IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ks ^j^!^ M/, I l.l 11.25 iitM ta 122 M22 2? lia ■" U_ 11.6 ^ >» / 7 J ^ Photographie Sciences Corporation 33 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. USftO (716) 872-4503 ^^ \ iV ^^ [V ^ ^ <> cS^ ' CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICMH Collection de microfiches. Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiquas Tachnical and Oibliosraphic Not«s/NotM taehniquM «t bibliographiquM Tha Inatituta haa attamptad to rtotain tha baat original copy availabla for filming. Faaturaa of thia eopy whieh may ba bibliograpinieally uniqua, which may ahar any of tha imagaa in tha raproduction, or which may aignificantiy changa »ha uaual mathod of filming. ara chacicad balow. □ Coiourad covara/ Couvartura da couiaur I I Covara damagad/ D Couvartura andommagéa Covara rastorati and/or iaminatad/ Couvartura raatauréa at/ou pailicuiéa I — I Covar titia miaaing/ D D D D La titra da couvartura manqua r~~| Coiourad mapa/ Cartaa géographiquaa an couiaur Coiourad Ink (i.a. othar than blue or black)/ Encra da couiaur (i.a. autra qua blaua ou noira) r~n Coiourad plataa and/or illustrations/ D Planchas at/ou illuatrations an couiaur Bound with othar matarial/ Raiié avac d'autres documents Tight binding may causa shadows or distortion along intarior margin/ La reliure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long de la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear within tha text. 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Tli to pc of fil Oi bc th sii ot fir si( or Tl Tl w M di er b( rij re m This item is filmed et the réduction ratio checked beiow/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X »X / 12X 16X aox 24X 28X 32X The copy filmad hera has baan raproducad thanka to tha ganaroaity of : National Library of Canada L'axamplaira filmé fut raproduit grflca à la générosité da: B'^bliothéqua nationala du Canada Tha imagas appaaring hara ara tha baat quality possibia conaidaring tha condition and lagibility of tha original copy and in kaaping with tha filming contract spacifications. Las imagas suivantas ont été raproduitas avac la plus grand soin, compta tanu da la condition at da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an conformité avac las conditions du contrat da filmaga. Original copiaa in printad papar covars ara filmad baginning with tha front covar and anding on tha last paga with a printad or illuatratad impraa- sion, or tha back covar whan appropriata. AH other original copies ara filmad baginning on tha first paga with a printad or illustratad impras- sion, and anding on tha last paga with a printad or illustratad impression. Las axamplairas originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés er commençant par le premier plat et en terminant soit par la dernière page qui comporte une empreinte d'imprersion ju d'illustration, soit par le second plat, selon I j cas. Toua les autres exemplaires originaux sont filmés an commançam par la première page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration at en terminant par la dernière paga qui comporta une teilo empreinte. The last recordad frame on each microfiche shail contain tha symbol — »• (meaning "CON- TINUED"), or tha symbol V (meaning "END"), whichaver applias. Maps, plates, charts, etc., may ba film&d at différent réduction ratios. Those too k^rge to be entirely inciuded in one exposure are filmed beginning in the upper ieft hand corner, laft to right and top t9 bottom, as many frames as raquired. The foilowing diagrams iliustrate the method: Un dos symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole —^ signifie "A SUIVRE", le symbole V signifie "FIN". Les cartes, planches, tableaux, etc.. peuvent être filmés è des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé è partir da l'angle supérieur gauche, de gauche è droite, et de haut en bas. en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. 1 2 3 1 2 3 4 5 6 i ^■":' ^ VO\AGE IIANS I.kS RÉGIONS ARCTIQUES, TOME I. 7 l'AUlS. -IMl'ItIMERIE DE BUUlUiUr.NE ET MAUl'INET Mil- (lu Cul'iiiiliiir II' ^u. RI VOYAGE DANS LES RÉGIONS ARCTIQUES, A lA KErHhilCHE Dir CAPITAINE ROSS, EN 183'î ET 1835; KT IU:CO]\l\'AISSAl\CE DD TlILEW-EE-CIIOll, MAINTENANT GRANDE RIVIÈRE RACK; PAR LE CAPITAINE BAGK, Offii'iiT K I.\ SOriKTF. DE «.FOOR APHIE . RIK HAlTEFEtlLLE, N" «3 M DCCC XXXVI. 129J71 m Mi 'S INTRODUCTION. En l'année i852 , l'absence prolongée du capi- laine Ross, dont on n'avait point eu de nouvelles depuis 1829, qu'il était parti pour les régions polaires, préoccupait tous les esprits. Le bruit de sa mort se répandit même en Italie , où se trouvait alors le capitaine Back,qui avait déjà accompa- gné Sir John Franklin dans les expéditions de 1819-21-22 et 1825-2G-27, au nord de l'Amérique. Ccl intrépide officier retourna aussitôt eii Angle- terre dans rintcntion de se proposer au gouverne- ment pour guider une expédition par terre jus- qu'aux parages où devaient se trouver dans la détresse le capitaine Ross et son équipage. A son arrivée à Londres, en juin, il apprit que déjà des démarches siîinblables avaient été faites par le Il i>Tiu)i>r<;TioN. suvanl aoclcur Richaidson , son aucu'ii compa- gnon de Noyago sous U'S ordres d. Franklin , ains. que par M. Uoss, IVÙre du capibino Sir John ol père du capitaine James Uoss. Mais le i^ouvcrnc- ment anglais n'avail pas encore accueilli 1rs pn.- posilions qu'on lui avait laites à cetéi5ard. M. l\oss adressa alors une pétition au Roi; le capilame Back et ses amis poussèrent aussi de leur cote ; la Société de géot;rapliie, à hup.elle il soumit son plan do voyage, s'y employa avec chaleur; et, entin, le 5oaoùt, M. llay. sous-secrétaire du dépaite- nient des colonies , prévint M. Uoss que sa péti- tion était prise on considération, et que le trésor aiderait l'expédition de '2,000 livres sterling (5o,ooo fr.) , pourvu que le commandement en lût conlié au capitaine Back , que la Compagnie de la Baie d'iludson fournit à ses frais l(;s approvi- sionnementset les canots, et qu'enlin les amis des capitaines sir John et James Uoss conq)létassent par leurs souscriptions le reste des dépenses, éva- lué à 0,000 livres sterling (environ 7(^,000 fr.). Le publie, voyant que les all'airesde rexi)édition étaient en bon train, commenra alors à y prondn; un intérêt actif. Le 1" novendire uiie assemblée se ■ réunildansles salles delà société d'horticullun', et le viec amiral SirGeorge Cockbrun y plaida si puis- , 4. :W IM'HODIKVnOiN, III sainiiioiit ta cause de i'iiunianité intéressée à la ri'clieiclio du capitaine Ross, que 800 livres ster- ling ( plus de 20,000 fr. ) y furent souscrits séance tenante, et un comité permanent nommé pour s'occuper sans relâche à mener à bien cette eidroprise aussi généreuse que didicile. Les fonds s'accrurent rapidement; les chefs de la Compagnie de la Baie d'iludson firent prévenir leurs agents en Amérique, que l'expédition aurait lieu au printemps suivant, et leur donnérentl'ordre de])réparer à l'avance tous les objets dont le capi- taine Hack devait avoir besoin; ils poussèrent la bienveillance jusqu'au pointde lui conférer le titre et les pouvoirs de Commander dans la hiérarchie des employés de la Compagnie, atin de faciliter toutes ses transactions et toutes ses démarches dans l'immense étendue de pays où il allait s'aventurer. L'expédillon devait consister en y olliciers Cl i(S honunes, dont y charpentiers capables pour construire des bateaux. M. Richard King s'olFrit poursuivre l'expédition en quahlé de chirurgien el (le naturaliste. Il fut accepté. Enlin, divers instru- ments astronomiques, une boussole d'inclinaison de DoUond , un instrument de Jones pour la Variation diurne, d'autres instruments du pro- lesseur llansteen et trois chronomètres, furent ronfles au eiipilaine lîack , tant pour les besoins 'Mi ,y INTRODUCTION. de rcxpéclition que pour les observations scienti- fiques dont il pourrait occasionnellement s'occu- per en poursuivant le but principal de sou xoyaH;e. c'est-à-dire la recberclie du capitaine Uoss .«t de l'équipage du yictory. Le Roi. la ducbesse de kent. la princesse \ ic- toria, le duc de Susscx, reçurent successivement le capitaine Back en audience particulière, et lui manifcslùrcnt le plus gracieux intérêt pour le suc- cès de son voyage: le l\oi voulut bien en être le Patron; la princesse Victoria lit présent au capi- taine d'une boussole de poclie et d'un étui de malbématique: et le duc de Sussex en acceptant le titre do Vice-Patron , lui donna une lettre pour le docteur llossack, l'un des savants de New-Vork. Enfin pour lui conlérer plus d'autorité sur les hommes de son expédition , il fut convenu qu'il agirait au nom du gouvernement, et il reçut en conséquence les instructions suivantes du secré- taire d'État des colonies. B\>reau des «olonies, 4 fivrier iS53. MONSIEIÎR, <. Par suite delà permission qu'en ont donnée les Lords Commissaires d.' l'Amirauté, vous vous Irou- vc/. iiioiiKînlimrmenl placé dans les allribulions du iK'paileinrnl des colonies : je vous préviens donc que NOUS èles chargé de diriger l'cxpédilion cpii se prépare niainlenanl pour la recherche du capi- taine Uoss. Nous devez, à cet elVet, vous metlre à la disposition d«i (louverneur et du comité de la Compagnie de la liaie d'ihidson, qui se sont enga- gés à vous i'ouruir dos vivres ainsi que les moyens démener votre voyage à bonne lin. ..Vous vous embarquerez ce mois-ci, le plus tôt j)ossible , à Livcr|)Ool; vous vous rendrez à Montréal par la voie de Nevv-\ork, et là vous prendrez la route que suivent ordinairement les traitants de pel- leteries pour gagner le Lac de l'Esclave , où vous arriverez , à ce que Ton espère, vers le 20 juillet. Nous devez alors vous avancer dans le i\ord-Est, ou dans toute autre direction que vous jugerez plus convenable, pour atteindre le T hlew-cc-clioli-dczclli ou Grande Rivière du Poisson, que Ton croit partir du Lac de l'Ksclavo ou du moins prendre sa source dans les environs, et de là rouler vers le Nord jusqu'à la mer en se maintenant navigable. A votre arrivée sur les bords de cette rivière, vous choisi- rez un endroit convenable pour y passer l'hiver, et vous emploierez inmiédiatcmenl une partie de votre monde à v conslruire un logemml; enfin, s'd i. i VI IMnOUITTION. L'sl possible, vous partiie/ vous-même avec le resU; de l'équipage pour explorer la rivitre durant cette saison et tâcher d'î»tteindre le bord de la mer; vous disposeriez alors des signaux fort en évidence à l'embouchure du fleuve , et pour le cas où le capi- taine lloss arriverait dans cette région, vous y lais- seriez une note qui le préviendrait de votre retour au printemj)s prochain. » Vous devez cependant avoir bien soin d'être rentré dans votre étalîlissement avant le commen- cement de l'hiver; pendant celle saison vous ferez construire deux bateaux en état de naviguer sur la mer Polaire, et aussitôt que vous pourrez, vous repartirez au printemps pour descendre le ileuve. » Kn ce poiid , le soin de diriger votre marche est laissé à voire propre jugement. \ olie premier objet doit èlre d'atteindre \o Caj) (îarry , où le na- vire de Sa Majesté It Fiiry s'est perdu ; on sait que le capitaine Ross se proposait d'en aller recueillir les provisions. Quant à prendi-e, pour arriver au (;ap, la rout<' de l'Est ou celle de l'Ouest, vous vous déciderez d'après les localités. ' Lorsque xous passenv. le long de la côte, il vous faudra veiller attentivement pour découvrir les signaux et toutes les autres indications qui pourraient aimoneer la m;neln' d'une uoupe . >p S liNlHODllCriOP'. VII (j)arliculièivmont à l'entrée du délroilllecla etFury si vous prenez le passage de l'Est) ; et si vous ren- contrez ceux que vous cherchez avant d'avoir atteint le Cap Garry , vous leur offrirez de revenir immé- diatement avec eux sur vos pas, et de les conduire aux établissements de la Baie d'iludson. Dans le cas où , avant d'arriver à la côte , vous aper- cevriez quelque trace de leur passage , vous devez chercher miiuitieu.'.nnent à découvrir quelles ont pu être leurs intentions subséquentes, et vous rf^dre alors là où vous croirez avoir une chance de les retrouver. » En vous livrant , durant l'été , à celle intéres- sante exploration, il est bien entendu qiie vous ne jK'i'drez pas de vue la santé et le salut de votre équipage; et quelles que puissent être vos chances (le succès, vous ne devez pas prolonger vos recher- ebes jusqu'à une époque telle, qu'il vous soit impos- sil)lc de regagnervos quartiers d'iiher avantla lin de la saison : celle limite dt)ilélre entre le 12 et le 20 août, selon le point où vous serez parvenu ; c'est (le voire j)rudenc(^ , à cet égard, (pie dépend l'issue (le l\>x|>é(lilion. ■> \ xolre retour dansNoli't' élabliss(!nient, il vous laudia examiner a\<'e s(/ni l'élatde \os provisions, et , s'il est possible, eommuni'pier a\er le posle du I VIII INTRODUCTION. (irand Lac do l'Esclavo, pour vous assuror s'd n'y esl |)as arrivé dans l'inlorvallt^ dos provisions à votre deslinalion. Si alors vous pensez pouvoir, sans imprudence , consacrer un second été aux explora- tions, vo"s êtes autorisé a le l'aire, sinon vous re- tournerez en. A nglelerre au printemps suivant. .) Tout en subordonnant nos travaux à la recliei-- che de l'équipage du capitaine Ross, ou des liommes qui peuvent sur>ivre, n'y en eùl-il qu'un, vousau- rez à dresser la carie des régions encore inconnues (uie vous \isiterez, et vous ierez les obserNalions scientiliques que vos loisirs vous permettront. A cet effet, il vous seia fourni les instruments conve- nables. Mais vous ne devez point pour cela vous détourner de \otre but principal, jusqu'à ce que vous l'ayez atteint ou que vous ayez reconnu l'impossibilité absolue de l'accomplir. » Durant votre absence , vous saisirez toutes les occasions possibles de correspondre avec le Bureau des Colonies. )i J'ai l'honneur , etc. » •Sioru' GoDERicii. » Les instructions précédentes donnent au lecteur une première idée de rcxpédilion ; pour compléter 1 IMHOiH'CTIO.N. I\ roi jipoiTii, il csl l)oii (rajoulor iti qu'un aiiîiprôs sou {]ô])arl (la (limada , l('('a])ilairu*lîack('>laiil dans ses quartiers d'iiiver, après avoir trouvé la source du Tldew-ec-choli , et se préparant à partir au print(>nips |)our le ( détresse, et par sa .solhcitudc envers son • •quipage, lieureusement écliap|)é aux dangers de ^ INmODUCTIOlN. l(»iis goni-s do cetio oxpédirioii , sur la loiro. sur los (lots, sur la glaco, an milieu des peuplades d'Indiens et d'Ksquiniaux , à travers les horreurs de la famine et les ri{i;uenrs du IVoid. P. C. I ■'I % à ■1 if AVJS. Le loctour trouvera souvent dans lo courant du loxic les mois Cache, Penimicaii , Portaç^c ^ Terres stériles , dont il n'est pas inutile de donner une explication. Cacltc. — On entend parce mot franrais, dont on fait usage dans le pays, uuf'ndroit secret et abrité où les vova- geurs «léposent les divers objets d'approvisionnement dont ils ne veulent pas s'embarrasser, et qu'ils revien- ,,i,l,i,l ilu M A y\ Ith. \ I /'/N V,c, /„./"■"■ ,1'" ,1 ' *•! "X * ?Vllr,Tl.,., -•-,. ■''V '^■ \ - •^ ''v .'^ *■- ■» ''< C^ . ''S, 'y„ './„ I , -• T^- ■ ■''• . ""• ' ' " " '-.,«7 ,.1 1, 1.1 ; I _sjfp^3 r >--/ ,, ■■■'■■ "''- > ! l-l"- '"/■/•.vy ./;.,, /' „/'■■"■ "!< r'r . ■"■y,, ■'■■.. _ "■■'■■■/, ''■'::i' ui /;a.-^- '■ , /' , /• >^ ; /..// ^ll.l.ll.l.• 1. 11,1. .11 ,„.;„/,,. .t. /., I., Il, mil ri, ,11 ,,„/,„/,. ,/.. /„ .<„,,,/,, ,/,. l„„,,i,if.l,,. I .•l„,,ll„l.- „ ll<.,,.t.„l ,/„ \l,,,.l„„ ,/. /,-, 1/ / y.. f " /!..)•■•' f"",^^ /^ 1 '• r^\i,uvx\*"^ ,, »-';y''^,...,,., ..M..-"-; „, , '''-'. . V *•'.'■■• *'■'"»> Vf /,„//. ' nié .I,vrl\> "' 7,V////,M ,/,■ ■!''''''■ ""'/.., ■l'A /•; / \ 11" ,....,"'•'.- '^VV l. V //''..■ ,/r /'„ri„ -^^.i- /)rf"^. vwA .. \- '''''■'■■''''•'•'■'•'Af l\„„l..„l, h.r^Jlf' ""iCV'^ ^ ^-"^ ,, . .*-\-,- ''"■>:.,., -<. ' \ .-•V-v'- ^J ^^- -Z^- ~^,l ' ^>v JV /;„C,V H,:l.t 'V -^"^' .ù„lll"""' l..n^,,„,l,- ,1 I lUiul' .1,, V.ri.f,,;, ,/,■ r.irij Il I / ' l,,„(/. »■'' ,- '" ^ .' ' I \\ % êfN "^*. L- VOYAGE i » DU CAPITAINE BACR. CHAPITRE PREMIER. /. ""V. i 4 1 'il Dt'i.art dAnglelerre. - Arrivée à Montréal , préparatifs de l'expé- dition. — Le feu prend à notre hôtel. -- Départ de la Chine.— Le Saint-Laurent. - L'Oltava. - LacHuron. - Saut de Sainte- Marie.- Arrivée au fort WiUiam. - Répartition du bagage. - Chute de la Montagne. - Lac de la Pluie. - Arrivée au fort Alexandre. ~ Observations magnétiques. — Entrevue a»ec le gou verneur Simpson. - Arrivée |à Norway - House. - Difficulté 6 VOYAGE. tre hôtel à l'instant même où nous allions le quit- ter. Un spectacle y avait attiré une grande quantité de monde, et surtout des dames, dont la plupart ne purent se dérober à la violence de l'incendie que par les fenêtres les plus élevées. Heureusement mon bagage était en grande partie déménagé ; je n'eus à regretter que la perte d'un bon baromètre, perte il est vrai bien sensible puisqu'il ne me restait que celui- là en état de servir; je le devais à la gracieuse obligeance de M. Walker. Les deux baromètres venus d'Angleterre avaient souffert pendant le voyage, et je n'avais pu trouver à les faire réparer à Montréal. Comme il me fallait engager dans l'expédition un certain nombre de i^o/ageurs (i), je crai- gnais que ces gens , fort superstitieux de leur nature , n'interprétassent comme présage de mauvais augure ce fâcheux incident. Ce ne fat donc pas sans un certain plaisir, qu'à mon arri- (i) Cl. mol est tpujour.s en fraïK^ais dansle lexte anglais (n. d. /.}• M- I>U CAPlTAlNt: IIACK. -7 véc au village de la Chine le matin suivant ( 26 avril), en compagnie de mon ami le colo- nel Macdougall , je trouvai nos gens ' r op absor- bés par de copieuses libations en l'honneur de Bacchus pour être accessibles à toute autre in- fluence. Malgré les alarmes et le fatigues de la nuit |)récédente , des officiers de la garnison se réu- nirent à un grand nombre d'habitants de la ville pour nous offrir un dernier témoignage d'affection. Nous nous embarquâmes au milieu (les plus vives acclamations et au bruit des dé- charges de mousqueterie ; nos deux canots glissèrent rapidement sur la surface unie du canal, en présence d'une foule nombreuse qui se pressait sur les rives; en quelques minutes nous atteignîmes le Saint-Laurent, et au mo- ment où nous tournâmes vers ce beau fleuve la proue de nos petites embarcations, un houra prolongé s'éleva sur la rive et vint nous appor- ter le salut d'adieu. Le bagage avait été réparti également entre les ballots , de manière à donner à chacun le t: : 1i i\. i 8 VOYAOlï poiJs de 90 Ibs. ( 4o, 8 kil. ). Nous n'en comptions guère qu'une cinquantaine; aussi quoique fort encombrés, nous n'étions qu'à demi chargés ; condition favorable pour faire . diligence, même avec l'équipage le plus mé- diocre. Le nôtre présentait un mélange inévi- table de jeunes novices sans expérience et de vieux routiers, nommés vulgairement m^wg^ew/vç de lard; à peine en pouvait- on compter un seul parmi eux qui eût fait faute à la dernière occasion de s'ivrogner. A la tête de l'équipage était Paul , vieux pilote iroquois , qui sauf l'a- mour qu'il professait pour la bouteille, était d'un prix vraiment inestimable, car il con- naissait la position de toutes les roches dan- t* gereuses entre Montréal et la baie d'Hudson. Tournant à droite , nous entrâmes dans TOt- tava; semblable à la Moselle au confluent du Rhin, cette rivière continue quelque temps après sa jonction à rouler ses flots brunâtres sans les mélanger avec les eaux limpides du fleuve Saint-Laurent. t -i.i ¥ ^ is nen y, aussi ns qu'à ir faire lus mé- ! inévi- :e et de ingeurs ter un ernière uipage aufl'a- î; était il con- i dan- idson. 15 rot- ent du temps nâtres les du I é nu CAPITAINE BACK. t^ Lorsque nous passâmes devant un des villa- ges qui bordent la rive, les plus dévots de nos voyageurs descendirent à terre devant une grande croix élevée à quelques pas de l'église; et là, dans une attitude contemplative, ils se mi- rent à implorer la protection de leur saint pa- tron po ir notre entreprise périlleuse, tandis que leurs compagnons, peu touchés de ces pieux sentiments, leur criaient à tue-téte de s'embarquer, et maniaient leurs avirons en ré- pétant sur un ton burlesque une joyeuse chanson de bord. — Nous atteignîmes bientôt le rapide Sainte-Anne, où un de nos canots éprouva une légère avarie; et nous campâmes sur une île dans le joli lac des Deux-Montagnes. Comme nous avons suivi exactement la route où passent, à chaque saison, les gens de la compagnie, et qu'on la trouve décrite par Mackenzie et par d'autres voyageurs plus ré- cens, il serait superflu de donner ici un détail minutieux de notre marche ; il suffira d'indiquer quelques unes des principales localités que mF il ,;'! Il t; M ■a I Si lO VOYAGE nous visitâmes entre le poste de la Chine et l'extrémité sud-ouest du grand lac de l'Esclave, où commencent véritablement nos découvertes. Par l'obligeance du colonel Duvernet , nous pûmes traverser le canal du Gouverne- ment qui fait éviter le dangereux rapide du Longsaut; nous fûmes ensuite pris à la remor- que par le bateau à vapeur qui fait le service entre ce rapide et Bytown, village assis sur des hauteurs dans une position magnifique , entre le Rideau et les chutes de la Chaudière; on y déplorait, à notre passage, la perte de plusieurs conducteurs de radeaux, engloutis la veille dans les chutes. N'ayant pu faire agréer au lieutenant Kains, commandant le bateau à va- peur, la moindre rémunération pour le service qu'il nous a rendu, il ne me reste qu'à con- signer ici mes remerciements. Durant la nuit , deux de nos jeunes gens désertèrent. Je n'en ressentis pas la plus légère inquiétude; c'est un accident auquel on doit toujours s'attendre, si bien que pour y pa- ^ I ! I Zhïim et Esclave, uvertes. v^ernet , uverne- pide du remor- service sur des ;, entre 3; on y usieurs L veille 'éer au u à va- service l'à con- 3s gens légère >n doit y pa- m DU CAPITAINE BACK. 1 1 rer, on enrôle généralement quelques hommes en supplément. 28 avril i833. - Nous étions arrivés à un portage; (il est presque inutile de dire que l'on entend par ce mot l'endroit où, la navigation étant forcément interrompue par un accident de terrain, il faut porter le bagage et les embar- cations). Nous y trouvâmes à déjeûner dans la maison d'un Indien, trafiquant de fourrures, appelé Day. Ce bon vieillard était si enthou- siasmé du but de notre expédition, qu'il ne fallait rien moins que son grand âge pour l'empêcher de nous offrir ses services. — - Je ' retrouvai au poste de la compagnie, appelé le fort desChats, mes trois hommes de Montréal; je les embarquai ainsi que dix-sept ballots ap- portés d'avance par le bateau à vapeur. Nous poursuivîmes au travers des rapides jusqu'au fort CoUonge, n'apercevant sur notre route que des maisons isolées et de rares habitants; aussi, quelle ne fut pas ma surprise, lorsqu'à mon retour en 1835, je trouvai en cej^ mêmes ^i . 'li I f Il J^ 13 VOYAGE lieux un grand nombre de maisons conforta- bles, élevées au milieu du riant aspect des champs de blé, et animées par des groupes d'hommes et de femmes que la curiosité atti- rait aux fenêtres et sur le rivage. Laissant l'Ottava, nous nous dirigeâmes à gauche , sur des eaux noires et profondes, bor- dées de rochers menaçants et d'arbres dessé- chés; l'on eut dit le séjour de la tristesse et du désespoir, tant l'aspect en était désolé et dénué de vie; il me revint aussitôt en mémoire une admirable peinture représentant Sadak en quête des eaux de l'oubli. — Ayant atteint le lac Nipising , nous descendîmes par la rivière des Français dans le lac Huron ; mais là , notre mar- che fut si souvent contrariée par les brumes et le vent que nous ne pûmes arriver avant le ii mai, au Saut de Sainte-Marie, qui forme à l'extrémité du lac la dernière limite du monde civilisé. Je retrouvai là une de mes anciennes connais- sanceS; M. Béthune, qui fut un peu surpris de nous voir arriver sitôt. La grande quantité de glaces flottantes répandues sur le lac Supérieur t à ^ conforta- spect des s groupes osité atti- geâmes à ules, bor- nes dessé- îsse et du et dénué loire une L en quête nt le lac ivière des otre mar- imesetle le 1 1 mai, îxtrémité ivilisé. Je connais- Lirpris de antité de upérieur ■i DU CAPITAINE BACK. l3 l'avait empêché d'expédier avant le i" mai les dépêches mentionnées par M. Reîth ; elles étaient parties d'Angleterre dès le mois de dé- cembre, et n'avaient plus que onze jours d'a- vance sur nous. Je n'éprouvai dans cette circon- stance d'autre regret que de voir le peu de temps dont pourrait disposer le gouverneur ré- sident, M. Simpson, pour s'employer efficace- ment en notre faveur; j'avais grand besoin de son secours bienveillant , soit pour compléter le nombre de mes volontaires qui ne montait encore qu'au tiers de celui qui m'était indispen- sable, soit pour terminer plusieurs affaires importantes que le gouverneur seul pouvait arranger convenablement. La rareté des vivres dans l'intérieur nous força de prendre ici un supplément de provi- sicï s pour cinq semaines; il fallut acheter un troisième canot pour les transporter. Avant de quitter le Saut de Sainte-Marie, je rendis vi- site aux officiers de la garnison américaine. Il est inutile de dire que leur accueil fut en par- ■1i' ij I i4 VOYAGE laite harmonie avec les sentiments qu'on nous avait manifestés dans l'État de New- York. Mais l'officier commandant , le capitaine Baxly, vou- lut joindre à la gracieuse réception qu'il nous avait faite une preuve plus palpable de ses bonnes dispositions à notre égard, et ^ nous envoya des pièces de venaison préparées, des langues, et quelques friandises. Nous n'éprouvâmes aucun retard notable en traversant la partie septentrionale du lac Su- périeur. Au poste , qu'on appelle le Pic , nous fumes approvisionnés de beurre frais et de poisson par mon vieil ami, M. Mac-Murray. Il fit tous ses efforts pour nous retenir avec lui pendant la nuit; l'apparence du temps était si engageante que nous résistâmes courageu- sement. Mais à peine étions-nous en route qu'une brume épaisse tfious entoura , et mit si bien en défaut toute la science de notre guide, qu'à notre grande mortification force nous fut d'acoster la terre. Notre débarquement, au fort William , le ao \ 3l ê ion nous >rk. Mais xly, vou- [ii'il nous le de ses 3t '\ nous rées, des otable en i lac Su- Vc, nous lis et de [urray. Il avec lui ips était jurageu- n route et mit si re guide, nous fut m , le 'io I DU CAPITAINE CACK. l6 mai, étonna beaucoup M. Mac-Intosh, 1 employé de service ; car nous étions au moins d ^ douze jours en avance sur l'époque où l'on avait com- mencé, dans la saison précédente, à voir arri- ver des canots légers. Nous échangeâmes , à ce poste , nos grandes embarcations pour de plus petites , mieux appropriées aux innombrables difficultés de la navigation intérieure ; j'en' trouvai deux excellentes que le gouverneur Simpson avait fait construire pour nous , sous la direction de M. Mac-Intosh. Un jour entiei* fut consacré à visiter nos provisions et nos in- strumeiis, et à les emballer de nouveau; on ré- para aussi notre canot du «oa*^ (north canoë), amené de Montréal : les deux autres auraient été trop chargés pour naviguer sur les eaux peu profondes du Raminestiquoia. Comme il y avait assez de monde pour manœuvrer les trois embarcations, celte addition n'occa- sionna aucun surcroît de dépense. Le voyageur canadien est fort original , mais il est surtout susceptible , je dirais même ill il 1!^ M) VOYAGE chatouilleux , sur un point : c'est sur Téquita- blt; distribution des ballots entre les canots qui font partie d'une même expédition. Leur sus- ceptibilité est fondée sur d'excellentes raisons ; car, en supposant les embarcations tout-à-fait semblables d'ailleurs, la plus légère différence dans les charges en produira une grande dans lesi vitesses relatives, et* occasionnera de plus longs retards aux portages. Pour éviter tou- tes contestations , le guide est dans l'usage de distribuer la charge entière en différents lots que les hommes des équipages tirent à la courte-paille. Les arrêts du sort sont sans appel, et chacun obéit , non sans se réjouir ou murmurer, selon sa bonne ou sa mauvaise fortune. Les formalités préliminaires étant termi- nées, nous prîmes congé de notre aimable hôte, et nous allâmes camper auprès de la chute imposante Rakabikka, communément nommée , par les voyageurs , Chute de la mon- tagne. TiC major Long et sir 3. Francklin l'onl li I ir 1 equitu- canots qui Leur sus- ;s raisons ; tout-à-fait différence ande dans ra de plus ^iter tou- 'usage de rents lots •ent à la ins appel, jouir ou mauvaise t termi- aimable es de la inément la mon- lin l'ont PU (APMArNK liACk. i- parfail< int'ut dérrito rt on ont donné des vues; celte chute est moins considérable (pie celles VOYAGE , . cueillis par une jiluie battante qui nous mouilla jusqu'aux os. — Il n'y avait ni viande ni pois- sou à l'établissement de la compagnie; et le riz ^^riz sauvage^ Jolie avoine^ ziznnia aquaticd) qui se récolte ordinairement en abondance dans les terrains marécageuji. des environs du lac, avait manqué cette année. Nous campâmes dans le lac des Bois sur une petite île entièrement couvertederaquettes(c«c tus opunctia); nos hommes n'y pouvaient faire un pas sans avoir les pieds remplis d'épines. Le 6 juin nous débarquâmes au fort Alexan- dre , à l'extrémité méridioiiale du lac Winni- peg; je m'attendais à y trouver le gouverneur, aussi fus-je passablement désappointé d'ap- prendre qu'il n'y viendrait pas avant quelques jours. Cependant le canot des dépêches ayant quitté le fort la veille , il était probable que le gouverneur se trouvait déjà en possession de ma lettre, et en conclurait certainement que je ne devais pas être loin d'arriver. Il était j)our moi de la plus haute impor- ^' •i A i '*4>»ii mouilla ni pois- et le riz Hcd) qui ce dans du lac, sur une tes (ctfc nt faire pines. Alexan- Winni- erneur, 3 d'ap- Lielques s avant I que le sion de 'nt que » impor- % V" m t i DU. (:,\prrAi>»v nArs, '9 ranco d'avoir une entrevue avec M. Simpson; craignant de me croiser avec lui, si je tentais d'aller à sa rencontre, je préférais l'at- tendre à l'établissement. Pour donner le change à mon impatience, je fis examiner les provisions et exposer au so- leil, celles que la pluie avait un peu avariées, après quoi on les emballa de nouveau avec le plus grand soin. Je fis aussi une suite d'obser- vations sur l'inclinaison de l'aiguille airiian- tée, elles me donnèrent 79" 12' (i); résultat différant de 26 minutes avec celui qui avait été obtenu précédemment. Les oscillations de l'ai- guille et les inclinaisons furent observées alter- nativement sur les deux faces de l'instrument; l'accord des résultats était assez satisfaisant ex- cepté pour l'aiguille n" 2 , retournée, la face de l'instrument étant vers l'est ; dans ce cas, je re- marquai une différence considérable sur le (t) Ohieni, par l'instn.mrnt «ans aucune oorrertion ponr la trm- i)é!'alure. l I u F m ,^ «. I I t r •1 iil I» l'i I È I ' i; ;!| il QO VOVAGK nombre des oscillations, ainsi que sur la posi- tion où l'aiguille s'arrêtait. Une seconde expé- rience ayant confirmé cette anomalie, je demeurais fort embarrassé pour l'expliquer, lorsqu'une heure après plusieurs personnes venant du côté de l'ouest, m'apprirent qu'elles avaient été surprises à peu de distance par une forte averse accompagnée de tonnerre. Pour nous le temps avait été étouffant pres- que toute la matinée, et l'atmosphère autour du fort n'avait éprouVé aucun changement sensible. Parmi les gens partis avec nous de Montréal, se trouvait un volontaire , nommé I^arke , grand gaillard de belle apparence, qui vrai- ment s'était donné beaucoup de mal pour être reçu dane l'expédition. Il avait passé pres- que toute sa vie dans les bois, et paraissait réu- nir au plus haut degré les conditions requises pour une excursion aventureuse, aussi s'était-il attiré l'admiration générale par son air déter- miné; il semblait vouloir tout abattre. Cepen- 1 Ql 51' la posi- nde expé- malie , je expliquer , personnes nt qu'elles itance jpar tonnerre, 'fant pres- sre autour langemenl ; Montréal, né Larke, qui vrai- pour être >assé pres- aissait réu- ns requises issi s'était-il 1 air déter- tre. Cepen- DU CAPJTAliMi lUCK. danl cet homme vint à moi, et d'un ton con- trit me supplia de lui accorder son congé, « voyant bien , disait-il, que nous allions tous » mourir de faim ; et étant fermement décidé à » ne pas faire un pas de plus. » Une telle pu- sillanimité était absolument incompatible avec les exigences de notre expédition, pour laquelle il iidiait faire le sacrifice complet des commo- dités de la vie , et se sentir pénétré d'enthou- siasme, je dirais même entraîné par une sorte de fanatisme. Je ne fus donc pas fâché que la disette se fût laissé sitôt entrevoir, car si de pareilles faiblesses se fussent manifestées du- rant l'expédition dans quelque conjonctuie lui peu critique, nul doute que la contagion de la peur n'eût gagné d'une manière désolante. Notre homme obtint le congé qu'il demandait; niais j'y ajoutai une note sévère où je priais la compagnie de le retenir au service dans quelque poste éloigné pendant toute la du- rée de son engagement contracté pour trois ans. rw mmmt : Il i S W 2'i VOYA> 1/4 décembre i832, l'autre du Gros-Cap, »au lac Supérieur, datée du 12 mai i833. I « Je regrette bien sincèrement que des cir- » constances impérieuses me forcent à renoncer «au plaisir de me rencontrer avec vous : ma ' » santé est si dérangée qu'il faut absolument me « rendre d'ici au Canada, pour de là passer en » Angleterre. Les forces me manquent pour «tenir la plume, et je suis obligé de recourir » à mon secrétaire. ^ » Mais je peux vous assurer , mon cher capi- - laine, que j'ai conservé toutes mes forces pour m «tTjf^ ■\- I ^î ; j M il Vi ll'i' II.,; I :, I I îât) VOYAGE «lire vos lettres, et pour examiner le projel » imprimé de votre expédition.Les vues philan- «thropiques qui vous dirigent exciteront les » sympathies de tous ceux qui se trouveront en » relation avec vous; quant à moi, personnel- » lement et en ma qualité de fonctionnaire, je » suis jaloux de vous seconder dans vos plans «et je ne peux assez me réjouir devoir cette » entreprise confiée à vos soins : c'était une «juste récompense de votre expérience et des » talents dont vous avez fait preuve dans lespré- >> cédents voyages de découvertes auquels vous » avezpris unepartsi méritoire. — Dieu seul con- » naît le sort de ceux que vous allez recher- » cher; mais si nous avions à déplorer la réali- » sation de nos craintes, il nous resterait à tous, » à vous surtout, monsieur, et à vos compa- » gnons, la consolation d'avoir rempli les devoirs «qu'impose l'humanité envers des malheu- » reux dont on ne saurait envisager sans frisson- «ner l'horrible destinée. D'ailleurs votre voyage » ne serait pas entièrement inutile, les fatigues M' le projel lies philan- nteront les uveront en personnel- onriaire, je s vos plans î.voir cette c'était une înce et des [ans lespré- iquels vous eu seul cou- lez rechei- er la réali- Tait à tous, ^os compa- i les devoirs îs malheu- ans frisson- otre voyage les fatigues IMl CAIMTAINR IIVCK. 87 » et les trais en seraient largement compensés » par dès acquisitions précieuses pour la science » et pour la géographie. » J'approuve complètement l'opinion de "M. Keitii, quant à la nécessité absolue de ne M prendre avec vous que des hommes pratiques ))du pays, et habitués à supporter les fatigues » de ce genre de voyages. » Je crois bien qu'il sera assez difficile de » vous trouver des volontaires, aussi m'estimé- »je heureux de confier cette tâche importantes )) MM. Cameron et Christie, facteurs en chef ùe »la compagnie, dont les connaissances locales » seront précieuses pour vous. — M. Charles » compte vous rencontrer à la rivière Jacques ; » il vous portera le tribut de son expérience et » vous fera part de tout ce qu'il sait sur les en- » virons du lac de l'Esclave. - Vous trouverez »sous ce pli la lettre que le conseil adre^ige à «quatre officiers de la compagnie, tous hom- ))mes de cœur et de tète; ils demeureront à i K- w ■M. fi ii'J I ï\ 'Il » ,N r f f a8 VOYAGE » votre disposition, et vous pourrez compter » sur eux en toute occasion. > En finissant, je vous répète que toutes nos » ressources sont à vous et à vos compagnons, »que vous pouvez disposer de nos embarca- » lions , et que nos magasins vous sont ouverts. » Avec cette lettre vous pouvez vous présenter » partout et réclamer en toute occasion aide , » secours et protection. » Agréez , monsieur, etc. » Georges SIMPSON.» Voici la lettre qui était renfermée dans lu précédente. y/ uàlexandre IL Mac-Leod ou à Simon Mac- Gillivray^ écujers; à iW John Mac-Leod ou à M' Murdoch Mac-Pherson. ** Etablissement de la rivière Bouge, S juin i8i^3. « Messikiirs, » Le gouverneur, le comité et la Société Arc- f Mi. coiiipler lUtes nus lagnons , mbarca- ouverts. résenter m aide, dans la i Mac- eotl ou iuin xS'h'h. é Arc- UIJ CAPrTAINF HKV.K. 9Q )) tiquç, viennent de décider nne expédition » à laquelle s'intéressent au pkis liant dv^ré le » gouvernement et la nation anglaise; elle doit » aller à la recherche et au secours du capi- » taine Ross et de son équipage ; Dieu veuille » qu'il en soit encore temps ! Elle a aussi poui* » but de faire la* reconnaissance géographique » de cette région encore inconnue qui s'étend >> du cap Tumagain au détroit de Fury and » Hecla. )>Le commandement de l'expédition a été » confié au capitaine Back,de la marine royale. » Le gouverneur et le comité ont pris la ré- » solution de ne rien épargner pour seconder » cet officier dans l'accomplissement de sa » grave mission ; notre plus grand désir est » donc qu'il trouve partout une coopération » intelligente et active. » Le capitaine Back demande l'assistance «d'un des officiers de la compagnie; ne » voyant personne qui soit plus apte à remplir » cette fonction que l'un de vous, messieurs, f If ■w-« ^;(! !'!■ '.]0 VOYAr.E » nous vous faisons ici un appel dans l'ordre où » vos noms sont inscrits en tète de celte lettre; » enjoignant à celui qui voudra bien y répon- » dre de se mettre immédiatement sous les or- « dres du capitaine Back. » Et comme les dangers et les fatigues de ce » service extraordinaire dortneront , à celui » qui les supportera, des droits incontestables à )) une récompense, nous vous promettons ici, » de la manière la plus formelle , notre appui » et notre protection p vous faire obtenir » dans les promotions prochaines , à chacun » selon votre grade , l'avancement que vous )> aurez mérité. » Je suis, messieurs, etc. >) Georges SIMPSON.» Il Tout satisfait que j'étais de ces arrange- ments, je sentais bien néanmoins qu'il me fau- drait un temps considérable pour réunir tout mon monde, toutes mes provisions, et pour me transporter dans l'intérieur par des routes I "Hllu, Di; «lAPiTAiisi: n\CK. ;h 'ordre où tte lettre; y répon- is les cr- ues (le ce , à celui estables à 'ttons ici, tre appui e obtenir à chacun ue vous ISON. » arrange- Il me fau- unir tout et pour ?s routes inroiunies; daprèscela, il paraissait sérieuse- ment difficile, sinon tout-à-fait impossible d'at- teindre la mer Polaire dans l'automne. Ce mé- compte ne changeait rien quant au but princi- pal de notre voyage, car le plus présomptueux d'entre nous ne s'était jamais bercé de l'espoir d'arriver avant l'été de 1834 dans les parages où pouvaient se trouver le capitaine Ross et ses malheureux compagnons ; cependant j'au- rais voulu découvrir une route directe pour parvenir à la rivière Thlew-ee-Choh, et de là à la mer, pendant que nos bateaux chargés se seraient rendus au grand lac de l'Esclave ; cette entrée en campagne aurait inspiré à mes hom- mes ce genre d'émidation et d'activité dont on ne fait guère preuve avant d'avoir été arraché de ses habitudes et jeté sur un terrain nou- veau. « Après le départ de M' et de M* Simpson, je me préparai à quitter le fort Alexandre, au grand contentement de mes voyageurs. Les moustiques les avaient tellement harcelés, qu'ils il ' I :il.r M' .il ' iH| t % if s în "I •3'^ NOYAGK soupiraient après les iioides brises du lac W in- nipeg pour s'y donner le régal d'un sommeil paisible. Mon compagnon , M. Ring , en avait le plus souffert ; et ce tourment lui était d'au- tant plus cruel, que tout-à-fait insensible aux morsures de nos insectes d'Angleterre , il s'é- tait imaginé jouir en Amérique des mêmes privilèges. Mais il avait compté sans les infati- gables buveurs de sang qui s'acharnaient sur lui; on l'eût plongé dans le Styx qu'il n'y eût point échappé; ses traits en étaient tellement défigurés que, lorsqu'il se levait le matin , on avait peine à reconnaître l'ami de la soirée pré- cédente. Nous quittâmes l'établissement , le 1 1 juin , à quatre heures du matin ; mais le vent souffla trop dur pour nous permettre de gagner plus de trois uiilles , ayaiit à luttcir contie les vagues qui brisaient en plein sur les deux côtés des embarcations ; force fut donc de camper. Nous aperçûmes très peu d'oiseaux , pas un ne parut aux environs du fort; je me du lac W in- un sommeil ig, en avait ii était d'aii- sensible aux erre, il s'é- des mêmes ns les infati- arnaient sur [ju'il n'y eut it tellement matin , on i soirée prè- le 1 1 juin , ^'ent souffla ^agner plus e les vagues X côtés des e campej'. eaux , pas )rt; je me nu CAPITAINE BACK. 33 rappelais cependant avoir vu autrefois beau- coup de pigeons, et nous n'étions pas à plus d'une journée de marche de la colonie de la Rivière Rouge, où les terres en sont, dit-on, couvertes. Nous fîmes beaucoup de chemin k 12, et le jour suivant. Le temps était devenu incertain et orageux, on apercevait des oies, des caoards, des pluviers, des mouettes et des hirondelles de mer, çà et là , sur la côte orientale du lac; cette côte, différente de celle du nord où sont des montagnes calcaires, est composée de roches granitiques lisses et arrondies alternant avec des parties basses et avec du sable; derrière elle s'étend au loin une contrée marécageuse. A lu vue de la végétation active qui se montrait sur les nombreux sillons de sable répandusdans les baies entre les rochers, je conjecturai que de ce côté le rivage s'avançait continuellement dans le lac; cette opinion semble confirmée par ce fait, que, sur le bord opposé, la Compagnie a été forcée, à cause de l'envahissement des eaux, 3 • ' 1 '■ 1- li I Il ill« I'! lll'J li i'ii 'm M Il i\'}< il I ■>• * ,'• ;ii 34 VOYAGE de (Changer la position de Tancien établissement de Norway-House ; les vagues avaient si bien miné les rives, qu'elles venaient briser à quel- ques pieds seulement d'un édifice élpigné du lac en 1819 d'au moins trois cents yards (274 mètres). — On ne remarqua qu'un petit nombre de pélicans; ces oiseaux se tiennent très fidèlement auprès des endroits où le poisson abonde , et nos Canadiens augurèrent de leur rareté que la pèche de la saison serait médiocre Le 17 juin, ayant hissé le pavillon de la Compagnie, nous débarquâmes au poste de Norway-House , sur la rivière Jacques. Nous y fumes reçus cordialement par MM. Christie, Rowand, Lewis et Donald Ross, pour la plu- part desquels j'avais deslettres de mon excellent ami M. Garry. Ils s'occupèrent immédiatement de nos affaires. Mais, malgré leur bonne vo- lonté, nous fûmes entravés par les prétentions exorbitantes des hommes les mieux disposés en apparence à s'engager. Malheureusement, le passage des gens qui se rendent aux postes iblissement ent si bien iserà quel- élpigné du ents yards qu'un petit iennenttrès i le poisson rent de leur Ltmédiocre^ illon de la u poste de lies. Nous y V[. Christie, (our la plu- on excellent lédiatement bonne vo- prétentions ux disposés îusement, le aux postes D[ CAPITAINE BACR. 35 éloignés était à peu près terminé; j'avais à choi- sir seulement parmi les traînards. Ceux-ci, par répugnance ou par avidité, voulaient jouir des mêmes privilèges et des mêmes salaires tjùe les hommes engagés aiitrefois sous le commande- ment de sir J. Francklin , dans les deux expé- ditions du gouvernement. > Quelque déraisonnable que nous parut cette demande, il fallut céder faute de mieux, et en- core eus-je beaucoup de peine à les faire capi- tuler. Je leur traçai sur une carte la ligne pro- jetée de nos opérations, glissant légèrement sur les dangers, exagérant les ressources, et, pour terminer, donnant un vigoureux coup d'éperon au courage assoupi d'un montagnard, James Mac-Ray, que je fis consentir à être des nôties ; c'était un homme d'une grande influence, l'un des meilleurs patrons du pays. Son exemple ne tarda pas être suivi , et ma troupe fut complète, à deux individus près. Deux jours suffirent pour équiper les nou- veaux enrôlés. J'envoyai en avant M. King TTf ir p !i II! il W (' iii I n II; m' w m S:» U m 36 VOYAGF avec quinze hommes et des instructions écri- tes, à Ciimberland-House, où l'on avait rassem- blé beaucoup de provisions, soixante sacs de pemmîcan et deux autres bateaux. Moi , je de- meurai pour m'assurer un autre patron et un rameur pour un canot. Mon intention était d'aller en avant par l'Athabasca jusqu'au grand lac de l'Esclave, où j'espérais trouver une route pour le Thlew-ee-Choh, et où dans tous les cas je devais faire choix d'une bonne posi- tion pour y établir notre résidence pendant l'hiver. A peu près à la même époque , M. Chris- tie se mit en route avec quelques autres per- sonnes pour la factorerie d'York. Il me promit de m'envoyer un interprète esquimaux, soit mon vieux compagnon Augustus , attendu en ce moment de la côte de Labrador, soit un jeune homme appelé Dunning, alors à Chur- chill, et recommandé par le gouverneur Simp- son, comme très capable de remplir cette fonction. Il ne restait plus au dépôt que MM. Cameron, I DU CAPlTAINIi BACK. -7 tions écri- ait rassem- ite sacs de loi , je de- tron et un rition était u'au grand îuver une dans tous onne posi- e pendant , M. Ghris- utres per- tne promit laux, soit Lttendu en r, soit un s à Chur- eur Simp- plir cette Cameron, ^ I ewis> Ross et moi. Je comptais impatiemment |: les heures et les minutes , dans l'attente des ^ trompes de voyageurs , parmi lesquelles j'espé- V rais trouver le complément de mon équipage. ^^ Je les vis enfin arriver, et je ne me tins pas de joie quand je pus coucher sur ma liste deux de mes anciennes connaissances , dont le mé- rite m'était connu de longue date, deux braves I Canadiens, qui se présentèrent tout essoufflés, tant ils avaient hâte d'être admis. Je donnai ordre qu'on préparât leurs engagements; mais, hélas! je comptais sans l'influence conjugale : mes deux recrues Ji'avaient point consulté leurs femmes avant de faire leur coup de tète, et au moment où ils rentrèrent dans leur campe- ment, ils se trouvèrent face à face avec leurs chères moitiés. La première , grande gaillarde bien découplée, coiffa rapidement son mari de soufflets si durs et si drus, qu'elle le fit crier miséricorde! et le força d'aller chercher abri sous Ja tinte d'un ami : l'autre, au contraire, douce et sentimentale jeune fille de 17 ans, n 38 VOYAGE :lil fondit en larmes, poussa des sanglots à fendre le cœur, et se jetant au cou de son époux adoré, lui fit de ses deux bras une charmante prison. Ce qu'il y a de singulier, c'est que deux pro- cédés si différents eurent un égal succès; il fallut donc me pourvoir ailleurs. Le 26, je n'avais pu recruter que George Sinclair, né dans le pays et excellent patron. Il manquait encore un volontaire; je le trouvai enfin dans la personne d'un Iroquois au ser- ' vice de la Compagnie; M. Cameron, voyant mon embarras , se décida à me le laisser. Ma troupe étant complète , j'envoyai mes dépêches au gouvernement, au comité arc- tique, et prenant congé de mon digne hôte M. Ross, je quittai Norway-House deux heures avant midi. Voici la liste des hommes engagés pour l'ex- pédition : Jacques Mac-Kay. George Sinclair . Thomas Matlhews. William Matthows. Patrons. Charpentiers. bU CAPITAINE BACK. 39 ts à fendre >oux adoré, nte prison, î deux pro- succès; il ue George : patron. II le trouvai >is au ser- n, voyant sser. voyai mes )mité arc- ligne hôte ux heures s I John Ross .... William Malley. . Hugh Canon. . . . David Williamson. . William Bo\i-laDd. . Thomas Anderson. . Malcolm Smith. Donald Mac-Donald. Morrison. James Spence. . . Peter Taylor. . . . Charles Boulanger. Pierre Kanaquassé. Thomas Hassel , interprète. Artilleurs. Pêcheurs. * I Engagés pi us tard. Il faut ajoutera cette liste les individus dont les noms suivent et qui reçurent leur congé par la suite : Antoine de Gharloit. — la Charité. Olivier Seguin. Pierre Ateasta. Deux autres Iroquois. François Hoole. pourl'ex- ÀiU«* CHAPITRE II. Commencement de l'exp' JUion. — Entrevue arec M. Charles. — Nous sommes .ui^..as par un coup de vent. — Description de notre tente. — Tourmente. — Le grand Rapide. — Pro- grès ^e la culture. — Arrivée à Cumberland-House. — Dé- part des bateaux souj les ordres de M, King. — Je m'embarque dans un canot. — Manœuvre des bateaux dans les Rapides. — Ile à la Crosse. — Lac des Buffles.— Bourrasque. — Une mouffette. — Portage La Loche. — Site pittoresque. — Entrevue avec MM. Sluarl et A. Macs-Leod. — Nouveaux volontaires. — Arri- vée au fort Ghippe\(ryan.— Renseignemens sur la route supposée par le Fond-du-Lac. — Rivière salée. — Esquisse d'une troupe d'Indiens. — Description des sources salées.— Campement des Indiens. — Renseignemens des naturels sur les rivières Thlew-ee- Choh et Têh-Lon. — Arrivée au Fort inoi-menic conclusion m'en dire, res étaient bier; mais ! le chef et désir de de M. A. é de t rou- le l'extré- s cet offi- iger celte ornement icun ren- route. des pro- besoin , )ur nous ivec moi ; aux ba- X chiens im caphaim: isacr. -^i-) ii les ro- chers et les portages , entre Montréal et le lac Winnipeg. L'équipage logé dans la tente ne le cédait pas en bizarrerie au mobilier : on y voyait mêlés, un Anglais , un homme de Stor- naway, deux Canadiens, deux métis, trois In- ^l abaiidon- se réfu> banc de laissaient 3ins, sans che d'un ntait une âge. J'as- ;t je leur irçut une [ips nous is dépas- nt cette e Grand essantes détail- me soit itres(i), iparlnrom- fiit de Iciii' DU CAPITAINE BACE. 5l ont coiiuuiie de se rassembler aux deux extré- mités du rapide, soit pour troquer leur sucre d'érable avec les voyageurs, soit pour soula- ger, moyennant salaire , les équipages accablés sous le poids de leurs lourds fardeaux. Il y avait parmi eux beaucoup de malades, et tous se plai-. gnaient douloureusement de la rareté des ani- maux. Après plusieurs rapides nous entrâmes dans le lac Cédar, plus connu sous le nom de lac liourbr^u. ' Arrivé dans la rivière Saskashawan , je fus surpris à la vue d'une grande ferme élevée sur la rive droite. Des constructions, des granges, huit ou dix belle* vaches et trois ou quatre chevaux paissant entre des clôtures palissadées , rafraî- chirent agréablement notre mémoire des sou- venirs de la civdisation , je regrettai beaucoup de n'avoir pas eu l'occasion de voir le proprié- taire , Indien libre du nom de ïurner. Le 5 juillet nous entrâmes dans la Petite Ri- vière et nous atteignuiieslelac de l'île aux Pins. m WiH ■l ■f ^¥ S Il 5q voyagi': Avant d'arriver à Cumberlaiid-Hoiise, les hommes de 1 équipage s'étaient parés de leurs plus beaux habits de fête, de banderoles argen- tées, de rubans et de plumes au chapeau ; mais malheureusement pour ces pauvres diables, la pluie commença à tomber par torrents, et pour surcroît de chagrin, la vase encombrait si bien les approches de la côte, cpi'il fallut ramer en- core vin bon mille sans trouver un endroit pour débarquer; la même cause avait rendu impraticable une crique conduisant à la rivière Saskashawan. L'établissement se trouve maintenant si éloi- gnédu lac que la pêche ne produit presque rien. On ne prit pas un seul poisson pendant mon séjour, et ce ne fut pourtant pas la faute des pê- cheurs , car ils n'y épargnaient pas leur peine. Je fus reçu par M. Isbèster, commis de la compagnie, et j'y trouvai mon compagnon, M. Ring , arrivé sans accident. Les bateaux, les approvisionnements et le pemniicMîi, tout était prêt; j'eus donc la satis- !■! i . -'iiLk.uJ. ïonse, les îs de leurs )les argen- >eau; mais diables, la ts, et pour ait si bien ramer en- 11 endroit ait rendu la rivière int si éloi- squerien. lant mon itedespts ur peine, mis de la ipagnon, nts et le i la satis- ; 'M UU CAPITAINE UACK. 53 faction .d'expédier, le 6 juillet, M. King, avec les embarcations sous ses ordres. Chacune d'elles portait Gi ballots de 90 Ibs (4o,8 kil.), sans compter les hommes, leurs effets, leurs lits, les mâts, les voiles, les avirons et les autres agrès ; mais avec des pilotes tels que Mac-kay et Sinclair, il n'y avait pas la moindre inquié- tude à concevoir, et je ne doutai pas un ins- tant qu'elles ne parvinssent aux quartiers d'hiver avant la formation des glaces. Une journée entière fut employée à modifier les dispositions du canot , et je profitai de ce répit pour faire des observations de latitude, d'inclinaison et d'intensité magnétiques ; ma latitude s'accorda , à trois secondes près , avec celle de sir J. Franklin. — J'écrivis à la compagnie pour la prier de nous envoyer de nouvelles provisions avec l'armement de la saison suivante. — L'espoir de quelques éclair- cis dans le temps me retint un peu plus que je n'en avais le projet ; mais le ciel demeurant couvert, je me décidai à partir, et je m'embar- m ê, •ï: m a*B ■'k m 'ii 'ii. l'I i Il i» ' •!'. •Vf A'OYAC.I'! quai Je 7 juillet, vers midi, dans mon canot armé de huit hommes. Nous avançâmes assez rapidement pour atteindre M' Kingf, le len- demain , dans la rivière de l'Esturgeon, nom- mée plus énergiquement par les naturels, la rivière Maligne, parce qu'elle n'est en effet qu'un rapide continuel ; à cette époque elle était fort basse, et les bateaux triplaient leur route par suite des détours que nécessitait leur tirant d'eau. Néanmoins un coup d'œil jeté sur leur ma- nière de manœuvier me confirma dans la conviction qu'ils arriveraient de bonne heure au grand lac de l'Esclave. Il y avait une grande différence entre ces em- barcations et la mienne dont l'habile pilote, de Charloît ( c'était un métis), s'apphquait à faire ressortirla supériorité. Les bateaux, pesamment chargés , avançaient lentement sous les efforts réunis des hommes qui les tiraient à la cordelle sur le rivage, et de ceux qui étaient restés à bord. On les voyait parfois impuissants à résister m t DIT CAPITAirfr, BACK. 65 mon canot âmes assez tig, le len- eon, nom- aturels, la st en effet poqiie elle )îaient leur 3Sfiitaitleur tr leur ma- la dans la )nne heure tre ces em- e pilote, de [uait à faire pesamment 5 les efforts i la cordelle pnt restés à )ts à résister à l'impétuosité du coiuant, être entraînés en dérive; et d'antres fois suspendus, ou descen- dant sur le revers d'une vague, être portés en avant, malgré les efforts redoublés de l'équi- page. Notre canot, trop léger et trop faible pour affronter d'aussi rudes assauts, était lancé néan- moins, avec une grâce qu'on ne pouvait admirer sans terreur, au milieu des rapides écumeux »et des rochers à fleur d'eau. Le sang-froid et la dextérité du patron ne se démentaient jamais ; il ne donnait pas un coup de perche inutile sur le fond de la rivière (i); et lorsque notre canot triomphant dépassa les autres embarca- tions, il dut paraître doué d'un pouvoir surna- , turel à leurs équipages jaloux. — Nous fumes 4 bientôt hors de vue, et à force de manoeuvrer à travers bas-fonds et rapides , nous nous déga- geâmes enfin de cette rivière dangereuse et fatigante. Le canot fut alors examiné, et outre (i) Four diriger l'embarcalion on appuie fortement une perclie sur ,- le tond de la livièit ; un faux coup de perche a souvent ociaMoniic in perte d'un ranol. M W4 .-it-. m ti iir ■lï f '■ !!' 'I' li , *ij :i !l ! li'" ' î il II I \^ li I? i.'i' t"':l I'!:'. i;. :, ii 3 f, J ii'J .iil 11 C)i) VOYAGE plusieurs fractures de peu (l'importance ^ iiousi découvrîmes une fissure, courant d'une extré- mit<^ à l'autre, causée par le choc de rocht^rs aigus et tranchants. • Nous eûmes plusieurs jours de pluies ahon- dantes mêlées d'éclairs et de tonnerre. Ou apercevait dans toutes les directions des bois en feu. Il paraît, d'après le récit des Indiens Crée, que ces incendies sont allumés parles na- turels eux-mêmes pour forcer le gibier effrayé à se précipiter dans la rivière, où on le capture plus aisément. 1 7 juillet. — Nous arrivâmes à l'île à la Crosse ; d'après mes arrangements , les ba- teaux y reçurent vingt sacs de pemmican , des chiens et quelques agrès nécessaires pour accélé- rer leur marche. On y mit aussi à ma disposition deux nouveaux canots; ils avaient été cons- truits pour que le transport du bagage au nord du portage la Loche n'épiouvât aucun obstacle; car il arrive parfois, dans cette localité, que les bateaux sont tous employés pour porter les m aiice, nous l'une extra- de rochtus Unes abon- merre. On fis des bois les Indiens > parles na- bier effrayé le capturer i nie à la s, les ba- mican, des )Ouraccélé- disposition t été cons- ige au nord in obstacle; lité, que les I' porter les ni cAPiTAiNi: B/\cK. 57 articles de commerce de la compagnie à leur destination respective. Dans son entrevue f avec moi , M' Charles m'avait déjà aj)lani toute difficulté sous ce rapport; je ne pouvais trop rendre grâces à une prévoyance aussi em- pressée.— Après mes observations ordinaires ' sur l'inclinaison et l'intensité magnétiques, je quittai le fort et je poursuivis ma navigation. .' En laissant à notre gauche le lac Clear, nous •entrâmes dans le lac Buffalo, qui, chez un peuple moins grossier et moins sauvage , eût certainement donné naissance à mille légen- des sur un Génie malfaisant, souverain de ces eaux , et sur des voyageurs échappés miracu- leusement à sa méchanceté. Peu de personnes en ont achevé la longue et fallacieuse navigation sans y essuyer le coup de vent obligé. Moi-même j'y avais été déjà pris ; cette fois, cependant, à la vue de la douce tran- quillité qui régnait sur son immense surface , je vins à m'imaginer que nous serions exemp- tés du tribut habituel, l.es matelots chantaient II u\ h il/ ■^ ,rff '" ^ 1 1 1 1" '(1 '^''^irl 1 Mi''- 1} 1 .i' i î' ■ • i ' f i 1 1 1 '"' 1 ri'il 1 -il ■ 'il if} ' M, Il .1 . i:'j ^,Sil 58 VOT^GIi « # ' léjjfiemciil ion , et , pal- lient ré|)on- is étions ar- sqiie tout-H- ise qui nous de la inon- l, ic voulut in répit tle e haleine ; usenient, el eur. Fixant le soniniel penchés sur ! légère bar- pas à paraî- ta en s'éten- féesde vent heure nous igan d'orage ies,quenoiis tant dehors I)i; CAt'IlAIM: IIACK. ')[) un peu dr loile,et nous glissant à travers les brisants, jusipi'à la première terre sous le vent. I Ce lieu , qui nous offrait un refuge, était un marécage dissinudé par de longues herbes. Comme nous venions de découvrir une place convenable pour y planter notre tente, un des hommes troubla par mégarde une mouffette. L'animal , vexé , se vengea aussitôt avec usure, gelon sa méthode habituelle; nous n'eûmes que Je temps de nous mettre au vent pour éviter d'être empestés; mais le pauvre garçon, auteur involontaire de cet accident , fut la première victime de l'odeur fétide dont il avait provoqué l'expansion ; il jeta sa capote dans le lac en se répandant en injures contre cette béte infecte et mal apprise. Le 2 1 juillet nous atteignîmes le portage la Loche; c'est le point de partage des eaux qui se jettent dans la baie d'Hudson et de celles qui se dirigent vers la mer Arctique. Pendant six ou sept milles, les Fojageurs sont exposés à des souffrances aiguës : l'eau marique pour apai- ^ :.r il 1'' ïà iii r 1 sii: i ! !vt lui !:'ai;l Go VOYAGIi ser leur soif excitée encore dans notre posi- tion par une chaleur de 68** Fahrenheit (20° cen- tigr.j, et par des fardeaux de 200 Ibs. (91 kil.). Ajoutez à ces tourments des myriades de mous- tiques et de grosses mouches insatiables , con- nues sous le nom expressif de boule-dogues : ces désolants insectes, ravis de pouvoir s'abattre sur des créatures humaines, se livrent avec tant d'ardeur à ce festin inaccoutumé, que leurs victimes en ont le visage ensanglanté. Aussi les Foptgeurs aspirent-ils après l'heureux mo- ment où apparaît la surface brillante du Petit- Ldc, dont les eaux doivent les désaltérer et rafraîchir leurs membres accablés de fatigue. Pour comble d'infortune , deux de nos hommes avaient malheureusement fait un faux pas, et gémissaient sous le poids de leurs far- deaux : vue trop douloureuse pour ne pas ex- citer la compassion. Mais dans un moment aussi critique, où chacun est occupé de son de - voir, on est souvent forcé de maîtriser ses émo- tions; et, quelques sentiments qu'on éprouve, ■^ •) il )'■ ! 1,-^r; ^^^1 1 ' '■ \ A -i ji., !" i 4 '.^; 1)1 capitmm: back. ^>i il faut biXMi se i'arcler, tlans l'intéièt du service, de les laisser paraîtie. Après nous être frayé, non sans de fréquen- tes haltes, un passage au milieu de bois épais, nous arrivâmes sur le point où le paysage pit- toresque et inq3osanl du portage la Loche éclate soudainement à la vue. A mille pieds au- dessous de nous s'étendait, jusqu'à la distance tie 3G milles, une campagne boisée dans toute la sauvage magnidcence de sa parure d'été. Le plus harassé d'entre nous, au sortir de l'obscu- rité du bois, se trouvant en face de cette scène enchanteresse, oubliait sa lassitude, et s'arrêtait involontairement avec son fardeau, pour con- templer dans une admirai ion mé'ée de surprise lui spectacle si nouveau et si imposant. Quant à moi, mes propres sensations n'avaient plu.' la mémo vivacité que celle; d'un honnne étianger à ui: sen blable u^^pect; j'éprouvais cette sorte de mélancolie que laisse le souvenir de la jouissance. Ayant déjà soulevé le voile de ces beautés, j'étais loin du ravissemtuit oùj'a- ;>, 1^^ l» I M' ,|l 18 ,'l K' ()a VOYAGK vais été plongé la première fois qu'elles m'étaienl apparues. C'était pour moi le portage la Loche, et rien de plusj c'était cette belle et romanti- que solitude, où j'avais passé tant de fois dans le cours de mes deux expédition précédentes; je n'y apercevais rien de nouveau, rien qui ex- citât ma surprise ou vivifiât mes souvenirs. Je contemplais ce paysage comme une peinture exquise, mais dont la vue nous est familière, - avec plaisir, mais sans émotion. L'imuKnsité d'une semblable solitude im- pi'ime un sentiment d'effroi qui n'est point sans quelques charmes, et dont j'aimais à jouir. Je m'éloignai de mes compagnons, et, selon toute apparence, j'étais le seul être vivant dans le dé- sert qui s'étendait autour de moi. Néanmoins, je rechargeai mon fusil presque instinctive- ment, et, me glissant avec précaution le long d'un étroit sentier, je descendis dans la vallée , silencieux , et craignant en quelque sorte d'en éveillei' le génie. — Le calme de la .solitude^ était roin|)n de tenjj)s on temps par le !' M 4& i DU CAl'ITAINR BACR. t».> 3S m'étaient e la Loche, it romanti- e fois dans x^cédentes; ien qui ex- ivenirs. Je 3 peinture familière , litude im- point sans à jouir. Je elon toute Jans le dé- îanmoins, isrinctive- lution le is dans la i quelque line de la ips par le 'iiï bruit soui'd des pas de nos lionunes Iraversanl rapidement le fourré (pii les cachait à ma vue; et, lorsque notre tente blanche fut dressée, lors- que la fumée s éleva en spirale au milieu du vert feuillage de ]u forêt, on eut dit que le charme du désert venait d'être rompu : tout ce paysage semjjla renaître soiidain à la vie et à la gaieté. \ïo juillet. — Les derniers fardeaux furent dé- « ])osés en sûreté au bord dv. l'eau , et aussitôt nos honunes,éj)uisés de fitigue, se jetèrent sur le , rivage, où ils demeurèrent sans mouvementpen- dant plus d'une heure. Le canot fut ensuite gommé, et nous nous embarquâmes auprès de quelques bateaux, appartenant à la compa- gnie, dont j'aurais pu prendre possession d'a- près la permission de M' Charles ; mais je n'en avais pas besoin. En arrivant au portage du Pin , je fus agréa- blement surpris de rencontrer M. J. Stuart et ]\L A. R. Mac-Leod,qui,de la rivière Mac-Kenzie, étaient vernis jusque là avec un chari^emenl d(^fourrures. J'attendais (lepuislf)no-t(Mnns dans ^t^' - ; . * , w^ 1 II !ii. I.ril'' i;! 'i 'il î I; iK !] en, t.' Ni, '1 ' I M ,1 '1 '''' f li. (>/| V()YA(ili ia plus grande anxiété le njoinent où je rencon- trerais M' Mac-Leod, non seulement parce cpi'il était la première personne désignée danslacir- culaire du gouverneur Simpson pour faire par- tie de l'expédition , mais parce que c'était pour moi une ancienne connaissance, et que je le savais parfaitement propre à remplir les devoirs de notre mission. Il est de fait que son refus m'eût placé dans une position fausse, car j'avais compté sur lui pour beaucoup de soins, qui ne pouvaient retombei- sur moi sans un grand inconvénient. Il était donc très important de m'assurer son concours; M' Stuart, dont je connaissais l'amitié et le bon vouloir en fa- veur de l'entreprise, se chargea des premières ouvertures. Mais sa médiation n'était pas né- cessaire; car, bien que M. Mac-Leod eût été long-temps indisposé, et se renilit actuellement au Canada pour y rétablir sa santé, il n'eut pas plus tôt vu la circulaire de M. Simpson, et appris le but de notre mission philanthropiqu»-. qu'il me délivra de toutes mes appiéhensions i je rencon- parce cju'il daiislacir- ir faire par- 2'était pour et que je lo V les devoiis Le son refus 3, car j'avais lOiîis, qui ne s un grand important tuart, dou^ uloir en fa- s premières tait pas né- eod eût été ctuellemeiit té, il n'eut Simpson, et |ntliropiqu<', )réhensio)i.s 1)1 CAÏTIAIM-; HACN. ^O en m'exprimant avec grâce sa sympathie pour nos compatriotes absents depuis si long-temps, sa joie de me revoir et la résolution pu il était de sacrifier ses vues personnelles au plaisir de m'accompagner. J'écrivis donc aussitôt à la com- pagnie pour lui faire ma dernière réquisition, lui demandant les vivresetles approvisionnements nécessairesauxbesoinsde l'année 1 834. M' Stuart n'éprouva pas, je crois, moins de plaisir que inoi de la détermination prise par son ami, e(; me donna des indications utiles dont je m'esti- mai heureux de pouvoir profiter. . • 25 juillet. Le chargement du bagage addi- tionnel se fit avec beaucoup de difficultés; notre guide déclara que le canot ne pouvait nous contenir tous.Nousavions, en effet, à faire place à six personnes : M. Mac-Leod, sa femme, trois enfans et un domestique. Ainsi, quatorze individus devaient se blottir dans un espace destiné à huit ou neuf. Notre guide en montra un peu d'humeur, prévoyant, disait-il, que son cher canot pourrait bien se briser. Ses ap- i m ■"! '. il :IM 1 ir ,1 ' ¥* 'ituellement 5 terres, au fûmes donc t incomplet nesse , avait aissait les ri- indications nos pour me b[J CAPlTAIiNE »ACK. 67 laisser aucune espérance de succès dans cette direction. M' Mac-Leod, à la vérité, qui avait éga- lement fait un voyage au Fond du Lac, confirma ce que j'avais précédemment entendu conter sur Fexistence, dans ces parages , d'une rivière qui prend sa source très haut dans le nord; mais cependant, lorsque le vieil Indien eut ter- miné sa description du pays en nous disant, par forme de restriction : « Je suis vieux, de peu d importance dans ma tribu, etjen aime point à trop parler , i^ ie trou\sâ que cette modestie, bien que louable en elle-même, contrastait avec la parole hardie dont se sert toujours l'Indien quand il sait avoir raison. Dans ce cas, il affirme, sans hésiter , et termine ses réponses par des expressions telles que ce\\es-ci : nCela doit être, cela est, car je Vai vu de mes yeux. » Cette considération étant d'un grand poids dans mon esprit, j'abandonnai, après avoir entendu le vieillard, le projet de m'en aller par le Fond du Lac à la recherche d'une route. Outre les provisions qu'on devait nous fournir ^J^ ; I 'é i im i I ifl f ,( , j. ,n 1 : !' irUPl !^ JH r»H VOYAC.K au lort, nous avions un besoin extrême tl'au- tres objets dont nous ne pouvions nous pour- voir ailleurs; mais avec l'aide de M' Mac- Leod, tout tut prêt en deux joi^rs, ainsi que les matériaux nécessaires pour construire un éta- blissement. Dans l'intervalle , je fis mes obser- vations magnétiques ordinaires. — Les sacs de graisse , les f'erremens , les fusils et les ballots de cuir dont nous augmentâmes notre bagage, furent arrimés dans un second canot que je crus devoir prendre pour le cas où nous au- rions à naviguer sur des rivières peu profondes. Nous quittâmes le fortassez tard dans la soirée du i*' août. De plus amples instructions furent laissées à M' King pour sa gouverne lorsqu'il arriverait avec les bateaux. Les eaux du lac étaient plus basses qu'elles n'ont coutume de l'être daais cette saison; en sorte que nous eûmes assez de peine à franchir les bas-fondî? qui le séparent de ia rivière Pier- reuse au boid de laquelle nous fîmes notre pre- mier campeiuenL La Jiuil suivante fut entière- -m m 'al V. f f f IJL (JAlMlAliNK BACR. f)<) iiieiiL calme. On etileiitlail le bruit des chules situées à vuh; distance de vingt milles. De grands radeaux naturels, loiniés par d'in- nombrables pièces de bois, qui s étaient d'elles- mêmes rapprochées et liées les unes aux autres, tlescendaienl la rivière de l'Esclave. En appro- chant des rapides et des chutes, la marque de l'eau sur les rives indiquait un abaissement de six piedsau-dessous du point le plus bas que j eusse jamais observé dans mes \o)ages précédents. Les couiants avaient déposé de nombreux bancs tle sable et de vase cpii s'élevaient au-dessus des eaux et verdoyaient déjà sous une végéta- tion naissante. Enfin les rochers granitiques des chutes de la Montagne et du Pélican, cpie sir John Franklin avait trouvés tout-à-fait mis lojs de son passage, étaient recouverts mainte- nant d'un dépôt de vase trenviioii quatorze pouces d'épaisseur, tant est grande la quantité f|u'en apportent annuellement dans le grand lac tle l'Esclave, les inondations printanièi'es. ^1 aoûl. — Dans la matinée, le tlierînomèlro ne ^i î», i 'I Jlii 1 ( ih! !!' 70 VOYAr.F marqua que 36° (2% 2. C); il ventait une grande brise de N-O. , froide et opposée aa courant , qui empêchait presque les canots d'avancer; il nous fallut cinq heures pour faire les douze milles qui nous séparaient de la rivière Salée. Les Indiens y avaient campé récemment. Leurs traces nous firent supposer qu'ils avaient re- monté la rivière jusqu'aux plaines où se trou- vent en abondance des buffles et du gibier. Une entrevue avec les Indiens était de toute nécessité; je fis donc décharger mon canot, et je partis à leur recherche , en compagnie de M. Mac-IiCod. Nous avions à peine doublé la seconde pointe, lorsque nous distinguâmes une cache (1), au sommet d'une habitation déserte; certains alors de rencontrer bientôt ceux que nous cherchions, nous redoublâmes de vitesse,et à un quart de'mille plus loin, nous vîmes sortir d'entre les arbres les corps foncés de deux jeunes Indiens qui nous crièrent de nous ar- (1) On désigne par oe mot français le lieu où l'on cache un amas quelconque qu'on ne peut emporter, ou qu'on voudra retrouver plus tarfl. 1 '! Tl'i :% 1 I)L; ( AIMIAINK HA( K. yl rèler. Ils attendaient la tribu du lac de l'Esclave , dont ils taisaient partie, et qui ne devait pas tarder d'arriver. Ces jeunes gens ne purent rien nous dire, sinon ce que nous savions déjà, « c[u'il y avait peu d'eau dans la rivière, et que « nous'aurions bien de la peine à la remonter.» Pou après, nous rencontrâmes une flottille en- tière de canots; les sons les plus aigus et les plus discordants, une borrible confusion de cris poussés par des individus de tout âge, nous en avaient déjà fait reconnaître l'approcbe. Leur chef était; lui vieillard à la figure intelligente, que les traficants avaient bap- tisé du nom français le Camarade de Mail- devUle. 11 connaissait parfaitement la contrée au nord et à l'est du grand lac de l'Esclave ; nous avions donc tout lieu d'attendre de lui des in- dications importantes, pour peu qu'il consentît à se départir de sa réserve habituelle. Afin de le mettre dans la voie des épanchements , M. Mac-Leod retourna avec les Indiens au lieu de noire campement, et y accomplit toutes les %\ 'ê ^ ^f^^- IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) [^ ' 1.0 Lâ|2j8 125 ■50 "^^ WH ■^ Uii 12.2 1.1 ?.'^l^ m i'-25ir-^i'-* ^ 6" ► 7 Ptjotographic SdŒiœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. USSO (716)872-4503 iV k \ •s^ <^ V ^« o^ '^j^ '? '^ o^ cér^^lîi^^éqàÉéJf^rFbffiNAhdë de 1»^ pijfVé: on s^t'()4^iiiiè IiféiâflieedëblNie huniée efti ebiii- ph[teôreh'H^^i^6viS^té\é& iÈdêùrA^éîé&Àpose aux -i ' Tô4l^ rkiSl^bte èë m^fiëii^l¥ ( <^ar ik c!»nt là Vlinifé'iâi^:y*iiitl«ulér aîtiH) émit sàuvdge et gP6- tësqti%ài^fëï^cèâr. Un de leurs éanots «li pâ<^- ëitliëi' fixa fÉi6tî àtt«tïi;io«»; il eût été trop petit potii' 't>e60Voir ti>ois< #dfrtre nou»^' et^ litiit hoiti- ttmf feihnnies et éâfàfitft lâvémt rëtlÀi*i à y blot- ti^ iediià jbmbé^ c'était uH^totirlde feà'èe iiicotti • {>V^îisiblëflëUir')Geiix qili âè c«bttttiÉ»saîëht^s lïl^èupléâsede^Ib^ëils, dont lei^'iiikiièihéë ne iaôût jamài ehVelôppés d^^ Éngeé.- G^^endant , |MFtiilétèîiâp»éraiuré ife'66^, ( i Sî*, tj. Gl), as éttliént encfti^ùéis 'déÊfffiici des harengs Vie YaHnbuth. leuta^ djèveùx, longs et nattés, retonibaîent 1 ei^ ti<èSSë^ fantastiques sut» letil^ corps demi- nnëlét sales au-delà d^ tout ce qu'on péiié iiila- . ginéi*.. P6iir tiompléter le tableatl, leurs chiens, * .* DU CAPITAIlff BACK. ^3 placés à peu dé degrés ati^detBOUs d'eux dans f échelle animale, formiiietit une sorte de garde- dii-corps des deux côtéi^deia riirière; et tandis que ie canot fflait aTec te courant^ ces animaux aboyaient, les Indiens poustoient de grandes vociférations, et ies cris de toiltes ces créatures • se confondaient en un horrible hurlement. '■ Au coucher du soleil, je rr nbhtai la rivière Salée ; mais ayant quitté ce pays depuis treize ans, et Uion équipage ne le connaissant pas mieux que moi , je m'égarci dans un mauvais chenal où nous fûmes obligés de passer la nuit. Le lendeniain matin , je repris la bonne route. Arrivés aux sources d*eaux salées, nous y trouvâmes tant de sel que, dans l'espace d'une demi<*hemNs , dnq grands sac^ en furent remplis. Il était blanc et fort put*; nous n'en avions pés' v» d^àussi grands amas en t8'J0. J'aperçus aussi au pied de la colline qui règne à l'une des extrémités de la prairie trois sources d'un diamètre de quatre à douze pieds; elles avaient produit des luonticules de sel de qiia- û u i ■^5 \P 1 1 '* 1 1; ■ i il j il :i i 1 II ;| ! " 'I I ^1 li 'H 74 ■• >' VOYAGE torze à trente pouces de haut. Les ruisseaux étaient à sec ; mais toute la surface argileuse du sol était tapissée d'une croûte blanche de particules salines jusqu'à une distance de plu- sieurs centaines de yards (i) vers la plaine. On distinguait de tous côtés une multitude de sentiers frayés par les bisons et par d'autres animaux herbivores. A notre retour au camp, situé vers l'embou- chure de la rivière Salée, nous distinguâmes de loin les Indiens groupés autour de M. Mac- Leod, prêtant à ses discours une attention scrupuleuse, et fort af %irés de répondre à ses questions. Les renseignements que mon com- pagnon avait recueillis étaient résumés sur une esquisse de la contrée du nord-est tracée par le Camarade, • • .• v.ui' \i ;kr. - On y voyait le Thlew-ee-Choh et le Téh-Lon couler à l'E.-N.-E. dans des directions à peu près parallèles jusqu'à leur embouchure. — Mais (i) Le ynrd vaut 3 pieds (inglais, ou a pieds lo pouces. 1 F 'Si,' ' lïl i Pl m A'. 4' ■M 3 »f l)»j CAPITAINE BACK. 76 dans quelle mer ces deux fleuves se jetaient- ils? Était-ce dans quelques unes de ces pro- fondeà ouvertures qui découpent la baie d'Hud- son? ou bien, comme je le désirais ardemment, était-ce dans la mer Polaire elle-même vers la pointe Turnagain ? Les Indiens connaissaient les moi ires dé- tours de plusieurs des lacs qu'ils avaient fré- quentés; mais quant aux gisements de ces lacs les uns par rapport aux autres, ils ne savaient rien de précis. Ils s'accordaient cependant en un point d'une manière surprenante, c'était quant à la supériorité du Téh-Lon sur le Thlew-ee- Ghoh. Us parlaient unanimement du premier comme d'un fleuve large et majestueux, rou- lant avec calme jusqu'à la mer ses ondes tour jours unies au milieu des bouleaux et des pins qui embellissent ses bords ; tandis que l'autre, au contraire, né dans les rapides, étroit, rempli d'écueils, de cascades et de chutes, précipitant ses eaux entre des rives stériles qui n'offriraient même pas assez de bois pour entretenir le feu , î I p' M, m r :^ i'# ■jC» VOYAGE terminait son cours, plus sinueux mille fois que celui d aucune autre rivière connue des naturels , en franchissant impétueusement une barrière d'écueils, et se jetant dans la mer par une cataracte écumeuse. Les Indiens affirmaient aussi, et en cela leurs renseignements étaient d'accord avec ceux dont on m'avait déjà fait part au lac Win- nipeg , que les deux embouchures se rappro- chaient assez l'une de l'autre. Enfin ils con- cluaient en disant : « que si le grand chet se » décidait à suive leThlew-ee-Choh, les Indiens » ne l'escorteraient pas; car, tout habitués qu'ils » étaient aux privations , ils ne s'exposeraient »pas néanmoins dans c«^tte contrée stérile aux » effroyables souffrances dont aucun pouvoir » humain ne saurait les garantir. » Ces bonnes gens, il est vrai, commençaient à se fatiguer d'entendre toujours les mêmes questions, et de répéter les mêmes détails; et' n'était point étonnant, car, pendant la nuit entière, assis autour de M. Mac - Leod , ils f n 4 4 I ille fois me des mt une ler par n cela d avec ic Win- rappro- Is con- chet se indiens es qu'ils seraient jriîe aux pouvoir înçaient mêmes taiis; ce la niiir :"od , ils DU CAlMrAlNK BACK. 77 'I n'avaient cessé de raconter avec teu leurs prolixes histoires. De mon côté, je ne me fai- sais faute de tourmenter le Camarade; je le plaçais dans une multitude de positions diver- ses, pour qu'il précisât mieux les gisements des lieux dont il me donnait la description; enfin, le pauvre diable , ahuri et ne sachant plus où donner de la tête, s'écria d'un ton moitié bourru , moitié piteux , qui nous prêta à rire : « Vous ne placez pas le monde comme il est; «moi, du moins, je me règle toujours d'après le )) lever et le coucher du soleil. )^ En descendant la rivière de l'Esclave, nous nous arrêtâmes quelque peu à une cache de M. Stuart. Il nous avait permis d'y prendre de l'écorce de bouleau pour construire un canot. Le 8 août, nous atteignîmes le grand lac de l'Esclave, et nous fumes reçus au fort «Résolu- tion par M. Mac-Donnel, employé de service. : 'll.,i! 1' i: m CHAPITRE III. \ • Recherches et embarras relativement à la route. — Préparatifs du départ. — Embarquement à la recherche du TMew-te-Ckoh, — Campement indien.— Politesse indienne. — Point d'honneur des chasseurs indiens. — Description du pays que la route traverse. — Vue d'une petite montagne de glace. — Chasse d'un ours. — Des- cription de la cAle.— Pointe Keith et baie Chriatie. — Extrémité orientale du grand lac de TEsclaTe. — Découverte d'une rivière qu'on suppose conduire vers le Thlew-ce-Choh.— Préparatifs pour la remonter. Peu de temps après mon arrivée au fort Ré- solution, j'appris que le chef appelé le Grand- Jeune-Homme , dont M. Charles m'avait parlé , était près cle la crique de Buffalo, à une journée ou deux de l'établissement; il y construisait des canots, pleinement convaincu qu'il était choisi pour accompagner l'expédition, et caressant avec complaisance dans son imagination l'es- poir d'une récompense incalculable. Je voulus le désabuser sur-le - champ de cette erreur ; pour cela, j'envoyai deux jeunes gens dans Ho voYAr.i: ! J un canot pour lui annoncer notre arrivée, vi pour le prier de venir, Il y avait en mènir temps au fort plusieurs Indiens, et avec eux un mctis nommé La Prise, que j'avais vu dans une occasion précédente. Il était devenu à peu près le chef d'une petite troupe accoutumée à chasser dans la partie de l'est. Je jugeai cett(> occasion favorable pour obtenir quelques ren- seignements sur les sinuosités que présente Ir grand lac de l'Esclave à son extrémité orientale, et sur la nature du pays. La Prise, qui avait été . soumis à un semblable interrogatoire par mon ami sir John Franklin en 1 820, me comprit de suite, et s'empara de la boussole comme d'un instrument qui lui était familier. S'étant placé exactement au-dessus, il m'indiqua de la main la direction des divers lieux que je lui deman- dais; plus tard, en vérifiant les notes que j'avais prises sur ses relèvements magnétiques , je fus étonné de leur exactitude. Suivant lui, le lac s'étendait à peu près du sud au nord; et il en estimait la distance à environ cinq jours de na- :' i ivét', <'| t même ; eux un ans une [ à peu tumée à !ai cett(; les ren- sente Ir •ientale, ivait été »ar mon iprit (le ne d'un it placé la main deman- i j'avais , je lus , le lar et il en » de na- nu CAPITAINE BACK. 8l vigation pour un canot léger et bien armé. Cependant, un jeune chasseur qui venait d'at^ river de ce côté avec un message d'un de ses compagnons , s'offrit de me conduire par un nouveau passage au Téh-lon; il ne s'accordait pas avec La Prise , et prenant un morceau de charbon y il me traça une esquisse dont la gra- vure ci'dessous est la reproduction ûdéle. Le* er du loleil ta «oOt. ! w il 1 > 1 ') I ! ' ( I I 1 ■ i I'" 1 1 .. ■ i II H 8'i \OVA(,K Nous vîmes avec plaisir (|iie , il'après ceth' (lescriptioti , on pouvait faire tout le trajet \mv eau, k l'exception de trois portages. — Avec cette connaissance locale , je dirai presque do chaque pouce de terrain, il était bien singu- lier que ce chasseur, comme tout le reste de sa tribu, ignorAt complètement la situation du Thlew-ee-Choh; toutefois il n'ignorait pas de même ses mauvaises qualités : et, ainsi que if Camarade , il en exagérait les dangers, et il condamnait comme extravagante toute tenta- tive de navigation sur ces eaux que canot n'a- vait jamais descendues. « Pourquoi, disaient- » ils , le chef veut-il y aller, lorsque le Téh-Lon » est non seulement plus près, mais encore lui » offre bien plus d'avantages. Au Téh-Lon, il » trouvera des bœufs musqués, des orignals, des « rennes , du bois, du poisson et du gibier qui » lui feront passer un hiver confortable. Il est » vrai , continuaient-ils , que nos pères ont » descendu le Thlew-ee-Choh , lorsqu'ils fi- V rent la guerre aux Esquimaux , il y a bien » ceUr DU CAPITAINK UACK. 8i) ,, l(ni"-teinp8 lie ceKi! mais aussi combien on » est-il revenu ? Et quel est celui qui pourrait » (lire maintenant ce qu'ils firent et ce qui leur » arriva? Personne; ils sont sur la lerre des es- .) nrits, et nos vieillards seuls se souviennent » do leurs noms. » Ce ne fut pas le seul découragement que j'é- prouvai relativement au voyage projeté an Thlew-ee-Choh; il survint en même temps uno révélation aussi fâcheuse qu'inattendue. A la demande de sir John Franklin , un Canadien , nommé Sanpère, avait autrefois été envoyé par l'officier qui commandait alors au fort de la Résolution, pour s'assurer de l'existence du Thlew-ee-Choh. Cet homme en effet partit avec plusieurs naturels du pays, et, à son retour, rendit un compte détaillé de son voyage. Mais ses guides, à quelques uns desquels je parlais, m'affirmaient actuellement qu'arrivé à l'extré- mité du lac voisin de celui de l'Esclave , il prit l'alarme^ que, malgré tous leurs efforts et toutes leurs observations, il refusa de faire un pas de . il! VOYAGE h"!, Mi plus, et qu*il revint sans avoir vu la rivière et même sans en avoir approché. Us retraçaient minutieusement une fouie de particularités , et terminaient en me faisant observer que je con- naissais la bonne foi des Indiens, et que , lors- que j'aurais passé sur les lieux, je reconnaîtrais la vérité de leurs paroles. On avait généralement ajouté foi aux détails donnés par Sanpère , et j'avoue que je fus du nombre de ceux qui avaient cru à sa véracité. Or, ses récits se trouvant maintenant, sinon absolument réfutés, du moins rendus douteux, je restais dans l'incertitude la plus désagréable. En outre, quoique le dessin du jeune chasseur me représentât le Téh-Lon comme coulant vers le nord-ouest, et que la position du soleil ten- dît à confirmer cette opinion, je ne pouvais m'habituer à l'idée de grands bois , fréquentés par des orignals sur les bords d'une rivière tra- versant les terres stériles, à moins de supposer que cette rivière ne s'éloignât beaucoup vers le sud-est, dans la direction de la baie d'Hud- Ë ivière et raçaient rites , et î je con- le, lors- inaîtrais K détails 3 fus du ^réracité. ity sinon outeux, gréabie. hasseur ant vers >leil ten- pouvais iquentés ière tra- upposer up vers d'Hud- l)V CAPITAINE BACK. 85 son. En dernier résultat, après bien des embar- ras et des perplexités, je me décidai à suivre le plan primitif tel qu'il était tracé dans les ins- tructions lues à la société royale de géographie. Je me confirmai dans cette résolution, en ré- fléchissant que les renseignemens du vieux guerrier Indien , nommé Black-Meat ( viande noii*e), que j'avais connu en 1820, devaient être aussi exacts, en cette occasion, qu'ils avaient reconnu l'être , dans d'autres circon- stances des deux expéditions précédentes. Ma résolution arrêtée , je divisai mon équi- page en deux escouades : cinq hommes pour servir d'escorte à M' Mac-Leod, et quatre pour me suivre dans ma recherche du Thlew-ee-Choh. Il se trouva heureusement au fort un canot de moyenne grandeur, plus léger à porter, et plus commode qu'un grand , pour naviguer sur les eaux peu profondes que nous nous atten- dions à rencontrer dans l'est. On le mit aussitôt en réparation; tandis que M' Mac-Leôd, qui n'avait p^s moins de zèle que moi-même, me '1, r ' ! X ! j If I I ! :\: i'il 11; ^4 8G VOTAGK prêta son assistance pour disposer nos opéra- tions futures. Il se chargea d'attendre et d'apaiser le Grand Jfiunç Homme f très mécontent sans doute d'a- voir vu ses sbi. vices refusés. Sachant , d'après l'expérience du passé, les emharras et les anxié- tés qu'un guide rejeté, et repris ensuite, nous donnerait probablement , je jugeai qu'il était a la fois plus prudent et plus économique de le congédier tout-à-fait en lui donnant une gra- tification pour le temps perdu ; je ne voulais confier, ni mes espérances, ni la sûreté de tous mes gens à la conduite de l'homme le plus léger et le plus inconstant de sa tribu. Cette conduite, d'ailleurs, était nécessaire comme exemple , pour rabattre l'opinign extravagante que les Indiens s'étaient formée de notre libé- ralité. Ils étaient trop arriérés pour comprendre le but désintéressé iqui avait fait entreprendre notre expédition ; ils la considéraient sous le même aspect que les précédentes, et ils atten- daient de nous la même générosité. Ils gardé- ■ * 1 ■71 ^■\U I''' • ii: opera- r Grand ute d'a- d'après is anxié- té, nous l'il était ique de une gra- voulais ireté de le le plus ►u. Cette comme ivagante tre libé- prendre iprendre : sous le Is atten- Is fiiardè- Dll «lAPITAINK llACk. 87 I enl un morue silence quand je leur dis que j'avais seulement apporté les marchandises né- cessaires pour satisfaire aux demandes de mes chasseurs, et qu'avec eux, comme avec les au- tres, je compterais exactement. . - L'interprète que j'avais amené était un pur Indien, un chipewyî'n qui, sous les auspices de la compagnie , avait reçu un com- uiencement d'éducation à la colonie de la «"i- vière Rouge. Peu hahitué à parler sa langue naturelle, il n'était pas précisément ce qil'il fallait poiu' nous introduire parmi les In- diens dont plusieurs n'avaient visité que rare- ment les étahlissements commerciaux. Comme ce|3endant rien n'était plus important que les renseignemeuts à recueillir, et aussi que l'im- piession produite sur les Indiens par la manière ue les interroger, je priai M' Mac>Donnell de me prêter Louison, son interprète, quf avait autrefois voyagé avec moi, et qui, par sa connaissance parfaite des trihus d'alenloui', était s|>ecialenienl |)ropre à notre projet. Otto ,1 ' î:!;!' i:ii' I I i '■[' S& VOYAGE demande n'était pas sans de grands incon- vénients pour M' Mâc-Donnell ; néanmoins, comme toutes les autres personnes que nous avions rencontrées jusque là , il me l'accorda de trës bonne grâce. Cet échange tempo- raire s'effectua donc, et j'appris depuis qu'il n'était pas moins agréable à Louison qu'il ne l'était à moi-même. — Nous fûmes appro- visionnés d'un supplément de vêtements et de chaussures pour le cas où nous serions surpris par la gelée. J'employai le reste du temps à faire des observations sur l'inclinaison et l'intensité. I^a déclinaison avait augmenté de trois degrés à l'Est depuis i8a5. Pendant que nous étions à faire notre repas habituel de viande sèche et de pemmican, lUi de nos chasseurs se précipita dans la chambre, et nous annonça l'agréable nouvelle qu'il avait tué un orignal , dont il apportait un morceau. Au même instant, le domestique entra avec une vessie de graisse à la main. C'était pour nous un luxe si rare que M' Mac-Donnell, siu • |1 i'|i:li' 'j tir m^î^n incon- nmoins, ue nous accorda tempo- uis qu'il )n qu'il s appro- nents et serions ^este du linaison nenté de re repas ican, un lambre, n'il avait lorceau. tra avec dt pour lell, sur • DU CAPITAINE BACK. 89 pris, s'écria : «Bon Dieu! de quel pays cela vient-il?» Ceci ne paraîtra pas étrange quand on saura que, depuis le mois d'avril , il n'avait pas goûté un seul morceau de viande fraîche ; moi-même je n'en avais pas vu depuis le fort William. Après avoir écrit quelques lettres d'affaires et laissé mes dernières instructions à M' King, je m'embarquai le lendemain matin, ii août, à six heures, dans mon vieux canot, armé d'un Anglais (William Malley, — mon domestique), d'un Canadien, de deux métis et de deux In- QÎens. Le temps menaçait de rafales, et une grosse houle dont parfois le sommet déferlait nous empêcha de nous risquer au milieu du lac et nous fit chercher la protection des îles qui pouvaient nous abriter du vent. Le canot embarquait beaucoup d'eau; mais les hommes tinrent bon à la peine, et, après- avoir traversé une baie ouverte, nous gagnâmes bientôt l'entrée bourbeuse du Petit Chenal qui nous conduisit à la rivière de l'Esclave ; en iiil Il I ( I • 1i t I' ' 90 VOYAGE la traversant , nous découvrîmes sur la rivo orientale une nombreuse troupe dlndienii, les mêmes que nous avions vus à la rivière salée. Ils étaient réunis par petits groupes; croyant que, selon l'usage général des tra- tiquants, nous allions prendre terre. Quand ils virent que ce n'était pas notre intention, ils nous crièrent : — « Ëhquoi ! le grand chef pass(^ »sans s'arrêter, sans nous offrir même une » pipe, de tabac ? » Cependant nous passâmes outre; nous entrâmes dans un chenal très étrn'i où je commençai ma reconnaissance , et bien- tôt après dans un autre, nommé Cha-Bilka, qu'on dit venir de lacs peu éloignés. Près de là nous vîmes un campement indien; ceux qui le remplissaient étaient très affairés auprès d{ trois ongnals récemment tués dont iis faisaient sécher la chair. Les heureux chasseurs, sans doute bien fiers de leurs prouesses, étaient, les uns couchés tout du long sur l'herbe, tirani des bouffées de leilrs chères pipc^; les autres, appuyés sur leurs coudes, à dévorer de l'œil ^ ■m -^. ir la rive l'iiidiens , la rivière groupes ; des tra- re. Quand ention, ils îhef passe léme une passâmes Irèsétrr.i , et bien- :ha-Bilka , rès de là ceux qui uiprès d{ i faisaieni urs/ sans , étaient, be, tirani Bs autres, r de l'œil i DU CAPITAINE BACK. 01 '^ ^ un os richement fourni de moelle , revenant- bon ordinaire de leur chasse. Les femmes allu- maient ou entretenaient les feux sur lesquels étaient suspendues par rangées de minces tranches de viande. Quelques unes criaient contre les chiens qui voulaient dérober le gi- bier; d'autres, par des cris plus forts, s'effor- çaient de dominer les cris perçants de leurs enfants qui, emmaiMottés et incapables de rémuer, étaient à moitié suffoqués par la fu- mée. Tandis que je contemplais cette scène, ibuit ou dix jeunes garçons s'amusaient à entre- lacer leurs corps de couleur de cuivre au-dessus et au-dessous de quelques canots de blanche écorce, comme autant de dauphins de terre. Pauvres gens! leur bonheur était à son comble: ils jouissaient selon leur nature et leur capacité. Que peut-on désirer de plus ? Est-il un bonheur humain plus grand que celui-là? Un bouquet d'arbres m'avait empêché d'ob- server un autre groupe composé de La Prise cl de ses camarades. La Prise avait entrepris de m M ' , It ■I i! i I 1 r '- \ I , ! mw m h* , ; r '' 1-^; ■fi'i 92 VOYAGE mener à la rame mon second canot à Tautre ex- trémité du lac; mais voyant que deux hommes étaient nécessaires pour le franchir de l'eau qu'il faisait) il le mit sagement sur le rivage pour le réparer. Après cette opération, douze des siens s'y entassèrent avec plusieurs chiens, et manœuvrèrent si bien que nous eûmes beaucoup de peine à les suivre. — En nous séparant des Indiens nous fîmes provision de viandes fraîches. L'un d'eux, pour nous té- moigner son respect, se revêtit d'un surtout qu'il avait acheté au fort. Cette redingote n'ayant pas de boutons, et notre homme n'ayant pa? Je culotte, l'effet était extrême- ment comique. Remarquons, en passant , que l'idée de manifester son respect en se présen- tant en grande tenue (si ce terme peut s'appli- quer ici ) n'existe pas seulement dans les salons et dans les cours. Environnés de saules des deux côtés, nous n'apercevions le lac que de temps à autre, à travers de petites criques et des ouvertures. f i' i! (f! .»i'. l*autre ex- K. hommes ' de Teau le rivage 3n, douze rs chiens, us eûmes - £n nous ►vision de nous té- n surtout redingote homme extrême- ;ant , que B présen- t s'appli- es salons ;és, nous autre, à vertures. /•( DO CAPITAINK lîACK. Ç^[] fiientôt nous traversâmes la grande Uivière- à-Jcan pour entrer dans la petite Rivière-à- Jean, où nous eûmes le courant pour nous. Cette dernière est extrêmement tortueuse, les bords en sont très peu élevés et couverts de pins, de peupliers et de saules. La vue perçante des Indiens avait découvert un orignal à quelque distance de nous. La Prise, ffort export dans l'art d'approcher ces ani- maux, dont l'ouïe est si fine et les jambes si les» tes , se dirigea vers celui-ci. Pendant ce temps fious descendions silencieusement le courant le long de la rive opposée, cherchant un endroit «ec pour nous y établir. La nuit était belle et claire; les hommes étaient autour d'une chau- dronnée de viande, lorsqu'un cri perçant et prolongé les fit tressaillir; Louison y ré* pondit aussitôt; il nous annonça en même temps que c'était le petit canot et q«e La Prise avait tué le gibier. On entendit alors le bruit des avirons dans le lointain ; peu de minutes è après nous distinguâmes l'embarcation glissant m m , ' ■! ! m r^- 1 ! ^ : '' 1 [ I , ,11' ■■ ilii} H !m i ' i*: 9^ VOYAGK près, (les hautes herbes, le long de la rive on nous étions campés. L'ombre profonde portée par la cote nv laissait voir que les têtes noires des Indiens, qui paraissaient et disparaissaient suivant hs mouvements du canot. Louison ayant demandé à La Prise s'il avait réussi, celui-ci, selon \v caractère d'un véritable Chipewyan, lui ré- pondit négativement Oolah. — Oolah , répéta l'interprète d'un ton désappointé, oolah ! « Mon- M sieur a manqué, ajouta-t-il en français. Qui » jamais entendit le cri de signal sans qu'il fut » accompagné d'une proie. » Ces mots étaient à peine prononcés que La Prise était près de Louison , et lui remettait son fusil d'une main en lui présentant de l'autre \i\ langue et le nez d'un superbe orignal.— « Voilà, dit-il; je l'ai tiré » au cœur, entre les arbres, par une ouverture » qui n'était pas plus grande que ma main; mais » c'est avec votre fusil et vos munitions; ainsi, » vous le savez, d'après nos usages, l'animal esf » à vous. J'ai pensé que le chef devait avoir la r , •'^ a rive on cote île Indiens, livant les demandé selon le , lui ré- 1 , répéta lia Mon- tais. Qui qu'il fut J étaient près de ne main t le nez î l'ai tiré verture m; mais i; ainsi, mal est avoir la t iy DV CAPriAmE IIATK, t)5 » langue et le nez ( 1); le reste est dans leeanor M à votre disposition. «Cet te discrétion des In- diens, ce frein imposé par eiix-méines à leui- appétit me parut d'autant plus remarquable qu'ils n'avaient presque rien r/iangé depuis plu- sieurs joui^, et que les bribes dont leurs amis les avaient approvisionnés ne pouvaient suffire à un repas. Mais jamais entre eux ils ne violent cette loi, et il faudrait rien moins que le dan- ger imminent de mourir de faim, pour excuser un Indien de l'avoir transgressée. Néanmoins une conduite aussi scrupuleuse méritait de ma part une récompense; je m'empressai de l'ac- corder, en autorisant La Prise et ses camarades à garder pour eux la plus grande partie de l'animal. 12 août. — Nous continuâmes à descendre la Petite Rivière; mais un vent de nord-ouest très froid, dont la violence courbait les pins, nous indiquait assez ce qui • se passait sur le (i) La langue ot le nez Munt regardés eomnie les morceaux de choix. ni •4 h ,,- il H'i 9(» VOYAGE lac. Nous le trouvAmes en effet si orageux, que nous ne pûmes nous aventurer plus loin , et que nous nous vîmes forcés de camper, La tourmente continua toute la nuit, et le 1 3 au matin le temps avait une apparence effrayante. Tout-à-coup le calme survint, le vent passa au sud, et six heures avant midi nous pûmes, sans danger, nous lancer sur la va&te étendue du lac. Nous longeâmes une côte basse, maré- cageuse , garnie d'une épaisse couche de débris d'arbres flottans, et nous gagnâmes un pro- montoire qu'on nomme pointe Rocky. Tour- nant alors dans la direction du nord , nous for- çâmc. sur les avirons pour atteindre un groupti d'îles éloignées, que, la réfraction de l'atmo- sphère nous faisait apparaître comme suspen- dues au ciel. C'est la traversée la plus redoutée des Indiens, qui, n'ayant d'autres embarca- tions que leurs petits canots, courent de grands dangers, si malheureusement ils sont surpris par un coup de vent. Une légère brise se leva j grâce à elle et à nos avirons, nous abordâmes ,>:»*'>"' oragoiix , plus loin , imper. La t le i3 au îffrayante. t passa au s pûmes, e étendue jse, mare- de débris i un pro- ky. Tour- nous for- in groupe e l'atmo- e suspen- redoutée embarca- de grands t surpris se leva ; cordâmes >- l)i; CAPITAINE DACR. C)^ cos îles à onze heures avant midi. Elles sont trop nombreuses pour qu'on puisse en assi- gner le nombre. Nous remarquâmes sur plusieurs d'entre elles des bouquets de très petits pins; et celle sur laquelle nous dé- barquâmes produisait diverses espèces de baies, ( Whorleberries et Cranberries ). Les roches étaient toutes granitiques, les unes grises avec de petits cristaux de mica , les autres de feldspath rouge avec du quartz. De ce point je pus apercevoir les îles du Renne, et le cap Mac- ^kenzic à l'ouest ; à l'est, un horizon clair et des parties de terre; au nord im rocher long exces- sivement élevé entre des îles innombrables ; enfin au sud la côte du continent. J'envoyai La Prise en avant, afin de prendre plus facilement mes gisements, me servant de lui comme d'un point de mire. Je le suivais de fort mauvaise humeur, car je venais de découvrir qu'au dernier campement le bri- gadier ou le patron avait oublié notre unique poêle à frire, au profit de ceux qui pourront '.r-i m il: i Il hi m II I. 1 I fn ' i M 1 hi\ irîi t(t ■■ f it 'i'^' ,!î '• ;.tt, l; ■ À'. '■■;;*: ' '1 _!■ M 1 ' !" '1 1 il il ( !'' it ï| If I ll/t <' !i !|,f ". ■ I :'■ I i' ;!iif^i g8 VOYAGE l'y trouver. Ce n'était pas un objet de peu d'im- portance pour moi : tout disposé que j'étais à me contenter du pemmican, je me réjouissais cependant depuis plusieurs jours dans l'espoir de manger quelques bonnes côtelettes de ces rennes que nous devions trouver dans les ter- res stériles. Notre interprète avait beau m'af- fîrmer que les grillades (comme il les appe- lait ) étaient aussi bonnes rissolées dans la chau- dière, ses assurances ne me donnaient qu'une faible consolation. Nous nous engageâmes dans un labyrinthe d'Iles , quelques unes escarpées , arrondies et nues, d'autres terminées en pente, découpées et coi> -certes de bouleaux ou de petits pins; après avoir tourné un peu au nord-nord-est ^ nous vîmes s'ouvrir devant nous un long et large chenal bordé de chaque côté par des ro- chers dont la hauteur très variable atteignait parfois mille pieds , et souvent n'allait guère qu'à deux cents. Ces rochers ressemblaient en cer- tains points à cetix de l'ouest aux environs du peu d'im- ! j'étais à éjouissais is l'espoir es de ces is les ter- »eau m'af- les appe- ls la chau- it qu'une abyrinthe ondies et écoupées tits pins; nord-est, 1 long et Hr des ro- atteignait çuère qu'à t en cer- virons du DU. CAPITAINE BACK. 99 Gros-Caj> , et eu d'autres au granit rouge de Chipewyan. Je n'eui pas le temps de descendre à terre pour en prendre une plus ample con- naissance. L'aspect du pays, tout-à-fait différent du lieu que nous avions quitté le matin , et la direction des terres qui paraissaient courir vers le nord, s'accordaient parfaitement avec les récits des Indiens et me faisaient espérer une longue navigation. On ne voyait plus de grands amas de bois en dérive comme ceux qu'on avait rencontrés, depuis la rivière l'Esclave jusqu'au cap Mackenzie, ainsi que sur les côt*^s orienta- les et occidentales du lac; l'eau n'était plus trouble et jaunâtre, mais verte et demi-transpa- rente, d'une température de 52"(i r,i.C.). Celle de l'air, augmentée de 12° (6% 7.C.), depuis le matin, était de 58° ( i4, 4- G.). A mesure que nous avancions, les îles étendues prenaient un caractère plus montagneux , et l'on remar- quait que celles de la partie occidentale étaient beaucoup plus boisées que celles de la partie orientale. Parfois , à travers les échappées de i*y Mi im m Ir ! ici- M Wlp 1 IPf ?|îll'!t| ' 1 if ■i ■ j !.'' 1 l(j' i( 4 ' 1 If ' i 1 ■ ^^ \ •H'HJI ' ■ Il 1 ;(: Il il- I' i ■il,'' ï il-: ;■ '! I" 'I I;: A ,| Il I I I ïiiÉh VA n ■ 100 VOYAGE vues, on apercevait à droite, sur un horizon clair, une terre bleue et vaporeuse fort éloi* gnée. — r A huit heures après midi , nos gens étant harassés , je fis préparer le campement pour la nuit. 1 4 août. — Le thermomètre ne marquait que 3o° ( — 1 ", 1 . C.) ; et quand nous reprîmes notre route à quatre heures avant midi, par une brise froide , l'eau se trouva couverte d'une légère croûte de glace , qui endommagea l'écorce de notre canot et nous obligea à le réparer. Le pays situé à notre gauche se dépouillait peu à peu de son caractère abrupte , et se transformait en collines à la croupe arrondie dont les pentes étaient couronnées de bois : deux légères co- lonnes de fumée, provenant sans doute de feux allumés par des chasseurs écartés de leur tribu , rompaient l'uniformité du tableau. Le pays situé à notre droite revêtait au contraire , à mesure que nous avancions, un caractère sau- vage de grandeur et de hardiesse dont les Alpes et les Apennins ne m'ont jamais offert d'aussi I '- ^1 .'■ .:i: JlilJ: tiorizoïi •rt éloi* os gens pement lait que s notre le brise I légère 3rce de r. itpeuà brmait pentes •es co- nte de le leur au. Le traire , re sau- Alpes l'aussi -m nu CAPITAINE BACK. 101 frappans exemples. Les rochers, d'une hauteur de tiuit et de douze cents pieds, étaient déchirés comme par u-e violente convulsion , sillonnés de gouffres profonds, et terminés par des es- carpements inaccessibles à l'animal le pluj agile. Sur l'arête des abîmes, quelques pins flétris par l'âge projetaient leurs bras rabougris ; l'un d'eux servait de trône à un majestueux aigle pêcheur qui, sans se soucier de nos cris, régnait paisible- ment au milieu de ces rochers sauvages et dé- serts. î.es pinceaux de Salvator eussent pu seuls exprimer la réalité de cette scène. En continuant à avancer, notre vue fut ar- rêtée par deux collines de forme conique, d'un profil très pittoresque. Elles paraissaient tout-à- fait séparées du continent, non loin d'une pointe. Peu après cette pointe, la côte détourne à droite , s'étend au sud et à l'ouest, forme une large ceinture de quinze ou vingt milles d'é- tendue , et finit par joindre la pointe Rocky , à la distance d'environ cinquante milles, mesurée on ligne directe. Je donnai à l'ensemble des îles ■s^ H iW m m \k '■"rcj . '^V'!;! là i 'I I I; ■[' I i,.:'i tà^^ il"' M I i^'*;" ^^ i i il! « ii I 102 VOYAGE de cette partie le nom de' Groupe Simpson, en témoig lage de respect pour le gouverneur. Le chenal entre les îles occidentales et la côte n'a pas plus d'un quart de mille de largeur en cer- tains points; dans ce resserrement, on re- marque un clapotis causé par un fort courant de sud qu'on ne retrouvé pas ailleurs. L'abondance de la pêche en cette localité y a déterminé l'établissement d'un poste. Lorsque nous sortîmes de l'extrémité nord du chenal, nous nous trouvâmes en face d'une magnifique nappe d eau qui s'étendait à l'est et à l'ouest avec un horizon dégagé de tous cô- tés. Trois petites îles se montraient dans le loin- tain, et leurs escarpements réfléchissaient légè- rement les rayons du soleil couchant. — La pé- ninsule qui sépare les eaux du nord de celles du sud sur la côte orientale, a été appelée pointe Keith, pour reconnaître les bons of- fices de cet agent de la compagnie dont le nom a déjà plusieurs fois été mentionné. Nous poussâmes ensuite une grande bordée wo/2, en »eur. Le côte n'a en cer- on re- :ourant :alité y té nord 3 d'une à Test ous cô- le loin- itlégè- La pé- '■ celles ppelée ns of- mt le ordée DU CAPITAINE BACK. lo3 vers quelques collines en forme de table, fai- sant partie de ce que les Indiens appellent l'île du Renne; leurs flancs escarpés se dressent, comme de hautes murailles, au-dessus des bois qui garnissent les pentes du terrain inférieur. Nous abordâmes pour examiner de plus près ces formations diverses. Le rivage estformé,sur une étendue de deux ou trois milles, d'une sorte de poudingue provenant soit de l'action des glaces, dont les masses immenses exercent sur cette côte ouverte des pressions énormes et en écra- sent les matériaux, soit du choc des vagues qui y déferlent sans cesse; ce poudingue renferme de^ pierres de différentes grandeurs plus ou moins arrondies, agglomérées par une argile jaunâtre qui est devenue aussi dure que la roche.— Le bord de la côte varie en hauteur depuis six jusqu'à quarante pieds, et du point où nous étions, il pa- raissait se perdre au milieu des rochers voisins ; ceux-ci,atteignant une élévation tantôt de qua- torze cents et tantôt de deux mille pieds, pré- sentent un puissant contraste avec les contours M m m i ■il*,' i • ;'! '1' \ .. 1 ■ i ' ' II i il;.; : 1 1 1 i 1 ,1 1 1 1 ! '' ' 11;, [ : H'\; i ' 1 ■ ' ' i 1 ' i. ■ , 'il 1 1 ' il 1' 'ti;!^|«(n ' } ■' ' ' ,; . 1 1 t \ ; , i ' M. ' Il 1 1 \ 1' . ;i ■ ' ! ■ ' ! ■ j 1 1 '' 1 . *! 1 fiiim'i 1 .^ mm ■ilM 1 I0/| VOVAdE oiicluleux de la côte du continent que nous apercevions à douze ou quinze milles de dis- tance. — Nous nous embarquâmes et fîmes route vers la pointe d'une île fréquentée par les Indiens, à cause d'une pierre particulière généralement d'un gris verdâtre, destinée à faire leurs pipes; un d'eux voulait y visiter un petit dépôt de tabac qu'il y avait caché au- trefois entre les roches, dans une année d'a- bondance; il trouva son petit trésor intact; mais il l'y laissa encore, comptant sur moi pour fournir à ses besoins actuels. v La face S.-O. des rochers était lisse et per- pendiculaire : elle continuait ainsi à mesure que nous élevions vers leN.-E.; et jusqu'aux der- nières limites que l'œil pût atteindre,elleprésen- tait une muraille continue, flanquée à sa base d'une suite de collines de trapp ayant aussi des faces à pic et des sommets arrondis. Je ne pus que noter la ressemblance de ces collines avec certaines formations de terrains aux environs du lac Point, et sur la côlcà l'est de la rivière .\ % le nous de dis- :t fîmes itée par iculière tinée à visiter ché au- lée d'a- intact ; loi poul- et per- mesure ux der- présen- sa base Lissi des ne pus es avec ivirons rivién nr CAPITAINE BACR. lo5 (les Mines-de-Cluivre. La terre était inaborda- ble de ce cùté. Nous mîmes le cap sur la côte nord du continent , où l'on apercevait le long des pentes quelques restes de neiges de l'hi- ver précédent. Là, nous débarquantes, et l'on dressa la tente. La Prise installa un filet; le matin suivant, on y trouva quelques poissons blancs, une truite, et, ce qui surprit infiniment les Indiens , le poisson inconnu (i). ^ i5 août. — Ayant vent debout et grosse mer, nous ne pûmes tirer grand parti de nos avirons; et ne voyant aucune terre pour nous abriter , nous fûmes bientôt obligés de mettre en panne. On m'avertit que La Prise et un Indien s'étaient pris de querelle dans le canot, assez vivement pour laisser craindre une issue funeste. Mon intervention les sépara plutôt qu'elle ne les réconcilia ; car La Prise , en se désistant , laissa échapper entre ses dents : « Vous pouvez (i) Salir.o Mackenzii. Voyez l'aftpcndicc de Uicliardson dans l'Vanklin. ta m. W f '■ r £ ■- : » îtî fi ;.^>?> . '! i li ' * 1 1 i. 1 1 Ïl ; ^ ^* :Sii i'i Li-t ' ' 1 1 ■IJ' , 1 ; ■ M i 1 ^ ! 1 ,î ■ '1 1 (fil . :.' ■ ■ 1 '■ i'i ' j ' . J!it . .i 1 ùi lii 1 loG VOYAGE » remercier le chef pour cette fois, mais ce n'est » pas fini, nous nous retrouverons sur les terres » stériles. » ,< Le temps s'améliora, et nous continuâmes notre route au travers d'une passe étroite ap- pelée Tal-Thel-Leh, ou partie qui ne gèle pas; le fait fut vérifié pendant deux hivers successifs, mais je n'en pourrais assigner la cause. — La côte à droite présentait un aspect hardi et imposant, c'était la continuation des formations trap- péennes depuis la pointe Pipe-Stone (pierre à pipe), avec cette différence toutefois qu'elle avait l'aspect brun-clair et brillant du mica- schiste; elle s'élevait en gradins jusqu'à huit cents pieds. L'inclinaison de la chaîne était N. E. ^ E., les faces des escarpements tournées au nord. Sur notre gauche, à un mille envi- ron du trapp, les roches étaient principale- ment de gneiss , flanquées çà et là de contre- forts de granit rouge ou de porphyre. Le cou- i*ant portait au sud dans la passe; mais les Indiens affirmèrent que dans l'hiver c'était ■^ s ce n est es terres tinuâmes 'oite ap- e pas; le iccessifs, —La côte nposant, is trap- pierre à qu'elle lu mica- u'à huit ne était :ournées lie envi- ncipale- contre- Le cou- nais les c'était nu CAPITAINE lUCK. I07 le contraire, car la glace était invariablement amoncelée vers le nord et non vers le sud. On apercevait quelques mélèzes et des pins clair- semés. Le pays présentait, comme aspect gé- néral, des hauteurs arrondies, terminées d'un côté par des vallées, et de l'autre côté s'arrêtant brusquement en partie aux murailles de l'ile dont il a été fait mention plus haut, lesquelles se dressaient en sept rangées consécutives, d'un effet singulier et frappant. Une autre île, située entre la précédente et le continent, ne consis- tait qu'en un seul rocher, dont la face sud était découpée en colonnes entaillées de grandes frac- tures rhomboïdales; elle paraissait de basalte. Le vent était tombé, l'horizon éclairci; mais nous avions à lutter contre une grande houle de l'avant qui venait briser sur les roches, et au- rait anéanti sur-le-champ une flotte d'embar- cations, otre pluspetit canot prenait beaucoup d'eau à chaque lame^ une voie s'y était en outre déclarée, et les Indiens avaient jugé prudent '1 '•y;i '•i;> I ■ ir ■' 1 1 1 r i 1 f . 1 1 j 1,1 ■:■ II r I Ml 1' Cl , ■; Il ■ i\ 108 VOYAr.F do porter vers une petite baie, où ils prireni terre sans autre accident que celui d'être mouil- lés. Ils me crièrent aussitôt de ne pas aller plus avant, parce que le rivage était inabordable sur une étendue de quelques milles; plusieurs de leurs amis,ajoutaient-ils,avaientpéri en ce même endroit, pour n'avoir pas voulu écouter ces bons conseils. Nous trouvâmes en effet, un peu plus loin, un fort ressac à la cote; et comme nous sentions l'approche d'un coup de vent, quoiqu'il ne fut pas annoncé par les nuages, nous aurions pu nous repentir de nous être entêtés contre les avis des Indiens. — A quel- que distance, nous aperçûmes une glace flot- tante, c'était une montagne déglace en minia- ture ; mais sa présence surprit beaucoup notre Canadien , qui avait toujours navigué dans le sud de la Colombie; il s'écria en français : aCela va bien y nous he sommes pas mai avancés au nord! » le pauvi'e garçon se croyait déjà près, d'arriver à la mer Polaire, m\ 4 s prireiK re iiiouil- iller plus JabJe sur sieurs de ce même 'Uter ces :, un peu ; comme de vent, nuages , ous être A quel- ace flot- 1 minia- p notre dans le » 'a Cela ncés au jà près IHJ CAIMTAINK IIACR. \0C^ Au détour d'une sorte de promontoire pr s duquel, d*après les renseignements qu'on m'a- vait donnés, je devais trouver une rivière notre attention fut attirée par un des Indiens dont la vue perçante avaitd écouvert,sur la crête d'un rocher, un malheureux ours tranquille- ment occupé à se régaler de baies sauvages. — Sassj sass (i), murmura-t-il à voix basse; et aussitôt toutes les têtes de se courber sur les .bancs du canot ; tous les mouvements de s'arrê- ter. Le brigadier de l'embarcation ne cessait de me faire des gestes et des signes auxquels je jie comprenais rien; enfin il me souffla à voix basse , ces mots français : « Dites - lui donc d'oter son bonnet rouge, » désignant du doigt mon domestique , honnête garçon du Lancashire qui ne comprenait pas un mot de français, et n'otait pas ses yeux de dessus l'ours. Fort étonné que son bonnet rouge put effrayer l'animal , il l'ota cependant , et tout étant en ( i) C'est le nom qu'ils donnent à l'ours. ■m 1 m i ■ iiiîi 11' r ,.!■ , i!'!l M \ 10 VOYAGI-: règle, l'interprète et riiidieii gagnèrent le ri- vage à gué ; ils se glissèrent en silence entre les buissons et disparurent Quelques minutes après, deux coups de fusil , suivis d'un cri de joie , annoncèrent que c'en était fait de l'ours. Tous les hommes partirent pour aller le quérir. Pendant leur absence je rôdai aux environs et je vis des groseilles de diverses espèces en- core ver» es (goose berries, currants);je re- marquai aussi quelques roses en bouton plus colorées que celles du Sud ; enfin je trouvai une couvée de jeunes canards. Les hommes revinrent; Tours étant de pe- tite taille, le brigadier l'avait chargé sur son dos, en avait passé la tête sous son bras, et, à l'aide d'un bâton, lui tenait les mâchoires écartées ; ainsi accoutré, il avait lui-même passablement l'air d'un animal sauvage lors- qu'il sortit des arbres entre lesquels il se frayait un passage. La soirée était déjà fort avancée. Nous profi- tâmes d'une baie abritée pour y mettre le canot i û DU CAPITAINE lUCk. 1 1 l en sûreté, et bientôt après La Prise arriva. Il avait découvert, après mon départ, c(«ie la gelée de la nuit précédente avait fendu son embarca- tion en plusieurs endroits et occasionné des voies d'eau. Ayant réparé l'avarie, il préférait aller en avant, avec moi, plutôt que de courir le ris- que de rester en arrière. La vérité est qu'il manquait de provisions et que sa troupe vivait aux dépens des nôtres ; séparée de nous , même pour peu de temps, elle aurait beaucoup souffert. , ^ • Nous fûm^js témoins d'une brillante aurore boréale, dont les mouvements rapides durè- rent jusqu'à minuit; le vent s'accrut alors, et nous ne pûmes quitter la baie. Les cbasseurs partirent à la recherche des daims; ils n'en rapportèrent pas, mais ils en trouvèrent des traces nombreuses et toutes fraîches. Les observations faites en cette position nous donnèrent les résultats suivants : latitude 62°- 45'-35" ; longitude par les chronomètres 111"- i9'-53",0. deGreenwich(i 1 3"-4o'-i 7" de Paris); m m fi uf ,!J' ,ii'-':?ï !* M !i'J i!:^'I Ir» * ^1 ! i'i t ; Ni : .'A I i ! ■■|ii ■ i m ïï: .'il .u, ihi I 112 VOYAGÉ déclinaison par la. boussole de Rater /|5o-3i' Est; thermomètre à trois heures après midi, 54°(i'i%2. C). ] 7 août. -— Les fdels , tendus pendant la nuit, rapportèrent une truite et huit poissons blancs, qu'on répartit également entre les hommes ; et , à quatre heures avant midi , nous partîmes, ayant à lutter contre une froide brise de nord -est. Mais, abrités par le continent et par les îles , nous avions déjà parcouru une assez bonne distance à l'époque du dé- jeuner. Nous dépassâmes une autre petite glace flottante, et quelques restes de neige conservés, malgré l'été, dans les crevasses pro- fondes des collines. Il est toujours difficile d'obtenir d'un Indien des renseignements positifs, même sur un sujet qui lui est familier dès l'enfance, et sur lequel on pourrait raisonnablement attendre de sa part une réponse catégorique : nous en eûmes ici une preuve bien frappante. Tous ceux qui ;.i i "V 1 n3 DU CAPITAINE BACK. étaient avec moi, et même celui qui avait pré- cédemment tracé l'esquisse, commencèrent à in- sinuer que le Téh-Lon était encore loin au sud et à l'est, et que les portages entre les lacs inter- médiaires seraient excessivement longs et fati- gants, sinon tout-à-fait impraticables. Ils firent aussi observer que les Indiens , en voyage, em- portent seulement leurs fusils , et rarement un petit canot qu'ils abandonnent ensuite pour s'éviter les embarras du transport. D'après les gisements qu'ils m'indiquaient en cet instant, je me confirmai dans ma pre- mière opinion que , non seulement le Téh-Lon se trouvait à une très grande distance à l'est , mais aussi qu'il se dirigeait vers la baie d'Hud- son. D'un autre côté , un homme de leur troupe avouait avoir été sur le Thlew-ee-Choh dans son enfance ; mais comme il avait fait le voyage par terre, il connaissait très peu la route par eau. Il savait seulement qu'à une journée de marche nous trouverions une rivière condui- I. 8 ;;i| îi'Jil if M m m -M m , ; i; rn I [1 iS:l-li 4 1 1 4 VOYAGE sant à quelques lacs par lesquels nous pourrions gagner le Thlew-ee-Choh. Cependant il doutait fort de la possibilité de transporter le canot à travers les montagnes et les chutes situées dans les terres stériles où se trouvent les lacs en question. « Les Indiens, disent-ils, a n'essayeraient pas de l'entreprendre ; mais les « hommes blancs sont puissants ! » Sans m'ar- rêter à cette dernière réflexion assez délicate à toucher, et connaissant l'influence des pre- mières impressions , je n'hésitai pas à lui assu- rer qu'en effet j'avais la puissance de surmonter tousles obstacles qu'il décrivait, et qu'il me fallait seulement un chasseur actif et habile, comme lui, pour m'accompagner ; je lui promis, s'il y consentait, de lui accorder une bonne ré- compense. Pour dire la vérité, je reconnaissais bien, à l'apparence générale du pays et k la hauteur croissante des montagnes, qu'il fau- drait des efforts plus qu'ordinaires pour attein- dre l'un ou l'autre des deux grands fleuves; mais , comme entre deux maux il faut choisir DU CAPITAINE HACR. 11 5 lo moindre , je m'arrêtai au parti qui me sem- blait le moins mauvais. Toujours côtoyant la rive septentrionale , et une longue chaîne d'îles à noire droite, nous atteignîmes un endroit désigné par les Indiens Chipewyans et par les Indiens Cou- teaux-Jaunes (YellowRnives), sous le nom em- phatique de La Montagne. C'est là qu'ils ont l'habitude de laisser leurs canots lorsqu'ils vont chasser le renne sur les terres stériles, et ils visitent fort rarement les contrées situées au- delà. Trois ou quatre hommes de l'équipage de La Prise, cédant à leurs vieilles habitudes, ne purent se décider à dépasser le rocher où ils terminaient ordinairement leur navigation , et ils se séparèrent de nous, sous prétexte d'al- ler rejoindre leur famille. A partir du bord de l'eau, La Montagne s'élève graduellement en croupes de gneiss, entrecou- pées de vallées parsemées d'arbres ; ses divers sommets consistant en une suite de monti- cules de granit lisse et nu , terminés en cône !<• if s il iii'i- 'm i'i.; m ■•t iiG VOYAGE tB .f'M lllà ■vi I ! H m • obtus, atteignent rarement au-dessus de dix ou de quatorze cents pieds. La rivière de la Mon- tagne coule au bas et se précipite en chute pittoresque dans le lac ^ sur une chaîne de ro- ches irrégulières. Vis-à-vis s'arrêtent les îles qui commencent au Tal-Thel-Lel ; une ligne menée directement de La Montagne vers le sud , va couper le massif de roches qui forme l'angle occidental de Gâh-Hount-chella ou Pointe Lièvre (Rabbit-Point). Cette pointe dentelée se projette en avant du continent dans une direc- tion O.N.O. ; elle rejoint et enveloppe la grande île de Peth-the-Nueh ou île Owl (hibou), de telle sorte que la terre semble continue, et of- fre l'aspect d'une baie profonde. Cependant cet effet provient d'une illusion d'optique oc- casionnée par la distance des objets et la ré- fraction. Car, bien que la continuité la plus par- faite paraisse régner tout le long de la ligne bleuâtre, qui forme le contour de la baie, ce- pendant on découvrit par la suite qu'à la pointe Gah-Houn-Tchella se trouvait l'ouverture sep- ro- I DU CAI'ITAINK BACK. 117 tcntrionale d'un petit détroit conduisant à une magnifique baie intérieure, où nous avons éta- bli une pêcherie dans la partie méridionale. Au sud de cette pêcherie, il existe encore un autre passage étroit bordé à Fouest par les escar- pemens à pic de Peth-the-Nueh, et à l'est par de sourcilleuses montagnes granitiques. La par- tie du lac où se trouve ce passage présente une nappe d'eau continue jusqu'à la pointe Keith; j'ai essayé d'en indiquer sur ma carte, par une ligne ponctuée, le rivage méridional, en faisant usage, pour ce tracé, de certains documens que je m'étais procurés par une investigation laborieuse auprès des Indiens. Suivant eux , ce rivage serait beaucoup plus éloigné du Peth- tlie-Nueh que je ne l'avais cru d'abord. Peth-the-Nueh ou l'île Owl, (comme nous l'avons dit plus haut) est une accumulation de montagnes de trap, dont la partie la plus basse est à la pointe Pipe-Stone, opposée à l'île du Renne, et dont la partie la plus élevée est au passage étroit situé au sud de Gâh-Houn- Im u u i m ■M M ! ; .1' ï :.f iii I .i i nu m }'\\ I fe; fi! :^'H. ';i'i t ll8 VOYAGK TchelJa. De l'est à l'ouest cette île a une éten- due de cinquante-quatre milles géographiques; la largeur du lac, un peu au-dessous de la rivière de La Montagne , peut être estimée au moins à trente-neuf milles du sud au nord. Peth-the- Nueh, entourée des deux côtés par le continent, est un peu plus voisine de la côte septentrionale que de l'autre; les rivières assez remarquables situées, sûr la côte, au sud et à l'est sont très fré- quentées parles Indiens chipewyans, qui en con^ naissant tous les rapides et tous les détours, et qui cependant n'ont pu me donner le moindre renseignement sur leurs sources. Ils en visitent une particulièrement au printemps, pour tuer des pélicans, qui y sont fort nombreux en cette saison ; c'est celle qui a des îles à son embou- chure, et qui est indiquée sur la carte comme se déchargeant dans la baie Christie : baie ainsi nommée de M. Christie, facteur en chef de la Compagnie, à qui j'ai voulu donner ce témoi- gîïage de ma reconnaissance pour ses bons ollkes envers moi. i l)C CAPITAINE BACK. II9 Continuant à longer les rochers de la cote septentrionale, nous passâmes devant un tor- rent .d'un aspect fort pittoresque; on distingue au loin ses filets d'eau argentés franchissant des pentes escarpées, et l'œil pouvait les suivre jusqu'au moment où le lac les recevait dans son sein. Nous campâmes près de là sur les bords de la rivière de la Pointe Rocky; la journée avait été magnifique , le thermomètre s'était maintenu à 52° (i 1% 1 . C.) iSaoût. — Nous partîmes à quatre heures avant midi, comptant arriver en deux heures à la rivière dont les Indiens nous avaient parlé; mais nous n'y trouvâmes qu'un torrent, u Ce n'est pas cela,» dit Maufelly, l'Indien qui de- vait me servir de guide. Nous reprîmes donc nos avirons et continuâmes à naviguer sur ce lac, réduit alors à une largeur de cinq ou six milles; il se terminait en apparence à une pointe bleuâtre au S. E. , que nous recon- nûmes plus tard conduire à une baie pro- )<'>i^^ ■'»■. m •m\ m M r.p^ MM 120 VOYAGE foode, laquelle forme la partie orientale du grand lac de l'Esclave. Pour éviter un long circuit je songeais à effectuer un portage en un point favorable , et j'allais donner des or- dres à ce sujet, lorsque, dépassant quelques rochers qui nous empêchaient d'accoster la terre, nous vîmes soudainement une petite baie s'ouvrir devant nous; elle se terminait dans l'intérieur par une magn'^que chute de plus de soixante pieds, qui précipitait au fond d'un gouffre noir, deux nappes d'eau écumanteset entourées débrouillard.— C'était là l'objet de nos recherches , c'était la rivière que nous avions à remonter ! — Sans tenir compte des gestes très significatifs de mon équipage, j'abordai aussitôt, je fis tirer à sec le petit canot pour le réparer à fond ; une ou deux couvertures avec quelques autres objets furent mis à part ; et je confiai le grand canot à La Prise qui devait le ramener à M' Mac- Leod , avec le reste du bagage. ! i .■,i .1 ■ I ;^!i ■^ DU CAPITAINE BACK. 1!21 Les observations de ce jour donnèrent 62°-5o'-i5" N. de latitude; 1 09»-47'-54'' O. de longit. de Greenwich (i la^-S'-iS" de Paris.); et 36'-52'-de déclinaison orientale. 4 i.i r ',1,11 4 ri . ■m iM 1 ' li'l^ Il il i:t'^ii éw'i^ I ; I ■'# I CHAPITRE IV. Uifiicultés que nous eûmes à vaincre pour remonter la rivière de TIoart-Frost. — Paysages remarquables.— L'interprète est malade. — Campement dans une île du lac Gook. — Nous remonlon^ une autre petite rivière pleine de rapides. — Désertion de deux Indiens. — Embarras du guide pour indiquer la route ; sa tenta- tive de fuite.— Suite de cours d'eau et de lacs. — Ce que racontent les Indiens au sujet du Thê-Lew ou Thù-Lon. — Lacs de Clinton- Colden, Aylmeret Sussex.— Découverte du Thlew-ee-Choh. L'aspect du pays changea devant nous. Au lieu de la surface unie du lac, où jusqu'alors la rame nous avait ouvert une route facile, nous eûmes à lutter, pour atteindre aux hautes terres, contre un courant inconnu qui descen- dait avec rapidité sur un fonds plein de roches. Les fatigues que nous avions gaiement sur- montées n'avaient encore guère différé de celles qu'ont coutume de rencontrer presque partout les yqyageurs : mais dès cet instant il était évi- dent qu'il nous devenait nécessaire de rassembler IL w •■■i'V il. Si 'if 1 ■î'*l , ■(_ fl •• ■■ .'.' ■ -i^ i^ m M 'W' lïl ' .1."- ■ -i--^ iii < - ■m .?;,! m «t ,■ ' 1 I ! ' |'2/| VOYAGE lous nos efforts et de recueillir toute notre pa- tience. Les Indiens nous apprirent que la chute d eau, à laquelle j'avais donné le nom de Be- verley en mémoire de mon courageux ami qui accompagna sir E. Parry dans son voyage au pôle, était le commencement d'une suite ef- frayante de cascades et de rapides : suivant eux ces accidents de la rivière de Hoar-Frosten étaient précisément les caractères distinctifs. Bientôt quinze à vingt petits canots cachés dans les touffes d'arbustes et attendant, suivant toute vraisemblance, le retour de mon i' ' ami Akait- cho et des siens qui chassaient dans les ter- res stériles, m'indiquèrent assez clairement la nature des obstacles que nous devions nous attendre à rencontrer. Maufelly persista toutefois à soutenir que ce chemin était le seul praticable, ajoutant qu'en suivîintce cours d'eau nous abrégerions la distance, et que, de plus, nous pourrions trouver dans cette direction un vieil homme qui nous donnerait tous les ren- ,: I \ liV CAPITAIiM*: HACK. I 'i.') Saignements désirables sur le Thlew-ce-Choh. La plus grande partie de notre petite cargai- son,^qui consistait en trois sacs de pemmican, avec un peu de tabac, etc., avait été montée la veille au soir. Le matin du 19 août, on tira de Teau lefilet, on en otii quelques poissons blancs et bleus, et l'on emporta le reste. La princi- pale difficuKj consistait à monter le canot le long d'une pente inégale et glissante, embarrassée d'arbres et de buii^sons. La première élévation, où nous nous arrêtâmes pour nous reposer, était formée de sal le et de débris des rocs en • vironnants, en grande partie composés de feld- spath rouge et de quartz. Ayant traversé un ma- rais, et monté de nouveau, nous arrivâmes à une pointe, au-dessus d'une seconde chute, à la suite de laquelle se trouvait une petite surface d'eau unie qui reçut notre canot et donna à nos hom- mes lui peu de répit pour reprendre de nouvel- les forces. A cet endroit je renvoyai La Prise, qui nous avait aidés jusque là avec ses deux petitsen- fants. Il fut chargé d'une lettre pour M' Mac-Leod A', '4' I mi ■H'f" , i^-i, 'fy i: l\ pi % .«:• ni. i}!..Hi ii; il i ! i il <'l! 12^ VOYAGE que j'invitais à commencer la construction d'un établissement à l'extrémité orientale du lac dont la rivière, d'après nion estimation, ne devait pas être séparée de plus d'une journée de marche. Je l'informais aussi qu'il devait m'attendre à peu près vers le mois de septembre. Après avoir ramé sur le lac pendant un es- pace de quelques centaines de yards, nous aperçûmes des nuages de poussière liquide, s'élevant d'une troisième et d'une quatrième chutes, trop dangereuses pour qu'il fût pru- dent d'en approcher. La voie par terre n'était possible qu'à tra- vers un bois fort épais , et où dominaient des ifs rabougris, qu'il était extrêmement difficile de briser ou d'écarter; cependant' il fallait avancer, et nous nous enfonçâmes, tout em- barrassés par nos fardeaux , au milieu des bran- chages, sur des arbres renversés, au travers des ruisseaux et des marécages. Enfin un terrain inculte s'ouvrit à nos yeux. C'était un paysage \ ! DU CAPITAINE BACK. 11'^ nu et désolé; des roches entassées sur des ro- ches à une hauteur de deux mille pieds depuis leur base; le cours de la rivière étroitement resserrée, ne se distinguait plus au-dessous de nous qu'à sa longue trace d'écume. Obligés de faire de fréquentes haltes pour reprendre ha- leine , nous n'arrivâmes que lentement au som- met. Là, nous découvrîmes tout-à-coup le lac bleuâtre, que nous venions de quitter, comme si ses bords eussent touché à nos pieds; et la beauté de la perspective variée qui s'offrait à nos regards nous captiva tellement que nous oubliâmes en un instant notre fatigue. Mais quelque force de volonté qu'on ait, il n'est pas toujours possible de réagir contre la souf- france ; notre interprète , qui depuis plusieurs jours avait donné quelques signes de malaise, se trouva si fort affaibli qu'il ne pouvait plus que se traîner à peine. Les Indiens le soula- gèrent en l'aidant à porter sa charge ; ils étaient en bonne humeur parce qu'ils avaient décou- vert quelques traces fraîches de daims, ce /If 11 m p m w 'Il m •\ 'A n n ) rt P,i| i I k I t ! • i m ^' ''"il' 128 VOYAGE qui, suivant eux, indiquait que les animaux no- mades commençaient à émigrer du nord et que la saison de la chasse arriverait plus tôt que de coutume. La descente vers la rivière fut d'a- bord lente ; les pieds étaient mal assurés sur la surface arrondie des rochers. Bientôt succé- dèrent des marais couverts de mousse, ouis un profond précipice si abrupt que, bien que je n'eusse d'autre bagage que mon manteau et mon fusil, il fallut toute mon attention et mon expérience pour ne pas être précipité avec les masses chancelantes qui menaçaient de crouler sous mes pas. Nos gens qui portaient le canot firent preuve de résolution et de persévérance : une fois , ils glissèrent , mais ils surent s'arrêter et se rele- ver avec tant d'adresse, qu'après peu d'instans d'angoisses nous eûmes la satisfaction de nous embarquer sains et saufs sur la rivière vers la- quelle nous descendions, et qui se dirigeait à peu près vers le N.-N-.E. pendant trois milles. Le courant était fort et rapide , et toutefois la pu CAPITAINE BACK. 1 20 surface de Teau était unie comme un miroir, des deux côtés régnait une suite de rochers en pente, tout verdoyants et couverts de bouleaux, d'ifs et de saules. Le soleil était trop près de son couché , et l'équipage trop fatigué pour qu'il fut possible d'aller plus loin. Nous ga- gnâmes le rivage , et ayant choisi un emplace- ment convenable pour planter notre tente, nous nous disposânles à passer la nuit de notre mieux. Mais pour notre dernière souffrance du jour nous eûmes à essuyer les attaques de myriades de moustiques et de maringouins qui nous eurent bientôt ensanglanté tout le visage. Assu- rément parmi les nombreuses misères inhé- rentes à la vie aventureuse d'un Voyageur^ il n'en est point de plus insupportable et de plus humiliante que la torture que font subir ces petites sangsues ailées. En vain on tenterait de leur échapper : en vain , en se défendant contre elles, on en écraserait quelques milliers; la force sV'|>uiscrait à cette lutte inégale: et à la h:^ % m ï il ■;.- r- 'V('| m' I. 1 ;■?!•{ 3 ï; l3o VOYAGE fin, épuisé de souffrance et de fatigue, il ne resterait toujours d'antre ressource que de se couvrir, de désespoir, la figure, et, à demi ' étouffé, de gémir après quelques heures d'un repos sans sommeil. Qo août. — Le thermomètre tomba à 36° (2®, 2' C), et à quatre heures avant midi, dès que les roches à fleur d'eau et les autres obstacles de notre route purent être distingués, nous avan- çâmes avec courage et avec bon espoir jusqu'à un certain endroit où nous fûmes arrêtés par un rapide suivi bientôt de tant d'autres que la plus grande partie de notre matinée ne fut guère occupée qu'à alléger notre canot et à le tirer avec une corde. A la fin , une chute de vingt pieds nous obligea à porter nous- mêmes à la fois canot et bagages. Plus loin, nous eûmes à lutter contre d'autres rapides, et avec une telle continuité, que, le canot commençant à être fort endommagé, nous dûmes prudemment nous hâter de gagner le rivage. i i. é .•s».- ■'■■Mi DU CAPITAINE BACK. l3i Notre malheureux interprète n'avait pu prendre aucune part au travail : il était évident qu'il souffrait cruellement, et il me demanda quelque remède pour le soulager. Je n'avais qu'nne boîte de pilules communes et un peu d'eau-de-vie : ce n'étaient point là des spéci- fiques convenables pour lui mal qui aurait exigé les soins et l'expérience d'un homme de l'art. Mais le pauvre diable me suppliait avec tant d'instance, il paraissait tellement convain- cu que je pouvais le secourir, qu'il me fallut céder à ses prières. Je lui donnai donc des pilules : elles redoublèrent son mal; mais je lui donnai ensuite quelques gorgées de la bou- teille, et il se trouva mieux. A peine les réparations dont avait besoin notre canot furent-elles achevées, et nos travaux repris, qu'il se présenta devant nous d'autres obstacles. Nous avions à remonter un étroit chenal d'eau profonde, bordé de roches angu- leuses, souvent tellement rapprochées qu'il ne restait que la place rigoureusement nécessaire il ^v vîl '7''i ''^;, m i :■ I ,; ' I' I ^ïi 1.32 VOYAGE pour passer. Une chute considérable vint à la traverse; sa violence faillit renverser les hommes qui tiraient le canot; ils triomphè- rent cependant à force d'énergie, mais pour se trouver en face de trois chutes très dis- tinctes, s'élevant comme trois immenses degrés à une hauteur de quarante-cinq pieds. Il fallait donc de nouveau porter le maté- riel, au grand ennui de toute la petite troupe, qui, en semblable occasion, se ressent vivement du malaise ou de l'affaiblissement du moindre de ceux qui la composent. Un ou deux autres rapides et une chute de peu de largeur et de vingt pieds de hauteur furent les derniers obstacles que nous eûmes à vaincre, pour ache- ver de remonter cette rivière turbulente et inhos- pitalière. A part les dangers, rien ne saurait être plus pittoresque que le spectacle sauvage de son cours et de ses rives. Ici, des rochers élevés semblables à des tours en saillie sur l'eau , ou revêtant mille formes diverses, tantôt couverts de mousses colorées, tantôt ombragés par des i nu CAPITAINE BACR. 1 33 arbres qui surplombent ; là, une plaine d'eau, unie comme une lame d'argent; plus loin, le fracas et l'écume bouillonnante d'une cataracte; tels sont les traits les plus frappants des scènes que nous venions de voir se succéder sur notre route. • Le canot ayant été parfaitement réparé, nous poursuivîmes , et nous eûmes un autre specta- cle. Un amphithéâtre de collines doucement inclinées et clair-semées de roches arrondies, et de quelques bouquets de sombres sapins se détachant sévèrement sur le sable doré, em- brassait une calme étendue d'eau , qui se diri- geait vers le nord en s'élargissant de plus en plus pendant la distance de trois ou quatre milles. On voyait encore quelques restes de glace à ses rives ; et des souliers et des bottes à neige suspendus aux perches d'un campement depuis peu abandonné, indiquaient que c'était un endroit de refuge, fréquenté par les In- diens. ii' •iHI iiS ! . .li il! il; l|ii '■ ' f!i|î: I ' ï^. m 'i \\:\ \ I l34 VOYAGE Il était trop tard pour atteindre les pins, car le soleil était couché. Il fallut camper dans une île où nous avions remarqué quelques brous- sailles qui pouvaient servir à faire cuire notre souper. Dès que nous eûmes abordé, nous fu- mes assaillis par des essaims de maringouins et de moustiques. Je ne sais s'il y a rien de bien neuf dans l'ob- servation que je fis à cette heure en me pro- menant sur le rivage; mais en admirant le repos el le silence qui régnaient de toutes parts sous ces douces teintes du couchant mourantes à l'horizon, et en comparant cette paisible scène au tumulte, à l'animation bruyante, aux mouvements affairés du matin , je crus y voir une image de cette époque la plus heureuse de la vie, où à la turbulence et à l'énergie de la jeunesse succède le calme d'es- prit et de cœur de l'âge mùr. Je me rappelai mes amis, en cet instant si loin de moi... un d (Mix surtout, qui m'est bien cher depuis long- I ••' ■ .K- M .f UU CAPITAIINE BACK. l35 temps; et, en mémoire de lui, je cloquai à lu nappe d'eau qui s'étendait devant moi le nom de lac Cook. . . ,, Comme la nuit tombait , on aperçut indistinc- tement un objet animé sur le lac. Ce ne pou- vait être ni l'oiseau ngmmé Loon ni une béte fauve, mais l'équivoque lenteur de ses mouve- ments était propre à exciter quelque soupçon; notre invalide fixa attentivement ses regards de ce côté. Son avis, ainsi que celui des trois Indiens et le mien , fut que c'était sans doute un voleur chipewyan , ou un écJaireur de la tribu des Indiens du lac de l'Esclave, en guerre avec les Couteaux- Jaunes. L'événement prouva toutefois que nous avions mal deviné; nous re- connûmes bientôt un de ceux qui nous avaient quittés sur la montagne. Il avait perdu les deux seules charges de poudre dont il était muni, et il avait été contraint à ce long voyage pour nous demander quelque subsistance qui pût soutenir sa famille jusqu'à ce qu'il eût rejoint ses compagnons. « Si j'avais eu seulement ma ï; il I m •^iUU. m (I M'i te !■ iii Il !; i i ■ ::l liii !J I '.I I 'I '.t ilf 11 :1 i U ■i' ti ïiwm l3f) VOYAGE «femme avec moi, nous dit-il d'um* voix » affaiblie, je ne serais pas venu importuner le » chef; nous aurions vécu de petites graines et « de baies; mais voyant les souffrances de » mon enfant, entendant ses cris, j'ai senti » mon cœur défaillir^ et» je suis venu vous de- « mander du secours. » Il n'eut pas besoin d'en dire davantage; et ayant reçu de nous une ample provision d'aliments et de poudre, il s'éloigna transporté de joie et de reconnais- sance. 2 1 août. — U s^était formé une légère couche de glace pendant la nuit , bien que lorsque nous partîmes, à quatre heures avant midi, le thermo- mètre marquât 38° (3**, 3, C). A quelques milles au nord , nous rencontrâmes une rivière barrée par quinze rapides, dont la hauteur variait de trois à dix pieds. Dans toute autre situation, une série si opiniâtre d'obstacles m'eût causé de sérieux ennuis; mais alors je les regardai sans grand déplaisir, et en quelque sorte comme des degrés qui me conduisaient ■:''hl m < m H m '^ I '! P 1^ ■M 1)! iMi ii ! Il [ti,;- 'f ,;( iiri' D èl \ l.. 'M l4o VOYAGE le fort s'ils n'y revenaient avec une grosse pièce de bonne viande. Nous reprîmes l'aviron, naviguant au mi- lieu d'îles qui s'étendaient à une grande dis- tance sous un horizon infini vers l'ouest. Il # « était évident que Maufelly était inquiet; car, bien qu'il connût la direction générale, il con- naissait peu la forme du lac 5 nous donnions à chaque instant dans une baie, ou nous tournions autour d'une île. Ne me souciant en aucune manière de ce jeu, je fis aborder, et j'en- voyai De Gharloit et l'Indien reconnaitre : à leur retour, ils nous dirent qu'ils avaient découvert un lac dans la direction que nous avions le projet de suivre. — Les moustiques nous tour- mentèrent crueriem.ent; et le pilote , à qui elles portaient une affection particulière , en eut les yeux tellement enflés qu'il pouvait à peine voir. Le lendemain ( 22 août ) à la chute du joiu; nous entrâmes dans une baie, d'où le canot et le bagage furent transportés vers deux petits .1 m mi- le dis- est. Il § « t; car, il con- mions nous int en it j'en- à leur )uvert ans le tour- li elles îut les ; voii-. 1 # DU CAPITAINE BACR. l4l lacs. Un autre trajet sur terre nous conduisit à une grande nappe d'eau , qui toutefois n'était qu'un bras du lac que nous avions quitté : nous y trouvâmes aussi des îlots formés de roches basses en pente et plus ou moins couverts de mousse de renne , et de larges pierres. Des fragments d'ancienne glace adhéraient encore aux rivages ; et sur quelques unes des collines , dont la teinte était déjà rembrunie , on voyait des couches de neige du dernier hiver. En peu d'heures nous arrivâmes à l'extrémité du lac ( qui reçut le nom du révérend docteur Walm- slcy de Hamvell ) ; et j'envoyai des éclaireurs de divers cotés pour reconnaître la route la plus directe et la phis facile vers le grand lac , objet de nos recherches. Une suite d'observations donna pour latitude (■)3°-23'-46" N., pour longitude loS-'-S'-iG" (i i"- 28'-4o" de Paris), et pour décHnaison 36°-o' E., c'est-à-dire une position un peu au nord du lac Chesadawd de Hearne; quoique, d'après le té- moignage unanime des Indiens, le seul lac de ce ^?> ff f * m i "M :0 M .jpii' :,l -'À i'M I .'! ^i ^1* îl ^ il t II' ï ) . , , ( ► ,ii ■ ,i,U ,1 i nom dut être situé entre le lac Athal^asca et le grand lac de l'Esclave. • " - Vers le soir nos éclaireurs revinrent, et pres- que en même temps il arriva un des enfants in- diens, qui, à la suite de quelque petite querelle, s'était séparé de son compagnon et demandait à continuer le voyage avec nous. L'autre était parvenu à trouver une chaîne de petits lacs se dirigeant du coté de l'est, et avait été assez heureux pour tuer un jeune daim. Nous renvoyâmes sans cérémonie l'enfant, en l'invi- tant à informer sa tribu que ceux qui dési- raient tirer profit d'une expédition devaient s'y montrer attachés et persévérants, et, suivant leur propre langage,ne jamais « parler avecdeux langues ; » que c'était le seul moyen d'acquérir des droits à une récompense. Nous lui refusâ- mes même un grain de ])oudre. Cette rigueur, qui ne devait pas manquer d'être connue, était très propre à exercer luie influence salutaire sur toute la tribu : car , bien que les Indiens soient inconstants et ingrats, ils ont assez (!<" 1 .;-ç t DU CAPITAIÎNK BACK. \ /_\'A bon sens pour coni prend le leurs fautes, et asscv. de candeur pour les reconnaître. En cette cir- constance, le petit vaurien sourit en s'en allant, et dit que « cela était juste , et qu'il n'avait pas mérité un meilleur traitement. » " ' •i3 août. — Nous commençâmes à marcher et à porter dès le point du jour; et, quoique tourmentés par les moustiques depuis le mo- ment où le soleil eut quelque force , accablés de grêle et inondés de pluie aussitôt qu'il com- mença à décliner, nous fîmes plus de quinze portages avant que la nuit nous forçât à camper. 124 août. —Le therm. tomba a IW (o," o. Ci et un brouillard froid s'éleva des innombrables cours d'eau; mais bientôt le soleil sortant des nuages gris qui couvraient l'horizon à l'est , il nous fut permis de reprendre notre fasti- dieux travail. Une suite de lacs et de portages nous conduisirent à un petit cours d'eau qui se dirigeait, à ma grande joie, vers l'est. A son embouchure, dans une vaste étendue d'eau , je découvris quelques collines de sable vers le M i. f-ii ;n; ( 1 Jfft • » ^11 Jrrr II il I ;.i t, ^ . I 1 "1 );:■ i 'm ! •1 ■ I * m l44 VOYAGE nord-ouest, ce qui m'autorisa à conclure que nous ne devions pas être éloignés des terres hautes. Malheureusement la gelée avait fendu l'écorce du canot, et il fallut quelque temps pour la mettre en état. Cette réparation ache- vée, nous reprîmes notre route vers quelques • collines qui , du côté de Test, d'après le témoi- gnage de Maufeîly , devaient plonger dans le grand lac. Mais un doute s'éleva alors sur la prol)abilité d'un passage le long de la base des collines de sable vers l'ouest; car il me semblait découvrir une vaste ouverture qui s'é- tendait de là très loin vers la droite, et qui, dans mon opinion, devait s'unir avec l'autre grande nappe d'eau. Quoi qu'il en fût, l'Indien opposa son veto à la proposition; en conséquence, après avoir atteint les collines bleues et fait un long trajet, j'eus la satisfaction de voir enfin une large et claire étendue d'eau vers le sud, sans autres limites que l'horizon. — La latitude était ()3"-q3'-57" N. jNous haversâuies un énorme rendement, ■1 ! I ^....jii m iise- 1 S i ÏJlJ CAI'ITAINK HACK. 1/46 qui semblait être une continuation du rivage opposé, mais qui se trouva être le contour sep- tentrional d'une baie où se rendait une rivière rapide , que , suivant Maufelly , nous devions remonter. Le cours de cette rivière était j en effet, une magnifique ligne droite, et on dis- tinguait au loin une colonne de fumée, vers laquelle notre Indien voulut aller, sous prétexte de demander des renseignements; il affirmait qu'il ne connaissait aucune autre communica- tion par eau au-delà de celle où nous étions. Je jugeai à propos de m'offenser de ceitte ma- nière d'agir, et, avec un ton sévère, je lui donnai à entendre que jamais la ruse et la duplicité ne réussiraient avec moi, et ei^core moins dans cette circonstance. D'après son propre aveu, il avait été à un autre lac : son mensonge était donc manifeste. Je lui dis que je lisais clairement dans sa pensée qu'il voulait déser- ter ; qu'il le pouvait; mais que, par ce mauvais procédé, il perdrait tout droit aux récompenses que je; lui avais destinées. L'effet de ces obser- f. U) yy-% m. m j iêm . 4. -V '; .1 ] m Mi 1 ■ i 'i' Il f (I '';|l ililiil ■■ i M: li ! 1 ■ 1 '1 ■ "' 1 w^ i' ■ U: ■■' i( I?:'! i! ! ^!ll ;:lii|! il i ■jl !ll! h Mi H ! l/j6 VOYAGE valions hit instantané. Il reconnut qu'il avait eu tort, et jura fidélité pour l'avenir, me priant de ne lui vouloir aucun mal, si quelquefois , par défaut de mémoire, il nous faisait dévier de notre route , et ajoutant que « depuis bien des années il n'était plus un enfant, et que depuis son enfance, il n'avait jamais été au-delà du lieu où nous étions arrivés. » Les bords du cours d'eau étaient en grande partie de sable rassemblé çà et là en monticules, refuges confortables de siffleux ou d'écureuils de terre, dont quelques uns se chauffaient en compagnie au soleil, ou, gravement assis, se re- gardîiient les uns les autres ; à notre approche, ils disparaissaient. Quatre courants, se réunissant en une chiite de seize à vingt pieds, furent les seuls obstacles de notre navigation; vers cinq heures, nous en eûmes triomphé, et nous entrâmes dans un lac magnifique. Près de là, nous vînîes un renne courant avec une incroyable vitesse; il était suivi par un grand loup blanc, qui, bien qu'il m; CAPITAINE «ACR. i47 parût avoir peu de chances d'atteindre sa proie, paraissait fort acharné à sa poursuite. — Le renne faisait insensiblement un crochet pour traverser au-dessous du rapide; mais sur l'autre bord se montra alors un second loup blanc, tapi contre terre, les yeux fixés sur lui, et évi- demment en embuscade pour le happer au passage. J'ai une antipathie particulière pour les loups, quelle que soit la fourrure dont la nature les a vêtus ; et bien que ceux-ci, en cette occasion, ne fissent autre chose que suivre l'instinct de leur appétit, je ne pus m'empécher d'inter- venir de la voix et du geste. Le renne, palpi- tant, bondit à mes côtés comme s'il eût eu conscience de la protection que je lui accor- dais. Quant au loup, il demeura un instant im- mobile; puis, sentant qu'il avait en moi un ennemi, il se déroba lentement à ma vue, der- rière des fragments de rochers. Près des bords du lac et même à plusieurs milles au-delà, le sol était bas et uni, offrant i i :fe Ti-:; i ! -i' ^^k^ ■im tint I 'ni m •m' ;-M. n !■; ' ) ! I fi y. i ' 148 VOYAGE seulement de loin en loin quelques collines de moyenne grandeur. C'était près de l'une d'elles, à l'est , que passait la route du Téh-Lon ou Thé-Lew. Comme j'étais bien certain de repas- ser par cet endroit, je profitai d'un monceau de pierres détachées qui formaient îlot, pour y cacher un sac de pemmican. Bientôt nous trou- vâmes une bonne mousse pour faire notre cui- sine; cette trouvaille n'étant pas d'une mince importance dans les terres stériles, nous nous arrêtâmes incontinent pour camper. liPs perdrix blanches ne cessèrent de chanter ([u'à minuit; elles se taisaient à peine, qu'une vingtaine de loons de la plus grande espèce in- terrompirent à chaque instant mon sommeil par leurs cris perçants qui me faisaient tressail- lir. Je ne pus fermer l'œil de la nuit, et j'attendis avec impatience le matin du q5 août pour échapper à ce concert, dont les notes aigres me déchiraient les oreilles. \^ A mesure que nous avancions, la terre s'élevait insensdîlement, de chaque côté, à cent soixante- i' '■; ! ■^ -.' •* ', V ■'1 ■m ^ IHJ CAl»ITAI!NK HACK. 1 49 dix ou cent quatre-vingt-dix pieds, en sommets arrondis, couverts en partie de beaux lichens, et jonchés de grands blocs détachés, ressem- blant exactement à ceux qui entourent le lac Point, (là et là, dans les riches pâturages des vallées , on voyait quelques daims dispersés. a Nous trouvâmes un faible courant contraire, et ayant passé par un goulet où le clapotis assez fort ressemblait assez à celui d'un raj^ide, nous nous engageâmes dans les baies. Maufelly ne reconnaissait plus la route ; après quelques tentatives inutiles dans une demi - douzaine d'ouvertures, je rentrai dans le courant qui devint peu à peu insensible. Me guidant alors sur la direction générale de la dernière ri- vière, je portai sur une colline fort éloignée dans le nord qui se trouva être heureuse- ment la pointe occidentale d'un goulet étroit bien connu des Indiens Couteaux - Jaunes. C' 1 ^ -1» ^ :i 1,1,! i ! f:'H! :: iH\ ! 1 1 i; m i5o VOYAGE droit pour traverser d'un côté à l'autre. Nous en vîmes une bande (i) à la nage. L'aspect du pays était nu et menaçant. Nous ne trouvâmes pas un buisson au campement , et l'humidité de la mous»e l'empêchait de s'al- lumer; il fallut une certaine adresse pour fairtr du feu; cependant on y parvint en élevan| deux murs parallèles et remplissant l'intervalle de mousse, le courant d'air qui s'établit entre les deux murs eut bientôt mis la mousse en flamme; ce procédé si simple nous épargna bien des embarras par la suite. La passe conduisait à un grand lac où nous distinguions à peine la côte du nord, tandis que celles de l'est et de l'ouest paraissaient décou- pées par des baies et de profondes ouvertures ; une de celles-ci, à droite, offrait un horizon dégagé, et d'après Maufelly , elle conduisait au Thé-Lew. : i; Le mol bande s'cnip'.oie lorsqu'il ) a [ilusdc six tiiiimanx. » DU CAlTlAirSIi H/\( %. \iJ\ I Plusieurs Indiens, qui avaient visité ces loca- lités, m'apprirent ensuite qu'un portage, à lex- Iréhiilé orientale d'une profonde baie, taisait atteindre un petit lac d'où ])ar un second por- tage on arrivait à un autre lac plus considérable; ce derniw se déchargeait par une rivière dans l'extFémité nord-est d'un troisième lac, très long, mais étroit, dont l'extrémité sud s'étendait presque jusqu'à moitié chemin du grand lac de l'Esclave. A l'est, ajoutaient-ils, ce troisième lac se lie , par une courte ligne de rapides , avec un lac d'une forme singulière, qui, au moyeu d'une rivière de dix-sept milles de long, communique au Thé-Lew, éloigné d'environ quatre-vingts milles du point où nous nous trouvons. — Quant au cours de la principale rivière , il paraissait être peu connu; les Indiens n'y pénètrent guère à plus de vingt milles au-delà de la partie qui vient d'être décrite; ils nous dirent seulement qu'elle se dirigeait constamment vers le nord- est. Nous suivîmes la rive occidentale du lac m. ' Pi >' .''il '■:# ii .'I ï"'l_ "i k. ! :v^- ■ ■'■'-■ ^i. M ^ iil ' 1 'J. !; i :,l i5a voya(;f où nous venions d'entrer, et nous coupâmes lie pointe en pointe parmi des îles d'une telle étendue qu'il nous arriva souvent de les prendre pour le continent. Les eaux étaient d'un bleu indigo foncé , mais très limpides. Le léger saut d'un poisson poursuivant inie mouche d'eau rompait seul de temps en temps le silence et le calme qui régnaient dans ces lieux. Cette sérénité y est-elle continuelle, ou bien le la^ n'en jouit-il qu'à l'époque où disparaissent les glaces qui l'enchaînent durant l'hiver? je ne saurais le dire; je n'observais toutefois le long des rives ni ces laisses de sable , ni cette suite de bancs si communs dans les lacs du sud et qui proviennent de l'actiop des vagues réunie au mouvement d'élévation et d'abaissement des eaux. Je n'apercevais pas non plus au bas des rochers ces lignes horizontales qui, dans les autres parties de cette contrée, indiquent exactement aux voyageurs les variations du niveau de l'eau aux différentes saisons, l^^garé parfois au milieu d'une assez grande le m CAPITAINi; IJACK. 1.53 (|iiaiifilô de baies et d'iles, notre Indien al- lait grimper sur les hauteuis atin île décoii- vrii- la nieilleiue route; et il reconnut que nous éviterions des détours aussi inutiles qu'ennuyeux en nous diri«;eant plus au nord. Pour justifier ses incertitudes , il lépétait sans cessîe que plusieurs hivers avaient blan- chi la contrée depuis qu'il avait visité le ThIew-ee-Choh , dans son enfance, avec son vieux père; mais cependant il se rappelait avoir entendu conter qu'il y avait beaucoup de collines de sable au voisinage; et quelque chose lui disait que nous trouverions ce lleuve tôt ou tard. Il se réjouissait surtout de voir maintenant que nos recherches pouvaient être terminées avant l'arrivée de l'hiver, tan- dis que jusqu'alors il avait craint le contraire. Depuis long-temps nous apercevions à l'ho- rizon, dans la partie de l'ouest, une blancheur éblouissai^te que nous ne pouvions attribuer à l'effet ordinaire des ravons du soleil; nous fumes extrêmement mortifiés de reconnaître eu f il V if f ; '• \' . J >iM .■11 li il '!Hi. i' 'I M •. ! 1 I II, ri lii i't't" > ' ,1 l5u4 \()YAGE approchaiit un véritable champ de glaces, en partie fondues, mais assez compactes néan- moins peur arrêter les plus grands navires de la marine royale. Je n'avais pas besoin d'autres preuves pour me convaincre de la destruction tardive des barrières que l'hiver opposerait à nos efforts, et de la faible chance qui me res- terait pour accomplir mon voyage par eau, au commencement de l'été. Toutefois , cette sorte d'avertissement ne fut pas inutile ; il me prépara à lutter contre des obstacles que je n'avais pas encore rencontrés, et me donna occasion de mûrir divers plans nécessaires pour mener à bonne fin l'exécution de cette partie de ma mission. Après avoir côtoyé le champ de glace, nous fîmes route vers un massif montueux fort re- marquable, situé au nord-est, où j'aperce- vais un passage conduisant au nord. Mais le soleil s'était couché , la journée avait été dure, et mon équipage, harassé, demandait à camper, nonobstant les attaques incessantes .# us ire- Ice- le té lait tes 1 55 UU CAPITAINE BACI^. de nos insatiables ennemis les Inaringouins et les moustiques ; certes , ces insectes , qui nous harcelaient sans relâche , témoignaient bien de la faiblesse humaine, puisque avec toute sa puissance et son habileté tant vantées , il ne peut se garantir de ces faibles atomes de la création. 2(i août. — La température était descendue à 3r (— o^jô. C). Une légère couche de glace s'étendait à quelques centaines de yards du ri- vage, tandis que les cadavres de mouches noir- cissaient les 3aux libres du lac. Toute mince que fût la glace , il fallut les plus grandes pré- cautions de la part du brigadier pour ouvrir un passage au canot; car la gelée de la nuit précédente avait rendu l'écorce cassante, et le moindre choc eût été suivi des plus funestes conséquences. Pour prévenir les accidents, ^^ fis placer de chaque côté des défenses de cui '. ij'apparencc montueuso l. .< '^ il!i ( \A I ,' I ::■ I il il (,i r ■< l; ' j 1 !, il t :! ^■| 1 58 vovAdii turel qui guide un Indien à travers les forêts les plus sombres et les plus épaisses. — Ce que nous apercevions alors, au sud et à l'ouest, pou- vait bien recevoir le nom de mer intérieure, car, à l'exception de quelques points noirs, çà et là, la vue se terminait par un horizon de ciel et d'eau, dorés alors par les brillants rayons du soleil couchant. En portant plus au nord , nous longeâmes quelques îles nues et jiittoresques formées en apparence de gneiss; c'étaient des roches ar- londies, avec peu ou même point de végétation, qui, à partir des bords de l'ea i, s'élevaient brus- quement à quatre-vingt ou à cent vingt pieds. Près du lieu où nous campâmes il s'en dressait une beaucoup plus haute, avec de grands blocs détachés distribués sur les angles obtus de son contour irrégulier; leur aspect donnait au paysage une ressemblance parfaite avec celui des environs du fort de l'Entreprise. La pente du continent, recouverte de mousse, et les rochers isolés, formaient un contraste I '1-, » DU CM'ITAINE lîACK. 1 .><) agréable avec les faces abruptes îles iles avoisi- ïiantes. La berge sur laquelle notre tente fut dressée était composée d'un gravier luisant, formé de petits fragments arrondis de mica- schiste , de quartz avec des cristaux brillants de mica, et enfin de feldspath rouge et gris Quelques oies , une mouette et plusieurs loons se nxontraient en différents points. Les mousti- ques nous assaillaient de toutes parts et nous empêchaient de goûter le repos; mais lors([ue l'air frais de la nuit les eut engourdies, je m'a- bandonnai à la contemplation, profondément impressionné du silence qui régnait sur toute cette scène. On n'apercevait aucun être vivant, nul son ne frapppait l'orei^; l'air parfaitement calme , et les eaux du lac immobiles, permet- taient à l'imagination de s'égarer , et lui lais- saient douter si la nature n'était point tombée dans une sorte d'extase. Notre petit cai^ot fut remis à flot à quatre heures avant midi le '27 août. I^'air frais du ma- tin excita l'ardeur de l'équipage, qui imprima ^ .1 j n ■'„'.Vi Jli'. I ' : ■ ''I 4' ; m È h ,■., 'U i i<»() voYAr.r: à IViiibinration iiuv. vitesses extraordinaire. Après avoir traversé plusieiii's baies profondes et doublé plusieiirs pointes, nous eûmes enfin la joie de voir des collines de sable ([ue Mau- f'elly crut reconnaître. Il monta à deux reprises sur les hauteurs voisines pour découvrii- quei- qiu; objet qui pût lever ses doutes. La seconde fois il revint d'un pas leste, la tète haute, l'air Irionqdiant; et, plein d'une nouvelle confiance, il nous conduisit à une baie d'où il assurait que nous ])ourrions nous rendre à la rivière Thlew- ee-Choh. En débarquant il se toiuna vers l'in- terprète, et, lui montrant les sentiers battus par • les daims , il dit avec lui sourire : «Mon vieux père aimait à se rapa^ler les exploits qu'il avait accomplis ici; quoique bien enfant lorsque je Tacconq^agiiais, j'en ai conserve la .mémoii'e; ces lieux me sont familiers.» Les deUK grands lacs (pui nous avions tra- versés étaient séparés par 1(^ détroit de Sand- llill ( coiline de sable); en considérant le pre- mier coMune s'élendant, à partir ? ^ Photographie Sdenœs Corporation «- 'i3 WIST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. 14580 (716) 872-4503 '^' ilii w\ I il *■ i' f(it) VOVAGE je passai encore deux petits ruisseaux duiit les Hots agités couraient au nord et formaient un rapide ; là il me vint subitement à Tesprit que c'étaient peut-être des tributaires nourriciers du Tblew-ee-Choh ; cédant à cette délicieuse émotion dont se trouvent saisis ceux qui font des découvertes, au moment où s'ouvre à leurs yeux un champ d'investigations jusqu'alors in- connu 5 je me jetai la face contre la rive et je bus à longs traits dans le cournat limpide des ruisseaux. D'une hauteur située à un mille plus loin on pouvait facilement suivre le cours du ruisseau dans un espace ouvert qui , en se resserrant , inclinait vers le nord. L'aspect du pays, joint à la présence de deux pluviers tout-à-fait sem- blables au pluvier bruyant du Fort-Entreprise- (charadrius vociferus), me convainquit que j'étais sur une partie des hautes terres qui s'é- tendent depuis la rivière Mines de Cuivre. Toutefois, de mes quatre hommes, pas un ne paraissait encore. Je tirai sur vn orignal, espé- DU CAPITAINE BACR. 167 rant que l'épaisse fumée de ce coup de feu leur ferait connaître ma position, et je retournai au camp \ je vis sur mon chemin un loup blanc qui suivait la piste d'un daim. Presque aussitôt une fumée s'élevant derrière les collines de sable m'annonça l'approche des hommes. Une heure ne s'était pas écoulée que l'Indien arriva , suivi de près par les autres. De Charloît suc- combait sous le poids de la tcte et des cornes d'un bœuf musqué, pendant que ses camarades s'étaient plus utilement chargés du corps d'un beau daim bien gras. Ils avaient rencontré la rivière le second jour, et l'avaient jugée assez grande pour porter bateau. £n revenant le long de ses bords par un large lac et par deux cours d'eaû ses tri- butaires , aussi considérables que la rivière , ils avaient reconnu que tous ces cours d'eau communiquaient et n'en formaient réellement • qu'un seul. J'en avais découvert , par hasard , la source près de nous, dans le lac entouré de collines auquel je donnai alors le nom de t- .;■■, •..•là ?•.!<•■ ! '. lit ii iii i"i •| il i l68 VOYAGE DU CAPITAINE HACK. Lac Sussex, d'après le roy^l protecteur de lex- pédition. ' , . ; ,, Je tenais en réserve depuis long-temps un petit coup de grog pour cette occasion , et je le distribuai à mes hommes avec un plaisir d'autant plus vif qu'ils venaient de trouver la justification de mes anciennes opinions théo- riques et de celles du docteur Richardson , sur l'existence du Thlew-ee-Choh. - r.'yi.-y. '<*■ CHAPITRE V. <^ V n DIGRESSION SUR LA ROUTE DE HEARNE, PAR LE DOCTEUR RICHARDSON La route suivie par le célèbre Hearne , dans son voyage à la mer Polaire, traverse la contrée qui vient d*être décrite. Je crois donc faire un vérita^e plaisir à tous ceux qui s'intéressent aux progrès des sciences géographiques, en in- terrompant ici le cours de mon itinéraire, pour donner place à quelques observations du doc- teur Richardson. « Le voyage aventureux de Hearne excita en son temps un immense intérêt dans le public et fera toujours époque dans les annales des découvertes au nord, car c'est à lui que l'on doit les premiers renseignements authentiques sur la M ^ ;! :'U' '. '! ,'.!')• i:^^ *•"( ^ïï t II 1 i I I ,-ii- 1 i.'i* 11 .1 i:^' K il!) 1 I. ! ■*, Il M' l' i'i 170 VOYACK mer Polaire qui baigne les côtes de l'Amérique septentrionale. Il détruisit aussi les récits va- gues et nombreux d'après lesquels la mer Atlantique et la mer Pacifique auraient été réunies par des détroits, sous des latitudes moins élevées que celle où Hearne parvint. « La latitude assignée par ce voyageur à l'em- bouchure de la rivière Mines de Cuivre (Gop- per Mine), se trouvait si contraire aux opinions depuis long-temps émises par les partisans du passage au N.-O., que Dalrymple fut conduit à examiner les gisements et les distance^ dans le journal du voyage; et il trouva de si grandes difficultés, pour faire accorder la route au Nord et le retour dans le Sud, qu'il rejeta absolument les plus hautes latitudes, ou du moins les réduisit considérablement; en quoi faisant, il avait raison, bien que Hearne ait crié à l'injustice dans la préface de son voyage. Toutefois en considérant : les souffrances que Hearne eut à endurer; les circonstances diffi- ciles où il se trouva fréquemment placé ; l'in- nu cAPiTAiwr, BACK. 171 suffisance radicale^ surtout pendant l'hiver, du vieux et embarrassant quart de cercle d'Elton, son unique instrument pour observer les lati- tudes dans une contrée où le soleil s*élève peu au-dessus de l'horizon , et où les réfractions sont bien plus fortes que ne le supposaient alors les meilleurs observateurs; l'impossibilité I absolue d'estimer les longitudes autrement que par l'estime ; la difficulté d'apprécier exacte- ment les distances et la direction de la route, en suivant une tribu indienne dans sa marche tortueuse, par les bois et les montagnes; en con- sidérant, dis-je, toutes ces causes d'erreur indé- pendantes du voyageur, on ne serait point tenté de prendre un langage sévère, à la vue des résultats fournis par Hearne. Au contraire , on lui accorderait une plus grande confiance si on le voyait reconnaître lui-même l'incertitude de ses positions géographiques pour les lieux très éloignés de Churchill. « Malheureusement, Hearne n'a point pensé ainsi : en publiant son voyage vingt ans après i i ! Sa '' 'M Ci i';f i f. .fi,t ■ f:! •<' 'îiy., 1 f li! 1 , i i .1 K 1 .!i^' i il îl.i!^ 172 VOYAGE l'avoir fait, il essaie d'établir l'exactitiide de ses latitudes par une foule d'assertions sans fondement, dont il suffira d'énoncer une seule ici. ic Le 21 juillet, dit-il, à l'embouchure de la « rivière Mines de Cuivre la déclinaison du «soleil n'était que de 21°; cependant à minuit «l'astre paraissait à une certaine hauteur au- « dessus de l'horizon. »0r, sir J.Franklin, campé au même endroit le 19 du même mois, vit le soleil se coucher à onze heures et demie, tenjps vrai. — Dalrymple, ayant remarqué l'erreur que Hearne avait commise, après son voyage, sur la position deCumberl:.nd-House, en vint à mettre en question l'exactitude de l'ensemble. Hearne répondit à cette conclusion en aban- donnant ses longitudes qui n'avaient pu être corrigées par les observations , mais il continua à conserver ses latitudes comme bonnes. Nous verrons cependant que celles-ci sont encore plus erronées que les longitudes; les observa- tions, si tant est qu'il y en ait eu, ont donné un cruel mécompte à notre voyageiu*. I)(J CAPITAINE BACK. 1^3 « dépendant on se méprendrait grandement sur le but de mes observations si on concluait de son entêtement de mauvaise foi, que Hearne n'a point accompli son voyage, et qu'il faut lui refuser toute confiance. Nous eûmes occa- sion, dans la première expédition de sir John Franklin, de causer avec plusieurs vieillards de la tribu dlndiens Cuivre que Hearne dit avoir rencontrée à Congecathewachaga. Or, la tradition des principales aventures de son voyage se perpétue parmi eux ainsi que chez les Indiens du Nord ; en outre , d'après tou tes les notes que nous avons pu recueillir dans la contrée où se fait la traite des pellete- ries, d'après un examen scrupuleux de toute sa narration, nous avons conclu en toute assu- rance qu'il avait en effet visité les lieux divers marqués sur la carte et dans l'ordre où il les a indiqués ; que toutes les rivières et tou^ les lacs qu'il nomme existent réellement; qu'il a bien décrit les traits principaux de la contrée par- courue; sa description de la partie inférieure V',.;- ?tl' i^,iH * • /'". \'A'^i v" ''''^'1 1 ■M l '-,0\ • ! ; m \ ',: ■ *"y '' i i ; 1 iiiàk. PU s 1. V n'' . h jl *i.,| n 'i \ a de la rivière Mines ile Cuivre en particulier es\ évidemment d'un homme qui a visité les lieux. « Hearne avait tenu un journal fort peu étendu; mais il était favorisé d'une excellente mémoire, faculté dont paraissent jouir tous les résidents des contrées où se fait la traile des pelleteries. A l'aide de ses nombreux sou- venirs et avec la coopération du docteur Dou- glassy éditeur de son ouvrage, il a pu donner des détails fort exacts et fort précieux sur les habitudes des divers animaux qu'il connaissait. Il n'a cependant pas inséré, dans son journal imprimé, les routes et les distances avec autant de détails que dans son journal original dont nous avons vu une copie à la baie d'Hudson. Les préoccupations causées par les critiques de Dalrymple l'auront apparemment induit à laisser plusieurs lacunes. importantes dans le récit de^son chemin journalier, soit en allant soit en revenant. « Il est assez important pour le tracé géogra- phique du pays d'obtenir la vraie route suivie I>IJ CAPITAINE UACR. 1^5 par Hearne, nonobstant les (lif'ficuités qu'ap- portent dans un pareil travail les causes que nous avons énumérées plus haut. Sir J. Frank- lin , dans son premier voyage, fournit quel- ques données qui corrigent une portion de la route; et les recherches du capitaine Back nous permettent actuellement d'y ajouter d'autres corrections. « Sir J. Franklin nous donne les positions exactes de l'embouchure de la rivière Mines de Cuivre , de Congecalhewachaga , du lac Point de l'embouchure de la rivière de l'Es- clave; avec ce secours nous déterminons aisé- ment la partie occidentale de la route de Hearne, dont le tableau suivant montre les principales erreurs. {Ijis longit. sont de Gfeenmc/i.) Rivière Mines de Cuivre. Confieeathewachaga . ln-;>ï ï^'m i.; .''i l' H' Henrnp. . . lal. 7«'>— 55' long. 1 20»— 3o' lat 68'»-46' long. ii8»— 15' Franklin . 670_48' ii5»— :^7' 66;-. 4' m»— 46' 4-— /• 4«— 53' ao_3a' 6«-49' ' ( Lae.PoirH. Rivière de t'Etelave. Hearne... litt. 65»-45' long. iig»— oo' Ui. 6o«-48' long. 19 S»— 55' Franklin . 65«— oo' lia»— 16' Ci»— SV 1 i3»-a4' o»— 45 6'-44' o». 4a' jo«— 3»' * f .\im\ 1> "-•> VOYACF V ! ,1 I '1 !■ ! On reconnaît au premier coup-d'œil que les latitudes de Hearne sont, dans le nord, trop fortes de plus de quatre degrés, et, dans le sud , trop faibles de près de trois quarts de degré. Il y a aussi de grandes différences dans les gisements, car la rivière de l'Esclave est placée actuellement par deux degrés à l'est de la rivière Mines de Cuivre , et non pas à l'ouest comme dans la carte de Hearne. Cette différence paraît provenir de ce qu'il ne tenait pas compte de la déclinaison de l'aiguille, qui cependant, à l'époque de son voyage, devait être orientale d'environ deux quarts à l'embouchure de la ri- vière Mines de Cuivre. Pour avoir les positions relatives de ce dernier point et de Congeca- thewachaga , il faut corriger de la déclinaison les gisements de Hearne et diminuer ses dis- tances de moitié. 11 faut aussi faire une forte correction, nîoins considérable toutefois que la précédente, à la longueur de toutes ses marches pendant son expédition. Quand il voyageait pendant l'hiver avec les Indiens, 1)1 caimiaim: uxck l'y^ Jours femmes et leurs enfants, et qu'il fallait chasser pour se procurer la nourriture, il esti- mait les distances parcourues chaque jour à dix, quatorze et même vingt milles. Or, nos excursions avec les Indiens en de sembla- bles circonstances nous ont appris que, dans un jour, ils se déplaçaieift rarement de plus de six milles , se bornant plus souvent à quatre, et ne dépassant presque jamais luiit, non compris les détoiu's de la route. La faculté d'estimer, en marchant, les distances parcourues ne peut être acquise que par une longue pratique et lorsqu'on a eu loyg-temps la possibilité de corriger sa route journalière parle secours des observations astronomiques; encore faut-il faire la part de la nature du pays et des obstacles qui s'opposent à la marche. Mais, comme nous l'avons vu , Ilearne était complè- tement dénué de tout moyen de correction; il a donc transporté sur toute l'étendue de sa route l'erreur dont a pu être affectée la notion qu'il avait de la longueur du mille en 1. • »Q '*• »iv ri I :• m t fl iw H*:' '■■"M ••1 r ''' '■■m 1 lu t I I I 'V.[ .'S.^^S I i n* I '7« 4I' t'i m''^ II; ' «,ii'- i * à 11 'a! !■ il TOYACE commençant son expédition. — Dans la correc- tion de sa carte il faut diminuer la grandeur des lacs au moins dans le même rapport que les distances.— Fondés sur ces principes, nous avons essayé de déterminer les positions sui- vantes d'après sa route de retour. » Il paraît avoir atteint pour la première fois la rivière Mines de Cuivre aux rapides Sand- stonè de Franklin ; de là il en a suivi le cours jusqu'à la Chute Sanglante ( bloody fall ) dont , contrairement à son habitude, il estime la dis- tance à la cote moindre qu'elle n'est réellement; nous sommes portés à conclure de ce fait qu'il ne descendit pas jusqu'à la mer, mais qu'il se contenta de l'apercevoir du haut de la colline qui domine la chute. Il n'eit guère probable en effet qu'il .ait pu décider les Indiens, sur qui il avait peu d'empire, à l'accompagner dans sa reconnaissance. Pour ceux-ci, le but de cette longue et pénible excursion était ac- compli ; ils avaient massacré les Esquimaux ! D'ailleurs si Hea*?ne eût descendu jusqu'à l'eni- \ t"| i nu CAPITAINK DACR. '70 bouchiire de la rivière, aurait-il fait mention des marques d'une marée de quatorze pieds 1* » Le lac du Rœuf-Musqué, ou du Bison, où il passa à l'uUée et au retour, doit conserver seulement le premier nom, car il n'est point fréquenté par les bisons. Le lac Gogead est le Cont-woy-to ou Lac-Rum de Franklin ; et ses eaux, d'après les renseignements que le capi- taine Back a obtenus des Indiens, coulent par le Congecathewachaga dans le Thlew-ee-Choh; en ce cas, l'Anatessy, ou la rivière Crée de Franklin, doit être considérée, en raison de son étendue, comme la branche principale du Thlew-ee-Clioh. La vraie distance de Congeca- thewachaga au lac Point est de 78 milles, quoique la carte de Hearne en donne 1 5o. » Nous fumes quelque temps à douter si le lac Point de Franklin était bien celui que Hearne avait ainsi nommé, mais nous som- mes maintenant fixés à cet égard : nous avons trouvé sur ses bords les petits bois chétifs que Hearne rapporte y avoir vus , et qui M •* ;!>■».!'• ;.'K.j I 1 ■t'I .J vM mn c iii 180 VOYAGE ;>fH \M : f probablement' ne se trouvent sur aucun des autres lacs par une latitude aussi élevée et par une longitude aussi orientale. — Thaye-Chuck- Gyed, ou le grand lac Whitestone, est à peu de distance au nord-ouest du lac Point, et ses eaux se déchargent probablement dans le bras de ce lac que l'expédition de Franklin traversa le 23 septembre 1 82 1 . — Le lac Sans-Nom ( No- Name) est évidemment le lac Providence de Franklin. » T'^earne traversa le lac de l'Esclave par la route ordinaire des Indiens, passant des îles du Renne à la pointe Pierreuse ( Stony-Poirit), et de là la Rivière-à-Jean , branche de la ri- vière de l'Esclave; mais en cet endroit sa carte est inexacte et ne s'accorde pas avec le texte. » Un des lieux dont il ei; t à désirer que la po- sition soit bien fixée, est le Thlew-ey-aze-Yeth ou Little-Fish-Hill ( petite colline du Poisson); or j?ous pouvons nous aider pour cela de la connaissance de trois points déjà déterminés, savoir : l'embouchure de la rivière de l'Esclave, DU CAPITAINE BACR. * l8i la lisière des bois vers le nord , et le fort Chur- chill. Dans la partie orientale du grand lac de rOursJ la limite septentrionale des bois se rap- proche considérablement du sud, puis elle court à l'est, en passant au fort Entreprise, par 64" i de latitude, et près du lac de l'Artillerie par 63" i ; elle continue , à peu près dans la même direction, jusqu'au voisinage de la baie d'Hud- son ; Hearne la place à 63° t par la longitude qu'il assigne à Thlew-ey-aze-Yeth; nous ne se- rons guère éloignés de la vérité en la mettant, par cette même longitude , à 63° i. Maintenant si nous réduisons à 8o ou 90 milles la distance de i5o milles dont, suivant notre voyageur, le Thlew-ey-aze-Yeth est au sud des terres stériles, et que nous introduisions dans la réduction de sa route 27° de déclinaison , nous obtiendrons 01° 55' pour la latitude de ce lieu , qui se trou- vera ainsi à 4o milles au nord de la position qu'il occupe sur la carte de Hearne (1). — Par une ré- (1) Comme celle réduction s'applique seulement à l'une desbran- ■1 :, l <: VI -i ' t >'^ iiM-iî-'-î 'm 'ii'éi :^m !'■■':' !| V I il! ! ;! û ': ■il [1 î'ii l'i liil il ' : J* 'I m S;' I'. in :i j^i'ii II |f:?) ;'i' i8q • VOYAGE duetion proportioniiePe des distances, r entre la rivière de l'Esclave et Thelew-ey-aze-Yeth; '2" entre Churchill et Thlew^ey-aze-Yeth, nous trouvons pour la longitude de ce dernier point, 106° Gr. ( ou 108° 20' 24" de Paris); il est, fort important d'avoir exactement cette position, car c'est là que se réunissent les troisbranchesde la route de Hearne. S'il est vrai que nous l'ayons maintenant établie avec assez de précision, nous pouvons en conclure que ce voyageur a passé sur le lac de l'Artillerie, ou du moins tout auprès, en allant au nord ; c'est probablement son Peeshew ou lac Cat. Le cours d'eau qu'il nomme Thelew-ee-Choh et qu'il a traversé à en- viron moitié chemin du lac CatàCongecathewa- chaga, n'est certainement pas la branche de cette rivière qui prend sa source dans le lac Sussex , mais un cours d'eau qui vient du nord et af- flue très probablement dans la branche Ana- tessy. rlies (le la route de Hearno, il serait mit-ux four le moment de con- server à ce liou la lililule de Hearne 60" i5' nord. DU CAPITAINE BACR. 1 83 » il serait intéressant de connaître le cours du Thele w-ey-Aze ou Little Fish River(petite rivière du Poiàson); mais la carte de Hearne ne peut fournir de renseignement positif sur l'embou- chure. — Si, dans sa première excursion, il es- timait les distances sur la même échelle que dans les excursions suivantes , ce qui esl probable, quoiqu'il fut alors muni d'un meil- leur instrument, la chaîne des lacs qu'il a portée au nord jusqu'au parallèle de l'ouver- ture Chesterfield (Inlet), ne devrait pas aller beaucoup au-delà de celui de la baie Knap , et retite région ne peut être considérée comme con- nue, au-dessus du parallèle de ce dernier point. Suivant Hearne , la petite rivière du Poisson n'est pas très loin de la baie d'Hudson; elle a trois quarts de mille de largeur , ce qui , d'après nos réductions, doit valoir environ cinq cent soixante-dix yards (531 mètres ); toutefois il n'est guère probable que ce cours d'eau appartienne à Vautre rivière éloignée dans r ouest que nous çoiinaihsons sous ce nom Si , ? ■ », V"o, '-.Hl m h i(i|i i ■ ^ •'■il "I ' ' ' fa. ! , rti I iii ■■; -, ,'■ ' m m- hi li-'S' il I i, '-. ,^;:,.:! 'i' > ■■': Vil, l8/| VOYAGE celle-ci se déchargeait dans l'ouverture Ghes- terfield , elle pourrait peut-être offrir , pour se rendre au grand lac de l'Esclave , une route avantageuse ; elle prend sa source non loin du lac des Collines ( Hills-Lake ) ; les coureurs de bois s'y rendent en quatre jours de l'établisse- ment du Fond-du-Lac; ils la connaissent sous le nom français de Rivière-Noire ou soiis celui de Thlewndiaza. » Pour terminer, nous remarquerons que les noms donnés par Hearne aux différents lacs qu'il a vus, dérivent soit du langage crée, soit de celui des Indiens du Nord; la manière dont il les écrit dans le second cas , diffère de celle qui nous paraît le mieux adaptée à la pronon- ciation des Indiens Cuivrés. Il emploie pour lac , le mot whoicy qui est écrit to dans la rela- tion du capitaine Franklin; et pour l'épithète grand, il met chuck , tandis que nous avons toujours entendu le son clio ou chah. — Il y a aussi dans son ouvrage quelques erreurs de nom évidentes ; et le nom anglais est souvent ! \ |ii; Di; CAPITAINE «ACK. ,85. employé dans le texte , tandis que la carte ne donne que le nom indien , et vice versd. Voici une des erreurs provenant de cette négligence : à la page 102, le lac Peeshew est supposé le même que le lac Partridge (Perdrix) ; or Pees- hew est le mot crée employé pour désigner un lynx ou un chat (lynx or cat) : on trouve en effet sur la carte de Hearne le lac Catt , que nous supposons être le même que le lac de l'Artillerie du capitaine Back. — Le lac Thoy- noy-Kyed, assez correctement tracé sur la carte originale, et indiqué comme se déchar- geant dans le grand lac de l'Esclave, repré- sente les lacs Aylmer et Clinton - Colden du capitaine Back. Thâ-nâ-Roie, comme celui- ci l'écrit , signifie mont de Sand-Hill , et tel est aussi le nom donné à l'intervalle étroit qui sépare les deux lacs; Hearne le place un degré et demi trop nord et sept degrés et demi trop ouest. » (MHir i--)- -m. ft'!'t;5 mi H 1 : ; 1 1 ■ 'i • ) imam CHAPITRE VI. Suite de notre voyage. — Rochers sur le Thle\r-ee-Choli. — lie d'un aspect particulier. — Lac du Bœuf Musqué. — Conjecture surle cours du Thlew-«e-Choh. — La rivière Glacée. — Nous rencontrons deux Indiens. — Je pennes à Maufel.^ d'aller visiter sa femme. — IJabi- t Icté consommée de DcCharloit.— Pins nains. — Conte du ratetôu castor. — Lesarbressont impropres à fournir des planches. — Lac de l'Artillerie. — Force des rapides. — Accident à un passage. — Nous quittons le Ah-hel-îi>essy.— Ours tué; conte ridicule. — Nous repre-r nons notre marche. — Nous tuons un daim — Apecdote sur sir Jobo Franklin. — Réunion avec M. Mac-Leod. 3o août. — Des rafales et une forte pluie do- minèrent pendan t la plus grande partie de la nuit> et la matinée fut si brumeuse et si froide, que Ton ne put s'occuper de réparer le canot, beau- coup plus endommagé que je ne l'avais supposé. Trois ou quatre cents daims s'avancèrent aune demi-portée de fusil, mais ils disparurent aus* sitôt en reconnaissant le danger. Immédiate- ment après, nous vîmes passer, à côté de nous, ■^ *. -m ï-':| 'îjJ'Af F i f i ','1 4M i^* ,;f^ I f : }m ti!.. i 188 VOYAGE un vol d'oies qui se clirigeuit vers le sr.cl, circonstance que Maufelly regarda comme un indice du changement de saison. Vers midi le temps s'éclaircit, le canot fut ré- paré, et après avoir construit une cache où nous mîmes en sûreté nos bagages de réserve , nous commençâmes à nous diriger vers la rivière. Le portage depuis le lac Aylmer n'est que d'un mille , tt l'on rencontre dans ce trajet la petite nappe d'eau dont j'ai déjà parlé. La hauteur réelle de la langue de terre qui forme la sépa- ration ne dépasse pas deux pieds. Nous suivî- mes exactement ma route du jour précédent , et nous arrivâmes hier, tôt à un autre lac , à l'ex- trémité nord-est duquel les collines de sable baignent leurs pieds dans les eaux. Un rapide tortueux, semé d'énormes pierres, nous pré- senta de si grandes difficultés que nous ne pûmes, camper qu'à neuf heures après midi; nous vîmes paraître des daims , et nous trou- vâmes des poissons appartenant à l'espèce des ombres ( grayling ). Le pays devenait de plus DU CAIMTAIINK WXCK. 1 89 en phis entrecoupé de collines dont quelques unes présentaient de faibles niasses de rochers, tandis que des débris jetés avec profusion sur toute la surface des vallées formaient le lit d'une multitude d'étangs et de cours d'eau maintenant à sec. Une masse de roches plus compactes avait percé le sol près de la rivière; elle ne s'étendait pas au-delà de trente yards vers l'est, et se terminait en crêtes de douze pieds de hauteur. Ces rochers, les premiers que nous eussions vu sur le Thlew-ee-Choh , étaient en grande partie de gneiss. Le thermomètre marquait 33* ( o",5. C. ) le 3i août, à quatre heures avant midi, au mo- ment de notre départ. Nous suivîmes un petit lac jusqu'au point où il se résoud en un rapide tellement resserré par d'immenses blocs déta- chés, que notre canot, tout petitqu'il fût, ne put passer qu'après avoir été soulevé, quoique si un homme fut venu à glisser il y eût assez d'eau en plusieurs endroits pour l'en^'loutir. Le rude ser- vice qu'avait fait notre embarcation et les nuit* 'M ■ ^hlï ( , 1- 4 ' i'Cv?.fe'^ ^ : ' ! I il '' ; ■ '!• il fi UJO VOYACE froides, Tavaientmisclans un tel état de délabre- ment, que la simple action des avirons lui était nuisible, et que nous perdîmes le tiers d'une journée à l'étancher des voies d'eau. Le torrent s'élargit de nouveau de manière à présenter ce que l'on pourrait nommerun lac, et reçut en même temps les eaux de la rivière Glacée (Icy) du côté de l'ouest et celles d'une autre rivière à l'est. Les bords de la première étaient encore enveloppés de glace jusqu'à une grande distance dans la vallée, et le con- fluent se faisait remarquer par une surface courbej vii forme d'arche surbaissée , jetée d'un côté à l'autre , sous laquelle l'eau s'élançait en un torrent écumeux, avec un bruit sourd et profond. Nous laissâmes derrière nous plusieurs îles; l'une des moins grandes était remarquable par son aspect d'une blancheur extraordinaire, provenant, comme je l'ai reconnu plus tard, de grandes pierres arrondies à peine colorées, qui formaient son contour taillé en forme de cône. Située comme elle l'était , à peu près au i i.'ti DU CAlMTAINIi: UACK. I (J I milieu (l'un large courant et entourée de pro- fondes eaux , il n'était pas facile 'de deviner à quoi cette disposition particulière devait être attribuée ; les pierres , entassées sur une hau- teur de vingt pieds, neprésentaientaucune trace de lichen; mais paraissaient au contraire, si ce n'est sur trois ou quatre points , parfaitement lisses, et devaient évidemment leur forme ac- tuelle à un long frottement. Je m'imaginai alors que cet effet avait pu être produit par la pres- sion combinée des glaces et du courant; mais je reconnus, le printemps suivant, que la glace était parfaitement unie tout autour, et que le courant filait moins vite qu'on n'aurait pu le présumer. Je fus conduit à étudier plus parti- culièrement la formation de cette île coni- que , par les récits des Indiens qui me par- laient souvent du phénomène d'un rocher ou d*une montagne jetant de la fumée dans une contrée granitique presque dépourvue de bois. Quant à moi, je dois dire que je ne remarquai aucune apparence volcanique sur toute la lon- 1 >il •■,'ï i . '■ il i\ ■m f' rhm. '■U' ',' :f: I' ', ! I 192 ' VOYAGE gueur de la ligne que nous suivîmes , et il n'est pas impossible que les Indiens ne fussQjit en erreur à ce sujet; car ayant eu moi-même l'oc- casion de visiter un point sur lequel quelqu'un de ma troupe avait cru voir une épaisse co- lonne de fumée s'élever d'un rocher près de Ah-hel-Dessy , je reconnus que cette fumée n'était que la vapeur nuageuse des chutes de Parry. Un goulet nous conduisit au lac du Bœuf- Musqué, dont la longueur est de six milles, et qui est couronné par des collines médiocrement escarpées, sur lesquelles, à ce que nous dit Mau- felly, on trouve, dans certaines saisons, un grand nombre de es animaux.» A cette époque , ayant atteint une série de rapides que le canot n'aurait pu ni descendre, ni longer par un portage, faible et délabré comme il l'était, je n'eus d'autre choix que le repos, forcé de me contenter de ce que nous avions pu ache- ver. Ce résultat , sans atteindre ce que j'avais espéré, était suffisant pour animer mes corn- nu CAlMTAliNH JSACK. M)' gagnons, et accroître l'espoir que nous conser- vions alors (le mettre fin aux longues souf- frances de nos compatriotes emprisonnés par les glaces de la mer Polaire. Les rapides suivent une ligne pleine de dé- tours sur une longueur d'environ quatre milles, et viennent former alors une nappe beaucoup plus large, dont la dernière limite va se perdre au N.-E. dans une chaîne transversale de mon- tagnes. Suivantles Indiens, il y aurait, non loin de là, une grande rivière, issue au Cont-Woy-To, ou lac Rum de Hearne, et qui viendrait se jeter dans le Thlew-ee-Choh. La distance du lac peut être mesurée , disent-ils , par cinq journées de marche d'un bon chasseur; comme ceux-ci marchent sans prendre pour ainsi dire de repos, je regarde cette évaluation comme convenant au lac Rum, quoiqu'il soit difficile d'admettre deux issues,ime à chaque bout, courant dans des direc- tions opposées. Les Indiens cependant étaient tous du même avis à ce sujet ; et ne voulaient pas admettre l'existence en cet endroit d'un I. i3 (," l ■ , , n -.(Il '. .(* »,' ■ï <.. ■■■J/"'^ffii i ';<.', È ■■•'!■ î i , k >' ij,K '1' ' >-,.... .nimmm'm^^m^m m Il > ' .,' Il" t ir^ 194 VOYAGE marais ou d'une étroite langue de terre sépa- rant les deux masses d'eau. A dire vrai , ils souriaient à mon opinion, et me répétaient que j'avais traversé moi-même la rivière occi- dentale, voulant parler du rapide de Bellenger, où mon ami Franklin avait été si près de périr. Mais sans m'arréter davantage sur ce sujet, qui me laissait toujours des dou- tes, il me fut alors facile d'observer l'impor- tance du Thlew-ee-Choh , qui était cependant loin d'être en rapport avec la direction de son cours. Il était évident que la rivière devait s'enrichir, en suivant sa marche, des tributs successifs de toutes les vallées transversales, et devenait pro- bablement un grand et noble cours d'eau; mai» cependant la conformation des terres pou- vaient le faire dévier de sa course, et peut-être en le suivant devions-nous être conduits dans quelque région peu favorable au but que nous nous proposions; du reste, quelle que fut sa di- rection, l'aspect de montagnes Bleues dans le m us li- lle DU CAIMTAINK lîACR. 196 lointain nous laissait présager une longue suite de rapides et de chutes. Les obser^'itions donnèrent 64" 4o' ^'" de latitude nord, 108° 08' 10" de longitude à l'est de Gr . (110'» 28' 34" de Paris), et 44*" 24' de déclinaison orientale. Il paraissait donc que nous n'étions qu'à 109 milles au ''iiô de l'extré- mité inférieure de l'ouverture Bathurst; et comme les deux Indiens qui avaient déjà des- cendu le long de la rivière de Thlew-ee-Clioh au - dessous du point où nous étions , s'ac- cordaient à dire qu'elle tournait à gauche et se rendait droit au nord , il était" possible qu'elle fût identique avec la rivière Back, quoique sa tendance actuelle à courir au N . E. ne fût point favorable à cette hypothèse. Les Indiens Couteaux-Jaunes parcourent cette contrée au printemps pour tuer les daims au moment où ceux-ci traversent le rapide; mais ils ne sont pas habitués à pousser leurs excursions à plus de deux jours de marche au- delà, de crainte, disent-ils, de rencontrer les ■I -, ■'■■I •l.»-- ■ M ,-■••'• îi VW l'I ^ I '.,*■: ':. I l(){'> VOYACIi Esquimau^. Cloniment donc ajouter foi à leurs renseignements sur une rivière qu'ils connais- saient seulement par oui-dire? Ni eux, ni les Ciiipewyans ne se souciaient d'étendre leurs connaissances , car ils ne nous offrirent pas de nous accompagner. Nous nous embarquâmes donc le soir pour retourner vers lé fort. En passant la rivière (ilacée, je remarquai à son embouchure deux passes formées par une île; la glace n'avait pas souffert d'altération appréciable depuis noire passage. Après des portages efîectués , non sans quelques difficul- tés, au milieu des fragments de roches et des pierres branlantes, nous atteignîmes enfin notre ceiche à la baie Sand-Hill. Les loups n'y avaient point touché , et , sauf un corbeau qui se repaissait d'un iporceau de daim de rebut , pas une créature vivante n'animait la con- trée. Le canot réparé, nous côtoyâmes les rives orientales du lac Aylmer, rencontrant parfois des bancs de sable de différentes élévations m: CAPU'AiNK l•.Ac^. 197 qui inclinaient vers le sud, tandis qu'au Thlew- ee-Ctkyh ils inclinaient vers le nord. Aux approches des goulets du lac de Clinton- Colden, le 4 septembre, nous aperçûmes du coté du sud une fumée éloignée; dans la soirée, deux Indiens apparurent sur la pente d'une colline, et, cédant à nos signes, ils se dirigè- rent vers le canot. Ils nous apprirent qu'après une dispute survenue entre un Chipewyan et les [ndiens Couteaux- Jaunes, leurs compa- triotes, ie premier avait été tué; mais comme il était orphelin , personne ne songeait à venger sa mort. Ces Indiens ajoutaient que la disette avait été générale chez eux; mais, d'après la fumée qu'ils avaient vu s'élever en ce jour sur les différents points de l'horizon, ils conjec- turaient que la chasse avait été heureuse, et ils espéraient pouvoir bitntùt nous en offrir une bonne part. Maufeljy me dit alors qu'il supposait son vieux père avec les Indiens de l'ouest, et que, le connaissant Irop faible [)our chasser, il en était <,i.ii il,.! ri ■ H il. #1 % '\ 'i î m ■'■iH î h i.» "H I Vi l Ji ,i- 'm 'i I I 'I t' ■ ■i'' • ■' !v '^ il ■■h m ■ ■ I"- i' >;. I r ■ i I f !■■ i! il iT~^ innr mtmm V. .J't '11' !i ■kk T| ! M 198 VOYAGK inquiet et désirait lui porter des secours; « personne , ajouta-t-il , ne veille sur cç 'pau- vre vieillard ; il risque de mourir de faim , car les jeunes gens poursuivent avec ardeur leur chasse , sans égard pour ceux qui restent en arrière. » N'ajoutant pas foi à la possibilité d'un acte aussi barbare , et ayant absolument besoin de ses services à l'extrémité orientale du grand lac l'Esclave, je refusai à Maufelly sa demande, à moins qu'il ne consentît à sacri- fier la rémunération de ses services ; j'étais bien persuadé que cette proposition ne lui conviendrait pas. Il leva toute difficulté en déterminant un des Indiens à nous suivre jus- qu'à ce que, pouvant me confier à ce substitut, je lui accorderais, à lui, la permission d'aller retrouver son père. En conséquence, nous fî- mes place à notre nouveau venu, et, après avoir enlevé le sac de pemmican demeuré dans la cache, nous campâmes, au coucher du soleil, près du premier rapide de la petite rivière. ISous vîmes arriver deux Indiens dont la r i DU CAPITAINE BACK. 1 Qf) mine défaite et le corps amaigri faisaient pitié. Ils appartenaient à la troupe d'Akaitcho qui venait heureusement de trouver dans l'après- midi de quoi apaiser les souffrances cruelles d'une longue disette. Je les reconnus aussitôt. L'un d'eux m'aVait même accompagné à la ri- vière Mines de Cuivre , dans la première expé- dition de sir John Franklin. Ils ne démentirent point le caractère d'apathie commun à leur race, car ils ne manifestèrent pas, en me re- voyant, la moindre marque de satisfaction ou de surprise ; ils reçurent leur tabac et le fumè- rent aussi froidement que s'il leur eût été donné par quelque employé habitué à traverser le pays dans le cours ordinaire de ses affaires de traite. Leur air silencieux et sérieux subit bien- tôt cependant un changement extraordinaire quand ils m'eurent entendu prononcer une demi-douzaine d'expressions dont j'avais autre- fois coutume de me servir avec eux dans mes excursions. Ils éclatèrent de rire, répétant mes ! : .'«il .', >: 'Oiï l- W '■■i\^fi • 1,' 1. il i * ( J^ii ii^ 'v ^ '■'M: » . 1 . ■ ,','.V' j ■ ;.•*!, , m •rs^il'M (■ ■ ' W' '' : ^^ m i ' ■ 1 ": ■ ;f.i ■'J ■ -^^^K i^:''4 , yi- ¥ .;,-.( ,' 1 ' 1 1 , i-' , 1 it'< i '■ lî i f 'h ;■■■ ''!^' i r , ! u . • i ; V ^ ;■'!:' M! h f^f;:i >'• ^m f ' !-.■ ■ \4 i 1 ' '{ ( 1 ' > '1 s • ' ■ lll,l 1 R II [If il '' .1 t iji m M I' I 969 aoo : ! I il : ^ vnvAGt; paroles , parlant fort vite entre eux , don- nant enfin tous les signes de la plus grande joie. Je les comblai de présents pour mes vieux amis, Akaitcho et son frère Humpy. Au moment où ils se retiraient, notre inter- prète vint avec une requête en* faveur de Mau- felly, qui n'osait la présenter lui-même, de crainte, disait-il, de me faire de la peine. Le brave garçon demandait la permission d'aller voir sa femme , heureusement accouchée d'un garçon en son absence ; il promettait sur sa foi d'être de retour le lendemain matin avant que nous eussions terminé nos préparatifs de dé- part. Il fallait voir les transports de ce bon In- dien, lorsque j'eus accédé à sa demande; il sauta dans le canot avec ses compatriotes, entonna diverses chansons, et se mit à pousser des cris de joie à l'imitation des Canadiens. 5 septembre. — Maufelly, fidèle à sa parole, fut de retour à quatre heures avant midi, ac- compagné d'une de mes anciennes connais- !l nu CAl'ITAINK 1{A(;K. *20 [ sances du fort Entreprise, qui, poussé par la curiosité ou attiré par la vue de la fumée, s'é- tait trouvé sur le passage de mon guide. J'eus en ce jour une nouvelle occasion d'ad- mirer l'habileté consommée de De Charloit, qui nous lança sur quatre rapides consécutifs, où notre canot délabré , sans un patron moins capable , eût été mille fois englouti avec tous ceux qu'il portait. On ne saurait imaginer com- bien cet homme était maître de lui-même, avec quelle précision il guidait sa frêle embarcation sur la ligne étroite et subtile qui séparait les hautes vagues du torrent et le clapotis du remoux. Un pied de plus à droite ou à gauche, et c'était fait de nous. Mais De Charloit, les yeux fixés sur le fil du courant, en suivait tous les détours avec une aisance parfaite, je dirais njt ie avec grâce et élégance. Les rapides nous conduisirent à ce lac que nous avions eu précédemment tant de peine à trouver, et que nous avions traversé le 25 aoùl. iNotie Indien préféra le boid oceidenlal ! ' > ;.l h' 'i ; j ■■■ i^■. 4 fi 'i. . I;, * !■ m:'] ï '*' ' 1 i]il' ? î'^ \ ;:'■! ■ . 1 1 l: 'I if , " [y y . ■ : 1 " 1 ' ■ ' 1 \ f 1 ■i : • 1 J'i i: . , I ïi i-l^ : vr f .11 ' .. i ■; 1 ij ! I M '^02 VOYAGE qui ne différait en rien du bord opposé, ex- cepté en ce que les rochers étaient plus hauts, du reste tout-à-fait nus comme les autres. Nous aperçûmes un groupe d'îles dans le S. S. O. A mesure que nous avancions, les collines s'inclinaient et perdaient de leur roideur : un peu de mousse commençait à les vêtir. Plus au Sud , par 63° 1 5' de htitude , nous trouvâmes les pins nains , de quatorze pouces à deux pieds de haut. De Charlôit les appelait plaisamment en français des Petits Vieux. Chez la plu- part le tronc principal était sec et blanchi par le temps, et les rejetons, issus du pied, n'offraient de verdure à leurs extrémités que juste ce qu'il en fallait pour montrer qu'ils n'étaient pas morts. Néanmoins, tels qu'ils se trouvaient, leur vue nous réjouit le cœur, car, depuis le 20 août, nous n'en avions point aperçu de traces , et nous les envisagions avec délices songeant qu'enfin nous allions avoir un bon feu. Les circonstances et la position modifient ni CAPITAIINt; IJACK. '20'. considérablement les conditions du bonheur ; et dans le simple passage d'un genre de nourriture à une autre, le Fojageur éprouve un aussi vif sentiment de jouissance, une aussi profonde reconnaissance envers le Créateur que les mor- tels les plus favorisés au milieu des raffine- ments du luxe et de la bonne chère. I^a rive orientale , quoique obscurcie par un brouillard bleuâtre et bruineux, s'apercevait par intervalles -, elle se boisait et paraissait de plus en plus habitable. Quand, nous eûmes atteint un monticule allongé et arrondi, à environ un demi-mille de la côte occidentale, je remar- quai chez mes deux Indiens l'expression d'un sentiment de terreur superstitieuse; ils gardaient le plus profond silence. Leur ayant demandé la raison de cette tenue pleine de consternation , Maufelly, après quelque hésitation, nous dit fort gravement que la petite île près de laquelle nous passions, s'appelait la cabane du Rat, d'après ini énorme rat musqué qui l'habitait iuilrefois, « et ce que vous voyez là-bas, ajouta- *;. ' ■\vv\ ^'% i^. I î'f »,< 1 1 h IHd '■,1 1 Ml 1 ,. II i 1 ' II II • ■ 1 ' i [ f i: ■ ^ Il , i II il ■ 1 ■ ! ;^ i 1 f ! ii I*,' ' •" ■! Pif i •»o^l vovAc.i: t-il cil (lésignuiil un rocher à sonunet coni(|iie sur K; bord opposé, c'est la cabane du (lastor; nous serons bien heureux si nous ne recevons bientôt la visite d'une bourrasque ou d'un autre événement plus funeste. Quoique le chef puisse se moquer de l'histoire que racontent nos vieillaids sur ces deux animaux, je vais la redire. » Il prit alors un ton solennel, une attitude grave, et entama le récit d'une de ces fables traditionnelles qui circulent parmi les Indiens et qui peuvent servir à mettre au jour leur ca- ractère. Sous ce rappoft , le lecteur y trouvera peut-étrequelqueintérct;en voici la substance: « Dans cette cabane, dit l'Indien, résidait jadis lui castor aussi grand qu'un bison; il commettait de grands ravages, tantôt seul , tantôt en com- pagnie du rat son voisin qu'il avait su associer à sa fortune. Les tribus des environs ayant beaucoiqi à souffrir des excursions de (ms deux maraudeurs, se lassèrent à la fin, et, d'un connnun accord , lésoiiireiit de s'en débarriis- ui; <:ai»itaimc nu h. io;') srr. Kii conséquence, elles tiincnl tonseil, et ilisposèrent une atla([iie combinée. «Cependant leurs projets [)arvinrent à la connaissance du castor avisé, qui, à ce (p;'il paraît, entretenait des espions dans Iw c[uar- tiers de ses ennemis. » Les Indiens partirent un matin avant le lever du soleil, et, favorisés d'une brume épaisse fépandue sur le lac, s'avancèrent à la rame , sans faire le plus léger bruit qui put les trahir. Ils parviiT^ent ainsi sur le rivage où le castor solitaire avait établi sa cabane. Chaque Indien prit position sans souffler un mot , et , armé d'un arc ou d'une lance, se prépara à frap- per. L'un d'eux, V aigle de sa tribu, s'avança plus loin que les autres, et se glissa sur la pointe des pieds près d'une caverne cieusée dans le rocher ; là, plaçant l'oreille contnî terre, et retenant sa respiration, il écouta quelques instants, avec une anxiété croissante, jusqu'à ce qu'enfin , d'un mouvement de tète, il donna . I M : lll.l,. i ' i,' . i' ; •'!■ IJr •^ i wia^m ■['':■ m* 'iOt) VOYAGE le signal convenu pour faire savoir que l'enne- mi était dans son logis. » Aussitôt une nuée de flèches obscurcit Tair et vint s'engouffrer dans l'ouverture de la ca- verne;'un houra prolongé la suivit; mais, au moment où il se r»^iourait dans les derniers échos des rives éloignées, le bruit lourd d'iui corps pesant qui tombaitdans les flots suspendit pour quelques instants les explosions fie la joie générale et plongea dans l'étonnement l'armée des agresseurs. C'était le castor qui se sauvait par un passage souterrain dont on ne soupçon- nait pas l'existence. » Le chef se coula dans la caverne pour en explorer l'intérieur, et, après l'avoir examinée, il donna le signal de la reprise des hostilités. La flottille se rangea en croissant , laissant en- tre chaque canot une intervalle d'une centaine de yards (91 mètres). Les Indiens se disposè- rent à cerner la cabane du rat dans l'espoir d'y trouver le castor, et, dans tous les cas, bien dé- ree ; !- DU CAPITAINE BACK. '207 cidés à infliger au premier une punition exem- plaire, tant pour lui faire porter la peine des péchés de son ami , que pour leur 'satisfaction particulière ; ils s'étaient mis en campagne et ne voulaient point rentrer au logis sans avoir châtié quelqu'un. » Heureusement pour lui le rat avait pres- senti que la fortune de son allié allait changer; il se tenait en observation prêt 2 l'assister en cas de succès, mais aussi tout prêt à le renier et à le repousser dès la moindre apparence de péril. Lors donc que le castor se présenta pour implorer un asile, le rat lui fit un long dis- cours rempli de protestations d'amitié et de regrets, mais termina par un refus poli, l'enga- geant à mieux profiter de son temps et à gagner à la nage les roches du sud qui le mettraient à couvert des ennemis. » Le castor , étourdi d'abord de cet accueil inattendu, recouvra bientôt son courage accou- tumé, et, se voyant dans une position désespé- rée, sauta sur le rat pour se venger. Une lutte m mi >;',^:4i|j p^ ■■?S| ■■' ' ■•■■^ij .-*»» l " V-' ^'-r : '■ 1 '<îMi . ^ ':m \ I ' . ■' 1^' 1 \ I V-È M î mmmm m ■i ÎV If 'Il mm i\ >■ j'I '■ i ft. . 1 1' i -' f 1, '' 'h • ^ ti rail il- I ' Il !| ^ 1. '20S voYA(;i'; à outrance s'engagea entre eux; et la victoire était chaudement disputée, l'avantage égal des deux cotés*, lorsque les Indiens, approchant, poussèrent un long cri qui suspendit le combat. Lançant un coup d'œil furieux sur son ennemi, le castor plongea luie seconde fois dans le lac ; serré de près, il résista avec courage; plusieurs fois il fut sur le point d'échapper; mais l'ardeur des chasseurs' était trop excitée , rien ne pou- vait la calmer; ils continuèrent leur poursuite jusqu'à l'extrémité du lac; et au-dessous des cataractes et des rapides qui conduisent au lac voisin; l'animal, épuisé, mourut de fatigue au moment où il touchait les roches éloignées de Thal-thel-Leh. v » Mais son esprit, ajouta Maufelly d'une voix basse et craintive, son esprit va errant autcnir de son ancienne demeure , les eaux lui obéis- sant encore , et malheur aux Indiens qui osent y confier leurs canots sans offrir une prière à l'ombre de l'animal irrité ; la plupart périssent ; queUpies honnuos hardis échappent de temps DU CAPIÏAINF, BACK. 209 àautie, maifi pas un ne vent courir une seconde fois les dadjers de Taventure. » Maufelly récila ce conte bizarre d'un ton si pénétré, qu'on ne pouvait douter de sa bonne ioi ; les détails minutieux dans lesquels il entra montraient assez avec quelle religieuse atten- tion il en avait enrichi sa mémoire. Une joyeuse flanmie de bois égaya notre campement. La nuit fut calme et magnifique* ment éclairée par les éclats fugitifs d'une bril- lante aurore. Mais bientôt les cris de plusieurs centaines d'oies, qui, à une hauteur prodigieuse, s'enfuyaient à tire d'ailes vers le sud, nous an- noncèrent l'approche des tempêtes. Rangées suivant leur famille (Grey ou bustard , White, langhingGeese), on les voyait faisant assaut de vitesse , comme épouvantées des horreurs de l'hiver qui les menaçaient; rien n'annonçait avec plus de certitude le changement de saison. Nous nous félicitâmes d'être si voisins de notre quartier d'hiver. G septembre. — I^e lac se rétrécissait gra- I. 14 ' : vvm ï km ,;. 1: '•„-| ^pipp—IPW— W— M l.T. ,i il Q l O VOYAGE duellement ; je remarquai avec jlfeine que les arbres, très chétifs, seraient peu propi es à être sciés en planches pour la construction des ba- * teaux dont nous avions besoin. Une baie bordée de bancs de sable sembla , au premier abord , nous en offrir de plus convenables; mais, en les examinant de plus près, nous les trouvâmes noueux, tout en branches, et conséquemment aussi désavantageux que les précédents. C'était cependant un endroit fort recommandé parles Indiens, comme fournissant tous les objets né- cessaires à la construction et à l'entretien d'un nouvel établissement. Cet exemple prouve leur jugement défectueux et la nécessité de se méfier de leurs conseils. — Le pays était décou- vert et d'un aspect menaçant. Les eaux ne nourrissaient pas un seul poisson ; le bois que fournissait le voisinage n'aurait pu être d'aucune utilité pour construire une hutte vo- lante, et n'aurait même pas suffi pour alimen- ter le feu pendant l'hiver. Nous gagnâmes bientôt l'extrémité méridio- :•) tre 'O- io- DIJ CAPITAINE BACK. Il 1 nale du lac, qui avait environ quarante milles clans sa longueur , et douze milles dans sa plus grande largeur. Je le nommai lac de l'Artille- rie,.en l'honneur du corps distingué auquel appartenaient plusieurs hommes de l'équipage, et en reconnaissance du profond intérêt que ses officiers (i) avaient témoigné, tant pour les succès de l'expédition , que pour moi- même. La rivière, par laquelle ce lac se déchargeait dans le grand lac l'Esclave , commençait à des- cendre par un rapide de mauvaise apparence, où il paraissait périlleux de s'aventurer, mais qui n'offrait pas assez de dangers pour nous décider à entreprendre un portage. Nous nous risquâmes à faire la moitié de la route par eau , et nous l'achevâmes par un transport à terre. — Au passage d'un second rapide, n'ayant pas calculé assez juste la force svirprenante du torrent qui nous semblait de peu d'importance, # (i) Col Goflby; rapif. AntlorsonJ lieul. Tylden, Craafiird, ek*. f ! 1 ! ]ii WiiFaB ■m: ■^■■i A '■■ ' • -il [''' '''ml (■■ -m \i '■^. -fi m ! fV. é ■■f lli ■r'r t !| ' ' ■ If ',1 i. il .fi 1 :«■■! il" :i. -ï M, I t- il 212 VOYAGE notre vieux canot fut entraîné par le lemoux dans un tourbillon avec tant de violence , qu'il se fendit presque en deux. — Un autre bouquet de pins m'invita àdébarquer, et, pendant que les hommes examinaient la quidité du bois, je fis une série d'observations qui me donnèrent 62°-53'-a6" de latitude N.; loS-'-aS'.Q/i" de lon- gitude occidentale deGreenwich ; ( 1 1 o°-48'-4^" de Paris); et38°-42' de déclinaison orientale. lie bois ne valait guère mieux que celui que nous avions déjà vu dans la matinée. Nous nous éloignâmes de la côte dans l'in- tention de ne nous confier au rapide qu'avec la plus grande prudence , car l'air indécis de celui qui tenait le gouvernail témoignait une certaine appréhension dont je ne pouvais me rendre compte. J'appris bientôt que les jours précédents Maufelly s'était mis àjaser sur l'exis- tence des dangers, soit connus, soit inconnus , de la rivière Ah-hel-Dessy. « lies Indiens, di- sait-il, ne se hasardent jamais à la descen- dre ni à la remonter ; je ne suis pas pressé avei risq senti tive tile. laissd cliarJ ■ .' 1 1 lU Ii:?'i DU CAPITAINI*: BACR. 9. 1 3 de mourir ; je marcherai parmi les rochers de la cote , mais je ne veux pas rester dans le canot. » Cette poltronnerie fut de ma part le sujet de vifs reproches; mais lui-même en eut honte bientôt, et il en fit des gorges chaudes avec son compagnon pendant que nous glissions sur les flots d*un autre rapide. Mais un troisième, un quatrième rapide sur- vinrent, et l'homme qui tenait la barre perdit la tête, il cessa d'agir de concert avec De Char- lôit, et nous jeta contre une roche aiguë qui fen- dit le canot. Heureusement que celui-ci tourna d'abord sur lui-même et continua à flotter jus- qu'à ce que nous eussions atteint le rivage. Les hommes perdirent toute leur confiance en cette aventure, et, plutôt que d'encourir d'autres risques dans les» rapides écumeux qui se pré- sentaient devant nous, j'abandonnai une tenta- tive que les Indiens persistaient à déclarer inu- tile. Notre fidèle canot, maintenant délabré, fut laissé dans une cache hwqc quelques objets, et chaque homme, chargé d'un poids de cent vingt ■-' Ml ^1 i :■ ' S'âll y ', i)i'(i^''§il w m ,,| ; ■ M ' 'W' 1 , ' ''T •:.m W\ . ! ' ' ' ' ' '' ■; î .* ''■■f fi; -i I; s u; •Tr. Il ;i' lyrt^fci- 'W. ai/( VOYAGE livres, commença à gravir les flancs irrégniiers et escarpés des collines. Arrivés au sommet, Maufelly me montra l'endroit où Sanpère(i) s'était arrêté lorsqu'il fut envoyé au Thlew-ee- Choh, ajoutant que cet émissaire infidèle n'a- vait jamais abandonné la lisière des bois, et, par conséquent, ne s'était pas approché de la rivière à plus de moitié chemin. Nous marchâmes d'abord assez rapidement au travers des rochers entrecoupés de crevas- ses. Mais ce rude exercice nous fatigua si cruel- lement, que le plus vigoureux d'entre nous ne put y tenir long-temps , et ralentit son pas à la vue monotone des obstacles et des embarras qui se multipliaient devant nous. Nous éprou- vions beaucoup de difficultés à marcher paral- lèlement au cours de l'eau, et, reconnaissant qu'il se dirigeait à angle droit vers une chaîne de montagnes située à l'ouest, j'en conclus que né- cessairement il s'y détournerait pour en longer (i) Voyez page 83. l-i ou CAPITAINE BACR. 2 1.) la baseOU était dqnc inutile de fatiguer mon équipage en le conduisant jusque là, puisque, portant en ligne droite sur l'extrémité orientale du lac de l'Esclave, je pouvais diminuer la route à parcourir. Je quittai donc la rivière Al-hel-Dessy , et je fis bien ; car toute la distance qui nous sé- parait des montagnes présentait une succession continue de rapides où nous nous fussions trouvés" considérablement retardés ; et , quoi- qu'il put être possible de s'y hasarder dans une grande barque, il était évident qu'avec un ca- not leur passage était impraticable. Les mousti- ques et leurs alliés les maringouins avaient dis- paru depuis quelques jours, et le peu qui bourdonnait encore autour de nous étaient trop engourdis pour noas tourmenter. Mais nous avions à peine eu le temps de savourer ce repos, •que notre joie fut détruite par de nouveaux essaims de maringouins que nous retrouvâmes dans toute leur vigueur en nous rapprochant vers le sud. Leurs persécutions, jointes aux fati- 1 i' II: ILY i.l '-i ! i 4: 1 mî i . '' !,!,■ -M ■un ^U KM ■il ,1f I ^A y l(j VOYAGK I ■ > ' K: ' m gues d'une route détestable, nous obUguient à de frécjuenf^s haltes; à l'une d'elles notre In- dien , toujoui's aux aguets , découvrit un ours; saisissant aussitôt son fusil , il s'élança à sa pour- suite accompagné de l'infatigable De Charloît, Un rocher et un vallon favorisaient l'appro- che des chasseurs; l'ours , posté en vigie, se dressa sur ses pattes de derrière, allongea son museau , et, avec une sorte de dandinement, flaira l'air comme s'il concevait quelqile soup- çon; mais ses précautions furent vaines, car dix minutes après il était étendu mort au fond du précipice où il tomba en roulant. Maufelly courut immédiatement à quelques saules dont il coupa une branche poiu* en faire une sorte d'épieu qu'il fourra dans la gueule de l'ours afin de lui tenir les mâchoires écartées : «c'est pour l'empêcher de mordre , me dit-il d'un air très sérieux, car ces animaux ont cette mauvaise» habitude. Mon père l'a éprouvé à ses dépens , et il en porte la marque : il croyait avoir tué l'ours et se préparait à le dt pecci' lorsqu à : i! iV-"- nu C\P1TAIME BACK. 217 son grand effroi il se sentit la jambe mordue.» Connaissant Tobstination des Indiens et leur foi robuste pour toutes les fables relatives h la chasse ou aux animaux avec lesquels ils sont fa- miliers, je ne me donnai pas la peine de con- vaincre celui-ci de son erreur ridicule , et j'é- coutai patiemment ses histoires sans faire le moindre commentaire. Mais à la vue du bâille- ment forcé de l'ours, mon timonier donna un libre cours à sa gaieté; l'Indien choqué lui jeta un regard de fierté où se mêlait un peu de co- lère, et murmura dans son langage guttural : a L'homme blanc ne riait pas dans le rapide. » A ces mots il s'assit et se mit à fumer sa pipe pendant que son compagnon dépouillait habi- lement l'animal dont il plaça la chair dans une cache. Je ne pouvais me lasser d'examiner avec quelle curiosité minutieuse l'opérateur inspec- tait les entrailles, l'empressement avec lequel il jetait par -dessus son épaule les portions de rebut , le soin qu'il mettait à ne pas tourner la tèle dans celte direction, et le sourire qui se i' ■■\: i| il ,j, i' ■■. hi- r 1 I ^ '.h ■It"^ 1 ' ■ l'I'-' ■ '•î, ' ■M ;" 'U'il s ^ f' 1: ê T.' m H I ! i*i :t li' Mf ? '' 'AlS VOYAGE peignait sur tuus ses fruits à mesure qu'il dé- couvrait les baies dont l'estoniac de l'ours était rempli. « C'est leur façon ^n répondit en fran- çais, à ma demande , l'interprète qui, malgré son air philosophe, paraissait aussi bien que l'Indien s'intéresser fortement à cette perquisi- tion.—Par une semblable opération j'appris que le renne n'avait pas de vésicule du fiel dans la région du foie ni autre part ; j'avoue que j'igno- rais complètement ce fait; mais M. King s'en assura plus tard par un examen an^tomique. Nous recommençâmes à marc tantôt dans des vallées encombrées de masses con- fuses de débris de granit, tantôt le long de re- bords étroits sur des rochers à pic ; au moindre faux pas c'eut été fait de nous, car ces lieux offraient à peu près les mêmes dangers que les passages des Alpes. Dans l'idée que l'Indien pouvait bien nous avoir menés par là pour se venger de la dernière plaisanterie dont il avait fait les frais, je me précipitai en avant afin de lui adresser mes représentations; niais il pour- li ••' i '■'■ I i Dli CAIMTAINI-: ÏWC.K. 9. l Q suivait tranquillement son chemin; et quand je gravis le sommet de la montagne, le soleil se couchait, il était temps de camper. « Il ne faut pas laisser coucher le soleil sur sa colère »; aussi je me résignai au silence et j'eus raison , car lorsque Maufelly me montra le lac de l'Artillerie qui s'étendait au loin sur l'horizon et se pro- longeait au sud, je fus e^ichanté qu'il eût choisi^ n'importe par quel motif, cette route fatigante. Un pareil spectacle était entièrement nouveau pour moi; je n'avais jamais rien vu dans l'an- cien monde qui y ressemblât. Ce n'était, ni la beauté sévère d'une scène des Alpe's, ni la va- riété d'un paysage européen; l'œil errait sans prise sur des lignes infmies de rochers impo- sants, dont les flancs déchirés offraient des for-r mes extraordinaires qu'il est impossible de dé- crire. On eût dit une mer en courroux subite- ment pétrifiée. Sauf la triste verdure de quel- ques lichens bcùlés, rien ne tempérait l'horreur de cette scène; car le feu avait tout ravagé et les cimes sombres et noires des pins de monta- Mi )J I i i' 'V Ir. ;jr i I ■h 'Il " ■ I: ,1^ i i '5 ; » 1 1 i Pu s ' If :u- • ■ ■ :P •H ': i ■ -.ii ■i \ ' ^i\ r i |J '\ 1 ■ ( \-'m-, '^■m ■;»■ i ; ■ ■'■"-I , ,, , . i ;;';H ■H ; ;> 'I., w' ;i , i:.( ■i-ïi, ' I : -1 •r -4 1 1,; 1 1 'I ¥^' i 220 VOYAGE gne, renversés dans une lugubre confusion , ap- paraissaient comme les cadavres noircis d'une végétation disparue. C'était un tableau bideux de désastres et d'incendie. Nous nous mîmes en marche de très grand matin le 7 septembre, chacan de nous était trop occupé à se frayer un passage pour parler. On n'entendit pas mot jusqu'à huit heures; mais alors nous aperçûmes, à trente pas de nous, un daim mâle qui broutait , et que la hauteur de ses andouillers avait trahi. On le tua; on en fit cuire une cuisse fort grasse qui lious fournit un déjeuner succulent. Le reste fut mis dans une cache ; après quoi nous reprîmes notre route, et, lorsque nous .^ûmes gagné le haut d'une colline, nous eûmes devant nous le lac de l'Esclave entouré de hautes montagnes ; une chaîne escarpée sur notre droite déterminait le coin s du Ah-hel- Dessy;des rochers abruptes et des vallées pro- fondes qui nous séparaient du lac nous firent pressentir les longues fatigues qu'il nous fallait DU CAPITAÏNE lUCK. 'ilX endurer avant d'amver à notre destination. Mais comment donner une idée du tour- ment que nous causaient les maringouins ; soit qu'il nous fallût descendre dans des abî- mes où la chaleur nous suffoquait, ou pas- ser à gué les terrains marécageux , ils s'é- levaient en nuages et obscurcissaient l'air. Il était aussi difficile de voir que de parler, car des essaims se précipitaient sur toutes les parties du corps non défendues, et les criblaient en un instant de leurs dards em- poisonnés. Le sang ruisselait sur nos visages comme si nous eussions eu des sangsues. A la douleur brûlante que nous éprouvions suc- cédait immédiatement une violente inflam- mation qui nous causait des vertiges à nous rendre presque fous. Toutes les fois que nous nous arrêtions, et nous y étions souvent forcés, mes hommes, même les Indiens, se jetaient le visage contre terre en poussant des gémisse- ments plaintifs et douloureux. Comme mes bras avaient moins souffert , je cherchai à me '.( ' ( • Li .f i 'f • î ? H '. . i ■ si . t. '• ■ :< .■ ••'il \' ■•ir' -' 1! • t ' ■ '11 4i|i' -'■f^ ■% i f ■ f(. i :■» ;l 1 . .;, Il ■il t- ^'i/l 9JÀ9. VOYAGK garantir moi-même en faisant tournoyer un bâton dans chaque main ; mais en dépit de cette précaution, et malgré les gros gants de peau et le voile que j'avais pris, je fus horriblement pi- qué; je regardai alors ces piqûres comme plus dangereuses que celles des moustiques. A ce sujet je me rappelle un mot de Maw- felly qui montre l'esprit d'observation de la tribu et qui fait honneur au bon cœiu- de celui qu'elle concerne ; on me pardonnera , je l'espère , cette digression. Sir John Fran- klin avait pour habitude de ne jamais tuer une mouche. Celles-ci étaient loin d'observer la même neutralité, et elles le tourmentaient surtout lorsqu'il se livrait à ses observations; l'excellent honuiie quittait tranquillement son ouvrage, et ne faisait lâcher prise à ces hôtes in- commodes que lorsqu'ils étaient à moitié gor- gés. « Le monde est assez grand pour vous et pour moi, disait-il en soufflant dessus. » Akait- cho et les quatre ou cinq Indiens qui l'accom- pagnaient trouvèrent la plaisanterie excellente ; iiiy.. il'' m nu CAPITAINE BACK. '.',2'] mais l'impression que ce trait fit sur l'esprit de Maufelly fut , à ce qu'il parait, plus profonde, car celui-ci me voyant remplir ma tente de fumée , me jeter à terre , agiter des branches à droite et à gauche pour chasser ces parasites venimeux et m'appréter un sommeil paisible, ne put retenir sa surprise de ce que je ressem- blais si peu K à l'ancien capitaine , qui n'aurait pas seulement tué un moucheron. » Comme nous arrivions au confluent de r Ah-hel-Dessy , et du lac de l'Esclave, je ne fus pas fâché de voir que les arbres, quoique noueux, avaient plus d'équarrissage , et que de petits bouleaux commençaient à se. montrer ck et là. Néanmoins je n'en vis aucun qui put nous ser- vir à faire des planches , et je commençai à craindre d'être obligé d'envoyer chercher à cent cinquante milles ces matériaux indispensables. Nous atteignunes l'extrémité orientale du lac, où , dans ma lettre du 19 août , j'avais donné l'ordre à M. Mac-Leod de construire une mai- son. Aussi, en avançant sur les l)ancs de sable î :'■; •If ,1 f. M' V. i ■ '<) ■i. i: 'i \i . ^\ $ : ^'it î • > 1 i iV'ii )-; ' ■' 8 â '. i K I ■ : i m\ 4n. l I ! W: I ! ' iili. \ > ^9J\ VOJAr.E dont la surface était couverte démolisse, fûmes- nous très satisfaits d'entendre le bruit des char- pentiers. Guidés par les troncs d'arbres dé- pouillés de branches qui jonchaient le sol, ixous arrivâmes bientôt dans une baie où s'éle- vait en face d'un fourré verdoyant la charpente de la maison que j'avais commandée. M. Mac- Leod était à l'ombre avec La Prise, et il ne nous entendit venir que lorsque nous fûmes à quel- ques pas de lui. Nous étions rangés en file, mes hommes ayant adopté cet ordre de leur propre mouvement; et, avec nos visages enflés et notre accoutrement , chargés comme nous l'étions , les uns de fusils , les autres des piquets de la tente, nous offrions un aspect bizarre et nous ne ressemblions pas mal à une troupe de voleurs de théâtre. Cela n'empêcha pas mon ami de nous témoi- gner sa joie de notre retour. Il avait espéré que nous prendrions par une petite rivière située à un mille à l'est, direction invariablement suivie par les Chipewyans et les Couteaux- Jaunes, IKJ CA PU A INF BATK. 'À 'À,) mais tloiU jusqu'alors j'avais ignoré l'existence. Néanmoins, eu l'examinant plus tard, nous re- connûmes v^u'elle aurait été trop basse pour les caîiots, car elle n'était alimentée que par les dé- rivations de quelques petits lacs et parles eaij^ d'une cascade pittoresque éloignée de 4 à 8 inèT- les. Nous y trouvâmes quelques canots indiens amarrés aux branches des saules; et comme c'était la route la plus favorable et la moins accidentée de celles qui conduisent aux leires stériles , on la préférait , à ce qu'il paraît , à celles par lesquelles nous avions passé. I. .5 ut ,-> , i ' s . i 1^. -''^'Isll' 1 ■ i '! ' 'Ml^jîl : ■ a* s Kir r- '\> *\w 1 • i ' 1 , ■ . i ♦ il '" ' i - 1 1 • ''\'v-m » , ! 1 ' : '^r - ■1 ■■. !-^'-- î !"' ■; ,1 \ 1- • \i;' y--. ,* i ,, •.'.■fllli 1 ' ''i > i ( 1 IV i : 'W ' ■■> ■ è W ' ■: '^iP;' .iV' P. ''■''•'>_ J.' -i^ \' ^ ',.'"' Hj/' \ . [[' 'W , ' si' 1 * , ' , îji -. .', ' fj ■ ,■'■■!'. i' -m' m •Mi ' : ... .■•■»'. '1' if I. i ihi (1 ■Il m I., I I ', i * ■ , 1 1 !■ I \\\ m ' ( h CHAPITRE VII. k"^i \!.\ '■VU 1>^..':I ri (( Le grjinil jeune li«>nime. » — Traité avec les Indiens. — Célébra- tion du dimanclii'. — Arrivée de M' King avec deux baleauN. — 0|)lnralion chiiurj^icale. — Incommodité des canots indiens. — Conduite de l'cquifiage. — Construction d'un nouveau logement. — Arrivée des Indiens. — Leur tactique. — Vieille femme in- dienne. — Visiteurs affamés. — Vengeance tirée d'un acte d'inhu- manité. — Description du Thlew-ee-Choh. — Observatoire. — Etrange aspect de l'aurore. — Nous sommes encombrés d'Indiens. — Leurs idées superstitieuses. — Nous sommes à court de virres. — Installation dans notre nouveau logement que nous nommons fort Relianoe (ConOance). — Les vivres nous manquent de nou- veau. — Akaitclio. — Je donne congé à De Ciiarlôit et à deux Iro- quois, ainsi qu'à La Charité. — Tristesse des Indiens. — Histoire d'un jeune chasseur, — Infraction à la loi indienue. — Mort de In vieille ffmme. — Jour de Noël. — (*etite distribution. — Expé- riences. — Froid excessif. -^- Arrivée de M. Mac-Leod. — Atroce cruauté. — Histoire révoltante d'un Indien. M. Mac-Leod me dit qu'il avait attendu au Fort de la Résolution l'arrivée du chef indien , /e grand jeune homme. Ce dernier avait feint d'abord un vif désappointement en ap- prenant que je ne voulais pas de ses services ; \ "» I t.. 1 -4-lM-|l à i^ .1 :i 1 1 I 11' ^¥^m - ■ !■' m >i. ', if,-' \A n \i ■A ■:%'m 1' ' '> i.i ?:■' f '. • ' • ,; i : '■Ml, j. fm \ }' ,y , . }> 'ifii Ai, ? i i •2*j8 voyac.i; mais sa mauvaise humeur s'était peu à peuclis- sip«''e surTexposé de nos ressources et des règle- ments sévères auxcpiels leur exiguité nous for- çait à tenir la main; finalement, après avoir reçu en compensation de la perte de son temps la valeur de quarante peaux de castor, il s'était retiré très satisfait. M. Mac Leod assisté des Indiens était arrivé le 2'i août, après avoir recueilli La Prise dans mon canot à la rivière ïIoar-Frost (rivière de la Gelée - Blanche ) ; à l'aide de quatre hommes seulement, il avait réussi à élever la charpente en bois dont j'ai déjà parlé. Leur travail ayant été sérieusement interrompu par les maringouins , et il ne leur avait été possible de le continuer qu'en s'entourant de nuages de fumée par la combustion des ar- brisseaux verts dont ils étaient environnés. Un nouvel établissement formé aux bords d'un lac fonde surtout son espoir sur le pro- duit de la pèche; une {)rovision journalière de truites et de poissons blancs trouvée dans nos W^' \ . { J DU CAPlTAINi: llACh. QQÇ) filets, semblait justifier les prédictions qu'on nous avait faites à cet égard, et nous offrait pour l'avenir une perspective encourageante. Les Indiens avaient aussi apporté, dans la sai- son , de la viande , dont M. Mac-Leod , pré^ voyant une grjinde consommation de vivres, avait prudemment réduit le prix au-dessous du taux ordinaire, (^ette innovation ne fut pas vue avec grand plaisir; mais, comme nous étions à cent cinquante milles au moins de toute habitation , les Indiens avaient intérêt à supporter la réduction; car, si leurs bénéfices étaient moindres, en revanche ce débouché, voisin des pays de chasse, leur permettait des retours plus prompts. ,• Le lendemain étant un dimanche, nous lûmes l'office divin et nous offrîmes humble- ment à l'Eternel nos faibles actions de grâces en reconnaissance de la protection qu'il avait jusqu'ici daigné nous accorder; et bien que, sous ce climat rigoureux, chargés de tant de travaux, le temps nous lui certainement très :; ' 1. i 1 1 't „ ■' ■T ii.'l; t- ■ • • . i iki \^< •■y 1 1 II' r 1 •N ■ ■'I \:\:.'^f I . i' ,t ; ,0'' I I •, \ i -, mm f : I i ■ 'r : I! ;. l: . ui rr^ ( I lirr^i ilii ";1': 'I . ; '« '1 , I II'.; ' > *tî i' If' •i.io VOYAGE précieux , je sentis néanmoins que la première lecture du livre saint clans ce désert reculé ne devait être profanée par aucun mélange de soins vulgaires; j'accordai donc toute cette jour- née à la paix et au repos. Lorsque nos hommes furent rétablis des accidents qui avaient suivi les piqûres des mousli(iues, auprès desquelles leur fatigue n'était rien ; nous les envoyâmes à la recherche de la viande que nous avions cachée sur notre route; en revenant par im chemin différent, ils eurent le bonheur de trouver un bouquet d'arbres sans nœuds et propres à faire des j>lanches à bateaux d'une dimension conve- nabje. Cette découverte était d'une grande importance, car nous reconnûmes ensuite que ce bouquet d'arbres était le seid convenable pour notre but; et si un hasard heureux ne l'eût placé sur le passage de nos hommes, l'en- nui, la dépense et la fatigue qu'eût entraînés une expédition de cent milles sur la glace pour allei" clieichcr du bois, eussent ralenti, sinon ri' ■'T,' DU CAPITAINB BACK. q3 1 lotuleinent paralysé nos efforts pendant l'été suivant. Le iG septembre, j'eus la satisfaction de voir arriver dans le f^t mon compagnon , M. Ring, avec les deux bateaux chargés, et leur lourde cargaison , qui n'avait pas souffert , malgré son inexpérience du pays. Il avait subi , comme on devait s'y attendre , les impôts ha- bituels qtie les anciens Voyageurs se croient en droit de percevoir sur les nouveaux, et par conséquent il avait souvent eu à essuyer des désagréments personnels. Par la négligence de l'équipage, M. Ring avait dépassé les sources de goudron , dans la rivière de l'Élan (Elk-river), sans s'y ap- provisionner; en sorte qu'à son arrivée au Fort Chipewyan , il s'était trouvé dans l'obli- gation d'y renvoyer. Je lui avais enjoint de se procurer des vivres pour un mois; mais le commis de service n'en pouvait livrer même pour quinze jours, parce qu'il fallait en réserver pour les brigatles du ,1 . . ' ■ 1 i 1 1 1 \% -.I i ■ f , ■ .t ' '1 \ (1 l'I il? i "U :)k.: 'Iv n \:\ M ' r, F, ■r rp iiii •i'; . i • ,I;J i , ■1:1 ; 'J;. 1 .1 J il ' 1 i'ji It If '1 j 1 4 /Jii i I lac (le l'Esc la v<'el de la rivière de la Paix.C^oinme M. Kiiig avait rcru l'ordre positif de conserver inlégraleuieiit nos soixante sacs, à moins d'une lamine pressante , il éimmençait à faire apprê- ter les filets lorsque l'apparition opportune de M. Charles, facteur en chef du district, qnî vida les magasins en sa faveur, dissipa toutes ses )n([uiétudes. Pendant son séjour à Chipewyan , M. King avait fait îA'ec succès une opération à la lèvre supérieure d'une femme, horriblement défigu- rée par un cancer, provenant , à son avis , de l'habitude invétérée de la pi|>e, dont l'usage est si conuuun chez les métis. Il s'était déjà assuré de deux ou trois cas semblables, incu- rables et d'un aspect repoussant, entre autres au Fort William. Il avait été accueilliavec enthou- siasme, dans tous les postes au-delà de la rivière Jacques , par les naturels et par ceux qui vivaient avec eux ; et ne pouvait revenir de son étonncment en voyant à quel point les maladies étaient répandues dans cetlepartiede la contrée. • ' «i TT" nu CAIMTAIMK BA<;K. 233 Apivs sV'lro procuré du goudron, M. King, embarqué avec (piatreliomuu'ssuruncaiiotde niovenne grandeur, avait suivi les bateaux qui naviguaient en avant. Il n'avait d'autre pilote que James Spence, un de mes hommes de la dernière expédition, qui, pour m'accompagner dans celle-ci, avait pris la place d'un Canadien : c'était un excellent garçon, mais d'une mémoire fautive, de telle sorte que le canot faillit être entraîné dans les chutes et les rapides effrayants de la Cassette 1 où l'on n'avait encore jamais osé s'aventurer. La pointe où on doit s'arrê- ter pour le portage était dépassée , lorsque les Iroquois, placés à l'avant, déclarèrent qu'il n'était plus possible d'avancer ni de reculer. Heureusement on se trouvait près de terre et on put aborder; remorquant donc le canot avec leurs ceintures changées en autant de louées, les hommes parvinrent à remonter le courant et à rentrer enfin dans la bonne voie. — En descendant la rivière de l'Esclave, M. King ren- I ', [ i i^r •1 ^: . ■3 (■ '1 € - : .il . 1 ■ 1 û 1 '• •rf . .. I- Ml r I m bll 4 I I If a;)4 VOYAGE coiitriî quelques Indiens, et se fit conduire dans le petit canot de l'un d'eux au Fort de la Résolution , afin de gagner du temps ; il nous décrivit cette manière de voyager comme très peu confortable. « Je demeurai quarante heures dans ce canot indien, nous dit-il, et c'est bien certainement le temps le plus pénible que j'aie jamais passé de ma vie. Je ne pouvais remuer un seul membre; et je me sentais op- pressé par un assoupissement auquel j'eus beaucoup de peine à résister, bien qu'en y succombant j'eusse pu entraîner la perte du canot. » Une forte dose de thé lui ayant rendu l'usage de ses facultés, il arriva au Fort, et y trouva les bateaux mouillés depuis quatre jours (i). L'équipage, suivant le rapport de M. King, s'était conduit aussi bien qu'on pouvait l'at- (i) Le savant necrétaire de a société d'horticulture , M. Lindley, avait cil la bonté de me remettre des seinis de diverses espèces, dont nous laissions quelques uns âi i^hacuu des poster par lesquels noi^s passâmes tcndi sembi moint cusab coup gleteri génén tout n une ré à tous une ce service bien il de bra^ qu'ils c l'issue toujou] ad mon comme lui à q et la di] Notr 1 m-:.;-u nu CAPITAINE BACK. 235 loiulrc criioinmes de cette classe et dans de semblables circonstances, à l'exception néan- moins de deux d'entre eux, d'autant plus inex- cusables qu'on leur avait toujours montré beaur coup d'égards et que le comité arctique d'An- gleterre les avait traités avec beaucoup de générosité. Je saisis cette occasion d'assembler tout mon monde, et j'infligeai aux délinquants une réprimande publique et sé\ ère. Je rappelai à tous la teneur des engagements, et je donnai une courte explication de la manière dont le service devait être fait. Je leur montrai com- bien ils avaient intérêt à se conduire comme de braves et honnêtes gens, et je leur rappelai qu'ils étaient attachés à une expédition dont Tissue heureuse ou malheureuse obtiendrait toujours l'approbation publique. Après cette admonition, je leur présentai M. Mac-Leod conune un des officiers de l'expédition et ce- lui à qui seraient confiées la surintendance et la direction de notre futur établissement. Notre habitation projetée devait s'élever t i ;. i -.^i ■■'if V.' ■ -, 1 |T t » ■■•I i-l 't I ', 1 ■ ■: t ■ 'i i.ià ■ ■ ■ h ^ i : ■ 1^ ■\,V\¥ '^■"" au ^30 VOYAGK sur un banc uni de gravier et de sable, cou- vert de mousse de rennes, d'arbres et d'arbris- seaux; il ressemblait beaucoup plus à un parc qu'à une foret américaine. Il était situé à l'ex- trémité nord d'une baie, longue de douze ou quinze milles, et large de trois à cinq, laquelle reçut le nom de mon ami Mac-Leod. La baie recevait les eaux du Ah-hel-Dessy du côté de l'ouest , et du côté de l'est celles de la petite rivière dont nous avons précédemment parlé ; elle était entourée de collines, ou, comme disent les Indiens, de montagnes granitiques de feldspath gris et couleur de chair, de quartz, et parsemées en quelques endroits de larges plaques de mica. Cependant ces collines qui s'élevaient de 5oo à lôoo pieds, loin de nous protéger, conduisaient au contraire sur nous les vents compris entre l'E. S. E. et l'O. S. O. qui soufflaient de temps en temps avec une grande violence. Les longs bancs de sable qui couraient entre les deux rivières, et les enfon- cements étroits qui découpaient le rivage, sein- DU CAPIT\I>K liACK. 'i'^'J Liaient offrir une relrailc assinve an poisson blanc pendant le temps du frai ; nous tendîmes en conséquence un grand nombre de filets pour profiter de cette aubaine. Nos liommes furent divisés en divers dé- tachements chargés chacun d'une tâche régu- lière : ceux-ci coupèrent les arbres et leséqnar- rirent en poutres et en solives , d'autres eurent à scier les dosses et les planches; ici un groupe s'efforçait de tailler le granit informe pour lui donner une certaine régularité; là un autre dé- tachement , à bord d'un canot , cherchait de la vase et du gazon pour faire une sorte de mor- tier. Cette scène animée, encadrée par nos tentes blanches et nos huttes de cuir enfumées, contrastant , avec les montagnes et le feuillage vert de la forêt, présentait un coup d'œil inté- ressant et pittoi^sque. En peu de jours, la charpente de la maison et de l'observatoire fut construite ; mais la pe- tite dimension des arbres et la distance à la- quelle il fallait les aller chercher ne nouspermi- I î p?!:;îP m ■t . N tfcl s 'H' ,M . (1 '■m ï ''à • j" , . ■$ ■i M t . i \ •1 Il !::;i I, 'I' I I li:\\ l; i :.'i •I "Ui I I u'iS VOYAGE rcnt pas de combler rapidement les interstices des murs. En même temps^ nous nous aperçûmes * d'une diminution dans le nombre des poissons blancs 7 qui étaient remplacés par les truites; après examen , nous reconnûmes que ces der- nières avaient mangé le frai des poissons blancs. Nous étions à peine installés dans notre nou- vel établissement, qu'une petite troupe d'In- diens vint nous apporter un peu de viande ; ayant obtenu en échange ce dont ils avaient besoin, ils se retirèrent laissant derrière eux un vieillard infirme. Deux autres Chipe- wyans âgés le rejoignirent peu après, l'im d'eux portant son fils que le manque de nour- riture avait fait tomber en faiblesse. Bientôt une foule de malades et d'affamés nous assaillit de toutes parts dans l'espoir d'obtenir de nous les aliments que nous avions achetés à leurs compatriotes. Indifférents aux souffrances de leurs compagnons, les chasseurs vigoureux éga- lent presque l'activité des animaux qu'ils pour- suivent, et s'en remettentàl'humanitédes blancs v< DU CAPITAIISF KAflR. 'l'M) (lu soin de nourrir leurs parents infirmes oiJ affamés. Dans un poste permanent dont leJi ressources sont assurées, on peut, jusqu'à un certain point, tolérer un semblable calcul; mais, dans notre position , déjà obligés nous- mêmes de nous mettre en quête pour renou- veler .los provisions, nous devions aisément prévoir que trop de condescendance nous plongerait dans d'inextricables difficultés. Dans cette conviction, je résolus de tenir bon; et, bien que les suppliants ne fussent jamais ren- voyés les mains vides, je ne leur permis pas de rester sur notre territoire. — Dans ce pays, un poste n'est pas plus tôt établi, que non seulement les malades y viennent par besoin, mais qu'une multitude d'autres visiteurs s'y donnent ren- dez-vous : ce sont des femmes^ des enfimts, des vieillards et des oisifs, attirés pa;* un sentiment avide, ou par la curiosité; ou, comme ils disent, «venant voir leurs parenti?s :>y; ils entendent par ce terme les femmes métisses qui accom- pagnent souvent les l^oyageurs. Heureusement !.. ! St. V ''t- . « * , ' À i t ; ■i : fi . . ■'' 1-^ . ■' i w )'.*.'.! n 't. *„!■! -'4' 1 "M . ^'W \^n iifl- ! I »■ ■I rr^ Pli ' Il 'i i' L il . 1, 'l 11 : 1 ! 1 , i t 1 It,. t "r 1 , i i . ! ' .1 l l il' f 'i/|0 VOYAOK nous n'avions pai'tni nous niicuno de ces pa- rentes; par conséquent, nous n'eûmes point à essuyer les civilités importunes de leurs familles indiennes. Ce qu'il y a de certain, c'est que, pour justifier leurs visites, le degré de parenté leur est fort indifférent ; ainsi, comme je de- mandais à un Indien qui m'appelait son beau- frère, pourquoi il me donnait ce titre d'af- fection, il me répondit avec une grande naïveté : u Quoi ! le chef oublie-t-il donc que je lui ai » parlé à Chipewyan ? » Le 29 septembre , un feu parut de l'autre coté de la baie. Je dépéchai un canot en recon- naissance, et il revint bientôt après, non point avec une bonne cargaison de viande, comme nous l'avions espéré, mais avec une pauvre vieille femme, écrasée à la fois sous le poids de l'âge et des infirmités , et horriblement défigu- lée par la faim et la maladie. Toutes les misères de la nature humaine semblaient accumulées sur sa tête, et le Dante lui-même n'eut pu con- cevoir une apparition plus hideuse. IHJ CAPITAINK lîACR. '>.(\l Couvertede peaux Oe daim » toute i*idée, les yeux presque fermés , les cheveux sales et eu désordre , supporlaut à peine , avec un bâton qu'elle tenait à deux mains , son corps cassé et parfaitement horizontal , elle offrait, qu'on me pardonne l'expression , l'aspect repoussant d'une brute humaine. C'était un spectacle hu- miliant pour notre nature, et qu'il me serait cruel de revoir. Pauvre misérable! Son histoire ne fut pas longue : vieille et décrépite , elle était devenue un fardeau pour son propre sexe; on oublia ses services et ses travaux passés, et ses compatriotes lui dirent froidement , dans leur langage figuré : « Bien que vous semhliez » vivre , vous êtes déjà rnorte^ » puis ils l'aban- donnèrent en ajoutant : « Non loin d'ici est » un nouveau fort, allez -y; les blancs sont » de grands médecins, et ils auront peut-être « le pouvoir de vous sauver. » — Gela s'était passé un mois auparavant ; depuis cette épo- que , elle avait rampé et s'était traînée le long des rochers où quelques rares baies avaient 1. îG ' ) v\\ *. r; •1 ,, ! h ' * . - t i ' t « ,,', Ijii 1 1 '1' 1 •'!'' 1 'ji •»* ' ' ' Ë i •.jffi. } ^n m ; f ■ ■••f ^ I > -fr •ijv-î M w , ) wn- 1 ■ ,. -\'^ i ;■ |.. ■ -il: • i i K •iif;: Î'I ii'i i tî >.v 'i'I "h ,1 ■:i:f 1* ■ :v' ■ '.'il '^': il JlBf '' f '■ ■ ( ■ ' ;. l-, j r "~ '■ IRn 1 ( ,1 ! ;' 1» \}' ' [L 1 llî M:, mi ? r :i ','( . t i ; :' t • iH I iW ^1-: i ' m 'i/fi VOVAC.K prolongé son o\istonce; niaisenconMin jour ou >mme le produit de cette pèche ne suffisait plus à nos rations quoti- diennes, nous dûmes à regret recourir à notre provision de campagne, au pemmican. Octobre. — Des Indiens affamés continuaient à déboucher de tous les points de l'horizon, ra- contant que le gibier avait abandonné les terres stériles où jusqu'alors il avait coutume de se trouver à pareille époque, et que non seule- ment les Couteaux-Jaunes, mais les Chipewyans étaient dans le dénuement le plus complet. — Ventre affamé n'a point d'oreilles; j'en sais quelque chose : il n'y avait donc qu'un parti à prendre , c'était de satisfaire les IniUens le plus promptement possible; car, si je leur eusse re- ». DU CAI'I'IAIM- HACK. 'i^pi lusc (les secours, pcut-elre aiirairnl-iis pu se per- suader que la force conslilue le droil lorsqu'on obéit à Tinslinct naturel de la conservât ion . A l'un des postes de la compagnie situés dans le district septentrional, le p;il)ier se trouva aussi tellement rare cpie les naturels ^ mourant de faim, implorèrent la générosité du directeur et lui demandèrent quelque peu de la viande dont ses magasins rego logeaient, pour reprendre leurs forces avant de se remettre en chasse. Ayant essuyé un rçfu/», ils se retirèrent déses- pérés dans leurs quartiers d'hiver. De temps en temps ils tuaient un orignal, n)ais longs • étaient les intervalles de jeune ; et daws ces mo- ments de privation poignante^ l'inhumanité de l'homme blanc ^citait ime indignation sauvage qui finit par s'exhaler en projets de vengeance. Une occasion se présenta de les mettre à exé* cution : ce fut l'arrivée dans leurs cabanes d'un interprète envoyé par la factorerie pour voir ce qui s'y passait. Cet homme n'avait jamais été bien vu parmi eux , et la part qu'il venait '■> ; i ' I I '1' ;,|, ■ ' % ' W ' ■ '■$: ' I 11 i ■ 4 f. I ' . ' .i i : ■ 'i ï m IMI .ilil I ■I m i 3Î î V. I i •iVf VOYAr.li tie pn'ndrtî mu rejet de leur (leriiière demniiclc avait aggiavé le rcssenliniciit dont il était l'ob- jet. 11 ne l'ignorait pas, et, en sa qualité de mélis, il était doué de cette prudence soupçonneuse qui caractérise l'Indien. Cependant la bienveil- lance et le calumet de paix qui l'accueillirent comme à l'ordinaire lors de son entrée dans Us buttes, diminuèrent ses appréhensions; le don de quelques viandes sèches, pour la con- sommation du fort, fait avec une gaieté appa- rente, acheva de ies dissipai'. Deux Canadiens, qui l'avaient accompagné, partirent avant lui; il les rejoignit une heure après. Mais lorsqu il se fut pefdu dans l'épaisseur des bois , les In- diens saisirent leurs fusils, gagnèrent par un sentier détourné un lieu favorîible à leurs des- seins, se mirent en embuscade à dix pas, et là ils attendirent patiemment l'arrivée des trois hommes. A un signal convenu , trois coups de feu partirent; deux des voyageurs tombèrent morts; le troisième prit la fuite et fut poursuivi avec achîU'nement par leslndiens exaspérés qui DU (;\PITAINK RACK. 1^*) poussaieiildes liiirlements horribles. La peur donna des ailes au Canadien ; il échappa aux regards de ses ennemis et se cacha, hors d'ha- leine , entre quelques rochers. Les Indiens pas- sèrent auprès de lui sans l'apercevoir; arrivés à la maison du directeur, qui était encore couché, ils entrèrent furieux dans son appartement, et, après lui avoir reproché toutes les souffrances causées par sa dureté, ils le massacrèrent. Cette cruelle vengeance accomplie , ils re- tournèrent dans leurs forets sans commettre le moindre acte de spoliation. Le Canadien et un homme à qui , par extraordinaire , ils n'avaient fait aucun mal , se hâtèrent de gagner les postes voisins où ils firent connaître cette sanglante catastrophe. On plaça des renforts dans ce poste, et définitivement les meurtriers furent pour- chassés par leur propre tribu, triste mais salu- taire leçon pour les homnaes blancs comme pour les Peaux-Rouges. Nous étions au milieu d'octobre, et nous n'avions encore vu que des oiseaux de neige et . 1 I: if:; ':,m^- ■ '■ i v I H in 11 I M \ 1 1 <|ii;iliT pcnirix hiaiichos. L«»s daims et lo» pois- sons avaiont «'«gahMiuMii disparu. Les liidicns, satisfaits ilc nos «listribntions i\v. vivres, munis di» hrmi(M;ons et do portions de fdets, nous «piiltèrout l'un après l'autre, nous laissant seu- lement fpu^hjues vieillards. Deux tie cos w, (|iii i'oiilc (liiiis un lit hiiH cl iiiarôcii- L!;nix vl se li<* avcr iiii |H>i't(iis (|ih) srpiin^ i\v. \i\ nier nn rtrnil chenal doiil les lvs(|iiiinaux lia- l)il(*nt 1rs bonis. INos Indiens nons dirent m- eore (pTiJs avaient fait la ^n(*l'^(; à ces derniers de inènin ((u'anx l*.s(|ninian\ habitant Teni- buucluire du ThIew-ee-Choh. Nos eonstruclions avan<^'ait;nt rapidiMuenl , bi>52 VOYAGL. , mes deux compagnons MM. Ring et Mac-l.eod ; nous vîmes que le nuage noir et épais de l'ouest se dilatait graduellement comme pour joindre l'autre qui s'élevait aussi vers le zénith. Le ré- résultat de cette jonction fut un arc d'un gris obscur s'étendant de l'E. i S. E. à l'O. i N O., en passant par le zénith et cachant complète- ment les étoiles, bien que de chaque côté de l'arc celles-ci se manifestassent par un éclat et un scintillement remarquables. En même temps l'aurore prenait successivement toutes sortes de formes , particulièrement celle d'arcs fran- gés et ondulants, plus ou moins larges, élevés de 3o à 5o°, entourés de lueurs et de rayons qui s'en échappaient à angles droits. L'arc nua- geux était aussi illuminé à son extrémité N. O., près de l'horizon, tandis que des rayons et des traînées de feu en ligne courbe se jouaient à TE. autour de l'autre extrémité, dont, eu quelques secondes, la partie la plus voisine de l'horizon prit une forme de zigzag semblable au sil- lonnemoni d'un éclair; immédiatement l'extré- PI ^m m; C/VPiTAiiNi-: ijack. \>SS niilv, ouest répondit à ce nionvonicnt en subis- sant des transformations rapides cpii écliaj)pent à la description. L'agitation des deux extrémités ne tarda pas à affecter le centre de l'arc, qui, s'affai])lissant graduellement , finit par dispa- raître tout-à-fait, laissant désormais les étoiles briller de tout leur éclat. Les masses isolées de- meuraient cependant encore sous des formes diverses, mais l'aurore se jouant autour d'elles les enveloppa promptement, surtout du côté de l'orient, et en fit disparaître jusqu'au dernier vestige. Dans cette occasion , l'aurore était très éle- vée , et par conséquent n'exerça pas une grande influence sur l'aiguille dont la sensibilité était pourtant très grande; niais j'eus occasion plus tard de constater une déviation de huit degrés, comme le reconnaîtront ceux de mes lecteurs qui compulseront les tableaux de l'appendix, La petite rivière à l'est et les bords du lac gelèrent dans les derniers jours du mois; mais le temps étant très doux, une forte brise rom- • 3> j; ■m r 11 ?lil '9Ï' (,,.1, • 'l:! nit m '•\\mv '• w n i '1 1^ ! 1 i ; 1 1 i:i !.;V 'M- ii . : i i . ■ ' ' ' .'< : , 'i. ■' ' .Ii •î;V4 voYA(;r, pit de nouveau la glace dans l'espace de quel- ques heures. C'est à cette douceur iuusitée de la température qu'il faut attribuer la misère extrême des Indiens, qui, amaigris et exténués par la fatigue, continuaient à nous arriver en foule des terres stériles, d'où, contrairement à leurs habitudes, les daims n'étaient pas encore sortis, et où ils se tenaient à une trop grande distance pour pouvoir être poursuivis. Un pauvre Indien n'avait pas mangé depuis dix jours, et il eût succombé ^n route s'il n'eut été soutenu par l'espoir de nous rencontrer. Dans l'état de dénuement où nous nous trou- vions, il était impossible de faire pour ces infor- tunés ce que nous dictait notre compassion. Entreautressuperstitions, ces Indiens vinrent à s'imaginer que les instruments de l'observa- toire, dérobés à leurs regards par M. King et moi, étaient la cause mystéiieuse de toutes leurs infortunes ; cette opinion n'avait rien de trop extravagant pour eux, car, un jour, au moment où nous obsei'vions l'inclinaison, deux t I ^ ^^ ff *i55 DU CAl'ITAINR BACK. (le nos visiteurs écoutèrent, et, n'entendant par intervalles que deux mots isolés, comme ceux-ci'î maintenant... , arrcte..., auquel succé- dait toujours un profond silence, ils se regar- dèrent l'un l'autre, se hâtèrent de sortir de l'enceinte avec un mouvement d'épaules fort significatif, et allèrent conter à leurs compa- gnons que j'évoquais le diable. Pour tâcher de dissiper les croyances super- stitieuses des Couteaux-Jaunes, je leur dis qu'ils s'étaient trompés sur la nature de cet instru- m'ent mystérieux dont la vertu consistait , non à disperser, mais bien à attirer les animaux, comme ils pourraient s'en assurer en allant à la chasse. Cette assertion , bien que pure plaisanterie , sembla pourtant devoir se véri- fier, car, le jour même, on tua un vieil ours, qui fut dévoré avidement malgré sa maigreur et la dureté de sa chair. Nous étions tant de monde que chacun eut à peine de quoi y goû- ter; néanmoins cet événement excita chez tous les Indiens luie légère animation; mais ils re- m <^' .1 >' 'm i fer - iè' i t t ' ' -, • , ji '^ ■ : fi ^^- I« i w ma i ■m ( ! : ' ii II 1 ! i( 1 i :'| t:^ «Il 'I !; 1 : I ,1 : ; ; . i: i ■ ,: i : ' MÎ i V ■I ri tombèrent bientôt dans le niènn' (léiuicnioiit^ c'était lin spectacle déchirant que de les voir se tenir auprès de nos homme» au moment du repas, suivant chaque bouchée avec des re- gards d'envie, et dédaignant toutefois d(î profé- rer une plainte. La malheureuse vieille femme dont j'ai parlé était trop accablée d'infirmités pour apprécier notre protection et nos bons traitements; et, bien qu'on lui eut promis de prendre soin d'elle, elle ne manquait jamais d'assister aussi à notre maigre repas pour im- plorer de mon domestique, avec une sorte de râlement faible et monotone, la permission de racler le fond des chaudières. Nous avions essayé dive^-s endroits pour la pèche, mais, après la première épreuve, les filets restaient invariablement vides. Pour re- médier autant que possible à celle déplorable pénurie, nous divisâmes nos hommes (;n déla- chemenls, qu'à l'exception d'un seul, employé à finir la maison, nous envoyâmes à divers en- droils i\ii lac ])()ur chercher à se pj'Ocin*er des vivre revin d'avo rages. pitié c ini pc ne pu maux Au I nn pei jeunes cho boni lei ces ani mais , e au chei et se tro nnejou ils n'avî offrir d( de tabac I. DU CAPII AI.NIi liACK. •i57 vivres. Quelques uns réussirent, mais les autres revinrent après une courte absence, désolés d'avoir perdu deux fdets et tout-à-lait décou- ragés. 11 ne me resta donc plus cpi'à réduire l«'s rations journalières et à supprimer sans pitié celles des chiens, dont plusieurs dépérirent au point de n'avoir plus la force d'aboyer; je ne puis encore concevoir comment ces ani- maux ont résisté. Au milieu de ces désastres, nos esprits furent un ])eu ranimés par l'arrivée fortuite de deux jeunes chasseurs qui , après avoir quitté Aliait- - cho pour chercher des daims, avaient eu le bonheur de rencontrer un grand tioupeau de ces animaux et en avaient tué quelques uns; mais , en venant annoncer cette bonne nouvelle au chef, ils s'étaient égarés dans les brouillards, et se trouvèrent, lorsque le temps fut éclairci , à une journée de marche de notre établissement; ils n'avaient pu résister au désir de venir nous offrir de la viande fraîche en échange d'un peu de tabac que nous leur donnâmes bien volon- I. 17 i ■ tb ■ ( .,t . % .f l i' ' I'' :.^< IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) // // ^ A k ^ jtf 1.0 1.1 bi|2ji 125 mm jÊ^ :^ u& 12.0 u I — ™— lia Hiotographic Sciences Corporation V ^ ,v € k ï>^ r-^s 23 WIST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. MS80 (716) 872-4503 c^ Uh'! . f I : \3 arriva cette semaine que quatre Indiens af* famés. Ils étaient très abattus , et augmentèrent la tristesse générale en confirmant les appré- hensions que des commencements aussi défa^ vorables faisaient naître pour notre sort pen- dant le cours de l'hiver. Je craignais d'abord que les Indiens, si su- perstitieux, ne fussent portés à attribuer leur position déplorable à notre entreprise, condam- née par les Esprits jaloux qui régnent sur les régions glacées où nous devions porter nos pas; mais j'appris que déjà, dans les deux hi- vers précédents , des calamités extraordinaires avaient accablé toutes les tribus qui habitent les environs du grand lac de VEscluve et de la rivière Malkenzie. A l'ouest, particulièrement auprès de la rivière au Liard, quarante des meilleurs chasseurs chipewyans étaient morts de famine, un grand nombre avait disparu sans que depuis on en ait entendu parler, et les malheureu': survivants, écrasés sous le poids de maux horribles par la rigueur de Thiver et ■■• f ' " .-1^;^ ■ } ') i f [',. '!'' • ' ■f ' h 1 !■ ; J. ■i i ■■■•r t- ; i f-- ! • ■ , 1 , •;■;♦,: -■ ■ «> ■ * i : >■'■ .* 1 ' t 1 ; : !1. 1 ' 1 ' ' . l' i -l' . ,1 i . t î i li iriiT :.V' I. !■■ il 13'! I |i ! 1 lu -'.■„ ■*l: M. 'j(J4 VOVAC.K labseiice îles uiiiiiiaiix , étuieiit cMicore visité:» par des calamités inouïes qu'ils icga niaient comme tlii*ectement envoyées du ciel, et qui leur faisaient dresser les cheveux sur la tète: ainsi advint-il pour deux femmes et leurs en- fants qui passaient près d'une montagne avecî leurs chiens chargés ; ils approchaient des ten- tes lorsque tout-à-coup on les entendit crier au secours, et aussitôt on vit un tourbillon de; vent envelopper leur petite troupe, la balayer et la faire disparaître ppur toujours ; on n'en retrouva qu'un seul enfant qui mourut la nuit suivante en proie à d'atroces douleurs. Le i6 décembre. — L'interprète arriva d'une des stations de pêche, et nous apprit qu'on y avait perdu plusieurs filets et que le poisson ne pouvait suffire aux besoins du détachement. On y prenait tout au plus treize petits pois- sons dans un jour, et les Indiens, mourant de faim, se pressaient avec avidité pour obtenir une faible part de cette chétivfî pêche. Il en ar- rivait autant chez nous; car les naturels, qui se hi ii IH' «.AIMIAIISK U/\rh. V.d.'S trouvaient à quelq'ib distuiice du iort , oiii- ployaient le peu de force qui leur restait pour s'y traîner; c'était en effet leur seule chance de salut. Nous leur donnions tout ce que nous pouvions, mais nous nous efforcions en vain de ranimer leurs esprits abattus , de leur don- ner du courage : la misère était trop accablante et paralysait toute leur énergie. Une troupe d'Indiens venait à peine de fernx'r la porte, que d'autres encore plus languissants et plus misérables l'entr'ouvrirent faiblement, attestant, par leiu* air effaré et leiu*s yeux.caves, qu'ils étaient en proie à des souffrances indici- bles. Ils parlaient à peine, mais s'empressaient en silence autour du ieu pour jojir du seul sou- lagement qui jiûl être largement accordé à leurs maux. Une poignée de viande bioyée, toute moisie et réservée d'abord à nos chiens , leur fut distribuée; nous n'en pouvions faire davantage. Cette pitance, touti; dégoûtante, toute malsaine qu'elle était, jointe à Tolfre ami- f P I '■ ï u :■■', fil t, , / I j'i '''Tiiilflj :!•»■'■ i' iilUlil '<(;() VOYAGK ^:Mf ;. I'! ii cale d'une |)i])e de tabac , suivant l'usage crdi- naire, suffisait pour effacer un instant le senti- ment de leurs misères et pour faire jaillir inie lueur d'espérance de leur visage amaigri. « Nous savons, disaient-ils , que vous souffrez autant (jue nous, et que vous êtes bien bons. » Ouel- cjue affligeante que fût cette scène, il était consolant (ie voir avec quelle résignation ces infortunés supportaient leurs maux. Ils ne blas- phémaient point contre la Providence, ils ne se laissaient point entraînera ces actes révoltants, si communs autrefois, et qui ont fait paraître le caractère du sauvase indien sous des couleurs si sombres. Cette troupe, si faiblement secourue, nous exprimait sa reconnaissance lorsqu'un de leurs compagnons entra, et, après avoir repris haleine, il nous annonça que tout près de nous un enfant, privé depuis long-temps de nourritiu'e, se mourait de défaillance. Le père, qui se trouvait autour du foyer, se leva aussi-^ tôt, et, muni d'un peu de pemmican , la seule ï'^ll^ viande que nous possédions alors, il partit en toute hâte et arriva heureusement assez tôt pour sauver la vie de son enfant. Cea Indiens sont naturellement enclins à la superstition; ils nourrissent leur esprit d'iuie foule de légendes dont la plupart sont au reste tout aussi sensées que ces fables traditioimelles « des peuples civilisés, qui amusent et intéressent l'âge présent par les ix^cits d'im passé que les ténèbres environnent. Ils ont de bons et de mauvais génies qui hantent les eaux, les bois et les montagnes; des géants, des animaux parlants, des lutins et des farfadets, enfin tout un monde subalterne de malins esprits. Je parle de ces superstitions ici pour en venir à l'histoire d'un de nos pauvres hôtes sur un Chipewyan, que l'on regardait comme res- ponsable de l'absence des daims. « Nous savions, commença le jeune chasseur décharné, tout en rejetant de ses narines d'é- pais nuages de fumée, nous savions que cet Inverserait marqué pai* quelque chose d'extra- i uv\ i^ Y ■ 1 i H] >n ^* ' < ici fiifr ''' :l >U '^ I, I 1^ i M^.Ji m , 1 il! ; 1 m r ^■' ^ 1 . »'' 1 tir }■ if l 1 : •2(J8 v<»va(;k ordinaire. Les Cliipewyans oui loujoiiis été mal iiis|iosés pour les Cuiiteaux-Jauiies, si même ils n'en sont pas les ennemis secrets, et ils se réjouissent de nos infortunes. Pourquoi ce (iliipewyan vint-il parmi nous? Nos vieillards ne Tont-ils pas averti de renoncer à ses jjrojets imprudents, et d'en croire les sages paroles dic- tées par l'expérience ? »]VIais non! il avait souvent entendu dire «pie, lorscpi'on poursuivait à outrance un daim isolé, les autres ne mancpiaient pas d'abandon- ner le pays; car il paraît que des milliers de ces animaux, quoiqu'éloignés les uns des au- tres, peuvent connaître ce qui est arrivé a un de leurs compagnons! Ce Chipewyan n'a pas voulu croire le fait. Il y a des gens qui ont de méchantes langues! celiii-ci répétait sans cessi- qu'à la première occasion il s'en assurerait. En conséquence, au commencement de celte an- née, lorsqu'une croûte légère se fut formée sur la neige, par l'effet de la chaleur du jour suivie de la fraîcheur de la nuit , il sortit avec ses son- il l'a lac n DU rAFU'AIM-: liVCR. 'i('i[) lit'i's à neige, longs de six pifils, el se mit à parcourir le pays, effleurant silencieusement la surface brillante du tapis do glace étendu sur la terre: il ne tarda pas à découvrir huit ou dix «laims sur un marais glacé. » Faisant un long circuit derrière les ani- maux, il s'en approcha avec la plus grande précaution ; néanmoins ces créatures timides et vigilantes entendirent ses pas légers, et, comme il l'avait prévu, les daims s'élancèrent sur le lac pour lui échapper.' Mais leius sabots, quoi- fpie très larges, ne pouvaut les soutenir, à chaque bond ils s'enfonçaient dans la neigp jusqu'aux hanches, et devinrent ainsi la pfoie facile du chasseur, qui, soutenu sur ses longs souliers à neige , finit par les tuer tous excepté * un. Le Chipewyan s'acharna à poursuivre celui- ci à outran<.e et sans pitié, jusqu'à ce que l'ani- mal , épuisé de fatigue , tomba forcé à quelques pas de la hutte de son ennemi , qui ^acheva au milieu des plaisanteries de sa famille. « Main- » tenant, disait-il, je saurai s'il y a quelque vé- il t ■.Il i i 1 '■ 'i 1 !» f f '^ fc- t 'i 1 - il .4 % ^•■• r f. -\ ,■■■: ■Ï , . m ^î ■ *j ;fi t-^' ■ M ^ 1 » 1 ■ ' •' v! - {' j .:Vi| ; 1 ■ ''km lî' ;ii,J 1 1 r f 1 : . ■ ' ii 1 ff,l) 'À~ti VOYAr.E writé dans vos récits; au reste, peu m'importe «qu'ils soient vrais ou faux , je suis Clhipewyan , »ct je retourne dans ma contrée, très éloignée » d'ici, qui vaut mieux que vos marécages et » vos terres stériles. » «N'avions-nous pas raison? continua l'In- dien, le daim a su ce qui était arrivé, et il ne veut plus revenir. » Là il cessa de parler, et les marques d'approbation de son auditoire témoi- gnèrent l'intérêt que son récit avait excité. Un autre jour, il nous arriva une femme d'un certain âge, très consternée, et suivie d'une petite fille d'environ six ans. Elle implora noire protection contre un chasseur sur le fusil duquel elle avait marché, par mégarde, pen- dant la nuit. Chez les Indiens, cette action est regardée comme un crime de la part d'une femme , parce que celle-ci détruit par son con- tact les qualités du fusil et lui enlève la puis- sance de tuer. Les conséquences de son in- attention faisaient tellement frémir la malheu- tcuse que, malgré les liens qui l'unissaient au i fi jH I '■■ nr (AIMTAIMi: IIA< K. U'I |>ossrsfleiii' (lu fusil, cite aimait mieux le fuir (|U(> (le s'exposer à sa fureur, (.lependaut , au bout (le quelque temps, lorsqu'elle jugea les premiers moments de colère passés , elle fut 1(^ rejoindre; heureusement que, dans l'inter- valle , l'Indien avait tué un animal avec ce méuio fusil , de sorte qu'elle en fut quitte pour être rossée d'importance, avec l'avis sévèra d'être plus attentha à l'avenir. Ce châtiment était fort doux, suivant la loi indienne, qui condanme la malheureuse fennne coupable d'un tel méfait à avoir le nez fendu ou un mor- ceau d'oreille coupé. — Dans la même soirée un homme, sa femme et trois enfants, nous demandèrent l'hospitalité. Ils se trouvaient dans un état déplorable qui me fit bien regretter de ne pas être plus riche en vivres. Plus maltraités que les autres, ils n'étaient en effet que les ombres d'eux-mêmes. L'homme, véritable sque- lette de maigreur, portait une couverture mince et en lambeaux , qui , raidie par la gelée et frot- tant continuellement ses jambes nues, les lui? i. < •. ,i ■/ 'P '<'(: ■\t -' • i 1 m1 ■ l\ A i . l • 'i uviv r' ; ! !1' Iv * , 1 ^ : ■ !■'* ■ il, ,,',' b .i.iik .1.7 i' II. !' I 'k t'ii i I M I "\-l 1- i.m IM! .#• ^i-l VOYAGK îivait horriblement écorciices. Ceux qui l'ac- compagnaient n'étaient guère dans un meilleur état. Notre situation commençait à prendre une tournure affligeante et faisait naître inté- rieurement des craintes pour l'avenir. Au mi- lieu de ces infortunes, la vieille femme dont ne us avons déjà parlé mourut, malgré tous les soins que nous lui prodiguions. Sa faiblesse n'avait fait qu'augmenter sous le poids de ses infirmités; la circulation s'o- pérait lentement, et les extrémités étaient ge- lées. Trop faible pour se soutenir debout, elle rampait misérablement sur ses mains et sur ses genoux d'un lieu à un autre; elle se rendait de préférence dans la chambre de M. King, dont elle recevait les soins une fois par jour. Sa pré- sence produisait un frisson involontaire et un dégoût qui échappe à la description. Quel contraste avec la jeune fille debout à ses côtés, pleine de vie et de santé!... — On la retrouva étendue morte dans sa cabane, près du feu. Cet événement ne fit pas la moindre ini- I près song charj rémc gelée restes chien: Je ( tudes partie l'ouest d'Akai et i'énd même courag( partit prête e avait re ques ob ceux qu petite q avait mi I. I ♦ DU CAPITAINE V.KCK. 'iyiî pression sur les Indiens ; personne n'aurait songé à l'enterrer, si nous ne nous fussions chargés de cette cérémonie nous-mêmes : cé- rémonie fort pénible , vu la dureté de la terre gelée, mais indispensable pour préserver les restes de cette malheureuse de la voracité des chiens affamés. Je commençais à ressentir de vives inquié- tudes sur la position actuelle de la majeure partie des Indiens que je supposais être dans l'ouest, à la chasse du daim, sous la conduite d'Akaitcho. M. Mac-Leod, avec la bonté d'ame et l'énergie qui le caractérisent, s'offrit de lui même pour aller à leur recherche et les en- courager par sa présence. En conséquence, il partit le 18 décembre, accompagné de Tinfer- prète et d'un jeune Indien qui dans la matinée avait reçu une correction pour avoir volé quel- ques objets. Le lendemain de leur départ, un de ceux qui avaient suivi Akaitcho arriva avec une petite quantité de viande, à moitié sèche, qu'il avait mis huit jours de marche à nous apporter. I. 18 *i 1 -■''1 ■■m ï: J ,HtS,vl À 4 'iri-* n 9 ' '' /.' 'H: '' ■ "',.A' !'U i', k ';v!/f :!'.': !^l k '1^1 /\ VOYAGE il nous apprit que les ilairiis étaient assez nombreux , mais qu'ils continuaient à errer dans la région des terres stériles , à la grande surprise des Indiens, qui n'avaientjamaisvuces animaux dévier de l'habitude de chercher un abri dans les bois pendant la saison rigoureuse de Tannée. «Ils sont très maigres, ajouta le nouveau venu, mais on en a tué beaucoup. On vous les aurait envoyés au fort , si la distance eût été moindre et si ceux qui auraient été chargés de les transporter n'eussent dû néces- sairement en consommer la majeure partie en route; cependant, continua-t-il , on en a mis en réserve dans des caches pour vos besoins future. » Ces nouvelles étaient fort bonnes, mais n'al- légeaient en rien nos misères présentes; quant aux caches , situées dans le voisinage des wol- verennes affamées ( quickéhatch ), j'y comptais faiblement pour l'avenir, malgré tous les soins qu'on eût pu mettre à les disposer. Cependant je me réjouis d'apprendre que ï *1 V n\ r |s DU CAPITAINE HACK. qtT) les animaux ne manquaient pas entièrement dans la partie où se trouvait Akaitcho , puis- que, sans me faire illusion , je pouvais espérer compléter notre approvisionnement pour le Voyage à la mer Polaire. Je me berçais de cette espérance j quand je vis revenir ceux de nos gens qui résidaient à une des stations de pèche ; ils n'avaient pu prendre que trois ou quatre poissons par jour pendant la der- nière quinzaine. Les accidents de cette espèce se renouvelaient si fréquemment, que j'étais sans cesse obligé de changer mes plans et mes projets; car, au moment où je me croyais le pliis en sûreté , je me trouvais tout-à-coup dans le plus grand danger. Mais ce ii'était pas le temps de s'endormir, il fallait au contraire re- lever le courage de nos gens par une activité continuelle qui les détournât de leurs tristes réflexions. En conséquence je fis uhe nouvelle distribution du travail : les uns, munis de leurs filets, durent se rendre à celle des stations > i > ''m w \'"i: ! - 1 h •i l. ■ ' t n :) illt riii .'k. t !■' ^1 î > I .; !• >.'](j \ï I , I VUYAGt ïlo pèche qui donnait encore, et j'envoyai les antres à la rencontre des Indiens. Notre salle était remplie d'invalides et d'In- diens assis autour dn feu , Tai r stupide et abattu , s'occupant à déchirer et à faire cuire les ro- gnures de leurs vêtements de peaux de daim, qui , eussent-ils même été entiers , les auraient mal protégés contre une température de 102' au-dessous de glace ( — 56°,7 C). T.es hom- mes étaient plongés dans la torpeur et le dés- espoir ; les mères s'efforçaient en vain d'apaiser, d'une voix sépulcrale , les plaintes continuel- les des faibles créatures suspendues à leurs poitrine épuisée; les enfants un peu grands allaient et venaient d'un air insouciant. Malgré leurs souffrances, pas un murmure ne s'échap- pait de la bouche de ces malheureux. Lorsque le temps s'adoucit, nous leur montrâmes le reste de nos provisions, et nous leur fîmes sentir la nécessité de rassembler tous leurs efforts pour rejoindre Akaitcho, où leurs propres pa- rent danc nous réser de la les Ci quelq pou va voulai duire de ri^i d'ent.'c de moA assistai partagt enfants Jamentf Que l'a frances cela S3 d'acier faible c . 'lis s DU CAPITAlNIv BACIi. î«77 reuts leur Courniraient des livres en abon- dance ; car tonte iaible qne fût la pitance qne nons lenr accordions, elle diininnait trop nos réserves pour nous permettre d'attendre la fin de la saison. Avec l'apathie et l'insouciince qui les caractérisent d'une manière si frappante , quelques ims me déclarèrent alors qu'ils ne pouvaient s'en aller, et les autres qu'ils ne le voulaient pas. Cette obstination me força à ré- duire nos distributions, indispensable mesure de rigueur qui détermina les plus vigoureux d'ent.'e eux à nous quitter, et nous laissa plus de moyens pour secourir les faibles. — M. King assistait sans relâche Ipj malades. — Souvent je partageais ma nation, très réduite, 'avec les enfants dont la situation abandonnée et les lamentations plaintives me déchiraient le cœur. Qtie l'on ne s'émeuve pas en voyant les souf- frances des hommes dans la vigueur de l'âge, cela S2 conçoit ; mais il faudrait avoir un cœur d'acier pour n'être point attendri au cri d'une faible créature à peine arrivée à la vie, qui I i ,1 ::| V t, : : .. 1 il ■i V . i ,' '?t fp %■ t, H' '"■<: i; ■(;'*. *:-'' I- d-' Il i 1 ! il i ! liti: Il ,!: H •i^S VOVAGK implore douloureusement un peu de nourri- ture ! Je ne saurais peindre ici de quelle foule d'émotions diverses j'étais saisi lorsque ces infortunés venaient me tendre leurs petites mains amaigries pour recevoir chacun une cuillerée de pemmican. Le jour de Noël avait été fixé depuis long- temps pour l'ouverture d'une caisse d'étain soudée dont une dame de New -York nous avait fait présent; mais l'absence de notre com- pagnon, M. Mac-Leod , nous fit mettre un frein à notre curiosité ; M. King et moi nous nous contentâmes donc d'un diner de pemmican. Nous nous trouvions dans une disposition d'es- prit excellente , et, donnant libre cours à notre bonne humeur, nous parvînmes à nous faire complètement illusion à fprçe de deviser sur nos amis du vieux continent. Notre gaieté se monta bientôt au même ton que si nous eus- sions partagé le roast-beef et le plumpudding qui fumaient indubitablement sur leurs tables < u ce jour glorieux de fête uccoulumée. tèren séché M. Ma ce qu chait 1 reiir d peu le octrov et il et rendre Le 1 fants à livre ne arriva i et à deii peu de Vingts li de la pc produit que lem fatiguait DU CAPITAINE BACK. ^79 Janvier i834. — Les Indiens nous appor- tèrent une petite provision de viande à demi séchée et fort mauvaise , avec une lettre de M.Mac-Tieod. Le gibier s'était retiré dansTouest, ce qui , joint à la rigueur de la saison , empé- chait les Indiens de le suivre. M. Mac-Leod, ti- reur des plus habiles, venait de remonter un peu le courage d'un des partis indiens en leur octrovant le secours de sa bonne carabine ravée, et il était sur le point de les quitter pour aller rendre ce même service à d'autres. Le i3, nous envoyâmes les femmes et les en- fants à la pêcherie, et réduisîmes d'un quart de livre notre propre ration; sur ces entrefaites, arriva ure nouvelle provision de viande maigre et à demi putréfiée de la part d'Akaitcho, suivie, peu de jours après, d'un autre envoi de quatre- vingts livres de la part de M. Mac-Leod. <« Je viens de la pêcherie, nous écrivait celui-ci; elle ne produit presque rien; elle a été pendant quel- que temps assiégée de naturels affamés qui la fatiguaient et l'auraient bientôt complètement I •î! \\; i ' V- '*, . Si - \ i MM • Il f J ! 1 j f • 1 il' i I- 'Mk m :i J I X ' : :j. 280 VOYACK cpuiséo; mais ils sont lieiireuseuu'iil partis. Los chiens peuvent à peine se tenir sur leurs jambes. Dans ces deux dernières semaines, j'ai eu mille embarras par suite des importunités des In- diens, non seulement de ceux cpie vous con- naissez, mais d'autres encore. I.a plupart sont extrêmement bas, j'espère cependant cpi'il leur sera encore possible d'en réchapper. D'après ce quej'ai vu du pays, le gibier doit être fort rare partout. » Nous aj^prunes en même temps que plusieurs naturels étaient morts de faim, et de nouveaux récits de leurs souffrances vinrent nous attrister; malheureusement nous ne pou- vions leur porter aucun secours; l'adoucisse- ment du temps était le seul espoir qui restât à eux et à nous. Peu de jours épuisèrejit nos nou- velles provisions de viande; j'ouvris un autre sac de pemmican, d'autant plus à contre-cœur, que ce genre de provision était réduit à moins de la moitié de ce que nous avions originairement réservé pour notre excursion vers la mer. M. Riuiï et moi nous nous contentions d'une (' DU CAI'ITAiM-: UACK. 'iS I tlemi-livre par jour; mais nos lioinmos,qiii tra- vaillaient behucoiip, no pouvaient se réduire à inofhs d'une livre trois quarts ; et encore était-ce poureux une fort maigre ration. Néanmoins ces braves gens, et surtout cen.. de l'artillerie, loin d'en concevoir de mauvaise humeur, se mon- traient toujours gais et satisfaits. Je mettais, il est vrai , tous mes soins à les maintenir dans ces bonnes dispositions, soit en les traitant avec la plus grande douceur, soit par la religieuse observance des jours de repos où on lisait le le service divin en anglais et en français, et par la création de plusieurs cours à leur usage durant les f^oirées. Nous avons vu le therm. à 70" au-dessous de zéro ( — 5(j°, 7. C)î ^^ ^^ temps l'aurore boréale fut brillante. — Quelques expériences sur les effets et l'iiîtensité du froid nous ont donné les résultats suivants : Le thermom. étant à 62 minus ( — 5a'*,2. C), une bouteille carrée d'éther sulfurique de six onces (170 gram.), avec un bouchon usé àl'é- 1 II, Sn I if, i.i 1i ^i: •i* 1- ■X' I RI' ■'I' ...;!. H ii P N' m ^m f I ,m'I !'«■ imi'" Il '2S2 v()yAr;R iiiéri, fut tiré de la buite de phurniacie , exac- tement emp.'iquetée , comme elle l'avait été dans la pharmacie centrale ( Apothecarie's- Hall ), le bouchon en bas, et exposée immédia- tement au-dessous du thermomètre indica- teur sur la glace. En quinze minutes la par- tie supérieure de la surface intérieure de la bouteille fut revêtue d'une couche de glace, et le fond se couvrit d'une épaisse efflores- cence, tandis que la liqueur prit une teinte vis- queuse et opaque ; après une heure d'exposi- tion à l'air, durant laquelle la température était remontée à do" minus (— 5r, 1. C), il ne sur- vint aucun changement, sauf cpe M. King et moi crûmes en trouver la liqueur plus opaque. Soigneusement transportée dans, la maison, et placée sur la table à quatre pieds et demi du feu (i™,37), à une température de 'S'i" plus ( o°,o. C. ) , la liqueur ne recouvra sa limpidité primitive qu'après 44 niiiuites. Une bouteille d'éther nitrique, de dimen- sions semblables à celle de l'éther sulfuriquo. ne devi positioi tervallc Un (/ra furique et demi boucho nue vis présente' Ha m ma périence qu'au ce blable e Une j congela pérature riva auta prit -de l'apport ( Un ni( \mr et d' glace en !'•■>: •■hi DU CAFITAiME ISACR. a83 ne devint visqueuse qu'après deux heures d'ex- position, la température ayant varié dans l'in- tervalle de 60° à bij" minus (5i%f à ^\(f,o. C.) : Un drachni et demi ( 2,05 j^ram.) d'éther sul- turique fut placé dans une bouteille d'une once et demie de capacité (52,5 gram.), avec un bouchon de verre; quand la liqueur hit deve- nue visqueuse, on enleva le bouchon et on présenta à l'orifice un papier allumé qui s'en- flamma avec explosion et la sortie de gaz. L'ex- périence fut répétée; l'inflammation n'eut lieu qu'au contact du liquide, mais avec une acni- blable explosion. Une petite bouteille d'acide pyroligrieux se congela en moins de 3o minutes, par une tem- pérature de 67° minus ( — 49% 4. C); il en ar- riva autant à une même quantité d'eau et d'es- prit-de-vin rectifié, mélangés, soit dans le rapport de 2 à 1 , soit en parties égales. Un mélange de deux parties d'esprit bien piU' et d'une partie d'eau, se congela dans la glace en Irois heures par une lempcratuie de I \ ( « 1 1 \ ■ï i i ■•#!' ,f; .1 1 \ . », »■' ■k • ■ '! ï .■■.ï'" r. ', :'%r »•■ : 1 ■I7 <■■. ■ ' ■ i !|K. '^ ■ ' i m ' 1 ■'1 ■ , 1 ■■■'H • AV , i._i,:.. 1 \\ iTt'i ^ r ^ ■':'it' !t ■ ■■;,!:4 ■''•'\\"- 7 . ■■■V 'J1t^i:^ '. \ i r V • 'ï ,^i' .: '\ 4' i' Vlî. ■ M»t m ï * 1 1 '■' y. I hf i'i' 'L;: :lr| 1 I I i' mi lt 'II' '«" ', V'' '■lf .!l fi u Ai 'il' u8^l Vf) Y Ad i; (»;V iA Cm" w/////^ (— .V|", o à 51", 0. C. ) dans lu ini'inc espaci" de temps, un autre mélange de c|uatre parties d'esprit et d'une partie d'eau d(!- vint visqueux. Del'éther nitrique exposé toute la nuit dans une bouteille, devint trouble; des bulles s'y élevaient lentement et avec diffi- culté , la température moyenne étant à 70" minus ( — 5(')% 7. Cl.), le 17 janvier à 6 beures avant midi. Du mercure, présentant une surface de qua- t'-e pouces ('2", 58 cent, carr.), fut exposé à im froid de 07" minus ( — 49% 4- ^0 et fut solidifié en deux beures. Le 4 février , nous éprouvâmes ini froid de (')0" minus (—5 1 °, i . C), accompagné d'une brise fraîche qui le rendit insupportable. Telle était l'absence de ia chaleur, qu'avec huit grosses Iniches de bois sec dans le foyer d'ime petite chambre, nous ne pûmes faire monter le ther- momètre au-dessus de 11° plus ( — 1 1% 1. C. ). L'encre et la peinture gelaient. J'essayai de finir une esquisse en plaçant la table aussi près du ièu qij de pet pincea pier, m forts. I sec, sui Nom peau , ( déchira et hidei oindre figure à bitenier eu le te D'api faire un nous et ces lieu blanche nirent un corb accourii ■ 'f .' m\ ir In DU CAPITAINK llAfK. qS5 leu qu'il me fut possilile, de le supporter ; mais (le petites particules brillautes à Textréinité du pinceau, et des traces d'écorchure sur le pa- pier, me convainquirent deTinutilitéde mes ef- forts. Les étuis des sextants et les boîtes de bois sec, surtout celles de sapin, se fendirent. Nous souffrions nous-mêmes beaucoup. La peau , et particulièrement celle des mains , se déchirait; il s'y formait des crevasses cuisantes et hideuses à voir, qu'il fallait continuellement oindre de graisse. Un jour, après m'étre lavé la figure à trois pieds du feu , l'eau se congela su- bitement sur mes cheveux avant que j'eusse eu le temps de m'essuyer. D'après les faits qui précèdent, on peut se faire une faible idée du froid excessif auquel nous étions exposés. Il avait chassé loin de ces lieux tout être vivant; quelques perdrix blanches, après avoir long-temps résisté, fi- nirent par disparaître. Une fois seulement, un corbeau, dont les croassemens me firent accourir, tourna autour do la maison, mais il .Ml t ' f ■ î '1 T' I te. : ^1 1 M: Il l ■ ■ ■■ 'l'I i«j '9^ ■ r ■'■?■ i .' • ; ' ■' • ' ,...x .1 ■■ ; i'\4 •A' >-!i- rHi -il ■P. :ii'l| II iKf Vil li .?, 4\ h 1': il: lil 'f' ' 1" ' "Il ■ ' i ■ ' M. Il C i « 'i8(j V()YA(;i: reprit bien vite son vol vers l'ouest, f.es siffle- ments du vent qui passait brisaient seuls la solitude solennelle de cette terre stérile et dé- solée ! 9 février. — • La monotonie de nos habi- tudes fut rompue par l'agréabld retour de M. Mac-Leod, qui précédait une troupe d'hommes chargés de viande. I.e froid l'avait visiblement changé ; la gelée l'avait atteint en sept endroits du corps. Il venait de traverser un grand lac découvert, où, des quatorze Indiens qui l'accompagnaient , pas un seul n'avait échappé à de semblables atteintes. Ceux-ci se plaignaient doulourer.rement, et compa- raient la ensaiion qu'ils éprouvaient en tou- chant leurs fusils à celle du contact d'un mor- ceau de fer rouge ; cette douleur était si cruelle, qu'ils avaient garni l'acier de leurs armes de bandes de cuir pour préserver leurs doigts du contact du métal. Ils nous apprirent que le daim était assez abondant, mais si timide, qu'on en tuait fort DU CAPITAINE BACK. • 'J87 peu ; que d'ailleurs il côtoyait la lisière des ré- gions occidentales, à quatorze jours de ma''che de l'habitation. Les Indiens n'avaient plus que souffrances à attendre partout où ils allaient; les forêts ne pouvaient leur fournir d'abri, ni la terre de nourriture; enfin « la famine, avec son bras osseux et décharné,» les pour- suivait sans relâche, et, brisant leur énergie, les jetait sans vie sur la neige glacée. Neuf d'entre eux avaient déjà succombé; d'autres n'avaient été arrachés à la mo»''c que par l'inter- vention de M. Mac-Leod, qui avait contraint un Chipewyan à rejoindre sa femme et ses en- > fants, que le monstre dénaturé avait abandon- nés. M. Mac-Leod fut moins heureux dans une autre circonstance , on deux Indiens de la même tribu abandonnèrent un de leurs pa- rents infirme , qu'on trouva mort de faim dans les bois. Pour juger avec équité cet abandon des vieillards et des malades de la part des chas- seurs bien portants et dans la force de l'Age, il i I il. Ji», ■ S fi': ! ! 'i Hf :* !iM« t -1, ^;n il , m'' '^n ', f,\ J^ ^^ m rf ! !J ■'<'■;! ,ii ■ .1 *i: K H I :|- :l ;i' '. I- 2S8 vovAdi: faut cependant tenir comple des (.irconstances particulières où se trouvent ceux-ci; car, pour suivre les émignitions du gibier qui consti- tue leur seule nourriture, non seulement cet acte devient indispensable aux chasseurs eux- mêmes, mais encore à toute la tribu. Un sau- vage infirme, malade, outre son inutilité, n'est qu'une entrave à l'activité des autres. D'après cela, doit-on être étonné que, pressés par la faim et par la nécessité de la chasse, les Indiens abandonnent à la Providence les infortunés que la vieillesse ou les infirmités accablent ? Il est vrai qu'ils commettent souvent des atro- cités pour lesquelles malheureusement on ne saurait trouver d'excuse. Pendant nos courses dans le pays, nous entendhues raconter plu- sieurs faits de ce genre qui s'étaient pas- sés chez les Indiens : ils sont si horribles, qu'on n'ose les répéter. M. Charles, le facteur dont j'ai déjà parlé , nous en rapporta un dont il avait presque été témoin ; malgré l'ef- froi et le dégoût que ce récit inspire, je le DU CAPITAINE BACK. 9.89 crois .tile pour montrer le degré d'atrocité que l'homme sauvage peut atteindre, lorsque ia faim le presse. Un Indien Grée, nommé Pepper, qui a^ait long-temps habité les environs de Chipewyan en qualité de i;hasseur, arriva au Fort au mois de novembre i832 , après une abser e de quel- que temps; lorsqu'il eut allumé sa pipe, il se mita raconter les calamités dont il venait d'être accablé pendant l'hiver. Après avoir décrit les horreurs de la famine au milieu des forets désertes et ses efforts inutiles pour les éviter, il ajouta qu'à la fin épuisée par la faim et le froid, sa femme, la mère de ses enfants, était tombée dans un engourdissement que la mort avait terminé; que sa fille n'avait pas tardé à la rejoindre, et que deux fils, dans la fieur de l'âge, qui lui promettaient un soutien pour sa vieil- lesse, avaient aussi péri ! Les enfants en bas âge qui lui restaient, trop faibles pour résister à tant de souffrances, s'étaient endormis près de leurs frères dans le sommeil de la mort malgré tous I. 19 1 :» à' 4 m 'j PL ' ■fVîV ■.'■.iV. ■i ■ ' ■ iC '. y I' ! . 'k' J tl vl !!l i I il |l:i 'I I ) m ai .11 •lir IM «J90 VOYAC.r. s<îs soins a les nourrir des roj>nur('s de ItMirs viHfnienls. « Que pouvais-je lairt^i* » sVcria-t-il alors avec un regard égaré qui faisait dresser les cheveux sur la tête ; « pouvais-je implorer le Grand-Esprit? — pouvais-je demeurer à voir mes forces dépérir? Non! non! — Un seul en- fant me restait. — Je le pris avec moi , et je courus chercher du secours. — Mais, hélas! les bois étaient silencieux et que^. profond silence! — Enfin , je suis vemi ici. » L'enfant dont il parlait, âgé de onze ans environ , n'avait cessé, durant le récit, de con- templer d'un œil fixe le feu près duquel il était assis; et quand tout fut terminé, il semblait écouter encore comme s'il attendait de nou- veaux détails. A la voix de son père, qui lui demandait une braise pour rallumer sa pipe à moitié consumée, il tressaillit d'abord, puis il retomba dans son état morne et hébété. Pas un mot, pas un geste n'avait échappé aux oreilles attentives ni aux yeux perçants de quelques Indiens de sa tribu arrives au mo- ment mais écouti interr entrée miné, groupe parole menrai la véh€ sionné, assassin quelque des boi il nia le Mais, nit, etî un insta tl ne po compagi Ceux- rieure qi MVi r' fl ' i fi im CAIMTAINK iwr.K. Qgi ment où le père avait commencé à parler ; ja- mais homme n'avait été' plus patiemment écouté , et ses gémissements avaient seuls interrompu les longues pauses dont il avait entrecoupé son récit. Mais, lorsqu'il eut ter- miné, un murmure sourd s'éleva parmi le groupe des Indiens. Un de la troupe prit la parole d'iui ton lugubre; il parla bas en com menrant , puis, élevant peu à peu la voix avec la véhémence d'un hoinme fortement impres- sionné, il finit par dénoncer l'Indien comme assassin et cannibale. L'accusé, surpris, hésita quelques instants; puis, tirant machinalement des bouffées de sa pipe totalement consumée, il nia le fait avec un calme effrayant. Mais, dès cet instant, son animation dispa- rut , et son agitation lorsque son fils s'éloignait un instant trahissait une conscience coupable. Il ne pouvait soutenir en face le regard de ses compagnons. Ceux-ci, ayant reconnu la tourmente inté- rieure qui l'agitait , s'éloignèrent de lui comme ¥\ ., î ! '■ h: "} v I •^t ■ ■■>'. ! • t t\'t; il; •' I". Ml: I ri if À' M V\. \\ -l. \ ' 1 ! Il H f!:l 'P .(•', I ■ ■ : I I i I V, i't ■ 1 i • ' i ' , i . :i 4\\i i! 1 ■ : M M I - 1 .'! CHAPITRE VIII. (Juiiduile e\L-in|)lain! d'Akailcho. — Ot<|iart dt* M. Mac-Leod et de sa famille. — Arrivép de Maufeily, — Nous lecevons une pruTJsion de chair de daim. — Mésiiilelligence entre Akailclio etrinter- l>rète. — Préparatifs pour la construction de deux bateaux. — Conduite étranj^e do deux Indiens.— Nouvelle provision de vi- vre». — Détresse de M. Mac-Leoil. — Retour de M. King et de sa troupe. — Nouvelles de la factorerie d'York. — On ne sait ce qu'est devenu Augustus. — Apparition de deux corbeaux. — Nou> velles d'Angleterre. — On congédie trois hommes. — Je change mes plans. — Quelques oiseaux reviennent. — Aventures do M. King. — ; Arrivée de M. Mae-Leod. — inquiétudes sur Wii- liumson. -• Chaleur étouffante. — Triste sort d'Auguslus. ) If ï! f^ 1 y 'b l ■ , ï l < ( t1 II» ■ ;ii Pendant cette période d'horribles souffrances et de calamités en tout geme, Akaitcho se montra dévoué à l'expédition. Chaque matin , au point du jour, il se préparait à la chasse, et , ne pouvant échapper aux souffrances, il cher- chait au moins à les alléger en se raidissant contre elles, et en relevant par son exeni|)le le courage des siens. I y ,) ■i 11^ 1 I- H ■ f'' : 1 0'W. Ml fi \''m ri 1 1:^: ■ 1 : h' 1 ! II! I, h^- 1 t. Il .1 •il: H l- V II Pi' '■ ■ i! aqO VOYAGF Jeunes ou vieux, Indiens de toute condition, tous se plaignaient à lui, et quelques uns d'entre eux se seraient abandonnés à notre égard à l'influence de leurs funestes supersti- tions, si ce chef ne les eût retenus par ses pa- roles et par son énergie. « Oui , cela est vrai , répondit -il une fois à l'un de ses compagnons : les Couteaux-Jaunes et les Chipevv^ans, que je regarde comme ne formant qu'une seule na- tion, ont souffert bien des rigueurs en cet hiver. Hélas ! combien y en a-t-il qui sont allés dormir avec nos pères! Mais le Grand-Chef s'est confié à nous , et il vaut mieux que dix Indiens périssent, plutôt qu'un seul homme blanc ait à souffrir par notre négligence et par notre manque de foi. » D'après les renseignements précédents sur la station de pèche, je savais qu'il ne fallait pas compter sur le moindre secours de ce coté. Dans cette conjoncture critique, je me déci- dai à effectuer une réduction sur le personnel de notre établissement. J'eus la satisfaction de i iV I • \ l>i: CAniAlîNK HACR. '■^97 voir que; M. Mac-Lcod partagea mon opinion, bien que cette mesure atteignît j)articulière- nient sa propre famille. Il nous offrit alors de se retirer avec elle dans un endroit situé à moi- tié chemin entre le fort et les Indiens; ne dou- tant nullement que ces derniers ne l'approvi- sionnassent de viande et que le lac ne lui fournît du poisson. Avant de nous séparer, sa fille, une charmante enfant de six ans^ me rappela que je lui avais promis d'ouvrir la hoite à fer-blanc (comme elle l'appelait), au retour de son père. En conséquence, nous procédâmes à l'ouver- ture de ce trésor, et elle ne fut pas seule à se réjouir à la vue d'un énorme et excellent yVw/w- pudcUng qui figura au dîner, et auquel nous ne fîmes pas moins honneur que les enfants. On porta de grand cœur la santé de notre belle compatriote , madame Maxwell ( i ), à la gracieu- seté de qui nous devions cette précieuse con- serve. (■ K M' ■( ,1i ^■■i ,. i\' 11'; i:i ,,V. *'•' P >i . .'>• % ■•■'■ k 1 %' i 1 î:i!S' ■ i- ■ ■ ■ ■ r ■• >l ; i' ^ ■ fi i' •!' 1 1 ;i .(f l (i) La femme du capitaine Maxwell , avec qui nous aTons fait la travcrsre de l'Atlantique. .1' -.'if il Wil [ \i p.- ■ne . WkMà M ipïl'p i if r" r ^^1 1 i I I . ' i ; < i: 1 1, m 'M)^ VOYAC.K M. Mac-lx»o(l , pondant son al)scnce, avait beaucoup souffert delà disette; il étaitiesté des journées entières sans manger; mais, indomp- table devant la fatigue qu'il regardait connue une des charges de sa fonction, il nous quitta avec sa famille et deux hommes, malgré lui froid excessif, le i/\ février vers midi. I^a conviction profonde où j'étais de la nécessité de cette me- sure pour l'accomplissement de ma mission, avait pu seule me faire consentir à ex|)oser des enfants aux chances d'iui voyage pénible dans une saison si cruelle. Mais, d'après toutes les précautions qui furent prises pour prévenir les accidents, j'eus l'espérance qu'ils arrive- raient sains et saufs au heu de leur destination. Les désastres imprévus qui avaient frappé ces contrées me tirent concevoir de justes in- quiétudes sur mon ancien compagnon, Mau- felly, qui, suivi d'un petit détachement, s'était rendu vers le sud-est; son absence durait de- puis plusieurs mois; nous n'en recevions au- cune nouvelle, et il avait promis d'être rendu. 1 1 \ .i u 1- llt nu capiiaim; ijatk. •à()() si toutefois il vivait ciicort;, au lù)rl-R('liaiico dans le mois de janvier. Mais nous lûmes heu- reusement délivrés de nos inquiétudes par l'ar- rivée de cet Indien, qui, d'un air mélancoli(|ue, nous fit le récit des dangers auxquels il n'avait échappé que par miracle. « On ne voyait pas vestige d'animaux , dif-il , excepté dans une ré- gion éloignée , au voisinage des eaux méridio- nales du Ïhé-Lew^ , mais nous ne pouvions v aller. » Il avait donc été réduit à errer dans la contrée, mourant de faim et d'épuisement, lors- que la présence de quelques daims égarés et traî- nards avaient ranimé son courage. Sa mine con- trite nous fit croire d'ahord que cette heureuse rencontre lui avait été peu profitable et que ses forces n'étaient pas encore rétablies; mais, en l'examinant de plus près, nous reconnûmes que le gaillard se trouvait en meilleur état qu'il ne voulait nous le faire croire. Jamais un naturel n'avoue du prejnier coup tout ce qu'il sait et tout ce qu'il peut dire ; lors donc que le temps nécessaire à l'étiquett.^ indienne fut écoulé. K- ■ ; • f r il ■ > Ik! I . I >■ <^. hM ''iVP: , t ■( ■ mi 'H l'iM: \l ■ U . 1 ! H.; m w 1 U} \ ' . it 3oO VOYAGE Maiifclly ajouta très traiiqiullemenl« qu'il avait mis en réserve pour nous cinq daims à deux jours de marche de notre habitation. » Cette bonne aubaine nous fit entrevoir en- fin l'approche de temps meilletu-s. Nous dépê- châmes aussitôt troi > hommes, afin qu'ils nous apportassent, le plus qu'ils poinraient, de ce précieux dépôt ; il ne resta que mon domesti- que au fort. M. Ring prêta son secours poui- aller quérir du bois, tandis que de mon côté je me rendis aussi utile que possible. Les trois hommes, n'ayant pas de chaussure convenable, furent obligés, pour passer sur la neige épaisse qui comblait les vallées et les ravins des mon- tagnes, de ramper sur leurs mains et sur leurs genoux. Ils gagnèrent ainsi, avec la plus grande peine, la cabane des Indiens, dont la gaieté, ex- citée par les chutes de nos envoyés qui glis- saient ou disparaissaient sous la neige, se mani- festait par de longues et bruyantes acclama- tions. Cependant , l'accueil de ceux-là fut très gracieux; ils fêtèrent la bienvenue de nos gens. bU CAPITAINE r.ACK. 3o I dans leur modosto (lenieiire, par nue-, chaudièro de viande préparée, et les mnnirent de souliers à neige pour le retour. Nous savourâmes avec délices la viande fraîche que ces Indiens nous envoyaient : c'était la première que nous eus- sions goûtée depuis trois mois. Le 23 février, plusieurs de nos gens arrivè- rent aussi, après quatorze jours de marche, avec une petite quantité de viande à moitié sèche. Durant leur voyage, ils étaient demeurés trois jours entiers sans manger. Ils nous apprirent aussi la difficulté que M. Mac-Leod éprouvait pour se procurer du poisson ; mais ils ajoutaient que deux des meilleurs hommes allaient sur le lac, de place en place, pour en chercher, et fi- niraient par s'en procurer. Ils nous firent part, en même temps, de la més- intelligence qui avait éclaté entre l'interprète et Akaitcho, àla suite de laquelle ce dernier au- rait déclaré vouloir cesser ses relations avec nous. Dans notre position, il ne pouvait rien nous arriver de plus fâcheux qu'une semhlable J* I ^f: •Of;; ,1 li" r "p *. 'l'ilj' i' i r f .: . ' : ■ M li I ;^?^ t :'|. i ' ^''. ■ 'il- : '' , L II ii 1 ^1 ■ : I i i, m 'M il . I in i fi' i^ il» i 302 VOYAGE résolution : indépendamment du danger auquel elle exposait la vie de eeux qui s'étaient engagés dans l'expédition, elle nous était surtout funeste en nous privant des secours que j'espérais rece- voir des Indiens au printemps, pour le trans- port de nos provisions et de nos gros bagages , ^ers les sources du Thlew-ee-Choh ; en un mot, elle paralysait nos efforts et ajournait la réali- sation du but intéressant de notre entreprise. Quelque grande que fut mon inquiétude à ce sujet, je conservais l'espérance que, par l'in- fluence de M. Mac-Leod, on parviendrait peut- être à ramener ce chef inconstant à ses ancien- nes dispositions amicales. L'état précaire où nous nous trouvions quant à nos moyens de subsistance, et nos désappoin- tements continuels , avaient modifié ou détruit la plupart de mes plans. Ainsi, par exemple, nous ne nous étions pas encore trouvés en si- tuation convenable pour préparer les maté- riaux nécessaires à la construction des deux lé- s;ers bateaux dc^stinés à descendre le Thiew-ee- ^ nu CAPITAINE lUCh. ^0^ rJioli; niais il n'était plus possible de tarder davantage. En conséquence, deux charpentiers et le pilote Sinclair se rendirent au massif de pins que De Charlôit avait découvert au mois de septembre dernier, afin de préparer le bois pour les embarcations. Lorsque le temps se fut adouci, un de nos chasseurs nous apporta un peu de viande ; j'en attendais de jour en jour une assez grande pro- vision de la part de M. Màc-Leod; mais, comme si un arrêt du destin nous eût condamnés à ne rencontrer qu'obstacles et soucis, M. Mac-Leod nous fit prévenir que , loin d'être en état de nous assister, il ne pouvait lui-même se procu- rer ni poisson , ni viande , et qu'il avait été obligé , en dernière ressource , d'expédier les hommes à une autre station de pêche , sous la conduite de Mac-Ray. En faisant ce trajet, les pauvres gens étaient demeurés trois jours sans manger. Sur ces entrefaites , il nous arriva au fort deux jeunes Indiens qui paraissaient n'avoir Il ' I' î *i î *■ V :û U',i'' ^'[■r i i ■.M -È. tf J, ■ ■ 1' ' '■ i; (, il l :"l (.',''!: .1 4 <■' rl-inJ il 3o/| VOYAGE (l'autre but que de se procurer des munitions. Ils virent fortbien que nos magasinsà vivres étaient absolument vides, et que nous avions dû souf- frir beaucoup ; mais aux questions réitérées que nous leur adressions sur le succès de leur chasse , ils nous répondaient, d'un air indiffé- rent : Etthen ôôlah. <'. Il n'y a pas de daims. ^> Nous leur donnâmes ce qu'ils demandaient , et nous les engageâmes à poursuivre activement le gibier, mais ils répondaient toujours ; « Et- then ôôlah tâhoutai, » puis ils se mirent à mu- sarter fort tranquillement autour de l'habi- tation, ou à s'allonger nonchalamment devant le feu. Pendant deux jours ils menèrent cette Vie, sans manger autre chose que les misérables bribes de nos repas. Or, après ce temps, Mau- felly arriva avec une charge de viande ; ce que nos deux Indiens n'eurent pas plus tôt aperçu , que tirant quinze langues de daims d'un sac qu'ils avaient soigneusement dérobé à nos le- gards, ils les posèrent sur la table sans nous donner ia moindre explication. Aux vifs repro- ;îo5 in; CAPITAINK r.ACK. elles qiio nous lonr adressâmes, sur une conduite aussi singulière . ils répétèrent de nouveau , nonchalamment « etthcn ôôlah , etthen tâhou- tai.» Nous vîmes, d'après leur réserve de lan- gues, qu'ils avaient beaucoup de daims en cache. Dans l'espérance de recevoir désormais ré- gidièremeiît des provisions de plusieurs côtés, je ne craignis plus d'accroître le nombre des habitants d»i fort, et je fis venir immédiate- ment quatre hommes de la station de pèche j pour aider au transport du gibier des caches. Maisj avant leur arrivée, les Indiens sur qui je comptais me prévinrent que le gibier avait disparu sans qu'on sût où il s'était réfugié : que du reste ils allaient se mettre en quête, et s'en- gageaient à nous fournir de la viande, dès qu'ils auraient retrouvé les animaux dispersés. 1 3 mars. — Les hommes que j'avais deman- dés arrivèrent ; ils s'étaient trouvés réduits à un poisson par jour; mais je n'avais pas le loisir de m'apitoyer sur les privations qu'ils venaient d'en Jurer, et, vu l'urgence des événements, I. '20 1;: %\l ■ t l »?' Sf:''i^ '% *': tî." . ' ^y-i iK- ' t. • , ,' ,*■ ' t'. ' t;. ' m ,f I- '4 ' i "'! ■'•' i > 1 ^' m J m 11 ;';!■ ii' â 3oG VOYAGE je les expédiai aussitôt avec M. Kint; et ceux du fort Reliance pour traîner les ferrements et les planches préparées par les charpentiets jusqu'à une baie sur le bord occidental du lac de l'Artillerie , où je m'étais proposé de faire construire les bateaux. Celle occupation devait durer quatre ou cinq jours, pendant lescjnels j'espérais qu'il sur- viendrait quelque changement heureux. Mon attente ne fut point déçue. Le lendemain , un dimanche, comme nous jouissions de ce calme qu'on épi-ouve en sortant de l'office divin , les grognements d'un de nos chiens, trop faible pour se livrer à d'autres démonstrations, nous annoncèrent l'approche d'un pas étranger; en effet, le vieux camanide de Mandeville parut à la porte de la salle. Accoutumé à voir les In- diens les mains vides, je ne lui demandai seule- laent pas s'il nous apportait des vivres; mais, après m'avoir dit en français le bonjour, qu'il avait appris des habitants du Canada, comme tous les Indiens , il s'écria : « Vous n'avez donc ^ I '!! ^ n DU cai'itaim: isack. o(»7 pas de provisions? — Tiens] les chiens les ont- ils niangéeij?» et, ouvrant la porte, il me com- bla de joie et d'élonnement en me montrant un jeime Indien , appuyé sur son fusil , près de deux traîneaux de viande sèche, que le Cama- rade et lui avaient mis cinq jours de marche pour nous apporter de leurs huttes. Le jour suivant, je reçus encore des provi- sions de la part de M. Mac-Leod, qiii cependant vivait, lui et sa famille, dans les plus cruelles privations, entouré du douloureux spectacle de la souffrance et de la mort. Six naturels de Tun et de l'autre sexe venaient de succomber sous les horreurs de la famine; les filets n'a- vaient rien dontié. — Akaitcho, sur qui M. Mac- T.eod fondait son espoir (car le vieux chef n'avait point donné suite à ses menaces), se trouvait éloigné encore de douze jours de mar- che, et, malgré cette grande distance , il avait dépêché quelques vigoureux chasseurs avec nue charge de viande dont ce que nous rece- vions était une partie. La position de M. Mac- î % r.. r . n .'.' < r4 t n m '■M '.Vi m: m . if; i fr f ! If î':j TFTPr I i J I,. ^' I II , I I , 1 :'o(i(';tait lort('uil)an-nss:iiil(';i\)i)tiiis (K> lui cc' peiulant qiril lit encore \v sacrifice de s(î séparer (lésa i'aniille et(l('l'env()veraul'\)rtvlîésolMli(>n : (lenieiiré seul, il pouvait (jiiilter la pêcherie pour le nioinent et se rendre auprès des Indiens ilont sa présence exciterait le courage. I.e i8 mars. — M. King et sa 'voupe revin- rent du lac de r/Vrtillerie; après y avoir déposé les objets doiit il étîiit chargé, il avait laissé les charpentiers travaillant à la construction des haleaux. Dans la soirée du t^C», fort tard, il arriva au Fort un messager de la factoreiie d'York avec un paquet que nous attendions de jour en jour depuis six semaines. Le bonheur que nous éprouvâmes peut être apprécié seulemonl par ceux qui , jetés comme nous hors des pays civilisés, ont enfin reçu après une longue an- née d'absence des nouvelles de c(mix qui leiu" sont chers. Mais nous commencions à peine à nous ré- jouir, que notie satisfaction fut troublée. I.e m r:\Pli\iM, f, \(h incss.'igcr nous dit (|(i<> raiihv inoilir YA(;i'. M. Mac-Doiinel, tlirecleur du Forl-Kt^î>olution, m'envoyait dire qu'aussilot rarrivée dij Cana- dien et de l'Iroquois, il avait expédié deux autres Iroquois, bien approvisionnés, sur les traces fl'Augustus avec l'ordre de le conduire près de nous. Mais, au bout de dix-huit jours, ces envoyés étaient encore revenus au Fort, disant à M. Mac-i)oiint;l comme les premiers, qu'après s'être égarés, ilss*étaient vus contraints, leurs vivres *uie fois épuisés, de revenir sur leurs pas. Un Indien , qui se trouvait alors au Fort , avait bien voulu servir de guide au poi*. teur du présent paquet; et, ajoutait M. Mac- Donnel, «j'espère qu'enfin vous le recevrez sans accident; mais je crains qu'Augustus ne soit mort de faim.» — Quoique les compagnons de celui-ci eussent ajouté ([u'ils avaient en- tendu des coups de fusil dans la direction où ils l'avaient quitté, et que peut-être il avait ren- contré des Indiens, je ne conservai qu'une faible espérance. Je fis circuler ce fait , autant qu'il fut en mon pouvoir, parmi les tribus indiennes. '• m m CAIM iaim: uack. '\\ \ bitii qu'elles se reiulisseiil inallieuiriiseinent Irop loin du lieu où Augiîslus pouvait être; j'offris une récompense illimitée à ceux qui le trouveraient et le ramèneraient. L'ardeur et le courage de ce bon Esquimaux qui avait voulu se hasarder avec nous au milieu des périls de notre expédition, son vif attache- ment pour moi et cette mort terrible et pré- maturée, triste récompense de son dévoue- ment , m'attristèrent long-tenq)s et me jetèrent dans de profondes et pénibles réflexions. Les lettres de la factorerie d'York nous ap- prenaient que deux naviies de la compaiïuie avaient été forcés de passer l'hiver dans la baie, l'un à Churchill et l'autre à l'île Charlton. Cela était dii, disait-on , à la grande quantité de gla- ces flottantes qui bloquaient le détroit d'Hud- son et barraient toutes les communications avec l'Atlantique. Mais on ajoutait que cela ne contrarierait en rien notre expédition , car nos lettres pour l'Angleterre avaient été expédiées ■J !i' ::i *%ii M' i ï il m H\ t !''M î* vl;f:' '.)Jv * ^IV .■>(I, ■ Si ■;i ■'■.!;;;. ^ i . ] ii' m ôï'2 \(>yAe expresse de leur faire le moindre mal, ils de- vinrent si familiers qu'à peine s'éloignaient-ils de dix pas à i^otre approche C'étaient les seids êtres vivants avec lesciuels nous fussions en relation , et on avait plaisir à les voir s'ébattre sur la neige, dont l'éclatante blanclieur faisait ressortir leur plumage noir et lus Mallieu • reuseinent, un détacheuient de nos hommes arriva pendant la nuit. Un Iroquqis, qui s'y trouvait, aperçut les i\eu\ corbeaux, et, igno- jant ma défense, ne put résister à l'envie dp leur tirer un coup de fusil ; il les tua. En toute autre occasion, cet événenient eût été trop in- signiliant pour être raconté, mais ici ces cor- l)eaux formaient le seul chaînon vivant qui nous r^iltachàt à la nature désert^ et silencieuse dont I i î. Kl <:AriiAi.M r.\(;!\, ■)[.) nous t':li< MIS i;iivt'l()|)|)(''s; li'ui" [ktIc ttii (iii vé- ritable chagrin; cVlait en outre une sorte de traliisoii pour ces pauvres oiseaux habitués a nous considérer connue leiu's amis. On soûl- frait volontiers leurs petits larcins; et leurs croassements aigus, si fatiiijants ailleurs, inter- rompaient ici la .uonotonie du silenc<>. 20 avril. — C'était runniversairf de notre dé- part du village de la Chine. Nous nous entre- tenions, pour la centième fois, de ceux cpii étaient venus de si loin pour nous voir ce jour- là , lorsque nous entendhnes un violent coup h'appé à notre porte, et nous vunes aussitôt entrer ui\ individu tout essoufflé, qui sans per- dre un instant arriva droit à moi et me re- mit un paquet qui; je reconnus pour venir d'Angleterre. «Il est de retour, monsieur, dit ce messagei', pendant que nous le considérions avec étonnement. — Qui ? Augustus? Dieu soit loué! m'écriai-je. — Non; le capitaine Ross, monsieur. — Le capitaine Ross est de retour? Est- l 4 11 'fi y '-1, fi (i ! I '■\m f i! 1 i M 11 ^ ' y.h- i-': ; -*" iiM ■Hit I'; ■;,:':! i^ ^'1'', m pf t! i! l' i I ;•.) ' "i: : I!) pli. , ' "'if; :t:i! ( ! \H 3l/| VOYAGi; cAi possible.' Coniiiient lesait-oii? » Lu messagei fit une pause et me regarda, puis, im; moiitrimt lIii doigt le paquet, il dit : « Ouvrez, monsieur.» En eifet, dans le débordement de mes émotions j'avais oublié le paquet. Il contenait deux arti- cles du Times et du Herald y qui confirmaient la nouvelle ; mes lettres officielles , jointes à celles de (juelques individus qui accom[)a- gnaient iô capitaine Ross, et d'autres du capi- taine Maconochie, de M.Clarry, du gouverneur Sinipson et de plusieurs amis anglais et améri- cains, ne me laissaient plus aucun doute sur la réalité du fait, et me montraient en outre le puissant intérêt que ce miraculeux retour avait éveillé dans le public. Cette nouvelle me fit d'autant plus de plaisir, que non seulement elle confirmait les opinions que j'ai déjà exprimées , mais encore rendait plus évidente la sagesse des promoteurs de notre expédition, qu'en un niot, elle otait à la nation britannique cette l'éputalion (rindifférence dont elle est si loin de mé notre à la di' les prc souverj nous rj velis d La I le use a Nous ( nous a le jour talion permet sévère ( mais ic] distribi célébra bol de l ."> mj royale t service; iil m] CAFITAINK BACK. 3 I T) de mériter le reproche. Dans la plénitude de notre joie, nous rendîmes tous ensemble gi ace à la divine Providence qui , dans les consolan- les promesses de l'Ecriture suinte, nous répète souvent qu'elle veille sur nous et qu'elle peut nous ramener à la lumière, lussions-nous ense- velis dans les plus profonds abîmes de la mer. La pensée d'une délivrance aussi merveil- leuse avait absorbé toutes nos autres facultés. Nous étions sur le point de déjeuner, mais nous avions perdu l'appétit, et durant tout le jour nous demeurâmes dans un état d'exci- tation fébrile. — M. King et moi nous nous permettions rarement de nous écarter de celtu sévère économie que conunandait la prudence, mais ici nous la mîmes de coté, et après avoir distribué une régalade à nos liouunes, nous célébrâmes tous deux notre joie par un grand bol depuncb. 5 mai. — David Williamson de l'Artillerie royale et deux autres hommes furent libérés di^ service; le premier, à cause de sa mauvaise sanlé^ fi r' 1^ fe - î s I- h: !:■■ 's, ':.:/'ti l' "'■!?'■! 1 • f ■! . .\ <: l- hIi ■■!^^^ i .in t ;"î!;'V ^n -i' i ■. I 'M ^'l, f. •! i'J' il, (: .fi 1 ' 1 1 1 lit 1 illly; ■' ; '■ ^mrf W i:\ If . ''il ! "' ,!. ,■ !■ 1(1 i.t 1 -illl VOV.VGK et les autres d'après leurs propres demandes. Mous Jes cliaigeàmes de lettres pour l'Angle- terre. Il dégelait alors : la verdure et les paities saillantes des rochers devenaient de plus en plus visibles. — Je reçus peu de temps après une lettre de Mac-Leod, relative à la négligence qu'a- vaient mise Akaitclio et sa troupe à nous four- nir des provisions. Il soupçonnait que ce chef avait été sollicité par les siens de donner une autre destination à une partie des produits de su chasse. Une poi'tion de viande, il est vrai, avait été détournée et confiée à un Indien libre, mais celui-ci en avait très peu pris, et ce n'était :5;uis doute qu'un prétexte dont se servait Akail- qho pour déguiser les petites infidélités dont nous le soupçonnions. Un mois plus tôt , ces nouvelles m'auraient causé un grand chagi in ; mais, maintenant que je savais le capitaine Ross en sûreté, elles me contrariaient beaucou[) moins. Je me décidai aloj's à longer la côte tic la mer avec un seul bateau au lieu de deux, dioisissanl les nu'illein\s hommes de l'équipante pour ni me pern à l'atten naguère réalisé s quoique mour c nous a\ fire à di tit nom ;ivec me tés supé voyagei tous égt leuses. 1 lieu de c liasarde bateau Arctiqu Ues le pemi ierie , o ^i'i IHJ CAPliAINK r.Af:K. :!i7 pour uracconip.'jgiH'r. C/rtait lo soûl moyon qui me permît d'exécuter mes plans et de répondre H l'attente du public; l'ardeur qui nous animait naguère pour atteindre un but maintenant réalisé sans nous, avait beaucoup diminué, quoique encore fortement exaltée par l'a- mour des découvertes. Les provisions que nous avions mises en réserve pouvaient suf- fire à dix personnes , pour trois mois. Le pe- tit nombre des individus que je devais prendre avec moi se trouvait compensé par les quali- tés supérieures de chacun d'eux ; c'étaient des voyageurs expérimentés, bons chasseurs et tous également solides dans les situations péril- leuses. Avec un tel équipage, il n'y avait point lieu de craindre les obstacles du voyage, quelque liasardeux qu'il fut de se lancer avec un seul bateau sur les eaux inhospitalières de la mer Arctique. Les hommes furent employés à traîner le pemniican et les bagages au lac de l'Artil- lerie , où \es charpentiers avaient achevé un ■■Ht ■i 'h t: M' 'r n 'M M m ri ■ ; 'Il !" ;.« '■'■■ \h\ t ^h 'M '. y ' î.ï; 11 .1 Mi '■1: ;i "J: [1 i.';.t. ■M i;f' ':t^ ■ ' 'là !f : ^! î i mlm T ' il w I! m ïliil rj i 1^ iJJ il n .il 8 VOYAGF nnteaii et étnwut à la moitié du second; c<;hu- c'i inaintonarit nous devenant inutile, allait être d'un grand seconrs à M. Mac-Leod pour ac- complir les instructions que je me proposai de lui laisser durant notre absence. Je lui écrivis aussitôt d'engager quelques jeunes Indiens pour transporter chacun un sac, pu 90 livres (4o,8. kilog.) de pemmican, jusqu'au Thlew-ee- Choh. (Distance directe, 1 15 milles.) i3 mai. — Une oie, avant-coureur de Tété, rasa notre habitation ; peu après elle fut suivie de cinq autres qui, comme la première, se diri- geaient vers le nord. En 1 8«i6, au fort Franklin, cette apparition avait eu lieu six jours plus tôt, quoique sous une plus haute latitude. — Le soir nous aperçûmes une mouche et un essaim (\c petits oiseaux ; enfin , pendant les trois jours suivants, nous vîmes des goélands, des loriots, des gros-becs, des jambes-jaunes, des rougo- gorges et des papillons. Deux ou trois espèces de canards sauvages se ï'éfugièrent dans un petit marais situé derrière DU CAPITAIXC DACK. 3 i 9 ïiotre hahitalion, M. King en prit plusieurs. Or, un jour, comme il venait d'abattre un de ces oiseaux, son attention fut attirée par quel- ques autres canards qui se jotiaii^nt sur im étang voisin; laissant là sa proie, il se traîna vers eux dans l'espoir de s'emparer d'un beau mâle. Il s'enfonçait déjà dans l'eau, lorsqu'il entendit au-dessus de sa *téte un bruit assourdissant. C'était un grand aigle à tête blanche, les ailes étendues, qui fondait avec la rapidité de l'éclair sur le canard tué en premier lieu. M. King, voulant à la fois posséder l'aigle et garder son gibier, renonça au dernier qu'il venait de blesser, et, sans se donner le temps de mettre ses culottes, il franchit rapidement des mon- ceaux de neige endurcie, semés dans le marais; mais il arriva juste au moment où l'oiseau maraudeur s'éloignait en toute hâte avec le canard qu'il tenait dans ses serres. Lorsqu'il eut perdu l'aigle de vue, M. King retourna sur ses pas, et posant son fusil dans un endroit sec, il se remit à poursuivre son f ■• I !•■■ ï 1:1. i' : ♦i' ■M- k';^' ■'■■ 'l' V..' 1'' ': : ■ . 1' -kJ • ' >■ ■ I ■M ' ( M V î : : f -■il-' I i!: il ■ ''':M. i» i I ■ m h:: j r r -il m " f^ ?! .iTiiil ( : : \ ■ I •î: î !t îh ' I i :' f. •i i' M I m M: I im i Ai à ' ^ ii'i* 1, m ♦ :: ' y ' 39J) VOVAf.F iiiAle blessé qui, au lieu do fuir, demcurail im- mobile comme s'il était résigné à son sort. Mais, à mesure que M. Ring approchait, l'animal se glissait adroitement dans de petits recoins et détours, comme s'il eut été pilole de ces lieux. Plusieurs fois M. Kîng allongea sa main pour le âaisir, sans y réussir; enfin, après beaucoup de peines, il parvint à le bîocjuer dans un endroit où la fuite paraissait impossible; et, comme il se baissait pour le prendre avec précaution afin de ne pas gâter son plumage, qu'il se proposait de conserver comme spécimen y le canard re- garda autour de lui, et, poussant son cri ordi- dinaire quack! il s'enfuit à tire d'aile, au grand étonnemènt de M. King, qui douta alors de l'avoir réellement blessé. Le dessein du canard semblait être d'amener son ennemi loin de sa compagne Ces oiseaux, en effet, surtout dans certaines saisons , se montrent si attachés entre eux, que, s'il y en a un d'atteint, il se traîne vers le chasseur en poussant des cris lie détresse jusqu'à ce que l'autre soit sauvé ou ei f 51 DU CAPITAINE BACK. 321 enfui. Souvent, plutôt que de s'envoler,ils plon- gent pour éviter le chasseur. Nous avons chassé un canard qui essuya ainsi cinq coups de feu consécutifs. 18 mai. — On voyait des chatons de saules d'un demi-pouce de long, et la neige disparais- sait. Notre aimable compagnon, M. Mac-Leod, arriva le 26; il était ct-uellement trompé dans son attente relativement au gibier que les In- diens avaient promis d'envoyer dès les premiers beaux jours. Il avait trouvé les chasseurs dans un état pitoyable, et l'hiver finissait aussi mal qu'il avait commencé. Il me communiqua aussi les sérieuses inquiétudes dont il était tourmenté sur le sort de David Williamson , l'arlilleur, congédié nouvellement. Il paraît que ce pauvre garçon avait quitté la station de pêche avec ses compagnons et deux Indiens pour guides; mais ne marchant pas très vite vu sa mauvaise santé, chargé en outre d'un bagage considé- rable à lui appartenant et dont une partie lui était cependant inutile, il était parti un jour le 1. 'il . r.v ,) I I I '■< I i iiW ■$l i;i,:vl. ^, if. S il- T -* ' il'." Jf t : il '(■' ,i'> ■II' ? -l! f^-i il ,; ,î il ^ • , vM^m:.^ '^ .■': •'!^ hi U ^ih:^ •••': '■•■i . ■ ' '''■'. ' ' ' » '■'^'k. .•-. 'rt.'t .| " . .' ... .| »■ ■|! .. f.( . r J-ri 322 VOYAGE mî I ,;.i.i 'i •A'.i [m ifiîji I 1 u premier; la route étant tout-à-fait directe, les autres comptaient le rattraper aisément, et s'é- taient attardés au campement d'environ une heure. Connaissant son humeur bizarre , ils ne s'étaient point alarmés d'abord de ne le pas rencontrer de tout le jour, mais , lorsque vint le soir, ils commencèrent à concevoir de vives craintes ; un des Indiens retourna sur ses pas pour se bien assurer que Williamson n'était point resté en arrière égaré parmi les îles ; ses recherches étant infructueuses, il regagna sa- gement la station de pèche pour prévenir de cet accident. M. Mac-Leod le renvoya sur-le- , champ avec un second Indien , avec ordre de faire les recherches les plus actives, leur pro- mettant une forte récompense en cas de succès. Mais, après trois ou quatre jours d'absence, ils revinrent à la pêcherie avec la certitude que David ne s'était point arrêté entre leur dernier campement et les îles d'où l'on peut traverser à la côte du sud; au contraire, ils avaient cru reconnaître que William les avait dépassées et I \- > •■i r; r l>U CAPlTAiNE UACK. ^'iiJ avait oiJ, des munitions et des vétemenis, et il <'st i^énéralemenl connu i < 4 1)1 flAIM lAI.M-: IIVCK. 39.7 . (in'iiti Indien |)<>iil trouver à vivic là où un loup mourrait de (;nin. Ainsi leur relus (Tliahiter rétiiblisstMuenl nionlniit (•ond)ien les enviions élaient dénués de ressoiuces. Je fus oljlii^é alors tie me fier à la T^i'ovidence pour la sûreté des effets contenant les observations, les j'jiniiaux , les dessins et les cartes. On dressa une plate-forme dans la salle; on y déposa le reste de nos vivres avec tous les soins néces- saires pour l(;s garantir de Thumiditc et ties walvérènes voraces. Plusieurs objets fui-ent des- cendus dans un caveau dont on scella Tentrée. Les plus grandes caisses furent entassées les inies sur les autres et recouvertes d'une toile goudronnée; une très petite quantité d'eau-de- vie, que nous ne pouvions emporter et que nous eussions volontiers consommée sui* place, si l'économie l'eut permis, fut enteriée à cin(| bonnes brasses ( vingt-buit pieds ) sous terie ; il n'en Jallait pas moins poui- qu'elle fût liors de portée des bipèdes et quadrupèdes de toute espèce^ des Indiens ou des ouïs. I i ■' ; lu. , I II' 11 ■.1' .1 I ; t ■ ;; iî m' ■M I' ,( {■I 1' ! t ' H; v ! *■ ' 3'i8 VOYAGE nu CAPITAIM'; HACK. Ces opérations faites, il ne restait plus qu'à barricader les portes et les fenêtres; ce qui étant terminé, je demeurai seul avec quatre indivi- dus, y compris le guide, qui se chargèrent cha- cun d'un poids de 90 ( 4o,8 kilog ); deux chiens portaient sur leur dos nos provisions de voyage. Enfin, le 7 juin, M. King et moi nous quit- tâmes le Fort-Reliance un peu après midi. y H 1 m ' t . . ijf FIN DU 1>REMIEU VOLUMIi;. r] !:: h * ■ I f' u u t.1 -, i TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. Sil I! i y :*l I- t^ Intuoduction. Chapitre I•^ — Départ d'Anglelerre. — Arrivée à Mont- ré.il, préparalifs de l'expédition. — Le feu prend à notre hôte!. — Départ de la Chine. — Le Saint-Laurent. — L'Oltava. — Lai" Hmon.— Saut de Sainlc-Murie. — Arrivée au fort William. — Répartition du bagage. — Cluite de la montagne. — Lac de la Pluie. — Arrivée au fort Alexandre. — Observations magné- tiques. — Entrevue avec le gouverneur Simpson. — Arrivée à Norway-House. — Diflicullé de se procurer des liommes pour le service. — Départ de Norwaj -House. Chapitre H. — Commencement de l'expédition. — Entrevue avec iVl. (Charles. — Nous sommes lelenus par un coup de vent. Description de notre tente. — Tourmente. — Grand Rapide. — Progrès de la culture. — Arrivée à Comberland-House. — Départ des bateaux sous les ordres de M. Ki: . — Je m'em- barque dans un canot. — Manœuvre des bateaux dans les Ra- pides.— lie à la Crosse. — Lac des Buffli-s. — Bourrasque. — Une mouffette. — Portage La Loche. — Site piltoiesque. — Entrevue avec MM. Stuart et A Mac-Leod. — Nouveaux vo- lontaires.— Arrivée au l'oit Chippewyan. — Renseignements sur la roule supposée parle Fond-du-Lac. — Rivière salée. — Es(juisse d'une troupe d'Indiens. — Description des soures salées. — Campement des Indiens. — Renseignements des na- turels sur les rivières Thlew-ee-Clioh etTèh-Lon.— Arrivée uu Fort Ré.solulioii. 4> '' :.H '.•;■ • i!- 1 ït" l'.t.- m^^- ii ■ ■ * : ' LJ l ;'■ ' 'L. ê É Ilil i ; ■| ' ; I; !;■ ;|rj fi »l il 3;jo 1 AI5M' CiiAPiinR IJI. — lUx'lierches et emharras relaiisenienlà la roiilf. — Prt'paralifs dii départ. — Embarquement à la rcclterclie du Tlilt;w-eo-Clioli. — Campement indien. — Politesse in- dienne. — Point d'honneur des chasseurs indiens. — Descrip- tion du pays que la route traverse. — Vue d'une petite mon- tagne de glace. — Ciiassc d'un ours. — Descri[>liori de ia côte. — Pointe Keitli et baie Chrislie. — Extrémité orientale du f;;rand lac de TLsclave. — Découverte d'une rivière qu'on sup- pose conduire vers le Thlew-ee-Cboii. — Préparatifs pour la remonter. ;y Chapitre IV. — Difficultés que nous eûmes à vaincre pour re- monter la rivière de Iloart-Frosl. — Paysages retnavquabies. — L'interprète est malade. — Canipeiient dans une iie du Lac Gook. — Nous remontons une autre petite rivière pleine de rapides. — Désertion de deux Indiens. — Einbarras dii guide pour indique la route; sa tentative de fuite. — Suite de cours d'eau et de lacu. — Ce que racontent les Indiens au sujet du Tliè-Lew ouïèli-Lon. — Lacs deCiinton-Colden, Aylmer et Sussex. — Découverte du ïlilew-ee-Choh. 1 7.I) GuAPiTBB V. — Digression sur la ronle de Ilearne , par le doc- teur Rit'hardson. CiiAPiTBu VI. — Suite de notre voyage. — Rochers sur le ïlilew-ee-Choh. — Ile d'un aspect particulier. — Lac