^, f^^. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 1.25 d IM 12.5 2.2 -». ■ us ut ta ■yui. 14 II 1.6 6" 7^ VQ O / ^V--' / /A Hiotographic Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTEKN.Y. 14SS0 ;/t6) 873-4503 \ S> 4 '^":^^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Instituts for Historical Microreproductions / institut canadien de microreproductions historiques Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques Thei toth The Institute has attempted to obtain the best original copy available for filming. Features of this copy which may be bibliographically unique, which may alter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming, are checked below. L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire qu'il lui a été possible de se procurer. 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TOME TROISIÈME. m- A PARIS, Chez F. SCHOELL, Libraire, rue iîes Fosses- Saint- Gi;rmain-i.'Auxerrois, k." 3cj. 1811. f miÊÊmmmiÊÊsi^ÊÊti^;. \.^-'^iS"r ''-»^« -:. V / / /' V f r ;\ :; : *'v^/».^%>%/% «/%/%/*./%/«/^'*/«/«. < »■»-•/*/% */^ ». LIVRE IV. Etat de l'Agriculture de la Nouvelle- Espagne. — Mines métalliques. CHAPITRE IX. Prodiictioîis végétales du territoire mejcicain. —Progrès de la culture du soi. — lîijiuence des mines sur le défrichement,— Plantes qui setvent à lu nourriture de llionune, IN ous venons de parcourir l'immense étendue de terrain que Ton comprend sous la déno- mination de royaume de la Nouvelle-Espagne. Nous avons décrit rapidement les limites de chaque province , l'aspect pLjsique du pays, sa température, sa fertilité naturelle, et les progrès d'une population naissante. Il est temps de nous occuper plus spécialement de l'état de l'agriculture et de la richesse territo- riale du Mexique. III. . '«.- MVIU. IV Un empire cpii s'iHcnd depuis le sei/ième jusqu'au Ireule-scptiènie dcf,^ré de lalilude, Oiire (IcjU , par sa |)osiliou geo;4ra[)lu([ne , tuules les uiodifîcalions de eliuiat que l'on Ifouveroit , eu se lransj)ortaul des rives du Séu('^^i;lcii Espa«^nie , ou des coles du Malabar aux s{( ppes de la Grande-Bucharie. Cette variété de cliuiats au«^uiente eneore par la consliluliou géolo<;ique du pays , par la niasse et la lorn»e extraordinaire des nion- lairnes mexicaines , dont le tableau a été tracé de' us le troisième chapitre. Sur le dos et sur la pente des Cordillères^ la lempéra- ture de chaque plateau est différente, selon qu'il est pUisou moins élevé. Ce ne sont pas des pics isolés dont lessouimets, rapprochés de la liniile des neiges perpétuelles , se cou- vrent de pins el de chèues. Des provinces entières produisent spontanément des plantes alpines, et le cultivateur habitant de la zone torride y perd souvent l'espérance des mois- sons; , par Teffet des gelées ou par l'abondance de la neige. Telle est l'admirable distribution de la chaleur sur le globe , que , dans l'Océan aérien, on rencontre des couches plus froides à CllAPITUi: IX. 3 nipsure que l'on sVlcve ; tandis fjuc dans la profondeur des mers la tenipéiiilure diminue à mesure que l'on s'éloij^nc de la surface des eaux. Dans les deux élémens , une niénie latitude réunit , pour ainsi dire , tous les elimats. A des distances iné^^ales de la surface de l'Océan , mais dans le même plan vertical, on trouve des couches d'air et des couches d'eau de la même température. Il en résulte que, sous les lropi([ues , sur la pente des Cordillères, et dans l'abîme de l'Océan , les plantes de la Laponie , comme les animaux marins voisins du pôle , trouvent le Oim que Ton piii'^se *(• I1;illcr (lo connoilro loiilos les pLiiiUs ([111 se; troinciil on ôp^irscs sur dos rimes isoKcs, on prossL'Os les nnrs ronhc les anlres dans do v.Mslcs forèls an pied des Cordillères. Si l'on déeonvrr encore jonriiellenieiil de nou- velles espèces herbacées sur le plalean central, même as dérobées anx yeux des botanistes, dans cette région liuuiide et clumdo qui s'étend le long des cotes orientales, depuis la pro- vince de Tabaseo et les rives fertiles du Gnasacualco jusqu'à Colipa et à Papanlla, le long des cotes oceidenlales , depuis le port de San Blas et la Sonora jusqu'aux plaines de la province d'Oaxaca ! Jusqu'ici aucune es- pèce de quinquina ( Ginchona ) , aucune mémo de ce petit groupe clucs'. ]Nous ne nous jiroposous point ici de «Ic- crire l'iniiornlu'ahlc varicic tic Nc^claux dont lu nature a eniiclii la \asle clcndue de la * Voyez ma (h'-ographie dis pliiutcs , p. ()i — ()f> , et un ÎVli'iiioir»! ([uc j'ai {)ii1)llc en alliMiiaiid , coii- ttiinnl des obst rvalions physiques sur les ilivers(;s csp('C(!s «1<; (linclioiut t[iii croissent dans les deux con- tlnens. ( Afi-nioin's de la S iri îà d'/ils/oirc naturelle de Jii'i'lin , 1807, n. 1 el '2. ) On cioil au Mexique ([ue le Portlaiulia niexieana , dtcouvtit par Ai. Sf'SiC, pourruit remplacer le quinquina de l.oxa , comme le lont^ jii.s(pi'à im certain puint , le Portlandia hexandra (Coularea Aul)h;l ) à Tayenne, le Bonpiandia Irifo- llata Willd. , ou l«; Cusj»aié,au bord de l'Orôuoquo Cl le Switenia febriluiia Koxh. aux (Grandes Indes. Il est à dt'sirer que l'on examine aussi les vertus médi- cinales du Puïkneya pubens de Michaux ( Mussaenda bractcolata Barlram ) qui croît dans la (Icorgicj et c^ui a tant d'analogie avec lesCimhona. En Jetant le» yeux sur la propriété des genres Portlandia , Coutarea et lîonpiandia, ou sur l'airmilé naturelle que présente le véritable Cinchona épineux et rampant , «lécouvert à Guayaquil par M. Talalla , avec les genres Pa^deria et Danals, on reconnoit que le principe fébrifuge du quinquina réside dans beaucoup de rubiacées. Da même le Caoutchouc n'est pas seulement extrait iliJ^ il O LIVRE IV, JVoiivelle-Espagne , et dont les proprielés uliles seront mieux connues à mesure que la civilisation fera des progrès dans ce pays. Nous ne parlerons pas des divers genres de culture qu'un gouvernement éclairé pourroit introduire avec succès. Nous nous bornerons à examiner les productions indigènes qui fournissent en ce moment des objets d'expor- tation, et qui forment la base principale de l'agriculture mexicaine. Sous les tropiques , surtout aux Indes Occidentales, qui sont devenues le centre de l'activité commerciale des Européens , le mot agriculture est pris dans un sens bien différent de celui qu'on lui donne en Europe. Lorsqu'à la Jamaïque ou à l'île de Cuba, on entend parler de l'état floris- sant de l'agriculture , cette expression offre à l'imagination , non l'idée de récoltes qui servent à la nourriture de l'homme , mais l'idée de terrains qui produisent des objets l'Ilevea , mais aussi de l'UicpoIa clastica , tlu Com- niiphora maf^agascaicnsls, et d'un grand nombre d'avitrt'S planlos de la famille des euphorbes , des orti» s (Ficus Ceci opia), des cucurbilacées (Carica), €l descanipanulacées (Lobclia). CHAPITRE IX. -J iréchan^eau commerce, et des nialières brûles à l'iiuluslrie manufacturière. De plus, qucloduit dans les ouvrages d'économie politique une manière de raisonner qui se perpétue parce qu'elle flatte la paresse d'esprit do la mullilude. La dépopulation de l'Amérique espag'iule, l'état d'abandon dans lequel sV trouvent les terres les plus fertiles , le manque d'industrie manufacturière , sont attribués aux richesses métalliques , à l'abondance de l'or et de Taro^ent ; comme , d'après cette même logi- que , tous les maux de l'Espagne dérivent ou de la découverte de l'Amérique, ou de la vie nomade des mérinos , ou de l'intolérance reh«'ieuse du clero-é ! On n'observe guère que l'agriculture soit CIlAPITnE IX. lï plus négligée au Pérou qu'elle ne l'est dans la province de Cuinana ou à la Guayane , dans lesquelles cependant il n'existe aucune mine en exploitation. Au Mexique, les champs les mieux cullivés, ceux qui rappellent à l'esprit des voyageurs les plus belles cam- pagnes de la Fra..ce , sont les plaines qui s'étendent depuis Salamanca jusque vers Silao , Guanaxuato , et la Villa de Léon , et qui entourent les mines les plus riches du monde connu. Partout où des fdons métal- liques ont été découverts dans les parties les plus incultes des Cordillères, sur des plateaux isolés et déserts, l'exploitation des mines, bien loin d'entraver la culture du sol, la singulièrement favorisée. Les voyages sur le dos des Andes ou dans la partie montueuse du Mexique, oiï'rent les exemples les plus frappans de cette influence bienl'aisante des mines sur l'agriculture. Sans les établissemens formés pour l'exploitation des mines, que de sites seroient restés déserts , que de terrains non défrichés dans les quatre intendances de Guanaxuato, de Zacatecas, de San Luis Potosi et de Durango, entre les parallèles de 31 et de 25 degrés, où se trouvent réunies ■' .p 12 LIVRE IV les richesses métalliques les plus coiisidcraliles de la JNouveile-Espagne ! La l'ondalion d'une \ille suit imniédialeuient la découverte d une mine considérable. Si la ville est placée sur le flanc aride ou sur la crête des Cordillères, les nouveaux colons ne peuvent tirer cjue de loin ce qu'il faut pour leur subsistance et pour la nourriture du grand nombre de bes- tiaux employés dans l'épuisement des eaux , dans le tira^ie et ramal;>amation du minerai. Bientôt le besoin réveille l'industrie : on com- mence à labourer le sol dans les ravins et sur les pentes des montagnes voisines , partout où le roc est couvert de terreau ; des fermes s'établissent dans le voisinage de la mine; la cherté des vivres, le prix considérable auquel la concurrence des acheteurs maintient tous les produits de l'agriculture, dédom- magent le cultivateur des privations auxquelles l'expose la vie pénible des montagnes. C'est ainsi que par le seul espoir du gain , par les motifs d'intérêt mutuel qui sont les liens puis- sans de la société, et sans que le gouvernement se mêle de la colonisation , une mine qui paroissoit d'abord isolée au milieu de mon- tagnes désertes et sauvages, se rattache en 2S le le ir 'y e ciiAriTRE r\. i3 peu de temps anx terres anciennement la- bon rétîvS. Il y a pl.is encore; celte inflnence des nn'nes snr le dérrichemeiit progressif du pays est plus durable qu'elles ne le sont elles-mêmes. Lorscpie les fdons sont épuisés et qu'on ahan- doime lestiavaux souterrains, la popuL.tiou du canton diminue sans doute, parce que les «nneurs vont chercher fortune ailleurs; mais le colon est relenu par l'attachement qu'il a pris pour le sol qui l'a vu naître, et que ses pères ont défriché de leurs mains. Plus le site de la ferme est isolé, et plus il a d'attrait pour l'habitant des montagnes. Au commencement de la civilisation, comme vers son déclin, rhom.ne paroît se repentir de la génc qu'il s'est imposée en entrant dans la saciété. Il *ime la solitude, parce qu'elle le rend à son antique liberté. Cette tendance morale, ce désir de l'isolement, se manifeste surtout parmi les indigènes de la race cuivrée , qu'une longue et triste expérience a dégoûtés de la vie sociale, et particuhèrement du voisinacr^ des blancs. Semblables aux Arcadiens, les peuples de la race aztèque aiment à habiter les cimes et le fluuc de* montagnes les plus i!:' I l ) 4 i l4 LTVnE TV, cscarpcos. Celrail parlicnlicr do luurs mœurs conlrihiie slngnlicremeiit à éleiHlre la [)opu- lali(>n clans la rr^^ion luon laineuse du Mexi(|ue. Qu'il esl inlércssaul pour le voyageur de suivre tes conquèlcs paisibles de l'aj^riculturc, de voir ces nombreuses cabanes iudieimeséparses dans les ravins les plus sauvages, ces langues de terre cultivées, qui s'avancent dans un pays désert, entre des bancs de^ roc nus et arides ! Les plantes qui sont l'objet de la culture dans ces régions élevées et solitaires , dilTï'rent essentiellement de celles que Ton cultive sur les plateaux moins élevés, sur la pente et au pied des Cordilliîres. Je pourrois traiter de l'ag'icullure de la Nouvelle-Rspagne , eu sui- vant les grandes divisions que j'ai exposées plus haut , en ébauchant le tableau physique du tciritoire mexicain ; je pourrois suivre les lignes de culture qui sont tracées sur iwesprofiU géologiques, et dont les hauteurs ontété indi- quées en partie au troisième chapitre ' : mais il faut observer que ces lignes de culture, comme celle des neiges perpétuelles, à laquelle elles Voyez T. I , p- ajji j et T. H, p. Z^G* CHAPITRK IX. OS, s'aJ>iiissc'iU vers le iLf nord , ft sont parallèle que les inclines cé,ralescîui,s(,us la IalilM<|< des villes (K ) a Ijoiul nxaea et tie M ainment qu'à la liaiiteur <| v\Ho, ne vénv(eul seize cents n.èlies , se trouvent dans I vinc/cis inti^mas, sous la zone { e <|n!fi/v.' ou les i)| plaines les moins élew'es. La I es fjro' enipr''rée,'djns sol que requièrent les div tnre, dépend ei i.iuleur du ers o-eines de eul- . ^éfu rai de la latitude des -ux,. mais la ilevibilité d'organisation est ^lle dans les plantes cultivées, cpi'aidées par le soin de l'Iiomme, elles IVanelussent souvent les limites que le plijsieicn a osé leur assigner. Sous lequateur , les phénomènes météoro- io8-.ques , connue cenv de la géographie des P':'"'*'^ et des animaux, sont assujétis à des lo.s numuables et lacilcs à reeo.moitre : le chmat n> est mo.lifié que par la hauteur ,ln •eu, et la température y est presque cons- tante, malgré la diflérence des saisons. En selo.gnant de l'équateur, surtout eniro le e ce dernier phénomène qu'à des élévations deux fois plus grandes. Ces considérations nous prouvent que vers le tropique, là où la zone loriide s'approche de la zone tenqiérée ( je me sers de ces noms impropres consacrés par l'usage) , les plantes cultivées ne sont pas assujéties à des hauteurs fixes et invariables. On pourroit être tenté de les distribuer d'après la tenq^érature moyenne des lieux dans lesquels elles végètent. On observe, à la vérité, qu'en Europe le mi- niffiu/n de la température moyenne qu'exige une bonne culture est , pour la canne à sucre, de 19^ à 20"; pour Je calier, de 18'*; pour l'oranger, de 17"; pour l'olivier, de i5",5 à i4"; pour la vigne donnant du vin potable, de 10** à 11" centigrades. Cette échelle ther- mométrique d'agriculture es^ assez exacte, lorsqu'on n'embrasse les phénomènes que dans leur plus grande généralité : mais des excep- de l'ile de Cuba , de 17" et 18". Toutes ces détermi- nations ont été faites avec d'excelteas lhernïouiètr..'S do Nairne. fî m. [■(i 18 Ï.TVr.E IV ^ lions nonibieuses so présciiteiU, si Ton con- Mclcie tics pa^'s dont la chaleur mo}t' iiiic «le l'année est la nienic , tandis que les lenipé- ratures movennes des niuis dilïï'rent hcaiinnip les unes des autres. (J'esl, coininc Ta très-J)i(Mi prouve M. Decandollc ', la répartition iné«^ale de la chaleur entre les dillcrentes saisons de l'année, qui influe principalement sur le genre de culture qui convient à telle ou telle latitude. Plusieurs plantes annuelles , surtout les graminées à semences farineuses, sont assez indifférentes aux rigueurs de l'hiver; mais, semblables aux arbres fruitiers et à la vigne , elles ont besoin d'une chaleur considérable pendant l'été. Dans une partie du Marv land , et surtout en Virginie ' , la température moyenne de l'année est égale , peut-être même su[)éricure a celle de la Lond^ardie; et ce- pendant les frimas de l'hiver ne permettent guère d'y cultiver les mêmes v égétaux dont * Flore française , troisième édition , T. II , p. 10. ^A Umc5, eu Westro-Botuie (lat. 63*' '19' ) , les extrêmes du thermomètre centigrade étoient,eQ 1801, en été -f 35", en hiver — ^^j'*,?' M. Acerbi se plaint beaucoup des grandes chaleurs de l'été dans la partie ieptentrionalti de la Laponie. CHAPÎTRF, I\. If) s«>nl ornées le plaines du Milancz. Dans la l'ctjion é(|uinoxiale tlu Pérou ou du Mexique, le seiifle , et hicn moins eneore le froment, ne viennent point à maturité dans des plat(îaux de 35oo ou de ^|Ooo mètres d'elévati/>n, cjuoi(jue la elialenr movemie de ees eontrées alpines soit au-dessus tle eelle des parties de la Norwège et de la Sibérie dans lesquelles les céréales sont eullivées a\ ee succès. Mais pen- dant une trentaine de jours ^ rol>li([uité de la sphère el la courte durée des nuits rendent très-eoubi«léial)les les chaleurs estivales dans les pa_ys les plus voisins du j)ole ; tandis que, sous les tropiques, sur le plateau des Cor- dillères, le thernionièlre ne se soutient jamais un jour entier au-dessus de dix ou douze degrés cenlii''rados. Pour ne pas niélcr des idées théoriques et peu susceptibles d'une exaelilude ri^^oureuse, à l'énoncé des l'uits certains, nous ne divise- rons les plantes culli> ées d ins la Nouvelle- Espagne , ni d'après la hauteur du sol sur lequel elles N<'^ètcnt le plus abondaumient , ni d'après les de<;rés de température moyenne qu'elles paroisscnt exiger pour leur dévelop- pcmcjit : nous les rangerons plutôt d'après ''■M il il ^1 20 lAVVxT. IV rulilité qu'elles oll'ieiit à la société. Nous coimheneerons jjar les végétaux qui font la hase ])riuci})ale de la nouniluic du peuple rnexicaiu ; puis nous traittions de la culture des plantes qui j^iésmlent des jiiatériaux à rindustrie ifacti UKUisine nianuiaciin lere. iMous leinuiieions ces recherches en (h'criviuit les productions végétales qui sont l'objet d'un conuncrce im- portant avec la métropole. Ce que les graminées céréales, le froînent, l'orge et le seigle sont pour l'Asie occidentale et pour l'Europe ; ce que les nond>reuses variétés de riz sont pour les pays situés au delà de rindus, surtout pour le Bengale et la Chine, le BananierVefit pour tous les habitans de la zone torride. Dans les deux continens , dans les îles (pie renlerme l'immense étendue des mers équinoxiales ; partout où la chaleur moyenne de l'année excède vingt-quatre de- grés centigrades, le fruit du bananier est un objet de culture du plus grand intérêt pour la subsistance del'homuie. Le célèbre voyageur George Forster, et d'autres naturalistes après lui, ont prétendu que celte plante précieuse n'existoit point en Américjue avant l'arrivée mais qu'elle Y avoit ( Espagnols I* 'V poj cHApnr.F. IX. -yi cîcs îles Canaries au commencement du sei- zième siècle. En effet, Ovledo, qui, dans son histoire naturelle des Indes, disting-ue avec soin les vccrétaux indio-ènes de ceux qui y ont été introduits, dilposili\euientquelespieiuiers bananiers ont été plantés en loiG, à l'ile de Saint-Domino'ue , par un religieux de l'ordre des frères prêcheurs, Thomas de Berlangas ". Il assure avoir vu lui-méine le Musa culti>^é en Espagne, près de la ville d'Arnieria , en Grenade, et dans le couvent des franciscains , à l'ile de /a Grau Canari a y où Berlangas avoit pris les drageons qui furent transpor-tés à Hispaniola, et de là successi\ement aux autres îles et à la Terre-Ferme. On pourroit rapporter à l'appui de l'opinion de M. Forster , que, dans les premières relations des voyages de Colond> , d'Alonzo Negro , de Pinzon ,'de Vespucci ^ et de Gortez , il est souvent ques- • Deplantis esculentiH vommentatio hotaniva, 1786, p. 28. IlhLoire naturelle el g -^m- raie des LUe^ H Terre- Ferme de la grande mer Océane, i^^ii,^. ii2-ii4. ' Chrislopliori Coluaibi navigatio. De genlibus al> Alonzo repertis. De n..vigalione Pinzor.i socii admi- rantis. JN'avigalio Alhorici Vesputii. Voyez (hynœi Orbis nou. , ecliiio i555 , p. 64, 8i, 85 , 87 , 211. u 22 LIVRE IV, lion du maïs, du papayer, du Jatroplia nia- iiiiiot et de l'agave, niijis jamais du bananier- Cependant le silenee de ces premiers voya- geurs ne prouv e que le peu d'attention (jii'ils portoient aux productions naturelles du sol de l'Amérique. ïlernandez , qui, outie les plantes jnédicinales , décrit un grand nofnbre d'autres végétaux mexicains, ne fait pas men- tion du Musa : or, ce botaniste vivoit un demi- siècle après Oviedo ; et ceux qui regardent le Musa conmic étranger au nouveau continent, ne mettent pas en doute que sa culture ne lût très-comniune au Mexi([uc , vers la fin du seizième siècle, à une époque à laquelle une ioule de végétaux moins utiles à l'honnne y avoient déjà été portés de l'Espagne, desilcs Canaries et du Pérou. Le silence des auteurs n'est donc pas une preuve suffisante en faveur de l'opinion de M. Forster. 11 en est peut-être de la véritable patrie des bananiers comme de celle des poiriers et des cerisiers. Le nierisier ( Prunus avium ), par exemple , est indigène en Allemagne et en Fiance : il existe dans nos forêts , de toute antiquité , comme le chêne rouvre et le tilleul; tandis que d'autres espèces de cerisiers, CHAIMTI\F. IX. :..3 que Ton regarde coinine des variétés devenues constantes , et dont les fruits sont plus savou- reux que ceux du merisier , nous sont venues, par les Romains, de l'Asie mineure ' , et par- ticulièrement du royaume de Pont. De même on cultive, sous le nom de bananiers, dans les Tct^ions équinoxiales , et jusqu'au parallèle de 55 ou 54 degrés, un grand nombre de plantes qui diffèrent essenliellement par la forme de leurs fruits, et qui conslltuent peut-être de véritables espèces. Si c'est une opinion peu prouvée jusqu'à ce jour, que tous les poiriers cultivés descendent du poirier sauvage comme d'une souche commune, il sera plus permis encore de douter que le grand nombre de variétés constantes du bananier descend du Musa troglodytarum cultivé aux îles Mo- luques, qui, lui-même, d'après Gacrtner, n'est peut-être pas un Musa, mais une espèce du genre Ravenala d'Adanson. On ne connoît point, aux colonies espagnoles. ^ Tii'sfoîitdinifs , Histoire des arbres et arbrisseaux €jui peuvent être ciiltiuc'H sur le sol de la France , iSoij . T. II, p. 208, ouvrage qui contionl «U- savantes et curieuses nîcherches sur la pairie tles végétaux utiles) €t sur l'époque Ue leur première culture enEuiopc. 1 s 24 LIVRE IV, tons Ics^Insa ou Pistm^^ dccriis par Rumpliiii» et iUieede : on y tlislingiie cependant trois espèces, cpie les botanistes n'ont encore que très -imparfaitement cU'lemiinèes , le vrai Platano ou Arton ( Musa paradisiaca Linn.), le Camhuvi ( Musa sapientium Linn.) , et le Dominico (Musa regia Runiph.). J'ai vu cul- tiver au Pérou, une cpiatrièine espèce, d'un goût très-exquis, le Meiya'Ae la mer du Sud, qu'au marché de Lima on appelle Platano de J)////^ parce que la frégate Agiiila en a porté les premiers pieds de l'ile d'Otahiti. Or, c'est une tradition constante au Mexique, et sur toute la Terre-Ferme de l'Amérique méridio- nale, que le Platano arton et le Dominico y étoient cultivés long-temps avant l'arrivée des Espagnols, mais qu'une variété du Camhuri y le Guinco y comme son nom même le prouve, est venu des cotes d'Afrique. L'auteur qui a marqué avec le plus de soin les différentes époques auxquelles l'agriculture américaine s'est enrichie de productions étrangères, le Péruvien Garcilasso de la Vega ', dit expres- • Cojnentarios real's de los In cas, Vol. I , p. 282. lifl prtilc l)anane musquée , le Dominico , dont le fruit m'a paru le plus savoureux dans la province de Jacn CHAPITRK IX. 25 sèment que, du temps des Incas, le maïs, le quinoa, les pommes de terre, et, daus les régions chaudes et tempérées, les bananes faisoient la base de la nourriture des naturels: il décrit le Musa des vallées des Antis; il dis- tingue même l'espèce plus rare à petit fruit sucré et aromatique, le DoDiinico , de la ba- nane commune ou Avion. Le père Acosta ' affirme aussi, quoique moins positivement, que le Musa étoit cultivé par les Américains avant l'arrivée des Esyiagnols. La banane, dil-il, est un fruit que l'on trouve dans toutes les Indes , quoiqu'il y ait des gens qui pré- tendent qu'il est originaire d'Ethiopie, et qu'il est venu de là en Amérique. 8ur les rives de l'Orénoque, du Cassiquiaré ou du lMsieurs vovarreurs prétendent avoir trouvé sauvage à Andi(jina,à Gilolo et aux îles Mariaiies, n'ait été cultivé en Amérique, lon--ietnps avant l'arrivée des Européens. Ces flerniers n'ont fait qu'au-iuenter le nombre <îcs espèces indigènes. TouteCois on ne doit pas s étonner de voir qu'il n'existoil pas de Musa àJ'ile de Saint-Domino ue, avant l'année i5i6. Semblables à certains auimaux , les sauvages lie tirent le plus souvent leur nourriture que d'une seule espèce déplante. Les Ibréls delà Cuajane offrent de nombreux exemples de tribus dont les plantati(jns ( comicn.s ) ren- forment du manihot, des armu ou des dios- corca , et pas un pied de bananier. Malgré la grande étendue du plateau mexicain,, et la hauteur des montagnes qui avuisfncnî les cotes, l'espace dont la tempé- rature est fa>orable à la culture du Musa, est de plus de 5o,ooo lieues carrées, et habité ù ]Hnj près par \m million et demi d'habitans. 1> H)s les vallées chaudes et humides de l'in- tendance de Vcra-Cruz, au pied de la Cor- dillère ananerie), se perpétue sans que riionime y mette d autre soin que de couper les liges dont le fruit a mûri, et de donner à la terre, une ou deux fois par an, un léger labour en piochant autour des racines. Iju terrain de i eut mètres carrés de surface peut renfermer au moins CHAPITRE IX. 20 trente à quarante pieds de bananiers. Dans l'espaec d'un an, ce même terrain, en ne comptant le poid'> d'un régime f[ue d^ ([uiii/e à vin;^l kilogrannnes , donne plus de deux milles kilogrammes, ou quatre mille livres en poids, de substance nourrissante. Quelle diiïerence entre ce produit et celui des *^ra- minées céréales dans les parties les plus i'orliles de l'Europe! Le froment, eii; le supposant semé et non planté d'aprt'sla jnétliode chinoise, et en calculant sur la base d'une recolle dé- cuple, ne produit, sur un terrain decentjnètres carrés, quequinzekilo;L5*'rammes ou trente livres pesant de crains. En France , par exemple, le demi-hectare ou l'arpent lé;^al de i344-^ toises carrées, est ensemencé à la volée, en terres excellentes, avec iGo livres de qrains , en terres médiocres ou mauvaises, avec 200 ou 22olivres : le produitvarie de 1000 à 2000 liv. Tarpent. La ponmie de terre, d'après M. Tes- sier, donne en Europe, sur cent mètres carrés de terre bien cultivée et bien fumée y une récolte de45liilog tmmes ou de goliNres de racines :onen compte quatre à six mille livres par arpent légal. Le produit des bananes est par conséquent à celui du froment comme M îïi !. 'V: ;ii fi 'h r ! 4 ; :J ' 3o LIVRE IV 133 : I ; à celui des poiiiiucs de Icrrc, roinnie 4/i : r. Les personnes c|ui en Eurojie onl goùh'* des bananes njuries dans les sTMies, uni de la peine à eoneevoir cpi'un IVuit qui , |),ir sa grande douceur , ressend)le nn peu à une fig-ue scelle, puisse elre la l)îise de la nour- rilure de plusieurs millions d'honnnes «pii iiabitent les deux Indes. On oublie aisément cpie, dans l'acte de la véjt^étation , les mêmes élémcns, selon (pi'ils se combinent ou se séparent, forment des mélang-es chiniirpies très-did'érens. En eiîct, reconnoîtroit-on dans le mucilaj^e laiteux que renferrîient les graines des graminées avant que l'épi mûrisse, ce périsperme farineux des tîéréalcs, qui nourrit la plupart des peuples de la zone tempérée? Dans le Musa, la formation de la matière amylacée précède l'époque de la maturité. Il faut bien distinoucr entre le fruit du bana- nier cueilli vert et celui qu'on laise jaunir sur le pédoncule. Dans le second, le sucre est tout formé; il s'y trouve mêlé à la pulpe , et en telle abondance (pic si la canne à sucre n'étoit pas c(dli\ ée dans la région des bananiers , on pourroil, du fruit de ce dernier, extraire le CHAPITRE IX, 3 )liis d( >fit le fil sucre avec plus de prolit cju on ne le lait en Luropc , tk'H beltera\ es eldu raisin. La banane cueillie veile conlientleuiéinc principe nour- rissant que l'on observe dans le blé, le riz, les racines tubéreuses et le sa<^ou; savoir, la l'écuJe amylacée unie à une très-petite portion de gluten végéttil. En pétrissant sous l'eaii de la farine de bananes séchées au soleil, je n'ai pu obtenir que quelques atomes de cette masse ductile et visqueuse qui réside en abondance dans le périsperme, et surtout dans l'embryon des céréales. Si, d'un coté, le glutineux, qui a tant d'analogie avec les matières animales, et qui se boursoufle par la chaleur, est d'une grande utilité pour lu confection du pain; de l'autre, sa présence li'est pas indispensable pour rendre une racine ou un fruit nourris- sant. M. Proust a reconnu du gluten dans les ieves, les ponmies et les coings; il n'en a pas découvert dans la farine des ponnnes de terre. Les gommes, par exemple, celle du 3Iimosa nilotica ( Acacia vera Willd. ) , dont se nour- rissent plusieurs peuplades africaines pendant leur passage par le désert, prouvent qu'une substance végétale peut être un aliment uu- 1 ViM 3a LIM\E IV I . Irilif, sans ronlcnir ni ^liucn, ni inalièic iunylacrc. il scruit rès sa iiiMlurilé, un niels sain el ai;iéal)le. J'ai vu souvent , en renionlant les rivièies, que les naturels, exposés à de lon«^ucs rali«^ues, font lin dùuT eoniplel a^ee une très-pelile portion de manioc et trois hananes {Plataiio di-ton) de la ;^randc espè(X\ Du temps d'Alcxandie, si toutefois l'on doil en croire les anciens, les philosophes de l'Indoustau étoienl jdus sobres encore. « Âvboii nomcn j)ahe, poino arienie, « aiio sdpicntcs hulonmi iu\'i(nt. Fructus « admlrahiUs siiccl dulci^dine iil iino (jua- « tcrnns satlet. » (Plin. XII. 12.) En général, dans les pavs chauds, le peuple regarde les substances sucrées non-seulement comme un mets qui rassasie pour le monjent, mais comme vraiment nutritives. J'ai obser\ é souvent que , sur les côtes de Garaccas, les muletiers qui conduisoient noë bagages, préléroicnt, pour leur dîner , le sucre brut ( papclun ) à la viande fraîche. i cHM'iii'.i; i\. .13 Ta's j)îi^siul();^islcs ii'onl poini crirorc (It'lor- iiiiiH' jncc j)rt'ri>l()n cv. ([iii cafacU'iiso iiiuî siil)st;m('e cinincmiiinil noiiiiissanle. (Jalim;r 1 .:i|)]>t lil en sliiniilaiil les neils du svslcme <^'asli icjuc. ou lournir au n»rps des niatière?* <[ui [)eu\ettl s'assimiler' raeilenieiil , sont des modes craelioii Irès-dilli'iens. Le tahae , les feuilles de ri']i'vlliro\vlon eoeea, mêlées à la eliaux \ive, ro[)iuui, doul les natifs du Ben- lyale se sonl souvonl sei •^ i avec sueeès pendant des mois cnlicrs, dans des Icmps de disette, appaisenl la ^iolenee de la daim ; mais ces suljslances agissent ])ien ijutix^ncnt que le pain de froment, la racine du Jalroplia, la j^(^nune arahirpie , le lichen d'Islande, ou la chair de poisson pourii, c[ui est la nourriture princijiale de plusienr^ tribus de nègres afri- cains. Il ne paroîl pas douteux ([u*à volume égal les matières si/nizntc'rs on animales nour- rissent mieux cpie les matières végétales : il paroit que, parmi ces dernières, le gluten est plus nourrissant ([ue l'amidon , et ramidoii plus que le muedage; mais il faut bien se garder d'attribuer à ces principes isolés ce qui, 1 \ 1 iii ! ,f f i;! n r s il ] i' .. ç !\0 LIVRE I\ , SOUS un ciel l^rùlanl, landis rjuc le maïs vr;j;x'le \i<^'OUJt'useuicnl dans les ]>iiNS les ])lus chauds de la terre. La plante dont la racine d(!inie la fécule nourrissante du indiiioc, est désignée, d'après un mot tiré de la langue à'Jhtïlj y ou de l lie de Saint-Domingue, sous le nom de Juca. Elle ne se cullive pas avec succès hors des tropiques; sa culture, dans la paitie mon- tagneuse du jMexi(jue , ne s'élève généralement pas au-dessus de la hauteur absolue de six ou huit cent mètres : elle est surpassée de beau- coup par celle du Camlniri ou Bananier des Canaries, plante qui se rapproche davantage du plateau central des Cordillères. Les Mexicains, comme les naturels de toute l'Amérique équinoxiale, cultivent, depuis la plus haute antiquité, deux espèces de Juca ^ que les botanistes, dans leur inventaire des species , ont réunies sous'le nom de Jatropha manihot. On distingue , dans la colonie espa- gnole , la Juca douce (dulcc) de la Juca acre ou amère {amarga), La racine de la pre- mière, qui à Gayenne porte le nom de cûnia- gnoc , peut être mangée sans danger, tandis que celle de l'autre est un poison assez actif. Les deux peuvent servir à faire du pain; CHAPITRE I\. 4l cependant on n'emploie o'c'iiércilen.ont à eet usage que Ja raeine de Ja Jiiea aiiuMe, doni io sue vénéneux est sé])aié sui-neusenieul de Ja feeule avant de Taire le pain de inaniue , appelé cazini ou cassave. Celle s<''paralion s'upi«re eneompiiniant la raeine làpée dans le cihuvan, qui est une espèce de sae allonoé. Jl p. Les naturels séparent avec soin, dans leurs champs {conucos) ,\q.% deux espèces de Jalropha. 11 est très-remarquable que des piaules dont les propriétés chimiques sont si ^M^~ rentes , soient si diniciles à distinoucr par leurs caractères extérieurs, l^rown S dans son Histoire naturelle de la Jamaïque, a cru' ^ Hist. ofJamaica, p. 3 '19 et 35o. Yojez aussi A.'osta, Lil). n^^ c. 17. \ ■ i /| 2 I.IVKE TV , trouver ces caractères dans la découpure des feuilles. Il noinine la Juca douce, sn>ool cas- sada , Jalroplia foliis palruatis lobis, incerlis; cl la Jiica a mère ou acre , common rnssin'fi , Jalroplia roliispalmalis pentadactjlibus. Mais ayant examiné beaucoup de plantations de manihot y j'ai vu que les deux espèces de Jatropha, comme toutes les plantes cultivées à feuilles lobées ou palmées, varient prodi- gieusement dans leur aspect. J'ai observé que les naturels distinaruoient le manioc doux du manioc vénéneux, moins par la plus grande blancheur de la tige et la couleur rougeatre des feuilles , que par le goût de la racine, qui n'est point acre ou amère. Il en est du Jatropha cultivé conmie de Toranger à fruit doux, que les botanistes ne savent pas distinguer de l'oranger à fruit amer, et qui cependant, d'après les belles expériences de M. Galesio , est une espèce primitive qui se propage de graine comirie l'orangeramer. Quelques natu- ralistes, à l'exemple du docteur Wright, de la Jamaïque , ont pris la Juca dulce pour le vrai Jatropha janipha de Linné , ou le Janipha frutescens de LofHing ' : mais celte dernière * Rcza til Spanska Lœnderna , 1758, p. .^oy. ï CHAPITRE IX. 4^ rspèce , qui est le Jalroplia carflinf^inensis de Jaoqiiin , en diflere essentiellement par la forme des feuilles (lol)is iiliinque siniiatis), qui ressemblent à eellesdu Papajer. .le donle Tort que le Janipha puisse se transformer par la culture en Jatropha maniliot. Il paroît toit aussi peu probable que la Juea douce soit un Jatropha vénéneux , qui , par les soins de riiomme ou par l'ciret d'une lon^^ue culture» ait perdu peu à peu l'acreté de ses sucs. La Juca affiarqa des champs américains est restée la même depuis des siècles, quoiqu'elle soit plantée et soignée comme la Juca dulce. Rien n'est plus mystérieux que cette différence d'or- g-anisalion intérieure dans des végétaux cul- tivés, dont les formes extérieures sont presque les mêmes. Rajnal ' a avancé que le manioc a été transporté d'Afrique en Amérique pour servir àlar.ourriture des Nègres, et que , si toutefois il existoit sur la Terre-Fenne avant l'arrivée des Espagnols , les naturels des Antilles ne le connoissoient pas du temps de Colond^. Je crains que cet auteur célèbre , qui décrit * Histoire philosophique j T . III , p. 2 1 a- 2 1 4. ;t; 44 i.rvRi: IV, d'ailleurs assez cxacleincnl les oLjels d'Iiis- toiro natuielle, n'ait eoiilondn le manioc a\ te les ignames; e'esl-à-dirc , le Jalroplia iwcc une espèce de Dioscorea. .fe dcsiierois sa\()ir par quelle aiilorilc on pcul prouNCi" (|uc le manioc ait été eullivé en Guinée depuis les temps les ]>lus reculés. Plusieurs voJa^eurs ont aussi prétendu que le maïséloil sauvage dans celle partie de l'Afi iqne ; et cependant il est bien certain qu'il y a été trans|)Oi té par les PortUii'ais au seizième siècle. Rien n'est plus dillicile à résoudre que les problèmes de la migration des plantes uliles à l'iionnuc, surtout dc])uis que les comnumications sont devenues si Iréquentes entre tous les continens. Fernandez de 0\iedo, qui déjà en i5i5 avoit passéàl'iled'liispaniola ou de Sl.-Domingue , et qui, pendant plus de vingt ans, a^ oit habité différentes parties du nouveau continent , ])arle du manioc comme d'une culture très- ancienne , et propre à rAmérique. Si, au contraire , les Nègres esckn es avoicnt porté le manioc avec eux , Oviedo auroit vu de ses yeux le commencement de cette branche iniportantc de l'agriculture des tropiques. S'il avoit cru que le Jatropha no Tût point riTAPÏTRE IX. /|5 imligcuccn Aiik ricjjio, il iiiiroil cilrlVpoque à l.i<|iir!l(^ on j)lanla les premiers pieds do iiKiiiioe , eoiiimc il r.ipporlc, dans le pins grand dét.iil , la première inlrodiielic^n de la canne à snere , du l)[;nanicr des Canaries, de Tolixier et dn tlallier. Amerieo \ espneei rappoile, dans sa lellre adressée au due de l.orraine', (pj'il vil l'aire du pain de manioc sur la eolc de Paria , en i/njj. « Les nalifs, » dit cet avenlurier, d'ailleurs peu exact d.ms son récit, « ne eonnoisscnt pas notre l)lé et « nos grains fa rineuA'; ils lirent K'uv suhsis- « tance piincij)ale d'une laeine rpi'ils rédui- « sent en larinc , el qu'ils appcllenl, les uns « /urha , d'autres chambi y d'aulres ii^uame. » Il est facile de reconnoilrc ^e mot de iticca dans celui de incita j rpjant au mot i^j^iimnc ^ il désigne aujourd'hui la racine A\\ Dinscovca alata, que Colomb " décrit sous le nom à\i^vSj et dont nons parlerons plus bas. Les naturels de laCuajane espagnole, qui ne rcconnoissent pas la domination des Euiopéens, cultivent aussi le manioc, de toute antiquité. Manquant * Grynœus , p. 21 5. Ibid. 66. ■^: J ♦•■ il lit! rr 46 Mvnr: iv , tloNÎvros en rrpassanl les /v//>/V/o do rOré- i)()<]ii(* , lois (lo noire rcloiir du iUo No'^ro, nous nous adicssiuucs à la Irihu dis fudiens Piraoas , (jui \i>cul à l'csl do Mavpurôs, et ils nous fouinirenl du pain de Jalroplia. Il ne peut, par conséipient , rosier aucun d<»ulo que le manioc ne soit une piaule dont la cullurc est de beaucoup plus ancienne que l'arrivée des Européens et des Africains eu Auioiiquc. Le pain de manioc est très nourrissaul , pcul-otrc à cause du sucre qu'il conlieut, et d'une matière visqueuse qui réunit les nio- lécides Farineuses de la cassave. Cotte malièi c paroît avoir quelque analogie avec le caoul- cliouc , qui est si cojnmun dans toutes les plantes du groupe des Tithyinaloïdes. Ou doune à la cassave une forme circulaire. Les disques, qu'on appelle /«//^/a ou xaiixauy dans l'ancieime langue d'IIaïly, ont un diamètre de cinq à six décimètres sur trois millimèlros d'épaisseur. Les naturels , qui sont bien plus sobres que les blancs , mangent génc ralcmont moins d'un demi-kilogramme de manioc par jour. Le manque de gluten mêlé à la matioi e amv lacée, et le peu d'épaisseur du pain, le CHAPITRE IX. 47 rciuleiit lrôs-cass;mt et «lirruilcà liansporifr. (x'I iiiconvi'nienl se [\\h siirluiit sonlir diiiis de loM«^ues na\i;^^;jtinns. La i'éeule du manioc lapêe , séelire et boucanée , est j>re.s(|ue inallérable. Les iiiseclcs et les vers ne l'aUa- qucnt pas, et tous les voy.igeurs connoisscnt dans rAmcri(iuc équinoxiale les aNanla<^cs «lu i'OU(l(jUl\ Ce n'est pas seulement la fécule de la Jiica fi/mu'i^u (pii sert de nourriture aux ludiens; ils emploient aussi le suc exprimé de la ra- cine, qui, dans sou état naturel, est unpt)isoa actif. Ce suc se décompose par le léu. Tenu long-temps en ébullition , il perd ses pro- priétés vénéneuses à mesure qu'on l'écume. ( )n l'emploie sans danger connue sauce , et moi-même j'ai pris souvent de ce suc bru- nâtre, qui ressendïleà unbouillon très-nour- rissant. A Gayenne ' on l'épaissit pour en faire le cabùni , qui est analogue au souy qu'on apporte de la Chine, et qui sert pour assaisonner les mets. Ils arrive de temps en temps des accidens très-graves , si le jus * Auhlet, Iliat. des plantes de la Guayane fraiiçohc , T. II, p. 72. : I S AS T.TVr.E ÎV 'n î»:; : cxpiiiiu' Il il p:j,s (''le c\[){)S(' assez, long-lcmps i\ la ('lial(Mir. (Tcsl un l'ail trôs-CDiinu .iux ihrc (les iiahiicls lircuHMil par le ii< lies, (nie «adis un l'a'and ncini 1 iViL !lv se sont lues vo lonli P sue non bouilli delà racine de V^iJncdanar^a. Oviedo rappoi'lc , connne kMuoin ocul ire, nue ces malheureux «jui, comme plusieurs tribus afr •i; it h âmes , prcieroieni travail lorec' , se rc^'unissoient par cin(]uan- taines pour avaler ensemble le jus vihii'uoux du Jatropha. Ce nu'pris extraordinaire de la vie , caracli^rise l'iiomme sauva«;'e dans l(\s parues les plus éloignées du «^lobe. En rcVflc'clùssant sur la rcMinion de circons- tances accidentelles ipii onl pu dt'lerminer les ])euples à se livrer à Ici ou tel gemc d^ culture , on est entonné de voiries A ni(^iicains, au milieu d'une nature si riche ^ chercher dans la racine vénéneuse d'un euphorbe ( litlijmaloide) , cctl(; même substance amv- iîiece que d'autres peuples ont trouvée dans la famille des graminées , dans celles des bana- niers , des asperges (Dioscorca alata) , des aroides (Arum macrorrhi/on , Diacontiimi polvphvUum) , des solanées , des lizerons ( Convolvulusbatalas , C. chrvsc>rhizus ) , des >: I CHAPITRE IX. 49 narcisses (Tacca pinnatilidii) , des polygonces (P. fagopjrum), des orties (Artocarpus) , des légumineuses et des Ibuj^ères arbores- centes ( Cjcas circinnalis ). On se demande comment le sauvage qui découvrille Jatropha manihot, ne rejeta pas une racine dont une triste expérience de voit lui indiquer les propriétés vénéneuses , avant qu'il pût en reconnoître les propriétés nutritives? Mais peut-être la culture de la Juca dulco. , dont le suc n'est pas nuisible, a-t-elle précédé celle delà J ncu ai/LirgUy dont on retire aujourd'hui le manioc. Peut-être aussi le même peuple qui, le premier, eut le courage de se nourrir de la racine du Jatropha nuuiihot avoit-il auparavant cultivé les ])lantes analogues aux Arum et aux Diacontium ^ dont le suc est acre sans être vénéneux. Il étoit aisé de remarquer que la fécule extraite de la racine d'un aroïdc est d'un goût d'autant plus agréable qu'on la lave plus soigneusement pour la priver de son suc laiteux. Cette observation trcs-simple devoit conduire na- turellement à l'idée d'exprimer les fécules et de les préparer de la même manière que le manioc. On conçoit qu'un peuple qui m. 4 r: o LTVT^E TV 1 ' I ~ s.'iNoit (hilcipcr les i'.kmiu.s (Fiin iiroïdc ^ ])<)H\(>il ( ii!i ( ^ïrcMîclrc (!c se nourrit* d'iinc pîtnJe (lu ^'»'rin!|)e ilt's euphorbes. Le passage est l'aeilc , (jur.iuiie le danger aille Iruijoui'S en aii.^tnenlanl. Vax elTel , les naturels des îles do la Soeiélé el des Mokujues, qui ne eon- noissenl pas le Jalroplta rnaniliot, cnlli>ent l'Arum niaerorriiizon el le l'aeeapinnalilida. La raeine de eelte dernière ])lanle néeer^silo les nicnies préeaulions que le nirnioe , et cependanllepaiiide taeeaiivalise, au inarelié de Banda , avee le pain du sa<;oulier. La ejdlure du nianioe néeessile plus de soin que eelle des l);??ianiers ; elle ressendjle à celle des poninies de Jerrc , el la réeolle ne se Tailquc sejfl à neuf mois après (jueles l^ouluies onl élé mises en lerre. Un ])euple qui sail [)lanler le Jairopha , a déjà l'ail un certain pas \ers la. i'i\ilisalion. 11 v a nième des variéks de nianioe, par exemple celles qu'à Cavennc on appelle nuuiiov hois hUiiic » et manioc inai-poiirn-roiti^c , dont les l'aeines ne ])euvenl être ariaehees (pj'au boul de quinze mois. I^c sau^a«;■e de la Nouvelle- Zélande n'auroit sans doule ]>as la patience d'altcndic une réeolle si tardive. niAPiTnr t\. :)r Dos ])lanloli<)ns de Jaliopha nuuilliot se Irouvciit anjoiird Imi le long* des cotes, depuis l'einhuuchiirc de la rivière de Guasaciialea juscju'au nord de Saiitaiider , et depuis Te- huantepee juscpi'à San J5las et Sinaloa , dans les ré«^ions basses et eliaudcs des intendances de\era-Cruz^ d'Oaxaca, de Puebla , de Mexico, de Valladolid et de Guadalaxara. Un botaniste judicieux , cpii lieureuserncnt n'a pas dédaigné dans ses voyages de s'occuper 'raminée s'étcndoit par conséquent jusqji'au delà du /i/o Oraiulc de Santiago ^ appelé jadis Tololotlan. Le maïs, introduit dans le nord de l'Europe, souflre du froid , partout où la tenqicraturc moyenne n'atteint pas sept ou huit degrés centigrades. J)e même, sur le dos des Cor- dillères, on voit le seigle et surtout l'orîje végéter vigoureusement à des hauteurs qui, à cause de rinlempérie du climat, ne sont pas propres à la culture du maïs. Mais en re- vanche , ce dernier descend jusqu'aux régions les plus chaudes de la zone torride , et jusque il à! i ;m r y 'ir f vr i 54 LIVRE TV , dans des plaines où l'épi du froment , de l'orge et du seigle ne parviennent ])as à se développer. Il en résulte que sur l'éelielîe des différens genres de eullure , le maïs occupe aujourd'hui, dans la partie cqui- noxiale du Mexique , une étendue beaucoup plus considérable que les céréales de Tancien continent. Le maïs est aussi celle, de toutes les graminées utiles à riiomme , dont le péri- sperme farineux aie plus de volume. On croit communément que cetle plante est la seule espèce de blé que les Américains aient connue avant l'arrivée des Européens. Il paroît cependant assez certain qu'au Chili on culli\ oit , au quinzième siècle , et bien avant, outre le Zca maïs et le Zea curagua, deux graminées appelées mai^ii, et tuca , dont, selon l'abbé Molina, la première étoit une espèce de seiglt , et la seconde une espèce d'oj'ge. Le pain l'aii de ce blé araucain étoit désigné sous la dénominutinn de cokhjuc , mot qui a passé , dans la suite, o\\ pain fait avec le blé d'iiurope '. Hernandez prétend même avoir trouvé chez les Indiens de Me- f * lUoUnaj Ilintuire naturelle du, Chili j, p. 101. CIIAPITAE IX. :) ) de cl loacan une os]) )C(C de Irtîineni rnii , cl i\uns V cF T su desciiplion U'ès-suriiiiclo, se rappruclie du ùle d\iù(>/i(fa/i((^ (Trillcuni coniposiliini ), que l'on croil originaire d'Iilgypte. 3Ial;j;Tt' toutes les infonnalions c[ue j'ai]iîiscs pendant mon séjour dans l inlendanee de V^alladolid , il m'a élé impossihje d'éelaii'cir ee poiîjt lut poi tant nour ihisl. lI one des eere. ;les. V er- u sonne n'y connoit un IVomenl piopie a pajs, cl je soupeonne cpie llernandez a nomme TriL 'h u'iini rmchiKuuuK'iisc A ucique [' vai'iélé du l)lé (rEnrt)pe devenu sauvage, et croissant, sur mi sol lrès-f'Mlilv\ La freondilé du llaolli ou nîaïs mexicain , est au delà de tout eeque l'on v)eiit iinati'iner en Europe. La plante , l'avoriséepar de fortes elial( qui eurs et par beaneou d'I nnmti lilé ac- !rt une hauteur de deux à Irois mi'lt Dans les ]>e]!es plaines qui s'étendent depuis San Juan del \\\o à (^>uerelaro , [)ar exemple ms les terres lîe la l'Eï pei ( ranza, une lanegue ae laais eu jirot ii'i-ande metaiiie de tluit r> quelquefois huit eenls ; des ter rains fertiles en dorment, aiuiéo commune, trois à (jualie * Ilôriiandez ,\i. 7 , 43. Clai^igero , 1 ^ p. 56 , uulc /'. 56 LIVRE IV r i II w cents. Dans les environs de Vailadolitl , on regarde comme mauvaise une récolte qui ne donne que i5o ou i5o fuis la semence. Là où le sol est le plus stérile , on compte encore soixante ou quatre-vingts grains. On croit qu'en général le produit du maïs peut ctre évalué, dans la région équinoxiale du royaume de la Nouvelle - Espagne , à cent cinquante pour un. La seule vallée deToluca en récolle par an plus de 600,000 faneras ', sur une étendue de trente lieues carrées, dont une très-grande partie est cultivée en agave. Entre les parallèles de 18 et 22 degrés, les gelées et les vents froids rendent celte culture peu lucrative sur les plateaux dont la hauteur excède trois mille mètres. Le pr uit annuel du maïs, dans l'intendance de o^uadalaxara , est , connne nous l'avons obsc ^é plus haut , de plus de quatre-vingts millions de kilo- grammes. Sous la zone tempérée , entre les 00 et 58 degrés de latitude , par exemple dans la Nouvelle-Calirornie^ le mais ne produit en ' Une fanega pèse 4 arobcs ou 100 livres ; (îans quelques provinces 120 livres (5o à 60 kllograinnies). CHAPITRE IX. ^^1 % g'éiiériil, année coninjune, que 70 à 80 grains pour un. En comparant les niémoires ma- nuscrits que je possède du pore Fermiii Lassuen, avec les tableaux stalisliqut s publiés dans la relation liistoricjne du voyage de M. de Galeano , je serois en état d'indiquer , village par village, les quantités «le niaïssemécs et récoltées. Je trouve qu'en 1791 , douze missions de la Nouvelle-Californie ' récol- lèrent yQ2Ô Jhncgas sur un terrain ([ui avoit été ensemencé avec 96. En 1801 , la récolte de seize missions a été de 4^6 1 fancîrues , tandis que la quantité qu'on avoit semée ne montoitqu'à 66. lien résulte, pour la première année, un produit de 79, pour la seconde de 70 grains pour un. En général , cette cote , comme tous les pays froids, paroît plusproprc à la culture des céréales d'Europe. Cependant les mêmes tableaux que j'ai sous les yeux , •ouvent que, dans quelques parties de la iNouvelle-Californie , par exemple, dans les champs qui appartiennent aux villages de San Buenaventura et de Capistrano , le maïs a donné souvent de i8o à 200 fois sa se- mence. il ê » Fnrgc ne la Sa/i/j p. 168. r)8 Livnn IV •ne-' i Quoique Ton rulûvc au Mexique une graudi^ (juanlilé de 1)1('' , le maïs duit èlie regardé couinie la uourrilurc priueipale du peuple : il est arssi eellc de la j)Iu|>arl des aniiiuuLvdoij.esliques. Le j)rix de celle denrée in(ulifie celui de lonlcslcs autres , dont il est ])(.>ur ainsi dire la mesure naluielle. Lorsque la recolle est pauvre, soit par manque de pluie , soit par des j^elces précoces, la disclle est générale, et a les ellcls les plus funestes. Les ponles, les dindons cl même les grands l)csli;nixen soi!nVenléince dans laquelle le mi'/is, a gelé, ne lron\e ni (culs, ni ^olaille , ni pain tWu'rpa , ni l'aiine ponr Taire Vatolliy qui est une bonillie nourrissante et agréable. La cherté des vivres se fait surtout sentir aux CMn irons des nîines mexicaines; dans celles de Guanaxnato, par exemple, où quatorze lîiille mulets nécessaii'cs aux alcliers d'amal- gamation consonnnent amuielleinent une énorme quantité de maïs. Nous avons déjà cité plus liaiît rinfiuence que les disettes ont eue pé'iodiqnemcnt sur les progrés de la po|)ulation delà Nouvelle-Espagne. La disette affreuse de l'aniiéo 178/1 fut l'cliot d'une forte I f:H\iMTP.r. îx. 59 gel ce f| ui fit 1 se lit senlii' a une ('[kmjiic ou I ou r dovoille nioins s'v alleiulic sous la /oiic lor- ride, le 2S août, et à la IjauU-ui' peu eoubidc- ilile de hiv-liuil pe di raDie de iji\-liujt cents uicties au-dessus du niveau de l'i^ecan. De toutes les ^^r.iuiiuf-es cpie l'iiounne cul- tive , aucune u'est aussi im''^•.^le dans son produit. Cc])i'oduit, dans le inènie terrain, selon les cliangenieiis d'humidité et de tem- pérature moyenne de rarince , \arie de 4'> il 200 ou 5oo grains pour un. Si la rc-colle est bonne, le colon Tait une Fortune ])lus ra[)ide avec le maïs qu'uACc le IVonieiit , et l'on peut dire que celle culture participe aux avantages et aux désa\antagcs de celle de la ^ignc. Le prix du maïs varie de 2 liv. 10 sous à 2S liv. \d faite i^iw. Le prix moyen est de cinq li\ res dans l'inléi'ieur du i)avs, mais le (Vèt 1 tiu*»- mente tellement que, pendmt mon séjour dans l'intendimce de Guaruixuato , \;\J(!;uy^{fcf coûtoit , à Salamauca (), à ()uerclaro 12, et à San Luis Putosi 22 livres. Diins un pays où il n'y a p;is de magasin , cl où les naturels ne vi\ent qu'au jour le jour, le pcuplesoud're immensément, lo.rs<|uc le maïs se soutient pendant lon^-temps au prix de deux piastres fa. H '"Ji md i r ï ^' i i Go LIVRE IV Oïl 10 livres la fanè^uc : alors les naturels se nourrissent de IfuiLs d'arbres non mûris , de baies de cartnsctde racines. Celte nianvaise nonrrilure fait naître elie/ eux des maladies; et l'on observe ({ue les disettes sont ordinai- rement accompaf;'nces d'une grande mortalité parmi les en fans. Dans les ré^^ions ehaudes et très-humides, le maïs peut donner deux à trois récoltes par an ; mais généralement on n'en fait qu'une seule : on le sème depuis la mi -juin jusque vers la iîn d'août. Entre les nombreuses va- riétés de celle graminée nourrissante, il y en a nue dont l'épi miuit deux mois après que le grain a été semé. Celle variété précoce est très-connue en Hongrie, et M. Parinentiep a essayé d'en propager la cul lu re en France. Les Mexicains qui habitent les cotes de la mer du Sud en préfèrent une autre que déjà Oviedo ' assuic avoir vue dans la pro- vince de Nicaragua , et qui se récolle en moins de trente à quarante jours. Je me souviens aussi de l'avoir observée près de ïomependa, sur les bords de la rivière des I » Lib. TII, c. 1 , p. io2f. «' CMIAPITRE IX. Gl Anifizones : riKiis l(ju!cs ces v a ri i* tes de mais, doiil la véî^étatioii esl si rapide, [)aroissenl avoir le grain in(>iiisrarincii\ et ])resque aussi petit (jue le Zea eura;^na du Chili. L'utilité que les Aiiicricaiiis tirent du maïs est trop connue pour que j'aie besoin de m'y arrêter ici. L'usage du riz est à peine aussi varié en Chine et aux Grandes Lides. l)n mange l'épi cuit dans l'eau , ou rôti. Le grain écrasé donne un pain nourrissant (arcpd) (|uoique non fermenté et piileux, à cause de la petite quantité de gluten qui est mêlée à la fécule amylacée. La farine est employée comme le gruau , pour faire les bouillies que les Mexicains appellent atolli, et auxquelles on mêle du sucre , du miel , quelquefois même de la pomme de terre broyée. Le botaniste Ilernandez ' décrit seize espèces di atolli qu'il vit faire de son tem])s. Un chimiste auroit de la peine à préparer cette innombrable variété de boissons spiri- tueuses, acides ou sucrées que les Indiens savent faire avec une adresse particulière , en mettant en infusion le grain de maïs dans *■ Lib. yil, c. 4o, p. 244. I 'i- 1 6?. LIVRE IV, dans lequel la nialicic sitcrée commence à se clcvclopj)er par la j^orniinalio^i. Ces baissons, que Ton clé>i^ne communément par le mot cliicha y ressemblent les mies à la bière , les antres au citlie. Sous le gouvernement mo- nastique (les Incns, il n'éloit pas permis au Pé»"oii de fabriquer des liqueurs enivraiilcs, surtout celles que l'on appelle rinapi( et sova^ Les despotes mexicains s'intéressoient moins aux nsœurs publiques et pri\ ('es ; aussi Tivro- gnerie éiGil-elle déjà très-commune parmi les Indiens, du temps de la dynastie aztèque. Mais les Européens ont mulliplié les jouis- sances du bas -peuple, en introduisant la culture de la canne à sucre. Aujourd bui chaque hauteur ofTre à l'Indien des boissons particulières. Les plaines voisines des cotes lui fournissent l'cau-de-vie de canne à sucre {p;i(arnpo ou agnardieute de caîia), et la clncha de manioc. Sur la pente des Cordillères abonde la tJiîclia de maïs. Le plateau central est le pays des vig-nes mexicaines : c'est là que se trouvent les. plantations d'agave qui ^ Garcilasso, Llh. VIII, c. 9 (T. ï, p 277). JccsLa, I/ib. IV , c. i(.> 238. CTIAPITUE IX. )J fournissent la l)oisson ravoritc des n^ïtmcls, \ç. puhjuti de map;u(n\ L Indien aisé ajoule à ces nroc lucl ioris c lu sol anieiican) une ^q iieur qui est ])lns chère et plus rare, l'eau-t!e-\ie de l'aisin ( agiuird'u'ulc da CdstilLi ) , (mi partie fourme par le coinuierce de TEuiope , en partie distillée dans le pays même. Voilà de nondireuses ressources pour un peuple (pii aime les liqueurs lorles jusqu'à l'excès. Avant l'arrivée des Européens , les Mexi- cains et les Péruviens exprimoient le suc de la tige du maïs pour en iaire du sucre. On ne se conlenloit pas Comentarios reaies j IX, 24, T. II, p. ?>7>^. u Maria de Escohar , digna. de un gran estado , lleiKi « el tri go al Perîi. Par otro tan ta adoraron los Gen- « tilea a Ceres por Diosa y de enta matrona no hicieron u Gumita los de mi tierra, » i CHArrn\E ix. Gé aux hahilans de Xalapa, que le froment semé autour de leur ville \égèle vigoureusement, mais qu'il ne monte pas en épi. On le cullive parce que son cliaume et son feuilhiire succulens servent de fourrage (zi/ctilf) aux bestiaux. Il est très- certain cependant que , dans le royaume de Guatimala , et par conséquent phis près de Téquateur, le blé mûrit à des hauteurs qui sont beaucoup moindres que celles de la Aille de Xalapa. Une exposition particulière , des venls frais qui soufllent dans la direction du riord, et d'autres causes locales peuvent jnodiiicr rinlluence du climal. J'ai vu, clans la province de Caracas . les plus belles moissons de froment, près de la Victoria (lai. lo" lo') , ù cinq ou six cents mètres de hauteur absolue, et il paroît que les chanq)s de blé qui entourent les Qiuitro Villas, dans l'ile de Cuba (lat. 2 1"58' ) , ^ il îfl CHAPiinF, i\. 71 ont !inc (léviilion encore iiionidre. A ITsle do J^'anec ( hit. 2u** xo' ) , 011 nilli\e du iVomcnt sui" un terrain qui Cbt presijue au niveau de l'Océan. Les eoliins européens n'oni jioint assez varié leurs expéi'ienees pour sa>oir cpiel est le iniiii- muni de hauteur à laquelle h:s eéirales peu\ eut venir dans la r(\.;ion écpiinoxiale du Mexiqjic. J^e manque ahsoln de phiie ])endant les mois d'été y est d'antani plus contraire au IVomenl, que la chaleur du climat est plus ^rande. Il est vrai que la sécheresse et les chaleurs sont aussi lri's-consid(''rai)h.'s en iSvrieetciéh];^jple; mais ce dei'iiier }>a^s, si riche en hic, a un climat qui dillcre essenlicllcmenl de celui delà zone torride: le sol y conserve (oujours im certain degré d humidité *[ui est du auK inondations bienfaisantes du Nil. D'ailleurs, les végétaux qui appartiennent aux mêmes genres que nos céréales, ne se trouvent sauvages que dans des climats tem])érés , et mémo dans ceux de l'ancien continent. A l'exception de ([uelqucs arundinacéesgiganlesques,quisonldes/>/^////r.v À'OdvV/A^f^ hîs graminées paroiss(;nt, en général, iniiniment plus raies dans la zone t(^)rride que dans la zone tempérée, où elles dominent pour \ ! hî I i \ l 'Jl LIVRE IV, ainsi dire sur les autres vro-claux. Nous ne devons donc pas nous étonner que les céréales, malgré la grande JlcjibUilé d'organisation qu'on leur attribue, et ([uileur est commune avec les animaux domestiques, viennent mieux sur le plateau central du Mexique , dans la partie montueuse où elles trou^ent le climat tle Rome et de Milan, que dans les plaines qui avoisinent l'Océan équinoxial. Si le sol de la Nouvelle-Espagne étoit ar- rosé par des pluies plus fréquentes, il seroit l'un des terrains les plus i'erliles que les hommes aient défrichés d.'ns les deux hémi- sphères. Le héros ' qui, au milieu d'une guerre sanglante, eut les yeux fixés sur toutes les branches de l'industrie nationale , Hernan Cortez, écrivoit à son souverain, peu après le siège de Ténochtitlan : « Toutes les plantes «* d'Espagne viennent admirablement bien « dans cette terre. Nous ne ferons point ici «c ce que nous avons fait aux îles, où nous «< avons négrlig^é la culture et détruit les «c habitans. Une triste expérience doit nous « rendre plus prudens. Je supplie votre majesté ^ Lettre à V empereur Charles - Quint , datée de la grande ville, de Témixlilafi j le \5 octobre i524. m CIlAPriT\E IX. I [rordoni la r (le Co de itvntacwn « 8éville, ({iraiicun baliiiuMil ne puisse mettre « à la voile pour ce pays, sans charger une « certaine quantité de yilanles et de graines. » La grande lerlilité du sol mexicain est incon- testable , mais le manque d'eau dont nous avons parlé au troisième chapitre, diminue souvent l'abondance des récolles. On ne connoît que deux saisons dans la région équinoxiale du Mexique, même jus- qu'au 28.'"' degré de latitude boréale : la saison des pluies ( estacion de las aguds ) , qui com- mence au mois de juin ou de juillet , et finit au mois de septembre ou d'octobre ; et la saison des sécheresses {cl cstlo) , qui dui e huit mois, dej)uis octobre jusqu'à la fin de mai. Les premières pluies se font généralement sentir sur la pente orientale de la Cordillère. La formation des nuages et la précipitation de l'eau dissoute dans l'air, commencent sur les cotes de Veia-Cruz. Ces phénomènes sont accompagnés de fortes explosions électriques; ils ont lieu successivement à Mexico, à Gua- dalaxara, et sur les cotes occidentales. L'ac- tion chimique se propage de l'est à l'ouest, dans la direction des vents alises, et les pluies i w l • I'! i \' V 71 LIVRE TV , toin])cnt quinze cm vin^l jours plnlol à Vcra- (auz une sur le plalcaii feutrai. ( )u('lMui;rois DU Mnl dans les uuuïlaiiiies el rurine au- dessous (le deux uiille mèlres de liauleur ;il>S()lue, des pluies uièlées de ^^résil elde iieii;e, daus l(*s mois de novembre, de déceud)reetde uivier : uiais ees i)luies stmt très-eourtcs , ]• I elles m; diiieul (|Uo qualre ii euKj nmis; et queicjue IVoitles cpielles soient, on les rei»arde couimc 1res -utiles pour la végétation du froment et pour les palura<;es. En *^énéral , au Mexique eomine en Europe , les pluies sont plus (Véqucutes dans la région mi)ntueusc , surtout dans ecttc partie des (Jordillères qui s'étend depuis le pie d'Orizaba, par Gua- iiaxuato, Sierra de Pinos, ZaeateeasetBolanos, jusqu' aux mines de G uarisamey cl du Rosario. La prospérité de la Nouvelle-Espague dé- pend de la proportion établie entre la durée des deux saisons de pluie et de sécheresse. Il est très-rare que Tagriculteur ait à se plaindre d'une trop grande humidité ; et si quelquel'ois le maïs et les eéiéales d'Europe sont exposés à des mondations partielles da^sles plii'.eaux , dont plusieurs forment des ba;vùiis eii ciilaires fermés par des montagnes, le blé semé sur les aiAI»ÎTl\F, T\'. '.') ponrrs (les rollinos en M'';;rlo avcr <1';nil;int phis de. vij^iioiir. Depuis le paiallèle iU' 2V* jusqu'à eeliii de ."(.>" les pluies smil plus rnres ri Irès-eourles. lïeureuscuienl les neiges, dont l'ahondanee est assez- eonsidiTahle depuis les 20" de lalilude, suppléent à ee niancpie de pluie. L'extreuic séclieresse à laquelle este\]>osée la Nouvelle-l']spa;^ne, depuis le uiois a} s, à des a 1- roseuïens arlifîeiels. 11 n'y a de lielies moissons de IVoment (pi'autant qu'on a fait des sai»^ru''es aux rivières, et qu'on a mené les eaux de très-loin par des eanaux d'iriii;'alion. Ce sys- tème de ri;iolcs est surtout suivi dans les belles plaines qui bordent la rivière de Santiago, appelée li/o (traudcy et dans eelles que 1 on trouve entre Salamanea, Irapuato et la Villa de Léon. Des canaux d'arrosenient(^/r^vyr/^/V/5), des réservoirs d'eau [pi'cstis), et des roues à godets {norias) y sont des objets de lapins grande importance pour ragrieullure mexi- caine. Semblable à la Perse et à la partie basse du Pérou, l'intérieur delà Nouvelle-Espagne est infiniment productif en graminées nour- i! "I M! irUT ^6 LIVRE IV, lissantes, partout où l'industrie de Hiomrae a diminnc la sécheresse naturelle du sol et de l'air ^ Nulle part aussi le propriétaire d'une <^'rande ferme ne sen". plus souvent le besoin d'em- plojer des ingénieurs qui sachent niv<.Ier le terrain , et qui ronnoissent les principes des constructions li^drauliques. Cependant^ à Mexico connue partont ailleurs, on a préféré les arts qui plaisent à l'imagination, à ceux qui sont indi pensables aux besoins de la \ ie do- mestique. On est parvenu à former des archi- tectes qui jugent savamment de la beauté et de l'ordonnance d'un édifice; mais rien n'y est plus rare enco: ? que des personnes ca- pables de construire des machines , des digues et des canaux. Heureusement le sentiment du besoin a excité l'industrie nationale et une certaine sagacité propre à tous les peuples montagnards, supplée en quelque sorte au manque d'instruclion. Dans les endroits qui ne sont pas arrosés artificiellement, le sol mexicain n'offre des pâturages que jusqu'au;: mois de mars et ! Voyez T. II , p. ia8 et 253. CHAPITRE IX. 7*7 d'avril. A celle époque, où souffle frcqucni- ment le vent de sud -ouest (incfifo du la mistcca ) , qui est sec et chaud , toute verdure disparoît, les graniinces et les autres plantes herbacées se sèchent peu à peu. Ce change- ment est d'autant plus sensible, que les pluies de l'année précédente ont été moins ubo i- dantes , et que l'été est plus chaud. C'est alors , et surtout au mois de mai, que le iVonient souffre beaucoup, s'il n'est point arrosé arti- ficielle nie o t. La pluie ne réveille la végétation qu'au mois de juin : aux premières ondées les champs te couvrent de verdure ; le TeniHage des arbres se renouvelle, et l'Européen, qui se rappelle sans cesse le climat de son pavs natal, se réjouit doublement de cette saison des pluies^ parce qu'elle lui offie llniage du printemps. En indiquant les mois de sécheresse et de pluie, nous avons décrit la marche que suivent communément les j)hénomènes météorolo- giques. Depuis quelques années, cependant, ces phénomènes ont paru dévier de la loi ^'^énérale^ et les exceptions ont été malheu- rensemeni au désavantage de l'abri culture. Les pluies sont devenues plus raies et surtout t 7» LIVRE IV r n |)li!S lai'divcs. L'année où j'ai visilé le volcafi d(; .lonillo , la saison des pluies relaî'îa de trois mois entiers : elle comrnenea an mois de seplendiie, cl ne dura que jusque vers lu mi-noveml)re. On observeau Mexique , que le maïs, qui souffre des gelées de l'autoiiine bien plus (jue le froment^ a l'avantage de se rétablir plus (acilement après de lonj^ues sécheresses. Dans l'intendance de Yalladolid, entre Sala- nianca et le lae de Cuizeo , j'ai vu des clianqis de maïs que l'on crovoit perdus, végéter a\ec une vigueur étonnante après deux ou tiois jours de pluie. La grande largeur des l'euilles contribue sans doute beaucoup à la nutrition et à la force végétali\e de cette graniinée américaine. Dans les termes [hacieîidds de trigo) dans Jcsquelles le système d'irrigation est l)ien établi, parexenq)le, près de Léon, Silao cl; Trapualo, on arrose le i'roment à deux époques: la première fois, dès que la jeune plante sort de terre, au mois de jan\ier ; et la seconde^ au conmiencement de mars^ lorsque l'épi est près de se développer : quelquefois même Livant de semer on inonde le clianqi entier. Ou observe qu'en v laissant séjourner les "\wf CHAPITRE JX. 79 eaux pendant phisiouis semaines, le sol s'ini- ])iè<^ne tellement criiumldilé, ([ne le froment résiste pins faeilement à de l(m;^nes scclie- rcsses. On sème à la volée, au moment même où Ton a fait éeonler les eanx en ouvrant les ri<(oles. Celte méthode rappelle laeultnte du froment dans la Hasse-Egyple, et ces inondations prolongées diminuent en même temps l'abondance des herbes parasites qui se mêlent à la récolte en fiuchant, et dont une partie a malheureusement passé en Amériqne avec le blé d'Europe. La richesse des récoltes est surprenante dans les terrains cultivés avec soin , surtout dans ceux ipjc l'on arrose , ou qui sont amen])]is par plusieurs labours. La partie la ])!us fertile du plateau est celle qui s'étend depuis Quei'claro jusqu'à la ville de Léon. Ces plaines élevées ont trente lieues de lonj^- kur huit à dix de large. On y récolte en fro- ment 7)6 à /jo fois la semence ; j)lusieurs grandes feruics peuvent compter sur 5o ou (;o grains. J'ai trou\é la même fertilité dans les champs qui s'étendent depuis le village de Santiago jusqu'à Yurirapundaro, dans fin- tendunce de \ alladolid. Dans les cuv ironie de 'Mi l'il 8o IJVRE IV Piiebla, trAllisco cl deZelaya, dans une grande partie des ci\èeliés de Meelioacan et de (aia- dalaxara , le piodnit est de 20 à oo o-iainspoiir un. Un ehani[) y est considéré comme peu fertile, lorsqu'une fanègue de froment semée ne rend, année moyenne, (jue seize ranègues. A Cliolula , la réoohe (X)nunune est de .lo il 4.0 grains; mais elle excède souvent 70 à 80. Dans la vallée de Mexico, on compte 200 grains pour le maïs , et 18 ou 20 pour le IVoment. J'ol)ser\e que les nond)res rapportés ici ont toute l'exactitude que l'on peut désii er dans un objet aussi important pour la connois- sance des richesses teriitoriales. Désirant vivement connoître les produits delagrieul- turc sous les tropiques, j'ai pris tous les rcnseignemens sur les lieux mêmes ; j'ai conl'ronté les données qui m'ont été l'ournies par des colons intelligens , et qui liabitoient des provinces très -éloignées les imes des autres. J'ai porté d'autant plus de précision dansée travail, que, né dans un pays oii le blé donne à peine le quatrième on le cin- quième grain, j'étois disposé plus qu'aucun autre à me méfier des exaspérations des ai'io- rlom<^s; exagérations qui sont les mêmes au CIlAPITr.K IX. 8i ^[exitjne , en Cliinc , el j),irloi]t où rjmoiir- pi'opic des lial)i(ans Nout profiler do la cié- diilité des ^^.)ya«^•eurs. Je irii^iioro pas (pi'à cause de la grande iné«^alilé avee hupiellc on sème daiis les dif- lercns pays, il auroil mieux valu coniparer le pioduil des récoltes à l'élcndue du lorrain ensenieiicé. Mais les mesures agraiiTs sonl si inexac^les, et il y a si peu do l'ernies au Mexique dans lescpielles on connoisse avec précision le nombre de toises ou de >ares carrées qu'elles embrassent, qu'il a fallu m'en tenir à la simj)lc comparaison du froment récollé a^ec le froment semc. Les Techerches auxquelles j(* m'étois li\ré pendant mon séjour au Mexique, m avoient donné poue résultat, qu'année coimnune , le produit moyen de tout le pays est de 22 à 25 grains pour un. llelourné en lilurope , j'avois formé de n(»uveau queUpies doutes sur la précision de ce rési.'llat imporlant, et j'aurois peut-être hésité de le pu1)lier, si je n'av«MS pu consulter sur cet objet, tout récemment, et à Paiis iiiéme, une personne respectable et éclairée qui h.J»ite les colonies espagnoles dcnuis Ironie ans, et qui > y est livrée avec li i. ^J â"^ M î 82 ITVIŒ IV heaiicoup tic succès à l'af;iiciilliirc. .^î. Ahnd , clianoinc de l'cglise niélropolitaine de / a/- ladolul de Mcchoiican , m'a assuré que, d'apiès ses calculs, le produit uioycu du 1 ronient mexicain , loin d'cl re au -d CSSOtlS do ^iu«^i-deux grains, est probahlcmcnt de 2;5 à 5o; ce qui, d'après les calculs de La\oisicr l1( fois 1< (luit etdejNecker, exceci moyen de la France. Pics dcZelaya, les a^^Ticulleurs rn'onl fait voir la différence énorme de produit (pi il y a entre les terres arrosées arti'icicllemeut, et celles qui ne le sont pas. Lesprennères, < ui reçoivent les eaux du Rio Grande , distiibuées par des saignées dans plusieurs étangs , donnent l^o à 5o fois le grain semé; tandis que les champs qui ne jouissent pas du bien- fait de l'irrigation , n'en reitdcnt que quinze ou vin^'t. On a ici ie même défaut dont les Agronomes se plaignent dans presque toutes les pallies de l'Europe, celui d'cmplojer trop de se/uaille j de sorte que le grain se perd et s'étouflé. Sans cet usage, le produit des récoltes paroîlroil plus giaud encore que nous ne venons de liiKliqucr. Il sera utile de consigner ici une observa- il^ I'" CHAl>trl\E l\. 8:î lion ^ laite près de Zclaya , par une personne diii'ne de confiance et trës-accoutiimce à des recherclies de ce ;^enre. M. Abad prit au hasard , dans une belle pièce de blé de plu- sieurs arpens d'clendue , quarante plant<îs de froment ( Trilicuni hybernum) : il plongea les racines dans l'eau pour les dépouiller de toute terre , et il trouva que chaque graine avoit de une naissance à quarante, soixante, et même à soixante-dix tiges ; les épis étoient presque tous également bien garnis : on compta le nombre des grains qu'ils conte- noient, et on trouva que ce nond^re excédoit souvent cent, et même cent vingt; le terme mojen parut de qjatre-vingt-dix : quelques épis contenoient jusqu'à cent soixante grains. Voilà sans doute un exenjple de Fertilité bien frappant ! On remarque , eu général , que le froment talle énormément djns les champs mexicains; qu'un seul grain y pousse un grand nondjre de chaumes, et que chaque plante a des raciiies extrêmement longues s :! * Sobre la fcrtilidad de las tierras en la Nue^'a Etipaha , pvr Don Manuel Abad y Queipo, (IN oie nutnuscritt'. ) G* 84 LIM.i: IV n el louiTues. Los colons cs[)aynols iippellciit cet cilel de la a i;^iicur de la vc*^élaUou , cl macoLiar dcl irino. Ali nord de ce district éinincnnnenl ier- tile de Zelaja, îSi;laiHaiicif et Léon, le pays es td' une aïK lité exliènie, sans ri\jcics, sans sources, etolljant, sur de vastes étend ue;i , des croûtes d'ari^ile endurcie (^ti'iK'tdtc) ^ îjiie les cnlti'. aleurs appellent des terrains dids et froids y et à lra>eis lesquels les racines des plantes herbacées pénèlient diliicilenient. Ces couches d'argile, cpie j'ai aussi retrouvées dai.b. le royaume de Ouito , ressendjlent de loin à des bancs de rochers dénués de toute végétation : elles appartiennent à h> for/fialio/i fm/tpcc/i/w , el accompagnent constannnenl, sur le dos des Andes du Lérou et du Mexi< jue , les basaltes, les grtinstein, les amygdaloïdes et les porphyres amphibuliques. Dans d'au- tres parties de la jN ou \ elle - Espagne , au contraire, dans la belle vallée de Santiago, et au sud de la \iile de Vidladolid, les ba- saltes et les auiygdaloïdes décomposés ont foriiié, par la suite des siècles, un terreau noir et très-productit": aussi les champs leitiles cpii entourent l'Alberea de Sauliago rappcllenl-ils ciiM'irr.r. ix. f^.-; les terrains basalliqiicstln '.[i!tcli^cl)i'ir^e de la ]3<>l u'ine. Nons axnvs créeril plus liant ', en traitant (le la slalistirpie particnlière du ])ays, les déserts sans eau «jni sej)arent la JNouvelle- Biscayedn \()n\ean-\le\i(jne. Tont le plateau Icnd d( Sallilli qui s elend depuis ooinhrerefiî au oallilio , et de là vers la Pnnla de Lanipazos, est une plaine nue et ari(]e d.nis lacpielle ne végètent que des eaeluset d'autres plantes épineuses : il n'y a aiieun vestijic de cnlline , si ee n'est sur quelques points où , eonnne autour de la ville du Scdtillo , 1 industrie de rhoinnie a réuni un peu d'eau pour arroser les rliamps. Nous a\()ns éiralenient traeé le tableau de la Vieille-Calirornie % dont le sol est un roc dénué à la fois de terieau et de souree». Toutes ces considérations s'accordent à prouver ce que nous avons avancé dans lo livre précédent , qu'à cause de son extrénic sécheresse une paitie considérable de la Nouvelle - Espagne , située au nord du tro- pique , n'est pas susce])tibie' d'une grande ^!si iiTî;-' »Cliap. VJJl, T. Il, p. 4o3. « Ibid. , p. 42^. I 8r, Livrr ïv popnlntion : nnssi (jmcI contniste frappant rnhc la pli^sioiiomle de (îciix pji>s Noisins, rntrc le Mexique el les Ktaîs-liiis de l'Amé- rique septentrionale! Dans ecs deiïiiers, le sol n'est qu'iMie vaste lorèt sillonnée par un grand nond)re de rivières qui débouehent dans des «^j-oires spaeieiix. Le iMexique , au contraire , offre à l'est et à l'ouest un littoral boisé , et dans son centre un ni.issif énorme de montajines colossales^ sur le dos desquelles se prolongent des plaines déjioniv nés d'arbres, et d'autant plus arides , que la température de l'air ambiant y est augnjentée par la ré- \erbération des rayons solaires. Dans le nord de la Nouvelle-Espagne, comme au Thibet , en Perse , et dans toutes les régions mon- ILueuses , une partie du pajs ne sera rendu propre à la culture des céréales que lorsqu'une population concentrée et parvenue à un haut degré de civilisation aura vaincu les obstacles que la nature oppose aux progrès de l'éco- nomie rurale. Mais cette aridité , nous le répétons ici , n'est pas générale ; elle est compensée par l'extrême fertilité cjiie l'on observe dans les contrées méridionales , même dans cette partie des ptwi/icias iiUemas r!i\îMrnF. i\, 8- qiî i nvoisînc les rivioics, tlaiis les bassins du J^u) (lel 'Notte, (lu Gila, de riîia([ijl, du ]Mî»y() , du Ciuliaeaii , du Hio del Kosarit) , du JUo de Ctjuelius ^ du Kio de ^>anlallde^, du Ti,;rc , el des noudiicux lorrcns de Li pro\inec de Te\as. Dans rexlréiiiilé la plus septentrionale du rovaunic, sur les eûtes de la jNouvelle-Cali- furnie , le produit du IVoinent est de iG à 17 g-rains ])(!iir un , en ])renant le ternie iDoyen entie les reeoltes de dix-liuît \illa;4'es peîïdant deux îuis. Je enns que les a;^Tonoines verront a^ec intérêt le détail de ces réeoUes dans un ]>ays silué sous le nièine parallèle qu' Vli^er , Tcuiis et la Palestine , entre les r>2" 59' el 37'» 48' de latitude. 'h ^. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l Uâ |2.2 i '•25 ||U II 1.6 ^ ^ — 6" ► V] "^ ^. ^ .!>* ^>. Ptotpaphic Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 ^ # <^ rv o^ o^ •^ 88 LIVRE IV , i:\ .' \fi \î \ià N O Al S DES VILLAGES de la Nouvelle-Californie !San Diego San Li'is Rey nr, Francia San Juan Catistra- NO San Gauiuel San Fekna.ndo. . . . San Bl'enaventura Santa Raiii!aiia. . . La l'URlSSlMA CON- CEl'CION San Luis Onisi'o. . . San Miguel SoLEtiAD San Antonio de Pa- dua San Caulos San Juan BArTisTA. Santa Ckuz Santa Claka San José San Francisco. . . . 1791. F A X k G U E s de froment. semé. Go 8u 17.S n G.') 7^' HG rec<» Ile. 90 Gi Go «74 1802. r A N i; G i E s (le iVuuient. I K 1; C « J . T E CDii.'.iiliric ( nmine iii'illiiilr (1,1 "IMlll ■ rlllr. seme. récolté. 002 1 i58G ."17. o 2.)i) 8uo 1078 g.'')?. l'IOO C8u 1JUJ7 100 10.1 28i 10l> 'J'"> OG iGi 70 78 Co 52 Co 12,J 8i 253 jf l>'>G 1200 2(Jo8 oiSoo 2800 ojoo 287G 55oo 4 000 1600 5oo 1200 210 1200 550 2000 1200 2522 179»- 5559G 5o .'„ 19 .'. ■20 -.',. 25 12 H) ,\ 5:, 21 I 1 17 .'., 1802. 12 28.-„ »5 .\ 28 5G ::, 2') *- ■*>■' I a 56 r'o 25 A. 2-i •,"„ G /. 8-.'„ 4 •i3 ^ 9 rs i5f„ i4rs 9^ Il parojt que la parlie la })lus septentrionale de cette cote est moins favorable à la cullnie i j terrains réeenniient dclrielus le produit du sol est plus inégal que dans des pa^^^s aneiennemcnt cultivés, osili>essnr les quan- lilés de seit^le et d'orge récoltés au Mexique, mais je crois pouvoir calculer approximali- \ement la ])roduction moyenne eu froment. En Europe, l'estimation la plus sure est celle qui se fonde sur la consonunatitîn évaluée de chaque individu : c'est le moyen employé avec succès par MM. Lavoisier et Arnould j mais celte méthode ne peut être suivie , lorsqu'il s'agit d'une population c. Mnoséc d'éléniens très - hétérogènes. L'Jndie- jt le ïTiétis , habitans de la campagne, ne se .su- rissent que de pain de maïs et de manioc. Les blancs créoles qui vivent dans les gL:iudes i! riIAPITRK ÎX. 9> villes . ronsommciil hicii plus rlc pnin de frt>rii('nl <|ue ctiiix (|ii[ scjournciit Ihibitiiellc- rnciil dans les lernies. lj.'MM[)i(iil(\ c|iii rornptc pins de ^T),ooo Indiens, e\i;^e anniielleiiieiit ]»rès de dix-neii( ntillions de kilo;^" ranimes de liirine. Celle eonsonnnalion est presque 1(1 uiènie cpie eclle des villes tl'Kiiropc <"*:^a- lenienl penplécs; el si, tl^ipirs celle hase, on V(.)uloit ealeuler la eonsoinnialion de loul. le royainiic de la INOuvelle-Kspa^ne, cm par- viendroil à un résultat ([\n seroil plus a;^iie nesei'oitqne de ;k) millions de kilograiiuiies: mais en ajoutant 3() millions de kiloii'rannnes, à (*ause de Tiniluenee bien- faisante qu'a la coiisonniialion des villes ' de » Vojcz Cliap. \JII, T. H , p. iS3 et 279. J'ai forinù , il'après des uialérlaux exacts ([ue je possède , le tnbkau suivant , dans Icqiud la consonimalion en farine est conipan^e avec le uonibin des habilans. VILLLS. 1 CONSOMMATION de Caiiiie. Pf)PULATION. Mr.xico rui:i;L.v liA IIavank. . . . 1 Paris k.logl. 19,100,000 7,790,000 5,23o,ooo 7 G, 000, 000 hab. 1.37,000 67,300 80,000 547 ,000 Sur les consommations de l\nris, voyez les recherches curieuses que M. Peuehet a co:r 'ailées dans sa Statis- tique élémentaire de la France, p. .'572. Le bas-peuple, à la Havane , njanj;c beaucoup de cassave et d'arepa. La consommation annuelle de la Havane est, en pre- nant le terme moyen de quatre ans, de 427,018 ar- robcs, ou de 68,899 batriles. [Papel periodico de la JLwana, 1801 , u. 12, p. 46. ) 1^ m (:hapiti\e IX. r)3 Mt'xico , tic rnel)la v[ de (ùian.ixuiilo , sur la culliire (iesdislrirls circonvoisiiis , et à cause des pnwincias intcrnds , tlonl les habikins vivent presque e\clu;,ivemcMt de pain de IVrnjient, un tiuuve , pour tout le royaume, près de dix millions de nivria;j;rainn;cs , ou plus de 8ooy.)oo sclicrs. Celle cslinialion donne un résultat trop loible, parce que, dans le calcul que nous \enons de ])résenler, on n'a pas séparé convena!)lenient les provinces septentrionales delà région équinoxiale. Cette séparation est cependant dictée parla nature de la population même. Dans les provtncius inierims , le plus grand nombre des habitans sont blancs ou réputes tels ; on en compte /|00,ooo. En supposant leur consonmiation en Croment proportion- nelle à celle de la ville de Puebla , on la trouve de 6 millions de myriagrannnes. On peut admettre , en calculant d'après la récolle annuelle de l'intendance de Guadalaxara , que dans les régions méridionales de la Nouvelle- Espagne, dont la population mixte est évaluée à 5,4^7,000, laconsonnnalion delromentdans lescampagiies,estdeo/Soo,ooomyriagrammes. En ajoulant 5,6oO;Ooo myriagrammes pour il C)\ LIVRE IV, laconsoiiiinatloii tlesuTaiules villes iiilci ieurcs de Mexico, de Pucbla et de Guanaviiiilo, on trouve, ])our la consoiiiniation totale de la IVouvelle - Kspat;nc, au delà de lo nûllions de iiijriagTanunes, ou 1^280,000 seliers de 2/jo livres pesant. Onpourroit être étonné de trouver, d'après ce calcul , que les prosùncias internas , dont la population n'est qu'un quatorzième de la population totale, consonnnent plus que le tiers de la réculte du Mexique : mais i! ne faut pas oublier que , dans ces provinces Si'ptentrionales , le nombre des blancs est à la niasse totale des Espagnols ( ciéoles et Européens) comme 1 ù o, et que c'est piin- cipalement cette caste qui consomme les farines de froment. Des 800,000 blancs qui habitent la région équinoxiale de la Nouvelle- Espagne , près de i5o,ooo vivent sous un climat excessivement chaud , dans les plaines voisines des eûtes , et se nourrissent de manioc et de bananes '. Ces résultats, je le répète , ne sont que de simples approxima- tions; mais il m'a paru d'autantplus intéressant * Voirez plus liant, p. a6 tlHAF'lTKi: 1\. 9'ï cîc les publier, fjne^ tirjà peiwlanl mon séjour à Mexico, ils ont fixé ralieutioii du vrou- \ernemcnl. Ou est sur d exciter l'esprit de reolierehes , lorscpi'ou avance un fait qui interesse la nalion entière, et sur lequel on n'a point encore hasardé de calculs. 1^11 France , la récolte totale en grains , c est-à-dire en froment, en seigle et en orge, ctoit, selon Lavoisier , avant la révolution, et par conséquent à une époque où la popu- lation du rojaiune niontoit à 20 niillions d'iiahitans , de 58 millions de scliers , ou de()78() millions de kilogrannnes.Or, d'après les auteurs de la Fcu/l/e dii, Cultivateur, le fromciit récollé est en France, à toute la masse - , nV'xrÎMh; p:is i ,.')4)(),(k>() ; cl il csl cIo plus conmi , (jiie les L'iancois coiisoinmeiit plus !'oduil annuellenieul la JNou- \clle-l*]sj).'.i;ne, sruîl rcci>lléssur une étendue de leirain ([uatre à cinq lois plus pelile cpie celle que la même récolle exi^eroilen France. On doit s'atlcndie , il est vrai , à niesuie rès, à voir diminuer celle fcrlililc (jue l'on peut appeler moyciuic , et qui indiipie les a in<^t- quatre <;Tains pour un, comme le produit total des réeolles. Partout les lionunes com- mencent par cultiver les teVres les moins arides, et le produit ujoven doit diminuer naturellement , lors(pie Tagrieulture embrasse une plus grande étendue , et par conséquent une plus grande variété de terrains. Mais dans un vaste empire connue le Mexique , cet elTct ne se manileste que très-tard , et l'industrie des liabitans aui»nienle avec la population et avec le nombre des besoins. Nous allons réunir dans un même tableau cHApnnF. IX. 97 los ooiim)issaiice.s cjiie nous avons acquises sur le produit luojen des céréales dans les deux conlinens. Il ne s'agit ici ni des exemples d'une ferlililé extraordinaire observée dans une petite étendue de terrain , ni du blé j)lanlé selon la pratique des Chinois. Le produit seroit à peu près le même sous toutes les zones, si, en (îhoisissant le terrain, oa cullivoit les céréales avec le même soin j, dit l'immortel Washington dans une de ses lettres à Arthur Young, « doit « avoir une opinion extrêmement désavan- « tageuse ( a horrid idea ) de l'élat de notre « agriculture, ou de la nature de notre sol, « s'il apprend qu'un acre ne produit chez « nous que huit ou dix Lusliels, IMais il ne « doit pas oublier que dans tous les pajs « où les terres sont à bon marché , et où la « main-d'œuvre est clièi e , on aime mieux 1'^ CHAPITRE IX. lOt « cultiver beaucoup que cultiver bien. Ou •< n j (aitgénéraleuient quc^/wi^6v' la terre, « au lieu de la labourer avec soin. » D'après les recherches récentes de M. Blodget, que l'on peut regarder comme assez exactes , on trouve les résultats suivans ; Par acre. Par hectare. Dans les provinces atlantiques, à l'est des montagnes Al- - Icgljanys , en terres riches. 32 Ijushels. i788kilogr. en terres mé- diocres 9 5o3 Dans le territoire de l'ouest, entre les i Alléghanjs et le Mississipi , en terres riclics. 4o 2235 en terres mé- diocres 25 i%7 * « Much ground lias been scvatched over , and « none cultivaled as it ouglit to hâve b«en. » (]elte lettre iutéressaute a été publiée dans le StuLisUcul 102 LIVRK IV On voit par ces donnces, que dans les in- tendances mexicaines de PuehJa el de Gua- naxualo, où rè^^ne, snr le dos des Cordillères, le climat de Rome et de Naples, le lerroir est plus riche et plus productif que dans les parties les plus fertiles des Etats-Unis. Comme depuis la mort du général Was- hington les progrès de l'agriculture ont été très-considérables dans la région de Vouest^ surtout dans le Kentuckj, le Tennessee et la Louisiane^ je crois que l'on peut regarder i5 à i4 hushcls cojnme le terme moyen des récoltes actuelles, ce qui ne fait cependant encore que 700 kilogrammes par hectare , ou moins de quatre grains pour un. En Angleterre, on évalue communément larécolte en froment de 19 à 20 bushels par acre, ce qui donne 1100 kilogrammes par hectare. Cette comparaison _, nous le répétons ici , n'annonce pas une plus grande fertilité du sol de la Grande-Bretagne. Loin de nous donner une idée effrajante de la stérilité des provinces atlantiques des Etats-Unis, elle Manuel for tJie United States y 1806, p. 96. Un acre a 5368 mètres carrés. Un bushel de froment pèse 3o kilogrammes. ^ Il CTiAprrnr ix. o3 prouve seulement que ]>artoiil où le colon est jiiaîlic d'une vasle étendue de terriiin, l'art de cultiver le sol ne se pert'eclionne cfu'avec une extrême lenteur. Aussi les mémoires de la Société d'a^FÎculture de Pliiladelpliie offrent différens exemples de récolles qui ont excédé 58 à /|0 hitslirls par acre , chaque l'ois qu'en Pensylvatiic les cliiiinps ont élé labourés avec les mêmes s;)ins qu'en Irlande et en Flandre. Après avoir comparé le produit moyen des terres au Blexique, à Btienos- Ayres, aux Etals-Unis et en France , jetons un coup-d'œil rajiide sur le piix de la journée dans ces diffch'cns pays. Au 3Iexique, on la compte de deux rcales Je pltita ( de 26 s.)us) dans les régions froides, et de deux réaux et demi (de 02 sous) dans les régions chaudes, où l'on manque de bras et où les habitans sont en général très - paresseux. Ce prix de la main-do livre doit paroîlre assez modique, lorsqu'on considère la lichesse métallique du pays, et la quanlité d'ar^^ent qui y est constamment en circulation. Aux Etals-Unis, où les blancs ont repoussé la population indienne au delà de l'Ohio et du Mississipi , la journée est de 5 livres 10 sous à 4 fiiuics : [i 104 LIVRE IV, en France , on peut IV'vahicr de ôo à /|0 sous ; el au Bengale, d'après M. Tilzini»-, à 6 sous. Aussi, malgré l'énorme différence du fret, le sucre des Grandes Indes est à meilleur marché à Philadelphie que celui de la Jamaïque. Il sésulte de ces données, qu'actuellement le prix de la journée, au Mexique, est au prix de la journée en France, ==^ 10 : 12 aux Etats-Unis, = 10 : 23 au Bengale, = 10 : 2 Le prix moyen du froment est, dans la Nouvelle-Espagne, de quatre à cinq piastres, ou de 20 à 20 francs la charge (carga) , qui pèse i5o kilogranuiies. C'est le prix auquel on achète dans les campagnes, chez le fermier même. A Paris, depuis plusieurs années, i5o kilogrammes de froment coûtent 5o fr, A la ville de Mexico, la cherté du transport renchérit tellement le blé , que le prix or- dinaire y est de 9 à 10 piastres la charge. Les extrêmes , aux époques de la plus granc'^ ou de la moindre ferlililé, y sont de 8 et i4 piastres. Il est facile de prévoir que le prix du blé mexicain baissera considérable- CTIAPITT\r IX. iof> ment, lorsque les chemins serf)nt conslruils sur la pente des Cordillères, et qu'une plus grande liberté de eoinMicrcc linorisera les progrès de i'agrieulture. Le froment mexicain est de la meilleure qualité; on peut le comparer au plus heaii blé '''Andalousie : il est supérieur à celui de Montevideo, qui, selon M. A/ara, a le grain moitié plus petit que le blé rl'Iispagne. Au Mexique , le grain est très-gros, très-blanc et très-nourrissant, surtout dans les fermes où l'arrosage est employé. On observe que le froment des montagnes ( tn'^n de sierra ) , c'est-à-dire celui qui croît à de hvs-grandes hauteurs, sur le dos des Cordillères, a le grain couvert d'une pellicule plus épaisse , tandis que le blé des régions teujpérées abonde en matière glutineuse. La qualité des farint^s dépend principalement de la proportion qui existe entre le gluten et l'amidon ; et il paroît naturel que, sous un climat qui favorise la végétation des graminées, l'embryon et le réseau celluleux ' de l'albumen, quelesphy- * Mirhel , sur la gcrrninalion des grainint'iennent plus volumineux. Au Mexique, le blé se conserve diflicile- nicnl au delà de deux ou trois ans, surtout dans les climats tempérés , et l'on n'a point assez réfléchi sur les causes de ce phénomène. Il seroit prudent d'établir des magasins dans les parties les plus froides du pays. On trouve d'ailleurs un préjugé établi dans plusieurs porls de l'Amérique espagnole, celui que les farines des Cordillères se conservent moins long-temps que les farines des Etals- Unis. La cause de ce préjugé, qui a été surtout très- nuisible à l'agriculture de la Nouvelle-Gre- nade , est facile à deviner. Les négocians qui habitent les côtes opposées aux îles Antilles, et qui se trouvent gênés par des prohibitions de commerce , ceux de Car- thagène , par exemple , ont un grand intérêt d'entretenir des liaisons avec les Etats-Unis. Les douaniers sont assez indulgens pour prendre quelquefois un bâtiment de la Ja- maïque pour un bâtiment des Etats-Unis. Le seiiile et surtout l'or^je résistent mieux au froid que le froment : on les cultive sur les plateaux les plus élevés. L'orge donne CH\riTT\E 1\. 107 encore des récoltes abondantes à des hauteurs où le thermomètre se souliont rarement, de jour, au delà de quatorze dej^rés. Dans la Nouvelle -Galirornic, en prenant le terme moyen des récoltes de Ircizc villaacs, Force a produit, en 1791, vinql-cpiulre, en 1802, dix-huit g-rains pour un. L'avoine est très-peu cullivée au Mexique; on la voit même assez rarement en Espa«,^ne, où les chevaux sont nourris avec de l'orge, comme du temps des Grecs et des Romains. Le seigle et l'orge sont rarement attaqués d'une maladie que les Mexicains appellent chcujitistle , et qui détruit souvent les plus belles récoltes de froment , lorsque le prin- temps et le conmiencemcnt de l'été ont été très-chauds, et que les orages sont fré- quens. On croit communément que cette maladie du grain est causée par de petits insectes qui remplissent l'intérieur du chaume , et qui empêchent le suc nourricier de monter jusqu'à l'épi. Une plante à racine nourrissante , qui appar- tient originairement à l'Amérique, h pomme de terre ( Solnnwn tiiberosum ) , paroît avoir été introduite au Mexique , à peu près à la io8 LIVRE IV même époque que les céréales de l'ancicii conlinenl. Je ne tlécideiai point ia question si les papas ( c'est l'ancien nom péruvien sous lequel les poumies de lerrô sont aujourtriiui connues dans toutes les colonies espagnoles ) sont venues au Mexique conjointement avec le Scliinus molle ' du Pérou, et par consé- quent par la voie de la mer du Sud; ou si les premiers conquérans les ont apportées des montagnes de la Nouvelle -Grenade. Quoi- qu'il en soit, il est certain qu'on ne les con- noissoit pas du temps de Montezuma, et ce fait est d'autant plus important, qu'il est un de ceux dans lesquels l'histoire des migra- tions d'une plante se lie à Tliistoire des migrations des peuples. La prédilection qu'ont certaines tribus pour la culture de certaines plantes, indique le plus souvent, soit une identité de race, soit d'an- ciennes connnunicalions entre des hommes qui vivent sous des climats divers. Sous ce rapport , les végétaux , comme les langues et les ti\iits de la physionomie des nations, peuvent devenir des monumens historiques. > Hernandezj Lit. lU; c. \5, p. 54. -I CHAPITRE IX. 109 Ce ne sont pas scMileiucrit les peuples pasleiirs, on ceux qui vivenl uiiiqueineiil de lâchasse, qui, poussés par un cspiiliuquielel guerrier, ciitrcprenuent de lunjiÇS voja«^es : les hordes «l'oii^inc «germanique, cet essaim de peuples qui, de l'intérieur de l'Asie se porta sur les rives du Boryslhène et du Danube ; les san- vagesde la Guajane nous offrent de nombreux exemples de tribus qui, se (ixant pour quelques années , défrichent de petites éten- dues d^ terrain , y sèment les grains qu'elles ont récoltés ailleurs; et abandonnent ces cul- tures à peine ébauchées, dès qu'une mauvaise année ou quelque autre accident les dégoûte du site récemment occupé. C'est ainsi que des peuples de race mongole se sont portés, depuis le mur qui sépare la Chine de la Tarlarie, jusqu'au centre de l'Europe; c'est ainsi que, du nord de la Californie et des bords du fleuve Gila, des peuples améT-i- cains ont reflué jusque dans l'hémisphère austral. Partout nous voyons des torrens de hordes errantes et beHiqueuses se frayer un chemin au milieu de peuples paisibles et afjriculleurs. Immobiles comme le riva«^e, ces derniers réunissent et conservent avec I •H I 10 LIVRE IV soin les plantes nourrissantes et les animaux doniesli(]ues qui ont aceonipii«^rné les tribus nomades dans leurs courses lointaines. Sou- vent la culture d'un petit nombre de végétaux, de même que des mots étrangers mêlés à des langues d'une origine différente, sert à dé- signer la route par laquelle une nation a passé d'une e-\tr(Mnité du continent à Fautre. Ces considérations, auxquelles j'ai donné plus de développement dans mon Essai sur la Géograj)hic des phintes , suffisent pour prouver combien il est important pour l'iiis- loire de notre espèce , de connoître avec précision jusqu'où s'étendoil primitivement le domaine de certains végétaux, avant que l'es- prit de colonisation des Européens fut parvenu à réunir les productions des climats les plus éloig-nés. Si les céré les, si le riz ' des Grandes Indes étoient inconnus aux premiers habitans de l'Amérique, en revanche, le maïs, la pomme de terre et le quinoa ne se trouvoient cultivés ni dans l'Asie orientale , ni dans les * Qu'est-ce que le riz sauvage dont parle M. Mac- lenzie , gramiiiée qui ne croît pas au Jeta des 5o" tic latitude , et dont les naturels du Canada se nourrissent pendant riûvcr? {Voyage de Mackenzie ,\j p. i56. ) I r.llAIM'mE IX. III lies de la mer du Sud. Le niaïb a clé liilioduit au Jiijxjii 'par lesCliiuuis, (|ui, selon l asser- tion de quelques auteurs, doi\eiil l'avoir connu depuis les temps les plus reeulés. Celle assertion, si elle étoit rondce, jelleioit du jour sur les anciennes eonuiiunieations que l'on suppose avoir ex-isté entre les liabitans des deux eonlinens. Mais où sont les nionu- mens qui attestent que le mais ait éli'^ cullivé en Asie avant le seizième siècle? i3'après les recherches savantes du père Gaubil \ il paroît même douteux que mille ans plutôt les Chinois eussent visité les cotes occiden- tales de l'Amérique, connue un historien justement célèbre, M. de Guignes, l'avoit avancé. Nous peisistons à croire que le maïs n'a point été transplanté du plateau de Li Tartarie à celui du Mexique, et qu'il est tout aussi peu probable qu'avant la décou- verte de l'Amérique par les Européens, i • 77iunbtrg , Flora Japoniva , p. ctj. Le maïs s'appelle en japonois Sjo Kuso , et Ton KlblL Le mot kuHo indique une plante herbaeée, et le mol too aunoDce une production exotique. '■' IManiuciils astronomiques des pères jésuites, couservés au bureau des longitudes, à P^ris. I 1 11 rivRff IV rcll*' ;;n»miiu'f |>r»'i'UMiso iiil ('le poflie du iioii\(Mii conrniciil en Asie. liii poiniiir lie li'i-rc nous pit'vsrnlc un aiili-(; nrohiriiic hTs-<'iii it'ux , si on IVin isjoc sons lin rapport liisloiicpie. Jl ]);it'oil ( iM-lain , conuno nons linons rapporté pins liant , (|nr; rcilc j)lanlo, dont la onitnic a en la pins Jurande iniliienee snr les pro;^ivs de la po|>n- lalion en hairope, n'étoit pas eonnne au IMexixpie avant l'airivée des l']s])ai;iio's. Mlle fut rulliM'e à celle époqne au (iliili, au J\'rou, à Quito, dans le royaunie di; la Nouvelle-Grenade, sur lonU; la (lordillère des Andes, depuis les /|(>'» de latitude australe juscpie vers les 5o*' de latitude boiéale. Les botanistes snpposent qu'elle eioît sjMnitané- uient dans la j>arlie numtueuse du Pérou. D'un autre coté, les savans (pii ont fait des reelicrchcs sur 1 inlroduetion des ponnnes de terre en Eurojîc, assnient qu'elle fut aussi trouvée en V infinie , paj' les preiuiers colons que Sir Walter Ralei«;'li y envoya en likS/,. ()r_, eouîuient concevoir c[u'une plante qu'on dit appiirtenir orioinaireuient à riu'inisplièrc austral, se trouvoit cultivée au pied des monts AJléylianys , tandis qu'on ne la connoissoit r.iiwirnr. ix, til point an M(*xi(]no ri dans les r/'j^ions mou- tueuses cl UMiipcrces iil)le que «les Irihus p('*ru> i(>nnes îuent pénétré verslenorscrve d abord, pour ne consigner ici que des faits cxacls, *pi(; la ponmuî de terre n'est pas indigène au Pt'ron, et qu'elle ne se trouve nulle pail sauvage dans la partie des Cordillères ([ui est situt'e sous les tropiques. Nous avons, M. Jjonpland et moi , lierhorisé sur le dos et sur la pente des Andes, dej)uis 1( >v> es :)" nord juscpiaux 12' sue 1 m. nous avons 8 1 1 \ i.îvnE IV , pris j If ÎH " :^.:l U\ i I i 120 LIVRE IV » Il 1 siècle , et les Péruviens gouvernes parManco- Capac. Il se peut que des peuples sortis d'Aztlan se soient avancés jusqu'au delà de Fisthme ou du golfe de Panama; mais il est peu probable que , par des migrations du sud vers le nord, les productions du Pérou, de Quito et de la Nouvelle-Grenade, aient jamais passé au IMexique et au Canada. Il résulte de toutes ces considérations, que si les colons envoyés par Raleigh ont effec- tivement trouvé des pommes de terre parmi les Indiens de Virginie , il est difficile de se xefuser à l'idée que cette plante n'ait été originairementsauvage dans quelque? contrées de l'hémisphère boréal, comme elle l'étoit au Chih. Les recherches intéressantes faites par M3I. Beckmann , Banks et Dryander ' prouvent que des vaisseaux qui revenoient de la b.iie d'Albemarle , en i586, portèrent les premières pommes de terre en Irlande, * Bechinauns Griindacetze der teutschen Landwirth- scli afl , iHo6 , p. uHi). Sir Joseph Banks f an attempt to aster lain the tiine oflhe introduction ofpotatos, : 808, La pomme de terre est cultivée en grand dans î^. Lan-> caslïire, depuis 1 <'84 ; en Saxe, depuis 17 17 j eu£cosse, depuis 1728 j en Prusse, depuis 1738. i CHAPITRE IX. 121 et Thoiiiîis IL >t, nli Mi comme iiiulliématicien que comme na\i^aleur, dé- crivit cette racine nourii.ssaiile scms le nom d'opcnaw/i, GcrarJ, dans son 7A'/'///// publié en 1697, la nomme patate de Virginie , ou nore/ti6ega. On ponrroit être tenté de croire que les colons anglois ra\ oient reçue de l'Amérique espa;^nole. Leur établissement cxisloit depuis le mois de juillet de l'année i584. Les navigateurs de ce temps, pour attérir sur les cotes de l'Amérique septen- trionale , ne l'aisoient point roule dirccle vers l'ouest : ils étoient encore dans l'usaiie de suivre le chemin indiqué par Colomb, et de profiter des vents alises de la zone torride. Ce trajet facililoit les communications avec les îles Antilles, qui éloient le centre du commerce espagnol. Sir Francis Drake, qui \enoit de parcourir ces mêmes îles et les cotes de la Terre-Ferme , a voit touché à Roanoke ', en Virginie. Il paroît donc assez I! :M m * Roanoke el Albpiiiarle , où Antldas et Barlov avoirnt fait lour prtmiior élabtissemeut, apparlieunent au;Oiir(riiui à l'étal de la Caroline septentrionale. Sur la colonie de Ralci^h , consultez MarohaWa Life of 122 LIVRE IV I' 'k nalurcl de supposer que les An^lois ciix- nHjines avoientporlé les patjiles de rAiiiéri(|ue jiiériclionalc ou du Me.viipie vn Virginie. Lorsqu'elles fiirent envoyées âo, Vir«»iiïic en Angleterre , elles éloient déjà coinniunes en Espii^ne et en lUilie. 11 ne l'audroit donc pas s'élonner qu'une production qui avoit passé d'un conlinenl à l'autre, ait pu parvenir, en Amérique descolonies espagnoles aux colonies angloises. Le noin seul sous lequel Ilarriot décrit la pomme de terre paroit prouver son orioine virjTi-inienne. Les sauvay^es auroient-ils eu un mot pour une plante étrangère, et Ilarriot n'auroit-il pas connu le nom de Papas P Les cultures qui appartiennent à la partie la plus élevée et la plus froide des Andes et Cordillères mexicaines , sont celles de la pomme de terre, du ïropocolum esculentum '. * Celte nouvelle espèce de capucine , voisine du Tropaeoluni peregrinum , est cultivée, clans les pro- vinces de Popayan et de Paslo , sur dos plateaux de 3ooo mètres de hauteur absolue. Elle sera décrite dans un ouvrage que nous publierons, M. Bonpland et moi , sous le titre de .Noi>a gênera et specles plantarum cL'quinocliaUum, : ï -f f Cn\?ITl\F. 1\. lo» 3 et du Clienopodiiini qiiino.» , dont la ;;^raiiip est un aliment aussi agrr;il>l(! ([«m^ sain. Dans la Nouvelle - Kspagnc , la première» de ees cultures est d'autant plus importante et d'au- tant plus étendue , qu'elle ne doinamle pas un sol très-liumide. Les JMexieai'iS, comme les Péruviens , sa>ent conserver les pommes de terre pendant des années entières , en les exposant à la gelée, et en les séchant au soleil. La racine durcie et piivée de son eau, s'appelle cJiuiiii , d'après un mot de la langue quieliiia.il seroitsans doute Irès-ntde d'imiter cette préparation en Europe, où un commen- cement de germination Lit perdre souvent les provisions d'hi>er. Mais il seroit plus important encore de se procurer la graine des pommes de terre cultivées à (^)uiîo et sur le plateau de Santa-Fe. J'en ai vu d'une forme spliérique, de plus de trois décimètres ( douze ù treize pouces ) de diamètre , et d'un goût beaucoup meilleur que celles de notre continent. On sait que certaines plantes herbacées qu'on a pendant long-temps mid- tipliées de racines, finissent par dégénérer, surtout lorsqu'on a la mauvaise habitude d« couper ces racines en plusieurs pièces. L'ex- II '. vM /fil; I I2/|. LIVRE IV, pt rience a prouvé, clans quelques parties de rAIlcnia«,nie, que, de toutes les pommes de terre, celles venues de graines sont les plus savoureuses. On parviendra à améliorer Tes- pcce , en faisant recueillir la graiue dans son pajs natal, et en choisissant, sur la Cordillère des Andes même, les variétés les plus recom- mandables par le volume et la saveur de leurs racines. Nous possédons depuis long- temps en Europe une patate que les agro- nomes connoissent sous le nom de patate rouge deBedrordsliire, et dont les tubercules pèsent aîi delà d'un kilogranmie ; mais cette varié le (^ con^lonicratedpotatoc) est d'un goût fade , et ne sert presque qu'à la nourriîure des bestiaux; tandis que \ixpapa de Bogota ^ qui L^rilicnt moins d'eau, est très-farineuse, légèrement sucrée, et d'une saveur infiniment agréable. Parmi le grand nombre de productions utiles que les migrations des peuples et les navigations lointaines nous ont fait connoître, aucune plante, depuis la décou^erte des cé- réales, c'est-à-diie , depuis un temps immé- morial, n'a eu une influence aussi marquante sur le bieu-ètre des haniuies , que la pomme 'iî CHAPITRE IX. 1:2:1 de leiTC. Cette culliire, (raprès les eaKuiU de Sir Jolin SiiicLûr , pcul nourrir neuf in- dividus par acre de 5jGS mètres carrés, lîllle est devcuue couiniune dans la Nouvelle-Zé- lande ', au Japon, à l'ile de Java, dans le Boulan et au Bengale, où, selon le témoi- gnage de M. Bockford , les patates sont regardées connue plus utiles que l'arbre à pain introduit à Madras. Leur culture s'étend depuis l'eivlrémilé de l'AIrique jusqu'au La- brador y en Islande et en Laponie. C'est un spectacle bien intéressant que de voir une plante descendue des montagnes placées sous l'équaleur, s'avancer vers le pùle , et résister plus que les graminées céréales, à tous les frimas du nord! Nous venons d'examiner successivement les productions végétales qui sont la base de la nourriture du peuple mexicain , la banane , le manioc y le maïs et les céréales. Nous avons taché de répandre quelqu(^ intérêt sur cet objet, en comparant l'agricr-lture des région^ équinoxiales avec celle des climats tempères de l'Europe , et en liant l'histoire de la mi- ■ o I •■ 4 1 •« * JohnSavagsaccountof Ntii^v ZeaLanJ, 1807, p. 18. Il l'id LIVRE IV , ^ration des vcgélaux aux évciicineiis qui ont fait rcHucr le yciirc humain d'une partie du ^lobe vers l'autre. Sans entrer dans des détails Lotani<]ues ([ui scroienl élian^ers an but priui'ipal de cet ouvrage , nous terminerons ce cliapitre en indiquant sucrinetement les autics plantes alimentaires qui se cultivent au Mexique. Un <»rand nond)re de ces plantes a été introduit depuis le seizième siècle. Les Iwhilans de l'Kurope occidentale ont déposé en Amé- rique ce qu'ils a voient reçu , dcj)uis deux mille ans , par leurs communications avec les Grecs cl les Romains , par l'iriuption des ]iorle tpie ïoca ( Oxalis tuberosa) , la hatdlr et ï/i^fi(t/no. La première de ces p" .- duclious ne vient ([ue tlans les pays Croitls et tempérés, sur la cime et la ])cnle des Cordillères; les deux autres apparliennent à la région chaude du Mexitpie. Les historiens espagnols qui ont décrit li découverte de FAniérinue , confondent ' les mots d'd.ic^s et de bâtâtes j quoique l'un désigne une plante du groupe des asperges, et l'autre un con- ^olvulus. * Gufnara j Lib. 111, c. yi. 1 ^1 # SB M U 128 LIVRE tV, JJigname ou Dioscorea alata y comme lo bananier , paroît propre à toute la région équinoxiale du globe. La relation du voyage d'Alojsio Cadamusto ' nous apprend que cette racine étoit connue des Arabes. Son nom américain peut même jeter quelque jour sur un fait très-important pour l'histoire des découvertes géographiques , et qui ne paroît pas avoir fixé jusqu'ici l'attention des savans. Cadamusto rapporte que le roi de Portugal avoit envoyé, en l'année i5oo, une flotte de douze vaisseaux autour du cap de Bonne- Espérance , à Galecut , sous les ordres de Pedro AHares. Cet amiral, après avoir vu les îles du cap Vert, découvrit une grande terre inconnue , qu*il prit pour un continent. Il j trouva des hommes nus, bruns, peints en rouge , a cheveux très-longs , s'arrachant la barbe , se perçant le menton , couchant dans des hamacs , et ignorant entièrement l'usage des métaux. A ces traits , on reconnoît facilement les indigènes de l'Amérique. Mais c£ qui rend surtout probable qu'Alia.^es a ^ Cadamufttl Nawiijatio ad terras incogmtas. ( Gry- tiœus Orh. nov., p. 47.) a CHAPITRE IX. 129 aborde, soit à lu cote de Paria, soit à celle de la Guajane, c'est qu'il dit j avoir trouvé cultivé UQC espèce de millet (du maïs) , et une racine dont on fait du pain , et qui porta le nom d'igname.. Vespucci , trois ans avant Aliares , avoit entendu prononcer ce méine mot par les habitans de la cote de Paria. Le nom haïtien du Dioscorea alata est axes ou ajes. C'est sous cette dénomination que QoXonih àécTÏiY igname y dans la relation de son premier voyage; c'est celle aussi qu'elle avoit du temps de Garcilasso , d'Acosta et d'Ovicdo ' , qui ont très-bien indiqué les caractères par lesquels les axes se distinguent des bâtâtes. Les premières racines du Dioscorea ont été transportées en Portugal, en 1596, de la petite île de Saint-ïhomas , qui est située près des cotes d'Afrique , presque sous lé- quateur \ Un vaisseau qui conduisoit des esclaves à Lisbonne, avoit embarqué ces ignames pour servir de nouriiture aux Nègres * C/u'istophori Columbi Navlgatio , c. 89. Comeri' tarios P^eaU's , T. I, p. 278. Historla natural de Jndias , p. 242. Oviedo , Lib. III, c. 7. ^ Clusil rarioiitm plantarum hist. , Lib. IV, p. 77, lii. i'ti iir. 9 i3o LTVRK IV pendant la traversée. Par des circonstances senihlaLlcs , plusieurs plantes alimenlaires de la Guinée ont été introduites aux Indes occi- dentales : on les a propa^^jées avec soin pour fournir aux esclaves la nourriture a laquelle ils sont accoutumés dans leur pavs natal. On observe que la mélancolie de ces êtres infortiniés diminue sensiblement, lorsque, débarqués dans une terre nur.vcllc , ils re- connoissent les plantes qui ont entouré leur berceau. Dans les ré«^ions cliaudc^ c\ colonies espagnoles , les babitans distinguent Vajre des Tidmas de Guinea. Ces derniers sont venus des cotes d'Afi'i([ue aux îles Antilles , et le nom à' igname y a j^révab; peu à peu sur celui d'ri;re. Ces deux plantes ne sont peut-être que des variétés du Dioscorea alata, quoique Brown ait cbe cbé à les élever au rang d'espèces , oubliant que .la l'ornK- Jr s feuilles des ityiianies change sinyulicn ; fiiï par la culture. Nous n'avons nulle part trouvi la plante que Linné appelle D. sativa ' ; elle * Thunborg assure cepeiulant l'avoir vue cultivée au Japon. Il existe uue giaiicle coufusiuu dans le gcnr« la ta, au Jns Li V é elle îe au CHAPITRE IX. i3 n'existe pas non plus dans les îles de la nier du Sud, où la racine du D. alata, mêlée au blanc de la noix de cocos et à la pulpe de la banane , est le mets favori du peuple taïtieii. La racine de l'igname acquiert un volume énorme, lorsqu'elle se trouve dans un terrain fertile. Dans les vallées d'Aragua > dans la province de Caracas , on en a vu qui pesoient de 25 à oo kilogrammes. Les bâtâtes sont désignées au Pérou sous le nom à'apichu , iui Mexique sous celui de cnmotcs y nom qui est une corruption du mot aztèque cacamotic ' : on en cultive plusieurs variétés à racines blanches et jaunes; celles de Queretaro , qui croissent dans un climat analogue à celui de l'Andalousie , sont les plus recherchées. Je doute fort que les bâtâtes .aient jamais été trouvées sauvages par les Dîoscorea , et il seroit à désir ' qu'on en fit une mono- graphie. Nous avons rapporté un grand nombre de nouvelles espèces , qui se trouvent en partie décrites dans le Species plaritaruTti publié par M. WîUdenow, T. IV, P. I., p. 794-796. ' * Le Cacamotic - tlanoquiloni ou Caxtlatlapan , figuré ^ans Ilernandez , c. 54, paroît être le Convol- vulus jalapa. > .. ,,• ^mx^, 9* 4 '^rt . u I m i f ; ■ . ÎS'iJ ,i3: LIVRE ÏV navigateurs espagnols, quoique Clusius Tait avancé. J'ai vu cullivé dans les colonies, outre le Coiwolvuhis hatatas y le C. platanifolius de Valil , el j'incline à croire que ces deux plantes, XUniuva de Tahiti (C clu'ysorrhizus de Solander ' ) et le C. ediilis de Thunberg , que les Portugais ont introduit au Japon , sont des variétés devenues constantes , et descendent d'une même espèce. Il seroit d'autant plus intéressant de savoir si les bâ- tâtes cultivées au Pérou , et celles que Cook a trouvées dans l'île de Pâques , sont les mêmes, que la position de cette terre et les monumens qui y ont été découverts, ont fait soupçonner à plusieurs savans qu'il apu exister d'anciens rapports entre les Péruviens et les habitans de l'île découverte par Roggeween. Gomara raconte que Colomb, après son retour en Espagne , lorsqu'il parut la pre- mière fois devant la reiri^ Isabelle, lui offrit des {j^rains de maïs , des racines d'ignames et des bâtâtes : aussi la culture de ces dernières étoit-elle déjà commune dans la partie mé- ridionale de l'Espagne , vers le milieu du * Forutar j Plantœ eseuîentœ , p. 5a. '! • ! CHAPITRE IX. 33 ba- seizièine siècle ; en i%)i , on en vcndilnicine au niiircbc à Londres '. On croit conniiu- nénient que le célèbre Drake ou Sir John Hawkinsles ont Tait connoîlre en Angleterre , où on leur attribua pendant lon«^-tcm])s les propriétés mystérieuses pour lescpielles les Grecs reconimaudoientles or^nons de Méofare. La culture des halulcs réussit très-bien dans le midi de la France. Elle a])esoin de moins de chaleur que l'igname , qui d'ailleurs, à cause de l'énorme masse de matière nourrissante que fournissent ses racines , seroit de beau- coup préférable à la pomme de terre , si elle pou voit être cultivée avec succès dans les pays dont la température moyenne est au-dessous de dix-huit deicréscenli^rades. Il faut encore compter parmi les plantes utiles propres au Mexique, le Cacoiuite ou YOccloxocJiîll y espèce de Tigridia, dont la racine donuoit une faiine nourrissante aux habilans de la vallée tle Mexico; les nom- breuses variétés de ponmies d'amour ou Tofitdll ( Solanum lycopersicum) , que l'on semoit jadis entremêlées au mais ; la pistache ici * ciusiu^ , m, c 5i. i[^ l34 LIVRE IV 5 . de Icrrc, ou mani ' ( Aracliis hvpogca ), dont le fmit se eaclie dans la terre, et qui paroît avoir exisié en AlViqnc el en Asie , surtout en Coehineîiine % long-temps avant la dé- couverte de TAniérique ; enfin les différentes espèces de piment ( Capsieuni baecatum ^ C. annuum , et C. frulescens ) , que les Mexicains appellent chiUl j et les Péruviens itchii , et dont le finit est aussi indispensa- blement nécessaire aux indigènes , que le sel l'est aux blancs. Les Espagnols nomment le piment clu'lc ou a:ri ( ahi ). Le premier mot déri>e de (junnh-cJiilli , le second est im mot haïlicn qu'il ne faut pas confondre avec luvo , qui , comme nous l'avons observe plus haut, désigne le Dioscorea alata. .le ne me souviens pas d'avoir vu cultiver , dans aucune parlic des coloiiies espagnoles, les topincnihours ( ffelianllîus luberosus ) , qui . d'après j\[. Correa , ne se trouvent pas même au Brésil, quoique dans tous nos ou- * Lo mol tle INlani, comme la plupart tle ceux que les colons espagnols tlonneut aux plantes cultivées , csl lire tîc la langue (Vllaïll, qui csl aujounrhut une langue morte. Au Pérou, l'Arachis s'appela inchic. ' Lvuniro , lïora Coc/ùnc/iitiehsiti ^ p. 522. <;iiAPiTr.r i\. iJ!> 1 vraiTCs t le l)t)ti uiiriiie on les i\ isc oriiiinniies (lu pays (les lîiésilieiis Topiiuinihas. Le cJti- nKildll ou soleil à «îraiides llems ( lii^'liantlius ) niniius ) , est venu ( lu i E spî I eroii a lis (1: la N ouvc Ue- >li igne : on le seinoit )ailis dans jiiusieurs parties de l' Aniéricjiie espagnole , non-seu- Icnicnl j.'onr lirei* de 1 linile de ses «graines, mais ponr les rolir et en laire un nain Ires- r nourrissant. l'ail 1 ,e /•/ z (O rvza saliva ) éloit P nieonnu aux peuj ►les d u nouveau continent eonnne, aux: hahitans des îles de la mer du Sud. Chaque fois que les premiers historiens se servent de l'expression petit riz du Pérou ( arroz pc^ queno^) , ils veulent désigner le Chcnopodiiim (ji/ifioa ^ que j'ai trouvé très-conunun au Pérou et dans la belle vallée de J3ogota. La culture du riz, que les Arabes ont introduite en Eu- rope ', et les Espa«^*nols en Amérique , est de peu d'imporlanee dans la Nouvelle-Espagne. La grande sécheresse qui règne dans l'inté- rieur du pays, paioîl s'opposer à ce genre de * I^es Groos roiinoissoiciit le riz sans le cultiver. Arislobule (.lie/ Slrahun, IJ1).XV, pag. Ca^auh. lOii. — T'i.ophr., Lib. IV, c. 5. — Vioscur. , Lib. IJ, c. ii6, p. Sarac. i'Jlj, l i II l> l36 LIVRE IV, culture. On n'est pas d'accord à Mexico , sur l'utililé que Ton ])ourroit tirer de l'intro- duction du riz (le inoîitdgne y qui est commun en Chine et au Japon , et que connoissenttous les Espa«»'nols qui ont habité les îles Philip- pines. Il est certain que ce rh de montagne y tant vanté dans ces derniers temps, ne vient que sur la pente des collines qui sont arrosées ou par des torrens naturels , ou par des canaux d'irrigation ' creusés à de grandes hauteurs. Sur les côtes du Mexique, surtout au sud-est de Vera-Cruz , dans les terrains fertiles et marécageux situés entre les em- bouchures des rivières d'Alvarado et de Goasacualco, la culture du riz commun pourra un jour devenir aussi importante quelle l'est depuis long-temps pour la province de Guaja- quil, pour la Louisiane et la partie méridio- nale des Etats-Unis. Il seroit d'autant plus à désirer qu'on * Crescit Oryza Japonica in collibus et raontibus, artifuio singulari. Thunherg , Flora Japon, j-^. \k'j, M. Titzing , qui a vécu long- temps au Japon , et qui prépare une description intéressante de «son voyage, assure ausvi que le riz de montagne est arrosé , mais qu'il e*igc moins d'eau que le ri/ des plaines. on CHAPITRE IX. 1.37 s'adonnât avec ardeur à celle Jiranche d'agri- culture , que de graudcs sécheresses et des gelées précoces font souvent niancjuer les récoltes du !)lé et du mais dans la rémon niontueuse, et que le peuple mexicain soufTrc périodiquement des suites funestes d'une famine générale. Le riz contient beaucoup de substance alimentaire dans un très-petit volume. Au Bengale , où l'on en achetle quarante kilogrammes pour trois francs , la consommation d'une famille de cinq individus consiste journellement en quatre kilogrammes de riz, deux de pois, et deux onces de sel '. La frugalité de l'indigène aztèque est presque aussi grande que celle de l'Hindou ; et l'on évileroit les disettes fréquentes au Mexique , en multipliant les objets de culture , et en dirigeant l'industrie sur des productions vé- gétales plus faciles à conserver et à transporter que le maïs et les racines farineuses. En outre , et je l'avarice sans toucher au fameux problème de la population de la Chine , il ne paroît pas douleu\ qu'un terrain cultivé ii I ^ Bochford' s Indiau Récréations. Calcutta^ 1807, p. 18, rv; i38 LIVRE IV Vi ^ I' i:l ? ■ i- i I i I i en riz nourrit un plus j^iand nombre de familles que Ja même étendue cultivée en froment. A la Louisiane, dans le bassin du Mississipi ', on compte qu'un arpent de terre produit comnuniément, en riz 18 barils , en Jroment et en ai>oine 8, en iiKtis 20, et en pommes de terre 26. En Virginie, on compte, d'après M. Blodget, qu'un arpent (acre') rend 20 à 00 hiishels de riz, tandis que le froment n'en donne que iJ à 16. Je n'ignore pas qu'en Europe les rizières sont regardées comme très-nuisibles à la santé des habitans; mais une longue expérience faite dans l'Asie orientale seudjle prouver que leur effet n'est pas le même sous tous les climats. Quoiqu'il en soit, on ne doit pas craindre que l'irri- gation des rizières n'ajoute à l'insalubrité d'un pays qui est déjà rempli de marécages et de palétuviers ( Rliizophora mangle ) , -et qui forme un véritable Delta enlre^ les ri- vières d'Alvarado, de San Juan et de Goa- sacualco. * Note manuscrite sur ht valeur ch.'s terres dans la ./yo///.s/n!Wé', qui m'a été coramuniquée par le gém'a'al NVilckinsoii, CHAPITRE IX. l39 Les 3Iexicains possèdent anjourd'hui toiilcs \qs plantes polai^èrcs cl tons los nrhrcsjniiticrs de l'Enropc. Il n'est pas facile d'indiquer lesquelles de ces piennÏMcs c\isloient au nouveau continent avant l'arrivée des Espa- gnols. Cette jiiènjc incerlitude rèf^nc panni les botanistes, sur les espèces de navets, do salades et de choux qui étoient cullivcs par les Grecs et les Romains. Nous savons avec certitude que les Américains connoissoient de tout temps les o;^nons ( en mexicain , ciconacaif) , les haricots (en mexicain, ajacot/i, en péruNien ou en langue (pûcliua, /^///'«///), les calebasses (en péruvien, capallu)^ et quelques variétés de pois ihichcs ( Ciccr , Linn.). Corlez , en parlant des comestibles qui se vendoient journellement au mai clié de Fancien Ténochtillan, dit expressément qu'on y trouvoit toute espèce de légume, particu- , :».: ^ Lorenzana , p. io3. Carcilas.so , p. 278 et 33G. Acostt, p. 245. Les ognons cloienl inconnus an Pérou, et les chochos i Ja , sont laiias Jroii, fruits se trouve presque dans tout le pays, depuis Guaîiuiala jusrpi'à la ÎNouvelle-Cali- foriiie. En étudiant l'histoire de lu conquête , on admire l'aelivité extraordinaire avee la- quelle les Espai]fnols du seizième siècle ont répandu la culture des végétaux européens sur le dos des Cordillères, d'une extrémité du continent à l'autre. Les ecclésiastiques, et surtout les religieux missionnaires, ont con- tribué à ces progrès rapides de l'industrie. Les jardins des couvens et des curés ont été autant de pépinières d'où sont sortis les vé- gétaux utiles récemment -acclimatés. Les con- quistadores mêmes, que l'on ne doit pas regarder tous comme des guerriers barbares, s'adonnoient , dans leur vieillesse, à la Aie des champs. Ces hommes simples , entourés d'In- diens dont ils ignoroient la langue, cultivoient de préférence , comme pour se consoler de leur isolement, les plantes qui leur rappeloient le sol de l'Estrimadurc et des Caslilles. L'époque à laquelle un fruit d'S'lurope mû- rissoit pour la première fois, éloit signalée par une fête de famille. On ne sai-roit lire sans intérêt ce que l'Inca Gai cilasso rapporte sur la manière de vivre de ces premiers colons. iV'i LIVRF IV Jl raconic, Jivec une naïvolé loiiclianle, ooiii- meiil son père, le valciacux yi mires de la }'('i>;iij rrimissoil lous ses vieux (•um])a<;n()iis cl'aiiiics pou r])a Plaider avec; eux trois aspei'i^es, les premières «pii lussenl venues sur le plateau du Couzeo. Avant l'aiiivée des Espa^j^-nols , le Mexique cl les Cordillères de l'Aïuériquc niéritliouah^ produisoient plusieurs IVuils (pii ont une grande analo|L;ie ave(! eeux «les (*linia(s leni- pérés de Taneien (H)uliuent. La pliysionoinie des végétaux olPre des liaits de ressenihlanee, partout où la tenr|jératine et l'huniidité sont lesniènies. La partie niontueuse de rAniéri(]ue é(|uino\iale a des ecrisieis ( l*adus eapjili), des nojers , des ponnniers, des mûriers, i'opres, et Pont-iHrc les preiniors l^spa^n()ls])rcnoiont-ils \v finit lus utiles de ees eonirées, rarl)ie à pain , le lin de la Nouvelle-Zéel ande ( Phoriniuni tenax) et la eanno à sueie d'Otaliiti, sont restés incon- nus aux liahitans du IMexique. (]cs végétaux, après avoir presque fait le tour du ^lobe, leur arriveront jhmi à peu des îles Antilles. Déposés par le ca])itaine Bli«;li à la .laniaï(pic, ils se sont propai;és i;ipidenieiit à l'île de Cuba, à la Trinil et sut- la cote de (Jaraeas. 1/arl )i'e a nain fArl< oeai'ous nieisa 1 ), d ont j'ai vu d(.\s plantations considérables dans l;i C uavani* esnaiinole , veiicleroit avec vii»'ueur »P r> sur les cotes luinûdes et (^bandes de Tabasco, de Tuslla et de San JUas. Il est peu probable cependant que eetle cultures puisse; jamais faire abandonner aux naturel vclle des ba- naniers , tpii, sur la même étendue de terrain '•! 111. 10 "mT" |i' : 1 , Ir'' ■fi :^ ,,' 1 i Kl H 1 ii: ; f ; i 4 i4(^ LIVRE IV fournissent J)Ilis de siibsJance noiiriLssanlc. Il esl V rai que l'Ai tocarpus^ pendant huit mois de rannée, est conîinuclienieut chargé de li'uits, et que trois ai b* es suffisent pour nour- rir un individu adulte ' : mais aussi un arpent ou un demi-hectare de le nain ne peul contenir que oC à 4.0 arbres à pain ' ; car ils sont moi'.? charges de fruits lorsqu'on les phuilc trop près les uns des autres , et que leurs racines se rencontrent. L'extrciie lenteur a\ec laquelle se fait le trajet des iles Philippines et Mariaiics à Acapulco, la nécessité dans laquelle se trou- vent les galions de Manille de s'élever à de grandes latitudes pour, prcndie les vents nord-ouest, rendent très-difficile l'introduc- tion des végétaux de l'Asie orientale : aussi ne trou\e-ï-' .:, sur les cotes occidentales ^lu Mexique, aucune planîe de la Cline ou des îles Philippines, si ce n'est le Triplutsia nii- raniiola { Liinoniu irij'olinla ), arbiisseau élégant dont on confit les fruits, et qui, d'après * Geor^ Forster vom Brodhanme , fft'*, S. 23. * Comparez ce qui a été dit pins l)aiil tlu ]>roduit des bananes, du tVonient et des pommes de Itire, p. 28 et 3'5. m I i «j CHAPITRE IX. 47 Lourciro , est idonliqiic avec le Gitrus trit'o- liala , ou Karatats-batiiia de Karnpfer. Quant aux orangers et aux citronniers^ cjui dans l'Europe australe suppoi tent, sans en souffrir, un TrOâd de cinq à six degrés au-dessous dezéro, on les cullive aujourd'hui dans toute la Nou- ^elle-Espagne, même sur le plateau central. On a sou\ent agité la question si ces arbres ont existé dans les colonies espagnoles avant la déeouverle de l'Amérique , ou si les Eu- ropéens les ont portés des îles Canaries , de l'île S.-Tliomas ou des côtes d'Ai'rique. Il est certain qu'un oranger à fruit petit et amer, et un citronnier très-épineux, donnant un fruit vert, rond, à écorce singulièrement huileuse , et qui a souvent à peine la grandeur d'une grosse noix, est sauvage dans l'île de Cuba etsur les cotes de la Terre-Ferme. Mais malgré toutes mes recherches, je n'en ai jamais trouvé un seul pied dans l'intérieur des forêts de la Guayane , entre l'Orénoqiie , le Cassiquiare et les frontières du Brésil. Peut-rHre le citronnier à petit fruit vert {Limoncîto verde) étoit-il anciennement cultivé par les naturels, et peut-être n'est -il devenu sauvage que là où la population, et par conséquent l'étendue 10* m m if'' ■:! 1 l48 LIVRE IV, des terrains cultivés, étoient le plus consi- dérables. J'incline à croire que seulement le citronnier à grand fruit jaune {Limon sittil) et l'oranger à fruit doux , ont été introduits par les Portugais et les Espagnols '. Sur les rives de l'Orénoque , nous n'en avons vu que là où les jésuites avoient établi leurs niissions. L'oranger, lors de la découverte de l'Amé- rique, n'existoit même en Europe que depuis peu de siècles. S'il y avoit eu d'anciennes communications entre le nouveau continent et les îles de la mer du Sud , le véritable Citrus aurantium auroit pu arriver au Pérou ou au Mexique par la voie de l'ouest; car cet arbre a été trouvé par M. Forster aux îles Hébrides, où Quiros i'avoit vu long- temps avant lui '. i^fl > Oificdo, Lib. VIII, c. i. ^ Plantée esc Uentœ IriHularuin mistraliiim , p. 35. L'oranger coir iiiun des îles du Grand Océan est le Citrus decumana. Le manguier ( Garcbtia mangos- tana) , dont les innombrahlc^s "variétés sont cultivées avec tant de soin aux Grandes Indes et dans l'arcbipel des mers d'Asie , est très-répandu depuis dix ans dans les lies Antilles. Il n'es^istoit pas encore de mon temps au Mexique. CHAPlTBt IX. l49 La grande analogie qu'offre le climat du plateau de la Nouvelle-Espagne avec celui de l'Italie , de la Grèce et de la France méri- dionale, devroit inviter les Mexicains à la culture de l'olivier. Cette culture a été tentée avec succès dès le commencement de la con- quéte;mais le gouvernement, parune politique injuste, loin de la favoriser, a cherché plutôt à rempêcher indirectement. Il n'existe pas , à ce que je sache, de prohilntion formelle, mais les colons n'ont pas hasardé de s'adonner à une branche de l'industrie nationale qui auroil; bientôt excité la jalousie de la métropole. La cour de Madrid a toujours vu d'un mauvais oeil la culture de l'olivier, du mûrier, du chanvre, du lin et de la vigne dans le nouveau continent. Si au Gliiïi et au Pérou elle a toléré le commerce des vins et des huiles indi^:ènes, ce n'est que parce que ces colonies , situées au delà du cap de Horn, sont souvent mal ap- provisionnées par l'Europe, et qu'on craint l'effet de mesures vexatoires dans des pro- vinces aussi éloignées. Le système de prohi- bition le plus odieux a été suivi avec ténacité dans toi.tes les colonies dont les cotes sont baignées par l'Océan Atlantique. Le vice-roi. ;,!l ' Il i H l5o LIVRE IV 5 pendant mon séjour à Mexico , reçut l'ordre de la cour de faire arracher les vignes (arancar las cepas) dans les provinces septentrionales du Mexique, parce que le commerce de Cadix se plaignoit d'une diminution dans la consom- mation des vins d'Espagne. Heureusement cet ordre , comme beaucoup d'autres donnés par les ministres, ne fut point exécuté. Qn sentit que, malgré l'extrt^me patience du peuple mexicain , il pouvoit être dangereux de le réduire au désespoir, en dé stant ses pro- priétés, et en le forçant d'acLcter aux mo- nopolisles de l'Europe ce que la nature bienfaisante produit sur le sol mexicain. L'olivier est très-rare dans toute la Nouvelle- Espagne; il n'en f : iste qu'une seule plantation, mais très-bell , celle de Farchevêque de Mexico, siluée \ deux lieues au sud-est de la capitale. Cet oll\?ar ciel arzohispo produit annuellement 200 arrobes ( à peu près 2000 kilogrammes) d'huile d'une très-bonne qualité. T^ous avons déjà parlé plus haut (T. Il, p. 441 ) de l'olivier cultivé par les mission- naires dans la Nouvelle-Californie , surtout près du village de San Diego. Le Mexicain , occupé librement de la cullure de son sol, CHAPITRE IX. K^I pourra se passer, avec le temps, del'liuile, (lu vin, du chanvre et dn lin d'Iùirope. L'olivier d'Andalousie, introduit par Corlez, souflVe (juchpiclois du IVoid sur le plateau central ; caries gelées, sans être forles , y sont fré- quentes et très-prcîionf^'ées. Il seroit utile de planter au Mexiqu? l'olivier de Corse, qui, plus qu'aucun autre, résiste à l intempérie du climat. En terminant la liste des plantes alimen- taires, nous jetterons un coup -d'œil rapide sur les végétaux qui rournisseiit des boissons au peuple mexicain. Nous verrons que, sous ce rapport, l'histoire de l'agriculture aztèque offre un trait d'autant plus curieux qu'on ne trouve rien d'analogue chez un j^^rand nombre de nations beaucoup plus avar^cées dans la civilisation que les anciens habitans d'Ana- huac. A peine existe-t-il une tribu de sauvages sur le globe , qui ne sache préparer quelque boisson tirée du rëj^ne vé^^étal. Les hordes misérables qui errent dans les forets de la Guayane, font, avec dilFérens fruits de pal- miers , des ém..lsions aussi agréables que l'orgeat que l'on prépare eu Europe. Les n, .1 l !■ I' - 'j i Vh I ! »'li n 1S2 LIVRE IV, habitans de Fîle de Paqiics , relégués sur un amas de rochers arides et sans sources , boivent, outre l'eau de mer, le jus exprimé de la canne à sucre. La plupart des peuples -civilisés tirent leurs boissons des mômes plantes qui l'ont la base de leur nourriture , et dont les racines ou les semences contien- nent le principe sucré uni à la substance am\lacée. Dans l'Asie australe et orientale, c'est le riz; en xifrique, c'est la racine des ignames et de quelques arums; dans le nord de l'Europe , ce sont les céréales , qui four- nissent des liqueurs fcrmentées. Il existe peu 5 pic d'nn peuple qui ne reliroit pas seulement des boissonsde la subslaiice (Mil ylacce et sucrée' du maïs, du manioc et des hannnes , ou de la pulpe de quelques espèces de mimosa, mais qui cultivoit tout exprès une plante de la famille des Ananas, pour en convertir le suc en une liqueur spiritueuse. Sur le plateau intérieur, dans l'intendance de la Puchla et dans celle de Mexico^ on parcourt de grandes étendues de pays où l'œil ne repose que sur des champs plantés en pite ou magney. Cette plante, à feuilles coriaces et épineuses, qui, avec le Cactus opuntia , est devenue sauvage depuis le seizième siècle , dans toute l'Europe australe, aux îles Canaries et sur les cotes d'Afrique, donne un caractère particulier au paysage mexicain. Quel constrasie de formes végé- tales que celui qu'offre un champ de blé , une plantation d'agave , ou un groupe de bananiers dont les feuilles lustrées sont cons- tamment d'un vert tendre et délicat! Sous toutes les zones, riiommc, en multipliant certaines productions \égélalcs, modide à son gré l'aspect du pays soumis à la culture! * Voyez ci-dessus, p. Gi. p : 1S4 LIVRE IV, Il existe, dans les colonies espagnoles, pinsienrs espèces e anwricana y devenu si commun dans nos jardins, à fleurs jaunes, fasciculées et droites , à étamines deux fois plus longues que les découpures de la corolle. Il ne faut pas confondre ce metl iwecVJ gave cubeîisis ' de Jacquin ( floribus ex albo viren- tibus , longe paniculatis , pendulis, slaminibus coroUa duplo brevioribus ) , que M. Laui.irok a appelé A. mexicana, et que quelques bota- nistes, j'ignore pourquoi , ont cru être l'objet principal de la culture des Mexicains. Les plantations du maguey de pnlciue s'étendent aussi loin que la langue aztèque. * Dans les pro\inccs do Caracas et de Cumana, l'Agave cubensis ( A. otlorala P» rsoon ) s'appelle Maguey de Cocuy. J'en ai vu des lianipi s cliargrrs de fleurs, de 12 a i4 mètres de hauleur, A Caracas, VjdjTava amerii'una est nommé Maguey du Cocuiza. CTIAPlTT^n IX. 1 5.) Les peuples do nice oloinile, IdIo' upie et inislèipie ne sont pas adonnes à l'or///, Q trois fois par jour. On peut :^;^; CHAPITRE TX. 1^7 juger du mouvemenl plus ou moins lent de la sève, ].;:r la quantité de miel que l'on tire du magiicj à différentes époques du jour. Com- munément un pied donne, en vingt-quatre heures, quatre décimètres cubes ou 200 pou ces cubes , qui égalent huit quartillos. De cette quantité totale, on obtient trois quartillos au lever du soleil , deux à midi, et encore trois à si.\ heures du soir. Une plante très-vigoureuse fournit quelquefois jusqu'à i5 quartillos, ou 075 pouces cubes par jour, pendant quatre à ^^ cinq mois, ce qui fait le volume énorme de plus de 1100 décimètres cubes. Celte abon- dance de suc , produite par im niui^ueY qui a à peine un mètre et demi de haut, est d'au- Idiit plus étonnante, que les phmtatious d'agave se trouvent dans les terrains les plus arides _, souvent sur des bancs de rochers à peine couverts de terre végétale. La valeur d'un pied de moguej qui est près de sa floraison , est, àPachuca, de 5 piastres, ou de 25 francs. Dans un terrain ingrat , l'Indien ne compte que i5o bouteilles par magiiey , et 10 à i?< sous la valeur du puhiuc l'ourni dans un jour. Le produit est inégal comme celui de la vigne, qui est tantôt plus, tantôt moins ;*i; : \% i »! ■;■! ■J ' il ! i58 LIVRE IV h. )■ m i t chargée de grappes. J'ai cité plus haut, au sixième chapitre , l'excinple d'une Indienne tie Ghoiula, qui laissoit à ses enfans des plan- tations de maguey cpie l'on estimoit à soixante- dix ou quatre-vingt mille piastres. La culture de l'a^-ave a des avantag-es réel» sur la culture du mais, du blé et des pommes de terre. Cette plante, à feuilles roides et charnues, ne craint ni la sécheresse, ni la grêle, ni l'excès du IVoid qui règne en hiver sur les hautes Cordillères du Mexique. La tige périt après la Jîoraison. Si on lui a ôté le faisceau des feuilles centrales, elle sèche après que le suc que la nature paroissoit avoir des- tiné à l'accroissement de la hampe est entiè- lement épuisé. Une infinité de drageons naissent alors de la racine du pied qui vient de périr; car il n'y a pas de plante qui se multiplie plus racilement. Un arpent de terrain renferme douze a treize cents pieds de mûgiwr. Si le champ est d'ancienne culture, on peut estimer qu'annuellement un douzième ou un quatorzième de ces plantes donne du 7?ncL Un propriétaire qui plante 5o à 4o,ooo //ki- ^Kc) y est sur de fonder la richesse de ses ^urans; mais il faut delà paîience et du cou- m ici. Cl ti- cs CHAPITRE IX. 1% rage pour s'adonner à une culture qui ne commence à devenir lucrative que dans l'espace de quinze ans. Dans un bon terrain , l'agave entre en floraison après cinq ans; dans un terrain très-maigre, on ne peut s'attendre à la recolle qu'au bout de dix-huit ans. Quoi- que la rapidité de la végétation soit du plus grand intérêt pour les cultivateurs mexicains, ils ne tentent cependant pas d'accélérer ar- tiQciellement le développement de la hampe en mutilant les racines, ou en les arrosant avec de l'eau chaude. On a reconnu que par ces moyens , qui aflbiblissent la plante , on diminue sensiblement l'alïluence du suc vers le centre. Un pied de magiiej est perdu, si, trompé par de fausses apparences , l'Indien fait la plaie long-temps avant que les fleurs se seroient développées naturellement. Le ffilcl ou suc de l'agave est d'un aigre- doux assez agréable. Il fermente facilement, à cause du sucre et du mucilage qu'il contient. Pour accélérer cette lérmentalion , on y ajoute cependant un peu de pulijiw vieux et acide: l'opération se termine dans l'espace de trois ou quatre jours. La boisson vineuse , qui ressemble au cidre, a une odeur de viande :i ' ii:' Vf i ;m\ Ul Il .';; < 1 1 ., 'i: . :: iGo LIVRE IV, pourrie, excessivement désagréable. Les Eu- ropéens qui sont parvenus à vaincre le dégoût qu'inspire cette odeur fclide^ préfèrent le ptilqiw à toute autre boisson : ils le regardent comme stomachique, fortiQanl, et surtout comme très-nourrissant. On le recommande aux personnes trop maigres. J'ai vu des blancs qui, comme les Indiens mexicains, s'abstenoient totalement de l'eau , de la bière et du vin, pour ne boire d'autre liquide que le suc de l'agave. Les connoisseurs parlent avec enthousiasme du puhiuc qu'on j)répare au villajre d'Hocolillan , situé au nord de la ville de Toluca , au pied d'une montagne presque aussi élevée que le Nevada de ce nom. Ils assurent que l'excellente qualité de ce fHilqiia ne dépend pas seulement de l'art avec lequel la l)oisson est préparée , mais aussi d'un goût du terroir que prend le suc , selon les champs dans lesquels la plante est cultivée. II y a près d'IIocolitlan des planta- tions de maguey ( haciendas de puhfue ) qui rapportent annuellement pkis de 4<),ooo livres de rente. Les hid)itans du pays sont très- partages dans leurs opinions sur la véritable cause de l'odeur fétide que répand le pidque. CHAPITRE IX. l6l On assure ^^cnéraleincnt que celle odeur, qui est analogue à celle des nmlières animales, est due aux outres dans lesquelles on renferme le suc Irais de l'agave : mais[)lusieurs personnes instruiles prétendent que le pulque prcj)aré dans des pois a la inemeodeui", et que si on ne la trouve pas dans celui de Toluca, c'est que le grand froid du ])laleau y modifie la inarclie de la l'ernientalion. Je n'ai eu con- noissance de celle derni(;rc opinion qu'à l'époque de mon d('j)art de Mexico; de sorte que je dois legreller de n'avoir pu éclaircir, par des expériences directes, ce point curieux de la (^liniie végétale. Peut-étie cette odeur provient-(,'lle de la décomposilion d'une ma- tière T'égélo-animale , analogue au glulen , conlenue dans le suc de l'agave. La cullure du maguey est un objet si im- portant pour le fisc , (fueles droits d'entrée payés d;msles trois villes de Mexico /J\>luca et Puebla, montèrent , en ijç)'^ , à la sonnne de 817,70^) piastres. Les frais de j)erceplion cLoient alors de ;)G,6o8 piastres ; de sorte que le gouvernement tira du suc d'agave un profit net de 7(1,131 piastres, ou de plus de 5,800,000 francs. Le désir d'augmenter les m. Jii iM n ûi i • iGa LIVRE IV - -"si revenus delà couronne a fait, dans ces derniers temps , surcharger la l'abricalion du pulque d'unemanière aussi vexatoire qu'inconsidérée. Il est temps que l'on change de sjslènie à cet égard, sans cela , il est à présumer que cette culture , une des plus anciennes et des plus lucratives, déclinera insensiblement, mal'Te la prédilection décidée qu'a le peuple pour le suc fermente du maguej. On reùre du pulque, par distillation, une eau - de - vie très - enivrante , qu'on appelle mexical oti a^uardiente de nui^uey. On m'a assuré que la plante que l'on cultive pour en dis iller le suc, diffère essentiellement du maguej commun ou niagucj de pulque. Ella m'a paru plus petite , et à feuilles moins glauques : ne l'ayant pas vue en fleur , je ne puis juger de la différence des deux espèces. La canne à sucre présente aussi une variété particulière à tige violette, qui est venue des côtes d'Afrique ( Caha de Guniea)y et que , dans la province de Caracas , on préfère , pour la fabrication du rhum, à la canne à sucre d'Otahiti. Le gouvernement espagnol, et surtout la real hacienda , sévit depuis long-temps contre le mexical ^ qui est sévè- ,'V 'i '. CHAPITRE IX. l63 rement prohibé , parce que son usage nuit au commerce des eaux-de-vie d'Espagne. On fabrique cependant une énorme quantité de cette eau-de-vie de maguey dans les inten- dances de Valladolid , de Mexico et de Durango , si.rlout dans le nouveau royaume de Léon. On peut juger de la valeur de ce trafic illicite, en considérant la dii^proportioii qui règne entre la pup'jl.ilion dii Mexique et l'importation des eaux-de-v ie d'Europe , qui se fait annuellement par la Vera-Gruz. Toute celte importation ne s'élève qu'à 52,ooo barils. Dans quelques parties du royaume , par exemple dans les pro\nncias internas , et dans le district de Tuxpan , ap- partenant à l'intendance de Guadalaxara , on a commencé depuis quelque temps à per- mettre la vente publique du niexical , en chargeant cette liqueur d'un léger impôt. Cette mesure, qu'on devroit rendre générale, a été profitable au fisc , en même temps qu'elle a fait cesser les plaintes des habita us. Mais le maguey n'est pas seulement la vigne des peuples aztèques , il peut aussi remplacer le chanvre de TAsie et le roseau à papier (Cyperus papyrus) des Egyptiens. Le papier 11* i I i; 'I îf * ■ !J i « '. "j 164 LIVRE IV, sur lequel les aucieus Mcxicaius pcignoicnt leurs ligures hiéroglyphiques , étoit fail des fibres (les feuilles d'agave, niaeérées dans de l'eau, et collées par couches comme les libres du Cvperus de l'ICgyple et du Diùrier (Brous- souelia) des îles de la mer du Sud. J'ai rapporté plusieurs tVagmeus de manuscrits aztèques ' écrits sur du papier de inaguey, et d'une épaisseur si différente , %/*/^%/%^»^*'%^^%^%t^'*/X'^%/\r%/^^>^,*/^/%>%/%.-%.%/^^>%/^/^%/^'%^^/%/%>%/^/mr ï > Il : cnAPiraE x. Plantes qui fournissent les matières premières aux manufactures et au commerce. — Education des Itestimix. — Pêche. — Pro- duit de V agriculture , estimé d'après la valeur des dimes. \^uoTQUE ragricnllure mexicaine , comme celle de tous les pays qui siilDscnt cux- mènies aux besoins de leur population, soit dirigée principalement vers les plantes ali- mentaires, la Nouvelle-EspajT^ne n'en est pas moins riche en denrées appelées exclusive- ment ^^o/ow/Vr/e^ y c'est-à-dire en productions qui Iburnissenl des matières brutes au com- merce et à l'industrie manufacturière de l'Europe. Ce vaste royaume réunit, sous ce point de vue , les avantages de la Nouvelle- Angleterre à ceux des îles Antilles. Il com- mence surtout à rivaliser avec ces îles , depuis que la guerre civile de Saint-Domingue et llj' rîT\PiTî\E \. i(>r) la fl('vnslnlion des sucrcri(\s franroiscs tml rciuhi plus piofllablc la cnllmc «lus deinvrs coloni.ilcs sur le conliiicnl de l'Amérique. On ohservc même qu'au Mexique celle cul- ture a l'ail des pro^^ni'S bien plus considérahles que celle des céréales. Dans ces climats , la même étendue de terrain , un arpent de 5o()8 mètres carres, par cxenqde , rend au cnllivaleur pour 80 à 100 francs de froment , pour 260 de coton , et pour /|/)o de sucre '. D'.;près cette énorme dift'érence dans la valeur des ix'colles , on ne doit pas s'étonner que le colon mexicain préfère les denrées coloniales à l'orge et au froment de l'Europe. Mais celle prédilection ne parviendra pas à troubler l'équilibre qui existe jusqu'à ce jour entre les difFérentes branches de ragrieulture, parce que , lieureusement , une grande partie de la Nouvelle-Espagne, située sous un climat * Colle évalua lion est celle que les colons reganîeiit comme la plus exaclo à la Louisiane, clans les terres quiavoisinent la ville dulNouvel-Orléans. On y compte 20 biishels de froment , 260 livres de coton , 1000 iiv. de sucre \n\v acre. C'est le produit moyen; mais l'on conçoit facilement ccmibicn les circonstances locales doivenl modiller ces résultats. M \:. (1 170 lïVTtE IV J ! F! ' il ' Il :■ il( 4!' plus froid que tempéré , n'est pas propre à produire du sucre , du café , du cacao , de l'indigo et du coton. La culture de la canne à sucre a fait des progrès si rapides dans ces dernières années, que l'exportation du sucre par le port de Vera - Gruz est actuellement de plus d'un demi-million d'arrobes, ou de 6,200,000 kilo- grammes , qui , à trois piastres l'arrobe , équivalent à sept millions et demi de francs. JNous avons déjà observé plus haut que les anciens Mexicains ne connoissoient que le sirop de miel d'abeilles , celui du /7/e// (agave), et le sucre de la canne de maïs. La canne à sucre, dont la culture est de la pais haute anlii|jité aux Grandes Jndes, en (Jhine ' et dans les îles de la mer du Sud, fut introduite par les Espagnols, des îles Canaries à l'île de * Je suis même porté à croire qup le procède; i jtit nous nous servons pour IViire le sucre , nous est veau de l'Asie ori(;nta!e. J'ai reconnu à Lima, dans des pciiitures chinoises qui représentent les arts et métiers, les cylindres posés de cliamp , et mis en mouvement par une narlilne à molette , les équipages, de chau- dières , et des purgeries telles que i'ou cr, voit aujour- tl'hui dans les iles Antilles, 'i CHAPITHE X. Snint-Domiiignc , d'où elle pa«sn sneeessnc- ineiil à riledeCuba el à la iNoiivelle-Mspaj^ne. Pierre d'Atienza ])l;!nta les pi emières cannes a su ère , a peu pi 1 res en l année 1020 dans les environs de la ville de la Gonceplion de la Ve^^'a. Gonz^lo de Velosa eonslruisil les il 1 li L1VI\E IV Eii i5i)5 , rahondance du sucre ctoit déjà si^ninde au Mexique , qu'on en exporta, de Vera-Cruz et d'Aeapulco , en Espagne et au Pérou '. Cette dernière exportation a cessé depuis Jong-tenips , le Pérou produisant au- jourd'hui plus de sucre qu'il n'en faut pour sa consommation. Comme la population de la Nouvelle - Espag-ne est concentrée dans l'intérieur du pays , on trouve moins de sucreries le lono- des cotes , où les grandes * «' Outre l'or et l'argent, le Mexique fournit aussi « beaucoup de sucre et de coclienille, deux mareltan- « dises très-précieuses, des plumes et du coton. Peu « de bâtimens d'Espagne retournent sans chargement, <( ce qui n'est pas le cas au Pérou , qui cependant a la « fausse réputation d'être plus riche que le Mexique : <( aussi cette dernière région a conservé un plus grand Ce passage remaïquablc, de Lopez de Goniara; qui peint si bien l'état des colonies espagnoles au milieu du seizième siècle, ne se trouve que dans l'édition de la ConqiÙHta de Mexico , publiée à Médina del Canipo , 1553 , fol. i3(). Il manque dans la traduction franeoise, imprimée à Paris eu i587, p. itji. eu A PITRE X. ir3 ,:1l chaleurs el l'abondance tics pluies pourroicnt favoriser la culture de la canne à sucre, que sons la pente des Cordillères , et dans les parties plus élevées du plateau central. Les plantations principales sont dans l'intendance de Vera-Cruz , près des villes d'Orizaba et de Cordova ; dans l'intendance de Pucbla , près de Guautla de las Amilpas, au pied du volcan de Popocatepetl ; dans l'intendance de Mexico , à l'ouest du Nevado de Toluca, et au sud de Guernavacca, dans les plaines de San Gabriel; dans l'intendance de Gua- naxuato , près de Cela^a , Salvatierra et Penjamo , et dans la vallée de Santiago ; dans les intendances de Valladolid et de Guada- lax'J.ra , au sud - ouest de Pazcuaro et de Tecolotlan. Quoique la température moyenne qui convient le mieux à la canne à sucre soit de 24*^ ou 20^^ centigrades, cette plante peut encore être cultivée avec succès dans des endroits où la chaleur moyenne de l'année n'excède pas 19'' ou 2o'\ Or,ledécroissenient du calorique étant à peu près d'un degré du ihermoniètre centigrade ', pour 200 mètres * Voyez mon Mémoire sur los réfractions , clans mou Recueil d'Obucrvations antionutniqueti , T. l, p. 107. ! ■'. m i \ : 1 \' 'f. B H; ïi « -il '74 LIVRE IV (rél(!'Viilion ^ on I oiive ^éiiéiMlenicnt , sons les Iropiqnes , sur la poule raj)i(le des niou- tyg-nes , celle lempéralure nioyenne de 20** à loooinclrcs d'élcxalion an-dessns du iii\eau de l'Océan. Sur des plàleaux d'une grande étendue, la réveibération du sol aii-^niienle lellemenl la chaleur , que la len)péralure moyenne de la \ille de Mexico csl de 17** au Heu de i»^", 7; celle de Quito ^ de j5"»,8 au lieu de ii.**,5. Il résulte de ces données, que, sur le plateau central du Mexique, le ma.rimiiijt de hauteur à laquelle la canne à sucre végète vigoureusement sans souffrir par les gelées d'hi\er , n'est pas de 1000, mais de i/|00 à i5oo mètres. Dans des expositions favorables, surtout dans les vallées abritées par des montagnes contre les vents du nord, la limite supérieure de la culture du sucre s'élève même jusqu'au delà de 2000 mètres. En effet, si la hauteur des plaines de San Gabriel , qui contiennent plusieurs belles sucreries, n'est que de 980 mètres, d'un autre côté, les environs de Celaja, Salvatierra, Ira- puato et Santiago ont au delà de 1800 mètre d'élévation absolue. On m'a assuré que les plantations de cannes à sucre de Rio V^rde , :*■■ II, ri . ^ t ! .'y CHAPITRE X. 175 situées au nord de Guanaxuato , sous les 22<^5o' de latitude, setrouveiità 2200-iiièlres d'élévation , dans une vallée étroite, entourée de hautes Cordillères , et si chaude que les habitans y soufïrent souvent de fièvres in- termittentes. J'ai découvert, en exanunant le testament de Corlez ', que du temps de ce grand honjnie , il y avoit des sue reries près de Cuyoaean , dans la vallée de Mexico. Ce fait cuiienx pron\e, ce qui est indiqué par plusieurs autres phénomènes , que cette vallée est plus l'roide de nos jours qu'elle ne l'étoit au conimonceinent de la conquête , parce qu'alors un <^'rand nombre d'arbres diminnoient l'effet des vents du nord, qui soufflent aujourd'hui avec inipéluosilé. Les personnes accoutumées à voir les plantations de cannes à sucre dans les iles Antilles , ap- ■I i!l ..^ H * « J'ordonne que l'on examine si dans mrs enlados <( on a pris des terres aux naturels pour les planter uis lf)ng - tenij)s la rivalité rié! aires des mines , ou entre les mains de né<4'Oci;ms fjni se sont retirés du comnierce. Pour sentir l'importance do cet avantage, il fautserap- ])« kr qu'à l'île de Cuba l'élablissement d'une gr.mde sucrej'ie , cpii par le travail de ooo Nègres, rend annuellement i)oo,ooo kilo- grammes de sucre, e>dge des avances de deux iiiiUions de livres tournois, et qu'elle i .'I- 'I* ClIAriTRF. X. li ^79 (1( rapporte .)0o,oo() a 0)0,000 livres de revenus. Le eoloii mexicain peut cliuisir le ioii^" des eoles cl dans des vallées j)liis on moins pro- fondes, le eliniat qui eonvienl à la enlUire de I a eanne à sneie : il a moins à re( dont er Te^/'et (les <^elées que le eulon de la Louisiane. Mais la eonfi;:;nr,ili()n cxli'aoïdiuaire du sol delà iNouvelle-lv.pa*,*'ne met de Tories enlraves aux: Iransporls du snere à la Vcra-Grn/. Les piiUdations qui exislcint aujourd'lmi, soid la j?lnp..;'t Irès-éloi^aiées de la eule o])posée à riMir'ope. Le ])a^s n'ayant eneore ni eanaux ni roule prrvpre an eliarria^e , le fret des mules au;^"menle le prix: dn sueie à la Vera-Cruz, d'une piastre par ar»'o])e, on de huit sous ])ar kiloLTiamme. Ces enlraves seront diminuées Lie b< lesel r de beaneoupparlesehenniis (piel on construit en ee moment de Mexico à la Vcra-Giuz, par Oiizaba et par Xrlapa, le lon«^' de la pente Oîientalc des Ci»r(lillères. Il est probable au^sl (jee les progrès de J agrieulluic colo- iiiiile eoiitt ibueront à j)eupler le litioral de la iNon\elle-r]spa«;rie , qiii, depuis des siècles , est res[(' inculte et désert. On o5. serve au Mexique qne le i^ezon , ouïe s Lie e.xpriiiié de la canne à sucre, est m i < I ■ -tu 12 r ir^ i8o LIVRE IV plus OU moins sucre, selon que la plante croît dans la plaine ou sur un plateau élevé. La jnènie clilfércnce exisle entre la canne ciillivée à Malaxa , aux iles Canaries et à la Havane. Partout l'élévation du sol produit les mêmes elTets sur la végétation , cpie la (lidcrence de lalilude géograpliirpic. Le climat influe aussi sur la proportion qui existe entre les quan- tités de sucre licpiidc et de sucie cristiiUisable contenus dans le jus de canne; car quelquefois le vazou a une saveur très-douce, et ne cris- tallise cependant que Irès-diflicilcjnent. Ija composition chimique du 7'ezou n'est pas toujours la même , et les belles expériences de M. Proust ont répandu un grand jour sur des phénomènes que présentent les atelii'rs de l'Amérique , et dont plusieurs font le désespoir des raffineurs de s)'<"rc. D'après des calculs exacts que j'ai foils à l'île de Gaba_, je trouve ([u'un hectare de terrain donne, en terme mojen, douze mètres cubes de i^ezoïi , dfint on retire , par les procédés usités jusqu'à ce jour , et dans lesquels beaucoup de matière sucrée est dé- composée par le feu , tout au plus dix à douze pour cent, ou i5oo kilo<^ rammes de sucre CHAPITÏÏK X, 8 I»I hnit. On com|)le à la Havane et dons les parties eliaiules cl rctiiirs de la iNouvelle- E sp,' airne , rni nue eu lo von hlcs ( hiflL cna i le te ne qui a / ) i 2/| luinis ) en eari-e 1 ou DO^oij mètres carres , rend annuellement 2000 (ii'i'ohes , ou 2!),oou kilotirainnies. Le pioduit înovcn n'est cependant que de i5oo arrobes, ce qui l'ait l 'joo kilograinnies de sucre par lieetaie. A Sainl-Doniin<,nie , on évalue le produit d'un carmin de terre quia 5/|()5 toises, ou 12,900 mètres carrés , à 4ooo livies, ce cpii l'ail aussi i;)oo kilo- graunnes par hectare. Telle est, en général, la Ibrlilité du sol de l'Amérique équinoxiale , que tout le sucre consonnné en France , et kiloL''rammes', que] Lions pourroit être produit sur un terrain de sept 1 leues carrées 'tend ue qui n est pas la I, r if' lu > ij ; VI * La Franor liroit de ses colonies , en 1788 , un total de 872, 86'7 fjuinlaiix (le sucre Lriit, 7()8,5G6 de sucre terré , et 212, 07 4 o\ , p. 60. ) , le prix de la journée {^price of labour^ au Bengale est comme il suit : un simple ouvrier gagne par mois 1 2 shelling ; un porteur , 1 5 ; un maçon , 18}; jjirt forgeron ou un cliarpenlitr^ '-^'^{'i "i^ soklat in- dien , 20 ; le tout dans les environs de Caleulla , et en comptant le shelling anglois à aS sous de France, et la roupie à 2 \ sliellings. ( Voyez plus haut , T. II4 p. 3i3 , et p. io3 de ce volume. ) ¥ \ M CHAPITr.E X. 8' brut, 200 Nègres, tionl l'achat coiile pins de 000,000 francs. Dans cetic inènio île l'enlrclien d'un esclave s'cUne à plus de 20 IVancs par mois. D'après les renscigneinens curieux que M. Bockford a donnés dans ses liccrédlions indiennes f imprimées à CalcutUi , la canne à sucre est eullivée principalement au Ben- gale , dans les distiicls de Peddapore , de Zeniindar, dans le Delta de Godavery, et sur les rives du fleuve Eljseram. On y arrose les plantations, comme c'est aussi Tusage dtU'S plusieurs parties du Mexicpie et dans la vallée des Guines , au sud-est de la Havane. Pour empêcher que le sol ne soit épuisé, on fait alterner la culture des plantes légumineuses avec celle de la canne à sucre , qui a géné- ralement trois mètres d'élévation , et trois à quatre centimètres de grosseur. Au Bengale, un acre ( de 5568 mètres carrés ) rend 2000 kilogrammes de sucre, ce qui fuit /|6oo kilo- grammes par hectare : le produit du sol est par conséquent plus grande du douhle qu'aux îles Antilles; tandis que le prix de la journée de l'Indien libre est presque trois fois moindre que le prix de la journée du JNègre esclave w m m-. 188 LIVRE IV de l'ile de Cuba. Au Bengale, six livres de jus de canne donnent une livre de sucre cristallisé, tandis qu'à la Jamaïque il en faut huit livres pour, produire la même quantité de sucre. En considérant le i^czou connne un liquide chargé de sel, on trouve qu'au Bengale ce liquide contient iG, à la Jamaïque 12 pour cent de matière sucrée : aussi le sucre des Grandes Indes est à si bas prix , que le cultivateur le vend à 4 ^ mifpies le quintal, ou à 26 centimes le kilogramme, ce qui est à peu près le tiers de la valeur de celte denrée au marché de la Havane. Quoique la culture de la canne à sucre se propage au Bengale avec une rapidité étonnante, le produit total en est encore beaucoup moindre que celui du Mexique. M. Bockford suppose que la récolte de la Jamaïque est quadruple de celle du Bengale. Le coton est une de ces plantes dont la culture , parmi les peuples aztèques, est aussi ancienne que celle de la pite , du maïs et du quinoa. Il y en a de la plus belle qualité sur les cotes occidentales, depuis Acapulco jusqu'à Golima , et au port de Guautlan , sur- tout au sud du volcan de JoruUo , entre les f'I CHAPITRE X. i8q villiïgcs clc Pelallau , Tcipa et Atojaiine. Coiinnc un n'y connoit poiul encore les machines qui servent à séparer le colon de sa graine , la cherté du fret entrave beaucoup cette branche de l'aoriculture mexicaine. Une lUTobc de coton ( (il^^odou cou pcppa ) , dont le ])T'ix à Tcipa &st de 8 Francis , en coûte i5 à Valladolid , à cause du transport à dos de mulels. La parlie de la cole orientale qui s'étend depuis les bouches des rivières de Guasacualco et d'Alvarado jusqu'à Panuco , pourroit fournir au commerce de Vera-Gruz une énorme quantité de coton ; mais ce littoral est presque inhabité, et le manque de bras y cause une cherté de vivres contraire à tout établissement d'agriculture. La Nou- velle - Espagne ne fournit annuellement à l'Europe que 25,ooo arrohcSj ou 5 1 2,000 kilo- grammes de coton. Celle quantité , quoi- que peu considérable en elle-même, est cependant déjà le sextuple de celle que ( d'après des renseignemens que je dois à l'oblijifeante bonté de M. Gallalin , ministre des finances à Washington ) , les Etats-Unis exportoient en 1791, de leur propre cru. Mais la rapidité avec laquelle augmente l'iris ! !" n l i if)o Livr.t IV, diislrie chez un peuple libre et sagement j.»;ouverné , est si grande _, cpie , d'après une noie cpii m'a élc fournie par cenicnie lionnne cl'élal, les poils des Elals-Unis oui exporté : Coton indii^ène Coton étranger. En 1797, 2,5oo,ooo liv. . . . 1,200,000 liv. j8oo, 5,6Go,ooo i/i,i2o,ooo 1802 , 5400,000 24,100,000 1803, 5,495,544 57,712,079 Il résulte de ees données de M. Gallalin , qu'en douze ans la production du coton est devenue 577 fois plus grande. En comparant la position physique du Mexique à celle des Elals-Unis , on ne peut douter que ces deux pavs , à eux seuls , pourront un jour produire tout le coton en laine que l'Europe emploie dans ses manufactures. Les néfçocians éclairés qui composent la chambre de commerce de Paris , ont affirmé, dans un mémoire imprimé il y a peu d'années , que l'importation totale tlu colon en Europe est de trente millions de kilogrammes. J'incline à croire que cette évaluation est de beaucoup trop foil)ie ; car Içi Etats-Unis seuls exportent annuellement CHAPITAK X. ^9' plus (le vintj^l-tlcnx millions de kilogrammes do rotoii en laine, qni équivalent à 7,920,000 dollars , ou à près de quarante millions de livres tournois. Le //// et le chambre ponrroient être dit Cortez , dans sa première lettre à l'empereur Charles - Quint , « que, dans la province de « Malinaltebeque, il y avoit de l'or en abon- « dance , j'engageai le seigneur Monlezuma « d'y établir une ferme pour votre majesté. 'm ' il ^1 I Il i î ' , . Il f 198 LIVRE IV, « Il j mit tant de zèle , qu'en moins de deux « mois on y avoit déjà semé soixante fa- « ncg'ues de maïs, et dix de fèves. On y avoit « planté anssi deux niille pieds de cacap « (cacaoyer) , qui donne un Fruit semidable « à l'amande, et q«ie l'on A^end après l'avoir « moulu. Celle graine est si estimée, que dans « tout le pavs on l'emploie comme monnoie, « et qu'on achète avec elle dans les marchés « et partout ailleurs '. j> Encore aujourd'hui le cacao sert de billon à Mexico : comme la plus petite monnoie des coloiûes espagnoles est un demi-réal {un j?iedio) , équivalant à douze sous , le peuple trouve de la commo- dité dans l'emploi du cacao comme monnoie : un sou est représenté par siv grains. L'usage de la i^aniHe a passé des Aztèques aux Espagnols. Le chocolat mexicain , comme nous l'avons observé plus haut , étoit parfumé de plusieurs aromates , parmi lesquels la glousse de la vanille occupoit Iç premier rang. Aujourd'hui les Espagnols ne fout le com- merce de cette production précieuse que pour * Lorenzana , p« 91 , ^. 26. Clavi^sro , I^ p. 4 j II, p. 219 j IV, p. 207. m ':," CHAPITRE X. Ï99 la vendre aux autres peuples de l'Europe. Le choeolat cspa«;noi ne contient pas de vanille; et à Mexico même on a le préjugé de regarder ce parfmn comme nuisi!)le à la santé, surtout pour les personnes cpii ont le système nerveux Irès-irrilahle. On entend dire gravement que la vanille cause des maux de nerfs ( la Itày- nllla da pasmo ). Il y a peu d'années qu'à Caracas on disoit la m«'me cliose de l'usage du café , qui comnience cependant à s'y ré- pandre parmi les indigènes. Lorsqu'on considère le prix excessif auquel se soutient constamment la vanille en l'Europe, on est étonné de l'incurie des habitans de l'Amérique espagnole , qui négligent la cul- ture d'une plante que la nature produit spontanément entre les tropiques , presque partout où il y a de la chaleur, de l'ombre et beaucoup d'humidité. Toute la vanille que consomme l'Europe, vient du Mexique , et par la seule voie de la Yera-Cruz. On la récolte sur une étendue de terrain de quel- ques lieues carrées. Il n'y a pas de doute cependant que la cote de Caracas et même la Havane pourroient en faire un conuiierce très-considérable. Nous avons trouvé, pendant 1200 tlVKE IV,' le cours de nos herborisations , des gousses de vanille Ircs-aromatiques , et d'une grandeur extraordinaire, dans les montagnes de Garipe, à la cote de Paria; dans la belle lallée de Bordones , près de Cumana ; dans les environs de Portocabello et de Cuaiguaza ; dans les forets de Turbaco, près de Carthagcne des Indes ; dans la province de Jaen , sur les bords de la rivière des Amazones , et dans la Guayane , au pied des rochers granitiques qui forment les grandes cataractes de l'Oré- noque. Des habitans de Xalapa , qui font le commerce de la belle vanille mexicaine de Misantia, ont été frappés de l'excellence de celle que M. Bonpland a rapportée de l'Oré- noque , et que nous avions cueillie dans les bosquets qui entourent le Raudal de Maj^ pure, A l'ile de Guba , on trouve des plantes de vanille ( Epidendrum vanilla) sur les cotes de Buhia Honda et au Mariel. Gelle de Saint-Domingue a le fruit très-long , mais peu odoriférant; car souvent une grande humidité , en favorisant la végétation , est conlraire au développement de l'aromate. D'ailleurs, lesbotanistes voyageurs ne doivent pas juger de la bonté de la vanille d'après CHAPITRE X. 201 l'odeur que celte liane répand dans les forets derAmériquc : cette odeur est due, en grande partie , à la fleur , qui, dans les vallées pro- fondes et humides des Andes , est quelquefois longue de quatre ou cinq centimètres. L'auteur de Vllisloire pliUosopliique des deux Indes ' se plaint du peu de notions qu'il a pu se procurer sur la culture de la vanille au Mexique. Il ignore même le nom des districts qui la produisent. Ayant été sur les lieux , j'ai été à même de prendre des renseignemens plus détaillés et plus exacts. J'ai consulté , à Xalapa et à Vera - Cruz , des personnes qui , depuis trente ans , font le commerce des vanilles de Misantla , de Colipa et de Papantla. Voici le résultat de mes recherches sur l'état actuel de celte branche intéressante de l'industrie nationale. Toute la vanille que le Mexique fournit à l'Europe , est recueillie dans les deux inten- dances de Vera - Cruz et d'Oaxaca. Celte plante abonde principalement sur la pente » Raynnl , T. II, p. 68, J. iG. Thiery de Menon- çillej de lu culiiire du Nopal, p. i42. On cullive aussi un peu de Viinille à la Jamaïque , dans les paroisses de Sainte- Anne et de Sainte-Marie. Broi,çnj p. 326. : t m 207. LIVRE IV, orientale de Ja Cordillère d'Analiuac , entre les 19" et 20° de latitude. Les indi^^ènes ayant reconnu de bonne heure combien, malg-ré cette abondance , la récolte étoit difficile, à cause de la vaste étendue des terrains qu'il falloit parcourir annuellement, ils ont propagé l'espèce en réunissant un grand nombre de plantes dans un espace plus étroit. Cette opération n'a pas exigé beaucoup de soin : il a suffi de netto) er un peu le sol , et de planter deux boutures d'Epidendruin au pied d'un arbre , ou bien de fixer des parties coupées de la tige au tronc d'un Liquidambar , d'un Ocotea ou d'un Piper arborescent. Les boutures ont généralement quatre a cinq décimètres de longueur. On les attache avec des lianes , aux arbres sur lesquels la nouvelle tige doit monter. Chaque bouture donne du fruit la troisième année. On compte, pendant trente à quarante ans, jusqu'à cin- quante gousses par pied, surtout si la végé- tation de la vanille n'est pas arrêtée par la proximité d'autres lianes qui l'étouffent. La haynilla cimarona ou sauvage, qui n'a point été plantée par la main de l'homme , et qui CHAPITUF. X. 20.1 croît dans un terrain couvert d'arbnslos cl d'autres plantes griinpanics , porte, au Mexi- que , des Truils très-secs, et eu hès - pelile cpiautité. Dans l'intendance de Vera - Cruz , les districts célèbres par le couinierce de la va- nille, sont la siibdidegaciou de MisantLiy avec les villages indiens de Misantla , Golipa , Yacuatla (près de la Sierra de Chicunquiatoj , et Nautla, appartenant tous jadis à XAlculdla major du La Aiili^iia ; la jurisdiccion de Papantla y et celles de Santiago et San Audres Tuoctla, Misantla est à trente lieues de dis- tance de la Vera-Cruz , au nord-ouest ^ et à douze lieues des côtes de la nier : c'est un endroit charmant , dans lequel on ne connoît pas le fléau des mosquilos et des g("g('n , qui sont si nombreux au port de Nautla , sur les bords du Rio de Quilate , et à Colipa. Si la rivière de Misantla , dont l'embouchure est près de la Barra dePalmas, étoit rendue na- vigable, ce district parviendroit en peu de temps à un haut degré de prospérité. Les naturels de Misantla recueillent la vanille dans les montagnes et les forets de lO/f LIVRE IV, Quilatc. La plante fleurit dans les mois de février et de mars. La récolte est mauvaise si , à celte époque , les vents du nord sont fréquens et accompagnés de beaucoup de pluie. La fleur tombe sans donner du fruit , lorsque l'humidité est trop grande. Une sé- cheresse extrême est également nuisible à l'accroissement de la gousse. D'ailleurs, aucun insecte n'attaque le fruit vert , à cause du lait qu'il contient. On commence à le couper aux mois de mars et d'avril , lorsque le suh- délégué a publié par ban que la récolte est permise aux Indiens : elle dure jusqu'à la fin de juin. Les naturels , qui restent huit jours de suite dans les forets de Qailale , vendent la vanille fraîche et jaune à la gente de razon , qui sont des blancs, des métis et des mulâtres: ceux-ci connoissent seuls 3 heneficio de la haynillay c'est-à-dire la manière de la sécher avec soin, de lui conserver un lustre argenté, et de la ficeler pour le transport en Europe. On étend les fruits jaunes sur des toiles , et on les met au soleil pendant quelques heures. Lorsqu'ils sont suffisamment chauffés , on les enveloppe dans des draps de laine pour les 205 CHAPITRE X. faire suer : la vanille noircit alors, et l'on finit parla sécher en l'exposant, depuis le matin jusqu'au soir , à l'ardeur du soleil. La préparation que l'on donne à la vanille, à Golipa, est bien supérieure au beiujicio usité àMisanlla. On assure qu'en déballant les pa- quets de vanille à Cadix, on trouve dans celle de Colipa à peine six pour cent de déchet , tandis que , dans la vanille de Misantla , le nombre des pousses pourries ou gâtées s'élève au double. Cette dernière variété est plus dif- ficile à sécher , parce qu'elle a le fruit plus grand et plus aqueux que celle de Colipa, qui , récoltée dans des savanes , et non sur des montagnes, est appelée hajnilla de aca- giiales. Lorsque le temps pluvieux ne permet pas aux habitans de Misantla et de Colipa d'exposer la vanille aux rayons du soleil , jusqu'à ce qu'elle ait acquis une couleur noi- râtre et qu'elle se couvre de stries argentées (inanchas plaie atlas) ^oi\ est obligé de recouHr à l'emploi d'une chaleur artificielle. On forme, au moyen de petits tuyaux de roseaux, un cadre suspendu par des cordes , et couvert d'une toile de laine, sur laquelle on étend les gousses. Le feu est placé au-dessous, mais ■i>i "ri / 2oG LIVRE IV, à une dislance considériible. On sôclic les pousses en donnant un lé^^er mouvement au cadre, et en chanir.mt peu à peu les roseaux et la toile. Il faut beaucoup de soin et une Jon<^iie expérience pour réussir à hienséclier la vanille par celte méthode, que l'on appelle Ixmrjîcio de pnscojoL Les perles sont ji^éné- ralement Ircs-fï'randes, lorsqu'on emploie la chaleur arlificielle. A Misantla, on réunit les fruils-de vanille en paquets , appelés tnazns : un mazo ren- ferme cinquante gousses; par eonséqjient, un millier (fniilttr) a vingt niazos. Quoique toute la vanille qui entre dans le commerce, paroisse être le produit d'une seule espèce d'Epidendrum (^tlilxochitl) , on divise ce- pendant le Fruit récolté en quatre classes différentes. La nature du sol, l'humidité de l'air et la chaleur du soleil influent singuliè- rement sur la grandeur des gousses et sur la quantité de parties huileuses et aromatiques qu'elles contiennent. Ces quatre classes de vanille sont les suivantes , à commencer par celles d'une qualité supérieure : bajnilla fina, dans laquelle on distingue de nouveau la grande fina et la chlça fina ou inancucraa ; . CHAPITRE X. 20'] le zdciite ; le rezucate y et la basura. Ciiiique rljjssc est racile à reconnoîlro en Kspa«'ne , par la manière dont les paquets sont fMelcs. La,i,'/v///^/<^///zrt a coniniunénient 2 2 eenlinu'ties de loni^uenr , et chaque niazo en pèse, à !Mi- sanlla , dix onces et tienne ; à Colipa , neuf ù dix. La chica Jina est de cinq centimètres plus courte que la précédente , et on racLèle la nioilié moins cher. Le zacfite est une va- cille très-longue, mais extrêmement mince, et très-aqueuse. La hasum , dont im paquet a cent gousses , ne sert qu'à remplir le l'ond des caisses que l'on expédie pour Cadix. La plus mauvaise qualité delà vanille deMisanlla s'appelle haynilla clninroria ( sauvage ) ou hdjniUapalo : elle est très-mince, et j)res(pie dépourvue de sue. Lue sixième variété, la haynilla pompona y a le iVuit très-grand et très-beau : on l'a expédiée à différentes re- prises en Europe, et par le moyen des né- gocians de Gènes , pour le Levant ; mais comme son odeur est différente tle la vanille ixppeiée grande Jlna y elle n'y a trouvé aucun débit jusqu'ici. On voit, d'après ce que nous venons de rapporter sur la vanille, qu'il en est de la iii r a II"' '^ 208 LIVRE IV bonté de celte production comrae de celle du quinquina , qui ne dépend pas seulement de Tespèce de cincliona dont il provient , mais aussi de la hauteur du sol, de l'expo- sition de l'arbre, de l'époque de la récolte, et du soin avec lequel l'écorce a été séchée. Le commerce de la vanille et celui du quin- quina , se trouvent également entre les mains de quelques personnes que l'on appelle habi- litadores y parce qu'ils avancent de l'argent aux cosecheros y c'est-à-dire aux Indiens qui font la récolte, et qui se mettent par là sous la dépendance des entrepreneurs. Ce sont ces derniers qui tirent presque seuls tout le profit de cette branche de l'industiie mexicaine. La concurrence des acheteurs est d'autant plus petite à Misantla et à Colipa, qu'il faut une longue expérience pour ne pas se laisser tromper dans l'achat de la vanille préparée. Une seule gousse tachetée ( nianchada) , peut faire perdre , pendant la traversée d'Amé- rique en Europe, une caisse entière. On désigne, par des noms particuliers ( mojo negro y mojo hlanco ^ garro ) , les défauts que l'on découvre, soit à la gousse, soit au pétiole {garganta). Aussi un acheteur prudent exu- i' 1 : ' CHAPITRE X. 209 mine plusieurs fois les paquels qu'il réunit dans le même envoi. Les habilitadores ont acheté , clans l'es- pace des derniers douze ans , le millier de vanille de la première classe, prix, moyen, à 26 ou 55 piastres; le millier de zacatc à 10 , et celui de rezacalc à 4. piastres. En i8o5 , le prix de Xà grande Jliia a été de 5o, et celui àxxzacatii de i5 piastres. Les acheteurs, loin de payer les Indiens en argent comptant , leur fournissent en échange, et à très-haut prix, de l'eau-de-vie , du cacao y du vin , et surtout des toiles de coton fabriquées à la Puebla. C'est dans cet échange que consiste une grande partie du profit des accapareurs. Le district de Papatitla y qui étoit jadis une alcaldia major j se trouve à 18 lieues au nord du Misantla : il produit très-peu de vanille , qui, en outre, est mal séchée , quoique très- aromatique. On accuse les Indiens de Papantla, comme ceux de Nautla , de s'introduire furti- vement dans les forêts de Qnilale, pour recueillir le fruit de l'Epidendrum planté par les naturels de Misantla. Dans l'intendance d'Oaxaca , c'est le village de Teutlla qui est célèbre par la qualité supérieure de la vanille III. ^ i4 ! !M 210 LIVRE IV que produisent les forets voisines. Il paroît que celte variété a été la première introduite en Espag-ne,, au seizième siècle; car encore aujourd'lini la haynilla de Tciitila est re- gardée, à Cadix , comme préférable à toutes les autres: on la sèche, en eflet, avec beau- coup de soin, en la piquant avec des épingles, et en la suspendant par des fils de pite ; mais elle pî'se à peu près un neuvième de moins que celle de Misantla. J'ignore la quantité de vanille qui est récoltée dans la province de Honduras, et exportée annuellement par le petit port de Truxillo -, mais il paroît qu'elle est peu considérable. Les forets de Quilate donnent, dans dt^ années très-abondantes, 800 milliers de vanille : une mauvaise récolte, dans des années très- pluvieuses, ne s'élève qu'à 200 milliers. On évalue , en terme moven , le produit de Misantla et de Colipa , à 700 """^'^"• de Papantla , à 100 de Teulila, à 110 La valeur de ces 910 milliers cst^ à Vera- Cruz , de 00 à /|0,ooo piastres. Il faudroit y ajouter le produit des récoltes de Santiago et Saa Andres ïuxtla, sur lesquelles je manque chapitre: X. 211 cte données suflîsammcnt exactes. Souvent la récolte d'une année ne passe pas en entier en Europe ; mais ou en réserve une ])arlie pour la réunir à celle de Tannée suivante. Eu 1802, il sortit du port de Vera - Cruz 1790 nnllares de vanille. Ou doit être étonné de voir que la consonuiialion de toute l'Europe n'est pas plus grande. La même pente orientale de la Cordillère sur laquelle on récolte la vanille , produit aussi la salsepareille ( zarza ), dont on a exporté de la Vera-Cruz, en iSo5 , près de 25o,ooo kilogrammes ', et \e Jalap {Purga de Xalapa), qui est la racine non du Mira- bilis jalapa , du M. longiflora, ou du M. à\- chotoma, mais du Com>ohnlus jalapa. Ce liseron végète à une hauteur absolue de treize à quatorze cents mètres , sur toute la chaîne de montagnes qui s'étend depuis le volcan d'Orizaba jusqu'au Coffre de Perote. Nous ne l'avons pas trouvé dans nos lier- * lia salseparcilli' Ju commerce provient de phisieurs espèces (le Smilax , trcs-difl'érentes du S. Sarsaparilla. Voyez la description de dix espèces nouvelles, que nousavonsrapporléesdansle Species de M. Willdenow, T. IV, P. 1, p. 773. 4* 212 LIVRE IV M Lorisations aulour tic la ville de Xalapa même ; mais les Indiens qui Labilent les villa<»'es voisins , nous en ont apporté de belles racines recueillies près de la Bande- rilla , à l'est de San Miguel el Soldado. Ce remède précieux est récolté dans la subdcle- gacioti de Xidajxi j autour des villages de Santiago , Tlaclii , Tiliuacan de los Rejes , Tlacoluîa, Xicochimalco , Tatatila, Yxhua- can , et Ayaliualulco ; dans la jiinsdiccîon de San Juan de los Llanos , près de San Pedro Chilcliotla et Quimixtlan; dans les partidos des villes de Cordai a , A'Ovhaba et àe San Andres Tuxlla, La vraie Purga de Xalapa ne se plaît que sous un climat tempéré, presque froid, dans des vallées ombragées, et sur la pente des montagnes. J'ai été d'autant plus étonné d'apprendre, depuis mon retour en Europe , qu'un voyageur instruit, et qui a montré le plus grand dévouement pour le bien de sa patrie, Tliiery de Menon\ille ', ait * Thiery y p. 5(). Ce jalap de Vera-Cruz paroît d'ailleurs identique avec celui que M. Michaux a trouvé daus la Floride. Voyez le Mémoire de M. Des- fonlaines , sur le Coiivolvulus jalapa , dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle , T. Il, p. 120. ' 'i chapithe X. 2i3 r.ssiiré avoir trouvé le jalap en grainlc al)on- dance dans les terres arides etsablonnenses qni entourent le port de V^era-Cruz , par consé- quent sous un climat excessivement chaud, et au niveau de la nier. Rajnal ' avance que l'Europe consomme annuellement 7000 quintaux de jalap : cette évaluation paroît plus du double trop forte; car, d'après des rensei<^nemens exacts que j'ai pu prendre à la Vera-Cruz, il n'a été exporté de ce port ^ en 1802 , que 292 1 , el en i8o3 , que 2281 quintaux de jalap. Son pi ix est, à Xalapa, de 120 à 100 francs le quintal. Nous n'avons point vu, pendant notre séjour dans la Nouvelle -Espagne, le liseron qui, à ce que l'on prétend, donne la racine de Mcclioacan (le tacuache des Indiens Ta- rasques, le ilalantlacidtlapilll àes K7Xcc[\\çs) : nous n'en avons pas même entendu parler pendant le AOjage que nous avons fait dans l'ancien rovaume de Michoacan, qui fait partie de l'intendance de Valladolid. L'abbé Clavif^^ero " raconte qu'un médecin du dernier roi de Tzintzontzan apprit à connoître ce » Hist. philoii. y T. JI, p. 08. • Sloria antica di Messico, T. II, p. 212. i^' w 2l4 . LIVKE IV, remède aux religieux missionnaires qui avoient suivi l'cxpcdilion de Coitcz. E\iste-l-il, en effet, une ruine qui, sous le nom de f/ic- choacan y est exportée de la Vera-Gruz, ou ce remède, qui est identique avec le jelivucv de Marco-rave ', nous vient-il des cotes du Brésil? Il paroît même qu'anciennement le vrai jalap étoit nommé mcchoacan^ et que, par une de ces méprises si connnu nés dans l'îiis- toire des drogues , celte dénominalion a passé dans la suite à la racine d'une autre plante. La culture du tabac mexicain pourroit deve- nir une branche d'agriculture de la plus haute importance, si le commerce en étoit libre;mais depuis l'introduction dumonopîe, ou depuis l'établissement de \'a ferme royale { elestanco reaide /^^Z'rti^o) par le insitador Don Joseph de Galvcz, en 1764, non-seulement il faut une permission spéciale pour planter le tabac; non-seulement le cultivateur est tenu de le vendre à la ferme y au prix que celle-ci fixe arbitrairement , selon la bonté du produit; mais la culture en est restreinte aux seuls environs des villes d'Orizaba et de Cordova, ^ Li'nn. , Mat. mcdica , 1749, p. 28. Marvay , Appuratus madicainiuum , T. I, p. 62, CHAriTRE X. 2l3 el aux parlidos de IIiiatus'?o et s. D'ailleurs , au Mexique la ferme est un objet beaucoup plus important pour le fisc qu'au Pérou, j>arce que, dans le premier de ces pays , le nombre des blancs est plus considérable, et que l'usage de fumer des cigares y est plus répandu , même parmi les femmes et les enfans en bas âge. En France , où, d'après des reclierches de M. Fabre de l'Aude, il y a buit millions d'babitans qui prennent du ta])ac , la con- sonuîiation totale est de plus de quarante millions de livres pesant; mais la valeur des importations de tabac étranger ne s'y est élevée, en 1787, qu'à izi,i/|.2,ooo liv. tournoie '. * Peuchutj p. 3i5 et 4oc). CHAPITHE X. 9.19 La Noiivcllc-Esp.igiic , loin d'oxporlti' pa gne , 1 1 est certain fiant cepennant que celles Ih quisontlesplus intéressantes pour le bien-être des habitans, v ontélé introduites de l'ancien continent. Les Mexicains n'avoient point es- sayé de réduire à l'état de domesticité les deux CHAPITRE X. 223 espèces de bœufs sauvages (Bos americanus et B. nioschatus ) qui errent par troupeaux dans les pLiines voisines de la rivière du Nord. Ils ne connoissoierit pas le llama , qui , dans la Cordillère des Andes, ne dépasse pas la limite de l'iiémisphère austral. Ils ne savoient tirer parti ni des brebis sauvages de la Ci>ii- fornie ", ni des chèvres des montagnes de Monterey. Parmi les nombreuses variétés de chiens " qui sont propres au Mexique, une seule, le te chichi , servoit à la nourriture des liabitans. Sans doute le besoin d'animaux domestiques se faisoit moins sentir avant la conquête, à une époque où chaque famille ne cullivoic qu'une petite étendue de terrain, ^ Sur les brebis et les clicvres sauvag-s des mon- tagnes de l'ancienne et de la Nouvelle-Californie , voyez ci-dessus , Chap. YIU , T. IJ , p. 42,?. » Voyez mes Tableaux de la xNalure, T. I , p. i24- 12^ Une tribu des provinces septentrionales, celle des Cumancbes , se sert de chiens mexicains pour le transport des tentes, comme plusieurs peuples de la Sibérie. Voyez ci-dessus , T. 11 , p. 377. Les Péru- viens deSausa (Xauxa) et Iluanca mangeoient leurs chiens (mm//ro), et les Aztèques vendoient au marché la chair du chien muet techlvhi , qu'on châtroit pour i'engi-aisser. Lormzana , p. io3. I !i:) 224 LIVRE IV, et où une grande partie du peuple se nour- rissoit presque exclusivement de végétaux. Cependant le manque de ces animaux i'orçoit une classe nombreuse des habitans, celle des Tlamama y à faire le mélier de bétes de somme , et à passer leur vie sur les grandes routes. Ils étoient chargés de grosses caisses de cuir ( eu mexicain pctlacalll j en espagnol petacas), qui cootenoient des marchandises d'un poids de trente à quarante kilogrammes. Depuis le milieu du seizième siècle les animaux les plus utiles de l'ancien conl.ne ' , ies bœufs, les chevaux , les brebis et les porcs , se sont multipliés d'une manière sur- prenante dans toutes les parties de la Nou- velle-Espagne, surtout dans les v? '^es plaines que renferment les provincias internas. Il seroit superflu de réfuter ' ici les assertions hasardées de M. de Buffon sur la prétendue dégénération des animaux domestiques in- troduits dans le nouveau continent. Ces idées se sont propagées facilement, parce qu'en ouvrage ' Cette réfutation se trouve dans l'excell. fie M. Jt'Jferson , sur la Virginie ^ p. 109-166. Vojxz aussi Clavigero, T. IV, p. io5-i6o. , CHAPITRE X. flaltantlii vanité des Européens, elles se lioient à des hjpollièscs brillantes sur l'ancien état de noire planète. Depuis que l'on examine les faits avec soin , les physiciens reconnoissent de riiarnioiiie où l'écrivain élorpient n'an- noncoit cpre des contrastes. Il j a une «grande abondance de l/étes a cornes le long des cotes orientales du Mexi- l'embc des que, surtout a iemi>oucnure des rivières d'Alvarado , de Guasacualco et de Panuco, où de nombreux troupeaux trouvent des pâturages constamment verts. La capitale du Mexique et les grandes villes qui en sont voisines , tirent cependant leurs provisions en viandes de l'intendance de Durango. Les naturels , comme la plupart des peuples de l'Asie à lest du Gange ', se soucient très-peu * Par exemple , dans le sud-est de l'Asie , les Chi- nois et les liabitans de la Cucliincliine. Les derniers ne Iraient jamais Ir* rs Taches, quoique le lait soit excellent sous les tropiques et d-^ns js parties les plus chaudes de la terre. Voyage de Macartney , Vol. Il, p. i53-, et Vol. IV, p. 59. Même les Grecs et les Romains n'apprirent à luire du beurre que par leurs communications avec les Scythes, les Thraces et les peuples de race germanique. Beckmann, l. c, B. III , p. 289, ITI. l5 ■;'i 220 LIVRE IV du lait, du beurre et du fromag-e. Ce dernier est fort recherché par les casles de sang-mélé , et il forme mie branche de commerce inté- rieur assez considérable. Dans le tableail statistique que l'intendant de Guadalaxara a dressé en 1802, et que j'ai eu occasion de citer plusieurs fois, la valeur annuelle des cuirs corroyés est évaluée à 4i9»ooo piastres ; celle du suif et du savon, à 649,000 piastres. La seule ville de la Puebla fabrique annuel- len.i 00,000 arrohas de savon , et 82,000 cuirs de vaches; mais l'exportation de ces deux articles par le port de Vera-Cruz a été peu importante jusqu'ici. En i8o5 , elle s'est à peine élevée à la valeur de 1^0,000 piastres. Il paroît même qu'au seizième siècle, avant que la consommation intérieure eût augmenté avec le nombre et le luxe des blancs , la Nou- velle-Espagne foumissoit à l'Europe plus de cuirs qu'elle n'en fournit aujourd'hui. Le père Acosta ' rapporte qu'une Hotte qui , en 1687, entra àSéville , portoit 64,o4o cuirs mexicains. Les chevaux des provinces septentrionales . surtout ceux du Nouveau-Mexique, sont aussi ^Lib. IV, c. 3. CHAPITRE X. 227 célèbres par leurs excellentes qualités ciue les ehevaux du Chili ; les uns et les autres descendent, à ce que l'on prétend, de race arabe ; ils errent par bandes devenues sau- vages , dans les savanes àespiwncias internas ^'exportation de ces chevaux à Natchez et à la Nouvelle -Orléans, devient d'année en année plus considérable. Plusieurs familles du Mexique possèdent dans leurs hatos de ganado trente à quarante mille têtes de bœufs et de chevaux. Les mulets seroient plus nom- breux encore, s'il n'en périssoit beaucoup sur les grandes routes, par les fatigues dont ils sont excédés après des voyages de plu- sieurs mois. On compte que le commerce de Vera-Gruz seul occupe , par an , près de 70,000 mulets. Plus de cinq mille en sont employés comme un objet de luxe dans les attelages ' de la ville de Mexico. L'éducation des moutons a été singulière- ment négligée dans la Nouvelle - Espagne , comme dans toutes les colonies espagnoles de l'Amérique. Il est probable que les premières ' La Havane a 25oo calèches, appelées volantes, dont le service exige plus de 3ooo mulets. En 1S02 on comptoil à Paris 35;Ooo chevaux. ' *5* 228 LIVRE IV bêles à laine introduites ;iu seizième siècle, n'étoient pas de la race des mérinos voyageurs, et surtout qu'elles n'étoient pas de la race léoncse, ségovienne ou soriane. Depuis celte époque on ne s'est pas occupe d'améliorer la race. Dans la partie du Mexique qui est située hors des tropiques , il seroit facile cependant d'introduire le régime des troupeaux , que l'on désigne en Espagne par le nom de mcsia , régime d'après lequel les brebis changent de climat a\ec les saisons, et se trouvent toujours en harmonie avec elles. On n'auroit pas à craindre, pendant des siècles , que ces voyages des troupeaux lussent contraires à l'agriculture mexicaine. Aujourd'hui les laines que l'on regarde comme les plus belles, sont celles' de l'intendance de Valladolid. Il est digne de remarque que ni te porc commun ', ni les poules que l'on trouve dans ' Pedro de Cirça et Garcilasso de la Vcga , ont conservé dans leurs ouvragt s les noms des colons qui , les premiers en Amérique , onl élevé des animaux domestiques de l'Europe, lis rapportent qu'au milieu du seizième sièele deux porcs coûloient, au Pérou, 8000 livres tournois; un chameau, 35,ooo-, im âne, 7700 j une vache, 1200 j un mouton, 200 livres. CHAPITRE X. 329 toutes les îles de la mer du Sud, n'ont été connus des Mexicains. Le Pécari {Sustajassu), que l'on renconlre souvent dans les cabanes des naturels de l'Amérique méridionale, auroit pu être facilement réduit à l'état de domes- ticité ; mais cet animal n'est propre qu'à la région des plaines. Des deux variétés de porc qui sont aujourd'hui les plus communes au Mexique, l'une a été introduite de l'Europe , et l'autre des îles Philippines : elles se sont extrêmement multipliées sur le plateau cen- tral , où la vallée de Toluca fait un commerce de jambon très-lucratif. Avant la conquête , il existoit très - peu d'oiseaifœ de hasse-cour chez les indigènes du nouveau continent. L'entretien de ces oiseaux exige des soins parliculiers dans des pajs récemment défrichés, et dont les forêts Cieça , Chromca del Perù (Anvers, i554), p. G5. Garcilasso, T. J , p. 328. Ces prix cu'onufcS prouvent, outre la rartté tics ohjels à vendre, labontiatice des métaux précieux. Le général Bt,Ialcazar, qui avoit aclieté à Btiga une truie pour 4ooo francs , re put résister à la lenlalion t!e la manger dans un fesûn. Tel éloit le luxe qui régnoit à l'armée des conquis- tadores. 23o LIVRE IV, abondent en quadrupèdes carnassiers de toute espèce. D'ailleurs, l'habitant des tropiques sent moins le besoin des animaux domestiques que Tiiabitant de Ja zone tempérée , parce que la ferlililé du sol le dispense de labourer une grande étendue de terrain, et parce que les lacs et les rivières sont couverts d'une innombrable quantité d'oiseaux faciles à prendre, et qui fournissent une nourriture al)ondante. Un voyageur européen est étonné de voir que les sauvages de l'Amérique mé- ridionale se donnent une peine extrême pour apprivoiser des singes , des mamwivi ( IJrsus caudivolvula ), ou des écureuils, tandis qu'ils ne cherchent pas à réduire à l'état de domes- ticité un grand nombre d'animaux utiks que renferment les forets environnantes. Cepen- dant les peuples les plus civilisés du nouveau continent élevoient déjà dans leurs basses- cours^ avanll'arrivée des Espagnols, plusieurs gallinacées, connue des Hoccos (Crax nigra, G. globicera et G. pauxi), des dindons (Me- leagris gallo - pavo ) , plusieurs espèces de faisans , de canards , et de poules d'eau , des \acous ou guans ( Pénélope , /^^/i^a démonte), et des aras ( Psittuci maciouri ) , qui sont CHAPITRE X. 23 I regardés comme un mets délicat , lorsqu'ils sont jeunes. A cette époqnc, le coq, originaire des Grandes Indes , et commun aux îles Sandwich , étoit totalement inconnu en Amé- rique. Ce tl;it important sons le rapport de la migralion des peuples de la race malajc, a été con lesté en Espagne, des la fin du seizième siècle. De savans élymologistes prou- voient que les Péruviens dévoient avoir eu des poules avant la découverte du Nouveau- Monde, parce que lalan^i^ue de l'inca dési;^iie le co s par un mot particulier, celui de j^'7/Y///;^^ Ils i<;'noroient que ^luUpa ou huallpa est une contraction ^Atahuallpa , et que les naturels du Couzco avoient donné par dérision le nom d'un prince détesté à cause des cruautés qu'il exercoit contre la famille de Iluescar , aux coqs apportés par les Espagnols , s'imaginant, ce qui par oit assez étrange à l'oreille d'un Européen , trouver de la ressemblance e. Ire le chant de cet oiseau et le nom d'Ataliuallpa. Cette anecdote , consignée dans l'ouvrage de Cûf'ciliisso {T. I^ p. S5i), m'.: été racontée en 1802 , à Gaxamarca , où j'ai vu, dans la faiiiilic des Astorpiico j les descendans du dernier Inca du Pérou. Ces pauvres Indiens 232 LIVRE IV habitent les ruines du palais d'Ataliuallpa. Garcilasso rapporte que les Indiens imitoieut le chant du coq , en prononçant d'une nui nière cadencée des mois de quatre syllabes. Les partisans de Iluescar avoient composé des chants hurlesques pour se moquer d'Ata- huallpa, et de trois de ses généraux, appelés Quilliscacha , Chalchuchima, et Rumiriavi. En consultant les langues comme des monumens historiques, il faut distinguer avec beaucoup de soin ce qui est ancien , et ce qui a été na- turalisé par l'usage. Le mot péruvien micilu ^ qui désigne le chat , est tout aussi moderne que celui àliuallpa. Les Péruviens ont formé micitu du radical /7i/;3^ parce qu'en observant que les Espagnols l'emplojoient en appelant le chat , ils crurent que miz étoit le nom de l'animal. C'est nn phénomène physiologique très- curieux, que sur le plateau de la ville de Cou/co , qui est phis élevé et plus froid que ceuii de Mexico , les poules n'ont commencé à s'acclimater et à se propager qu'après l'espace de trente ans. Jusqu'à cette époque tous les poulets périrent en sortant de l'œuf. Aujourd'hui les diverses variétés de poules. CHAPITRE X. :33 surtout celles de Mosambiqiie , cjui ont la chair noire, sont (icvcnues communes clans les deux hcniisplièics, partout uù les peuples de l'ancien conlinenl ont pénétré. Plusieurs tribus d'Indiens sanva<^es qui vivent dans le voisinage des élablissemens européens , ont su s'en procurer. Lorsque nous lûmes à Tomcpenda, sur les bords de la rivière des Amazones , nous vîmes quelques familles d'Indiens Xibaros qui se sont établies à Tu- tumbero,dans un endroit presque inaccessible, entre les cataractes de Yariquisa et Patorumi; c*est dans les cabanes do ces sanva^^es qu'on avoit vu des poules , lorsqu'on les visita pour la première l'ois , il y a quelques années. La Nouvelle-Espagne a fourni à l'Europe le plus gros et le plus utile des gallinacées do- mestiques, le dindon (^totolin ou fiiifwolotl) , qui jadis a été trouvé sauvage sur le dos des Cordillères, depuis l'isthme de Panaina jusqu'à la Nouvelle -Angleterre. Gortez ra- conte que plusieurs milliers de ces oiseaux, qu'il appelle des poules [f^allinds) , étoieut nourj'is dans les b;isses-cours des châteaux de Montezuma. Du Mexique , les Espagnols les portèrent au Pérou, à la Terre-Ferme {Cas- 234 lIVRE IV tilla (Ici oro ) , et aux îles vVnllllcs ^ où Oviedo les décrivit en i5i5. Ilernondez observa dt-jà très-bien que les dindons sauvages du Mexi- que étoient beaucoup plus grands que les dindons domestiques. On ne trouve aujour- d'hui les premiers que dans les provinces septentrionales. Ils se retirent vers le nord , à mesure que la population augmente, et que, par une suite nécessaire, les f'oréls deviennent plus rares. Un voyageur inslrnit , auquel nous devons une description très-intéressante dos pays situés à l'ouest des monts Alléghanjs ', M. Michaux, nous apprend que le dindon sauvage du Kentucky pèse quelquefois jus- A quarante livres, poids énorme pour un oic.v..ui dont le vol est très-rapide, surtout quand il se voit poursuivi. Lorsque les Anglois , en i584, abordèrent en Virginie , les dindons existoient déjà depuis cinquante ans en Espa- gne , en Italie et en Angleterre ^ Ce n'est donc pas des Etats-Unis que cet oiseau a passé la première fois en Europe , comme plusieurs naturalistes l'ont faussement avancé. * Voyage de Michaux , p. 1 90. * Peckmann f l, c. T. Ill, p. 238-270. cHAPrmii X. i3.^ Les pintades ( immida Molca^^ris ) , (jik^ 1rs anciens clcsi<^iienl si bien sous le nom cl'//iv'.« miltaliv ^ sonl Ircs-rarcs au Mexi((ue, tiiners a soie avoient été introduites par les soins de Cortez, peu d'années après le siège de Ténoclititlan. Il existe sur le dos des Cor- dillères un mûrier propre aux régions équi- noxialcs, le Morus acuminata Jjoupl. , qu« 236 LIVRE IV nous avons trouvé sauvage dans le royaume de Ouilo^ près des villages de Fifo et de Pueniho. La feuille de ce mùiier est moins dure que celle du mûrier rou^^e {M. ruùra) des Eti^Jts-Unis, et les vers à soie la nangent comme celle du mûrier blanc de la Cliine. Ce dernier arbre , qui , d'après Olivier de Serres , n'a été planté en France que sous le règne de Charles viii, à peu près l'année 1/19'î, étoit déjà assez commun au Mexique vers le milieu du seizième siècle. On récoltoit alors une quantité de soie assez considérable dans l'intendance de la Pucbla, dans les environs de Paruco ', et dans la province d'Ouxaca ^ où quelques villages de la Misteca portent encore les noms de Tcpexe de la Soda (soie) , et àeSan Francisco de ht Seda.'\ynn coté, la politique du conseil des Indes, constamment contraire aux manuraclu: es du "Mexique; d'un autre, le commerce plus aciiT cînoc la Chine, et l'intérêt qu'a la conqiagnie des Philippines, de vendre aux Mexicains les soieries de l'Asie, paroissent être les causes principales ^ La Florida dd Inca ( Matlritl, 1/23), T. I, p. :j58. CHAPITRE X. 2.37 qui ont anéanti peu à peu celte Lranclie de l'industrie coloniale. Il y a peu d'années qu'à Queretaro, un particulier a proposé au g-ou- verneinent de iaite de grandes plantations de mûriers dans une des plus belles vallées du Mexique, la Canada des bains de Saa Pedro ^ liabilée par plus de trois mille In- diens. L'éducation des vers à soie demande moins de soin que celle de la cochenille, et le caractère des naturels les rend très-propres^ à tous les travaux qui exigent une extrême patience et des soins minutieux. La Canada , qui est à deux lieues de Queretaro^ vers le nord -est, jouit constamment d'un climat doux et tempéré. On n'y cultive aujourd'hui que des avocatiers ( Lauriis persea ) , et les vice-rois , qui craignent de blesser ce que dans les colonies on appelle les droits de la métropole , n'ont pas voulu permettre que l'on remplaçât cette culture par celle des mûriers. La Nouvelle-Espagne olFre plusieurs espèces de chenilles indigènes, qui filent de la soie semblable à celle du Bombyx mon de la Chine, mais qui n'ont pas encore été suffi- samment examinées par les entomologistes. i 2.38 LIVRÉ IV C'est de CCS insectes que vient la soie de la Misleca, qui déjà du temps de Monlezunia étoit un objet de commerce. On fabrique encore (aujourd'hui dans l'intendance d'Oa- xaca des hiouchoirs de cette soie mexicaine. ]Sous en avons acheté sur la route d'Acapulco à Chilj)anzint»'0. L'étoffe est rude au toucher, comme certaines soieries de l'Inde qui sont également le produit d'insectes très-différens du ver à soie du mûrier. Dans la province de Mechoacan et dans les montagnes de Santa Rosa , au nord de Gua- naxuato, on voit suspendus à différentes espèces d'arbres , surtout aux branches de XAvhutus niadroTiOy des sacs de forme ovale, qui ressemblent aux nids des Troupiales et des Caciques. Ces sacs, appelés capullos de madrono, sont l'ouvrage d'un grand nombre de chenilles du genre Bombyx de Fabricius , insectes qui vivent en société, et qui fdent ensemble. Chaque cajmllo a 18 à 20 centi- iiictres de long sur dix de large. Ils sont d'une blancheur éclatante, et formés par couches que l'on peut séparer les unes des autres. Les couches intérieures sont les plus minces, et d'une transparence extraordinaire. La matière CHAPITRE X. 23g dont ces grandes poches sont formées, res- semble au papier de la Chine : le tissu en est si dense, qu'on n'y reconnoît presque pas les fils qui sont colles transversalement les uns sur les autres. J'ai trouvé un grand nombre de ces capnllos de madrono , en descendant du Coffre de Perote vers las Vigas, à une Lauleur absolue de 0200 mètres. On peut écrite sur les couches intérieures de ces cocons , sans leur faire subi'^ aucune espèce de préparation. C'est un véritable papier naturel, dont les anciens Mexicains savoient tirer parti, en collant ensemble plusieurs couches, pour en former un carton blanc et lustré. Nous avons fait venir, par le courrier, des chenilles vivantes du Bomhjx madrono , de Santa Rosa à Mexico : elles sont d'une couleur olivâtre , tirant sur le iioii , et garnies de poils ; leur longu* a est de 20 à 28 milli- mètres. Nous n'avons point vu leui* mélnmoi- phose, mais nous avons reconnu que, ni ilgré la beauté et le lustre extraordinaire de cette soie de madrono, il sera presque impossible d'en tirer parti , à cause de la difficulté que l'on trouve à la dévider. Comme plnsif irs çheuilles travaillent ensemble, leuis uls se ,11, ■1 M £ , n\o LIVRE IV croisent cl s'entrelacent niiiliicllcnient. J'ai cm devoir enlrer dans ces déluiis, parr e que de«; personnes plus zélées f[u'instr;ules, ont fixé , il) a T)cu de temps, l'atten'ion du gou- vernement Iraucois sur la soie indigène du Mexifpie. La c/rc est Uii objet de la plus liaule im- portance ])our un pajs où il règne beaucoup de maiinificence dans le culle extérieur. Il s'en consomme une énorme quantité dans les l'êtes d'églises, tant dans la capitale que dans les chapelles des plus petits villages indiens. Les rnclics sont d'un grand produit dans la péninsule de Yucalan , surtout aux environs du porl de Campeclie, qui, en i8o5, expédia 682 arroôas de cire pouf la V era-Cruz. Ou compte de six à sept cents ruches réunies dans im colmrnar. Celle '^".e du Yueatan provient d'une apiaire propre au nouveau continent , que l'on dit dépourvue d'aiguillon , sans doute parce que son arme est très-foible et peu sensible. C'est cette circonstance qui a fait donner, dans les colonies espagnoles, le nom de petits atigcs ( ani^ciilos ) aux ;ibeilles que MM. lUiger, Jurinc et Latreille 'Ont décrites sous le nom de IMélipone et de CHAPITRE X. 341 Trigone. J'ignore siTabeille de Gampechc est différente du Melipona fasciata que M. Bon- pland a trouvé sur la pente orientale des Cordillères '. Il est certain que la cire des apiaires américaines est plus difdcile à blan- chir que la cire des abeilles domestiques de l'Europe. La Nouvelle-Espagne tire annuel- lement près de 26,000 airobas de cire de la Havane, importation dont la valeur s'élève à plus de deux millions de livres tournois. Cette cire de Tîle de Cuba ne provient ce- pendant qu'en petite partie des Trigones sauvages qui habitent les troncs du Cedrela odorata; la majeure partie en est due à Tabeille originaire du nord de l'Europe {Apis mellijica) f dont la culture s'est fort étendue depuis l'année 1772. L'île de Cuba a exporté en i8o3, y compris la contre- bande, 42,670 arrobas de cire. Le prix d'une arroha s'élevoit alors à 20 ou 21 piastres ; mais le prix moyen n'est , en temps de paix , que de i5 piastres , ou de 76 livres tournois» ' Voyez les insectes recueillis dans le cours de notre expédition, et décrits par M. La treille ; dan» notre Recueil d'observations de Zoologie et d'Ana» tomie comparée, T. I. m. , 16 A I 242 LIVRE IV, En Amérique, le voisinage des sucreries fait beaucoup de mal aux abeilles: ces insectes, très-avides de miel , se noient dans le jus de canne, qui les met dans un état d'immobilité et d'ivresse , lorsqu'elles en boivent à l'excès. L'éducation de la cochenille (qmnay ?io- chiztli) est d'une haute antiquité dans hi Nouvelle-Espagne : il est probable qu'elle remonte au delà de l'incursion des peuples Toltèques. Du temps de la dynastie des rois aztèques, la cochenille étoit plus commune qu'aujourd'hui. Il y avoit des nopcileiies , non-seulement dansle Mixtecapan ( la Misteca ) et dans la province de Huaxjacac ( Oaxaca ) , mais aussi dans l'intendance de laPuebla, aux environs de Cholula et de Huejolzingo. Les vexations auxquelles les naturels ont été ex- posés au commencement de la conquête , le bas prix auquel les encomenderos forcoient les cultivateurs de leur vendre la cochenille, ont fait que cette branche de l'industrie indienne a été négligée partout , excepté dans l'intendance d'Oaxaca. Il y a à peine quarante ans que la péninsule de Yucatan avoit encore des nopaleries considérables. Dans une seule nuit tous les nopals sur lesquels CHAPITRE X. 243 vit la cochenille , furent coupés. Les Indiens prétendent que le gouvernement se porta à cette mesure violente , pour iaire monter le prix d'une denrée dont on vouloit assurer la propriété exclusive aux liabitans de la Mistcque. Les blancs assurent, au contraire, que les naturels, irrités et mécontens du prix que les négocians lixoient à la cochenille , ont détruit à la fois, et d'un commun accord» l'insecte et les nopals. La quantité de cochenille que l'intendance d'Oaxaca fournit à l'Europe , peut être évaluée, année commmie, en y comprenant les trois sortes de grani . granilla et polvos dcgvana , à 4 000 zurrones ^ ou 3 2 ,000 arrobas; ce qui, en comptant Xarroha à 76 piastres fortes, fait 2,400,000 piastres, ou 12 millions de livres tournois. Il a été exporté par la Vera-Cruz, en cochenille: en 1802, 46,964. arrobas, ou pour 3,368,557 p. i8o3, 29,610 2,238,67 5 Mais une partie de la récolte d'une année se réunissant souvent à la récolte de l'année suivante , ce n'est pas par l'exportation seule qu'il faut juger des progrès de la culture. Il 16* 'M m i. \ i' 244 LIVRE IV, paroît qu'en général les nnpnleri.es augmentent très-lentement dans la Misteca. Dans l'inten- dance de Gnadalaxara, on récolte annuelle- ment à peine 800 arrohas de cochenille. Raynal ' évalue toute l'exportation de la Nouvelle-Espagne à 4ooo quintaux, évalua- tion qui est de moitié trop basse. Les Grandes Indes ont aussi commencé à verser de la cochenille dans le commerce, mais la quantité en est peu considérable. Le capitaine Nelson a enlevé l'insecte à Rio Janeiro , en 1 95. Des nopaleries ont été établies dans les c 1- virons de Calcutta, de Chittagong et de Madras. On y a trouvé beaucoup de difficulté pour se procurer l'espèce de Cactus propre à la nourriture de l'insecte- Nous ignorons si cette cdchcnille brasi'* *^ne, transportée en Asie , est l'espèce farineuse d'Oaxaca , ou la cochenille cotonneuse ygrana sibestve^. Je ne répéterai point ici ce que Thiery de Mfinonville et d'autres naturalistes après lui, ont publié sur la culture du nopal et sur l'éducation de l'insecte précieux qu'il nourrit. M. Thiery a mis autant de sagacité » T. II , p. 78. CHAWTRE X. a 45 dans ses recherches , qu'il a déployé de cou- rage dans l'exécution de ses projets. Ses observations sur la cocher Jlle introduite à St.-Domingue ^ sont sans doute très-exactes; mais ignorant la langue du pays , et craignant d'exciter la méfiance en montranJ une cu- riosité trop active , il n'a pu recueillir , pen- dant son séjour dans l'intendance d'Oaxaca, que des notions assez imparfaites sur les nopaleries mexicaines. J'ai eu occasion d'ob- server la cochenille silvestre dans le royaume de \à Nouvelle 'Grenade , à Quito , au Pérou et au Mexique : je n'ai pas été assez heureux pour voir la cochenille fine ; mais ayant con- sulté des personnes qui ont vécu long-temps dans les montagnes de la Misteca, et ayant eu à ma disposition des extraits de plusieurs mémoires manuscrits que le comte de Tepa avoit fait dresser pendant son séjour à Mexico , par des alcades et des ecclésiastiques de l'évéché d'Oaxaca, je me flatte de pouvoir donner quelques renseignemens utiles sur un insecte qui est devenu un objet de la plus haute importance pour les manufactures de l'Europe. La cochenille yî^^//^e^^5e, fine ou mistèque nu f r, 246 LIVRE IV,' {granafina)y est-elle spécifiquement diflerente de la cochenille cotonneuse ou silvestre (^grana silvestre), ou celte dernière est-elle la souche primitive de la première, qui, par conséquent, ne seroit que le produit d'une dégénération due à l'éducation et aux soins de l'homme ? Ce problème est aussi difficile à résoudre que la question si la brebis do- mestique descend du moufflon , le chien du loup , et le bœuf de V Aurochs, Tout ce qui tient à l'origine des espèces , à l'hjpolhèse d'une variété devenue constante, ou d'un type qui se perpétue , appartient à des problèmes de zoonomie, sur lesquels il est sage de ne pas prononcer affirmativement. La cochenille fine diffère de la silvestre , non-seulement par la grandeur , mais aussi en ce qu'elle est farineuse et couverte d'une poudre blanche; tandis que la silvestre est enveloppée d'un coton épais, qui empêche de distinguer ses anneaux rlesmétamorphoses des deux insectes sont d'ailleurs les mêmes. Dans les parties de l'Amérique méridionale où l'on s'occupe, depuis des siècles, à élever la cochenille silvestre, on n'est pas parvenu à lui faire perdre son duvet. A St.-Domingue, CHAPITRE X. 2\'] il est vrai , on a cru observer fions les nopa- leries étiiblies par M. Thierj, que rinsccte soigné par rinduslrie dclhonuiie aut,nnentoit de volume, el qu'il éprouvoit un changement sensible dans l'épaisseur de son enveloppe cotonneuse : mais un savant enlumologisle , M. Latreille , qui incline à regarder la coclie- nille siheslre connue une espèce diflerente delà cochenille fine, croit que celle dimi- nution du duvet n'a élé qu'apparente , et qu'il faut l'altribuer à répaississcMuenl du corps de l'insecte. Les anneaux du dos de la femelle étant plus dilatés , les poils qui re- couvrent celte partie doivent paroître moins rapprochés, et par cela même plus clairs. Quelques personnes qui ont séjourné long- temps dans les en\ irons delà ville d'Oaxaca, m'ont assuré que Ton observe quelquefois parmi les petits coccus qui viennent de naître, des individus couverts de poils assez longs. On pourroit être tenté de regarder ce fait comme une preuve que la nature , lorsqu'elle a dévié du type primilil, y revient de temps en temps : c'est ainsi que la graine du Fragaria monophylla de M. Duchéne , produit cons- tamment quelques fraisiers communs à feuilles I 348 LIVRE IV,' divisées. Mais il ne faut pas oublier que la cochenille fine, en sortant du corps de sa mère, a le dos ridé et couvert de douze soies qui sont souvent très-longues , mais qui dis- paroissent dans l'insecte adulte. Des personnes qui n'onlpas comparé attentivementla semaille delà cochenille fine avec celle delà cochenille silvestre^ sont naturellement frappées de la présence de ces poils. La cochenille fine paroît poudreuse dix jours après sa naissance, dès qu'elle s*est débarrassée de sa robe frangée de petites soies : la cochenille silvestre , au con- traire , se couvre de plus de poils à mesure qu'elle avance en a^-e; son duvet s'épaissit, et l'insecte ressemble à un petit flocon blanc, à l'époque qui précède l'accouplement des deux sexes. Oii observe quelquefois , dans les nopaleries d'Oaxaca , que le mâle ailé de la cochenille fine s'accouple avec la femelle de la cochenille silvestre. Ce fuit a été cité comme une preuve évidente de l'identité de l'espèce ; mais nous voyons s'accoupler conmiunément en Europe des coccinelles qui diffèrent essentiellement par leur forme , par leur taiUe et par leur couleur. Lorsque deux espèces d'insectes sont CHAPITRE X. ^49 voisines , cet accouplement ne doit pas nous étonner. La cochenille fine et la plante sur laquelle on l'élève, se trouvent-t-elles toutes deux à l'état sauvage au Mexique ? M. Thiery a cru pouvoir répondre négativement à cette ques' tion. Ce naturaliste paroît admettre que l'in- secte et le nopal des plantations d'Oaxaca ont été insensiblement modifiés dans leur forme , par l'effet d'une longue culture. Cette suppo- sition me paroît cependant aussi gratuite que celle d'après laquelle on regarderoit le blé , le maïs et le bananier comme des plantes dé- générées , ou , pour citer un exemple tiré du règne animal, Icllama, que l'on ne connoît pas à l'état sauvage , comme une variété de la vigogne des Hautes-Andes. Le coccus cacti a une infinité d'ennemis parmi les insectes et les oiseaux. Partout où la cochenille cotonneuse se propage d'elle-même, on ne la trouve que peu abondamment : or, il est facile de conce- voir que la cochenille farineuse a dû être plus rare encore dans son pays natal , parce qu'elle est plus délicate , et que, n'étant pas couverte de duvet, elle est plus sensible au froid et à l'humidité de l'air. En agitant la question si la t ■ I 2! O LIVRE IV 5 cochenille fine peut se propager snns le soin de l'homme , ^e snhdélégué de la province v'Ouxaca , Rwz de JMonloya', cile dans son mémoire, le fait très-remarquable « qu'à sept « lieues de distance du village de Nexapa , il « existe un endroit dans lequel, favorisée par « des circonstances particulières, la plus belle ce firûîia Juia se recueille sur des nopals sau- ce vages très-liauls et très-épineux, sans que « l'on se soit jamais donné la peine de nettoyer ce les phuites, ou de renouveler la seuiaille de « la cochenille. » En outre, il ne faudroitpas s'étonner que, même dans un pays oii cet inscte seroit indigène , il cessât presque en- tièrement de se trouver à l'état sauvage , dès que les habitans commcnceroient à le recher- cher et à l'élever dans des nopaleries. Il est probable que les Toltèques , avant d'entre- prendre une culture aussi pénible, auront recueilli la cochenille fine sur les nopals qui croissoient spontanément sur le flanc des montagnes d'Oaxaca. En récoltant les femelles avant qu'elles eussent pondu - l'espèce devoit se trouver bientôt détruite , et c'est pour * Gazeta de Utaratura de 3Icxico , 179^ , p. 228. CHAPITRE X. IJI obvier à celte flestructlon progressive, cl pour empêcher le mélange des cochenilles coton- neuses et farineuses sur le même cactus (les premières enlevant toute nourriture aux se- condes ) , que les naturels ont établi des nopaleries. Les plantes sur lesquelles se propagent les deux espèces de cochenilles, sont essentiel- lement diir^'rentes : ce fait, très-certain, est un de ceux qui indiquent une dilTérence pri- mitive et spécifique entre la ^vana Jina et la grana sihestrn. Est-il probable que la coche- nille farineuse , si elle étoit une simple variété de la cochenille cotonneuse, périroit sur les mêmes cactus qui servent de nourriture à celle- ci, et que les botanistes désignent sous les noms de Cactus opuntia, C. tuna et G. ficus indica? M. Thierj, dans l'ouvrage ' que nous avons eu occasion de citer souvent , assure qu'à Saint-Domingue , dans la plaine du Cul- de-sac, la cochenille cotonneuse ou sylvestre ne vient pas sur le Cactus tuna , mais sur leC.pereskia, qu il range parmi lesraquelles ariiculét'S, Je crains ([ue ce bolanèile n'ait P. 2j5-'jS'2. 252 LIVRE IV,' confondu une variété d'opuntia avec le vrai pereskia , qui forme un arbre à feuilles larges et grasses , et sur lequel je n'ai jamais trouvé de cochenille. Je regarde aussi comme très- douteux que la plante que Linné a appelée Cactus coccinellijor, et que nous cultivons en Europe, soit le nopal sur lequel les Indiens d'Oaxaca élèvent la cocheirille farineuse. M. Decandolle ' , qui a répandu beaucoup de jour sur cette matière , paroît partager mon opinion ; car il cite comme synonyme de la raquette à cochenille le nopal silvcstrc de Thiery de Menonville , qui est entièrement différent de celui des plantations. En effets Linné avoit donné le nom de Cactus cocci- nellifer à la raquette avec laquelle plusieurs jardins botaniques de l'Europe avoient reçu la cochenille cotonneuse, espèce à fleur pour- prée ( Ficus indlca i^eriniculos proferens de Plukenet ), qui est sauvage à la Jamaïque , à l'île de Cuba , et presque partout dans les colonies espagnoles du continent. J'ai montré ce Cactus à des personnes très -éclairées, * Plantes grasses de MM, Redouté et Decandolle , livraison 24. CHAPITRE X. 253 qui avoient examiné 'avec soin les nopa- leries d'Oaxaca : elles m'ont constamment assuré que le nopal des plantations en diffère essentiellement , et que ce dernier , comme l'indique aussi M. Tliierj, ne se trouve pas à l'état sauvage. De plus , l'abbé Clavigero ' , qui a vécu pendant cinq ans dans la Misteca, dit expressément que le iruit du nopal , sur lequel on propage la cochenille fine , est petit , peu savoureux et blanc , tandis que le fruit du Cactus coccinellifer Linn. est rou^e. Le célèbre Ulloa avance dans ses ouvrages, que le vrai nopal est sans épines ; mais il paroi t avoir confondu cette plante avec une raquette que nous avons trouvée souvent dans les jardins (coniicos) des Indiens du Mexique et du Pérou , et que les créoles, à cause de sa taille gigantesque , de l'excellence de ses fruits , et de la beauté de ses articles , qui sont d'un vert bleuâtre , et dépourvus d'épines , dé- signent par le nom de Tuna de Castilla. Ce dernier nopal, le plus élégant de tous les opuntia , est en effet propre à nourrir la co- chenille farineuse, surtout lorsqu'elle vient de »T. I,p. ii5. 254 LIVRE IV, naître ; on ne le trouve cependant que très- peu dans les nopaleries d'Oaxaca. Si , d'après l'opinion de quelques botanistes distingués , le Tuna ou Nopal de Castilla n'est qu'une variété du Cactus opuntia ordinaire, due à la culture, on doit être surpris que les raquettes cultivées depuis des siècles dans nos jardins botaniques , et celles des nopaleries de la Nouvelle - Espagne , n'aient pas également perdu les épines dont leurs articles sont armés. Les Indiens de l'intendance d'Oaxaca ne suivent pas tous, dans l'éducation delà coche- nille , la même méthode que M. Thiery de Menonville a vu pratiquer lors de son passage rapide par San Juan del Rè , San Antonio et Quicatlan. Ceux du district de Sola et de Zimatlan ' établissent leurs nopaleries sur la pente des montagnes , ou dans des ravins éloignés de deux ou trois lieues de leurs vil- lages. Ils plantent les nopals après avoir coupé et brûlé les arbres qui couvroient le terrain. S'ils continuent à nettoyer le sol deux Cois par an , les jeunes plantes sont en état de ' InfoiTue de Don Francuco Ibahez de Corvera» ( Manuscrit. ) CHAPITRE X. 2^)5 nourrir la cochenille dès la troisième année. Pour cetcfTet, le propriétaire d'une nopalerie acliète , au mois d'avril on de mai , des liranclies on articles de Tuf? as de Castilla , charges de petites cochenilles ( scmilln ) , récemment nées. Ces articles , dépourvus de racines , et séparés des troncs , conservent leur sue pendant plusieurs mois : ils se vendent à peu près trois francs le cent, au marché d'Oaxaca. Les Indiens conservent la semaille de la cochenille pendant vinfi-t jonrs , dans des cavernes , ou dans l'intérieur de leurs ca- bannes : après cette époque ils exposent les jeunes coccus à l'air libre. On sus])end les articles sur lesquels l'insecte est fixé , sous un hangar couvert d'un toit de paille. L'ac- croissement de la cochenille est si rapide, qu'au mois d'août ou de septembre on trouve déjà des mères grosses avant que les petits soient éclos. On place ces cochenilles-mères dans des nids faits d'une espèce de Tillandsia , appelé Paxtle. C'est dans ces nids qu'on les porte à deux ou trois lieues du village, et qu'on les distribue dans les nopaleries , où les jeunes plantes reçoivent la semaille La ponte des cochenilles -mères dure treize à \\ 2S6 LIVRE IV, quinze jours. Si le lieu dans lequel la planta- tion se trouve, n'est pas très-élevé , on peut compter sur la première récolte en moins de quatre mois. On observe que, dans un climat plus (bid que tempéré, la couleur de la coche- nille est également belle , mais que la récolte y est beaucoup plus tardive. Dans la plaine, les cochenilles-mères grossissent davantage, mais elles y trouvent aussi plus d'ennemis dans l'innombrable quantité d'insectes {xica- ritas jpcrrUos y ara dore s ^ agitjas ^ armad'illos , ciilcbrUas)y de lézards, de rats et d'oiseaux qui les dévorent. Il faut un soin infini pour nettoyer les articles des nopals : les femmes indiennes se servent pour cela d'une queue d'écureuil ou de cerf; elles sont accroupies des heures entières auprès d'un seul plant ; et, malgré le prix excessif de la cochenille, on pourroit douter que cette culture fût très- profitable dans des pays où Ton sauroit tirer parti du temps et du travail de l'homme, A Sola, où il tombe des pluies très-froides, et même souvent de la grêle au mois de janvier, les naturels conservent les jeunes cochenilles en couvrant les nopals avec des nattes de jonc : aussi le prix delà semaille de granajlnuy qui CHAPITRE X. 257 gcncralcmcnt ne coûte que 5 francs la livre , y monte souvent jusqu'à 18 et 20. Dans plusieurs districts de la province d'Oaxaca, on fait trois récolles de cochenille par an , dont la première (celle qui donne la scm(ff7/e) n est ])ds lucrative, parce que Li mèi e ne conserve que trts-peU de suc colo- rant , si elle périt naturellement après avoir mis bas. Cette première récolle fournit la grana depastle ou cochenille des nids j appe- lée ainsi, parce qu'on trouve les mères après la ponte, dans ces mêmes nids qui ont été suspendus aux nopals. Près delà ville d'Oaxa- ca, on sèincX'à coclienille au mois d'août ; dan^ le district de Chontale, cette opération ne se fait qu'au mois d'octobre ; sur les plateaux les plus froids, en novembre et en décembre. La cochenille cotonneuse ou silvestre qui s'introduit dans les nopaleries, et dont le mâle , d'après l'observation de M. Alzate , n'est guère plus petit que le mâle de la cochenille farineuse ou fine , fait beaucoup de tort aux no[)als : aussi les Indiens la tuent partout où ils la trouvent, quoique la couleur qu'elle donne soit très-solide et très-belle. Il paroît que non-seulement les fruits , mais IH. 17 23 8 LIVRE IV ■■w ,1 I i''i t i aussi les arlicles verts de plusieurs espèces de Cactus pourroient servir pour teindre le coton en violet et en rouge , et cpie lu couleur delà cochenille n'estpas entièrement due à un procédé ai anlmallsation des sucs végétaux dans le corps de l'insecte. A Nexapa , on compte que dans de bonnes années une livre de remaille de coclicniile farineuse placée sur les nopals au mois d'oc- tobre, donne au mois de janvier une récolte de 12 livres de cochenilles-mères, en laissant sur la plante la semaille suffisante ; c'est-à-dire, en ne commençant la récolle que lorsque les mères ont fait la moitié de leurs petits. Cette nouvelle semaille produit jusqu'au mois de mai encore 56 livres. A Zimatlan , et dans d'autres villages de la Misteca et du Xicayan , on récolte à peine trois à quatre fois la quan- tité de cochenille semée. Si le \ent du sud, qui est très-pernicieux à l'accroissement de l'insecte , n'a pas soufflé long-temps, et que la cochenille ne soit pas mêlée de tlasole , c'est- à-dire , des dépouilles des maies ailés , elle ne perd que deux tiers de son poids , séchée au solei Les deux espèces de cochenilles ( la fine CHAPITRE X. aSc) et la silvestre ) paroissent contenir plus de principe colorant dans les climats tempérés, surtout dans les régions où la tenipérature moyenne de l'air est de 18 ou 20 degrés centigrades. La corlienille line peut résister à des froids très-considérables : elle se cultive encore dans la province d'Oaxaca , sur des plateaux où le tliernioniètre est presque cons* taniinent à 10 ou 12 de^'Tcs centiLirades. QuaTit à la cochenille silvestre, nous l'avons trouvée abondamment dans les climats les plus opposés, dans les montagnes de Rio- bamba , à 2900 mètres de hauteur absolue , et dans les plaines de la province de Jaen de Bracamoros , sous un ciel brûhuit , entre les villages de Tomependa et Ghamaja. Autour de la ville d'Oaxaca , et surtout près d'Ocotlan , il y a des plantations ( ha- ciendas) qui renferment 5o à 60,000 nopals plantés en lignes comme despites ou maguejs de pulque, La plus grande partie de la co- chenille qui entre dans le couimerce , est cependant fournie par de petites nopaleries qui appartiennent à des Indiens extrêmement pauvres. On ne laisse généralementpass' élever le nopal au-dessus de douze décimètres , afîo 17* 1 / aGo LIVRE IV, qu'on puisse le dépouiller plus facilement des insectes qui dévorent la jochenille. On préfère même les ^ ariélés de Cactus qui ont plus d'épines el de poils , parce que ces armes servent à protéger la coclienille contre les insectes volans , et l'on a soin de couper la fleuretle fruit pour empêcher queces derniers 11 'j déposent leurs œufs. Les Indiens qui élèvent la cochenille , et que l'on désigne parle nom de nnpa'f'rns y ceux surtout qui vivent autour de la ville d'Oaxaca, suivent une pratique très-ancienne et très-extraordinaii celle de faire 7H)ra^er la cochenillii. Dans cette partie de la zone torride , il pleut dans les plaines et dans les vallées, depuis le mois de mai jusqu'au mois d'octobre; tandis que dans la chaîne de mon- tagnes voisines, appelée Sierra de Lstcpcje y les pluies ne sont fréquentes que depuis déî- cemhre jusqu'en avril. Au lieu de conserver l'insecte pendant la saison des pluies, dans l'intérieur des cabanes , les Indiens placent les coclienilles-nières, couvertes de i'euilles de palmiers, couche par couche , dans des paniers faits avec des lianes très-flexibles. Ces paniers (canastos) sont portés à dos d'Indiens, « C:ilAPlTÎ\K X, 26 et le plus m'Ic possi])le, d;uis les niontujj^ncs (l'Islepojc, îui - dessus du >ill;igc de Satila (^atalj iVOi iataijua , a 9 lieues de dislauee 262 LIVRE IV, est la moins en iJSiif;c , conserve au corps cic Fiisecle celte poudre I)ldncliàtre dont il est couvert , et qui rehausse son prix à Vera- Cruz et à Cadix. Les acheteurs prélèrentla cochenille blanche, parce qu'elle est moins sujette à être mêlée frauduleusement avec des parcelles de gomme , de bois , de maïs ' et de terre rouge. Il existe au Mexique des lois très-anciennes (des aimces 1^92 et i^q/j), tendant à empêcher la Calsificalion de la co- chenille. Depuis l'année ijGo, on s'est même vu forcé d'établir à la ^ille d'Oaxaca un jury dei'ea(lorcsc[ui exauiinentles sacs (zurrones) avant qu'on les envoie hors de la province. On a ordonné que la cochenille mise en vente aille i^ntin séparé, afin que les Indiens ne puissent pas introduire des matières étran- gères dans ces masses agglutinées appelées bodoques. Cependant tous ces moyens n'ont pas suffi pour éviter la fraude. Celle qui se fait au Mexique , par les tùuigueros ou zan-^ ganos {fdisijicadores) , est cependant peu Con- a donné une bonne figure tîu Icmazcalli ( Gazeta de literatiira de Mexico y T. IH , p. 252. ) , assure que la chaleur ordinaire des vapeurs dans lesquelles se baigite rindien mexicain, est de G6" centigrades. i 'i; ClIAPIXnR X. ,r>3 sîclcrable en comparaison de celle à laquelle celle Hiarcliiinclise esl exposée clans les porls de la péninsule (;l dans le i esle de TEurope. Pour acliever le lahicau des productions animales de la Nouvelle- Espagne , nons devons encore jeler un conp-d'(cil rapide sur la pécbe des perles j el sur celle de la haleine. Il est probable que ces deux branches de pèches deviendronl un jour des objets d'une haule imporlance pour un pays qui embrasse imc élendue de côles de plus de 1700 lieues marines. Long-temps avanl la découverte de l'Amérique , les perles éloienl très-eslimées des naturels. Hernando de Solo en trouva une quantité immense dans la Floride , sur- tout dans les provinces d'Ichiaca et de Con- fachiqui , où les tombeaux des princes en étoient ornés '. Parmi les prt'sens que Mon- tezuma fit à Cortez avanl son entrée à Mexico, et que celui-ci envoya à l'empereur Charles- Quint , il y avoit des colliers garnis de rubis, d'émeraudes et de perles \ Nous ignorons si ^ La Florida del Inca y Madrid, 17^3, p. 129, i35 el i4o. ^ Cromara , Conquisla de Mexico ( Mcdiiia del Campo, i553) , fol. 25. ■n^ ■ 264 LTVRE IV 5 les rois aztèques recevoient une partie de ces dernières par la voie du coirjmerce avec les peuples barbares et nomades qui (rcquentoient le golfe de Californie. Il est plus certain qu'ils faisoient pécher des perles sur les rotes qui s'étendent depuis Colinia .. limite septentrio- nale de leur empire^ jusqu'à la province de Xocoiïoclico ou Soconusco, surtout près de Tototepec , entre Acapulco et le golfe Je Tehuanlepec, et dans le Giullrtecapan. Les Incas da Pérou attachoient une grande valeur aux perles; mais les lois de Manco - Capac défendoient aux Péruviens le métier de plon- geur , comme peu utile à l'état , et dangereux pour ceux qui s'y livrent '. Les parages qui , depuis la découverte du nouveau continent, ont fourni le plus abon- damment des perles aux Espagnols , sont les suivans : le bras de mer entre les îk.î Cubagua et Coche, et la ente de Cumana; l'embou- chure du Rio de la Hacha ; le golfe de Panama , près de Jslas de las Perlas j et les côtes orientales de la Californie- En 1587, on emporta à Séville 5 16 kilogrammes de * GarcHanso , Llb. VllI, c. 23. CHAPITRE X. a63 perles , parmi lesquelles il y en avoit cinq kilograimncs ' de la plus grande beauté, destinées pour le roi Pliilij)j)e n. Les pcehes de perles de Cubagua et de Rio de la Hacha ont été très - productives , mais de peu de durée. Depuis le commencement du dix- sepliëme siècle, surtout depuis les na\ igations d'Yturbi et de Pinadero , les perles de la Californie ont > ommencé à rivaliser dans le comnierce avec celles du liolfe de Panama. A cette époque on envoya les plongeurs hs plus haijiles sur les cotes de la mer de Corle/ : cepend;uit la péclîe lut bientôt négligée de nouveau ; el si du ter.îps de Fei^pédition de Galvez on a essayé de la relever, cette ten- tati\ e a été rendue inbuctucuse par les causes que nous avons exposées plus haut "' , en donnant la description de la Calilornie. Ce n'est qu'en 1 8o5(pi'un ecclésiastique espagnol, résidant à Mexico , a fixé de nouveau l'allen- tion du gouvernement sur les perles de la côte de Ceralvo , en Calirornie. Comme les plongeurs (/;z/;:i;A) perdent beaucoup de temps ^jlcosta, L!b. IV, r. i5. • Vo^^cz ci-tiessus j Clir.p. Vlil, T. Il, p. 'i2(i. 266 LIVRE IV fî !' \ê î à venir respirer l'air à la surface de l'eau , et qu'ils se fatiguent inutilement en descendant à plusieurs reprises au fond de la mer , cet ecclésiastique a proposé d'employer à la pêche des perles une cloche de ph)ngeur qui doit servir comme un réservoir d'air atmosphé- rique, et sous laquelle le plongeur se réfugiera chaque fois qu'il aura besoin de l'cspircr. Muni d'un masque et d'un tujau flexible , il pourra se promener au fond de l'Océan , en inspirant l'oxigène fourni par la cloche à laquelle aboutit le tuvau. Pcndnit mon séjour dans la Nouvelle-Espagne , j'ai vu f;dre dans un petit étang , près du château de Ghopol- tepec , une série d'expériences t* js-curieuses, tendant à e?^éciilrr ce projet. G'étoit sans doute la première lois fpVujK) cloche de plongeur avoit été couîftruile à la hatUeur de 2.^00 mètres , c'est-à-dire à une liauteur qui égale celle du pasaa^e du Simplon. J'ignore si les expériences faites dans la vallée de Mexico ont été répétées dans le golfe de Californie, et si la pèche des perles y a été reconmiencée après une interruption de plus de trente ans ; car jusqu'à ce moment prestpie toutes les perles que fournissent les colonies (,: CHAPITRE X. 267 espagnoles à l'Europe , viennent du golfe de Panama. Parmi les coquilles pélagiques de la Non- velIe-Espagne , je dois encore nommer ici le Murex de la cole de Teluiantepec, dans la province d'Oaxaca, dont le manteau transsude une liqueur colorante de couleur pourpre^ et la fameuse coquille de Monteivj, qui res- semble aux plus beaux Haliotis de la Nouvelle- Zélande. Celte dernière se trou\ e sur les cotes delà Nouvelle-Californie, surtout entre les ports de Mon 1ère j et de San Francisco. Elle est employée, conmie nous l'avons observé plus haut, dans le commerce des fourrures avec les habitans de Noutka. Quant au gasté- ropode dcTeliuantepec, les femmes indiennes en recueillent la liqueur pourprée , en suivant le rivage et en frottant le manteau du Murex avec du coton dépouillé de sa graine. Les cotes occidentales du Mexique, surtout la partie du (^rand Océan située entre le golfe de Bajonna, les trois îles Maries et le cap Saint-Lucas, abondent en cachalots^ dont la pèche, à cause de Textréme cherté du blanc'de-baleine (adi[)0cire), est devenue , pour les Anglois et pour les habilans des Etals- ï!3 I 2 63 LIVRE IV , Unis, un des objels les plus importons de spéculalion mercantile. Les Espagnols mexi- cains.voient arm ersur lenis cotes despe'chenrs de cacJialots cjni sont obliges de iaire une navigation de plus de 5ooo lieues marines , et que l'on désigne assez improprement sous le nom de hallcneros ( wlialers ) ; mais ils ne sont point tentés deprendiepail à la chasse de ces grands mammifères cétacés. jM. Sclmeider , aussi bon physicien que savant helléniste , MM. de Lacépcde et Fleurieu ', ont donné des renseignemens très-exacts sur les pèches de la baleine et des cachalots (hms les deux hé- misphères. Je consignerai ici les notions plus récentes que j'ai pu recueillir pendant mon séjour sur les côtes de la mer du Sud. Sans la pêche des cachalots , sans le com- merce des fourrures de loutres marines de Noutka , le Grand Océan ne seroit presque pas fréquenté par les Anglo- Américains et les nations de l'Europe. Malgré l'économie extrême que l'on met dans les expéditions de pèche , celles qui se font au delà du cap de Horn sont trop coûteuses pour que la baleine * ï^oyage de Manhaml . ï, II , p. Goo, G4i. m CHAPITJIE X. de ne 26g ( hlack-whale) puisse en cire l'objel. Les fiiiis de ces navigations lointaines ne peuvent cire compenses que par le haut prix qne le besoin ou le luxe attachent aux niarchandises de retour. Or, de lou^: les liquides huileux qui entrent dans le commerce, il y en a peu qui soient plus chers que le blanc-de-baleine, ou la substance particulière renfcrfiiée dans \e> énormes cavités du nuiseau des cachalots. Lu sculindividu de ces cétacés gi<^'antesques donne jusqu'à 125 barils' anglois (à 02 -^ gallons chacun ) de spcrma ccti. Lu tonneau conte- nant huit de ces barils, ou 1024 pintes de Paris ^ s'est vendu à Londres, avant la paix d'Aïuicns, 700U80, el,pendanllaguerre, 95 et 100 livres sterlings. Ce n'est pc s la troisième expédition de Gook, dirigée aux cotes noi'd-ouest du nouveaii con- tinent j c'est le voyage de James Colhiet aux îles Gailapagos, qui a faitconnoître aux Euro- péens et aux Anglo-Aniéricaifis l'abondance de cachalots qui existe dans le G rand Océan , * T.!il>aril a i/iS h»îcu4îtres, ou environ 178 l pintes de Paris. [ Reiherchs .sur la ric/ieoic des natuMii , par AJiifti Smith, iratUiciion de M. Garni ;r, T. V, p. tDl.) 4 m' l'X :| 270 LIVRE IV 5 au nord de l'équateur. Jusqu'en 1788 les pèelieurs de baleine ne fréquenloienl que les cotes du Chili et du Pérou. On ne comptoit alors que douze ou quinze vaisseaux qui pas- soientannuellenient le cap de Horn pour faire la pèche du cachalot; tandis qu'à l'époque où i'étois dans la mer du Sud , il y en avoit plus de soixante sous pavillon anglois. Le Physeter macrocephalus n'habite pas seulement les mers Arctiques entre les côtes du Grœnland et le détroit de Davis ; on ne le trouve pas seulement dans l'Océan Atlantique, entre le banc de Terre Neuve et les îles Açores , où les Anglo-Américains en l'ont quelquefois la pèche : ce cétacé se présente aussi au sud de l'équateur , sur les côtes du Brésil et de la Guinée. Il paroît que, dans ses voyages pério- diques, il se rapproche plus du continent de l'Afrique que de celui d'Amérique ; car dans les environs du Rio Janeiro et de la Bahia on ne jH'cnd que des baleines. Cependant la pêche du cachalot a beaucoup diminué sur les côtes de la Guinée , depuis que les navigateurs craignent moins de doubler le cap de Horn, et depuis qu'on est devenu plus attentif aux cétacés qui abondent dans le Grand Océan. CHAPITRE X. 2^1 On trouve des physelères , et par bandes assez considérables , dans le canal de Mozambique, et au sud du cap de Bonne-Espérance ; mais l'animal y est génériilement petit, et la mer, constamment houleuse et a^ilée , n'y favorise pas la manœuvre des havf)onneuvs. Le Grand Océan réunit toutes les circon- stances qui peuvent rendre la pèche du cacha- lot liicile et lucrative : plus riche eu mol- lusques, en poissons , en marsouins, en tortues et en phoques de toute espèce, il offre plus de nourriture aux cétacés souffleurs que l'Océan Atlantique ; aussi ces derniers y sont- ils en plus grand noivbre , plus gras , et d'une taille plus considérable. Le calme qui règne pendant une grande partie de l'année dans la région équinoxiale de la mer du Sud , facilite singulièrement la poursuite des cachalots et des baleines. Les premiers s'éloignent peu des cotes du Chili, du Pérou et du Mexique, parce qu'elles sont taillées à pic ( acantiladus ) et baignées par des eaux d'une gi'ande pro- fondeur. C'est une règle générale que le cachalot fuit les bas-fonds , tandis que la ba- leine les cherche. C'est par cette raison que ce dernier c4tacé est très- fréquent sur les 2^2 TIVi\i; IV, côle!> basses du 13 ((''mI; tandis que le premier abonde pics de celles de la Guinée, qui sont plus élevées cl pai tout accessibles pour les plus <>randsbàliuiens. Telle est, enoénéral, la constitution géolo^itpje des deux continens, que les cotes occidentales de l'Aniéiique et de l'AIVique se ressendjîent ; tandis que les cotes orientales et occidentales du nouveau continent ofTrent le contraste le plus remar- quable sous le rapport de leur élévation au- dessus dvi Tond de l'Océan voisin. La plupart des vaisseaux îuii;lois ou an^^lo- an)éricains qui entrent dans le Grand Océan , ont le douille but delà pèche du cachalot et du commerce illicite avec les colonies espagnoles. Ils doublent le cap de Ilorn , après avoir tenté de laisser des marchandises de contre- bande à l'embouchure de la rivière de la Plata, ou au préside des îles Malouines. Ils commencent àlairelapêche du cachalot près des petites îles désertes de Mocha et de Santa Maria , au sud de la Goneepcion du Chili. A Mocha, il y a des chevaux sauvag^es que les habitans de la cote voisine y ont introduits, et qui servent quelquefois de nourriture aux navigateurs. L'île de Santa Maria a des sources \ '"' CHAPITRE X. 2y3 très-belles et très- abondantes : on y trouve des cochons devenus sauvages _, et une espèce de navets très-gros et très-nourrissans, que l'on croit propre à ces climats. Après avoir sé- journé dans ces parages pendant l'espace d'un mois , et après avoir fait le commerce de contrebande à 1 ile de Ghiloe , les bâtimens pêcheurs ( balleneros) ont coutume de longer les côtes du Chili et du Pérou jusqu'au cap Blanc, situé sous le? 4** 18' de latitude aus- trale. Le cachalot est partout très-commun dans ces parages , jusqu'à quinze ou vingt lieues de distance du continent. Avant l'expé- dition du capitaine GoUnet , la pêche finissoit au cap Blanc ou près de l'équateur; mais, depuis quinze à vingt ans , les balleneros la continuent au nord , jusqu'au delà du Gabo Gorientes , sur les côtes mexicaines de l'inten- dance de Guadalaxara. G'est autour de l'ar- chipel des Galapagos, sur lesquels il est très- dangereux d'atterrir , à cause de la force des couraps, et autour des îles de las très Marias, que les cétacés sont le plus fréquens et d'une taille gigantesque. Au printemps, les envi- rons des Galapagos sont le rendez-vous de tous les cachalots macrocéphales des côtes du m. tS K|l'- iN I! HJ 274 LIVRE ÏV, Mexique, de celles du Pérou et du golfe de Panama , qui viennent s'y accoupler : à cette époque, M. GoUnet y a vu de jeunes indi- vidus de deux mètres de longueur. Plus au nord des îles Marias y dans le golfe de Cali- fornie, on ne trouve plus dephysetères, mais seulement des baleines. Les pêcheurs baleiniers distinguent facile- ment de loin les cachalols des baleines ; par la manière dont les premiers fonl jaillir l'eau par leurs évents. Les cacliulots peuvent rester plus lono^- temps sous l'eau que la baleine franche : lorsqu'ils viennent à la surface, leur respiration est plus souvent interrompue; ils laissent moins séjourner l'eau dans les poches membraneuses placées au-dessus des narines ; les jets sont plus fréquens , plus dirigés en avant, et plus élevés que dans les autres souf- Jleurs. La femelle du cachalot est quaue à cinq fois plus petite que le maie ; sa tête ne fournit que 25 barils anglois à' a clip oc ire y quand la tète du maie en donne de 100 à 1 26. Ln grand nombre de femelles ( cow-whales) voyagent généralement ensemble , conduites par deux ou trois mâles ( bull-whales ) , qui décrivent perpétuellement des cercles autour CHAPITRE X. 2^5 de leur troupeau. Les femelles très-jeunes , qui ne donnent que 1 2 à i C l>iirils de matière adipo- cireuse , et que les pécheurs an^lois appellent écolières ( school-whales ) , nagent si près les unes des autres, qu'elles sortent souvent à mi-corps de l'eau. Il est presque superflu d'observer ici que l'adlpocire, qui ne Tait pas partie du cerveau de l'animal , se trouve non- seulement dans toutes les espèces connues des cachalots ( Catado?ites Lac. ) , mais aussi dans touslesphysaleset les physetères. Le hlanc-de- baleine tiré des cavités du museau du cachalot, cavités qu'il ne faut pas confondre avec celle du crâne, n'est que le tiers de l'huile épaisse et adipocireuse que fournit le reste du corps. Le sperma cell de la tête est de première qualité ; on l'emploie à la fabrication des chandelles : celui du corps et de la queue ne sert, en Aiiglelerre, qu'à donner du lustre aux draps. Cette pêche , pour être profitable, doit se faire avec la plus grande économie : on y em- plo^ie des bàtimens de 1 80 a 3oo tonneaux ; l'équipage ne consiste qu'en 16 ou 24 indi- vidus, y compris le capitaine et le maître , qui iujt-iuêmes sont forcés de jeter le harpon i8* ..>^, IMAGE EVALUATION TSST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 1^ i2.2 2.0 Sf m ■ ■ 40 11.25 i 1.4 1.6 6" V Fhotograpnic Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. 14SS0 (716) 873-4503 L17 \ iV :\ \ ^ ^ > ;\ <^. "% A I o^ ^ ; !l 276 LIVRE IV 5 comme les simples matelots. On évalue, à Londres , les frais d'armement d'un bâtiment de 180 tonneaux, doublé en cuivre, et approvisionné pour une campagne de deux ans , à 7000 livres sterlings. Chaque bâtiment pêcheur de la mer du Sud a deux canots : Tarmement de chaque canot exige quatre ma- telots , un mousse, un timonier, un cable de 100 brasses de long, trois lances, cinq harpons, une hache et une lanterne pour se faire voir de loin pendant la nuit. L'armateur ne donne aux matelots que la nourriture , et une somme très -modique d'argent à litre d'avance : leur paye dépend du produit de la pêche; car, connue tout l'équipage y prend part, chaque individu a droit au profit. Le capitaine reçoit -,'g, le maître d'équipage^, le second maître 3^, le contre-maître ^j^, le matelot g^ de tout le produit. On regarde la pêche comme bonne , si un bâtiment de 200 tonneaux retourne dans le port , chargé de 800 ùarils de blanc-de-baleine. Le cachalot, persécuté sans cesse , commence , depuis quelques années, à devenir plus farouche et plus dii'fîcile à prendre. Mais pour favoriser lu navigation dans la mer du Sud , le gouver- iii?' CHAPITRE X. 277 nement britannique accorde des avances à chaque balimenl qui sort pour la péclie du cachalot : ces avances sont de 5oo à 800 livres sterlings, selon le tonnelage du bâtiment. Les Anglo -Américains font celte pèche avec plus d'économie encore que les Anglois. Les anciennes lois espagnolesdéfendent aux vaisseaux baleiniers, comme aux autres bati- mens étrangers, d'entrer dans les poris de rAmérique , si ce n'est dans les cas de détresse ou de manque d'eau et de vivres. Les îlesGala- pagos, sur lesquelles les pécheurs débarquent quelquefois leurs malades, ont des sources, mais ces sources sont très-pauvres et très-in- constantes. L'île des Cocos (lat. 5" 35' bor. ) est très-riche en eau : mais en cinglant des Galapagos au nord , cette petite île isolée est difficile à trouver, à cause de la force et de l'irrégularité des courans. Les baleiniers ont des motifs puissans pour préférer de faire l'eau à la côte : ils cherchent des prétextes pour entrer dans les ports de Goquimbo, Pisco, ïumbez^ Payta , Guayaquil , Realejo, Sonzo- nate et San Blas. Quelques jours , souvent même quelques heures , suffisent à l'équipage des bâlimens pêcheurs , pour former des m I'* i •' 378 LIVRE IV,' liaisons avecleshabltans, pour leur vendre des marchandises a ngloises, et pour y prendre des chargemens de cuivre, de vigogne, de quin- quina , de sucre et de cacao. Ce commerce de contrebande se Lit parmi des personnes qui ne parlent pas la même langue , souvent par signes , et avec une bonne-loi très-rare parmi les peuples policés de l'Europe. Il seroil superflu d'énumérer les avantages qu'auroient les habitans des colonies espa- gnoles sur les Anglois et sur les Américains des Etals-Unis , s'ils vouloient prendre part à la pèche du cachalot. De Guayaquil et de Panama, on se rend en dix ou douze jours dans les parages où ce célacc abonde. La naviga- tion de San Blas aux îles IMarias est à peine de trente-six heures. Les Espagnols Mexicains, en s'adonnant à la pêche , auroient à faire 4ooo lieues de moins que les Anglo-Améri- cains ; ils auroien t les vivres à meilleur marché ; ils trouveroient partout des ports dans les- quels ils seroient reçus en amis , et qui leur fourniroient de nouvelles provisions. Le blanc- de-baleine, il est vrai, est encore peu recher- ché sur le continent de l'Amérique espagnole. Le clergé s'obstine à confondre Tadipocire CHAPITRE X. le suif, et les ^79 ont nvec le suit, et les eveques américains déclaré que les cierges qui brûlent sur les autels , ne peuvent être que de cire d'abeilles : cependant à Lima on a commencé à tromper la vigilance des évêques, en mêlant le blanc- de-baleines à Ja cire. Des négocians qui ont acheté des prises angioises, en ont eu de grandes quantités ^ et l'adipocire employée aux l'êtes d'église est devenue une nouvelle branche de commerce très-lucrative. Ce n'est pas le manque de bras qui pour- roit empêcher les habitans du Mexique de se livrer à la pêche du cachalot; il ne faudroit que deux cents hommes pour armer dix bâ- timens pêcheurs, et pour recueillir annuelle- ment près de mille tonneaux de blanc -de- baleine : cette substance pourroit devenir, avec le temps , un article d'exportation presque aussi important que le cacao de Guayaquil et le cuivre de Goquimbo. Dans l'état actuel des colonies espagnoles , la pa- resse des habitans s'oppose à Téxécution de ces projets : comment trouver des matelots qui consentent à embrasser un métier aussi rude , une vie aussi misérable que celle d( " pêcheurs de cachalot ? comment les trouver aSo LIVRE IV, dans un pays où , d'après les idées du bas- peuple , il ne faut que des bananes , de la viande salée, un hamac et une guitare pour être heureux ? L'espoir du gain est un stimu- lant trop l'oible spus une zone où la nature bienfuisante offre à l'homme mille moyens de se procurer une exislence aisée et paisible , sans quitter son pays , et sans lutter contre les monstres de l'Océan. Depuis long-temps le gouvernement espa- gnol a vu d'un mauvais œil la pêche du cachalot , qui attire les Anglois et les Anglo- Américains ' sur les cotes du Pérou et du Mexique. Avant que celte pêche fiit établie, les habitans des cotes occidentales de l'Amé- rique n'a voient vu flotter dans ces mers d'autre pavillon que le pavillon espagnol. Des raisons politiques auroient pu engager 'i I' * D'après des renseignemens officiels que je dois à M. Gallalin, niinislre des finances à Washington, il y a eu dans la mer du Sud , en 1800, 1801 et 1802 , annuellement dix-huit à vingt bâliraens baleiniers (de 2800 à 3200 tonneaux ) des Etats-Unis. Un tiers de ces bâtimens sortent du port de Nantucket. En i8o5 , Timportation du blanc-de-baleine, dans ce port^ étoit de 11 46 barils. 'M ■!i'i, CHAPITRE X. 281 la métropole n ne rien éparfj^ner pour encou- rager les pèches nationales, moins peul-elre clans le but d'un profit direct , que pour exclure la conçu irencc des étran<»ers , et Tjour empêcher leurs liiiisons avec les natu- rels. Des p]*i> ilcges accordes à une compagnie qui résidoit en Europe, et qui n'a jamais existé que de nom , ne pouvoicnl pas donner la première impulsion aux xMexicains et aux Péruviens. Les arméniens pour la pèche doivent se faire en Amérique mcme , à Guaya- quil, à Panama ou à San Blas. Il exisle cons- tamment sur ces cotes un certain nombre de matelots anglois, qui ont abandonné les bati- mens baleiniers, soit par mécontentement, soit pour chercher foilune dans les colonies espagnoles. Les premières expéditions pour- roient se faire en mêlant ces matelots, qui ont une longue expérience de la pcche du cachalot, aux ziunbos de rAmérique , qui osent attaquer corps à corps les crocodiles. Nous venons d'examiner dans ce chapitre la \éritable richesse nationale du Mexique ; car les produits de la terre sont en effet la seule base d'une opulence durable. Il est consolant de voir que le travail de rhomme. aS: LIVRE IV depuis un demi-siècle, a été plus dirigé vers cette source féconde et inépuisable, que vers Texploitalion des mines , dont les richesses n'influent pas directement sur lu prospérité publique , et ne changent que la valeur f?onii' nale du produit annuel de la terre. L'impôt territoiiai que le clergé perçoit sous le nom de dîme, mesure la quantité de ce produit; il indique avec précision les progrès de l'in- dustrie agricole , si toutefois l'on compare des époques dans l'intervalle desquelles le prix des denrées n'a pas sensiblement changé. Voici le tableau de la valeur de ces dîmes \ en prenant pour exemple deux séries d'années, de 1771 à 1780, et de 1780 à 17S9. * J'ai tiré ce tableau (l'un mémoire manuscrit de JA, Maniao , fait sur des pièces oflictellcs, et portant le titre d*Estado de la Renta de Real HaMenda de Nue\>a Espana en un ano commun del qiiinquenio de 1784 hasta 1789. Les nombres que contient ce tableau diffèrent un peu de ceux qui ont été publiés par M. Pinkerton (Vol. III, p. 234), d'après l'ouvrage d'£$taUa , que je u'ai pu me procurer jusqu ici. CHAPITRE X. i83 NOMS des mocÈsi. s. ÉPOQUES. V A 1, t U 11 de» D i M £ S "Il |»iastifi"î. KPOQUIiS. V A L K U H de» I>i»I ES en piasiies. \Ie\ico .771—1780 1770—1779 1770-1779 1771 — 1780 1771-1780 1770—1779 4,i32,63o 2,965,601 2,710,200 715,974 i,88.).724 9i3,o2H 1781 — 1790 1780—1789 1780—1789 1781 — 1790 1781 — 1790 1780 — 1789 7,082,879 3,5o8,884 3,759,400 803,237 2,579,108 1, 080,3 1 5 Puebla de lus An- 2eles Valhululid de IMe- choacan Oaxnca Guadalaxara Duran^o Il résulte de ce tableau , que les dîmes de la Nouvelle- Espagne se sont élevées dans ces six diocèses , de 1771 à 1779? à 15,357,157 1779 1789? 18,355,821 piadres forte*. Par conséquent, Taugmentation totale a été, dans les derniers dix ans, de cinq mil- lions de piastres, ou de deux cinquièmes du produit total. Ces mêmes données indiquent aussi combien les progrès de l'agriculture sont plus rapides dans les intendances de Mexico, de Guadulaxara, de Puebla et de II. ZtU lAXWV. IV, Vnll.ulolîd, cjiio r( Ik' de Meviro; car celles (|ui ont viv. perçues pend. ml, les dix années anlétienresà i 7S0, onleleà celles <|u'oii a perçues dix ans après, dans la jïroporlion de 10 à 17. Dans TinUMidance de Diirango ou de la JN'ouvelKî-IJisca^e, celle auj^nicnlalioii n'a été qu'en raison de 10 à 11. Le célèhrc auteur des licclicrrlirs sur la richesse des ludions * , a évalué le produit territorial de la Granieiis •vent pas < le d îmes , et K)ur le suere et l'indi^^cj, cpji, au 2 millions imes entières , ne rendent m eK^rii'c illi lieu de qu'un impôt de quatre pour cent. En adop- tant ces données, on trouve que le ftnuliiit total de l'agriculture s'élève aimnellement à 29 millions de piastres , ou à plus de i/|;> mil- lions de rranes,qui, en les réduisant à une mesure naturelle , et en prenant pour hase le prix actuel du froment au Mexique, imo Senor Virrey en fecha del 24 oc- tubre del ano i8o5. (Manuscrit.) CHAPITRE X. 287 de ces c.ipitaux , que l'on désigne sous le nom de Capitales de captllanias j obras de lajuriS' die c ion ordinaria : Archevêché de Mexico 9,000,000 Evéchc de Puebla 6,5oo,ooo Evèché de ValladoHd (éva- luation très-exacte) 4,^00,000 Evêché de Guadalaxara. . . . 5,ooo,ooo Evéchés de Durango , JMon- terey et Sonora 1,000,000 Evéchés d'Oaxaca et de Me- rida 2,ooo>ooo Obraspias du cier<^é régulier . 2,5oo,ooo Fonds dotal des églises et des communautés de religieux et de religieuses iG,ooo,ooo 44)^00,000 Celte somme immense, qui se trouve entre les mains des propriétaires (haciendados) , et qui est hypothéquée sur des biens-fonds , a manqué d'être enlevée à l'agriculture mexi- caine en l'année i8o4. Le ministère d'Espagne ne sachant plus comment éviter une banque^ route nationale , amenée par la surabondance 288 LIVRE IV ■if'l! du papier monnoie (vales)f tenta nne opé- rai* on très-hasardée. Un décret royal rendu le 2G décembre i8o4, ordonna non-seule- ment de vendre les biens-fonds du clero'é mexicain , mais aussi de réunir tous les capi- taux appartenant aux ecclésiastiques, pour les envoyer en Espagne, et pour les verser dans une caisse d'amortissement des billets royaux i^caxa de consolidacion de vales reaies). Le conseil des finances, qui est présidé par le vice-roi , et qui porte le titre de Junta supe^ rior de Real Hacienda y au lieu de réclamer contre ce décret , et de rej^résenter au sou- verain combien l'exécution en seroit préju- diciable à l'agriculture et au bien-être générai des liabitans, commença hardiment à faire des recouvremens. La résistance fut si forte de la part des propriétaires , que depuis le mois de mai i8o5 jusqu'au mois de juin 1806, la caisse d'amortissement ne perçut que la somme modique de 1,200,000 piastres. On peut espérer que des administrateurs éclairés sur les véritables intérêts de l'état, auront, depuis, fait cesser une opération dont les effets funestes se seroient fait sentir dans la suite. CHAPITRE X. 389 En lisant l'excellent ouvrage sur les lois agralws y qui a été présenté au conseil de Gastilleen 1796 ', on reconnoît que, malgré la différence de climat , et d'autres circons- tances locales , l'agiiculture mexicaine est gênée par les mêmes causes politiques qui arrêtent les progrès de l'industrie dans la péninsule. Tous les vices du gouvernement féodal ont passé d'un hémisphère à l'autre ; et au Mexique , les abus ont été d'autant plus dangereux dans leurs effets , qu'il a été plus difficile à Tautorité suprême de remédier aa mal , et de déployer son énergie dans un ëloignemenl immense. Le sol de la Nouvelle- Espagne , comme celui de l'ancienne, se trouve en grande partie entre les mains de quelques familles puissantes qui ont absorbé peu à peu les propriétés particulières. En Amérique, comme en Europe, de grandes communes sont condamnées au pâturage des bestiaux et à une stérilité perpétuelle. Quant au clergé et à son influence sur la société, les circonstances ne sont pas les mêmes dans * M. de Laborde vient de donner la traduction de ce Mémoire de M. Jovellanoa, dans le qualriènie tome de son Itinéraire de$criptif de l'Espagne y p. 103-294* III. 19 290 LIVRE IV, les deux continens : le clergé est beaucoup moins nombreux dans l'Amérique espagnole que dans la péninsule. Les religieux mission- naires y ont contribué à étendre les progrès de l'agriculture parmi des peuples barbares. L'introduction des majorais , l'abrutissement et la pauvreté extrême des Indiens y sont plus contraires aux progrès de l'industrie que la mainmorte des ecclésiastiques. L'ancienne législature de Caslille défend aux couvens de posséder en propre des biens-fonds ; et quoique cette loi si sage ait été souvent enfreinte, le clergé n'a pu ac- quérir des propriétés très-considérables dans un pays où la dévotion n'exerce pas sur les esprits le même empire qu'en Espagne , en Portugal et en Italie. Depuis la suppression de l'ordre des jésuites, peu de terres appar- tiennent au clergé mexicain : sa véritable richesse, comme nous venons de l'indiquer, consiste dans les dîmes et dans les capitaux placés sur les fermes des petits cultivateurs. Ces capitaux sont dirigés vers un emploi utile, et qui augmente la puissance productive du travail natiouiil. . On peut d'ailleurs être surpris de voir que VI CHAPITRE X. 291 le grand nombre de couvens fondés depuis Je seizième siècle dans toutes les parties de l'Amérique espagnole , aient été tous amon- celés dans l'intérieur des villes. Épars dans les campagnes, placés sur le dos des Cor- dillères, ils auroient pu avoir sur la culture cette influence bienfaisante dont les efTets se sont fait sentir dans le nord de l'Europe, sur les bords du Rhin et dans la chaîne des Alpes. Ceux qui ont étudié l'histoire , savent que du temps de Philippe 11 , les moines ne ressembloient plus à ceux du neuvième siècle. Le luxe des villes et le climat des Indes s'opposent à l'austérité de mœurs, à l'esprit d'ordi e qui caractérisoient les premières ins- titutions monastiques ; et lorsqu'on traverse les déserts monlueux du Mexique , on regrette de ne pas y trouver , comme en Europe et en Asie , ces asiles solitaires dans lesquels une hospitalité religieuse offre des secours aux voj^ageurs. 19 292 LIVRE IV CHAPITRE XI. tiiiis ' v.im' Etat des mines de la Nouvelle- Espagne, — Produit en or et en argent. — Richesse moyenne des minerais. — Consommation annuelle de mercure dans le procédé de l'amalgamation. — Quantité de métaux précieux qui y depuis la conquête du Mexique j ont rejlué d'un continent dans l'autre. Après avoir examiné Tagriculture mexicaine comme la première source de la richesse nationale et de la prospérité des habitans, il nous reste à tracer le tableau des productions minérales qui , depuis deux siècles et demi , sont l'objet de l'exploitation des mrnes de la Nouvelle - Espagne. Ce tableau , infiniment brillant aux yeux de ceux qui ne calculent que d'après la valeur nominale des choses, l'est bien moins si l'on considère la valeur CHAPITRE XI. 293 intrinsèque des métaux exploites , leur uti- lité relative et l'influence qu'ils exercent sur l'industrie manufacturière. Les mon- tagnes du nouveau continent, comme celles de l'ancien, contiennent du fer, du cuivre, du plomb , et un grand nombre d'autres substances minérales indispensables aux be- soins de l'agriculture et des arts. Si en Amé- rique le travail de l'homme a élé dirigé presque exclusivement vers l'extraction de l'or et de l'argent , c'est parce que les membres d'une société agissent d'après des considérations très-différentes de celles qui devroient faire agir la société entière. Partout où le sol peut produire à la fois de l'indigo et du mais , la première culture l'emporte sur la dernière , quoiqu'il soit de l'intérêt général de préférer les végétaux qui servent à la nourriture de l'homme , à ceux qui four- nissent des objets d'échange avec l'étranger. De même , sur le dos des Cordillères , des mines de fer ou de plomb, quelque riches qu'elles soient , restent abandonnées, parce que l'attention des colons se porte toute entière sur les filons d'or et d'argent , lors même qu'ils ne présentent dans leurs offlca- i 294 LIVRE IV, remens que de foibles indices de richesse. Tel est l'appât de ces métaux précieux qui , par une convention g-énéiaie , sont devenus les signes représentatifs des subsistances et du travail. Le peuple mexicain est sans doute à même de se procurer, par le commerce extérieur , tontes les choses qui ne lui sont pas fournies par le pays qu'il habite : mais au milieu d'une grande richesse en or et en argent, le besoin se fait sentir chaque fois que l'échange avec la métropole ou avec d'autres parties de l'Europe et de l'Asie est interrompu ; chaque fois qu'une guerre entrave les connnunicalions maritimes. Vingt -cinq à trente millions de piastres se trouvent quelquefois accumulés à Mexico , tandis que les fabriques et l'exploi- tation des mines sont gênées par le manque d'acier , de fer et de mercure. Peu d'années avant mon arrivée à la Nouvelle-Espagne , le prix du fer étoit monté de 20 francs le quintal à 24o; celui de l'acier, de 80 francs à i3oo. Dans ces temps d'une stagnation totale du commerce extérieur, l'industrie mexicaine se réveille momentanément : c'est alors que l'on commence à fabriquer de l'acier, à em- CHAPITRE XI. 595 ployer les minerais de fer et de mercure que recèlent les montagnes de l'Amérique ; c'est alors que la nation, éclairée sur ses propres intérêts, sent que la véritable richesse consiste dans l'abondance des objets de consommation, dans celle des choses , et non dans Taccunm- lation d'un signe qui les représente. Pendant l'avant - dernière guerre entre l'Espagne et TAngleterre , on essaya l'exploitation des mines de fer de Tecalitan, près de Golima , dans l'intendance de Guadalaxara. Le Tri- bunal de minevia dépensa plus de 1 5o,ooo fr. pour extraire le mercure des filons de San Juan de la Cliica ; mais les eflets d'un zèle si louable ne furent que de courte durée : la paix d'Amiens mit fin à des entreprises qui sembloient donner aux travaux des mineui^ une direction plus utile pour la prospérité publique. A peine les communications mari- times furent-elles rétablies, que l'on préféra de nouveau d'acheter dans les marchés de l'Eu- rope , le fer , l'acier et le mercure. A mesure que la population augmentera au Mexique , et que ses habitans, moins dé- pendansde l'Europe, commenceront à fixer leur attention sur la grande variété de pro- i 296 LIVRE IV, ductions utiles que renferme le sein de la terre , le sjslème de l'exploilatiun des mines changera de fiice ; uneadininistralion éclairée encouragera les travaux qui sont diriges vers Textraclion des substances minérales d'une valeur intrinsèque j les particuliers ne sacri- fieront pins leurs propres intérêts et ceux de la chose publique à des préjugés invétérés ; ils sentiront que l'exploilation d'une mine de houille, de Ter ou de plomb, peut devenir aussi profitable que l'exploitation d'un filon d'argent. Dans l'étal actuel du Mexique , les métaux précieux occupent presque seuls l'industrie des colons; et lorsque, dans la suite de ce chapitre, nous emploierons le mot de mine ( real ^ real de minas ) , il faut sous-en tendre , à moins que le contraire ne soit expressément énoncé, qu'il s'agit d'une mine d'or ou d'argent. M'étant occupé , dès ma première jeunesse, à étudier l'art de l'exploitation , et ayant dirigé moi-même , pendant plusieurs années , les travaux souterrains dans une partie de l'Allemagne qui contient une grande variété de minerais, j'ai dû être doublement inté- ressé à examiner avec soin l'état des mines CHAPITRE XI. •^97 cl des usines de la Nouvelle - Espagne. J'ai eu occasion de visiter les célèbres mines de Tasco, de Pacliuca et de Guanaxuato : j'ai réside plus d'un mois dans ce dernier endroit, dont les filons excèdent en richesse tout ce qui a été découvert dans les autres parties du monde, et j'ai pu comparer les différenics espèces â! ouvrages d' exploitation du Mexique avec ceux que j'avois observés l'année pré- cédente dans les mines du Pérou; mais le grand nombre de matériaux que j'ai rassemblés sur ces objets, ne pouvant être utilement employés que réunis à la description géologique du pays , je dois en réserver le détail pour lu relation historique de mon voyage dans Tifî- lérieur du nouveau continent r^ainsi, sans entrer dans des discussions minutieuses et purement techniques , je vais me borner à examiner dans cet ouvrage , ce qui peut conduire à des résultats généraux. Quelle est la position géographique des mines qui fournissent l'énorme masse d'argent que le commerce de la Vera-Cruz lait refluer annuellement en Europe? Cette masse d'ar- gent est-elle le produit d'un grand nombre de petites exploitations éparses, ou peut-on la I !' '1 29^ riVRE IV, considérer comme fournie presque en entier par trois on quatre filons métallilcrcs d'une richesse et d'une /7///.s.ç^///cit^nlczuiiia , st'tluil par une extrême crédulité , reconnut dans l'arrivée des Ijonniies blancs et barbus l'acconiplis- senient de la prophétie mystérieuse de Quctzalcoall .,' , et qu'il força la noblesse aztèque de prêter hommage au roi d'Espagne, la quantité de métaux précieux offerte à Gortez fut évaluée ù la valeur de 162,000 pesos de oro. « Outre la grande masse d'or et d'argent, » dit le conquistador , dans sa première lettre à l'empereur Charles-Quint % «» on me pré- c< senta des ouvrages d'orfèvrerie et de bi- * jouterie si précieux , que , ne voulant pas « les laisser fondre , j'en séparai pour plus * de cent mille ducats pour les offrir à votre « altesse impériale. Ces objets étoient de la « plus grande beauté , et je doute qu'aucun « autre prince de la terre en ait jamais pos- « sédé de semblables. Afin que votre altesse « ne puisse croire que j'avance des choses * Voyez mon ouvrage inlitulé : Vues des Cordillères des Andes f et Mouiunens des peuples indigènes re étoit celui qui étoit employé le plus communément dans les arts mécaniques ; il remplacoit jusqu'à un certain point le fer et - \ il/ '! .1! •y 3o4 LIVRE IV, l'acier : les armes , les haches , les ciseaux , tous les oiilils ëloient faits avec le cuivre tiré des montagnes de Zacatollan et de Gohuixco. Partout sur le globe l'usage de ce dernier métal paroît avoir précédé celui du Cer, et l'abondance du cuivre à l'état natif, dans les parties les plus septentrionales de l'Amérique, peut avoir contribué à la prédilection extraor- ilinaire avec laquelle les peuples mexicains , issus de ces mêmes régions, l'ont constamment employé. La nature offroit aux Mexicains ' d'énormes masses de fer et de nickel : ces masses , qui se rencontrent éparses sur la surface du sol , sont fibreuses , malléables et d'une ténacité si grande , que l'on ne parvient qu'avec beaucoup de difficulté à en séparer quelques fragmens à l'aide de nos outils d'acier. Le vrai fer natif, celui auquel on ne peut pas attribuer une origine météorique ^ et qui est constamment mêlé de plomb et de cuivre , est infiniment rare dans toutes les parties du globe ; par conséquent , il ne faut pas s'étonnner qu'au commencement de la civilisation, les Américains , comme la plupart » Voyez ci-ilcssus , T. II , p. 384. CHAPITRE XI. 3o3 des autres peuples , aient Rxé leur attention plutôt sur le cuivre que sur le fer. Mais com- ment ces mêmes Américains, qui traitoient par le feu ' une grande variété de minerais , n'ont-ils pas été conduits à la découverte du fer par le mélange des substances combus- tibles avec les ocres rouges et jaunes ^, extrê- mement communs dans plusieurs parties du Mexique? Si, au contraire, comme j'incline à le croire , ce métal leur étoit connu , com- ment ne sont-ils pas parvenus à l'apprécier à sa juste valeur ? Ces considérations paroissent indiquer que la civilisation des peuples aztè- ques ne datoit pas de très-loin. Nous savons * D'après des traditions que j'ai recueillies près de Biobamba , parmi les Indiens du village de Lican , les anciens babitans de Quito fondoient des minéraux d'argent , en les stratifiant avec des charbons , et en souillant le feu avec de longs roseaux de bambou. Un grand nombre d'Indiens étoient placés en cercle autour du trou qui renfermoit le minerai; de sorte que les courans d'air sortoient de plusieurs roseaux à la fois. 2 L'ocre iaune, appelée tecozahuhl , servoit pour la peinture , de même que le cinabre. L'ocre faisoit partie des objets qui composoient la liste des tributs de Matinal tepec. ni. 20 '■'K' Il ;'ï) J: i:l' 'i;il[ 1/(1 3oG Liviir IV, que, d lis les temps liumériques, l'usa^^e du cuivre ]>réviiluil encore sur celui du Ter, quoique ce dernier lut connu depuis long- temps. Plusieuis savaus distingués , mais étrangers aux connoissances chimiques , ont prélendu que lis IMexicaiiis et \c6 Péruviens avoicnt un secret parliculier j)our donnerune trenq^e au cuivre , et pour le co/ivc^rlir vn ticicr. Il n'es! j)as douieiix que les liaches et d'autres outils mexicains ne russenl j)resque aussi tranchans (pjc des iiistruniens d'acier; mais c'est à l'clliage avec l'élain et non à la trempe, qu'ils dévoient leui' extrême dureté. Ce que les prenùers liisloriens de la conquête ap- pellent cni\>rc dur nu tranchant y ressembloit au >'aÂ;.'of des Grecs et à Xœs des Pioniains. Les scidpleurs mexicains et péruviens exé- cutoient de^rands ouvrages dans le îininstcia et le porphyre basaltique le plus dur. Les joailliers coupoient et percoient lescnieraiides et d'autres pierres fines , en se servant à lu fois d'un oulil de métal et d'une poudre siliceuse. J'ai rapporté de Lima un ciseau des anciens Péruviens, dans lequel IM. Vau- quelin a trouvé 0,94 de cuivre , et 0,06 d'étain. CîlAPÎTr.F \T. 3o7 Cet alliage avoit été si hioii forgé, que, par le rapprochement des molécules, sa pesanteur spécifique éloit devenue S,8i5; tandis que, d'après les expériences de M. Biiclie ', les chimistes n'obtiennent ce ma.rimtini de den- sité ({u'en alliant 16 parties d'étain à 100 par- ties de cuivre. Il paroit que les Grecs se servoient, pour durcir le cuivre, de Tétain et du Fer à la lois. Même une h;iche «j-auloise trouvée en France par M. Dupont de Nemours, et qui coupe le bois , comme une haclie d'acier , sans se casser ni se rebrousser , contient, d'après i'an:)lyse de M. Vauquelin, 0,87 de cuivre , o,o5 de fer et 0,09 d'étain. Ce dernier nîétal étant un des moins ré- pandus sur le globe , on doit être surpris de trouver dans les deux continens l'usaîie de durcir le cuivre par l'addilion de l'étain. [Jn seul minerai , et qui n'a encore été trouvé qu'à Wheal-Rock , en Cornouaille , la mine d'étain sulfurée {zinnkics), contient du cuivre et de l'étain à la fois et à parties égales. Nous ignorons si les peuples mexicains exploitoient dos filons dans lesquels étoient réunis des P'1 «4I 1' 9 k!'' * Journal des minus , an 5 , p. 88 1 . 20' mw ■ 3o8 LIVRK IV iiiinerais de cuivre et (rétain oxldé , ou si ce dernier métal , que l'on rencontre dans les terrains d'alluvion de l'intendance de Gua- naxuato , sons la i'ornie globuleuse et fibreuse du holz-ziiiti y lut ajouté au cuivre pur dans une proportion constante. Quoi qu'il en soit , il est certain que le manque de ler se laisoit moins sentir chez les nations qui savoient allier d'autres métaux d'une manière aussi avantageuse. Les outils Iranclians des Mexi- cains étoient les uns de cuivre , les autres d'obsidienne (itztii). Cette dernière substance étoit même l'objet de grandes exploitations , dont on reconnoit encore les traces dans une innombrable quantité de puits creusés dans la monta ^iw des couteaux , près du village indien d'Atotonilco el Grande '. Outre des sacs de cacao, dont chacun con- tenoit trois xuiuipilli , ou 24ooo grains; outre les patolquachtli ^ ou petits ballots de toile de coton , quelques métaux étoient employés parmi les anciens Mexicains comme monnoie, c'est-à-dire, comme signes repré- sentatifs des choses. Dans le grand marché » Voyez ci-dessus , T. II, p. i58. ClIAPlTRi: \T. 3 00 de Tônoclilillan on aclicloil tontes sortes de denrées , en les échangeant contre de la poudre d'or contenue dans des tuyaux de plumes d'oiseaux aquatiques. On exigeoit que ces tuyaux fussent transparens , pour pouvoir reconnoître la grosseur dos grains d'or. Dans plusieurs provinces on se servoit, ]>our m^^n- noie courante, de pièces de cuivre auxquelles on avoit donné la forme d'un ï. Corlez rap- porte qu'ayant entrepiis de faire fondre des canons au Mexique , et ayant envoyé des émissaires pour découvrir des mines d'étain et de cuivre, il apprit que dans les environs dé Tachco ( Tlachco ou Tasco ) , les naturels se servoient , dans leurs échanges , de pièces d'étain ' fondues, qui étoient minces comme les plus petites mon noies d'Espagne. Telles sont les notions imparfaites que les * Cortez se plaint dans sa tlcrnlcre letlrc à Charles- Quint , qu'après la prise de la capilale on le laissa sans artillerie et sans armes, a Rien , dil-il, ne donne plus « d'essort au génie de l'homme [no hay cosa iva) que le senlinienfe « du danger. Me voyant dans le cas de perdre ce qui u nous avoit coûté tant de fatigues à acquérir, je « dçvois chercher les movcus de fabriquer des cano»« I i !| iï\' 3io IJVKE IV ii^j premiers historiens nojs ont transmises sur l'usage que les naturels du IMexiqne l'aisoient de l'or , de l'argent , du cuivre , de l'élain , du plomb et des mines de mercure. J'ai cru devoir entrer dans ce détail, non-seulement pour répandre quelque jour sur l'ancienne culture de ces contrées, mais surtout pour faire voir que les colons européens , dans les premières années qui ont succédé à la des- truction de Ténochtitlan , n'ont fait que suivre les indications de mines qui leur étoient don- nées par les indigènes. Le lojaume de la Nouvelle-Espagne , dans son étal actuel , oflre près de cinq cents endroits {reaies j j'ealitos) célèbres par les exploitations qui se trouvent dans leurs alen- tours. Plus des deux tiers de ces endroits sont indiqués dans la carte générale du pays. « avec les nialériaux trouvés clans le pays même. » Je consignerai ici le passage remarquable clans lequel Coriez parle île l'ctaiu comme monnoie : « Topé entre « los nalurales de una provincia que se tlice Tachco « ciertas piecezuelas de esfano a manera de moneda (( muy tlelijada y procediendo en mi pescjuisa halle « que en la dicha provincia y aun en otras se tralaba u por nionn/(c. » [Lorenzcuia , p, 57g, ^. XVII.) CHAPITRE XI. 3n placée à la tête de mon Allas rnrxicain. îl est probable que ces 5oo rcdlcs coin])rciinent piès de trois mille mines ( niinns ) , en dé- sii^nant par ce nom l'enscndjle des n/fvnif;rs souterrains qui servent à l'exploilalion d'un ou de plusieurs gïlcs métalliques , et qui communiquent les uns auM autres. Ces 'nines sont divisées en ^y districts ou arrondissemcns, auxquels sont préposés autant de conseils des mines, appelés Dipulucinncs de mincria. Nous réunirons dans un même tableau les noms de ces D/pu/acioncs j et celui des Rra/rs de minas qui se trouvent dans les douze intendances de la Nouvellc-Jlspagr.o. Les matériaux qui ont servi pour ce travail , sont tirés en partie d'un mémoire manuscrit que le directeur du conseil supérieur des mines, Don Fausto d'Elhuyar, a di cssé pour le vice- roi comte de Re^ illa^ii^edo. 3l2 LIVRE IV TABLEA.U GÉNLRAL DES MINES DE LA NOUVELLE-ESPAGNE. H J I. INTENDANCE DE GUANAXIJATO, Depuis les 20** 55' jusqu'aux 21** 3o' de lati- tude boréale, et depuis io2<» 3o' jusqu'aux io5o45' de longitude occidentale. Diputaciones de rnineria y ou arrondissemens» 1. GuANAXUATO. JReales j ou endroits environnés de mines : Guanaxuato. Villalpando. Monte de San Nicolas. Santa Rosa. Santa Ana. San Antonio de las Minas. Comanja. Capulin. Comanjilla. Giganle. San Ijuis de la Paz. San Ptai'ael de los Lobos. Durasno. San Juan de la Chica. Rincon de Centeno. San Pedro de los Pozos. Palmar de Vega. San Miguel el Grande. San Felipe. CHAPITRE XI. 3i3 II. INTENDANCE DE ZACAÏECAS, Depuis les 22" 20' jusqiriiiix 2\^ ôô' de lati- tude boréale, et depuis jo3" 12' jusqu'aux io5" ()' de longitude oeeideulale. Diputaciones de mineria^ ou arrondissemens. 2. Zacatecas. 5. sombrerete. 4* Fresnillo. 5. Sierra de Pinos. Reaies y ou endroits ejwironnés de mines : Zacateeas. Guadalupe de Veta Grande. San Juan Bauptista de Panuco. La Blanca. Sombre rete. Madroho. San Pantaleon de la Noria. Fresnillo. San Demetrio de los Piateros. Cerro de Santiajjo. Sierra de Pinos. La Sauceda. Cerro de Santiago. Mazapil. III. INTENDANCE DE SAN LUIS POTOSI , Depuis les 22** 1 ' jusqu'aux 27° 1 1 ' de latitude boréale, et depuis les 100'' 55' jusqu'au* 100^ 20' de longitude occidentale. ■U •!i : t m l;l! f |t I: 3i4 iJVr.F !V Dipntacioncs de mineria^ nu arroudisspmens. 6. C\T()RCE. 7. San Luis Potosi. 8. ClIAUCAS. 9. Ojocaliente. 10. San Nicolas de Croix. \'\ ■•' !,• Renies , ou endroits environnés de mines : La Purissiina Conccpcion tic Alanios de Calorce. Matcliuala. Ccrro del Polosi. San Martin Bcrnalcjo. Sierra Ncgra. Tnlc. San Martin. Santa Maria de las Gharcas. Ramos. Ojocaliente. Cerro de San Pedro. Matanzillas. San Garlus de Vallecillo. San Anlonio de la Ygnana. Sanlia«^o de las Sabinas. Montercy. Jésus de Rio Rlanco. Las Salinas. Coeca de Leones. San JNicolas de Croix. Rorbon. San Joseph Taman- lipan. Nuestra Senora de Guadalnpe de Sihue. La Purissiina Concepeion de Re- villagigedo. EH/enado. L. Tapona. Gua- dalcazar. CHAPITRE XI. B-'^ o IV. INTENDANCE D F. MI. MCO. Depuis les 18" 10' jiisqu'aiiK 2 r'.")i)'(lclatlliide boréale, et (li'jniis les 100" 12' lus^u'anx: io5o 25' (le luii;'itudc occiciciilale. Diputaciones de niiiwrid , ou avroiidàscmens. 11. PACHirCA. 12. El Doctor. 15. ZiMAPAN. a 4. Tasco. i5. Zacualpan. 16. SlJLTErEC. 17. Temascaltepec. Jieales , ou endroits e/i,>ironncs de mines : Pachiica. Real del Monte. Moran. Alo- lonileo el Chico. Aloloiiiloo el Grande. Zimapan. Lomo del Toro. Las Caiîas. San Joseph del Oro. Verdozas. Gapiila. Santa Bosa. El Potosi. Las Plomosas. El Doctor. Las Alpujarras. El Pinal, ou los Anioles. lîuascazoluya. San Miguel del Rio Blanco. Las Aguas. Maconi. San Christobal. Car- donuK Xacala. Jutchitlan el Grande. San 3i6 Livnr. TV Joseph dcl Obraje Viefo. Cerro Blanco. Cerro dcl Sotolar. San Francisco Xichii. Jésus Maria de la Targea. Coroniila , ou la Purissima Concepcion de Tetela del Rio. Tcpanlidan. San Vicente. Tasco. Tehuilo- tepec. Goscallan. Haucingo. Huauda. So- chipala. Tedilco. San Esteban. Real del Limon. San Geroninio. Temascaltepec. Real de Ariba. La Albarrada. Yxtapa. Oco- tepec. Chalchilepèque, Zacualpan. Tecica- pan. Ghontalpa. Santa Cruz de Azulacpes. Sultepec. Juluapa. Papaloapa. Los Ocotes. Capulalengo. Alcozauca. TotomixUahuaca. '■! . liL V. INTENDANCE DE GUADALAXARA, Depuis les 19^0' jusqu'aux 25^ 12 ' de latitude boréale, et depuis les loô*^ 5o' jusqu'aux 108" o' de longitude occidentale. Diputaciones de mlneria , eu arroridissemens. 18. BoLANOS. 19. AsiENTOS DE IbARRA. 20. HOSTOTIPAQUILLO. Reaies y ou endroits environnés de mines : Bola- fios. Xalpa. San Joseph de G uichichila. Santa CHAPITRE XI. 3l7 Maria deGuadalupe, oudelaYesca. Asieu- tosde Ibarra. San Nicolas de los Angeles. La Baliena. Talpan. Hoslolipaquillo. Copala. Guaxacatan. Aniaxac. Limon. Tepante- ria. locotan. Teoonialan. Ahuacatancillo. Guilotitan. Plalanarilo. Santo Domingo, luchipila. Mezquital. Xalpa. San Joseph Tepostitlan. Guacliinango. San Nicolas del Roxo. Amatlan. Nalividad. San Joaquin. Santissima Trinidad de Pozole. Tule. Motage. Frontal. Los Aillones. Ezallan. Posession. La Seiranilla. Aquilapilco. Eliso. Chimallitan. Siinta Fe. San Kafael. San Pedro Analco. Sanla Ciuz de los Flores. î; i W VI. INTENDANCE DE DURANGO. Depuis les 23» 55' jusqu'aux 29*^ 5' de latitude boréale, et depuis les io4" 4o' jusqu'aux j. lo^o' de Jongitude occidentale. Dîputaciones de mincria y ou airondissemcns. 21. Chihdahua. 22. Parbal. 20. guarisamey. 24' cosiguiuiachi, 26. Batopilas. il \ ;-f.|r • ■ 11' ! 3l8 LIVT\E IV, llcdlcs , nu. endroils cjivironncs de mines : S;;n l*c'^muceno. Bacatopa. Lorelo. Teuoriba. Agua. lente. Monserrate. Sivirijoa. Ba- royeca.Yecorato. Zataque. Cerro Colorado. Los Alamos. Guadalupe. Rio Gliico. La Concepeion de Haygamè. Santissinia Tri- nidad. La Ventana, ou Guadalupe. Sara- cachi. San Antonio de la Huerta. San Francisco Xavier. Hostimuri. Quisuani. El Aîi'uag-e. Hii'ane. San José de Gracia. El Gabilan. El Populo. San Antonio. Todos Santos. El Carizal. Nacatabori. Rac>.ach. San Ildefonsode Cieneguilla. San Lorenzo. Nacumini. Cupisonora. Tetuachi. Baso- chuca. Nacosari. Bacamuchi. Cucurpe. Motepore. CHAPITRE XI. 321 VIII. INTENDANCE DE VALLADOLID, Depuis les 18° 25' jusqu'aux 19*^ 5o' de latitude boréale, et depuis les 102** lo' jusqu'aux io4"5o' de longitude occidentale. Diputaciones de mineria y ou arrondissemeiis. 53. Angangueo. 34- Inguaran. 35. ZiTAQUARO. 36. Tlalpujahua. ! i^ li Reaies ^ ou endroits environnés de mines : Angangueo. El Oro. Tlapaxahua. San Au- gustin de Ozumatlan. Zitaquaro. Istapa. Los Santos Reyes. Santa Rita de Ghirangangeo. El Zapote. Chachiltepec. Sanchiqueo. La Joya. Paquaro. Xerecuaro. Gurucupaseo. Sinda. Inguaran. San Juan Guetanio. Ario. Santa Clara. Alvadeliste. San Nicolas Apu- pato. Rio del Oro. Axuchitlan. Santa Maria del Garnnen del Sombrero. Favor. Chi- chindaro. m. 2L flf— ■ 32!2 LIVRE IV 7 r i- IX. INTENDANCE D'OAXACA, Depuis les 16^ 55' jusqu'aux 17*» 55' de lati- tude boréale, el depuis les 98** 1 5 ' jusqu'aux 100" o' de longitude oecidenlale. o Diputaciones do mincvia y ou arrondissemens. 07. Oaxaca. Rcalcs y ou endroits environnés de mines : Zolaga. Talea. llucplotitlan. La Aurora de Ixlepexi. VillaUa. Ixtlaii. Tatolatia. Ilui- lepèque. Piio de San Antonio. Totomistla. San Pedro Nesicho. Santa Catalina. Laclia- teo. San Miguel Amallan. Santa Maiia lavecia. San Mateo Capulalpa. San Miguel de las Feras. X. INTENDANCE DE PUEBLA, Depuis les 18** i5' jusqu'aux 20" 25' de lati- tude boréale, et depuis les 99" 45' jusqu'aux 100*» 5o' de longitude occidentale. Mines éfjcirses : La Canada. Tulincingo. San Miguel Tenango. Zautla. Barrancas. Alat- lanquetepec. Temetzla. Ixtacniaztitlan. CHAPITRE XI. 323 XI. INTENDANCE DE VERA-CRUZ, Depuis les 20'' o' jusqu'aux 21** i5' de latitude boréale, et depuis les 99** o' jusqu'aux 101'* 5' de longitude oceideutale. Mines eparsf'S : Zomelaliuacan. Giliapa. San Antonio de Xaeala. XII. ANCIENNE CALIFORNIE, Mine : Pveal de Sanla Ana. s,, m\ lîl \ 1 ,'^1 1 '■ ■V 1 1\ if Im >•• 1. 'fi-' ■«. M !. Il ■ ï ■ S ;; M i^l X m ':^ WÊ 1 liiH: i ill i^i Ceux qui ont étudié la constitution géolo- gique d'un pays de mines trës-étendu , savent qu'il est presque impossible de réduire à des idées générales les observations faites sur une grande variété de couches et de filons métallifères. Le physicien peut distinguer l'ancienneté relative des diverses formations : il parvient à découvrir des lois dans la strati- fication des roches , dansl'identité des couches, souvent même dans l'angle que l'ont ces der- nières, soit avec l'horizon, soit avec le méri- dien du lieu ; mais comment reconnoître les lois qui ont déterminé la disposition des mé- 21 11 i 11 I „.._ I 324 LIVRE IV, taux dans le sein de la terre, la puissance, la direction et l'inclinaison des filons, la natnre de leur masse ^ et leur structure particulière ? Comment tirer des résultats généraux de l'observation d'une mulliludo de petits phé- nomènes qui ont été modifiés par des c:tuses purement locales, et qui paroissent être les effets d'un jeu d'affinités chimiques , dont l'action étoit circonscrite sur un très -petit espace? Ces difficultés augmentent lorsque, comme dans les montagnes du Mexique, les Jilons , les couches et les amas [stochiverke) >. $e trouvent épars dans une infinité de roches de mélange et de formation très-différentes. Si Ton possédoit 'jne description exacte des quatre ou cinq mille filons qui sont actuelle- ment exploités dans la Nouvelle-Espagne , ou qui l'ont été depuis deux siècles, on recon- noîtroit sans doute, dans la masse et dans la structure de ces filons , des analogies qui indi- queroient une origine simultanée : on trou- veroit que ces masses (gangausjiilluiîgen) sont en partie identiques avec celles que présentent les filons de la Saxe et de la Hon- grie , et sur lesquels le premier minéralogiste dju siècle, M. Werner, a répandu tant de 'S CHAPITRE XI. 325 lumières. Mais nous sommes bien loin encore de connoîlre les montagnes métallifères du Mexique , et , mal<^ré le grand nombre d'ob- servations que j'ai pu recueillir par moi-même, en parcourant le | a^s dans différentes direc- tions , sur une longueur de plus de qualre cents lieues, je ne hasarderai point d'esquisser le tableau général dos mines mexicaines con- sidéré sous des rapports géologiques. Je me bornerai à indiquer les roches qui fournissent la majeure partie des richesses de la Nouvelle- Espagne. Dans l'état actuel du pays , les filons sont l'objet des exploitations les plus considérables: lès minerais disposés en couches ou en amas y sont assez rares. Les filons mexicains se trouvent, pour la plupart, dans des roches primiWes et dans celles de transition ( /^/"-und ûhevgangs-gcl/irge ) , moins com- munément dans les montagnes de formation secondaire , qui n'occupent une vaste étendue de terrain qu*au nord du tropique <' i cancer, à l'est du Rio del Norte , dans le bassin du Mississipi , et à l'ouest du Nouveau-Mexique dans les plaines qui sont arrosées par les 1 " l ' ''!» il i 1 '**'! ïVl W .' I 326 LIVRE IV, rivières de ZagUtinanas et de San Buenaven- lura, et qui abondent en sels muriatiques. Dans l'ancien continent , le granitc , le gneiss et le schiste micacé ( i^lintrncr'scliiejej') constituent la crùle des liaulcs chaînes de mon- tagnes. Ces nicnies roches paroissent rarement an jour sur le dos des Cordillères de l'Amé- rique , particulièrement dans la partie centrale conlenue entre les 18 et 22 degrés de latitude boréale : des couches d'une épaisseur énorme de porphyre aniphibolique , de griinstein , d'amjgdaloïde, de basalte, et d'autres for- mations trapéennes, j recouvrent le granité, et le cachent aux yeux du géologue. Les côtes d'Acifpulco sont formées de roches grani- tiques. En montant vers le plateau de Mexico , on voit ces dernières percer le porphyre pour lu dernière fois , entre Zumpango et Sopilote : plus à l'est , dans la province d'Oaxaca , le granité et le gneiss s'élèvent dans des plateaux d'une étendue considérable , et qui sont tra- versés par des liions aurifères. L'étain, qui est , après le titane , le schéelin et le molybdène , le métal le plus ancien du globe , n'a cepen- dant , que je sache , pas encore été observé CHAPITRE XI. 027 dans les jrraiiilcs du Mexique ; car rétain fibreux ( ironr///// ) du Giî^tiule iipparlienl à des terrains d'alhnion , elles filons d'éliûn de la Sierra de Guana.xualo sctrouvciît dans des iiionlt!i;nes de porphyre. Dans les mines de Coinanja, un syêniie qui paroît d'aneicnnc fornialion , renCtiîJie un lîlon argenliCerc: celui de Guanaxuato, le plus riche de toute rAinériquc , traverse un schiste primitif [tlionscliicjer) qui passe souvent au sclnsle talqucux ( talkscliicfcr ) : la serpentine de Ziinapan paroît dénuée de métaux. Les porphyres dîi Mexique peuvent être considérés en grande partie comme des roches éminemment riches en mine:, d'or et d'argent. C'est un des problèmes de géologie les plus difficiles à résoudre , que de déterininet leur ancienneté relative', ce qui les caractérise tous, c'est la présence constante de l'amphibole et l'absence du quartz , si commun dans les porphyres primitifs de l'Europe , surtout dans ceux qui forment des couches dans les gneiss. \jÇ', feldspath commun se présente rarement dans les porphyres mexicains ; il n'est propre qu'aux formations les plus anciennes , à celles de Pachuca , de Real del Mente et de Moran, % il ! 1*» l> I 'i / i: il 328 LIVRE IV, dont les filons fournissent deux fois autant d'argent que la Saxe entière. Le plus souvent on ne découvre , dans les porphyres de l'Amérique espa<,mole, que du feldspath vi^ ireujc. La roche qui est traversée par le riche filon aurifère de Villalpando , près de Gua- naxuato , est un porphyre dont la base se rapproche du /J/ngstctn ( phonolile ), et dans lequel l'amphibole est extrêmement rare. Plusieurs de ces terrains de la Nouvelle- Espagne offrent de grandes analogies avec les roches problématiques de la Hongrie , que M. de Born a désignées par la dénomina- tion très-vague de sajciiin metalUjerinn, Les filons de Zhnapan, qui sont les plus instruc tifs sous le rapport de la théorie des ^/fe5 de minerais, traversent des porphyres à base de griuisieiUf poiphyres qui paroissent appar- tenir aux roches trapéennes de nouvelle formation. Ce sont ces mêmes filons du district de Zimapan, qui offrent aux collec- tions oryctognostiques une grande variété de minéraux intéressans , tels que la zéolithe fibreuse , la stilbite , la grammatite , la pyc- nile , le soufre natif , le spath fluor , la baryte; l'asbesle subériforme, les grenats CHAPITRE XI. 829 verts, le carbonate et le chromate de plomb, rorpiinent , la chrjsoprase , et une nou- velle espèce d'op.jlc de la pins rare beauté, que j'ai fait connoître en Europe , et que MM. Karsten et Klaprolli ont décrite sous le nom de Feucr-Opal. Parmi les roches de transition qui ren- ferment des minerais d'argent, on peut citer le calcaire de transition ( ûbcrgangskalk- steln) du Real del Cardonal , de Xacala et de Lomo del Toro , au nord de Zimapan, Dans le dernier de ces endroits, ce ne sont pas des filons que l'on exploite, mais des am^r^ de galène, dont quelques nids ont donné, dans un court espace de temps , d'après l'observation de M. Sonneschmidt , plus de i24jOOO quintaux de plomb. La grau- wakke, alternant iwecle graiavakken-schiefer, n'est pas moins riche en métaux au Mexique que dans plusieurs parties de l'Allemagne. C'est dans cette roche, dont la formation a précédé immédiatement celle des roches secondaires, que paroissent se trouver plu- sieurs filons de Zacatecas. A mesure que le nord du Mexique sera parcouru par des géologues instruits , on m ' r ji 33o LIVRE IV reconnoitra que les ricliesses inéîalliqnes du Mexique n'appurliennent pas exclusivement aux terrains primitifs et aux nu)iitaloilalions de Guarisamey,G()pala, Cosala et du Kosario, sont assez rapprochées les unes des autres pour qu'on doive les réunir sous une même division géologique. Le troisième groupe, le plus septentrional de la Nouvelle-Espagne, est celui du Parral , qui comprend les mines de Cliihualiua et de Gosiguiriachi. Il s'étend depuis les 27 jusqu'aux 29 degrés de latitude. Au nord- nord- est de iMexico se trouvent le (juatrième et le cinfjuicnic groupe, celui de lleal del Monte ou de Pachuca , et celui de Zimapan ou du Doctor. lîolaîios ( dans l'in- tendance deGuadalaxara), Tasco et Oaxaca, sont les points ccnlraux du sixième ^ du septii'me et du /f/z/V/V///*" groupe des mines de la Nouvelle - Espagne. Get aperçu général suffît pour prou; er que ce royaume, comme l'ancien continent, renlerme de vastes éten- duesdepajsquiparoisscnt presque totalement dépourvues de filons métaliiieres. Jusqu'à ce jour aucune expluilalion considérable n'a été entreprise, ni dans l'intendance de la Puebla, ni dans celle de Vera - Cruz, ni dans les plaines de formation secondaire situées sur ■H  w ■M I . II 344 'LIVRE IV, la rive gauche du Rio del Norte , ni dans le Nouveau-Mexique. Le tableau suivant indique non la richesse relative j ou la distribution iiicgale des métaux, considérée sous un point de vue géographique, mais la quantité d'argent que, dans l'état acîtîel des mines, on extrait des différentes parties du royaume de la Nouvelle-Espagne. On a classé les mines d'après l'ordre qui vient d'être exposé plus haut , en indiquant le nom du chet-îieu qui est k point central du groupe, et la surface du pays dans lequel se trouvent les diverses exploitations. Quelques groupes se partagent naturellement en plusieurs dis- tricts , qui forment autant de subdivisions ou de systèmes parliculiers. 1/ v? «Minia CHAPITRE XI. 3;^ [^ MINES PRINCIPALES Hu Mexique , llVlSlîr.S EV HUIT OROUPIiS. ETENDUE Ull PAYS (|ul rst occupée par chaque (•roupo il« ininrs, (eiiliciicscurr.) mm ENDROITS que l'on peut reg-iider comme lei points crnlraiix de CCI 1.*^'' Groupe ( Groupe \ central ) , de 21° o' à ■.».4" jo' de latit. bor, , cl de 102° 3o' à loS" i5' de longit. occid. •i." Groupe { Groupe de^ Purangoei daSonora), I de 20" o' à at" 45' de lallt. boc.eide ioG"5o' à ii>g"5o'del«)ngil. occ. 3.*^ Groupe ( Groupe de \ CAi/iuahun),de-2b"bo' I à 29" 10' de latil. bor. , ) H de 106" 45' à 108" 5o' de longit. occid. ' i/' Groupe ( Groupe d-. la Biscaina), de 2o"5' A 20" i5' de lalit. bor. , ei de 100" 45' à 100" 02' de lt»n<;it. occid. v" Groupe ( Gr, upe de\ Zimapa\ ), de 20" 4o' I à 21" 5(»' de Ir^ut. bor. , ) et de 100" 5o' à 102° o' I i> io5o 1200 i4oo Guanaxuato. Calorcc. Zacatecas. Guni isamey , (Diirango). Rusario , ( Copala ). Cosigniriachi. Panai. Buiopiias. Bo'aîlos. Zacnalpa. Oaxaca. Villalta. PRODUIT ANNUI'.I, ii\es de la nai lie septenlnonale le la mnrcid arjÇBnl IvT on VI''! >■ -Bisr.ne, et rtllci d'i^axaca , an delà de 2, îoo.ono. i:ï « n- ; f MIHIIIi'TIW 346 LIVRE IV, Nous comparerons plus tard le produit des mines d'argent du Mexique à celui des différentes mines de l'Europe : il su (fît pour le moment d'observer que les deux millions et demi de marcs d'argent exporlés annuel- lement de la Vcra-Gruz écjuû'alent aux dcujc tiers de l^ar^cnt qui est annuellement extrait sur le î^loùe entier. Les huit groupes dans lesquels nous avons divisé les mines de la Nouvelle-Espagne, occupent une surface de 12,000 lieues carrées, ou un dixième de toute rélendue du royaume. En fixant les jeux sur la richesse imnicnse d'un très-petit nombre d'exploitations, par exemple sur la mine de la Valenciana , et sur celle de Rayas , à Gua- naxualo , ou sur les filons principaux ( lu'tas madrés) de Calorce, de Zacatecas et de Real del Monte, on reconnoît aisément que plus de i,4oo,ooo marcs d'argent sont pro- duits par une étendue de terrain qui n'égale pas en grandeur celle du district des mine^ de Freiberg:. Si la quaniité à' argent tiré annuellement des mines exploitées au Mexique est dix fois pins grande que celle qui est fournie par toutes les mines de l'Europe, Yor, au con- CHAPITRE XI. 3\'J traire, n'est pas de beaucoup plus abondant à la Nouvelle - Espagne qu'il ne l'est en FTonsfrie et en Transilvanie. Ces deux derniers pajs en font entrer annuellement en circu- lation près de 52oo marcs ; tandis que l'or livré à la mon noie de Mexico ne s'élève , année moyenne, qu'à 7000 marcs. On peut compter qu'en temps de paix , lorsque le manque de mercure ne rallenlit pas les pro- cédés de l'amalgamation , le produit annuel de la Nouvelle-Espagne est en argent j de 22 millions de piastres, en or^ ... 1 20 L'or mexicain provient , pour la plus grande partie , de terrains d'ail uvion dont on l'extrait par des lavages. Ces terrains sont fréquens dans la province de la Sonora, (jui, comme nous l'avons observé plus haut ', peut être considérée comme le Ghoco de l'Amérique septentrionale. On a recueilli beaucoup d'or disséminé dans les sables qui remplissent le u:i.ap. vm, T. lî, p. :5yi. i« !:■ r M- , ' 1 viii 348 LIVRE IV, fond de la vallée du Rio Hiaqui, à l'est des missions de la Tarahuniara. Plus au nord, dans la Pimeria Alta , sous les Si** de latitude^ on a trouvé des grains {pépites ) d'or natif du poids de cinq à six livres. L'extraction de l'or, dans ces régions désertes , est entravée par les incursions des Indiens sauvages , par l'excessive cherté des vivres, et par le manque de Teau nécessaire aux lavages. Une autre partie de l'or mexicain est ex- traite des filons qui traversent les montagnes de roches primitives. C'est dans la province d'Oaxaca que les filons d'or natif sont le plus fréquens, soit dans le gneiss, soit dansle schiste micacé [glimmerschiejffèr). La dernière roche est surtout très-riche en or dans les mines célè- bres de Rio San Antonio. Ces filons, dont la ^w/7^î/e est du quartz laiteux,ont plus d'un demi- mètre d'épaisseur , mais leur richesse est fort inégale : ils se trouvent souvent étranglés , et l'extraction de l'or dans les mines d'Oaxaca , est en général très-peu considérable. Le même métal se présente, soit pur, soit mêlé aux minerais d'argent , dans la plupart des filons qui sont exploités au Mexique : à peine y e-xiste-t-il une mine d'argent qui ne soit au- CHAPITRE XI. 349 riiere. On reconnoît souvent de l'or natif cristallisé en octaèdres , ou en lames , ou sous forme tricotée . dans les minerais d'arirent des mines de Villalpando et de Rajas, près de Guanaxuato^ dans celles du Sombrero ( intendance de Valladolid ) , de Guarisamej, à l'ouest de Durango et du Mezquital , dans la province de G uadalaxara. L'or du Mezquital est regardé comme le plus pur , c'est-à-dire comme celui qui est le moins allié d'argent, de fer et de cuivre. A Villalpando , dans la mine de la Santa-Gruz, que j'ai visitée au mois de septembre i8o5, le filon principal est traversé par un grand nombre de petits filons pourris { kilos del desposorio ) qui sont d'une richesse extrême. Le limon argîlleux dont ces y/Zé?^^ sont remplis, contient une si grande quantité d'or disséminé en parcelles impalpables , que l'on force les mineurs , lorsqu'ils sortent presque nus de la mine, de se baigner dans de grandes cuves, pour les empêcher d'emporter l'argile aurifère qui s'attache à leur corps. Les minerais d'argent de Villalpando ne contiennent communément par charge ( carga de 1 3 arrobas) , que deux onces d'or; mais souvent leur richesse s'élève à i ! ï J 1; f 1 1 i ■ ti 1- : ' ' t * i V, le 'r 1:1 n I! l-< ■ iiii lu Ïll II' 3fîo LIVllE IV huit ou dix onces par charge , ou à i —-, d'onces par cjuiiilal. Il est utile de rappeler ici qu'au Harz les p^yrites du Haninielsberg ne contien- nent qu'un vingt-neuf-niillionièiiie d'or, qui en est cependant retiré avec profit '. Le district des mines de Guanaxuato a fourni , selon les registres de la trésorerie provinciale ', KPOQtTES. aiARCS d'or. MARCS D ARGENT. OR contenu dans i.'arobnt. De 1766 à 177.5 1776 1785 1786 3795 1796 i8o3 en ;>8 ans , 9,044 1 3,254 7,376 i5,556 3,422,4i4 5,281,214 5,6of),35fi 4,410,555 . 45,o3o 18,723,537 0,0026 0,0025 o,o(>i3 0,002g 0,0020 Il résulte de ce tableau , que Targen t retiré du filon de Guanaxuato contient en or, d'un à trois millièmes de son poids. ' Brongniart , Minéralogie ^ T. Il, p. 345. ' Estadodela Tresoreriaprincipal de Real Hacienda de Guanaxuato, del nx de novembre de i"] 2^. (Ma- nuscrit.) * CHAPITRE XI. 35 1 On a faussement annoiiCL' rexislcncc du platine dans les sables aurileres de la Sonora. Ce métal n'a point encore élé découvert au nord de l'isLlnne de Pan.un.i.^ sur le continent de rAméri(ji]c seplenlrionalc. Le platine en graii]s ne se trouve que dans deux endroits du monde connu; savoir, au Clioco, Tune des pro'.inces du royaume de la Nouvelle- Grenade , et près des cotes de la mer du Sud, dans la province de t|arbacoas , entre les 2" et 6" de làiilude boréale. H est propre à des terrains d'alluvion qui occupent une sur- face de. Goo lieues carrées, et dont l'étendue égale à peine celle de deux déparlemens de la France. Les lavaderos (lavages) qui donnent aujourd'hui le plus de .platine , sont ceux de Condoto , de Santa .lUla,.ou V^iroviro, et de Santa Lucia, comme aussi le ravin {ijuchradn) d'Iro,. entre les villa«i;es de Noyitaet du Taddô. Il existe au Choco [)Uisieurs lavages d'or ( par exemple ceux des districts dé San Augustin et de Guaicama), où les dvpaîlleurs ne trouvent aucune trace de platine. Le prix de ce métal en grain est, sur les lieux, de huit piastres, ou de 4o francs la livre, tandis qu'à Paris il est communément de i5o à i5o francs. FI n n f H Kh i M 1 ::■! ' 1 • ■ 1 .^1 ^ ■ , ' H ;i^ ii 1 . • M ! Plî 3!j2 livre IV 5 J'examinerai dansuii autre endroit la quantité de platine que , dans l'état actuel des mines du Choco,rAmériquepeut fournir à l'Europe. Il est aussi absolument faux que le platine ait jamais été trouvé près de Garthagène , près de Santa-Fe , à l'ile de Portorico, à celle de la Barbade et au Pérou ', quoique ces divers gisewens soient indiqués dans les ouvrages les plus estimés et les plus répandus : peut-être i'analjse chimique nous prouvera-t-elle un jour qu'il existe du platine dans quelques minerais d'argent du Mexique , comme dans lefahlerz (cuivre gris) de Guadalcanal, en Espagne. ■i'..f; '■/ùyj '~i<,i\\'.i] .^Haûyy Minéralogie, T. III, p. Zjo. Dans un mémoire inséré dans \c& Anales de ciencias naturaUs, publiées par l'abbé CaVanilles , on lit que le platine se trouve au Chopo (Clioco) , à Barbadon (Bàrbacoas), et à Carlhagène, port de mrr éloigné de cent trente lieues dçs lavages d'or du Taddo. 11 y a; cependant plus de dix-huit ans que M. BtrthoUet a donué une notice très-exacte des lieux qui fournissent le platine. ^Annales de chimie, juillet 1792.) J'ai rapporté (în Europe une/3 >i i." -^iJ-ii:;» -• i'..'^ .- m CHAPITRE XI. 353 L'argent que fournissent les filons du Mexi- que, est tiré d'une fi^rande variété de minerais, qui , par la nature de leur mélange, sont ana- logues à ceux qu'offrent les gitcs métallifères de la Saxe , du Harz et de la Hongrie. Un voyageur ne doit point s'attendre à trou\ er à l'école des mines de Mexico une collection complète de ces minerais. Les exploitiitions étant toutes entre les mains des particuliers, et le gouvernement mexicain n'exerçant encore qu'une l'oible influence sur l'administration des mines , il n'a pas dépendu des professeurs de réunir tout ce qui a rapport à la structure àesfilnns, des couches et des amas de minerais, A Mexico, comme à Madrid, les collections publiques offrent les minéraux les plus rares de la Sibérie et de l'Ecosse ; tandis qu'on y cherche inutilement ce qui peut répandre du jour sur la géographie minéralogique du pays. Il faut espérer que le cabinet de l'école des mines s'enrichira à mesure que les élèves de ce bel établissement auront été envoyés dans les provinces les plus éloignées de la capitale , et qu'ils feront sentir aux propriétaires des mines, combien il est de leur intérêt de faciUter les moyens d'instruction. Sans une III. 23 il t I .:j i '!* (H. 354 LIVRE IV, connoissnncc individuelle ihF, localités, sans Télude «pprolondie des miiK rabv qui com- po^^ent la ffffs.sf des Hlons , on le nniitvnu des aii'ds et dis eonclies, {t)us les clian;^eniens qne l'on proposera pour peilectionner le procédé de l'amalgamation , ne seront que des proicls chimériques. Au Péjon , la inajeuie partie de l'argent extrait du sein de la terre est fournie par les paros , minerais d'apparence terreuse , que M. Klaprolii ' a bien voulu analyser, à ma prière, et qui consistent dans un mélange intime de parcelles prr jue imperceptibles d'araent natif avec l'oxide brun de fer. Au Mexique, au contraire, la plus grande quantité d'argent qui est mise annuellement en circu- lation , est due à ces mêmes niiuerais que le mineur saxon désigne par le nom de durre erze y ou minerais maigres % surtout à V argent sulfuré ( ou vitreux , glascrz ) , au cuivre gris arsénié (fahlerz ) et antiinunié ( grau - ou * Klaproth y Beitiuge zur cheminchen Kewitniss der Mineral-Kurper y B. IV, S. 4. " Voyez l'ouvrage très-inslructlf de M. Daubuisson^ qui porte le litre de Dencriptlun des mines de Fniberg* J'ai suivi dans le courant de ce chapitre^ pour les ■■ I CHAPITRE XI. 355 schwarzgiltigerz)y à Y argent nfurinte(hnrfwrz), à X argent noir pristnatùjiie ( sprôdglaserz ) , et à ïargent rouge ( rothgiltigerz ). Nous ne nommons pas, parmi ces minerais, l'argent natif, parce qu'il ne se trouve pas en assez grande abondance pour que l'on puisse lui attribuer une partie très - considérable du produit total des mines de lu Nouvelle-Es- pagne. L'argent sulfure et l'argent noir prisma- tique sont très-communs dans les filons de Guanaxuato et de Zacatecas, de même que dans la veta biscaina de Real del Monte. L'arirent extrait des minerais de Zacatecas présente cette particularité remarquable de ne pas contenir de l'or. Le fahlerz le plus riche est celui de Sierra de Pinos et des mines de Ramos. Dans ces dernières, \q fahlerz est accompagné de glaserz y de cuivre pyri- teux hépatique ( bunt kiipfererz ) , de blende brune ( zinc sulfuré) , et de cuivre vitreux (^kupjerglas) y que l'on n'exploite que pour objets qui sont relatifs à l'art de rexploltation et au gisement des minerais, la terminoloj^ie de MM. Bro- chant; Daubuissou et Ërongniart. 25* 33G LIVRE IV en extraire Targent sans tirer parli du cuivre. Le ^mngillif;erz, ou cuivre j^ris antiinonié , décrit par M. Karsten , se trouve à Tasco , et dans la mine de Ra^'as , au sud-est de Va- lenciana. L'argent muriaté qui se présente si rarement dans les fdons en Europe, est au contraire très - abondant dans les mines de Catorce^ de Fresnilio, et du Cerro do San Pedro , près de la ville de San Luis Pott>si. Celui de Fresnilio est souvent d'un verl olive qui passe au vert poireau. De superbes échan- tillons de celte même couleur ont été trouvés dans les mines de Vallorecas, qui appartiennent au district de los Alamos, dans l'intendance de Sonora. Dans les liions de Gatorce, l'argent muriaté est accompagné de plomb molybdaté (gelb-hleicrz) , et de plomb phosphaté {grûn- hleierz). D'après les dernières analyses de M. Klaproth, il paroît que l'argent muriaté ' d'Amérique est un mélange pur d'argent et d'acide muriatique, tandis que le hornerz * Les minéralogistes dlslingucnt auiourd'hui quatre espèces d'argent muriaté ; savoir , le commun , le terreux, le conchoide et le rayonné. Les deu\ der- nières espèces, qui sont de la plus grande Leauté, ont été décrites par M. Karslen : elles se trouvent CHAPITRE XI. 357 d'Europe contient de Toxide de fer , de l'idu- niine , et surtout un peu d'acide sulfurique. La mine d'argent rou^ife fait une partie prin- cipale des richesses de Soudirercle , dc(]osala et de Zolaga , près de Villalta , dans la province d'Oaxaca. C'est de ce minerai qu'on a extrait, dans la fameuse mine de la vcta negra ', près de Somhrerete , plus de 700,000 marcs d'ar- gent, dans l'espace de cinq à six mois. On assure que V ouvrage à gradins monlans qui a donné cette énorme masse de métal , la plus grande que jamais filon ait présentée sur un même point de sa tuasse , n'avoit pas trente mètres de longueur. La véritable mine à'ar- gerit blanc {weissgiltigerz) est très-rare au Mexique. Sa variété bhmc grisâtre , très-riche en plomb , se trouve cependant dans l'inten- dance de la Sonora , dans les filons de Gosala , où elle est accompagnée de galène argentifère, d'argent rouge , de blende brune , de quartz et de baryte sulfatée. Cette dernière substance, parmi les miaéraux que j'ai rapportés du Pérou. ( Kirslen, dans le Magazin der Berliner GeHellschaft Naturfornchender Freunde , B. I, S. i56. Klaprotlis Beitràse, B. IV , S. 10. ) * Voyei Chap. VU , T. II, p. 27. t.^\y.' : y. m 358 LIVRE IV,' tk^ës - peu commune parmi les f^angues du Mexique, se présente aussi au Real del Doclor, près de la Baranca de las Tinajas ^ el à Som- brerele , surtout dans la mine ;ippcjée la Campechana. Le spalh-fluor n'a encore été trouvé que dans les filons de Lonio del Toro, près de Ziniapan , h Polaîios et à Guadalcazar, près de Gatorce. Il y est constamment ou ver| de pré , ou bleu violet. Dans quelques parties de la Nouvelle-Es- pag-ne le travail du mineur est dirigé sur un mélange d'oxidc de fer brun et d'argent natif, disséminé en molécules iniperceptihles à la ¥uc simpie. Ce mélange ocreux , qu'au Pérou on appelle pctco _, -^t dont nous avons eu oc- casion de parler plus haut , est l'objet d'une exploitation considérable dans les mines d'An- gangueo , dans l'intendance de Yalladolid , de même qu'à Yxtepexi , dans la province d'Oaxaca.Les minerais d'Angangueo , connus sous le nom de colorados , ont l'aspect terreux. Près du jour y le fer oxidé brun y est mêlé d'argent natif, d'argent sulfuré et d'argent noir prismal'qiie {sjjrôdglaserz) , tous trois dans un état de décomposition. A de grandes profondeurs, le filon d'Ai:gangueo f CHAPITRE XI. 3f)g ii'ofFrc pins que de la galène et des pyrites de fer peu ricbes en aroent : aussi les pacns noirâtres de la raine de l'Aurora d'Vxlepexi, rju'il ne faut pas confondre avec les nciç'illns du Pérou , doivent leur richesse plutôt au glaserz qu'aux JUainens imperceptibles de l'argent natif /Yi//'7//t'//.r. Le lilon est très-iné- gal dans son produit, tantôt stérile et tantôt abondant, l^es cnlonuJus de Gatoree , surtout ceux de la mine de la Concepcion, sont d'un rouge de brique, et mélangés de niuriate d'ar[>ent.En générai , on observe au Mexique, comme au Pérou, que ces masses oxidées de fer, contenant de l'argent, sont propres à la partie des filons qui est plus voisine de la surface de la terre. Aux \ eux des i2éolo.9ues les pncos du Pérou olTrent une analogie très- frappante avec les masses terreuses qu'en Europe les mineurs appellent le chapeau de fer des filons ( ciseviw h ut h ). U argent n/iuf\ beaucoup moins abondant en Amérique qu'on ne le suppose générale- ment, s'est trouvé en masses Cijns'dérables , quelquefois du poids de plus de i^eux cents kilogrammes , dans les filons de Batopilas , Mil i ■'■ '■■l'i ii 36o LIVRE IV situés dans la Nouvelle-Biscaye. Ces mines, foibleinent exploitées aujourd'hui, sont au nombre des plus septentrionales de la Nou- velle-Espagne. La nature y présente les mêmes minerais qu'on trouve dans le filon de Kongsberg, en Norwège. Ceux de Batopilas contiennent de l'argent filiforme , dendritique et tricoté , traversant des couches de chaux carI)onatée. D'ailleurs , le glaserz accom- pagne constamment l'argent natif dans les filons du Mexique , comme dans ceux des montagnes d'Europe. On trouve ces deux minéraux fréquennnent réunis dans les mines extrêmement riches de Sombrerete, de Ma- drono, de Ramos , de Zacatecas, de Tlapu- jaliua et de Sierra de Pinos. On reconnoît aussi de temps en temps de petits rameaux ou des filamens cylindriques d'argent natif dans le cjièbre filon de Guanaxuato ; mais ces masses n'ont jamais été si considérables que celles qu'on a tirées anciennement de la mine del Encino , près de Pachuca et de Tasco , où l'argent natif est renfermé quelquefois dans des feuillets de sélénite. A Sierra dePiros, près de Zacatecas , ce dernier métal est cons- CHAPITRE XI. 36 1 tamment accompagné de cuivre bleu rayonné i^slvahlige kupfcrlazur)^ cristallisé en petits prismes à quatre laces. Une très -grande partie de l'argent que fournit annuellement l'Europe, est due au plomb sulfuré argentifère ( silùerhalliger ùlei- glanz ) qui se trouve tantôt sur les filons qui traversent les montagnes primitives et de tran- sition , tantôt sur des couches particulières ( erzfloze ), dans des roches de formation secondaire. Dans le royaume de la Nouvelle- Espagne , la plupart des filons offrent aussi un peu de galène argentifère ; mais il ny a qu'un très-petit nombre de mines dans les- quelles les minerais de plomb soient l'objet particulier de l'exploitAtion On nepeutcornp- ter parmi ces dernières que les mines des dis- tricts de Zimapan , du Farral , et de San Nicolas de Croix. J'ai observé qu'à Gua- naxuato , comme dans plusieurs autres mines du Mexique ', et comme partout en Saxe , les * On peut citer coiurae des galènes éminemment riches en argent, et à Irès-petlls grains , celles de la nouvelle mine de Talpan, dans le Cerro de las Yigas , appartenant au district de Hostotipaquillo. Cette ga- lène, qui }pass(i cjueicuieîo'is àxx plomb sulfuré compact '\: ï 'fil llii'ie: i' I' uiM.i 302 LIVRE IV 5 galènes contiennent d'aiilant plus d'argent, qu elles ont le grain plus pelit. Une quantité d'argent très-considérable est fournie par la fonic des pyrites martiales (^emeine schwefel/acse) , dont la Nouvelle- Espagne offre des variétés quelquefois plus riches que le g/aserz même. On en a trouvé à Real del Monte, sur le fdon de la Biscaina, près du puits de San Pedro, dont le quintal contenoit jusqu'à trois marcs d'argent. A Sombrerete, la grande abondance de pyrites disséminées dans la mine d'argent rouge , entrave beaucoup le procédé de l'amalga- mation. Nous venons d'indiquer les minerais qui fournissent l'argent mexicain ; il nous reste à examiner quelle est la nchcsse tucyemie de ces minerais, en les considérant tous mêlés ensemble. C'est un préjugé très-répandu en Europe, que de grandes masses d'argent natif sont extrêmement cojumunes rai Mexicpie et au Pérou, et qu'en générai les mines d'argent minéralisé, destinées à l'amalgamation ou à et antimonial ( hleisc/ui^'eif), est accompagnée de heau- coiip de pyrites cuivreuses, et do chaux, carbonalée. 3 m CHAPITRE XI. 363 la fonte , y contiennent plus d'onces ou plus de marcs d'arfij-eit au quintal , que les minerais maipres de la Saxe et de la Honjjrie. Imbu de ce même préjugé, j'aiélé doublement surpris, à mon arrivée dans les Coro Jlères , de trouver que le nombre des mines pmwrcs surpasse de beaucoup celui des mines que nous désignons en Europe par le nom de riches. Un voyai^'-eur quivisile la fameuse mine delaVulenciana, au Mexique , après avoir examiné les gîtes métal- lifères de Chiusihul, deFreiberg et de Schem- nitz^ a de la peine à concevoir comment un filon qui , dans une grande partie de sd puis- sance y renferme 1 argent sulfuré, disbénûné dans] a gangue vu parcelles presque impercep- tibles , peut fournir régulièrement par mois trente'mille marcs , c'est-à-dire , une quantité d'argent égale à la moilié de celui que four- nissent toutes les mines de la Saxe dans l'espace d'une année. Il n'est pas douteux qu'on n'ait extrait des mines de Batopilas , au Mexique, et de celles de Guantabajo, au Pérou , dis biocs d'^//;ir'"Aï^ natif (papas de plata) d'un poids énorme; mais en étudiant attentivement l'histoire des principales minos de l'Europe, on trouve que ili ;-y II r.' % I :' I 11: I MÉÊk 364 LIVRE IV, les filons de Kongsberg , en Norwège, ceux de Schneeberg , en Saxe, et le fameux amas de minerais du Schlangenberg, en Sibérie, ont offert des masses beaucoup plus considé- rables. En général , ce n'est pas par lu grandeur des blocs que l'on peut juj»'er de la richesse des mines de différenspays : la France entière ne produit par an que 8000 marcs d'argent ; et cependant il y existe des fdons (ceux de Sainte-Marie-aux-Mines ) dont on a tiré des masses informes d'argent natif, du poids de trente kilogrammes. Il paroît que sous tous les climats , lors de la formation des filons, l'argent a été inéga- lement réparti; tantôt concentré sur un même point, tantôt disséminé dans la gangue, et allié à d'autres métaux. Quelquefois au milieu des minerais les plus pauvres , on trouve de*^ masses d'argent natif très-considérables; phé- nomène qui paroît dépendre d'un jeu par- ticulier des affinités chimiques dont nous ignorons le mode d'action et les lois. L'ar- gent , au lieu d'être caché dans des galènes ou dans des pyrites peu argentifères ; au lieu d'être réparti dans toute la masse du Jilon^ sur une étendue très-grande, est réuni dans un pe P CHAPITRE XI. 36i un seul bloc : alors la ricliebse d'un point peut cire considérée comme la causse princi- pale de la pauvreté des minerais voisins; et l'on conçoit , d'après cet aperçu , pourquoi les parties les plus riches d'un filon se trouvent séparées les unes des autres par des portions de gfinguc qui sont presque dénuées de métaux. Au Mexique, comme en Hongrie, de grandes masses d'argent natif et Aeglaserz, ne paroissent que par routions : les roches composées présentent les mêmes phénomènes que les tuasses de liions. En examinant avec soin la structure des granités, des syénites et des porphyres , on découvre les effets d'une attraction particulière dans les cristaux de mica , d'amphibole et de feldspath , dont un grand nombre sont accumulés dans un même point, tandis que les parties ^ oisines en sont presque entièrement dépourvues. Cependant, quoique le nouveau continent n'ait pas offert jusqu'ici l'argent natif en blocs aussi considérables que l'ancien , ce métal se trouve plus abondamment dans un état de pureté parfaite au Pérou et au Mexique, que partout ailleurs sur le globe. En énon- çant cette opinion, je ne considère pas ■ lii •;h )i !;f II! •A i ■I' I JMl 366 LIVRE IV rargcnt natif qui se présente sous la forme de lames , de rameaux, ou de niamcris cylia- driques , dans les mines de Guantabajo, de Potosi et de Gualgayoc, ou dans celles de Batopilas , de Zacalecas et de Ramos ; je me fonde plutôt sur l'énorme abondance des mi- nerais apjjclés pacos cX coloradns , dans les- quels l'argent n'est pas minéralisé , mais disséminé en parcelles si petites , qu'elles ne peuvent être aperçues qu'au moyen du mi- croscope . Il résulte des recherches qui ont été faites par le directeur général des mines du Mexique, Don Fausto d'Elhuyar , et par plusieurs membres du conseil supérieur des mines, qu'en réunissant tous les minerais d'argent qui sont annuellement extraits, on trouveroit après le mélange , que leur richesse mojenne est de 0,0018 à 0,0026 d'argent, c'est-à-dire , pour parler le langage commun des mineurs, qu'un quintal de minerai ( de cent livres ou de 1600 onces) contient trois a quatre onces d'ar- gent. Ce résultat important est confirmé par le témoignage d'un habitant de Zacatecas, qui a dirigé de grandes opérations métallurgiques dans plusieurs districts de mines de la Nouvelle- CHAPITRE XI. SC)' Espagne, el c[ui vienl de publier un ouvrii^^'-e très-ijit; rcssant sur l'aiiuil<»aaialiuii ituiéri- caine. M. Garces ' , que nous avons déjà eu oecasion de citer plus liaut, ditcxpressénient, « que la grande niasse des minerais mexicains « est si pauvre , que les Irois millions de « marcs d'argent que produit le royaume « dans de bonnes années , sont extraits de dix K millions de quintaux de minerais traités en te partie parla Conte , en partie par le procédé « de l'aiiialganiation. » D'après ces nombres, la richesse moyenne ne s'éleveroit qu'à 2 y onces par quintal, résultat qui contraste singulièrement avec l'assertion d'un voya- geur ' d'ailleurs très-es';imable, qui rapporte que les fdons de la Nouvelle- Espagne sont d'une richesse si extraordinaire que les indi- gènes en négligent l'exploitation , lorsque les minerais contiennent moins du tiers de leur poids en argent, ou soixante-dix marcs par * Nueva Theoriva del heneficio de los inetalen , par Don Joseph Garces y Egiiia ^ Perilo facullativo de minas y Primario de benejicios de la inineria de Zaca- tecas. (Mexico , 1802) , p. 121 el 12/). * Le jésuite Och. ( Murr's Nac/mc/iteu vom spa- nischen ^merika, T. I, p. 236. ) ! lit M m 1 i':,' il II 1' il l'i. 1 II i-1ii 1 M :M il l| i . m ;!l ^\ I ' I 368 LIVRE IV quintal. Comme on a répandu en Europe les idées les plus erronées sur le contenu des minerais de l'Amérique, je vais donner des notions plus détaillées sur les districts de mines de Guanaxuato , de Tasco et de Pu- cliuca, que j'ai visités. A Guanaxuato , la mine du comte de la Yalenciana a fourni , depuis le i.^'^ janvier i']Sj jusqu'au ii juin 1791, la somme de 1,737,0^2 marcs d'argent qui ont été extraits de 84,568 montones de minerais. Dans le ta- bleau ' qui présente l'état général de la mine , un monton est évalué à 52 quintaux , ou à 9 THô cargas; d'où il résulte que la richesse * Estado de fa mina Valenciana, remitido por mano del Excel lentiss. Senor Vlrey de Nuepa Espana al Secretario de Estado Don Antonio Valdès. (Manus- crit) J'ai suivi les nombres que présente ce tabl> u formé par l'administrateur de la Valenciana , Don Joseph Quixano. On compte d'ailleurs un monton (umas de minerais réduit en poudre), à Guanaxuato , à 35j à Real del Monte, Pacliuca, Zullepèque et Tasco , à 3o; à Zacatecas et à Sombrerete , à 20 ; à Fresnillo , à 18 j et à Bolanos, à i5 quintaux. A Giia- naxuato , la carga est évaluée généralement à i4 ar- robas ; de sorte que 10 cargas y forment un monton. ( Garces , p. 92.) Comme on détermine la rithcsse CHAPITRE XI. 369 moyenne des niincruis (t >it, il y a vrn SyO LIVRE IV, de 20(),O()fHiK(r( s (l'aident , l.indi^qii'ily a\uit assez de minerais lielies ( de 5 à 22 marcs au cjiiiiital ) pour donner un produit de j)lus de 4oo,oou marcs, .injour-d'hui la richesse fimycntw de loul le filon tle Guanaxualo ])eut ^*lie évaluée à (pialie onces d'arf^rnl jiar cpiinlal de minerais. I.a parlic sud-ouest du lllon, celle cpii lra\erse la mine de Rayas, présenle cc[>endanl des iiiiiierais donl le ro//- ti'iiu s'élè\e eummuiiément au tlelà de trois mares. Dans le district des mines de Paeliuca , on divise, sur les hdni'sdclrid'^c^ les ])roduilsdu filon de la Biseaina en trois classes, dont la jicliesse vaiioil en i8o5^ de /j à 20 marcs le jtionton de ôo cpiintaux. Les minerais de la premiÎ3re classe , rpii sont les plus ri(;lies , con- licnncnt 18 à 20; ceux delà seconde classe, y à 10 marc.". Les mines les plus pauvres, qui forment la troisicMue classe^ ne sontéva- •luées qu'à /| marcs d 'a i< «eut par nionlan. Il en résulle que dans le triage , le hoit est de /|. /^, à 5 ;'' : ; le jnédincvc , de 1 7- à 2 ^, ; et le mnin(Jr('y de 1 " onces d'arf^ent par quintal. Dans le district des mines de Tasco , les wiiucruis de Tchuilolepec cuutieaiicut , dans l Au CHAPITRE XI. 371 \iiio tarcn dcqiialre moDloncfi on de 100 quin- taux , 2.) marcs J'ar^cnt ; ceux de Giianlla ea doimetit 45 : leur 1 ichessc inf^yenue est par conséqueul de 2 à o j~ onces d'argent par quintal de nn'nerais. Ce n'est donc" pas, comme on l'a cru trop long'-temps, par la richesse intrinsèque des minerais, c'est ])lulot par la «grande abon- dance dans laquelle ils se trouAcnt au sein de la terie , et par la facilité de 'eur exploitalion , que les mines de l'Ainérique f;e distinguent ' de celles de 1/ Europe. Les trois districts de mines que nous venons de citer, fournissent eux seuls annuellement plus d'un million de marcs d'argent ; et d'apri's l'ensemhle de ces données , nous ne pouvons douter que le contenu moven des minerais mexicains ne s'élève , connue nous l'avons annoncé plus * Les minerais trargcnt Ju Pérou ne pnroîssent en général pas plus riclu-s que ceux tlu Mexique : on évalue leur continu , non par nionfon , mais par caxon ( caisse) , qui a yt cargas , en comptant cliaque cat-ffu à 10 arrohas, ou à deux quintaux et demi. Au Potosi , la ric/u'stie moyenne des minerais est de •^~j -y dans les mines de Pasco , de 1 3^ onces par quintal. î4' \ if !: li 372 LIVIDE IV, haut, à trois ou quatre onces d'argent par quintal. Il en résulle en outre que ces mine- rais sont un jieu plus riches que ceux de Frei- berg, mais qu'ils cunliennent beaucoup moins d'argent que les minerais d'Annaberg , de Johann -Ceorgenstadt, de Marienberg et d'autres districts du Ohcr^cbir^c , en Saxe. Depuis 17S9 jusqu'en 1799, on a extrait' des filons i\\\ district de Frcibcrg, année com- mune , i56,7J2 quintaux, qui ont donné 48,952 marcs d'argent ; de sorte que le con- tenu mnjen a élé de 2 f^ onces par quintal de minerais. Dans les imites niéiallifircs du Obcr- gcbir^c, au contraire, la richesse moyenne s'est élevée a 10, cl, à des époques très-heu- reuses , jusqu'à 10 onces par quintal. Nous avons jeté un coup-d'œil général sur les roches dans lesquelles se trouvent les prin- cipales mines de la Nouvelle-Espagne ; nous venons d'examiner sur quels points , à quelles latitudes , et à quelles hauteurs au-dessus du nive.iu de la mer , la nature a réuni les plus grandes richesses métalliques ; nous avons indiqué les minerais qui fournissent l'immense * Daiibuisson , T. II; p. 128. % CHAPITRE XI. 373 quantité d'arq-ent qni reflue annuellement d'un conlinenl à i'aulre : il nous reste à donner quelques détails sur les exploitations les plus considérables. Nous nous bornerons à trois de ces frmtipcs de mines que nous avons décrits plus haut , au i^roupe central, et à ceux de Tascoel de la liiscaina. Les personnes qui connoissent l'état des exploitations de l'Eu- rope , seront frappées du contraste qu'offrent les orandes mines du Mexique , par exemple celles de la Valenciana , de Riiyas et de Te- reros , avec les mines que l'on considère comme trcs-riclies en Saxe, au Harz et en Hongrie. Si ces dernières pouvoient être transportées au milieu des grandes exploita- tions de Gnanaxnato , de Catorce , ou de Realdel Monte; leur richesse et la quantité de leur produit paroilroient aux lia])itans de l'Amérique tout aussi peu remarquables que la hauteur des P^^rénées, comparée à celle des Cordillères. Le groupe central des mines de la Nouvelle- Espagne , la portion de terrain la jdus abon- dante en argent que l'on connoisse sur le globe , est situé sur un même parallèle avec le Bengale, sous une latitude où la zone M ' t ' 374 LIVRE IV, ëiiiiinoxiiile se (onfoiul i»vcc la zone tcm- pcMcc. Ce fj'i'oiipc eiuhriissc les trois disli icls ees d'aprc'sla posilivM des niies ,s )l(''es ( rctililos) qui sonl les plus éi^'àgiiéos i\\.{ eliel-lieu de rarriUMli^seuienl. Le district de Cm naiiarnnio , le ])lus uu'il- ll()U< il de et" ;^r<)U|)e, esl aussi leuiarcpKihle l)I< •1 iiar sa ruliesse lUKUinit r(ue I VàY les t l'aviiux 'LUiiijies t)ul exeeulcs r ^i«;'anles(uies que les 1 dans le sein ii*^^ niontaii'ues. Pour se lornier une iilée plus exacte de la position de ces mines, nous insilonsle lecteur à se rappeler ce que nous r.vons dit ])lus liant', en (km- nant îa description particulière des provinces. * Cliap. VIIÏ , T. 11, p. 1285. J'ai dressé une carte géologique des environs île la viîle de rfuanaxualo , qui paroitradans la Relation historique de mon voj.'igc aux régions équinoxiaîes de l'Amérique : celte carte est levée en partie au moyen de hases perpt^diiuilains, qui ont été mesurées Iwrométriqurnient. Voyz plus haut, T. I , p. i(), et mon Recueil (TobsetvaLofis astronomiques , Vol. I, p. 3jp.. 'îHi niNPMT.r. \i. t rt à jck'i* les veux sur !(' I;i]»1(Mm |»]n^i<[iio chi plalcau rciihal rjiio présmlc l;i ([iialor- zirmi' planclie laiiies l'er ides el lahources avee soin. Au nor d Liines voisines qui foui parlie du grand /^////r»/// r/ //- //v// du Mexi(|uc , sont élevées de ))lus i\o. JL 1 1800 niclres i.u-<,lessus du niveau de I (,)eéan , ces sommets poiplijrilicpies ne paroisseni, aux yeux du voyageur accoutumé àraspc("l imj)o- sanl des Cordillères , que des collines peu considérables. Le fameux fdon de Cuanaxuato \ !' 376 LIVRE IV, qui, à lui seul , depuis la fin du sci viorne siècle, a produit une niiisse d'ar;^''ent équivalant à quatorze cent uiillious de francs, traverse la pente méridionale de la Sierra de Santa Rosa. En allant de Salanianca à Burras et à Te- niascatio, onapercoil un rideau de nionta^icnes qui bornent les plaines en se prolonf»-eant du sud-est au nord-ouesl. C'est celte même direc- tion que suit la créle du filon. Lorsqu'on se trouve au pied de la Sierra , après avoir passé la ferme deXalapila, Ton découvre unra\in étroit , et dunille de Guanaxuato. La population de celle \illc, comuie nous l'avons observé plus liant, est au-dessus de 70,000 âmes. On est étonné de voir, dans ce lieu sauvage, de grands et beaux édifices au milieu de misé- ral)lcs cabanes d'Indiens. La maison du colonel Don Diego Rul , qui est un des propriétaires de la mine de la V alenciana , pourroit orner les plus belles rues de Paris et de Naples : sa fac.de oiF; e des colonnes d'ordre ionique ; rarcliilccture en est simple et remarquable par une grande pureté de sfjle : la construc- tion de cet édifice, qui est presque inhabité, èllAPlTRE X!. 3^7 a coûté pins de 8ou,ooo livnics, somme roii- siilérable clans iMi pa^s où le prix de la jouriuc et celui des malciiaiix sont assez modiques. Le nom de Guanaxuato est à ])eine connu en Europe ; cependint la licliesse des mines de ce disliicl est bien su[>érieure à celle du gîte inétalli l'ère de Potosi. Ce dern'er, d(';- couvert en lo^j, par l'Indien Die^o Ilualca , a fourni, d'après des renscig^nemens ' qui n'ont jamais été publiés, dans l'espace de deux cent trente -trois ans, 788,208,012 piastres forles, ou , en comptant liuil piastres et demie par marc, la somme de 92,706,294 ï^i^^i'cs d'argent ; savoir : ^ De i5o6 à 1578, 49.011,280 ou 5, 766,035 1679 1706, 611,099,401 71,929,347 1737 1789, 127,847,776 ii),o4o,9i4 788,258,512 92,736,294 * Extrait du livre de compte de la trésorerie royale de Potosi , fait sur les lieux par M. rrédiric Molhei. (^Razou de los reaies derevlws que se han cohrado en lan caxas real s, de la plala que haproducido el Cerro de Potosi.^ Ce mémoire manuscrit, qju' io possède, donne le produit du l\nosi , aunce par auiiée, depuis 11! 1 1 > ! •f ] i " i : i 1 \ , 1: i ; 1 1 1 1; 3-8 LIVRE IV Diuis CCS trois rpoqurs i]c temps, il .1 donr été extrait du (Jcrio de Polosi , aiméo movemie , lilin < il'.i nrnl. }il i«li De lôôG k lïijH 2()2,o()2 OU 2,227^7X2 I ;")-[) 1 j7)G , .... 4 ,)8, 1 48 '^'99 h - • >'^ ijôy i7«^9? • • • • 289,2/18 2. 'i.)8,()«.f) I.c produit du filon de Guaiiijxualo e^t pres([ue le douljle de celui du (lerro de Potosi. On tiic aeluellenicnl de ec filon, eai c'estluiseul cpii Couriiil loull'ar^enldes nnue;» du district de Guanaxualo, année connnunc, cinij à si.v cent mille nKirrs (rdii^cutj et ijuùizc à seize cents nuircs d'or. i558 iiisqu'en 1789. Les livres de la trésorerie ne rapportent rien sur les années antérieures à 10.^)6 , quoique tlcux mineurs tie Porco , Juan de Viliaroel et Diego Centciio , aient attaqué ec filon dès l'année 1 5 i 5. c.îiAPrmi: xi. rnoDi'iT i:n on, mr nisTRiCT \ns minks nr. <,i' an wiato. 3-0 KPogiKs. 7"? 77" 77' "70 777 77-^ 77!) r.Su 7«i 1 7«,i 1786 1787 i7«8 '7«9 1790 i7'.)i '79^ '79* i7'l-^ I7çf, '7'J7 79« 799 1800 18.. i l.S()7. i8(.5 011 ni.i'iim PAIl i/amai-(,amati()\. citsieluiii imii. -02 0.» • o o 77-J'.» '9''' ■?.'.\)^ r 3 1 1 1 . » *^''79" 5. •8:^7 'J!>\S32 •2r)rt73 2.)V 17 2l8 'O i3ifio I C) K) 1 2 I .> I 9 25'i3î ibrt3.') 28-.'37 23;)r)() 3i.Vi8 'k3:i38 3t*T4 97.07 t f)7.1.')2 7 1791 4q3i)5 4i) f59 59772 r, 3 '» .1 ;r,iii. 9 i> o o .S S 9 (lit II I. Tilt K l'A H I.A ION II'.. liisii ILtil loin. ;.;raii. ■i 0 (i 3 G ,s 2 (1 0 2 fi v 10 ij •i •t 10 2 1 .1J.) ».• • ll"l '■•.'.,) ■loiJo 3i.'i i.'i *Û9 ».> 'i79;>.) 50917 .'\t(i)2 3o'0.) .')o(t7 i jSl()i2 7 1 181 6oi>)(> jo(mS(> 21)1 .>.i 27781 20(S3o 2319* 200 r» 0 ô 0 2 7 5 4 2 2 5 7 1 2 10 1 0 I 0 12273 1 3 1 2 1 it)37 t ir)().>.7 1 3 1 33 23*07 8*3 1 lG5(;o 708* 24 fil 3 6 0 0 f> 9 1 "* / 2 '* 0 8 0 4 1 1 lO.K),) l3:)(i2 5 i3( )3 3i3ih 2 i8.i.-) 3 1379 ^nioi 1710» 1 o 0 o o 3 o 3 7 2 o '^ r .) 5 1 2 3 o 10 (I .) ,S 0 1 «> 'i 3 (i 3 3 3 > u 7 8 0 3 7 1 0 3 ■t 4 9 iO 9 {) o 4 1 ^ / f, 3 ^ 5 / 6 7 0 «) b f) 1 2 2 8 *r i I i ry.iTi armwiTr T ■Baag;»aaB« 38o LIVRE IV PRO) LU EN AKGLNT, n^' nisTM ( r nrs mims nr (iiAN.wrATo. >r(.i;\r u' . 1 11. 1'; Aiic;ii\i nr.iini; ""^^ , lA.l I.A I.i . . A M . PAU I.A FO.NTK. i;royi,'ts. — ~^ — ' >»»■. ■•>— - - iiiarr'*. 1)111 !■•< in.irrs. IIIK )'s loin. u;i;tii. i-'li) 7.0- 1 1 / ,) .Mil ,7 1 (t 0 •7''7 |8)lï;> 2 77i^»7 3 (1 0 1 7('>S i'J»>7i» 4 87i)i)(> 0 1 b >7''>9 i;)i'i^S 2 lo'ii 1 1 3 3 1 1 1770 a35j")) 0 1237 S ji 0 (i (1 1771 '2tjC)l) 1 T) 1 l2o^)4.) 2 ,> 1 1 177Ï 2017 Cil» 7 Ç)illï (» 7 u 1773 3/17')/! 7 i;i;--j() J 1 1. 177* 2l3()l»l '1 '.»■>)• '7 0 3 7 1.7.'-, 2--'^i'^9 - «)('.: "J -7 3 3 i77ti ■i.':)H7.> - l<< 17.).; 1 / J >777 iS/iif» 'è lflr)0 >| i) i 1 1778 4.'iiM'>(i 5 (),'Si 17. S 0 6 »77'J ■i I Iv/ 1 5 2 1 !8 MU) b 0 1> i7f37-'» 7 W'.'jî uSt 0 / II i7«i 3v97r)i 1 j »s3u» •1 1 2 i;.S3 ■*3;)(,.)7 5 1 i3i 1.) 3 2 1 i7«t 38"..S;'ii 7 ic((3ii) 3 2 n i7«5 3(;.t3(uS •» U.i).<) - .'■) 3 1 i7«G 3ni33j 0 (j!'3l»(i 7 (1 ^i 1787 3(i:')..38 3 i()3.''. 3 3 0 3 1788 ij 2 biiHG 7 1) G 17117 5(J>"»12 1 1 1 kb il» 2 (i 10 '7'./« :)ii8o8 4 loto j8 5 5 5 1709 4or)78(i 5 ^i^C>■7') '1 2 i) lvS<».l 3971 !>) 4 lo(Kv'>7 0 7 2 l^'oi 22i3q>> 1 1188^0 1 7 0 1 V-o? 3 1071 y 0 i7-'4Go I 4 0 1 8. .3 ''..ï ;;f|;)2 7 81172 4 0 \, ClIAPITHE XI. 38 J'ai indiqué dans ces Uibleanx , année par l'or et 1' 1( lIu Cl année, i or cr i ar^^eru tjuc ils mines naxuato ont fournis depuis 17GG jusqu'en i8o5. On a distingué les métaux qui sont relirés des mineriîis au moyen de ramalgamalion , dQ ceux qui sont obtenus parla fonte. Lu mare d'or contient 5o cdstcUunas , qui équivalent à 4oo tontines ou à 48oo granos. Il résulle de ces tableaux , fondés sur des pièces olficielles ', que le disiriet des mines de Guanaxuato a fourni, en trente-huit ans, pour i65 millions de piastres en or et en argent, et que depuis 1786 jusqu'en i8o5 ^ le produit a été, année conmnjue , de 006,000 marcs d'argent, qui équivalent à 4,727,000 piastres. Tous les filons de la Honj^rie et de la Transilvanie ensemble ne donnent que 80,000 marcs d'argent. En prenant les moyennes de quatre années, IS * Razon de los castellanos de oro de Icy 22 quîlates y marcos de plata , de \'2 dineros de Ion benejlcios de azogue y fufigo , manifestados en la tresoreria prin- cipal de Real Hacienda de Guanaxuato , desde i." de enero ij66 hasta 3.1 de deciembre i8o3. (Manuscrit.) On a compté le marc d'argent à 8 * piaslros , et le marc cl*or à i36 piastres (la piastre à 5 livres 5 sous). T^ ' m 38: LIVRE IV dont trois (lo cinq et une de huit ans, on troine les résultats suivaus : V,M.l'.i,- J! ilu pruduit total AKGKNT V A 1. 1, l R DU l'or Kl'OQCES. ni: i.'on ET im: i/aucknt roirospnndiUit à une année et nn l'akgent idrif piulniil (les militas (le Ciiiaiiiixuato. moyenne. a une année inoyiMine. ])i.i«lr ■1. niiirc'. piasl rc.s. 17(16—1775 3o,3'2o,5o5 542, 24 1 5,o32,o5o I77G— I7S5 ■iG, (192, 865 528,121 4,669,286 lySG — 1795 iH,GS2,GG2 5fio,g56 4,868,266 i-yf) — i8o3 3fj,5oG,ii7 55 1,5 19 4,913,265 Quelle est la nature du fitte mélnllifcre qui a fourni ces immenses rlcliesses, et que l'on peut considérer comme le Potoside l'hémis- phère boréal? Quel est le g'isement du rocher qui traverse le filon de Guanaxuato ? Ces questions sont trop importantes pour que je ne trace pas ici le tableau géologique d'un pays si remarquable. La roche la plus ancienne que l'on con- noisse dans le distiict de Guanaxuato , est le tJionscliif^fer (schiste argileux) , qui repose sur les roches g-raniliqucs de Zacalccas et du CHAPITRE XI. 183 enon Bl inco Il est cl iïvïs tie ccndte ou 11 noir* - gt'is;Urc , Iraversé souvent "par une infinité de petits liions de (piai tz , passant, à de grandes profondeurs , au tdlhsclu'cfcr ( seliiste tahjuenx ) et à la cltlnrile srliistcnsc. Je re^f'arde ce thnnsclu'rfrr connue de for- mation priniitivc , quoicpie des couelies à feuillels très-uiinces qu'il contient, et qui sont surchargées de carbone , paroissent le rapprocher du thonsclùejer de tninsitlon. Ces couches ( oja de lihro ) se trouvent le plus souvent ^ près du jour ; quelquefois elles se montrent ^ à des profondeurs considérables. En creusant le grand puits {tiro gênerai) de Valenciana, on a découvert des bancs de sjénile , de schiste amphiholique (liovnhlend- sc]iiefej)el de \ raie serpentine^ alternant entre elles, et formant des couches subordonnées dans le thonschiefer. Ce phénomène extraor- * Sonneschjïiidt , BescJireihungderBergiverks-Refiere von Mexico , p. ig4 et 292. ^ Dans Xaquehnida de San Koquito, qui commu- nique au ravin d'Acabuca. 3 Dans la raine de Valenciana, * Dans les mines de Meliado , d'Animas et de R: a vas. I ■■( II; S 38 LIVRE IV dinaire d'une sycnite qui alterne avec la serpcnlinc , se présente aussi à File de Cuba, près du village de Re^^la , où la dernière roche abonde en diulLige cJiatnyante [scJUl- lerspath). Le même thonschwjcv de Gua- naxuato , que l'on observe au fondée la mine de V^alenciana, reparoît nu jour, huit cents mètres plus haut , sur le dos de la Sierra de Santa Rosa : je donte qu'on l'ait trouvé à des élévations plus grandes. Ces strates sont dirigés très - régulièrement h. 8 à 9 de la boussole du mineur ' ; ils sont inclinés de 4^ * Ou tlu sud-est au nord-ouest. J'ai été frappé , depuis l'année 1791, de cotte grande loi à\i parallé- lisme des couches j que l'on découvre dans d'immenses étendues de pays , et que l'on peut regarder comme un des phénomènes les plus curieux de la géologie. Je n'ai pas cessé , dans mes écrits , d'appeler i'attentiou des voyageurs vers un objet sur lequel il scroit facile de réunir, ea très-peu de temps , un grand nombre d'observations. Voyez mes Expériences sur l'irritation de la fibre musculaire et nerveuse (^cn allemand), Vol. I, p. 8 ; ma. Lettre à M, de Fourcroy, endatedu 5 pUwîôae an 6 ; mon Tableau géologique de C Amérique méridio^ na/.:^( Journal de physique, 1800); et ma Géographie des plantes , p. 1 1 7. La direction des hautes chaînes de montagnes paroît exercer la plus grande influence sur la directioD des couches, même à des éloigaemeus CHAPITRE XI. 385 à 5o de*» Tes an sud-ouest. Cette direction est celle que suivent la plupart des roches très- anciennes du Mexique. Sur le thonschiejer reposent deux forma- tions très-différentes : l'une, de porphyre , à des hauteurs considérables, à l'est de la yallée deMarfil, et au nord-est de Valenciana; l'autre , de grès ancien y dans les ravins et sur des plateaux peu élevés. Le porphyre forme des masses pierieuses gigantesques , qui se présentent de loin sous l'aspect le plus étrange , souvent comme des ruines de murs et de bastions. Ces masses , taillées à pic_, et élevées de trois à quatre cents mètres sur les plaines environnantes , portent dans le pays le nom de ï^uffci. D'énormes boules à couches concentriques reposent sur des rochers isolés. Ces por- phyres donnent aux environs de la ville de considérables «le la crote centrale. Cette influence se manifeste dans les Pyrénées, au Mexique , et surtout dans les llaates-Alpes. Voyez 1rs observations judi- cieuses qu'un savant minéralogiste , M. Ebel, vient de publier à ce sujet, dans un ouvrage qui a ponr titre : Sur la vonatrucUon de In chaîne des Alpes (en alle- mand), Vcl.lj p. 2aa-, Vol. II, p. 20i-2i5; et p. Z!^j. iir. 3^ II I A >; 386 LIVRE IV, Guanaxuato un caractère sauvage, propre à étonner le voyageur européen, qui s'ima- gine que la nature n'a déposé de grandes richesses métalliques que dans les montagnes à croupes arrondies , et dans les lieux où le terrain offre un mouvement doux et uniforme. Ce porphyre, qui constitue la majeure partie de la Sierra de Sauta Basa , a généralement une teinte verdàtre : il varie singulièrement d'après la nature de sa base et des cristaux qu'il renferme. Les couches les plus anciennes paroissent être celles dont la base est du silex corné ' ( hornsiein ) ^ ou du feldspath compacte. Les plus récentes , au contraire , offrent du feldspath vitreux, enchâssé dans une masse qui fait passage tantôt au petrosilex * Élève tic Werner et de l'école tic Frciherg , je nomme partout dans mes ouvrages hornstein , un minéral qui forme des passages au quarlz , à la calcé- doine et awfeuerstein (pyromaque). Les /lornsiein des mint^ralogisles allemands sont : les quartz -agalhes gronsiem et xylvïcîes tle M. Ilaiiy, les iiéopètres de Saussure , et l^s sIIpx cornés de M. Brongniart. Cette note m'a paru indisponsaLle , à cause de la synon}^mie confuse des iiidïïoxmnaiûons protoailex , pierre de corne, et roche de corner vd CHAPITRE XI. 387 jadien, tantôt âu y^lionoMlc ou It/i/iqstein de VVerner. Ces dernitres présenlcnt la plus grande analu;;ie avec le porphyrschicfer ( schiste porpliyi i([ue ) du Miitc/i>vhûro(' de la Buhcnie. On seroit lenlé de les compter parmi les l'oclics de la Jorniation de trupp , si ces mêmes couches ne reni'ermoient , à Villalpando, les mines d'or les plus riches. Touscesporpliyresdu district de Guanaxuato ont cela de commun que l'amphibole y est presque aussi rare que le quartz et le mica. La direction et V inclinaison de leurs couches sont les mêmes que celles du thonschiefer. A la pente méridionale de la Sierra^ géné- ralement à de moindres hauteurs que celle à laquelle se présente le porphyre dans les plaines de Burras et de Cuevas, surtout entre Marfil, Guanaxuato et Valénciana , le thon- schiefer est recouvert de ^rès d'ancienne for- mation. Ce grès {^wjelsconglonœrat) est une brèche à ciment argileux, mêlé d'oxide de Ter , dans lequel sont enchâssés des fragmens anguleux de quartz, de pierre lydique, de syénite, de porphyre et de hornstein écailleux. Des couches contenant des fragmens de six à huit centimètres d'épaisseur , alternent 25* 388 LIVRE IV quelquefois ( près de Cuevas) avec d'autres couches dans lesquelles des g-rains de quartz sont aotj;'lutinés par uu ciment ocrcux. D'autres fois (au ravin de Marfîl et dans le chemin de Salgado ) le ciment devient si abondant, que les morceaux enchâsses disparoissenl entière- ment , et que l'on trouve des bancs d'argile schisteuse, brun - jaunâtre, de huit à neuf mètres d'épaisseur , alternant avec la brèche à gros cailloux. Cette formation de grès ancien, identique avec celle qui, dans l'Amé- rique méridionale , paroît au jour dans les plaines de la rivière des Amazones, et qui, en Suisse , s'élève à plus de mille jnètres de hauteur absolue dans l'Ollenhorn et les Dia- blerets , n'offre pas de régularité dans la direction de ses couches. Leur inclinaison est généralement opposée à celle des strates du thouschiojer. Près de Guanaxuato , la forma- tion de grès est adossée au porphyre de la buffa; mais près de A^illalpando, le porphyre même sert de base à la brèche ancienne, qui y paroît nu jour à une hauteur absolue de deux mille six cents mètres. Il ne faut pas confondre cette brèche, quî enchâsse des fragmens de roche primitive et CHAPITRE XT. SSq de transition , avec un autre grès que l'on peut désigner sous le nom iWif^q/o/ncntt feld- spiitliùjue y qui , à la montagne de la Cruz de Serc'iia y est supeiposé à la hicclie ancienne (i/rfchcongloniciw'f) . et qui , par conséquent, est d*une formation plus rc(*ente. Cet agglo- mérat {Inzcro) , dont on lire les plus belles pierres de taille , est conjposé de grains de quartz^ de petits Iragmens de schiste, et de cristaux de feldspath , en partie brisés et eu partie restés intacts. Ces substances sont liées ensemble par un ciment argilo-ferrugineux. Il est probable que la destruction des por- phyres a eu la plus grande influence sur la formation de ce i^rès ffldspallilcjua, 11 con- traste avec les grès de l'ancien continent, dans lesquels on a trouvé quelques cristaux de grenats et d'amphi])ole , mais jamais , que je sache , du feldspath en abondance. 3^e minéralogiste le plus exercé , avant d'avoir examiné le our une brèche porphvrilique (triimmcr- porphjr). Près do Villalpando, une trentaine de bancs très-minces d\irg/7o LIVRE IV schisteuse. ( schieferthnn) , de couleur bnin- noiralre , alternent avec V agglomérat jeld^ spathiqiie. Ces formations de grès anciens de Gua- naxuato servent de base à d'autres couches secondaires, qui, dans leur gisement ^ c'est- à-dire dans V ordre de leur superposition y ofirent la plus grande analogie avec les roches secondaires de l'Europe centrale. Dans les plaines de Temascatio ( à lo de Sierra) , on observe une pierre calcaire compacte {dicJitcr kalkstein) , souvent remplie de cavités hui- leuses, qui sont tapissées de spath calcaire et de mine de mang-anèse soit terreuse soit rajonnée. Cette pierre calcaire, qui, par sa cassure unie y presque conclioïde y ressemble ix Information du Jura y est recouverte, en quelques points, de bancs de ^t/as6» fibreux et mêlé d'argile endurcie. Nous venons de faire l'énumération des roches nombreuses qui reposent sur le thon- schiefer de Guanaxuato , et qui sont , d'un coté, des formations secondaires de grès, de pierre calcaire et de gvpse; de l'autre, des formations de porphyre^ de syénite , de ser- pentine et de schiste amphibolique. Le raviu '> CHAPITRE XT. 3ç)l deMarlîl, qui, des plaines de Biirras, conduit à la ville de Guanaxiiato , sépare ponr ainsi dire la région porphyrilirpic de celle dans laquelle la sjénitc et le i^rnnstcin prédomi- nent. A l'est du ravin s'élèvent des nionla'-ncs de porphyre très-escarpées _, et qui , par leur déchirement, offrent îes formes les plus bi- zarres : à l'ouest on découvre un terrain dont la surface, légèrement ondulée, est couverte de cùnes basaltiques. Depuis la mine de l'Esperanza, située au nord-ouest de Guanaxuato , jusqu'au village de Gomangillas, célèbre par ses eaux ther- males , sur une étendue de plus de vingt lieues carrées, le thnnschieihr sert de base à des couches de syénite qui alternent avec du griinstcin ( diahasc ) ch transition. Ces couches n'ont généralement que quatre à cinq décimètres d'épaisseur; elles sont in- clinées par groupes , tantôt au nord - est , tantôt à l'ouest, toujours sous des angles de 5o à 60 degrés. En voyageant de Valencianaà Ovexeras, on peut compter plusieurs milliers de ces bancs de f^riuistcin , alternant avec une syénite dans laquelle le quartz est quel- quefois plus abondant f|ue le feldspath et il! iiî 392 LIVRE IV, Tamphibole. On trouve, dans cette sjcnite, des filons de griinslein , et , dans les couches du grïinstein , des fentes remplies de s) énite. Celte idenlité de la musse des filons avec les roches superposées , est un fait curieux cpii parle en faveur de la théorie de l'ori^^ine des filons , exposée par M. Werni;r '. Près de Chichinjecpiillo , un porphyre colonnaire paroît reposer sur la sjénile. Il est recouvert de basalte et de brèches basalliques, des- quelles sortent des sources dont la tempé- rature est de gG",^ du thermomètre centigrade. Il me reste à indiquer deux forniatums partielles qui n'occupent qu'une très-petite étendue : une pierre calcaire compacte ( cl caliche) , gris-noiratre , appartenant peut- être aux roches de transition ', et une brèche calcaire {frijollilo ). Ce. te dernière , que j'ai vue dans la mine d'Animas , à plus de l5o mètres de profondeur , est composée de fragmens arrondis de pierre calcaire coni- * Neue Tlieorie von der Entstehung der Gange, 1791, *p. 60. ^ Entre les ravins de Secbo et d'Acabuca , les lianes iiixx caliche ont la même direction et la nsènie inclinaison que les strates du thonschiefer. CHAPITRE XI. 3(k'> pacte , liés ensemble par un ciinenl calca'uc. Le thonschicfer de Valenciana seil de base à ces deux i'ormalions parliclles, dont l'une paroît devoir son origine à la destruction de l'autre. Telle est , d'après les observalions que j'ai faites sur les lieux, la constitution p;ëolop;i,'iiit', du sol de Guanaxuato. Le filon {peta wadiv) traverse à la fois le schiste argileux [thon- Schiffer) et le porphyre. Dans l'une et l'autre de ces roches , il a présente des richesses métalliques trt;s-considérablcs. Sa direction moyenne est h. 8 1 de la boussole du mineur '; elle est à peu près la même que celle de la iwla grande de Zacatecas. et des filons de Taseo et deMoran, qui sont tous des filons occidentaux ( spaihgânge ). L'inclinaison du filon de Guanaxuato est de /^6 ou 4^ degrés au sud-ouest. Nous avons déjà indiqué plus haut qu'il a été travaillé sur une longueur de plus de 12,000 mètres : cependant l'énorme masse d'argent qu'il a fournie depuis deux cents ans, et qui à elle seule auroit suffi pour produire un changement dans le prix des ' Ou :n'. 52" o. [: [•I .y 3<)4 LIVRE IV, denrées en Europe , a ('lé cxlroite Ceux d'Acabuca , de Ravas et de Seclio. CHAPITRE XI. 399 grandes richesses ; car au-dessus et au-dessous de cette région, les minerais ont été d'un contenu d'argent peu consiiiérable. A Valen- ciana, les nii/teniis riches ont été les plus abondans eiilre 100 et 5/|0 mètres de pro- fondeur au-dessous de l'embouchure de la galerie. A Rayas , cette al)ondance s'est montrée dès la surface du sol ; mais aussi la «galerie de Valenciana, d'après mes me- sures ' , est percée dans un plan cpii est de 106 mètres plus élevé que l'embouchure de la galerie d'écoulement de l\ayas ; ce qui pourroit faire croire que le dépôt des grandes richesses de Guanaxuato se trouve , dans cette partie du filon , entre 2100 et 1890 mètres de hauteur absolue au-dessus du niveau de l'Océan. Les ombrages d'exploitation les plus profonds de la mine de Piajas ( los planes ) n'ont pas encore atteint la limite inférieure de cette région moyenne-, tandis que le fond ( das tiefste ) de la mine de Valenciana , la galerie de San Bernardo , a malheureuse- ment déjà dépassé cette limite de plus de * Voyez mon Recueil d' Observations astronomiques , Vol. I, p. 3a4; n.*» 332-357. 400 LIVKE IV, yo mèlres : aussi la mine de Rayas continue- t-elle de l'ournir des minerais extrêmement liclies, tandis qu a Valenciana on cherche depuis quelques années à suppléer, par l'ex- traction d'une plus grande quantité de minerais, au défaut de leur valeur intrinsèque. Les snhslanres minérales ( i constituent la masse du filon de Guanaxnalo sont du quartz commun j de l'améthyste, du carbonate de chaujCy du spath perlé, du hornstein écailleux , de Wirgcnt sulfuré, de ï argent natif ramuleux, de l'argent noir prismatique, de l'argent rouge foncé, de For natif^ de la galène argentifère , de la blende brune, du ferspatliique et des pjrites de cuivre et de fer. On observe en outre, quoique Inen plus rarement , du feldspath cristallisé ( le quartz rhomboïdal des minéralogistes mexicains ) , de la calcédoine, de pelites masses de spath- lluor , du quartz filamenteux ( haarfôrmiger (juartz)y du fahlerz , et du plomb carbonate bacillaire. L'absence du sulfate de baryte et de l'argent muriaté distingue la formation du iîlon de Guanaxuato de celle de Sombrerete, de Gatorce, de Fresnillo et de Zacatecas. Lçs iiiinéralogistcs qui s'occupent de l'élude CHAPITRE XI. 40I des formes régulières trouvent dans les mines de Guanaxuato une grande variété de cris- taux, surtout parmi Içs minés d'argent sulfuré, rouge et noir, parmi les spaths calcaires et le bmunspnth ' (chaux carbonatée bru- nissante ). Labondand.j des eaux qui filtrent à travers les fentes de la roche et de la gano-ue, varie singuUcrement sur les difFérens points du filon. Les mines d'Animas etdela Valen- ciana sont entièrement sèches , quoique les ouvrages d'exploitation de la dernière occupent une étendue horizontale de i5oo et une profondeur perpendiculaire de 5oo mètres. Entre ces deux mines , dans lesquelles le mineur est incommodé par la poussière et par une chaleur extrême % se trouvent les mines de Gâta et de Tepejac , > Sur le spath perlé de Guanaxuato, V. Klaprotlis Beitràge, B. IV, p. 198. Cette variété de hraunspath présente des cristaux microscopiques, imbriqués et réunis en baguettes très-minces. L'enlacement de ces baguettes {parUlas) est si régulier, qu'elles forment constamment des triangles équilatéraux. 2 De 22" à 27" centigrades j la température de l'air extérieur étant à i/**. m. 26 ;. il s Hli il 402 I^ÏVBE IV, qui sont restées inondées, parce qu'on a manqué de forces mécaniques pour puiser les eaux. A Rayas, l'épuisement se fait d'une manière très-dispendieuse, par des haviteh à mulets, placés dans l'inlcrieur des tra- çersesj et soulevant l'eau, non par des pompes, mais par le jeu de chapelets à caissons, d'une construction très-imparfaite. On est étonné de voir que des mines d'une richesse aussi considérable n'ont pas de galerie d'écoulement ' , tandis que les ravins voisins de Gâta et de Mardi, et les plaines de Temascatio, qui sont plus basses que le fojid de Valenciana , paroissent inviter les mineurs à entreprendre des ouvrages qui serviroient à la fois à l'écoulement des eaux, au roulage et au transport des minerais vers les usines de fonte et d'amalgamation. La Falenclcina offre l'exemple presque 1 Dans le dlstrîcl des mines Je Freiberg , qui cepcn- liant ne fournissent annuellement pas la s(?ptième partie de l'argent qu'on extrait de la seule mine de Valenciana, on est parvenu à percer deux galeries d'écoulement, donll'une a 63,2i3 mètres (32,433 » ) ; l'autre , 57,3io riièlres ( 29,5o4 t. ) de longueur. (Voycï CUap. YIH, T. Il, p. 210.) CHAPITRE XI. 4o3 unique d'une mine qui , depuis quarante ans, nu jamais donné à ses propriétaires moins de deux à trois millions de francs de profit annuel. Il paroit qne la partie du filon de Guanaxuato qui s'étend de Tepeyac au nord- ouest, avoit été foiblement exploitée vers la fin du seizième siècle. Depuis cettu époque y toute cette contrée étoit restée déserte, et ce ne fut qu'en 1760, qu'un Espagnol, qui avoit passé très-jeune en Amérique, attaqua le filon dans un de ces points que Ion avoit cru jusque-là dépourvu de métaux {emboras^ cado). M. Obregon ' (c'étoitle nom de cet Espagnol) étoit sans fortune; mais jouissant de la réputation d'un homme de bien , il trouva des amis qui lui avancèrent de temps en temps de petites sommes pour continuer ses travaux. En 1766 les ouvrages d'exploita- tion avoioî^ déjà plus de 80 mètres de profondeur, et encore les frais surpassoient de beaucoup la valeur du produit métallique. Passionné pour les mines, comme d'autres le sont pour le jeu , M. Obregon aimoit mieux s'imposer toutes sortes de privations que »Yo)'ez Chap. Vir, T. II, p. 27. 26' h 4o4 LIVRE IV, d'abandonner son entreprise. L'année 1767 il entra en soeiété avec un petit marchand de Ravas, îippelé Otero : pou voit-il espérer alors que, dans l'espace de quelques années, lui et son ami seroient les particuliers les plus riches du Mexique et peut-être du monde entier? En 1768 on commença à extraire de la mine de Valenciana une quantité de mi- ner.ûs d'argent assez considérable. A mesure que le puits gagna en profondeur, on s'ap- procha de cette région que nous avons décrite plus haut comme le dépôt des grandes richesses métalliques de Guanaxuato.En 1771 on retira de h perlinencia de Dolores des masses énormes d'argent sulfuré, mêlé d'ar- gent natif et d'argent rouge. Depuis cette époque jusqu'en i8o4, où je quittai la Nouvelle-Espagne, la mine de Valenciana n'a cessé de fournir annuellement un produit d'argent de plus de quatorze millions de livres tournois. Il y a eu des années si pro- ductives , que le profit net des deux pro- priétaires de la mine s'est élevé à la sonnne de six millions de francs. M. Obregon, plus connu sous le nom de comte de la Valenciana, conserva, au milieu ! CHAPITRE XI. 4o5 d'une richesse immense , cette simplicité de mœurs et cette franchise de caractère qui le distinguo iont dans des temps moins heureux. Lorsfpi'il attaqua le fdon de Guanaxuato , au-dessus du ravin de San Xavier, les chèvres paissoient sur celte même colline où, dix ans après, il vit se l'ormer une ville de sept à huit mille habitans. Depuis la mort du vieux comte et de son ami Don Pedro Luciano Otero, la proprièlé de la mine est partagée entre plusieurs (amilles '. J'ai connu à Guanaxuato deux fils mineurs de M. Otero, dont chacun possédoit , en argent comptant, un capital de six millions et demi, sans compter le revenu annuel de la mine, qui s'élevoit à plus de 4oo,ooo francs. On doit être d'autant plus étonné de la constance et de l'égalité du produit de la mine de Vi:lenciana , que l'abondance des mines riches a considérablement dimi- nué, et que les frais d'exploitation ont augmenté dans une progression effrayante, * La propriété de Valenciana est divisée en vingt- quatre actions , appelées havres, dont dix appartiennent aux descendans du comte de la Valenciana , douzo à la famille d'Oloro, et deux à celle de Sanlana. i !! 4o6 LIVRE IV, depuis que les oiivrasycs ont atteint une profondeur perpendiculaire de 5oo mètres. Le percement et le muraillemenl des trois anciens puits de tirage ont coûté au vieux comte de la Valenciana près de six millions de francs ; savoir : Le puits carré de San Antonio, o\xtiroinejo,qai a 227 mètres de profondeur perpendiculaire , et piètres. quatre haritels a chevaux y 096,000 Le puits carré de Sanlo Ghristo deBurgos, qui a i5o mètres de profondeur, et deux baritels à chcK^aux y. . . 95,000 Le puits hexag-one de Nuestra Senora de Guadalupe {tifo nuevo) , qui a 545 mètres de profondeur perpendiculaire, et six baritels à chevaux y 700,000 Frais des trois puits 1,191,000 Depuis douze ans on a commencé à creuser en plein roc, dans le toit du filon , un nouveau puits de tirage ( tiro gênerai ) , qui aura l'énorme profondeur perpendiculaire de CIIAPITUE \I. /|07 5i4 mètres ', en aboiilissant ^wfond ailuel lie la mine ou aux planvs du San Bevnurdo, Ce puits, qui se trouvera placé vers le cenlic des travaux, dimimiera considérahloment le noud)rc dos 900 mineurs (/tv//7^*/'o.v) empli)} es comme bètes de somme pour ])ortcr les minerais kww jfluccs d\ifiscmhla*^(' supérieures. Le liro geiwral , qui coûtera plus d'un million de piastres, est octogone, ayant 2G",8 do circonférence. Son muraillement est de la plus grande beauté. On croit qu'en 181 5 il pourra atteindre le fdon , quuiqu'au mois de septembre i8o5 il n'eût encore que 184. mètres de profondeur. Le percement de ce puits de tirage est une des entreprises les plus grandes I'! * Je réduis les varas mexicanas d'après le principe qu'une uara est égale à o"'-,839 ou uneloise:^2.33:ifa- ras mexicanas. (Voyez ci-dessus, T. H, p. 244.) On regarde dans le pays la mine de Talenciana comme la plus profonde que les hommes aient creusée. A la même époque où je mesurai les planes de San Ber- nardo , la mine Berchert Gluck , à Freibcrg , en Saxe , avoil atteint 44/ mètres de profondeur pcrpendicu"- laire. On croit qu'au seizième siècle les travaux des mineurs saxons, sur le filon Jller Thurmhof ^ alloient jusqu'à 545 mètres de profondeur. Jà 4o8 LIVRE IV, et les plus courageuses que présente Thistoire de l'exploitation des mines. On pourroit cependant révoquer en doute si, pour di- minuer les frais de transport et de lirao-e , il a été utile de recourir à un remède qui est lent à la fois, dispendieux et incertain. Les frais d'exploitation de la mine de Valenciana ont été, année commune. De 1787 à 1791» de 4io,ooo piastres. 1794. 1802, 890,000 Quoique les frais aient doublé , le profit des actionnaires est à peu près resté le même. Le tableau suivant donne l'état ' de la mine dans les derniers neuf ans. * Estado que manifieata elvalor de losfrutos que ha producido la mina de Valenciana , costa de sus memo' rias y liquida producto , a favo^ de sus duenos ; lo présenta Don Joseph Antonio del Maso , al Excellent tissimo Senor Virey de Nueva Espaha Don Joseph de Yturigarray , el 3 dejulio i8o3. (Manuscrit. ) CHAPITRE xr. •1^9 talI • ■o ^ O t'^ ^5 o ^;? S ei H 00 0 m4 tn (S OC OC C '1 co Cl 00 I?" ei m4 O ^1- p^ ^ c> te 8 o t-- c> Cl .8 C5 Kl ^ 4 c> O • C-. cr> 00 o 00 es 00 c> M 1 M 00 tn (S co O lO 00 o ■ •* S 00 f- 1*4 03 OO 00 • es (S 00 «s rt 1 «B .~ ' — « a . 4) S ** • 00 to l M 00 1 s : '5 4> Au delà tle 3,3fio,ooo livres tournois. Le bénéfice distribué annuellement aux actionnaires du district de Freiberg (le profit net des propriétaires des miaes) ne s^'ilève qu'à 260,000 livres. CHAPITRE XI. /m richesse des minerais, de leur concentration dans le lilon , du peu de profondeur de la mine , et d'un tirage moins coûteux. Pour se former une idée des avances énor- mes qu'exige l'exploitation de la mine de Va- lenciana , il suffit de rappeler ici que , dans son état actuel , il faut compter annuellement ,. {en iournt^es de imiiieuis, liv 1 ' 3/ ) trieurs, maçons, et autres ,4oo,ooo< . ^ , ' 1 ouvriers employts uan» ( la mine. '^cii poudre , suif, bois. cuir acier et autres ï,100,000{ , , 1 matériaux dont la mme a besoin. Total de dépense. ^i,5oOjOqo La consonmiation de la poudre seule a été de /|Oo,ooo livres par an; celle de l'acier destiné à la fabrication des ponilroles et des Jlcurets , de i5o,ooo livres. Le nombre des ouvriers qui travaillent dans l'intérieur de la mine de Valenciana s'élève à dix-huit cents : en y ajoutant treize cents personnes (hommes, femmes et enfans) qui travaillent aux havhcls a chevaux y au transport des minerais et aux bancs de triage y on trouve que trois mille cent individus sont employés aux divers tra- vaux de la mine. La direction de la mine est II 4l2 LIVRE IV, * confiée àun administiateur, quia 60,000 llv. de rente , et entre les mains duquel il passe par an plus de 6 millions de francs. Cet ad- ministrateur, qui n'est contrôlé par personne, a sous ses ordres un obersteiger (ininero), trois imtersteîger ( sottomineros ) et neuf maitreS' mineurs ( mandoncs). Ces chefs visitent jour- nellement les travaux souterrains , portés par des hommes ' qui ontune sorte de selle attachée au dos, et que l'on désigne par le nom de petits chevaux {ccallit os). Nous terminerons cette notice sur li T'-ie de Valenciana, en présentant, dans un tableau comparatif, l'état de cette exploitation mexi- caine et celui de la célèbre mine de Him- melsfûrst'' , située dans le district d^ Freiberg*. Je crois pouvoir me flatter que ce tableau fixera l'attention de ceux qui considèrent l'étude de l'administration des m'nes comme un objet important de l'économie politique. > Sur la manière extraordinaire de voyager ci dos d'Jiojnme , voyez mes Vues des Cordillères , PI. V. ^ Tout ce qui , dans le tableau suivant , « '•apport à cette mine, que j'ai eu occasion de visiter souvenv en 1791, "Pst tiré de l'ouvrage de M. JDaubuis&on , T. 111, p. 6-45. t CHAPITRE XI. Z|^l3 Tableau comparatif des mines de V Amérique et de l'Europe. ?rodiiit métal tique. Frais et dépenses delaniine(sonmie totale) A M É K 1 Q L L. [INE HE VALENCIANA, plus ri c lie des mines du Mtxicjtie. (' Hiiiil. de la .suil';uc dans riniérieur de Ja ( rieur de la mine I mine. tu nu E. MINE DE HIM.MELSFÏÏRST la pi US riclie des m mes le Saxe. ( ll^iiil. (!,. la suilai^e du s >l .iu-(Ir--iiH du iiiv'iiii dr !.. iii'T , 110 m- lii-s. ) 10,000 marcs d'argent. 24o,ooo liv. tournois. 90,000 liv. 6 à 7 onces d'argent. 'rix de la iournéf) c - /: i- du mineur [5 a 6 liv. tournois, 18 10 sous. (+00,000 livres tournois, 27,00' livres tournoi 'epense en poudre./ (à peu prè^ xGoo quin-V ( .. peu près 270 quin f taux) . \ taux). Quantiit' de mine-\ rais livr«:s à la f fonte et à ramal-/'72'*'*'°° quaitaux. gamation j i4,ooo quintaux. Un fîi'n souvent divisé vr-- n • • , en trois branches j^ * "q f'ons .principaux , P''ons l 4o à 5o mènes depuis. V.- ^*'"'' ^ "■"'" ^^' sance ( dans le thon- i «""♦"•'•^s de puissance schu'ftr ) I y '^""* '«^ ^«t^i6-5 ). Huit pieds cubes pat minute. Deux roues hy- drauliques. au. Vo fondeur de Ja mine Pas d'eau . 5i4 mètres 33o mèfes. 4l4 LIVRE IV, On comptoit , en 1 8o5 , dans loiitle district des mines de Giianaxuato, cinq mille mineurs et ouvriers employés au triage , à la fonte et à l'amalgamation ; dix-huit cent quatre- \in le mercure. Les arastves de la \ille de Gui. axnato broient , lorsqu'il y a abondance de mercure, onze mille trois cent soixante- dix quintaux de minerai par jour. Si l'on se rappelle que le produit en argent est annuellement de cinq à six cent mille marcs, on trouve de nouveau y par cette donnée , que le contenu mojen des minerais est ex- trêmement petit. Les célèbres mines de Zacatecas , que Roberlson ' nomme , j'ignore par ,uel motif, Sacotecas , sont , comme nous l'avons déjà observé , plus anciennes que les mines de Guanaxuato : leur exploitation a commencé immédiatement après celle des filons de * HhtQry of America , Vol. II, p- 38*1. CHAPITRE XI. 4^5 Tasco , Ziiltepèqiie , Tlapujahua et de Pa- chuca.Ellessont placées su rie plateau central des Cordillères qui s'abaisse rapidement vers la Nouvelle-Biscaye et vers le bassin du Rio del Norte. Le climat de Zacatecas , de même que celui de Catorce , est sensiblement plus l'roid que le climat de Guanaxuato et de Mexico. Des mfîsures barométriques décide- ront un jour si cette différence est due à une position plus septentrionale, ou bien à l'élé- vation des montagnes, La nature des premiers a été examinée par deux minéralogistes très-instruits, l'un Saxon et l'autre Mexicain, par MM. Son- neschmidt ' et Valencia. D'après l'ensemble de leurs observations, il paroît que le district Beschreibung der Begu^erks-Refiere von Mexico , |ï. 166-237. Descripcion geognostica del Real de Zaca- tecas, perDun Ficente Valencia. (Manuscrit.) 4i6 LIVRE IV i.* se rapproche du schiste argileux ^^ transition. C'est dans ce thonschicfer que se trouvent Ja phipart des filons de Zacatecas. La veta grande, ou le filon principal^ a la même direction que la veta madré de Guanaxuato : les autres sont g-énéralemeti* dirigés de lest à l'ouest '. Un porphyre dépourvu de métaux, et formant de ces rochers nus et tailMs à pic, que les indig-ènes appellent huffas , couvre en plusieurs endroits le thojischlefer ^ surtout du côté de la Pailla de Xeres , où s'élève, du sein de ces formations porphyritiques , une montagne en forme de cloche, le cône basaltique de la Campa"a de Xeres, Parmi les roches secondaires de -?^cicatecas on ob~ serve, près de l'usine de la Sauceda , de la pierre calcaire compTtcte, dans laquelle M. Son- neschmidt a aussi découvert de la pierre Ijdique, un grès ancien {urfelsconglomerat) enchâssant des fragmens de granité % et un agglomérat argileux et feldspathique , que ^ Ton confond facilement avec le grauwakke * Sohre laformacion de las vetas , per Do?i Andics del Rios. (Gazetade Mexico, T. XI, ii. 5i. ) • Dans le ravin qui conduit de Zacalccas au cou- vent de Guadalupc. ^mmmimiim CHAPITRE Xï. 4i^ des minéralogistes iillemands. La présence de lu pierre Indique dans la pierre Cidcaire pourroit faire croire que cette dernière roche appartenoit au calcaire de transition ( ûùer^ gangskalksteiii ) qui paroît se montrer au jour dans le Cerro de la Tinaja ^ à huit lieues au nord de Zacatecas ; mais je dois rappeler ici que sur les cotes de rAniérique méridio- nale , près du Morro de Nueva Barcclona , j'ai trouvé du A/6'AW.sr/f/e/é'/- formant des cou- ches subordonnées dans un calcaire qui est indubitablement secondaire. , , , L'aspect sauvage des montagnes métalli- fères de Zacatecas contraste singulièrement avec la grande richesse des fdons qu'cHcs renferment : cette richesse s'est montrée, et ce fait est très-remarquable, non dans- les ravins et là où les filons parcourent la pente douce des montagnes, mais le plus souvent sur les sommets les plus élevés , sur des points où la surface du sol paroit avoir été déchirée tumultueusement dans les anciennes révolulious du globe. Les mines de Zacatecas produisent, année commune, 2000 à 3ooo barres d'argent, à i54 marcs- chacune., tu,. t A. 27 Il 1 I II 4i8 iivue IV, La masse des filons de ce district renferme ' une grande variété de métaux; savoir : le quartz , le hornstein écailleux , le spath cal- caire , un peu de sulfate de baryte et de braunspath s largent noir prismatique, ap- |)elé dans le pays azul acerado j l'argent sulfuré ( azul plomilloso ) , mêlé d'argent natif ; l'argent fuligineux ( silhersckwàrze des Allemands, ;?o^or///a des Mexicains); l'argent rhuriaté gris de perle , bleu , violet et vert poireau {plata parda azul et verde ) , à des profondeurs peu considérables ; un peu d'ar- gent rouge {petlanque ou rosicler) et d'or natif, surtout au sud-ouest de la ville de Zacatecas; le plomb sulfuré argentifère {so- roche plomoso reluciente et tesertote ) ; le plomb carbonate ; le zinc sulfuré noir , brun * Sonneschmidt , p. i85. Les minerais que lesliabl- tans de Zacatecas appellent copatillo, métal cenizo et métal azul de plata , paroissent à ce savant des mé- langes de galène, d'argent sulfuré et d'argent natif. J'ai cru devoir consigner ici cette synonymie des minerais mexicains , parce que la connoissance en est très-importante pour le minéralogiste voyageur. Voyez Onrcès, JVueua Teoria del bénéficia de los metales j p. 87, ia4et i38. Lka ii'Ster':- ^i" CHAPITRE XI, /flQ et jaune ( estoraque et ojo de vivora) ; la pyrite de cuivre et de fer ( bronze nochistle ou dorado et bronze chino ) ; le fer oxidulé magnétique ; le cuivre carbonate bleu et vert, et l'antimoine sulfuré. Les métaux les plus abondans du célèbre filon appelé la iwta gî^ande sont l'argent noir prismatique {sprod- glaserz), l'argent sulfuré ou vitreux, mêlé d'argent natif, et le silberschwârze. 4»i 1^ ,^ I TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. .1 I Pag, JiVRE IV. État de l* agriculture de la Nou- rell€-E.spagne. — Mines métalliques. CuAP. IX. FreductioDS végétales du territoire i '-^ mexicain. — Progrès de l» culture du sol,-^ Influence des mines sur le défrichement. — Plantes c^ui servent à la nourriture de r homme. \ Cmaf. X. Plantes qui fournissent les ma- tières premières aux manufactures et au commerce. — éducation des bestiaux. — rèche. — Produit de l'agriculture, estimé d'après la valeur des dîmes. 168: CriAp. XI. Etat des mines de la Nouvelle- Espagne. — Produit en or et en argent. — Bichesse moyenne des minerais. — Consom- mation annuelle de mercure diins le procédé ' de Tamalgamation. — Quantité de roétau:: précieux qui depuis la conquête du Mexique ont reflué d'un continent dans l'autre. ^293 UN 1>U TROISIEME VOLUME. lifekaitihiMïea TaBBssas** *f- ll-!-'l!!UtJillJlLM ;*i