.v^ Va 9. %1^ aW^ W M "W V IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) 1.0 M 1.25 tiifm |2.5 «f Ki 12.2 ë Uâ 12.0 1.8 LA. 1111116 à ^ ^ qv ^ ^' 'v- ^#^^ ^ 90 T cette troisième société, devront exposer dans leur demande les motifs qui les portent a l'établir; et le> lieutenant-gouverneur en conseil, sur le rapport dvL commissaire, jugera si son établissement est utile et op- portun, et tout ce qui est requis pour l'établissement' d'une première société sera également requis pour l'éta- blissement d'une seconde ou d'une troisième, et tout se» tera dans la manière ci-dessus pourvue. ••7- Si plusieurs demandes de formation de société dan» la même divittion électorale sont transmises nu commis- saire dans le même temps ou do manière à ce qu'il s'en- trouve plusieurs à la fois devant lui, le lieutenant-gouver- neur en conseil, sur le rapport du commissaire, pourra, décider quelle de ces demandes aura la préférence sur les- autres. 8> Les poeiétés seront désignét»8 par les mots suivants :: *< La société de colonisation No. un, deux ou trois de la division électorale de , " ou, s'il y a deux comtés réunis dans une même division électorale^ et comptant chacun pour une division électorale, pour les fins de cet acte, " La société de colonisation No. un, deux ou trois du comté de . " La première société reconnue dans chaque division* électorale t^era de suite désignée par le numéro un, sans attendre qu'il en soit établi d'autre, et dans le cas où une société cessera d'exister, iea autres conservoront le numéro d'ordre qui leur aura été donné, et toute société qui remplacera une société qui aura cessé d'exister pren- dra le numéro que |K)rlait cette société. Q. Il sera loisible au lieutenant-gouverneur en conseil,, sur leur demande, signé par les deux tiers des membres- du conseil d'administration et sur le rapport du commis- saire, d'autoriser la c^^opération et l'action conjointe de^ plusieurs sociétés de colunisation, qu'elles soient situées ou non dans la même division électorale, et les pouvoirs- ou partie des pouvoirs de chacun des conseils d'adminis- tration, pourront être transférés à un conseil général formé d«» délégués des divers conseils, lequel sera présidé et organisé de telle manière qui sera pourvue par l'ordre en conseil ; et cette autorisation sera sujette à révocation. 10> Toute société de colonisation, dans les trois mois qui suivront la publication de l'avis officiel de son éta- blissement, transmettra au commissaire un certificat dans- la forme de la formule D, de la cédule de cet acte, asser- ipenté par son président, (ou son vice-président) et son seerétaire-trésoner, constatant la bomnio d'argent qui 91 aura été payée entre les mains de son secrétaire-tréaorier- pour les fins de cet acte, laquelle devra être aa moins de^ cent piastres, et le commissaire paiera à la société une- somme égale mais n'excédant point la somme de trois- cents piastres, si c'est la première société formée dans la division électorale et n'excédant point la somme de oeat cinquante piastres si c'est la seconde ou la troisième ;.. mais si dans les neuf mois qui suivent la passation de cet. acte il n'a été donné do certiâcut qu'à une société dans^ une divison électorale, il sera loisible au lieutenant-gou- verneur en conseil, sur le rapport du commissaire, d'ac- corder à cette société les subventions qui seraient reve- nues aux deux autres, pourvu qu'elle y ait droit, à raison du montant souscrit et payé par ces membres, lequel au- dessus de trois cents piastres ne donnera droit qu'A une- subvention égale à la moitié de cet excédant, et s'il a été établi une seconde société et qu'il n'en ait pas été établi une troisième, la première et la seconde seciété pourront de même recevoir la subvention qui serait revenue à la . troisième, en telle proportion que le lieutenant-gouver- neur en conseil, sur le rapport du commissaire, pourra^ fixer ; et cette disposition s'applique également aux sub- ventions subséquentes ci-après pourvues après les pre- miers neuf mois de chaque année ; et dans le cas où quel- qu'une de» sociétés n'aura pas souscrit suffiniamment i>oar recevoir le maximum de la subvention qui lui est allouée^, la différence pourra être donnée aux autres sociétés de la même division électorale si elles y ont droit par le mon* tant de leurn souscriptions et cela en telle proportion qui sera fixée par le lieutenant-gouverneur en conseil sur le rapport du commissaire. Il- Giiaque société ainsi établie dans une division élec- torale, devra transmettre chaque année un certificat asser- menté des sommes payées par se8 membres, en là forme ci-dessus pourvue, laquelle devra être au moins de cent piastres, et aussi un rapport de ses opérations de l'année, et un état détaillé do ses recettes et do ses déjjenses, et cela dans la forme et à l'époque qui seront indiquée* par les règlements approuvés par le Lieutenant-Gouverneur en conueil, sur le rapport du comraiMsaire, et pendant les 3 premières années (1) qui suivront la par^sation de cet acte, le commissaire paiera à chacune de ceit sooiété;^ une subvention'; main, aprèri U première année de l'étublisse- mentd'une société, il pourra prop*rtio:iner la subveatiotb. (1). l'ar une Ui p(uit)é« durant la dcriiicre i»««i Toute boeisté de colonisation devra se conformer -aux règlements approuvés par U lieutenant-gouverneur en conseil,et aux instructions du commissaire, et danslo cas de contravention, le commissaire pourra suspendre lo paiement do la subvention revenant à la société qui so trouvera ainsi en défaut, et même avec l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, l'en priver entièrement, et lorsqu'il paraîtra au commissaire qu une société établie •dans une division électorale ne remplit point les objets et intentions de cet acte, et tient la plsced une autre société -qui pourrait être formée plus avantageusement dans la même division électorale, il lui sera loisible de donner avis à la dite société, par une lettre adressée à son prési- dent ou à son secrétaire- trésorier, de son intention de re» commander sa dissolution ; et trois mois après que tel avis aura été donné, le lieutenant-gouverneur en conseil, sur le rapport du commissaire, pourra déclarer telle sociéf té dissoute, et il on sera de lé avis dans la Gazette Offi- cielle de Québec,et un an après que tel avis aura été publié, une nouvelle société pourra être formée dans la même di- vision électorale, pour remplacer celle qui aura été dissou- te ; mais cette nouvelle société ne recevra de subvention que sur le rapport de ses opérations comme une ancienne tsoeiété. 13* -Le commissaire sera saisi de toutes les propriétés, et de tous les biens, effets, valeurs et sommes d'argent appartenant à une société dissoute, et pourra nommer un syndic pour régler et liquider les biens et les dettes de •cette 80ciété,ets'il est néc6ssaire,approprier à cet objet le tout ou partie de la subvention qui serait revenue à la • société, j)Our l'année dans laquelle elle aurA été dissoute. 14 • Lorsqu'une société aura accompli le but qu'allé s'était proposé, elle pourra par une requête signée par les •deux tiers des membres du conseil d'admistration, et ratifiée par les deux tiers des membres de la société qui • se trouvent présents à une assemblée générale convoquée > spécialement pour cet effet, exp0:«er au lieutenant-gou- >verneur, les raisons pour lesquelles elle doit être dissoute -3t lo lieutenant-gouverneur en conseil, sur le rapport du 98 ^if commissaire, pourra déclarer telle société âfssoate, eè. toutes les dispositions ci-desan? s'appliqueront. 15> Il pourra être formé de4 sooiétee, de colooi8atioa> autres que celles formées dans les divisious éleotorales- tei que oi-desaui^ pourru, et les membres de ces sociétés pourront être choisis dans n'importe quelle partie de la. province, et ces sociétés pourront être désignées sous tel* nom qu'il plaira au lieutenaat-gourerneur en conseil leur- donner, et excepté qu'elles ne recorrout point de subeeq— tion du commiisisairo de l'agriculture et de^ travaux publics et qu'ell(»s ne pourront pas ^tre dissoutJk* autre- ment que sur leur demande en la manière ci-dessus pour- vue, toutes les dispositions de cet acte s'appliqueront À* ces société». IQ. Toute société pourra de tempii à autre adresser au commissaire des terres de la couronne, une demande de terres pour les colons qu'elle voudra établir, et le commis-- saire des terres pourra, de temps à autre, arec l'approba- tion du lieutenant-gouverneur en conseil, indiquer à la société un township ou une partie de tovrdsbip, pour ses opérations, et les lots de ce tovrnship ou de cette partie de township, seront réservés pour les colon» eovojes par cette société, lesquels auront sur tons autres la préiférence aux piix et conditions voulus par la loi «t las règlement» pour la vente des terres de la couronne ; pourvu toujours- que la société établisse sur les dits lotit, dans les délais voulus par l'ordre en conseil, le nombre do colons indiqué- f)ar l'ordre en conseil ; et dans le cas contraire, il sera oisible au commissaire de vendre les titres A d'autrée- personnes, et dans tous les cas, aucan township ou partie- de township ne pourra être ainsi réservé pendant plus de» trois ans. 17» Le commissaire des terres de la couronne Ci^t hu— torisôà faire à tonte société un octroi gratui\' d'un lot d% terre, pour chaque dix lots qui auront été établis pavr le«- colons de la société, le dit octroi sujet aux conditions or- dinaires de défrichement et d'établissement, et la société disposera des lots qui lui auront été ainsi donnés, en la. manière qui sera pourvue par ses règlements. 18* Chaque cite ou ville incorporée, ot toutes munici- palité de comté, ville, village, township eu paroii»e, et toute autre corporation en cette province, pourra aouscrire- dttt fends en faveur d'une ou de pluaieura sooiiétée !<• secrétaire-trésorier de toate société do ooloni* «ation devra en tout temps, permettre et Militer Tins- qui sera spécialement déléguée a cet enet par commissaire. 24. Le commissaire rendra compte chaque année, dans «on rapport à la législature, de toute les sommes payées «n vertu de cet acte, des opérations des diverses sociétés •établies en vertu de cet acte, et de tous les résultats obte* nus do' la manière la plus complote et la plus détaillée ^u'il lui sera possible cie le faire. 25- Le lieutenant-gouverneur .fera mettre dix jours après l'ouverture de la législature, devant le conseil légis- latif et l'assemblée législative, copie de tons ordres en •»Vîq TABLE Des MATIÈRES. ■^dpri'; '>tqnj''j i/j|i:l')-! Oii/V ,l.i-< LettredoRer. J. B.Chwtier 3 1.— Au lecteur ..'.;.', l'.'l'. i 5 I ..—Les Cantons de rEsl 6 III.— Terres Publiques 7 IV.— ^Lots dt) U Oompsgnle des Terres < . . . . ^ 12 V.-^Terres des {^i^nds propriétaires 13 . VI. — ^Terres en partie défrichées ^■, ,#.,,.• . .*^^, 14 VII. — Première démarcha à faire 24 yillf-^he choix d'un Ict é-iU^). «<.«<-«.. «JG IX.— Terres.à bols frt^cs...... ,. ..........^ W X. — Terres à bois mou . . . .> 31 XI. — Conditions de succès 33 XII — Le colon peut-il faire fortune 37 XIII. — Réponse k quelques objections 43 XI V.— L'Emigration aux Etats-Uals 54 XV,— LeLtixe ." 58 XVI.— L'uwr» 60 XVII. — Le nbauqUe d'espace dans les rieilles paroisses ...... 02 XVIII.— L'iwognerie 62 XIX.— La honte du travail 63 XX. — Le masque de calcul 66 XXL— Les Canadiens j gagnent-ils à émigrer 70 Apprxdici.<— Les Sociétés de ôolonisaltioB 98 J*. .,',TRM1.'^ .«^JV.'fll, .'1 . ,,u,. ..v^"^, ^^^^^^^^^^^^^^^^IpBBBSSBjBHXB^^SîSRîpBSiS^i^^ 3 5 6 7 12 13 14 24 25 27 31 33 37 43 54 58 60 62 62 63 66 70 m Lo Bibliothèqut Université d'Ottawa Éclié«iic« The Library University of Ottawa Data dut HAi■: i LA COLONISATION DANS LES CANTONS DE L'EST. I. AU LECTEUR Cet ouvrage a été écrit sans prétention au mérite littéraire ; nous aimons à en i)révenir de suite ceux qui entreprendraient de le lire pour y trouver des iîgures de rhétorique, des idées ou des expres- sions recherchées. Et, comme nous nous adressons autant, et peut-être plus, aux personnes peu lefttrées qu'aux gens bien instruits.nous tâcherons, avant tout, de faire en sorte que chaque phrase et chaque mot soient bien compris, au risque souvent de sacrilier le style et l'élégance. Tout ce que nous voulons, c'est de rendre quelque service à la cause nacrée de la colonisation et si le moindre résultat pratique cou- ronnait nos faibles efforts, nous en serions mille fois plus heureux que si nous avions provoqué, par une production plus pa^ faite, les éloges de tous les criti- ques. Avec ces réflexions préliminaires, passons, sans autre préambule, aux différents sujets se rattachant à cette grande question de la colonisation, et, sous autant de titres séparés, examinons les brièvement et sans trop nous préoccuper des transitions. i II LES CANTONS DE L'EST. Commençons par dire un mot du théâtre sur le- quel doit s'exercer la colonisation. Les Cantons ^ l'Est : Yoilà le point sur lequel nous nous proposons d'attirer l'attention de nos compatriotes émigrés aux Etats-Unis et des cultivateurs de nos vieilles parois- ses. Nous laissons à d'autres le soin de démontrer les avantages (et ils sont nombreux) offerts par la vallée de la Mantawa, celles du St. Maurice, du Sa- guenay, de TOutaouais, &c., &c. : car il ne faut pas l'oublier, les diverses régions incultes de notre Pro- vince présentent encore à la colonisation au moins QUATRE MILLIONS d'acres de terre fertile. On entend par Cantons de l'Est, ou Townshipsde l'Est suivant l'expression anglaise, cette immense lisière de terres comprises entre les Seigneuries si- tuées au sud du St. Laurent et la frontière des Etats- Unis* De l'avis de tout le monde, ce territoire est susceptible de devenir la partie la plus riche, la plus belle de la Province de Québec. Le paysage est magnifique ; les sites sont charmants* Le climat est aussi doux, sinon plus doux, que celui de nos anciennes paroisses. Les chemins à lisses qui existent déjà, et surtout ceux qui sont en voie de construction, promettent un écoulement rapide aux produits de l'agriculture . Le voisinage des Etats- Unis est encore un avantage coni^dérable. Le caractère accidenté du pays, tout en rendant facile l'égout des terres, fait abonder les pouvoirs d'eau partout. Les terres hautes, couv tartes en bois franc, offrent up sol léger il est vrai, mais propre à la cul- ture de toute espèce de grain et sii.tout très- favo- rable à la production du foin et d ■ l'herbe. La 9 supériorité des pàtoraees des Gantons de l'Est est bien constatée : c'est là qu'on rencontre les plus beaux troupeaux, et nos races d'animaux dégénérées, une fois transportées là,8emblent y acquérir une taille et des qualités nouvelles ; ceci est dû, sans contredit, aux pâturages dont elles sont nourries et àrexcellentc eau que leur fournissent les sources si pures, les ruisseaux si limpides que Ton rencontre partout dans cette région. Gomme on le verra tout à l'heure, un des grands avantages qu'il y a à coloniser les terres hautes, c'est que dès la première année ou peut semer et récolter sans être tenu d'arracher les souehes, et sans s'occu- per de l'égout du sol ; tandis que la cendre du bois franc, convertie en sel, suffit pour payer la plus grande partie de3 frais de défrichement. Il y a dans les Gantons de l'Est de l'espace pour les Ganadiens des Etats-Unis, qui désirent revenir fouler le sol de la patrie, et pour tous les pères de familles dans les vieilles paroisses qui visent à établir leurs enfants. III. TERRES PUBLIQfJES. D'abord le gouvernement y possède encore un peu moins d'UN million d'acres de terre ; c'est ce qu'on appelle terres publiques ou terres de la Gou- ronne. Le prix de ces terres est de trois chelins l'acre au plus. Les Gantons sont arpentés par rangs appelés ordinairement : Premier Rang, Second Rang, Troisième Rang et ainsi de suite selon la grandeur de chaque Ganton. Ghaque rang est ensuite divisé par lots désignés comme lots Nos. 1, No. 2, No. 3, etc., de tel et tel rang. Les lots ont généralement, B ( I dans les Cantons récemment subdivisés, 100 acres en superficie : c'est-à-dire cinq arpents de large sur la profondeur du rang qui est de 28 arpents. Comme on peut le voir, un lot de 5 arpents sur 28 donne un peu plus que 100 acres ; mais le surplus n'est pas compté dans le prix de vente et le colon ne paye toujours que sur le pied de 100 acres. Un acre est un peu plus qu'un arpent. Dix acres peuvent valoir un peu moins que 12 arpents. Régie générale, le gouvernement fait faire un che- min dans chaque Canton, dans le cordon entre deux rangs, ce qui permet d'établir un rang double sur ce ^chemin, qui sert de chemin de front à ces deux rangs. On voit de suite l'importance qu'il y a de faire les établissements sur un tel chemin ou du moins sur les rangs immédiatement voisins, dès que la qualité du sol et les autres circonstances le per- mettent. Pour acheter un ou plusieurs lots, il faut s'adresser aux Agents des Terres Publiques. Les Cantons de l'Est sont divisés en quatre Agences : lo. Agence de Magog. Celui qui est proposé à cette Agence est M. O. B. Kempt ; sa résidence et son Bureau sont à Frélighsburg. On se rend en chars jus- qu'à Farnham, et de là une diligence conduit à Frélighsburg. L'Agence de Magog contient peu de terres favorables. 2o. Agence d'Arthabaska . Antoine Gragnon, Agent. Bureau et résidence : Arthabaskaville. On se rend à cette dernière localité par le chemin de fer du Grand-Tronc II reste peu de bonnes terres disponibles dans cette Agence. 3o. Agence de Chaudière- J. A. Fortin, Agent, Bureau et résidence : St. Joseph, Beauce. Il y a un bon chemin à voitures qui conduit de la Pointc-Lévi à cet endroit. La distance est d'environ 40 'nilles. Cette Agence est plutôt accessible aux populations f 9 des environs de Québec, qu'aux habitants da la partie supérieure de la Province, et qu'aux Cana- diens des Etats-Unis. Elle renferme de bien bonnes terres, 4o. Agence de St François. William Farw»»ll, Agent. Cette Agence est la plus importante. Les Cantons de "Whitton, Marston, Hamiiden, Uitton, Ëmberton, Ohesham, "Woburn, Clinton, Ditchfield et Spaiding, compris dans ses limites, offrent un champ très-avantageux, et d'un accès facile aux Canadiens des Etats-Unis. Le Bureau et la résidence de l'Agent sont à Kobinson, dans le Canton de Bury. On se rend en chars jusqu'à Lennoxville, par lo G-rand-Tronc, et de là une diligence nous conduit à Eobinson. On peut s'adresser à ces Agents verbalement ou par écrit ; mais, autant que possible, il vaut mieux se transporter à leur bureau, si on veut des renseigne- ments complets. Par la nature de leur charge, ces Agents sont tenus de donner gratuitement aux colons toutes les informations désirables sur les meilleures localités offertes à la colonisation, les meilleures voies de communications pour y parvenir, le choix des lots pour les fins agricoles ; et généralement, par tous les moyens légitimes et compatibles avec leurs de- voirs, faciliter l'établissement des terres publiques. A part ces Agents des Terres, il y a encore un Agent de Colonisation, le Rev. J. B. Chartier, Missionnaire à Coaticooke, auquel tous les Cana- diens qui veulent s'établir dans les Cantons de l'Est devront d'abord s'adresser. M. Chartier est muni de tous les renseignements généraux et locaux que l'on peut désirer. Voici les conditions de vente des Terres Publi- ques : le prix, comme dit plus haut, est de 60 cen- tins l'acre ; ce qui fait $60 pour un lot de 100 acres. Le prix est payable en cinq versements égaux et annuels ; c'est-à-dire que pour un lot de 100 acres, il 10 fant payer $12 par année pendant cinq ans- Le^ premier payement se fait comptant en prenant le lot* L'intérêt court à 6 par 100 sur les quatre autres, payements. Mais on peut, si Ton veut, payer le tout comiptant. Un même individu peut acheter 200 acres pour lui, et en acheter autant pour chacun de ses fils, oxk. autre personne quelconque. 11 n'est pas nécessaire de prendre possession du. lot tout de suite en l'achetant, on peut en vertu de* la loi, attendre six mois pour le faire. Il faut résider sur son lot soi-même, ou par un seprésentant, pendant au moins deux ans à compter de la vente. Pendant le cours des quatre premières années, ii> faut défricher dix acres par chaque 100 acres, et y construire une maison habitable d'au moins 16 pieds- sur 20. Une fois ces conditions accomplies, et le prix du. fonds complètement payé avec Ws intérêts, le colon. a droit à sa Patente. Cette Patente (ou Lettres- Patentes) lui confère la propriété claire, nette et libre> de toutes redevances ; car, il ne faut pas l'oublier, il' n'y a pas, dans cep Cantons, de droits Seigneuriaux ;: chacun est seigneur chez luif et, s'il se trouve un pouvoir d'eau sur son lot, il a droit d'en tirer tout le profit. Comme on le voit, le premier contrat qui intervient avec l'Agent n'est qu'une espèce de promesse de> vendre le lot lorsque certaines conditions seront accomplies. Le contrat n'est réellement parfait que par l'émission de la Patente, qui est octroyée seule- ment : lo Lorsque tous les payements en capital et intérêt ont été faits ; 2o Lorsque le colon a occupé, lui ou son représen-^ tant, le lot pendant deux ans ; 11 3o Lorsqu'il a défriché 10 acres de terre par lot dd^ 100 acres ; 4o Lorsqu'il a construit une maison de 16 pieds sur 20. Far la condition d'occupation pendant deux ans, on voit que le colon ne peut obtenir sa Patente avant', ces deux années expirées, lors même qu'il ferait ses cinq payements à la fois, qu'il défricherait ses 10 acres et qu'il bâtirait sa maison dès la première année. Ces conditions ont été statuées pour prévenir la spéculation illégitime que certaines personnes tente- raient de faire sur les Terres Publiques, en les ache- tant du gouvernement dans l'unique but de les revendre avec profit sans abattre un seularbre dessus» De sorte que du moment qu'un homme achète un lot de bonne foi, qu'il travaille sérieusement à le dé- fricher, il n'a pas besoin de s'inquiéter de la rigueur apparente de ces conditions : il rencontrera toujours de la libéralité et de la protection de la part du gou- vernement. Tout ce que ce dernier exige chez le colon c'est la bonne foi, l'intention réelle de se faire »n établissement sur le lot qu'il achète. Lors même qu'on n'a pas sa Patente, on peut ven- dre son lot et ses améliorations à un autre, et ce der- nier peut le revendre à son tour et le gouvernement accordera la Patente au dernier acquéreur. Toutefois pour pouvoir vendre validement, il faut que le colon ne soit pas, au moment do la vente, en arrière dans l'accomplissement d'aucune des condi- tions plus haut mentionnées. Notons encore qu'avant l'obtention de la Patente, il n'est pas permis de couper de bois sur nn lot, excep- té pour défrichement, chautiage, bâtisses ou clôtures. Rien n'empêche toutefois le colon de vendre, aux moulins à scie ou ailleurs, le bois destiné par lui, de- bonne foi, à -être brûlé pour défrichement 12 Toutes ces diversos conditions sont imposées dans l'intérêt même de la colonisation ; car, comme on tanra l'occasion de le voir plus loin, il faut quelque repsovirce pour devenir colon. Et un homme qui, «oit pa" manque de moyens, soit par manque d'éner- g^ie, hésiterait devant ces légères obligations, celui-là BB serait certainement pas appelé à défricher un lot avec succès. IV. LOTS DE LA COMPAGNIE DES TERRES. Outre les terres de la Couronne, dont on vient de 'parler, il y a encore dans les Cantons de l'Est les lots de la Compagnie des Terres de l'Amérique Britan- nique du Nord, ou comme on l'appalle ordinairement ■*' la Compagnie des Terres." C'est une société de capitalistes anglais, qui a acquis une immense quan- tité de lots dans les différents Cantons pour les ven- •dreavec profit. Le prix de ses terres est générale- ment élevé comparativement aa prix de celles de la Couronne. Elles se vendent une piastre, deux pias- tres, et même plus, l'acre- 11 n'y a pas de prix fixe : les lots voisins des chemins de fer, des grands cen- tres, se vendent naturellement plus cher que ceux qui en sont éloignés. Les termes de payement, les conditions de défrichement, d'occupation etc.,etc„ «te, sont à peu près semblables à ceux imposés par le Gouvernement. Quand les conditions sont rem- plies la Compagnie accorde au colon une Patente qui lui confère les mêmes droits de propriété que la Patente du Gouveraement. A part le prix élevé de «es terres, la Compagnie se montre sssez libérale -vis-à-vis les colons, et, tout en voulant faire des pro- ifls, elle tâche de stimuler le« progrès de la colonisa- ^tjon. 13 dans on que qai, ner- Uà lot En faisant le premier payement comptant et en^ payant l'intérêt à 6 par cent sur les 4 autres» on peur avoir tout le délai voulu. Ce sera au colon à déci- der, dans chaque occasion, s'il vaut! mieux pour lui payer plus cher pour un lot de la Compagnie quo^ d'acheter un lot de la Couronne à 60 centins l'acre. M. R. "W. Hcneker, de Sherbrooke, est le princi* pal agent de cette compagnie. ne ta 1- it T V. TERRES DES GRANDS PROPRIETAIRES. Un des grands obstacles, apportés à la colonisation^ jusqu'ici, a été la spéculation souvant honteuse et injuste de certains grands propriétaires. Naguère- encore, leurs victimes se comptaient par milliere*. Outre le prix élevé qu'ils exigeaient de terrains, . obtenus du G-ouvernement sou« prétexte de les- coloniser de suite, ils se montraient exigeants et durs dans leurs rappoits avec le pauvre colon et dans les conditions qu'ils lui imposaient. Que de familles ont été mises dans le chemin par la rapacité de ces vrais chancres, de la colonisation. Ensuite que de personnes se sont établies, de bonne ioi, sur leurs- terres dans l'espérance de les acquérir, y ont fait des améliorations considérables, et ont été ensuite- lorcéesde déguerpir sans avoir la moindre indemni- té. Voilà des faits qui ont paralysé la colonisation- pendant des années en jetant la défiance et le décou- ragement parmi nos compatriotes. Telle a été une des grandes causes de l'émigration aux Etats-Unis. Grâce aux modifications apportées dans l'adminis- tration des terres publiques, grAce aux mesures éner- giques du Gouvernement de Québec, la source de- ce mal est désormais tarie et ils vont devenir plu» I ' ' 14 Tarée ceux qui osent spéculer sur les sueurs du colon. Cependant, nous nous hâtons de le dire, il y a au> .^ourd'hui parmi les grands propriétaires des Gantons de l'Est, des hommes honorables qui rachètent par ^lenr conduite celle des autres. Et ce paragraphe n'est écrit en partie que pour leur rendre cette jus- tice, et pour faire savoir à nos compatriotes des Etats-Unis qu'il touche à sa fin, cet odieux système qui a valu l'exil de plusieurs d'entre eux. Il peut y avoir des avantages quelconques à s'éta- ^blir smr les lots des grands propriétaires qui restent encore ; mais nous conseillons au colon de ne le faire qu'après l'avis d'une personne compétente. Kègle générale, on aura plus d'avantage en se fixant sur un lot de la Couronne ou sur un lot de la Com- pagnie des Terres. Voilà pour les terres en bois debout : parlons maintenant d'une autre classe de terres qui méritent «une attention spéciale. VI. TERRES EN PARTIE DÉFRICHÉES. Dans toutes les localités, même dans les envi, ns -des villes, on peut se procurer, à bon marché, des terres défrichées ou en partie défrichée*. On est toujours frappé, en visitant les Cantons de l'Est, du nombre considérable des propriétés mises en vente et de leur bas prix, Ce fait est de nature à donner d'abord une opinion défavorable sur ces Cantons ; on est porté à croire que les fermes sont de qualité inférieure, puisque tant de cultivateurs cherchent à s'en défaire. Mais on finit par se convaincre du contraire en étudiant les causes véritables de cet étaA de choses dans chaque cas. uiiuiïuûuûfir "■i.'«tf iT,fi.'vrpm -fr- 15 Le nombre restreint de la population, la quantité immense de terres incultes encore offertes en vente, l'insuccès do quelques colons qui ont tenté de s'éta- l)lir sans avoir les qualités requises, voilà, entre une foule d'autres circonstances particuliàres trop Ion- :Sues à énumérer.los causes auxquelles il vient d'être fait allusion, Il y a des o«ltîvateurs qui sentent bien l'avantage d'émigrer sur les terres nouvelles; mais qui se croient un peu vieux, ou ont peur de se livrer au travail ré- puté pénible du défrichement* A ceux-là nous «conseillons, s'ils sont en état de réaliser un certain «capital, d'acheter une de ces terres en partie faites* Un homme qui, dans une vieille paroisse, n'a qu'une terre de 60 arpents et qui vivote dessus avec sa fa- mille, pourrait, bien 8ouvent,réaliser de $800 à $1,000 avec sa propriété ; eh bien ! avec cette somme il pourra s'acheter un terrain cinq fois plus grand, en partie défriché et bâti* Qu'il se rende sur cette nou- velle terre avec les animaux et le roulant qui ser- vaient à l'exploitation de cellequ'il a vendue, etle voi- là, par le tiit seul du changement de propriété, plus riche qu'il n'était, on étatd'établir sesenfantset en voie défaire de l'argent : car,ne l'oublions pas, le mode de •enlture des Cantons est plus lucratif que celui suivi •dans les paroisses et coûte en même temps moins de durs travaux. Le grand revenu des fermes dans ces endroits est le produit des animaux ; un habitant, règle générale, n'ensemençant que pour ses propres besoias. Et, il n'y a rien d'exagéré, en disant que c« système d'agriculture le paye très-bien et- que ses Tervenus annuels sont de beaucoup plus considéra- l^les que ceux du cultivateur de* vieillos paroisses, qui perd son temps et épuise ses forces, tous les ans, à labourer et en8emencer,sans profit sensible, la plus grande partie de sa terre* Nous ne voulons pas dire que notre culture ne pourrait pas être modihée dans le sens do celle des r 1 4 ■ •!( 16 V > Cantons de l'Est : mais la supériorité du foin, de» pâturages et de l*eau dans cette dernière contrée, y favorisera toujours d'une maniàrei particulière Félèv© du bétai! Que les cultivateurs des vieilles paroisses y reflé- chissent sArieusement. L'émigration vers les Can- tons de TEst et spécialement l'achat d'une terre en partie défrichée, leur offrent une perspective d'amé- liorer leur position, d'agrandir leur fortune rapide- ment et surtout de retenir leurs enfants autour d'eux. Car le nombre de jeunes gens qui s'attachent à l'agri- culture diminue de pius en plus. Les idées sont ù> l'éloignement de la maison paternelle. Ceci s'expia- /J ^um^ Nous terminons ce chapitre en donnant une idée de ce que coûte le défrichement. Dans le bois franc un bûcheron ordinaire mettra (> jours à sarcler, abattre, ébrancheret couper par billes un arpent. Trois hommes avec une paire de bons bœufs tasseront un arpent par jour. A part cela, il faut calculer le temps de celai qui met le feu aux tas, qui l'attise au besoin et qui ramasse la cendre. On peut dire avec assez de justesse que le défriche- ment coûte, en moyenne, $10.00 de l'arpent dans le bois franc. Dans le bois mou le bûcheron n'est pas obligé de sarcler, mais le bois étant plus fort et plus embarrassé il lui faudra le même espace de temps, 6 jours, pour abattre son arpent et le couper en billes. Le temps requis pour le tassage dépend beaucoup de la maniè- re dont l'abatis brûle. Si on a la chance de mettre le feu quand l'abatis est bien sec, le travail du tassage est grandement diminué . On peut dire que le dé- frichement coûte, en moyenne, $12.00 dans le bois mou* A présent que nous avons un aperçu général de» travaux de défrichement, examinons quelques-unea des conditions qui peuvent assurer lé succès d^ colon. i^i XI. "t CONDITIONS DE SUOCBH. En invitant, comme noas le faisons, nos compatno- triotes à émigrer dans les Cantons de l'Est, nfps sommes loin de vouloir y diriger tout le monde ; «ar non-seulement ceux qui sont bien établis dans le pays et qui se sentent assez d'avenir, doivent gapéer leur position actuelle, mais même parmi ceux qui dé- sirent s 1er se ilxer sur une terre inculte, il y mi a beaucoup qui ne sont pas qualifiés pour.être colons. Un homme qui va s'établir dans les Cantons et qui ne réussit pas est loin d'avancer la colonisation ; car son insuccès produit le découragement et les préju- gés chez une foule de personnes qui ne sont pas à la portée, ou qui ne prennent pas la peine, d'en cons- tater les causes véritables. lo. Un colon doit être sobre et jouir dû un bon carac- tère» La respectabilité est une des premières et la plus importante des conditions requises pour devenir colon . 11 est à désirer qu'il n'y ait que des hommes choibis qui s'établissent dans les Cantons de l'JjJst : que cette vérité soit bien comprise de tous ceux qui font de la propagande en faveur de la colonisation. Qu'on n'envoie pas là des gens qui déshonorent le nom Canadien-Français. Si nous voulons continuer dignement l'œuvre de nos ancêtres, rappelons-nous avec quel soin furejit choisis les premiers colons envoyés de France en Canada. 2o II doit avoir une bonne santé, de V énergie êi de a amour du travail. Le colon comme tous ceux qui veulent réussir dans n'importe quelle profession, doit se vouer, sur- tout dans les premières années, à un travail assidu, à 84 riaolement et s'attendre à des revers passagers qui mattront peut-être son courr'^o à l'épreuve. Nous aim«ns à faire cette observation afin que personne ne parte pour les cantons avec l'idée de devenir richj tovt de suite sans encourir de sacrifices. Là, comme partout ailleurs, la fortune est due à l'homme d'ini- tiative, à l'homme persévérant. Il esi: bien certain que la po&ition du colon dans les comnencements, n'est pas toujours couleur de rose ; mais on n'a rien sans peine dans ce bas monde. Pos- séder une terre en bon état de culture, après l'avoir pris© en bois debout, en retirer de gros bénéfices pour soi et sa famille, se sentir chez soi sans inquié- tude de r avenir, voilà certes des jouissances trop grandes pour qu'elles ne s'acquièrent pas au prix de quelques sacrifices* D'ailleurs, quelle est la profession qui n'offre pas ses difficultés dans les commencements. Qu'on exa- mine attentivement et l'on verra que la position du colon est i>eut-être la plus désirable au monde. Nous voulons parler d'un colon qui a quelques moyens à sa disposition ; car, comme nous le remarquerons bientôt, il ne faut pas songer à envoyer un homme sur une terre inculte sans moyens ; ce serait le vouer 99 fois sur 100, à une misère certaine et ce serait oc- casionner son propre découragement et ceux des au- tres- Supposons donc un colon placé dans des cir- constances favorables, quel homme plus heureux que lui. Tous les jours, il voit augmenter son domaine, il sent s'élargir le cercle de ses espérancea ; chaque arbre qu'il abat, chaque sueur qui coule de son front, le rendent maitre de quelques pieds de terre de plus, dont il jouira le reste de ses jours et qu'il transmettra à sa famillo. Qu'on interroge les canadiens qui usent leur santé pour gagner de prétendus gros salaires aux Etats-Unis et l'on verra qu'ils n'éprouvent pas la cen- tième partie des jouissances d'un colon en voie de proipérer. 85 3o. // doit avoir quelques ressources à sa disposition» La premièro chose que le colon doit faire en arri- raut sur nn lot, c'est de défricher de saite autant de terre que possible afin de récoltor sa vie et celle de sa famille. Alors que peut faire un homme qui n'a que sa hache et ses bras. Il travaillera bien durant un certain temps avec courage, il abattra quelques arpents de bois; mais cet abatis ne lui donnera par de pain» Il lui faudra a|ier gagner de l'argent ail- leurs, et laisser là son défrichement. Enfin, après avoir végété ainsi pendant plusieurs années sans réussir à faire assez de terre pour en tirer sa vie, il vend son lot pour ce qu'il peut trouver et s'en re-^' tourne aux Etats-Unis ou dans les villes, en mau- dissant le sort du colon. Voilà malheureusement l'histoire d'un grand nombre. Au contraire, un homme qui arrive sur son lot avec quelques moyens, pourra consacrer tout son temps et même engager de l'aide, et défricher de suite un morceau considérable. Quand il aura asse^ de terre d'ensemencée pour assurer la vie de sa femme et de ses enfants, alors il pourra aller ailleurs gagner de l'argent, qui l'aidera à faire, pour l'année suivante, encore un autre morceau de défrichement. Car le grand principe du colon doit être : défricher autant ,. que possible et le plus rite possible. Il n'y a peut-être pas d'endroit où l'on puisse tant gagner d'argent que dans les Cantons de l'Est, mais malheur au colon qui croit s'avancer en travaillant à $1.00 et $1.25 par jour, tout en négligeant lant soit peuson défnchement. Poui résumer nous dirons qu'un colon doit possé- der, outre sa hache et sa bonne volonté, CiVironune centaine de piasii es, une paire de bœufs ut un peu f\e provisions. Avec ces ressources, nous garantissons le succès de quiconque se placera sur un bon lot et se conduira prudemment. t Ir 11 36 4o. Il lui faut faire le choix cCun lot avantageux. Gomme nous l'ayons dit déjà, il y a partout assez de bons lots ponr qu'on laisse les mauvais de côté • Si on ne trouve pas co qui convient à ses vues, à sa position, sur les lots du gouvernement, qu'on donne plus cher et qu'on achète da la Compagnie des Terres. £n cela comme en toute autre chose il vaut mieux visar à la bonne qualité qu'à la modicité du prix. Il est préférable de donner $3*00 de l'acre pour un lot de premièilb classe, que de donner trois chelins et d'avoir un lot à peu près stérile. Bans l'appréciation d'un lot, il ne faut jamais oublier les voies de com- munications. Feu importe la distance pourvu qu'on ait de bous chemins pour la franchir ; mais que peut faire le colon qui n'a aucuno issue pour exporter ses produits ? 5o. Le colon, shl se livre à une entreprise quelconque pour la première fois, doit demander conseil» JL moins qu'il ne recherche, à chaque occasion, les avis d'hommes pratiques, son inexpérience lui fera commettre des fautes, ot quand les m^/yens sont limités, la moindre bévue est souvent fatale. Qu'on examine, et l'on verra qu'en général les eolons qui sont restés pauvres, et ont même été obligés d'abandonner leurs terres, péchaient contre quelques-unes des conditions qui précèdent. Bien entendu qu'il faut toujours tenir compte des caprices de la fortune, et surtout du manque de talents de certains individus, qu'on dirait être faits pour réussir en rien. •:iXiî rrn' >ëmM-i XII. LE COLON PEUT-IL FAIRE FORTUNE . i ,: ;^ . . ■ ^ t • D'abord, bn,ne doit pas exiger que le colon mette de l'argent à la banque aussitôt son premier arbre abattu. Il y a des gens qui sont d'une exigence ri- dicule. Parcequ'on ne promet ïfas à un homme de devenir riche en deux ans dans les Cantons, on en conclut, sans cérémonie, que la colonisation après tout n'est pas si avantageuse. Mais de grâce; soyons justes, soyons raisonnables. Qu'on demande aux commerçants, aux hommes de profession, aux indus- triels, combien il leurfaut attendre d'années, combien il leur faut travailler, avant de se créer même une médiocre aisance. La moitié aii moins de ceux qui se lancent dons le commerce est frappée de la ban- queroute ; et l'encombrement des professions libéra- les fait végéter la plus grande partie de leurs mem- bres. Eh ! bien,. peut*on exiger que le colon forme une classe à part, exempte des caprices delà fortune. Peut-on exiger q/d'un homme qui arrive en pleine forêt, avec de faibles moyens se trouve riche tout-à- coup? Non, le colon comme tous les autres, est obligé de se faire une position par son énergie et sa bonne conduite ; et nous prouverons, tout à- l'heure par la citation d'exemples glorieux que la colonisa- tion offre de l'avenir à tous ceux qui sauront profiter de ses avantages. Et, sans s'octuper du côté patriotique de la question, en ne parlant qu'au point de vue de l'intérêt individnel, on peut dire que la colonisation d*ane terre inculte est une belle car- rière. Sans doute qu'il faudra de la patience, que la richesse viendra lentement ; mais si elle vient lente- ment, elle viendra aussi sûrement. Tottt homme qui •aura attendre et travailler avec persévéra, ^e est sûr li! 38 de se créer, même en peu d'année8,une jolie fortune. Il suffît de parcourir les Cantons de l'Est pour s^en convaincre. Il n'est pas rare de rencontrer là des sens qui,il y a quelques années, ne possédaient qu'un capital insignifiant et qui aujourd'hui vivent sur des fermes magnifiques. Il n'est pas rare d'y rencontrer des colons d'hier dont le sort peut être envié par les ' habitants riches des vieilles paroisses.* }, Yoicif entre mille, des faits qui prouvent s'il est possible ou non, pour le colon, de se faire un avenir^ Transportons-nous au centre du Canton de Stoke^ Là nous trouvons une petite colonie, dont les pre- miers établissements ont été jetés il y a 10 ans, et qui compte aujourd'hui au moins 80 propriétaires, dont 60 sont des Canadiens. Ils ont depuis plusieurs années leur Conseil Municipal ; le maire actuel est M.Théophile Dufâult, respectable colon de l'endroit. Les écoles ont été établies dès le commencement. On peut aussi parcourir toutes les parties du Canton par de très-beaux chemins. Les terres sont très- fertiles ; et il en reste un grand nombre à prendre . Ce qui intéresse et encourage d'avantage les colons, c'est l'établissement d'une mission* Depuis plus d^ne année, la messe se dit une fois par mois, dans le centre du Canton même. On vient d'y faire l'ac- quisition de 50 acT3s de terres pour l'établisjiement religieux ; sur ces 50 acres, cinq ont été défrichées depuis le printemps. Le digne et vénérable évêque des Trois-Eivières, en mettant oette mission sous le patronage de St. Fhilémon a bien voulu donner, suivant la mesure de ses moyens, une certaine som- me pour assurer l'acquisition ^u.terram et des ornements nécessaires au culte, ^r j . Lee colons de Stoke ont fait preuve de tant de courage, de tant de persévérance, quMls devraient être tous nommés ici comme exemples. Toutefois il faut mentionner spécialement les G^uillemette, les •Biron, les Lemire, les G-adbois, les Dufault, les Côté« h: I 39 les Trndean, les Lorauger et les G-roadias qui furent le» vrais fondateurs de cette petite colonie. G-uille- mette et Antoine Biron ont été les premiers à décon- vrir, en faisant la chasse, ces magni&iues terrains, et à prendre la résolution de venir s'y fixer • L'un d'eux, Antoine Biron, avec une santé affai- blie par un dur travail de 15 ans dans les manufac- tures des Etats-Unis, sans épargnes aucunes, abat le premier arbre au printemps 1859> Le beau temps qui semble le favoriser, l'encourage* Il travaille avec énergie et assiduité. De temps en temps il se rend à Sherbrooke pour chercher des provisions qu'il emporte sur son dos à travers le bois, mais le plus souvent il vit du produit de sa chasse. Il ensemence 10 acres de terre, et, à l'automne, le voilà avec une belle récolte qu'il met, non pas dans une grange, mais en meules sur les bords d'une rivière, en atten- dant l'hiver pour en faire le battage. Après ses récoltes finies, il se bâtit une maison et s'y rend avec sa femme. Mais une fois l'hiver arrivé, comment battre son grain ? Pas de grange, rien que ses meu- les entourées et en partie couvertes par la neige» Biron cependant n'est pas homme à reculer devant les difficulté^, et son caractère ingénieux lui suggère un moyen très-pratique* Il commence par enlever la neige de la surface gelée de la rivière, et cela sur un espace suffisant pour faire une aire (batterie), et il amasse cette neige de chaque côté en jetant de l'eau dessus et le voilà avec de bons garde-graiss. C'est là que la récolte est battue. Aujourd'hui ce M. Biron a une terre bien avancée, des granges magnifiques, avec une maison à deux étages. Il y a deux ans, il perdit, par le feu, nne grange remplie de foin et de grain et plusieurs ins- truDfients aratoires, dont la valeur a été estimée à $1000.00 Malgré cet échec, il re.«te encore bien au- dessus de ses afiaires, puisqu'il est encore considéré comme riche do $5,000.00. r I I qui vaut beancoQp d'argent. On n'acihàterait pas sa propriété avec son roulant pour $7,000.00. 1 42 Son voisin, M. Joseph Courtemanche, est arrivé la même année avec $500.00. Il a nne propriété de 200 acres, dont 120 acres défrichés ; une sucrerie bien montée avec 800 vaisseaux ; une bonne maison» une belle grange» et un des plus beaux troupeaux «['animaux du Canton. On n'achèterait pas ce qu'il possède pour $6,000. Jean Garneau du même Canton a commencé, il y a plusieurs années, à ouvrir une terre. La maladie l'ayant terriblement éprouvé, ainsi que plusieurs membres de sa famille, il y a trois ans, il vendit son premier défrichement, paya ses dettes et se trouva avec $100 en argent. Il entra de nouveau dans la forêt plein de courage comme la première fois. Il se trouve aujourd'hui avec un défrichement que ses voisins estiment à $600, sans compter les animaux qu'il a élevés. Théophile Boulé vint, il y a trois ans, de la paroisse de St. Antoine (Rivière Chambly) se fixer dans le Canton d'Hereford. Il avait vendu sa terre avant de quitter sa paroisse et il mit $3,500 pour s'acheter une propriété et un roulant. Il a 500 acres de bonne terre, dont 180 en culture, et parfaitement bâtis. Sa propriété vaut $6,000, sans compter 30 bêtes à cornes, 7 chevaux et un bon troupeau de moutons. Un M. Desruissoanx, parti il y a une trentaine d'année», de la paroisse de Ste. Croix, avec une nom- breuse famille et très-pauvre, a réussi à établir dans les environs de Cookshire, ses enfants qui sont main- tenant des cultivateurs à l'aise. L'un d'eux, Léon Desruisseaux, récoltait l'an dernier 2,000 minots de grain, pans compter les légumes. *' Enfin, comme le disait dernièrement un zélé mis> sionnaire des Cantons de l'Est, s'il fallait nommer tous ceux qui ont prospéré dans ces Cantons, il fau- drait donner les noms de tous ceux qui y sont allés avec du courage et de l'intelligence. Le succès n'a jamais fait défaut à ceux (lui ont travaillé avec une bonne conduite. " :1I 4S Voilà des exemples glorieux qni parlent bien hau^ et qui ne demandent pas de commentaires pour prou'- ver qu'il est possible de se faire nne belle position. 4ansles Caotofts dç rjEst. :^ii ii>|./'««t.' iniïiîifrt siî s?'. 'rn h XIII. REPONSE A QUELQUES OBJECTIONS. MaiSi nous dira quelqu'un, ces faits sont isolés ; vous avez eu soin de présenter les colons qui ont réussi^ mais^- vous ne parlez pas de ceux qui n'ont réalisé aucun suc- ces et qui ont été forcés de vendre leurs lots pour s'expa-- irier. ^,^^,.,^.^^ „^^^ D*abbrd,én admettant que ces faits soient bien iso- lés, ce qui n'est pas le cas, quelle conséquence en- résulterait-il contre notre prétention ? Si sur 100' colons, 10 seulement réussissent,c'est loin d'être une preuve qu'il n'y a pas de succès possible pour le colon. Et il n'est pas nécessaire d'argumenter bien longtemps pour arriver à la conclusion que les 90 qui ont échoué auraient pu réussir comme les dix autres» s'ils eussent été placés dans les mêmes conditions de succès ou s'ils eussent pris les mêmes moyens. Sur- 100 personnes qui entre prenneiit un trajet, si seule- ment 10 arrivent au but et que les autres s'égarent». on dira tout simplement et avec raison que les der- nières n'ont pas suivi le bon chemin, mais on sera^ loin de douter par là de l'existence même de tel boa. chemin. Eh ! bien, le chemin de la fortune est com- me les autres, il a ses dangers,ses précipices.qui mal- heureusement ne sont évités que parie petit nombre» Ensuite nous n'avons jamais voulu prétendre que tout le monde réussirait dans les Cantons de l'Est ;. au contraire nous avon« insisté sur le fait qu'un»* t 44 fouie de personnes n'étaient pas qualifiées à devenir colons* Et si nous ne craignions pas de blesser des malheureux, nous citerions par centaines des exem- ples de colons qui ne doivent s'en prendre qu'à eux- mêmes s'ils n'ont pas réussi et dont le succès aurait été un miracle en face de leur conduite ou des cir- constances défavorables dans lesquelles ils étaient placés. Que de gens no se décident à émiîçrer sur les terres nouvelles que quand ils sont dans la misère et sans ressources aucunes ? Que de cultivateurs ruinés des vieilles paroisses s'en vont là que pour cacher en quelque sorte leur pauvreté ? Et l'on voudrait que des gens qui ont toujours végété sur une terre et qui souvent n'ont pas su même la conserver, prospéras- sent do suite en arrivant sur un lot en bois debout, sans avoir le moyen d'en défricher un seul arpent. Comment veut-on qu'un homme, sans soins, sans amour de l'ordre et du travail, réussisse sur un lot, lorsqu'il est certain que ces défauts l'empêcheront do réussir n'importe où il ira tenter fortune ! Comment veut' on encore qu'un colon qui, quoique sobre, quoiqu'indutrieux, n'a jamais pu mettre un sou de côté à cause de sa femme qui ne le seconde en rien, qui ne s'occupe pas de son ménage, qui se croirait morte si elle mettait la main à un rouet ou à un métier à tisser, comment veut-on que ce pauvre colon ait quelqae chance de succès avec une com- pagne, qui est destinée à le tenir dans la misère toute sa vie? Et encore une fois ne faut-il pas tenir compte de la •chance et du hasard; et voudrait-on qu'une main toute puissante corrigeât les caprices dô la fortune exprès pour les colons ? \ Et ces colons, qui n'ont pas réussi, s'étaient-ils établis sur des teriains do bonne qualité ? Les Cantons voisins des Seigneuries et qui oiit été le théâtre de l'insuccès d'un grand nombre 45 d'entre eux, étaient certainement trop rocheux et offraient nn sol peu fertile comparativement à ceux, sor lesquels la colonisation est maintenant dirigée. Four quiconque a étudié les Gantons de TËst, il est évident que les Cantons de G-ranby, Millon, Stuckly,. Ely, Koxton, Upton. Âcton, Durht^m, etc., otc.ennn toute cette lisière d'environ 15 lieues de largeur et qui borde les Seigneuries sur une longueur de 25 à 30 lieues, présentaient, en général, moins d'avantages aux colons qui les ont défrichés, que la partie qui reste à coloniser le long de la ligne provinciale, et spécialement les Comtés d'ç Stanstead, Compton». Wolfe et Beauce. Il est admis aujourd'hui par tout le monde, et qu'on n'oublie pas ce point là, que la partie de nos Cantons qui reste à défricher, prise dans son ensemble, offre aux colons un sol plus fertile et moins rocheux, que les Cantons qui ont été colonisés en premier lieu. Et que de désavantages les colons d'alors n'avaient- ils pas à subir, et qui n'existent plus pour ceux d'au- jourd'hui : J'état moins prospère du pays, l'absence de bons chemins de colonisation et par-dessus tout la plaie des grands propriétaires. Faut-il s'étonner si une ioule. d'entre eux ont succombé, et serait-il honnête de citer leur insuccès comme une preuve contre la colonisation, lorsqu'on sait que des causes- générales venaient se joindre aux causes particulières pour les empêcher de réussir ? Mais, ajoutera un autre, L mode de culture quHlfauV aux Contonx de VEst, ne convient pas aux Canadiens- Français : on y rencontre toujours plus de pauvres parmi les Canadiens 'Français que chez les autres nationalités. Serait-ce, par hasard, des exemples glorieux que nous venons de citer et qui ont pour sujets os Cana- diens-Français, que l'on déduirait cette conclusion ? Les canadiens sont-ils donc moins intelligents que les autres races? Sont-ils donc tellement dépourvus d'esprit d'observation qu'ils ne puissent imiter les posant une digue efficace à ce flot destructeur que nous éviterons l'abîme dans lequel il nous entraîne d'une manière évidente. Dar il n'y a pas à se le dissimuler : notre nationalité subit en ce moment une épreuve très- critique dans cet abandon du sol par une partie de nos compatriotes. Il ne se passe guère une journée sans que l'on voit des familles entières s'embarquer pour les Etats- Unis. {Partout on n'entend parler que de gens qui émigrent ou qui se proposent d'émigrer. Que voit- on, en parcourant nos campagnes ? des maisons fer- mées, des terres abandonnées de leurs propriétaires. Chaque famille pleure quelqu'un de ses membres, dont elle est privée. La jeunesse, cet espoir de la patrie, a presque totalement disparu. On dirait que la guerre a exercé ses ravages et porté la désolation au sein de nos belles paroisses. En effet nous sup- portons une guerre terrible, nous avons un ennemi redoutable ; il décime nos rangs tous les jours et ses coups sont d'autant plus efficaces que nous semblons dormir en face du péril. Que l'émigration soit due à des causes paissantes, qu'il serait difficile de faire disparaître tout-à-coup» nous en convenons ; mais ce qu'il faut aussi admet- I wm • ■ j « 56 tre, c'est que nous avons été loin de concentrer tou^e notre énergie, toutes nos volontés, tous nos efforts pour la combattre comme elle le méritait. Que de travail, que do sacrifices, ne s'est-on paq imposés pour soutenir ces divisions politiques, ce« luttes acharnées, qui nous affaiblissent ? Croit-on que si tant de ressources, tant de persévérance, tant de dévouement, eussent été employés, avec unani- mité, i;our neutraliser les progrès de ce mouvement anti-national, on ne serait i)as venue à bout d'opérer, avant ce JL.ur, une réaction tant désirée ? Il faut le dire, à la gloire de ceux qui en furent les auteurs, on a fait des efforts partiels qui ont eu de bons résultats. Les hommes préposés à la tête de la nation, et surtout les membres de notre patriotique clergé, ont élevé la voix pour mettre le peuple en garde contre le danger qui le menaçait. Comme à tous les maux, on a cherché des remèdes et un de ceux qu'on a cru les plus pratiques a été l'œuvre que nous préconisons en ce moment :1a Colonisation. C'est dans le défrichement de nos terres incultes, que ceux qui s'intéressent sincèrement au sort du pays, ont cru trouver un frein à l'émigration de nos concitoyens, un antidote à ce poison qui mine notre nationalité. Tout favorable que nous sommes à la colonisation, malgici quû noui invitons, de tout notre cceur, nos compatriotes à profiter des avantages réels offerte par les Cantons de l'Est, cependant nous ne pouyoï^f. dire que dans la colonisation et dans la colonisatioii seule, se trouve le frein capable de maitriserle ité&i qui nous éprouve • Un remède ne peut guérir une maladie qu'ti. autant qu'il possède en lui la propriété de détruiri; la cause de telle maladie. De même la colonisation n'offre un remède à l'émigration quea autant qu'elle est susceptible u'oa faire disparaître les causes véri- table?. Or ct^s causes, elles uennent plus qu'on ne 1 /a 57 'ff "mt i^'Uc^i p^iise peut-être à certaing d»faut», à certains vioes de la vie pratique, si nous pouvona n»u8 exprimer ainsi, qui semblent nous être partitnliers à nous Canadiens-Français. Eh / bien, lors mêm« que nous nous transporterions en masse vers 1m Cantons do l'Est, si nous y emportons avec nous certains préju- gés, certains abus, nous n'aurons pas l'ait grand chose pour arrêter l'émigration ; au contraire les Cantons de l'Est ne seront plus qu'un poste d'arrêt temiwraire dans notre chemin de l'exil- Tout en activant la «colonisation, il y aurait eu même temps une somme immense d'améliorations à opérer parmi nous pour tarir la source du mai, îSans compter certaines idées malsaines qui se pro- pagent avec une efî'royabie rapidité en dépit de nobleci efforts, i'émigrption de nos compatriotes sera toujours due en grande partie, au mauvais système d'agriculture, à l'absence de connaissance* utiles et pratiques. Espérer que la colonisation fera, elle seule, dispa- raître l'émigration, serait tomber dans nne exagéra* tion fatale et c'est précisément pour ne rien exagérer que nous avons cru devoir faire les courtes remar- ques qui précèdent. Abordons maintenant le sujet. iiiLa cause générale d'émigration c'est la gène. C'est le désir d'améliorer son sort qui éloigne le Canadien de la patrie de ses ancêtres. G'eai eocweiAl i^i revers de fortune qui le pousse sur la terre étran- gère. Il ne laisse son pays qu'avec douleur, souvent 43n fondant en larmes, et toujours avec le doux espoir d'y revenir couler des jours meilleurs. L© nombre est bien faible de ceux qui disent un éternel adieu a leur cher Canada. Nous ne parlons pas de ceux qui partent la rage dans le cœur et qui, rendus aux Etats-Unis, n'ont que des paroles de mépris pour leur terre natale et pour les institutions qui font sa gloire. C^ cana- diens abâtardis sont heureusement très-rarea ; et 1 68 aux yeux des étrangers, leurs lâches et perfides déclamations n'ont pas l'effet humiliant qu'on pour- rait redouter ; car le renégat qui trahit son pays est apprécié à sa juste valeur, même aux Ëtats-Unis : on comprend là comme partout ailleurs,qu'un enfant no rougit jamais de sa mère sans avoir le cœur g&té par de mauvaises passions . Donc puisque c'est le manque de moyens qui force lo Canadien à é migrer i voyons en peu de mots quelles^ sont 1^8 causes de pauvreté parmi nous. xv. LE LUXE. a Le luxe : voilà la srrande cause de l'appauvrisse- ment de nos campagnes canadiennes, voilà le chancre qui dévore les ressources de la classe agricole* Si on additionnait le montant de toutes les dépenses inutiles qui se iont chez elle, dans l'espace d'une année, on trouverait une somme suffisante pour créer une aisance à la moitié des Canadiens émigrés aux Etats-Unis- Le luxe est rendu à un tel point qu'il ne ruine pas Feulement les prodigues, mais qu'il s'impose, en quelque sorte, aux gens économes* Et on peut dire que sur 10 partisans qu'il acquiert, il faite au moins 100 esclaves ; car on convient de ses effets désastreux, mais on est entraîné, on n'a pas la force de se mettre au-dessus des préjugés; on vide s&' bourpe, malgré soi, en gémissant ; on se prive même du nécessaire pour suivre le moavement général» Qae de gens sont aujourd'hui dans la misère, pour n'avoir pas su économiser, lorsqu'ils en avaient l'occasion. Que de pauvres Canadiens pleurent, eni ce moment, loin de leur pays, une fortune qu'ils ont, perdue par leur faute . 59 vl C'est sartout parmi les jeaues gens qae l'on re- marque cette rage da luxe* Le jeune homme, aai lieu de s'instruire, au lieu d'aspirer à orner son esprit- des connaissances requises pour faire iin citoyen éclairé, un homme d'affaire consommé, ne cherche qu'à perdre son temps, ne vise qu'aux disti actions* A peine est il sorti du maillot, que déjà il se lance dans ce qu'on appelle la vie de garçon : de ce moment il est une cause de ruine à son père, qui par com- plaisance pour son enfant, et peut-être aus«i pour faire taire ses menaces d'aller aux Etats-Unis, lui achète un wagon de $60, un sleigh de $15, un beau harnais argenté de $20, deux robes de buffles $30.un habilement convenable en toutes saisons au moins $30, ce qui fait en tout $165 ; sans compter les autres dépenses indispensables pour soutenir un pareil ton. Et tout cet êquippage vient à vieillir, ou n'être plus à la mode, il faut renouveler ; et déjà le cadet, marchant sur les traces de son frère aîné,, imite son exigence, et tous deux conspirent contre la fortune de l'auteur de leurs jours. Enfin, après des années de dissipation et de plaisir, voilà le père et la mère qui sentent la misère à leur porte ; les voilà incapables de gag.ier leur vie : ils n'ont plus pour tout secours que les bras de leurs enfants* Alors croit-on que ces derniers vont au moins rester auprès d'eux pour les soulager dans les jours d'infortune qu'il leur reste à passer ici bas ? non, au contraire,, ces fils dénaturés s'expatrient pour ne plus revenir et al^andonnent de vieux parents à leur triste sort- C'est alors que l'on regrette amèrement le passé ; c'est alors qu'on se repent d'avoir été si indulgent* pour les caprices de ces ingrats ; mais il est trop tard ! Tel est l'avenir que so préparent pourtant une fou-^ le de pères et de mères de famille dans nos campa- gnes : qu'on y réfléchisse sérieusement. Si par les. dispositions de ses entants, et par l'entourage dont. I i» >mi rto ils auront à subir l'exemple, ou prévoit qu'il sera difficile de les soumettre à une vie simple, à des goûts modestes, alors il y a un parti à prendre : vendre sa propriété et s'en aller dans les Cantons de l'Est. Rendus là, les jeunes gens, voyant autour d'eux l'activité, l'amour du travail, le désir de par- venir, animer tous les âges, et ne voyant plus régner ce luxe qui commençait à les éblouir dans la paroisse natale, vont prendre une vie et des habitudes nou- velles ; le Koùt du progrès, lo désir de s'instruire, l'ambition de devenir au plustôt des citoyens posés, vont remplacer l'idée des belles voilures et de la fri- volité. Au lieu de dépenser $165 par année pour gréer ses garçons, voilà un père qui employera cette somme à leur créer chacun un établissement, et qui aura le plaisir de les voir grandir autour de lui et consoler les dernières heures de sa vie. Oui, il est bien certain que bon nombre de familles îTouveraient ainsi le moyen d'échapper aux étreintes mortelles du luxe, en allant s'établir dans les Cantons de l'Est, et que la colonisation serait pour elles un excellent moyen de conserver leur fortune et, en particulier, de retenir leurs membres dans le pays. xvi. L'USURE. L'usure n'est souvent que la conséquence du luxe. Neuf fois sur dix un homme n'emprunte à de gros intérêts que parce qu'il administre mai ses affaires €t surtout qu'il gaspille ses revenus, liarement vous verrez un homme être victime de l'usure, quand il emprunte pour des améliorations raisonnables et utiles sur sa terre. Un homme sobre dans ses dé- 01 peERes, trouve toujours de rarj^ont à emprunter de- gens honorables ; mais c'est celui qui a perdu tout crédit par ses extravagances et celles qu'il laisse com- mettre à ta famille, qui «st lorcé d'aller se livrer les veines à cette sangsue d'usurier, dont l'avarice ^a jusqu'à arracher» soit directement, Roit indirectement. 10, 15 et même 20 pour 100 d'intérêt. Que de mil- liers de Canadiens ont été et se préparent à devenir victimes de l'usure / Que de cultivateurs en sont réduits à donner chaque année la plus grande partie du produit de leurs récoltes pour payer des intérêts cxhorbitsnts ! A ceux-là, nous dirons : il est temps d'y réfléchir ; ne vous laissez pas bercer par de vaines espérances Vous continuerez d'année en année de cultiver aussi grand de terre que possible, toujours dans l'espoir d'attrap^sr des récoltes meilleures et de y^VLB débarrasser de vos hypothèques ; mais détrom- pez-vous. Vou3 ruinez votre santé sans vous en appercevoir, vous récoltez d'autant laoins que von& ensemencez plus, pour la bonne raison que vous ne pouvez donner le soin voulu à des travaux trop con- sidérables. Encore une fois, il est temps : faites vos calculs, ne vous exagérez rien, comptez les moindres r«vers qui, d'un instant à l'autre, peuvent vous met- tre dans le chemin de l'exil, et vous aliez venir à la conclusion qu'il vaut mieux vendre votre terre de bon gré, que de l'exposer à élie vendue en justice. Oui vendez votre propriété, faite** un encan d'une partie de votre roulant, payez vos créanciers, et, la balance qui vous restera en mains, allez l'appliquer sur un terrain en bois debout ou en partie détriché, dans les Cantons de l'Est. Et vous aussi vous aurez trouvé dans la colonisation le moyen de rester dans votre pays et de garder vos enfants avec vous. ï I II XVII ÎLE MANQUE D'ESPACE DANS LES VIEILLES PAROISSES. Nous avons déjà constaté qne nombre do cultiva- ''teurs feraient bien de vendre leurs terres pour s'ache- ter un grand domaine dans les Cantons de l*£st> Si tant de Hls de famille désertent la maison paternelle, c'est bien souvent parcequ'ils n'y voient pas assez d'avenir, c'est que du moment qu'ils ont la moindre notion de la vie réelle, ils s'aperçoivent que l'unique terre possédée par leurs parents no peut suffire à leur établissement et le prix élevé des terres environnan- tes finit par les convaincre qu'il leur faui chciober fortune à l'étranger. Encore une fois l'afiaire de la pluspart des petits propriétaires de nos vieilles paroisses est de vendre ^.t de prendre la route des Gantons de l'Est ; là ils trou- veront leur propre avantage et l'espérance renaîtra < dans le cœur de leurs enfants. XVllI. L'IVROGNERIE. Que l'intempérance exerce des ravages affreux ' parmi nous, il n'y a pas malheureusement à en dou- * ter. Si nous pouvions calculer ce qui se dépense de ^ boissons inutilement chaque année dans notre Pro- vince et, à part le prix de cette boissdn, la perte de • temps, la destruction de santé, les chicanes, les acci- < dents de tout genre, qne sa consommation entraîne, ^ on se trouverait en itioe de millions de piastres et on 68 ne serait plus étonné de voir disparaître à vue d'œil la. richesse et Tabondance. Nous ne prétendons pas que la colonisation offre nn remède à l'intempérance ; il n'y a que la religion capable de détruire ce malheureux vice chez ceux qui on sont les victimes ; mois ce que nous pouvons dire, c'est que bon nombre de personnes qui ne s'a- donnent à la boisson que par occasion et par y être entraînées, n'auraient peut-être rien de mieux à taire que d'émigrer dans les Cantons do l'Est pour se sous- traire à un entourage pernicieux. XIX. LA HONTK DU TRAVAIL. ;i i i Il est pénible de voir comme une foule de Cana- diens d'aujourd'hui et surtout les jeunes gens sem- blent avoir honte du travail. On paraît croire que c'est un honneur que de rester à ne rien faire, ou du moins de ne pas travailler à la terre. De là cette tendance à quitter la campagne pour les villes, à ambitionner les métiers, le commerce, les professions. De là enfin le départ de milliers de compatriotes : on va souvent aux Etats-Unis parcequ'on a honte de travailler ici* Comme s'il n'était pas bien connu de tout le monde qu'aux Etats-Unis il faut travailler peut-être plus que partout ailleurs, et qne cette république ne doit sa prospérité qu'à l'activité de ses habitants* Non, les américains savent trop bien calculer pour faire vivre les Canadiens à ne rien faire. Ce jeune homme qui nous revient dtts Etats- Unis au bout de six mois, d'un an d'absence, avec un bel habit de drap, une montre à son côté, et qui s'en vient faire le fanfaron pendant quelques semaines ■'1 r (J4 dans sa paroisse, a beau sembler vouloir narguer ceux qui eont restés, aveo honneuri fidèles au toii patGrnel, qu'il n'aille pas s'imaginer que nous ne con- naissons pag son histoire, que.nous ne savons pas qu'il lui a fallu se l'aire journalier, se livrer à des travaux peut-être humiliants uour gagner de quoi adieter ces fanfreluches. S'il peut venir faire ainsi le gros mon- sieur pemdant quelques jours, nous savons bien, quoiqu'il en dise, qu'il a à peine le sou dans sa poche. Il % beau se vanter, dire qu'il a beaucoup d'argent» qu'il a une bonne position aux Etats-Unis, on sait bien qu'il s'.58t tout mis sur le do?, et qu'il va lui falloir bientôt retourner chez son maître, ôter ces beaux habits et reprendre ceux du travail. Uu trait asssz singulier tout de même, mais dont l'authenticité noas est garantie par la personne qu^ nous le racontait dernièrement, vient ici à propos ; Un brave et respectable cultivateur des environs de St. Hyacinthe qui a le mérite, entre î^utres, de bien cultiver et amAliorer sa terre, voyait Tan dernier l'aîné ds ses lils l'abandonner pour aller aux Etats- Unis. Ce jeune homme, gaspillé par l'amour du plaisir, «n était venu comme bien d'autres, à ne plus tenir au travail. Ce qui lui causait le plus de répu- gnance, c'était de charroyer du fumier sur la ferme. Un jour qu'une de ses blonUes était pafwéiî pHU- .dant qu'il était, près du chemin, occupé à cette hMogno peu propre, il est vrai, mais que son père avait toujours faite sans être moins honorable et moins honoré {/our tout cela, la honte lui monte à la tête et dans un moment d'orgueil il se décide à aller comme tant d'autres, dans ce pays ou il entendai dire qu'on vivait et faisait de l'argent sans travailler. Savez-vous ce que faisait notre jeune homme aux I£tatf»-Unl8 dans le mois de juin dernier, au dire d'une pejTSonne digne de foi revenue au pays vers ce temps- là ? Il était vidangeur, c'est-à-dire qu'il nettoyait les fosses d'aisance d'un A'illage pour le compte d'un 65 )l propriétaire de manufacture de coton, auquel appar- tenait la plus grande partie des maisons destinées à loger les ouvriers. Voyez à quoi il se soumettait dans un pays étranger, lui qui croyait se déshonorer en aidant son père dans les trAYaïUp ()r^4^naire8 de la ferme. Nous ne voulons pas dire que tous les Canadiens des Etats-Unis soient partis dans le but de se sous- traire au travail ; non, encore ùhè fois, nous savons que la généralité de ceux qni ont émigré, y ont été forcés par le mauvais état de leurs affaires et ne sont, partis qu'avec le désir sincère et louable d'améliorei* leur condition ; mais sur le grand nombre, et spécia- lement parmi la jeunesse, il y en a beaucoup qui n'ont laissé le Canada que par aversion et dédain même pour le travail des champs. '^'^^''^"■1 Cette funeste honte du travail, si elle continue de se propager parmi nous, est appelée à nous faire un tort incalculable. Malheur à la famille, malheur à la nation, du moment qtie le travail cesse d'être en honneur. Le travail, tout en étant un châtiment qu'il nous faut absolument subir, est en même temps la base de toute prospérité, le «'^and préservatif de l'ordre et des bonnes mœurs. Le travail n'a jamais déshonoré l'homme ; mais l'homme s'est souvent déshonoré en ne travaillant pas. Les Cantons de l'Est sont peut-ê*re la partie du pays où le travail est le plus en honneur. Nous avons toujours été frappé de voir là, dans tous le? rangs de la classe agricole, beaucoup de simplicité dans les habits, et surtout l'habitude du travail ma- nuel. Tout récemment encore, nous voyions un homme qui est riche de plusieurs centaines de mille piastres et qui remplit un« place de distinction aux yeux du pays, occupé lui-même aux travaux des champs comme un sim^S^le journalier. Les pères de familles,dont les enfants commencent à vouloir s'émanciper du travail, feraient peut-être bien d'aller les falic profiter de ces beaux exemples. & ■.,b <*« hii^o-j. '^m' >y"îa*iiK*« Jiî'.- ^^^^'f ' ^i îà) ^< LE MANQUE DE CALCUL, t/we iêle vaut mieux que 100 iras, dit un proverbe. Il suit de cette vérité que le travail de la tête est 100 fois plus fructueux que le travail des bras. Qu'un i homme soit laborieux tant qu'il voudra,s'il ne sait pas mettre d'ordre dans son ouvrage.s'il ne sait pas éco- nomiser le temps et la force, si, en un mot, il ne calcu- ; le pas, ce n'est qu'avec peine et misère qu'il réussira. Nos compatriotes qui visitent les Gantons de l'Est sont surpris d'y voir les cultivateurs américains poiséder de belles fermesi vivre à l'aise, travailler peu et payer de fortes gages à leurs employés : ils reviennent souvent avec l'idée qa'il serait impossi- , blî po^ur des Ojinadiens de faire la même chose. Mais pourquoi donc ? Le sol n'est-il pas le même pour le Caradien que pour l'américain ? Le premier a'a-t-il pas les mêmes débouchés que le second pour vendre ses produits ? L'américain a-t-il un climat , à part pour lui ? Le soleil qui réchauffe sa terre et mûrit sa moisson ne brille-t-il pas pour tout le monde également ? Bien certainement; le cultivateur amé- ricain ne possède cette supériorité que par son ins- truction, son esprit d'entreprise et surtout son «sprit de calcul et d'observation. Il travaille moins des bras et plus de la tête. Vous le voyez sans cesse occupé à réfléchir, à lire les journaux agricoles, à se mettre au courant de tous les progrès afin d'en iaire l'application sur sa ierme. JNous, nous cultivons au hasard, nous no pensons qu'à travailler rudement, nous considérons l'instruc- tion inutile au cultivateur, nous ne lisons presque pa» les journaux, surtout les journaux agricoles ', 67 >l ' nous ne nous rendons pas compte des progrès qui se font autour de nous, nous ne cherchons jamais à ten- ter quelque chose de nouveau : la vieille routine, ]e préjugé, yoilà nos guides. ■ f H -^ - Examinez la conduite de ces cultivateurs étran- gers, que l'on prétend à tort être inimitables par des Canadiens, vous verrez qu'ils ne perdent pas la moitié du temps que nous perdons. C'est un pro- verbe chez eux que le tempt c'est de t argent. Vous ne les verrez pas, sous le prétexte de ménager quel- ques piastre», se priver d'uif instrument agricole qui leur sauvera la moitié du travail ordinaire ; vous ne les verrez pas accourir aux marchés avec cheval et voiture pour vendre deux ou trois douzaines d'oeufs comme nous faisons souvent ; Vous ne les verrez pas 3'absenter de leur afioire à tout propos pour une fête ou un cirque. Encore une fois,examinez-Jes atten- tivement et dans un instant vous allez découvrir pourquoi les cultivateurs «anadiens, en général, ne font pas d'argent sur leurs fermes • Toutefois, qu'on nous comprenne bien : nous som- mes loin de vouloir mépriser nos compatriotes. D'abord il y en a parmi nous qui possèdent l'esprit de calcul ausaprême dégré.qui savent bien conduire leurs affaires et s'avancer dans le chemin de la for- tune. Et «nsuite si ces cultivateurs américains ont l'art de réussir sous le rapport matériel, nous avons, nous aussi, nos qualités distinctives ; mais tout en conservant ces belles qualités,qui nous sont propres, tâchons d'imiter les exemples qu'ils nous donnent dans la vie pratique et n'allons pas croire que nous sommes incapables de faire ce que nous admirons en eux. Enfin nous pourrions continuer ce genre de remar- ques, mais nous ne voulons pas oublier que nous avons entrepri» de parler dp colonisation et non de nous constituer le censeur de nos concitoyens. Nous laissons à d'autres la tâche de démontrer le r ■■■ I II 68 tort qne nous font le manque d'instrnetien, Fabsence de jonrnanx dans nos familles, de hcâka journaux bien entendu et surtout de bons journaux agricoles, notre esprit de routine en agriculture' et'i.v etc* Noua n*àTons cet)endant pas voulu .parler d'émigration sans dire un mot de certains défauts qui ouvrent la port6 de i'exil à un grand nombre et sans laisser voir en peu de mots que si nou6 voulons profiter des avantages offerts par la colonisation, si nous voulons réussir dbns les Cantons de l'Est à l'égal des antres nationalités, il nous faut corriger certains abus qui s'opposent au progrès parmi nous. Nous terminons cette partie de notre travail en citant la lettre suivante adressée, il y a quolq[ues mois, par un Canadien des Etats- Dnis, au Journal (ï Agriculture : Jf " Sur près de cent familles canadiennes qui rési- dent dans cette localité, presque toutes se sont vues avec de belles terres sous les pieds en Canada. La plupart ont commencé à s'endetter chez les mar- chands, puis les comptes échus, il fallut emprunter à de gros intérêts. Ces comptes étaient le plus souvent et, pour mieux dire toujours, faits pour des objets de luxe, tel que boissons, beaux habits etc. Au lieu de mettre chaque année une partie des produits de Ja ferme pour l'améliorer et lui faire rapporter de plus en plus, on dépensait tout en repas t en fêtes, et même on recourait annuelle- menl au crédit pour soutenir ces folles dépenses. Le luxe, l'usure, la négligence et la routine en fait d'a- griculture, voilà les causes d'émigration que j'ai constatées partout où j'ai interrogé nos compatriotes exilés- Les américains, ici, disent que le Canada serait le plus riche pays du monde, si on le cultivait mieux . *' Une autre chose, je crois, qui chasse les Cana- diens à l'étranger, c'est que la jeun* génération, les jeunes garçça/?^ Jçç jeupes tilles copimencent à 69 avoir honte de travailler dans leur pays. Les gar- çons ont peiir de s'avilir en maniant les manchons de la charrae comme ont fait leur grand-pères ; les filles veulent faire leur précieuses, se croient faites pour la parure et la toilette et trouvent que le travail, le soin du ménage, et la jupe d'étoffe, ne sont bons que pour leur vielle mère. C'est assez singulier de voir comme ces pauvres jennes gens s'abusent et comme rendus ici, ils se soumettent à tout. Ces garçons qui méprisent au Canada l'au- torité paternelle, qui ont honte de travailler sur la terre qui les a vu naître, ils se soumettent ici à un véritable esclavage dans les manufactures. Les filles épuisent leur santé pour gagner quelques piastres, subissent une assiduité contraire à la faiblesse de leur sexe, et se soumettent à un joug mille fois plus dur que celui qu'elles ont secoué dans leur patrie. "En Ganf»c'a la jeunesse travaille pour elle-même en enrichissant ses parents ; elle travaille, mais elle est aimée et respectée : ici on la paye assez bien ' c'est vrai ; mais l'amour, la pitié, le respect lui sont inconnus- Oh / qu'elle différence entre la vie cana- dienne et ses fêtes joyeuses, ses réunions de famille, ses belles campagnes, son aimable et franche liberfé, et la vie du Canadien exilé au millieu de l'air des manufactures, la gène, la contrainte, l'ennui, ' l'incertitude qu'on y subit ! " Que mes compatrtotes qui lisent ces lignes, surtout les cultivateurs, y réfléchissent. Qu'ils examinent bien si par leur manière de vivre, leur routine, leur manque de calcul, il ne s'exposent pas à l'exil. Là où un cultivateur comprend celte vérité, c'est quand après avoir perdu sa terre en Canada, il s'en vient s'engager chez un fermier américain- Il voit ce dernier travailler peu et vivre à l'aise : il voit sa ferme, grâce à son esprit de calcul et à ses amélio- rations toujours nouvelles, lui rapporter d'immenses V il (,( 70 f profits. Alors notre Canadien regrette le passé, il soupire, il voit qu'il pourrait, s'il avait sa terre que le shérif a vendue pour payer le whif key et le ruban achetés chez le marchand, il voit qu'il pourrait, eu l'améliorant comme fait son maître, vivre heureux et content à l'ombre de son clocher ; mais il est trop tard. " Je vous écris ces lignes, cultivateurs canadiens, mes compatriotes, avec désir de vous être utile. Puisse ma faible voix être comprise. " C/w Canadien des JSkit4'Unis" XXI. LES CANADIENS Y GAGNENT-ILS A EMIGRER ? Il semble que rien ne nous invite à émigrer aux £tats-TJnis,ce pays où la langue, les idéeti.les mœurs, les lois, la religion diffèrent tant des nôtres* Nous concevons facilement que les Irlandais, les Anglais, 1^8 Ecossais et même les loyalistes Américains, pour lesquels la Province de Québec n'est encore qu'u- ne patrie d'adoption, qui naguère sacrifiaient à jamais leur patrie véritable pour aller se créer un avenir sous un ciel étranger, nous concevons que n'étant pas attachés au sol, pour peu qu'ils trouvent des . avantages matériels dans les Etats du Nord et de l'Ouest, ils quittent le Canada afin d'aller vivre au milieu d'un peuple qui leur ofire plus d'attraits par son origine, ses croyances et ses usages. Mais c<^ qui parait contre nature, c'est que non», Canadiens-Fran- çais, nous quittions cette terre qui a ^té le berceau de notre nationalité, cette terre où domineni notre culte, nos lois et nos coutumes, cette te> re témoin de notre naissance et de nos premiers aaiK««ment»,et*tle ■■i 71 >l ( terre qui a coûté tant de snenrs, tant de sang même à nos devanciers» Aussi laut-il des avantages consi- dérables, pour nous décider à quitter ce qui est si cher au cœur, ce qui rappelle tant de beauz senti- ments : la patrie. Calculons un peu ces avantages et voyons 8i,après tout, ils sont si grands qu'on serait tenté de les croi- re, et s'ils ne sont pas, dans tous les cas, compensés par des dangers réels, des sacrifices bien sensi- bles. Nous n'avons ici aucune attention de blâmer les canadiens qui ont cru devoir émigrer aux Etats-Unis . Qu'ils y rencontrent des avantages ou non, que plu- sieurs aient commis une faute eu y allant ; il ne i faut pas oublier que tous sont partis avec le désir bien légitime d'améliorer leur sort, et ce motif est trop honorable pour que même les fautes de calcul qu'il peut faire commettre ne soient pas excusées. Ainsi donc, que les Canadiens des Etats-Unis ne nous supposent aucune intention de leur être dô*»- gréable ; nous les respectons parce qu'ils sont nos concitoyens, nous les aimons parce qu'ils sont nos frères et si nous tâchons de démonirer qu'en fin de I compte ils ne rencontrent pas de gain réel là où ils ' sontce n'est pas dans le but de les blesser, mais dans le but de faire réfléchir ceux qui se disposeraient à renoncer.pour aller à l'étranger, aux chances offertes en ce moment par le pays dans la colonisation. Nous prétendons donc que, tout calculé.tout pe8,é, les avantages que retirent nos compatriotes ai^x Etats-Unis sont bien limités. Pour 10 familles qui amassent quelque chose, il y en a 100 qui végètent et maudissentle jour où ils ont franchi la ligne 45ènke. Et encore ces dix familles, au prix de quels sacrifi- ces réalisent-elles quelques piastres ? Il ne faudrait pas connaître le vrai canadien, le canad'^n non dégénéré, pour croire que ce n'est pas déjà i)our lui un sacrifice et le plus grand des sacrifices v J 12 I I , que de vivrre loin de son pays. Son exil, bien que volontaire, n'en est pas moins un exil ; toat oe qui l'entoure le lui rappelle à chaque instant. Il a beau gagner de gros salaires, il a beau jouir de la santé, il lui est impossible de se débarrasser de l'ennui que lui cause cette soumission à des étrangers, cette vie monotone, cette dépendance continuelle, cette incer- titude de l'avenir inhérente à sa position. Allez aux Etats-Unis, voyez le canadien, causez avec lui ; vous ne trouvez plus cette gaité franche tt naïve qui nous caractérise : son rire n'est i)as joyeux, ses plaisirs mêmes semblent avoir quelque chose d'amer. Di- tes un mot d u Canada, vous allez voir que vous ou- vrez la plaie de son cœur, Ah! c'est que le canadien ne peut oublier son pays ; chaque brise du Nord lui apporte des souvenirs, lui fait entendre le** soupirs de ses parents, de ses amis qui l'invitent au retour. Le dimanche pendant qu'il repose ses membres fati- gu''s par les travaux de la se marne, son imagination le transporte à l'ombre de son clocher natal ; là, il voit réunis sur le seuil de l'église ses amis d'enfance, et il sent, dans tout ce qu'elle a de plus cruel, la pri- vation des charmes de la vie de paroisse. Le cime- tière voisin lui fait peut-être échapper des larmes sur la tombe d'un père, d'une mère, d'un frère, d'une sœur, d'un ami. Là est l'autel au pied duquel il a juré un amour éternel à celle qu'il aime ; là ont été baptisés ces enfants chéris pour lesquels l'exil est surtout regrettable et dangereux. En entendant les sons imposants des cloches qui convient les fidè- les à la prière, il fait un retour sur lui-mêne, pour qui la cloche ne sonne que pour l'appeler dans l'air malsain, la poussière étouffante de la manufacture. Que de pensées tristes se pressent alors dans son âme ulcérée ! Q.,e de rapprochements il fait entre sa position actuelle et celle qu'il occupait dans son pays ! En Canada, il entendait parler sa langue, sa belle langue française apprise sur les genoux de sa 73 laère, ici on ne parle qu'un idiome étranger. En Oanada, il avait ses fêtes religieuses, célébrées avec éclat, avec pompe ; ici, il est la plupart du temps privé, pendant plusieurs semaines, de la parole de Dieu, et encore, quand il a le bonheur de s'agenouil- ler dans une église souvent improvisée, il ne goûte pas cet entraînement, cette poésie :iuo faisaient naî- tre autrefois dans son âme les cérémonies du culte» En Canada, il étcit l'égal des autres, il parlait à des amis, à des frères ici il est soumis à des maîtres qui le payent bien et voilà tout. En Canada, enfin, il était chez lui, et ici, il est exilé ! Mais s'il n'y avait que l'ennui du pays, si au moins le Canadien rencontrait des avantages capables de compenser sa tristesse : mais.nous le répétons, à part certaines exceptions,la masse de nos compasriotes ne font que vivre aux Etats-Unis et encore plusieurs y sont-ils souvent exposés à des privations plus gran- des que celles qu'ils redoutaient en Cana'îa. Ces exceptions, toutes rares qu'elles soient, exis- tent cependant. Il ne faut pas nier les faits. Celui qui sait prendre les moyens appropriés aux circons- tances s'enrichira dans n'importe qu»'! l pays. Com- bien de milliers d'américains viennent tenter et faire fortune en Canada ? Est-il étonnant, puisque dans un jeune pays comme le nôtre, qui ne jouit des libertés politiques que d'hier,qui en est encore à as- seoir les premiers fondements de sa grandeur future, les étrangers viennent cependant en foule pour amasser des trésors, est-il étonnant que nos compa- triotes réalisent eut aussi quelques fortunes dans cette vaste république plus vieille que le Canada •d'au moins 80 ans ? Et on serait même tenté de s'élonner que les Canadiens émigrés ne s'enrichis- se pas encore en plus grand nombre. Mais quand on «ait que nos compatriotes no sont appréciés qu'au prix du travail qu'ils rendent, que leurs qualités de français et de catholiques les éloignent toujours des 74 emplois distingnés et Inoratiff, que ce n'est qn'ài'orc& d'Assidnité, d'écomie, et aidés de chances particu- lières, qu'ils peuvent mettre de l'argent de côté, alors l'étonnement cesse et on se dit avec raison : les Canadiens qui iont fortune aux Etats-Unis f :nt de aeux qui sont appelés à devenir riches parte \ il& iront tenter le sort, et qui le seraient cert^ ^«nt devenus s'ils étaient restés en Canada. A proprement parler il n'y a que ceux qui ont de nombreuses familles à enfermer dans les manufnc tures, qui fassent de l'argent* Pour r^ aliser, nous ne dirons pas une fortune, mais un joli capital, il faut qu'un homme y passe au moins 6 ou 7 ans avec ses filles et ses garçons. Quoique la chose dépasse les limites du piobabl*»,^ r?^r\T)o»ons néanmoins qu'un père avec 6 enfants, metfe de côté $6,000 en ô ans : nous osons soutenir que cette somme n'est "cîen en face de ce que la famille a dû perdre sous d'autres rapports. Sans parler du danger moral que ces jeunes gens, et surtout les jeunes filles, ont couru, cet emprisonne- ment de 6 an» aux travaux forcés dans les manutac- tures F beaucoup altéré, sinon ruiné l'existence de ces pauvres «niants. Cette jeune fille qui, à son départ, avait un» constitution vigoureuse, un teint frais et vermeil, est revenue pâle, fanée et amaigrie. Outre qu'elle ne sait rien faire de ce qui convient à la ménagère canadienne, elle n'a plus la santé re- quise pour faire une épouse, une mère de famille > La consomption viendra moissonner impitoyable- ment le peu de vie qui lui reste, ou elle traînera de longues années de soufirance en faisant le malheur d'un époux et en transmettant à ses enfants le germe ds mort qui la mine sans cesse. Ce jeune garçon, habitué pendant 6 ans à manier une bobine, à carder ou tisser, à quelle autre chose est-il bon ? Va-t-il rester sur la terre que le père achètera dans le pays avec les $6,000 ? Loin de là,, !.. 75 I. V il ne peut se faire à la vie canadienne, il reprend de suite le chemin des Etats-Unis que son père lui a, montré. Cette fois-ci, débarrassé de la surveillance paternelle, il perd le sentiment national, il oublie ses parents, sa langue peut^-être, et même sa foi* Et ensuite ces enfants, s'ils ont eu le bonheur de ne pas se pervertir dans les manufactures, s'ils n'oni pas appris le mal, se sont-ils du moins instruits dans le bien ? Ont-ils appris à lire, à écrire : choses indis- pensable à la jeune génération actuelle ? Possèdent- ils ces connaissances religieuses et profanes qu'ils auraient acquises dans le pays ? On peut donc dire qu'un père de famille n'amasae quelque chose aux Etats-Unis qu'au prix de la santé et du bonheur futur de ses enfants ; qu'il n'a pas la douce perspective de jouir avec eux, et au miliea d'eux, de ces épargnes réalisées avec tant de peines loin de la terre natale . Au contraire il peut avoir la certitude d'avance que ces enfants, s'ils survivent au travail dur qu'ils subissent, ne resteront pas autour de luidans sa vieillesse, mais qu'ils l'abandonneront et lui laisseront finir ses jours dans l'isolement, l'en- nui, le chagrin et peut-être le remords. Avant de s'embarquer pour les Etats-Unis que le cultivateur y réfléchisse donc sérieusement. Qu'il n'oublie pas qu'il court 10 chances sur 100 de ne pas réuiisir, qu'il perdra dans ce cas son passage pour aller et revenir : ce qui pourrait suffire, bien souvent^ pour l'établir en partie dans les Cantons de l'Est. On serait surpris si on savait au juste ce que gagnent le« Compagnies de chemin de fer i ce mouvement de va et vient continuel de la part des Canadiens. Et même si ce cultivateur a la conviction de réussir, qu'il n'oublie pas au prix de quels sacrifices il le fera^ qu'il n'oublie pas que ses succès, quelque beaux qu'ils soient, ne lui causeront jamais l'ombre du bonheur dont jouit un coloa avec sa famille sur le lot qu'il a. défriché. 76 i F' A Mais, nous dira quelqu'un, il n'en est toujours pas -moins vrai qu'un tel et un tel sont revenus riches des Etats-Unis ;je ne vois pas pourquoi vous prétendez que les Canadiens ne doivent pas y émi^rer ? Que quelques Canadiens aient fait fortune aux Etats Unis, nous Tavons admis plus d'une fois. Mais même en admettant que tous y fassent de l'argent, sera-ce une raison pour eux de s'y jeter inconsidé- rément? Quoi ! ce Canada, qui nous est si cher, ne nous ofire-t-il donc aucun avantage ? Ne sera- ce pas une sorte do trahison à commettre envers notre nationalité que de laisser les émigranfs Euro- péens s'emparer seuls, chaque année, des belles terres du domaine public et profiter seuls des dépen- ses énormes encourues par notre gouvernement pour favoriser la colonisation? S'il fallait poser en prin- cipe que l'homme doit laisser son pays dès qu'il entrevoit des avantages matériels un peu plus grands dans un autre, on détruirait par là toute idée de nation, on désorganiserait les sociétés humaines : la patrie, et avec elle le patriotisme, disparaîtraient de la «urf&ce de la terre. ^ Puis vous, parents chrétiens, qui vous disposez n conduire votre famille au sein des villes indus- trielles, avez-vons oublié que Dieu ne vous a pas ddnné des enfants seulement pour en faire des machines à gagner de l'argent ? N'avez-vous pas l'obligation de veiller à ce qu'ils ne perdent pas un trésor plus précieux qne ce vil métal ? On a beau vous dire que les Etats-Unis n'oflfrent pas plus de dangers aux jeunes gens que le Canada; ceux qui affirment dans ce sens ou ignorent les choses, ou veulent les cacher. Le cierge catholique, à même comme il l'est d'étudier l'état moral de la jeunesse qui revient de la république voisine, est bien loin de penser de la sorte. D'ailleurs, soyons de abonne foi ; est-il bien naturel que ces enfants qui s'égarent souvent malgré la surveillance étroite et l ^M* ieureux ancêtres. Juste récompense de leur noble patriotisme ! " Quel contraste avec oe que nous avions vu pen- dant notre court séjour sur la terr^ étrangèro, où une fatalité semble pousser irrésistiblement un si grand nombre de nos compatriotes ! Ab / pauvres Canadi- ens de l'émigration aux Etats- Jnis, que votre sort est tristement diff'érent de celui de vos frères demeu- rés fidèles à la patrie ! Vous avez reculé devant les sacrifices (5 ue votre pays vous a demandés; vous avez regardé les grands arbres de ses forêts, et vous avez dit : " Qui pourra débarrasser le sol de ces troncs séculaires ? Que de temps et de durs travaux il faudra pour transformer ces horribles politudes en riantes habitations !" et vous avez senti la tristesse s'emparer de votre âme, le découragement vous monter au cœur. En oe moment critique vous avez regardé vers la terre étrangère, et vous avez dit : " Qui sait ? peut-être que là nous trouverons un pain plus .acile à gagnev." Kn 6Îf'flt,il était tout cuit, mais dans la main a'un maître bien décidé à vous exploiter. Après une pénible lutte vous en avez pris votre parti, vous avez dit un éternel adieu à votre pays ; car le faible espoir que vous conserviez d'y revenir n'était qu'un moyen d'adoucir l'amertume du départ. Au pain noir que vos frères allaient ga- gner noblement à la sueur de leur front, en assurant une honnête indépendance à leurs enfants, vous avez préféré le pain blanc de la. fabrique américaine que vous appelez en jargon yauké une factrie, et en retour vous avez enrichi du produit de votre travail des maîtres avides autant qu'orgueilleux, m vos enfants, que leur léguerez-vous ? Très-certainement la perte 80 ' il de leur nationalité ; pent-étre, hélas ! pour un grand nombre, la perfe de la foi'! Un« trqp lamentable expérience l'a surabondamment prouvée Dans^ nos lointaines pérégrinations vers Touest, sur les bords du Mississipijusque danet le Minnedota, nous ayonâ' rencontré, le long de toute la toute, de nombreuses familles canadiennes. Au récit qu'elles nous faisaient de leurs désappointements.des chagrins et des ennuis qu'elles éprouvaient dans ce paysi nous avons res- senti uno profonde affliction. Les soupirs que lais- saient échapper malgré eux des pères et des mères qui conservaient encore dans toute leur vivacité les sentiments de la foi et de la piété caractéristique» du peuple canadien, les dures privations où ils se trouvaient des secours de la religion, les inquiétudes cruelles qu'ils éprouvaient sur l'avenir religieux de leurs chers enfants—craintes qui n'étaient malheu- reusement que trop justifiées par l'indifférence et la défection d'un bon nombre — ces chagrins, ces en- nuis, ces craintes, ces inquiétudes de nos infortunés- compatriotes dans la terre étrangère, nous rappelaient le sort des malheureux Juifs dans les plaines de Ba* byloHe. Avec autant de vérité qu'eux ils pouvaient dire: •* Nous nous sommes assis sur les bords d*?& fleuves de Babylone et là nous avons pleuré en nous souvenant de Sion Comment pourrons-nou& chanter les cantiques du Seigneur dans une terre étrangère " en l'absence de toutes nos solennités» religieuses ? Plus d'une fois nous avons chanté avec eux, après les dures fatigues de la journée, ces senti- ments si heureusement exprimés par un de nospoë>- tes canadiens à J'âge de 14 ans, sous l'inspiration et le* souffle de l'éducation collégiale : ir "> \ •* lM*i n\vvTi\ ■it ■ S8 61 _ \ Be»r> mnad 'n-^mru<> r»idi«'i mioa loi aiiommtoi «f/oVl itïoï eemmoe aooa .&iàd ii à golhi>è .sQU^if eojjplojï^ mmn xurndnïon PàiWWflttîtëà'^éttraiA' ''■'^^"^*'^^^' "^^ ?.mtA ;ï.v.ftVi a'tVK'.' ' ■■'■' \i^, ■■ O.^'v •. liapif) T^t^^dfyV/ - " Si tu vois mon pays, ' < " Mon pays malheureux, " Va, dis à mes amis ** Que je me souviens d'eux. IV. •* O jours si pleins d'appas, " Vous êtes disparus *' Et mon pays, hélas ! ** Je ne le veriaiplus. V. " Non, maison expirant, " O mon cher Canada ! " Mon regard languissant " Vers toi se portera." s " Ce sont bien là, nous l'attestons pour l'avoir va de nos yeux et entendu de nos oreilles, les senti- ments de nos infortunés compatriotes aux Ëtats-Uais, eacort Canadiens per la foi et le cœur. Aussi ce chant était-il un soulagement pour eux : " Hépét«2, ripétaz, me dieaient-ilt, les larmes aux yeux ; ce chant nous ftut du bien au cœur." 6 ,v 1 82 Nous terminons ici notre inible ouvrage* Dans ces quelques lignes, écrites à la hâte, nous sommes loin de prétendre avoir épuisé le sujet. Nous avons, an contraire, l'intime conviction d'avoir laissé des lacu- nes imi)ortante8. Le patriotisme de s nombreux amis de la colonisatioii et le zMe éclairé de la Presse Canadienne-Françaiseï sauront y suppléer. Webster disait; celui qui fait croître deux brins d'herbe, là où un seul était produit, est un bienfaiteur public» Four notre part, si nous contribuons à faire faire un seul pas à la Qolonisation,nous croirons avoir été utile à la patrie et avoir été amplement recom- pensé pour le léger sacrifice de temps que nous nous sommes imposé. .^i ,ZDBW^d\Bm H-{aq floM " , «£'.;q6*b aaislq le BtXJot O ^ . SDTpqgîb aol^ a«cV " t. ) .V '* fi-ïdJioq oéÏQi aïs"/ " i ■ fhJôa 8ftl ,eoll.'»io «on ♦ b oîvaéJno *» ttirr «ort ob r *.x u I • •>ri«v>*n'* ciétés de Colonisation auxquelles sont attribués des pri- vilèges trè8-«t«ndui. Déjà bon nombre de ces sociétés ont été iormées et opèrent un bien immense partout où elles sont dirigées avec un bon esprit ; et il est regrettable de voir qu'elles ' ne figurent pas encore dans plusieurs comtés. Les hom- mes dévoués trouveraient pourtant en elles une belle occasion de tiorallUr i la grande œuvre de la colonisa- tion. Le gouvernement accorde don secours à ces socié- tés, leur réserve de# terres pour le» colons qu'elles veu- lent établir et donne à leur organisation le caractère et les pouvoirs d'une corporation légale. Ces avantages ainsi que les détails du fonctionnement de ces sociétés sont exposés dans lu loi que nous venons de citer et que nous reproduisons on entier à la fin de cet appendice ; nous y référons le lecteur, auquel vien- drait l'heureuse idée de fonder une société dans sa loca- lité. Les oflîciers des sociétés déjà existantes pourront, et se feront un plaisir, nous n'en doutons pas, d'aider de leurs conseils l'organisation de celles que l'on proposerait d'établir dans les comtés voisins et même éloignés. Le Département de l'Agriculture et des Travaux Pu- blics de Québec est jliarge du contrôle de ces sociétés ; toute information tendant à en favoriser l'établissement seront obtenues en s'arlressant à ce Département. La première société formée dans un comté peat obte- nir une subvention annuelle du gouvernement au mon- tant de $300.00 ; la seconde et la troisième société peu- vent obtenir une subvention do 6150.00 chacune ; cette proportion a été établie afin de créer do l'émulation parmi les 51"^ is de la colonisation dans les différents comtés. Il faut être au moins trente personnes pour constituer une société. Trente ou un plus grand nombre de chefs de familles, qui < lit «les enfunts à établir, peuvent donc se forn^er en société d.ins n'im;iorte quelle localité et jouir dos bénéfi- ces de la loi. Ouuo la subvention que nous venons do 84 xuentionner, ils pcuvont obtenir un lopin do terre dans une partie quelconque dea cantons nouveaux en s'adres- sant au Commissaire -jM •.{ -in.i mà<^)^i-. J. D. Ed. LIGNAIS, -H i-D ttl T*j<î :iB ,jfTt»i)fw>i'i Secrétaire. » r» "K.B. — L'original même do la Déclaration devra être transmis à €• Bépnrtement. Quant à la Constitution et aux Eégloments, il suffira d'en transmettre une vraie copie certifiée telle par le Président (ou Vice Président), et le Secrétaire." '^ ' .:.■.- Constitution de la Société de Colonisation. lo. La Société prend le nom de Société de Colonitation No. de 2o* Le siège de ses opérations est A 3o. Le but de la f "^cieté est de promouvoir la Colonisa- tion conforméT > îix disposition!? de " r Acte des So- ciétés de Colonisât : . " /"-. ' 4o. Pour en être membre il suffit de payer une contribu- tion annuelle d'au moins 5o. Los aftaires de la Société seront gérées par un Président, un Vice-Président, un Secrétaire-Trésorier, et Directeur^i, qui tous ensemble formeront le Conseil d'Administration. Ce Conseil rendra compte des opérations de In Société en Assemblée Générale, à l'expiration de chaque année. 60. Les élections des officiers et Directeurs auront lieu à une Assemblée générale qui se tiendra le et pour avoir droit de roter aux dites élections, il faudra avoir payé sa contribution pour l'année courante. 7o. Lorsque plus d'un candidat sera proposé pour la même charge. In rotation aura lieu par assis et lové, le Secrétaire comptera les vote^i et lo Président proclamera élu celui qui aura réuni la majorité des suffrages. 80, Les officiers élus resteront en office jusqu'à l'élec- tion suivante, et seront rééligibles 9o. Il y aura des assemblées gcoérales chaque fois que le Conseil d'Administration le jugera nécessaire et avis devra en être donné le dimanche précédent par criées aux portes des Eglises lOo. Le Président présidera les assemblées générales et les Séances du Conseil d*admipiHtr«tion. llo. Le Vice-Président agira en l'absence du Président. 86 12o. Lo Secrétaire-Trésorier sera le dépositaire des BommeB d'argent et autres valeurs appartenant A la Société; il tiendra min ate des assemblées de la Société et de celle du conseil d'administration dans un regitre Spécial, et ces minutes seront signées par le Président, ou à son défaut par le vioe-Pr^ident, et par le dit Secrétaire Trésorier ; il tiendra en outre des livres de comptes dans lesquels il entrera toutes les opérations monétaires de la société réguIièremeT) et sans retard. A la fin de l'année fiscale de la société il présentera au Conseil d'administration un étr- deses comptes. 13o. Les vacances qui surviendront parmi les officiers ou les directeurs seront remplies par le Conseil d'Adminis- tration à une Séance convoquée spécialement à cette fin. Vraie copie, Président. Secrétaire-Trésorier. Eeglements de la Société de Colonisation. lo. Los Assemblées générales de la Société seront con- voquées par criées aux portes des églises, au moins un Dimanche avant chaque assemblée. 2o. Le Conseil d'Administration s'ansemblera au moins une fois tous les trois mois : il fixera l'époque de ses as- semblées régulières, et pourra ajourner ses séances sui- vant qu'il lui conviendra. Le Quorum sera de Cinq^. 3o. Sur la réquisition du Président ou de trois mem- bres il y aura des Assemblées du Conseil d'Administration, chaque fois que l'expédition des afi'airea le requerra. 4o' Les membres du Conseil devront être notifiés personnellement ou par écrit, par le Secrétaire-Trésorier, d'assister aux Assemblées. 5o. Les Séances du Conseil seront ouvertes par la lecture des minutes de la Séance précédente et l'inspec- tion des livres de comptes. 60. Le Secrétaire-Trésorier fera ensuite part au Conseil de toutes les demandes de secours qui lui auront été adressées. To. Les secours devront être accordés de préférence aux personnes recommandées par les membres de la Société. 80. Chaq-ue demande de secours sera soaniise au Con- seil, et ne pera agréée que sur un vote de la majorité. 9o. Le Secrétaire-Trésorier sera tenu 'le donner un cautionnement en double au montant de $400 sujeL à l'approbation du Conseil. Vraie copie, Présideit, Sécrétai 1 e Trésorier. . ro 87 ^^ ^'^ poitsimiij BÊ iSeclâhatioit . , Noua, Booasignés, déclarona noas réunir et noaa associer ce jour, poar former une société de colonisation, dans la division électorale de et nous nous enga- geons à notti soumettre à toutes les dispositions de l'aote des sociétés de colonisation et nous nous engageons à payer chacun de nous une souscription annuelle d'an moins piastres, pour les ans de cet atte. Daté à ce 187 . 'ï A-/ ttt , Voilà pour les sociétés de Colonisation à' être établies dans la rrovince de Québec en vertu de la loi ; mais nous voulons dire un mot d'une autre espèce do société de Co- lonisation. .,,.,, '~u^ :...,„.;. !,..;, 5 -tW'l' >>.'l lf>-kiA. .♦mViI Dans plusieurs ïocaïîtéô des Etats-Unis, où les Cana- dienfe figurent en grand nombre, on a formé des sociétés de Colonisation, dont les officiers se sont déjà abouché avec le Rév. Messire Chartier. Nous ne saurions trop encourager cette démarche, et nous voudrions la voir adopter partout où ijioe compatrio- tes sont groupés ensemble. ' '' r Ces sociétés, quoique n'ayant pas une existence légale et des avantages comme celles formées dans la Province de Québec, seront néanmoins d'une grande utilité. Et rien ne les empêche de se mettre en rapport, de s'affilier même en quelque sorte, avec des sociétés établies dans un comté quelconque. Par l'entremise de l'Agent de Colonisation, le Eévd. J. B. Chartier, nos compatriotes ainsi associés pourront connaître plus facilement les points qui leur offriraient le plus de chance pour s'établir. Et ce qui devra être fiait surtout sera d'envoyer, au frais de l'association, une per- sonne recommandable pour visiter les Cantons de l'Est, prendre des notes et faire un rapport consciencieux ; cette étude coûtera une bagatelle à cnaque membre de la société et aura le meilleur efiPet. Ces sociétés formées au milieu de nos compatriotes des Etats-Unis seraient un moyen peut-être de réaliser l'idée émise dernièrement par un homme dévoué et à esprit éminemment pratique. Ce patriote zélé suggérait aux Canadiens des Etats-Unis de retenir d'avance des lots in- cultes Boit par l'entremise des sociétés de Colonisatioa ou par celle du Rév. J. B. Chartier, et de mcttre'à part cha- que année quelques épargnes pour payer un lot et mêtne faire faire du défrichement en vue d'un prochain retour au pays. Acte des Société? de Colonisation. ï. Il pourra être formé, dans chaque division électorale do la province, vihé ou plusieurs sociétés d« colonisation, tel que ei-après pourtu, et le but et l'objet de ces Boci étés iew)n(i : îl D'aider à activer l'établissement des côlons sur les teeresde la couronBe.d'attirer les émigrés des autres pays et de rapatrier cet^x des habitants du pays qui ont émigré à l'étranger ; 2. D'ouvrir avec la permission du gouvernement, et d'aider au gouvernement et aux municipalités à ouvrir des chemins sur les terres vacantes de la couronne, ou y conduisant ; 3. De diriger les colons ou les émigrés, vers les en- droits qui leur auront été assignés et réservés par le cOmmiesaire des terres do la couronne, tel que ci-après pourvu ; 4. De fournir aux colons, des grains de semence, des provinions, des instruments propres au défrichement de» terres et â la culture ; 5. D'aider au département de l'agriculture, et au dépar- tem-ent des terres de la couronne, à répandre les connais- gîttices et les informations propres à favoriser la coloni- eaiblon ; 6. De promouvoir la colonisation, et (J'aider aux colone par tous les moyens, et par toutes les démarches qu'elles jugeront à propos d'adopter, conformément aux règlements qui seront approuvés par le lieutenant-gouverneur en con- seil. '''% Dans toute division électorale, dans cette province, treflte personnes ou plus pourront so réunir et former une soiiété de colonisation ; elles devront pomr cet objet ; 1. Signer une déclaration d'après la formule A de la Cédule ci-jointe ; ' ' '""" ' i"^'î ''Kir.wnBaun.rs'n viTac-^ 2. Elire un président, un vice-président, un secrétaire- trésorier, et un contieil d'administration, composé i\e pas moins de cinq membres^ y compris les officiers ci-dessus désiirnés * '(t'-'--'*"'^''' '-"' "^ >'i va '^ymw li 3. Adopter une constitution et des règlements ; 4. Faire rapport au coriimissaire, et demander à être reciennues comme formant une seciété de colonisation, en lui transmettant la déclaration, la constitution, les règle- ments, la liste des officiers et des membres du conseil d ad- mîiBistration, et le nom de l'endroit où devront se réunir ia société et le cons'^il, et qui devra être considéré comme le siège des aifaires de la société- H 89 \' Tout comté uni à un autre comté pour loi fins électo- rales, Hera congé former par lui-même une division électo- rale pour les fins de cet acte ; Il ne sera point néccsHaire d'être réttidant dans ladÎTi- .sion pour être membre de la Bociété. 3> La constitution de chaque société réglera la maniiè- re dont leo uouscriptions deu membres seront payées, les devoirs et les pouvoirs des officiers, et du conseil d'admi- niâtration,la manière de les élire,et le temps pendant lequel ils resteront en office, l'admission de nouveaux mombrM, lu tenue des assemblées générales de la société, et en gé. néral tout ce qui concerne l'organisation de la société. Les règlements pourvoiront au détail des opération* de la société et à tout ce qui pourra être propre à assurer une meilleure exécution dos intentions de cet acte. 4' La constitution une fois approuvée par le lieutenant- gouverneur en conseiI,tel que ci-après pourvu,pourra être amendée dans une assemblée générale de la société dCiment convoquée ; et les règlements pourront être de temps à. autre amendés par le conseil d'administration ; mais, dans l'un ou l'autre cas, copie des amendements, certifiée par le président et le secrétaire-trésorier, ou le vice-président et le secrétaire-trésorier devra être transmise au commis- saire et ils n'auront force de loi qu'après avoir reçu la sanction du lieutenant-gouverneur en conseil, sur la re- commandation du commissaire. 5' Si le lieutenant-gouverneur en conseil, sur la re- commendation du Commissaire, approuve la constitution et les règlements, le commissaire donnera à la Société un certificat, ( formule B ), lequel aura tous les effets d'une charte donnant à la société le droit de contracter^ X)Oursuivre et être poursuivie, sous le nom qui lui sera donné, tel que ci-après pourvu, pour toutes les affairai qu elle transigera, conformément à l'objet et aux inten- tions du présent acte, recevoir des legs, et posséder des biens-fonds à un montant n'excédant point le revenu annuel de mille piastres ; et le commissaire fera enregis- trer ce certificat au bureau du régistraire de la province et donnera avis du tout dans la Gazette Officielle de Que' bec ( Formule C. ) 6. Quand, dans une division électorale, une société aura été formée et aura obtenu un certificat, si la diffé- rence d'origine ou de religion ou l'étendue do cette divi- sion, ou d'autres causes, le rendent nécesaire ou utile, il pourra y être formé une seconde et une troisième société, et les peraonnes qui désireront établir cette seconde on