^. ^t:^. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) LO l.l 11.25 lÂâm 12.5 la l?i 122 L£ 12.0 lU I; s Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4S03 4* %c CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICMH Collection de microfiches. Cenadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien Je microreproductions historiques «■ T«chnical and Bibliographie Notat/Notaa tachniquaa at bibiiographiquaa Tha inatituta liaa attamptad to obtain tha baat original copy availabla for flllming. Faaturaa of thia eopy whieh may ba bibliographically uniqua, which may altar any of tha .^magaa in tha raproduction, or which may tignificantiy changa tha uauai mathod of fiiming, ara chacicad baiow. D n D D Coi^^urad covart/ Couvartura da couiaur |~n Covara damagad/ Couvartura andommagéa Covars raatorad and/or iaminatad/ Couvartura raatauréa at/ou paiiiculéa □ Covar titia mitting/ La titra da couvartura manqua I I Colourad maps/ Cartas géographiquas an couiaur □ Coiourad inic (i.a. othar than biua or biacic)/ Encra da couiaur (i.a. autra qua biaua ou noira) I I Coiourad platas and/or illustrations/ Planchas at/ou illustrations an couiaur Sound with othar matarial/ Ralié avac d'autras documants Tight binding may causa shadows or distortion along intarior margin/ La raliura sarrée paut causar da l'ombra ou da la distortion la long da la marga intériaura Blank laavas addad during rastoration may appaar within tha taxt. Whanavar possibla. thasa hava baan omittad from filming/ Il se paut que certaines pages blanches ajoutéai lors d'une restauration apparaissent dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas S\é filmées. 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T ti 7 P 0 fi C b tl s o fi s o T s T v< d ei h ri ri n This item is filmed et the réduction retio checiced baiow/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X 30X y 12X 16X 20X 24X 28X 32X The copy filmed hère hos been reproduced thankt to the generosity of : National Library of Canada L'exemplaire filmé fut reproduit grflce è la générosité de: Bibliothèque nationale du Canada The images appearing hère are the best quality possible considering the condition and !egibility of the original copy and in Iceeping with the fîiîTiing contract spécifications. Original copies in printed paper covers ère filmed beginning with the front cover and ending on the lest page with a printed or lllustrated impres- sion, or the back cover when appropriate. Ail other original copies are filmed beginning on the f irst page with a printed or lllustrated impres- sion, and ending on the lest page with a printed or lllustrated impression. 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Maps, plates, charts, etc., may be filmed et différent réduction ratios. Those too large to be entirely included in one exposure are filmed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom, as many f rames as reoMired. The following diagrams illustrate the method: Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être filmés à des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bas, en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. 1: 1 2 3 1 ."* 7. 3 4 5 6 u [i 'V fil? 1. ' : i V I t RÉC n il f ! ■h' 1 .1 «i •n* ,, i I .1] 1 i VOYAGE DAirs i'C& RÉGIONS ARCTIQUES TOME II. ■ <».*•'' • ■>'■■¥ :4i-^ ♦"■^ 'v '■M ' ■'4., • ^^m i ■î;^ '^i 1 \i{ 1^ Il i f } • î a!/' 1 i , . \i l\ m R] 1^' K'. 1iv| I tv i f\ ■ 1 îfl ilr- "i"»i ■* IK ;ti^ •■ il- ff i m m 1 1 l'AUlS. - IMI'KIMERIE UE BOnHGOGNE ET MAUTINET, riir Hii Culoiiibier, n' 3o, VOYAGE DANS LES RÉGIONS ARCTIQUES, A L4 RECHERCHE DU CAPITAINE ROSS, EN 1834 ET 4835; RECONNAISSANCE DU TIILEW-EE-CUOU, MAINTENANT GRANDE RIVIERE BACK ; l'AK LE CAPITAINE BACK, Offiricr dr la Harioe Royair; TAAUUll' PAR M. 1*. CAZEAUX, INCfiNIBDR UYDROOBAPHE. I ' ■ M TOME DEUXIÈME. BT, PARIS. AKTHUS BEirrnANI), LIBRAinK-EDITEUn. IIBRAIRE DE LA SOCIfclÉ DE r.KUGR APHIfc , RI'F HAliTEFEDIIXE. N M M UCCC XUVI. I .il fî^' 1! M Vil H' n'i il * t; < hn îl ■ ' s! VOYAGE DU CAPITAINE BACK. CHAPITRE IX. Itt'-tlfxiuns. — Halle pour lii nuit. — On se remet en marclit'. — Obstacles divers. — Les bateaux sont terminés. — Rive oiifiiiale (In lac de l'Artillerie* — Kous suivons les traces de M . Mac-Luud. — Deux daims tués. — Pins rahougiis. — Cani|)enient. — Diffi- cultés pour rcconnaitre notre route. — Nouvelles de M. Mac-Lrod. — Bourrasque de neige. — Feux allumés sur les collines. — Accident arrivi; à i*eter Taylor. — Nous dévions de iiolre che- min. — Accident arrivé à James Spence. — Mauvais temps. —^ Pillage d'une cache. — Nous retrouvons les guides déserteurs — Glace dangereuse. — Arrivée an lac Aylmer. — Brouillard épais. — Baie de Sand-Hill. — Recherche judiciaire. — Animaux. — Rapide du Bœuf Musqué. — Nous rejoignons M. Mac-Leod. — Rtron- naissance de la rivière. — Une belle Indienne- — Une chasse uux rennes. Il y a toujours quelque chose d'excitant dans la première alerle d'un voyage même or» dinaire. Le bruit des apprêts, l'esprit de réso- lution avec lequel on se dispose à partir, la II. I V h\ ■ ' M l'ut ' J' f ' ■ ■ :H ^ il t ^ii . 1 ( I ■I m I ^ .!! m <.! » I : 'Il |>ors|M'Clivo tlti ch.iiigomrtil c\ \v vnstc chnnin Inissé aux ivvos (l<> rininginatioii qui uons de- v.'uico, tout cela contribuo vn tous temps à remuer le sang et à donner à Tesprit luic plus grande activité. On concevra alors quels senti- ments j'éprouvai en me mettant en roule poul- ies déserts arctique*. J'avais échappé à la misère «l'un hiver rigoureux , au spectacle ('t aux récits de la souffrance et de la mort, aux longs ennuis d'une vie monotone et inactive , aux désappointements les plus cruels et aux plus terribles soucis. J'avais donc enfin devant moi une carrière nouvelle; j'étais soutenu par l'es- pérance, la curiosité et l'amour des aventures. La perspective même des dangers et des obsta- cles que je devais rencontrer, jointe à la res- ponsabilité inséparable du commandement, loin de diminuer mon zèle, ne faisait que l'augmen- ter. En tournant le do!» au fort, je sentis ma poitrine allégée et mon cœur battre avec plus de chaleur f on eût dit un prisonnier quittant son cachot. M. Kitig^ mon compagnon, par- ^' i i M.' if I *•« 1)1 <;Ai'iTAiNr: t^ack. .'i tagrnit cviilcminnit celle ardeur d'éniotiniis. Nous nous mimes donc gaiement en marclie cl nous avançâmes rapidement. Nous nous dirigeâmes au nord à travers les bois, et nous arrivâmes à une longue nappe de terres marécageuses; il fallut ensuite monter sur des rochers à pic, et bientôt après nous eûmes en vue l'Ah-hel-Dessy, qui semblait navigable dans cette pjirtie, bien que le bruit rapproché d'ime forte chute nous attestât plutôt le contraire. Nous traversâmes plusieurs colli- nes de sable où croissent en abondance les arbrisseaux nommés pai* les voweurs de hoix, comme je l'ai dit ailleurs , Sac-à- Commis. Ces collines sont généralement bordées d'escarpe- ments de feldspath et de rochers nus de granit ; d'épaisses masses de neige comblent rà et là les intervalles qui les séparent , ou sont accumu- lées en talus contre les parties inférieures des escarpements verticaux. Nous vîmes auprès d'anciennes traces de daims. L'étouffante chaleur du temps avait telle- ■ t . * 1 ' Ut •n • -^ . N ; ' f» ' \ H * > f . ':;' t' \ Vf ■ir ■ : -r^ M' ! iè M ' • 1 ' 1 ' 51- .|; ; -,■['< I 4) w '■ , r '•'l I :*.' i II If i i'M ' i 1 iji 1 ) ■' y !' I \n II il I I 4 vovAdi: niiu('Kti<|ii(>, (|iril \\o pouvait plus avancer. Nous (unes lialte, cl connue nous n'avions pas de tente, nous nous établîmes pour la nuit sur (ui vaste tapis de mousse de renne que protég;eaient les blan- ches d'un large pin. liCS saules en faible nombre qui bordaient les rives des petits lacs que nous avions passés n'étaient pas aussi avancés que ceux de notri- habitation; ces derniers, cependant, ayant pro* bablement soufiert des vents deN. E. dont l'in- Huence s'était fait sentir dans les derniers temps, avaient fait peu de progrès. Sur les bouleaux nains, il n'y avait qu'une fleur d'épanouie, et les boutons verts étaient à peine visibles. Cela venait-il du retard accidentel de la saison, ou de la pauvreté du sol, c'est ce que je ne saurais décider. A ce sujet, je rapporterai ici qu'ayant précédemment semé du cresson dans une caisse garnie de la meilleure terre que nous eussions pu trouver, ce cresson n'arriva point à maturité parJaite, du moins après trois semai- ni IV 1 ^ U\ (WliMM \\\r.h. •> iirsiratU'tite, bini i\\w la caisse IVil lonrermc*' pendant la nuil dans une cliainhir cliandc. v\ qnVIh'reshtl exposée lejour à Jardctu' du soleil. — Le pays que nous lraversioï:s oiïr;:il les Ions grisâtres d'un automne avancé; pour (ouh* verdure, nous n'aperçûmes que celle des^y/r-«- tominis et des jeunes sapins. Il tomb.1 pendant la nuit une grandes pluie ([ui, jointe à Kardeur que j avais de conlinuer ma roule, bannirent le sonuneil de mes veux. Néanmoins j'étais |)arvenu à nfassoiipir, lors- qu'une perdrix blanche vint s'abattre à quel- ques pas de moi, en faisant grand bruit , el ré- veillant plusieurs d'entre nous. Nous reprîmes notre marche le lendemain malin à trois heures; il fallut descendre dans un ravin très profond , puis remonter eu • II- • nous cranq30Muant aux saunes,, et en nous frayant un chemin à tiavers d'épais fourrés d'où nous eiuues beaucoup de peine à reti- rer nos* chiens. Pour cond)le d'infortune, le inalaise de mon doniesliqui- aviiif telleineiit ! \, s- ;.J l'i 1.1 . i ' .•':] ■ t >çl 'f ■ ;1, . ,,, ,, m i'. m Y i <■ ^ i r ': i S .; jii i II 0 , VOYAdl-: eiii|)iié, qu'il tut contraint de s'arrêter tout-à- faiî. J'attribuai celte indisposition à sa réclu- sion forcée et à ses occupations sédentaires pendant l'iiiver passé au fort; et je pensai que deux ou trois jours de repos suffiraient pour le rétablir. Je priai donc M. King et un des hom- mes de rester avec lui , les laissant maîtres de venir nous rejoindre quand ils le jugeraient à propos. L'Indien, l'autre homme et moi, nous continuâmes rapidement notre route vers le lac de l'Artillerie. Nous prîmes un chemin marécageux, encom- bré de mamelons en terre couverts de mousse , que les Indiens nomment Tétes-de-Femmes , mais dont la forme ressemble à celle d'un large champignon ; l'eau qui les environne les ronge par le bas et en réduit le diamètre au tiers , tandis que le haut, demeuré à sec, conserve sa forme, soutenu par les racines fibreuses qu'il contient. En traversant ces marécages bourbeux, le voyageur est tenlé de s y 'prome- ner, lanl lis paraissent sçcs; mais, à moins dt if I>U CAIMTAL%E IIACR. 7 marcher directeiiienl au milieu . ce qui n'est qu'une affaire d'inslinct et de jugement, le pied manque sous la terre qui s'effondre, on fait une lourde chute, et dans tous les cas on a la certitude de s'enfoncer dans la bourbe jus- qu'aux genoux et même plus avant. Mon In- dien s'y laissa prendre deux fois et il se mit à crier : «sjiss» (ours), expression très en usage dans sa tribu de la part de ceu* qui sont de mauvaise humeur. Des rochers en pente se détachaient cà et là entre ces mirais; du haut de leur sommet, on voyait l'Ah-hel-Dessy longeant dans sa couise rapide la base de la rangée de montagnes; ce spectacle revêtait, dans plusieurs parties, un caractère des plus sauvages. La vue s'étendait li- brement, depuis l'endroit où j'avais laissé le petit canot l'année dernière, jusqu'au lac de l'Artille- rie, et d'énormes masses de glace flottaient à la surface du fleuve. La température était de lo' ( 5", 5. Ci. ) plus froide qu'àriiabitation. Les ri- V . et les bords des rochers élaienl encoui])réA w ^.■1 t • .fi ^ M ■il"! I^U' mm ■â • ,1 f ! if! 8 VOÏAGK d'épaisses couches de glace et de neige; et la glace sur lelac n'avait pas autant diminué qu on 1 avait observé dans la même saison , en i8t2i, au lacï^oint, à plus de deux degrés au nord. Nous aperçûmes eu différents endroits des traces de daim ; à partir de ces traces les In- diens avaient placé des rangées de mousse, aiin de maintenir ces timides animaux dans une direction déterminée. Dans la soirée nous arri- vâmes à la baie ; les charpentiers avaient ter- miné les bateaux, qui faisaient beaucoup d'hon- neur à leiu' habileté, en raison de la médiocre qualité du bois , tout plein de nœuds. Ils liaient tels que je les avais demandés, effilés par les bouts, d'une bonne largeur, et bien disposés pour l'arrimage de leur chargement ; je craignais seulement qu'ils ne fussent trop fai- bles; celui que je choisis pour le voyage avait trente pieds de bout en bout , et vingt-quatre pieds de quille. Conformément à mes ordres, la partie inférieure était constiuile à franc- bord, cl la partie siq»érieure à clin. Ce mode DU CAl'HAOR IIACK. () de construction permettait tie réparer plus fa- cilement les avaries ; et c'était d'autant plus né- cessaire , qu'aucun des charpentiers n'était, as- sez vigoureux pour faire partie de l'équipage tlestiné à me suivre à la mer. Mon premier soin fut d'envoyer trois hommes pour aider au transport de Malley, et à quatre heures après midi, le lendemain, tout mon monde arriva avec M. King , qui nous dit que notre malade ne pourrait être d'aucune utilité pendant plusieurs jours; circonstance assez fâ- cheuse, puisque sa portiqn de bagage devait être répartie entre les autres. Il n'y avait que deux jours que M. Mac-Leod était parti : en examinant quels paquets il avait pris avec lui, je fus contrarié de voir qu'il en restait plus qu'on ne pounait en transporter dans un seul voyage. Il fallait donc en faire deux : ce qui tri- plait la distance. Nous passâmes la soirée à tout [)répaier. On distribua un autre fusil et une roriie à poudre à chacun des honunes choisis pour c(>nq>oser l'équipaî^e (hi balcau. i' r . U i.r h ï i', l »■ ï' , 'H; ''1 r j , ' f •■ N ■ r.. r .'i'j ( :( .in!-. t ' '■ ■ ï'|irr:!li,;; ..A '' un IM 10 VOYAGE Mon ancien guide Maufel!.y et un Indien de- vaient nous montrer les chemins de traverse les plus voisins; et ils nous promirent de chas- ser pendant quelque temps en avapt de nous : en conséquence, à trois heures trente minutes avant midi, le lo juin, le plus grand bateau fut traîné jusqu'au lac de l'Artillerie à travers une sorte de marais pendant trois quarts de mille : nous fûmes même forcés de le faire passer sur des rochers. Arrivé au lac , on le plaça sur des traîneaux garnis de fer, et il fut tiré sur la glace par deux hommes et six beaux chiens. Ije plus petit fut lancé dans un étang, où il devait demeurer en sûreté jusqu'en automne. A huit heures avant midi, chaque homme avait son traîneau chargé de près de cent livres. Je laissai M. King surveiller le transport de ce qui restait encore, et je partis avec une suilc peu nombreuse, que j'avais l'intention de ren- voyer une fois arrivé à la distance fixée, qui, d'après mon calcul , ne devait pas être moindre de siv à neiil milles. Lu pareil voyage éliiit i ■'■' ,,, •'1 UU CAlMTAINt: BACK. 1 I nouveau pour tout autre que pour moi ; aussi la plupart de mes gens gardaient assez diffici- lement l'équilibre; et les poses grotesques de ceux qui faisaient des faux pas sur la glace exci- taient une gaieté continuelle dont je pris ma part en l'encourageant. Les traîneaux glissaient facilement, et pendant une demi-heure tout alla au mieux. Néanmoins la vitesse se ralentit par de'grés : la glace présenta bientôt de nom- breuses aspérités de toute forme et de toute grandeur; dans certains endroits, elle était , à la lettre, tout hérissée de pointes; la marche devenait difficile et laborieuse : le bois des traîneaux menaçait d'éclater, ^'endommageait considérablement , et on pouvait prévoir qu'ils seraient bientôt détruits si on n'adoptait à temps des mesures convenables. Pour remé- dier à ce malheur, il nous fallait du fer, et nous n'en avions plus, à l'exception cependant d'une large scie, qui pouvait nous sortir d'embarras , si les char])entiers s'arrangeaient de manière i< •ri H' ; V. i, ,- ■ ■>i ■■Kl ' il' • il': liï|::|::S I, :V:; ■■>)■* s #< [1 f M'.'» ''m 1 ' 'k^ i if ■ ■' tf-'!., ;,lH } w I R! i li i j I f *(.! il i) \'i VOYAGi: à la couper en bandes de la longueur et delà largeur convenables. Nous voulions arriver au portage de Thlew- ee-Choh sur la glace, et ce trajet dépendait du bon état de nos traîneaux; les rudes assauls qu'ils essuyaient me démontrèrent déplus en pUis la nécessité d'employer pour les garan- tir, soit le fer de la scie, soit, à défaut, de la corne de renne, des os ou des garnitures de bouleau. Nous limes donc halte au bout de six milles; je fis reposer mes gens pendant deux heures et je les renvoyai auprès de M. King, que je priai de mettre immédiatement les charpentiers à la besogne sur la scie, et de venir me rejoindre avec le reste des provi- sions qui composaient la plus grande parlie de notre bagage; car, dans de telles entreprises, on ne peut emporter tpie peu de hardes. .l'avais moi-même donné l'exemple, en prenant tout jusle ce qui m'élait nécessaire pour changer une fois de linge el de llaiielle. Quelques paires J>i <:A»MTAiiNi: \\\(:k. \'o lit» iiiocîissiriscn sus fornunciit louto ma carde- rol)e ; celle de mes compagnons n'était pas plus brillante : ils avaient dû se i-estreindn» comme leur capitaine. La riveorientale du lacderArlillerie que nous suivions alors différait à plusieurs égards du coté opposé : au lieu de rochers, c'étaient des collines doucement arrondies , dont les flancs et le sommet couverts de verdure et de larges pierres faisaient un contraste frappant avec l'aspect jaunâtre du pays que nous avions der- rière nous. Durant la nuit, le thermomètre tomba à 28** ( — 2^,2 . C. ). Le matin (i 1 juin ), je fus à la promenade avec mon fusil, dans le double dessein de rapporter, s'il était possible , quelque gibier^ et d'observer quel effet le so- leil du matin produisait sur la glace. Mon pre- mier projet ne se réalisa pas; dans le second, je fus plus heureux , car je me convainquis que ma troupe aurait trop à souffrir et que les chiens seraient bientôt harassés, si nous per- sistions H voyager dans la chaleur du joiu\ Je 1^ ,1! ■ w ':iq ■ ■ 1 . i , *l ■ 4 ' ■ t M '■il v'-' [1. '!m fi- •1 ''- ■'^■Bt ^1W,\ f* .; K j ^! ! ibKi •li ■m 1 •■ 'H ( ■filj i ! . HP'i ^ i ; , ' ,4: ■ ']■ i P .■>' V y i -i f^ ■* '■' t Je m 1 '\{l .*' ■), ' 1 ^' 1 f : r ir r I 1' ■■ : h' illl 4 !ii I il ' il M. ')i : fil fî;; il < « f ! il r; ■ti il );; l4 vovAci: pensai donc qu'il valait mieux intervertir l'ordre de nos marches et de nos haltes, et profiter de la fraîcheur de la nuit pour nous mettre en route. Dans l'après-midi, M. Ring et sa suite arrivèrent : la scie avait été coupée comme je l'avais demandé. Tous nos gens se mirent à ferrer leurs traîneaux ; après quoi, nous nous réposâmes jusqu'à neuf heures après micU, et hous reprîmes notre chemin. Pour ménager notre pemmican , je désirais «suivre autant que possible les traces de M. Mac- Tjcod, qui avait le projet de laisser des marques apparentes partout où il ferait une cache pour tious. Or, ces marques devaient nécessairement hous forcer à suivre les détours du rivage du continent, ce qui augmentait la longueur et la fatigue du voyage. Je me chargeai donc seul de ce soin avec un des hommes ; je donnai mes instructions à M. Ring pour conduire le canot de pointe en pointe, en coupant au plus court, jusqu'à ce qu'il aperçût mes signaux. L'air était ^if ; les aspérités de la glace nous écorchaient •it- i;) UV CAIMTAIM-: HA(;K. 1rs pieds, et nous éprouvions los mêmes sen- sations que si nous eussions marché sur des palissades hérissées de pointes. Mais les traî- neaux glissaient rapidement dessus et étaient moins difficiles à tirer; nos gens commencè- rent alors à proposer de transporter à la fois tous les fardeaux pour éviter de retourner cher- cher le bagage que l'on avait été jusqu'alors obligé de laisser en arrière à chaque campe- ment.— La terre avait un aspect uniforme ; rà et là se détachaient des bouquets de pins d'une verdure sombre, mais ils devenaient de plus en plus rares. Il faisait clair en tout temps , aussi nous poussâmes vigoureusement la marche pendant la nuit. Après quatre heures, nous fumes arrélés par une petite rivière sur les bords de laquelle nous croyions trouver un petit bois. Ce lieu avait servi de campement à M. Mac-Leod : des traces récentes nous en don- naient l'assurance. Le soleil se leva à deux heu- res quinze minutes du matin , droit au nord de la boussole. Le canot arriva sain et sauf; les « 11, 'S; ! , ■(' '.'i •4 j il ■à t ■ ■>! ;) , i' 1'^ fi •M I.'!. i '^[v'» m^ ■i \r.ium lii] I t. lin !M' 1,^ ;' i, • .? t m t ! iliifiis t'iin;iit SL'iils atrnchrs aux traîneaux, v\ u<»s gens (lépêcliés vers les charpentiers poui leur enjoindre de profiter de roccasion'actuelle, la seule sans doute qui dût se présenter dans le courant de notre excursion pour se fournir i\u bois nécessaire à la réparation des traîneaux. Tout fut amené à dix heures avant midi. Nous vîmes sur notre route cinq daims et des oies ; mais ce furent les seuls animaux , à l'ex- ception de deux souris^ qui se hasardèrent à tra- vers la glace. Une aventurière de la même fa- mille fut trouvée morte, probablement noyée, à un bon mille de distance de la terre. — Voulant pécher une truite dans la rivière, j'aperçus ime vieille marmite en cuivre très enfoncée dans le sable : j'eus la curiosité de la relever ; enten- dant quelque chose remuer, je forçai le couver- cle et je trouvai renfermés trente-quatre balles, une lime rompue en trois, une alène, l'acier d'un briquet et un couteau tordu. Ces objets, véritable richesse pour un Indien, avaient été probablement jetés suivant les coutumes su- H.; ; <•., ' ''i W ( WlTMM. i;\<;r. 17 perstiHcuses de co |MMiplc, soit coinine sitcrificc expiatoire <]'iiii grand nialhenr, soit comme signe d'ui^ extrême aHriction pour la perte d'un £ils ou d'une femme. A neuf heures i.prcs midi, les traîneaux ayfint été réparés, on garnit les pattes des chiens de chaussures en cuir, et l'on se remit en route. La vue de quelques pierres entassées sur une île, d'où une traînée de mousse conduisait en ligne droite au rivage, attira noti^ attention. J'espérais avoir trouvé une cache, mais mes recherches et celles du métis qui m'accompagnait firent infructueuse.», il fallut renoncer à ce trésor si désiré. Nous trouvâmes à la vérité un campement indien où l'on avait tué un daim, et nous distinguâmes les traces d'un traîneau près de la rive; ce qui nous fit penser que nos provisions avaient été dérobées. Dans la matinée, nous fumes consolés de cette mésaventure, car Sinclair et Taylor tuèrent deux daims. .. . i3 juin. — Nous vîmes des piils rabougris en petit nombre , hauts de trois à six pieds , très u. 2 ) \ I', :'■ .i'-l ■ .-n ■A . -^m ' 'H^' ' -r- ... ), ^ • ' .t ■ " ■■ Vil . y % ' ■ il^- ^■%^>:i; KT •■ ■■'] 1:^ ( ■; > ;.! i t ;• •^' ■:■;„,. ', ! •* • .".' !.< 1 if ■ , ■> i^' !1 i il ' ■ ., ; :} 1 i , 1 .U'^m i / ■ .':,»; ' '■ . ■ ,-'' i ^ 'iw^ i''y , ■ :^'' '. ■ ■ lî,!-! t r: ■ ■. 'rf ■;. ' l. : -H:'.; , ':> ■ •■ '-' ' ■•■ .. r.. ; 1 • l ' . , - : ! ' ..1 ' i' K i '^ ■"' ■êmf} l .... il t .. - ; h :i ùlm i '! I i .( li h ■ J * I' ■i r M', th"^ ) w. !(■■.. 1 r^if ! < ' :1 /!! ^ it r^ i8 vdVAf'.r cirvoloppôs à leur Ikisp, ou près 4r>îl r ^'? 1,1 , - ? - n , '1 ! :M:. '/fl r^J Il '.l! i fi il ' i. 'H* îft^ii 11 1 H iij I l^i '^Pl ! 1 I ■ ; î ï'il: ;'■ 1^ 1* I 1 ;^, •iO VOYAr.F les, il hil obligé clo prendre une conle attaclu'c au traîneau de son frère et d(^ tirer son fardeau comme de coutume. On ne peut en effet, dans de telles entreprises , avoir les égards que Fou aurait dans toute autre; il m'était impossible tie nie priver d'un seul homme; le bagage avait été également réparti entre tous ; c'eût été d'un grand danger pour nos travaux à venir que de changer ce règlement. J'avais fixé rigoureu- sement la distance à parcourir chaque jour, et cVst éh tenant sévèt*emeiit la main à ces dis- positions» qtië je pouvais espérer arriver sur la glace au ThleW-ée-Ghoh. Pendant la nuit, Id ^mps se couvrit et devint menaçatit; je ne savais quelle était la route la plus tlireCte; la tferrC semblait se continuer à lest; des baies profondes et des collines de sa- bles de forine étt-ange paraissaient s'étendre du même Coté. Je me dirigeai alors à l'ouest , vers deux points noifs qui s'élevaient hardi- !nent sur la rive opposée^ espérant y trouver quelques signes à l'aide desquels je pourrais >! nu cai'itaim: iîacr. '21 in'orienltM' t'I recouiiaUre h; hou ciiomiii. l^o ciel clait extrèmenicuit sombre; un vent glat^' soufflait dunord; un petit grésil nous refroi- dissait encore et rendait la glacQ si glissante que les chiens avaient peine à avancer. En appro- chant des points que j'avais remarqués, j'acquis la certitude que ce n'étaient pas des îles, ainsi que je l'avais supposé , mais le promontoire d'une baie très profonde. Je gravis la colline la plus haute des environs , et je m'apcrçu». que nous étions alors sur la rive occidentale du continent. J'avais visité ce pays dans lUic autre saison, mais la neige en avait tellement changé l'aspect, que, malgré mes efforts de mémoire, je ne pus m,e rappeler la disposition des lieux, l'ort hcareusement pour nous, nous choisîmes la bonne voie; après quelque temps d'une mar- che pénible, nous fûmes arrêtés par une crête de glace que longeait une flaque d'eau et obligés de faire un long détour avant de pou- voir reprendre notre chemin. En route, nous aptrrùmes deux collines de sabl^Mjueje lecon- ■ 'Ji f , i " '^ V .'• 'm •If, ■ l y, il ;ifc, 't •m' .',.i. .1' '■•r 'if f I ! =i,r *' ': il .! i !;'.;■ M ■'I ii I i ,îl V I '.'», ' ■! :>'.9 VOYAGK nus; et à quatre lieures avant midi, le i5 juin, nous campâmes à l'abri d'une haute colline ro- cheuse , environ à un quart de mille de la ri- vière où nous devions trouver les Indiens. S'ils eussent été avec nous, nous eussions évité beaucoup d'ennuis et de longueurs, et nos pieds s'en seraient mieux trouvés. Car cette marche continuelle sur des aspérités était certes une cruelle, peine, à laquelle nous étions d'au- tant plus senisibles, qu'il nous restait encore à Faire deux tiers ou même plus du chemin total. Le matin, il tomba une ondée de neige; quand elle eut cessé, nous nous aperçûmes que nous étions sur le bord d'un marais alimenté par la fonte de la neige qui coulait des hauteurs ; les bas-fonds étant gelés, il s'y formait des étangs qui se déchargeaient lentement dans le lac. Nulle part le moindre signe de végétation ; car le soleil n'avait que peu d'influence sur le sol d'une nature froide et stérile. On célébra le service divin sous une tente, et nous conti- nuâmes ensuite noire marche le loni> de la ri- di di p.'i . î' w \ni cAi'iTAixii uACh. a3 viere. Un ciiciial . qui hc Irouvail au milieu, m'engagea à prendre vers .!« rive droite; elle se dirigeait' vers l'est, il est vrai, maisun|)eu plus haut on pouvait couper et atteindre le coté opposé bien plus facilement qu'à l'en- droit fort large où nous nous trouvions. Le chenal nous conduisit beaucoup plus loin que nous ne l'avions prévu ; au bout nous trou- vâmes un petit l'apide que passèrent à gué ceux qui m'accompagnaient. Comme nos gens eussent perdu beaucoup de temps en voulant nous suivre, je revins sur mes pas, et je fis retourner les tranieaux et le bateau à l'em- bouchure de la rivièie, dont nous longeâmes les bords. Ctpendant les premiers ayant pris à droite, virent chemin faisant des traces d'In- diens dans un endroit où on avait péché. La glace était j)lus ou moins déliée; près des bords elle avait quatre pieds d'épaisseur; mais vers le milieu, où les eaux libres d'un canal étroit formé parle coûtant la baignaient, elle était moins com- fJ!i^ 'I, •; ; ■ ;t ■•■rail ^ '■mm. i;r' 1! "If' ; vijHi. ■• :i;^ fi-l^îf t;;-,' ! .1 t I *■; : k » i Wf '^■■i|i-; 1,1 ■ ;■ Jr. ■n , 'iv { f' l'f'' ' , ''' ;! *,; 'î' '' ■■'.'; 1 .'. . ■il i i -m 'm i { if. '. ;l u il » I', llli- i^^' 1 ' ■ ■;ii; C 1 : 1 ' I i ili r iM'fi ♦^4 VOYAGt; pacte et remplie de cavités comme un rayon lie miel. Aussi était-il difficile et dangereux d'avancer; cjrJ;i surface était fort glissante ; nous marchions avec la plus grande précaution pour conserver notre équilibre. Afin de pro- téger 1h plante de niea pieds, je plaçai de la peau de buffle , non tannée et garnie de poil, (întrç deux paires de mocassins et des soc- ques de laine épaisse; ce qui me procura un soulagement sensible, bien qu'à cet instant inème le pèlerin de Péter-Pindar et l'heureuse idée « de faire bouillir les pois» se présentas- scut plus vivement que jamais à mon imagi- nation (i). . ,. •■ . A une heure avant midi, le i6,nousaper- rùmes des pierres entassées suivant le signecon- yenii pour une cache, et nous renforçâmes nos (i) Un pèlerin avait fait vœu d'aller à Jérusalem avec des pois dans ses souliers pour péiiileiice ; il en soulïrail fort ; or, il n'avait point énoncé dans son vœu si les pois seraient crus ou cuils, il se crut donc en droit de les faire bouillir. { IS'ole du ir.) ^1 •Jl.) DU CAPiTAIMi lîACK. provisions de deux daiuis ^ qui devaient suftiie H notre cousoinmatiort de plusieurs jours. IJi^ billet laissé par Mac-Leod m'apprit que sa suite vivait au jour le jour, selon la fortune, ayant rarement assez et n'ayant jamais trop; il me marquait en outre que c'était la cinquième ca- che qu'il avait faite. Ainsi lyius en avions passé deux sans les remarquer; ce qui n'avait rien d'étonnant, d'après les circonstances que j'ai rapportées, quoique néanmoins nous eussions examiné le pays avec la plus grande attention. « Les dain.s, ajoutait-il , étaient rares; mais les Indiens espéraient en découvrir de nombreux troupeaux d'ici à quelques jours en suivant en droite ligne la route du laô voisin , sur la rive orientale duquel je devais trouver tout ce qu'ils auraient été assez heureux pour tuer. » La glace sur laquelle il fallait traîner le bateau était rompue en plusieurs endroits; la rencon- tre de pariùls obstacles faisait perdre beaucoup (letem[)s; aussi n'arriva-t-il que fort lard. ISous campâmes aloi's, et après quelques instants de ^ i- [W : gi'. ■i i ^^l 1 >> '- ': k^ . 1 y M :■ i|= :*|. m \ ( i f i l-i" ^li^ ''t''i if' s- 1 ■; 1 î'i- ; ■^m »iv rr 'U' ,i!: 1:3; S' ^f il M II) :. il ^ii m. m 1 'i!:ili; '•I i l, |ii.; 1 i-i\\ i •■"•= »! ■A ■U ' •^r» VOYAGK lepos nous travaillâmes à le calfater dans toutes ses parties et à le tenir prêt à être mis à l'eau, qui était assez libre de glaces pour le rece- voir. La matinée fut très sombre et la neige tomba <;n si grande quantité, qu'elle recouvrit de nou- veau les collines de.»leui*s vêtements d'hiver. A cinq heures après midi, le bateau était prêt, chargé et mis à l'eau; le patron et le timonier restèrent seuls à bord , et nos gens tirèrent à la cordelle le long de la rive. L'eau était beau- coup plus basse qu'en automne; aussi, au premier rapide , eut-on beaucoup de peine à remonter. Une fois la corde cassa , le bateau toucha, et le patron ne put l'empêcher d'aller donner contre les rochers qu'en sautant à l'eau pour le retenir. La force des flots était telle qu'on ne put le liâler qu'après l'avoir déchaigé. Pour cette manœuvre, mes hommes furent obligés de passer le long de la glace la plus rap- prochée du courant. Cinq s'en tirèrent à mer- veille, mais le sixième ( Carron; perdit pied et •. I 1 . ■> n"^ mi CAPITAINI-; IIACK. ^7 disparut sous l'eau; heureusement que, lors- qu'il remonta à la surface, son camarade le plus proche, se retournant en ce moment, ie saisit aux cheveux et le sauva. Le temps, qui n'avait pas cessé d'être sombi-e et froid, devint bientôt orageux; à environ neuf heures avant midi, il survint une bourras- que de grésil et de neige qui, venant de l'avant, nous fouetta le visage et nous blessa les yeux au point de nous forcer plus d'une fois à tourner le dos pour nous reposer et prendre un peu de répit. Nous arrivâmes à un second rapide ; mais là le chenal était interrompu par la glace. Il fallut recommencer à tirer le bateau sur les traîneaux. En moins d'ime heure la rencontre d'un troisième rapide nous obligea à le remet- tre à l'eau : après avoir remonté celui-ci nous arrivâmes sans obstacle au lac voisin de l'île où j'avais fait, la saison dernière, ma cache de pem- mican. J'espérais trouver là nos deux Indiens; dans l'idée qu'ils pourraient être endormis ou à la chasse, je fis faire halle, comptant qu'ils . ...y y m ii f^-l f M, It I., i-J.' ! :Jl ■::i P-; If . im Mi îîk' •i fm]i:\ .'1 or i '■l'I t;(l *i':l : I i: i' 1 !'■ m ! ■ i j ; m i!; M t^; M» rf i^tijil if ', ï ')■' '^8 VOVAGt apercevraient la tente, dont lablanclieiir liaii- cliait fortement sur les terres stériles où nous nous trouvions. Le thermomètre s'arrêta à 33" ( — o%5. (1. ); la neige tombait accompagnée d'un vent froid , aussi étions-nous transis malgré nos manteaux ou nos couvertures. Il était deux heures du matin : comme je n'avais pas encore dîné, j'é- prouvais de violents tiraillements d'estomac; il fallait les apaiser. Je soupirais après un hou feu et quelques mets bien chauds. Nous ramas- sâmes quelques branches humides , nous cher- châmes à les enflammer, ce fut à qui souffle- rait pour les faire prendre ; mais la mousse et les buissons • imbibés d'eau ne s'allumaieni pas. Nous nous imaginâmes pouvoir faire pren- dre feu aux bouleaux nains , et , à tour de rôle , nous nous mîmes à souffler : vains efforts! ils fumaient, s'embrasaient un instant, mais ils se consumaient sans s'enflammer. Chacun de nous prétendait à l'honneur de la réussite. « C'est la moindre chose, dit l'un en soufflant vigou- ..<' » ' Ml DU CAPITAIINF P.ACK. '2() reiisomeiit , bien qu'il se tînt ^H f ^ ;»■ ';^m ■■^l \\ï\\ 'H- ■;'. lit ' é .•*••" i I, 'i tî I I M ' i: 1 s '*'■ i i ' f; 'M 1 ! 'Il i 1 ' 1 1 • ^l [i i i t" ï ■V if •I I fi 11 I'; I: i ir i; i. l I: 3o >'oya(;e inutiles, sur te lac éteiuiu que nous avions «levant nous, et où Maufelly lui-niènie sVtail plusieurs fois égaré l'année précédente. En été, peut-être aurions-nous rencontré moins de dil- iicultés; mais, dans cette saison, le pays avait (out-à-fait changé, et ce changement est si grand que les naturels eux-mêmes, bien qu'ils y soient habitués, s.'égarent quelquefois. En sui- vant la cote occidentale du continent, nous aurions de beaucoup accru la longueur de notre route ; dans ces circonstances , je résolus, si les Indiens ne veuaient pas, de couper vers notre but aussi directement que pourraient le permettre les sinuosités de la cote. Pour leur donner encore la chance de nous trouver, car il ne me vint jamais à l'esprit qu'ils nous eussent abandonnés, je restai toute la nuit, malgré le froid. A la tin , lassés d'attendre, nous nous mîmes en route à dix heures avant midi, le i8 juin, dans l'ordre *accoutumé. Je pris néanmoins les devants pour servir de guide, ayant envoyé ^11 .w DU CAIMTAINK UACK. tptix qui in'jUTonipagn.'iient à la di^couverlr (les caches. le thcriiiomètiv mnrcpinit .Ki" ( 'i'*,i. C) Un vent de N. ()., très froid et très violent, nous força à garantir nos yeux. Je • r marchais de mémoire; car, comptant sur les Indiens, je n'avais pas songé à emporter mon plan de l'année dernière ; aussi ne dois-je attri- buer qu'à un heureux hasard d'avoir avancé en ligne directe, par un endroit fort étroit, où cependant déjà le courant qui était appréciable était parvenu à s'ouvrir un passage. Sur les bords de ce goulet croissaient quelques suides isolés : en m'approchant de l'un d'eux, je trouvai un billet placé dans l'entaillure d'une branche remarquable, et j'appris par là qu'on avait fait pour nous deux caches dans une baie que nous venions justement de passer. Je pensai qu'elles n'échapperaient probablenien uas aux re- cherches de peux qui me suivaient ; néanmoins pour éviter un désappointement , j'envoyai P<^ ■ ter Taylor avec îe billet à M. King. Pour abré- t 'h ^1 !■ ■ ■ ,•1 • ■ 'il !l" r t 'A [! ;i ' '■ ) nr -.il ^'iiflîr VîV II H:i. i*\ 11 Il I iiï "i.i: : I I i t ' Sh- ii k. t I fi !S 1; ! li i 1' i^i'i' le diemui, mon iiirssagi'r snvcnliira sur «le la glace d'iiiie tointt; noiro (ce qui, on colle saison, indique généralement de la glace entlé- lîoniposition ) ; elle céda sous lui. Ileineuse- • ment, c'était un gaillard alerte, et, à laide de son fusil qu'il plaça en travers, il put sortir n tou- tefois du Nord, où une masse noire accumulée sur un seul point formait un contraste frap- pant avec la blancheur glaciale du sol La grêle, la neige, la pluie nous iuoudaieul to.i*i' * % V. I" w m i'<< ■'-f ' ■'i;i : :M : ;-f ii-'i il'- »'•.•<' ■1(1 -t :'i!:" Pi'i M m '. -.iMi 'm i u if i t , ■f 38 VOYAGK . à tour et sans relâche ; elles ne cessèrent que pour faire place à des rafales qui renversèrent la tente. J'attendis jusqu'à midi quelques présages de beau temps, mais ce fut en vain; néanmoins j'exhortai mes gens à se remettre en route, bien que nous ne pussions espérer faire plus de quelques milles. Dans cet endroit le lac était si large qu'on y perdait la terre de vue. Mar- chant et nous reposant tour à tour, nous avan- çâmes peu à peu et nous fîmes un trajet fort raisonnable; mais nous fûmes bientôt assaillis par de si fortes ondées de grésil et de neige, que nous ne pouvions presque plus distinguer les objets ; dans un pareil état il était difficile de ne pas dévier de notre route. Vers le soir, le temps s*éclaircit , et nous aperçûmes une île que je crus reconnaître , bien qu'elle fût couverte de neige. Nous y trouvâmes en effet des traces qui nous rassurèrent sur la direction que nous avions prise. Le bateau arriva fort tard; les hom- mes n'en pouvaient plus. «La fatigue ne serait f 5 Il ,.i .•«•' 1..! DU CAPITAINK BACR. 3^ rien, disaient-ils, si nous avions quelques rayons de soleil pour nous sécher. » Malgré leur épui- sement, nbus suivîmes les traces que nous avions remarquées ; mais la cache avait été pillée : par qui? c'est que je ne pus jamais découvrir. Quelques éclaircies dans le temps nous tirent espérer un changement : au milieu de la nuit , le vent tomba ; mais , au lever du soleil , il re- prit avec plus de fureur et de violence que ja- mais. Le grésil et la neige recommencèrent à tomber en si grande abondance, qu'on ne pou- vait voir à deux pas de soi; c'était plutôt un jour de décembre qu'une journée de mi-été. Il était impossible d'avancer : comme nous étions au dimanche ( 22 juin ), le service divin fut célébré sous la tente, et je dois le dire à leur éloge, mes hommes, malgré le triste état où les avait réduits le mauvais temps, y assistèrent tous pro|)res et rasés. Enfin la force du vent s'usa elle-même : ses longs sifflemento, entrecoupés de temps à autre par des mugissenienls aftaiblis, annonçaient la f. ■ 1! 1 lii I";'!' ; f^ 1^- I m ■m lu ' ' il i^î iH'i> ■V-' .5. f '!^i 'M l ^'li\\] 4 \ri r. H" % i: ; A J . 'y\ liiiil^ii f , i, 4o V()YA(;i-: fin cic la tempête. INéaninuins la inatinée du *23 juin ne nous promit rien de bon; mais, comme la terre était visible , je ne perdis pas lin moment à quitter l'île. C'était de laque, dans notre excursion en automne, nous avions commencé à errer autour des iles et parmi les baies, avant que notre guide pût découvrir le passage caché de Sand-IIill, qui joint ce lac au lac voisin. Nous aperçûmes la terre à une immense distance au N. O. i N. ; la roule pour y arriver était toute directe en apparence ; ce- pendant, croyant me rappeler que, dans le premier voyage, nous avions tourné un peu à gauche, je pris plus à l'ouest. Des traces récen- tes nous conduisirentbienlôt à un las de pierres au haut duquel étaient fixées les cornes d'un renne. M. Mac-Leod n'avait, à ce qu'il paraît, quille ces lieux que le i8 : le soin de nous faire des provisions l'avait retenu, et, malgré ses précautions, elles avaient été fortement endom- magées par la voracilé des loups. ^oiis fûmes forl heureux de renconlrer celle m 11 \ A DU CAPITAINE IJACK. /fl cache; car nous nous trouvions dans !a néces- sité d'entamer le pemmican la nuit suivante. Elle renfermait un daim et des bœufs musqués, tous maigres; le dernier surtout exhalait forte- ment l'odeur à laquelle il doit son nom. Aussi quelques hommes de ma troupe déclarèrent qu'ils aimaient mieux jeûner trois jours que d'en avaler une seule bouchée." Ce propos m'ayant été rapporté, je crus de mon devoir de les faire revenir sur cette répugnance : en con- séquence, je donnai l'ordre qu'on me servît du bœuf musqué tous les jours, comme à eux- mêmes; je saisis cette occasion pour leur faire sentir les suites fâcheuses d'im jeune volontaire, et les engageai à s'accommoder de tous les ali- ments que nous pourrions trouver dans le pays. La ressemblance des larges ouvertures que nous apercevions à droite et à gauche me fit de nouveau hésiter sur la route que je devais prendre : mais je persévérai dans celle que j'a- vais d'abord indiquée, contre lopinion de met? ■p, r ■ 'l'î '.'•f: , • 1 1 . i* m , îl'i . '■ ,,H'-' ( • ' 'il ij t > ■'.' ; m ;,]| 1 'à ■:nî 1 à j ' ■ • i ■M. • ''j. i- ■■V I i li •• '■'' 's;> L m^^ 'm ", ;',!J I t •' . i . [si LJj-tfÉ MJ ir. , r !» I ■I i m. /ja VOYAGE hointnesqiiipeiisaienlquenousallioiisdaiisuiie baie. Je ne fus rassuré qu'à la vue de la glace décomposée et d'une flaque d'eau, qui nous conduisait vers le détroit, objet de nos recher- ches. Mes doutes à cet égard cessèrent bientôt : car nous trouvâmes une longue suite de mar- ques qui nous conduisirent à une autre cache dont le contenu, réuni à celui de la première, forma pour la journée un total de onze ani- maux. Le temps s'éclaircit alors et se réchauffa : le thermomètre marquait 66° au soleil et 54° à l'ombre (18", g et i 2% 2 C); aussi les chiens haletaient de chaleur. Ce changement de tem- pérature fit fondre la neige et la surface de la glace : on eut beaucoup de peine à tirer le ba- teau. Néanmoins, à neuf heures après midi , tout notre monde arriva et nous campâmes. La tente venait d'être déployée, quand le bruit d'un coup de fusil sur la rive opposée attira noire attention : nous aperçûmes deux Indiens, et, lorsqu'ils furent plus près, nous reconnûmes en eux les guides déserteurs. Ils mm UU CAPITAINE BACK. 4*^ étaient porteurs criin billet de M. Mac-Leod, à qui'ils avaient conté qu'ayant reçu de moi l'or- dre d'aller à la chasse^ ils avaient pris les de- vants; mais que, ne trouvant pas de traces de daims, ils n'avaient pu résister à la tentation d'ac« compagner quelques uns de leurs amis qu'ils avaient rencontrés par hasard sur leur chC" min : quant à mon besoin d'un guide, ils avaient pensé que c'était un luxe, parce que j'avais tou- jours avec moi mon petit soleil ( ils entendaient par là ma boussole) qu'il me suffisait d'inter- roger pour connaître ma route. 24 juin. — Un jour de chaleur était une nouveauté si grande et si nécessaire, que je me reposai dans îe dessein de faire sécher les vête- ments et les couvertures de mes hommes, et de me livrer moi-même à mes observatioi-s. Il fallait traverser le goulet pour atteindre des saules que nous apercevions sur la rive oppo- sée ; or, la glace n'était pas partout d'une force égale, à cause de l'eau qui coulait dessous; quelques uns de nos gens s'enfoncèrent, el r ,i^y- 1. fii Kfl 'T '% . ' k! m |; i'^ M .'l' !"■ 1: l' 1: i ' 1 1 1 ^ 1 : !' : if i'i .! ' i ' I "1 lin IllV' ^4' ■I ll) .i '■i ■ H !l I 1 m t, ' ; l'-li h t ^' vi-rn il . m ï i il '5 w il M' 'V'i voya(;e M. Riiifj; liiinièine lut de ce nombre; heiireii- seinent il recouvra so équilibre avant quc'son chronomètre ne touchât l'eau. Vers le soir, nous entendîmes le tonnerre dans le lointain ; et , bien que le vent soufflât du S. E. , la vue de nuages sombres et épais me fit pressentir que nous pourrions bien avoir de la pluie de ce côté. En effet, comme nous étions sur le poiiU de nous mettre en route , à huit heures quinze minutes après midi , il tomba ime forte pluie, mais sans toimerre ni éclairs. La glace était déliée et brisée en beaucoup d'endroits; il fallut aviser à mettre le bateau à l'eau et à transporter le bagage en lieu de sûreté au-delà du monticule conique appelé Sand-Hill. Vis-à- vis ce monticule, plus de quinze Indiens étaient campés avec leurs famille»: c'était une partie de ceux auxquels nous avions fourni des muni- tions et d'autres articles pour bien passer l'été; mais ces misérables gens sont d'une imprévoyan- ce telle, qu'ils avaient déjà perdu ou dépensé presque loul ce qu'ils avaient reçu. Quelques ■:X. ^» w m ■'M lit' IX; CAHirAINK lUCK. /|5 lins aviiient deux, ou trois cluiigcs de poudre et de l)alles; inab» le plus grami nombre ne pou- vait plus^ compter pour vivre que sur leurs arcs et leurs flèches et sur la chapce incertaine de la pèche. Ils nous apprirent que les Couteaux- Jaunes et les Chipewyans, chargés de transpor- ter notre pèmmican au Thlew-ee-Choh , en avaient mangé ou dissipé une grande partie, non par besoin, car ils étaient dans l'abon- dance, mais par gaspillage et défaut de soin. Nos guides commençaient aussi à me fatiguer par leur conduite têtue; ils avaient été préve- nus de se tenir prêts à nous accompagner, et , au moment du départ, l'un se trouvait à la chasse , et l'autre était tranquille à muser sur la rive , drapé dans sa couverture , la pipe à la bouche. L'impatience me prit, et je lui intimai vertement l'ordre de s'équiper sur-le- champ ; ce qu'il fit en effet sans sourciller et sans dire un mot. Quant à l'absent, j'en rendis son père responsable , et lui enjoignis de faire revenir son fils dans les quarante-huit heures iH <; ifj^ ''I I m ^ il ♦ • ■ -s H ' Hfl :lir '>; r ■iU' k fc^ '!■ ■^ I ! n II (- / ^1 '4 \:À :M(ii h 1^ i i t ' 1 1! i 1^ I*'' /|6 VUVAGK avtîc le sac do pcminicau, sous pfiiii' tlVtre à jamais bannis Tiin et lantrede l'établissement. L'expérience m'avait appris tout le parti qu'on pouvait tirer des Indiens en prenant sur eux un air de supériorité; on n'a besoin ni de rudesse ni de sévérité , mais simplement d'une fermeté résolue et de la plus grande vigilance contre leurs tromperies. Il n'est pas de gens plus exercés à étudier le caractère de ceux à qui ils ont affaire; dès qu'ils ont découvert la moindre inattention sur laquelle ils puisse faire fond pour tromper ou équivoquer, ils ne cessent d'attaquer ce point faible; car leur na- turel menteur se renforce encore de l'habitude continuelle du mensonge. Notre guide nous conduisit dans une direc- tion tortueuse, au milieu de la glace noire et décomposée; il s'y arrêtait fréquemment, la tâtant de son pied pour en essayer la force, ou la frappant avec le manche d'une hache ; mais cet excès de précaution, fort bon en toute autre occasion , s'accordait mal avec mon im- mf m < > ■ 'I IHJ CAPIIAIM-: IIACK. f\^ piitieiice; ce que voyant Peter Taylor, un des métis, il s'élançait courageusement sur lendroit suspect. Nous éprouvâmes des obstacles conti- nuels de la part de Tcau , de la glace et de la neige tour k tour; mais tous furent heureusement surmontés Après avoir fait un petit portage au travers dune pointe de terre, nous trou- vâmes une autre cache contenant cinq bœufs musqués et un daim. Nous n'enlevâmes que le daim ; le reste fut laissé pour étie converti en viande sèche et fournir aux besoins de la troupe de M. Mac-Leod à son retour. Ayant atteint le lac Aylmer, nous fîmes route vers une masse de roches détachées et arron- dies , apparaissant de loin comme une île. Nous nous y fussions bien arrêtés , s'il y eût eu assez de mousse pour faire du feu; mais il ne s'en trouva point ; et nous poursuivîmes. Les hommes qui m'accompagnaient se mirent en marche d'un tel train, que je fus obligé, pour les tenir en vue, de prendre le pas le plus ra- pide qu'il me fût possible de soutenir. Je ne r f' •r^'f ,>li .. '1 ' ni' ' I i- 5 i ■\ 1 h ^i^V '.'' s-r'if- .' it ) l< y m 1 ml I ;, ' llii j ■ I , ■ (> ■; : ■f il ' Il ■ ï V II II i;» il'ji'lM ' ■;{ ' 1' ||;|i ,' j! p:| ;- , ||: ■ ' l' il, ■ iT; I t 'ii il ■ l.'l: 'I , Iii.j! i ■ , ,.n 48 VOYAGF, savais me rendre compte de cetle merveilleuse émulation ; arrivé au campement tout en sueur, je d'^mandai aux hommes, en m'essuyant le front, à qui diable ils en avaient, s'ils crai- gnaient que le manitou du lac ne fut à leurs •trousses, ou s'ils avaient aperçu la piste de quelque gibier. Après luie lé^^ère pause et s'être regardés l'un l'autre , l'Indien me dit : « Je crois que Peter Taylor avait envie de voir si je savais marcher vite. — Et moi , dit Taylor, je suis sûr que l'Indien voulait me dépasser, et j'étais dé- terminé à lui tenir tête. » Par suite de ce défi tacite, dont j'avais été la dupe, nos gens ne purent nous rejoindre que quatre heures après. Nous avions reçu , pendant la marche , des ondées passagères; ce n'était rien en compa- raison de celles qui tombèrent sur nous lors- que le vent fut abattu. "Le sol, toujours gelé dans sa partie inférieure, ne pouvait donner passage à l'eaii de pluie , de sorte que chaque creux de terrain se trouva transformé en un étang; bientôt une infinité de petits ruisseaux ;■■>'> 110 )rs- relé un laux DU CAPITAINK BACR. ^9 tiéchaussèrent notre tente inalheureusement dressée sur une pente douce, et s'infiltrèrent entre nos couvertures. Ils me réveillèrent dans mon premier somme. I^e soleil ne s'était pas levé, ou du moins n'était pas encore visible, et je doute que le plus rigide obseirvateur de la loi musulmane se fût réjoui de cette ablution matinale. M. King, aussi indifférent à l'eau du ciel qu'à celle des ravins, ayant distingué un ' troupeau de daims sur la colline voisiiîe, en- dossa sa casaque bleue et partit à leur pour- suite; il n'en attrapa aucun, mais il l'apporta quelques beaux pluviers. La matinée du 2Ô fut très sombre; cela n'empêcha pas notre Indien déserteur d'arri- ver avec son sac de pemmican. Uri bfoniillard, qui avait plus ou moins dominé pendant les quinze dernières heures, s'épaissit avec la nuit. Gomme j'avais mes guides, et qu'il était aussi pénible de demeurer en place avec des vête- ments mouillés que de voyager, je donnai l'or- dre du départ à dix heures après midi, f^es Tn- 11. 4 ç4 ^ '1 W m W "M \é ♦M **• 1 1- i t . , '1 i' ^ ; . V i fi 1 1 ■\ !1 i y; jV) voyac;!' diciis, toujours précautionueux , sr tenaient le long delà terre et nous faisaient passer sur des chemins fatigants où la glace prenait la forme de clous de trois pouces de long, f^es souliers ne purent y tenir non plus que les bandes de peau de renne couvertes de poil dont nous les avions garnis. Ceux qui tii aient le bateau se tinrent sagement au large sur ime glace moins difficile à la marche; la surface en était sembla- ble à un lit de madrépores, sauf que les crêtes en étaient bien plus affilées. Vers minuit , un épais brouillard fit hésiter nos guides ; ils se croyaient déjà hors de route et affectaient une grande crainte de m'égarer davantage ; mais je mis fin à ces simagrées en recourant à la boussole; nous continuâmes donc. Je conviens cependant que cette manière de voyager n'était rien moins qu'agréable, car, sans parler de l'obscurité, nous étions trempés par la bruine et transis jusqu'aux os sans pou- voir recouvrer un peu de chaleur même dans ie plus violent exercice. Dr capitaim: i\,um. ,')i Une pointe tU* rocher, âpre et sauvage, que j«; crus reconnaître comnie un de mes campe- ments de l'an passé, me montra que nous n'é- lions plus qu'à une journée de marche de la haie Sand-Hill, où devait se terminer notre campagne sur le lac. Nous nous arrêtâmes un mille plus loin, et le bateau arriva le 26 àsept houres avant midi. En ce jour, nous n'eûmes pas la consolation d'iui seul rayon de soleil pour sécher nos vête- ments; au contraire, pour nous achever, la phiie tomba par torrents. La nuit fut encore plus menaçante et, à l'époque ordinaire du dé- part, on ne distinguait point les objets à cent pas : il était impossible de continuer ainsi. Pour comble de malheur, on ne pouvait faire de feu. Mais les hommes s'accommodèrent avec la pins grande résignation de leur gîte humide, et, après avoir cherché quelque endroit tant soit peu abrité, s'enveloppèrent les uns dans leur couver- ture, les autres dans tout ce que put leur offrir leur garde-robe. Ces précautions furent inutiles; ë r S I ^f'r r (■ ¥'i'{ m Z:W :■ ■: Si ; !i : „ h .) t ' '1 1 . tll i; 'H '■ H M 62 M)YA(iK le malin, la plupart se trouvèrent couchés dan^ i\cs mares d'eau, cpie la pression de leur corps avait fait remonter à la surface de la glace. Je ne pus m'empècher de rire en assistant à leur réveil , et voyant l'espèce d'effroi soudain qui les saisissait chacun lorsque étendant la main ils rencontraient l'eau froide où ils étaient plongés. La matinée du '^7 fut encore brumeuse; mais un espoir d'éclaircie dans le N.-O. nous encou- ragea à partir, et vers midi le temps devint beau. Une nouvelle cache fournit à nos pro- visions un renfort d'autant plus opportun, qu'elles n'auraient pas duré plus long-temps que la journée. Ce fut avec une bien grande joie que nous aperçûmes enfin la baie Sand-Hill. En appro- chant du portage de Thlew-ee-Choh, nous dis- tinguâmes ime tente blanche entourée de quel- ques personnes ; c'étaient M. Mac-Leod et sa troupe qui ne nous attendaient pas sitôt. Le mauvais temps et les longues courses nécessai- Ir.: \ m II ,^■■•1 l,ï s i ■'t Pfppp^ ' m 111 ps lOlIS ►ro- dis- (uel- ;t sa Le isai- ni' f;A»MTAINK BACR. 53 res pour se piocuier des vivres leur avaient occasionné deux j ou "S de retard. Je n'en tus pas fâché, parce que cela me donna occasion de m'assurer de ce qu'il pouvait y avoir d'exact relativement au pemmican gaspillé. Il y avait quelque chose de vrai dans les rapports; un des Indiens avoua avoir vigou- reusement étrillé sa femme qui s'était permis (le toucher au sac. Cette infraction exceptée, M. Mac-Leod et l'interprète pensaient que rien n'avait été distrait; et comme la dispersioji des Indiens ne permit pas de pousser plus loin Texa^ men , les choses en restèrent là. Parmi ceux qui étaient accusés se trouvait un (Ihipewyaii nommé Jacques; il se récria fort lorsqu'on l'in- terrogea. « Voyez, dit-il , si le sac a été ouvert; si tout n'est pas en ordre. Pourquoi donc au- rais-jefait celaPn'ai-je pas eu plus à mange^• qu'il »ie m'en fallisit? D'ailleurs, si j'étuis coupable, ne serais-je point parti depuis long lenips?ô Kl quand il eut apjins qu un Couteau -Jaune l'a- vait accusé , il prit ni\ air sombre qui annon- à rV '■■ î-1 i\\ ■ ■l:' ./ |jl , ■ T ' r 1 1 f j' ■ ,1; 1 I' ■■ .! l' t.'l ! ' t ' -il'" '■ \ M ?\i. I i. Mil- i -, t ' : .i : '. H, :-'1l r^ ■\',-t I l'M' •: ' Jl iM ij I t mi ;iH '1,^ t- .1 ï Ir 'i I i I !" ; . 1 il-i! Il ii il 54 VOYAdI' rjlit la résolution de se venger. «Je le verrai cv- hii-là;» ajoiUa-t-il; et il se renienna dans nu profond silence. Le soir, il suivit M. Mac-l.eod, qui poussait en avant vers le rapide du hauf- iMusqué. — LQ canot arriva tard; les hommes et les chiens étaient éreintés , et nous campâmes. On vit beaucoup de souris (leuimings), et on en tua (piclques unes. Il se trouvait entre elles celte diftérence , qu'une des espèces avait les oreilles mendjraneuses terminées par un loho, tandis que l'autre n'en avait que l'oritia^ \a\\vv couleur aussi était différente, ainsi que leur queue; mais toutes deux se battirent avec uti terri(^r métis et le mordirent vigoureusemeiil. Le 118 au matin, il fit beau temps ; j'obtins des observations qui confirmèrent celles de l'année précédente au même lieu. J'éprouvai là un grand désappointement : au moment où je donnai l'ordre de décharger le Lateau,poiu'le trauierau travers i\n Portage jusqu'au Thlew-ee-Choh, à environ un quart de niille de distaîice, j'apj>ris cpie les charpenliei^ •1 i' :îi r ''11' ' I>r CAIM'I AI>F. liACh concluniiiaienl forloiiient cettt' opéraliou, di- sant qu'ils ne répondaient pins de l'embarca- tion, dont le bois était trop faible pour sup- porter ce rude service. C'était la première fois (pie j'entendais ainsi parler de la qualité du bois; autrement, malgré les embarras incroya- bles qu'il nous en eût coûté, j'en aurais en- voyé chercher, pendant l'hiver, de plus solide, au fort Résolution et même plus loin. Je fus d'autant moins capable de me rendre compte de cette négligence, que le constructeur était le même dont je m'étais servi, dans l'expédition de sir John Franklin, pour mon bateau d'a- lors ; et certes il m'avait fait la meilleure em- barcation qui fut sortie des mains d'un homme : ramenée en Angleterre, elle se trouvait en ce moment avec le capitaine Ross. A ce fâcheux contre-temps, je ne j)us rien opposer. Restait la chance de vaincre la diffi- culté en portant le bateau : cas si peu prévu, (pie d'épaisses défensesavaient été clouées con- he \v plal-boid. Je ne saurais peindre l'anxiété ' 1 FTlul ' iliii 1 ;ll' '* ' m ' ï';^' ,«.. ^ i i •■m u- ' * [■p ■i" 01 i i> f 1: ! •VVi 'V'i , '! 1 ,m L;i ■ ! » i ■ ?;?!-^:i ÙV I h! M. If I 1 1 , i 1 :, I::m; ',\ \?û Ui Ôt) voyA(;u que j'éprouvai, lorsqu'il fui question de soule- ver l'embarcation, ni quel fut le débordeiueul de pies sensations, lorsque je la vis partir sur les épaules de l'équipage. Enfin cette rude besogne fut accomplie, mais avec des fati- gues cruelles. Deux fois, l'un de mes meilleurs hommes s'écria qu'il était sur le point de tom- ber, lorsque les inégalités de terrain faisaient peser sur lui toute la charge. En réfléchissant que le plus pénible était encore à faire, et que ce transport serait bien plus difficile à effec- tuer lorsque l'eau aurait imbibé et alourdi le bois, je me trouvai en proie aux plus doulou- reuses inquiétudes; mais enfin je les secouai, m'en fiant aux circonstances, à mes propres ressouiccs et au courage de mes hommes. Chaque jour suffit à sa peine : pourquoi s'em- barrasser de craintes qui peut-être ne se réali- seront pas ? A une heiue après-midi, le bateau fui lance sur le ïhlevv-ee-Choh; mais il ne nous fut iVl\u- cune utilité pour le transport du bagage, car j1 ^" fl' ^1 )U- lai. res les. 111- ili- K'e m- liV (:\i>iT\iM^ IlA(:^. ny avait pak assez d'eau dans les parties hasses : MOUS eûmes iiiènie toutes les peines du nioiidp à lui faire traverser les trois premiers rapi- des , après l'avoir allégé :i I 'A 'I « M .f' iii.i'^n 0- '^m I r;. ' !' I' I ! IM' iHiil ,il 1 tï ()0 VOYAC.E nous y ilûcouv rîmes eiillii un cudtoil nioin^ délié que les autres, tie sorte quVn posant lé- gèrement le pied sur les places hlancLes , et passant vite, nous pûmes traverser l'un après l'atitre; le traîneau était attaché à une corde; une fois de l'autre coté, chacun tirt^ rapide- ment le sien et lui fit sauter brusquement ce pasdangereux. Aux goulets qui conduisent dans le lac du Bœuf-Musqué , nous fûmes arrêtés court par l'eau, qui formait un petit chenal de chaque côté, et se trouvait tout-à-fait libre au commencement du passage. Il n'était pas pos- sible deguéer; nous prîmes donc le parti do sauter tous ensemble sur une pièce de glace d'environ douze pieds de long et de huit ou dix de large. Nous achevâmes de la détacher de la masse à l'aide de nos haches, et nous en fîmes une sorte de radeau qui nous servit de bac pour passer de l'autre bord; les haches cl les piquets de la lente tinrent lieu d'avirons. Des masses de neige encombraient la partie orientale des collines; deux oiseaux à neige ;l 'J. il y r liL CAHIl AINU UA( U. 6| se inonti'èreiit avec leui* plumage «l'hiver ; I*» theriii. n'était qu'à 40" 'Y> ^-^'-h et déjà les iii()tisti(|ues coniiiieiiraieiit .'ictiviMiieiit à nous tirer du sang. M. Mac-l.eod nous rejoignit au moment où le bateau arriva; il passa la nuit; avec nous et nous raconta ses exploits de chasse qui avaient plongé les Indiens dans l'admiration; il est vrai que la carabine ra}ée»de notre ami étîiit excellente, et que son adresse à s'en servir pouvait rivaliser avec celle des tireui's les plus exercés du Kentucky. 1" juillet. — Ayant atteint les Indiens, il n'é- tait plus nécessaire de i.e hâter autant, et je per- mis à nos gens de se. reposer jusqu'à midi. Tie bateau nous conduisit jusques aux glaces du lac du Bœuf-Mus(pié, et à quatre beures après midi nous étions arrivés au rapide du même nom, point on l'année précédente nous avions re- broussé chemin. Plusieurs Indiens, campés au voisinage, vinrent à nous dans leurs petits ca- nots, assourdissant nos oreilles de leur cri habi- tuel et fatigant : Etthen-ooîah^etthen-tà-hoïitj. ^w' ■: I Uv % t ■ li' 4\ :r i.i , il . 'M. ii^ i !■ ¥ ? :. -i ! I t'-.'^.! i 'i:' '1 ik {'ri \oYAr.i: (pas .,.:.- i-l ~ .1 ■A ! iM ^«9'' ■ 1' 1 lilt , ' : ■ r, ul ■»'i;i-|;l r.J< ::t t; \\ .1 I ■''. *"k' . . l'y, ( ■ ' . il: m \' ! ,--v- m ! ■ I lîll t' Il ,. tiO voYAc.t; pour rien dans le larcin de sa femme, et qu'il ne devait point , pour ce méfait d'autrui, perdre sa récompense personnelle: w car, ajouta-t-il, je l'ai bien battue; demandez à ceux qui étaient présents; elle a une mauvaise tête, ma femme, suss! Le soir du jour où je l'ai battue, elle a quitté ma cabane sans que personne sût où elle était allée ; je ne m'en mis pas en peine pendant la première et la seconde i^uit; mais, ne la voyant pas revenir la troisième , je par- tis d sa recherche; je marchai long-temps, je visitai tous les coins des vallées et toutes les crevasses des rochers; entin, je retournai au logis sans l'avoir trouvée. Où diriez-vous qu'é- tait la malicieuse? tout près de la cabane, clerrièrede grands rochers. Oh! quelle mauvaise tète ! mais je l'ai bien étrillée. Sass ! » Nos provisions consistaient en vingt-sept sacs de pemmican, pesant chacun environ 80 livres (30,3 lui.); deux caisses de macaroni, de la farine, une boîte de cacao, et deux barils de rliiiinroiitfnant chacun deux gallons(9,i litres). m^ de la [ils de itres}. ^i; UL CAIM'I \I>K KACR. S'il ne survenait rien d'ex traciidinaire, ces pro- visions devaient suffire pour trois mois. — H ne me convient pas ici de faire valoir les fatigues et les dangers d'un transport aussi considéia- ble (près de 5,ooo liv. ang. ou ^,267 kil.), par une route tortueuse de deux cents bons milles ; mais, si l'on considère hi difficulté de marcher sur une glace tantôt hérissée de pointes aiguës qui pénétraient nos chaussures, tantôt noirei en décomposition, et menaçant de nous en-' gloutir à chaque pas; les craintes continuelles qui nous assiégeaient relativement aux provi- sions; l'absence d'un guide pendant la majeure partie de la route; si l'on considère, dis-je, ces difficultés principales et les obstacles moins importants qui renaissaient à chaque instant^ on reconnaîtra qu'il fallait pour les surmonter s'armer d'une persévérance inébranlabl \ Les Indiens dont nous avions loué les services n'étaient pas moins étoimés de s'être abandon- nés volontairement envers nous à une soumis- sion inaccoutumée, que de voir un bateau , wm ■1 t , '■M m I, :1 r i'- < fi) > ■.m 1 j 'fV : il ;-if:;irH- - i|!- Ili'' 'm l-ir M iKT^ '.-lii. I''" ;... Àv. m u si 4, '< u* Il Hr ■! i li\ i" i ! i t: n i I i i il (J8 VOYAOE manié par des Eiiiopùcus, et inimi de provi- sions des contrées méridionales, sillonner les eaux limpides des terres stériles. Le temps était sombre et brumeux ; les huttes pittoresques des naturels, construites grossiè- rement, fi^rmées souvent de deux ou trois peaux jetées sur quelqties perches peu élevées, s'étendaient à plus d'un quart de mille et se perdaient dans la brume. Des figures brunes se groupaient en désordre sous ces abris incom- plets, ou se réunissaient en face de la tente de M. Mac-Leod ; d'autres s'asseyaient autour de quelques tisons qui faisaient bouillir nos chaudières. — Au milieu d'un de ces groupes, on distinguait mon ancienne connaissance, la belle Indienne dont il est fait mention dans le voyage de sir John Franklin, sous le nom de la Joëlle aux Bas-Verts. Quoique entourée d'une nombreuse famille, tenant un marmot maus- sade pendu à son sein , et fatiguée évidemment par les travaux et les peines de la maternité, je la reconnus immédiatement, et l'appelai de >;^\ • m nos ipes. ns a de h une laus- lent nite (U de DU caphaim', bacr. 69 son ancien nom. Llle sourit en me disant : «Oh! je suis une vieille femine maintenant,» et me pria de lui faire donner quelques soins par le médecin, car elle se plaignait de l'altéra- tion de sa santé. — Malgré son âge, ses enfants et sa maladie, elle pouvait encore passer pour la beanté de sa tribu; et sans doute elle en sa vait quelque chose, car elle se prêta de l)onne grâce à ce que je dessinasse son portrait. Le gibier étant fort rare dans le voisiiiiige, nos chasseurs tinrent conseil sur la meilleure route à suivre pour regagner le fort avec M. Mac-Leod. Ils étaient à peu près décidés à remonter d'abord dans le nord pour y chasser des bœufs musqués, lorsqu'à travers une éclaircie du brouillard ils aperçurent les an- (louillers branchus d'une vingtaine de rennes conroiniant les h^iuteurs des collines voisines. Les voir et les poursuivre ce fut l'affaiie du même instant. La scène présentait en ce mo- ment un intérêt réel; le soleil hii prétait de nouveaux charmes par les -accidents de hnnièrr i ■'f li I 1', li i*-:, J II 1^ ; f li','! r' ■1 i ! i<^«l: 4 j ^t;; a ■■4 M :\ , s rii II-' é ' ■yO VOïAGIi DU CAI'ITAINL CACK. qu'il répandait à flots sur certaines parties de la vallée, tandis qu'il en laissait d'autres dans rol)scurité la plus profonde; la glace étince- lante reflétait des milliers de rayons éblouis- sants : le rapide coulait en bouillonnant et cou- rait confondre ses flots légèrement émus avec les eaux paisibles du lac endormi ; à droite, se dressaient des rochers raboteux et abruptes, tandis que sur la gauche s'ouvrait à perte d*^ vue un sombre paysage qui se perdait dans les montagnes Bleues. Les huttes de la tribu in- dienne, dont la couleur d'ocre contrastait avec nos tentes pâles, occupaient le premier plan qu'animaient encore les gracieux mouvements des rennes pleins de sécurité, et les ruses ingé- nieuses des chasseurs avisée qui rampaient en silence autour de leur proie convoitée. CHAPITRE \. . 1 m ,11 (' :t ^■1, ^•ri ih ■I I, K liiiiliiictiuns laissées à M. Mac-LeuJ en nous séparant. — Ren«:oiilrc (l'Akuitcho. — Si cabane. — Imminent danger pour les Lulea\iK. — Conseil «mical d'Akaitcho. — Kous nous embanjHuns. — («rande tempête. — Compo-^ilion (^e l'équipa{,'e. — Aspect (géologique du pays. — La place nous arrête. — Suite de rapides. — Sac de pem- mican rempli de sable. — Obstacles. — Mauvais temps. — Cba.sse au daim. — Observations. — Déviation du cours de la rivière. — Paysage désolé. — Les glaces nous arrêtent de nouveau. — Cas- cades. — Signaux. — Rétrécissement de la rivière. — Rivière Uaillie. — Troupeaux d'oies. — Tact que doit avoir un chef d'ex- pédition. — Un renard. — Marques faites par les Esquimaux, — Rivière Bullen. — Une tourmente. — LacPéUy. — (Jonjtctureii d'un Indien. — Campement. — Aspecl du pays, — Nouveaux embarras. — Observations. — Lac Garry. \ : P i..:.m .11.; ^M '^■■' '^ 1:1 M. Mac-Leod n'avait que faire d'aller plus loin ; la chasse venait d'être couronnée de suc- cès, et, en nous séparant, j'emportai au moins la consolation que, pendant la route, lui et ses dix hommes, suivis de quatorze chiens , seraient Miffisaniment approvisionnés de viancîo sèche. A: "h Il , i I, . ''f wM ' ■ i i-4- ] 4 I 'I !' I II 'i 1'} 1 1 • ,i é'Jt. \OYA<.l- » S;ins i'IiL'urt'usc rencontre des rennes, leurs rtîpas, durant la route, eussent uniquenienl reposé sur l'adresse et la fortune des chasseurs. A dix lieiues avant midi , le bateau, les traî- neaux et la moitié du chargement, partirent pour gagner la glace qui couvrait le lac. Je ré- pétai de iiouveau mes instructions à M. Mac- r.eod. Le plus important à faire, durant mon ab- sence, était d'aller chercher au fort Résolution les provisions que devait y envoyer la compa- gnie, et de bâtir une maison en un bon endroit, pour y créer une station permanente de pèche. Je lui remis une lettre officielle où je lui enjoi- gnais de se trouver de nouveau sur les bords d u Thlew-ee-Choh à la mi-septembre, afin d'être [)rèt à nous assister en cas d'événements im- prévus. Enfin je lui exprimai mes sincères: re- merciements pour le zèle et le soin qu'il avait portés à l'accomplissement de mes désirs, ainsi (pie pour la bienveillance dont il avait fait preuve envers chacun des individus de l'expé- dition. J.c bateau étant alors de retour, nous .1 être im- rc- vait ninsi fait kous l)L <;M»irAliNK l!A(.h. 'J'I nous cnibrassàmes coicUalemenl, et jt* lu'tîui- banjuai. Arrivé à la glace, le bateau fut de nouveau placé sur ses traîneaux, ainsi ([ue le ba^a^e, et tout fut transporté de l'autre coté du lac où nous mîmes encore l'embarcation à l'eau. Mais, pour éviter les accidents, nous n'y plaçâ- mes que la moitié de son charj2;ement. La ri- vière, issue du lac, coupait à travers une chaîne de rochers et de montagnes jonchées de blocs et de débris, mais enrichies, dans les vallées et sur les pentes, de pâturages que fréquentent les daims et les bœufs musqués dans le printemps et dans l'automne. Le couraAt s'accrut et nous porta vers un fort rapide, accomp'agnécl'une chute. Une îie était au centre; en levant les yeux j'y aperçus, sur un rocher couvert de mousse, un des fds d'Akaitcho avec un autre Indien qui nous faisaient des signes et criaient pour nous avertir du danger que nous avions déjà vu nous aussi. Tout le bagage transporté h ^; ri' I; ». H^l:^! ; -^h . ',!' li'j ' il , <• n m if \i I il I'' !% jl*'; I» % 'rd ii.1 !'' t^ i' :■ 1 •^4 VUYA(.K dans ce voyage fut mis à terre , et le bateau re- tourna chercher le reste. Akaitcho avait choisi cette contrée pour y chasser; sa hutte était dressée sur la crête delà plus haute colline, à quelques milles de là. Je lui envoyai du tabac et d'autres présents, le priant de retenir chez lui les jeunes gens de sa troupe, parce que nous n'avions pas le temps de cau- ser avec eux. Mais, après avoir été prendre quel- ques relèvements , je revenais au bord de la ri- vière, lorsque j'aperçus à mes côtés le vieillard accompagné de quelques hommes ; l'interprète n'avait pu l'empêcher de venir. Dès qu'Akaitcho avait appris que j'étais en ce lieu , il était sorti de sa hutte en disant : « Je connais le chef de- puis long temps, et je crains bien de ne plus le revoir. J'y veux aller. » Le bateau revint, déposa son chargement, et quatre vigoureux gaillards se préparèrent à lui faire franchir le passage dangereux. Mal- heureusement le timonier porta trop sur la . (. ?•' guuclie; en conséquence; après avuir descei*dii la première chute , rembarcation lut entraînée sur un loc en pente formant le bord de la se- conde ; là, un effroyable craquenu^nt sembla an- noncer une destruction • immédiate à l'équi- page consterné, qui ne put s'empêcher de pous- ser (Je grands cris. En un instant, entraîné par la force des eaux, le bateau demeura retenu par l'arrière. Le timonier sauta sur le rocher; quoi- qu'il parvînt à s'y maintenir, il ne put dé- gager l'arrière , et sauta de nouveau dans le ba- teau. J'appelais et je faisais des signes, pour que les hommes se portassent tous sur l'avant et se tinssent prêts à forcer de rames à bâbord ; mais cet ordre ne fut point saisi dans la confu- sion générale, et tout fut entraîné dans une chute impétueuse. Je retenais mon haleine, m'attendant à les voir se briser en pièces contre un roc sur l'avant à eux où déferlaient des vagues hautes de cinq pieds; mais heureuse- ment l'aviron-gouvernail n'avait été qu'à demi rentré ; en abordant la roche il tourna rapide- ■'1. . Ml rr l:''»;1'.. , ,.'..r .'/'i I i't'swi:'. ■ ' '. -'f 1- ?! ! t:\ ! f^ il !! ■I ' 1 * i t. ■\ ' f . toi 1 ■ i ineiit, Cl porta ie cap de l'einbarcatioii veis'It- rapide où elle fut emportée, et descendit sans autre accident. Après avoir pompé, nous re- connûmes qu'il n'y avait aucune voie d'eau. Je ne fus pas fâché de c^tte aventure, qui mon- trait à mes hommes la force des eaux de cette rivière limpide, et les guérit de l'envie dp se hasarder à l'avenir sur un rapide sans avoir d'abord étudié le fil du courant. La rivière nous parut libre de glac(;s aussi loin que nous pûmes en suivre le couis du sommet des liauleurs; je crus donc inutile de garder avec moi tous mes gens de supplément; je les renvoyai avec l'interprète aux hnttes tl'Akaitcho jusqu'à ce que les charpentiers que j'avais mandés ])our visiter l'embarcation les rejoignissent avec de nouvelles instructions. Me voyant sur le point de partir, Akaitclio, d'un air triste, se mit à me donner des avis, me conjurant de me bien tenir en garde contre les danaers de la rivière dont aucun Indien du temps présenl n'.^ail la moindi'e connaissance, mm J)IJ ( AIMI AliNK r.ACK. // «et surtout, ajouta-t-il, mélir/.-vousdes traîtres Ksquimaux qui dissimulent leurs mauvaises dispositions sous le manteau de l'amitié; ils vous atta([ueronl à l'inslant où vous y penserez le moins. — Allons, adieu! Je crains bien de ne plus vous revoir. — Si vous dvez le bonheur d'é- chapper à la fureur des grandes eaux , ne vous laissez pas surprendre par l'hiver, car vous seriez réduit à une position aussi déplorable que celle où vous vous trouvâtes autrefois à votre retour de la rivière Mines tic ■Ciiwre: aujourd'hui vous seriez seuls; les Indiens, comme autrefois, ne seraient point là pour vous secourir.)' Je m'ef- forçai de calmer les touchantes sollicitudes de ce bon Int^en en lui faisant connaître les me- sures de pru'V n'^e que j'avais prises, et mu réso- lution de ne pas -initier Ir rivière au cas où le bateau éprouvera-; quelque accident : « ce qui n'arrivera pas , ajoutai-je , à moins de la permis- sion spéciale du Grand-Esprit , en tpii je place toute ma confiance.» Je lui recommandai d< réu- nir pour nous beaucoup de provisions vers l'au- '»:. ■Il ! 4M M ■■ > .)>' '-» m t ■ ■^ -U- '|^'':ii'' m ^ -u \'m\ f '■ i-: t ■! , h » > I , i ! 1 ■ ; i! I": •"^'U'rJ ci' ' , t ■ 1 il ■ % f L ;'|:; îl P^ 1 i ! ! ■ 1 1 ■pp ! 'W ■'A li t !i V, Il 1 i: il 4 •78 VOYAGE tomiieef de mettre des vigies sur les montagnes dans deux mois et demi pour reconnaître les feux que j'allumerais à mon retour. Je lui donnai alors de vigoureuses poignées de main, et je pris place dans le bateau à demi chargé. En suivant le courant, nous entrâmes dans lui petit lac dont le rivage occidental îious con- duisit à un chenal étroit formé par une île avec un rapide de chaque côté ; celui que nous franchîmes était rempli d'écueils, mais le ba- teau lie toucha pas. Après avoir arrondi l'ex- trémité septentrionale de l'île , nous campâmes sur la rive orientale près d'un bouquet de sau- les qui nous offrit toute la commodité dési- rable pour sécher et calfater l'embarcation. Dans l'espace d'une heure , l'entier chargement fut transporté sans chiens et sans traîneaux; nous cabanâmes le bateau pour le faire sécher, et nous reconnûmes avec la plus grande satis- faction que le fond n'avait éprouvé aucun dom- mage important. — T.e thermomètre monta i. . ' ^• r ' • 'hi.' ï nu <;apitaim; iîack. ler. )ni- nta 79 eu ce jour à 56" ( ili% 3. C. ), avec mw. !ég(M"e ])rise de l'E. i. S. E. Il est à remarquer que, depuis près d'un mois , nous n'avions pas eu deux beaux jours de suite ; nous espérions voir le charme rompu, lorsque les nuages commencèrent à s'amonce- ler au coucher du soleil; à minuit, le temps avait pris la plus mauvaise apparence; la pluie ne tarda pas à tomber par torrents; aux bouf- fées de vent accompagnées d'un bruit sourd succédèrent d'éclatantes rafales; la tempête ne se fit pas attendre, et se déclara avec inie violence à renverser les arbres les plus solides des forêts; mais ce lieu ne fournissait point d'aliment à sa fureur, et le seul exploit dont elle dut se contenter fut de renverser notre tente et d'emporter un de mes mocassins. — Elle continua à faire rage pendant toute la journée du 5 juillet et la journée suivante ; celle-ci , qui était un dimanche, fut consacrée à l'exercice de nos devoirs religieux. Enfin, le 7, la tour- mente s'apaisa graduellement, tourna en pluie 1 ,^ .i.fii V; .1 n \. \ ■ V in?] ■;i 1 '■I ri 1 « l'ï '!! » i ;^ ■M; i,iî i î^ fi' •^ 1|.< Su VOYACK lino, et ii(.' groiula ])lus que par intervalles, (^omiiie pour prendre congé de nous. Le soleil perra les images grisâtres et nons annonra du beau temps à son coucher. — Les réparations du bateau étaient terminées; les charpentiers et un Iroquois que j'avais gardé à dessein pour leur servir de guide , partirent en toute dili- gence pour lejoindre ]\L Mac-Leod. 8 juillet. — Nous eûmes encore de la pluie, mais une éclaircie dans les nuages nous présa- gea un changement. Le bateau chargé portait dix personnes. Il était suffisamment solide pour une rivière paisible, mais non pour un lac, ni pour un voyage par mer. Le poids de la chargé se montait à 3,3Go Ibs. (i,523 kil.), sans comp- ter les bannes, planches, mâts, vergues, voiles, avirons et perches de rechange, ni l'équi- page, qui se trouvait définitivement composé de la manière suivante. n Il ?i ^$ ■' Jami'S iVI;ic-Kay. . moijt3j;iiiir(l. . GfOi'gr-» Sinclair. . im-lis Ciiiarlps Mackrnsjf. monlajîniird , limojiit'i'. tinioiiiur et |ialroii. pal l'on. t„ m ■'.Ce nr cAJMiAiNK r. \f:K. Si l'i l't't'^r Taylor. . . J.'iriios SpfiiCi'. . Joho Ross. . . . William Ma!ly. Hngli Carron. . . . initis . (les Oreilles . montnKiiîii'd. . \ . (In Liinrusliire. ' itrlilleurs. . Tilanilais. . . . ' '.(•aiio'.iPis. A dix heures avant midi nous poussâmes au large. La rivière, grossie de huit pouces par les pluies, présenta une laigeur variable, de deux cents pas à un quart de mille, pendant tout le temps quelle se maintint, entre les crêtes ro- cheuses des montagnes éloignées de six mil- les. Les roches de cette partie, jonchées de gros fragments et de blocs détachés, offraient le même caractère de gneiss et de poiphyré que celles des environs du fort Entreprise et du lac Point , décrites par le docteur Richard- son. La plupart étaient déchirées en escarpe- ments et en précipices faisant face à l'est. Des ra- vins nombreux,et réguliers, qui sans doute y ap- pointent, dans la saison, le tribut de leurs eaux, coupent symétriquement la rivière à angles droits, du côté de l'est et du côté de l'ouest. Leurs lits sont à demi remplis de terre, de pier- u. 6 t'î .i il )*;♦■ »' a M^ -fi i-i- t ■ t" .. ; / ; il: ^1: 1, *';■• < '' 'iti ■1 1 i^ ■:'] -,■»• . y- » 11'" ^1 ''*Ùy I fril' I ! ' ■ ...i il' ';1 ^^1 {il h •î f; i il/ i 3' il cl .1 li I- ^t^ 1 1(1 ih ^1 « in 1^ ■ il S té L, If m l! "ij ;|i ri :. ;i''l il -si' t; 84 VOYAOK |)asstî,qui nous permit de gagner la partie orien- tale, où s'étendait une grande pièce d'eau dont deux pointes basses nous cachaient les limites. En une heure nous en vhnes la fin ; un récif de grosses pierres , cimentées de glaces, nous sé- parait d'un second étang; mais cette glace située dans une eau basse , se trouvait poreuse et en décomposition ; elle céda aux efforts réunis de la hache et du poids des hommes, et nous l'eû- mes traversée en moins d'une heure et demie, non sans que l'embarcation n'eût essuyé quel- ques chocs. Un rapide sans danger, et les flancs douce- ment inclinés d'une colline de sable, nous firent espérer que la rivière allait devenir facile ; mais cette illusion fut bientôt dissipée à un très long ranide, où les hommes ne sauvèrent le bateau qu'en se jetant au milieu des brisants , et sou- levant l'arrière, poin^ le dégager d'une roche sur laquelle il avait touché. Nous avions à peine re- pris nos places, que nous fûmes r.ipidemcnl emportés au-delà d'une rivière affluant de *: l'ouosl; un rapide suivit, ef nous i'cniar(|uànics, imniédiateuient après, un second cours d'eau tributaire venant du même coté, . Dans cette partie, les collines n'allaient pas à plus de trois cents pieds de hauteur, et souvent s'arrêtaient à cinquante; elles étaient stériles comme celles que nous laissions derrière nous, <'t semées aussi de débris de roches d'une» couleur somL'^e. Les rives sablonneuses de la cote orientale ^^^'élevaient graduellement en pentCjOu s'arrondissaient en monticules baignés à leur base de petits ruisseaux serpenlanls;les bœufs musqués et les daims y trouvaient d'a- bondants pâturages. Ceux-ci décampèrent à notre approche; mais les premiers ne bougèrent pas et continuèrent à nous regarder fixement d'un air hébété; heureusement pour eux nous n'avions nul besoin de leur chair. Vers le centre de la rivière , une île détermi- nait deux passes d'où s'élevaient par inteival- les d'épaisses colonnes {\v brouillard ; à cette viH' nous a!>ordàme'^, of rtyaiit couslalé r<'xis- |: i«. È '■S '" -II, 1' v\d\ r^ 11 i '■ i i.% ! iJ I .' I '^ If II :'i !1i ii K- *■■<> ^1 Il il H HO voya(;k torice d'une cliutc, Mac-Kay ol Sinclair se prépa- irrcnt à la franchir, tandis que 1p portage du ba- gage s'effectuait. Ces deux mariniers se tirèrent merveilleusement de ce pas difficile ; l'adresse de leur mançxiuvre écarta le principal danger au moment de la chute, et le bateau descendit dans le lemous avec l'aisance et la légèreté d'un ci- seau de mer. î.e cours d'eau offrait des dimensions foit irrégulières; large en cet endroit d'un quart de mille, il continuait, avec cotte largeur, pen- dant environ trois milles, au bout desquels il se réduisait à 200 yards (i83 met.), et formait , en serpentant , cinq rapides consécutifs où se jetaient deux affluents du côté de l'ouest. Une autre nappe d'eau limitée à droite par des colli- nes et des monticules de sable blanc, couverts en différents points de riches pâturages qu'ani- mait la présence d'un grand nond)re de daims, nous conduisit à un rapide long et effrayant , plein de rochers et de blocs détachés, ilan* ii ^ , 't (|iiôsui' SCS deux borilsd'iiiH» inuraillciU' j;liifcs, fl préci|>ilanl sos (lots avec rimpcluosili' (Tun torrent. Le bateau allégé de sa charge, je nie lins sur un roc élevé, fort inquiet de lui voir franchi i cette passe ardue; quoitjue plein de conliance dans la présence d'esprit et l'adresser de mes principaux hommes, je n'en étais pas moi us énui en soygeamt que l'espoir de renlre|>i'ise reposait sur ce bateau, qu'un seul choc pou- vait détruire. — Je les vis partir avec la rapi- tlité d'une flèche et presque aussitôt se per- dre au milieu des flots écumeux et d(^s tètes de roches. Au même instant , une cliuneur sauvage ariive à mon oreille... mon cœuise brise.... M. King., placé à deux cents pas en avant, agite son fusil et s'élance; je le suis hors de moi.... qu'on juge de ma joie iiiex- primaliie lorsque j'aperçois l'équipage triom- phant prendre terre dans une petite ans(r à mes pieds. Je ne pus récompenser ces biaves gens {[ue par un verre de giog, ol aussitôt ils '1^ 'V] iti=; ni'" "i 11-: 't -i 'U ., < •i f i ' ^' ■h V ti , Vk^- V. -\A H » 1 1 il *' i 1 l V H;' n •■:' • If- -.i J.i ■i.'-\ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) A ^ >^. V^. ^^ 1.0 1.1 Lâ|2£ |25 tii. 12.0 IL2_5 i 1.4 Photographie Sciences Corporalion 23 ^ iV c\ ^ -<^. ^>^ ^r 6^ , H<1 i'i r i(^ »■!. ï! linl < n ! Pi-'! 1i 4 1,1 :ii ^'1 ! i ■' H :, .il' ■■ '"'ia ■' i ■V 1 , ■ )^l' i) ! ifl r'\ ■ ''' ;|i [' 88 VOYAC.K sp mireni à la péiiiMe besogne du portage avec la inèrne insouciance que s'ils eussent traversé la réserve d'eau d'un moulin. Au moment où on termina , il était fort tard ; Malley manquait à l'appel ; quelques uns de ses camarades allèrent à s'a recherche. Il revint à la fin, mais harassé, rendu. Tron>pé par les détours de la rivière, il s'élait engagé au travers des rochers et des marécages. —Il ne faut pas d'autre incident, pai-mi les voyageurs, pour les déterminer à donner un nom à l'endroit où il a eu lieu. Afin de me conformer à cet usage, je nommai ie lapide Rapide Malley. Pendant la nuit, en ouvrant un nouveau sac de pemmican, nous en trouvâmes la partie supé- rieure moisie, et, poussant j^lus loin l'examen , nous découvrîmes des couches de sable mêlées de pierre et de viande non desséchée : c'était l'ouvrage de quelque Indien fripon qui, s'étant approj)rié le contenu du sac, avait imaginé ce moyen de dissimuler sa fraude, qui du reste était \)w.\\ déguisée puisqu'elle avait échappé à l'œil |.:i \ n' i i i\ \ 1 J i. f !..•>■ sac ipe- len îlées îtait [tant e ce îtait ivn DV (JAIMIAJNK liACK. 8<) attentif et vigilant de M. Mac-Lood. Celte dé- couverte nous donna une grande frayeur; peut- être, pensâmes-nous, tous ces ballots que nous transportons à grand'peine ne sont-ils qu^uiu; charge de pierres? Heureusement cette crainte ne se réalisa pas ; les autres sacs étaient parfai- tement en état. Depuis cinq jours nous n'avions vu ie soleil que trois fois ; la nuit et la matinée du i o furent si pluvieuses que nous dûmes attendre une éclaircie pour nous hasarder sur la pièce d'eau pleine de difficultés qui se trouvait devant nous. Le rapide était enclavé entre deux falaises inabordables. Pour nous mettre k l'abri des accidents, je fis transporter par terre les fusils, munitions et instruments; précaution que je pris à chaque rapide durant tout le temps de cette navigation de rivière. Nous venions de partir, lorsque la pluie recommença à tomber par torrents, accompagnée d'un vent de nord piquant et d'une brume qui, pour comble de difficultés, nous enq^ècha de distinguer les ro- «'■ îi ^■■.>' ■i m •il- "m i '■M.. E';l -Il ! ■ ' . ; II": 'ffillî \ '.Ai, li \-' •1;^ t '. « t ' ^ ' \\ . 1 • 4 ■ • I I j f Wê a ^-H 1 ■ï% i '< » 'il |; If M ils 'I r '!! « il r»«> VOYAGE ciiers aigds cachés sous leuu dont ce rapicU' est ertticreineiit rempli; le moindre défaut (le [nécisioii dans la manœuvre y amèjjerait un résultat fiuieste. Un autre rapide et un por- tage nous conduisirent dans une étendue d'eau où le vent soulevait des vagues écumeuses; le bateau s'y comporta parfaitement, et, eu égard au poids dont il était chargé, il ne prit que peu d'eau. — Les rives de sable blanc contras- taient d'une manière frappante avec les collines lointaines, rocheuses, irrégulières, d'un gris obscur, mal éf^'r êes par la sombre verdure de l'épaisse végétation qui les couvrait. Nous lon- geâmes quelques îles basses ; des deux cotés , dans les prairies , paissaient de nombreux trou- peaux de daims. Au sortir d'un goulet, nous débouchâmes dans un large espace où l'aspect des bords escarpés à gauche me fit penser que la rivière tournait î l'ouest; mais, en y allant, nous trouvâmes un courant contraire prove- naut d'une grande rivière qui se déchargeait en ce point, La bruine devint dense à nous i . Mi CAIMTAIRK BACR. * ) ! cacher la terre la plus voisine ; et, nous voyant entraînés vers un rapide, nous poussâmes vite- nient au rivage on nous campâmes. I.ft bronii- lard amplifiait les objets, comme de coutume; il donnait à un glaçon ordinaire un aspect si formidable, et le rapide gi^ndait d'un ton si menaçant , que nous nous félicUâmes d'être à terre. ^- . Le 1 1 s'annonça par une grosse pluie et par une bourrasque de N. O., qui ne discontinua pas de toute la journée et fraîchit même sur le soir. Le 1 2 nous amena des raffales encore plus impétueuses; nous eûmes beaucoup de peine à maintenir la tente qui était cependant bien abritée. — Dans \ps expéditions précédentes, à l'ouest , on n'a janmis éprouvé de pluies ex- traordinaires-; on a remarqué plutôt le con- traire. Une brise un peu excessive durait rare- ment plus de vingt ou de vingt-quatre heures, et précédait en général de beaux jours de chaleur; mais, dans notre voyage, nous n'avons eu que de vilains temps et des oura^^ans : on :;$ 11 if 'M \t\ •; f ' I r il' I ' n* -il 11 m «1 wm ! i .-, I m .,! -ii'-...' l! ' ^ ■ Il a'À vovACiî eût (lit un chaos où régnaient 1h vent et les tempête^. v Le i3 juin fut encore un jour de brunie ei d averses, mais ma patience était épuisée; nous partîmes à ô heures avant midi. La rivière , en cette partie , peut être considérée comme ne formant qu'ua rapide continuel; à quel- ques milles plus loin elle reçoit un cours d'eau à gauche; au milieu du confluent se trouve une île. Tout auprès est un lac dont les eaux, sou- levées pa»* un vent contraire , s'opposèrent à notre course. Deux ou trois cents daims, et des troupeaux de bœufs musqués, paissstient ou doi'maient sur les rives occidentales entrecou- pées de petits ravins et de parties argileuses, d'un aspect verdoyant et marécageux. Bientôt le sol s'éleva et se couvrit de roches isolées, nues et noires, qui se terminaient à une chaîne denii- circulaire de collines irrégulières. Pour la première fois, depuis neuf jours, le soleil parut le matin; je m'emoressai de faire des observations. Nos chasseurs ne pou wmm S DU CAPITAIÎSE IIACK, 93 vnient résister à ia lontation que leur donnais Ir voisinage de tant de gibier, et grillaient du désir d'essayer leurs nouveaux fusils; je les au- torisai à poursuivre les daims sous la condition de ne tirer, ni les femelles^ ni les faons d'une année. En moins d'une heure , ils reviprent avec quatre magnifiques mâles. Ce change- ment de nourriture était fort agréable à tout le monde ; mais ayant abondamment de provi- sions,et le bateau se trouvant déjà trop chargé, je fis cesser cette chasse. Le résultat des observations donna pour la- titude 65»-38'-ai" N., et lo6»-35'-23' de longi- tude à rO. de Gr. ( i o8»-55'-47" de Paris) ; il s'ac- cordait assez bien avec l'estime, mais nous plaçait plus à l'est. Après l'examen d'une ligne de rapides où le chenal nous paraissait sain , nous nous y hasardâmes avec tout le charge- ment; nous passâmes entre des collines sin- gidièrement dentelées et inégales, qui, s'éten- dant depuis les limites de l'horizon en masses rondc^s et nues, s'enfonçaient dans l'eau en for- » r * ' Il ■ îïf i nw y ' 1 " '& M, • a' M 1 > I iiV I HVr m I •iï H' ,;, U;!i:.} 'h- -.11 ^4 VOYAGF m.iiit (h;s Stratifications diverses sous un angle rie 170". Un loup blanc, des oies et des perdrix, avec leurs couvées, y furent remarqués. Sur la gauche était un petit affluent. La rivière se divisait ensuite %i plusieurs branches, qui nie jDtèrejit dans de cruels embarras; mais, dans notre situai ion, nous devions évidemment pren- dre le chenal qui conduisait vers le nord ouest; nous le fîmes et nous entrâmes bientôt dans unt nappe d'eau où la vue se prolongeait vers le S. E. à une si grande distance, qu'on y dis- tinguait à peine la ligne bleuâtre de l'extrémité. Je fus un peu alarmé à ce changement de direction. Je tâchai de me persuader que la ri- vière ne pouvait dévier autant de sa tendance première , et je fis route vers une ouverture que j'apercevais du côté de l'ouest; mais elle se trouva n'être qu'une baie. Il me devenait im- possible de me dissimuler la vérité. Une rangée de montagnes, courant N. O. et S. E., devait op- poser certainement une insurmontable bar- rière, dans la direction où je désirais que la ri- ! t .' de ri- nce ure lim- Igee lop- liii f;Ai»iT\iNr, iJACK. 95 vière reprît son roiirs; crpondnnt, comme il restait encore un point inexploré, où l'on avait npereii im fort bouillonnement et des vagues blanchissantes, je voulus, avant de t*enoncer, faire une dernière tentative; nous traversâmes ■ .i ,,|* !,;• ■it' *'} t' ik. 1 1 •f W] ■■! * 1 t <)0 vovAr.E , le Tlilew-ee-Choh se diriger à Touest. Notre proximité de la mer Polaire expliquait le temps froid et désagréable qui nous avait dernière- ment incommodés. Une fraîche brise nous permit de laisser re- poser les avirons; et nous counïmes sous la mi- saine (le bateau était gréé en lougre) jusqu'à huit heures après midi. INous fumes alors arrê- tés par un sillon de glace qui tenait toute la largeur de la rivière. Nous nous réfugiâmes dans ime baie profonde et commode, où nous mimes le bateau en sûreté. La température se tenait assez constamment autour de 42° (5°> 6. G.), et un vent piquant, qui' nous arrivait de la partie du nord; nous fit recourir aux capotes et aux couvertures. Vers la fin du jour le pays prit un aspect montagneux et imposant, mais continua à être inégal et désolé. En plusieurs points, je trouvai quelques ressemblances avec la lave des envi- rons du Vésuve; dans les espaces intermédiaires s'étendaient des prairies qui, à la lettre, four- lie CAIMTAIKF l'.ACK. yj iiiiilaiciit (U* (liiiiiiK; (liir.'int les douze dornioros lieiires nous n'avions pas vu moins de s ranalcs (liirômit loiih' la nuit, mais le vent s'était un peu inoiléré. Nous parlimrs \v matin, 1 5 juillet , à cinq hetu'eft; le thermomètre se lenait à ii8" (,Yy 3. C). Ja; courant nous ameui» au S. E.j les diiférentcs baies et les ouvertures à Tou^st furent soigneusement examinées dans l'espoir (l'y trouver une passe, mais en vain. A l'endroit où nous étions arrivés, à dix heures avant midi, les montagnes avaient dégénéré en collines ) qui furent bientôt remplacées par uno plage sablonneuse , principalement sur la droite. Jje lac, auquel je donnai le nom du capitaine Beechey, décroissait visiblement en largeur, el à la fin se déchargeait en un point où un mu- gissement, qui se faisait entendre depuis long- temps, nous présageait l'existence d'une chute, et où nous trouvâmes encore pire : c'est-à-dire une série de cascades de près de deux milles dt? longueur, formant en tout une descente d'en- viron soixante pieds (i 8"" ,2). La rive droite était la plus favorable pour le portage; nous l'ef- fectuâmes sans perte de temps. Les patrons en- |ong- uite, -d ire les (K; en- était l'et- bs ei»- l>l> CArilAIM. r.ACK. (.){) voyés pour c'ttidior los cliiitt'K n'en IrouTrrrnt |)as la descente impralicable. Ils déclarèrnit seu- ItMnent qu'an retour il serait impossible de les remonter : impossibilité qui me toncliait peu, puisque , quoi qu'il arrivât par ki suite y ce point était assez près de notre établissement pour nous permettre de nous y rendie en marchant. En conséquence, on acheva le portage, on fit une autre cache de pemmican et de graisse , à laquelle on ajouta un aviron de rechiUige, et le bateau tenta l'aventure. D'abord il fallut le sou- lever pour lui faire franchir quelques obstacles, puis le conduire en douceur dans les diverses descentes; et ainsi de suite, le soidevant,le lan- <;ant et le ménageant, on l'amena dans îe re- mous inférieur d'où, en définitive, on le hala sur le gravier. Les observations de ce jour donnèrent pour latitude 65°- 1 4 -44' ^-j pour longitude io6°-o'- 53" à l'ouest de Gr. (io8«-at'-i3" de Paris), et pour déclinaison orientale 39"- 12'. Ainsi, dans l(fs deux jours précédents, nous étions consi- va i f\W '1' 1 ■ l''H h\: Mi » te il m 'M' i M IM i '-Vl 100 v(>Y\r.i' (lérahlemont tombés ilaiis le sud et dans IVst. — J^e pays offrait lîiicore les niènics alterna- tives de collines rocheuses et de prairies maré- cageuses; cependant celles-ci dominaient ^ et méritaient^ auprès des cascades, de recevoir le nom de plaines; les daims abondaient. i() juillet. — Nous nous embarquâmes à quatre heures avant midi , et, emportés par un courant violent, nous arrivâmes rapidement à un endroit où la rivière s'élargissait considé- rablement ; plus loin on ne pouvait distinguer de passage à l'extrémité et l'équipage disait en riant : « Quoi ! la rivière se perd-elle sous terre, et allons-nous être engloutis?» Cependant, après une pointe fort aiguë, nous détournâmes brusquement et nous entrâmes dans une passe vétrécie où un rapide nous contraignit de pren- ilre terre, les vagues y étant trop grosses pour nous permettre de nous y hasarder avec notre charge; allégée, l'embarcation s'en tira à mer- veille. J^e grondement des eaux nous préparait depuis un mille à rencontrer une suitr He ra- 1^^ . .m. »'t i>. P^ ini (lAi'iTAiM- r.\<;K. loi pides; nous y arrivâmes et vîmes, en elAt, leurs brisanls furieux an travers de monticuies et de, chaînes de falaises sablonneuses d'un profd tout-à-fait fantastique; il y en avait (|ui ressemblaient à des vieilles ruines, d'autres à des tours; elles offraient au dessinateur des vues tout-à-fait pittores([ues. Le cours de la rivière devenait plus tortueux ; et à la teinte bleue de ses eaux limpides suc- céda une couleur vert-oliv^^ plus ou jxjoins sombre, selon le caractère des affluents vaseux qui s'y déchargeaient des deux côtés. Comme nous nous trouvions soustraits à l'influence des vents froids qui nous arrivaient de l'ou- verture lîathurst, nous jouissions d'une tem- pérature agréable. A deux heures après midi le thermomètre se tenait à 68° à l'ombre (2o°,o. C), et montait à 84" ( 9.8%9. C.) au soleil. Nous glissions rapidement à l'aide d'un courant im- pétueux, laissant derrière nous des collines de sable po'ntues qui s'élevaient semblables à des constructions arlilieielles au milieu de pi;iiries *'■■ ■4- ./S' 'U Tv^ hm m w m vn il lO'i VOVAGE 3 •;? fer A t - V : rt,!i il ',îl: I basses et en pente, couvertes de daims par milliers. Après un petit lac où le courant mar- quait droit dans le milieu , les rives se rappro- chaient à trois cents yards environ l'une de l'autre (274 met.), et déterminaient par cet étranglement des rapides et des cascades qui nous forcèrent à porter le principal bagage : précaution de règle à la moindre apparence de danger. Trois collines de gneiss isolées et sourcil- leuses, surmontées de sommets coniques obtus, étaient particulièrement remarquables. Par suite du caractère uni des terres à Test, elles pouvaient être aperçues à une grande distance et servir de marques à ceux que le hasard ou un dessein prémédité anjèneraient en ces ré- gions éloignées. Et, en effet, elles semblaient avoir été déjà de quelque utilité pour ce but , à en juger par des pierres empilées, semblables à celles que je me rappelais avoir vues le long des bords de la rivière Mines de Cuivre; on v voyait aussi des tranchées de séparation entn -.,Ui__-_. mm diverses places où des pierres en demi-cercle, couvertes de mousse, trahissaient les campe- ments des Esquimaux dont nous franchissions en ce moment les frontières. J'avoue que ces traces évidentes des tenanciers de la zone gla- ciale me surprirent beaucoup. Ëst^il possible, me disais-je , que nous soyons plus près de la mer que je ne l'imaginais ? — Il est peu probable que les gens à qui sont dues ces constructions soient descendus de l'ouverture Bathurst quoi- que nous n'en soyons qu'à 1 70 milles, car, avant d^arriver, ils auraient rencon tré la rivière su r leur route, à l'extrémité occidentale du l^c B,eechey. Seraient-ils venus de l'est ? ce ne pourrait être que de l'ouverture Chesterfield , point (le la côte occidentale, la plus voisine de nous, et qui se trouve cependant, selon la carte d'Arrow- smith , au moins à 1 58 milles de distance ? Uqe inspection soigneuse des marques nous montra qu'elles couraient N. E. et S. O. aussi exactement que si elles eussent été alignées à la boussole, et j'en conclus que je devais m'at- ;!l' '■■■■m ,,,. X i, ■'■ 1/ « M n.ir m ». h m i^m làîl ai" !■; ' I ,,:« •'■ lO'l VOYAGi:- tendre à trouver les Esquimaux, dans le N. E,; mais A quelle distance? près ou loin? ces! ce qu'aucun indice ne me permettait de dé- cider. La largeiu" imposante de la rivière diminua peu à peu et se réduisit à 5o yards ( 46 met. ) , es[)ace encore rétréci par des roches qui s'avan- çaient de toutes parts. Dans le langage des vovaiçeurs cette forme reçoit la dénomination âe Jet; et le seul danger qu'on y court est de tomber dans le remous en un moment défavo- rable, auquel cas on ne peut éviter quelque sérieux accident. Notre embarcation, en y cou- rant, fut lancée au bas avec ime vitesse ef- frayante. Quoique habitué à .ces dangers , je m'estimai heureux d'en être réchappé, et me déterminai pour l'avenir à descendre les autres en douceur. Ces difficultés surmontées, le cours d'eau devint calme, quoique conservant une vitesse peu ordinaire , et il nous amena en face d'une magnifique rivière, affinant de l'est dans le Tlde\v-ee-Choh; des signaux d'Esquimaux m ^Lk. M •\'i , F me itres )urs liiiie ace ans lUX DU CAl'lTAIMi UACK. 10.) sur ses rives semblaient indiquer qu'elle faisait partie de leur route ordinaire, et je tus loin d'être convaincu que ce n'était point \q Thè- Lew, quelque contraire que piit être cette opi- nion aux récits des Indiens (i). Je nommai cette rivière du nom de mon digne ami,Baillie, esq., agent-général des colonies de la couronne. Nous campâmes k peu de distance; et, après avoir donné quelques explications à l'équipage, je crus prudent, vu notre petit nombre, de faire monter régulièrement la garde pendant la nuit. M. King prit le quart de dix heures du soir jusqu'à quatre heures du matin, époque ordi- naire de notre dépa»'t. Le matin suivant , au lieu de gagner dans l'ouest , comme nous le faisaient espérer diver- ses tendances de la rivière vers ce coté, nous tournâmes droit à l'est; mais après trois ou quatre milles , nous fûmes ramenés dans la pre- (j) D'apriis les minutieuses enquêtes l'iiites par la suite , j'ai loulis «dilos (If laisuiis de penser que le Tliè-Lew lomlte dau^i l'ouvcrlurc Clu'Sliili.l :. t f ['■ 'M V ï: : \n .1 ^lll-* I . M •^Mi :iii!i'! iV I-. if: 'M, ,i. Vi \ n. ''i ' t ■ni- |0(i VOYAGK niière direction. Nous remontions fréquenir nient des bancs de sable et des îles où , par suite de notre ignorance des lieux, nous ne pouvions éviter d'échouer à chaque instant. Nos gens étaient alors objigés de guéer, jus- qu'à ce que le bateau fut remis à flot. Depuis la jonction de la rivière faillie, les bords s'é- t^^ent sensiblement écartés; et n'eût été la force du courant, on se serait cru dans un lac. De chaque côté c'était un pays bas et jablon- neux, garni de collines rocheuses de médiocre grandeur, la plupart détachées et éloignées d'un ou deux milles les unes des autres. Elles dispa- rurent bientôt, et furent remplacées par des terres d'alluvions si unies, et si peu élevées au- dessus du niveau des eaux, que je me crus arrivé tout près de la mer; croyance justifiée par la ressemblance de ces rives , avec l'embouchuie occidentale du fleuve Mackenzie. Une fois, même, un des nôtres se figura voir des tentes; mais , en avançant , nous reconnûmes que c'é- taient de magnifiques saules; des centaines ii^S m ^w •1, Tive liuie tois nies; ce unes IMJ caimiaim; isACK. 107 il'oies s'y étaient retirées. Privées tle leurs gros- ses plumes, elles ne pouvaient voler; mais leur instinct, et la rapidité de leur coiuse, en reu- daient la capture malaisée. Etaient-elles forcées de se jeter à l'eau (ce qu'elles évitaient ce- pendant avec un soin tout particulier), elles plongeaient et, lorsqu'elles venaient pour respi- rer, ne laissaient paraître que leurs tètes, avec lUie petite partie de (eurs plumes de derrière. De là, impossibilité, soit de les voir, soit de les rattraper, quand on les tuait. A terre, elles don- naient tablature aux chasseurs, parleur course soutenue, ou se jetaient dans des fourrés où, malgré les obstacles, elles avançaient deuj^ fpis plus vite que leurs pQursuivants. I^a terre, toujours basse, était cependani alors accidentée de loin en loin par des monti- cules. Bientôt se présenta, à notre gauche, une ouverture formée par une rivière à laquelle nous donnâmes le nom du capitaine sir Samuel Warren, surintendant de l'arsenal de Woolwicli. J^es rives ici étaient plus élevées, quelquefois m ■r,M nï\. Mr, '■>. 1 r.: *;■» ifc loH VOYAC.K «îscarpées, mais toujours offrant le même aspect : sèches et sablonneuses, tristes et stériles. Nous continuâmes à avancer encore plus vers l'est, et passâmes la rivière Jervoise, autre large affluent sur la rive droite. Nous arrivâmes alors à une ouverture basse et sablonneuse qui nous semblait complètement fermée , jusqu'à ce que parvenus à son extrémité nord, un chenal nous conduisit entre des rochers qui parurent s'étendre, à partir d'une hauteur voisine, vers une chaîne de montagnes située dans le nord- ouest. I.e soleil était trop bas pour nous pei- mettre de descendre les rapides; il fallut camper. Nous trouvâmes là quelques bœufs musqués; comme les rennes et les oies, ils ne témoignèreni aucun étonnement jusqu'au moment où ils vi- rent quelques uns de nous s'avancer vers eux. Les observations nous donnaient G5*-9'-ia" de lat. N., et io3"-33'-8" de long. O., de Gr. (iof)'- 53'-32" de Paris); la déclinaison était de ooMi' orientale. Ainsi notre route avait valu presque entièrement l'est. ■j- u 'i ipf^ per pei mes; reiil oi [que DU CAl'ITAINK l'.ACK. 1 01) L'apparence rtMloiital)le îles vagues qui se beurtaieiil , leur mugissement dans le chenal étroit et sombre que nous avions à suivre, rendaient nécessaire d'examiner les difficultés contre lesquel' "s nous pourrions avoir à lutter au milieu de ces rochers menaçants qui, se réu- nissant à mesure qu'ils s'éloignaient, semblaient a l'œil barrer le passage. Un certain temps fut nécessairement employé à cet examen, et le rapport qu'on m'en fit nous laissa la même espèce de doute que dans les occasions précé- dentes. Je m'attendais néanmoins à ce résultat. Quoique j'eusse des patrons excellents, je ne pouvais espérer qu'ils fussent aussi désireux que moi d'aller en avant. Au contraire, ils s'oc- cupaient souvent des difficultés que nous ren- contrerions à notre retour. Je leur répondais , en leur représentant l'expérience que j'avais de ces latitudes, et le changement complet que la tlifférence des saisons produisait sur l'état des rivières; en général, ce raisonnement les sa- tisfaisait. On trouvera peut-être qu'eîi cher- m 1*; ■;\k'l I ; i" '4 I 'm I '' Il .1 j ■ 1» 'ii,li Il " M tl fi •;. , i^ ji it ' U, 1 (',. il ' 1 ;. ■ 1 ) I' fi Pi •'■•v .« I j>| Vi)VA(;K r.'ipi six iiiiiirs ;i l'liiMir(\aii milieu «U's (oiiniiinls (iVaii et des ic- inotisqiii le battaient iiieessaiiiineiit. Les iioiii- mes, heureux tie se reposer sur leuis avirons, s'amusaient à regarder nonchalannneiit les oh- jels environnants, ou à fumer leur pipe jjien- aiinée, lorsqu'on aperrut un peu à l'avant quel- (pie chose qui na{;eail et qu'on prit poiu' lui jeune faon. Comme nous passions à le toucher, l'honune de devant, presque sans rej;arder, ai- lonii^'^i le hras pour s'en saisir; mais il le retira Mvecla rapidité de l'éclair en s'écriant :« Dr.niné diable î il m'a mordu; c'est un renard. » Je défen- dis qu'on fit feu dti3sus;«et maître renard ga- gnant le bord sauta sur le rivage, joyeux du tour qu'il venait de jouer . ï^a rivière s'élargissait de plus en plus et cou- lait sans obstacle; sa laigeur était assez grande pour me rappeler celle du fleuve Mackenzie. De longues enveloppes d'une glace épaisse, que recouvrait une grande quantité de neige, gar- nissaient le rivage en pente siu' les deux colés,et m. JL. rll Iti; • :\IM l'AINI. lUCK. I I i sflovaii'iit à dix piods plus It.uit (|iic le nivi'iiii .-u'tuel vlo IVaii.CîoiiiiiK; nous iiousavanrionspliis Mm: •i. fi .r ■ .i. I ■ ■ ;■■ ! f .4,' :l| 1 |/| VOYAdi: New- York, rivière Biiclianan, nous apcrçùmos un grand nombre de marques semblables dis- tribuées sur des points particuliers et sur les éminences qui commandaient le rivage; elles avaient sans doute pour but, ou d'effrayer les daims ^ aussi nombreux ici qu'à l'ordinaire, et de leur faire prendre une direction particu- lière , ou de servir de lieux d'embuscade lors- qu'on venait à la chasse de ces animaux. Cette dernière interprétation me parut la plus vrai- semblable ; car, à certaines distances le long de la ligne de ces marques , je remarquai des es- pèces de guér"tes semi-circulaires bâties en pierres, ayant leur face verticale, de deux ou trois pieds de hauteur, et tournées du côté de l'intérieur du pays, et leur talus du côté de la rivière. Les chasseurs, en effet, peuvent se cacher sous les bords de la rivière en allant à leurs gîtes d'embuscade; tandis que, soit que le gibier se tienne en avant des marques, soil même qu'il se trouve entre elles et le bord de i?; ■là "'' T it. lant à lit que DU CAl'lTAIMi IIACK. 11.5 l'eau, les guérites peuvent encore servir de couvert , et il est facile de communiquer de Tune à l'autre en rampant. La rivière variait alors en largeur d'un' quart de mille à un inille et dchii, et, ce qui me causait lé plus grand plaisir, elle; se dirigeait vers le nord. Le pays devint tout-à-fait mon- tueux; il offrait lui bizarre mélange de ravins, de collines de sable d'une forme conique , cou- vertes au sommet d'une mousse noire, et de rocs isolés qui s'élevaient comme des forteresses sur le sol vert et jaune du côté de l'ouest. 11 semblait que des inondations continuelles avaient entraîné la terre légère, et laissé ces masses solides comme des monuments de leurs ravages. Nous nous dirigeâmes vers un promon- toire bleu et lointain ; nous laissâmes de côté un groupe d'îles, dont une se faisait remar- quer par les saules qui la couvraient entière- ment , tandis que les autres étaient aussi stériles que le désert. Serrant la terre à l'ouest, nous arrondîmes une pointe avancée j ■* il?,! ,!•■■■ »Trr :i! S: \\ ' r'K l |(i VOYAGI'. vt nous entrailles dans une baie protonde qui reeoit les eaux d'une large rivière. Je donnai à celte rivière le nom de mon respectable ami, sir Charles Bullen, le capitaine surintendant de l'arsenal de Penibroke, sous le commande- ment duquel j'ai eu autrefois le bonheur de servir. Il est difficile de former des conjectures satisfaisantes relativeiiieilt à ses sourccj j mais, d'après son influence sur le courant à deux « milles de son embouchure, on ne peut douter qu'elle ne déverse dans le chenal un volume d'eau immetise. Un peu plus loin , une grande baie à l'ouest nous donna quelques tentations d'y chercher une issue, le courant s'étant tel- lement ralenti qu'il devenait imperceptible. De nombreuses îles et des ouvertures de plusieurs cotés nous jetèrent d'abord dans l'incertitude relativement à la route qu'il fallait ^>rendre; puis , après nous être un peu engagés dans l'in- térieur, nous découvrîmes un champ de glaces fort étendu qui nous fermait le passage. Nous reg.ignâmes alors le courant, et, nous aban- Ni K lUi CAPITAINE lUlK. 1 l'J (loiiiiaut à sa i\\ih\o iiidicatiop , nous IVinies do nouveau ramenés dans l'est. Le temps avait été variable, et le ihermo- mètre était monté à 08" (so^jO. C. ) dans laprès- midi; mais le ciel se couvrit bientôt; de gros nuages noirs commencèreni à rouler dans le nord-ouest , et crevèrent sur nous en ondées de grésil accompagnées de fortes rafales. La tour- mente cessa cependant, et la soirée fut assez l)elle pour nous ramener des essaims de mous- tiques qui ne manquèrent pas de jouir des biens que le ciel leur envoyait, lorsqu'à leur grande satisfaction nous campâmes par force sur les bords d'un marais, D'après le caractère plus monlueux des rives et l'aspect général du pays , je conçus l'espoir d'être bientôt amené dans le nord ; je soupi- rais après les formations de gneiss , bien certain que si la rivière atteignait la mer dans la direc- tion désirée, elle devait traverser des roches de celle nature ainsi que je l'avais précédem- ment observé pour la rivière Mac-Kenzie et la ■^'* ■■ ■'iï:! 'U: I ■«...•s r' ■• ! t 'V ^ ~ r4 'M ■ (.1 '.: 'r m i' 1^ m 'm ■-r > y.: V)- ■I (, Àsl >"« ( : [' -, }' ^ r ; à ' !Î ■■ '. 1 ' ' \'-' '!; iii.t k !| II' o; , 'I I l8 VOYAGE rivière Mines de Cuivre. Empressé d'avoir quel- ques connaissances de plus sur notre route, j'al- lai gravir une colline éloignée. De son sopiinet et à l'aide de ma lunette, je distinguai plu- sieurs nappes d'eau dans des aires de vent pres- que opposées } l'une d'elles s'étendait directe- ment vers le sud, mais l'élévation des rochers et l'inégalité du terrain pendant environ deux milles dans cette direction, ne me permirent pas de déterminer si ces diverses nappes d'eau étaient séparées ou si elles n'en formaient qu'une seule sans interruption. Ce doute néan- moins fut éclairci le lendemain matin de bonne heure ( 19 juillet); car le courant avec lequel nous nous laissions dériver vint tomber lui- même dans un vaste lac entouré de profondes baies. Derrière l'une de celles-ci s'étendait un horizon clair et sans limite, mais fermé par des glaces compactes. Nous nous dirigeâmes encore plus au nord qu'auparavant, et après avoir passé deux ou- verUires d'environ i5 à Qo milles d'étendue, 'il ' •! r quel- liiinet i plu- pres- recte- 3chers 1 deux mirent s d'eau maient e néan- boîine lequel er lui- fondes ait un ar des lu nord lux ou- îudue , im fwMMlAINR «ACK, 1 I9 nous prîmes terre sur une île pour y faire une troisième cache de pemmican. Là je pris di- vers gisements, et je vis une autre ouverture presque entièrement couverte de glactî non brisée. Un débris de vieux Kieyak (canot d'Ks- quimaux) que le temps avait blanchi, et des reste? de quelques autres ouvrages des Escpii- maux , me prouvèrent que ce lieu était fré- quenté par cette nation à une certaine époque de l'année. La nappe d'eau fut nommée par moi, lac Pelly, d'après le noble et généreux gou- verneur de la compagnie d'Hudson, Laissant l'île, un faible courant nous con- duisit à un rapide près duquel je pris hauteur. Cette observation me prouva que , malgré nos infatigables efforts, nous n'avions gagné que bien peu vers le nord , et que nous avions en- core à tiavaillcr rudement avant de pouvoir goûter l'eau salée. La majorité de nos matelots était disposée à ajouter foi aux récits d'uii In- dien que je n'avais pas vu, et qui leur Jivait routé j)récéd('nunent une foule de particulari- ■' t. ■ Xi. \ 'M' ■ ff*^ • - m- • /'il ■y jp-jf, *' il '3 Kg I m ■m ■si mt m^ mI H' ■VI*.'-" Ï-: H^ i. ' I \n 1 f î 120 VOYAGE tés sur les pays que nous allions visiter. « Avant d'arriver à la mer, leur disait-il, on trouvera rn lac immense, avec des baies si profondes, que jamais les Indiens n'en ont fait le tour. Ces baies sont à l'est, mais il faut avoir soin de pren- dre au contraire à l'ouest. En suivant cette route , on atteindra une chute d'eau considé- rable entre des roches élevées; le canot ne pourra la franchir; mais de là il vous sera fa- cile de vous rendre par terre à la mauvaise eau, près de laquelle on rencontrera certainement les Esquimaux.» — Or, s'il était vrai que nous avions considérablement dévié de la direction ainsi indiquée, et parcouru plus du double de la distance à laquelle ce naturel avait placé la mer, il était vrai aussi que nous rencon- trions un vaste lac dentelé par des baies, et répondant à la description que l'Indien avait donnée; d'ailleurs peut-être pouvions-nous en trouver un autre encore plus vaste; après quoi mes hommes pensaient que le reste des indica- tions précédentes devait se vérifier. ,?: l. Lt il ' >■ i; t TW '^m » ; Itll CAI'ITAKMi U/\1:K. 112 1 Le fort courant qui s'écliappait du rapide ijous fit présumer que nous étions au bout de nos incertitudes et de nos enn"is; mais nous n'a- vions pas fini d'erier à droite et à gauche, ni de tâtonner. Nous nous trouvâmes bientôt dans un espace sans limites, rempli d'îles formées par des collines de sable, et où parfois se montrait au S. et au N.-O. un horizon dégagé. La dif- licullé de trouver la rivière s'accroissait à me- sure que nous nous engagions dans ce la- byrinthe; par des échappées de vues nous apercevions des terres fort éloignées. Nous avions aussi le chagrin de voir briller les glaces. De temps eu temps nous nous retrouvions dans un courant, mais c'était pour subir une nou- velle déception :il fallait revenir sur nos pas. A la fin nous observâmes une foule d'ombres (grayling), se jouant dans un goulet et s'éle- vant à la surface pour happer les mouche- ions que le vent jetait à l'eau. Sachant que ces poissons fréquentent ordinairement les issues et chenaux qui rattachent les pièces d'eau les unesi 'i' »x m '^y'>mi m- ,'V, f ', ■ ,r; il ' w u 1 ! i n\ .1 ',, ! ,.. -h m. m^'À I2'J VOYAGE aux autres , nous en acceptâmes l'augure et pro- fitâmes avec succès de Tindication. Mallieureu- scrnent, sur le soir , nos espérances furent de nouveau détruites par la vue alarmante de champs de glace compacte étendus à perte de vue. Complètement arrêtés par cette barrière, nous campâmes sur place au milieu de pierres régulièrement disposées en rond, qui sans doute avaient déjàservi aux Esquimaux pour le même objet. Nous étions sur une île. Les sillons et cônes de sable d'une élévation ordinaire se couron- naient d'immenses blocs détachés, revêtus de lichen grisâtre; on eût certainement cru ceux^ ci placés en ces lieux à dessein , si l'impossibilité de mouvoir ces masses énormes n'eût incon- testablement attesté un ouvrage de la nature. Mon cœur se serra à un point indicible, lorsque du haut d'une de ces roches je distinguai un banc solide de glacés qui paraissaient encore paisiblement ins'allées dans leur quartier d'hi- ver. Le point le plus rapproché de nous était «i.u_ "f^w 1>U CAlMTAINli «ACK. 1^3 un massif de roches faisant pointe à dix milles au nord ; le reste des terres de cette partie se perdait dans réloignement et le vague. Du côté du sud l'apparence de la cote promettait encore moins; à l'est, où se trouvait évidemment notre route, une immense plaine de glace s'étendait jus- qu'à l'horizon et s'y terminait par une ligne noire que je supposais être de l'eau. Sauf des mares d'eau libre entre notre camp et une colline de sable dans le sud-ouest , et de petits trous trop éloignés les uns des autres pour être de la moindre utilité, il ne se présentait vraiment aucun passage probable. Néanmoins nous tentâmes l'aventure le matin suivant un peu après trois heures; et quoique sans espoir d'atteindre la colline de sable, je fis cependant porter sur elle ; en quoi faisant nous eùmesi bientôt perdu tout indice de courant. le pas^ sage devenait de plus en plus étroit , et finit enfin par ne plus laisser que juste la place de l'embarcation que nous dirigeâmes alors en poussant à la gaffe. Loin d'être on décompqsi- m !'i ll .'M; ''■ >'\mi \i M &i m ' 1''.' ,"' ' V. ■ ■! ; U )■■' fyM ). 1: i ! r':inii- If: ^.^ ! P^ l , « il ' \ ,1 f .;?. Il '^ 'H ^: 1 i ij: I:: *• f il »'■ j ij il I * Vt ? ; M m S' t il rv 1 ■•< It" ar-' I"'!» i r.î^ VOYAGE Jioii, la glace de celte partie était épaisse de «leiix pieds, verte, compacte, et iioiisoffrait un Irislo présage de ce cpii nous attendait plus au nord. Nous atteignîmes enfui notre île; je moulai sur le point le plus élevé; et je ne vis qu'une plaine de glace éblouissante, s'étendant dans toutes les directions, et offrant de toutes parts un lit uniforme d'aspérités aiguës et laboteuses, (pii eussent réduit en poudre le fond du bateau si nous eussions tenté d'y pousser une bordée; il n'y avait point à songer à im transport, le bateau était trop lourd et trop imbibé d'eau. J'envoyai à la découverte en divers points du pays, les patrons habitués, par suite de leur longue expérience des glaces, à juger sainement des difficultés. Leurs recherches n'eurent aucun succès; ils revinrent convaincus qu'il fallait attendre de la nature la démolition de la barrière des glaces.' Cette opinion ne leur était suggérée par aucun sentiment de tiédeur, car ils désiraient ardemment mener à fin cette navigation; et ils montrèrent la plus grande ►> • ^h\' ia5 Di; CAIMIAIM-; BACK. joie lorsque je leur dis ; «Hé hien! allons tou- jours; nous verrons tout ce que peuvent faire de \icu\ voyageurs.» y nwiïïs en effet découvert, par ma lunette , une certaine trace que je sup- posais être de l'eau. C était précisément dans le nord-est, direction vers laquelle tendaient in- variablement toutes les marques d'Esquimaux que j'avais vues , et où j'avais espoir de trouver, non seulement la rivière, mais la mer ; on aper- cevait aussi des taches particulières sur la glace, entre l'eau et la terre opposée ; et il paraissait probable que si noui» pouvions atteindre seu- lement la côte méridionale, où le manque de profondeur de l'eau , et une plus grande ré- flexion de la chaleur favorisait la fonte de la glace, nous parviendrions, à l'aide d'un petit nombre de portages, à gagner l'eau ouverte. En tous cas, que nous réussissions ou non, cette tentative occupait mes hommes et les empê- chait de s'appesantir sur des craintes précon- çues et des périls imaginaires. Pendant plusieurs heures, nous nous traîna - M % I m ■'fl i \1 ;! l> ■ i 1 t! , l'rl r ; ; 1 lit [g ■"-fT i T ^. •> '». fm V l*f'l i. ■ I M > I 'il :' .1 -1} )i !'■. ■^ I;. ■•M r' ?: mes lentement vers le sud, tantôt emprisonnés clans la glace, tantôt la coupant avec nos ha- ches ; ici poussant contre elle le poids du ba- teau chargé, là, soulevant avec précaution notre embarcation par-dessus; nous tâtonnâmes ainsi tout le joui". Lorsque le soleil commença à bais- ser, nous rencontrâmes un endroit peu pro- fond où tous nos efforts pour passer furent vains : on eut beau porter à gué le chargement pour alléger le bateau, jamais il ne fut possible de faire flotter celui-ci sur les grosses pierres qui pavaient lé fond de l'eau. La glace étant notre unique ressource, nous finies un portage sur une partie en décohiposition extrême , et nous soulevâmes en grand le bateau pour lui faire franchir les obstacles; nos progrès furent en- suite plus satisfaisants, malgré l'obligation de répéter quelquefois la manœuvre précédente. Enfin , à neuf heures après midi , nous attei- gnunes les eaux libres où nous trouvâmes un fort courant. Les dunes pittoresques semblaient à toucher; mais quoique l'équipage, tout transi > UijiW ■r • >. I ■ 'W lire en- cle hte. tei- un lent iiisi i-.>." pour (''trc dcnieiiré long-temps dans Peau, ior- rât lie grand cœur sur les avirons et que le courant nous aidât, cependant nous ne pûmes aborder avant dix heures. — Les observations nous donnèrent 65*-48V|" de latitude nord; c)9"-4o'-4^' de longitude à l'ouest de Greenwicli ( io2"-i'-io'' de Paris), et Qç)°-38' de déclinai- son orientale. — En seize heures nous n'avions fait que quatorze milles. ' Qi juillet. — r J'examinai le lac du sommet d'une coUine qui commandait notre campe- ment; je reconnus que le courant dont nous avions eu le secours dans la soirée précédente perdait sa force à deux cents pas plus loin. Là recommençait la glace qui continuait ensuite indéfiniment. Un petit chenal, courant au sud, conduisait à quelques îles sur lesquelles nous gouvernâmes. Bientôt retenus par les glaces, nous eûmes de nouveau recours au procédé mis en usage le jour précédent; nous fîmes ainsi, en quatre heures, huit milles y compris les dé- tours. Nous aperçûmes alors de l'eau libre au i ..r » ïi[ il i : ; s 1^ ,j ■ I ,71 • 4 1 1 '^i (il V' im^u ■' i> I ^8 VOVAGi: nord, on la direclion narticnlière d'niie chaîne de dunes me donnait lespoir de rencontrer la rivière; je me dirigeai donc de ce côté; nous entrâmes avec assez de peine dans une pièce d'eau qui, en dftînitive, nous conduisit au continent dont les cotes rocheuses étaient en- veloppées de glace. Nous fîmes un portage et soulevâmes l'embarcation par-dessus l'obstacle; arrêtés dix minutes après, nous ne pûmes nous frayer un passage par nos haclies. Ayant essayé aussi infructueusement sur un autre point, nous prîmes terre et effectuâmes parmi les roches un second portage qui nous conduisit à une nappe d'eau terminée par un rapide. La vue du rapide, vue ordinairemejiit fort déplaisante pour ceux qui ont à le franchir, nous combla au contraire de joie , car elle nous annonçait la fin d'un lac qui nous avait causé beaucoup d'embarras et de retards. Dans l'été, ou, pour mieux dire, en automne, ce lac doit former une magnifique nappe d'eau; je le noni- tnai , d'après Nicolas Clarry, Esquire , ageii! o.t DU CAPI'IAIISE BACK. l QQ de la compagnie de la baie d'Hudson, dont le zèle désintéressé en faveur des découvertes au nord a déjà reçu trop de témoignages de la part de sir Edouard Parry et de sir John Frank- lin, pour qu'il soit nécessaire de s'y appesantir. h .i-; I I •m m ...IF- ■' 1 i " 'ilJ;; ^:'J '^ ■ t: Il 1. 'i i,r> ■ iH ',.1 if I -il 4|> .::I '' I i' I . .•'ji'' : 'i 'Ml H. 9 'fi- -m S.' I i ; ♦, :k ' ■ •■ i |1 1 t 'il ■ l36 VOYAGE nous découvrîmes une si vaste étendue d^au et de glace, que, n'apercevant plus la «^erreau nord, le timonier s'écria : « Tous les lacs que nous avons vus jusqu'à présent ne sont rien auprès de celui-ci! » Le courant se perdit bientôt dans cette vaste masse d'eau; nous nous trouvâmes donc dans le plus |;rand em- barras. Comment reconnaître la direction qui nous fera retrouver la rivière? — Nous explorâ- mes inutilement plusieurs ouvertures auprès de dunes situées entre le nord et l'est, car je me refusais à croire qu'on pût rencontrer la rivière ailleurs. Bientôt l'immobilité du bateau nous apprit que le courant avait cessé d'exis- ter , mais au même moment il me sembla en- tendre le bruit éloigné d'une cascade; nous côtoyâmes à force de rames un champ de glace qui nous mena droit au sud , direction certes fort opposée à celle où tendaient tous nos vœux, et qui nous conduisait à l'ouverture Chesterfield, dont la proximité me dominit, je l'avoue, de sérieuses inquiétudes. Eu conscr- D(J CAPITAINE n\C\\. \',]'J vaut toujours le cnp au sud, nous suivîmes un chenal tortueux , au milieu d'une barrière de glace, et un bruit, toujours croissant nous guida jusqu'à l'extrémité du lac, qui reçut le nom de mon ami Mac-Dougall, lieutenant- colonel du brave 79' régiment de monta- gnards. Le volume d'eau se détourna bientôt sur la gauche, dans un chenal comparativement étroit, et se porta paisiblement, mais.avec une force irrésistible, vers deux énormes rochers de gneiss, élevés de 5oo à 800 pieds ( 1 5o à 25o mètres) et semblables à deux îles. Notre pre- mier soin fut d'abriter le canot dans une petite anse située siu* la gauche, tout près de laquelle la rivière disparaissait en projetant des nuages de poussière liquide. Nous reconnûmes que ce n'était point simplement une chute, comme son bruit sourd nous avait portés à le croire, mais bien une succession de chutes et de cas- cades occupant une largeur d'environ ^oa yards (365 mètres); au centre de cette scène de I ; . ^'< ^ Ml 1.H* ' ,1, m 1 ■if H i ■'M ' \ ■ ''^ > 1 ! lit. 'i- ■ ■■■' •t • ■ •<]■ n'. ', > ^\-\ . . u •■I ' . ■ M , , ■■■ J • . ',1,': ftf* ili^t j38 VOYAGIÎ confusion s'élevait un rocher isolé d'environ 3oo pieds (91 mètres) de haut, et dont l'aspect était aussi nu que celui des rochers qui bordaient le chenal. De la pointe qui cachait l'ouverture sur le rivage occidental, s'échappait, en serpen- tant, un autre rapide terminé par une chute; tandis qu'à droite le choc de la houle contre les rochers produisait un bruit assourdissant qui s'entendait de fort loin. L'espace occupant le centre, depuis la première descente jusqu'à l'île, était rempli de roches à fleur d'eau d'élévations inégales, qui brisaient et soulevaient les eaux en bouillons furieux. Là, le roc formait une arche , tandis que de chaque côté des gouffres béants engloutissaient d'énormes quartiers de glace, et en faisaient jaillir les (Jébris au milieu des airs. Il eût été difficile d'imaginer un spec- tacle plus terrible , et tous les hommes de l'é- quipage en étaient visiblement émus. Une seule issue s'offrait à nous, c'était d'effectuer un por- tage à travers des fragments épars de rochers, dont deux, à faces arrondies et perpendiculaires, . ii U ■lil i- f *■■ 1)1 CAIMTAIMÎ IWCK. 1 3. lî i^ 'il 11 y? il' Ai ^ ■■■à ■,f-: m il. ' I '■'■te tm VI: : ' ' l'i'lt' 1: \li l/^O VOYA(.F. deux doigts de sa perte, et toujours le péril lut éloigné. Néanmoins, ilans le cours des deseenles, plusieurs chocs très rudes enlevèrent l'autre garniture de la quille i mais toujours pleins de sang-froid et de recueillement, prompts à com- prendre et à exécuter les signes mutii*ls cpi'ils se faisaient chacun avec la main (car, dans ce fracas épouvantable, d'un bout à l'autre du ba- teau, aucun son n'eut pu se faire entendre), les deux braves pilotes, Mac-Ray et Sinclair, réussi- rent à sauter sans ac ^ent,de chute en chute, jusqu'à la dernière; là nous tirâmes l'embarca- tion de l'eau avec la plus grande difficulté. De re- tour auprès des bagages, je distribuai à nos hommes un bon verre de grog, et leur donnai publiquement les éloges qu'ils avaient certes bien mérités ; nous trouvant tous fatigués de notre exercice de la journée, nous campâmes pour la nuit. I-.e 23, notre monde commença à transporter Je pemmican et les caisses, opération que la na- ture du sol, couvert de pierres glissantes et p(Mi ÀL^ . I, 1)L C^PITAINi: K:\C.K. 1 | i solides, iriidit fort pénible. Ayant reconnu d'ail- leurs qu'elle ne pourrait être terminée avant midi, j'en profitai pour obtenir des observa- tions qui donnèrent pour latitude G5*-45'-i8" N.; pour longitude à l'O. de Gr. g8-''io'-7" (loo"- 3o'-3i" de Paris), et pour déclinaison orientale QQ'-iG'; cette dernière avait donc diminué de- puis que nous avancions au nord ; et , en effet, l'action de quelque influence puissante se ré- vélait dan:> l'engourdissement toujours crois- sant de la boussole qui, depuis peu , avait be- soin d'être fréquemment frappée sur ses bords pour se mouvoir. Mes observations les plus intéressantes furent celles de l'inclinaison et de l'intensité magnétiques, principalement avec l'aiguille de Hansteen. Pour la première, je me servis de l'aiguille verticale de Dollond^ qui^ lourde et inactive, ne faisait qu'un petit nom- bre d'oscillations, et, qui après s'être éloignée de 1 o" ou de 1 5° de la position extiême qu'elle venait de quitter, se ralentissait et finissait par s'arrêter brusquement. Pour reconnaître l'in- • KÎ.-Î', ■1' ■'i 'I !l! 1 1 ; i m ■t V, ; 1 i Lk, ) >' • ' ,1 ■t • i i 1.- lit. r: ;• : ^^1 ^'rA voyack il. H li> ■^ il I h! y teiisité, j'employai une aiguille horizontale (i'iin mouvement très lent et qui semblait de- voir s'arrêter au bout de chaque oscillation , mais continuait cependant à vibrer plus long- temps et plus également qu'on n'aurait pu le présumer d'après la première boussole. J'eus pareillement le loisir do gravij- le ro- cher le plus élevé, dont le sommet était une ta- ble unie de quartz, de feldspath rouge et de hornebleiide : bien que le rouge fût ici la cou- leur dominante, le ioc était couvert en partie d'un petit lichen gris et jaune. Les Esquimaux y avaient élevé un petit obélisque perpendicu- laire de pierres superposées les unes aux autres. A quelques pas ae là étaient deux autres mar- ques : l'uhé Consistait eii trois fragments longi- tudinaux , adossés l'un à l'autre , et se servant mutuellement de point d'appui, de manière à former une pyramide triangulaire ; l'autre se composait aussi de trois fragments , mais pla- cés de manière à former les trois côtés d'un pa- rallélogramme. Je ne pus déterminer l'usage du mm mr ' i; DU CAPlTAINi: UACK. iA3 \^ dernier, trop grand pour être un loyer (d'ail- leurs on n'y voyait aucune trace de feu), et trop peu sur pour servir de cache. Parmi les débris épars aux environs, il eut été facile d'établir une cache impénétrabfe pour les wol- vérennes eux-mêmes ; tandis que là, il n'y avait aucune sécurité. Je conjecturai que ce lieu ser- vait peut-être de vigie pour la chasse ou pour la guerre. Ces piles, comme celles qui sont plus avancées dans le sud, indiquaient le nord-est, et non pas le sud, où est l'ouverture .de Chers- field, qui n'était éloignée du point où nous nous trouvions que de 94 milles; c'était vers celle-ci que, jusqu'au détour du Bapide-du- Rocher( notre campement actuel), le Thlew- ee-Choh semblait se diriger en droite ligne. Vu à la lunette du haut d'une éminence qui commandait la vue , l'horizon s'étendait devant nous à une distance immense ; mais on ne pou- vait découvrir aucune donnée sur" le cours ul- térieur de la rivière. En effet, à ses dernières limites, dans la direction S. E. , on voyait dis- ïl: ' ë ♦ rtiji •r'i m t > ■ ■ vi 'm Si t- ■■•"' n ! ; .1 0: I ■• I -i. f '. I \à ^ : ,! I • Vf VOVAUK fi £ i: • ' i A: rU tiiiclemeiit une nappe d'eau qui se confondait avec la bruine blanchâtre de l'atmosphère, et on en distinguait le cours en se guidant, d'a- près les détours des vallées, jusqu'à la distance d'environ 4 milles; ce court espace n'était qu'ime suite de rapides peu profonds. AuN. E., il est vrai, nous apercevions, par des échap- pées, les éclats d'un cours d'eau qui conduisait en serpentant à des collines de sable; mais, instruits par l'expérience , nous ajoutions peti d<î foi à de semblables apparences. Durantlecoursde ces observations, je ne m'é- tais pas retourné du côté de notre campement; la première fois que cela m'arriva , dans l'in- tention de redescendre pour continuer notre voyage, je fus bien surpris; car le rapide ne projetait plus de nuées de vapeurs , et son bruit assourdissant s'était changé en un grin- cement sourd qui présageait la fin de la cause qui l'avait occasionné. Ce phénomène, si diamé- tralement opposé à celui que j'avais remarqué une heiue auparavant, précipita mon retour ' A ■4*i- ■M lue mr DU CAPITAINE RACK. 1/46 auprès du bateau, moins pour satisfaire ma curiosité que dans la crainte d'un accident, car je pensai que c'était la glace , chassée du lac Mac-Dougall par le vent et le courant , qui en- gorgeait le rapide. Je ne m'étais pas trompé : le son provenait de la rupture des grandes glaces, ou , en d'autres termes , de la dernière débâcle. Il n'y avait pas à lutter immédiatement contre cette nouvelle difficulté ; car, au milieu du tor- rent , le bateau eût été réduit en atomes. A la fin cependant , sur les cinq heures du soir, le cours d'eau, dont la rapidité était surprenante, devint assez libre pour nous permettre de char- ger le bateau, quoique tout péril n'eût pas disparu du côté des glaces flottantes qui tour- billonnaient dans les remous, et qui exigeaient les soins continuels et attentifs de deux hommes. A peine avions-nous quitté la rive , que nous nous trouvâmes engagés au milieu des rapides. Nous en descendîmes deux; mais le troisième était trop dangereux pour oser l'affronter. En conséquence, nous eûmes encore à porter la II. 10 5!' ,:,{n^^ 5S', 11 5'' à [ h :i'f ' 'il I ' 1 n !V :■! • -M' * ■ ■ 'S4;t;l ^ ^^ • KM :; »^ ■'■':: h. •jl I -*i': BW»^.^'; H / 1 wf l '■ t iî 1 ! ' l'il 'I 11 ^'-^^ ^ 'i ,1- i ! ti ; î;j, , r 1 n' :[ ' lit . ■ j'.' '• > 'i ' \ (il ' 'M t'% î y' j4G VOYAGIi cargaison pendant un demi-mille, tandis que le bateauainsi allégé suivait le cours d'eau sans ac- cident. Nous reconnûmes alors que la rive oppo- séeappartenait à une île dont l'extrémité occi- dentale était entourée par un autre bras de la rivière qui formait un large chenal et rejoignait, par une chute de dix pieds, le bras dans lequel nous étions. A un quart de mille au-dessous de la jonction, le torrent se trouvait arrêté par une chaîne de roches basses qui le faisait dévier au nord , dans la direction des collines de sable aperçues au commencement de la journée. Une nuit sombre, orageuse et très pluvieuse, fut suivie d'une matinée qui nous empêcha de songer au départ; car, avec le vent qui souf- flait , il était tout-à-fait impossible de suivre le fil du courant dans le rapide qui s'étendait de- vant nous; nous fûmes donc obligés d'attendre le retour du calme. Pendant ce temps , Mac- Ray fut chargé d'aller examiner la rivière; il revint à midi nous dire qu'il avait vu plusieurs rapides et ime forte chute assez rapprochée de (mÉIMp- r m [ac- îurs de nu cAPiTAiisr-: back. i/p nous; il avait en outre rencontré des marques d'Esquimaux. Dans l'après-midi, nous conti- nuâmes'notre voyage; et, après avoir tourné vers le nord et descendu les rapides, nous fîmes un portage pour franchir les chutes de Sinclair, ainsi nommées d'après un de nos timoniers dont j'ai souvent parlé , excellent marinier, s'entendant aussi bien à tenir la barre qu'à oc- cuper le poste de l'avant dont il avait été chargé depuis le commencement du voyage. La rivière avait en cet endroit près d'un mille de large ; elle était bordée de collines de sable et remplie de petites îles rocheuses, séparées par des chutes assez semblables à celles du Pélican dans la rivière de l'Esclave.— Nous ar- rivâmes à une ouverture d'où l'on découvrait des montagnes éloignées , vers lesquelles nous crûmes devoir nous diriger; mais nous fûmes deux fois obligés de changer de route par suite des pointes basses allongées et des courants contraires; à la fin, nous trouvâmes un large chenal courant au sud-est. Nous fîmes à l'en- 'Ûv h'')^ ii.. M :!.,; ■ m ■m 1' iM|,'/ * hit t 's; ■i ' 1 I i!,' 'v^ Mi |: !^ I 'f 1 f .t .'^., !;; v^H ^ ^fi:|! i/|8 voya(;k liée la quatrième cache de pemmican ; mais, comme il était trop tard pour distinguer les pierres au fond de l'eau , nous nous décidâmes à camper. 25 juillet. — Le temps était froid et piquant malgré le vent de S., et bien que le thermo- mètre fût à 48° ( 8°,9. C. ). De chaque coté se montraient des bancs peu élevés, mais singu- lièrement pavés de pierres rondes qu'y avait probablement incrustées la pression des glaces brisées. La rivière tournait ensuite au nord et devenait si large qu'on aurait bien pu la prendre pour un lac. Une telle extension devint, comme toujours, ime source d'inquiétudes pour nous, par la presque impossibilité où elle nous mit d'apercevoir la direction du courant qui, ce- pendant moins inconstante que de coutume, demeura la même pendant l'espace de quelques milles; arrivant à un rétrécissement graduel, do la longueur d'un mille, qui produisait des ra- pides violents et dangereiix, on allégea le ba- teau et l'on prit toute sorte de précautions » ' ?ii.. H .'„i r>lJ CAPITAINIÎ BACR. 1 /jQ pour éviter les accidents; mais l'impétuosité et le tourbillonnement de l'eau étaient tels, que l'embarcation, et par conséquent tous ceux qui la montaient, se virent deux fois dians lé danger le plus imminent de périr au milieu d'un des gouffres formés entre les rochers et les flots du rapide. Sur un de ces points si singuliers et si dangereux qui, dans le court espace de quel- ques pieds, tiennent à lia fois delà chute, du ra- pide et du remous, l'équipage dut son salut à une désobéissance involontaire aux ordres du ti- monier. La force de l'eau surpassait tellement tout ce que nous avions vu jusqu'alors dans les autres rivières du pays , que les précautions employées ailleurs avec succès ne pouvaient avoir ici aucun résultat. Nous nous efforcions d'éviter à gauche une chute et des écueils sous l'eau , mais un homme auquel on commanda une manoeuvre la comprit mal et fit exactement le contraire; ce que voyant, le timonier fit tour- ner l'arrière qui fut jeté aussitôt à droite dans un remous ; ce remous s'emparant d'un aviron. >'V, (.■••*«. • 1,1 \i\\::..' r • fil» \ I i; ^^ •• s. I'*- 1 '■: l5o VOYAGE imprima an bateau un mouvement irrésistibli- de rotation ; pendant un moment, on ne put savoir si l'embarcation serait précipitée au fond de l'abî me ou briserait son arrière sur les écu eil s . S'il en fut autrement, il ne faut pas l'attribuer au hasard seulement! je ne puis dire comment cela arriva, mais ce qu'il y a de certain, c'est que l'avant du bateau s'engagea sur la rive, et permit à Sinclair et aux autres de sauter à l'eau, et, en réunissant leurs efforts, de nous délivrer d'une si dangereuse position. Si le premier ordre avait été compris et exécuté, aucun pouvoir hu- main n'aurait pu arrêter l'équipage au bord de Tabîme. Il y aurait injustice cependant à blâmei le timonier; il ne s'était jamais trouvé au milieu d'une telle crise, et, dans ce péril im- minent , son sang-froid et sa présence d'esprit ne l'abandonnèrent pas un instant. Pendant l'af- freux moment d'anxiété que nous venons dv décrire, un de nos hommes, moins ferme que ses compagnons, implorant à grands cris la protection du ciel , Mac-Kay, d'une voix Ion- Wi Vil .^,j. — 1.1 011 CAPITAINE BACK. l5l naiite: Ce n est pas le temps de prier; nage à tribord! ^ Aiâe-toi , le ciel t'aidera, était en ce moment la doctrine de l'intrépide montagnard. Du côté de l'est , nous remarquâmes quelques constructions semblables aux restes d*un cam- pement esquimaux ; rien ne put nous en indi- quer l'ancienneté. Après avoir fait un autre dépôt de pemmican au pied du rapide Escape ( rapide du Salut ) , nous poussâmes plus avant; mais nous n'avions pas fait deux milles, qu'un brouillard épais et une pluie battante obscur- cissant l'atmosphère nous forcèrent à aborder. Comme le soir n'était pas encore venu , nous reprîmes notre course, dè^ que nous vîmes assez clair; et, poussés par un fort courant, nous dérivâmes considérablement à l'est; la rivière prenait également cette direction au milieu d'une chaîne de falaises sablonneuses assez éle- vées, parmi lesquelles les remous avaient creusé de larges criques en plus grande quantité qu'à l'ordinaire. Le courant, toujours accéléré, le devenait de plus en plus , et se transforma bien- Ûl' M 'M ■m . ■ : 'M .;, f fi: lit \u H ■•!■:« * ■ J';. .1 n 11 m ii '^ ■ PI il ' « ■ 1 ' > " Il |i1 ■ ' t 1 Ik \ M M \i ■} si tl-H'r '■ 1 ■ : ', • ■ ' i t ■ -i 1 '-i^ \ ■■ -l ■ 1 i l5'2 VOVAGE tôt en une suite tie rapides violents qui me firent plus d'une fois trembler pour notre pauvre bateau ; car, dans beaucoup d'endroits, ne pou- vant songer à aborder, nous étions obligés d'accroître encore sa vitesse pour pouvoir le gouverner, et nous passions ainsi en vue des brisants et des écueils de toute nature avec une vélocité qui semblait nous présager quelque fu- neste issue; nous nous en tirions heureusement, mais c'était pour retomber dans de nouveaux périls. Le long des bancs qui nous entouraient étaient étendus plusieurs daims morts, noyés sans doute en essayant de gagnerl'autre rive. — A huit heures après midi, nous arrivâmes auprès d'un immense rocher isolé incliné vers le bord septentrional de la rivière : là, une pente sen- sible et un rugissement profond nous donnèrent des conseils qu'il eut été imprudent de braver à une heure avancée ; et , à dire vrai , bien que l'habitude produise dans beaucoup de cas une indifférence profonde pour le danger, cepen- dant cette journée m'avait prouvé que la règl< i5;i DU CAI'lTAIlNIi l'.VCK. peut souffrir une exception, car mes hommes (l'élite eux-mêmes commençaient à montrer une pruclepce qui était de leiu- part une chose toute nouvelle: aussi l'ordre de camper fut-il exé- cuté avec un empressement des plus signifi- catifs. A la distance de quelques centaines de pas , neuf loups blancs rodaient au tour d'un troupeau de bœufs musqués; nous tuâmes un de ces der- niers; mais, comme c'était un taureau, son odeur ne nous permit pas de le manger. Recon- naissant l'impossibilité de faire un portage sur la rive où nous étions campés, nous traversâ- mes le chenal le lendemain, à la pointe du jour, pour voir si l'autre bord ne nous offrirait pas plus de facilités. Le cours de l'eau était inter- rompu, en face d'une noire crevasse, par une chute de cinq pieds, qui n'atteignait pas tout- à-lait la rive de l'est; le bateau put donc la franchir et entrer dans le rapide du Loup. Plu- sieurs de ces animaux, dont je donnai le nom ■M' h' : i 'i' " i- F .1 .W'ù m f ■u \ I ■> ' ■ I,' i'' l' i 'ï^ ■'■'■' '''H C' ■ Je. 1 ■ I rsi ■ 1 j;- 1 IL: l lii -'t % V 1 5/1 VOYA(iK à cet eiitlroit, luiiraient sur nous des regards de feu et sembLiient attendre les événements. D'autres rapides se frayaient un passage entre de grands rochers; depuis que la ri- vière avait dévié à l'est, c'était la première fois que je les voyais se comporter ainsi ; j'es- pérais, d'après cette circonstance, que la ri- vière ne tarderait pas à reprendre son cours vers le nord. Je fus surtout satisfait de la dispa- rition des collines de sable que j'avais fini par regarder comme de véritables ennemies, car elles m'avaient peu à peu conduit dans des pa- rages écartés de ceux que j'ambitionnais d'at- teindre. Reconnaissant donc en avançant que mes espérances se réaliseraient sans doute , j'en éprouvai une joie d'autant plus vive que les eaux se dirigeant récemment vers l'est, pres- que sur un parallèle de latitude, avaient de nouveau élevé des doutes dans mon esprit et m'avaient fait craindre que la rivière ne se ter- minât dans la baie Wager. H ' W ^'M^''* »^ . ri. lilJ CAHTAINK KACK. 1 55 Nous furies une cache de pcmniicaii, d'un peu de munitions et de tabac. D'autres rapides nous portèrent au nord. La rivière se mainte- nait dans une largeur imposante, due, à ce que je soupçonne, à plusieurs affluents; en quelques endroits, il y avait un mille de dis- tance entre les deux rives. Des deux côtes s't tendaient des montagnes couvertes comme à l'ordinaire de blocs détachés et de gros frag- ments de roches mouvantes dont la couleur sombre et purpurine relevait la verdure des pentes où se montraient de nombreux trou- peaux de bœufs musqués. Le soleil se montra un instant; j'en profitai pour obtenir la latitude : 66°-6'-'i4" N. Nous étions presque par le travers d'une montagne pittoresque qui commandait la vue sur tous les environs; elle se terminait au sud-ouest par des talus où paissaient des bestiaux , mais vers le nord elle était coupée de précipices ef- frayants et de falaises en surplomb inacces- sibles au pied de l'homme. C'était l'éniinence ï ï: ■^l^ ''•fl^ ■ '7 ■i-r if ; f-i' '■ ■ 7*1! ■•; «1 '! if .l' i i'iii iiy'\ $ I: 1 I m Hit là. 1 V i .r Iflj 1 .tr km i « j ■ ■! ■ l56 VOYAdK la plus remarquable que nous eussions vue depuis long-temps. D'après quelques ressem- blances , les hommes s'écrièrent : « Voilà le cap Hoy (i)! allons, garçons, du courage! nous ap- prochons de la mer.» Cette éminence me rappela par sa physionomie lavieille ville d'Edimbourg, et je la nommai Mont Meadowbank , en l'hon- neur du seigneur instruit qui porte ce nom. Après avoir couru six, milles au sud-est, la rivière se dirige au nord de nouveau, et pré- cipite impétueusement ses eaux parmi dès ro- ches et de grandes pierres qui causent de tels tourbillons dans les rapides, qu'un canot n'eut pu y résister. La largeur de notre bateau el notre boin à nous maintenir dans le fil du cou- rant, nous permirent de passer sans accident. Nous manquâmes cependant de nous briser sur la berge , contre laquelle le remous nous jeta à la fin du rapide. Une pointe basse de roches s'avançait dans ; :^ (i) Sur iune des ilcs oicades (orkiieys). JHl: ' i' ^i laiis IHJ CAPITAINK r.ACK. 1 07 la rivièn^ ; nous y fûmes craborti entraînés , mais le contre-courant nous renvoya au large; elle était fort remarquable à cause d'une ran- gée (le pierres ou de dalles empilées, écartées de quelques pieds les unes des autres , et qu'au premier abord, en franchissant le rapide, nous prîmes pour des personnages occupés à nous regarder. Nous apercevions sur les collines et montagnes voisines beaucoup de constructions semblables qui certainement devaient servir de marques pour guider les naturels ; mais pour- quoi y en avait-il auprès du rapide une sorte de piquet à monter la garde? c'est ce que nous ne pûmes deviner le moins du monde. Dans la partie de 1 ouest, les roches désolées, nues et raboteuses, atteignaient une hauteur considérable, et étaient devenues comparative- ment des espèces de montagnes. A l'est, au contraire, il y avait plus de végétation, le pays présentait des pentes régulières. Nous pas- sâmes d'autres rapides, et, à huit heures après midi, nous rampâmes sous le vent d'im rocher 'y H, t.'i! • i$ S' i I' . il ■ m. . „ • ■' ,1 1! . Ht :? ' ni 'H S". ■ "M ■.'1 1 ■■' 'i W j. 1' ; '\ " 1 .1. i ■ ■I! :ii:r^i t '!■•> I ly !i: •ki' I'. ^:i I .i ■i '.if ■< \^'ï JF ri f ■ 1 U m ;H rr i '% |58 VOYAOK élevé, recouvert en partie de buissons et de mousses, où les bœufs musqués avaient pro- fondément imprimé la trace de leurs pas; il faisait face à un banc de sable isolé formant l'entrée occidentale d'une petite rivière très fré- quentée sans doute par les oies durant la mue, car le sable était couvert de milliers- de belles plumes dont on aurait pu charger plusieurs voitures. Le 27 au matin , le temps était nuageux et froid; le thermomètre marquait 4o'(4°-47 C.), par un vent de S. O. ; à quatre heures avant midi nous étions embarqués. La rivière se mainte- nait dans la même direction ; sa largeur variait de trois quarts de mille à un mille ; sur les deux rives s'élevaient des montagnes granitiques. Un premier rapide nous détourna un peu à l'ouest; sur la rive droite d'un second plus dif- ficile que le premier, nous observâmes les tra- ces de trois campements circulaires, dont les portions intérieures étaient divisées en sections, sans doute pour la commodité des occupants. :ii '■ JàUm aaB*rr iiî':t DIT CAPITAINE IJACK. 169 Tout auprès, les roches devenaient plus escar- pées et semblaient encore plus arides; elles différaient de celles du sud, par leurs faces taillées à pic et leurs escarpements tournés vers l'ouest et le nord ouesl. Dans l'après-midi la rivière s'élargit. Une baie à l'ouest, à demi cachée par des masses de roches, recevait un affluent considérable, que je nom- mai d'après le lieutenant-général, sir Thomas Montresor. Là se montraient pour la première fois les formations trapéennes , s'élevant de ter- rasse en terrasse comme ime rangée de gradins plats, avec des côtés nus et arrondis, quel- quefois terminés par des précipices. Un grand nombre descendaient dans l'eau , sur un même alignement que certaines îles de sable qui s'éle- vaient en pain de sucre; celles-ci, revêtues d'ime teinte jaunâtre, qui leur donnait une sorte de gaieté, contrastaient avec la couleur lugubre et sombre du paysage. La rivière grossie roulait ses eaux dans un morne silence, qui depuis long-temps n'était II-' (4£:t^ '. '■ M., i' * I 1 •. à. ■îin ûi * ]t m ■ '''^: ); ^ m .m, f: '•i ■V 1 :^ 1;' i ; i i t'v' !i ' V •■. En bour louis imcs ^facc l)L CXPITAI.NE BACK. 1 () l ilu rapide semblait unie comme de l'huile. Apres avoir pris seulement la précaution d'allë- ger le bateau , nous nous y engageâmes. Je n'oublierai jamais le premier instant de cette descente que je ne saurais mieux comporer qu'au talus d'une colline roide : pas un brisailt ne rompait le miroir des eaux: mais la ra- pidité de notre course était telle qu'en tombant au bas , dans les hautes vagues du remous , il nous fslllut des efforts plus qu'humains pour échapper à leur fureur. Nous ne sortîmes du milieu des vagues que pour tomber parmi des gouffi'es et des tournants d'eau presque ai\ssi dangereux. Enfin nous nous dégageâmes; non sans peine, et reprîmes haleine. La rivière était devenue large ; des rochers sourcilleux la bordaient tou- jours de chaque côt^; à l'ouest, cependant, le pays était plus ouvert et laissait apercevoir des prairies onduleuses. Au bout dg si:>: milles , uil morne sablonneux à gauche semblait barrer lé passage ; mais en approchant nous y trouvâmes u. I I •'¥ i, ■ • 'S r9< f J rii! i. < V m.: i m * il 1 fVj VOYAGE I " y . ■': \ % le commencement d'un autre rapide», qui, pJus docile que le dernier, se laissa traverser sans nous donner tiop de contrariétés. Nous étions alors dans une contrée décidé- ment montagneuse. La rivière ayant pris sa course vers le nord, je ne m'attendais plus à lutter désormais que contre les rapides et les chutes. Quel ne fut donc pas mon étonnement lorsqu'au piect d'un rapide hous débouchâmes dans un lac spacieux sans autres limites que l'horizon , et qui paraissait principalement de- voir nous conduire dans le N. N. O. Pendant quelque temps le courant continua à se faire sentir et nous guida; mais bientôt nous retom- bâmes dans les mêmes incertitudes et les mêmes ennuis que précédemment; il nous fallut re- chercher par d'interminables essais le chemin que suivait la rivière au milieu de ces eaux immenses. Une pluie froide et un vent contraire se mirent auss^ de la partie; le soir, lorsque nous campâmes, nous étions fort peu avancés. Le service divin fut lu dans la tente. Je mon- \\ ^:i M k4 ■ 'l. I>II CAPITAINK B\(;K. i03 tai ensuite sur une colline assez élevée, mais je ne pus rien découvrir. Il y avait beaucoup de glace dans le N. N. O. L'espace d'environ six milles, compris entre la rive occidentale et nous, se comblait rapidement de glaces flottantes dé- tachées du continent. Il fallait donc se hâter de passer pendant que la voie était encore ou- verte; mais où aller? à droite ou à gauche, c'est ce qu'il nous était impossible de décider. La di- rection générale suivie pendant les deux der- niers jours m'ind»iisait à appuyer vers la rive occidentale; mais les marques que nous aper- cevions sur toutes les hauteurs nous fit choisir l'autre. Nous partîmes donc le a 8 juillet à quatre heures avant midi avec une brise piquante de nord-ouest, et nous gouvernâmes droit sur une île au N. N. E. La glace ainsi qu'une mer courte et mouton- neuse entravèrent beaucoup notre marche. En atteignant l'île nous trouvâmes une baie dans laquelle je me dirigeai, espérant y rencontrer la rivière, ou du moins m'y mettre à l'abri sous ^à > ;: ; \ », 1 t I m h' W'^' \; :. 'J' ïk i è V t.' ï^/i >OYAGL !i ' Ki 1 ",1 1 V tl'P .. la cote du vent. Après une course crenvirou trois milles vers une autre île séparée de la grande côte par un détroit, nous eûmes la sa- tisfaction de trouver un courant qui portait à Test. Abandonnant donc le lac, auquel je don- nai, comme faible marque de mon affection , le nom de mon ami le célèbre sir John Frank- lin, je suivis le cours d'eau, qui se termi- nait, comme à l'ordinaire, par un rapide. Nous passâmes celui-ci sans accident; mais tout auprès il s'en trouvait un autre qui de- mandait plus de précautions. D'après sa lar- geur d'environ trois quarts de mille, et les nuages de vapeurs qui s'en élevaient , il était clair qu'on ne pouvait s'y hasarder sans un examen préalable. Nous nous félicitâmes d'a- voir pris cette précaution , car il s'y trouvait une descente de vingt pieds, divisée à sa partie supérieure par deux îles, et à sa partie inférieure par une autre île , jonchée en outre de dalles perpendiculaires établies comme des marques, de trois à quatre pieds de haut, et dont plu- nu CAPITAI.X FlACK. iC'^ isieurs étaient beaucoup plus élevées. î^eten- due entière du rapide était semée d'écueils et encombrée de pierres que les eaux recou- vraient d'écume en se brisant dessus. Un chenal intérieur le long de la rive occidentale permettait de faire descendre le bateau en dou- ceur, à l'aide de cordes et de perches, jusqu'à l'île inférieure , pourvu toutefois qu'il fût en- tièrement déchargé. Mais arrivé là on trouvait une chute effroyable qu'il était impossible de franchir. Il ne restait donc qu'à se précipiter à tout hasard dans les brisants au large de l'île. • La prudence, ainsi que le danger qu'allaient affronter les mariniers, me firent hésiter; mais (^ifin , me fiant en la providence, et encouragé par l'ardeur qui rendait mes hommes capables de tout surmonter, je donnai mes ordres, en- joignant à ceux qui devaient tenter cette aven- ture de se maintenir près du bord extérieur de l'ile, et, s'il était possible, d'y aborder, afin do descendre l'embarcation en douceur. En quel- ques secondes celle-ci ïu\ perdue de vue. .fe I ^:f .!■!;'; ;: ' '- 11, f u ;::i ff ,;.; il -■( ■ » i. •■ H' h:>. ■ h' " ■■■:.!' l' l-Sl:' ]*" il" ' i ' ; 4 ' «rH ■■ .il: 1 ; ié 'iiM .?'n W. 11 * ■ ' '■' ' . ' 1 ■. ; 1 f;ti. m r- '■f ï \ ' ' V ti * .;.;; \'Ë' tel, r !' ifî I \ llv t- i l60 VOÏACK i^ravis alors, plein d'inquiétude, une colline qui dominait le pied du rapide. Trois fois s'étail écoulé le temps après lequel je devais voir re- paraître l'embarcation , et rien ne se montrait. Je dirigeai ma lunette sur tous les points de la rivière, et je ne vis rien que l'eau et les rochers. Il n'arrivait à notre oreille aucune voix d'hom- me , on n'entendait que le grondement du tor- rent. Enfin , au moment le plus poignant de cette crise, lorsque le dernier espoir allait m'a- bandonner, le bateau apparut tout-à-coup au milieu des terres , dans la partie inférieure de Tîle même , où , comme nous l'apprîmes plus tard, se trouvait un chenal étroit et dangereux, entièrement caché à nos regards, mais à tra- vers lequel les hommes avaient pu faire passer l'embarcation. Je ferai remarquer ici que depuis le rapide du Rocher les aiguilles du compas devenaient de plus en plus paresseuses; à cet endroit se trou- vaient un grand nombre de roches debout, ou gisant en fragments sur le sol couvert df K iJ.Ji,,:. UU CAPITAINE riACR. 1 67 mousse; jt; ne leur trouvai aucune action sur les aiguilles, qui variaient à peine quand elles étaient en repos; celle de ma boussole demeu- rait là où je la plaçais, sans manifester la plus faible tendance à recouvrer sa polarité. Cepen- dant, en imprimant constamment de petits coups à la boîte, les aiguilles bougeaient peu à peu, et finissaient par me donner une route à peu près exacte, sauf toutefois l'indispensable correction provenant des chronomètres. Une belle nappe d'eau ouverte devant nous semblait nous promettre de laisser rattraper le temps perdu; mais trois milles plus loin la ri- vière s'enfermait de nouveau dans des rochers d'une hauteur considérable , qui semblaient prêts à se rejoindre; leurs crêtes étaient cou- ronnées par les pierres de marques ordinaires placées debout, et encore plus nombreuses que de coutume. La disparition de la surface de l'eau, les bouffées successives de vapeur et de poussière liquide qui s'élevaient des rocs grisâtres, nous annoncèrent, à n'en pas douter. )?y^ -K î i .>•■« )l(. 'I !•!; rt; ■;■ (. f k ■■■ M m ■ ' ■ 'v- ' V. ' ]■■ H^'' ' .. [. ■ ,' . ; "1 »'- . lÉb PTT ^1 1 ^' ;l T ' 1 1 j k : 1 1,,, , f 1 .'! .i I 'I I 1 \ Cl ,' " '1 '^ V ■ ■ i ■; ^*4 ( '■' y ■ ' ' t' , I.)! i H: io8 v()VA<;j. lu présence (ruiie chute. Pendunl (|ue n()li^ examinions le rapide qui nous y conduisait, nous aperçûmes, parmi lés marques de la col- line orientale, des figures mouvantes dans une grande agitation, tantôt pressées en groupes, et tantôt courant confusément d'un lieu à un autre. C'étaient les Esquimaux que je désirais depuis si long-temps rencontrer, lelques uns nous appelaient , d'autres faisaient des signes , nous avertissant, à ce que nous imaginions, qu'il fallait éviter la chute et venir aborder de leur côté; mais quand nous gouvernâmes vers le rivage les hommes se mirent à courir sur nous, brandissant leurs piques, poussant d'hor- ribles clameurs, et nous enjoignant, avec force gestes menaçants, de ne point prendre terre. J'étais bien préparé à cela, sachant par avance les frayeurs que devaient leur inspirer des étrangers arrivant des régions d'où n'était jamais sorti, pour leurs tribus, que le fléau d'une guerre à outrance. Lorsque le bateau aborda ils se rangèrent en denii-cerclc, à vingt- h IV' lingt- liL (Al'HAIM'. UACfc. l(Mi ciiK{ pas de distance environ, puussanl les mêmes iiuriements inintelligibles, levant et baissant alternativement leurs bras étendus, et manifestant lu plus violente irritation. Je des- cendis seul à terre, sans armes visibles; je mar- chai droit à eux, et, levant les bras, je criai Tiniiif Paix. Aussitôt ils jetèrent leiu's lances sur le sol, posèrent leurs mains sur leur poi- trine, et crièrent aussi Timà, en ajoutant une foulp d'autres paroles que je ne pus compren- dre. Cependant je les interprétai en bonne part, et d'apiès cela je m'efforçai de leuV faire com- prendre que nous n'étions pas des Indiens, mais des Kahloonds (Européens), venus pour leur faire du liien , et non pour les vexer. Comme ils ne paraissaient pas avoir la coutume de se frotter,en guise de salutation, leurs nez les uns contre les autres, ainsi que font leurs voi- sins du Nord , j'adoptai la mode anglaise, et je leur secouai vigoureusement la main. Puis, leur donnant de petits coups sur la poitrine, «l'après leurs propres manières, je leur fis coni- W^ \\ ■ Y' •"r. „ VI •i»t \' -^ .J f }) ^f ( I t>:: ' I 1 . li ', i 'U fi , ..'i.!.\ r 3 ; r' '. \ i i ,'■:■ ,, ■ .• r . i ;:■• t <.- ^ 11 i 11 :' 1 ■ i ,., .. : 1 : ' y * il - !'. ' 170 I .:^l ! ;i VOÏ/VGli prendre de mon mieux que les hommes blancs et les Esquimaux étaient bons amis ensemble. Cette démonstration sembla les satisfaire , et je les comblai de joie en leur faisant présent à chacun de deux boutons brillants. Je n'avais apj)orté avec moi que cet article d'échange, des hameçons et quelques autres petites bagatel- les de même espèce^ car je blâme tout-à-fait l'usage de donner à ces peuplades des cou- teaux, des haches et autres instruments tran- chants, qu'ils peuvent faire tourner au détri- ment de ceux qui les en ont gratifiés. Ils étaient fort étonnés de me voir recourir sans cesse à un petit vocabulaire dont M. Le- wis, agent de la compagnie, avait eu l'obligeance de me pourvoir; ils s'amusaient beaucoup de mes discours, composés de mots aussi mal assemblés que mal prononcés et mal appli- qués, difficiles à comprendre presque autant <[ue des signes. Pendant que nos relations étaient ainsi engagées, quelques vieillards à demi-aveugles s'approchèrent en chancelant t bU CAPlTAKMi lîACK. J"! avec leurs piques, accompagnés de deux vieilles femmes, qui portaient des couteaux de fer grossiçrs et courts , semblables à l'épée du re- doutable Iludibras, et propres, comme elle, à servir également de broches et d'armes; mais, apercevant leurs amis les mains en l'air, les hommes jetèrent leurs piques. Voyant que j'avais à peu près gagné leur confiance, bien que chacun conservât encore à sa main son couteau de corne façonné en stylet, j'ordonnai à Mac-Ray et à Sinclair d'aller examiner s'il était possible de franchir la chute, .l'aurais voulu éviter un portage, de crainte que la vue de nos bagages ne donnât aux Esqui- maux l'envie de voler, et ne provoquât une rup- ture. Ces derniers comprirent bien ce que nous allions faire; c'est pourquoi je m'efforçai de détourner leur attention, j me rendis avec eux à leurs tentes, qui étaient au nombre de trois, dont une isolée et deux réunies, compo- sées, comme à l'ordinaire, de peaux sur des perches. V notre arrivée je fus frnppé de la f. ; .' . i I 111 1' ï ' . ■vi. ' II; /■11'' •Vil: â ■ m 'tl *.' < ■,■ M- k":. • .1, \J . 1 : ; i • , ' « Il 'i' fl'i H, Uî II il: i :?; f I ! Il I Il :' I ■|"'- 1 1 ■ â'- i l! i ■ 1 - i t 177. A US M.r vue d'uiie sorte dv circonvallation f• , Ul h ' ' '' m , 7:-! Vie unes on, des eii- 111 e DU CVPirAliNl': UACK, donnèrent en retour quelques uns de Icmu-^ îj^rossiers ouvrages. Sur ces entrefaites, le patron vint me préve- nir qu'il était impossible de franchir la chute, à cause d'un rocher très dangereux, situé pré- cisément au milieu. Je lui ordonnai, en consé- quence, de faire effectuer le portage par terre, et de s'arranger de telle sorte qu'il restât tou- jours im homme avec les effets ^ tandis que M. Ring , particulièrement chargé du bateau, devait présider à tout le travail. Moi, je pris à tâche d'amuser les Esquimaux en esquissant leurs portraits et écrivant leurs noms au-des- sous. Il prirent à cela le plus grand plaisir; et lorsque j'essayai de prononcer les noms que j'avais écrit, ce qui certes n'était pas une tache facile , leur joie ne connut plus de bornes. Ils étaient en tout environ trente-cinq; autant que je pus m'en assurer, je crus reconnaître qu'ils n'avaient jamais vu de Rabloonds (Eu- ropéens) auparavant. Leur maintien annonçait quelque chose de supérieur relativement auv n r. , '. 'i'i • T i rk ■*! : t, ■ ; '•<'■■ ■% ■ -!'■ )• f^r^r ^Irf I I 1 ; '11 „:i: •iî t l-y/l VOVAGP- Esquimaux que j'avais vus autrefois; leurs traits étaient moins empreints du caractère de ruse basse qui leur est généralement attribué. Les hommes étaient bien bâtis, d'un tempérament athlétique. On ne voyait sur eux ni ce tatouage ni ces ornements qui défigurent les lèvres de leurs compatriotes de l'ouest; à leur barbe, merveilleusement foiu'nie, et à leurs mousta- ches ondoyantes , ils semblaient certes les dis- (iplesde nos anciens pères, « qui considéraient l'usage de se raser comme un mensonge envers leurs propres figures. » Ils ne cédaient la palme sur ce point qu'à maître George Killingworth; «dont la barbe épaisse, large et rousse, mesu- rait une longueur de cinq pieds et deux pou- ces (i). » Les femmes étaient tatouées sur la figure, ainsi qu'au doigt du milieu et au quatrième doigt. Celle dont je fis le portrait se sentit si flattée de cette distinction que, ne se fiant pas (i) Histoire chronoln;;ique des voyages, par Bnrrow. Ir SI bas ,75 DU CAPITAIM- lUCK. à mon talent du soin de bien distinguer et ap- précier sa bonne grâce et toutes ses lieautés, elle suivait avec la plus scrupuleuse attention la direction que prenaient mes yeux , et met- tait en évidence la partie de sa figure qu'elle me supposait à dessiner, l'avançant ou la tour- nant de manière à ne pas me laisser la moindre excuse si je ne rendais pas un compte exact et détaillé de tous ses charmes. — Lorsque je regar- dai sa tète , elle l'abaissa aussi bas qu'elle put ; — elle écarquiila prodigieusement ses yeux quand je me mis à les étudier; — gonfla ses joues à les faire crever lorsque leur tour arriva; — et enfin, s'apercevant que j'en étaisà la bou- che, l'ouvrit de toute la force de ses mâchoires en me tirant ime langue d'une aune. Six lignes de tatouage descendaient obliquement des na- rines sur chaque joue; dix-huit partaient de la bouche et traversaient le menton ainsi que la partie inférieure de la figure; dix autres petites, semblables à des branches de pin , sortaient du coin de chaque œd, et huit concouraient ï ' r • « V;, m l'i ..I * 1 ftii rrr I" }: W 1 ■! i; i :•: ^' ^' ' ;i! M r s» ( if , it s ''i \ il Éj^ : ,^ 1 -G v()YA<;r (In front au centre du nez entre les tXf'wx sourcils. Mais ce qu'il y avait de plus remar- quable dans la pliysionomie, c'était l'obliquité des yeux, dont la portion intérieure s'abaissait, tandis que l'extérieure se relevait en proportion; ses narines, fort larges, s'harinoniaientaveciuje bouche non moins vasle. Sa chevelure , noire comme du jayet, se divisait simplement sur le front en deux gros bandeaux assujettis dans leur position par une tresse de peau blanche de daim qui faisait le tour de la tète ; puis elle se ramenait derrière les oreilles et flottait non sans grâce sur le col et les épaules. Cette femme était la plus remarquable de la famille. Il régnait sur elle comme sur toutes les autres une grande propreté ; et , malgré les tatoua- ges de leurs figures, dont les lignes et les dessins embrouillés eussent pu donner lieu à un mathématicien d'établirdes milliers de théo- rèmes, leurs traits respiraient une telle vivacité que mon équipage en fut séduit, et les tint pour ' un groupe de créatures fort appétissantes. » tt t. H f \ IXI CAPITAINE RACK. '77 iUe. res ua~ les .1 à léo- ité )ur )) Aucune autre particularité ne distinguait cette tribu de celles dont Parry et Franklin ont donné l'a description ; un homme cependant , d'un aspect sauvage , portant une paire de cu- lottes en peau de bœuf musqué, et décoré d'une sorte de crinière au poil dur, rappelait tous leô traits des satyres de la fable; mais cet Esquimaux était extraordinaire , même parmi ses compatriotes. Ils n'avaient que cinq keiyaks ou canots , et ne possédaient en fait d'équipement que ce qui leur était indispensable pour se procurer de la nourriture, c'est-à-dire des couteaux, des piques et des flèches ; les parties tranchantes de ces armes étaient quelquefois en cornes, et plus souvent en fer grossier, qu'ils avaient probablement obtenu par des échanges avec leurs voisins de l'Est : échangea d'autant plus probables que les formés de leurs petits ca- deaux ressemblaient à celles des dagiies indien- nes employées dans les postes de la Compagnie. tls n'avaient connaissance de l'arrivée d'au- Tl. IV. i''" r •■\ .' 1 1 |.' . 1 ' '!'■ < ( i' *"'■ 1 ' « i. 1 ,' lii ■ If. % m ,v .:i!l v.(!!|^ ^if ". i ■.I \'i ]^ '■,■: w i ''À. '"' f 'il : 1 ■Il 1 i i; ■ '\ 1 1 1 1 ! ' !! i ?^1 ''i ■4' I 78 VOVAGU (•lin navire dans l'ouverture du Prince-Régenl. Après que je leur eus esquissé le cours de la ri- vière au voisinage de laquelle nous nous trou- vions, un des plus intelligents de la troupe prit le crayon et me dessina le contour de la côte à partir de l'embouchure, que nous atteindrions, dit-il, le jour suivant; il prolongea la côte un peu vers le nord , puis lui fit faire un énormt détour au sud. Comme je manifestai quelque étonnement à cet égard, il me mena sur le ror le plus élevé des environs, d'où on apercevait à l'est une chaîne de montagnes éloignées; là il étendit d'abord son bras vers la mer, à pen près au nord; il retira ensuite son corps en ar- rière en se recourbant, et avança sa main de ma- nière à montrer que la terre revenait dans cette direction; il continua à faire une courbe avec sa main de. l'ouest à l'est, et tourna lentement en rond, répétant fort vite : Târreoke, târreoke, la mer, la mer; enfin, lorsqu'il fut arrivé à un gisement qui valait environ l'E. S. E., il s'arrêta tout à-coup, en prononçant les mots : I? y.j-^ • nmi r< >' . l DU CAPITAINK tt\C.K. 1 79 Tdrreoke riaga , etc. , qui signifiaiesnt que dans cette direction on ne trouvait plus de mer, mais des bœufs musqués en abondance. Il connaissait Akkoolee , dont mes lecteurs se rappelleront peut-être avoir vu le nom cité par les Esquimaux à sir E. Parry dans le détroit de Fury et Hecla. Il me fit comprendre aussi, en répétant son premier mouvement, que sa tribu suivait le chemin qu'il venait de me désigner. D'après les gestes de cet Esquimaux, en con- cordance parfaite avec l'esquisse qu'il m'avait d'abord tracée , il était naturel de supposer qu'il existait un promontoire passé lequel la côte courait au sud de notre position : déduction qui, loin de me causer de la surprise, donnait au contraire beaucoup de force à l'opinion que je partageais.depuis long-temps avec plusieurs per- sonnes sur l'existence d'une côte continue, dé- coupée probablement par des baies , entre la pointe Turnagain et quelque partie de l'ouver- ture du Prinr^'Régent. Si la Providence eût 1 '.-€,. ■|». >^' ■} '' '1 i .', ii '■ . ■' t. P:ë' « 1/ ^^i , -.■ iPi m l> :♦' ''(. \\ rv i i' ^ 1 ■ 1 1 : 1,1: ■,, ^ I .ili^ * ■1. , 1 il t ■f*.' ■■■.* l8o VOYAGK permis à Aiigustus de nie rejoindre, toutes ces incertitudes et mille autres eussent été dé- finitivement levées. Là où il n'existe pas de langage commun pour l'échange des idées, toutes les inductions restent incertaines : peu d'hommes ont assez d'empire sur eux-mêmes pour ne pas se laisser influencer à leur insu par des opinions préconçues. Indépendammenr de la difficulté de saisir la signification des pa- roles rapides des Esquimaux, dontles sons échap- paient à ma mémoire, j'avais encore le mal- heur de ne posséder qu'un vocabulaire ( com- posé d'après l'ouvrage deParry), et différent de leur idiome. Il se peut cependant que la seule différence entre les deux dialectes ne soit pas autrement tranchée qu'entre le jargon du Lancashire et le jargon de Londres; mais on sait que les habitants respectifs de ces deux der- niers pays auraient assez de peine à s'entendre. Toutefois , quant à ce qui concerne les Esqui- maux, il ne peut rester de doute sur le sens de leurs paroles d'après le mot târreoke ot %^^^ s»' i;' f- DU CAPITAINE UACK. iSl d'nprès leurs gestes expressifs accompagnés du dessin qu'ils m'avaient tracé. On m'apprit alors que mon équipage n'était pas suffisant pour faire passer le bateau par le portage. En général prudent, je changeai de batteries, et, profitant de la bonne humeur de mes nouveaux amis, je les priai de nous donner un coup de main. Ils s'y employèrent de tout cœur, et nous parvînmes avec leur assistance à faire descendre le bateau au-dessous de la chute; de sorte qu'en réalité, sans eux, je n'eusse pu atteindre la mer. Ces braves gens étaient d'un naturel excellent; ils paraissaient même avoir certaines notions des droits de la pro- priété, car l'un d'entre eux ayant ramassé un petit morceau de pemmican, me demanda à plusieurs reprises la permission de le manger. Il était tard quand nous quittâmes les Esqui- maux; la largeur du fleuve et la profondeur des baies nous donnèrent alors beaucoup d'em- barras; enfin nous regagnâmes le courant, qui nous conduisit vers des montagnes situées sur ^■1 a. lit k' fl ; ■'il ' il'., •if m: m c ' ■ « ■*■ fin X — ^^^^ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l ■u lài 12.2 ut lu 140 I 2.0 IL25 m 1.4 1.6 6" 0% ^4 Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN Sf REET WEBSTER, N.Y. 14S80 (716) 873-4503 ' p^\.. ^ m 182 VOYAGE la côte occidentale , où nous campâmes après avoir eu soin toutefois d'installer une garde pour la nuit. A quatre heures avant midi, le 29 juillet, nous étions embarqués; mais le temps fut froid et nuageux , il s'éleva une brise du nord , et le thermomètre marqua 4i°>^ ( S%8. C. ). ^ ' La brume nous enveloppa dès le lever du soleil , et devint bientôt si dense que nous nous trouvâmes au milieu des rapides avant d'avoir prévu leur présence. Plus tard , la brise fraîchit et la brume s'épaissit encore , ce qui nous ren- dit incapables d'y voir assez pour nous conduire; il fallut donc attendre. Par intervalle cependant le soleil perçait les nuages, et je pus faire quel- ques observations dont les résultats me don- nèrent Q']"'']'- 3i" de latitude nord ; 94*-3g'-45'' de longitude à l'ouest de Gr. ( 97°-o'-9" de Pa- ris ) , et 8'-3o' de déclinaison occidentale ob- tenue en relevant le soleil avec le compas de Kater, le seul dont on eût fait communément usage. un CAPITAINK lîACK. l83 L'après-midi nous pûmes avancer; nous sui- vions le cours de notre navigation entre des bcncs de sable quand nous aperçûmes fort an loin dans le nord un majestueux promontoire, qui reçut plus tard le nom de la princesse Victoria. Les rives sablonneuses se changèrent en falaises qui; sui la cote orientale, allaient en décroissant jusqu a une pointe où elles dis- paraissaient , et sur la côte occidentale dégéné- raient en plages basses dont le niveau n'éiiit interrompu que par une douzaine de moivti- cules sablonneux garnis au sommet de quelques brins d'herbe sèche; de ce dernier côté les plages étaient coupées par plusieurs chenaux condui- sant à gauche , mais bas et non navigables. Le pays paraissait généralement marécageux dans le voisinage, puis il s'élevait graduellement jus- qu'aux montagnes éloignées. On peut considérer le point où nous étions parvenus comme l'embouchure du Thlew-ee- Choh, qui après avoir précipité sa course tor- rentueuse et sinueuse sur une longueur de cinq ■r t •M • <■ •il i ("H 1 1 i "f. ' ', '14:.! I , - ]1H. ■■'■' î ■■■'..1 1 ■ --il i \\: k I ' t . .■) i84 VOTAGK |>i: !-■ •'." t'.. aHi cent trente milles géographiques, à travers une contrée à côtes de fer que pas un arbre n*égaie; après s'être parfois épanché en vastes lacs dont l'horizon de ciel et deau laisse le navigateur incertain de sa route ; après avoir franchi des chutes, des cascades et des rapides^ au nombre de quatre-vingt-trois, se décharge enfin dans la mer Polaire par 67°-! i'*o" nord de latitude, et 94°-3o'-o'' de longitude à l'ouest de Gr. (96"-5o'-24" de Paris) ; — trente-sept milles plus sud que l'embouchure de la rivière Mines de Cuivre, et dix-neuf milles plus sud que celle de la rivière Back au fond de l'ouverictie Ba- thurst. Le cours d'eau , contrarié par une brise fraî- che et peut-être par la marée, formait des vagues brisantes si élevées que le bateau chargé prit beaucoup d'eau et ne put leur résister lorsque nous j^artîmes pour gagner lo pro- montoire. La prudence , je dirai même la né- cessité, nous firent relâcher dans une baie, que lious nommâmes baie Cockburn, en l'honneur WêU irge iter >ro- Iné- DU CAPITAINE ttkCK. l85 du vice-amiral président du comité arctique. Du sommet d'un roc adjacent, nous pûmes distinguer, dans Touest, des masses de glaces qujl paraissaient fort près du rivage , lequel se prolongeait de douze à quinze milles dans cette même direction occidentale ; mais, à cette dis- tance, la vue étant arrêtée par Tavancement du promontoire, on ne pouvait reconnaître avec précision de quel côté continuait la rive. Il devait être haute mer à sept heures après midi , moment où nous abordâmes ( la lune était à son dernier quartier); car, vers une heure de la nuit, nous trouvâmes à sec sur la grève le bateau que nous avions laissé à flot dans une crjque bien abritée. Une forte brise et des rafales ayant régné toute la nuit, nous ne pûmes partir qu'à dix heures avant midi. Ce retard me permi»^^ d'observer la latitude de 67°- ao'-3i" nord, et la longitude de 94'*-28'-i4'' à l'ouest de Gr. (96°-48'-38" de Paris). A cette occasion le compas fut placé sur la berge sa- blonneuse à environ un quart de mille des t< i ï i . 1 1 . 1" I ■ ; 'f il. m Mi % \)'v;r> .)■•:■ ' m^ l> ■ ''•lilll ■\x ,M. 1 ! ■,i ,1 .4 :y. ,; P ^^ • %- k ïii! i' -' i i ■ 1 .( . ^Utm:.U l< .- Uï 1 Tl':;i ' rent aussi aperçues à l'ouest. . . , Le temps fut calme et beau à la marée bais- sante. Quelques veaux marins nous regardaient, étonnés de cet envahissement sur leurs do- maines; ils plongeaient et remontaient sans causer le moindre trouble à la surface des eaux, lies rives commençaient à s'écarter; je désirais aborder du côté opposé pour profiter des ou- vertures qui m'offriraient un passage vers la pointe Turnagain , où , sauf des cas extraordi* naires , j'avais le temps de me rendre dans la r^f bU CAPlTAIMi HACK. 187 saison. Je pris terre et je gravis une montagne. De là je distinguai une succession de glaces, dans une baie de la côte occidentale jusqu'à un 'point directement opposé , que je nonfimai du nom du contre -amiral Gage. La brume de l'atmosphère m'empêchait de bien voir au loin ; mais au voisinage j'apercevais des eaux libres partout où mes regards pouvaient plon- ger. Malgré le risque d'être enveloppé par la glace de l'ouest , je me décidai à la tenir en vue jusqu'à ce que je pusse effectuer ma traversée à la grande côte située derrière. Nous aperçûmes à gauche quelques petites îles, après quoi nous entrâmes dans une baie spacieuse de cinq ou six milles de profondeur et fort large, à laquelle je donnai le nom des capitaines Irby et Mangles. Nous mîmes trois ou quatre heures à la tra- verser. '* En ce moment nous pouvions raisonnable- ment préjuger que notre voyage dans l'ouest s'achèverait heureusement en dix jours , ne dussions-nous même pas foire plus de route à -) ,. I i ^ 'rit 'î' ■ ''.(iV *•.:■ , ■ ^\'m'^ I' b ■ 1 .1, f-,: ' r .; •t.. • k ^ ■ I' Il II ijl. (88 « VOYAGE chaque traite que nous ne venions d'en parcou- rir dans les dix dernières heures; mais, en ap- prochant d'un roc avancé (Pointe Benufort, du nom de Thabile hydrographe de la marine ) , d'environ 800 pieds de haut ( a44 mètres), qui formait la limite septentrionale de la baie , notis y vî»ies les glaces flottantes se mouvoir avec une telle rapidité, 'rue nous jugeâmes pru- dent d'aborder et de tirer le bateau à terre. Je grimpai ensuite avec peine le long des pentes glissantes, dans l'espoir de distinguer du som- met une mer libre et ouverte; mais le preriier coup d'oeil suffit pour rabattre mes espérances, et un examen attentif, fait avec la lunette , me donna la triste conviction que désormais le moindre progrès en avant exigerait les plus grands et les plus longs efforts. Depuis l'hori- zon jusqu'à environ deux milles du point où j étais, la glace brillante et compacte enchaînait solidement les deux rives l'une à l'autre. La côte de l'ouest était pareillement inappro- chable; un coup de vent pouvait bien disperser w M' m h DU CAPITAINE IIACK. 1 89 la masse entière des glaces ; mais rien ne présa- geait cet événement, et quelques jours de re- tard suffisaient pour nous mettre désormais hoi^s d'état d'atteindre notre but. Il était , en vérité, bien désolant, après avoir surmonté tant de peines et de fatigues pour descendre cette rivière longue et difficile j de nous trouver arrêtés en un point où, d'après ce que j'avais vu autrefois dans la mer de l'ouest, je ne me serais jamais attendu à pareil mécompte. Je craignais, d'après cela, que nous ne fussions à l'extrémité méridionale d'une profonde ouverture d'où un coup de vent pouvait seul nous dégager. 3 1 juillet. — Une fraîche brise de la partie du sud s'éleva vers minuit ; cependant il se for- ma une légère croûte glacée sur les flaques d'eau des roches. Au .point du jour, la princi- pale masse des glaces était accumulée contre la côte occidentale qui s'étendait à quinze ou vingt milles par notre travers, de là s'enfonçait dans une baie profonde , et se dirigeait ensuite au N. i N. O. où elle se perdait au milieu des y. '•H i -F ■ 1, \" ' A/ ■1' ,, 'M' .f * ">" ,ii Vf : . I:'- I s;. M > ., ' »i I ( *.' iî.^ i; ■1 <^ .tI^'^' 1(J0 VOYAGE glaces de l'horizon. L action du vent avait été telle y qu'elle avait repoussé la masse entière de près d'un quart de mille de la côte orientale, y laissant un passage libre d'une longueur de quatorze milles et se dirigeant au N. £. Au- delà nous ne pouvions distinguer aucune terre, excepté un morne bleuâtre dont la base était blanchie par les débris de la glace; il semblait devoir nous conduire encore plus sur la droite. Nous nous trouvions évidemment dans la partie la plus étroite de l'ouverture j c'était là qu'il fallait traverser. Il paraissait même que c'était le seul endroit où nous pussions le faire en sûreté avec un bateau non ponté, déjà en- dommagé par les chocs qu'il avait reçus dans les chutes et les rapides. Quoique désireux de pousser le plus loin possible , je ne pus m'em- pécher de considérer qu'en suivant à l'est le passage étroit qui venait de s'ouvrir de ce côté, arrondissant le morne et tournant au sud (ce qui s'accordait avec l'esquisse des Esquimaux ) , je 1: IH' CAPITAINK liACK. •9' fcm- le |té, [là je ne ferais autre chose que m'éioiguer de plus en plus de mon but , et je i^trograderais au lieu d avancer. Ce n'était pas tout ; cette route ris- quait de nous jeter dans des difficultés inextri- cables, car les coups de vent de Touest qui, sur ces côtes , commencent à souffler de bonne heure, pouvaient amonceler dans Test du per- tuis toutes les glaces flottantes et rendre le re- tour du bateau impossible. Nous n'avions donc rien de mieux à faire que de céder à la nécessité et d'attendre avec résignation de la nature elle- même l'éloignenient de cette barrière. ;- V ,. Vers trois heures après midi, il était basse mer, du moins pûmes-nous apprécier sur \eB bancs un jusant d'environ huit pouces ( 202 millim. ). L'eau était saumâtre et mauvaise; nous nous en aperçûmes par l'inattention de mon domestique qui , accoutumé à remplir sa chaudière dans la rivière ou dans les lacs,en fit de même ici et nous gâta notre thé. — J'ol)tins une série régulière d'observations intéressantes, particulièrement en ce qui concernait l'aiguille ^^é Hf ■ ■■!' ■M' i' ' m .1^ 11,' *. 1 :« in i9'i VOYACrir iti ïm^ ' s ,1'ir imn de Hansteeii. Il était fort difficile de Id disposer, mais elle se comportait ensuite parfaitement; ses vibrations étaient uniformes et régidières, mais très lentes : Tintervalle entre chacune d'elles allant jusqu'à trois minutes cinr/ secondes. Au contraire, l'aiguille d'inclinaison de Dollond, n° 2 , se mouvait plus librement que je ne me rappelai l'avoir jamais vu faire. Je trouvai 67'-4i'-a4'' àe latitude nord ; gÔ'-a'-iG'' de lon- gitude à l'ouest de Gr. ( 97"-22'-4o" de Paris ) ; 6'-o' de déclinaison occidentale : le thermomètre marquait 72"* ( 22%2. C. ) dans la tente. - 1" août. — Dans la matinée, la glace paru! s'être rapprochée un peu de l'est; nous n'a- perçûmes d'abord aucune ouverture qui pût nous laisser passer de l'autre côté. A dix heures avant midi , je crus distinguer avec la lunette une petite passe portant au N. O. Le bateau fut immédiatement remis à flot, et, par le secours de la voile et des avirons, nous accomplîmes notre traversée en trois heures et demie, après avoir rencontré en chemin une île à laquelle je donnai i m pût ires îtte fut de «re roir mai i)i; CAi'iiAiiNK i;ack. 19.3 le nom de mon compagnon, M. King.Nons abor- dâmes duns une petite baie que nous supposions appartenir à la cote ferme, non loin de quelques anciens campements d'Esquimaux où se trou- vaient quatre puits ou creux profonds destinés à conserver les provisions. Je dépêchai aussitôt un détachement pour examiner l'état de la glace dans une baie à Touest, pendant que moi-même, dans une semblable intention , je me dirigeais le long des rochers vers une autre pointe. I.e résultat de ces examens confirma toutes nos craintes; la glace était accumulée à perte de vue. Cependant, comme c'était de la glace flot- tante, il se pouvait qu'un vent de l'ouest y déterminât un chenal intérieur. Malheureuse- ment la brise soufflait du nord -est, en con- séquence nous déchargeâmes le bateau et le tirâmes à terre pour le préserver de l'action des glaces. Le chemin parcouru dans cette journée, d'une rive à l'autre, était d'environ douze milles, et l'on doit le considérer comme mesurant la partie la plus étroite de l'embouchure du per- u. 1 3 m ' i ifl •iV 1 1 1 » il' , !•' 'G •î ; ;.' 1-. > « ' \ , ■■> ' ' 1 ( . ■1» , 1 • I -ii. ■ t .i.. .1 f. I h,: ■l'Ji 3 J:^|f:4r;|| .ï-^ ff',^''if ,5i 'î , 'h i If y lit • jg^l v(>ya<;k luis. La cote y était beaucoup plus !)asse et beaucoup plus en pente que celle d'où nous venions: mais nous observâmes les mêmes ro- ches luies et en croupe qu'à la pointe Beaufort. Elles différaient cependant en couleur: les der- nières étant presque entièrement formées de feldspath couleur de chair claire et de quartz feuilleti", tandis que celles-ci se composaient en totalité de quartz en petits grains, et peut- être de hornblende. Parmi les débris épais sur la berge, je rencontrai, à ma grande sui- prise, des fragments de calcaire; nous n'avions cependant traversé aucune roche de cette for- mation. Le jour suivant n'améliora point notre situa- tion, car le vent de nord-est avait encore plus resserré les glaces contve le rivage. Je fis de nouvelles observations sur l'intensité et l'incli- naison magnétiques; pour l'intensité, je trou- vai de moins longs intervalles entre les vibra- tions : anomalie due peut-être à ce que , dans le premier cas, le lieu d'observation se trouvait •m ua- pliis > (le icli- 'Oll- )i'a- ans ait un CAPITAINE UACR. \Ç)Î) être sur une berge de sable éloignée de Go ou 70 yards ( 60 mètres environ ) des roclies les plus voisines, tandis que, dans le second cas, j ob- servais à la base du roclier sur lequel nous étions campés. Il faut remarquer cependant que la présence du plus petit morceau de fer suffit pour déranger les aiguilles, surtout dans l'instrumeiït de Hansteen; je pense que même mes boucles de vêtement pouvaient occasion- ner des différences. Vers le soir, des hommes envoyés dans' l'ouest me prévinrent que nous n'avions pas abouti à la terre ferme , mais à une grande île qui en était voisine. Ils s'en étaient aperçus par hasard en poursuivant deux daims qui s'é- taient sauvés à la nage par l'étroit chenal de séparation. Je donnai à l'ile le nom dé Montréal, en mémoire du bon accueil que nous avaient fait les généreux habitants de cette ville hos- pitalière. D'aprèp l'aspect de la glace et d'après un chenal intérieur que j'y remarquai , je comnien- ■m HÉ! -m f ^i!'. ■ V ^ 1;!. •! ,1 ■ 1. ■f '. 1\ ' n:ht| iii/ ï '" i ■;*■>• • 'ïK ! I 1?:,^ !.; un :'^*'!H ili! î' f il «i (I IM • iW çai à nourrir respéraiice de voir une bouri-asquc (lu sud-ouest nous ouvrir une roule, quoiqu'il y eut en ce moment des masses compactes de- vant nous dans la direction que hous devions suivre. Une échelle de marée indiqua 1 2 pouces ( 3o4 millimètres ) de montée ; la plus grande hauteur de l'eau eut lieu à onze heures quarante minutes avant midi, et la plus basse à sept heu- res vingt minutes sprès midi. Il peut y avoir quelques minutes d'erreur, à cause des irrégu- larités du mouvement des eaux, irrégularités encore accrues par de gros glaçons flottants. 3 août. — J'envoyai des détachements dans toutes les directions pour examiner s'il ne serait pas possible de se glisser le long du rivage parmi les glaces ; mais celles-ci étaient t?'op ser- rées. Il nous eût fallu les circonstances les plus favorables pour atteindre une pointe pierreuse éloignée seulement d'un demi- mille de nous. Les principales masses de glace n'avaient en- core souffert aucune altération , excepté dans la partie de l'est, où un vent de E. S. K. ;!ii •:ir 1 1)11 CAPIÏAIÎSK UACK. I97 avait ouvert une partie de chenal dont il était difficile d'assigner le point extrême. La soirée fut employée à lire l'office divin. La nuit se fit avec une bourrasque de S. S. E. accompagnée d'une grosse pluie, deux puissants auxiliaires pour nous ; nous trouvâmes, en effer, le matin , qu'ils avaient fort bien travadlé : la berge était couverte de monceaux de glaces brisées. Mais la mer grossit et nous obligea de porter le bagage et le bateau un peu plus à terfe; fatigue qui ne coûta point de regrets, car nous éprouvions une véritable jouissance à voir le dégât que faisaient le ressac et les bri- sants. Déjà la barrière qui nous arrêtait était réduite à 3oo pieds (91 mètres), et nos com- munications n'étaient en réalité interrompues que par une largeur de 20 pieds (6 mètres); à une heure après midi^ ce dernier obstacle disparut : c'était peu après la haute mer ( nou- velle lune ). Mon impatience ne me permettait pas de demeurer en repos; je me rendis à la partie la plus septentrionale de l'ile, à trois î 1 1 .'■ii( .II:. 4n 1 ;, w s Mil tî iîil Ai ■'.j>'\l * *-' y' < 1 '''i '.4 \m 1; S: ., »" I9S VOYAOF, milles, et je pris position sur un rocher d'en- viron q5o pieds de haut (76 mètres), près de quelques marques d'Esquimaux. De îà j'aper- çus qu'il s'était fait un grand changement dans la position des glaces depuis vingt-quatre heti- res. Elles adhéraient encore , il est vrai , aux deux rivages depuis le N. O. i O. jusqu'au N. E. 9° E. , et commençaient presque par lo travers de notre campement; mais la partie prin- cipale et centrale présentait inie ouverture de la forme d'un V, s'étendant de dix à douze milles vers le nord et vers l'ouest. Cette vue nous per- mit d'espérer que la barrière serait forcée aus- sitôt que l'effet du vent ce ferait sentir du côté de la mer. / Afin de détourner l'attention de mes hommes qui, n'ayant rien à faire, s'occupaient déjà des nombreuses chutes et des rapides qu'ils avaient à remonter, s'en exagérant les difficultés au point de déclarer cette tâche impossible, je les envoyai tous à la poursuite d'un bœuf musqué que j'avais découvert par hasard, paissant sous U' DU CAPITAIM-: lUCR. I çjQ veilUie roches élevées ; ils luérenl ranimai suns beaucoup de peine. C'était une jeune femelle qui , n'exhalant pas le fumet désagréable des vieux animaux, fit les frais de deux repas délicieux. M. King, de son côté, tua un phalarope à gorge rouge ; on n'en avait encore trouvé que deux de cette espèce dans un marais près du rapide du Rocher. L'île était, pour ainsi dire , couverte de pluviers, de phalaropes bruns ou à gorge noire, et d'une sorte de gros canard brun dont le plumage ressemblait à celui de la poi le faisane. Ces derniers oiseaux plongeaient sans cesse en veillant sur leur jeune couvée qu'ils défendaient courageuse- ment contre mon chien d*[;mi-terrier dont les attaques soutenues demeurèrent cependant sans succès. On voyait aussi des oiseaux de neige blancs et noirs, dos oiseaux siff leurs, des goélands, des hirondelles de mer, des grues brunes, et des loons ou plongeurs du nord. La température d'un canard, au moment où on le tua, fut trouvée de 108° ( l\2'\'2. C. ), tan- ■■m ■ I.' :.i Kl M- '■4 il, ■■ ■ <€\ ' : < < * «fl' tel, 'j.;^ 1:,.. m il-' i>. rlvi ■m S: Bm •i. i 'S- ■% ■I- ii: 1!::' irh m % 1;;, i véi ;i ii;. •200 VOYACK (lis que la température au fond de l'eau, sui du gravier gelé, à 22 pouces ( 669 millimèt.) au-dessous de la surface, était à 87° (2",8. C. ) 5 août. — Le temps fut sombre et la pluie continuelle ; une bourrasque occasionna ?m fort ressac qui rejeta sur la berge plusieurs débris de goémon. Je retournai à ma station sur la colline, où je me réjouis en voyant un espace d'eau libre plus grand- qu'auparavant , quoiqu'à l'horizon, dans une partie dont j'esti- mai lu largeur à vingt-cinq ou trente milles, les glaces s'étendissent d'un rivage à l'autre. Cepen- dant la bourrasque avait complètement dégagé le chenal situé entre l'île Montréal et la terre ferme ; j'attendis alors avec impatience que le temps se calmât un peu ; j'avais hâte de profi- ter de l'embellie du temps, car c'était beaucoup dans notre position que de gagner un mille. La mousse et une espèce de fougère dont nous nous servions pour allumer du feu étaient si imbibées de pluie, qu'elles ne pouvaient s'en- flammer; il nous fallut donc renoncer au luxe l'-ïl ''»M DU <;ai»itaim-: iuck. *joi d'une tasse de thé chaud qui nous aurait fait tant de bien. Nous fumes réduits à l'eau et au pemmican , nourriture assez satisfaisante, sans doute, mais dont nous étions si rassasiés que nous nous contentâmes de la moitié de notre ration ordinaire. — A dix heures du soir, le vent s'était apaisé et la houle avait tombé. Malgré l'aspect des nuages qui promettaient plutôt une tourmente qu'un temps calme, je ne voulus pas laisser échapper cette occasion , et le bateau fut mis à l'eau. Nous arrondîmes la partie sud-ouest de rîle pour éviter les roches et les écueils qui l'encombrent à la pointe nord, où nous eus- sions été fort en danger dans le cas d'une raf- fale soudaine. La marée montait et nous était contraire; survint un brouillard du sud,fro'd et humide , qui nous enveloppa de ténèbres^ Après avoir dépassé une ouverture très éten- due qui fut regardée comme une baie , et que nous baptisâmes du nom de l'honorable capi- taine Elliot , de l'amirauté, nous mîmes à la voile; et, à minuit, nous nous trouvâmes à l'op- 4 ' .(I. • m K\ ■r m s* h"- .::S m-\: u iii'i' ■■■A.} j',.. ^hM^'^ 'il i ! Pi 1(« ! :\m mm m .l'i $ t. <'Wf il Mil ife:^ '201 VOYACi; pose de notre caiu peinent. En ce moment nous ne distinguions pas une seule glace devant nous; aussi les hommes encouragés forcèrent sur leurs avirons pour gagner une raie bleue fort éloignée, qui nous paraissait être la terre; mais nous avions tous été, sans doute, dupes d'une illusion d'optique, car, dans un quart d'heure (telle est l'incertitude des calculs hu- mains ! ) , nous nous trouvâmes embarrassés dans des glaces flottantes qui n'étaient que l'avant-garde de masses plus compactes. Nous essayâmes de débarquer, mais les battures de la cote nous en empêchèrent jusqu'à deux heures et demie avant midi ; nous ne pûmes aborder alors qu'après bien des fatigues et des dan- gers. On déchargea le bateau et on le monta au-dessus de la laisse de haute mer. Le temps, quoique calme, était sombre cl incertain ; il ^omba une grosse pluie. Je raffraî- chis mes hommes d'un verre de grog, et j'or- donnai à Mac-Ray, Sinclair et Taylor, trois mai- clicurs déterminés, de suivre à pied la cote m T j U[. CAI'ITAIM. IIACK. 'AOW aussi loin quils pourraient. Je les laissai li- bres de revenir au bout de vingt-quatre heures ou de s'absenter plus long-temps, selon qu'ils jugeraient possible au bateau de gagner plus avant. Ils devaient prendre note de 'état de la glace, examiner avec soin la nature du sol et la direction que prenait la ter^e de l'ouest; car de leur rapport dépendait l'exécution d'un plan que je méditais depuis quelque temps, comme une dernière ressource dans le cas où nous nous trouverions définitivement arrêtés. A la fin de la journée la pluie tombait à torrents , et mettait la fougère hors d'état de prendre feu. Ce qui nous causait le plus de peine , c'était de voir la glace flottante dériver de nouveau dans le sud et s'accumuler dans le chenal que nous venions de passer. Dans les moments où le soleil perçait l'atmosphère char- gée de pluie, nous avions la douleur de voir l'étroite passe sur laquelle se fondaient nos es- pérances se changer en un champ de glaces solides. On ne put distinguer qu'une seule fois !■ Il' KÉ rW rW : ■ k l t '•■!•■ .1 ■)■•■ •i;! •il M 1 -i iiV ■|'-it:! j„ i ,■: t ;• 'li Q04 VOYAGE la cote de l'est; une pointe voisine de nous oi à peine visible reçut le nom du capitaine l)un- can f sous lequel mon ancien ami et compa- gnon , l'infortuné M. Hood, avait servi sur le navire de l'État le Liffey, Les trois hommes qui avaient été envoyés à la découverte arrivèrent tard dans la nuit, ha- rassés et abattus. Le pays qu'ils avaient par- couru était très plat et si marécageux qu'à cha- que pas ils s'enfonçaient à mi-jambe , et se seraient sans doute enfoncés bien davantage sans la terre g'^lée et les morceaux de glace in- férieure qui leur offraient un poini de résis- tance. La journée n'avait pas été favorable à la vue; mais d'un point peu élevé, éloigné de quinze milles, ils avaient pu reconnaître que la côte tournait à l'ouest vers de hautes terres bleuâtres , semblables à des montagnes , où il paraissait exister une eau libre. L'atmospiière trop chargée ne leur avait pas permis de s'as- surer si cette étendue d'eau appartenait à lu mer, ou n'était qu'un lac intérieur. De ce nu CAPITAINK IWCK. lOil même point ils avaient compté trente à qua- rante campements d'Esquimaux ; plus loin ils en avaient aperçu d'autres; d'où l'on pouvait inférer que ce peuple fréquente cette place dans l'hiver pour y prendre des veau*: marins. Ils avaient aussi entrevu, mais une fois seulement, la côte orientale : elle était couverte par les gla- ces qui s'étaient amoncelées aussi sur la grève occident.ile tout le long de la route qu'ils avaient suivie. Ils avaient tué trois daims , dont ils n'avaient pu faire cuire aucun , faute de bois sec. 7 août. — Après une grande averse le soleil reparut , et un vent frais de S. S. E. repoussa d'épais nuages noirs vers le nord. Ce change- ment de temps détermina une séparation sou- daine entre les glaces flottantes, d'où s'ensuivit dans la masse un mouvement général qui me fit espérer que je pourrais gagner la pleine mer. Mais la pression extérieure avait presque fait sortir hors de l'eau la glace, qui bordait le rivage, et nous eûmes toutes les peines du :%.^ : \. 1 : jl .' ■•' . 1' . « •• 1> J ■■■'♦ il'' • 'k \ a \ ' i ' ! H » 'i: , ; :- ( ;." ': '\. *,!'• • \ ' • i \ 1 ^ : ■■ ■ iil 1 •• ;;■'■' "i f ' x\ iMi't. I II w X la 'MiCi vovA(.i: inonde à i\in\% trayer un pass^igc an Iravns fies blocs <;n partie échoués. Ct^ travail n'était pas achcwé à denx heures après uii(U; le vent étant alors devenu favorable, nous hissâmes les voiles, qui nous firent courir près de cinq nœiids à rheinc. Je donnai le nom du capitaine Howles à un promontoire remarquabh;, situé dans l'est à ime si grande distance qu'il paraissait bleu. Nous l'avions déjà aperçu de la pointe Heaufort. Kn quelqu(;s heures tout l'espace intermédiaire s'était complètement ' ettoyé de glaces, I.a promptitude avec laciuellc cette disparition avait eu lieu étonnait tellement nos hommes, témoins pour la première fois des phénomènes habituels aux mers polaires, qu'ils ne pou- vaient en croire leurs yeux. D'une petite île rocheuse que nous laissâmes à notre gauche, je fis gouverner sur une pointe basse et sablonneuse que je nommai Pechell , d'après le baronnet de ce nom. La végétation, de plus e?i plus chétive à mesure ^\\q nous M 1 i«L 4:Ai'riAiM-: i;a(:r. •m- avancions , ne consistait ici ^ii'cn touffes de ^a/un éparscs. Tia cote; (Uî l'ouest était si plate fpl^^lc butte isolée de six ou liuit pieds for- mait une niarqu(> très reconnaissable. La côt<' de l'est, au contraire, hardie et niontueuse, semblait défier les tourmentes dont le voisinage du pôle la menaçait ; la chaîne des hauteurs n'en était cependant pas d'une grande étendue, car au bout de seize milles elle se terminait par un renllement marqué sur la carte sous le nom de Morne Ilutton-Browne (///«/y*), et par un cap avancé qui reçut le nom de feu le sous-secré- taire d'État des colonies , M. ïlay, l'un des plus zélés promoteurs de l'expédition, ainsi que de toutes les recherches géographiques. C'était l'extrémité septentrionale de la cote de l'est, dont la configuration s'accordait parfaitement avec l'esquisse que les Esquimaux m'avaient tracée; mais à partir de ce cap on perdait toute trace de terre. Il est à supposer que la côte tourne alors brusquement vers le sud et vers l'est. Vers huit heures après midi nous altei- 3JJ i ■ ; r - I ï 't ' ' ', ' ivii il!;!' ' I' i". * là: ; ''î l : M- •' Jl'vl v.<)8 V<>Y.\(;i. jjjnîmes les glaces flottantes, où nous nous en- gageâmes, dans l'espoir de trouver un passage autour d'une île basse, située devant nous à un ou deux milles, et dont l'extrémité nord nous cachait une autre terre dans cette direc- tion; mais nous fûmes obligés de gouvernei" vers cette île et d'y aborder après beaucotip de fatigues, et non sans avoir couru grand risque d'être pinvés entre les glaces. Je me dirigeai aussitôt vers une butte de sable élevée de dix pieds (trois mètres), à environ deux milles et demi de la berge. Autour de moi s'étendait une- plaine irrégulière de sable et de pierres, dont la stérilité eût rappelé .'s plaines brûlées de l'est, sans im petit ruisseau qui, par ses siimo- sités, en rompait un peu la monotonie. Du haut de la butte je distinguai une baie profonde gisant au sud-ouest, laquelle finissait du coté de l'est à la pointe sablonneuse de notre campe- ment (pointe Ogle, d'après le vice-amiral de ce nom), et qui, du coté opposé, se terminait à une autre pointe gisant au (). IN. (). T.a teire i foi -r^ " " ni; f;\i>iTAiNE iîack. 'j.Oij (jui environnait la baie était bleue et hai.te , fort encombrée par des glaces qui s'y mon- traient (l'une extrémité à l'autre, et s'étendaient au nord jusqu'à l'horizon. Il me resta cepen- dant encore une lueur d'espérance à la vue des lignes d'eau libre; qui sillonnaient la surface de ce champ glacé, et faisaient l'effet des om- bres du soir sur un lac brillant. I.a pluie tomba toute la nuit , et le matin se fit avec un brouillard épais et humide. Pour comble de chagrins, nous vuiies les glaces s'ac- cumuler sur la cote. Un peu après midi, éclata une tourmente mêlée d'éclairs et de tonnerre, la première que je me rappelasse avoir vue par une aussi haute latitude. Les patrons allèrent deux fois examiner l'état de la glace à la pointe Ogle. Cette pointe est séparée de la terre-ferme au moment de la haute mer, et s'y rattache, à mer basse, par un étroit sillon de sables et de pierres. Vers le soir, le -vent, remontant vers le nord, menaça d'entrahier de notre côté les i^laces flottantes du large de manière à nous n. 1^1 11 if;tfil ■ I. i m . M!; ll'l ^C- ■'! î:'; '•V '• ■' ; ■ ki 1 I m: '\\ 1: M ^ ^'Ih-^ '^^f^.; m m- il 4 , ^ :t:ri 2IO VOYACK oter la faculté de noiig mouvoir d'un seul pouce. Pour éviter ce danger, je résolus de m'avancei- à la gaffe , au travers de la glace , vers la partie la plus étroite du petit isthme qui réunissait l'île à la terre-ferme, de faire ensuite un portage du bateau et du bagage pour atteindre le coté ouest de l'isthme , où se trouvait une passe condui- sant ^ une terre éloignée dans l'ouest. Mais ce projet ne put être exécuté à cause des dimen- sions des pièces de glace , d'ailleurs étroitement soudées les unes aux autres. Quoique le thermo- mètre fût à 4^° (5", 6. C), cependant le temps était humide et froid; et malheureusement nous ne pouvions allumer de feu. Durant la nuit, on mit des hommes de garde pour veiller sur les mouvements de la glace; dans le niémebut, les patrons ne firent qu'aller et venir les uns après les autres ; mais ce fut en vain : la glace de- meura fixe, quelques fragments entrèrent même dans notre havre ; le tçmps se maintint froid, et la pluie continua à tomber sans la moindre in- terruption. Ce mauvais temps et l'absence de de l)(J CA ITAINE BACR. '2 \\ nourriture chaude, m'alarma relativement à la santé de l'équipage. L'un des hommes (Mac- kenzie) eut pendant quelques jours des gonfle- ments et des enflures qui le mirent hors d'état «le faire son service, et l'empêchèrent de se mettre à l'eau, ce qui était encore pire pour nous. Heureusement, aucun autre ne se plai- gnait encore. Je me rendis de nouveau à la butte, à tra- vers une sorte de sable mouvant. J'aperçus cette fois, dans le sud-ouest, un point élevé qui paraissait être une île. Au nord et à l'ouest on ne voyait que de la glace; mais, droit à l'est, je distingHaiune eau libre et une petite île. Au sud, la glace flottante se montrait de tous côtés, et le vent qui était descendu de quelques quarts dans l'ouest, l'avait déjà serrée contre la côte. Poui occuper les hommes, je les envoyai chercher de la fougère et de la mousse; mais quoiqu'ils se répandissent dans toutes les direc- tions jusqu'à la distance de dix milles, ils re- vinrent sur le soir sans en avoir trouvé un brin. I i ■■y vW'iu- H 1 m ■.■-!?(lit quelqu'un. Un morceau du pôle-nord ii, répond-on en riant. A ces paro- les , M. King et moi nous sortons aussitôt de la îenle, et nous voyons une pièce de bois flotté longue de 9 pieds ( 2»" , 7 ) , sur 9 pouces de diamètre ( 76 millimètres ) , avec quelques au- lies morceaux plus petits et un débris de Rieyack. — Lorsqu'on scia la pièce de bois, je m'aperçus qu'elle était à peine imbibée d'eau , preuve qu'elle ne flottait pas depuis long-temps. C'était un morceau de pin , de l'espèce qui n'a pas de nœuds; j'en conclus qu'il provenait des parties supérieures du pays aux environs du Mackenzie; à cet égard, je me trouvais le plus compétent de notre troupe, car je me rappelais fort bien la nature du bois flottant à l'ouest de ce grand fleuve, et l'épave que nous avions sous les yeux y ressemblait parfaitement. Je remerciai vivement le ciel de l'envoi de ce trésor inattendu, non pour la nourriture chaude dont nous avions enfin, après tant de jours de '- JJV M- i FUJ CAPITAIISF. BACK. ai5 privation, la possibilité de nous réconforter, mais pour les conclusions géographiques que je pouvais en tirer. J'y voyais une preuve in- contestable de l'existence d'un courant venant de l'ouest le long de la côte située à notre gau- che ; par conséquent nous étions arrivés à la grande côte de la mer; car c'est un fait bien connu de tous les officiers des deux expéditions de sir John Franklin, que l'absence du bois en dérive a toujours été regardée comme démon- trant infailliblement qu'on s'écartait de la grande côte et qu'on s'égarait parmi les îles et les ouvertures ; cela eut lieu ainsi dans l'qjiver- ture Bathurst, où l'on ne trouva pas une seule épave , parce qu'il n'y existait pas de courant. 1 1 août. — Une fraîche brise de sud-ouesl nous faisait espérer que la glace du rivage se- rait emportée au moment de la haute mer j nous fûmes donc amèrement surpris de la trouver encore plus serrée et empilée. Cependant le temps s'éclaircit un peu, et le soleil parut pen- dant quelques minutes pour la première fois 'l «<%• il V i 'H U' ' (:i :|ï 'S r ;,i- • , t i I :^ .4 t' \ I ravi.:- ■ 1 1? ";!l . ,• \ï r I, IV;. )■ if'f; IM' li: > ■'ilfii;*'.'!) Ti' i \Wm mîM 1 \ (j VOYAGE depuis ciuq jours. Nous pûmes distinguer dans le nord deux îles, dont l'extrémité à gauche reçut le nom de mon intrépide ami le capitaine James Ross; entre elles et un morne gisant au N. N. O., on ne distinguait que des glaces. Les deux îles s'avançaient cependant vers l'ex- trémité sud du morne , laquelle formait une pointe et paraissait limiter une baie. Quant à nous, il était absolument impossible d'aller plus loin ; je commençai à perdre l'espoir de voir une bourrasque de sud-ouest dégager les glaces et nous offrir la chance de gagner encore im peu en longitude. — M. Ring trouva d'autre bois flottant ; il vit aussi un bœuf musqué , et la plus grande partie des vertèbres et des côtes d'une baleine gisant sur la plage; des frag- ments furent ramassés près de notre campe- ment. La haute mer eut lieu à trois heures quinze minutes après midi ( nous étions à la fin du premier quartier de la lune ). liC lendemain matin, la glace se trouvait tel- lement pressée qu'elle s'entassa en blocs perpen- I '' hV CAPITAIME UACK. *i 1 7 tliculaires sur plusieurs milles d'étendue; elle présentait alors l'aspect d'une arène semée de pierres de champ ou d'un magnifique stone- henge(i). En même temps tout le rivage en fut couvert sur des espaces immenses. Nous étions emprisonnés de manière à ne pouvoir faire un pas de quelque côté que ce fût ; voyant cela , j'expédiai un détachement muni de lunettes et de compas pour faire des relèvements dans l'ouest, et je m'occupai, durant leur absence, de l'inclinaison et de l'intensité magnétiques. En disposant les instruments dans le méri- dien, je fus frappé du désaccord des diverses aiguilles relativement au nord magnétique: celle de Dollond que j'employais alors était une barre légère; elle marquait plusieurs degrés à l'est de celle qui portait un carton ou tout au- tre poids. Je fus d , 'jord enclin à suspecter son exactitude; mais considérant sa légèreté, le peu de temps durant lequel elle avait été mise (1) Monument antique à six milles fie Salisbury; on y voit des pierres d'une grandeur énorme. fi I . I vm X' •i, , ■ > ,»■"' f r • Il .;l .!•! m J-! '4' if li 1 i: ■> f :i ' 1 m il* a «'; I» ^■.'' ^mn Qi8 voYAc.r. en comparaison avec les autres, la délicatesse des pivots, enfin sa constance à revenir au zéro, dans les divers essais, j'en conclus à la fin qu'elle devait marcher ayec exactitude, et je me mis à faire mon observation. — L'aiguille ayant sa face tournée vers la face de l'instru- ment, se balançait plus librement dans le sens est et ouest que dans le sens nord et sud : dans cette dernière position, elle était paresseuse et se mouvait par saccades comme si elle eiit été soumise à l'action de deux pouvoirs, tandis que dans la première position son mouvement était doux et aisé. Quand l'aiguille fut retournée, la différence devint encore plus sensible , et dans un cas on ne trouva pas le même nombre de vibrations. Je ne saurais assigner aucune cause accidentelle à cette déviation étrange; dans cette expérience particulièrement , il n'y avait pas une parcelle de fer ni de substance métallique à moins de trois cents pas de la tente; car, ayant remarqué dans d'autres circonstan- ces le danger de tenir seulement un couteau i]o m k -'^■' i i)V capiiaim: wxlk. •î I ( ) poche au voisinage du lieu d'observation, j 'avais éloigné même les chronomètres et j'avais ôlé mes boucles. — Ayant obtenu Tinlensité ver- ticale et ensuite l'inclinjuson , qui s'accordait mieux que je ne m'y attendais, j'essayai l'aiguille de Hansteen n" 3 pour la force horizontale; mais j'éprouvai mille embarras pour la disposer dans son méridien , qui difïérait beaucoup de l'au- tre. Lorsqu'enfin j'y fus parvenu, je l'écartai d'un côté jusqu'à 20°; l'intervalle de dix vi- brations fut irrégulier, variant de 5'-5o" à 3'-45". Lorsqu'elle se fut arrêtée à son zéro cinq minutes après, je trouvai que le point où elle se fixait s'était mù de 6"* vers l'est , s'ap- prochant ainsi de l'aiguille de DoUond. J'atten- dis encore quelques instants, durant lesquels elle se tint statioimaire, et je recommençai une nouvelle série à partir de ce nouveau zéro : le ré- sultat ne fut guère plus satisfaisant que le pré- cédent; et en définitive, au lieu de s'arrêter à ce nouveau zéro, elle retourna au premier. Si ce n'eût été la différence entre ces deux [)oints, ; •fi' i ■••ni .l 'f if, 1 II ^•♦L'i' R 1;!. Il' ■'! •;< (; •! M J ri ; Ht' m\ 11 it I '1 Il ri il> l'»'t »!'l ■i^ if* » v'rïïv-i'i'. 'V20 VOYACK cVst-à-diru l'arc compris entre les deux zéros, j'aurais attribué, sans doute avec raison, la diffé- rence apparente dans les intervalles des vibra- Jions, à ce qu'il manquait un index ou une échelle pour déterminer l'instant précis où l'ai- guille revenait sur elle-même : elle était en effet si endormie qu'elle semblait s'arrêter net au bout de chacun des arcs, ce qui mettait l'obser- vateur dans la plus perplexe incertitude , bien qu'il fut armé d'une bonne loupe. Afin de dé- cider entre les deux zéros, je fis une autre série d'expériences avec l'aiguille en losange, elle donna pour le nord une différence de 22* avec l'aiguille de Ilansteen, s'accordant par- faitement, à cet égard, avec celle de Dollond. La délicate boussole de poche dont m'avait si gracieusement honorée S. A. R. la princesse Victoria, me rendit en ce cas un service impor- tant. Les oscillations de l'aiguille en losansje furent, comme à l'ordinaire, moins longues que celles de l'aiguille n" 3 (i'-28"); mais ce qui, dans le cas présent , était beaucoup plus in té- rcssant pour moi, c(^ fut ■' ii.' * ■l^^n m ■ f . ! ■* 1 '■ If I- % I ' m I !'^^ ;il-4 t ^ii .!!■ i. u . .! ,1 H! !> ^mi 1 '"lii W^ 22O VOVAGF, devant nous; si la dispersion eût continué avec cette vitesse, en peu d'heures le chenal eût été entièrement libre. Quoique la saison fut avancée, cette révolution soudaine ranima nos esprits abattus, et pendant trois ou quatre heures d'anxiétés nous nous livrâmes à mille conjectures sur la possibilité de naviguer libre- ment le long de la côte occidentale ; mais nous comptions sans l'inconstance de la brise. En outre lorsque la marée montante mit en mou- vement les glaçons attéris sur les bancs de sable, survint un brouillard qui cacha la terre et le ciel : enfin le vent tournant au N. O., porta en pleine côte. Lj; nuit fut froide ; le thermomètre descendit au-dessous du point de gelée; une croûte de glace d'un pouce et demi se forma sur les flaques d'eau voisines de la berge. - Un brouillard annonça le matin du i4 août, et nous empêcha de discerner les objets à plus de quatre-vingt-dix pas. La brise s'accrut; elle amena de la mer les bancs de glace qui coinçaient vers le rivage avec une incroyable a '3 7 DU CAPITAIINK P.ACK. vitesse , et menaçaient d'allonger encore la durée de notre fatigante détention. Il fallait cependant se tirer de là , car il n'y avait rien à gagner en y restant ; je donnai ordre de conduire le bateau, entièrement déchargé, le long de petites mares d'eau sur le rivage , de le faire passer par-dessus les obstacles, et de tâcher de retourner à l'île , où nous pour- rions remettre l'embarcation à l'eau de nou- veau et la lancer dans l'espace libre situé à l'est de la pointe Ogle. Je fus amené à prendre ce parti "décisif par suite des symptômes de mauvaise humeur que je voyais poindre et s'accroître chez mes hommes, et de leurs crain- tes relativement à notre . retour. Nous avions déjà l'invalide, dont j'ai parlé; en outre la santé de Sinclair commençait aussi à s'altérer par la succession continuelle du froid et de l'hu- midité, et par le manque de nourriture chaude et salubre. La joie que manifesta l'équipage en recevant mes ordres, et ses efforts pour sur- monter les difficultés extraordinaires qui s'of- ■kl ' • ■'i. I m t. it it'i '.^ mi- 1 .>[ "^ . * s ■■<) i 't;i ■•K',1' >■'. I i' mm 'j!i M- Ni Ir ' îaa8 VOYAGE fraitnt à nous, témoignaient énergiqucment du désir qu'il avait de quitter ces funestes lieux. Le bateau, halé et porté, finit par être ramené à l'endroit où nous avions établi notre pre- mière station le 9, après quoi les hommes revinrent sur leurs pas à quatre milles de là pour prendre le bagage. Tout fut rapporté sans accident à huit heures après midi , et l'on mit le feu aux barils à eau pour faire une rhaudronnée de cacao. La fraîche brise de N. O. continua presque sans interruption durant la plus grande partie de la nuit ; dans la matinée du 1 5 août , le temps devint calme, et la glace se reporta dans le sud. Je retournai à mon ancienne butte, et je vis des masses de glaçons flottants amoncelées jusqu'à l'horizon , derrière lequel apparaissait une bril- lante h/anckeur tirant un peu sur le jaune : c'était dans la direction du renflement du N. N. O. que j'appelai Pointe Maconochie , d'après le capi- taine dont j'ai mentionné précédemment le zèle pour tout ce qui concerne la science géogra- DU CAPITAINE RACR. 2^9 pliique. Au nord, on apercevait encore les deux îles dont j'ai déjà parlé; leur extrémité orientale reçut le nom de Pointe Booth, d'a- près l'honorable sir Félix Booth, dont tout le monde connaît le dévouement en faveur des découvertes dans les mers polaires; elles pa- raissaient être d'une étendue considérable. Au N. E. , c'étaient de l'eau et de la glace, et par derrière cette teinte d'un gris foncé qui a reçu le nom de ciel d'eau ( sky water ). A partir de l'est jusqu'au cap Hay, s'étendait une mer ou- verte avec une seule île gisant à l'E. x S. E. Je lui donnai le nom de Ripon, en l'honneur du comte Ripon sous les ordres de qui j'ai eu l'avantage de servir. La seule barrière qui nous séparât de l'eau libre consistait en un champ de glaces d'environ cinq cents pas de large, lequel, pressé contre le rivage, nous empêchait de nous mou- voir. L'apparence des terres, la marée qui, à ce que je pus en juger, venait de l'ouest , le bois flottant et la carcasse de baleine , me font ,. ■ • pi . ■' Il 1, ' 11 ê - 'V '■K 11 •« r if. ■H -.IV " ■•'! le. ••-'■ . '/vil '■1)M: flV : ■' • p I f 'Jl m î!', H^ t: 23o VOYAGE I' > m. if-'g •■■i" penser qu'il existe un passage entre la pointe Maconochie et la pointe James Ross. Je n'ose- rais décider que l'espace de mer libre au nord- est se rattache en quelque endroit au golfe occidental du capitaine sir John Ross; mais il me semble que le dessin des Esquimaux, le brusque pohit d'arrêt du cap Hay, et la mer libre qui s'étend à partir de ce cap, donnent de fortes probabilités à l'existence d'un chenal au sud conduisant à l'ouverture du Prince Régent. Si je n'eusse pas connu le retour du capitaine Ross, et qu'il m'eût fallu plutôt aller dans l'est que chercher un passage à l'ouest, je crois qu'aucun obstacle ne m'eût empêché de le faire. Nous eussions été amenés par cette route plus près du Fictorj, et ainsi, avec l'aide de la Provi- dence, nous eussions pu accomplir quelque chose du but primitif de notre expédition. Je n'essaierai point de peindre l'état de mes sensations lorsque je me vis repoussé de tous cotés. Quand on est bien préparé à rencontrer des obstacles et à subir des revers, on ne se > 'il ffflpl DU CAPITAINE I5ACK. a3 1 laisse pas abattre long-temps sous le poids des incertitudes et des difficultés , on se relève toujours au premier rayon d'espérance; mais ici il fallait s'arrêter vaincu par une insurmon- table nécessité : toutes les ressources étaient épuisées; la glace nous pressait de toutes parts et les brumes continuelles nous enveloppaient. Personne, plus que moi, ne regrettera de voir l'incertitude et le doute planer encore sur la question d'un passage le long de la côte jusqu'à la pointe Turnagain ; cependant si quel- qu'un pensait que le résultat de nos travaux est inférieur au but de l'expédition ( ce qui serait certainement une opinion injuste) , qu'il réflé- chisse sur ce qui se passe dans les entreprises ordinaires des hommes, de ceux mêmes qui ont à leur service toutes les ressources de la v *e civi- lisée; n'est-il point vrai que jamais ils n'accom- plissent entièrement leurs projets? Combien donc ne doit-on pas éprouver de mécompte dans un climat où les éléments courroucés, semant d'obstacles la route des voyageurs, ont I I 1 > \^^ '( '» '0 l vHî' il^: '' ^^V il \\iâ ' '■m • ' • ,1 '■ ' • ', f;^ ïS'i v<)VA(;i; iiiii par vaincre les talents et l'énerj^ie des iioni- nies de la trempe d T>arry et de Franklin? Pendant quelque temps je caressai le projet de diviser notre troupe; quatre personnes seraient demeurées près du bateau ; les autres, avec M. King , m'auraient accompagné par terre du coté d*e la pointe Turnagain; mais il fallut y renoncer à cause de l'impossibilité ab- soliie de porter le moindre fardeau sur un ter- rain îù on enfonçait jusqu'à mi-jambe, tout-à- fait dénué de combustible, presque sans eau, et sur lequel des journées entières de marche nous auraient à peine fait gagner quelques milles en longitude; si quelqu'un y fut tombé malade, c'en était fait de lui. Quand je considé- rais , en outre , la longueur du cours d'eau que nous avions à remonter, les périls des chutes et des rapides, je sentais bien que je ne [)0uvais plus maîtriser les événements. J'assemblai donc mes hommes et je leur dis que le temps fixé pai- le gouvernement pour notre retour étail arrivé; qu'il ne nous restait plus qu'à déployer m^ vn 1>II CAPITAINF n\CK. 'ÏX\ noire pavillon et à Iv saluer de trois acclama- tions en l'honneur de sa 1res gracieuse Majesté, , dont le nom devait être donné à cette partie de l'Amérique. Cette déclaration fut, comme on le peut croire, accueillie avec la plus grande satisfaction, et la cérémonie qui couronnait notre expédition fut accompagnée d'une dis- trd.)ution de liqueurs un peu mince toutefois et telle que nous le commandait l'exiguïté de nos provisions. La latitude de cet endroit est par G8°-i3'-57" nord; la longitude par g/r-SS'-i'' à l'ouest de Gr. (97"-i8'-25" de Paris), et la variation (incertaine à cause de la paresse de l'aiguille) de r-4G' ouest. Nous étions donc à quelques milles seulement plus sud que la pointe Tur- nagain. ? ' '1 ^!: 1 !^ 1 1-'; ? I." ï ) ( "< .!■ . •ri *-. .1 '. A ^ , , ■ ^■■; 1 ♦ ■ !^' ■. t •< ll^. 'mm ii'i \ II;: ^î .!■:■■■ t ï' . i. Vî t.- i im\ ti wmf 'M CHAPITRE XII. Heureuse inlluenre d'une czoursioD de chnsse sur le moral de l'équi- page.— DémiMiagement des Esquimaux. — Nous leur laissons un snc de pemmirnn. —Accident arrivé i> . bateau. — Inondation du pays. - Nous retrouvons IcsËMiuiniaux. — Le suge de la tribu. — Position critique dans les rapides. — Un ourflg.'m. — Aventure d'une souris (Lemmingj. — Campement au rapide du Uœnfnuisqué. — llencontre de M. Mac Leod. — Sort de Williamson. — Les Indiens Couteaux Jaunes. — Campement au lac de l'Artillerie. — Arrivée à la rivière Ah-heldessy. — Départ pour Montréal. — Les Indiens Sauteaux. — SucciXs d'un missionnaire au Saut Ste-Marie. — Retour en Angle- terre. La glace se détacha assez pendant la nuit pour nous permettre de gagner la pleine eau, et à l'aide d'un bon vent nous avançâmes d'environ vingt milles au sud ; pour la seconde lois depuis neuf jours, nous prîmes un repas chaud. Nous aperçûmes trois étoiles. Durant toute la nuit et la journée suivante, la pluie tomba en abondance; elle était accom- pagnée d'une brise si forte, que, jusqu'à neuf heures après midi, il nous fut impossible de partir. Enfin, séduits par une éclaircie, nous I M- 1' il I I ; 1. • *1 ^t: ni. iSÏi WU !• V i 'l'M't VOYACiK t3iilr(^j)iiiiics lie ^ai;iier K", livat'c à l'tîsl. Mais biorjtot rions Innies enveloppés par un brduil- lartl épais tpii, après (pielqucs instants, se changea en une forte j)luie et nous trempa jus- qu'aux os. Nos lionunes firent tons les efforts possibles, et cependant nous n'atteignîmes la pointe lieaufoi t qu'après deux heures du matin. 17 août. — Un vent de N. O. souffla par rafales et avec tant de fniie, que nous fumes obligés de transporte.* le canot, du lieu où nous l'avions halé, dans un endroit plus en sûreté et [)lus à l'îdjri du vent; nous-mêmes nous nous y réfugiâmes contre la violence des grains et contre la neige qui tombait à larges flocons. Le soir, nous lûmes le service divin. Le tenqis ne fut pas plus beau le lendemain ; le ressac était encore plus fort et les vagues plus élevées. Depuis long-temps j'observais dans mes patrons un abattement, que j'avais d'abord at- tribué à la nouveauté de leur situation; mais je ne pouvais me rendre compte de la sombre tris- nu CAPITAINE RACK. 'i[\'] Icssedans laquelle je les voyais niaintenaiil tons successivement tomber dès (|u'iis restaient en . repos (je dois en excepter les artilleurs dont la conduite régulière ne cessa de méiitei* les plus grands éloges). Au point où nous étions parve- nus, cet abattement n'était point inquiétant; toutefois, des figures mélancoliques et un tenq)s sombre ne sont pas d'agréables conqiagnons. Je pensai donc que la plu[)art deshonuiiesse trou- veraient bien d'un exercice qui activerait chez eux la circulation du sang; je les envoyai à la chasse, et je promis de donner à tous ceux qui rapporteraient quelque chose pour souper un verre de grog de récompense. Cette déclaration leur rendit un peu d'animation, ils revinrent après une absencede quelques heures; l'exercice leur avait rendu de la gaieté et des couleurs. Ils rapportaient trois beaux lièvres et deux canards, différents de tous ceux que j'avais vus jus- qu'alors. Ceux-ci ressemblai(!nt, pour la cou- leur, aux outardes du pays; ils ;»vaient le cou noir, le bec noir égalcmient, mais plus court m: W tili '■'■t m: il',. i!" ; r-,:. , ' -ir.i'.'i:. i::^} :x !■ ' '2^8 VOVA<ÎE et plus courbé que dans les autres es|)è(;es; le plumage autour de la queue et des ailes, séj)ia foncé, mélangé de gris noir; la gorge d'un blanc sale, et les pattes noires. Nous ne leur trouvâmes aucun goût de poisson , et bien bouillis, ils nous composèrent un excellent plat. Les rafales de N. O. diminuèrent gradueile- nient dans la nuit, et le 19 nous avançâmes dans la rivière poussés par une brise de l'est. La brise fraîchissant, j'examinais avec une satis- faction presque mêlée de regrets les admirables qualités de notre embarcation, qui, s'il y avait eu un bon passage, nous aurait lestement portés à la pointe Turnagain. Le vent fraîchit beau- coup et nous força de chercher un abri sous le promontoire Victoria ; la pluie tombait par torrents, et quoique nous eussions eu la précaution particulière de recouvrir notre tente de la grande voile du bateau, il nous fut impossible de nous garantir. La tourmente, en effet, avait beaucoup plutôt le caractère d'ini ouragan que d'un coup de vent ordinaire, DU CAPITAINE BACK. '2^(^ et nous eûmes de la peine à maintenir notre tente debout. Qi août. — Le vent fit place à un brouillard noir et humide, tellement épais, qu'à peine nous fut-il possible de naviguer , en nous glissant le long du rivage, vers l'embouchure de la rivière. Après avoir fréquemment accosté la terre par- dessus les bas-fonds, nous entrâmes dans la rivière l'après-midi, par une grosse pluie, que cependant plusieurs de nos matelots remar- quèrent à peine, dans leur joie d'être heureu- sement sortis des glaces ; l'un d'eux, au moment où nous perdîmes la mer de vue, fit sauter son bonnet en signe d'allégresse. Je donnai à la chaîne occidentale des montagnes , qui s'étend jusqu'à la pointe Richardson , le nom de sa tiès gracieuse Majesté le Roi, aux autres mon- tagnes que nous aperçûmes dans la soirée , celui de Francis Chantrey, esquire, et à la chaîne orientale, le nom de S. A. R. la duchesse de Kent. La nuit fut encore pluvieuse , et après avoir été long-temps arrêtés, nous arrivâmes ",j: l- ■• 'il m ^ : ^'M V i .1 mi Ml- r i .' m 4M- i,;: li "^:1i ,'1, r. . :'M' '1 . , - > ^' ■ ? K : : 's:,! . If il Y 1 ■ : i i ^.i', m j K,; ■^ • t.f 14 t 1, • . 'i i '■ 1- > i i/l f' : . 2/|0 VOYAr.K P;,> " ; Il !• au bas de la chute où à notre passage non s avidns tronvé les Esqnimanx. Ils avaient dis- paru, et je le regrettai vivement, non seulement parce que j'avais chargé mes poches de cadeaux, mais parce que je désirais faire quelques esquis- ses de plus, leur montrer le plan des cotes jus- qu'au point où nous avions été , et obtenir, s'il était possible, quelques autres renseignements. I/eau dans la rivière avait baissé de trois pieds, et nous fumes obligés de faire passer le bateau par-dessus une pointe où le bagage fut aussi porté. Après avoir avancé de quatre milles vers une suite de rapides considérables, nous vîmes un Esquimaux sur les collines; bientôt après nous découvrîmes les deux tentes que nous avions visitées précédemment, dressées sur le bord oriental d'un fort rapide dont les remous fournissaient sans doute une ample provision de poisson. Il nous était impossible de traverser sans mettre le bateau en danger, et nous com- mençâmes deux longs portages, tandis que les naturels nous regardaient avec beaucoup de ■T^y'] DU CAPITAUNK HACK. 'à/^ï sang-froid des hauteurs opposées où ils étaient assis en ligne. Tous nos signes étantiniitilespoiir les attirer à nous , nous plaçâmes sur une pile de pierres des cercles en fer; nous y attachàme* des rubans de diverses couleiu's, et nous mîmes à côté vingt-trois alênes, quinze hameçons, trois douzaines de bagues en cuivre , et deux livres de colliers. Tout cela fut fait sous leurs yeux; ils ne pouvaient guère manquer de com- prendre ces démonstrations amicales, et notre intention de les gratifier de ces divers objets. Ma seule crainte fut que le partage de ces ri- chesses , pour eux inestimables , ne devînt une occasion de querelles. Nous campâmes près du rapide voisin. Le lendemain matin le vent souffla trop fort pour nous permettre de faire route. Les Esqui- maux nous examinèrent de derrière les rochers ; vers midi, deux d'entre eux portèrent leurs kïeyaks au bord de l'eau, du côté qui nous était opposé; nous supposâmes d'abord qu'ils vou- laient traverser, et nous attendîmes en consé- U. i<'» - ! : 1 m .1 'ML ii ■" s. y 1 •;?; .;;■ 1 t' Cl.'tl- ■ :;y ■^ )^ i * > • ■ II 'J r'.; ! f ■ !y , f- :■%■:.: i.';!. ■^f:i l'-î iir 'i. .0' ■{? ••A' •:i. ; ,> '■ *l U'. ■' 'l?- • 1 • ".1 ^ ; ;; ' - > If ij » p » ^A^l ' ■ i-ir' iv . • .1: ' ' 1 r ;■''■■ ■ ^ ; ■'!-■ .■;;■ •j. ' , 1 iï ■ "■■ r,. i ■!;■. . f' t - M> ! '■■'•■■ I ;M . ■ !' 1.1 M '( il 1! lil '^-/j'^ VOYAGÉ qiience que lo vent s'apaisât ; mais comme ils ne firent aucune autre démonstration , je laissai un sac de pemmican sur un monceau de pierres, %tîn de leur prouver d'une manière positive la bonté de nos intentions; puis nous poussâmes au large et gouvernâmes dans le rapide de l'ouest , qui communique avec le lac Franklin dont le peu de profondeur nous donna beaucoup d'embarras ; nous parvînmes cependant à re- monter à l'aide d'une amarre : les voiles furent ensuite déployées, et quoiqu'il y eût grosse mer dans la partie la plus exposée du lac, l'embarca- tion ne prit pas une goutte d'eau. Le temps de- venait un peu plus beau à mesure que nous rentrions dans l'intérieur ; toutefois il pleuvait encore. — Au moment où nous passâmes le ra- pide, un loup blanc le traversait à la nage te- nant quelque chose dans sa gueule. 25 août La pluie tomba par torrents; l'eau se précipitait avec tant d'abondance dans la tente qu'un petit chien à demi-noyé ne put se sauver qu'en s'accrochant à mon manteau. ne ils laissai terres, tive la isâmes de de anklin Lucoup t à re- furent ise mer ibarca- nps de- noiis euvait le ra- age te- rrents ; ce dans ne put anteau. DU CAPITAINE lîACK. '2/{S T.e vent et le courant étant opposés, nous fumes obligés de laisser les avirons pour la cor- delle, ce qui nous obligea de suivre tous les détours des baies, et, par conséquent, allongea beaucoup notre chemin. Le jour suivant, au contraire, une jolie brise nous favorisa et nous mena au pied des rapides , puis au Mont Mea- dowbank , dont les deux pentes étaient animées par la présence des daims et des bœufs mus- qués. Dans l'après-midi nous reprîmes les objets déposés dans la cache. — En cet endroit les rives escarpées et couvertes de grands blocs ainsi que de petites pierres arrondies, rendirent très pénible la marche de nos hommes qui tiraient la cordelle; le sol cédait sous leurs pas, ils tom- baient à chaque instant ou se nuisaient les uns aux autres. L'eau était si basse que la naviga- tion devint excessivement laborieuse ; il y avait des endroits tout-à-fait à sec. Néanmoins nous avançâmes rjrpidement, et campâmes le soir au rapide du Loup (Wolf rapid). La brume du jour suivant nous empêcha de ■ -vm 1 m -1 Ltl '•M m II • : H ï ft ■ it:, J^pi !.t. V fi .. ■■'•'■ I :\: . k ■ < / ■ f ■ 5 :,.?■':.:■• H- 1' lii" I, 'M- T' ! ï 1'. P;> 11^ 244 VOYAGE partir avant dix heures du matin. En remon- tant un rapide le bateau heurta si violemment contre une roche sous l'eau qu'il fut presque défoncé à bâbord sur l'avant. Cependant, en le calfatant avec de l'étoupe et de la graisse, nous pûmes atteindre notre cache de deux sacs de pemmican, que nous trouvâmes ouverte, sans doute par les wolverennes. Le contenu, trop avarié par la pluie, ne pouvait nous ser- vir ; nous l'abandonnâmes, après l'avoir recou- vert, au profit des premiers individus bipèdes ou quadrupèdes qui auraient la bonne fortune de le trouver. Le bateau fut réparé; et, pour- suivant notre route, nous atteignîmes le rapide Escape, où nous trouvâmes, auprès d'un daim noyé, un morceau d'aviron brisé dans une des- cente. Les chutes étaient trop considérables pour que nous pussions les remonter avec notre charge; nous achevâmes tard notre portage à l'extrémité méridionale. Profitant alors d'un bon vent qui se mit à souffler, nous arrivâmes, après avoir repris une autre cache parfaitement 1 enion- nment resque nt, en naisse , Lix sacs Liverte, ►ntenu, )iis ser- recou- bipèdes fortune pour- rapide in daim me des- érables 3C notre »rtage à rs d'un ivânies, itement; DU CAPITAINK IIACK. 2/|5 conservt^e, aux chutes Sinclair, dont les ri- ves offraient encore quelques restes de glace , et où le gazon et la mousse n'avaient point perdu leur teinte brunâtre. Lcl saison était fort retardée, car il n'y avait pas une seule baie; et, ce qui était plus surprenant, à peine apercevait-on des moustiques ou des marin- gouins, preuve que le pays n'avait pas joui d'un été ordinaire. Trois ou quatre bœufs musqués mâles paissaient chacun de leur côté sous le vent des rochers ou des dunes. Notre approche ne les intimida pas; mais leur odeur repous- sante les garantit contre nos chasseurs. Vers le soir on vit passer deux loups au grand trot, évidemment à la piste d'un pauvre daim blessé réfugié sur une île à un mille environ de dis- tance. Après un portage , nous atteignîmes le rapide du Rocher. Nous essayâmes d'abord de passer à l'est; mais, voyant que cette passe était la moins bonne, nous reprîmes l'ancienne, et débouchâmes heureusement dans le lac Mac- dougall à deux heures après midi. Monté sur ■{y ilil.'l. '5 11-. ;■ 'h I -■I > J , il Il .! 'itfi VOVAGE le sommet d'une roche, je vis avec surprise que tout le pays était inondé, et que ce qui était à sec ou verdoyant en juillet se trouvait mainte- nant converti en un vaste marécage. Nous éprouvâmes beaucoup de difficultés et d'inquiétudes à remonter la longue et dan- gereuse suite de rapides qui conduit au lac Garry, dont la surface, unie comme un miroir, présentait un contraste frappant avec le vête- ment d'hiver qui la recouvrait cinq semaines auparavant. Nous replaçâmes notre camp sur la colline de sable où il avait été déjà établi à notre passage. Nous vîmes là une preuve bien frappante de l'abondance des pluies qui avaient inondé le pays : des champs de mousse d'un seul morceau, détachés en masse, étaient descendus d'une hauteur de soixante pieds (i8'",2), et s'étendaient comme un tapis sur la berge. 3 1 août. — Nous étions arrivés à cette partie du lac où la glace nous avait enveloppés à notre passage, lorsque nous fûmes frappés de la pré- »: I: iî -m 'M' Li ise que était à naiiile- ficultés et dan- au lac miroir, le vête- emaines ; camp été déjà I là une 3S pluies mps de 1 masse, soixante un tapis ;e partie à notre lu pié" DU CAIMTAINK IJACh. 'i^'J nence d'une multitude de marques sur un point où aucun de nous ne se rappelait en avoir aperçu en passant la première fois; on les exa- mina avec plus de soin. Elles étaient fraîche- ment disposées, et la mousse avait été nouvelle- ment cueillie aux environs. On aperçut bien- tôt de nombreuses traces d'hommes et de daims sur le sable. Le temps brumeux nous empê- chant de bien distinguer les objets , nous cô- toyâmes les bords. Mac-Kenzie crut apercevoir un daim sur le sommet pierreux d'une colline en pente, laquelle se terminait en une pointe où l'on avait élevé récemment des marques ; mais nous découvrîmes bientôt que cette créa- ture était un Esquimaux. Deux de ses com- pagnons se levèrent alors de derrière une roche où ils s'étaient tenus cachés, pensant que notre éloignement leur permettait de se hasarder jusque là. Convaincu qu'ils s'enfui- raient, je jugeai inutile de retourner vers eux, et je continuai; mais au moment où nous nous y attendions le moins, nous nous trouvâmes :.M 1'. ■ i ■■ ■ '11. ' ' • ;.;■)■ ,. >.f' ■ ' .•11' il m BIT:! n if m. :\ '^m i i iîii J >>■: m 1 iù' V \ •i n y >' r M n , i I ! m. I I 1 ii 'A: ■ '^^1^ 1" 1 'Mf 'ÏW P ' ^^ ^m '' Ji ^j( ^1 jBfe f &M f'm ■!■ ; '■ » îXJT'-'t'ïi ià.;ii il . î \ •2^1 S VOYA(.i: auprès (U^ cloir/c tentes entourées «l'une mul- titude d'honimes, de femmes et d'enfants. Ces derniers commencèrent à hurler c^t à ye sau- ver en toute hâte derrière les rochers; le reste de lu troupe paraissait aussi fort troublé; cha- cun était armé d'une pique et d'une fronde. Ils nous faisaient avec la main signe de nous re- tirer; néanmoins nous avançâmes, en relevant, en signe d'amitié, nos bras au-dessus de notre tète; mais à peine fûmes-nous par leur travers cju'ils firent précipitamment retraite du côté des tentes et des rochers. Il nous manquait un interprète pour apaiser leurs craintes , et nous n'avions aucun intérêt à les effrayer da- vantage; nous nous dispensâmes donc de pren- dre terre, et continuâmes à ramer lentement. Ils n'eurent pas plus tôt aperçu ce mouvement de retraite qu'un vieillard courut après nous le long des rochers , se tenant toutefois à dis- lance respectueuse ; puis il nous commanda de nous en aller en poussant de fortes clameurs, (M nous faisant signe de la main coinine aupa- "■"Twr W ' niiil- ts. Ces u sau- 3 resto '»; cha- idc. Ils )us re- levant, 3 notre travers lu coté uait un es , et yer da- e pren- ement. vement Bs nous s à dis- inda de meurs, 3 aiipa- i un i;\i>nAiiM': iiac^k. 'j/|9 iMvant. 11 nous suivait depuis deux cenfs pas, lorsque quelcpies luis de s(;s amis, se préparant à l'accompagner, il le leur défendit par le geste dont il se servait envers nous. Nous reconnûmes alors que c'était le sorcier ou l'homme sage de la tribu, qui ne tarda pas à imiter le grognement et le mouvement d'un ours, marchant sur ses mains et ses genoux, et se figurant sans doute par celte manœuvre nous forcer magiquement au départ. Le nombre de ces Esquimaux pou- vait aller à soixante ou soixante-dix. Nous vî- mes seulement quatre Rieyaks. Cette tribu appartenait, je pense, aux Esquimaux qui habi- tept la bî^je Wagcr ou l'ouverture Chester- field. i*^' septembre. — Ayant 'remonté à la cor- delle le rapide qui lie le lac Pelly au lac Garry, nous reprîmes notre cache de l'île. Nous pas- sâmes ensuite un autre rapide à demi couvert par des plumes et de vieux bois de saule en dé- rive. Un troupeau de bœufs musqués et un petit nombre de daims paissaient tranquille- r*: ;mi 'm I ih U ■;' '...l'ai' .:! ;•! I J 1. J: m m rfe i I: P à ki K>^' f I 'i5o VOYAOE ^ ment sur les collines de sable , tandis que des oies blanches, brunes, ou moqueuses, volti- geaient et semblaient se rassembler pour émi- grer dans le sud. Le 4> nous fûmes battus par une violente bourrasque de N. O., qui annonçait l'arrivée du mauvais temps. Plusieurs vols d'oies se di- rigeaient vers le sud. Il fallut tirer le bateau à la cordelle pendant toute la journée pour remonter seize ou vingt rapides que le man- que d'eau rendait fort pénibles à passer ; des bancs de sable et des îles apparaissaient de toutes parts et changeaient tellement l'aspect de la rivière qu'il était impossible de la recon- naître. Au centre du rapide du Faucon, l'a- marre se rompit et nous jeta dans une position critique : d'où l'issue eût été funeste avec un équi- page moins actif; nous nous accrochâmes aux rochers et tînmes bon jusqu'à ce que l'accident eut été réparé. A mesure que nous avancions, les écueils et les barres nous gênaient considérable- ment: dans une saison ordinaire la navigation r, ^" »■ • >. !." nu CAPITAINE BACK. «ioi «iùt été impraticable, même avec un batedu tout-à-fait lège. 6 septembre. — La matinée annonçait un beau jour ; le vent était favorable et nous nous attendions à faire bonne route; mais en ces régions , les appa.ences atmosphériques sont fort trompeuses : après deux heures de navi- gation, le ciel se chargea de nuages noirs, le brouillard s'éleva, la pluie tomba par torrents, comme si on Peut versée. L'eau gagnant dans le bateau et menaçant d'avarier nos provisions , nous abordâmes. La bourrasque se changea en tempête, avec rafales et tonnerre. Le feu s'é- teignait sans cesse ; il fallut toutes sortes d'ex- pédients et surtout une grande dose de persé- vérance pour le tenir allumé; il est vrai que nous y portions grand intérêt, car nous avions tué un daim gras , et nous étions empressés de faire un peu diversion à notre pemmican moisi, en nous régalant de ce mets fort savoureux quoi- qu'il ne fût relevé ni par le sel , ni par au- cun de ces ingrédients ([ui corrigent la fadeui t ■Hé ■s '/'f 4t ■> l I m tif 1 \ y 1 ;»■ }i (•M ? 11', ^A '■■»»'. ; il >l'-i:;i -2 5 '2 J •! t-^5 i-. m i 11 '■\ : m-. VOYAGJÎ d'une viande bouillie. La tempête continua à souffler du N. E. toute la nuit; la grande voile fut jetée par-dessus la tente, mais elle ne put nous garantir de la pluie qui filtrait au travers et tombait de toutes parts comme de mille gouttières : à une courte embellie vers minuit, succéda une recrudescence de mauvais temps; la neige se mit aussi de la partie, et dans la mati- née du 7 couvrit tous les environs et les revêtit d'un aspect d'hiver. Vers dix heures après midi, l'eau s'était élevée de quatre pieds; le bateau fut pour la troisième fois monté plus haut sur le rivage. Tout le pays était devenu si froid et si humide, qu'une infortunée petite souris (lemming), incapable de lutter contre l'envahissement des eaux qui la chassaient suc- cessivement de retraite en retraite, avait silen- cieusement cherché un abri sous notre tente et s'était blottie à quelques pas d'un chien ter- rier endormi. Dans une parfaite sécurité, elle léchait son vêtement fourré et promenait ses yeux brillants d'objets en objets comme étonnée l'-i DU CAPITAINK liACK. 25:^ et enchantée de ce domicile nouveau et con- fortable; mais bientôt les oreilles dressées du chien annoncèrent son réveil ; en un clin d'œil le petit animal fut broyé entre les mâchoires de cet ennemi 4îans pitié. 8 septembre. — La matinée fut sQpibre ; le vent avait tombé ; nous fîmes du chemin , quoique le courant fut fort et le temps si chargé que nous avions peine à distinguer le vrai che- nal. Vers neuf heures, le soleil perça et sécha nos vêtements trempés. Nous laissâmes der- rière nous la rivière Baillie et remontâmes le long rapide où nous avions trouvé les premières marques des Esquimaux ; le pays était couvert d'eau des deux côtés. Sur le soir, une bour- rasque de N. O. nous amena du grésil avec de la neige, et toutes les criques gelèrent forte- ment, le matin suivant. Le froid étant devenu excessif, la neige, les rafales, la brume nous empêchèrent d'avancer : l'eau s'était considé- rablement élevée , les falaises étaient sillonnées de profonds ravins. La plus grande partie de «■■1 f fï il'-. ' . M p je. M: I t % Î '.m 'U:-ù hn El V, I kl '-à* •;î54 voyagf Ja journée futempÎQyée à franchir les cascades: rude et périlleuse besogne , que , certainement, on ne se serait point avisé d'entreprendre dans tout autre position que dans la nôtre. Le ba- teau eut peine à résister aux chocs qu'il reçut ; il fallut la réparer et le calfater pour le main- tenir à sec. Nous eûmes beaucoup de neige sur le lac Beechey et assez de vent pour nous arrêter. Nous aperçûmes à quelque distance trois faucons à la poursuite d'une oie blessée et d'uu goéland qui semblaient devoir suc- comber. Le i5 septembre, nous atteignîmes noire première cache, où les lemmings s'étaient in- troduits et avaient causé du dégât ; sur le soir, nous campâmes à l'extrémité supérieure du rapide du Bœuf Musqué, mais nous n'y trou- vâmes pas de traces récentes d'Indiens. L'année précédente, seize jours plus tôt, les collines environnantes étaient couvertes de daims, et la physionomie de l'été embellissait foute la campagne : maintenant, au contraire, m VY lii '255 DU CAPITAINF HACK. on ne voyait pas un daim ; la plante à thé avait été gelée, les bouleaux nains étaient presque sans feuilles, les saules présentaient un aspect jaunâtre, et tout le pays était revêtu des som- bres livrées de l'automne. Cinq bœufs musqués se montraient seuls ; toutes les autres créatures animées avaient déserté cet endroit où, l'année précédente, ime exubérance de vie éclatait ^e toutes parts. Un vent du nord nous amena un brouillard dont l'obscurité ne nous empêcha pas de tra- verser le lac du Bœuf Musqué, mais nous ren- dit incapables de distinguer notre route au-delà jusqu'à onze heures avant midi; nous nous trou- vâmes alors par le travers de la rivière Glacée presque entièrement encore couverte des glaces qui lui méritent son nom. Nous atteignîmes ensuite le premier portage sur le Thlew-ee- Choh , et le jour suivant ( 1 7 septembre ), nous rencontrâmes noire ami M. Mac-Leod, qui avait déjà passé plusieurs jours à la baie Sand- Hill avec quatre hommes et deux Indiens. Je I ;'^l •■'Vr ■1^ i i;' ■'W' ï ï> ■Al--- •■'!■••■■ V,! I îî;v':{;1! J ^:'f ;;. .1 ■ ! > ■i i ki f.V'd i>¥i \m I ) *^5r> VOYAGE n'essaieiai pas de dépeindre la joie que nous éprouvâmes tous de notre heureuse réunion. M. Mac-Leod nous avait long-temps attendus, veillant avec anxiété sur la route par où nous devions revenir. Après notre séparation en juil- let , il avait regagné notre Fort sans autre acci- dent que la perte de deux chiens ; puis il s'était rendu au Fort-Résôliitiôn pour y prendre qua- rante sacs de pemmican et d'autres fournitures envoyées de la factorerie d'York. En revenant, il avait établi deux pêcheries (i); ayant ensuite déposé son bagage dans notre fort sous la garde d'un homme de confiance , il s'était dirigé sans perdre de temps vers le Thlew-ee-Choh. J'appris de lui avec une vive satisfaction la bonne conduite de tous les hommes de son dé- tachement; mais j'eus la douleur de voir se confirmer nos craintes sur le sort de William- son, dont le cadavre avait été retrouvé et en- terré par M. Mac-Leod. Cet infortuné gisait sur Uè (i) L'une en face de l'île du Renne (Rein-deer); l'autre près de la jioinle Kt'illi, Ti ii5 millos du fort Relianre. i H DU CAPITAINK BACK. ib'j le sol, près de son feu. Il paraissait être mort de faim : le découragement dont témoignait déjà toute sa conduite quelques mois avant son congé avait sans doute beaucoup contribué à sa perte. Nous n'avions pu découvrir les causes de sa profonde tristesse; mais il était si misan- thrope, que pendant le teinps que nous fumes campés auprès des constructions de notre fort , il né s'associait point à ses camarades, et s'était bâti tine hutte (Je branches de pin où il prenait ses repas dans l'isolement. Souvent dans le fort de la nuit, lorsque tout le monde reposait depuis long-temps, cet homme ex- traordinaire restait assis devant sa demeure, considérant fixement d'un œil morne ses tisons mourants. Il ne faisait que peu de service; tous ses camarades le traitaient avec une bonté compatissante et l'appelaient le pauvre David. Ainsi qu'il arrive souvent à ceux qui s'égarent , il fut trouvé tout près de la pêcherie, v,ers la- quelle il paraissait revenir, du moins à ce qu'on put conjecturei- d'après la tracé de ses pas qui" II. 17 f ■:%, u ^ NI i.l.ï 1 1 ! "1 t . a: , > . 'M' m i Ë i ' U'i 1= i SI i! !| ri 1 m i 4' .'l't. ■<' . ■■■'h .'•;- ■ (' • .i -J 1:1 V ■%' IV lié t ■M Il I ' il 11 .i1 Hi^ i; ■  î À ii'.r k P ^58 VOYAGE s'accordait avec celle qu'avaient laissée quel- ques uns de nos lionnnes deux jours avant que la glace ne se brisât. Depuis notre départ,le temps avait été si mau- vais, que les Indiens ne se rappelaient pas en avoir jamais eu de pareil ; ils avaient souffert de Jurandes misères, et la famine les avait souvent visités. « Vous ne les reconnaîtriez pas, me 'Ut M. Mac-Leod, à moins qu'ils n'aient repris de- puis que les daims paraissent. » Tout le pays au nord et à l'est du grand lac de l'Esclave avait été inondé par la pluie et désolé par la gelée et la neige; il en était arrivé autant l'hiver précé- dent, qui avait été excessivement doux dans le sud et mémesur le fleuve Mac-Kenzie. On pour- rait peut-être en conclure que les baies et les ouvertures de la côte avaient été encombrées d'un excès de glace dont l'influence sur l'atmo- sphère aurait varié avec la localité. Pendant deux jours, nous eûmes tant de bourrasques, de grésil, de neige, de gelée, que nous ne pûmes bouger; la glace des petits lacs ?! y, ■ le de rue acs 1)11 ca'WI'aini'; dacr. QÔg devint assez dure pour porter le poids des hommes; et j'en profitai pour envoyer chercher du gibier que les Indiens venaient de tuer. I.e 20 septembre il gela rudement le matin , puis vint h. neige; mais le vent était tondié et nous partîmes laissant en arrière M. Mac- Leod qui chassait en nous suivant sur les bords des lacs. Après avoir traversé le lac Aylmer sans qu'il se présentât rien de remarquable, nous arrivâmes au lac Clinton-Colden, où nous trou- vâmes deux pouces de neige sur les collines. Le froid était si intense que l'eau gelait sur les avi- rons et sur les bords du bateau; il arriva même riu'un de nos chronomètres s'arrêta : c'était le n" 8093, chronomètre français, qui jusqu'alors s'était montré le plus régulier et le plus constant dans sa marche. Sur le soir, nous atteignîmes le premier rapide de la petite rivière; nous y recù- mesla visite de quelques Indiens Couteaux-Jau- nes que nous nous attendions à trouver dans les environs. Ils nous félicitèrent de notre heureux retour sur Ie([uel peisonne ne comptai! ;i cause ,'!■ >"^ t|»l m I; 1 t il ! ' >Ih Il i ;M ; • 2 Go VOY^IE de la rigueur du temps pendant notre excursion. Le vieillard qui était tombé malade dans le Fort au printemps, et qui, par suite de son excessive obstination , s'était attiré le surnom de vieil entêté f était couché dans sa hutte, toujours en proie à la maladie ; ses douleurs se trouvèrent encore aggravées par la mort ré- cente d'un de ses enfants. Sa famille entière s'était religieusement conformée à la funeste coutume de détruire ses vêtements et tout ce ([u'elle possédait ; de sorte que ces malheureux n'avaient, pour se couvrir en cette saison rigou- reuse, qu'une peau de daim flottante et mal ajustée, jetée sans soin et presque sans utilité sur leurs épaules. M. King, accompagné de l'interprète, se ren- dit pendant la nuit à la hutte du vieillard pour lui administrer des secours ; il donna aussi des soins à quelques uns des enfants. Après avoir franchi les rapides, nous nous rendîmes nous- mêmes aux tentes pour y recueillir quelques pièces de viande qu'on nous y préparait; je m liV CAlMTAINfi. BACIi. 'ÀCtl 6»aisis l'occasion de faire caiiî^r avec le vieil entêté, seul Indien qui, avec un autre vieillard, connût un peu le pays situé dans le nord. Je lui demandai si de quelque point du cours du Thlew-ee-Choh on ne pourrait atteindre le lac Cont-woy-to ou l'ouverture Bathurst. Il déclina sa compétence à ce sujet ; tout ce que je pus en tirer, c'est qu'il y avait dans ces parages deux petits lacs, et que d'innombrables cours d'eau descendaient vers le Thlew-ee-Choh, tous trop rapides et trop remplis d'écueils pour per- mettre à d'autres embarcations qu'à leurs ca- nots de chasse de s'y hasarder. Après avoir franchi un autre rapide, nous recueillîmes encore de la viande à notre campe- ment suivant, où s'étaient déjà rendus tous les Indiens du précédent, y compris même le vieil- lard. Comme ils se tenaient autour de la tente, je leur montrai le plan de la rivière, appelant particulièrement leur attention sur les endroits où il y avait le plus de gibier, afin qu'ils s'y ren- dissent par la suite en cas de disette, «ce qu'ils "♦< .r ' i û 'Mu ■^ ,-; I n i»»!!! ■ '^.lll: 1)1) caimtaim; ijack. '2('»3 lie [)ouvuit s'échapper, la lallrapait de leinps eiu temps et jouait avec elle. Le vieil Indien malade, assis près tlu (en, prenait un plaisir extrême à cette chasse, et le manifestait par des rires silencieux. Là-dessus je me levai : j'appe- lai le chien et je pris la souris, que je réchauffai devant le feu; puis, lorsqu'elle eut reconvré ses forces, je la plaçai doucement sur le sable à l'en- trée d'un terrier où elle s'enfonça, et où je jetai un morceau de graisse pour lui servir de nour- riture. La troupe des Indiens me regardait fort attentivement. Lorsque je leur montrai le vieil- lard assis à leurs cotés, en leur disant qu'il fal- lait protéger les infirmes et les faibles, ils saisi- rent parfaitement l'intention de ma parabole en action sur le chien et la soiu'is, et promi- rent de s'en souvenir. Le temps à grains continua; il tomba en outre de la neige; mais, la brise étant généra- lement maniable, nous hissâmes la misaine. Le 'i4 ît midi nous atteignunes le Ah-hel-dessy, où nous eûmes la joie de voir des arbres à baies. î; •* . -!■ î ■ . , (1 > ! . _ :|' , ' ir» "■ , %u . tu * ! • • ■' •. '■■• • >,•". ) ' f i t ' : S li. : ■.:îm.m1I: m^ . <( . \ ..t:.f '■:.;■' I „ ^ M m i: m ■■.' M "^64 VOYAGK Des Indiens campés dans une crique nous firent signe de venir les trouver, mais nqus n'en tînmes compte; ils coururent alors après nous pour nous avertir qu'ils avaient de la viande en a])ondance; je leur dis de l'apporter au fort. —- L'affreuse rivière que nous avions à descendre ne présentait qu'une suite de rapides à courir, de portages à effectuer, de cascades à franchir en douceur. Il nous fallut passer beaucoup de temps à des examens préa- lables, sans lesquels il eût été de la plus haute imprudence d'avancer d'un pas. Les rapides s'accrurent encore en nombre et en difficultés jusqu'à une chute profonde où l'eau tombait perpendiculairement entre des rochers gigan- tesques dans un abîme immense j je la nommai Anderson. Elle nous arrêta court. Les patrons, ne voulant point se décider encore à reculer devant cette cascade , allèrent à la découverte; mais ils levinrent après avoir vu de nouvelles chutes et d'autres cascades insurmontables. Comme il était de toute impossibilité de trans- p Dir CAinTAliMi HACh. (i6^) porter le bateau au travers d'un pays montueux et inégal, dont les pentes, revêtues de glaces et recouvertes de neige par-dessii s, permettaient à peine de marcher , force nous fut de le laisser là , quoi qu'il nous en coûtât. On le monta sur la grève et on le cacha parmi des saules pour pouvoir l'y venir quérir au printemps suivant et l'amener sur des traîneaux. Nous fîmes au même endroit une cache de voiles, de viande et de divers autres objets, dont la ma- jeuré partie fut trouvée, dans la suite, détruite par les wolverennes, qui avaient coupé l'amarre de touée en petits morceaux de un à deux pieds de longueur, mis les voiles et prélarts en lam- beaux, et r:;nré les sacs en dispersant les. balles qu'ils cont .raient. Il n'y a pas moyen de se garantir concre ..ls animaux; leur force est énorme comparée à leur taille: car la piupari des pierres employées à notre cache étaieaC si lourdes que deux hommes pouvaient „ peine en soulever une à la fois. Nos gens, chargéschacun d'un poids de soixan^ 'M •«■■■■«H! ■il?- ■ . '■*, ' Mi ■■-.;. . '.* H' ri •' :;!.: '« ; ;■** ■» ■$ :fc;. l'f-. ^Wr ■ ■\' '-? ' , ■'iV i,-i>/:l ■ 4 ' ' ' -.< . ir '4 ' !■ iliv , .■ ■:t il i il. ;^».,? \''- '•f ^'ï'^ '% i, :1^>i:h 4<- '•ii :-fi ... k '■ ■ '1. ' 1.1 ! •!, E'M .'I lit. '2()('» . V(>VAGI-: te-clix livres ( 3i, 5. kil. ) coinmencèieut à sc mettre en marche vers le fort, à travers les moii> tagiies, entièrement couvertes de quatre pouces (le neige. Les petits lacs et les marais étaient assez gelés pour qu'on pût les traverser. Nous n'avions pas fait plus de six ou sept milles que nous" aperçûmes des nuages de va- peurs au-dessus d'une chute; il nous prit envie delà visiter, et sa vue nous consola .tout-à- fait d'avoir renoncé à notre bateau. Du seul point où l'on pouvait en apercevoir unejiartic nous distinguâmes la rivière, tournant court à un rocher, et tombant dans un bassin supé- rieur presque caché à nos regards par d'autres roches intermédiaires; de là se précipitait, avec luie impétuosité sans pareille, une vaste nappe d'eau qu'engloutissait un abuiie de quîitre à cinq cenls pieds de profondeur (l'jo à 1 5o mè- tres). Cetle crevasse paraissait si étroite du point où nous étions qu'il nous semblait pos- sible de la fianchir d'un saut; il s'en élevail. fi plusieurs centaines de pieds au-dessus de nos DU (JAPITAirSl-: liACK. '■tÇri tètes, des nuages de poussière liquide encolon- lies épaisses. Mais comme nous ne pouvions, de ce coté de la rivière, distinguer la principale- chute, j'y retournai, au printemps suivant, sur le bord occidental. La route |>pur s'y rendre, que je parcourus en souliers à ne%e, est excessive- ment pénible et dangereuse; indépendamment des montées à pic, et des crevasses que nous eûmes à franchir, il nous fallut ramper le \ou» des rebords étroits des précipices, rendus en- core plus glissants par le brouillard glacé qui tombait dessus. Mais l'aspect de la chute nous paya de tous ces péiils avec usure. Au premiçr aboid je trouvai beaucoup de ressemblance avec une vue du havre Smeerenberg , au Spitzberg. La paroi des roches qui formaient l'abîme était entièrement revêtue de glace bleue, verte et blanche, suspendue en stalactites; elle était en outre sillonnée de cavernes, de rissuies et de saillies en surplomb, présentant une va- riété inimaginable de loniu^s si curieuses et si ■' i r 'i 1 y m. rï. »• il m .'^': I If \ !:« il':' ^•■.;i: m: •il- tu- ! ■,fl '^ 1.1 i î ft4. ■if :'■■ 1 i .*';. ..i-^ :î ^iil i MM fl ^ ^m ■Il i|i !■ 'ii| 1 . M if. u(i8 voYAr.i-: jnagniliques, que je n'ai jamais rien vu, ni lu, ni ouï qui y ressemblât. L'approche en était .excessivement périlleuse ; nous ne pûmes voir à notre aise la chute inférieure, à cause de l'a- vancement des escarpements de l'ouest. A la position la plus liasse où nous pûmes parvenir, nous étions encore à plus de cent pieds (5o mè- tres) au-dessus du lit de la rivière ; et celle-ci , loin 4'étre étroite comme nous l'avions cru à notre première visite, présentait une largeur d'au moins deux cents pieds (Go mètres). La couleur des eaux passait du vert clair au vert foncé; celle des nuées qui planaient au- dessus était d'un gris clair. Les chutes du Nia- gara , de Wilberforce dans la rivière Hood , de Rakabikka près du lac Supérieur, celles de Suisse et d'Italie, n'ont rien de comparable à celle-ci pour la magnificence et Tampleui- des effets. L'imposant spectacle de ces masses d'eau, en quelque sorte montagneuses, entraînant ynon esprit vers des idées qui s'associaient à d'autres scènes où la nature étale aussi sa splen- ■ i • la la- (le (le e à les au, iiit a DU CAPITAINE BACK. 26^ deur, je consacrai à ces chutes le nom de notre célèbre navigateur, sir Edward Parry. '27 septembre. — Nous reprîmes notre voyage de bon matin. En passant par l'endroit où nous nous étions arrêtés le printemps dernier, je fus surpris du rava§«e causé par les orages de l'été; les plus beaux pins de la foret avaient été déra- ciriés , et la dévastation était encore plus con- sidérable près du lac. Enfin, nous arrivâmes .'ui Fort-Reliance dans la matinée, après quatre mois d'absence. Nous étions harassés de fatigue, mais notre santé toujours très bonne; il ne nous resta plus qu'à remercier Dieu d'avoir si heureusement échappé aux dangers de notre long voyage. L'habitation était restée debout, mais c'était tout; car elle penchait d'une ma- nière effrayante vers l'ouest , et la vase qui lui servait de mortier avait été entièrement balayée par la pluie; en un mot, on ne pouvait voir ime demeure plus maussade et moins enga- . géante. L'observatoire était moins maltraité. Mon canot avait été fendu par la foudre. HptV 'm U :l > il :!- ., :i :.in m m:: i ?! iK!. UTO VOYAGl' leiisement nos cflets et la viande que les Indiens avaient apportés se trouvaient à sec dans les ma- gasins. Après trois heures de repos, les hommes s'occupèrent à faire les réparations nécessaires. Le vieil Indien , qui avait visité la rivière lloqd dans sa jeunesse, se trouvait au fortj il ne put me donner le moindre renseigne- ment sur la contrée aux environs de l'ouver- ture Bathurst : car il ne connaissait aucune route par où l'on pût s'y rendre en petits canots. «Mais, disait -il , pourquoi le chef me de- iiiande-t-il cela, puisqu'il est le seul qui y soit allé ? » Ceci me désappointa fortement; car de cette enquête dépendait la réalisation d'un projel que je caressais depuis long-temps : je voulais m'assurer si l'on ne trouverait pas une comnui- nication entre le lac Beechey et la rivière Back , en traversant les montagnes en droite ligne vers celle-ci, et apportant des matériaux nécessaires pour construire des canots. Mais l'accomplisse- Tuenl de ce projet, sans aucune notion préalabl»' Y ck, ers rcs ise- I l)V CAD I AINE l'.ACK. 'i-X sur la route, aurait cMiiployé une saison ou même deux, outre qu'il exigeait le choix d'un équipage frais et alerte, et un grand surcroît de ' dépenses. Nous ne savions pas d'ailleurs si nous ne trouverions pasVouwîrture Bathurst encom- brée de glaces. En supposant même qu'elle fut entièrement libre, nous ne pouvions compter sur plus de trois semaines de beau temps pour parcourir la distance entre cette ouverture et Pillar Ross ou pointe Richardson. Il ne fallait pas songer à y aller par le Thlew-ee-Glioli , car, indépendamment des dangers qu'offre ce fleuve, nous savions quelles difficultés on rencontrait à son embouchure en ce qui touche le passage le long de la cote oripntale qui doit être toujours plus ou moins encombrée de glaces charriées par le cburant de l'ouest. D'après ces considé- rations, et sentant que je n'étais pas autorisé à augmenter la dépense d'une expédition dont le but principal avait été si heureusement accompli par la Providence, je renonçai, nor^ ■■ i i > ■' i •' -Vi ' ■■ ^: W 7^ ' ■I mi- ' i'3 ■>,'■'■ i-m \m M' ■.. fj- i hi- 1.' »': '.'Il r; ->.-;}. VOYAME ' À- 1 : V 'l sans l)eaucoiip de cliagrin , à réaliser ce projet secondaire. Il ne me restait plus qu'à prendre les arran- gements nécessaires pour passer l'hiver aussi confortablement que possible. Dans la crainte de ne pas avoir assez de vivres au fort pour tout le monde , nos hommes , à l'exception de six , partirent avec M. Mac-Leod pour les sta- tions de pèche; ils transportèrent en même temps plusieurs ballots de marchandises et d'autres objets, devenus inutiles pour nous, à l'établissement de la compagnie au Fort-Réso- lution. J' y fis ajouter une grande quantité de pemmican pour les besoins de notre expédition lorsqu'elle repasserait dans le pays. Les Indiens nous apportaient des vivres de ten^ps en temps; et notre ami Akaitcho avec sa suite , malgré son peu de succès à la chasse, contribua aussi à notre approvisionne- ment. Le nom de ce brave chef est tellement lié à la première expédition de sir John Franklin, i!-J !■< , : m ' f'iJI m Tes Icho la ine- ient lin. I DU CAPITAINE HACK. Q73 qu'il n'est pas sans intérêt d'ajouter quelques mots à son égard. Ce n'était plus cet Indien actif et grave des anciens jours; mais un homme morose et insouciant que; les inf'.rmités ga- gnaient peu à peu. 11 ne lui reslait plus que l'ombre de son autorité passée, car, sauf les membres de sa famille, il pouvait à peine se vanter de conservei' à sa suite un seul Indien dans ses exclusions de chasse pendant Tété. Durant l'hiver cependant, sa tribu se groupait autour de lui comme autrefois. Les Couteaux-Jaunes avaient été punis ' ■ " ■r J.,;ii''i ■ >< - i! l;. > , , . ' ■■ \ ' ■ \ 1 ' 1 ;■ '■■■ 'i' ' '11 :' ? •;• fi' II' S' Wtf ii sr^ )('■ îi'74 VOYAGK guerriers fussent plongés dans les chaînes de l'oppression , les Indiens Esclaves , poussés à bout, ne respirèrent plus que la vengean- ce, et, moitié par trahison, moitié parleur valeur, abattirent dans une seule année l'as- cendant que leurs despotes s'enorgueillissaient de posséder. De cette lutte date l'abaissement des Couteaux - Jaunes ; létirs chefs les plus renommés et la fleur de leurs jeunes guer- riers, en un mot, tout ce qui avait force ou talent, tout fut massacré. Le reste, repoussé des riches pays de chasse qui avoisinent la rivière Couteau-Jaune, s'est mis à errer misérablement sur les hauteurs stériles près du lac de l'Es- clave. Ce changement de fortune a semé la mé- fiance, la crainte et le mécontentement parmi les tristes débris de cette race infortunée, qui ne pourra probablement jamais se relever de l'état de dégradation où elle est tombée ; elle est réduite à soixante-dix familles composées pour lA plupart d'individus incapables , presque tous [firmes , d iges. •epu charge du petit 1 K 11 t 11& tit 276 DU CAPITAINK BACK. nombre de ceux qui ont conservé leurs forces et leur activité. Pour comble de malheurs, une maladie contagieuse est venue les décimer! Ces Indiens sont entraînés lentement vers une des- truction inévitable, à moins de quelque événe- ment presque miraculeux. Les idées des naturels à l'égard de la création du monde, d'un Dieu, d'une vie future, sont consignées tout au long dans les voyages de Franklin ; mais la génération actuelle a oublié presque tout , et n'a conservé que la croyance à un Grand-Esprit qui récompense les bons et punit les méchants. J'avais une fois mis sur ce sujet le camarade de Mandeville, chef chipe- wyan , et je m'efforçai de graver en son cœur quelques préceptes moraux ; il m'écoutait avec recueillement. Quand j'eus terminé, il releva un peu sa tète, et , les yeux baissés , me dit d'un ton bas et solennel : « Les paroles du chef sont «profondément descendues dans mon cœur; nj'y penserai souvent quand je serai seul. Je wsnis ignorant, il est vrai, mais je ne me suis Al m^ ]Xi> ■ » ' . » t ' 1 '!•■ ;■■ ■ ;!'!::-•. ;;:| I S 1: • ,'. I •:.;* l : la ^, IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ^^ 1.0 l^|2£ 12.5 ^F^ u, 1^ ^... là M ë b£ 12.0 lii WMk IL25 m 1.4 I: I 1.6 Photographie Sciences Corporation -O" -A. <^^ 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. USSO (716) 872-4503 «■ ^^c o^ i ■K i I If (ÏS II i «JÇ-yO VOYAGE «jamais livré au sommeil le soir dans ma hutte Dsans avoir imploré tout bas le Grand-Esprit, »le priant de me pardonner ce que j'avais fait » de mal dans la journée. » Les Chipe wy ans ne s'ajssocient jamais av^c les Couteaux- Jaunes sans de minutieuses précau- tions. A l'exception de sept ou huit, ils se tenaient tous loin du fort , et les uns n'y venaient que lorsqu'ils croyaient les autres absents^ Ces hom- mes ne manquent point de finesse ; je citerai à cet égard le fait suivant : M. Mac-Leod répriman- dait l'un d'eux pour s'être pris de querelle aVec un Indien appartenant à une autre tribu ; après lui avoir montré le danger de ces démêlés in- terminables , il lai disait que tous les hommes étaient frères et créés par un même Dieu, qui ne faisait point de distinction entre celui-ci et celui-là, mais qui jugerait chacun d'après ses bonnes ou ses mauvaises actions. « Soyez «donc bons et charitables les uns envers les » autres, ajouta M. Mac-Leod, car telle est la «conduite qui plaît au Grand-Esprit. —Vrai- I !'', 27: Di; CAPITAINK ua<:r. dînent! répliqua riiiiiieii d'un air lourd, ces » paroles sont excellentes; mais si le chef veut "nous donner l'exemple dans celte voie qui est «très bonne, pourquoi ne nous montre-t-il pas wque lui aussi craint lacolèredu Orand-Esprit, net ne me fournit-il pas un fusil pour chasser? »cai ma famille meurt de faim. » Lorsqu'Akaitcho et les siens vinrent au fort, je leur répétai ce que j'avais dit aux autres Indiens au sujet de la rivie eThlew-ee-Choh, et de la distance jusqu'à laquelle ils pourraient se hasarder sans ti-ouver les Esquimaux ; j'a- joutai qu'iis ne devaient pas craindre les cla- meurs et les gestes menaçants de ceux-ci, qui se montraient pacifiques et inoffensifs après la première entrevue. Akaitcho me répondit alors que le difficile était de se faire comprendre ; qu'à cause décela aucun des siens ne voudrait approcher des Esquimaux. Il manifesta un vif regret de ne m'avoir pas accompagné. Je leur fis de légers cadeaux, et ils se reti- rèrent dans l'ouest foit contents. Les Chipe- m '1 "^ .' 1:. .1 ■<- II ■ «* 1 ■ • f'' .: ' l 1 • i^ ., • ' ' ' * . , . i .' ,i •"1 I !» ,' 1 i ..i \ '»':■ <îl> .278 VOYAGE wyatis se dirigèrent aussi vers Athabasca , et nous laissèrent dans notre demeure froide et solitaire. Les instruments furent placés dans l'obser- vatoire; les observations météorologiques et autres furent reprises , et nous employânîes notre temps à construire la carte, à écrire notre journal, à faire des dessins. Tous les deux jours nous consacrions une heure à l'instruction de nos hommes; quant au repos du dimanche il fut toujours religieusement observé. Notre paquet d'Angle' ♦^'- arriva de bonne heure et allégea un peu l'ennui de nos longues soirées; il renfermait, outre les lettres, des re- cueils périodiques, et une collection de l'Albion de New- York , gracieusement envoyée par le gouverneur Simpson. J'avais préparé quelques économies de vivres pour régaler les hommes à l'époque du nouvel an; en conséquence je les fis tous venir des pêcheries avec M. Mac-Leod. La soirée com- mença par des tours d'escamotage et de cartes. I ir 'tj I>i; CAPITAINE BACR. ^'jg J'avais fait habiller les acteurs d'une manière analogue à la circonstance : ils portaientde gros- ses barbes et des moustaches de poil de bison , avec un bonnet de même étoffe; ainsi costumés, leur tournure était si grotesque, et leui Inquiétu- de de se mal acquitter de leurs rôles si plaisante, qu'à les voir seulement on ne pouvait s'empê- cher de pouffer de rire. La santé du roi fut portée .avec trois vivat. La régalade se com- posa de gâteaux de mélasse avec de la viande frite dans une espèce de pâte faite d'eau et do farine. Après quoi l'on chanta, l'on dansa , et , pour me servir de l'expression même de mes hommes , « on eut du grog à gogo. » Le fait est qu'ils furent tous fort contents, et je ne l'étais pas moins de les voir en si belle humeur. Peu de jours après ils retournèrent chacun à leurs stations , et le silence régna de nouveau dans notre solitude. Il se présenta ensuite d'autres visiteurs : liiessires les loups , maigres et affamés , au nombre de dix-huit. Il nous fallut garder nos f i ■I' ■'•-I •.1-14 '■' ?■ ■;' t ^ A ■ Cl'" ,.t ( I . ; I : L il. '. ' , 28o VOYAC.K chiens la nuit dans le Fort, car, lorsque tout était tranquille , ces coquins rodaient autour de la porte. Comme nous observionssouventl'aiguille pendant la nuit , ils avaient pris l'habitude de se tenir à soixante pas de nous, sur les bords du lac ou sur la lisière du bois , mais ils bat- taient toujours en retraite au premier mouve- ment. Nous en prîmes deux dans une trappe et en tuâmes un autre avec un fusil à ressort; leurs camarades les dévorèrent si promptement que le lendemain on n'en trouva que les tètes et les jambes. Ils se mettaient quelquefois en embus- cade ; et deux ou trois couchés sur la glace à peu de distance de nous, essayaient d'at- tirer nos chiens, qui, en effet, se laissaient parfois tenter à leur courir sus ; ils réus iirent enfin. Mon petit terrier, qu'ils avaient déjà mordu deux nuits auparavant, courut avec cinq autres chiens à cinquante pas des loups couchés; aussitôt le plus grand de ceux-ci le poursuivit vivement, et, après l'avoir man- qué deux fois, le saisit par la nuque et l'em- iips le m- >in- DU CAPITAINK nACK. 9.8 1 porta en toute h^o. En ce moment , je regardai par hasard à travers un des panneaux, et j'aperçus mon pauvre animal dans la gueule du loup ; je donnai l'alarme , on lâcha les chiens , et l'on fit une chasse générale. Les loups se contentèrent d'abord de se sauver au petit trot, mais se voyant serrés de près, celui qui tenait le terrier le posa à terre, le reprit de nou- veau par le dos , s'enfuit alors d'un pas plus rapide et gagna les bois; il y fut rejoint après une longue chasse par l'interprète et Taylor, au moment où il commençait à prendre sa première bouchée sur mon terrier, en pré- sence des autres chiens, dont i se souciait fort peu et qui n'osaient l'attaquer. Le fusil de l'in- terprète rata; néanmoins, le loup effrayé se sauva, abandonnant sa victime, qui mourut de ses blessures bientôt après. Dans le cours de l'hiver, nous le rattrapâmes avec quatre autres; le leste de la bande voyant qu'il n'y avait rien à gagner près de nous et ne trouvant pas de quoi manger , finit par disparaître. ,^1 ■1,.- ^1 ■tm '.'■'■> !!r ■!•■ I ■ !-• 7: \ i' \ ï 1,- y ; i r:. i: 5 f. 'M '■■('. ; ■ i i::,! 1 'i^ .•,. tM k ■f' '1 '( ■ ' . .iî f i i' M.- 1 . 4 , ij ,' . 1 i ;i. .■;!^ i« ■ *..■ f 'l' 1 n • 4 ■. ê V '.!<;' î ;• ■ ' 1 * ■ ; 1 :l i ff ii PI M Îi84 VOYA(;i'. petits oiseaux. T^u végétation Ht aussi de rapides progrès; les anémones vinrent en Heurs; les chatons des saules poussèrent à vue d'œil , et les petites ièiiilles des bouleaux pointèrent. Plusieurs Indiennes arrivèrent au Ibrt et s'em- ployèrent à recueillir la sève de ces arbres pour en faire un sirop sucré dont elles sont très friandes. i : , , -, . ,;'}!.' i • Les patates et l'orge viennent quelquefois à Chipewyan ; mais tout avait manqué la saison précédente, sans doute parce que les lieux de culture, trop voisins du lac, étaient exposés aux vents piquants de l'automne et du prin- temps. En ce moment cependant on faisait une nouvelle tentative. Le 23 mai, quelques bateaux chargés de pelleteries arrivèrent du poste de la rivière de la Paix , d'où ils portaient une vache et un veau , nourriture de luxe inconnue jusqu'alors à Chipewyan. Peu de jours après, deux mes- sieurs revinrent des établissements de la com- pagnie les plus éloignés au S. O. des monta- DIT r\PITAIM'. l'.ACR. 9R; ipli ce long gncs Rocheuses ;il« avaient accom] pénible voyage partie à chevîil et partie en canot. Us se trouvèrent sensiblement affectés du changement de température; il leur sem- blait, disaient-ils , passer subitement de l'été à l'hiver. ■ ' , - .. Un v.eiit pi([uant de N. E. domina pendant prés d'une quinzaine ; il amena d'énormes quantités de glaces flottantes qui bloquèrent le chenal. J'étais impatient de m'en aller, mais j'étais ret(uui pai* l'absence de l'interprèle Tho- mas Hassel. Il était demeuré volontairement au fort Résolution , en remplacement de l'in- terprète de cet établissement, qui, étant tombé malade , s'était rendu au fort Reliance, auprès de M. King , dont les bons soins le guérirent promptement. Cependant le temps devint si beau le 28 mai matin , et le chenal se trouvait si libre de glaces, que ja me préparai immé- diatement à partir avec un autre interprète , que liassel devait suppléer à son arrivée au fort. Je pris alors congé de M. Smith, dont je suis m Il ■'.. > . I '"•' il ' " •!> ; 1 ^^1'^ 1 ' 1 * ' '1 ' ' 1 ••i • f • ,1' ' ' if .M ■< r 1 ; ^:.in' (-, 1 'i86 VUVAGB heureux de reconnaître ici letbons oftîces et les attentions délicates. Des coups de vent m'arrêtèrent plusieurs fois f mais j'atteignis enfin Norway-House dans la rivière Jacques, le u4juin; plusieurs per- sonnes y souffraient de l'Influenza. M. Simp- son f obligé de se rendre au Canada., avait laissé les ordres nécessaires pour que rien n'arrêtât mon voyage. Ayant donc examiné et réglé les comptes des objets qui m'avaient été fournis par la Compagnie, et laissé quelques courtes instructions pour M. King, je partis pour Montréal avec un équipage d'Iroquois et de Canadiens , en remplacement de mes hom- mes , qui me demandèrent leur congé. Je tra- versai ensuite le lac Wiimipeg, et j'arrivai au fort Alexandre , où je pris un grand canot plus convenable pour remoiiter la rivière. Aux approches*du.lac de la Pluie, nous aper- çûmes sur les deux bords de la rivière de nom- breuses huttes appartenant aux Indiens Sau- leaux. Ceux-ci se placent en générai près des i tr- DU CAPITAINE BACR. ^87 rapides pour y percer à coup3 de lance les es- turgeons qui luttent contre lé courant. L'arri- vée de ce poisson est pour eux4ine époque de joie ; car, par suite de la destruction presque entière des grands animaux, ils sont fort embar- rassés pour se procurer de la nourriture; ils ne pourraient résister à la famine sans le riz sau- vage qui heureusement croît de lui-même aux environs du lac , et dont ils font sagement pro- vision pour l'hiver. Néanmoins la plupart des jeunes arbres dont ils enlèvent et mangent l'é- corce fournissent une preuve palpable de la misérable condition à laquelle ils sont réduits. — Ce peuple est, ou du moins était, quand je le vis, doué d'un air de vigueur peu commun, et d'une prestance bien supérieure à celle des In- diens du Nord. Leur état de guerre continuelle avec les Sioux les rend audacieux, et leur donne une démarche fière et hardie. Quelques uns vinrent une fois vers nous avec du poisson, dans le but apparent de l'échanger contre du 11" .V ••« !'iiî' .1 . 't •A' 1 •■■ ■5.1 ■ r :i . ■. ; 1:.. !?, ♦ .M. .; V). ,' 1 ; * r / ■ ■ i'. ' ;'i. •^88 VOYAGE tabac, mais en réalité pour saisir l'occasion de nous dérober qfielques objets; nous les sur- veillâmes avecsoin, et ne perdîmes rien. Mais au moment du départ je vis un de mes Iroquois sauter sur la grève, courir lestement vers un hc uimc âgé noncliahunment assis au bord d'un rocher, le jeter de coté et ressaisir son chapeau que le vieux coquin avait dextrement fourré sous ses habits. Le Sauteaux, doublement vexé, fit pleuvoir sur nous une grêle de pieri/es lors- que nous passâmes au large; mais il n'osa con- tinuer lorsque je le menaçai du geste. La rivière Kaministiquoya était si basse que trois ou quatre hommes de l'équipage durent marcher le long de la grève. En voulant couper à travers le bois pour abréger, ils.se perdirent; l'un d'eux grimpa sur lui pin pour tâcher de retrouver son chemin; il eut le malheur d'ac- crocher une branche où s'étaient établies des guêpes, et fut aussitôt assailli si vigoureuse- ment v)ar l'essaim, qu'il se laissa tomber plutôt pai qu '4 il m •eut; [!!' lit! u'ao- des (use- utot f^ DU CAPITAINE l.ACK. 289 qu'il ne descendit, la figure et les yeux lardw d aiguillons, et hurlant de douleur. J'arrivai au Saut de Sainte-Marie à la fin de juillet. Le major Codd, commandant la garni» son américaine, m'y accueillit de la manière la plus flatteuse, par une salve de onze coups de canon. — Le soir du même jour j'eus le bon- heur de passer quelques heures à la mission du révérend M. Mac-Murray, dont les pieux ef- forts pour la conversion des Indiens méritent les plus grands éloges. En deux années seule- ment, cet homme exemplaire a reçu dans son troupeau de fidèles deux cents convertis ; il a in- stallé une école où se trouvent souvent jusqu'à cinquante individus. Un collège va s'y établir aux frais du gouvernement. On prépare des lo- gements pour plus de vingt familles indiennes, (]ui vont y apprendre la pratique de l'agricul- ture, pour laquelle, dit-on, les naturels mani- festent beaucoup de dispositions. M. Mac-Mur- ray ne borne pas ses soins aux peuplades des II. 19 iv'i, 11. t "a m ■'.'■■- ,;.:>■ (■'' ■Ht i\ i a ,î ,:ll' agO VOTAGB environs : quelques uns des membres les plus zélés de sa congrégation ont été euvoyés sur les limites septentrionales du lac Supérieur, et pour visiter leurs frères de Michipicoton , qui demandent impatiemment une instruction religieuse. M. Mac-Murray a traduit, en Chi- pewyan, le catéchisme et une partie des prières ordinaires de l'église ; l'impression en a été faite par les ordres du comité de Toronto. Mal- heureusement les ressources de la société ne sont pas en harmonie avec ce qu'elle a entre- pris au Saut Sainte-Marie. « On ferait un bien incalculable, me disait ce cligne missionnaire , si le monde chrétien portait son attention sur les malheureux habitants de ces contrées sep- tentrionales, qui sont plongés dans les plus épaisses ténèbres: il y a ici ne l'ouvrage pour cent missionnaires.» Ne pourrait-on pas, en effet, aider, par quelque souscription ou par tout autre moyen, les vues généreuses de cet ami zélé de l'humanité ? — J'ai passé plusieurs S" I in' + S- ' 1 ç/i: par le cet lieiirs DU CAPITAINE DVCK. agi les Indi années de ma vie parmi les inaiens , et on me pardonnera de manifester en leur faveur un intérêt particulier. Je ne quitterai donc pas ce syjet, sans citer quelques phrases du qua- trième rapport annuel de la fociéf^é de Toronto (octobre 1 834). — <^ La mission de Sainte-Ma- » rie, y est-il dit, offre un grand intérêt; eUe » promet de devenir, par la suite, le centre M d'où la divine lumière jailliia et se répartira » sur les tribus idolâtres de ces régions loin- » taines. Déjà des prédicateurs, pris parmi les » naturels, sont partis de la mission du Saut, » et ont fait pénétrer, parmi leurs compatrio- » tes, les notions du christianisme qu'eux- » mêmes venaient de recevoir. » Je retournai par la i*Qute que j'avais suivie en allant , plutôt que de faire im circuit avec le bateau à vapeur américain, et j'arrivai, le 6 août , au village de la Chine, après avoir par- couru, depuis que je l'avais quitté, une distance de 7,5oo milles, dont 1,200 de découvertes. t " «il 1'' '.■ I t m !:^ il • .fi. ■■-■1.1 i • è-. c -î; il il m Qga • VOYAGE A Montréal , et à mon passage aux États- Unis , je reçus les mêmes témoignages d'affec- tion et les mêmes égards qu'à mon premier voyage ; les officiers de douane n'inspectèrent pas mes effets , et l'on mit à ma disposition tout ce qui pouvait m'étre agréable. Je m'embarquai à New- York, le 17 août, à bord du paquebot North-América , et j'arrivai à Liverpool, le 8 septembre, après une ab- sence de près de deux ans et sept mois. M. King, avec huit de nos hommes , revint, en octobre , sur un bâtiment de; la compagnie de la baie d'Hudson ; ils avaient eu beaucoup de peine à transporter les bagages sur la glace jusqu'au fort Résolution ; je fus heureux d'apprendre que leur long et ennuyeux voyage, depuis le lac de l'Esclave jusqu'à la factorerie d'York , avait été terminé sans le plus petit accident. A mon arrivée à Londres , je présentai mes cartes et mes dessins à l'honorable lord Gle- relg, secrétaire- d'État des colonies, à lord •' ) inJ CAPITAINE BACK. ag.j Auckland et à l'Amirauté. J'eus ensuite l'hoii- neur d'être reçu en audience parle roi, qui m'exprima sa satisfaction pour les efforts que j'avais faits, tant dans l'intérêt de l'humanité que dans celui des sciences géographiques. ,1; r ■'i'i I m FIN. ■mm ' . -If ■ 1 n.; •V:JF ;^ilil ■ ; m^ < « -, ri • • j. ; ^ i I '. ^M ! il Jt l . !•!. r iw 1 ;|f.i If ^ '^r: m 1 1 ''W 1 ■ » APPENDICE. NOTES ZOOLOGIQUES, m PAR JOHN RICHARDSON. Peu de personnes, en Europe, se font une idée nette et exacte de l'immense étendue que présentent les pays placés au nord des grands lacs du Canada; il n'est donc pas hors de propos d'en dire ici un mot. Si l'on suppose une ligne partant du golle de Gascogne. passant par le golfe de Lion, l'Adriatique, la mer. Noire, la mer Caspienne jusqu'-^.u lac Aral; là, se courbant et se dirigeant vers le nord-est, du côté de la mer d'Okhotsk; qu'ensuite, au nord de cette ligne, on détache une surface comprenant vingt-sept degrés de latitude et une centaine de degrés de lon- gitude sur le soixantième parallèle, on aura, dans l'ancien monde, une étendue à peu près égale à celle qui forme l'extrémité septonlrionale de rAinûi|uo, ■ M - ; 1 ■■ ■ l •'■ ,3 1 [-'{ u m:' " ^''î-' il I' 'H Il hi: ' V m au-dessus de la chuiuo des lues du Canada. Or, 1(^ chemin parcouni parle capitaine Back, depuis New A'ork jusqu'au golie de Boothia, équivaudrait, sur notre contincut, l\ celui d'un voyageur qui s'embar- querait h Naples, dans un canot, et de là, remontaiil (»u descendant des rivières , faisant des portages , franchissant des montagnes, se rendrait h Archangcl, sur la mer Blanche. Dans une contrée qui embrasse vingt-sept dej^réb de latitude, et que les terres hautes, les vallées, les bois, les prairies accidentent h un si haut point, on doit s'attendre à rencontrer une grande variété d'a- nimaux, d'autant plus intéressants pour le zoologiste qu'ils sont moins bien connus que leurs correspon- dants d'Europe, et que leur population, moins décimée par la civilisation, moins soumise à l'influence de l'homme, offre des sujets neufs d'étude et d'instruc- tion. C'est dans le nord de l'Amérique seulement que l'on peut admirer les curieux travaux du castor et observer les émigrations régulières du bison et du renne, soit qu'ils retournent à leurs pâturages, soit <|u'ils se rendent en ces régions éloignées où les fe- melles mettent bas leurs petits ; les passages pério- diques des oiseaux abandonnant en troupes innonv I , \I>1>ENU1C1:. 297 hrablcs les climals teiupéréii et habiles pour \pé bords solitaires de la mer glaciale, y seront toujours une source nouvelle d'éludé curieuse; Tichlliyologiste y lera d'abondantes rùcolles dans les eaux douces des lacs et des rivières, ain^i que dans les mers environ- nantes, et rentomologisle y passera de surprise en surprise aux irruptions soudaines des insectes qui bourdonnent dans Tair ou couvrent la surlacc des eaux dès que l'hiver a disparu. La distribution deà animaux est liée étroitement à Ifi nature des climats : sans entrer, à cet égard, dans une discussion détaillée qui nous mènerait trop loin, il est bon de faire quelques remarques sur la dille- rence qui existe entre le climat d'Europe (surtout le long des côtes maritimes) et, celui de l'Amérique du Nord. Dans la première région, l'hiver est adouci par les brises tempérées qui viennent d'une mer ou- verte; et, excepté dans les hautes latitudes, il est rare que le sol y demeure long-temps couvert de neige ou que les gelées arrêtent complètement le cours de la végétation pendant de longues périodes. — -L'exem- ple le plus parfait de ce que l'on a désigné sous le pom de climat maritinm peut être observe dans l'ouest de l'Irlande, ou mieux encore dans les ilols 'i ' t'"t . rv & '•t "il";- V .«il v^- -;:.':; f. ■•Ni;*' Va ■1 . 'i 1 i f") fcll B 9 i! m I '» |i .i.:lirUY- i El» I 398 APPENOrCB. OU holmes des lies Schetland et des Orcades, si tuées entre le 60* et le 61* purallèlu : la verdure n'y cesse point de tout l'hiver , et de nombreux trou- peaux de montons y trouvent constamment leur pâture; il est vrai que cet hiver si doux est suivi d'étés désagréables. La croissance des céréales et des végétaux les plus utiles dépend surtout de l'intensité et de la du- rée des chaleurs de l'été ; elle n'est que faiblement influencée par la rigueur du froid de l'hiver ou par le faible degré d'élévation qu'atteint la température jîoyennede l'année. Ainsi» quoiqu'on France, les li- gnes isothermes (ou d'égale chaleur annuelle) incli- nent vers le sud, en s'éloignant de la côte, cependant les limites de la culture des oliviers, du maïs et du vin vont en sens contraire et se portent vers le nord-est : ce qu'on attribue à la basse température des étés sur la côte. Dans le nord de l'Amérique, la diminution de la température moyenne annuelle, h mesure que l'on s'élève en latitude, est beaucoup plus grande qu'en Europe; il y a aussi, surtout dans l'intérieur, une bien plus grande différence entre les chaleurs de l'été H le froid de l'hiver; an printemps, le passage d'une APPEISOICfe. ^99 température h l'autre y est subit et la différence en eii considérable. Sur la rive nord du lac Huron qui se trouve presque sur le même parallèle que le golfe do Venise, la neige persiste pendant la moitié de Tannée à peu près ; néanmoins la chaleur moyenne des trois mois d'été s'élève» comme à Bordeaux, h} o°Faren- heit {21° I. G.). Cumberland-House, par la latitude d'York, en Angleterre, est traversé par la ligne iso- therme de 32** (o^o. C.)qui s'élève en Europe, jus- qu'au cap Nord par, le 7 1*" parallèle ; mais la chaleur de l'été y dépasse celle de Bruxelles et de Paris. Ilumboldt nous apprend que dans les logions dont la température moyenne est au-dessous de 65** (17°, 22. C), le printemps ouïe renouvellement delà végétation a lieu dans le mois dontîa chaleur moyenne atteint33*ou34*'(o°,56hi°, 11. C); et que les arbres annuels poussent leurs feuilles , lorsque la chaleur moyenne atteint 52 degrés (n*, i. C), on peut donc dire que la période de temps durant laquelle cette dernière température se maiiwtient, donne une me- sure de la force et de^la persistance de la végétation : le lac Huron , par 44° de lat. , en jouit pendant cinq mois; Cumberland-Kouse, pendant trois; le grand lac de l'Ours et le Fort-Entreprise , par 64''-3'' de lat. , F ■• iî|; ' l ;3. ■♦ Un :j i- i;; I ' ;i? i' < f. - ... '( : ; m i.ii 1 1 i m I ^i ) '•] I 4 3or) Ai>i>Ei\Dici:. |)undant duux; ù Tllti W inter, pur 64"-! 5\ i»ur lacôlu orientale et à Igloolik , par G6*-2o ', aucun dus moi» de rannéen*oflfrentlachaleurmoycnncde5a''(ii°, i.C.j. A Churchill, par 59^ de latitude, la chaleur de l'été n'excède pas celle du grand lac de l'Ours ; elle y est de 10" (5", d6. C.) au-dessous de celle qu'on éprouve par la même latitude dans l'intérieur du conlinont. On a expliqué de diverses manières le phénomène que présentent les lignes isothermes s'ahaissant sur la côte occidentale de la baie d'Hudson, au lieu de s'élever comme elles le font sur les côtes de l'Eu- rope. Le * docteur Bre'wster suppose deux pôles septentrionaux de froid; il en place un par le méri- dien de Churchill, 92", 5 l'ouest de Greenwich (94° du Paris) ; mais nous pensons plutôt que le climat de celte région dépend principalement de la configu- ration des terres. La côte, au nord , est découpée en golfes profonds et en détroits ; elle est entourée d'une ceinture d'îles nombreuses qui retiennent plus long-temps les glaces dont la fonte retarde enuite slu marche ascensionnelle de la chaleur de Tété ; d'un autre côté, la mur glacée n'a que peu ou même point d'inllucnce pour tempérer la rigueur de l'hiver. Le sol inférieur, au nord du parallèle de 5Q", est APPKM)rCF. :\n\ clcrncllcmont gCiô. Lo (ïé*^o\ ne péiiî'ln; pas à plus de trois pieds (914 milliip.) sur lu côte, ni à plus de vingt ponces (5 10 niillipi.) près du lac de TOurs, par 64"* Toutefois cela ne s'oppose point h la végé- tation ; car, h peu de distance do la mer, de belles fort'ts couvrent la surface du pays; Véié, court mais chaud, donno naissance h une floraison nsi^ez im|>or- lanle, mûrit plusieurs fruits agréables et produit des herbes ainsi que des joncs (carices). La lisière septentrionale des bois montre Télévalion graduelle des lignes isotèrcs (i), h mesure qu'on s'é- loigne de la baie d'Hudson ; sur la côte, près de Churchill, elle s'arrête vers le 60' degré de latitude; mais, h cinquante ou soixante milles de la mer, elle s'élève rapidement vers le nord , puis court presque O. N. O. jusqu'à ce qu'elle atteigne le grand lac de l'Ours par 65" do latitude. L'arbre qui se montre le plus au nord est Tépinetto blanche (vvhite spruce) ; le bouleau à feuiliqs annuelles dont l'écorce sert aux canots, s'arrête à trente on quarante milles plus au sud et nous permet de reconnaître jusqu'où s'étend aunord la température d'été de 52° (11", i. C.)-Tou- (i) On appelle ainsi coUes où les élés pn'senlcnt des tempér.ilnrr* moyennes égales. 5v,^ ' il' % S-: . 1 (• ,■■) '4.1 1. t ■ ni ff ■■ •' ! _ I il lî 1, 1 '" (W . % ^•r !' n M- 3o2 APPENDICE. tefois, en fixant ces limites, faut-il faire la part de Télévation et de la nature di\ sol : ainsi, sur le Delta du Mackenzie, l'épinelle blanche (spruce fir) atteint la.îalitude de G8<', et les bords de celte rivière sont mieux boisés que les terres rocheuses plus hautes qui s'étendent dans Touest. La permanence des gelées, Jorsqu'cllcs ont une fois commencé , est un des traits caractéristiques des pays h pelleteries. Il en résulte une influence bien marquée sur la distribution des animaux granivores et herbivores par suite de la modification qu'en éprouve leur nourriture, et aussi sans doute sur la distribution des animaux et oiseaux de proie qui vi- vent aux «l'^pens des premiers. Les joncs et les ga- zons sont gelés presqu' avant que leurs graines aient eu le temps de mûrir ; cependant ils conservent leur sève et fournissent de bons fourrages jusqu'au prin- temps , où ils abandonnent leurs graines lorsque la neige fondue a préparé la terre à les recevoir. Les moineaux et les bruants font leur profit de cette récolte printanière. De même les vaccinœ, les ar- buti et les autres buissons à baies conservent aussi leurs fruits jusqu'à la même époque au bénéfice des ours, qui s'éveillent alors de leur sommeil d'hiver. APPEiNDlCE. 3o3 et des'grands troupeaux d'oies qui se rendent à leur:! quartiers d'été. La lisière septentrionale des bois forme la limite des régions habitées par l'ours noir, le renard amé- ricain, la marie commune, le pékan, le lynx, le cas- tor, plusieurs variétés de marmoics, le lièvre améri- cain, l'orignal, la perdrix du Canada, les piverts, etc. Les terres stériles, dans le nord uv>s bois, ont aussi leurs habitants particuliers, tels que l'ours brun, ic renard arctique, la marmotte de Parry, le lièvre po- laire, et le bœuf musqué; la petite variété des rennes hiverne à la limite des contrées boisées, remonte an nord, dans l'été, dépose ses petits sur le bord de la mer. Le loup et le wolverenne habitent également les bois et les terres stériles ; l'ours polaire pénètre rarement dans l'intérieur. Les prairies ou plaines sans bois qui confinent aux montagnes Rocheuses et s'étendent depuis le 5tV parallèle, jusqu'au Mississipi jouissent d'hivers plus doux que les districts plus à l'est, et sont habitées par une autre classe d'animaux dont les bisonf^ sont les plus importants. Ces bisons errent en troupes innombrables sur les herbes des prai- ries et forment le fond de nourriture d'une population indienne bien plus nombreuse que la population des fn- i m' 'il ■' 1 ■ 1 ; > V iV'\'- r i 1- '. i^ ', > ^<^ : .ri U . I !• .| 3o4 APPENDICE. ^{. i.;-!.: L2 1 Si; 1 I rôts. On trouve cependant de» bisons dans les bois, mais en petit nombre, parce qu'ils ne s'écartenl jamais h Test du io5* méridien (107* de Paris); quelques uns de ces animaux égarés ont pu traverser les montagnes et se répandre dans les pays fertiles cl comparativement tempérés qui confinent h la mt^r Pacifique. Le loup des prairies , le renard tricolore , diverses espaces de marmottes appartiennent aux plaines; l'ours terrible, quoique répandu surtout sur les hautes montagnes, descend aussi cependant .^ quelque distance dans les contrées plates de l'est. La côte du nord-ouest dont nous venons do parler jouit, quant h sa température, d'un climat plus sem- blable h celui delà côte d'Europe qu'aucune autre par- lie de l'Amérique du Nord,maisclleest bumidehcausc du voisinage des montagnesRocheuses; les sommets de colles-ci sont habités par la cJh^vre portant laine, nommée 6'rtjora Amcflcnnti, elles pentes par le mou- flon d'Amérique ou Ovls montana. La région voisine de la mer Pacifique est fréquentée par un renard beaucoup plus ressemblant au cnnû fiilvus d'Europe que tous ceux de la région orientale. L'orign,-»!, le renne américain ou caribou, le wapiti, et plusieurs autres variétés de i'espt'ce des eerfs, le Mule-dcct* I ■ ëMâ ' Jumptvg-deer, Fallow-decr, coiiiiiis des traitant» •de pelleteries sous les noms do Ccrf-Mulcl, Cai)re6. Chevreuil, enfin l'antilope aux cornes fourchues ha bitent aussi la Nouvelle Calédonie et les rivages de Colombir., La liste suivante désigne les spcc uens rapport*»* par l'expédition et indique la page de l'ouvrage inli- tulé Fauna-Boreali-Americana où se trouve leur description scientifique. Tome J. Vespertilio snbulatus, p. 3; Mnstela (Putorius) Erminea, 46; Muslela vison, 48;Lutra Canadensis. 57; Lupus occidentalis, griseus, 66; Canis lamiliaris, Canadensis, 80; Castor Americanus, io5; Fiber ?5ibclhicus, n5; Arvicola Pennsylvanicus, 124,- Geo- rychus trimucronatus, i3o; Mus Leucopns, 142; Spermophilus Parryi, i58. Tome IL Aquila ( Haliaectus) Leucocephala, p. i5; Falco lanarius; Falco Islandicus , 27; Falco Sparverius, 5i; Falco coloinbarins, .^5; Biiteo borealis, 5o; Vf ; •>! i ■: m -, il; f-;V; ' i ■M « ùr y^ *. )V ■!'< fil '? 'à 'i :. I 11. 20 H: •t in Va oo(» ApriiNDicr.. Biiteo ((îircus) cyaneiis, 55; Strix otus, 72;Slrix brachyola, jS; Slrix cinerea, 77; Strix \ irpniana/ 8i ; Slrix nyctca, 88; Strix funcrea; 92; Tyrannula Fusilla, 1 44 î Merula migratoria, 1 76, Merula Wilso- nii, 182; Erythaca (Sialia) arclica, 209; Sylvicola (Verinivora) peregrina, 221 , Lac Winnippg; Seto- phaga ruticilla, 223, Lac Winnipcg; Anthus aquati- cus, 23 1 , Fort Reliance; Virco olivacetis, 233, Riviëro Winnipeg; Bomhycilla garrula, 257, Fort Roliance; Alaiida cornuta , 245, For' Reliance; Plectrophanes nivalis, 246; Embcriza Caiiadensis, 252, Fort Re- liance; FringiliaLciicophrys, 255; Fringilla Pennsyl- vanica, 200, Rivière Winnipeg; Pyrrhula (Corythus) cnuclcator , 262; Loxia Icucoptera, 263; Liuariu ininor, 2G7,ForlReliancc; Coccothraiistes (Guiraca) Ludoviciana, 271, Lac Winnipeg; Agelaius phœni- cous, 280, Lac Winnipeg; Agelaiii» xanthocephalus, 281; Quiscalus vcrsicolor, 285, Lac Winnipeg; Scolccophagus lerrugineus , 286, FortReliance; Gar- rulus Canadensis, 296; Ficus pubescens , Ficus va- riu^, Ficus tridactylus. Ficus arcticus, 007, 509, 5ii, 3i5; Colaptes auratus, 3i4» Fort Reiiance; Hirundo lunifrons, 53 1 ; Caprimulgus (Chordeiles) Viraçinianiis, 337, Lac Winnipeg;; Alcedo alcyon, :ï 'î: iî()7 APPK^'l)ICI•. 359; Tetrao Canadensis, 346; Tetrao (Lagopus) Sa- liceti, 55i ; Tetrao nipestrus, sabine, o5G; Tetrao (Centrocercus) Phasianellus, 56 1 Colomba^ (Ëctopis- tes) migratoria, 363, L. Winnipeg; Charadrius vo- ciferus, 368; Charadrius pluvialis, 369; Charadriiis melodus, Rivière Winnipeg; Strepsilas interpres, 371 ; Grus Americana, 379; Grus Canadensis, 375; Reciirviroslra Americana, 570; Tringa Doiiglassii, 379; Tringa alpina, 384; Totanus flavipes, 390; Ralluâ Carolinus, 4t^3; Phalaropus Wilsonii, 4^^; Phalaropus fulicarius, 4-'/; Fulica Americana, 4^4 î Podiceps cornutus, 4^ ^ ; Larus argcntatoïdes, ^ij ; Lestris pomarina, 429; Anas clypeata, 439; Anas acuta, 44 1 ; Anas Boschas, 44^; Anas crecca, 443; Mareca Americana, 443 ; Oidemia perspicillata, 44^ ; Pûligula marila, 4«^3 j Fuligula rufitorques , 434; Fuligula rubîda, 435; Clangula albeola, 438; Clan- gula vulgaris, 436; Anser albifrons, 4^6; Ansor h-yperboreus, 467; Anser Canadensis, 468; Coîyni- hus septentrionalis, 476. ToMiî m. Lucioperca Americana, |>. 1 o ; Salmo naniaycush, 179; Gadns (TiOtfi) maculosus, •>4^; Goregomis al- m m ;îl i ^in 1 • ■ 'H'.l tl'i 3t)8 APPliMUCii, bus, 3i 1 ; Coregonus tullibee, 309; Hiodon chryso psis, 3 1 1 . Tous ces spécimens ont été préj)orés avec le plus* grand soin par M. Richard King, chirurgien de l'ex- pédition. Cet officiera d'autant mieux mérité de la science zoologiquo qu'il a eu h vaincre des difficultés d'une nature peu commune : car, h l'inconvénient d'être fort h l'élroil dans le balcau qui a descendu le Thlew-cc-Choh, il laut ajouter celui de la pluie pres- que continuelle qui a assailli les voyageurs durant leur expédition. Je ne pourrais, sans sortir du cadre de cet appen- dice, donner une notice, même incomplète, sur tous les échantillons de la liste précédente, et je pense que le lecteur lira avec plus de plaisir quelques ren- seignements sur les animaux qui sont un objet ^e chasse pour les Indiens, soit comme nourriture, soit comme pelleterie. J'y ajouterai seulement de courtes remarques sur les échantillons des autres animaux qui peuvent servir h éclaircir quelques points de leur histoire naturelle. Vespertilion de Say. Vesperlillo subulatus (Say.) Cet échantillon ressemble tellement h celui qui est ! . APPENDICE. 3qq décrit dans la Faune boréale américaine, que je lu considère comme de la même espèce, hier lu'il ail la queue plus courte et que les dimensions compara- tives de quelques uns des membres diffèrent aussi, comme le montre la lable suivante. h- . : t^ '■ 'i SPKCIMIiN M. k;ng. Loiifjui'nr loiiilc Lonjjiipui' lie lu Irteetducoi Idem (le I.i léte. . . iJtm de 1.1 queue. . HaiJl.iir de loiville. . . LHr^i-uv dlito. . . . ïjaiileiir du lr;ij;iis. . . Éleiifliie des ailes. . . . Longueur du pouce. . . SPÉCIMEN SPECIMEN 1 dr do mrnAi.usoN. ■ . m. «4,6 mill. 53,» inilj. 4«,6 é '9-0 <• 5«,7 !^0,1 ifi Q » «,4 * 9 A « 54 o » 5,p. » ^i :m La discordance des dimensions relatives peut être attribuée, en partie, à ce que le corps du premier spé- cimen aura été trop rembourré, tandis que celui du second se sera raccourci; celui de M. Say apparte nait sans doute à un jeune sujet, si même les espèces sont identiques. Le vesperlilion de Say,qui tient de si près au vespenUiopîplstrclhis et au F, cmarglnatus d'Europe, forme une classe nombreuse d'animaux qui a été trouvée sur les Arkansas, au Grand lac de l'Esclave, et dans les districts intermédiaire... li .:':-:?-A lîj;,:.^,'.: m^ ■' ^y ..1 m m i M Il I' i u I 3! n M'iM;M)[(;t. L'Ours IN oiR u AMiiniQVv. f'rsus yïnicrtcnnus (Paix A. s.) C'est la seule espèce d'ours dont la fourrure ait de la V alcur ; on le rcconnait facilement à une marque d'un jaune-brun pâle qu'il porte de chaque côté de son museau long et légèrement recourbé. Il se nour- rit surtout de fruits et d'autres végétaux; d'un na- turel doux, cet ours n'attaque l'homme que pour se défendre; il évite le combat» toutes les fois que la retraite lui est ouverte. Il grimpe sur les arbres et gravit les précipices escarpésr, avec une agilité sur- prenante; et, comme il est très prudent, il est diffi- cile à tuer l'été. Mais cette prudence même est quelquefois la cause de sa perte; car, lorsqu'il entend du bruit ou qu'il redoute quelque danger, il se lève de temps à autre sur ses pattes de derrière afin do dominer les broussailles qui l'entourent; et, se trahis- sant ainsi, il permet au chasseur rusé de l'approcher. Toutefois on le prend plus souvent l'hiver dans son antre, et comme, à cette époque, il est plus gras et que sa fourrure est de première qualité , c'est une capture précieuse pour les Indiens, qui sont devenus, par une longue pratique, extrêmement habiles h dé- i .. > !••.' j '^11 APPE'MUCF. couvrir sa tanière d'après des indications qui échap- peraient à des yeux moins expérimentés. Mais, quoique les chasseurs indigènes ne négligent guère l'occasion de tuer un ours, ils tiennent cet animal en grand honneur h cause de sa force et de sa sagacité. Avant de i'écorchor et de le dépecer, ils ne manquent pas de lui témoigner le plus grand respect et lui de- mander mille pardons de la liberté grande qu'ils prennent ainsi avec leur grand'mère. La graisse de l'ours ressemble au lard du cochon et elle est généralement considérée comme un mets délicat par les Indiens, mais l'odeur en est forte et déplaît aux Européens. L'Ours des terres stériles {Ursus arctos.) Cet ours , qui ressemble beaucoup h Tours bnni d'Eu ope, et qui est probablement de la m.ême es- pèce, habite les terres stériles situées au nord des pays boisés. Pendant l'été, il fréquente les bords de la mer Arctique. Il vit de racines, de baies, des ani- maux qu'il peut attraper et de ceux qu'il trouve morts, car il est beaucoup plus Carnivore que le pré- cédent. Les hommes de sir John Franklin en tuèrent un dans l'Ouverture Baihurst et trouvèrent dans son II' .P ■ i "ir IV' \l h:' vt,,' i^i 1 1 .'il a APPKNDICE. estomac un veau marin, uno marmotte et plusieurs racines. Cet ours ultcint de plus grandes dimension:» que Tours noir, et les Indiens le redoutent h cause de sa force et de son courage. On dit qu'il attaquo l'homme, lorsqu'il se sent pressé par la faim; cepen- dant tous ceux que nous avons rencontrés dans nos voyages s'enfuyaient en toute hûle h notre approche. L'OuBS Terrible. (Irsus ferox (Lewis et Clark) Celui-ci est encore plus Carnivore que les précé- dents, mais il l'est moins cependant que l'ours po- laire. C'est un des plus forts de Ji'espèce ; il se rend maître du bison Américain dont il fait sa prgie ordi- naire. Le chasseur se hasarde rarement«S attaquer l'ours Terrible {Gtcslj) h moins qu'il ne soit posté avantageusement, car cet animal n'hésite pas à sauter sur l'homme qui s'introduit imprudemm.ent dans sa tannière; on raconte qu'un voyageur^ soupant avec ses compagnons, fut enlevé par un ours de celle es- pèce. Mais, lorsqu'il n'est pas pressé par la faim ou qu'il n'a h défendre ni sa femelle ni ses petits, il prend généralement la fuite dès qu'il sent le chas- seur. L'ours Terrible ressemble beaucoup par la forme à Tours brun {Lrsus Arclos), mais ses griffes ' i APPiîNnicr. 313 sont beaucoup plus dévcloppéfs el plus retourbécë; de noirâtres qu'elles sont, qunnd Taninnalest jeune, elles passent au blanc sale quand il vieillit. L'Ours PoLAinE. Ursua mantlmus (Linn.). L'ours Polaire passe la plus grande partie de sa vie sur les glaces de la nier à la poursuite des diffé- rentes espèces de veaux marins. C'est un des quadru pèdes qui remontent le plus avant dans les liantes latitudes; il habile ordinairement le Spitzberg, la Nouvelle Zemble, le Groenland et les iles Parry. Lorsque les l'emelles sont pleines, elles passent l'hiver sous la neige, autrement elles vont avec le mâle sur la glace h la recherche des eaux libres. Ce fait fut constaté en 1820-27 > lorsque le navire balei- nier, le Dundee, fut obligé de passer l'hiver dans la Mer de Balfin, se trouvant pris par les glaces sous une latitude de 74°, en septembre; il ne se dégagea qu'en avril par 62"-5o'. La glace qui l'enclavait dé-, riva h travers la Baie de BaHin et traversa oblique- ment le détroit de Davis, dans le cours de huit mois. Au commencement de février, on se trouvait par 68"- 45' nord, h la distance de soixante milles de terre; une baleine 'ayant été harponnée, on vit arriver un 'Aiy ■ •v: " i !t . if ■ i ■ • î: ' • uy m 1 m- • iii • Kl 'lie' :h/| API'KNDICi:. i m- grand nombre i ti i I I ri 3 16 ÀPPENDICr. entendre ressemblent exactement à ce que fait 1»; chat dans les mêmesS circonstances. La pelleterie de la Marte est fort belle et d'un haut prix; on la vend couramment en Ani^lctcrre sous .q nom de zibeline (^sable); car la zibeline russe est fort rare chez nous ; peut-être même ne se trouvc-t-elie jamais dans les magasins de nos fourreurs. Pékan ou Fisheb, Mustela Canadensis (Linn. ). Malgré son nom de Pêcheur (Fisher), cet animal ne cherche pas sa nourriture dans les eaux, mai» ressemble entièrement h la marte commune pour SCS habitudes ; il s'en distingue par une plus grande taille ainsi que par la couleur et l'épaisseur de sa fourrure. Los pelleteries de Pékan sont appelées fVoodslwcks dans les ventes de la compagnie. La, l^oui'FET! 1- , Mcplkills Americana (Sabine. ). Une queue pleine, épaisse, h longs poils noirs, et une large bande blanche de chaque coté, donnent à la Mouffette [Skunk) une apparence agréable; mais l'odeur de la liqueur qu'elle décharge sur ceux qui la poursuivent est si odieuse , que peu de gens Obeul mai APPIÎiNDICK. 3,« prendre sur eux de l'approcher. Les anciens colons français du Canada exprimaient leur liorrcur pour cet animal, d'ailleurs 'noOensif, en l'appelant: «£'/,/'««< du diable. » Les vêlements souilles parla liqueur qu'il secrète ne sont pas purifiés même après avoir été enterrés pendant plusieurs jours. On dit que la Mouf- fette passe l'hiver sous la neige; elle marche lente- ment; et sans .ses moyens particuliers de défense, elle seiiait aisément détruite par ses nombreux enne- mis. Les chiens la chassent avec acharnement; mais quand ils sont sur le point de la saisir, ils sont ac- cueillis par une fusée de liqueur puante qui les met en ft:itc. I ■h' if ! il 1 'V * * j ^ ? LouTHE DU Canada, Lutra Canadcnsh {S/lbike.). Les mœurs de la loutre du Nouveau- Monde sont les mêmes que celles de l'Ancien ;. mais eu égard aux différences dans les longueurs proportionnelles de jjd leurs queues, et di.ns quelques autres parties du corps, elles sont considérées comme des espèces distinctes. La fourrure de la Loutre du Canada, qui est beaucoup plus précieuse que celle de l'analogue européen , resscmible à celle du castor et s'emploie aux mêmes usages. Une peau vaut de une à deux guinées. i ■ 'h ii t. ' i À 1 1 t. 1 i 1 ri. *'*^ll iai< iiiH AI'PKNDK.'K. On trouve la loutre jusqu'au ()G*^ ou Gy' parallMi de latitude. Li-: Lori', Lupus oaaidentalis (Ricii. ). Les loups habitent toute la région du nord du Ca nada; ils sont , comme on le pense , beaucoup plus nombreux dans les districts oîi se nourrissent la pins grande quantité d'animaux ruminant? sur lesquels ils fondent leur proie. Le Loup Américain diffère beau- coup , par sa tournure et son aspect général , de l'a- nimal qui lui correspond en Europe, et sa fourrure est différente; mais il est difficile de déterminer s'il forme une espèce distincte ou simplement une variété produite par le climat et des causes locales. Les chiens indiens diffèrent aussi, par l'épaisseur de leur fourrure eit par l'aspect , des chiens de berger euro- péens qui sont lours analogues. Les loups et les chiens domestiques des pays h fourrures sont si res- semblants les uns aux autres, qu'il est difficile de faire la distinction même à une petite distance ; le manque de courage des premiers constitue la princi- pale différence entre eux. La race obtenue par le croisement du loup et du chien indien est suscep tible de produire; les vojrt»enrs l'estiment beaucouj» :-k 1 ' X * !.' ■■ comme bête de trait, parce (|u'elle est plus forte que celle des chiens ordinaires. La couleur ordinaire du Loup Américain est le gris {Lupus griseus) passant au blanc , durant l'hiver, sous les hautes latjfcudes; mais on rencontre aussi des individus noirs {Lupus atcr), de foncés ( A t/;>w* nubUus), et de bariolés {Lupus sUcte ). Ln petit loup qui diffère quelque peu par ses mœurs du loup ordinaire, fréquente les plaines du Saskatchewan et du Missouri; on l'a décrit comme une espèce dis- tincte, sous le nom de Loup de Prairie {Lupm latrans ). Renard Américain, Fulpcs falvus. Il diffère d'une manière remarquable de sonrepn- sentant européen par sa fourrure qui forme un im- portant article de trafic, surtout la variété noire. Lne seule peau vaut de 20 h 3o guinées (5oo h 760 fr.) dans certaines années. Le renard croisé et le renard argenté sont aussi très estimés, et ne différent de la variété ordinaire rouge ou fauve que par la couleur plutôt que par la qualité de la fourrure. — Cette «'spèce n'habile que les districts boisés, cl poursuit I ; j \ ' ' ■ m- m n ?■>■•■. êw: mu m' ff:' i; ( â i 'M il! 7 •i II tn :;i ■rf JaO APPJi.NDlCK. activement sur le bord des lacs les souris , les lem- inîngs et les petits oiseaux dont elle se nourrit. i Renard tricolore, Poulpes clnereo nr^entatus. Le petit Renard Tricolore ^{F il- fox) ressemble par ses mœurs et son aspect au Corsac de l'Asie; il habite les prairies du Suskatchewan, du Missouri et do Colombia. C'est le plus polit des renards améri cains; sa fourrure n'a que peu de valeur. Renard arctique, Fulpes lagopus (Desmarest. ). Cet animal vif, élégant, et gracieux, habite les terres stériles au nord des bois; il abonde sur les îles et les bords de la mer arctique où il dépose ses petits. Durant l'hiver il se répand partout en quête de nourriture, et parcourt à certaines époques les districts boisés. Il s'éloigne aussi sur la glace h une grunde dislance de terre , et , selon Fabricius , déploie autant de finesse qne d'adresse à se saisir de quelques espèces de poissons. Sa livrée passe du gris au blanc dans l'hiver ; mais quoique très fournie et très longue, elle est fort inférieure à celle du Pul- pes fuhus.. Le capitaine Lyons et d'aulres voya- geurs au pôle arctique racontent un très grand nom- U'-^ lu gris \me cl Fui- |vo) a - nom- APPENDICE. 321 hrc d'histoires amusantes sur ce petit animal. — On aperçoit fréquemment au milieu de l'hiver des indi- vidus colorés nommés renards bleus ou renards enfu- mes. LvNx DU Canada, Felis Canadensis (Geoffroy). Le Lynx du Canada , revêtu d'une fourrure très belle et tr^s épaisse , habite les districts boisés où U se nourrit principalement du lièvre Américain. Il est communément appelé Chat ( Cat ) par les traitants (traders) de pelleteries, et Pce«/ioo par les Indiens. Tcmminck le considère comme étant de la môme espèce que le lynx de l'Europe septen- trionale, qu'il appelle Felis borealis. Castor Américain, C^rt««or Amerlcanus {F . CuvrEn). La peau de Castor est le principal article de com- merce des pays h fourrures ; elle sert de mesure et de monnaie pour l'estimation des marchandises dans les échanges et le trafic avec les Indiens. La consé- quence naturelle est qu'il n'y a point d'animal plus poursuivi que cehii-lh; et comme il se trahit par les admirables ouvrages qu'il exécute , sa race disparaît II. Il 1 i M' 1 ij ■ * ( »1! 1 M- m m \ i ' ■ -iî !■ t • 'S' i ViK' ' 1 i' '■ ■ i"H* . • ': B ■ M U , 'Mi;., ' r ' ■• il < • irtv : m ¥:: "il'": if u -Il I li. t î r F 32a APPENDICE. de jour en jour. Sa chair est aussi fort estimée chez les naturels comme nourriture; un Castor rôti forme, en un jour de fête, le plat par excellence d'un repas indien. Comme la nourriture du Castor se fonde principa- lement sur Técorce des arbres h feuilles annuelles , particulièrement sur celle du peuplier, du bouleau et du saule , cet animal ne dépasse pas la limite des bois, mais il s'élève h de hautes latitudes sur les bords du fleuTe Mackensie. Le Castor peut être considéré comme ï ingénieur civil des quadrupèdes; ouest vraiment émerveillé de voir avec quelle habileté il choisit pour sa digue un endroit où il lui soit facile de la construire, où il puisse obtenir la submersion d'une étendue convenable de terrain, et se réserver une quantité d'eau su/Tisante durant l'hiver. Ilmontre aussi une grande prévoyance en se creusant sur les bords mêmes de l'étang un cer- tain nombre de terriers pour se retirer , au cas où ses cabanes seraient attaquées. Mais , malgré toutes ces précautions, les chasseurs indiens connaissent si bien toutes ses habitudes , qu'il ne peut leur échap- per ; et si là Compagnie de la Baie d'Hudson ne pre- nait la précaution de faire exploiter les districts HÉ .■(■' 1 } APPENGICF. 3^3 .successivement, h des inlervalles de quatre b cinq ans, les Castors deviendraient fort rares. On exporte du nord de rAmérique à Londres , environ 5o,ooo peaux par an. Ondatra, Fiber Zibethicus. (Cuvier.) U' f P^': \-/.% t SI ap- re- :t» L'Ondatra , Rat inusquéj Musquash, fVatsus ou IVachusk (il a tous ces noms) , ressemble au castor à quelques égards ; mais sa longue queue, au lieu d'être déprimée ou aplatie horizontalement, est resserrée et efliiée. Il est fort prolifique, donnant trois petits dans une saison , et engendrant de très bonne heure. Il habite tous les marais et tous les étangs dont les bords ont de l'herbe, jusqu'à la mer Arctique ; aussi, malgré ses innombrables ennemis , il n'y a point h craindre de le voir extirpé. L'importation des peaux d'Ondatra dans la Grande-Bretagne , se monte à près d'un demi-million par an. Sa fourrure est employée dans les manufactures de chapeaux ; et quoique infé- rieure en qualité à celle du castor, elle lui est généra- lement substituée par les chapeliers. ; * t I i.yV:*r F»' Il I i r l'i II i il ' !|ij il n i É <>■>> il Ja4 APPENDICE. Mulot Américain , Mus Leucopus. (Rafinesqui-:^. Ce mulot {fîeld-mouse) t analogue an Mussylva- ticus d'Europe, est très abondant dans les pays h fourrures; il remplace la souris domestique, et s'é- tablit immédiatement dans tons les nonvciinx posles aussitôt qu'ils se forment. Il pullule rapidement , parce qu'il n'y a pas de rat dom stique pour en di- minuer le nombre, et malgré l'hermine, qui se charge parfois de ce soin , comme je Vai déjà dit. LitvRE Américain, Lepus Americanus (Eiisleben). Cet animal {Hare) est nommé IVmvpoos par les Indiens Crée, et lapin ( rabbtl ) par les traîtans de pelleteries h la Paie d'Hudson; il abonde dans toute la région boisée. L'écorce de saule constiUic sa princi- pale nourriture d'hiver, saison pendant laquelle il ré- side généralement sur les bords des lacs et des marais oii se trouvent cet arbre et le bouleau nain. On le rencontre surtout sur les rives alluvicnnes du fleuve Mackenzie, jusqu'au 68* parallèle ; il fournil durant l'hiver auxbesoins des Indiens Lièvres, dont le pays ne peutnourrir beaucoup de quadrupèdes de plus grande \- APPENDICE. 3a5 dimension. On le prend généralement au moyen de trappes établies dans les sentiers qu'il pratique à tra vers la neige. Ses habitudes ressemblent davantage h celles du lapin qu'à celles du lièvre d'Europe ; mai^ il ne fait pas de terrier, quoique, à l'occasion, il s'abrite dans les arbres creux ; sa livrée , brunâtre en dessus dans Tété, prend la blancheur de la neige en hiver. (iii fi- LiiiVRE Polaire, Lepus Glacudis (Leacii). Ce lièvre peut être considéré comme le représentant américain du Lepus vuriabilis des districts alpins et septentrionaux de l'Europe; mais comme II a quel- ques caractères particuliers , et qu'il est surtout plus hardi , M. Leach a été induit à en faire une variété à part. Il habite les terres stériles et les îles de la mer Arctique, jusqu'au 7 5 •■ parallèle, se nourrissant des petits buissons qui poussent dans les plus hautes la- titudes, tels que le saule arctique , l'arbustus alpina, le whortleberry , ia plante h thé du Labrador; heureux de trouver des endroits pierreux où II puisse se ré- fugier, i] passe l'hiver dans un terrier de neige. Du- rant l'été, sa fourrure est glacée de blanc par- dessus , et dans l'hiver elle est tout-îi-fait blanche^ m' vu-. V. » 'm il. * A II ( ; f l'=i vi- i ni jli r '• m h ' H l;l 3a6 APPENDICE. h Toxccption du bout des oreilles , qui rosic noir en toute saison. On trouve fréquemment une autre varii^t*'' de cet animal dans lesprairies, jusqu'au55''parallMe, et Ton uit qu'elle est commune dans les districts montagneux des Etats-Unis. Elle a reçu du docteur Haslan le nom de Lepus Firginianus. OniGNAL, Cervus Alces (Liwiy.). L'Orignal (Moose-deer) se nourrit principalement de petits rejetons de saules : on le trouve depuis la Baie d'Hudson jusqu'à la mer Pacifique, el dans tous les pays h fourrures où les buissorvs deviennent assez hauts pour lui; il suit la rivière Mackcnsie jusqu'aux bords de la mer Arctique; mais il ne va jamais sur les terres stériles. Son extrême circonspection, la finesse de son ouïe et de son odorat, la rapidité de sa fuite, en rendent la chasse des plus difficiles : c'est le chef- d'œuvre d'un chasseur indien que de tuer l'Orignal. Au printemps cependant , la chasse en est beaucoup plus aisée, lorsqu'une croûte déglace s'est formée sur la neige. C'est le plus grand des cerfs américains (American deer) ; sa viande est la meilleure, la plus succulente , sauf cependant celle du renne , dans la , I. AppEnoicE. 3a 7 «nison convenable. La Orignal gras , ayant achevé toute sa croissance, peso do 1,000 h 1,200 livres (455 h 544 l^il')' L^ P^^" ^^^^ tannée fournit le meil- leur cuir pour les mocassins (i). RuiNNË, Cervus Tarandus (Linn.). ■h' Le Renne {liein-deer) ou Caribou des colons cana- diens, présente deux espèces, dont la plus grande vit dans les parties boisées , principalement sur la côte et près on même sur les montagnes. La plus petite , qui fréquente les terres stériles , gagne la lisière des bois au fort de l'hiver , mais dans Tété pousse jusqu'aux rivages et aux îles de le mer Arctique. Celle-ci mange des herbes, mais elle fait surtout sa nourriture, durant une grande partie de Tannée , des divers lichens qui poussent abondamment sur les terres stériles. Le Renne nourrit et habille les Indiens Dog-rib, les Indiens Cuivre , les Chipewyans , les Crées des Ma- (i) Le mot deer y isolé, a été retidu daus le texte dti, voyage par daim , confurmément à d'anciennes traductions ; il eût mieux valu le rendre par le mot français eer/, correspondant à eervui , sous lequel les naturalistes désignent la famille entière de ces ani- maux. {N. du Tr, ) :^:T MV- !' + ■ y] 1 1. < i* n* 'm' ' ^^i- -i il ■ r . if. M " fi i ir 'i i ii. l'U f\ n •H :h8 AI'PI'lNDICi;. ruis ou Crccs de lu Côto cl les Ksr|iiimaiix ; mais uii- cunc dos tribus ain(''ricaiiics nvn a fuit , (oiniiie les Lapons, un serviteur domestique. On niun^^e toutes les parties de ranimai, ni^'uie ce qui est contenu dans sou estomac; sa langue, h demi srcliée et rôtii^est la friandise la |ilus délicate qui se puisse trouver dans les pays h fourrures. La chair du Uennt.', dans la sai- son convenable, est non sinilement supérieure i\ C(;lle de Torignal et du bisou , mais même ù ceile de notre meilleur mouton ot do notre uieilleur gibier d'An- gleterre: du moins tel est mon avis. Ku revanche, lorsque l'animal est maigre, ce qu' a lieu lu plus grande partie de Tannée, elle n'est n uuigeable, ni nourrissante; h peine est-elle prélcruble ti celle du bœuf musqué. La femelle du llenne a des cornes comme le mâle, mais plus petites, beaucoup moins palmées , et ne tombant pas aux mémos épo(pies. Six ou sept peaux do jeunes Rennes tués en automne, préparéos ot cousues ensemble, donnent la robe ou manteau dont se servint conslainment les Indiens du nord en hiver. Crost un vêtement chaud et lég(!r ù la fois, parfaitement approprié au climat, et fournissant e couverture sullisante pour la nuit la plus froide. pour j*. APPKNDICE. 3'i9 I J Waimti, Cervus Stron^yloceros (S«:nr\i Hi'.n). .'. s' Cet aniiiKil , lo If a^vaskccah des Indiens Crocs , liubilu lr8 |ilniiiCH cl les environs du Siiskulehewan, les bords de ('«(donihiu cl lu ntMivelle (lulédonie; Lv.si Krrepn'tsontunl ainéricuiii denolrt; cerri-ouiunin [rcd- deer), el ({uoi(|iie bien |iluai «^rand, il n lon^-lenips été consid<;ré <-onnne élanl de la nu-nic e.sjM'c.e. Il y en a de très beatix àK(indr<;y, dans les jardins /oolo^i(|ii(;s. 8a cbair passt; |»(>nr èln; l'orl inl'éricMire à (;(;ile du bi- son ou de l'orij^nal ; sa |)(Niu l'ail d'ext^dleiil < iiir. Il y a plusieurs auln> espèces de cerfs {dccr), el une antilope sur l(!s prairies d(!s rivières Saskal- cbewan el (lolonibia; mais les trois donl il vienl d'èlre parlé sonl les seuls <[ui inléressent les lndi(Mis avec qui le capitaine Jiack a eu allaire. Les Ciîrl's du nord de l'Aniérijpje sonl très luiparrailcnienl coninis des naturalistes , el les identités de l'orignal el du reiwie du nouveau continent uv(!C Télan el b; renne de l'ancien, ne sonl pas établies d'une manière salisraisanlc,Desrccliercliessubsé(|uentesnousappren- dronl probablement (pie le reiuie des terres stérib^s esl une espèce distincte de celui (pii h. bile les dis- *;U bM?sé.*>» ) i'..i II,- ^^'m I r fi'. Ai 33o APPCIHDICE. il I il ) * ■^h iii CiilîVRE DES MONT AGNES Rocheuses, Capraamtricana. On trouve cette chèvre intéressante sur les par- ties les plus hautes des montagnes de la Californie, jusqu'au 65^ parallèle; elle est très remarquable par sa belle laine , excellente pour les fabriques de schaWs. Les échantillons que l'on en a apportés en Angleterre ont fort intéressé les commerçants de laine, mais il serai: diflicile de s'en procurer suffisamment pour en faire un article important. Argali des montagnes rocheuses, Ovis montana (Desm.). Cet animal , plus'grand que toutes nos variétés de moulons domestiques , les égale pour la qualité de la chair. Il ne porte pas de laine, mais un poil serré, doux et cassant, comme le renne. Le bélier a de très grandes cornes. Le Bceuf MusQU]f' , Ovibos moschatus (Blainville). Ce bœuf habite les terres stériles et les plus sep- tentrionales des îles Parry; mais, dans le cœur de l'hiver, il se retire sur le bord des bois. Il se nourrit I ^'41 f ?, APPENDICE. 33 1 i'i principalement de lichens comme le renne. La viande d'une femelle grasse est succulente et agréable au goût, tandis que celle d'une vache maigre ou d'un mâle exhale une odeur de musc si forte qu'elle ne peut tenter qu'un homme tout- à-fait affamé. Il n'existe plus de bœuf musqué dans le Groenland. En Sibérie, où il a aussi disparu, on a trouvé des osse- meuts qui, s'ils ne provenaient pas des espèces améri- caines, avaient du moins une grande ressemblance avec elles. t; -m Bison AwitRiCAiN, Bos Americanus [Gm^li^]. Bien connu depuis quelque temps, en Angleterre, sous le nom de bonasses , on en voit des spécimens dans les jardins zoologiques et dans plusieurs parcs. Il habite par troupes les contrées à fourrures situées entre le io5» méridien (lo;" de Paris) et les monta- gncs Rocheuses, mais il ne va jamais au-delà du 62* parallèle. C'est surtout dans les prairies que , au dire des voyageurs, on en rencontre des trou- })eaux innombrables. Le pemmican, dont on fait un si grand usage, et qui est si nécessaire à ceux qui voyagent dans les pays à fourrures, se composn principalement de chair i k '-h ':!»- ]H' 332 AI'1»EMJ1CE. de bison. On prend les parties charnues de derrière, on les coupe par petites aiguillettes très minces , on les fait sécher au soleil, poiir les broyer ensuite; puis on mêle deux parties de cette viande broyée avec de la graisse fondue , et on renferme le tout dans un sac fait avec la peau de l'animal. Lesvojageurscansdiens, nomment un sac de pemmican du poids de 90 livres (4o,8 kil.) taureau; en eflet, un seul sac peut con- tenir tout le produit d'un animal. — Deux livres de pemmican suffisent pour la nourriture journalière d'un homme qui travaille; mais en commençant, lorsqu'il est frais, les voyageurs en mangent aisé- ment chacun trois livres et quelquefois davantage. Dans le printemps , ils le font bouillir avec de jeunes pousses de V Epilobium angusllfoUuin. Les natifs des Orcades au service de la Compagnie de la Baie d'Hudson , y mêlent de la fleur de farine d'avoine , ce qui fait un ragoût assez bon. Le meilleur pemmi- can est fait de viande parfaitement hachée , mêlée avec de la moelle, et, pour lui donner son plus haut degré de bonté, on y ajoute des baies ou des espèces de raisins secs. Lorsqu'on a soin de tenir le pemmi- can renfermé à l'abri defair, il se conserve plusieurs années. Celle provision, d'un Iransporl facile, peut APPENDICE. 333 iHre d'un grand avantage pour des troupes qui au- raient h faire des marches forcées. On inan"-e le pemmican cru ou bouilli dans un peu d'eau. Quoique peu goûté de ceux qui s'en nourrissent pour la pre- mière fois, ce mets joint au thé, qui devient en ce cas un article de grand luxe, satisfera coniplèt(îmcnt un vojagcur : il ne lui fauda pas autre chose, et il s'en contentera pour tous ses repas. i il i i ' '-1- Aigle Chauve, Aquila Leucocephala. L'Aigle Chauve {JJâld), ou l'aigle h tête blanche, habile toute l'année les diverses l'égions des États- Lnis; il ne visite les contrées h fourrures que dans l'été, où il devance l'émigration des oiseaux. La lon- gueur comparative des pennes varie suivant les individus. M. Audubon élablit que la seconde est la plus longue; dans un spécimen rapporté par l'ex- pédition de sir John Franklin, c'était la quatrième, et dans le nouveau spécimen de M. King, c'est la troi- sième qui jouit de cette distinction. Faucon a Pigeons, Falco Columbarius.. Dans plusieurs spécimens c'est la Seconde penne. I V i^^^ ^ ■ '.Ér ; fi©! !»',■:! 1 , y ;î;' h 1 t: \.i tà il M:! î i !i ?34 APPENDICE. dans d'autres la troisième qui est la plus longue; dans le spécimen de M. King, ces plumes sont égales entre elles, et la grandeur des autres primaires affec- te l'ordre suivant : 4% »'% 5% 6". Hibou a longues oreilles, Strix otus. Le spécimen, quoique ayant tout son plumage, est très petit, et ne mesure guère que i4 pouces 3/4 (374,6 millim.), de la pointe du bec jusqu'au bout de la queue. Celle-ci est cependant aussi longue que la queue d'un hibou ordinaire, qui aurait 1 7 pouces de longueur (4oi,8 millim.). Le petit Tyran gobe-mouche, Tjrannuta pusilla. Sir jQhn Franklin rapporta de sa seconde expé- dition un oiseau de celte espèce trouvé à Carlton House; on en voit la figi.re dans la Faune Boréale américaine. M. Swainsou, qui a aussi obtenu un spécimen du Mexique , indique certaines différences entre cet oiseau et la Muscicapa querula de Wilson, ou Muscicapa acadica de Gmelin et de Bonaparte , à laquelle il ressemble cependant beaucoup, surtout par le plumage* La Tyrannula pusilla a les ailes et le "rrn .ti APPENDICE. 335 bec plus courts que ceux de hqueruta, et il y a une différence de longueur dans leurs pennes. Chez la < fi ." ; t. If" I !; n - m M XiS APPENDICE. le lac Winnipcg; ilu remarqué que son irisétaitrougo» laniiis que MM. Audubon et Wilson lui donnent h couleur noisette. Lk TiVruAS TACiiKTÉ, Teirao Catiadensis. Cet oiseau {Grouse spotted) habite depuis le nord des lilals-Unis jusqu'h la lisière des bois sur les bords du Mackenzie (latitude 68"); la facilité avec laquell 3 il se laisse prendre dans certaines saisons lorsque le gibier est rare , le rend précieux au chas- seur indien. Il habite les forêts épaisses , particuliè- rement les endroits marécageux , où croît l'épinctlc noire; c'est pour cela que les voyageurs canadiens l'ont surnommé la Perdrix de savane. Il se nourrit des feuilles de l'épinette, ce qui donne à sa chair noire un goût de résine très prononcé. Le Tétras de Franklin , qui habite les flancs des hautes montagnes Rocheuses, 'ainsi que la région îi Fouest de celte chaîna' , difl'ère de notre Tétras tacheté dans les douze couvertures supérieures de la queue, qui sont terminées par du blanc ; les œufs , suivant M. Douglas, en sont aussi différents. T-r M'im;m)k;k. :);5,, Le LaoohIde uf.» .s*ci.i;s , Ugnitus saliceti. Cet oiseau est beaucoup phisosllmù par les Indiens des contrées à fourrure, que Je tétras précédent , à cause de sa grande abon.innce cpii suffit h la nourri- ture des tribus indiennes pendant une grande par- lie de l'année. 11 habite durant l'été les terres stériles et les sommets des collines rocheuses dans les régions boisées , mais l'hiver il cherche nn abri dans les bois ; c'est dans celle dernière saison qu'il devient abondant; dans un seul poste on en a pris dix mille pendant un hiver, avec des filets ou des pièges. Le Ptahmgais diîs rochf.rs, (^tv^opus rupestris. Cette espèce est plus particulière aux terres sté- riles que la précédente; elle ne IVéqucnle les bois que peu de temps durant l'hiver. Elle est très abon- dante dans quelques districts, l ne autre espèce que Ic^ docteur Leach désigne sous le nom de La^opus mutus, visite, suivant le capitaine James Ross, les bords de la péninsule de Boothia , ainsi que le Ptar- migan dos rochers et le lagopède des saules; mais le Ptarmigan des rochers est l'oiseau que l'on trouve le , Il ii m "1 ■ '¥" 5 •|î r: 1 ' b i-i i\' \- \ 34o \l'HIiiM)ICR. If: ■ 1 î ■ ■) r ; : l' plus abondamment sur les îles de la mer Arctique. Il existe un plarmigan plus petit que tous ceux-lh , qu'on rencontre particulièrement sur les montagnes Rocheuses; il se distingue des autres par la longueur dos plumes de sa queue qui sont blanches, d'où on l'a surnommé le Lnu^opas leuctirus. T^/riiAS A QL'iaK poiNTUK, Centi'ocercus Phasianellus. Abonde dans les pays h fourrures, au-dessus du Gi" parallMe; fréquente les prairies et les bois. Sa chair, quoique supérieure h celle de tous les tétras précédents, n'est ni si tendre, ni si blanche que celle du tétras h chaperon, qui est aussi fort abondant jusqu'au oG'" parallèle. Les autres variétés de celle famille habitent les i'.lainob de Colombia; '^dles qiio nous avons mentionnées sont les plus utiles aux Iribus indiennes des districts où le capitaine Back a passé. Pigeon voyagivUr , Columha mtgraforia. Ce pigeon, qui rtîultiplic d'une manière incroyable en quelques parties des États-lnis, visite les pays h fourrures, jusqu'au G2*' degré de latitude; mais nulle apfi:m)|(;i:. '.l^^l part, dans le nord du lac \\innipeg, il n'csl en assez grande quantité pour servir h la nourriture des natu- rels : seulement, h rexlrémité sud de ce lac, il est le seul moyen d'existence de quelques l'amilles indien- nes, pendant un ou deux mois d'rtù, lorsque les qua- drupèdes manquent. Il visite le nord, après la repro- duction qui a lieu aux États-Lnis. Le capitaine James Ross vit un seul oiseau de cette espèce, par 1« latitude de yô^-So, dans la Baie de BaHin ; ce pigeon se réfugia h bord, dans une tempête; il devait tire égaré depuis long-temps. Nous voyons, d'après la relation de sir John Ross, que le vent avait souillé du nord- est, au commencement de la bourrasque, et qu'en- suite il avait passé du côté de. l'est. Or, le Victon' étant alors dans le nord de l'île Disco, l'oiseau sem- blerait avoir dû venir de la partie sepleiitrionale du Groenland; il n'est cependant pas prob;tl)le qu'il eut trouvé à se nourrir sur celle cote stérile. Pllvif.r Siffleur, C/uirudriiiii nuLulus. (Cli. BoNAPAin'F. ) M. King s'est procuré sur le lac Winnipeg lui spécimen de ce joli pluvier qui, sans doute, ne pousse pas ses excursions plus au nord, car il n"a pas «'lé f'' ' if.: ^ '1 1 M i' ' * t'^ '■ * -fî 'If 1 U ,"!' :' j.' if :\\9. api'k.miicij: r ' ,'■* ii U^' il j 1 j ] ;i ' observé sous dn plus hantes latitudes, lors des exjié- ditioDs antérieures ; c'est conséquemmeul un oiseau plus méridional que le charadrius semtpahnatus, vu en grande quantité par Texpédilion de Sir J. Franklin, tout le long de la roiitf qu'elle a suivie, et par le capitaine James Ross dans la péninsule Boothia. Le Pluvier Sifllcur [pipin^ Plover) a d'abord été décrit par Wilson comme une variété du pluvier commun h collier; mais, ensuite, en (igurantle pluvier denii- ])almé sous le nnhne nom, ce naturaliste émet le soupçon que c'est une espèce distincte ; des auteurs subséquents en ont indiqué les caractères particu liers , et ces deux espèces, ainsi qu'une troisième nommée charadrius Wilsonil qui leur ressemble beaucoup, sont fort bien décrites dans le magiiifiqiin ouvrage de M. Audubon. Le Pluvinr Silll( ur iiiciic au sud jusqu'aux cayes de la Floride, et quoiqu'il sr montre presque partout sons le même plumage, je décrirai cependant ici le spécimen de M. kiug comme le seul qui ait été rapporté des pays h fourrures. Couleur. — Le bec noir vers la poinle, orange à l'extrémité. L plumage de dfssus gri.s-biuiiâlrf--clair, c'cit-à-dirc d'une teinte pâle, inlermcdiairc entre le gris-jaunàtrc et le bruii-brooooli duir tic Werner. Le front, les joues, la gor^-e, tout le pium.i^'e de dessous cl les oôlés du rroupion sont bbincs; vc blaiir 'p niiliniiP niitonr du cou m w m ai'I»i:m)|(;k. '.\\'.\ et forme un (inneaii étroit derrière la nnqiii-. Une bande noire élroile s'étend entre les angles antérienis des orltites derrière le Liane du front; il y a sur cliaque épaide une tache noire liée à une ligne droite qui trareihc la poitrine ; inais.duns te spécimen, le noir ne traverse pas au-dessus du cou eu se porlnnl sur les extrémités d'une ran(,'ée de plumes, ainsi que cela a lieu d'ordinaire : t dentelée, renrermanl seulement la première jointure du doigt extérieur, et seulement deu» tiers de la phalange correspondante du doigt du milieu; la palmi intérieure à peine perceptible. Longueur de l'extrémité du bec à l'extrémité de la queue ifj;,» niill. fiOngueur de lu queu'i .5;-, i Idem des ailes pliées ' ip,.^ Idem du tarse ai.ô Longueur du doigt du milieu) tunijnis 1 '(inj,'le. iiS,ii mill. Idem du bec en dessus i s , - Idem du bec au rictus i5,3 m i '.fi !î' ! f * I ^ 'fi* J i m I m »/'>"'■ ^ ^«^ I ;, Cafard saivace, Anas Boschas (Auct.) Ce canard {Mallard) est raie, d'après M. Aiulu- !>on, sur la coledfienlalc des îUals-lnis, mais il est l! !'* i 344 Al'l'liiNDU;^. plus nombreux dans l'intérieur, et niche dans le sud jusqu'aux territoires du Rentuckey et de l'Indlana. Il est généralement répandu dans les pays h fourrures , jusqu'à l'extrémité septentrionale des bois, et c'est le meilleur et le plus pesant des canards qui fréquen- tent ces contrées. Parmi les canards proprement dits ( Anatinœ de Swainson), le Shoveller [Anas cly- peata) arrive dans les pays h fourrures en aussi grand nombre que le Canard Sauvage, mais il niche plus au nord, sur les terres stériles. Le Gadwall {Anas strepera) et le Jf Igeon nichent dans toutes les parties des régions boisées, quoiqu'on moins grande quantité que les précédents; la Sarcelle aux ailes vertes [Anas crccca) est beaucoup plus nom- breuse et niche sur kt; bords de toutes les rivières et des lacs aussi bien dans les districts hois(\s <{iie dans les terres stériles; la Sarcelle aux ailes bleues {Anas cUscors) est aussi fort abondante dans le sud du pays d'Alhabasca; le Canard d'été [Anassponsa] est rare sur la rivière Saskaiche^van; il ne va pas plus au nord. Ces canards arrivent du sud, dès la fonte des neiges, avant que la débâcle nait eu lieu dans les petits Ifcs. Les Fidloulmœ ou Canards de Mer [Sea ducks) sont aussi très nombreux dans les pays à fourrures, t, i ' "il soil lors de leur passage, en se rendant vers le nord , soit pendant leur halte h l'époque de la reproduction. L'Eider et le Canard-Roi {Anasuper.tnbWs) se trou- vent en abondance sur les îles et les rivages des mers polaires, ainsi que sur la côle d'Hudson, au nord de Churchill; mais on ne les voit Jamais sur l«>s eaux douces de l'intérieur. Il parait que, dans leurs ungra- tions, ils se tiennent pr^s de la mer libre de glaces, et passent le long de la cote orientale du Labrador. VOIdemia Amcricana (American Scoter) est aussi un de ceux qui n'habitent que la cote; il !;icheprèsde Chu"chill. VAnasjtersinciUaio et XAnasfiisca (Suri' et Velvet ducks) voyagent h travers l'intérieur, jusqu'il la mer et aux îles arctiques où ils nichent; ils sont très abondants, mais pou esliméscomine nourritm-e. Le bruyant Canard i\i} Terre-Neine à Ion"ue queue {Annsg/aclalis, Long'ial'''A diick) se rassem- ble en bien plus grands troupeaux que ceux-ci et niche aux mêmes endroits; c'est l'oiseau que les voyageurs canadiens célèbrent dans leiirs chants sous le nom de Caccawce. UAnas FalUsneriann (Canvas-back diak^ , VAnas fivlva (Pochard) . XAnas marylii (Scaup) et le Canard h coiliei (Ring iH'cked ùncks) ihPR>i>if;i;. 3/|- Ç' Cygne siffleur, Cjgnus buicinator. t'est le premier gibier aquatique qui apparaisse au printemps dans les pays à fourrures ; les Indiens en saluent avec joie la bienvenue , qui est pour eux le signal de l'abondance, car les oies et les canards suivent de près. Dès son arrivée , le Cygne Sifïleur (Trumpeter Swan) se montre généralement par cou- ples , rarement en troupeau ; il fréquente les remous au bas des chutes et les autres pièces d'eau libres de gla- ces , jusqu'hia débâcle des rivières et des lacs; d'une approche difficile , on le tue ordinairement ii longue distance avec une balle. Comme son dnvet est d'un grand prix, on le plume aussitôt; il est presqu'aussi bon h manger que l'oie. 11 niche au-delî\ du (io parallèle; il est cependant moins septentrional que l'espèce suivante. r;'4> \\\ I éV. !i ; ■ ! I '« n Cygnk de IhavicK , Cygnus /Jetvickit. Plus petit que le siflleur ; commun à l'Europe et à l'Amérique; abondant sur les bords do la Baie d'Hudson ; niche sur les péninsules Meivillc cl lioo thifl, ainsi que dans h's ilcs de la mer Arclique. Au ! f ! 1i. ..I' ' *u ' m ' Il \ \{i''' i' H pi ,. m ri r :^8 APPENDICE. printemps, il arrive un des derniers dans les pays à Ibarrures; il demeure long-temps eu automne; les plus tardifs de ces oiseaux passèrent au fort Franklin , par 64" -^o' N. , le 5 octobre. Oie du Cakada , Anser Canadensis. C'est rOutarde des premiers Français qui ont vi- sité les contrées h iburrure^ ainsi que des voyageurs Canadiens actuels; elle niche, mais en petite quan- tité, dans l'intérieur des Étals-Lnis jusqu'à lOliio , et dans l'Etat du Maine près de la côle atlantique. IVaprès M. Audnboii , elle hiverne en troupes nom- breuses dans les savanes de la Floride et dans les Arkansas ; elle cominence ses émigrations septentrio- nales , h partir des districts du contre et de l'ouest dès la première Tonte des nrigcs, c'ost-h-diro entre le 20 mars et la lui d'avril. Le major Long nous apprend que les grandes émigrations d'oies comuKMi- cent au Cantonnement des Ingénieurs sur le Missoin'i, par 41 "-So' de latitude, vers le 22 février, et se terminent à la lin de mars. L'Outarde niche dan> loules les parties des pays à fourrures , iiiais on wc l'a jamais vue stu* les bords de la mer Arctique. VMc ai>pk^di(:î:. ^^^ arrive en troupe h la fonte des neiges, el bienlol après se répand par conples dans la contrée. La table suivante des dates ordinaires de son arrivée en plu- sieurs endroits , donne une idée exacte de l'époque à laquelle commence le printemps sous diverses latitudes. Peuelanguisheiie, lac Huron . lai. 44° 45' i!ii 24 uurs iiu 2 aviil. Cumberlanrl Hoiise. Sasknl . . 54 o du 8 avril au 12 id. Forl Chipewyan 58 45 du 20 id. au 25 id. ForlRésoluliou, lac de l'I^sclavi'. 61 10 du 1" mai au 6 mai. Fort Entreprise' . .... . 64 .-îo du- la id. au 20 /ccs quittent au même instant leurs quar- tiers dhiverdes lhat-[Jnis ,- mais l'Oie de Neige fait généralement sa première apparition dans les con irées à fourrures quelques jours plus tard que loie rieuse , quoique le gros des émigranls de ces deux espèces passe environ au même temps. L'Oie de Neige niche en grand nombre sur les rives des petits lacs, près des bords et dans les îles de Ja mer Arctique, ainsi que sur la péninsule Melvillc. Dans son émigration au nord, elle alteint le 54- parallèle vers le , 5 avril , le 5;^ vers le .5 du même mois , le 64^ le 20 mai, et le fiç)' , sous lequel a lieu sa repro- duction , au commencement de juin, lorsque la neige n'a encore commencé à disparaître que des lieux élevés. T/Oie à Neige grasse est un exceiient inangcr, et peut le disputer Ix cet égard à l'oie rieuse. , lu ; "If! \ I 1 'fer I- i ¥-\ U- IF ' h :'r.' ' • Hb - •r'i&\ ' ' ^ ■ »i ';. ■: i"^: - 1^ i- ' ■ '4 :H '.yi' t ' .,".■ 1- ; 1 ;*• ï ■ Il , < ^« ^ ~ 1 !i|l 1 ■ ' ■ m " ' ' 1 1 J 1 , 1 354 APPENDICIi;. Oie d'Hutchins, /înser Hutchinsii. Cette oie ressemble benucoup par son plumage Ix routarde, dont on la regarde souvent comme une petite variété ; dans sa forme cependant clic a plus de rapport avec Toie Barnacle [Anus Leucopsis) ri le Gravant {Anas Bernicla), qui lui sont évidem- ment associés dans le système ornithologique. M. Au- dubon , qui a donné la seule figure publiée de cette espèce, pense qu'elle est connue dans l'État du Maine sous le nom d'Oie d'Hiver, ou Oie de Passage. Dans son émigration , elle longe les rives de la Baie d'Uudson , et niche dans les péninsules Melville el Boothia déposant trois ou quatre œufs d'un blanc absolu. Le capitaine James Ross nous apprend que la chair en est douée d'une saveur exquise. — Elle arrive ti Boothia vers le milieu de juin. Cravanï, Anser Bernicla. Ce joli petit oiseau est très abondant sur les bords delaBaied'Hudson lorsqu'il se rend au nord ou qu'il en revient. Le capitaine James Ross a vu qu'il ne res- tait pas auprès du havre Félix ( dans la péninsule APPJ'XDICK. 355 Boothia) pour y nicher, mais qu'il se rendait en- core plus au nord. On l'a trouvé durant les mois d rlé, faisant sa ponte sur les îles Parry, parla lati- tude de 74" et yS". POISSONS. -Mn ■\\ ' A l'exception des praires des rivières Rouge . Saskatchewan et Colombia. tous les districts de, pays à fourrures sont coupés par des lacs et des cours d'eau fort abondants en poissons. Particulièrement dans les districts où dominent les terrains primitifs, les rivières ne sont guère que des chaînes de lacs à plusieurs branches, liés ensemble par des ra- pides resserrés ondes cascades. Comme c'est là, du moins dans Im pArties boisées , que l'on trouve le plus de fourrures, la plupart des forts ou postes de traite s'y sont établis. Sans l'abondance du poisson , en effet, on ne pourrait se procurer les provisions nécessaires; une troupe qui ne voudrait vivre que de viande toute l'année ne pourrait y réussir si elle était considérable, parce que les gros quadru- pèdes ne sont pas assez nombreux pour cela. Les postes à viande, comme on les appelle, ne peuvent . V.i- I.; » ■1: ; d: r • ii' t,r ç^ ï. } '1 Il ■ Il m M Mil 1/1 Prl * liôC. AJ4»i;."NUii;i;. se fonder (|U(! duii» les prairies (|iii tburiuillrnt iJo bisons cl du cerls, ou dans corhiincs localités prrs de la liniilc scplenlrionalc des bois„ où le renne passe en troupes nombreuses au printemps et dans rautomiio. Dans quelques quartiers, ainsi que nous l'avons déjîi dit, on peut se procurer assez d'oies pour plusieurs semaines ; dans d'autres, on prend boaucoiqi de ptor migans; mais, en g(''ni'Tal, aucun endroit ne peut r c choisi avec s/'curiti'; pour un poste d'hiver s'il n est voisin d'une bonne station Je pèche. llcarne et les voyageurs qui l'ont suivi ont dount" d'amples détails sur les procédés en usage pour pren- dre du poisson dans les pays h fourrures ; on les trouve aussi dans le troisième volume de la Faune boréale américaine. Il n'est donc pas nécessaire de nous étendre sur ce sujet ; disons seulement qu'h tontes les stations de pèche la majeure partie des provisions d'hiver s'obtient en automne immédiatement avant ou peu de temps après que les lacs ont gelé. Dès que le poisson est ôté dos filets, on lui passe une gaule à travers les ouïes, etonle suspend sur des échafauds éle- vés hors de la portée des chiens et des bètes de proie. Celui qui est ainsi pendu avant la gelée r.cquierlune odeur putride , mais on croit que la qualité s'( ii É API'KNIUCK. ;'>r)7 fiiiiéliorc; celui r{iii esl pris plus lard av coiisciNr luiil riilvcr par la gelée sans altération. • r.ii Attiiiawmk»; ou Poisson blanc, Coregonus albtis. (le poisson célèbre se trouve dans toutes les pièces d'eau douce entre le lac Erié et la nier Arctique, et l'on peut dire que la traite des pelleteries est en quel- que sorte londée sur les produits abondants qu'en fournissent les pêcheries. L'Attihawmeg, ou poisson blanc des voyageurs, parvient l\ sa plus grande di- mension dans les lacs les plus grands et les plus profonds; on en trouve du poids de lo livres (4,53 kii.) et au-dessus dans les lacs lluron , Supérieur et du Grand-Ours; mais ceux que Ton pèche dans les contrées h fourrures pèsent l'un dans l'autre de 3 Ji 4 livres (1,36 h i,8i kil.). Dans la saison, il est d'une saveur riche , agréable et très salubre ; on ne s'en lasse jamais; et même, lorsqu'il est maigre, il est préférable, comme article de nourriture, à tout autre poisson du pays. Quoique de la famille du saumon. Je poisson européen qui lui ressemble le plus , quand il est cuit, est peut-être un hareng gras du lac Fyne < .': ::i. it 1. 94, fig. 3, A B C) ; et l'Esturgeon ( Actpenser liuper- tiamix). Aucun des poissons nommés dans le dernier para- graphe ne se trouve aussi aunordqucle lac de l'Esclave; mais nous y avons le Salmo Mackenzii, qu: ) ;iont de la mer Arctique et n'existe pas dans les eaux plus méridionales. Ce poisson, quoique se rapportante l'ordre des truites par la structure des mâchoires , dillïîre de tous les sous-genres établis par Cuvier dans le lUgne animal, par ses dents en 'elours disposées par bandes, étroites aux extrémités des mâchoires et plus larges sur le vomer et les os du palais. D'après ses petites dents serrées , on peut donner h ce sous -genre le nom de Stenodis, dont {"Inconnu ou Salmo Mackenzii est la seule espèce reconnue. L'Ombre de Back {Thymailus signijer), et le Poisson Rond ( Core*^onus quadrilateralis ) abondent dans les rivières limpides qui aflluent au nord et h l'est du lac de l'Esclave et dans les cau\ des plus hautes latitudes ; ils existent aussi , mais pas en grand nombre, dans le grand lac de l'Ours; Ir, poisson le plus abondant do cette vaslc pièce d'eau est le Saumoii-harcng [Co redonna lucidus). L'in Il AI'PtNDICK. ■M\i connu ne remonte pas la rivière du lac do lOurs, et donne la prélérence aux eaux vaseuses. Le saumon des diverses espèces dispose son frai dans les rivières qui se rendent h la nier Arctique; le ca- pitaine sir James Ross m a pris une grande quantité dans le golfe de Boothia. Il est donc probable qu'il en entre quelques uns dans le Thlew-ee-Choh, quoi qu on n'en ait point rapporté de spécimen. '1,=;. "'i i ii ■ i r ' 1'-^ ^■■'l I s." Observulion. — Dans le tableau qui suit, taules les mesures sont françaises ; les degrés du thermomètre sont centigrades ; les clufires ^ l.i suite des airs de vent donnent les rapjiorts de la force du vent ,1, î' 'k f '),-!• h • I I Mh APPIiNDICF. I ^S ir W ai i« W H iti a H M c/: .1 M ■/', eï ca ;^ aï , -îî e a , ^* > "« •3 ■^ ;; > . - C3 eu .-> ro c C3 -O égagé, dégagé rillant, égagé, ** -o tn > •aT tfi «s tn (y O -3 o ti "T3 ^^^."^l "O -3 ■g "5 "s "ë "3 "o "5 o 3 c o O "o «2 v; en y: c« •y: 'V2 t/; cT cT cT «2 c« 00 c o M f<^ •c 1^00 oc 00 -^ « 00 eo 0 Cîi D n •n o t-^ -* w cr, f^ vo 1,-1 M M - cr <^ f^ ^-t I I I I cs^oc o C"- o (■■1 « ft I ^ - oc M C «; O 00 t" é 2 £ ij f 0 3 <ù i: 0 J3 3 — c Ë.~ £ 0 0 =-1S u s S ^ M OS -S o s eu o ï 0 -S t^-S fe u ctorale. mètre. A s ne la veil uchés. iam. Au diani. A c/: M s H B ^'3 " -3 aie. Dé in-Tit) làle. C melle. :^" melle. )Olc) Vi aie. Ca ■îi -a 4) ■— 0 "O a £ .5 - •-= ul rE TD = ^ Z'^ d 3J "O* S _1) 0 ~ C -^"5 ^ < E 0 -3 0) (^ ^ e 4> a S .2i . S '2 f* H ii 2 = S -S 5 -^ - fO C- ■" £ Ji V ja e b f OJ - - « ^ « i2 13 -es C 1) ^ «^-^ < ^ c -a — ^> "3 « _ ^ 3J « »- ^ •û .£ -S ^ exi ■5^ S = ni 3 -3 3-3 3 c 3 'S- = "S, = C3 C5 V ^ V ; Oi a. H a< eu eu eu ^3^ cr c; cT' PS cr p: s" E SE 5 £ S E S ai • "^ Q. . > C ■^ > !r =^"^'"^ >! 4"^' ■S >■ -S :^ '^• f3 ..« :3 t3 -3 ce co c3 ■.; ' "^ re •~ *" " ~ S- S - i : ■" 0 M *; M 0 ù , es M cA ■y. &i ce bj K- W . , "^ , f -< u: y r« r« ?3 ^ ^2 -"S .■« t >■ ^ :?■ *»». ? ^i :«■ ^' ^ f, "** ^ , • .a "** ._ PM 0 a > s a ;; E oc >r -i •0 I.SC c ■^ -+»o 1-.S ^ — C< " •^ « :^ .^" :^ *- rs fJ IN PJ ÎS , "■ es ^ "* «o I APPE.NUICK. 3G:{ Ci ^ S a d w W 3 S< S. 2 CB "O '-5 a -3 _ C u _ «fi rH-^- « M S.E. O. 3. ^ > • a 0) T3 1^ ■^, C^ S S "« ï S "^^ > ^: S .-' " ■^ "^' '^' "S "S > ** ••- ;^ ■ *■ "^ 0 •i* b " -^ V .,' 'Sj , ■ égagé, égagé, to ce te -S u 3 dégag caclié cailié r3 -3 'il 3ï--"5>''= '3 ',ï â* en {^ 0 0 c 3 3 3 0 3 00 00 t^ « -i " Ci 0 - >- 0 c-.cT) to p) 1- co-)»oi.-)>nfo " w 0 c 5 p) PI '-*. p". _^L II. 1 1 •- P) C.CC - - rr cr c>0 Ci c^ >0 0 Ci 1 X 00 0 « w >/^ 0 ■0 ~- c Ci 1 CO f« 00 M M r> 0 1- ^a- Ci 'O i-> ec es 1- v-t .. V.* fO (^ .0 - 0.- .- M M M M ■-• c, vj- .* fc. ... ïj 3- il 1 a t 4J 1 0 a côte, ede la côte 3 de la côte le de la côtt semaine. iJ. du sol à la surface, à 5oo pas de la côte, iu sol à 3o5 mill. de prof, à .Too p. de lacôt inusqué,d'un an ; dans le trou de la balle ( lessé; le sangcoul. doucem. du cu-tn-.(Mà[ ling femelle. Cavité pectorale. de 76 millim. Au centre, au de 63 mill. Au centre, au arbrisseau. de 102 mill. de diam. Au c au de 5 r mill. centre, au arbrisseau, de 89 mill de diam. Au cen au de 5o,8 mill. Au centre, au arbrisseau, de 102 mill. Au centre. eau de 63. Au centre- eau arbrisseau, euil femelle. Cavité pectorale rix des bois femelle. Cavité p( le. Abdomen. lubîanc. Abdomen. à la surface, à un mille de 1 610 mill. de prof, à un mill ècbe. Cavité pectorale, du sol à la surface, à 200 pa à un mille de la côte. 6 1 0 millini. de prof., à un niil eon brun. Cavité pectorale, eon du nord; «rf., âgé dune id. id. c _aj _aj c D t c _!; _i; s u ^ ^ lis = ci, 3 s 'c- 3 s 'E. (B 0 0 X 0 0 ra 3 "3 "E. 0 o te 0 0 V ~ n 3 ja S ,■« S s ce 0 ^ «j rr ec ce v. c: ce cT S- se c/~. ::e a: uj & f- cT cT ce J S 5 S é é à i é E E S à ■«3 "« ■^' '^' "«■ ■«■ "13 :y' "^^ "y" ?3 "«■ 4-3- > > &,•»,• (L . =.'!3 3.-^ -^ d.d.6^ iL • ^ »A 'Pitf «M ■- ■«. cï CD CB ce ce -i; ce •— ce -^ ce -2 -^ -3 ce ce ce ce « - 0 M V* '.£ V5 »^ 'O »- " M >c "' S S •a •E ce . ;ts rs ."tj r?: "12 "S ^ ■"H ^ ^ ~e S ■^' < '^' :^' -^ -w" s -^ -^ -^^ ^: S >■ "S — — *-. •* ^ - - - ■- -j •- ■- ■- - •- '^ f" ^^ 1 . .-a . . . . ^n:^:? .T.i-'S^ rs':^^ :ï*:ï" .^^ 0 c.-o :5 :s .t :s :^ :3 :î :s t-^ - ^ W 1- *- w - - ^ ?( •" f: ,1, t o • I' rr h fi'; là. iii 1; f !■ ■■■■pm il ii O B S E R V A 1' I G N S DE M. CHILDHEN, MIK LES AKACHMDES i:'! LKS LNSECTKS, RKCrîRlLLls IWH M. Kf ({;, CIimuiUIlKN DR l'kxi'Éuitjon. ;■( : . ' I i La nature du climal joinlc aux circonslances par- liciilii^res de l'cxpc-dilion , n'ont pas permis de re- cueillir beaucoup d'insectes; le plus grand nombn- appartient au troisième orolre de Latreille, les Para- sites {Âmrplara Leach). Comme ils sont ordinaire- ment les compagnons de la misère et de la malpro- preté, on les envisage toujours avec dégoût; c'est pour cela sans doute que jusqu'ici les naturalistes ne leur ont pas accordé autant d'attention qu'en mé- ritent leurs formes et leur structure singulières, el même belles. ■ \ '/i i i 'M^C, APPI'NmCE. CLASSE DES ARACHNIDES. Observation. — Les araignées ont été examinées immédiatement après avoir été retirées de l'csprit-de-vio où elles avaient été conservées. I. DYSDERA erethrina ? fValk. Hahn Arachhiden , vol. i , pag. 7 . pi. i , fig. 5. Les caractères de cet araignée sont tellement con- Ibrmes avec ceux de la D.ysdera erethryna de Hahn, que je n'hésite pas h les supposer de la même espèce, nonobstant la différence des localités. L'araignée de Hahn se trouve en Espagne, en France et en Al- lemagne. IL Theridion Backii (n. s.), Vob. Villosum ; thorace subcirculari , rufo : pedibus rufis, fusco annulatis, setisque undique obsitis ; pari primo , secundo , et quarto longiorîbus , subœquali- bus; tertio cœleris breviori : abdomine globoso, sa- turatè fusco. Cette espèce ressemble beaucoup au Theridion quadri-guttatmn, rcmelle de Hahn (pi. 2 1 , fig. 64); mais elle est plus grande et h d'autres égards tout-h- iait distincte ; je lui ai donné le nom du capitaine Back. ■m n APPENDICE. ;j(j^ ni. Tetragnata extensa (var. ) /f'a/cA. Schœfl*. Icoii. Insect. pi. ii5 . ûg. 69. IV. Thomisus borealis. (n. ;,. ), jyob. Fuscus : mandibulis validis, glabris : thorace sub- cylindrico , convexo , glabro ; pedibus Icrrugineis , subeiilogatis , subvillosis , spinisque raris munitis ; pari primo, secundo, et quarto subœqualibus , ter- tio cœteris breviori : cute abdominis ovali Iransversè rugosâ , granulosâ , pilisque raris , albido flavis U Il i; " «i -iOS APPKMUCi;. polit qîic la lemollc, lui ressemble oxaclemonl par l,« lorrno et la couleur ; la (lifli-rmcc entre sou ('«chau- lillou elle nôtre ne peut provenir du sexe. En outre, llahn n'a point noté la singulière marque blanche eu iornmt^ de couronne qui se trouve sur le devant de ia tête , et dans la partie supérieure de laquelle Uih veux de l'arachnide brillent comme le<* joyaux d'iui diadème. De même que chez relie de Hahn , les quatre yeux latéraux sont portés par de petites por- tid)érances avancées. CLASSE DES INSECTES. Ordre des parasites , Latr. ( Anoplur^e , Leacli), Genus piuloptkrus , Nitzsch. {PediciUns, Linn. Fabric. liicinus, Degeer. iMrmv.s, Hermann , Olfers , Leach.) • Sul)genus Docophorus , Nitzsch. » 1. j). conimunis , Nitzsch. Pcdic. eniberiz.T , Fabr. Degecr, vol. vu, pi. 4, (ig. (y, Panzer, Deutsch. hisek. 5i. 25. Trouvé sur le Bruant de neige, le Jaseur et le CroslU'c; long, de r'. de pouce (1,52 miilini. ). Vf i APPENDICE. 369 II. I). plalyrhyncus Nitzl^ pcdic. Iiîcmatopns , Scopoli ? Trouvé sur un faucon dont l'espace n'est pas indi- f|U(';c ; longueur de t't de pouce ( 2,o5 millim. ). Je pense que cette espèce est identique avec le Plntln/rlnchns, do Nitzsch, et le P. liœmatopuH de Scopoli (Ent. Carniol. pag. /{81); sa description s'accorde sur tous les points avec la description de cet insecte de ce dernier auteur, excepté qu'elle manque de la ligne dorsale de chaque côté de l'ab- domen. Notre échantillon ressemble beaucoup h ce- lui du ISirmus nisi, dans la collection du Muséum Brilaiiiiiquc. L'insecte de Nitzsch a été trouvé sur le Falco Palumbarius. III. D. aurilus. Pedic. auriti, Scop. Var.^ Diiutè fulvus ; capite triangulari, glabro, nitido , apice subobtuso ; temporibus rotundatis : abdomine ovato , snbipoloso , lineà , dorsali incurvatâ , nigrâ pcdibus anticis antennis vix longioribus ; long. 7^^ poil. (1,77 millim. ). Trouvé sur le Picus aura tus. I Celte espèce ressemble tellement à celle qu'a dé- crite Schrank (Faun. Boic. ) , et qu'il a rapportée au P. anritus de Scopoli, trouvé sur le Picus major II. 2^ f f I 1 IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l ^1^ lâÊ = Mi, lîi |2.2 tut IIJ 1.25 llll'-^ 1'^- 6" Photographie Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. U580 (716)S72-4S03 4^ 6^^' ^ M 3^0 APPENDICE. et le p. martus , que j'ai jugé convenable d'adopter ce nom sans garantir Tidentitë. IV. D. ocellatU5, Nitzsch. De Haan. pcâi» . occl- iatus Soop, Lyonet,pl. 5. fig. 3 (t). Trouvé sur le coromcorax, long. ;-^ poil. (1,77 m.) Les échantillon!^ anglais de la collection du Muséum s'accordent parfaitement bien avec les esp^ces arc- tiques. Selon Scopoli et Nitzsch, on lo trouve aussi sur le Corvus coronaî. * Subgeûus NiRUus , Nitzsch. V. N. affinis (n. s.), Nob. Albidus; capite triangulari, subiusco, glabro, ni- tido, apice rotundato : abdomine ovato, piloso, fas- ciis fuscis medio interruptis : antennis , thoracc , pedibusque subfuscis ; long, rh poil. (1, 52niillira.). Trouvé sur le Tetrao saliceti , et le Ptarmigan Cette espèce diffère de la figure et de la descrip- tion que donne Lyonet du pou. de coq de bruyère, (laquelle son éditeur De Haan rapporte au Nimius cameratus de Nitzsch), principalement par la (i- (i) Ilecberches . elo. Ouvrage posthume, publié p<'ir Dt- Hu.-iii. Tiiiis iS3i. '1 I AI'PENDICi;. 3«, gnrc dos bandes dorsales traiisversos qui , dans notre iiisoclo , sYlendent sur chaqnc côlc'; depuis environ le milieu du dos jusqu'aux bords ; mais qui dans le spécimen de Lyonet présentent une figure bifurquée , les branches de la fourche s'arrêtant bien avant d'at- teindre les bords, qui sont terminés par une ligne plus sombre depuis le tiiorax jusqu'à l'anus. M. N. Icstudinarius (n. s.), IVob. Fuscus: capile Iriangulari, glabro, nitido, apice Icuiporibnsquc rolunda^is : abdomine elliptico, sub- |)iloso , pilis ad anum confertioribus : segipentorum dorsalium suturis, lineâque mediâ longitudinali albi- dis : pedibus subfiiscis. Long. -V poil. (2,54 millim.). Trouvé sur le Courlis. •■ ... VII. N. bi&eriatus (n. s.) I^ob. " • Capiteglabro, fulvo, triangulari , apice obtuse, tem- poribus rotundatis ; thorace pedibusque concoloribus, illo lineâ medià , albidà , abdomine ovato, subpiloso, albido , maculis lateralibus fulvis , biseriatim positis , exterioribusmajoribus. Long. TVïpoll. (i, 77 millim.). Trouvé aussi sur le Courlis; autant que je peux me le rappeler, il n'a été décrit nulle part. SubgenusLiPEunus, Nitzsch. [Ornilhoblus , Leach.) I ni ; ' "' A M 1 ! ( T ii7'i AIMM'MUCli. Mil. L. jcjuiuis, Nuzsoh. Pedic. anscris , Linn. Fabr, Rcdi, Expcr. tab. lo, fig. dextra. Trouve sur l'oie grise. Long. ~ poli. (5,8 mil!.). Cette espèce diffère du parasite de l'oie domestique conserva' dans la collection du Mnsc'uim Britannique ; elle paraît identique avec une autre espèce de la même collection, dont on n'indique ni le nom ni l'habitation. Subgenus Gomodes, Nitzsch. IX. G. chelicornis, Nitzsch. Lyon. pi. 4. fig« 7« Trouvé sur le Te:. 'Salicetî. Long. ~ (2, ,54 niill.), lat. abdom. j4|-poll. (i,4o niillim.). Genus Liotiieum , Nitxsch. [Pediculus , Linn. Fabr. BiclnuSj Degcer, La- treille. Nirnius , Hermann , Olfers , Leach. ) Subgepus CoLPOCEPiiALUM, Nitzsch. X. C. subœquale, Nitzsch. Lyon., pi. 4» %. 5. Trouvé sur le corvus Corax. Long, miilim.). Subgenus Physostomum, Nitzsch, ■©• . poil. (2,o5 'V, i. ' AFPENDItlË. W^O XI. p. Sulpliureum, IMtzscIt. ? Pediculus dolico- ]fhahis, Scopoli? Albus; loto corporc glabro : capite oblongo, apicc rotundato : abdomine elliptico, sublus margiiiato; uiaculisfrontalibus^vitiàqucdorsaii sanguineis. Long. tV^ poil. (3,55 millim.). Trouvé sur le Bruant de neii;e. XII. P. Marginatnm (n, s.), Nob. Albidus : capile oblongo, lusco maculato, apice obtuso : ihoracc abdominequc marginatis, lineâquc luscâ circumdalis : pedibus albidis. Long. -^^ poli. (3,55 millim.). Excepté pour la taille cl la couleur , celle espèce ressemble beaucoup au Bicin du pinson de Degecr. i I r; ,; f ORDRE DES COLÉOPTÈRES. BosTRicuus typographus, Fabr. Var 6. « Corpore loto Pallidè testaceo. » GyHen. Insect. Sueci. , tom. I.pars. 3, p. 35i. Provenant d'un pin séché. M. Larva — incertac sedis; — an DiacE^ cujuv dam? Je suis conduit ii penser que c'est la larve dune i i ! f î \ \\']l\ APPENDICE. Dircaea (Aj/t'la, Paykull ) , d'après sa presque cntiénr concordance avec la description que donne M. Ma- cleay de la larve thysauurilbrme Xylita bupres- toïdes, (Horie Entomologicae , note, p. 4^4 )• Cette larve, ainsi que l'insecte parlait, avaient été trouvés en plein bois d'un vieux chêne du Hampshirc par M. Saraonelle; notre larve on diflcrc par sa couleur d'un brun-jaitnâtre clair, par ses pieds qui sont égaux entre eux; en outre de l'appendice fourchu des extré- mités , les deux éminences caudales et le bord posté- rieur du dernier segment, ou segment anal, sont ar- més d'épines fourchues , pointues. Longueur *4i de pouce. (ii,4millim.) Trouvée sur un pin séché. ORDRE DES ORTHOPTÈRES. AcniDiuM sulphurenm , Pal. de Beauv. Pal. de Beauv. Ins., rect. en Af'' et Am. p. i4;). Orthopt. pi. 4. fig- 2. L'insecte de Palissot de Beauvois provient de Vir- ginie. ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. FoHMici herculcana, TAnn. 375 APPBNDICi'. Var. Thoracc nigro. Shuck. M. S". Linn. Faun. Suec. p, 426, N'. 1720. Mon ami M. Suckard, qui s'est beaucoup occupé de cet ordre , et qui a examiné cette espèce à ma de- mande , fait la remarque suivante : « L'identité de » l'espèce apporiée par le capitaine Back avec la F. nherculeana do Linnée est intéressante, comme la » première prenve que je connaisse d'une espèce d'hy- » ménoptère habitant h la fois les continents européen » et Américain. Ces fourmis sont, il est vrai, plus pe- » lites que les espèces européennes ; mais il est bien » reconnu que le climat aflecle leur développement. » I if RADIÉS. Classe des intestihaux. {Entozoa, Rudolphi.) Ascaris — ? Je ne peux rapporter ce spécimen d'une manière satisfaisante h aucune des espèces décrites; elle ne parait pas très éloignée de ïascaris crenata de Ru- dolphe. On ne dit pas d'où elle provient. ,1 '♦■f f 1» 11 HOTAJNIQUE. I r ( ■M I.ISIE DIvS I>LAMi:S lll-CI KIIMKS PAU M. HIci,ai,|) KIN«. , iHHA.M l,'i;XPÉI)HIO.\ Kl CI.ASSÉtS l»AIJ xv. (;. ii«.oKi;u, l'IlOFliSSKUn l)K nOTAMQLi; A (;i,AS(;()\V, Ranuivculackk. Ancnionc patons, lort Rcliancc; Ancnionc neiiio- rosa (velue d'une manière inaccoutumée), lac des Bois ; Anémone multifida ( Poirct ) , lac Winnipc-r ; Anémone Pennsylvanica (L ), lac W innipeg et lac dr l'Esclave. — Hepatica triloba S {flook), riviire Win- nipeg.—Ranunculus aquatilis, rivière Saskatchewan ; Ranunculus cymbalaria, lac Winnipeg; Ranunculus affinis^ lac de l'Esclave; Ranunculus Pennsylvanicus, Athabasca; Ranunculus auricomus , Thlew-ee-choli et Athabasca ; Ranunculus sccleratus, lac de la Pluie et lac de l'Esclave. — Caltha paluslris, lac Winnipeg; Aquilegia Canadensis, id. Aquilegiap, hybrida (Hook) , lac de l'Esclave. — Aclaea lubra, lac Winnipeg. PArAVERACE. Papaver uiedicaule, Thlew-ec-choh. /U •-8 •'/ ai'Im;m»I(;k. t." •1 l''l MAlUACt.li. (lorydalis aiirca, rivière Wiiiiiiprg; Cor)diili* gliiiica, rivière VVinn r)i(.i;. .'W(j — J.arbraîa iiliginosa, rivière Missiiiipi. — Sl«IIcria borcalis {liigclow) ; Slcllnria Stricla [liich.], rivière VVimiiprg; Slellrria Ifiîl.i, Tlilow-n» -rhoh. — Arciio- ria lalcriflora , lac Siipmnir; Arniiaria Pcploides , golf«3 de IJoolhia. — (!A<înABl.K. Kpilobinin angiii^liroliiiin, rivière Saskatchonaii; Epilobium lalifoliuni, Tiilew-ec-choh ; Epilobium ori- ganifolium, Saskatchcwan; Epilobium alpinuui? près du précédent, lactorcrie d'York. — Auolhera bien nis? Alhabasca. SaXIFRAGIv/E. lleuchera Richardsonii, Saskatchewan. — Saxi • Iraga oppositifolia, golfe deBootbia; Saxifraga ccr- nua , Thlew-ee-cboh ; Saxifraga nivalis , Tblcw-ee- choli ; Saxifraga Virginiensis , rivière Winnipog ; Saxifraga vernalis, rivière Winnipeg; Saxifraga bir- culus, Thlew-ce-choh ; Saxifraga tricuspidata, lac de l'Esclave et lac Winnipeg, Tblcw-ee-choh. Umbëllif£r^. Zizia cordaia, lac Winnipeg. AnALIACEiE. Panax quinquefolium, Saskatchewan. Corner. Cornus Canadcnsis,lae Winnipegetlac dcTEscluxc Ai'i'K.NDici:. :\H\ (arniioiJACE i:. Sambiiciis racemosn, lac \\ iimipeg. — Viburniini {iccrifoliuni, rivioro de TEsclavc et Alhabasca. - Lonicera parviflora, lac Winnipeg; Loniccra c iliala, fort William; Lonicera cœriilea , fort William. — Liiinœa boroalis, rivière Missinippi. RuniACE.E. Galiiim boréale, Saskalchewan et Missinippi. — Clayloni, Saskatchewan. CoMPOSiT.B. Leontodon palustre, Thlcw-ce-choh.—Bidens cci- nua, Saskatchewan. — Achillea millcfolium, Saskat- chewan et Missinippi. — Pyrethrnm inodonim |3, golfe de Boothia.— Artcmisia frigida, Alhabasca; Artemisia bicnnis, Alhabasca; Artemisia borealis, Thlew-ce-choh et golfe de Boothia. — Arnica mon- tana, Thlew-ee-choh. — Senccio aureus, Saskatche- wan, Alhabasca ; Senecio pahislris, Missinippi ; Sc- necio p. congesta, golfe de Boothia. — Erigcron pulchellus , lac Winnipeg; P^iigeron purpureus , Saskatchewan. — SoHdago virgaurea , Saskatche- wan. — Aster paniculatus? iaclorerie d^iork. Antciinaria planlapnea, fort William et lac de l'Es- clave. ♦ 1/ il ASq. AfM'i"Mi!Ci;. I (Iampanli.aci. i:. (iitmpaniila linil'olia, Saskalchewan. KftlCIMiyK. Lcdn m palustre, Thlew-cc-choh. — Arbiiliis alpiriîi, Thlew-cc-choh ; Arbiilus nva ursi , lac Winnipog. — Androincda tclragona , Thlcw-ec-choh ; Andromndii polil'olia, lac Winriipeg; Andromcda calyculata, lac Siipr-riour. — Ilhododondron Lapponicum, Thlow-ce- dioh. — A/alca prociimbcns. Thiew-cc-clioh. \ Kr.ctyv./E. Vaccinium Pennsylvaniciim , rivirro Wlnnipr^; Vacciniiim uliginosnm, Tlilew-cc clioli ; Vaccinium vilisidœa, Saskatchewan. — Gaiilllicria prociimbcns, lac Suptiam;.k. Conliana amar«lla , l'actorrrio d'N ork. Apocynum rosmarinifoliiim, S.'iskalchewan. BORA r;iNK/E. M;isl( liia c.'iii<'sc«'n», lac \A iiinipr B" Coll omia li T I ai»im:m>ici:. 38;i ncaria, Saskatchowiin. — Lilliuspcrniiiui pnniciila- luni , lac Winnipeg. HydropfiyllevE. Eutoca Franklinli , Saskatchewaii. ScROPIIULARIlVEyB. . ^^ Pedicularis hirsuta , Thicw-co-choh. — Vcroiiica^B perfgrina, Saskatchcwan. — Collinsia parviflcia, lac Winnipeg. RllINAXTIUCKii. Euphrasia offic.'nalis , Saskatchowan. — Molainpv- riim lineare, Saskalchewan. — CasUJlcja soplenlrio- naiis, Winnipeg el lac de l'Esclave. PuiMULACEyE. Menyanlhes Iril'oliata, lac Winnipeg. — IVimnIa pusiila, lacSupciiour. — Tiicnlalis Americana, Sas- katchcwan.— Lysiniachia ihyrgiflora, SaskalchcMan. PLUMBAf.INE.f:. Staticc anneria , Thlcw-ce-choh , el golfe de Boo- ihia. PoLYGONEyE. Polygonum aviculare , Alliabasca ; Polvffoniim liydropipcr, Saskalchewan; Polygonnmh. var. c-^laii- dnlosuiii, Saskalchewan. — Peisicaria , Alhabasca. Oxyria nnilonnis , Thlcw-ec-choli. ^ 1/ 7 ''JS\ APPEiNDICK. ClIENOPODEiE. Blitiim capitatimi, lac Winnipeg et Athabasca. — Chenopodium glaucum . Athabasca ; Chenopo- diuni album , Saskatchewan. — Atriplex littoralis , athabasca. — Lophantus anisatiis , Saskatchewan. LABIATiE. Stachys paliistris , Saskatchewan. — Dracoccpha- lum parviflorum , lac Winnipeg. j '' T11YMFLL.E. ' Comandra urabellata , Saskatchewan . EmPETREyE. Empetrum nigrurn, Thlew-ee-choh. IlYDROLACEiE. , Diapensia Lapponica , Thlew-ee-choh. Amentace^. Salix arctica, Tlew-ee-choh , golfe de Boothia; Salix cordifolia? Thlew-ee-choh; Salix reliculata, golfe de Boothia ; Salix herbacea , Thlew-ee-choh. — Bc- Uila glandulosa, Thlcw-ce-choh. — Alnus glutinosa, Saskatchewan. — Populus trépida, Saskatchewan. UnTICEiE. Urlica gracilis, lac Winnipeg. CONIFER/E. Juniperiis prostrata, lac Winnipeg. sca. opo- ilis, 1. pha- hia; çolfo Bc- losa, n. APPENDICE. 385 iRIDEyG. Sisyrinchium anceps , lac Winnipeg. Orciiide,!:. llabenaria rotundifolia, Saskatchewan ; Habe- naria bracleala , lac W innipeg. - Neottia ccrnua , Alhabasca. — typripctl iim parvifolium , lac Winni- peg. —Calypso borcalis, fort William, MeLANTIIACEjE. Tofiekla palustris, lac Winnipeg. Asphodèles. Alliuin schœnoprasum, Saskalchewan. SmILACE/E. Smilacina slcllata, lac Winnipeg; Smilacina Ca- nadensis, lac Winpipeg. LiLIACEiE. '^ Lilium Philadelphiciim , Saskalchewan et Portage la Loche. — Erythronium lanceolalum , lac Supé- rieur. Gramines. Alopecurus arisculalus , Saskatchewan. Caperace-e. Carex? lac Winnipeg et Saskatchewan. FiLICES. Ncphrodium fragrans , lac Supérieur. — Equise- II. 25 ^ (■■■ •.'! 386 APPENDICE. tum sylvaticiim, factorerie d'York. — Marchanlia polymorpha , factorerie d'York. — Auriscalpum hy- drium, lac Supérieur, » LISTE IIES ÉCHANTILLONS DE GÉOLOGIE, RAPPORTÉS PAR LK CAPITAINE BACK ET DÉCRITS PAR M. FITTON. (Ces échantillons ont été comparés avec ceux dont le docteur Bi- chardson a dressé une liste dans la relation du second voyage d« Franklin ; on donne à chaque article le numéro de l'échantillon cor- respondant de Richardson.) t I! De LA RiviikRE Athabasca, ou rivière Elan (d'un des portages probablement). — Feldspath porphyri- que gris compacte, renfermant des grains de quartzet de feldspath cristallin. Calcaire blanc de lait, faisant peu d'effervescence, contenant des empreintes de coquilles, et parfois des géodes de carbonate de chaux magnésien; il est, en quelques endroits, taché de bitume (i), en couches horizontales, sur le bord de la rivière. ■\v. (i) Cette rencontre de matières bitumineuses dans du calcaire for- mant à peu près la bordure d'une grande bande de rochers ignés et cristallisés, peut mériter quelque attention relativement à l'hypolbèsc de Dolomtsation ; elle indique quelque chose de particulier sur l'in- i-t Il; I - Il '. v \ C t 388 APPENDICE. Cette rocltc ressemble beaucoup n ((uelques una des spécimens des Ramparts du fleuve Mackensie , porti'îs dans la liste du docteur Richardson , sous les numéros 1/48 , i5G, p. xxxiv, xxxv; î;1 au spécimen du lac Winnipeg portant le n" ioi/|, p. i-iv. Du Gram) Lac dk i/Esclavi:. — Calcaire dur, leuillelé, faisant diflicilement efl'ervescence; prove- nant d'une ile de grande étendue, formée de couches ïiorixontaîes; peut êtnî comparé avec les numéros suivants de Richardson. N"* : fin, i5s», p. xxxi ; 9o5, p. XLiv; 240, 9J)Ty, p. vi. Dk LA BAii: CiiRisTiK [ Petit- thc-nu-cii). — Calcaire (magnésien) feuilleté, avec une vein<; de carbonate spathifjue de chaux et de magnéjiie; peut se comparer au numéro 2^8, p. v,dc l'embouchure de la rivi<'!re Dease au sommet du Grand Lac de l'Ours, et au u" 208 du Cap Parry. Petite Baie sur Gak-lioon-lcheMa. — Ln échan- tillon qui fait partie d'un bloc erratique trouvé sur la gnHe par M. King, chirurgien de l'expédition. ï l I troduction on le développement de la magnésie qui pourraient avoir eu lien après le dépôt de mati»;res calcaire», ainsi que sur sa rela- tion avec les masses incandescentes dans lesquelles elle aurait élé contenue. APPENDIfJE. 38q consiste en calcaire l'aisanl beaucoup d'effervescence, avec les acides, et montrant, h sa surlace déconipo- fcéc, des grains concrétionnés semblables à (juclques variétés d'oolite; il contient aussi des portions d'un Ibssile qui est probablement un corail allié au genre Stromatopora. Parmi les échantillons qui montrent une structure organique, provenant sans doute aussi des bords du lac , il en est un qui a une surface tuberculeuse , coçiposéc de matière calcaire que M. Loudalc consi- dère comme appartenant au genre Slromatopora de Goldlus, et probablement à l'espèce Poljmorpha (pi. X, fig. 6, lettres ^ctc). Du FoitT-RiiLiA.Ncii ù l'extrémité orientale du Grand Lac de l'Esclave. — Granité de plusieurs variétés : quelques spécimens ayantl'aspcct delà Siénite; d'au- tres contenant du feldspath couleur de chair en grands cristaux. Ces granités forment des collines ondulées d'une hauteur cons/dérablc. Quelques échantillons de cett(^ localité se rapprochent du gneiss : ayant une structure feuilletée et une grande proportion de mica. On a pris sur la berge, -, l'entrée .du lac, un conglomérat siliceux, consistant en cailloux roulés i il I I ;ir)o APPIlNOICi:. m'*i H lit' de silex , ciiiienU's par iiih* pàtc de subie el de mu- ùhv, c'îilcairc (Puisant cflcpvesccnco). On a trouvé le» échantillons Ruivans en cailloux rouh's sur les bords du lac, près du Fort Reliuncc : calcédoine lanielleusc gris-blcuûtrc ; cristaux do quartz; qunrlx de diverses teintes, gris et brun; schiste siliceux ; jaspe brun , el débris d'une con- crétion consistant en portions de jaspe rougcùtrc dans une pâte d'un gris-lbncé. Du itAPiDR j)U Faucon. — Latitude, 6r)"-55'; Lon- gil., ioy''-4o' {iob'^-9/ de Par'" ) Granité rougeâtrc ; quelques échantillons indiquent une structure schis- teuse; quartz gris provc^nunt en apparence d'une veine. Du RAPiDK DU Rocher. — Latitude, G5'*-5o'; Lon- gil. , (iS^-so' (ioo"-4o', de Paris. ) Granité avec dos taches de différentes teintes rongea 1res et grises. De la pointe Backhouse dans le pertuis delà grande rivière Back. — Granité rougeâtrc de grain assez beau. Enfin, d'un morne ou renflement {Blu/J') au nord de lu pointe Beaufort. — Granité gris-bleuâtre d un beau grain. OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES. Pondant rcxpédition, on a saisi toutes les occasions possibles de faire des observations magnétiques sur rincbnaison et la Déclinaison de Taignille, ainsi que sur l'Intensité. Au fort Rcliance, on en n obtenu plu sieurs séries ; on s'y est aussi occupé do la Variation diurne et de l'influence que peut avoir l'Aurore bo- réale sur les changements extraordinaires que pré- sente la direction de Taiguille. Ces observations ont été remises entre les mains de M. le professeur Chrislie; il se propose d'en dis cuter la plupart dans un mémoire qu'il présentera prochainement h la Société Royale ; il est donc inu- tile d'entrer, à cet égard, dans de longs détails. On s'est borné h réunir ici en tableau les résultats im- médiats des observations. Inclinaison et Déclinaison de l'aiguille. L'inclinaison a été déterminée par un instrument ^ I , I r ' * i Kl »> ' I:! ;3 39*J AI'I»I.M»ICK. de Dolluiid, Tort pulit, inuU Tort exact, portunt une aiguille do trois pouces de longueur (76,'/! mill.). Pour placer rinslruincnt dans le méridien niagnéti- (]ue, on se scivail d'un appareil muni d'une petite aiguille ('limantéc. On faisait mouvoir tout l'instru- ment qui était susceptible de prendre un mouvement de rotation, v.i on amenait le cercle vertical au pa- rallélisme avec cette petite aiguille. Au fort Ueliance, on s'est servi pour l'inclinaison de l'aiguille n" 1, prenant la moyenne des diverses lectures, observant successiveuicînt face h l'est et face à l'ouest, avec la face de l'aiguille vers la face de l'instrument, et la face de l'aiguille retournée , puis recommençan'. avec les piMes renversés. Dans les observations de l'aiguille n" v..on n'a jamais changé les pôles; les résultats qu'elle a donnés exigent donc une petite correction qui n'est point -constante. Le professeur Cliristie s'en est occupé , et il se propose aussi d'examiner les observations d'intensité magné- tique; il m'a fait savoir 'uie cette correction est très faible et n'excède pas dix minutes pour les obser- vations faites depuis le fort Ueliance jusqu'à la mer. /i 0 .* 'r. w 3i ^ < j \r> , ^i wt u ■^ 2 , r, d ^ 0 ^ :- t. \ > f i 'i \ "i a i K' "" _o »■■■ J K ^ u ^K ** '-i m-* « S H*' 0 s. |P H « F /, H ^ ^ c ^• /■> Y, .- 0 7' ! ^ *^ 0 •* UJ — 0 ' -^ Ui — '-', / H u \ % •^ ' \ " l V ^ > W w ^_ ,-. H m/ hJ . W' Ui ; jl 1— 1 1 K' j ! rif AIMMl.MUCF. Mj^ iV e. J J .M < r- ■/■; 'f. C w w w ni hl w'i^ ui w c w c w c w % ae M « 3 1 % c » g < ~t vt O ' : Oi'S- s >+ -^ . PO fl «1 3 <0 ij M •^ M M ts « M »^ d M - -f ^+ m M -f 1 ;^ O ^, •ul M •n C. M tr> 1^ 'O "^ '•»• C'-O « «c w fO M a « « «s « fO fo •T « « « « « « t • ;5 _. ^ ^ ^ s r2 s s 2 0 -= ce fO f Ï'^ê- «^ • " " - 1 5 3 "S ''i • o -3 fi - H-i ^ >• u -5 «. -4 « « « f4 {S J< et >- « >i fi M d f) « <^ «s 'J T " c '4 o •r, o V-t Ci O Ol'O Cl I> «+ o ro ei Cl "-PO -f PO «rt 'ita/ ^ M ^■r « ••* fo 'C «-r et en »- ro M 'C M .-r « V; C Ci 0 O w ro -f -+ •-(• ro .+ •^* 'S 1-00 1 - Ci u t> l^ 1^00 oo •n co oc ce c« 00 ce ce 00 ce ce ce ce '/! "" d o , si ,0 co es M U c» o «o i- _5 *-■ ■^ es -i -3 -*■ 2 o M o o « Cl o S S J S — * ■ • = 5 5 5 r s f PO M Cl '3 u MM M fi ^ « « PO -3 '""^*'*^^^^B^.^ Si "Ci M O C ^ -+ -f M ^l- M o ~ irt H « fO ic -r - - « ?< PO ro "f f>o ts S ■« M f) >- £S IC C:"^ "-t cr o IN c« oc e v-f v-J- _l M fl es PO f) PO M !£ te 00 •+ o fO ;c M O O 1- I- r - i> t- c- o M M M M -1 o Cl Ci Ci l-t M 1-4 M •^ M M UJ 9 Li * ~i > v+ Oi'^ 'O n •; ^^ M QC «f I » i^ m «-■ PO m fO fi {S 'O w M es >« H "H c* Ci -û « ^ "•/ « C '^ o -r M 1- PO 5 â c f) fO 'n « v+ - -+ v.-t lO Vf »* b« o t^ 00 «* v+ >.-, ij-, lO 'O «c - •■Cl '.o 'O 'J « • . . . • • -O ■ ■ ■ ^, o .^, ■ • . " -^ ■ • '^ •X u ' ■ • •^ ï ■ . LIEU BSERVAT o "n ils 11 « 3. Q- O -S -O .2 "3 P o -2. = = "■=: O 0 'a 1 hl!^^ Pi: ^ £ ® o J 1> s fa- o — % "k. •E,-û..S ^5 s O n o O cB re o cj eC pti s< z: '? '<. (^. U. U. S^ c ' - I _• Irt O M »T Ci'* «s es 00 a " ? K 's 2^ •- 2 — "^ fe .^ • c "3 ^ o ^ ■« ^ .2 CJ o o .2 tr-S «<2 S é: = 3 CJ es A o * es « oj co co Cas c- •A es t/i 4> 1-1 H ■ig't AlU'iSiNDlCi:. Il : Lu Déclinaison a été dclcrminôo au moyen ù\m compas de Kater, fait par John. On a pris le plus grand soin d'en éloigner, au moment do Tobscrva- tion, le Icr ainsi que toute autre substance métallique quand on avait lieu de supposer qu'elle avait quelque influence. Par suite de la grande diminution do la force directrice agissant sur l'aiguille horizontale , la Déclinaison est devenue fort incertaine, h partir de l'embouchure du Thlew-ee-chohj les différences que Ton rtMnarque entre les observations d'un môme jour sont-elles dues h la paresse de l'aiguille ou h une modification dans la direction de la force magnétique, c'est ce que je n'entreprendrai point de décider, bien que je ne doute guère de l'influence de la seconde cause. Variation diurne. ï' \' Les changements diurnes dans la direction de i'ui- guiile ont été observés avec un instrument construit par John expressément pour l'expédition. Il consiste en une boîte de cuivre rectangulaire, longuede dixpouces (2.54 luilliui.), large de deux pouces et demi (63,5 APPENDICE. '.)i^i) milliin.)» avec de» glaces 2i chaque exlréuiiUi et ù la ps Uic supérieure, paflhemont abritée de Tair. Elle riait munie do deux niveaux et portée sur trois vis. L'aiguille, longue de huit pouces trois quarts {'2\i'A,'2 uiillim.), avait la faculté de vibrer, dans un arc de dix degrés, h droite et h gauche du méridien magnétique ; elle pouvait être placée sur un pivot ou suspendue au moyen d'un appareil vissé dans le haut de l'instrument. Une petite lunette indépendante servait aux lectures ; elle se mouvait dans un arc concentrique avec les arcs gradués; et, par con- séquent, il n'était pas nécessaire de trop s'approcher de la boîte pour l'aire les lectures. Ou a placé l'in- strument dans l'observatoire, sur l'établi dont la des- cription se trouve dans la relation du voyage, p. 248. Les observations sur la déviation de l'aiguille ont été suivies à trois reprises, pendant sept joints consé- cutifs, d'heure en heure, depuis 8 heures du malin jusqu'à minuit; on en trouve les moyennes dans les tableaux n° 2, n° 5, n° 4* Depuis novembre i855 jusqu'en avril i854, et depuis novembre i854 jusqu'en mars i855, on a observé, jour par jour, la direction de l'aiguille h 8 ol 08 .ap. m. VARr XTION DU- RM;. IMiniiit. i' 8 ' K. I 34 () .) ■f.'i E. o o 4 Vi E. ■S S O. 7 43 O. 3 II F. TEMPE- RA.TI;R£ -3"4o -348 -3 87 -3 yO • 3 (,G Observations. — A 9 heure; avaii» midi, l'aif^uille était généra- lement agitée; à 10 lioiires, elle a vii)ré nne fois; à 1 1 heupes, trois lois; a midi, deux foi>-; à i heure après midi, Ir.iis fois; à 2 heures trois fois ; à 3 lieures, deux fois ; à 4 heures, elle était en repos ; à 5 heures , frémissante ; à 6 heures, deux fois frémissante; à 7 heures, trois fois frémissante; à 8 heures, deux fois tremblante; à 9 heures, trois fois; à ro heures , deux fois frémissante -, à 11 heures, affoetée deux fois; à minuit, frémissante deux fois. :5()S APPEîSDicr:. N» 3. I mil VARIATION DIURNE MOYENNE, ET TEMPÉRATURE OBSERVÉES AU FORT ReMANCE, d'hEURE EN HSURE, DEPUIS 8 HEURES DU MATlîf jusqu'à MINUIT. Du 23 avril 1 834 au «9 du même mois (7 jours). HEURES. VARIATION DIURNE. TEMPÉ- RATURE. HEURES. VARIATION DIURNE. TEMPÉ- RATURE. 8h.av.in. 27' .3"E. —8" 87 5 li.ap.iT). 5 170. — 5" 53 9 24 25 E. —8 32 6 » 5 a6 0. — 5 34 lO 16 17 E. -7 78 ■7 3 26 0. — 5 56 II II 34 E. —7 74 8 I 25 0. — 5 56 Midi. I 43 E. -7 19 9 " 0 43 0. — 6 of) ih.&p.m. 3 0 E. — 7 22 10 » 0 0 —6 64 a I 34 0. -6 67 II n 0 17 0. —6 64 3 " 4 26 0. -6 07 Minuit. 6 340. —7 19 4 •> 7 8 0. ~5 56 » n » rt » » Observations. — A 8 heures avant midi, l'aiguille s'est mue une fois; à 9 heures, agitée deux fois; à 10 heures, elle s'est mue deux fois; à II heures, en repos; à midi , en repos; à i heure apràs midi, en repos; à a heures , s'est mue une fois ; à 3 heures, en repos; à 4 heures , agitée une fois; à 5 heures, frémissante une fois; à 6 heures, agitée deux fois; à 7 heures, en repos; à 8 heures, frémissante une fois; à 9 heures, en repos; à 10 heures, en repos; à 1 1 heures , vibrante une fois ; à minuit , s'est mue doux fois. (L'aurore boréale n'a été visible que trois fois.) I APPENDICE. 1^99 N» 4. VARIATION DIURNE MOYENNE , ET TEMPÉRATLRF. OBSERVÉES AU FoRT ReI.IANCE, d'hEURE EN HEURE, D . . .^. IS 8 HEURE!! DU MATIN jusqu'à MINUIT. Du 22 octobre i8 34 au 28 du mijmo mois (7 jour. '). HEURES. VARIATION DIURNE, r TEMPÉ- RATURE HEURES. VARIATION DIURNE. TEMPÉ- RATURE, Sh.av.m. 28'5i"E. -io»59 5h.np.m. 9' o'O. — 8»37 9 » 19 5i E. —10 79 6 .. 9 17 0. — 8 42 lO » II 0 E. — 10 08 7 8 5i 0. —8 37 II » 5 5i E. —9 72 8 » II 80. — 8 3i Midi. 4 34 E. -9 38 9 » 8 25 0. —8 41 ih.ap.m. 2 25 E. -8 89 10 » 5 0 E. —8 46 2 » I 3i 0. — 8 65 II 5 i5 0. —8 .56 3 « 8 43 0. —8 25 Minuit. 7 340. —8 46 4 '• 12 17 0. — 8 3i r> » » » » » Observations. — A lo heures av. midi, l'aiguille a été une fois en mouvement ; à 1 1 heures, une fois ; à midi, deux fois ; à i heure , ap. m. deux fois; à 2 heures, une fois ; à 3 heures, deux fois ; à 4 heures , une fois frémissante ; à 7 heures, une fois frémissante ; à 9 heures, deux fois en mouvement; à 10 heures, une fois ; à 1 1 heures, deux fois ; à minuit, une fois. f 'I 4oo Al»l»EM»ICi:. ^ (> ■ fi Vf ^-k r-i 1 ^ Ci 3 «n -o ec 1 t> ;0 fo >s f) ro »o fo fJ O» • M M o Oi O30 co se Oi wi S = n .X - B UJ = ^ i^ ~ •/■ s C " = s = t- >5 w w M t2"-§ ? = £ > 22 w W W C W d C C K C " "t^ .-t k- fo c '.T 0 ce M irt - = ■' «lï pï M fj îv-, >r, es M {>) o o ---f ^ î^ '-- * ^ ^ £ -s H «C'O^'tOCPlfOi-'"'-! ff) fO ^-^ 0 w 0"j o ?0 o t"^ 09 ce »+ Ci « C. ^+ oo >- f *, 1 f) fO C-. >.'! Il fO C C -n w 1 l^ M >n o ^+ 05 o ce ^3- 1.-! le ' 0 b< ec ec «C w O ""- 'O "^ >n O r^ 1 > in -+ ^+ fo fo 00 v+ i/« P HWWWWMMWMM , «PffJPJC^OeifJ^PI es ^ W W ui W W W W W W d 52 w w w c c d d d c c " "o -+ C-. i^ r><.-! w (N M M " 1o te f^ fi o r-> 0 o c ^^ •S f^MCll-l«"M0«fO «Ovrj-lnfOlOPINwiHl.-; ^-> (NOoe«i»o«-iOMtoM vt| ta I r^ t^ « «î in o ^i- « o 0> 1 irt »« vj- v+ fO t^ w t^ (^ ce j 1 « o 1 ««oiwo-mmmo OOC>ooeci>t>t^oo« ^ l*^ S i «eipj«e)f{«t>if)« . fo(vopifie)«f)p!nr< > 52 w" W W W W W W W W d 2o w" W W K w" d O d d C := <^ *1^ •a) '^ »n «moo r^o C. C H o >t M w o tn »o o M ^-t- w « v-f »-■ v-t )o >o lo M ^-- -r 1'. j fi O f f) o ^T r> o O 'm "n o M 0 0 ^ fo " ^-r ^+ fO M M (N w MOtCOCï OCTiOOPl i-Ot^Oi-i^f^OCC. :s '-5 H 1 ce o i.n o C". 0 o ^* Ci t^ 1 w i> " Cl o cf f! f) r; - 1 ° sg 1 • ODOOrsOOC on t^t>r>r^r^r^r^t^t-Ni- 1 _ Mp-if-itrîfifîpjpiMM . ci«eac>)«c>ip)p.ri-j •■j EiS "5 s t. 1-5 ^ wwuipïJWWWWWW SS wwf4coccccc •-1 o rn o r- ^-f ^ C5 Ci Ci w " ^i> fO O (N r> ce m h r> C fOc)-*MfO(SM)-iCe« «iNOiow-^Ok-Ofi ?^ y o ce -sC ?< c c w t^ M o (N fO M O « D 'O n -^T v* M C 'rt t -O ro Cl vt n >rt M <>-! n M fo { ' m M f^ .-« P^ X «: p wuwuwwwuMM . CT) r^ f^ f^ ers c'i tn fr c^ y. 3 'n h3 w u 52 KWWWWCWtiP^O 5e WWWCCWCW'CC' " X+ ^^ >r! ^^ "^ ce f~ Ci t-^'n -^ "c. «+ o »rt m oe 'O »o o - | o ^* fi C M C f~ w e) O O >o ^+ w « H >o M o H M t) f; C. n c; w o f '" 0 « ^-^ f 0 w O c i-i O O H M ! )n cv f) fn M - j vj- ^-t i ^ 5C w vi w ^+ "n ce v+ i^ w fo r-) ce O lo ^-f vr 1 en ic^i^C"0'-iiDi^r^t^ ICO c^i^ M M w V* >o t>cc ' O , le U al r^ t> i> r^ i-^ i^ t> r^ c^ r-. o O Oi 05 d 05 O Ci Ci C 0 w ^ W W W d W d d W W d 5o w w w w w w w w Pi* ;^' '-' "~v,+ vJ- e) V* «c « te ti o ce " "« o 'O m V+ (M M c. f o f : ^ p)vrfOf)>-ifoco>nfo H««e)«o»»o«f: >> 1 en e ë ^ s B ^ • W >ft os « ^ ^' « ."^ ^' rs :ï' :s = « ^' ^ ^-"s" ^' '^" ^* ^' = ^ w s ■^ i-' oi -■ i^i o;; ceoi "-«fOvht^i- occi H«M 1-" ! 1 i • I I* 7 APPENDICE. eo (-0 ce -#'.- OO fO ^^ (N OJ fJ ^ (S • • . c o c ^ PO 0 o d o H c f) Vf M OS 1.-; irt co o ••• t ^ rr r^ t> t^ 00 ce PI ?) ts n ?i O O C C C 00 r> o c- c 0 ^ fO w X- P: « o c c. f) f4 f) CN - «s es Pi !>J ?: c c c c c ^ O >- C p: p) »n « PI w C". o C-. ce 1^ ce ce oc ce ce f ' fO M f^ ."^ PO CO fO p-l (V) W C W C C oe en o o H PO M © O M PO ce M r^ ce Ci O Cî C. C M H K [i f— PI O PO CM PI PJ ^ lO t> t^ c "^ "ts "« "tt" = 0 ^' I 4o2 AI»PFM)ICi:. rri |: 111 \o 7.— TAliLK DES I.ATITUDFS, LOXOT'l UDKS V.T DKCI.INAISONS. (Nota. Les longitudes sont les moyennes de trois clirononitlirs.) DATES, 1 8 33 Août lO '9 •21 •M 27 Soptciiihro. j.T LATITUDE LONCITCnK nord. occ. de Par i834.Juil. i3 20 a.i 29 3o 3i Août. ()i"45'35" 62 .'îo i5 63 23 46 03 23 57 64 24 x3 61 40 ;)i 62 ."ïS 26 62 46 2() 65 28 21 65 14 44 65 9 12 65 53 lu 65 48 4 65 5'f x« 66 6 2', 6- ? 3t 67 20 3i 67 4r 24 67 47 27 6R jî 57 n3"4o'i6' ri2 S 18 tio 28 40 >i 11 DECLINAISON de raij^iiillo. tio 49 17 r 10 28 34 iio 43 48 III 21 33 109 14 25 io8 21 17 io5 53 32 » » i> t02 l 10 00 3o 3i 11 >» » 97 o 9 96 48 38 97 ^î» 40 97 38 39 97 lîî 2'' I.IKU d'obscrv.itiou. 45" 3 I E. 36 52 E. 36 o E. 36 56 E. 4.'. 24 E. 3 ,") 1 9 E. 3') 12 E, 3o 6 E. 29 38 E. 29 16 E. 11 II y-i par Io relcv. du Sol. a m. 8 3o O. Près des IMont.i^iiL's, rive nord du ('>rand Lac de rEschtvo. Emboiicliure de la ri- vière Geléel.Iuiielie. LacWalinsIey. ExIréiiiiléNorJdii Lai- de lArlillerie. Baie Saiid-llill. Rapide du Cœuf-Mus- qué. Exlrèmitè sud du Lac de l'Artillerie. Moyenne di'dilïérentes séries au l'orl-Re- lianee. Près du Lac Beechey. Extrémité nord des Cascades. Sur l'Ile. Lac Pelly. Lac Garrv. Rapide du Rocher. Mont Meadiiwbank. Près de remhouchure du TliIe\v-ce-choli. Raie Cockhurn. Pointe Reauliirt, Ile Montréal. Pointe Ogie. M APPENDICE. 4o3 AISONS. itlOll. oiita;;nes, du ('>ranJ ïschtvo. ; de la ri- cl.Iuiiche. ?y. orddii Lac- lerie. lill. joeiif-Mus- md du Lac loi'ie. dift'éronles i rorl-Re- Beechey. nord des Rocher. Jii\vl)aiik. Nota. — Nous avons supprimé, dans l'appendice, plusieurs pages sur les gisements des arcs et sur certaines circonstances numériques des Aurores observées dans l'ex- pédition; nous avons aussi supprimé les tableaux jtuirna- licrsde météorologie, tenus par itiM. Back et King durant leur séjour au Fort Roliance. Ces détails, purement techniques, n'intéiessent qu'un très petit nombre de savants qui peuvent facilement se procurer l'ouvrage anglais, auquel ils préféreront loii''Kirs recourir, et qui souvent obtiendront communication du registre complet des observations contenant des détails inédits. Le plus grand froid que l'expédition ait éprouvé a eu lieu le i-^ janvier 1884, pî*'* 7°° Far. (56**, G-j cent.); le temps était calme, commis il l'est généralement à l'époque des froids intenses. Ce fait avait été déjà observé dans les voyages précédents; il s'est trouvé confirmé dans celui- ci ; cependant le capitaine Back a remarqué qu'un très grand abaissement de tciiipératurc était accompagné d'une brise précédant ou suivant immédiatement un calme. — Les expériences physiques faites pendant cette i)ériode de fi'oid se trouvent décrites au premier volume Je la relation du voyage;, page 281 et suivantes. N, du T. 3inb()ucluire w-ee-choh. I)iirii. lut'orl. I IN ni I. Aiu'i'.-xnir.h. ^a! r TOME PllEMlElî. Page e^^, ligue 4, au lieu de: Chîpewyns, ,sc^: Gl.i 9' buffles, »» dix, »S' 11», 4' liumaine, 3' Thiew, *' visiteurs, 70. U6, i4i, i55. 18a, 255, pcwjan. i>isoii8. raille. 110". de l'homme, Thelew. vojageurs. TOME DEUXIÈME Pag« 2d' %neao, au Ueude: io8°.2i'.,3" •261, 1, faire causer avec, faire causer. h) ;i li TABLE t»ES MATIÈRES CONTENUES DANS tK VOLUME. C.UP.,„B ,x. _. «^flexions. - Hal.e pour la nui,, - 0„ s. remet en marche. - Obstacles divpr/ t u :r:; -r "z" "• «-----»- -«'"---p:: _p«.. ,1 , "*^''^°°' — Bourrasque de neige. T ,lor. No» dévions de „„,re cl,™i„. _ décide,,, arr é a James .Spenee. - Mau.ai, ,e„ps. _ pi,, ,,.„„e jn »o« ,e.ro„vo„, l„ guide. dé,er,eu„.- G.L d,„ger/e- H 11 I«oche.hej„d,ciaire,_ Animo„,.-napide d„ B™f Musqué. — Mou» rejoignons M. Mac Leod _ r„„ • -ce de ia ri.i...- Une beiie Indienne- «,.0,17:: rennes. ^.nasse dux J "'Xânt''* ■;' "'T'T. '""'" ' **• ^«•^-^-'^ - "0- séparant. - Rencontre d'Akailcho. - Sa cabane i nent danger pour les bateanv r ■? ~ ''"""" 6 1 our les Dateaux - Conseil amical d'Akailcho - Nous nousembarquo„s.-Grande tempête - Comnn de l'équipage. - Aspect géologique d«Z ^""T arrcte—Suite de raoides S... i ^ ^'""^ """'^ - Obstacles ""ly^^^'-^'^ d« Pemmican rempli de sable. UDstatles.- Mauvais temps— Chasse au daim nu. vatjons. Déviation du cours de la rivi.re.-; ^l" ^ ^ - Les glaces nous arrôienl de nouveau. ^ Cascades S «naux. - Rétrécissement de la rivière. - IV^TJn Z -.peaux d'oies.-..ct que doitavLrun^^e!;:;;;:;.: ^ V /•()(; TAIU.K — Un renard. — Miinjucs faites piir les l-lsquimauv. — Itivitri' Miillen. — Une tourmente. — Lac Pclly- — Conjecliires d'un Iiulien. — Campement. — Aspect du pays. — Nouveaux embarras. — Observations. — Lae (iarry. 1. ) r iJ (JiiAPiTRR XI. — Bloes gifîantesques. — Danger des rapides. -- Cours de la rivière. — Lae Mae - Onugall. — Passage périlleux. — Cliute de .Sinelair. — Tendance de la rivière à se dirigi vers le nord. — Monl Meadowbank. — Elévation des rocbers. — Formation de Trap. — Pie de Mae-Kay.— Lac Franklin. — Nous échappons à un grand danger.— Fngourdissenjcnl rie la boussole. — Esquimaux. — Portrait d'une de leurs femmes. — Promontoire Vittoria. — Tîujboutdinre du Thlew-ee-Clioh. — Baie de Cockburn. — Pointe Baekiiouse. — Baie d'Irby et de Mangle. — Pointe Beauforl. — Nous ne pouvons avancer. — Ile de Montréal.— Nous tuons un bœufmuscjué.— Oiseauv de l'île. — Baie d'Elliot. — Mac-Kay et autres liommes envoyés le long de la côte.— Campements des Esquimaux. — Cap Ilay. — Pointe Ogie. — Nous sommes arrêtés par les glaces. — Rencontre d'une pièce de bois flottante. — Ile Ross. — Dé- couvertes de M. King. — Observations magnétiques. — Pointe llichardson. — Pointe Hardy. — Conjectures relatives à un passage Nord-Ouest et à un canal qui conduirait à l'ouverture du Prioce-Rëgcnt. .■>i P; CiipiTRB XII. — Heureuse inlluence d'une excursion de cliasse sur le moral de l'équipage. — Déménagement des Esquimaux. — Nous leur laissons un sac de pemmican. — Accident arrivé au bateau. — Inondation du pays. — Nous retrouvons les Ejfjui- mauz. — Le sage de la tribu. — Position critique dans les rapides. — Un ouragan. — Aventure d'un Lemniing. — (Campement au rapide du Buîuf musqué. — Rencontre de M. MacLeod. — Sort de Williamson.— Les Indiens Couteaux Faunes. — Campement au lac de l'Artillerie — Arrivée à la rivière Ali-bel-dessy. — Départ pour Montréal. — Les Indiens S.mteaux. — Succès d'un niissioniiiiire au Saut Sic-Marie. --- Uelourcn Acfjlclerre. 2~ih lili^ M.\III.IU'>. V-7 A l* l' i: N D I C E. Note» zoologi(|iies , par If» doiiteur Rich.'inlson, sur les animaux recueillis dans l'expéililioii. 29'» lÎKpéricnces sur lu teinpéraluie des animaux , des plantes, etc. , par M. Kin^; ( laMcaux ). ô(>j Notes sur les Arachnides et Ls I nsectcs recueillis dans l'expédition, par M. Ciiildren. 365 IManies recueillies dans l'expédition, et classées par M. Ilooker. 377 Kcliantillonsdes minéraux recueillis dans l'expédition et décrits par M. Fitton. 387 Tableaux d'Inclinaison, de Déclinaison, et de Variation diurne de l'aiguille aimantée ; Tahlcaux des températures moyennes. 3y3 TaMeau des latitudes et des lonjji Indes. 4"' 1 11* iii', r.\ r\iii,r..