L'AGRICULTURE DANS LA PROVINCE DE QUEBEC COMMENT L'AMELIOR CONFÉRENCES PAR 'ED. A. BARNARD Pour faire suite au " Manuel d'Agriculture," Livre des Cercles Agricoles. 3- ?i. A, 0^3^- SAINT-HYACINTHE IMPRIMERIE OU "COURRIER DE ST-HYACINTHK 1896 .-.-^X L'Agricnltnre dans la Province de Québec COMMENT L'AMBIvIORBR CONFERENCES PAR Ed. A. BARNARD POUR FAIRE SUITE AU " Manuel d'Agriculture " — (Livre des Cercles Agricoles). En réunissant dans une brochure spéciale quelques-unes des conférences que nous avons données depuis la publication du Manuel d'Agriculture, nous sommes heureux de pouvoir soumettre à nos confrères et amis, les cultivateurs et membres des cercles agricoles de la province de Québec^es témoignages ' flatteurs dont notre manuel a été l'objet. Ed. a. Barnard. De la Vérité, de Québec : Tjnsr -JBOisr livide Timeo hominem nnius libri. \S. Thomas.] A Monsieur le directeur de la " Vérité, Saiut Thomas a dit quelque part : L'homme qui ne connaît qu'un seul livre, mais qui le possède bien, est uu adversaire redoutable. Si c ^la est vrai d'un homme qui pos- sède bien les substances d'un bon livre, il doit l'être encore bien plus de celui qui a fait ce livre. Cette réflexion m'est venue en lisant et relisant " Lo livre des carclos agricoles ", manuel d'agricu'ture, écrit par monsieur Ed.  Barnard, et publié par l'honorable micistre de l'agriculture de Québec. Au printemps dernier vous avez mentionné l'apparition de ce livre et, à cette occa- sion, avez dit, si je ne me trompe, que, vu l'importance de l'ouvrage, vous vous proposiez d'en donner une étude dans votre journal. Comme, depuis ce temps, je n'ai rien vu dans la " Vérité ", à ce sujet, je me suis dit que le livre de monsieur Barnard est trop bien fait, trop utile, que son auteur mérite trop la reconnaissance de la classe agricole, pour qu'il ne soit pas apprécié hautement et autant qu'il la mérite. Au moment où je prenais la réeo- A / 2 lutioD de rendre à nos cultivateurs le service de leur faire plus amplement connaître le livre le plus précieux qui se soit jamais publié pour eux, il m'a été donné d'entendre, à la convention annuelle de la Société d'industrie laitière de la province de Québec, tenue dernièremtnt à Waterloo, un si bel éloge du livre et de l'œuvre de monsieur Barnard, que je ne puis résister à la tentation de reproduire ici ce travail tout fait, au lieu de celui que je me proposais de faire sur le même sujet. C'est monsieur l'abbé Montminy, digne prési- dent de la Société d'Industrie laitière qui, dans un discours d'ouverture, très reicarquable d'ailleurs, s'est exprimé ainsi : "J'ai insisté, en touchant aux dififarents sujets traités dans mon discours, sur le fait que rous avons reçu de nos gouvernants l'aide et l'encourageraent, dont nous avons besoin, afin de poursuivre l'œuvre que s'est imi>osée la Soriété d'industrie laitière de la province — la régénération de l'agriculture. Je ne veux pas reprendre mou siège sans mentionner l'un des moyens les pli^s puissants de régénération agricole qui aient été mis, non seulement à notre portée, mais à celle de tous les cultivateurs de la province de Québec, par notre zélé commissaire d'agriculture provincial, Uaus le cours de la présente année. Je veux parler de la publication du Manitel d'agriculture de monsieur Ed. A. Barnar I, Le livre des cercles agricoles. Je ne crains pas d'affirmer qu'il n'y a pas un seul agronome dans notre province, aussi capable yue monsieur Bar. nard d'écrire un livre comme celui-là. Jlonsieur Barnard, que notre société a l'avantage de compter comme l'un de ses membres les plus imiwrtauts, a été, depuis vingt-cinq ans, le chimpiou du progrès agricole dans |a province de Québec. Ouvrez les journaux d'agriculture, lisez les rapports du département de l'agriculture et de nos divers 'S sociétés agricoles, inteiTogez par toute la province les cultivateurs, et p.irtout vous lirez, partout vous entendrez dire que, bien longtemps avant que l'on tasse, dam nos cercles politique», de ia poli- tique agricole, dapi-ès des principes sûrs, basée sur les règles d» l'économie rurale, telle que la font anjour- dhui, avec une si grande lageur d'idées, nos législateurs, monsieur Barnard avait prôné ces idées, eu avait fait un programme à lui, simple cultivateur, et s'etforçait d'inculquer 1<'S mêmes idées à ses compatriotes. Les cercles, les conférences agricoles, l'industrie bjtteravière, l'industrie laitière, l'ensilage, la réhabilitation de la l'ace bovine canadienne, l'un lies pieuiers il a mis la main à tout cela, l'un des premiers il s'est fait l'avocat de toutes ces causes, et aujourd'hui l'on peut dire que son livre est le couronnement de sa vie de labeurs, passée à lutter contre la routine, et à faire ptévaloir les saines idées agricoles parmi nos cultivateurs. Comme tous les expérimentateurs, il a dii subir des iusuccès, comme tous les hommes convaincus qui pour- suivent un but, dont la grandeur accapare toute leur intelligence, il a pu, en marchant vers ce but, heurter ceux qui se trouvaient dans son chemin, allant moins vite que lui, venant quelquefois en Siîus invi rs", sou- vent n'allant pa.s du tout. Mais en face d'i bien qu'il a fait à la cUsse agricole, les insuccès, les heurts doi- ' vent être oubliés pour ne laisser voir que le résultat si beau, si noble auquel il a, non pas lui seul mais l'uia des premiers et des plus etRcacement, concouru. Ce résultat n'est rien autre que ie gran l mouvement de progrès constant, auquel participe aujourd'hui notre province qui, de l'aveu même de nos voisins, depuis si longtemps disposés à se c nsidôrer comme nos supérieure, s'avance rapidement ddus la cirrière de la p;'i spé- rité matérielle des nations, luttant avantageusement avec elles et montrant (ju'elle a tout autant de moyens qu'elles d'obtenir le prix de la lutte. Nous occuiwns un pays à climat très varié, qui empêche qu'on pui'sc y suivre des règles de culture applicables à toutes les régions qui la corupos(iut. A cause de cela, les livres Bur l'agriculture publiés dans les autres pays nous sont plutôt dangereux ([u'utiles. A ce [joint de vue, nous avions besoin d'un livre à nous, fait pour nous, par uu des nôtres conuaissuit bien notre pays, notre climat, ses exigences et les métho tes de culture qui lui conviennent. Ce livre, na'is l'avons. Merci et honneur à sou auteur ! Merci et reconnaissance ù son propagateur ! " Ceci est une appréciation qui n'e^t que juste C3 qu'elle doit être, mais qui, néan- moins, pourrait sembler peut-être un peu partiale vu qu'elle est faite par un compatriote. D'autres appréciations venant de l'étranger serviront à chasser cette idée de l'esprit de ceux qui pourraient l'avoir. Voici ce que dit le révérend frère Abcl, de l'Institut des Frères de l'Instruction chrétienne de Ploërmel, France, dont le nom et la science sont bien connus ici : "J'ai parcouru bi-n attentivement co remarquable travail. C'est bien le livre, le maître des Cercles agrico'eH. Ils y trouveront tous les rensei^ements néjessaires pour une culture raisonnée et qui, dû reste, deviendra {wyante." A cette appréciation du révérend frère Abel, je joins celle du révérend frère Téles- phore, du même institut, telle qu'il l'a communiquée au révérend frère Abel, qui lui avait donné connaissance du livre de monsieur Barnard : "Je vous remercie de m'avoir communiqué le Manuel d'Agriculture de M. Ed. A. Barnard. Tulonné par le temps et les circonstances, j'ai dû le parcourir à pied levé ; mais, m.il^ré cette rapide lec^.ure, c'est avec le plus vif intérêt que j'ai suivi l'auteur dans la mirohe méthodique qu'il a adoptée. Les détails nombreux et qu -Iquefois minutieux, dans lesquels il entre, s'expliquent par le public auquel il s'adresse. Ce livre est eu effet destiné à remplacer le professeur, et aucune partie n'eu doit demeurer obscure. Alaig combien ce défaut, si c'en est un, est vite oublié dans son ouvrage où éclate partout l'amour du noble métier des chami s ! Partout apparaît le praticien éclairé, dénonçant 1 s mauvais procédés, les méthodes i-outi- nières, dout il fait toucher du doigt les inconvénients, puis exposant avec clarté et c uviction les meilleurs remèdes à appliquer, toujoure animé du zèle le plus ai Jent, et désireux de faire profiter les autres du fruit de ses études et de ses ex()érimentations. Vous avez remarqué minux que moi, très cher Frère Assistant, les chapitres où l'auteur signale les immenses avantages à retirer d'une terre bien drainée, donne d'excellents conseils sur les essais de culture bien faite, sur le secret des grosses récoltes : labours profonds, ameubiissement, engrais abondants et appro- priés, semences sélectionnées ; sur l'eniilage, le soin des clôt'ires ; sur la destruction, par les labours super- ficiels d'été, des mauvaises plantes et des larves d'insectes nuisibles, etc. etc. Nul doute que ce livre, si facile à consulter grâcj à ses nombreux titres et sous-titres, ne soit accueilli avec la plus grande fav ur par les cultivateurs intelligents si nombreux au Canada et qu'il ne soit appelé à rendre les plus signalés services h, la cause si intéressante de l'agriculture. " Il semble oiseux d'ajouter quoique chose à ces divers éloges. Ils suffisent pour démontrer que notre agronome national n'est pas l'un de cas savants dont l'on dit : " Doc- " tus cum libro ", c'es*.-à-dire, puisant sa science dans les livres seulement. Bien au con- traire, monsieur Barnard se montre, dans son ouvrage, praticien, et praticien éclairé avant tout. Esprit essenti jlbment chercheur, il demande à la science ses secrets pour les appli- quer à l'agriculture, mais il ne fait connaître cette science que lorsque, de théorique qu'il l'a trouvée, il l'a rendue pratique par son travail. Croirait-on, cependant, qu'il est impossible de se procurer un livre si utile en librairie ? Je ne sais par quelle anomalie celi arrive, mais c'est un fait qu'il me fait peine de cons- tater. Je compr-juds que le Département de l'Agriculture de Québec est le propriétaire du livre des cercles agricoles et l'a distribué gratuitement à certaines personnes y ayant droit, d'après l'application d'une règle quelconque déterminée d'avance. Rien à redire à cela. Mais pourquoi maintenant que cette distribution est faite, l'éditeur n'est-il pas en mesure de vendre le livre aux centaines de cultivateurs que je sens être anxieux de se le procurer. Espérons qu'il n'y a là qu'inadvertance, et que du moment que l'honorable commissaire de l'agriculture de Québec saura qu'on désire se procurer l'ouvrage, il prendra les mesures nécessaires pour qu'une nouvelle édition soit mise en circulation à un prix raisonnable, pour le plus grand bien du nombreux public agricole qui voudrait l'étudier. SlOCT LOCUTUS £8T. De la choix, i,e Paris : L'AGRICULTURE AU CANADA '• Nous aimons à parler de nos frères les Canadiens-français, de leur inaltérable dévouement à la mère-patrie, de leur foi ardente et généreuse. Dieu accorde ses béné- dictions les plus abondantes à ce peuple qu'il semble réserver pour de grandes destinées Les familles y comptent 10, 15, 20, 25 enfants et plus Les Canadiens-français vivent de l'agriculture et ce sont des laboureurs merveilleux d'énergie et de savoir-faire. Que de progrès ils ont réalisés croJîts. 4 L'avenir de l'Industrie Laitière. 5. Les avertissements du passé. 6. Comment diminuer les frais de production. 7 M. l'Abbé Dauth et ses cultures. 8 Production économique du lait. 9. iVourriture du bétail. 10. Exemples de rations économiques (Tableau, l, II, H .) 11. Alimentation rationnelle. 1 2. Les plantes sarclées. 13. Comment tripler nos récoltes. 14. Les defiul s de notre agriculture. 16. Le granil, l'unique remède. 16. Quatre (|Uestious à résoudre. 17. Quelles cultures sarclées un cultivateur pauvre doit-il faire ? 18. Quelques cultures sarclées compai^ées. 19. Nos principales récoltes comparées. 20. Valeur comparative des récoltes par arpent (Tableau IV). 21. Les pois, les fèves et le blé-d'inde. 22. Ensilage et plantes racines comparées. 23. Combien tle cultures sarclées faut il faire chaque année ? 24. récoltes pos-ibles sur 60 Rrpents de terre. 25. Kotation nettoyante très profitable. 26. Rotation de 12 ans ; récoltes sur 60 arpents de terre (Tablciiu V). 27. Quelles récoltes doivent suivre les cultures sarclées ? 28. Im|K)rtance du déchaumage. 2ème PARTIE. Comment nourrir la terre avec économie. 29. Richesse initiale de nos terres. 30. Préjugés contre le fumier. 31. Fumiers ])erdus ou gaspillés. 32. Nouveau système de culture. 33 Dèmonsti-Btions oculaires. 34. Labours tiès profonds, i)0Hr les patates. 6 35. Effet lies légumineuses sur les patates (fig. 1 et 2) . 36 Le lupin (fig 3). 3 . Effets (le l'azote sur les graminées et racines (fig. 4). 38. Ce que coiite de plus une exce'lente récolte. 39. Effets de l'acide phosphorique (fig. 5). 40. Effets de la potas-e (fig. 6 et 7). 41. Effets de l'azote sur les légumineuses (fig. 8 et 9). 42. L'azote des léguaineusci est pris à l'atmosphère. 4'. Les expérienops de Lawes et Gilbert. 44. } écoltes successives de blé sur blé pendant 40 ans (Tableau VI). 45 L'orge, pendant quarante années successives (Tableau Vil). 4(5. Rfcoltej successives et en rotntiou, oomnaréec (Tableau VIII). 47. Moyenne de la nourriture sèche produite pendant 31 ans (Tableau IX). 48. Les engrais de commerce. 49. Les engrais minéraux. CONCLUSION 50. L'Industrie laitière n'est pas notre seule i>lauche de salut > 51. Exportations de viandes fraiches, etc. 52 Le besoin absolu de réfrigéi-ants. 03. L'économie domestique et son enseignement. 54. Comment s'emparer du sol. 55. Comment perfectionner noire organisation agricole. 56. So3-on9 ou cultivateurs, ou amis des cultivateurs. 57. Imitons les héros, nos ancêtres ! , . 0 ilN- UAgriculture dans la Province de Québec COMXIENT L'AMEIvIOREÎR. Messieurs, J'ai choisi pour sujet de cette conférence : L' Agriculture dans la lyrovinee de Québec ; comment Vaméliorer. Mais avant d'entrer en matière, permettez que je dise un mot de La science dans la culture du sol. De tout temps, parmi les diverses nations qui se sont le plus distinguées, de grands patriotes ont vécu à la campagne. Ils se sont occupés à rechercher d'abord, puis à vulgariser, les principes qui régissent l'agriculture. C'est ainsi que des classiques, grecs et latins, après avoir joui par eux-mêmes de tout ce qui fait le charme de la vie des champs, ont laissé en héritage aux générations futures leurs Eglogues et leurs Géorgiques. Puis, quand les barbares eurent couvert de ruines l'Europe toute entière, de modestes moines, aussi savants que rudes travailleurs, se sanctifièrent, en appliquant à l'art de cultiver la terre, des connaissances enfouies dans l'oubli des siècles. Choisissant de préférence les endroits les plus inhospitaliers, même les plus inaccessibles, les moines du moyen âge défrichèrent lentement et à grande peine une partie notable de l'Europe. Dans la pratique constante des vertus les plus sublimes, ils firent revivre les sciences perdues, et, entre autres, celles du drainage, de l'endiguement des mers, de l'irrigation, de la mise en culture des sables mouvants, enfin les grandes découvertes agricoles des temps passés. C'est ainsi que, d'époque eu époque, l'agriculture a toujours eu ses chercheurs et ses savants, parmi les praticiens lei plus distingués. LA CHIMIE AGRICOLE Pour ne parler que des progrès modernes et, entre autres, de l'application de la chimie à l'agriculture, il nous a été proposé naguère un système complè- tement inconnu il y a cinquante ans, par lequel nous sommes maintenant en mesure de produire, à peu de frais, sur des terres apparemment épuisées, les plus riches moissons à la suite de légumineuses fertilisées exclusivement par des engrais minéraux. J'en dirai un mot tout à l'heure. La chimie agricole, cette science toute nouvelle, fait de jour en jour des progrès vraiment merveilleux. Elle ouvre même, au monde entier, — en dehors de l'agriculture, — des horizons absolument nouveaux. Je crois pouvoir citer, à l'appui de cette aftirmation, la très intéressante Etude que Mgr. Laflamme, recteur de l'Université Laval, vient .de publier sur le grand savant, le modeste chrétien, dont la mort récente a causé un deuil général dans tout l'univers civilisé. J'ai nommé Pasteur. Avez-vous remarqué, MM., quelles furent les premiëres assises de cette réputation extraordinaire, vraiment universelle, que le grand savant du siëcle s'est acquise, à si justes titres ? — D'abord, il se livre à l'étude de la chimie, avec une ardeur complète et une précision des plus consciencieuses. Il cherche, avant tout, l'exacte vérité. C'est ainsi qu'il se distingue des nombreux savants qui l'entourent. Bientôt, le gouvernement français lui confie une mission agricole, où il lui faudra descendre du cabinet de chimie, abandonner pendant plusieurs années la vie parisienne, les chaires universitaires et leurs savants professeurs, ses amis, afin de mener une vie toute nouvelle, au milieu des champs, à la recherche de l'un des secrets sans nombre de la nature. Ses amis s'effrayent. Il va faire fausse route, disent-ils ; il s'expose à s'égarer complètement, dans la recherche d'un vulgaire problème de pratique agri- cole. Cette modeste mission, ainsi méprisée des savants, consistait en effet dans la recherche des causes de la maladie des vers à soie, et du traitement à donner dans ces cultures en péril. Pasteur se livre à cette étude, avec passion, en plein champ pendant des années entières, — sous le seul regard de Dieu. — Et quel fut le résultat de ce travail sans trêve ? Pasteur découvre enfin, non seulement la cause de la maladie du ver à soie et son traitement, mais comme conséquence immé- diate de ses recherches, il découvre également le germe de vie dans les ferments de tous genres : du pain, du vin, de la bière, du cidre, etc. Bientôt, au moyen de ses diverses cultures, il fait voir au microscope, — il fait pour ainsi dire toucher du doigt, — le germe des maladies les plus terribles et les plus intraitables : le charbon, la rage, etc. Presque aussitôt après, il met en pleine lumière, — aux yeux de tout un monde d'incroyants ou de sceptiques, dit savants, — les éléments de vie que le Créateur de toutes choses a donnés au monde, dès l'origine de la création, afin de combattre et mitiger, sinon détruire, ces mêmes maladies. N'est-ce pas vous dire, MM., combien les secrets de la nature, ou pour parler plus exactement, — les lois providentielles — sont intimement liées à l'agriculture'!' C'est dire, également, combien la science agricole est digne d'occuper les plus belles intelligences, les natures les mieux douées ! Un mot, maintenant, de LA SCIENCE AGRICOLE DANS LA PROVINCE DE QUÉBEC Il est indubitable que le clergé français, prêtres et religieux, ainsi que les laïques instruits qui accompagnèrent nos ancêtres en ce pays, furent, pour le plus grand nombre, des hommes fort versés dans l'art de cultiver la terre. Et pour preuve, je citerai les admirables vergers des côtes de Beaupré, des paroisses an sud du fleuve, de l'Ile d'Orléans, etc., dont plusieurs donnent encore de bons rendements, après plus d'un siècle de traitements plus ou moins empiriques. On sait également que les jardins autour des presbytères, des monastères, des manoirs seigneuriaux, et autres, donnèrent eu abondance, jusqu'à l'époque de la Cession, toutes les primeurs alors connues en France. J'ai retrouvé, dans maintes paroisses, des vignes de Chasselas, plantées du temps dos Français, et donnant encore de très beaux fruits. Or, le Chasselas est de culture difficile ; il demande des soins particuliers, même dans les envi- rons de Paris. On sait également jusqu'à quel point l'agriculture était prospère, — malgré les guerres sans trêve, avec les sauvages d'abord, puis avec leurs alliés, les blancs des colonies anglaises. — Et la preuve de cette prospérité est consi- gnée dans l'augmentation vraiment prodigieuse de cette poignée de héros, piochant liardiment des deux mains, mais avec un fusil chargé sur le dos ! Malheureusement pour notre agriculture, les communications avec la France savante cessèrent presque entièrement à l'époque de la Cession du (■anada. Pour comble de malheur, les laïques instruits les plus en vue, — jusque là les chefs de la nation, — retournèrent en France. Un grand nombre de prêtres français les suivirent.-— Ce fut au point que les vaillants curés, qui ne nous abandonnèrent pas, avaient jusqu'à deux paroisses à desservir. Et de plus, ils faisaient également les fonctions de magistrats, de notaires, au besoin de médecins et de maîtres d'école. Ils avaient surtout à aider, à consoler, et à encourager les cultivateurs, presque entièrement ruinés par de longs et très pénibles services militaires ; par tous les maux qui accompa- gnent et qui suivent une guerre sans merci ; menacés surtout par un avenir dos plus sombres pour leurs cœurs de catholiques et de français. — Pendant trois (piarts de siècle, il fallut lutter soi-même, de toutes ses forces ; se sîiigner, toujours et partout. — Il fallut encore former et diriger des lutteurs instruits ; afin de sauvegarder et de conserver ce que nous avons de plus cher au monde : — notre l'oligion, notre langue, nos lois chrétiennes. Sous ces circonstances, MM., est-il surprenant que la science de l'agricul- ture ait été négligée, je dirai mémo oubliée, pondant toute cette époque, par nos classes dirigeantes ? — Il est do fait f[UO, jiondant plus d'un siècle, l'agri- culture a été complotoment abandonnée aux hommes du métier. C'est au point, qu'il y a cincpiante ans, quand j'entrai au collège, je constatai que les élèves étaient bientAt classés selon leurs talents et leurs aptitudes. Or, les moins bien doués étaient toujours ainsi notés ; — pardonnez, si je cite les expressions admises parmi les élèves : — "Oh ! celui-ci est trop bête pour " faire un homme instruit ; il devrait se faire habitant !" — c'est dire jusqu'à B 10 quel point la science en agriculture n'était pas admise. — Quant à ce que peut l'agriculture pour la province de Québec, voici ce que des hommes instruits, vivant à la campagne, m'ont dit bien trop souvent, à la suite des conférences agricoles, auxquelles ils venaient de me faire l'honneur d'assister : " Vous " montrez sans doute, monsieur, beaucoup de zèle ; mai» vous semblez oublier que " NOTRE PROVINCE n'eST PAS UN PAYS AGRICOLE " ! Xotre province n'est pas un pays agricole ? — Mais on ignorait donc que tout ce qui croît en Ecosse, en Belgique, dans le nord de la France, — les pays agricoles les plus prospères de l'Europe, — croît ici avec une abondaîice aussi grande ; — mais plus rapidement, et à moins de frais ! — Dieu merci, MM., ces préjugés ont complètement disparu, ou à peu près, depuis 1872, quaiul l'Industrie Laitière ouvrit un nouveau champ d'activité à des milliers de jeunes gens instruits : nos conférenciers agricoles ; no^ inspoeteurs et profes- seurs de beurrerie et de fromagerie ; nos propriétaires et fabricants des 1500 fabriques de beurre et de fromage, créées depuis dans la province. Allez main- tenant dire à certains cultivateurs de progrès que notre agriculture ne saurait être profitable. Vous verrez ce qu'ils vous répondront. — Cotte année même, dans les environs immédiats de Québec, sur une terre réputée épuisée jusqu'à ces années dernières, un homme de progrès a produit une récolte de blé, sur un champ considérable, comme on n'en récolte guère de plus beau, n'importe où. Cet homme de progrès, cet amateur, — je pourrais dire cet artiste en agriculture, — vous le connaissez tous. C'est le député à la chambre d'as- semblée pour Québec Centre ; Monsieur Victor CMuiteauvert. Honneur à lui ! — Mais il n'est pas le seul, parmi les citoyens les plus distingués de cette province, qui donnent leurs loisirs à l'agriculture, eu même temps (pi'ils s'as- surent les jouissances sans nombre de la vie des champs. — J'en pourrais nommer plusieurs, qui sont des mieux respectés et admirés parmi les cultiva- teurs, et dont les cultures sont déjà citées comme des modèles d'économie et de grands rendements. Dieu merci, MM., nos hommes les plus mani^uauts se sont enfin donné la main, dans ces années dernières, pour favoriser l'agriculture et la colonisation dans la mesure de leurs forces. NX. SS. les Evêcjues des diverses provinces ecclésiastiques du pays ont bien voulu se joindre au mouvement. Ils ont doté la province de Québec de missionnatres agricoles, dont le travail consciencieux et patriotique fait déjà un bien incalculable. Plusieurs centaines de Cercles agricoles ont été créés. Autrefois notre jtopulution agricole n'aimait guère à entendre parler d'agriculture. En géni'-ral, elle ne lisait aucun journal du métier. — Aujourd'hui, la plupart des familles lisent le journal officiel d'agri- 11 culture et en adoptent av^ec confiance les données. Comparé au passé, il y a de fait, dans les esprits, un mouvement immense en faveur de l'agriculture, et j'en vois une preuve nouvelle dans cette réunion si distinguée. Continuons ainsi, MM., la main dans la main ; et faisons uieme davan- tage : favorisons l'agriculture de toutes nos forces. Que dans toutes les classes instruites, on se livre de plus en plus à l'étude et à la pratique des choses rurales. Que l'on s'enrôle au plus tôt dans nos sociétés provinciales d'indus- trie laitière, de pomologie, dans la nouvelle société pour l'amélioration des chemins puhlics, — vous admettrez, n'est-ce pas, MM., que cette dernière venue ii'est pas de trop — , bientôt nous verrons nos vieilles paroisses se repeupler ; les mêmes terres, qui suffisent à peine au soutien d'une j>auvre famille, finiront par en faire vivre plusieurs, dans une modeste aisance. C'est alors que les fils et les filles de cultivateurs, — au lieu de déserter la campagne, pour se faire domestiques ou journaliers et, trop souvent, de véritables esclaves dans les centres industriels, — feront refleurir l'agriculture dans les anciennes paroisses ou se porteront avec courage et énergie vers nos nouveaux centres de colonisation. C'est alors, Messieurs, que la véritable force nationale résidera surtout dans la possession et l'exploitation intelligente du sol, assurant ainsi au plus grand nombre la stabilité, en même temps qu'une noble et parfaite indéi)endance. PREMIÈRE PARTIE 'Comment augmenter les profits de notre Agriculture. AMÉLIORONS NOTRE PRODUCTION L'industrie laitière au Canada traverse actuellement une des crises les plus sérieuses qu'elle ait eu à rencontrer depuis son établissement. Déjà un bon nombre de patrons se sort retirés des fabriques, et beaucoup de ces dernières, surtout les plus pauvres et les moins bien montées, auront à se transformer complètement ou à disparaître. C'est un malheur, sans doute, pour les pro- priétaires de ces fabriques qui subiront des pertes sérieuses, mais ce malheur aura certainement son bon côté puisqu'il nous facilitera dans un avenir pro- chain, j'espère, la production du beurre et du fromage de meilleure qualité, lesquels se vendront bientôt plus cher, tout eu nous créant une réputation enviable et une demande plus régulière pour les produits de cette province. Or, Messieurs, vendre plus cher un même produit, sans augmenter les frais de production, c'est d«>j;\ un avantage des plus désirables. Mais se faire un nom, une marque recherchée, à cause des produits uniformes et de premier choix, c'est un moyen excellent de rencontrer sans crainte la compétition terrible 12 qui nous est faite en ce moment sur le marché d'Angleterre, le seul marché considérahle sur lequel nous puissions compter d'ici à longtemps. LES AVERTISSEMENTS DU PASSÉ A notre dernière réunion annuelle de la Beauce, comme a nos réunions précédentes, nous avions été hien avertis que la production, en si grande quantité, d'un fromage et d'un beurre de qualité inférieure, ne pouvait pas manquer de nous créer tôt ou tard des difficultés considérables. Eh bien, Messieurs, ces difficultés, cette baisse absolument ruineuse dans le prix de nos produits n'a pas tardé, et j'estime h environ deux millions de piastres ($2,000,- 000) ce que nous, les patrons de fromageries dans cette province, avons perdu dans le cours de la dernière saison de fabrication. Vous surprendrai-je. Mes- sieurs, en prétendant que ce fromage trop vert, ce fromage fait en vue d'un trop grand rendement (sans s'occuper de ce que serait sa qualité au moment de sa consommation en Angleterre), ce mauvais fromage a dégoûté les ache- teurs, a diminué grandement la demande ; et la surabondance sur le marché de cette qualité inférieure a causé la baisse dont nous avons tant souffert ? En conséquence, nous, les patroiis des fromageries de la province de Québec, nous avons perdu, pour notre part, je le répète, environ deux millions de piastres ! Nous faisons-nous une idée juste de ce que représente cette somme ? C'est environ la moitié de ce que nous coûte toute l'administration annuelle de la province, la justice, l'éducation, les aliénés, la législation, les travaux publics, etc., etc., enfin, tout ce que le gouvernement dépense pour la bonne adminis- tration de la province. Et cette année, les patrons de fromagerie, à eux seuls, ont perdu la moitié d'une pareille somme, sur un seul de nos produits agri- coles ! Dans l'espoir que ces bons avis produiront leurs fruits, au moins pour l'avenir, laissez-moi vous rappeler ici ce que nous disait sur ce sujet, l'an dernier, un ami aussi dévoué (qu'éclairé, M. Sa;il Côté : " Je dis qu'acheteurs et inspecteurs ne sont jamais assez sévères, parce que je parle en ce moment au point de vue de Fintérct général de l'industrie laitière. Est-ce un moyen de favoriser Tindustrie laitière (jue de faire passer sur le marché étranger un article c^ui devra nécessairement déprécier notre fabrication ? Est-ce prendre l'intérêt des cultivateurs et travailler pour l'amé- lioration de notre industrie que de faire quelques piastres de plus cette année pour en perdre le double l'année prochaine ? Et c'est pourtant là le résultat inévitable de ce système des acheteurs et môme de certains inspecteurs de fermer les yeux nur le défaut d'un article, lorsqu'on sait que cet article est de nature à nous déprécier à l'étranger ". 13 COMMENT DIMINUER LES FRAIS DE PRODUCTION Je vais maintenant m'appliquer à démontrer que nous pouvons produire le lait à bien meilleur marché que par le passé et que, si nous le voulons vrai- ment, notre agriculture tout entière peut devenir bien plus profitable. Je le fais avec d'autant plus d'assurance que, dans cette réunion, je me vois en face d'un auditoire d'élite : les représentants de l'agriculture intelligente, progres- sive, venus par centaines de toutes les parties de la province, afin de se charger, à leur retour dans leurs paroisses respectives, de porter à tous la bonne vouvelle, bonne nouvelle que j'espère vous donner aujourd'hui et que je résume comme suit : Tout cultivateur qui le voudra à l'avenir, mais sincèrement, énergiquement, est dès à présent en mesure de doubler prochainement ses récoltes, sans augmentation notable de ses frais actuels de culture. Et s'il continue dans cette voie, dans peu d'années, il arrivera à tripler et probable- ment à quadrupler ses récoltes. Ne vous récriez pas trop,- Messieurs ; je n'hésite pas à le répéter : si nous le vouloiis, nous, les cultivateurs de la pro- vince de Québec, nous sommes maintenant en mesure de doubler bientôt la somme de nos produits agricoles, et môme de les tripler dans un avenir pro- chain. Je n'ai pas l)esoin de vous dire que si nous arrivons jamais à pareil résultat, ce sera la richesse pour nous, au lieu de la trop grande gtMie qui jus- qu'ici, au moins depuis quarante ans, a été le partage du très grand nombre de nos cultivateurs. J'aflirmais ce fait, — que nous pouvons, si nous le vou- lons, doubler et tripler nos revenus nets, — devant messieurs les missionnaires agricoles, tant prêtres et religieux que lauiues, réunis à Oka en juillet dernier, et j'en donnais les moyens en détail, dans une conférence qui, formant la deux- ième partie de ce travail^ sera également publiée dans notre prochain rap[)ort annuel. Le lendemain, monsieur l'abbé Dauth, curé de St-Léonard de Xicolet, nous faisait part, très modestement, des résultats qu'il avait obtenus lui-même, après trois années de culture dans sa nouvelle paroisse, et cela avec des frais d'amélioration très modiques, ([ue chacun de nous peut imiter, s'il le veut. Afin ([u'il n'y ait aucune erreur possible, je vais citer à peu près ses paroles : " Déjà, après trois années d'amélioration, je récolte autant, sur ma petite terre de 16| arpents, que l'on récolte généralement sur une propriété de 40 et 50 arpents. Le secret de mon succès est dans la culture des plantes sarclées et la restitution continuelle des engrais. Arrivé à St-Léonard, pendant l'été de 1891, j'ai récolté à l'automne, 75 minots de navets, 18 minots d'avoine, 8 minots de blé, 3 petits voyages de foin, et je n'ai pas eu suffisamment de pâturage pour ma vache et mon cheval. " A l'automne, j'ai mis par arpent environ 8 minots de chaux vive sur ma prairie et sur le pâturage. J'ai fait faire un bon labour d'automne sur le 14 reste et j'y ai étendu environ 12 minots de chaux par arpent. Au printemps, j'ai donné, à la prairie et au blé, semé avec graines de mil et trèfle, 300 livres d'engrais Victor par arpent, et j'ai semé dos pois, des lentilles et de l'avoine sur le reste du labour. " J'ai continué ce système depuis, labourant l'automne la vieille prairie et le pâturage, chaulant, et mettant au printemps 300 Ibs d'engrais Victor sur ma prairie neuve et sur le grain semé avec mil et trèfle. " Mes récoltes et mes revenus ont augmenté beaucoup, d'année en année. L'année dernière, en 1894, j'ai récolté 1800 à 2000 bottes d'excellent foin, en deux récoltes ; 101 minots d'orge parfaitement nette et à grosse mesure ; 600 minots de betteraves pour mes vaches ; 125 minots d'autres racines ; '2,700 choux moelliers ; 70 minots de patates ; 2| minots de blé d'Inde ; f de minots de fèves ; 46 gallons de cidre ; 11 gallons de vin de raisin ; 18 gallons de vin de rhubarbe ; 56 Ibs de miel ; 40 Ibs de tabac. Mes cinq vaches m'ont donné en argent, beurre et fromage vendus. $207.00 Avec le petit lait, mes pâturages de trèfle et un peu de grain, j'ai engraissé dix cochons, que j'ai vendus 261.00 Total $468.00 J'ai donc touché à l'automne quatre cent soixante et huit piastres en argent, sans compter ce qui me restait de la récolte de l'année. Je ne compte pas non plus le lait, les légumes du jardin, les volailles, les œufs et les autres petites Jouissimces apportées au presbytère, comme fruits additionnels de nos travaux. " Voilà, MM., ce qu'un très modeste, mais très zélé curé a pu faire lui- même, sur 16| arpents Je terre, sans négliger le bien des âmes dans sa paroisse ! Le printemps dernier, M. Dauth m'écrivait que ses habitants avaient acheté trois chars pleins d'engrais Victor, d'un seul coup, sans compter la cendre et la chaux qu'ils employaient en grande quantité. Voilà encore, MM., le fruit d'un bon exemple ! Je vous le demande maintenant, AL Dauth s'est-il contenté de doubler et de tripler ses récoltes en trois ans? J'en ai fait le calcul avec soin ; en évaluant les deux récoltes de 1891 et de 1894, cette dernière est d'au moins quinze fois plus considérable que la première ! Production économique du lait Je vous parlerai tout à l'heure de la fertilisation de la terre. Je ne dirai rion aujourd'hui des soins que le bétail exige, si ce n'est qu'il faut en été de 15 l'eau pure et une nourriture abondante, des abris contre les ardeurs du soleil ; en hiver, de la chaleur, de la lumièr?, de l'air pur ; et en toutes saisons, de la douceur toujours, une propreté scrupuleuse et beaucoup de régularité dans tous les soins à donner. Quant aux soins du lait et à la propreté en toutes choses, laissez-moi vous répéter les excellents conseils que nous donnait, l'an dernier encore, notre zélé et habile directeur de l'école provinciale de laiterie, M. Damien Leclair : " MM. les cultivateurs, c'est vous qui produisez et fournissez la matière première ; et malgré toute leur habileté et leur bon vouloir, les fabricants seront toujours sous votre dépendance en ce qui regarde la qualité du beurre et du fromage produits. En définitive, vous êtes les plus intéressés en cette matière. Les frais de fabrication, commission et vente ne changeront guère, et toute augmentation dans les prix de vente serait à votre seul bénéfice, Il est donc de votre intérêt de produire et de fournir un lait savoureux et bien conservé. " Nourriture économique du Bétail Je passe maintenant à la question fort complexe de la nourriture à donner au bétail, de manière à produire en quantité du lait riche qui nous coûtera le moins cher possible. L'an dernier, au sujet de l'engraissement dos porcs, je vous ai donné les principes qui forment la base de l'alimentation du bétail en général. Je ne reviendrai donc plus là-dessus, mais je vous engage fortement à revoir ces principes que vous trouverez dans Texcellent rajiport de notre société pour l'année dernière, qui vous a été adressé tout récemment par notre très actif et très dévoué secrétaire. Laissez-moi dire en passant que ce rapport lui fait honneur. Vous rappelant ce que j'y disais l'an dernier et ce qui a été publié sur ces principes de l'alimentation rationnelle du bétail dans le Journal d' Agrieulture, il me suffira, je crois, de vous indiquer quelques modèles de rations, qui vous permettront d'en préparer de même nature, tout en employant les divers fourrages et autres aliments dont vous disposez. Les rations, une fois préparées, dans la proportion que j'indique, doivent être données selon l'appétit de l'animal, plutôt qu'à mesure fixe. Cependant, on constatera en général que les quantités mentionnées dans les tableaux suivants s'approchent beaucoup de ce que les animaux consomment en moyenne, dans la pratique. Rations économiques pour le Bétail Four l'intelligence des rations économiques que je vais donner, je vous prie de remarquer les règles suivantes qui s'appliquent à chacune d'elles : — Plus l'animal donne de produits, plus sa ration doit être riche en princij,)e8 constitutifs de ces produits. 16' Le poidr; de matières sèches dans la nourriture peut varier de 2 p. c. à 4 p. c, du poids de l'animal vivant. Ces rations sont calculées pour une température moyenne de 55 ^ Fahr. RATIONS ÉCOIn'OMIQUES POUR LE BÉTAIL PAR 1000 Bbs DE POIDS VIF. TABLEAU I. ALIMENTS. 'â tbs. "o as Ib^. i o 1 tbs. Digestible. B 1 tt) i ai £ Ibs. REMARQUES. RATION THEORIQUE. 20à40 10.00 0.70 0.20 LA PAILLE i •s a ' 1ère RATION ruATi- QUIC. l'aille d'avoine Balle d'avoine Bett a es I o> a o ^ -c« 8 e I ■S M I ALIMENTS. Ration théorique. Kiitretien 10 livr. s de lait otal. lèie RATION PRATI- QUE. 'A paille, 'A balle d'a- voine Foin de mil Trèfle rouge ensilé . . . Total 2e RATION PRATIQUE ll'2 paille, H balle d'a- voine Foin de mil " trèfle... Bi'tteraves à vaches . , Total , 1 a o os lt)S. tt).S. 20à40 15.00 12.85 6.00, 5.13 20.00 4.16 41.00 22.14 15.00 12.85 6.00 6.13 6 00 5.10 20.00: 2.66 47.011 25.74 3e RATION PRATIQUE. 'A paille, 'A balle d'à voine 15.00 12.85 Foin de mil 5.00, 4.28 " trèfle '' 5.00, 4.25 Tourteau de coton. ... 2 .00; 1 .79 Total 27.00 23.17 .1. 4e ItATION PRATIQUE. Paille d'avoiue. . Ensilage de maïs., " " mil... " •• trèfle Digestible. Ibs. 3 o u Oh Ibs. g Ibs. 10.00 0.40 0.70 0.40 10.40 5.28 2.75 1.28 9.31 5.28 2.75 2.28 2.00 12.31 5.28 2.29 1.90 0.54 0.20 0 40 1.10 0.60 0.31 0.14 0.421 0.13 0.60 0.32 1.33 0.59 0.31| 0.14 0.42] 0.13 0.43| 0.09 0.22 0.02 1.381 0.38 10.(tl Total. i5.oo: 20.00 10.00 10.00! 13.85 4.00 2.87 2.08 55.0022.80 5.18 2.20 1.81 0.64 9.78 0.31i 0.35 0.38 0.61 REM.A.RQUES. LA PAILLE DOIT ÊTRE d'excellente QUALITÉ. Cette ration serait encore plus économi- que Pt plus complète si elle était comiwsée de 20 livres de paille et de 30 livres d'en- silage, H mil et 14 trèfle ; ce qui ne repré- senterait qu'environ 8 livres de foin. Otte ration est pauvre en graisse, et le lait en sera plus pauvre. Les 12 livres de foin auraient donné plus de 40 livres l ex- cellent ensilage. En ne mettant pas de foin en silo, on perd l'équivalent de 20 Ibs de betteraves et 10 livres d'ensilage. 1.65 0.51 CVtte ration devra être hachée, et mouillée d'avance. Elle ne prod\tira pas 0.14 autant de lait, bien que plus coûteuse que 0.11 la première. Si le foin été ensilé, on au- 0.07 l'ait eu 40 livres d'ensilage assez riche en 0.19 matières digestibles pour remplacer le ■ tourteau. 0.25 0.22 0.32 0.30 0.15. Cette ration est vraiment modèle ; elle JI'Jj sera fort goûtée pur les animaux, trèa di- (! "qa gestible et (loussaut au lait gras. C'est la q", g plus économique. 1.09 0.65 18 RATIONS ÉCONOMIQUES POUR LE BÉTAIL. TABLEAU III. 1 ï 1 ALIMENTS. "S . Digestible. ■s a a 1 .i .1 o* os as 2 a. O tbs. ibs. îbs. !bâ. Ibs. REMARQUES. H n es ' u PS > O CI Ration théorique 20à40 Entretien 20 livres dy lait Total BATION PRATIQUE Paille d'avoine . . . Ensilage de maïs . 10.00 0.80 0.70 O.SO 0.20 0.80! PAILLE BIEN CONSERVÉE ! 10.80 L50 1.00 1.5.00 20.00 mil 20.00 trèfle ' 20.00 Total., 13.85 4.00 5.74 4.16 5.13 2.20 3.62 1.28 0.22 0.64 0.60 Cette ration est modèle et produit a plus de 20 livres de lait, ou l'aiilmaleu- 0.15 (graissera. Il suffirait de 12 livres de 0.14 paille au lieu de 15. San.« ensilage de 0.40 mil et de trèfle, il faudrait du tourteau 0.32 de coton, ou d'autres farines. 75.00 27.7512.23 1.71; 1.01 Ration théoriqne. Enl retieu 30 livres de lait .... ca « I aa a Total EATION PRATIQUE i Paille d'avoine ] 10.00 Ensilage de m aïs 20 . 00 «« « m'1 20.00 " trèfle.... 2n.00 Tourteaude coton*. .. 3.00 Total 73.00 20à40 8.57 4.00 5.74 4.16 2.69 25.16 10.00 1.20 0.70 1.20 0.201 1.20i U.20 1.90 3 42: 0.17' 2.20 0.22; 3.62 0.64 1.28 0 6ft 0.82 0.91 1.40 Cette ration est asolumfnt modèle. Elle est comi>lète, l'excédent de protéine 0.10 remplaçant la graisse. Elle est aussi 0.14 la plus complète. 0.40 0.32 0.29 'Coûtant eLviron 4 cents. 11.34 2.54, 1.25; f Ration théorique. 20à40 Entretien i i 10.00 40 livres de lait ' 1.60 1 S Total, U.60 2.30 1ère RATION DE I'RA' TIQIE. Foin de mil " trèfle Ensilage 60 Tourteau de coton*. 6.00 4.'J8 2.29 0.35 5.00 4.25 1.90 0..38 60.00 13.90 7.10 1.46 4.00 3.59 1.09 .22 1.80 f'ette ration est également modèle. 3^4 livres de tourteau de coton suffi- l'aient. Ici le foin est nécessaire, comme Ivariété dans la nourriture. Un p' u de ! légumes racines, comme le panais, serait 0.11 ici économilantes très rustiques, des ressources particulièrement favorables. Ainsi les diverses espèces de fèves naines, et de gourganes ; diverses espèces de pois plus ou moins rustiques ; entin les variétés de blé-d"inde, qui conviennent le mieux au sol et au climat où l'on se trouve, sont des plantes faciles à cultiver par rangs sarclés, qui Liicure donné la valeur exacte de l'a/ote api)oité par la [liante au sol, et tout pris dans l'atmosphère. Tout nous porte à croire, cependant, c[ue notre estimation est à peu près exacte. 23 une partie des travaux qu'elles exiois, les féves et le hlé-d'inde que le cultivateur pauvre doit choisir de préférence pour ses cultures sarclées. Il pourra ainsi, s'il le veut, nettoyer convenablenu'nt clnniue année une partie notable de ses terres labourées. I)e plus, s'il sait choisir des semences l»ien nettes, il peut espérer voir disparaître rapidement, en grande partie du moins, les nniuvaises plantes (pli ont jus([u'ici infesté sa terre, et étoutté une partie très notabl-,^ de ses semences et de ses récoltes. ensilaoe et plantes racines comparées Les plantes-racines ont une valeur tonte sp<''ciale, qui n'est pas mentionnée au tableau, parce ([u'elle ne peut pas s'estimer en poids ou en argent. C-'est le bien-être que les animaux éprouvent lorsc^u'ils en sont nourris, et la 24 O P3 > 2; ce a 14 Vil leur totale. (2) ^ te o u- 1.-; M o -£ « 9& ri s. •xnBq,^ . œ •« M § 30 a r* M •as»i!;oj a; ^* a; t>- . 30 30 »A 2 14 C^ r-» 00 OO r-1 S» OO •.^nbuond -soqd'apiay 00 •*jozv «; : : â 25 00 in g^ (M S îî 00 ■S o ^ o o ^\ o m - ÎO « lO m l-«. Ci M 03 00 (M I-* s 0.= s ■« E u /« 3 o" •c o a tn O X a V tu &âo s c u l- •- 2- O- M C u; n •£ !/: p O. «; 3 3 n fi O a a "^ 5. « -eu "îi W ^^ .-H ^ C tJ W 'M a « 3 .y Kl"* U M 8 o n .« 60.5 <4j't9'^ u 3 w i- a: i« <« *< ? Jî î; 1» K a: Ij »< o h a H " C n = S '■ ■• —a " »- -'•' 4; o as sua ■5.S.-3 26 quantité de fourrages grossiers, tels que pailles, etc., qu'ils peuvent utiliser en consommant beaucoup de légumes. Mais n'oublions, [>as que la plupart de nos cultivateurs, même ceux qui sont à l'aise, ne sont pas encore en mesure de faire de grands champs de légumes racines, et qu'il leur sera par ( )nsé- quent, presqu'impossible de nettoyer ainsi, en cultures sarclées, une partie suffisante de leurs terres. Or, sans cultures sarclées suffisantes, impossible de nettoyer ses terres et d'en obtenir les meilleurs profits. î^'oublions pas non plus que les légumineuses mises en silo auront les mêmes avantages que les plantes racines, dans l'alimentation du bétail, et que ces légumineuses et le maïs-fourrage pour ensilage permettent de nettoyer, chaque année, une pro- portion suffisante de la terre. COMBIEN DE CULTURES SARCLÉES FAUT-IL FAIRE CHAQUE ANNEE ? Il est difficile de répondre d'une manière exacte à cette question, puisque les cultures sarclées ne peuvent être profitables que dans les terres bien égouttées, bien ameublies, suffisamment engraissées, libres d'obstacles trop considérables et trop nombreux, tels que roches, souches, touffes de brous- sailles, etc., etc. Mais on peut dire sans crainte que plus un cultivateur pauvre pourra cultiver convenablement de pois, de fèves et de maïs, par rangs sarclés et suffisamment engraissés, — moins il cultivera de grain sur grain sans sarclage ; — plus il récoltera de trèfle, de vesces ou lentilles pour fourrages verts, etc., plus il tirera de bénéfices de ses animaux, et plus vite il arrivera, lui et sa famille, à une honnête aisance. RÉCOLTES POSSIBLES SUR 60 ARPENTS DE TERRE Le tableau qui suit (No. 5, p. 27) fait voir quelles récoltes on obtiendra bientôt en suivant à la lettre les principes énoncés plus haut. Il est probable que l'on n'obtiendra point, dès les premières années, les quantités mentionnées au tableau, mais on s'en approchera suffisamment pour constater une améliora- tion très notable sur l'ancien système et s'encourager à contiimer la rotation commencée. Il faudra aussi ne pas entreprendre plus de cultures sarclées qu'on n'en peut faire parfaitement, car l'essentiel est de bien préparer la terre aux cultures sarclées, et de doinier k celles-ci les soins nécessaires pour en obtenir des récoltes bien nettes et tout à fait [)rofital)les. ROTATION NETTOYANTE TRES PROFITABLE Pour qu'une rotation soit nettoyante, il faut ramener les cultures sarclées 8ur les mêmes pièces, assez souvent pour détruire le plus possible les mau- 27 1 59 00 QD 00 o 00 r-l œ 00 O ÎD 00 :0 li^ O 1 • -^ 00 .-" ■<*♦ 00 00 »-< CO o r-t i-« es ^ ÎO !>. •XtlBH,") m r-l •♦ .«> TO .- oa t •O 3;Mœ ooaocs OO IN I^T) >o-*Q t^ 'cô iM > •OSSBJOJ X r-l o* 1— 1 -^ CO CO i-< ■«»' CO 00 (M S C^ Mb-OO o «o U5 la œ o »» IM !>J o œ . l>- C-i C^ Oi -* ^ i-^ 1—1 ^ C^ Cl l>. w t^ OD â4 OC •3nbuoi[ Isoijil spiay X rH f—l f—t 1— t 1—t «5 O rH f^ < . , uo •M 00 te r* ^.■£- Ut . m rH C . I>- O — 3: CO -** -^ C5 • 00 S i ■AUè% Bl 9(1 1 ^ : C^ IM • ■M 1?» rH o < iM • o • ■* «O 00 ■* • ■* o • !0 -"K sq t^ > •JiB.i aa ê lO . lO • • rH-* . (M j o o ^ C-I lO o lO gg is g SSS »o 1 H • ■■•••■• • 03 - - • "— ~-" , H o ' « o o "OO « ■sjoniiil s (N M '«N M ■ • OC . J * -— >^ ' 1 O . D M o O O O •>a o o \a \a o o o M t^ (M it; o '(M OO î^ (>J o o o 1 a •samiox ;rH o rH r-i i-i o' ei . . > . „ . c« . • 33 • • se • ■:= » 1*2 §jp I ^ S ! U 5 Si 1 '3 a . « m S 5 a 1 Om a T • -3 'C .a a u ,_lj -2 U ' a. 32 c- 1 ^ ■^ a. ; a 'a '3 , t? a- ■SI i.mUv o-* — m U-S-*NÇ< vçj f."! !-!.-<« IttW •SM iny 1 cî > 4 Ji % •ï ^ ^ *-H rH r -4 ■r V. c c M « 5 g c — a (« « 5 1^ i c = ê. " - ." iiie £3 •o n 3— =■ u- u "1— u c ë.2.^ s ■5*' 2 «'■55 tes S- S'" •a S. = 2 ^ c ^ »j i; S B 3 O i-" Q. V (11 n "S-§ «.s £3 £î&SS.f i* a; S » * B »: K "U *i eu ■S f g s' . 2 c '^ s n «i Il H\-l ■no a.-Si: ca fi g^ë^ 5 ..o S 3: <4< se ffl »j U.2 ■o -S 3 ^ K s u u u V es ^SSb 8WÎ-2 « -S a ^ - ^ u î «^ U! u Q '' o t? *- fS c.ï g -t 3 au « «M «M 28 vaises herbes, de manière à ce que les plantes que l'on cultive aient tout le bénéfice de rameublissement et de l'engraissement du sol. Il faut aussi semer entre deux récoltes de grains non sarclées, une ou plusieurs récoltes étouf- fantes, comme les pois, les lentilles, le trèfle rouge, etc. Le cultivateur qui, après mûre réflexion, adoptera un sj-stème de rotation dans lequel les cultures nettoyantes et étouffantes seront en nombre suffisant pour avoir des récoltes bien nettes, sera étonné des profits qu'il en retirera dès les premières années ; profits qui s'augmenteront d'année en année, pourvu que l'on donne, en même temps, à la terre les engrais qui lui sont indispensables pour produire de pleines récoltes. QUELLES RÉCOLTES DOIVENT SUIVRE LES CULTURES SARCLÉES ? Après une première culture sarclée, nous conseillons une récolte de grain, comme l'orge par exemple, dans laquelle on sèmerait du grand trèfle rouge. L'orge vient parfaitement dans une terre bien ameublie et bien engraissée. Cette récolte, occupant le terrain peu longtemps, le trèfle y vient avec force, surtout si la terre a été chaulée l'automne précédent. Le trèfle n'étant pas pâturé le premier automne, les premières neiges s'y arrêteront et empêcheront les mauvais eftets de la gelée. L'année suivante, on pourra faire deux récoltes de trèfle, pourvu qu'on le coupe dès l'ouverture des fleurs. En donnant à cette terre 300 livres de phosphate, coûtant environ §3.00, et environ autant de cendres, on aura l'année suivante, sans autre engrais, de 50 à 60 minots de blé-d'inde canadien, et environ 4,000 livres de tiges valant autant de foin ordi- naire. L'année suivante, la terre étant très nette, peut donner une excellente récolte de grain, dans lequel on sèmerait en abondance les graines de prairies et de pâturages, lesquels peuvent occuper plusieurs années de la rotation, si l'on a grand de terre à nettoyer ; — puis enfin on relèverait la prairie et le pâturage pour une récolte de grain onde pois, ou d'avoine et lentille, selon les besoins du cultivateur. On aurait ainsi suivi une rotation ordinaire de 8 à 12 années, et plus, selon la fertilité de sa terre. Mais pour ([ui voudrait obtenir les meilleurs rendomejits, dans une terre bien nettoyée, nous conseillons une rotation basée sur celle que nous donnons au tableau No. 5. On aurait ainsi, dans douze ans, trois récoltes sarclées, suivies d'autant de récoltes de grains ou de fourrages, puis trois récoltes étouttantes. Une terre ordinaire, de 60 arpents donnerait au-delà de 200 minots de patates, 678 minots de grains différents, et du fourrage pour entre- tenir parfaitement au moins 20 bêtes à cornes. Enfin, on devrait pouvoir engraisser de 10 à 20 porcs avec le lait écrémé, les grains et les fourrages ainsi récoltés chaque aiuiée ! Ne serait-ce pas là l'âge d'or de notre agricul- 29 ture ? Or, tout ceci est très certainement possible. C'est même comparative- ment facile pour qui le voudrait avec fermeté, travfiil et persévérance. IMPORTANCE DU DÉCHAUMAOK Dans la terre à mettre en culture sarclée l'année suivante, il faudra iléchaumer aussitôt que la récolte aura été enlevée du cliamp. Si l'on atten- dait longtemps avant de faire ce travail, la terre se durcirait, et il faulus ingrate de mon sujet. Il me faut, dans l'intérêt du cultivateur, le presser de faire des déboursés, dans le but d'améliorer certainement et économiquement ses récoltes. RICHESSE INITIALE DE NOS TERRES Nous ne sommes plus au temps où nos ancêtre» profitaient des pren)iers '■hemins de glace pour porter à la rivière les tnq» gros tas de fumiers amassés aux portes des étahles et écuries. C'était alors, paraît-il. l'usage le plus général que l'on faisait des fumiers. Les jeunes gens ([ui m'entendent n'y croiront peut-être pas ; mais je me rappelle bien des années, où le blé sur blé sans engrais procurait l'abonilance dans nos familles canadiennes. J'étais alors enfant. Plus tard, quand je commen(,'ai à cultiver, je me rappelle [tarfai- temi'Tit un incident assez amusant, (pii fera juger de l'étendue des préjugés contre l'emploi du fumier dans certaines terres. PRÉJUGÉS CONTRE LE FUMIER Dans les inagnitiques terres de la banlieue des Trois-Rivières, le blé avait 30 cessé de don /ter comme autrefois. Mou vieil oncle Bazile Doucet,colonel do milice, et l'un des braves de 1812, était de ceux (^ui vendaient beaucoup de blé et qui avaient pris Thabitude, assez générale dans ce temps-là, d'acheter pour les fêtes de riiiver une barrique de bonne vieille Jariunijne. Le blé vint à manquer souvent ;. . .mais la Jamaïque ne manquait pas. Si j'en juge par la gaieté de ces temps-là, elle avait au moins l'cttet de diminuer les chagrins. Donc, il arriva qu'un bon printemps, l'oncle Bazile dit à ma mère : J'ai semé encore trente minots de blé. Si le bon Dieu veut, j'en aurai bien quatre cents minots . . . .mais, dans tous les cas, j'en aurai toujours soixante minots. Ma mère, <|ui s'inquiétait des nombreuses mauvaises récoltes devenues trop fréquentes, n'aimait guère le badinage, et tit part de tes craintes au père Bazile. Le blé vint très mal cette année-là. L'hiver arrivé et le blé battu, on n'en trouva «lue dix-huit minots. C'était r.iineux, car les dettes s'accumulaient petit à petit, et l'oncle Bazile de se plaindre. Ma mère rappela alors le mauvais badinage du printemps précédent. J'intervins pour recommander de ne l)lus porter le fumier sur la glace, comme je l'avais vu faire de mes yeux. L'oncle, se tournant alors vivement de mon côté, me dit : " Tiens, toi, laisse- moi tranquille. Tu as conseillé à ton cousin Léon, l'année dernière, d'étendre le fumier sur une terre à pois, au lieu de le porter sur la glace, comme d'habi- tude. Sans me consulter il l'a fait, et c't'année il a poussé rien que des char- ilrons (chardons). Laisse-moi tranquille, te dis-je, avec ton fumier ! " Vous pouvez juger par là môme du peu de fruit ([ue portaient mes premières confé- rences. Aussi étaient-elles excessivement gratuit» ' Il y a bien quarante ans de cela, et Dieu merci, les choses ont bien change depuis. LES FUMIERS PERDUS OU GASPILLÉS Aujourd'hui chacun de nous sait combien le fumier augmente les récoltes. . .surtout quand les graines de chardon ne sont pas trop abondantes dans la terre ! Mais combien de «'ultivatenrs semblent encore ignorer que, par les lavages autour des étables, écuries, porcheries, etc., et la perte à travers les pontarjes, le plus grand nombre laissent écouler ainsi au ruisseau — sinon sur la glace des rivières, — la partie la plus soluble et la plus précieuse des fumiers ? En employant de la terre sèche derrière les animaux, surtout de la terre de savane desséchée d'avance, ou à son défaut, des tourbes également séchées d'avance et prises dans un relevé de prairie ou de pâturage rapproché des étables : en un mot, en empêchant les urines de se perdre, en empêchant une fermentation excessive des fumiers solides, nous augmenterons beaucoup l'efficacité des fumiers. Quand nous aurons pris toutes ces précautions, — que l'on ne saurait trop recommander — nos meilleurs cultivateurs admettront qu'il 81 leur faudrait au moins trois ou quatre fois la ([uantité de fumier dont ils dis- posent, en vue de maintenir suffisamment la fertilité de leurs terres en culture. Examinons, eu effet, ce que nou3 perdons en continuant à cultiver des terres appauvries. NOrVEAU SYSTK.MH DE CULirRE En commençant cet entretien, j'ai promis de parler d'un nouveau système de culture, par lequel il nous est maintenant donné de produire, à peu de frais, de bien meilleures récoltes que par le passé. Dans tous les pays bien organisés, les gouvernements et les sociétés savantes font, — depuis. un bon nomlîre d'années déjà, — de grands efforts pour diminuer le plus possible le coût de production des denrées alimentaires. Ils y ont employé, chacun, plusieurs savants praticiens, aidés des chimistes agricoles les plus distingués. Il nous a donc été démontré, à l'évidence, par des centaines et des milliers de cultures diverses, dans dift'érents pays et dans toutes les variétés de sols et de circonstances, que les mauvaises récoltes dépendent, en grande partie du moins, de l'épuisement du sol. Ces démonstrations oculaires. — qu'ont suivi avec grande attention des milliers d'intéressés, dans différents pays d'Europe et d'Amérique, — ont prouvé à l'évidence (pie rabsence de l'une ou de l'autre de quatre matières fertilisantes distinctes, réduisent les récoltes, dans des pro- portions tout à fait étonnantes. — ^je i.;»iirrais dire alarmantes, ('es quatre matières si précieuses sont, heureurement, à la portée de tous les cultivateurs. Ce sont la chaux, la potasse, le phosphate ou plutôt l'acide phosphorique, et enfin l'azote qui, à lui seul, forme environ les 4/5 de l'air atmosphérique que nous respirons. Dans sa divitie Sagesse, la Providence a mis, presque partout dans le sol arable, et en abondance, tous les autres éléments dont se nourrissent les plantes. Elle a de plus créé en quantités inépuisables et mis, un peu par- tout, mais à la portée du cultivateur, les quatre éléments indispensables aux plantes et qui ne se trouvent point dans les terres épuisées, ou naturellement pauvres. A nous donc, — cultivateurs, jardiniers, arboriculteurs ou fleuristes, — d'étudier avec soin les lois providentielles, qui régissent toutes les cultures ; puis de donner au sol les soins, — surtout la nourriture, — dont il a un besoin absolu. DÉMONSTRATION OCULAIRE J'attire votre attention toute particulière sur les gravures qui suivent. Voyons d'abord comment on est arrivé à doubler, à quadrupler même, les récoltes de pommes de terre, la nourriture par excellence des populations pauvres. Vous voyez dans la figure No. 2, une récolte ordinaire, beaucoup meilleure même que la moyenne dans nos vieilles paroisses. Ces deux gravures, ne 32 l'oublions i>as, sont la reproduction titlMo dt» plantes cultivées dans une même piëce, d'une manière identique, si ce n'est que, dans une partie du champ (No 1), la récolte de patates a suivi une récolte de lupins, légumineuse à racines très [M'oti ndes. I^a terre ('tant très légère, et le sous-sol sec et poreux, la séche- resse a privé d'humidité une partie de la réctdte, représentée par la plante à gauche, tigure Xo. 2. LABOURS TRKS PROFONDS POUR LES PATATES Atin d'assurer au sol plus d'humidité, et plus d'aliments à la plante, tout ce champ avait été labouré à une profondeur tout à fait inconnue dans cette province, ù seize pouces. 11 est maintenant prouvé, hors de tout doute, (|ue les labours très profonds, surtout dans les terres légères, et toutes terres par- faitement égouttées, augmenteront la récolte de patates d'une manière extra- ordinaire, par le fait (pie les patates ne peuvent se développer complètement que dans un sol profondément ameubli. o N^ 2 rmniT 33 Effets des légumineuses sur les pommes de terre. Dans la partie du champ (No 1), qui avait produit l'année précédente des légumineuses, les racines de pommes de terre ont pénétré dans le sous-sol à une grande profondeur (à 40 pouces), grâce aux petits canaux creusés par les racines pivotantes et fortes du lupin, (figure No. 3). Celles du trèfle rouge eusseii ; tait la même chose partout où celui-ci aurait précédé immédiatement la patate. A cette profondeur, les racines de pommes de terre ont obtenu en abondance l'humidité ^^v^ dont la surface était privée. De là une ré- colte de 380 minots par arpent, soit quatre fois autant que la moyenne, dans nos terres appauvries. On trouvera dans le " Journal d'agriculture," (numéro d'août 1895), tous les détails de cette très intéressante et sur- tout très profitable démonstration. A cha- cun de nous, de répéter cette expérience au plus tôt, soit dans nos jardins, soit dans nos champs, pour notre profit d'abord, et sur- tout pour le bien qu'en peuvent et doivent retirer les cultivateurs qui nous entourent. Il y a donc ici plusieurs enseigne- ments bien distincts : lo. la nécessité de donner à la pomme de terre un sol pro- fondément ameubli, contenant tous les éléments de fertilité nécessaires : 2o. de faire cette culture plutôt à la suite d'une bonne récolte de légumineuses, à racines fortes et profondes, lesquelles assureront aux patates une nouvelle source de nourriture, enfouie dans les profondeurs du sol, et surtout l'humidité indis- pensable, laquelle manque le plus souvent dans les terres sèches et légères «lui, autrement, conviennent bien à ces cultures, et leur assurent un goût et une qualité vraiment supérieures. Des recherches également intelligentes et soignées nous permettent de combattre, maintenant, avec une très grande efficacité, les diverses maladies de la patate qui, pendant plusieurs années, ont rendu sa culture des plus incertaines. Yoilà, Messieurs, quelques-uns des heureux eftets de la science appliquée à l'agriculture, en ce qui regarde cette partie très importante de nos moissons. Voyons maintenant, dans la figure No. 4, l'effet produit en donnant à la plante une quantité plus ou moins grande d'azote, et une fumure complète des trois autres éléments ci-haut menti<»nnés. Dans les cultures de graminées ici représentées, le sol et les soins de culture ont été absolument les mêmes. B Fig. 3. — Le lupin. 84 Pig, 4. — Effets de l'azote sur les graminées (grains, mil, etc.) I. Engrais phosphaté II. Engrais phosphaté III. Engrais pliosphaté IV'. Engrais phospliaté et potassique et potassique et potassique et potas.'-ique pas d'azote. plus j4 gr- azote. plus i gr. azote. plus i '-^ gr. a^ote. Et cependant, la récolte est de quatre à cinq fois plus considéral)le, là où l'azote, l'acide phospliorique, la potasse et la chaux n'ont pas fait défaut. Au lieu de 7 à 8 minots d'avoine par arpent, que représente la récolte à gauche du tableau, ou de l'équivalent que l'on obtiendrait en d'autres grains ou racines, l'emploi judicieux des engrais de commerce donne de 28 à 35 minoi - do blé par arpent, année moyenne, ou un même équivalent d'augmentation pour les autres graminées ou racines. CE QUE COUTE DE PLUS UNE EXCELLENTE RECOLTE J'ai dit que cette énorme différence de production pouvait s'obtenir avec une dépense comparativement minime. En voici la preuve : vous admettez, Messieurs, que tout cultivateur doit pourvoir d'abord à ses frais généraux. Il lui faut évidemment pour commencer un terrain défriché ; il faut 35 ensuite qu'il l'égontte, le laboure, le herse et le rigole. Il lui faut eucore «les bâtiments de ferme, des animaux de travail, des instruments ara- toires, etc. 11 lui faudra, coûte que coûte, fournir la semence et la déposer en terre. Puis il clôturera ses champs, afin de préserver la récolte future contre les incursions des animaux. Enfin, s'il a souci de ses intérêts, il lui faudra ée a\-ec J^ gr, ïll. Sans engrais po- IV, Kumèe avec JJ gr. sique. de potasse. tassique, de potasse, Fig, 7. — Effets de la potasse sur les graminées. 7'errais aux savants de décomposer les aliments, afin d'en peser et d'en établir exactement la valeur. Puis, on a analysé les divers engrais ; on en a mesuré la qualité et la quantité ; on nous a dit comment les choisir et dans (pielle proportion les appliquer. Enfin, et tout récemment, la chimie agricole a pu compléter cette belle page de son œuvre, en nous montrant comment capter, avec assurance, l'azote atmosphérique ; et c<>mment il se transforme en nitrate, cette nourri- ture par excellence des plantes. LES EXPÉRIENCES DE LA\VE3 ET «ILBERT. Il importe que tout cultivateur intelligent soit bien renseigné sur les résultats obtenus en Angleterre, depuis cinquante années consécutives, par deux agronomes aussi distingués que savants, Sir. John B. Lawes et Sir Henry (iUlbert. Ces expériences consécutives, sur les mêmes terrains, faites avec le plus grand soin, ont démontré à l'évidence ce que les cultivateurs perdent, en ne rendant pas à la terre les éléments de fertilité, dont elle a l)esoin j>our pro- duire de bonnes récoltes, ('es expérimentateurs ont commencé par choisir des champs très fertiles, et ils les ont subdivisés en plusieurs parcelles, dansles- (juelles ils ont fait leurs diverses cultures comparatives. Pendant 50 ans, ils ont cultivé blé sur blé, orge sur orge, plantes-racines sur plantes-racines : sans aucun engrais ; avec 32,000 livres environ du meilleur fumier par acre par année ; avec superphosphate, c'est-à-dire acide i»hosphorique, et chaux ; avec superphosphate, potasse, soude et magnésie ; enfin, avec ces divers engrais minéraux réunis, et certaines quantités dcmnées d'azote. En outre des cultures successives, le même genre d'études démonstra- tives a été poursuivi, avec les mêmes soins, pour les rotations. Le temps me manque, dans cette coiiférence, pour tirer tout le parti possible des précieuses le(;ons (pii découlent de ces longs et intéressants travaux. Voici un résumé sommaire des résultats obtemis. Vous y trouverez un enseigne- ment des plus utiles au sujet du meilleur mode de fertilisation de nos récoltes. Rcmanpions d'abord H 22 83^i UH ,, , l 550 Ibs. nitrate de soude " +1 égalant 861b... azote*.. J55M 20H 36H 36'A * En 1885 et depuis, 275 livres de nitrate de soude seulement. Sir J. B. Lawes explique ses grosses récoltes de blé et d'orge pendant 50 années successives, sans aucun engrais quelamque, par le seul fait que la terre bien préparée et ameublie a été tenue très nette et exempte de mauvaises herbes, F 42 Des résultats à peu près identiques à ceux du blé, ont été obtenus avec l'orge, avec les plantes-racines, et dans la rotation. Seulement, il a été démontré que, par la rotation des récoltes, il fallait beaucoup moins d'engrais pour obtenir les meilleurs résultats, et que les cultures sarclées facilitaient infiniment les opérations nécessaires au nettoiement du sol, comme l'indiquent les tableaux qui suivent : RÉCOLTES CONTINUES D'ORGE PENDANT 40 ANS. (1852-1891). TABLEAU VII. DESCRIPTION DES ENGRAIS. Quantités à l'acre {t% d'arpent). Grain nettoyé. Sans aucun engrai.s Avec fumier de ferme, 31360 Ibs. l'Azote 200 Ibs '. Acide phosphorique 120 " (Potasse 240 Superphosphate . . . 400 Ibs. - ifp- ■ Avec engrais minéraux ^ulphate de potassse. 200 ;' I ^^„,^ bs.| Deux I meilleures années. I Deux pires années. ni 1S54 ! 1857 ', 1879 I 18S7 Mi- .Mi- j Mi- Mi- nots* nots* nots* nots* 6Kt 7^ 35 26'A 56%' 5iy* " magnésie 100 " " et 200 Ibs. sels ammoniacaux égalant ^3 Ibs. azote . . 1 " et 275 Ibs. nitrate de soude égalant 43 Ibs. azote . . . i 42 60^8 62% 36^8 26 7,9% i 'H 8% l| j 57H 27Va 22% 14% : 25^ 255^ Mi- nots • 48? 8 *5'A Paille. Sans aucun engrais Avec fumier de ferme Avec engrais minéraux r Azote . - 200 Ibs. ) , 31360 Ibs. ■= •< Acide phosphorique 120 " ç (. Potassse 240 " J } Superphosphate Sulfate de potasse . . " .soude . . . " " magnésie. • seuls 400 Ibs. 200 " 100 " loo " J et 2oolbs. selsanimoniacaux' égalant 43 Ibs. azote . . . et 275 Ibs. nitrate de .soude égalant 43 Ibs. azote . . LBS. LBS. LBS. LBS. 2442 1425 ... 648 4171 2649 1842 2595 1920 ' 630 4530 3120 1705 5487 4Ï57 ! • • ■ 2023 LBS. 1044 3247 1379 S904 318C Total— Grain et Paille. sans aucun engrais Avec fumier de ferme, 31360 Ibs. ■ ilbs. ] seuls Azote 200 Acide phosphorique 120 i. Potasse 240 i Superphosphate . . . 400 Ibs, Avec engrais minéraux j «"'f'jt^ ^e potasse • • J^ ^ ' " " magnésie. loo " " " " " et 200 Ihs sel ammoniacaux égalant 4.3 Ibs. azote . . " " " " et 275 Ibs. nitrate de soude égalant 43 Ibs. azote . . 4405 2878 7298 ! 5564 4969 7958 9026 4111 1 6336 j 7734 1043 3294 1088 2929 3455 1076 601 n 3530 536.1 5761 • I.e poids du niinot a varié selon la quantité, l'espèce d'engrais, et la saison, depuis 51 livres à 54.8 livres d'orge par minot, l'engrais complet au sutfate d'ammoniaque donnaut le grain le plus lourd. 43 m W ^ ç^ < Ch ^ O co CJ QO 00 r/2 ^ W 1 'M tJ »o ^ >— 1 Eh r« ^ S5 O «<5 O (M 05 TiT) H H !<5 hJ tz; O Q g « w P4 s D H U H i-r )^ H < n H "* t5 ?^ W H fi O ^ S O M H <1 H O M •XllBip O y t» ! 03 1 O > & ^^ o 33 eu m •xnuqQ •assiioj •ani'i.i -ondsoqd apToy •040ZV ■sjipas s8J9;4«iç 00 >n n * . !tt T-l œ i-i •xuBqo â •assm^oj I •anl)i.i ' -oiidsoiid iipiiy •8}ozv £ en .35 o 00 œ 2i O S H £ 5 u Si « y « i3 ta a » o » a I •asscjoj à eo 00 •anbu •oqdsotul'appv  O r- »>^ ce •a^.zy â o 00 ■saqnas gajsi^um â Si co 00 eo £ eo'o eo â o o O â 00 00 «3 — 00 ta a> co 1-1 1^ oa o oseo Cl r-t r-t Cl 5;: ■* m 1876 345 SI i tOoo ! eo ta 00 ■* •* o» coo ooo 00 tN OOO 05 * 'S 3 c« o co o Ci ,: ri o «^^ t-* o s O co r-1 -Jl t^05 . ■«" ta a> ta Oi co 00 — o> eo 00 ooi-i o ^H oeo d lO o to r- (N eo i-t 1— « 0-* ■• . . eo t^ o et _". g§ S «c t>. co o eo on eo eo o i-H I-H inia O 10-* 8 00»» c^ ta 1-1 o 5.03 6.45 00 '^ r-* ri 6.95 1.10 ta o 00 13,5 4.2 44 -3 o O > 5 o Ph o K Q 3 w < O 12; < ta •xntjiio •asîBpj •anbij i -omlsoiid optay C4 Cl t^ 00 -w o «o I..* '^ •8;ozv •feaqjgs saBT^Bjç ^ e «o os i-H (M ci •XUBII3 •assB^oj ■atitiu -oqilsoT[d appv •8;ozy •saqDss saj^t;t!i\[ os -♦ eo i-i 0-1 — f-00 o ïN ■* œ (M O 1-^ os PI O M O (M T-t 00 lïl eo •* (M p- O OO eo (N O t^ Oi \a o va os 00 os 00 OO t^ri os os os 00 co o ri to o 1^ c^ o os e OO co co os ,^ œ o. 00 M o. rnS-l co mo» ■*'oo' os 1-H «o rH (M f-t o r-t to o 00 O H la H Q M O ■« Si S5 9 O H « h) ■fil o I H O o •S H O Eh 11.49 1.99 00 co 49.6 14.0 «o eo to OS os «o i-i t>. ■*r-l o i-H>i C) 00 1147 1487 2624 ss 1 r^ t^ 00 1 eo -* ^ ! ". 1 t^ eo o 5SS s CO.H co 1 ~ os 00 os ta t^ >n —1 «o 1^ 1-HTf lO (M 00 co t>.d o co lOrH rjH(< CI m •*oo Ol>. 00 00 ■* os o .œ co os ■>»• rH to O cj eo © S Cl 00 o 00 <2 45 TABLEAU IX. TABLEAU COMPARATIF DES QUANTITÉS MOYEXNIiS DE MATIÈRE SÈCHE PRODUITES PAR ACRE dans les cnlfures en ro'ation et dans les cultures continues, de 1852 à 1883 — 32 ans. Sans Enghais. • Avec Superphosphatk SKlLEMKXr. AVF.C Engkais COMPLET. DESCRIPTION Dfô EÉCOI.TES. Récoltes \ En plus ' Reçoit s | En plus. ; Récoltes j En plus. I en ro- coiiti- ,, I ^ ■ en ro- coiiti- [ ,, I ,, eu m- coiiti- tation. nues Choux de Siara Total K. C. '■■■•"•/^"""■, i;. ' tatioii. iiups. 1 tntu-n. mics. ; lî. C. Radnes.. 228 i 236 ! 8 î lfi31 945 686 Feuilles.. 49 49' Oi 176 142 34 .■^128 , 1876 I 1252. 277 285 8 1807 1087 ! 7.0 355 345 .. 31S3 2221 10. 1262... Orgn .. S Grain, l'aille 1489 1647 875 947 ! 614 700 1294 1128 1355 105-2 166 303 1987 ; 2298 311 2129 ■ 2489 .. SCO Total. 3136 1822 1314 i.,,. 2649 ; 2180 ! 4C9.... 4116 47S7 671 P,léd'a«tomuo...jgX Total 1368 647 2296 1082 3664 1729 721 1214 1835 1514 766 7 '8 2513 1204 1309 4 27 : 1970 j 2067 1740 1238 502 31 •■17 21-12 I 995 4877 3380 1497 ! ... ^--'- î ?;?:::; 631 879 23 1 422 397 457 640 978 265 524 375 4.'i4 1147 1J8- 581 799 56R 688 Total 151" 666 854 1618 789 ; 8-29 2634 i 1380 1^54 On voit par ce tableau, qu'à part les choux de Siam, sans aucun engrais, dont la récolte est h peu près nulle, les récoltes de la rotation sont, au moins, de moitié plus considérables que les récoles continues, sur un morne champ, et cela, k égalité de soin et d'engrais. Cependant, l'orge traitée avec engrais complet, chaque année, dans les récoltes continues, a donné da\-antage. On explique ce fait par l'avidité de l'orge pour les engrais, les récoltes en rotation recevant l'engrais eu une seule fois, dans la récolte sarclée. LES ENGRAIS DE COMMERCE Il est un fait, parfaitement confirmé par les expériences de sir John B. Lawes, et qui surprendra peut-être la plupart de mes lecteurs. Il donne 46 entièrement raison à mon bon ami, M. le curé de St-Léonard, contre tous ceux qui, tout dernièrement encore, doutaient hautement de sa véracité, an Hujet des ettets des engrais de commerce. Sir Jolin B. Lawes démontre en eliet que, d'année en année depuis 50 ans, et aussi bien maintenant qu'autrefois, il a obtenu et il obiont encore, après 50 années de culture, à peu près les mêmes ettets, avec les engrais de commerce (qu'avec une abondance des meilleurs fumiers. Et s'il y a une dift'érence, elle est, le plus souvent, en faveur des récoltes obtenues avec les engrais de commerce, pourvu, toujours, que la terre contienne suffisamment d'humus. Il ressort donc de ces démonstrations que le cultivateur doit ménager tous les fumiers et en tirer le plus de profit qu'il peut, mais cela fait, s'il veut ne pas récolter le seulement tiere ou le quart de ce que ses terres non fumées pourraient lui donner, il lui faudra de la chaux, de la cendre ou de la potasse, sous la meilleure forme économique, et enfin, de l'acide phosphorique. LES ENGRAIS MINÉRAUX Ces trois matières minérales, Vacide phosphorique, la potasse et la chaux ne coûtent pas cher. Pour le trèfle et toutes les légumineuses, ce sont les seuls engrais indispensables. De plus, en ajoutant un peu de ces engrais minéraux à ses fumiers de ferme, on en doublera certainement l'efficacité, et on pourra ainsi fumer convenablement beaucoup plus de terre chaque année. Comme je viens de le dire, ces matières minérales : la chaux, la potasse et l'acide ph<)sphori(|ue à l'état soluble ne coûtent pas cher. On peut, mainte- nant, s'en procurer en abondance dans la province, et si nous les employons sans crainte, nous verrons partout doubler et tripler nos récoltes. Il va sans dire que je parle des terres plus ou moins épuisées, (pii ne donnent plus, sans engrais, des récoltes complètes. D'ailleurs, ces belles terres d'autrefois, qui donnaient en quantité, le blé, l'orge, les pois, l'avoine, etc., et cola sans engrais quelconque, sont devenues infiniment rares dans chacune des vieilles paroisses de la province ! CONCLUSION Mais, Messieurs, je vous ai retenu bien trop longtemps. Mon intention n'était pas de vous donner ici, tout un cours d'agriculture, mais de vous montrer les mo\-ens à prendre pour rendre notre agriculture plus profitable. J'ai voulu surtout vous intéresser vivement à cette grande question sociale, — l'amélioration de l'agriculture dans notre province. l'industrie laitière, notre seule planche de salut ! Lorqu'en 1881 quelques personnes de bonne volonté ont créé notre 47 société d'industrie laitière ; lorsqu'elles ont fait valoir toute l'importance que pouvait prendre, dans cette province, cette nouvelle industrie, on s'est récrié bien haut, surtout k la mention des quelques millions de piastres ([ue nous avions l'espoir de procurer ainsi à l'agriculture et au commerce. L'avenir nous a donné raison. Xous avons obtenu ainsi des produits doubles ot triples de ce que nous avions espéré. Mais voici maintenant que nous soulevons un tout autre problème, lequel est intimement lié au succès de l'industrie laitière. Il n'y a pas six mois, plusieurs personnes marquantes, et des mieux intention- nées, nous assuraient que cette même industrie était, à peu près, notre unique planche de salut en matière agricole. Mais elles se trompaient grandement. l'exportation des viandes FRAICHES Voici que tout à coup s'ouvre pour nous, — et pour nous surtout, de la province de Québec, — des horizons nouveaux, des espérances de progrès agri- coles, industriels et commerciaux de la plus haute portée. Puisque l'Austra- lie,— comme le signalaient, les premiers dans cette province, tout récemment encore, deux journaux de Québec, - puisque l'Australie a trouvé moyen d'ex- porter avec profit en Angleterre, — à travers les eaux si chaudes de l'Equateur et des Tropiques, — à une distance quatre et cinq fois plus grande du marché anglais que nous ne le sommes nous-mêmes, de porter, dis-je, à l'état frais, non seulement les produits de l'industrie laitière, mais encore ses agneaux, ses viandes fraîches de tout genre, même ces lapins, dont la merveilleuse fécondité raena(;ait de ruine prochaine tous les produits de ses champs. Puisque l'Australie a fait, devant nos yeux ébahis, une démonstration qui procure annuellement à son agriculture des profit nets de plusieurs raillions de louis sterling, — pourquoi le Canada, surtout la province et le port de Qué- bec, n'en feraient-ils pas autant ? Pourquoi pas, en effet? puisque nous jouis- sons d'avantages incomparablement supérieurs à ceux des Colonies Australes ? LE BESOIN DE REFRIGERANTS Cette année, nous avons eu le bonheur d'une récolte abondante. Qu'a- vons-nous vu ? Des quantités énormes de produits alimentaires de la meil- leure qualité, qui se sont vendues à vil prix, qui se sont même perdues, faute de réfrigérants modernes pour les emmagasiner et les conserver. Et ce qui est arrivé cette année s'est répété presque chaque fois que la Providence a béni nos travaux agricoles. Et pendant que nos cultivateurs perdent ainsi, faute d'un marché profitable, une partie notable de leurs reveims ; que se passe-t-il dans des pays avec lesquels nous communiquons constamment ; que la vapeur nous permet d'atteindre eu quelques jours ? 48 L;i, Messieurs, des millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont abso- lument privés de ces mêmes aliments qui se vendent ici à vil prix ou qui se perdent. Et pourquoi ? parce que ces mêmes produits sont trop rares et se vendent à des prix inabordables pour leurs faibles ressources. Et, savez-vous ce qu'il en coûtera pour conserver à la j>erfection, pour expédier et vendre sur les marchés d'Europe nos excellentes viandes et tous nos produits simi- laires ? Environ IJ centin par livre ! Pensez-vous que l'ouvrier anglais se nourriia plus longtemps de pain et de fromage seulement, payant ce dernier 15 centins la livre, quand nous pourrons lui offrir nos meilleures viandes à 10 ou 12 centins ? A ces prix, n'est-ce pas que la marge de profit que je viens d'indiquer nous permettra de multiplier bien des fois notre production sans encombre ? N'est-ce pas, Messieurs, qu'alors le cultivateur n'aura plus raison de se plaindre, qu'il ne saurait pas vendre avec profit les produits de ses champs, transformés en beurre, eu fromage, en viande de toute espèce ; en volailles grasses, en œufs frais, etc., etc. ? Encore une fois, puisque l'Australie a pu affréter d'énormes vaisseaux à vapeur, en grand nombre et chaque année, et les transformer en réfrigérants parfaits, pour une traversée de 40 jours en moyenne, n'ai-je pas raison de dire que ces mêmes industries nous donnent les plus belles promesses d'avenir, à nous surtout du port de Québec, dont les eaux refroidies par les glaces du nord faciliteront infiniment ces mêmes transports ? l'économie domestique et son enseignement J'ai dit un mot tout à l'heure de quelques industries domestiques : de la production du beurre, des volailles, des œufs, etc., lesquelles gagneront beau- coup, infiniment même, au nouvel état de choses proposé. Laissez-moi men- tionner ici, en passant, une création de date toute récente, mais qui nous promet, dans un avenir prochain, une transformation des plus heureuses pour notre agriculture. Il s'agit. Messieurs, de l'éducation pratique et complète de la classe la plus importante, la plus respectée, la plus admirée même des habitants de la campagne : des jeunes filles, les futures éducatrices des enfants de nos villes et de nos campagnes, les mères de familles chrétiennes de nos classes rurales ! Saluoii^ ici. Messieurs, avec respect et reconnaissance, l'œuvre admirable des révérendes Dames Ursulines de Roberval, Souhaitons qu'elles aient bien- tôt de nombreuses imitatrices, et que, dans un avenir prochain, le plus grand nombre des maisons d'éducation de nos campagnes enseignent à leurs élèves comme elles le font aujourd'hui, comment devenir des membres utiles à la société, et aussi, comment se préparer à faire le bonheur et la fortune de ceux 4ô avec lesquels elles sont appelées à vivre. Ai-je besoin de demander si nous souhaitons à ce nouveau et parfait système d'éducation un succès complet ? COMMENT s'emparer DU SQL En terminant cet entretien, permettez que je répète à mon tour un con- seil patriotique d'une haute portée et qui nous a été donné à maintes reprises : " Canadiens, emparez-vous du sol ! " Oui, emparons-nous du sol, mais avec courage, intelligence et conviction. Faisons ici, ce que font les classes diri- geutes dans tous les pays bien organisés. Ayons, en propre, aussitôt que nous le pourrons, au moins un petit coin de terre, auquel nous donnerons nos loisirs ; auquel nous demanderons la santé, la force et toutes les plus pures jouissances. Oui, emparons-nous du sol ! COMMENT PERFECTIONNER NOTRE ORGANISATION AGRICOLE Qu'une éducation parfaite, adaptée à nos ressources et à nos besoins, permette à nos fils de faire refleurir l'agriculture. Que nos campagnes, appauvries par une émigration alarmante et générale, se repeuplent d'une génération mieux instruite, taisant de l'agriculture une industrie et un art parfaitement rémunérateurs. Que nos campagnes s'organisent de mieux eu mieux : par leurs cercles agricoles ; par leurs syndicats do cultivateurs ; par leurs représentants parfaitement préparés, à la suite de fortes études, à pro- mouvoir toujours, et à défendre au besoin, les intérêts si précieux de l'agri- culture et de la colonisation. Que des comices agricoles, où se réuniront annuellement les plus belles intelligences, les plus beaux dévouements de tout un district, s'organisent, à l'avenir, d'une manière permanente ; afin que les besoins si grands et si importants de l'agriculture et de la colonisa- tion soient étudiés à fond, en vue de trouver bientôt les meilleurs moyens d'y pourvoir. SOYONS, ou CULTIVATEURS, OU AMIS DU CULTIVATEUR Pour finir, j'affirme que la prospérité de la province exige que nous soyons, ou cultivateurs, ou amis dévoués et convaincus de l'agriculture ! îfotre avenir national dépendra. Messieurs, — ai-je besoin de l'afiirmer? — du plus ou moins de solidité et de prospérité que nous aurons donné, tous ensemble, à notre agriculture ; du plus ou moins d'intelligence, d'éducation que nos populations rurales sauront ajouter au travail persévérant, opiniâtre, de la tête et des bras ; du plus ou moins de sage économie, apportée dans la direction journalière de nos affaires domestiques, rurales et nationales. 50 LES HÉROS, NOS ANCÊTRES, IMITONS-LES ! N'oublions pas ce qu'ont été nos përes : des travailleurs émérites, des chrétiens convaincus, de véritables héros. î^'oublions pas non plus, qu'ils sont venus de France, chargés d'une mission providentielle, nous ne pouvons pas en douter. Ils avaient à porter la bonne, la grande nouvelle à tout un continent nouveau. Si nous voulons être les dignes fila de nos pères, accep- tons courageusement, noblement, la magnifique tâche qui nous incombe, — le gesta Dei per Franoos, — en Amérique, sinon dans une Nouvelle France. NOS MISSIONNAIRES A BRICOLES • En terminant, je crois devoir m'adresser, tout particulièrement à vous. Messieurs les missionnaires agricoles, qui avez été choisis par NN. SS. les Evêques de la province civile de Québec, et tout spécialement chargés d'une mission providentielle, par les temps diflSciles que nous traversons, NN. SS. dans leur admirable mandement collectif, daté du jour de l'Epiphanie (1894), vous ont appelé à développer, dans la mesure de vos forces, une œuvre do charité publique dont le besoin est d'une urgence extrême. Vous avez entre- pris de faire connaître et aimer les enseignements de la pratique et de la science en agriculture. En favorisant de votre mieux la création du haut enseigne- ment agricole dans cette province ; en mettant cet enseignement à la portée de tous les cultivateurs, par vos conférences dans nos campagnes, vous arrive- rez bientôt, j'en ai la certitude, aux résultats les plus encourageants. Comme conséquence finale de votre dévouement et de votre travail ardu, vous aurez la satisfaction bien grande d'avoir continué, en la développant, l'œuvre essen- tiellement patriotique du clergé dans cette province, depuis l'origine de la colonie. La Providence redira sans doute et bien haut vos louanges, par la fertilité rendue à nos terres épuisées, par la richesse sociale ainsi créée, par les bons exemples de tous genres que votre prédication ne saurait mancjuer de produire parmi nos populations rurales, lesquelles maintiendront long- temps, je l'espère, la vieille et noble réputation acquise par nos ancêtres de cultivateurs-gentilhommes. Ainsi, vous aurez bientôt terme la bouche aux trop nombreux détracteurs de notre Foi en Amérique, à tous ceux qui attri- buent à l'enseignement religieux, que l'on nous donne, notre manque de con- naissances et nos insuccès passés en agriculture. Je termine donc par un souhait ([ui part du cnuir : Que Dieu bénisse vos travaux et les nôtres !