouge cramoisi sur le milieu de la lace interne de chaque foliole du périanlhe; longues élamiues ver- dâtres à grosses anlhères obliques, de couleur rouge brique;, long el gros style verdàtre. N° 20. Charmant lis à lige mince, d'un vert jaunâtre, à. fe\ii.les verticillées, étroites, linéaires, d'un beau vert; petite fleur tcrmhiale, horizontale, de0™,06 de large, campnnulée, largement ouverte, non révolulée, pliée à l'extrémité des. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 85 folioles du périanlhe, d'un beau violet foncé uniforme, sans macules, intérieurement et extérieurement ; six minces et lon- gues étamines à petites anthères, rondes, jaunâtres ; long et mince style. N" 41 . Lis à grosse tige arrondie, glabre ; à feuilles sessilos, alternes; deux fleurs terminales, tubulées, médiocrement ouvertes, horizontales sur un petit pédoncule, l'extrémité des folioles du périanthe plutôt pliée que révolutée, d'un blanc uniforme en dedans, sans macules, d'un blanc légèrement lavé de vert à l'extérieur; grosses étamines à anthères, droites, d'un beau jaune ; long et gros style. Bouton de la fleur renflé dans son milieu, de couleur blanche lavée de vert v(!rs le pédoncule. N" 2:2, Magnifique lis à grosse tige arrondie, glabre, à feuilles sessiles, alternes, linéaires, allongées, d'un beau vert en dessus, d'un vert jaunâtre en dessous; fleurs de 0'",17 de large, largement ouvertes, ondulées, révolutées, d'un blanc uniforme, sans macules, avec une large bande médiane d'un beau jaune sur le milieu de la face interne de chaque foliole du périanthe; grosses étamines de couleur chocolat; pistil gros et long de couleur vert clair. N°23. Beau lis à tige de grosseur moyenne, ronde, vcrdàtre ; feuilles nombreuses, sessiles, allongées, d'un beau vert en dessus, de couleur vert jaunati'e en dessous; fleur terminale, grande, horizontale, tubulée, médiocrement ouverte, non révolutée, de couleur blanc jaunâtre, maculée extérieurement de rouge et de brun, en plaques et en bandes allongées, d'un blanc jaunâtre uniforme en dedans, sans macules; grosses étamines droites, de couleur rouge brique ; gros et long style verdàtre. iV 24. Petit lis à tige mince, jaune clair, à feuilles verti- cillées, sessiles, linéaires, d'un beau vert en dessus, vert jau- nâtre en dessous, les feuilles inférieures plus longues que les •feuilles supérieures; fleuis horizontales sur un long |)édon- cule, largement ouvertes, de 5 centimètres 1/2, ondulées, révolutées, de couleur abricot, parsemées de nombreux points pourpres ; longues étamines à petites anthères obliques, de 86 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. couleur rouge brique; long style rose. Le bouton de la fleur ovale, presque rond, de couleur abricot. Erythronium grandiflorum. Katakuri. — Parmi les autres plantes utiles de la famille des Liliacées, le Sàmoku- Dusets (1) et le Phonzo-Zoufou (2) indiquent VErythro- nixim grandiflorum sous les noms de Katakuri et de Ka- tako-yuri. V Erythronium grandiflorum, qu'on trouve marqué dans Miquel (3), dans Francliet et Savalier (4), fleurit en mai. D'après le Phonzo-Zoufou, les fleurs sont de couleur pourpre violet clair ; la tige porte deux feuilles en général dissembla- bles, l'une plus grande, plus large, plus arrondie cà la base, presque toujours contractée en pétiole; l'autre lancéolée, plus petite, atténuée inférieurement; la capsule est obovale, arrondie au sommet (5). Suivant MM. Franchet et Savatier, la plante du Japon pourrait bien n'être qu'une forme k grande ileur de VEryt. dens canis. Le docteur Vidal (6) a commu- niqué au docteur Savatier ununlve Erythronium, qui rappelle VEryt. albidum Nutt. Il l'a recueilli aux environs de Niigata, dans la partie occidentale de l'île de Nippon. Le Katakuri se rencontre sur les coflines boisées des provinces septentrionales de l'île de Nippon, d'après le doc- teur Kramer et le docteur Savalier. Le botaniste japonais Keiske l'a marqué comme existant dans l'île de Yeso. C'est une plante qu'on rencontre à l'état sauvage, et dont les bulbes contiennent une fécule qui est employée dans l'ali- mentation japonaise. On remarquait dans la classe 09 (céréales, produits farineux avec leurs dérivés) des flacons de fécule iDlanche en poudre et en morceaux à'Erythronium grandi- florum sous le nom de Katakuri-ko du département d'Iwaté (province de Rikuchiu). (1) Sàmoku-Dusetz, vol. V, p. 51, n" 84. 1856. (-2) Phonzo-Zoufou, vol. VU, fol. 3-2. Yedo, 1828. (3) Miquel (F. A. W.), Proliisio florœ Japonicœ, p. 322. Amsterdam, 1866- 1867. (4) Franchet et Savatier, Enumeratio,\o\. Il, pars 1, p. ô'J, n" 1883. (5) Ibid., vol. Il, pars 1, p. 60. (6) Ibid., vol. 11, pars 2, p. 525, n" 2725. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 87 VOrithya ediilis de Miquel (1), de Franchet et Savatier (2), Amana et Mugi-giitvai, d'après le Sàmoku-Dasets (3), le Phonzo-Zoufou (A) et le Kwa-wi (5), qui est commun dans les champs, le long des routes, près des endroits boisés, dans les parties humides des montagnes, et qui donne, de mars à avril, des fleurs rosées à veines violettes. Il y a des variétés à fleurs blanches et rougeàtres. LOrithya edulis se rencontre, d'après Oldham, dans l'île de Kiusiu; suivant Siebold, il est fréquent dans toutes les parties de l'île de Nippon, et d'après le doc- teur Savatier, principalement aux environs de la ville de Yokoska ; Ainsi qu'une autre espèce, l'Or, oxypetala de Kunth (6) et d'Asa Gray (7). Hiroha Amana et Hiroha-miigi-guwaï, d'a- près le Sdmoku-Dusels (8), dont les feuilles sont plus larges et dont les fleurs sont blanches cà l'intérieur et lavées de rose en dehors (9). La famille des Liliacées fournit aussi plusieurs espèces d'HemerocalHs. VHemerocallis fulva, Lin., indiqué par Miquel (10), Fran- chet et Savatier (ii), marqué dans le Sômoku-Dusets (1^) sous les noms de Yahu-Kuiuanzo et de Oni-Kuwanzo et sous- celui de Wasuregusa (1o) (forme des jardins à fleurs doubles) ^ avec une \ariéié angustifolia de Baker(14-), désignée par Miquel sous le nom d'Hemer longituha et classée dans le Sàmoku- Dusets{[b) sous le nom de Zentel Kuiva, remarquable suivant (1) Miquel (F. A. W.), Prolusio florce Japonicœ, p. 322. (2) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 1, p. 60, n" 1884. (3) Somoku-Dusets, vol. V, p. 51, n» 82, (i) Pliouw-Zoufou, vol. VII, foi. 30, verso, fig. dexlr. (5) Kwa-wL Herb. I, p. 19, n° 22. (6) Kunth, Enmnerat., 4, p. 227. (7) Asa-Gray, Plant. Jap., p. 322. (8) Sômoku-Dusets, vol V, p. 51, n» 83. (9) Phonzo-Zoufou, vol. VII, fol. 30 verso, fig. sinist. (10) Miquel (F. A. \V.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 316. (11) Franchet et Savatier, vol. H, pars 1, p. 80, n° 1930. (12) Sômoku-Dusets, vol. VI, p. 55, n" 14. (13) Ibid.,\o\. VI, p. 55, n° 13. (14) Baker, On Liliac in the Journ. of Ihe Linnean Society, XI, p. 358. . (15) Sômoku-Dusets, vol. VI, p. 55, n. 17. 88 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. MM. Franche! et Savatier par la longueur de son tube péri- gonal qui atteint jusqu'à 4 centimètres. Cette variété qui est peut-être spontanée au Japon, y est cultivée comme plante ornementale. VHemerocallis Dumortieri (1) ou Hemer. graminea, var. humilior de Maximowicz (2), et de Miquel (;:]), Yu-usuge et Yosinho-Kisuge, d'après le Sdmoku-Dusets (4). Celle espèce qui est cultivée dans les jardins de l'ile de Yeso, aux envi- rons de la ville d'Hakodate, sans qu'on puisse préciser si elle y est spontanée, est remarquable d'après le docteur Savatier (5) par ses fleurs presque sessiles et la brièveté de son tube péri- gonal qui n'atteint pas un centimètre. Le Sômoku-Dusets (6) et le Phonzo-Zoufou (7) indiquent de plus : L'Hime-Kuwanzo, Hemer . Middenfordii qui esi cultivé dans les jardins et dont le tube périgonal est de 10 à 15 milli- mètres. On trouve aussi au Japon VHemerocallis flava,Kwandzoo, qui y est cultivé dans les jardins et qui y est peut-être spon- tané, ainsi que VHemerocallis minor ou Hemer. graminea (8) qui sont synonymes suivant Baker (9) et que le Sàmoku- Dusels relate sous la dénomination do Deni-Kuwandzo (10). Les fleurs de VHemerocallis graminea séchées sont usi- tées quelquefois dans l'alimentation japonaise, mais c'est prin- cipalement en Chine qu'elles sont employées dans la nourri- ture et elles consliluent un plat favori des Chinois. On en remarquait des échantillons dans l'exposition chinoise n" 8098 provenant des douanes chinoises de Chinkiang et au n" 2608, des tiges (ÏHemerocallis recommandées dans la médecine (1) Moir, Hort. Behj., II, p. 195. tabl. 43. (2) Maximowicz, Primiliœ florœ Amurensis ( Mémoires présentés à l'Aca- démie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. IX, p. 28"), 185U). (3) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 31(5. (4) Sànwku-Dmets, vol. VI, p. 55, n" 18. (5; Fraiicliot et Savatier, vol. U, p. 79, n" 1929. (6j Sômoliu-Dusels, vol. Vi, p. 55, n° 15. (7) Phomo-Zoufou, vol. XVll, fol. U verso. (8) Miquel, Prolusio florœ Japonicœ, p. 316. (9) Baker, On Liliac. in the Jour», ofllie Linnean Socieltj, XI, p. 358. (10) Sômoliu-Dusels, vol. VI, p. 55, n" 16. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 89 chinoise comme médicament stimulant et venant des douanes chinoises de Canton. La province du Shantung exporte une quantité considé- rable de fleurs séchées de VHeniewcallls graminea. On trouve au Japon plusieurs espèces de Funkia: le Fiin- kiacordata, de Spreng (l), de Miquel (-2), de Franchet et Savatier (3) : Funkia grandi flora, de Siebold (4), que le Sànwku-Dusels désigne sous le nom do Tô-giboski (5) et sous celui de Tamano-Kandsaki (G), qui est celui qu'on trouve marqué dans le Phonzo-Zoufou (7). Le Funkia cordata a une tige de 0'",30 à 0'",35 de haut, des feuilles radicales en forme de cœur; des fleurs nombreuses, odorantes, blanches, rayées légèrement de rouge, en grappes «lunies de deux bractées dont Tune caduque et l'autre persis- lanle, ovale et blanchâtre. C'est une espèce élégante cultivée par les Japonais pour l'ornement de leurs jardins ainsi qu'une autre espèce : Le Funkia Sicboldiana, de Ilooker (8), relaté dans Mi- quel (9), dans Franchet et Savatier (10), Hemerocallis cordata de Thunberg (11). Kuro-giho>ihi, suivant le Sdmoku-Dusets (12), qu'on ren- contre aussi à l'état sauvage diins les bois des montagnes de i'île de Nippon où il fleurit en août. Ses fleurs nombreuses sont quelquefois réunies en verticilles; quant à ses feuilles, elles sont ovales et plus petites de moitié, de même que les fleurs, que dans le Funkia subcordata. Le Funkia Sieboldiana était représenté à l'Exposition de Nancy (13), exposé par M. Gerbeaux. (1) Spren?y Sust. 2, p. 41. (2) MiqiiPl 'F. A. W.), Prnlusin florœ Japonicœ. Amsterdam, 1865-1867 (3) Franchet et Savalier, Enuineralin, voi. II, pars 1, p. 80, a° i931. (4) Siel>olil, FI. des Serr. labl. 158-159 (foiine des jardins). (5) Sàmnkii-Dmits, vol. VI, p. 56, n" 21. (6) Ibll., vol. VI, p. 56, n»25. (7) Phonzo-Znufnu,\o\.\\\\\Ji\\. 13 recto. (8) Ilooker, Hnlanical magminc, tiilil. 3 i63. 1867. (9) Mi((iiel (F. A. W.), Proluxin flonr. Jaiionicœ, p. 317. (10) Fran.het et Savati-r. Rnuineratio, vol. II, parsl, p. 81. n" 1932. (11) Thnnliert?, Flora Jiipnmca, j». 143. (12) Sônvilm-'lJusel^, vol. VI, p. 57, n° 27. (13y Catalogue de r Exposition de Nancy, p. 61, n" 1650. 1880. 00 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. Les. Japonais ciiltivenl aussi dans les jardins comme plantes d'ornement ; le Funkia ovata de Spreng (i), relaté dans Franchet et Savatier(2) ou Hemerocallis cœrulea de An- drews (3), dénommé dans le Sàmoku-Dusets ('4), Gibo et Giboshi, c'est VHemerocalle bleue, à tige de 0™,50 de haut, à feuilles ovales, à fleurs d'un bleu violacé, qui fleurit au Japon de juillet à août. Le Phonzo-Zoufou (5) en indique une forme dont les feuilles sont bordées de blanc; cette forme est notée dans le Sànioku-Diisels ((5) sous le nom de Oba-Giboshi. C'est le Funkia cœruJca albo-marginata. Le Sômokii-Diisels en marque une autre forme sous le nom deKobaGiboshi{l),qm est le Funkia ovata forma lancifolia. Le Funkia cœrulea et le Funkia cœrulea albo-marginata étaient exposés à Nancy par M. Gerbeaux en 1880 (8). Le Funkia lancifolia de Spreng (9), de Franchetet Sava- tier (10), Hemerocallis lancifolia de Thunberg (H), Midzu (jibosld et Sagi gibosJti d'après le Sàmoku-Dusets (12) qui fleurit en juillet et août et qui vient à l'état sauvage dans les montagnes boisées de toute l'étendue du Japon. Le Phonzo-Zoufou (13), suivant MM. Franchet et Sava- tier (14), en relate plusieurs formes. Fol. 15. Sous le nom de Gibosi : Funkia à feuilles large- ment lancéolées et bordées de blanc, à fleurs violettes. Fol. 16 recto. Sous le nom de Kinran: Funkia à feuilles lancéolées, glauques en dessous, à fleurs d'un violet foncé à l'intérieur, et d'un violet clair en dehors. (1) Spreng, S>ist. \\, p. 210. (2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. II, pars 1, p. 80. n° 1933. (3) Andrews, Dot. rep., t. VI. (4) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 56, n" 19. (5) Phonzo-Zoufou. yo\. XXUI, fol. 15 recto. (6) Sômoku-Dusels, vol. VI, p. 56, n" 20. (7) md., vol. VI, p. 56, n» 21. (8) Catalogue de l'exposition de Nanoj, p. 61, n° 1656, 1880. (9) Spreng. Sijst. 2, p. 241. (10) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. H, pars 1, p. 80, n" 1934. (11) Thunberg, Transactions of the Linnean Society... 11, p. 335. (12) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 51, n" 23. (13) Plwn:-o-Zoiifou, vol. XXIll, fol. 16 et 17. (14) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. Il, pars 1, p. 82, n" 1934- PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 91 Fol. 16 verso, avec la dénomination de Guimrau : Funkia à feuilles lancéolées, d'un vert foncé, à fleurs blanches lisérées de vert. Fol. 17 recto. Kahim-Ooshi: Funkia à feuilles lancéolées, à teinte jaunâtre avec les bords du limbe verts, à fleurs vio- lettes. Fol. 17 verso. Miclzu-gibosi à feuilles lancéolées, li- néaires, à fleurs violacées et blanches lavées de vert en dehors. MM. Franchet et Savatier (1) indiquent, en outre, le Funkia longipe.'i, espèce nouvelle marquée dans le Somoku-Dusetsi^l), sous le nom à'Iwa Giboshi, qui fleurit en juillet dans les par- ties boisées des montagnes de l'île de Nippon, principalement sur les montagnes d'ilakone. On rencontre au Japon : VAnthericum Yedoensis, Keibi- ran (8), relaté par Maximowicz et qui, d'après le docteur Savatier (4), est cultivé, mais rarement, dans les jardins de la ville de Tokio. Les Japonais cultivent aussi comme plante d'ornement, VOphiopogon spicatus de Gawlcr (5), de Franchet et Sava- tier (6), Convallaria spicata de Thunberg (7), marqué dans le Somoku-Dusels (8) sous le nom de Yaburan, qui, d'après M. Maximowicz, a trois variétés : var. communis (9) ; var. gracilis (10) et var. minor (11). Cette dernière porte le nom de Hamani-ran. Le Yaburan est cultivé dans les jardins; il croît aussi à l'état sauvage dans les lieux incultes, arides, le long des che- mins dans presque toutes les provinces du Japon, principale- (1) Franchet et Savatier. Enumeralio, vol. II, pars 1, p. 82, n" 1935. (2) Somoku-Dusels, vol. Vi, p. 56, n" 22. (3) Ihid., vol. VI, p. 59, n" 46. (4) Franchet et Savatier, vol. H, pars I.p. 83, n" 1937. (5) Gawlcr, Botanical magazine, \.nh\. \063. (fi) iM-aiicliet cl Savatier, vol. II, pars 1, p. 83, n° 1938. (7) Thunberg, Flora Japonica, p. lit. (8) Sômoliu-Dusets, vol. VI, p. 50, n° 44. .... (9) Maximowicz, Mélanges biologiques tirés du Bulletin de l'Académie impé- riale des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. VU, p. 303 (10) IbUL, t. VII, p. 323. (H) Ibid., t. Vil, p. 324. 92 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. meut dans l'île de Kiusiu et dans la partie septentrionale de l'île de Nippon. Il est commun en Chine. LOphiopogon spncatus était représenté à l'Exposition de Nancy, en 1880, exposé par M. Lemoine (1). Quant au Muguet de mai, Convallaria maïalis, il se ren- contre au Japon, dans les bois humides des îles de Nippon et de Yeso et se nomme Kimi-Kakeso et Sudzuran, d'après le Sàmoku-Dusets (2). On rencontre au Japon plusieurs espèces de Fritillana. Le FritiUaria Thunbergii décrit par Miquel (3), par Fran- chet et Savatier (4), Uvularia cirrhosa de Thunberg (5), désigné dans le Sàmoku-Dusets (6), sous le nom de Baimo et dans le Kwa-wi (7), sous celui de Hawakuri ; à tige ronde, bleuâtre, qui donne en juin des fleurs d'un jaune clair, quel- quefois blanchâtres. Le FritiUaria Thunbergii est fréquemment cultivé dans les jardins, mais, d'après le botaniste japonais Keiske et d'après Siebold, il croît à l'état sauvage, dans plusieurs îles du Japon, notamment dans l'île de Nippon. ML Franchet et Savatier (8) pensent que le FritiUaria verticillata de Wildenow, cité par Miquel (9), est identique avec le FritiUaria Thunbergii. Quixnl a.\i FritiUaria riUhenica, cité par Miquel, dont les fleurs sont plus petites et plus nettement campanulées que celles du FritUlaria Thunbergii, c'est, suivant le D'" Savatier, une espèce peu connue et sur laquelle il est difficile de se pro- noncer. Le Sàmoku-Dusets mentionne aussi : le FritiUaria Kamts- chalcensis (10) de Gawler, sous le nom de Kure Ywî'o, qui (1) Catalogue de V Exposition de Nancy, p. 89, n" 1828, 1880. (2) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 53, n° 1. (3) Miquel (F. A.W.), Prolusio (lorœ Japonicœ, p. 321. Amsterdam, 1865-1867. (A) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. Il, pars 1, p. 61, n" 1888. (5) Thiiiibern;, Flora Japonica, p. 136. (6) Sàmoku-Dusets, vol. V, p. 51, n" 79. (7) Kwa-iviJIerb., I, p. 10, n" 2. (8) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. H, pars 1, p 62. (9; Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 360. Amsterdam, 1865-1867 . (lOj SomokU-Dusets, vol. V, p. 51, n" 78. PRODUCTIONS VEGETALES DU JAPON. yà donne en juillet, des fleurs d'un rouge brun avec des ponc- tuations ibncées ; on le trouve dans les montagnes de la partie septentrionale de l'île de Nippon et dans l'île de Yeso. Le Frilillaria japonica (1) de Miquel (^1), sous les dé- nominations de Ko baimo et de Tengai Ywi, qui croît dans la province d'Owari. D'après le D' Savalier (8), celte espèce est indiquée dans l'ouvrage du botaniste japonais Keiske (4). De la famille des Liliacôes, on cultive aussi au Japon: La Tubéreuse des jardins {Polyanthes iuberosa) : Gekkako, d'après le Somoku-Dusets (5), à fleurs blanches, lavées de rose) odorantes, avec variétés doubles ou semi-doubles. La Sansevière carnée {Reinekia carnea) de Kunth : Kichi- joso, 5m\i\nl\e Sàmokii-Diisets (6), le PJionzo-Zoufou (7) et le Kwa-wi (8), qui pousse dans les herbages, dans les massifs de bambous, dans les bois, que les Japonais et les Chinois plantent dans les interstices des rochers artificiels de leurs jardins. Le Kichijoso à rhizome tubéreux a une tige pourpre violacé, lisse ; il donne en septembre de nombreuses fleurs en épis, d'un blanc violacé ou rosé en dehors, blanches en dedans, odorantes. Le Reineckia carnea Kunth était représenté à l'Exposition de Nancy (9), en 1880, exposé par M. Galle. Le Rhodea japonica de Rothler(10),que le Sômoku-DuseU désigne sous le nom de Omoto (il), qui fleurit en septembre, dans les lieux bas et humides des îles de Nippon, de Kiusiu et Jokasima. (I) Sùmoku-Dusets, vol. V, p. 5i, 80. ('2j Mniiiel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 3-22. (3j Fraiicliet cl Savatier, vol. 11, pars 1, p. 61, n" 1889. (4) Kf'iske, Nihon nan bouto shi (Ouvrage sur les produclioiis naturelles du Japon), vol 11, fol. 17. (5) Sùmohi-Diisets, vol. V, p. 47-4.8, n" 55. (6) Ibid., vol. vil, p. 6-2, 11" 11. (7j Plioiizo-Zoïifon, vol. 39, fol. 7 recto. (8) Kiva-wi, vol. IV, p. 53, ii" 1. (9; C'Ualogue df. rF.xposUion de Nanci/, p. 89, u" 1829, 1880. (10) Rollilcr, Nov. sp., 197. (II) Somuliu-Dusets, vol. Vil, p. 6:!, n" 16. 94- SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Le Sugerokia japonica de Miquel (1), Scilla japonica de Thunberg (2), Shojo-Bakama, suivant le Sdmoku-Dusets (3), qui fleurit en août dans les parties humides et boisées des montagnes de l'île de Nippon et que le D' Savatier a rencon- tré dans les environs de la ville de Yokoska (4). (1) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœJaponicœ,\).209. Amsterdam, 1865-1867. (2) Thunberg, Flora Japonica, p. 137. (3) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 60, n" 48. - (4) Franchet et Savatier, vol. H, pars 1, p. 88, n" 1947 {Melanthaceœ). {A suivre.) Il- TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE Pendant les mois d'octobre, novembre et décembre 1882 Par m. HUET Aide naturaliste chargé de la ménagerie. Dans une précédente notice, j'avais annoncé la naissance d'une femelle de Gnou, et j'avais ajouté que c'était la pre- mière fois que cette antilope se reproduisait dans les jardins aoologiques; je dois ajouter que peut-être un pareil fait a déjà été observé à la ménagerie de lord Derby ; cardans l'ouvrage descriptif qui a été publié sur les animaux du parc de Knows- iey, se trouvent représentés les jeunes de Gnou et de Gor- gone. Cependant il n'est pas dit dans le texte que ces anti- lopes soient nées en Angleterre, et il est possible qu'elles aient été figurées d'après des dépouilles rapportées d'Afrique; je serais tenté de le croire, car les dessins ne donnent en aucune façon une idée exacte du port et des allures de ces petits animaux. (juoi qu'il en soit, notre jeune femelle de Gnou née le 8 août et qui a maintenant cinq mois, s'est développée très rapidement, elle est presque aussi grande que sa mère, toutes deux vivent à l'air libre, au moins pendant le jour, car depuis que la femelle a mis bas, nous avons pu la renfermer dans la cabane, ce qui était impossible auparavant; il semble que cette bête ait compris qu'il fallait un abri pour son jeune, qu'il était trop faible pour supporter la température des nuits ; chose remarquable, quand la ration du soir est servie et que la mère hésite à rentrer, le jeune la pousse doucement avec les cornes, la forçant à se faire renfermer, et il la suit* alors on baisse la coulisse et chacune d'elles va trouver la ration qui lui est destinée. Cette jeune femelle de Gnou, en se développant, a com- 96 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. plèlement changé couleur de robe, qui, de grise qu'elle était, est devenue marron foncé ; les cornes, au lieu d'être contournées comme chez l'adulle, où elles se dirigent en avant et forment un crochet vers le bas, ont chez le jeune une direction verticale formant un angle presque droit avec la Ijo-ne du nez. Ces prolongements frontaux se modifieront sans doute plus tard et reproduiront ce caractère si singulier dans cette espèce. Quant au pelage, il est exactement semblable comme disposition à celui des parents, on trouve ces longs poils sur le nez, sous le menton et la gorge, ainsi que ceux de la crinière et de la queue, enfin maintenant c'est bien un véritable Gnou, que nous considérons comme élevé, car il est assez fort pour supporter les froids que nous pouvons avoir. Nous avons pour terminer l'année, quelques naissances à indiquer, ce sont : 2 mâles d'Antilope Isabelle {Eleolragus reduncm); 2 mâles et 4 femelle de Cerf cochon {Cervu^s porcinus); 4 Agouih {Dasyproda acutl); i Guib femelle {Tra(jela}ihus scriptus) ; 1 Bison (Bos A mericamis) ; i Muntjac hybride de Cervukis lacrymans et de C. Reevesii; l Kob mâle {Kobus uncluosus) ; 4 Perdrix brunes {Perdix fusca). Le jeune mâle de Kob est né le \" novembie; nous crai- gnions pour lui les froids, mais jusqu'à ce jour il n'en paraît pas souffrir, il grandit très rapidement ; nous prenons seule- ment le soin de ne pas le laisser sortir trop tôt le matin, quand il fait mauvais temps, et nous le renfermons de bonne heure dans l'après-midi quand la température est basse. C'est le troisième jeune de cette belle espèce que nous avons obtenu en deux ans, du mâle et des deux femelles qui ont été offerts au Muséum, par M. Brière de l'isle, lorsqu'il était gouverneur du Sénégal. Nous avons reçu en cadeau : 1 Macaque {Macaciis cynomolgus), don de M, Cochet; 2 Macaques bonnet chinois [Macaciis siniciis), don de M. Morgan ; NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 97 2 Callitriches {Cercopithecus griseo-viridis), don de M. Livio ; 1 Sajou à gorge blanche {Cebus hypoleucus), don de M. Birr ; 1 Mangouste grise {Herpestes griseus), don de M. le comte deTurgot; i Vison {Mus lela vison), don de M. Trouëssart; 1 Ocelot {Felis pardalis), don de M. Nantouson; 1 Gazelle {Gazella subgutlurosa), don de M. Grespin, capi- taine de frégate; 1 Ghèvre de Madagascar, don de M. Grespin, capitaine de frégate; 1 Aigle fauve (Aquila fulva), don de M. Lefevre; 1 Busard de marais (Circus œriiginosus) , don de M. Moi- neau; 1 Aigle Jean le Blanc (Circaelus gallicus), don de MM. Agard et Porthé ; i Goéland bourgeimestre {Larus glaucus) , don de M. Rabot ; 1 Goéland jeune {Larus argen talus), don de M. Morin ; 2 Gerbilles Simon {Gerhillus Simoni) ; 3 Papions {Cynocephalus sphinx) ; 3 Sajous {Cebus flavus) ; \ Otarie {Otaria califurniana); 1 Lion {Felis leo); 1 Bles-Block femelle {Alcelaphus albifrons). 1 Biche Milou {Elaplmrus Davidiunus); J'ajouterai que des expériences sur l'hybridation de divers Ruminants et sur la formation des races chez les mammifères et les oiseaux, se poursuivent depuis plusieurs années à la ménagerie du Muséum, elles ont déjà fourni des résultats intéressants, mais avant de pouvoir en rendre compte, il est nécessaire de laisser les faits s'accumuler; il faudra encore de nombreuses observations avant d'arriver à la solution des problèmes biologiques dont nous poursuivons l'étude. 3e SÉHIE, T. X. — Février 1883. ACTION BIOLOGIQUE DES SELS DE L'EAU DE MER AU POINT DE VUE DE L'ENTRETIEN DES ANIMAUX MARINS Par H. A. COUTANCE Professeur aux écoles de médecine navale F'Iiarmacien en chef de la marine Président de la Société académique de Brest. Les animaux marins sont des organismes d'une excessive sensibilité et qui subissent les influences variées du milieu dans lequel ils vivent. La répartition des faunes de la mer a pour facteurs la composition de l'eau salée, la nature et la quantité des gaz dissous, la température, les pressions, et l'action des courants. La succession des espèces de la mer dans les couches géologiques peu différentes les unes des autres au point de vue de la nature des sédiments, indique bien que des influences qui nous semblent de peu d'impor- tance, ont régi cette succession même. J'ai voulu constater l'action que des modifications dans la nature des sels dissous pourraient exercer sur les animaux de la mer, et j'ai entrepris une série de recherches afin d'éta- blir un parallèle biologique entre ces sels. Mes expériences ont porté seulement sur les Mollusques de nos rivages, et sur ceux qui sont une ressource alimentaire pour nos popula- tions. L'eau de mer contient en moyenne 35 pour 1000 de sels divers en dissolution, parmi lesquels le chlorure de sodium semble avoir sur la vie une action prépondérante. Sans doute il est permis de penser que les autres substances ont un eftet utile dans une certaine limite, ils n'ont pas au moins d'action nuisible manifeste. J'ai préparé huit solutions renfermant 35 grammes pour 1000 d'eau distillée des substances suivantes : DES SELS DE L EAU DE MER. 99 Solution a" 1 : 2 3 Chlorure de sodium Chlorure de magnésium.. . Sulfate de magnésie 35/1000 » — k Bromure de potassium ï 5 lodure de potassium » — 6 7 8 Chlorure de potassium Sulfate de soude > — Sulfate de potasse » Voilà donc huit solutions l'éduites à un seul des éléments naturels de l'eau de mer, dans la pi'oportion où elle contient leur totalité. Le sulfate de soude seul n'appartient pas à pro- prement parler à l'eau de mer, bien que ses éléments y ligu- rent. Trois autres solutions ont été préparées, dans lesquelles tous les éléments se trouvent réunis, mais dans lesquelles la prééminence quantitative, qui dans l'eau de mer appartient au sel marin, se trouve donnée ri" au chlorure de magné- sium, -2" au chlorure de potassium, 3" au sulfate de magnésie. Voici la composition de ces solutions : Solution n" 9 Solution n° 10: Solution n" H Chlorure de magnésium.. . 27,00 » de potassium., . . 0,75 » de sodium 3,70 Sulfate de magnésie 2,30 Sulfate de chaux 1,50 Bromure de potassium... 0,02 Eau distillée . 1000,00 Chlorure de potassium. . . . . 27,00 Chlorure de magnésium.. . 3,70 Chlorure de sodium 0,75 Sulfate de magnésie 2,30 Sulfate de chaux 1,50 0,02 Bromure de potassium.... Eau distillée . 1000,00 Sulfate de magnésie . 27,00 Chlorure de magnésium.. 3,70 Chlorure de potassium.... 0,75 Chlorure de sodium 2,30 Sulfate de chaux 1,50 Bromure de potassium.... 0,02 Eau distillée . 1000,00 100 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLLMâTATION. Une dernière dissolu don fut enfin composée de la manière suivante : Solution n'^ 12 : Chlorure de sodium 8 » de potassium 8 » de magnésium 8 » de calcium 8 Outre ces solutions, ou milieux d'expérimentation, furent encore employés : Solution n° 13 : Eau de Vichy naturelle (Gélestins). — U Eau commune (sources de Brest). — 15 Eau de mer naturelle (rade de Brest). — 10 Air atmosphérique. L'eau de Vichy représentait un milieu aqueux différent de l'eau de mer, mais riche en sels de soude. Il était en outre nécessaire de comparer l'action des milieux artificiels avec le milieu naturel, l'eau de [mer, et de voir si des Mollusques bien renfermés dans leurs coquilles ne pouvaient pas vivre quelque temps dans l'eau douce, ou même dans l'air. MODE D EXPÉRIMENTATION Les solutions précédentes furent versées dans des capsules de porcelaine, placées en pleine lumière à une lempéi^ature moyenne de 12 dêgi'és. Tous les deux jours l'eau évaporée était remplacée par de l'eau distillée de façon à. maintenir les solutions au même état de concentration. Chaque jour ces solutions étaient fortement aérées et agitées, pour les main- tenir dans des conditions analogues à celles de l'eau de mer. Les Mollusques très récemment péchés furent placés sur le fond des capsules à" une distance de 20 centimètres de la sur- face du liquide. . . DES SELS DE l'EAU DE MER. 101 SUJETS D EXPERIMENTATION. Un très petit nombre d'espèces ont été soumises à ces expé- riences physiologiques (1), ce sont : ■La Vénus réticulée {Venus reticulata); La Moule commune {Mylilus edulis) ; La Palourde commune (Venus decussata) ; La Littorine commune (Littorina viilgaris) ; Le Buccin de la Manche (Tritonium undalum). Ces Mollusques ont donné en raison de leur organisation des résultats fort diiïérents. Les bivalves, Moules et Vénus qui peuvent se clore entre leurs valves, ont en général beau- coup mieux résisté que les enroulés à opercules, Liltorines et Buccins. Parmi ces derniers même, les Liltorines, dont l'oper- cule peut clore complètement l'animal retiré prudemment dans les derniers tours de spire, ont beaucoup mieux résisté que les Buccins dont la porte ferme mal, et chez lesquels l'eau peut s'introduire par le canaliculede la bouche de la coquille. Les bivalves qui peuvent si bien résister aux influences extérieures entre leurs valves fermées, les bivalves ne se comportent pas non plus de la môme façon. La Moule résiste moins dans les milieux artificiels que les Vénus, et parmi celles-ci la Vénus réticulée ou Clovisse, beaucoup moins que !a Palourde (Venus decussata), qui présente une résistance très remarquable. Dans la solution de sulfiitc de magnésie par exemple, la Moule a succombé au bout de dix jours, la Vénus réticulée au bout de quinze jours, tandis que la Pa- lourde y vivait encore au bout de soixante jours. Ces propor- tions se sont à peu près maintenues dans les autres solutions, relativement à la durée de la vie dans ces milieux. Voici en ce qui concerne les Palourdes (Venus decussata) (1) Des Huîtres soumises au>: mêmes épreuves ont manifesté une variabilité d'impressions très grande, et ont i,'éiiéralcment très rapidement succombé dans les solutions diverses. 102 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. le résultat de ces expériences. Des lots de cinq individus de cette espèce avaient été placés le 10 janvier 1882 dans des conditions identiques, dans les solutions diverses indiquées plus haut. Les mêmes soins, la même aération leur étaient donnés chaque jour. En même temps un certain nombre de ces Mollusques étaient placés comme témoins près des pre- miers dans des vases contenant de l'eau de mer naturelle. 10 janvier L'expérimentalion commence pour les Palourdes. 25 — Elles ont succombé dans l'iodure de potassium. 10 février — le chlorure de potassium. 15 — — dans l'air. 18 — le sulfate de potasse. 18 — l'eau commune. 20 — — la solution n" 10. 20 — le bromure de potassium. 20 — le chlorure de magnésium. 20 — — l'eau de Vichy. 22 — le chlorure de sodium. 22 • — la solution n° 12. 24 — — la solution n" 9. 10 mars — le sulfate de magnésie. 10 — — la solution nMl. 15 — Des Palourdes vivent encore dans le sulfate de soude. 15 — Les Palourdes placées dans l'eau de mer sont vivantes. REMARQUES SUR CES FAITS Il résulte de ces expériences que malgi^é la possibilité de se clore entre leurs valves, les Vénus subissent l'action des milieux puisque leur résistance est inégale. Les sels de potasse semblent bien moins favorables que les sels de magnésie, et surtout que les sels de soucie. La vie a cessé d'abord dans l'iodure, le bromure, le chlorure, le sul- fate de potassium, et dans la solution n° 10, dont le chlorure de potassium est l'élément dominant. Les sels de soude et de magnésie entretiennent encore la vie alors que les animaux ont succombé dans les sels de po- tasse. La solution n" 9 par exemple, dont le chlorure de ma- DES SELS DE l'EÂU DE MER. 103 gnésium est l'élément essentiel, a gardé plus longtemps ses habitants, il en est ainsi du sulfate de magnésie seul, et dans la solution nMI. La résistance des Palourdes dans l'eau de Vichy accuse l'action favorable des sels de soude sur l'entretien de la vie des animaux marins. Pendant quarante jours les Palourdes ont vécu dans cette eau minérale ! C'est dans le sulfate de magnésie et le sulfate de soude que la vie s'est éteinte en dernier lieu, et le sulfate de soude l'a emporté sur le sulfate de magnésie. Le 12 mars, j'ai dégusté des Palourdes gardées dans le sulfate de soude pendant soixante jours ; elles étaient excellentes et sans amertume. Cette observation pourra trouver son utilité dans l'économie alimentaire, les Palourdes étant un coquillage recherché, et le sulfate de soude une substance d'un bas prix. Un fait bien digne de remarque c'est que dans les solutions de sulfate de soude et de sulfate de magnésie, seules, des algues vertes avaient commencé à se montrer au bout de ces soixante jours. Les conditions qui favorisaient la vie animale marine se sont donc trouvées aptes à développer aussi la vie végétale. Ce parallélisme n'a rien de surprenant, mais il trouve dans la circonstance une confirmation originale. Une singularité : la solution de chlorure de sodium (sel marin impur) a moins longtemps entretenu la vie que les solutions de sels de magnésie et de sulfate de soude, et ce- pendant le sel est l'élément essentiel de l'eau de mer. Cela prouve que les Mollusques sont adaptés non pas au sel pur, mais à ce mélange particulier qui constitue l'eau de mer na- turelle ; et que les éléments secondaires, au point de vue de la quantité, y jouent un rôle important. Nous voyons encore là l'occasion de penser que les modifications accidentelles des eaux de la mer aux différentes époques géologiques, ont dû avoir une action marquée sur les extinctions d'espèces. Les Vénus sont demeurées fermées dans la plupart de ces solutions dont elles avaient sans doute apprécié la nature en entrebâillant très petitement leur coquille. Cependant elles ont envoyé quelquefois leurs siphons au dehors, dans le sul- 404 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. fate de magnésie et dans le sulfate de soude par exemple. Dans la solution de chlorure de sodium et dans l'eau de mer, elles gardaient presque constamment cette situation. Les Palourdes peuvent vivre plus d'un mois dans l'air dans un endroit frais. Pendant vingt jours environ elles demeurent fermées, plus tard elles entrebâillent leurs valves et font sortir leurs siphons. Au moindre toucher elles les rentrent et se ferment. Puis vient le moment où les muscles striés qui ramènent les valves n'en ont plus la force, mais les muscles lisses qui les retiennent le font encore quand on amène les valves à fermeture. Dans toutes les solutions où ces Mollus- ques ont vécu il en a été de même. L'affaiblissement musculaire s'est montré d'abord sur la partie striée des muscles adducteurs qui ramène les valves, puis enfin sur la partie lisse de ces mêmes muscles, qui re- tenait de moins en moins longtemps les valves artificielle- ment rapprochées (1). Les Venus reticulata ou Clovisses ont présenté des faits analogues; l'ordre d'extinction de la vitalité dans les solu- tions a été le même, mais ces Mollusques ont bien moins longtemps vécu que les précédents. Un mois après leur mise en expérience ils avaient succombé, dans les sels de potasse d'abord, dans les sels de magnésie ensuite, puis dans les sels de soude. Les Littorines ont moins longtemps résisté que les bivalves, et ont accusé aussi moins de répulsion pour le sulfate de soude dans lequel elles ont vécu quarante jours. Le gros Buccin {Trilonium undatum) succombe beaucoup plus rapidement, ne pouvant se clore hermétiquement comme les Littorines. Au bout de vingt-quatre heures il périt dans la plupart des solutions employées, et surtout dans les sels de potasse. Sa vie se prolonge au delà de quarante-huit heures dans la solution n" 12, dans le sulfate de magnésie et le sul- fate de soude, mais ne tarde pas à prendre fin. Pendant toute la durée de ces expériences, du 10 janvier (1) Voy, De l'Energie et de la structure musculaire cha les Mollusques acéphales. J.-B. Baillière, Paris. DES SELS DE l'eAU DE MER. 105 ^u 15 mars, les Palourdes elles Litlorines ontvécu dans l'eau de mer du laboratoire ; les Venus reticulata et les Moules moins longtemps, les Buccins quelques jours seulement. Il est un fait très important que nous signalons d'une façon toute spéciale, c'est que les sels constituant l'eau de mer et les diverses solutions que nous avons employées, communi- quent à l'eau la propriété de dissoudre des quantités variables d'air atmosphérique. Nous avons acquis la preuve par des expériences directes, que les solutions des sels de soude re- tiennent plus d'air quand elles sont agitées avec lui que les solutions de sels de potasse. 11 en résulterait donc que la toxicité des sels indiqués dans nos expériences, pourrait ré- sulter, pour une part, de ce qu'ils ne permettent pas à leurs solutions de s'aérer suffisamment : ils agiraient par asphyxie. €eci nous permet de comprendre comment le sulfate de po- tasse et le sulfate de soude, sels neutres auxquels les mollus- ques ne sont nullement adaptés, agissent si différemment sur eux, les sels de potasse les tuant rapidement, ceux de soude les conservant quelque temps. CONCLUSIONS 1° Les éléments salins de l'eau de mer agissent très diver- sement chez les Mollusques, 2" Toute modification à la constitution de l'eau de mer finit par devenir fatale à la vie de ces animaux. 3° Leur résistance plus ou moins grande tient à leur orga- nisation. Les bivalves résistent mieux que les enroulés, et dans ces deux groupes les résultats varient également suivant les espèces. 4^" Les sels de potasse sont moins favorables à la vie des Mollusques que les sels de magnésie, les sels de magnésie que les sels de soude. 5° En dehors des sels dissous dans l'eau de mer, le sulfate de soude semble jouir d'une neutralité conservatrice bien accusée. 106 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. 6" La mort des bivalves est due à un affaiblissement mus- culaire général. 7° Les muscles ne pouvant plus ramener ni retenir les valves, l'animal est livré à l'action défavorable ou toxique du milieu (1). (1) Ce mémoire a été lu à la dix-neuvième réunion des Sociétés savantes de 1882, en séance générale EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 2 FEVRIER 1883. Présidence de M. Henri Bouley, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. , , ^ , , . ^^ j : Euî?. Aron. Aron (.lu es-Lazare), négociant, 90, rue La- \ t^ . ^ • ^ . *' . Eugène Dupm. fayette, a Pans. ( Ra.eret-Waltel. Bailly (Louis-Joseph), chef de bataillon en / retraite, commandant le 2* bataillon du ) . a r . i 9* territorial d'infanterie, U, rue Charles- ) ,' „' ,,' , . <> . ^T 11 /o • X I J--E. Caroiy. Lafitte, à Neui y Seine). [ ■' l 0. C. Béren^'er. Beauchaine (Gustave), propriétaire, à Cha- \ r.' .' ^ ^ ' , ,,,. " f r Eugène Uupin. tellerault (Vienne). ^, r- a ^ ' \ Maurice Girard. ^ .. 1 . 1 N 1 .1 i E. Dupin. Bellecombe (André de), homme de lettres, ^ . . ^ . , 43, rue Jacques-Dulud, à Neuilly (Seine). \ Raveret-Wattel. ,.._., . . . 1 0. C. Bérenger. COLLIN (Antoine-Fritz), ancien notaire, juge \ . ç- \ de paix, à Lussac-les-Châteaux (Vienne). / .^ n i ^ ' ^ ' \ \ . Palyart. _,,.,.._„ { Bourdel. COLLINET (Edmond), négociant, 53, avenue \ . ., » „ • .u-i • , ^, .,, , ., .,, ,o ■ ' \ A. GeoffroySamt-Hilaire. de Neuilly, a Neuilly (Seine). j ^ p^^,^^ / J. Cornély, GÉRARD (Albert), rue Drouot, 8, à Paris. | A. Geoffroy Saint-Hilaire. ( Saint-Yves 3Iénard. „ . . , „,, l k. Dubief. Lelubez (Grégoire), constructeur, 59, rue \ „ . „ . -, ^ f^ : \ Eugène Dupin. Condorcet, a Pans. / i i" r • a ' V Jules Gnsard. PiMONT (Georges-Pierre-Laurent), proprié- ( A. Geoffroy Saint-Hilaire. taire, à Vilainville par Criquetot d'Esneval \ A. Porte. (Seine-Inférieure). ' ( Saint-Yves Ménard. ^. , , , . ,„ ( A. Geoffroy Saint-Hilaire, RoULiNAT (Charles), négociant, 49, rue ^ Charles-Lafitte, à Neuilly (Seine). ( Saint-Yves Ménard. ...... • r., ( Louis liesèble. Vianelli (Albert), artiste peintre, 84, avenue ) » n .^ des Champs-Elysées, à Paris. / o • . ^ xi- i V i ^ ( baint-Yves Ménard. 108 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. — Des remerciements pour leur récente admission sont adressés par MM. A. de Bellecombe, Delaquys et Bravard. — MM. A. Blanchon, Baril, Goil, Mérat, Bénardaky, vicomte de Mon- dion et 0. Massias font parvenir des demandes de cheptels. — Renvoi à Ja Commission spéciale. — Des comptes rendus sur la situation de leurs cheptels sont adressés par MM. Le Berre, comte d'Archiac, Sénéquier, Marlel-Houzet et Gorry- Bouteau. — M. le préfet de Constantine transmet deux rapports de MM. les administrateurs des communes mixtes d'Oued-Marsaet de Takitount rela- tifs aux encouragements à accorder à des cultivateurs de leurs com- munes. — Renvoi à la Commission des récompenses. — La Société impériale d'horticulture de Russie annonce qu'à l'occasion du 25* anniversaire de sa fondation, elle organise, à Saint- Pétersbourg, une Exposition internationale d'horticulture et un congrès de botanistes et d'horticulteurs. L'ouverture en est fixée au 5/17 mai prochain. — M.Julien écrit de Chantenay : « Les Canards du Labrador sont très répandus maintenant dans la Loire-Inférieure et dans les départe- ments voisins grâce au couple que j'ai reçu de M. Garnol. J'ai distribué à tous les demandeurs (et ils ont été nombreux), tous les œufs pondus par ma Cane. N'en ayant élevé que cinq ou six que j'ai également don- nés, il ne me reste plus que les deux premiers oiseaux qui m'ont été envoyés. Je vais cette année essayer l'élevage d'une couvée pour rem- placer les vieux dont j'ignore l'âge, d — M. Delgrange écrit de Valenciennes : « Non seulement la femelle de mes pigeons {Goura coronata) a pondu et couvé en juillet son œuf (car elle n'en pond qu'un), mais elle a pondu de nouveau fin août et une troisième fois fin septembre. Malheureusement ces œufs étaient clairs. J'attribue le fait au mâle qui a eu le bout des pattes gelé et qui ne peut pas bien cocher sa femelle. ^Je verrai cette année si je serai plus heureux». — M. Ad. Jacquemart écrit de Reims : « Mes Saumons de Californie sont beaux, mais d'une grosseur inégale. J'en ai de magnifiques et d'autres d'une croissance lente. Je crois que la nourriture a dû être insuffisante pour ces grands voraces, dont les plus petits sont quelquefois la proie des gros, j'en ai été témoin. » — M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des pêcheries des États-Unis, prie la Société de vouloir' bien lui procurer les documents publiés en France sur l'industrie ostréicole. Par une autre lettre 31. S[)encer F. Baird fait connaître qu'il vient de donner des ordres pour que le Bulletin de la Commission des Pêche- ries soit, à l'avenir, adressé à la Société ; il annonce en même temps l'envoi prochain d'œufs embryonnés de Whitefish {Coregonus albus) et de Truite des lacs d'Amérique {Salmo namaycush). PROCÈS-VERBAUX. 109 — M. de Behr, président de l'Associalioii allemande de pisciculture, annonce qu'il compte faire prochainement à la Société l'envoi d'œufs embryonnés de deux espèces de Corégones, la grande et la petite Marène (Coregonus marœna et C. albiila). — M. le Secrétaire des séances fait connaître que les œufs annoncés par M. Behr sont déjà arrivés. Ces œufs, qui étaient dans un état de parfaite conservation, malgré la longueur du voyage, ont été immé- diatement distribués. M. Raveret-Wattel donne à celte occasion les ren- seignements suivants : » Le Coregonus marœna se pêche dans le lac Ladoga et le lac- Peipus, eu Russie, et dans le lac Jladù, en Poméranie. Pendant la plus grande partie de l'année, et surtout en été, ce poisson se tient à de grandes profondeurs (iO ou 50 mètres), et ce n'est guère qu'à l'époque de la reproduction que, recherchant les endroits moins profonds, il se rapproche des bords pour venir frayer dans des eaux tranquilles. Le frai a lieu en novembre et décembre. Une femelle peut donner de 20 à 50 000 œufs, lesquels ont 0"',0030 ou 0'",0035 de diamètre. Ces œufs soiit libres, non adhérents, et un peu plus lourds que l'eau. Le C. marœna vit surtout de Vers, d'Lisectes et de petits Mollusques; \\ atteint en moyenne une longueur de 0",60; mais des sujets de plus forte taille ne sont pas rares. Ce poisson, qui paraît avoir existé autrefois dans un assez grand nombre de lacs du nord de la Piusse , a été propagé, depuis peu, dans différentes localités, grâce surtout à des envois d'œufs et d'alevins faits de l'établissement de pisciculture de Suwalki, en Pologne, oîi l'on s'occupe particulièrement de celte espèce. La croissance paraît rapide, car les alevins d'un an, venus dans de bonnes conditions, mesurent déjà 0"',20 de longueur. La chair blanche et ferme de ce poisson est très recherchée, soit fraîche, soit fumée. » Le C. albula se pêche dans presque tous les lacs des pays qui avoisinent la Baltique. Ce poisson passe presque toute l'année dans les eaux profondes, où il vit de iMollusques, de Vers et de petits Crustacés; c'est seulement pour frayer qu'il gagne les endroits moins profonds, où l'eau est calme. Le frai a lieu de novembre à décembre, à peu de dis- tance du rivage ; il s'y effectue avec de grands ébats, au milieu d'évolu- tions bruyantes qui attirent l'attention des pécheurs. Les œufs, plus denses que l'eau, sont nombreux; chaque femelle en donne environ 10 000. Le C. albula n'atteint généralement qu'une longueur de 12 à 15 centi- mètres; mais, dans certains lacs, notamment le lac Dadey, prés de Bischofsburg, la taille de ce poisson va jusqu'à 30 ou 35 centimètres. C'est une excellente espèce alimentaire, dont la chair se consomme aussi bien fumée que fraîche. On la pêche à l'aide d'immenses sennes. » L'alevin de ces deux espèces, comme celui des autres Corégones, ne peut guère être nourri artificiellement; en outre, ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'on le tient captif dans les appareils d'incubatiou 110 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. traversés par un courant d'eau, car il s'échappe par les plus petites ouvertures. Mieux vaut donc, très peu de jours après l'éclosion, lorsque la vésicule vitelline est sur le point d'être résorbée, le mettre en liberté dans les eaux qu'il est destiné à peupler. » — Des remercîments pour les envois d'œufs embryonnés qui leur ont été faits sont adressés par MM. des Vallières, Focet, Martial et Ber- thoule, ainsi que par M. le Président de la Société Linnéenne du Nord de la France, et par la direction de l'Aquarium du Trocadéro. — M. Delgrange écrit de Valenciennes que les œufs de Salmo na- maycush qui lui ont été adressés ont souffert de la gelée pendant le transport, mais qu'il espère néanmoins obtenir des éclosions. Les œufs out été mis en incubation sur une sorte de frayère artificielle au milieu d'une large panier à claire-voie placé en eau de source. (.< Je fais faire en ce moment, ajoute M. Delgrange, trois étangs qui auront chacun de 2 à3 hectares; ils seront finis prochainement. J'en ai déjà deux de plus d'un demi-hectare, qui sont empoissonnés, et plusieurs réservoirs alimentés par des sources, dans lesquels j'entretiens de la Truite. » — En accusant réception de l'envoi d'œufs embryonnés qui lui a été fait, le régisseur de l'établissement national de pisciculture de Bouzey écrit : « Nous avons obtenu un beau résultat d'élevage de Saumons de Californie; 600 alevins ont été répandus au printemps dernier dans la Saône.» — En remerciant des œufs de Coregonus albus qui lui ont été expé- diés, M. Auguste Iledde fait connaître en ces termes la non réussite de la presque totalité des œufs de Salmo fontinalis d'un précédent envoi : c Sur un millier d'œufs, j'en ai choisi une soixantaine qui m'ont donné cinq alevins. Ces poissons auront bientôt complété leur deuxième année. Ils sont restés longtemps frêles et peu vigoureux, si bien que, malgré mes soins, le choix de la nourriture et la qualité des eaux, au bout d'un an ces poissons atteignaient à peine la taille d'un Véron. Mais depuis six mois ces Salmo fontinalis prennent santé et vigueur ainsi que du développement. J'espère l'année prochaine en obtenir des œufs. Les Coregonus albus de ce même envoi étaient 'également si endommagés, qu'à l'éclosion j'ai eu seulement deux sujets, qui ont pris un bon développement. » Dans le lac du Bouchet, qui appartient au département de la Haute- Loire, et dont je me suis rendu fermier, j'ai péché il y a deux ans un Corégoiie qui proportionnellement est le poisson le plus charnu que j'aie jamais vu. La chair de ce poisson était légèrement parfumée comme celle de l'Ombre commun, ferme et d'une délicatesse exquise. » — M. Millet dépose sur le bureau plusieurs exemplaires du programme de l'Exposition des Insectes qui doit avoir lieu au Palais de l'Industrie du I"au 22 juillet 1S83, et qui est organisée par la Société centrale d'apiculture et d'insectologie. ,■/'.)■ PROCÈS -VERyAUX. lil Ms"" Perny, provicaire apostolique de Chine, écrit à M. le Secré- taire général : « Au mois de mai de l'an dernier, la Société d'Acclimata- tion a bien voulu me remettre environ deux cents œufs, des graines des Vers à soie du chêne. » J'en ai fait deux parts. L'une était destinée à M. le vicomte de Melun, qui possède à Brumetz (Aisne) une magnifique forêt où le chêne abonde. L'autre était réservée pour une famille aisée et intelligente de Cerdon, dans le Loiret. J'avais donné des instructions détaillées à cha- •cun des éducateurs. » M. Douchy, instituteur de Brumetz, apportait les plus grands soins à l'élevage des chenilles. Tout marchait à souhaits. Presque tous les Soyez convaincu et tenez pour certain, que, dans les faits observés j ici sur le Cochon d'Inde, il est pertinent : » Que des individus de celte espèce sont nés de mères de pure race, » qui ont été vues en compagnie de Rais, avec des queues d'égale lon- » gueur à celle des Rats. » La certitude d'une alliance du Cochon d'Inde avec le Rat, révélée » par une ressemblance de forme, de queue et de caractères généraux du » Raf, m'avait dégoûté de ces animaux. Le croisement a eu lieu, il peut * se reproduire. » La coloration du poil, je ne la considère que comme accessoire. > Tout à votre disposition, je reste votre dévoué collègue. » Signé : Kiener fds. » » Je crois qu'il ne serait peut-être pas superflu de tenir compte de ces renseignements, et même d'en prendre note, et je vais m'occuper, de mon côté, d'acquérir quelques sujets de ces reproductions, que j'aurai l'honneur de soumettre à l'examen de notre honorable Société, pour la curiosité du fait, dont il est bon de s'assurer. » — (Renvoi à la t" sec- lion.) — M. Rogeron écrit du château d'Arceau (Maine-et-Loire) : c Comme je vous le disais dans ma dernière lettre, je possède , depuis près de quatre ans, un Cygne de Rewik {Cygniis minor), superbe oiseau, dont j'ai pu, par là même, apprécier à loisir tous les mérites, et parmi les- quels le principal est, sans contredit, la petitesse de sa taille qui lui assignerait une place dans bien des pièces d'eau et jardins plus ou moins restreints, dont ses congénères sont exclus à cause de leurs grandes dimensions. Il ne le cède d'ailleurs en rien à ceux de sa race par la grâce et la sociabilité; et sa blancheur est encore d'un plus grand éclat que celle du Cygne domestique et du Cygne sauvage... d — M. Deschamps sollicite une récompense de la Société pour l'intro- FROCÈS-VERDAUX. 117 duction du Colin de Californie. — Renvoi à la Commission des récom- penses. — Des remerciements pour les envois d'œufs embryonnés qui leur ont été faits, sont adressés par MM. Banmeyer, Bertlioule, Carbonnier, Louis, Lugrin, ainsi que par le régisseur de l'établissement national de pisciculture de Bouzey, et par la direction de l'Aquarium du Trocadéro. — En accusant réception des œufs de Corégone qui lui ont été adressés, M. le vicomte de Causans ajoute : « Ces œufs sont arrivés tous en parfait état; ils sont d'une transparence irréprochable. Je suis étonné que vous arriviez à avoir si peu de perte pour des trajets aussi longs. Le jour même, ils ont été transportés à Saint-Joan-de-Nay, à 17 kilomètres du Puy, dans des appareils à éclosion construits avec beaucoup de soins, alimentés par une source abondante d'une température de 9 à 10 de- grés. » Aussitôt après leur éclosion, ils seront déposés à des places choisies et très favorables, à l'embouchure d'un ruisseau d'eau vive dans une pièce d'eau d'un demi-hectare ayant jusqu'à 5 mètres de profondeur, et recevant les égouts du village, et d'une vaste prairie qui fournissent une abondante nourriture. Ils y sont attendus par les With-fish de l'année dernière, dont on a pu constater le succès depuis leur éclosion, au printemps dernier. Je vous aviserai du succès des éclosions dès qu'elles auront lieu. » — M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des pêcheries des Etats-Unis , annonce l'envoi qu'il compte faire prochainement à la Société de l5 000 œufs de Saumon des lacs {Land locked Salmon). — M. le comte G. Casati adresse à la Société 40 grammes de graine de Ver à soie du mûrier de la race milanaise dite Brianza Verdolina Casati. Celte graine, obtenue par le système cellulaire, est très saine. — M. de Villette adresse une demande d'œufs ou de cocons de diffé- rentes espèces de Vers à soie. — M. Antonio Blasco fait parvenir une demande de graines. — M. Gorry-Bouteau accuse réception et remercie de l'envoi de graines qui lui a été fait. — M. Jules Leroux annonce l'envoi des noix de Jtiglans nigra qu'il a bien voulu mettre à la disposition de la Société. — M, Ch. Baltet adresse des fruits et des graines de Loza {Rhamnus utilis) employé pour la fabrication du vert de Chine. — M. Guillaume adresse un compte rendu de ses essais de culture de Saggina. — M. Eug. Vavin écrit de Neuilly (Seine) : « J'ai le plaisir de vous annoncer que je viens de recevoir de notre savant collègue, M. Masson, commandant le Catinat, et gouverneur du Gabon, un pied de Mais, qui a i'",C)0 de haut. » Ces jours-ci, j'ai reçu de Santiago de Cuba, un pied d'Arracac/ja 118 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. csculenta, en pleine végétation. J'espère en recevoir d'autres d'ici à peu de temps. » — M. Sanford, ancien ministre des États-Unis en Belgique, annonce qu'il va faire expédier de la Louisiane à la Société, une barrique de Noix de Pacanier. « Ce bel arbre, ajoute M. Sanford, a bien réussi en Belgique; je suis sûr que, dans le sud de la France, il atteindra de grandes dimensions et sera très ornemental. Il se fait chez nous un grand commerce de noix, qui se vendent à un prix assez élevé. » — M. Beauchaine écrit de Chàtellerault : « Je prends la liberté de recommander à la bienveillante attention de la Société, une variété de Poire obtenue par M. d'Iray, et par lui nommée Poire M"'' Solange d'iray. Cette variété, issue de la Poire Citron-des-Carmes, est un peu plus précoce et de qualité bien supérieure. C'est la meilleure Poire pré- coce que je connaisse, et je serais heureux d'en offrir des greffons à ceux des membres de la Société qui auraient désir d'en essayer la culture. » — M. le Secrétaire général dépose sur le bureau : 1° Des fruits de Zapallilo de Tronco de variété pure, offerts par M. Berson ; 2° Un sac de graines de Soja noir, provenant des cultures du Jardin d'Acclimatation d'Hyères ; 3° Une note dans laquelle M. Delaurier aîné, d'Angoulême, rend compte de ses élevages d'Oiseaux exotiques, et fait connaître la situation satisfaisante des Tragopansde Blyth qui lui ont été confiés par le Jardin d'.\cclimatation (voy. au Bulletin) ; 4° Un ouvrage récemment publié par M. La Perre de Boo, et intitulé: Monographie des Pigeons domestiques. Ce volume est accompagné de la note suivante : « Jusqu'ici, les auteurs qui ont écrit sur les Pigeons, se sont contentés de faire des descriptions banales et absolument incom- plètes des caractères généraux et distinctifs des types purs de nos diverses races de Pigeons d'utilité et d'agrément. La raison en est facile à expliquer : les types purs avaient en quelque sorte cessé d'exister, par suite des nombreux croisements que nos diverses races de Pigeons domestiques avaient subis dans nos fermes et dans nos basses-cours. » Or les races pures, ayant disparu de la surface du globe, les auteurs français qui ont écrit avant moi sur les Pigeons, ne possédaient aucune base qui pût les guider dans leurs descriptions; car les pré- tendus types purs n'avaient de constance qu'au gré de l'éleveur ou du caprice d'un jury. » Voulant mettre de l'ordre dans cette confusion des races qui, dans les concours, exposait le jury à toute sorte de désagréments, nos voisins d'outre-Manche, en gens pratiques, ont reconstitué les races d'après des bases convenues entre les principaux éleveurs du pays. » Ils ont donc adopté pour chaque race un type officiel, reconnu, approuvé et couramment admis par le jury du Palais de Cristal et par PROCÈS-VERBAUX. 119 les exposants ; et c'est d'après ces bases que j'ai fait la description des diverses races de Pigeons domestiques qui sont mentionnées dans mon ouvrage. » La vérité est que cet ouvrage manquait en France; car les Pigeons qu'on nous met tous les ans sous les yeux au Palais de l'Industrie , attestent l'ignorance des éleveurs, et démontrent jusqu'à l'évidence qu'ils ne connaissent pas les caractères généraux des races qu'ils culti- vent. A la dernière Exposition, j'ai vu le même éleveur exposer des Pigeons Boulants anglais rouges, ayant la queue rouge, et un couple de Pigeons de la même variété ayant la queue blanche ! Or aucun auteur français ne dit dans son ouvrage si la queue du Boulant rouge doit être blanche ou rouge : c'est ce qui explique l'ignorance de l'éleveur. » Je crois donc avoir rendu un immense service aux amateurs de Pigeons, en écrivant un livre dans lequel ils trouveront un inventaire complet de tous ces petits détails que les auteurs qui ont écrit avant moi, ont cru pouvoir négliger, au grand détriment du progrès et de la science, et sans lesquels il est impossible d'étudier les races. » — M. le Secrétaire général appelle ensuite l'attention de l'assemblée sur de nouveaux faits de croisement observés, entre espèces fort différentes, Veuillez, etc. « De Confévron. » PROCÈS-VERBAUX. 127 M. Millet promet une note, pour la prochaine séance, sur le dévelop- pement de la sériciculture en Autriche qui, depuis deux ans, a pris de très grands développements. M. Millet tient de M. Durand des documents sur les ravages et la destruction des criquets voyageurs. MM. Durand et Millet doivent en parler en séance générale, mais dès à présent M. Millet dit que M. Durand a sans doute perfectionné le mode de destruction dont se servait le Gouverneur de Chypre. M. Grisard rappelle que M. Fauvel, officier des douanes en Chine, offre ses services; la Section remercie 31. Fauvel et se propose de pro- fiter de ses offres à l'occasion. M. Fallou se propose de donner en séance générale un compte rendu détaillé d'une éducation de Pernyi. Mais dès maintenant il donne quel- ques renseignements : M. Huin lui a donné des œufs. 11 a placé des jeunes Vers sur des cépées de chêne dans la forêt de Sénart. Au moyen de quelques abris, malgré la grêle, les Vers ont abouti complètement. Ce qu'il y a d'important dans celte éducation, c'est l'obtention de cocons qui n'éclosent qu'au printemps suivant. Cette espèce paraît donc dis- posée à devenir univoltine, seule condition qui permet de conserver l'espèce chez nous et d'en propager la culture, car restant bivoltine, les Vers de la deuxième éclosion, qui se fait en octobre, ne trouvent pas la nourriture fraîche qui leur est indispensable. En outre, en automne, les jeunes chenilles sont attaquées par les araignées, qui en détruisent une grande quantité et diminuent encore les chances de la conservation de l'espèce. M. Hignet, à Varsovie, et le professeur Balbiani ont obtenu un résultat analogue. Le Vice -sécréta ire, X. Dybowski. CINQUIÈME SECTION SÉANCE DU 30 JANVIER 1883 Présidence de M. Vavin, Président, puis de M. Paillieux. M. le Président fait connaître qu'il va être procédé au renouvellement du bureau et à la nomination d'un délégué près la Commission des récompenses et, à cette occasion, exprime le désir de voir les suffrages de ses collègues se reporter sur une autre personne, son intention n'étant pas d'accepter les fonctions de Président, s'il était renommé. Le dépouillement du scrutin donne le résultat suivant : Président : M. Henri de Vilmorin ; Vice-Président : M. Paillieux; \^2S SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. Secrétaire : M. Jules Grisard ; Vice-Secrétaire : M. X. Dybowski; Délégué dans la Commission des récompenses : M., le D'" Ed. Mène. M. Chappeliier, se faisant l'inlerprèle des sentiments de ses collègues, exprime à M. Vavin les remerciements de la Section pour le zèle qu'il a toujours montré pendant les longues années de sa présidence. 31. Paillieux prend la présidence. M. Paillieux donne lecture d'un rapport détaillé et fort intéressant sur ses cultures de diverses plantes chinoises. Sur le bureau, figurent les produits dftnt parle le mémoire de notre zélé collègue, et des fruits conlits de Shiro-uri, préparés par la maison Robineau-Boissier. Ces derniers, dégustés par la Section, sont trouvés exquis. M. le D' Mène demande que, vu son importance, le travail de M. Pail- lieux soit publié dans le corps du Bulletin et non dans le procès-verbal de la séance ; la Section tout entière s'associe à ce vœu qui sera transmis à la Commission de publication. MM. Fallou et de Vroil font connaître les résultats qu'ils ont obtenus de la culture des graines offertes par M. Paillieux à la Section, dans le courant de l'année 1882. M.Jules Grisard informe la section que la Société vient de recevoir un baril de Noix fraîches de Pacanier {Carya olivœformis). Celte intéressante espèce convient surtout au bassin méditerranéen ; elle demande un terrain frais, même humide. Le Pacanier supporte diflicilement la transplantation, il est donc bon de le semer en place, trois on quatre noix par trou, en éliminant, lors de la levée, les plants les moins vigoureux; c'est le procédé suivi aux États-Unis. M. Chappeliier, qui a reçu de la Société quelques tubercules de la Pomme de terre Heymonet, dit que cette variété mérite d'être plus répandue et qu'elle lui a donné des résultats très satisfaisants. M. .Malhey confirme ces renseignements. Le Secrétaire, Jules Grisakd. Le gérant : Jules Grisard. Monenoz, AiJm.-Direcl sur les causes qui produisent les monstruosités ne me don- naient alors que de simples indications, très utiles, sans doute, puisque je pouvais, à leur aide, me procurer facilement les matériaux de mes études ; mais absolument insuffisantes pour me permettre de déterminer scientifiquement, d'une part, les conditions de l'évolution normale, de l'autre, les conditions de l'évolution anormale. Il y a six ans, la création d'un laboratoire spécial que j'ai obtenue, non sanspeine, grâce au concours d'un grand nombre de membres de l'Académie des sciences, et l'invention toute récente des régulateurs de la température m'ont permis d'in- staller des appareils destinés à établir, avec la précision la plus grande, les conditions physiques de l'incubation artificielle. J'ai donc repris mon travail; mais j'ai ren- contré de suite un résultat tout à fait inattendu. Je cherchais dans mes expériences à réaliser les conditions de l'évolution normale en me rapprochant, autant que possible, des condi- tions de l'incubation naturelle. Si, dans certains cas, les embryons se développaient d'une manière normale, lorsque je recommençais l'expérience dans des conditions physiques absolument identiques, je rencontrais souvent, en plus ou moins grand nombre, des embryons monstrueux. J'avais beau varier mes expériences de toutes les manières possibles, je retrouvais toujours le même fait, la présence simultanée d'embryons normaux et d'embryons monstrueux. Il n'y avait qu'un moyen d'expliquer ces résultats; c'est que l'évolution normale ne dépend pas seulement de condi- tions physiques, mais qu'elle dépend aussi de conditions phy- siologiques inhérentes à l'œuf lui-même et, par conséquent, antérieures à la mise en incubation. J'ai cherché à déterminer ces conditions, et j'y suis en grande partie parvenu. Je dis en grande partie^ car le problème dont je recherche la solution contient un nombre indéterminé d'inconnues. Je n'ai pas la prétention de les faire connaître toutes ; mais je puis dès à présent en signaler quelques-unes d'une bien grande importance. Il y a d'abord l'âge des œufs. Le germe de l'œuf pondu, et iiiO SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. qui n'est point soumis à l'incubation, périt un certain temps après la ponte. Mais, avant de mourir, sa vitalité s'affaiblit peu à peu. Il arrive une époque où le germe ne produit plus qu'un embryon monstrueux ; une autre époque dans laquelle il ne produit qu'un blastoderme sans embryon. Or cet affai- blissement de la vitalité du germe est plus ou moins prompte, suivant diverses circonstances. Dans certains œufs ce fait se produit plus rapidement que dans d'autres. De plus, l'éléva- tion de la température de l'air accélère cette altération du germe. Dans une expérience que j'ai faite au mois de juillet dernier, les œufs que j'avais mis en incubation, neuf jours après la ponte, m'ont tous donné des monstres. Répétant mes expériences au mois d'octobre et de novembre, j'ai obtenu des poulets bien conformés d'œufs mis en incubation quinze et vingt jours après la ponte. Une autre cause de la production des monstres provient du transport des œufs dans les charrettes ou les chemins de fer. J'ai déjà entretenu la Société de ces faits, et j'ai montré que eette cause n'a généralement qu'une action passagère ; car son intluence disparaît quand on laisse reposer les œufs quelques jours avant la mise en incubation. Toutefois cette influence ne disparaît pas lorsque les secousses ont eu un cer- tain degré d'intensité. J'ai eu, en effet, la pensée de soumettre des caisses pleines d'œufs à l'action de cette machine que l'on désigne sous le nom de tapoteuse, et qui sert, dans les fabriques ■de chocolat, à laire pénétrer la pâte dans les moules où elle se forme en tablettes. L'appareil que j'ai employé dans mes expériences et qui avait été mis à ma disposition par mon parent. M, Devinck, donne 120 coups par minute. J'ai soumis les œufs à l'action de cette machine pendant une heure, pen- dant une demi-heure, pendant un quart d'heure. Les œufs ainsi secoués m'ont presque tous donné des monstres; aussi bien ceux que j'avais laissés reposer pendant plusieurs jours, que ceux que j'avais mis en incubation immédiatement après les secousses. Enfin, une troisième cause de production des monstres ■consiste dans les végétations cryptogamiques qui peuvent se ÉTUDES SUR l'INCUDATION. 14-1 développer dans rintéiieiir de l'œuf. J'ai fait connaître à la Société, depuis deux ans, l'existence très fréquente de germes de moisissures dans l'intérieur des œufs. S'il arrive que ces germes se développent avant la mise en incubation, l'albu- mine contient, en plus ou moins grande quantité, des touffes de mycéliums, ainsi que j'ai eu plusieurs fois occasion de le constater. L'embryon, qui se développe dans des œufs ainsi infectés, se développe d'une manière anormale et ne tarde pas à périr. Je n'ai rencontré ces faits que très rarement ; mais ils doivent être plus fréquents lorsque les œufs sont con- servés dans des locaux humides. ie compte d'ailleurs revenir dans une prochaine communi- cation sur l'histoire physiologique des œufs infectés par les germes de moisissiu^es. Mais je dois dès à présent signaler un fait très important qui résulte de toutes mes expériences à ce sujet : c'est que, bien que les œufs en très grande ma- jorité contiennent en eux-mêmes, dès l'époque de la ponte, ces causes de destruction, ces germes ne se développent point sous l'influence seule de l'incubation. Pour qu'ils entrent en végétation, il faut que l'incubation se fasse dans de l'air saturé d'humidité. C'est alors que les mycéhums se produisent en abondance dans l'albumine, que les proliférations vertes apparaissent dans la chambre à air. Ces végétations, qui ne sont ordinairement bien manifestes qu'après la première semaine de l'incubation, ne peuvent évidemment pas modi- fier sensiblement l'évolution embryonnaire ; mais elles font périr l'embryon par asphyxie en le privant d'air respirable. Je n'ai pas rencontré ces végétations lorsque l'air des appa-^ reils à incubation n'était pas saturé d'humidité. En résumé, l'évolution aura un nombre d'autant plus grand de chances de réussite que les œufs seront mis en incubation le plus tôt possible après la ponte ; qu'ils n'auront pas été transportés, ou du moins que les effets des transports auront été neutralisés par le repos ; qu'ils auront été conservés dans des locaux parfaitement secs. 11 faut encore ajouter que la coquille de l'œuf doit être nettoyée et lavée avec soin pour être débarrassée de toutes les impuretés qui y sont adhérentes. liiJ SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Ces impuretés, formant des couches plus ou moins imper- méables à l'air, diminuent souvent les échanges de gaz entre l'extérieur et l'intérieur et gênent notablement la respiration embryonnaire. En tenant compte de toutes ces conditions, j'ai pu conduire mes embryons jusqu'à l'époque de l'éclosion. J'ajouterai, pour que cet exposé soit complet, que mes incubations ont été faites à une température de 37 à 38 degrés dans de l'air moyennement humide et constamment renouvelé. Je dois dire, en terminant, que si ces expériences m'ont donné des résultats très satisfaisants à bien des égards, elles sont cependant encore défectueuses h un point de vue très important. Après avoir conduit mes embryons jusqu'à l'éclo- sion, je n'en ai vu éclore qu'un petit nombre, un tiers à peu près. Dans les deux autres tiers, le jaune ne rentrait point dans la cavité abdominale, et le poulet ne bêchait pas la coquille. Les poulets qui n'avaient pu éclore étaient d'ailleurs parfaitement conformés. Cela résulte évidemment de quelque condition, inhérente à mes appareils, qui rend l'éclosion, sinon impossible, du moins assez difficile ; mais cette condi- tion m'a échappé jusqu'à présent. II me reste maintenant, pour terminer cette étude, à dé- terminer d'une manière scientifique les conditions physiques de l'évolution embryonnaire. Je pense qu'aujourd'hui les faits que je viens de faire connaître me permettront de me mettre à l'abri de presque toutes les causes d'erreur qui ont pendant longtemps entravé mes recherches. Mais ces expériences sont très longues et ne pourront être achevées que dans plusieurs mois. REPEUPLEMENT DES COURS D'EAU EN BELGIQUE Par M. le Baron DR SEI.TS I.01iCiCII.%MP«i .Moiiiljic (le l'Académio royale île Belgique, Prc.sideiit du Sénat. La Belgique se décide enfin à tenter le repeuplement de ses cours d'eau. La pêche fluviale autrefois si riche, notamment par ses Sal- monidés et ses Ecrevisses, périclite chez nous plus que partout ailleurs. Les causes de destruction sont multiples, et nécessitent une grande persistance d'efforts pour être en partie conjurées. Nos deux fleuves, la Meuse et l'Escaul, sont d'une nature différente, et produisent des poissons en rapport avec celte diversité. L'Escaut, à partir d'Anvers, devient un bras de mer d'eau saumàtre et la marée se fait encore sentir en amont de cette ville. Dans cette partie du fleuve l'existence du poisson ne paraît pas atteinte par la contamination des eaux. On y pêche, selon les saisons, l'Alose finie (A losa finla), l'Éperlan {Osmerus eper- lanus) et le Corégone oxyrhynque (Coregonus oxyrhynchus) ; mais ce dernier ne doit pas être très commun, car au marché de Bruxefles je ne l'ai jamais rencontré qu'isolément et con- fondu avec les Éperlans. L'Anguille [Anguilla vulgaris) et la petite Pleuronecte (Pleuronectes /lesus) y sont 1res communs en tout temps. LEsturgeon {Acipenser sturio) y i'cmont(;. L'Escaut, dans sa partie supérieure et ses affluenrs vers la Flandre, le llainautet le Brabant, est horriblement contaminé par les fabriques de Roubaix, ïurcoing, Gand, Bruxelles. Auparavant il était fort poissonneux, bien que les poissons souffrissent beaucoup de la corruption résultant du rouissage 144- SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. du lin dans les parties de lu Flandre où cette industrie existe (I). La Meuse était célèbre par ses Saumons (Salmosalar) qui la remontaient pour aller frayer dans ses affluents d'eaux vives qui proviennent de l'Ardenne et des autres parties monta- gneuses de la rive droite du fleuve. L'Alose {Alosa communis) la remontait au printemps en nombre immense, mais rare- ment plus haut que Huy. La plupart des rivières qui s'y jet- tent, la Yesdre, l'Ourlhe, le Hoyoux, le Bocq, la Lessc, la Semoi, et leurs tributaires étaient largement peuplées de Truites (Salmo fario) et d'Ombres {Thymallus vexiUifer) sans parler des autres espèces de poissons comestibles qui se rencontrent partout dans l'Europe tempérée occidentale. Ce paradis des pécheurs est bien avarié ! Pour les besoins du batellage et ceux de la navigation vers la France, on a exécuté de grands travaux sur tout le cours de la Meuse. Les barrages empêchent la plus grande partie des Saumons d'y remonter. Ceux qui parviennent à franchir ces obstacles ne le font guère qu'à la faveur des grandes eaux et des inondations accidentelles. • Quant à l'Alose, qui naguère encore donnait lieu, dans la ville de Liège, à des pêches véritablement miraculeuses (2), elle est arrêtée tout court aux barrages qui se trouvent en aval et je ne crois pas qu'elle soit apte à franchir les échelles à Saumon que l'on va établir, nous l'espérons, dans de meil- leures conditions que celles que l'on a essayées. Nous ne pouvons pas nous flatter de voir les eaux de la Yesdre rétablies dans une pureté suffisante pour nourrir encore du poisson. Elles sont empoisonnées à trop haute dose par les lavages de laines, les teintureries et les fabriques de draps de Verviers. (1) Sous le tilre de Suppression totale, du rouissage putride par l'application du système de M. Lefebvre, a paru une brochure importante, lue à la séance du 13 juin 1881 de la Société centrale d'agriculture de Belgique (Bruxelles, E. Guyot, 1881). Les résultats pratiques y sont donnés en détail. (2) A la lin d'avril et au cjmmencenient de mai, je me souviens avoir vu prendre d'un coup de filet, à Liège, jusqu'à deux cent cinquante et même trois cents grandes aloses. REPEUPLEMENT DES COURS d'eAU. 145 Cependant il ne serait pas impossible qu'on arrivât à une solution satisfaisante, en conduisant les eaux corrompues de Verviers jusqu'à la Meuse, par de larges tuyaux longeant la Vesdre. Ce genre d'ouvrage se construit maintenant à des frais ■ assez modérés pour la conduite des jus de betteraves depuis les râperies locales jusqu'aux sucreries, à des distances de plusieurs lieues. Sur une plus grande échelle on peut citer i'égout collecteur de la Sonne à Bruxelles, enfin le travail fait en Angleterre pour conduire les eaux d'égouts de Londres jusqu'à la mer. Ce dernier ouvrage a si bien réussi, que der- nièrement on a poché des Truites dans la Tamise, d'où elles avaient disparu depuis longtemps. Dans les cours d'eau de la rive droite, où l'eau est restée pure, la Truite existe, mais le braconnage s'exerce sur une grande échelle. Quant aux affluents de la rive gauche de la Meuse, les indus- tries qui y tuent le poisson sont les fabriques de produits chi- miques, les sucreries et à un moindre degré les distilleries. On a voté de bonnes dispositions pour la réglementation de la pêche et pour la répression des délits ; mais comme il ne peut être question chez nous pour rétablir la salubrité des eaux de prendre des mesures qui auraient pour effet de ren- dre l'industrie impossible, c'est à la science que nous devons faire appel, pour chercher les moyens d'assainir les eaux empoisonnées. Lors de la vulgarisation des procédés de pisciculture, il y a bientôt quarante ans, on crut avoir résolu le problème du repeuplement de nos rivières. La fondation de la Société d'Acclimatation en France, et celle de l'établissement de pis- ciculture de Huningue avaient donné l'essor. Antérieurement le roi des Belges, Léopold I"", avait fait pratiquer la piscicul- ture avec succès dans son domaine d'Ardennes, d'après les anciens procédés des forestiers allemands. En i85o, M. Ernest van den Peereboora avait recommandé la pisciculture à la Chambre des représentants. Des essais tentés alors, mais dans des eaux peu convenables et avec un outillage insuffisant, ne réussirent pas. Peu de temps après, une société de pisciculture plus impor- 3* SÉRIE, T. X. — Mars 1883. - ' 10 iâ6 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. tante s'organisa et des efforts sérieux furent tentés. Elle ne subsista pas toutefois bien longtemps. On avait eu tort de vou- loir embrasser trop de branches de cette science nouvelle, et de tenter entre autres la culture des Huîtres et des poissons de mer à Nieuport, qui ne possédait pas toutes les conditions voulues. Enfin, l'on aimait à croire à cette idée, alors répan- due, que les Truites et même les Saumons pouvaient vivre dans toutes les eaux pures du pays, jusqu'à se prêter à pros- pérer étant renfermés et à l'état de stabulation. De là les mécomptes, et finalement la dissolution de la société, com- posée en grande partie de personnes dont les propriétés ne se trouvaient pas dans la région où peuvent vivre les Salmonidés. Depuis une vingtaine d'années on peut dire que si la ques- tion sommeille, au point de vue pratique, du moins elle n'a pas été enterrée, car la prescription a été plus d'une fois inter- rompue par des discussions publiques et par diverses publi- cations. Il est nécessaire d'esquisser rapidement l'historique des phases par lesquelles elle a passé avant d'arriver à son. réveil actif. En 1-865 et 1866 le conseil provincial du Brabant charge» une commission de s'occuper de l'assainissement des cours d'eau, et spécialement des moyens de repeupler les ruisseaux. Feu M. de Gronckel en fut le rapporteur, et constata qu'en cette matière se concentrent les intérêts les plus puissants qu'il est du devoir de l'autorité de sauvegarder, coordonner, concilier autant que possible, et avant tout ceux de la santé et de la sécurité au point de vue des inondations. A cela vient se joindre, dit-il, une question d'alimentation et de richesse nationale, celle de la conservation et de la multiplication du poisson d'eau douce. I.a Société libre d'émulation de Liège, sur la proposition de mon regretté ami, feu Théodore Lacordaire, professeur de zoologie à l'Université, avait mis au concours cette question : « Déterminer les causes qui, depuis une vlnglainc iV années, ont amené la dégénérescence du poisson dans les rivières de la province de Liège, et indiquer les moyens de remédier à cet étal de choses. » REPEUPLEMENT DES COUPxS d'ëAU. 147 Le mémoire adressé en réponse et qui fut primé, est de feu Charles Lehardy de Beaulieu, ingénieur et économiste très estimé. Il attribue surtout la diminution du poisson à l'excès de la consommation sur la production. Il recommande parti- culièrement la pisciculture et une réglementation de la pro- priété des cours d'eau, dont il voudrait voir remettre l'usage dans les mains de compagnies dont l'intérêt et l'insistance fini- raient par avoir raison des diverses causes qui troublent la pureté des eaux. Il pense que, pressé par la nécessité, on chercherait à tirer parti comme engrais, ou d'une autre façon, des substances nuisibles dont on trouve plus commode de se débarrasser en les jetant à la rivière. Il cite l'exemple de Reims, où l'on utilise pour la fabrication du gaz, les eaux de savon qui ont servi au dégraissage de la laine (1). La même année (186G) je fis partie d'une commission nom- mée par le gouvernement pour étudier sur nos côtes les ques- tions relatives à la pêche maritime, commission qui émit le vœu que l'on lit une enquête analogue sur la pêche d'eau douce ; et au mois de décembre, à la séance publique de la classe des sciences de l'Académie royale de Belgique, je pro- nonçai un discours : « Sur la pêche fluviale en Belgique y^ accompagné de notes et de documents (2). Il est inutile de l'analyser ici, car ce serait répéterla constatation de faits qui sont de notoriété publique relativement aux causes du dépeu- plement et aux moyens d'en atténuer la gravité. La part du mal que l'on doit attribuer à la corruption des eaux s'est du reste accrue depuis cette époque. Le projet de loi sur la pêche, dont j'annonçais dans un post-scriptum le dépôt fait par le gouvernement, est resté parmi les affaires arriérées dans les cartons de la Chambre des représentants pendant quatorze ans, avant d'être discuté et voté. En 1879, M. Emile Gens, docteur en sciences naturelles et (1) Le mémoire de M. Lehardy, de Beaulieu, précédé du rapport de M. Lacor- il.tire, a été pu))lié en 18(51), dans le tome III (nouvelle série) des Mémoires de la Société libre d'émulation de Liège. (i) Bulletins de PAcadémie royale de Belgique, 2' série, tome XXII, 1806. 148 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. professeur au collège de Verviers, publia une petite brochure très substantielle : « De la 'protection du poisson d'eau douce en Belgique. » L'auteur, après avoir esquissé à grands traits l'état déplorable dans lequel se trouvent nos rivières au point de vue de la pêche, résume ainsi qu'il suit les mesures pro- pres à y remédier : 1° interdiction de la pêche pendant les mois d'avril et de mai dans toutes les rivières et canaux; 2" interdiction de la pêche du 15 septembre au \" janvier dans les cours d'eau de la rive droite de la Meuse (ce sont ceux où vivent les Salmonidés) en permettant cependant la pêche du Saumon à partir du 15 novembre, la ponte ayant eu lieu ; 3" établissement de peines sévères pour empêcher l'em- ploi de la dynamite et du cocculus (coque du Levant) ; orga- nisation d'une surveillance ; 4° défense de vendre le cocculus dans les pharmacies ; 5" interdiction de toute pêche pendant la nuit ; 6° défense de pêcher au moyen de barrages qui met- tent momentanément à sec une partie d'un ruisseau ; 1° déter- mination d'une largeur de mailles suffisante pour permettre à tout poisson d'une taille inférieure à 15 centimètres d'échap- per aux lilets; 8" établissement réglementaire d'échelles à Saumon le long de tous les barrages de nature à empêcher les migrations de poissons ; 9° interdiction de la pêche à la main, etc. ; 10° mesures destinées à empêcher autant que pos- sible la viciation des eaux par les industries établies le long des rivières; 11° organisation sérieuse de la pisciculture ; 12° comités de surveillance munis de pouvoirs les autorisant à interdire localement et momentanément la pêche dans l'intérêt du repeuplement. L'année suivante (1880), M. Gens fut chargé par le Gouver- nement de visiter l'Exposition de pêche et d'assister au Con- grès de pisciculture qui s'ouvrirent à Berlin en avril. Son rapport a été publié dans le Moniteur belge du 19 sep- tembre 1880. Notre honorable collègue M. Raveret-Watlel a donné dans les Bulletins de la Société d'Acclimatation un travail si excel- lent et si complet, que je pense superflu d'analyser dans ce même recueil celui de M. Gens relatif au même objet. Je me REPEUPLEMENT DES COURS d'eAU. 149 borne à relever quelques points de détail que j'y trouve. L'au- teur mentionne le fait que divers mémoires étaient exposés rela- tivement au problème de rendre les eaux des fabriques inof- fensives pour le poisson des rivières où elles sont déversées. On sait qu'un prix d'honneur était institué par le roi de Saxe pour la meilleure réponse à faire à cette question, d'un si haut intérêt pour nous. M. Gens cite encore un moyen bien simple indiqué au Congrès, pour rendre inoffensives de petites chutes d'eau, telles que celles des moulins : Lorsque le barrage est construit sur un plan incliné, il suffit d'établir une poutre placée obliquement en travers de ce plan, installation peu coûteuse, qui devrait exister partout. Au cha- pitre IV, il reprend l'exposition des principes de sa brochure de 4879, citée plus haut, et la complète en donnant une liste de presque tous les poissons d'eau douce de Belgique, qu'il répartit naturellement en trois catégories : ceux qui sont com- muns à nos deux régions ; les espèces particulières à la région des plaines; enfin celles de la région montagneuse. Dans un chapitre spécial, M. Gens traite des établissements de pisciculture. La Belgique ne possédait aucune masse d'eau à la fois pure, froide et profonde, où l'on pût espérer d'acclimater les Salmonidés des lacs suisses. Aujourd'hui, il n'en est plus de même. Afin de parera la fois aux inondations temporaires de la Vesdre et au manque d'eau dont souffrait en certaines saisons la ville de Verviers, on a construit d'une montagne à l'autre, près de l'embouchure de la Gileppe, à l'altitude de 2-41 mètres au-dessus de la mer, un barrage gigantesque, haut de 47 mètres, qui emmagasine en capacité, lorsqu'il est rempli, 12 millions de mètres cubes de l'eau de cette rivière subal- pine, qui elle-même reçoit tout ce qui s'écoule d'environ 4000 hectares de la forêt appelée Hertogenwald et des bruyè- res marécageuses nommées les Ilautes-Fagnes, dont l'altitude approche de 700 mètres au point culminant. Le lac de la Gileppe, ainsi formé, s'étend sur une supcrlicie de 800 000 mètres carrés, et l'eau au barrage a, selon les moments, de 25 à 45 mètres de profondeur. 150 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Là je suis d'avis d'essayer l'introduction de la grande Truite des lacs {Salmo lacustris), de la Truite des Alpes {S. salvelinus), du Coregone fera et de certains Salmonidés américains qui ne vont pas à la mer, et qui trouveraient pour Irayer tous les niveaux possibles, depuis le barrage jusqu'à la rivière rapide et caillouteuse qui alimente le lac. Notre Ministre des Travaux publics avait chargé M. de Clercq, ingénieur en chef des ponts et chaussées, de lui adresser des propositions pour V empoissonnement des eaux navigables. Le travail remarquable de cet habile ingénieur a été publié en 1881. Les propositions qu'il fait pour remédier à l'appauvrisse- ment des eaux se classent dans l'ordre suivant : 1" Empêcher la pollution des eaux ; 2" Interdire la destruction des poissons sédentaires en temps de frai, et réglementer la pêche des poissons migra- teurs ; 3° Établir dans la Meuse et ses affluents des échelles à poissons aux barrages qui sont trop élevés pour être franchis par les Saumons ; 4" Ménager des frayères dans lesquelles les poissons l'en- oontrent des conditions favorables à leur reproduction ; 5° Pratiquer la pisciculture pour les Salmonidés. Ces divers points sont traités avec soin par un homme tout à fait compétent. Je résumerai en peu de mois ce qu'il dit de la pollution des eaux, puisque c'est, à mon avis, l'obstacle capital au repeuplement : « Il ne peut être question, dit-il, d'interdire les industries dont le sort est lié à l'intérêt général; mais il importe de n'autoriser le déversement des matières dans les cours d'eau qu'après qu'elles ont été traitées par les moyens les plus effi- caces pour les débarrasser de leurs principes malfaisants pour les poissons, et qui le sont dans une proportion au moins aussi grande pour les autres animaux qui boivent ces eaux corrompues. On ne peut donc considérer la pollution comme suffisamment atténuée tant qu'on ne pourra pas y faire vivre les poissons. » REPEUPLEMENT DES COURS d'EAU. 151 On consultera encore avec fruit le chapitre où M. de Clercq détaille la construction des bonnes échelles à Saumon, et énumère les défauts existant chez celles qui ne valent rien. C'est ici le lieu de signaler, dans une sphère beaucoup plus modeste que le régime des grandes rivières et que les intérêts de la pêche au Saumon, l'obslacle que beaucoup de moulins •à eau apportent au repeuplement des petites rivières. Il s'agit de ceux qui sont placés sur les petits cours d'eau des plaines n'ayant qu'une faible pente. Lorsque 'le moulin n'est pas établi sur un biez dérivé et qu'il barre entièrement la rivière, il interromptla circulation du poisson. Le niveau de l'eau varie alors sans cesse, tantôt très élevé lorsque l'usine est en repos, tantôt très bas au point de mettre le cours d'eau presque à sec lorsque toute l'eau a été utilisée. Dans ces conditions, la reproduction et même l'existence du poisson sont impossibles. Si l'on tient compte, à un autre point de vue, du tort énorme que cause aux propriétés riveraines le niveau presque tou- jours trop élevé de la retenue d'eau dans les cours d'eau de ^•ette espèce, en les rendant marécageuses, les inondations •temporaires que les moulins aggravent singulièrement, les dommages causés à la culture, enfin l'atteinte grave que porte cet état de choses à la salubrité et à la santé publiques, on doit désirer que les usines à eau dont je viens de parler soient, autant que possible, remplacées par des moulins à vent, ou mieux qu'elles se procurent la force motrice au moyen d'une petite machine à vapeur (1). D'après la Loi sur la pêche fluviale, votée par nos Cham- bres à la fin de 1881, la police et la conservation sont attri- buées à l'administration forestière. Le droit de pèche est «3xercé au profit de l'État dans les rivières et canaux navigables ou flottables; mais la pêche à la ligne flottante tenue à la main est permise à tout citoyen. Dans les autres cours d'eau, les riverains ont le droit de pêche. Le temps où la pêche est per- (1) Ce dernier système est préconisé récemment dans une pétition des habi- iants des bords du Geer, rivière de la rive gauche de la Meuse, qui réclament du gouvernement belge la suppression des moulins à eau pour cause d'utilité luiblique. 152 SOCIÉTÉ HMIONALE d'ACCLIMATATION. mise et les engins à autoriser sont déterminés par le gouver- nement, ainsi que ce qui concerne le colportage. La pêche est libre en tous temps pour les propriétaires et usagers des étangs et réservoirs dont les eaux cessent de communiquer naturellement avec les rivières. Il est interdit aux bateliers d'avoir à bord aucun engin de pêche, excepté la ligne flot- tante. Pour ce qui concerne le déversement des substances nuisibles qui ne serait pas fait dans le but de détruire le poisson, cette question est réglée par la loi sur les cours d'eau votée précédemment. Malheureusement, l'exécution en étant principalement confiée aux autorités provinciales et commu- nales, qui sont électives, elle laisse beaucoup à désirer. A mon avis, c'est le gouvernement qui devrait être chargé de la surveillance. La loi sur la pêche fluviale étant adoptée, un membre de- la classe des sciences de l'Académie royale de Belgique pensa que le moment était opportun pour encourager des recherches scientifiques et pratiques propres à rendre possible le repeu- plement des cours d'eau contaminés. Il mit à la disposition de FAcadémie une somme de 3000 francs, prix à décerner en 4884 à l'auteur du mémoire qui aurait répondu à la question d'une manière satisfaisante. Je reproduis à la fin de cet article l'exposé des motifs et les conditions du concours, tels qu'ils figurent dans les actes de FAcadémie, afin d'attirer l'attention des savants et des pra- ticiens qui seraient à même de concourir. Bien que ces conditions mentionnent certaines queslions locales concernant spécialement la Belgique, je pense que ceux qui seraient aptes à fournir la solution des questions principales se mettraient facilement au courant des renseigne- ments accessoires dont l'exposé est réclamé. Je suis persuadé, d'ailleurs, que beaucoup de contrées en France sont dans la même position que nous sous le rapport des rivières dont le dépeuplement est causé par la corruption des eaux. C'était le 1" avril 1882 (jour approprié k une discussion sur le poisson!) que l'Académie adopta à une grande majorité REPEUPLEMEIST i)ES COURS d'EAU. j 5o la mise au concours de la question proposée. Ce n'était pas une séance publique. Je ne crois pas cependant être indiscret en indiquant d'une manière générale les principales objec- tions que firent valoir les opposants, hommes du reste savants et consciencieux. L'un d'eux croit que ce serait immiscer l'Académie dans une sphère administrative qui n'est pas son domaine, et qu'elle aurait l'air de supposer que l'on n'exécute pas les lois, no- tamment celle du 7 mai 1877, sur les cotirs d'eau non navi- gables ni flottables, qui a comminé des peines contre ceux qui y jetteront ou déposeront des matières pouvant les cor- rompre ou les altérer. Il ajoute que les particuliers lésés peu- vent s'adresser aux tribunaux. Un autre fait valoir qu'il a fait beaucoup de recherches pour arriver aune purification exécutable des eaux des fabriques, et qu'il n'a pas abouti. Il cite l'évaporation de l'eau conta- minée, prescrite à certaine usine, dont il résulta une fumée d'une odeur intolérable pour les voisins. Que d'ailleurs, avec notre système électif, peu de personnes oseraient exécuter les mesures nécessaires. Enfin, il assure que la question est pleine de périls, à cause des exigences qui se produiront lorsque l'on aura étalé au grand jour l'état actuel des eaux et que les remèdes auront été insuffisants. Un troisième membre demande que l'on établisse la sta- tistique des capitaux engagés dans les industries en question, et que l'on mette en parallèle la valeur des poissons détruits par les eaux que les usines corrompent. L'auteur de la proposition a répondu en substance que les solutions scientifiques réclamées sont parfaitement de la com- pétence de l'Académie; qu'il ne s'agit nullement d'infliger un iDlâme à l'administration, attendu que l'on veut au contraire appeler la science à son aide pour lui fournir les moyens pra- tiques de satisfaire au vœu de la loi, ajoutant que le pro- gramme sollicite la recheiche de moyens de purification qui rendent possible la vie du poisson, avec la réserve formelle que ces remèdes ne compromettent pas Vexistence des indus- tries. Selon lui, la valeur des usines et celle du poisson qu'elles 154 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. tuent, en même temps qu'elles rendent les eaux insalubres, ne sont pas d'ailleurs des termes rigoureusement comparables, parce que l'usine est une entreprise toute particulière, tandis que le cours d'eau et les poissons sont à l'usage des liabitanls en général sur tout le parcours de la rivière. Peu de temps après la décision de l'Académie, nous avons reçu le programme de la Grande exposition internationale des produits et engins dépêche, qui s'ouvrira à Londres le I" mai 1883. J'ai eu la satisfaction d'y trouver deux para- graphes qui rentrent tout à fait dans ce que demande l'Aca- démie de Belgique. A la classe IV (pisciculture), on lit (divi- sion 39) : On réclame « un système pour la destruction des 0 effets nuisibles produits pour les poissons par les rivières " et fictives imprégnés d'eaux de cloaques, de produits chi- > iniques et autres, système illustré de modèles et de des- ^> sins. » On voit encore (division 40) la demande d'une solu- tion pour une question tout à fait connexe : « Des recherches 5) physico-chimiques sur les qualités cVeau douce et d'eau i» de mer nuisibles aux animaux aquatiques... », etc. Le Gouvernement belge, reconnaissant que nous ne devons pas rester en arrière du mouvement qui se manifeste partout, vient de charger une Commission de dix membres d'étudier les questions qui se rattachent au repeuplement des cours •d'eau. Elle se compose de MM.lelieutenantgénéral baron Goethaels, président; baron de Selys Longchamps, président du Sénat, membre de l'Académie ; Willequet, membre de la Chambre des représentants, à Gand; Edouard van Beneden, professeur à l'université de Liège, membre de l'Académie ; de Clercq, inspecteur général des ponts et chaussées, à Lruxelles ; Emile •Gens, docteur en sciences naturelles, professeur à Verviers ; Leyder, professeur à l'Institut agricole de Gembloux ; Mousel, inspecteur des eaux et forêts à Arlon ; Denis, négociant pisci- culteur, à Bruxelles; et Bernard, chef de division au Départe- ment de l'Intérieur, secrétaire. Cette Commission, installée le 27 octobre 1882, a tenu déjà plusieurs séances, à chacune desquelles différentes communi- REPEUPLEMENT DES COURS d'eAU. 155 calions ont été faites et ont provoqué des discussions ayant pour objet l'examen des mesures à prendre pour satisfaire aux vœux du Gouvernement. Nous avons lieu de croire que cette activité ne se ralentira pas, et que bientôt on mettra la main à l'œuvre. Voici le programme du concours adopté par l'Académie : ACAL)É>UE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. Classe des sciences. — Concours extraordinaire pour 1884. Le Gouvernement a proposé et les Clianibres ont adopté une loi qui a pour objet la conservation du poisson et le repeuplement des rivières. L'obstacle capital qui empêche actuellement d'atteindre ce but, c'est la corruption des eaux dans les petites rivières non navigables ni flot- tables, qui sont contaminées par des matières solides ou liquides déver- sées par différentes industries, et incompatibles avec la reproduction et l'existence des poissons. L'Académie fait appel à la science pour faciliter l'accomplissement des vues des pouvoirs publics. Acceptant la proposition d'un de ses membres, qui met généreusement à sa disposition une somme de trois mille francs, elle demande une étude approfondie des questions suivantes, à la fois chimiques et biolo- giques : 1" Quelles sont les matières spéciales aux principales industries qui, en se mélangeant avec les eaux des petites rivières, les rendent incom- l>atibles avec l'existence des poissons, et impropres à l'alimentation publique aussi bien qu'au bétail ; 2° Une liste des rivières de Belgique qui. actuellement, sont dépeu- plées par cet état de choses, avec l'indication dos industries spéciales à chacune de ces rivières, et la liste des poissons comestibles qui y vivaient avant l'établissement de ces usines; 3° La recherche et l'indication des moyens pratiques de purifier les eaux à la sortie des fabriques pour les rendre compatibles avec la vie du poisson sans compromettre l'industrie, en combinant les ressources que (peuvent olfrir la construction; de bassins de décantation, le iiltrage, enfin l'emploi des agents chimiques ; •i" Des expériences séparées sur les matières qui, dans chaque indus- trie spéciale, causent la mort des poissons, et sur le degré de résistance que chaque espèce de poisson comestible peut offrir à la destruction. 15G SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. Les mémoires devront être écrits lisiblement et être adressés, francs de port, à M. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies, avant le 1" octobre 1884. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; les au- teurs auront soin, par conséquent, d'indiquer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n'admettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage ; ils y inscri- ront seulement une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les mémoires remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet elfet, au secrétaire perpétuel. SUR LE NOYER PAGANIER (CARYA OLIV.ÏFORMIS) ET AUTRES NOYERS AMÉRICAINS Par M. E. DECROIX Vétérinaire principal de l'armée, en retraite et M. Jules GRISABD Agent général de la Société. {Extrait du compte rendu sténographtque.) M. E. Decroix. — Parmi les arbres fruitiers qui croissent sur notre globe, le Noyer est un des plus utiles, autant par le bois qu'il fournit à la menuiserie et à l'ébénisterie, que par ses fruits, qui sont consommés en nature ou bien encore employés pour l'extraction d'une huile propre aux prépara- tions culinaires et à la peinture : huile de noix. Les Noyers appartiennent à la famille des Juglandées. 11 y en a de différentes espèces. En France, on cultive le Noyer féroce^ remarquable par l'excellence de son bois, mais dont les noix sont petites et très dures ; le Noyer mésange, qui donne beaucoup de noix dont la coque est très tendre et beaucoup d'autres variétés. En Amérique, on trouve plusieurs espèces de Noyer. Les plus répandues sont : le Noyer noir (Juglans nigra), très commun aux États-Unis et dont le fruit est de qualité infé- rieure à celui du Noyer ordinaire; le Noyer blanc {Carya alba) ; le Noyer Pacanier (Carya olivœformis), etc. C'est sur ce dernier que je désire aujourd'hui appeler votre attention. Dans la séance du 18 juin 1879, j'ai eu l'honneur de pré- senter à l'Assemblée des fruits du Noyer Pacanier, provenant de la récolte de 1878 et qui m'avaient été remis par une pa- rente de M. le D' A. Bertherand. Ceux de nos collègues qui en ont goûté ont pu se convaincre qu'ils étaient parfaitement conservés, et qu'ils avaient un goût parfumé bien supérieur à celui des noix récoltées en France. A la suite de ma communication, j'ai été prié de prendre quelques renseignements, près de la personne qui m'avait 158 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. donne ces fruits, sur les caractères botaniques de l'arbre qui les produit, sur le climat qui lui convient, sur le mode de culture, etc. J'ai demandé ces renseignements, mais la per- sonne à qui je me suis adressé est morte sans me les envoyer. Ces jours derniers, j'ai lu dans le n" 173 de la Chronique de la Société d'Acclimatation, que M. Sanford, ministre des États-Unis, à Bruxelles, mettait à la disposition de la Société une certaine quantité de Noix de Pacanier. J'ai demandé de ces noix à M. Grisard, et j'ai pu me convaincre ainsi, qu'il s'agissait de la même espèce de fruit que celle dont j'avais entretenu mes collègues en 1879. J'ai eu alors la pensée de rechercher, et j'ai retrouvé, quelques noix de la récolte de 1878, et voici, Messieurs, des spécimens des unes et des autres. Ces noix, par leur aspect général ressemblent plutôt à un gland très volumineux qu'à la noix française. Le goût de l'amande en est plus fin, plus parfumé ; la conservation en est plus facile ; ainsi celles qui m'ont été remises en 1879 sont encore parfaitement man- geables bien qu'ayant perdu de leurs qualités, tandis que les noix communes se conservent à peine un an. Je pense donc qu'il y aurait utilité à propager le Noyer Pacanier dans le midi de la France ou dans nos colonies, en Algérie notamment. Je me rappelle avoir vu en Kabylie de très beaux Noyers rapportant beaucoup de fruits. Peut-être le Pacanier y prospérerait-il également. M. J. Grisard. — Je crains que le Pacanier ne réussisse pas en Algérie comme le croit notre zélé confrère. C'est un arbre qui aime les endroits frais et même très iiumides. On le rencontre abondamment sur les bords des rivières (Missouri, Arkansas, Illinois, etc.) Michaux cite même un marais de 800 arpents qui est couvert de Pacaniers. M. Raveret-Wattel. — Ces arbres réussiraient sans doute en Cochinchine et à la Nouvelle-Calédonie. M. Ed. Renard. — C'est aussi mon avis, mais la noix est si dure.... M. Decroix. — Nullement.... voici des dents de soixante- deux ansqui vont vous les briser toutes, facilement. LE NOYER PACANIER. 159 Joignant le geste à la parole, notre confrère casse succes- sivement cinq ou six noix. M. Grisard. — M. Renard fait confusion. Il y a en effet parmi les Noyers américains des espèces qui donnent des fruits à coque excessivement épaisse et dont l'amande extrê- mement petite ne s'extrait qu'avec la plus grande difficulté; c'est le cas pour les Carya glabra ou porcina et tomentosa, mais non pour la noix du C. olivœfonnis (pacane) qui se brise très facilement et présente une amande remplissant entière- ment la coque et qui n'est pas séparée par des cloisons li- gneuses comme dans celle de notre Noyer commun {Juglans regia), avantage qui est à considérer; la noix du C. alha vient ensuite, la coque quoique mince est cependant assez forte pour ne pas céder sous les doigts; elle renferme une amande d'un goût délicieux et les fruits de ces deux espèces se rencontrent communément sur les marchés des États-Unis où ils atteignent des prix élevés, 80 à 100 francs l'hectolitre. Les noix de C. oUvœformis s'exportent en assez grandes quan- tités aux Antilles où elles sont très appréciées ; des envois sont faits également en Europe et surtout en Angleterre où on les mange à l'état naturel et où elles servent à la fabrica- tion d'une huile estimée ; on en rencontre quelquefois dans les rues de Paris. Ces noix se conservent fort longtemps sans rancir, cette facilité de conservation les rend précieuses. Il paraît qu'il existe des variétés dont les fruits sont de dimension considérable. Quant à la réussite de la culture de ces arbres dans la France méridionale, elle n'est pas douteuse; notre confrère M. Léo d'Ounous, en possède de superbes exemplaires dans l'Ariège ; on en trouve également dans d'autres localités qui fructifient tous les ans, à Toulouse notamment. Un Membre. — A quel âge produit-il? M. Grisard. — Son accroissement est lent ; il ne fructifie que lorsqu'il est déjà fort, à 10 ou 15 ans, mais il est très fertile et chaque arbre peut donner annuellement un hecto- litre de Pacanes. Sous le climat de Paris il résiste à des froids assez rigou- 160 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. reux (c'est même une des espèces qui y réussissent le mieux), mais ne donne des fruits qu'exceptionnellement. Il exis- tait dans l'école de botanique du Muséum un C. oUvœformis de 60 centimètres de diamètre, au moins, qui datait du com- mencement de ce siècle. Cet arbre a disparu après les grands froids des hivers rigoureux de ces dernières années. Il fruc- tifiait, mais donnait une quantilé restreinte de noix; il fallait que les étés fussent chauds pour que la production soit assurée. Mais on ne peut pas tirer de déduction sur le rapport ou la croissance d'un arbre, ni même de plusieurs, quand c'est dans une ville comme Paris et sur un sol aussi défavorable que celui du Muséum qu'on expérimente. Le C. oUvœformis fournit un bois compact, tenace et élas- tique, mais son grain est grossier et il a les défauts de ses congénères, il est facilement attaqué parles insectes. M. Decrolx. — Si la fructification a été obtenue sous le climat de Paris, il y a tout lieu d'espérer qu'ils s'acclimateront bien un peu plus au sud et par conséquent dans le midi de la France et en Algérie. Quoi qu'il en soit, voici ma conclusion, c'est que la Société prenne dès à présent des informations nécessaires aux Etats- Unis, par l'intermédiaire de M. Sanford au besoin, qu'elle fasse venir des noix de Pacanier de la prochaine récolte et qu'elle en envoie dans le midi de la France et en Algérie, au Sénégal même, avec prière de les planter. Tous les commandants civils ou militaires de nos colonies se feront un plaisir, j'en suis convaincu, de tenter la propagation du nouvel arbre, en se conformant aux indications qui nous par- viendront de l'Amérique. M. Millet. — La Société ferait une bonne chose, je crois, en proposant un prix pour la culture des Noyers d'Amérique. M. Grisard. — La Société a déjà fondé un prix pour l'un d'eux, le Carya alba ; peut-être n'est-il pas inutile d'en rap- peler les dispositions en séance. La création de ce prix remonte à 1870. Il est ainsi libellé : Introduction et culture en France du Noyer d'Amérique {Carya alba), connu aux États-Unis sous le nom de Hickory LE NOYER PACANIER. 161 (bois employé dans la construction des voitures légères). .On devra justifier de la plantation sur un demi-hectare de ?^oyers d'Amérique ou de la possession de 500 arbres hauts de i'",50 au moins. Concours ouvert jusqu'au l*"" décembre 1885. — Prix : 500 francs. Le Carya olivœformis présente aussi un sérieux intérêt et la Société devrait en encourager la culture ; la section des végétaux d'accord avec la Commission des récompenses pour- rait préparer, pour être soumise à l'approbation du Conseil, une note qui concluerait à une demande de fondation deprix. M. Decroix. — J'appuie cette proposition. Un Membre. — Quels soins réclame le Carya alha? k quels usages son bois est-il employé? M. Grisard. — Le Carya alha (Shell-Bark ou Shag-Bark- Hickory) est un grand et bel arbre à tronc droit, d'un dia- mètre à peu près uniforme et souvent sans branches jusqu'aux trois quarts de sa hauteur qui atteint de 25 à 30 mètres ; les Feuilles d'un vert s ombre, unies et luisantes en dessus, ont un arôme particulier lorsqu'on les froisse ; c'est une des espèces les plus répandues du genre dans la culture européenne. Il se plaît en forêt, il lui faut une terre fraîche et profonde ; planté isolément, il est bien fourni en branches et est très ornementaL Son bois compact, fort, pesant, est très souple et se fend avec la plus grande facilité; il est propre à une infinité d'usages : manches d'outils, de fouets, baguettes de fusil, moyeux, essieux, jougs pour les bœufs, vis de pressoirs, etc., il est sans égal pour les cercles de tonneaux. C'est avec le bois d'Llickory qu'on fabrique ces voitures si légères appelées Araignées. Pour le chauffage il est supérieur à ses congénères et donne plus de chaleur que le chêne même. Un Membre. — Et le fruit '/ M. Grisard. — Le fruit, recouvert d'un brou presque aussi dur que du bois et qui s'ouvre au moment de la maturité en quatre parties, est petit, de forme arrondie mais comprimée de manière à former plus ou moins quatre angles ; la coquille a la dureté de l'os ; elle renferme une amande d'un bon goût ; 3« SÉRIE, T. X. — Mars 1883. 11 162 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. le fruit ne vient que sur le jeune bois, seul ou par grappe ôc deux ou trois seulement. Les écureuils sont très friands des noix d'Hickoryet en ca- chent de grandes quantités en automne pour leurs provisions d'hiver. De la sorte les fruits sont plus ou moins dispersés et portés dans toutes les directions loin de l'arbre qui les produit. Leur cachette favorite est dans les murs et il est très fréquent de trouver çà et là le long de ces murs des Hickory poussant au hasard avec de grandes variétés dans la grosseur des noix, l'é- paisseur de leurs coquilles et la qualité de leurs amandes. La oreffe et l'écussonnage réussissent mal elle meilleur moyen de propagation est encore le semis en place, les Hickory suppor- tant difticilement la transplantation ; cependant avec certaines précautions ou par quelques procédés nouveaux, on arriverait à atteindre le but, croyons-nous. Les noix sèches germent mal, il faut les planter aussi fraîches que possible; dans ce but on devra les recueillir aussitôt la maturité et les placer dans du sable humide ; on les conservera de cette manière, dans une cave ou un autre endroit frais, jusqu'au printemps. On les sèmera alors au lieu môme où les arbres doivent rester en mettant Sou 4 noix par trou et en ne laissant lors de la germination que le plant le plus vigoureux ; c'est le procédé suivi aux États-Unis. En terminant, je vous signalerai encore le C. amara (Bit- ternut Hickory), qui ne donne pas un fruit comestible, mais dont le bois compact, tenace et élastique est recherché pour les essieux de voitures, les manches d'outils, etc.; il est moins sensible au froid que le C. alba; le Carya suicata (Thick shell bark) des forêts humides fournit un bois, dont le cœur d'une couleur claire est moins employé que celui des espèces précédentes par suite de sa plus grande rareté; ses noix quoique grosses sont de qualité inl'érieure ; enfin le C. porcina (Pignut, Broom Hickory) donne un bois d'excellente qualité, le fruit renferme une amande petite, sucrée ou un peu amère. Le bois des Cart/a résiste malheureusement mal aux attaques des insectes. I. EXTRAIT DES PROCÉSUERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU t MARS 1883. Présidence de M. Henri Boulev, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, après une observation de M. de Barrau de Muratel. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM- PRÉSENTATEURS. DuFRESNE (Ernest), greffier de la justice de i Ghesnel. paix du canton de Neuilly, rue Jacques ] J. Grisard. Dulud, 5J5, à Neuilly (Seine). ( le niar(|uis de Sinéty. Feuillov (Gédéon), propriétaire, à Sénar- j ^- ^«oiiVoy Saint-Hilaire. pont, par Oisemont (Somme). ) ^' «'''"'>'e^al- { ^aint-Vves Ménard. FouRNiER (E.), apiculteur, à Issoire (Puy-de- ( f^^^"^^^^ ^u-ard. ])5„^g\ i Saint-Vves Ménard. ( le marquis de Sinély. Hameau (le docteur), médecin-inspecteur, à ( ,," "P'"* Arcachon (Gironde). ^^'^"'"'^^ <^''"'^^^*- ( H. de Vilmorin. Kerambrun (Denis), notaire, à Belle-IsIe-en- ( Dupin. Terre (Gôtes-du-Nord). Raveret-Wattel. \ le marquis de Sinéty. LECOMTE(Henri),professeurlicenciéèslettres, ( f^'"t-Yves Ménard. 8, boulevard Saint-Denis, à Paris. / Raveret-Wattel. \ le marquis de Sinély. Lecoq (Théodore-Auguste), propriétaire, 11, ( '^- ^^*^"''"«y Saint-Hilaire. rue Perronet, à Neuilly (Seine). j '}' ''''' ( le marquis de Sinéty. Legrand (Jacques-Amable), docteur en mé- J^' Geoffroy Saint-llilaire. decine, avenue de Neuilly, 136 (Seine). ' ^- ^o'''^- ^' "^ > \ Romam. Ligney (Edouard), 46, boulevard Magenta, à ( ?* f'y'j^^^ski. Paris. y ^; ^^'^'' \ Maquin. LoLiGOis (Antoine), avenue de Neuilly, 53, ù ( ^°"'^h«''*^!^ux. Neuillv (Seine). ]■ ^'''^"^- { Lecene. Martin (Biaise), horticulteur, 11, rue de la ( A.Gjeoffroy Saint-llilaire Chaussée, à Nt» ers (Nièvre). ) °'''®- ( le marquis de Sinély. 164 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. MM. PRÉSENTATEURS riAVENEZ (Louis), comptable expert près le / A. GeofTioy Saint-Hilaire. tribunal de la Seine, 91, boulevard Gouvion- s A. Marotte. Saint-Cyr, à Paris. ' Saint-Yves Ménard. [ H. Bouley. Rocher, 66, rue Caumartin, à Paris. | P. Pichet. ( A.Geoffroy Saint-Hilaire. „ ,T, -s ,■ r n . ( Delahogue Moreau. Taintdrier (Henri), rentier, 4, rue Drouol, \ ,, ^ ^ c • . ni • , r. • i A. Geoltrov Saint-Hilan-e. a Pans. ( „. -^ V Simon. — M. le Président fait part à l'Assemblée du décès de M. le baron Jules Cloquet qui, membre de la Société d'Acclimatation presque dès l'origine, fut pendant de longues années un des membres les plus actifs du Conseil, et s'occupait particulièrement de l'introduction de végétaux exotiques dans le midi de la France. « La Société el la science, ajoute M. le Président, font une perte dans la personne de iM. Cloquet, membre p , « aa"^ f* i \ lltlVGrGl" VV tlllGl . Gavinet (Jean-Louis-Alfred), juge de paix du / H. Bouley. canton de Douvres, à la Délivrande (Cal- ] Raveret-Wattel. vados). \ le marquis de Sinély. Gaspard (Félix), notaire, à Saint-Jean-de- l „' ,' D /, < \ - Raveret-Wattel. Bournav Hsere). , . , „. , (le marquis de Sinety. à^^.,^ /Al- \ •'. • ' r>i • r • H. Bouley. Geliot (Adrien), propriétaire, a Plainfaing ^ , p. , /\j ^ . J. Clarté. (Vosges). i ^ ,,, , ^ ° ^ Raveret-V/attel. Gennadius, inspecteur de l'agriculture, direc- [ H. Bouley. teur du Jardin dendrologique de l'État, à ] Maxime Cornu. xVthènes (Grèce). ( Saint-Yves Ménard. Guillet (Lucien), négociant, rue Laffitte, 9, i „ '. ^. ^\,. , T, . "a ' ' ' ' Saint-\vesMenard. * Pans. i „T 1 , Raveret-Wattel. JOLY (Charles-Ovide-Plessis), ancien notaire, ( J^'^°"^^7' rue de James, Moulins-Engilbert )Nièvre). i l grisard. ° ' ^ [ Saint-Yves Ménard. Lecoq (Joseph), propriétaire, château du Hil- H. Bouley. gny, commune de Plogarlel-Saint-Germain ^ Maurice Girard. (Finistère). ( Jules Grisard. Cbcnet. Lutman (Léopold), 78, rue Monge, ù Paris. ^ A. Porte. ' A. Geoffroy Saint-Hilaire. rUOCÈS-VERCAUX. 171 ^IJI, PRÉSENTATEURS. Nouvel (Georges), propriétaire, au cliàteau de ( H. Bouley. la Ronce, commune de Fontaine-sous-Jouy, . le comte de Foy. canton sud d'Évreux (Eure). ' le baron Gérard. . ^ • .n, MX . , ( H. Boulev. PiNAUD (H.), négociant, a Santiago (Ch.l.), Il, ^ g^^g-^^^ Saint-Hilaire. rue Magenta, à Asmères (StMne). ( ^^^^^^^,^ ^^^^,^^ ( DcsbrossGS. POLACK (Jules), courtier de commerce, avenue ^ Geoffroy Saint-Hilaire. de Neuiliy, 189, à Neuilly (Seine). ( Saint-Yves Ménard. REViLLON(Eugène-.\natoie), négociant, 9, bou- ( H. Bouley. levard Ricbard-Wallace, à Neuilly-Saint- j Théodore Revillon. .lames (Seine). ( le marquis de Sinéty. , , , , , . 1 H. Bouley. RlCHET, professeur a la Faculté de médecine, \ j^^^^^ ^^ p^^.^ rue de l'Université, 15, à Paris. \ Raveret-Wattel. ^ ., . ., , , ., / H. Bouley. .Saffers (Emile), juge au tribunal de première \ ^^.^^ ^^'^^ mn^'A instance de la Seine, rue Laflitte, 9, à Paris. \ ,^ ^^^^^.^^.^ ^^^ ^.^^.^^ . „ . ^ „, A. Geoffroy Saint-Hilaire. \1G0UR (Jules), notaire, a Saint-Sorvan (Ille- \ 5^^,^^.^,^, ^^nard. ^'-^*'^'"^)- ( A. Porte. — M. le Ministre des travaux publics adresse la lettre suivante : « Monsieur, vous avez bien voulu me demander d'appeler l'attention L'échec que j'ai éprouvé sur ma première ponte a fait que j'ai dû y remédier, et je viens cette année vous annoncer que j'ai pu obtenir, après bien des difficultés, une avance sur l'année dernière de soixante- quatre jours, et sur l'année 1881 de cent jours, ou trois grands mois; je pense qu'avec cette avance nous pourrons obtenir deux reproductions dans la même année. Nos Gouras couvent à l'intérieur de la cabane, dans une boîte semblable à celle décrite dans ma première note, et à quelques mètres de l'appareil de chauffage. » Les deux jeunes Gouras que nous possédons font très bon ménage ensemble, mais je ne puis pas encore savoir si nous avons mâle et femelle. Une seconde génération obtenue en France serait fort intéressante. > La reproduction que j'ai obtenue de deux espèces de Faisans rares m'oblige à vous en dire un mot. > Faisan d'Elliot. Une poule de cette espèce nous a donné l'année dernière vingt œufs. Sur ce nombre, j'ai élevé dix-huit jeunes. » Faisan de Sœmmerinfj . Sur quinze œufs, j'ai élevé dix jeunes. Ces deux espèces, qui se rapprochent beaucoup du Faisan ordinaire, ont un grand avenir comme gibier, étant originaires du Nord, l'une de la Chine et l'autre du Japon. Elles se recommandent aux amateurs de chasse pour leur rusticité à supporter nos hivers et la facilité avec laquelle on peut les élever. Ni l'une ni l'autre ne sont sujettes aux vers du larynx; elles ont une grande valeur comme oiseaux de table, et sont remarquables par la beauté de leur parure. » La ponte du Faisan d'Elliot commence du 8 au 12 mars et finit au 25 avril, époque à laquelle les Faisans ordinaires commencent leur ponte. Sur vingt œufs que j'ai recueillis et mis à couver sous des poules, j'ai obtenu vingt jeunes; le premier éclos a été mangé en partie par la poule couveuse; un autre étant né les pattes sur le dos, j'ai àt. l'étouffer; les dix-huit autres ont été élevés et livrés dans différents établissements de 1 Europe, et j'ai tout lieu d'espérer que cette année les descendants de la première paire, importée en 1879, produiront de quoi garnir une chasse princière. ï La ponte du Faisan de Sœmmering commence du 15 au 20 avril pour finir au 20 mai , les jeunes s'élèvent rapidement ; à l'âge de cinq mois ils ont revêtu le plumage adulte, et ils se reproduisent dès la pre- mière année, s — MM. Burky, Clémot, de Lonlay, Martial, Léon Mérat, 31athey et le comte G. de Saint-Innocent, accusent réception et remercient descheptels qui leur ont été accordés. PROCÈS- VERBAUX. 178 — M. Arthur Schotsmans rend compte de la perte du mâle de son cheptel de Canards de Bahama. — M. Duplantier demande à faire le renvoi de son cheptel de Lépo- rides. — M. Clémot annonce le renvoi de son cheptel de Canards du Pa- radis. — M. Ferary demande des renseignements sur la nourriture à donner aux Faisans qui lui ont été confiés. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Sommier et Egal-Tible. — MM. Bernard-Talhandier, Delgrange et Renouard accusent réception des œufs de Salmo fontinalls qui leur ont été expédiés. — M. le docteur Adrien Sicard adresse une demande d'œufs de Salmo fontinalis. — M. Bernard-Talhandier fait parvenir une demande de Grenouilles- Bœufs et de montée d'Anguilles. — M. Martial fait connaître que les œufs de Corégone qu'il a reçus lui ont donné environ quinze cents alevins très beaux et très vifs. Notre con- frère ajoute qu'il serait heureux de recevoir un nouveau lot d'œufs, dans le cas où la Société en ferait une seconde distribution. — M. le professeur Spencer F. Baird annonce l'envoi qu'il compte faire prochainement à la Société de quinze mille œufs de Saumon des lacs {Salmo salar, var. Sebago). — M. Raveret-Wattel rappelle à cette occasion que le Saumon des lacs de l'Amérique du Nord, qui est un poisson non migrateur et dont les conditions d'existence se rapprochent ainsi de celles de la Truite, serait une espèce très intéressante à acquérir pour nos eaux douces, en raison de l'excellente qualité de sa chair et de la rapidité de sa croissance. — M. le Président de la Société Linnéenne du nord de la France adresse un rapport sur les résultats donnés par les œufs de Truite des lacs et de Salmo Xamaijcush envoyés à cette Société. — M. Gh. Renouard fait parvenir une réponse au questionnaire relatif à la pisciculture; il y joint les renseignements suivants : « Tous les éle- vages déjà faits par mes soins n'ont produit que de faibles résultats dans les eaux de deux de mes propriétés; mais le pays en a profité, car les jeunes poissons ont dû suivre le courant des ruisseaux de trop plein qui sortent de mes étangs et aller peupler les rivières voisines, c'est-à-dire la Monne, la Vie et la Touques d'une part, et l'Ure et l'Orne d'autre part. » — M. Banmeyer adresse la lettre suivante : c Je viens de visiter les établissements de pisciculture de Virelles et de Chaulieu, et j'ai eu le plaisir de constater que les œufs d'Omble-Ghevalier {Salmo salvelinus) que vous avez eu l'obligeance de m'envoyer sont parfaitement éclos; il en est de même des Coregonus albus, des Salmo Namaycush, qui vien- 174 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. lient également fort bien ; ces jeunes alevins sont pleins de vie. Quant aux œufs de Truite du lac de Garde, envoyés dernièrement, nous en attendons l'éclosion d'un jour à l'autre. C'est à peine si nous avons perdu en moyenne 3 pour 100 de ces œufs. Les soins les plus assidus sont donnés à ces difiérentes espèces, et je suis heureux d'en communiquer les bons résultats. Tout fait prévoir que la période d'alevinage sera aussi heureuse que celle de l'incubation. » — M. Max. Cornu, inspecteur général de la sériciculture , lAI. le Di- recteur de l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon et M. le Directeur de la station séricicole de Montpellier, accusent réception et remercient de l'envoi qui leur a été fait de la graine de Ver à soie de la variété dite Verdolina Casait. — M"" veuve Simon écrit de Bruxelles : c Nous poursuivons avec persévérance notre propagande séricicole, persuadés que l'agriculture, dont les revers sont immenses, ne peut manquer de retrouver des jours prospères. Nous vous ferons connaître le plus possible nos Bombyx, afin que, lorsque des jours meilleurs viendront, l'industrie puisse prendre un nouvel essor. Nos dispositions sont prises pour offrir à la Société quel- ques centaines de grammes de graine à'Attacus Pernyi de seconde récolte. Nous serions heureux de donner l'occasion d'expérimenter en France la seconde récolte de Pernyi. » — Des demandes de graines sont adressées par MM. Delalande, Chiffel, Mathey, d'Augy et Gnecchi, ainsi que par la Société nantaise d'horti- culture et par le Comice agricole de Brioude — M. le comte de Bouchaud de Bussy écrit de Lyon : « Les Bambous que j'ai reçus il y a quelques années delà Société d'Acclimatation sont les B. violascens, viridi-glaucescens, Simoni, Quilloi. J'avais déjà les Bambusa mitis, aurea, nigra, gracilis et scriptoria. Ceux qui ont pris le plus de développement sont les B. mitis, violascens, nigra et aurea. Us atteignent (les B. violascens et nigra) environ 6 ou 7 mètres de hauteur et un diamètre de 0,03 à 0,035. Le Mitis atteint jusqu'à 8 et 9 mètres de hauteur sur 0,0i à 0,05 de diamètre. Ils sont de belle venue et pourvus d'un feuillage fort abondant. Us drageonnent à d'immenses distances, et on a toutes les peines du monde à les arrêter dans leur travail souterrain. Le B. Quilioi, jusqu'à présent, est loin d'égaler la vigueur même de B. aurea. Cependant, la description dont il a été l'objet lui attribuerait une taille plus élevée que celle que je lui ai vu prendre chez moi jusqu'à ce moment. Il ne paraît pas d'ailleurs plus délicat que les autres, et je serais disposé à croire qu'il a été mal étiqueté. Quant au viridi-glaucescens, il fleurit continuellement et ne donne que de très médiocres pousses. Est-ce bien le viridi-glaucescens ? » Le B. nigra est un des plus beaux et plus vigoureux chez moi. » Le B. scriptoria est joli et assez vigoureux. Mais il est infiniment plus sensible au froid que les autres. 11 pousse, du reste, beaucoup plus PROCÈS-VERBAUX. 175 tard, et ses pousses sont encore incomplètement développées quand sur- vient l'hiver. » Le B. gracilis est souvent éprouvé par les hivers. » J'ai depuis peu de temps le B. à tiges carrées. Mais il n'a pas encore donné de tiges assez fortes pour me permettre de bien l'apprécier. Il a commencé cet été dernier à végéter avec assez de vigueur, ce qui me paraît d'un excellent augure pour la saison prochaine. » Les Chamœrops exceha, qui proviennent de graines qu'a bien voulu m'envoyer dans le temps la Société d'Acclimatation, sont au nombre d'une trentaine. Ils ont environ l^.SO à l'",50 de hauteur et sont on ne peut plus vigoureux. Us se distinguent entre eux, pour quelques-uns du moins, par un port plus ou moins érigé ou étalé et des feuilles de teintes^ assez différentes. Us n'ont pas encore fleuri. Ils doivent avoir une dou- zaine d'années de semis. Plusieurs ne tarderont pas à fleurir, car ils sont très forts. » 'en possède quelques pieds plus anciens, et que j'avais acquis de divers côtés ; aussi fructifient-ils et fleurissent-ils abondamment depuis quelques années déjà; il en est qui ont 3 mètres à A mètres de hauteur et restent cependant assez bien garnis de feuilles. Us sont fort beaux et sont très remarqués de mes visiteurs. » J'ai l'honneur de vous expédier aujourd'hui une boîte desdites graines récoltées cet hiver. Il y en a environ 3 kilogrammes, que la Société d'Acclimatation pourra distribuer à son gré, trop heureux que je suis si quelques-uns de nos collègues peuvent en retirer quelque profit et quelque utilité » Jusqu'à présent je n'ai pas trouvé à uUliser d'une façon satisfaisante mes Bambous. Cependant j'ai cherché à les vendre, mais sans en trouver de placement assuré. Si la Société d'Acclimatation pouvait me donner quelques indications à ce sujet, je lui en serais profondément reconnais- sant, désirant tout naturellement tirer parti de ces intéressantes grami- nées, cultivées chez moi, au château de Roussan, dans les Bouches-du- Khône. » Si la Société avait en distribution quelques nouveaux et remarqua- quables Bambous, je lui saurais un gré infini de m'en envoyer quelques éclats ce printemps. De même que je me mets à sa disposition pour en remettre à un certain nombre de membres de la Société qu'elle me dési- gnerait. > Si la Société avait également quelques nouveaux végétaux de plein air, dignes d'intérêt, à répartir entre les sociétaires de bonne volonté, je m'ofl're volontiers pour qu'il m'en soit remis quelques spécimens, m'engageant à en faire l'objet d'un rapport annuel. » — M. AUigné écrit de Vire : « Les Bambous que la Société a bien voulu me confier en cheptel l'année dernière, au mois de mai, ont eu une végétation aérienne presque insignifiante, probablement à cause de 176 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. la saison avancée dans laquelle ils ont été transplantés, quelques tiges ne dépassant pas 59 à 60 centimètres en hauteur. Mais je me suis trouvé fort étonné, ces jours derniers, en faisant labourer le terrain entre les touffes qui sont espacées de 4 mètres environ, de trouver à une touffe de violacens une racine traçante de 2 mètres de longueur et un peu plus grosse qu'un porte-plume. J'espère que cette année ils feront de rapides progrès, car le sol dans lequel je les ai plantés est exceptionnellement bon ; c'est un terrain d'alluvion, situé sur le bord d'un cours d'eau, qui est toujours frais, sans jamais être submergé. » — M. Jules Delalande écrit de Bayeux : « Je vous demanderai la per- mission de critiquer un peu le mode de plantation de la noix du Cary>a olivœformis indiqué dans la Chronique. » En règle générale, on doit planter isolément toute graine qui, une fois levée, présente des difficultés à la transplantation. En supposant que l'on sème trois ou quatre noix par trou, il se présente deux cas. Le pre- mier est la germination de toutes les graines; mais, au moment où l'on est forcé d'arracher les plants qui gêneraient la végétation du Carya que l'on conserve, on ne peut le faire sans souvent briser le chevelu de la jeune plante, ce qui arrête sa végétation et souvent la fait mourir. Dans le deuxième cas, il peut se trouver des graines de gâtées, et ces graines, entrant en décomposition, font mourir la graine qui a poussé. Voici le mode à employer pour les graines germées ou développées et difficilement transplantables : Planter séparément, soit en pleine terre, soit en pot, et de préférence en pot, ce qui permet de choisir, au mo- ment où la plante est développée, l'emplacement définitif qu'elle d'oit occuper. Par ce système, les plants ne subissent aucun danger de trans- plantation. » — M. Clogenson adresse une demande de Bambous et de Vignes nouvelles. Par une autre lettre, M. Clogenson rend compte de la situation des végétaux qui lui ont été confiés. — M. de Lonlay adresse un rapport sur ses cultures de végétaux exo- tiques. — M. Pontet écrit d'Aurillac : « Les cinq plantes qui m'ont été adres- sées le 20 avril 1882 ont assez bien prospéré, sauf cependant VOsman- thus illicifolius, qui est toujours fort malingre. » — M. Dareste signale une monstruosité qu'il a récemment observée sur un embryon de Gasoar, et qui consiste en ce qu'une partie de la tête se trouve adhérente au jaune de l'œuf par une bride membraneuse. Bien qu'extrêmement rare, le fait n'était pas absolument inconnu. Une observation du même genre a été faite en 1827 par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, sur un embryon de Poule, qui, de même que celui du Casoar, s'était trouvé dans l'impossibilité d'éclore. M. Uareste ajoute que ie sujet monstrueux qu'il met sous les yeux de l'assemblée présente une hernie de l'encéphale; les hémisphères cérébraux forment une sorte de PROCÈS-VERBAUX. 177 tumeur en dehors de la tête, anomalie qui n'est pas incompatible avec la vie. Elle se produit parfois chez des Poulets, sur lesquels on voit la tumeur se compléter extérieurement par la formation d'une peau cou- verte de plumes, et intérieurement par l'ossification de la partie du crâne membraneux qui se trouve au-dessous de la peau. Cette conformation anatomique se trouve réalisée d'une manière constante dans la Poule dite de Padoue; et, fait très singulier, c'est que, jusqu'à la fin du siècle der. nier, cette race de Poules ne présentait ce caractère héréditaire que dans le sexe femelle. Depuis, la même conformation s'est propagée du sexe femelle au sexe mâle. En s'occupant d'expériences sur la formation des monstruosités, M. Dareste a eu très souvent occasion de constater l'apparition de cette hernie cérébrale sur des Poulets qui n'appartenaient pas à la race de Padoue, et il estime que si l'on avait élevé ces oiseaux, ils auraient pu devenir la souche d'une race tout à fait comparable à cellft de Padoue. Cette tumeur céphalique, formée par une hernie de l'encé- phale, a été observée chez d'autres oiseaux, le Canard notamment, et il est probable que si l'on suivait les expériences sur une échelle suffisante, on arriverait, pour toutes les espèces d'oiseaux, à produire des races analogues à la race des Poules de Padoue. — 31. Saint-Yves Ménard rappelle à ce sujet qu'un très grand nombre de nos races d'animaux domestiques n'ont pas d'autre origine qu'une anomalie quelconque devenue héréditaire, et souvent fixée par la sélec- tion. On peut citer comme exemples les races de Lapins et de Moutons sans oreilles, de Chiens à courte queue, de Chiens bassets, etc. Il existe en Amérique une race de Bœufs à tête raccourcie, dite à tête de boule- dogue; l'origine en est inconnue, mais il est facile de l'entrevoir. Toutes les personnes qui s'occupent de monstruosités savent, en effet, qu'on voit parfois des Veaux à tête de bouledogue naître de Vaches très bien consti- tuées. Le fait s'est notamment produit l'année dernière au Jardin d'Ac- climatation, où les visiteurs étaient frappés de la conformation singulière de l'animal. H y avait là une anomalie susceptible d'être héréditaire si le sujet eût vécu et qu'on eût voulu en tirer souche. De semblables faits n'ont pas qu'un intérêt de curiosité, car les modi- fications devenues héréditaires peuvent porter sur des détails très impor- tants pour l'éleveur; par exemple, sur la laine, s'il s'agit de Moutons, ou sur le développement des muscles chez tous les bestiaux. Les Mérinos de Mauchamp, les Bœufs de Durham, ont pour souche un animal unique, dont les caractères, transmis à ses descendants, ont été fixés par la sélec- tion. Un des plus puissants moyens que nous ayons pour modifier les animaux, c'est donc l'observation et la mise à profit des hasards de la reproduction, (jui mettent à notre disposition certains sujets présentant certaines particularités Sjiéciales, les unes avantageuses, les autres inté- ressantes seulement au point de vue scientifique. — M. Camille Dareste a vu il y a une quinzaine d'années, dans le 3« SÉRIE, T. X. — Mars 1883. 12 178 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. département du Nord, un Veau à tête de bouledogue. La pièce a été montée; elle appartient au musée de Lille. Des photographies, qu'il en a fait faire à celte époque, seront mises par M. Dareste sous les yeux de la Société dans sa prochaine séance. — M.Jules Gautier donne lecture [d'un rapport fait au nom de la Commission de la chasse concernant un projet de loi sur les animaux nuisibles (voy. au Bulletin). Les conclusions de ce rapport sont mises aux voix et adoptées à l'una- nimité. L'assemblée décide que le rapport et le projet de loi qui l'accom- pagne seront adressés à M. le rapporteur de la Commission du projet de loi sur la chasse, à la Chambre des députés, à MM. les Ministres de l'in- térieur et de l'agriculture. — A l'occasion de la lettre de M. Mairet, qui signale une monstruosité observée chez un jeune Faisan, M. Dareste dit que les déviations des membres sont assez fréquentes dans les monstruosités artificielles. Ce fait se produit lorsque le corps de l'embryon est comprimé par l'amnios. Dans ces conditions, les membres peuvent être plus ou moins gênés, et alors tantôt ils s'atrophient plus ou moins, tantôt ils sont contournés, renversés de différentes façons. C'est probablement d'un fait de ce genre dont parle M. Mairet. — M. Jean Dybowski fait une intéressante communication sur la Bar- dane comestible du Japon (voy. au Bulletin). En réponse à des questions qui lui sont posées par M. le Président, ainsi que par MM. Millet et de Barrau de Muratel, M. Dybowski fait con- naître que cette plante ne craint pas la gelée et peut être cultivée dans tous les déparlements de la France, qu'elle ne paraît pas épuisante pour le sol et qu'elle peut réussir dans tous les terrains oîi croît la Bardane commune. — M. Decroix rend compte d'expériences faites sur l'utilisation, pour la nourriture des chevaux, du produit connu dans le commerce sous le nom de tourteaux de Cocotier. 11 résulte de ces expériences, faites sur des chevaux de l'armée, que les tourteaux peuvent être substitués à l'avoine dans une certaine proportion, sans inconvénient pour la santé et la vigueur des chevaux, et que cette substitution permettrait de réa- liser une économie annuelle de 50 francs par tète de cheval (voy. au Bulletin). — M. Hédiard demande si les tourteaux n'ont pas une forte odeur de rance. La farine de coco, fraîchement préparée, est très agréable au goût ; la maison Siraudin en a préparé des bonbons qui ont joui d'une certaine vogue ; mais cette farine rancit vile. — M. Decroix répond que les tourteaux ont, en effet, une rancidilé très accentuée; mais que néanmoins, les chevaux, qui généralement refusent tout d'abord cette nourriture, l'acceptent sans grande difficulté quand on les met à la diète pendant quelques heures. PROGÈS-VERtJAUX. 179 — M. le Président fait observer que la Commission d'hygiène hippique, chargée parle Ministre de la guerre d'étudier la question, n'a pas encore déposé son rapport. — M. Dybowski rappelle que les soi-disant tourteaux de Cocotier pro- viennent en réalité de VEUm Guineensis, dont le fruit a toujours un goût rance quand il n'est pas frais. — M. le Président désirerait savoir si la production est abondante et si elle pourrait subvenir aux besoins de la consommation, dans le cas où ces tourteaux viendraient à être réellement acceptés en Europe pour l'alimentation du cheval. — M. Dybowski estime que la production doit être considérable, attendu que des flottes entières de navires marchands vont chaque année sur les côtes de Guinée (patrie de VElaïs Guineensis) y chercher un plein char- gement des fruits, lesquels sont utilisés particulièrement à Londres et à Marseille pour l'extraction de l'huile. — M. de Barrau de Muratel rappelle que c'est cette huile qui est dé- signée dans le commerce sous le nom d'huile de palme. — M. Saint- Yves Ménard dit que les tourteaux d'Ëlaïs ont été essayés au Jardin d'Acclimatation pour l'alimentation des Vaches laitières. Sub- stitué dans une certaine proportion à la farine de maïs, ce produit a déterminé dans la production du lait une augmentation d'un vingtième environ. Aucune observation n'a été faite quant à la qualité du lait, auquel certains tourteaux oléagineux donnent un goût désagréable. Il en est de même des tourteaux de maïs provenant des fabriques d'amidon. Cette nourriture, qui augmente le rendement en lait d'une fagon extraor- dinaire, et qui amène un engraissement rapide, donne au Jait un goût d'ail très prononcé, et, détail assez curieux, ce goût ne se manifeste guère que vingt-quatre heures au moins après la traite. — M. Geoffroy Saint-llilaire fait connaître que la Compagnie générale des Omnibus a entrepris de son côté des expériences sur l'alimentation des chevaux avec la farine de Cocotier; on peut donc espérer avoir pro- chainement, pour apprécier la qualité de cet aliment, des renseigne- ments circonstanciés et émanant de sources absolument distinctes. — M. Hédiard dit qu'il existait il y a une quinzaine d'années à la Briche, près Saint-Denis, un établissement spécial pour la préparation de l'huile de coco. La bourre du fruit était utilisée comme crin végétal ; les coquilles servaient à fabriquer des boutons, et la sciure était em- ployée pour faire des fdtres. Cette exploitation, dont la cessation paraît avoir été amenée par des causes financières, pourrait, si elle était bien conduite, donner des résultats avantageux, attendu qu'on peut, dans certains pays, et notamment sur les côtes de Madagascar, se procurer des cocos en très grande quantité et au prix de 5 francs le cent, rendus au port d'embar([uement. — MM. Geoffroy Saint-llilaire, de Barrau de Muratel et Maurice Girard 180 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. insistent sur ce point, qu'il ne faut pas confondre le Coco, ou fruit du Cocos nucifera, qui est volumineux, enveloppé d'une sorte de crin vé- o-étal, avec le fruit de 1' Elais Gidneensis, qui est de la grosseur d'une forte noix, et dont on obtient l'huile de palme. — M. Hédiard dépose sur le bureau des échantillons d'Ignames, sur lesquels il donne les renseignements suivants : Dioscorea alata. — Cette grosse Igname à chair blanche est très fari- neuse et mucilagineuse; on la cultive beaucoup aux Antilles; celles que j'ai l'honneur de vous présenter viennent de la Martinique. La pellicule est un peu rugueuse, de couleur gris de terre; la forme est longue, de la grosseur et de la longueur du bras; les racines pèsent environ de 5 à 10 kil.; il y en a plusieurs variétés de cette taille, mais celle-ci est plus estimée. Les Ignames à chair violette se conservent beaucoup moins et ne sont pas aussi féculentes. On a cultivé en Algérie, il y a une dizaine d'années, l'Igname /am^es d'Éléphant, mais cette variété est très mal faite, et offre beaucoup de déchet à l'emploi, la qualité est aussi inférieure; il y a aussi le Diosco- rea Batata, cultivé aux environs de Paris, mais cette espèce est très coûteuse à cultiver à cause de l'arrachage difficile ; ses racines sont lon- gues et épaisses; elle est, du reste, très bonne en beignets, mais ne peut remplacer pour les amateurs des colonies la grosse Igname citée plus haut. Igname dite Cousscouche. — Celte espèce d'Igname que j'ai déjà pré- sentée en décembre dernier provient également de l'île Martinique. Le poids des tubercules est de 250 grammes à 1 kilog.; la forme en est conique par le collet, et s'élargit à la base en forme de main; la lon- gueur n'est guère que de 15 à 20 centimètres, ce qui en rend la culture bien plus facile que celle de la grosse Igname, dite de Guinée. La chair en est très blanche et fine, et elle est fort estimée des amateurs des colonies. La préparation varie suivant les habitudes de pays; on la fait cuire autour de la viande, en ragoût ou dans des soupes créoles, ou bien encore en beignets. Je crois qu'il serait possible d'en cultiver dans le midi de la France, parce que ses tubercules germent assez facilement pendant la traversée. Il ne m'a pas été possible d'en envoyer en Algérie, l'entrée en étant interdite. PROCÈS-VERBAUX. 181 SÉANCE GÉNÉRALE DU 30 MARS 1883. Présidence de M. Camille Dareste, membre du Conseil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, après quelques observations de MM. Decroix, Gautier, Millet et Saint-Yves Ménard. — A l'occasion du procès-verbal, M. Lespinasse dit que le produit livré par le commerce sous le nom de farine de cocotier est bien tiré réellement de la noix de coco, Cocos nucifera. Ces tourteaux, résidus de la fabrication de l'huile de coco, sont plus blancs que ceux provenant de la noix de VElaïs Guineensis, fruit qui fournit l'huile de palme et dont l'enveloppe de couleur grise donne aux tourteaux une nuance particu- lière. M. Lespinasse met sous les yeux de l'Assemblée des échantillons de ces différents produits. — M. de Rarrau de Muratel rend compte de l'essai qu'il a fait de la Rardane du Japon présentée par M. Dybowski dans la précédente séance. Préparée à la façon des salsifis, cette plante lui a paru très tendre et agréable à manger, bien que les racines fussent restées toute l'année en terre, et que, par suite," elles ne présentassent pas toutes les qualités qu'elles auraient pu avoir si elles avaient été plus fraîches. D'ofi l'on peut conclure qu'en saison convenable ce légume doit être réellement très bon et qu'il y aurait une grande ulilité à en propager la culture. — M. Millet fait remarquer que, d'après le procès-verbal, le rapport sur la destruction des animaux nuisibles serait envoyé seulement à la Commission de la Chambre de députés. Or notre confrère croit que, sur sa demande et celle de M. Gautier, l'assemblée avait décidé que des exemplaires de ce rapport seraient envoyés aux préfets et aux Conseils généraux, lesquels ont été saisis de la question par le gouvernement. — M. Gautier ne croit pas qu'on ait suivi cette marche lors de l'envoi du précédent rapport concernant la loi sur la chasse. Noire confrère ajoute qu'il s'est borné à demander qu'on procède pour le nouveau rapport, comme on l'a fait pour le premier, et qu'il ne voit pas d'avan- tage à adresser ce travail aux préfets pour en saisir les Conseils géné- raux. — M. Millet estime qu'il y a intérêt à envoyer le rapport au Ministre de l'Agriculture, ainsi qu'au Ministre de l'Inlérieur et au Préfet de po- lice, dans les attributions desquels la surveillance de la chasse se trouve placée. L'envoi serait non moins utilement fait aux Conseils généraux, qui ont été consultés par le Ministre de l'intérieur sur la proposition Labitte. — M. Gautier fait observer que si l'on adresse le nouveau rapport à 182 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. des personnes qui n'ont pas reçu le premier, il conviendrait de leur en- voyer également celui-ci, car les deux questions traitées sont connexes. — M. Saint-Yves Ménard rappelle que le rapport sur la chasse n'a pas été tiré à un nombre suffisant d'exemplaires pour que l'envoi puisse en être fait aux Conseils généraux. — L'assemblée décide le renvoi au Conseil de la proposition tendant à ce que le rapport sur la destruction des animaux nuisibles soit adressé à MM. les préfets des départements et aux Conseils généraux. — A l'occasion de communications faites dans la dernière séance con- cernant les bizarreries qui peuvent se produire chez les animaux et de- venir la souche de variétés ou races, M. llené de Sémallé rapporte avoir vu, rue Guénégaud, un Chat de grosseur monstrueuse, dont la taille atteint au moins trois fois celle d'un Chat ordinaire. Ce Chat, ajoute M. de Sémallé, aurait pu servir à former une race véritablement gigan- tesque. — M. Lespinasse estime qu'il ne faut pas s'exagérer la facilité de mo- difier la taille ou les autres caractères des animaux, attendu que bien souvent les produits de sujets présentant des anomahes très prononcées, rentrent complètement dans le type régulier. On sait, par exemple, que le nain américain, exhibé autrefois en public sous le nom de ïom Pouce, épousa une femme naine, elle aussi. Tous deux ensemble ne pesaient pas plus de 30 kilogrammes. Ce couple donna toutefois naissance à des enfants qui, devenus adultes, atteignirent la grandeur naturelle. — M. Saint-Yves Ménard constate que les faits d'atavisme sont indé- niables, et que toutes les anomalies ne deviennent pas forcément hérédi- taires ; mais il insiste toutefois sur ce fait que c'est bien par suite de l'observation et de la mise à profit de certaines anomalies qu'on est arrivé à Jixer des caractères d'une très grande importance chez beaucoup d'animaux. — M. le Président met sous les yeux de l'assemblée des photographies d'un squelette de Bœuf qui appartient au musée de Lille. Dans ce sujet la mâchoire supérieure est très raccourcie et la tête rappelle complète- ment celle d'un bouledogue. Cette déformation singulière, ajoute M. Da- reste, qui n'est pas extrêmement rare dans nos races bovines, et qui se produit en France d'une façon pour ainsi dire sporadique, se montrait à l'état permanent chez une race de Bœufs qui a existé pendant près de deux siècles dans l'Amérique du Sud sur les bords de la Plata. Cette race paraît avoir disparu; mais il en existerait une autre, de même na- ture, au Mexi(jue. — Des remerciements au sujet de leur récente admission sont adressés par M.M. Boyron, Fournier, Ganivet et Viéville. — La Société Néerlandaise de Zoologie remercie de l'envoi qui lui est fait, en échange de son journal, du Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation. PROCÈS-VERBAUX. 183 — M. Raverel-Wattel signale à celte occasion un Iravail extrêmement remarquable publié dans le recueil de la Société Néerlandaise de Zoolo- gie, par le bibliothécaire de cette Société, M. le D"" P. P. G. Hoek, de Leyde, concernant les organes génitaux de l'Huître. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Boyron, Tarlier, de Saint-Quentin, Vigour et Vincendon-Dumouliu. — M. Carpentier de Juvigny renouvelle sa demande d'un cheptel de Cerf nains de la Chine. MM. Pontet, Leprévost-Bourgerel, B. Gléraot, Jules Dodemont, Martel-Houzet, Desroches, Zeiller, vicomte de Mondion, Poin- signon, de Fiennes, Ferary, Nelson-Pautier, Giraud-Ollivier, comte de l'Esperonnière, Hiver, F. Laval, Aubet, Reynal, Fubre père et Guillin accusent réception et remercient des cheptels qui leur ont été adressés. — M. Dautreville écrit à M. le Président : « J'ai l'honneur de présen- ter à la Société la poudre loni-nutritive au sang de bœuf desséché, pro- duit nouveau, et qui expérimenté a donné déjà des résultats intéressants pour l'alimentation des Faisans, Faisandeaux et jeunes volailles. Cette poudre granulée est composée de sang de bœuf desséché représentant plus de cinq fois son poids de sang frais, et de farines. L'analyse que je vous communique, vous montrera d'ailleurs quelle peut être la valeur de ce produit, au point de vue de l'alimentation. Dans le cas où il vous serait agréable de faire un essai, j'en mettrais volontiers un échantillon à votre disposition ou à celle d'un des membres de la Société que ce pro- duit pourrait intéresser. » L'analyse de la poudre toni-nutritive granulée au sang de bœuf des- séché a donné : Albumine et fibrine !20,87 pour 100. Matières amylacées 67,83 — Eau 10,30 — Chlorure de sodium 0,70 — Acide phosphorique, chaux et potasse.... 1,20 — Peroxyde de fer 0,04 — » — M. Persin adresse les renseignements suivants sur les Cerfs-Co- chons : « Ces animaux sont superbes, on les a vus tous les 5 ensemble il y a quelques jours ; mais on les voit de temps en temps séparément ou 2 ou 3 ensemble. Ils ont tout à fait le caractère du gibier, nous avons tout l'hiver chassé les lièvres avec chiens courants dans le parc oîi ils sont ; il est arrivé quelquefois aux chiens courants de les attaquer, chaque animal chassé savait parfaitement prendre fuite et par ses ruses se dé- fendre de la paire de petits chiens avec lesquels nous chassions dans ce parc. > Du reste, depuis que nous les avons laissés dans le grand parc, on ne leur a plus donné aucune nourriture, et on leur en donnerait qu'ils ne viendraient pas la manger. 184 SOCIÉTÉ NATIONALE d'AGCLIMATATION. » Pendant 3 étés ot 2 hivers ils se sont suffi et sont magnifiques ; il me senibli! que l'expérience est concluante. C'est du vrai gibier de chasse, et mon parc en supporterait bien, je crois, sans inconvénient 2 ou 300 comme cela. » C'est bien dommage que j'aie eu du retard au début par l'erreur qui a été commise de me donner un mâle au lieu d'une femelle pleine : j'en aurais déjà une forte bande aujourd'hui. J'aurais bien demandé à la Société de me donner un deuxième cheptel, mais je crois que les statuts s'y opposent. Cependant il vaudrait bien mieux, dans l'intérêt du but qu'elle poursuit, donner 2 ou 3 cheptels à celui qui sait réussir plutôt que d'en donner à d'autres chez lesquels l'insécurité est à peu près certaine, .l'ai écrit, pour avoir des renseignements, à tous mes collègues qui ont de ces animaux, presque tous m'ont répondu qu'ils n'avaient pu réussir, tandis que je suis assuré maintenant que dans mon parc il n'en manquait pas un. » — M. Kiener écrit de la Forge (Haute-Alsace) : « Je m'empresse de vous communiquer un nouveau fait relatif au croisement entre les Co- chons d'Inde et les Hats. Un de mes voisins m'assure qu'il lui est arrivé souvent d'épier ses Cobayes et de les voir avec des Rats, avec lesquels ils s'accouplaient. Ici et à Wihr-au-Val (Haute-Alsace) le fait est très connu. Les personnes qui en avaient dans des écuries à porc ou dans des remises les ont vus disparaître un beau jour. Ce ne sont pas les Rats qui manquent à Paris, et je suis convaincu qu'après quelques tentatives vous serez édifié. Le fait est patent. J'en réponds. î — M. le marquis d'Hervey de Sainl-Uenys écrit à M. le Secrétaire géné- ral : « Depuis 18 mois, je n'ai plus qu'un Talégalle, mais il résiste depuis quelque chose comme une dizaine d'années, je crois, ou tout au moins sept à huit ans, ayant passé à l'état complètement sauvage, et ne s'appro- chant même plus des habitations. 11 me paraît donc évident que sans les deux hivers extraordinaires que nous avons eus, ces oiseaux se seraient parfaitement acclimatés. » — M. Leroy écrit de Fismes : « .Malgré la rigueur de la température, mes Perdrix du Boutan ont fait un nid sous leur abri, à portée d'une toufîe de lilas. Avant-hier, !) mars, je surpris la femelle jetant à plusieurs reprises avec son bec des pailles par-dessus son dos, ce qui, comme vous savez, est l'indice que la ponte a eu lieu ou va avoir lieu. Le mâle imita ce manège. J'allai voir au nid. Rien encore. Ce nid, comme le nid de la plupart des Perdrix percheuses. Colins, Perdrix de Chine, est creusé en terre en forme de four et recouvert d'un amas de brindilles de paille arrangées sans art et formant voûte. Le nid était vide. > Hier dans l'après-midi, vers quatre heures, je surpris le mâle faisant le guet auprès de l'entrée du nid. » Je ne pus m'assurer de ce qui s'était passé parce que la nuit vint et je ne voulais pas empêcher les Perdrix de se percher. .Mais ce matin, je PROCKS-VKF{ItAUX. 185 viens (l'entrevoir un œuf au Ibnd du irou qui sert de nid. Col œuf m'a paru très gros eu ég'ard à la taille des Perdrix du Houlaii i|ui est celle de noire l'crdrix grise, f/œuf est di; la g^rosstiur d'un œuf d(! pigtion. » J'espère beaucoup parce (jue les sujets sont admirables > A cette question nos correspondants ont répondu n 'g.itive- ment pour le plus gr.ind nombre el il paraît ressorlii- de ce qui nous est écrit qu'à l'exception de l'Algérie, où l'on trouve pures la race arabe et la race maltaise ; du déparlement du Nord, où l'on trouve à Lille un troupeau de Chèvres du Thi- ."'"■ ENQUÊTE SUR LA CHÈVEE. 211 bel, admis au concours régional de 1879; des Pyrénées- Orientales, où l'on trouve la Chèvre roussi llonnaise, noire avec le dessous du ventre presque blanc ; enfin des Vosges, où, nou& dit-on, il existe une race naine du pays, il n'existe pas en France de race de pays bien fixée. 11 serait seulement permis de conclure des renseignements qui nous sont envoyés que dans certains déparlements les Chèvres proviennent de telle ou telle ancienne race que l'on nous désigne comme race des Alpes, race d'Auvergne, race du Vivarais, race des Pyrénées, race poitevine ou limousine, sans que les individus dont il s'agit soient purs. Telle n'est pas cependant la réalité des choses et il existe certainement en France des races bien fixées et détermi- nées. La cinquième question « Description de la Chèvre » a donné lieu aux réponses les plus variées. Par cela même qu'il n'exis- tait pas de race bien caractérisée dans la plupart des lieux habiles par nos correspondants, le pelage de la Chèvre affecte toutes les couleurs depuis le blanc jusqu'au noir en passant par le roux, le fauve et le gris. Il est à remarquer seulement que la couleur blanche semble partout préférée à cause de celte croyance que le lait des Chèvres blanches est d'un goût plus délicat. Le poil varie de longueur comme de couleur ; il sem- ble être en général de 4 à 6 centimètres. Toutefois dans les Côtes-du-Nord on nous cite le chiffre de 15 centimètres, de 16 dans la Dordogne, de 10 à 12 dans l'IIle-et-Vilaine, et noUe correspondant de la Meuse nous écrit que les Chèvres du pays onl le poil long el dur, ayant à sa base un duvet fin, soyeux et très court. ^nEn ce qui concerne la taille, elle varie de 60 à 80 centimè- tres. Nous signalerons seulement le chiffre de 50 centimètres qui nous est envoyé de la Meuse et du Tarn. il ressort des réponses faites à la 6' question relative aux cornes, que partout en France on trouve à côté l'une de l'au- Ire la Chèvre avecxornes et la Chèvre sans cornes, mais dans des proportions différentes. C'est ainsi que les Chèvres à cornes existent en grand nombre dans le Cantal, le Cher, la 212 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. Dordogne,laHaule-Marne, la Savoie et le Tarn, tandis que les Chèvres sans cornes sont de beaucoup les plus nombreuses dans la Haute-Loire, la Mayenne, la Meuse, le Nord, l'Oise, le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Orientales, la Sarthe et la Vienne. Il convient d'ajouter que les Chèvres sans cornes jouissent d'une faveur plus grande que leurs sœurs, non seu- lement parce qu'avec elles les chances d'accident sont moin- dres, mais encore parce que, à tort ou à raison, leur lait passe pour être plus abondant et de meilleure qualité. La septième question est ainsi conçue : « Comment sont réparties les Chèvres du département? est-ce par troupeaux ou par individus isolés? » Les départements où les chèvres se trouvent réparties par troupeaux sont fort peu nombreux. Nous trouvons d'abord l'Algérie, où dans le Sud on rencontre des troupeaux considé- rables de plus de 1000 têtes de race arabe et des petits trou- peaux de 15 à 20 têtes de race maltaise aux environs des villes. Nous trouvons ensuite les Landes, les Basses-Alpes, les Pyré- nées-Orientales, la Savoie et le Puy-de-Dôme, départements où les propriétaires de quelques Chèvres les réunissent pour for- mer des troupeaux gardés par chacun d'eux à leur tour. Les autres départements possèdent bien quelques troupeaux, mais exceptionnellement, si l'on peut s'exprimer de la sorte. C'est ainsi que dans la Charente il n'en existe qu'aux environs de Ruffec et dans l'Aveyron sur les parties montagneuses ; dans le Cantal on en trouve seulement dans les pays de bois, et dans l'Allier seulement à l'établissement du docteur Boudard. Dans d'autres départements les troupeaux ne sont que de passage : ainsi dans le Tarn, dans le Nord et dans laDordogne où ils viennent conduits par des bergers basques. Partout ailleurs les Chèvres se rencontrent par individus isolés. Sans doute quelques propriétaires en possèdent plusieurs, qu'ils envoient en général pâturer avec les moutons, mais il n'y a pas à proprement parler de vrais troupeaux. Le nombre des chevreaux misbas (8' question) est générale- ment de 2. Toutefois il paraît, d'après nos correspondants, ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 213 que le nombre 3 est souvent atteint. Signalons enfin les re- marques de nos correspondants de la Sarthe, de la Vienne et de la Vendée, qui nous disent que ce nombre s'élève ex- ceptionnellement à 4 et même 5 Chevreaux, dans une seule portée. (9% 10' et 12' questions.) La durée de la lactation comme toutes les dernières questions ont donné lieu aux réponses les plus diverses et les plus contradictoires : ce qui est fort natu- rel, puisque les chiffres donnés sont ceux des localités habi- tés par nos correspondants. Il faudrait les citer ici un à un, ce qui est évidemment impossible. Tout ce que peut faire le rapporteur, c'est de vous dire que cette durée varie générale- ment entre quatre et huit mois. Le chiffre de neuf à dix mois est exceptionnel et nous est signalé dans les Ardennes, les Deux-Sèvres, l'Indre-et-Loire, l'Isère, le Loir-et-Cher, la Loire-Inférieure, la Lozère, les Pyrénées-Orientales, la Saône-et-Loire, la Sarthe, la Vienne. Enfin notre correspon- dant de Vaucluse nous écrit que la durée de la lactation est parfois de deux ans. Le chiffre de litres de lait donné journellement par une chèvre n'est pas moins variable. Il est de 2 à 5 dans presque tous les départements, le plus souvent de 2 ou 3. Certains de nos correspondants nous accusent cepen- dant des chiffres plus élevés. Aussi dans l'Ariège le rendement serait de 4 à 5 litres ; dans l'Ille-et-Vilaine, de 5 à 6 ; dans le Lot, de 6 à 8 ; dans le Morbihan, de 4 à 5 ; dans la Sarthe, de 5 à 6 ; dans la Seine-Inférieure, de 5; dans la Somme, de 4 à 5; dans, l'Yonne de 6. i : Le lait sert le plus souvent à la fabrication de fromages ; parfois il est vendu pour les enfants ou les malades; dans ce cas sou prix varie entre 10 et 30 centimes, mais le prix de 20 ou 25 centimes est celui qui nous a été généralement indiqué. Dans deux départements seulement, l'Ille-et-Vilaine et l'Isère, on nous a signalé son emploi pour la fabrication du beurre. Dans les Alpes-Maritimes, le litre vaudrait 40 centimes ; dans la Charente, 50 centimes; dans la Savoie, 40 centimes; dans la Vienne, 40 centimes. 214 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. En ce qui concerne la viande de Chèvre, nous ne parlons pas en effet ici de la viande de Chevreau, partout fort estimée, elle «stlout à fait dédaignée dans les départements suivants: Allier, Ardennes, Arièg.e, Basses-Alpes, Charente, Charente-Infé- rieure, Deux-Sèvres, Haute-Saône, Ilaute-Marne , Haute- Vienne, Hérault, Isère, Oise et Pas-de-Calais : elle est peu es- timée dans l'Ain, le Calvados, la Creuse, la Loire-Inférieure et le Puy-de-Dôme. Dans tous les autres départements elle paraît être employée à l'alimentation et parfois même aussi recher- chée que celle du mouton ; par exemple dans les Alpes-Mari- times où son prix est de 1 fr. 40 le kilogramme, dans l'Isère où son prix est de i fr. 20; dans le Loir-et-Cher, dans le Cantal, dans les Pyrénées-Orientales, à peu près partout le prix du ki- logramme est de 80 centimes, sauf dans la Sarthe, où, d'après notre correspondant, il ne serait que de 20 centimes. Enfin disons que dans certains déparlements la viande de Chèvre ■ est salée et même fumée, notamment dans la Haute-Loire, le Loiret, la Lozère, la Haute-Savoie. Il est assez difficile de résumer ce qui nous a été répondu, louchant le prix de la peau ; en effet, un certain nombre de 1 nos correspondants ont cru qu'il s'agissait de la peau du - Chevreau, d'autres de la peau de lu Chèvre, enfin le plus grand nombre s'est borné à mettre un chiffre en regard de la ques- tion, posée incomplètement du reste, sans dire s'il s'agit de , ]a peau de Chèvre ou de la peau de Chevreau. Disons cependant que ces chiffres varient de 1 à 5 francs et que les chiffres 2, 3 . et 4 sont les plus fréquents. Par exception nos correspondants nous signalent 5 pour le Morbihan, 5 à 0 pour la Haute- Savoie, 6 à 10 pour le Loir-et-Cher, 5 pour Saône-et-Loire et la Savoie. Cette peau est d'ailleurs employée à des usages di- vers selon les départements : c'est ainsi que nous en voyons : faire des outres dans l'Aveyron, la Lozère et le Tarn, des descentes de lit et des couvertures de harnais de chevaux dans la Meuse, des vêtements en Seine-et-Oise, etc., etc. Il ressort des réponses faites à la 11^ question « Comment nourrit-on les Chèvres ? » que dans les pays de montagnes seu- '. lement on les laisse vagabonder et que partout ailleurs on ne ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 215 les nourrit à la crèche que pendant la mauvaise saison: pen- dant la belle saison on les fait pâturer soit en les laissant aller avec les troupeaux de moutons, soit en les faisant paître atta- chées à un piquet. Par exception elles semblent toujours vagabonder dans l'Ille-et-Yilaine et les Landes, tandis qu'au Mont-d'Or on suit exclusivement le système de la stabulation. La 13" et la 14' question ont trait aux prix moyens de la Chèvre adulte et du Chevreau. Ici encore un résumé est très difficile à faire et il faudrait citer pour ainsi dire touts les chiffres qui nous sont envoyés. Disons pourtant que le chiffre le plus fréquent pour la Chèvre adulte est 25 francs, et que le prix varie entre 20 et 40 francs pour le plus grand nombre des départements. Les chiffres les plus bas sont 10 à 20 pour le départctement de l'Ain, 15 à 20 pour l'Allier, 10 à 15 pour la Charente-Inférieure, 12 à 15 pour les Côtes-du-Nord, 10 à 20 pour l'Eure, 15 pour les Landes et le Pas-de-Calais, 12 à 16 pour les Pyrénées-Orientales, 9 à 8 pour la Seine-Infé- rieure, 12 à 16 pour la Somme, et 10 à 14 pour la Vendée. Les chiffres les plus élevés sont 50 francs pour l'Aude et la Dordogne, 40 à 50 pour la Sari lie, 50 à 80 pour l'Yonne. Pour les Chevreaux le prix est de 4 à 7 francs presque par- tout, le plus ordinairement 5. H s'élève par exception de 8 à 1) francs dans le Tarn, de 7 à 8 dans la Vienne, de12 à 15 dans les Alpes-Maritimes, de10à15dans les Ardennes etl'Ariège, de 8 à 12 dans la Charente. En ce qui concerne la 15' et dernière question nous n'avons rien à dire. La question n'a pas été clairement posée. Elle est ainsi conçue: « Que rapporte une Chèvre en moyenne? » Or de quel rapport s'agit-il? Est-ce du rapport d'un jour ou du rapport d'une année? Est-ce du rapport brut ou du rapport net? Est-ce du rapport en lait ou du rapport total? ^'os cor- respondants ont compris les uns d'une façon, les autres d'une autre, un très grand nombre s'est abstenu de répondre. Nous avons, Messieurs, à vous rendre compte maintenant des deux questionnaires qui nous ont été retournés, l'un (l'Espagne, l'autre d'Alsace. Notre correspondant d'Espagne, M. Poileux, nous écrit 216 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. que les Chèvres sont très nombreuses dans ce pays, où il ne se trouve que peu de vaches laitières si ce n'est aux environs des grandes villes. Les Chèvres maltaises se rencontrent en liberté et isolées dans le Sud seulement, car les montagnes du Nord sont trop froides pour elles : elles sont en effet d'une nature délicate bien que donnant plus de produits que la Chèvre du pays. Dans l'Andalousie il est d'habitude de donner en cheptel des troupeaux variant de 100 à 1000 têtes. Le cheptelier paye tous les frais et ne doit au propriétaire du troupeau que le Chevreau ou sa représentation en argent ; la perte par morta- lité est partagée entre les deux parties contractantes. La couleur est grise pour les Chèvres maltaises et la taille 60 à 80 centimètres. Elle est fauve pour les races du pays, dont le poil plus court ne mesure que de 5 à 8 centimètres au lieu de iO à 15. Les Chèvres maltaises n'ont pas de cornes; au contraire celles du pays ont de longues cornes. La Chèvre du pays donne par portée un petit , rarement deux; la race maltaise au contraire en donne généralement deux. La quantité de lait donnée pendant 4- à 5 mois est de 3 litres environ pour la race du pays et de 6 litres pour la race maltaise, et le litre vaut de iO à 15 centimes. La peau des premières vaut 2 fr. 50, celle des secondes de 3 fr. 50 à -4 francs. Aussi le prix moyen d'une Chèvre du pays n'est-il que de 12 fr. 50, alors que celui d'une Chèvre mal- taise atteint de 25 à 30 francs. Quant au Chevreau, il vaut de 3 à 5 francs, la peau comprise. Enfin notre correspondant d'Alsace, M. Nardin, nous écrit qu'il y a dans la vallée des Vosges un assez grand nombre de Chèvres appartenant à diverses races, le plus souvent d'un pe- lage noir et blanc, ayant pour la plupart de longues cornes. Ces Chèvres donnentun ou deux Chevreaux, rarement trois, et fournissent en moyenne 3 litres de lait par jour pendant quatre mois. Ce lait se vend 20 centimes le litre. La peau vaut 75 cen- times à 1 franc, et les propriétaires consomment eux-mêmes la viande : ils augmentent le rendement du lait en nourrissant la Chèvre avec les eaux grasses du ménage, auxquelles on ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 217 ajoute de la farine noire, du son ou des débris de légumes, La Chèvre adulte vaut 30 francs environ et le chevreau 3 francs au maximum. Le rendement moyen d'une Chèvre est de 100 francs, si on la garde moitié du temps à l'écurie. Nous arrivons, Messieurs, aux observations qui ont été faites par nos correspondants. Disons d'abord que le but même que se propose la Société d'Acclimatation, l'admission de la race caprine dans les concours régionaux et par suite son amélioration, a été assez vivement critiqué. Là où le terrain est riche et divisé la Chèvre n'appartient qu'aux pauvres gens et vit évidemment aux dépens de ceux qui possèdent. Là encore où l'industrie beurrière est en pleine activité, l'espèce bovine seule est en honneur. Partout enfin, dans une mesure qui varie avec les productions du sol, la Chèvre cause des dégâts et c'est ainsi qu'il est d'usage dans les baux d'interdire aux fermiers d'avoir des Chèvres, dans plusieurs départements, par exemple le Cher, la Vienne et les Deux-Sèvres. Doit-on cepen- dant en conclure qu'il n'y ait pas lieu d'améliorer l'espèce caprine ? Nous ne le pensons pas. De ce que l'élevage de la Chèvre n'a pas de raison d'être dans certains départements, il ne s'ensuit pas qu'il ne présente pas des avantages consi- dérables dans d'autres et la question de dommage est absolu- ment distincte de celle de l'amélioration de la race. Parmi les observations intéressantes qui nous ont été faites nous avons à vous signaler les suivantes : dans certains dé- partements, le Loiret, le Lot, le Maine-et-Loire, le Nord, le Pas-de-Calais, la Seine-Inférieure, le Tarn et la Vendée, il est d'usage de conserver un Bouc dans les étables. 11 est destiné à chasser le mauvais air et à garantir les troupeaux des épi- démies. Notre correspondant du Cantal nous signale une Chèvre bonne laitière sans avoir jamais porté. On l'a trait pendant un certain temps trois et quatre fois par jour et elle a fini par donner un lait un peu moins abondant que celui d'une Chèvre en rapport, mais très supérieur comme goût. Notre correspondant de l'Aude nous apprend qu'un pro- 218 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. priétaire de ce département possède un troupeau d'environ 100 têtes de Chèvres d'Angora. Un de nos correspondants du Nord nous signale un trou- peau de Chèvres du Thibet dans ce département et nous dit que cette Chèvre a figuré à Lille dans le concours régional de 1879. Dans l'Isère, les Chèvres sont, paraît-il, tout à fait dégéné- rées, à tel point qu'il est difficile de trouver un Bquc et l'on nous écrit que le perfectionnent de la race rendrait un grand service aux habitants des coteaux. Notre correspondant de Gien nous dit que, dans le Loiret," on a souvent une Chèvre nourrice pour les veaux. Il nous cite une Chèvre grasse dont on retiré 50 chandelles blanches et bonnes. Notre correspondant de la Haute-Loire estime que la Chèvre du Thibet s'acclimaterait bien dans le département. Plusieurs personnes ont tenté l'expérience et cette expérience a réussi. Il ne nous reste plus, Messieurs, qu'à vous parler brièvement des lettres qui nous ont été adressées. Nous voudrions pou- voir en donner ici des extraits, qui seraient certainement fort intéressants, mais l'étendue de ce travail , déjà fort long, nous l'interdit. Nous nous bornerons à citer celles de M. le marquis de Pruns. pleine de détails intéressants, celle de M. de Con- fevron, qui signale l'utilité de la Chèvre au point de vue de l'allaitement des nouveau-nés, de M. Rodiez (de Briare), qui nous donne des renseignements sur la viande de Chèvre, de M. delaRochebrochar (Deux-Sèvres), qui énumère les inconvé- nients de l'espèce caprine, de M. Ferté (Aisne), qui nous signale le fait d'une Chèvre élevée chez lui et ayant atteint le poids énorme de 84 livres, de M. Vincendon-Dumoulin, de MM. les sous-préfets d'Uzès, de Nogent-le-Rotrou, de Pont-Audemer. Nous avons également à signaler à votre attention une lettre de M'"' Muller(de Blois), qui nous écrit qu'en 1872 elle a fait l'acquisition d'une Chèvre, qui, croisée avec un Bouc du Liban, noir brillant, a donné naissance à une véritable race, qui malheureusement s'éteint aujourd'hui. Tous les produits ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 219 élaient noirs ou couleur de chevreuil. Notre correspon- dante ajoute qu'elle pourrait exposer, si la race caprine élait admise dans les concours, un magnifique Bouc, issu de la race du Thibet qu'elle possède aujourd'hui. Elle nous enseigne de plus qu'elle a fait usage du lait de Chèvre pour l'élevage si dif- ficile des jeunes chiens de race, et s'en est fort bien trouvée, tous ses élèves ayant évité la maladie. Enfin nous avons encore à citer la lettre de M. Pautier, qui nous écrit que, dans la Dordogne, la race limousine à cornes longues, sous poil brun de 4 centimètres environ de longueur, s'est conservée dans certains cantons, tandis que l'on rencontre dansles autres une Chèvre à cornes plus courtes croisée de la race limousine avec la race du Poitou, du Béarn et d'Auvergne. Ces dernières, qui appartiennent à des pasteurs, sont rencon- trées par troupeaux de 25 à 30 têtes; leur poil est un peu plus long et de couleurs diverses. Les pasteurs tiennent à ces croi- sements, parce que les sujets sont plus faciles à élever que ceux de races pures, dont des troupeaux entiers disparaissent emportés par le mal du genou. Ces pasteurs font aussi quel- ques croisements des races limousine et anglaise. Tel est, Messieurs, le résumé aussi exact et aussi complet que possible de la correspondance échangée au sujet de la chèvre. En terminant, votre rapporteur croit devoir vous pro- poser de voter les remerciements les plus vifs à nos correspon- dants, dont l'empressement à nous répondre a hautement dé- montré l'intérêt qu'ils portaient aux travaux de la Société d'Acclimatation. LE CYGNE DE BEWIGK (CYGNUS MINOR) Par M. Gabriel ROGERON I Le Cygne est le plus beau, le plus noble, le plus majestueux des oiseaux d'eau, en même temps que le plus gracieux et le plus séduisant; depuis les temps les plus reculés, et Léda est là pour le dire, on est d'accord sur ce point. Malheureuse- ment, bien qu'il soit universellement apprécié, il n'est pas toujours possible de lui fournir un séjour, un cadre digne de lui, un lac d'azur où, comme à Genève (1), il puisse mirer son blanc plumage, ni même un étang, une simple pièce d'eau assez vaste pour qu'il n'y semble pas à l'étroit, soit pour lui- même, son état de santé, de propreté, soit surtout pour l'œil du visiteur. Car, bien que ce bel oiseau soit sobre et frugal, qu'il occupe consciencieusement une partie de ses journées à pourvoir à sa subsistance, à brouter l'herbe à terre, à sarcler la tête sous l'eau les plantes marécageuses, il a encore besoin d'une nourriture plus substantielle, que nécessite en assez grande quantité sa puissante corpulence. Aussi regarde-t-on le plus souvent à une dépense vraiment appréciable, entière- ment de luxe, et se rabat-on, bien qu'à regret, sur de sim- ples (Canards, mieux en harmonie d'habitude avec la capacité soit de nos pièces d'eau, soit de notre budget des dépenses inutiles. Le motif donc pour lequel, en général, l'on ne fait pas au Cygne l'accueil qui lui est dû, pour lequel il est resté l'apa- nage à peu près exclusif des résidences princières, des jardins et établissements publics, en un mot, ce qui l'empêche d'être répandu comme mériterait de l'être celui que Bufîon a appelé (1) A Genève, autour de l'île Jean-Jacques Rousseau, on entretient un cer- tain nombre de ces oiseaux. LE CYGNE DE BEWICK. 221 le roi des oiseaux d'eau, c'est sa forte taille. Tout en conser- "/ant le Cygne ordinaire pour les grands espaces où on le place d'habitude, et où d'ailleurs il fait si bien, il eût donc fallu trouver un type plus réduit, moins encombrant, mieux appro- prié avec les modestes pièces d'eau dont nos jardins particu- liers sont d'ordinaire pourvus. Eh bien, ce type plus restreint existe, et dans des condi- tions exceptionnelles de beauté, de grâce et d'élégance. Une seule chose étonne, c'est qu'aune époque où l'on s'est le plus particulièrement occupé d'acclimatation, où les jardins zoo- iogiques font venir des coins du monde les plus éloignés Faisans, Bernaches, Canards, non seulement jusqu'à ce jour l'on n'ait pas encore acclimaté ce magnifique palmipède, dont le besoin comme oiseau d'ornement, dans les conditions que j'ai indiquées, se fait si vivement sentir, mais que son nom ne soit pas même inscrit au catalogue du Jardin d'acclimata- tion de Paris. Ce Cygne est le Cygne de Bewick, entièrement blanc, sauf ses pieds d'ébène et son bec de même couleur avec la base jaune, mais d'une blancheur tellement éclatante, qu'elle fait paraître jaune le Cygne domestique et le Cygne sauvage ordi- naire. A l'œil, d'un tiers moins grand seulement que ces deux derniers , il atteint en réalité à peine la moitié de leur poids ; il pèse 7 livres environ, tandis que le poids des autres est de 12 à 15. Ce qui le fait paraître relativement plus grand, c'est qu'il est plus svelte, plus long de cou que le Cygne sauvage ordinaire. Son port à terre est beaucoup moins lourd, moins embar- rassé que cîlui de ses congénères, et dans l'eau il possède tout autant de grâce et de majesté. A peine du poids de l'Oie domestique, il semble le double de taille par l'épaisseur de son plumage et sa tournure élancée. En un mot, c*est un oiseau splendide, d'une grande élégance, possédant toutes les qua- lités des Cygnes blancs, les seuls vraiment beaux, je dirais même les seuls vraiment Cygnes, et les possédant à un haut degré, car il est plus dégagé de formes, et sa blancheur a plus d'éclat; son plumage est en outre entièrement blanc, sans 22'2 S0CIÉT15. NATIONALE D ACCLIMATATION, excepter même la lêle, chez le Cygne ordinaire souvent for- tement teintée de roux. 11 mériterait donc mietixqu'aucun de ceux de sa race le nom de Ci/gne blanc par excellence. Son chant, hien que moins fort que celui du Cygne sauva^ie, est doux et harmonieux; en cela il l'emporte sur le Cygne do- mestique, dont le cri presque nul est en même temps rauque et désagréable. Il serait donc fort utile (!t fort intéressant d'acclimater une espèce aussi précieuse à tous égards, et l'on y parviendrait siîreménl en faisant venir des jeunes élevés en captivité, des pays qu'ils habitent. Nul doute que l'on réussît auSsi bien à les faire reproduire qu'on y est facilement parvenu pour le Cygne sauvage, avec qui le Bewick a une gi-ande aflinité : le Cygne sauvage étant élevé en assez grand nombre en Russie, où on le préfère, comme oiseau de luxe et d'agrément,, à -notre espèce domestique (l). .:;!•;;. ;'• Mais où trouver, comment se procurer, faire venir cet oi- seau? Pour cela, je m'en rapporterais au savant directeur de notre Jardin zoologique d'acclimatation de Paris. Du moment que l'importance dé l'acclimatalion de cette espèce serait re- connue, il faudrait bien faire tous les sacriticespour y par- venir, comme on a dû le faire déjà nombre dé fois pour d'aur :tres races d'animaux, d'oiseaux, d'un mérite recortnu.-îojnjib Cet oiseau doit d'ailleurs habiter en certain nombre darlg ;le noyd de l'Europe, avec le Cygne chanteur, comme ses émi- grations assez fréquentes che^ nous (en Maine-et-Loire) dans ces derniers hivers, semblent l'indiquer. Jusqu'alors, il est -Vrai, sa présence n'y avait jamais été certainement constatée, et notreMusée d'ornithologie d'Angers, un des plus riches et iies.plùs complets de France, grâce aux soins de son habile directeur, M. Deloche, le comptait parmi les quatre espèces d'Europe manquant à sa collection ; mais, pendant les grands i'roids de l'hiver 1878 à 1879, il en lut remarqué chez nous différents passages, entre autres un couple qui séjourna quel- que temps à peu de distance d'Angers, dans les comnmnes s (1) lîrème, Oiseaux, V volmiie, p. 726. LE CYGNE DE liEWICK. ^î>S marécageuses el riveraines de la Loire, de la Dagenière et de Labohalle. L'un fut tué, et l'on fut assez heureux pour briser seulement l'aile au second. Un troisième, jeune de l'année, faisant partie d'une bande plus nombreuse, fut aussi démonté aux Ponts-de-Cé, près Angers; il n'avait également que l'aile cassée et eût pu facilement être conservé vivant ; mais le chasseur, peu expert en histoire naturelle, ignorant la valeur de sa capture, l'acheva pour en faire un maigre rôti ; ce ne fut que plus tard seulement qu'il se désola vainement, ayant appris le proht qu'il eût pu tirer de son oiseau vivant. L'année suivante, pendant l'hiver exceptionnellement ri- goureux de 1879 à 1880, cette espèce lit encore son appari- tion dans les environs d'Angers. Un jour de marché, j'en aperçus un à un étalage d'un marchand de gibier ; j'allai vite prévenir notre savant directeur du Musée d'histoire naturelle, qui put par là même combler l'un des quatre vides qui, dans sa riche collection des oiseaux d'Europe, lui tenaient tant au cœur. M'étant informé près du marchand de la provenance de cet oiseau, le chasseur lui avait dit avoir tiré sur une bande de quatre Cygnes, dont l'un avait été tué et un aulie seulement blessé. A mon retour chez moi, quel fut mon élonnement de trou- ver le susdit chasseur avec son animal blessé! Celait un jeune de l'année, encore entièrement gris de plumage, et, bien que parvenu à sa grosseur, ayant encore conservé le piaulement des poussins. La pauvre bête semblait peu endommagée, mais néanmoins guère solide sur ses jambes. Cette allure molle et peu assurée était, m'assura-t-on, le résultat de la fatigue et du froid extrême; toute la matinée il l'avait eu dans son panier, mais il ne doutait pas que, réchauffé un peu, il ne reprît bien vite toute la vigueur qu'il avait encore le matin au sortir de chez lui. Je comprenais toute l'importance de celte acquisition ; aussi, ne demandant pas mieux que de me laisser persuader, le marché fut vite conclu, et je me hâtai de transporter mon malade dans un appartement chaud, où je lui ingurgitai les cordiaux les iJusfortitiaats, telsque bouillon, viande crue, etc. 224 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. D'abord mes soins semblèrent produire d'heureux résultats ; mais bientôt il se remit de nouveau à chanceler sur ses jambes, et le lendemain matin il était mort. L'ayant alors pesé et ayant constaté que son poids était de six livres et demie, je l'en- voyai rejoindre son compagnon d'infortune à notre Musée d'histoire naturelle. Ainsi, pour qu'en deux années seulement il ail été abattu, à ma connaissance, cinq Cygnes deBewick, et cela à plusieurs reprises différentes, dans un aussi petit rayon, il faut vrai- ment que cet oiseau ne soit pas d'une extrême rareté dans les contrées septentrionales de l'Europe, et il semble qu'avec les puissants moyens que possèdent nos Sociétés d'acclimatation, il serait fort possible de répandre cette espèce comme elle mérite de l'être. II Reste à savoir si cette espèce d'un physique si séduisant posséderait en captivité les mêmes qualités morales, la même sociabilité que ses congénères; là-dessus je demanderai la permission de citer ma propre expérience. .l'ai dit que les deux premiers Bewick observés en Maine- et-Loire l'avaient été dans les deux communes limitrophes de la Bohalle et de la Dagenière. C'est dans les marais de cette dernière que pendant les grands froids de l'hiver s'abattit, fuyant les régions du Nord, un couple de cette espèce, et vraisemblablement le mâle et la femelle, à en juger par l'attachement témoigné par l'un d'eux à son malheureux compagnon, lorsque celui-ci eut succombé sous le plomb d'un chasseur de canards. Au lieu de continuer seul sa migration vers le sud, de fuir ces contrées inhospita- lières, où sans doute d'ailleurs ils n'avaient dû faire qu'une simple halte pour reprendre bientôt leur vol vers des régions plus tempérées, toute la vallée de la Loire étant couverte alors d'une épaisse couche de neige et de glace, pendant plus d'une semaine que dura encore cette température rigoureuse, il ne quitta point le pays témoin de son infortune; et, quand le LE CYGNE DE BEWICK. 225 froid eut cessé, il était encore là, errant et solitaire, tantôt naviguant seul dans ces vastes marais'débordés, tantôt faisant d'immenses rondonnées dans les airs. Chaque matin on le voyait s'élever à une très grande hauteur, au moins à celle du passage des Oies sauvages lors de leurs migrations, telle- ment haut, m'ont rapporté les gens du pays, que son cou mince disparaissait presque ; on n'apercevait plus guère que sa tête en avant de son corps ; on eût dit d'ailleurs une Oie sauvage, n'était la longueur démesurée de ce cou et ses ailes plus arrondies à leur extrémité. Il semblait alors qu'il était parti pour toujours vers les régions du Nord; mais quelques heures plus tard on le voyait arriver également dans les nues, et après avoir tournoyé quelques instants pour descendre, il s'abattait de nouveau, ses grandes ailes étendues, superbes à voir se replier lente- ment, et seulement après qu'il s'était reposé. Évidemment ce sol malheureux, où il avait perdu le plus cher compagnon de son existence, lui tenait au cœur; il eût voulu le quitter, il ne le pouvait pas, il y cherchait quelque chose qu'il n'y re- trouvait plus! On se figure combien un tel oiseau, avec ses allées et ses venues, devait exciter de convoitises, et comme tous les chas- seurs, si nombreux dans cette contrée marécageuse, furent sur pied pendant près de trois semaines qu'il resta ainsi dans le pays. Il avait des raisons pour être défiant, mais il avait affaire à trop forte partie. Déjà manqué une première fois près de la gare de la Bohalle, une chevrotine finit par l'at- teindre à l'aile sur cette même commune. Cependant il n'était que démonté, et il nageait avec une telle vigueur, que ce fut avec une difficulté extrême que le bateau à sa pour- suite, monté cependant par plusieurs vigoureux rameurs, finit par le gagner de vitesse. A quelques jours de là, son possesseur arrivait chez moi, m'apprenant qu'il m'apportait un Cygne sauvage; il l'avait dans sa carriole à ma porte. J'allai voir; effectivement, j'a- perçus une tête et un inrimense cou émergeant d'un panier recouvert, sur le dessus duquel on avait ménagé un trou. H 3« SK«iE, T. X. — Avril KSSIJ. "^ ^5 g •226 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. était sale et en mauvais état. Cet oiseau, d'ailleurs nouvelle- ment blessé, vivrait-il? Je possédais déjà bien assez de bêtes de toutes sortes, pour ma tranquillité, sans y joindre en- core calle-là. Je dois ajouter que, ne voyant pas le corps et n'ayant nullement remarqué les différences caractéristiques du bec, j'étais loin de me figurer avoir affaire à un Bewick. Je congédiai donc le plus poliment qu'il me fut possible ce brave homme, lui indiquant le directeur de notre Jardin des plantes, et à son défaut un marchand d'oiseaux de ma con- naissance qui pourrait peut-être le lui acheter. Cependant à peine était-il parti que j'étais tourmenté de regrets; un simple Cygne sauvage vivant n'est point déjà ibier tant à dédaigner. Aussi dormis-je mal, et dès le matin ['étais au Jardin des plantes, où j'appris avec plaisir que le directeur n'avait point non plus su profiter d'une telle oc- casion ; de là je me rendis chez le marchand d'oiseaux, où je retrouvai ma bête, m'estimant trop heureux de l'acheter le triple du prix qu'on me l'eût sans doute faite la veille. Maintenant ce noble étranger chez moi survivrait-il à ses hlessures, et surtout au chagrin d'être devenu captif? Com- bien, hélas ! avais-je perdu de Canards blessés dans les mêmes conditions, n'ayant également point voulu survivre à leur liberté! Dès le lendemain, je fus rassuré à cet égard : je m'a- perçus qu'il avait touché, bien que discrètement, à l'écuelle de pain mouillé servie à son intention. Mais une difficulté se présentait : pouvais-je toujours le tenir enfermé dans la pièce où je l'avais mis sous verrous? Car je ne suis nulle- ment enclos; si je lâche cette bête sauvage, qui souffle et rhérisse ses plumes à mon approche, elle va s'enfuir dans la campagne, s'y perdre ou s'y faire prendre. Pendant plusieurs semaines, je l'attachai donc au bord de l'eau par le pied à une longue corde, et chaque soir, à son grand déplaisir, je reti- .rais la corde et l'animal avec, toujours persuadé que sa der- nière heure était venue, et poussant des cris navrants, faisant les efforts les plus désespérés pour m'échapper. Je le prenais -dans mes bras et l'emportais dans sa chambre. Bientôt à sa manière d'être, à son air paisible et tranquille LE CYGNE DE BEWICK. 227 à mon approche dans la journée (car le soir, à ma vue, la pensée de se voir attiré de force le mettait toujours hors de lui), je vis bien que je pourrais désormais compter sur mon prisonnier. Un jour, je cessai donc de l'attacher; il se rendit de lui-même à ma pièce d'eau et n'en bougea pas. Restait une difficulté ; les chiens et les voleurs m'ont appris à être prudent : chaque soir je renferme mes oiseaux d'eau à double tour de clef ; mon Bewick voudrait-il se conformer à cette étroite partie de mon règlement? Chose singulière, ce Cygne, qui, moins d'un mois avant, en pleine liberté, ne connaissait que sa volonté, dès ce premier soir emboîtait le pas de mes autres palmipèdes, se rendait docilement devant nous à son local de nuit. Et il en fut de même les jours suivants. S'il était à terre quand on venait le chercher, il n'essayait nulle- ment de retourner à l'eau pour nous échapper; s'il était dans ma pièce d'eau, il suffisait de frapper quelques coups de gaule pour l'en faire sortir aussitôt. Néanmoins, en obéissant ainsi, il prenait très fort sur lui- même. On voyait que la chose lui coûtait infiniment, qu'il eût mille fois préféré coucher sur l'eau, à la belle étoile. Aussi, lui qui passait sa journée dans l'eau ou à paître, sur les pelouses, au bord, le soir venu cherchait-il à se dissimuler de son mieux, et, malgré l'éclat de son plumage, il fallait le chercher souvent assez longtemps pour le découvrir ; tantôt on le trouvait blotti et sans mouvement derrière un arbuste, tantôt dans l'intérieur d'une touffe de jonc, dans une petite excavation, et il était étonnant de voir le peu de place qu'il y tenait. Plus d'une fois je me désolai, le croyant perdu, et j'étais presque dessus quand je le retrouvais. Certains jours, soit que nous devançassions un peu l'heure ordinaire, soit qu'il eût lui-même tardé à se cacher, dès qu'il nous apercevait avec nos gaules réglementaires, on le voyait s'aplatir, marcher à plat ventre, se dissimuler derrière les buissons jusqu'à ce qu'il eût rencontré une cachette favorable, et il faut dire que, dans les cas assez rares où il était ainsi pris au dépourvu, il semblait faire assez peu de fond de noire intelligence, et il ^S SOCIÉTÉ X\TIO>'ALE d'aCCLIHATATIO'. se tapissait derrière un objet, qui souvent lui dissimulait à peine la moitié du corps. Quand il se croyait bien caché ainsi, il vous attendait avec la plus ferme confiance, et il fal- lait être dessus pour le faire déloger. Alors seulement, voyant qu'il était bien certainement vu, il se levait de lui-même et prenait tranquillement le chemin de son dortoir, où jamais, en y arrivant, il ne se trompait de compartiment. Mais c'était seulement des personnes ayant Thabilude de le faire rentrer, et à cette heure spéciale de la journée, qu'il se cachait ainsi ; à tout autre moment, il ne semblait faire nulle attention à notre présence. Il rentra ainsi six mois environ avec une extrême docilité ; après quoi, comme les serviteurs qui, au bout d'un certain temps, confiants dans la mansuétude de leur maître, com- mencent à s'émanciper, il cessa de montrer la même bonne volonté, puis un soir refusa carrément d'obéir. Comme je croyais qu'il y allait de sa vie, tous les bras et toutes les gaules disponibles furent mis à réquisition pour frapper l'eau : rien n'y fit ; j'espérais que cet entêtement ue serait que momen- tané, qu'il reviendrait à des sentiments plus conciliants ; mais il fallut dès lors renoncer à tout espoir de le rentrer pendant la nuit. A part cette question de dortoir, où nous différions entiè- rement, et pour laquelle il amis, je trouve, trop d'obstination, mon Bewick est vraiment fort aimable. Encore jusqu'à ce jour les événements lui ont-ils donné raison; voici plus de quatre ans qu'il couche au milieu de ma pièce d'eau (tou- jours au juste milieu, par prudence), et il ne lui est arrivé aucun fâcheux accident. Sa taille en impose, paraît-il, aux Chiens, qui s'acharnent contre mes seuls Canards, et les vo- leurs sont persuadés avec raison que sa chair est trop coriace pour compenser les graves inconvénients pouvant résulter de l'essai de sa capture. Mieux que cela, il m'a rendu et peut me rendre encore de signalés services, en m'avertissant au milieu de la nuit de la présence de Chiens poursuivant mes Ca- nards non rentrés par hasard. Quand il pousse un certain cri, je puis être sûrqu'il se passe LÉ CYGNE DE BEWICK. 229 quelque chose d'étrange sur ma pièce d'eau. En cela il diffère complèlemenl de mes autres palmipèdes, môme les plus loquaces, tels que les Casarkas de Paradis, qu'un vrai dan- ger paralyse et rend absolument muets, comme ils m'en ont donné la preuve, alors que lui ne cessait d'appeler au secours. Môme nouvellement capturé, jamais il n'a été farouche; il se laissait approcher à la distance ordinaire des oiseaux de basse-cour; mais à son regard peu sympathique, à ses souffle- ments, au hérissement de ses plumes, on pouvait voir qu'il détestait cordialement les humains, à qui il devait, outre la perte de son regretté conjoint, celle de la liberté et d'une de ses ailes. Le pain qu'on lui présentait, il refusait obstinément même de le regarder ; il fallait qu'il fût absolument seul pour y toucher. Mais il ne tarda pas à s'apercevoir que j'étais étran- ger à ses malheurs ; qu'au contraire, je ne cherchais qu'à le consoler, à lui rendre la vie plus douce, et la confiance en moi ainsi qu'en les personnes de la maison lui vint bien vite, jus- qu'à venir à nous et à nous avertir par un petit grognement de reproche que l'on avait tardé à remplir sonécuelle de pain, car cet enfant gâté, à la différence de mes autres palmipèdes, ne mange que du pain; encore, pour qu'il veuille bien l'accepter, faut-il qu'il soit noir; le blanc lui répugne, et il aimerait mieux brouter l'herbe vingt-quatre heures de suite à côté, que d'y toucher. Je suis convaincu d'ailleurs que c'est par caprice, parce que c'est la première nourriture qu'on lui a servie, à laquelle il a pris goût, et qu'il mangerait fort bien comme les autres Cygnes de l'avoine et toutes sortes de graines, si on le mettait à la diète quelques jours; mais je n'ai pas eu le cou- rage de le contrarier à ce point. Il est si sobre d'ailleurs ! Une demi-livre de pain noir lui suffit amplement chaque jour ; encore là-dessus mes Canards prélèvent-ils bon nombre de bouchées, et c'est d'ailleurs l'unique occasion où il se dé- partit un peu de sa placidité ordinaire et de sa mansuétude à l'égard de ses compagnons de captivité. En effet, comme on le sert sur un socle élevé, où ses compagnons plus petits ne peuvent atteindre, quand il dîne, tout un peuple de parasites et de mendiants font cercle autour de lui, alin de guetter les 230 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. morceaux et miettes pouvant lui échapper, et même de lui arracher quelquefois du bec. Là-dessus sa sei,2:neurie n'en- tend pas plaisanterie et inflige aussitôt une juste, mais, il faut dire aussi, peu sévère correction, consistant, suivant les cas, en un léger coup de bec, et, dans les grandes circon- stances, à prendre l'impertinent par les plumes du dos et à le rejeter en arrière Il me resterait encore beaucoup à dire si je voulais faire une énumération complète de toutes les aimables qualités du rare et bel oiseau dont je suis l'heureux possesseur; mais, par cet individu isolé, pris entièrement à l'état sauvage et s'étant si parfaitement apprivoisé, il est facile de prévoir que cette espèce, l'une des plus belles du genre, ne le céderait nulle- ment en sociabilité à ses congénères, et que son acclimatation comblerait un vide dans nos jardins et nos pièces d'eau. LES IRRIGATIONS AU POINT DE VUE DE LA CONSERVATION DU POISSON Par M. C. BAVERET-AVATTEL , Secrétaire des séances. Le départemenL de l'Agriculture, dans sa sollicitude pour les grands intérêts qui lui sont conliés, se préoccupe en ce moment des voies et moyens de répandre le plus possible l'usage des irrigations. Tout en applaudissant à la propaga- tion d'une des pratiques les plus propres à augmenter la richesse agricole du pays, on ne peut s'empêcher d'entrevoir, dans les travaux projetés, une nouvelle cause certaine et très active de dépeuplement pour les rivières, si quelques me- sures protectrices du poisson ne sont pas prises. Assurément, l'utilisation des eaux pour les besoins de l'a- griculture, — aussi bien que l'amélioration des voies naviga- bles ou la création de forces motrices pour les usines, — présente aujourd'hui une importance qui doit primer celle de la production du poisson. Mais il est grandement à désirer que cette dernière ne soit pas entièrement sacrifiée. Or les irrigations ont été et sont encore tous les ioursune des causes les plus actives de la disparition du poisson. Les irrigations, en effet, ont lieu au printemps, avant la fenaison, et en été,- après celte opération. Elles sont arrêtées en juin et en sep- tembre pour permettre la rentrée des récoltes, et c'est là qu'est le danger. Voici pourquoi : Les tout jeunes poissons, les alevins, affluent toujours dans • les fossés des prés au moment des irrigations. Ils y sont at- tirés par les proies nombreuses et faciles qu'ils y trouvent, et aussi par l'instinct de la conservation, qui les pousse à fré-- quenter des eaux courantes, dont le peu de profondeur ne permet pas aux poissons de forte taille de s'y engager à leur poursuite. Au printemps, ce sont les alevins des espèces qui; 232 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. frayent en hiver, comme la Truite et le Saumon; en automne, ce sont ceux des espèces estivales, de la Carpe et des divers poissons blancs. Or, pour faucher et faner les herbes, on ferme les vannes d'alimentation et toutes les rigoles sont rapidement mises à sec. Les jeunes poissons qui y ont pénétré périssent alors sans exception, « et cela en telle abondance, que parfois des cultivateurs enlèvent ce fretin par brouettes pour nourrir leurs porcs, et qu'aux abords des canaux asséchés l'air est vicié et infecté par le poisson pourri. C'est ce qui se produi- sait notamment pendant les premières années du fonction- nement des grands canaux d'irrigation construits dans la vallée de la Moselle, et alors que cette rivière était encore très poissonneuse ; aujourd'hui même que cette cause perma- nente de destruction a fini par ruiner la Moselle, c'est encore par milliers qu'à chaque mise à sec on peut ramasser des Truitelles de trop] petite taille pour être consommées et qui pourrissent dans ces canaux desséchés (1). » D'après M. Gauckler, ingénieur en chef des^ ponts et chaussées, < il résulte d'une expérience faite à ce sujet que, sur un hectare de prairie irriguée, il est mort d'une seule fois vingt mille petits poissons environ, dont beaucoup de Truites. L'apport des eaux est, de cette façon, fertilisant pour les prairies, mais l'irrigation de ces dernières est la destruction de la population des rivières. Ajoutons que le poisson blanc, la Carpe surtout, recherche, pour frayer, les eaux chaudes qui couvrent les gazons. En juin et juillet, il fraye dans les rigoles d'irrigation et, en septembre, sa progéniture est détruite (2) », quand on met les rigoles à sec (3). L'enquête ouverte par la Commission sénatoriale du repeu- plement des eaux a fait ressortir, du reste, les inconvénients (1) Commission sénatoriale de repeuplement des eaux. — Rapport fait par M. George (des Vosges), secrétaire de la Commission. (2) Gauckler, La pisciculture et le repeuplement des cours d'eau. Épinal, novembre 1878. (3) Pour obvier à cet inconvénient, on a parfois songé à garnir de grillages rentrée des rigoles. Mais celte mesure a le défaut grave d'obstruer souvent les prises d'eau par l'amoncellement sur les grilles des herbes et des débris charriés par les eaux. D'ailleurs, efficace en ce qui concerne les poissons d'une certaine taille, elle est sans effet pour l'alevin, qu'il importe surtout de protéger. LES IRRIGATIONS. 23o graves que présentent les irrigations au point de vue de la conservation du poisson. Parmi les dépositions recueillies, plusieurs ont signalé différentes mesures qui permettraient sans doute d'atténuer jusqu'à un certain point les consé- quences désastreuses des mises à sec. Ces mesures sont les suivantes: 4" Rendre obligatoire un aménagement des vannes et canaux tel, que la fermeture des vannes de tête ne puisse être étanche et qu'il reste toujours dans les canaux principaux une lame d'eau d'une épaisseur déterminée, et en communication con- stanle avec la rivière (1) ; 2° Prescrire que le fond des canaux soit toujours dressé en pente régulière, de façon à ce que le poisson se trouve forcé de suivre la nappe d'eau et ne soit pas tenté de rester dans les flaques et les petites dépressions où on le prend; à" Exiger qu'aucune manœuvre de vannes, de nature à produire un abaissement considérable du plan d'eau, ne puisse avoir lieu sans que l'administration en ait été informée au moins deux ou trois jours à l'avance; de manière à ce qu'on puisse envoyer sur place un agent chargé d'empêcher les faits de pêche et faire procéder à la mise en rivière de tout le poisson resté dans les canaux; imposer, en tout cas, qu'au- cune manœuvre ayant pour résultat soit une mise h sec, soit simplement un abaissement notable du plan d'eau, ne puisse avoir lieu que lentement et par gradation, de façon à per- mettre au poisson de s'échapper (2). (1) M. Gauckler, ingénieur en chef des ponts et chaussées, considère ce moyen comme très efficace, et il s'exprime ainsi sur la question : « Les vannes de prise d'eau des rigoles d'irrigation [lourraient toutes être munies d'une échancrure à leur partie inférieure. Elle maintiendrait la communication avec le cours d'eau, et permettrait aux alevins répandus dans la prairie de le regagner. Un filet d'eau, évacué par le canal de colature, devrait continuellement cire maintenu dans la rigole d'irrigation. Cette disposition ne nuirait en rien aux travaux de la récolte, et empêcherait des émanations insalubres, en conservant la fraîcheur du sol. Prescrite dans les Vosges depuis deux ans, elle n'a pas suscité plus d'une seule réclamation. » {La pisciculture et le repeuplement des cours d'eau.) (2) Une disposition assez simple paraîtrait fournir la possibilité de supprimer, au moins en grande partie, les inconvénients ([ui résultent des irrigations pour la conservation du poisson. Ce serait d'empêcher, au moyen d'une cloison étanche, toute communication directe entre la rivière et les rigoles. La prise d'eau se 234 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Si les dépositions recueillies varient dans l'indication des mesures à prendre, toutes sont du moins d'accord sur la né- cessité absolue, — si Ton ne veut pas assister à une destruc- tion complète de la population déjà si réduite de nos rivières, — de soumettre les prises d'eau à une réglementation spé- ciale, à une surveillance toute particulière. Il ne paraîtrait donc pas inopportun d'appeler sur cette importante question la bienveillante attention de M. le Mi- nistre de l'Agriculture, au moment où son département s'oc- cupe, avec une sollicitude si éclairée, de répandre en France la pratique des irrigations ; car il est très désirable que les travaux projetés soient exécutés dans des conditions dénature à sauvegarder le plus possible les intérêts de la pêche et de la pisciculture. Celte démarche me semble rentrer complète- ment dans les attributions de la Société nationale d'Acclima- tation, et j'ai l'honneur de prier le Conseil de vouloir bien y donner son assentiment. Dans sa séance du 10 avril 1883, le Conseil a approuvé les conclusions de cette note et décidé qu'elles seraient soumises à M. le Ministre de l'Agriculture. ferait à Taide d'une conduite en forme de siphon partant presque du fond de la rivière et passant sous la cloison étanche pour venir aboutir dans la rigole. Les poissons ne s'engageraient pas volontiers dans ces conduites, où l'eau obéi- rait aux variations de niveau delà rivière, et dont une clef permettrait de régler le fonctionnement à volonté. NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES Par M. PAILLIEL'X S'il est fort difficile de Irouver aujourd'hui des plantes pota- gères exotiques qui puissent être ulilement introduites dans nos cultures et passer directement du jardin à la cuisine, il en est quelques-unes qui peuvent constituer d'heureuses acqui- sitions pour nos tables en sortant des mains du confiseur ou du vinaigrier. Le Physalis Peniviana a fourni elle année un aliment 1res intéressant cà Ja confiserie. Peut-être estimerez-vous , après dégustation des Pickles que je vous présente, que des res- sources nouvelles sont offertes aux vinaigriers. Aux colonies, les Acharts; en Angleterre, les Pickles; en France, les Cornichons associés à d'autres légumes, sont l'ob- jet d'un trafic important. La Société d'Acclimatation ne sorti- rail pas de son rôle en indiquant l'emploi qui peut être fait de plantes peu connues jusqu'ici ou même absolument incon- nues. Les spécimens qui sont sous vos yeux ne contiennent, ni le Slachys, ni la Capucine tubéreuse; de l'un, je n'avais encore rien récolté ; de l'aulre, je ne possédais pas cette année une seule touffe dans mon jardin ; mais je me propose de confire cet été les divers légumes dont je vais vous parler et de vous présenter l'an prochain des bocaux, dans lesquels ils seront tous compris. OIGNON c.VTAWissA {AlUum fistulosiim, VSlY.) L'Oignon Catawissa occupe le premier rang dans la compo- sition de Pickles que j'ai l'honneur de vous proposer. Il a été considéré jusqu'ici comme étant d'origine américaine, mais, tout récemment, en parcourant le livre du docteur Ilretschncider intitulé : Early european researches inlo the 236 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Flora of China, j'ai eu la satisfaction de découvrir sa véri- table patrie. Un Français, nommé Louis Le Comte, se joignit en 1687 aux jésuites missionnaires en Chine et publia à Paris, en 1696, un ouvrage en deux volumes intitulé : Nouveaux mémoires sur VÉtat de la Chine. L'auteur, né en 1655, mourait à Bordeaux en 1729. Le Comte parle (1, 178) d'un Oignon chinois particulier dans les termes suivants: « J'y ai vu une espèce d'Oignon, qui ne vient point de graine comme ceux d'Europe, mais, à la fin de la saison, on voit sortir de petits filaments sur la pointe ou sur la tige des feuilles, au milieu desquelles se forme un Oignon semblable à celui qui germe dans la terre. Ce petit Oignon pousse avec le temps des feuilles comme celles qui le soutien- nent, lesquelles à leur tour portent un troisième Oignon sur leur pointe, de manière néanmoins que leur grosseur et leur hauteur diminuent à mesure qu'ils s'éloignent de la terre. » Cette description ne serait sans doute pas suffisamment probante, si le docteur Bretschneider n'ajoutait pas ce qui suit : « Cet Oignon paraît être celui qui avait été décrit sous le nom de Lou Iz'tsung (Oignon poussant en étages) dans le Kin huang imi ts'ao publié à la fin du quatrième siècle. On y trouve aussi une bonne figure. La description porte qu'au sommet des feuilles poussent de quatre à cinq petits Oignons, et que sur ceux-ci d'autres Oignons se produisent encore, for- mant ainsi de trois à quatre étages. Ces Oignons ne donnent pas de graines » MM. Yilmorin-Andrieux et C ont donné une bonne descrip- tion de l'Oignon Catawissa, description que je transcris : «Très grande Ciboule, vivace, prolifère, c'est-à-dire produisant de petits bulbes au lieu de fleurs, à la manière de l'Oignon Ro- cambole. Plantées au printemps ou à l'automne, car la plante est parfaitement rustique sous le climat de Paris, ces bulbilles donnent la première année des pieds à deux ou trois tiges sur- montées de bulbilles, qui, à peine constituées, développent elles-mêmes des tiges nouvelles couronnées de nouvelles bul- billes,lesquelles donnentfréquemmentnaissance à un troisième NOUVELLE COMPOSITION iJE PICKLES. 237 étage de pousses, le tout s'élevant de 75 à 80 centimètres. » Après un ou deuxans, la végétation se modifie. Les touffes deviennent très vigoureuses, se composant de vingt à trente montants, dont chacun porte de dix à vingt bulbilles, mais développant beaucoup moins souvent des tiges secondaires. » Le goût des bulbes et des pousses est cà peu près celui de la Ciboule commune. Les bulbilles peuvent aussi être consom- mées après en avoir cependant enlevé la première enveloppe, qui est très dure ». (Vilmorin-Andrieux et V\) L'Oignon Calawissa a été importé d'Amérique par M. A. de Lentilhac aîné, et mis en vente par M. Gagnaire lils aîné, hor- ticulteur à Bergerac. Je l'ai cultivé dès qu'il a été introduit et je dirai plus loin ce que j'en pense. Je donnerai d'abord la parole à son introducteur. M. Gagnaire s'exprime ainsi dans la Revue horticole, année 1875, p. 57 : « Personne n'ignore que l'Oignon qui se mange en vert au printemps à Paris comme en province, est, d'un côté, le résultat des semis que les jardiniers exécutent dans le courant du mois d'août, tandis que de l'autre, et notamment dans notre région, l'oignon vert est obtenu en mettant en terre, en septembre et octobre, des bulbes impropres à la consommation, qui', au printemps émettent trois ou quatre tiges vertes, quelquefois plus, que l'on détache de la souche selon les besoins de la maison ou de la vente. « Quels que soient les moyens employés, il n'en reste pas moins avéré qu'il faut semer, repiquer et planter annuelle- ment à l'automne l'Oignon qu: Ton veut consommer en vert au printemps; et si, d'un autre côté, il s'agit d'obtenir au jar- din du petit Oignon pour confire, je n'ai pas à dire les soins que ce travail exige, sans compter qu'il n'est pas toujours facile d'arriver à. des résultats salifsaisants. Or avec l'Oignon Catawissa, ces inconvénients disparaissent puisfju'il possède la faculté de donner à chaque printemps, et pendant trois ou quatre ans, des Oignons verts en abondance, en été des bul- billes en quantité pour confire, et qu'il ne demande d'autre culture que celle que je vais signaler. a L'Oignon Catawissa est une plante potagère, à souche vi- 238 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. vace, émetlant à la base, au printemps, de vingt à trente liges grosses comme des poireaux, longues, tendres etexcellentes à manger en vert ; plus précoce d'une quinzaine de jours ou même d'un mois que les Oignons plantés à l'automne. On le multiplie de bulbilles, que l'on met en place depuis le mois d'octobre jusqu'en février et que l'on traite de la manière sui- vante : » Le terrain destiné à l'Oignon Catawissa ayant été travaillé et copieusement amendé préalablement à l'aide d'une forte couche de fumier ou d'engrais, on trace au cordeau plusieurs sillons espacés de 40 à 50 centimètres chacun, dans lesquels on place les bulbilles que l'on distance également de 40 à 50 cen- timètres les uns des autres. Cette distance, de laquelle on peut tirer aisément parti la première année en cultivant entre les rangs des Chicorées, des Laitues, des Carottes, etc., est indispensable par la suite à cause du développement que ne manquent pas de prendre les souches à la deuxième année de plantation. Les bulbilles mises en terre d'octobre à février pousseront vigoureusement au printemps, mais elles ne don- neront celte première année qu'une seule tige, que l'on main- tiendra à l'aide d'un petit tuteur. Dans le courant de l'été, cette tige produira au sommet un ou deux étages de bulbilles, que l'on utilisera pour la plantation ou desquelles on lire parti en les confisant au vinaigre à la manière des Cornichons. » Lasecondeannéeest celle de la première récolte. Dès la fin de février jusqu'à la fin d'avril, quelquefois même jusqu'en mai, à la place des bulbilles que l'on a plantées l'année précé- dente, on trouve une touffe d'Oignons verts, gros comme des Poireaux, contenant de 20 à 80 tiges d'une saveur et d'une qualité qui ne lecèdent enrienauxmeilleursOignonscultivés; et comme avec cent touffes d'Oignon Catawissa un ménage or- dinaire ne consommera pas, au printemps, les tiges vertes qu'elles fournissent, celles qui restent aux pieds se dévelop- pent, atteignent une hauteur de 0"',80 à 1 mètre et se cou- ronnent au sommet, en été, de un ou deux étages de bul- billes, que l'on utilisera comme je l'ai indiqué ci-dessus. » A partir de ce moment, les touffes d'Oignon Catawissa pro- NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 239 duiront pendant deux, trois ou même quatre ans, et à chaque printemps, des tiges en abondance, en été des bulbillcs en quantité, et cela sans autres soins que quelques binages appli- qués pendant le cours de la végétation et un bon labour au printemps, un peu avant l'apparition des tiges » L'Oignon Catawissa est d'une rusticité sans égale puisqu'il supporte sans altération 20 à 30 degrés au-dessous de zéro. » La note de M, Gagnaire est suivie de quelques observations de M. Carrière, qui a reconnu que l'Oignon Catawissa est abso- lument distinct de l'Oignon Rocambole: ce qui était contesté. Je n'ajouterai rien à ce qui précède relativement à la culture de rOignon Catawissa, si ce n'est pour l'approuver. Quant à ses usages, il en est un dont je ne puis mesurer l'importance. Je sais qu'il se consomme une grande quantité d'Oignons verts dans certaines parties de la France, mais je n'en ai jamais mangé. Je ne puis dire si les tiges du Catawissa ont la saveur de l'Oignon commun, mais je puis affirmer avec M. Gagnaire que ses souches sont d'une grande fécondité. Je me bornerai à apprécier le mérite et l'utilité de ses bul- billes. Le Catawissa s'appelle Oignon dans le commerce, Ciboule en botanique et peut-être Echalote en cuisine. 11 serait plus vrai de dire que VAlliuni chinois a une saveur qui lui est propre et qui n'est précisément ni celle de l'Oignon, ni celle de la Ciboule, ni celle de l'Echalote. C'est ce qui m'en fait conseiller la culture. En effet, les bulbilles du Catawissa, con- fites dans le vinaigre, sont excellentes et diffèrent de toute préparation analogue. De plus, la plante est très curieuse. On en trouvera une figure, très exacte, accompagnant une noie de M. Carrière, dans la Revue horticole, année 4875, p. 453. coNCO.MBRE ANGOURiE {Cucumis Atiguria Linné) Le petit volume de ce Concombre et les épines molles dont il est hérissé lui donnent l'apparence d'un marron d'Inde. La plante figure depuis longtemps dans les catalogues sous le nom de Concombre Arada, qui ne lui appartient pas. 240 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Le Concombre Arada, décrit par Descourtilz, lire son nom d'une conformation particulière, qui le fait ressembler, en un certain point, aux femmes de la tribu des nègres Aradas. Je n'ai pas réussi jusqu'ici à me le procurer. C'est le Cucumis compressus de Linné. Le Concombre Angourie croît partout naturellement aux Antilles et principalement dans les savanes sèches et près des rivières dont les bords offrent une riche végétation. On le ren- contre dans la Nouvelle-Grenade, au Brésil, près de Bahia, dans toute l'Amérique du Sud, principalement dans sa partie orientale, où il est fréquemment cultivé dans les potagers. La culture de l'Angourie ne présente aucune difticulté. Cinq mois s'écoulent entre la date du semis et celle de la récolte. On sème sous châssis en mars; on met la plante en pots en avril; on la met en place, sous cloche du 15 au 25 mai. On ré- colte du 10 au 15 août. La fructification est d'une abondance extraordinaire. On peut compter sur une centaine de fruits par pied; mais, si les plantes reçoivent la pluie pendant plusieurs jours, la récolte est entièrement détruite. On n'est assuré de récolter qu'autant qu'on préserve la plantation de l'eau du ciel au moyen de châs- sis vitrés. L'Angourie n'exige pas de couche neuve ou vieille. Il suffit de la planter en poquets, garnis d'un peu de fumier consommé. Le 10 août 1876, j'ai présenté à la Société centrale d'horti- culture des Angouries admirablement bien venues, semées le 16 mars et chargées d'une multitude de fruits, à point pour la récolte. Sous le climat de Paris, c'est une plante d'amateur que j'ai pris grand plaisir à cultiver. Dans le Midi, sa culture serait certainement rémunératrice comme on en pourra juger par ses usages. Les fruits de l'Angourie se mangent en salade. A la Basse-Terre. (Guadeloupe), nos soldats d'infanterie de marine les recueillent dans leurs promenades autour de la ville et les ajoutent à leur ordinaire. On prépare de diverses manières ce joli petit Concombre, en sauce, en conserves au vinaigre, notamment dans celles qui portent aux colonies NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 241 le nom à'Acharts. Selon Descourtilz, {Flore des Anlilles), pour le préparer, on le coupe par le milieu et on enlève les graines qu'il contient en nombre infini ; puis, on le fait cuire seul, ou avec du jambon, ou des crabes, ou des tomates, ou bien encore avec de la morue. Pour le confire au vinaigre, selon Fauteur que je cite, il faut le dépouiller de ses graines et ajouter des tiges, des pampres et des fruits verts de piment. M. le docteur Sagot, dans notre Bulletin, 1872, p. 550, nous dit que le jeune fruil cuit du Cuciimis Anguria est tendre et très agréable. La plante, dans un bon terrain, fructifie beau- coup. C'est le Pepinhodo mato des colonies portugaises. M. Nau- din, dans les Annales des sciences naturelles, a publié sur le C. Anguria une note instructive et intéressante, à laquelle nous renvoyons le lecteur. Selon lui, la plante est bien d'ori- gine américaine, ce dont il avait douté d'abord ; elle est consi- dérée comme potagère et cultivée comme telle dans une grande partie de l'Amérique. Il semble que sous ce rapport on en ait tiré quelque parti en Italie, dans le siècle dernier, comme nous l'apprennent, dit-il, Gilii elXuarés dans un opuscule au- jourd'hui fort rare {Osservatione fitologice, etc.), qui fait partie de la bibliothèque de M. Delessert et de celle de l'Institut. Je conserve dans du vinaigre, préparé avec fleurs de sureau, piments, etc., les fruits du C. Anguria sans leur enlever leurs graines. Je considère cette opération comme inutile et j'emploie les fruits entiers saus les couper. Cette conserve est très jolie, très bonne. Il ne faut pas con- fondre l'Angourie avec tous ces légumes insipides et mous, véritables éponges à vinaigre, qu'on a l'habitude d'associer aux Cornichons. On devra cueillir les fruits avant leur entier déve- loppement; leur peau durcit assez vite. Pour conclure, je recommande vivement la culture de l'An- gourie aux amateurs de la région de Paris et aux horticulteurs ou maraîchers du midi de la France. La vente de ses fruits me semble assurée. 3* SÉRiK. T. X. — Avril 18S:{. Ki 242 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. MiÔGA {Amomum Miôga Thunb.) (Fam. des Zingibéracées.) Le Miôga est originaire du Japon. Il a été décrit par Kaem- pfer dans son ouvrage intitulé : Amœnitatuni exoticarum...^ p. 826. Il a été recueilli par Thunberg, Siebold et autres botanistes près de Nangasaki. Il croît spontanément-, mais il est généra- lement cultivé. Dans le livre intitulé : le Japon à VExposition imiverselle de 4878, je lis : « Le Miôga est une plante dont on mange les jeunes tiges et les fleurs. Les fibres de ses tiges peuvent aussi servir à faire des cordes. » M. le docteur Hénon m'écrivait, le 11 avril 1879 : « Je vous envoie une petite racine d'une espèce de Gingembre appelée au Japon Miôga et par Thunberg Amomum Miôga. On en mange les inflorescences avant l'épanouissement des fleurs ; c'est assez bon, » Bien que toutes les Zingibéracées soient considérées ici comme de serre chaude, cette plante passe parfaitement les hivers chez moi depuis trois ans en pleine terre, plantée à 10 centimètres de profondeur et recouverte en hiver d'un peu de feuilles sèches. Elle a bien fleuri l'été dernier ; si le mor- ceau que je vous envoie est un peu petit, c'est que je ne l'ai encore guère multipliée ; s'il ne reprenait pas, je vous en en- verrais de nouveau en automne. » Le docteur m'écrivait encore le 7 juin de la même année : « Mes pieds de Miôga ont parfaitement passé l'hiver en pleine terre et poussent de tous côtés. Si le trop petit pied que je vous ai envoyé ne poussait pas, je pourrais vous en envoyer autant que vous le désireriez, l'hiver prochain. » Je n'ai pas demandé un second envoi à mon obligeant cor- respondant, le tronçon qu'il m'avait donné avait si bien végété que je pourrai, cette année, faire une plantation de 400 pieds. Mon Miôga, on le voit par la date à laquelle je l'ai reçu, a supporté le grand hiver. Il était, il faut le dire, protégé par NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 243 une épaisse couverture de neige; mais en 1880-81 et en 1881-82, 1882-83, rien ne le défendait contre lelVoid. Je suis donc arrivé sans échec à ma cinquième année de culture. 11 n'existe pas, je crois, de plante plus rustique que le Miôga, ni qui se multiplie plus rapidement. Je ne l'ai vu atteint d'au- cune maladie, attaqué par aucun insecte. Je plante les tronçons de rhizome dans une planche de jar- din large de 1"\30, sur deux lignes parallèles distantes de 50 centimètres. Il reste donc un espace de 40 centimètres entre les lignes et les sentiers, ce qui n'empêche pas les plantes de porter sous ceux-ci leurs tiges et leurs inflorescences. Il ne se montre dans la planche que fort peu de mauvaises herbes, dont un binage ou deux font justice. Arrosage facultatif. Il ne faut pas biner après le 31 juillet. On risquerait de couper des turions et des inflorescences. On peut sarcler à la main. Vers le 15 août, commence la récolte, on surveille la plan- tation comme celle de l'Asperge ; comme les turions de l'As- perge, on coupe tout près de la racine dès que l'inflorescence laisse voir sa pointe aiguë à la surface du sol. Je n'ai jamais récolté les turions, sauf quelques-uns seule- ment pour les déguster, de peur d'amoindrir la multiplication On les récolte comme les inflorescences et je n'ai pas trouvé de différence appréciable entre la saveur des uns et celle des; autres. . ' Je suppose qu'il convient d'attendre deux ans avant de ré- colter les turions d'une plantation et de ne les couper qu'au printemps, bien qu'il s'en produise aussi pendant l'automne. On aurait donc régulièrement, ce me semble, une récolte d'in- florescences d'août à septembre, et une récolte de turions pen- dant tout le mois d'avril. Il ne serait sans doute pas prudent de prolonger la coupe au delà de ce mois. Je n'insisterai pas sur la rusticité du iMiôga et sur sa rapide multiplication. Je parlerai de l'usage qu'on peut faire de. ses turions et de ses inflorescences. J'ai dégusté ces dernières préparées au gratin comme le macaroni en couches alternantes de légume et de Pai:mesan râpé; c'est assez bon. i .. .. . 244 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. Je les ai mangées en salade après les avoir simplement blan- chies à l'eau bouillante. Je lésai trouvées excellentes. Un léger goût de résine disparaît à la deuxième ou troisième bouchée et la saveur légèrement piquante du légume se marie on ne peut mieux avec celle de l'huile. Enfin j'ai associé, pour faire des Pickles, les inilorescences de Miôga aux Angouries des Antilles, aux bulbes de l'Oignon Galawissa, etc. Le résultat m'a pleinement satisfait et les spécimens que je vous présente seront dégustés et appréciés par vous. J'espère qu'on essayera, avec un peu de persévérance, diverses préparations culinaires de ce légume absolument nouveau. Il reste beaucoup à faire. A ceux qui me demanderont si le Miôga ressemble à telle ou telle autre plante potagère de nos jardins, je répondrai : non, il n'a le goût, ni du Chou, ni du Gardon, ni de la Tomate, ni d'aucun de nos légumes... il a le goût du Miôga. CAPUCINE TUBÉREUSE (Tropœohim tuberosiim Ruiz et Pavon). Plante vivace de l'Amérique méridionale. Ses graines mû- rissent très rarement sous notre climat. La multiplication a lieu par les tubercules. Dans l'ouvrage intitulé les Plantes potagères, que MM. Vil- morin-Andrieux et G'" viennent de publier, la culture et les usages de la Gapucine tubéreuse sont ainsi décrits : « Les- tubercules de la Gapucine tubéreuse se plantent en avril ou mai, en pleine terre, à 50 centimètres en tous sens; il con- vient de donner quelques binages, jusqu'au moment où les tiges, en s'étendant sur la terre, l'ont couverte entièrement ; l'arrachage ne doit se faire qu'assez avant dans l'automne^ après les premières gelées, les tubercules ne se formant sur les racines que tard dans la saison, et ne craignant pas les- effets du froid tant qu'ils sont en terre. » Guites dans l'eau, comme les Garottes ou les Pommes de terre, les racines de la Gapucine tubéreuse sont aqueuses et ont un goût assez désagréable, quoique parfumé. En Bolivie, NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 245 OÙ la plante est très cultivée dans les districts montagneux élevés, on en fait geler les tubercules après les avoir cuits. Dans cet état, ils sont regardés comme une friandise et très recherchés. Ailleurs, on les expose au grand air dans des sacs de toile, et on les mange à demi desséchés. 11 ne faut donc pas s'étonner que le tubercule frais ne nous paraisse pas ex- cellent, puisque, même dans le pays d'origine, on ne le mange que préparé. » Dans une note du docteur Weddell sur quelques tubercules comestibles {Revue horticole, 1852, p. 448), se trouvent des détails intéressants sur l'usage de la Capucine tubéreuse ou Ysano : « C'est donc cuits et gelés que l'on doit manger les tubercules du Tropœolum, et encore faut-il les manger avant qu'ils ne dégèlent, c'est-à-dire croquants. A cet état, je puis affirmer, car j'en ai fait l'essai maintes fois, qu'ils constituent un mets assez agréable. » Il n'y a guère de jour qu'on ne voie sur le marché de La Paz une ou deux rangées de marchandes, qui ne vendent autre chose que ces Ysanos gelés, qu'elles profègent contre l'action du soleil en les enveloppant d'une étoffe de laine ou de paille. Les femmes de La Paz en sont toutes extrêmement friandes, et elles ont rhabitud(3 de les prendre comme rafraî- chissement, pendant la chaleur du jour, en les trempant dans de la mélasse. » Comme on le voit parles extraits qui précèdent, la Capucine tubéreuse ne pourrait guère être utilisée chez nous, s'il fal- lait, pour manger ses tubercules, les dessécher à demi, ou bien les cuire, les faire geler ensuite, puis enfin les tremper dans de la mélasse ; il était donc très désirable de lui trouver un emploi autre que celui qu'elle reçoit dans son pays natal. Lorsqu'en 1875 la pensée m'est venue de la confire dans le vinaigre, je croyais être le premier à le tenter ; mais mon ami, M. Bois, a trouvé et m'a communiqué une note, publiée dans la Revue horticole de 1845-46, p. 17, par M. Neumann, qui m'a prouvé que j'avais été devancé, .l'en extrais ces quelques lignes : « J'ai essayé de mariner ces tubercules au vinaigre, comme les cornichons, mais sans avoir été satisfait du résultat. *24G SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. Un abonné de la Revue horticole a eu la même idée et en a apprécié aiUremenl le produit Que faut-il en conclure? C'est encore apparemment qu'il ne faut pas disputer des goûts, ou bien que mon terrain ne convenait pas à la plante. Notre abonné a laissé mariner ses tubercules pendant trois mois, n'a ajouté aucun assaisonnement et a trouvé que « dans cet état ils offraient une espèce de Cornichons beaucoup plus agréables au goût que les véritables, outre que le vinaigre a acquis un parfum convenable pour servir dans les sauces et dans les salades. » Je n'hésite pas à dire que c'est Y abonné qui a raison. Lors- que j'ai confit la Capucine tubéreuse dans le vinaigre, je l'ai associée à tous les condiments d'usage; elle a cependant con- servé son goût propre, simplement atténué. J'ai dégusté celle préparation en famille, et je l'ai soumise à l'appréciation de diverses personnes, qui en ont fait l'éloge ; je ne suis donc nul- lement surpris que, selon le dire de V abonné, les tubercules de la Capucine tubéreuse communiquent au vinaigre, sans addition aucune, un parfum des plus agréables. STACHYS AFFINIS Je vous ai dit, le 30 janvier dernier, tout ce que je savais sur celte plante. M. le docteur E. Bretschneider nous a appris que les Chi- nois mangeaient ses tubercules. Ceux qu'il nous a envoyés, et que j'ai plantés, paraissent devoir se multiplier rapidement. Ils ont bien passé l'hiver en pleine terre. Je ne sais pas comment les Chinois les préparent pour la table, mais les Japonais mangent le Stachys Sieboldii, très voisin du S. af/înis, après l'avoir confit dans du vinaigre de prunes. Je crois donc pouvoir introduire ce dernier dans la compo- sition de mes Pickles. II. EXTRAIT DES PROCÈS VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 13 AVRIL 1883. Présidence de M. E. GossoN, vice-président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — A l'occasion du procès-verbal, M. le Président signale l'utilité qu'il y aurait à ce que les documents publiés par la Société, concernant la destruction des animaux nuisibles et la conservation des oiseaux, soient adressés au ministère de l'Instruction publique, qui saisirait de cette question les instituteurs, et leur ferait connaître les lois et arrêtés en visfueur. A leur tour les instituteurs les feraient connaître aux élèves des écoles et leur en inspireraient le respect. Des dispositions dans ce sens seront prises par le Conseil. - 31. le Président proclame les noms des membres nouvellemeni admis par le Conseil, savoir: MM. PRÉSENTATEURS. ,.. . .r. , T^ -j , f A. Berthoule. Blocman (Henri), 18, rue des Pyramides, a ^ . „ . , ^^"^- ( Raveret-Watte . Rrousset (Pierre), négociant, 15, rue de la { A. Berthoule. République, à Cette (Hérault), et à Tunis, ! Maurice Girard rue Szazaia. ( i- Grisard. . ,„ , , ^ , ( Saint- Yves Ménard Dalaut (François), 43, avenue de la Grande- ) j^^veret-Wattel Armée, à Paris. ( L.' Vaillant. . „,,. ^ , , ,, . ,' A.Geoffroy Saint-Hilaire Deltour (Paul-Feli.v), 8, rue Labordere, a \ „ „ Neuilly (Seine). ( j^,^^^^^i^ j^ g^,^.^ r. , . . • s r. • w I ' . ^ Leblond. v Dujardin (Frédéric), 19, rue du Marche, a gaint-Yves Ménanl. . ^"^«"'"y (Seine). ( L. Vaillant. _ ., , ( A. Berthoule. Kern (Edouard), banquier, 7, rue Scribe, a ) , p^- „,.. L. Vaillant. Berson Le Pargneux (Albert), propriétaire, au châ- \ a. Geoffroy Saint-Hilairc. teau de Beauregard, près Caen (Calvados). / g^i^j.y.g, Renard. ,,.,,,,,. , , ,. ^ [ A.Geoffroy Saint-Hi lai re. Pauliau (Louis-Andre), y, rue Labordere, a V „ j, V II /c • \ 1 *' • ' 3SS\. Neuilly (Seine). / ., • . o^i.,^ j ^ ' [ Marquis de Se ve. 24-8 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. MM. PRÉSENTATEURS. Ornano (comte Ludovic d'), au château de J. Cornély. la Brauchoire-sous-Ghambray, par Joue- | Comte d'Epremesnil. les-Tours (Indre-et-Loire). ( Marquis de Selve. Rivière (J.-B.), négociant, 95, avenue de ( ^^l^^^ ^ . „.. . Neuilly, à Neuilly (Seine). } A- GeoffroySa.nt-H.laire. •' J V / [ Saint-\vesMénard. RivoiRON (Emile), pisciculteur, à Sewayette, ^ / p ■ ", commune de Miribel-les-Échelles (Isère), i * ^ \ Raveret-Wattel. Robert (Hippolyte), docteur en médecine, ai ,' . , I ■ \\i i^ S J- Grisard. Ligny (Nord). f „ -.,- . " "^ ^ ^ V Raveret-^Valtel. RouLLAND (Claude), principal clerc de notaire, \ „' . ^i, ,. i ' r .' /m • \ i • > Raveret-Waltel. a Geste (Maine-et-Loire). f . ,, .,, c /. X ,- T^ . . •. [ Saint-Yves Ménard. OCELLIER (de), il, rue Parmentier, a Asnieres \ <., ,£, • V l Sturne. (seine). f , ., ... ^ ' V L. Vaillant. ViEViLLE (Etienne), batteur d'or, président' A.GeoffroySaint-Hilaire. de la chambre syndicale, 209, rue Saint- ? Saint-Yves Ménard. ' Maur, à Paris. ' A. Porte. \T ,j • \ c^r, , ,, -i. . XT -11 , A. Gaudinot. YzAC(Louis), 83, avenue de Neuilly, a Neuilly \ », .. (Seine). \. Lacroix. — M. le Président fait part à l'assemblée de la perte regrettable que la Société vient de faire de deux de ses membres : M. le prince Marc de Beauveau, vice-président honoraire, qui dès l'origine de la Société, lui avait apporté un concours des plus actifs et des plus utiles, et M. Pierre Carbonnier, qui s'occupait avec tant de zèle et de succès de l'introductio et de racclimatation de poissons exotiques. -- M. Camille Dareste adresse la lettre suivante : « Je ne sais s'il sera possible de faire une rectification au procès-verbal de la séance du 19 janvier. Je n'avais pu malheureusement assister à la séance et, par conséquent, demander moi-même cette rectification au Secrétaire. Mais tel qu'il est rédigé, le procès-verbal, en ce qui concerne mes paroles, est absolument incompréhensible. J'avais parlé, dans ma lecture, de l'apparition des monstruosités comme étant le signe d'une modification nuisible, dans les conditions de l'incubation. » M. Fornet, dans sa seconde réponse, dit que les faits que je prenais pour des monstruosités n'étaient que des altérations pathologiques, et qu'il n'y avait de monstruosité véritable que lorsqu'il y avait fusion de deux embryons primitivement distincts. PROCÈS-VERBAUX. 249 > J'ai répondu à M. Fornet, que tout en considérant les monstruosités simples comme de véritables monstruosités, et non comme des déforma- tions pathologiques, dans la discussion actuelle, cette distiaclion n'a- vait point d'importance. En effet, quel que soit leur mode de formation, pathologique ou tératologique, l'apparition des monstruosités simples est pour moi l'indice de toute modification dans les conditions de l'incu- bation, et non seulement, comme le disait M. Fornet, d'élévation insolite de la température. » — MM. Brousset et Feuilloy adressent des remerciements au sujet de leur récente admission. — M. le U"^ Adrien Sicard fait parvenir deux exemplaires de ses études sur l'huile antiphylloxérique Roux. — M. Marins Galfard, d'Oraison (Basses-Alpes), prie la Société de vouloir bien lui procurer le traité sur l'élevage de VAttacus Yama-maï par M. Personnat et de lui adresser, en même temps, le programme des prix encore à décerner. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Blancheton, Derré et Emile Riom. — M. Henri Fabre remercie du cheptel de Cygnes noirs qui vient de lui être accordé, et demande à recevoir des Grenouilles-Bœufs. — M. E. de Laubépine, de Marcigny-sur Loire (Saône-et-Loire), prie la Société de vouloir bien lui fournir des renseignements sur l'installa- tion des pêcheries de Saumon dans les fleuves. — Le Comité central d'exposition de l'île de la Réunion adresse Ja note suivante, relative à différentes questions se rattachant aux travaux de la Société nationale d'Acclimatation et intéressant la colonie, savoir : « [''Maladie du Café. — La colonie est très préoccupée des conséquences que peut avoir dans un avenir plus ou moins prochain, une maladie qui a fait son apparition, l'année dernière, sur les feuilles des Caféiers. Aussitôt qu'elles sont adultes, elles se marquent de taches circulaires d'un brun jaunâtre, qui finissent par les envahir presque totalement; elles se des- sèchent et tombent ; en peu de jours les sujets atteints sont tout à fait dé- pouillés et beaucoup de fruits n'arrivent pas à maturité. Celte maladie est attribuée concurremment à un ver, VElachista cofj'eela, et à un cham- pignon, l'Hemî/e/avastainaî. Jusqu'ici on n'a pu y opposer que quelques palliatifs, tels que la taille des arbusies malades et l'incinération des feuilles et des branches; il s'agirait de trouver un remède efficace. Dans la session actuelle, le Conseil général a voté une somme de 1000 francs pour aider aux expériences. » 2° Extraction des fibres des plantes textiles. — Nous possédons un grand nombre de textiles ; mais depuis quelques années, il a été intro- duit et l'on commence à cultiver sur une grande échelle difiérentes Orties; la variété préférée de beaucoup est celle dite Bœhmeria utilis. 250 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. Malheureusement il nous manque une machine à décortiquer les tiges à l'état vert, au moment même de la coupe, parce que cette plante prospère surtout dans les régions élevées de l'intérieur, dont le climat pluvieux et l'humidité presque permanente sont un obstacle insurmontable à sa dessiccation. Il est beaucoup question dans le moment d'une machine, dite de Berthet, du nom de son inventeur, laquelle, parail-il, rempli- rait ce but. Un des députés de la Réunion, M. Bureau de Vaulcomle, s'occupe très activement de cette question d'un grand intérêt pour le pays. » Tout récemment noire service des Eaux et Forêts, dirigé par M. Echernier, directeur des Domaines, à qui la colonie est redevable de la reconstitution en très bonne voie déjà de son couvert forestier, a introduit et s'applique à propager le Sanceviera Ciibana (famille des Liliacées). Cette plante, originaire des Antilles, donne des fibres plus fines, plus soyeuses et aussi résistantes que celles de l'Aloès. Le Comité central de l'Exposition serait très reconnaissant à la Société d'Acclima- tation de lui faire connaître, si possible, d'autres textiles de qualité su- périeure. ï> Nous devons lui signaler ici, d'une manière toute particulière, les efforts tentés dans ces derniers temps par M. Eugène Veyrières pour l'extraction des fibres d'un grand nombre de textiles indigènes. » 3" Introduction et propagation des arbres et lianes à caout- chouc. — L'introduction de la meilleure variété que nous possédions actuellement, VHevea Gîiyanensis, est due à M. Julien Potier, directeur du Jardin colonial. Du reste, à notre Exposition intercoloniale de 1881, M. Julien Potier a obtenu une médaille d'or pour introduction du plus grand nombre de plantes utiles pendant les années 1879-1880 et 1881. La colonie trouverait dans la préparation du caoutchouc un produit important ; elle recevrait avec reconnaissance des semences des espèces préférées. » i" Fabrication des chapeaux de paille. — C'est encore là une industrie qui tend à se développer ici en se perfectionnant. Un grand nombre de familles pauvres y trouvent depuis longtemps des moyens d'existence. Mais les chapeaux, fabriqués avec les feuilles du latanier, sont grossiers et peu recherchés. On doit au D' Eugène Jacob de Corde- moy et à M. Julien Potier l'introduction du Carludovica palmata (fa- mille des Pandanées), avec lequel, dit-on, se fabriquent les vrais panamas. Le D-^ E. Jacob de Cordemoy a le mérite d'avoir le premier indiqué et introduit cette plante dans la colonie ; mais sa tentative n'a pas réussi ; M. Julien Potier en a introduit d'autres plants, les a cultivés avec le plus grand soin et en a distribué déjà un grand nombre dans plusieurs de nos localités. Toutefois des doutes se sont élevés sur le point de savoir si c'est bien avec les feuilles du Carludovica palmata que se fabriquent les panamas. C'est un point qu'il nous importe d'éclaircir et, à cet eflet, PROCÈS-VERBAUX. 251 nous faisons appel aux lumières de la Société. » — Renvoi à la seclioii des Vésrétaux. — A l'occasion de cette communication, M. Vavin demande si l'on ne pourrait pas essayer, contre la maladie du Caféier, l'emploi de la lleur de soufre, qui donne de si bons résultats dans le traitement des Vignes atteintes de l'Oïdium. — M. Millet fait connaître que ce mode de traitement a été signalé à la réunion de la section des Végétaux. — M. Lucien Jlerlato écrit d'Aïn-Marmora à M. le Secrétaire général : « C'est avec une vive et légitime satisfaction que je m'empresse de vous annoncer le bon résultat du commencement de l'incubation artificielle des œufs d'Autruche au parc de la Société française pour l'élevage de l'Autruche en Algérie. Vous n'ignorez pas que cette Société a bien voulu me confier la direction de son exploitation. » Les premiers flés, au nombre de trois, sont éclos d'eux-mêmes, sans aide; sont d'une conformation parfaite et mangent et courent depuis leur quatrième jour d'âge; ils ne présentent, jusqu'à présent du moins, au- cune des difficultés qui ont été signalées dans l'élevage de l'Autruche couvée artificiellement en Algérie. » Considérant que, au dire des plus vieux habitants du pays, l'hiver que nous venons de traverser a été un des plus durement éprouvés depuis au moins vingt-cinq ans, j'espère acquérir bientôt la ferme conviction que, à quelques modifications près, l'élevage industriel de cet oiseau est tout aussi pratique dans cette colonie que sous d'autres latitudes. » Je me ferai un devoir de vous tenir au courant des progrès que la Société française est appelée à faire faire à cette industrie en Algérie. » — M. E. Leroy écrit de Fismes (Marne) : « Les Perdrix du Boutan ne m'ont donné jusqu'ici que deux œufs, puis à la suite des grands froids elles ont interrompu leur ponte et défait le nid. Les deux œufs sont en incubation sous une Poule. Depuis quelques jours, le nid est refait et hier la Poule Boutan jetait des pailles avec son bec par-dessus son dos. Il n'y avait pas d'œuf cependant, mais la ponte est imminente, je crois. Ce qui a arrêté les oiseaux, ce n'est pas le froid, c'est, à mon avis, le manque de vers. Ces oiseaux sont avides de lombrics et bouleversent le sol de leur volière pour en trouver. Je vais leur en distribuer, ainsi que j'ai déjà commencé à le faire, et le Coq les ramasse, appelle sa femelle et les lui offre. Je vous tiendrai au courant. » . ..Il y a ce matin, 3 avril, deux œufs au nid. J'avais mal vu hier, mais c'est si profond, et j'ai eu peur d'être indiscret. » — M. A. Delaurier aîné, d'Angoulème, écrit en date du 5 avril à M. le Directeur du Jardin zoologique d'acclimatation : « J'ai la satisfaction de vous annoncer que les deux Poules Tragopans de Blylh ont commencé leur ponte, l'une hier, l'autre aujourd'hui. Les œufs seront bien fécondés, je n'en doute pas. Le Coq très excité fait entendre assez fréquennnent 252 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. des appels ressemblant assez aux miaulements d'un chat sur une note plus forte et plus grave; les Poules y répondent sur un ton plus sourd et moins fort. Les deux oeufs pondus sont de la grosseur des œufs de Lopho- phores. Je crois que la ponte sera abondante. Ils absorbent en ce moment des quantités de verdure et de lentilles d'eau. Une des paires Tragopans de Hastings est en amour, la Poule va pondre incessamment. Je ne suppose pas la fécondité de cette espèce semblable à celle des Blyth. Jusqu'à pré- sent, ceux-ci me paraissent des oiseaux d'avenir, après l'élevage je serai fixé et je vous dirai mon sentiment. La paire Faisans d'Elliotest en par- fait état, mais rien encore ne me fait supposer une ponte imminente. » Toutes mes Perruches de la Nouvelle-Zélande à front pourpre, auri- ceps et alpinus couvent ou élèvent. J'ai déjà obtenu depuis décembre dernier 31 jeunes des trois paires de la première espèce. Les Perruches Erylhroptères s'accouplent. Les Colombes poignardées et Lophotès ont leurs premiers jeunes. P.ien encore des deux paires Colins de Sonnini, dont une paire a passé l'hiver dehors et paraît avoir moins souffert que celle que j'ai rentrée en appartement. » — M. le Directeur du Jardin d'acclimatation communique la lettre sui- vante, qui lui est adressée par M. le D^ Rabé, de Maligny (Yonne) : « Je pense vous intéresser en vous annonçant les résultats que j'ai obtenus avec les Oies d'Egypte que vous m'avez envoyées il y a deux ans. » L'année dernière, la femelle n'a pas pondu ; cette année, malgré un froid de 4 degrés en moyenne qui un jour est descendu à 10 degrés, mal- gré la neige sur le dos, la femelle a couvé bien régulièrement, et quatre petits sont éclos, sur six œufs; des deux autres, l'un était clair, l'autre contenait un oisillon mort à terme dans la coquille. » Aujourd'hui mes quatre oisillons ont dix jours, courent sur les pe- louses avec les parents, qui ne les quittent pas, et se mettent à l'eau très volontiers. » Je suis moins heureux avec les Oies du Canada. Le mâle, qui m'est parvenu en 1881, par le même envoi que les Oies d'Egypte, pour une raison que j'ignore (sa trop grande jeunesse probablement), n'est pas supporté par la femelle que j'ai depuis six ans et qui depuis trois ans pond sans résultat (depuis la venue de ce mâle). Avant lui, d'autres mâles l'avaient fécondée et tous deux sont morts phtisiques (tuber- cules dans les os, cavernes dans les poumons); j'en avais fait l'autopsie. » Cependant je ne désespère pas complètement ; j'ai vu ce mâle s'ac- coupler avec une Oie de basse-cour. ï Pour celte année je n'ai rien encore à attendre ; la femelle couve des œufs inféconds. » — M. de Confévron écrit de Langres : « Je viens de lire avec la plus grande attention le projet de loi sur la chasse, qui a été présenté le 12 mai 188"2 à la Société nationale d'Acclimatation par la Commission y relative. FROCÈS-VERBAUX. ^ÔS » Les dispositions de cette loi sage et bien conçue, auraient certaine- ment, appliquées avec vigilance, discernement et fermeté, donné d'excel- lents résultats il y a quinze ans, alors que le mal n'avait pas atteint le degré auquel il est arrivé. Mais je doute qu'elles soient suffisantes, main- tenant que le mal est à son comble. » A une situation désespérée il faut un remède héroïque et j'eslime que la suppression absolue de toute chasse pendant plusieurs années ne serait pas de trop. » Dans les environs de Paris, où l'on a des chasses gardées avec des réserves, on ne peut se faire une idée de l'état de choses en province, où les rares couples de Perdrix existants pourront à peine suffire au repeuplement. Non seulement il faudrait ne plus tuer un seul de ces oiseaux, mais encore il conviendrait d'en mettre et de les défendre. » Une vérité, dont il serait désirable qu'on fût bien pénétré, c'est que les exceptions introduites dans une loi comme celle dont nous nous occu- pons, sont des portes largement ouvertes aux abus et aux infractions. C'est pourquoi je voudrais que la chasse, une fois fermée, fût absolument interdite, sans distinction du gibier de passage ou autre. Cette distinc- tion, très délicate à établir du reste, rend la surveillance et la répression presque impossiïjles. En effet, sous prétexte de chasser des oiseaux d'eau ou de passage, on s'écarte un peu, on est tenté, l'occasion fait le larron et on détruit toutes espèces d'autres gibiers. Les Ramiers payent pour les Bécasses absentes. » La latitude laissée aux préfets (art. 3) d'ouvrir et de fermer la chasse, sur leur seule initiative, me paraît trop large et je crois qu'il serait sage de demander que ces décisions ne fussent prises qu'après consultation d'une commission recrutée parmi des personnes compétentes dans les questions d'histoire naturelle. ï Les dispositions du paragraphe 5 de l'article 4 me semblent aussi beaucoup trop élastiques. 11 est nécessaire de prohiber d'une façon gé- nérale et absolue la destruction de tous les nids. » Les gardes champêtres ou autres agents ne peuvent, en eff'et, distin- guer à quelles espèces appartiennent les nids trouvés entre les mains des maraudeurs. Il faudrait leur supposer des connaissances assez avancées en ornithologie et qu'ils n'ont certainement pas, pour croire qu'ils pour- ront reconnaître la nature du nid, des œufs ou même des petits oiseaux non encore emplumés. L'interdiction complète présente moins de dan- gers que la latitude laissée. » Les constatations prescrites par le paragraphe 4 de l'article 5 de la loi primitive sont très difficiles et ne recevront certainement pas sou- vent une sanction efficace. La nouvelle rédaction vaut beaucoup mieux. » A mon humble avis, toute condamnation pour contravention aux lois sur la chasse devrait entraîner, pour celui qui l'aurait encourue, la pri- vation d'un permis. 254 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. » Toutes chasses de nuit ou avec nappes, filets, raquettes ou engins quelconques devraient être interdites, la chasse au fusil étant seule permise. » La nouvelle loi manque aussi d'une disposition interdisant sur le territoire français le transport de Cailles vivantes, prises au départ ou à l'arrivée sur les côtes et s'expédiant par milliers en Angleterre ou en Belgique. Ces agissements doivent nécessairement amener dans un temps limité une destruction absolue de ces charmants oiseaux. » Quant aux oiseaux migrateurs, très improprement appelés de pas- sage, il ne faut pas perdre de vue qu'ils ne sont à l'état de passants que pour se rendre là oîi ils nichent. Or, s'ils sont détruits pendant la route, la reproduction ne peut avoir lieu. Je ne pense donc pas que cette dis- tinction entre les oiseaux de passage et ceux qui ne sont pas considérés comme tels, doive avoir lieu. D'ailleurs la chasse de beaucoup d'entre eux s'effectue au moment des nichées. C'est ainsi que lâchasse à la passe de la Bécasse est, fort à tort, permise pendant les mois de mars et d'avril, qui sont ceux pendant lesquels les oiseaux entrent dans leur saison d'amour, se recherchent, s'accouplent et nichent dans nos con- trées, étant des plus précoces. Ils voltigent alors en se poursuivant au- dessus des taillis et c'est là ce qu'on appelle la passe. Tuer une Bécasse en mars produit donc, au point de vue de la destruction, le même effet que tuer une Perdrix en mai. s Le paragraphe 5 de l'article 9 est un de ceux que j'ai voulu désigner comme ouvrant la porte aux abus. Le paragraphe 7 du même article laisse aussi une bien grande latitude aux préfets, ainsi qu'aux Conseils généraux dont les membres ne sont pas tous ornithologistes. -» Le paragraphe 9 abandonne les oiseaux d'eau qui fréquentent les bords de la mer à une destruction complète. Ils méritent cependant bien une protection quelconque et ont aussi leur époque de reproduction, qui s'effectue non loin des rivages. » Article 12. A partir de la fermeture de la chasse, tout chien ren- contré faisant acte de chasse et accompagné ou non, devrait être mis en fourrière et donner lieu à un procès-verbal contre son propriétaire. » Les savants non chasseurs, ou les personnes notoirement connues pour s'occuper de questions scientifiques, devraient seules pouvoir bé- néficier des dispositions additionnelles de l'article 11. » Maintenant permettez-moi une digression. j On cherche, dans les écoles primaires, à inspirer aux enfants l'amour des oiseaux et à réagir contre leur penchant naturel à la des- truction des nids. On ne peut trop appaludir à ces bonnes dispositions, dont les oiseaux et les enfants ne peuvent que tirer profit. Mais on doit, dit-on, faire une distinction entre les oiseaux utiles et les oiseaux nui- sibles. Là est le danger. Outre que cette distinction subtile ne peut guère être que relative, qui l'établira? Comment les agents ou fonctionnaires PROCÈS-VERBAUX. 255 reconnaîtront-ils l'espèce des nids saisis entre les mains des délinquants, à quels oiseaux ils appartiennent ? Qui dira, ce nid est de Tourterelle, ce", autre d'Émérillon? puisque, selon le cas, ils constitueront un corps de délit, ou seront le témoignage d'une bonne action. Enfin, qui peut déclarer d'une façon certaine que tel oiseau est nuisible ? Dans cette catégorie on range le Corbeau, or celui-ci détruit les vers blancs en grande quantité. A ce point de vue donc il est utile et je ne vois pas que d'un autre côté il commette beaucoup de méfaits. Les Pies-griècbes, qui mangent les peiits oiseaux, mangent aussi des vers blancs, des in- sectes, et d'autres oiseaux déclarés nuisibles détruisent bon nombre de rongeurs. Comment donc déterminer d'une façon certaine si le bien qu'ils font d'une part ne balance pas le mal dont ils sont coupables d'autre part et si, somme toute, il n'y a pas compensation. Les rongeurs eux- mêmes n'ont-ils pas leur bon côté? Les Loirs détruisent un nombre incalculable de Hannetons. Faut-il donc, me direz-vous, ménager ces ani- maux? Non, je ne vais pas jusque-là, car ils font plus de mal que de bien, par les déprédations auxquelles ils se livrent sur les nids des oiseaux, sur ceux des Lapins même et par les pertes qu'ils occasionnent en atta- quant les plus beaux fruits. » Quant aux oiseaux, je ne pourrais guère parmi eux désigner, à coup sur, comme nuisible que la Pie, et encore ! i Beaucoup d'oiseaux, sans doute, sont coupables de méfaits au point de vue des récoltes, des fruits ou même des autres oiseaux. Mais ils racbètent cela en aidant au repeuplement de nos forêts, dont ils dissé- minent les graines, ou par d'autres services. ■» Je trouve donc très dangereux de dresser une liste des proscription;s et de dire aux enfants : Ceux-ci sont utiles, ceux-là nuisibles, allez, épargnez les uns, massacrez les autres sans merci! On peut parfaite- ment ainsi faire fausse route, sans compter que la distinction des nids n'est pas toujours facile pour des enfants inexpérimentés. Rien des inno- cents seraient, de bonne foi ou non, sacrifiés pour les coupables. ■ ï Avant tout il faut se bien pénétrer de cette vérité : que, dans l'élat de nature, tout se trouve dans une harmonie parfaite et dans d'admi- rables proportions, qu'aucune espèce animale ou végétale n'est envahis- sante au détriment des autres. Les animaux se faisant récipro(iuemenl la guerre pour l'existence et se nourrissant aussi des plantes, il en ré- sulte que tout se maintient dans un équilibre constant, que l'homme, avec sa civilisation, ses besoins, sa vie en agglomération vient seul déranger. » Loin de moi la pensée que, pour son plus grand bien, l'homme devrait vivre à l'état de nature, dans la barbarie et la sauvagerie, res- pectant les animaux fauves ou se laissant manger par eux. Nul ne goûte plus que moi les bienfaits de la civilisation et n'est plus partisan de ses progrès. Mais, lorsqu'il s'agit de conservation ou de propagation des 256 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. animaux, on ne saurait tenir trop grand compte de leurs conditions na- turelles d'existence, pour s'en rapprocher le plus possible et pour com- battre les perturbations qui y sont apportées par l'humanité, jetant nécessairement un trouble dans la pondération primitive. Ceci bien compris, il ne faut pas une abstraction intellectuelle bien grande pour se rendre compte qu'en détruisant une espèce animale quelconque, fût- ce la plus infime, on apporte à l'ordre naturel une modification dont ou ne peut deviner les eftets et mesurer les conséquences. » Ainsi donc ne détruisons qu'avec une extrême circonspection el beaucoup de réserve les oiseaux, même ceux qui nous semblent nuisi- bles, car nous ne savons pas bien ce que nous faisons, ni la répercussion infinie que la suppression d'une espèce peut avoir dans la nature. » Mais efforçons-nous, au contraire, de conserver et de propager les espèces qui nous sont utiles ou agréables, par tous les moyens à notre disposition, et pour cela ne dédaignons pas les enseignements que nous donne l'observation de l'état naturel de choses. » En ce qui concerne la chasse et la conservation du gibier, ayons une loi bien nette, bien précise, bien compréhensible, disposant d'une façon générale, n'ouvrant pas la porte aux exceptions, ne se prêtant pas aux interprétations ni aux distinctions subtiles. Surtout, faisons-la ob- server. » Telles sont les réflexions [qui m'ont été suggérées par le projet de loi sur la chasse et par mon désir de voir prendre des mesures pratiques pour la conservation du gibier et des oiseaux. » — M. Léo d'Ounous demande à prendre part aux distributions d'œufs de Salmonidés faites par la Société.- — M. Henneguy adresse plusieurs exemplaires d'une note qu'il vient de publier sur une épidémie qui a détruit, cette année, tous les jeunes alevins de Truite du laboratoire du Collège de France. — M. Rivoiron accuse réception el remercie des œufs de Saumon des lacs qui lui ont été adressés. — M. Rathelot écrit du Grand-Montrouge: « l^es œufs de Saumon des lacs que vous avez bien voulu me faire remettre, sont tous éclos dans les journées des 10 et il avril ; je n'ai éprouvé qu'une perle de 7 œufs sur les 800 que vous m'avez donnés. Les œufs de Truite que j'avais mis en incubation le 19 décembre ont mis de 95 à 107 jours pour éclore, à la température moyenne de + 5 degrés. » — M. Cloquet écrit de Sèvres : « J'ai reçu de la Société, à la fin d'avril 1882, 600 el quelques œufs d'Attacus Pernyi. Comme je vous l'avais annoncé dans mon accusé de réception, j'avais partagé mon édu- cation en deux parties, une en chambre, l'autre à air libre. Le 1" mai, vers huit heures du' malin, l'éclosion commençait et durait ainsi tous les jours suivants de huit à onze heures du matin. L'éclosion a été en augmentant de jour en jour. Le premier jour, apparaissaient 7 larves, PROCÈS-VERBAUX. 257 le lendemain, 9, et ainsi de suite en augmentant. Le 20 mai, l'éclosion était de 30, elle se maintenait ainsi dans une moyenne de 30 à 35 pendant trois ou quatre jours et redescendait ensuite à une moyenne de 15 jus- qu'au 26 mai. A partir de ce jour il n'y avait plus aucune éclosion ; il était né 371 vers, quelques-uns étaient morts à la sortie de l'œuf. Les œufs restant se déprimèrent rapidement. Je fus étonné de la grande quantité d'œufs mauvais (environ 250). Je ne sais à quoi attribuer cela, L'éclosion avait lieu dans une pièce au midi (20 à 22 degrés). Les vers ne mangeaient pas tout de suite, ils ne commençaient guère que dans la nuit suivante. ï. Au bout de quatre ou cinq jours, vers le 1« juin, lorsque je jugeai la température suffisante, je plaçai dans mon jardin exposé au soleil, dans une cage vitrée et grillée, la partie que je me proposais d'éle- ver à air libre (200 environ). Les autres furent laissés dans la pièce d'éclosion. Le 3 juin, les premiers nés entraient dans leur premier som- meil et les autres successivement. Malheureusement pendant le premier sommeil, une nuit, un violent orage s'abattait sur le pays, la cage mal consolidée fut renversée par le vent, et l'eau entrant dans la cage, dé- truisait les trois quarts de mes chenilles. Le lendemain je n'en retrouvais qu'une trentaine qui avaient échappé au désastre. Je les transportai aussitôt dans la chambre d'éclosion avec les autres et je renonçai pour cette année-là à l'éducation à air libre. » Les variations de température pendant l'année 1882, comme vous le savez, ont été assez brusques et le thermomètre a peu monté. Le so- leil a été assez rare. Quoique l'éducation ait marché assez régulièrement, les sommeils ayant lieu à espaces réguliers de neuf à dix jours et durant de quatre à six jours en moyenne, avant le quatrième, pour une cause que je ne m'explique pas et que je n'ai pu trouver, j'ai perdu une grande (juantité de chenilles. Je leur ai toujours autant que possible fourni les feuilles les plus fraîches possible. J'avais choisi dans le parc de Saint- Cloud un petit taillis de chênes, où j'allais faire ma récolte de feuilles, ne choisissant ni les jeunes ni les trop vieilles feuilles et ne voulant pas changer d'arbres. Aucun oiseau, aucun insecte n'a pu m'en détruire. Les chenilles mouraient ou disparaissaient par grandes quantités. Enfin, vers les premiers jours d'août, les quelques vers qui avaient échappé commençaient leur cocon. J'en ai obtenu une quinzaine et j'ai pu éviter l'éclosion des papillons et aussi une seconde éducation. Je compte re- commencer cette année, si mes papillons viennent bien et s'accouplent, mais je doute de ce fait ; il ne s'est encore rien produit dans les cocons. 11 me semble pourtant que le moment serait arrivé. » Si la Société peut encore cette année disposer de graines, je deman- derai la faveur d'être compris dans cette distribution pour une toute petite quantité, espérant n)ieux réussir celte année que la précédente. » J'ai semé cette année du Soya liispida. Placé dans un terrain sec, 3' SÉRIE, T. X.— Avril 1883. 17 258 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aGCLIMATATION. crayeux, il a parfaitement réussi et a été d'un rapport très considérable. )i J'avais aussi obtenu de la Société une petite quantité de graines de Sagyina (Sorgbo). Semé en ligne comme du Maïs, il a parfaitement réussi. Les épis sont très bien venus, le grain était très beau et très bien formé, mais il n'est pas arrivé à complète maturité. J'attribue cela au peu de soleil et aux mauvais temps que nous avons eu l'été dernier. Les tiges sont d'une liauteur de 2 mètres à peu près, bien fournies, et donnent une très bonne paille qui peut remplacer la paille de Mais. La croissance est assez rapide et la maturité a eu lieu vers la fin de septembre. » J'avais donné une petite quantité de graines de Soya et de Saggina à une personne habitant Montgeron, chez laquelle elles ont aussi très bien réussi. » Une personne habitant Juvisy m'a appris hier qu'il y a quelques jours on avait capturé dans la Seine un Saumon pesant 23 livres et me- surant environ 80 centimètres de long. Je crois être utile à la Société en lui signalant ce fait, qui n'est pas rare, à ce qu'il paraît, dans ce pays. » — M. Alfred Wailly adresse de Tudor Villa, Norbiton (Angleterre), un rapport sur ses éducations de Bombyciens séricigènes pendant l'an- née 1882. 11 y joint un article sur les Lépidoptères anglais et européens, extrait du Land and Watei-. « J'attends, écrit M. Wailly, une caisse de Cocons Mylitta (grande race de l'Himalaya), la seule que j'ai réussi à élever en ltS79. Ils me sont expédiés de Calcutta et le navire est à Lon- dres depuis vendredi dernier. Si les Cocons sont tous bien vivants, j'en aurai bon nombre, car j'en attends d'autres de Ceyian et de Bombay ; mais on ne peut compter que sur ce que l'on tient eu bon état. » — M. Pontet, président de la Société d'Horticulture et d'Acclimatation du Cantal, adresse une demande d'oeufs de Vers à soie du chêne. — M. Mollinger adresse de Godesberg, près Bonn (Allemagne), un petit lot de cocons de différentes espèces de Vers à soie : Telea Poly- phemus, Attacus cynthia, Samia cecropia et Samia Promethea, tous de provenance américaine. — Uemerciements. — M. Charles Baltet prie la Société de vouloir bien lui faire parvenir des œufs de plusieurs espèces de Vers à soie. — MM. Fabre père, Le Guay, Jean Burky, Duplantier, V. Fleury, Guy aîné, Lecointre, Mathey, Emile Meunier et Mollinger demandent à orendre part à la distribution de graines annoncée dans la Chronique. — MM. Mathey, Gnecchi et Mollinger remercient des envois de graines qui leur ont été faits. -- M. Fréd. Bomanet du Gaillaud prie la Société de vouloir bien lui procurer, s'il est possible, du plant de Tradescantia erecla. — M. Fréd. Palmer demande si la Société possède des renseigne- ments sur une nouvelle variété de Pommes de terre dite du Brésil. PROCÈS-VERBAUX. 259 — M. A. Derré de Sablé (Sarlhe)' rend compte des résultats donnés par différentes graines et plantes provenant de la Société. — M. de Saint-Quentin écrit de Cette : « Le Cytisus proliferiis, dont on a distribué récemment des graines et dont j'avais reçu quelques se- mences il y a cinq ou six ans, sous le nom de Tagasaste, je crois, vient parfaitement dans la région de Cette. J'avais partagé mes graines avec quelques propriétaires, qui n'ont pas su ou voulu s'en occuper. Sur cinq que j'avais gardées et qui ont levé, j'ai perdu, par accident, quatre plants. Un seul existe encore ; il a 2 mètres de haut, il est très étalé et a toujours résisté aux tentatives que j'ai faites pour le faire monter, en lui formant un tronc central. La tige que l'on dresse contre un tu- teur ne se développe plus et les branches latérales deviennent plus vigoureuses. Il n'a jamais fleuri. Cette année, je viens de le tailler dans l'espérance que cette opération provoquera des fleurs au printemps. » J'avais reçu à la même époque des graines d'un Psoralea peu dif- férent de ceux du pays, et qui vient aussi assez bien à Celte. Il portait le nom de Tédéras dans l'envoi. Cette plante résiste moins bien à la sé- cheresse de nos régions que le Cytise prolifère. Elle paraît avoir les feuilles plus serrées et plus abondantes que la Psoralée commune ; elle est aussi d'un vert plus gai. Peut-être n'est-ce qu'une race de la vul- gaire. Je ne crois pas qu'ici elle puisse être d'une grande utilité. » J'avais encore reçu des graines de Mclaleuca parviflora à peu près en même temps, sinon antérieurement. Cette plante résiste ici en pleine terre. J'en ai même un pied assez grand, puisqu'il a 1m,80 environ; mais l'aspect de ce végétal est misérable et désordonné. Les branches retombent sans grâce dans tous les sens, et le feuillage est maigre et ténu. En outre, depuis plusieurs années que je le soigne, il ne m'a ja- mais donné une fleur. » — M. Romanet du Caillaud écrit à M. le Secrétaire général : « J'ai bien reçu la lettre par laquelle vous avez eu l'obligeance de m'accuser réception des graines de Spinovitis Davidi à raisins blancs et à rai- sins rouges, vignes originaires du Chen-Si (Chine). La variété à raisins blancs est cette année introduite en Europe pour la première fois. » J'ai offert ces graines de Vignes chinoises à la Société d'.Vcclimata- lion de la part de S. G. M'J"" Pagnucci, l'évêque coadjuteur du vicariat apostolique du Chen-Si. î Depuis trois ans M'J' Pagnucci m'envoie des graines de vignes de sa province. > Cette année, il m'avait en outre adressé des graines d'un Chêne à bois très dur et d'autres graines fort utiles ; mais, sans doute par suite d'un accident dans le transport par voie de terre sur un parcours de 800 à 1000 kilomètres, cet envoi ne m'est pas encore parvenu. > La Société a bien voulu, l'année dernière, récompenser ma bonne volonté par une médaille de bronze. Peut-être cette année jugera-t-elle 260 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. convenable de récompenser également le zèle de M'J' Pagnucci, auquel j'attribue tout le succès de mes tentatives d'acclimatation. » M. de Gonfévron écrit de Langres: « Il est reconnu et admis que le o^reffage, le bouturage et autres procédés par lesquels on multiplie les différentes variétés d'arbres fruitiers, ne constituent pas des sujets nouveaux ayant une existence propre. Les arbres ainsi obtenus ne font que continuer, en quelque sorte, la vie du sujet principal d'où ils éma- nent et dont ils ne peuvent être considérés que comme des membres sé- parés à l'infini, comme des enfants nés vieux de l'âge de leur père, pour ainsi dire, et ne pouvant arriver à un âge bien plus avancé que lui. Il y a bien un petit regain de force, mais momentané et résultant d'une sève un peu rajeunie par le bouturage ou par la vigueur du sujet nour- ricier auquel on confie la greffe. » De cette théorie il résulte qu'une espèce obtenue par graine, puis multipliée par greffe, par écusson ou par bouturage, ne peut avoir beau- coup plus de longévité que le sujet primitif. î Ceci explique la disparition ou la dégénérescence par vétusté ou ané- mie sénile, d'une grande quantité d'excellentes espèces de fruits, dont l'obtention par graine remonte à 100 ou 200 ans. » Ce fait est surtout remarquable pour les espèces de Poires dont les unes ont disparu, d'autres deviennent rares, d'autres sont presque introuvables, d'autres enfin encore existantes ne sont plus représentées que par des arbres chélifs, vieux, rabougris et ne donnent que des fruits en petit nombre et de qualité inférieure. 3) Ces bonnes espèces, qui n'ont point été remplacées, ne peuvent être retrouvées et rajeunies que par l'obtention d'arbres nouveaux, c'est-à-dire obtenus par graine. » On n'arrivera pas à ce résultat sans difficultés, dont la patience et la persistance peuvent seules triompher. » Il est, en effet, presque aussi difficile de retrouver par semis une espèce perdue, que de la produire pour la première fois. » Il me semble cependant qu'avec un peu de soin et d'entente on peut arriver à un bon résultat : en utilisant, par exemple, les semences des variétés dont on a encore des échantillons et en employant la fécon- dation artificielle par des espèces analogues. Quant aux espèces entière- ment perdues, on tâcherait de les retrouver par celles s'en rapprochant le plus. » Citons quelques-unes des Poires disparues ou en train de disparaître et qu'il y aurait intérêt à retrouver : les Saint-Germain, Cressane, Beurré gris. Bon chrétien d'hiver, Doyenné blanc. Doyenné de la Pentecôte, Rousselet fin, Bezy Chaumontel, Martin sec, Messire Jean, etc. j Le travail auquel il faudrait se livrer pour arriver à bonne fin, se- rait intéressant et fort utile, mais peu productif. C'est pourquoi il me semble que cette recherche devrait être encouragée par l'attribution PROCÈS-VERBAUX. 261 d'une récompense de la Société d'Acclimatation à celui qui aurait ob- tenu par graine les espèces les plus recommandables de fruits en train de disparaître ou entièrement disparus. » Ce que j'ai dit des Poires peut, bien entendu, s'appliquer à d'autres fruits, à tous les arbres et surtout aux fleurs doubles qui ne se renou- vellent pas par graine. » €beittcN. — M. de Fays écrit de Templeure : « J'ai perdu cette nuit, de la diphtérite, la femelle du couple d'Éperonniers chinquis qui m'a été envoyé en cheptel le 6 courant. J'ai écrit, il y a quelques jours, au Jardin d'acclimatation pour lui signaler l'état des oiseaux. Ceux-ci m'avaient paru tristes dès leur arrivée, mais comme ils avaient été près de trois jours en route, je mettais leur bouderie sur le compte des fatigues du voyage. Néanmoins, je les ai soumis à un régime préventif, qui n'a pu empêcher Je développement du mal. » — M. V. Fleury écrit de La Drouetière : «Mon cheptel de Poules de Dorking, pris de diphtérite à peine arrivé, me semble aller mieux. Une Poule est complètement guérie; le Coq est mieux; mais l'autre Poule est encore assez malade. Nous les soignons assidiàment et leur faisons prendre d'énergiques reconstituants et antidiphtéritiques. Ces oiseaux devaient avoir le germe de la maladie en arrivant ; car je les ai trouves au dé- ballage fort tristes et sans activité et depuis un an, nous n'avons pas perdu une seule Poule de cette maladie, qui est toujours fort rare dans notre basse-cour. Cette basse-cour est fort spacieuse, 1200 mètres carrés environ ; 4 jeunes poulets de février étaient seuls avec eux et l'un d'eux à leur contact a pris la diphtérite et est mort. Nous n'avonssauvè les autres qu'en les enlevant immédiatement et en les mettant en liberté dans le parc.» — M. Mathey annonce le renvoi des oiseaux survivants de son cheptel de Poules de Uorking. — M. Coignard écrit de Sablé (Sarthe) : « J'avais eu l'honneur de vous annoncer dans une lettre précédente que la femelle Ccréopse avait couvé six œufs qui étaient mauvais. Aujourd'hui je suis heureux de vous an- noncer qu'une seconde Poule a mieux réussi. Sur cinq œufs j'ai cinq petits, qui me paraissent très vigoureux. Je les nourris avec des œufs durs, de la laitue hachée, du son et du pain. » Mes Cygnes noirs me paraissent devoir être encore improductifs cette année, les accouplements sont cependant fréquents. » — M. Martel-Houzet, de Tatinghem (Pas-de-Calais), rend compte de la perte accidentelle de la femelle de son cheptel de Canards Casarkas. — M. Le Guay fait connaître que son cheptel de Canards mandarins est en bon état et que ses deux Chèvres naines lui ont donné chacune une chevrette. — M. Maisonneuve écrit de Challans (Vendée): « Mes Paddas n'étant pas parfaitement blancs, m'ont donné des produits mélangés, et des gris très purs, ainsi, du reste, que j'en avais la conviction. L'an dernier, les 262 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. couvées n'ont pas réussi, et aujourd'hui parents et enfants ont des œufs, mais ne couvent pas régulièrement. Enfin j'ai perdu la rnère au mois d'octobre dernier. Quant au père, je ne saurais le distinguer de ses enfants. Je renonce à l'élevage des Paddas blancs, et dans quelques mois je retournerai 7 à 8 oiseau.x à la Société. » — M. Jules Grisard donne lecture d'une lettre adressée à M. le Secré- taire général par M. Bouchereaux, qui rend compte des résultats inté- ressants obtenus par l'emploi d'une couveuse artificielle pour l'incubation d'œufs de Casoar (voy. au Bulletin). — M. Saint-Yves Ménard désirerait savoir s'il existe des observations antérieurement faites et déjà connues, concordant avec l'opinion émise dans cette lettre par M. Bouchereaux, à savoir: que, pour des oiseaux du volume du Casoar, la température de la couveuse doit être inférieure à celle qui convient pour des œufs d'oiseaux de plus petite taille. — M. Dareste ne croit pas que des observations de ce genre aient été faites jusqu'à ce jour. Pour les œufs de Poule il faut une température de 35 à 40 degrés. Un fait très intéressant, mais non encore étudié d'une manière convenable, c'est que, dans l'œuf delà Poule, il y a vers le 8*^ ou le 10* jour de Tincubalion, apparition de la respiration embryonnaire et, par suite, production de chaleur. Pendant les deux dernières semaines de l'incubation, l'œuf développe de la chaleur. Aussi, quand on opère avec une étuve contenant un certain nombre d'œufs, peut-on diminuer la chaleur fournie par l'appareil. L'expérience apprendra si le fait peut s'appliquer à des œufs plus gros que les œufs de Poule. — M. Saint- Yves Ménai'd fait remarquer que l'observation de M. Bouche- reaux constate une durée variable de l'incubation pour des œufs qui parais- sent avoir été placés dans des conditions identiques; une éclosion s'est produite au bout de 56 jours, une autre au bout de 64, soit 8 jours de différence. 11 serait intéressant de savoir si d'autres observations ont jiermis de constater des durées d'incubation aussi variables. Pour les œufs de Poule, dont l'incubation ne dure, il est vrai, que "21 jours, les différences qui se produisent ne s'étendent guère au delà d'une journée, • et ne sont même, en général, que de quelques heures. — M. Dareste pense que les différences constatées tiennent à ce que les œufs ne sont pas tous exposés à une même température dans la cou- veuse artificielle, où certains points peuvent être moins chauffés que d'autres. — Telle est également l'opinion de M. Saint-Yves Ménard, qui rappelle toutefois que sur des œufs de Casoar soumis à l'incubation naturelle au Jardm d'acclimatation, on a également constaté des différences de 6 à 8 jours dans la durée de l'incubation; l'explication du fait est encore à trouver. — M. Camille Dareste dit avoir constaté sur des œufs soumis seule- ment à un commencement d'incubation que, chez quelques-uns, le déve- PROCÈS-VERBAUX. 563 loppement initial se fait avec une rapidité très grande, alors qu'il est d'une extrême lenteur chez d'autres placés exactement dans les mêmes conditions. L'évolution embryonnaire est aussi avancée pour les uns, au bout de vingt-quatre heures, que pour les autres au bout de trois jours. Il y aurait intérêt à rechercher si cette inégalité de développement au début entraîne des différences dans l'époque de l'éclosion. — L'assemblée décide le renvoi de la lettre de M. Bouchereaux à la Commission des récompenses. — A l'occasion d'une note de iM. Merlato, publiée dans le numéro de janvier du Bulletin, sur l'élevage de l'Autruche, M. Camille Dareste dit qu'il ne saurait partager l'opinion émise dans ce travail, à savoir : que, dans l'œnf, l'autruchon ne perce pas la chambre à air avant d'éclore. a. Toutes les personnes qui s'occupent d'incubation artificielle, ajoute M. Dareste, savent que, le plus ordinairement, lorsque le poulet a la tète tournée vers le gros bout de l'œuf, il ne peut éclore qu'après avoir percé la chambre à air et commencé à respirer dans l'intérieur de la coquille. Les observations de M. Bouchereaux montrent que le Casoar ne fait pas exception à cette règle d'éclosion, et que cet oiseau perce la chambre à air et commence à respirer par les poumons avant de briser la coquille. 11 est donc permis de supposer, par la très grande ressemblance de l'Au- truche avec le Casoar, qu'il y a quelque erreur d'observation dans les faits qui nous ont été indiqués par M. Merlato. » — M. A. Leroy donne lecture d'une note sur le dépeuplement et le repeuplement des rivières de France (voy. au Bulletin). — M. Baveret-Wattel signale, à l'occasion de celle communication, le tort considérable causé aux rivières par l'insuffisance de certaines dispositions de la législation sur la pêche; par le braconnage; enfin par la souillure des eaux, qu'empoisonnent les matières résiduaires d'iui grand nombre d'usines. — M. le Président dit qu'indépendamment de ces différentes causes de destruction du poisson, il en est une autre sur laquelle on ne saurait trop appeler l'attention : c'est le curage à franc bord prescrit par l'admi- nistration pour tous les petits cours d'eau. Les rives deviennent des pa- rois absolument verticales; toutes les plantes sur lesquelles frayent le poisson disparaissent. Or c'est précisément dans les petits cours d"eau, affluents des rivières principales, que se développent surtout les alevins. Aussi le curage à franc bord, quand il n'est pas absolument nécessaire pour faciliter l'écoulement de l'eau et assurer l'alimentation des usines, devrait-il être proscrit comme une des causes profondément regret- tables de la disparition du poisson. Cependant, loin d'être une exce|>tion, ce curage est actuellement une pratique absolue et obligatoire. Ile là une destruction effrayante du poisson. — M. Millet rappelle que la question du dépeuplement et du repeuple- ment des cours d'eau a été fréquemment l'objet d'une attention toute par- 264 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. ticulière de la part de la Société d'Acclimatation, qui a vu plusieurs des mesures qu'elle proposait pour remédier au mal, adoptées par l'admi- nistralion (1). Parmi ces mesures ligure la création de réserves de pêche, dont on a obtenu d'excellents résultats. Plus de 820 kilomètres de rivières flotlables ou navigables sont actuellement constitués en réserves, dans lesquelles toute pêche, même celle à la ligne flottante, est interdite pendant cinq années consécutives. — Tout en reconnaissant les bons effets des réserves, au moins sur certains points, M. Raveret-Wattel estime qu'il convient de ne pas s'exa- gérer l'efficacité de cette mesure. En effet, les réserves protègent aussi bien les espèces carnassières et destructives que celles qui ne le sont pas; or la pullulation de la Perche et du Brochet a beaucoup contribué dans ces dernières années à la disparition des autres espèces. — M. Millet ne croit pas que le Brochet fraye dans les réserves. Quant à la Perche, il est facile de détruire les chapelets d'œufs qu'elle attache aux herbes aquatiques. — L'assemblée prononce le renvoi à la S" section de la communica- tion de M. Leroy. Le secrétaire des séances, C. Raveret-Wattel, SÉANCE GÉNÉRALE DU 27 AVRIL 1883. Présidence de M. A. Geoffroy Satnt-Hilaire, secrétaire général, puis de M. le marquis de Sinétv, vice-président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après une observation de M. Millet. — M. le Président proclame les noms des membres récemment admis par le Conseil : MM. PRÉSENTATEURS. . , , „ , , A. Geoffroy Saint-Hilaire. Boursier, Charles, aviculteur a Houdan \ ^ ^^^^^^ (Seine-et-Oise). ( le marquis de Sinéty. DOULADOURE (J.-L.), directeur général de la / ^ Geoffroy Saint-Hilaire Société la € Garantie fédérale ., assurance \ ,^ ^^^^^.^^.^ ^^ ^.^^.^^, contre la mortahlé des bestiaux, 38, rue ^^^^^^^^^ j^j^^^rd. des Bourdonnais, à Paris. \ ^ , ,. ' Maurice Girard. Lataste, Fernand, 7, avenue des Gobehns, \ j Grisard. ^ P^ris. ^ ]g n^arquis de Sinéty. (1) Rapport sur les mesures relatives à la conservation et à la police de la pêche, par M. Millet (Bulletin, 1865, p. 2G3). PROCÈS-VERBAUX. 265 MM. PRÉSENTATEURS. I • r. 11 .• eo ^ E. Dupin. Le;fevre, François-Joseph, rentier, 53, avenue \ . r. «■ c • . ui • 1 AT M .' -VT 11 /r^ • X 1 A. Geoffroy Saint-Hilaire. de Neuillv, a Neuilly (Seine). / , ■ j o- -. ■' ' V le marquis de Sinety. I n ^ 1 ^ ' ■ . i fo c [ MuSSOn. LOUVENCOURT (Jules de), négociant, 146, fau- \ ,, ,, . , . c ■ . n • ' n ^ \ Yves-Menard. bourff Saint-Denis, a Pans. / , . , _. , ° [le marquis de Sinety. ,, ., , .,, . . n • . ( A.Geoffroy Saint-Hilaire. ViGNAUT, Alphonse, propriétaire, a Saint- \ , , j „, , _ ,^- ,n . 'i Ifc comte de Montlezun. Sauvy, par Ginioiit (Gers). / ,. ... , •" ^ ^ ' ( \ves Menard. — M. le Secrétaire procède au dépouillement delacorrespondance. M. Bouley, président, et M. Raveret-Wattel, secrétaire des séances, s'excusent de ne pouvoir assister à la séance. — Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. Dode- mont-Delloye, Claude Lefèvre, Leprévost-Bourgerel, Em. Baré, Ed. Vil- ley et Jean Kiener, ainsi que par la Société d'agriculture de la i.ozère. — M. Ludovic Joffrion adresse une demande de graines de Vignes chi- noises. — M. Pays-Mellier écrit de la Pataudière (Indre-et-Loire) : « Je lis dans le Bulletin mensuel de la Société, de décembre dernier, qu'un tapissier de Périgueux, M. Briand, a obtenu la reproduction du petit Singe ouistiti. » J'ai eu, moi aussi, il y a quelques années, un couple de ces animaux, qui ont eu deux jeunes, mâle et femelle, qu'ils ont parfaitement élevés. Le père surtout en prenait grand soin et les portait sur son dos avec la sollicitude la plus touchante. » En ce moment, j'ai à la Pataudière un fait assez rare, je crois, lin couple de Grands-ducs a fait son nid par terre, en creusant un trou dans le sable, et la femelle seule couve ses trois œufs depuis le 29 mars. » J'ai aussi obtenu la reproduction des Porcs-épics : ces animaux ont un jeune mâle, âgé déjà d'un mois et demi. » — M. Maisonneuve, pharmacien, à Challans (Vendée), écrit à M. le Président : < Quiconque s'est livré à l'élevage des oiseaux dits de luxe, et des Fai- sans, Colins en particulier, est unanime à reconnaître combien il est difficile, pénible môme, de se procurer en temps voulu, ou en quantité suffisante, des œufs de fourmi. Voilà pourquoi, de divers côtés, des tentatives ont été faites par les éleveurs, afin de se soustraire à cette obligation. La Société, du reste, a parfaitement compris qu'il y avait là une question intéressante au premier chef; aussi, dans le but de stimuler les recherches des éleveurs, offre-t-elle une prime à l'inventeur d'un genre de nourriture artificielle, économique, destinée à remplacer les œufs de fourmi. Je ne sais si la question est complètement résolue 266 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATÂTION. aujourd'hui ; dans tous les cas, permettez-moi au moment oîi le commerce commence à fabriquer des compositions spéciales, permettez-moi, dis-je, de revendiquer en faveur d'un aviculteur bien connu de la Société d'Ac- climatation, la priorité d'une formule de nourriture essentiellement pratique, économique, à base de sang. Sous ce rapport, mon confrère M. Dauleville n'a rien innové. » En effet, depuis plusieurs années déjà, M. l'abbé Bertin, curé de Mo- chelles (Maine-et-Loire), réussit parfaitement, à l'aide d'une nourriture animale dont il est l'inventeur, l'élevage des Faisans, Perdreaux, sans le concours des œufs de fourmi, ainsi du reste que la Société d'Acclimata- tion pourra s'en convaincre par une enquête si elle le juge à propos. » Je vous signale ce fait et je laisse à votre impartialité bien connue le soin de le communiquer, si vous le jugez utile, à la Commission des récompenses. » — M. Merlato écrit d'Aïn-Marmora (Algérie) à M. le Secrétaire général: « Comme suiteà ma lettre du 25 mars, je me fais un devoir de vous an- noncer que le nombre des naissances d'Autruches à ce jour, est de seize, toutes vivantes et bien portantes. — Les premiers-nés, dont je vous entretenais dans ma précédente lettre, ont un mois d'âge. — Tous pro- viennent d'éclosions artificielles, car la saison ne permet pas encore de faire couver les animaux. > — M. l'ingénieur ordinaire des ponts et chaussées, à Guéret, écrit à iM. l'Agent général : « Les œufs fécondés de Salmo-Namaijcush ne sont pas arrivés en très bon état; l'emballage formé par une simple couche de mousse a été in- suffisant pour proléger les œufs contre la gelée, et 852 œufs blancs ont été trouvés gelés. Les autres ont été déposés dans les bassins de Sainte- Feyre, oîi leur éclosion a parfaitement réussi. » — M. le Chef de l'exploitation des chemins de fer de l'État adresse deux exemplaires de l'ordre de service par lequel il a appelé l'attention du personnel du réseau de l'État sur les précautions à prendre pour le trans- port des œufs vivants de poissons expédiés par la Société. — MM. Louis et Delorange font connaître les résultats des éclosions d'œufs de Salmonidés américains qu'ils ont reçus de la Société. — M. Abel Leroy adresse une note en réponse aux objections faites à sa communication lue dans la séance du 13 avril. — M. Jules Fallou écrit à M. le Président : « Je suis heureux de vous informer que, par décision du 29 mars 1883, U. le conservateur des forêts de l'État a bien voulu m'autoriser à pla- cer dans la forêt de Sénart mes nouveaux abris pour l'éducation en pleine forêt de VAttacus Pernyi. » M. Uich, inspecteur de cette même forêt, est venu me témoigner Fin. térêt qu'il prenait à mes tentatives d'acclimatation de ce précieux pro- ducteur de soie, et m'a mis aussitôt en rapport avec un garde de l'État. PROCÈS-VERBAUX. :267 5) Le moment venu, je serai en mesure de commencer une nouvelle édu- cation; mes efforts tendront à la meilleure réussite possible, et je serai des plus satisfaits si je puis vous rendre compte d'un heureux résultat. » — M. 3Ioïse Bertoni, de Lotligna (Suisse), appelle l'attention de la So- ciété sur l'intérêt que présente la culture du Noisetier (voy. au Bulletin). — M. de la Rochemacé écrit de Couffé (Loire-Inférieure) : « Je ne me suis jamais occupé de Vers à soie, je crois pourtant savoir que certaine espèce élevée sur le chêne de nos pays manque d'aliments au premier printemps, en raison de la pousse tardive de nos Chênes. » Or il se trouve que je possède un Chêne devançant tous les ans les autres d'au moins trois semaines dans l'épanouissement de ses feuilles; par ce même courrier, je vous en envoie un échantillon, adressé rue de Lille. B A cet échantillon j'ai joint celui du Chêne contigu, même exposition, pour faire mieux apprécier la différence. » Le plus précoce est en pleine floraison; il emplit l'air de pollen dès qu'on le touche. » S'il y avait intérêt à multiplier ce Chêne, qui est d'une belle végétation, je pourrais en recueillir les glands à l'automne et les envoyer à la Société. » J'ai trouvé moyen de faire supporter à mes Eucalyptus en plein vent 7 degrés sans arrêt de la végétation ; si le sujet vous intéresse, je pour- rais vous adresser une notice ad hoc. » — M. Brierre écrit de Sainl-Hilaire-de-Biez (Vendée) : « Depuis deux ans, j'ai acheté ici les excédents des chemins de fer pour y" faire des essais sur toutes les façons de plantation de Vignes que j'ai eu lieu de remarquer dans les diverses contrées que j'ai habitées et les- quels essais j'aurai l'honneur de vous détailler le plus tôt possible. » — M. de Confévron écrit de Langres à iM. l'Agent général : < Je crois devoir appeler l'attention de notre Société sur la pourriture des Pommes de terre, qui est une question d'acclimatation au premier chef. Toute espèce nouvelle importée donne d'abord de très bons ré- sultais, puis au bout d'un certain nombre d'années les tubercules pour- rissent un peu d'abord, beaucoup ensuite; on change, et les mêmes cir- constances se produisent avec l'espèce suivante. En plantant avec les tubercules de même espèce récoltés dans un village voisin et changeant aussi fréquemment la semence, la pourriture se produit moins vite. Je suis porté à croire que la pourriture provient de la dégénérescence et qu'il y aurait lieu de prendre fréquemment les semences au pays de production naturelle et à rectifier la culture d'après les conditions cli- matériques de ce pays. Quant à l'humidité et à l'excès d'engrais, je pense qu'ils ne sont ([ue des causes accessoires de pourriture. > A cette observation relative aux Pommes de terre, je veux en ajouter une autre analogue, concernant les Luzernes ; » Les Luzernes provenant de graines récoltées dans la Haute-Marne, 268 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. durent de moins en moins longtemps; quelques cultivateurs commen- cent à acheter leurs semences à Paris et disent s'en bien trouver. )>0n a d'abord attribué la diminution de durée à ce que les Luzernes succédaient dans la même terre, après un certain nombre d'années, à une première Luzerne, qui avait diminué la richesse du sol pour cette culture. Mais il a fallu constater que les Luzernes, semées avec les graines du pays, dans les terrains les plus favorables, n'Rymt jamais produit de récoltes de cette nature, ne donnaient pas de meilleurs ré- sultats. Je crois qu'il faudrait songer à revenir à la graine de production spontanée. Notez bien que dans l'Est il est difficile d'obtenir la graine de Luzerne, on échoue souvent. «Autre remarque, relative aux forêts. J'ai maintes fois constaté que des arbres provenant de plantation ne font le plus souvent que végé- ter là où leurs semis donnent des résultats surprenants. Un arbre réus- sira, sur dix plantés : son semis sera admirable et on le disposera facile- ment. Sous ce rapport, en fait d'acclimatation, nous devons encore être à tâtonner: c'est pourquoi, à tous les éléments de comparaison, il ne serait pas inutile d'ajouter la nature dex sous-sols. » — M. A. Geoflroy Saint-Hilaire fait une communication sur les importa- tions d'animaux faites de l'Inde par M. William Jamrach, qui vient d'opé- rer son 37"= voyage depuis 17 ans. De ce voyage, M. Jamrach a rapporté : deux espèces de Perdrix fort intéressantes : l'une est la Perdrix du Boutan {Perdrix albogularis), des montagnes neigeuses de l'Lide, dont il a déjà été parlé dans le Bul- letin: l'autre la Perdrix d'Hoogson {Bambusicola longirostris), importée pour la première fois, qui habite les mêmes zones. L'éducation et la mul- tiplication de ces oiseaux présentent un intérêt sérieux, car ils seront probablement d'une rusticité parfaite ; — puis des Lophophores, des Tragopans de Hasting et de I5lyth,des Pucrasia, etc. Mais l'intérêt prin- cipal de l'iniportalion de cette année est celle du Sanglier des jungles, Forcida Salviani. Le Jardin zoologique d'acclimatation a acquis huit exemplaires de cette espèce, dont la taille n'excède pas celle d'un gros lapin bélier. Les Sangliers nains adultes pèsent environ 6 kilogrammes ; ils me- surent du bout du nez à la naissance de la queue 0™,725 leur hauteur au garrot est de 0™,"25. Cette espèce a été importée vivante en Europe pour la première fois en 1882. Le Jardin zoologique de Londres en a acquis plusieurs exem- plaires. Les Porcula Salviani ont été capturés dans les jungles du Boutan (Inde anglaise). A l'état sauvage ces petits animaux ne se montrent pas dans le jour ; ils vivent dans les broussailles et vont la nuit au gagnage dans les ri- zières et les autres cultures. PROCÈS -VERBAUX. 269 Pour les capturer, on forme des sillons profonds sur le sol, dans les- quels sont teodus des lacets, puis on fait grand bruit ; en fuyant, les animaux se prennent. Les Indiens prétendent que les Sangliers nains sont très querelleurs et s'attaquent volontiers à des animaux beaucoup plus forts qu'eux. Cette introduction nous met en possession d'une espèce qui mérite d'être étudiée. Si elle reproduit en captivité, comme nous devons l'espé- rer, elle pourra donner à nos basses-cours un animal intéressant par la qualité de sa chair, qui est bonne, et qui, vu sa petite taille, ne tiendra pas plus de place que le lapin. M. le Secrétaire général a eu outre appris de M. Jamrach un fait cu- rieux d'acclimatation : les Perruches ondulées d'Australie sont aujour- d'hui tout à fait naturalisées à Calcutta ; elles habitent la ville même, où elles peuplent beaucoup de grands arbres et oîi elles paraissent se trouver à merveille du climat. M. Geoffroy Saint-Hilaire donne ensuite connaissance à la Société d'une lettre du Père Gauthier, missionnaire au Kouang-Si, annonçant l'envoi de deux variétés de Riz de montagne, sur lesquelles ce missionnaire entre dans des détails intéressants (voy. au Bulletin) . — A l'occasion de cette communication, M. le marquis de Sinéty rappelle qu'il avait reçu de la Société, il y a fort longtemps, un échantillon de riz sec, qui, semé dans les meilleures conditions, avait parfaitement végété, mais n'avait pas donné de graines. — M. Ed. Pienard rappelle qu'à son retour de Chine il avait été chargé par le Ministre du Commerce de faire des essais de culture de cette plante à Arcachon. Le Piiz venait bien, mais des coups de veut déraci- nèrent complètement les plants, et la tentative échoua. Notre confrère ne croit pas, du reste, qu'en présence de la cherté de la main-d'œuvre il soit possible de lutter en France avec les Hiz de Cochinchine.qui sont les meilleurs et les moins chers du monde entier. — M. Carvallo cultive le Riz en Espagne sur une très vaste échelle ; il a pu faire des observations fort exactes sur la somme de chaleur nécessaire pour mûrir les récoltes. Les semailles se font au commencement d'avril et la récolte a lieu dans les derniers jours d'août ; pendant celte période la température moyenne est de 23 à 21 degrés. Notre confrère en conclut que partout où l'on ne peut atteindre cette température, la culture du Riz est impossible: il monte en herbe et ne mûrit pas. — M. Maurice Girard donne lecture, au nom de M. Wailly (de Lon- dres), d'un mémoire sur les éducations de liombyciens séricigènes eu 1882 (voy. au Bulletin). — M. de Barrau de Muratel donne connaissance à l'Assemblée du pro- cédé, suivi dans le Tarn, pour l'élevage des Poulets et la conduite des jeunes Canards (voy. au Bulletin). 270 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. — A propos de la reproduction du Ouistiti, M. Maurice Girard dit que ce fait n'est pas nouveau ; au Muséum, les Ouistitis d'Audouin, qui ont donné lieu à beaucoup d'observations intéressantes, y ont reproduit. — A l'occasion de la lettre de M. de la Rochemacé, M. de Carrau de Muratel fait remarquer que, dans tous les bois de Chênes, il y a toujours des sujets plus précoces que d'autres. — M. Maurice Girard cite le Marronnier du 20 marsaux Tuileries, qui est souvent lui-même dépassé par d'autres de la même espèce. — M. Vavin recommande comme moyen propre à éviter la maladie des Pommes de terre le séchage après la récolte; on place ensuite les tu- bercules dans une pièce exposée au soleil et où il ne gèle pas l'hiver. La pousse est à peu près nulle et les Pommes déterre se conservent saines. — Il est offert à la bibliothèque de la Société : l^La Forêt, conseils aux indigènes (extraits du Code forestier). Alger, imp. Fontana et G'', 1883, 1 brocli. in-8". Ligue du reboisement. 2" Etude de l'écorcedu Sapotillier, par Bernou, pharmacien aide- major de 1"^' classe à l'hôpital du Dey {Journal de médecine et de phar- macie de l'Algérie, 1881). D"- Berlherand. 3" Lu Question forestière en Algérie, conférence faite au théâtre na- tional d'Alger, par J. Reynard, sous-inspecteur des [forêts. Alger, imp. Casablanca, 1882, 1 broch. in.8°. Ligue du reboisement. à° L'Arboriculture forestière mise à la portée de tous, par Vérot- Félix, pépiniériste-colon, à Hammam-Righa. Alger, docks de l'Impri- merie, 1882, 1 broch. in-8'. Ligue du reboisement. 5" L'Agriculture dans le département d'Oran. Rapport sur le con- cours des exploitations pour la prime d'honneur en 1877, par L. Bastide. Oran, imp. J. Gérard, 1878, 1 vol. in-8°. (L'Auteur.) 6" Courte description de l'Algérie, du département d'Oran et de Sidi-Bel-Abbès, par L. Bastide. Oran, typographie Ad. Perrier, 1878, 1 broch. in-8«. (L'Auteur.) 7° Chemin de fer de Tlemcen (Comparaison entre la ligne directe et la ligne par Bel-Abbès), par L. Bastide. Oran, typographie Ad. Perrier, 1878, 1 broch. in-8°. (L'Auteur.) 8° Etablissements agricoles de L. Bastide, propriétaire cultivateur à Sidi-Bel-Abbès. Oran, 1878, 1 broch. in-8». (L'Auteur.) 9" Précis de l'histoire et de la géographie de Bel-Abbès et de so.i arrondissement, par L. Bastide. Oran, typographie Ad. Perrier, 1881, 1 vol. in-8''. (L'Auteur.) 10^ Nouvelli' industrie de la Ramie, par P. A. Favier. 2" édition, Avignon, imp. A. Gros, 1882, 1 vol. in-8° M. d'Arnaud-Bey. 11" Service forestier de l'Algérie. Rapport adressé à M. le gouver- neur de l'Algérie, par Tassy, conservateur des forêts. Paris, typographie A. Hennuyer, 1 broch. in-S". Ligue du reboisement. 12° Rapport de M. Tisserand, membre de la Commission technique PROCÈS-VERBAUX. 271 sur la brochure de M. Vérot, Arboriculture forestière mise à la portée de tous, in-8°. I>igue du reboisement. 13» Restauration des forêts et des pâturages du sud de l'Ak/érie (province d'Alger), par J. Uaynard, sous-inspecteur des l'orèts, avec une carte. Alger, 1880, typographie Adolphe Jourdan,! broch. in-8°. (L'Auteur.) 1-4" Etudes sur les causes du déboisement en Algérie et les moyens d'y remédier, par A. Chitier, inspecteur des forêts de Miliana. 1882, imp. Legendre, éditeur, 1 broch. in-12. Ligue du reboisement. 15° Notes sur la vigne en chaintres en Algérie, par Romulus De- jernon. Constantine, imp. et lib. J. Beaumont, 1880, 1 broch. in-12. (L'Auteur.) 16° Bêtes à cornes et fourrages de Constantine, par Romulus Dejer- non. Constantine, typographie L. Arnolet, Ad. Braham, successeur, 1881, 1 broch. in-12. (L'Auteur.) 17" Rapport à M. le préfet de Constantine (sur la Vigne) par M. De- jernon. Bône, imp. typographique Alexandre Carie, 1878, 1 broch. in-S".. (L'Auteur.) 18° Note sur la destruction du Puceron lanigère et par extension du Phylloxéra vastatrix, par le docteur Cramoisy (communication faite à 1 Académie des sciences le 23 janvier 1883). Union générale de la librairie, Ch. Bayle, Paris, etc., 10 et 11 , rue de l'Abbaye, 1 broch. in-S". (L'Auteur.) 19° Visite à la villa Touiasse, à Pau (Basses-Pyrénées), le 3 no- vembre 1880, par M. Charles Baltet, horticulteur à Troyes. Troyes, imp. et lithographie Dufour-Bouquot, 1881, 1 broch. in-8''. (L'Auteur.) 20" Semis d'arbres fruitiers pour la recherche de nouvelles variétés, par Ernest Baltet, horticulteur à Troyes. Troyes, imp. et lithographie Dufour-Bouquot, 1883, 1 broch. in-8''. (L'Auteur.) 21" Les roses du \i\^ siècle. Catalogue annoté des roses horticoles mises en culture pendant les cinquante dernières années, par M. Shirley Hibberd, membre de la Société royale de Londres (extrait du Bulletin de la fédération des sociétés dliorticulture de Belgique, 1881). Liège, Boverie, n° 1, 1882, 1 broch. in-8\ 22' Les produits du Tong-King et des pays limitrophes, par F. Ho- manet du Caillaud (extrait du Bulletin de Géographie commerciale de Paris). Challamel aîné, lib. -éditeur, Paris, 1882, I broch. in-8°. (L'auteur.) 23° Etudes sur l'huile antiphylloxérique Alexis Roux., par le docteur A. Sicard. Marseille, 1883, chez Camoin, lihraire, 1 vol. avec dix photo- gravures. (L'Auteur.) 240 Note sur l'horticulture en Espagne et en Portugal, par Ch. Joly (extrait du Journal de la Société nationale et centrale d'horticulture, 3^ série, i. V, 1883, p. 119-132). Paris, imp. de l'Etoile, rue Cassette, 1, 1 broch. in-8°. (L'Auteur.V 272 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION, 25° Travaux de submersion, par M. de Leybardie (extrait du compte rendu général du Congrès inlernational phylloxérique). Bordeaux, 1882, Ferat et fils, éditeurs, 15, cours de l'inlendance, 1 broch. in-8". 26^ Considérations sur la forme et la coloration des oiseaux, par F. Lescuyer. Reims, imp. Coopérative, 1883, 1 broch. in-8°. (L'Auteur.) '2.1" Pisciculture. Rapport lu au Conseil général de la Creuse à la séance du 17 août 1880, par le docteur Maslieurat-Lagémard. Paris, imp. Edm. Roussel, 26, rue Cadet, 1880, 1 broch. in-8°. (L'Auteur.) 28° Fondation de la Société de statistique de Marseille, 55* année. Compte rendu 1882, Rapport sur les concours. Marseille, typographie et lithograpiiie Cayer et C'% 1883, broch. in-8». D' Ad. Sicard. 29" Compte rendu de la deuxième Exposition nationale de la Fédéra- tion horticole italienne à Turin, par M. Ch. Joly (extrait du Journal de la Société nationale d'horticulture, 3° série, t. IV, 1882, p. 730-736), 1 broch. in-8°. (L'Auteur.) 30" L'Horticulture elles engrais chimiques, expériences faites àSaint- Ouen-l'Aumône (Seine-et-Oise), par Alfred Dudoùy, rapport présenté à l'assemblée générale des agriculteurs de France le 31 janvier 1883, par M. Ch. Joly. Paris, à l'Agence centrale des agriculteurs de France, 38, rue Nolre-Dame-des- Victoires, Paris, 1 broch. in-8". (L'Auteur.) 'Si° De Danskehav-fiskerier ai k.Feddersen. Copenhague,! 883, in-4". (L'Auteur.) 32" Aménagement cultural des eaux pluviales. Réductibililé agri- cole des inondations, par M. de la Rochemacé. Nantes, imp. Bourgeon, 1882, 1 broch. grand in-8". (L'Auteur.) 33" Des effets du drainage breton, par M. de la Rochemacé. Nantes, imp. Bourgeois, 1881, 1 broch. in-8°. (L'Auteur.) 34" Sur la reproduction du Saumon de Californie à l'aquarium du Trocadéro, par iM. Raveret-Wattel, mars 1883 (extrait des Comptes ren- dus de l'Académie des sciences), 1 broch. grand in-8". (Les Auteurs.) 35° Sur un infusoire flagelléci ectoparasite des poissons, par M. L. F. Henneguy (extrait des Comptes rendus de l'Académie des sciences), ] broch. grand in-8°. (L'Auteur.) 36" British versus european lepdopitera, — What is a British sub- ject? by A. Wailly, reprinted form « Land and Water », march 10, 1883. (L'Auteur.) — Remerciements aux donateurs. Pour le secrétaire des séances, Jules Gris\rd, Agent général. III. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS PREMIERE SECTION SÉANCE DU 13 MARS 1883. Présidence de M. de Barrau de Muratel. M. Gautier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, lequel est adopté sans observation. Le Secrétaire présente à la section un volume offert à la Société par son auteur, M. Gadeau de Kerville, intitulé : Liste des Mammifères sujets à Valbinisme. La section vote des remerciements à 31. Gadeau de Kerville, et charge M. le vicomte d'Esferno de lui faire un rapport sur cet ouvrage. Le Secrétaire présente ensuite un article intéressant du journal V Al- gérie agricole, sur l'espèce Caprine ; cet article est renvoyé à M. Gautiei-, qui s'est chargé de présenter à la section un travail sur la question. M. le Président annonce à la section que le questionnaire fait par elle dans sa dernière séance sur la Chèvre va être incessamment envoyé. Le Secrétaire, Jules Gautier. TROISIÈME SECTION SÉANCE DU 21 MARS 1883. Présidence de M. Vaillant, Président. Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté sans observation. M. le Secrétaire donne lecture : 1" d'une lettre adressée par M. Leroy, sur le dépeuplement des cours d'eau: 2° d'une lettre de M. Menant, no- taire àConches-les-Mines, sur la maladie des Écrevisses. A la suite de cette conununication, .M. Hédiard parle d'une Écrevisse à longue queue, de grande dimension, qui se rencontre parliculièrement aux environs de Bône (Algérie), qui pourrait être mise en conserve et expédiée comme colis postal; ce serait, dit-il, un bon aliment dont on pourrait utilement faire usage. M. de Barrau de Muratel approuve le dire de M. Hédiard, et il propose d'en faire venir un échantillon pour l'année prochaine. M. le Secrétaire donne ensuite lecture d'un rapport fait par .M. Char- pentier sur la pisciculture de M. A. Lofèvre, établissement situé aux 3"" SÉRIE, T. X. — Avril 1883. 18 27'/ SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCUMATATION. environs d'Amiens, où il y élève les Salmonidés et les poissons de luxe. M. le Président fait remarquer que le plus souvent les alevins manquent de nourriture naturelle, et que ce défaut est un empêchement à la mul- tiplication des Salmonidés. M. Raveret-Watlel appuie l'opinion de M. le Président, et il ajoute que la quantité considérable d'écluses et de barrages non pourvus d'échelles à Saumons nuisent beaucoup à la propagation du poisson ; ce manque d'échelles empêche les poissons voyageurs de remonter vers les sources qu'ils recherchent à l'époque du frai pour déposer leur progéniture. Us se trouvent arrêtés par des obstacles que l'industrie a multipliés dans les eaux; et ne pouvant les franchir, ils accomplissent leur reproduction dans des conditions tout à fait défavorables, et très peu d'alevins voient le jour. l) superposées au nombre de sept ou huit, sont maintenues dans une sorte de châssis mobile a, à charnières. Toutes les claies sont garnies d'œufs, sauf celle du dessus, qui sert de couvercle, et l'intervalle entre chaque claie, suffisant pour le libre passage de l'eau, est trop étroit pour que les œufs puissent s'échapper. Chaque claie ne reçoit qu'une seule couche d'œufs. En tenant compte de l'espacement des claies, une rigole de 3 mètres de longueur, avec la largeur indiquée ci-dessus, peut recevoir environ quinze mille œufs, si l'on ne met qu'une seule rangée de claies. Ce nombre est naturellement doublé ou triplé si Ton en superpose deux ou trois rangées ; mais, à moins d'employer une eau très aérée et de ne conserver les alevins dans les rigoles que juste le temps nécessaire pour la résorption de la vésicule ombilicale, il est prudent de limiter à deux le nombre des rangées, car les alevins seraient trop nombreux pour l'espace qui leur serait attribué, et s'y trou- veraient promptement à l'étroit. Les tout jeunes poissons ont d'ailleurs l'habitude de se masser en foule compacte sur cer- tains points, et ils pourraient s'étouffer mutuellement, ce qui doit encore engager à ne pas les laisser en nombre trop con- sidérable dans un même bac. La nourriture serait aussi plus difficile à leur distribuer. Pour éviter, du reste, les trop grandes agglomérations, on a généralement soin de diviser les rigoles en plusieurs compartiments, au moyen de cloisons transversales mobiles, lesquelles sont de petits cadres en bois garnis de toile métallique, que l'on fixe à l'endroit voulu à l'aide de minces coins en bois exerçant une pression contre les parois de la rigole. On doit espacer ces cloisons de 60 cen- timètres au moins et de l'",50 au plus. Pendant la durée de l'incubation, ces séparations ne pour- 296 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. raient être que nuisibles. Mais, après l'éclosion, elles son. très utiles. Il est même souvent avantageux de couper les rigoles de distance en distance par des cloisons pleines ou barrages, qui servent à l'aération du courant en déterminant de petites chutes d'eau. Ces cloisons pleines, soutenues par des tasseaux verticaux, comme on le voit dans une des rigoles de la figure 2, doivent toujours être précédées, en amont, d'une cloison à claire-voie en toile métallique, qui empêche les ale- vins de franchir le barrage en suivant le courant. Quand ce couran. est un peu fort, il convient même de remplacer la cloison à claire-voie par un petit appareil bien simple yfig. 8), FiG. 8. qui évite la perte de beaucoup d'alevins. En effet, quand la toile métallique est placée verticalement, les tout jeunes pois- sons vont souvent s'y heurter, entraînés par le courant, et ils s'y font des blessures généralement mortelles. Quand, au con- traire, la toile métallique est disposée horizontalement, comme le représente la figure 8, les alevins, alourdis par leur vési- cule ombilicale, ne s'en approchent guère. Cette toile métal- lique doit être placée à 3 ou 4 centimètres au-dessous de la crête de la cloison pleine formant barrage. Lorsque les œufs sont tous éclos, il faut enlever les claies et veiller à ce que les alevins ne s'entassent pas sur certains points, comme ils sont toujours enclins à le faire. C'est alors que les cloisons mobiles rendent des services. Quand on veut déplacer les jeunes poissons, disperser quelque attroupement trop considérable ou faire évacuer une partie de la rigole qu'il s'agit de nettoyer, par exemple, on peut le faire aisément à LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 297 l'aide d'une palette (fig. 9) qui rend souvent de grands ser- vices. C'est une mince planchette un peu plus courte que la rigole n'est large, avec une entaille à chaque extrémité, comme on le voit dans la figure, pour empêcher tout froltementcontre la paroi intérieure de la rigole, et éviter de blesser ou d'é- FiG. 9. craser l'alevin contre cette paroi. La palette étant plongée verticalement dans l'eau, si on la déplace dans un sens, il se produit aussitôt dans le fond de la rigole un courant en sens inverse qui entraîne les alevins. Quand on veut enlever ceux-ci de la rigole, soit pour leur donner un autre gîte, soit pour tout autre motif, on peut les pêcher rapidement en grand Fig 10. nombre, à l'aide d'une sorte de filet ou plutôt de poche peu profonde en canevas ou en toile d'emballage, montée sur un cadre (fig. 10) un peu plus étroit que l'intérieur de la rigole. Pendant la durée de l'incubation, il importe découvrir les rigoles pour protéger les œufs contre l'action nuisible de la lumière et contre toute chance d'accident. Les alevins nouvel- lement éclos ont également besoin d'obscurité. On se sert gé- néralement de couvercles en bois fixés par des charnières ou tout simplement posés sur les rigoles. D'une installation peu coûteuse, les rigoles d'incubation économisent l'espace et permettent d'y laisser grandir les aie- 298 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. vins pendant quelque temps. Mais elles participent à l'un des inconvénients reprochés aux aiigettes Coste, comme d'ail- leurs à tous les appareils à courant d'eau horizontal, à sa- voir, que le mouvement de l'eau ne doit pas y être très rapide, car il roulerait les œufs et les entraînerait en les accu- mulant vers l'orifice de sortie. Or, si l'eau est un peu trouble (et l'eau de rivière l'est presque toujours plus ou moins, sur- tout en hiver et au printemps, les filtrages rapides qu'on lui fait subir ne lui donnant qu'une limpidité relative), cette eau laisse déposer sur les œufs des sédiments nuisibles, qui néces- sitent de fréquents nettoyages et occasionnent des frais de main-d'œuvre. Ces' pour obvier à cet inconvénient qu'ont été imaginés les appareils à courant vertical, ascendant ou descendant, dans lesquels l'eau, traversant de bas en haut ou de haul en bas les claies chargées d'œiifs, tend moins, dans son mouvement, à déplacer ceux-ci. On peut donc donner une rapidité plus grande à l'eau qui, par cette raison, et surtout à cause de son mouvement dans le sens vertical, laisse déposer infiniment moins de sédiments. Si d'ailleurs une légère couche vient à se former, elle ne séjourne pas; car les œufs, oscillant, tour- nant, pour ainsi dire, sur eux-mêmes, au milieu du courant, se débarrassent immédiatement des particules terreuses qui viennent à se déposer à leur surface. Les avantages incontestables des appareils à courant ver- tical en ont promptement fait généraliser l'emploi en Amé- rique, où ils sont aujourd'hui pres(|ue exclusivement employés. Dans plusieurs parties de l'Allemagne, on les a également adoptés. Certains de ces appareils, qui atteignent de grandes dimensions, sont établis à demeure et conviennent surtout aux exploitations très importantes ; les autres, mobiles, se prêtent à toutes les combinaisons et peuvent être employés, même lorsqu'on n'a que quelques centaines d'œ-ufs à faire éclore. Le plus simple de tous ces appareils est celui qu'en Alle- magne, — où l'usage s'en est très répandu depuis quelques années, — on désigne sous le nom d'auge californienne, LA PISCICULTURE A L ETRANGER. 299 parce que le modèle en a été envoyé de San Francisco par le consul i^énéral d'Allemagne. Cet appareil, employé pour l'éclosion de toute espèce d'oeufs non adhérents, présente différents avantages. Il est solide, économique et d'un usage commode, tient peu de place et permet d'éviter les inconvénients qui résultent, avec les autres appareils, de l'emploi d'une eau insuffisamment filtrée. La figure 11, A, représente cette auge perfectionnée par M. Max von dem Borne, de Berneuclien. L'appareil, soit en FlG. il. zinc, soit en tôle émaillée ou vernie, se compose d'une caisse c de0"',25de longeursur 0'",30 de largeur et 0",15 de hauteur, pourvue d'un goulot ou ajutage e et d'un fond en toile métal- lique (1) formant tamis, sur lequel se placent les œufs. La caisse extérieure h est de 10 centimètres plus longue et plus haute ; elle est munie, elle aussi, d'un goulot dans lequel s'a- dapte exactement celui de la caisse c. Cette dernière est garnie dans le haut d'un l'ehord horizontal qui dépasse le bord su- périeur de la caisse extérieure, quand on les place l'une dans l'autre. Pour que les deux goulots se joignent bien herméti- quement, sans laisser pénétrer l'eau, on place entre eux un morceau de frise de laine ; néanmoins, la caisse c doit avoir (1) Ce fond peut aussi être fait d'une feuille de zinc percée d'une multitude de petits trous, comme une passoire. 300 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. assez de jeu pour pouvoir être facilement mise en place ou retirée de la caisse b. Il importe que la toile métallique du fond soit d'un tissu suffisamment serré pour que ni les œuls, ni les embryons au moment de l'éclosion, ne puissent passer au travers; six fils par centimètre donnent la grandeur voulue aux mailles du tissu, lequel est soigneusement verni ou galvanisé pour éviter toute oxydation. L'eau qui alimente l'appareil est amenée par un robinet a (1) dans la caisse b ; elle traverse en remontant d'abord la caisse c, ainsi que la couche d'œufs qui repose sur le fond de la toile métallique, puis la caissette d, également à fond de toile métallique, dont il sera question plus loin, et va sortir par le goulot e. Un couvercle placé sur la boîte protège les œufs contre la lumière et contre toute chance d'accident. Afin de laisser pé- nétrer l'eau, ce couvercle n'a que la longueur de la boîte in- térieure c. Une auge des dimensions indiquées ci-dessus peut recevoir à la fois jusqu'à dix mille œufs de Truite ou de Saumon et quinze mille œufs de Gorégone (2). Mais ces chiffres sont des maxima en deçà desquels il est toujours préférable de se tenir, l'appareil n'en fonctionnant que mieux avec des quan- tités moindres, et pouvant aussi bien servir pour quelques centaines d'œufs seulement. Il importe d'insister toutefois sur ce fait, que l'on peut sans inconvénient garnir la boîte de plu- sieurs couches d'œufs superposées, ce qui économise beau- coup la place. Le courant ascendant qui traverse les couches d'œufs, et auquel on donne une force suffisante, soulève légè- (1) Pour des œufs de Truite ou de Saumon, le débit de ce robinet doit être, au minimum, de 2 l/2 à 3 litres par minute. Pour des œufs de Gorégone, il peut être réduit à un demi-litre environ par mmuie. (2) Le nombre des œufs doit toujoui s être subordonné, du reste, à la tempé- rature de l'eau qui alimente l'appareil. Avec une tau Je -|- 8 ou 9 degrés cent., il ne serait pas prudent de mettre des quaniilés d'œufs aussi considérables que celles indiquées ci-dessus. L'inventeur de l'appareil, qui est un îles pisciculteurs les plus distingués de l'Allemagne, dit toutefois avoir mis sans inconvénient 30 000 œufs, soil de Saumon soit de Truite, ou 10 000 alevins, dans une seule auge qu'alimentait de l'eau à 0" Reaumur. A 8 degrés, il a dû réduire le nombre des alevins à 500. (Max von dem Borne, Die Fisckzuchi), LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 301 rement les œufs el les empêche de s'entasser. La seule pré- caution à prendre, c'est de répartir les œufs uniformément, pour qu'il y en ait partout une égale épaisseur. Tant que les œufs ne sont pas embryonnés, (c'est-à-dire tant qu'on n'aperçoit pas les yeux de l'embryon à travers la coque de l'œuf), il faut éviter de les remuer. Mais, après celte première période, il faut les visiter chaque jour et en- lever tous ceux qui deviennent blancs ou opaques, signe cer- tain de la mort de l'embryon. Pour examiner ceux des cou- ches inférieures, on saisit la caisse au-dessus du point c et on la soulève avec précaution pour la laisser redescendre vive- ment. Tous les œufs sont alors déplacés par l'eau montant avec force, et il devient facile d'enlever ceux qui blanchis- sent. Si, malgré la direction ascendante du courant, les œufs, par suite d'un filtrage tout à fait insuffisant de l'eau, venaient à se couvrir de sédiments, on pourrait, après les avoir mis à sec (en fermant momentanément le robinet et en vidant la caisse avec un siphon), les laver par un copieux arrosage en pluie fine. Mais il faut éviter de recourir à cette opération tant que les yeux de l'embryon ne sont pas visibles. Quand les éclosions commencent à se produire, il est pru- dent, pour éviter que les alevins ne soient entraînés par le courant, de mettre en place le tamis ou caissette à fond de toile métnllique d, dont le goulot s'engage dans ceux des caisses b et c. Toutefois, comme ce tamis arrête au passage les coques vides des œufs éclos qu'entraîne le courant de l'eau, on préfère souvent se dispenser de son emploi en pla- çant sous le goulot e un second appareil B, dont la disposition générale est la même que celle de l'appareil A. La caisse f reçoit les alevins qui s'échappent de la caisse c, et le tamis g les retient captifs, fluand il s'agit d'alevins de Corégone, qui commencent à nager rapidement très peu de temps après leur éclosion, et qui se tiennent de préférence à la surface de l'eau, il convient de leur donner le plus d'espace possible en les laissant dans la caisse f, qu'on choisit d'ailleurs d'un grand modèle, comme nous l'indiquerons i)lus loin. Il en est de :]0'i SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. même pour les alevins d'Ombre {Thymallus). Mais quand il s'agit d'alevins de Truite ou de Saumon, il est préférable de les conserver dans la caisse c, où ils se trouvent dans de meil- leures conditions hygiéniques, à cause du courant ascendant qui traverse l'appareil. Pour les retenir dans cette caisse c, on laisse en permanence la caissette ou tamis gf, dès que toutes les coques des œufs éclos ont été enlevées. Le tamis propre- ment dit, c'est-à-dire le fond de toile métallique, doit présenter une surface de 250 centimètres carrés, pour que la violence du courant n'entraîne pas les alevins contre ce grillage. Un des avantages qui, dans l'emploi de l'auge californienne, résultent de la direction ascendante et verticale du courant (lequel est d'ailleurs divisé par la toile métallique et réparti sur toute l'étendue du fond de laboîtec), c'est qu'après l'éclo- sion, les alevins ne se réunissent pas en masses compactes, comme ils le font dans les appareils à courant horizontal, où ils se portent presque constamment vers le point d'arrivée de l'eau, s'entassant les uns sur les autres au point de se nuire mutuellement d'une façon très réelle. M. Robert Eckardt, de Liibbinchen, avait exposé à Berlin un appareil de son invention, qui se rapproche beaucoup de l'auge californienne. Cet appareil (fig. 12) consiste en une ou FiG. 12. plusieurs augettes a, b, c, dans lesquelles les œufs sont mis en incubation sur un tamis ou double fond entoile métallique. L'eau entre par un des côtés de la boîte, passe sous le tamis, traverse la couche d'œufs par un courant ascendant et va LA PISCICULTURE A L ETRANGER. SOS sortir par le côté opposé de la boîte, où des ouvertures sont ménagées à une hauteur convenable pour maintenir constam- ment le niveau de l'eau à 3 ou 4 centimètres au-dessus des œufs. Un fin grillage qui règne dans toute la largeur de l'au- gette empêche les alevins de s'échapper par les ouvertures. Comme on le voit dans la figure, les augettes peuvent être disposées en gradins, à l'imitation de celles du système Coste ; de sorte que l'eau passe successivement des unes dans les autres. On économise ainsi l'eau et l'espace. L'auge californienne peut, avec une petite modification bien simple, être employée pour l'éclosion des œufs en pleine eau. Elle dispense ainsi de toute installation, et peut être utilisée partout. Il suffit d'avoir à sa disposition une source ou un ruisse^iu d'eau bien courante. La paroi b de la caisse exté- rieure A (tig. 13) présente, dans toute sa largeur et une partie de sa hauteur, une ouverture qui est garnie d'une toile mé- FiG. 13. tallique et qui se ferme à volonté au moyen d'un panneau à couHsse. L'appareil est plongé suffisamment dans l'eau pour que le goulot e soit immergé, et l'on place l'ouverture grillée h face au courant. L'eau entre dans la caisse A par cette ou- verture, traveise le fond en toile métallique de la caisse c, où se placent les œufs, et va sortir par le goulot e, en passant à travers le tamis rf, qui clôt l'appareil et s'oppose aussi bien à la fuite des alevins qu'à l'entrée d'animaux nuisibles. Le pan- neau à coulisse, que l'on baisse plus ou moins, permet de régler le débit de l'eau suivant la vitesse du courant. Dans le 304 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. nord de la Prusse, on utilise cet appareil en l'installant en pleine eau, au milieu d'un cadre servant de flotteur et formé de quatre planches reposant à plat sur l'eau. Dans ce cas, on n'immerge généralement que la moitié du goulot e. Un petit toit en chaume, dans le genre de ceux employés pour les ruches, recouvre l'appareil, qu'il protège contre la lumière, la poussière, etc. Bien que solidement fixé, de manière à ré- sister au vent, ce toit doit pouvoir s'enlever facilement pour permettre une visite fréquente des œufs. Les quantités considérables d'reufs sur lesquelles ils opèrent en général ont amené les pisciculteurs américains à rechercher des appareils d'éclosion occupant le moins d'espace possible dans les laboratoires. M. Marcellus G. Holton, attaché à l'établissement de pisci- culture de Calédonia, à Rochester (New-York), est l'inventeur d'un des premiers appareils construits dans cet ordre d'idées. C'est une caisse ou boîte rectangulaire en bois, ayant un fond concave, au centre duquel débouche le tuyau qui amène l'eau. Celle-ci entre donc par le fond pour s'échapper dans le haut, par un bec ou goulot latéral. Dans la boite se trouvent super- posés (selon les dimensions plus ou moins grandes que l'on donne à l'appareil) de sept à dix-huit tamis rectangulaires en toile métallique, portant chacun une couche d'œufs. Ces œufs, que baigne un courant abondant, rapide et ascendant, peu- vent absorber une grande quantité d'oxygène et ne se cou- vrent que très peu de sédiments, car les particules terreuses que charrie l'eau vont s'amasser dans le fond de la caisse, où un petit tuyau de sortie ménagé à cet effet, et qu'on débouche de temps en temps, permet un nettoyage facile par le simple écoulement de l'eau. Deux poignées ou tiges métalliques ver- ticales, de même hauteur que la boîte et fixées au tamis infé- rieur, sur lequel se superposent les autres, permettent d'en- lever le tout en bloc quand il s'agit de visiter les œufs. Les cadies en bois des tamis, d'une épaisseur de 2 à 3 cen- timètres, ont, le plus ordmairement, de 30 à 35 centimètres de côté, dimensions qui permettent d'étaler sur chaque tamis environ un millier d'œul's de Saumon, quinze cents à dix-huit LA PISCICULTURE A L ETRANGER. 305 cents œufs de Truite, et un nombre plus considérable encore d'œiifs de Corégone, l'appareil pouvant également servir à réclosion des œufs de cette dernière espèce de poisson. L'appareil Holton, breveté en Amérique, est d'un emploi courant dans plusieurs établissements importants, notamment dans celui de Calédonia, appartenant à M. Selh Green, qui apprécie beaucoup ce système et en recommande tout parti- culièrement l'emploi. M. John Williamson, secrétaire de la Société d'acclimata- tion de Californie, a combiné l'emploi des rigoles avec celui des boîtes à éclosion. Dans une rigole longue de 5 mètres environ, large de 0'",50 et profonde de 0™,52, il place, cà la suite les unes des autres, des boîtes rectangulaires, à fond à claire-voie, dans chacune desquelles sont superposés de 4 à 5 claies ou tamis en toile métallique portant les œufs. Les figures U et 15 ci-contre font connaître la disposition FiG. li. FiG. 15. des tamis dans les boîtes, et celle des boîtes dans la riqole. Les flèches indiquent la direction de Tenu, qui, formant un courant alternativement descendant et ascendant, entre par le fond des boîtes pour en sortir par le haut. Ce mouve- 3e SÉRIE, T. X. — Juin 1883. 20 306 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. ment est déterminé par la hauteur différente des bords à l'avant et à l'arrière des boîtes. L'appareil Williamson est spécialement employé par la Société d'acclimatation de Californie, dans son établissement de Point Pedro (comté de San-Mateo), M. Nelson W. Clark, de Clarkston (Michigan), est l'inven- teur d'un appareil également à courant vertical, mais dans equel l'eau traverse les boîtes de haut en bas, au lieu de bas en haut. Du reste, au point de vue du nettoyage automatique des œufs, le résultat est absolument le même. Les boîtes, garnies d'un fond en toile métallique, sont fermées par un couvercle perforé d'une multitude de trous qui servent à diviser le courant comme le ferait une pomme d'arrosoir, et qui permettent à l'eau de s'aérer copieuse- ment. Le courant s'échappe par le fond de la boîte ; mais, arrêté dans la rigole par une cloison transversale, il se relève pour franchir cet obstacle, se déverse alors dans la boîte sui- vante, qu'il traverse comme la première, et ainsi de suite jusqu'à l'extrémité de la rigole. Comme ceux qui précèdent, cet appareil permet, avec peu d'eau, de faire éclore des quantités considérables d'œufs ; comme eux, il économise beaucoup d'espace et ne présente aucune difficulté pour le nettoyage des œufs. En général, pour visiter ceux-ci, on retire les tamis des boîtes et on les place momentanément dans une petite rigole ad hoc, de peu de profondeur comme on le voit à la droite de la figure 2. Cette rigole, où il n'y a que 2 ou 3 centimètres d'eau, est toujours placée dans un endroit bien éclairé du la- boratoire, afin de rendre facile le nettoyage et l'enlèvement des œufs gâtés. L'appareil Clark est employé aussi bien pour les œufs de Corégone que pour ceux de Truite et de Saumon. En raison de la quantité très considérable d'œufs (de 10 à 14 millions) que l'on a souvent à mettre en incubation à la fois dans l'établissement créé par la Commission des pêche- ries des États-Unis, sur les bords de la rivière Mac-Cioud, pour la propagation du Saumon de Californie, on s'est vu LA PISCICULTURE A L ETRANGER. 307 dans la nécessité de simplifier le plus possible les appareils, et l'on a recours, depuis 1874-, à un système imaginé par M. VVoodbury, collaborateur de M. Livingston Stone. Précé- demment, on employait l'appareil Williamson, décrit plus haut; mais l'usage des claies nécessitait ti'op de travail pour la quantité d'œufs à manipuler. Au lieu donc de répartir ceux-ci sur des claies, qui ne peuvent en recevoir qu'une seule coucbe, M. Woodbury essaya de les mettre tout simple- ment, en bloc, dans des cages ou paniers en toile métallique :V|'ïi'i;!||'''|:';!:!!'i|if;]'iiii:t:|nr|Vi:M.[M|i'j FiG. 16. (fig. 16) de 0'",60 de long, sur O^j^S de large. Ces paniers peuvent contenir 9 litres d'œuts qui, bien que superposés sur 12 ou 15 couches d'épaisseur, réussissent parfaitement si le courant d'eau qui alimente l'appareil est suffisant. M. Livings- ton Stone se montre très satisfait de ce système un peu pri- mitif en apparence. Mais il convient de rappeler que dans l'établissement on se borne seulement à embri/onner les œufs. Quand on veut amener révolution embryonnaire jusqu'à féclo- sion, il est indispensable de ne pas entasser les œufs en aussi grand nombre. Un appareil très élégant et qui fonctionne fort bien est celui inventé par M. Thomas B. Ferguson, commissaire des pêche- ries du Maryland et membi'e de la Commission des pêche- ries des Étals-Unis. C'est un seau en verre de 0'",20 de dia- mètre environ (fig. 17), muni de deux tubulures opposées l'une à l'autie, l'une au fond pour l'introduction de l'eau l'autre près du bord pour la sortie. Le seau est garni d'une pile de 9 à 10 tamis circulaires en toile métallique sur les- quels on étale les œufs. L'appareil est traversé par une co- lonne d'eau ascendante qui lave les œufs et tend à enlever toutes les impuretés pour les emporter au dehors. Générale- ment on relie plusieurs seaux au moyen de tubes en caout- 308 SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. chouc, comme le montre la figure, et le même courant ali mente la série entière. Si l'eau est trouble, on peut employer le premier seau comme appareil de filtrage, en le remplissant de gravier ou d'épongés, qui arrêtent les matières terreuses en suspension dans l'eau. Il est bon de recouvrir les seaux de chapes en fort papier ou en carton, dans lesquelles on ménage des échancrures pour filMMillIllllllllllllililllli!!!!»^ "l.i.ij.i.i ii.ilii \~.ntfu I I iiiiiil.iiimliiii nul |.i I ^ ^ZZZ ij.|Hi|i;pfiiiiiiiiMMMiiMuiii8iEuuHmiitii«iiMUHii^inumma!iiiiiHl^ii:ii'i5âia^ F]G. 17. le passage des conduits en caoutchouc. Ces chapes ont pour but de maintenir les œufs dans l'obscurité. Les appareils de M. Ferguson ont l'avantage de faciliter la surveillance des œufs. Un coup d'œil suffit pour voir si tout marche bien : Quelque dépôt s'est-il formé dans le fond ; des alevins sont-ils nés? En enlevant un instant le conduit de caoutchouc fixé à la tubulure inférieure, on vide l'appa- reil qui se nettoie complètement sans qu'on ait besoin de déranger les tamis. M. Ferguson est si satisfait du fonction- nement de ces appareils, qu'il n'en emploie plus d'autres au laboratoire de Druid-Hill Park (Baltimore), dont les rigoles d'éclosion ne servent plus que de bacs d'alevinage. Pratiquée aujourd'hui en Amérique sur une échelle consi- dérable, la multiplication artificielle de l'Alose a présenté au LA PISCICULTURE A L ETRANGER. 309 début les plus grandes difficultés, l'éclosion des œufs ne pou- vant avoir lieu dans les appareils employés pour les Salmo- nidés. Toutes les tentatives échouaientou ne donnaient que des résultats insuffisants. C'est à M. Seth Green que revient l'hon- neur d'avoir résolu le problème par l'invention de boîtes flot- tantes inclinées, qu'on place en rivière au milieu du courant. Ces boîtes, longues de 2 pieds, sur 18 pouces de largeur et 15 pouces de hauteur, sont munis d'un fond en toile métal- lique et maintenues flottantes au moyen de deux planches latérales. Chaque boîte peut recevoir de cinquante mille à cent mille œufs. Dans un premier essai, M. Seth Green s'était servi de boîtes flottant horizontalement comme celles de Jacobi ou de M. Ban- nister (fig. 18). Mais la force du courant accumulait tous les FiG. 18. œufs vers une des extrémités de la boîte et gênait leur évolu- tion. L'habile pisciculteur eut alors l'heureuse idée de fixer Fie. ly. obliquement les deux flotteurs, ce qui, en maintenant la boîte dans une position inclinée (fig. 19 et 20), détermine à fin- MO SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. térieur une circulation suffisante pour empêcher les œufs de rester dans une immobilité qui leur serait funeste. Moins le courant de la rivière est rapide, plus l'inclinaison FiG. 20. de la boîte doit être prononcée. M. Seth Green a constaté qu'avec un courant de deux milles (un peu plus de 3 kilom.) à l'heure Tinclinaison convenable est de 60 degrés. Les mailles de la toile métallique qui forme la paroi infé- rieure des boîtes ne doivent guère avoir plus d'un millimètre FiG. 21. de largeur, car elles pourraient laisser échapper les alevins nouvellement éclos, lesquels sont extrêmement petits, l'œuf d'Alose n'ayant que deux millimètres et demi de diamètre environ . Généralement, on attache les boîtes à la file les unes des autres le long d'un petit câble solidement assujetti au moyen d'une ancre dans le milieu du courant, c'est-à-dire dans l'en- droit où l'eau est le moins exposée à des variations de tem- pérature extrêmement nuisibles aux éclosions. Chaque cilble peut servir à fixer au moins cinq ou six boîtes. LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. Mi Un autre modèle de boîle flottante a été imaginé par M. E. Slilwell, commissaire des pèciies du Maine, et M. Charles Atkins, de l'établissement de pisciculture de Buksport. Les ligures 21 et 12 représentent cette boîte dans la position qu'elle prend lorsqu'elle est mise en rivière. Dans la figure 19, FiG. 25. un des côtés de la boîte a été enlevé en partie afin d'en laisser voir l'intérieur. L'eau suit la direction indiquée par les flèches et procure aux œufs le mouvement qui leur est nécessaire. 11 est à remarquer que l'angle formé avec la suiface de l'eau par le fond de cet appareil est précisément inverse de celui que forme la boîte Seth Green. On doit à MM. Frederick Mather et Charles Bell l'invention d'un appareil qui dispense de mettre les œufs d'Alose en pleine rivière, et qui permet d'obtenir l'éclosion de ces œufs en la- boratoire. Cet appareil que nous avons déjà mentionné plus haut, se compose d'un entonnoir en métal (fig.23), de 0'",30 de haut, sur O^'j^ô de diamètre (1) auquel est soudée une bor- dure en toile métallique de0"',03 de hauteur. A l'extérieur un large rebord forme une rigole circulaire qui porte un ajutage latéral pour la sortie de l'eau. (1) La dimension importe peu ; on se sert souvent d'appareils beaucoup plus grands ; Timportant c'est que les proportions relatives soient conservées. 31 î2 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Vers le fond de renlonnoir, à l'endroit où le diamètre n'est plus que de 0™,05, se trouve une cloison horizontale en fine toile métallique (de préférence en laiton), sur laquelle on place les œufs, et qui sert à tamiser le courant d'eau qu'amène FiG. 23. dans l'appareil un tube en caoutchouc fixé au bas de l'enton- noir. Ce courant entraîne les œufs de bas en haut et dans une direction excentrique, vers la bordure de toile métallique, à travers laquelle l'eau s'échappe en nappe circulaire. Mais comme, en s'élargissant, le courant perd de sa force, il n'est LA PISCICULTURE A L ETRANGER. 313 plus suffisant, lorsqu'il arrive près du bord (si l'on a réglé convenablement le débil), pour continuera soutenir les œufs. Ceux-ci retombent sur la paroi oblique de l'entonnoir; ils roulent vers le fond, et sont repris de nouveau par le courant pour retomber encore, et ainsi de suite. Cette agitation con- tinuelle les entretient en parfait état de propreté, et l'évo- lution embryonnaire s'accomplit dans d'excellentes condi- tions. Ce système qui est aujourd'hui très généralement adopté et riG. 21. qui rend les plus grands services, a été, dès le début, appliqué sur une grande échelle par M. le major Thomas B. Ferguson, commissaire des pêcheries du Maryland. Tout en apportant à l'appareil quelques légères modifica- tions, M. Ferguson eut l'heureuse idée d'utiliser ce système à bord d'un petit steamer (le Lookout), en créant ainsi un établissement de pisciculture mobile, qui peut se rendre d'a- bord sur les lieux dépêche, pour recueillir les œufs à mettre en incubation, puis sur les divers points où les alevins obtenus doivent être distribués. 314 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Les appareils sont installés sur le pont. Ce sont, comme l'appareil de MM. Fred. Matlier et Gh. Bell, de grands cônes renversés (fig. 2-4) ou entonnoirs en métal (généralement en cuivre étamé) qu'on peut fermer à volonté dans le bas et em- ployer, après l'éclosion, comme appareils de transport pour les alevins. Afin que ces cônes restent toujours dans une position bien verticale et qu'ils puissent fonctionner sans interruption, malgré les mouvements de roulis ou de tangage du navire, ils sont à suspension de Cardan, c'est-à-dire qu'ils sont sou- tenus, à la manière des boussoles marines, par deux cercles horizontaux et concentriques, mobiles sur des axes perpendi- culaires l'un à l'autre. Les cônes Ferguson ont une hauteur de 0"\68 et un dia- mètre de0'",50. L'eau y pénètre en traversant, comme dans l'appareil Mather,une sorte de lamis a, qui divise le courant, et elle en sort parla gouttière d, à laquelle s'adapte un tuyau en caoutchouc de 0"',0â de diamètre, semblable au tuyau d'amenée. L'anneau, ou garniture intérieure b, f, de 0"", 10 de hauteur, est destiné à retenir les œufs et les alevins ; la par- tie inférieure / est en fer-blanc, tandis que la partie supé- rieure b est en toile métallique. C'est à travers cette toile métallique que s'échappe l'eau pour sortir par l'ouverture d. Un tampon porté à l'extrémité d'un long manche (voy. à droite de la figure 24) sert ta boucher plus ou moins le tamis a et à régler la force du courant. Les œufs morts devenant presque immédiatement plus volumineux et par cela même plus légers que les autres, se rassemblent dans l'appareil à la surface de l'eau ; on les enlève à l'aide d'une truble ou mieux d'une sorte d'écumoire à trous d'un diamètre tel, que les œufs sains y passent sans difficulté tandis que les œufs gâtés, plus gros, restent pris. Le fonctionnement de l'appareil a du reste été amélioré encore par F. A. Clark qui, à l'aide d'une grille c placée devant la gouttière d, a trouvé le moyen de régler par- faitement le débit de celle gouttière. En donnant par à-coup un courant plus fort, on expulse tous les œufs gâtés qui sont immédiatement entraînés. LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 315 A bord du Lookout, une petite pompe à vapeur puise l'eau un peu au-dessous de la ligne de flottaison du navire et remplit constamment un réservoir, d'où partent les tuyaux de distribution qui vont s'adapter à la partie inférieure de chaque entonnoir. Au sortir des appareils, qui sont ainsi tra- versés par un courant continu, l'eau est rejetée par-dessus bord. Dés la première année de sa mise en service (1878), le Lookout servit à recueillir et à mettre en incubation -21502 000 œufs d'alose qui donnèrent 15 546 500 ale- vins. Des résultats aussi satisfaisants ont engagé la Commission des pêcheries des États-Unis à adopter ce système et k l'ap- pliquer sur une échelle encore plus importante. Un navire à vapeur, le Fish-Hawk, a été construit tout exprès poui' servir de laboratoire d'études et d'établissement mobile de pisciculture. C'est un steamer à hélice de 485 tonneaux, de 45 mètres de longueur sur 9 mètres de largeur, avec un tirant d'eau de 2"", 20. Son outillage lui permet de mettre à la fois en incubation près d'un milliard d'œufs d'Alose, de Morue, de Hareng ou de Maquereau. Les appareils du Fish-Hawk sont de deux modèles diffé- rents, savoir : les cônes ou entonnoirs ci-dessus mentionnés du système Ferguson, et les tonnes immergées ou à bascule, dues au même inventeur. Ces tonnes sont des cylindres, ordinairement en fer battu, étamé ou galvanisé, de 0'",50 de diamètre sur 0"',00 de hau- teur, qu'on peut porter par une anse comme des seaux. Elles sont fermées à la partie inférieure par un disque en toile mé- tallique bordé d'un cercle de cuivre qui se fixe au cylindre au moyen d'écrous. Les tonnes, garnies des œufs à faire éclore, sont suspendues sur chaque flanc du navire à un mât horizontal (fig. 25) et plongent à moitié dans l'eau. Ce mât qui est actionné par une machine à vapeur dont l'arbre de couche porte un excentri- que, imprime constamment à l'ensemble des tonnes un mou- vement alternatif de haut en bas et de bas en haut, lequel 316 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. procure aux œufs l'agilation nécessaire à leur développe- ment. Un fond étanche, fixé par des écrous, peut être substitué au disque de toile métallique qui ferme le bas de chaque cy- lindre. On transforme ainsi l'appareil d'éclosion en bac de transport pour les alevins. Sur le pont du navire se trouvent FiG. 25. installées quatre séries de cônes Ferguson auxquels l'eau né- cessaire est fournie |iar une pompe qui alimente un réservoir muni d'un appareil de filtrage. Après avoir traversé les cônes, l'eau peut être soit écoulée hors du navire, soit recueillie par des conduites spéciales, puis renvoyée, à l'aide de la pompe, dans le réservoir d'alimentation en formant ainsi un courant continu. Cette disposition permet d'opérer l'incubation des œufs d'Alose aussi bien quand le navire est en marche que LA PISCICULTURE A l'ÉTRâNGER. 317 quand il est stationnaire, et soit qu'il navigue en eau douce ou en eau salée. L'aménagement du Fish-Haivk permet, en outre, d'utiliser ce navire pour la propagation de différents poissons de mer. La dépense d'installation s'est élevée à 50 000 dollars (250 000 francs). (A suivre.) OBSERVATIONS SUR UN LÉPIDOPTÈRE IIÉTÉROCÈRE SÉRICIGÈNE L'AyTUER.£A FRITHII (Moore) FAITES EiN 1882 A CHAMPROSAY (Seine-et-Oise) Par n. J. FALLOU Le 2 mai de cette année 1882, M. Geoffroy Saint-Hilaire a bien voulu me confier, pour en observer l'éclosion, quaranle- huit cocons et un certain nombre d'œufs provenant d'un envoi fait par M. Moquin-Tandon, de la Gochinchine. Ces cocons ont beaucoup d'analogie avec ceux des Attacus Yama-maï, Pernyi et Mylilta; ils sont fermés, de forme ellipsoïdale, allongés aux deux extrémités. Ils sont constitués par une soie d'un blanc jaunâtre, dont la couche supérieure est très résistante. Ces cocons ne sont pas entourés d'une soie lâche et vague comme celui de VAtlacus Pernyi; k certains d'entre eux sont encore adhérents des débris de feuilles des végétaux qui ont servi à la nourriture des chenilles, ce qui, peut-être, pourra servir à faire connaître leur plante nourricière. Dès le 9 mai, ces cocons ont été suspendus dans une cage spacieuse, déposée dans une vaste pièce non habitée, située au deuxième étage, prenant jour et lumière aux expositions sud-ouest et nord-est; les fenêtres n'ont été fermées que la nuit. Jusqu'à la fin de juillet, tous les papillons éclos, mâles et femelles, ne sont pas sortis de la boîte où je les surveillais, alin de voir s'il y avait accouplement ; mais mâles et femelles ont été sacrifiés pour n'obtenir que des œufs non fécondés, ce qui se reconnaît facilement huit ou dix jours après les pontes. Dans les premiers jours du mois d'août, j'ouvris les portes de la cage contenant les cocons, afin que les nouveaux venus pussent prendre leur essor dans la chambre même ; du 2 au UN LÉPIDOPTÈRE HÉTÉROCÈRE SÉRICIGÈNE. 319 4 aoLit sont cclos un maie et une femelle ; je les trouvai le matin près l'un de l'autre, sur les rideaux en mousseline de la fenêtre nord-est; mais je m'aperçus plus tard que la femelle n'avait pas été fécondée. Enfin, du 15 au 16 du même mois, un nouveau couple est éclos, et l'accouplement eut lieu du 16 au 17 et a duré environ quinze heures. La ponte de deux cent vingt œufs se fit sur les rideaux de la même fenêtre que la précédente. Un fait digne de remarque^ c'est que tous les papillons qui se sont échappés de la cage ont toujours été se poser à la fe- nêtre du nord-est; pas un au sud-ouest. Les papillons sont éclos à des intervalles très espacés, et en quelque sorte par périodes. A l'ouverture de la caisse d'envoi, 2 mai, je trouvai six papillons, trois mâles et autant de femelles, mais tous avortés ou avec les ailes mal développées, ce qui sans doute a tenu au manque d'espace, aucun cas semblable ne s'étant reproduit aux éclosions qui eurent lieu successivement après celle-ci. Du 9 au 19 mai sont éclos 1 mâle, 9 femelles. Deuxième période ;du 12 au 15 juillet, 1 mâle, 4 femelles ; du 29 au 31^ 2 mâles, 5 femelles; du 1" au 18 août, 5 mâles, 3 femelles. Troisième période : du 5 au 7 septembre, 2 mâles ; indiqué plus haut du 2 mai, 3 mâles, 3 femelles. Total : 38 papillons, 1 i mâles, 24 f(;melles. Ainsi le nombre des femelles est donc presque double de celui des mâles. Il reste dix cocons qui, par leur légèreté, me font supposer qu'ils ne donneront pas leurs papillons. Cependant je les observerai; il est possible qu'il en vienne encore l'an pro- chain. Il en est peut-être de ces Attaciens comme de bien d'autres Lépidoptères, c'est-à-dire que les Chenilles provenant de la même ponte ne donnent pas toujours l'insecte parfait à la même époque; nous avons des exemples de cette particu- larité chez bon nombre de nos Lépidoptères indigènes, il y en a qui restent à l'état léthargique une et quelquefois plu- sieurs années. 320 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. D'après le résultat des éclosions de l'espèce qui nous oc- cupe, il est difficile de se former une idée juste de l'époqne à laquelle a lieu l'éclosion de VAntherœa Frilhii dans son pays natal. On pourrait supposer qu'une température plus ou moins élevée puisse avoir de l'influence sur les éclosions ; mais ce n'est certainement pas la chaleur des mois de juillet et d'août que nou? avons eue sous le climat de Paris, mois qui ont été relativement froids et humides, qui a fait que les éclosions ont été plus nombreuses pendant ces deux mois, ni que les sujets nés durant cette période ont leurs couleurs plus vives et sont d'un ton plus chaud que ceux éclos au printemps ; de là je serai porté à conclure que le milieu de l'été est la prin- cipale époque d'éclosion de VAnthœrea Frithii. Un seul accouplement obtenu sur un si grand nombre de sujets peut étonner, mais c'est certainement la seule fois que l'éclosion d'un mâle et d'une femelle ait eu lieu dans la même nuit. Or on a observé que chez les espèces demi-sauvages des Anthœrea asiatiques, il faut, pour la fécondation, une éclosion presque simultanée des mâles et des femelles ; les individus de sexe différent se repoussent s'ils sont nés à quelques jours de distance. C'est peut-être le motif qui fait que je n'ai con- staté qu'un seul accouplement. Les papillons de A. Frii/^u offrent, ainsi que leur congé- nère A . Mylitta, de fréquentes variations pour le fond de la couleur des ailes; le mâle les a généralement rougeâtres; il y en a qui ont le fond jaune. Les femelles sont beaucoup plus variables que les mâles ; leurs ailes sont grises, passant de cette couleur à celle rosée, souvent jusqu'au jaune. La vitalité chez cette espèce est de quatre à cinq jours pour les mâles et cinq à sept pour les femelles. Les œufs sont du type de A. Mijlitta, et comme ceux-ci entourés de deux lignes noires, un peu comprimés et d'une couleur blanchâtre. De ceux pondus le 19 août sont sortis, du A au 6 septembre, des chenilles d'une couleur jaune d'ocre annelées de noir, la tête et le collier de cette même couleur, les pattes grisâtres. Jusqu'à ces temps derniers, j'avais cru reconnaître que les papillons qui avaient donné naissance à ces chenilles appar- UN LÉPIL^OPTÈRE HÉTÉROCÈRE SÉRICIGÈNE. 321 tenaient à A. Mylitla. C'est pourquoi je me suis abstenu de prendre la description plus complète de celles qui venaient de naître, sachant que celles du Mylitta avaient été décrites à fond par M. A. Wailly, description reproduite dans le Traité élémentaire d'entomologie de M. Girard (tome III, fasc. 1, J.-B. Baillièreetfds, 1882). Je regrette donc de ne pas avoir examiné avec plus d'at- tenlion nos nouvelles venues, et de ne pouvoir en donner ici qu'une description trop succincte. Ce n'est que dernièrement que nous avons appris que l'es- pèce intéressante qui nous occupe n'était pas A. Mylitta ni A. Felderi (Boisduval), mais bien VA nthœrea Frithii Moore, espèce décrite dans lesProceeding Zool. Soc, 28 juin 1859, et dont le maie seul est figuré. Le sujet représenté provient du voisinage de Darjeeling. A la naissance des chenilles, vu la saison avancée, je leur offris, outre le chêne, comme plantes nourricières, des végé- taux à feuilles persistantes : Evonymus (Fusain) Japonicus, Ligustnim (Troène) Californicum et Japoniciun, Viburnum (Laurier-tin) Tinus. Les chenilles que j'ai persisté à laisser sur ces végétaux sont toutes mortes sans en attaquer aucun ; le contraire a eu lieu pour le chêne, qu'elles ont aussitôt mangé. Leur première mue eut lieu avec peine du 17 septembre au 4 octobre, et la moitié environ sont mortes en l'opérant. Celles qui ont pu l'accomplir n'ont vécu que jusqu'au i6 octobre. Pendant l'inlervalle de temps qu'a duré la surveillance de mes pensionnaires, j'ai été à même de faire quelques remar- ques intéressantes, dont voici la plus importante : En 1881, j'ai récolté sur mes Poiriers plusieurs chenilles àeVAttacus Pyri, qui ont formé leurs cocons dans une ca^e disposée à cet effet. Du 10 au 15 mai sont écloses plusieurs femelles, et, à la même épo([ue, deux femelles de A. Frithii. Le temps étant beau, j'avais laissé ouvertes la nuit les fenêtres de la pièce où étaient ces dernières. Le 15, au matin, je fus étonné de voir 3» SÉRIK, T. X. — Juin 1883. il 322 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. sur les parois extérieures de la boîte cinq mâles de A. Pyri qui avaient fait infidélité aux femelles de leur espèce, quoique pourtant ils fussent très proches d'elles. J'invitai ces amou- reux à entrer dans la cage, où ils sont restés, ainsi que les femelles, dans un état de torpeur complet, dont ils ne sont sortis qu'à l'entrée de la nuit ; à ce moment, tous ont pris leur vol. Le lendemain matin, je ne trouvai que des êtres complè- tement détériorés, sans observer d'accouplement; les femelles n'ont pondu que des œufs clairs. Ainsi, malgré l'attrait de ces femelles, qui avaient attiré les mâles peut-être d'une grande distance, à ma connaissance il n'y avait pas eu rapproche- ment. J'ai déjà été à même d'observer un cas à peu près analogue vers le 10 ou le 12 juin 1879. A cette époque, j'avais provoqué les deux sexes en présentant un mâle de A . Pyri à une fe- melle de A . Pernyi, puis, à l'inverse, un mâle Pernyi à une femelle A. Pyri, sans qu'il y ait eu acte de copulation, ces femelles n'ayant pondu que des œufs non fécondés. Les exemples de cette année ne font que confirmer ce que j'ai déjà fait remarquer dans une note sur diverses espèces de Lépi- doptères, insérée au Bulletin de la Société cV Acclimatation, année 1880, page 717, c'est-à-dire que les tentatives de croi- sement entre espèces paraissant très rapprochées, mais pro- venant de pays tout différent, ne se réalisent pas aussi aisé- ment qu'on peut le supposer tout d'abord. II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE Pendant les mois de janvier, février, mars et avril] 1883. Par M. nUET Aide-naturaliste chargé de la ménagerie. Quoique les premiers mois de l'année ne soient pas très favorables pour les naissances, nous avons cependant à enre- gistrer celle d'une femelle de N)'\Qixu]i (Portax picta). Née le l" janvier, nous pensions, à cause de la mauvaise saison, que cette éducation ne réussirait pas; mais, malgré les longues nuits d'hiver et la température humide que nous avons eue, cette jeune bête s'est parfaitement développée, et maintenant nous n'avons plus de craintes pour sa santé. Le 10 janvier est née une femelle d'Eleotrague, ou Anti- lope Isabelle (Eleotragus reduncus); ce qui porte à huit le nombre de ces charmants animaux, obtenus d'un mâle et de deux femelles, données au Muséum par M. Brière de l'Isle, en 1878 et 1880 : la mère a mis bas à la Rotonde, où elle a passé l'hiver avec son jeune; quant aux six autres, ils sont restés dehors et ils n'étaient renfermés que pendant la nuit, dans une cabane rustique, dont les parois sont construites en terre soutenue par des branches. Le 11 janvier et le 19 mars, nous avons eu aussi la nais- sance de deux Guibs {Tragelaphas scriptus), mais ils sont morts à l'âge de cinq semaines. Voici la seconde année que nous essayons d'élever ces jeunes animaux en plein air; mais il faut y renoncer, car, lorsque la température descend vers 5 degrés au-dessous de zéro, ils s'engourdissent, n'ayant plus la lorce de se relever pour tcter, ils meurent en deux ou trois 324 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. jours; il est donc indispensable, lorsque l'on a des femelles pleines à la fin de décembre, de les renfermer dans un en- droit où l'on puisse entretenir une chaleur de 8 à 10 degrés; dans ces conditions, on est certain d'élever les jeunes, qui, une fois qu'ils mangent seuls, deviennent tout de suite plus vigoureux et peuvent alors supporter, sans en souffrir beau- coup, des températures plus basses. Nous n'avons jamais eu d'accidents provoqués par le froid, jiarmi les adultes que nous tenons dans une cabane à l'air, et il suffit de les renfermer pour la nuit, ou bien lorsque le froid devient trop vif, pour les conserver en bonne santé. Enfin, il est né aussi un Zébu de Madagascar, trois Chèvres d'Islande, deux Chèvres d'Angora et une Chèvre mélisse, issue d'un Bouc et d'une Chèvre, hybrides d'un Bouquetin et d'une Chèvre ordinaire. DONS FAITS A LA MÉNAGERIE 1 Sanglier commun (Sus scrofa), don de M. Symon. 1 Raton laveur (Procyon lotor), don de lAI. Bigiion. 1 Snjou capucin {Cebiis capiiciniis), don de M. Abadie. 1 Macaque (Macacus cynomolgus), don de M. Pressa. 2 Tatous de Pentagonie (Dasi/pus minutus), don de M. Hatt. 1 Cerf des champs {Cervus campestris), Brésil, don de M. Collot. t Paradoxures soyeux (Paradoxurus setosus), don de M. Harmand, consul de France à Siam. 1 Civette Zibetli (Vivorra zlbclha), - id. 2 Mélogales {Melogale orientalis), id. 1 Callitriche {Callitrichus rufo-viridis), don de M. Miston ACQUISITIONS 1 Coati brun {Nasua fmca). 3 Cercocèbes enfumés (Cercocebus fuUginosus). 1 Sajou Capucin [Cebus capucinus). 1 Sajou à gorge blanche (Cebus hypoleucas). X Ratel du Cap (Mellirora Capcnsis). 1 Éléphant d'Afrique (Elepluis Africanus). NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 325 OISEAUX Dans l'ordre des Palmipèdes, nous avons à signaler l'éclosion, le 15 février et le 18 mars, de six Cygnes noirs (Cygnus atratus). Le 26 mars, celle de six Oies de Magellan (Bernicla Ma- gellanica) . Le 16 mars et le 15 avril, nous avons eu deux couvées •d'Oies des Sandwich {Bernicla Sandwicensis) , quatre jeunes de la première et deux de la seconde. Ces oiseaux, comme ceux que nous avons élevés l'année dernière, se sont développés rapidement, et à condition de manger de la verdure, quelle qu'elle soit, et en grande quan- tité, en six semaines, ces jeunes oiseaux atteignent la taille des parents, sans que l'on ait besoin de leur donner des soins particuliers. Les Oies des Sandwich doivent attirer l'attention des ama- teurs, et nous ne doutons pas que, dans un avenir prochain, nous ne comptions ce charmant palmipède au nombre des oiseaux acquis à la domesticité. Son caractère, relativement doux, en fera un habitant de nos basses-cours, dans les- quelles il pourra vivre au milieu des autres volailles, sans aucun danger pour elles. Les Oies de Magellan sont aussi des oiseaux dont l'éduca- tion est facile, mais il faut les tenir séparées des autres vola- tiles, surtout au moment où la femelle couve et lorsque les Jeunes sont éclos, l'amour du mfde pour sa famille est poussé â un tel point, que, si un indiscret s'en approche de trop près, il le pourchasse avec fureur, et, s'il en a la force, il le tue. DONS 1 Buse variété blanche {Falco biiteo), don de M. Bienné. 2 Caracaras {Polijborus BrasiUensis), don de M. Lebrun. I IMgeon Polonais noir, don de M"« llusterhollz. 3 Colombes à collier, don de M'«ei)esmonneret. MQ SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. 1 Colombe blanche, don de M"»* Desmonneret. \ Aigle Bonelli {Nisaëtus fasciatus), don de M. l'abbé Cappy. 1 Chouette Effraie {Strix flammea), don de M. Dugenest. ACQUISITIONS i Busard des Marais {Circus œruginosiis), de l'Inde. 1 Faisan de Mongolie {Phasianus Mongoliens). i Canard de la Caroline [Aix sponsa). 8 Cacatoès nasiques {Licmetis tcnuirostris), de la Nouvelle-Hollande. 200 Sénégalis de différentes espèces. 1 Autruche d'Amérique {Rhea Amcricana). 2 Grues de Paradis {Tetrapteryx Paradisea). LA RAMIE ORTIE DE CHINE (CHINA-GRASS) COMMUNICATION FAITE EN SÉANCE GÉNÉRALE Par nn. REXAUT, BERTII^ et BOSCHI Extrait du compte rendu sténographique. M. Renaut: Messieurs, dès l'année 1857, la Société d'Accli- matation s'était préoccupée de la Ramie et avait fait venir de Chine des graines et des plants qu'elle avait répandus autant qu'elle avait pu dans l'agriculture. 11 y a deux ans, à pareille époque, je ne connaissais même pas la Ramie de nom. J'ai appris à la connaître depuis et j'ai su par des savants comme M. Vétillart, que ce textile était déjà employé il y a plusieurs milliers d'années, puisque l'analyse lui a démontré que les fines bandelettes qui entou- rent les momies égyptiennes étaient en fibres de Ramie. Si cette plante était connue il y a des milliers d'années des F]gyptiens, il est très certain également que les Chinois l'utilisent depuis des temps immémoriaux, j'en ai eu l'affir- mation parles ambassadeurs chinois qui sont venus voir fonc- tionner nos machines à décortiquer, et qui en ont été très satisfaits, ils ont parfaitement reconnu la plante dont la culture, nous ont-ils dit, est générale en Chine. Notre correspondant de Shang-Haï nous a envoyé les échan- tillons que j'ai l'honneur de vous soumettre ; ces différents tissus servent à la confection de vêtements du peuple, et leur solidité est telle que les blouses en fil de Ramie se transmet- tent de père en fils. Depuis 1845, je crois, M. Decaisne a fait cultiver au Jardin des Plantes trois espèces de Ramie dont les fibres ont une égale force; il a nommé l'une d'elles utilis, parce qu'il l'a trouvée plus propre que les autres à la culture ou qu'il l'a regardée comme devant donner des résultats meilleurs. En effet l'espèce ainsi dénommée et dont voici des échantillons^ 328 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. croît beaucoup plus vite que les deux autres, cette raison suffit pour la préconiser plutôt que ses deux sœurs. Dès que M. Decaisne eut constaté la solidité incomparable des fibres de cette plante, il fit tous ses efforts pour en vul- gariser la culture ; plusieurs cultivateurs du Midi répondirent à son appel et la culture des trois espèces de Ramie a parfai- tement réussi dans nos départements méridionaux, mais les cultivateurs n'ont pas trouvé d'acquéreur pour leur ré- colte. On croyait pouvoir utiliser facilement ce textile qui exige un traitement tout spécial, comme le chanvre et comme le lin; tout naturellement on n'a obtenu aucun résultat, et au lieu de chercher on s'est, comme à l'ordinaire, découra[>é aux pre- mières difficultés, les agriculteurs ont alors abandonné la cul- ture de cette plante, bien à regret, car ils la trouvaient facile. Après ces essais infructueux, la question de la Ramie resta à peu près stationnaire jusqu'en 1878. A cette époque, deux Français, MM. Labérie et Berthet, ont heureusement produit à l'Exposition universelle une machine à décortiquer la Ramie, qui a fonctionné devant tout le monde et qui a obtenu la seule médaille décernée à ce genre. La Société dont je suis le secrétaire général s'est formée précisément pour l'exploitation de cette machine qui rendait possible la culture de la Ramie, et aussi dans le but d'aider à la création de l'industrie nouvelle et très importante à laquelle ce textile donnerait certainement naissance. Depuis sa création, c'est-à-dire depuis le 9 juillet 4879, tous les efforts de ma Compagnie ont tendu à répandre le plus pos- sible la culture de la Ramie. Mais pour vulgariser cette culture il fallait avoir des plants à offrir aux cultivateurs et les plants manquaient. Nous avons alors établi trois pépinières dans les terrains les plus propres à la culture : la première au Jardin du Ilamma, à Alger, sous l'habile direction de M. Charles Rivière; la deuxième à Sauveterrc (Gironde), dans la propriété de M. de Latour, administrateur de la Compagnie, et la troisième à Montfavet-lez-Avignon (Vaucluse), confiée aux soins de M. Tramier, horticulteur. LA RAMIE. 329 Sur ces trois points dillérenls nous avons obtenu un résultat <îes plus satisfaisants. A l'heure qu'il est, nous possédons 2 500 000 plants, et, avec la rapidité merveilleuse avec laquelle cette plante se reproduit, on peut compter sur 50 millions de plants l'année prochaine. Nous pourrons alors répondre facilement aux demandes des agriculteurs qui désirent essayer la culture de la Ramie, •et leur nombre est déjà grand aujourd'hui. Quand nous avons eu constaté les excellents résultats obtenus en Algérie, enVaucluse, en Gironde, et même au Jardin d'Ac- climatation, où nous avons eu la preuve que la Ramie poussait très bien, pour nous, la question était résolue, ce n'était plus qu'une affaire de temps. Nous nous sommes alors préoccupés ■de faire apprécier par nos industriels les qualités exception- nelles du nouveau textile que notre sol pouvait produire, car la consommation assurée force la production. Eh bien ! Messieurs, j'ai usé en pure perte et ma plume et ma langue, tous les industriels français auxquels nous nous sommes adressés nous ont invariablement répondu : (( Qu'est-ce que vous voulez que nous fassions de cela ? ce n'est pas employa- ble. » Aucun n'a voulu se donner la peine de chercher, ils se sont tous arrêtés à la première difficulté. Nous avons alors résolu de forcer l'attention de nos indus- triels en faisant fabriquer différentes étoffes avec le textile que nous préconisions. Nous étions bien sûrs d'atteindre notre but, car nous avions la certitude que depuis plusieurs années déjà les Anglais employaient la Ramie, appelée chez -eux China-grass, soit seule, soit en la mélangeant avec la laine, la soie, le coton ou le lin, et obtenaient ainsi des tissus qui avaient une supériorité incontestable sur les produits français. Nous avons choisi un homme intelligent, M. Boski, qui nous a aidé à atteindre le but auquel nous tendions : c'est lui qui a fait fabriquer les différentes étoffes que vous voyez sur cette table avec des filés anglais; aujourd'hui, Messieurs, pour fabriquer des tissus semblables il n'est pas besoin d'acheter le fil en Angleterre, M. Boski a monté une filatureàMontreuil- sous-Bois; le fil qu'il produit n'a rien à envier comme beauté 330 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. à celui des Anglais, et dès maintenant il roffre au tissage à 40 pour 100 meilleur marché que nos voisins. Mais, Messieurs, M. Boski est ici, il va vous présenter lui-même les étoffes qu'il a fait fabriquer et traitera bien mieux que moi la ques- tion industrielle. Après avoir entendu les explications qu'il va vous donner et quand vous aurez admiré les étoffes qu'il va vous soumettre, vous jugerez, je pense, que celte question est complètement résolue. En commençant, Messieurs, je vous ai parlé de la culture et des excellents résultats que nous avions obtenus tant en Algérie que dans la Gironde et en Vaucluse, mais M. Bertin, un horticulteur distingué, est ici pour vous dire les résultats non moins bons qu'il a obtenus chez lui à Maisons-Laffitte, et vous donner sur la culture de la Ramie, à laquelle il s'est adonné avec ardeur, tous les renseignements que vous pourrez désirer, car il a noté avec le plus grand soin les observations multiples qu'il a faites, et il vous fera comprendre sans peine combien cette culture est facile. Après avoir entendu M. Bertin et M. Boski vous serez con- vaincus, je l'espère, de l'importance de la question delà Ramie comme culture et comme industrie et vous cultiverez ce pré- cieux textile. Je vous l'ai dit. Messieurs, dès l'année pro- chaine nous pourrons répondre aux demandes de plants qui nous seront adressées ; si les agriculteurs français ne veulent pas marcher, cequeje ne peux pas croire, nous aurons recours aux agriculteurs étrangers, mais ce serait bien malheureux. La filasse que voici. Messieurs, est bien française, elle est le produit de tiges qui ont poussé à Avignon et qui ont été décortiquées, il y a dix-sept jours déjà, par notre machine qui est montée chez M. Boski, 152, rue de Paris, à Montreuil- sous-Bois où l'on peut la voir; elle fonctionnera dans quelques jours et comme les plants que M. Boski a plantés dans son jardin poussent vigoureusement, on coupera des tiges devant les intéressés, qui pourront facilement se convaincre de la simplicité de l'opération de la décortication par notre machine. M. Berlin vous prouvera, Messieurs, que la culture de la LA RAMIE. 331 Ramie est des plus faciles, et je suis en mesure de pouvoir affirmer qu'elle sera une culture des plus rémunératrices ; dans les régions où cette plante se plaît, par exemple en Guyane, dans les terrains irrigables de notre Algérie, dans notre Provence même, le produit de l'hectare planté en Ramie sera plus considérable que le rapport moyen des vignobles (je ne parle pas bien entendu des grands crus). En Egypte, aux environs du Caire, la Ramie pousse d'une façon merveilleuse, ainsi des plants envoyés d'Alger et plantés le 7 mars de cette année avaient le 80 avril suivant l'",95 de hauteur; on peut compter d'une manière certaine que la Ramie donne par année : au Caire et en Guyane six récoltes, cinq en Algérie, trois en Provence et deux à Paris; nos culti- vateurs algériens doivent donc planter résolument s'ils ne veulent pas se laisser distancer par les Egyptiens. (Applau- dissements.) M. cVArnaud-Bey : M. Renaut, vous avez dit tout à l'heure que l'on employait la Ramie dans les bandages de momies... Je ne sache pas que cette plante ait été connue des Egyptiens. La Ramie est d'importation nouvelle dans ce pays. Il y avait le chanvre et le lin : le chanvre pour les étoffes grossières et le lin pour les étoffes fines. M. Renaut : M. Yétillart le dit, je m'incline, je ne traite- pas la question scientifique. Je ne parle pas des bandages faits maintenant, je dis que les momies égyptiennes, il y a des milliers d'années, étaient entourées de bandelettes de Ramie ; voilà ce que M. Yétillart a constaté. Il a voulu connaître le textile qui avait résisté un aussi grand nombre d'années ; il a fait la décomposition des fibres, et il a reconnu qu'elles appartenaient à la Ramie. M. le Président : ie crois. Messieurs, que toutes les discus- sions qui pourraient avoir lieu à l'occasion de la Ramie se produiraient plus utilement quand ces messieurs auront fini leurs communications. La parole est à M. Berlin. M. Berlin : Messieurs, j'ai été chargé par M. Renaut, vers le mois d'octobre, de semer des graines de Ramie; à ce moment 332 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. nous attendions déjà des plants d'Alger qui ne sont arrivés que le 28 avril. J'avais reçu les graines dans le courant de janvier. Comment faire, je l'ignorais, puisque c'était nouveau pour moi ? J'ai semé sur couche chaude le 29 et j'ai obtenu des levées le 15 février c'est-à-dire en seize jours, la chaleur ayant été de 15 à 25 degrés ; nous avons été contents de ce résultat. Mais le soleil est arrivé et il ne plaît pas aux jeunes plants, en sorte qu'il n'en resta pas un seul pied, et qu'il fallut recommencer en les mettant à l'ombre. J'ai continué ces semis, de toutes les fa- çons, au nord, au midi, couverts, arrosés, etc., et j'ai, en ce moment-ci, dans mon jardin des plants de 4 et 5 centimètres de hauteur que je regrette de ne pas avoir apportés. Je compte que je pourrai les repiquer et enfin voir et avoir de belles plantes; si je réussis, il n'y a pas de raison pour que je n'en fasse pas autant qu'on en voudra. Voilà, Messieurs, à peu près tout ce que je puis vous dire pour les semis. Parlons maintenant des plants arrivés le 28 avril. Il y avait dans l'envoi des plants enracinés et des semis ; les semis avaient au moins une année, je ne sais pas exactement leur âge, mais je vais vous montrer les tiges qui ont poussé depuis la plantation faite le 3 mai; le résultat de la plantation des éclats est peut-être un peu moins bon, mais l'expérience nous manque pour trancher définitivement la question. Ces plants avaient supporté vingt-sept jours de route. Vous savez que toutes les Urticées se reproduisent de racines; la multiplication en est donc très facile, non seule- ment par éclats qu'on détache des pieds, mais encore par les boutures herbacées qui développent de nouvelles tiges aus- sitôt l'extrémité coupée. Voici un pied divisé en quatre, voyez sa belle végétation ! il a onze tiges et bien vigoureuses ! Maintenant voilà des boutures que j'ai faites, il y a quatre jours ; je les ai montrées ce matin au jardinier en chef du Jar- din d'Acclimatation, il a été enchanté de voir que ces petites boutures, faites depuis lundi, avaient des talons; c'est vous dire qu'il ne faut plus que quelques jours pour qu'elles aient des racines ; vous voyez combien cela est facile ! LA RAMIE. 333 Il y avait une cloche dessus, c'est à peine si le bout des feuilles était brûlé. Quand j'ai vidé les mannes qui nous ont été envoyées d'Al- ger, je n'ai rien perdu, pas un seul petit morceau; j'ai fait un petit fossé dans lequel j'ai étalé tout cela en bloc, allez ! Je me suis dit: il ne faut pas perdre de temps, nous verrons ce que ça fera. Eh bien, partout, des racines tracèrent, en travers, en long, de tous les côtés ; il y a très peu de liges qui ne prennent pas, ceux qui n'avaient pas encore d'yeux s'en préparent ; vous voyez combien la Ramie est facile à repro- duire, et j'en ai planté comme ça mille pieds. Voilà les ré- sultats; on peut dire que ces racines peuvent faire le tour du monde, tellement elles sont rustiques puisqu'elles avaient vingt-sept jours de voyage quand nous les avons plantées, et plus de mille d'entre elles n'ont été plantées que dix jours après; tout a réussi! J'ai semé trois ou quatre fois sur couche chaude ; deux fois successivement le soleil m'a brûlé mes semis. J'avais cependant mis du blanc sur mes carreaux, mais ce n'était pas suffisant, puisqu'ils étaient brûlés, il fallait décidément les mettre à l'a- bri du soleil. J'ai resemé et j'ai mis sur mes couches des toiles que j'ai entretenues humides. Il faut vous dire que j'ai beaucoup de notes; j'en ai recueilli de tous ceux qui s'intéressent à la culture de la Ramie, et cela m'a beaucoup servi; quand on m'indiquait quelque chose je le faisais tout de suite. J'avais commencé mes semis le29 janvier, j'ai continué, et maintenant ils sont magnifiques, c'est un gazon ; ils ont levé au nord et n'ont pas vu le soleil. Je n'ai pas voulu y apporter beaucoup de soins, convaincu que si je réussissais, tout le monde pourrait en faire autant que moi. Un Membre : Quelle est l'époque convenable ? M. Berlin: Maintenant (juin), je le crois, c'est la meilleure époque. Il faut de la chaleur pour ces semis ; si vous semez en hiver sur couche chaude, vous obtiendrez facilement une belle levée, parce que vous savez que la chaleur des couches entre- tient toujours un peu d'humidité ; c'est ce que la plante de- mai;de. 334 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATÂTION. Je viens de semer dans des pots que j'ai mis dans l'eau ; je ne connais pas encore le résultai, mais je compte qu'il sera bon. La moitié de mes plants ont été semés les premiers jours de mai, il y a vingt-cinq jours, et les cotylédons sont parfaite- ment développés. La reproduction peut encore se faire en couchant les tiges; elles prennent facilement des racines en dix ou quinze jours, selon la chaleur. Mais avant les tiges on a les racines et toutes peuvent se diviser, puisque vous voyez là un pied coupé en quatre ; il y a dix ou douze yeux développés et il en a d'autres qui sont latents. Un Membre : Je demande la permission déposer une ques- tion à M. Bertin. Jusqu'à présent on croyait que la levée de la graine de la Ramie était très difficile; je lui demanderai d'où vient celle qu'il a semée avec tant de succès cette année et où elle a été récollée ? M. Bertin : Elle vient d'Alger et d'Avignon, nous l'avons examinée au compte-fils et nous avons trouvé que la graine d'Avignon était la plus belle; j'ai fait des semis exprès côte à côte : ayant donné les mêmes soins, je n'ai cependant pas remarqué de différence. Un Membre : Une seconde question. Dans quelle sorte de terrain ? M. Berlin : Dans un terrain léger. Un Membre : Très léger, dans du terreau ? M. Berlin: Non, non, il ne faut pas semer dans un terrain trop léger ; il faut battre serré le terrain, mais recouvrir les graines avec du terreau léger, et surtout ne pas avoir peur d'en mettre un demi-centimètre; ce sont les graines ainsi recou- vertes qui lèvent le mieux. On m'avait dit : après avoir semé, remuez un peu la surface de la terre ; ce n'est pas mon avis. La graine est si petite, que dans un dé il y en a assez pour semer un espace comme toute cette salle ; alors il n'y a donc pas de crainte d'en mettre un peu plus, et il y a plus de chance delà recouvrir d'un demi-centimètre que de la mettre trop à la surface de la terre, parce qu'il y a toujours plus d'ennemis à la surface que dans le sol. LA RAMIE. 335 Maintenant pour arroser il m'avait été recommandé de le faire avec une pompe pulvérisatrice parce qu'il faut peu d'eau; eh bien! moi, j'arrose en plein! j'élève l'arrosoir pour que l'eau se divise et ça me réussit bien ! Pour pouvoir faire arroser par un ouvrier, j'ai fait construire un grand arrosoir exprès, garni d'une petite pomme bien ronde, l'eau est écartée et l'ait pluie, Yoikà le moyen que j'ai employé, que j'ai enseigné et qui me donne un bon résultat. Malgré les précautions il tombe toujours à la fin de l'arrosoir un peu d'eau en grosses gouttes; eh bien! les semis de Ramie ont résisté; ceux qui étaient déracinés, je les enfonçais avec le doigt et ils repre- naient on ne peut mieux. Je crois donc que les semis sont bons, et j'admets qu'ils sont préférables aux autres moyens de mul- tiplication. Applaudissements.) M. le Président : La parole est h M. Boski. M. Boski: En ce qui concerne l'industrie, l'affaire est cer- taine. Voilà de la Ramie cultivée à Avignon et décortiquée par la machine Labéric. Celle-ci est seulement décortiquée, cette autre est dégom- mée. Je ne peux donner de détails sur cette opération qui est toute spéciale. Il y a des filateurs qui ont essayé de faire la filature de ce textile ; des essais ont été entrepris avec l'ou- lillage du lin, de la laine et de la soie : ces outillages ne con- viennent pas, il a fallu en créer un spécial. C'est ce que j'ai fait à Montreuil-sous-Bois où j'ai monté une filature de Ramie et où je fais du iil qui peut lutter avec le fil anglais comme aspect, mais cela ne suffit pas; ce qu'il faut, c'est produire au meilleur marché possible, car les prix anglais sont trop élevés pour que ce fil puisse entrer dans la consommation. J'ai donc porté mes efforts vers ce but, et dès à présent je peux pro- duire à environ 50 pour 100 au-dessous de leurs prix. Avec mes fils j'ai fait ces fichus, qui ressemblent à de la soie. La grosse difficulté était dans la transformation de la matière, c'est-à-dire que la matière étant prise chez le culti- vateur et étant décortiquée (cela étant donné par la machine Labérie: vous avez vu ce qu'elle produisait), il faut la dégom- mer, j'y suis arrivé complètement ; d'autres pourront le faire; 336 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. c'est une question de travail, et il ne faudrait pas s'en effrayer, parce qu'il y a des difficultés à vaincre; j'en ai eu, d'autres- en auront, mais on y arrivera. il/. Geoffroy Saint-Hilaire : Est-ce que, dans le passé, diffé-. rents fabricants n'ont pas tenté de faire des tissus? J'ai vu de- la passementerie et diverses autres choses; qu'est-ce qui manquait à ces produits ? M. Boski: Les produits que vous avez vus étaient fabriqués- avec des fils anglais ; Roubaix, Lyon, Rouen, ont tour à tour fait des essais qui sont restés infructeux, en raison du prix du fil. Le 4-0 anglais coûte 3 schellings 6 la livre. Ce qui fait, droits, transports, etc., 10 fr. 60 en France. Ce même 40, je peux le vendre 8 fr., comme vous le voyez: la différence est sensible, et je pourrai encore diminuer ce prix. Le fil deRamie a sa place toute indiquée dans la fabrication des tissus d'ameublement, par ses qualités de souplesse et de brillant, et aussi par son extrême solidité. Pour m'en rendre compte, j'ai fabriqué l'étoffe d'ameuble- ments que vous voyez là, vous pouvez juger par vous-mêmes- que je ne m'avançais pas trop en vous vantant les qualités de la Ramie. On parle de tissu d'ameublements faits avec le jute et quel- ques-uns prétendent que l'on peut obtenir les mêmes résul- tats avec ce textile. Cela, jele nie, et si nous prenons l'étoffe qui nous occupe comme type, il m'est facile de démontrer que la chose est impossible. Ce tissu est fait avec du 40 millimètres- et 50 millimètres; or les numéros les plus fins obtenus avec le jute ne dépassent pas 15 millimètres. Autre chose, les tentures- de jute ne peuvent résister à l'humidité, le soleil les dé- truit, sans compter la mauvaise odeur que dégage cette ma- tière à chaque changement de température. Je ne crois pas que l'on puisse adresser aucun de ces reproches b. la Ramie. A mon avis, il y a pour les fabricants de tissus d'ameuble- ments un genre nouveau à créer qui prendra place immédia- tement après la soie. LA RAMIE. 337 D'autres genres de tissu ont été faits : linge de table, coutils pour costumes, etc. Je prétends que les meilleurs lins, à diamètre égal du fil, ne peuvent lutter de solidité avec cette matière. J'ai lu des rapports qui ont été laits par une chambre syndicale, ou par un correspondant d'une chambre syndicale du Nord. Ce rapport plaçait comme solidité laRamie après le Chanvre ; c'est une erreur formelle. Je n'ai pas l'honneur de connaître la personne qui a avancé ce fait, mais je la mets au défi de me démontrer qu'à diamètre et à nombre de tours égaux, au pouce (c'est l'expression du Nord) le fil de Ramie n'est pas 30 pour 100 plus fort que le Chanvre. Quant à la beauté il ne peut exister aucune comparaison. Le lin, en ce moment, est dans une mauvaise situation; les filatures ne donnent pas de bénéfices ^rémunérateurs, les filateurs se plaignent beaucoup, et si on établissait une comparaison entre les deux textiles Ramie et Lin on trouverait un écart mais dans les basses qualités etdans les gros numéros seulement. Prenons un exemple: notre fil de Ramie 40 millimètres correspond au 70 lin, or ce numéro en lin de Courtrai, vaut aujourd'hui en belle filature vers 0 fr. le kilogramme, tandis que je vends Sfr.ot mon fil est blanc. Or le prix de 9 francs que j'indique est pour du 111 écru qui devra perdre au blanchiment de 18 à :20pour 100 sans compter la façon, et puis pourrait-on faire avec le lin les tissus qui se feront avec laRamie? Non. Si vous avez quelque chose de particulier à me demander, je vous répondrai avec plaisir. M. Michon : L'intérêt avec lequel vous avez entendu la communication de M. Roski, vous fera excuser les qnchpir.-. questions très précises que je vais lui poser, d'autant plu> qu'elles auront pour but de faire ressortir le grand service qu'il a rendu en montant l'usine à la tète de laquelle il est. Si j'ai bien compris ce que nous a dit M. Roski tout à l'Iieure, la Ramie passe chez lui par toutes les transformations, pour arriver depuis l'étal où la donne la machine jusqu'à ces étoiles que nous voyons? M. Boslii: l'arfaileuient ; mais ces étotïes je ne les ai faites que coumie démonsliation. 3" sF.uiE, T. X. — .filin 1883 . -•' 338 SOCIÉTÉ NATIONALE d'AGCLIMATATION. M. Michon: Je crois que, sans manquer à la discrétion qu'on doit à un inventeur, je puis lui demander, dans ses dif- férentes opérations, quelles sont celles qu'il obtient par des procédés particuliers, et quelles sont celles qui sont du do- maine commun. Ainsi voici la Ramie qui contient encore une certaine quantité de gomme. M. Boski nous a présenté un écheveau dégommé; voilà une première opération; est-ce une opération particulière à l'industrie qu'il a montée ou est-ce un dégommage dans le domaine commun que les agri- culteurs pourraient effectuer? M. Boski : Non, ceci est du domaine de la chose qui m'ap- partient. J'ai trouvé le dégommage delà matière. La machine Labérie décortique, mais ne dégomme pas. Lorsqu'on a la matière décortiquée, il reste encore 30 à 35 pour 1 00 de gomme, que je retire à l'état solide, et dont je pourrai, si cela pouvait faire plaisir au bureau, envoyer des échantillons. Cela me serait même très agréable. Un Membre : El jusqu'à présent l'a-t-on utilisée ? M. Boski: Non, mais je la crois utilisable; il est incontes- table que, dans cette gomme, il y a des principes utiles; ne serait-elle utile qu'à l'agriculture comme engrais, elle ren- terme une quantité notable de matières organiques ; du reste il vous sera facile d'en faire l'analyse. M. Michon : Puisque M. Boski veut bien répondre aux ques- tions que je précise, je vais continuer mes interrogations très sympathiques du reste. Voici l'écheveau dégommé par un pro- cédé dû aux recherches de M. Boski. Le filage ne s'obtient, n'est-ce pas (je crois l'avoir entendu dans la communication qui a été faite), que par un certain outillage particulier égale- ment à l'usine de M. Boski ? M. /ioi/ii; Oui, Monsieur. M. Michon : Et une fois le fil obtenu, le tissage peut se faire facilement ? M. Boski: Tous les métiers à tisser peuvent tisser ce fil. M. Michon: M. Boski a bien voulu nous donner quelques détails sur le marché anglais où on emploie des quantités très considérables de Ramie qui arrive des Indes. Je lui deman- LA RAMIE. deraisi la Raniie, telle qu'elle sort de la machine, serait mar- chande sur le marché anglais ? M. Boski : Non, mais moi je m'en servirai; je n'ai pas em- prunté mes moyens aux Anglais, et je ne crois pas que devant une industrie qui doit devenir nationale on ait à se préoc- cuper de l'étranger. M. Michon: Je suis d'autant plus heureux déposer cette question qu'elle a une grande importance.Je demanderai alors à M. Boski s'il a essayé de traiter des tiges de Ramie décorti- quées à sec, et quelle machine il a employée pour décortiquer à sec; je lui demanderai si l'écheveau produit par la machine qui décortique à sec a besoin de cette opération intermédiaire avant le dégommage, ou si cette opération est rendue néces- saire par la machine Labérie qui décortique en vert. M. Boski : Je n'ai jamais utilisé de Ramie décortiquée à sec ; celle que j'ai vue était décortiquée par la machine Roland et possédait aussi cette peau brune. M. Michon : Je remercie M. Boski des renseignements qu'd a bien voulu donner, et je crois qu'en le remerciant en mou nom, je suis l'interprète de toute la société. M. Président : A-t-on quelques observations à faire au sujet de cette communication? Un Membre :]q demanderai quelques renseignements au point de vue du cultivateur de la Ramie. Il ;me semble que M. Boski disait qu'il employait la Ramie venant de Chine. M. Boski : Je n'en ai pas d'autre. M. le Président: Le but de la Société serait de multiplier la Ramie en France. Un Membre : Je désirerais savoir quels sont les climats et les terrains les plus convenables? M. Boski : Le midi de la France ; il laut de la chaleur. Un Membre: Faut-il beaucoup de chaleur ? faut-il de l'eau? M. Boski: Oui, il faut de l'eau, de l'arrosage. Nous avons pris ces trois points qui forment le triangle : Alger, Avignon, la Gironde; la pointe de ce triangle est Alger. EnVaucluse on a obtenu des résultats meilleurs que dans la Gironde, mais les résultats obtenus en Gironde sont très satisfaisants. 340 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Un Membre : En Gironde, les terrains sont très légers. M. Geoffrou Saini-Hilaire : Il serait bien plus simple, à toutes ces questions, de répondre ceci : l'ortie de Chine pros- père jusque sous le climat de Paris, de l'Aisne; seulement vousaurez, dans l'Aisne, une coupe, peut-être deux, et M. Adès, dans les terrains cultivés en Egypte (on vous montrait tout à l'heure un échantillon de ses tiges) fera 7 coupes pendant que nous en ferons une. Vous pouvez faire de la Ramie à Paris, seulement elle ne sera pas lucrative. Un Membre : Dans quelles conditions le cultivateur pourrait- il livrer sa Ramie? M. Renaut : Quand elle est arrivée à un certain degré de pousse. Voilà encore une expérience que nous avons faite cette année ; vous avez à prendre la Ramie au Caire où, dans sept semaines, elle acquiert une pousse de 1"", 95 de hauteur. Il est certain que, dans ces pays-là on doit couper la Ramie à une hauteur un peu plus grande que chez nous, qu'ici par exemple. Le Membre: Ce n'est pas ce que je voulais dire. Comment le cultivateur doit-il préparer la Ramie? M. Renaut: Il la décortiquera lui-même ou il l'enverra en tiees à la Société. Le Membre: S'il faut avoir une machine spéciale, les cul- tivateurs ne s'amuseiont pas à cela. M. Renaut : Eh bien, la Société aura, dans les centres de production sérieuse, dans le Midi, des dépôts de ma- chines, elle aura ses moteurs et elle dira aux cultivateurs : apportez-moi vos tiges; on déterminera le prix d'achat, on saura qu'une lige qui a tant de hauteur contient tant de niasse ; on l'achètera tant les 100 kilos. Le Membre: Le cultivateur peut la vendre brute? M. Renaut : Parfaitement. Maintenant le cultivateur qui a une grande exploitation, et à qui il ne conviendra pas de donner à la Société le bénéhce de la décorticalion, achètera sa machine. i/îî il/em/'H'; Cela vient-il dans les régions où il y a delà sécheresse ? LA RAMIE. 341 M. Renaut : C'est suivant les terrains. Dans les pays où il y a trois mois sans eau, par exemple, ce qui arrive même dans le midi à Nice, trois mois sans une goutte d'eau, évidemment la terre se crevasse, elle est dans de mauvaises conditions pour la Ramie, mais, par exemple, dans la région parisienne il n'y a pas besoin d'eau. M.Michon : Je demande pardon à la Société d'user si sou- vent de la parole, mais la question qui s'agite est tellement importante que les réponses faites tout à l'heure par M, Boski et les éclaircisssements donnés par M. Renaut exigent que la question soit bien précisée. A l'heurequ'ilest, on ne peut, nous dit-on, obtenir la décor- lication de la Ramie qu'en vert. Il y a Là non pas une difficulté absolue, mais il y aune difficulté qui était parfaitement soule- vée tout à l'heure par notre honorable collègue, c'est que, quand on n'a pas la machine chez soi, et qu'on est à une cer- taine distance des usines, il y a une grande difficulté à tirer parti de sa récolte, d'abord parce qu'il y a la masse à transpor- ter, ce qui fait perdre une grande partie des bénéfices, ensuite parce que (ici je vais me permettre de poser une question à M. Renaut) parce que le décorticage en vert n'est possible que pendant un temps plus ou moins court après la coupe, temps qu'il faudrait préciser, si les expériences déjà faites permettent à M. Renaut de nous le dire? Ainsi avec le décor- tiquage en vert, il faut absolument que l'agriculteur qui fait delà Ramie d'une façon productrice ait une machine chez lui; j'ajouterai, d'après les renseignements que M. Renaut m'a déjà tant de fois donnés fort obligeamment, que, pour peu qu'on ait ^ ou 5 hectares de Ramie, on a de quoi employer à plein travail une machine. Mais je reviens à la question que je posais tout à l'heure : pendant combien de temps ou de jours (car certains auteurs ont presque parlé d'heures), pen- dant combien de jours la Ramie coupée est-elle susceptible d'être décortiquée par la machine Labérie? M. Renaul, .-Je peux vous répondre d'une manière très pré- cise. Le 11 août, l'année dernière, nous sommes allés faire un essai de décortication chez M. de Latour, dans la Gironde, 342 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. près de la Réole où nous avions été convoqués. M. de Lalour ne voulait pas couper toutes ses tiges parce qu'il voulait faire des boutures; il en a coupé une certaine quantité seule- ment; la machine a marché depuis le lever du soleil jusqu'au soir; il lui fallait à manger, et alors nous avions fait venir d'Algerdes caisses contenant des tiges de Ramiedéteuillées,des baguettes; ces baguettes sont arrivées un peu pressées d'Alger^ ayant 8 ou 9 jours, enfermées en caisses dans de très mau- vaises conditions parce que c'était en vert. Par conséquent il Y avait fermentation, et, effectivement, quand elles sont arri- vées, on a eu soin d'ouvrir les caisses (c'étaient des caisses à savon), on a vidé les tiges sur le pré et on les a laissées passer la nuit près d'une mare. Eh bien ces tiges étaient en parfait état et pouvaient être décortiquées en vert. Donc on peut ad- mettre une période de dix ou quinze jours si vous voulez, pour être précis, pour être sûr. Dans cet intervalle, on a de^ quoi envoyer n'importe quoi en France. Un Membre : Et on a le temps de fournir sa machine si des- circonstances atmosphériques interrompent la récolte. M. Renaut : Vous voyez que cette expérience est concluante. M. Couly : Pour compléter les explications de M. Renaut,. je vous demande la permission de dire encore quelque chose à ce sujet. La machine Labérie décortique à l'état vert c'est certain, mais ce n'est pas sa spécialité. Elle peut décor- tiquer à l'état sec tout aussi bien qu'à l'état vert ; entendons- nous bien, c'est un point qu'il faut bien fixer. Nous disons que nous décortiquons à l'état vert, pour les besoins de la machine Labérie, pour les besoins delà bonne matière,, c'est parce que la Ramie, pour être présentée à l'mdustrie- dans de bonnes conditions, a besoin d'être décortiquée à l'état vert ; voilà la question ; mais si un cultivateur se trouve dans une situation telle, qu'après tout, par force majeure, il ne puisse faire décortiquer la Ramie à l'état vert, eh bien, la machine Labérie et Berthet la lui décortique par- faitement à l'état sec ; les deux problèmes sont donc résolus. Un Membre illd.h si la Ramie ne vaut plus rien après ! M. Cow^y ; Gela regarde le cultivateur; moi, je parle au L\ RAMIE. 343 point de vue de la machine Labérie et Bcrthet. Mais la Ramie ne devient pas mauvaise. II y a encore un point que je demande la permission de traitei-. Ceci m'ouvre un nouvel horizon : lorsque la filasse est décortiquée à l'état sec, elle reste encore dans un état de parallélisme suffisant; alors le pcignage peut se faire. C'est au cultivateur à prendre ses mesures pour décortiquer cette Ramie à l'état vert, parce que çà lui donne des résultats meil- leurs, parce que très probablement il la vendra dans de meil- leures conditions, c'est son métier. M. Michon : Les dernières observations que vient de nous faire notre honorable collègue appellent lattention sur une autre utilisation de la Ramie, qui, du reste, a déjà été indi- quée ; si pour des raisons que nous ne pouvons pas ou que nous ne voulons pas prévoir, nous ne trouvions pas une usine qui emploie le produit de la Ramie, cette plante peut encore servir pour fabriquer des cordages, des fils. La Ramie décor- tiquée et n'ayant pas passé par les procédés de dégommage et de filage que nous n'avons pas sous la main, peut présenter encore une étoupe qui servirait à faire de bons cordages. De celte façon la Ramie peut donner une récolte très rémunéra- trice pour le cultivateur. M. /?o,s7i/; Parfaitement, M. Geoffroy Saint-Hilaire : Messieurs, voulez-vous me permettre, maintenant que les questions pratiques ont été agitées, de poser à ces Messieurs une question? Voilà la culture de l'Ortie de Chine assurée en Egypte, en France, dans une zone, comme vous le voyez, extrêmement étendue. Voilà cette Ramie décortiquée, en vert de préférence, à la rigueur en sec, et voilà un filateur qui peut employer celte filasse. Mais à qui moi, cultivateur, vais-je vendre cette filasse? Suis-je obligé, (je vous demande pardon de vous accuser de monopoliser) dans ce cas, suis-je obligé de passer sous les fourches caudines de la Société de la Ramie ou de M. Boski, le filateur, que per- sonne du reste n'estime plus que moi ? M . ]ioski : Vous êtes cultivateur, vous êtes libre de vous arranger. 3-44 SOCIÉTÉ iNAïlONALE d' ACCLIMATATION. M. Geoffroy Saint-Hilaire : Si cela est, la Société delà Ramie ou M. Boski sont-ils en mesure de passer avec moi un forfait, forfait qui m'obligera à fournir une quantité de illasse donnée ; mais trouverai-je quelque part la contre-partie de l'engagement que je prendrai? Voilà la question que je vous pose, elle est capitale. Je connais nombre de gens qui ne demandent pas mieux que de faire de la Ramie, qui ont des terrains tout préparéspour cette culture, mais qui disent: qui m'achètei'ama Ramie? Si je n'ai pas un contrat par avance, comme il n'y a pas de concurrence pour l'achat de mon pro- duit, on va m'imposer des prix dérisoires, et, par conséquent je ne plante pas; j'emploie ma terre à autre chose. Qu'avez- vous à répondre à celte objection-là? M . Boski : C'est très juste, j'y répondrai par la contre- partie de ce que vous dites. Il y a des filateurs qui ont été dis- posés, à une certaine époque, à faire tous les frais, à chercher et à dépenser beaucoup pour créer ces filatures, mais qui n'ont pas osé s'aventurer, parce qu'on leur a dit : Vous ne trou- verez pas de matières premières pour alimenter vos machines. M. le Président : C'est un cercle vicieux. M. Boski: A l'heure qu'il est, si vous aviez un million de broches pour la Ramie, vous n'auriez pas de cultivateurs pour vous fournir la quantité de kilogrammes de matière pour ali- menter et pour faire tourner ces broches. Or, il faut pour que les choses soient à l'état pratique que les deux marchent de pair. Moi, je suis prêt, à l'heure qu'il est, à absorber une quantité de Ramie que je ne trouverai pas en France, que je ne trouverai pas en Algérie, en Egypte, que je ne trouverai qu'en Chine ; je peux me suffire là. Mais si j'augmentais ma tabrication (je peux aller jusqu'à 30, 40 000 broches, et je trouverai de quoi me suffire) ; mais si je voulais monter un établissement de l'importance de 100000 broches, eh bien, ces 100000 broches ne pourraient pas tourner. Il faut donc que les cultivateurs commencent par faire de la culture, parce qu'on aura plus vite fait de monter des broches que vous n'aurez vite fait de donner des produits. Maintenant, il faut que le cultivateur, comme vous le dites, s'assure de l'écoulé- LA UAMIE. 345 mejit de son produit, mais il faut que l'industriel soit, lui aussi, certain d'alimenter ses machines. M. Geoffroy Sainl-Hilaire : Nous sommes parfaitement d'accord, et je voulais vous faire dire cela; l'industriel est plus courageux, et il avance un chiffre bien supérieur à celui du propriétaire foncier, du cultivateur. Eh bien, je connais quelqu'un qui se préoccupe de la Ramie, qui veut en faire, en assez grande quantité, dans un pays extrêmement favo- rable : il y a une certaine mise de fonds à faire, des terrains à désoccuper, des terrams à préparer, il demande : Quand j'aurai dix hectares de Ramie trouverai-je à la placer? Vous me répondez : Oui. Or, je pose de nouveau ma question : la Société de la Ramie ou M. Boski sont-ils, dès aujourd'hui, en position de passer un contrat ferme avec un producteur? M. Boski : Oui, J'ai des broches, il faut les alimenter; j'ai en magasin pour cent jours de travail ; cent jours de travail ce n'est presque rien, car l'établissement que j'ai, ce n'est pas une filature, c'est un type de filature, voilà tout. Je ne consi- dère pas que la tilature que j'ai auiourd'hui restera danscet étal; j'espère qu'elle se développera, qu'elle prendi-a l'importance que le produitcomporte, et je pourrai passer avec un cultiva- teur un marché pour ce que je consomme aujourd'hui; mais quel est le cultivateur qui pourra venir, qui pourra s'avancer? Je suis dans l'ordre d'idées que vous indiquez en disant que les industriels sont plus disposés à marcher vite que les culti- vateurs, c'est la vérité : je me suis mis en avant d'une industrie qui, endéfintive, a rencontré beaucoup de difficultés; il y a eu peu de gens qui ont osé ou qui ont pu le faire ; eh bien, moi, jesuis toutprèt à marcher; il ne me faut plus qu'une chose, c'est d'arriver à donner un produit à un prix qui permette à la fabrication de prendre mon produit et de le faire entrer couramment dans la fabrication. Je dis ceci : si aujourd'hui mon produit est cher, c'est parce que je paye la matière chère. J'achète la matière en Chine ; les transports que je paye, les assurances, tous les frais qui sont autour du trans- port me l'augmentent de 50 pour 100; retirez ces 50 pour 346 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. 100 sur le prix (lu produit, vous le diminuerez d'autant, et moije le diminuerai dans la même proportion; j'arriverai donc à faire un équilibre, c'est-cà-dire à me rapprocher du prix delà consommation. Aujourd'hui le produit chinois (on ne pourrait pas compter sur ce prix) me coûte, rendu chez moi, me ve- nant directement de Chine, 1 franc 38 centimes le kilo- gramme, net exactement. Eh bien, je consentirais à payer 50 centimes le kilogr. cette marchandise si elle était faite en France; je crois qu'à 50 centimes le kilogramme, le cultivateur trouverait encore une culture comme il n'en existe pas. Et, si au lieu de payer i franc 38 centimes, je ne payais que 50 cen- times, je pourrais diminuer mon prix de la différence, et cette différence faite me rapprocherait encore du prix des hlaments qui sont couramment dans les affaires. M. Geoffroy Saint-Hilaire : Je pose encore ma question: la Société ou M. Boski veulent-ils passer avec moi un contrat pour que je leur livre tant de milliers de kilogrammes de Ramie, dans tel ou tel délai? M. Couty : Je vais répondre àl'honorable M. Geoffroy Saint- liilaire par une question défait. Je rentre d'Alger; j'ai été chargé par la Compagnie, en qualité d'administrateur, de m'en- tendre avec des cultivateurs pour la culture de la Ramie. Je ne sais pas encore au juste comment nous agirons en France, mais, très probablement, ce sera dans les mêmes conditions. En Algérie nous disons aux cultivateurs: plantez, vous nous fournirez votre terrain purement et simplement ; quant à nous, nous vous fournirons les plants et les machines et nous par- tagerons par moitié : très bien, dit le cultivateur, cela fait mon affaire parce que, de celte façon, au moins s'il y a un échec, je n'aurai pas acheté de plants, je n'aurai pas fait de dé- penses, j'aurai purement et simplement fourni mes terrains, çà n'est pas mortel. Voilà une première observation que fait le cultivateur ; il a parfaitement raison ; mais il nous en fait une deuxième dans un autre sens. Il nous dit : C'est très bien, vous allez partager ; vous, vous allez faire de votre moitié l'usage qui vous con- viendra, vous savez l'usage que vous devez en faire ; mais moi, LA RÂMIE. 347 cultivateur, qu'est-ce que je vais faire de ma moitié ? A cela nous répondons: Eh bien! nous nous engageons à acheter votre moitié quand elle sera arrivée à l'état de filasse, et c'est nous qui la décortiquerons avec notre machine. Cela fait assez bien mon affaire, répond le cultivateur. Cependant, il y a encore quelque chose qui m'inquiète. Vous me dites que vous m'achè- terez ma filasse, mais à quel prix? C'est ici que vient se pla- cer le point de fait dont j'ai parlé. C'est une réponse précise aux questions que veut bien nous jioser M. Geoffroy Saint- Ililaire. Pour cette année, mais pour cette année seulement, car nous ne voulons pas prendre d'engagement indéfini, et afin d'encourager la culture, j'ai été autorisé par le Conseil d'administration de la Ramie, à écrire aux cultivateurs une lettre qui peut être considérée comme annexe au contrat, par laquelle je leur dis que le conseil s'engage à acheter cette année la filasse de Ramie sur le pied de 50 centimes le kilo- gramme pesée à l'état sec et rendue à bord. Dans ces condi- tions nous avons trouvé des cultivateurs qui se sont engagés à cultiver et qui cultivent ; nous en avons une bonne dizaine à l'heure qu'il est, et nous nous arrangerons de manière à les grouper, de façon qu'il y ait au moins cinq hectares au- tour d'une machine. Que cette culture soit faite par un seul ou par plusieurs propriétaires, cela nous importe peu, pourvu, je le répète, qu'autour d'une machine, il y ait au moins cinq à six hectares, voilà la question. Je crois avoir répondu à l'observation de M. Geoffroy Saint-IIilaire. M. Geoffroy Saint-Hilaire : Mais pas de façon à exciter beaucoup les planteurs de Ramie qui ne vont pas se trouver en face d'un acheteur. Je comprends très bien que la Société de la Ramie ne puisse pas acheter les produits d'une quantité de terrains indéfinie: tout a une limite; mais je vois (c'est pour moi une petite déception) que la Société n'est pas en me- sure de dire dans ce moment: je suis preneur ferme. Je no discute pas le prix, pourvu qu'il y en ait un : payez la Ramie 20, 30, 40 et 50 centimes, peu importe; ce n'est pas li\ le point qui m'inquiète, il n'y a qu'un taux fixé : cette année le taux est de 50 centimes, l'année prochaine il sera de tant. 348 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. M. Coniy : Nous ne pouvons pas répondre des conditous des marches. M. Geoffroy Saint-Hilaire : Dans ce momenl-ci vous ne pouvez pas faire d'autres contrats que ceux qui sont excel- lents pour la Société de la Ramie, par lesquels vous vous en- gagez à prendre la moitié qui ne vous aura coûté que la four- niture des plants. M. Couty : Et la machine ! M . Geoffroy Saint-Hilaire : Et l'obligation d'acheter la Ramie à 50 centimes. M. Couty : Pardon, nous nous obligeons toujours à ache- ter, mais, nous n'avons encore pu fixer le prix que pour cette année, soit 50 centimes. L'année prochaine ^i\ se peut qu'il soit le même, mais nous ne pouvons pas en répondre. M. Geoffroy Saint-Hilaire: Ensuite, ce serait à un taux que vous fixeriez vous mêmes. M. Couty : C'est fixé pour cette année, 50 centimes. M. Renaut : Nous fixerons un prix d'achat chaque an- née jusqu'au moment où la Ramie aura, comme tous les autres textiles, une halle, un marché où se fixent les cours. Notez que parles contrats que nous passons, la Compagnie s'oblige à acheter au prix fixé par elle, mais que lescultivateurs peuvent vendre à d'autres si bon leur semble. M. le Président Cosson : Je demande à dire quelques mois: l'industrie, la culture de la Ramie est une industrie nouvelle qui ne peut se propager qu'au moyen d'encouragements et d'en- couragements importants que lui donnera la Société et au be- soin que le gouvernement peut fournir à la Société. Cette culture de la Ramie doit prendre le développement que nous désirons, que la Société d'Acclimatation désire vivement, il faut évidemment employer les moyens qui ont été employés pour la propagation de la culture des betteraves et des bonnes variétés de betteraves. Ainsi, dans le Loiret que j'habite, la culture de la betterave n'existait pas. 11 s'est formé, sur plu- sieurs points, des sociétés qui ont distribué les graines de betteraves qu'elles voulaient voir cultiver, qui surveillaient la -culture, pour être sûres que la betterave était cultivée dans LA RAMIE. 349 les conditions d'un bon rendement en sucre ; et maintenant, elles n'acceptaient que les produits de bonne qualité, mais elles fixaient pour l'année le prix auquel elles prendraient les 100 kilogrammes de betteraves. Eh bien! je crois que la Société de la Ramie cédant, distribuant les graines, au besoin donnant des drageons dans les pays humides où la terre est un peu forte, où les drageons réussiraient mieux que ne réussi- raient les graines ; la Société prenant l'engagement de trans- porter une machine lorsque les cultivateurs se seront groupés dans un pays en assez grand nombre pour pouvoir occuper cette machine utilement, sans qu'il en résulte une perte sèche pour la Société, je crois que quand tout cela sera fait, la Ra- mie se trouvera dans des conditions absolument commerciales; mais je crois que ce qui a été fait pour la betterave est ce qui peut amener à réussir dans celte opération. M. Renaut : C'est bien par analogie à ce qui s'est fait pour la betterave que nous avons opéré dans ces conditions. M. Michon : Je demande la permission de répondre à la question de M. GeoflVoy Saint-Hilaire. Personne n'est plus en- thousiaste de la Ramie que moi, mais, en elïet, il y a un point sur lequel les explications si hanches, si précises que nous avons entendues, ne donnent pas complète satisfaction : c'est que la Ramie n'est marchande que vis-à-vis d'un monopole. La Société de la Ramie a seule, nous dit-on, les machines qui décortiquent. Eh bien! la Ramie décortiquée par les machines n'est marchande que si elle a passé par les procédés qui sont la proyiriélé de M. Doski ; c'est une difficulté pour l'extension de la culture; ce n'est pas une raison du tout pour y renoncer, et c'est pour cela que tout à l'heure j'ai élé très heureux d'être confirmé par notre honorable collègue dans cette pensée. Les agriculteurs, quelque confiance qu'ils aient dans les industries créées, sont bien aises de savoir qu'à côté il va un autre dé- bouché même moins avantageux, et c'est pour cela que j'indi- quais la corderie, parce que sans cela, la culture de la Ramie à l'heure qu'il est, serait à la merci de la Société de la Ramie et de Va lilature de M. Boski. Je crois, par cela même que la So- ciété de la Ramie et M. Boski ont des monopoles, qu'ils rendront 350 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. de grands services à l'agriculture, que c'est à eux que l'agricul- ture devra être reconnaissante; mais au point de vue commer- cial, la situation est comme je l'indique. M. le Président : La question n'est pas aussi absolue que M. Miclion l'a posée, car j'ai remarqué que M. Boski nous a dit qu'il tirait parti de la Ramie envoyée de Chine, des filasses envoyées de Chine; par conséquent on n'a pas besoin d'un pro- cédé si spécial pour décortiquer la Ramie, puisque les pro- duits chinois sont de nature à être utilisés. C'est ce qui m'a frappé dans la discussion. M. Boski : Ils sont plus chers. M. le Président : Je demande comme botaniste plutôt que comme président, non pas la nature de terrain (la Ramie est assez indifférente à la nature du terrain), mais quelles sont les appropriations que doit présenter le terrain pour que la Ramie pousse bien? Sont-ce des terrains à chénevière, sont-ce des terrains à prairies défoncées, sont-ce des terrains qui ré- sultent du voisinage des eaux, sont-ce des marais tourbeux dont la tourbe est consommée, sont-ce des terrains de jardins? Il y a là une question importante. M. Berlin : Pour moi je crois que ce sont des terrains tour- beux qui seront les terrains par excellence. M. le Président ;Dont la tourbe est déjà consommée ? M. Berlin : Dont la tourbe a été exposée aux alternatives de sécheresse et d'humidité. M. le Président : Elle demande alors les mêmes conditions que la culture maraîchère, que le chanvre et les cultures de choux. M. Geoffroy Saïnt-Hilaire : Messieurs, l'heure s'avance, la séance va être levée ; nous devons de vifs remerciements à MM. Renaut, Boski et Bertin. Nous sommes en face d'inven- teurs qui voni doter la France d'une industrie absolument nouvelle et pour laquelle des efforts ont été faits à bien des reprises différentes et avec un insuccès constant. Nous avons, M. Michon et moi, fait la guerre à ce que nous appelons le monopole. Nous savons très bien que ce monopole est absolu- ment passager et qu'un jour viendra qui n'est pas loin, où le LA RAMIE. 35! produit sera abondant, où le monopole cessera et où la chose rentrera dans le domaine public ; à ces Messieurs restera l'honneur d'avoir créé une industrie qui sera un bienfait sur les deux rives de la Méditerranée, qui enrichira le pays et qui rendra la prospérité aux terres appauvries par le phyl- loxéra III EXTRAITS DES PROCËS-UERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIETE SÉANCE GÉNÉRALE DU 11 MAI 188;! Présidence de M. Bouley, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres récemment admis par le Conseil. MM. PRÉSENTATEURS. Ai.LARD (.Jules), président de la chambre Domère. syndicale des ébénistes, 60, rue de Lon- Merceron. dres, à Paris. \ le marquis de Selvc. „ , , , . ,, , Henri Karclier. riiN'ET, proiesseur de mathématiques au Col- ^ , r. n c ■ . ni • ,, î., , ,r> , r. . r. • A . Geollrov Sai nt-Hilaifc . legre Chaptal, 40, rue de Pronv, a Pans. 1 ,, -.ci ° ^ ' ' ■" [ Marquis de Selve. A. Uufort. i>L'NAC(Paul), propriétaire, àTarascon(Ariège) A.Geoffroy Saint-Hilaire. / Marquis de Selve. FoRESTiKR DE CouBERT (comte F. Henry), f A. Geoffroy Saint-Hilaire. ancien officier de cavalerie, au château de la . Saint-Yves Ménard. l!oisnnière,Chàteaurenault(Indre-et-Loire). ( A. Porte. TV • . . . , /' Frémy. Fuzier-Herman (Louis), propriétaire a la \ . „ „. q ■ , ,,i • „ .. .. ,, , , . ^ A. Geoffroy Saint-lliiaire. Houssaye, par Ligueil (Indre-el-Loire). / ., • j c i •' ' ^ ® ^ ^ \ Marquis de Selve. ., ,r. . r... , i A. Geoffroy Saint-Hilaire. Hernoux (Eug.) négociant, 211, avenue de ^^-^^^^^.^^ ^-^^^^ Neuilly, a Nemlly ,Seine). j ^^^^^^^.^ ^,^ ^^,^.^ _ Kirsch (Isidore), négociant, 59, rue Charles \ ^' j^||.;^^^, ^^ ,^ ^^jj^ Laflite, à Neuillv (Seine). / i a • m . ^ ^ ^ [ i. \ leillot. , , .-.-,.. 1 f H. Bouley. Iardieu (le docteur \. Isidore), a Arles \ ,,, ; ^ . , M, » •> Arnaud Dey. (Bouches-du-llhone). ■ ^ n ,f c ■ «ui^-.^ ^ ■ ' [ A. Geoffroy Saint-Hilaire. — M. le Secrétaire procède au dépouillement de la correspondance. — Des remerciements au sujet de leur récente admission sont adres- sés par MM. F. Latasto, Fuzier-Herman et le docteur Tardieu. — M. le Ministre de l'agriculture informe la Société (\u'ï\ vient de lui accorder une médaille d'or pour être décernée dans sa prochaine distri- bution des récompenses. — Remerciements. — M. N. Masson dépose sur le bureau une noie relative à la nourri- ture et au.v soins à donner aux Gallinacés. PROCÈS-VERBAUX. 353 — M. de Confévrou adresse la note suivante sur l'arrivée des Oiseaux à Langres (Haute-Marne) : « L'hiver ayant été exceptionnellement doux, dès le 20 février lePm- ion se fait entendre pour la première fois. » V Alouette a déjà repris son chant depuis quelque temps, ainsi que d'autres petits Oiseaux. » Les Hautes-Grives entrent dans la saison des amours et se poursui- vent sur les grands arbres des promenades. » Les Grives commencent à chanter ainsi que les Étourneaux , les Merles, les Roitelets, les Grimpereaux, les Rouges-gorges. » Les Moineaux nichent et les Mésanges commencent leurs nids. » Le "2i février, nous remarquons beaucoup de Becs-fins de muraille et de Bouvreuils. » A la même époque, c'est-à-dire dès le 24- février, les Bécasses com- mencent à passer ou à se j^owrsMÙ'reswr /es taillis, ce qui est synonyme. » Alors un refroidissement très sensible, un retour d'hiver avec des perturbations atmosphériques , arrêtent complètement le mouvement qui ne reprend que le \'"^ avril. » Ce jour-là, le Pinson, qui s'était tu, se fait entendre de nouveau, ainsi que les Draines. Nous voyons beaucoup[de Bruants, de Verdiers, des Traquets, des Tarins. » Le 2 avril, vu dans la campagne et non en ville où elles ne vien- nent pas, une Hirondelle de cheminée. D Le 4 avril, les Fauvettes à tète noire arrivent dans les jardins de la ville et s'annoncent par leur chant si gracieux. » Puis, un nouveau refroidissement suspend encore leur passage. » Le9ai/77, nous voyons de nouveau beaucoup d'Oiseaux, Grives, Ber- geronnettes, Verdiers, Chardonnerets, etc. » Le 15, apparaissent les Hirondelles de fenêtre, mais encore en très petit nombre. » Le 18 a»r<7 seulement, se montrent les Rossignols, qui se trouvent, tout de suite, en assez nombreuse compagnie. » Le 28, les Hirondelles de fenêtre sont moins rares et le Traquet motteur est arrivé, ainsi que le Traquet rieur. » Le 30 avril, les Griffons ou Martinets de muraille font leur appa- rition. > Enfin le 3 »m/, le Coucou gris se fait entendre pour la première fois. » La troupe est au complet, du moins en ce qu'il nous a été donné d'observer. Laissons donc tomber le rideau et respectons le mystère de leurs amours et de leurs nichées en faisant des vœux pour que les chats, les enfants et tous les ennemis de nos chanteurs fassent de même. » — En répondant au questionnaire sur la pisciculture qui lui a été adressé, M. Julien, de Ghantcnay (Loire-Inférieure) ajoute les renseigne- ments suivants : 3« SÉRIE, T. X. — .luin 1883. 23 354 SOCIÉTÉ NATIONALE d'âCCLIMATATION. a Les rivières de Quimperlé, comme toutes celles de Bretagne, ont été très peuplées autrefois de Saunions et de Truites, disparus presque en- tièrement, par suite du braconnage fait par les pécheurs qui exercent leur industrie la nuit surtout en établissant des barrages avec leurs filets. » Chez mon ami M. de Mauduit, propriétaire de deux fabriques de papier à cigarettes, distantes l'une de l'autre de 2 kilomètres et à qui appar- tient le terrain de chaque côté de la rivière, il est difficile aux bracon- niers, et même impossible, vu la surveillance exercée, de tendre des filets de nuit. Dans ces 2 kilomètres, un environ forme un réservoir naturel ayant 2, 3 et 4 mètres de profondeur dans certaines parties. Le jeune poisson qui y est placé se trouve admirablement sous tous les rapports et peut attendre les crues, qui lui permettent de remonter ou de descendre l'Isole, pour se répandre dans l'Ellé, autre rivière sembla- ble en tous points à l'Isole, ou bien de demeurer dans la Lœta, rivière formée par l'Isole et l'Ellé, et navigable depuis Quimperlé jusqu'à la mer, 3 lieues de longueur, ayant de profondeur 4 à 5 mètres à marée haute, les eaux douces étant refoulées, et ne devenant saumàtre qu'à environ une lieue de l'embouchure de la rivière. L'eau dans la Lœta est moins claire que dans les deux autres rivières, oîi il est facile d'apercevoir sur les bords quelques-uns des Saumons qui les peuplent, quand on veut re- garder avec l'intention de bien voir. > Je serais heureux d'avoir quelques renseignements précis sur le « withe fish », s'il était reconnu par la Société d'Acclimatation que les ri- vières de Quimperlé sont propices pour l'élevage de ce poisson qui y est inconnu. Nous n'y avons retrouvé aucun des jeunes nés, des œufs parfaitement éclos envoyés l'année dernière par la Société d'Acclimata- tion. » — M. Brierre écrit de Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée) : « En feuilletant mes vieilles notes de la Saintonge et du Poitou lors de mes transformations de marais salants ici en prairies douves, etc., je vois qu'à Marennes, ainsi qu'aux Sables, il m'était assuré qu'il était possible de faire reproduire les Chevrettes dans les douves. Et comme je n'en avais mis qu'un kilogramme au plus dans les miennes et qu'elles en sont remplies malgré la masse de Meuils et de Loubines, il est évi- dent qu'elles se reproduisent très bien, mais leur taille atteint à peine les deux tiers de celle des Chevrettes de rocher. » — L'Institut national genevois et 3IM. Duplantier, Saint-Léon-Boyer- Fonfrède, Lud. Joffrion, Guy aîné, V. Fleury, F. Mathey, le comte de Montlezun et Giraud-Oilivier accusent réception et remercient des grai- nes qui leur ont été adressées. M. le Directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation donne com- munication à la Société des lettres suivantes qui lui sont adressées l» Par M. le Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie : « Préoccupé de l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, je désire enrichir PROCÈS-VERBAUX. 855 la Faune et la Flore de ce pays, et tenter tous les essais d'acclimatation que vous jugerez possibles. » Dans ce but, je viens vous demander de vouloir bien m'envoyer les Plantes et Oiseaux ou Animaux que vous jugerez utiles. Je vous deman- derai en particulier, l'envoi d'une paire de Chiens de berger, race dite de la Brie. » L'expédition pourrait en être faite soit par le Courrier des Message- ries, soit par un transport. » J'ai pensé aussi, Monsieur le directeur, qu'il vous serait agréable de recevoir des graines et des plantes de la Nouvelle-Calédonie, et j'a i donné les ordres nécessaires pour qu'on vous expédie des graines et plants de Ketitia, Araucaria, Dammara, Cycas, etc. » Si ces envois vous sont agréables, je les renouvellerai chaque fois que vous le désirerez. » 2" Par M. le comte de Lorgeril, château du Colombier par Moncon- tour (Côtes-du-Nord): « Je serais heureux de pouvoir offrir au Jardin d'Acclimatation un jeune Araucaria iiabricata de plus d'un mètre d'élévation et très régu- lièrement conformé. » Ce petit arbre provient d'un semis fait par moi, il y a neuf ans ; la graine avait été récoltée sur un Araucaria que je possède sur ma pro- priété, et le seul je crois qui ait jusqu'ici donné des graines fertiles dans le pays. 11 mesure dans ce moment plus de 1^ mètres d'élévation et sa circonférence est de 2 mètres à sa base ; il a résisté depuis trente ans aux hivers les plus rigoureux. » Je sais. Monsieur, que le climat de la Bretagne, où j'habite, est plus tempéré que celui de Paris, mais il est plus froid que l'Araucanio, où se trouve l'Araucaria, et où il fournit des graines comestibles dont se nourrissent les habitants ; par le fuit même de la résistance de mon arbre et de sa fructification, il y a déjà commencement d'acclimatation. Peut-être ses enfants seront-ils encore plus robustes, et si vous croyez devoir en faire l'essai, je vous en offre un dans les meilleures conditions de végétation : l'époque de la plantation des résineux n'est pas encore passée. » J'ai sur mon habitation des Cèdres que j'ai vu planter il y a cinquante ans ; leur circonférence est de 9"',20 àl mètre du sol et leurs billes sont droites et régulières. » Un Séquoia giganiea, planté par moi il y a quinze ans et ayant au moment de sa plantation trois ans de semis, mesure ù sa base 3"", 29 de circonférence, dimensions que je n'ai jamais vues à un arbre âgé de dix-huit ans. t L'Araucaria offert par M. le comte de Lorgeril au Jardin zoologique d'Acclimatation est arrivé à bon port et vient heureusement remplacer les spécimens de même espèce détruits par le grand hiver de 187 9-80. .■]56 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. 3" Par le Révérend Père Evrard, de Yokohama : '( Je viens de confier à M. Dagron, un de nos compatriotes qui rentre en France à bord du Volga, une caisse contenant en triple vingt et une variétés d'érables, demandées par M. Tony Conte. « Obligé de partir pour un poste éloigné, il m'est impossible de donner suite aux autres commissions et achats demandés par M. Conte. Après mon retour, vers le mois de juin, je pourrai peut-être préparer l'envoi es Poules. Je regrette beaucoup de ne pouvoir le faire maintenant, car la saison est très bonne, mais les bêtes ne sont pas prêtes. » — M. le docteur Tardieu écrit d'Arles à M. le Président : « En ma qualité de président du conseil d'administration de la Société La Ramie française, j'inviterai notre directeur, M. Favier, inventeur d'une machine à décortiquer la Ramie, à vous adresser tous les docu- ments et échantillons nécessaires pour concourir au prix fondé par la Société nationale d'Acclimatation, relativement à l'utilisation industrielle de l'Ortie de Chine. » — M. Huin écrit à 31. le Président : «Depuis longues années, les vignerons voient leurs récoltes perdues par l'effet des gelées du prin- temps, qui, à cette saison, sont désastreuses pour eux. » Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous indiquer un remède infaillible là où l'on peut l'appliquer. ;) C'est ordinairement dans les bas que la Vigne est le plus sujette à creler et c'est là que le remède se trouve près du mal : je veux dire l'eau. s Quand, par une belle nuit, le temps est froid et que l'on est sûr ou presque sûr qu'il gèlera, il faut arroser avec n'importe quel instru- ment ad hoc, avant le lever du soleil, les ceps qui sont blanchis par la o-elée : pas un de ceux traités de la sorte n'auront à souffrir de l'effet désastreux de la gelée blanche. » Aujourd'hui que l'industrie dispose de si grands moyens ne pourrait- elle pas faire des instruments qui, dans un temps relativement court, déc'èleraient une certaine surface ? 11 ne faut guère compter qu'un temps très restreint avant les premiers rayons du soleil, car sitôt qu'ils ont fait fondre la gelée, les feuilles et tiges sur lesquelles elle était devien- nent noires et sont perdues, tandis que celles qui ont été dégelées par l'arrosage restent comme si elles n'avaient eu que de la rosée. » Étant colon en Algérie, je ne traitais pas autrement mes plants de tabac qui toujours ont bien réussi ; la Vigne, elle aussi, étant dégelée iiar l'arrosage, jouira de la même faveur que les couches de tabac. 3 Je vous livre mon procédé, avec prière de le faire connaître par la voie de votre publicité, et si mes faibles idées ont pu sauver quelques oeps, c'est autant que l'on aura ravi à ce terrible ennemi des vignerons. .ï> Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par Mi\I. le vicomte de iMondion, Em. Baré, Bourjuge, d'imbleval, Carpentier, 0. de Boussineau, Burky et de Barrau de Muratel. PROCÈS-VERBAUX. 357 - - A propos de la lettre de M. Huiii, M. Méaard signale un essai, qui se fait actuellement, pour préserver les Vignes des gelées printanières. Ce procédé consiste à abriter les ceps au moyen d'un petit toit de car- ton bitumé qu'on fixe au moyen de ficelles à 50 ou 60 centimètres au- dessus du sol ; ce moyen est simple et peu coûteux et il a paru bon ii notre confrère de le signaler. — M. le Président offre à la Société de la part de M. Cbamberland, an- cien élève de l'École normale, docteur es sciences, directeur du labora- toire de ftl. Pasteur, un volume qui a pour titre : Le charbon et la vacci- nation charbonneuse. « Cet ouvrage, dit M. Bouley, intéressera tous ceux que les grandes découvertes de M. Pasleur émeuvent à si juste titre. « On peut dire que M. Pasteur en est le grand collaborateur, car M. Cbamberland a eu l'Iieureuse idée de mettre en tête de son volume toutes les communications qu'a faites M. Pasteur à l'Académie des sciences et à l'Académie de médecine au fur et à mesure qu'évoluaient les découvertes et qu'un fait nouveau expérimentalement démontré s'ajoutait aux faits anciens. C'est ainsi que l'histoire de la vaccination se trouve écrite par le maître lui-même. » Et puis, après cet exposé, vient une succession de rapports, de comptes rendus, de procès-verbaux de toutes les expériences qui ont été faites et de tous les résultats pratiques qui ont été donnés par la vaccination. Tout le monde s'intéressera à un pareil livre qui écrit l'histoire de cette si intéressante et si glorieuse découverte. » Je puis ajouter maintenant, pour édifier la Société, quelques renseigne- ments qui l'intéresseront. M. Pasteur annonçait dernièrement au Comité de l'épizootie, dont il est membre, qu'il était tout prêt à faire bénéficier maintenant de la vaccination l'espèce porcine et les oiseaux de basse- cour. » Jusqu'à présent la découverte de la vaccination du choléra des poules était restée, je ne dirai pas théorique, mais enfin elle était restée à l'état de découverte sans application encore. M. Pasteur a fait préparer le vaccin de la volaille, et dans les localités oîi règne ce fléau terrible qui fait disparaître toutes les volailles, on pourra, avec un grand avantage, pratiquer la vaccination avec le virus du choléra transformé en virus vaccinant. En faisant la vaccination à l'extrémité de l'aileron, on n'a pas à redouter les conséquences qui peuvent se produire lorsqu'on la pra- tique au poitrail. » M. Pasteur a fait préparer aussi le vaccin propre au rouget du porc. » Vous savez combien cette maladie est terrible et le tort qu'elle fait aux éleveurs en France et surtout aux États-Unis, où chaque année des milliers et des milliers de porcs sont enlevés par ce fléau. Le vaccin en est trouvé et il est à la disposition de ceux qui voudraient enJbénéfiL'ier pour leurs animaux. 358 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. » Enfui j'ajouterai comme complément de cette communication de ces faits extrêmement intéressants, que l'on a signalé quelques accidents après la grande expérience de Pouilly-le-Fort. Les premiers essais qui ont été faits de vaccination pratique ont été tous heureux et puis, le pro- cédé se généralisant, quelques insuccès se sont produits, provenant d'une part de la manière dont on vaccinait, d'autre part aussi, il faut bien le dire, de ce que le virus n'était pas préparé dans des conditions assez parfaites. » L'étude qu'a faite M. Pasteur de ces conditions d'imperfection, qui ne produisaient toutefois que d'assez rares insuccès, suffisants cependant pour que les détracteurs de la découverte en prolltassent pour la décrier et tâcher de la réduire à une mince valeur, l'étude qu'a faite W. Pasteur, dis-je, a permis de constater quelles étaient les conditions en vertu desquelles ces insuccès s'étaient produits, et aujourd'hui il ne sort plus du laboratoire que du virus qui est préparé d'une façon telle que ces insuccès ne sont plus à craindre. » De fait, ce n'est pas là une assertion en l'air. Depuis le mois de no- vembre, je crois, que M. Pasteur rendait compte de ces faits, il y a plus de 200 000 animaux qui ont été vaccinés en France, et pas un insuccès, pas un. 3Iessieurs, ceci annonce la solidité du perfectionnement apporté à la méthode, et cela prouve aussi combien la sagacité de l'expérimen- tateur est toujours sur le qui-vive. Ouand il y a lieu de résoudre un problème, c'est par l'expérience qu'il en trouve la solution, et celte solution cherchée, la plupart du temps elle est trouvée. » J'ai pensé. Messieurs, que cette communication vous intéresserait et c'est pour cela que je me suis permis de la faire. » — M. iVlénard donne lecture d'un mémoire de M. le baron de Selys- Longchamps, président du Sénat lielge, sur le repeuplement des cours d'eau de la Belgique. M. Millet demande le renvoi de ce travail à la troisième section et présente à ce sujet diverses observations. — M. Millet rappelle que l'époque de la récolte de la montée d'An- guilles est arrivée. Cette année le temps est malheureusement très défa- vorable. Toutes les fois que le vent est froid et qu'il pleut, la montée au lieu de se tenir à la surface rampe au fond des rivières où il n'est guère possible de la récolter. Lorsque l'Anguille arrive à une certaine taille, elle est très avide du fretin de la Truite et du Saumon et il y a des exemples do cours d'eau dépeuplés par ce vorace poisson qu'on avait introduit en trop grande quantité; il y a donc de graves inconvénients à trop le propager dans les rivières où se trouvent des Salmonidés. — M. Millet entretient ensuite l'Assemblée de l'appareil imaginé par M. Çloux, exploité et perfectionné par M. Voitellier pour la destruction des Hannetons qui sont nombreux cette année. En mai; les oiseaux dé- PROCÈS-VERBAUX. 359 misent un grand nombre de ces insectes pour nourrir leurs couvées ; ceux qu'on ramasse peuvent également servir à l'alimentation de la volaille et triturés, ils sont parfaitement acceptés par les insectivores. Associés aux chrysalides de Vers à soie, ils donneraient peut-être une bonne pâtée pour les Faisandeaux et les Perdreaux. — M. Maurice Girard dit qu'il y a longtemps que les entomologistes em- ploient les appareils lumineux pour capturer des insectes et les amateurs des lépidoptères leur font la chasse avec des lanternes à réOecteurs. En ce qui concerne les Hannetons, l'époque la plus convenable pour les dé- truire est au début de leur apparition, c'est-à-dire avant que les femelles aient pondu. Suivant notre confrère, le seul moyen, non pas de les détruire, ce qui €St impossible, mais d'en diminuer considérablement le nombre, serait Amomum Miôga. » Je vous conseille d'essayer la confection de ces Pickles dès que vous aurez cultivé les plantes que j'ai indiquées. Vous pouvez celte année même en récoller ou en acheter plusieurs. » Le Piment d'Espagne est dans le commerce pendant l'été, notamment dans la maison de notre collègue, M. llédiard. » Je vous ai distribué au mois de mars des bulbes d'Oignon Catavvissa. î Je vous présente aujourd'hui et je vous invite à emporter le Stachy.'^ affinis en godets que vous voyez sur la table. La multiplication de la plante est telle, qu'une seule touffe fournit au bout d'un an le plant né- cessaire pour une planche entière de jardin. » La Capucine tubéreuse se trouve dans le commerce. Nous sommes précisément arrivés au moment favorable pour la planter. Elle donne une excellente conserve au vinaigre. Je regrette infiniment de ne pouvoir vous en distribuer des tubercules. J'en ai négligé la culture que je vais reprendre cette année. » Quant au Miôga, il n'est pas dans le commerce et je n'en ai pas encore assez pour en faire une distribution, mais je promets de vous le donner en mars prochain. » Quelques-uns de nos collègues ont dégusté les Pickles que je leur ai remis dans une précédente séance. Ils ont approuvé sans réserve la com- position tout à fait nouvelle que je propose, mais deux d'entre eux oui trouvé mauvais le vinaigre que j'ai employé. Je ne m'y connais guère et je ne discuterai pas ce point. Je n'absous ni ne condamne mon vinaigre que d'autres personnes ont trouvé bon. Chacun de vous emploiera le meilleur vinaigre qu'il pourra se procurer. » iM. Paillieux distribue ensuite des plants en godets de Stachys affinis, sur lequel une note a été récemment publiée au Bulletin. M. le Président fait en outre connaître qu'il vient de recevoir divers envois de plantes du Transwaal, de la Cochincliine et du Japon. M. Millet rappelle que M. Voitellier (de Mantes) est l'inventeur d'un appareil pour la destruction des Hannetons qui donne d'excellents résul- tats; notre confrère entre dans (iuel(|ues détails descriptifs qui se trou- vent du reste consignés dans diverses publications périodiques agrico- les, notamment dans le Journal d'agriculture pratique. M. Millet signale un autre appareil facile à construire à peu de frais et qui donne également de bons résultats. Il consiste en un tonneau 366 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. rempli d'eau et de goudron; sur les bords de ce tonneau, on pose une croix en bois destinée à supporter une lampe ou une lanterne. Les in- sectes attirés par la lumière se précipitent sur le verre de la lampe et tombent en grand nombre dans le tonneau oix ils se noient. M. de la Chassagne dit que les feux de nuit attirent non seulement les insectes, mais même des oiseaux de grande taille et qu'il n'est pas rare de recueillir autour des phares des Canards sauvages et autres volatiles qui viennent s'y briser contre les parois de la lanterne. Notre confrère demande s'il est vrai que les Vers blancs quittent les Géraniums s'ils trouvent des Fraisiers à leur portée. M. Paillieux pense que le fait est possible et que les Vers blancs lais- seront également les Fraisiers s'ils ont de la salade; mais, s'ils sont abondants, ils mangeront parfaitement les deux plantes. M. Chappellier dit qu'il ne suffit pas de cultiver des salades près de ses Fraisiers pour en éloigner les Vers blancs; dès que les plants se fanent, on peut être certain qu'il y a un Ver au pied, il faut alors le chercher et le détruire, puis replanter une nouvelle salade; c'est un appât presque infaillible, et on peut de la sorte détruire un(3 très grande quantité de larves. M. Vavin dit que ses Fraisiers ne sont jamais attaqués par les Vers blancs parce qu'il a le soin de mélanger de la fleur de soufre à son terrain. M. Paillieux pense que le meilleur moyen de se débarrasser du Ver blanc est encore de planter ses Fraisiers sur un épais paillis recouvert de terre que le Man ne peut traverser. 11 faut par exemple avoir bien soin de visiter sa paille et son terrain avant de faire sa plantation et ne pas introduire soi-même l'ennemi dans la place. M. Millet recommande l'emploi de la tannée qui éloigne le Ver blanc des semis de Chêne. Le Secrétaire, Jules Grisard. U. BIBLIOGRAPHIE. 1 liC Itaroinctce appliqué à la prévision du temps, par J. R. Plumandon, météorologiste adjoint à l'Observatoire du Puy-de-Dôme. Broch. in-18, 62 pages avec 16 caries ou planches hors texte; 2* édit. Michelet, 25, quai des Grands-Augustins. 1883. « M. Plumandon, dit M. H. de Parville dans sa Revue des sciences au Journal officiel, a très bien indiqué, en langage clair et rapide, les lois des changements de temps; il a, en un mot, révélé les secrets du baro- mètre, en sorte que, son petit livre en mains, on peut rapidement devenir prophète, même en son pays.» Nous souscrivons volontiers à cette appréciation, et nous ne nous demanderons pas s'il n'est pas trop tôt pour parier de lois en matière de météorologie, alors que les mystères de cette science s'envolent encore devant nous. Aussi, comme les études de nos lecteurs les ont familiarisés avec la connaissance des mouvements généraux de l'atmosphère, avec ce qu'il faut entendre par les dépressions atmosphériques et les aires de basses ou de fortes pressions, nous arriverons directement à ce que l'au- teur qualifie plus modestement de Prévisions. Le vent est produit par la rotation de l'air atmosphérique autour des centres de pression minima. Or cette rotation s'opère toujours dans le même sens, inverse de celui du mouvement des aiguilles d'une montre. Il est donc évident que lorsque l'on verra les nuayes marcher dans une certaine direction, on pourra en déduire qu'un centre de dépres- sion existe sur la gauche du courant nuageux, dans une direction à peu près perpendiculaire à ce courant. Si, par exemple, les nuages marchent de l'ouest à l'est, un centre de perturbation se trouvera dans le nord; il se trouvera dans le sud-est si les nuages viennent du nord- est; dans l'ouest s'ils viennent du sud, etc. En général, la dépression est d'autant plus importante, et son centre d'autant plus près du lieu d'observation, que la vitesse des nuages est plus grande et le baromètre plus bas. Si la baisse barométrique a été lente et considérable, l'aire des basses pressions a une vaste étendue; cette étendue est restreinte si le baromètre a baissé peu et vite. La dé- pression se rapproche ou se creuse si le baromètre baisse ; elle s'éloigne ou se comble pendant qu'il remonte, et son centre est au plus près au moment du minimum barométrique (p. 36). Ces prémisses posées, M. Plumandon examine les sept principaux cas qui peuvent se présenter. Voici les deux premiers : 1° Si le baromètre baisse d'une manière lente et régulière et ne des- cend guère au-dessous de 760 millimètres; si le ciel se charge de quel- ;368 SOCIÉTÉ nationale d'acclimatation. <|ues nuages qui marchent lentement de l'ouest à l'est : une dépression fuisse dans le nord de l'Europe, sur V Angleterre et la mer du Nord. 11 en résulte une température douce et uniforme, un ciel nuageux, quel- quefois un peu de vent; en somme, un temps beau, ou au moins assez Jjeau. 2" Si le baromètre baisse assez rapidement et descend jusqu'à 750 ou 745 millimètres ; si la température s'élève ; si les nuages augmentent, deviennent plus noirs et chassent du sud-ouest : une dépression aborde l'Europe par V Angleterre ou par la Manche... La pluie, qui commence •lorsque le baromètre cesse de descendre, ou au moins lorsqu'il com- mence à remonter, tombe jusqu'à ce que le vent ait atteint le nord-ouest, m diminuant rapidement d'intensité. Alors à la pluie continue succèdent 4es ondées ou des averses plus ou moins fréquentes ; puis le ciel s'é- claircit et la température s'abaisse. En ce qui concerne les orages, l'auteur constate que l'approche d'une période orageuse est annoncée par une baisse barométrique, par des rosées d'une abondance extraordinaire, par des minima et des maxima de température très accentués. Viennent ensuite quelques observations intéressantes sur la pluie, neige, les brouillards, la chaleur, le froid et les gelées. Aimé Dufort Le gérant : Jules Grisard. Imprimeries réunies, A, luc Mignon, 2.. Parie I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ SUR L'ACCLIMATATION ET LA DOMESTICATION D'UN PETIT RONGEUR ORIGINAIRE DES HAUTS-PLATEAUX ALGÉRIENS (DIPODILLUS SIMONI Lat.) Par M. FERNAIVD LATASTE PRELIMINAIRE. L'espèce nouvelle que je cherche à acclimater dans nos cages présente sur la Souris, dont elle a à peu près la taille et les conditions d'existence, plusieurs avantages. Je n'en citerai que deux. Le premier sera certainement apprécié dans les labora- toires. Les fonctions reproductrices de Dipodillus Simoni s'accomplissent avec une telle régularité, que, si l'on a observé la date d'un accouplement ou d'une parturition, on peut, à l'aide de ce point de repère, fixer, avec la certitude de s'écarter fort peu de la réalité, la série de ses accouplements et de ses parturitions successifs pendant six mois et plus. Chez la Souris ces actes se succèdent à des intervalles beaucoup moins réguliers, et il survient tout à coup, quand on s'y attend le moins, des périodes d'infécondité fort gênantes pour l'observateur. Le deuxième avantage aura son prix aux yeux des amateurs. Tandis que la Souris communique à sa cage et même aux objets qu'elle touche une odeur très désagréable et fort tenace, Dipodillus Simoni est absolument inodore. Ces avantages positifs suffiraient, je crois, à justifier mon entreprise. Mais, comme je l'écrivais à M. le Directeur du Jardin d'ac- climatation, en le priant de vouloir bien accepter le couple reproducteur qui est ici sous les yeux de la Société, et contri- 3e SÉRIE, T. X. — Juillet 1883. 24 ;J70 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. ouer, par la difîusion des produits qui en naîtront, au succès de mes efforts, mon but n'est pas seulement de fournir une espèce animale de plus à l'agrément des amateurs et à la consommation des laboratoires ; c'est surtout de jeter quelque lumière sur les problèmes si intéressants et encore si obscurs des origines des espèces et des races domestiques. La pre- mière méthode à employer, dans l'étude d'un phénomène, .n'est-elle pas de le faire reproduire, quand cela est possible, et de l'observer alors soigneusement dans tous ses détails? Je me propose d'acclimater et de domestiquer une espèce pour étudier notamment la rapidité et l'intensité des varia- tions d'une espèce soumise, à une époque déterminée, à l'in- fluence de la domestication. En pareil cas le choix de l'espèce n'est pas indifférent. On a besoin du concours d'un grand nombre de collaborateurs, la plupart inconscients et étrangers aux spéculations scientifiques ; il faut donc que l'espèce choi- sie exige le moins de frais possible d'installation et de nour- riture ; et, comme on ne peut guère espérer que l'élevage d'une espèce qui ne coûte rien puisse rapporter des béné- fices, il faut qu'elle soit assez agréable pour qu'on ait plaisir à la posséder et à la faire multiplier. Enfin, pour parer aux chances de mortalité, il faut qu'elle soit très féconde ; et, pour •que l'observation du phénomène ne prenne pas des siècles, il faut que ses générations se succèdent avec une grande ra- pidité. Ce dernier point surtout me paraît important. Soient •deux espèces dont les générations se succèdent tous les vingt ans chez l'une et tous les quatre mois chez l'autre : une mo- dification qui exigerait soixante générations pour se produire n'apparaîtra qu'au bout de douze cents ans chez la première, tandis qu'elle se montrera dès la vingtième année chez la se- conde. Dipodillus Simoni remplit fort bien ces diverses condi- tions. DIPODILLUS SIMONI. 371 I. — Dipoclillus Simoni lat. (I) : son origine, sa description, SES MŒURS. Origine. —Le 1" juin 1881, à l'oued Magra (près de M'sila, au nord du chott du Hodna, dans les Ilauts-Plateaux algériens), les Arabes m'ont apporté de nombreux individus de cette espèce, dont plusieurs étaient des femelles pleines ou nourrices. J'en conservai vivants une dizaine de sujets, que j'expédiai plus tard à Paris. A mon retour, quelques-uns d'entre eux furent sacrifiés pour l'étude ; les autres, trois fe- melles et un mâle, devinrent la souche de la colonie qui vit et se multiplie aujourd'hui en captivité (Chacun de ceux-ci est désigné dans mes noies et ici par une lettre d'alphabet tou- jours la même). Il est à remarquer que nulle part ailleurs, dans mes deux voyages à travers l'Algérie, je n'ai recueilli cette espèce, si commune à l'oued Magia. Description. — Dipodillus Simoni Lat. est un petit Ron- geur de la même famille que nos Rats et nos Souris, la famille des Muridés. Sa denture le place dans le genre Gerbillus Desmarets, et le nombre des tubercules de ses pieds dans le sous-genre Dipodillus Lat., dont il est le type. Il a à peu près la taille et les allures de notre Souris com- mune. De grands yeux noirs, des moustaches nombreuses, fines, divergentes, des oreilles délicates, régulièrement ovales, d'un développement moyen, lui donnent une physionomie agréable. Sa queue, plus courte que le corps, a une forme assez caractéristique: elle est épaissie au centre et atténuée aux extrémités, en fuseau; grâce à son écaillure plus petite, à sa peau plus souple, aux poils plus fins et moins rares qui la revêtent, elle n'a pas l'aspect repoussant de celle du Rat. La toison du Dipodille est fine, soyeuse, assez longue, bien fournie. Ses couleurs sont celles des espèces du désert : en dessus, un joli fauve ou Isabelle, tirant plus ou moins, siii- (1) L'espèce a été décrite et nommée dans le Naturaliste, 1881, ii. -i9y et 500. 372 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. vant l'individu, vers le roux, le jaune ou le brun; en dessous, un blanc pur. La queue est, sur ses deux faces, d'un jaunâtre clair un peu rosé, brunissant légèrement vers la pointe. La femelle a huit mamelles, quatre pectorales et quatre in- guinales. Toutes les espèces de Gerbillines chez lesquelles on a compté ces organes en ont le même nombre. Amours. — J'ai décrit, dans un mémoire qui paraîtra pro- chainement (1), l'accouplement de cette espèce et quelques particularités peu connues de la reproduction des Rongeurs. Je ne m'arrêterai pas à les décrire ici de nouveau. Je rappor- terai seulement, avant de passer outre, une petite observation qui me paraît avoir sa place ici. Dans leurs rapports sexuels, ces petits animaux éprouvent l'un pour l'autre des sympathies ou des antipathies indivi- duelles, qu'il est aisé de constater, mais dont il me paraît bien difficile d'apprécier les motifs. Ainsi une femelle (Ç A), mise en présence d'un mâle (c/ B), était toujours fort maltraitée par lui; plusieurs fois j'ai dû la soustraire à la fureur de ce Ijrulal qui la mordait et la mettait en sang ; et, quand je la rem- plaçais auprès de lui par une autre femelle ($ D), ses manières changeaient aussitôt du tout au tout ; il comblait celle-ci de caresses et la couvrait de baisers (l'expression est assez exacte). Dans d'autres cas, c'est la femelle qui maltraite le maie. 2 e était certainement le plus doux de tous mes Dipodilles ; cepen- dant, quand je mettais celte femelle en présence du mâle {çf B, le même que précédemment), elle entrait aussitôt en fureur, le poursuivait et le mordait cruellement ; celui-ci, quoique plus gros qu'elle et plus fort, s'enfuyait, comme affolé de terreur; et si je remplaçais auprès de cette rageuse femelle le mâle de son espèce par un mâle de Souris albinos, elle vi- vait dans les meilleurs termes avec ce dernier. Époques du rut. — Le Dipodille de Simon, comme la plu- part des Muridés, reproduit toute l'année, sans distinction de saisons. Si la femelle et le mâle cohabitent, ils s'accouplent aussitôt (I) « Sur lebouclioii vaginal des Rongeurs »,dans le Journal de Vanatomie et de la physiologie de Robin et Pouchet. DIPODILLUS SIMONI. 373 après le part (1). Dans le cas contraire, et si la femelle élève des petits, on peut lui présenter le mâle chaque jour, elle ne l'accepte que du dix-huitième au vingt-quatrième jour après sa délivrance. Exemples : Q D ayant mis bas le2G janvier, est en rut le 13 février; intervalle 18 jours. Q D — 13 mai — 1" juin — 18 — 9 D — 5 mars — 25 mars — 20 — 9 "D — 21 juin — 12 juillet — 21 — 9 s — 22 août — 15 septembre — 21 — Mais si toute la portée a péri aussitôt après la naissance, la femelle s'accouple une dizaine de jours environ après sa déli- vrance. Exemple : $ D, ayant mis bas le 15 avril ;et ses petits n'ayant pas vécu, s'accouple le 23 du même mois ; intervalle, huit jours. De même, quand la femelle en rut a été empêchée de s'ac- coupler, elle entre de nouveau en rut une dizaine de jours après. En voici trois exemples: je présentais à la femelle le mâle de son espèce que je retirais avant l'accouplement, mais après que j'avais acquis la certitude que cet acte allait avoir lieu; or: en rut et empêchée .- septembre, entre en ». septembre ; . de s'accoupler le rut de nouveau le intervalle, J*'"''^- 9D — 12 juillet — 22 juillet — 10 — 9 D — 22 juillet — 5 août — U — Le rut ne dure jamais que quelques heures; même quand il n'est pas satisfait (cas de $ D, 12 et 22 juillet), il a toujours disparu le lendemain. Durée de la gestation. — La durée de la gestation est nor- malement de vingt jours. La durée est la même chez tous les Muridés que j'ai observés sous ce rapport : 3/ns decumanus Pallas elMus miisculas L. parmi les Murincs, Pachi/uromi/s (1) C'est dans ce cas qu'il peut s'écouler une trentaine de jours entre l'ac- couplement et la délivrance ultérieure. Voyez à ce sujet mon mémoire précité « Sur le bouchon vaginal des Rongeurs » dans le Journal de Vanatomle et de la physiologie. 374 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION. Duprasi Lat. et Dipodilliis Simoni Lat. chez les Gerbillines. Exemples : 9 D, fécondée le 13 février, met bas le 5 mars; CD — 23 avril — 13 mai; CD — l"juin — 21 juin; ç y — 1" aoiit — 21 août. Quelquefois cependant elle est de 21 jours. Exemples: Ç D, fécondée le 25 mars, met bas le 15 avril ; CD — 5 août — 26 août; Q £ — 1" août — 22 août. Parfois même, exceptionnellement, il s'écoule une tren- taine de jours entre l'accouplement fécondateur et la déli- vrance (1). Remarque. — On voit qu'il y a avantage, au point de vue de la multiplication de l'espèce, à laisser le mâle cohabiter avec sa femelle. Dans ce cas en effet la femelle, s'accouplant aussitôt après sa délivrance et mettant bas de nouveau une trentaine de jours après, fournit environ une portée par mois ; tandis que, quand elle est séparée du mâle, elle ne porte que vingt jours, il est vrai, mais elle ne s'accouple aussi qu'une vingtaine de jours après sa délivrance; ses portées ne se suc- cèdent par conséquent qu'à quarante jours d'intervalle envi- ron. Sans compter le cas où l'on négligerait de réunir les deux sexes au moment précis du rut, négligence qui occasionnerait, chaque fois qu'elle se renouvellerait, un retard de dix jours environ. Instinct paternel. — Cette cohabitation du mâle avec la femelle ne présente d'ailleurs aucun inconvénient pour la pro- géniture. On a singulièrement calomnié les mœurs des Ron- geurs ; on a dépeint ces animaux comme des êtres féroces, cherchant sans cesse à se dévorer entre eux et n'épargnant même pas leurs propres enfants ! La vérité est que deux Ron- geurs qui se voient pour la première fois, qui sont étrangers (1) Voyez la note précédente. DIPODILLUS SIMONl. JT/lî3 "^ 375 l'un à l'autre, se considèrent comme ennemis, lussent-ils de la même espèce, et se livrent bataille. L'homme n'agit-il pas souvent de même? et le même mot latin, liostis, ne signifie- t-il pas indifféremment étranger ou ewwewir^ Ajoutons que bien souvent nous ne savons pas fournir à nos petits pri- sonniers les aliments qui leur conviennent, et que nous les plaçons dans la triste situation des naufragés de la Méduse. Quand deux Rongeurs, même d'espèce différente, ne se sont pas grièvement blessés à la première entrevue, ils devien- nent bientôt d'ordinaire bons camarades, et, s'ils sont con- venablement logés et nourris, ils continuent par la suite à vivre en parfaite intelligence. C'est ainsi que je conserve dans une même cage un superbe Arvicola Musiniani et un Mus decumanus albinos $ jeune encore ; ils couchent dans le même nid; et, depuis qu'ils ont lié connaissance, après les difficultés du début, je n'ai pas vu s'élever entre eux la plus petite querelle. Quant au sentiment paternel, il existe, quoique assez peu développé, chez les Rongeurs, je suis en mesure de l'affirmer. J'ai vu \m Rat domestique mâle {Mus decumanus Pallas, var. albine), en l'absence de sa femelle, prendre à la bouche, comme fait d'ordinaire celle-ci, ses petits qui s'éga- raient et les rapporter délicatement au nid. D'ordinaire, il est vrai, il se débarrasse sur la mère des soins de la progé- niture commune; il couche en dehors et à une certaine dis- tance du nid; mais, dans ses mouvements les plus impétueux, je l'ai toujours vu prendre des précautions pour ne pas bles- ser les petits, soit quand ils étaient encore au nid, soit quand ils commençaient à prendre-leurs ébats. Quant au mâle Dipodillus Simoni, je l'ai toujours vu s'é- tablir dans le nid même, à côté de la mère et au milieu des petits, qui ne m'ont jamais paru avoir à souffrir de sa pré- sence. JSid, — Quelques jours avant de mettre bas, la femelle, ai- dée par le mâle si on l'a laissé avec elle, travaille à son nid. Avec sa bouche et ses pattes elle ramasse en petites pelotes l'étoupc hachée qu'on a eu soin de lui fournir, et elle trans- porte celle-ci dans sa bouche à la place qu'elle a adoptée : 376 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. c'est plaisir de voir ractivité qu'elle déploie dans cette besogne. iwLe plancher des cages dans lesquelles je tiens mes Rongeurs est garni d'une couche de sable mélangé de craie pulvérisée (on verra plus loin l'utilité de la craie) : la petite bête ra- masse tous ces matériaux et les entasse sur le nid. Elle gratte fiévreusement le sol de ses pattes antérieures, le dos tourné au nid, vers lequel, de temps à autre, elle repousse les déblais avec son dos et à l'aide de coups vigoureux de ses membres postérieurs. Le monticule ainsi formé et légèrement consolidé par l'étoiipe du nid qui en occupe le centre, est percé à son sommet d'un terrier, qui descend jusqu'au plancher de la cage. C'est là que sont déposés les petits. Constamment, même après sa délivrance, la femelle travaille à réparer les dégâts survenus au fragile édifice et à en augmenter la hau- teur. Remarque. — Parfois l'étoupe du nid ne suffit pas à main- tenir en place ces matériaux sans adhérence, et le monticule s'éboule sur les petits qui sont enterrés et asphyxiés. J'ai perdu ainsi une portée de six petits {9 D, portée du 45 avril). Il suffit, pour éviter un semblable accident, de mettre dans la cage une petite boîte en bois, perforée à sa partie supé- rieure. La femelle met bas dans cet abri et le nid se trouve ainsi protégé contre tous les travaux de terrassement qu'elle peut faire. Parhirition. — La femelle met bas d'ordinaire vers le milieu du jour, le plus souvent avant midi. A mesure que les petits viennent au monde, elle dévore les placentas et les cordons ombilicaux, qui forment une masse considérable. Quelquefois même elle dépasse le but et entame fortement le nouveau-né. Aussi, pendant et après la parturition, son esto- mac se remplissant comme ses utérus se vident, son ventre apparaît presque aussi volumineux qu'avant; et, de toute la journée, elle ne touche pas à ses aliments habituels. En de- hors de ce cas, je n'ai jamais vu mes Dipodilles prendre une nourriture animale, bien que je leur en aie souvent offert de différente nature. Développement des jeunes. — Les petits viennent au monde DIPODILLUS SIMONI. 377 nus ; seules de tous les poils, les vibrisses font exception, pointant déjà chacune au sommet d'un petit tubercule. Le poil apparaît d'abord sur le dos, puis sous le ventre ; quand il commence à pousser à l'extérieur, et même un peu avant, les faces supérieures du jeune, qui étaient dépourvues de pigment et roses à la naissance, deviennent brunes ; elles de- meurent brunes quelque temps, jusqu'à ce que le poil, dont l'extrême pointe est brune, ayant acquis une certaine crois- sance, sa partie rousse se soit suffisamment dégagée de la peau. Pendant ce temps, les faces inférieures passent du rose au blanc. Dès le septième jour à la loupe et de profil, au huilièmeouneuvièmejour seulement à l'œil nu, on commence à distinguer le poil du dos; au dixième jour, la couleur du dos passe du brun au roux; au treizième jour, les jeunes ont le même système de coloration que les adultes. Le pavillon de l'oreille, informe à la naissance, se déve- loppe peu à peu; d'abord imperforé, son trou de communi- cation avec l'oreille interne ne s'établit que du quinzième au dix-septième jour. Les paupières s'ouvrent quelquefois dès le dix-septième, mais d'ordinaire seulement au dix-buitième jour. On voit manger les petits dès le dix-huitième ou le dix- neuvième jour; et presque aussitôt ils peuvent se passer de leur mère. Remarque. — A cette époque, et même plus tôt, quand ils n'ont pas encore ouvert les yeux, on les voit fréquemment sortir du nid. La mère leur court après, les saisit avec la bouche par la peau du dos et les rapporte à la maison. Parfois elle a fort à faire, tous les petits sortant ensemble et ceux qu'elle a rapportés s'échappant de nouveau quand elle est occupée après les autres. Dans la nature, ces petits imprudents doivent bien des fois être ainsi sauvés par leur mère de la serre des oiseaux de proie ou de la dent des "mammifères carnassiers et des rep- tiles ; mais quelquefois aussi cette sollicitude maternelle dé- passe le but à atteindre. J'ai vu souvent la mère s'acharner à rapporter au nid des petits qu'elle n'allaitait plus et qu'elle 378 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. aurait ainsi fait périr de faim, s'ils n'avaient mis autant de persévérance à s'enfuir de nouveau vers les aliments, qu'elle mettait d'acharnement à les en éloigner. Il m'a même paru que, dans ce cas, l'amour maternel venait se perdre et se noyer dans un sentiment tout égoïste, celui de la gourman- dise : car c'était surtout quand elle mangeait elle-même qu'elle empêchait ses petits de partager son repas, les laissant s'ébat- tre et se nourrir à leur aise quand elle était repue. Aussi me semble-t-il convenable d'enlever les petits à leur mère avant le trentième jour de leur existence. En les affran- chissant de la tutelle maternelle, on laisse ainsi la place libre à la portée suivante. A cet âge ils sont d'ailleurs depuis longtemps en état de se passer des soins maternels. Voici à quels âges j'ai donné ceux qui sont nés chez moi ; et quelques-uns ont eu à supporter alors un voyage à l'étranger. 2 ont été donnés au 22' jour, 3 au 25% 4- au 27% 8 au 28% 4- au 29% 3 au 30% 5 au 32% 6 au 33% 2 au 34% 3 au 35% 5 au 36% 1 au 39% i au W ; total, 47. Les jeunes Dipodilles sont beaucoup plus remuants et plus vifs que leurs parents ; ils se déplacent presque toujours par sauts et par bonds, tandis que les adultes ne sautent que ra- rement et jamais sans nécessité. Puberté. — Vers la fin de leur deuxième mois, les jeunes ont à peu près atteint leur taille définitive et ils ont tout à fait l'aspect des adultes; mais ils ne sont pas encore en état de se reproduire. A quel âge minimum ou moyen acquièrent- ils cette faculté ? Je ne puis le dire, ayant donné fort jeunes tous les sujets qui sont nés ohez moi et n'ayant eu ensuite que peu ou point de leurs nouvelles. Voici les seules indications précises que je puis fournir à ce sujet : 1" La première portée obtenue par M. Feuz a eu lieu le 4 août 1882, ce qui fait remonter la fécondation de la femelle au 14 ou 15 juillet précédent. Or le père de la portée était né le 27 octobre 1881, et la femelle le 5 mars 1882 ; celui-là était donc âgé de près de 9 mois, celle-ci de près de 4 mois et demi, quand a eu lieu leur accouplement fécond ; DIPODILLUS SIMONI. 379 2" Les femelles y et e ont été fécondées pour la première ibis le 1" août 1882; elles étaient nées l'une et l'autre le 26 janvier 1882, et se trouvaient par conséquent âgées à cette époque de 6 mois environ. Fécondité. —Du 27 octobre 1881 au 19 décembre 1882, cinq femelles et un mâle m'ont donné 14 portées, soit 73 petits, dont 26 n'ont pu être élevés et 47 ont été élevés et distribués. Une seule femelle, 9 D (1), a fait, du 14 décembre 1881 au 19 décembre 1882, c'est-à-dire en une seule année, 10 portées, soit 52 petits, dont 17 sont morts à la naissance et 35 ont été distribués. Et ce n'est qu'en dernier lieu seulement que je l'ai constamment laissée avec le mâle ! Voici les dates de ces portées. Les femelles A, D, E, comme le mâle B, étaient nées en liberté, sous le climat algérien, tandis que les femelles e et y sont nées à Paris, le 26 janvier, de 5 D et (/ B. Q A, 1 portée : 27 octobre 1881 ; Q D, 10 portées : 14 décembre 1881 ; 26 janvier, 5 mars, 15 avril, 13 mai, 21 juin, 26 août, 16 octobre, 15 novembre, 19 décem- bre 1882 ; 9 E, 1 portée : 21 décembre 1881 ; Ç> Y, 1 portée: 21 août 1882; Ç e, 1 portée : 22 août 1882. Voici, d'autre part, le nombre des petits composant chaque portée : 16 petits pro- \ '^ E, 21 décembre 1881 ; viennent de 4 portéesde 4 petits chacune. ) ^ D. 26 janvier, 13 mai, ^ ^ [ 15 novembre 1882 ; iÇ Y. 21 août 1882; Ç e, 22 août 1882; g D, 26 août, 16 octobre, 19 décembre 1882; ^g „ „ ( Ç D, 14 décembre 1881; 5 mars, 15 avril 1882; ^^ ^) _ 7 _ ^ 9 A, 27 octobre 1881 ; ( Q D, 21 juin 1882. 73 14 (1) C'est celte femelle, de nouveau près de mettre bas, et avec elle le màlc (cf B) père de toute la colonie, que j'ai l'honneur de présenter aux membres de la Société et d'offrir au Jardin d'acclimatation. 880 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Il résulte de ce relevé que le nombre moyen des petits d'une portée est supérieur à cinq : ri=^'^- Jamais 7 petits n'ont pu être élevés à la lois par la mère . Mais deux fois 6, deux fois 5, cinq fois 4, une fois 3, une fois 2 petits ont été amenés à bien ; trois portées ont entièrement péri par accident aussitôt après la naissance. La moyenne des petits qu'une femelle peut élever par portée est donc supé- rieure à quatre : 6X2 + 5x^2 + 4x5 + 3 + 2^ 47 _ -2 + 2 + 5+ 1 + 1 11 ~ '" ■ Une femelle adulte, laissée constamment avec son mâle, faisant normalement une portée par mois, doit donc faire et élever, sauf déduction des accidents, plus de 4 x 12 ^ 48 petits par an. État actuel de lacolonie Dipodillus Simoni. — Voici la liste des établissements et des personnes auxquels j'ai donné les Dipodillus Simoni rapportés par moi d'Algérie ou nés chez moi jusqu'à ce jour. La publication de cette liste a beaucoup moins pour but de montrer ce que j'ai fait pour la diffusion de l'espèce, que de faciliter encore cette diffusion, en per- mettant aux possesseurs des Dipodillus, qui se connaîtront ainsi, de se communiquer au besoin leurs sujets, et en indi- quant aux autres où ils doivent s'adresser pour se procurer des représentants de l'espèce. Les sujets dontj'ai appris la mort sont précédés du signe +; les femelles qui, à ma connaissance, se sont reproduites chez leurs propriétaires, sont précédées du signe x . DIPODILLUS SIMON!. 381 ÉTAT DE LA COLONIE DIPODILLUS SIMON! AU 19 JANVIER 1883. NOMS ET ADRESSES DES POSSESSEURS. DATES DES NAISSANCES. PARIS. FEMELLES MALES 1 Jardia d'acclimatation adulte ( g D) adulte (cT B) 2 Muséum (laboratoire de niamma- C adulte (Q A) + -1 juin 1882 logie) I 27 octobre 1881 3 Collège de France (laboratoire d'histologie) + 26 janvier 1882 +21 juin 1882 4 L. Bedel, entomologiste, 20, rue de rOdéon 15 novembre 1882 19 décembre 1882 5 Carbonnier, pisciculteur, 20,qiiai du Louvre 26 janvier 1882 21 juin 1882 6 Clément, dessinateur, 34, rue Lacépède 16 octobre 1882 7 Desguez, commis à la ménage- rie des reptiles du Muséum... 27 octolire 1881 13 mai 1882 8 Feuz, marchand d'animaux, 49, l + adulte 27 octobre 1881 boulevard Saint - Jacques (1) ( X 5 mars 1882 9 Héron-Royer, cartonnier, 22, rue de Cléry X27 octobre 1881 21 décembre 1881 10 Juillerat, dessinateur, 13, rue Ducouëdic 5 mars 1882 11 Ch. Mailles, 84, rue Saint- Honoré 13 mai 1882 13 mai 1882 12 Sauvinet, taxidermiste, 73, rue des Gravilliers + 21 décembre 1881 -f- 21 décembre 1881 13 Sédillot, propriétaire, 20, rue de rOdéon 19 décembre 1882 19 décembre 1882 PROVINCE. 14 P"^ A. Giard (faculté des sciences de Lille) 27 octobre 1881 21 décembre 1881 JK ^. ,. u- /in „ 1 i> „ l + adulte (Q E) adulte 15 D' Souverbie (Muséum de Bor- \ > * ' i + 13 mai 1882 ^^^"^^ ( 16 octobre 1882 16 Perboyre, pharmacien a Ca- dillac, Gironde 26 août 1882 + 15 novembre 1882 17 Dubalen, propriétaire à Saint- Sever, Landes 19 décembre 1882 19 décembre 1 882 18 G. Olive, 14, rue Montgrand, Marseille 5 mars 1882 + 5 mars 1882 . (1) M. Feuz, ayant obtenu et obtenant encore une reproduction suffisante de l'espèce, met ces animaux dans le commerce. 38-2 SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. ALGÉRIE. l'J D' Hagenmùller, 5, rue de l'Arsenal, Bône 5 mars 1882 5 mars 1882 ITALIE. a.v «u T. • /M . • • A ( + 26 août 1882 20 M'* Doria (Musée civique de ) ' ^ . .„„^ , ; 26 août 1882 ^^^^^' ( 16 octobre 1882 21 D^ Canierano(Musée zoologique de Turin) 15 novembre 1882 HOLLANDE. 22 I>''Jentink (Musée de Leyde).. ALLEMAGNE. 23 D' Nitsclie, Tharant 22 août 1882 22 août 1882 16 octobre 1882 15 novembre 1882 26 août 1882 26 août 1882 En tout 29 femelles, dont 4 adultes et 25 jeunes, et 21 mâles, dont 2 adultes etl9 jeunes; soit 6 adultes et4l jeunes des deux sexes. Trois autres jeunes, qui m'ont été rendus adultes par leurs possesseurs, et que j'ai sacrifiés ou qui sont morts entre mes mains, ne figurent pas sur ce tableau. Mœurs. — Le Dipodille de Simon est d'un caractère très doux. Jamais, sauf le cas où il s'agit d'une femelle élevant ses petits, il ne cherche à mordre la main qui veut le saisir. Il est très sociable. Quand on réunit pour la première fois deux individus étrangers l'un à l'autre, ils commencent d'or- dinaire par se battre, comme je l'ai dit ailleurs, et cela quels que soient leurs sexes ; une seule exception a lieu dans le cas où, l'un des deux étant mâle, l'autre se trouve une femelle en rut. Mais, si les deux sujets sont adultes, la bataille, d'or- dinaire, n'a pas de conséquences graves. La fatigue finit par arrêter les combattants. Chacun se retire dans un coin pour réparer les désordres de sa toilette et lécher ses blessures ; puis on fait la paix et l'on vit désormais en bons camarades. Les dix sujets que j'ai transportés avec moi de l'oued Magra à Batna, à Gonstantine, à Bône, et que j'ai de là expédiés à Paris, étaient tous réunis dans une seule et fort petite cage, et ils y ont vécu tout ce temps en bonne intelligence. Mais il est bonde ne jamais réunir un jeune à un sujet étranger adulte, le premier, trop faible, étant le plus souvent tué à la première rencontre. Dll'ODILLUS SIMONI. 383 Périodes de sommeil et d'activité. — Les jeunes sortent pour manger à toute heure du jour et de la nuit ; mais les adultes se montrent essentiellement nocturnes. On ne les voit guère le jour hors de leur cachette, sauf, quelquefois, vers l'heure de midi. Du reste, comme la plupart des espèces noc- turnes, celle-ci n'est pas en activité toute la durée de la nuit. Elle sort une première fois vers la chute du jour, se vide, mange, procède à sa toilette, remue le sol, aménage son nid ; puis, après un temps variable, d'une demi-heure à deux heures environ, elle rentre et se repose. Elle se montre de nouveau vers le milieu de la nuit et reste alors plus longtemps éveillée que la première fois. Sa troisième et dernière sortie, plus courte que les précédentes, a lieu le matin, après le lever du jour. Qri. — Les jeunes, jusqu'à ce qu'ils aient ouvert les yeux, sont très bavards ; ils produisent très souvent une sorte de vagissement répété et persistant, qui ressemble beaucoup à celui des autres Rongeurs de la même famille, des Rats et des Souris par exemple. Les adultes, quand ils se disputent, font aussi entendre un petit cri plus faible et moins prodigué que celui des Souris. Propreté. — Dipodillus Simoni est un petit animal fort propre, qui fait souvent sa toilette. Quand ils sont encore au nid et avant qu'ils aient ouvert les yeux, on peut voir les jeunes se livrer déjà à cette occupation. Tous les Muridés m'ont d'ailleurs paru procéder à cette opération de la môme manière. Avec la bouche ils nettoient directement les mem- bres, la partie postérieure du corps, la queue ; ils prennent cette dernière entre leurs mains et la ramènent vers la bouche; quant à la tète, que la bouche ne peut atteindre, ils la nettoient avec l'un ou l'autre de leurs membres, cardant et lissant leurs poils avec ses ongles, et portant fréquemment à la bouche ce peigne improvisé, soit pour l'humecter, soit pour le débar- rasser des saletés qu'il a recueillies. Du reste ces animaux n'ont guère occasion de se salir. Ils urinent fort peu et toujours loin du nid, dans un angle de la cage. Leur crottin est si petit, qu'il fautle chercher pour l'aper- 384 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. cevoir. Si ron a soin, comme je fais toujours, de garnir la cage d'une couche de sable et de craie, il est plus que suffisant de renouveler cette couche tous les mois. Ni l'animal ni la cage qu'il habite ne répandent aucune odeur. Nourriture. — Les différentes sortes de graines que I'od donne aux oiseaux en cage, millet, chènevis, alpiste, etc., sont l'aliment qui convient le mieux au Dipodille de Simon; mais il mange aussi du pain, des noix, des amandes, etc. Si on lui donne de l'eau (et il taut alors employer des vases dans lesquels il ne puisse pas se noyer), il boit volontiers quand il a appris à connaître ce liquide ; mais il vil également bien sans boire ; seulement, dans ce cas, il faut avoir soin d'ajouter à ses aliments quelques feuilles de salade renouvelées chaque jour. II. RACHITISME ET OSTÉOMALACIE DES RONGEURS EN CAPTIVITÉ : TENTATIVE INFRUCTUEUSE d'acglimatation DE Pachyuronfiys- Duprasi lat. Je ne crois pas inutile de faire connaître les efforts, de- meurés infructueux, que j'avais faits précédemment pour acclimater chez nous un autre Rongeur provenant aussi des Hauts-Plateaux algériens, le Boubieda {Pachyuromys Duprasi Lat.) ; en effet, en perdant, les uns après les autres, tous me& Pachyuromys , j'ai pu observer la maladie qui me les enle- vait, en trouver le traitement et préserver ensuite de ses at- teintes ma colonie de Dipodillus Simoni. Origine. — A Laghouat, fin avril 1880, un Arabe m'apporta une femelle, et trois petits qu'elle allaitait, de cette jolie et nouvelle espèce. J'expédiai la petite famille, par Alger et Mar- seille, à Paris, à mon ami le regretté H. Dupras, qui en prit soin et en obtint la première reproduction en captivité. L'année suivante, en mai 1881, à M'sila, je recueillis un nouvel indi- vidu de la même espèce, qui m'échappa pendant que je lui faisais construire une cage. Enfin, dans le courant de l'année 1882, M. Darricarrère, pharmacien militaire, que j'avais prié DIPODILLUS SIMONI. 385 de recherclier l'espèce à Bou-Sàada, réussit à s'en procurer deux individus. Ces trois localités indiquentque l'espèce, sans être commune nulle part, a une certaine extension dans les Hauts-Plateaux alt^ériens. Description et mœurs. — Je me dispenserai de décrire ici le Pachf/uromys et de raconter ses mœurs, renvoyant à mes publicalions antérieures le lecteur qui désirerait être renseigné à ce sujet (1). Histoire de la colonie. — Dans ce qui suit, comme dans mes notes, chaque individu est désigné par une lettre de l'alphabet. En automne 1880, quand j'arrivai à Paris après mon pre- mier voyage en Algérie, la petite colonie se composait de la mère ($ A), de trois mâles, les petits qu'elle allaitait à l'époque de sa capture {cf B, cf C, ç^ D), et de deux femelles, nées à Paris chez M. Dupras 9 E, 5 F). Sa reproduction fut alors interrompue, sans doute par l'hiver, et je sacrifiai l'un des mâles {cf B) pour l'étude. Au printemps 1881, je partis pour un nouveau voyage d'exploration en Algérie, laissant chez M. Dupras, que je ne devais plus revoir, un couple (cfD, $ E), et confiant à M. lléron-Royer mes trois autres sujets (cT G, 2 A, $ F). Pendant mon absence, M. Dupras obtint de son couple deux portées, l'une de quatre petits, le 26 mai, et l'autre de trois petits, le 1" juillet; mais aucun des sept jeunes ne put être élevé. De son côté, M. ïléron-Royer obtint aussi deux portées : Tune, née le 7 juin, de (/ G et $ F, était de quatre petits, dont un seul, cT G, put être élevé (Bien qu'atteint comme les autres parla maladie etdéformépar elle, celui-ci se trouve aujourd'hui le seul survivant de toute la colonie ; il est au Muséum, chez M. le professeur A. Milne Edwards) ; l'autre, née le ^{0 juin, de cT G et de i A, se composait de trois petits ; de ceux-ci l'un paraît être mort d'indigestion, au moment du sevrage; le deuxième, cf I, est mort rachitique et difforme, (1) Le Naturaliste, iô novembre 1880, p. 313: description; La Nature, 22 juillet 1882, p. 113: description et mœurs, avec une figure assez impar- faite; Zoologischer Arueiger, IT) mai 1882, p. 325: « Sur le bouchon vaginal du Pacliijuromijs Duprasi I,;U. « 3" SÉRIE, T. X. — Juill<-t 1883. 25 886 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. à l'âge de quatre-vingt-dix-huit jours ; et le troisième, (/ H, quoique déformé aussi par le rachitisme, a vécu néanmoins jusqu'en ces derniers temps; c'est ce sujet qui a posé pour le dessin du journal la Nature (1). De retour à Paris, et de nouveau en possession de mes petits Rongeurs, j'en obtins à mon tour quatre portées ; mais tous les nouveaux venus périrent en bas âge, et la maladie ne tarda pas àm'enlever aussi leurs frères aînés et leurs parents. Je résume et je complète cet aride exposé dans le tableau suivant. ÉTAT DES NAISSANCES ET DES DÉCÈS DE MES PACHYUROMYS DUPRASl. Date de Désignation des Désigna Date du Age au L Causes de la mort. la naissance. parents. tion du sujet. décès. décès. V ? Aç 24 juin. 1881 '; Ostéomalacie. i C d* 1" oct. 1880 5 mois. Sacrifié pour Fin avril 1880 ? d' et A Ç 27 janv. 1882 21 mois. l'étude. Ostéomalacie. l D d' déc. 1881 20 mois. Ostéomalacie. 18 juillet 1880 B o" et A Ç { E Q ^F g 30 oct. 1881 2 déc. 1881 15 mois. 16 mois 1/ Ostéomalacie. 2. Ostéomalacie. 26 mai 1881 D o" et E g 7 juin 1881 C d' et F Ç 4 petits qui ne survécurent pas. 0 d' seul survivant actuellement ; difforme. Sautres petits qui ne survécurent pas. H d* rtiort récemment; avait été déformé par le rachitisme. 30 juin 1881 Cd'etAgsi^. 6 oct. 1881 98 jours. Rachitisme. l"juill. 1881 D d'etE g 2 août 1881 Co^ctFg 9 août 1881 D d'etE g 8 sept. 1881 D d* etF g 24 sept. 1881 C d' et E un troisièmemortaumoment du sevrage. 3 petits qui ne survécurent pas. 3 petits qui ne survécurent pas. J g 30 sept. 1881 52 jours. K o" 22 sept. 1881 44 jours. un troisième qui ne survécut pas. .f.-> L g 30 nov. 1881 i)'i jours. ]VI O' id. id. N o' id. id. un quatrième qui ne survécut pas. 0 g 16 nov. 1881 53 jours. P d id. id. ^ autres qui ne survécurent pas. Uachitisine. Rachitisme. Rachitisme. Rachitisme. Rachitisme. Rachitisme. Rachitisme. (1) Loc. cil. DIPODILLUS SIMONI. 387 Résumé. — Ainsi mes Pachyuromys ont donné naissance, à Paris, à 9 portées comprenant ensemble 32 petits. De ceux- ci, 19, morts aussitôt après la naissance, et 1 , mort au moment du sevrage, ont échappé, par cette fin précoce, à la maladie qui a atteint tous les autres et en a fait périr 10 : là l'âge de 44- jours, 4 à l'âge de 52 jours, 2 à l'âge de 53 jours, i à l'âge de 98 jours, et deux à l'âge de 15 et 16 mois. Les deux autres ont échappé à la terminaison fatale et en ont été quittes pour quelques difformités permanentes; comme je l'ai dit déjà, un de ceux-ci est encore vivant, et l'autre a récemment péri, par accident, paraît-il. Inlensilé croissante de la maladie. — Un fait qui ressort bien nettement de l'examen du tableau ci-dessus, c'est que la maladie agit plus rapidement et plus énergiquement sur les différents sujets, à mesure qu'ils proviennent de parents de- puis plus longtemps captifs. Bien loin de s'acclimater peu à peu à ses nouvelles conditions d'existence, la petite colonie en souffre d'autant plus, qu'elles durent depuis plus longtemps. Ainsi les produits des dernières portées de 1881 périssent tous au cinquante-deuxième jour environ; tandis que ceux des premières portées de la même année vivent trois mois ou se sauvent au prix de quelques déformations squelettiques; que ceux des portées de l'année précédente semblent long- temps indemnes et ne succombent qu'à l'âge de quinze et seize mois, et que les sujets nés dans le désert ne périssent qu'à l'âge de deux ans. Deux aspects de la maladie. — La maladie n'a pas le même aspect, suivant qu'elle se montre chez les sujets en voie de développement ou chez les adultes. Rachitisme. — « Les petits J et K, K surtout, sont rachi- tiques. J'avais cru qu'un de ceux-ci avait été maltraité et avait eu les reins cassés par sa mère (il marche en effet comme s'il avait les reins cassés) ; mais l'autre, isolé depuis plusieurs jours, présente aussi, quoique à un moindre degré, les mêmes symptômes. Du reste H et I ont été également malades, mais ils perdaient le poil et marchaient droit. Ds avaient alors quarante jours; I et K en ont quarante-deux, et en voilà plu- 388 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. sieurs qu'ils sont malades. J'examine K: il a bien mauvaise mine; il a du sang et du pusautourdes narines, etilouvre dif- ficilement les yeux. J est plus développé et moins malade. » Telle est la première observation sur ce sujet que je trouve consignée dans mes notes, à la date du 20 septembre 1881. On peut voir, en consultant le tableau, que K mourut deux jours et J six jours après cette observation. La maladie débute du trente-cinquième au quarantième jour. Le sujet s'affaiblit; il prend mauvais poil; ses os, ceux des extrémités comme ceux de la colonne vertébrale, se dé- forment sous la traction des muscles et le poids du corps ; ses mâchoires et ses dents ne présentent plus une résistance suf- fisante et ne remplissent que difficilement leur fonction; le malade cesse bientôt de se nourrir, il se meut de moins en moins, se refroidit et meurt. Les petits d'une même portée (j^ K; — L, M, N; — 0, P) meurent à quelques jours ou même à quelques heures d'intervalle l'un de l'autre, vers le cinquante-deuxième jour. Quand le mal ne présente pas cette gravité, et si le sujet se remet (G, H), celui-ci ii'en demeure pas moins difforme. Ces symptômes et cette allure me paraissent bien apparte- nir à la maladie désignée sous le nom de rachitisme. Ostéomalacie. — Chez les adultes, la maladie a une tout autre allure. Le sujet a très beau poil; il semble, au premier coup d'œil, jouir de la santé la plus florissanle ; souvent même, si ce n'est pas une femelle en état de lactation, il a pris un embonpoint exagéré. Un beau matin, il boite et on s'aperçoit qu'il a une jambe cassée; quelques jours après, il est immobilisé, les os des bras et des jambes brisés en petits morceaux. Son œil est encore plein de vie, et il fait de vains efforts pour se déplacer. A l'autopsie, les os, surtout ceux du crâne, ont un aspect de gélatine sèche; ils sont jaunâtres, et souvent se laissent couper au scalpel sans crier, comme s'ils ne contenaient plus trace de calcaire. Ces symptômes et ces lésions me semblent ceux de ïostéo- malacie. Deux formes cVune seule maladie. — 11 s'ensuivrait que DIPODILLUS SIMONI. 389 mchitismeei OS teomalacieseY Aient i\c\i)i formes d'une seule maladie, l'ostéomalacie n'étant que le rachitisme des adultes, et le rachitisme l'ostéomalacie des jeunes. Mais je laisse aux médecins la tâche d'étudier plus à fond cette question, et je tiens à cet effet des matériaux en alcool à leur disposition. Essence de la maladie. — Quel que soit le résultat de cette étude, il me paraît bien certain, dès à présent, que, dans les deux cas, le caractère essentiel de la maladie est le ramollisse- ment et la fragilité du système osseux, ramollissement et fra- gilité dus l'un et l'autre à une assimilation insuffisante ou à une désassimilation trop grande de la matière calcaire des os. Parmi les adultes, les femelles ont succombé les premières ; on en conçoit aisément la raison : normalement, à l'époque du sevrage, les jeunes ont leur squelette ossifié; tout le calcaire de leurs os, ils l'ont reçu de leur mère; or celle-ci doit en fournir une certaine dose dans une année pour confectionner les squelettes de trois ou quatre portées de quatre ou cinq petits chacune! Ses causes. — Quelle est la cause de cette maladie? Je ne crois pas qu'il faille la chercher dans la nourriture : je don- nais âmes petits captifs à discrétion des grains, du pain, de la salade, et je ne suppose pas que les plantes dont ils se nour- rissent dans les Hauts-Plateaux algériens soient tout particu- lièrement chargées de sels calcaires. Je ne crois pas davantage pouvoir incriminer le changement de climat, car j'ai observé la même maladie chez nos Rongeurs indigènes : un Muscar- dinus avellanarius L., né chez moi d'une mère capturée en état de gestation, est actuellement sous mes yeux, manifeste- menl rachitique ; et nos Souris, nos Cobayes, nos Lapins sont souvent atteints de rachitisme oud'ostéomalacie. Il me paraît que c'est bien plutôt le continement lui-même, le défaut d'exercice, l'absence des excitations nerveuses, morales et physiques, dues aux incidents de la vie en liberté, aux varia- tions de la température, etc., qui altèrent les fonctions de nutrition de nos Rongeurs en captivité, au point de produire, dans certains cas, les désordres que nous avons constatés. 390 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Conlagion. — Cette maladie est-elle contagieuse ou para- sitaire? La mort simultanée de toute une portée (L, M, N, morts le 30 novembre), suivie à deux jours près de la mort de la mère (Ç F, morte le 2 décembre) ; et aussi le cas des deux sujets (cf G, cf H) que j'ai donnés malades et qui se sont rétablis, alors que mes vieux individus, encore sains à cette époque, ont été ensuite atleints par le mal et ont tous péri chez moi les uns après les autres, — m'ont fait songer à cette hypothèse. Je ne crois pas cependant qu'elle soit exacte. Quelles que soient les causes de la maladie, elles ont di\ agir de même sur tous les individus conservés chez moi et placés dans les mêmes conditions, tandis que les individus trans- portés hors de chez moi, dans un autre milieu, ont pu échap- per à leur influence. Il n'est donc pas nécessaire de recourir à la contagion ou au parasitisme pour expliquer la mort des uns et la guérison des autres. Cependant j'ai livré à M. Mé- gnin un des jeunes morts rachitiques ((/ K), pour qu'il en fît l'examen au point de vue parasitaire. Traitement. — Mais laissons là les hypothèses sur les causes plus ou moins éloignées de la maladie. Nous savons qu'elle consiste essentiellement en une réduction des sels cal- caires contenus dans les os. D'après cette indication, j'ai cherché le remède et je l'ai trouvé, je crois. Il consiste à four- nir en abondance et constamment aux prisonniers, même avant qu'ils aient montré les premiers symptômes du mal, du car- bonate et du phosphate de chaux, présentant ces sels, à chaque espèce que l'on traite, sous la forme la plus convenable pour qu'elle les introduise dans son tube digestif. Un premier procédé, certainement très insuffisant, mais en revanche très facile, et qui s'applique également bien à toutes les espèces, consiste à mêler du blanc de Meudon pul- vérisé au sable dont, par propreté, il est bon de recouvrir le plancher des cages. On plonge ainsi leurs habitants dans un milieu calcaire dont les poussières voltigent sur eux et leurs aliments, et finissent par pénétrer en plus ou moins grande abondance dans leur organisme. Je suspends aussi dans les €ages de mes Rongeurs, comme on fait dans celle des Serins, DIPOBILLUS SIMOM. ^91 des coquilles de Seiche, sur lesquelles mes animaux exercent de temps à autre leurs incisives. Pour le reste, mon traitement varie d'une espèce à l'autre. Résultats. — J'ai essayé tardivement cette médication sur mes Pachijuromijs ; le mal avait déjà lait des progrès consi- dérables, et elle est demeurée infructueuse; mais, sur d'au- tres espèces, elle a parfaitement réussi. Dipodillus Simoni. — Ainsi aucun de mes Dipodillus Si- moni n'est devenu racliitique chez moi ; et cependant une seule femelle, celle que j'offre aujourd'hui parfaitement saine au Jardin d'acclimatation (V D), a produit, comme on l'a vu, dans une seule année, cinquante-deux petits et en a allaité trente-cinq. On conçoit quelle quantité de sels calcaires elle a eu à leur fournir. Mais plusieurs de mes correspondants, qui n'ont pas pris les mêmes précautions que moi, ont vu périr d'ostéomalacie les individus que je leur avais donnés bien portants, et il est à remarquer que, à l'inverse de ce que nous avons observé pour les Pachijiivomys, ce sont les adultes qui ont péri les premiers ; c'est qu'en effet les adultes que j'ai donnés n'avaient pas subi le traitement auquel j'ai soumis le couple resté -chez moi (c/ B, +' D) et les petits que j'ai élevés et distribués. L'ostéomalacie ne débute pas chez Dipodillus Simoni, comme cliez Pachyiiromys, par des fractures des membres, mais elle ne se manifeste pas moins nettement dès l'origine par un affaissement du train postérieur et une sorte de dislo- cation de la colonne vertébrale. Voici comment je procède avec cette espèce : une fois par jour je saupoudre de phosphate de chaux réduit en poudre impalpable les petits au nid, à partir du jour de leur nais- sance et jusqu'à ce qu'ils ne tètent plus; le traitement n'est donc interrompu que quelques jours entre chaque portée, celles-ci se succédant rapidement l'une à Tautre. La mère en léchant ses petits, ceux-ci en procédant à leur propre toilette, absorbent le sel en quantité suffisante ; le mâle lui-même, qui cohabite avec sa famille, est forcé d'en prendre sa part. Meriones Shawi. — La preuve la plus décisive de l'effica- \ 39"i SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. cité de mon traitement m'est fournie par un couple d'une autre espèce de Gerbilline, également originaire de Barbarie» Meriones Shawi Duvernoy. Le mâle de ce couple est le seul survivant actuel de quatre sujets, une femelle et ses trois petils, que j'ai reçus de M. le marquis Doria, directeur du musée de Gênes, et 'qui prove- naient des environs de Tunis. Ses deux frères et sa mère sont morts, les deux premiers de rachitisme, la deuxième d'ostéo- malacie. Lui-même, à peu près adulte et malade quand j'ai commencé à le traiter, vers le milieu de novembre dernier, est aujourd'hui lourd et bien portant; mais il est demeuré dif- forme ; ses fémurs sont déformés, ses reins semblent brisés,^ et, quand il marche, on dirait qu'il traîne son arrière-train. C'est plutôt par analogie, je dois le reconnaître, que par l'observation directe que j'attribue à l'ostéomalacie la fin de la femelle. Je n'ai pas examiné son squelette, et la cause im- médiate de sa mort a été l'inanition, ses incisives supérieures ayant pris un développement considérable en s'enroulant sur elles-mêmes et l'ayant mise ainsi dans l'impossibilité de se nomTÎr; mais elle était malade depuis quelque temps; en outre ses petits étaient bien manifestement rachitiques, et nous avons constaté ailleurs les rapports qui existent entre le rachitisme des petits et l'ostéomalacie des parents. Voici du reste comment j'explique cette terminaison particulière de la maladie. Les incisives, ramollies, s'usent avec une rapidité anormale, et les inférieures se trouvent bientôt rasées au ni- veau de la gencive ; cependant les incisives supérieures, qui sont toujours plus robustes, débordent encore la gencive ; ne venant plus buter que contre des parois molles, elles s'ac- croissent plus vite que d'habitude ; et, comme elles se déve- loppent toujours en arc de cercle, par le fait même de leur croissance elles s'enroulent sur elles-mêmes, de telle sorte que, quand les incisives inférieures se présentent de nouveau- en dehors de la gencive, celles-ci ne rencontrent plus que la face antérieure convexe des premières ; elles continuent à s'user elles-mêmes par la pointe, mais elles sont désormais- / DIPODILLUS sniONi. 393 incapables de s'opposer à rallongement indéfini de leurs an- tagonistes. Nos Lapins et nos Cobayes captils meurent souvent victimes d'un semblable développement exagéré des incisives supé- rieures : je crois que la plupart de ces cas doivent être éga- lement attribués à l'ostéomalacie, et j'appelle sur eux l'atten- tion des éleveurs. Mais je reviens à mon couple de Meriones Shawi. Nous connaissons le mâle. La femelle est née au Muséum de Paris, de parents provenant de Gonslantine. Quand elle m'a été donnée par M. le professeur A. Milne Edwards, elle avait assez mauvais poil, et présentait quelques symptômes de maladie ; mais elle était encore jeune, elle a été traitée aussitôt, et elle se montre aujourd'hui bien portante et bien conformée. Seulement sa taille est demeurée inférieure à la taille moyenne de l'espèce. Ainsi, grâce au traitement, le mâle a été guéri du rachi- tisme, le mâle et la femelle ont été préservés de l'ostéomala- cie. Ce n'est pas tout. Ce couple a reproduit. J'ai déjà distri- bué trois petits, 6i'e/i portants et parfaitement bien conformés, d'une première portée, et cinq autres sont actuellement élevés par la mère, que leur allaitement ne semble pas fatiguer le moins du monde. Et cependant M. le marquis Doria m'a fait savoir que sa nombreuse colonie de Meriones Shawi, de la- quelle provenaient les sujets qu'il m'a expédiés, a presque entièrement péri. Cette espèce, d'ailleurs, est une des plus faciles à traiter. Elle vit surtout de pain et de salade, et elle a une préférence marquée pour le pain mouillé : je saupoudre ce pain humide de phosphate de chaux, et elle s'applique à en manger la sur- face, comme un enfant gourmand mange une tartine de confi- tures. Je lui donne aussi des coquilles d'œufs, qu'elle dévore avec avidité. Conclusion. — Des observations précédentes, il résulte : 1" Que les Rongeurs en captivité sont exposés à une maladie dont la gravité s'accroît avec le temps; qui, sous deux aspects différents, rachitisme chez les jeunes, ostéomalacie chez les V o9-i SOCIÉTÉ ISATIONALE d'ACCLIMATATION. adultes, consiste essentiellement en une altération du système osseux par absence d'assimilation ou par désassimilation des sels calcaires, et qui, tibandonnée à elle-même, est une cause d'insuccès parfois absolu dans l'élevage de ces animaux ; 2° Que cette maladie est avantageusement combattue par un traitement au carbonate et au phosphate de chaux, le mode d'administration de ces sels devant vaiier suivant les mœurs et la nourriture de ces animaux. POST-SCRIPTUM. Quand un couple de Dipodillus Srmowi s'est reproduit une ibis, on a la perspective à peu près certaine que ce couple, convenablement traité, donnera naissance à une très nom- breuse postérité ; — à condition toutefois de ne pas inter- rompre trop longtemps le fonctionnement des facultés géné- ratrices de la femelle. Ainsi la femelle qui m'a donné à Paris la première reproduction de l'espèce (9 A, portée du 27 oc- tobre 1881), privée de mâle depuis sa fécondation jusqu'au mois de mars de l'année suivante, n'a plus ensuite voulu s'ac- coupler. Le mieux, comme je l'ai déjà conseillé, est de laisser constamment le mâle avec la femelle. Mais l'expérience m'a malheureusement démontré qu'il n'é- tait pas aussi facile que je l'avais supposé à priori d'obtenir cette première reproduction. MM. Héron-Roycr, Emm. Feuz et G. Perboyre sont, à ma connaissance, les seuls qui y aient réwssi jusqu'à ce jour. Moi-même je n'ai pu encore remplacer le couple reproducteur ((/ B, $ D) que j'ai donné au Jardin d'acclimatation. Dans la perspective d'un voyage d'exploration qui a du être remis à l'année prochaine, je m'étais précédemment défait de tous mes autres sujets. Depuis, le 30 avril 188o, M. Feuz me donnait deux femelles, nées chez lui (deuxième génération en captivité) le 2 octobre 1882 et par conséquent âgées de six mois environ ; et, le 4 mai, M. Gh. Mailles me prêtait son mâle, né chez moi (première génération) le 13 mai 1882 et âgé d'en- A'iron un an. Mes femelles étaient couvertes parce mâle, l'une DJPODILLUS SIMONf. 395 le 6, Taulre le 8 mai. Plein d'espoir dans ce double accouple- iTieni, je voulus faire bénéficier démon succès MM. Ch. Mailles et Ch. Desguez, qui possédaient et soignaient depuis longtemps chacun uncouple infécond. J'échangeai mes femelles contre les leurs. Malheureusement celle que je donnai à M. Mailles eut, le ^6 mai, une parturition très pénible et fit seulement deux petits : un mort-né, un autre qui ne vécut qu'un jour ; et celle que je donnai à M. Desguez ne mit rien au monde. Quant à celles que j'avais reçues en échange, celle de M. Mailles, née (îhez M. Iléron-Royer (deuxième génération) et très adulte, malgré sa grande taille et sa belle venue, n'a jamais voulu s'accoupler (1); je m'en suis défait ces jours-ci; et celle de M. Desguez, née chez moi (première génération) le 27 octobre 1881 et âgée d'un an et demi, s'est accouplée le 20 mai; mais elle n'a mis bas qu'un seul petit, mort-né, le 10 juin. Elle s'est accouplée de nouveau le 11 juin, et j'attends le résultat de cet accouplement. Quelle est la cause de ces insuccès? Quand des Rongeurs de sexes différents se sont développés ensemble dans la même cage, d'ordinaire ils ne s'accouplent pas l'un avec l'autre; il semble qu'ils n'éprouvent plus l'un pour l'autre d'attrait sexuel. Otte règle, que je ne donne pas comme absolument démon- trée, car je ne l'ai pas établie sur des observations précises, et qui d'ailleurs supporte des exceptions, peut expliquer en partie le petit nombre de couples reproducteurs obtenus jus- qu'à ce jour; car beaucoup des couples que j'ai distribués étaient composés de deux jeunes sujets qui ont grandi et sont devenus adultes côte àcôte; mais elle n'explique pastouslescas. Le mâle et la femelle de M. Mailles ont été rapprochés adultes, et celle-ci a récemment, sans plus de succès, été pré- sentée au mâle de M. Desguez; quelquefois, comme nous l'a- vons vu, l'accouplement n'a pas été suivi de gestation; d'au- tres fois la femelle fécondée n'a fait ([u'un nombre minime de petits, et ceux-ci sont venus morts ou non viables. Peut- ( i) J'ai à iilusicurs reprises cunsliilc la présence de pellicules ilaiis son va,uiii : ce qui, chez ceUe espèce, est un indice de stérilité. Voyez à ce sujet ma note (I Sur le houclioii vaginal des lîongcurs », (loc. cit., U\, E, tioI(> !). 306 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. être, dans ces divers exemples, les parents étaient-ils trop longtemps restés vierges, et leur puissance génératrice avait- elle été afTaiblie par le défaut d'exercice? Mais c'est bien plutôt, je crois, la consanguinité qu'il faut accuser de cette stérilité absolue ou relative. Noire petite colonie de Dipodillus Simoni est-elle donc me- nacée d'une extinction prochaine? Son existence est certaine- ment compromise, mais tout espoir de la sauver ne me paraît pas encore perdu. Tous les produits ne se montrent pas éga- lement stériles. Que ceux qui ont la bonne fortune déposséder un couple reproducteur en prennent grand soin; qu'ils le laissent reproduire à volonté et élèvent le plus grand nombre possible de leurs produits ; qu'ils échangent entre eux (1) de& mâles, et, les présentant successivement à plusieurs femelles adultes, qu'ils choisissent les plus fécondes parmi celles-ci et forment avec elles de nouveaux couples bons reproducteurs; qu'ils distribuent ceux-ci à des personnes qu'ils connaîtront soigneuses, et qu'ils en tiennent toujours quelqu'un en réserve pour eux-mêmes en cas d'accident. Avec toutes ces précau- tions, j'espère que nous traverserons heureusement la période critique actuelle. Qu'une fois il existe seulement quinze à vingt couples reproducteurs en différentes mains, l'origine commune des divers membres de la colonie sera tellement éloignée, que ses effets fâcheux ne seront sans doute plus à redouter; et la reproduction de l'espèce sera si abondante, que sa conservation dans nç^cages sera désormais assurée. 30 juin 1883. (I) « M. Balance, qui élève des (poulets) malais depuis plus de trente ans, et qui a déjà, avec ses oiseaux, remporté plus de prix qu'aucun autre éleveur en Angleterre, soutient que Taccouplcment iii and in n'est pas une cause absolue de dégénérescence, mais que tout dépend de la manière de le taire. J'ai, dit-il, adopté le système d'établir, en autant de localités, cinq à six familles distinctes, d'élever chaque année environ trois cents poulets, de ciioisir dans chaque famille les meilleurs oiseaux pour les croisements, et dem'assurer ainsi un mélange de sang suffisant pour empêcher toute détérioration. ) (Darwin, De la variation des animaux et de^ plantes à l'clat domestique, Paris, Reinwahi, 1880, 11, p. 111.) « On a des raisons pour croire, et c'est l'opinion d'un de nos observateurs les plus expérimentés, sir J. Sebright, que les effets nuisibles des unions consan- guines peuvent être amoiiuiris ou même détruits complètement on séparant pendant quelques générations, et en exposant à des conditions d'existence diffé- rentes, les individus ayant une parenté trop rapprochée. » (Id., ibid., p, y9.) ÉDUCATION DE PERRUCHES ÉRYTHROPTÈRES Extrait d'une lettre adressée à M. le Secrétaire général I*ar M. le luarquifs de RRISAY. J'espérais être le premier amateur en Europe qui pût pro- duire un exemplaire de Perruche éryplhroptère née en volière, mais je viens d'apprendre que M. Delaurier a obtenu le même cas de reproduction cette année; je partage donc ce succès avec notre confrère ; toutefois je tiens à faire l'cmarquer qu'il possédait cette Perruche depuis quatre ans, tandis que mon couple reproducteur n'est chez moi que depuis Tannée der- nière. C'est en juin 1881 que je l'acquis de M. Abraham's, im- portateur d'animaux étrangers à Londres; ces oiseaux arri- vaient directement d'Australie, et je dois convenir qu'ils avaient été l'objet de soins particuliers, car ils élaient dans un état de santé et de plumage irréprochable : le maie écla- tant de splendeur dans sa tunique du plus beau vert éme- raude, recouvert du manteau noir et bleu sur lequel tranche le rouge écarlate qui colore les ailes; la femelle d'un vert plus terne avec du bleu sur le dos et une ligne rouge aux ailes. Ils furent installés dans une habitation grillagée, mesu- rant 5 mètres de long sur 2 de large, avec abri couvert, per- choirs, terrain sablé et arbre brut au milieu. L'exposition laissait à désirer, car là volière faisait face à l'ouest; mais elle est située dans un jardin entouré de grands murs, où la chaleur du soleil se conserve mieux. Les per- choirs des angles furent d'ailleurs garantis du vent et des pluies par des châssis vitrés et de larges plaques de zinc. Quant à la nourriture, je m'aperçus dès le début que mes nouveaux pensionnaires ne mangeaient exclusivement que de Talpiste et du millet blanc; je les maintins à ce régime sec, auquel j'apportai comme émollientdu maïs cuit, dont ils de- 398 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. vinrent très friands, du millet en grappe, du pain trempé au lait bouillant, et, en verdure fraîche, une assez grande abon- dance de séneçon. Ces Perruches ainsi traitées n'ont jamais eu un instant d'indisposition ; il est à remarquer cependant que, malgré la tendance qu'ont les Psittacidés en général à rechercher les aliments rafraîchissants, elles ne touchent pas aux fruits ni aux baies, point par lequel elles diffèrent essen- tiellement de leurs congénères, les Perruches à scapulaire, qui en consomment une grande quantité. Au commencement du printemps, je remarquai chez le mâle une grande activité : il s'agitait plus qu'à son ordinaire et faisait entendre de fréquents appels, sa voix était stridente et son vol précipité. Je ne le vis cependant pas s'approcher de la femelle, et je ne surpris pas un seul accouplement; ce bel oiseau enveloppait ses amours de mystère. Pour parer à toute éventualité, je plaçai en un coin obscur un tronc d'arbre creux d'assez grande dimension, et j'attendis, peu confiant, je l'avoue, dans un bon résultat. Des Faisans dorés habitaient la même volière. Les Poules pondaient dans une boîte de bois garnie de foin et posée à terre, dans l'abri couvert, derrière une cache en planches. C'est là que le 24 avril au matin, je trouvai, avec quelle sur- prise! un œuf blanc, oblong, relativement petit, mélangé aux œufs des faisanes. Je doutais de la fécondation; mais com- prenant que la couvée de l'Érythroplère serait perdue dans tous les cas, si je la laissais pondre avec les Poules, je retirai les Faisans dorés, et les plaçai dans un autre compartiment, me gardant bien toutefois de rien déranger à la disposition du nid. Le 26, je trouvai dans la boîte un second œuf et le 28 un troisième, tous deux de forme plus arrondie que le premier, mais également blancs comme tous les œufs des Perroquets. Dès le 26, la Perruche couvait. Ainsi donc ces oiseaux avaient négligé la bûche creuse ordinairement pratiquée pour la nidification par tous leurs semblables et préféraient installer leur nichée sur le sol. Le même fait a été d'ailleurs signalé par M. Delaurier, chez qui les Perruches érythro- PERRUCHES ÉRYTIIROPTÈRES. 39!> plères ont niché à terre, sous une touffe d'arbustes, où leurs œufs ont été détruits par des Lophopliores. S'il est dans leur usage d'agir ainsi, ce qui est probable, même en libellé, cette tendance périlleuse expliquerait la rareté de ces oiseaux, dont la progéniture est trop souvent exposée à être détruite par les animaux nuisibles. A partir du vingt-troisième jour d'incubation, c'est-à-dire du 18 au 24- mai, les petits vinrent au monde. Ils étaient ba- billes de duvet blanc. Leur croissance est lente; la mère les couvre pendant un mois; au bout de ce temps, ils sont déjà gros, couverts de plumes,- la queue poussée aux deux tiers, mais ils ne sortent pas encore du nid. Le père, qui a laissé jusqu'à ce moment à la femelle le soin de la nourriture, commence à gaver ses enfants ; il le fait avec une attention et une persévérance admirables, pendant que la mère se re- pose à son tour. L'alimentation est la même que pour les adultes : millet, alpiste, froment, un peu de chènevis, du maïs cuit, et surtout abondance de millet en grappe; cette petite graine tendre, d'une digestion aisée, est presque l'u- nique nourriture des commencements : peu de verdure, pas de fruits, et lorsque les petits grandii-ent* je remplaçai le chè- nevis trop échauffant par du gruau d'avoine, leur mainte- nant toujours la pâtée au lait bouilli, dont la consommation était grande. Le 8 juillet seulement, cinquante-deux jours après leur naissance, les jeunes sortent du nid et marchent en titubant; ils circulent comme ils peuvent, en s'aidant du bec et des coudes, ne volent pas, ne mangent pas seuls et rentrent le soir au berceau. Le 15, ils se décident à étendre les ailes, se perchent lourdement, tourmentent leurs parents pour en obtenir la becquée, mais ceux-ci leur montrent le chemin de la mangeoire, et les oiselets s'efforcent de se régaler eux- mêmes. A ce moment de leur âge, les jeunes Érythroptères sont aux deux tiers de la grosseur des parents, et leur plumage est en tout semblable à celui de la mère, mais les mâles se distin- guent déjà à la tète un peu plus grosse, colorée d'une teinte 400 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMâTATION. plus claire sur le fronl, et à la raie rouge plus étendue sur le pli de l'aile. Actuellement (septembre 1882), mes élèves sont d'une venue superbe; leur gaîté est inaltérable, leur appétit digne d'éloges; ils ont trois mois et demi, et leur croissance n'est pas achevée, mais ils font leur première mue et paraissent la supporter sans fatigue. Certainement cette Perruche robuste et au plumage splen- dide est appelée à faire prochainement l'un des plus beaux ornements des volières d'amateurs, sa reproduction parais- sant, d'après une si facile expérience, et avec des soins ana- logues, aussi assurée que possible. Je ne veux pas terminer ce compte rendu sans vous faire part d'un autre cas de reproduction fort extraordinaire obtenu cette année pour la première fois dans mes volières. J'avais installé dans deux compartiments juxtaposés un couple de Perruches omnicolores et un couple de Perruches palliceps; chez les premières, une femelle ardente et un mâle excessivement froid, qui ne répondait pas aux avances de sa compagne. Celle-ci chercha donc une union moins sté- rile auprès du mâle Palliceps, qui, de son côté, était fort galant pour sa femelle, mais jugea à propos de l'être aussi pour sa voisine, malgré le grillage à mailles serrées qui les séparait. Il n'en résulta rien de bon; chez l'Omnicolore une couvée d'œufs clairs, et, chez les Palliceps, de l'aigreur entre les époux, des coups de bec, une bouderie obstinée de la part de la femelle, qui, dans sa jalousie et malgré les accouplements les plus féconds, refusa de pondre. Je la vendis; et, ayant enlevé le mâle Omnicolore dont l'impassibilité élait révoltante, je livrai la femelle infidèle à Palliceps-pacha. Le résultat ne se fit pas attendre, et quel résultat! au bout d'une semaine il y avait au nid six œufs, qui produisirent au vingt et unième jour d'incubation cinq petits oiseaux su- perbes. La croissance de ceux-ci est rapide; dix jours après leur naissance la mère ne les couvre plus. Les parents les PERRUCHES ÉRYTHROPTÈRES. 401 nourrissent assidûment de toutes les graines composant leurs aliments ordinaires, millet, alpisle, chènevis, maïs, froment, gruau, baies de genièvre et de thuya, pâtée de pain au lait, séneçon et autres graminées fraîches. Au trentième jour, ils sortaient du nid de plein vol, et je pus alors contempler Fheu- reux mélange des nuances disparates des parents. Le métis de l'Omnicolore et du Palliceps a le défaut de ressembler un peu trop à la mère, dont il reproduit les cou- leurs criardes, quelque peu mitigées seulement par les teintes douces du père. Ainsi la tète est rouge et le cou s'enveloppe d'une cravate de la même couleur, les joues sont bleu pâle, la poitrine, jaune d'abord, passe au vert d'eau et le ventre est du même vert, tandis que les mêmes parties sont jaunes chez la mère et bleues chez le père, le dessous de la queue est rouge à la naissance, puis bleu clair comme chez l'un et l'autre des parents, le dessus vert sombre, ainsi que le dos, qui est par- semé de taches noires bordées de jaune; les ailes sont mar- quées de noir, de vert et de bleu. Les femelles présentent des nuances plus pâles et leur taille est moins forte que chez les mâles. Ces jolis oiseaux s'élèvent facilement, grandissent à vue d'œil et se nourrissent fort bien; ils mangent seuls avant l'âge de deux mois. Si vous jugez que ces quelques détails d'élevage peuvent intéresser nos collègues, je ne vois aucun inconvénient à ce que vous leur en fassiez part par la voie du Bulletin de la Société. 3" SÉRIK, T. X. — Juillet 1883. "26 DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON Par le docteur Edouard iHÈ^'E (Suite) MAGNOLIACEES. Parmi les arbres importants aux points de vue industriel et ornemental, qui avaient été rassemblés dans le jardin du Tro- cadéro, on distinguait : Le Magnolia hypoleuca:Honoki, à larges fleurs blanches, dont le parfum rappelle celui de l'Ananas. Le talDleau des productions utiles relatait, au n° 25, le Ho noki {Magnolia hypoleuca Sieb. et Zuc.) avec une plaque de bois grisâtre à taches claires; bois très beau. La collection des bois de la galerie des machines renfermait un spécimen de Ho noki de O^jSS de large avec 0'",005 d'é- paisseur d'écorce blanchâtre ; bois léger, homogène, à fibres régulières, longitudinales, de couleur gris verdâtre, plus foncé au centre. La série des tableaux d'arbres avec partie de tige, de bran- ches et de feuilles contenait le Magnolia hypoleuca, verni par la moitié. Le Magnolia hypoleuca de Siebold et Zuccarini (1), de Franchet et Savatier (2), Magnolia glauca de Thunberg (3) et de Miquel (4), est désigné dans le Phonzo-Zoufou (5) sous le nom de Ho noki, et dans le Kwa-wi (6) sous celui de Fô noki. (1) Siebold et Zuccarini, Familm nalurales, n° 349. (2) Franchet et Savatier, Enumeratio,\o\. I, p. 17, n° 73. (3) Tliunberg, Flora Japonica, p. 273. (4) Miijuel, Prolusio florœ Japonicœ, p. U(J. (5) Phonzo-Zoufuu (lion iocUiifu, suivant M. E. Bretschneider, M. ïf., Jour- nal of tlie North-China branch of the Royal Asialic Society, vol. II, p. 100. 1880), vol. LXXXII, fol. 8 recto. (0) Kwa-i(/i, Arb., vol. il, p. 87, n" 2. .PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. ^03 Il fleurit en juin dans les forêts montagneuses des îles de Kiusiu, de Nippon, de Sikok, et dans la partie méridionale de l'île, de Yeso, jusqu'à 4-2" lat. N. 11 est surtout plus abondant dans les provinces de Sinano, de Hitachi, de Rikuzen, de Ri- kuchiu, de Mutsu et de Iwaki. On le rencontre mélangé avec les Chênes verts, les Laurinées et les Ternstrcemiacées. Suivant M. Dupont (1), cet arbre, qui a jusqu'à 3 mètres de circonférence au pied, à des feuilles nombreuses de O^j^O à 0'°,25 de long, au milieu desquelles se montrent de jolies fleurs blanches à parfum d'Ananas. Outre son usage orne- mental, il est très employé dans la menuiserie et l'ébénisterie pour son bois léger, de couleur brun clair, souvent irisé; il est usité pour les fourreaux de sabre et pour les planches de tailleurs. On en lait aussi du charbon, qui sert à polir les laques et les métaux. Les Japonais reconnaissent au Magnolia hypoleuca, de même qu'aux autres espèces de Magnolia, des propriétés sti- mulantes, et ils le prescrivent comme médicament, de même que les Chinois, qui le classent parmi les remèdes qui réchauf- fent le corps, qui enlèvent les obstructions, qui corrigent l'haleine et régularisent la respiration (2). Suivant M. Dupont, l'écorce du Magnolia hypoleuca est usitée contre les rhumatismes, les fièvres intermittentes et les maladies de l'estomac. Le Honoki est recherché par les Japonais pour l'ornement de leurs jardins, et ils en mettent souvent les fleurs dans des vases qu'ils placent dans l'intérieur des appartements. Le Magnolia Kobus de Blume, relaté par Miquel (3), par Franchet et Savatier (4), Magnolia gracilis de Salisbury (5), Yamakobusi et Hakou mokouren, d'après le Kwa-wi (6), (t) Dupont, Les essences forestières du Japon, p. 57-58, 1879. (2) Pen ts' ao Kangmu (Matière médicale chinoise de l'empereur Slien-Nung, écrite par un auteur connu sous le nom do Li shi cheu), Journal of the Nortli- China brandi of the Royal Asiatic Society, par M. E. Bretschrieider, M. D., vol. II, p. 30, 1880. (3) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 146. (4) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. 1, p. 16, n» li. (5) Salisbury, The Paradisiis Londivensis, labl. 87. (6) Kwa-wi, Arh., vol. Il, p. 96, n" 22. MA SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. qu'on rencontre à l'état sauvage dans les montagnes, où il donne, au mois de mai, des fleurs blanches, odorantes, plus ^eliles que celles du Magnolia hi/poleucai ■ oii'i - 11 y en a une variété à fleurs violettes. ' j Les fleurs se montrent avant les feuilles. . -.'ïi ,i>ii'i. >yrA Le Magnolia Kobus croît dans la plus grande partie dé l'île de Nippon, mais principalement, suivant M. le D' Savatier, entre les villes de Tokio et de Ohosaka. Il se trouve aussi dans la partie méridionale de l'île de Yeso. M. Lavallée possède dans son parc de Segrez le Magnolia Kobus, avec une variété unicolore. Une espèce voisine, le Magnolia conspicua de SalishuYy{[), noté par MM. Franchet et Savatier (2), Magnolia Kobus de Siebold et Zuccarini (3), désigné au Japon sous le nom de Hakourenge, d'après M. Maximowicz, fleurit en mars et est 'réquemment cultivé dans les jardins japonais, mais n'est pas spontané. Le Magnolia stellata de Maximowicz (4'), de Franchet et Savatier (5), Buergeria s^ei/a/a de Siebold et Zuccarini (6), connu aussi sous le nom de Magnolia Halleana (du nom du D' Hall, son introducteur en Europe), nommé au Japon Mu- saraki Kobus, d'après le botaniste japonais Keiske, qui croît spontanément dans les forêts des îles de Kiusiu et de Nippon, et qui est très fréquemment cultivé dans les jardins. On le trouve constamment reproduit sur les laques, les émaux cloi- sonnés et les remarquables broderies en soie. Le Magnolia stellata produit, de mars à avril, de belles fleurs de 8 à 9 centimètres de diamètre, d'un beau blanc lai- teux, avec une ligne médiane rouge violacé; l'extrémité des pétales est rosée quand la fleur est en bouton ; quand elle est épanouie, elle conserve souvent cette teinte rosée sur la face (1) Salisbury, The Paradisus Londinensis, tabl. 38. (2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I,p. 16, n° 71. (3) Siebold et Zuccarini, Familiœ naturales, n° 350. (4) Maximowicz (G. J.), Mélanges biologiques tirés du Bullelin de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg , t. VIII, p. 509. (5) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. 1, p. 15-16, n° 67. (6) Siebold et Zuccarini, Familiœ naturales, n° 346, tabl. 2, f. a. . PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 405 externe des pétales ; après répanouissement complet, les pétales se recourbent en dehors, de telle sorte que leur face interne est seule visible et devient extérieure. C'est une jolie espèce, très rustique, de pleine terre, très llorifère. Les fleurs viennent avant les feuilles. Au Japon, de même qu'en Chine, les fleurs et les boutons du Magnolia Stella ta sont employés par les médecins comme remède carminatif, stimulant et diaphorétique. Le Magnolia stellata a été introduit en 1862 par M. le D' Hall, cédé par lui à M. Parsons, de Ilusting, exposé en 1877 à Gand par M. Veitch, puis en 1880 à Nancy par M. Galle (1). Il en a été fait mention à plusieurs reprises dans la Revue horticole (2). A la séance du 23 mars 1882 de la Société cen- trale d'horticulture de France, M. Paillet, horticulteur à Cha- tenay-les-Sceaux, a présenté un magnifique pied de Magnolia stellata ; puis, au mois d'avril 1882, à l'exposition printanière de la Société centrale d'horticulture de France, il a exposé un Magnolia stellata couvert de fleurs, pour lequel il a obtenu une médaille d'argent. Le Magnolia stellata est cultivé au Jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne. Une autre espèce de Magnolia qui n'est pas spontané au Japon, mais y est fréquemment cultivé, est le Magnolia ob- ovata de Thunberg (3), Simokou ran, d'après le botaniste japonais Keiske. 11 provient de la Chine, où il se nomme Mu lien. Ce Magnolia, qui fleurit d'avril à juin, existe dans le ma- gnifique parc de Segrez, chez M. A. Lavallée (4), avec variétés discoloi\ liliiflora, floribus roseis, atro-purpureis et Len- nei. On rencontre aussi au Japon le Magtiolia parviflora de Siebold et Zuccarini (5), relaté aussi par Miquel ((1), par (1) Catalogue de l'Exposition de Nanctj, n» 1561, p. 45, 1880. (-2) Revue horticole, p. 270, 1878, et n" 8, 16 avril, p. 180, 1882. (3) Thunberg, Transactions of tlie Linnean Societij, H, p. 336. (4) Lavallée {A.}, Arboretum Segreàianum,p. 8, 1877. (5) Sii'bold et Zuccarini, Fnmiliœ naiurales, n" 351. (6) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 146. 406 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Francliet et Savatier (1), que le Phonzo Zoufou (2) et le Kwa-wi (3) désignent sous le nom de Oho yama rengué, qui donne en mai de grandes fleurs blanches, odorantes, portées par de longs pédoncules; cette espèce est souvent cultivée, mais on la rencontre aussi à l'état sauvage, suivant M. le D' Savatier, dans les montagnes d'Hakone (île de Nippon). Dans les jardins dé la ville de Tokio, M. le D' Savatier (4) a vu aussi le Magnolia compressa de Maximowicz (5) : Uba tama, qui est spontané dans certaines provinces de l'île de Kiusiu et au pied du volcan Fudzi-Yama, dans l'île de Nippon. MM. Franchet et Savatier (6) citent, de plus, le Magnolia salicifolia de Maximowicz (7), que le botaniste japonais Keiske donne sous le nom de Tamisiba, qui croît dans les forêts montagneuses des îles de Kiusiu et de Nippon. La famille des Magnoliacées, au Japon, fournit aussi le Cercidiphyllum japonicum, connu au Japon sous le nom de Kadzura, d'après le botaniste japonais Tanaka, que Siebold, Miquel (8), Maximowicz (9), MM. Franchet et Savatier (10), Dupont (il), relatent comme croissant dans presque toute l'étendue du Japon, sur les montagnes, à une altitude de 700 à 900 mètres, et qui, d'après la commission japonaise (12), se rencontre principalement dans les provinces de Suruga, d'Iwashiro, de Sinano, de Rikuzen, de Rikuchiu, de Mutsu et d'Iwaki, et dans les forêts de l'île de Yeso. D'après MM. Maximowicz (13) et Franchet et Savatier (14), une espèce voisine, le Cercidiphyllum ovale, croît sur les (i) Franchet et Savatier, Eniimeralio, vol. f , p. 16, n° 70. (2) Phonw-Zoufou ou Homo-diu-fu, vol. LXXXII, fol. 10 recto. ♦ (3) Kwa-ivi, Arb., vol. IH, p. 102, n" 8. (4) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 15, n°66. (5) Maximowicz (G. J.), Mélanges biologiques tirés du Bulletin de VAcadémie impériale des sciences de Saint-Péleisbourg, vol. VIII, p. 506. (6) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 16, ii" 68. (7) Maximowicz, Mélanges biologiques, vol. VIII, p. 509. (8) Miquel (F. A. W.), Prolusio jlorœ Japonicœ, p. 304. (9) Maximowicz, Mélanges biologiques, t. VIII, p. 369. (10) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 18-19, n° 79. (11) Dupont (E.], Des essences forestières du Japon, p. 57, 1879. (12) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II, p. lU-1 15, n" 51. (13) Maximowicz, Mélanges biologiques, t. VIII, p. 369. (14) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 19, n° 80. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 407 hautes montagnes de la partie centrale de l'île de Nippon. Suivant M. Dupont, le Cercidiphyllum japonicum a sou- vent 4 mètres de circonférence au pied et 35 mètres de hau- teur totale. Son bois, dont on trouvait dans la collection de la galerie des machines deux échantillons, l'un de 0'",-27 de large avec 0'",010 d'épaisseur d'écorce, l'autre de 0'",44 de large avec 0^,010 d'épaisseur d'écorce, est très résistant, à fibres régu- lières, longitudinales, de couleur rougeatre, plus foncé au centre. Au Japon, le Kadzum est employé en menuiserie pour la construction des maisons, et en ébénisterie dans la fabrication des meubles. C'est, de plus, un arbre à feuillage ornemental. Le Cercidiphyllum japonicum était représenté à l'Exposi- tion de Nancy (1), exposé par M. A. Lavallée. Quant au Kadzura japonica de Kœmpfer, donné sous ce nom par MM. Franchet etSavatier (2), désigné par Thunberg (3) et par Miquel (4) sous celui d'Uvaria japonica, il croît dans les îles de Kiusiu et de Nippon, et est connu sous les noms de Sane Kadzoura, selon le Phonzo-Zoufou (5) et le Kwa-wi (6), et sous celui de Binan Kadzura d'après le tableau des pro- ductions utiles de l'Exposition, où il était marqué au n° 112, avec des spécimens de tiges grisâtres et un échantillon d'é- corce. On prépare avec le Kadzura japonica un mucilage pour la chevelure. Les livres Kwa-wi attribuent au Kadzura japonica plu- sieurs variétés, dont Tune, Mina mi gomichi, est commune sur les montagnes et est utilisée pour former les haies et les clôtures des jardins ; ses feuilles persistantes sont épaisses, luisantes, d'un beau vert en dessus et d'un vert violacé en dessous ; ses fleurs jaunâtres se montrent en juillet. (1) Catalogue de VExposition deNanaj, p. 57, n» 1626, 1880. (2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 18, n" 77. (3) Thunberg, Flora Japonica, p. 237. (4) Miquel (F. A. W.), Prolusio (lorœ Japonicœ, p. 255. (5) Phonzo-Zoufou, vol. XXV, fol. 6. (6) Kiva-ivi, Arb., vol. Il, p. 96-97, n" 23. 408 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. Une autre variété de Kadzura japonica est le Kita gomichi ou Matsou fouça, originaire de Corée. Les feuilles ne sont pas violacées en dessous ; cette variété existe dans les pro- vinces de Idzumi, de Rikuzen et de Tchikoumo. Le Kadzura japonica Kaempf. var. aureo-maculata était représenté à l'Exposition de Nancy (1), exposé par M. Le- moine. On trouve aussi au Japon : VlUicium anisatum Lin., men- tionné par MM. Franchet et Savatier (3), IlUcium religiosum de Siebold et Zuccarini (3) et de Miquel (4), que le botaniste japonais Keiske dit se nommer Iririsi ja mu dans les îles de Kiusiu et de Nippon, et qui, dans le Kiva-wi (5), est désigné sous la dénomination de Sikimi. M. Dupont, dans son très intéressant ouvrage sur les essences forestières du Japon, le donne sous le nom de Tsikibi. C'est la badiane sacrée, qui fournit l'anis étoile répandu dans le commerce, et qui sert à fabriquer l'anisette. Les Hollandais en font une grande con- sommation pour la préparation de cette liqueur. Le fruit exhale, de même que le bois, cette odeur d'anis qui est due à une huile essentielle répandue dans toute la plante. La majeure partie de l'anis étoile provient delà Chine, principalement de Canton, où il est désigné sous le nom de Pa co huei hiam; il en arrive aussi beaucoup du Japon et des îles Philippines, d'où il a été apporté pour la première fois en Europe, en 1588 (6). Les Chinois mélangent souvent l'anis étoile au thé ; ils l'em- ploient, ainsi que les Japonais, soit en le mâchant, soit en infusion, comme remède tonique et'slimalant dans les affec- tions de l'estomac, surtout dans les gastralgies et contre les mauvaises digestions. Les Japonais et les Chinois considèrent VlUicium religio- (1) Catalogue de VExposilion de Nancy, p. 45, n" 1562, 1880. (2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 15, n° 65. (3) Siebold et Zuccarini, F/ora Japonica. I, p. 5, tab. 1. (4) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 145. (5) Kwa-wi, Arb., vol. II, p. 87, n° 4. (6) Bretschneider (E.), Journal of the North-Cliina brandi of tlte Roijal Asia- tic Society, vol. I, p. 92, n" 2, 1880. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 409 sum comme un arbre sacré, et ils le plantent autour des pa- godes et des temples. Ils pilent l'écorce, qu'ils font brûler comme parfum. Quant aux branches, ils les coupent pour les placer sur les tombes de leurs parents et de leurs amis. Vlllicium religiosum était représenté à l'Exposition de Nancy (1), exposé par M. Lavallée, qui le possède à Segrez (2). On rencontre, de plus, dans les parties centrale et septen- trionale de l'île de Nippon, et jusque dans l'île de Yeso (42' lat. N.), XtTrochodendron aralioides de SieboldetZucca- rini (3), Matsi noki, d'après le botaniste japonais Keiske. MALVACEES. Une des plantes les plus utiles et les plus anciennement connues delà famille des Malvacées, au Japon, est le Coton- nier {Gossypmm Indicum), relaté par Thunberg (4), par Mi- quel (5), par Franchet et Savatier (0), désigné au Japon sous le nom de Wata et de Kiivata, d'après le Sômoku-Dusets (7), et que le Phonzo-Zoufou (8) donne sous le nom de Sômé (9) . Suivant M. LéondeRosny, l'éminent professeur de japonais à l'École des langues orientales, le Cotonnier est cultivé de- puis longtemps au Japon. A l'époque de l'empereur Tsiou-aï ten-ô, qui régna de 192 à 200 de notre ère, et sous le règne du mikado 0-ziu ten-ô, qui vivait de 270 à 312 de notre ère, les Japonais se servaient du coton tiré du Cotonnier, arbre (mo-men) dont les semences provenaient des San-kan (Etats de la péninsule Coréenne). Le Cotonnier, arbre qui donnait un duvet très court, dis- (1) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 49, n" 1583, 1880. (2j Lavallée (A.), Arboretuin Segrezianum, p. 6, 1877. (3) Siebold et Zuccarini, Flora Japonica, I, p. 63, tabl. 3910. (4) Thunberg (G. P.), Flora Japonica, p. 271. (5j Miquel (F. A. \V.), Prolusio floroe Japonicœ, p. 207. (6) Franchet et Savatier, Enurneratio, vol. I, p. 65, n" 266. (7) Sùmoku-Dusets, vol. XII, p. 123, n° 58. (8) Phomo-Zoufou, ou Ilon-w-dzu-fu, vol. XGXII, fol. 1-3 recto. (9; Léon de Rosny, traduction du Traité de l'éducation des Vers d soie au ^apon, de Slra-Kawa, de Sondai (Osyou), p. 79-80, 1868. 410 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. parut peu à peu et ne se rencontre plus au Japon. Il a été remplace parle Cotonnier herbacé (Sô-men), qui fut introduit dans l'île de Nippon par les Espagnols, à la fin du gouverne- ment des Syogouns Asi-Kaga, qui cessèrent de régner en 1572 de notre ère ou au commencement du règne des 0-da, qui succédèrent aux Asi-Kaga en 1573 de notre ère. Peu de temps après, la culture du Cotonnier herbacé fut substituée dans tout le Japon à celle du Cotonnier arbre. Le tableau des produits utiles, exposé dans la section japo- naise de l'Exposition, contenail, au n" 129, le Gossypium Indicum Wata, avec des spécimens de coton blanc. Près de là, on distinguait une vitrine destinée aux produits du Cotonnier, avec des parties de tige avec branches, feuilles et capsules laissant saillir le coton. La collection des produits végétaux renfermait, au n° 96, des bocaux remplis de capsules mûres de Cotonnier blanc. Dans la classe 21 (Tapis, tapisseries et autres tissus d'ameu- blement), on remarquait plusieurs échantillons de tapis en coton pluché du département de Sakai (province d'Idsumi); Des tapis de Tokio ; Des tapis de cotondu département d'Aichi (province d'Owari), et du département de Nagasaki (province de Hizen). Dans la classe 30 (Fils et tissus de coton) : Une vitrine à plusieurs compartiments remplis de coton brut blanc et de lils de coton de diverses sortes ; Des tissus de colon de Tokio ; Des spécimens d'Onion-pa-ori (sorte de tissu) du déparle- ment de Wakayama (province de Kii) et du département de Sakai (province d'Idsumi). Le Cotonnier est surtout cultivé sur le littoral, dans les provinces du Sud. Suivant M. de Geofroy (1), ancien ministre de France au Japon, on trouve dans les provinces septentrio- nales deux sortes de Cotonnier précoce, dont il a envoyé les graines à la Société d'Acclimatation : 1" graines dites Aoki tchôsen dané, de Cotonnier à grandes fleurs de couleur jaune- (1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, 3" série, t. VI, n"8, p. 452453, 1879, PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. A\\ soufre, avec cinq macules pourpres à la base interne des pé- tales ; 2" graines dites Tosa men hô clané, de Cotonnier à fleurs blanches, d'un quart moins grandes que les précédentes et moins ouvertes, avec les mêmes macules pourpres. D'après les renseignements de la Commission japonaise de l'Exposition (1), on sème les graines de Cotonnier dans les premiers jours de mai ; on avance de quelques jours dans les provinces chaudes ; on retarde de cinq à huit jours dans les provinces septentrionales. Les graines, avant d'être semées, sont laissées dans l'eau pendant un jour, puis elles sont mé- langées à de la cendre de paille de riz ; on les sème dans des sillons de 3 à 4 centimètres de large, distants de O'j^O; on recouvre avec un peu de terre, qu'on tasse légèrement. On voit sortir de terre la plante au bout de cinq à huit jours ; on tume alors avec les entrailles d'un poisson nommé Nishin (sorte onl{E.), Les essences forestières ilu Japon, i>. G3, 1879, (4) Ilon-zo-dzu-fa, vol. LXXXIII, fol. 10 recto. (5) rranchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 75, n^SOG. (6) Kwa-ivi,Arb., vol. IV, p. 122, n° 23. ^7) Miquel, Prolusin florin Japonicœ, p. 212. (8) Fraacliet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 75, n' 307. 4^2 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. 11 esl employé au Japon en ébénisterie et comme arbre d'ornement. D'après M. le D' Bretschneider (1), le Melia Azedarach, qu'on trouve aussi en Chine, où il est connu sous le nom de Shen-lien, est commun aux environs de la ville de Canton, où il est utilisé en ébénisterie. Les Japonais se servent en médecine du M. Azedarach sous le nom de Sen-yoo-si, sans indications précises. Le Melia Toosendan de Siebold et Zuccaiini (2), de Mi- quel (o), de Franchet et Savatier (4), que les Japonais nom- ment To-sendan, qui fleurit en mai dans l'île de Kiusiu, sur- tout dans la province de Hizen et dans l'île de Nippon, sur les montagnes d'Hakone. La famille des Méliacées fournit de plus : Le Cedrela Sinensis A. Juss. (5), Ailanthus flavescens de Carrière (6), Chianchin, que MM. Franchet et Savatier (7) donnent avec doute comme spontané, et que M. Maximowicz a observé dans les environs de la ville de Tokio. Le Cedrela Sinensis, ou Acajou de Chine, dont le bois est usité en ébénisterie, était représenté dans l'exposition chi- noise par deux spécimens dans la classe 44 (Produits des ex- ploitations et des industries forestières) : N" 1444, provenant des douanes chinoises de Chefoo ; N" 1460, provenant des douanes chinoises de Hankow. (1) Bretschneider (E.), Journal ofthe North-China brandi of the Royal Asia- tic Societij, vol. I, p. 143, n° 106, 188U. (2) Siebold et Zuccarini, Familiœ naturales, n° 186. (3) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 21 1. (i) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. 75, n" 305. (5) A. de Jussieu, Mém. Mus. hist.nat., vol. XIX, p. 255-291. (6) Revue horticole, p. 36i, cwm icon., 1865. (7) Fraiicliet et Savatier, Enumeralio, vol. I, p. 76, n" 308. [A suivre ^1 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIETE SÉANCE GÉNÉRALE DU 8 JUIN 4883 Présidence de M. Bouley, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser- vation. — M. le Président proclame les noms des membres admis dans la dernière séance du Conseil. JUiVJ, PRÉSENTATRURS. (' Alexandre Adam. Adam fils (Achille), banquier, à Boulogne- g^^.,^ Carmier-Adam. sur-Mer (Pas-de-Calais). ( 3^,^^ (.j,jg3,.j_ [ }\. Bouley. Beauchamp (Louis de), propriétaire, 1, ave- ^ j^i^g Grisard. nue d'Antin, à Paris. ) Paillieux. , ^. ,. f Comte d'Arcbiac. Broisia (comte de), au château de Neublanc, ^.^^^^^ d'Esterno. par Chaussin (Jura). ( p^ Quatrefages. Callot (Ernest), directeur de la Garantie ( H. Bouley. générale, société d'Assurances sur la vie, j Maurice Girard. rue de Vintimille, 19, à Paris. ( H. de Vilmorin. ( Alexandre Adam. Carmier (Etienne), banquier, a Boulogne- ^_^^.,^ Carmier-Adam. sur-Mer (Pas-de-Calais). ( j^l^^ q,i^^,,,i [ Comte de Uorlan. Danne (comte Léon de), à Angers et au ^.^^^^^^ d'Esterno. château de Charency (Saône-et-Loire). ( ^^ Quatrefages. ; Bouchereaux. Dautreville, pharmacien de 1" classe, 34, \ ^Q^^çi^.^^ Saint-Hilaire. rue Saint-Paul, à Pans. ( Saint-Yves Ménard. , ( H. Boulev. JuMEL(Alherl-Eug.), avocat a la cour d appel, ) ^ d'Halloy. à Amiens (Somme). j Raveret-Wattel. ,„ , ( Aimé Dufort. Lecoq (Louis-Philippe), fabricant d horloge- ^ Geoffroy Saint-Hilaire rie, 51, rue Turbigo, à Pans. ( j^,^^ ^.^.j^^^.^^ LOURADOUR-PONTEIL (Léon-Ernest-Félix), à I C. Bérenger. la Jiigière, commune de Saint-Léoiner, \ CoUin. canton de la Trimouille (Vienne). V de Quatrefages. . , , , ( }l. Bouley. NocAUD (Edmond), professeur a 1 Ecole vête- \ ^j^^pj^g Girard. rinaire d'AHorl (Seine). ( U ^,,. Vilmorin. 424 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. MM. PRESENTATEURS. RoussET (Henri-Victor), fabricant d'horloç^e- ( ^^'^^ '!,^''^°''^' . „., . rie, 51, rue Tarbigo, à Paris. / A- Geoflroy Sainl-Hilaire. [ Jules Gnsartl. SiREDEY (le docteur François), médecin des S. Blocli. hôpitaux de Paris, 66, rue Charles Laf- ■ G. Desbrosses, litte, à Neuilly (Seine). ( Saint-Yves Ménard. rp. „,, ,, , . » X ,A j r.1 . f A. GeoirrovSaint-Hilaire. Tartenson (le docteur A.), 10, rue de Ghà- \ , , ^ . , , , ,, . /' ' ) Jules Grisard. teaudun, a Pans. f , ^ \ de Qualrerages. rn /ni l K n, . r. 1 < . Il- BOUleV. Thierot (Charles), 61, avenue du Roule, à \ j. r euilly (Sein / , , n • j ■ "^ ^ \ Jules Grisard. ,r ,111 ^ • , • i Bouchereaux. VEYRASSAT (Jules-Jacques) , artiste peintre, \ , n «■ o • ni • T , , ] 1 PI- i . r, ■ A. GeotiroySaint-Hilaire. 7, boulevard de Clichy, a Pans. i ^ . ,r ,i . •" V •Saint-Yves Menard. E. Mahieux. Yzac. — Des remerciements pour les récompenses qui leur ont été attribuées sont adressés par MM. W. Jamrach, Oldham Cliambers, Richard Cail, Sardou, D"" Clos, Delaurier aîné, Lataste, comte de Montlezun, Nemetz, Noordhoek-Hegt, Rogeron, de Vilmorin, Mercier, Lefebvre, Biaise, Fallou, Lancelle, V. La Perre de Roo, D"" H. Moreau, Noël, Rathelot, Bastide, D' Bertberand, Chatillon, inar({uis de Brisay, Dietrich, Coûta nce, Douchy, Favier, Fontaine, IIonnoraty,Lamur, Lugrin, Menault, .Malapert, Beynard, Vérot, Dejernon, Litllewood, Briand et Huin. — MM. les Ministres des Travaux publics, de la Guerre, des Postes et Télégraphes, de la Marine et des Colonies, le Préfet de la Seine, les 3Ii- nistres de Portugal, de la République argentine et de Suisse, expriment leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique annuelle. — M. Brierre, de Sainl-Hilaire de Riez (Vendée), envoie une copie des Notes qu'il a adressées aux concours régionaux de Bochefort et de Blois. — M. le marquis de Pruns envoie des échantillons de ses terres de la Limagne d'Auvergne, et offre des minéraux et plantes pour les collec- tions de la Société. — 31. Gabriel Rogeron adresse une note sur les croisements qu'il a obtenus de diverses espèces de Canards (voy. au Bulletin). — M. Leroy (de Fismes) écrit à M. le Secrétaire général : « J'ai quel- ques nouvelles à vous donner de mes Perdrix du Boutan. J'ai en ce moment trois élèves de cette variété, dont un âgé de plus de trois se- maines. C'est le produit de six œufs, qui ont donné trois naissances. La PROCÈS-VERBAUX. 425 Poule qui les élève est chargée en outre de six Fciisandeaux Swinhoë. €es oisillons vivent ensemble et en bon accord. Je remarque que la «ourriture préférée des Perdreaux du Doutan consiste en vers de terre ; ils mangent aussi de la pâtée à faisans, des vers de farine et des œufs •de fourmis, asticots, etc. ; mais ils ont une préférence marquée pour les petits vers de terre. Celte espèce est familière, et je crois que, comme îa Perdrix de Chine, elle est susceptible d'élever plusieurs couvées dans Ja même saison. » Ce qui me porte à le croire, c'est que j'ai surpris l'aîné de mes élèves Routan offrant des Vers à ses deux frères plus jeunes. Je dois ajouter qu'avant de faire de ces sortes d'offres, il s'est préalablement gavé lui-même. » En ce moment, la Perdrix du Boutan couve elle-même une nouvelle série de six œufs. Je la laisse faire et ne lui aurais pas enlevé les pontes précédentes, si elle n'avait pas défait son nid à deux reprises. Cette es- pèce est très ombrageuse, et j'attribue ces deux symptômes de dépit à ce que des travaux de gazonnement avaient été faits dans les comparti- ments avoisinant le leur. » Cette fois, elles sont tranquilles, et leur réduit est absolument res- pecté. Le nid est en forme de corridor long de 30 à 35 centimètres, moitié creusé en terre, moitié voûté avec des brins de paille et formant cul-de-sac. Les œufs sont au fond, et je n'ai pu les apercevoir qu'à la condition de me coucher à plat ventre. Celle fois, il s'agil du troisième nid recommencé, et, chose digne de remarque, ce troisième nid a été construit invariablement à la même place, dans une encoignure de la partie couverte du compartiment. » Je ne crois pas que cette espèce ponde plus de six œufs à la fois, car ces œufs sont de la grosseur d'œufs de faisan de Mongolie, et c'est tout «ce qu'elle peut embrasser. » Reste à savoir si, la ponte commençant de bonne heure, vers le 10 mars, il n'y aurait pas trois ou quatre couvées successives par saison chez cette espèce, ainsi (|uc je serais porté à le croire. Attendons! » — M. Théodore Pavie écrit de Chazé-sur-Argos (Maine-et-Loire) : « J'ai l'honneur de vous adresser les renseignements que vous demandez aux membres de la Société sur l'arrivée des oiseaux migrateurs. Voici la date de leur apparition dans l'arrondissement de Segré (Maine-et- Loire) : D L'Hirondelle, le 1'^'" avril; la Fauvette à tête noire, le ',]; la Fauvette babillarde, le 4; le Rossignol, le 4 ; le Coucou, le 6; le Rossignol de muraille, le 7 ; le Torcol, le 20; la Tourterelle, le 26; le Martinet, le 27; le Loriot, le 30. > Les Martinets sont toujours très abondants dans les édifices des villes et dans les clochers des campagnes; mais j'ai remarqué depuis {•lus de dix ans une diminution très sensible dans le nombre des Hiron- 426 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. délies de fenêtre et de cheminée. A quoi cela peut-il tenir ? Ne serait-ce pas, pour la première de ces deux espèces, aux stores placés devant les ouvertures, et pour la seconde, aux tuyaux de tôle posés sur les cheminées des maisons neuves? On a tant bâti depuis un quart de siècle! » Passons, si vous le permettez, à d'autres animaux. A-t-on des don- nées sur la durée de la vie des Tortues? J'en connais une, de l'espèce dés Tortues de Terre de la Louisiane, — que l'on vend quelquefois à Paris dans les rues, — qui, toute jeune, fut placée dans un jardin, oii elle demeure depuis vingt-deux ans. On a soin de la rentrer dans les grands froids, quand on peut découvrir l'endroit où elle se blottit. » — M. Abel Leroy, de Roussainvilie (Eure-et-Loir) écrit: « Voici ce que je viens de trouver dans un journal de la localité : » Un arrêté de M. le préfet d'Eure-et-Loir, en date du 10 mai 1S83, » fixe les dates suivantes pour le faucardement des cours d'eau dans le » déparlement : » Du l""^ au 10 juin pour les cours d'eau d'une largeur moyenne infé- » rieure à quatre mètres ; » Du 1" au 5 juin pour la rive gauche, et du 20 au 25 juin pour la » rive droite, des cours d'eau d'une largeur moyenne supérieure à quatre » mètres. » / ., .^ » Or, la plupart des rivières de ce département étant très froides, il y a bien des chances pour qu'à cette époque les neuf dixièmes des œufs ne soient pas éclos (j'ai vu des Gardons frayer dans le Loir vers le 15 juillet). Nos cours d'eau sont dépeuplés ; avec des mesures administra- tives comme celle-ci, il est probable qu'ils resteront longtemps déserts. J'ai pensé un instant à ne pas me soumettre à cet arrêté, mais j'ai ré- fléchi que si je ne m'y soumettais pas, j'aurais un procès, et qu'en plus on ferait faire le faucardement à mes frais. » J'ai commencé dans mon vivier la récolte des œufs de Cyprins, que j'ai mis en incubation pour être lâchés dans le Loir et la Thironne, dès que les alevins auront la vésicule résorbée. » Donnez- vous donc du mal pour peupler des cours d'eau, quand un simple arrêté préfectoral suffit pour anéantir des milliers d'œufs ! » On ne pense toujours qu'aux canaux et aux rivières flottables ou navigables, quisontseuls protégés, et jamais aux petits cours d'eau, qui, à cause de leur développement de berges, nourrissent bien plus de pois- sons ; remarquez, de plus, que les premiers comptent à peine 12 000 ki- lomètres, et qu'il y a en France environ 130 000 kilomètres de cours d'eau ni flottables ni navigables, répartis un peu partout, et qui seraient la source d'une grande richesse si l'on se donnait la peine de les peupler de Cyprins et de protéger les alevins. » — jM. des Vallières, de Meaux, rend compte des résultats qu'il a obte- nus des œufs embryonnés de la grande Truite des lacs et du Salmo Namaycush : « Le premier de ces envois, qui contenait un petit lot d'œufs PROCÈS-VERBAUX. 427 fécondés, m'est parvenu dans des conditions très satisfaisantes. Ces oiufs o.it produit des alevins dans la proportion de 95 pour 100. » Les œufs du Salmo Namaycush, qui m'ont été envoyés en grande quantité, me sont parvenus pour la plupart altérés. J'estime à 50 pour 100 au moins le nombre des embryons qui ont dû être rejetés à leur arrivée, et pendant la période d'éclosion, on peut encore évaluer à 15 pour 100 les sujets morts dans l'œuf ou qui ont péri en naissant, .l'attribue ces nombreux décbets à la congélation qui s'est opérée pendant le trajet d'Amérique, et qui a produit des effets morbides plus ou moins actifs. Aussitôt après la résorption de leur vésicule, ces deux espèces ont été mises dans un petit canal dérivé du Brasset, ruisseau qui se jette dans la Marne à quelques centaines de mètres de là. » Ce petit canal, bien disposé et rempli d'une eau vive et courante, est favorable à ces poissons, qui croissent d'une façon normale, et qui seront livrés plus tard à eux-mêmes dans le Hrasset, d'où ils pourront se ré- pandre dans la Marne et remonter ses afiluents. » Il y a lieu de faire observer que les eaux de la Marne conviennent au genre salmone, car on a péché cet hiver, à Meaux même, des Truites pesant une et deux livres. » Dans l'élevage dont j'ai l'honneur de rendre compte, j'ai remarqué que le Salmo Namaycush croissait avec une rapidité telle, qu'il avait dépassé en deux mois la grande Truite éclose trois semaines avant lui. Il parait plus robuste et d'une acclimatation plus facile. » — '31. Rivoiron écrit des Échelles (Isère) : « Dans ma dernière lettre, je vous disais qu'il restait encore deux tiers d'œufs embryonnés de vos Sau- mons Land Locked à éclore; l'éclosion s'est faite dans les meilleures con- ditions possibles; je n'ai eu sur toute la quantité que fort peu d'œufs gâtés, devenus blancs de suite après l'éclosion. Par suite d'un auget exposé un peu trop au soleil, nous en avons perdu une cinquantaine. J'ai donné de l'ombre, et maintenant j'estime que nous n'en avons perdu en tout qu'une centaine; ils sont très jolis, bien gros et mangent depuis une quinzaine de jours; ils sont nourris avec des insectes, larves de Cousin et Daplinis ; nous pouvons produire avec nos six bassins environ un kilogramme par jour d'insectes. » Cette année, une épidémie, connue sous le nom de Champignon mous- seux, s'est déclarée chez nos jeunes alevins. Truites, Saumons métis venus de Bàle, et a fait beaucoup de mal; nous avons arrêté le mal en mettant dans les bassins beaucoup de charbon de bois, et en séparant les malades des autres; on peut ajouter à l'eau des Lymnés (Escargots d'eau); il suffit de quelques alevins malades pour communiquer le mal aux autres. Dans cette maladie, les alevins prennent les nageoires blan- ches, et sur le corps il se forme une mousse qui, airivée vers les ouïes, les étouffe rapidement. C'est la même maladie qui cette année a fait tant de mal au Collège de l'Vance, à Paris; elle n'a pu sans doute être arrêtée, 428 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. car l'eau venant par des conduits de toute espèce, il fallait supprimer les conduits pour détruire le Champignon, qui se forme surtout au passage de l'eau, et cela chaque année en avril et mai. » S'il vous était possible de ni'expédier de nouveaux alevins, vous m'obligeriez beaucoup; mais je crains que la distance qui nous sépare ne soit un peu trop grande. Je suis complètement à votre disposition pour les renseignements et observations sur la pisciculture. » — M. Noordoek-Hegt, de Apeldoorn (Pays-Bas), écrit : « Mon établis- sement de pisciculture ne va pas mal. La semaine passée, j'ai mis en liberté dans la rivière l'Yssel plus de 200 000 alevins et 5300 jeunes Saumons d'un an, sous le contrôle de la Commission nommée par le gou- vernement, MM. les professeurs Hubrecht et Hoffman. » J'ai conservé plus de 100000 alevins, dont probablement une par- tie sera lâchée encore et une partie restera dans mes bassins jusqu'à l'âge d'un an. J'ai une centaine de Saumons de Californie {Salmo (julnnat), nés dans mes bassins, et qui ont maintenant quatre ans. Ces poissons n'ont jamais été à la mer, et cependant ils sont en excellente santé ; ils ont 50 centimètres de longueur en moyenne. En octobre, nous sommes parvenus à féconder une quantité d'œufs, et maintenant les alevins se portent à merveille. Ce poisson est beaucoup plus hardi que le Saumon du Rhin. Mes essais avec le Salîiio fontiiiaUs^ Truite de l'Amérique (un très joli poisson), ont aussi très bien réussi. J'avais fait venir des œufs de l'Amérique pendant deux campagnes successives. Presque tous ces œufs ont succombé. Cependant des deux envois nous avons sauvé quelques centaines d'alevins. En octobre dernier, ceux du premier envoi avaient dix-huit ou dix-neuf mois, et déjà nous sommes parvenus à féconder artificiellement quelques centaines d'œufs, qui nous ont donné le même nombre d'alevins, et le tout est dans le meilleur état. Je suis sûr que s'il n'arrive pas de désastres, nous aurons des pro- duits par milliers de Salmo quinnat et de Sahno fontinalis. De Truites communes ou des fleuves et de Truites des lacs, j'ai eu cette année plus de 60 000 alevins, tous venus de poissons nés dans mon établissement. Ainsi il y a de quoi être content, et je serais heureux si je pouvais vous faire voir les résultats de mon travail. A l'Exposition universelle de Londres (maritime^ j'ai envoyé un modèle de mon hangar (pourréclo- sion), un plan de l'établissement et une vingtaine de bouteilles contenant des poissons, tous nés, sans une seule exception, dans mon établisse- ment. » — M. le comte de Lorgeril, château du Colombier (Côtes-du-Nord), écrit : « J'ai envoyé l'autre jour au directeur du Journal des cultiva- teurs un exposé de la méthode dont je me sers pour détruire dans mes pépinières, sur mes pêchers et dans mes serres, les Pucerons lanigères et autres. Ce moyen est simple et peu coûteux : c'est le jus de tabac prove- nant des manufactures, et que l'administration délivre aux propriétaires PROCÈS-VERBAUX. -429 sur le vu d'un certificat du maire de leur commune. Je ne connais aucune espèce de Pucerons résistant à un mélange d'une partie de jus de tabac sur dix parties d'eau. » Ne serait-il pas temps d'essayer ce poison végétal pour combattre le Phylloxéra de la Vigne? La dose du jus de labac pourrait être augmentée sans inconvénient, et, d'après ce que j'ai expérimenté moi-même, tout Puceron périt par un lavage des quatre cinquièmes de la plante et arro- sage des racines. J'ajoute, de plus, que tout insecte est éloigné par l'o- deur acre de la substance. » Le jus de tabac coûte en ce moment 75 centimes le litre ; je ne puis croire que l'administration ne fit un rabais considérable pour une expé- rience en grand et utile à l'agriculture. » Je n'habite pas un pays vignoble ; je ne sais si ce moyen a été tenté, mais cette idée me poursuit depuis quelque temps, et j'ai voulu vous la soumettre. » Le gouvernement, tout en se conservant le monopole des tabacs, pourrait livrer à bas prix, en employant les tiges et les matières défec- tueuses, en favorisant de plus la culture du tabac dans les pays où elle est pratiquée, cette substance, si elle pouvait être utile aux viticulteurs. » iMon procédé est-il bon? Dieu le sait. » — MM. Fallou, Clément et Zeiller remercient des graines ou cocons de Vers à soie qui leur ont été adressés. — MM. Cornu et Nagel adressent le compte rendu du résultat qu'ils ont obtenu des graines de Sericaria mori (race Verdolina Casati). — Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. le mar- quis de Pruns, d'Alidaii, Matliey, Dubard, Laporte, Em. Baré, Durous- seau-Dugontier, L. Ileynal, Octave Coignard et A. lîravard. — M. Maisonneuve, de Challans (Vendée), demande à recevoir des graines de Phaseolus radiatus. — Des remerciements pour les graines qui leur ont été envoyées par la Société sont adressés par MM. Bertoni, E. Meunier, Le Guay et Trouetle. — M. Th. Pavie écrit de Chazé (Maine-et-Loire): « A propos du très intéressant article sur le Pacanier, publié dans le numéro de mars, je ferai les remarques suivantes : La Pacane est assurément un fruit excel- lent, bien supérieur à la noix, et qui se conserve bien pendant deux ans. Il en existe d'assez beaux spécimens en Maine-et-Loire, à moins que l'hiver 1879-80 ne les ait fait périr. Mais sa croissance est d'une lenteur à décourager les moins impatients; il ne donne pas de fruits avant vingt-cinq ou trente ans. Quand j'étais en Louisiane — il y a longtemps! — les Indiens, nombreux à cette époque dans l'espace compris entre la rivière Rouge, la Sabine, le Missouri et l'Arkansas, abattaient les plus beaux arbres pour en cueillir les noix, qu'ils vendaient sur les plantations ; de celte façon d'agir, il résultait une véritable dé- i."30 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. vastalion, qui rendait les Pacaniers assez rares. La récolte d'un vieux pied peut être d'un hectolitre, comme le dit notre confrère M. Gri- sard. Je crois que cet arbre demande pour réussir la zone de l'Olivier ou au moins celle du Maïs. » Il existe une espèce de Noyer d'Amérique que je ne vois pas signalée dans l'article en question, et que j'ai entendu nommer Noyev de VOhio, parce qu'il était abondant sur les bords de cette rivière. 11 poussait vi- goureusement près d'Angers, dans un terrain d'argile compacte; il pro- duisait des fruits mauvais, mais d'une grosseur extraordinaire et par paquets de trois ou quatre. Sa feuille était très grande et sa croissance assez prompte . » Quant au Carija alba, qui commence à se répandre dans notre dé- partement, on en voit une belle avenue plantée par les soins de M. André Leroy, sur le terrain enlevé de ses pépinières par la route neuve d'Angers aux Ponts-de-Cé. » — M. Godefroy-Mollinger fait don à la Société de diverses graines qu'il vient de recevoir des États-Unis. — Remerciements. — M. François Sarazin adresse de Tokio (Japon) une petite quantité de semences de Rhus vemicifera. — Remerciements. — A propos de la lettre de AI. le comte de Lorgeril, M. Vavin dit que depuis longtemps il fait usage du jus de tabac contre les insectes et qu'il s'en est toujours bien trouvé. — M. le président fait également observer que le tabac est utilement employé pour combattre certains parasites qui se trouvent sur les ani- maux. — M. Millet fait une communication sur l'intérêt que présentent les réserves à poissons au point du vue de repeuplement des rivières. — M. le D' Camille Dareste présente diverses observations, complétant ses précédentes communications: de Vinfluence des secousses sur le développement de l'embryon et sur les végétations cnjptogamiques qui se développent à Vintérieur des œufs. Pour le Secrétaire des séances, Jules Grisard, Agent général. I. FAITS OIUERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Chèvres et Boiiquetiu«. Lettre adressée à M. le Directeur du Jardin zoologique d'acclimatation. Monsieur, l'ai l'honneur de vous remettre, par ces lignes, les réponses aux demandes que vous avez bien voulu m'adresser. 1" Les Clièvres domestiques, en Suisse, sont les races d'Appenzell et deToggenburg ; ce pays possède en outre une race singulière et remar- quable : — c'est la Chèvre du haut Valais, qui porte le nom de « Schwarz- hais » (cou noir). Cette Chèvre, comme son nom le dit, est moitié noire, moitié blanche; de belle forme, de race constante et très recommandable à cause de l'abondance de son lait. Gomme j'entretiens des relations avec mes collègues, MM. les inspec- teurs du Valais, je pourrais, si vous le désirez. Monsieur le Directeur, vous procurer des informations ultérieures sur ces Chèvres. La littérature traitant de ce point est très restreinte. Un ouvrage spé- cial n'existe pas; cependant vous trouverez des renseignements dans les livres suivantes : V. Tschudi, Thierleben der Alpenwalt (dont vous possédez probablement l'édition française); J. R. Steinmûller, Die Schweiz Alp. et Landirertschaft. 2" Quant aux liouquetins, je dois vous avouer, Monsieur, qu'ils n'existent plus en Suisse à l'état sauvage et en race pure. Vous trouverez alinéa i de l'article 15 de la loi fédérale sur la chasse, une disposition qui fait entrevoir, qu'en 1876 les Bouquetins avaient besoin iréire acclimatés dans notre pays pour rentrer dans l'ordre du gibier de chasse. Il est connu que le roi Victor-Emmanuel a réussi, au moyen d'énor- mes dépenses, à conserver et multiplier le Bouquetin dans ses districts de chasse privée de la vallée d'AosIe et de Cogne, en Piémont. Mais, à l'exception de quelques rares véritables Bouquetins, toute la coloniecon- sistait en bâtards du Bouquetin avec la Chèvre domestique, et ils avaient, pour la plupart, trois quarts de sang. — Les femelles bâtardes du pre- mier croisement, se montrant fécondes, furent de nouveau croisées avec (Rires.) Voilà les prémisses de son instruction, je continue, et ici je vous demande la permission de vous donner son texte même. Il est un peu raide, mais enlin c'est le sien. « Monsieur (il ajoute), l'homme est, de tous les animaux de la création, celui qui pue le plus (Rires) ; car le chien va chercher l'homme à quatre et cinq lieues, et l'homme ne peut pas aller chercher le chien. » Le renard sent l'homme à des distances énormes : la loutre encore bien davantage. Donc il faut arriver à dissimuler l'odeur de l'homme par tous les moyens possibles. Sans cela on ne prendra pas de loutres. » Nous allons, si vous le voulez bien, passer à la troisième partie de ses instructions, qui consistera à aller tendre un piège et à prendre toutes les précautions indispensables. Je vous dirai d'abord que la première chose à faire c'est de bien étudier son terrain. La loutre est palmée, vous savez tous cela; elle monte et descend la rivière. Examinez et vous voyez la trace de son passage; une fois cette trace trouvée, je vais vous dire ce qui vous reste à faire. La loutre a pour habitude de ne pas empoisonner son séjour; ainsi, pour obéir aux lois de la nature, elle sort toujours de l'eau, et elle sort de l'eau dans l'endroit qu'elle considère comme le plus propre, comme le plus sain, comme le plus joli, le plus lumineux enfin. Il faut donc, quand on a trouvé la place où la loutre a l'ha- bitude de sortir de l'eau, mettre une pierre blanche. C'est là aussi qu'elle s'arrêtera pour d'antres exercices, c'est-à-dire que la loutre ne reste pas dans l'eau. Le mâle et la femelle SUR LA DESTRUCTION DES LOUTRES. AS5 sortent toujours et vont dans les endroits les plus propres pour accomplir l'acte de la génération. Ceci donné, nous partons pour notre expédition. Nous emportons dans une brouette nos pièges, une bécho- toire pour faire le trou, de la mousse, quelques feuilles, à leur défaut du papier, un arrosoir, un petit instrument en forme de vis pour abattre et fixer le piège. La loutre est venue la nuit dernière, elle a déposé sa fiente. Vous savez comment elle est cette fiente : c'est une matjère qui ressemble beaucoup à de l'ardoise. Vous la décomposez et vous y trouvez des arêtes de poisson. Donc elle est venue, elle viendra la nuit prochaine ; pour nous emparer d'elle, nous allons prendre une foule de précautions. J'établis trois pièges autour de ma pierre, c'est-à-dire un piège à l'endroit où la loutre monte, un piège où elle descend et puis un troisième par derrière, une véritable batterie enfin. 11 importe de bien surveiller rétablissement du trou : il faut que le piège soit d'aplomb, que la planchette fonc- tionne aisément; il faut mettre une gouttelette d'huile au ressort; il faut que le piège soit d'une excessive sensibilité; n'oubliez jamais que la loutre est une espèce de félin, j'ai pris à mes pièges des rats et même des oiseaux. 11 faut dissi- muler la présence de l'homme. Pour la dissimuler, on doit commencer par mettre une planche sous ses pieds, « attendu, me disait mon trappeur, que les pieds de l'homme ne sont pas toujours des plus intacts ». (Rires.) Maintenant il faut dissi- muler fhaleine : pour mon instituteur, il n'y a pas d'homme qui ne fume, prise ou chique. Voilà son opinion. Par consé- quent, le tabac est l'accessoire obligé de l'homme, et la loutre se dit : « Il y a du tabac, donc un homme a passé par ici. » Il faut placer un bandeau sur la bouche du manœuvre qui opère, une planche sous ses pieds. Il faut se servir du poi- reau. «Le poireau, ajoutait mon instructeur, sent beaucoup plus mauvais que l'homme » : telle est f idée de ce brave insti- tuteur. La loutre se dira : « Voilà une odeur naturelle. » Elle ne se déliera plus. L'opérateur devra avoir les mains impré- gnées de poireau; la mousse que vous mettez sur votre 430 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. piège, votre piège, la feuille, tout est imprégné de poireau. J'ai oublié un détail : il faut que le piège n'ait pas de rouille; la rouille est quelque chose que l'animal sent d'une manière extraordinaire : il faut faire bouillir votre piège avant de partir, le placer dans de l'eau bouillante, avec du genêt, qui a la propriété de bien nettoyer le piège, puis essuyer avec un linge propre. Ealin vous garnissez votre piège. Votre ouvrier a les mains saturées de poireau; la mousse que vous mettez dedans est garnie de poireau; la feuille que vous mettez sur la lumière et la chaîne qui tient votre piège, tout cela est garni de poireau toujours, et une fois votre piège bien tendu, vous mettez de la terre veule, de la terre semblable à celle du lorrain qui est autour, qui l'avoisine, et puis vous prenez un arrosoir et vous arrosez le terrain qui a été occupé par vous et par votre manœuvre, pour faire disparaître tout indice du passage de l'homme ; bien entendu la chaîne doit être cachée, elle doit être couverte de terre. Enfoncez bien le pieu qui retiendra la chaîne du piège; la loutre a une force considérable et j'en ai trouvé une un jour qui était partie avec mon piège. Par bonheur, la chaîne s'était accrochée à un buisson, et j'ai pu ce jour-là contem- pler à mon aise mon ennemie, mais il n'y a pas toujours là un buisson pour vous venir en aide. Vous avez. Messieurs, écouté cette improvisation avec une telle bienveillance, que je veux finir par une petite histoire. Au seuil de cette communication, je vous ai dit que les lou- tres obéissaient à la loi d'amour dans l'endroit qu'elles trou- vaient le plus net, le plus lumineux. Un jour je faisais ma ronde dans le parc à cinq heures du matin, je trouve deux loutres prises (Cupidon avait été mon complice); je m'assure que les pattes sont bien serrées dans les pièges, je m'empare des deux chaînes et me voilà parti tenant les rênes et fouail- lant mes loutres comme des chiens. Je fais sonner la cloche du château : tout le monde se met aux fenêtres. J'avais chez moi alors un command.-mt d'artillerie de Mézières, qui avait quelque peu tourné en ridicule ma passion de trappeur. Sa SUR LA DESTRUCTION DES LOUTRES. 437 femme, sa fille et sa sœur, tous et toutes étaient effarés de ce réveil si matinal. J'arrive sous leurs fenêtres avec mon atte- lage aquatique, jugez de mon succès. « Je ne suis plus fou, n'est-ce pas ? » m'écriai-je. Je l'étais cependant, mais c'était de joie. En finissant, Messieurs, permettez-moi de vous donner un conseil : j'aperçois que parmi ceux-là qui me font l'honneur de m'écouter, il y en a beaucoup qui ne sont plus de la pre- mière jeunesse. Quand on est trop vieux pour chasser, il faut se faire trappeur, il y a là des jouissances réelles, et puis on a la satisfaction de se dire qu'on est utile à ses semblables. J'ai pris plus de 75 putois (après ce chiffre je n'ai plus compté), j'ai pris belettes, fouines, hermines, renards, mais j'ai pris surtout, et ce sont là mes vrais litres pour occuper votre bienveillante attention, j'ai pris 18 loutres en peu d'années; on vous dira peut-être que toutes ces précautions sont pué-' riles, mais toutes les fois que j'ai laissé les pièges entre les mains de mon jardinier ou des aides, ils n'ont rien pris; toutes les fois que j'ai agi moi-même, j'ai pris des loutres; je vous ai dit le chiffre. J'espère que vous ferez tous comme moi et je vous abandonne le fruit de mon expérience. (Applau- dissements.) M. le Président. — Eh bien, monsieur de Fiennes, nous ne sommes pas de votre avis. Vous nous avez beaucoup intéressés parce fragment d'histoire naturelle débité par ce trappeur, et je crois que tout le monde tirera son profit de ce que vous avez "dit. M. de Fiennes. — Je remercie M. le Président des paroles aimables qu'il veut bien m'adresser et je voudrais ajouter un mot à ma communication. Un de mes collègues me demande quelle est la nature du piège que j'ai pris. En général les pièges français ne sont pas très bons. J'ai acheté à mon trap- peur un piège que l'on dit, je crois, allemand. J'en ai fait fabri- quer plusieurs, sous mes yeux, par mon serrurier, et j'en ai fait exécuter l'année dernière un semblable aux miens pour notre collègue, M. Fontaine, dont la propriété est situéeprèsde Paris. OUSERVATIONS ET RÉFLEXIONS SUR L'HYGIÈNE DES BASSES-COURS ET DES VOLIÈRES SPÉCIALEMENT DESTINÉES AUX FAISANS Par Se docteur II. MOREAU^ Depuis cinq ans l'élevage des Faisans a été contrarié par unesuccession inouïe deprintemps et d'étés mouillés et froids, je parle de la région que j'habite (Vendée), et probablement mon observation s'étend à une grande partie de la France. Aussi les lamentations des éleveurs ont-elles été presque générales, si bien que plusieurs ont été envahis par le découragement. Malgré toute forte volonté et toutes précautions il ne dépend pas de rhomme de vaincre complètement les difticultés d'éle- vage résultant de l'inclémence des saisons. Cependant un esprit ferme et doué de persévérance ne doit pas céder abso- lument devant les difficultés. Comme tous les éleveurs j'ai beaucoup souffert, mais en même temps j'ai observé, j'ai étudié et je lutte. L'invasion presque générale delà diphtérie dans nos basses- cours et volières n'est-elle point la conséquence de Thumidité exceptionnelle de ces cinq dernières années? Je veux dire par là que cette humidité a été, non l'unique, mais un des prin- cipaux agents qui ont engendré cette elfrayante maladie, ainsi que d'autres affections moins graves dans leur aspect, mais qui exercent des ravages considérables : je citerai particuliè- rement encore le ver ou strongie du larynx qui a été jusqu'ici mon grand ennemi. Je l'ai signalé il y a déjà longtemps, et contre lui j'ai réclamé et cherché remède. Mes connaissances entomologiques ne me permettent pas de donner de ce para- site une description scientifique sur son origine, son évolu- tion et sa reproduction. Je ne saurais mieux faire que de rap- peler l'article de M. Périer, Bulletin n" 10, 1875, p. 586. J'ai eu tant de revers occasionnés par le Si/nyamus trachea- lis, que j'ai constamment dirigé mon attention sur lui, et j'ai SUR l'hygiène des basses-cours. 439 la conviction que de bien nombreux éleveurs qui ne s'en sont pas rendu compte comme moi, ont dû leur insuccès à ce terrible ver que les Anglais désignent sous le nom de gapes, parce que les oiseaux qui en sont atteints bâillent et toussent. Mais je n'ai jamais eu connaissance d'une description par les éleveurs anglais des vers qui produisent cette toux et ces bâil- lements, ni d'un remède efficace pour en guérir ou préserver les oiseaux. L'Angleterre étant un pays plus humide que le nôtre, j'y trouve, à l'appui de ma thèse, une preuve que l'hu- midité, surtout quand elle est jointe à la chaleur, joue un rôle prépondérant dans la production des strongles. Dans les saisons et pays très secs ce ver ne fait pas son apparition : l'hiver, la température froide ne se prête pas à son éclosion: ce n'est qu'au printemps et dans l'été que Thumidité et la chaleur réunies lui donnent naissance dans les milieux où il trouve à s'évoluer. D'après mes remarques, qui embrassent une dizaine d'an- nées, je suis aujourd'hui persuadé que les déjections des oiseaux constituent le milieu apte à recevoir les germes des syngames, et que, lorsqu'un terrain est souillé et surtout saturé de ces déjections, il devient farci de semence de strongles, qui y pulluleilt promptement, et, si une humidité chaude inter- vient, il V a une multiplication incalculable de ces insectes. J'ai souvent manié de la terre de mes volières et j'y ai trouvé de tout petits vers d'un blanc sale, mais isolés et jamais accou- plés comme dans le larynx des oiseaux, et d'une ressemblance frappante avec les vers retirés du larynx. J'ignore le mode de formation et de reproduction de ces insectes; mais j'ai l'in- time conviction que le fait est conforme à mon explication. Les oiseaux vivant dans leur volière piochent le sol, juste- ment peut-être pour rechercher ces vers qu'ils mangent, et c'est dans ce travail que le ver ou sa larve se glisse dans le larynx, où il élit domicile et vit du sang de l'oiseau, car, lors- qu'on le retire de cet organe, il est rouge etgorgé de sang; c'est là qu'il prépare peut-être de nouvelles générations en provoquant la mort lente par asphyxie ou épuisement de l'a- nimal qui le nourrit de sa substance. 440 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Suis-je dans le vrai? Je le crois. Mon opinion est le résul- tat de mes observations d'un fait naturel souvent vérifié. Je laisse aux observateurs micrographes le soin du contrôle scientifique de mes assertions, qui reposent sur des faits po- sitifs. Aussi qu'en est-il résulté pour moi praticien, après avoir constaté l'impossibilité de réussir l'élevage sur un terrain dont la fécondité en vers atteignant le larynx de tous mes Faisans me condamnait à y renoncer? Voulant pourtant éle- ver, il fallait rigoureusement trouver un remède. J'essayai l'ail et autres vermifuges dans les aliments; rien n'y fit. J'eus l'idée d'introduire des huiles insecticides dans le larynx; j'obtins des succès, mais incomplets. Enfin je fis usage d'un écouvillon de cheveux, dont j'ai fait la description dans le Bulletin n" 1, p. 1, 1880. J'ai ainsi parfaitement réussi à enlever les parasites, et ce procédé curalif est demeuré pour moi souverain sur les oiseaux malades. Mais en présence de la nécessité d'en faire constamment usage sur tous mes sujets, la pratique devenait fastidieuse et pénible. Je dus chercher un moyen préventif. Pour moi, j'établis en principe que tout sol habité depuis quelque temps par de nombreuses générations d'oiseaux, et saturé de leurs déjections, se transforme en une source iné- puisable de strongles et de leurs larves, et d'autres insectes microscopiques, et devient par conséquent impropre au suc- cès d'élevages ultérieurs, si les oiseaux surtout sont de nature à fouiller le sol avec le bec. Avec une telle conviction, que je possède fortement, que devais-je faire et tenter? Anéantir dans le sol de mes volières par des liquides insecticides toutes les larves; mais c'était assez dispendieux, et il aurait fallu une main-d'œuvre consi- dérable pour remuer le sol et l'imbiber, et il eût fallu sans doute renouveler souvent cette pratique. Un autre pro- cédé était de renouveler le sol lui-même; mais j'y voyais les mêmes inconvénients. Ou bien transporter chaque année ses volières sur un terrain neuf : tout le monde ne peut pas le faire, et la pratique en est impossible avec des volières fixes SUR l'hygiène des p.asses-couhs. M\ comme les miennes. Un autre moyen, mais encore inconnu pour moi, sérail d'empêcher sûrement toute fermentation des produits excrémentitielset des débris alimentaires qui souil- lent le plancher des comparlimenls. J'avais cru d'abord y réussir en bêchant le sol des volières et en enterrant les détri- tus de tout genre, qui devenaient un engrais pour la végétation que j'y cultivais. J'ai promptement reconnu l'insuffisance ou l'inutilité de ce travail. J'ai bien tenté les arrosages d'acide phé- nique, de sulfate de fer, de chlorure de sodium, le badigeon- nage à la chaux, tout cela, bon en principe et pouvant être très utile en certaines occasions, ne peut devenir d'une efficacité générale, constante et continue : l'oubli, la négligence, le manque de temps venant souvent en rendre l'application in- complète ou inopportune, on ne peut compter sur une garan- tie positive. Tout en adoptant et pratiquant ce qu'il y a de bon dans les diverses ressources hygiéniques que nous trou- vons dans les ingesta, les circumfusa et les applicata, j'ai donc imaginé un procédé plus radical et d'un fonctionnement sûr et automatique malgré son inertie. Bien qu'il m'en coulât, il s'agissait de sacrifier la culture de mes volières et de remplacer la verdure et les graines que j'y cultivais pour l'alimentation de mes Faisans, par des ver- dures croissant en dehors et distribuées aux oiseaux chaque jour. J'ai durci la surface de tous mes parquets de manière à empêcher le sol de s'imprégner du produit des déjections et à priver les oiseaux de le fouiller. J'ai donc fait enlever 12 à i5 centimètres d'épaisseur de terre dans toute l'étendue de mes volières, et j'ai remplacé cette épaisseur par une couche égale de béton. J'ai eu soin de respecter toutes les plantations d'arbres et d'arbrisseaux pour réserver de l'ombrage aux habi- tants. Depuis deux ans que j'ai exécuté ce travail, je n'ai eu qu'à m'en féliciter. D'abord mes plantations d'arbres que je craignais de voir périr n'ont nullement souffert. La surface entière de mes volières est unie et propre, et d'autant plus propre que, s'il survient une forte ondée, l'eau, en s' écoulant, lave au mieux toutes les malpropretés qu'elle entraîne à la partie déclive, car une pente de 5 centimètres par mètre ne 442 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. laisse pas subsister la moindre humidité, la moindre flaque d'eau sur toute la surface de mes compartiments. Chaque semaine, du reste, et plus souvent s'il le faut, un coup de balai nettoie toutes les fientes et autres débris, ce qui me fournit dans le cours de l'année une étonnante quantité d'ex- cellent engrais. Mes Faisans n'ont jamais les pattes et le plu- mage salis. Depuis deux ans cette amélioration m'a donc préservé de l'existence du ver laryngien chez mes Faisans. Cependant je dois avouer que l'an dernier et celte année j'ai eu trois ou quatre Faisans qui ont contracté des strongles. En voici l'ex- plication. Autour de chaque plantation j'ai laissé quelques centimètres de surface de terre ancienne pour la végétation des plantes. Les Faisans, ayant la rage de fouiller le terrain, ont remué avec le bec ce peu de terre qui recelait évidem- ment des syngames ou leurs larves. Dès que j'ai vu ces quel- ques Faisans tousser et languir, je les ai immédiatement et radicalement guéris en leur retirant du larynx, à l'aide de mon écouvillonen cheveux, les vers rouges dont ils souffraient. De sorte que je n'ai eu depuis deux ans aucun décès impu- table à ces parasites. Pour moi ce résultat est décisif et fortifie mon opinion. Gomme preuve à l'appui, je puis encore ajouter l'observation suivante. Chaque année, en ce moment, par exemple, j'élève des familles de Poulets sur des tas de fumier. Ceux qui picorent sur le fumier de mes chevaux sont indemnes. Ceux qui sont parqués sur l'emplacement des fumiers de basse-cour et de volières sont tous atteints de vers laryngiens. Je viens à l'instant de les guérir en leur écouvillonnant le larynx, dont j'ai retiré, chez quelques sujets, jusqu'à 30 strongles de différentes gran- deurs. Comme résultat pratique, depuis deux ans, malgré le temps leplus contraire que nous ayons jamais subi, j'ai réussi à élever plusieurs centaines de Faisans, alors que les années précéden- tes, je n'en avais pu réussir un cent sur le même terrain ; en- core ne parvenais-je à conserver ce petit nombre qu'à force d'é- couvillonnements répétés sur tous mes sujets, besogne pénible sur» l'hygiène des basses-cours. 443 et qui devenait dangereuse quand il fallait la renouveler tous les jours au milieu d'une population rendue de plus en plus sauvage par l'emploi du filet destiné à prendre les malades. Ces faits concourent donc lousàral'tirmation de ma théorie. En étendant cette théorie à d'autres affections, la diphtérie surtout, serait-il téméraire de dire que prohablement les mêmes causes engendrent d'autres effets qui ne sont peut-être pas sans analogie, si surtout, comme le décrit M. Bachy (Bull., n" 9, p. 520, 1881), on admet, dans cette affreuse maladie, l'existence de microzoaires infectants, trouvant leur élément d'origine dans les déjections des oiseaux de volières et basses- cours, et se développant par la fermentation qui.s'y produit sous l'influence de l'humidité et de la chaleur. Toujours est- il que cette etfrayante affection dont j'ai été un moment me- nacé par l'introduction dans mes parquets d'oiseaux conta- gionnés, n'a pas pris de développement et a disparu totalement depuis que j'ai fait bétonner ma basse-cour comme mes com- partiments de volières. De celte façon, en effet, la propreté la plus complète et la plus permanente est facile à obtenir. La pluie elle-même, surtout quand elle est abondante, au lieu d'être une cause efficiente de propagation morbide, devient un mode parfait de nettoyage. S'il fait chaud et sec, les excréments des oiseaux se concrètent et aucune fermentation ne peut s'y pro- duire. Je crois donc que le bétonnement est le moyen jusqu'ici le plus efficace contre toutes les maladies infectieuses ou para- sitaires qui menacent nos volières et nous préparent les décep- tions que chacun de nous accuse depuis plusieurs années. Quand je parle de béton, je ne prétends pas qu'il n'y ait rien autre chose pour durcir le sol des volières et basses-cours ; mais je l'ai adopté comme étant plus économique pour moi, d'autant mieux que la chaux qui constitue une de ses parties ne se prête, ni physiquement, ni chimiquement, à former re- paire ou aliment aux divers parasites ou à leurs larves, aux microbes ou autres germes infectieux pouvant se développer dans les produits organiques par leur fermentation. Ma conclusion, qui découle de mon opinion basée sur mes observations, est donc que, pour continuer d'élever des Fai- ^M SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. sans ou autres oiseaux analogues dans une volière, sans s'ex- poser aux parasites quelconques, microscopiques ou saisis- sables à l'œil, qui ruinent l'éle-vage, le mieux est de durcir le sol des parquets avec pente suffisante; néanmoins ne pas ou- blier d'y conserver des plantations résistantes et ne pas omettre d'installer une partie abritée toujours sèche et sablée, où les oiseaux peuvent à l'aise se poudrer et où les vers ne se déve- loppent jamais à cause de l'absence d'humidité; il est du reste toujours facile de nettoyer et de rafraîchir cette surface sèche et sablée. En outre il n'y a pas lieu d'abandonner ou de négli- ger les autres moyens de salubrité déjà connus et mis en pra- tique. Si, malgré toutes précautions des vers, viennent au larynx des oiseaux, il reste la ressource de les guérir par l'em- ploi de mon écouvillon. Si la diphtérie envahit quand même les habitants des parquets, et dans ce cas elle a bien chance d'avoir été introduite par des oiseaux contagionnés venus d'ail- leurs, alors s'offre l'occasion de pratiquer le traitement, que je crois très recommandable, de M. liachy (voy. Bulletin, n^O, p. 520, 1881). Je serai heureux si quelque jour, à la suite de recherches plus approfondies et plus compétentes que les miennes, les faits que je relate et l'opinion que j'émets reçoivent leur con- firmation scientifique conformément aux découvertes de l'é- cole de M. Pasteur, et si les principes que son génie a révélés pour le plus grand bien des races animales, et finalement de l'homme, trouvent leur application dans l'élevage et la multi- plication des hôtes ailés qui passionnent et charment notre existence. LA BARDANE DU JAPON Par M. Jean DYBOWSKl Maître de Conférences d'horticulture à l'École d'agriculture de Grignon., Ce n'est pas d'aujourd'hui que le besoin, d'introduction de plantes nouvelles, pouvant entrer dans l'alimentation quoti- dienne, se fait sentir. Les légumes, en effet, dont nous disposons, sont d'un nombre fort restreint, surtout parmi les plantes de culture facile, et d'ail- leurs ce nombre serait-il encore bien plus considérable, qu'il y aurait tou- jours place pour des plantes présen- tant de véritables qualités organolep- tiques et une grande facilité de culture. Dans cet ordre d'idées, ce que l'on doit d'abord demander à un légume nouveau, c'est de contenir en abon- dance des substances assimilables et nutritives, et aussi de ne pas posséder de saveur trop prononcée. Ce goût, en effet, serait-il des plus agréables, qu'il empêcherait néanmoins la plante qui le possède de se répandre et de tomber dans l'alimentation courante, par la raison que cette saveur, agréable pour certaines personnes, ne le serait pas pour d'autres. C'est pour ces raisons que la pomme de terre est devenue et restera une plante universellement cultivée, tandis que les Céleris bul- beux, par exemple, ou bien encore les Topinambours, ces plantes de culture si facile, ne seront jamais que d'un usage restreint. Se plaçant à ce point de vue, ce seront toujours les légumes racines ren- 446 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. fermant de la fécule ouderinuline sans mélange de principes aromatiques trop accentués, qui auront le plus de chance d'être accueillis a^ec faveur par le public. Enfin une dernière considération déterminante, dont il y a lieu de tenir compte, c'est la facilité et aussi la rapidité de culture. Si la plante est exigeante au point de vue de la cha- leur ou seulement de l'eau, sa culture se trouvera destinée exclusivement aux cultivateurs de profession. Or rien n'est plus difficile que de faire sortir un jardinier des cultures qu'il est habitué de faire pour en adopter de nouvelles ; cela se comprend, jusqu'à un certain point, car pour qu'un légume se vende bien sur le marché, et c'est le seul point qui inté- resse le producteur marchand, il faut qu'il ait déjà obtenu ses lettres de crédit auprès du public. Chacun connaît à ce propos l'histoire de l'introduction de la pomme de terre qu'il est inutile de rappeler ici. Je le répète donc, il faut que le légume nouveau soit de cul- ture facile, afin que l'amateur puisse le cultiver lui-même, le répandre, et habituer peu à peu le public à s'en servir. Ce n'est qu'à ce moment-là que le cultivateur pourra s'en empa- rer et le cultiver en grand. La Bardane comestible me semble réunir bon nombre des qualités dont je viens de parler. La Bardane comestible est originaire du Japon. Importée par von Siebold, puis par plusieurs autres voyageurs, sa cul- ture fut essayée à plusieurs reprises en France ; mais, soit que les essais culturaux aient été mal conduits, soit plutôt que les graines importées provinssent de variétés peu perfectionnées, ces essais n'ont abouti à aucun résultat satisfaisant; si bien que quand en automne 1881 j'en présentai des spécimens à à la Société centrale d'Horticulture, ce légume fut déclaré inconnu et remis à une commission chargée de le déguster et de dresser un rapport de ses appréciations. La Bardane comestible, connue chez les Japonais sous le nom de Gô-bô, a été successivement désignée sous le nom de Lappamajor, L. edulls, L. tomentosa; mais, sans rentrer dans des discussions qui ne sauraient trouver place ici, il est permis LA BARDANE DU JAPON. 447 d'affirmer que, suivant toute probabilité, c'est à lapremière de ces espèces que doit se relier le Gô-bô dont il n'est qn\me variété, et ce serait donc à tort que l'on a essayé d'en faire une espèce à part. Tous les caractères végétatifs, ainsi que ceux tirés de la fleur et du fruit, sont identiques à ceux du Lappa major, à la couleur et la dimension près, ce qui, comme on le sait, ne constitue que des caractères de peu d'importance. 11 est probable que des Lappa major pris dans nos champs, où ils croissent avec abondance, et soumis à une culture et à une sélection intelligente, arriveraient à fournir des racines comes- tibles semblables à celles du Gô-bô des Japonais. Quoi qu'il en soit, la plante dont je viens vous parler, est caractérisée par des feuilles de très grande dimension, mais en petit nombre, cinq à sept au maximum. Chacune de ces feuilles mesure environ 30 à 35 centimètres de long sur 20 de large. Le pétiole, ainsi que la partie inférieure des feuilles, est cou- vert d'un abondant tomentum blanc, que l'on trouve même répandu sur tous les organes aériens à l'état jeune. La forme de ces feuilles est celle de toutes les Bardanes, c'est-à-dire sa- gittée et cordiforme à la base. La racine, qui constitue la partie comestible de la plante, est pivotante et fusiforme, d'une longueur moyenne de 20 à 25 centimètres sur 0 à 7 centimètres de circonférence à la partie médiane. (Voy. la figure p. 445). Pour ce qui est des tiges, des fleurs et des fruits qui n'apparaissent que la deuxième année, ils ressemblent en tout point aux autres Lappa avec des dimensions amplifiées. Telle est la plante que j'ai obtenue d'un semis de graines qui m'a été envoyé du Japon en i(S81, par M. J. Dautremer, attaché à la légation de France à Tokio. Dès la réception de ces graines, qui eut lieu dans les pre- miers jours de juin, je les fis semer dans une terre profondé- ment défoncée et riche en engrais décomposé. Quelques jours après le semis j'eus la satisfaction de voir que les graines germaient très bien, ce qui n'est pas toujours le cas de celles venant de si loin. Les seuls soins cvdturaux que je fis donner au plant furent quelques arrosages et une éclaircic MS SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. destinée à laisser entre chaque plante une distance de 10 cen- timètres environ. Trois mois après le semis ces racines avaient acquis un développement tel, que je jugeai le moment venu de les livrer à la consommation. Ce premier essai tut assez satisliiisant pour que je n'hésite pas à venir présenter la Bardane comes- tible comme une plante d'avenir assuré. Au demeurant, voici en quoi consiste sa culture et aussi quelles sont les qualités qu'elle me semble présenter. L'époque la plus favorable pour le semis, bien que celui-ci puisse sans inconvénient être fait toute l'année, est la fin du printemps et le commencement de l'été. La plante est peu exi- geante sur le choix du sol, pourvu que celui-ci soit bien ameubli ; néanmoins les terres riches et un peu compactes sont celles qui lui conviennent le mieux. Les semis doivent être faits soit à la volée, soit en rayons, puis éclaircis un mois environ après. C'est dans le troisième et le quatrième mois après la semaille que la récolte des racines peut être faite. A l'arrachage il n'est pas rare que, comme chez les salsifis et les scorsonères, les racines soient bifurquées, mais chacune des ramifications acquiert habituellement un volume suffisant pour être utilisée. On peut encore cultiver le Gô-bô en semant en pépinière, puis en faisant un repiquage, mais alors la bifurcation est de règle, ce qui d'ailleurs ne fait qu'augmenter le produit tout en le rendant de moins belle qualité. Le Gô-bô résiste bien au froid et il peut, sans inconvénient, hiverner dans le sol ; il se ramifie alors beaucoup et chaque touffe donne une douzaine de fortes racines comestibles. Dans le cas où l'on désire laisser les Bardanes longtemps dans la terre, il convient de les espacer davantage, soit en moyenne de 30 à 35 centi- mètres en tous sens,, chacune des touffes développant un feuillage abondant. Enfin, comme chez les salsifis, il n'y a pas lieu de s'inquiéter de la montée à fleur, le pied n'en reste pas moins producteur de racines parfaitement tendres. D'où il résulte que la culture peut être de deux sortes : 1» semis en juin-juillet et récolte après trois mois; LA BARDANE DU .lAPON. M9 2" semis, repiquage après un mois, récolte en hiver ou au pi'intemps suivant. Les racines de Bardane Sfî consomment exactement de la même façon que celles des salsilis et des scorsonères, c'est-à- dire qu'après les avoir grattées, on les fait cuire dans de l'eau salée pendant environ une demi-heure, puis on les accom- mode suivant son goût comme les autres légumes. Le goût ressemble un peu à celui des salsifis, tout en étant moiûs accentué, mais pour ce qui est du rendement et surtout pour la rapidité de la culture, ces deux plantes ne sont pas comparables. Chacun sait en effet que le salsifis exige une année de culture; la Bardane ne demande que trois mois. Je viens donc aujourd'hui offrir cette plante au public avec toute la confiance que m'ont donnée deux années d'essais les plus fructueux. C'est maintenant aux Sociétés, aux amateurs aussi, qu'incombe la tâche d'en répandre partout la culture, con- vaincu que je suis que cette plante est appelée à rendre les plus grands services, notamment pour l'alimentation des classes laborieuses. On a dit que les feuilles de la Bardane pourraient être blanchies et consommée soit cuites, soit crues en salade; je n'ai pas fait d'essai dans ce sens, mais je me propose de les commencer dès cette année. Ce serait une récolte de plus four- nie par cette plante précieuse, qui trouvera désormais, j'en ai la conviction, place dans la culture de tous les potagers. 3" SÉRIK, T. X. — Août 1883. 29 Il- TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. NOTES SUR L'ÉLEVAGE, LE TRAlTEMEiNT, etc. DES AUTRUCHES DANS L'AFRIQUE AUSTRALE Par M. L.AVi:iVÈRE, consul de France au Cap. La première préoccupation du propriétaire qui entreprend l'élevage de l'Autruche doit être de choisir avec soin la partie du terrain qu'il destine à ces oiseaux : un sol sablonneux et alcalin, sans toutefois être aride, leur convient très bien. La dimension des enclos doit être aussi étendue que possible, et, en effet, plus l'espace est grand, plus il y a de facilité pour l'Autruche de trouver une nourriture suffisante ; il faut que ces parcs soient bien clos, et, comme cette question de clôture est une des plus importantes, il me semble utile de donner quelques détails sur l'inslallation usitée au Cap. Pour les oi- seaux âgés d'environ trois ans, la hauteur des palissades varie entre 4 et 6 pieds ; on se sert généralement de poteaux en fer ou en bois fixés solidement en terre, à 4 mètres de distance, et supportant trois rangées de fils de l'er assez gros, placés respectivement à environ un pied ou un pied et demi ; au- dessus de ces poteaux de soutènement, il est bon de poser sur toute la longueur de la clôture une traverse en bois, de façon à ce que les oiseaux puissent ainsi apercevoir les obstacles et ne viennent pas se jeter contre les fils de fer. Il est bon d'en- trelacer cette clôture de branches de feuillage pour rendre la séparation plus apparente; cette observation s'aj)plique plutôt aux oiseaux reproducteurs, les propriétaires du Gap laissant, en général, les Autruchons courir presque en liberté dans les champs jusqu'à l'âge de près de trois ans. L'étendue des parcs varie suivant les ressources des éle- veurs; ceux qui possèdent de vastes fermes disposent quel- quefois de dix à vingt hectares par paire ; d'autres, au con- DES AUTRUCHES DANS l'aFRIQUE AUSTRALE. 451 traire, ne peuvent sacrifier qu'un hectare, et même moins; mais alors surtout on est obligé de substituer une nourriture végétale et artificielle à celle des champs. Dans l'un comme dans l'autre cas, les résultats obtenus sous le point de vue de la reproduction et du plumage sont identiques. Je dois dire, à ce sujet, que les oiseaux accouplés ou reproducteurs doivent être mis dans des enclos séparés, à moins toutefois que ces enceintes soient de dimensions telles, que les Autruches puis- sent fîicilement s'isoler les unes des autres et s'accoupler. On doit éviter de laisser approcher les Chiens des enclos où se tiennent les Autruches, car celles-ci en sont très ef- frayées; elles se jettent alors contre les clôtures, et on peut attribuer à cette cause une grande partie des accidents qui surviennent. Il est très difficile de pouvoir disliniiuer le mâle de la fe- melle chez les Autruchons; ce n'est que lorsqu'ils atteignent l'âge de douze mois que les plumes du mâle commencent à devenir noires, tandis que les femelles conservent leur cou- leur grisâtre, bien que chez l'un comme chez l'autre les plumes du dessous des ailes soient blanches ; elles sont d'ail- leurs assez appréciées sur les marchés européens. J'indique ci-après les principales classifications des plu- mes, eu suivant l'ordre de la valeur qu'elles peuvent repré- senter : Plumes des ailes (blanches). id (id. , provenant des femelles). Plumes de fantaisie. . . (blanches et noires). id. noires (longues, moyennes et courtes). id. grises id. id. id. 11 y a, pour les éleveurs, certaines précautions à prendre, selon qu'il s'agit d'Autruches accouplées ou d'Autruchons ; les premières nécessitent peu de soins, tandis que les seconds exigent une attention continuelle. Pour les Autruches, il suffit, en effet, de veiller à ce qu'elles soient pourvues d'une nourriture abondante et saine, à ce que l'eau ne leur manque pas, et enfin à les soigner en cas de maladie. Pour les Autru- 452 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. chons, [lu contraire, de plus grandes précautions sont néces- saires ; dès le lendemain de leur naissance, on peut, si le temps est beau, les lâcher dans les enclos, mais, autant que possible, il faut choisir un endroit abrité du vent et où se trouve du gravier; le troisième jour, ils commencent à bec- queter les jeunes herbages et le gravier. Ils peuvent alors mangei', et il est bon de couper pour eux, en petits morceaux, du fourrage vert, de la luzerne, par exemple, etdeleur donner des os concassés. On doit avoir soin aussi de leur verser de l'eau claire dans un baquet et de la renouveler toutes les vingt-quatre heures, non pas autant pour satisfaire la soif de l'oiseau, qui, jeune ou vieux, boit très peu, mais plutôt pour l'encourager à s'abreuver, ce qu'il ne ferait pas si l'eau n'était pas limpide. On doit rentrer lesAutruchons tous les soirs pour les renfermer dans une remise assez chaude, en ayant soin de leur faire une bonne litière ; après le troisième ou le qua- trième jour, on les voit souvent manger les excréments des Autruches, et même ceux des Vaches, s'ils passent près des étables. Il ne faut pas les laisser sortir si le temps est pluvieux ou si le froid est intense ; en un mot, on doit éviter de les exposer à l'intempérie des saisons, La situation atmosphé- rique de ce pays permet aux éleveurs de laisser les oiseaux nuit et jour dans leurs enclos dès qu'ils sont âgés de plus de six mois, et si parfois on les rentre, ce n'est que pendant l'hiver ou dans la saison des pluies. Il est à remarquer que les Autruches supportent bien mieux les privations en vieillis- sant. Pour les jeunes oiseaux comme pour les vieux, on doit veiller à ce qu'ils aient suffisamment à manger; les Autru- chons notamment demandent une nourriture saine, de l'herbe coupée, des os broyés et du grain (blé, orge ou mais), dans la proportion d'une livre par oiseau et par jour. Les Autruches pondent généralement lorsqu'elles ont en- viron quatre ans; le nid se compose d'un trou légèrement creusé dans le sable, et c'est ordinairement le mâle qui le prépare. La femelle ne pond pas toujours dans son nid, sur- tout dans les premiers temps; mais alors le mâle y ramène l'œuf peu à peu. Pendant l'époque de la ponte et de l'incu- DES AUTRUCHES DANS l' AFRIQUE AUSTRALE. 453 bation, celui-ci se montre très irritable ; les jambes, sur la partie inférieure de devant, et le bec deviennent rougeâtres, et il serait alors dangereux d'entrer dans l'enclos. On sait, en effet, que la seule défense de l'Autruche consiste dans les coups de patte qu'elle peut donner, et qui suffisent pour casser une jambe ou un bras; plusieurs personnes ont même été tuées par eux. Ce que l'on a de mieux à faire pour éviter le danger, si l'on est poursuivi par eux, c'est de se jeter à terre, à moins toutefois qu'on ne puisse parvenir à les saisir et maintenir parle cou, les rendant ainsi hors d'état de pouvoir faire du mal ; si on se trouve muni d'une branche de verdure, en la brandissant dans l'air on arrive presque toujours à mettre l'Autruche en fuite. Il ne faut pas, du reste, entrer dans les enclos sans nécessité; on doit, en effet, y laisser les œufs, et, dans le cas où on voudrait en retirer, on peut prendre de préférence les premiers pondus, lesquels, précédant quel- quefois les autres de huit ou quinze jours, n'offrent pas toutes les garanties nécessaires pour l'incubation; en thèse générale, chaque oiseau pond de douze à dix-huit œufs; l'œuf pèse en- viron trois livres, et on estime qu'il représente une valeur nutritive égale à vingt-quatre œufs de poule. Lorsqu'on veut faire couver par les oiseaux, ceux-ci doivent être séparés par paire; si au contraire on a recours à l'incu- bation artificielle, on peut placer deux femelles avec un mâle; mais il faut, dans l'un et l'autre cas, s'abstenir de plumer les oiseaux pendant la période correspondante. Les Autruches pondent habituellement toutes les quarante-huit heures, et la période d'incubation dure environ quarante-deux jours. Cette question d'incubation artificielle a été vivement discutée par un certain nombre d'éleveurs, qui prétendent que les pous- sins ne présentent pas les mêmes caractères de force et de santé que ceux couvés par le père et la mère ; on sait, en effet, que le mâle se substitue à. la femelle lorsque celle-ci quitte le nid pour aller manger, et il s'acquitte de celte mission avec autant de soin que sa compagne ; mais ce procédé a pour con- séquence de retarder la ponte et d'occasionner la perte de beaucoup de plumes, qui se détériorent, chez le mâle aussi 454 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. bien que chez la femelle, par leur contact presque continuel avec la terre. L'opinion du chirurgien-vétérinaire de la colonie du Gap est que les poussins couvés au moyen d'incubateurs artificiels peuvent devenir aussi sains et vigoureux que ceux couvés par les procédés naturels, pourvu toutefois que l'appareil soit disposé et réglé de façon à remplir toutes les conditions es- sentiellement requises pour l'incubation naturelle. Parmi les incubateurs en usage pour couver des œufs d'Autruche, ceux {( à lampe » sont considérés comme préférables à ceux qui fonctionnent par le système d'eau bouillante, laquelle, versée dans un réservoir ad hoc, maintient le degré de température nécessaire. Ces deux espèces d'appareils se rencontrent aussi bien pour les couveuses artificielles destinées aux œufs de poule que pour celles en usage pour les œufs d'Autruche ; le principe est le même, la seule différence consistant dans les proportions requises et pour la grandeur de la machine et pour la chaleur atmosphérique correspondante. La tempéra- ture des incubateurs ne doit pas être trop élevée, et, en règle générale, ne pas dépasser 96 degrés Fahrenheit, bien que la température normale de l'Autruche soit de 102 degrés ; mais celle des œufs, dans les nids, ne peut jamais atteindre ce chiffre, car il y a lieu de tenir compte de quelques degrés en moins pour la radiation et la dispersion de la chaleur. Il y a chez les Autruches des organes excessivement délicats. Si ces oiseaux peuvent digérer aisément, s'il est facile de les nourrir, si, arrivés à un certain âge surtout, ils peuvent sup- porter de grandes privations, ils n'en sont pas moins exposés à des maladies sérieuses d'origine et de provenances diverses ; il est reconnu que le cou et la tête sont les points les plus sensibles et les plus difficiles à soigner. Ces animaux se bles- sent, soit en venant se heurter contre les palissades, soit au- trement; si la lésion est interne, on peut laisser agir la na- ture ; et si, au contraire, la blessure est visible, c'est-à-dire si elle présente le caractère d'une plaie (que la partie malade soit la tète, le cou ou le restant du corps), il convient d'abord de laver délicatement avec de l'eau chaude la blessure, de DES AUTRUCHES DANS l'AFRIQUE AUSTRALE. 455 façon à enlever la saleté qui a pu y pénétrer; on doit ensuite dégager les plumes environnantes et réunir les points opposés de la plaie par des ligatures séparées, cette opération se fai- sant au moyen d'aiguilles chirurgicales. On frictionne alors le tout avec de l'huile phéniquée, afin d'empêcher les mouches de s'en approcher; mais cette préparation doit être mélangée d'huile d'olive dans la proportion de 1 à 20. Si les blessures sont profondes, on peut les entourer de cette même prépara- tion, jusqu'à ce qu'une nouvelle chair vienne à se former. Les éleveurs d'Autruches dans cette colonie considèrent comme perdue toute Autruche qui a une jambe cassée, bien que dans quelques cas exceptionnels on soit arrivé à un ré- sultat assez satisfaisant par la chirurgie. A la suite d'un accident, les oiseaux laissent quelquefois pendre leurs ailes, les extrémités étant endolories ; on les rat- tache alors en les plaçant dans leur position normale au moyen d'un bandage fixé sur les reins ; cette opération simple et fi\cile constitue une des manières les plus expéditives et les plus assurées de guérison. La plus grande mortalité parmi les Autruchonsa lieu entre l'âge d'un à trois ans ; ils sont alors atteints d'une maladie désignée sous le nom de « yellow liver », sorte d'affection ou engorgement du foie. Les principaux symptômes se manifes- tent parle passage subit d'un état plantureux à un état d'af- faiblissement et d'abattement; l'oiseau replie son cou, pousse des cris plaintifs, se traîne derrière les autres, et on peut remarquer que la paupière est cernée d'une légère teinte blanchâtre; les jambes prennent une couleur rosée et maigris- sent sensiblement ; pendant la nuit, le malade se tient couché, tombe facilement, se relève avec peine, et parfois même on observe des signes de constipation. Les Autriichons ainsi attaqués sont très difficiles à soigner, et, s'ils guérissent, ils conservent durant longtemps une apparence débile. On n'a pas encore découvert les causes de cette maladie; aussi les remèdes sont-ils extrêmement vagues; cei)endant l'expé- rience croit avoir reconnu que les soins à donner dans ce cas doivent être de varier la nourriture en changeant presque 456 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. entièrement le système de nutrition, de placer les oiseaux dans des enclos présentant un aspect différent de celui qu'ils occupaient avant leur maladie, et d'éviter de leur donner à manger quelque chose de cuit ; un peu de blé ou de maïs leur est très avantageux, et si on leur distribue du fourrage, il doit être en plein état de maturité. On recommande surtout de ne pas les laisser exposés à l'ardeur du soleil ou à l'humi- dité de la nuit. Les jeunes oiseaux souffrent souvent de douleurs dans les muscles des jambes ; plusieurs personnes croient y découvrir tous les symptômes du rhumatisme, mais généralement on en attribue la cause à l'absorption d'herbages vénéneux. Les oiseaux marchent alors avec difficulté, se frappent les jambes l'une contre l'autre, et, s'ils ne guérissent pas promptement, si surtout en grandissant le corps devient trop lourd, une conséquence fatale est à craindre. Plusieurs éleveurs du Cap pensent que la mortalité chez les Aulruchons doit principalement être attribuée à une espèce particulière de poux au corps bleuâtre et aux pattes rosées, qui s'attache plus spécialement aux oreilles des jeunes oi- seaux; certains fermiers croient même qu'un ou deux de ces insectes peuvent suffire pour empoisonner le sang d'un Au- truchon ; il faut alors, d'après eux, veiller à ce que la plus grande propreté règne dans les enclos où ils sont placés et les frictionner avec une préparation composée d'un peu de soufre mélangé de poudre phéniquée. La maladie qui, depuis quelque temps déjà, fait dans la colonie du Cap d'assez grands ravages parmi les Autruches, est occasionnée par la présence de parasites internes ; ceux qu'on trouve généralement chez ces oiseaux, et dont les effets sont les plus destructifs, sont de petits vers découverts par un éleveur de cette colonie du nom de Douglas, et de là pro- vient la désignation de Strongijlus Douglasii qui leur est donnée ; on rencontre aussi différentes espèces de Ténias dans les petits intestins, ainsi qu'une autre variété de Stron- gylus dans les grands intestins, plus particulièrement dans le cœcum. DES AUTRUCHES DANS l' AFRIQUE AUSTRALE. 457 Presque toutes les Autruches à Tétat domestique sont at- teintes du Tape-îvonn (Ténia), qu'elles conservent jusqu'à ce qu'elles arrivent à l'âge adulte, et alors, sauf de rares ex- ceptions, elles le rejettent naturellement. Dans le cas cepen- dant où les conséquences deviendraient inquiétantes, le re- mède reconnu comme le plus efficace jusqu'à ce jour pour l'expulsion du Ténia consiste dans l'emploi de VOiL of maie fern (extrait élhéré de fougère mâle) et de la térébenthine. On assure, à ce sujet, que ces vers se communiquent facile- ment d'un oiseau à l'autre. Voici d'ailleurs quelle est, suivant l'âge des Autruches, la proportion prescrite pour ces deux médicaments : Térébenthine liquide. Extrait de fougère mâle. Oiseaux âgés de 4 mois 1/2 once. 1/2 cuill. à café. id. id. de 6 » 3/4 — 2 — id. id. de 9 » 1 — 2 1/2 — id. id. de 12 » 111 — 3 1/2 — id. id. de 18 » 1 i;2 — 4 — id. id. de un an et au-dessus. 2 — 6 — Quelques personnes emploient ces préparations en les com- binant avec un purgatif composé d'huile ou d'aloës; d'autres préfèrent donner le vermifuge d'abord et le purgatif ensuite, tandis qu'il y en a qui mettent du sulfate de fer et du sel commun dans l'un ou l'autre de ces médicaments; on peut ajouter à ce mélange un peu de farine, en le présentant sous forme de pilules, afin d'en rendre l'absorption plus facile. La présence des parasites internes, du Strongylus Doii- glasii en particulier, cause une assez grande mortalité parmi ces oiseaux, et l'opinion de personnes compétentes, entre autres celle du chirurgien-vétérinaire de la colonie, est que la cause première peut en être attribuée à l'état d'affai- blissement de la constitution en général, et surtout à la con- dition maladive des membranes muqueuses, qui est le résultat d'un système défectueux d'alimentation; aussi, bien que l'ex- pulsion de ces parasites puisse s'effectuer facilement au moyen d'anthelminthiques, l'état de la membrane muqueuse qui favorise leur développement n'étant pas modiiié par le chan- 458 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. gement de nourriture, les parasites reparaissent alors presque aussi rapidement qu'ils sont expulsés. Dans quelques districts de la colonie, on a donné à des Autruches souffrant des effets du Strongylus Douglasii de petites doses de teinture de muriate de fer, qui ont produit d'assez bons résultats; les doses, dans ce cas, sont d'une demi-cuillerée à café dans environ 23 centilitres d'eau pour un oiseau de trois mois, et d'une cuillerée entière pour un oiseau de six mois et au-dessus. Quelques légères doses d'aloès peuvent agir comme laxatif, de même que la feuille de cette plante, si on peut parvenir à la faire manger à l'oiseau. Il est prescrit, et c'est là un point très important, de ne médicamenter dans aucun cas les Autruches que lorsqu'elles sont à jeun, ou du moins lorsqu'il s'est écoulé un certain temps après leurs repas ; et, si la nourriture qu'elles mangent est humide, on peut la saupoudrer de sel commun et de sul- fate de fer mélangés. Les vers qui se logent principalement dans le cœcum sont d'une longueur variant entre un et deux pouces; presque toutes les Autruches en sont atteintes, mais on a rarement observé des conséquences fatales en dérivant. De fortes doses de santonine, administrées chaque jour pendant une semaine, ont produit des effets satisfaisants. Certaines maladies, peu dangereuses du reste, proviennent des herbages vénéneux que les Autruches mangent parfois, ou bien encore des plantes trop jeunes dont elles se nourris- sent ; mais ces maladies ne sont pas sérieuses et ne présentent pas des caractères dont il y a lieu de s'inquiéter; il en est de même pour l'inflammation des poumons, qui souvent est la conséquence de l'humidité. Dans le premier cas, on donne aux Autruches du sel d'Epsom, et dans le second, on se con- tente de mêler dans leur nourriture un peu de café ou de chicorée. Lorsque les oiseaux sont constipés, on peut faire usage d'injections d'eau chaude, dans laquelle on a fait dissoudre du savon; il est encore bon de jeter dans leur manger un peu d'aloès et de leur donner du fourrage vert doux. DES AUTRUCHES DANS l'aFRIQUE AUSTRALE. 459 A certaines époques de l'année, les Autruches manquent souvent d'appétit ; on leur donne alors chaque jour un peu de sulfate de fer. Quelquefois, et surtout au printemps, les urines de ces oiseaux prenneut une teinte rougeâtre pendant plu- sieurs jours ; il n'y a pas lieu de s'en préoccuper, cette parti- cularité s'observant aussi bien parmi les oiseaux vigoureux que chez ceux d'un aspect maladif; on en attribue l'origine au changement des saisons et à l'influence atmosphérique. Il résulte des explications qui précèdent qu'on peut diviser en deux catégories bien distinctes les maladies auxquelles sont sujettes les Autruches, à savoir : celles qui présentent des caractères simples et celles d'une nature compliquée. Les premières, comme on l'a vu, se reconnaissent facilement et proviennent soit de la nourriture, soit de l'inflammation des poumons ou de blessures ; les secondes, au contraire, sont plus difficiles à distinguer, et on en découvre rarement l'ori- gine, comme, par exemple, pour les parasites internes. Dans l'un comme dans l'autre cas, les remèdes sont très incertains ; et en effet l'époque relativement récente de la domestication de l'Autruche explique jusqu'à une certaine mesure le peu de connaissances théoriques que possèdent les éleveurs. Ce n'est que par la pratique, par des essais constants, par des compa- raisons intelligentes, qu'on est parvenu à pouvoir recom- mander les remèdes indiqués plus haut. Il existe deux manières d'enlever les plumes aux Autruches : l'une consiste à les arracher et l'autre à les couper ; ces deux systèmes olTrenl chacun leurs avantages. Sous le point de vue commercial, il est certain que celles arrachées gagnent en poids ; cependant on s'accorde à reconnaître aujourd'hui que le second moyen est préférable au premier, bien qu'il exige, six semaines après la coupe des plumes, l'extraction des ra- cines, qui sont alors desséchées; et en effet l'oiseau, souffrant beaucoup moins par ce dernier procédé, se laisse plumer assez facilement, tandis que chaque plume arrachée occa- sionne une nouvelle douleur, quelquefois même une plaie, ce qui rend l'Autruqhe très excitée et conduit souvent à de graves accidents. Lorsqu'un fermier veut procéder à cette opéra- 460 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. tien, il doit s'assurer d'abord que le plumage est arrivé en bon état de maturité, placer ensuite chaque oiseau séparément dans un compartiment disposé à cet effet et presque similaire aux casiers qui servent pour faire voyager les chevaux sur nos chemins de fer. On peut également faire maintenir l'Au- truche par des hommes vigoureux, mais ce système a l'incon- vénient de faire courir des dangers aux hommes ainsi qu'à l'oiseau, qui fait des efforts continuels pour tâcher de recon- quérir sa liberté. L'exportation des plumes d'Aulruche du Cap prend chaque année plus d'importance ; elle a atteint, en 1881, le chiffre de 87 706 kilogrammes, représentant une valeur de 22 356 025 francs. Autrefois les produits de cette colonie étaient classés en sixième ordre; les plumes d'Alep, de Barbarie, de Saint- Louis (Sénégal), d'Egypte et de Mogador, se cotaient à des prix plus élevés sur les marchés de Londres, et elles se ven- daient aussi plus facilement. Aujourd'hui, cette classification semble modifiée, et le Cap a pris un rang de beaucoup supé- rieur à celui qu'il occupait antérieurement ; pour arriver à ce résultat, plusieurs éleveurs ont même fait venir à grands frais des oiseaux de l'Afrique du Nord ; mais les produits de cet accouplement sont encore peu répandus, et cependant les plumes du Cap sont plus favorablement appréciées en Europe. On peut dire actuellement que, sous le point de vue de la valeur et de la qualité, elles ne le cèdent guère à aucun pro- duit similaire d'une autre provenance. Il n'y avait au Cap, en 1865, que 80 de ces animaux réduits à l'état domestique ; en 1875, leur nombre atteignait 21 751, et on estime aujourd'hui que les possessions anglaises de l'Afrique australe doivent compter près de 100 000 Autru- ches. Les grands marchés pour les plumes sont l'Angleterre, la France, etc. ; presque tous ces produits sont, sauf de très rares exceptions, expédiés à Londres d'abord, et on les dirige ensuite sur les principales capitales de l'Europe. L'Amérique du Nord constitue un nouveau débouché, et New-York notam- ment en fait un commerce relativement considérable. DES AUTRUCHES DAiNS l'AFRIQUE AUSTRALE. 461 Il y a un an ou quinze mois, les plumes se vendaient ici à des prix beaucoup plus élevés qu'aujourd'hui, el on est una- nime à reconnaître que la diminution n'est pas moindre de 33 pour 100, tandis que le prix des Autruches est descendu d'environ 80 pour 100; c'est ainsi qu'en ce moment il est facile de se procurer des oiseaux reproducteurs (Breeding birds) d'excellente qualité et en bon élat pour 40 ou 50 livres sterling (1000 à 1250 francs la paire), lesquels, il y a dix-huit mois, se vendaient jusqu'à 250 livres sterling (6250 francs). La mortalité chez les Autruches a peut-être été la cause prin- cipale de cette dépression; cependant je dois dire que la crise commerciale que traverse depuis assez longtemps déjà la colonie du Cap n'a pas peu contribué à ce résultat. Pendant une certaine période aussi, l'agriculture a beaucoup souffert de cette industrie, tous les fermiers ne songeant qu'à se livrer à l'élevage des Autruches. Une sorte de fièvre de spéculation régnait dans le pays ; les propriétaires voyaient dans l'exploi- tation de ces oiseaux un moyen plus simple et plus facile d'obtenir un rendement avantageux, en présence surtout des ennuis occasionnés par le travail manuel devenu d'une rareté, d'une difficulté et d'une cherté excessives; ils abandonnaient, pour ainsi dire, la culture des champs pour se lancer dans cette entreprise, laquelle n'exigeait pas une main-d'œuvre considérable. La réaction s'étant opérée à la suite des causes indiquées plus haut, et peut-être aussi en raison de la trop grande production, une crise s'en est suivie; beaucoup de fermiers ont dû se déclarer en faillite, et nous venons de voir quelle en avait été la conséquence. Quelques expéditions d'Autruches du Cap ont été faites, en 1881, à destination de Buenos-Ayres et de Montevideo, et les prix réalisés ont été, paraît-il, assez rémunérateurs. On pense que le meilleur moment pour embarquer ces oiseaux est lors- qu'ils atteignent la grosseur d'un Dindon de forte dimension. Pour prévenir les accidents qui peuvent survenir dans de forts coups de mer, il est recommandé de placer séparément les Autruches dans des compartiments spécialement disposés, afin qu'avec le roulis elles ne puissent tomber aussi facilement . 6^ SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMÂTATION. et évitent surtout de se blesser. On calcule néanmoins que, dans une traversée de Table-bay ou de Port-Élizabeth, en Amérique, les pertes occasionnées par la mortalité sont d'en- viron 15 pour 100. Les Autruches sauvages devenant de plus en plus rares, le gouvernement du Cap s'en est ému, et, il y a quelques années, un arrêté a été pris par l'autorité coloniale pour empêcher la destruction de ces oiseaux, et des peines très sévères sont appliquées aux personnes qui contreviennent aux disposi- tions de cet arrêté. En présence des résultats obtenus au Cap, si l'on considère surtout la baisse survenue sur les Autruches, on se demande quel est l'avenir de cette exploitation? Au prix actuel de ces oiseaux, il est permis de supposer que leur rendement doit être rémunérateur; une Autruche, dans de bonnes conditions, donne en moyenne pour près de 10 livres sterling de plumes par an ; il y a lieu d'ajouter à ce chiffre la valeur des œufs et des poussins qu'elle peut produire; aussi l'opinion publique dans cette colonie semble-t-elle portée à croire que, si les goûts de luxe ne diminuent pas en Europe, si la consomma- tion se maintient même au point qu'elle a atteint aujourd'hui, malgré les maladies qui déciment ces oiseaux, malgré la con- currence créée dans plusieurs parties du monde, le colon de l'Afrique australe peut réaliser de grands bénéfices et doit persister dans cette exploitation. ÉDUCATIONS DE L'HYBRIDE DES ATTACUS ROYLEI ET PERNYI ET D'ACTIAS SELENE FAITES EN 1882 Par M. J.-B. HUIIK La Société nationale d'Acclimatation de France ayant reçu de M. Alfred Wailly (de Londres) une certaine quantité de graines de l'hybride des Attacus Roylei et Pernyi, elles me furent confiées pour en faire l'éducation. Les premiers œufs, qui portaient la date de la ponte, 6 mai, sont éclos le 27 mai, et j'eus sept jeunes Chenilles très vives que je mis de suite sur des branches de chênes placées dans des bouteilles rem- plies d'eau. Les jours suivants les naissances eurent lieu le matin, mais très inégalement; les jeunes vers me semblèrent plus petits que ceux du Pernyi et mangèrent très diflicilement les jeunes bourgeons que je leur donnais. Ils furent toujours très cou- reurs; chaque fois que je les visitais, j'en trouvais errant de toutes parts; je m'elforçais de les remettre sur leurs branches, mais plusieurs moururent sans avoir voulu mordre à la feuille. Des sept premiers éclos le 4 juin, après le premier som- meil, trois disparurent, et le jour suivant je n'en retrouvais plus qu'un. Les pontes des 11 et 12 mai sont écloses les 5 juin et jours suivants, toujours très inégalement. Plusieurs crufs aplatis, que j'ouvris, n'étaient pas fécondés, car ils renfermaient seu- lement un liquide verdâtre. Le 13, j'eus les dernières éclo- sions par une température très basse. Les mues se firent péniblement, le sommeil dura deux à trois jours, ce que j'at- tribue au manque de feuilles fraîches. Le 10 juillet, un ver meurt, un deuxième le 20 et un troisième le 22, sans que je puisse en savoir la cause; fun deux porte une tache noire; de suite je le jette crainte de contagion : c'est le seul qui ait ^Ô-i SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. péri de la sorte. Après la troisième mue j'ai eu six chenilles, dont j'attribue la mort soit à des morsures que d'autres vers leur avaient faites, ou à d'autres causes que j'ignore : dix sont morts-flats ; l'éducation est très inégale par suite des différences de pontes et de naissances; je n'ai pu savoir exac- tement le temps que chaque ver a mis depuis sa naissance jusqu'au coconnage ; un mélange d'œufs et de vers rendait l'observation difficile, sinon impossible; le 19 juillet, je vis avec satisfaction un premier ver faire son cocon, d'autres se firent quelques jours après; les derniers vers sont très vigou- reux et mangent avidement toutes les feuilles que j e leur donne, ce que j'attribue à la température redevenue chaude. Le 30 juillet, je faisais photographier une bouteille garnie de branches sur lesquelles vivaient les chenilles, c'était plaisir aies voir, toutes étaient très vives et en santé florissante, les personnes qui les ont vues en étaient émerveillées. La fin de l'éducation n'a pas été aussi heureuse que le commencement; le local de la Société ayant dû subir des réparations, je me suis vu, avec regret, obligé de négliger mes pauvres élèves, qui ne demandaient qu'à bien vivre, et plusieurs fois ils ont souffert la faim, n'ayant pu leur donner la feuille aussi fraîche que je l'aurais désiré. En résumé, l'éducation des hybrides Roylei-Pernyi est très facile, et les vers viennent aussi bien, si ce n'est mieux, que ceux du Pernyi, puis j'en ai pesé qui m'ont donné un poids de 24 grammes et qui mesuraient 12 centimètres de longueur. La couleur des vers ne diffère pas beaucoup de celle des Pernyi, sinon qu'au quatrième et au cinquième âge le nombre des points métalliques sur chaque bande latérale est de cinq ou six ou sept, et que l'on en trouve rarement six sur les Pernyi; le tonvert des chenilles est aussi plus prononcé chez les hybrides que sur les Pernyi; je ne puis dire si les Roylei ont ce faciès, n'ayant jamais fait l'éducation de cette espèce. J'ai remarqué que leurs têtes étaient d'un brun foncé et les points moins visibles que sur les Pernyi ; il y en avait qui portaient un point noir sur le derrière de la tète; les tuber- ATTACUS ROYLEl ET PERNYI ET ACTIAS SELENE. 465 cules du dos sont garnis d'une espèce de poil ou duvet tirant sur l'orange, ainsi que plusieurs autres poils longs et noirs; les trois paires de pattes, celles de derrière en forme de pinces, sont de la couleur des lignes latérales et comme gonflées d'uD liquide transparent ; celles qui ont un point noir derrière la tête est plus foncée marron que les autres ; j'ai cru recon- naître là les trois quarts de sang Roylei (i), par cette différence et les points noirs moins visibles et moins nombreux que sur les autres qui ressemble aux Pernyi. Enfin les cocons diffèrent de ceux des Pernyi par la bourre, qui est en plus grande quantité et de couleur plus blanche. Le coconnage terminé, je suspendis les cocons dehors, au nord. La température ayant été pendant quelques jours plus élevée, quelle ne fut pas ma surprise de voir, un matin, le plus gros cocon vide de son papillon, qui avait pris la clef des champs; je m'empressai de les porter dans une cave voûtée et là encore j'eus plusieurs éclosions, toutes de mâles, dont quatre très bien formés et cinq autres dont les ailes ne se sont pas développées. Le 25 juillet, pendant l'éducation, je voulus me rendre compte si mes vers ne voudraient pas manger de charmille • trois l'acceptèrent, mais deux seulement y firent leur cocon après y avoir séjourné et vécu le quatrième et le cinquième âge, et de l'un de ceux-là est sorti un papillon que je n'ai pu distinguer de deux autres qui étaient éclos en même temps (2). Sans les souris, qui sont assez nombreuses (trop malheu- reusement), j'aurais eu un résultat beaucoup plus satisfaisant car je n'ai eu que cinquante cocons environ, tandis que j'au- rais pu en récolter plusieurs centaines. (1) Une des petites boîtes reçue de M. A. Wailly portait cette inscription: <- hyi)ride ÎJ/i Roylei J/i Pernyi, » une autre portait: « nicàle hybride, accouplé le 20 avec Pernyi i'emelle (premier accouplement), » une autre boîte portait : « hy- bride mâle accouplé pour la troisième lois avec femelle l>ernyi, » enfin plusieurs autres petites boîtes portaient la mention « hybride, » avec date de ponte et le nu- méro des accouplements, ce qui me paraîfexpliquer la différence dans la nuance des vers. (2) Les deux cocons sont plus blancs et la soie très brillante, un rst moins fourni que l'autre, c'est le plus faible, duquel est sorti le papillon. Je me propose de surveiller la sortie de celui qui reste, afin de savoir s'il ne .différera pas des autres. 3" SERIE, T. X. — Août 1883. 30 460 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATÂTION. Un jour, voyant disparaître mes vers, je me décidai à les porter dans mon logement, où rarement ces rongeurs élisent domicile; mais là encore je lus déçu : une souris, attirée par les vers à soie, y lit un véritable carnage ! Je voyais bien qu'il me manquait des chenilles, mais je ne croyais pas que c'était cette infâme gent trotte-menu qui me pillait. Elle paya cher son audace, car un jour je la pris sur le fait et la fis passer de vie à trépas. A partir de ce jour je n'eus plus de mortalité chez mes élèves, que comme je l'ai indiqué plus haut. En somme l'éducation que j'ai faite est très concluante, en ce sens que l'éducation de l'hybride est aussi facile que celle du Pernyi, et qu'elle peut se faire dans de bonnes conditions ; j'espère avoir des accouplements pour l'année prochaine et en tenter encore l'élevage; quant au rendement en soie des co- cons, je le crois tout aussi bon que celui du Pernyi ; mais n'étant pas apte à en faire la différence par un dévidage, je m'abstiens de toute démonstration qui dépasse ma compé- tence; l'avenir éclairera ceux qui voudront en tenter l'éduca- tion sur une grande échelle. actias selene fab. Les œufs de cette espèce reçus de M. Alfred Waiily, m'ont été confiés par la Société pour en faire l'éducation. Ils éclosent les 29, 80 et 31 juillet et 1" août. Le premier sommeil a lieu le 5 au matin, et le réveil le 6 au soir. Les jeunes vers sont beaucoup plus petits que ceux des autres espèces, telles que Yama-Maï et Pernyi, et sont à peu près comme ceux de l'Al- lante {Attacus Cynthia), mais beaucoup plus vigoureux que les premiers; ils marchent très vite et changent de branches plus facilement que les autres espèces; à leur naissance ils ont la tête noire et brillante comme du jais, une bande de la même couleur entoure le corps d'environ un tiers de leur longueur, et le reste du corps est d'un jaune-ocre ou orange foncé. Pour le reste des détails de forme et couleur des che- nilles, M. Clément les a très bien donnés dans le compte rendu de son éducation {Bulletin de la Société cfAcclima- s ATTACUS ROYLEI ET PERNYI ET ACTIAS SELENE 467 talion, 3' série, l. YII, novembre 1880). J'ai lait l'éducation en chambre, sur branches coupées, dans des bouteilles, jus- qu'au quatrième Age, et pendant ce temps elle a bien marché; mais ayant eu les ouvriers peintres et menuisiers, je me suis vu obligé, à grand regret, de les mettre dans le jardin, sur des poiriers. Les vers ont très bien mangé les feuilles sans s'aper- cevoir du changement de nourriture, ceux des trois premiers âges ayant été nourris de feuilles de chêne et de charmille (1). Tous les jours je visitais mes chenilles, et par suite du mau- vais temps de cette année, je constatais que l'éducation ne faisait pas beaucoup de progrès. Les moineaux, très nombreux dans cet endroit, ne m'ont pas mangé un seul ver. Ainsi, de- puis le i'' août jusqu'au 10 octobre, époque où un seul ver a fait son cocon, c'est-à-dire soixante-dix jours, mes chenilles ont presque toujours eu du mauvais temps; les jours où le soleil les réchauffait elles mangeaient très vite et semblaient beaucoup plus belles; on les voyait pour ainsi dire croître, mais ces vers étaient fatalement voués à mourir de faim et de froid l'un après l'autre, car les feuilles des arbres étaient devenues très dures et presque sèches ; ils en entamaient sou- vent qu'il leur était impossible de manger : mes pauvres che- nilles, par ces temps de froid et de pluie, étaient immobiles, abritées sous une feuille, attendant en vain un rayon de soleil absent pour pouvoir faire leur cocon. Un jour, après une rafale de grêle, j'en trouvai plusieurs tombées sous l'arbre, qui mou- rurent de cet accident. Les quinze qui restaient succombèrent l'une après l'autre jusqu'à la dernière, qui mourut le 1" no- vembre. Ainsi Unit cette laborieuse et malheureuse éducation qui, au début, me donnait les plus belles espérances. (I) Les éclosionsaviiient eu lieu à plusieurs reprises et par conséquent les vers étaient de (litTéreiits âges, ce qui oxpli(|ue que lus derniers éclos ont été presque nourris oxclusivcmcnt sur le poirier et les premiers venus jusqu'au troisième âge- sur le chêne cl la charmille. III. EXTRAITS DES PROCÊS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE DU CONSEIL DU 20 JUILLET 1883 Présidence de M. Bouley, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser- vation. — M. le Président proclame les noms des membres présentés dans la dernière séance et leur admission est prononcée. MM. PRÉSENTATEURS. ^ , I X r^n «T I • ■ f le comte d'Éprémesnil. Beaumont (comte de), 20, rue Washington, . ^ „ c • , u-, • . ^ /» » ^ K, Geoffroy Saint-Hilaire. ^ ^^"^- ( Raveret-Wattel. ., . ., ,,.., . / A.Geofïrov Saint-Hilaire. Cahuzac (H.), propriétaire, 12, rue d Athènes, \ . „ ■' ( Saint-Yves Ménard. ., , , o /' H. Boulev. Chouet, lUge au tribunal de commerce, 8, i . ,, ™ " c • . ui • , , ,,^ . . r. ■ \ A. Geoffrov Saint-Hilaire. place de 1 Opéra, a Pans. j Terrillon. Glottes (Gustave-André), ancien payeur du i Delaloge. Trésor, 5 bis, passage Masséna, à Neuilly | Gaudinot. (Seine). ( Mallassagne. Crépeau (Symphorien), ancien élève de l'In- ( A. Geoffroy Saint-Hilaire. stitut agronomique de Beauvais, 6, rue \ Jules Grisard. Labié, à Paris. ^ Saint-Yves Ménard. ... f J. Cornély. FiNAZ DE BÉNÉVENT (Henry), propriétaire, a. Geoffroy Saint-Hilaire. 21 , place Bellecour, à Lyon (Rhône). ( Saint-Yves Ménard. , „ . l Delaloge. FÉCHOZ (F.-J., libraire), 5, rue des Saints- \ a. Geoffroy Saint-Hilaire. Pères, à, Paris. ' Jules Grisard. GOMBAULT (Charles), éleveur, à la Ferme de ( A. Geotlroy Saint-Hilaire. la Touche, par Saint-Denis-sur-Sarton j A. Porte. (Orne). ( Saint- Yves Ménard. [ A. Geoffroy Saint-Hilaire. Le Duc (Arthur-Jacques), statuaire, 66, rue \ j^j^^ Grisard d'Assas,àParis. | Saint-Yves Ménard. . , . ,^„ j 1 f Bouchereaux. Maillard (E.), propriétaire, 29, rue de ia\ ^ Masson Couronne, à Chartres (Eure-et-Loir). | Saint-Yves' Ménard. . , ^, „ . [ A. Geoffroy Saint-Hilaire. Mailles (Charles), horticulteur, 84, rue Saint- \ j^j^^ Grisard Honoré, à Paris. | ^ataste. PROCÈS-VERBAUX. /M^ MM. PRÉSENTATEURS. . Cil. Debrosse. Martin (Albert), 62, rue de Richelieu, à Paris. ] A. Porte. \ Saint- Yves Ménard. MoNTÈs(Edouard),journaliste, 90, rue Charles i . ^ ^^ ., . ■„ ., . Laffite, à NeuiUy (Seine). ) A. Geoffroy Samt-Hilaire. "^ ^ ^ V Saint-Yves Menard. PoNCET (Paul), 9, boulevard des Italiens, i '^ • r, ■ A. Porte, a Pans. f o ,r \ Saint-Yves Menard. n.„„ /i , • 1 A 1 • \ or> u [ A. Geoffroy Saint-Hilaire. RiEUNER (le contre-amiral Adrien), 29, bou- ^ . ^ ^ •^ ' ' A. Porte. levard Malesherbes, à Paris. ) Saint-Yves Ménard. Saint (François-Xavier), propriétaire, 8, rue l . ^ «> o • ,.-, • , / , n • \ A. Geoffroy Saint-Hilaire. du Louvre, a Pans. le.- ^t \, , [ Saint-Yves Menard. 1 SuDROT, iuge au tribunal de commerce, 389, \ . ',^ Nous étions arrivés au 24 mai, ce jour-là le faisandier mit les neuf œufs d'Erythrophtalmus en incubation sous une poule et le 16 juin dans la matinée, c'est-à-dire après vingt-trois jours d'incubation, sept jeunes étaient éclos, deux œufs étaient clairs, sans doute les deux premiers. PROCÈS-VERBAUX. 4-77 » Comme dans nos pays on ne peut guère se procurer des œufs de fourmi, notre faisandier donne à ces jeunes Faisandeaux de la pâtée composée d'œufs durs, chicorée amère, cœur de bœuf et coquilles d'huîtres pilées. » Il joint à cela des asticots (larves de mouche) dont ils sont friands. » Nos jeunes ont actuellement dix-huit jours, ils sont d'une bonne venue et nous espérons bien pouvoir les élever. » — Il est déposé sur le bureau, de la part de M. Elle Pajot, des graines d'une Mimosa hétérophylle récoltées à l'île Bourbon. — Remerciements. — M. Leroy (de Fismes) fait hommage à la Société de la seconde édition de son ouvrage : La Perruche ondulée, et demande qu'il soit soumis à l'examen de la Commission des récompenses. — M. Jules Delannoy écrit de Calais: « Je m'occupe beaucoup de la race Langshan et du Rouen anglais. En gibier je peux élever par an 1000 à 2000 Faisans et autant de Perdrix grises. Cette année j'ai expédié 3000 œufs de Perdrix grises, le tout en France. » Pour les Langshan, par les soins et la sélection je suis arrivé près de la perfection. L'an dernier, mes sujets obtinrent le premier prix à Paris et à Lausanne. Cette année encore mes efforts furent couronnés de succès et j'espère l'année prochaine exposer un lot superbe de Langshan el de Rouen anglais de mon élevage de 1883. y> J'ai un Coquelet du 2 janvier qui pèse 3 kilogrammes; il est admi- rable de formes et surpassera certainement en beauté tous les sujets exposés par moi à Paris. » — M. N. 3Iasson adresse diverses notes sur les maladies des Galli- nacés. — Renvoi à la Commission de publication. — M. de Confévron écrit à M. l'Agent général: « La réflexion que je vous soumets est si simple, que je ne puis croire qu'elle n'ait pas déjà été faite et utilisée. » Cependant, comme souvent les choses les plus visibles sont celles dont on s'aperçoit le moins, je vous la livre, avec liberté de la prendre pour ce qu'elle vaut et d'en faire ce que bon vous semblera. » Tout le monde sait combien l'eau de mer est peu potable, détestable et nauséabonde, à tel point qu'une faible quantité ne peut être absorbée et supportée. » Cependant l'eau renfermée dans toutes les coquilles en général et dans l'huître en particulier, non seulement se boit, mais même se boit fort agréablement. T> Cette eau n'est cependant que de l'eau de mer ; seulement elle a subi à l'intérieur delà coquille une modification, une transformation. Certaines de ses parties ont sans doute été absorbées, tandis que des sécrétions spéciales ont été ajoutées au liquide. » Si donc on analysait de l'eau de mer, on en aurait la composition, puis faisant la même opération pour l'eau contenue dans une huilre par 478 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. exemple, on saurait quels éléments contenus dans la première manquent à la seconde et quels principes se trouvent en plus. » A part le phénomène chimique curieux à étudier, il serait d'un grand intérêt de connaître les principes qui, contenus dans l'eau de mer, disparaissent dans les coquilles. On serait, en effet, iixé sur la nourriture naturelle des huîtres, ce qui pourrait beaucoup en faciliter la culture. » — M. L. Reynal écrit de Plancheix (par Périgueux) à M. le Pré- sident : « Permettez-moi d'appeler l'attention de la Société sur un procédé pour combattre l'oïdium, découvert par M. de Chasseloup-Lau- bat. Des expériences faites en 1882 et dont vous trouverez les procès- veibaux dans la brochure ci-jointe vous mettront à même de juger les résultats obtenus. » Cette année M. de Chasseloup-Laubat continue et porte ses expé- riences sur l'Antrachnose et le Mildew. » Nous serions heureux si la Société voulait bien désigner une com- mission chargée de suivre les expériences et d'en faire connaître les ré- sultats à nos collègues. » — Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. Martel- Houzet, Zeiller, Laval, J.-J. Lafon, liagrange, Sénéquier, Th. Lépuie, comte de Montlezun, Durousseau-Dugontier, vicomte de Mondion, Bour- juge, Godard, Derré, A. d'Alidan, Delloye-Orban, Guillin, Ed. Baré, vicomte de Poli et Ed. Villey. — M. Léo d'Ounous envoie de Saverdun (Ariège) diverses notes sur ses naturalisations de végétaux exotiques. — Renvoi à la Section des végétaux et à la Commission de publication. — Il est fait don à la bibliothèque de la Société des ouvrages sui- vants : Proccedings ofthe American forestnj Congress, for the year 1882. Washington, 1883. 1 broch. in-8°. Rapport au Ministre de la Marine sur la génération et la féconda- tion artificielle des huîtres portugaises, par M. Bouchon-Brandely. Paris, 1882, iin|trimerie du Journal officiel. 1 broch. in-18. (L'Auteur.) Analyse d'un Mémoire de M. A. Conil, intitulé Études sur IWcri- diuni Paranense. Burm, par Henri Gadeau de Kerville. Rouen, 1883, inip. Léon Deshayes. 1 broch. in-18. (L'Auteur.) De Vaction du Persil sur les Psittacidés, par Henri Gadeau de Ker- ville (extrait du Conptc rendu de la Société de biologie, séance du 20 janvier 1883), in-8'. (L'Auteur.) Quelques mots sur le Macropode de Chine, par Alphonse Lefebvre (extrait des Mémoires de la Société Linnéenne du nord de la France), Amiens, 1877. Imp. Delaltre-Lenoël. 1 broch. in-8". (L'Auteur.) Contributions à la faune locale, par M. A. Lefebvre {Bulletin de la Société Linnéenne du nord de la France, n'IQ, i" octobre 1878). (L'Auteur.) PROCÈS-VERBAUX. 4.79 Température maxima que peuvent supporter les poissons rouges, par M. A. Lefebvre {Bulletin de la Société Linnéenne du nord de la France, a" 10, i" avril 1873). (L'Auteur.) Hybrides du Télescope et du poisson roufje, par M. A. Lefebvre {BHlletia de la Société Linnéenne du nord de laFranceyWdS, l'^-'aoùt 1880). (L'Auteur.) Études de Pisciculture, par M. A. Lefebvre {Bulletin de la Société Linnéenne du nord de la France, n" 108, 1" juin 1880). (L'Auteur.) Le Quinquina cuprea, par M. Triana (extrait du Journal de phar- macie et de chimie). 1882. 1 brocb. in-8°. (L'Auteur.) Quelques mots sur le peuplement végétal des îles de l'Océanie, par M. Henri Jouan. Caen, 1883. Imp. Le Blanc-Hardel. 1 broch. in-8°. Note sur le Lièvre alpin, par H. Goll. Lausanne, 1883. Imp. Havard Guilloud et C'^ 1 brocb. in-8". (L'Auteur.) Conférence de Th. Szretter sur la culture des eaux en Pologne, Résumé analytique {Bulletin littéraire scientifique de l'Association des anciens élèves de l'École polonaise, n" 16, 1883). (M. Girdwoyn.) Les Gerboises, par Fernand Lataste (extrait du journal le NaturnlisU', 15 mars-le"" mai 1883). 1 brocb. iu-18. (L'Auteur.) Note sur les Souris d'Algérie et description d'une espèce nouvelle {Mus sprctus), par Fernand Lataste (extrait des Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XXXVll). Bordeaux, 1883. Imp. J. Durand. 1 broch. in-8°. (L'Auteur.) Sur un Rongeur nouveau du Sahara algérieniCtenodacti/lus Mzabi n. sp.), par Fernand Lataste (extrait du Bulletin de la Société zoolo- gique de France, t. VI, 1881). 1 brocb. in-S". (L'Auteur.) Sur l'habitat du Triton Vittatus, Gray, et sur l'identification de cette espèce avec le Triton opbrylicus, Dertbold, par Fernand Lataste (extrait diiBulletin de la Société zoologique de France, iSll). 1 brocb. in-8°. (L'Auteur.) Baie de Quiberon. Établisseinonts ostréicoles de Kercado-Carnac. Mémoire adressé à la Commission d'ostréiculture et au jury du concours régional de Vannes (mai 1883), par M. le vicomte de Wolbock. Lorient, 1883. Imp. Louis Chamaillard. 1 brocb. in-8". (L'Auteur.) Comité des travaux historiques et scientifiques. Rapport au Minis- tre et arrêtés, Paris, 1883. Imprimerie Nationale. 1 brocb. 'grand in-8'\ Systematic census of Australian plants, by Baron Ferdinand Von Mueller. Melbourne, 1882. 1 vol. grand in-8". (L'Auteur.) Warszawskie Muséum rybactwa przez karola Kozlowskiego Bu- budowniczego, par M. Girdwoyn. Warszawa, 1881. 1 brocb. in-i", pi. (L'Auteur.) 0 Hodowli ryb j Przyrzadzie Wylegowym Wlasnego pomyslu. Na- pisal .Micbal Girdwoyn. Warszawa, 1881. 1 broch. in-i°, |tl. (L'Auteur.) Projekt gospodarstwa rybnego Wyrozumowanego (Sztucznego) Sta- 4-80 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. wowego j wegorzarni \v Dobrach zlotym Potoku J WW. hr. Raczynskich, w krolestwie Polskiem przez MichalaGirdwoynia, Warszawa, 1881. 1 broch. in-l", planches. (L'Auteur.) Lodzie Rybackie fila Naszych Jezlor j Statvoiv, przez Michala Girdvvoynia. Warszawa, 1883. 1 broch. in-4°, planches. (L'Auteur.) Projekt (jospodarstiva Rybnefjo Jeziorowego, W. Dobrach Dukszly .JWW. Bieganskich W. Gubernji Kowienskiej przez Michala Girdvvoy- nia. Warszawa, 1883. 1 broch. m-i", planches. (L'Auteur.) Pasozyty ryb naszych, przez Michala Girdwoynia, W'arszawa, 1883. 1 broch. in- 8°, planches. (L'Auteur.) Le. baromètre appliqué à la prévision du temps en France et spé- cialement dans la France centrale, par M. J. R. Plumandon,2' édition. Paris, 1883, librairie J. Michelet et chez l'auteur, à Clermont-Ferrand. 1 vol. in-18. (L'Auteur.) Die Brieftaube, par Paul Schomaiin-Rostock. 1883, 1 vol. in-8% figures. (La Perre de Roo.) La pêche à toutes lignes, théorique, pratique et raisonnée, déduite de la connaissance de l'histoire naturelle, des mœurs et habitudes des poissons d'eau douce, etc., par John Fisher. Paris, 1881. Gaston Sam- son, libraire-éditeur, 1 vol. in-18. '(L'Éditeur.) Primitive industry, by Charles G. Abbott. Salem -Massachusetts, George A. Rates, 1881, 1 vol. in-8°, nombreuses figures. Des aquariums, construction, peuplement, entretien, par A. Lefebvre. Amiens, 1872. Impr. de Lenoël-Hérouart. 1 vol. in-8\ (L'Auteur.) Annual Report ofthe Trustées of Ihe New-York State library, pour 1880, 1881 et 1882, 3 vol. in-8». — Remerciements aux donateurs. Pour le Secrétaire des séances, Jules Grisard, ' Agent général. lU FAITS OIUERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Floraison du « Das^Iirion loiigifoliiim ». Cette plante très belle, si orneineulale, avec ses feuilles si longues et si élégamment retombantes, est encore très rare à cette heure. Nous ne savons pourquoi les explorateurs ne nous en envoient plus de semences. N'en rencontreal-ils plus? En Europe, sur le littoral méditerranéen, nous avons vu, dans les cincf ou six dernières années, plusieurs sujets fleuris; mais, sauf une exception remarquée il y a trois ans chez un grand propriétaire amateur, à Balaguier, près de Toulon, 31. Michel, tous les Dasyliiion longifolium que nous avons vus fleurir n'ont développé que des inflorescences unisexuées et mâles. A cette heure, nous connaissons et nous venons de visiter avec beau- coup d'intérêt, et en compagnie d'un horticulteur amateur de notre ville, M. Hyp. Dellor, de très nombreuses plantes de Dasylirion longifoliuvi développant chacune une inflorescence. Nous devons, nous le croyons cette abondance extraordinaire de floraison, de tendance à la reproduc- tion chez celte plante sous notre climat, aux suites des souffrances impo- sées aux plantes par la si rude et si longue sécheresse de l'année der- nière. Nos Dasylirion longifolium sonl, sans doute, devenus plus tôt adultes. iM. Hyp. Dellor, que nous venons de nommer, possède les plus beaux Dasylirion longifolium que nous connaissions; ils appartiennent à celles de ces plantes (est-ce une race ou une simple variété?) qui ont les feuilles les plus larges et les plus longues. \]n des Dasylirion longifolium si beaux de M. Hyp. Dellor développe une très forte inflorescence. Nous croyons qu'elle sera malheureusement mâle. Au Jardin d'acclimatation d'IIyères, on a réuni un assez grand nombre de Dasylirion longifolium, achetés un peu partout. Des lignes de forts sujets de cette plante, cultivée en pleine terre, bordent deux allées du Jardin d'acclimatation. Tous les sujets, à moins que nous ne nous abu- sions, appartiennent à une race à feuilles longues et toutes très éléo-am- ment retombantes, mais variant dans leur longueur et largeur; il n'v a pas, chez ces plantes et entre elles, l'uniformité que présentent entre elles les plantes du Dasylirion longifolium, que nous appellerons à lar'>-es feuilles, de M. Hyp. Dellor, et que nous connaissons en maints jardms ailleurs. Le Jardin d'acclimatation d'Hyères en possède lui-même, au reste, un certain nombre de jeunes sujets. Nous nous rappelons avoir remarqué jadis une bien belle plante de celte race, ou variété à larges feuilles, dans le si riche jardin de la villa Thuret, à Antibes. Nous avons compté, jeudi 3 mai, dans les lignes de Dasylirion longi- folium qijenous signalons, au Jardin d'acclimatation d'Hyères, vingt-deux 3' sÉBiE, T. X. — Août 1883. 31 48:2 SOCIÉTÉ nationale d'acclimatation. plantes ayant, à celte heure, une belle inflorescence développée. Chez plusieurs sujets, la tige, qui a presque atteint son entier développement en hauteur, mesure déjà, chez quelques plantes, plus de 1"',50. Sur une douzaine de ces inflorescences, des fleurs étaient déjà ouvertes lors de notre visite, et nous avons pu, soit sur ces fleurs, soit en ouvrant des ])Outons avancés sur d'autres inflorescences, trouver que, sur vingt de ces plantes, dont nous avons pu examiner utilement les fleurs et leurs organes sexuels, treize ont des fleurs mâles et sept des fleurs femelles. La com- paraison attentive entre les inflorescences des sexes reconnus, nous a montré, d'autre part, de palpables difl"érences entre les inflorescences de l'un ou de l'autre sexe. L'inflorescence mâle, sans être plus développée en hauteur, est plus forte, plus étofl'ée, plus garnie. Celle femelle est plus grêle et très sensi- blement moins fournie. De plus, elle est, dans toute sa longueur et en toutes ses parties, teintée en violet, ce qui n'est pas pour l'inflorescence mâle, qui est colorée en vert blafard. Les fleurs, chez les deux sexes, sont blanches, d'un l)lanc nacré chez les femelles ; dans les deux sexes, les organes reproducteurs nous ont semblé très bien constitués. Nous croyons donc pouvoir espérer que l'horticulture d'ornement sera enrichie cette année d'une sérieuse récolte de semences de Dasilyrion longifoUum, l'une de nos plus belles et plus élégantes plantes exotiques, et nous ajoutons des plus rustiques, parmi celles qui sont si bien accli- matées en plein air dans les cultures et dans les jardins de la région de Nardy. (Extrait du journal la Méditerranée, de MarseiUe.) V. BIBLIOGRAPHIE Éléments de zoologie, par M. le D'' Henri Sicard, professeur à la Fa cullé des sciences de Lyon. Paris, 1883, J.-B. Baillière et fils, 1 vol. in-8" de 842 pages, avec 761 figures. La plupart des ouvrages élémentaires de zoologie publiés en France depuis prés d'un denii-siécle sont rédigés sous l'empire d'une préoccu- pation trop exclusive, liée à l'existence de travaux éminents, mais qui sont presque entièrement consacrés aux généralités de la physiologie et de l'anatomie. Aussi ces ouvrages sont peu à la portée des gens du monde, même instruits, et s'égarent trop dans les théories du transfor- misme, masquant parfois, sous des phrases pompeuses ou à demi incom- préhensibles par l'étalage d'une érudition scientifique compliquée, Tigno- rance à peu près complète où sont leurs auteurs de l'histoire des animaux, qui offre au public un intérêt considérable, une utilité conti- nuelle, en même temps qu'une simplicité attrayante. C'est ce qui rend compte de la prédilection de tant de lecteurs pour les ouvrages des Réaumur, des Buffon, des Lacépède, des Valenciennes, des Constant Duméril, etc. Les Éléments de zoologie de M. IL Sicard sont un retour à celte voie de vulgarisation descriptive de la nature et sont destinés à combler une lacune des ouvrages de l'enseignement zoologique actuel. L'auteur com- mence naturellement par les généralités relatives à l'anatomie et à la physiologie de l'homme; car nous devons chercher à nous connaître nous- mêmes avant d'aborder l'étude des autres animaux; au sens purement physique, en laissant de côté l'ordre moral qui lui est exclusif, l'homme fait partie des animaux, comme le représentant organique le plus parfait de l'embranchement des Vertébrés. M. Sicard, après mention faite des travaux de iMM. Haëckel, (iegeii- baur, Claus et Giard, ne s'arrête pas à discuter leurs groupes, et, avec une addition qui établit les incertitudes zoologiques, il s'arrête presque exclusivement aux embranchements de Cuvier et de Baër. Il admet cinq embranchements primordiaux : les Protozaires, les Zoophytes ou Ba- diaires, les Annelés ou Entomozoaires,les Mollusques ou Malacozoaires, les Vertébrés ou Ostéozoaires. Nous aurions préféré l'ordre Inverse et les Annelés placés aussitôt après les Vertébrés, car les Annelés sont très élevés au point de vue de la sensibilité, c'est-à-dire du caractère essen- tiellement animal, dans la classe des Insectes ; mais nous n'avons pas à refaire l'ouvrage de l'auteur. Notre rôle est d'en présenter un résumé sommaire et fidèle, en nous attachant seulement aux types zoologi(iues 4-84 SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. les plus curieux pour les gens du monde, et en offrant aux lecteurs de noire Bulletin des spécimens des gravures dont les éditeurs ont enrichi l'ouvrage. Leur belle publication de l'œuvre de Brehni les rend coutu- iniers du fait et constitue un engagement qu'ils sauront remplir pour les autres ouvrages. Rien ne surpasse dans les Insectes l'intérêt qui s'attache aux espèces séricigènes, principalement au Ver à soie du mûrier, Sericaria mon' FiG. 1. — Vers à soie du mûrier. — 1. Clieiiille à toute sa taille. — "2. Chrysa- lide femelle. — 3. Chrysalide mâle. — 4. Cocou. — 5. Papillon femelle. — (i. l'apilloii mâle. Linn., qui en est le type et l'objet d'une industrie de premier ordre, dont le chillre d'affaires atteint annuellement un milliard dans le monde en- tier. L'histoire de cet insecte peut servir de type pour l'ordre des Lépi- iloptères ou Papillons. Le Ver à soie provient d'œufs qui portent dans le commerce le nom de graine. Après leur mise en incubation artificielle, au moment où la léaille du mûrier esl sortie des bourgeons, on élève les jeunes chenilles ou magnans qui en proviennent dans des établisse- ments qui portent le nom de magnaneries dans le midi de la Franceg BIBLIOGRAPHIE. 485 L'éducation de ces chenilles, d'une durée variable suivant la température, se partage en ui» certain nombre de phases ou âges séparés par des mues ou changements de peau, le plus ordinairement au nombre de quatre, et à des époques inégales, accélérées ou retardées on raison directe de la température (fig. 1). Chaque mue est précédée par une période d'en- gourdissement pendant laquelle les Vers cessent de manger; elle est suivie, par contre, d'une période de voracité qu'on appelle frèze. Arrivé ù la fin du cinquième âge, le Ver commence à jeter autour de lui des fils de soie destinés à servir de supports au cocon dont il s'enveloppe. Celte soie est sécrétée par une paire de glandes salivaires modifiées, en forme de tubes enroulés sur eux-mêmes et occupant presque toute la longueur du corps, de chaque côté de l'appareil digestif. Les deux canaux défé- rents très fins, en lesquels se termine antérieurement chaque glande, se réunissent en un canal commun, dans lequel les deux fils de soie sont tordus ensemble de manière à n'en faire plus qu'un, et ce canal aboulii à un petit orifice ou filière percé dans la lèvre inférieure. Le Ver à soie met trois ou quatre jours à filer son cocon, puis il subit une cinquième mue et se transforme en chrysalide. Il reste en cet état pendant un temps qui varie de (juinze à vingt jours. Alors, après une dernière mue, le pa- pillon, sortant du cocon, se montre sous sa forme ailée. C'est le moment de la reproduction ; l'accouplement a lieu, et les femelles fécondées pon- dent des œufs destinés, pour les races de nos climats, à passer l'hiver et à éclore au printemps suivant. On a observé quelques cas de parlliéiio- génèse, qui sont, du reste, e.xceplionnels chez les Insectes, et n'ont été constatés pour les papillons principalement que chez certaines espèces de la grande tribu des Bombyciens, à laquelle appartient le Ver à soie du mûrier. Dans les autres Lépidoptères, nous citerons, dans le sous-ordre des Diurnes ou Rhopalocères, ou Achalinoptères, un groupe de papillons, les -\ymphalidcs, présentant beaucoup de grandes et belles espèces ayant ce caractère commun, que les adultes ne marchent que sur quatre pattes, la paire antérieure atrophiée entourant le cou du papillon comme une roilerelle (pattes palatines). Telle est l'espèce (lig. l>) commune en juillet dans les bois de toute l'Europe, VArgijnnis paphia, qu'on appelle vul- gairement le Tabac d'Espagne, à cause du fond d'un fauve vif du dessus des ailes, tandis que les ailes inférieures ont en dessous de larires bandes nacrées. Ces taches nacrées des ailes inférieures sont le caractère d'où est tiré le nom du genre Argynne. Dans les Coléoptères est figuré ce Scarabée sacré (fig. 3) ou Atcitclnts sacer, entouré de la vénération des Égyptiens, parce que la feiuellc roule entre ses pattes postérieures courbées la boule de fiente, emblème du monde, où elle a déposé un œuf. Nous possédons ce remanpialilf insecte sur quelques plages sablonneuses do la Méditerranée, ainsi près de .Marseille, de Toulon, à l'alavas, le bain de mer de Mont- 486 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. pellier, etc. Dans le même groupe des Lamellicornes, et encore plus K.L.ClémtnL FiG. 2. — Tabac d'Espagne (Argijnnis Paphia), sur fleurs de Ronce. FiG. 3. — Scarabée sacré. Fig. 4. — Cétoine dorée, éclosant. BIBLIOGRAPHIE. 487 près du funeste Hanneton, nous rencontrons la Cétoine dorée (11g. /i.), d'un riche vert métallique, butinant sur les fleurs des arbres fruitiers. FiG. 5. -- Nymphe et larve de la Cétoine dorée. des liias, allant dormir sur le sein parfumé de la rose ; sa larve, voisine du Ver blanc, vit dans le bois pourri, etsa nymphe est entourée d'une coque ovoïde de débris ligneux (fig. 5). Les Hyménoptères terminent les FiG. G. — Guêpe frelon (Vespa crabro). Insectes, dont ils représentent l'ordre le plus élevé, manifestant chez ceux qui construisent des nids ces accommodations de l'instinct, qui sont des lueurs d'une véritable intelligence. Dans cet ordre se rangent les 488 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Guêpes sociales, construisant des nids où la fonction de reproduction est partagée entre les mâles, les femelles fécondes et les femelles neutres, nourrices des petits de leurs sœurs fécondes et architectes des nids où les trois groupes associés vivent dans une paix profonde, sans subordi- nation d'aucune sorte, chacun à sa fonction prédestinée. Ainsi les Fre- lons (fig. 6j, à l'aiguillon terrible, faisant leurs guêpiers dans les vieux arbres creux, au moyen d'un carton très friable de fibres végétales agglu- tinées. Quelques types, curieux par leurs formes ou par leurs mœurs, nous serviront à caractériser les Vertébrés inférieurs de la classe des Pois- sons. Les Lophobranches sont des petits Poissons fort singuliers, manis Fig. 7. — Hippocampe mâle avec les œufs. de branchies en forme de houppes, et dont l'ouverture des ouïes est ré- duite à un étroit orifice supérieur. Leur corps est cuirassé et de forme plus ou moins polyédrique; la tète se prolonge en un museau lubulaire, qui se termine par une bouche très petite dépourvue de dents. Une par- ticularité curieuse, que l'on retrouve chez un Batracien, le Crapaud accoucheur (Alytcs obstetricans), c'est que les mâles sont chargés du soin des œufs jusqu'au moment de leur éclosion; tantôt ils sont fixés sur le thorax ou sur l'abdomen, tantôt ils sont reçus dans une sorte de poche formée par deux replis de la peau et placée sous la queue. Ainsi chez l'Hippocampe (fig. 7), nommé Cheval marin d'après la figure qu'il prend après dessiccation, qu'on trouve notamment sur les côtes du nord de la P)retagne, au milieu des prairies de zostères des îles Chausey. On voit quelquefois ces animaux bizarres à l'aquarium du jardin d'acclimata- tion, faisant vibrer avec rapidité leurs petites nageoires pectorales, et BIBLIOGRAPHIE. 489 fixés par leur queue prenante et enroulable à quelque tige de plante marine. Dans ces Poissons à nageoires dorsales à rayons épineux, qui forment les anciens Acantlioptérygiens de Cuvier, se placent les Rlennies •ou Baveuses, dont la peau nue est enduite de mucosités. Une espèce, iluviatile par exception, est la Blennie cagnelte (fig. 8), qui se plaît dans FiG. 8. — Blennie cagnette. les eaux torrentielles. Fort étranges sont ces Poissons labyrinthiformes de Cuvier, dont les os pharyngiens supérieurs ont une siruclure feuil- letée, formant au-dessus des branchies des cellules compliquées servant à emmagasiner de l'eau, de sorte que ces poissons peuvent vivre un certain temps dans l'air et même se transporter à terre à d'assez grandes distances. Tels sont les Anabas (fig. 9) de l'Inde, qui habitent des cours d'eau à débordements violents qui peuvent compromettre leur existence. .\ ces époques ces Poissons savent sortir de l'eau et même grimper aux Jjranches des arbres, respirant, au moyen de l'air libre, par leurs bran- chies maintenues toujours mouillées. A côté se placent des Poissons dont 490 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. les nageoires sont portées sur des sortes de bras formés par l'allonge / / / l'iG. y. — Anabas, de l'Inde. ment des os du carpe. Telle est la hideuse Baudroie (fig. 10), qu'on pêche sur nos côtes et qu'on nomme Raie pécheresse, bien qu'elle soit d'un Fig. JU. — Baudroie ou Haie pécheresse {Lophius piscalorius). groupe fort différent des vraies Raies. Enfouie dans le sable, elle laisse flotter au-dessus d'elle de longs filaments charnus, qui simulent des vers succulents. Les petits Poissons mordent ces appâts trompeurs et sont saisis par la terrible armature dentaire de la Daudroie. L'ouvrage du D"' Sicard réunit les types anciens aux types actuels, afin d'offrir le tableau complet des groupes zoologiques. Ainsi, dans les Rep- tiles Sauriens figurent les Ptérodactyles (fig. 11), liant les Reptiles aux plus anciens Oiseaux à. bec denté. Ces Reptiles, de l'époque jurassique, munis de dents, sont une forme ailée du type Reptile. Au lieu des longs doigts (sauf le pouce) des Çhauves-Souris, le petit doigt seul, très déve- BIBLIOGRAPHIE. 4-9 î loppé, soutenait une membrane reliée aux flancs et aux membres posté- rieurs. S'il n'y avait pas là une aile complète, il s'y trouvait au moins un Fit;. 11. — Ptérodactyle (restauration) {Pterodactylus spectabilis.) large parachute, à la façon des Galéopithèques et des Polatouches. per- mettant des sauts très étendus entre les rochers ou d'un arbre à l'autre. Avec les Oiseaux commencent les Vertébrés supérieurs, à double cœur, à sang chaud, ou, plus exactement, à température sensiblement con- stante. Comme exemple des belles ligui'es d'anatomie comparée du livre, nous donnerons (fig. 12) celle qui groupe les diverses formes du pied postérieur des Oiseaux, en remarquant les quatre doigts en avant du Martinet, type de voilier exceptionnel, qui partage avec les Oiseaux- Mouches le caractère de n'avoir aucune échancrure au sternum. L'Oiseau, cette merveille de la nature pour la locomotion rapide, est Reptile par les pieds, couverts de ces sentes qui sont l'apanage des Vertébrés infé- rieurs. Aux Oiseaux gallinacés, de groupes apparentés aux Poules, se rattache le genre monogame des Hoccos (fig. 13), nichant sur les arbres dans les forêts de la Guyane et du Brésil, dont l'acclimatation, tentée depuis longtemps, n'a qu'un succès médiocre, ces oiseaux étant de cli- mats trop chauds, tandis ([ue celle des Gallinacés du groupe des Faisans est un des beaux résultats dont notre Société ait le droit de se glorilier. 492 SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. Les Gallinacés, à vol faible, conduisent assez naturellement aux Coureurs, à plumes souvent transformées en poils sur le corps, à pennes des ailes FiG. 12. — Différentes formes de pattes d'oiseaux : a, pied de Cigogne (échas- sier); — b, pied île Grive (Passereau); — o, pied de Faisan (Gallinacé); — (/.pied de Faucon (Rapace diurne); — e, pied de Martinet (Passereau); — f, pied d'Autruche (Coureur); — g, pied de Pic (Grimpeur); — /(, pied de Grèbe (Palmipède); — i, pied de Foulque (Écliassier); — le, pied de Canard (Palmi- pède) ; — /, pied de Phaéton (Palmipède totipalme). impropres au vol, à sternum aplati et sans bréchet, à pattes postérieures très robustes. Ainsi l'Autruche, déliant à la course les plus rapides che- vaux, spéciale à l'Afrique et n'ayant que deux doigts (fig. 15); ainsi l'Aptérix ou Kivi-kivi (d'après son cri), genre presque anéanti aujour- d'hui (fig. 14), courant le soir dans les broussailles à la façon des Raies, fouillant la terre humide pour chercher des vers, n'existant plus que dans ijuelques petites îles voisines de la Nouvelle-Zélande, à long bec d'Échas- sier longirostre, sans queue, offrant les ailes les plus rudimentaires qu'on connaisse, en forme de petits moignons perdus dans des poils, ces poils analogues à ceux des poussins de beaucoup d'oiseaux qui pren- nent ensuite des plumes. Les Mammifères, qui sont le chef-d'œuvre de la nature sous le rapport BIBLIOGRAPHIE. /m delà sensibilité, se partagent en deux grands types. Les Didelphes (deux fois frères) sont propres à l'Australie, à la Tasnianie, un peu à la Nou- FiG. 13. — Hocco rou.K. velle-Guinée et à l'Amérique méridionale, presque exclusivement pour le type dos Sarigues. Ils naissent à l'état de véritables avortons, à membres Fie. U. — Aptéryx austral. à peine formés, que la mère avec ses lèvres place dans une poche ou dans un repli de peau qui entoure ses mamelles en nombre impair; là chaque petit subit une seconde incubation, greffé d'une manière continue à une tétine qui s'allonge et pénètre jusque dans son estomac. Ace groupe 494. SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. se rattacherait, parallèlement aux ordres des Mammifères ordinaires, et d'après une belle idée du fondateur de notre Société d'Acclimatation, FiG. 15. — Autruche mâle. Isidore Geolfroy Saint-Hilaire, une subdivision de ces animaux à poche mammaire ou Marsupiaux en carnassiers de grandes proies vivantes, en insectivores et mangeurs d'œufs et de poussins d'Oiseaux, en ron- deurs de racines et d'écorces, enfin en herbivores, auxquels appar- tiennent les Kangurous (fig. 16), propres à l'Australie, à membres pos- térieurs disproportionnés et servant à U!i saut énergique. Les Mammi- fères ordinaires ou Monodelpiies (une seule fois frères) offrent des petits ne subissant qu'une seule incubation interne dans l'utérus. 11 en est d'herbivores, comme les Clievaux, dont les steppes de la Tartarie présentent dans les Tarpans (lig. 17) la forme actuelle la plus voisine BIBLIOGRAPHIE. 4-95 de l'état sauvage primitif, et revenant difficilement à la domesticité. z/^ FiG. 16. — Kangurou (Halmaturus Tlietis). Fie. 17. — Tarpaii ou Cheval des steppes. 49b SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Un second type de Mammifères, à trois sortes de dents, est constitué parles espèces carnivores et insectivores, où nous citerons le si utile- Fie. 18. — Ilcrisson d'Europe, dévorant un Mulot. Hérisson d'Europe (fig. 18), que tous nos instituteurs doivent recoin mander de respecter dans les campagnes. iMaurice Girard. Le gérant : Jules Grisard. Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Pariç I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ÉTUDE SUR LA PERDRIX PERGHEUSE DU ROUTAN (PERDIX HODGSONI.E) Par m. E. LEROY Monsieur le Président, Je viens d'obtenir la reproduction, en volière, d'une i^er- drix percheuse nouvellement introduite, qui me paraît apte à devenir par la suite une précieuse recrue pour nos chasses. J'ai l'honneur de vous transmettre le résultat de mon élude relative à cette espèce étrangère. La Pe'"i'rix percheuse du Boutan {Perdix Hodgsoniœ), dont je vous demande la permission de vous entretenir, est originaire, comme on sait, du versant méridional de l'Hima- laya. Il paraît qu'elle y habite des sommets couverts de neige, ce qui la rend apte à supporter nos températures les plus froides et semblait la désigner à priori comme très suscep- tible de s'acclimater chez nous. Nous allons voir comment elle vajustilier ces présomptions. Le couple que j'ai en volière me vient du Jardin zoologique du Bois de Boulogne, où, sur le conseil de M. A. Geoffroy Saint-Hilaire, j'en fis l'acquisition le 25 avril 1882. C'est un couple importé. L'oiseau du Boutan a les formes trapues et arrondies : à ce pointde vue, c'est bien une P(;rdrix. Mais ses tarses très hauts, comme ceux de l'échassier, ses doigts allongés et pourvus d'ongles droits et acérés, sa queue rabattue et dépourvue de plumes rectrices, son bec pointu rappelant celui du râle, révèlent, chez cette espèce, des aptitudes particulières. La Perdrix du Boutan est de la taille d'une forte perdrix rouge; elle a le bec noir; les parties supérieures d'un gris 3« SÉRIE, T. X. — Septembre 1883. 32 498 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. cendré zébré de marron ; les ailes tigrées de larges taches marron foncé disposées en forme de V ; les flancs bleu cendré semés de points blancs ; les pieds et les tarses jaune foncé. La livrée de la femelle rappelle un peu, comme dessin, celle de la bécasse. Le mâle en diffère par la couleur de sa tête, qui est jaune-roux, par la nuance de sa poitrine, qui est bleu cendré, et par son collier noir doublé d'un collier blanc. Le cri, ou le chant, de cette espèce est entièrement diffé- rent, plus prolongé et plus compliqué que celui de nos per- drix françaises. Les premières notes rappellent un peu le cri du colin Houï. Ce chant peut se traduire à peu près ainsi : « Ho-ho-ho! Ho-ho-ho! Ho-ho-ho! Uû-là! Où-là! Ko-kott! Ko-kolt! Ko-kott! » Dès le printemps, et même dans les jours d'hiver lorsque la température est adoucie, le mâle, à certaines heures de la journée, entonne sa chanson étrangère ; mais, dès que la ponte est commencée, et tant que dure l'éducation des jeunes, toute modulation cesse de se faire entendre. Sa prudence d'oiseau sauvage, d'oiseau gibiei-, le veut ainsi. Le coq du Boutan se montre plein d'attentions pour sa compagne ; passe les nuits branché près d'elle ; l'appelle dès qu'il a trouvé un insecte, pour le lui oftVir, et veille à sa portée lorsqu'elle est au nid. Le couple fut installé dans une volière mesurant 12 mètres de surface, dont 4 mètres de hangar et 8 mètres à ciel ouvert; cette dernière partie plantée d'arbustes, gazonnée et sablée. La première année de son séjour chez moi demeura sans résultat, au point de vue de la reproduction: j'ai eu l'honneur de vous faire remarquer, Monsieur le Président, que ce couple était un couple d'importés, et les oiseaux d'importation, comme on sait, ne reproduisent pas toujours dès la première année. Quelques-uns même ne s'y décident qu'au bout de quatre ou cinq ans et quelquefois pas du tout. Je dois dire, d'ailleurs, que l'ordinaire auquel j'avais assu- jetti mes pensionnaires, et que, faute de savoir, j'avais cru devoir calquer sur celui des colins, des perdrix françaises et des perdrix de Chine, consistait uniquement en graines diver- PERDRIX PERCHEUSE DU BOUTAN. 499 ses : millet, alpiste, blé, millet, sarrasin, avoine, et en mie de pain. Or cette nourriture, dont ils se contentaient à la rigueur n'était pas tout à fait celle indiquée par leur tempérament particulier. Nous venons de voir que la structure de la Per- drix du Boutan se rapproche, par certains côtés, de celle du râle, un petit échassier mangeur d'insectes. Ses habitudes, d'ailleurs, ne laissent aucun doute au sujet du genre de nour- riture qu'elle préfère à tout. Constamment elle gratte la terre pour y trouver des racines, des graines germées et surtout des vers et vermisseaux. Chez elle le tarse est très fort, ce qui lui ôte de l'élégance, mais ce tarse est la pièce principale de son outillage de fouilleuse. C'est le levier dont elle se sert pour soulever des mondes... de lombrics et de plantes germées, dont elle se montre particulièrement avide. On la voit passer des heures entières à gratter la terre avec ses grands ongles, à la piocher avec son bec pointu, bouleversant les allées, retour- nant les mottes, déracinant les gazons, creusant, pour peu que le sol soit h'iable, des trous suffisants pour l'ensevelir. L'année 1882 s'écoula, comme je viens de le dire, sans donner de reproduction: soit par suite de ce que les oiseaux fort sauvages à leur arrivée, n'étaient pas suffisamment habi- tués à leur nouveau milieu, soit peut-être parce que l'ali- mentation que je leur donnais était trop différente de celle demandée par leur tempérament particulier. Aussi ,dès le printemps de celte année (1 883), je m'arrangeai de façon à procurer à mes pensionnaires le plus possible de leur nourriture favorite. Je lis mettre de côté les vers obtenus lors du bêchage du jardin, et, de temps en temps, je leur jetais de ces vers par-dessus les grillages. Le raâle, moins sauvage que la femelle, s'emparait des lombrics, appelait sa compagne par un cri particulier, les lui offrait avec insistance, et ne ramassait pour son propre compte que lorsque celle-ci était repue. Mais cette aubaine de lombrics provenant du labour des plates-bandes ne pouvait être que passagère, et il me fallut songer à modifier l'installation, de telle manière que les 500 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. oiseaux pussent trouver d'eux-mêmes, à leur moment et sui- vant leurs besoins, couramment et sans interruption, le prin- cipal élément de leurs repas. Pour cela, je pris modèle sur Faménagement de la volière aux faisans destinés à la chasse, aménagement qui avait attiré mon attention dans mes promenades au Jardin zoologique du Bois de Boulogne. Cette volière, comme chacun a pu le remar- quer, est jonchée d'une épaisse couche de feuilles mortes, que les faisans retournent presque constamment, pour y trou- ver les vers qui s'y attachent. Je me mis à calquer de mon mieux cet agencement ; seule- ment je le modifiai en ce sens qu'au lieu de feuilles tombées, je me servis de menues pailles et de poussières provenant de battage. J'en comblai les allées à une hauteur d'au moins 20 centimètres, et j'y répandis tous les jours les grains des- tinés à l'alimentation. La pluie et les arrosages, on imprégnant cette menue paille, les oiseaux en la grattant et la mélangeant avec la terre et le sable de leur volière, en firent un compost qui,, comme garde-manger sui generis, ne laissa bientôt rien à désirer. Ce qu'il germe de menues graines, ce qu'il pullule de vers et de vermisseaux dans un pareil milieu, est quelque chose d'incalculable. Le couple Perdrix du Boutan se mit de suite à l'œuvre, s'escrimant de son mieux des pieds et du bec; à toute heure de la journée on peut le surprendre sur la couche de menue paille, grattant et piochant. Le résultat de ce nouveau régime ne se fit pas attendre, et, le 9 mars, dansl'après-midi, je surprenais la poule du Boutan jetant avec son bec des brins de paille par-dessus son dos, ce qui, comme chacun sait, est l'indice d'une ponte récente ou imminente. Le coq imitait ce manège. J'allai voir au nid: rien encore. Je dois ajouter que, ce jour-là, la température était très froide. Le lendemain 10, vers quatre heures du soir, j'aperçus le coq faisant le guet près de l'entrée du nid. Evidemment la ponte avait lieu en ce moment, mais je ne pus m'en assurer PERDRIX PERCHEUSE DU BOUTAN. 501 que le 11 au matin, parce que la nuit vint et je ne voulais pas déranger les oiseaux à l'heure de la perchée. Le nid de la Perdrix du Boutan, comme celui du colin et de la perdrix de Chine, ces autres perdrix percheuses, a la forme d'un four un peu creusé en terre et voûté. Ce nid avait été construit sous l'abri, dans une encoignure masquée par une toulYe de lilas. C'était une sorte de voûte, longue de 30 à 35 centimètres, terminée par une cuvette, dans laquelle a lieu la ponte, et revêtue d'un énorme amas de brins de paille. A l'entrée se trouve fichée par le travers une tige de paille ou de foin sec, sorte de précaution suggérée par l'instinct po ur s'assurer que le réduit n'a pas été violé. Je dus me coucher à plat ventre pour voir l'œuf qui éta it au fond de ce réduit. Cet œuf me parut relativement énorme. L'œuf de la Perdrix du Boutan, ainsi que j'ai pu le vérifier plus tard, est entièrement blanc, de forme conique, très pointu d'un bout, et de la grosseur d'un œuf de faisan versi- colore. Ceci me parut regrettable, parce que je ne crois pas que l'oiseau puisse embrasser, dans son travail d'incubation, plus de cinq ou six de ses propres œufs, ce qui est d'ailleurs la moyenne des pontes que j'ai obtenues en dernier lieu ; mais nous allons voir que ce défaut est racheté par la rapidité de la croissance des jeunes, qui s'accomplit presque en six se- maines et par la multiplicité des pontes ; j'en ai obtenu quatre cette année. Le premier œuf fut donc pondu le 10 mars. Mais la repro- duction fut contrariée par la température inaccoutumée du printemps de 1883. Il gelait à glace et il faisait un froid in- tense. Le 12 mars, vers quatre heures du soir, l'œuf était enterré, la paille affaissée, le four rétréci. Il neigeait. Peut-être la pondeuse voulait-elle garantir à sa manière son trésor contre les atteintes de la gelée. Le 14 mars dans l'après-midi, l'œuf était déterré et la cu- vette du réduit préparée comme pour une nouvelle ponte. Durant quelques jours je résolus de suspendre mes visites pour ne pas dépiter les oiseaux, qui sont très ombrageux. 502 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Le 19 mars, dans la malinée, je trouvai le nid modifié, l'entrée changée de direction. Donc il n'était pas abandonné. Malheureusement, ayant tait apporter du gazon dans un com- partiment voisin, les allées et venues du jardinier eurent un résultat regrettable, et le 20 mars le nid était défait, les œufs, au nombre de deux, épars sur le sable de l'abri. Force me fut de confier ces deux œufs à une petite poule couveuse. La première portée n'avait donc été que de deux œufs, pondus à plusieurs jours d'intervalle. Mais il faisait une tem- pérature hivernale, et, bien que les oiseaux supportassent vaillamment ce contre-temps, comme ils ne pouvaient gratter la terre gelée, il s'ensuivit que leur menu se trouvait appauvri de ses meilleurs éléments : insectes et graines germées. Le 25 mars, le nid était refait à la même place que précé- demment, la paille disposée en voûte, et comme recouvert d'un toit de chaume. Le 4 avril vers midi, la poule Perdrix couvait. Le mâle veillait à peu de distance du nid. Le soir il était seul au per- choir. Le 5 avril, à six heures du matin, je trouvai la poule levée et piochant les gazons. Le passage d'un chat, d'un oiseau de proie ou quelque cause de panique dont je ne pus me rendre compte, lit qu'elle ne reprit pas le nid. Vers dix heures et demie, les œufs, au nombre de quatre, étant refroidis, je les confiai à une petite poule de Nangasaki, dont je complétai la couvée avec six œufs de faisan houppifère de Swinhoë. Le nid fut défait, les pailles éparpillées. Le 44 avril, l'un des deux premiers œufs de Perdrix du Boutan, confiés aune petite poule, donnait une éclosion, après vingt-quatre jours d'incubation. Le second œuf, pro- bablement le premier pondu, ayant eu trop à souffrir des atteintes de la gelée, ne contenait qu'un liquide gâté. L'em- bryon ne s'y était même pas développé. Le 47 avril, le nid des Perdrix du Boutan était reconstruit pour la troisième fois, et, chose remarquable, toujours au même anole du hangar masqué par la touffe de lilas. La ponte, commencée le 20 avril au soir, ne fut complétée que le lOmai PERDPxIX PERCHEUSE DU BOUTAN. 503 au malin; à celte date elle était de six œufs, que la mère se mit à couver, veillée par le mâle, qui se tenait à portée du nid le jour, perché au-dessus la nuit. Cependant le petit Perdreau du Boulan né le U avril se développait ; durant les premiers jours il parut dédaigner les larves de fourmi, les ténébrions, la pâtée à faisans et il pré- férait à tout les petits vers de terre, dont il fit sa nourriture exclusive. Le ^0 avril, à l'âge de six jours, il se mit à gratter une motte de gazon disposée dans son parquet, suivant les instincts de son espèce; le 24 avril, il mangeait des vers de farine qu'il avalait sans prendre la peine de les tuer. Le 29 avril, éclosaient deux nouveaux Perdreaux du Boutan et six poussins de Swinhoë couvés par une poule naine de- puis le 5; c'est-à-dire après vingt-quatre jours d'incubation. Cette couvée était de dix œufs, dont quatre de Perdrix du Bou- tan ; malheureusement l'un de ces œufs fut écrasé par la cou- veuse peu avant l'éclosion ; un autre, ayant glissé à travers la paille du nid, se trouva refroidi au point d'amener la mort de l'embryon. Tous les œufs étaient fécondés. Je réunis à ce petit troupeau le premier Perdreau éclos le \A, c'est-à-dire âgé de quinze jours et que la poule voulut bien accepter. Ce jeune sujet montrait aux poussins à manger des œufs de fourmi, qu'il avait fini par accepter, et leur pré- sentait cette nourriture, que ses petits frères lui cueillaient au bec. Dès le 3 mai il était presque aussi gros qu'une caille, commençait à voler et venait se percher familièiement sur mon épaule. Le 13 mai, le premier des trois élèves Perdreaux du Bou- tan se trouvait en pleine mue. II paraissait souffrir de cette crise, qui lui fut fatale ainsi qu'à l'un des deux autres plus jeunes élèves, car il périt le 25 mai et son frère peu de jours après. J'attribuai cet accident, qui ne s'est plus renouvelé, à ce que l'état de la température m'avait mis dans la nécessité d'élever en chambre de jeunes sujets dont le besoin le plus impérieux est de trouver, en grattant le sol, des proies d'une nature particulière, auxquelles je ne pouvais suppléer qu'im- 504- SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION, parfaitement avec mes larves de fourmi, mes vers de farine,, mes lombrics et ma pâtée à faisans. Le troisième Perdreau du Boutan vint à bien avec les six. élèves faisans Swinhoë, et est depuis longtemps parvenu à son entier développement. C'est une femelle. Cependant la poule Perdrix du Boutan continuait avec assi- duité son travail d'incubation, et je ne la voyais que par échappée, le matin, lorsqu'elle grattait, en quête de sa nourriture. De temps en temps, je renouvelais la litière de menue paille. Le 6 juin, j'aperçus deux poussins suivant leur mère à tra- vers la volière ; les arbustes et les obstacles de toutes sortes m'empêchaient de voir suffisamment. Il restait au nid deux. œufs refroidis, sur six qui avaient été couvés, et je ne tardai pas à m'assurer que le couple traînait à sa suite quatre jeunes paraissant très vifs. Dès le 7 juin ces jeunes vagabondaient de tous côtés, sans trop suivre leurs parents, grattant et cherchant leur vie chacun pour son compte. Ils se montrent très sauvages. L'un d'eux s'étant pris dans les grillages, je m'en fus le délivrer, mais à son cri le mâle accourut sur moi, les ailes tendues, comme pour le défendre. Le 17 juin, ces quatre derniers élèves, gros comme des noix,, commençaient à voleter; le 21, ils étaient gros comme des cailles et poussaient à vue d'œil, malgré l'humidité et le temps froid, si fatals aux autres Perdreaux, Le 21 juin, toujours dans le même nid, je trouvais un nou- vel œuf chez les Perdrix du Boutan. La femelle avait commencé une nouvelle ponte: la quatrième et la dernière de cette année. Le 29 juin, les quatre derniers Perdreaux, âgés de trois semaines, commençaient à passer les nuits au dehors, perchés et cachés dans les branches du iilas qui masquait le nid de leur mère. Le 24 juin, deuxième œuf; le 27, troisième œuf; le 30,. quatrième œuf ; le 1" juillet, cinquième œuf et commence- ment d'incubation par la Perdrix. PERDRIX PERCHEUSE DU BOUTAN. 505 Le 4 juillet, j'eus à constater une panique dont je n'eus l'explication que quelques jours après. Les jeunes paraissaient affolés, poussaient des cris de terreur, couraient dans tous les sens et se cachaient sous les arbustes; puis, en ma pré- sence, le calme revint et la petite famille reprit ses allures habituelles, sous la protection du père. Puis, le 17, il se fit chez les Perdrix du Boutan un bruit inusité et je surpris la mère, qui avait quitté son nid, pourchassant ses jeunes, qui ne savaient, cette fois, où se fourrer. — Alors je compris tout. La Perdrix du Boutan venait de m'enseignerque, différente en ceci de la Perdrix percheuse de la Chine, qui, elle, élève ses diverses portées successivement et pour ainsi dire couche par couche, les derniers venus pêle-mêle avec leurs aînés, elle chasse impitoyablement ses jeunes à mesure qu'elle entre- prend une nouvelle couvée. Il faut reconnaître aussi que chez la Perdrix du Boutan, la croissance des petits s'effectue très rapidement, à ce point que, dès l'âge de six semaines, ces derniers sont aptes à se suffire et ont déjà revêtu leur livrée au point de permettre de distinguer les sexes. Cette particularité est à noter pour l'époque où nous voudrons essayer de naturaliser dans nos chasses l'oiseau du Boutan à l'état de gibier libre. Je dus donc pénétrer dans le compartiment pour reprendre les quatre élèves, déjà presque à leur grosseur et bien en plumes. Il y avait deux mâles et deux femelles. Ils furent installés avec leur aînée, que les faisandeaux de Swinlioë coamiençaient à molester, dans un compartiment séparé, amplement pourvu de menue paille. Mais la capture de ces jeunes ne put s'effectuer sans un certain brouhaha, dont le résultat fut que les cinq œufs qui étaient au nid et dont l'incubation était commencée, furent abandonnés momentanément jusqu'à refroidissement presque complet. Force me fut de retirer du nid ces cinq œufs pour les con- fier à une poule naine de Java noire. Puis, par une sorte d'ironie du sort, à peine ces œufs étaient-ils enlevés, que la Perdrix reprenait sa place au nid. Trop lard. 506 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMÂTATION. Je regrettai ce contre-temps, mais, en somme, je savais ce qu'il importait de savoir : la Perdrix du Boutan m'avait montré qu'elle ne supporte plus ses jeunes dès qu'elle en- treprend un nouvel élevage. Le 24 juillet, les cinq derniers œufs, dont l'incubation in- terrompue avait été reprise en sous-œuvre par la poule de Java, me donnaient quatre éclosions: le cinquième œuf, qui avait été refroidi, était bêché, mais la coquille tellement brisée et friable, qu'il y avait danger à le laisser à la poule ; l'em- bryon eût été infailliblement étouffé ou écrasé. Je le plaçai dans le tiroir d'un incubateur Lagrange où il vécut deux jours, puis, finalement, il succomba. Le poussin n'avait pu résorber le jaune ou vitellus. Restaient donc quatre poussins vivants, qui, dès le 2 août, furent installés, avec leur poule captive, dans la partie cou- verte d'un compartiment de volière, et nourris de vers de terre, de sauterelles, de larves de fourmi et de pâtée à fai- sans (1). Le 26 août, j'ouvris la boîte et la poule fut laissée libre de circuler avec ses élèves. Les premiers moments de cette réunion ne furent pas sans me donner quelque souci: les petits prirent peur. Tant que la poule fut dans sa boîte ob- scure, à l'état d'édredon vivant, tout alla bien; mais dès que cette bête aux grandes proportions, à la livrée étrangère, fut lâchée au dehors, les appelant à grands cris dans une langue qu'ils ne comprenaient pas, se livrant à des battements d'aile et à des mouvements désordonnés, alors la panique s'em- para du jeune troupeau qui ne savait où se cacher. La poule, de son côté, s'évertuait à les chercher et à les appeler à grands cris, et plus elle appelait, plus ils avaient peur. Enfin je la réintégrai dans sa boîte, où ses petits la rallièrent peu à peu ; je recommençai l'expérience à deux ou trois reprises et la bonne intelligence finit par s'établir entre l'éleveuse et ses élèves. Le 7 août, elle les promenait dans la volière, grattant dans (1) Voyez, pour la composition de la pâtée à faisans, l'Aviculture, 3* édition, illustrée, p. 155 et 156. Firmin-Didol, éditeurs. PERDRIX PERCIIEUSE DU BOUTAN. 507 la menue paille pour leur montrer à y chercher des friandises, jouant de son mieux des pieds el du bec, mais bientôt elle ne fut pas de force à ce jeu, el ses petits, creusant de véritables trous, lui rendaient des points. Le 14 août, ils commençaient à voleter et avaient leurs pre- mières plumes et leur première livrée; les flancs pointillés de blanc, les plumes des ailes mouchetées de marron, en forme deV. Le 16 août au soir, ils perchaient, et leur poule, peu habi- tuée à voir percher des poussins à cet Age, et qui les attendait dans sa boîte pour y passer la nuit, dut les rejoindre. Depuis cette époque, ils grossissent à vue d'œil, sont très vifs et je considère leur éducation comme assurée. En résumé, j'ai obtenu, pour cette année, une reproduction de neuf jeunes, quatre mâles et cinq femelles, actuellement vivants, qui eût pu être plus abondante sans les fautes com- mises et sans la température hivernale que nous avons subie cette année, durant les mois de mars et d'avril. La Perdrix percheuse du Boutan s'est révélée à nous comme un oiseau d'une acclimatation facile, très apte à supporter l'humidité, qui, depuis quelques années, tend à devenir la température dominante de notre pays. J'ai été assez heureux pour trouver, dans mes rapports avec cette espèce rustique, le régime qui lui convient le mieux, régime dont, en ma qualité de membre de la Société d'Accli- matation, je n'ai pas voulu faire un secret. Je suis porté à croire que l'emploi de mon système de compost conviendrait pour assurer la réussite de l'éducation d'autres espèces fouis- seuses, telles que le lophophore, par exemple. Je suis persuadé que la Perdrix du Boulan se plairait dans les terres légères el humides, boisées, puisqu'elle est per- cheuse, et, dès que cet oiseau se sera suffisamment répandu par l'éducation en volière au point de nous permettre de faire des essais multipliés, peut-être nous sera-t-il donné de voir nos chasses s'enrichir d'un gibier nouveau. RAPPORT SUR LA SITUATION DE LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER d'après les documents recueillis à l'Exposition internationale de produits et engins de pêche de Berlin EN 1880 Par I»I. C. R If ERET-WATTEL Secrétaire des séances. (Suite) Les appareils coniques perfectionnés de M. Fergnson, comme ceux de MM. Fred. Mather et Ch. Bell, rentrent dans la catégorie de ceux que l'on désigne en Amérique sous le nom de self-pickers et en Allemagne sous celui de selbsl- auslesande Bruttrôge, c'est-à-dire appareils à triage auto- matique, opérant un nettoyage continuel des œufs en incu- bation et rejetant ceux de ces œufs qui viennent à se gâter, pour ne conserver que les bons. Dans tous ces appareils, les œufs se trouvent placés dans un courant ascendant, dont la force est réglée de telle sorte que les œufs sains restent tenus en suspension, tandis que les œufs gâtés, plus légers que les autres, sont entraînés et s'é- chappent avec l'eau. Un des modèles les plus employés est celui inventé en 1875 par M. Oren M. Chase, surintendant du laboratoire de pisci- culture de la Commission des pêcheries du Michigan, à Détroit. Cet appareil consiste en une sorte de seau ou jarre en verre (fig. 26, A), de O^sSO de hautsur 0",I5 de diamètre. L'eau, amenée par un tuyau en caoutchouc, qu'on ouvre ou ferme à volonté au moyen d'une cannelle en bois, entre par le tube en verre a, pour aller sortir, en suivant la direction qu'indiquent les flèches, par l'orifice b, ménagé dans le col ou garniture en fer-blanc qui forme la partie supérieure de l'appareil. A cet orifice s'adapte intérieurement un grillage mobile en fine toile métallique. Comme on le voit dans la figure, le tube ver- LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 509 tical a est légèrement renflé à sa base pour présenter plus de solidité et aussi pour donner une direction convenable au courant, qui s'échappe par toute la circonférence, en passant dans un intervalle de \ à 5 millimètres ménagé entre le fond du seau et l'extrémité inférieure du tube, au moyen de trois petits pieds ou boutons, sur lesquels repose ce dernier. Chaque jarre peut recevoir de 150 000 à 175 000 œufs de Corégone, voire même, au besoin, '200000. FiG. 26. Soulevés et tenus en suspension par le courant, au milieu duquel ils roulent constamment sur eux-mêmes, ces œufs, demi-transparents, forment dans l'eau un nuage blanchâtre, mouvant, assez comparable, pour l'aspect, à de la fécule de tapioca agitée par un liquide en ébullition. A l'établissement de Détroit (Michigan), -205 de ces jarres peuvent fonctionner à la fois et suffisent pour la mise en in- cubation de -40000000 d'œuts. Les jarres, placées en séries parallèles sur de solides rayons, reçoivent l'eau d'alimenta- tion par des conduites fixées aux murs du laboratoire. Les becs h (v. fig. 26) déversent cette eau dans des rigoles qui courent le long des rayons et vont aboutir à un réservoir commun. Pendant la durée de l'incubation ces becs sont garnis du lin grillage entoile métallique mentionné plus haut, 510 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. afin de retenir les œufs que le courant pourrait entraîner intempestivement. Mais, quand les éclosions commencent à se produire, ces grillages sont enlevés pour laisser libre passage aux alevins. Ceux-ci s'échappent des appareils avec le filet d'eau qui en sort, tombent dans les rigoles longitudinales et vont se réunir dans le réservoir où aboutissent ces rigoles. Dès que les éclosions se manifestent, elles ont lieu en nom- bre considérable, si considérable, qu'il serait impossible de compter les alevins qui s'échappent d'un appareil. Le réservoir en est bientôt rempli. Au furet à mesure, on les recueille avec un filet en mousseline, pour les mettre dans des appareils de transport, grands bidons en fer-blanc qui peuvent en contenir des milliers, et on les expédie sans retard à destination, c'est- à-dire dans les localités où se trouvent les eaux à repeupler. A Madison (^Yisconsin), dans l'établissement de pisciculture de la Commission des pêcheries, les appareils Chase sont également employés sur une grande échelle. On les a déjà presque complètement substitués aux boîtes Holton (voy. ci- dessus) précédemment employées pour la mise en incubation des œufs de Corégone et de Wall-eyed-pike {Lucîoperca ame- ricana). Une centaine de ces jarres fonctionnent habituelle- ment et servent à l'éclosion de 20 000 000 d'œufs. Cette mo- dification dans l'outillage permet à la Commission des pêcheries de réaliser annuellement une économie de 5 000 dol- lars (25000 francs) dans les frais de main-d'œuvre. Un seul homme suffit, en effet, pour surveiller l'incubation de cette quantité d'œufs, tandis qu'avec les boîtes Holton il faudrait, pendant toute la durée de l'incubation (soit environ du 1'' dé- cembre au i" avril) un personnel nombreux constamment employé à visiter les œufs et à rejeter avec les barbes d'une plume tous ceux qui viennent à se gâter. On évite du même coup une forte dépense et un travail fastidieux (1). Il en est de même au grand établissement de Northville (Michigan) déjà mentionné ci-dessus. Nous devons à Tobli- geance du surintendant de cet établissement modèle, M. Frank (1) Le salaire des femmes que Ton emploie dans les établissements au triage des œufs est, en moyenne, de 75 cents (3 fr. 75) par jour. LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 511 Nelson Glark, des renseignements intéressants que nous croyons devoir donner ici pour compléter ceux qui précèdent concernant les appareils self-pickers en général, et les a\ppa- reils Chase en particulier. « Tous les appareils dits self-pickers fonctionnent d'une même manière, c'est-à-dire en tenant les œufs constamment en suspension dans l'eau par la force du courant, et tous re- posent sur un même principe, à savoir : que les œufs gâtés et envahis par des végétations cryptogamiques, étant générale- ment plus légers que les œufs sains, peuvent être isolés de ceux-ci, puis entraînés, éliminés par le courant. » Il ne faut pas perdre de vue toutefois que la différence de densité entre les œufs sains et les œufs gâtés n'est pas très sensible et que, par suite, un courant qui serait assez fort pour entraîner tous ces derniers hors des appareils d'éclosion suflirait pour emporter aussi une partie des premiers. On ne peut donc espérer obtenir un appareil faisant un triage abso- lument complet des œufs. Mais, en somme, les résultais donnés par les divers modèles en usage sont très suffisants, puisqu'ils réduisent à un travail insignifiant la besogne du triage à la main, et l'on peut dire qu'ils sont, par cela même, de beau- coup supérieurs à tout autre système d'appareils d'éclosion. » Il est bien entendu toutefois qu'ils ne sauraient être uti- lement employés que pour telles espèces de poissons dont les alevins, aussitôt éclos, nagent librement, au lieu d'être alour- dis par un volumineux sac ombilical (comme le sont, par exemple, ceux de Truite ou de Saumon), et sont assez légers pour que le courant puisse les entraîner. Ces appareils se trouvent donc tout indiqués pour l'éclosion des œufs d'Alose, de Corégone, etc. » Des divers modèles proposés jusqu'à ce jour pour faire éclore les œufs en les tenant en suspension, les plus remar- quables et les meilleurs assurément sont les appareils coni- ques de MM. Malher et Bell, perfectionnés par M. Ferguson, et les jarres de M. Chase. » Les cônes sont employés exclusivement pour l'Alose, tandis que les jarres n'ont encore été utilisées que pour le 512 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Wliitefish {Coregonus albus), sauf dans une seule expérience, qui a fait constater que les œufs d'Alose y réussissaient égale- ment bien. L'essai aurait besoin néanmoins d'être renouvelé pour devenir tout à fait concluant. » Bien que d'invention récente, les jarres du système Chase sont déjà, sur beaucoup de points, substituées aux autres ap- pareils antérieurement imaginés pour l'éclosion des œufs de Whitefish, et j'estime qu'elles les remplaceront partout quand leurs avantages seront mieux connus et appréciés. Avec ces jarres un seul homme suffit pour surveiller l'incbation de vingt millions d'œuifs. L'économie de main-d'œuvre est donc facile à apercevoir. Ce résultat est obtenu grâce au mode de fonctionnement de l'appareil, lequel rassemble la plus grande partie des a:'ufs gâtés vers la partie supérieure de la masse, d'où ils peuvent être facilement enlevés. » En réalité, il n'y a qu'un triage partiel et non un nettoyage complet. Mais ce simple triage fournit le moyen d'enlever rapidement presque tous les œufs gâtés, et le peu qui en reste ne saurait porter préjudice aux œufs sains, car l'agitation imprimée à toute la masse par le courant empêche les bons d'être contaminés par les mauvais. Il est établi que quand la température de l'eau ne dépasse pas + 4 ou 5 degrés -centigrades (conditions dans lesquelles le développement des végétations cryptogamiques est relativement peu rapide), on peut laisser sans grand inconvénient une proportion assez forte d'œufs gâtés avec les bons. Néanmoins l'enlèvement de tous ceux, plus ou moins suspects, qui viennent se rassembler à la surface de l'eau est toujours une précaution utile. » La méthode employée par M. Chase, inventeur de l'appa- reil, pour enlever ces œufs est de donner un courant d'eau juste suffisant, pour que la partie supérieure de la masse des œufs en incubation soit de niveau avec l'orifice de l'appareil, orifice par lequel sont entraînés les œufs qui flottent à la surface. » Mais, quelque précaution que l'on prenne, on n'empêchera jamais par ce procédé que beaucoup de bons œufs ne soient entraînés avec les mauvais, la ligne de séparation entre les uns et les autres n'étant pas très distincte. LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 513 .))Je me suis assuré qu'on peut éviter une grande perte de temps et d'œufs en se servant d'un siphon en verre pour enle- ver les œufs de la surface. Le même moyen m'a d'ailleurs réussi pour les œufs d'Alose en incubation dans des appareils coniques. » Aucun soin particulier n'est à prendre dans cette opéra- tion, attendu que les œufs ainsi enlevés peuvent être mis à part dans une jarre, où tous ceux qui sont gâtés viennent, quelques instants après, former près de la surface une couche compacte facile à enlever sans toucher aux œufs sains. » D'autres moyens ont été essayés pour seconder l'élimina- tion automatique des œufs dans les appareils ; mais il m'est resté démontré que l'emploi du siphon est, de tous les procé- dés, le plus expéditif et celui qui entraîne le moins de perte. » Avec tout appareil d'éclosion dans lequel les œufs restent immobiles, ceux-ci, quelle que soit la pureté de l'eau, se cou- vrent promptement de sédiments vaseux qui exigent des lavages fréquents. L'appareil a lui-même souvent besoin d'être netloyé. Puis, quand les éclosions se produisent, les tamis qui supportent les œufs doivent être visités chaque jour pour l'enlèvement des coques d'œufs qui restent engagées dans les mailles de la toile métallique. Or rien de tout cela avec l'emploi des jarres. L'agitation continuelle imprimée aux œufs les entretient constamment propres, et, au mo- ment des éclosions, le courant ascendant entraîne à la fois les alevins et les débris d'œufs hors de l'appareil (par l'orifice dont on a enlevé le grillage) et les amène dans un petit réser- voir préparé pour les recueillir. « Les précautions suivantes sont toutefois utiles à observer dans le maniement de la jarre Chase : L'appareil doit être installé avec tous ses accessoires, rempli d'eau, et mis en marche avant l'introduction des œufs. Mais, pendant qu'on place ceux-ci, il convient d'arrêter le courant qui pourrait les entraîner et les accumuler contre le grillage fermant l'orifice. » Le tuyau d'amenée en caoutchouc doit descendre dans le tube en verre au-dessous du niveau de l'eau dans l'appareil, pour éviter toute introduction de bulles d'air. 3" SÉRIE, T. X.— Seplcmbie 1883. 33 514 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. f> Les œufs qu'on reçoit de loin sont quelquefois, au débal- lage, réunis en pelotes plus ou moins grosses. Ces pelotes • doivent être divisées avant l'introduction des œufs dans la' jarre, où le courant serait insuffisant pour amener l'isolement des œufs ainsi collés ensemble. » Les pieds ou petits renflements qui se trouvent à l'extré- mité inférieure du tube de verre doivent être bien égaux, pour qu'un courant uniforme s'échappe par toute la circonférence du tube. » Au moment où j'écris ces lignes, j'ai sous les yeux une jarre contenant 40000 œufs, qui éclosent en grand nombre à la fois. Ces œufs sont les plus anciennement récoltés de la sai- son. Leur rapide éclosion est la conséquence d'un accident. Une avarie étant survenue dans le tuyau d'alimentation, le cou- rant d'eau fut interrompu pendant quelques instants seule- ment dans la jarre. Aussitôt qu'on l'eut rétabli, les œufs com- mencèrent à éclore par milliers. Ceci prouve que, quand les œufs sont dans un état d'incubation avancé, leur mouvement gyratoire dans les jarres ne doit subir aucune espèce d'arrêt si l'on admet qu'il est utile de maintenir l'embryon le plus- longtemps possible dans la coque de l'œuf. » M. Max von dem Borne, de Berneuchen, est l'inventeur d'appareils d'éclosion à triage automatique (selbstauslesande Bruttrôge) dont il obtient de très bons résultats. Considé- rant que, par suite de la disposition du tube d'amenée de l'eau dans l'appareil Chase, le courant, beaucoup plus rapide dans la partie inférieure de l'appareil que dans le haut, y détermine une forte agitation des œufs, et que, de plus, quel- ques précautions sont nécessaires pour empêcher l'introduc- tion de bulles d'air par le tuyau en caoutchouc, M. Max von dem Borne a eu l'idée d'établir un appareil self-picker d'a- près la même disposition générale que son auge californienne perfectionnée ci-dessus décrite. Cet appareil (fig. 27, A) se compose d'une caisse extérieure b et du tuyau ou cylindre c, qui, bien que formant deux pièces dclachées, peuvent être reliées ensemble par la douille d, à LA PISCICULTURE A L ÉTRANGER. 515 jointure parfaitement étanche. La caisse b est large de 0'",15, longue de O^^O et haute de 0'",50. Le cylindre c, où se pla- cent les œufs, mesure 0'",iO de diamètre et 0"\40de hauteur. 11 est fermé à son extrémité inférieure par un disque de toile métallique formant une sorte de tamis. FiG. 27. L'appareil peut recevoir environ 50 000 œufs de Fera ou de quelque espèce de Corégone que ce soit. L'incubation s'y fait très bien, et ne donne pas un déchet de plus de 3 à 4 pour 100, quand elle est bien conduite. Mais ce système ne peut être employé pour les œufs de Saumon, d'Ombre ou de Truite; ces espèces y réussissent mal. Quand on donne plus de O^jlO de diamètre au cylindre c, le courant d'eau qui le traverse présente moins de régularité dans son mouvement ascendant comme à sa sortie par la douille d. Les remous qui se produisent sont nuisibles aux œufs. Pour obvier à cet inconvénient, M. Max von dem Borne garnit le bord supérieur du cylindre d'une rigole circulaire ayant O^jOS de profondeur et autant de largeur (fig. 516 SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. dans laquelle l'eau se déverse d'une façon bien égale, en dé- bordant sur toute la circonférence de l'appareil, pour s'échap- per par la douille e. Mais il n'y a pas avantage, au moins pen- dant la dernière période de l'incubation, à ce que le tamis d présente plus de O^jlO de diamètre, attendu que la toile mé- FiG. 28. lallique est alors plus exposée k se couvrir d'un dépôt vaseux. En résumé, on peut employer des cylindres ayant de 0'",i2 à {^\\h de diamètre; mais ceux deO'",10 sont de beaucoup les meilleurs, quand on n'a pas des quantités considérables d'œufs à faire éclore. Aussi M. Max von dem Borne donne-t-il aujour- d'hui à l'appareil d une forme légèrement conique, pour que le diamètre n'en soit pas de plus de 0™,10 à la partie inférieure. Presque aussitôt après leur éclosion les alevins de Coré- gone commencent à nager en se tenant de préférence à la surface de l'eau. Il convient, par suite, de les laisser suivre le courant et passer du cylindre d'éclosion dans l'apitareil B (fig. 28), où la caisse g, à fond de toile métallique, les retient LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 517 captifs, et où il est bon d'ailleurs de ne pas les laisser séjour- ner longtemps en trop grand nombre. D'après l'expérience qu'il en a faite, M. Max von dem Borne considère son appareil comme donnant les meilleurs résultats possibles pour l'éclosion des œufs de Corégone, attendu que : l^La séparation des œufs gâtés des œufs sains devient facile ; 2» Le développement des_ végétations cryptogamiques est enrayé ; 3" L'eau ne dépose aucun sédiment nuisible sur les œufs; 4" Les pertes sont insignifiantes, grâce aux bonnes conditions dans lesquelles se fait l'incubation. M. Max von dem Borne fait laquer ses appareils en couleur rouge ; les œufs s'y distinguent mieux que sur un fond noir. La quantité d'eau fournie couramment par le robinet a doit être telle que les œufs soient très légèrement remués. Une fois par jour, on donne un peu plus d'eau pour chasser les œufs morts, devenus opaques et plus légers que les autres. Pendant la première période de l'incubation, c'est-à-dire pendant que les œufs s'embnjonnent, la mortalité est parfois un peu forte. On augmente alors un peu le courant, qui en- traîne, il est vrai, quelques œufs sainsavecles mauvais; mais il est aisé de recueillir le tout dans une cuvette, où le triage se fait rapidement, et l'on élimine seulement les œufs gâtés pour remettre les bons dans l'appareil. Plus tard, on peut se servir d'un petit filet de gaze ou de mousseline, à long manche, pour enlever du cylindre les œnifs opaques qui vien- nent surnager. Avec un cylindre de O^jlO de diamètre, la quantité d'eau nécessaire au fonctionnement de l'appareil est d'environ 80 centimètres cubes d'eau par seconde. Une précaution à prendre, c'est qu'aucune bulle d'air ne s'introduise avec l'eau dans le cylindre. Si un peu de vase vient à se déposer au fond de la caisse et que le tamis en toile métallique d se trouve légèrement obstrué, il est utile de vider l'appareil au moyen d'un siphon et de procéder à un rapide nettoyage. On doit toutefois s'en abstenir pendant la période d'éclosion. M. Max von dem Borne a imaginé également un autre appareil pour l'incubation des œnifs de Corégone. C'est une 518 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. combinaison de son auge californienne perfectionnée, — dont les principales dispositions se trouvent reproduites figure 29, — et des appareils coniques américains. La figure ci-dessous FiG. 29. suffit pour faire comprendre le jeu de l'appareil. L'eau du robinet a tombe en h dans la caisse A, pénètre dans le cône c par l'ouverture inférieure, qui est garnie d'un disque de toile métallique, et va sortir par la douille /", en traversant le tamis mobile e (lequel est aussi figuré isolément au-dessus de l'ap- pareil), servant à retenir au besoin les œufs ou les alevins. A la partie inférieure, le diamètre du cône mesure 0"VlO, il est de O'jSO au niveau du rebord d. Gomme pour tous les systè- mes analogues, le courant qui traverse l'appareil soulève les œufs au milieu du cône et les laisse retomber près des bords, sur la paroi inclinée. En raison de leur légèreté plus grande, les œufs morts surnagent et peuvent être facilement recueillis. Avec cet appareil, — qui peut aussi bien servir pour emfcryow- wer simplement les œufs que pour les amener jusqu'à éclosion, — le triage des œufs gâtés est particulièrement facile, le dé- veloppement des végétations cryptogamiques peu à craindre et le déchet moindre qu'avec d'autres systèmes. L'alevin de Corégone ne pouvant être, sans inconvénient, gardé captif dans le cône, on retire après l'éclosion le tamis e pour laisser passer les jeunes poissons, qui, suivant le courant, tombent L.\ PISCICULTURE A L ETRANGER. 519 d;ms la caisse B, où ils sont, retenus en g par le tamis h. Les alevins de Saumon et de Truite (l'appareil étant aussi employé pour ces deux espèces) peuvent, au contraire, faire un assez long- séjour dans le cône, à la condition d'y trouver un cou- rant suffisant. M. Max von dem Borne a même constaté que ce séjour était particulièrement profitable à des alevins ma- ladifs, et surtout à ceux atteints d'une dilatation de la vésicule ombilicale, maladie qui s'observe assez fréquemment et qui amène parfois une mortalité sérieuse dans les établisse- ments de pisciculture. L'observation a conduit M. Max von dem Borne à employer un appareil spécial pour le traitement des alevins soulïrant de cette singulière affection encore mal étudiée. C'est une boîte conique (fig. 30, A) dans laquelle l'eau entre par la partie inférieure, sans être tamisée par une toile métallique comme dans l'appareil delà figure 49. On y main- tient un fort courant, contre lequel les alevins ont constam- ment à lutter, en prenant un exercice qui l• e. « ai ^ e <: es ja 3 • «! c c; « <^ >- — >". M «*£ « 3 ■5£ i^-' LA PISCICULTURE A L'ETRANGER. 521 pour l'onclionner isolément, soit disposés par séries, à la suite les uns des autres, dans des rigoles à demeure, comme on le voit dans la figure 31 , représentant l'intérieur du laboratoire de pisciculture de M. Max von dem Borne, à Berneuchen, près Guben. Après la résorption de la vésicule ombilicale, les alevins peuvent être retirés des appareils mobiles. On enlève ces derniers des rigoles ou auges à demeure m (fig. 31), dans lesquelles on met en liberté les jeunes poissons, qui doivent y trouver une profondeur d'eau et un courant suffisants. Pour les empêcher de s'échapper par les tuyaux d'écoulement l, fixés à 0"',05 environ du fond des rigoles, on adapte intérieu- rement à chaque orifice un bout de tuyau formant coude (fig. M), et coiffé d'une caissette en toile métallique. En disposant ce petit appareil plus ou moins obliquement, on règle le niveau de l'eau dans la rigole. Du reste, quand on ne veut avoir que 0"\05 d'eau dans celle-ci, on emploie simple- ment un tuyau horizontal, avec la même garniture en toile métallique (fig. 33). Le dessus de la caissette peut au besoin Fig. 32. être en forme de couvercle à charnière pour faciliter le net- toyage du tissu métallique. Outre le tuyau de sortie l, il doit toujours exister dans le fond même de l'auge, pour permettre de vider complètement celle-ci quand il est nécessaire, une ouverture ou bonde, qui est habituellement fermée par un bouchon de liège. 532 SOCIÉTÉ ISATIONÂLE d'aCCLIMATATION. APPAREILS DE FILTRAGE, d'aÉRATION DE l'eAU, ETC. La qualité de l'eau employée, son degré de pureté, d'aéra- tion, etc., sont des points très importants dans la question de l'incubation des œufs. L'eau de rivière manque presque tou- jours de pureté et la température en est fréquemment très variable; l'eau de source est plus pure et d'une température assez égale ; mais elle manque souvent d'air et ne fournit pas aux œufs une quantité d'oxygène suffisante. Elle est, en outre, relativement un peu chaude en hiver : ce qui produit des éclosions trop précoces (1). C'est pour obvier à ces divers inconvénients que, dans certains établissements de piscicul- ture, disposant à la fois d'eau de source et d'eau de rivière, comme, par exemple, à Selzenhof (grand-duché de Bade), on a l'habitude de mélanger ces deux eaux en proportion conve- nable pour l'alimentation des appareils d'éclosion. L'eau de rivière fournit au mélange la fraîcheur et l'oxygène qui man- queraient à l'eau de source employée seule, et cette dernière donne une pureté plus grande à la masse liquide. Comme on n'a pas toujours le choix de l'eau, il faut cher- cher à donner à celle dont on dispose les qualités qui peuvent lui manquer. En hiver on fait refroidir l'eau de source en la laissant courir un peu à l'air libre avant de l'employer; ce qui lui permet, en outre, de s'aérer, surtout si l'on a la pos- sibihté de ménager quelques petites chutes ou cascatelles, qui produisent une agitation très favorable. Du reste, quelle que soit l'eau que l'on emploie, il est tou- jours indispensable de l'aérer le plus possible. Pendant la (i) Avec une eau à + 10 degrés centigrades, la durée de rincutation des œufs de Truite ou de Saumon e-^t environ de cinquante jours, et, par chaque degré en plus de cette température, le laps de temps nécessaire à l'évolution «mbryonnaire est réduit de cinq jours, comme il est au contraire augmenté dans la même proportion par chaque degré de chaleur en moins de l'eau. Autrefois, à Huningue, les éclosions s'obtenaient généralement au bout de soixante jours. A Stormontfleld (Ecosse), où l'eau des ruisseaux d'incubation est très froide, elles ne se produisent guère qu'après cent vingt-huit ou cent trente jours d'm- «ubation ; cent vingt jours est la période la plus courte que Ton ait observée dans l'établissement. LA PISCICULTURE A L ETRANGER. 5-23 durée de l'incubation les œufs absorbent une quantité consi- dérable d'oxygène, et l'eau qui les baigne ne saurait jamais contenir trop d'air en dissolution. C'est pour cette raison que, quand le niveau de la prise d'eau le permet, il convient de laisser tomber l'eau d'une certaine hauteur dans le labora- toire avant de l'introduire dans les appareils (1). Dans sa chute, elle peut s'aérer copieusement si l'on a le soin de la faire tomber par des tubes verticaux portant à leur extrémité supérieure un ou plusieurs petits trous d'admission de l'air. En réglant convenablement le débit de l'eau dans chaque tube, celle-ci entraîne de l'air avec elle, comme dans la trompe soufflante des forges catalanes, et elle en est saturée quand elle arrive dans les appareils. A l'Exposition de pisciculture de Berlin, où l'eau fournie par la Ville pour l'alimentation de l'aquarium et des nom- breux appareils exposés, ne renfermait pas une quantité suf- fisante d'air, on se servait d'appareils d'aération (Luftinjek- tor), d'un modèle extrêmement simple, inventé par M. Emile Weeger, de Briinn, qui l'avait déjà employé avec avantage à Taquarium de Vienne. L'eau, arrivant sous une forte pres- sion, était introduite dans un tube en fer-blanc de 0°',01 de diamètre (fig. S^, I, II), qui, se terminant en cône, ne pré- FiG. 34. sentait plus, à son extrémité inférieure, qu'une ouverture de 1 millimètre de diamètre environ. Ce tube entrait à frotte- ment serré dans un autre tube III, où il pénétrait jusqu'à l'anneau de fer a servant d'arrêt. L'extrémité II se trouvait (1) Afin d'avoir plus de chute, on peut, au besoin, établir ie laboratoire en sous-sol. Cette installation est même fréquemment assez avantageuse en ce que la température y est plus égale, et qu'en hiver, à moins de très grands froids, on peut, sans craindre la gelée, se dispenser de l'usage d'un poêle ou autre moyen de chauffage, surtout si les appareils d'éclosiou sont alimentés par de l'eau de source, qui entretient dans la salle une chaleur relative. 524 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. ainsi à un demi-centimètre environ des quatre trous h. Ces derniers, de 3 millimètres de diamètre, servaient à l'intro- duction de l'air, que l'eau entraînait avec force et qu'elle dis- solvait pendant son parcours dans les conduites (l). Dans certains cas et lorsqu'on opère sur de très faibles quantités d'œufs, on peut, à l'aide d'une pompe et d'un réservoir, suppléer jusqu'à un certain point à l'insuffisance de hauteur dans le niveau de la prise d'eau. Au petit labora- toire de pisciculture de Waplitz (Prusse orientale), sur la Marause, deux « auges californiennes » et deux appareils coniques des modèles représentés ligures il et 29, ont pu être alimentés à l'aide de deux grandes tonnes d'une contenance totale de 2 hectolitres, portées sur un bâti et formant réser- voirs. Trois cuves recevaient l'eau à sa sortie des appareils d'éclosion et servaient de déversoir. Complètement pleines d'eau, les deux tonnes suffisaient au fonctionnement des ap- pareils pendant une durée de six heures. Au bout de ce temps, à l'aide d'une petite pompe à bras, qu'un enfant manœuvrait aisément, on pouvait, en moins d'une demi-heure, remplir de nouveau les tonnes, soit en puisant l'eau dans les cuves, soit en en prenant d'autre n'ayant pas encore servi, et il arrivait fréquemment qu'on ne la renouvelait que tous les deux ou trois jours. Cette installation a pu suffire pour mettre annuel- lement en incubation et amener à éclosion de dix à vingt mille œufs de Truite ou de Saumon. Dans les rigoles d'incubation, on peut très utilement aérer l'eau en ménageant de petites chutes, où l'on veille à ce que la veine liquide soit d'ailleurs aussi large et aussi mince que possible. En outre, au lieu de laisser l'eau tomber le long d'une paroi verticale, on l'oblige, à l'aide d'une planchette • (1) Chez M. Oscar Micha, qui fait, à Berlin et à Cologne, le commerce des Écrevisses sur une échelle considérable, nous avons vu employer un robinet aéra- teur d'un modèle très simple et assez satisfaisant. Presque immédiatement après la clef, se trouve accolé longitudinalement sur le robinet un petit tube de même métal que ce dernier et environ du diamètre d'un tuyau de plume. Ce petit tube, dont l'extrémité supérieure est ouverte, pénètre, après quelques centimètres de parcours, dans l'épaisseur du robinet, à l'intérieur duquel il va déboucher en y introduisant de l'air. Lorsque le robinet est ouvert, l'eau qui tombe entraîne cet air et s'en sature. LA nSCICULTURE A L ETRANGER. 5-25 horizontale (fig. 35), à se déverser de telle sorte que la nappe tombante soit, en dessons comme en dessus, en contact avec l'air : ce qui double l'effet obtenu. Quand on emploie de l'eau de rivière, toujours plus ou moins chargée de matières terreuses en suspension, qui for- meraient des dépôts très nuisibles pour les œufs, un liltrage préalable est ordinairement nécessaire (1). Dans les grandes exploitations, on se sert généralement de filtres en gravier et Fig. 35. de filtres en flanelle, dits « filtres américains». Les figures 36 et 37 représentent l'appareil de filtrage employé dans l'éta- blissement de pisciculture de Berneuchen et permettent de comprendre d'un coup d'œil le fonctionnement de ce genre de filtres (2). L'eau est d'abord reçue dans le réservoir d'alimentation S, où elle laisse déjcà déposer une partie des matières vaseuses qu'elle charrie. Ce réservoir, construit en briques et ciment, (1) Souvent une eau très claire en apparence n'en laisse pas moins dé, oser à la longue, pendant les huit ou dix semaines que dure l'incubation des œufs de Truite ou de Saumon, des sédiments fort nuisibles. La vase est aussi préjudi- ciable que les végétations cryptogamiques; c'est l'ennemi le plus terrible de^ œufs de poisson. Du reste, le filtrage n'a pas seulement pour but de purifier l'eau, mais aussi d'arrêter les larves d'insectes qui détruisent beaucoup d'œufs. A l'établissement de Stormontfield (Ecosse), on a perdu, de ce cbef, en une seule saison, plus de 70 000 œufs de Saumon. (2) L'eau de la Mietzel, qui alimente l'établissement de Berneuchen, dépose presque toujours beaucoup de vase, dont rapparcil de filtrage employé la dé- barrasse parfaitement. 526 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. mesure 2"\50 de long, sur l'",25 de large, et l'",^,") de haut. La bonde ou soupape Wi, d'environ 0™,10 de diamètre, sert à le vider complètement quand un nettoyage est nécessaire. FiG. 36. — Plan. Du réservoir S, où le niveau du liquide doit toujours se main- tenir entre les points h, h et n, n, Teau, passant par l'ouver- n i '/4 S' W/m^^mmmm-tÉmmmmmmmmmsmmm'^^ FiG. 37. — Coupe. —j; ture«, traverse d'abord, dans le compartiment F, la couche de gravier Ki, épaisse de 0'",6U, qui repose sur une grille en bois Gi ; par l'espace libre U, L', l'eau gagne ensuite le com- partiment F», qu'elle traverse en remontant pour passer, par LA PISCICULTURE A L ETRANGER. 527 l'ouverlure b, dans les compartiments F3 et F4, en tout sem- blables aux deux premiers. Chacun d'eux, construit en ci- ment, présente une surface carrée de i",25 de côté. Le gra- vier doit être au moins du volume de belles noix ; moins gros, il ne donnerait pas un filtrage sensiblement meilleur, et l'ap- pareil s'obstruerait plus vite. Quand, après un certain temps de service, le filtre commence à s'engorger par les dépôts qui s'y forment, le nettoyage en est facile. On ouvre les soupapes W. et W:), qui fonctionnent comme la soupape d'une baignoire; l'eau s'échappe rapidement et le fort courant descendant qui se produit dans l'appareil lave le gravier et le nettoie com- plètement en quelques instants. Du filtre de gravier, l'eau passe dans le « filtre américain » 0, 0 (fig. 36), bac en ciment, de 0"',50 de large, coupé par dix diaphragmes de flanelle ou de molleton blanc. Chaque diaphragme est formé d'un morceau d'étoffe tendu sur un double cadre ou, plus exactement, sur deux cadres, entrant l'un dans l'autre à frottement serré (fig. 38), de manière à Fig. 38. pincer fortement l'étoffe et à la maintenir bien en place, tout en permettant, au besoin, de l'enlever et de la remplacer facilement et rapidement. Le morceau d'étoffe doit déborder de chaque côté du châssis, d'abord pour être plus aisé à ten- dre, ensuite pour servir aboucher tout interstice entre le châssis et les côtés ainsi que le fond du bac. Chacun des dia- phragmes ou filtres est maintenu en place au moyen d'une rainure ménagée dans la paroi du bac et dans laquelle il entre à coulisse. Les filtres peuvent être espacés plus ou moins; si la place manque, un intervalle de 2 ou 3 centimètres entre 528 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. chacun peut suffire. L'important, c'est qu'ils puissent être enlevés et replacés aisément, pour la facilité des nettoyages. Quand la flanelle ou le molleton sont salis et ne laissent plus aisément filtrer l'eau, on les lave à plusieurs fois, ou bien on les fait sécher, pour les brosser ensuite énergiquement. En Amérique, les filtres de ce système — qui se recom- mandent du reste par leur simplicité et leur bon fonction- nement — sont à peu près les seuls en usage; il est très rare que l'on se serve de filtres de gravier. Aussi emploie-t-on plusieurs natures de flanelle ou de molleton : une étoffe d'un tissu très lâche pour les premiers diaphragmes, qui, sans cette précaution, s'obstrueraient très vite; puis des tissus de plus en plus serrés pour les autres diaphragmes, qui n'ont plus à retenir que des particules terreuses excessivement ténues. APPAREILS DE TRANSPORT Transport des œufs. — Avec quelques soins et un bon em- ballage, le transport des œufs, même à de grandes distances, est relativement facile, quand on choisit bien le moment. L'embryon doit être assez développé pour que les yeux soient bien visibles à travers la coque de l'œuf; mais il ne faut pas trop attendre, car, vers la fin de l'incubation, la coque s'amincit et l'on s'exposerait avoir l'éclosion se produire pen- dant le transport. Les fortes secousses et la chaleur sont à éviter avec soin ; la gelée tuerait également les œufs, mais une température aussi fraîche que possible est toujours favo- rable. Comme matériaux d'emballage on peut recommander la ouate non gommée, la mousse et surtout la sphaigne {Spha- gnum) ou mousse d'eau. La sciure de bois, autrefois assez employée, doit être rigoureusement proscrite, car elle s'é- chaufte facilement, surtout quand elle est neuve, et peut faire périr tous les œufs. Les premiers envois d'œufs d'Amé- rique en Europe échouèrent presque tous par cette cause. La mousse que l'on emploie doit être préalablement lavée à plusieurs eaux et soigneusement purgée de toute matière LA PISCICULTURE A L ETRANGER. 549 étrangère ; on la presse ensuite fortement afin de la bien es- sorer, puis on la secoue pour lui rendre de l'élasticité. Afin d'éviter que les œufs ne s'éparpillent dans la mousse et de pouvoir les enlever facilement au moment du déballage, on les dispose en couches minces, entre deux linges lins, tels que de la gaze ou de la mousseline préalablement mouillée et sans apprêt. Lorsque la quantité d'œufs à expédier est assez considé- rable, on se sert généralement, depuis quelques années, de châssis en forme de tamis, composés d'un cadre en bois léger, sur lequel est clouée, soit une forte mousseline, soit de la fulaine. Ces tamis, qui reçoivent chacun une ou plusieurs couches d'œufs (selon l'espèce des œufs à transporter), sont superposés les uns sur les autres, puis emballés, avec de la mousse humide, dans une caisse où ils sont fortement assu- jettis, afin d'éviter tout dérangement en cours de route. Il est toujours prudent (et la précaution devient indispensable quand la chaleur ou la gelée sont à craindre) de renfermer la caisse dans une plus grande et de remplir l'intervalle entre les deux enveloppes avec une couche isolante de balles d'a- voine, de très menue paille ou de mousse sèche, qui protège le contenu contre l'influence de la température extérieure. Les châssis d'emballage peuvent aftecter diverses formes. Ceux du modèle représenté ci-contre (fig. 39 et 40), qui se FiG. 39. })lient et se ferment comme un livre, sont d'un emploi paili- culièrement commode. La futaine clouée sur les cadres sert de charnière. M. Fréd. Matlicr, membre adjoint de la Commis- sion des pêcheries des États-Unis, surintendant de l'élablisse- 3« stKiE, T. X. — Scpluiiiljic 188J. oi 530 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. ment de pisciculture de Coldspring (Long Island) a été le premier à s'en servir. L'emploi de la glace dans l'emballage peut rendre de très grands services, surtout quand il s'agit d'un voyage de longue Fie. 40. durée, pendant lequel on pourrait craindre de voir les œufs arriver à éclosion. La basse température à laquelle la glace entretient les œufs ralentit considérablement l'évolution em- bryonnaire. Nous n'avons pas à rappeler que c'est grâce à cette ressource que des œufs embryonnés de Truite et de Saumon ont pu être expédiés d'Angleterre jusqu'en Australie, en Tasmanie ainsi qu'à la Nouvelle-Zélande, sans un déchet considérable (1). C'est par l'emploi du même procédé qu'ont lieu les envois d'œufs de Salmonidés faits à la Société d'Acclimatation par la Commission des pêcheries des Etats-Unis. Les œufs sont rangés sur des tamis qu'on supei'pose et qu'on maintient, à l'aide de tasseaux, dans une caisse ouvrant en forme d'armoire. Dans la partie supérieure de la caisse, un espace libre est réservé pour emmagasiner de la glace, qu'on renouvelle pendant le voyage autant de fois qu'il est nécessaire, et qui entretient les œufs à une température voisine de zéro, très favorable à leur conservation. Les bons résultats donnés par ce système d'emballage ont amené plusieurs pisciculteurs à utiliser des appareils analo- gues pour conserver eu laboratoire les œufs de Salmonidés et en retarder l'éclosion. Dans beaucoup d'établissements, les (1) A défaut de glace, la neige bien tassée iicutctre employée pour entretenir la fraîclieur dans les caisses d'emballage. M. Robert Eckart, de Liibbinchen, dit s'être servi avec avantage de cet expédient, et, de son côté, M. Max von detn Borne, de Berneuchen, a plusieurs fois envoyé en Amérique, sans déchet sérieux, des œufs d'Omblc-Clievalier, également emballés dans de la neige. LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. Ool appareils d'incubaiion doivent être uniquement alimentés par de l'eau de source, soit faute d'eau de rivière, soit parce que cette dernière eau serait trop limoneuse et difficile à filtrer, soit enfin, comme dans toutes les contrées septentrio- nales, parce qu'en raison de la rigueur des hivers, les eaux de source sont les seules qui ne gèlent pas et dont on puisse, en conséquence, se servir. Mais, surtout pour ces régions froides, les eaux de source, relativement tièdes, donnent des éclosions trop précoces. Les alevins sont arrivés déjà au degré de développement voulu pour être mis en liberté, quand les lacs et rivières sont encore entièrement gelés, ou quand, tout au moins, les jeunes poissons ne peuvent encore y trouver les larves, les insectes, les crustacés microscopiques, etc., qui constituent leur nourriture habituelle (1). L'embarras est déjà grand avec les alevins de Truite et de Saumon, si diffi- ciles à garder captifs quand ils se comptent par milliers, et à nourrir arliliciellement en si grand nombre, d'une manière à la fois saine et vraiment économique, réellement indus- trielle. Mais, avec les alevins de Corégone, c'est plus qu'une difficulté avec laquelle l'éieveur se trouve aux prises ; il y a pour lui impossibilité à tirer parti des jeunes poissons, (1)11 est aujourd'hui hors de doute que telle a été une des principales causes de l'insuccès de beaucoup de tentatives d'empoisonnement. Mis artificiellement en incubation dans une eau beaucoup moins froide que celle où ils eussent été placés dans les conditions naturelles, les œufs éclosent prématurément; les embryons, qui se sont développés trop vite, donnent des alevins délicats, inca- pables de résister à une foule de maladies, de causes de mortalité qui les assail- lent pendant la première période de leur existence et surtout dès les premiers jours de leur mise en liberté, quand ils se trouvent ainsi transportés subitement dans un milieu tout différent de celui où ils ont jusqu'alors vécu. De là des pertes énormes, qui expliquent comment il arrive souvent i|ue moins d'une semaine après leur mise en rivière on ne retrouve plus guère que quelques-uns des alevins distribués. En outre, à la fin de l'hiver, les ■? CHEPTELS. 565 «" SECTIOX. — OISEAVX^. B(M-nacbes. I couple Bernaclies des îles Sandwich {Bernicla Sandwicensis). ) — — mariée (Bernicla jubata). — — (grandes) du Magellan {Chloephaga Magellanica). Canardt^. I couple Canards bec de lait (Anas pœcilorhijncha). I — — spinicaudes {Dafila spinicauda). — — casarkas ordinaires {Casarka rutila). — — de Paradis {Casarka vartegata). — ^ de Bahama (Dafila Baliamensis). 0 — — Carolins (Aix sponsa). 5 ■ — — mandarins (il î^^a/mc»/a^a). 3 — — de Rouen (domestiques). ;> — — d'Aylesbury — 5 — — du Labrador — "-J — — siffleurs du Chili (Mareca chilocnsis). 1 — — siffleurs du Chili (Mareca Pénélope). i — — Sarcelles du Brésil {Querquedula Brasiliemis). Céréopscs. ! couple Céréopses d'Australie {Cereopsis Novœ-Hollandiœ). Colins. 5 couples Colins de Californie {CalUpcpla Californica). Colombes. 5 couples Colombes Longhups {Ocyphaphs lophotes). i — — poignardées (Phlogœnas cruentata). -J — — grivelées (Leucosarcia picata). I — — de l'Himalaya (Columba leuconota). — — lumachelles {Phaps Chalcoptera). Coq.» et Poules. 3 lots de 1 coq et 2 poules. Volailles de Houdan. û) <^ — de Crèvecœur. 1 - — — — de Bréda, bleus. 566 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. 1 lot de 1 coq et 2 poules. Volailles de Bréda, coucous. i — — — — — noirs. 2 — — — — de Campine. 2 — — — — espagnoles. 2 — — — — de Dorking. 2 — — — — nègres. 2 — — — — de Nangasaki. rygnes. 2 couples Cygnes noirs, jeunes {Cygnus atratus). 2 — — blancs, nés bhmcs [Cygnus olor). 1 — — à co\ noir {Cygnus nigricoUis). Faisans. 3 couples Faisans de Mongolie {Phasianus torquatus). 5 — — versicolores {Phasianus versicolor). 5 — — vénérés, nés en 1883 {Phasianus Reevesii). 5 — — dorés en couleur {Thaumalea picta). 5 — — hdy Amhersl, nés en 1883 {Thaumalea Amherstiœ). 5 — — de Swinhoë, nés en 1883 {Euplocomus Sivinhoei). 5 — — argentés, en couleur {Euplocomus nyclhemerus). 1 — Tragopans Temminck, nés en 1883 {Ceriornis Temminckii). 1 — — satyres, nés en 1883 {Ceriornis satyra). 1 — — de Cabot {Ceriornis Cuboti). 1 — Éperonniers cbinquis {Polyplectron chinquis). E.opbopliore8. 1 couple Lopbopbores resplendissants, nés en 1883 {Lophophorus im- peyanus). Oies. 3 couples Oies de Toulouse (domestiques). 1 — — du Danube — 3 — — de Guinée {Anser cygnoides). 2 — — du Canada (Aîiser 6'rt/mf/ens/s). 1 — — barrées de l'Inde {Anser Indiens). 2 — — d'Egypte {Anser JEgypiiacus). Perruches. 5 couples Perrucbes calopsittes {Calopsitta Novœ-Hollandiœ). 5 — — ondulées {Melopsitlacus undulatas). \ — — omnicolores {Platycercus eximius). CHEPTELS. 567 1 couple Perruches de Peanant {Platycercus Pennanti). l — — palliceps [Platycercus palliceps), 1 — — Jendaya {Conurus jeadaya). 1 — — à front pourpre {Platycercus Nooœ-Zelandiœ). Pigeons. \ coupl e romains, bleus. 1 couple Montauban, blancs. i - — chamois. — — noirs. 2 — — fauves. — - grands Boulants. 2 — — noirs. — Boulants lillois. 1 — — rouges. — tambours de Boukharie 1 — brésiliens. — pies. I - bouvreuils. — queue de paon. 1 — cravatés à manteau. — polonais. 1 — frisés. — russes. 1 - hirondelles. — sapajous. 1 — hongrois. "■^ salins. 3« SECriOV. — POI!!$^4 ^.Hi, CRIJ'^TACKS, etc. Montée d'Anguilles. Toi ■tues communes. Axolotls du Mexique. Œu fs et alevins de Saumon. Grenoui Iles-bœufs. — — de Truite. 4' SECTIOM. — l.^SECTES. Vers à soie de l'Ailanie. — du Mûrier. Vers à soie du Chêne de Chine. — — du Japon. Vers à soie des États-Unis et de l'Inde. 5' SECTIO.U. — VÉGÉTAUX. Plantes alimentaires. Betteraves, Carottes, Choux, Chicorées et Pissenlits améliorés, Fève d'Agua dulce à très longue cosse, Haricots, Ignames, Navets, Panais de Jersey, Pommes de terre, Vignes (Baisin de table et de fantaisie), Zapal- lito de tronco, etc., etc. 568 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. * Plantes fourragères. Betteraves, Carottes, Choux, Maïs, Navets, Panais de Bretagne, Pommes de terre, Téosinlé, etc., etc. Plantes industrielles. Bambous, Betteraves à sucre, Bœhmeria candicans, nivea et utilis, Eucalyptus, Pins, Phormium tenax (Lin de la Nouvelle-Zélande), Vignes, etc., etc. Plantes ornementales. Acacias australiens. Azalées variées, Bambous, Bégonias, Bonapartea gracilis, Cephalotaxus drupacea et Koraiana, Dracœna congesta et indivisa, Fuchsias, Grevillœa robusta, Ligustrum Quihoui, Lilium Ion- giflorum et tigrinum, Pelargoniums, Rdinosporapisifera, Thuya Lohbii, Thuiopsis dolobrata et lœtevirens, etc., etc. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ CROISEMENTS DE CANARDS Extrait d'une lettre adressée à M. le Secrétaire général Par M. Gabriel ROGERON J'ai pensé qu'il serait peut-être agréable à notre Société d'avoir quelques détails sur d'assez singuliers croisements de Canards qui ont eu lieu chez moi ces dernières années. Je viens vous les communiquer dans l'ordre et les circon- stances où ils se sont produits. Il y a trois ans un mâle Chipeau, que je possédais sans fe- melle de son espèce, rechercha une de mes Canes sauvages et devint pour elle un mari aussi assidu et jaloux que s'il eût été de sa race. L'union néanmoins ne fut pas bien féconde : sur huit œufs dont la plupart étaient clairs, un seul petit naquit et s'éleva, encore fut-ce avec regret que je pus constater au bout d'un certain temps que ce jeune Canard était une fe- melle. Celle-ci tenait des deux espèces, mais surtout du père ; ainsi la forme générale du corps, le miroir blanc et noir de l'aile, l'ensemble du plumage étaient plutôt d'une femelle Chipeau, tandis que le chant au contraire était absolument celui d'une Cane sauvage ordinaire. Malheureusement les femelles ayant toutes, quelle que soit leur espèce, une robe peu variée, plus ou moins brune et terne, la différence de plu- mage entre elles est beaucoup moins sensible, appréciable que chez les mâles, et je regreltai vivement l'original et singulier barbouillage qu'eût sans doute produit le mélange de couleurs vives et tranchées du Canard sauvage avec celles du Chipeau. Quant au côté moral, à l'instinct, elle sembla avoir tout pris du côté paternel. Tandis que les Canards sauvages ordinaires paraissent voués dès le principe à la domesticité et à la dé- pendance, que capturés même adultes ils deviennent bientôt tellement sociables et soumis, qu'on peut les habituer au bout de cinq ou six mois à rentrer comme les autres au pou- lailler, elle, au contraire, bien qu'élevée d'abord en basse- cour et faisant partie d'une couvée d'autres jeunes Canards 570 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. parfaitement dociles qui, dès le premier âge, lui avaient été adjoints, aussitôt qu'elle se sentit maîtresse d'elle-même par ses ailes, il fallut renoncer à toute contrainte, à tout espoir de la lamener le soir, et l'abandonner à l'état libre sur ma pièce d'eau. Là elle passait la nuit avec quelques autres Canards récalcitrants. Cependant malgré sa puissance de vol plus rapide que celui du Canard sauvage et les immenses randonnées qu'elle décrivait chaque jour dans les airs, jamais elle ne s'abattit au loin, bien rarement dans quelques douves du voisinage, et elle resta ainsi à peu près fidèle à ma pièce d'eau, jusqu'à ce qu'une singulière liaison qu'elle y contracta l'y fixa plus complètement encore. Parmi mes palmipèdes, en effet, se trouve un vieux Milouin, un des doyens de mes Canards ; il y a huit ou neuf ans, un chasseur lui brisa l'aile et depuis il est sur mes douves sans que j'aie jamais pris la peine ni même songé à lui donner une femelle; ce qui n'empêche pas qu'il soit fort amoureux, et je ne crois pas qu'il y ait eu chez moi une Cane, quelle que soit son espèce, à qui il n'ait fait des avances les plus réitérées, avances, il faut le dire, absolument inutiles, aucune ne sem- blant se soucier de cet épais Canard. Trop éloigné d'ailleurs de leur race, il n'avait jusque-là éprouvé que mécomptes et re- buffades, heureux encore quand il ne se trouvait pas de mari sur son chemin pour lui intliger une correction méritée. Mais après ces longs et nombreux déboires on ne se fût pas imaginé qu'il dût en être unjour tout autrement des sentiments de ma |«/îa-f/i^a (Mûrier desfemmes),petit,à longues branches. Le Mûrier est très anciennement cultivé au Japon. D'après M. Léon de Rosny, l'éminent professeur de japonais à l'École des lanouos orientales, dans sa très intéressante introduction la traduction du Traité de Véducalion des Yers à toie au Japon, par Sira-Kawa, de Sendaï (1), les tissus de soie étaient connus sous le règne du mikado Ko-reï-ten-o, de 290 à 218 avant notre ère. En 462, on planta des Mûriers dans presque toutes les provinces du Japon (2), principale- ment dans l'île de Nippon, où cette culture prit une extension si considérable, que les autres branches de l'agriculture furent délaissées et que les princes souverains (Daî-myÔ) durent prendre des mesures pour la limiter; aussi, pendant long- temps, dans certaines principautés, surtout dans la princi- pauté de Satsuma, dans l'ilede Kiusiu, l'usage des vêlements de soie était interdit sous peine d'amende aux gens non titrés et sans fondions publiques (3). Suivant le naturaliste Sira-Kawa (4), les principaux centres de culture du Mûiier sont : La province de Mutsu (5), dans la partie N. E. de l'île de Nippon, principalement aux environs de la ville de Sendaï ; dans le département de Daté, près des villes deNihon-matsu et de Shinobu (dans la province d'Iwashiro), ainsi que près des villes de Sirafiawa et d'Aidzu. La partie de la province de Mutsu qui touche à celle de Nambu, et cette province, sont, d'après M. Léon de Rosny, impropres cà la sériciculture; La province de Deva, autour des villes d'Akita et de Yoné- Zawa ; La province de Ko-dzuké, dans les départements de Nou- mata, de Maé-basi, de Foudzi-oka et de Shimamura ; (1) Léon de Rosny, loc. cit., p. 44 de l'inlroduclion. ("2) Ibld., p. 47 de l'introduction. (3) Ihid., p. 48 de rintroduction. (4) Ibid., p. 17 et 163. (5) Au Japon on dit Moulsou ainsi que Nihon-matsou, Siiimobou, Aidzou et Nambou (les u se prononçant ou). PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 585 La province de Miisasi, dans le canton de Tsitsi-bou ; La province de Sinano, dans les départements d'Ouëda, de Matsu-moto, d'Iida et de Zen-ho-zi ; La province de Kaï ; Les environs des villes de Yonesawa et de Yamagata, dans la province d'Uzen ; La province de Tsiku-zen, dans l'île de Kiusiu. Suivant M. de Rosny (1), les tentatives d'éducation des Vers à soie faites dans la partie sud de l'île de Yeso, près de Matsu- maa, non loin du détroit de Sangar, n'ont pas réussi à cause des intempéries du climat. Dans les îles Liu-kiu, la température est presque toujours trop élevée pour obtenir un bon résultat; cependant, dans certaines parties de ces îles, on cultive le Mûrier et on y fa- brique une étoffe mélangée de soie et de coton nommée Liou- kiou-no-tsoumoiigi (tissu de Liu-kiu). Les Japonais multiplient le Mûrier, quelquefois par semis, mais le plus souvent par marcottage ; quand ils veulent faire des semis de graines de Mûrier, ils prennent non les fruits qui se montrent les premiers, mais ceux qui apparaissent ensuite. Us lavent les graines et les mélangent à des cendres, puis ils les sèment dans de la terre bien sèche, labourée et nivelée, et les recouvrent d'un peu de terre. Les pourettes sortent de terre au bout de vingt-cinq jours. Ils arrachent les premières et ne laissent que celles qui viennent en second lieu. Ils fument le terrain à plusieurs reprises. L'année sui- vante, au printemps, ils étêtent les jeunes tiges à 5 ou 6 pouces au-dessus du sol, et ils les transportent dans un bon terrain. En général, les Japonais multiplient le Mûrier par le mar- cottage. D'après les renseignements de la Commission japo- naise (2), on rase au mois de février les jeunes Mûriers de quatre à cinq ans, un peu au-dessus du sol ; on fume alors avec de l'engrais humain. Les rejetons poussent; alors, vers la lîn de l'année, on les effeuille en laissant seulement le der- (1) Léon de Rosny, traduction du Traité de iéducation des Vers d soie au Japon, p. 4'J de rintroduction. Ci) LeJaponà VExposition universelle rfe1878, vol II, p. 171, 1878. 586 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. nier bourgeon, on les courbe et on les maintient sous terre, en laissant saillir le dernier bourgeon. L'année suivante, on sépare ces rejetons et on les replante à une profondeur de 1 shaku (0"',30), en ayant soin de fumer le terrain, soit avec des cosses ou des graines de Soja de qualité inférieure mélan- gées à de la cendre, soit avec des feuilles pourries, soit avec de la lie de Sake ou de Shoyu, soit avec des débris de Sardines, qui sont très communes dans les mers du Japon. Avec cette Sardine, désignée au Japon sous le nom d'Iwashiwo, on fa- brique une huile employée pour réclairage, et dont on trou- vait des échantillons dans l'Exposition (classe 45, Produits de la chasse et de la pêche), sous le nom d' Iivaslivwo-abra. Les résidus de cette fabrication sont utilisés comme engrais dans la culture du Mûrier. Les Japonais plantent les Mûriers autour de leurs habita- tions, sur les versants des collines, dans les champs, où la terre franche est mêlée à du sable et est un peu humide, sur les bords des ruisseaux, où l'eau a un écoulement facile, dans les terrains caillouteux. Ils laissent les arbres se développer naturellement ; dans certaines provinces, ils taillent le Mûrier pour le rendre plus bas et plus touffu. Dans les provinces froides, ils garantissent les tiges du froid pendant la première année, en les garnis- sant de paille. Ils utilisent le Mûrier après deux à cinq années. La meilleure période est entre dix et quarante ans. Certains Mûriers sont utilisés jusqu'à soixante-dix ans. Ils cultivent presque toujours dans les espaces compris entre les Mûriers l'Orge (Mugi), le Soja (Marné), la Fève (Som-mame), le Millet [Kibi) et principalement la Patate (Imo). Au Japon, les feuilles du Mûrier servent à la nourriture des Vers à soie ; mais on n'emploie pas à cet usage toutes les es- pèces de Mûrier : on réserve surtout pour les Vers à soie les feuilles du Sira-kwa ou Ma-gwa. Les feuilles du Mûrier sauvage, qui est commun dans les montagnes, ne valent rien pour les Vers ; aussi on ne les donne que faute de mieux. Les feuilles du Mûrier tardif sont plus épaisses et plus nu- PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 587 trilives; mais comme elles se montrent plus tard, on com- mence par nourrir les jeunes Vers avec des feuilles de Mûrier hâtif. Dans les provinces septentrionales, au printemps, quand les feuilles n'ont pas encore paru, on donne à manger aux Vers, trois fois par jour, des jeunes bourgeons de Mûrier non humectés de rosée, bien séchés, coupés finement, passés au crible et vannés (1). Dès qu'il y a des feuilles, on cesse de leur faire prendre les jeimes bourgeons. Les Japonais cueillent les feuilles dans le quatrième mois, quand elles sont dans leur complet développement. Ils cou- pent les branches garnies de feuilles. Cette opération se fait en tranchant d'un seul coup les branches, au moyen d'un couteau spécial en fer; ils n'arrachent pas les feuilles sur l'arbre; ils effeuillent les branches une fois coupées. Les feuilles des Mûriers jeunes sont excellentes pour la nourriture des Vers, depuis leur éclosion jusqu'au dixième ou quinzième jour; plus tard, les Japonais leur donnent des feuilles de Mûrier de trois à cinq ans, et ensuite de Mûrier plus vieux. Ils ont soin de ne pas donner aux Vers des feuilles sales ou entachées d'excréments d'oiseaux. Ces feuilles sont coupées avec soin (2) avec un couteau en fer non oxydé, n'ayant au- cune trace de sel, ni d'huile, ni d'aucune odeur. Les feuilles sont coupées par parties de plus en plus grandes, suivant i'age des Vers, et on finit par les donner entières et toujours fraîches; on les étend sur des filets à mailles plus ou moins larges (S), qu'on place sur les Vers à soie. Suivant M. de Rosny (4), les feuilles de Mûrier se vendent sur les marchés japonais par brassées, qui coûtent de 1 à 8 Tem-po (12 centimes 1/2 à I franc). D'après M. Dupont (5), dans son très intéressant ouvrage sur les Essences forestières (1) Dr P. Mourier, Étude complète de l'éducation des Vers à soie, par M. Shi- midzen Kinzaimon, traduit du japonais, p. 10, extrait du Bulletin de la Société d'Acclimatation, n" de janvier 18G8. (2) Léon de Rosny, traduction du Traité de l'éducation des Vers à soie au Japon, p. 06. (3) Ihtd., p. 63. (4) Ibid., p. 33. (5) E. Dupont, Les essences forestières du Japon, p. 59, 1879. 588 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. du Japon, un hectare de bonne terre planté de 2000 pieds de Mûrier produit, dès la deuxième année, 4800 kilogrammes de feuilles de printemps et 1500 kilogrammes de feuilles d'été (en y comprenant les ramilles dans le poids). Plusieurs espèces de Mûrier sont employées dans l'industrie pour leur bois. On remarquait dans l'Exposition (classe 17, Meubles de luxe et à bon marché) : N" 7. Des commodes en bois de Mûrier ; N" 10. Des étagères à livres en Mûrier, provenant de la ville de Tokio. D'après M. Dupont (1), le Mûrier à grandes feuilles, nommé Obakwa, qu'on rencontre dans les provinces d'iïiuga, de Tango et dans l'île Osima, a un bois jaune clair, homogène, à jolis reflets irisés, se vernissant très bien, et qui est recherché en menuiserie et en ébénisterie. Quant au Chima-kiva (Mûrier petit) à feuilles et à fruits plus petits, son bois est plus dur et est sillonné de veines noires ; on le trouve surtout dans l'île d'Atidjo, sur le littoral de la province d'idsu. Ces deux variétés de Mûrier sont usi- tées pour les petits meubles, les coffrets, les objets sculptés, les baguettes à manger et une foule d'objets qui sont laqués et qui laissent voir le fond jaune du bois. Au Japon, les fruits du Morus alba sont préconisés contre la scrofule et dans les cas d'hydropisie; les graines passent pour rafraîchissantes et toniques ; les feuilles sont données en infusion stimulante, et pour combattre le rhumatisme, la goutte, la bronchite et les tubercules pulmonaires. Suivant M. de Rosny (2), d'après le livre intitulé Ko-kon-i-td, les feuilles qui restent sur les Mûriers après les gelées blanches du dixième mois se nomment Sin-sen-yÔ (feuilles des génies) ; on les cueille, on les fait sécher, on les réduit en poudre, qu'on prend en décoction ou sous forme de pilules, pour cal- mer la toux. (1) E. Dupont, Les essences forestières du Japon, p. 59. (2) Léon de Rosny, traduction du Traité de Védiication des Vers a soie au Japon, p. 85-86,1868. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 589 L'écorce du tronc est employée en décoction contre les ma- ladies pulmonaires. L'écorce de la racine est ordonnée dans les cas d'hémoptysie, d'hémorragie utérine, pour combattre les convulsions des enfants et dans les crises nerveuses. D'après M. Dupont (i), le liber de l'écorce du Mûrier sau- vage, Yama-liuwa, sert pour calmer les douleurs d'entrailles des femmes. Les Japonais en fabriquent des fils pour recoudre les plaies. En Chine, le Mûrier est cultivé depuis la plus haute anti- quité. Les historiens chinois disent que l'impératrice Si-ling- chi, femme de l'empereur Iloang-ti (2602 ans avant notre ère), s'adonnait à l'éducation des Vers à soie et à la culture du Mûrier. D'après M. de ftosny (2), il est question de la cul- ture du Mûrier et de l'éducation des Vers à soie dans le cha- pitre Yù-Koung du livre sacré de l'Histoire {Chou-King),com- posé 2205 ans avant notre ère. Le chapitre Pin-foung du livre sacré des Vers {Chi-King), d'une antiquité aussi respectable, dit qu'on recueillait les feuilles du Mûrier dans le quatrième mois pour la nourriture des Vers. Suivant le livre sacré des Annales {Chou-king) , le berceau de la sériciculture en Chine (3) aurait été le pays de Yen, au sud-ouest de la province du Shan- tung ; le pays de Ts'ing qui est la partie nord-ouest de cette province, et le pays de Siu, qui est la partie sud du Shantung. La culture du Mûrier aurait été aussi en honneur à cette époque dans la partie septentrionale de la province du Kiang-su et dans la province du JIou-Kouang. Dans les environs de la ville de Chinkiang, dans la province du Kiang-su, où presque tous les Mûriers furent détruits pen- dant l'occupation du pays par les rebelles Taipings, le gou- vernement fit distribuer gratuitement aux habitants des pieds de Mûrier venus de Huchow, pays renommé pour l'excellence de ses soies (4). (1) E. Dupont, Les essences forestières du Jipon, p. 113, 1879. (2) Léon de Rosny, traduction du Traité de l'éducation des Vers à soie au Japon, p. l de rinlroduclion. (;]) llnd., p. 7 (le l'introduction. (1) Catalogue de l'Exposition chinoise à l'Exposition universelle de 1878, p. 27, 1878. 590 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. La province du Kiang-su, surtout les environs de Shanghaï et de Foochow, renferme de grandes plantations de Morus alba. L'Exposition chinoise, dans la classe 44 (Produits des ex- ploitations et industries forestières), contenait : N" 1485. Des échantillons de bois de Morus alba, employé en menuiserie et en ébénisterie, provenant des douanes chi- noises de Foochow. Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires) : N" 1656. Des cocons blancs de Vers à soie du Mûrier ; N° 1657, Des cocons jaunes de Vers à soie du Mûrier, provenant des douanes de Chefoo. Les médecins chinois reconnaissent au Mûrier les mêmes propriétés que les Japonais. La classe 47 (Produits chimiques et pharmaceutiques) ren- fermait: N° 1902. Des graines de Morus alba réputées toniques et restaurantes, provenant des douanes de Chefoo ainsi que n" 1966, écorce de la racine du Morus alba, usitée contre les hémorragies utérines et les convulsions des enfants ; N" 2306. Des fruits de Morus alba provenant des douanes de Shanghaï préconisés contre les affections strumeuses et l'hydropisie ; N° 2324. Des branches de M. alba dont on fait une tisane pour dissiper les courbatures. Comme provenance des douanes de Ningpo et de Wen- chow : N° 2407. Liber de M. alba employé comme styptique ; N° 2482. Feuilles de Mûrier pour tisane dépurative. La Chine produit une quantité considérable de soie, qui sert à fabriquer les vêtements des mandarins et de la classe riche, les robes, les sous-vestes, les pantalons, les rideaux, les portières, les écrans, les coussins, les tapis, les couvre- pieds, les garnitures de fauteuils, recouverts de magnifiques broderies en couleur. L'Exposition chinoise dans la classe 34 (Soie et tissus de soie) renfermait tous les spécimens de l'industrie de la soie : PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 591 Provenant: des douanes deChefoo: N" 878. Soie écrue jaune ; N" 879. Soie écrue blanche. Des douanes de Ilankow : Des satins, des tissus de soie, des soies mélangées de coton, de différentes couleurs, blanche, bleue, noire, jaune, olive, cramoisie, rouge ; De la soie noire de Honan; De la soie blanche du Szechwan. Des douanes de Wuhu : N" 899. Soie blanche grège ; N° 900. Soie jaune grège. Des douanes de Ghinkiang: Des soies jaune, blanche, bleu-foncé ; des soies brochée de couleur bleu de ciel, fleur de pêcher, écarlate, paille, vert foncé, bleu-ardoise ; Des satins rose, brun, gris, cendré, vert d'eau ; Des soies pour doublures. Des douanes de Shanghaï : Des soies brochées, verte, bleu clair, rouge, jaune, rose clair, chocolat, violette ; Du crêpe de soie, de différentes couleurs ; De la gaze de soie brochée, jaune, mauve, rose, noire ; Une collection de soies floches de nuances variées ; Une série de fils de soie ; Un assortiment de glands, de boutons et d'ornements en soie; Une collection de rubans de soie, brodés et de nuances variées ; Des mouchoirs de soie et des mouchoirs brodés en soie. Des douanes de Wenchow : N" 1021. Cinquante échantillons de soies de couleurs diver- ses, rose, rouge, rouge de pêche, vert-pomme, blanc d'ar- gent, bianc-verdàtre, jaune, jaune pâle, bleu-verdâtre, bleu pale, bleu foncé, bleu, fleur de pêcher, bleu-rose, bleu-noir, or et argent. Des douanes do Foochow : 592 SOCIÉTIÎ NATIONALE D ACCLIMATATION. N°' 1024 el 1025. Vingt-cinq pièces de gaze de soie. Des douanes de Canton : N" 1026. Soie tissée avec du clinquant; N° 1027. Velours de soie ; Une collection de soie grège, jaune et blanche ; De la bourre de soie ; Des mouchoirs el des cravates de soie; Des portières en crêpe brodé; Des rideaux de porte en satin brodé. Des douanes de Kiungchow : N" 1086. Soie grège jaune; N° 1087. Différentes pièces de soie. Dans la classe 35 (Châles) : N" 1088. Châles en soie brodée provenant de Canton; N" 1090. Châles en crêpe brodé. Dans la classe 36 (Broderies et passementeries) : Des canevas, des coussins, des lambrequins, des tapis de table, des rideaux, des couvre-pieds, en soie, en satin, bro- dés en couleur et en qi\ provenant des douanes de Ningpo, de Foochovv, de Canton el de Kiungchow. Dans la classe 37 (Objets accessoires de vêlement) : Des éventails en bambou, en santal, en ivoire, en écaille, en bois laqué, garnis de soie brodée ; Des écrans de Tsiman-fu au Shanlung en gaze de soie collée sur un assemblage de nervures de bambou ; des parapluies en soie, provenant des douanes de Swatow et de Canton. En France on s'est occupé depuis longtemps de la culture du Mûrier du Japon. M. Emile Nourrigat a entrepris en grand la plantation du Morus japonica ; en 1868 (1) il a présenté à une des séances de la Société d'Acclimatation des spécimens de Mûrier du Japon dont il recommande l'emploi pour l'édu- cation des Vers à soie. Plus tard, en 1873, il fil paraître dans le Bulletin de la Société un travail sur la culture, la repro- duction et les avantages du Mûrier du Japon. Ce Mûrier, dit- il, est très hâtif, il devance de trente à quarante jours lavé- (1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, p. 143, séance du 24 janvier 1808J PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 5 gétation des autres Mûriers; les qualités éminement nutritives de son luxuriant feuillage le font utiliser dès l'année qui suit sa plantation (1). Il est d'une reproduction des plus faciles par graines, marcottes et boutures (2). M. Ghatin fit remarquer, à cette occasion, que les dimen- sions des feuilles ne sont pas toujours une preuve de l'excel- lence du Mûrier : « aussi, suivant lui , le Mûrier multicaule est une mauvaise espèce, bien qu'à larges feuilles, parce que la proportion des parties ligneuses e st trop grande, ce qui n'exisie pas dans le Mûrier du Japon, » M. Ghatin (3) professe que le Mûrier du Japon doit être cultivé en tige, ou mieux en demi-tige et en taillis. Les tiges doivent être groupées en quinconces ou placées en bordures; les taillis doivent être disposés en massifs, quelquefois en haies. Les tiges doivent être placées de 4 à 8 mètres de distance ; les pourettes pour taillis à 1 mètre ou 1 '",50, les pourettes pour haies à 0'",20. M. Ghatin ajoute que, la végétation active de l'extrémité des rameaux du Mûrier du Japon se prolongeant tout l'été, on dis- pose toujours de jeunes et tendres feuilles. En 1869 parut dans le Bulletin de la Société d'Acclimata- tion (4) un extrait d'un travail sur l'analyse des feuilles du Mûrier par le baron Liebig. Dans ce mémoire présenté à l'Aca- démie des sciences de Munich le baron Liebig a conclu que la détermination de la quantité plus ou moins grande d'azote contenue dans les feuilles devait servir à fixer leur degré de valeur nutritive. De ses analyses, il a reconnu que la feuille du Mûrier du Japon est plus riche en azote que celle des Mûriers des autres pays. Les feuilles du Mûrier du Piémont et d'Alais ont une quantité d'azote moindre d'un tiers. Dans le courant de l'année 1869 M. Ghatin (5) publia dans le Bulletin de la Société une note sur la distribution des vé- (1) Emile Nourrigat, Le Mûrier du Japon, p. 3 (Extrait du Bulletin de la So- ciété d'Accliuiatation, n° de juin 1873) , (2) Ihid., p. 8. (3) Bulletin de la Société d'Acclimatation, p. 450-152, 1870, (4) Ibid., p. 400, 1869. (5) Ibid., p. UH, 1869. 3» SÉRIE, T. X. — Octobre 1883, 38 594 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. gétaux uliles, et, en parlant de la culture du Mûrier du Japon par M. Nourrigal, il rappela que iM. A. Leroy s'occupait acti- vement de cette même culture. M. Lavallée (1) dans son magnifique parc de Segrez possède le Monts alha-'iokwa ; le Monis alba, var. Kaki et e Morus alba, var. latifolia. Broussonetia papyrifera. On trouvait dans une des plates-bandes du jardin du Tro- cadéro un pied de Broussoneliapapyrifera désigné au Japon sous le nom de Kadsi noki et de Ko zoo d'après le Phonzo- Zoufoii (2) et les livres Kwa-wi (8). Le tableau des productions utiles relatait au n" 130 le Kadsi noki avec un échantillon de fibres blanchâtres et un spécimen de beau et solide papier blanc. La collection des différents papiers (classe 10 : Papeterie) contenait des rouleaux de papier blanc très fort auxquels étaient joints des paquets de fibres blanches de Broussonetia papyrifera. On remarquait dans cette même classe des rou- leaux de papier-cuir fabriqué avec le Broussonetia papyri- fera, très souple, à odeur résineuse, de couleur noirâtre ou brune, uni ou grenu ou à relief; plusieurs rouleaux de papier- cuir imitant le cuir de Russie ; Un rouleau de joli papier verdâtre à fleurs et ornements dorés en relief; Parmi les différentes espèces de papier du département de Kochi (province de Tosa), des spécimens de papier de Brous- sonetia papyrifera ; Dans la classe 29 (Maroquinerie), des rouleaux de papier- cuir ; des portefeuilles, des blagues à tabac, des plateaux et des bonbonnières en papier-cuir de Tokio ; Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires), des écorces de Broussonetia papyrifera pour faire du papier, (J) A. Lavallée, Arboretiim Segrezianuui, p. 24.0-2il, 1877. (-2) Phonz-o-Zoufnu, vol. LXXXVII, I'ipI. 3 et 4- verso. (3) Kwa-wi, Arb., II, p. lOf), n" 13. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 595 provenantdu département deTochigi (province de Shimotsuké). On rencontre au Japon plusieurs espèces de Broussonetia : Le Broussonetia papyrifera, Vent. (1), mentionné par MM. Francliet et Savatier (2) : Morus papi/rifera Lin., décrit par Thunberg(3), Ka3mprer(4), Miquel(5), Bureau (6), intro- duit de Chine au Japon et cultivé dans presque toutes les pro- vinces, avec var. Japonica, que Blume (7), Miquel (8) ont relatée comme souvent cultivée avec la plante type. MM. Franchet et Savatier (9) indiquent de plus : le Brous- sonetia Kasinoki : Kasi nokl de Siebold (10), de Miquel (11), de M. Bureau (12), qui fleurit en avril dans plusieurs provinces du Japon, principalement dans la partie centrale de l'ile de Nippon, où il est cultivé et où il est spontané ; Le Broussonetia Kœmpferi (13) : Kadsi noki itsigo de Siebold (1-4); Papyrus spuria de Kœmpfer (15) et de Mi- quel (16), qui fleurit en avril dans les régions montagneuses des îles de Kiusiu et de Nippon. Le Broussonetia papyrifera, que les Japonais reproduisent par marcottes et boutures, est souvent planté pour former des haies, sur les flancs des collines, près des vallées où on cultive le Riz, mais jamais dans le voisinage du Millet, ni du Sorgho. Il sert surtout pour la fabrication du papier. Vers le milieu du deuxième mois de la quatrième ou de la cinquième année de la plantation, on coupe les tiges un peu au-dessus du sol; on les fait sécher au soleil, puis, suivant (!) Ventenat, Tabl., lU, p. 547. (2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, \>. A'i'i, n° 1550. (3) Tliuiiberg, Flora Japonica, p. 7:2. (4.) Kaîriipfer, Aniœnitutum exoticarum, p. 471-472, fig. sinistr. (5) Miquel (E.-A.-W.), Prolusio jlorœ .laponicœ, p. 130. (6j De Can(lolle,P/'Oc//'0/)iMs sijsteinalis naluralls regni vegetabilis, XVII, p. bi. (7) Mus. bot., vol. II, p. 86. (8)iMiquel (F.-A.-W.), Prolusio florœ Japoniae, p. 130. (9) Kraticliet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 433, a» 1551. (10) Siebuld et '/aicciuuù,' Fainiliœ naturales, n» 774. (11) Miquel (F.-A.-W.), Prolusio ftorœ Japonicœ, p. 130. (12) De CamloUe, Prodromus, XVII, p. 2-21. (13) Francliet et Savatier, vdl. I, p. 433, n" 1552. (11) Siebold et Zuccariui, Familice naturales, n" 773. (15) Kœmpfer, Amœnilalum, p. 474 et 472, lig. de.Mr. (16) Miquel (F.-A.-W.), Prolusio jlorœ Japonicœ, p. 130 596 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. M. Dupont (1), on les laisse séjourner dans l'eau courante pen- dant quinze jours; l'écorce extérieure se détache et est entraî- née par l'eau; la couche intérieure de l'écorce reste adhé- rente ; on la ratisse ; les raclures extérieures servent à préparer un papier de qualité inférieure ; on lève alors l'écorce inté- rieure par lanières, on la lave, on la sèche, on l'emmagasine. Pour faire le papier, on soumet cette écorce à l'action de la vapeur d'eau bouillante pendant trois à quatre heures ; puis on la divise en frappant avec des bâtons ; on obtient ainsi une pâte qu'on malaxe avec de l'eau dans une cuve en bois. D'après la Commission japonaise (2) les fibres sont bouillies dans de l'eau à laquelle on ajoute des cendres de sarrasin; les fibres sont transformées en pâte, qu'on mélange à de l'eau addition- née de fleur de riz et de décoction de Nori noki {Hydmngea paniculata) ou de racine de P^ororo (Hibiscus manihot). Le papier de Kozo, qui a une grande résistance, est utilisé au .lapon à bien des usages. M. Dupont (3) le donne comme usité pour le vitrage des maisons, pour les mouchoirs de poche, pour confectionner des chapeaux et une foule de petits objets. D'après M. Yétillart (4), suivant la notice de M.Maurel sur la fabrication du papier au Japon, on foit avec l'écorce du B. papyrifera un papier-gaze gaufré pour robes de femmes, soit blanc, soit en couleur, avec dessins. Ce papier s'emploie aussi pour les rideaux et les cravates ; une bande de ce papier roulé avec les doigts forme une ficelle très résistante. On fabrique aussi un papier de Kozo plus résistant, qui a trois ou quatre couches superposées. Avec ce papier se font les couvertures des parapluies et des voitures, les manteaux pour se garantir de la pluie, les bâches pour les marchandises, les enveloppes de ballots. Ce papier est rendu imperméable au mojen de VAbiiragni (huile d'Elœoccocca verrucosa). Ce papier très solide sert à fabriquer le papier-cuii' avec ou sans relief, avec lequel se font les tentures d'appartc- (1) Dupont (E.), Les essences forestières du Japon, p. 103, 1879. ('2j Le Japon à V Exposition luiirerselle de 1878, t. Il, p. 8:2-83. (3) Dupont (E.), Les essences forestières du Japon, p. 103-104, 1879. (4) Vétillart, Études sur les fibres végétales textiles emidoyées dans l'indus- trie, [>. \\A, [81Q. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 597 ments, les porte-cigares, les blagues à tabac, les bonbonnières et des séries de plateaux de différentes grandeurs. En Chine, le Brotissonetia papi/rifem, que les Chinois dé- signent sous le nom de Ku shu et de CJiu{;\), sert à fabriquer un papier très fort, connu sous le nom de papier coréen, et une sorte de carton. De même qu'au Japon, ce papier sert à garnir, en guise de vitres, les châssis des fenêtres, à former les couvertures des parapluies, à envelopper les marchan- dises, L'Exposition cbinoise renfermait plusieuis spécimens de ce papier dans la classe 10 (Papeterie) : N" 12. Papier coréen pour parapluies et fenêti'es; N" 18. Papier coréen pour emballages; N" 22. Papier coréen ordinaire, provenant des douanes de Newchang. Comme usage médicinal, les Japonais et les Chinois regar- dent les graines de Brou^soneiia papi/rifera comme remède tonique pour relever les forces et donner du ton à l'estomac. Suivant une annotation d'un article de M. le consul Lowder, traduit par M. Jules de Gaulle et inséré dans le Bulletin de la SociélécVAcclimatalio)} (2), l'écorce est précosniée comme fébrifuge et contre l'hydropisie. Le fruit est ordonné comme laxatif. Le Broussonetia pcqvjrifera est introduit en France depuis un certain nombre d'années. M. Lavallée possède à Segrez (3) : Le Broussonetia papyrifera avec var. nana ou Brousso- netia nana Ilort. ; Et les var. cucullata, ficifolia, laciniata, macrophi/lla {integrifolia) et variegata; Le Br. Kœmpferi Sieb. ; Le Br. Kasinoki. M. Baltet possède à Troyes: (1) D' Brotsclineider, I, p. 30, p. 126, n" 27, et p. 173, n» 521. (2) Bulletin de la Société il' Acclimatation, Végétaux employés au Japon pour la fabricalion du papier, t. IX, p. 288, 1872. (2) Lavallée (A.), Arboretum Segreùanum, p. 241 et p. i2. 598 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Le Broussonetia papi/rifera avec var. cuctUlata, flcifolia, macrophylla, nana et variegata; Les Dr. Kœmpferi et Kasinoki. A l'Exposilion de Nancy (1) le Broussonetia Kasinohi^ieh. était représenté, exposé par M. Galle. MUSACÉES. Musa paradisiaca. Basho. Dans la classe 73 (Légumes et fruits) était exposé un flacon de Bananes longues de O^/lSàO^/U, conservées dans l'alcool. Le tableau des productions utiles relatait au n" 127 le Basho {Musa paracUsiaca) avec un échantillon de gros fil blanc-rosé et brillant. Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires) on remarquait un paquet de fibres blanc-jaunàtre de Basho, ainsi qu'un spécimen d'étoffe désignée sous le nom de Bas- liofu, fabriquée avec ces fibres. Une vitrine spéciale renfermait des échantillons de belles et longues fibres de Basho, très résistantes, ainsi que deux pièces de jolies étoffes de couleur jaune-rose, ressemblant à la gaze. Le Musa Basjoo de Siebold, de Franchet et Savatier (2), noté dans le Somoku-Dusets (3) sous le nom de Bashiyo el dans le Kiua-wi (A) sous celui de Bîzin soo, est une espèce de Bananier vivace, originaire des îles Liu-Kiu, où on le cultive sur une grande échelle, ainsi que dans l'île de Kiusiu, prin- cipalement dans la province de Satsuma (5). Les fruits du Bananier sont usités dans la nourriture japo- naise. Tantôt coupés avant la maturité, quand ils contiennent beaucoup de matière amylacée, ils sont dépouillés de leur (1) Catalogue de VExposllion de Nancij, p. 61, n° 165i. (2) Fraachct et Savatier, Enumeratio, vol. II, p. 21, n° 1578. Observ. (3) Somolai-Dusels, vol III, p. 20, nM. (l) Kwa-iL'i, Ilerb., vol. I, p. 11, n° 4- (5) Au Japon, on dit Satsoiima, de même que Lou-Kiou et Kiousiou (les u se prononçant ou). TRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 599 enveloppe coriace, puis divisés par tranches et sécliés au soleil; d'autres fois on les cueille à la maturité quand ils jau- nissent et se ramollissent, et on les mange frais; souvent on en extrait le suc, qu'on fait fermenter et qui donne le vin de Bananes. D'après la Commission japonaise (i), le Bananier est fré- quemment utilisé dans l'industrie japonaise. On rencontre dans les îles Liu-Kiu trois sortes de Bananier. La première variété atteint 10 shaku (2) de hauteur (3 mè- tres) avec O^jSO de large. Les feuilles sont épaisses, les libres peu résistantes ne sont pas employées, on ne cultive ce Bana- nier que pour ses fruits comestibles. La deuxième variété s'élève à peu près à la mêm3 hauteur, le diamètre de la tige est moindre; les fibres sont plus résis- tantes et peuvent servira la fabrication des étoffes. La troisième variété qu'on cultive principalement est à peu près semblable. Les fleurs sont d'un rouge violacé, les fibres sont plus fortes; c'est cette variété qui s'emploie surtout pour les Bashcfu. La troisième année de la plantation, on coupe les Bana- niers; on sépare les gaines des feuilles au nombre de six; la plus extérieure est trop grossière pour être utilisée; la deuxième et la troisième servent à faire des cordages et des cordes; la quatrième est employée pour les filets de pêche; avec la ciuquième se fabriquent les étoffes communes. La sixième, qui est la plus intérieure, est réservée pour les étoffes fines. Le rendement ordinaire d'un Bananier est d'environ 2 kilogrammes de fibres (3). On fait bouiUir les gaines dans l'eau et on sépare les fibres au moyen d'une spatule en bambou, puis on les fait sécher au soleil; ces fibres sont ensuite plongées dans l'eau, séparées à la main, puis dévidées. Les fils de chaîne des Bashofu ordinaires sont des fils dé- (1) Le Japon d VExposHion universelle de 1878, vol. Il, p. 153. (2) Le skaku équivaut à O^.SO. (3) Vétillart, Études sur les fibres végétales textiles employées dam l'industrie, p. W, 1870. 600 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. vidés et tordus ; les fils de trame sont simplement dévidés. Le métier à lisser est entièrement composé en bambou. D'après la même Commission (1), les étoffes fabriquées avec les fils de Bananier se divisent : en Ner'i Bashofu (neri veut dire cuil)^ étoffes ressemblant à des tissus cuits; en Kinu Bashofu {kinu veut dire soie), étoffes ayant de l'analogie avec la soie; en Yori Bashofu {yoru veut dire tordre), étoffes faites avec des fils tordus. M. de Rosny, dans son intéressant ouvrage sur la civilisa- tion japonaise (p. 339, 1883), indique de plus le ha-seo- nuno, toile solide, qui prend très bien la teinture; cette belle toile, fabriquée avec les fibres du Bananier, vient des îles Liu-Kiu. En faisant une incision à la partie inférieure de la tige for- mée par l'assemblage des parties engainantes des feuilles qui se recouvrent les unes sur les autres, les Japonais extraient du Bananier la sève, qui est riche en acide gallique; ils l'em- ploient comme astringent pour donner de la solidité aux objets qui en sont enduits. Dans les jardins des îles Liu-Kiu et dans l'île de Kiusiu, le Bananier est souvent cultivé comme plante ornementale pour ses longues et larges feuilles. En Chine, le Bananier désigné sous le nom de Tseu ou tsiu (2) est commun dans les provinces méridionales. Il abonde dans la province du Kwantung, principalement le long de la route qui mène deWhampou à Canton, ainsi que dans l'île de Formose, où se trouvent de grandes planta- lions de Bananiers et on y rencontre, dit-on, vingt variétés de Bananier (3). C'est de la Chine que fut introduit en Europe, en 1792, le Musa coccinea. (1) Le Japon à VExposition universeUe de 1878, vol. II, p. 154. (2) D' E. Bretsclineider, Journal of the North-China brandi of Ihe RoyOi Asiatic Society, vol. I, p. 109, n° 237. (3) Catalogue de VExposHion chinoise, p. 44. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 601 MYRICÉES. Myrica ruhra. Yama momo. Le tableau des productions utiles enregistrait au n" 178 le Yama momo {Myrica ruhra S. et Ziic.), avec un échantillon d'écorce grisâtre de moyenne grosseur. La vitrine des matières premières pour teinture contenait un spécimen d'écorce de Yama momo. Le Myrica ruhra de Siebold et Zuccarini (1), de Franchet et Savatier (^), est désigné dans le Phonzo-Zoufou (3) et dans les livres Kwa-wi (4) sous le nom de Yama momo. Il-'vient à l'état sauvage dans une grande partie des provinces des îles de Nippon et de Kiusiu ; on le trouve surtout sur les flancs des collines. Il fleurit en juin et donne de petits fruits comes- tibles, qui rougissent en mûrissant, ressemblant extérieure- ment à l'arbouse, ayant un noyau dur et une saveur aigrelette. D'après la Commission japonaise (5), l'écorce du Yama momo porte le nom de Shihuki ; elle sert à préparer une dé- coction brun-rougeâtre, astringente, qui est usitée pour teindre les filets de pèche et les étoffes, principalement les étoffes de soie. Quand les Japonais veulent teindre les soies en noir, ils mélangent l'écorce du Yama momo à de l'eau ferrugineuse, à de la noix de galle, à de l'écorce de grenade et à du sulfate de fer. Dans la teinture brun-verdâlie, qu'ils nomment Chairo, ils prennent l'écorce du Myrica ruhra, qu'ils mélangent à du safran, à de l'alun, à de l'eau ferrugineuse et à du bois rouge du Brésil. Dans la teinture châtain, appelée Kuri kaivacha, ils se ser- vent d'écorce du Myrica ruhra, d'eau feirugineuse, de bois rouge du Brésil et d'alun. (i) Siebold et Zuccarini, Familiœ nalurales, n" 805. (2) Fruiichet et ^^\i\l\cr, Emimeralio, vol. I, p. 45i455, n" 1G28. (3) PhoniO-Zoufou, vol. LWI, fol. .i, verso et recto. f.4; Kwa-wi, Arh., vol. IV, p. 18, n° 16. (5) Le Japon d l'Exposition univer'ielle de 1878, vol. U, p. 46. 602 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Dans la teinture gris-souris, ils emploient la noix de galle, l'eau ferrugineuse, l'écorce du Myrica ruhra et une dissolu- lion d'indigo. Les tanneurs utilisent l'écorce du Yama momo dans la pré- paration des peaux, pour donner de la souplesse au cuir. Suivant M. Dupont (I), l'écorce du Yama momo, qui con- tient une grande proportion de tannin, est employée dans la médecine japonaise. On en fait une décoction'préconisée pour laver les blessures, et on cicatrise les plaies avec les cendres de l'écorce. Us ordonnent aussi cette décoction contre les maux de dents. MYRSINÉES. Parmi les plantes intéressantes, la famille des Myrsinées, au Japon, fournit : h'Ardisia japonica de Miquel (2), de de CandoUe (3), de Francliet et Savatier (4): Bladhia japonica de Thunberg (5), marqué dans le Phonzo-Zoufou (6) sous le nom de Tsourou kori, et que Miquel donne sous le nom de Tatsabana. VArdisia japonica fleurit en octobre dans les bois des îles de Kiusiu, de Nippon et de Yeso, principalement dans les en- virons des villes de Nagasaki, de Yokobama, de Yokoska et d'Hakodate. A l'Exposition de Nancy (7) était représenté VArdisia japo- nica ou Bladhia japonica Tbunb., exposé par M. Lavallée, qui, dans son magnifique parc de Segrez (8), possède VAr- disia japonica, avec variétés Belgoriwi, latemaculata et picta. (1) Dupont (E.), Les ef.sences forestières du Japon, p. 113. (2) Miquel (F. A. W.), Prolusio jlorœ Japonicœ, p. 150. (3) De Candolle, Prodromus, vol. Vlll, p. 135. (4) Franchet et Savatier, Entuneratio, vol. 1, p. 304, n» 115. (5j Thunberg, Flora Japonica, p. 95, tab. 18. (6j Plio7Uo-Zoitfou, vol. VIII, fol. 23, verso. (7) Catalogue de VExposilion de Nancy, p. 54, n° IGll, 1880. (8j Lavallée (A.j, Arboreium Segrezianum, p. 160. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 60,1 MYRTACEES, Pnnka granalum. Zakouro. Ktvasé kiriou, d'après les livres Kiua-wi (1). Dans le jardin du Trocadéro, sous l'auvent de la petite maison japonaise, étaient placés dans des pots de couleur ver- dâtre deux pieds de Grenadier à fleurs rouges simples. Le Punica granalum (Granalées) du Japon est d'origine chinoise. Suivant M. Dupont (il), il est cultivé comme plante d'ornement, principalement les variétés nommées Tiosen- sakouro et Ichizakouro. Une des variétés est à fleurs jau- nâtres doubles. Une autre variété, appelée Hama Zakouro, est cultivée pour ses fruits comestibles. Le bois du Grenadier est usité dans l'ébénisterie japonaise pour les petits meubles à incrustations, les boîtes et les cof- frets ; on en fait des cachets et des instruments de musique, principalement les flûtes. L'enveloppe du fruit est employée dans la teinture des soies en noir; on la mélange à l'écorce du Yama momo {My- rica rubra), à la noix de galle et au sulfate de fer dissous dans l'eau. Les médecins japonais recommandent les fruits du Grena- dier pour combattre les maladies de la gorge. L'écorce de la racine est ordonnée, de même qu'en Europe, contre le ver solitaire. Au Japon, de même qu'en Chine, le Grenadier est une des plantes ornementales des jardins, qu'alîectionnent les habi- tants de l'extrême Orient. De la famille des Myrtacées, on rencontre aussi dans les jardins japonais : Le Myrtus totnentosa Ait. (3), originaire de la Chine et de (1) Kiua-wi, Arb., vol. IV, p. 116, n" 12. (2) Dupont (E.), Les essences forestières du Jcpon, p. 109, 1879. (3) Xiion, FI. Hglc, 121. (3 04 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. l'Inde (1) ; c'est le Myrtus canescens de Loureiro (2), qui est mentionné par M. le D"" Bretsclineider (3). NYMPILEACÉES. ■Nelumbo nucifera. Hasu. Le tableau des productions utiles indiquait au n" 77 le Nelumbo nucifera, sous la dénomination de Hasu no mi, avec un spécimen de réceptacle de la plante et avec un certain nombre de graines ovales, de couleur brune et de la grosseur de petites noisettes. Dans la classe 69 (Céréales, produits farineux avec leurs dérivés), avait été exposé un flacon de fécule rosée de Lotus, en poudre et en morceaux, sous le nom de Hasu noho. Le Nelumbo nucifera de Gœrlner (4-), de Franchet et Sa- vatier (5) {Nymphœa nelumbo de Thunberg (6), Nelumbium speciosum de Wilidenow), est marqué dans \e Somoku-Du- sels (7) et dans le Phonzo-Zoufou (8) sous les noms de Hasu et de Hachisu. Ses rhizomes sont longs de 4 mètre à i mètre et demi ; ils sont traçants, articulés, spongieux, blanchâtres. Ses feuilles, larges de 0"\40 à 0"',50, émergent à la surface de l'eau. Ses belles fleurs, solitaires, grandes de 0"\20 à O"',^^, sont d'un joli rose, à odeur agréable. Le réceptacle tronqué ressemble à une pomme d'arrosoir. 11 contient un assez grand nombre de graines ovoïdes, de la grosseur d'une noisette. 11 y a au Japon, de même qu'en Chine, plusieurs variétés de Lotus, les unes à fleurs jaunes, d'autres à fleurs jaunâtres avec des taches blanches ; il y en a de rose-carmin, mais les plus communs sont les roses et les blancs. Quant aux Lotus (1) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. I, p. 165. (2j Loureiro, Flora Cochinoisis, 381. (3) Dr Bretsclineider, Journal of Ihe North-China branch of the Royal Asia lie Society, t. I, p. 151, n°213, 1881. (4) Gœriacr, De frticlibus et semi7iibus plantarum, I, p. 75. (5) Franchet et SavaLier, Enumeratio, vol. I, p. '26, n° 109. [6} TliunberiT, Flora Japonica, p. 223. (7) Somoku-Dmets, vol. X, p. 94., n° 9. (8) Phonzo-Zovfou, vol. XXXIV, fol. 9 recto et fol. 8 verso. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 605 ronges et aux violets, ils exisLenL peut-être, car ils sont figurés sur les peintures chinoises, de même que le Lotus bleu dont parlent les écrits chinois et le rituel des Lamas (La-ma-kin), sans qu'on l'ait rencontré jusqu'ici, à moins que ce ne soit le Nymphœa cœrulea, car le Nénuphar bleu se rencontre au Japon et surtout en Chine. Le Nelunibo nucifera est très commun au Japon, dans les eaux stagnantes, les fossés, les marais, les étangs, les rivières, les rizières submergées, les terrains inondés, dans les îles de Kiusiu et de Nippon, Le Nehimho nucifera est très employé dans la cuisine ja- ponaise ; on mange ses rhizomes et ses graines. On trouve sur les marchés du Japon, de même qu'en Chine, en Cochinchine et dans le royaume de Siam, des monceaux de rhizomes de Lotus, désignés sous le nom de Hasu none. Le goût de ces rhizomes, quand ils sont cuits, rappelle celui de la rave, du cardon et du céleri ; on les mange crus, cuits, à l'eau ou sous la cendre, bouillis ou frits comme les salsifis ; on les réduit aussi en poudre qu'on fait sécher, et dont on se sert surtout pour les soupes ; on en retire cette fécule de cou- leur blanc-rosé, qu'on remarquait dans l'Exposition japonaise, et qui est consommée dans les potages. Quant aux graines, qui ont un peu le goût de la noisette et de l'amande douce, elles sont alimentaires, et les Japonais les mangent à leurs repas commemets sucré; on en fait des gâ- teaux et des praisseries. D'après M. Dupont (1), les fleurs et la racine du Nelumbo, surtout celles de la variété à fleurs blanches, sont usitées dans la médecine japonaise pour combattre la dysenterie, les hé- morragies intestinales, celles qui proviennent des hémor- roïdes et contre les hémorragies en général. Les Japonais recherchent le Lotus comme fleur ornemen- tale, et ils le cultivent souvent dans leurs petits lacs et dans les cours d'eau qui serpentent dans leurs jardins. Des bandes de canards mandarins et d'oies au plumage moiré se glissent (I) Dupont (E), Les essences forestières du Japon, p. 113. 00 G SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. en nageant au milieu des larges feuilles et des fleurs roses du Lotus. Ils en placent souvent les fleurs dans des vases qui ornent l'intérieur de leurs appartements. Ils reproduisent sou- vent les fleurs et les feuilles du Lotus sur leurs peintures, sur leurs laques, leurs porcelaines, leurs broderies, leurs émaux cloisonnés, leurs jades, et sur leurs fines sculptures en bambou. En Chine, le Nelumbo nucifera est aussi commun qu'au Japon; c'est la fleur la plus goûtée des Chinois. D'après les renseignements que M. Maurice Jametel, qui a fait un long séjour en Chine, a bien voulu me donner, le lac du Pont de marbre, dans les jardins du palais impérial de Pékin, disparaît au mois de septembre sous les larges feuilles et sous les mil- liers de fleurs des Lotus blancs et roses. On rencontre le Ne- lumbo, auquel les Chinois donnent le nom de Lien hoa (l), dans leurs pièces d'eau, dans leurs étangs, où il est mélangé aux Nénuphars blancs, jaunes et bleus. Il est fréquent surtout dans la Chine septentrionale ; on le trouve en quantité consi- dérable dans les terrains marécageux qui bordent le grand canal entre le fleuve Jaune (Hoang-ho) et le Yang-tze-Kiang. L'Exposition chinoise, dans la classe 09 (Céréales et produits farineux), contenait : N° 2842. Fécule de Lotus, faite avec les rhizomes du Ne- lumbo mtcifera, provenant des douanes de Tien-tsin ; N" 2934. Fécule de Lotus, provenant des douanes de Canton. Dans la classe 73 (Légumes et fruits) : N" 3078. Graines de Lotus, des douanes de Hankow; N° 3113. Graines de Lotus, des douanes de Ning-po. Dans la classe 47 (Produits chimiques et pharmaceutiques), on remarquait, comme provenant des douanes de Wuhu, des graines de Lolus, employées en médecine contre les mauvaises digestions et pour relever les forces des malades ; Des racines de Lotus, qui se donnent en décoction contre les maladies des intestins ; Des étamines de Lotus du Honan, usitées comme remède astringent et dans les soins de la toilette. (I) D" Brelschiieider, Journal of tlie Norlh-Ch'ma branch of Ihe Royal Asia- tic Societij, t. I, p. 12, ii° 16. PRODUCTIOiNS VÉGÉTALES DU JAPON, 607 Dans la province du Sliensi, on en fait un collyre pour lo- lionner les yeux dans les cas de faiblesse de la vue. Dans la ville de Shanghaï, le pédoncule élargi du Lotus est ordonné pour combattre les crachements de sang. Suivant M. le D' Bretschneider (1), la racine du Nelumbo est citée, d'après le Pe/î /s'ao Kang mu, dans la première classe des médicaments considérés en Chine comme facilitant les fonctions des organes, et comme souverain pour relever les forces. Dans la matière médicale de l'empereur Shen nung {Shen nung Peu tsUio), le Nelumbo est marqué au nombre des trois cent soixante-cinq médicaments véritablement utiles. Les racines fraîches du Nelumbo laissent suinter un liquide consistant, qui est souvent employé pour arrêter les vomisse- ments et la diarrhée. Dans plusieurs provinces de l'empire chinois, au Tong-king, dans l'Annam et en Cochinchine, les Chinois et les Annamites le prennent en infusion pour calmer les maux de cœur causés par l'abus de l'opium fumé. Les graines écrasées et mélangées à du sucre servent à faire une pâte usitée contre la diarrhée et le marasme. Le Lotus a été, de toute antiquité, une fleur sacrée dans plusieurs pays. Les anciens Égyptiens, ayant remarqué que la fleur du Lotus, comme celle du Nénuphar, s'ouvre au lever du soleil et se ferme le soir, pensèrent qu'il y avait sympathie entre cette fleur et l'astre du jour, et ils consacrèrent la fleur du Lotus au soleil. Dans leurs dessins, ils représentaient souvent l'image du soleil placée au-dessus de la fleur du Lotus. Osiris était figuré avec une fleur de Lotus sur le front. Cette plante était aussi consacrée à Isis; on lui offrait en présent des épis de blé mêlés à des fleurs et à des fruits de Lotus, dont les graines servaient aux Égyptiens à faire du pain. Le dieu llorus sortant d'une fleur de Lotus symbolisait le lever du soleil. Ils (1) D' Brelscluieidcr, Journal of Ihe Norlli-Cliina branch of llie Iloyal Asin- lic Society, t. F, ji. 2'J-oO. 608 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. représenlaient aussi la déesse Haket sous la forme d'une gre- nouille posée sur une fleur de Lotus et supportant le dieu Bes. Le Lotus était empreint sur les chapiteaux des colonnes, les obélisques, et était peint parmi les ornements qui embellis- saient rintérieur des cercueils où reposent les momies. Le Nénuphar bleu {Nymphœa cœridea) était aussi pour les Égyptiens une plante sacrée comme le Lotus. Dans la religion de Bouddha, la fleur du Lotus est aussi une fleur sacrée; elle symbolise la fertilité. Bouddha est toujours représenté sur une fleur de Lotus presque toujours rose, quelquefois bleu. M. Maurice Jametel, qui a longtemps séjourné en Chine et au Japon, possède un Bouddha aux cent mains (en Chine, cette expression veut dire un grand nom- bre, car le nombre des mains n'est que de quarante-deux); chacune de ces mains tient un attribut, et parmi ces attributs sont figurées plusieurs fleurs de Lotus. La main qui tient la fleur du Lotus blanc est appelée au Thibet Kii mong ; elle donne la vertu à ceux qui s'adressent à elle. La main qui a le Lotus rose fait renaître dans le palais céleste. La main qui soutient le Lotus violet fait revivre dans la terre des dix Bouddha. La main qui garde le Lotus bleu a le pouvoir de fiiire renaître dans la terre des Rabhûtaratna (1). Au Japon, en Chine et dans l'île de Ceylan, le dieu Châkia mouni, de même que dans le royaume de Siam et dans le Cambodge le Gaudama, sont toujours placés au-dessus d'une fleur de Lotus. La déesse Kouanine, une des divinités les plus vénérées des Chinois, à qui les mères recommandent leurs enfants, à qui se consacrent les jeunes filles qui veulent fuir le monde, est toujours représentée sur une fleur de Lotus. Dans l'Inde, le Lotus est aussi une plante sacrée, et Brahma est figuré sur un trône en fleur de Lotus rose. (A suivre.) (1) Ces différentes vertus que la ivligion boiulilliiiiue attribue à la fleur de Lotus sont indiquées dans le La-ma-lcin (rituel des Lamas) que M. Maurice Ja- metel a traduit du chinois, et dont il a bien voulu me montrer les dessins ori - giiiaux et la traduction. II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COiVIIVlUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE Pendant les mois de mai, juin, juillet et août 1883. Par M. nUET Aide-naturaliste chargé de la ménagerie. MAMMIFERES Nous avons plusieurs naissances à enregistrer pendant ces quatre mois de l'année, ce sont : 2 Cerfs et 1 Biche sika (Cervus sika), Japon ; 1 Guib {Tragelaphus scriptus), du Sénégal, né des indi- vidus donnés par M. Brière de l'Isle en 1880 ; 3 Biches et 1 Cerf cochon (Cerviisporcinus), de l'Inde ; 2 Chèvres naines ; 1 Antilope de l'Inde (Antelope cervicapra) ; 2 Hybrides de Cervulus lacnjmans mâle et de Cervulus Reevesii femelle; 1 Kob femelle (Kobus unctuosiis), du Sénégal. C'est le quatrième jeune que nous obtenons des individus offerts en cadeau au Muséum d'histoire naturelle, par M. le colonel Brière de l'Isle en i880 et 1881 ; i Cerf et 1 Biche Wapiti {Cervus Canadensis) ; 2 Biches mélisses de cerf Maral et d'une biche hybride, de cerf de Mandchouric et de biche ordinaire ; 1 Ane né d'un âne blanc et d'une ânesse noire ; 1 Bless-bok {Alcelaplius albifrons), sud Afrique; 1 Antilope Isabelle {Eleotragus reduncus), quatrième pro- duit obtenu des individus envoyés du Sénégal par M. Brière de l'Isle en 1878 et 1881. 1 Buffle du Cap, femelle {Bubalus Cafer). 3e SÉRIE, T. X. — Octobre 1883. 39 610 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. DONS 1 Renard {Canis vulpes), don de M. Fournier. 1 Palas {Cercopithecus ruber) , Sénégambie, don de M . Maho. 1 Bouc à trois pattes, don de M. J. Freret. 1 Lori grêle {Loris gracilis), de Ceylan, don de M""' Char- tray de Menetreux. i Civette {Viverra civetta), du Sénégal, don de M. Lizard. iCsàUtnche {Cercopithecus callitrichiis), don de M. Mattéi, capitaine d'infanterie. 1 Mône [^Cercopithecus mona), don de M. Mattéi, capitaine d'infanterie. 1 Marmotte {Arctomys Alpinus), don de M. Cazin. 1 Macaque {Macacus cijnomolgus), de l'Inde, don de M. Duhoux. 1 Macaque Rhésus {Macacus erythrœus), de l'Inde, don de M. Bioro. 1 Callitriche {Cercopithecus callitrichus), don de M. Si- biliat. M. Harmand, commissaire de la République au Tonkin, vient de faire un envoi très important de Mammifères prove- nant de Siam, qu'il offre en cadeau à notre établissement. Ce sont : 1 Semnopithèque à lunettes {Semnopithecus cucuïlatus) ; 1 Porc-épic à longue queue {Hystrix longicauda) ; 1 Paradoxure à moustaches {Paradoxurus mystacea) ; 1 Paradoxure de Gray {Paradoxurus Grayi); \ Paradoxure type {Paradoxurus typicus) ; 1 Genette de l'Inde {Genetta Malaccensis) ; i Civette zibeth {Civetta zibetha) ; 1 Civette tangaleungue {Civetta tangaleunga); 1 Mangouste rouge {Herpestes Smithii); 1 Écureuil titlet {Sciurus titleri) ; 1 Macaque du Thibet {Macacus Thibetanus). C'est, nous croyons, le premier individu vivant qui vient en Europe. M. l'abbé David en avait rapporté des dépouilles, NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 611 qui ont servi de type à M. le professeur A. Milne-Edwards, pour établir cette magnifique espèce, si remarquable par sa force et par sa fourrure. OISEAUX Nous avons eu, dans ces derniers mois, l'éclosion des oiseaux suivants : 10 Cygnes blancs {Cygnus olor); 2 Gasarcas ordinaires {Casarca rutila), Europe; 7 Gasarcas variés {Casarca variegata) ,No\iwe\[e-Zéhmde ; 3 Gigognes {Ciconia alba); 15 Faisans Amherst {Thamnalea Amhersliœ); 10 Faisans argentés {Nycthemerus argenteus); 11 Eiiplocomes du Népaiil {Euplocamus leucomelatius); 10 Faisans à collier {Phasianus Mongoliens); 6 Hybrides de Faisan Amherst mâle et de Faisan doré fe- melle ; 6 Hybrides de Faisan argenté mâle et d'Euplocome du Népaul femelle. Par le croisement de ces deux oiseaux, nous avons obtenu un produit qui présente beaucoup des caractères de V Euplo- camus linealus ; cette espèce, qui jusqu'à ce jour a été consi- dérée comme typique, pourrait bien n'être que le résultat d'une hybridation. Si les deux mâles et les quatre femelles que nous avons obtenus cette année arrivent à l'état adulte, et que nous ayons la reproduction de ces oiseaux, nous serons sans doute fixé sur la valeur spécifique de VEuplocamus linealus, qui vient très rarement vivant en Europe et qui a toujours soulevé des doutes dans l'esprit des ornithologistes. 4 Talégalles de Latham {Talegalla Lalhami). Ces quatre Talégalles, que nous avons vus au sortir du nid, se mettaient aussitôt à courir, cherchant à s'échapper de l'en- clos où le tumulus était installé; l'un deux a été trouvé à 50 mètres de là, perché sur une branche, à 3 mètres du sol. 612 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Nous croyons pouvoir dire que l'incubalion des œufs dure trente jours, car nous avons été témoin de la ponte d'un œuf le 14 juillet et nous avons recueilli dans le parc un jeune Talégalle sortant du nid le 15 août; or, comme depuis cette date nous n'en avons pas vu d'autres, nous sommes en droit de croire que c'est bien ce dernier œuf qui a donné naissance à ce dernier jeune, d'autant plus qu'ayant remué le nid, nous n'avons pas trouvé d'autres œufs. Il est assez facile de constater le moment de la ponte, car le mâle de Talégalle ne laisse venir la femelle sur le nid que pour deux raisons, celle de l'accouplement et celle de la ponte ; dans ce dernier cas, on voit la femelle faire un trou au milieu du tas de fumier, trou assez grand pour y disparaître presque complètement. Ce trou fait, elle s'accroupit en étendant les ailes, elle y reste quelques instants et y pond son œuf; alors le mâle vient, regarde attentivement, bat des ailes, se rengorge et caresse la femelle, puis, ces témoignages de satisfaction ter- terminés, pourchasse sa compagne pour s'occuper de l'en- fouissement de l'œuf, ouvrage auquel il apporte le plus grand soin. Deux jours avant l'éclosion du jeune, le mâle, toujours aux écoutes, travaille au nid, avec une activité fébrile, faisant des trous, au-dessus et sur les côtés du nid, dans lesquels il dis- paraît ; sans aucun doute, il prépare et facilite par ce travail la sortie du jeune, qu'il entend probablement crier dans l'œuf. En surveillant les allures du mâle, on est donc averti et il est facile de trouver le jeune, qui sort toujours un peu avant la nuit, ordinairement vers huit heures. Un mois après l'éclosion, les jeunes Talégalles, sans avoir atteint leur développement entier, ont toutes leurs plumes, et l'on peut déjà, à cet âge, reconnaître les mâles à une tache jaunâtre qui entoure le cou, à la partie inférieure de la por- tion dénudée. L'année prochaine, nous nous proposons de faire de nouvelles observations, afin d'arriver à connaître exactement la durée de l'incubation chez ce singulier oiseau qui est le premier inventeur de la couveuse artificielle. NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 613 DONS 2 Cresserelles (Falco tinniŒculns), don de M. Delimoges. 4 Chevêche {S tr ix passer ina), don de M. Gilquin, 2 Chouettes moyens Ducs {Slrix otus), don de M. Du- genesl. 2 Chouettes hulottes {Strix aluco), don de M. Dugenest. 1 Buse blanche {Falco buteo), don de M. Dugenest. 1 Perruche de Patagonie (Conurus Patagonicus), don de M. Voydis. 2 Casoars à casque (Casuaî'ms _ga/ea/ws), don de M. Riedel, résident à Amboine. i Pygargue de Macé {Haliœtus Macei), don de M. Riedel. 4 Pigeons Nicobar {Calœnas Nicobarica) , don de M. Riedel. 1 Cariama huppé (Cariama cristata), don de M. Garceix, Brésil. i Percnoptère {Neophron percnoptenis), don de M. Me- nabréa. 1 Buse bondrée {Falco apivorus), don de M. Liégois. 2 Paons {Pavo cristata), don de M. Doré. i Busard des marais {Circus œrugitiosus), don de M. Poi- rault. 1 Corbeau freux {Corvus friujilegiis), don de M. le baron de Neucheze. 1 Colombe {Columba turtur), don de M"' Gattelier. 1 Chouette effraie {Strix flammea), don de M. Achard. ACQUIS 2 Aigles bateleurs {Helotanus ecaudatiis), Afrique. 2 Pintades vulturines {Numida vtUturina), Côte orientale d'Afrique. 2 Casoars émeu {Dromœus Novœ Hollandiœ). II. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SEA^iCE DU CONSEIL DU 7 SEPTEMBRE 1883 Présidence de M. Raveret-Wattel, secrétaire des séances. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans obser- vation. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement présentés. Ce sont : MM. PRÉSENTATEURS. A. Berthoule. DiDiON (Eugène-Emile), rue Legendre, 25, Paris. Bouchereaux. Jules Grisard. A. Berthoule. DuPOUET, notaire, à Mauves (Loire-lnfé- \ .j „, ' ' ^ •; V. Fleury. rieure). / , , „ . . ^ \ Jules Grisard. _ . ._, , , . . ,^, , ni- [ A. Geoffroy Saint-Hilaire. Fremont (Ch.), mécanicien, 124, rue de Cli- ) v, iif -^ . 'i il . ivi3.sson • gnancourt, Pans. ( Saint-Yves Ménard. n ■ /T^ . N o, J r. J. f A. Berthoule. GREGOiRE(Eugene), avocat, 24, rue de Conde, ^ p, „ ^^^"^- ( Raveret-Wattel. ,. • r • . , ■ ^ . .:., «. • i Blanchon. Hugues (Mane-Louis-Adneii), a 1 lie Maurice, ^ „ „ , 3, rue de Cluny, à Paris et à Étoile (Drôme). | ^; ^'^^^H^ Saint-Hilaire. T. . .,.,», /A. Berthoule. JOLY (Eugène), propriétaire, a Montrouge \ gou^hei-eaux (^^'"^)- ( Jules Grisard. Lezaud (Georges), ancien magistrat, avocat / A. Berthoule. à Chamhon (Creuse) et au château de La- \ A. Geollroy Saint-Hilaire. courcelle, par Préveranges (Cher). ( Lezaud père. .. T, .,-,,•■. rr, (A. Berthoule. ROBARDEY (J. -Eug.-Nicolas), huissier, a Troyes \ j^j^^ Qrisard. ^'^"'^^^- ( Saint-Yves Ménard. Simon -Legrand (Camille), maire d'Auchy f Chesnel. (Nord), et au château de Madrid, à Neuilly j A. Porte. (Seine). ( Saint- Yves Ménard. — Des demandes de graines ou de cheptels sont adressées par MM. Ber- toni, Sabaté, l'abbé E. Daux et le marquis de Pruns. — M. Lagrange écrit de La Croix-Verte-lez-Autun à M. le Président: « J'ai lu à différentes fois dans le Bulletin de la Société des communica- PROCES-VERBAUX. 615 lions relatives à des femelles de Faisan doré qui avaient couvé et même élevé leurs petits, qu'elles avaient amenés à bien ; ce fait n'est pas rare; chez moi, en général, toutes les femelles de mes Faisans dorés et autres demandent à couver après leur ponte. Mais je n'avais jamais vu un Faisan mâle couver les œufs de sa femelle ; c'est pourtant le fait qui s'est passé ici. * » Je vous soumets mes notes concernant mon parquet de dorés. » Le 29 avril, n'apercevant pas le mâle faire sa cour à ses femelles, connue cela avait lieu ordinairement, je craignis un accident et entrai dans le parquet pour le rechercher. » Je le trouvai bientôt accroupi sur un nid placé sous la partie cou- verte de la volière. Je crus à une indisposition ; mais voulant le prendre, il se sauva très vif et très gaillard. » J'avais relevé les œufs deux jours avant; il y en avait trois dans le nid, bien chauds et bien arrangés, comme quand la poule couve ; cela m'intrigua. Je revins trois heures après et retrouvai toujours mon doré sur le nid, les plumes ébouriffées : il n'y avait plus à s'y méprendre, mon mâle couvait. » Le lendemain, je le trouvai à son poste ; il était tellement assidu, qu'il se laissait passer la main sur le dos sans qu'il fit mine de se sau- ver; ce n'est qu'en voulant le prendre, qu'il s'envola très bruyamment. ï 11 y avait quatre œufs, la femelle en avait donc pondu un depuis la veille. Je préparai un nid dans un autre coin, y mis quatre œufs de dorés et la femelle ne pondit plus dans celui occupé par le mâle. » Les 19 et 20 mai, trois Faisandeaux sont éclos bien vifs. » De gros rats s'étant introduits la veille dans la volière, en faisant un trou sous terre, je jugeai qu'il n'était pas prudent de laisser ces Fai- sandeaux aux soins du père. Je les joignis à d'autres éclos quelques heures avant et les confiai à une de mes petites éleveuses à lampe. » Le mâle, lorsque je lui ai enlevé ses petits, gloussait, écartait les ailes et donnait des coups de bec, exactement comme une poule. » Je cassai le quatrième œuf; il était clair. Ces trois Faisans dorés sont venus à bien ; ce sont, du reste, les seuls que j'aie élevés de cette race, ne m'occupant maintenant que de Faisans plus rares et dont l'acclimata- tion n'est pas aussi achevée. » Oael(]ues jours après, je retrouvai mon mâle doré sur le deuxième nid, où la femelle avait pondu, le recouvant à nouveau ; craignant que cette incubation aussi prolongée ne lui fût préjudiciable, je le chassai, relevai les œufs et fermai la partie couverte. 11 en prit alors son parti et ne recouva plus. Aujourd'hui il a fait sa mue et est superbe et resplendis- sant de santé. » Un fait à signaler : » Je craignais, que les œufs pondus par les femelles pendant son incu- bation ne fussent clairs ; j'en donnai à quelques amis, et je reconnus, 616 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. d'après les résultats d'éclosions qu'ils m'ont annoncés, que la proportion d'œufs clairs n'était pas plus grande qu'ordinairement. » — M . Audap fait connaître que depuis trois ans il met tous ses soins à transformer la Poule nègre en blanche, à l'aide de croisements et de la sélection, en lui conservant plumage et mérite. . « Je possède aujourd'hui, dit notre confrère, une variété de Poule soie blanche, peau rose, de troisième génération, se reproduisant très bien ; aussi bonne couveuse, aussi bonne mère que la nègre, plus rustique et surtout plus agréable lorsqu'on est force de la mettre au pot. i Si vous croyez que celte variété soit de quelque utilité et que ma création ail un certain mérite, je vous expédierai au mois d'octobre un lot de deux poulettes et un coq des Poules couveuses soie blanche, peau rose de la Boulaie. » — MiM. les Ministres de l'agriculture et des travaux publics accusent réception et remercient du Rapport sur les opérations de pisciculture entreprises parla Société pendant l'année 1882. — M. Noordhoeck-Hegt écrit d'Apeldorn (Pays-Bas): « La pisciculture va très bien. J'ai mis en liberté, dans le mois de mai, 250 OOO alevins Salmo salar ainsi que cinq à six mille petits Saumons ayant à peu près quatorze mois. Les reproductions de Salmo qttinnat ainsi que de Salmo ^ontmalis \onl également bien; en somme, je suis satisfait des résultats btenus. » — M. le D'' Maslieurat-Lagémard, membre du Conseil général de la Creuse, écrit à M. le Secrétaire des séances : « Dans sa séance d'hier, le Conseil général de la Creuse m'a chargé d'une mission bien agréable à remplir : c'est de vous dire qu'à l'unani- mité il vous a voté des remerciements pour l'intérêt que vous portez à noire petit établissement de pisciculture et les envois d'œufs de Truite que vous avez l'amabilité de nous faire chaque année. En vous dé- signant d'une manière toute spéciale, le Conseil général témoigne en même temps toute sa reconnaissance à la Société d'Acclimatation dont vous êtes le si habile interprète. > Les œufs que nous avons reçus cette année de la Société ont presque tous réussi. Ajoutés à ceux que nous avons achetés au printemps dernier, nous avons déposé dans nos rivières cinquante mille alevins. )) Sur ma proposition, le Conseil général a augmenté de 500 francs noire petit crédit, ce qui met à noire disposition 1000 francs. L'État nous accorde la même somme , de sorte qu'au printemps pro- chain ce sera une centaine de mille d'alevins que nous déposerons dans nos rivières. î> Tous nos efforts n'ont pas été perdus. Cette année, on a pris une grande quantité de Truites, ce qu'on ne faisait pas avant nos empoisson- nements. j> Par suite de l'interdiction de la pêche sous les barrages de la Haye- PROCÈS-VERBAUX. 017 Descartes et de la Guerche et la modification des échelles, les Saumons peuvent remonter et, cette année, ils sont très abondants. Dans de pe- tites rivières on en prend huit ou dix par pêche et qui, en moyenne, pèsent 8 à dO kilogrammes. Sur le marché de Guéret ils valent 2 fr. 50 le kilogramme. Jugez de la joie de nos populations qui trouvent là un revenu et une abondante et bonne alimentation. Les chaleurs et le défaut de moyens de transport ne permettent pas de les exporter. Mais ces résultats sont un grand bienfait pour notre pays. > On a pris quelques Truites d'Amérique, et tout fait espérer que cette variété si précieuse s'acclimatera dans nos rivières... » — M. André Mondehare, attaché au Consulat général de France à Londres, et chargé de l'organisation de la section française à l'Exposi- tion de produits et engins de pêche qui a lieu dans cette ville, prie la Société de vouloir bien lui fournir quelques renseignements sur les pê- cheries françaises. — M. Raveret-Wattel fait connaître que, d'après une note communi- quée à la Société d'acclimatation de Canterbury (Nouvelle-Zélande), deux Saumons (un mâle de 19 livres et une femelle de 15 livres) ont été cap- turés dans rOpihi. Ces Saumons appartiennent très certainement à l'espèce américaine connue sous le nom de Saumon de Californie (S«/mo quinnat) ; les caractères tirés de la nageoire anale ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. L'acclimatation du Saumon de Californie dans la Nouvelle-Zélande paraît donc être un fait accompli. On sait qu'il y a quelques années, environ 10 000 alevins de S. quinnat ont été placés dans les eaux de l'Opihi. — M. Uaveret-Wattel conmiunique l'extrait suivant d'une lettre qui lui est adressée par M. le D'' L. iMoreau: « ...Le Saumon commun se trouve dans les provinces septentrionales du Portugal, vers le 41'^ degré de latitude; par conséquent il pourrait vivre dans nos fleuves tributaires de la Méditerranée qui sont plus au nord; j'ajoute même, il y vit; je crois utile de vous en donner la preuve incontestable. > L'année dernière, les U, 17, 18 mai 1882, trois Saumonneaux ont été péchés dans la Méditerranée, aux environs de Cette ; ils sont de même taille, ou à peu de chose près; deux d'entre eux mesurent 218 milli- mètres, le troisième a 243 millimètres. D'oîi viennent ces jeunes pois- sons ? Sont-ils issus des Saumons que le professeur Gervais a tenté d'introduire dans les eaux de l'Hérault, avec plus de succès qu'on ne l'avait soupçonné jusqu'à présent? Sont-ils nés des Saumons placés dans le Lez par M. Valéry-Mayet ? Je ne saurais le dire ; d'ailleurs le point important est de constater la présence du Saimo salar dans la Médi- terranée. j Les Saumonneaux péchés à Cette ne peuvent être confondus avec les Saunions de Californie jetés dans le Lez par M. Valéry-iMayet en 1881. 618 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. î Pour dissiper toute espèce de doute à cet égard, je vais indiquer la iormule des rayons branchiostèges et celle des rayons des nageoires, chez les trois spéciniens que j'ai étudiés : » Br. 11 ou 12. — D. 13-0; A. 11 ; P. 14 ou 15; V.8ou9. » D'après Gûntheron trouve dans VOiicorhynchusquinnat :(voy. Cat. Fish. Brit. Mur., t. VI, p. 158). » Br. 17. — D. U; A. 16. î — Des comptes r»ndus de leurs cheptels sont adressés par MM. 0. de Doussineau, 0. Massias, Bravard, M. Périn, Turquand, Goubie, Ch. Gourraud, Hiver, Bourjuge, marquis de Pruns, Claude Lefèvre, Ponté, Burky et de la Brosse. » — M. Maurice Le Pelletier écrit du château de Salvert, près Saumur: « Possédant un cheptel de Cerfs-cochons {Cemis porcinus) depuis le 6 mars, je viens vous rendre compte de mes obesrvations. » Le mâle nous est arrivé les bois sciés, en mauvais état, le poil dur; il est maintenant complètement transformé, extrêmement gras, beau poil, bien lisse et armé de magnifiques bois. Malheureusement il est toujours resté très, et je pourrais dire trop familier, car, à diverses reprises, il a essayé de se jeter sur des personnes se promenant dans le parc, aussi je comprends le motif qui vous avait fait couper ses bois. U devait être • méchant. Dans les premiers temps il ne recherchait nullement ses femelles, ne s'en occupait même pas, ne quittant pas la porte du parc, où on lui portait les détritus de la cuisine. Au bout de deux mois il s'est écarté peu à peu et la raison était, je crois, qu'une de ses femelles entrait en chaleur, car au commencement de juillet, le 9 el le 10, on l'a vu saillir plusieurs fois de suite cette femelle. » Les femelles, au contraire, dès le début ont été sauvages, on ne les apercevait que rarement, se tenant sous bois, mais depuis un mois environ elles se sont bien apprivoisées, venant près de la maison tous les soirs. » L'une d'elles, la plus grosse, est pleine, je pense, d'après ce que les domestiques m'ont rapporté. î L'autre, la plus jaune de pelage, nous a amené un petit le 25 juil- let. La première fois que l'on a aperçu ce produit, il devait être âgé d'environ quinze jours. A chaque instant de la journée, les uns ou les autres l'aperçoivent et je puis vous assurer qu'il se porte à merveille; mon garde, qui l'a vu de très près, prétend que c'est une femelle. Je n'assure rien. î En somme, je suis enchanté de mon cheptel et, d'après ce qui vient de se passer, je pense réussir. j Les animaux, en tout cas, ont bonne nourriture, grand espace (100 hectares) et sont en bonne santé. » i — M. V. Fleury, à Mauves (Loire-Inférieure), écrit : « Nos graines de Spinovitls Davidi blanc et noir n'ont donné, jus- PROCÈS-VERBAUX. 619 qu'à présent, qu'un assez petit nombre de plants; mais la levée ne semble pas terminée et, si l'été se prolonge dans le commencement de l'autonme, il est à supposer que d'autres plants apparaîtront. » Les graines de Chamœrops excelsa\èvenl en assez grand nombre au contraire. Je crois que j'aurai un grand nombre de sujets eu égard à la quantité de graine reçue. » — M. Matliey, de Rocliechouart (Haute-Vienne), adresse le résultat de ses observations relativement à la culture de diverses plantes dont la semence lui a été fournie par la Société d'Acclimatation. « Pommes de terre Heymonet- — Je vous faisais connaître, l'année dernière, les résultats que j'avais obtenus dans la culture des Pommes de terre Heymonet, j'ai continué à cultiver cette année ces Pommes de terre. » Je les ai semées à des époques différentes les 16 février et 22 mars. » Les premières commencèrent à pousser le 8 avril et les secondes le 16 du même mois ; la floraison a eu lieu à la fm de mai, toutes étaient parfaitement mûres, et je les faisais arracher le 17 août. Elles ont été plantées dans un terrain fort et de très bonne qualité ; le sol est légère- ment en pente, incliné au sud-ouest. » Les premières furent plantées dans un terrain plus élevé, plus découvert et plus sec que les dernières, chez lesquelles j'observai que plusieurs tubercules étaient gâtés, fait que je ne remarquai chez les premières, que pour quelques pieds qui se trouvaient abrités par des autres. » Cette excellente Pomme de terre, qui se recommande par sa qualité et son rendement (il existait jusqu'à 30 tubercules à un seul pi^^d), doit être cultivée, d'après mes observations, dans un terrain sec ; j"ai égale- ment remarqué que l'excès d'engrais n'est pas favorable à cette culture. » Radis du Japon. — Semées ie 16 février dans un terrain fort et de bonne qualité exposé au soleil, convenablement fumé, les graines com- mencèrent à lever le 5 mars. Peu de jours après il survint de la neige qui recouvrit la terre pendant huit jours ; malgré cela et le froid intense qui lui succéda, les jeunes plants ne souffrirent nullement et presque toutes les graines étaient poussées le 20 mars. Les plants venaient bien et je croyais à une réussite, lorsque le 9 mai je m'aperçus que les tiges montaient, en effet, le 17 mai; un certain nombre de pieds étaient en fleurs. J'ai commencé à récolter de la graine le 7 août, il y en a encore sur pied qui ne sera pas mûre avant une quinzaine de jours. Les gousses, bien qu'assez nombreuses, sont vides pour la plupart et celles qui contiennent de la graine n'en renferment qu'une très petite quantité. j) Pour ce qui est du radis, il ne s'en est pas formé un seul; je crois pouvoir attribuer cet échec au moment inopportun auquel j'ai semé ces 620 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. graines. Les plants résistant parfaitement au froid, la semence devrait, je crois, être mise dans la terre à l'automne. î Juglans nigra. — J'ai semé mes noix le 9 avril, dans un terrain fort et de bonne qualité, un peu ombragé. » A la fin de mai, plusieurs petits Noyers sortaient de terre et depuis cette époque une certaine quantité a continué à naître. Je possède ac- tuellement dix-neuf Noyers, la tige des plus grands mesure 25 centi- mètres de hauteur. » Tous les sujets sont très vigoureux, le sol et le climat paraissent parfaitement convenir à cette culture. » Fèves d'agiia dulce et do Perpignan. — Les Fèves d'agua dulce et de Perpignan ont parfaitement réussi ; cette culture donne, du reste, de bons résultats dans cette partie du Limousin. » Semées les unes et les autres dans un bon terrain, les premières le 18 février, les secondes le 4. avril, les Fèves d'agua dulce ont poussé le 1" avril, fleuri le 15 mai et ont été récoltées le 26 juillet. » A part quelques graines déterrées et enlevées par les rats que j'ai réussi à prendre au piège, aucun parasite n'a nui à ma récolte. B Les Fèves de Perpignan ont commencé à pousser le 28 avril ; le 12 juillet, les voyant parfaitement mûres, je les récoltai. » La seconde espèce, plus grosse que la première, présente encore l'avantage de venir beaucoup plus rapidement. » J'adresserai très prochainement à la Société : ■» 1" Des Pommes de terre Heymonet ; 2" des Fèves d'agua dulce et de Perpignan ; '6° un spécimen de graines de Radis du Japon. » — 31. le docteur Jeannel, de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), adresse le compte rendu suivant sur les plantes qu'il a reçues de la So- ciété. « Les Eucalyptus Stuartiana, resinifera, tereticornis, gompJio- cephalajongifolla elpolganthemos n'ont pas souffert de la neige tombée en abondance le 10 mars 1883, ni de l'abaissement de température qui s'en est suivi le lendemain ( — 2°), ni des pluies froides qui se sont succédé jusqu'à la fin d'avril et qui ont empêché la floraison des orangers. » Le développement des sujets d'espèces diverses est naturellement très inégal, mais le sol de mon jardin en pente sur des rochers cal- caires est lui-même d'une profondeur très inégale. Je ne saurais donc rien conclure quant à présent relativement aux mérites comparatifs des espèces qui m'ont été confiées. » A cette occasion je signale le développement vraiment prodigieux d'un Eucalyptus donné par M. Naudin,sous le nom douteux d'£. amyg- dalina : planté il y a trente mois, il atteint aujourd'hui la hauteur de 7 mètres; la circonférence du tronc à 1 mètre au-dessus du sol n'a pas moins de 35 centimètres. ï Un autre sujet du même âge, donné par M. Naudin, sous le nom PROCÈS-VERBAUX. 621 à'E. colossea. atteint la hauteur de 4 mètres. Ses feuilles, obovales, de 5 ou 6 centimètres de longueur, presque régulières et étalées horizon- talement, sont d'un vert clair, sur des rameaux d'un rouge-brun. L'arbre est (les plus élégants. » Les Acacia {Miesmcri, resinoides, petiolaris, binervia, IhiifoUa, spcctabilis et excelsa) n'ont pas souffert du printemps exceptionnel- lement froid et humide de 1883, il en est de même du Dasylirion glau- cum et du Grevillea robusta. » Les Bambusa ont bien résisté, ce sont B. viridi-glaucescens, Himalayense, nigra, graciUs, Quilioi, metake et scriptoria. Le B. Quilïoi paraît prendre le plus grand développement ; il a donné en juin des pousses de 3 à 4 mètres de haut. » — Les ouvrages suivants sont offerts pour la bibliothèque de la Société : Simples notions sur les engrais chimiques, leur préparation et leur emploi, suivies de la fabrication à la ferme du superphosphate de chaux, par M. Pios-Fayet. Versailles, 1883, imp. E. Aubert. Brocb. in-S". Pommiers microcarpes ou Pommiers d'ornement, par'E. A. Car- rière. Paris, lib. agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob. 1 vol. in-18, fig. (L'Auteur.) Congrès national des Sociétés françaises de Géographie, h^ session, Bocdeaux, sept. 1882. Compte rendu des ti'avaux du Congrès. 1 vol. in-S°. Catalogue de la collection des semences suédoises à l'Exposition internationale d'Amsterdam, par L.-S. Wahlstedt. Luud, 1883, imp. F. Berling, 1 vol. in-8''. (L'Auteur.) Les Vignes et les Vins de l'Algérie, par Romuald Dejernon. Paris, 1883, librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob, 1 vol. in-8°. (L'Auteur.) De l'évolution biologique des Pucerons en général et du Phylloxéra en particulier , par J. Liclitenstein. Paris-Bordeaux, à la librairie viui- cole et viticole, 1883. 1 broch. in-18. (L'Auteur.) Botanicon sinicum. Notes on chinese botany from native and west- ern sources, by E. Bretschneider, M. D. London, 1882, Trubner and C", 57 et 59, Ludgate-Hill, 1 vol. in-8'\ (L'Auteur.) Pour le Secrétaire des séances, Jules Grisard, Agent général. lU. BIBLIOGRAPHIE I Culture et exploitation des arbres, par Antoniii Rousset, inspecteur des forêts. Un vol. in-S", 4i5 pages. Librairie agricole, 26, rue Jacob. L'auteur part de ce point que les travaux du reboisement, ainsi que l'introduction des végétaux exotiques, posent actuellement aux arbori- culteurs et aux forestiers deux problèmes aussi sérieux qu'intéressants. 1° Un terrain étant donné, indiquer d'une façon précise les essences qui peuvent y prospérer, les pratiques culturales à employer à cet effet, et enfin le genre d'exploitation à appliquer à ces végétaux ligneux, sui- vant leur situation et leur distribution. 2° Un arbre étant donné, faire connaître ses conditions d'existence normale, son mode rationnel de culture et le traitement auquel il doit être soumis à l'état isolé ou en massif. M. Antonin Rousset pense que ces questions n'ont été traitées jusqu'à ce jour que d'une façon approximative ou empirique, et qu'elles pour- raient aujourd'hui être résolues d'une manière scientifique et positive. Par suite, il s'est efforcé d'examiner chacun des phénomènes de la végé- tation, en les isolant les uns des autres ; il a essayé d'étudier divisément chacune des lois naturelles, afin d'en déduire, suivant les différents cas, les lois secondaires ou les règles précises pour la meilleure exécution possible des diverses opérations culturales. Ainsi que l'indique le sous-litre de ce livre, il s'agit donc d'Études sur les relations et l'application des lois naturelles de la création, des conditions climatériques et des principes de la physiologie végétale, com- parée avec les conditions normales d'existence, de propagation, de culture et d'exploitation des arbres isolés ou en massif. C'est un travail d'ensemble, que les forestiers liront avec intérêt. M. Rousset examine d'abord les lois naturelles relatives aux végétaux, les conséquences de l'harmonie de la création, la perfectibilité des for- mes suivant les conditions d'existence, la marche de la végétation pon- dant les périodes géologiques, et les conditions générales d'existence des végétaux. 11 passe ensuite à leur activité vitale, aux organes de nutrition, de reproduction et de support ; Puis aux terrains, leur nature et leurs qualités, leur productivité, leur relief extérieur et leur humidité par les eaux superficielles ou sou- terraines ; aux phénomènes atmosphériques, climat, lumière, tempé- rature, eau, vapeurs, électricité. La cinquième partie est consacrée aux déductions et à l'application BIBLIOGRAPHIE. 6^3 des principes de la physiologie végétale au traitement des arbres isolés ou en massif, savoir : composition, création et plantation des massifs ; c.cclimatation, naturalisation et propagation des essences ; développement et production ligneuse d'un massif boisé; exploitations et aménagements. En ce qui touche la propagation des essences exotiques utiles, l'auteur pose en principe que la naturalisation est possible et que l'acclimatation ne l'est pas. Empruntant une citation de M. Ch. Martins, le végétal, dit-il, vit tant que le thermomètre et l'hygromètre se maintiennent dans les limites qu'il peut supporter. Celte limite dépassée, il périt. Cela ex- plique les causes d'insuccès des tentatives d'acclimatation des végétaux; mais il n'en est pas de même de la naturalisation, et, dans les limites de chaleur et d'humidité qui leur sont nécessaires, les plantes subissent en réalité des modifications parfois assez importantes.... M. Tisserand a re- marqué que diverses plantes subissent, jusqu'à un certain point, une espèce d'acclimatation ou d'adaptation. En effet, si on importe à Chris- tiania des semences d'orge, tirées des latitudes tempérées, la première année elles arrivent à maturité beaucoup plus tard que les plantes nor- végiennes; mais, si on sème successivement l'orge récoltée, on constate que le retard observé diminue graduellement et qu'il disparaît après la quatrième ou la cinquième génération.... La culture du blé à Sierra- Leone n'a pu s'établir qu'après plusieurs années ou récoltes ; l'influence du milieu a détruit d'abord les pieds trop faibles, et ceux qui ont pu résister se sont en quelque sorte plies aux exigences du climat... La Chrysanthème des Lides ou d'automne, originaire de la Chine, introduite en France en 1790, n'a commencé à donner des graines fertiles qu'en 1852, c'est-à-dire après soixante-deux générations ou récoltes annuelles... Pour des arbres forestiers, chaque génération de sujet susceptible de donner des graines fertiles embrasse une période de vingt à trente ans au moins, et soixante générations représenteraient donc un laps de temps de quinze cents ans en moyenne. Nous avons tenu à emprunter ces quelques lignes à M. Antonin Roussel ; mais nous sommes surpris qu'un esprit aussi investigateur que le sien ne se soit pas demandé si les expressions dont il se servait, après d'au- tres, étaient conformes aux données scientifiques actuelles, et si les faits qu'il rapportait lui-même ne contredisaient pas ses prémisses. Ce qu'il appelle naturalisation, tout le monde aujourd'hui le nomme acclima- tation; la naturalisation, au contraire, est le fait accidentel, imprévu de l'apparition d'une plante étrangère, se propageant d'elle-même sans au- cune culture (1). Nous comprenons, d'autre part, qu'un manuel de jardinage dise que telle ou telle plante n'est pas susceptible d'acclimatation ; cela se com- (i) Voy. à ce sujet le compte rendu de l'Essai t,ur les repeuplements arlifi- ciels, par M. Arthur Noël {Bull, de la Soc. d'Acdiin., Bibliogr., décembre 1882, p. 721). 624' SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. prend. L'horticulteur ne voit et ne doit envisager que le résultat possible à atteindre par l'amateur, et réalisable à bref délai. Mais, pour un livre de science, le point de vue doit être tout autre ; qu'importe que le phé- nomène de l'acclimatation mette soixante ans ou quinze cents ans même à se produire! Le fait en lui-même n'en existe pas moins, et la conquête réalisée sur la nature n'en est pas moins un bénéfice acquis pour l'hu- manité ! Aimé DuFORT. II. — Publications nouvelles. H'oticc sur les plantations de résineux faites à Mussy-sur-Seine, par M. R. de Bantel, in-S", 13 pag. Troyes, imp. Maillard De Broys. Manuel île la culture et de l'ensilage des luaïs et autres fourrages verts, par Auguste Goffart, vice-président du Comité central agricole de la Sologne. 4' édition, corrigée et augmentée, in-18 jésus, xii-260 pag. avec 4 planch. et 7 fig. Paris, imp. P. Dupont; lib. G. Masson. L.a perfection dans l'art do soigner et de cultiver les abeilles ou mouches à miel, à l'usage des écoles et des habitants des campagnes, par J. Donot, curé de Vouillers (Marne). 2' édition, revue, augmentée, in--i6, 197 pag. avec fig. Chàlons-sur-Marne , imp. et lib. Martin; l'auteur. Chasse de la piuuie au chien d'arrêt dans l'Afrique du Nord, par le commandant P. Garnier, conseiller général de la Gôte-d'Or, in-8% 43 pag. Auxonne, imp. Charreau; Paris, lib. Martin. Traite d'ostréiculture, par P. Brocchi, docteur ès sciences naturelles, in-18 Jésus; 303 pag. Mesnil, imp. Firmin-Didot. Paris, lib. agricole de la Maison rustique. Le gérant : Jules Ckisaru. Imprimeries riuiiics, A, rue Mignon, 2, l'aric I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTË. ÉDUCATIONS DE BOMBYCIENS SERICIGENES FAITES A LONDRES EN 1882 Par Alfred WAILLY. J'ai l'honneur de vous envoyer mon rapport sur les éduca- tions de Bombyciens séricigènes, que j'ai faites à Londres en\SS± Pendant riiiver 1881-82, je reçus une grande quantité de cocons d'AUacus Mylitla et Atlas de l'île de Ceyian; au prin- temps, j'en reçus d'autres. Le résultat obtenu avec ces espèces fut tout à fait nul, pour plusieurs causes : éclosions de papil- lons pendant le voyage, mort de cocons après leur arrivée, etc. Presque tous les cocons de Mylitla périrent, mais il me reste une cinquantaine de cocons (ï Allas en bon état, et qui ont chance d'éclore l'été prochain (1883). Outre ces deux espèces de l'Inde, je reçus en janvier 1882, d'un correspondant d'Angleterre, un grand nombre de ma- gnifiques cocons à'Actias Selene et d'Antherœa Roylei de rilimalaya, dont j'obtins un résultat assez satisfaisant. Quel- ques cocons d'Atlas (race de l'Himalaya), qui avaient hiverné deux fois, me donnèrent trois papillons mâles. Il résulte des faits que j'ai observés que les cocons de l'Hi- malaya et du nord de l'Inde courent moins de risques d'éclore en voyage que ceux de l'île de Ceyian et du midi de l'Inde, quoique le trajet soit plus long. J'ai aussi remarqué que les cocons Roylei et Selene de l'Himalaya éclosent l'été qui suit leur arrivée ; ils n'ont jamais hiverné une seconde fois, mais il n'en a pas été de même des cocons d'Atlas. Quelques cocons Selene, qui m'ont été envoyés de Madras au printemps de 1882, ne m'ont donné qu'un seul papillon le 3 octobre; les autres cocons me restent, après avoir passé l'hiver 1882-83, et les chrysalides sont bien vivantes. Par suite de Texlrême douceur de la température pendant 3° SÉRIE, T. X. —Novembre 1883. 40 626 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. l'hiver 1881-82, j'eus des éclosions de papillons Atlas, My-. litta, Selene et Roylei, pendant toute la durée des mois de janvier et de février ; j'eus même l'éclosion de deux papillons Cecropia, de l'Amérique du Nord, au mois de mars. La température, douce d'abord, chaude ensuite, ayant ainsi continué sans interruption, je crois, jusqu'au commencement de juin, il en résulta que l'éclosion des papillons fut hâtée de deux ou trois semaines. Ces éclosions précoces sont favorables aux espèces univol- tines dans les pays du Nord, ou à celles dont les larves vivent longtemps avant de se transformer ; au contraire, ces éclo- sions précoces sont funestes à d'autres, telles que Pernyi et mon h\jbr\de Roy lei-Pernyi, en produisant deux générations au lieu d'une. Je n'ai pas eu, à Londres, à souffrir de ces éclosions pré- maturées, parce que les larves de mon hybride et autres ont été élevées en plein air et dans les circonstances les plus dé- favorables à leur croissance et à leur bonne venue ; mais M. Huin, qui a si bien réussi à élever les larves de mon hybride au siège de la Société d'Acclimatation, et plusieurs de mes correspondants, ont obtenu les papillons de l'hybride et ceux de Pernyi pendant l'automne, et il ne leur est resté que quel- ques cocons pour les éducations de 1883. Heureusement, grâce à l'obligeance de M. Iluin et à celle de deux de mes cor- respondants, qui m'ont remis les cocons qui leur restaient, si tout va bien, j'en ai assez pour la reproduction et l'éducation de ma nouvelle espèce de Ver à soie du Chêne. Le temps, ai-je dit, qui avait été très favorable, trop favo- rable même pour les éclosions de certaines espèces, changea complètement à ])artir du 3 juin. Nous n'eûmes alors que des pluies froides et incessantes, qui durèrent, selon leur mau- vaise habitude, pendant six semaines à peu près. Si les pluies n'arrivent pas en juin, on les a en juillet; si on ne les a pas en juillet, on est sûr de les trouver au mois d'août; elles ne font jamais défaut. Malheureusement cet affreux temps acte assez général, et d'autres que moi ont eu à s'en plaindre. Mes pauvres petites chenilles d'hybride, sans aucun abri BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES. 627 sur de petits Chênes à feuillage d'une maigreur etTrayanle, étaient littéralement noyées dans des torrents de pluie et entraînées dans la fange, où il ne restait aucune trace de leur existence. Celles qui ont résisté à une aussi terrible épreuve devaient être amphibies. Combien de victimes ont succombé, je ne saurais le dire; mais le nombre des gaillardes qui ont survécu au supplice a été facile à compter : douze à peu près, qui ont traîné leur misérable existence pendant trois mois au moins avant de pouvoir se décider à former leur cocon. Mon hybride a été un succès, un succès remarquable, si l'on considère dans quelles circonstances son éducation a été faite. Espérons que nous n'aurons plus l'été en hiver et l'hiver en été, et que nous verrons une année avec ses quatre vraies saisons. En fin mai et jusqu'au 3 juin j'eus un petit nombre de pa- pillons Mylitla et Allas, c/ et Ç en même temps. Je croyais alors que les éclosions allaient continuer et que j'obtiendrais une grande quantité d'œufs fécondés. Illusion! vaine illusion! Les papillons Mylilta refusèrent obstinément de s'accoupler, et les autres cocons Mylilla ne produisirent plus aucun pa- pillon; tous périrent les uns après les autres. Le 30 mai, deux Allas s'accouplèrent, mais les œufs ne produisirent aucune larve : elles périrent dans l'œuf, proba- blement par suile d'un manque de chaleur suffisante. Les éclosions de papillons Allas eurent lieu comme suit : le 24 mai, 2 femelles; le 26,1 femelle; le 27, 1 femelle; le 28, 1 mâle; le 29, 4 femelles et 1 mfde; le 30, 1 mâle ; le 3 juin, 1 mâle ; le 1 1 août, 1 mâle ; le 8 septembre, 1 femelle ; le 29 septembre, 1 mâle ; le 7 oclobre, 1 femelle. Aclias Selene. — Les éclosions de papillons de cetle ma- gnifique espèce, dont j'avais une grande quantité de cocons de la race de l'Himalaya, commencèrent le 30 mai et se ter- minèrent le 29 août. .l'obtinssix ou sept accouplements, et, par suite, un nombre assez considéral)le d'œufs fécondés. Une femelle de forte taille peut pondre de 350 à près de 400 œufs. Les premières larves, nées le 21 juillet, provenaient d'une 628 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. ponte mise de côté comme incertaine (n'ayant pas été témoin de l'accouplement), et qui avait eu lieu le 1" et le 2 juillet. Le !"■ juillet, un mfde Selene, placé dans une cage contenant une femelle Selene et une femelle à^Actias luna, s'accoupla avec cette dernière, mais les œufs ne produisirent aucune larve. L'éclosion des œufs provenant d'un accouplement du 4 juillet -se fit le 23 juillet. En me reportant à la date de chaque accou- plement et à celle de l'éclosion des chenilles, il en résulte que l'éclosion des chenilles eut lieu une vingtaine de jours après la ponte des œufs. Les chenilles de Selene furent, comme l'année précédente, élevées à l'air libre. J'en mis un nombre considérable sur un Noisetier de forte taille et deux douzaines à peu près sur un groupe de petits arbres croissant l'un près de l'autre et dont les branches se touchaient : deux Cerisiers, deux Pommiers, un Poirier et un petit Chêne. Mes Selene mangèrent indiffé- remment le feuillage de ces petits arbres, même le Chêne, allant d'un arbre à l'autre. Sur ce groupe de petits arbres frui- tiers, j'avais aussi quelques chenilles d'Attacus Pyri, que j'élevai cette année pour la première fois à l'air libre, jusqu'à leur transformation, ne les ayant mises dans une boite qu'au moment où elles commencèrent à filer. Sur le petit Chêne appartenant à ce groupe, j'élevai des larves de Roi/lei, dont je parlerai plus loin. Les six petits arbres furent entourés d'un châssis sur lequel ie fis mettre un double filet, afin de protéger les larves contre les Moineaux, qui, cette année, ne purent y toucher. Le Noi- setier et le groupe de petits Chênes servant à l'éducation de mon hybiide Roylei-Pernyi et à celle de Telea Poli/phemm, furent également recouverts d'un double filet. J'avais ainsi trois châssis au lieu de deux, comme en 1881. Revenant à mes Selene, je regrette d'avoir encore à relater un désastre. Toutes les larves dont le gros Noisetier était cou- vert périrent les unes après les autres, aux divers âges, quel- ques-unes ayant atteint le cinquième. Au contraire, celles qui avaient été déposées sur les petits arbres fruitiers, Poirier, nO.MBYCIENS SÉRICIGÈNES. (329 Pommier el Cerisier, profitèrent admirablement bien et réus- sirent à former leurs cocons. Les larves provenaient d'énormes et magnifiques Papillons, et étaient toutes très vigoureuses. Est-ce que le feuillage du Noisetier ne convient pas à la nour- riture du Sekne? Un de mes correspondants d'Ecosse a élevé ses larves sur cet arbuste et a obtenu de beaux cocons. J'at- tribue la perle de mes larves de Selene à la mauvaise qualité du feuillage. Le tronc de ce Noisetier avait été coupé à moitié de sa bauteur à peu près; les grosses brancbes avaient été taillées aussi, afin de rendre le tout plus compact et plus facile à recouvrir du cbassis avec son filet. Le résultat naturel de cette coupe du tronc et des grosses brancbes fut de donner naissance à une immense quantité de petites brancbes, dont le feuillage mouetaqueux ne contenait probablement pas assez de substance nutritive. Atlacus (Antherœa) Roylei, Ver à soie du Gliêne de l'Hi- malaya. — L'éducation de cette espèce, malgré le mauvais temps, a parfaitement bien réussi. Les deux années précé- dentes, j'avais cru l'accouplement de cette espèce en captivité sinon impossible, du moins très difficile à obtenir. En 1882, les papillons /?oy^et, tous remarquablement beaux, se sont accouplés avec la plus grande facilité, ,1e n'obtins ce- pendant, avec une grande quantité de cocons, que quatre accouplements ; mais cela tient à une cause accidentelle : l'é- closion des papillons par groupes de mâles ou de femelles, ce qui arrive assez souvent. Ainsi, du 2 au 10 juin, je n'eus que des papillons maies ; du 10 au 13 juin, une femelle seulement et dix mâles; du 21 juin au 4 juillet, il n'y eut que des pa- pillons femelles. L'éclosion des papillons eut lieu du 11 mai au 4 juillet; les quatre accouplements, le 28 mai, le 2, le 13 et le 18 juin. Le 24 mai, un mâle Pernyi s'accoupla avec une femelle Pernyl, et le 29 mai, un mâle Roylei avec une kmeWe Peniyi ; tous les œufs étaient bien fécondés. Les œufs provenant du second accouplement, qui eut lieu le 2 juin, que j'avais conservés pour l'éducation, commen- cèrent à éclore le 27 juin, el j'obtins les premiers cocons le 630 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. 2 septembre. Ainsi que je Tai dit dans mes précédents rap- ports, les larves de Roylei, de Pernyi et de mon hybride Roylei-Permji se ressemblent beaucoup. Cependant j'ai re- marqué qu'au cinquième Age (je n'ai pas eu le temps de les examiner aux premiers Ages), les larves de Roylei sont d'un vert plus foncé que celles de Pernyi et de l'hybride ; en outre, le nombre des grandes taches métalliques sur les côtés sont de cinq à sept, au lieu de deux ou trois, comme ?,\\v\q Permji ou l'hybride. Le nombre des taches métalliques sur la bande latérale de chaque côté du corps de la larve varie selon les individus dans les trois espèces. Les larves, comme je l'ai dit, furent élevées à l'air libre sur un petit Chêne; mais aux quatrième |et cinquième Ages, le feuillage ayant été entièrement détruit, l'éducation fut ter- minée sur des branches coupées. Circula trifenestrata. — En 1882, je reçus pour la pre- mière fois des cocons de cette curieuse espèce, qui me furent expédiés de Madras. Malheureusement il me fut impossible d'en tenter l'éducation, les chrysalides ayant toutes péri pen- dant le trajet ou après leur arrivée à Londres, à l'exception de quelques-unes, qui me donnèrent : le 4 juillet, un papillon femelle ; le 9, une femelle ; le 13, une femelle ; le 15 juillet, une autre femelle, et le 26 juillet, un mAle. C. trifenestrata est le Bombycien dont le cocon d'un jaune d'or a la forme d'un réseau qui permet de voir la chrysalide au travers. Ces cocons sont assujettis les uns aux autres en masses qui sont souvent très considérables. Le dernier tas de cocons que je reçus, le 3 août 1882, beau- coup trop tard pour qu'ils eussent chance d'arriver vivants, se composait de trois à quatre cents cocons, que j'ai eu un mal infini à détacher les uns des autres, afin de m'assurer s'il restait quelques chrysalides vivantes. Tout était mort, et la boîte en fer-blanc qui les contenait était pleine de toutes pe- tites mouches vivantes. C. trifenestrata se trouve sur la liste des Bombyciens de l'Inde, à la page 6 de ma Notice qui a paru dans le Rulleiin de la Société iV Acclimatation du mois de novembre 1881 . BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES. 631 Ayant dans mes rapports précédenis donné des détails sur les Bombyciens séricigènes et autres du nord de l'Amérique, je me bornerai cette fois-ci à parler de la manière extraordi- naire dont les papillons de deux espèces sont éclos eni88"2 et je terminerai en parlant de nouveau de mon hybride Roylei- Pernyi. Telea Polyphenms. — Avec quatre oucinqdouzainesde co- cons, je n'obtins que trois accouplements. Les papillons com- mencèrent à éclore du 23 mai ; jusqu'au 27 il n'y eut que des femelles. Les papillons continuèrent ainsi jusqu'à la fm à éclore le plus souvent par groupes de mâles ou de femelles. Comme je l'ai déjà dit, cette espèce s'accouple assez diffi- cilement en captivité ; les accouplements sont généralement de courte durée et terminés de bonne heure le matin. De là la difficulté desavoir si les œufs obtenus sont fécondés ou non. Si les papillons sont tant soit peu dérangés, si même l'on touche légèrement la cage où ils sont renfermés, ils tombent comme un trait au fond de la cage et ne restent tranquilles qu'après avoir fait une demi-douzaine de pirouettes. Il sera donc toujours, je crois, assez difficile d'obtenir en captivité une grande quantité de graine fécondée de celte espèce. J'eus une quantité de larves écloses de graine mise de côté comme incertaine; d'un autre côté, je n'obtins aucune larve d'une ponte provenant d'une femelle bien accouplée. Les larves de Poli/phemits furent élevées sur les petits Chênes de moujardin en compagnie de celles de mon hybride, mais vers la fm de septembre il ne restait plus de feuillage et je fus obligé de les retirer alors qu'elles n'étaient encore qu'au troi- sième ou au quatrième âge. Actias lima. — De cette espèce je m'étais réservé environ quatre douzaines de cocons dont j'obtins de forts et magni- fiques papillons. Cependant le résultat définitif (la reproduc- tion de l'espèce) a été pire qu'avec le Polypkème. Je n'obtins qu'un seul accouplement, par suite encore de la manière extraordinaire dont les éclosions de papillons ont eu lieu. Il n'y a, que je sache, aucune cause connue encore, qui lasse éclore les papillons de diverses espèces par groupes de mâles SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. OU de femelles ; cependanl tous les ans le même phénomène se représente. Est-ce simplement un effet du hasard, comme je l'ai cru jusqu'à présent, ou bien y a-l-il une cause qui nous est encore inconnue ? Comme pour les diverses autres espèces, j'ai pris des notes et marqué les dates des éclosions de tous les papillons Luna, et voici comment elles ont eu lieu. Du 10 au 13 mai, papillons mâles; intervalle de cinq jours ; du 18 au 27, tous papillons femelles. Après un intervalle de trois jours j'eus encore des papillons tous mâles jusqu'au 4 juin ; ensuite, du 7 juin au 19, rien que des femelles. Le 21 juin, j'obtins une femelleet, le24» un mâle ; le 25, ces deux papillons s'accouplèrent. Après cette date je n'eus que des papillons femelles. Ainsi, avec quaranle- huit papillons, car tous les cocons sont parfaitement bien éclos, je n'eus qu'une seule fois chance d'obtenir un accouplement — encore la femelle était-elle éclose trois jours avant le mâle, ce qui peut rendre l'accouplement impossible ou inutile. — Le 28 juin, j'obtins l'accouplement d'un mâle Selene avec une femelle Luwa, dont j'ai, je crois, parlé: les œufs ne furent point fécondés. Les larves Litwa furent élevées en captivité sur des branches de Noyer jusqu'en mi-septembre; quelques-unes s'étaient chrysalidées. N'ayant plus le temps de m'en occuper, mes vacances étant terminées, j'envoyai le reste à un corres- pondant pour terminer l'éducation. Hybride Roi/lei-Peruf/i. — Les divers articles ayant trait à mon hybride de Roylel-Pernyi ont paru dans mon Rapport de mars 1882 d\i Bulletin de la Société d'Acclimatation el autres bulletins que je n'ai pas en ce moment sous les yeux. Mention en est faite aussi dans The Entomologisl de novembre 1881 et plusieurs numéros du Journal of Ihe Society o farts de Londres, les 10 et 31 mars et le 7 avril 1882. Mon dernier Rap- port anglais sur les éducations de 1882 est inséré dans quatre numéros de ce dernier journal : 10 et 20 janvier ; 2 et 23 février 1883. Aussitôt après la réimpression de ce dernier Rapport, je me ferai un plaisir d'en envoyer plusieurs exem- plaires à la Société d'Acclimatation. En se reportant à mes divers articles on verra que, du 21 mai au 6 juin 1882, j'obtins BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES. 633 l'accouplement de six femelles Roylei (Ver à soie du Chêne de l'Himalaya) avec six nulles Perwî/i (Ver à soieduChênedunord de la Chine). De là date la création de mon nouveau Ver à soie du Chêne. La grande question alors était de savoir si les papil- lons provenant des cocons obtenus seraient bien conformés et susceptibles de reproduire cette nouvelle espèce en 1882. La reproduction eut lieu, comme je lavais prévu, en voyant la grosseur et la beauté des cocons. Les larves avaient été élevées en 1881 avec le plus grand succès en Europe et en Amérique. Ce succès, qui a de beaucoup dépassé mes plus belles espé- rances, est dû à l'étroite parenté des types reproducteurs. Avec un petit nombre de ces magnifiques cocons d'hybride, vingt-sept ou vingt-huit, j'obtins un nombre considérable d'oHifs fécondés. Les papillons ne manquèrent jamais de s'ac- coupler, les mâles pouvant s'accoupler trois fois. Lorsque je n'avais pas de femelles de l'hybride, les mâles s'accouplaient avec d'autres espèces. Les larves obtenues en 1882, comme celles de l'année précédente, furent des plus robustes et des plus faciles à élever à l'air libre. Si les éducations avaient toutes été faites à l'air libre, comme je le conseille pour l'an- née 1883, le nombre de cocons obtenus pour la reproduction de cette année aurait été assez considérable, et il aurait permis les éducations sur une plus grande échelle. Élevé en chambre, mon hybride, comme les types reproducteurs, a une tendance à devenir bivoltin, et la majeure partie des cocons est perdue pendant l'automne par l'éclosion des papillons. A l'air libre, l'hybride, comme lePerni/i, deviendra univoltin dans les pays du Nord. Le premier papillon hybride obtenu de mon petit lot de cocons fut une femelle que j'envoyai au Musée britannique avec le cocon, afin queM. W. F. Kirbyen fît la description et le soumît à la Société enlomologique de Londres. Quelques jours après j'envoyai d'autres spécimens ainsi que les types repro- ducteurs et leurs cocons afin que les trois espèces pussent être comparées. A une réunion qui eut lieu le 3 mai 1882 au siège de la Société entomologique, sous la présidence de M. H. T. Sla n- 634 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMÂTATION. ton, M. W. F. Kirby lut sonarlicle sur mon hybride, donnant une description des plus détaillées sur le papillon et le co- con. Le titre de l'article inséré dans les Annales de la Société entomologique est comme suit : « Notes on a hybrid between Antherœa Pernyi Guér., and A . Roylei Moore. » M. Kirby termine son article par cette comparaison des cocons: « Le cocon de l'hybride est tout aussi gros que celui de Roylei. Mais au lieu de l'espace considérable qui existe entre l'enveloppe et le vrai cocon de Roylei , il n'y a pour ainsi dire aucun espace entre les deux et le cocon Pernyi est plus petit; d'où il résulte que celui de l'hybride serait d'une valeur commerciale supérieure. » M. F. Moore, conservateur du Muséum de Bethnal-green à l'est de Londres, a, lui aussi, donné une description des pa- pillons, mâle et femelle démon hybride, qui se trouve insérée, comme celle de M. Kirby, dans mon Rapport à la Société des arts de Londres. M. Moore vint voir mes élèves au mois d'août, alors qu'ils avaient atteint, pour la plupart, toute leur taille, et étaient revêtus de leurs brillantes parures. M. Henry B. Wheatley, rédacteur du journal de la Société des arts, était aussi venu me rendre visite quelques jours auparavant. Ces messieurs furent surpris de voir dans Londres même, sur de petits arbres à feuillage rabougri ou maladif, surtout celui des Chênes qui était tout piqué de jaune, d'énormes chenilles qui semblaient, comme le dit M. Moore dans la lettre qui accom- pagne son Rapport, tout aussi bien portantes que si elles eussent été dans leur propre pays. Comme l'année précédente, M. Moore emporta des larves de mon hybride et autres ainsi que des spécimens de papillons pour le Rethnal-green Muséum. L'éclosion des papillons de mon hybride commença le 23 avril et se termina le 5 juin. Il y eut quinze femelles et douze mâles. Ces cocons, à l'exception des miens, provenaient d'éducations fuites en Allemagne, en Autriche, en Ecosse et aux États-Unis de l'Amérique du Nord, BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES. 635 Je ne reçus que deux cocons de l'Amérique, dont un mou- rut; l'autre produisit un petit papillon mâle. Tous les autres cocons étaient énormes. J'obtins, je crois, douze accouple- ments avec vingt-sept papillons, succès extraordinaire, surtout si l'on considère que les mâles et les femelles n'éclosent pas toujours simultanément et que quelques papillons furent con- servés pour spécimens. Au nombre de ces accouplements je ne compte pas ceux des mâles hybrides avec d'autres espèces. Je vais maintenant reproduire mes notes sur l'hybride, ce qui ne sera pas, je crois, fort intéressant, mais « devoir oblige ». Ceux de mes lecteurs, si toutefois j'en ai, qui n'au- ront pas la patience de lire mes notes, peuvent sauter par-des- sus, ils n'y perdront pas beaucoup. J'y ai trouvé quelques passages obscurs, mais je dois dire qu'ils ont été écrits de nuit et à la hâte : c'est pourquoi je demande l'indulgence de ceux qui voudront bien me lire. Aotes. — Le 23 avril, éclosion d'une femelle papillon hy- bride, portée au British Muséum avec spécimens de Pernyi et Roylei; le 26, une femelle. Dans l'après-midi du 28 avril, un mâle du cocon d'Amérique, qui s'accoupla dans la soirée avec une femelle Pernyi. Le 3 mai, éclosion de deux femel- les; le 4 mai, un mâle et une femelle qui s'accouplèrent après une heure du matin le 6 mai; la femelle pondit deux cent soixante-six œufs. Le 6 mai, éclosion d'une femelle ; le 7, une autre femelle et, le 8, un mâle. Le deuxième accouplement eut lieu dans la soirée du 9 mai. Le 10 mai, dans l'après-midi avant 4 heures, il y eut éclosion de trois papillons femelles; le il, avant une heure de l'après-midi, éclosion d'un mâle hybride. Le troisième accouplement eut lieu le 10 avec le mâle qui s'était déjà accouplé le 9; l'accouplement dura du 10 au soir jusqu'à huit heures et demie dans la soirée du \\ mai. Le 11, quatrième accouplement avec une femelle éclose le lOct unmâle éclos dans l'après-midi du même jour, le M mai. Dans la soirée du li , avant trois heures, il y eut éclosion d'un mâle, qui s'accoupla plus tard le môme soir; cf'\n{re%[U ido pictorum) et de la Mulette idlongée {Unio elongûta) Ce coquillage affecte une forme à peu près ovale. Quelques-uns atteignent 8 centimètres de longueur sur 30 de largeur. Les perles ne se trouvent en général ni dans les très petites, ni dans les très grandes coquilles, mais plutôt dans les moyennes et principalement dans celles qui ont subi quelque compression ou fracture. LA PISCICULTURE A L'ÉTRANGER. 675 de perles {Erst Perlfischer) en faveur de celui qui lui avait indiqué cette nouvelle source de revenus. A sa mort, survenue en 164S, ce Moritz Schmirler fut rem- placé par son frère Abraham, et depuis lors les Schmirler se succédèrent de père en fils dans la charge de Premier-Pêcheur, jusque vers la fin du dix-septième siècle, époque où ces fonc- tions passèrent aux mains du beau-père du dernier membre de cette famille, Herr Schmerler, dont les descendants sont encore aujourd'hui à la tète de l'exploitation des perles. Le Premier-Pêcheur de perles actuel est le maître drapier Moritz Schmerler aîné, que secondent dans ses fonctions deux de ses neveux, Moritz et Julius Schmerler. A leur création, les pêcheries royales de perles furent pla- cées, quant à la haute surveillance des travaux, dans les attri- butions de l'administration supérieure des forêts, à Auerbach, qui avait déjà dans ses attributions le service des eaux de la région. Cette organisation subsiste encore aujourd'hui. L'in- spection des eaux, c'est-à-dire la recherche des perles, se fait au printemps. Dès que la température est assez douce pour permettre aux pêcheurs de se mettre à l'eau et d'y travailler pendant des heures entières, tous les bancs de Moules sont successivement passés en revue, ei chaque Moule est entr'ou- verte à l'aide d'un fer spécial, qui permet d'en visiter rapide- ment l'intérieur sans blesser le mollusque. Celles qui ren- ferment une ou plusieurs perles sont seules sacrifiées, c'est-à- dire complètement ouvertes. Les autres sont immédiatement remises à l'eau. Il en est de même de celles où l'on ne trouve que de très petites perles jugées susceptibles de prendre ul- térieurement plus de développement. Dans ce cas, on grave extérieurement sur la coquille l'année de la visite. Il arrive qu'on retrouve plus tard de très belles perles dans des Moules ainsi marquées. Jamais on ne visite tous les ans un même banc; on laisse même parfois écouler une assez longue pé- riode — dix, douze et même quinze ans — avant de revenir aux mêmes endroits. Les produits de la pêche, centi-alisés par l'administration forestière à Aner])acii, étaient autrefois remis à la Direction 676 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. des Collections royales. Aujourd'hui ils sont versés au minis- tère des finances et la vente s'en fait annuellement, tandis qu'elle n'avait lieu primitivement que par périodes de plu- sieurs années, au moins pour les produits de nature à être employés par la bijouterie de luxe (i). Le magnifique collier mentionné ci-dessus a été fait avec les plus beaux spécimens de la pêche de 1879. Quelques expériences faites dans l'ElsLer, en vue de la pro- duction artificielle des perles, n'ont pas donné de résultats (2). Mais, en 1851, M. Moritz Schmeiier essaya la fabrication d'ob- jets de fantaisie en nacre de Moule, et cette tentative eut un plein succès. La mode s'empara si bien de cette nouveauté, qu'une industrie importante s'est créée rapidement à Adorf. Elle est exploitée non par les pêcheurs de perles titulaires, mais par différents négociants, et elle a pris une telle exten- sion, que les Moules des rivières saxonnes ne suffisent plus; on en tire des pays voisins, et notamment de certaines parties de la Bavière et de la Bohême, où quelques couis d'eau sont même déjà presque complètement dépeuplés. Depuis quelque (1) Le service royal des pêcheries de perles de Saxe avait exposé un tableau donnant le relevé des ventes faites depuis 1719. Parmi les plus belles perles ré- coltées pendant ceUe période, il y en avait 9 du poids de 35 carats et d'une valeur de 85 thalers (331 fr. 50) chacune. (2) On sait que toute blessure faite au mollusque peut amener la formation de perles. Qu'une lésion se produise dans le manteau de la Moule, c'est-à-dire dans la membrane charnue qui revêt l'intérieur de la coquille, et presque toujours un développement abondant de matière calcaire qui se produit à l'endroit malade, formera à la partie interne de la coquille, après la guérison, une excroissance plus ou moins prononcée, qui est une perle soudée à la coquille. Qu'un giain de sable pénètre dans les chairs, et le mollusque, pour rendre inoflfensif ce corps étranger qui le blesse, manque rarement de le couvrir de nacre, en le transfor- mant ainsi en perle. La connaissance de ce fait a donné l'idée de déterminer la production artificielle des perles. Les Hollandais ont usé du procédé pour les Huîtres perlières, dans les colonies o\x se pratique la pèche. La coquille est entr'ouverte et Ton y insinue un petit fragment quelconque que le mollusque ne puisse pas facilement expulser ; puis on dépose le coquillage ainsi préparé dans un fond de mer convenable. Après deux ou trois ans, on pêche ces coquilles qui renferment de très belles perles. Chez la Moule perlière, si la matière calcaire qu'emploie le mollusque pour recouvrir le grain de sable qui le gêne, est celle qui forme la couche extérieure, jaune ou brunâtre, de sa coquille, la perle est terne et sans valeur aucune; mais si, au contraire, il se sert de la matière qui constitue la partie interne de la coquille, la perle présente les rellets nacrés qui lui donnent sa beauté, et plus la matière est pure, plus la perle est blanche, plus elle a cet aspect chatoyant auquel elle doit son prix. LA PISCICULTURE A l'ÉTRANGER. 677 temps, du reste, on travaille également à Adorf la nacre de toutes sortes de coquillages exotiques, et beaucoup de maisons importantes, telles que celles de MM. G. -W. Lots, Louis Nicolaï, Leonhard Bang, etc., occupent chacune plusieurs centaines d'ouvriers. Il TRAVAUX ADRESSÉS ET COMNIUNiCATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. QUELQUES MOTS AU SUJET DES CHÉNOPODÉES D'AUSTRALIE Par m. Ch. KAUDIN De l'institut Les Chénopodées, que M. Moquin-T.indon, leur mono- graphe, appelait tacélieusemenl les crapauds du règne végé- tal, ne brillent assurément pas par la beauté, et jamais Thor- ticulture d'agrément n'en fera grande consommation; en revanche il en est quelques-unes qui jouent un rôle considé- rable dans la culture d'utilité ; il suffit de rappeler la Betterave, la Poirée et l'Kpinard, pour montrer que cette vaste famille de plantes, si modestement douée sous d'autres rapports, mérite bien qu'on lui témoigne quelque intérêt. A ces espèces classiques il faudra peut-être ajouter un jour une demi-douzaine de Chénopodées de l'Australie, qui rendent, dans ce pays de chaleurs torrides et de sécheresse, de signalés services aux éleveurs de bestiaux, dont elles sont la providence quand le soleil a roussi et détruit toute autre végétation herbacée. Toutes ^ont des plantes de marais salants, qui ont cet inappréciable avanlage de ne rien coûter et d'être une excellente pâture pour les bœufs et les moutons, quand il n'y a plus rien autre chose à leur donner. Si elles venaient à disparaître, la principale industrie de ce pays en serait piofondément atteinte. Par plus d'un côté la région saharienne de l'Algérie res- semble à ces déserts australiens : c'est la même chaleur et la même sécheresse pendant des mois et des mois, le môme sirocco brûlant et aussi les mêmes terrains imprégnés d'eau saumâlie partout où il y a quelque dépression du sol. C'est, suivant l'expression arabe, le pays de la soif, qui se couvre , DES CHÉNOPODÉES D'AUSTRALIE. 679 d'herbe après les pluies de l'automne et de l'hiver, mais leste absolument improductif et inhabitable dans les autres saisons, exception faite des oasis, qui ne vivent que par les sources jaillissantes que l'industrie des hommes a fait sortir du solde temps immémorial. Ce vaste pays est parcouru en hiver par de maigres trou- peaux; mais, quand toute l'herbe en a été broutée et que les chaleuis arrivent, il faut, sous peine de voir périr les bêtes, les conduire sur les points élevés où il y a encore de la ver- dure. Or c'est là le grand obstacle au reboisement de ces hauts-plateaux qu'il y aurait tant d'intérêt pour la colonie en- tière à voir se couvrir de forêts. Y aurait-il moyen de retenir les troupeaux dans les plaines du Sud et de les y faire vivre, même en été, sans recourir à cette fâcheuse transhumance? Pcut-êlie, et, dans tous les cas, il serait bon de tenter l'aventure en y introduisant ces utiles Chénopodées australiennes. Puisqu'elles rendent tant de ser- vices là-bas, pourquoi n'en rendraient-elles pas chez nous? Si l'expérience réussissait, les avantages en seraient considé- rables. Ce serait d'abord une meilleure utilisation de la plaine saharienne, puis, chose plus importante, une abondante pro- duction de bois dans une région à peu près stérile aujour- d'hui ; ce serait, surtout, une notable amélioration du climat algérien : des pluies plus fréquentes, plus abondantes et bien mieux emmagasinées dans le sol montagneux, d'où elles res- sortiraienten sources également bienfaisantes pour les plaines -du iNord et pour celles du Sud. Au surplus, d'où viennent les eaux qui font vivre les oasis, si ce n'est de la pluie tombée sur les hauteurs et qui circule en nappes souterraines? Il est de toute évidence que plus ces eaux seront abondantes, plus florissantes et plus larges seront les cultures de cette région du Sud, si peu favorable actuellement à la colonisation euro- péenne. S'il est possible de faire reculer le désert, ce ne sera qu'en rétablissant les forêts sur tous les points élevés du pays. Voilà, m'objectera-t-on, une belle perspective, ou plutôt .une belle utopie, mais qui a le malheur d'être tout à fait hors 680 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. de proportion avec les moyens que vous proposez pour en faire une réalité. Est-ce avec cinq ou six misérables Chéno- podées qu'on peut espérer une si heureuse révolution? Je répondrai d'abord qu'il ne s'agit, pour commencer, que d'une simple expérience, et que, jusqu'à ce qu'elle ait été faite sérieusement, on n'a pas le droit d'en dire du mal; j'ajouterai ensuite que, bien souvent, des petits moyens, jugés défavorablement, ont produit de grands résultats, et que des plantes de peu d'apparence ont fait la fortune de pays entiers. Où en serait aujourd'hui l'agriculture de l'Europe sans la pomme de terre et la betterave ? Ces deux modestes plantes n'ont pas manqué de dénigreurs à leur début, et cela ne les a pas empêchées de faire glorieusement leur chemin. Mais revenons à nos fameuses Chénopodées. Le 2 mai 1882 j'ai reçu de M. Prillieux, professeur à l'Institut agronomique, une bonne provision de graines de trois Chénopodées australiennes, le Kochia villosa, nommé dans le pays Blue sait bush et Cotton bush ; VAtriplex vesi- caria, ou Small sait bush; et le Chenopodium nitrariaceum ou Swamp sali bush. Ces noms vulgaires indiquent que ces trois plantes croissent dans les lieux bas, plus ou moins ma- récageux et imprégnés de sel. J'ai partagé ces graines avec divers horticulteurs, qui, je le crains, n'en ont pas fait grand cas, et j'ai semé le reste. Le Ch. nitrariaceum a eu tout le succès qu'on pouvait en attendre ; le Kochia villosa n'a levé qu'en partie, mais les sujets obtenus sont florissants ; quant aux graines de l'A. vesi- caria, elles avaient été probablement récoltées avant matu- rité, car sur plusieurs centaines qui ont été semées je n'ai obtenu que trois ou quatre plantes débiles, qui ont péri malgré tous les soins. Il en a été de même pour celle espèce chez M. Huber, horticulteur à Hyères, qui a parfaitement réussi pour les deux autres. En ce moment le Ch. nitraria- ceum et le Kochia villosa sont en pleine floraison à Hyères et à la villa Thuret. Nous pourrons donc obtenir une seconde génération de graines récoltées chez nous et peut-être déjà un peu mieux acclimatées que celles qui nous sont venues directe- DES CHÉNOPODÉES d'aUSTRALIE. 681 ment d'Australie. Ces deux plantes sont de petits buissons de O^jSO à 0'°,60 de hauteur, ramifiés et à feuilles menues. Le Kochia, dont le port est éricoïde et qui est tout enveloppé de poils blancs, ne déparerait pas les planches d'un parterre. Son nom de Cotlon hush lui vient, suivant M. F. Mûller, de petites excroissances couvertes de duvet blanc, dues proba- blement à la piqûre de quelque iii.sccle {Cijnips?) particulier à l'Australie. Rien de semblable ne se présente sur nos plantes. Les trois Chénopodées que je viens de citer ne sont pas les seules, ni même les meilleures des déserts australiens. Au- dessus d'elles il faut, je crois, placer les Alriplex halimoides et nummularia, véritables sous-arbrisseaux, très ramifiés, très feuillus, et avidement recherchés par le bétail, le dernier surtout, dont on commence à craindre la disparition dans les lieux les plus fréquentés par les troupeaux, et qu'il faudra peut-être cultiver pour ne pas perdre cette ressource. Nous possédons, à la villa Thuret, un grand Atriplex, presque ar- borescent, qui est probablement l'une ou l'autre de ces deux espèces, mais je ne saurais dire laquelle des deux. Dans tous les cas, elle est de celles qu'il faudrait essayer de propager dans le Sahara algérien. La difficulté est de trouver l'homme qui pourrait s'en charger, car ici, comme ailleurs, tant vaut l'homme, tant vaut l'expérience. Il est à regretter que nous n'ayons pas, dans le Sud algérien, à Touggourth ou à Ouargla, un jardin d'expériences, grand ou petit, avec un homme sur lequel on puisse compter. Cela viendra peut-être un jour (1). (1) Ce qui ne serait pas moins utile ce serait la création, sur quelque point de TAlgérie convenablement choisi, d'un Arborelum, ou Jardin-école, spécialement réservé à la culture d'arbres exotiques, comme celui que M. Alph. Lavallée a fondé à S'-grez. Les services qu'il rendrait à la colonie sont trop évidents pour qu'il soit nécessaire de les faire ressortir. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Eucalyptus et Cytisus*. Extrait d'une lettre adressée à M. le Secrétaire général. ...J'ai suivi votre conseil : je viens de passer un mois en Algérie (février et commencement de mars) pour visiter les colleclions d'Eucalyptus de MM. Cordier et Trottier, que j'ai trouvées supérieures aux éloges qu'on en a faits à différentes reprises dans les publications agricoles et horti- coles. Il y a ià d'importants matériaux pour l'étude de ces arbres, des expériences décisives pour leur naturalisation, et bientôt une riche pro- duction de graines mise au service des cultivateurs et de l'admmistra- tion forestière. J'ai parcouru les deux provinces d'Alger etd'Oran, m'arrêtant en divers endroits pour me rendre compte des progrés de la colonisation, qui au total, est satisfaisante. iMa précédente visite à l'Algérie datait de trente ans (en 1852); bien du chemin a été fait depuis, et j'ai revu florissantes et peuplées beaucoup de localités qui n'étaient alors qu'un désert. Au milieu de celle prospérité, il y a toutefois un point noir, auquel on n'a pas fait grande attention dans le principe, mais sur lequel tous les agricultt'urs algériens ouvrent aujourd'hui les yeux : c'est l'insuffi- sance des forêts, insuffisance qui s'aggrave à mesure que les défriche- ments s'accroissent. Entre Alger et Oran, dans la vaste plaine du Chéliff surtout, on fait des lieues et des lieues sans voir un seul arbre. Les fu- nestes conséquences d'un déboisement exagéré sont trop connues pour qu'il soit nécessaire de les rappeler. La pénurie île bois de construction, la rareté des pluies, les inondations quand, après de longues sécheresses, la pluie finit par arriver, toutes les souffrances de l'agriculture, en un mot, ce sont là autant de lieux communs cent fois ressassés, et néan- moins toujours oubliés dans la pratique. 11 serait grand temps qu'on s'occupât sérieusement de remédier à un mal qui menace l'Algérie, et peut-être dans un avenir plus rapproché qu'on ne le croit. Il faudrait non seulement reboiser les montagnes, mais obliger tout concession- naire, et même tout acquéreur de terre, de planter un nombre d'arbres proportionné à l'étendue de son exploitation. Il y aurait bien d'autres choses à dire sur ce point, mais ce n'est pas dans une simple lettre qu'on peut en ex|)Oser le détail. Dans un des derniers numéros du Bulletin de la Société d'Acclimata- tion, il a été reparlé du Cytisus proUfcrus, grand arbrisseau .les Cana- ries, introduit en France par M. le docteur Sagot (|ui nous a fait con- naître sa valeur fourragère. Plus d'une fois aussi les journaux agricoles FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 683 anglais en ont parlé avec éloge. J'ai cultivé cet arbre assez longtemps et avec assez de succès dans mon jardin d'expériences de Collioure pour pouvoir témoigner en sa faveur. C'est un excellent fourrage pour les bêtes bovines et pour les moutons; il est rustique eu Roussillon et en Provence, et, par sa nature arborescente, il résiste à la sécheresse infi- niment mieux que tous les fourrages herbacés. Taillé en têtard, à quel- ques centimètres du sol, il repousse énergiquement une multitude de branches qu'on peut faire brouter directement par les animaux, ou couper à la faucille pour leur être distribuées. Abandonné à lui-même, ce Cytise forme un arbre de 4 à 5 mètres, dont les longues branches inclinées se couvrent d'une incroyable quantité de fleurs blanches, dès la fin et même avant la fin de l'hiver. Il y aurait là encore une impor- tante ressource pour les Abeilles. J'ajoute à ces détails que son bois est excessivement dur et qu'il peut fournir d'excellents manches d'outils. Pour ces diverses raisons, il me paraît que le Cytisus proliferus devrait être propagé en Algérie, surtout comme plante fourragère. Débarqué à Port-Vendres au commencement de mars, je n'ai eu garde de traverser Collioure sans revoir mon ancien jardin qui m'a rappelé bien des souvenirs. J'ai vu, avec plaisir, que mon successeur, un ancien militaire, ami des plantes, a soigneusement conservé celles dont j'avais peuplé ce jardin. En somme, il a continué les expériences que j'avais commencées. J'ai donc retrouvé, notablement grandies, quantité de plantes intéressantes dont j'aurai peut-être à parler dans une autre occa- sion. Pour aujourd'hui, je me borne à dire que les cinq ou six Cytisus proliferus adultes qui subsistent encore, étaient couverts de fleurs au moment de mon passage, il y aura, par conséquent, une grande quan- tité de graines à récolter, que le professeur actuel tiendra à la disposi- tion des agriculteurs et amateurs. Je lis également dans le dernier numéro du Bulletin de la Société d'Acclimatation, p. 57, que l'Eucalyptus rostrata a été accusé d'em- poisonner les Abeilles. Ce n'est pas impossible, mais cela m'étoimerait. Ici toutes les Abeilles, d'une lieue à la ronde, ont activement butiné l'été dernier sur les Eucalyptus rostrata et autres espèces qui fleuris- sent dans nos alentours sans que personne ail remarqué rien de sem- blable. Ne serait-il pas possible que les Abeilles qu'on dit avoir été empoisonnées l'aient été par tout autre chose que des Eucalyptus? Cela mériterait d'être vérifié. Agréez, etc. Ch. Naudin. 684 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. ]Katni*alisation de Tégétanx en ]\ouTelle-Calédonie. Extrait d'une lettre adressée à M. Geoffroy Saint-Hilaire, directeur du Jardin Zoologique d'acclimatation, à Paris. Cayenne, 3 juin 1883. J'ai passé si peu de jours en France à mon retour de la Nouvelle-Calé- donie, qu'il m'a été impossible d'aller vous remercier de l'envoi que vous m'aviez fait à Nouméa par le transport le Fontenoy. Tous les Figuiers étaient en pleine végétation et il m'a été facile de les faire transplanter sans en perdre un seul. Dans quelques années, je l'espère, le Figuier sera acclimaté en Galédonie comme l'est, aujourd'hui, le Pêcher, qui donne des fruits savoureux et s'est multiplié au point qu'il envahit toutes les propriétés. Je désirerais que le Jardin d'acclimatation d'Hyères voulût bien me faire un envoi du même genre par le transport de l'État qui relèvera pour Cayenne dans le courant du mois d'août prochain. Cet envoi pourrait comprendre: des Figuiers et quelques plants d'une Vigne que l'on désigne dans le département des Alpes-Maritimes sous le nom de raisin framboise. Le grain est noir, recouvert d'un duvet blan- châtre comme la Prune de Monsieur, la feuille est très large et presque ronde, elle est d'un vert très foncé d'un côté et blanchâtre de l'autre; ce dernier côté est recouvert d'un duvet assez long. J'en ai emporté d'Antibes quelques plants en Galédonie et j'ai obtenu des résultats tellement surprenants, que je serais bien aise de faire un essai à la Guyane. J'avais, à Nouméa, deux récoltes par an, et une treille de 6 pieds de Vigne m'a donné, au bout de trois ans de mise en terre, plus de sept cents raisins, qui sont devenus très gros et ont mûri en même temps. La vigueur de cette Vigne était telle, qu'une bouture mise en terre en août m'a donné huit grappes de raisin qui étaient arrivés à maturité le mois de décembre suivant. Le même fait s'est reproduit pour plusieurs milliers de boutures, mais avec un rapport moindre. Il y a certainement à Hyères l'espèce de raisin dont il s'agit, le tout est desavoir si elle y porte le nom de raisin framboise. J'avais également réussi à avoir, en Nouvelle-Calédonie, d'excellentes Fraises en multipliant une espèce qui se vendait à Sydney chez Anderson et G'% sous le nom de Victoria Trolloppes. Si cette espèce existait en France, on pourrait joindre quelques plants à l'envoi. Cette demande faite, Monsieur le Directeur, il me reste à faire savoir à la Société d'Acclimatation que je me mets entièrement à sa disposition pour lui expédier de la Guyane les animaux ou les plantes qu'elle voudra bien me désigner. Ma qualité de chef de l'administration pénitentiaire me permettant d'exercer mon action sur un grand nombre de points de FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 685 la colonie où se trouvent des pénitenciers, il me sera facile de me pro- curer, en peu de temps, tout ce que la Société d'Acclimatation aura le désir de posséder. Si en dehors d'un envoi par serre, la Société voulait bien me faire l'envoi de quelques graines comprenant les différentes espèces de maïs, les melons, les pastèques, les graines fourragères, en un mot tout ce qu'elle aurait de disponible pouvant avoir quelque chance de s'acclimater dans un pays chaud et humide, je lui en serais particulièrement recon- naissant et lui offre en échange tout le concours de l'administration pé- nitentiaire pour lui faire parvenir tout ce qui dans le pays pourra faire plaisir à la Société. Veuillez, etc. Le Directeur de l'Administration pénitentiaire y L. Armand. Colonibes Toyag^enses. On nous écrit d'Amérique : Les Colombes voyageuses {Ectopistes migratorius) ont choisi cette année comme lieu de migration l'Ozark County, à Missouri. Des millions de ces oiseaux ont été tués et envoyés à Saint-Louis, Chicago, Kanzas City et autres villes. En outre, une grande quantité ont été pris et mis dans des cages, grossièrement construites, pour y être engraissés et vendus ainsi plus avantageusement. Beaucoup de familles des environs ont quitté leurs fermes, négligeant leurs propriétés pour venir s'installer sur les lieux et s'y livrer à la chasse et à l'élève de ces Colombes; quelques-unes ont gagné jusqu'tà 30 dollars par jour. Précédemment ces oiseaux avaient niché à Oregon County et les fermiers de cet endroit en avaient vendu pour envion 150 000 dollars. IV. BIBLIOGRAPHIE. 1 I>a pêche à toutes lignes de Poissons d'eau douce, par John Ficher, 1 vol. in-8% 336 p., Samson, 84, boulevard de Magenta. Les pêcheurs à la ligne sont les victimes résignées de cinq ou six plai- santeries peu méchantes, constamment les mêmes, qu'on trouve toujours spirituelles, et devant lesquelles ils courbent la tête, ce qui ne les em- pêche pas le lendemain, de recommencer comme par le passé à manquer tous les Gardons et à attraper de nouveaux rhumes de cerveau ! C'est que, d'après ses adeptes, la pèche à la ligne est véritablement un art, qui demande la persistance dans la volonté, le calme dans les idées, la patience dans le caractère, l'habileté de la main et la sûreté du coup d'oeil. Elle exige la connaissance des habitudes des Poissons, l'es- prit d'observation, la surveillance attentive des circonstances les plus indifférentes en apparence; l'ombre d'un oiseau, le bruit des pas. Le moindre vent qui, d'aventure, Fait rider la face de l'eau.... Comme le dit Alphonse Karr, un des avantages de la pêche à la ligne est celui-ci : quand la pièce ne réussit pas, elle se sauve néanmoins par les décors. Elle se joue au bord d'une rivière ou sur un bateau, entre les deux rives, à l'ombre des saules, et l'eau qui coule, par son mur- mure et son aspect, vous jette dans de douces et profondes rêveries. Le publiciste de valeur qui se cache sous le pseudonyme de John Ficher est incontestablement un apôtre convaincu et un pratiquant. 11 a écrit un ouvrage intéressant, complet, qu'on lit avec plaisir, et que nous recommandons aux amateurs. Cet excellent manuel a été édité avec beaucoup de goût parla maison Samson; il est orné de 40 gravures exécutées d'après nature, au Muséum d'histoire naturelle, et de i planches comprenant 60 figures techniques. Ce livre démontre fort bien qu'il ne suffit pas de lancer une hgne à l'eau pour la retirer avec un poisson au bout; les instruments les plus perfectionnés et les meilleures amorces ne servent à rien, si l'on ne possède la connaissance exacte des endroits où habite la victime choisie et de ceux où elle doit aller et venir selon les circonstances changeantes de la rivière et de l'atmosphère. Après avoir jeté un coup d'œil sur l'organisation des Poissons, l'auteur décrit très soigneusement le matériel nécessaire au pêcheur, les divers appâts, la manière de sonder, de toucher et de ferrer; il passe ensuite BIBLIOGRAPHIE. 687 successivement en revue les diverses sortes de pêches : à la ligne flot tante, sans flotte, de surface, au vif, de fond, ainsi que les petites pêches à la houteille, à la main, au lacet, au fusil, etc. Puis il donne la description des différentes espèces de Poissons d'eau douce, avec une étude approfondie de leurs mœurs, les règles spéciales pour la pêche de chaque espèce, et même quelques indications culi- naires. Un dernier chapitre est consacré au calendrier du pêcheur, et un appendice contient les textes de la législation relatifs à la pêche fluviale. Dans une préface spirituelle, John Ficher cherche à justifier sa pas- sion, et il nous donne quelques extraits d'un petit chef-d'œuvre d'humour, Sabnonia, écrit par sir Humphry Davy, l'une des gloires philosophiques de l'Angleterre. C'est l'apologie de la pêche à la ligne et la démonstration la plus complète que ce plaisir peut et doit s'allier à l'amour des sciences naturelles et à la contemplation de la nature. licite les principaux amateurs connus : Walter Scott, de Salvandy, Jules Sandeau, Emile Augier, Am- broise Thomas, iMeissonnier, Victor Hugo et bien d'autres. Nous sommes surpris cependant que l'écrivain n'ait pas cherché à remonter plus haut et qu'il ait oublié parmi les grands pêcheurs, Antoine, le meurtrier de Cicéron, le cruel Tibère et le grand empereur Trajan, lequel préférait la pêche à la chasse, parce que la lutte de ruse et d'a- dresse entre le pêcheur et le poisson est plus réelle que celle entre le chasseur et le gibier. Pourtant c'était un bien beau cadre pour sa plume que de nous repré- senter, d'après Plutarque, le puissant Marc Antoine, vêtu de sa robe consulaire, penché sur le liane d'un navire « dont la poupe était d'or, les voiles de pourpre, les avirons d'argent et dont le mouvement des rames se cadençait au son des flûtes, se mariant à celui des lyres et des chalu- meaux». Auprès d'Antoine se tient Dellius, son confident, qui rit des saillies plus que risquées du général, et subit sans sourciller ses moque- ries et ses coups de boutoir; en arrière sont les favoris du moment, Anaxénor, le joueur de cithare, Xulus, le joueur de flùle, le comédien Métrodore, et l'habile cuisinier d'Antoine, celui-là même auquel il a donné naguère la maison d'un habitant de Magnésie, parce qu'il lui avait préparé un excellent repas ! « A côté, sous un pavillon brodé d'or, la reine Cléopàtre, dans tout l'éclat de sa beauté, sourit au vainqueur; déjeunes enfants habillés en Amours agitent des éventails; des femmes, parfaite- ment belles, vêtues en Néréides et en Grâces, sont les unes au gouver- nail et les autres aux cordages. » Antoine prend sa ligne, les chants se taisent, et après un moment d'attente, le terrible proconsul sent un pois- son mordre à l'hameçon ; il ferre avec adresse et il amène triomphale- ment une sardine sèche que la malicieuse reine a fait attacher par un plongeur. «Général, lui dit-elle, laissez-nous la ligne, à nous autres? votre pèche, à vous, est de prendre les villes, les rois et les continents. » 688 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Comment se fâcher après une flatterie si délicate ? Antoine éclate de son gros rire, jette un long regard sur l'enchanteresse, dépose sa ligne, fait donner l'ordre aux troupes de marcher contre les Parihes et se rend immédiatement en Phénicie, d'oia il rentre bientôt à Rome pour récla- mer à César et à Lépide sa part dans l'empire du monde... Quelles conséquences, en vérité, pour une partie de pêche à la ligne flottante! Aussi, pêcheurs, laissez dire les railleurs, inspirez-vous des conseils de John Ficher, respectez les alevins, faites une guerre à outrance aux braconniers, et lorsque les saisons et la loi le permettront, allez... à vos lignes ! Aimé DuFORT. II. — Publications nouvelles Guide pour bouturer, greffer, marcotter et semer, par Lemaire, Lequien et le vicomte Du Buysson, suivi du nouveau mode de boutu- rage, par Ypert. 3^ édition, revue et corrigée, in-18 jésus, 108 pag. avec figures. Tours, impr. Rouillé-Ladevèze ; Paris, lib. Gouin. i.e chêne-liège, sa culture, sa maladie dans le Var, par le docteur Gustave Davin, in-8°, 32 pag. Toulon, imp. Isnard et C*^ i,es origines de la soie, son histoire chez les peuples de l'Orient, par J. Fi. Giraud, conservateur des musées archéologiques de Lyon, in-8", 76 pag. Lyon, imp. Perrin. Guide du naturaliste préparateur et du voyageur scientifique ou Instructions pour la recherche, la préparation, le transport et la con- servation des animaux, végétaux, etc., par G. Capus. 2' édition, en- tièrement refondue par le D'' A. T. de Rocliebrune, aide-naturaliste au Muséum ; avec une introduction, par Edmond Perrier, professeur admi- nistrateur au Muséum; in-18, xii-324 pag., avec 223 ^i^. Corbeil, imp. Crété. Paris, lib. J.-B. Baillière et fils. Traité de pisciculture pratique OU des procédés de multiplication et d'incubation naturelle et artificielle des poissons d'eau douce, p;ir M. J. P. J. Koltz, de l'Institut, i*' édition, revue et augmentée; avec une préface, par M. Chabot-Karlen, de la Société nationale d'agriculture ; in-i8 Jésus, viii-186 pag., avec fig. Corbeil, imp. Crété; Paris, lib. G. Masson. Le Gérant : Jules Grisard. îirpiiiiioric- réunies, A, lue Mignon, 2, Paris TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ÉDUCATIONS D'OISEAUX EXOTIQUES Lettre adressée à JÎonsieur le Secrétaire géaéral. Par M. DELAURIER aîné. Angoulême, février 1883. Cher Monsieur, Je ne vous ai pas envoyé la note de mes élevages de 1881 ; je vous la remets aujourd'hui avec celle de la dernière saison et un tableau comparatif des résultats que j'ai obtenus. LoPHOPiioRES RESPLENDISSANTS (Lophophorus iïïipeijanus). — Dans une précédente notice j'ai donné le mode d'élevage détaillé que j'applique à cette espèce, il est donc inutile d'y revenir. L'éducation des jeunes Lophophores exige de l'es- pace et de la verdure de toute sorte ; depuis deux ans ils reçoivent chez moi des soins moins assidus qu'autrefois et ils réussissent mieux. Les asticots sont supprimés, les distribu- tions d'œufs de fourmi et de vers de farine moins abondantes, ils mangent des vers de terre et sont friands de flan quand il est bien préparé et qu'ils le connaissent. Ce dernier mets leur est salutaire. Vers l'âge de trois mois, le parquet de 25 mètres carrés consacré à cinq ou six jeunes Lophophores, est insuf- fisant: les oiseaux deviennent tristes, perdent l'appétit et il me faut leur doubler l'espace ; malheureusement ces infati- gables piocheurs détruisent en quelques jours les pelouses de gazon tendre utiles à l'élevage des jeunes Tragopans; aussi dois-je cette année supprimer mon parquet de Lophophores pour tenter avec plus de succès l'éducation des nouvelles es- pèces de Tragopans que je possède. En résumé, le Lopho- phore vit et s'élève bien sous notre latitude, et la réussite sera certaine, lorsqu'on fera cet élevage à la campagne, sur un ler- 3« SÉRIE, T. X. — Décembre 1883. 44 690 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. rain sec et dans un clos suifisamment vaste poui' donner aux jeunes élèves éjointés l'espace et la liberté dont ils ont besoin. Pintades vuUurines. — La femelle, qui avait eu douze œufs en octobre et novembre 1880, n a fait aucune ponte en 1881. Les œufs mis sous une poule ont donné huit naissances. Six jeunes sont morts successivement vers l'âge de un mois; tous étaient atteints de faiblesses aux jambes, produites certaine- ment par le froid : pendant cette maladie, qui durait de huit jours à un mois, suivant la rigueur de la température, la marche devenait de plus en plus difficile aux pauvres oiseaux, qui finissaient par se traîner péniblement sur le sol jusqu'à leur mort. La difficulté de celte éducation me semble provenir uniquement de la saison. La première génération paraissait moins sensible au froid et à l'humidité que les parents im- portés. La Pintade vulturine, encore délicate à conserver, est un oiseau familier; son beau plumage et son port d'échassier en feront un magnifique ornement pour nos basses-cours lorsque, à la sui'te de plusieurs générations, elle résistera bien à nos hivers et qu'elle pondra en bonne saison. Tragopans satyres (Cmoriiù' salyra). — Une paire, dont la poule seulement m'appartenait, a donné dix œufs. Les cinq premiers, envoyés au propriétaire du coq, étaient tous bons ; sur les cinq derniers j'ai obtenu quatre jeunes mâles, qui se sont bien élevés malgré l'humidité de la saison : ils vivaient dans le même parquet que les Lophophores et ont reçu les mêmes soins, leur élevage a été plus facile. Les œufs de fourmi ne sont pas nécessaires aux jeunes Tragopans ; ils en mangent peu, mais absorbent beaucoup d'herbe tendre, de lentilles d'eau, de mouron frais ; ils mangeaient également avec plaisir le flan coupé en petits morceaux qu'on mélangeait à leur pâtée. Tragopans de Hasting. {Ceriornis Hastingii. — Les deux paires que j'ai reçues en mai étaient en mauvais état de plu- mage, mais en bonne santé, et d'une sauvagerie excessive qu'une captivité de sept mois a à peine adoucie. Cependant, trois semaines après leur arrivée, l'une des poules pondait deux œufs sous un arbuste, desquels j'ai obtenu un jeune né pendant les pluies d'août et mort de diarrhée huitjours après ÉDUCATIONS d'oiseaux EXOTIQUES. G91 sa naissance. Notre climat paraît bien convenir à ce superbe et robuste oiseau ; ceux que j'ai reçus, entretenus au sarrasin, blé, herbes variées et flan, se sont refaits rapidement; je n'ai pas eu avec eux un seul jour d'inquiétude et actuellement ils sont en excellent état de reproduction. Trâgopans beBlyth {Ceriornis Blylhii). — Un coq etdeux poules reçus en août dernier. — Charmants oiseaux, grands mangeurs de verdure, de lentilles d'eau, de flan. Le coq, avec son masque jaune, son cou et son plastron rouge-orange, est fort beau, plus beau peut-être que le coq Hasting. Celui que je possède n'a pris son plumage complet d'adulte qu'en dé- cembre dernier; il est déjà plein de prévenance pour ses deux poules, qui lui prennent au bec le ver de farine qu'il vient chercher dans la main. Tous vivent ensemble en parfaite in- telligence; l'une des deux femelles, à son arrivée, a été atteinte de diarrhée ; elle s'est rapidement rétablie et ce parquet me donne les plus belles espérances. Faisans d'Elliot {Phasianus Elliot). — Une paire arrivée en septembre. Ces Faisans sont en parfaite santé, mais farou- ches ; j'espère qu'ils s'humaniseront lors de la ponte. Perrruches a ailes POURPRES {Aprosmictus erythropte- Tus). — Ces Perruches vivent chez moi depuis quatre ans. En 1880, elles ont fait une ponte de cinq œufs, par terre, sur un sol bouleversé par les Lophophores; les œufs, cassés les uns après les autres, ont été couvés très assidûment par la femelle, qui ne les a abandonnés qu'après la destruction du dernier. L'année suivante, en avril 1881, le couple a fréquenté les boîtes et troncs d'arbre creux de toute sorte que j'avais mis à sa disposition, et la femelle s'est décidée à pondre à terre, derrière des fagots placés en encoignure, et abritant le nid de la poule Lophophore. Le mâle Erythroptère ne permettait plus à celle-ci l'accès de son nid, dans lequel sa femelle pondit cinq nnifset en brisa quatre ; elle couva très bien ce dernier, le perruchon sortit du nid dix à douze jours a})rès sa naissance, tout en duvet et escorté de ses parents qui éloignaient de lui les autres oi- seaux de la volière, même les plus gros; il était couvert de 692 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. vermine, dont la poudre insecticide eut vite raison ; sa crois- sance fut assez lenle, c'était une jeune femelle. La saison der- nière, 1882, la même paire nicha au même endroit, la femelle couva avec la même assiduité les quatre œufs qu'elle pondit , nourrie par le mâle qui, comme l'année précédente, faisait bonne garde devant son nid. Après trois semaines d'incuba- tion environ, il y eut deux éclosions à trois jours d'intervalle et une autre huit jours après; le dernier né mourut écrasé par ses aînés, qui restèrent plus d'un mois au nid et en sor- tirent presque aussi gros que leurs parents. Pendant que la vieille femelle couvait, la jeune de l'année précédente s'ac- coupla fréquemment avec son père, mais elle ne pondit pas. Ces nouvelles amours n'empêchèrent pas celui-ci de remplir avec conscience ses devoirs de père de famille, les jeunes furent nourris par lui longtemps après leur sortie du nid ; en août ils le poursuivaient encore de leurs sollicitations. Les deux jeunes Perruches nées en mai dernier ont tout à fait le plumage de la mère dont elles ne se distinguent plus. Je croyais n'avoir encore que des femelles; cependant l'une des deux a le cri du père : il est donc probable que cette espèce n'est adulte que la seconde ou même la troisième année. L'Erythroptère est très rustique : elle ne craint ni la cha- leur, ni les froids les plus rigoureux; elle est peu ou point destructive pour les arbres verts qui meublent sa volière. La livrée du mâle est splendide; je ne connais guère de Perru- ches possédant des couleurs plus franches et plus vives. Perruches a front pourpre {Cyanoramphus Novœ-Ze- landiœ). — Cette Perruche couve et élève bien en toute saison ; ses couvées ne sont interrompues que par ses mues, et les nichées sont, depuis quelques années, chez moi, de cinq, six, sept, huit et même neuf jeunes. Elle est parfaitement accli- matée ici , peu ou pas de mortalité ; mon premier mâle im- porté en 1874, je crois, vit encore. Une jeune paire, née en mai, a fait sa première couvée de cinq jeunes en septembre. La fécondité et la rusticité des Cyanoramphus m'ont engagé à acquérir les deux autres espèces très voisines de plus petite taille et ayant toutes les allures et la vivacité de la première ÉDUCATIONS d'oiseaux EXOTIQUES. 693 (Aiu'iceps et Alpinus). J'ai perdu plusieurs couples de ces oi- seaux qui m'arrivaient malades et déplumés ; j'ai enfin réussi à refaire et conserver deux paires d'Auriceps et une paire d'Alpinus. Ces deux nouvelles variétés paraissent avoir toutes les qualités de leur congénère ; malgré leur plumage modeste, ce sont de charmants oiseaux de volière, lestes, vifs et gais. Un des couples d'Auriceps commence à se recher- cher. Colombes poignardées {Phlogœnascruentata). — Ces jolies Colombes, fortement nourries de grains divers, pain trempé, asticots, vers de farine, répètent leur ponte de deux œufs tous les huit à dix jours. Établies dans une volière suffisam- ment vaste, munie de nids placés dans les endroits sombres et entretenus modérément, elles couvent et amènent à bien elles-mêmes leurs jeunes. Les trois petites espèces de Colombes suivantes dont j'avais peuplé mes grands compartiments d'élevage ont très bien réussi: elles sont inoffensives pour les autres oiseaux; elles élèvent elles-mêmes leurs jeunes et ne demandent aucun soin particulier. La plupart ne se sont pas servies des petits nids installés à leur intention, presque toutes les ont confection- nés elles-mêmes dans les arbustes des volières. Chalcopelia chalcospilos. — Petite espèce active, prolifique, résistantbien au froid. La dernière couvée d'octobre n'a pas réussi. Le mâle et la femelle doivent être séparés l'hiver afin de les empêcher de s'épuiser inutilement. Colombe a lxrge qveve {Geopetia M alaccensis). — Cette Colombe est frileuse et doit être rentrée aux premières gelées. Les couvées d'avril, de même que celles de septembre, ne réussissent pas; la fraîcheur des nuits tue les jeunes à leur soitic du nid. Colombe Passebine, — Plus délicate que les précédentes et moins ieconde ; aussi frileuse que la Colombe de Malacca. Colomble a yeux nus {Columba (jymnopthalma). — Belle Colombe du Brésil, de la taille d'un pigeon ; espèce robuste qui, chez moi, est restée l'hiver dehors. Le niàle et la femelle sont semblables. J'ai passé une partie de l'été à en reconnaître 694 SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. un couple parmi plusieurs. Cette paire m'a enfin donné deux jeunes en août. REPRODUCTEURS. ' c« c/3 tn IJ^ ?: ■ià C3 < > S _3 ^ •M z A.r«flVJÊE 1881 1 paire Lophophores resplendissants. — Pintades vulturines — Canards mandarins — Perruches érythroptères — Nouvelle-Zélande — Perruches Palliceps — — Paradis Colombes poignardées — Chalcospilos — Malaccensis — Passerines 2 1 — A.lV]VIi:E 1883 Lophophores Pintades vulturines. 2 2 1 — 2 1 — Tragopans satyres ' 10 \ Tragopans de Hasting * 2 Perruches Nouvelle-Zélande. . — érythroptère Colombes poignardées — Chalcospilos — Malaccensis — Gymnopthalmos. .. Perruches paradis 6 6 » » 10 5 2 1 u j) A 3 31 31 8 8 10 10 4 ^ w I) » OBSERVATIONS. 10 8 6 12 8 2 I 15 12 9 5 1 1 N 28 10 4 4 1) » » 31 28 22 8 8 7 10 10 G 4 4 3 Nées en octobre 1881, I ( 48 '2 ly 6 5 Les satyres étaient à mi-fruit; 5 œufs ont été envoyés au propriétaire du coq ; les cinq étaient bons; Arrivés en juillet; une des poules a pondu deux œufs fin juillet. L'ÉTABLISSEMENT DE PISCICULTURE D'ETTELBRUCK (GKAND-DUCHÉ de LUXEMBOURG) Par n. C. e^lERET-WATTEL Secrétaire des séances. J'ai déjà eu plusieurs fois l'honneur d'appeler l'attention de la Société nationale d'Acclimatation sur certains établis- sements de pisciculture offrant un intérêt spécial par leur grand développement, par leur outillage modèle, ou bien encore par le caractère tout à fait industriel de leur exploi- tation. Aujourd'hui, ce n'est pas d'une vaste installation, "^ d'une exploitation commerciale lucrative, dont je demande à dire quelques mots ; c'est, au contraire, d'un tout petit établissement, d'un laboratoire extrêmement modeste, mais qui n'en a pas moins donné des résultats fort remarquables et qui, par la simplicité même de son installation, par son outillage économique et par son mode d'administration à bon marché, me semble réaliser le type idéal de l'établissement de pisciculture régional, le véritable modèle à adopter par l'administration pour les laboratoires à établir en vue du repeuplement de nos cours d'eau. Dans les Ardennes néei'landaises, dans ce pittoresque petit pays qui a pour nom le grand-duché de Luxembourg, plu- sieurs rivières à truites et à saumons, tributaires de la Moselle, avaient été complètement dépeuplées par les causes qui ont amené partout la disparilion du poisson, à savoir: une pèche à outrance, un braconnage continuel. H y a dix ans, le service forestier (qui a aussi dans ses attributions l'administration des cours d'eau et la surveillance de la pèche) se décida à tenter le repeuplement de ces rivières à l'aide des procédés de multiplication artificielle du poisson, et la petite ville d'Ettelbriick, au confluent de la Warke et de l'Alzette, parut toute désignée, par sa position centrale, pour 696 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. l'installation d'un laboratoire de pisciculture. Les crédits dont on pouvait disposer étaient fort restreints ; aussi dut-on faire les choses le plus économiquement possible. Les ré- sultats obtenus n'en furent pas moins importants, comme j'ai pu m'en assurer tout dernièrement. J'avais, eu effet, entendu parler de l'établissement d'Ettel- brûck, et j'étais désireux de vérifier l'exactitude des rensei- gnements qui m'étaient donnés. J'ai donc profité d'une excursion dans les Ardennes pour franchir la frontière et pousser jusqu'à Ettelbriick. Là, grâce à l'obligeance du bourgmestre de la ville, j'ai pu visiter l'établissement et re- cueillir tous les renseignements que je désirais. Le laboratoire est installé dans le sous-sol d'une petite scierie mécanique, dans une pièce de 6 mètres de long sur 4 mètres de large, louée par l'administration au propriétaire de la scierie pour 150 francs par an. L'eau qui alimente le laboratoire est tirée d'un petit étang à truites situé à 200 mètres de la maison, et elle est amenée par une rigole à ciel découvert. Grâce à la situation en sous-sol du laboratoire, l'eau y arrive à peu près au niveau du plafond, et elle tombe ainsi, par des tuyaux verticaux, d'une hauteur de 3 mètres à peu près, dans les appareils d'incubation, en s'aérant copieusement dans cette chute. Tout d'abord, les appareils employés consistaient en six bacs ou rigoles en ciment, dans lesquelles les œufs étaient mis en incubation sur des claies en baguettes de verre ou en toile métallique. Depuis deux ans, on a remplacé ces rigoles par des appareils allemands, du modèle inventé par M. Max von dem Borne et connu sous le nom d' « auge californienne profonde » (Tiefer californischer Bruttrog) (1). Je ne reviendrai pas sur la description de cet appareil, dont j'ai déjà parlé dans un précédent travail (2) ; je rappellerai seulement que les prin- cipaux avantages de l'auge californienne sont : de ne pas (t) En Prusse, en Saxe, en Bavière, etc., le prix de cet appareil varie de 8 à 9 marks (de 10 à 11 fr. 25). Ceux employés à Ettelbruck sont en zinc; ils sont fabriqués dans la localité et reviennent à une dizaine de francs. (2) Raveret-Wattel, Rapport sur la situation de la pisciculture à Vétranger {Bull. Soc. nat. d'Accl., 1883. LA PISCICULTURE A ETTELBRUCK. 697 exiger un fiUrage aussi énergique de l'eau que le nécessitent les appareils Coste ; de permettre un facile nettoyage des œufs en incubation; enfin, de fournir aux œufs beaucoup d'oxygène, ce qui donne des alevins plus vigoureux. J'ai vu, avec plaisir, qu'on apprécie et qu'on adopte de -plus en plus partout un appareil dont j'ai été le premier, en France, à recommander l'emploi. Le petit laboratoire d'Et- telbriick possède une quarantaine de ces boîtes, dont chacune peut recevoir environ 5000 œufs ; c'est donc environ 200 000 œufs, au minimum, qui peuvent être mis en incu- bation à la fois. Les soins nécessaires aux œufs sont donnés par un garde forestier, qui reçoit une allocation annuelle de 200 francs pour ce service spécial, lequel ne l'occupe que deux heures par jour, pendant quatre ou cinq mois (de novembre à mars). Ajoutons à ces frais de loyer et de main- d'œuvre, 700 ou 800 francs pour achat d'œufs, entretien et réparation du matériel, distribution d'alevins, etc., et nous arrivons au chifîre de 1000 à 1200 francs, au maximum, comme budget annuel de l'établissement. Quant aux frais de première installation, ils n'ont pas atteint ce chiffre si minime de 1200 francs. Voilà le côté de la dépense ; voyons maintenant celui des recettes, c'est-à-dire celui des résultats obtenus. Les œufs mis en incubation donnent chaque année environ 150 000 alevins, dont l'administration distribue une certaine quantité, gratuitement ou à très bon marché, aux particuliers, aux propriétaires d'étangs qui lui adressent des demandes; mais la plus grande partie est naturellement réservée pour le repeuplement des cours d'eau. Les alevins sont versés aussi près que possible de la source des rivières, et l'empois- sonnement est fait largement, c'est-à-dire qu'au lieu d'épar- piller les alevins dans un grand nombre de cours d'eau à la fois, on en met la presque totalité dans une seule rivière. L'année suivante, une autre rivière est empoissonnée, et ainsi de suite. Cette manière de procéder a donné les meil- leurs résultats, ainsi que l'établissent les quelques chiffres suivants : Il y a dix ans, le produit de la pêche était tombé 698 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. presque à néant. Aujourd'hui l'aiTondissement d'EUelbriïck livre, à lui seul, à la consommation 25 000 kilogrammes de truites en moyenne, par an. Tel cantonnement de pêche de la Sure (rivière que l'on s'est particulièrement attaché à re- peupler et qui se prêtait le mieux aux essais), qui se louait 20 ou 30 francs en 1873, vaut aujourd'hui 200 ou 300 francs. Presque partout le produit a décuplé. L'administration est donc plus que couverte de ses dépenses, et l'alimentation publique trouve une précieuse ressource dans le produit des rivières. Voilà ce que, dans ce petit pays, à peu près de la superficie d'un département français, voilà ce que le service des eaux et forêts a su faire avec une dépense de 4000 à 1200 francs par an! Quel est, chez nous, le département qui ne pourrait s'imposer une pareille dépense pour obtenir un pareil résultat? Mais ici une question se présente à l'esprit. Gomment, dira-t-on, la pisciculture réussit-elle si bien là-bas, quand chez nous elle ne donne que de si pauvres résultats? La France, en effet, a été l'initiatrice de la pisciculture ; à l'époque où l'établissement de Huningue nous appartenait, des millions d'alevins ont été versés dans les eaux sur tous les points du territoire ; et cependant aucune amélioration ne s'est produite ; les rivières sont toujours aussi pauvres, plus pauvres même que par le passé; il ne reste plus rien. Com- ment les mêmes travaux, si infructueux chez nous, pro- duisent-ils de si bons effets chez nos voisins? La raison, la voici. D'abord, c'est qu'à l'étranger on prend soin de mettre les œufs en incubation dans une eau très froide, qui donne des éclosions tardives ; les alevins ne sont bons à mettre en rivière qu'à une époque de l'année où ils trouvent dans les cours d'eau les insectes, les larves, tous les animaux infé- rieurs presque microscopiques dont ils vivent. Chez nous, au contraire, les œufs généralement placés dans des eaux de source trop douces donnent des alevins précoces, délicats parce que le développement embryonnaire s'est effectué trop rapidement, et fatalement condamnés à périr par milliers, car il faut, ou les conserver captifs pendant quelque temps, en LA PISCICULTURE A ETTELBRUCK. 699 es nourrissant artificiellement au prix de difficultés sans nombre, ou les mettre en liberté dans des cours d'eau où ils ne trouvent, en cette saison, aucune espèce de nourriture; huit jours après il n'en reste plus un seul : tout est mort. Une autre précaution, très importante, qu'on a presque tou- jours négligée chez nous, c'est de ne verser les alevins qu'aux têtes des ruisseaux, c'est-à-dire, autant que possible, dans les endroits où ils écloraient naturellement. Les verser, comme on l'a presque toujours fait en France, très loin des cantonnements que les sujets adultes recherchent pour frayer, c'est exposer tous ces jeunes poissons à une perte presque certaine. Toutes sortes de chances de destruction les attendent dans la grande eau, où ils deviennent d'ailleurs une proie facile pour de nombreux ennemis. Du reste, l'administration luxembourgeoise ne se fait pas illusion. Elle sait très bien que, quelque soin qu'elle prenne, beaucoup des alevins mis en rivière sont perdus; que les plus petits, les moins bien venants, sont souvent mangés par les plus gros ; mais elle en fait à l'avance le sacrifice et, sur la quantité, il y en a toujours un nombre suffisant qui reste, quand on empoissonne aussi copieusement. Chez nous, on a distribué beaucoup d'alevins, il est vrai ; mais que sont cependant les quantités distribuées (eu égard à l'étendue du pays) à côté des empoissonnements faits dans le Luxembourg, où un simple ruisseau reçoit 50 000 ou 60 000 alevins! Il ne faut pas se le dissimuler, tous les pays où la pisciculture donne des résultats vraiment sérieux sont ceux où l'empois- sonnement se pratique sur une échelle dont nous n'avons, en somme, jamais approché. S'y impose-t-on pour cela de lourds sacrifices? Nullement ; mais on sait y produire l'alevin à bon marché, alors que chez nous on s'est peu attaché à résoudre ce problème. Avec ce que nous coûtait autrefois [luningue, on aiiiait pu doter plus de la moitié de nos dé- partements de laboratoires comme celui d'Etlelbruck, dont l'action eut été autrement efficace que celle d'un seul grand établissement, si considérable, si important qu'on le sup- pose. Un grand établissement nécessite un personnel nom- 700 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. breiix, entraînant une dépense généralement hors de pro- portion avec les résultats obtenus. A l'étranger, on procède plus économiquement. En Suisse, par exemple, à l'établisse- ment de Meilen, sur le lac de Zurich, à Glattefelden, sur le Rhin, à Neuhausen, près Schaffouse, le millier d'alevins de truite ou de saumon, prêts à être jetés en rivière, revient à 1 fr. 50. En Amérique, aux États-Unis, il en est de même. Les œufs de saumon de Californie que la Commission supé- rieure des pêcheries fait chaque année recueillir en plein territoire indien, ces œufs qu'on ne s'est parfois procurés qu'en échangeant des coups de fusil avec lesPeaux-Ronges,ces œufs ne reviennent pas à plus d'un dollar (5 francs) le mille. Or il s'agit ici d'une espèce particulière, d'une espèce qui, en raison de son habitat, présente pour sa multiplication des difficultés toutes spéciales. Si nous prenons, comme exemple, des espèces plus répandues, les prix se réduisent à des chiffres insignifiants. Ainsi, à l'établissement national de Northville, dans le Michigan, l'alevin de Coregonus albus (sorte de Fera), prêt à être mis en rivière, ne revient qu'à 8 cents (40 c.) le mille (1). Dans ces conditions, il est possible de semer abondamment; les semailles ne sont pas ruineuses. Maintenant, quelles sont les conclusions à tirer de ce qui précède? C'est que, si en France on désire travailler sérieu- sement au repeuplement des cours d'eau, il faut renoncer d'une manière complète au système qui a été tout d'abord adopté. Au lieu d'un ou deux grands établissements luxueux, grandioses, ruineux comme celui d'Huningue, il faut créer un très grand nombre de laboratoires régionaux ; non pas, comme on l'a parfois proposé, un établissement pour cha- cun des grands bassins de la Seine, de la Loire, du Rhin et de la Gironde, mais un établissement pour chaque bassin secondaire, pour chaque cours d'eau d'une certaine impor- tance, laboratoires où l'on s'occuperait uniquement de la (1) Ce prix est d'autant [ilus faible, qu'aux Etats-Unis l'argent a beaucoup moins de valeur qu'en France, et que le prix ite la main-d'œuvre y est considérable- ment plus élevé. Les femmes employées au triage des œufs dans les laboratoires de pisciculture gagnent 75 cents par jour (3 fr. 75); à Huningue, elles n'en gagnent pas la moitié. LA PISCICULTURE A ETTELBRUCK. 701 mulliplication des espèces appropriées à chacun de ces cours d'eau (1), ce qui revient à peu près à dire que le meilleur serait d'avoir des établissements départementaux, et, je le répète, quel est le département qui ne pourrait faire une dépense annuelle de 1200 francs pour un but aussi utile? Déjà dans ia Creuse cette idée d'un laboratoire départe- mental a été mise en pratique d'une lacon très heureuse. Un petit établissement a été organisé à Saint-Feyre par les soins de l'ingénieur en chef du département ; chaque année, le conseil général vote un crédit de 500 francs pour achat d'œufs et frais d'entretien; le gouvernement accorde une subvention du même chiffre, et, avec cette dépense annuelle de mille francs, les résultats les plus satisfaisants ont déjà été obtenus. Voici ce que m'écrivait dernièrement à ce sujet le président de la commission départementale, M. le docteur Maslieurat- Lagémard, aux efforts duquel est due surtout la création du laboratoire, et qui continue à s'occuper, avec le plus louable zèle, du développement de la pisciculture dans la région : « Les œufs que nous avons reçus cette année de la Société ont bien réussi ; ajoutés à ceux que nous avons achetés au printemps dernier, ils nous ont permis de déposer dans nos rivières 50 000 alevins. L'année prochaine ce sera une cen- taine de mille alevins que nous pourrons distribuer... Nos efforts ne sont pas perdus : cette année on a pris une grande quantité de truites, ce qu'on ne faisait plus avant nos travaux d'empoissonnement. » Par suite de l'interdiction de la pêche sous les barrages de la Haye-Descartesel delaGuerche,etdela modification des échelles, les saumons peuvent remonter. Cette année ils sont très abondants. Dans de petites rivières on en prend 8 ou 10 par pèche, et ces poissons pèsent de 8 à 10 kilogrammes. Sur le marché de Guéret, ils valent 2 fr. 50 le kilogramme. Jugez de (1) Il existe d'ailleurs déjà sur quelques points des établissements appartenant à l'industrie privée, qui pourraient fournir des alevins en quantités importantes et à des prix modérés. L'administration trouverait pour le plus souvent économie à s'adresser à ces établissements, au lieu d'avoir elle-même des laboratoires d'éle- vage et elle encouragerait du même coup une industrie au développement de la- quelle s'attache le plus sérieux intérêt. 702 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. la joie de nos populations, qui trouvent là un revenu ainsi qu'une abondante et bonne alimentation. Le défaut de moyens de transport ne permet pas de les exporter; mais ces résultats sont un grand bienfait pour le pays. » On a pris quelques truites d'Amérique provenant des œufs envoyés parla Société; tout fait espérer, que cette variété si précieuse s'acclimatera dans nos rivières. » La Société nationale d'Acclimatation peut d'autant mieux applaudir à ces résultats satisfaisants que, comme nous venons de le voir, elle n'y est pas absolument étrangère. C'est, en effet, grâce à ses envois d'œufs que les distributions d'alevins du petit laboratoire de Saint-Feyre ont pu quelquefois être un peu plus al)onclantes qu'elles ne l'auraient été. Il lui re- vient donc une petite part du succès obtenu. Aussi le con- seil général du département, reconnaissant du concours qui lui a été prêté, a-t-il, dans sa session du mois d'août dernier, voté des remercîments à la Société. Ce vote flatteur, cette constatation officielle des services rendus par elle, ne saurait être pour notre Société qu'un nouvel encouragement à persé- vérer dans la voie qu'elle s'est tracée, tenant à prouver qu'elle n'est pas seulement de nom, mais bien aussi de fait, un éta- blissement d'utilité publique. » Il- TRAVAUX ADRESSÉS ET COIVIMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. ESSAI D'ACCLIMATATION DE h'ATTACUS PERNYI Guéhin-Mrneville Par r»l. DOUCIIY, Instituteiu', à Brumetz (Aisne). Le dimanche 7 mai 1882, j'ai reçu par la poste, de M. le vicomte de Melim, membre de la Société d'agriculture de la Gôte-d'Or, une petite boîte contenant une soixantaine d'œufs du Bombyx chinois ou ver à soie du chêne, avec mission de faire éclore cette graine et de surveiller l'éducation des vers qui en pourraient provenir. La lettre d'avis m'informait que ces œufs avaient été rap- portés directement de la Mandchourie par un missionnaire français. Celte partie de la Chine étant à peu près à la même latitude que la France, je me mis cà l'œuvre avec un peu d'espoir. J'avais placé les œufs dans une boîte en carton sur le man- teau de la cheminée de la cuisine, endroit qui me semblait réunir les conditions de chaleur les plus propices à mes insectes. Dès le lendemain 8 mai, il y avait une éclosion; j'en con-' statais trois le 9, plus de dix le jour suivant et plus de vingt le 11, jour où, par exception, le temps a été chaud. Au fur et cà mesure que les vers sortaient des œufs, ma femme les plaçait dans une corbeille d'osier bien propre et bien sèche, toujours à la meilleure place relativement à la chaleur. Elle avait soin de renouveler plusieurs lois par jour les rameaux de chêne dont les feuilles leur servaient de pâture. Ces branches étaient cassées sur la touffe et non cou- pées, de crainte que le contact du métal, lame de couteau ou autre, ne nuisît à la santé des nourrissons, lesquels étaient 704 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. alors de pauvres petites chenilles, dont la tête, d'un jaune de chrome, était à proportion plus grosse que le corps velu, d'un noir de suie. A partir du 12, le temps devint très froid et les éclosionsse ralentirent pour ne se terminer que vers le 21 mai. Un quart des œufs ne valaient rien. Le 22, nous nous sommes aperçus que les premiers vers avaient mué et avaient pris une cou- leur vert tendre. Bien que les feuilles fussent fréquemment changées, nous constations que certaines chenilles avaient peu d'appétit. Il faut dire aussi que notre cuisine, quoique étant la pièce la mieux chauffée de la maison à cette époque, ne présente pas toutes les conditions hygiéniques que nos petits Chinois étaient en droit d'attendre. En effet, la cheminée fume, la porte est souvent ouverte et, au mois de mai, on ne fait guère de feu que pour faire cuire les aliments. Il y avait encore autre chose de plus dangereux : un jour que nous avions été obligés de nous absenter, les fourmis s'étaient introduites dans notre minuscule magnanerie et y avaient dévoré plusieurs de nos précieux sujets. Toutefois, la tem- pérature se maintenant au froid, il fallait se contenter de ce milieu. D'ailleurs, les instructions que j'avais reçues me prescri- vaient d'attendre une douzaine de jours après l'éclosion pour porter les vers sur une touffe de chêne au milieu du bois. Le dimanche 28 mai, le thermomètre marquant 24 degrés, nous avons cru le moment propice pour mettre nos élèves au grand air, d'autant plus que, par les raisons que nous avons expo- sées plus haut, les rangs s'éclaircissaient de jour en jour. Le choix de l'emplacement ne se fit pas sans difficultés. Nous avions bien une garenne à 500 mètres du village, mais outre que les oiseaux y abondent, nous avions encore à redouter les grosses fourmis rouges, tellement nombreuses en cet endroit que l'insecte pris comme le symbole de la prévoyance semble en avoir fait son Paris. D'un autre côté, la simple prudence commandait de ne pas placer tous ses œufs dans le même panier. Nous avions dans un enclos, en exposition de plein soleil, ACCLIMATATION DU BOMBYX CHINOIS. 705 une jolie touffe de chêne, aux feuilles tendres, à la végétation luxuriante. Nous y avons déposé quatre vers qui ont pros- péré pendant huit jours, puis ils ont disparu successivement sans qu'on pût se douter comment : une nichée de pinsons, de mésanges ou autres insectivores s'était probablement éta- blie près de là. Quatre autres vers ont été conservés à la maison, et malgré les soins qu'on en a pris ils n'ont pas résisté plus de quatre jours. L'internat serait donc aussi défavorable au ver à soie du chêne qu'il est avantageux à son congénère du mûrier. Enfin le gros de la troupe, environ une trentaine, a été porté dans un bosquet distant du village d'environ 1 kilo- mètre et demi. Si le bois avait eu plus d'étendue, j'aurais choisi l'intérieur, parce que les oiseaux préfèrent les bor- dures. J'ai pensé que les feuilles qui sont exposées à l'air et au soleil sont plusnutritives, et je me suis arrêté à une large et belle jachée de S mètres de hauteur environ, à l'abri des coups de vent et cachée aux regards des curieux. Quelques-uns de nos vers étaient encore bien petits et bien jeunes; la plupart n'avaient pas encore mué. Cependant, dans une visite que je leur ai faite le lendemain, j'ai vu que tous ou à peu près tous s'étaient attachés aux feuilles et se faisaient vivre. Le 30 mai, surlendemain du dépôt, une grêle aussi grosse qu'abondante faisait de grands vides dans notre colonie. Quoi qu'il en soit, huit sujets nous restaient encore. Nous les voyions souvent, car il était facile de les retrouver, les échancrures fraîchement faites aux feuilles servant de point de repère, et d'ailleurs ils ne voyageaient guère. Tout allait assez bien et nous étions satisfaits de leur développement- les derniers semblaient même lutter contre la température qui se maintenait froide au point que nous avons constaté de la gelée le samedi 17 juin. Au P' juillet nos chenilles étaient superbes; leurs proportions étaient plus grandes que celles des plus grosses de nos contrées, leur corps était transparent, de couleur vert tendie avec des taches d'or : la tête était énorme. 3" SÉRIE, T. X. — Décembre 1883. 45 706 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. Nous nous croyions déjà riches d'une certaine quantité d'œufs éclos chez nous, sous l'influence climatérique du pays, n'ayant pas été transportés à des milliers de lieues, n'ayant point subi tous les changements de température, depuis la chaleur torride de Pointe de Galles jusqu'à la latitude déjà froide du nord de la France. Nous restituions alors au cen- tuple le petit dépôt qui nous avait été confié, nous partagions généreusement le reste de notre trésor. Nous pensions le problème de l'acclimatation résolu, et nous supputions les avantages immenses qui pourraient en résulter : nos bois transformés pour ainsi dire en mines d'ar- gent, nos mauvaises terres plantées et utilisées, nos ouvriers trouvant l'ouvrage au village et s'y fixant davantage, la soie à la portée du pauvre, la Fi-ance enrichie, gardant chez elle une partie de l'or qu'elle envoie en Amérique et aux Indes pour se procurer le coton... Tout cela, hélas! devait finir comme le pot au lait de Perrette ! Le 15 juillet, à six heures du soir, quelques jours à peine avant le temps qui m'avait été indiqué comme l'époque où les vers devaient filer, une trombe accompagnée de grêle plus terrible encore que celle du 30 mai, ravageait tout le terri- toire, réduisant la récolte des blés au quart et celle des avoines à néant. En voyant les légumes hachés, les arbres dépouillés de leurs feuilles, les amas de glaçons qui avaient passé la nuit, nous ne nous sommes fait aucune illusion au sujet de notre essai. Le lendemain, dès que les chemins ont été un peu pra- ticables, nous avons été voir nos vers; mais, comme nous nous y étions attendus, nous n'avons plus trouvé que des débris informes. Je sais parfaitement que lors même que nous aurions réussi la chose n'aurait pas eu toutes les conséquences que j'ai entre- vues plus haut; quoi qu'il en soit, je pense que l'acclimata- tion du ver à soie du chêne serait un bienfait pour la France et surtout pour les contrées où il y a du terrain médiocre. Si mon opinion pouvait avoir quelque poids, je dirais, en forme de conclusion, que selon moi cette acclimatation n'est pas chose impossible. En effet, nous n'avons eu cette année que ACCLIMATATION DU BOMBYX CHINOIS. 707 très peu de jours de beau soleil en mai et juin; pourtant sans les orages des 30 mai et 15 juillet, il est présumable que nous aurions recueilli des œufs et que nous aurions pu (ma femme et moi) recommencer l'épreuve avec nos propres ressources. C'est dire que notre insuccès ne nous décourage pas et que nous tenterions volontiers une nouvelle expérience s'il nous était possible de nous procurer un peu de graine du Bombyx chinois. III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE DU CONSEIL DU 30 NOVEMBRE 1883 Présidence de M. Bouley, président. Le procès-verbal de h séance précédente est lu et adopté sans obser- vation. — M. le Président proclame les noms des membres nouveaux. MM. PRÉSENTATEURS. Colette, chef des travaux aux usines du ( H. Bouley. Creusot, propriétaire à Marmagne, par | Maurice Girard. Montcenis (Saône-et-Loire). Jules Grisard. ( U. Bouley. Conte (Tony), ministre plénipotentiaire, rue \ a. Geoffroy Saint-Hilaire. de Naples, 4, à Pans. ( p^ ^ pj^^^ot , - . f H. Bouley. Gauthier -Faugères, négociant, a Issoire | ^ Berthoule. (Puy-de-Dôme). | g^^j • , r>o 3 (" H. Bouley. Godefroy-Lebeuf, horticulteur, 26, route de a. Geoffroy Saint-Hilaire. Sannois, à Argenleuil (Seine-et-Oise). ' Lehec (Claude) aviculteur, 30, rue du Sen- tier, à Bois-Colombes (Seine). Saint-Yves Ménard. Didion. A. Dubief. Jules Grisard. , T^ o/^ ' /' H. Bouley. Leroux (Th.), négociant, Grande-Rue, 39, a i ^ Dufort. La Flèche (Sarthe) Lucas-Championnière (le docteur, Just), chi- rurgien des hôpitaux, 50, rue du Faubourg- Poissonnière, à Paris. Meinadier (le docteur Gabriel), à Etoile (Drome). Jules Grisard. H. Bouley. A.Geoff~roySaint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. Blanchon. H. Bouley. Hugues. ., ■ .T. jt ( H. Bouley. Salmon-Coubard (B.), propriétaire, a Baugé \ j^^^^ Grisard. '" ^ne-et-Loire). | Raveret-Wattel. A. Geoffroy Saint-Hilaire. 0. Leroy, A. Porte. H. Bouley. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Comte de Montlezun. Sens (Laurent), propriétaire, 19, place Dau- phine, à Bordeaux (Gironde). Sevin de Ségongnac (de), propriétaire, au château de Larroque, par Gimont (Gers). PROCÈS-VERBAUX. 709 MM. PRÉSENTATEURS. Wauthier (Frédéric-Eugène), bibliothécaire ( i i^ f honoraire de la Société nationale d'hor- ) tV • i ticulture de France, 30, rue d HauteviUe, i Raveret-Wattel. Paris. \ — Des remerciements, au sujet de leur récente admission, sont adressés par MM. H. de la Blanchetais et Hugues. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Louis d'Eichthal, Maisonneuve, Th. Lépine, Boyron, Desroches, Feuilloy, E. Riom et Durousseau-Dugontier. — M, Brierre (Vendée) adresse à la Société quelques échantillons de sels blancs naturels de la rivière la Vie et se met à sa disposition pour fournir les renseignements qui lui seraient demandés. — Remerciements. — M. Albin Humbert demande à prendre part aux concours de la Société. — Renvoi à la Commission spéciale. — M. Patard-Chatelain, à La Ferté-Macé (Aisne), écrit : « Ayant obtenu dans l'élevage du Lapin angora, en partie, le résultat qne je cherchais, et certain à présent de réussir complètement (puisque j'ai 2000 lapins et que je compte en avoir 3000 à la fin de l'année), que de plus je file ce poil mécaniquement, et qu'on en obtient un tissu plus beau que ceux connus jusqu'à ce jour, j'ai l'intention d'essayer égale- ment en grand l'élevage des chèvres fournissant les plus belles toisons. « J'essayerai probablement la Chèvre cachemire ou du Thibet, et si TOUS aviez des données sur le genre de travail que je me propose, je serais heureux que vous voulussiez bien m'en donner connaissance. » — M. Gorry-Bouteau écrit de Belleville (Deux-Sèvres) : « Je viens de lire dans le Bulletin de la Société les renseignements qui vous ont été donnés sur l'arrivée des oiseaux migrateurs dans l'ar- rondissement de Segré (Maine-et-Loire). » L'époque de l'apparition de ces oiseaux dans le canton de Thouars (Deux-Sèvres) difl"ère peu de celle de Segré, excepté pour la Tourterelle qui n'apparaît ici que dans le mois de mai. » Voici cette date pour chaque espèce : 25 mars, le Rossignol couronné ou de muraille ; 29 mars, Hirondelles et Fauvettes ; 31 mars, la Canepe- tière ou petite Outarde; 5 avril, la Huppe; 15 avril, le Coucou; 18 avril, la Pie-grièche; 20 avril, la Caille; 8 mai, la Tourterelle. «Ces dates ne sont pas absolument fixes, elles varient selon que la température est plus ou moins douce. » — M. de la Blanchetais écrit de Cannes : « J'ai l'honneur de vous annoncer que mon Casarka et Oie d'Egypte viennent de me donner une nouvelle couvée composée de sept petits produits âgés aujourd'hui de cinq jours et qui prennent leurs ébats et sont en parfaite santé. » 710 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. — M. Blanchon annonce l'envoi prochain d'un rapport sur l'acclima- tation des Hoccos. — M. Vigour, notaire, à Saint-Servan (lUe-et-Vilaine), adresse diverses attestations pour concourir au prix fondé pour la multiplication du Lo- phophore. — M. F. Zenk, président de la Société de pisciculture de la Basse- Franconie, à Wurzbourg, annonce qu'il espère pouvoir faire cette année, à la Société, un envoi d'alevins de Sandre {Lucloperca Sandra). — M. André Mondehare, attaché au Consulat général de France à Londres, commissaire de la section française à l'Exposition internationale des Pêcheries, transmet une demande formée par M. le D^ Wallem,. commissaire du royaume de Norvège, cà l'effet d'obtenir, pour son gou- vernement : 1" la cession d'une copie de la carte ichtyologique de la France exposée à Londres par M. Raveret-Wattel, et des cartes ayant pour titre : Indication des lieux de pêche du Hareng et du Maquereau pendant la campagne de 1877; 2° des renseignements sur les travaux d'exploration exécutés par le navire le Travailleur pendant l'année 1882. — M. Raveret-Wattel communique la lettre suivante de M. le pro- fesseur G. Brown Goode, commissaire des États-Unis à l'Exposition in- ternationale de produits et engins de pêche de Londres : « Je reçois de M. le professeur Baird, commissaire des Pêcheries des États-Unis, un télégramme qui offrira, j'en suis sûr, un grand intérêt pour les pisciculteurs européens. Il m'apprend que M. John A. Ryder, embryogéniste de la Commission des Pêcheries, qui, depuis deux ou trois ans, s'occupe de recherches sur les Huîtres, vient de réussir à obtenir la propagation artificielle de ces mollusques. Le 4 septembre courant, il y avait dans les étangs de la Commission, à Stockton Mary- land, d'innombrables quantités de jeunes Huîtres de 3/4 de pouce de diamètre, qui provenaient d'œufs fécondés artificiellement, quarante-six jours auparavant. Les étangs renferment une grande abondance de nourriture pour les jeunes Huîtres, qui se développaient rapidement. » Je n'ai pas besoin de dire que c'est là un succès qui va marquer une nouvelle époque dans l'histoire de la pisciculture. » — M. Rivoiron écrit de Servagette, commune de Miribel-les-Échclles (Isère), à M. le Secrétaire : « Je regrette vivement que vous ne puissiez pas m'honorer d'une visite, car je désirerais beaucoup avoir votre appréciation, j'ai fait des études et travaux assez intéressants. Je puis chaque saison faire éclore 200 à 250000 œufs embryonnés. Je suis arrivé à produire des Daphnies et larves de Cousin, à l'aide de nombreux bassins disposés à cet effet, et cela en quantité illimitée, sans cependant connaître le procédé dont par- lent beaucoup vos comptes rendus. J'espère en plus livrer chaque année au commerce une quantité très importante de Truites marchandes. » Les Saumons que vous m'avez adressés à l'état d'œufs sont aussi PROCÈS-VERBAUX. 711 bien que possible, leur grosseur dépasse de beaucoup celle d'autres Saunions venant de Bàle, qui ne conviennent pas bien à nos eaux ; ils sont très réguliers et sont du reste dans un bassin spécial, rempli d'insectes de tous genres. En ce moment c'est la petite Crevette d'eau qu'ils préfèrent, tout en absorbant cliaque jour environ de 300 à 400 grammes de Daplinies. J'en ai perdu environ 120 sur toute la quan- tité envoyée, cette espèce n'étant certes pas celle du Californien, qui grossirait encore plus vite. A ce propos, je vous serais bien reconnais- sant si cette année vous pouviez me procurer des œufs de ces derniers. » — M. le maire de Nice annonce que lAI. llaveret-Wattel, secrétaire des séances, a été nommé membre du Comité de patronage (section d'aqui- culture) de l'exposition de Nice. — La Société d'borticulture de l'arrondissement d'Étampes sollicite l'envoi de graines de Riz de montagne. — M. le docteur Moïse Certoni demande comment on pourrait utiliser les feuilles et les fruits du Phytolacca esculenta. — Renvoi à la5« section. — M. Brierre adresse un sac de diverses variétés de Haricots qu'il cultive dans la Vendée. — Remerciements. — M. Romanet du Caillaud écrit de Limoges : « J'ai l'honneur de vous adresser quelques graines récoltées en Chine en 1882 : » \° Vitis Pagnucci, Vigne sauvage de Ho-Chen-Miao (Chen-Si), raisin acide, mûrissant en octobre (espèce nouvelle); » 2" Vitis Romaneti, Vigne sauvage de Ilo-Chen-Miao (Chen-Si), raisin doux et sucré, mûrissant eu septembre. » Ces deux vignes croissant dans la même localité, dans les mêmes broussailles, il est certain que beaucoup de ces graines doivent être liybridées. C'est la raison pour laquelle les premiers semis de Vitis Ro- maneti ont présenté des caractères si différents. » 3° Thé à feuilles blanches. J'ai de grandes craintes relativement à ces graines; je les crois trop desséchées et privées de leur qualité ger- minative. » J'avais aussi reçu des glands de Chêne à feuilles de houx; mais ces glands sont desséchés et n'ont plus de germe. » — La Direction des forêts adresse la demande d'un exemplaire du mémoire de M. Rivière sur le genre Melaleuca. — Envoyé. — M. Mackensie rend compte de ses cultures de Canja olivœformis. — M. Léo d'Ounous, de Saverdun (Ariège), adresse la note suivante : « Nous n'avons eu que de rares fruits de nos Figuiers de primeur de grosseur et de qualité supérieures ; mais des pluies chaudes et suffi- santes nous donneront en octobre et novembre des fruits très nombreux possédant leurs précieuses qualités. J'ai déjà vu arriver en parfaite ma- turité les Figues grasses de Marseille, les Figues Reine, Goureau et les Saint-Dominique. Je regrette d'avoir perdu la belle Figue espagnole Col 712 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Je Signora, qui demande la plus chaude exposition et un terrain frais et fertile. La Figue blanche d'Agen, qui a quelques rapports avec la Figue du même nom d'Argenteuil, va bientôt paraître sur nos tables. Quoique moins favorisée que notre région du Sud-Ouest, celle de Paris et de ses environs peut avec chance de réussite essayer leur culture avec quelques abris de murs et d'exposition. Un de nos collègues de la Société d'hor- ticulture de Toulouse, M. Barrai, spécialiste, en cultive de vingt-cinq à trente variétés de premier mérite. M. Marouch, un de nos plus habiles amateurs de Chrysanthèmes japonais, est parvenu à obtenir des fruits de ses Figuiers pendant plus de six mois. A l'aide de petits tuyaux en zinc et de robinets il arrose à volonté ses nombreux Figuiers, soigneuse- ment palissés et à exposition choisie. Il a bien voulu me céder ses plus précieuses variétés, que l'on peut du reste trouver chez nos meilleurs pépiniéristes de Toulouse, MM. Hailleret-Bonamy. » — M. Raveret-Wattel communique l'extrait suivant d'une lettre qui lui est adressée par M. le docteur A. Gilbert, de Givet : « Dans une note parue dans le numéro de janvier de 1883 du Bulletin, M. de Behr signalait la grande utilité pour les apiculteurs, des propriétés mellifères et de la floraison tardive de la Balsamine géante. Ajoutons que la graine de cette belle plante a également son utilité. Cette graine très abondante est enfermée dans des gousses latériques qui la projettent de tous côtés et amènent ainsi une multiplication rapidement encombrante. Heureuse- ment que les Poules, très friandes de cette graine, la recherchent avec avidité, et, quand elles peuvent la trouver en quantité suffisante, elles s'en engraissent parfaitement et pondent plus abondamment et pendant une bonne partie de l'hiver. » Des comptes-rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. Ferrary, Le Berre, de Chambry, A. Tetrais, B. Glemot, docteur J.-J. Lafon, ,). Kiener, Bourjuge, Fiévet-Périnet, Mathey, Henri Fabre, G. Laverne, L. Reyual, Leprevosl-Bourgerel, Loydreau, Nelson-Pautier, Durousseau- Dugontier, A. Hiver, Edm. Villey, X. Dybowsky, Burky, P. Baril, Laval, L. Mérat, Leblan, Blaauw, Albert Orban, A. Marre, Desroches, G. de Kervénoael, Fremy ainsi que par le Jardin Zoologique de Bâle. ~ M. Xambeu écrit de Montélimar : « Des observations qu'il m'a élé donné de faire au sujet de la Poule Campine, il résulte : « 1° Comme avantages, que les œufs ont éclos un jour avant ceux des races ordinaires ; « Que les poussins se développent plus rapidement ; « Que les coquelets n'attendent pas trois mois pour cocher ; <( Que les poulettes nées en mars sont sujettes à pondre à la fin du sixième mois. « 2" Gomme inconvénients, je signalerai la quantité considérable de mâles sur le nombre si réduit de femelles ; c'est peut-être un cas par- ticulier. » PROCÈS-VERBAUX. 713 — M. Malliey écrit de Rochechouart (Haute-Vienne) à M. le Secrétaire général : « Sur les trois espèces de Melons dont la semence m'a été fournie par la Société d'Acclimatation, Melon grimpant, petit Melon orange. Ananas brodé, une seule espèce, la dernière, a réussi. » Tous semés le 23 mars sur couche et sous cloche, abrités des vents du Nord, quelques graines du petit Melon orange ont levé le 12 avril. Bientôt attaqués par des Limaçons et des Fourmis, je ne pus sauver un seul plant, malgré le phénol que j'employai, en répandant quelques gouttes de ce liquide sur la terre recouverte de la cloche, moyen qui me parut cependant éloigner les parasites. î Je fus plus heureux pour l'Ananas brodé, dont quelques plants sor- tirent de terre le 15 avril ; plusieurs cependant périrent; le 9 juin, je transplantai le sujet qui me restait dans un terrain préparé à cet effet, exposé au grand air et au soleil ; le 5 juillet, les premières fleurs paru- rent ; enfin le 10 août, je récoltai un petit Melon arrivé à parfaite matu- rité et d'excellente qualité. Très parfumé, quoique ayant la chair un peu sèche, ce Melon a un goût excellent et est bien supérieur à ceux qui viennent généralement dans le pays. j> J'adresse de la graine, qui est parfaitement mûre, à M. l'Agent général. » 11 reste encore deux Melons après l'unique pied que j'ai cultivé, j'estime qu'ils ne seront pas mûrs avant une dizaine de jours. » Pour ce qui est du Melon grimpant, aucune graine n'a levé, la semence a dû pourrir dans la terre. ï Je semai ma graine de Zapallito le 28 mars, sur couche et sous cloche, aucune n'a germé, j'ai trouvé la semence pourrie dans la terre, .l'attribue cet échec à l'excès d'humidité. î J'ai semé dans un terrain de bonne qualité et bien préparé les Ha- ricots nains de Bonnac et les Haricots nains suisses les 3 et i avril. ï Les premiers poussent le 19 avril et les seconds le 25. » Bientôt envahis par les Limaçons, dont l'humidité de cette époque de l'année favorisait le développement, tous mes jeunes plants furent dé- vorés jusqu'à la tige, et il me fut impossible d'en sauver un seul. » Le 9 avril, je semai dans un terrain fort, de bonne qualité, conve- nablement préparé et un peu ombragé, des graines de Chamœropsexcelsa. Le 8 août, je m'aperçus que la plus grande partie de la semence était poussée. » Les petits plants sont assez vigoureux et paraissent devoir bien venir. j 11 y a deux ans, je vous rendais compte de mes essais de culture de l'Haé-Téou (Soya noir). Cette année, j'ai encore semé ce Haricot ; les résultats obtenus, bien qu'ils ne soient pas complètement satisfaisants, sont cependant beaucoup meilleurs que la première fois, ayant obtenu quelques graines qui ont [tu ariiver à maturité. l\i SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. » Les premiers Haé-Téou furent semés le 2 avril, le terrain qui devait recevoir la semence, de bonne qualité par lui-même, avait été bien pré- paré ; le 19, la plupart des Haricots étaient sortis de terre. Les Limaçons ne m'en laissèrent pas un seul, aussitôt qu'une feuille paraissait, elle était dévorée. Je semai alors de nouveau le 24 mai ; à la fin d'août, la floraison a commencé et bientôt de nombreuses gousses se sont for- mées. Si le mois de septembre n'avait pas été aussi pluvieux, je crois que la plus grande partie des gousses aurait pu mûrir. > J'ai semé à deux reprises différentes mes graines de Courge de Turquie, le 28 mars et le 25 mai. )> Les premières, semées sur couche dans un très bon terrain, exposé au soleil, préservé des vents du nord, poussent le 12 avril ; les secondes, semées également sur couche, dans un terrain de moins bonne qualité, un peu ombragé, mais non abrité, commencent à pousser le 2 juin. » Je ne conservai qu'un pied des premières et deux pieds des se- condes, plusieurs petits plants ayant été détruits, soit par les Limaçons, soit par des insectes qui coupaient la racine. » Bien que les graines aient été mises en terre à près de deux mois d'intervalle, la floraison eut lieu presque en même temps, le 10 juillet pour les premières, le 17 juillet pour les secondes. » Le 17 octobre, j'ai recueilli sur le pied semé le plus tôt deux courges très mûres ; je dois ajouter que pour hâter la maturité elles avaient été mises sous cloche. y> Les deux pieds semés en mai ont produit six Courges, quelques-unes sont assez belles, mais aucune ne mûrira, la saison étant beaucoup trop avancée. » J'ai adressé le 22 octobre dernier, à M. l'Agent général, des pieds d'Haé-Téou et une Courge de Turquie. » J'ai l'honneur de vous informer que j'expédie aujourd'hui à votre adresse : » 1° Des Pommes de terre Heymonet; •» 2» Des Fèves d'Agua dulce et de Perpignan ; » 3° Des graines de Radis du Japon. » — Il est fait hommage à la biliothèque de la Société des ouvrages suivants : Silk producing bombycesreared in 1882, by A. Wailly, reprinted from the « Journal of the Society of arts ». 1 broch. in-8°. (L'Auteur). Separat-Abdruck ans « Gartenflora », par von H. Hoffmann. (L'Auteur). The regulative action of birds upon insect oscillations by. S. A. Forbes. ln-8°. (L'Auteur.) Chambre de commerce de Boulogne-sur-Mer. Primes d'encoura- gement à la bonne préparation du hareng de la 1" pêche au Dogger-Bank. Distribution solennelle de ces primes, le 27 décembre 1882. Procès- PROCÈS- VERBAUX. .715 verbal, par M. E. Lonquety aîné, président. Boulogne-sur-Mer, typo- graphie N. Berr, 1883, 1 broch. in-8«. (L'Auteur.) Théorie des nombres parfaits, par M. Jules Carvallo. Paris, 1883, chez l'Auteur, 19, Villa Saïd, et chez les principaux libraires. Broch. in-S". (L'Auteur.) Les vignes de Longleat, traité pratique de la culture des vignes en serre, par M. William Taylor, traduit en français par M. H. Fonsny (extrait du Bulletin de la Fédération des Sociétés d'horticulture de Belgique, pour 1881). Liège, Boverie, 1, 1883, in-S". (M. Morreo.) Une excursion aux montagnes du Brésil, esquisse de voyage, par le professeur Eugène Warming (de Copenhague). Liège, Boverie, 1, 1883. Broch. in-8''. (M. Morren.) Note sur le potager royal de Frogmore, par M. Ch. Joly (extrait du Journal de la Société nationale d'horticulture, 3« série, t. V, 1883, p. 329-334). Broch. in-8'\ (L'Auteur.) Note sur la XP Exposition internationale de Gand, par Ch. Joly (extrait du Journal de la Société nationale d'horticulture, 3« série, t. V, 1883, p. 470- i75). Broch. in-8°, fig. (L'Auteur.) Report on the progress and condition of the botanic garden and government plantations, during the year 1882, par R. Schomburgk. Adélaïde, 1883, Broch. in-4", planch, (L'Auteur.) Die fremdlàndischcn Stubenvôgel ihre Naturgeschichte, Pflege und Zucht, par le D"" Karl Buss. Magdeburg, 1883. In-8". (L'Auteur.) Résultats statistiques du dénombrement de 1881. France et Algérie. Paris, Imprimerie nationale, 1 vol. grand in-8". (Ministère du Commerce.) Annuaire statistique de la France. Sixième année, 1883. Paris, Im- piimerie nationale. (Ministère du Commerce.) — Remerciements aux donateurs. Pour le Secrétaire du Conseil, Jules Grisard, Agent général. 716 • SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 7 DÉCEMBRE 1883 Présidence de -M. Henri Bouley, Président. Le procès-verbal de la dernière séance générale ayant été adopté par ie Conseil, conformément au règlement, il n'y a pas lieu d'en donner lecture. — En déclarant ouverte la session de 4883-1884, M. le Président prononce l'allocution suivante : « Messieurs, Nous allons ouvrir aujourd'hui la vingt-neuvième session. C'est l'usage, comme vous le savez, d'ouvrir la session de nos travaux par un discours présidentiel. Il m'est venu une idée, mais trop tardivement pour que je puisse la mettre celte année à exécution : je la communiquerai au président l'année prochaine. Au fait, la voici. Ne serail-il pas très intéressant, Messieurs, qu'à chaque ouverture des sessions le président fît un ta- bleau récapitulatif, sommaire, de l'ensemble des travaux accomplis dans l'année écoulée. Il y aurait là un thème dont le développement ne laisserait pas de présenter un assez grand intérêt, car, en définitive, la Société d'Acclima- tation a un stock important de travaux soit scientifiques, soit pratiques, qui doivent être signalés à l'attention par leurs traits principaux, alin d'en bien faire sentir tout l'intérêt. Ce résumé serait goûlé par le public et ce serait probablement aussi une condition pour qu'il y eût vers nous un courant plus actif. La Société d'Acclimatation mériterait qu'un très grand nombre de collaborateurs vinssent s'associer à elle. Elle a ce grand avantage d'être librement ouverte, et beaucoup de personnes qui aiment la science, qui veulent occuper leurs loisirs, qui veulent donner un but à l'activité de leur esprit, trouveraient là une occasion d'étude en écoutant, et une occasion aussi de faire participer les autres à ce qu'ils pourraient avoir de science personnelle, d'acquis de pratique. Dans cet ordre d'idées, il serait bien intéressant que nous fussions un peu plus expansifs au point de vue de la publicité, que nous fissions un effort plus grand pour être mieux connus. Je vois des sociétés qui sont beaucoup moins importantes et qui ont une renommée plus grande dans le monde. Je dis que la Société d'.\cclimatation, par le concours de tant d'efforts, d'intelligences, de science, de pratique, réunit les conditions excellentes pour que le public vienne à elle. 11 faudrait aussi. Messieurs, que nous fissions de plus grands elforis chacun individuellement pour PROCÈS-VERBAUX. 717 appeler à nous un plus grand nombre d'associés. Compelle intrare, dirai-je à chacun de vous, Messieurs. Poussez vers nous tous ceux qui à un titre ou à un autre peuvent nous donner leur concours et agrandir les moyens d'action de notre Société. A cet égard, les uns et les autres, — je m'enveloppe dans la critique — nous ne montrons pas assez d'activité. Si chacun de nous se doublait seulement, voyez quel rapide accroissement. Réunissons donc nos efforts, Messieurs, pour qu'il nous vienne le plus grand nombre de membres possible, ayant les conditions pour prêter à la Société leur concours. Dans l'ensemble des moyens de ce concours, il ne faut pas oublier la cotisation, car l'argent n'est pas seulement le nerf de la guerre, il est aussi l'instrument nécessaire de tous les travaux de la paix. Eh bien, Messieurs, voilà pour cette année mon discours d'inaugura- tion de la session. L'année prochaine, j'engage le président qui sera nommé, quel qu'il doive être, à suivre le conseil que je viens d'émettre, et si c'était sur moi que les suffrages vinssent encore se réunir, ce qui me ferait un grand honneur, je vous promets de vous présenter un tableau récapitulatif des travaux qui vont se faire dans l'année qui s'ouvre aujourd'hui. » — M. le Ministre de l'Agriculture accuse réception et remercie de l'envoi qui lui a été fait de deux exemplaires de la note de M. Joseph Crepin sur la maladie des Ecrevisses. — M. William Jamrach écrit, en date du 20 octobre, à iM. Geoffroy Saint-Hilaire : i Vous apprendrez sans doute avec intérêt que je me mets aujourd'hui en route pour les Indes pour la trente-neuvième fois. J'em- porte une collection importante d'animaux que je destine à l'Exposition universelle qui va prochainement s'ouvrir à Calcutta. Ma collection est embarquée sur trois navires différents. Son transport à destination représente une dépense de 50000 francs environ. j Les animaux embarqués sont les suivants : > 1 paire de Girafes, 13 Autruches du pays des Somaiis, 3 couples de Lions adultes, 2 couples de Cougoirs (Pumas), 2 Jaguars (Léopards), 2 Zèbres, 22 Paons blancs, 1 Paon panaché, 47 Perroquets Aras Rauna et Canga, 1 Perroquet Ara vert, 1 Perroquet Ara bleu, 1 Calao d'Abyssinie, 2 Grues de Paradis, 4 Grues couronnées du Cap de Bonne- Espérance, 40 Geais bleus d'Amérique, 100 Faisans divers, 1 Bison mâle, 1 Ours de Russie, G Daims blancs, 20 Hoccos, 60 Chiens divers. » La nourriture embarquée pour quarante jours de route représente une valeur de 10 000 francs. » — Al. Rogeron écrit du château de l'Arceau : « Quand vers la fin de ce printemps je vous ai fait part du triple croisement de Canards (Canards Sauvage-Chipeau-Milouiii) obtenu chez moi en 1881 et 1882, bien que je 718 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. visse régner la même bonne intelligence entre ma métises Sauvage-Chipeau et mon vieux Milouin de l'année précédente, j'étais, à vrai dire, un peu inquiet du succès pour cette fois. La saison commnçait déjà à s'avancer, et je n'avais pas encore vu d'œufs. » Cette femelle avait bien disparu quelques jours, mais malgré mes recherches les plus laborieuses dans ma luzerne où elle avait pondu l'année dernière, ainsi que dans le voisinage de mon habitation, il m'avait été impossible de trouver son nid. Elle était d'ailleurs devenue beaucoup plus vagabonde depuis quelque temps; au lieu de rester comme autrefois presque constamment dans une pièce d'eau avec son gros époux, elle fréquentait seule toutes les douves et fossés des envi- rons, dans les directions les plus opposées, et elle pouvait bien avoir ses œufs par là, ce qui en rendait la recherche fort difficile. » Enfin elle disparut de nouveau, ne se laissant plus voir qu'à de très rares intervalles ; il n'y avait plus de doute, elle devait couver. Plus heureux cette fois, je parvins à rencontrer, outre son premier nid abandonné sur le bord d'une douve dans lequel les œufs avaient sans doute été mangés par quelque bête carnassière, la Cane elle-même ; mon chien d'arrêt qui m'aidait dans mes recherches était tombé dessus. Elle était sur un nouveau nid assez artistement construit-à la façon des Canes sauvages — de feuilles, d'herbes sèches et d'une épaisse et moelleuse couchette de duvet à l'intérieur, surtout fort habilement dissi- mulée dans le plus fourré d'une haie bordant une prairie à un demi-quart de lieue de chez moi ; il contenait onze œufs. Comme je trouvais que la Cane et les œufs étaient loin d'être en lieu sûr dans cet endroit, qu'il y avait danger, et de la part des bêtes et de celle des flâneurs de la ville, je m'empressai de les enlever et de les placer sous une autre Cane. y> De ces onze œufs, neuf petits sont éclos et, comme l'année précé- dente, extrêmement vigoureux et pétulants ; ils se montrèrent toujours très forts et bien portants, quoique d'une venue un peu lente. Un seul de ces métis, aussi beau et aussi bien portant que les autres, périt tout gros et subitement sans cause apparente, vraisemblablement d'un coup de sang occasionné par excès de santé. Quant aux huit autres, ils ont atteints sans encombre leur entier développement. s Plus heureux que l'année dernière, j'ai pu constater avec plaisir que le nombre était également partagé de mâles et de femelles. Je vais donc pouvoir me rendre compte de la couleur du plumage chez les mâles, dans ce nouveau mélange de trois races différentes. Les formes géné- rales paraissent se rapprocher surtout de celles des Fuligules ; ils sont comme eux gros et lourds, bien qu'un peu moins massifs ; cependant, malgré leur pesanteur apparente, ils marchent avec bien plus de facilité ; leur corps est absolument horizontal comme chez les canards ordinaires, il n'a pas l'obliquité de celui des plongeurs, les pattes sont placées beau- coup moins en arrière, et, s'ils&o? Plusieurs bassins donnent de l'eau à une petite rivière ayant 120 mètres de développement et allant se jeter dans un grand bassin terminus. » Indépendamment de la propriété de M. de Lombardon, nous avons à notre disposition d'immenses surfaces d'eau appartenant à divers pro- priétaires; c'est vous dire que nous sommes dans les meilleures con- ditions pour faire des essais. Vous savez que je m'occupe de ces questions depuis fort longtenaps et les résultats obtenus dans un temps oîi nous recevions des œufs d'Hunningue, qui ont permis de manger à Mar- seille des Saumons et Truites saumonées éclos chez nous, sont un sûr garant des soins que nous apporterons à ces études. » Les Vignes américaines de notre champ d'expérience du Comité central d'études et de vigilance du phylloxéra du département des Bouches-du-Rhône, section de Marseille, sont très belles et, si la Société en recevait quelques-unes d'étrangères, nous serions heureux de les recevoir ; il en est de même de diverses variétés de végétaux utiles à acclimater. » PROCÈS-VERBAUX. 721 — M. A. Tank adresse du lac des Settons, près Monlsauche (Nièvre), une demande d'œufs de Truite ou d'autres Salmonidés. — iVl. des Vallières renouvelle sa demande d'œufs de Saumon de Californie. — M. Barras, conducteur de travaux à la Compagnie du chemin de fer de Clermont-Ferrand à Tulle, adresse une brochure ayant pour titre : Projet de pisciculture industrielle. « Bien que conçu pour être exécuté dans des proportions assez étendues, écrit M. Barras, ce projet d établis- sement de pisciculture pratique est susceptible de plusieurs modifications selon les lieux et l'importance que peut acquérir une exploitation ; aussi est-il de nature à fournir d'utiles indications à plus d'un propriétaire riverain de cours d'eau, pour tirer, de la situation de sa propriété, un parti avantageux. — M. Baveret-Wattel communique l'extrait suivant d'une lettre qui lui est adressée par M. Ambroise Gentil, professeur de sciences physiques et naturelles au Lycée du Mans, président de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la' Sarthe : « .... La question de l'acclimatation du Saumon de Californie m'a paru depuis longtemps extrêmement intéres- sante. Aussi me suis-je préoccupé d'obtenir, par les pêcheurs ou les amateurs, des renseignements précis. Jusqu'ici j'ai tout lieu de croire que l'essai fait, en 1878, dans la Sarthe, par M. Carbonnier n'a malheu- reusement pas réussi. La capture des quelques individus que j'ai men- tionnée m'a été signalée par M. Bernard, conducteur des ponts et chaus- sées, attaché au service hydraulique depuis plus de vingt ans, homme instruit, officier d'Académie, assez compétent dans l'espèce pour qu'il ne me fût pas permis de ne point tenir compte de son témoignage. Mais je n'ai pas vu moi-même les sujets capturés, on les avait mangés comme de vulgaires poissons, et c'est pour cette raison que ma note n'est pas plus affirmative. Je me suis contenté de dire : on croit en avoir retrouvé quelques-uns. » Depuis cette époque, malgré mes recommandations et celles de M. Bernard, nous n'avons pu mettre la main sur aucun autre sujet. » Votre lettre m'engage à faire de nouvelles recherches. Je vous pro- mets de m'en occuper sérieusement, et si j'arrive à quelque résultat, je m'empresserai de vous en informer. î Dans mon modeste travail sur les poissons de la Sarthe, j'ai signalé pour la première fois la capture de la Grémille commune {Acerina cerniia, Sieb.) dans la Sarthe, à Noyen. » J'ai eu le plaisir de la voir confirmer par une autre plus récente. Le i novembre courant, quatre exemplaires m'ont été envoyés de Sablé, pris également dans la Sarthe » — M. le Secrétaire des séances communii|ue les renseignements suivants, fournis par M. Gustave Perrin, qui a fait un long séjour dans l'Extrême-Orient : « En Chine, le poisson est vendu vivant sur les mar- 3° SÉRIE, T. X. — Décembre 1883. 46 IIL'Z SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. chés. Dans tous les porls de mer, il existe des viviers, mais c'est dans l'inlérieur oîi l'on peut voir à quel haut degré de perfection est portée la pisciculture. Tous les Ileuves et rivières sont canalisés profondément, ce (|ui rend très rares et peu désastreuses les inondations. Ces travaux sont faits, pour le fond comme pour les berges, en béton hydraulique. Jusqu'à l'étiage des basses eaux, les berges sont construites sur caves voûtées remplies de blocs de pierres de toutes dimensions, superposés irrégulièrement et produisant des cavités de toutes tailles, où le fretin, fraîchement éclos, trouve un abri contre la rapacité des poissons carnas- siers. » Ces dispositions, et la rigueur des lois appliquées contre les délin- quants, quand la pêche est prohibée, procurent des ressources alimen- taires immenses à la nombreuse population du Céleste Empire. » Dans l'Indo-Cliine, bien moins peuplée, le poisson est à vil prix, et la pisciculture n'existe pas. Le poisson y est également apporté vivant dans des baquets sur les marchés, les pécheurs laissant au public la responsabilité de 1' « assassinat » des animaux qu'ils n'ont fait que capturer. » A dix heures et demie du matin, le marché clos, le jtôisson non vendu est remis en vivier, ou dans de vieux bateaux à demi coulés, ou bien encore vendu aux propriétaires d'abattoirs. Ces établissements sont construits sur pilotis au-dessus des cours d'eau, entourés d'une estacade serrée qui ne permet pas aux poissons de sortir. — Ils sont là parqués par espèces, ou à peu près, afin qu'ils ne se dévorent pas; ils sont nourris avec les issues des animaux abattus et les balayures. » Les chalands viennent là acheter le poisson tout vivant péché devant eux. Les pêcheurs construisent des canaux ou criques, qui se ferment avec des claies, et dans lesquels ils attirent les poissons avec des tri- pailles et autres appâts. î Dans rindo-Chine, le poisson étant une mine inépuisable, il n'existe aucune loi prohibitive sur la pêche ni sur les engins. î — 31. Alph. Lefebvre écrit d'Amiens : « J'ai l'honneur de vous adresser une boîte contenant un Omble-Chevalier provenant d'œufs que j'ai reçus d'Huningue. Ce poisson contient de la laitance entre ses deux grappes d'œufs ; c'est pourquoi j'ai pensé qu'il vous serait peut-être agréable de constater ce cas d'hermaphrodisme. Remerciements. — (Le poisson envoyé par M. Lefebvre a été transmis au laboratoire d'ichtyologie du Muséum d'histoire naturelle). — M. Bernard-Talhaiidier écrit d'Ambert : « Je prends la liberté de vous rappeler les demandes que j'ai eu l'honneur de vous adresser pour des œufs de Saumon et de Truite des lacs. Malgré l'accident qui est arrivé pour les alevins provenant des œufs que la Société avait bien voulu me confier, je reviens à la charge dans l'espoir d'un succès pres- que assuré. PROCÈS-VERBAUX. 733 » Voici les faits dans toute leur exactitude. A la réception des œufs qui paraissaient généralemeot en parfait état, il a fallu en retirer KiO sur 7U0. Pendant l'incubation qui s'est faite dans une eau courante d'une limpidité parfaite, on en a retiré environ le même nombre. Le surplus a donné une éclosion remarauable par la vigueur des jeunes alevins. » ils net été soigneusement conservés pendant la résorption de la vésicule ombilicale, mais après cette époque, ils ont été lâchés dans les bassins d'alevinage où ils faisaient de véritables prodiges de natation et même de gentillesse pour venir cueillir la nourriture (|u'on leur appro- chait. Malheureusement deux Truites d'un an se trouvaient cachées dans lo réservoir qui n'avait pas été mis à sec; elles ont tout dévoré en peu de jours. Le même oubli ne pourra plus se reproduire ni le mal se renou vêler, si la Société veut bien m'accorder encore sa confiance. » — M. Valéry-Mayet, professeur à l'École nationale d'Agriculture de Montpellier, écrit à M. l'Agent général: «Je crois utile de porter à votre connaissance quelques détails sur les suites de l'acclimatation de Sau- mons de Californie dont vous m'avez confié le soin pendant trois années de suite: 1879, 1880 et 1881. » Gomme vous vous en souvenez, j'ai jeté le premier et le troisième envoi près de la source de notre petit fleuve le Lez, le second a été jeté dans l'Hérault aux environs de la ville de Ganges, en pleines Cévennes » Les captures dont je vous ai entretenu avaient consisté en poissons d'un an et de deux ans de grosseur normale péchés, les uns aux environs mêmes de Ganges, à quelques kilomètres au-dessus de la ville et de tous les barrages, les autres à Montpellier au-dessous du dernier grand bar- rage du Lez. En 1883, je n'ai eu connaissance d'aucune capture ni dans le Lez ni dans l'Hérault; mais, fait intéressant, on a péché à trois reprises différentes dans la rivière d'Aude qui a son embouchure près de Nar- bonne, des Saumons ayant de 45 à oO centimètres de longueur. » H est donc probable que les Saumons du Lez ou de l'Hérault, éprou- vant de grandes difficultés à franchir les nombreux barrages qui coupent ces rivières, ont pris le parti de remonter en certain nombre le petit fleuve de l'Aude qui a la moitié de son cours dans la région des mon- tagnes des Gorbières et qui n'est pas cou|)é d'autant de barrages. Mal- heureusement je n'ai pu obtenir un seul individu de ces poissons si intéressants. Hs ont été mangés par les pêcheurs eux-mêmes qui, n'ayant jamais vu leurs pareils, ont voulu les goûter. J'ai offert 20 fr. pour le premier qui sera prix ; mais tombera-t-il dans les mêmes filets ? c'est douteux. » Ne jugeriez-vous pas utile de tenter une nouvelle acclimatation dans le haut de la rivière d'Aude, à Quillan par exemple? Je me mets pour cela à votre entière disposition. » — M. le Directeur de l'École nationale d'Agriculture de Grignon écrit à M. l'Agent général: «Vous m'avez expédié, en mars dernier, une boite 724 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. contenant des graines de Ver à soie du mûrier, et par une lettre du 5 du même mois, vous m'avez prié de faire l'éducation de cette graine et de vous en rendre compte. J'ai l'honneur de vous informer que, par suite du développement tardif des feuilles de mûrier et du retard apporté à la mise à éclosion de la graine, cette expérience a peu réussi. Il n'est éclos que quarante cocons, qui, d'ailleurs, sont tous arrivés à bonne fin. C'est vers la fin du mois de mai seulement que nous avons eu de la feuille de mûrier. Les vers ont été sans doute étouffés dans la boite de fer-blanc où ils étaient contenus. Telle est, du moins, l'explication que me donne M. Pion, répétiteur de zootechnie, que j'avais chargé de cette expé- rience. » — M. CoUenot signale l'intérêt qu'il lui paraîtrait y avoir à faire des recherches sur l'emploi de l'électricité comme moyen de destruction du phylloxéra. (Renvoi à la 4^ section.) — M. le Directeur de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée adresse dix exemplaires du rapport qu'a publié cette Compagnie sur les travaux effectués pendant la campagne de 1882 par le service spécial qu'elle a institué à Marseille pour comballre le phylloxéra. — Remerciements. — M. Zeiller adresse de Lunéville un rapport sur une éducation à'Attacus cecropia, en y joignant 24 cocons de cette espèce provenant de son élevage. — M. Victor Rollat, de Collioure (Pyrénées-Orientales), adresse, pour être soumise à la Commission des récompenses, une étude sur les mala- dies des Vers à soie. — M. Raillon adresse les renseignements ci-après sur le pied de Rhu- barbe qui lui a été remis par la Société, et qui provenait d'un envoi fait par M. de Rehr (1) : « La plante est encore très petite. Autant qu'on peut en juger à cet âge, c'est une des formes si nombreuses de Rheum /?!/6r2(/Mm dont on en connaît tant dans l'Asie orientale tempérée. Veuillez nous renseigner sur l'origine de cette plante, qui sera bien rustique chez nous. » — D'un autre côté, M. le Directeur du Jardin d'Acclimatation qui a reçu un des deux pieds de Rhubarbe envoyés par M. de Behr, fait connaître, sous la date du 9 octobre dernier, que î cette plante, qui a été mise en pleine terre, est en très bon état et ne semble pas différer du Rheum décrit par M. Bâillon». (D'après les indications adressées par M. de Behr, les deux pieds proviennent d'une même souche.) — M. Bazin, propriétaire aux Amouchas, près Sétif, écrit à M. le Pré- sident: « J'ai l'honneur de vous informer que j'ai fondé ici une pépinière dans le but de venir en aide à tous les colons, et en même temps d'as- sainir notre nouveau village, complètement dépourvu de plantations. (1) Voy. Bulletin, 1882 , p. 368, 497-499. PROCÈS-VERBAUX. 725 » Je vous adresse ci-après le détail des résultats (succès et insuccès) ^ue j'ai obtenus jusqu'à ce jour. Soixante-dix planches ont été ense- mencées de plusieurs essences, sortant de la maison Vilmorin-Andrieux. » J'ai échoué pour les quarante-quatre planches suivantes : » 12 planches de Mûriers, 3 planches d'Eucalyptus, 17 planches de Pins, 8 planches de Guasarinas, 4 planches de Cyprès pyramidal. » J'ai, au contraire, réussi pour les suivantes : » 2 planches de Caroubiers contenant environ 1000 pieds, 5 planches de Pins de plusieurs espèces contenant environ 2000 pieds, 2 planches de faux Vernis du Japon contenant environ 1000 pieds, 3 planches d'Acacias contenant environ 2000 pieds, 3 d'Eucalyptus contenant environ 1000 pieds, 5 de Pommiers contenant environ 1000 pieds, 3 de Poiriers con- tenant environ 100 pieds, 2 de Pêchers contenant environ 100 pieds, 1 d'Abricotier contenant environ 100 pieds. » Cette pépinière, commencée le 22 janvier 1883, est aujourd'hui en très bonne voie. Toutes mes planches pour les semis de l'année sont prêtes. Je n'attends que l'époque pour les semis et vous tiendrai au courant des travaux que je ferai celle année. » Je serais heureux que la Société voulût bien me comprendre dans ses distributions de végétaux. » — M. Reynal, vice-président de la Société d'Horticulture de la Dor- vlogne, adresse de Plancheix, près Périgueux, un rapport sur le procédé de M. de Chasseloup-Laubat pour le traitement de l'Oïdium, de l'An- thracnose et du Mildew. — M. Joly écrit de Québec à M. le Secrétaire général : « J'ai com- mencé, dans la province de Québec, la culture d'un arbre précieux, le Noyer noir {Juglans nigra), qui croît à l'état sauvage dans l'ouest de notre continent. » Malgré nos grands froids, cet arbre réussit très bien; depuis neuf ans que j'ai commencé à le cultiver, je n'en ai pas perdu un seul pendant l'hiver. 11 pousse rapidement dans des conditions favorables; sa crois- sance est d'un demi-pouce de diamètre par année. La valeur du bois est considérable : une piastre (environ 5 francs) le pied cube à Québec; il est préféré à l'acajou pour les meubles. » Sans doute vous cultivez déjà cet arbre au Jardin d'Acclimatation; mais, si vous ne l'avez pas encore, je pourrais vous en envoyer, cet au- tomne, des échantillons et des noix, et en même temps (juelques détails sur le mode de culture. Ici, je sème généralement les noix à la lin d'oc- tobre ou au commencement de novembre. Dans le cas où vous aimeriez à en avoir, je vous en enverrais deux'paquets, un pour votre Société et un pour la Ligue du reboisement de l'Algérie, avec laquelle nous sommes en communication au sujet de notre Fête des arbres. — ^^M. le IJ' Henri Moreau écrit des Herbiers (Vendée), à la date du 13 septembre : « Bien que j'emploie surtout mes loisirs à la direction de 726 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. mes volières, j'ai joint quelques cultures utiles à mon usage dans mon petit enclos. Par exemple, j'ai planté environ 10 ares de vigne en mus- cadet breton. Depuis quelques années j'avais fait la remarque qu'en pin- çant de bonne heure les tiges il partait de nouveaux bourgeons qui, en se développant, donnaient de nouvelles formes ; ces formes, il est vrai, ne mûrissaient pas, et, dans notre pays, ne peuvent pas mûrir habituel- lement, à cause de la précocité des gelées. Cette année j'ai moi-même pratiqué le pincement en saison convenable pour obtenir le résultat que m'avait fait entrevoir mon observation antérieure. J'ai agi méthodique- ment et scrupuleusement, et en ce moment je possède ma petite vigne garnie de raisins de deux âges, ayant la plus belle apparence : ceux de deuxième âge sont même plus nombreux que ceux du premier; ils sont moins gros, moins avancés; mais en pays plus chauds que le nôtre, ou bien avec une température exceptionnellement chaude en automne, ils mûriraient, j'en suis convaincu. D'ici la fin de ce mois les raisins formés en mai seront mûrs et je les vendangerai. Ceux formés en tin de juin et commencement de juillet mûriront si la température le permet. Mais en tous cas j'ai cru logique de conclure que le résultat que j'ai obtenu pourrait devenir fructueux dans des contrées plus chaudes que la mienne, dans le Midi surtout, et que peut-être mon observation pouvait conduire à une production plus abondante de vin, aujourd'liui qu'elle est diminuée sensiblement par les maladies des vignes, et que la consommation ten- drait au contraire à augmenter. J'ignore si la même expérience et la même remarque ont été faites par d'autres avant moi, si des résultats négatifs ou pratiques ont répondu à l'espérance conçue; je ne me suis jamais occupé de viticulture; mais, dans mon ignorance des observations scientifiques de ce genre, j'ai pensé qu'il pouvait peut-être être utile et profitable à notre Société et à l'humanité de connaître le fait que je relate. Si vous pensiez qu'il y eût utilité, je vous propose de faire offi- ciellement constater le fait actuel avant les vendanges, par conséquent d'ici la fin dii mois, par une commission arf hoc que je serais heureux et llatté de recevoir. Ce serait en même temps une occasion pour cette même commission de connaître mes volières et leur installation que je ne crois pas être à l'instar de la plupart des autres établissements de ce genre. » — M. Tardieu écrit d'Arles : « Je viens de lire dans le Bulletin du mois de juin la communication sur la llamie faite par MM. Renaud, Berlin et Boski. J'y trouve des inexactitudes, tant au point de vue de la culture, que l'on croit, à tort, possible dans le nord de la France, qu'au point de vue du traitement industriel de la plante, et notamment de sa décortication ; mais mon intention n'est pas de les réfuter ici. » Ce que je tiens à signaler, c'est que, aux questions si précises, si logiques, plusieurs fois répétées de M. Geoffroy Saint-Hilaire, demandant si MM. Renaud, Berlin et Boski, ou la Société de la Ramie de Paris, PROCÈS-VERBAUX. 727 étaient en mesure de passer des contrats garantissant aux producteurs J'acliat de leurs récoltes ; il n'a rien été répondu de précis. » La petite déception de U. Geoffroy Saint-Hilaire est bien naturelle, car celle garantie d'achat donnée par avance à l'agriculteur est la condi- tion nécessaire pour arriver à la vulgarisation de la culture. » y\ussi. pour tîxer les agriculteurs, je crois devoir répondre au nom dune Société dont je suis le président, aux questions de garantie posées par M. Geoffroy Saint-Hilaire. » La Société la Ramië française, aujourd'hui au capital de 3 "2.60 000 francs, dont le siège est à Avignon, traite par avance avec les agriculteurs l'achat des récoltes de Ramie (ci-joint un modèle de ses (Contrats). y> Les conditions sont les suivantes : » Fourniture des plants à 15 francs le mille, payables en récoltes et à retenir sur trois années, un tiers chaque année. Le prix des tiges sèches est fixé à 12 francs les 100 kilos pour la France, 10 francs pour l'Algérie, l'Italie, l'Espagne, rendues aux usines de la Société, ou en un point n'excédant pas 25 kilomètres ; les engagements sont faits pour une période de cinq années et renouvelables. )> La Société la Ramie française possède quarante-trois pépinières dans les départements de Vaucluse, Bouches-du-ilhône, Var, Alpes-Mari- times et Pyrénées-Orientales. » A la suite de contrats signés celte année, trente-deux plantations ont été faites par les agriculteurs des Pyrénées-Orientales, et trente en Espagne dans la province de Gerone; la Société a créé une agence à Amibes, une à Perpignan, une en Espagne, une en Italie; elle va en créer deux en Algérie d'ici à la lin de l'année, une en Tunisie, une en Egypte. Dans quelques mois les contrats signés s'élèveront à trois ou quatre cents. )> Les agriculteurs qui désirent se livrer à la culture de la Ramie trou- vent au siège delà Société dirigée par M. P. A. Favier, le promoteur de cette vaste entreprise, les renseignements les plus précis et les plus consciencieux sur les exigences de cette culture, les conditions climaté- riques indispensables, le rendement de la plante, etc. » — M. Paillieux fait connaître dans une note intéressante (voy. au Bul- letin) les résultats satisfaisants qu'iJ a obtenus de la culture de plusieurs végétaux alimentaires exotiques, et il met sous les yeux de l'assemblée de beaux spécimens de ces plantes nouvelles. — En faisant remarquer qu'il y aurait intérêt cà se rendre exactement compte des qualités de ces légumes d'importation récente, M. le Prési- dent émet l'idée qu'il conviendrait d'en faire l'essai dans un banquet organisé par la Société, banquet dont le menu comprendrait naturelle, ment aussi les animaux nouvellement acclimatés. — M. Camille Dareste rend compte de ses recherches sur les conditions 728 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION. physiques de l'incubation et présente le résumé des observations qu'il a faites concernant le rôle de la température, de la ventilation et de l'état hygrométrique de l'air sur le développement de l'embryon. (Voy. au Bulletin.) — M. Millet fait connaître que d'après les recherches auxquelles il a procédé, en France, concernant la maladie des Écrevisses, sur quatre- vingt-six départements, soixante-treize sont peuplés de ces Crustacés; or, sur soixante-treize départements, quatorze se trouvent légèrement atteints parla maladie, et cinquante-neuf le sont très gravement; les Écrevisses y ont déjà presque complètement disparu. L'épidémie pré- sente donc un caractère d'extrême gravité, et il importe de l'étudier avec beaucoup de soin. Aussi M. Millet exprime-t-il le désir que les membres de la Société qui seraient en mesure de recueillir des renseignements sur cette question veuillent bien en donner communication. A celte occa- sion, M. Millet met sous les yeux de l'assemblée un spécimen du Distome considéré comme étant la cause de la maladie des Écrevisses. Le Secrétaire des séances, C. Raveret-Wattel. JARDIN D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE RAPPORT PRÉSENTÉ AU NOM DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Par M. A. GEOFFROY SAITVT-HILAIRE DIRECTEUR DU JARDIN A rAssenibléc Kcnérale ordinaire dcsAciionnaircs du 21 avril 1885. PRESIDENCE DE M. JACQUEMART. M. le Président expose que l'Assemblée ordinaire est régulièrement constituée, attendu qu'elle se compose de 54 personnes et de 1398 ac- tions présentes ou représentées, soit un capital de 349,500 fr., tandis que l'article 29 des Statuts exige seulement la présence de quarante Action- naires représentant le dixième du capital social, soit 100,000 fr. M. le Président expose ensufte que, conformément à l'article 33 des Statuts, la convocation des actioimaires a été faite par des lettres indi- viduelles el par un avis inséré le 20 mars dans le Journal officiel, le Droit et les Petites Affiches. — Ces trois journaux sont déposés sur le bureau à la disposition des scrutateurs. Conformément aux dispositions de l'article 35 des Statuts, les deux plus forts actionnaires présents, MM. Jouas et Bertot, sont appelés au bureau et y pi'ennent place en qualité de scrutateurs. Le Bureau, ainsi constitué, cboisit pour secrétaire M. Ménard. M. le Président expose que l'Assemblée générale ordinaire a spéciale- ment pour objet d'entendre et d'approuver les comptes de l'année 1882, dont un tableau a été remis à cliaque actionnaire au moment de son entrée en séance, et il invite M. Geoffroy Saint-Hilaire, directeur du Jardin zoologique d'Acclim.ilation, à donner lecture du rapport présenté à MM. les actionnaires au nom du Conseil d'administration. Ce rapport est ainsi conçu : Messieurs les actionnaires , Nous avons l'iioniieur de présenter à l'Assemblée générale, au nom du Conseil d'administration, les comptes de l'année 1882. Cet exercice, comme vous le verrez, a donné des résultats satisHii- sants, qui sont venus confirmer les espérances dont nous avions cru pou- 730 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. voir vous entretenir l'an dernier. Vous trouverez ci-dessous les chiffres du bilan arrêté le 31 décembre 1882. Bilan au 31 décembre tSS« . ACTIF. Valeurs immobilisées. Création du Jardin, immeubles, constructions, serres. 1,623,550 83 Valeurs l'éalisables. Animaux 366,763 15 \ Approvisionnements 173,938 40/ 7^p 77* on Cautionnement 5,000 » l ' Mobilier 1 71,073 25 ) Valeiu's disponibles. Caisse 487 05 \ Effets à recevoir » » | 73,426 10 Débiteurs divers 72,939 05 ) Total 2,413,751 73 PASSIF. Engagements sociaux. Capital-Actions (4000 actions émises à 250 fr.) 1,000,000 » Engagements envers les tiers {à terme). Dette consolidée : 845 obligations à 470 fr. (Solde des 1060 oblig' émises sur l'emprunt autorisé de 1200.) 397,150 » [Exigibles.) Service de l'emprunt : obligations sorties \ aux tirages et intérêts des coupons. 24,300 » > 387,422 25 Créanciers divers 363,122 25 ) 1,784,572 25 Solde du compte profits et pertes employé en con- structions nouvelles (pour balance) 629,179 48 Total 2,413,751 73 Passif. Nous trouvons au passif du bilan ci-dessus : 1° Le capital fourni initialement par les actionnaires, soit un million de francs ; 2° Ce qui reste dii sur l'emprnnt émis en 1876, déduction faite des obligations amorties jusqu'au tirage du 15 décembre dernier (1882), soit 397,150 francs. Au 1^"^ janvier 1883, deux cent quinze obligations avaient été extraites de la roue et successivement remboursées. SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 731 3" Dans le passif que nous soumettons à voire examen, les engage- ments exigibles comptent pour 387,42:2 fr. 25, c'est-à-dire que l'impor- tance de notre dette exigibie s'est amoindrie dans le courant de l'exercice 1882. C'est une amélioration sur laquelle nous aimons, Messieurs, à attirer votre attention. \etit. L'actif porté au bilan qui vous est présenté comprend : 1" Les valeurs immobilisées, c'est-à-dire les sommes employées pour la création et le développement du Jardin zoologique d'Acclimatation depuis sa fondation. En outre du million initialement reçu des actionnaires, les bénéfices de l'entreprise ont été successivement employés, jusqu'à concurrence de 623,550 fr. 83 (1), en améliorations et en constructions nouvelles, ce qui porte à 1,623,550 fr. 83 ce que coiite à ce jour l'établissement que vous avez fondé sur la concession reçue de la Ville de Paris. Dans le courant de l'exercice 1882, le compte qui nous occupe s'est (1) Résultats annuels de l'exploitation du Jardin Zoologique d'Acclimatation de 1860 à 1881. Insuffisance Excédent (les Receltes des Recettes 1860 (3 mois) 4.,982 40 1861 39,341 54 1862 90,186 17 1863 77,461 52 1864 52,967 88 1865 15,053 05 » ., 1866 25,217 65 1867 45,243 70 1868 40,148 64 » » 1869 19,608 .) 1870 51,799 35 1871 41,551 16 .1 » 1872 22,356 ). 1873 27,250 » 1874 40,382 40 1875 27,757 60 1876 17,004 75 1877 83,852 05 1878 96,049 90 1879 91,734 88 1880 46,829 80 » « 1881 102.746 20 1882 146,225 65 Total 314,871 98 901,872 86 Le total des insiiflisances de recettes, les années 1870 et 1871 (gucrro franco- allemande et comuHine) comprises, est de 314,871 fr. 98. Le total'des excédents de recettes réalisés, de 901,872 fr. 86. Depuis son commencement jusqu'au 1" janvier 1882, l'exploitation a donc produit 587,000 fr. 88 de plus qu'elle n'a coûté. 78*2 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. sérieusement augmenté. La construction des parquets de commerce, que nous avions attendus si longtemps, l'amortissement du bâtiment du ma- nège et divers travaux de moindre importance représentent ensemble une dépense de /i2,432 fr. 75, qui est venue s'ajouter au chiffre des va- leurs immobilisées figurant dans l'actif. Constructions nouvelles faites en 1882 : Parquets de commerce 25,212 90 Mur (iu chenil 3,500 » Amortissement du manège 11,445 85 Divers 2,274. » Total 42,432 75 2° Les valeurs réalisables comptent pour 716,774 fr. «0 dans le bilan que nous vous présentons. Le tableau suivant vous fera connaître les éléments constituant ce chiffre important : 1879 1880 1881 U A. Collection des animaux. 363,835 35 368,591 85 341,878 65 366,763 15 B. Plantes diverses disponi- bles 34,504 40 55,385 55 96,fil4 .. 116,458 35 C. Mobilier et outillage.... 77,012 10 91,402 90 99,0:8 90 102,937 15 b. Approvisionnements di- vers, chauffage , nour- riture, librairie, etc. . . 32,923 45 41,84175 40,870 10 50,093 05 E. Tramway extérieur, voie et matériel » » >> « 65,062 80 69,922 10 F. Cautionnement déposé dans les caisses de la Ville de Paris 5,000 » 5,000 » 5,000 » 5,000 » C Outillage et matériel à Meulan 579 25 1,408 90 1,578 » 5,601 » Total 710,774 80 Comme vous le voyez dans ce tableau, la valeur de la collection des animaux, qui avait notablement diminué à la fin de l'année 1881, a re- pris son importance ordinaire. Les collections zoologiques, principale attraction de rétablissement, doivent être soigneusement entretenues; il faut qu'elles soient abondantes et variées. Le cbiff're représentant la valeur des plantes disponibles est devenu .onsidérable. Pour approvisionner comme il convient nos serres, pour pouvoir répondre aux besoins croissants de notre commerce de végétaux, nous avons dû faire des achats nombreux. Aujourd'hui nous sommes en possession d'approvisionnements suffisants. L'outillage existant à notre petite succursale de Meulan a pris, dans SITUATION FINANCIERE DU JARDIN. 733 le courant de cette année, une certaine importance; aussi voyez-vous figurer la valeur de ce matériel pour une somme supérieure de 4,000 fr. au chiffre de l'an passé. Cette succursale nous rend, comme dépôt, les plus grands services; elle nous permet de conserver dans de bonnes conditions certains ani- maux qui, faute de locaux suffisants, réussiraient mal au bois de Boulogne. 3° Les valeurs disponibles figuî-ant à l'actif représentent 73,4*26 fr. 10. Des chiffres que nous vous avons présentés, il résulte que pendant l'exercice 1882, la situation sociale s'est améliorée de 146,225 fr. 65. Dans le compte d'exploitation que nous vous présentons ici, vous verrez les éléments de recettes auxquels nous devons ce résultat. Compte d exploitation de i'excreice 18S3. Recettes. Subvention du Ministère de l'Agriculture Participation sur cotisations des membres de la Société d'Acclimatation Entrées du Jardin Abonnements Promenades Location des chaises Exposition permanente .... Loyer du buffet Manège Dons d'animaux .... Bénéfice du compt^ animaux, mortalité déduite Saillies Ventes des œufs Bénéfice du compte graines et plantes Librairie Pré-Catelan Succursale de Meulan Tramways 6,000 » 5,165 » 534,874 60 13,925 » 46,896 75 14,567 » 6,626 55 22,620 40 18,460 10 560 ). 42,074 55 3,938 1. 12,772 05 23,756 » 5,341 75 10,888 35 373 75 43,168 80 \ 812,008 65 Dépenses. Personnel Uniformes Nourriture des animaux., Aquarium Entretien des bâtiments. Entretien des clôtures. . . Entretien du Jardin Abonnement des eaux. . . Chauffage et éclairage. . . . Mobilier industriel et outil- lage. Outils de jardinage Concerts Omnibus Frais de bureaux Frais de correspondance. . Publicité Loyers Assurances Impositions Timbre et impôt des ac- tions et obligations Assemblée générale Frais généraux Rucher Galibis Intérêts des obligations.. . . 165,087 10 12,562 55 179,250 75 3,092 25 32,513 20 11,722 65 5,804 20 3,251 50 12,804 15 38,238 80 314 30 33,012 05 2,297 95 7,056 05 6,457 70 10,569 40 4,631 25 1,313 95 4,754 90 2,317 50 772 75 24,646 65 1,337 50 80,073 90 21,900 .. Total des dépenses de l'exercice 1882 665,783 « Excédent des recettes de l'exercice 1882(1) 146,225 65 Total 812,008 65 (l) Le compte profits et pertes présentait, au 31 décembre 1881, un solde créditeur de 482,953 83 A ajouter le bénéfice de l'exercice 1882 146.225 65 Total égal au chiffre porté au bilan 629,179 48 1:U SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. Uc penses. Le lotal des dépenses pour l'année 1882 s'est élevé à 665,783 francs. Le personnel et Ja nourriture constituent, comme toujours, la plus lourde charge dans le budget; mais, dans l'exercice qui nous occupe, malgré l'activité croissante de l'entreprise, les divers chapitres de dépenses sont restés dans les limites normales. Nous aurons donc à attirer votre attention seulement sur les frais résultant de l'exposition ethnographique fuite cette année. Ils se sont élevés à 80,073 fr. 90. En nous occupant des recettes, nous vous montre- rons que cette dépense n'a pas été improductive. C'est de r.\mérique du Sud que nous sont venus cette fois les hommes, les femmes et les enfants qui ont vécu pendant les mois d'août et sep- tembre sur la pelouse du Jardin zoologique d'Acclimatation. Les Galibis que nous avons présentés au public appartiennent à la race des Caraïbes, autrefois maîtresse des Antilles et de la plus grande partie de l'Amérique centrale. .\ujourd'hui déchus de leur ancienne prépondérance, ces Indiens se rencontrent dans les Guyanes, groupés en petites tribus sur le bord des lleuves, vivant de chasse, de pèche et cultivant le manioc, le maïs et la banane dans des ahatis pratiqués dans la forêt, auprès de la résidence choisie. Le public du Jardin zoologique d'Acclimatation a fait le meilleur ac- cueil à cette nouvelle exhibition ethnographique. Recettes. Les recettes des entrées ont donné, en 1882, 534,874 fr. 60. Bien que ce résultat soit inférieur de 10,000 francs environ à celui de 1881, il est absolume.it satisfaisant. En effet, à un printemps très favorable a succédé un été absolument déplorable ; la pluie pendant les mois d'août et sep- tembre a contrarié très sensiblement nos recettes. La présence des Galibis a amené au Jardin un nombreux public. Pen- dant le séjour de ces Indiens dans l'établissement, nous n'avons pas reçu moins de quatre cent raille visiteurs, qui ont produit une recette de plus de 200,000 francs. Le bénéfice donné par le compte des animaux est plus considérable que l'an dernier, puisque de 25,000 francs il s'est élevé à 42,000 francs. Aujourd'hui, en possession des parquets de commerce dont le Conseil d'administration a autorisé la construction, nous povuvons espérer mieux encore. Le bénéfice du compte graines et plantes mérite également de fixer votre attention. En 1880, le commerce des végétaux nous avait donné un profit de 9,105 fr. 30; en 1881, 16,408 fr. 60; en 1882, nous avons un profit de 23,756 francs. Ce résultat est satisfaisant. SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 735 Enfin, en terminant, nous devons vous signaler le produit de l'exploi- tation du tramway miniature qui fait le service entre la porte Maillot et le Jardin zoologi(|ue d'Acclimatation. L'établissement de la voie ferrée, la création du matériel ont été, vous le savez, très onéreux; les frais quotidiens de ce service, dont vous connaissez l'activité, nous imposent de lourdes charges, et cependant nous ne saurions nous féliciter assez de la création de ce tramway, car il donne à nos visiteurs un inappréciable moyen de transport. En nous autorisant à établir ce chemin de fer, l'administration supérieure s'est acquise des titres sérieux à la reconnaissance de notre nombreux public. En résumé les recettes de toutes natures se sont élevées en 1882 à 812,008 fr. 65 Les dépenses à 665,783 fr. >i D'où il résulte que l'excédent des recettes est de 14'6,225 fr. 65 Cet excédent de recettes a été employé de la façon suivante : 1° Travaux neufs ; valeurs immobilisées 42,4'32 fr. 75 2" Augmentation des valeurs réalisables portées à l'actif. (Animaux, plantes, etc.) 66,712 35 3' Diminution du passif et remboursement d'obligations, etc. 37,080 55 Total U6,225 fr. 65 De ces explications il résulte que les bénéfices réalisés en 1882 ne nous permettent pas encore de constituer les réserves prescrites par nos Statuts. Avant peu nous y parviendrons, car les collections de l'établis- sement, le matériel et l'outillage sont aujourd'hui au complet, et, par conséquent, les excédents des recettes seront disponibles dans un pro- chain avenir. IN'ous avons en terminant, Messieurs, à vous demander l'approbation des comptes présentés et le renouvellement du mandat des administra- teurs sortants. Après avoir consulté l'assemblée, M. le ['résident met aux voix l'ap. probation des comptes de 1882, tels qu'ils ont été présentés dans le rap- port de M. le Directeur. Ces comptes sont approuvés à l'unanimité, moins une voix. Il est ensuite procédé au renouvellement des membres du Conseil l'administration sortants. MM. F. JACOUEiMART, Comte d'ÉPREMESNIL, Duc DK FITZ-JAMES, Alfred CUANDIDIER, Maurice dk SAlM-l'AlL, Vicomte de SAlNT-l'lERIlE, Raron Paul TlIÉNARD, administrateurs sortants, sont réélus à l'unanimité. 736 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. PIÈCES ai\ivexi<:es CONSEIL MUNICIPAL DE LA VILLE DE PARIS RAPPORT Présenté par M. de Routeiller, au nom de la b^ Commission, sur une demande formée par la « Société du Jardin d'Acclimatation », à l'effet d'obtenir la prolongation de son bail au bois de Boulogne pour une période de quarante an7iées. (Annexe du procès-verbal de la séance du 16 juin 1882.) Messieurs, l'objet du présent rapport est simplement d'introduire devant vous une demande de prolongation de concession, présentée par la Société du Jardin zoologique d' Acclimatation. Cette Société occupe, au bois de fioulogne, un terrain de vingt hectares en- viron qui lui a été concédé pour une période de quarante années, à partir du 1" janvier 1859. Dans une lettre reproduite à la fin de ces pages (1), son direc- teur, M. Ceoffroy Saint-Hilaire, expose que pour améliorer les conditions jus- qu'ici difficiles dans lesquelles se poursuit l'exploitation du Jardin, il faut : 1° que les recettes de la saison d'hiver puissent être augmentées; 2" que l'en- treprise possède un fonds de roulement. Ces deux résultats exigeant, pour être atteints, l'emploi d'une somme de deux millions qui servira à constituer une encaisse disponible et surtout à élever des constructions nouvelles, propres à devenir autant de centres d'attraction pour le public, M. Geoffroy Saint-Hilaire sollicite du Conseil une prorogation de bail de quarante ans, nécessaire à l'amor- tissement du capital consacré aux améliorations détaillées dans son mémoire. Des plans indiquant les constructions futures sont joints à la pétition. L'Administration a émis un avis favorable à la requête ici analysée. La 5» Com- mission a conclu dans le même sens. Un projet de délibération conforme à la demande de la Société du Jardin d'Acclimatation figure donc plus loin, sous le bénéfice des conclusions qui vont suivre. Un mot, d'abord, sur l'origine du Jardin et sur le caractère de ses relations avec la Ville de Paris. Comme il est dit plus haut, son existence date du 1" janvier 1859. A cette époque, cinq membres du bureau de la Société d'Acclimatation, parmi lesquels fi'^uraitM. Isidore-Geoffroy Saint-Hilaire, le distingué savant, père du directeur actuel de la Société, obtinrent une concession de vingt hectares de terrain au bois de Roulogne, en vue d'y établir un jardin zoologique destiné à l'acclima- tation, à la multiplication et à la diffusion de toutes les espèces animales ou végétales, dignes d'intérêt par leur utilité ou par leur agrément. Certaines clauses, énumérées dans un cahier des charges, garantissaient les droits de la Ville. Il était stipulé, notamment, que les concessionnaires payeraient chaque année à la caisse municipale une redevance de mille francs, « pour constater les droits de propriété de la Ville » ; que les bâtiments élevés sur l'emplacement concédé (1) Cette lettre a été reproduite dans le Bulletin de 1881. Voyez 3° série, tome VIII, page cxxxiv et suivantes. SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 7:^7 resteraient, après l'expiration du bail, « la propriété de la Ville » ; que, « dans le cas où les concessionnaires répartiraient, à litre de bénéfices, une somme quelconque entre leurs actionnaires, une somme égale devrait être versée par eux dans la caisse municipale, à titre d'indemnité pour l'occupation des lieux. » Les travaux commencèremt en juillet 1859. Dirigés successivement par M. Mit- ciiel, directeur du Jardin de la Société royale zoologique de Londres, \ydr M. Rufz de Lavison, puis par MM. Davioud et Barillet-Desclianips, l'un architecte, l'autre jardinier en chef de la Ville, ils furent terminés en quinze mois, sous la surveillance de M. Alphand, alors ingénieur en chef des promenades et plan- ' talions. Le 6 octobre 1860, le nouvel établissement était inauguré officiellement. Le l'J juin 1865, M. Albert-Geoffroy Saint-Hilaire, qui avait collaboré active- ment à la création du Jardin, était appelé aux fonctions dont il est, depuis lors, demeuré investi. Il serait long et inutile de suivre ici, dans ses phases successives, le! dévelop- pement du Jardin d'Acclimatation ; mais il est un incident de son histoire qui demande à être rappelé, parce qu'il caractérise la sollicitude dont la Ville s'est toujours montrée animée à l'égard de cet établissement. Eu 1871, à la suite des deux sièges qui avaient ébranlé l'entreprise, au point qu'on pût douter qu'elle se relevât jamais de cette double épreuve, le Conseil municipal vint au secours de la Société en détresse, en lui accordant une subvention annuelle de 60,000 francs payable trois années durant. « Le Jardin d'Acclimatation, disait alors notre ancien collègue, M. Dubief, n'est pas seulement une charmante promenade qui attire les Parisiens et les étrangers, non sans profit pour les communes voi- sines et pour Paris lui-même; c'est en outre et surtout un établissement indus- triel dont la création a comblé chez nous une véritable lacune, d'autant plus sen- sible 'qu'elle n'existait pas chez nos voisins. Comment consentirions-nous à priver la première ville d'Europe, la capitale d'une contrée agricole, d'une insti- tution qui intéresse l'agriculture et le développement de la richesse du pays? » Le rapport concluait au vote de la subvention ci-dessus chiffrée. Évidemment ce souvenir aussi bien que celui des conditions quasi gratuites dans lesquelles la Ville s'est prêtée à la fondation du Jardin, constituent une tradition, toute de protection et de bienveillance, dont la Commission devait s'inspirer dans l'examen de la requête ici étudiée. Cela dit, Messieurs, il y a lieu de se demander: 1" si les constructions pro- jetées par la Société du Jardin zoologique d'Acclimatation sont d'une importance proportionnée à la durée de la prorogation sollicitée; 2° si la Société a justifié, parla rigoureuse exécution de ses précédents engagements, la nouvelle faveur qu'elle réclame aujourd'hui du bon vouloir de la Ville. Sur le premier point, une note de M. Huet, ingénieur en chef des promenades,' édifiera le Conseil. « Il résulte, dit ce document, du rapport de M. l'arcliitecle des promenades, que les constructions que se propose de faire la Société du Jardin zoologique d'Acclimatation, en \\ie spécialement d'accroître les recettes de la saison d'hiver, saison toujours onéreuse pour l'exploitation, n'augmente- ront pas de moins de 1,100,000 francs la valeur de la propriété.qui,^ en fin de concession, doit faire retour à la Ville. Nous sommes donc d'avis que l'Admi- nistration municipale a tout intérêt à accorder la prolongation demandée.' » Relativement au second point, la Commission n'a cru pouvoir mieux faire pour s'éclairer, que d'inviter l'Aduiinislration à la renseigner, par voie d'enquête sur la gestion du Jardin d'acclimatation. Cette enquête, qui rentre dans les droits 3' SÉRIE, T. X. — Décembre 1883. 47 •V 738 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. de la Ville, n'avait pas été faite depuis 1873, époque où le Conseil accorda au Jardin la subvention précédemment rappelée. Confiée à M, Martinet, inspecteur des caisses et comptabilités municipales, exécutée avec un soin qu'a d'ailleurs secondé l'empressement de la Société à lournir toutes les indications qui lui étaient demandées, elle a porté sur la période comprise entre 1874 et 1880 et donné lieu aux conclusions que voici : « De l'examen des bilans, des livres et des rapports présentés à l'assemblée générale des actionnaires, écrit M. Martinet, il résulte que la Société du Jardin a changé son mode d'opération, et qu'elle s'est écartée du but en vue duquel elle avait été fondée. Elle n'a pu, faute des moyens nécessaires, rester dans les limites qu'elle avait cru pouvoir assigner à son activité, c'est-à-dire s'adonner exclusivement à l'acclimatation, à la multiplication et à la propagation des es- pèces animales et végétales (1). Elle a dû étendre, pour vivre, ses moyens d'action, en groupant autour d'elle des exploitations multiples qui, par un rendement journalier, permettent, dans une certaine mesure, de diminuer des charges que les seules recettes des jours fériés ne lui auraient pas permis de supporter. C'est ainsi qu'à l'aide du traité passé avec la Société du Pré Cate- laa (2), elle utilise pendant la semaine la plus grande partie des poneys qu'elle emploie le dimanche pour les promenades et le service des tramways. C'est ainsi également que le manège occupe pendant la semaine un certain nombre de chevaux, dont la location vient diminuer les frais généraux. En résumé, les recettes n'ont cessé de s'accroître ; les diverses innovations introduites par la Société ont donc été assez heureuses, et il n'est que vrai de reconnaître que le Jardin d'Acclimatation, devenu comme une sorte d'établisse- ment d'utilité publique, est aujourd'hui Fun des agréments et l'une des attrac- tions les plus marquées de la capitale. Il semble, à ce point de vue, avoir droit à la sympathie et aux encouragements de l'Administration municipale. Mais en présence de^cet accroissement soutenu dans les recettes, où faut-il donc cher- cher les causes de cette situation précaire qui n'a permis, à aucune époque, de distribuer un intérêt quelconque au.x. actionnaires et moins encore un dividende? Ce n'est pas dans les livres, dont l'examen n'a donné lieu à aucune observation — au contraire ; mais dans les frais généraux de toutes sortes (jui sont les côtés ruineux de l'exploitation, dans le prix très élevé des fourrages et des grains, surtout dans la mortalité excessive des animaux, mortalité accrue dans une no- table proportion par les hivers rigoureux qui se sont succédé sans interruption depuis plusieurs années et par l'insuffisance des locaux occupés par ces ani- maux ; aussi, dans le manque de moyens de communication que le tramway- miniature n'a qu'en partie atténué ; enfin dans l'absence du seul élément qui permette de mener à bonne fin les grandes entreprises : les capitaux. » Voilà, Messieurs, les considérations et les extraits que le Rapporteur a cru utile de vous soumettre, soit en guise de préface à la requête détaillée de M. Geoffroy Saint-Hilaire, soit à l'appui de l'avis de la 5° Commission. Celle- (1) M. Geoifroy Saint-Hilaire a fait observer au rapporteur qu'il serait plus exact de dire que, pour subvenir à des besoins sans cesse croissants, la Société, sans abandonner en rien l'objet en vue duquel l'établissement a été créé, a ad- joint à son exploitation diverses branches collatérales, qu'on peut d'ailleurs con- sidérer comme le développement naturel de l'institution. (2) Des explications de M. Geoffroy Saint-Hilaire il résulte qu'en réalité il n'y a pas eu de société. SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. 789 ci s'est, (railleurs, préoccupée de diverses ([uestions iiiciuentes, que soulevait la demande dont vous êtes saisis (1). Elle a fait consacrer, comme un droit, la très large hospitalité offerte par le Jardin aux élèves des écoles communales, hospi- talité qui, du 1°^ janvier au 30 octobre 1881, a dépassé le chiffre de quatorze mille admissions. Elle a signalé au directeur du Jardin l'intérêt scientifique ou'il y a à ce que l'établissement allie, dans la mesure compatible avec les né- cessités de son existence, racclimatation proprement dite des plantes et des animaux, aux transactions commerciales qui ne laissent pas, au surplus, d'être, dans de nombreux cas, un instrument puissant de vulgarisation. Elle a invité la Direction à adresser tous les trois ans au Conseil municipal un rapport détaillé de ses opérations. Des leltrcs publiées parmi les pièces afmexées constatent les réponses faites et les engagements pris. « Nous serons toujours heureux, dit l'une d'elles, de mettre le public et le Conseil municipal de la Ville de Paris au courant des efforts que nous faisons pour mener à bien l'entreprise qui, mise enfin en possession de moyens d'action suflisants, va pouvoir prendre un nou- vel essor et répondre d'une façon plus complète au but que nous poursui- vons. )i La Commission esjière qu'en effet la nouvelle libéralité de la Ville à l'égard du Jardin d' Acclimatât io)t portera ses fruits au profit du public de la capitale ; au profit aussi du développement d'une œuvre qui semble ne plus attendre que d'être lécondéc par le capital, pour produire des résultais proporlionnés à l'iiu- porLaiice de son but et à la sollicitude désintéressée de ses collaborateurs. De là lo projet de délibération suivant. Paris, le 16 juin 1882. Le Rapporteur, De BOUTEILLER. CONSEIL iMUNIGIPAL DE LA VILLE DE PARIS {Séance du 31 juillet 18S2). Le Conseil, vu la lettre de M. Geoffroy Saint-Ililaire, par laquelle il demande, au nom de la Société du Jardin d'Acclimatation, l'autorisation défaire des tra- vaux dans ce jardin, et une prorogation de quarante ans de la concession pri- mitive, ensemble les plans à f appui; Vu le rapport de M fingénieur en chef des promenades; Vu le mémoire, en date du 13 octobre 1881, par lequel M. le Sénateur, Préfet de la Seine, soumet au Conseil la demande de ladite Société; DÉLIBÈRE : Il y a lieu de proroger, pour une durée de quarante ans, à partir du 1" janvier 18'JD, la concession faite d'un terrain au bois de Boulogne, à la Société dite le Jardin d' Acclimalalion, et à autoriser cette Société à élever les constructions conformes aux plans joints à la présente délibération. (1) La 5° Commission (Architecture et Benux-Arls) est composée de MM. Ilattat, Président; Holl, Secrétaire; de Bouteiller, Gernesson, Collin, Del- homme, Dubois, Jobbé-Duval. 740 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. ARRETE PREFECTORAL Le Préfet de la Seine, Vu la délibération prise par le Conseil municipal de Paris, en date de 31 juillet 1882, portant: « Qu'il y a lieu de proroger, pour une durée de quarante ans, à partir du Il 1" janvier 1809, la concession faite d'un terrain au bois de Boulogne, à la Il Société dite le Jardin d'Acclimatation, conformément au cahier des charges Il rectifié, et d'autoriser cette Société à élever des constructions conformes aux u plans joints à ladite délibération. » Vu l'arrêté approbatif de cette délibération, en date du 30 août suivant; en- semble le cahier des charges précité : Arrête : Article 1". — La jouissance des terrains concédés par actes admi- nistratifs des 2G mars 1858 et 25 aoiit 1859, à la Société du Jardin zoologique d'Acclimatation est prorogée de quarante ans, à partir du 1" janvier 1899, sous les clauses et conditions relatées dans le cahier des charges annexé à la déli- bération susvisée. Les charges annuelles sont évaluées pour la perception des droits d'enregis- trement, à la somme de deux mille francs. Article 2. — Ampliation du présent arrêté sera adressé : 1°A la Société concessionnaire; 2° A la Direction des finances, en double; 3° A M. le Directeur des travaux. Fait à Paris le 2 décembre 1882. Pour le Préfet et par délégation Le Secrétaire général de la Préfecture Signé.: J. G. Vergniaud. ÉTAT DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION DE FRANCE du l^"" janvier au 31 décembre 1883. Baird (le professeur Spencer F.), commissaire des pêche- ries des Etats-Unis. Baltet (Charles). BaRRAU DE MURATEL (de). Behr (de), président de l'As- sociation allemande de pis- ciculture. ,»'!»- ■■■' Casati (le comte Gahrio). Cazenove (Raoul de). David (M"'^). Gauthier. iiédiard. Jardin d'acclimatation Ll'UVKRES. Leroux (Jules). Mac-Donald (le colonel). Masson (A.). Matiiey. Mollinger (Godefroy). Munier. OBJETS DONNES. Œufs oudiryonnés de Salmo fontinnlis ei Namayciish, de Coregomis albus et de Salmo salar, var. Sebago. Graines de Lo-za (Rhamnus utilis). Graines diverses. Coulitures de Pastèque à graine rouge. Œufs einbryonnés de Salmo carpio et salvelinus, de Corcgonus Marœna et albula et de Truite des lacs. Graines de Balsamine géante (Impa- tiens glanduligera). Quarante grammes de graines de Se- ricaria mori. Graines de Soya. Graines à'Artocarpm incisa. Graines de Riz de montagne. Graines diverses. Semence de Soya noir. Noix de Juglans nigra. Un modèle d'échelle à Saumons. Graines de trois variétés de Melons des Etats-Unis. Souchet comestible. Graines diverses. Cocons vivants de divers séricigènes. (îraines diverses des Etats-Unis. Graines de Sericaria mon. im SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION. DONATEURS. OBJETS DONNÉS. OUNOUS (Léo (]'). Graines diverses. Paillieux (Aug.). Graines diverses. Sirop de Pliysalis Peruviana. Flacons de Pickles. Plants de Stachys affinis. Pruns (le marquis de). Echantillons de terres de la Limagne RODIER, viticulteur, à Briaro. ROMANET DU CAILLAUD. Saint-Quentin (de). Sarazin (François). Vavin (Eugène). Wailly (Alfred). Un appareil pour le soufrage des vignes. Graines de Vignes chinoises. Graines de Citriis ladaniferus et de Nicotiana glauca. Semences de Rhns vernicifera. Graines diverses. Séricigènes exotiques. OUVRAGES OFFERTS A LA RIBLIOTHÈQUE DE LA.SOCIBTÉ. AniiOTT (Charles C). — Primitive industry. Salem-Massachusetts. George A, Butes, 1881, 1 vol. in-8, nombreuses figures. Annuaire statistique de la France, sixième année 1883. Paris. Imprim, Nationale. Ministère du commerce. Annual Report of tlie commissioners of fislieries of the State of New-York Tor the year 1881. Aibany, 1882. SethGreen. Annual Report of the Trustées of the New-York State Library, 1880, 1881 et 1882, 3 vol. in-8. Association française pour l'avancement des sciences, compte rendu de la 10^ session. Alger, 1881, au Secrétariat de l'Association, à, rue Antoine- Dubois, 1 vol. in-8. Baltet (Charles). — Visite à la villa Tourasse,'^à Pau (Basses-Pyrénées), le 3 no- vembre 1880. Troyes, imp. et lilh. Dufour-Bouquot, 1881, 1 broch. in-8. L'auteur. Baltet (Ernest). — Semis d'arbres fruitiers pour la recherche de nouvelles va- riétés. Troyes, imp. etlitli. Dufour-Bouquot, 1883, 1 broch. in-8. i< auteur Bastide (L.). — Précis de l'iiistoire et de la géographie de Bel-Abbès et de son arrondissement. Oran, typ. Ad. Perrier, 1881, 1 vol. in-8. L'auteur. — Établissements agricoles de L. Bastide. Orau, 1878, 1 broch. in-8. L'auteur. — Chemin de fer de Tlemcen. Comparaison entre la ligne directe et la ligne par Bel-Abbès. Oran, typ. Ad. Perrier, 1878. 1 broch. in-8. L'auteur. — Courte description de l'Algérie, du département d'Oran et de Sidi-Bel- Abbès. Oran, typ. Ad. Perrier, 1878, 1 broch. in-8. L'auteur. — L'Agriculture dans le département d'Oran. Rapport sur le concours des exploitations pour la prime d'honneur eu 1877, Oran, imp. J. Gérard, 1878. 1 vol. iu-8. L'auteur. Bernou, pharmacien. — Étude de l'écorcedu Sapotillicr [Journal de médecine et de pharmacie de l'Algérie, 1881). Docteur Bertherand. Beiitiierand (le docteur). — La globulaire turbith, Alger, 1870, imp. Aillaud et G'«, broch. in-8. L'auteur. — Utilisation de l'eau de fleur du Citronnier (extrait du Journal de Médecine et de Pharmacie de l'Algérie, avril 1881). L'auleur. — Études chimiques et médicales sur l'écorcede Sapotillicr (extrait du Journal de médecine et de pharmacie de l'Algérie, juillet, 1881), 1 broch. avec planche. L'auteur. — L'Arcnaria rubra dans la gravelle et le catarrhe vésical. Alger, 1878, imp. Victor Aillaud et C , 1 broch. L'auteur. — Conseils aux Arabes sur les végétaux dangereux de l'Algérie. Alger, 1879, imp. V. Aillaud et C'^, 1 broch. L'auleur. TM SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Berthera>d (le D''). — L'Aceras Anthropophora. Alger, 1866, imp. Paysan et G'% 1 broch. L'auteur. — Observations sur le règne végétal au Maroc, par P. K. A. Scliousboe, édi- dition française-latine avec planches. Paris, imp. Baillière et fils, 1 vol. L'auteur. — Des ressources que la matière médicale arabe peut offrir aux pharmacies françaises en Algérie (extrait de la Gazette médicale de l'Algérie). Alger, 1879. imp. A. Bourget, 1 broch. L'auteur. — L'Eucalyptus au point de vue de l'hygièneen Algérie. Alger, 1876. Typogr. V. Aillaud et C'% 1 broch. L'auteur. — Le noyau de dattes au point de vue des propriétés alimentaires thérapeu- tiques et industrielles de la fasiflcation du cale. Alger, 1882, impr. Fon- tana et C'*^, 1 broch. avec planclie. L'auteur. — Le Bambou au point de vue des dessèchements. Alger, imp. Lavagne. 1 broch. L'auteur. — Le musc de Gazelle au point de vue des applications thérapeutiques. Alger, 1878, imp. V. Aillaud et G , 1 broch. L'auteur. Bodchon-Brandely. — Rapport au ministre de la marine sur la génération et la fécondation artificielle des huîtres portugaises. Paris, 1882, imp. du Jom^- nal officiel, 1 broch. in-18. L'fiutcur. Bretschneidër (M. -P.). — Botanicum sinicum. Notes on Ghinese botany frora native and Western sources. London, 1882, 1 vol. in-8. L'auteur. Gantoni (Elvezio). — Liste générale des Mammifères sujets à l'albumine, tra- duction de l'italien et addition par Henri Gadeau de Kerville. Rouen, 1883, imp. Léon Deshayes, in-8. Le traducteur. Garrière (E.). — Pommiers microcarpes ou Pommiers d'ornement. Paris, librairie agricole de la maison Rustique, 26, rue Jacob, 1 vol. in-18, fig. L'auteur. Carvallo (Jules). — Théorie des nombres parfaits. Paris, 1883, chez l'auteur. 19, villa Saïd et chez les principaux libraires, broch. in-8. L'auteur. Ghamberland. — Le charbon et la vaccination charbonneuse. L'auteur. Ghitier (A.). — Etudes sur les causes du déboisement de l'Algérie et les moyens d'y remédier. Imp. Legendre, éditeur, 1 broch. in-12. Ligue du reboisement. Comité des travaux historiques et scientifiques. Rapports au ministre et arrêtés. Paris, 1883, Imp. Nationale, 1 broch. grand in~8. Congrès national des Sociétés françaises de géographie, 5^ session. Bordeaux, sept. 1882, Comptes rendus des travaux du Congrès, 1 vol. in-8. CouTANCE (A.). — Expériences de bord, établissant que les minimum de salure sont placés, sur le. trajet des courants et les maximum hors des courants marins. Extrait du Bulletin de la Société académique de Brest, imp. Gadreau, iii-18. , L'auteur. — De l'énergie et de la structure musculaire chez les Mollusques acéphales. Paris, 1879, J.-B. Baillière et fils, in-8, avec planches. L'auteur. — Romains et Zoulous. Extrait du Bulletin de la Société académique de Brest. Brest, imp. Halegouet, in-18. L'auteur. — Relations des Ciiampignons et des Algues dans la constitution des Lichens, Extrait du Bulletin de la Société académique de l'.rest. Imp. Halegouet, 11. rue Kléber, à Brest', in-18. L'auteur. — La lutte pour l'existence. Paris, 1882, C. Reinwald, éditeur, in-8.'L'auteur. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 745 CoNSTAiHCE (A.). — Souvenirs de Leyde. Extrait du Bulletin de la SociHé ncn- démique de Bfest, Brest, imp. Gadreaii, in-18. L'auteur. — Phénomènes de capillarité. Extrait du Bulletin de la Société académique de Brest. Brest, imp. F. Halegouet, in-18. L'auteur. — Analogie du climat de Brest avec celui de l'époque tertiaire. Extrait du Bulletin de là Société académique de Brésil. Imp. Gadreau, in-18. L'auteur. — Le Bouleau. Paris, 1881. Berger-Levrault, éditeur, in-8, 2 tableaux, 1 planche. L'auteur. — La Fonlaine et la philosophie naturelle. Paris, 1882, G. Reinwald, lib.- édteur, in-8. L'auteur. Cramoisy (le docteur). — Note sur la destruction du Puceron lanigère et par extension du Phylloxéra vastatrix. Communication faite à l'Académie des sciences le 23 janvier 1883. Union générale de la librairie, Ch. Bayle. Paris, etc., 10 et 11, rue de l'Abbaye, 1 broch. in-8. L'auteur. Dejernon (Romuald). — Les vignes et les vins de l'Algérie. Paris, 1883, libr. agricole de la maison Rustique, 1 vol. in-8. L'auteur. — Rapport à M. le préfet de Constantine (sur la vigne). Bone, imp. typ. Alexandre Carie, 1878, 1 broch. in-8. L'auteur. Favier) p. A.). — Nouvelle industrie de la Ramie, 2" édition. Avignon, imp. A. Groi, 1882, 1 vol. in-8. D'Arnaud Bey. Feddersen (A.). De Danske hav-fiskeries. Copenhague, 1883, in-û. L'auteur. FisHER (,lohn). — La pèche à toutes lignes, théorique, pratique et raisonnée, déduite de la connaissance de l'histoire naturelle des mœurs et des habi- tudes des poissons d'eau douce, etc. Paris, 1881, Gaston Samson, libraire- éditeur, 1 vol. in-18. L'auteur. Fondation de la Société statistique de Marseille, 55^ année. Compte rendu 1882. Rapport sur les concours. Marseille, typ. et litb. Cayer et C'*^, 1883, broch. in-8. Docteur A. Sicard. FoRBES (S.-A.). — The regulative action of birds upon insect oscillations. 1 broch. in-8. L^auteur. Gadead de Kerville (Henri). — De l'action du Mouron rouge sur les oiseaux. Extrait du Bull, de la Société de biologie, séance du 8 juillet 1882. Paris, imp. Ed. Roussel, in-8. L'auteur. — De l'action du Persil sur les Psittacidés. Extrait du Camte rendu de la Société fie biologie, séance du 20 janvier 1883, in-8. L'auteur. — Analyse d'un mémoire de M. A. Conil, intitulé : Etudes sur rAcridium Paranense. Rouen, 1883, imp. Léon Deshayes, 1 broch. in-8. L'auteur. GiRnwoYN — 0 Hodowli ryb j Przyrzadzie Wylegowym Wlasnego pomyslu. Warszawa, 1881, 1 broch. in-/i, pi. L'auteur. — Warszaskie Muséum rybactwa przez Karola Kozlowskiego. Biîbudowni- czcgo, 1^81, 1 broch. in-4, pi. L'auteur. — Projekt gospodarstwa rybnego Wyrozumowancgo (Szlucznego) stawowegoj vvegorzarni Dobrach zlolym Potoku .1. W. \\ . hr. Raczyuskich w krolestwie Polskiem 1881, 1 broch. in-/i, planches. L'auteur. — Pasozyty ryb naszyck. Warszawa, 1883,1 broch. in-8., planches. L'auteur. 746 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. GiRDWOYN. — Projekt gospodarstwa Rybnego jeziozrowego W Dobrach Dukszty J. W. W. Bieganskich W. Gubernji Kowienskiej. Warszawa, 1883, 1 broch. h\-à, plunches. L'auteur. — Lodzie Rybackie dlaNaszych jezior j Stawow. Warszawa, 1883, 1 brocb. in-4, planches. L'auteur. GoLL (H.). - Note sur le Lièvre alpin. Lausanne, 1883, imp. Havard, Guilloud, et C'^, 1 broch. in-8. L'auteur. Henneguy (V.-P.). — Sur un infusoire flagellée ectoporasite des poissons. Extrait des Comptes re?idus de l'Académie des sciences, 1 broch. grand in-8. L'auteur, HoFFMAN (von H.). — Separat-Abdruck aus « Gartenflora», L'auteur. JoLY (Ch.). — Note sur le potager royal de Frogmore. Extrait An.lournnl de la Société nntio7iale d'iioi^ticulture, 3^ série, t. V, 1883, p. 329-33/i, broch. in-8. L'auteur. — Note sur la 11* exposition nationale de Gand. Extrait du Journal de la Société natioimle d'horticulture, Z" série, t. V, 1883, p. liKi-lxlb, broch. L'auteur. — Note sur la 18^ session de la Société pomologique américaine. Journ. de la Soc. nat. d'horticulf., 3« série, t. IV, 1882, p. 379-380, in-18. L'auteur. — Note sur l'horticulture en Espagne et en Portugal. Extrait du Journal de la Société nationale et centrale d'horticulture, 3^ sério, t. V, 1883, p. 119- 132. Paris, imp. de l'Etoile, rue Cassette, 1, 1 broch. in-8. L'auteur. — Compte rendu de la 2^ exposition nationale de la fédération horticole à Turin. Y.xiraii àw Journal de la Société nationale d'horticulture, 3* série, t. IV, 1882, p. 730-736, 1 broch. in-8. L'auteur. — L'horticulture et les engrais chimiques. Expériences faites à Saint-Ouen. L'aumône (Seine-et-Oise), par Alfred Dudoiiy. Rapport présenté à l'assem- blée générale des agriculteurs de France, le 31 janvier 1883. Paris, à l'Agence centrale des ngriculteurs de France, 38, rue Notre-Dame-des- Victoires, 1 broch. in-8. L'auteur. JouAN (Henri). — Quelques mots sur le peuplement végétal des îles de l'Océanie. Caen, 1883, imp. Le Blanc-Hardel, 1 broch. in-8. L'auteur. Kemmerer (le docteur). — ! Ostréiculture. Appendice à ma brochure de 1874. Typ. veuve Maréchal et E. Martin, in-18. L'auteur. Lataste (Fernand). — Les Gerboises (extrait du journal Le Naturaliste, 15 mars - 1" mai 1883). 1 broch. in-8. L'auteur. — Note sur les Souris d'Algérie ets description d'une espèce nouvelle (extrait Aè?, Actes delà Société linnéemie de Bordeaux, t. XXXVIl, Bordeaux, 1883), imp. J. Durand, 1 broch. in-8. L'auteur. — Sur un rongeur nouveau du Sahara algérien (extrait du 6î'T-Hilaire. Sur le Por- cula Salviani, 268. — Observations sur l'incubation arti- ficielle, 361. — Raniie, 343, 348. — Rhubarbe hybride, 72/i. — Situation tinancière du Jardin zoolo^iqiie d'Acclimatation, 729. Gilbert (A.). Balsamine géante, 712. Girard (Maurice). Criquet voyageur, lU. — Phylloxéra, 126, 198, 276. — Trombidion, 126. — Reproduciioii du Ouistiti, 270. — Conférences sur le Phylloxéra, 276. — Appareils lumineux pour capturer les insectes, 359. — Éléments de Zoologie, par le doc- teur Henri Sicard, Notice biblio- grapJdque, 483. uNECCHi (Giuseppe). Sur la Téosiulé, 167. GooDE (G. Brown). Sur la reproduc- tion artificielle des Huîtres, 710. GoBRV-BouTEAU. Oiscaux migrateurs, 709. Gouverneur de la Gochinchine. Accli- niatation dans la colonie, 41. Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie. Acclimatation dans la colonie, 354. Grisard (Jules). Le Colin de Virginie, 61. — et Decroix. Sur le Noyer Pacanier et autres Noyers américains, 157. — Arbres à Caoutchouc, 277, 304. — Curludovica palmata, 21%. — Séances générales. Procès-verbaux : Séance du 27 avril 1883, 264. — 11 mai, 352. — 8 juin, 423. — Conseils. Procès-verbaux : Séance du 20 juillet 1883, 468. — 7 septembre, 614, — 30 novembre, 708. — Sections. Procès-verbaux : Séance du 30 janvier 1883, 127. — 6 mars, 200. — 10 avril, 277. — 8 mai, 363. Halloy (Léon d'). Pisciculture, 186, Hedde (Auguste), Pisciculture, 110. HÉDiARD. Montée d'Anguilles, 168. — Farine et autres produits tirés du Cocotier, 178, 179. — Ignames, 180. — Végétaux divers, 201, 280. HÉDIARD. Écrevisse, 273. — Pisciculture, 275. Hervey de Saint-Denvs (marquis d'). Talégalie, 184. Hignet. Sériciculture, 54, IH, 165. Hlet. Note sur les naissances, dons et acquisitions du Muséum, 95, 323, 609. Hlin. Gelées printanièrcs, 356. — Éducation de l'hybride dcuAttacus Rojjlei elPernijij et d'Actias selene, 463. Ingénieur des ponts et chaussées à Guéret. Salmo namaycusJi, 266. Jacquemart (Ad.). Saumon de Cali- fornie, 108. Jacquemix (F.). Haies fruitières, 189. Jamracu (William). Animaux exoti- ques, 717. Jeanxel (le D--). Cultures 020, 621. JoLY. Jugluns nigra, 725. JouRDAN. Volailles de Langshan, 52. Julien. Canard du Labrador, 108. — Pisciculture, 353. Kiexer. Cobaye, 116, 184. La Perre de Roo. Monographie des Pigeons domestiques, 118. Lagraxge. Faisan doré, 614. Lataste. Sur l'acclimatation et la do- mestication du Dipodillus Simoni Lat., 369. Latour-Marliac. Bambous, 56. Lavenère. Notes sur l'élevage des Au- truches dans l'Afrique australe, 450. Lefebvre (Alph.). Omble hermaphro- dite, 722. Lefebvre. Cheptel de Pigeons bou- lants, 185. Le Pelletier. Cerfs-Cochons, 618. Leroy (Abel). Repeuplement des cours d'eau, 187, 426. Leroy (Ernest). Sur la Perdrix per- cheuseduBoutan,184,251,424,497. Lespinasse. Farine de Cocotier, 181. — Monstruosités, 182. Ligue du reboisement en Algérie. Sur ses travaux, 42. Lorgeril (comte de). Araucaria et Séquoia^ 355. — Destruction du Puceron lanigère et du Phylloxéra, 428. Louis. Établissement de pisciculture de Gouville, 53. Mairet (A.). Aviculture, 171. Maisonseuve. Paddas, 261. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 753 Maisonnecve. Nourriture artificielle pour oiseaux de luxe, 265. Martial. Pisciculture, 173. Maslieurat - Lagé MARD. Pisciculturc, 616. MASSON(A.).V'égétaux du Canada, 11 2. Masson (N.). Cobaye, 116, 360. Mathey. Cheptel de volailles Dorking, 185. — Cultures, 619, 713. MÉNAHD (Saint-Yves). Fait curieux de lactation prolongée, 50. — Appareil pour le soufrage des Vi- gnes, 169. — Origine de certaines races, 177, 182. — Tourteaux de Cocotier, 179. — Enquête sur la Chèvre, 19^. — Albinisme, 195. — Incubation d'œufs de Casoar, 262. — Gelées printanières, 357. — Sur le Porcula Salvia/ii, 359. Mène (le D'' Edouard). Des productions végétales du Japon, 68, û02, 579. Mercier (L. ). Acclimatation du Nan- dou en France, 5. Merlato (Lucien). La viande d'Autru- che au point de vue alimentaire, 8. — Chaleur développée par l'embryon pendant l'incubation, 11. — Incubation artificielle des œufs d'Autruche, 251, 266. MiCHON. Raniie, 337, 343, 349. Millet. Monstruosités, 58, 113. — Destruction des Sauterelles, 113. — Rogne de Criquets, 114. — Nourriture des Becs-Fins, 114. — Sur une nouvelle Perdrix grise, 122. — Maladies des Écrevissts, 124,728. — Happort de la Commission de la Chasse, 181. — Irrigations, 190. ^ Des riiction de la Loutre, 197. — Échelles à Saumons, 198. — Mcdidie des Pommes déterre, 201. — PlantutidU des routes, 202. — Réserves à Poissons, 263. — Surveillance des rivières, 274. — Montée d'Anguilles, 358. — Desiruction des Hannetons, 358, 365. Ministre d^s Tfasanx pui)lics. Envois d'œufs de Poisson laits par la So- ciété, 171. MoNTLEzux (comte de). Notes sur le Canard Casarka, 65. MoREAU (D"^ H.). Observations sur l'hygiène des basses-cours et des volières, 438. — Viticulture, 725. MuizoN (Maurice de). Canard du La- brador, 44. Nardy. Floraison du Dasylirion Ion- gifolium^ 4'81. Naudin. Cultures à essayer à Ouargla, 43. — Quelques mots au sujet des Chéno- podées d'Australie, 678. — Eucalyptus et Cytisus, 682. Nelson-Pautier, Résistance vitale du Lapin, 45. Neukomm. Chèvres et Bouquetins, 431. Noordhoeck-Hegt. Pisciculture, 428, 616. Orban (Albert). Arrivée des Oiseaux de passage, 164. OuNOus (Léo d'). Cultures, 711. Paillieux. Culture expérimentale de plantes chinoises, 21. — Nouvelle composition de Pickles. 235, 279. — Sur le Daikon, 279. — Plantes diverses, 364. — Vers blancs, 366. Patard-Chatelain. Lapin angora, 709. Pavie (Théodore). Sur les Oiseaux mi- grateurs, 425. — Tortue terrestre, 426. — Remarques sur le Pacanier et le Caiya, 429. Pays-Mellier. Acclimatation du Nan- dou en France, 3. — Reproduction du Singe Ouistiti et du Porc-Épic, 265. Perny (M9''). Vers à soie du Chêne, 111. Pebrin (Gustave). Pisciculture en Chine, 721. Persin. Cerfs-Cochons, 183. Pkan\enschmid. Nourriture artificielle pour les Oiseaux, 195. Prlns (>e marqi.is de). Admission de la Clièvre dans les concours, 42. — Albinisme, 195. Rabé (DM. Oies d'Egyp'é, 252. Rathelot. Pisciculture, 165. Raveret- Wattel. Pisciculture, 48, 50, 168, 173. — Sur le Sandre, 48. 3" SÉRIE, t. N. — Décembre 1883. -18 754 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION. Raveret-Wattel. Sur le Salmo Car- pio et rOmble-Chevalier, 53. — Dépôt de documents, 57, 167. — Eucalyptus, 57. — Cirichona, 58. — Sur les Coregonus marœna et al- bula, 109. — Monstruosilés, 113. — Utilisation des Criquets voyageurs, 113. — Saumon de Californie, 124. — Maladie des Ecrevisses, 125. — et Bartet. Reproduction du Sau- mon de Californie à l'Aquarium du Trocadéro, 205. — Les irrigations au point de vue de la conservation du Poisson, 231. — Echelles à Saumons, 197,274. — L'Etablissement de pisciculture d'Ettelbruck, 695. — Nourriture pour jeunesalevins, 275. — Saumon, 617. — Rapport sur la situation de la pis- ciculture à l'étranger, 289, 508, 638. — Séances générales. Procès-verbaux : Séance du 5 janvier, 40. — • 19 — 50. — 2 février, 107, — 16 115. — 2 mars, 163. — 16 — 170. — 30 — 181. — 13 avril, 247. — 25 mai xv-xviii. — 7 décembre, 716. Régisseur de l'Etablissement de pisci- culture de Bouzey, 110, 186. Renard (Ed.). Essais de culture du Riz, 269. Renaut. La Ramie, 327. Renouahd (Ch.). Pisciculture, 173. Reynal (L.). Sur l'Oïdium, 478. RivoiRON. Pisciculture, 427, 710. Rochemacé (de la). Chêne à feuillaison précoce, 267. — Chèvre des iles Wallis, 469. Rogeron. Sur le Cygne de Bewick, 116, 220. — Croisements de Canards, 569, 717. RoMANET DU Caillaud. Vigues chi- noises, 259, 711. Saint-Quentin (de). Cultures, 259. Sanford. Sur le Pacanier, 49, 118. Selys-Longchamps (baron de). Repeu- plenipnt des cours d'eau en Bel- gique, 143. Sémallé (René de). Chat monstrueux, 182. — Pisciculture, 190. SicARD (le D"" A.). Pisciculture, 720. Simon (M""^ veuve). Attacus Pernyi, 174. Société Linnéenne du Nord de la France. Pisciculture, 46. Sturne (Gustave). Couveuses artifi- cielles, 122. — Sections. Procès-verbaux : Séance du 9 janvier 1883, 122. — du 13 février, 194. Tardieu (D"-). Ramie, 356, 726. Théry (André). Sur la Chèvre du Thibet, 470. Valéry-Mayet. Saumon de Californie, 723. Vallières (des). Pisciculture, 426. Vauvert de Méan (A.). Culture des Eucalyptus en Californie, 286. Vavin (Eug.). Sur la rage, 50. — Végétaux divers, 117. — Maladie des Pommes de terre, 270. — • Sur le Pliy salis edulis, 278. Vidal (Léon). Sections. Procès-verbal du 16 janvier, 123. Vigour. Lophophores, 719. Wailly (Alf ). Vers à soie, 258. — Educations de Bombyciens sérici- gènes faites à Londres en 1882, 625. Weil. Euplocomui erythrophtalmus, 476. WoLBOCK (vicomte de). Ostréiculture, 188. Xambeu. Volailles de la Campine, 712. fin de L\ TARLE ALPHABKTIyUE DES AUTEURS. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNES DANS CE VOLUME. Actias luna, 631-632. — selene, 466. Anguille, 168, 358. Animaux, xxxvilvi, 95-97, 176-178, 268-269, 323-326, 359, 472-473, 483-496, 609-613, 717. Antherœa Frithii, 318-322. Antilope, 323. Attacus Cynthia, voy. Ver à soie de l'Ailanie. — Pernyi, voy. Ver à soie du Chêne de Chine. — Roylei, 463-466, 629-630, 632- 637. Autruche, 8-20, 251, 263, 362, 450- 462. Bœuf, 182. Bouquetin, 431-432. Canard, 44-45, 65-67, 108, 119, 569-572, 717-719. Carpe, 190. Casoar, 176, 203-204, 262, 362. Géréopse, 261. Gerf-Cochou, 183-184, 193-194, 618. Chèvre, 42-43, 194, 209-219, 360, 431-432,469-471. Chevrette, 354. Cigale, 126. Circula trifenestratcl^ 630. Cobaye, 116, 121, 184. Cochon d'Inde, voy. Cobaye. Colin de Virginie, 61. Colombe, 685, 693. Co7-eyonus, 109-110, 117. Criquet voyageur, 113-114. Cygne de Bewick, 116, 220-230. Dipodillus Simnni, 369-396. Ecrevisse, 124-125, 273, 728. Epcrlan, 47. Eperonnier, 261 . Euploconms, 476-477,611. Faisan, 172, 438-444, 615-616, 691. Gerboise, 194. Gnou, 95-96. Goura, 108, 171-172. Grémille, 557-558. Hanneton, 114, 358-359, 365-366, Huître, 710. Insectes, 359. Kob, 96. Lapin, 45-46, 709. Lophophore, 689-690, 719. Loup, 472. Loutre, 196-197, 433-437. Macropode, 47. Mollusques, 101-105. Nandou, 1-7, 473-476. Oies, 252, 325. Oiseaux, 120, 122, 137-142, 164, 195, 248, 251-252, 262-263, 265-266, 268, 325-326, 353, 361-362, 425- 426, 438-444, 611-613, 694, 709. Omble-Chevalier, 46-47, 53, 54, 722. Padda, 261-262. l'alourde, 101-105. Perdrix, 52, 122-123, 184-185, 251, 268, 424-425, 477, 497-507. Perruche, 397-401, 691-693. Phylloxéra, 35-39, 126, 169, 188- 189, 198-199, 276-277, 429. Pigeon, 118-119, 185-186. Pintade vulturine, 690. Poissons (Pisciculture), 46, 48, 50 52 54, 58-59, 108, 109, ll'o 113' 117,143-156, 165, 168,l7l', 173- 174, 186-188, 190, 231-234, 263- 264, 273-276, 289-317, 353, 354, 426-428, 508-551, 616-618, 638-^ 677, 686-688, 695-702, 710-711 720-721, 721-722. Porc-cpic, 265. Porcula Salviani, 268-269, 359, 471 . Poule, voy. Volailles. Poule nègre, 616. Puceron lanigère, 428. Rat, 116, 184, 360. Sandre, 48-49. 756 SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. Saumon, 47, 54, 108, 123124, 165, 168, 197-198,205, 266, 274, 426- 428, 616-618, 721, 723. Sauterelle, 113, 114. Singe Ouistiti, 265, 270, 360. Sphex, 126. Talégalle, 184, 611-612. Telea polyphemus, 631. Tortues, 426. Tragopan, 690-691. Trombidion, 126. Truite, 47, 53, 54. Vache, 50, Venus, 101-105. Vers à soie, 55-50, 258, 625-637. Ver à soie de l'Allante, 54-55, 111- 112. Ver à soie du Chêne de Chine, 54-55, 111, 112, 127, 165-166,174,256- 257, 266-267, 363, 463-466, 552- 556, 632-637, 703-707. Ver à soie du Mûrier, 723. Vers blancs, 366. Volailles{Coqs et Poules), 52, 59, 185, 261, 361, 477, 616,712. FIN DE l'index alphabétique DES ANIMAUX. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Acacia, 621. Amomum, 242-244. Aralia, 21-22. Araucaria imbricata, 355. Arbres à Caoutchouc, 250, 277-278, 364. Arracacha esculenta, 117-118. Balsamine géante, 63, 167, 712. Banabou, 56, 174-175,175-176, 621. Bardane du Japon, 178, 181, 445- 449. Benincasa cérifère, 364. Broussonetia, 594-598. Café, 249. Capucine tubéreuse, 244-246. Carabassette, 280. Carya olivœfoiinis , voy. Pacanier. Carludovica palmata, 250, 278. Chamœrops, 175. Chêne, 267, 270. China grass, voy. Ramie. Chénopodées, 678-681. Cinchona, 58. Cocotier, 178-180, 181, 573-578. Concombre, 26, 239-241, 280. Courge, 23. Cytisus proliferus, 259, 682-683. Daikon, 279-280. Dasylirion longifolium, 481-482. Dioscorea, voy. Igname. Etais Guineensis, 179. Eleocharis, 22. Eiable, 356. Erylhronium, 86. Euralyptus, 57, 58, 286-288, 620- 621, 682. — rostrata, 57-58. Fève, 620. Figuier, 711-712. Fritillaria, 92-93. Funkia, 89-91. Hae-Téou, 713-714. Haricot radié, 26-28. Hemerocallis, 87-89. Hibiscus esculentus, 211 . Igname, 180. Impatiens, 63. Jugians nigra, 620, 725. Kuzu, 28-31. Liane-torchon, 364. Lis, 68-94. Loza, 50. Luzerne, 267-268. Magnoliacées, 402-408. Malvacées, 409-421. Melateuca, 259. Menacées, 421-422. Ménispermées, 579-580. Melon, 23-26, 112-113, 280-281, 713. Mimosa scandent, 280. Miôga, 242-244, 365. Morées, 580-598. Moutarde, 31-32. Musacées, 598-600. Myricées, 601-602. Myrsinées, 602. Myrtacées, 603-604. Noisetier, 282-285. Noyer, 157-162. Nymphaeacées, 604-608. Oïdium, 478. Oignon Catawissa, 235-239, 365. Orithya,^!. Ortie de Chine, voy. Ramie. Pacanier, 49, 118, 128, 157-162, 176, 429-430. Pé-tsiiï de Mongolie, 33-34, 364. Phaseolus 7'a(liatus, 26-28. Pliysnlis edulis, 278-279. — Peruviana, 280, 364. Piment, 281. Poire, 118. Pommes de terre, 20) , 267,270,619. l'suralea, 259. Pueraria, 28-31. 758 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Radis du Japon, 619-620. Ramie, 166, 327-351, 356, 726-727. Rhamnus utilis, 50. Rhubarbe, 724. Riz, 56, 269, 558-560. Séquoia giguntea, 355. Soya, 26, 49, 56-57, 257-258, 713- 714. Spinovitis, 618-619. Stachys affinis, 32-33, 246, 279, 365. Téosinté, 167. Topinambour, 112. Végétaux, 41, 43-44, 49-50, 68-94, 128, 189, 200-202, 206, 249-250, 260-261,279, 280, 365, 622-624, 684-685. Vigne, 64, 169, 188-189, 198-199, 259-260, 280, 356-357, 711, 724- 725, 726. FIN DE LA TABLE ALPHABETIQUE DES VÉGÉTAUX. TABLE DES MATIÈRES DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIETE. Or$;aiiisation pour l'année tSAS. Conseil d'administration Délégués de la Société en France et à l'étranger vu Commission de publication vu — des cheptels vu — des finances vu — médicale viu — permanente des récompenses vui Bureaux des sections vni Vingt-huitième liste supplémentaire des Membres ix VINGT-SIXIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Procès-verbal de la vingt-sixième séance publique annuelle, tenue le 25 mai 1883, dans la salle du théâtre du Vaudeville xv Prix extraordinaires encore à. décerner. Généralités xix-xx Prix de 1000 francs fondé par M. Bérend xix — perpétuel fondé par feu M""" Guérineatj, née Delalande.. . . xx — fondé par feu Agron de Germigny xx Première sectton. — Mammifères xx-xxiii Prix perpétuel fondé par feu M™* Ad. Dutrone, née Galot.. . . xxi Deuxième section. — Oiseaux xxiv-xxvi Troisième section xxvii-xxx Reptiles xxvii Poissons XXVII Mollusques xxix Crustacés xxx Quatrième section. — Insectes xxx-xxxii Sériciculture xxx Apiculture xxxii Cinquième section. — Végétaux xxxii-xxxv Prix fondé par M. Godefrov-Lebeuf xxxiii 760 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION. Discours prononcés à la séance. Raoul Baron. — Sur la distribution géograpliique des animaux xxxvi G. Raveret-Wattel. — Rapport sur les travaux de la Société en 1882. lvii A. Geoffroy Saint-Hilaire. — Rapport sur les récompenses lxxx GÉNÉRALITÉS. Cheptels delà Société nationale d'Acclimatation. — Règlement et liste des animaux et plantes qui pourront être donnés en 1884 561 HuET. — Note sur les naissances, dons et acquisitions du Muséum d'histoire naturelle 95, 323, 609 A. GouTANCE. — Action biologique des sels de l'eau de mer 98 J. Gautier. — Rapport présenté à la Société nationale d'Acclimatation au nom de la Commission de la chasse 129 A. Geoffroy Saint-Hilaire. — Situation financière du Jardin zoolo- gique d'Acclimatation 729 PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES. J. Gautier. — Enquête sur la Chèvre 209 Fernand Lataste. — Sur l'acclimatation et la domestication d'un petit Rongeur originaire des Hauts-Plateaux algériens 369 Neukomm. — Chèvres et Bouquetins 431 De FiENNES. — Note sur la destruction des Loutres 433 DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX. Bérenger, D' Clos, Pays-Mellier et Mercier. — Acclimatation du Nandou en France 1 Lucien Merlato. — La viande d'Autruche au point de vue alimentaire 8 Jules Grisard. — Le Colin de Virginie 61 Le comte de Montlezun. — Notes sur le Canard Casarka. 65 D^ Camille Dareste. — Études expérimentales sur l'incubation 137 Bouchereauï. — Incubation artificielle d'œufs de Casoar 203 Gabriel Rogeron. — Le Cygne de Bewick 220 Le marquis de Brisay. — Éducation de Perruches érythroptères 397 D' H. Moreau. — Observations et réflexions sur l'hygiène des basses- cours et des volières spécialement destinées aux Faisans 438 La VENERE. — Notes sur Télevage, le traitement, etc., des Autruches dans l'Afrique australe 450 E. Leroy. — Etude sur la Perdrix percheuse du Boutan {Perdix Hod- gsoniœ) 497 Gabriel Rogeron. — Croisements de Canards 569 Colombes voyageuses 684 Delaurier aîné. — Éducations d'Oiseaux exotiques 689 TABLE DES MATIÈRES. 761 TROISIÈME SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, ETC. Baron de Selts de Longchamps. — Repeuplement des cours d'eau en Belgique 143 Raveret-Wattel et Bartet. — Reproduction du Saumon de Califor- nie à l'Aquarium du Trocadéro 205 C. Raveret-Wattel. — Les irrigations au point de vue de la conser- vation du poisson 231 Rapport sur la situation de la pisciculture à l'étranger. . 289, 508, 638 Amb. Gestil. — Note sur la présence de la Grémille commune (Acerina cernua, Sieb.) dans la Sarthe 557 Raveret-Wattel. — L'établissement de pisciculture d'Ettelbruck. . . . 695 QUATRIÈME SECTION. — INSECTES. Louis Boctan. — Le Phylloxéra en Australie 35 J. Falloc. — Observations sur un Lépidoptère hétérocène séricigène. 318 S.-B. Hcis. — Éducations de l'hybride des Attacus Roijlei et Pernyi et A'Adias Selene, faites en 1882 463 J. Fallou.— Sur une éducation deT^^acMî Pernyi {Guérin-Ménevillé) faite dans la forêt de Sénart 552 Alfred Wailly. — Éducations des Bombyciens séricigènes faites à Londres, en 1882 625 DoucHY. — Essai d'acclimalation de VAltacus Pernyi 703 CINQUIÈME SECTION. - VÉGÉTAUX. Paillieux. — Culture expérimentale de plantes chinoises 21 De Behr. — La Balsamine géante comme plante mellifère . 63 Bernât. — Vignes de Perse 64 Edouard Mène. — Des productions végétales du Japon 68, 402, 579 E. Décrois et Jules Grisard. — Sur le noyer Pacanier (Carya olivœ- formis) et autres noyers américains 1^ ' Paillieix. — Nouvelle composition de Pickles 235 Moïse Bertosi. — Le Noisetier -°^ Vauvert de MÉAN. — Culture des Eucalyptus en Californie 286 Renaut, Behtin et Boscni. — La Raniie 327 Jean Dybowski. — La Bardane du Japon 445 NardT. — Floraison du Dasylxrion longifoHum 481 Gavtuier. — Sur le Riz de montagne ^^^ Decrolx. — Note sur la farine de cocotier ^'3 Ch. Naudis. — Quelques mots au sujet des Chénopodées d'Australie. . 678 — Eucalyptus et Cytisus ^^^ L. Armand. — Naturalisation de végétaux en Nouvelle-Calédonie 684 762 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. Séance du 5 janvier 1883 , — 19 — — . — 2 février — , — 16 — — , — 2 mars — , — 16 — — . 40 50 107 115 163 170 Séance du 30 mars 1883 181 — 13 avril — 247 — 27 — — 264 — 11 mai — 352 — 8 juin — 423 — 7 décembre— 716 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIETE. Séance du 20 juillet 1883 468 — du 7 septembre 614 — du 30 novembre 708 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS. Séance du 9 janvier 1883. 121,122 — 16 — — 123 — 23 — — 125 — 30 — — 127 — 13 février — 193, 194 — 21 — — 196 — 27 — — 198 Séancedu 6 mars 1883. 200 13 mars — 273, 361 21 — — . • * • • 273 3 avril — . 276 10 — — . • . . 277 17 — — • • • • 360 1 mai — • • • • 362 8 — 364 BIBLIOGRAPHIE. Aimé Dufort. — Notices et analyses : — De l'action du froid sur les végétaux pendant l'hiver 1879-1880, par M. Charles Baltet 206 — La chasse, par Giraudeau, J. M. Lelièvre et G. Soudée 207 — Le baromètre appliqué à la prévision du temps, par M. J. R. Phi- mandon 367 — Culture et exploitation des arbres, par Antonin Rousset 622 — La pêche à toutes lignes de Poissons d'eau douce, par John Fischer. 686 — Publications nouvelles 208, 624, 688 Maurice Girard. — Éléments de zoologie, par M. le D. Henri Sicard.. 483 fin DE LA TABLE DES MATIÈRES. Le Gérant : Jules Grisard. Imprimeries réunies. A, rue Mii;'>on, 2, Paris m: imm PPiRPIIP New York Botanical Garden Librai 3 5185 00259 9213 ¥-%^. é 'WHé Ïl ■ ;.' >^ U-'^"^:i ^-j \ w- ■^«4 -''*'Ih \ *f^' ..Pi-^M?- f"*<%~